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Full text of "La France protestante"

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PROFESSOR  J.  S.WILL 


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LA  FRANCE 


PROTESTANTE 


GENÈVE.    —    IMPRIMERIB    SCHCCHARDT 


LAFRANCE 

PROTESTANTE 


MM.  EUGÈNE  ET  EMILE  HAAG 


DEUXIEME  EDITION 

sous   LA   DIRECTION 

DE    M.     HENRI    BORDIER 


TOME    SIXIEME 


PARIS 


LIBRAIRIE      FISCHBACHER 

SOCIÉTÉ    AKOKTME 
33,  KUE  DE  SEXtre,  33 

1888 


LA  FRANGE 


PROTESTANTE 


EASME  (Léonard),  pair  de  la  commune 
de  La  Rochelle,  marié  à  Jacquette  Fran- 
çois, qui  était  veuve  en  1628.  Jacques, 
leur  fils,  écuyer,  s»'  de  Lugette  (ou  Louyré  ?) 
était  avocat  à  La  Rochelle.  Un  Easme, 
d'Arvert  (Charente-Inf.),  abjure  à  la  Ré- 
vocation, «  pour  obéir  aux  ordres  du  Roy.  » 
Cependant,  la  famille  Easme  ou  Easme  de 
la  Croix,  persista  malgré  cette  défection 
contrainte  et  extérieure  dans  la  commu- 
nion chrétienne  réformée,  où  mourut,  le 
10  mars  1877,  âgé  de  84  ans,  Aimé-René 
Easme,  né  à  Etantes,  lieutenant  de  vais- 
seau. (Richemond). 

ERERARD  (La  veuve),  du  Dauphiné, 
réfugiée  à  Genève  à  l'âge  de  90  ans,  assis- 
tée et  prise  en  pension  dans  cetteville, 
1687.  —  (François),  dernier  pasteur  fran- 
çais, vers  1810,  des  églises  françaises  de 
Swabach  et  d'Erlangen  en  Ravière. 

ERRAY  (Jean),  du  Vivarais,  prédi- 
cant,  assisté  à  Genève,  1709  (Rourse  fran- 
çoise).  Voy.  mss.  d'Ant.  Court,  n»  17  R, 
p.  150.  MM.  Haag  l'appellent  Ebrui  dit 
Saint-Paul  [VII  353  a]. 

ÉCHARD  (Samuel),  de  Pont-de-Vesle, 
étudiant  en  théologie  <à  Genève  (Samuel 
Echardus  pontevelanus),  1606,  pasteur 
aux  Vez  en  1617.  —  Jean  de  L'Echevin, 
otïïcier  dans  l'armée  hollandaise,  1717-22. 

ECK  (Georges),  de  Strasbourg,  ne  nous 
est  connu  [Haag,  IV  532]  que  par  l'ou- 
vrage suivant,  sur  le  titre  duquel  il  a  pris 
la  qualité  d'étudiant  en  théologie  :  Helio- 
dorus,  ein  schôn  neu  Gomœdia,  in  lat. 
Sprach,  beschrieben  von  M.-J.-P.  Crusio, 
iibersetzt  durchM.  G.  Eck;  Strasb.,  1617, 
in-8o. 

ECKARD  zuM  Treubel  [Haag,  IV  532] 
que  d'autres  écrivent  Eccard  de  Drubel 


{Bull,  1874,  XXm,  494)  était  un  patri- 
cien de  Strasbourg  qui  embrassa  la  Ré- 
forme avec  ardeur  et  qui,  par  sa  loyale 
parole  de  soldat  aussi  bien  que  par  ses 
écrits  enthousiastes,  contribua  fort  à  en 
répandre  les  principes  dans  son  pays.  La 
connaissance  qu'il  avait  de  l'Écriture 
sainte  était  des  plus  solides.  Il  inclinait 
vers  les  opinions  des  anabaptistes  et  re- 
baptisa lui-même,  et  à  la  fois,  trois  de  ses 
fds  dont  l'aîné  avait  sept  ans,  disant  que 
les  enfants,  qu'ils  aient  un  au  ou  qu'ils  en 
aient  dix,  sont  toujours  des  enfants.  Ce- 
pendant, sur  les  reproches  qui  lui  furent 
adressés,  il  essaya  de  se  justifier  dans  un 
écrit  (daté  du  1er  mai  1538)  qui  n'a  pas 
vu  le  jour,  mais  que  l'on  conservait  à  la 
bibliothèque  de  Strasbourg  dans  la  Collec- 
tion Schad.  Sous  d'autres  rapports  encore, 
il  s'éloignait  du  sentiment  général  des 
Réformateurs  :  il  ne  croyait  pas  à  la  divi- 
nité de  Jésus-Christ  ou  tout  au  moins  il 
ne  l'admettait  pas  sans  réserve,  l'Écriture 
ne  parlant  que  d'un  seul  Dieu.  Personne 
d'ailleurs  ne  se  montra  plus  que  lui  par- 
tisan de  la  liberté  de  conscience,  ni  plus 
ennemi  des  vices  qui  affligeaient  les  âmes 
pieuses  de  son  temps  et  qu'il  reprochait 
aux  pasteurs  strasbourgeois  de  ne  pas 
combattre  avec  assez  d'énergie.  On  a  de 
lui  : 

I.  Ein  demUtige  Ermanung  an  ein 
gantze  Christenheit  (Humble  représenta- 
tion à  toute  la  Chrétienté)  ;  Strasbourg, 
1521,  22,  23,  in-4o.  —  «  Je  ne  suis,  dit-il, 
ni  luthérien,  ni  antiluthérien,  mais  un 
simple  laïque  pressé  d'élever  la  voix  con- 
tre des  abus  qui  soulèvent  son  indignation. 
Tout  est  vénal  dans  l'Église,  et  moi  qui  ai 
parcouru  tant  de  pays^  la  Turquie,  la  Va- 

VI.  1 


ECKARD   —    EHRLEN 


lachie,  la  Podolie,  je  n'ai    rencontré  ni 
secte,  ni  religion  qui  offrît  rien  de  pareil.» 

II.  Eyn  christelich  Lob  und  Vermanung, 
s.  1.,  1524,  in-4o.  —  C'est  un  éloge  de  la 
ville  de  Strasbourg,  dans  lequel  il  exhorte 
les  magistrats  de  cette  ville  à  persévérer 
dans  la  voie  où  ils  étaient  entrés  d'autori- 
ser la  prédication  des  réformes. 

III.  Eyn  christlich  bryderlich  tremvlich 
Warnung  vor  Auffrur  und  trostlich  bes- 
tendig  bey  dem  Evangelio  zu  beharren, 
1525,  in-4o. 

IV.  Da  gloriam  Deo.  Von  dem  einigen 
Gott.  von  dem  Sun  Gottes.  vom  Freuden- 
reichen,  etc.  ;  s.  1.,  1534,  in-4o.  —  Livre 
dans  lequel  sont  exposées  ses  idées  sur  les 
dogmes  du  christianisme. 

V.  Bericht  und  Anzeyge  zu  Lob  undEe- 
ren  und  Preiss  Gottes,  aller  Menschen  und 
Creaturen  ;  Strasbourg,  1539,  in-4o.  — 
«  Épanchement  d'une  âme  pénétrée  de 
l'amour  de  Dieu,  monument  remarquable 
de  piété  et  de  talent  poétique  »  (Haag). 

Eccard  termina  sa  carrière  vers  le  mi- 
lieu du  siècle  au  château  de  Hindesheim. 
Il  avait  épousé  une  di'e  de  Buttenheim, 
dont  il  eut,  outre  deux  filles,  cinq  fils  : 
EcKARD,  NoÉ,  Gabriel,  Salomon  et  Abra- 
ham. Gabriel  mourut,  sans  enfants,  en 
1591,  après  avoir  été  cinq  fois  Stattmeister 
de  Strasbourg,  et  en  lui  s'éteignit  la  fa- 
mille. 

ECMAN,  famille  d'artistes  parisiens, 
originaires  de  Malines.  Edouard  Ecman, 
graveur  sur  bois,  et  Marie  Saulnier  sa 
femme  eurent  entre  autres  enfants  :  Ni- 
cole, mariée  en  1655  à  Abraham  Meus- 
nier,  architecte  ;  Antoine,  marchand,  né 
en  1640,  marié  en  1680  avec  Anne  Godin  ; 
Jean,  peintre  du  roi  (pour  la  miniature), 
admis  à  l'acad.  de  peinture,  le  3  août  1675, 
mort  le  16  juill.  1677,  marié  en  fév.  1671 
avec  Catherine  fille  du  peintre  Guillaume 
Briot  ;  conf.  t.  III,  col.  156.  Edouard  est 
l'auteur  d'une  trentaine  d'assez  belles  gra- 
vures sur  bois  énumérées  dans  les  recueils 
de  Florent  le  Comte,  Papillon,  Brunet  et 
Le  Blanc.  —  En  février  1681,  Paul  Éras- 
mus,  orfèvre  à  Paris,  fils  de  Henri  Éras- 
mus,  marchand  à  Bordeaux,  et  de  Mar- 
guerite Henry,  épouse  au  temple  de  Cha- 
renton  Catherine  Briot,  veuve  du  peintre 
Jean  Ecman. 

ÉCRIVAIN  (Pierre),  de  Gascogne,  mar- 
tyr en  1553,  voy.  1,  col.  72. 


ÉCROLEAU  (Jeanne),  de  La  Trem- 
blade,  40  ans,  assistée  à  Londres,  1708. 
—  Mi'e  Édeline,  mise  chez  les  jésuites  de 
Caen,  1686  (Tt  317).  —  Édiene,  ancien 
d'Anduze,  député  au  synode  de  S'-Jean  de 
Gardonenque,  juin  1669  (Tt  253).  —  Ni- 
colas Édon,  du  Vivarais,  cultivateur,  et 
Jacob  Édon,  du  Dauphiné,  régent  d'école, 
réfugiés  à  Lausanne  avec  leurs  familles, 
1740.  —  Effrie,  ancien  et  scribe  du  con- 
sistoire de  La  Rochelle  en  1650,  Bull.  VI, 
8.  —  Égouin,  voy.  Aigouin  ;  Éguisier, 
voy.  Aiguisier.  —  Égoulan,  gentilhomme 
de  Touraine,  poursuivi  judiciairement  en 
1685  pour  avoir  soustrait  sa  fille  nouvel- 
lement née  au  baptême  de  l'église  romaine 
(Tt  Tourlet).  —  Isabeau  EguUonne,  de 
St-Martin  en  Cévennes,  réfugiée  à  Lau- 
sanne et  décédée  à  l'hôpital  de  cette  ville, 
avril  1689. 

EHRLEN,  famille  alsacienne,  originaire 
du  village  de  Wasserburg  sur  les  bords  du 
lac  de  Constance  et  venue  s'établir  à  Stras- 
bourg, à  la  fin  du  XVIme  siècle,  pour  y 
professer  librement  la  religion  évangélique. 
C'est  là  que  naquit,  20  juillet  1668,  Jean- 
Jacques  Ehrlen,  pasteur  à  Quarzenheim 
en  1692,  à  Heiligenstein  en  1696,  à  Stras- 
bourg de  1703  à  1730,  année  de  sa  mort. 
Il  était  pasteur  de  la  paroisse  de  Sie-Au- 
rélie  et  chanoine  de  S^-Thomas.  On  a  de 
lui  un  manuel  pour  la  consolation  des  ma- 
lades :  Geistliche  Krancken-Cur,  aus  der 
himmlischen  Seelen-Apotheck  der  H.  Schrift, 
mit  auserlesenen  Sprûchen,  geistreichen 
Gebeten,  Scuffzern  und  Gersengen,  christ- 
lichen  Herzen  in  mancherley  Leibs  u.  See- 
len  Kranckheiten  bis  in  letzten  Todes- 
kamff...  ;  Strasb.,  J.-H.  Heitz,  1740,  petit 
in-8o  de  772  p.  et  8  d'index  (autre  édition, 
749  p.  in-12),  orné,  en  tête,  d'une  bonne 
gravure  de  Liitherbing  représentant  un 
pasteur  au  chevet  d'une  femme  malade. 
J.-J.  Ehrlen  fut  marié  deux  fois  :  1»  en 
1696  avec  M.  S.  Huber,  fille  d'un  des  pas- 
teurs de  la  ville,  2°  avec  N.  M.  Engelhardt, 
le  26  oct.  1712.  l\  eut  15  enfants  de  ses 
deux  mariages  et  parmi  eux  Prisca  Bar 
BARA  Ehrlen  qui  fut  la  mère  de  l'helléniste 
Schiveighseuser .  Une  autre  de  ses  filles, 
Marguerite-Elisabeth,  épousa  en  1713 
J.-Fr.  Busch,  chirurgien  à  Ribeauvillé, 
dont  le  petit-fils  fut  Frédéric  Busch,  éru- 
dit,  né  à  la  fin  du  XVIII™e  siècle  et  mort 
le  10  mai  1855,  qui  publia  sous  le  titre 


EHRLEN   —    EISENMANN 


6 


Les  découvertes  d'un  bibliophile,  la  descrip- 
tion d'ouvrages  immoraux  inspirés  par  la 
religion  romaine.  Il  s'agissait  principale- 
ment d'un  Guide  du  confesseur,  rempli  de 
•questions  révoltantes  que  le  prêtre  devait 
adresser  aux  époux,  imprimé  à  Lyon  et 
approuvé  par  l'évéque  de  S'-Flour.  Voyez 
sur  cet  ouvrage  :  Lettre  à  M.  le  cardinal- 
archevêque  de  Lyon  sur  la  querelle  de 
l'Université  et  de  l'Épiscopat  et  sur  les 
Collationes  Practicse  à  l'usage  du  sémi- 
naire de  S^-Flour  ;  par  Ath.  Goquerel  ; 
Paris,  Cherbuliez,  1844,  in-8o,  32  p.  (Elle 
a  paru  d'abord  dans  le  journal  Le  Lien). 

Jean-Frédéric,  docteur  en  droit,  profes- 
seur de  droit  romain  à  l'université  de 
Strasbourg.  Il  mourut  dans  cette  ville  en 
1775,  laissant  un  grand  nombre  de  savan- 
tes dissertations  :  I.  De  diis  et  deabus 
Gentilium  in  sacra  Scripturd  memoratis, 
1730,  in-4o.  —  II.  De  situ  Paradisi  ter- 
restris,  ad  illustrandum  locum  Gen.  II, 
8  seqq.,  1731,  in-4".  —  III.  Dissert.  I  et 
II  de  occupatione  rerum  immobilium. 
1737,  in-4o.  —  IV.  De  potestate  régis  Ro- 
manorum,  1764,  in-4o.  —  Y.  De  prses- 
criptione,  1764,  in-4o.  —  VI.  Vendiciœ 
novse  Gratianl  dogmatis  de  prxscriptione, 
1767,  in-4o.  —  VII.  De  insedificatione, 
17€9,  in-4o.  —  VIII.  De  testamento  filii 
familiâs,  1770,  in-4o.  —  IX.  Institutions 
au  droit  public  d'Allemagne,  1771,  in-8o. 

Georges-Godefroy,  né  le  10  nov.  1717, 
pasteur  à  Ribeauvillé  en  1733,  mort  pas- 
teur au  temple-neuf  de  Strasbourg  en 
1790.  Il  prononça,  l'année  de  son  instal- 
lation, un  beau  discours  funéraire  :  Lei- 
chen-Rede  bey  Reerdigung  der  tveyland 
hoch-edelgebo7'nenMaria-MagdalenaReic}is- 
hoffer,  épouse  de  J.-J.  Wiltmann,  conseil- 
ler de  la  cour  des  Deux-Ponts  à  Ribeau- 
villé ;  Strasbourg,  Sim.  Kiirsner,  in-4o.  — 
Un  de  ses  fils,  Casimir  Ehrlen,  juge  à 
Osnabriick,  mourut  à  Strasbourg  sans  pos- 
térité ^  ;  une  de  ses  filles,  Marguerite - 
Madeleine  épousa,  1774,  G.-J.  Eissen, 
pasteur,  mort  à  Strasbourg  en  1823. 

Jean-Jacques,  frère  cadet  de  G.  Gode- 
froy,  pasteur  à  Ribeauvillé,  est  mort 
jeune,  laissant  deux  filles  et  un  fils  nommé 
Chrétien-Louis,    né    en  1772,  quartier- 

1  Celui-ci  porta  les  armoiries  qui  avaient  été 
reconnues  à  la  famille  par  l'armoriai  de  novembre 
1696  :  d'argent  à  un  arbre  de  sinople  terrassé  de 
même 


maître  au  siège  de  Mayence  et  à  l'armée 
de  Vendée,  mort  à  Colmar  en  1830.  L'une 
de  ses  filles,  Catherine,  épousa  Mathias 
Engel,  né  à  Strasbourg  en  1736,  pasteur 
très  considéré  en  Alsace,  mort  en  1811, 
président  du  consistoire  de  Colmar,  auteur 
de  plusieurs  discours  (dont  l'un  prononcé 
k  l'occasion  de  la  naissance  de  Napo- 
léon II),  d'un  recueil  de  cantiques  et  d'un 
livre  d'édification  intitulé  Timotheus. 

Chrétien-Louis  n'a  laissé  qu'un  fils, 
M.  Louis  Ehrlen,  négociant  à  Colmar,  qui 
n'a  point  de  fils,  mais  seulement  deux 
filles,  et  que  la  mort  d'un  de  ses  cousins, 
médecin,  décédé  à  Saint-Domingue  en 
1834,  a  laissé  le  dernier  représentant  de 
cette  famille. 

EHRMANN,  famille  de  savants  stras- 
bourgeois  [Haag,  IV  332],  qui  tous  ont 
laissé  de  nombreux  ouvrages  sur  les  diffé- 
rentes parties  de  la  science  dont  ils  s'étaient 
le  plus  spécialement  occupés,  savoir  : 
Jean-Chrétien  Ehrmann,  né  en  1710, 
professeur  en  médecine,  et  depuis  1753, 
doyen  du  collège  des  médecins  de  Stras- 
bourg ;  ses  deux  fils  :  Jean-Frédéric, 
médecin,  né  en  1739,  professeur  de  cli- 
nique en  1782,  et  Jean-Chrétien,  né  en 
1749,  docteur  en  médecine  de  l'université 
de  Bâle  en  1772,  correspondant  de  l'acad. 
des  sciences  de  Paris.  —  Frédéric-Louis 
Ehrmann,  né  à  Strasbourg  en  1741,  pro- 
fesseur de  physique,  est  surtout  connu 
comme  inventeur  des  lampes  à  air  inflam- 
mable et  comme  auteur  de  plusieurs  trai- 
tés sur  cette  matière  et  sur  les  montgol- 
fières ;  mort  au  mois  de  mai  de  l'année 
1800.  —  Théophile-Frédéric,  né  à  Stras- 
bourg, le  23  oct.  1762,  se  livra  d'abord  à 
l'élude  du  droit,  puis  alla  s'établir  en  1788 
à  Stuttgard  où  il  devint  instituteur  et  pu- 
bliciste  ;  il  a  publié  de  1782  à  1793  une 
foule  de  médiocres  ouvrages  de  vulgarisa- 
tion, littéraires  et  géographiques. 

EISEN  (Nicolas),  théologien  de  Stras- 
bourg [Haag,  IV  334],  a  laissé  : 

I.  Planctus  pœnitentialis  Davidis  oder 
Russ-und  Klage-Thrienen  Davids  in  Er- 
Mserung  ilber  dessen  sieben  Russ-Psalmen, 
Strasb.,  1624,  in-4o.  Le  père  Leiong  men- 
tionne une  édit.  de  Strasb.,  1627,  in-4o. 

II.  Zwœlf  Predigten  ilber  den  Prophe- 
tenJona;  Strasb.,  1640,  in-4o. 

EISENMANN  (Georges-Henri),  docteur 
en  médecine  et  chanoine  de  Saint-Thomas 


EISENMANN  —  ÉLIE 


[Haag,  IV  534],  né  à  Strasbourg  le  18 
nov.  1693,  et  mort  dans  la  même  ville  le 
16  sept.  1768.  Après  de  brillantes  études, 
Eisenmaim  visita  les  principales  universi- 
tés de  France,  de  Hollande  et  d'Allemagne. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  prit  le  grade 
de  docteur,  1719,  et  continua  avec  ardeur 
à  cultiver  les  sciences  naturelles.  Nommé 
professeur  de  physique,  en  1733,  puis 
d'anatomie  et  de  chirurgie,  1734,  enfin  de 
pathologie,  1756,  il  remplit  cette  dernière 
chaire  jusqu'à  sa  mort.  Au  jugement  de  la 
Biogr.  univ.,  Eisenmann  dut  surtout  le 
succès  de  son  enseignement  à  sa  mémoire 
prodigieuse.  Doué  d'un  esprit  judicieux, 
mais  peu  inventif,  il  se  contenta  de  répé- 
ter dans  ses  leçons  ce  que  l'on  avait  dit 
avant  lui,  sans  rien  découvrir  de  nouveau, 
sans  faire  faire  un  pas  à  la  science.  M.  De- 
zeimeris  déclare  que  cette  réflexion  est 
sans  appMcation  comme  sans  motif,  et  que 
les  ouvrages  d'Eisenmann,  relatifs  princi- 
palement aux  maladies  des  femmes,  sont 
fort  intéressants. 

EISENSCHMID  (Jean-Gaspard),  doc- 
teur en  philosophie  et  en  médecine  et  ma- 
thématicien habile  [Haag,  IV  535],  né  à 
Strasbourg,  le  25  sept.  1656  selon  Mo- 
reri,  le  15  nov.  selon  la  Biogr.  univ.,  et 
mort  le  4  ou  le  5  déc.  1712.  Son  père, 
potier  d'étain,  était  un  notable  de  la  ville. 
Il  voulut  donner  à  son  fils  la  meilleure 
éducation  possible,  et  le  jeune  Eisenschmid 
répondit  à  ses  soins.  Ses  études  terminées, 
en  1676,  il  soutint,  pour  obtenir  le  grade 
de  docteur  en  philosophie,  une  thèse  De 
umbilico  avec  un  succès  qui  présageait 
ceux  qu'il  obtiendrait  dans  la  suite.  Avide 
d'apprendre,  il  se  mit  ensuite  à  l'étude  de 
la  médecine,  sans  négliger  celle  des  ma- 
thématiques vers  lesquelles  le  portait  un 
goût  déclaré.  En  1681,  il  fut  agrégé  au 
collège  des  médecins  de  sa  ville  natale.  La 
même  année,  il  vint  à  Paris,  et  après  avoir 
visité  les  universités  les  plus  célèbres  de 
France,  d'Italie  et  d'Allemagne,  il  retourna 
à  Strasbourg,  1684.  Il  y  prit  le  bonnet  de 
docteur  en  médecine,  et  soutint  à  cette 
occasion  une  thèse  De  scrofulis.  Une  chute 
fort  grave,  qu'il  fit  en  1696,  l'ayant  privé 
de  l'usage  de  ses  jambes  et  forcé  de  renon- 
cer à  la  pratique  de  la  médecine,  il  se 
voua  exclusivement  à  l'étude  des  mathé- 
matiques. La  même  année,  l'acad.  des 
sciences  se  l'associa.  On  a  de  lui  :  Dia- 


tribe de  figura  telluris  elliptico-spheroidâ  ; 
Argent.,  1691,  8°.  —  Contrairement  à 
l'opinion  soutenue  par  Newton  et  par 
Huyghens,  il  donnait  à  la  terre  une  figure 
elliptico-sphéroïde.  Cette  hypothèse  ayant 
été  attaquée,  il  la  défendit  dans  des  Let- 
tres qui  ont  été  publ.  dans  le  Journal  des 
savants  (1692). 

II.  Introductio  nova  ad  Tabulas  manua- 
les  logarithmicas  J.  Kepleri  et  J.  Bart- 
schii.  Argent.,  1700,  in-S»,  en  tête  d'une 
seconde  édition  qu'il  donna  des  Tables  de 
Kepler  et  de  Bartsch,  qui  étaient  devenues 
extrêmement  rares. 

III.  De  ponderibus  et  mensuris  veterum 
Romanorum,  Grsecorum,  Hebrieorum,  nec- 
non  de  valore  pecunise  veteris,  Argent., 
1708,  in-8o  ;  1737,  in-8o.  —  Selon  J5cher. 
ce  livre,  un  des  meilleurs  sur  la  matière, 
appartient  k  Stanislas  Grsepsius,  et  Eisen- 
schmid n'en  est  que  l'éditeur. 

On  trouve  aussi  plusieurs  mémoires 
d'Eisenschmid  dans  les  principaux  jour- 
naux de  Paris  et  de  Trévoux,  ainsi  que 
dans  le  recueil  de  l'académie  des  sciences, 
où  l'on  remarque  notamment  ses  Observa- 
tions sur  l'éclipsé  de  lune  de  1701,  et  sur 
les  éclipses  de  soleil  de  1699  et  de  1706. 

ELIALE,  ministre  de  La  Crouzette,  dé- 
légué au  synode  de  Saverdun,  septemb. 
1678. 

ELIE.  Maître  Eue  ou  Ely  fut  le  pre- 
mier pasteur  de  Sic-Marie-aux-mines.  C'est 
ce  qu'atteste  un  de  ses  successeurs,  le  pas- 
teur J.  Le  Bachellé,  dans  l'histoire  abré- 
gée qu'il  fit  de  cette  église  en  1643  pour 
Paul  Ferry,  son  collègue  de  Metz  {Bull.  I 
150),  en  ces  termes  :  «  Cette  vallée,  pour 
le  spirituel,  dépendant  de  l'évesché  de 
Strasbourg,  le  premier  ministre  nous  vint 
aussy  de  là,  du  temps  que  l'église  fran- 
çaise y  fleurissoit.  Il  avoit  nom  maistre 
Elle,  avoit  esté  auparavant  abbé  au  pays 
de  Haynaut  et  avoit  depuis  espousé  a 
Strasbourg  la  femme  du  saint  martyr 
Pierre  Brully  bruslé  àTournay  l'an  1545' .  » 
Claude  Rouget  qui  écrivit,  à  la  fin  du  XVP'ie 
siècle,  mie  histoire  plus  étendue  du  même 
pays  ",  ajoute  que  le  monastère  d'où  sor- 
tait Elle  était  celui  de  Liessies  en  Hainaut, 

1  Voy.  l'article  Brully  ci-dessus,  t.  III,  col.  327. 

*  Claude  Rouget  ;  une  église  calviniste  au 
XVI'^^  siècle;  hist.  de  la  communauté  réformée  de 
S'°  Marie  aux  Mines,  publiée  avec  notes  et  comm. 
par  E.  Mnblenbeck,  1881,  in-8». 


9 


ÉLIE   —   EMAR 


10 


dont  il  était  le  prieur,  et  qu'il  épousa  la 
veuve  de  Brully  en  1546.  On  pourrait  s'é- 
tonner de  la  hâte  avec  laquelle  se  ma- 
riaient et  se  remariaient  alors  les  pasteurs 
ou  leurs  veuves  ^  ;  cela  vient  surtout  de  ce 
qu'on  tenait  beaucoup  à  ce  que  les  minis- 
tres et  les  jeunes  proposants  prissent  fem- 
me ;  ceux,  en  grand  nombre  qui  sortaient 
du  clergé  romain  n'inspirant  de  con- 
fiance absolue  que  si  par  leur  mariage  ils 
avaient  irrévocablement  rompu  avec  le  ca- 
tholicisme. Rouget  dit  encore  que  recom- 
mandé par  le  nom  de  Brully  aux  action- 
naires, la  plupart  strasbourgeois,  des  mines 
d'argent  et  de  cuivre  de  S^e-Marie,  maître 
Elie  y  trouva  facilement  de  l'emploi.  Le 
jour  il  travaillait  dans  la  mine  et  le  soir  il 
prêchait.  Il  passa  ainsi  trois  ou  quatre  an- 
nées après  lesquelles,  dit  Rouget,  il  s'ef- 
faça ou  disparut,  sa  veuve,  Margueritte, 
est  encore  mentionnée  connue  marraine 
dans  un  acte  de  baptême  du  29  déc.  lo66. 

—  La  correspond.  Calvinienne  mentionne, 
vers  ISiO,  un  Hely  ou  Helias  comme  un 
agent  de  confiance  de  Calvin  et  lui  servant 
de  messager,  mais  qui  n'a  rien  de  commun, 
sauf  le  nom  avec  le  précédent.  —  Elie,  mi- 
nistre à  St-Gilles  en  Languedoc  au  mois 
d'août  15o9  {Bull.  VIII  75).  —  Pierre 
Elie,  «  craincallier  de  Reims  en  Champai- 
gne,  »  reçu  habitant  de  Genève,  mai  1559; 

—  (Lucrèce),  de  Belle  en  Dauphiné,  as- 
sistée à  Genève  d'un  viatique  pour  Halle, 
1702  ;  (Jacques),  de  Vigne  en  Dauphiné, 
avec  sa  femme  et  3  enfants,  assisté  à  Ge- 
nève en  1703  et  1704;  (Eve),  de  Livron, 
avec  2  enf.  id.  1703  ;  —  (Daniel),  de  Tou- 
zac,  Saintonge,  67  ans,  assisté  à  Londres, 
1706.  —  Eliézer,  minisire  en  Languedoc, 
mort  en  1571. 

ELINCK  (Charles),  jeune  homme  de 
Hondschoote  près  Dimkerque  [Haag,  IV 
535],  converti  au  protestantisme  et  noyé 
comme  hérétique,  le  8  oct.  1562.  Son  in- 
terrogatoire qui  roula,  comme  d'habitude, 
sur  la  Cène  et  les  autres  sacrements  de 
l'Église  romaine,  l'autorité  du  Pape,  com- 
me vicaire  de  Dieu,  le  purgatoire,  l'invo- 
cation des  saints,  les  bonnes  œuvres,  les 
jeûnes,  l'abstinence  des  viandes,  le  pou- 
voir des  magistrats,  a  été  relaté  par  Cres- 
pin   dans   son  martyrologe,   d'après  les 

1  11  y  en  a  ci-dessus  nombre  d'exemples.  Voy. 
Marie  Dentiêre,  V,  240  ;  Guillemette  d'Avrigny, 
798;  Marie  Colignon,  802. 


«  écrits  propres  du  prisonnier  envoyez  aux 
fidèles  du  lieu.  »  Il  est  inutile  de  dire 
qu'Elinck  maintint  intrépidement  la  vérité 
des  doctrines  calvinistes.  —  Simon  Elin, 
drapier,  fugitif  de  Sedan,  reçu  gratuitement 
bourgeois  de  Leyde  en  1688  ;  —  Jean  El- 
lyn,  de  Sedan,  négociant,  id.,  1690.  — 
Gabriel  Eliot,  ministre  de  Fernex,  délégué 
au  synode  de  Sergy,  1665  ;  ministre  de 
Beaune,  au  synode  du  Bussy,  juin  1671  ; 

—  (La  veuve  de  Pierre),  d'Embrun,  as- 
sistée à  Genève,  1699  ;  mise  au  mois  en 
1701  ;  —  (Elisabeth),  du  Poitou,  veuve 
d'un  tailleur  de  Jersey,  et  ses  2  enf.,  as- 
sistés à  Londres,  1702.  — îa.cqiie?>  Elizant, 
S""  de  La  Courbe,  ancien  de  l'église  de  Mer, 
1641  ;  Anne  Elisant  veuve  de  Charles  de 
Bernouville  (voy.  II  col.  391),  médecin  à 
Blois,  abjure  en  1703. 

Elle,  peintre  ;  voyez  Ferdinand. 

ELLIERS  (Louis  d'),  marquis  de  Ra- 
dret,  ofiBcier  dans  l'armée  hollandaise,  de 
1685  à  1687.  —  Marguerite  Elot,  veuve, 
et  sa  fdle,  assistées  à  Londres,  1702.  — 
Eloy,  de  Meaux,  et  sa  femme,  assistés  à 
Genève,  1550.  —  Isaac  Elzier,  de  S^-Am- 
broise,  assisté  cà  Genève,  1709.  —  Gabriel 
Elzière,  soldat  protestant  de  S^- André  de 
Valborgne,  reçoit  une  pension  annuelle 
de  30  liv.  sur  l'abbaye  de  Sauve,  par  let- 
tres patentes  du  roi,  pour  avoir  eu  la 
jambe  emportée  par  un  boulet  de  canon  en 
1573. 

EMAR  (LoYs),  «  masson,  natif  de  Nan- 
thillé  en  Champaigne,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  octob.  1556;  —  ( )  «  du  Dau- 
phiné, pelletier  »  admis  à  l'habitation  à 
Lausanne,  nov.  1570  ;  (Jacques)  et  Marie 
Barrault,  sa  tante,  assistés  k  Londres, 
1702.  —  Mme  Emblard,  veuve  du  minis- 
tre de  ce  nom,  morte  au  refuge  à  Lausanne 
le  6  avril  1716.  Son  mari  était  probable- 
ment le  ministre  saintongeois  Jean  Am- 
blard,  voy.  1. 1  col.  168.  —  Emeric,  capi- 
taine protestant,  inventeur  des  pétards  ou 
«  mascles,  »  cet  engin  d'artillerie  dont  on 
a  tant  usé  à  la  fin  du  XVIme  siècle.  Il  en 
fit  le  premier  essai  à  la  prise  de  Lisle 
d'Albigeois,  le  23  mai  1577,  et  non  «  en 
«  un  meschant  chasteau  du  Rouergue  » 
comme  le  dit  d'Aubigné.  [Y.Mém.  de  Gâ- 
ches ;  Journal  de  Faurin  ;  Antiq.  de  Cas- 
tres, par  Borel  ;   Biographies  castraises.) 

—  Emeris,  nom  d'une  famille  du  pays 
Castrais  réfugiée  en  Angleterre  après  le 


11 


EMAR   —  ENARD 


12- 


massacre  de  la  St-Barthélemy,  1572,  et 
quia  pour  représentant  actuel  M.  W.-R. 
Erneris  de  Louth,  comté  de  Lincoln  (Pra- 
del).  —  Emery,  nom  de  plusieurs  famil- 
les protestantes  de  Poitou  et  de  Saintonge. 
(Josias)  inscrit  sur  les  registres  de  l'église 
réformée  de  La  Rochelle,  comme  marié  1° 
à  Anne  Guillebert,  2»  à  Catherine  Beau- 
mont  ;  de  ce  dernier  mariage  naquit,  17 
janv.  1616,  Lazare  Emery.  Vers  le  milieu 
du  siècle,  Jean  Emery  sieur  de  La  Vallée, 
marchand,  épouse  Marie  Graindorge,  veu- 
ve en  1697  (minutes  de  Guillemot)  ;  — 
(Abraham),  docteur  en  médecine,  délégué 
de  l'église  de  Soubise  au  synode  de  Ma- 
rennes,  1674,  et  au  colloque  de  SMean 
d'Angely,  1676;  —  (Sa  veuve)  et  sa  fille, 
à  Rouen,  1686;  (n'ont  point  abjuré).  — 
(Louis  et  Marie)  condamnés  par  le  juge 
de  Coutances,  le  premier  aux  galères,  la 
seconde  à  la  réclusion,  1688  (Tt  261).  — 

( )  médecin  relégué  à  Riom,  1689  (E 

3375).  —  Antoine  Emmery,  d'Abbe ville, 
étudiant  à  Genève  (Ant.  Emmericus  Epis- 
eopi-villa  alsatus)  janv.  1623. 

EMONET,  famille  originaire  deMontbé- 
liard,  établie  dans  le  pays  de  Vaud  au 
commencement  du  XVIII "le  siècle.  —  Jac- 
ques Emonon  «  natif  de  la  ville  de  Gry, 
dioc.  de  Saintonge,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, août  1551.  —  Georges  Emontre  et 
Marie  Benoit  font  baptiser  un  fds,  Marc,  à 
l'égl.  réf.  de  Bédarieux,  1698. 

EMPEYTA  (Marguerite),  du  Dauphiné, 
assistée  à  Lausanne^  1689.  — Henri-Louis 
Empaytaz,  théologien,  né  et  mort  à  Ge- 
nève, 1790-1853.  Il  fut  l'un  des  premiers 
ecclésiastiques  protestants  qui  lorsque  les 
idées,  les  agitations  et  les  négations  de  la 
Révolution  française,  eurent  succombé  en 
France  et  en  Suisse,  dans  le  cours  des  an- 
nées 1814  à  1816,  crurent  le  terrain  si  ra- 
dicalement nettoyé  de  toutes  les  aspira- 
tions libérales,  qu'ils  pouvaient,  et  qu'ils 
devaient  revenir,  en  matière  religieuse, 
aux  purs  enseignements  du  XVI^e  siècle. 
Il  était  d'une  piété  brûlante  et  s'^imposait 
des  pénitences,  des  jeûnes,  des  macéra- 
tions. En  1810  il  se  mit  en  communication 
avec  un  pieux  frère  morave  dont  la  doc- 
trine était  la  même  et  en  1813,  il  s'associa 
aux  travaux  et  aux  prédications  d'une  vé- 
ritable illuminée,  Mme  de  Krudner,  qu'il 
alla  rejoindre  dans  une  solitude  des  Vos- 
ges, de  1814  à  1817.  C'est  de  là  qu'il  pu- 


blia (1er  août  1816)  une  brochure  (64  pag.. 
in-8o)  intitulée  : 

Considérations  sur  la  divinité  de  J.-C. 
adressées  à  MM.  les  étudiants  de  l'audi- 
toire de  théologie  de  Genève. 

L'auteur  remarque  en  termes  très  mesu- 
rés que  le  catéchisme  de  Genève,  publié 
en  1776  par  le  pasteur  Jacob  Vernes, 
avance  que  ni  la  Trinité,  ni  la  divinité  de 
J.-C,  ni  le  péché  originel,  ni  la  nécessité 
de  la  Révélation,  ni  l'éternité  des  peines 
ne  sont  des  dogmes  essentiels  et  fonda- 
mentaux ' .  Empaytaz  continue  en  préci- 
sant : 

Les  faits  ne  permettent  pas  de  douter 
que  le  dogme  de  la  divinité  de  J.-C.  n'ait 
été  éliminé  du  symbole  des  ministres  ge- 
nevois. C'est  ce  que  montre  leur  caté- 
chisme, leur  liturgie,  les  traités  de  leurs 
professeurs  de  théologie,  la  version  de  la 
Bible  qu'ils  ont  adoptée,  la  prédication  des 
pasteurs  et  les  thèses  soutenues  par  les 
candidats.  A  l'exception  de  deux  d'entre 
eux  tous  les  sermons  des  pasteurs  de  Ge- 
nève imprimés  depuis  le  milieu  du  XVIIIme 
siècle  n'offrent  qu'un  silence  absolu  sur 
cette  vérité  ou  des  opinions  qui  lui  sont 
formellement  opposées.  L'auteur  n'en 
parle  pas  à  la  légère  :  il  a  lu  17  sermons 
d'Amédée  Lullin  imprimés  en  1761  ;  30 
d'Antoine  Achard,  1774  ;  30  de  Laget, 
1779;  28  de  Romilly,  1780  ;  8  de  Roche- 
mont,  1793;  28  de  Mouchon,  1798;  16 
de  Reibaz,  1801  ;  12  de  Juventin,  1802  ; 
16  de  Claparède,  1805  ;  12  de  Jean  Le 
Cointe,  1815.  Dans  ces  197  sermons  pas 
un  seul  où  l'on  trouve  une  profession  de 
foi  sur  la  divinité  du  Sauveur.  C'était  met- 
tre le  feu  dans  toutes  les  âmes  pieuses  de 
Genève  ;  aussi  Empaytaz  y  fut-il  un  peu 
rembarré  lorsqu'il  y  revint,  mais  soutenu 
par  les  pasteurs  Malan,  Guers,  Ami  Bost 
et  autres  non  moins  absolus  dans  leurs 
croyances  et  non  moins  recommandables 
par  la  pureté  de  leur  vie,  il  réussit  à  res- 
susciter dans  les  églises  de  Suisse  et  de 
France  des  groupes  de  chrétiens  convain- 
cus de  la  vérité  absolue  de  tout  ce  qui  est 
écrit  dans  la  Bible.  Ce  mouvement  a  été 
appelé  Le  Réveil. 

ENARD  (Pierre),    «  escolier   de   Poi- 

1  Ce  catéchisme  fut  pleinement  approuvé  par 
le  pasteur  Marron,  président  du  Consistoire  de 
Paris  dans  une  lettre  datée  du  18  brumaire  1804^ 
qui  fut  publiée  à  cette  époque. 


13 


ENARD 


ENCONTRE 


14 


tiers,  »  admis  à  l'habitation  à  Genève  le 
27  oct.  1572.  —  Madeleine  Enardon  de 
S'-Étienne  de  Si-Jeoire  en  Dauphiné,  morte 
à  Lausanne,  mai  1692  ;  —  (Etienne),  du 
même  lieu,  assisté  d'un  viatique  à  Genève, 
1697.  —  La  femme  de  Silas  Enaud,  assis- 
tée à  Genève,  1691.  —  Pierre  Enault, 
•  natifz  de  Séez  en  Normandye,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  mai  1S59  ;  (Sarah  et 
Lydie)  d'une  famille  de  Sezanne  en  Brie, 
1612  {Bull.  XXI,  270). 

ENCONTRE,  famille  de  Languedoc.  Sur 
les  listes  de  protestants  fugitifs  de  Nîmes 
vers  l'époque  de  la  Révocation  (Tt  282), 
on  trouve  Antoinette  Encontre,  femme  de 
David  Sauzet.  —  Pierre  Encontre,  pas- 
teur du  désert,  s'honora  par  ses  talents 
et  sa  piété.  Il  était  né  à  Marsillagues, 
étudia  la  théologie  pendant  une  année 
(1746-47)  au  séminaire  de  Lausanne  et 
fut  consacré  dans  un  synode  du  bas  Lan- 
guedoc, en  avril  1750.  Il  alla  desservir, 
pendant  l'année  suivante,  les  églises  du 
Poitou,  puis  successivement  plusieurs  de 
celles  de  sa  province  :  Vannage,  Montpel- 
lier, Bédarieux  en  1759  ;  Boucoiran^  No- 
zières  en  1768;  S'-Geniès  et  La  Galmette 
en  1770.  Il  était  pasteur  à  Lezan  en  1791, 
à  St-Christol  en  1793.  On  lui  confia  en 
1763  le  soin  de  rédiger  avec  Rabaut  et 
Pradel,  une  «  Correspondance  fraternelle 
de  pasteurs.  »  Sa  descendance  a  formé, 
dit  M.  Dardier  (Corresp.  de  Paul  Rabaut 
et  Ant.  Court,  t.  I  p.  203),  «  une  famille 
véritablement  sacerdotale.  » 

Sa  femme  (d"e  Maraval,  de  Vauvert) 
lui  donna  trois lils  :  Pierre  (dit  Germain), 
André,  Daniel. 

Pierre  fut  admis  au  pastoral,  mai  1773, 
par  le  synode  du  bas  Languedoc,  et  ad- 
joint à  son  père  pour  le  service  des  églises 
de  S'-Genies  et  de  La  Calmette,  il  repré- 
senta les  églises  de  St-Ambroise,  S^-Jean 
et  Peyremale  au  synode  du  23  avril  1776 
et  celle  de  Si-Christol  au  synode  d'avril 
1793.  Son  fds,  Pierre-Daniel,  dit  égale- 
ment Germain,  et  son  petit-fils,  Adolphe, 
ont  également  embrassé  la  carrière  pasto- 
rale, que  le  premier  a  exercée  à  Barjac,  à 
St-Jean-de-Maruéjols  et  à  Valleraugue  ;  le 
dernier,  après  avoir  été  pasteur  à  Mou- 
riès  et  à  Ganges,  l'est  encore  aujourd'hui 
à  Bréau. 

André,  proposant  en  1775,  consacré  au 
synode  d'avril  1779,  fut  l'année  suivante 


pasteur  à  Vallon,  Salavas  et  Lagorce  ;  il 
abandonna  le  ministère  en  1783  pour  se 
livrer  à  l'instruction  publique. 

Daniel,  né  en  1762  [Haag,  IV  535]  fut 
aussi  pasteur,  mais  se  rendit  surtout  célè- 
bre comme  professeur  à  la  faculté  des 
sciences  de  Montpellier.  Son  père  l'en- 
voya, vers  1780,  étudier  la  théologie  au 
séminaire  de  Lausanne,  et  en  1782  à  l'a- 
cadémie de  Genève;  il  desservit  d'abord 
(1788)  les  églises  de  Cette  et  de  Pignan, 
reçut  la  consécration  des  mains  de  son 
père  à  Lédignan  (mai  1790)  et  exerça  les 
fonctions  pastorales  aux  Vans  pendant 
l'année  1790-91.  Il  se  rendit  ensuite  à  Pa- 
ris pour  se  perfectionner  dans  l'étude  des 
sciences  et  revint,  au  temps  de  la  Terreur, 
à  Montpellier,  oii  il  vivait  en  donnant  des 
leçons  de  mathématiques.  Il  faisait  en  mê- 
me temps  partie  du  Consistoire.  Lors  de 
la  création  de  l'École  centrale  du  dép.  de 
l'Hérault,  il  obtint  la  chaire  de  belles-let- 
tres qu'il  occupa  jusqu'à  la  transformation 
de  cette  école  en  lycée.  Nommé,  au  con- 
cours, professeur  de  mathématiques  trans- 
cendantes, il  devint  doyen  de  la  faculté 
des  sciences  en  1808.  Cette  belle  position 
qu'il  occupait  à  Montpellier  était  sans  au- 
cun doute  douce  et  honorable  pour  un 
homme  modeste,  qui  fuyait  le  bruit  avec 
autant  de  soin  que  d'autres  le  recherchent; 
cependant  il  n'hésita  pas,  en  1814,  c'est- 
à-dire  lorsque  la  Faculté  de  théologie  cal- 
viniste fut  transférée  de  Genève  à  Montau- 
ban,  à  quitter  une  ville  où  il  était  aimé  et 
honoré  de  tous,  pour  aller  remplir  la 
chaire  de  dogme  dans  la  nouvelle  école 
dont  il  fut  nommé  doyen.  Le  zèle  qu'il 
apporta  à  l'accomplissement  de  ces  fonc- 
tions et  surtout  les  contrariétés  qu'il 
éprouva,  les  résistances  qu'il  eut  à  vain- 
cre, altérèrent  rapidement  sa  santé.  Lors- 
qu'il sentit  sa  fin  approcher,  il  se  fit  trans- 
porter à  Montpellier,  désirant  reposer  dans 
la  même  tombe  qu'une  fille  chérie  qu'il 
avait  perdue  quelques  années  auparavant. 
A  peine  arrivé  au  but  de  son  voyage,  il 
expira  (16  septemb.  1818).  Il  a  laissé  aussi 
un  fils,  Pierre- Antoine,  né  à  Anduze  le 
10  juin  1798  qui  fut  médecin  et  professeur 
d'humanités  à  la  faculté  de  Montauban  où 
il  mourut  le  9  février  1847.  Les  deux  fil- 
les de  ce  dernier  ont  épousé  l'une  M.  Da- 
niel Bourchenin,  pasteur  à  Lezay,  l'autre 
M.  P.  Abric,  pasteur  à  Passy-Paris.  (Nous 


15 


ENCONTRE   —  ENGELBERT 


16 


avons  cité  Mme  Abric-Encontre.  t.  I  col. 
26). 

Daniel  Encontre  n'a  publié  que  deux  ou 
trois  opuscules  sans  grande  importance  ; 
c'est  dans  les  recueils  de  sociétés  savantes 
dont  il  était  membre,  dans  les  Mém.  de 
l'acad.  de  Montpellier,  dont  il  fut  secré- 
taire perpétuel,  dans  ceux  des  acad.  de 
Nîmes  et  de  Montauban,  qu'il  faut  aller 
chercher  les  preuves  des  vastes  et  profon- 
des connaissances  qui  le  plaçaient  au  rang 
des  bons  mathématiciens  de  son  siècle. 
Voici  la  liste  de  ses  principaux  ouvrages, 
qui  ne  sont,  pour  la  plupart,  que  de' très 
courtes  dissertations  : 

I.  Mémoire  sur  l'inscription  de  l'ennéa- 
gone,  et  sur  la  division  complète  du  cercle, 
Montp.,  an  ix,  in-S»;  déjà  pubi.,  en  ex- 
traits dans  le  Recueil  des  Bull,  de  la  Soc. 
des  sciences  et  belles-lettres  de  Montpel- 
lier (an  1803),  ainsi  que  les  deux  opuscu- 
les suivants. 

II.  Mémoire  sur  la  théorie  des  probabili- 
tés. 

III.  Mémoire  sur  un  cas  particulier  de 
l'intégration  des  quantités  angulaires. 

IV.  Lettre  à  M.  M"  sur  différents  pro- 
blèmes relatifs  à  la  théoi'ie  des  combinai- 
sons. —  Dans  le  même  recueil  (an.  1805), 
ainsi  que  les  trois  mémoires  suivants. 

V.  Essai  de  critique  sur  un  passage  [de 
Gorgias]  de  Platon,  trad.  par  La  Harpe. 

VI.  Mémoire  sur  un  théorème  fondamen- 
tal du  calcul  des  sinus. 

VII.  Nouvelles  recherches  sur  la  compo- 
sition des  forces,  1er  Mémoire.  Un  2me  Mé- 
moire a  été  publ.  dans  le  Recueil  de  1809. 
L'auteur  en  avait  promis  un  3">e  qui  n'a 
pas  paru.  —  Encontre  prouve,  contre  l'o- 
pinion reçue,  que  les  anciens  ont  connu 
le  parallélogramme  des  forces. 

VIII.  Éléments  de  géométrie  plane,  avec 
un  vocabulaire  étymologique  des  termes 
propres  à  cette  science,  Paris  et  Montp., 
1805,  77  p.  in-8o  ;  2me  édit.  Montauban, 
1820,  in-8o. 

IX.  M.  Boucacous  ou  l'S  et  le  T,  comé- 
die en  un  acte  et  en  vers,  Montp.,  1806, 
in-8o.  —  Bluette  pétillante  de  verve  co- 
mique sur  une  question  d'orthographe. 

X.  Dissertation  sur  le  vrai  système  du 
monde,  comparé  avec  le  récit  que  Moïse 
fait  de  la  création,  Montp.,  1807,  in-8o  ; 
Avignon,  1808,  in-8o,  et  dans  le  Recueil 
de  l'acad.  de  Montpellier  (an.  1809). 


XI.  Théorie  de  l'intérêt  composé  et  appli- 
cation de  cette  théorie  au  calcul  de  la  diffé- 
rence des  niveaux,  d'après  les  observations 
du  baromètre.  —  Dans  le  recueil  cité  (an. 
1809)  et,  à  ce  qu'il  paraît,  séparément, 
Montp.,  sans  date,  in-8o. 

XII.  Lettre  à  M.  Combes-Dounous,  au- 
teur  de  l'Essai  historique  sur  Platon,  Pa- 
ris, 1811,  in-8o.  —  Écrit  non  moins  re- 
marquable par  la  force  du  raisonnement 
que  par  l'urbanité  du  style. 

XIII.  Discours  prononcé  à  l'ouverture 
solennelle  des  cours  de  la  Faculté  de  théo- 
logie de  Montauban, '^lowidiwh.,  1816.  in-8°. 

XIV.  Mémoire  sur  les  principes  fonda- 
mentaux de  la  théorie  générale  des  équa- 
tions. —  Nous  ne  connaissons  pas  l'année 
de  l'impression  de  ce  mémoire. 

XV.  Recherches  sur  la  botanique  des  an- 
ciens, in-8o.  —  Il  n'a  paru  qu'une  livrai- 
son de  cet  ouvrage  qu'Encontre  avait  en- 
trepris en  collaboration  avec  de  Candole. 

XVI.  Examen  de  la  nouvelle  théorie  du 
mouvement  de  la  terre  proposée  par  le  doc- 
teur Wood.  —  Publ.  dans  les  Annales  de 
mathématiques  de  Gergonne. 

XVII.  Mémoire  sur  l'île  de  Blascon.  — 
Encontre  détermine  la  cause  de  l'encom- 
brement du  port  de  Cette. 

XVIII.  Addition  [d'une  quinzaine  d'ar- 
ticles] à  la  Flore  biblique  de  Sprengel. 

Encontre  a  laissé,  en  outre,  des  traités 
plus  ou  moins  avancés  sur  les  Probabilités, 
la  Sommation  des  séries,  le  Calcul  différen- 
tiel, la  Détermination  de  l'orbite  des  comè- 
tes, les  Sections  coniques,  ainsi  qu'un 
Commentaire  sur  la  mécanique  céleste  de 
Laplace  et  des  Mémoires  sur  sa  propre 
vie.  Il  avait  terminé  un  Traité  de  l'Église, 
en  latin  et  un  Résumé  de  ses  leçons  sur  le 
péché  originel. 

ENGELBERT  (.Ikan),  ouvrier  drapier, 
fils  d'un  tailleur  de  Brunswick,  naquit  dans 
cette  ville  en  1599,  mais  son  nom  semble 
indiquer  une  origine  française.  C'était  une 
âme  honnête  avec  un  cerveau  malade.  Il 
avait  des  visions  et  prétendait  (dès  1623) 
recevoir  des  révélations  du  Ciel,  s'adon- 
nant  à  la  piété  la  plus  austère,  à  la  prédi- 
cation, aux  œuvres  de  charité,  aux  jeûnes, 
aux  macérations  et  s'appelant  ouvertement 
«  Envoyé  du  Très  Haut.  »  Il  s'attaquait 
volontiers  aux  •  méchants  »  qui  raillaient 
ses  discours,  particulièrement  aux  pas- 
teurs, et  pérorait  contre  plusieurs  des  dog- 


^ 


17 


ENGELBERT   —   ENGELMANN 


18 


mes  reçus,  notamment  celui  de  la  prédes- 
tination. Expulsé  de  Brunswick  et  de  plu- 
sieurs autres  Etats  voisins,  il  mena  une 
vie  errante  et  misérable,  qui  ne  l'empêcha 
pas  de  persister  dans  ses  rêveries  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  en  1644,  et  de  répandre 
le  récit  des  merveilles  qu'il  s'attribuait 
dans  plusieurs  petits  écrits,  savoir  : 

I.  Une  vision  du  Ciel  et  de  l'Enfer,  avec 
l'histoire  d'une  partie  de  la  vie  de  l'auteur. 

II.  La  vision  d'une  montagne  au  milieu 
d'un  déluge  universel. 

III.  Le  nouveau  Ciel  et  la  nouvelle 
Terre. 

Ces  trois  ouvrages  sont  en  allemand  et 
en  flamand  ;  nous  en  ignorons  les  dates, 
et  n'en  avons  pu  trouver  que  les  titres. 
Un  quatrième  nous  est  mieux  connu  : 

IV.  Divine  Vision  et  Révélation  des 
trois  états,  l'Ecclésiastique,  le  Politique  et 
l'Œco7iomique  :  laquelle  Moy  Jean  Ëngel- 
bert,  de  Bronswic,  ay  vue  de  mes  yeux  et 
veillant,  étant  à  Winsem  au  pais  de  Lune- 
bourg,  l'an  1623.  Écrite  pour  une  seconde 
fois  à  Embden  l'an  1640,  par  l'autheur 
mesme  en  allemand,  et  traduite  en  fran- 
çois  pour  r édification  des  âmes  qui  cher- 
chent Dieu;  Amsterdam,  chez  P.  Arentz, 
1680  ;  in-16  de  18  feuill.  prélim,  et  124 
pages. 

L'auteur  inconnu  de  cette  traduction 
est  un  sectateur  enthousiaste  du  vision- 
naire et  qui  le  défend,  dans  sa  Préface  en 
s' appuyant  sur  l'exemple  d'autres  vision- 
naires infiniment  respectables  selon  lui, 
particulièrement  «  M"e  Antoinette  Bouri- 
«  gnon  '  dont  les  divins  ouvrages  sont 
'  plus  forts,  plus  lumineux,  plus  touchans, 

«  plus   intelligibles,    plus  convaincus 

«  que  tout  ce  qui  a  jamais  paru.  »  Et  il 
s'appuie  sur  ce  raisonnement  spécieux  : 

...  Cela  ne  vous  doit  pas  surprendre, 
Lecteur,  que  je  parle  si  déterminément  de 
cet  ouvrage  comme  d'une  œuvre  du  S.  Es- 
prit qui  me  parait  de  mesme  rang  avec  ce 
que  Dieu  a  produit  autresfois  par  les  saints 
Prophètes  et  les  Apostres...  L'on  se  repré- 
sente les  écrits  divinement  inspirés  c;  mme 
des  choses  qui  doivent  estre  dans  une  lan- 
gue estrangère,  hébraïque  ou  grecque,  fai- 
tes depuis  mille  ans  et  davantage,  publiées 
par  des  personnes  vénérables  tenues  pour 

*  Voyez  sur  elle  l'article  piquant  inséré  par 
Bayle  dans  son  Dictionnaire. 


Prophètes  ou  pour  Apostres,  approuvées  de 
toute  l'Eglise,  et  sur  tout  des  sçavans  et 
des  Docteurs...  Et  néanmoins  du  temps  que 
les  Saints  ont  parlé,  ils  n'avoient  nulles  de 
toutes  ces  marques,  et  ceux  qui  les  ont  re- 
jette sous  prétexte  de  ce  manquement  l'ont 
fait  a  leur  damnation.  En  effet  ce  n'estoient 
pas  des  personnes  qui  eussent  étudié  des 
langues  étrangères  ;  ils  parloyent  le  patoy 
de  leur  pais  :  ils  n'estoient  pas  des  person- 
nes pour  qui  on  eust  du  respect  comme 
pour  des  hommes  de  Dieu  ;  ils  n'avoient 
pas  l'approbation  du  peuple,  encore  moins 
des  sçavans.  L'un  estoit  un  vilageois  qui 
s'appeloit  Elizée  le  laboureur  (1  Rois,  XIX, 
V.  19)  qu'on  tenoit  pour  un  conteur  de  fa- 
bles si  incroyables  (2  Rois,  Vil,  v.  1)  que 
Dieu  mesme  n'auroit  pu  les  effectuer  quand 
il  auroit  fait  des  fenestres  au  Ciel  ;  l'autre 
estoit  un  garçon  méprisé  que  l'on  appeloit 
Jeremie  l'enthousiaste  (Jér.  XXIX,  v.  26), 
que  l'on  souffletoit  et  mettoit  en  prison 
sans  forme  de  pi'ocès  comme  un  fou  à 
cause  de  ses  rêveries  ;  l'autre  estoit  un  pas- 
sant grossier  nommé  Amos  le  bouvier  (Amos 
VII,  v.  14)  qui  vouloit  aussi  se  mêler  de 
parler  contre  la  religion  du  Roy  (Vil,  13) 
et  de  la  République  ;  un  auti-e  Jean  le  sau- 
vage et  le  possédé  (Matth.  XI,  18)  ;  un  au- 
tre le  fils  du  charpentier  et  l'endiablé 
(Jean  VIII,  48)  qui  disoient  tous  deux  trop 
d'injures  aux  gens  d'église  (Matt.  III,  23; 
Jean  VIII,  44)  ;  d'autres  estoient  des  sim- 
ples artisans  :  un  Pierre  le  pescheur,  un 
Matthieu  le  péag-er  et  semblables,  tous  des 
francs  idiots  (Actes  IV.  13).  Et  si  quelcun 
avoit  eu  un  peu  d'dtude  on  disoit  (Act. 
XXVI,  24)  que  cela  luy  avoit  troublé  la 
cervelle  et  qu'il  estoit  un  babillard  (Act. 
XVll,  18).  Bien  loin  que  leurs  paroles  ayent 
esté  tenus  pour  canoniques,  on  les  condam- 
noit  comme  des  rêveries  (Jér.  XXIX,  26), 
comme  des  lettres  de  fanatiques  ;  on  les 
dechiroit  (Jér.  XXXVI,  23)  et  on  les  brùloit. 
Ces  pauvres  gens  se  dévoient  cacher... 

Néanmoins  la  divine  vision  d'Engelhert 
ne  vaut  pas  la  peine  d'être  contée. 

ENGELMANN  (Godkfroi),  habile  litho- 
graphe, né  à  Mulhouse  en  1788  et  mort 
en  1839.  Engelmann  fréquenta  l'atelier  du 
peintre  Begnault.  Il  avait  déjà  obtenu  plu- 
sieurs distinctions  honorables  à  l'acadé- 
mie de  peinture  de  Paris,  lorsqu'il  décida 
de  se  rendre  à  Munich  pour  étudier  sous 
la  direction  de  l'inventeur  lui-môme,  Se- 
nefelder,  les  procédés  de  l'art  lithographi- 


19 


ENGELMANN  —  ENOCH 


20 


que.  De  retour  en  France,  il  fonda  dans  sa 
ville  natale,  et  bientôt  après  à  Paris  (1816) 
les  premiers  établissements  de  ce  genre 
que  nous  ayons  possédés.  Ses  premiers  es- 
sais furent  bien  accueillis  et  l'on  peut  dire 
qu'il  porta  son  art  à  la  perfection,  car  mal- 
heureusement la  lithographie  qui  exigeait 
d'habiles  dessinateurs,  est  aujourd'hui 
bien  abandonnée  par  suite  des  succès  faci- 
les de  la  photographie.  Engelmann  a 
fourni  de  belles  planches  à  un  grand  nom- 
bre de  publications,  telles  que  le  Voyage 
dans  le  Levant,  du  comte  de  Forbin,  les 
Antiquités  de  l'Alsace,  le  Voyage  pittores- 
que dans  le  Brésil,  le  Voyage  en  Espagne, 
etc.  Vers  la  fin  de  sa  carrière,  il  mit  le 
comble  à  sa  réputation  par  une  heureuse 
découverte,  celle  de  la  chromo-lithogra- 
phie, ou  art  d'imprimer  en  couleur,  dont 
le  succès  toujours  croissant,  eut  pu  le  con- 
soler de  la  décadence  de  la  lithographie 
simple.  Engelmann  a  publié  divers  ouvra- 
ges sur  son  art  :  1*  Recueil  d'essais  litho- 
graphiques, in-8o,  1817.  —  2.  Portefeuille 
géographique  et  ethnographique,  in-4o,  en 
collaboration  avec  Berger.  —  3.  Manuel 
des  dessinateurs  lithographes,  1823,  in-8o. 
—  4.  Traité  théorique  et  pratique  de  la 
lithographie,  1839,  in-4o. 

ENGELRAS,  de  Nîmes,  pasteur,  consa- 
cré en  1641.  Appelé  à  desservir  les  églises 
de  Chamborigaud,  1641-44  ;  de  Lunel, 
1646-61  ;  d'Uzès,  1663-78. 

ENGLISCH  (Jean),  ou  Langlois,  en  la- 
tin Anglicus  [Haag,  IV  538J,  naquit  à 
Buchsweiler  au  commencement  du  xvii^e 
siècle.  Chassé  de  sa  patrie  comme  héréti- 
que, il  se  retira  à  Strasbourg  où  Zell  le 
prit  pour  adjoint.  Il  mourut  en  1577.  C'est 
lui  qui  a  mis  en  vers  allemands  le  Canti- 
que de  Zacharie  et  celui  de  Siméon  pour 
le  recueil  de  cantiques  de  Strasbourg.  — 
Voy.  Langlois. 

ENGUERRAND  (Olivier)  né  à  Mantes. 
Il  fut  d'abord  religieux  cordelier  et  obtint 
une  cure.  Il  passa  au  protestantisme  en 
1601  après  avoir  fait  quelques  mois  d'é- 
tude à  Montauban  et  fut  nommé  pasteur  à 
Mougon  en  Poitou,  puis  à  Ghef-Boutonne 
en  1603.  Mais  vu  de  mauvais  œil  par  les 
pasteurs  du  voisinage  et  d'ailleurs  peu  ca- 
pable, il  retourna  au  catholicisme,  en 
1606.  On  lit  dans  le  Journal  de  l'Estoile 
à  la  date  du  11  juin  1610  :  «  Un  mien 
ami,  de  la  paroisse   de   Charenton,   m'a 


conté  comme  le  jour  de  devant  qui  estoit 
le  dimanche  10  de  ce  mois,  il  avoit  veu 
faire  au  dit  Charenton,  au  curé  de  Lorge- 
rie  près  de  Gisors,  nommé  Enguerrant, 
paravant  ministre  de  Chef-Boutonne  en 
Poitou,  nouvelle  abjuration  et  itérative 
profession  de  foy.  »  Le  ministre  André 
Rivet  (voy.  son  article)  publia  en  1607  une 
brochure  contre  l'apostat. 

ENOCH  (Louis),  peut-être  primitivement 
Hénoque,  était  un  savant  maître  d'école 
[Haag,  IV  S38],  né  et  exerçant  à  Issou- 
dun  en  Berry  qui,  en  1549  ou  un  peu 
avant,  se  retira  à  Genève  avec  sa  femme 
Françoise  Minet,  passa  quelques  mois  au 
pays  de  Vaud  (Ragueau  not.  IV,  512)  et 
trouva  enfin,  grâce  à  Calvin  qui  appréciait 
son  mérite,  la  position  qu'il  cherchait.  Le 
vendredi  9  mai  1550,  lit-on  dans  les  re- 
gistres du  Conseil  de  Genève,  «  M.  Calvin 
«  a  présenté  ung  maistre  d'escoUe  dict 
«  Enoch,  lequel  à  oyr  est  remis  à  lundi 
«  prochain.  »  Et  en  effet,  le  lundi  12,  la 
présentation  fut  acceptée.  Calvin  en  faisait 
grand  cas  non  seulement  à  cause  de  son 
érudition,  mais  à  cause  de  son  caractère. 
«  Ce  fut  un  homme  d'énergie  qui  réforma 
l'école  et  rétablit  l'autorité  du  directeur 
(Bétant,  Hist.  du  collège  de  G.,  p.  12).  » 
Son  influence  fut  sans  doute  cause  en 
grande  partie  de  la  retraite  de  Castalion 
lorsque  celui-ci  abandonna  Genève  (t.  IV, 
col.  124,  lig.  29),  et  l'un  des  amis  de  ce 
dernier,  Jean  Coli7iet,  régent,  lui  écrivait 
(7  août  1553)  :  «  Vous  devés  entendre  que 
«  nous  avons  un  grand  maistre  d'escole 
«  en  ceste  ville,  grand  hipocrite  et  gran- 
«  dément  adonné  aux  personnes  que  vous 
«  cognoissés  [Calvin  et  ses  partisans], 
«  voyre  jusqu'à  dire  que  les  commentaires 
«  de  l'un  d'entre  eux  [Calvin]  sont  pur 
«  évangile.  »  Le  grand  maître  d'école 
ainsi  dépeint  est  Louis  Enoch  '.  Ses  réels 

1  Voy.  la  lettre  entière  dans  Opéra  Calvini, 
Brunsw.  XIV,  585.  Ce  Jean  Colinet,  régent  au 
Collège  de  Genève  pendant  plusieurs  années,  avait 
été  destitué  par  le  Conseil  le  30  septembre  1552. 
Il  avait  l'humeur  belliqueuse  (voy.  lettre  de 
FeUoquin  à  Calvin,  Ibid.  XIV,  499)  ;  mais  il  eut 
l'honneur  de  se  rallier  aux  principes  de  tolérance 
proclamés  par  Castalion.  Lorsqu'il  demanda  au 
Conseil  de  Genève  (21  nov.  1553)  une  attestation 
de  sa  bonne  conduite  comme  pédagogue,  Calvin 
la  lui  fit  refuser  en  alléguant  ses  relations  avec 
Castalion  et  qu'il  avait  «  plusieurs  opinions  non 
«  [supjportables,  mesmement  que  l'on  ne  doibt 
«  point  punir  les  gens  pour  les  oppinions.  » 


I 


21 


ENOCH 


22 


services  furent  bientôt  récompensés  ;  en 
1556,  il  fut  nommé  principal  du  collège 
et  honoré  de  la  bourgeoisie  gratuite,  à  la 
suite  d'une  séance  du  Conseil  où  il  pré- 
senta aux  magistrats  genevois  une  pièce 
de  sa  composition  sur  l'Aigle  qui  regarde 
le  soleil  et  sur  la  Clef  «  qui  ouvre  les 
choses  désirables,  »  armoiries  de  la  ville  ^ 
Il  présenta  de  nouveau  cette  pièce  au  Con- 
seil quelques  années  après,  augmentée  sans 
doute  et  perfectionnée.  On  lit  dans  les 
registres,  à  la  date  du  6  janv.  1558  : 

Maistre  Enoc,  sus  ce  qu'il  a  proposé  icy 
une  poésie  et  allusion  d'une  fable  de  Jupi- 
ter qui  aymoit  Europe,  par  luy  composée, 
qu'il  desireroit  estre  pronuncée  devant  les 
seigneurs  de  Berne,  d'autant  que  c'est  à 
l'honneur  de  ceste  alliance  ^  et  mesmes 
qti'il  prend  son  argument  des  armoiries 
de  ceste  cité  ;  semblablement  une  tragédie 
des  cinq  escoliers  de  Berne  exécutez  a 
Lyon  3,  qu'il  voudroit  aussi  estre  jouée 
comme  il  en  a  des  enfans  tous  instruictz, 
requérant  luy  donner  licence.  Arresté  qu'on 
le  voye  et  qu'on  en  communique  avec  M. 
Calvin,  qu'il  luy  en  semble. 

Il  ne  paraît  pas  que  Calvin  ait  donné 
un  vif  assentiment  à  ces  compositions  ;  du 
moins  n'en  a-t-il  été  rien  imprimé,  que 
nous  sachions. 

Dès  l'année  1557,  Enoch  avait  été  admis 
au  saint  ministère  et  attaché  h  une  église 
de  la  ville.  Il  faut  croire  qu'il  y  déploya 
beaucoup  de  talent,  car  il  fut  demandé 
pour  ministre  (en  1561)  par  M'ne  Jacque- 
line de  Rohan  et  par  l'église  de  Troyes  en 
même  temps  et  plus  tard  par  la  duchesse 
Renée  de  France.  Il  occupa  ce  dernier 
emploi  *,  mais  quelques  mois  seulement 
(en  1566),  sa  mauvaise  santé  l'ayant  em- 
pêché de  le  garder  davantage.  Ajoutons 
qu'il  eut  l'honneur,  en  1563,  d'être  appelé 
à  prendre  la  succession  de  Théod.  de 
Bèze  comme  recteur  de  la  célèbre  acadé- 
mie de  Genève.  Au  mois  de  juin  1566,  il 
obtint  un  congé  pour  aller  à  Issoudun,  sa 
ville  natale,  régler  des  alfaires  de  succes- 


sion ;  mais  dès  le  mois  d'août,  il  écrivit 
aux  magistrats  de  Genève  que  son  état 
maladif  ne  lui  permettait  pas  de  reprendre 
ses  fonctions. 

Il  avait,  en  effet,  laissé  du  bien  en  Berry, 
et  avait  pris  ses  mesures  pour  ne  pas  le 
perdre.  C'est  ce  qu'on  voit  par  l'acte  sui- 
vant que  nous  reproduisons  pour  montrer 
comment  les  religionnaires  fugitifs  s'effor- 
çaient de  se  soustraire  à  la  rigueur  des 
édits  : 

Comme  ainsy  soyt  que  spectable  Enoc,- 
pour  éviter  les  idolâtries  et  superstitions 
papistiques  estans  au  pays  de  france  se 
soyt  avec  sa  famille  retiré  en  ceste  cité  de 
Genève  et  despuys  au  pays  de  Berne  dès 
l'an  1549  et  semblablement  habandonné  ses 
biens  situés  aud.  pays  de  france  ;  Et  que 
pour  éviter  au  saisissement  et  confiscation 
de  sesd.  biens  il  aye  faict  une  vendition  ou 
transport  de  sesd.  biens  k  honorable  Jehan 
Robert  le  Jeune,  marchant,  demourant  en 
la  ville  d'Yssould'un  et  par  ladite  vendition 
confessé  avoir  reçu  la  somme  de  50  escux 
pour  ses  dits  biens  ou  aultre  somme  comme 
appert  plus  amplement  par  l'instrument  et 
contract  de  ce,  faict  entre  le  dit  sp.  Enoc  et 
led.  Robert,  receu  par  egrege  Charnavel, 
notaire  au  pays  de  Foussigny  sous  la  ju- 
rid""  du  parlem.  de  Chambery  dès  l'an  1552  ; 
leq.  prix  toutefifoys  icelluy  sp.  Enoc  n'au- 
roit  receu  du  d.  Robert,  mais  seulement 
avoit  esté  faicte  lad.  vendition  pour  saulver 
le  bien  d'iceluy  spect.  Enoc  et  en  éviter  la 
confiscation  ou  saisissement  et  d'aultant 
qu'il  se  confioit  en  la  prudhommie  et 
loyaulté  dud.  Robert.  Comme  les  choses 
susdictes  estre  vrayes,  lesdicts  Enoc  et  Ro- 
bert tous  deux  présens  ont  confessé  et  con- 
fessent par  ces  présentes.  Pour  ce  est-il 
que  ce  jourdhuy  19"  jour  de  nov.  l'an  1561 
pardevant  moy  Jeh.  Ragueau  not.  (IV  513),. 
led.  hon.  Jeh.  Robert  a  remys  et  quicté  aud. 
sp.  Enoc  tous  et  chascungs  les  biens,  droitz, 
noms'et  actions  queled.  Enoc  luy  pourroyt 
avoir  cédez,  vendus  et  tranzportez...  Presens 
spect.  Claude  Prévost  habit,  de  Genève  et 
honorables  François  du  Val  d'Yssouldun 
et  Jehan  Trnchet  h.  de  G. 


1  Séance  du  21  janv.  1556.  Voy.  Opéra  Calv. 
Brunsw.  XXI,  626. 

2  Confér.  Jos.  du  Chesne  ci-dessus,  t.  V,  col. 
633. 

3  Voy.  I,  col.  72-77. 

■*  Archives  de  Genève,  portef.  hist.  n"  1835; 
Biblioth.  de  G.  mss.,  197»^  cart.  2. 


En  outre,  Enoch  donna  procuration  en 
1564  (6  mars)  à  un  procureur  d'Issoudun, 
pour  requérir  en  son  nom  «  une  quarte 
partie  des  biens  et  successions  délaissez 
par  le  trespas  de  deffuncte  honorée  Per- 
nette  Andoze  sa  mère,  item  la  moytié  de.s 


23 


ENOCH 


24 


biens  délaissez  par  feu  Jelian  Émard  le 
jeune,  son  frère  maternel...  »  (Ragueau, 
VII  17). 

On  a  son  testament  fait  à  Genève,  le 
11  fév.  lo67  (Ragueau,  IX  76).  Il  avait  eu 
un  grand  nombre  d'enfants  '  ;  il  déclare 
en  testant,  qu'il  ne  lui  en  reste  que  trois  : 
Pierre,  Jehanne  plus  un  fds  peut-être  en- 
core vivant,  Élye,  qui  s'est  enfui  de  la 
maison  paternelle,  en  France,  à  l'âge  de 

9  ans  et  9  mois  et  dont  il  n'a  jamais  «  pu 
oyr  nouvelles  certaines  quelque  diligence 
qu'il  en  aye  sceu  faire  ;  »  il  soupçonne 
celui-là  d'être  resté  dans  le  catholicisme, 
et  sous  peine  d'exhérédation,  «  il  veult  et 
ordonne  que  le  d.  Élye  retourne  et  fasse 
profession  de  la  vérité  de  l'Évangile,  ayant 
renoncé  à  toutes  idolâtries  et  superstitions 
papistiques.  »  Témoins  :  Théod.  de  Bèze, 
Nie.  Colladon,  Henry  Scrimger,  Laurent 
de  Normandie,  Anth.  de  Saussure  seignr 
de  Vernant,  Yves  Bergevin  (voy.  t.  H,  col. 
329)  et  l'apothicaire  Jean  Molet.  Le  testa- 
teur mourut  probablement  peu  de  jours 
après.  Sa  femme  Françoise  Minet  testa  le 

10  septemb.  1371,  atteinte  de  la  peste,  et 
mourut  le  20.  Elle  n'avait  plus  qu'un  en- 
fant. Pierre  Enoch,  qu'elle  institue  son 
héritier,  en  lui  substituant  sa  sœur  An- 
thoinette  et  ses  frères  Bonaventure  et  Sul- 
pice  Minet  et  en  faisant  un  grand  nombre 
de  legs  parmi  lesquels  on  remarque  : 

...  A  la  vefve  de  feu  s''  Yves  Bergeviu  img 
de  ses  meilleurs  chappei'ons  avec  ses  bagues 
de  valeur  jusques  à  4  ou  5  escus  ;  h  Arnaud 
Dupuis  ung  baptizoir  de  toille  d'Olandres 
brodé  des  deux  boutz  ;  a  sii-e  Estienne 
Toucheron  ung  aultre  baptizoir  ^  de  toylle 
d'Olandre  brodé  tout  a  l'entour  ;  plus  aux 
dits  Dupuys,  Toucheron  et  a  Symon  Le 
Maire,  à  chacun  d'eux  quatre  cuUiers  d'ar- 
gent d'une, douzaine  qu'elle  a;...  plus  a  M"" 
Dorcenne  une  balle  de  livres  reliés  de  l'Es- 
cripture  saincte  jà  emballés;  a  M.  de  Mont- 
beron  gendre  de  M.  d'Orsenne  une  autre 
balle  de  livres  d'humanitez  qui  sont  aussy 

'  Les  registres  de  décès  des  Archives  de  Ge- 
nève, très  incomplets,  tellement  qu'on  n'y  trouve 
pas  inscrit  celui  d'Enoch,  mentionnent  qu'il  perdit 
le  9  septembre  1553  sa  fille  Sarah;  le  24  juin 
1558  un  fils  innomé  ;  le  25  mars  1563  une 
fille,  Marie;  le  25  juin  1565  son  fils  Théodore 
âgé  de  cinq  ans. 

'^  Aucun  dictionnaire  de  vieux  français  ne  nous 
fournit  le  sens  du  mot  baptizoir  On  peut  supposer 
que  c'est  un  mouchoir  de  toile  fine  appelée  batiste. 


emballés;  semblablement  à  M''  maitre  Claude 
Prévost  ministre  d'Issoudun  une  autre  balle 
de  livres  de  l'Escripture  saincte  ;  aussy  elle 
donne  et  lègue  a  spectable  Nicolas  Colladon 
une  autre  balle  de  livres  mêlés  et  a  maistre 
Gervaix  Esnauld  une  autre  balle  de  livres 
d'humanité  ;  etc..  (De  la  Rue  not.,  III  128). 

Louis  Enoch,  possesseur  de  ce  gros 
fonds  de  livres,  en  a  laissé  quelques-uns 
de  sa  composition  : 

I.  Prima  infantia  lingiiœ  grsecse  et  latinse 
simul  et  gallicse  ;  in-4o  Parisius,  loi6  ; 
apud  Jacob.  Bogardum  ;  2'ne  édit.,  1555. 

H.  Lodoici  Enoxi  uxelodunensis  Parti- 
tiones  grammaticse  ;  Genevse  ex  officina, 
J.  Crispini,  1551,  in-4o,  125  pag.  com- 
mençant par  une  élégante  préface,  fort 
adulatrice  «  Senatui  populoque  Genevensi,  » 
datée  des  cal.  de  septemb.  1551. 

En  tête  du  volume  est  la  table  des  cha- 
pitres suivie  de  cette  petite  pièce  : 


EuocQS  ad  adolescentulos  Genevenses. 
Gramaticen  edit  quisque  :  at  our  edimas  et  nos? 

Ut  vos  hîc  ordo  cam  brevitate  juvet. 
Multa  seieiis,  prudens  prœoepta  iutacta  reliqui  ; 

Pondéra  ne  parvis  magna  ferenda  darem, 
Omnia  qui  miscet  nil  ut  nescire  putetur, 

Ib,  ne  cui  noceat,  sit  sibi  giammaticus. 


A 


Plusieurs  éditions.  La  quatrième,  Gen. 
1563,  en  2  tom.  in-12  de  230  et  287  pa- 
ges, précédée  de  la  préface  de  1551. 

III.  De  puerili  grœcarum  litterarum 
docti-ina  liber;  oliva  Rob.  Stephani,  1555, 
in-8o,  208  feuillets.  En  tête  est  une  pré- 
face <(  Adolescentibus  Genevensibus  reli- 
quisque  suis  discipulis,  »  dont  voici  la 
dernière  phrase  :  ...In  eo  ego  certamine 
cupio  sic  Christum  vestras  ingenii  conten- 
tiones  suo  spiritu  bene  fortunare,  ut  de 
Victoria  ista  et  vestra  linguarum  prœstaa- 
tiore  cognitione  cum  Evangelii  studio  con- 
juncta  sic  semper  laudetur,  ut  Genevensis 
ecclesiae  integritas  incredibili  parentum 
vestrorum  ergà  Numew  pietate  jam  cele- 
berrima,  fiât  hinc  etiam  multo  celebrior.  Va- 
lete,  Idibus  maii  1555.  Sénebier  (Hist.  litt. 
de  Genève)  lui  attribue  des  Commentaires 
sur  Cicéron  publiés,  dit-il,  par  Estienne 
dans  son  édition  des  œuvres  du  célèbre 
orateur.  Des  recherches  sérieuses  vaine- 
ment faites  par  MM.  Haag  pour  retrouver 
ces  Commentaires  donnent  à  croire  que 
Sénebier,  et  d'autres  d'après  lui,  ont  com- 
mis une  erreur. 

Dans  sou  testament,  Louis  Enoch,  pré- 


25 


ENOCH  —  ENTRAGUES 


26 


occupé  (le  son  fils  Pierre  aussi  bien  que 
de  son  fils  Élie,  avait  dit  :  «  Item  et  parce 
«  que  luy  testateur  dès  son  jeune  aage 
«  s'est  adonné  et  employé  à  instruire  les 
.<  aultres  et  qu'en  cela  il  a  senty  ung 
«  grand  profiet  et  avancement  en  ses  estu- 
«  des,  il  veult  aussy  que,  après  son  décès, 
«  le  dict  Pierre  Enoch  son  filz,  selon  la 
«  commodité  qui  se  offrira,  s'employe  à 
«  faire  le  semblable  pour  la  mesme  cause 
«  susdicte...  ;  item  et  pour  ses  conseillers 
«  au  dict  gouvernement  le  d.  testateur  a 
«  pryé  et  prie  spect.  Th.  de  Bèze  et  sp. 
«  Germain  Colladon  ses  amys,  donner  con- 
«  seil  et  ayde  à  sa  femme,  etc.  »  Le  jeune 
homme  ne  se  conforma  pas  exactement  cà 
cette  prescription  paternelle  ;  il  devint  un 
amateur  de  littérature  mondaine  et  de 
poésie  légère.  Peut-être  est-ce  par  respect 
filial  qu'il  a  publié  ses  vers  en  prenant  un 
nom  de  terre,  Pierre  de  La  Meschinière, 
tandis  qu'à  ses  Tableaux  de  la  vie  et  de  la 
mort,  il  a  conservé  le  nom  d'Énoc.  Voici 
ce  qu'on  connaît  de  ses  œuvres  : 

I.  Opuscules  poétiques;  Genève,  Jacq. 
Stoer,  1572,  in-8o. 

II.  Tableaux  de  la  vie  et  de  la  mort,  par 
maistre  Pierre  Énoc,  G[enevois]. 

III.  La  Céocyre,  contenant  151  sonnets, 
odes,  chansons,  élégies,  bergeries  ;  imp.  à 
Lyon,  par  Barthél.  Honnorat,  1578.  — 
«  Il  était  jeune  quand  il  fit  sa  Céocyre, 
nom  ridiculement  composé  de  Kaîa  et  de 
/-vip,  comme  qui  diroit  Brûle-conir.  »  Dans 
ce  poème,  «  il  a  chanté  son  amour  mal- 
heureux pour  une  demoiselle  qui  ne  l'aima 
point  et  à  laquelle,  bien  conseillé,  il  re- 
nonça ;  mais  ne  voulant  pas  perdre  en 
entier  le  fruit  de  ses  soupirs  et  de  ses 
peines,  il  fit  imprimer  ses  vers  avec  cinq 
odes,  dont  l'une  a  pour  objet  la  mort 
d'Adonis,  une  élégie,  quatre  églogues  et 
quelques  autres  petites  pièces  de  vers  tou- 
tes très  médiocres  »  (Notes  de  La  Mon- 
noye). 

IV.  Sonnets  du  seigneur  Pierre  de  La 
Meschinière,  mis  en  musique  nouvellement 
par  Jean  Castro,  le  tout  à  trois  parties  ; 
Douai,  J.  Bogarst,  1611,  in-4o,  27  feuil- 
lets (no  1455  du  catalog.  des  livres  de 
J.  Taschereau,  1875). 

ENTEBIEU  (Jean),  cardeur  de  laine, 
du  lieu  d'Aulas,  âgé  de  21  ans,  pendu  sur 
la  place  publique  du  Vigan  pour  avoir  as- 
sisté à  une  assemblée  de  culte  surprise  par 


les  dragons  à  Lacan,  parr.   de  Roquedur, 
le  6  oct.  1686  (Teissier). 

1.  ENTRAGUES.  Nous  avons  parlé 
d'une  dame  de  ce  nom  (t.  I,  col.  292), 
qu'on  écrit  aussi  d'Antraigues,  comme 
d'une  protectrice  des  premiers  confesseurs 
de  la  foi,  en  1525.  Le  ministre  Pierre 
Toussain  ayant  été  accueilli  par  elle,  dans 
son  château  du  Bois-Malesherbes  (près 
Pithiviers)  écrivait,  de  cette  retraite  (en 
octob.  1526)  au  ministre  baslois,  OEco- 
lampade,  qu'il  se  trouvait  pour  le  moment 
h  l'abri,  in  hac  arce  generosissimw  mulie- 
ris  dominée  d'Entraigues,  exulum  Christi 
susceptricis.  (Herminj.  Corresp.  des  Réf., 
I,  445).  — Elle  se  nommait  Anne  Malet  de 
Graville,  femme  de  Pierre  de  Balzac,  ba- 
ron d'Entragues,  seigf  des  Dunes  et  avait 
vécu,  nous  dit  M.  Herminjard.  dans  l'en- 
tourage de  la  reine  Claude,  première 
femme  de  François  1er  (morte  en  1524)  ; 
ajoutons  :  et  de  sa  sœur,  la  duchesse  Re- 
née de  Ferrare.  On  a  quelques  lettres  de 
François  de  Balzac  ',  fils  de  (Guillaume  et 
probablement  neveu  de  cette  dame,  qui 
montrent  que  toute  la  famille  fut  d'abord 
cliente  de  Renée  dont  elle  était  vassale  par 
ses  principaux  domaines  (Marcoussis,  Bois- 
Malesherbes,  Entragues,  Clermont,  etc.), 
mais  qu'elle  passa  par  la  suite  au  service 
plus  lucratif  du  roi  et  des  Guises.  Fran- 
çois, devenu  gouverneur  d'Orléans,  écri- 
vait à  la  duchesse,  4  juin  1568  :  «  Ma- 
dame, Je  n'ay  point  oublyé  les  honneurs 
et  faveurs  que  ma  feu  mère  et  tous  les 
miens  ont  receu  de  vous,  qui  me  donne 
assez  d'ocasion  pour  l'espérance  que  j'ay 
que  vous  les  continuerez  en  mou  endroict, 
de  m'employer  pour  tous  ceulx  que  vous 
aimez.  A  quoy,  Madame,  je  ne  feray  ja- 
mais faulte...  ■"  ;  »  et  quelques  mois  après 
il  lui  adressait  cette  lettre  embarrassée  ^  en 
réponse  à  la  demande  qu'elle  lui  avait 
faite,  de  laisser  évader  d'Orléans  quelques 
protestants  qui  n'étaient  pas  en  sûreté 
dans  cette  ville  : 

1  Voy.  Bibl.  nat.,  coll.  Béthune,  n"'  3199,  fM5; 
3218,  f  49;  3225,  f  50  ;  3227,  P  43;  3229, 
f  22;  3364,  i"  99;  3372,  f  141;  3378  (5  lettres 
au  roi,  de  l'année  1587);  3379;  3407,  f"  99; 
3411,  f»  15  ;  3422  et  3616,  i°  96;  toutes  ces 
lettres  originales,  de  1568  à  1589,  sont  adressées 
à  Renée  de  Ferrare,  puis  au  roi,  enfin  au  duc  de 
Nevers. 

2  Beth.  3199. 

3  Beth.  3225. 


27 


ENTRAGUES 


28 


Madame,  Dieu  scayt  le  desplaisir  que 
j'ay  de  ne  pouvoir  satisfaire  a  la  lettre 
qu'il  vous  a  pieu  m'escripre  :  et  quand  je 
l'eusse  entrepris  j'eusse  mis  les  pauvres  da- 
mes que  vous  me  demandez  en  péril  par  ce 
que  sur  les  champs  le  peuple  est  tellement 
desbordé  qu'a  mesure  qu'il  recongnoist  ceulx 
de  la  religion,  il  s'en  dispense  desmesurée- 
ment.  Je  sçay  bien  les  peines  que  j'en  ay 
eues  et  que  j'en  ay  tous  les  jours  pour  con- 
tenir ung  chacun  en  son  debvoir  ;  Dieu  et 
les  gens  de  bien  m'en  sont  tesmoings.  Et 
pour  mieulx  me  faire  obéir  on  m'avoit  laissé 
sans  forces  estrangères  *  avecq  la  brutalité 
de  ce  peuple  ;  chacun  scayt  le  desastre  que 
j'en  ay  pensé  recepvoir.  Et  aussy,  madame, 
je  ne  vous  veulx  pas  celler  que  j'ai  com- 
mandement exprès  de  sa  majesté  de  ne 
laisser  sortir  aulcungs  de  ceste  ville,  comme 
je  vous  ay  faict  autretfoys  entendre.  Je  ne 
m'en  oseroys  dispenser  sans  une  lettre  de 
sa  majesté  que  je  ne  feisse  crier  jusques  au 
ciel  ce  populace.  Je  croy  que  ce  soyt  pour 
plusieurs  consideracions  réservées  h  sa  dite 
majesté,  vous  suppliant  très  humblement. 
Madame,  voulloir  croyre  que  tout  ce  qui 
sera  en  ma  puissance  sans  interest  du  ser- 
vice du  Roy  et  de  ma  réputation,  je  l'em- 
ployeray  pour  vous  faire  très  aggréable 
service.  Madame,  je  prie  à  Dieu  qu'il  vous 
donne,  en  la  meilleure  et  plus  parfaicte 
santé,  très  heureuse  et  très  longue  vie. 
D'Orléans  le  pénultième  jour  d'octobre  1568. 
Vostre  très  humble  et  très  obéissant  servi- 
teur Entraigues. 

Ce  François  de  Balzac  d'Entragues  avait 
épousé  Marie  Touchet  l'amie  eu  titre  de 
Charles  IX,  et  la  belle  Henriette  d'Entra- 
gues, marquise  de  Verneuil,  qui  devint  en 
1599  l'amie  en  titre  de  Henri  IV  était  leur 
fille. 

2.  ENTRAGUES  (César  de  Guillerane 
seigneur  d')  ou  d'Entrages,  capitaine  hu- 
guenot [Haag,  V  390],  connu  par  sa  belle 
défense  de  Mâcon  contre  le  maréchal  de 
Tavannes.  Les  protestants  s'élant  rendus 
maîtres  de  cette  ville,  en  1562,  leurs  frères 
de  Lyon  s'empressèrent  d'y  envoyer  les 
capitaines  Moreau  et  Vertis,  chargés  de 
diriger  la  défense  de  la  place  contre  l'at- 
taque qu'on  prévoyait.  Tavannes,  trop  fai- 
ble pour  rien  tenter  de  décisif  contre  une 
population  qui  semblait  bien  résolue, 
s'éloigna  en  attendant  les  renforts  qu'il 
avait  mandés  de  toutes  les  parties  de  la 

^  Suisses,  reîtres  ou  italiens. 


Bourgogne.  Dès  qu'il  eut  rassemblé  ses 
troupes,  malgré  les  ordres  formels  du  roi, 
apportés  par  le  sieur  de  Pise  que  les  habi- 
tants avaient  député  en  Cour  avec  des 
lettres  où  ils  exposaient  leurs  griefs  et 
justifiaient  leur  conduite,  il  alla  mettre  le 
siège  devant  Mâcon.  Dans  ce  pressant  dan- 
ger, les  Lyonnais  sentant  qu'il  était  d'une 
grande  importance  que  cette  ville  restât 
au  pouvoir  des  protestants,  y  envoyèrent 
le  capitaine  Entragues,  qui  jouissait  d'une 
grande  réputation  d'habileté  et  de  valeur. 
Selon  l'abbé  Agut,  ce  fut  le  5  mai  1562 
que  César  de  Guillerane  entra  dans  Mâ- 
con, accompagné  des  capitaines  Du  Tron- 
che, Dudeau,  Tilheau,  Correllier,  Gris, 
Daniel  de  La  Place,  Crevasson,  Montre- 
non,  Ravel,  Meyserien,  Grandjacques  et 
des  deux  frères  Soulier.  Il  prit  aussitôt  le 
commandement,  mais  ses  fréquentes  sor- 
ties n'arrêtant  pas  les  travaux  de  l'ennemi, 
il  fut  forcé  de  demander  des  renforts  à 
Lyon,  d'où  il  reçut  cent  arquebusiers  sous 
les  ordres  du  capitaine  Saint-Louis,  et 
quelques  pièces  d'artillerie.  La  tranchée 
achevée,  le  feu  s'ouvrit,  le  4  juillet,  habi- 
lement dirigé  par  un  canonnier  que  Ta- 
vannes avait  fait  venir  exprès  de  Paris, 
tant  il  jugeait,  lui  aussi,  la  possession  de 
Mâcon  importante.  En  moins  de  deux 
heures,  toutes  les  défenses  de  la  ville 
furent  renversées.  Sommé  de  se  rendre, 
Entragues  refusa  fièrement  d'écouter  au- 
cune proposition,  et  il  fit  travailler  avec 
activité  à  la  réparation  des  brèches,  sous 
le  feu  même  de  l'ennemi  qui  lui  tua  beau- 
coup de  monde,  entre  autres  son  lieute- 
nant La  Flèche.  Étonné  d'une  résistance 
aussi  opiniâtre  et  désespérant  d'entrer 
dans  Mâcon  par  la  force,  Tavannes  recou- 
rut à  la  ruse.  Il  essaya  d'attirer  les  assié- 
gés dans  une  embuscade  ;  mais  aussi  pru- 
dent que  brave,  Entragues  déjoua  son 
projet,  et  le  chef  catholique  se  vit  réduit  à 
lever  le  siège. 

Sachant  que  l'avantage  resta  dans  cette 
circonstance  aux  huguenots,  il  sera  plus 
intéressant  encore  de  voir  de  près  l'inso- 
lence de  Tavannes  dans  ses  rapports  avec 
le  brave  capitaine  de  Mâcon.  Voici  une 
correspondance  qu'ils  échangèrent  pen- 
dant le  siège  ^  : 


1  Mss.  Bibl.  nat.,  coll.  Fontette,  94845,  f"  214 
et  suiv. 


29 


ENTRAGUES 


30 


Monsieur,  Monsieur  de  Tavanes.  Mon 
sieur,  je  croy  qu'estes  de  ceste  heure  bien 
adverty  de  la  défaicte  que  les  miens  feirent 
hier  de  quelques  ungs  des  vostres  au  village 
de  Varennes,  et  d'autant  que  j'en  tien  huict 
de  prisonniers  et  qu'ilz  se  disent  gentilz- 
hommes,  je  vous  l'ay  bien  voulu  faire  en- 
tendre à  ce  que  si  vous  voulez  qu'ilz  aient 
bon  et  honneste  traitement  vous  aiez  l'œil 
et  teniez  main  que  les  miens  que  vous  tenez 
soient  traictez  de  mesmes.  On  a  semé  bruit 
de  deçà  que  vouliez  faire  mourir  des  nos- 
tres  :  si  l'avez  faict  ou  le  vueillez  faire,  je  dé- 
termine exterminer  les  vostres.  Je  suplie  le 
le  créateur  vous  donner,  Monsieur,  en  santé 
heureuse  vie.  A  Mascon,  ce  dern'  aoust 
(juillet?)  1562.  Vostre  entièrement  bien  prest 
a  vous  obéir,  Cesar  d'Antrages. 

Coppie  des  lettres  escriptes  au  cappi- 
taine  Antragtte.  Cappitaine  Entrages,  jay 
receu  voz  lettres  par  ou  me  mandez  que 
voz  gens  ont  prins  quelques  ungs  des  miens 
lesquelz  vous  traicterez  ainsi  que  je  traic- 
teray  les  vostres.  Je  vous  veulx  bien  ad- 
verty que  quant  j'en  ay  prins  des  vostres, 
je  les  ay  tousjours  renvoyez  et  ne  m'a 
soulcié  guières  du  traictement  que  vous  fe- 
rez a  ceulx  que  vous  tenés  pour  avoir  esté 
prins  en  dormant.  Lesquelz  je  m'attens  de 
fort  bien  chastier  silz  reviennent  en  mes 
mains.  Il  fut  prins  ces  jours  passez  ung 
nommé  Bonnet  premier  eschevin  de  Mascon 
et  ung  coi'donnier  et  quelques  aultres  habi- 
tans  de  la  dite  ville  que  je  fais  délivrer  à  la 
court  de  parlement  par  le  commandemant 
de  la  Roy  ne  et  Roy  de  Navarre  peur  leur 
faire  leur  procès  comme  rebelles  a  sa  ma- 
jesté et  larrons  qui  emportoient  les  trésors 
du  dit  Mascon  et  quant  ilz  n'eussent  esté 
remis  a  la  dite  court  si  les  eussé-je  faict 
chastier  comme  subjectz  de  mon  gouverne- 
ment. Au  demeurant  vous  scavés  bien  qu'il 
y  a  longtemps  que  je  scay  quelle  guerre  il 
fault  faire  a  ceulx  qui  sont  enrôliez  et  mar- 
chent soubz  les  enseignes,  et  que  je  ne  suis 
carnassier  ni  bourreau  de  soldatz  qui  m'ont 
eslevé  ainsi  que  je  suis,  et  seroys  bien 
marry  d'en  ressembler  beaucoup  d'aultres 
encores  que  l'on  m'en  donne  occasion,  qui 
est  l'endroit  ou  je  prie  Dieu,  cappitaine  En- 
tragues,  qui  vous  veuUe  garder.  De  Chalon, 
ce  ij  daoust  1562. 

A  Monseig''  tng''  de  Tavanes,  chevalier 
de  rOrdre  et  lieutenant  pour  le  Roy  atc 
pays  de  Bourgongne.  A  Chalon.  Monsei- 
gneur, j'ay  receu  a  ce  matin  un  paquet  le- 
quel je  vous  envoyé  pource  que  c'est  pour 
le  service  du  Roy,  et  d'autant  qu'il  ne  se 


trouve  point  de  poste  pour  le  vous  envoyer 
j'ay  esté  contraint  le  vous  envoyer  par  un 
mien  soldat  auq.  je  vous  prie  ne  permettre 
qu'il  luy  soit  fait  aucun  desplaisir.  Je  vous 
prie  de  permettre  que  les  postes  retournent 
chascun  en  son  lieu,  a  celle  fin  que  le  ser- 
vice du  Roy  se  puisse  plus  promptement 
exécuter.  Faisant  fin  a  la  présente  je  prie- 
ray  le  Seigneur,  Monsieur,  qu'il  vous  tienne 
sous  sa  sainte  protection  à  jamais  et  vous 
maintienne  en  bonne  prospérité.  De  Sence, 
ce  xiiij*  aoust  1562.  Vostre  très  humble  et 
obéissant  serviteur  Cesar  d'Antrages. 
(Autographe). 

Capitaine  Entraigue,  j'ay  receuz  ung  pa- 
quet que  vous  mavez  envoyé  par  ung  soudart 
que  jay  fait  retegnir  prisonnier,  d'aultant 
qu'il  n'a  point  de  sauf  conduyt,  qu'il  n'est 
herault,  trompette  ny  taborin  qui  sont  les 
mesagiers  de  guerre  que  l'on  a  accoustumez 
d'envoier  et  poursce  que  je  trove  ceulx  de 
Lion  qui  premièrement  sont  vegnuz  sce 
asné  (cette  année  ?)  de  ceste  ville,  despuys 
de  Mascon,  pour  ennemyz  capitals  de  la 
france,  comme  aussy  foys-je  tous  ceulx  qui 
sont  enttrez  en  sce  gouvernemant  auveque 
armes  sans  mon  commandemant  atandu 
que  de  troys  roys  esjk  je  y  suys  establi  pour 
lieutenant  parquoy  dissy  en  avant  lessez  al- 
ler les  postes  qui  sont  retegnu  au  lieu  ouz 
je  leur  ay  commande  sce  trover  par  le 
commandemant  de  la  roigne  et  vous  mesler 
de  faire  la  guerre  puisque  nous  en  sommes 
la,  car  sce  n'est  vostre  estât  de  chevaulcheur 
d'escurie,  et  a  Dieu  qui  vous  veille  g-uarder. 
De  Chalon  ce  xv«  aoust  1.562.  (Minute  très 
raturée). 

A  monseig^  nig'  de  Tavanes  etc.  a  Mas- 
con. Monseigneur  ayant  esté  adverty  de 
vostre  venue  a  Mascon,  je  suys  esté  fort 
joyeulx  espérant  que  par  icelle  pourray  re- 
eouvi'er  ma  femme  laquelle  fut  prinse  a  la 
prinse  de  Mascon,  vous  supliant.  Monsei- 
gneur, me  faire  tant  de  bien  de  comman- 
der qu'elle  me  soit  rendue  et  obligerez  ung 
pauvre  gentilhomme  a  vous  faire  très  hum- 
ble service  qui  sera  la  fin,  monseigneur, 
où  vous  presenteray  mes  humbles  recom- 
mandations, priant  le  seigneur  vous  main- 
tenir en  sa  grâce.  De  Mascon  le  xxiij"  d'aoust 
1562.  Vosti'e  très  humble  et  très  obéissant 
serviteur.  Cesar  d'antrages. 

Cappitaine  Entrages,  j'ay  receu  voz  let- 
tres suyvant  lesquelles  j'ay  commandé  que 
vostre  femme  vous  fust  renvoyée.  Laquelle 
de  sa  bonne  fortune  et  la  vostre  est  tumbée 
entre  les  mains  de  gentilhommes  gens  de 


31 


ENTRAGUES 


32 


bien,  qu'ilz  sçavent  commant  de  tout  temps 
j'ay  accoustumé  de  respecter  l'honneur  des 
femmes.  Et  encoires  que  la  guerre  qui  se 
faict  de  vostre  cousté  soit  indigne  de  ceste 
honnesteté,  je  ne  'veulx  laisser  de  user  en 
cela  et  en  toute  chose  comme  j'ay  faict  de 
tout  temps.  Qui  est  endroyt  où  je  piùe  à 
nostre  seigneur  qui  vous  veulle  conserver. 
De  Mascon  ce  xxv«  aoust  1562  (Minute). 

Aussitôt  l'ennemi  retiré,  Entragues  s'é- 
tait occupé  du  soin  pressant  de  rétablir 
parmi  les  habitants  et  les  gens  de  guerre 
l'ordre  d'autant  plus  compromis  que  les 
principaux  citoyens,  comme  l'échevin  Bru- 
nel,  donnaient  l'exemple  d'une  cupidité  in- 
satiable. Sa  juste  sévérité  mécontenta  les 
soldats  qui,  des  murmures,  passèrent  bien- 
tôt à  la  révolte.   Le  capitaine  se  tira  de 
cette  position  dangereuse  par  un  véritable 
tour  de  vieux  routier.  Il  annonça  une  re- 
vue hors  de  la  ville,  fit  défiler  d'abord  les 
compagnies  de  Luquot  (qui  fut  tué  peu  de 
jours  après)  et  de  Villet,  qui  s'étaient  si- 
gnalées par  leur  mutinerie,  et  leur  ferma 
les  portes.  Il  est  à.  croire  que  sa  conduite 
fut  présentée  sous  un  faux  jour  à  Soubise, 
qui  commandait  h   Lyon  ;   autrement  on 
aurait   de   la  peine  à  s'expliquer   qu'un 
homme  qui  avait  déployé  tant  de  vigueur 
et  rendu  d'aussi  éminents  services,  qui  ve- 
nait tout  récemment  encore  de  s'emparer 
du  château  de  Pierrecloux,  eftt  été  en  quel- 
que sorte  destitué.  Entragues  ne  témoigna 
d'ailleurs  aucun  mécontentement  de  cette 
injustice,  il  continua  à  servir  avec  autant 
de  dévouement  qu'auparavant;  seulement 
lorsqu'il  vit  son  successeur  Ponsewflt,  vail- 
lant soldat,  mais  malheureux   capitaine, 
perdre  par  son  imprudence  la  ville  de  Ma- 
çon, il  manifesta  son  indignation  avec  une 
violence  qu'çxcusait  sans  doute  l'impor- 
tance de  la  perte.  Décidé  à  recouvrer  cette 
place  à  tout  prix,  il  partit  de  Tournus, 
dont  Ponsenat  venait    de   s'emparer,    se 
porta  par  une  marche  rapide  sur  Mâcon 
dans  l'espoir  de  l'enlever  par  escalade,  et 
pour  encourager  ses  soldats,  il  planta  lui- 
même  les  échelles  contre  les  murailles, 
«  à  quoy  étant  mal  suivy,  raconte  Tavan- 
nes,  la  peur  augmentée,   il  se  retira  en 
fuite  avec  les  Suisses  mal  contens.  »  Il  pa- 
raît qu'Entragues   se  rendit  à  Lyon   où 
nous  le  trouvons  combattant  aux  côtés  de 
Blacons  lors  de  la  surprise  tentée  par  les 
catholiques.  —  Nous  n'oserions  afïïrmer, 


vu  le  grand  nombre  de  lieux  qui  portent 
le  nom  d'Entragues,  que  le  capitaine  dont 
nous  venons  de  parler  soit  le  même  que 
le  sieur  d' Entraigues  dont  Théod.  de  Bèze 
nous  dit  {Hist.  eccl.)  qu'il  embrassa  ouver- 
tement le  protestantisme  après  le  pillage 
de  son  château  par  les  catholiques  en 
1562. 

3.   Un  vicomte  d'Entragues   avait  re- 
cueilli dans  son  château,  en  1681,  l'église 
de  Vais  en  Vivarais  et  la  représenta,  cette 
année,  au  synode  tenu  à  Vallon  (Tt  289). 
C'est  probablement  sa  femme  qu'on  trouve 
dans  les  papiers  du  séquestre  sous  le  nom 
de  «  comtesse  d'Entraigues,  du  diocèse  de 
Viviers,  »  reléguée  à  Vienne  en    1687  ; 
elle  avait  obtenu  permission  d'aller  faire 
ses  couches  chez  elle  et  était  restée  pro- 
testante (Tt  322).  «  M.  d'Entragues,  nou- 
veau converti,  »  obtient  en  1688  une  pen- 
sion de  mille  livres  (Tt  252).  —  Un  abbé 
d'Entragues  est  le  sujet  de  l'anecdote  sui- 
vante racontée  dans  les  Mémoires  de  la 
régence  ^  En   1720,  la  religion  réformée 
fit  l'acquisition  d'un  prosélyte  d'une  nais- 
sance distinguée  et  tl'un  ordre  qui  devait 
rendre  sa  conversion  remarquable.  C'était 
l'abbé  d'Entragues  âgé  d'environ  65  ans. 
Il  fit  hautement  profession  à  Paris  de  ses 
nouveaux  sentiments,  le  jour  de   No'èl, 
après  quoi  il  disposa  de  ses  biens  et  se 
prépara  à  passer  clans  les  pays  étrangers. 
Mais  il  fut  arrêté  à  Lille  et  transféré  à 
Charenton  dans  la  maison  des  fous.  Court 
•  nous  apprend  (Mss.  de  Court,  N»  39)  que 
cet  abbé  avait  été  amené  au  protestantisme 
par  Barbe,  chapelain  de  l'ambassade  de  Hol- 
lande (Icol.  779).  L'abjuration  eut  lieu  dans 
la  chapelle  de  l'ambassade.  Le  régent  s'en 
montra  si  fort  scandalisé  qu'il  fit  renouve- 
ler les  défenses  d'assister  au  service  divin 
chez  les  ambassadeurs  des  puissances  pro- 
testantes, et  qu'il  donna  ses  ordres  pour 
enfermer  d'Entragues  à  la  Bastille.  Cepen- 
dant, grâce  à  de  hautes  protections,  l'abbé 
obtint  la  permission  de  sortir  de  France  ; 
mais  le  parlement  n'en  tint  compte  ;  il  se 
mit  en  devoir  de  lui  faire  son  procès,  et  à 
son  passage  à  Lille,  d'Entragues  fut  encore 
arrêté  et  renvoyé  à  Paris.  Selon  Dangeau, 
c'était  une  espèce  de  fou  qui  voulait  se  sin- 
gulariser; mais  l'apostat  Dangeau  n'était-il 

^  Et  dans  la  Corresp.  de  la  duch.  d'Orléans, 
trad.  par  Gnst.  Brunet;  Paris,  1855,  t.  Il,  p.  209- 
220. 


1 


I 


33 


ENTREMONT   —   ÉPINAC 


34 


pas  guidé  par  le  désir  de  justifier  la  mesure 
dont  le  pauvre  abbé  fut  victime  ? 

Entremont  (Jacqueline,  comtesse  d'). 
Mme  d' Entremont,  deuxième  épouse  de 
l'amiral  Coligny,  voy.  t.  IV  col.  212.  — 
Hyacinthe  comte  d'Envie,  colonel  au  ser- 
vice de  Hollande,  1748-58.  —  Albert  de 
L'espée,  lieutenant-colonel,  id.,  1680; 
(Charles-Joseph),  colonel,  id.,  1754-58. 

EPICIME.  On  a  un  petit  volume  inti- 
tulé : 

Traicté  de  la  cène  et  de  la  messe.  Conte- 
nant vingt-quatre  argumens,  assavoir  dou- 
ze soustenans  la  Messe  estre  la  Cène  de 
J.-C,  avec  douze  Responses  à  la  fin  d'un 
chacun  (Vieeux  prouvant  le  contraire.  Et 
douze  autres  Argumens  prins  de  la  saincte 
Escriture,  monstrans  clairement  que  la 
Messe  n'est  la  Cène  de  J.-C.  ;  par  André 
Epicirae  «  Hebr.  X  :  Par  une  seule  obla- 
tion  le  Fils  de  Dieu  a  rendu  parfaits  pour 
tout  jamais  ceux  qui  sont  sanctifiés.  » 
Lyon,  1564,  in-lC,  64  pages  ;  autre  édit. 
ou  tirage,  Lyon,  chez  Claude  Ravot,  in-8o 
1564.  Autre,  citée  par  MM.  Haag,  1563. 

Un  vieil  érudit  saxon,  Melchior  Adam, 
mort  en  1622,  nous  dispense  des  recher- 
ches et  des  suppositions  que  pourrait  nous 
occasionner  ce  nom  hellénique  :  Epicime.  Il 
nous  apprend  dans  ses  Vitse  theologorum 
german.,  que  ce  fut  le  pseudonyme  pris 
par  Hartmann  Reyer,  étudiant  de  Wittem- 
berg  et  disciple  de  Luther,  né  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein  en  1516,  puis  ministre 
dans  cette  ville,  pour  publier  en  réponse  ta 
diverses  apologies  de  la  messe  un  pam- 
phlet qu'il  intitula  :  Pro  fictitio  missx  sacri- 
ficio  Argumenta  erronea  sophistarum  pon 
tificiorum  cum  refutationibus  (Andréas 
Epicimus  edidit);  Magdebourg,  1551  in-8o. 
Quel  rapport  avait-il  pu  trouver  entre 
Beyer  et  Epicimus  ?  Aucun  ;  mais  comme 
le  remarque  avec  justesse  l'académicien 
La  Monnoye.  (Notes  sur  la  Croix  du  Mai- 
ne et  du  Verdier),  Epicime  paraît  être 
la  traduction  de  l'adjectif  grec  'E7îtTtp.o<;, 
homme  dont  l'honneur  est  hors  d'atteinte. 

Le  ministre  luthérien  (lutheranismi 
dôctrinâ  et  ritibus  ardentissimus  propu- 
gnator,  dit-on  dans  l'Encyclop.  de  Hert- 
zog)  s'était  proposé  de  terrasser  trois  théo- 
logiens catholiques  de  son  temps  et  de  son 
pays,  Jean  Cochlseus  de  Nuremberg  (mort 
en  1552)  auteur  d'un  Spéculum  antiqua; 
devotionis  erga  missam,  Wickel  de  Fulda 


(1501-1573)  et  surtout  Michel  Helding, 
évêque  de  Meersbourg,  qu'on  appelait  Mi- 
chaël  Sidonius  depuis  qu'il  avait  précé- 
demment reçu  le  titre  d'évéque,  in  parti- 
bus,  de  Sidon,  auteur  d'une  Canonis  mis- 
sae  paraphrastica  explicatio  (Augsbourg, 
1548,  in-4o).  En  effet  il  ne  les  ménage  pas, 
car  voici  sa  conclusion  telle  que  la  donne 
la  traduction  lyonnaise  : 

J'ay  récité  les  argumens  contre  la  Messe, 
laquelle  nous  reprouvons.  A  cause  de  quoy 
nous  sommes  estimez  très  meschans  et  per- 
nicieux. Sur  cela  les  adversaires  songent, 
machinent,  tx-aictent,  vomissent  des  feux, 
espées,  massues,  broches,  grils,  cordes,  sacs 
et  quoy  non  ?  Ils  nous  rendent  suspects  et 
odieux  aux  grans,  et  les  irritent  contre 
nous  h  fin  qu'ils  nous  meurtrissent.  De  nos- 
tre  part  nous  recommandons  nostre  cause 
a  Dieu,  qui  contregardera  son  Eglise  conti'e 
ces  assaux  et  rages  de  Satan  et  du  monde, 
maugré  les  portes  d'enfer,  et  deussent  cre- 
ver de  despit  Cochleus  grosse  et  lourde 
beste  ;  Sidonius  fier,  arrogant  et  cauteleux; 
Vicelius  malicieux  apostat,  avec  tous  les 
yvrongnes  et  vilains  moynes  et  toute  l'eslite 
de  Satan.  Le  Dieu  Eternel,  Père  de  notre 
Seigneur  J.-C  nous  veuille  conserver  en  la 
confession  constante  de  sa  vérité,  nous  con- 
soler et  fortifier  par  son  Esprit,  afin  que 
nous  ne  craignions  les  hommes  et  fureurs 
de  Satan.  Louange  k  Dieu.  Prov.  21  :  Il 
n'y  a  sagesse,  il  n'y  a  prudence,  il  n'y  a 
conseil  contre  le  Seigneur.  Fin. 

Comment  et  par  quel  huguenot  français 
ce  livret  publié  à  Magdebourg  en  1551 
fut-il  traduit  et  imprimé  à  Lyon  en  1563  ? 
On  l'ignore.  Cependant  les  pasteurs  Jean 
de  Lespine  et  Pierre  Viret  ayant  fait  im- 
primer sur  le  même  sujet,  la  même  année, 
chez  le  même  imprimeur  de  Lyon  de  pe- 
tits traités  dont  nous  donnerons  les  titres 
lorsque  nous  parlerons  de  ces  théologiens, 
il  se  pourrait  que  l'un  d'eux  fut  le  traduc- 
teur de  Reyer. 

EPINAC  (Pierre  d'),  archevêque  de 
Lyon,  né  en  1540,  mort  en  1599  [Haag, 
IV  539].  Notre  intention  n'est  point  de 
réclamer  pour  la  France  protestante  ce  fa- 
meux ligueur,  ni,  par  conséquent,  de  lui 
donner  un  article  étendu  dans  notre  ou- 
vrage ;  nous  voulons  seulement  rappeler 
ici  qu'il  fut  un  instant  avec  les  huguenots. 
Grâce  à  la  protection  de  son  oncle  l'arche- 
vêque de  Lyon,  d'Epinac  faisait  déjà  par- 

ITT  9. 


35 


EPINAC   —   ERIEU 


30 


tie  du  chapitre  de  cette  ville,  où  il  avait 
été  admis  dès  l'âge  de  dix  ans,  lorsqu'il 
alla  étudier  le  droit  à  Toulouse.  Ce  fut 
pendant  son  séjour  dans  cette  ville  qu'il 
s'unit  aux  assemblées  religieuses  des  pro- 
testants, mais  aussitôt  qu'il  s'aperçut  que 
sa  religion  serait  un  obstacle  à  sa  fortune, 
il  l'abandonna  et  devint  le  plus  ardent  ad- 
versaire des  huguenots.  C'était  un  homme 
habile  et  éloquent,  mais  en  même  temps, 
un  intrigant  sans  foi,  sans  loi  et  sans 
mœurs,  qui  sacrifia  tout  à  son  ambition. 
Gallican  ou  ultramontain,  partisan  de 
Henri  III  ou  ligueur  forcené,  il  n'eut  en 
vue,  dans  ses  continuelles  variations, 
qu'un  seul  objet,  le  chapeau  de  cardinal, 
mais  il  ne  put  y  atteindre  et  il  eut  la  dou- 
leur de  mourir  simple  archevêque  de 
Lyon.  —  Epine,  religionnaire  de  Sedan, 
1719.  —  Geneviève  Epinel,  enfermée  au 
couvent  de  N.-Dame-de-Saintes,  1740.  — 
Pierre  Erant,  pasteur  de  Marcillac,  1603. 
—  Pierre  Erault,  si"  de  La  Prée  Goisy, 
lieutenant  au  régiment  de  Champagne, 
protestant  de  l'île  de  Rhè  ;  Jacques  Erault 
major  général  de  la  milice  de  l'île,  1677 
(Tt  258). 

ERB  (Matthias),  néàEtlingen  en  1494 
[Haag,  IV  539],  reçut  son  éducation  en 
Suisse.  Il  fit  comme  aumônier  dans  les 
troupes  bernoises,  en  1531,  une  campagne 
contre  les  cantons  catholiques.  En  1536 
on  l'appela  comme  pasteur  à  Baden^  mais 
il  y  garda  peu  de  temps  cette  place  et  après 
avoir  dirigé  pendant  deux  ans  l'école  de 
Gegenbuch,  il  fut  enfin  placé  à  la  tête  de 
l'église  de  Riquewihr,  et  nommé  par  le 
comte  de  Montbéliard  surintendant  de 
toutes  les  églises  de  ses  possessions  d'Al- 
sace. Pendant  vingt-quatre  ans,  Erb  s'ac- 
quitta de  ces  fonctions  avec  autant  de  pru- 
dence que  de  zèle.  C'est  par  ses  soins  que 
la  Réforme  s'introduisit  à  Mittelwihr,  Hu- 
nawhir,  Ostheim,  Andolsheim,  Balden- 
heim,  Sundhofen,  etc.  Il  eut  aussi  plus 
d'une  fois  l'honneur  de  prêcher  l'Evan- 
gile dans  la  chapelle  du  château  de  Ribeau- 
pierre,  en  présence  du  comte  qui  faisait 
le  plus  grand  cas  de  lui.  Ami  de  Bucer,  de 
Capiton,  de  Zell,  dont  il  partageait  les  sen- 
timents, uni  aux  théologiens  suisses  dans 
leurs  opinions  sur  la  Cène,  Erb  fut  vic- 
time de  la  réaction  luthérienne  qui  suivit 
la  mort  du  comte  Georges  de  Montbéliard. 
Il  fut  mis  à  la  retraite  en  1560  et  se  retira 


à  Ribeauvilliers  où  il  mourut,  le  13  mars 
1571. 

Lipenius  lui  attribue  Christlicher  Berich 
vont  Trostund  Untei-haltung  derer  die  umb 
Christi,  seines  Worts  und  Evangelii  Wil- 
len  Verfolgung  und  Schmach  leiden  miis- 
sen,  Niirnb.,  1569,  in-8o.  La  même  année, 
il  publia  Vo7n  Sauffen  und  Fressen,  den 
^weyen  schsendlichen  Lastern,  Mulhausen, 
1569,  in-8o,  trad.  allemande  du  traité  de 
Chrysostôme  :  Quod  nemo  leditur  quàm  à 
se  ipso.  On  possède  à  la  Biblioth.  de  Ge- 
nève {MSS.  No  197<ia,  Carton  1)  une  let- 
tre d'Erb,  datée  du  23  mai  1562,  par  la- 
quelle il  demande  aux  pasteurs  genevois 
un  ministre  pour  l'église  de  Ribeaupierre, 
lettre  importante  en  ce  qu'elle  prouve  que, 
dès  lors,  le  protestantisme  était  professé 
dans  cette  ancienne  seigneurie,  et  de  plus, 
qu'Erb  prêchait  encore  à  cette  époque  le 
calvinisme  qui  ne  devait  pas  tarder  à  être 
proscrit  du  comté  de  Montbéliard.  On  a 
d'autres  lettres  de  lui  à  la  Biblioth.  de 
Bâle,  et  à  celle  deColmar  quatre  vol.  rnss. 
de  sermons  et  pièces  diverses,  parmi  les- 
quelles figure  sous  la  date  de  1563  un 
traité  contre  les  Ubiquitaires  intitulé  Nar- 
ratio  de  sacra  Cœnâ,  ad  Elisabetham  de 
Rapolstein. 

ERBAUD,  en  Dauphiné.  Pierre  Erbaud 
réclame  contre  la  régie  des  biens  de  Daniel 
et  Moïse  Erbaud,  ses  parents,  fugitifs  ou 
condamnés  ;  1719  (Tt  Tourlet).  —  Mar- 
guerite d'Erby,  veuve,  60  ans,  assistée  à 
Londres,  1702.  —  Veuve  Erconteau,  de 
la  Saintonge,  50  ans,  id.,  1706.  —  Milon 
Erdier,  de  Chalon-sur-Saône,  marchand, 
reçu  habitant  de  Genève,  23  oct.  1572. 

ERIEU  (d')  ou  Eyrieu,  d'Herrieu,  d'Er- 
rieu,  famille  de  pasteurs  dauphinois.  Un 
membre  de  cette  famille  assiste  au  synode 
de  Dauphiné,  tenu  à  Gap  en  1597.  — 
(Isaac)  figure  comme  pasteur  de  Monestier, 
de  Clairmont  et  de  Vif  et  assiste  en  cette 
qualité  à  plusieurs  synodes,  de  1605  à 
1607  ;  il  devient  ensuite  pasteur  de  Pont- 
de-Royans  église  dans  laquelle  il  remplit 
les  fonctions  pastorales  de  1607  à  1642; 
les  colloques  de  Serres  et  de  Nyons,  du 
mois  d'aot\t  de  cette  dernière  année  le  dé- 
clarèrent excusé  «  à  cause  de  ses  indispo- 
sitions et  de  sa  grande  vieillesse.  »  —  On 
trouve  aussi  :  Denis  d'Erieu,  pasteur  de 
Monestier  en  1600-1601)  ;  Daniel,  son  fils, 
étudiant  en  théologie  en  1600;  Jean  Erieu, 


37 


ERIEU 


î:rman 


38 


pasteur  à  Pont-en-Royaiis,  en  1614.  — 
Jacques  Erieu,  du  Vivarais  ;  Pierre  Erieu 
ou  Erioiid,  de  Villeneuve-de-Borg,  sa 
femme  et  deux  enfants,  et  la  veuve  de 
François  Erieu  ou  Eriou,  du  Dauphiné, 
assistés  à  Genève  de  1697  à  1703.  —  Jean 
Erignet  «  praticien  de  Lyon  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  2  oct.  1572. 

ERMAN  (Jean-Pierre),  l'auteur,  avec 
Reclani,  des  précieux  Mémoires  sur  l'his- 
toire du  refuge  en  Prusse.  Il  était  né  à 
Berlin,  en  1735,  d'une  famille  originaire 
de  Miilhouse,  qui  s'était  établie  à  Genève 
avant  de  se  transporter  h  Berlin.  Dans 
cette  dernière  ville  il  étudia  au  collège 
français  sous  Pierre  Naudé  et  Fortney.  Il 
fut  élu  pasteur  de  l'église  du  Werder  en 
1757  et  donné  pour  collègue  à  Achard  et 
Pelloutier.  Outre  ces  fonctions  pastorales 
qu'il  garda  jusqu'à  sa  mort,  et  celles  de 
Principal  du  Collège  français,  il  fut  encore 
professeur  au  séminaire  de  théologie  et 
membre  du  Consistoire  supérieur.  Il  était 
aussi  de  l'acad.  de  Berlin  aux  séances  de 
laquelle  il  donna  lecture  de  14  mémoires 
qu'elle  a  imprimés;  enfin  il  reçut  le  titre 
d'historiographe  de  Brandebourg.  Le  grand 
Frédéric  lui  fit  l'honneur  en  1776  de  le  re- 
mercier, par  lettre,  d'un  sermon  qu'il  avait 
prononcé  sur  «  L'amour  de  la  patrie.  »  Il 
mourut  le  11  août  1814.  Lorsqu'il  eut 
achevé  la  SQrae  année  de  son  ministère, 
l'église  du  Werder  lui  décerna  une  mé- 
daille d'or  frappée  à  cette  occasion.  On  a 
de  lui  : 

I.  Mémoire  historique  sur  la  fondation 
de  l'église  françoise  de  Berlin,  publié  à  l'oc- 
casion du  jubilé  qui  sera  célébré  le  10  juin 
1772,  BerHu,  1772,  in-8o. 

II.  Geographix  antiquse  elementa,  in 
usum  scholarum,  Berlin,  1777,  in-S». 

III.  Abrégé  de  mythologie,  Berlin,  1779, 
in-8o. 

IV.  Sermons  sur  divers  textes,  Berlin, 
1779,  in-8o. 

V.  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  des 
réfugiés  françois  dans  les  états  du  roi, 
Bedin,  1782-1800,  9  vol.  in-8o.  —  Publié 
en  collaboration  avec  Réclam,  ainsi  que  le 
suivant.  C'est  l'ouvrage  le  plus  important 
d'Erraan.  On  a  reproché  aux  auteurs  d'ê- 
tre entrés  dans  trop  de  détails,  oubliant 
que  leur  but  était,  non  pas  d'écrire  une 
histoire,  mais  de  rassembler  des  matériaux 
pour  constater  la  piété  de  nos  pères,  leur 


probité,  leur  charité  et  leur  fructueuse 
application  dans  toutes  les  branches  de 
l'artj  des  sciences,  du  commerce  ou  de 
l'industrie. 

VI.  Mémoire  historique  sur  la  fondation 
des  colonies  françoises  dans  les  états  du  roi 
de  Prusse,  publié  à  l'occasion  du  jubilé  du 
29  oct.  1785,  Berlin,  1785,  in-S». 

VIL  Oraison  funèbre  de  Frédéric  II 
avec  des  remarques  historiques,  Berlin, 
1786,  in-8o. 

VIII.  Monument  séculaire  consacré  à  la 
mémoire  de  Frédéric-Guillaume-le-Grand, 
Berlin,  1788,  in-8°. 

IX.  Recherches  historiques  sur  le  ma- 
riage de  Jean  de  Brandenbourg  avec  Ger- 
maine de  Foix,  Berl.,  1788,  in-S". 

X.  Lettres  à  un  ami  de  Genève  sur  la 
constitution  et  la  prospérité  des  colonies 
françoises  dans  les  états  du  roi  de  Prusse, 
Berlin,  1788,  in-8o. 

XI.  Éloge  historique  de  M.  Réclam.  Ber- 
lin,  1789,  in-8o. 

XII.  Éloge  historique  de  Sophie-Char- 
lotte d'Hanovre,  reine  de  Prusse,  Berlin, 
1790-95,  in-8o. 

XIII.  De  l'influence  des  relations  du 
Brandenbourg  et  de  la  Hollande  sur  le 
bonheur  des  deux  nations,  Berlin,  1790, 
in-8o. 

XIV.  Oratio  panegyrica  Friderici  I, 
Berl..  1790,  in-8o. 

XV.  Instruction  donnée  par  Frédéric- 
Guillaume  I  au  prince  royal,  son  fils,  pour 
la  campagne  du  Rhin,  en  1734,  Irad.  de 
l'allem.,  Berlin,  1793,  in-8o. 

XVI.  Tableau  généalogique  des  descen- 
dans  du  bourgrave  de  Niirnberg,  Frédéric, 
auquel  remontent,  en  ligue  directe,  pres- 
que toutes  les  maisons  régnantes  de  l'Eu- 
rope, Berlin,  1795,  in-8o. 

XVII.  Sur  l'ordre  de  succession  dans  la 
dynastie  des  souverains  de  la  Prusse  et  du 
Brandenbourg  de  la  maison  de  Hohenzol- 
lern,  Berlin,  1798,  in-8o. 

XVIII.  Mémoires  pour  servir  à  l'his- 
toire de  Sophie-Charlotte,  reine  de  Prusse, 
Berlin,  1801,  in-8o. 

Erman  a  publié,  en  outre,  dans  les  Mé- 
moires de  l'académie  de  Berlin,  sous  le 
titre  :  Sur  les  bévues  littéraires  (an.  1786- 
1803),  treize  mémoires  où  il  traite  de  leur 
influence  sur  la  mythologie,  l'histoire,  la 
géographie,  la  biographie,  la  science  éty- 
mologique, les  sciences  exactes  ;  —  Éloge 


39 


ERMAX   —    ERARD 


40 


de  Schultz  (an.  1794-9o)  ;  —  Mémoire  sur 
la  princesse  Barbe  de  Brandenbourg,  fille 
du  margrave  Jean  (an.  J803)  ;  —  Mémoire 
historique  sur  la  ville  et  le  château  de  Cœ- 
penick  (an.  1804). 

Voy.  les  notes  du  sermon  L'adoration  en  esprit 
et  en  vérité,  par  le  pasteur  F.-J.-D.  Andrié,  pro- 
noncé dans  l'église  de  la  Friederichstadt,  le  22  déc. 
1861  ;  imp.  à  Berlin,  H.  Sauvage,  1862,  in-S"  de 
58  pages. 

Jean-Pierre  Erman  laissa  deux  fils. 
L'aîné,  nommé  Jean-Georges,  fut  pasteur 
de  l'église  française  de  Postdam,  et  mou- 
rut le  1er  niai  ISOo.  Il  a  publié  : 

I.  Mémoire  historique  sur  la  fondation 
de  l'église  francoise  de  Postdam,  1785. 

II.  Sermon  pour  le  premier  jubilé  cente- 
naire de  la  fondation  du  collège  royal  fran- 
çois  de  Ber-lin,  Berlin,  1790,  in-8o. 

III.  Sermons  sur  divers  textes  de  l'Écri- 
ture sainte,  Berlin,  1791,  in-8o. 

IV.  Sermon  sur  le  devoir  de  prier  pour 
les  rois,  Berlin,  1791,  iu-8o. 

Le  cadet,  Paul^  professeur  au  collège 
français  et  membre  de  l'académie  des 
sciences,  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment, ainsi  que  son  fils  Adolphe  (que  son 
voyage  autour  du  monde  a  rendu  célèbre), 
par  de  savantes  recherches  sur  le  magné- 
tisme. On  trouvera  la  liste  de  leurs  ouvra- 
ges dans  Kaiser. 

1.  ERARD  (aliàs  Evrard)  ministre,  au 
XVIme  siècle,  de  Burtoncourt,  fief  mou- 
vant du  duché  de  Deux-Ponts,  entre  Metz 
et  Sarrelouis,  appartenant  alors  ii  André 
de  Vienne  s""  de  Clervant.  Cette  église  qui 
disparut  bientôt  pour  être  annexée  à  celle 
de  Metz  avait  été  desservie  aussi  par 
Pierre  de  Cologne,  1563  ;  Nicole  de  Cour- 
celles,  1572-77  ;  Gardesy,  1577  ;  Maillard, 
de  Courcelles,  1585  ;  Peter,  1593.  (0.  Cu- 
viER.)  —  Marie  Erard  de  S^-Clair,  de 
Normandie,  71  ans  et  sa  fille,  assistées  à 
Londres  (18  et  14  liv.  st.),  1706-1710.  — 
Jean  Erard,  chevalier,  seig""  de  Belisle, 
marié  à  Anne  de  Ferrières  veuve  de  René 
de  Gonzabatz  (minutes  de  Soullard  not.  à 
La  Rochelle)  ;  abjure  pour  devenir  capi- 
taine de  vaisseau,  puis  chef  d'escadre  ;  tué 
en  1705  au  combat  de  Malaga  (Riche - 
mond). 

2.  ERARD  ou  plutôt  ERRARD  (Jean), 
un  des  meilleurs  ingénieurs  militaires  du 
XVIme  siècle  [Haag,  IV  541]  et  l'un  des 
premiers  qui  ait  écrit  sur  l'art  de  fortifier 


les  places,  naquit  à  Bar-le-Duc  en  1554. 
On  ne  connaît  cette  date  que  par  un  beau 
portrait  (gravure  de  Thomas  de  Leu)  por- 
tant qu'il  fut  exécuté  en  l'année  1600 
quand  Errard  avait  46  ans  et  l'on  ne  sait 
absolument  rien  des  origines  de  sa  famille^ 
et  des  commencements  de  sa  carrière. 
Nous  ne  nous  arrêtons  pas  à  parler  des  gé- 
néalogies fantaisistes  fournies  par  La  Che- 
naye  des  Bois  dont  nous  avons  si  souvent 
à  relever  les  sottes  complaisances  ;  encore 
moins  à  discuter  une  charte  ridicule  de 
l'an  1436  suivant  laquelle  les  Errard  des- 
cendaient d'un  chef  danois  débarqué,  l'an 
985,  en  Normandie  pour  aider  le  duc  Ri- 
chard à  repousser  une  invasion  du  roi  Lo- 
thaire.  Aux  écrivains  d'aujourd'hui  assez 
aveugles  pour  répéter  de  telles  sornettes  ^, 
il  vaut  mieux  emprunter  leur  jugement 
formé  sur  les  documents  contemporains  de 
l'homme  dont  ils  parlent,  lequel  était  un 
serviteur  excellent  du  roi  Henri  IV  et  des 
ducs  de  Bouillon.  »  Esprit  vigoureux,  di- 
«  sent-ils,  cœur  austère,  il  ne  quêta  pas 
«  les  applaudissements  ;  avec  une  bonho- 
'<  mie  bien  passée  de  mode,  il  fit  son  de- 
«  voir  simplement  ;  il  dissimula  presque 
«  son  génie  et  ses  talents.  On  dirait  qu'il 
«  s'est  refusé  à  nous  fournir  les  moyens  de 
•  l'admirer.  Hors  deux  ou  trois  passages 
«  dans  ses  livres,  il  n'a  rien  laissé  qui 
«  puisse  nous  fixer  sur  sa  famille,  ni  sur 
«  sa  vie,  ni  sur  ses  travaux,  et  sans  les 
«  soins  pieux  de  longues  générations,  le 
«  Barrois  ne  pouvait  rendre  la  justice  due 
('  à  l'un  des  hommes  dont  il  doit  être  le 
«  plus  fier  '.  s  C'est  en  peu  de  paroles 
bien  peindre  un  de  nos  vieux  huguenots. 
En  effet  on  lit  c'est-à-dire  on  lisait, 
dans  les  registres  de  l'église  deCharenton, 
que  Jean  Erard  ingénieur  du  roi  et  Barbe 
(de  Reims  ou  de  Reince)  sa  femme,  firent 
baptiser  dans  cette  église,    le   28  octob. 

1  Cependant  il  pourrait  bien  être  le  fils  d'un 
Philippe  Errard  qu'on  trouve  employé  vers  1546 
sous  la  direction  d'un  ingénieur  italien  à  des 
travaux  de  fortification  dans  la  Lorraine.  Voy. 
l'ouvrage  ci-dessous  mentionné  de  MM.  Lallemend 
et  Boinette,  page  11  note. 

*  Jean  errard  de  Bar-le-Due,  sa  vie,  ses  ceu- 
vres,  etc.,  par  Marcel  Lallemend  et  Alfred  Boinette; 
Bar-le-Duc,  1884,  in-12  de  334  p.;  page  i.  Petit 
volume  clérical  foisonnant  d'erreurs  volontaires 
et  beaucoup  trop  loué  dans  le  £uU.  XXXIII,  425. 

3  Jean  Errard,  par  M.  Lallemend  et  A.  Boi- 
nette, page  II. 


I 


41 


ERARD 


42 


1598,  leur  fils  Abdias  (parrains  Daniel  Ti- 
lenus  et  J.-B.  de  Guéribalde)  ;  qu'ensuite 
Alexis  Erard  neveu  de  Jean  et  Geneviève 
Bâcler  sa  femme,  y  firent  baptiser  le  26 
nov.  1619  leur  fils  Jean  (parrain,  Gillot 
secrétaire  de  l'arlillene,  marraine,MmeSar- 
rau)  ;  le  24  janv.  1621,  une  fille  (parrain, 
Aleaume  ingénieur  ordinaire  du  roi,  marr. 
Marie  Sarrau)  ;  le  3  avril  1622  un  fils, 
Jean,  et  le  6  octob.  1624  un  fils,  Isaac. 
Cette  famille  protestante  habitait  sans 
doute  Bar-le-Duc  plutôt  que  Paris,  mais  les 
registres  paroissiaux  de  Bar  ne  commen- 
cent qu'à  l'an  1622  •  et  on  n'y  connaît  pas 
de  registres  protestants. 

L'ingénieur  Errard  avait  29  ans  lorsqu'il 
se  manifeste  à  nous  pour  la  première  fois. 
Dans  un  compte  du  trésorier  général  de 
Lorraine  pour  l'année  1383.  Par  un  man- 
dement du  duc,  en  date  du  12  nov.  de 
cette  année,  il  est  alloué  200  fr.  «.  à  Jean 
«  Errard,  demeurant  à  Bar,  pour  subvenir 
«  aux  frais  qu'il  luy  convient  supporter  à 
Cl  l'impression  de  certains  livres  qu'il  pré- 
«  tend  mettre  en  lumière  *.  »  En  eff"et  l'an- 
née suivante,  parut  à  Nancy  Le  premier  livre 
des  instruments  mathématiques  mécaniques 
deJ.  Errard  de  Bar-le-Diic  {Dédié)  à  M.  le 
duc  de  Calabre,  Lorraine,  Bar,  Gueldre,elc. 
Imp.  à  Nancy  par  Jan  Janson  imp.  de  S. 
A.  1584  ;  gr.  in-4o  de  44  feuillets.  L'ou- 
vrage est  composé  principalement  de  plan- 
ches, au  nombre  de  40,  représentant  des 
machines  diverses  et  qu'on  doit  croire,  car 
elles  ne  portent  aucune  signature  ni  mono- 
gramme, gravées  par  l'auteur.  L'ouvrage 
n'eut  pas  grand  succès,  car  une  2i"e  par- 
tie qui  devait  être  suivie  d'un  traité  de 
L'art  de  la  navigation  n'ont  jamais  paru  ^. 
C'est  cependant  vers  ce  temps  qu'Errard 
se  fit  une  haute  réputation  par  ses  travaux 
militaires  dans  les  campagnes  de  Henri  IV 
contre  l'Espagne  et  contre  la  Ligue.  Il 
aida  à  réduire  un  bon  nombre  de  places  et 
défendit  ou  fortifia  très  habilement  par  des 
procédés  nouveaux  alors  plusieurs  villes 
importantes  des  frontières  du  nord-est  de 
la  France,  comme  Jametz,  Amiens,  Se- 
dan, Verdun.  Henri  IV  faisait  de  lui  le 
plus  grand  cas  et  sa  renommée  était  assez 
répandue  au  loin  pour  que  la  Seigneurie 

1  Jbid.  page  11. 

2  Archiv.   de  la  Meuse,   B  1196;   Inventaire 
somm.  par  H.  Lepage. 

3  Lallemend  et  Boinette,  p.  109. 


de  Venise,  en  1594,  ait  envoyé  au  roi  pour 
être  soumis  au  contrôle  de  son  ingénieur 
Errard  le  plan  d'une  forteresse  «  à  neuf 
boulevards  »  qu'elle  se  proposait  d'élever 
pour  se  défendre  contre  l'Autriche  et  con- 
tre le  Turc.  Il  obtint  de  Henri  IV  en  1599^ 
des  lettres  d'anoblissement,  et  il  lui  avait 
été  déjà  précédemment  accordé  le  singulier 
privilège  de  faire  battre  monnaie  partoift 
où  bon  lui  semblerait  jusqu'à  la  somme 
de  50  écus,  en  sols  *  ;  singularité  qui  s'ex- 
plique peut-être  comme  une  concession 
particulière  faite  en  vue  d'une  campagne 
où  l'on  prévoyait  des  sièges  à  soutenir.  A 
partir  de  l'an  1600  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée au  mois  de  juillet  1610,  il  fortifia  les 
villes  du  Calaisis,  du  Boulonnais,  de  la 
Picardie,  de  la  Bourgogne,  de  la  Bresse, 
du  Languedoc,  de  la  Guyenne  et  travailla 
au  port  de  Toulon,  sans  que  nous  puissions 
dire  exactement  les  ouvrages  qu'il  y  exé- 
cuta. Pierre  de  Lestoile,  dans  son  Journal, 
dit  que  la  mort  d'Errard  fut  hâtée  par  le 
chagrin  que  lui  fit  éprouver  celle  du  roi  et 
il  ajoute  :  Il  était  «  homme  de  grand  es- 
«  prit  et  excellent  en  son  art,  mais  surtout 
«  homme  de  bien  et  craignant  Dieu,  qui 
«  est  le  principal  et  que  j'estime  plus  que 
«  tout  le  reste.  » 
Les  ouvrages  de  J.  Errard  sont  : 

I.  Le  livre  des  instruments  mathémati- 
ques, mentionné  plus  haut. 

II.  La  géométrie  et  pratique  générale 
d'icelle  ;  Paris,  impr.  de  David  Le  Clerc, 
1594.  In-S"  de  7  feuill.  et  80  pag.,  rempli 
de  fig.  géométriques  ;  le  1er  livre  est  dé- 
dié au  roi  ;  le  2'"e  au  duc  de  Bouillon.  — 
2me  édition,  Paris,  Guill.  Auvray  ;  1602, 
petit  in-8o,  86  p.  —  3me  édit.  revue  et 
augmentée  par  D.  H.  P.  E.  M.  (peut-être 
Denis  Henrion,  professeur  es  mathémati- 
ques), Paris  chez  Mich.  Daniel,  1619in-8o 
de  352  pages.  —  4me  édit.,  Paris,  1621. 

III.  La  fortification  réduicte  en  art  et 
démonstrée,  par  J.  Errard,  de  Bar-le-Duc, 
ingénieur  du  très  chreslien  roy  de  France. 
Dédiée  à  Sa  Majesté  ;  Paris,  1600  ;  in-fo- 
lio, 102  p.  ;  —  2me  édition  de  la  même 
année  1604,  in-fol.  130  pages.  Dès  la 
même  année  encore,  et  en  1617,  l'ouvrage 
fut  réimprimé  à  Francfort  par  Théod.  et 

1  Armes  :  d'azur  à  une  tour  d'or  surmontée  de 
3  étoiles  de  même. 

2  F.-J.-B.  Noël,  Mém.  pour  servir  à  l'hist.  de 
la  Lorraine,  6  vol.  in-S"  (1835-45). 


43 


ERARD   —   ERRAIN 


44 


Jean-Théod.  de  Bry.  Puis  Alexis  Errard, 
ce  neveu  de  l'ingénieur  que  nous  avons 
mentionné,  et  qui  était  lui  aussi  ingénieur 
du  roi,  s'occupa  de  donner  une  édition  plus 
complète  dont  le  privilège  est  daté  du  2o 
mai  1615  et  qui  parut  à  Paris  en  1620^ 
chez  Abr.  Picard^  in-fol.,  175  pag.  Une 
dernière  édition  enfin,  porte  la  date  de 
i622. 

IV.  Les  neuf  premiers  livres  des  élémens 
d'Euclide  traduictz  et  commentez  ;  Paris, 
Guill.  Auvray,  1604,  in-8o  de  90 feuillets. 

Nous  devons  maintenant  compléter  les 
premiers  renseignements  que  nous  avons 
donnés  sur  la  famille  de  l'ingénieur 
d'Henri  IV.  Longtemps  avant  son  fils  Ab- 
DiASj  baptisé  au  temple  de  Charenton  en 
1598,  Jean  Errard  avait  eu  un  autre  fils, 
Maximin,  qui  suivait  d'une  manière  brillante 
la  carrière  paternelle  lorsqu'il  reçut  la  mort 
dans  l'exercice  de  ses  périlleux  devoirs, 
en  enclouant  des  canons  ennemis.  Sully 
écrit  au  roi  (voy.  ses  Œconomies  royales) 
à  la  date  du  25  juillet  1607  :  «  Il  est  arrivé 
«  un  accident,  en  Provence,  qui  me  cause 
«  du  déplaisir  ;  c'est  la  mort  de  vos  deux 
«  ingénieurs,  Bonnefons  et  le  jeune  Er- 
«  rard  qui  n'en  scavoit  guères  moins  que 
«  son  père.  »  Celui-ci  eut  encore  une  fille, 
prénommée  Barbe,  comme  sa  mère.  Abdias, 
frère  puîné  de  Maximin ,  épousa  le  1er 
mai  1623,  dUe  ide  fille  de  Louis  d'Our- 
ches  si"  de  Broussey.  Le  contrat  rédigé  à 
cet  effet  dénote  un  mariage  mixte  ;  il 
porte  :  ont  promis  de  se  prendre  en  foy 
et  loyauté  de  mariage  si  Dieu  et  notre 
mère  sainte  Église  s'y  accordent.  Si  donc 
Abdias  n'abandonna  pas  sa  religion  en  se 
mariant,  ses  descendants  du  moins  rentrè- 
rent dans  le  catholicisme.  Leurs  grades 
militaires  après  la  Révocation  en  font  foi. 

Louis  fils  d' Abdias  et  d'Ide  d'Ourches, 
sr  de  Delouze  et  Broussey,  servit  34  ans 
dans  les  armées  du  roi  ;  il  épousa  Jeanne 
de  la  Motte  sa  cousine  et  eut  six  enfants: 
Louis^  Nicolas,  Françoise,  Louise,  Mar- 
guerite, Jeanne.  Nicolas,  né  en  1667,  en- 
gagé dans  une  compagnie  de  cadets,  eut 
un  fils  et  deux  filles  morts  sans  postérité. 
Louis,  né  en  1666,  devint  capitaine  de 
cavalerie;  il  épousa  lo  Anne  Delaforge  ; 
2o  en  1711  Catherine  Rouyer  ;  3°  en  1713 
d^le  Massy.  Claude-François,  enfant  du 
premier  lit^,  fut  capitaine  d'infanterie  et 
n'eut  qu'un  fils,  mort  au  service  ;  Louis- 


Léopold,  du  3me  lii^  né  le  19  avril  1726, 
entra  en  1742  dans  les  cadets  gentilshom- 
mes du  roi  de  Pologne,  capitaine  au  régi- 
ment de  Hainaut,  atteint  de  deux  blessu- 
res à  la  bataille  de  Fontenoy,  marié,  15 
fév.  1769,  à  M.-J.  Antoinette  de  Cheppe, 
dont  il  eut  deux  filles  et  un  fils  François, 
colonel  du  génie,  mort  en  1851,  avec  le- 
quel s'est  éteinte  cette  branche  de  la  fa- 
mille '. 

ERRAIN  (Marc).  Un  historien  lyon- 
nais, catholique  fougueux,  Claude  de  Ru- 
bys  (Hist.  véritable  de  la  ville  de  Lyon  ; 
1604,  in-fol.  p.  398)  raconte  ainsi  un  fait 
de  guerre  qui  peut-être  eut  tiré  de  l'obs- 
curité, s'il  eût  réussi,  ce  nom  de  Marc 
Errain. 

Pendant  que  les  catholiques  (à  I^yon)  re- 
posoient  en  leurs  licts,  sous  Tombre  des 
aisles  de  M.  de  Saulx,  qui  leur  avoit  donné 
tant  d'assurance  le  soir  au  paravant  et  pro- 
mis de  les  garentir  de  mal  et  de  surprinse 
au  péril  de  sa  vie,  voilJi  les  protestants  qui 
environ  les  unze  heures  ou  minuict  du 
mesme  jour  mercredy  30  et  dernier  du  moys 
d'avril,  l'an  1562,  sortent  en  rue  armez  et 
embastonnez,  se  saissent  des  places,  coings 
et  advenues  des  rues,  suivant  les  rendez- 
vous  qu'ils  avoyent  de  longuemain  pris  en- 
tre eux.  En  sorte  que  par  là  ils  ostarent 
bien  le  moyen  aux  catholiques  de  se  r'allier 
et  mettre  ensemble.  Aussi  ne  trouvarent 
ils  nul  qui  leur  fist  teste.  Et  ne  fit  le  sieur 
de  Saulx  pas  seulement  contenance  de  vou- 
loir sortir  de  son  logis  pour  aller  voir  que 
c'estoit  :  aussi  le  sçavoit  il  bien Cepen- 
dant arriva  le  baron  des  Adrets  et  avec  lui 
les  sieurs  de  Ponsonaz,  de  Blaccon,  et  au- 
tres qui  accouroyent  a  la  curée,  et  le  sieur 
de  Saulx  s'en  alla  à  sa  maison  de  Provence. 
On  se  met  après  saccager  les  églises  et  pil- 
ler les  maisons  4es  prestres,  avec  tant  d'op- 
probi-e  et  de  scandale,  qu'il  n'y  avoit  cœur 
si  acéré  qui  ne  fondit  en  larmes...  [De  plus] 
ils  firent  une  levée  de  douze  enseignes  de 
Suysses  des  Cantons  de  Berne  et  Suric,  qui 
furent  accompaignez  de  certains  pistoliers 
de  Genève  qui  sembloyent  mieux  cuisiniers, 
ayants  leurs  estuys  de  cousteaux  h,  l'arçon 
de  la  selle,  que   soldats.  Pour  avoir  ceste 

1  On  rattache  aux  Errard  ingénieurs ,  les 
Errard  peintres  du  roi,  notamment  Jean  (1602- 
1688),  l'un  des  premiers  membres  de  l'Académie 
de  peinture  et  le  premier  directeur  de  l'Ecole  de 
Rome,  malgré  le  peu  de  vraisemblance  de  cette 
parenté,  ceux-ci  étant  Bretons  ;  en  outre  ils  étaient 
catholiques. 


I 


45 


EERAIN 


ERSIGNY 


46 


levée,  ils  donnarent  a  entendre  a  leurs  sei- 
gneurs et  supérieurs  que  c'estoit  pour  les 
mettre  dans  Lyon  pour  la  garde  de  la  ville... 
Mais  M.  le  prince  de  Condé  chef  de  leur  li- 
gue, mal  content  (comme  il  estoit  bon 
Prince  et  du  sang  généreux  de  Bourbon) 
des  déportements  de  ce  barbare  Bai'on  des 
Adrets  et  ayant  en  horreur  ses  cruautez, 
envoya  à.  Lyon  pour  gouverneur  M.  de 
Soubize,  gentilhomme  xainctongeoys  qui... 
trouvant  les  couvents  tous  pleins  de  catho- 
liques qui  y  estoyent  gardez  estroictement, 
les  vivres  courts  et  l'argent  fort  rare,  fut 
d'avis  que  l'on  permist  aux  catholiques  de 
se  retirer  la  part  ou  ils  voudroyent...  Le 
Roy  envoya  aussi  Mg''  le  duc  de  Nemours 
avec  une  armée  de  sept  huict  mille  hommes 
de  pied...  Il  y  avoit  aussi  quelques  cornet- 
tes de  Reystres,  des  arquebusiers  à  cheval 
[etc.].  Les  protestants  de  Lyon  eurent  belle 
peur  quand  ils  se  virent  cette  armée  sur  les 
bras...  Et  combien  que  les  forces  de  M.  de 
Nemours  ne  fussent  pas  suftisantes  pour 
assiéger  une  si  grande  ville  que  Lyon,  si 
les  tint-il  tellement  pressez  qu'il  les  mit  à 
la  faim...  Despuis,  sur  l'entrée  du  caresme 
de  l'année  suivante,  1563,  M.  de  Nemours 
estant  avec  son  armée  à  S.  Genys-la-val,  dis- 
tant seulement  d'une  lieue  et  demie  de 
Lyon,  comme  sa  cavalerie  et  surtout  le  va- 
leureux sieur  de  Mandelot  son  lieutenant, 
ne  failloyent  point  d'aller  tous  les  jours 
cpurir  jusques  aux  portes  et  n'en  reve- 
noyent  guieres  qu'ils  n'en  ramenassent  des 
pi'isonniers  ou  du  butin,  ils  prindrent  entre 
autres,  un  jour,  un  Receveur  des  tailles  de 
Lyon,  nommé  Marc  Errain,  séditieux  et 
mauvais  garçon  et  qui  avoit  quelque  com- 
mandement dans  la  ville,  à  l'occasion  de 
quoy  les  siens  l'appelloyent  le  capitaine 
Errain.  Il  estoit  natif  de  Mascon  mais  ma- 
rié et  domicilié  k  Lyon.  Or  jaçoit  que  tous 
ceux  de  Lyon  qui  estoyent  en  l'armée  ad- 
vertissent  M.  de  Nemours  et  le  supplias- 
sent de  ne  point  se  fier  en  luy,  ce  Sinon 
sut  si  bien  jouer  du  plat  de  la  langue  que 
ce  bon  prince  se  fia  en  luy  de  la  promesse 
qu'il  luy  fit  de  le  mettre  dans  Lyon  et  luy 
livrer  la  porte  S.  Just,  d'où  il  luy  repre- 
sentoit  les  moyens  si  faciles  qu'il  pensoit 
desjk  estre  dedans  ;  et  k  ces  fins  il  le  fit 
conduire  jusques  k  Lyon,  où  arrivé  il  ne 
faillit  de  faire  entendre  le  traicté  k  M.  de 
Soubize  et  a  ceux  qui  commandoyent  en  la 
ville  qui  ne  faillirent  de  bien  poui*voir  a 
tout  ce  qui  estoit  nécessaire.  Cependant 
Eri-ain  assigne  le  jour  a  M.  de  Nemours, 
auquel  et   k   l'heure   donnée,   la  porte   S. 


Just  se  trouva  ouverte  et  y  entra  le  valeu- 
reux seig""  de  Brissac  avec  quelque  nombre 
des  siens,  mais  si  tost  qu'il  fut  entré  on 
baissa  la  grille  et  se  treuvarent  le  s''  de 
Brissac  et  ceux  qui  estoyent  avec  luy  pris 
entre  deux  portes  ;  et  leur  fut  néantmoins 
la  fortune  si  bonne  qu'ils  eurent  la  commo- 
dité et  le  loisir  de  ressortir  et  se  sauver 
par  dessus  la  muraille  et  n'y  en  demeura 
qu'un  seul  de  marque.  —  M.  de  Nemours 
eust  bien  despui^  sa  raison  de  ce  trahistre 
de  Marc  Errain,  lequel  il  fit  longtemps 
croupir  en  un  cul  de  fosse  et  en  fin  mourir 
misérable. 

ERMET  (Jean),  de  Couches  en  Bour- 
gogne, assisté  à  Genève,  1703.  —  Antoine 
Ernal,  de  Nîmes,  id.,  1701.  —  Pierre 
Ernaudon,  notaire  de  Si-Marcellin  en 
Dauphiné,  reçu  habitant  de  Genève,  11 
nov.  1572.  —  Ernault,  famille  de  mar- 
chands de  Rouen,  1680,  «  religionnaires 
endurcis  »  (Tt  261  ;  Bull.  XI  292;  Bian- 
quis,  La  révoc.  à  Rouen,  1885).  —  M"e 
d'Erne,  mise  aux  Nouv.  cathol.  de  Caen, 
1688  (Tï  317).  —  Ernont,  dit  Judas,  mar- 
tyr, pendu  k  Valenciennes  en  1567,  avec 
Allard  Barre,  drapier,  Jean  Matieu,  mar- 
chand de  vin,  Pierre  Le  Poivre  et  autres 
{Bull.  VIII  272). 

ERONDELLE  (Antoine),  «  natif  de  Pa- 
ris, »  reçu  habitant  de  Genève,  nov.  1559. 
—  (Jean)  ;  le  roi  lui  permet,  à  cause  de  sa 
conversion,  de  tenir  boutique  d'orfèvre  à 
Paris,  1688.  —  (Pierre),  natif  de  la  Nor- 
mandie, pasteur  [Haag,  IV  541],  a  pubhé 
à  Londres,  selon  Watt  : 

I.  Remonstrance  et  exhortation  aux 
Princes  chrestiens  à  donner  secours  à 
l'Église  de  Dieu  et  roijaulme  de  France, 
en  franc,  et  en  angl.,  Londres,  1586,  in-8o. 
II.  Nova  Francia  ;  or  the  Description  of 
that  part  of  New-France,  ivhich  is  one 
continent  tvith  Virginia,  transi,  ont  of 
french,  Lond.,  1609,  in-4o.  —  Autre 
Pierre  Erondelle,  étudiant  en  théologie  à 
Sedan  en  1607  ;  pasteur  à  Sedan,  1610;  à 
Francheval  près  Sedan,  1619;  puis  à 
Rouen  ;  envoyé  en  cette  dernière  qualité 
comme  député  des  églises  de  Normandie 
au  synode  de  Castres  en  1626  ;  épouse 
Marie  François;  leur  fdle,  Charlotte,  est 
mariée,  1641,  au  temple  de  Charenton, 
avec  Pierre  Cattaigne,  marchand  drapier. 

ERSIGNY  (d'),  famille  parisienne  em- 
prisonnée et  forcée  à  l'abjuration  en  1686  ; 


47 


ERSIGNY   —  ESCANDE 


48 


voy.  ci-dessus,  t.  V,  col.  259  et  les  Ar- 
chives de  la  Bastille,  t.  VIII,  p.  389,  392, 
412.  Marie  d'Ersigny,  «  femme  de  Cos- 
tard,  »  réfugiée  à  l'étranger,  obtient  en 
1712  la  permission  de  vendre  les  biens 
qu'elle  a  laissés  en  France  (E  3396).  — 
Jeanne  et  Madeleine  d'Erval  fugitives  du 
royaume,  1688  (E  3374).  —  Pierre  Er- 
vieux,  de  Villeneuve  de  Berg,  assisté  à 
Lausanne,  allant  en  Allemagne  avec  fem- 
me et  enfant,  avril  1699  ;  —  Ervieux  (ou 
Hervieux),  pasteur  à  Nanteuil,  donne  la 
cène  à  Courcelles  près  Metz,  de  1760  à 
1780  ;  pasteur  à  La  F"erté  sous  Jouarre  en 
1788  {Bull.  VIII  569).  —  Ervin,  de 
Beaune  (Petrus  Ervinus  belnensis),  étu- 
diant à  Genève,  1607. 

ESCAMBOUX  (ELISABETH  d'),  de  la  so- 
ciété des  dames  françaises  réfugiées  à 
Haarlera  en  1719  et  de  celle  de  La  Haye 
en  1763  ;  morte  dans  cette  dernière  ville 
en  1770.  —  Antoine  Escaphit,  de  Tou- 
louse, admis  à  l'habitation  à  Genève,  23 
oct.  1559.  —  David  Escafji.  assisté  à  Ge- 
nève, 1704.  —  Escaffre  de  la  Veissière,  du 
Mas  d'Agenois,  fugitif  h.  la  Bévocation 
(Tt  267). 

ESCALE  ou  Escale  (Bernard),  de  Cas- 
tres, étudiant  à  l'acad.  de  Puylaurens. 
1660-63,  puis  à  Genève  (B.  Scaleus  cas- 
trensis  apud  Albios)  en  1664,  pasteur  à 
St-Rome  du  Tarn  en  1667,  à  Sableyroles 
et  délégué  comme  tel  au  synode  de  S*- 
Aubin,  1668  (Tt  315),  enfin  à  Lacrouzette, 
1672-85.  —  Jean  Escalle,  de  St-Vincent  en 
Poitou,  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
l'Allemagne,  1685  ;  (Franc. -Guill.),  avo- 
cat, viguier  de  Bedarieux,  1765.  —  Es- 
callez,  fugitif  dq  Castres,  1686.  —  Autre, 
Bernard  Escale,  manufacturier  à  Réal- 
mont  et  Élizabeth  Cavailles,  du  même 
lieu,  sont  emprisonnés  et  condamnés  à 
1500  liv.  d'amende  pour  s'être  mariés  au 
désert  et  y  avoir  fait  baptiser  un  de  leurs 
enfants,  1751  (archiv.  du  consist.  de  Nî- 
mes). Arrêt  prononcé  par  M.  de  S'-Priest 
à  Montpellier,  26  oct.  1754,  par  lequel 
sont  condamnés  :  «  La  femme  du  nommé 
Escale  et  la  veuve  d'Austry  Lagrandeur 
(voy.  I,  col.  588  et  IV,  98)  à  être  enfer- 
mées à  la  tour  de  Constance,  plus  J.  B.  La 
Chaume  fils  et  Jean  Barran  fils,  bourgeois 
de  Réalmont,  Jean  Albigez,  peigneur  de 
laine,  du  même  lieu  et  le  sieur  Guill.  de 
Nantonnier  sr  de  Castelfranc  sieur  de  Loi- 


marié  au  consulat  de  Venez,  aux  galères 
perpétuelles,  plus  Marin  perruquier,  Ca- 
valiès  cordonnier  et  Mauriès  fils,  à  la 
même  peine  par  contumace,  plus  les  nou- 
veaux convertis  des  arrond.  de  Réalmont 
et  Montredin  actuellement  prisonniers  au 
château  de  Ferrières,  à  600  liv.  d'amende 
et  509  I.  de  frais,  pour  avoir  assisté  pen- 
dant la  nuit  du  5  au  6  juill.  1754,  à  une 
assemblée  religieuse  tenue  au  bois  de  Mi- 
rai, dans  le  taillable  de  Venez  (arch.  du 
cons.  de  Nîmes).  —  Jean  Escallier,  ancien 
moine  franciscain,  brûlé  vif  à  Toulouse 
comme  hérétique,  en  1554.  Il  est  omis 
dans  le  martyrologe  de  J.  Crespin  '. 

ESCANDE  (Matthieu),  métayer  de  la 
métairie  del  Puech  (consulat  de  Montlé- 
dier,  dioc.  de  Castres),  convaincu  d'avoir 
fait  partie  d'une  assemblée  religieuse  te- 
nue près  du  château  de  Montlédier  et  d'y 
avoir  fait,  à  défaut  de  ministre,  la  lecture 
de  la  Bible,  est,  pour  ce  tait,  condamné  à 
être  pendu  et  étranglé  sur  la  place  publi- 
que de  Mazamet,,  son  corps  brûlé,  ses  cen- 
dres jetées  au  vent,  ses  biens  acquis  et 
confisqués  au  profit  de  Sa  Majesté  après 
prélèvement  de  100  liv.  d'amende  et  des 
frais  du  procès,  par  jugement  du  14  avril 
1689  (Archiv.  de  l'Hérault,  C  169).  —  Un 
autre  Esmnde,  supplicié  de  même,  vers 
1720.  Une  relation  rédigée  par  un  catlio- 
lique  à  cette  époque  (Bibliot.  de  Nîmes, 
mss.  13838)  nous  apprend  que  des  protes- 
tants de  La  Case  et  de  Vabre  célébraient 
souvent  le  culte  sur  une  montagne  du  voi- 
sinage. On  les  surveilla  et  on  en  arrêta 
un  certain  nombre  ;  plusieurs  curés  des 
environs  les  livrèrent  eux-mêmes  à  la  jus- 
tice, notamment  «  trois  jeunes  hommes 
bien  faits  résidants  à  la  Case,  »  un  cor- 
donnier nonmié  Escande,  né  à  Sablairolle 
et  marié  depuis  peu  de  temps,  un  boulan- 
ger marié  à  La  Case  depuis  deux  ans,  et 
un  cardeur  de  laine  nommé  Samson.  Ils 
furent  condamnés  à  être  pendus,  Escande 
à  Castelnau  de  Brassac,  l'un  de  ses  com- 
pagnons à  Esperausses  et  le  troisième  à 
Vabres.  «  Leur  fermeté  ne  diminua  pas  en 
chemin,  dit  l'auteur  du  mémoire.  Atta- 
chez sur  des  chevaux,  ils  s'entretenoient 
à  cœur  ouvert  avec  une  liberté  surpre- 
nante pour  des  paysans.  Arrivez  à  Castel- 

1  Ainsi  que  beaucoup  d'autres  martyrs  des 
premiers  temps  de  la  Réforme;  on  l'a  fait  remar- 
quer, t.  V,  col.  1189. 


49 


ESCANDE 


ESCHALLARD 


50 


nau,  celui  qui  devoit  être  exécuté  en  ce 
lieu  prit  congé  de  ses  camarades  dans  l'es- 
pérance de  les  revoir  bientôt  au  ciel.  Il  fut 
remis  entre  les  mains  du  curé  de  la  pa- 
roisse, très  honnête  homme,  qui,  le  même 
soir,  avoua  n'avoir  jamais  vu  tant  de 
constance,  que  toutes  ses  remonstrances 
avoient  été  vaines  et  que  bien  loin  de  se 
rendre  à  ses  discours  le  patient  avoit  voulu 
disputer  avec  lui.  Étant  sur  l'échelle,  prêt 
à  être  jette,  il  déclara  qu'il  mouroit  pro- 
testant et  qu'il  prioit  les  assistants  d'en 
porter  témoignage »  {Bull.  XIV,  161). 

ESCARCEL  (Nycolas),  «  cousturier,  na- 
tifz  de  Noyon  en  Picardie,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  S  nov.  1554.  —  Pierre  Escar- 
man,  «  sargier  de  Bergerac,  »  reçoit  à  Ge- 
nève diverses  assistances,  1692.  —  Escay- 
rac,  pasteur  de  Flaix,  1665  ;  de  La  Sau- 
vetat,  1671.  —  D'Esch,  famille  échevinale 
de  Metz  (Armes  =  hurelé  d'argent  et  de 
gueules),  dont  un  membre,  le  chevalier 
Nicolas  d'Esch,  fut  un  ami  de  Farel  et 
,'oua  un  rôle  important  lors  de  l'établisse- 
ment de  la  Réforme  au  pays  messin  et 
dans  les  contrées  voisines.  Voy.  Hermin- 
jard,  Corresp.  des  réf.,  t.  I,  p.  252,  312  ; 
V,  385  à  417  et  passim.  —  Constantin 
Eschalier,  du  Vivarais,  faiseur  de  bas,  ré- 
fugié en  Suisse,  puis  venu  en  Hollande, 
1699,  pour  se  rendre  à  la  Floride.  —  Jac- 
ques et  Benjamin  d'Eschalon,  de  Falaise, 
23  et  18  ans,  fds  de  Gabriel  d'Eschalon, 
SI"  des  Essards,  réfugiés  en  Danemark 
(Tt  270). 

ESCHALLARD  [Haag,  IV  541].  «  l'une 
des  familles  nobles  les  plus  considérables 
de  la  généralité  de  Poitiers,  »  écrivait  en 
1664  le  maître  des  requêtes  Colbert  du 
Terron  dans  son  rapport  au  Roi  sur  la  no- 
blesse de  cette  province.  Selon  Beauchet- 
Filleau,  elle  commence  à  paraître  en  1285 
et  dès  la  fin  du  XIV™e  siècle,  elle  rend 
hommage  pour  divers  fiefs  importants,  no- 
tamment celui  de  Maillé,  aux  châteaux  de 
Si-Maixent  et  de  Thouars.  =  Armes  : 
d'azur  au  chevron  d'or. 

Antoine  Eschalard,  écuyer,  seig''  de  La 
Boulaye  et  de  Maillé  rendit  un  aveu  au 
château  de  LaGuierche,  14septemb.  1499. 
Il  était  lieutenant  dans  une  compagnie 
d'ordonnance  et  se  maria  dans  une  famille 
qui  fut  bientôt  protestante,  celle  d' Appel- 
voisin  ;  sa  femme,  Guyonne  d'Appelvoisin 
dame  de  Chaligné,  lui  donna  plusieurs  fils. 


L'aîné,  Honorât,  épousa  aussi  une  pro- 
testante avérée  comme  nous  l'avons  mon- 
tré (IV,  col.  1073),  par  une  pièce  de  l'an- 
née 1565  qui  fait  voir  qu'elle  s'appelait 
Lucrèce  de  Puyguyon,  qu'elle  était  déjà 
veuve  à  cette  date,  et  que  son  mari  l'avait 
laissée  avec  un  fils  unique  appelé  M.  de  La 
Boulaye,  baron  de  Chasteaumur.  Ce  dernier 
était  Charles,  dont  nous  allons  reparler. 
François,  frère  puîné  d'Honorat,  avait 
épousé  de  même,  1er  avril  1551,  une  diie 
protestante,  de  la  Normandie,  Jeanne 
d'Aussy  (I,  col.  587).  Celui-ci  poussa  plus 
loin  son  zèle  pour  la  Réforme,  car  il  était 
à  Genève  très  peu  de  temps  après  son  ma- 
riage, et  donnait  lieu  à  rinscri|.tion  sui- 
vante, sur  le  registre  des  nouveaux  habi- 
tants : 

1551,  4  septembre.  Noble  François  Eschal- 
let  de  La  Bolayie,  gentil  homme  du  pays 
de  Poictou,  estant  desja  paravant  avec  sa 
supplication,  aoys  ^  est  esté  admys,  et  a 
juré  comme  les  aultres  [lldélité  à  la  Répu- 
blique] . 

Charles,  fils  d'Honorat  et  de  Lucrèce  de 
Puyguyon,  fut  élevé  à  la  cour  de  Navarre 
comme  enfant  d'honneur  du  jeune  Henri. 
Au  rapport  de  d'Aubigné,  ce  prince  lui 
témoigna  toujours  une  grande  faveur,  dont 
Eschallard  sut  d'ailleurs  se  montrer  digne. 
En  1576,  il  prit  Civray  par  escalade,  se- 
condé par  Boisragon,  qui  y  fut  tué  ;  c'est 
le  premier  de  ses  hauts  faits  dont  l'histoire 
nous  ait  conservé  le  souvenir.  En  1580, 
il  emporta  Montaigu,  que  la  trahison  de 
son  lieutenant  Butterie  faillit  lui  enlever 
peu  de  temps  après,  et  qui  fut  démantelée 
à  la  conclusion  de  la  paix,  après  avoir 
soutenu  un  long  blocus.  La  même  année, 
il  défit  un  corps  de  Ligueurs  logés  dans 
Attigny,  et  assista  à  la  déroute  du  duc  de 
Mercœur.  En  1585,  il  suivit  le  prince  de 
Condé  dans  son  expédition  contre  Brouage, 
où  il  se  signala  d'une  manière  particulière 
en  forçant  le  pas  d'Hiers,  exploit  qui  ne 
lui  coûta  que  quelques  hommes,  entre  au- 
tres, le  capitaine  Vignolles.  Eschallard 
accompagna  ensuite  Condé  devant  Angers, 
et  fut  chargé  de  couvrir  la  retraite  sur 
Beaufort.  Placé  à  la  tête  de  l'avant-garde, 
il  passa  la  Loire  avant  l'arrivée  des  trou- 

1  Auditus,  ayant  été  entendu.  Sur  le  français 
de  Genève  avant  l'éducation  protestante,  voy.  t.  V, 
col.  522  note. 


51 


ESCHALLARD 


52 


pes  catholiques,  opéra  sa  jonction  avec 
Laval,  et  prit  avec  lui  la  route  de  S'-Jean- 
(J'Angély,  où  ils  arrivèrent  heureusement, 
le  2  sept.,  selon  de  Thou,  ayant  conservé 
intactes  leurs  deux  compagnies,  qui  for- 
maient un  corps  d'environ  130  chevaux 
et  de  300  arquebusiers.  Nous  avons  ra- 
conté ailleurs  (IV,  col.  239)  la  part  qu'il 
prit  à  la  délivrance  de  Mme  de  La  Tré- 
moille;  nous  ajouterons  qu'au  rapport  de 
Fiefbrun  (S.  Germ.  franc.,  n»  1019), 
c'est  lui  qui  se  chargea  d'escorter  jus- 
qu'à La  Rochelle  la  future  princesse  de 
(]ondé. 

En  1686,  Eschallard  prit  part  à  la  dé- 
faite du  régiment  de  Tiercelin.  L'année 
suivante,  il  combattit  à  Contras  sous  les 
ordres  du  roi  de  Navarre,  avec  qui  il  fit, 
en  1588^  la  campagne  du  Poitou,  durant 
laquelle  il  trouva  de  nombreuses  occasions 
de  signaler  son  courage,  notamment  à  la 
reprise  de  Marans  et  à  la  levée  du  siège  de 
Montaigu  par  Merccpur. 

En  récompense  de  ses  services,  La  Bou- 
laye  avait  été  nommé  gouverneur  de  Tail- 
lebourg  et  de  Fontenay,  titre  auquel  il 
ajouta  plus  lard  ceux  de  chevalier  de  l'or- 
dre du  roi,  de  vice-amiral  de  Gnienne  et 
de  capitaine  de  5^  hommes  d'armes.  Lors- 
que Henri  IV  eut  en  son  pouvoir  Charles 
(le  Bourbon,  le  roi  des  Ligueurs,  il  confia 
la  garde  de  ce  compétiteur  à  la  fidélité  du 
compagnon  de  son  enfance.  Eschallard  se 
montra  digne  de  cette  confiance,  et  le  roi 
en  récompense  le  nomma  son  lieutenant 
dans  le  bas  Poitou.  En  cette  qualité,  Es- 
challard fit  une  rude  guerre  aux  Ligueurs. 
En  1591,  il  prit  La  Grève  par  surprise, 
s'empara  de  La  Boucherie,  battit  les  Bre- 
tons venus  au  secours,  et  se  rendit  maître 
d'un  grand  nombre  de  petites  places.  En 
1593,  il  força  Le  Vigean  à  capituler,  et 
défit  le  gouverneur  de  La  Garnache  ;  mais 
la  mort,  1594,  interrompit  le  cours  de  ses 
succès  ^ 

La  Boulaye  laissa  cinq  enfants  de  son 

*  Inscription  sur  son  tombeau  :  Charles  Eschal- 
lart,  chevalier,  seig'  baron  de  la  Boulaye,  Chas- 
teaumur,  Chaligné,  Pierrefitte.  La  Tour  d'Oiré, 
Chandolent,  Boistercinye  et  la  Grozallière,  con- 
seiller et  chambellan  ord.  du  Roy,  capitaine  de 
50  hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  gouver- 
neur et  lieuten.  gén.  pour  S.  M.  de  Fontenay-le- 
Comte  et  pays  du  bas  Poitou  et  vice-admiral  en 
Guienne,  décédé  aud.  Fontenay  le  5°  jour  de  juin 
à  onze  heures  du  matin,  l'an  1594.  (Richemond.) 


mnriage  avec  Marie  Du  Fou,  fdle  de  Fran- 
çois Du  Fou,  baron  du  Vigean,  et  de 
Louise  Robertet,  et  veuve  de  René  de  Ta- 
lensac  s'"  de  la  Bretonnière,  savoir  :  !<> 
Philippe,  qui  suit  ;  —  2o  François,  baron 
de  Champdolent,  qui  épousa  Louise  de 
Constant,  et  succéda  à  son  beau-père  comme 
gouverneur  de  Marans.  Suivant  le  Mer- 
cure françois  c'est  bien  lui,  et  non  pas 
Augustin  de  Constant  (voy.  IV,  col.  594) 
qui,  en  1621,  porta  les  clefs  de  cette  place 
de  sûreté  au  roi  Louis  XIII,  dès  son  arri- 
vée à  Fontenay,  empressement  qui  lui  va- 
lut d'être  maintenu  dans  son  gouverne- 
ment ;  —  3°  Suzanne  '  ;  —  4°  Louise, 
mortes  fdles. 

Philippe  Eschallard,  seigneur  de  La 
Boulaye,  baron  de  Châteaumur,  gouver- 
neur de  Fontenay-le-Comte  après  son  père, 
et  lieutenant  des  gendarmes  de  la  reine, 
n'intervint  pas  d'une  manière  active  dans 
les  affaires  des  protestants.  Il  venait  de 
prêter,  par  écrit,  serment  de  fidélité  à  la 
cause  des  églises,  lorsqu'il  mourut  à  Lou- 
dun,  au  commencement  de  l'année  1616. 
Instruite  de  sa  mort  par  Sully,  l'assemblée 
de  La  Rochelle  nomma  son  fils  aîné  pour 
le  remplacer,  «  sans  tirer  à  conséquence,» 
en  lui  donnant  pour  curateur  son  oncle, 
le  sieur  de  Loudrière,  et  en  priant  le 
prince  de  Condé  de  faire  expédier  les  pro- 
visions nécessaires.  En  1621,  le  nouveau 
gouverneur  fit  écrire  h  l'assemblée  de  La 
Rochelle,  par  son  lieutenant  Valedan, 
ft  qu'il  vouloit  entièrement  dépendre 
d'elle  »  {Brienne,  no  22o),  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  de  faire,  bientôt  après,  sa  sou- 
mission et,  plus  tard,  de  se  convertir. 

Outre  ce  fils,  nommé  Maximilien,  Phi- 
lippe Eschallard  avait  eu  de  son  mariage 
avec  Marie  Hurault,  fille  de  François, 
sieur  du  Marais  et  de  Châteaupers,  et  de 
Bachel  de  Cochefilet,  contracté  en  1604, 
trois  filles,  Louise,  Marie  et  Marguerite. 
L'aînée  épousa  le  marquis  d'Allègre,  les 
deux  autres  entrèrent  dans  des  couvents 
par  lettres  de  cachet  probablement  ;  pour 
l'une  d'elles  au  moins,  la  contrainte  est 

1  Le  dimanche  26°  d'avril  1587  a  esté  baptizée 
par  M.  Flem-y,  ministre  en  l'église  d'Angiers, 
Susane  fille  de  nob.  homme  Charles  Eschalart  et 
de  dame  Marie  du  Four,  sieur  et  dame  de  la 
Boullay,  pairain  Henry  de  Bourbon ,  roy  de 
Navarre,  premier  prince  du  sang,  mairaine  Loyze 
GeUyer  dame  de  Montozoir  (Reg.  de  La  Rochelle). 


I 


53 


ESCHALLARD 


ESCODECA 


54 


prouvée  par  l'ordre  que  nous  avons  eu 
sous  les  yeux  (E  3372). 

Une  autre  branche  de  cette  famille,  fon- 
dée par  Antoine  Eschallard,  2me  frère 
d'Honorat,  embrassa  également  la  religion 
protestante.  Du  mariage  de  cet  Antoine 
avec  la  dame  de  Chàtillon-sur-Clain,  na- 
quirent deux  fils,  1°  Jacques,  2c  Baltha- 
SAR,  sieur  de  Chatillox-d' Availi.es,  qui 
défendit  Maillezais  contre  Joyeuse,  en 
lo86,  mais  qui  dut  bientôt  capituler,^  sa 
garnison  ayant  été  réduite  à  27  hommes 
parle  rappel  de  la  compagnie  de  La  Plenne. 
En  lo96,  il  prêta  le  serment  d'union  à 
l'assemblée  de  Loudun,  et  mourut  en 
1609,  laissant  de  son  mariage  avec  Fran- 
çoise Eschallard,  un  fils,  Benjamin,  et 
deux  filles,  Marie  et  Anne,  qui  ne  sem- 
blent pas  avoir  persisté  dans  la  profession 
des  doctrines  évangéliques.  Le  rameau 
dont  Balthasar  fut  l'auteur,  resta  plus 
longtemps  fidèle  à  la  foi  protestante.  Bal- 
thasar Eschallard,  sieur  d'Availles,  épousa, 
en  1573,  Louise  Du  Couret,  fille  unique  de 
Pierre  Du  Couret  et  de  Catherine  Arem- 
bert.  Il  en  eut  Marie,  femme  de  Jean  de 
Rochechouart,  et  Benjamin,  qui  se  maria, 
en  1G24,  avec  Sylvie  de  Remigioux,  puis, 
en  1635,  avec  Madelaine  de  Saint-Georges. 
Du  premier  lit  sortit  Balthasar,  sieur 
d'Availles.  qui  épousa  Madelaine,  fille  de 
Philippe  de  Saint-Georges  sieur  de  Suaulx, 
et  de  Louise  GourjauU,  et  qui  en  eut  un 
fils,  nommé  Antoine-Louis,  vivant  en 
France,  c'est-à-dire  converti,  en  1691. 

Hlschallart  (L').  D'Aubigné  cite  un  mi- 
nistre de  ce  nom,  en  Bretagne,  mort  en 
1583. 

ESCHARD  (Raymond),  .  citoien  de  la 
ville  de  Bloys,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
15  oct.  1554.  Jean  Eschart,  de  Bloys,  id., 
19  septembre  1572.  Yves  fils  de  Yves  Es- 
chard,  «  libraire,  natif  de  Tours  en  Tou- 
raine,  »  id..  24  avril  1569. 

ESGHASSERIAUX  (Jean),  notaire  à 
Saintes  en  1520;  François  Eschasseriaux 
SI"  de  Conteneuil,  de  la  même  famille,  juge 
du  bourg  de  Clion,  puis  conseiller  au  pré- 
sidial  de  Saintes,  élu  échevin  en  1569  et 
garde  des  sceaux  échevin  de  cette  ville  de 
1576  à  1592.  Guy  fils  de  François  avocat 
au  parlem.  de  Bordeaux  et  Suzanne  Jo- 
hanneau  sa  femme  font  baptiser  leurs  en- 
fants (1604-1609)  au  temple  de  Saintes 
alors  établi  à  Bussac.  Un  de  ses  descen- 


dants, Charles  Eschasseriaux  sieur  du  Ra- 
met  (paroisse  des  Gonds)  épouse  Marie 
Marchais  sœur  du  président  en  l'Élection, 
Moïse  Marchais,  qui  fut  interdit  de  son 
office  pour  cause  de  religion  vers  1651.  Char- 
les mourut  aux  Gonds  vers  1671.  Cette 
famille  paraît  avoir  abjuré  à  l'époque  de 
la  Révocation.  Joseph  Eschasseriaux  né 
en  1753,  reçu  avocat  au  parlem.  de  Bor- 
deaux en  1775,  prit  une  part  active  aux 
événements  de  la  Révolution  de  1789,  fut 
député  à  l'assemblée  législative,  puis  à  la 
Convention,  membre  du  comité  de  salut 
public,  puis  du  Tribunal  et  baron  de  l'em- 
pire en  1810;  mort  en  1823.  La  famille 
est  rentrée  aujourd'hui  dans  le  protestan- 
tisme (RiCHEMOND). 

ESCHAUZIER  (Samuel),  chapelain  du 
prince  d'Orange,  pasteur  de  l'église  wal- 
lonne de  La  Haye  et  membre  de  la  So- 
ciété des  sciences  de  Flessingue,  est  auteur 
d'un  recueil  de  sermons  qu'on  a  publiés 
après  sa  mort  sous  le  titre  de  Sermons  sur 
divers  textes  de  VÉcriture  sainte  ;  La  Haye, 
1795,  in-8o.  —  François  d'Esclaud  sieur 
de  Myrigaux  et  Marguerite  Dexant  sa 
femme  font  baptiser  leur  fille  Marguerite 
dans  le  temple  de  Rochebeauconrt,  1596  ; 
—  d'Esclaud  (ou  des  Claux)  ancien  de  La- 
parade  au  synode  de  Ste-Foy,  1681  (Tt 
340). 

ESCODECA  (D'),  noble  et  importante 
famille  de  Périgord,  Agenais,  Quercy  ; 
les  nobles  Escodéca  étaient  seigneurs  de 
Boisse  (ou  Boesse),  Montsavignac,  Ville- 
beau^  Soussignac^  barons  d'Allemans,  mar- 
quis de  Mirambeau,  de  Pardaillan,  Mauve- 
zin,  Hautcastel,  etc.  =  Armes  :  de  gueu- 
les à  3  chiens  courants  diffamés  (sans 
queue)  posés  l'un  sur  l'autre. 

Ni  le  père  Anselme,  ni  d'Hozier  n'ont 
donné  de  généalogie  de  cette  maison  et 
La  Chenaye  des  Bois  s'est  borné  à  la  men- 
tionner. Les  renseignements  que  nous 
présentons  sur  elle  sont  tirés  principale- 
ment des  archives  du  château  de  Mauve- 
zin.  Nous  les  devons  à  la  bienveillance  de 
Mme  la  esse  M.  de  Raymond  et  de  M.  Tam. 
de  Larroque. 

Un  Izarn  d'Escodéca,  chevalier,  sei- 
gneur de  Boisse  en  Périgord,  vivait  en 
1066  et  c'est  de  lui  que  paraît  être  des- 
cendu :  I.  Hector  d'Escodéca  seigneur  de 
Boisse  qui  épousa  en  1298  Antoinette  de 
Mourre,  dont  il  eut  : 


55 


ESCODECA 


56 


Izarn,  qui  suit  et  Béatrix,  épouse  d'un 
sr  de  Roquefort. 

II.  Izarn,  1er  du  nom,  s^  de  Boisse,  ma- 
rié 1°  en  1314  avec  Honorine  Paga,  fdle 
de  Foueaut  Paga  chevalier,  2o  en  1318 
avec  Guillermine  de  Roquefort,  fille  de 
Pierre,  d'où  :  Izarn^  Bertrand,  Hélie,  Béa- 
trix. 

III.  Izarn,  S^e  nom,  épousa  Marguerite 
de  Roquefort,  d'où  Izarn  qui  suit. 

IV.  Izarn,  S^ie  du  nom  ;  épousa  Philippe 
de  Biron  fille  de  Guillem  de  Biron  et  de 
iiiie  deMontagut,  dont  1°  Jean,  2»  Gaston, 
3o  Aimeri,  4»  Ursin,  5»  Hélie,  6o  Esclar- 
monde. 

V.  Hélie  d'Escodéca,  seigr  de  Boisse, 
épousa  Julienne  de  Sammoniac  et  fut  père 
de  Izarn  qui  suit  et  Alquier. 

VI.  Izarn  4"'^  du  nom,  épousa  Jeanne  de 
Beinac  dont  il  eut  Raimond. 

VII.  Raimond  d'Escodéca  fut  père  (fem- 
me inconnue)  de  1°  Bertrand  qui  suit  ;  2'3 
Mathurin  prêtre  ;  3°  Jean  moine  ;  4°  Pierre 
prêtre  ;  o"  Catherine,  femme  d'Antoine  de 
la  Tour  de  Renier  ;  6»  Hélène,  femme  de 
Robert  de  Beauville. 

VIII.  Bertrand  d'Escodéca  s""  de  Boisse 
épousa,  1477,  Marguerite,  fille  de  Charles 
de  Caumont  et  veuve  de  Jean  de  Cardail- 
lac  sr  de  Brengues.  D'où  1"  Jean  qui  suit; 
2°  GeofTroi  ;  3°  autre  Geoffroi  (père  de 
François  et  Isabeau)  ;  4°  Charlotte  ;  So 
Marie,  femme  de  Gaston  de  La  Lande  sr 
de  La  Taste  en  Agenais  ;  6»  Hélène,  femme 
du  gr  de  St-Jory  en  Albigeois  ;  7°  Jeanne, 
femme  de  Pierre  d'Aspremont. 

IX.  Jean  d'Escodéca  s""  de  Boisse  [Haag 
IV  543]  combattit  vaillamment  dans  les 
rangs  protestants  au  temps  des  guerres  ci- 
viles, car  il  fut  choisi  pour  gouverneur  de 
la  ville  de  Pons  après  que  Boucard  et  de 
Piles  s'en  furent  emparés  (1568)  ;  il  était 
l'année  suivante  à  La  Rochelle  et  y  assis- 
tait aux  séances  du  Conseil  de  la  reine  de 
Navarre  {Bull.  III,  124-131).  Il  eut  de  sa 
femme,  Marguerite  d' Aspremont,  quatre 
fils  :  1°  Armand  s""  de  Boisse,  Cugnac  et 
Roquépine,  gentilhomme  ordre  de  la  cham- 
bre, marié  avec  Jeanne  de  Bourzolles  qui 
lui  donna  deux  filles  :  Marguerite,  épouse, 
47  oct.  1602,  de  Henry  Nompar  de  Cau- 
mont de  Casteldan  duc  de  La  Force,  et 
Marie,  épouse  de  J.  de  Lescours  seigr  de 
Savignac  en  Roussillon  et  baron  d'Aura- 
dour;  —  2°  Jean  sr  deMontsavignac  mort 


sans  postérité  ;  —  3°  François  sr  de  Ville- 
beau  tué  en  1588  au  siège  de  Beauvoir-sur- 
mer;  —  4o  Pierre,  qui  suit  ;  —  5o  Ca- 
therine, femme  de  Jean  de  Ségur. 

X.  Pierre  d'Escodéca,  baron  de  Boisse 
joua  un  rôle  considérable  dans  les  guerres 
de  religion  sous  Henri  IV  et  Louis  XIII. 
Il  se  distingua  en  1587  à  la  bataille  de  Con- 
tras. Il  servait  depuis  longtemps  déjà  dans 
le  régiment  de  Navarre,  avec  le  grade  de 
capitaine,  lorsque,  en  1592,  il  leva  un  ré- 
giment d'infanterie  de  son  nom  avec  le- 
quel il  assista  aux  sièges  de  Dreux  et  de 
Rouen,  et  fit  la  campagne  du  Périgord  en 
1593.  Son  régiment,  qui  avait  été  fort  mal- 
traité sous  les  murs  de  Rouen,  ayant  é!é 
incorporé  dans  celui  de  Navarre,  il  en  de- 
vint colonel  et  commanda  aux  sièges  de 
Laon  et  de  Dijon,  au  combat  de  Fontaine- 
Française,  en  1595,  et  au  siège  de  La 
Fère,  en  1596.  La  même  année,  il  prêta 
le  serinent  d'union  à  l'assemblée  politique 
de  Loudun  ;  toutefois  il  n'hésita  pas  à  se 
séparer  de  ses  coreligionnaires  et  à  suivre 
le  roi  au  siège  d'Amiens,  en  1597.  En 
1598,  il  fut  employé  à  l'armée  de  Picar- 
die. En  1600,  il  fit  la  campagne  de  la 
Bresse  et  fut  nommé  par  Henri  IV  gouver- 
neur de  la  citadelle  de  Bourg,  malgré  Bi- 
ron qui  en  conçut  un  vif  mécontentement. 
Il  signala  son  gouvernement  de  Bourg  par 
des  singularités  (jui  soulevèrent  l'indigna- 
tion de  l'évêque  de  Belley,  J.-P.  Camus, 
qui  s'en  plaint  dans  un  de  ses  ouvrages  ^ 
en  ces  termes  :  «  Il  y  avait  (dans  le  dio- 
cèse de  Belley),  une  abbaye  de  moines  ri- 
chement fondée  (abb.  de  S^-Sulpice,  ord. 
de  Citeaux)  dont  l'abbé  était  un  capitaine 
huguenot  marié,  gouverneur  d'une  cita- 
delle voisine  et  qui  tenoit  tout  le  pays  en 
échec  et  en  alarme.  Il  lui  prit  envie  de 
faire  un  haras  dans  le  couvent...  L'église, 
grande  comme  une  cathédrale  servit  à  res- 
serrer les  foings  ;  à  peine  restoit-il  une 
partie  du  chœur  autour  du  grand  autel 
qui  fût  libre  pour  les  moines  affin  qu'ils  y 
chantassent  leur  office...  Monsieur  l'abbé 
prétendu  refïbrmé  pour  fermer  la  bouche 
aux  religieux  et  aller  au  devant  de  leurs 
plaintes  haussoit  un  peu  le  chevet  de  leurs 
prébendes  ou  portions  canoniques,  les  ca- 
ressoit  extraordinairement.  les  recevoit  à 
sa  table  dans  la  citadelle  et  les  protégeoit 

*  Intitulé  L'Anti-Basilic.Voy.  aussi  le  Dictionn. 
de  Bayle  à,  l'article  Belley,  note  B. 


i 


57 


ESCODECA 


58 


contre  toute  la  noblesse  voisine...  Ce  beau 
train  dura  près  de  huit  ou  neuf  ans.  » 
Ces  9  ans  doivent  probablement  être  comp- 
tés de  1602  jusqu'à  1611  année  où  la  for- 
teresse de  Bourg  fut  rasée.  Nous  ne  re- 
trouvons Boisse  qu'en  1615,  alors  que  le 
parti  huguenot,  allié  à  Condé  et  aux  au- 
tres mécontents,  prit  les  armes  pour  s'op- 
poser aux  mariages  espagnols.  Après  l'as- 
semblée de  Villefranche,  à  laquelle  il  as- 
sista, il  conduisit  son  régiment  à  l'armée 
du  maréchal  de  Bois-Dauphin  «  plus  porté, 
(lit  La  Force^  d'ambition  et  d'avarice  que 
de  religion.  »  Une  entreprise  conduite  par 
lui  contre  l'abbaye  de  Saint-Ferme,  qu'il 
convoitait,  échoua.  L'année  suivante,  il 
servit  sous  les  ordres  du  duc  de  Guise  et 
mena  du  secours  à  La  Force  attaqué  par 
Grammont.  Au  mois  de  décembre  de  la 
même  année,  il  se  démit  de  son  régiment. 
Il  est  fort  probable  que,  dès  cette  époque, 
il  commença  à  prêter  une  oreille  complai- 
santes aux  séductions  de  la  Cour,  qui, 
pour  se  l'attacher,  le  créa  maréchal  de 
camp,  par  brevet  du  22  mars  1619.  Ce  fut 
en  cette  qualité  qu'il  servit  en  Guienne 
sous  le  duc  de  Mayenne,  sans  rompre  ou- 
vertement néanmoins  avec  le  parti  hugue- 
not. Loin  de  là,  les  députés  des  églises 
s'étant  assemblés  à  La  Rochelle,  malgré 
les  défenses  du  roi,  Boisse,  d'accord  avec 
son  fds  Mirambeau,  avec  La  Forest  gou- 
verneur de  Castillon,  et  avec  les  consuls 
de  Sainte-Foy,  Lajonie,  Guigniard  et  /. 
Cappelle,  leur  écrivit,  dès  le  mois  de  fé- 
vrier, pour  protester  «  de  sa  dévotion  et 
fidélité  en  l'union  des  églises  et  en  exécu- 
cution  des  résolutions  de  ladite  assem- 
blée. »  Ces  promesses,  renouvelées  encore 
le  mois  suivant,  étaient,  de  sa  part  au 
moins,  dictées  par  une  odieuse  hypocri- 
sie. Boisse  était  dès  lors  vendu  à  la  Cour, 
et  il  avait  déjà  reçu  des  ordres  du  roi  pour 
fortifier  Sainte-Foy  et  Monheurt  contre  les 
huguenots.  A  l'époque  de  l'assemblée  de 
Sainte-Foy,  dans  le  but  évident  d'affaiblir 
le  parti  protestant,  il  avait  eu  recours  à 
toutes  sortes  d'intrigues  pour  faire  nom- 
mer député  à  La  Rochelle  son  alïïdé  Pen- 
chât ou  Ponchat,  qui  ne  tarda  pas  à  abju- 
rer, et  pour  se  faire  donner  à  lui-même  le 
conjmandement  en  chef  de  la  Guienne,  de 
préférence  à  La  Force.  L'assemblée  de 
Sainte-Foy,  redoutant  de  mécontenter 
l'un  ou  l'autre  avait  renvoyé  la  nomina- 


tion à  l'assemblée  de  La  Rochelle  qui  avait 
élu  La  Force  général  de  la  basse  Guienne 
en  lui  adjoignant  Boisse  comme  lieute- 
nant. Peu  satisfait  de  cette  résolution  qui 
rompait  ses  projets  ce  dernier  refusa  le 
poste  qu'on  lui  assignait,  tout  en  renouve- 
lant d'ailleurs  à  l'assemblée  l'assurance 
«  d'employer  sa  vie  et  ses  amis  pour  l'avan- 
cement de  la  gloire  de  Dieu  et  maintien  de 
ses  églises  avec  autant  de  zèle  et  fidélité 
que  par  le  passé  »  {Brienne,  no  223).  Or, 
dans  le  même  temps,  il  fit  partir  pour  la 
Cour  Malleret  de  Feuillas,  de  Bordeaux, 
chargé  de  protestations  d'obéissance  et  de 
fidélité  de  la  part  des  villes  de  la  Guienne. 
Maître  de  Montflanquin  par  Saint-Léger, 
qui  y  commandait  ;  de  Tonneins-Dessus, 
par  Jacques  de  Bruet,  sieur  de  La  Garde, 
qui  lui  était  dévoué  ;  de  Sainte-Foy,  de 
Gensac,  de  La  Mothe,  de  Castillon,  de 
Montravel,  il  pouvait,  jusqu'à  un  certain 
point,  promettre  à  Louis  XIII  qu'il  n'é- 
prouverait nulle  part  de  résistance;  mais 
Rohan  sut  déjouer  ses  manœuvres,  en  sorte 
qu'à  l'arrivée  du  roi,  il  ne  put  plus  lui  li- 
vrer que  Monheurt  et  Sainte-Foy  dont  la 
garde  lui  fut  laissée. 

Boisse  accompagna  Louis  XIII  au  siège 
de  Montauban.  Le  connétable  et  les  per- 
sonnes les  plus  distinguées  de  la  Cour,  ra- 
conte le  Vassor,  lui  faisaient  des  caresses 
extraordinaires  pour  l'engager  à  changer 
de  religion,  et  il  n'en  paraissait  pas  éloi- 
gné. Selon  Fontenay-Mareuil  on  lui  pro- 
mettait, pour  prix  de  son  abjuration,  le 
bâton  de  maréchal  de  F'rance  et  la  lieute- 
nance  du  roi  en  Guienne.  Sur  ces  entre 
faites  arriva  la  nouvelle  que  Mirambeau, 
son  fils  aîné,  et  Théobon,  son  gendre, 
avaient  profité  de  son  absence  pour  se  sai- 
sir de  Monheurt  et  de  Sainte-Foy.  Boisse 
s'empressa  de  partir,  par  ordre  du  roi,  et 
il  fit  une  telle  diligence  qu'il  arriva  à  l'im- 
proviste  à  Monheurt  et  s'assura  sans  peine 
de  la  place  ;  puis  il  s"achemina  vers 
Sainte-Foy  où  commandait  Théobon.  Mais 
en  passant  à  Gensac,  il  y  trouva  Savignac 
d'Eynesse,  huguenot  exalté  qui  s'était  pro- 
mis de  punir  le  traître.  A  peine  était-il 
descendu  dans  le  logis  de  l'avocat  Nauze 
qu'il  y  fut  attaqué  et  tué  avec  un  prêtre, 
qu'au  rapport  du  Mercure,  «  il  avait  tou- 
jours avec  lui.  »  L'éloge  que  fait  Pinard 
de  cet  ambitieux,  c'est  qu'il  s'était  battu 
vingt-deux  fois  et  avait  toujours  tué  son 


59 


ESCODÉCA 


60 


adversaire.  Fontenay-Mareuil  réduit  à  sept 
le  nombre  de  ses  duels;  c'est  déjà  trop. 

Pierre  d'Escodéca  avait  épousé  Marie, 
fille  de  Jean  de  Ségur  seigr  de  Pardaillan 
et  de  Madeleine  de  Lavergne;  sa  femme 
ayant  hérité  de  la  terre  de  Pardaillan,  en 
prit  le  titre.  De  ce  mariage  naquirent  :  1° 
Armand  qui  suit  ;  —  2o  Hector,  auteur 
de  la  branche  des  marquis  de  Mauvesin  ; 
—  3o  Louis,  écuyer,  seigr  de  Soussignac, 
terre  achetée  par  son  père  le  6  déc.  1617, 
moyennant  137,000  livres,  à  François 
Nompar  de  Caumont  comte  de  Lauzun.  Il 
épousa  Judith  de  La  Rochefoucaud  (Le  p. 
Anselme  IV,  446)  et  en  eut  un  fils,  mort 
sans  alliance  en  1679,  plus  une  fille,  Ma- 
rie, dame  de  Soussignac  qui  épousa  Fran- 
çois de  Pons,  baron  de  S^-Maurice,  fils  de 
Pierre  de  Pons  et  de  Louise  de  Ségur  ;  — 
4°  Jeanne  qui  épousa,  par  contrat  du  30 
oct.  1616,  Charles  de  Rochefort  de  Saint- 
Angel  marquis  de  Théobon  '  captai  de 
Puichagut. 

XI.  Armand  d'Escodéca,  de  Boisse  de 
Pardaillan,  marquis  de  Mirambeau  en 
Saintonge  par  son  mariage,  septemb.  1617, 
avec  Madeleine  de  Pons,  dame  de  Miram- 
beau, Campagnac,  Beaumont  et  autres  ter- 
res, fille  de  Jacques  de  Pons  et  de  Marie 
4e  La  Porte.  Après  le  meurtre  de  son 
père,  auquel  on  l'accusa  faussement  d'a- 
voir consenti,  il  se  saisit  de  nouveau  de 
Monheurt  que  Louis  XIII  fit  bientôt  in- 
vestir pour  se  venger  sur  cette  petite  ville 
de  l'affront  que  ses  armes  avaient  reçu  de- 
vant Montauban.  Le  jeune  marquis  sembla 
d'abord  disposé  à  vendre  la  place,  au  prix 
de  4000  écus  ;  mais  bientôt,  revenant  à  des 
sentiments  plus  honorables,  il  rompit  la  né- 
gociation, et  bravement  secondé  par  le  ca- 
pitaine Labroue,  il  se  défendit  avec  cou- 
rage. Les  attaques  furent  conduites  vigou- 
reusement. La  mort  de  Labroue,  emporté, 
le  10  déc,  par  un  boulet  de  canon,  et  la 
blessure  de  Mirambeau  démoralisèrent  les 
assiégés  et,  avec  le  découragement,  l'es- 
prit d'insubordination  se  répandit  dans 
Monheurt.  On  parla  donc  de  se  rendre, 
mais  le  roi  refusa  d'abord  toute  composi- 
tion. Il  finit  cependant  par  accorder  la  vie 
aux  gentilshommes  et  permit  à  la  garni- 
son de  sortir  un  bâton  blanc  à  la  main  ; 

^  Arciiiv.  de  Lot-et-Garonne  ;  Insinuations  B 
42.  Mariage  de  leur  tille,  Anne,  1669,  avec  Henri 
de  Labaig  comte  de  Vialla;  ibid.  B  79. 


mais  il  refusa  de  comprendre  les  habitants 
dans  la  capitulation.  La  ville  fut  livrée  à 
la  discrétion  du  soldat  et  réduite  en  cen- 
dres le  12  déc.  Selon  le  P.  Daniel,  Miram- 
beau défendit  ensuite  Argenton  qu'il  fut 
forcé  de  rendre  au  duc  de  Luxembourg. 
Le  Mercure  français  appelle,  en  eftet, 
Boisse  ou  La  Boisse  le  capitaine  huguenot 
qui  commanda  dans  cette  place  en  1622, 
en  ajoutant  que,  peu  de  temps  après,  il 
tomba  en  frénésie  et  mourut.  Nous  croyons 
qu'il  s'agit  de  deux  personnes  différentes, 
Castelnaut  nous  apprenant  dans  ses  Mé- 
moires, et  il  devait  être  bien  renseigné, 
que  Mirambeau,  irrité  de  ce  que  La  Force 
ne  voulait  pas  consentir  à  lui  livrer  le 
meurtrier  de  son  \:ère,  passa  dans  le  camp 
ennemi  en  1622,  tandis  que  selon  l'His- 
toire journalière  du  voyage  du  roi  en  1621, 
il  fut  tué  en  essayant  de  se  jeter  dans 
Sainte-Foy  avec  le  vicomte  de  Castets. 

Quoiqu'il  en  soit  de  cette  contradiction, 
Armand  de  Boisse  avait  épousé  en  2es 
noces,  le  26  juin  1631,  Victoire  de  Bour- 
bon-Malauze  '.  Il  n'eut  d'enfants  que  de  ce 
dernier  mariage,  savoir  :  Henry  ;  Char- 
lotte morte  sans  alliance  ;  Madeleine, 
épouse,  12  septemb.  1634,  de  Jean  de 
Bardonin,  comte  de  Sansac. 

XII.  Henry,  marié  le  14  fév.  1668  avec 
Elisabeth,  fille  de  Jean  de  Bretinauld  (ou 
Bertinaud)  sieur  de  Saint-Seurinet  de  Ma- 
rie Patrie,  dont  deux  enfants,  Henry,  né 
le  19  juiil.  1670,  baptisé  au  temple  de 
Charenton,  et  Victoire. 

XIII.  Henry  répudia  la  succession  de 
son  père,  et  Victoire  devint  seule  héri- 
tière ;  mais  étant  sortie  du  royaume,  avec 
sa  mère,  pour  cause  de  religion,  sa  propre 
succession  fut  ouverte,  et  sa  cousine  ger- 
maine, Henriette  de  Bardonin,  cathohque, 
en  recueillit  le  profit. 

Branche  cadette,  d' Allemans  et  Mauvesin. 

XL  Hector  d'Escodéca  de  Boisse,  baron 
d" Allemans,  marquis  de  Mauvesin  (Age- 
nais),  comte  de  Montblanc,  seigr  de  Haut- 
castel  *,  mestre  de  camp  des  armées  du  roi, 

1  Ceci  d'après  les  archives  du  château  de  Mau- 
vesin. On  a  vu  plus  haut  (II  col.  1086)  que 
d'après  les  registres  de  Charenton,  Armand 
d'Escodéca  aurait  épousé  en  secondes  noces 
Rachel  de  Massy ,  en  sorte  que  son  union  avec 
Victoire  de  Bourbon-Malanze  serait  un  troisième 
mariage,  à  ce  qu'il  semble. 

2  En  Quercy  ;  dans  la  commune  de  Pellagal, 
canton  de  Lauzerte,  Tarn-et-Garonne. 


I 


61 


ESCODECA 


ESCOLLIERS 


62 


(Hait  le  3ine  fils  de  Pierre  de  Boisse  et  de 
Marie  de  Ségur.  Il  épousa,  13  nov.  1624, 
xVIarguerite,  fille  et  héritière  de  Gaston  de 
F'errand,  baron  de  Mauvesin  et  d'Antoi- 
nette du  Faur,  fille  de  Pierre  du  Faur, 
seigneur  de  S*-Jorry  premier  président  du 
})arlem.  de  Toulouse  (V,  col.  669),  cousin 
ijermain  du  célèbre  Guy  du  Faur  seigr  de 
Pibrac  et  de  Charlotte  de  La  Jugie.  De  ce 
mariage  naquirent  Hknry  qui  suit,  et  deux 
fdles  ;  Claude  qui  épousa  Biaise  de  Ver- 
dusan  dont  elle  n'eut  pas  d'enfants  et 
Marguerite,  mariée  le  26  nov.  1663  avec 
Alexandre  de  Benquet  seig""  d'Arblade 
(voir  Cauna, Nobiliaire  des  Landes,!,  109). 

XII.  Henry  eut  (d'une  épouse  dont  le 
nom  reste  ignoré)  deux  fils,  Jean-Henry 
et  Bonaventure,,  ce  dernier  cité  en  1690 
dans  un  état  des  propriétaires  de  fiefs  no- 
bles de  lasénéch.  de  Montauban. 

XIII.  Jean-Henry  épousa  Marthe  de 
Comminges-Péguilhem  dont  il  eut  trois 
enfants,  peut-être  quatre  :  1»  Gilbert-Bo- 
NAVENTURE  qui  suit;  2o  Pierre,  seig<"  de 
Montblanc,  assassiné  en  1677  ;  3°  Anne, 
mariée  le  10  fév.  169o,  avec  François  de 
La  Barthe  baron  de  Lahaye  ;  4°  ?  Louis- 
Alexandre-Joseph  ,  reçu  chevalier  de 
Malte  en  1735. 

Le  meurtre  de  Pierre,  commis  à  S.  An- 
thonin  de  Rouergue,  est  l'objet  d'un  dossier 
des  archives  de  Mauvesin.  Le  jeune  homme 
était  en  pension  dans  une  Académie'  dite 
de  la  ville  (l'académie  protestante  du  sieur 
Pierre  Barthe  escuier).  Il  fut  «  proditoire- 
ment  et  cruellement  assassiné  et  tué  sur  le 
pont  de  la  ville  de  S.  Anthonin,  le  soir  du 
9"  juin  1677  par  le  nommé  Teyssier,  pen- 
sionnaire des  Carmes  de  la  dicte  ville  de  S. 
Anthonin,  a  la  faveur  de  ses  adhérans  et 
complices  »  (Plainte  du  père  de  la  victime). 
Ce  crime  doit  être  imputé  à  la  rivalité  exis- 
tant entre  l'académie  protestante  et  le  cou- 
vent des  Carmes,  qui  tenaient  aussi  des 
pensionnaires  (Procès -verb.  dressé  le  len- 
demain par  Ravalhe,  juge  de  S.  Anth.). 
Procès-verbal  de  deux  médecins.  La  justice 
voulant  faire  des  recherches  au  couvent  des 
Carmes,  les  religieux  refusent  d'ouvrir  et 
les  gens  du  roi,  obligés  d'entrer  de  force, 
après  vaine  recherche  dans  la  maison  d'ha- 
bitation, découvrent  le  s'  Teyssier  dans  la 
chapelle,   caché   sous   le   maître  autel.  Le 

1  Voy.  sur  ces  pensions,  dites  académies,  t.  V 
col.  773. 


prieur  des  Carmes  expose  immédiatement, 
le  S.  Sacrement  promettant  néanmoins  de 
reraetti-e  le  criminel  à  la  justice  le  lende- 
main (Procès-verb.  du  11  juin).  Le  lende- 
main, autre  procès -verbal  des  gens  du  roi 
attestant  que  le  prieur  et  ses  religieux  con- 
fessent avoir  cru  faire  un  acte  de  charité 
en  laissant  évader  le  sieur  Teyssier.  Arrêt 
de  la  cour  de  Villefranche  de  Rouergue  en 
date  du  7  aotit  1677,  qui  condamne  le  s'' 
Teyssier  à  avoir  la  tête  tranchée,  par  con- 
tumace, et  les  pères  Carmes  aux  dépens. 

XIV.  Gilbert-Bonaventure  d'Escodéca, 
marquis  de  Boisse,  baron  de  Mauvesin  et 
Hautcastel,  comte  de  Montblanc  épousa 
(suivant  La  Chenaye  des  Bois,  généalogie 
de  Roissiac)  Jeanne  de  Durand  de  Comin- 
ges  dame  de  Vernoze,  duquel  mariage  na- 
quit une  fille  unique. 

XV.  Françoise-Louise-Marik  ,  épouse, 
8  juin.  1760,  de  François-Germain  de 
Rossiac,  baron  de  VerIhac  ;  dont  un  fils  : 

XVI.  Henri-Alexandre  de  VerIhac,  dit 
le  comte  de  VerIhac,  mort  pendant  la  Res- 
tauration, sans  enfant. 

ESCOFFIER  (Robert)  étudiant  à  Ge- 
nève (Rob.  Escoferius)  en  1567  ;  —  (Guil- 
laume) ministre  de  Jametz,  délégué  aux 
colloques  de  Sedan,  avril  1572  et  juin 
1576;  —  (Guillaume)  ministre  de  Mussi- 
dan,  1591-1617;  —  (Isaac)  professeur  dn. 
philosophie  à  Die,  1620-34;  —  (Jean) 
pasteur  d'Aimargnes  en  avril  1624  ;  de 
Lunel,  1626-31  ;  —  (Jean)  né  à  Lunel,  pas- 
teur à  St-Gilles  en  mai  1664,  interdit  à 
perpétuité  en  1680  (Tt  244),  réfugié  à  Lau- 
sanne en  1688  ;  —  (Jean),  de  Sommières, 
étudiant  à  Genève  (J.  Scoffierus  tectosagus 
Sommedriensis)  en  1653  ;  —  Veuve  Ex- 
cofTier  et  sa  fille,  de  La  Baume  en  Dau- 
phiné,  assistées  à  Genève,  1704  ;  (André), 
de  Chovas  en  Provence,  id.,  1704;  Sa 
veuve,  id.,  1710  et  suiv,  ;  (Marie)  de  Li- 
vron,  id.,  1710. 

ESCOLLIERS  (Claude  d'),  dit  le  capi- 
taine Pastoureau  [Haag,  IV  545],  capitai- 
ne de  cent  arquebusiers  à  cheval  et  com- 
mandant du  château  d'Alençon  en  1589. 
Pastoureau  vivait  en  mauvaise  intelligence 
avec  le  gouverneur  de  la  ville,  René  de 
Renty,  baron  de  Landelles.  Celui-ci,  pour 
se  débarrasser  d'un  ennemi,  répandit  sour- 
dement le  bruit  que  Pastoureau,  bien  que 
huguenot,  entretenait  des  intelligences 
avec  Mayenne,  et  il  fit  si  bien  que  quel- 


63 


ESCOLLIERS   —  ESCOPERIES 


64 


ques  habitants,  trompés  par  cette  calom- 
nie, poignardèrent  le  capitaine  comme  il 
allait  dîner  chez  Jean  de  Frotté,  seigneur 
de  Couterne.  —  Escom,  pasteur  de  Carla- 
le-comte,  1585.  — François  Escomelt,  pas- 
teur de  Valence,  1576-83  ;  de  Sabarrat, 
1588-92  ;  de  Pierregourde,  1592  ;  puis  de 
la  Bastie  de  Crussol,  mort  avant  1599. 

ESCOPERIES  (PoNTus  d'),  sieur  de  La 
Gardie  [Haag,  IV  545],  feldmaréchal  et 
sénateur  de  Suède,  était  né  à  Rieux  en 
Languedoc,  où  son  père  Jacques  possédait 
les  seigneuries  de  Russol,  La  Gardie  et 
Hornezon.  La  Gardie  avait  déjà  porté  les 
armes  dans  sa  patrie,  lorsqu'il  passa  en 
Danemark,  où  Frédéric  II  lui  confia  plu- 
sieurs commandements  importants.  Ayant 
été  fait  prisonnier  par  les  Suédois,  à  la 
prise  de  Varberg,  en  1565,  il  offrit  ses  ser- 
vices au  roi  Eric  XIV  qui  les  accepta; 
mais  ce  prince  s'étant  rendu  odieux  par 
ses  cruautés,  La  Gardie  embrassa  le  parti 
des  frères  du  roi,  Jean  et  Charles,  se  mit 
à  la  tête  de  leurs  troupes  et  se  rendit  maî- 
tre de  Stockholm.  Jean  III,  après  son  avè- 
nement au  trône,  donna  des  marques  écla- 
tantes de  sa  reconnaissance  au  général  à 
qui  il  devait  la  couronne.  Il  le  nomma 
successivement  chevalier,  baron,  feldma- 
réchal, sénateur,  ambassadeur  en  France, 
en  Autriche,  à  Rome,  et  lui  accorda  en  ma- 
riage une  de  ses  fdles  naturelles.  La  Gar- 
die se  montra  digne  de  ces  faveurs  par 
les  services  qu'il  continua  à  rendre  à  la 
Suède,  surtout  en  Livonie  où  il  combattit 
les  Russes  avec  succès.  Il  venait  de  négo- 
cier une  trêve  de  quatre  ans,  et  retournait 
en  Suède,  lorsque  le  navire  qui  le  portait 
coula  dans  le  port  de  Narva.  Il  fut  noyé, 
avec  dix-huit  personnes,  le  5  nov.  1585. 

Son  fds,  Jacques,  comte  de  La  Gardie, 
né  en  1583  et  mort  en  1652,  obtint  du  roi 
Charles  IX  de  Suède  le  commandement 
des  armées  suédoises  contre  les  Russes, 
sur  lesquels  il  remporta  de  brillantes  vic- 
toires. Ses  succès  frappèrent  si  vivement 
l'imagination  de  ces  peuples  superstitieux, 
qu'ils  lui  donnèrent  place  dans  leur  calen- 
drier. Tout  cédait  à  ses  armes  victorieu- 
ses, et  il  venait  de  s'emparer  de  Moscou, 
lorsque  les  États  de  Novogorod  lui  firent 
demander  la  paix,  en  offrant  la  couronne 
de  Russie  à  un  prince  suédois.  La  Gardie 
conseilla  fortement  à  Gustave-Adolphe  de 
l'accepter  pour  son  frère  ;  mais  des  raisons 


d'État  ayant  retardé  le  départ  du  duc 
Charles-Philippe,  les  Russes  firent  un  au- 
tre choix  et  la  guerre  recommença.  Gus- 
tave-Adolphe se  rendit  à  l'armée  de  La 
Gardie.  qui  eut  ainsi  la  gloire  d'apprendre 
le  métier  des  armes  au  futur  sauveur  de 
l'Église  protestante.  Grand  capitaine,  La 
Gardie  était  en  même  temps  excellent  né- 
gociateur. C'est  lui  qui  conclut  la  paix  de 
Stolbowa,  en  1617.  Créé  sénateur  et  mi- 
nistre de  la  guerre,  il  fut,  après  la  mort 
de  Gustave-Adolphe,  un  des  tuteurs  de  sa 
tille  Christine.  De  son  mariage  avec  Ebba 
de  Brahé,  alliée  à  la  famille  Vasa,  naquit, 
en  1622,  Magnus-Gabriel.  Doué  de  tous 
les  avantages  extérieurs,  que  rehaussait 
une  brillante  éducation,  le  jeune  La  Gardie 
parut  avec  éclat  à  la  Cour,  au  retour  de 
ses  voyages  dans  les  principaux  États  de 
l'Europe.  Christine  le  combla  de  marques 
de  faveur  ;  on  dit  même  qu'elle  l'aurait 
épousé  sans  l'opposition  d'Oxenstiern.  En 
1646,  il  vint  en  France  avec  une  suite 
nombreuse,  comme  ambassadeur  extraor- 
dinaire, et  fut  présenté  à  la  reine,  le  13 
septemb.  •  Il  étoit  bien  fait,  lit-on  dans  les 
Mémoires  de  Mme  de  Motteville  ;  il  avoit 
la  mine  haute  et  ressembloit  à  un  favori. 
Il  parloit  de  la  reine  en  des  termes  pas- 
sionnés et  si  respectueux  qu'il  étoit  facile 
de  le  soupçonner  de  quelque  tendresse 
plus  grande  que  celle  qu'il  devoit  par  sa 
qualité  de  sujet.  Il  étoit  accordé  à  une 
cousine-germaine  de  cette  reine,  qu'elle- 
même  lui  faisoit  épouser.  »  Le  mariage  de 
La  Gardie  avec  la  princesse  Euphrosine 
se  célébra,  en  effet,  à  son  retour  en  Suède  ; 
mais  sa  gloire  excita  la  jalousie  ;  ses  en- 
nemis le  desservirent  auprès  de  Christine 
qui  lui  ordonna,  en  1654^  de  se  retirer 
dans  ses  terres.  Sa  disgrâce  dura  jusqu'à 
l'avènement  au  trône  de  son  beau-frère, 
Charles-Gustave,  qui  le  rappela  à  la  Cour, 
le  nomma  trésorier  du  royaume  et  lui  con- 
fia un  commandement  en  Livonie.  En 
1656,  La  Gardie  obtint  le  gouvernement 
de  la  Samogitie  et  de  la  Lithuanie,  et  il 
défendit  si  bien  Riga  que  les  Russes  furent 
obligés  de  se  retirer  après  un  siège  de  six 
mois.  Nommé  un  des  tuteurs  du  jeune 
Charles  XI,  il  se  fit  donner  la  dignité  de 
grand-chancelier,  puis  de  grand-sénéchal, 
et  il  profita  de  l'influence  qu'il  conserva, 
même  après  la  majorité  du  roi,  pour  enga- 
ger la  Suède  dans  une  alliance  avec  Louis 


65 


ESCOPERIES   —  ESCORBIAC 


66 


XIV,  en  1672.  Les  revers  qu'éprouvèrent 
les  armes  suédoises  diminuèrent  son  cré- 
dit et  amenèrent  son  éloignement  des  af- 
faires. Ses  ennemis  ne  négligèrent  rien 
pour  hâter  sa  chute.  Les  États  ayant  ac- 
cordé;,  en  1680,  à  Charles  XI  le  droit  de 
réclamer  les  terres  de  la  couronne  aliénées 
sous  les  règnes  précédents,  La  Gardie  fut 
dépouillé  de  ses  vastes  domaines  et  tomba 
dans  l'indigence.  Il  mourul  le  26  avril 
1686.  «  Ainsi  se  termina,  dit  Catteau-Cal- 
leville  (Biogr.  univ.),  k  carrière  d'un 
homme  qui  avait  pu  se  flatter  de  ceindre 
le  diadème,  qui  s'était  allié  à  la  famille 
royale,  qui  avait  fait  construire  trois  châ- 
teaux et  seize  églises  dans  ses  terres,  et 
qui,  pendant  vingt  ans,  s'était  vu  l'arbitre 
des  destinées  de  l'État.  Toute  cette  gran- 
deur fut  oubliée  ;  mais  on  conserve  le  sou- 
venir de  ce  que  le  favori  de  la  fortune 
avait  fait  pour  les  sciences,  les  lettres  et 
les  arts,  et  l'on  se  plaît  encore  en  Suède  à 
rappeler  qu'il  réunissait  les  savants  dans 
ses  châteaux,  qu'il  protégeait  les  artistes, 
qu'il  eut  trois  bibliothèques  et  une  impri- 
merie qui  mit  au  jour  plusieurs  ouvrages 
importants  ;  qu'il  fit  rassembler  dans  un 
dépôt  public  tous  les  monuments  de  l'his- 
toire du  pays,  et  qu'étant  chancelier  de 
l'université  d'Upsal,  il  enrichit  la  biblio- 
thèque des  manuscrits  les  plus  précieux 
qu'elle  possède,  et  en  particulier  du  célè- 
bre Codex  argenteus.  » 

Magnus  de  La  Gardie  est  regardé  comme 
l'auteur  deRegum  principumque  institutio, 
suec.  et  lat.  cumnotis  J.  Schefferi,  Helmst., 
1669,  in-fol.  Jocher  lui  attribue  aussi, 
sans  autre  indication  :  Oratio  de  academid 
Upsalensi  ;  —  Spectaculum  certaminis  pe- 
destris  ;  —  Donatio  testamentaria  libro- 
rum  mss.  aut  aliàs  rariorum. 

Une  descendante  de  cette  illustre  fa- 
mille, Brigitte-Sophie  de  La  Gardie  ren- 
tra en  France  et  abjura  la  religion  réfor- 
mée. Louis  XV  lui  accorda,  en  consé- 
quence, 1746,  une  pension  de  2000  livres 
(E  3432),  et  en  1753  des  lettres  de  natu 
ralisation  (P2S94). 

ESCORBIAC  (d'),  famille  languedo- 
cienne [Haag,  IV  547].  =  Armes  :  d'aznr 
au  chevron  d'or,  accomp.  en  pointe  d'un 
lionceau  de  même. 

I.  GuiCHARD  d'Escorbiac  était  syndic  de 
Montauban  en  1562.  Il  fut  envoyé,  avec 
un  des  consuls  de  la  ville,  auprès  des  gé- 


néraux ennemis,  Monluc  et  Burie,  qui 
s'avançaient  contre  la  ville  pour  les  sup- 
plier de  ne  pas  poursuivre  leur  marche  ; 
mais  son  éloquence  ne  put  l'emporter  sur 
les  incitations  de  l'évêque.  A  son  retour, 
voyant  ses  concitoyens  disposés  à  se  dé- 
fendre, il  se  hâta  de  fuir,  loin  de  les  se- 
conder dans  leur  noble  projet.  Nous  ne  le 
retrouvons  qu'en  1577,  où  il  signale  traité 
de  Bergerac,  comme  député  du  haut  Lan- 
guedoc. Il  était  alors  un  des  conseillers  de 
la  chambre  mi-partie  qui  avait  été  établie 
l'année  précédente  à  Montpellier  et  qui  fut 
transportée  ensuite  à  Revel  puis-  en  1579 
à  L'Isle  en  Albigeois. 

Maître  des  requêtes  et  conseiller  des 
finances  de  Henri  IV,  ce  prince  devenu 
roi  l'avait  commis,  7  avril  1590,  à  faire 
la  recette  des  contributions  volontaires 
fournies  par  les  réformés  du  Languedoc 
et  de  Guyenne  pour  l'aider  à  soutenir  la 
guerre  contre  la  Ligue.  Son  dernier  em- 
ploi fut  celui  de  conseiller  à  la  chambre 
mi-partie  ou  chambre  de  l'Édit,  de  Castres, 
où  il  fut  appelé  en  1595  et  il  paraît  avoir 
terminé  sa  carrière  peu  d'années  après  '. 
Lorsque  M.  Berger  de  Xivrey  publia  le 
Recueil  des  lettres  missives  de  Henri  IV 
(9  vol.  in-4o  1843-76)  les  descendants  de 
la  famille  (encore  existants  à  Montauban) 
lui  communiquèrent  cent  lettres  ou  billets 
adressés  par  ce  prince  à  leur  ancêtre*  et  qui 
témoignent  de  la  confiance  qu'il  avait  en 
lui.  M.  Berger  de  Xivrey  en  a  publié  une 
quarantaine  et  nous  reproduirons  d'après 
lui  la  première  de  toutes,  en  date  de  1578, 
qui  respire  un  sentiment  très  affectueux  et 
deux  autres  de  1579  et  1581  où  l'on  voit 
le  rusé  Béarnais  employer  son  affidé  à  de 
petites  manœuvres  de  publicité  assez  pi- 
quantes : 

12  janv.  1578  :  à  M'  Escorbiac  à  Mon- 
tauban. Monsieur  Scorbiac,  j'ay  esté  bien 
ayse  d'entendre  que  vous  ayez  esté  nommé 
par  les  députés  des  églises  pour  estre  prez 

1  Le  2  juillet  1606,  il  reçoit  un  brevet  de 
conseiller  «  Vétéran,  tant  pour  les  services  qu'il 
a  rendus  pendant  26  ans  comme  conseiller  que  en 
plusieurs  autres  occasions  es  quelles  il  a  esté 
employé  pour  le  service  dn  Roy.  »  Notes  de 
M.  Ch.  Pradel. 

*  Voy.  t.  I  p.  158  de  ce  Recueil.  Voy.  aussi 
sur  les  Mémoires  (ou  papiers)  de  la  famille  d'Es- 
corbiac la  mention  faite  à  la  p.  274  ligne  6 
(tome  ni)  du  Bulletin. 


67 


ESCORBIAC 


68 


de  moy,  ce  que  j'ay  toujours  désiré,  afin 
qu'estant  assisté  de  gens  fidèles  craignant 
Dieu  je  puisse  plus  commodément  et  seure- 
ment  pourvenir  aux  affaires  qui  se  présen- 
teront ;  vous  priant  me  faire  ce  plaisir  de 
venir  des  premiers  sans  attendre  le  quartier 
qui  vous  a  esté  ordonné. 

11  mai  1579,  de  Pamiers.  M.  de  Scorbiac, 
je  vous  envoyé  le  discours  cy  enclos  que  je 
vous  prie  recepvoir  ;  et  donner  ordre  devant 
que  de  partir  qu'il  soit  mis  sur  la  presse  ; 
en  donner  la  charge  a  quelque  homme  ad- 
visé  et  prudent  de  le  recueillir  ;  et  m'en 
envoyer  une  gi'ande  partie  ;  et  faire  publier 
l'autre  partie  au  loin,  sans  savoir  d'où  il 
vient  ;  de  sorte  qu'il  semble  n'estre  point 
né,  ne  icy  ne  là  où  vous  estes  ;  parce  que 
ce  faisant  on  en  tirera  et  fruict  et  utilité  ;  h 
quoi  on  tend  pour  le  repos  des  gens  de  bien. 

13  oct.  1581,  de  Nérac.  Quatre  yeulx  y 
voient  plus  que  deux.  Je  vous  envoyé  un 
escript  faict  par  un  citoyen  de  Vallence 
qui  l'eprésente  au  vray  les  desseins  et  l'ar- 
tifice du  duc  du  Mayne.  Je  vous  prie  le 
faire  imprimer  après  avoir  apporté  voz 
advis  en  quelques  faultes  ou  mots  que 
peut  estre  il  fauldra  changer;  mais  non 
ceulx  qui  tesmoignent  l'animosité  de  l'auc- 
teur  contre  nostre  party.  Il  en  fauldra  faire 
imprimer  mille  ou  douze  cens  afin  que  cela 
coure  par  plusieurs  mains.  —  (Joint  une 
quittance  de  l'imprimeur  Louis  Rabier  con- 
statant qu'il  fut  payé  six  escus  soleil.) 

II.  Le  fils  de  ce  fidèle  sujet  du  roi,  Jean 
d'Escorbiac  seigneur  de  Bayonnette,  suc- 
céda aux  emplois  de  son  père  et  soutint  les 
mêmes  opinions.  Seulement,  les  discordes 
civiles  qui  agitèrent  les  premières  années 
du  règne  de  Louis  XIII  l'ayant  forcé  d'op- 
ter entre  le  parti  de  l'obéissance  au  roi  et 
celui  du  protestantisme  ardent,  ce  fut 
l'obéissance  absolue  qu'il  choisit.  Nous 
ignorons  s'il  est  le  même  d'Escorbiac  qui 
fut  député  par  Montauban  à  l'assemblée  de 
Pamiers,  en  1614,  avec  Darial  et  Joly, 
mais  il  est  certainement  celui  qui,  en  1627, 
protesta  avec  les  notables  de  Montauban 
contre  la  prise  d'armes  du  duc  de  Rohan 
(voy.  Brienne,  vol.  213)  et  qui  en  1628 
sortit  de  cette  ville  sur  l'ordre  du  parlem. 
de  Toulouse,  ainsi  que  ses  collègues,  con- 
seillers au  Sénéchal,  Rouques,  Thomas,  La 
Boissonnade  et  autres  adversaires  du  duc. 

Il  écrivait  en  effet  de  Toulouse,  le  28 
mai  1628,  au  commissaire  du  roi,  Auguste 
Galland  (voy.   ce  nom),  l'agent   le   plus 


actif  alors  employé  par  le  gouvernement 
dans  le  midi  contre  Rohan,  une  lettre  dont 
voici  les  passages  principaux  (Papiers  de 
Galland  ;  Bibl.  nat.,  mss.  fr.,  no  20964, 
fo  124)  : 

Je  vous  escrivis  il  y  a  longtemps  que  je 
ne  pouvois  vous  escrire  librement  parceque 
les  factieux  prenoient  un  grand  soing  d'at- 
traper mes  lettres  au  bureau  de  la  poste 
pour  en  descouvrir  les  secrets...  Maintenant 
je  suis  en  plaine  liberté  de  vous  pouvoir  es- 
crire toutes  choses,  ayant  esté  chassé  de 
Montauban  par  la  seule  considération  de  la 
gi'ande  résistance  que  j'ay  faite  contre  ceux 
qui  y  vouloit  establir  l'autorité  de  M.  de 
Rohan...  Un  huissier  de  notre  siège  nommé 
France,  insigne  mutin  et  séditieux,  sitôt  que 
je  fus  arrivé  à  Montauban,  qui  fut  le  13  de 
ce  mois,  publia  partout  quej'apportois  com- 
mission du  pai'lem.  de  Tholose  pour  chasser 
de  la  ville  tous  ceux  qui  tenoient  le  party 
dud.  s''  duc  de  Rohan  et  tous  les  esti'angers 
aussy  et  qu'en  ceste  sorte  je  voulois  affai- 
blir la  ville  pour  la  livrer  entre  les  mains 
de  Mg''  le  Prince  et  que  je  voulois  mettre 
une  citadelle  et  garnison  de  la  ville  et  que 
j'estois  un  traistre...  Ledit  France  huyssier 
va  susciter  tous  les  parans  de  Dupuy  affin 
qu'ils  prinssent  cette  occasion  de  se  venger 
de  moy  de  ce  que  j'avois  installé  le  1"'  de 
La  Boysonnade  en  l'office  de  Dupuy.  Tous 
lient  la  partie  pour  me  tuer  ou  me  sortir 
de  la  ville.  Le  dim.  14  de  ce  moix,  le  len- 
demain de  mon  arrivée,  ma  mayson  feut 
investie  de  cent  ou  six  vingts  séditieux  ap- 
portant les  uns  pistolletz,  d'autres  carabi- 
nes, acquibuses  et  pourtuysanes.  Mes  parans 
et  amis  estoient  au  paravant  chez  moy  qui 
mestoient  venu  advertir  des  grands  prépa- 
ratifs qui  se  faisoent  dans  la  ville  contre 
moy  à  quoy  les  officiers  du  seneschal  mes 
collègues  travailloient  puissamment...  Ce 
neantmonys,  il  estoit  en  mon  pouvoir  avec 
mes  seuls  parans  qui  estoient  chez  moy,  ou 
amis,  d'aller  couper  la  gorge  a  tous  ces  sé- 
ditieux, mais  je  voyois  que  c'estoit  le  subjet 
de  leur  faire  prendre  les  armes  le  lende- 
main. Les  consuls  et  personnes  de  qualité 
qui  savoient  le  dessein  de  ces  séditieux  qui 
estoit  de  tenir  ma  mayson  investie  tout  ce 
jour  et  sur  la  nuit,  ils  avoient  parolle  de 
plusieurs  qui  nosoient  paroistre  le  jour  de 
venir  petarder  ma  mayson  et  me  tuer.  Je 
fus  conseillé  par  les  consuls  pour  leur  hos- 
ter  tout  prétexte  de  prendi'e  les  armes  de 
sortir  de  la  ville  et  leur  faire  place  pour 
quelques  moix,  jusques  h  ce  que  cette  fureur 


I 


69 


ESCORBIAC 


70 


leur  feust  passée.  Il  t'eut  capitulé  avec  ce 
peuple  mutiné  que  je  sortirois  le  lendemain 
matin  de  la  ville  xV  de  ce  moix,  ce  que  je 
lis.  Du  despuis  j'ay  demeuré  a  Lavalade 
près  Moyssac  au  chasteau  de  M.  de  Ricord 
<l'où  je  me  retiré  a  Montech  a  cause  des 
fréquentes  visites  que  j'y  avois  des  person- 
nes de  qualité  de  Montauban  qui  venoient 
causer  avec  moy  des  moyens  qu'il  faloit 
tenir  pour  contenir  ceste  ville  dans  l'obéis- 
sance, pour  ne  constituer  le  dit  s''  de  Ricord 
€n  ceste  despence...  Me  voyla  en  mauvaise 
posture  pour  avoir  fidèlement  sei'vy  le  Roy 
«t  rendu  misérable. 

11  fait  le  compte  des  mauvaises  récoltes 
qu'il  a  subies  depuis  l'année  1621,  ajoute 
sans  ambage  que  «  banni  de  chez  lui  pour 
avoir  voulu  maintenir  dans  Montauban 
l'autorité  du  roi,  il  est  bien  juste  qu'il  soit 
nourri  à  ses  dépens,  »  et  termine  en  im- 
plorant secours. 

C'est  probablement  le  même  Jean  d'Es- 
■corbiae,  juge-mage  de  Montauban  qui, 
toujours  docile  instrument  du  pouvoir, 
consentit  en  1632,  à  faire  exécuter  l'or- 
donnance de  Richelieu,  lorsqu'il  cassa 
l'élection  consulaire  de  Montauban,  d'ail- 
leurs parfaitement  régulière,  pour  le  seul 
motif  que  les  catholiques  n'avaient  pu 
faire  passer  aucun  de  leui's  candidats,  et 
attribua  aux  sectateurs  de  la  rehgion  du 
roi  la  Ire,  la  Sme  et  la  S^e  place,  laissant 
aux  protestants  la  2rae,  la  4me  et  la  6me. 

C'est  aussi  le  même  certainement  qui 
composa  le  poème  de  La  Christiade  dont 
il  nous  reste  à  parler  et  qui  vivait  encore 
en  1649  «. 

La  Christiade  ou  Poème  sacré  contenant 
l'histoire  saincte  du  Prince  de  la  vie.  Di- 
visé en  cinq  livres  ;  par  Jean  d'Escorbiac 
seigr  de  Bayonnette  ;  Paris,  Jean  Coderc, 
1613,  in-8o  de  320  pages.  Les  cinq  livres 
portent  pour  titres  :  La  Promesse,  la  Nais- 
sance, la  Vie,  le  Martyre,  les  Gloires.  — 
Cette  vie  de  Jésus  en  vers  est  une  des  nom- 
breuses imitations,  faibles  et  pompeuses, 
que  fit  naître  le  poème  de  Du  Bartas,  la 

1  D'après  l'acte  de  naissance  de  Louis,  qua- 
trième fils  d'un  autre  Jean  d'Escorbiac,  avocat  à 
la  chambre  de  l'édit  de  Languedoc  et  d'Isabeau 
de  Ligonnier,  acte  portant  que  ce  Louis  naquit  le 
6  mai  Ibi'J  et  fut  présenté  au  baptême  par  Jac- 
ques de  Ligonnier  secrétaire  en  la  chancellerie 
de  Montpellier  et  par  Catherine  de  Saluste  du 
Bartas  femme  de  Jean  d'Escorbiac  seigneur  de 
Bajounette  (Pradkl). 


Création,  dont  Jean  d'Escorbiac  croyait 
sans  doute  avoir  plus  qu'un  autre  le  droit 
de  s'inspirer,  puisqu'il  était  par  alliance  le 
neveu  du  célèbre  poète.  Cependant,  il 
avoue  modestement,  dans  son  épître  dédi- 
catoire  adressée  à  la  Reine-mère  et  Régente, 
qu'il  publie  son  poème  avec  l'espoir  d'y 
trouver  quelque  bénéfice  matériel.  «  Mon 
père,  dit-il,  après  avoir  servi  Votre  Majesté 
cinquante  et  tant  d'années  en  diverses 
charges  des  plushonnorables  et  finalement 
en  l'estat  de  conseiller  en  la  chambre 
séant  à  Castres,  n'a  laissé  en  nostre  mai- 
son que  ses  mains  vides  et  maints  espi- 
neux  affaires.  »  Mais  le  caractère  domi- 
nant de  l'ouvrage  est  l'exaltation  religieuse 
exprimée  par  le  lourd  et  pénible  effort 
d'une  phrase  ingrate.  En  voici  les  pre- 
miers vers  : 

Je  ne  suya  plus  le  train  des  hommea  de  ce  monde 
Mais  bien,  tout  désirenx  d'une  vie  seconde, 
Qui  repurge  la  mienne  et  me  rende  plus  sain. 
Je  me  donne  au  Messie  et  me  jette  en  son  sein 

Et  voici  les  derniers  : 

Jeune  d'ans  j'ai  vieilli  en  faisant  cet  ouvrage 

Et  vieux,  je  rajeunis  en  le  voyant  parfait. 

Si  j'y  ai  employé  le  pins  beau  de  mon  âge 

C'est  pour  servir  à  Christ  qui  par  moi  l'œuvre  a  fait. 

111.  Thomas  d'Escorbiac,  baron  de  Mont- 
clus,  fils  du  poète,  fut  aussi,  dès  1638, 
conseiller  à  la  chambre  de  l'édit  de  Lan- 
guedoc. Celui-là  fut  admirable  comme  ma- 
gistrat et  comme  protestant.  Il  se  dépensa 
en  résistances  et  en  remontrances,  qui 
furent  stériles  alors,  contre  l'injustice  et 
la  perfidie  avec  lesquelles  le  clergé  catho- 
lique minait  sans  relâche  ni  conscience, 
les  droits  des  réformés  consacrés  par  l'édit 
de  Nantes.  La  dignité  et  la  fermeté  qu'il 
mit  à  remplir  ce  rôle  de  protestant  fidèle 
ont  été  bien  peintes  ^  comme  étant  le  ca- 
ractère d'à  Un  magistrat  huguenot  au 
XVll'ne  siècle,  »  dans  une  notice  qui  con- 
tient plusieurs  documents  de  .sa  main, 
notamment  une  lettre  de  représentations 
qu'il  adressait  en  1664  à  l'un  des  ministres 
du  Roi,  lettre  d'où  il  nous  suffira  d'extraire 
le  passage  suivant  pour  honorer  la  mé- 
moire de  ce  magistrat  et  constater  sa  clair- 
voyance : 

...  Ces  messieurs  (les  Conseillers  catho- 

1  Par  M.  Frank  Puaux,  dans  le  Bull.  t.  XXXIII 
(1884)  p.  128  et  267. 


71 


ESCORBIAC 


72 


liqiies)  font  scrupule  pour  fait  de  religion 
de  faire  aucune  action  de  justice  favorable 
a  ceux  qui  la  demandent  ;  ils  font  au  con- 
traire profession  de  se  rendre  incompétents. 
Il  y  en  a  qui  nous  disent  que  notre  religion 
n'est  plus  à  la  mode  et  tachent  de  jetter  des 
méfiances  dans  les  cœurs  de  tous  ceux  qui 
la  professent.  Nous  avons,  par  un  malheur 
commun  aux  autres  compagnies,  fort  peu 
d'affaires  au  palais,  ce  qui  engendre  du 
chagrin  parce  que  l'argent  est  fort  rare.  Il 
ne  manque  pourtant  pas  a  certaine  cabale 
de  bigots  qui  s'assemble  un  jour  de  chaque 
septmène  pour  faire  des  procès  criminels  ' 
sur  leur  invention  de  nouveaux  ci'imes, 
tantôt  contre  un  qui  aura  chanté  un  pseaume, 
contre  un  autre  qui  aura  esté  le  onsiesme 
à  un  enterrement  ou  qui  n'aura  pas  attendu 
les  ténèbres  pour  faire  ces  actions  de 
piété*.  Nous  sommes  forcés  de  décréter 
contre  les  pères  qui  ont  enterré  leurs  en- 
fans  et  contre  les  enfans  qui  ont  enterré 
leurs  pères,  quoy  que  cela  choque  notre  hu- 
manité ;  mais  c'est  pour  montrer  que  nous 
sommes  fidèles  exécuteurs  de  la  volonté  du 
Roy.  Nous  recognoissons.  Monsieur,*  a  no- 
tre grand  regret  que  tous  ces  nouveaux  re- 
tranchemens  qu'on  a  fait  de  l'Edit  (de  Nan- 
tes) produisent  de  mauvais  etiets.  Le  co- 
merce  de  ce  pays  est  presque  tout  entre  les 
mains  de  ceux  de  la  Religion  prétendue  ré- 
formée. Dès  que  quelque  jeune  homme  ex- 
celle en  son  mestier,  il  quitte  sa  patrie  où 
sa  religion  est  en  opprobre  et  se  retire  dans 
les  pays  estrangers  ou  il  est  bien  receu  et 
s'y  establit.  Ceux  qui  ont  leur  fortune  en 
argent  ou  en  des  eiîets  faciles  a  transporter 
se  retirent  ailleurs,  et  il  y  en  a  qui  se  trou- 
vent plus  en  repos  à  Genève  ou  à  Livourne 
qu'ils  ne  n'étoient  à  Nismes,  Uzès  ou  Mont- 
pellier. La  ville  de  Genève  s'est  presque 
doublée  et  on  y  fait  aujourd'hui  les  meil- 
leures étoffes  qui  se  débitent  à  Lyon,  au 
lieu  qu'antres  fois  on  n'y  faisait  rien  qui 
vaille.  On  a  agrandi  la  ville  d'Amsterdam 
d'un  tiers,  où  il  y  a  pi  s  de  dix  mil  commu- 
nians  françois  de  la  R.  P.  R.  Dans  Leyde 
il  y  a  deux  gi'ands  temples  et  deux  minis- 
tres françois  et  dix  mil  communians.  A 
Roterdam  il  y  en  a  7000,  et  trente  trois 
autres  églises  françoises  dans  la  Holande. 
Il  y  en  a  dans  la  Suisse,  dans  l'Allemagne 

>  Le  Bulletin  (XXVI,  p.  113)  a  publié  les  cu- 
rieux procès-verbaux  d'une  association  de  ce  genre 
en  exercice  â  Montpellier  en  1679. 

2  Défense  était  faite  aux  protestants  d'assister 
plus  de  dix  personnes  aux  funérailles  d'un  des  leurs 
et  d'y  procéder  de  jour. 


et  en  Angleterre.  On  fait  estât  qu'il  y  a 
cent  mil  personnes  ;  si  chacun  a  emporté- 
mil  livres,  ce  seroit  cent  millions  tirés  du 
Royaume  depuis  une  trentaine  d'années. 
C'est  chose  dont  le  Roy  peut  estre  informé 
par  ses  ambassadeurs  et  dont  ceux  qui  en 
sont  cause  ne  se  soucient  gueres,  agissant 
plustôt  pour  des  intérêts  particuliers  que- 
pour  les  intérêts  de  l'Estat.  Quand  le  Roy 
Henry  le  Grand  fit  l'Edit  de  Nantes  après 
avoir  consulté  les  meilleurs  politiques  de 
son  Conseil,  il  crut  avoir  osté  de  l'esprit 
de  ses  sujets  de  la  R.  P.  R.  la  mesfiance  et 
la  crainte  d'estre  maltraités  et  les  retenir 
par  là  dans  les  terres  de  son  obéissani-e 
sans  que  pas  un  ne  s'escartât.  Mais  aujour- 
d'huy  qu'on  voit  que  Messieurs  du  Clergé 
obtiennent  au  Conseil  tous  les  arrêts  qu'ils, 
demandent  pour  destruire  cet  edict,  il  y  a 
fort  peu  de  gens  qui  ne  songent  a  quitter 
leur  patrie  s'ils  peuvent  se  deffaire  de  leurs 
biens  en  fonds.  J'ay  cru.  Monsieur,  vous 
devoir  dire  toutes  ces  vérités  afin  que  vous 
les  puissiés  représenter  au  Roy  quand  vous 
le  jugerés  à  propos  pour  le  bien  de  son  ser- 
vice... 

Quinze  ans  plus  tard,  en  1679,  ce  fut 
l'auteur  de  cette  lettre  que  les  magistrats. 
Castrais  choisirent  pour  rédiger  leur  pro- 
testation contre  la  suppression  de  leur  tri- 
bunal. Ils  ne  pouvaient  choisir  d'interprète- 
parlant  un  plus  noble  et  plus  ferme  lan- 
gage, comme  on  peut  le  voir  dans  les^ 
Remontrances  au  roi,  au  sujet  de  la  trans- 
lation du  siège  de  Castres  à  Castelnaudary^ 
qu'ils  eurent  la  permission  de  faire  impri- 
mer ^  et  qui  ont  été  récemment  reproduites 
dans  le  Bulletin  (XXXIII,  272-284).  Elles 
n'empêchèrent  pas  d'être  exécutée  cette 
translation  de  siège  ordonnée  uniquement 
dans  le  but  de  vexer  les  protestants.  «  Par 
là,  dit  La  Hode,  on  ruina  Castres,  villfr 
odieuse  au  clergé,  à  cause  de  la  puissance 
que  les  réformés  y  avoient  acquise.  On 
éloignoit  les  conseillers  de  leurs  familles, 
de  leurs  biens,  de  leurs  habitations  ;  on 
les  envoïoit  dans  un  lieu  où  il  y  avoit  à 
peine  le  quart  de  ce  qu'il  falloit  de  mai- 
sons pour  les  loger,  où  surtout  il  n'y  avoit 
pas  d'exercice  public  de  leur  religion., 
(]ette  chambre  n'avoit  rien  fait  d'ailleurs^ 
qui  méritât  cette  disgrâce.  » 

1  L'abbé  de  Marolles  en  parle  dans  ses  Mémoi- 
res et  dit  que  l'auteur  lui  en  donna  un  exem- 
plaire. 


73 


ESCORBIAC 


ESCOSET 


74 


Thomas  avait  épousé  Catherine  de  Rou- 
tière dont  il  eut  :  1°  Samuel,  né  vers 
1643,  mais  dont  nous  ne  retrouvons  pas 
l'acte  de  naissance  ^  ;  2°  Anne,  baptisée 
"9  juin  1645,  parr.  Paul  Rouvière,  inar- 
<;hand  à  Nîmes  et  marraine  Anne  de  Tho- 
mas, femme  d'un  Samuel  d'Escorbiac, 
conseiller  à  la  chambre  de  l'édit  ;  3o  Va- 
LENTiNE,  née  le  1er  nov.  1647  ;  4°  Jean- 
Paul,  né  le  6  avril  1649,  présenté  au  bapt. 
par  Arnaud  Boisson,  avocat  et  Jeanne 
d'Ausin  femme  de  Jean  d'Escorbiac  sr  de 
Belserres  ;  5°  Jacquette,  21  juin  1650  ; 
-6°  Jeanne,  6  septemb.  1651  ;  7°  Jean,  14 
septemb.  1656  ;  8o  Catherine,  23  nov. 
1659  ;  9o  Bernahdine,  30déc.  1661,  parr. 
Thomas  de  Martel,  avocat  et  Jacquette  de 
Rouvière  épouse  de  Jacques  Got,  banquier 
à  Lyon  ;  lO  Jean,  26  fév.  1663  ;  11°  Ca- 
therine, 6  déc.  1665  ;  12°  Benoît,  7  sept. 
1667. 

IV.  Samuel  ^  fils  aîné  de  Thomas  lui 
succéda  dans  sa  charge  de  conseiller  dont 
celui-ci  fit  résignation  le  14  janv.  1671.  11 
paraît,  d'après  l'avocat  B.-A.  Marturé 
^Hist.  du  pays  castrais,  1822)  avoir  laissé 
un  Recueil  des  arrêts  rendus  par  la  Cham- 
bre de  l'édit.  Peut-être  est-ce  le  même  qui 
abjura  ^  et  gagna  ainsi  une  place  de  con- 
seiller au  parlera,  de  Toulouse  avec  une 
pension  de  3000  1.  et  une  de  1000  1.  pour 
sa  femme  (Tt  252). 

V.  L'histoire  mentionne  un  d'Escorbiac 
qui  se  signala  au  siège  de  Montauban,  en 

■  Notes  de  M.  Ch.  Pradel. 

'■*  Un  autre  Samuel  de  Seorbiac  docteur  en 
•droit  et  avocat  à  la  chambre  de  l'édit,  à  Castres, 
avait  reçu  la  charge  de  lieutenant  particulier  au 
sénéchal  de  Quercy,  siège  de  Montauban  par  ré- 
signation de  Jean  Seorbiac,  son  frère,  le  28  sep- 
temb. 16u4.  Il  avait  été  pourvu  de  l'office  de  lieu- 
tenant-général civil  et  criminel,  le  4  août  1623, 
par  le  décès  de  Jean  de  Viçose,  et  au  mois  de 
mars  1631,  il  devint'conseiller  â  la  chambre  de 
l'Édit après  le  décès  de  J  -J.  Pelisfon  (Archiv.  du 
parlem.  de  Toulouse.  Lettres  patentes). 

3  Ce  dernier  est  qualifié  comme  suit  :  «  M.  d'Es- 
corbiac, ci-devant  conseiller  à  la  chambre  de 
l'édit  et  maintenant  (1702)  au  parlement,  est 
grand  tenancier  dans  le  vallon  de  Mazamet.  Il  y 
a  une  terre  dite  de  Montfort  en  justice  haute  et 
beaucoup  de  granges.  La  plus  <îrande  partie  de 
«es  sujets  sont  nouveaux  convei  tis  peu  sincères, 
corrompus  par  le  voisinage  de  Mazamet  et  peut- 
^tre  par  quelque  mauvaise  impression  de  la  mai- 
son d'Escorbiac  et  de  celle  de  Villetle-Montlëdier, 
diocèse  de  Castres  »  (Archiv.  de  l'Hérault,  C, 
2Tà). 


1622,  comme  capitaine  de  la  milice  bour- 
geoise et  qui,  comme  lieutenant  de  St  Mi- 
chel de  la  Rochechalais,  eut  une  grande 
part  à  la  prise  de  S'-Maurice  et  de  la 
Motte  d'Ardus.  Antoine  d'Escorbiac  était 
capitaine  au  régira,  de  la  marine  en  1647. 
Marc,  s^  de  La  Bayonnette,  lieutenant  au 
même  régiment,  enterré  au  cimetière  des 
SSis  Pères,  2  juill.  1652.  Enfin,  une  dame 
d'Escorbiac,  grand'mère  du  réfugié  Donna- 
dieu-de  Pelissier-Dugrez  et  des  enfants  du 
pasteur  Marc  Vernoux  de  Mazamet,  mou- 
rut en  Allemagne  vers  l'année  1700. 

ESCOSET  (La  veuve  de  Daniel),  du 
Dauphiné,  assistée  à  Genève,  avec  son 
fils,  1700.  —  Jean  Escot,  de  Grenoble, 
chaussetier,  reçu  habitant  de  Genève,  11 
septemb.  1572.  —  Isaac  (Isaacus  Escot  ber- 
geracensis),  étudiant  à  Leyde,  août  1687  ; 
(Marie  et  Madelaine),  de  Bergerac,  sœurs 
assistées  à  Lausanne  et  à  Genève,  allant 
en  Hollande,  1690  ;  (Isaac),  ministre  or- 
donné après  1685  (probablement  celui  de 
Bergerac),  assisté  à  Londres  en  1702.  — 

( )  Escot,  de  Peyrat,  dioc.  de  Mirepoix, 

emprisonné  pour  avoir  repris  de  force  sa 
fille  qui  s'était  retirée  chez  un  curé,  1764 
(E3525). — ra\i\eEscoulens  et  Anne  Lapra  ^ 
condamnées  en  1740  à  être  enfermées  à  la 
Tour  de  Constance  pour  avoir  écouté  le 
prédicant  Gab.  Fauriel;  archiv.  de  l'Hé- 
rault, C.  207  (Teissier).  —  Guailhard 
d'Escout,  d'Arudy  au  val  d'Ossau,  29  ans, 
chirurgien,  «  mis  à  mort  au  nom  de  Jésus- 
Christ  »  en  1569,  à  Pau  [Crespin,  849  d). 
Bernard  d'Escout  ou  d'Escot,  ministre  à 
Laruns,  achète  une  maison  à  Arudy  en 
1573  (Arch.  des  B.  Pyr.  E  1874)  ;  minis- 
tre à  Bielle,  1574-1585,  il  marie  sa  fille 
en  1590  au  ministre  Jean  Fauger  (ib. 
E  1876,  2005)  ;  mort  avant  15'.]9  (E  2017). 
—  Marie  Escroignard,  prisonnière  à  la 
conciergerie  de  Houen,  1688  ;  (Etienne) 
de  Rennes,  sa  femme  et  5  enf.,  assistés  à 
Londres,  1702-1710;  (Anne),  de  Norman- 
die, veuve,  71  ans,  et  sa  fille,  30  ans,  id. 
1705.  —  Flourens  de  Baine  s^  d'Escrouœ, 
tue  par  erreur,  à  la  défense  de  Castres,  par 
les  siens,  1585  ;  «  regretté  de  tout  le 
monde  pour  avoir  esté  fort  homme  de 
bien,  brave  gentilhomme  et  de  fort  an- 
cienne noblesse  ;  laissant  de  sa  femme, 
Élizabeth    Daure,   Charles    de    Beine    sf 

'  Noms  à  ajouter  à  la  liste  des  prisonnières  de 
la  tour  de  Constance,  IV  col,  85-98. 


75 


ESCOSET  —   ESNARD 


76 


d'Escroux  et  Jean  s»"  de  Roquecésière 
(Mém.  de  Gâches).  D'Escroux,  ancien  de 
l'église  d'Espérausse  au  synode  du  haut 
Languedoc,  septemb.  i651.  —  Jacques 
Escudier,  de  Montpellier,  assisté  à  Lau- 
sanne, allant  en  Allemagne,  1699. 

EscuRY  (d),  voy.  Collot,  t.  IV,  col.  523. 

ESCUYER  (Jean)  ou  Lescuyer,  ministre 
de  Chavornay  (Vaud)  en  1336  (Herminj, 
Corresp.  des  réf.,  IV,  63)  ;  —  Guillaume 
Escuyer,  libraire,  réfugié  à  Lausanne  et 
mort  dans  cette  ville  ;  sa  veuve,  Marie 
Grosse,  nommée  tutrice  de  leur  fille,  avec 
spect.  Éléazard  Perriauld,  régent  d'école, 
pour  coadjuteur,  le  3  juill.  lo78.  —  (Hum- 
bert),  fils  de  feu  Estienne  Escuyer,  de 
Nantua,  reçu  habitant  de  Genève,  1558; 
(Boniface)  tué  à  Grimant  en  Provence  et 
traîné  hors  de  la  ville  en  1562  {Crespin). 
—  Joachim  d'Esguillon,  sieur  de  Villate, 
lieutenant  de  cavalerie,  fils  de  Jacques, 
sieur  de  la  Baubinière  et  d'Anne  Vergnon, 
épouse  au  temple  de  Charenton,  septemb. 
1651,  Elisabeth  de  Lalouette,  fille  de  Ro- 
bert de  Lalouette  s^  de  Saulcy  et  de  Flo- 
rence d'Éguillon.  —  David  Eslard,  ancien 
de  Fontenay-le-Comte,  1563.  —  Jean  Es- 
viein,  maître  de  poste  h  Montansier,  ancien 
représentant  de  cette  église  au  synode  de 
Marennes,  1674.  —  Boniface  Esmieu,  mi- 
nistre, demandé  pour  l'église  de  Gignac, 
puis  pour  Colmar  ;  en  1567. 

ESLAYAS.  «  Extrait  du  rôle  du  pain 
fourni  aux  prisonniers  détenus  au  château 
de  Pau  :  Isaac  d'Eslayas,  du  bourg  de 
Départ  près  Orthez  ;  Daniel  de  Targuet, 
d'Orthez;  Jean  de  Honta,  de  Ste-Suzanne; 
Pierre  Lamarque  du  même  lieu,  entrés 
tous  quatre  le  7  juin  1688,  sortis  le  6  oc- 
tobre ;  Pierre  Casaillut,  entré  le  21  juillet, 
encore  détenu  le  l^r  janv.  1689  ;  Anne 
d'Amadine,  id.  du  jîO  juill.  au  1er  oct.  » 
(voy.  I,  163).  Du  6  octob.  1688  :  Certifi- 
cat de  délivrance  par  Raucourt,  greffier  du 
pari,  de  Pau,  à  de  La  Barre,  capitaine 
d'infanterie,  des  sieurs  Eslayas,  Targuet, 
Lamarque  et  Honta,  protestants  condam- 
nés à  servir  le  Roi  dans  ses  armées  » 
{Archiv.  B.-Pyr.  B  3999  et  4540).  —  Bo- 
niface Esmieux,  pasteur  vers  1567  (Bull. 
IV,  296). 

ESNARD  (Louis),  ou  Hesnard,  ministre 
de  Fontenay  [Haag,  IV  550].  II.  fît  ses 
études  de  théologie  à  Genève  où  il  est  ins- 
crit sur  le  livre  du  recteur  (Lud.  Hesnar- 


dus  Landigolensis),  à  la  date  du  15  sept. 
1566.  Il  fut  d'abord  ministre  au  Vigan 
(1378-84),  puis  à  La  Rochelle,  où  il  était 
encore  en  1590  {Bull.  IX,  321),  et  jouit 
de  bonne  heure  d'une  haute  considération 
puisqu'en  1577,  le  choix  des  églises  se 
porta  sur  lui,  lorsque,  sur  l'invitation  de 
Jean-Casimir,  électeur  palatin,  elles  en- 
voyèrent à  Francfort  un  député  pour  tra- 
vailler, de  concert  avec  ce  prince  et  quel- 
ques théologiens  luthériens,  à  un  projet 
de  réunion  qui  devait  être  soumis  à  l'ap- 
probation des  ministres  des  deux  commu- 
nions. Esnard  rendit  compte  de  sa  mission 
au  synode  national  de  Sainte-Foy,  qui 
accueillit  avec  joie  ses  communications  et 
nomma  des  commissaires  qui  assistassent, 
au  nom  des  églises  de  France,  aux  confé- 
rences qui  devaient  se  tenir  à  ce  sujet. 
Cette  tentative  de  conciliation  échoua 
connne  tant  d'autres. 

En  1581,  le  Poitou  députa  Esnard  à 
l'assemblée  politique  de  Monlauban,  et  en 
1593,  à  celle  de  Mantes  qui  l'élut  prési- 
dent, en  lui  adjoignant  Béraud,  député  de 
la  Haute-Guienne,  comme  vice-président, 
et  Sainte-Rhue-Chalmot,  députe  de  la  Sain- 
tonge,  comme  secrétaire  ^ 

Benoît  raconte  qu'à  la  suite  d'une  con- 
férence entre  Du  Plessis-Mornay  et  Ville - 
roy,  il  avait  été  convenu  que  les  docteurs 
des  deux  religions  s'assembleraient  pour 
discuter,  en  présence  du  roi,  les  matières 
de  controverse,  afin  d'éclairer  complète- 
ment la  conscience  de  Henri  IV.  Ce  prince 
fit  semblant  d'approuver  cet  expédient  ;  il 
écrivit  même  aux  églises  pour  les  inviter 
à  envoyer  à  Mantes  des  personnes  capa- 
bles de  défendre  leurs  doctrines.  Les  ca- 
tholiques se  montrèrent  inquiets  de  cette 
résolution  ;  mais  une  lettre  du  chancelier 
à  l'évêque  de  Chartres  où  il  lui  disait  : 
«  qu'il  pouvait  venir  en  assurance,  sans  se 
mettre  en  peine  de  théologie,  »  les  rassura, 
en  même  temps  qu'elle  apprit  aux  réfor- 
més ce  qu'ils  devaient  attendre  de  cette 
prétendue  conférence.  Néanmoins,  pour  ne 

1  D'après  le  vol.  220  de  Brienne,  complété  et 
corrigé  par  le  T.  II  de  la  Collection  Conrart,  où 
l'on  trouve  également  une  copie  des  actes  de 
cette  assemblée,  les  autres  députés  furent  Mava- 
vat,  La  Vallière,  Montlouel,  Chouppes,  Montigny, 
La  Motte,  Du  Breidl-Chalmot,  Dangeau,  Pujols, 
Roian,  Feydeau,  Boucaud,  Bretauville  et  Civile. 
Cette  liste  est  évidemment  incomplète. 


77 


ESNARD 


78 


pas  fournir  aux  prélats  romains  l'occasion 
de  se  vanter  d'avoir  fait  fuir  les  ministres, 
on  jugea  nécessaire  de  répondre  aux  let- 
tres du  roi  en  envoyant  des  députés  à 
Mantes.  Henri  IV  n'attendit  même  pas 
leur  arrivée  pour  faire  son  abjuration. 

L'assemblée  s'ouvrit  le  lundi  8  novemb. 
1593.  Après  la  vérification  des  pouvoirs, 
on  passa  à  l'examen  des  cahiers  des  pro- 
vinces et  l'on  en  fit  un  cahier  général 
{Collect.  Du  Puy,  vol.  213),  qui  ne  fut 
prêt  que  le  9  déc.  à  être  envoyé  au  roi. 
Dans  l'intervalle,  lundi  lo  nov.,  l'assem- 
blée avait  député  Maravat  et  La  Vallière 
à  Henri  IV,  qui  était  alors  à  Dieppe,  pour 
le  prier  de  fixer  le  jour  où  il  lui  plairait 
de  donner  audience  aux  députés  des  églises 
réformées.  Mais  le  roi^,  à  qui  son  abjura- 
tion avait  attiré  d'amers  reproches  de  la 
part  surtout  de  la  reine  Elisabeth,  et  qui 
ne  doutait  pas  que  ses  anciens  corehgion- 
naires  ne  lui  tinssent  le  même  langage, 
redoutait  de  se  trouver  en  leur  présence, 
et  de  leur  côté,  ses  conseillers  catholiques 
ne  négligeaient  rien  pour  le  détourner 
d'une  entrevue  indispensable  ;  car  il  ne 
pouvait  refuser  de  voir  les  députés  des 
églises,  sans  avoir  à  craindre  d'irriter  le 
parti  huguenot,  avec  lequel  il  fallait  encore 
compter.  Pendant  que  Maravat  et  La  Val- 
lière se  rendaient  à  Dieppe,  Sancy,  pre- 
mier maître  d'hôtel,  arriva  à  Mantes  pour 
annoncer  à  l'assemblée  que  le  roi  recevrait 
les  requêtes  des  églises  dans  huit  ou  dix 
jours,  et  lui  faire  entendre  que  «  quelque 
changement  de  religion  qu'il  eût  fait^  il 
n'avait  pas  changé  de  volonté  envers  les- 
dites  églises.  »  Le  2o,  l'assemblée,  comp- 
tant sur  la  prochaine  arrivée  de  Henri, 
décida  qu'elle  lui  présenterait  en  corps  les 
cahiers,  et  que  /.  Feydeau,  qui  fut  nommé, 
plus  tard,  président  protestant  de  la  cham- 
bre mi-partie  de  Guienne  sur  la  présenta- 
tion de  l'assemblée  de  Saumur  \  porterait 
la  parole,  assisté  de  Montlouet,  Chouppes, 
Esnard,  Montigny,  La  Motte  et  Du  Breuil- 
Chalmot.  Le  27,  Maravat  fut  de  retour  de 

*  Voici  la  composition  de  cette  chambre  :  Pré- 
sident :  Feydeau  ;  conseillers  ;  Oaillard  de  Bous- 
sanes,  Jean  Morin  ou  Maurin,  Raymond  Feyru- 
queau,  Etienne  Trellier  ou  IVeilles,  Jacques  de 
Rabat,  Elie  Festineau  ;  substitut  de  l'avocat  du 
roi  :  Jean  de  Bacalan  (Brienne,  209).  D'après 
Arch.  gén.  K.  107,  il  faut  ajouter  de  Vergnes, 
substitut  du  procureur  général,  et  Isaac  Thierry 
receveur  des  amendes. 


Dieppe  avec  son  collègue,  et  annonça  que 
le  roi  viendrait  en  personne  «  recevoir  les 
remonstrances  et  donner  contentement  à 
toutes  les  églises.  »  Le  samedi  11  déc, 
Henri  IV  arriva  enfin,  et  dès  le  lendemain, 
l'assemblée  fut  admise  en  sa  présence. 
Après  une  courte  harangue,  dans  laquelle 
il  analysa  brièvement  le  volumineux  ca- 
hier des  plaintes,  Feydeau  le  présenta  au 
roi  qui  le  reçut  gracieusement.  Il  avait 
voulu,  répondit-il,  voir  les  représentants 
des  églises  pour  trois  raisons  :  la  première, 
pour  leur  attester  que  son  changement  de 
religion  n'avait  apporté  aucun  changement 
dans  son  affection  pour  eux  ;  la  seconde, 
parce  qu'il  n'avait  pas  voulu  conclure  la 
paix,  sans  les  consulter,  afin  qu'il  ne  se 
fît  rien  à  leur  préjudice  ;  la  troisième, 
parce  qu'averti  des  plaintes  de  plusieurs 
églises,  il  avait  désiré  en  être  informé  plus 
particulièrement  afin  d'y  pourvoir.  Il  re- 
mit ensuite  le  cahier  au  chancelier  en  le 
chargeant  de  l'examiner,  et  congédia  les 
députés  en  les  invitant  à  désigner  six 
d'entre  eux  «  pour  en  traicter  avecq  ceux 
qu'il  choisiroit  de  son  conseil  ausquels  il 
bailleroit  cette  charge  à  donner  contente- 
ment ausdits  députés.  »  L'assemblée  nom- 
ma donc  Montlouet,  Pujols,  Rotan,  Monti- 
gny, La  Motte,  Feydeau,  et  Boucaud  com- 
me suppléant  de  Feydeau  qui  était  malade. 
Les  six  commissaires  se  rendirent  à,  Ver- 
non,  où  le  roi  s'était  retiré  :  mais  quelle 
déception  les  y  attendait  !  Le  chancelier 
leur  avoua  «  qu'à  la  vérité  les  demandes 
contenues  ausdits  cahiers  estoient  justes 
et  raisonnables,  »  et  cet  aveu,  il  ne  pou- 
vait guère  se  dispenser  de  le  faire,  car  les 
demandes  des  protestants  se  réduisaient  à 
ces  quatre  points  principaux  :  libre  exer- 
cice de  leur  religion,  sécurité  pour  leurs 
personnes  et  pour  leurs  biens,  administra- 
tion impartiale  de  la  justice,  et  admission 
de  tous  les  Français  indistinctement  aux 
emplois.  Mais,  ajouta  le  chancelier,  «  pour 
le  présent  les  affaires  de  S.  M.  ne  peuvent 
permettre  de  consentir  à  accorder  les  arti- 
cles contenus  ausdits  cahiers.  »  Les  com- 
missaires allaient  repartir  avec  cette  ré- 
ponse, lorsque  Bouillon  et  Du  Plessis  firent 
valoir  avec  tant  de  force  l'inconvenance 
d'un  pareil  procédé  et  les  funestes  consé- 
quences de  l'irritation  qu'il  produirait, 
qu'on  se  décida  à  nommer  une  commis- 
sion,   mais   composée    exclusivement   de 


79 


ESNARD 


80 


catholiques.  Après  plusieurs  séances  per- 
dues en  discussions  sans  résultat,  il  fallut 
y  adjoindre  Bouillon  et  Du  Plessis  qui 
firent  enfin  avancer  la  solution  de  la  ques- 
tion. On  dressa  un  projet  en  un  certain 
nombre  d'articles  dont  voici  les  plus  im- 
portants :  abolition  des  édits  arrachés  à 
Henri  III  par  la  Ligue  ;  rétablissement  de 
l'édit  de  1377  avec  les  interprétations  de 
Nérac  et  de  Fleix  ;  dédommagements  aux 
réformés  pour  les  pertes  que  les  traités 
avec  la  Ligue  leur  avaient  fait  éprouver  ; 
rétablissement  de  la  religion  catholique 
dans  tous  les  lieux  tenus  par  les  protes- 
tants ;  libre  exercice  de  la  religion  réfor- 
mée dans  les  villes  de  l'obéissance  du  roi, 
il  la  cour  dans  la  maison  de  Catherine  de 
Navarre,  du  duc  de  Bouillon,  de  La  Tré- 
moille,  de  Rohan,  de  Du  Plessis  ;  à  l'ar- 
mée chez  les  capitaines  de  gendarmes  et 
les  mestres- de-camp  ;  constitution,  sous  le 
nom  de  la  sœur  du  roi,  d'un  fonds  destiné 
à  l'entretien  du  ministère  ;  validité  des 
dons  aux  églises  et  aux  pauvres,  etc. 
L'assemblée  refusa  d'accepter  ces  articles, 
parce  qu'ils  ne  pourvoyaient  pas  à  l'admi- 
nistration de  la  justice,  et  parce  que  les 
sûretés  offertes  aux  protestants  étaient  in- 
suffisantes. Elle  chargea  Montigny,  La 
Motte,  Du  Breuil-Chalmot  et  Sarrasin  de 
dresser  des  remontrances  {Bi'ienne,  vol. 
220)  qui,  signées  par  tous  les  députés, 
furent  portées  à  Henri  IV  par  Montlouet, 
Chouppes,  Esnard,  de  Gasques,  de  La 
Motte,  Du  Breuil-Chalmot.  La  députation 
fut  reçue,  le  21  jan\ .,  par  le  roi  qui  ré- 
pondit 6  qu'il  ne  pouvoit  pour  le  présent 
ordonner  autre  chose  synon  remettre  sus 
l'édit  de  l'an  lo77  avec  les  responses  qui 
avoient  esté  faictes  par  lesdits  sieurs  de 
son  conseil  sur  les  cahiers  desdits  dépu- 
tés. »  Il  daigna  d'ailleurs  ajouter  qu'il  le 
ferait  fidèlement  exécuter  et  qu'il  pourvoi- 
rait aux  besoins  des  pasteurs  et  des  églises, 
sans  vouloir  toutefois  en  donner  la  pro- 
messe par  écrit.  De  l'avis  de  Bouillon,  La 
TrémoiUe,  Du  Plessis,  l'assemblée  renonça 
«  pour  le  présent  à  plus  faire  aulcune 
poursuite,  »  et  les  députés,  déçus  de  tou- 
tes leurs  espérances,  retournèrent  chacun 
dans  sa  province.  Le  seul  fruit  de  cette 
assemblée  fut  le  renouvellement  du  ser- 
ment d'union.  Ce  serment,  ils  l'avaient 
déjà  prêté  à  INimes,  à  Montauban,  à  La 
Rochelle,  en  la  présence  même  du  roi  de 


Navarre  ;  mais  ce  fut  la  première  fois 
qu'ils  le  prêtèrent  avec  l'agrément  du  roi 
de  France,  et  ils  attachèrent  un  grand 
prix  à  cette  formule. 

Le  résultat  dérisoire  de  l'assemblée  de 
Mantes  mécontenta,  on  devait  s'y  attendre, 
les  églises  réformées,  et  la  marche  des  évé- 
nements était  bien  propre  à  justifier  leurs 
alarmes.  Sentant  la  nécessité  de  se  prépa- 
rer à  tout  et  de  resserrer  encore  les  liens 
de  leur  confédération,  les  huguenots  réso- 
lurent de  tenir  une  nouvelle  assemblée 
politique.  Trente  députés  se  réunirent 
donc,  au  mois  de  mai  1S94,  à  Sainte-Foy, 
sans  se  mettre  en  peine  d'en  demander  la 
1  ermission  au  roi  qui,  ne  voulant  pas  ac- 
coutun)er  ses  sujets  réformés  à  semblable 
licence,  se  hâta  d'autoriser  l'assemblée  par 
brevet.  Le  but  principal  de  cette  assemblée 
était  une  nomination  d'un  protecteur  des 
églises,  chacun  reconnaissant  (jue,  depuis 
sa  conversion,  Henri  IV  ne  pouvait  plus 
protéger  des  gens  que  sa  nouvelle  religion 
lui  faisait  un  devoir  d'exterminer.  Le  duc 
de  Bouillon,  trop  fin  politique  pour  se 
mettre  lui-même  à  la  tête  du  parti,  pro- 
posa de  conférer  ce  titre  à  l'électeur  pala- 
tin ;  mais  les  consistoriaux,  las  «  de  la  ty- 
rannie protectorale,  »  qui  avait  toujours 
sacrifié  l'intérêt  général  à  l'intérêt  particu- 
lier du  protecteur,  ne  voulurent  point  con- 
sentir à  l'élection  d'un  nouveau  chef,  et 
leur  sentiment  ayant  prévalu,  on  créa  un 
Conseil  général,  composé  d'un  député  de 
chaque  province.  La  France  protestante 
entière  fut  divisée  en  dix  provinces  :  1° 
Bretagne  et  Normandie,  2o  Picardie, 
Champagne,  Sedan  et  Pays-Messin,  3°  Isle- 
de-France,  Pays-Chartrain,  Dunois,  Berri 
et  Orléanais,  4°  Touraine,  Anjou,  Maine, 
Perche,  Vendomois  et  Loudunois,  5°  Sain- 
tonge,  Aunis,  La  Rochelle  et  Angoumois, 
fio  Haut  et  Bas-Poitou  et  Châtellerauldois, 
7o  Bourgogne,  Lyonnais,  Provence  et 
Dauphiné,  8°  Bas-Languedoc,  Basse  Au- 
vergne et  Basse -Guienne,  9»  Gascogne, 
Bordelais,  Agénois,  Périgord  et  Limousin, 
10»  Haut -Languedoc,  Haute  -  Auvergne  et 
Haute-Guienne.  Les  trois  ordres  devaient 
être  représentés  dans  le  Conseil  général  ou 
Directoire,  à  peu  près  comme  ils  l'étaient 
dans  les  États -généraux,  savoir  :  par  qua- 
tre gentilshommes,  deux  ministres  et  qua- 
tre membres  du  tiers-état.  Les  provinces 
devaient,  par  rotation,  choisir  tour  à  tour 


81 


ESNARD   —   ESPA(}NE 


82 


leurs  députés  dans  chacun  des  trois  or- 
dres, et  pour  régler  de  quel  ordre  serait, 
pour  la  première  fois,  le  député  de  chaque 
province  on  décida  qu'on  s'en  rapporterait 
au  sort.  Le  Directoire  devait  se  renouveler 
par  moitié,  tous  les  six  mois,  de  telle  ma- 
nière que  les  cinq  plus  anciens  députés  se 
retireraient  pour  faire  place  à  d'autres. 
Les  ducs,  les  lieutenants-généraux  et  au- 
tres personnes  qualifiées  pouvaient  y  être 
admis,  avec  voix  délihérative,  ne  fussent - 
ils  pas  députés.  Le  Conseil  général  devait 
correspondre  avec  les  dix  Conseils  provin- 
ciaux, composés  de  cinq  ou  sept  membres 
des  trois  ordres.  Les  Conseils  provinciaux 
étaient  particulièrement  chargés  de  re- 
cueillir et  de  transmettre  au  Conseil  gé- 
néral les  avis  et  les  mémoii'es,  d'entrete- 
nir la  concorde  entre  les  grands  seigneurs 
du  parti,  de  faire  la  répartition  d'un  impôt 
de  45,000  écus,  levé  sur  les  églises  dans 
l'intérêt  de  la  Cause  et  d'en  régler  l'emploi, 
de  veiller  sur  les  places  de  sûreté,  d'assu- 
rer la  paye  des  garnisons,  même  en  sai- 
sissant les  deniers  royaux  ;  en  un  mot,  ils 
exerçaient,  chacun  dans  son  ressort,  la 
même  autorité  que  le  Conseil  général  sur 
toutes  les  églises.  Les  membres  des  Conseils 
devaient  prêter  le  serment  d'union,  et  il 
leur  fut  alloué  une  indemnité  à  la  charge 
(le  chaque  province.  Outre  ce  règlement, 
l'assemblée  adopta  huit  articles  secrets, 
portant  :  lo  qu'on  demanderait  des  cham- 
bres mi-parties,  et  que  si  on  ne  pouvait 
les  obtenir,  on  récuserait  tous  les  parle- 
ments, les  présidiaux  et  autres  juges 
royaux  ;  2°  qu'on  aurait  recours  à  l'inter- 
vention de  la  reine  d'Angleterre  et  des 
Provinces-Unies  pour  tirer  les  églises  d'un 
état  intolérable  ;  3o  qu'on  exhorterait  les 
grands  à  la  piété  et  à  l'union  :  que  chaque 
province  serait  autorisée  à  doubler  le 
nombre  de  ses  députés  à  la  prochaine  as- 
semblée générale,  vu  l'importance  des 
questions  qui  s'y  devaient  traiter  ;  5°  qu'on 
rétablirait  la  messe  partout  où  elle  était 
avant  la  dernière  guerre,  mais  6°  qu'on 
attendrait  le  retour  des  députés  en  Cour 
pour  savoir  si  l'on  admettrait  les  catholi- 
ques aux  charges  dans  les  villes  tenues 
par  les  protestants;  7o  qu'on  désavouerait 
tout  ce  qu'une  province  ferait  sans  l'agré- 
ment des  autres,  article  dirigé  contre  la 
province  de  l'Isle-de-France,  qui  ne  s'était 
pas  contentée  d'accepter  purement  et  sim- 


plement l'édit  de  1577,  mais  qui  avait 
poussé  la  faiblesse  jusqu'à  consentir  à  un 
projet  d'union  entre  les  Gallicans  et  les 
Réformés  ;  enfin,  8o  qu'il  était  permis  à 
plusieurs  provinces  contiguës  de  s'unir  en 
un  seul  conseil  provincial. 

En  organisant  aussi  fortement  le  parti 
huguenot,  l'assemblée  de  Sainte-Foy  sauva 
peut-être,  en  France,  la  cause  du  protes- 
tantisme. Comme  il  nous  a  été  impossible 
d'en  retrouver  les  actes,  nous  ne  saurions 
dire  si  Esnard  y  assista.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  qu'à  cette  époque  il  était  toujours 
ministre  de  Fontenay,  et  que  l'église  de 
La  Rochelle  le  demanda  pour  pasteur  sans 
pouvoir  l'obtenir.  En  1596.  il  fut  député 
à  l'assemblée  politique  de  Loudun  qui  l'é- 
lut vice-président.  En  1598,  le  synode  na- 
tional de  Montpellier  le  choisit  pour  un 
des  commissaires  qu'il  chargea  de  corriger 
les  éditions  fautives  de  la  Discipline.  A 
partir  de  cette  époque,  il  n'est  plus  fait 
mention  de  lui.  On  sait  seulement  (B.  Fil- 
Ion,  Hist.  de  l'égl.  de  Fontenay)  qu'il  ter- 
mina sa  carrière  à  la  fin  de  l'an  1598.  — 
Marc  Esnard,  de  ïourette  en  Provence, 
assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Alle- 
magne, 1699. 

ESNÉ  (Abraham),  de  La  Rochelle,  assisté 
à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Allemagne, 
1702.  —  Esneau,  famille  saintongeoise, 
voy.  Aineau  (t.  I  col.  59)  et  les  Décis.  ca- 
thol.  de  Filleau,  p.  704  ;  Esneau  ancien 
et  secrétaire  de  l'église  française  de  Cassel 
en  1697  {Bull.  XXÏV,  270)."  Charles  Jolly 
sieur  d'Esnaiix,  écuyer  et  Judith  André 
sa  femme  font  baiitiser  un  fils,  Henry^ 
dans  l'église  de  Cozes  en  Saintonge,  mai 
1685.  —  Samuel  Esnoiit,  chirurgien,  fugi- 
tif de  l'élection  d'Alençon,  1685.  —  Isaac 
Espaignac,  ministre  à  Graisserac,  1620  ; 
à  St-Géniès,  1626.  —  André  Espagniac, 
c(  de  la  ville  d'Alais,  confesseur  de  Dijon 
où  il  est  resté  21  mois  en  prison,  »  assisté 
à  Lausanne,  4  mai  1688. 

1.  ESPAGNE  (Geoffroy  d'),  seigneur 
de  Vénevelles,  gentilhomme  du  Maine, 
eut  de  son  mariage  avec  Catherine  de  Cus- 
sac,  dame  de  Saint-Brice  en  Limousin, 
deux  fils  nommés  Lazare  et  Nicolas.  Le 
cadet,  sieur  de  Champdurand,  épousa,  en 
1568,  Léa  Boutant,  lille  de  Claude,  sei- 
gneur de  Laubonnière,  et  en  eut  Jeanne, 
femme  de  Benjamin  de  Banconnet,  sieur 
d'Escoire.    L'aîné,   seigneur  d'Espagne  et 


83 


ESPAGNE 


84 


de  Vénevelles  \  servit,  avec  le  grade 
d'enseigne,  dans  la  compagnie  de  Mali- 
corne,  à  ce  qu'on  lit  dans  le  Nobiliaire 
de  Saint- Allais.  Il  prit  pour  femme,  14  nov. 
1573,  Anne  Boutant  ^,  sœur  consanguine  de 
Léa,  et  fut  père  de  deux  fils,  Paul  et  La- 
zare, sieur  de  Laubonnière,  plus  une  fille, 
Marie,  femme  de  Jean  de  Bonnefoi.  Ils 
eurent  aussi  un  fils,  Jacques,  qui  était 
l'aîné  (né  vers  1576)  mais  qui  mourut 
jeune  et  au  sujet  duquel  Henri  IV  écrivit 
à  Anne  Boulaud  (4  juill.  1588)  l'aimable 
lettre  que  voici  : 

Mademoiselle  de  Vénevelles,  ce  m'est 
beaucoup  de  déplaisir  de  vous  écrire  pour 
un  si  mauvais  sujet,  mais  puisque  c'est 
chose  qui  ne  vous  peut  être  celée,  j'aime 
mieux  vous  en  avertir  que  si  c'étoit  un  au- 
tre qui  ne  pourroit  vous  en  conter  l'histoire 
si  au  vray  comme  moy.  Pour  donc  com- 
mencer ce  triste  événement  je  vous  diray 
comme  il  a  plu  à  Dieu  prendre  votre  fils 
que  m'aviez  donné  Page,  dont  je  porte  en- 
core un  plus  grand  ennuy,  parceque  j'es- 
pérois  en  faire  un  honnête  homme  ;  mais 
puisque  c'est  la  volonté  Divine,  il  nous  y 
faut  tous  conformer  et  ce  qui  vous  doit  ap- 
porter de  la  consolation  en  cette  afflction 
est  que  vous  avez  d'autres  enfans  p  )ur  les- 
quels si  j'ay  moyen  de  faire  quelque  chose, 
et  pour  vous,  ci'oyés  que  je  m'y  emploiré 
comme  une  personne  désirente  de  vous 
rendre  tous  les  témoignages  qu'elle  pouiTa 
de  la  bonne  volonté  qu'elle  vous  porte. 
Vous  saurés  par  ceux  qui  ont  traité  votre 
dit  fils  que  l'on  a  rien  épargné  pour  sa  gué- 
rison  :  mais  la  diligence  des  hommes  n'a 
pu  divertir  la  condicion  sous  laquelle  il 
étoit  né.  Je  vous  puis  assurer  que  tant 
pour  l'aquit  de  ma  conscience  que  pour  le 
désir  que  j'avois  qu'il  se  put  garantir  de 
cette  maladie,  je  l'ai  fait  secourir  le  mieux 
que  j'ai  pu.  Je  vous  diray  encore  une  fois 
que  ce  me  sera  un  extrême  contentement 
de  faire  chose  qui  puisse  aporter  utilité  a 
vous  et  a  vos  enfans,  comme  celui  qui  a 
jamais  sera  Votre  plus  fidèle  et  très  assuré 
ami  Henry  de  bourbon '. 

1  Dans  son  contrat  de  mariage  :  Noble  et 
puissant  Lazare  d'Espagnes  seigneur  de  Vénevel- 
les, S'-Brice  et  Chally,  demeurant  au  lieu  noble 
de  Vénevelles,  paroisse  de  Lucbé,  évesché  du 
Mans. 

2  L'acte  de  mariage  et  les  conventions  matri- 
moniales qui  le  précédèrent  sont  aux  Carrés  d'Ho- 
zier  (Bibl.  nat.)  t.  238. 

*   Bibl.  nat  .Carrés  d'Hozier,  tome  238  p.  274. 


Paul  d'Espagne,  seigneur  de  Vénevelles 
et  de  Coulaines,  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi  Henri  IV,  fut  député, 
en  1615,  par  les  églises  de  sa  province,  à 
l'assemblée  politique  de  Grenoble,  qui 
l'envoya,  avec  Cagny,  auprès  de  Condé,  en 
les  chargeant  de  sonder  les  véritables  in- 
tentions du  prince  et  de  s'assurer  des  for- 
ces de  son  parti.  Vénevelles  prit  aussi 
une  part  active  à  la  négociation  du  traité 
de  paix,  et  fut  porté,  par  l'assemblée  de 
La  Rochelle,  sur  la  liste  des  commissaires 
pour  l'exécution  de  l'édit  de  pacification. 
Il  mourut  avant  1620,  année  oii  sa  veuve 
se  remaria  avec  Gédéon  de  Pressac.  De 
son  mariage  avec  Marie  de  Pons,  fille  de 
Jacques  de  Pons-Mirambeau,  qu'il  avait 
épousée  en  1606,  naquit  Henri,  seigneur 
de  Vénevelles,  de  Coûts  et  de  La  Same- 
lière,  gentilhomme  de  la  chambre  de  Louis 
XIH,  en  1636,  et  gouverneur  de  Belfort, 
qu'il  défendit  vaillamment.  Les  services 
qu'il  rendit  lui  obtinrent  l'érection  en  mar- 
quisat de  sa  terre  de  Vénevelles.  Sa  fem- 
me, Susanne  Le  Vasseur.  fille  de  Louis, 
seigneur  de  Goignée,  lui  donna  une  fille, 
Susanne,  et  deux  fils.  Le  second,  Louis- 
Paul,  marquis  de  Vénevelles,  né  en  1650 
se  maria,  au  temple  de  Clenné  près  Ren- 
nes, le  28  janv.  1685  avec  d"e  Claude  Mar- 
guerite, 21  ans,  fille,  de  Claude- Charles 
Gonyon,  baron  de  Marcé  vicomte  de  Tor- 
chant, et  de  Marie  d' Appelvoisin  sa  fem- 
me ;  mais  quelques  mois  après,  il  était 
mis  à  la  Bastille,  et  forcé  d'abjurer.  Le 
frère  aîné,  Henry,  seigneur  de  Coûts  et 
d'Avaines,  était  capitaine  au  régiment  de 
Tilladet  et  avait  pris  pour  femme,  à  Cha- 
renton  le  12  janv.  1681,  Claude  Chanson 
ou  Chanson,  fille  d'un  capitaine  suisse. 
Un  fils  Louis-Henry  leur  naquit  le  29  août 
1685  dans  leur  château  d'Huillé  prés  Dur- 
tal  en  Anjou.  C'était  deux  mois  avant  la 
Révocation  ;  le  baptême  de  cet  enfant  fut 
toute  une  affaire.  Théod.  Barin  pasteur 
de  Saumur  avait  été  désigné  (18  juill.)  par 
l'Intendant  de  la  province  pour  le  bapti- 
ser, mais  arrêté  et  emprisonné  à  Marans, 
l'Intendant  désigna  à  sa  place  M.  de  Hau- 
tecourt,  autre  pasteur,  qui  accomplit  la 
cérémonie  du  baptême  à  Tours,  le  4  sep- 
temb.  1685,  en  présence  de  Jean  Tasche- 
reau  seigneurdeBaudry  conseiller  du  Roy, 
lieutenant  particulier  de  Touraine.  Le  père 
et  la  mère  purent  s'enfuir  du  royaume,  et 


85 


ESPAGNE 


86 


plus  tard,  après  la  mort  du  père,  un  de 
leurs  fils.  HenrYj  rentra  en  France  et  ab- 
jura pour  obtenir  la  restitution  des  biens 
de  sa  famille. 

=  Armes  :  D'azur  à  un  peigne  [d'Es- 
paigne]  d'argent  posé  en  fasce,  accompa- 
gné de  3  étoiles  d'or^  2  et  1.  Ces  armes 
parlantes  et  bourgeoises  séparent  absolu- 
ment les  d'Espagne  dont  il  vient  d'être 
question  des  grands  personnages  du  même 
nom  qui  figurèrent  dans  l'Hist.  des  XlVme 
et  XV™e  siècles,  tels  que  Loys  comte  de 
Chalamont,  amiral  de  France^  Charles  sei- 
gneur de  Lunel,  Charles  connétable  vers 
1350^  Bertrand  maréchal  du  comte  de  Poi- 
tiers, Arnault  sire  de  Montespan  sénéchal 
de  Périgord  puis  de  Quercy  et  de  Carcas- 
sonne  de  1350  à  1370  ;  tous  ceux-ci  por- 
taient un  lion  passant,  avec  diverses  piè- 
ces accessoires. 

2.  DESPAGNE  (Martin)  «  fils  de  Jehan 
Despagne  le  vieux,  de  Chausseau  en  Dau- 
phiné,  »  reçu  habitant  de  Genève  le  1er 
janvier  1560.  —  Très  vraisemblablement 
ces  deux  dauphinois  sont  des  ancêtres  de 
Henri  d'Espagne  qu'on  trouve  pasteur  à 
Mizoën  [X,  330],  dans  le  colloque  de 
Grésivaudan,  puis  au  Bourg  d'Oisans,  de 
1591  à  1626.  ayant  pour  collègue  un  autre 
Henri  d'Espagne,  son  fils,  qui  fut  déchar- 
gé en  1637  [X,  348].  On  doit  englober 
peut-être  dans  la  même  famille  Jeanne  et 
Isabeau  d'Espagne  arrivant  à  Genève,  de 
Beaufort  en  Dauphiné,  en  1691,  et  assis- 
tées là  d'un  viatique  de  2  écuspour  les  ai- 
der à  gagner  le  Brandebourg. 

Henri  d'Espagne  le  père  eut  un  autre 
fils,  Jean,  né  à  Mizoën  en  1591  et  qui  sui- 
vit aussi  la  carrière  pastorale.  Il  fut  émi- 
nent  comme  pasteur  et  comme  écrivain. 
Admis  au  saint  ministère  en  1617,  il  est 
donné  d'abord  à  l'église  d'Orange  et  on 
le  trouve  porté  comme  tel  sur  la  liste  des 
pasteurs  arrêtée  au  synode  d'Alais,  1620. 
Il  n'y  était  plus  en  1626  et  était  passé  en 
Hollande,  où  il  desservait  l'église  de  La 
Haye  à  l'époque  du  siège  de  La  Rochelle 
(1628).  Son  zèle  pour  la  défense  de  cette 
ville  héroïque,  boulevard  du  protestantis- 
me français,  enflammait  ses  auditeurs  au- 
tant qu'il  mécontentait  le  gouvernement 
hollandais,  car  le  prince  d'Orange  passait 
pour  avoir  vendu  à  Richelieu  sa  complai- 
sante neutralité.  En  outre,  Jean  d'Espa- 
gne, calviniste  absolu,  parlait  hautement 


contre  les  libéraux  de  ce  temps-là,  les  Ar- 
miniens. La  chaire  lui  fut  interdite  dans 
toute  la  Hollande,  et  il  passa  en  Angle- 
terre, 1629.  En  1636,  il  revint  à  Orange 
où  il  resta  une  année  et  prêcha  vingt  fois, 
puis  il  retourna  à  Londres  où  M.  de  Sou- 
bize  (Benjamin  de  Rohan)  le  retint  comme 
ministre  de  sa  maison,  en  lui  permettant 
d'aller  prêcher  quelquefois  au  loin,  dans 
diverses  églises,  et  il  resta  auprès  de  ce 
seigneur  jusqu'à  la  mort  de  celui-ci  arrivée 
en  1642.  Aussitôt  il  ouvrit  un  lieu  de  cul- 
te, à  leur  demande,  pour  les  Français  qui 
habitaient  le  quartier  de  Westminster,  mal- 
gré l'opposition  du  consistoire  de  l'église 
de  Londres,  et  s'y  maintint  comme  pasteur 
d'une  chapelle  dissidente  (en  fait  non  en 
doctrine)  que  le  comte  de  Pimbroke  re- 
cueillit dans  la  chapelle  de  son  hôtel  de 
Durham,  puis  celle-ci  ayant  été  démolie, 
dans  la  chapelle  de  l'hôtel  de  Somrnerset, 
où  il  resta  jusqu'à  sa  mort  {Bull.  VIII, 
141),  arrivée  le  25  avril  1659  '. 

Jean  d'Espagne  est  l'auteur  de  nombreux 
ouvrages,  généralement  inspirés  par  un 
esprit  curieux  et  critique,  mais  d'une  éru- 
dition trop  légère  pour  bien  traiter  les 
questions  qu'il  soulève. 

I.  Traité  des  anciennes  cérémonies  ou 
Histoire  contenant  leur  naissance  et  ac- 
croissement, leur  entrée  en  l'Église  et  par 
quels  degrez  elles  ont  passé  jusques  à  la  su- 
perstition; par  I.  Despagne,  ministre  du 
St-Év.  en  l'église  de  La  Haye,  Arnoult 
Meuris,  1629,  in-12  non  paginé.  —  Dédié 
au  roi  Charles  1er. 

II.  Anti-Duel,  the  anatomie,  of  duelis 
with  the  symptômes  thereof  ;  Lond.  1632 
in-4o.  Il  ne  parait  pas  y  en  avoir  d'édition 
française. 

III.  Les  erreurs  populaires  es  poincts  gé- 
néraux qui  concernent  l'intelligence  de  la 
Religion  ;  La  Haye,  Théod.  Maire,  1639, 
in-12  ;  Charenton,  M.  Mondière,  1643, 
in-12  ;  La  Haye,  F.  Verhove,  1661,  in-12; 
Charenton,  1668  ;  Middelbourg,  J.  Misson, 
impr.  des  Estais  de  Zelande,  1662  ;  trad. 
en  anglais,  Lond.,  1648  in-8o.  —  L'édi- 
tion de  1662  est  dédiée  au  roi  d'Angleterre 
Charles  H. 

1  Voy.  dans  le  £uU.  (Vni,  373)  l'épitaphe 
latine  qui  lui  fut  consacrée  dans  celte  chapelle- 
par  son  zélé  disciple,  éditeur  de  quelques-uns  de 
ses  ouvrages,  le  médecin  Théophile  de  Garenciè- 
res. 


ESPAGNE 


Sire,  le  l'eu  Roy,  Père  de  vôtre  Majesté, 
daigna  commander  l'impression  d'un  manus- 
ci-ipt  qui  estoit  les  prémices  de  ma  plume, 
sur  lequel  il  luy  avoit  pieu  jetter  les  yeux. 
En  quoy  sa  bonté  Royale,  eut  plutôt  esgard 
a  mon  zèle  qu'à  mon  ouvrage.  Celuy  que 
j'ose  mettre  aux  pieds  de  vôtre  Majesté 
porte  son  rebut  sur  le  front  '.  Mais  la  clé- 
mence d'icelle,  qui  daigne  estendre  la  veûe 
sur  l'Yssoppe  aussi  bien  que  sur  les  Cèdres 
du  Liban,  me  fait  espérer  son  favorable 
aspect.  Le  Seigneur  Dieu  vueille  accepter 
vos  oblations,  faire  fiorir  vôtre  Diadème  et 
affermir  vostre  Throne  comme  celuy  du  So- 
leil. 

Voici  quelques-unes  des  erreurs  qu'il 
veut  signaler  : 

Premier  erreur  qui  jamais  nasquit  entre 
les  chrestiens  (croire  que  S.  Jean  l'évangé- 
liste  ne  mourrait  point).  Le  diable  fausse- 
ment accusé  de  toutes  les  mauvaises  pen- 
sées. Pourquoy  certains  articles  de  Foy 
sont  plus  faciles  a  notre  créance  que  les 
autres.  Pourquoy  les  révélations  divines  se 
communiquoient  aux  hommes  dans  leur 
sommeil.  Pourquoy  la  figure  corporelle  de 
J.-C.  n'est  point  dépeinte  en  l'Evangile. 
Pourquoy  la  vue  des  lieux  saints  en  oste 
l'admiration.  Que  la  science  produit  l'Athé- 
isme. Pourquoy  les  doctes  sont  sujets  à 
plus  de  doutes  que  le  simple  populaire.  Tout 
homme  a  une  opinion  naturelle  d'être  sauvé 
par  ses  oeuvres.  Pourquoy  les  dogmes  les 
plus  énoi-mes  se  retiennent  plus  opiniastre- 
ment  que  ceux  qui  sont  moins  absurdes. 
Des  similitudes  étranges.  De  la  science  in- 
fuse. De  ceux  qui  ne  savent  rien  que  par 
les  livres.  Des  matières  vulgaires  dans  les 
sermons.  Etc.  etc. 

IV.  La  manducation  du  corps  de  Christ 
considérée  en  ses  principes,  haEaje,  1640, 
in-8o  (dédié  cà  Frédéric-Henri,  prince  d'O- 
range) ;  Charent.,  1642,  in-12;  trad.  en 
angL,  Lond.,  16o2,  in-8°.  --  «  Il  a  fort 
bien  réussi,  dit  Bayle,  à  expliquer  la  doc- 
trine de  la  communion  eucharistique.  » 

V.  L'usage  de  l'oraison  dominicale  main- 
tenu contre  les  objections  des  novateurs  de 
ce  temps,  Lond.,  1646,  in-12;  trad.  en 
angl.,  Lond.,  1646,  in-S»;  autre  traduct. 
anglaise.  And.  Symeon,  1702,  in-S». 

VI.  Nouvelles  observations  sur  le  symbole 
de  la  foy  ou  Première  des  quatre  parties 
de  la  doctrine  chrétienne;  Londres,   Th. 

1  Le  mot  «  populaires.  » 


Whitaker,  1647,  in-8o.  —  Cet  ouvrage  et 
le  précédent  ont  été  réunis  ensemble,  trad. 
en  anglais  et  publiés  sous  le  titre  qui  suit  : 

VII.  On  the  Creed  and  Lord's  Frayer, 
Lond.,  1647,  in-S». 

VIII.  Sermon  funèbre  de  J.  d'Espagne 
sur  la  mort  de  sa  femme,  prononcé  le  31 
oct.  1647  ;  in-8o. 

IX.  Avei'tissement  touchant  la  fraction 
et  la  distribution  du  pain  dans  la  sainte 
Cène,  Lond.,  1648,  in-8o. 

X.  Sermon  sur  Gen.  XXIIL  1-2,  Cha- 
renton,  1648,  in-12. 

XI.  An  abiHdgment  of  a  sermon  prea- 
ched  on  the  Fast-day,  appointed  to  be  hold 
for  the  good  successe  of  the  treaty  that  tvas 
shortly  to  ensue  between  the  king  and  the 
parliament  ;  Lond.,  1648,  in-12.  —  Nous 
ne  connaissons  pas  d'édit.  franc,  de  ce 
sermon  avant  le  texte  qu'en  donne  le  re- 
cueil de  Genève  de  1671. 

XII.  Nouvelles  observations  sur  le  Dèca- 
logue  ou  Seconde  des  quatre  parties  de  la 
doctrine  chrétienne,  prêchées  sur  le  caté- 
chisme. Londres,  T.  Whitaker,  1649, 
in-12. 

XIII.  Observations  on  the  Decalogue, 
Lond.,  1652,  in-8o.  —  Traduct.  anglaise 
du  no  IX. 

XIV.  Considération  représentée  en  un 
sermon,  le  28  mars  1652,  sur  le  sujet  de 
l'éclipsé  qui  advint  le  lendemain,  Lond., 
1652,  in-12. 

XV.  Shibboleth  ou  réformation  de  quel- 
ques passages  es -versions  françoise  et  an- 
glaise de  la  Bible  ;  correction  de  diverses 
opinions  communes,  peintures  historiques 
et  autres  matières,  Lond.,  1653,  in-12  dé- 
dié àCromwell  ;  Middelb.,  1662  :  trad.  en 
angl.  par  Codrington,  Lond.,  1655,  in-8o. 

XVI.  Essay  des  merveilles  de  Dieu  en 
l'harmonie  des  tems,  des  générations  et  des 
plus  illustres  évènemens  y  enclos.  Ire  par- 
tie, Lond.,  1657,  in-8o  ;  trad.  en  angl., 
1662,  in-8o;  réimp.  sous  ce  titre  :  Essay 
des  merveilles  de  Dieu  en  l'harmonie  des 
tems  qui  ont  précédé  les  jours  de  Christ, 
et  comme  ils  se  rencontrent  en  luy,  sa  gé- 
néalogie, et  autres  mystères  préparatoires 
à  son  premier  advènement,  Lond.,  1668, 
in-8o  et  se  vend  par  Oliv.  de  Varennes  à 
Gharenton).  Portrait  gravé  de  l'auteur^; 
trad.  en  angl.,  Lond.,  1682,  in-8o. 

1  Sur  les  portraits  de  J.  d'Espagne  voir  l'arti- 


89 


ESPAGNE 


ESPAGNET 


90 


XVII.  Examen  de  XVII  maximes  judaï- 
ques, ensemble  un  Advertissement  prépara- 
toire à  la  réfutation  de  certains  calomnia- 
teurs ennemis  de  F  Harmonie,  Lond.,  16o7, 
in  80  ;  trad.  en  angl.^  Lond.,  1682,  in-8°. 

J.-Aut.  et  Sam.  de  Tournes  ont  réuni 
les  principales  œuvres  de  notre  pasteur 
sous  ce  titre  :  Les  œuvres  de  Jean  Despa- 
gne, min.  du  S^-Év.  en  l'église  française 
de  Londres  au  quartier  de  Westmiinster 
divisée  en  trois  tomes,  Genève,  1671,  2 
vol.,  in-12  ;  réimp.  à  La  Haye^  1674,  2 
vol.  in-12  de  588  et  5..  pages;  puis  à 
Berlin,  1673,  et  à  Zell,  1699,  et  trad.  en 
allem.  par  Hoflfmann^  Francf.,  1724.  Cha- 
cun des  ouvrages  qui  composent  ce  recueil 
dans  l'édition  de  Genève  a  un  titre  et  une 
pagination  spéciale  et  l'on  y  retrouve  avec 
ceux  que  nous  venons  de  mentionner  plu- 
sieurs autres  dont  nous  n'avons  pas  re- 
trouvé la  première  édition,  savoir  : 

XVIII.  Lettre  de  M.  Despagne  min.  du 
S^-Év.  dans  laquelle  il  justifie  la  vérité  de 
cet  oracle  de  S^-Paul  (Cor.  I,  15j  que 
Christ  a  esté  fait  les  Prémices  des  Dor- 
mans  et  qu'Eutiche  est  véritablement  res- 
suscité. 

XIX.  Exemples  des  jours  qui  ont  esté 
Fataux  en  Bien  et  en  Mal  en  diverses  an- 
nées aux  Rois,  aux  Royaumes,  aux  Gou- 
verneurs, aux  Nations  et  à  l'Eglise. 

XX.  Arnica  et  extemporanea  Collatio  in- 
ter  clarissimum  judseum  Rabbi  Menasseh 
ben  Israël  et  Joann.  Despagne,  Novi  Tes- 
tamenti  ministrum,  habitat  die  maii  I606 
(sic).  —  Le  Prosélyte.  Abrégé  d'un  ser- 
mon prononcé  en  l'égl.  fr.  de  Westmins- 
ter le  2  may  1658  (sic)  au  baptême  d'un 
mahométan  converti,  ensemble  des  ques- 
tions a  luy  faites. 

XXI.  Sermons.  1,  sur  la  mort  de  sa 
femme  ;  ci-dessus  no  VIII  ;  2,  sur  le  trai- 
té entre  le  Roi  et  le  Parlement  ;  ci-dessus 
no  XI  ;  3»,  sur  la  mort  (23  janv.  1650) 
de  Philippe  comte  de  Pembroke,  27  janv. 
1651  ;  4  et  5,  sur  l'ordination  d'un  pas- 
teur en  l'église  françoise  de  Cantorbéry 
Théodore  Crespin,  ordonné  le  5  mai  1650^; 
6,  sur  l'éclipsé,  28  mars  1652,  ci-dessus 
no  XIII  ;  7,  La  charité  du  parlera.  d'An- 

cle  qui  lui  a  été  consacré  par  son  compatriote 
M.  Ad.  Rochas  dans  sa  Biographie  du  Dauphiné 
(in-80  1856). 

1  Ci-dessus  t.  IV  col.  910,  où  on  l'a,  par  er- 
reur, prénommé  Jean. 


gleterre  envers  l'égl.  franc,  de  Westmins- 
ter ;  8,  abrégé  de  ce  qui  a  été  presché  au 
sujet  de  l'éclipsé  de  soleil  advenue  le  2 
aoust  1654. 

Nous  achèverons  de  peindre  notre  pas- 
teur en  transcrivant  le  court  Avertisse- 
ment que  les  de  Tournes  mirent  douze  ans 
après  sa  mort,  en  tête  de  leur  édition  de 
1671  : 

Il  y  a  longtemps  que  Monsieur  Despagne 
s'est  acquis  de  l'estime  parmi  les  Personnes 
lettrées,  et  qu'on  a  vu  paroître  en  lui  quel- 
que chose  de  singulier  en  diverses  Remar- 
ques qui  regardent  la  Sainte  Théologie,  qui 
sont  ou  pour  aider  a  l'intelligence  de  l'Es- 
criture  ou  pour  l'illustration  des  Mystères 
qu'elle  contient.  Ce  goust  exquis  et  non 
commun  qu'il  a  témoigné  en  ses  premières 
Productions,  et  l'application  qu'il  a  monti'é, 
à  des  sujets  qui  sembloient  donner  de  la 
difticulté  dans  les  Saintes  Lettres,  avec 
le  desir  qu'il  avoit  de  ne  pas  débiter  des 
choses  triviales,  ont  fait  rechercher  fort 
curieusement  les  Escrits  qu'il  a  donnez  au 
jour,  et  qui  ont  esté  imprimez  en  Angleterre 
ou  ailleurs,  sans  que  pourtant  un  grand 
nombre  de  ceux  qui  les  ont  recherché  ait 
trouvé  moyen  de  se  satisfaire  ;  soit  pour  la 
pêne  qu'il  y  a  d'avoir  par  de  ça  ce  qui 
s'imprime  en  ces  lieux-là,  soit  parce  que  la 
plus  part  de  ces  Traittez,  se  sont  rendus 
rares  et  difiiciles  à  recouvrer  dans  ces  der- 
nières Années.  C'est  ce  qui  a  obligé  un 
Théologien, afectionné  au  bien  du  Public, 
de  recueillir  avec  soin  les  Ouvrages  de  cet 
Auteur,  tant  ceux  qu'il  a  donnez  avant  sa 
mort,  que  ce  qu'on  a  pu  avoir  du  depuis, 
afin  que  l'on  pust  joiiïr  plus  librement  des 
lumières  qu'il  avait  reçues,  et  du  fruit  de 
ses  Travaux.  Et  comme  il  nous  les  a  con- 
fié après  les  avoir  revues,  et  que  nous  avons 
été  d'ailleurs  sollicitez,  de  divers  endroits, 
de  ne  pas  refuser  au  Public  cette  satisfac- 
tion de  les  publier  en  un  Corps,  étant  des 
Pièces  fort  désirées  :  Nous  avons  cru  que 
nous  y  devions  travailler  sans  plus  de  dé- 
lai :  Espérant  que  nos  soins  pour  ce  regard, 
ne  vous  seront  pas  désagréables. 

Il  est  fort  vraisemblable  que  Samuel 
d'Espagne  qui  épousa,  en  1670,  à  Lon- 
dres, Marie  Baudry,  était  fils  de  notre 
ministre  dauphinois. 

ESPAGNET  (Paul  d'),  lieutenant  du 
juge  de  Fezenzaguet,  député  par  le  Consis- 
toire de  Mauvezin  au  duc  d'Epernon,  ob- 
tient de  celui-ci  la  tenue  d'un  synode  dans 


91 


ESPAGNET  —  ESPALUNQUE 


92 


cette  ville  en  mai  1634.  Il  avait  épousé 
Denise  de  Saint-Faust,  qui  lui  donna  lo 
David,  né  le  H  nov.  1671;  2°  Isaac,  pré- 
senté au  baptême  par  Isaac  Las  Costes  de 
Barjan  et  par  Isabeau  de  Luppé  femme  du 
pasteur  Pierre  de  Saint-Faust,  23  mai 
1673.  Un  autre  membre  de  cette  famille 
avait  épousé  Anne  du  Vignaux  morte  en 
1628^  léguant  10  écus  pour  les  pauvres  au 
Consist.  de  Mauvezin.  —  Jean  Espaignet, 
réfugié  en  Angleterre,  y  était  shérif  de 
Wateiford  en  1707  (Pradel).  —  Espa- 
gnol ou  Lespagnol,  de  S^-Paul-Damiate, 
brave  soldat  tué  en  défendant  sa  ville  na- 
tale, en  1588.  «  Il  avoit  fait  des  merveil- 
les >  (Méin.  de  Gâches).  Famille  de  La  Ro- 
chelle du  même  nom  :  Judith  Lespagnol 
tille  de  Jehan,  bapt.  au  temple  de  cette  ville, 
17  septemb.  1569.  —  «  Accordé  a  spectable 
Jehan-Pierre  et  à  mr.istre  Abraham  Es- 
pagnon,  attestation  de  la  bonne  vie  et  con- 
versation de  feu  Mre  Jehan  Fspagnon  leur 
père,  pour  s'en  pouvoir  servir  ou  de  be- 
soing  leur  fera  ;  9  mai  1639  (reg.  de  Lau- 
sanne). »  —  Espaignac,  ministre,  1627 
(Bapt.  de  Montpell.).  —  Au  sac  de  Vire 
par  les  catholiques,  en  septemb.  1562,  le 
fils  aîné  du  seigneur  «  d'Espains,  près 
Thury,  jeune  gentilhomme  de  la  suite  de 
la  Poupelière,  estant  abatu  d'un  coup  d'ar- 
quebeuze,  vesquit  par  terre  environ  deux 
heures,  assailli  de  tous  costés  par  les  pres- 
tres,  lui  troublans  sa  conscience  :  mais  en 
vain,  estant  mort  avec  cette  constance  que 
l'un  des  prestres  mesmes  en  fust  touché 
jusques  h  embrasser  la  religion  »  {Cres- 
pin). 

ESPALUNQUE  (D'),  une  des  plus  an- 
ciennes familles  du  Béarn  [Haag,  IV  556], 
alliée  aux  Gassion,  aux  Gantant- Biron, 
aux  d'Arros.  =  Armes  :  de  gueules  au 
chevron  d'or.  Il  n'est  pas  souvent  fait 
mention  de  ses  membres  dans  les  annales 
de  nos  églises  protestantes.  Cependant 
nous  avons  cité  (t.  I  col.  381)  un  Bertrand 
d'Espalungue  parmi  les  capitaines  hugue- 
nots qui  défendaient  Navarreins  en  1569. 
Ce  Bertrand,  né  en  1519,  avait  épousé,  le 
19  janv.  1546,  d'ie  Maria  de  Casans  et  le 
mariage  devait  être  béni  «  segont  la  ley 
de  Diu  et  de  Roma,  »  disent  les  conven- 
tions matrimoniales  '  ;  mais  le  mari  n'en 

1  Transcrites  aux  Carrés  d'Hozier,  vol.  239 
f  63. 


avait  pas  moins  adopté  quelques  années 
après  les  principes  de  la  Réforme,  car  on 
le  voit  faire  un  chemin  assuré  dans  la  fa- 
veur de  Jeanne  d'Albret  et  de  son  fils.  La 
reine  de  Navarre  le  nomme,  18  déc.  1563, 
son  maréchal-des-logis  ;  elle  lui  donne  en 
1571  la  commanderie  d'Aubertin  «  pourveu 
qu'elle  soit  en  droict  de  loy  et  qu'elle  ne 
soit  aucunement  des  biens  ecclésiasti- 
ques ^  ;  »  le  prince  de  Navarre  le  nomme, 
18  juin  1574,  maître  d'hôtel  de  sa  sœur 
Catherine,  et  le  18  déc.  de  la  même  an- 
née, par  un  acte  daté  d'Avignon  et  contre- 
signé Le  Royer,  il  l'investit  d'un  emploi 
plus  important.  '  Nous  a  plain  confians, 
dit  l'acte,  des  sens,  expérience  au  faict  des 
armes  et  bonne  diligence  de  notre  ami  et 
féal  Bertrand  d'Espalungue,  maistre  d'hos- 
tel  ordinaire  de  nostre  très  chère  et  amée 
sœur  la  princesse  de  Navarre,  icelluy 
commettons,  ordonnons  et  depputonspour 
commander  en  notre  Parsan  d'Oussau, 
Monench,  La  Seube,  Bruges,  Asson,  Arros 
et  le  Bosq  d' Arros,  tout  ainsi  que  le  capi- 
taine Gratian  a  cy  devant  faict  du  temps 
qu'il  a  eu  charge  en  nostre  dit  Parsan.  » 
Il  mourut  laissant  de  nombreux  enfants 
dont  l'aîné  était  Antoine  et  le  second 
Henry. 

Le  17  avril  1573,  un  Henri  d'Espalun- 
gue S""  de  Lobier  en  Ossau,  deuxième  fils 
de  Bertrand,  épousait  dUe  Suzanne,  fille  de 
noble  Joan  de  Neys  de  Coaraze,  et  voici 
son  testament  en  langage  du  pays  que 
celle-ci  dicta  longtemps  après,  à  un  no- 
taire de  Pau  (5  nov.  1623). 

Au  nom  de  Diu.  Conegude  cause  sie  a 
touts  que  constituide  en  sa  personne  dami- 
selle  Suzanne  de  Neys,  molher  reliette  deu 
deffunct  noble  Henricq  d'Espalungue,  sen- 
hor  en  son  bibent  de  l'abadie  de  Béost  et 
mayson  noble  de  Casans  de  Lovier,  ma- 
laude  de  son  corps...  a  feyt  et  condyt  son 
présent  et  darrer  testament...  Primiere- 
meut  recomande  son  anime  a  diu...  ditz 
quelle  es  estade  maridade  ab  lo  dyt  deffunct 
nob.  H.  d'E.,  loquoal  pei'  son  testement  et 
darrere  volontat  de  datte  a  Loubier  deu 
vingt  et  sieys  de  dexembre  mille  sieys  cens 
et  quinse,  auré  lexat  à  la  d.  de  Neys  la 
somme  de  sieys  mille  franxs...  En  oultre  lo 
deffunct  noble  Johan  de  Nays  son  payre, 
oultre  la  dot  et  parselle  que  luy  abé  vail- 

1  Ibid.  p.  71 


93 


ESPALUNQUE 


94 


hade  luy  lo  iiuré  lexat  et  léguât  la  somme 
de  detz  et  seyt  ceus  fraas  de  las  qualles 
sommes...  elle  désire  dispansarea  la  forme... 
seguente.  Primierement  lègue  en  faveur 
deus  prauves  de  l'église  x'eformade  en  fasea 
profession  de  quere  la  somme  de  trente 
franxs  bordalès  per  estar  distribuitz  a  la 
connexence  deu  ministre  et  Consistory  du 
dyt  locq...  Item  lègue  [a  ses  filles  Andrée  et 
Cathaline,  chacune  2000  fr.]  quoand  trou- 
bera  son  partit  en  maridadge.  Item  lègue 
en  favour  de  Joan  et  Henricq  d'Espalungue. 
sous  enfans,  a  chacun  la  somme  de  mille 
franxs  bordallèspagnedors  quoand  trouberan 
lour  partit  en  maridadge...  Item  lègue  a 
Ysabé  sa  fllhe  maridade  ab  meste  Bernad 
d'Arribens  advocat  en  la  cour  de  parlement 
la  somme  de  quoatte  centz  franxs  bordal- 
lès...  Et  instituexs  per  son  hérkter  en  lo 
restant  deusditz  sieys  mille  franxs  d'une 
part  et  detz  et  oeyt  cents  franxs  d'autre, 
a  noble  Anthony  d'Espalungue  son  filh  en 
complin  luy  sa  voluntat  delad.  testante... 
Feyt  a  Loubier,  au  cap  deu  Iheyt  [au  che- 
vet du  lit]  de  lad.  testayre,  lo  cinqual  de 
nobembre  mille  sieys  centz  vingt  et  treis. 
Et  per  executar  de  sad.  volontat  et  le  tes- 
tement  a  nomat  Nobles  Henry  Dincamp  sg'' 
de  Loubier,  Souveron  et  Thimote  de  Bearn 
senhour  d'Abere,  ausquoals  pregue  voler 
axceptar  la  dite  charge  i... 

Le  fils  aîné  de  la  défunte,  Antoine  d'Es- 
palunque  comptait  parmi  les  biens  de  sa 
famille  dont  il  héritait  une  abbaye  en  com- 
mande, l'abbaye  de  Béost  située  dans  le  val 
d'Ossau.  En  1627,  il  engagea  une  partie 
du  revenu  qu'il  tirait  de  ce  bénéfice  ecclé- 
siastique pour  acheter  une  enseigne  dans 
l'armée  de  Hollande  *.  Cet  outrage  à  l'é- 
glise romaine  paraît  cependant  être  de- 
meuré à  l'état  de  projet,  car  le  nom  d'Es- 
palunque  ne  se  trouve  pas  dans  les  listes 
d'officiers  hollandais  et  Antoine,  resté 
dans  son  pays,  s'y  mariait  deux  ans  plus 
tard.    Son   contrat  de    mariage   présente 

1  Ibid.  (0  76. 

^  ...Sappien  toutz...  que  cum  sie  ainxy  que  no- 
ble Anthony  d'Esp.,  abat  de  l'abadie  de  Béost  en 
Ossau,  aye  bailhat  et  livrât  â,  Henry  d'Esp.  son 
fray,  la  desme  de  la  dite  abbadie  de  Béost  per  une 
parti  de  sa  légitime,  es  assaver  per  lox  pretz  et 
somme  de  deus  mille  dus  centz  franxs...  ab 
puxance  de  pouder  aquer  empeinhar  et  nomade- 
ment  crompar  [comparare]  une  enseinhe  en  hol- 
lande en  une  compainhie  eutretiengude,  per  so 
es  assaver  que (7  juill.  1627).  Ibid.  f»  78. 


comme  un  tableau  de  toute  la  famille  à  ce 
moment  : 

Contrat  de  mariage  de  noble  Antoine 
d'Espalungue  de  Lobier  accordé  le  21  juill. 
1629  avec  d"«  Marie  de  Gassion  de  Pau,  le 
dit  futur  procédant  de  l'avis  et  assistance 
de  egrège  M°  Jean  de  Claverie  conseiller  du 
Roy  en  sa  cour  de  p.  de  Navarre,  de  M" 
Henry  de  Lussan  docteur  en  médecine,  no- 
bles Pierre  de  Casaux,  Raimond  de  Cama- 
nes  seig''  de  Serignac,  Nicolas  de  Monain 
seig''  de  Meyrac,  Jean-Remy  et  Jean  de  Sa- 
ious  avocats  aud.  parlement,  ses  parens  et 
alliés  —  et  la  dite  d"«  future  de  l'autorité 
et  assistance  de  messire  Jacques  de  Gassion 
conseiller  du  Roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et 
privé  et  président  en  lad.  cour  de  pari,  et 
dame  Marie  dens  Claus  ses  père  et  mère,  de 
egrège  M.  et  M"'«  Jean  de  Gassion  aussi 
cous.  dud.  en  ses  C.  d'Etat  et  privé,  et  son 
avocat  gênerai  aud.  pari..  M"  Isacq  de 
Gassion  aussi  avocat  ses  frères,  M°  Jacob 
de  Gassion  d""  en  méd.,  Heni'y  de  Gassion 
conseiller  du  Roy  et  maître  des  comptes, 
Bertrand  de  Gassion  secrétaire  du  Roy  et 
son  contrôleur  gênerai  ses  oncles,  —  et  du 
costé  de  la  dite  dame  egregis  maitres  Guill. 
de  Pardier,  Bertrand  de  la  Salle  conseill. 
aud.  pari.,  Pierre  d'Estandau  secrétaire  du 
Roy  aud.  parlem.  et  autres  ses  parens  et 
alliés.  Lequel  mariage  ils  promettent  so- 
lemniser  en  l'église  reformée  et  en  faveur 
duquel  etc.  Passé  à  Pau  en  présence  de 
noble  Jacques  de  Poeydarrer  d'Arthex  sieur 
de  Moulia  de  Sarporeux,  de  Maître  Fran- 
çois d'Estandau...  etc.  {Ibid.  f"  79). 

A  l'époque  de  la  Révocation  ils  subirent 
comme  tous  leurs  coreligionnaires  les  ri- 
gueurs des  Intendants  de  Louis  XIV.  Les 
registres  du  parlem.  de  Pau  (juin  et  juill. 
1685)  témoignent  de  poursuites  judiciai- 
res exercées  à  cette  occasion  contre 
M.  d'Espalunque  et  l'aîné  de  ses  fils  ;  le 
plus  jeune  des  deux,  appelé  le  chevalier 
d'Espalunque,  mourut  sur  ces  entrefaites 
et  malgré  les  exhortations  des  jurais  et  du 
curé  il  mourut  ferme  dans  sa  religion  ^. 
Cependant  le  père  et  le  fils  furent  forcés 
d'abjurer,  car  on  voit  les  mêmes  jurats  et 
curé  de  Pau  signer  en  1699  une  dénoncia- 
tion contre  M.  d'Espalunque  baron  d'Ar- 
ros  et  M.  de  S^^-Colombe  comme  n'allant 
jamais  à  l'église  (Tt  248). 

•  L'Intendant  Foucault  et  laRévoc.  en  Béarn, 
par  L.  Soulice.  Pau,  1885,  in-S",  p.  124. 


95 


ESPALUNQUE   —    ESPARRON 


96 


Ce  baron  d'Arros  doit  apparemment 
être  distingué  de  Charles  d'Espaliinque- 
La  Badie,  mort  lieutenant-général,  en 
1724.  Capitaine  au  régiment  de  Louvigny, 
ce  dernier  servit,  en  i672,  à  la  prise  de 
Maesseyk,  de  Saint-Tron,  de  Tongres,  de 
Burick,  de  Rées,  d'Arnheim,  de  Nimègue, 
de  Crèvecœur,  de  Bommel.  L'année  sui- 
vante, il  combattit,  sous  Turenne,  contre 
l'électeur  de  Brandebourg;  et  se  trouva  à 
la  prise  d'Unna,  de  Camen,  d' Aliéna,  de 
Soest,  de  Bielefeld.  En  1674,  il  passa 
dans  le  Roussillon,  sous  les  ordres  de 
Schomberg.  Ce  fut  probablement  vers  cette 
époque  qu'il  se  convertit  ;  car  nous  ne 
pensons  pas  que,  sans  abjuration,  il  eût 
obtenu,  après  la  bataille  de  Fleurus,  à  la- 
quelle il  assista,  le  grade  de  major,  dont 
il  était  revêtu  au  siège  de  Mous.  Nommé, 
bientôt  après,  lieutenant-colonel,  et,  en 
1694,  brigadier,  il  continua  de  servir,  sous 
Luxembourg,  dans  les  Pays-Bas,  même 
après  avoir  été  créé,  en  1695,  inspecteur 
général  de  l'infanterie.  En  1696,  il  passa  à 
l'armée  de  la  Meuse,  en  1701,  il  fit  la 
campagne  de  Gueldre.  Élevé,  en  1704,  au 
grade  de  lieutenant-général,  il  fut  em- 
ployé, en  cette  qualité,  à  l'armée  d'Espa- 
gne, où  il  continua  à  se  signaler  dans  tou- 
tes les  occasions,  depuis  le  siège  de  Gibral- 
tar ju.squ'à  la  prise  de  Carthagène.  Ses 
services  lui  valurent  le  gouvernement  de 
la  citadelle  de  Lille,  vacant  par  la  mort 
de  Vauban;  cependant  il  ne  quitta  pas 
l'Espagne,  et  Lille  ayant  été  prise  par  les 
ennemis,  en  1708,  il  obtint,  comme  dé- 
dommagement, le  commandement  du  Ques- 
noy.  Assiégé,  en  1712,  il  fut  obligé,  après 
une  belle  défense,  de  se  rendre  prisonnier 
de  guerre  avec  sa  garnison.  En  1713,  il  fut 
rétabli  dans  le  gouvernement  de  la  cita- 
delle de  Lille,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa 
mort. 

ESPARBÈS,  très  ancienne  et  plantu- 
reuse maison  de  l'Armagnac.  =  Armes  : 
d'argent  à  la  fasce  de  gueules,  accompa- 
gnée de  3  éperviers  (Lussan  3  merlettes), 
2  etl.  Pons  d'Esparbès  de  Lussan,  der- 
nier représentant  d'une  branche  aînée  qui 
remontait  au  Xllme  siècle,  avait  combattu 
sous  le  prince  de  Condé  pendant  les  guer- 
res de  religion.  Joseph  d'Esparbès  de  Lus- 
san gentilhomme  de  la  chambre  d'Henri 
IV  en  1589.  François  d'Esparbès  vicomte 
d'Anbeterre,  lieutenant  au   gouvern.    de 


Blaye  en  1610.  Jean-Paul  d'Esparbès,  se- 
cond fils  de  François  gouverneur  de  Blaye 
en  1614  épousa,  3  mai  1593,  Françoise  de 
Cardenau  ;  cette  branche  fut  très  dévouée 
au  protestantisme,  mais  n'est  pas  très  con- 
nue. MoYSE  d'Esparbès,  seigr  de  Cardenau, 
vice-sénéchal  d'Armagnac  fut  assigné  par 
le  parlem.  de  Toulouse,  en  fév.  1611, 
comme  ayant  poursuivi  certains  catholi- 
ques d'Eause  ^  ;  sa  femme  Paule  de  Bri- 
dyès  lègue  par  son  testament,  du  16  août 
1636,  cent  liv.  à  l'église  réf.  de  Puycas- 
quier  dans  laquelle  elle  avait  toujours 
vécu,  pour  l'entretien  du  ministre  ;  dans 
cet  acte,  elle  déshérite  son  fils  aîné  Jac- 
ques, en  faveur  de  ses  autres  enfants  Paul, 
Elisée,  Jacob  et  sept  filles  dont  la  pre- 
mière est  nommée  Isabeau,  la  dernière 
Armoise.  Mais  arrive  l'ère  de  la  persécu- 
tion, Elisée  et  sa  femme  sont  arrêtés  comme 
fugitifs  en  1687  et  emprisonnés  à  Gour- 
don  (Tt  253).  L'année  suivante  on  trouve 
inscrite  la  famille  d'Euparvais  sur  les 
registres  de  réfugiés  à  Yverdun  en  Suisse. 

ESPARDAILLER  ou  Espardalié  (GuÉ- 
rin)  professeur  au  collège  de  Castres  de 
1574  à  1577.  (Jean)  consul  de  la  même 
ville  en  1609.  (Pierre)  époux  de  Suzanne 
de  Malabrou,  dont  il  eut  Jean,  7  déc. 
1625,  etc.  —  M"e  d'Espars,  enfermée  aux 
religieuses  d'Orbec,  1694. 

ESPARRON  (Noël),  de  Fay  en  Forez, 
reçu  habitant  de  Genève  le  8  octob.  1572. 
—  D'Esparron  ;  deux  seigneuries  de  ce 
nom,  l'une  en  Béarn,  l'autre  en  Dauphi- 
né.  Un  d'Esparron,  capitaine  dans  l'ar- 
mée de  Schomberg,  1687.  François  d'Es- 
parron, de  Manosque,  étudiant  en  théolo- 
gie à  Genève  (F.  d'Esp.  manosquensis)  on 
1694.  Dans  leurs  Mémoires  pour  l'histoire 
des  réfugiés  Erman  et  Reclam  citent  Jean 
d'Esparon,  né  à  Manosque  en  1677  mort  à 
Berlin  en  1748  et  Magdeleine  de  Tholozan 
de  Remoulon  native  d'Embrun,  femme  de 
Jean  de  Morcez,  écuyer,  seigr  d'Esparon. 
Le  nom  de  famille  des  d'Esparron  dauphi- 
nois est  Moviers.  —  Espar  on,  dit  aussi 
Dortial  et  Saint-Jean  [Haag,  IV  557],  na- 
tif de  Chalençon,  prophète  camisard.  La 
défaite  de  Cavalier  à  Vagnas  (t.  III  col. 
930),  ayant  fait  avorter   le   projet  qu'il 

1  Nous  trouvons  Moïse  exerçant  sa  charge  de 
vice-sénéchal  de  l'Armagnac  de  1605  â  1623. 
Bibliot.  nat.  Pièces  orig. 


97 


ESPARRON   —  ESPENCE 


98 


avait  conçu  pour  soulever  les  protestants 
du  Vivarais,  Esparon,  que  Court  qualifie  de 
«  prophète  jusqu'à  l'extravagance,  »  se  tint 
à  l'écart  pendant  quelques  mois,  prépa- 
rant en  silence  une  nouvelle  tentative 
d'insurrection,  avec  le  concours  d'un  au- 
tre prophète  nommé  Jolicœur.  Toutes  ses 
mesures  prises,  il  passa  l'Ardèche  au  pont 
d'Arc,  dans  le  mois  de  février  1704,  réu- 
nit sa  troupe  <à  celle  d'Abraham  Charmas- 
son,  qui,  dans  cette  occasion,  prit  le  nom 
de  Cavalier,  le  célèbre  chef  cévenol,  et  en- 
tra dans  le  Haut -Vivarais,  où  Louis  Mer- 
cier dit  Descombes,  homme  influent  dans 
ces  cantons,  vint  se  joindre  à  eux.  Mais, 
depuis  le  supplice  à'Homt'l,  les  Vivaraisans 
s'étaient  beaucoup  refroidis  ;  les  plus  zé- 
lés ou  les  plus  courageux  avaient  été  mas- 
sacrés, livrés  au  bourreau,  conduits  aux 
galères,  incorporés  dans  les  troupes  ou 
forcés  de  s'exiler,  en  sorte  qu'une  centai- 
ne à  peine  répondirent  à  l'appel  d' Espa- 
ron, qui,  s'imaginant  follement  qu'à  dé- 
faut de  l'enthousiasme,  la  terreur  grossi- 
rait sa  troupe,  se  livra  à  toutes  sortes 
d'excès.  Cemoyenlui  fut  fatal  ;  il  souleva, 
en  effet,  la  population,  mais  contre  lui- 
même.  Vivement  poursuivi  par  Julien,  il 
fut  surpris  au  village  de  Franchesin,  et, 
après  un  combat  acharné,  où  il  perdit  une 
soixantaine  d'hommes,  il  disparut,  avec  le 
reste  de  sa  troupe,  au  milieu  des  rochers 
et  des  précipices.  Julien  fit  massacrer  tous 
les  habitants  de  Franchesin  et  mit  à  prix 
la  tête  des  trois  chefs  de  l'insurrection, 
qui  réussirent  à  se  soustraire  à  toutes  Les 
recherches. 

ESPELETTE  (d'),  écrit  aussi  Despolette, 
pasteur  à  Baigts  en  Béarn,  1611-1622.  — 
François-Richard  d'Espenouse,  de  Bourgo- 
gne, assisté  à  Londres  (12  liv.),  1705. 

ESPENCE  (Claude  d'),  né  à  Châlons- 
sur-Marne  [Haag,  IV  o57],  en  loll,  d'une 
famille  noble,  docteur  de  Sorbonne  et 
recteur  de  l'Université  de  Paris,  en  1541  ^ 

>  Espense  (Marne)  arrond.  de  S'°-Menehould, 
village  de  372  hab.  —  Du  15  septemb.  1553, 
acte  de  partage  entre  maistre  Claude  d'Espence 
prebstre,  docteur  en  théol.,  prieur  commanda- 
taire  de  S'-Gaond,  dioc.  de  Troyes  et  son  frère 
cadet  François  d'Espence  escuier  demeurant  au 
chastel  dud.  Espence  avec  Claude  Delamarle  sa 
femme,  tous  deux  fils  de  Messire  Claude  d'Es- 
pence chevalier  seig'  du  d.  lieu  et  de  dame  Yo- 
lande des  Ursins,  décédée  le  27  déc.  1552.  Ils 
conservent  indivis  les   maisons,  jardin  et  pour- 


Les  écrivains  catholiques  accordent  volon- 
tiers que  d'Espence  fut  un  des  docteurs 
les  plus  modérés  de  son  temps  ;  ils  recon- 
naissent qu'ennemi  de  la  violence,  il  dés- 
approuva les  persécutions;  Imais  ils  n'a- 
vouent pas  qu'if  fut  un  partisan  des  idées 
nouvelles.  Ne  pouvant  dissimuler  complè- 
tement la  vérité,  Crevier  confesse  qu'en 
1543,  la  Faculté  de  théologie  le  cita  à  son 
tribunal  «  pour  quelques  expressions  qui 
furent  relevées  et  que  la  Faculté  ne  crut 
pas  devoir  négliger  dans  un  tems  où  les 
ennemis  de  l'orthodoxie  se  multiplioient 
et  tiroient  avantage  de  tout  ;  »  mais  il  se 
garde  bien  de  reproduire  l'acte  d'abjura- 
tion que  d'Espence  fut  forcé  de  lire  pu- 
bliquement dans  l'église  de  St-Méderic 
(St-Merry)  à  Paris,  le  22  juillet  1543. 
MM.  Haag  en  ont  retrouvé  une  copie  à  la 
Biblioth.  nat.  dans  la  Collect.  Dupuy, 
vol.  137,  fo  126.  L'extrait  que  nous  allons 
donner  de  cette  pièce  curieuse  prouvera 
combien  l'historien  de  l'Université  de  Pa- 
ris, Crevier,  s'est  trompé  lorsqu'il  a  dit 
que  d'Espence  «  imitoit  le  cardinal  de  Lor- 
raine son  patron,  qui  a  été  regardé  comme 
ne  se  piquant  pas  d'une  raideur  inflexible 
dans  les  points  qu'il  jugeoit  ne  pas  inté- 
resser la  substance  de  la  foi.  » 

L'acte  de  rétractation  que  les  commis- 
saires devant  lesquels  il  comparut,  le  7 
juin,  le  condamnèrent  à  lire  en  chaire, 
commence  ainsi  : 

«  Au  commencement  et  h  la  salutation 
angélique,  nous  demanderons  la  grâce  du 
Saint-Esprit,  par  l'intercession  de  la  be- 
noiste  vierge  Marie,  mère  de  Dieu,  roine 
du  ciel,  laquelle,  comme  bien  chante  l'E- 
glise à  l'antienne  Regina  cœli,  a  mérité 
porter  le  Fils  de  Dieu,  et  la  saluerons  du 
salut  angélique.  Ave  Maria,  etc.  Pour  au- 
tant qu'en  mes  prédications  faictes  le  ca- 
resme  dernier  en  ceste  présente  église, 
quelques  gens  de  bien  ont  esté  scandalisez 
et  mal  éditiez  de  moi,  pour  aucunes  propo- 

pris  assis  en  la  ville  de  Chaslons  appelés  «  la 
maison  d'Espence  »  et  se  partagent  les  nombreu- 
ses seigneuries  patrimoniales  dont  Claude  re- 
tient pour  sa  part  celles  de  l'Aulnoy,  Regnauld, 
Replonges,  Soisy  aux  boys,  Noirlieu,  Sommere- 
court.  Poix,  Verrières  d'Aulcourt.  Claude  lègue 
le  château  d'Espence  à  son  frère  et  tous  deux 
payent  18,000  liv.  à  leurs  soeurs  Clauda  femme 
de  Loys  de  Proisy  et  Loyse  femme  de  Nicolas  de 
Roussy.  =  Armes  :  Trois  chèvres  couchées  et 
superposées  (Bibl.  nat.  pièces  orig.). 


99 


ESPENCE 


100 


sitions,  desquelles  j'ai  esté  accusé  et  déféré 
envers  ma  bonne  et  fidèle  mère,  la  Faculté 
de  théologie,  avoir  dictes  et  preschées  ; 
pour  remédier  ausquelx  scandales  et  mieux 
toUir  et  oster  du  tout  à  l'advenir  selon  mon 
pouvoir,  avant  que  passer  plus  avant  au 
présent  sermon,  j'ay  délibéré,  jouxte  le  bon 
conseil  et  advis  de  madite  bonne  mère  la 
Faculté,  de  vous  réciter  et  référer  présen- 
tement lesdites  propositions  et  icelles  con- 
fesser et  recognoistre  estre  dissonantes  et 
répugnantes  et  scandaleuses  à  nostre  saincte 
foi  catholique,  protestant  de  bonne  foy 
qu'au  cas  que  je  les  auroi  ainsi  dites  et 
preschées  que  je  vous  les  réciterai,  l'auroi 
très-mal  dit  et  presché  témérairement  et 
indiscrètement  contre  la  vérité  de  nostre 
saincte  foy  catholique  et  doctrine  de  nostre 
mère  saincte  Eglise,  mesmes  tous  ceux  qui 
les  voudroient  (ainsi  que  vous  diray)  près- 
cher  et  soustenir  et  privément  et  publique- 
ment, seroient  meschans  et  schismatiques 
et  ennemis  de  nostre  sainte  foi  catholique 
et  de  toute  l'Eglise  chrestienne,  dignes 
d'estre  punis  comme  telz  selon  toute  rigueur 
de  disposition  de  Droict.  » 

Quelles  étaient  donc  ces  propositions  qui, 
au  dire  de  Crevier,  n'intéressaient  pas  la 
substance  de  la  foi,  et  que  d'Espence  ré- 
tracta comme  fausses  ?  Les  voici  : 

jre  proposition.  Il  nous  faut  pi^emière- 
ment  addresser  à  Dieu  qu'aux  Saincts. 

II.  Dieu  n'est  point  content  si  notre  orai- 
son n'est  px'emièrement  faicte  à  luy. 

III.  Il  ne  faut  point  des  chandelles  ni 
offrir  aux  Saincts.  Voilà  une  pauvre  femme 
qui  n'a  qu'un  tournois  ;  elle  le  mettra  en 
une  chandelle  et  puis  la  porte  à  je  ne  scay 
qui.  Tu  en  fais  ton  Dieu,  chrestien  :  vat'en 
à  Dieu,  tu  t'abuses. 

Claude  d'Espence  avait  dit  encore  ; 

Censure  de  ces  trois  propositions. 
Ces  trois  propositions  sont  fausses  et 
scandaleuses,  retractives  de  la  Dévotion 
qu'on  a  eue  et  faicte  aux  Sainctz  depuis  la 
primitive  Eglise  jusqu'à  présent,  et  qui 
telles  les  effermeront  (affirmeront)  feront 
scisme  et  division  en  l'Eglise. 

Assertions  contre  les  dites  trois 
propositions. 
Pourquoy  au  contraire  je  dy  que  c'est 
bien  faict  premièrement  s'adresser  au  sainctz 
comme  a  nos  intercesseurs  et  de  ce  Dieu 
on  est  bien  content,  car  telles  oraisons 
sont  à  Dieu  agréables,  suivant  la  coustume 


de  notre  mère  S*«-Eglise,  laq.  s'adresse 
souvent  immédiatement  à  la  sacrée  Vierge 
Marie,  chantant  :  Regina  cœli,  Salve  Re- 
gina,  inviolata  et  autres  antiennes,  tant  à 
elle  qu'aux  saincts,  ausquels  est  aussi  loua- 
ble et  bien  faict  porter  oblations  et  offrir 
chandelles  en  protestation  de  foy  et  qu'ils 
sont  intercesseurs  pour  nous  envers  Dieu. 

IV.  Pour  garder  les  commandemens  de 
Dieu,  pour  les  bonnes  œuvres,  pour  aller  à 
confesse,  tu  ne  seras  point  justifié  ;  car  il 
n'y  a  que  la  seule  foy  qui  justifie. 

V.  Soyez  asseurez  que  quelques  péchez 
qu'ayez  faicts,  tant  grands  soient-ils,  croyez 
comme  sainct  Thomas  soulement,  ils  vous 
sont  pardonnez  tous,  et  si  vous  mourez  en 
ceste  foy,  vous  yrez  droict  en  paradis. 

VI.  Je  n'approuve  ne  reprouve  la  con- 
fession auriculaire,  laquelle  peut  estre  ap- 
pelée sacrement,  si  l'ordre  de  prêtrise  est 
sacrement. 

VII.  Tu  ne  seras  point  justifié  par  la  con- 
fession. 

VIII.  Le  pescheur  ne  peut  satisfaire  pour 
son  pesché,  car  il  n'y  a  que  Nosti'e  Seigneur 
qui  peut  satisfaire  pour  tous. 

Et  toutes  ces  propositions,  ainsi  qu'on 
peut  le  lire  dans  le  vol.  137  de  Du  Puy, 
le  même  docteur  les  reniait  avec  la  même 
coupable  légèreté.  Il  s'était  élevé  avec  non 
moins  de  force  contre  le  jeûne  du  carême, 
«  chose  griève  et  à  manière  de  parler  in- 
supportable ;  »  contre  le  célibat  des  prê- 
tres, institué  par  gens  lubriques  et  mal  vi- 
vants, qui  chargeaient  les  autres  d'un  joug 
qu'ils  ne  voulaient  pas  porter  ;  contre  les 
ordres  monastiques,  contre  les  ornements 
d'église  «  qui  seroient  mieux  employés 
aux  pauvres.  >  Mais  à  quoi  bon  poursui- 
vre? Nous  ne  rapporterons  plus  qu'une 
seule  de  ses  propositions,  parce  qu'elle 
justifie  la  Réforme.  «  Depuis  400  ans, 
avait-il  dit,  le  sainct  Evangile  n'a  esté 
bien  presché  jusques  à  maintenant  ;  mais 
seulement  preschoient-ils  ne  scay  quelle 
doctrine  et  philosophie  humaine.  »  Atta- 
quer les  scolastiques,  les  saint  Thomas, 
les  Anselme,  les  Bonaventure!  La  pro- 
position fut  déclarée  téméraire,  fausse, 
schismatique  et  hérétique,  et  aux  saincts 
docteurs  et  prédicants  injurieuse. 

D'Espence  s'était  soumis  à  l'humiliation 
qui  lui  avait  été  imposée,  et  cependant  sa 
conscience  semble  n'avoir  pas  cessé  de 
protester  contre  les  abus  de  l'Égliçe  ro- 
maine. Dix  ans  plus  tard,  au  mois  d'août 


101 


ESPENCE   —    ESPERANDIEU 


102 


1553,  invitée  par  le  parlement  à  examiner 
plusieurs  livres  suspects  d'hérésie,  au 
nombre  desquels  se  trouvaient  la  Para- 
phrase ou  méditation  sur  l'oraison  domini- 
cale (Lyon,  J.  de  Tournes,  1550,  in-16), 
et  la  Consolation  eh  adversité,  par  Claude 
d'Espence,  la  Sorbonne  releva  dans  ces 
deux  opuscules  plusieurs  propositions  obs- 
cures, ambiguës,  erronées,  captieuses^  sus- 
pectes d'hérésie,  et  demanda  qu'ils  fussent 
supprimés.  Quelques  années  après,  le  pau- 
vre d'Espence,  qui  venait  de  jouer  un  rôle 
considérable  au  colloque  de  Poissy,  fut 
forcé  de  rétracter  les  articles,  qu'il  avait 
proposés  à  Saint-Germain  sur  le  culte  des 
images.  Mais  aussi  n'avait-il  pas  poussé 
l'audace  jusqu'à  demander  qu'on  enlevât 
des  églises  les  peintures  de  la  Trinité  et 
les  images  «  en  forme  lascive,  déshonnête 
et  étrange  ;  »  qu'on  défendît  de  les  couron- 
ner, habiller,  porter  en  procession,  de 
leur  offrir  des  vœux  et  des  offrandes,  de 
les  encenser  et  saluer,  de  s'agenouiller  de- 
vant elles,  «  ce  qui  est  partie  de  l'adora- 
tion ;  »  qu'on  les  fit  disparaître  de  dessus 
les  autels  et  qu'on  n'y  laissât  que  la  croix  ? 
Malgré  toutes  ces  rétractations,  d'Espence 
retombait,  à  chaque  nouvel  écrit  sortant 
de  sa  plume,  dans  son  péché  d'habitude. 
En  1565,  il  publia,  à  Paris,  Sur  la  conti- 
nence, un  livre  qui  fut  mis  à  l'index,  parce 
qu'il  y  attaquait  les  vices  du  clergé,  ce 
qui  ne  l'empêcha  pas  de  renouveler  ses 
attaques  dans  son  Commentaire  sur  l'èpî- 
tre  à  Tite  (Paris,  1568,  in-S")  dont  la  lec- 
ture fut  également  défendue.  On  doit  s'é- 
tonner que  les  inquisiteurs  aient  négligé 
d'inscrire  dans  l'index  le  Commentaire  sur 
les  èpitres  à  Timothée,  qui  méritait  cepen- 
dant cet  honneur  par  les  vives  sorties  que 
l'auteur  s'y  permet  contre  les  prélats  de 
l'Église  romaine. 

Si  ces  rechutes  continuelles  n'attirèrent 
pas  à  d'Espence  de  plus  cruels  châtiments, 
il  faut  l'attribuer  sans  doute  à  la  faveur  du 
cardinal  de  Lorraine,  qui  le  tenait  en  si 
grande  estime,  qu'il  le  mena  avec  lui  en 
Flandre,  en  1544,  et  en  Italie,  onze  ans 
après.  On  dit  que  pendant  son  séjour  à 
Rome,  il  entra  si  avant  dans  les  bonnes 
grâces  de  Paul  IV,  que  ce  pape,  pour  le 
retenir,  lui  offrit  le  chapeau  de  cardinal  ; 
mais  d'Espence  préféra  revenir  dans  sa  pa- 
trie. 

Cependant  il  faut  attribuer  aussi  une  bonne 


partie  de  l'indulgence  qu'on  eut  pour  lui 
à  ce  qu'il  prit  quelquefois  la  parole  comme 
un  assez  zélé  Sorboniste.  Le  traité  qu'il 
avait  publié  en  1565  lui  attira  une  ré- 
ponse acerbe  de  la  part  de  quelque  hu- 
guenot qui  ne  s'est  point  nommé.  Ce  fut 
l'occasion  pour  Claude  d'Espence  de  pu- 
blier un  gros  livre  de  près  de  200  pages 
dans  lequel  il  se  démène  en  un  style 
obscur  et  entortillé,  mais  semé  de  traits 
assez  spirituels. 

Je  m'estois,  dit-il,  dès  l'an  1562  excusé 
d'escrire  de  la  Foy  en  françois,  pour  en  es- 
tre  l'esci'it  plus  facile  a  calomnier  qu'à  imi- 
ter. Et  voicy,  comme  je  pense  plus  tost  à 
tout  autre  cas  qu'à  combattre,  un  de  ces 
prétendus  reformez,  par  public  escrit,  mais 
sans  nom,  l'an  1565,  m'assault,  me  deffie, 
me  provoque  (car  pour  moins  d'outrages  et 
mensonges  bien  on  en  vient  aux  mains  et 
non  seulement  aux  paroles)  et  ce  en  temps 
et  aage,  lequel  jadis  plus  n'estoit  subject  à 
combat.  Or  outre  que  j'avois  entre  les  mains 
autres  ai'gumens  si  avancez  que  je  ne  les 
pouvois  bonnement  ou  laisser  du  tout,  ou 
entremettre  et  discontinuer,  mon  naturel 
est  si  plain  de  Laisse  m'en  paix,  que  quel- 
que lent  et  pesant  soit  aussi  mon  style, 
toutesfois  j'ay  plus  mis  de  temps  a  délibérer 
qu'a  l'espondre  ;  a  delibei'er,  dis-je,  si  je 
responderois  ou  me  tairois,  car  l'homme 
ne  philosophe  pas  moins  en  se  taisant 
pour  le  temps  qu'en  parlant... 

•Cet  ouvrage  plein  de  détails  piquants  a 
pour  titre  : 

Apologie  contenant  ample  discours,  ex- 
position, response  et  deffense  de  deux  Con- 
férences avec  les  Ministres  extraordinaires 
de  la  Religion  prétendue  réformée  en  ce 
Royaume,  par  M.  Claude  d'Espence,  Théo- 
logien en  l'Université  de  Paris.  Paris,  chez 
Michel  Sonnius,  1569,  petit  in-8o  de  14 
feuill.  prélim.,  752  p.  et  12  feuill.  de  ta- 
ble. 

D'Espense  assista  aux  États  d'Orléans 
ainsi  qu'au  colloque  de  Poissy,  et  mourut 
(de  la  pierre),  en  1571.  Ses  OEuvres  lati- 
nes ont  été  publiées  par  Génebrard  sous 
le  titre  :  Opéra  omnia  quee  supersunt  ad- 
hue,  Lutet.  Paris,  1619,  in-fol. 

D'EsPENCE-Beauvau,  Il  col.  160. 

1.  ESPERANDIEU,  famille  noble  de 
l'Albigeois  [Haag,  IV  559].  —  I.  (Jean) 
Esperandieu  ou  Spérandieu ,  lieutenant 
principal  au  sénéchal   d'Uzès,  devint  mai- 


103 


ESPERANDIEU 


104 


tre  des  requêtes  ordinaire  de  la  maison  et 
couronne  de  Navarre,  par  lettres  patentes 
du  3  août  1605,  et  mourut  le  24  mai 
i626,  à  l'âge  de  92  ans.  Il  avait  épousé, 
1er  janvier  1571,  Marguerite,  fille  de  Gui- 
chard  Mercier,  conseiller  au  parlement 
d'Orange,  et  de  Firmine,  fille  de  Mathieu 
de  Bargeton,  anobli  par  lettres  pat.  de  sept. 
1533.  Elle  lui  donna  quatre  fils  et  trois 
filles  :  —  lo  Louis,  lieutenant  principal 
d'Uzès,  par  résignation  de  son  père,  le  28 
août  1609,  juge  mage  de  la  même  ville,  le 
7  juin  1619,  député  par  le  bas  Languedoc 
à  l'assemblée  politique  de  Grenoble,  en 
1615,  avec  Saint-Privat,  de  Serres,  géné- 
ral à  la  cour  des  aides,  Daniel  de  Gallières, 
consul  de  Montpellier  l'année  précédente 
et  trésorier  de  France,  et  le  ministre  Le 
Faucheur  ;  Louis  épousa  Marie  de  Rossel, 
le  13  février  1627,  testa  en  1630  et  mou- 
rut, le  13  janvier  1634,  à  l'âge  de 60  ans; 
—  2°  Guillaume  qui  suit  ;  —  3°  Henry, 
avocat,  qui  épousa  Suzanne  de  Bret  et 
n'eut  qu'un  fils,  Jean,  marié  avec  Espé- 
rance de  Noguier,  mort  sans  enfant  ;  —  4° 
Jean  II,  avocat  à  Uzès,  épouse  Jeanne  de 
Cléricy,  et  meurt  en  1636  laissant  :  Jean- 
Louis,  avocat,  marié  avec  Eve  de  Boyer 
dont  il  eut  Jean,  sieur  de  La  Baume  qui 
épousa  Suzanne  Bouvière  et  mourut  sans 
postérité  en  1740;  Guillaume,  capitaine, 
tué  en  Catalogne,  1641  ;  et  Jeanne  ;  —  5° 
Jeanne,  épouse  Honoré  Martin,  lieute- 
nant principal  en  la  sénéchaussée  d'Uzès, 
le  12  oct.  1630  ;  —  6o  Marie,  épouse  Fir- 
min  Pujolas,  àvocdit  de  Nîmes,  et  meurt  en 
1676  ;  —  7o  Esther,  qui  épousa  François 
Brouzet,  avocat  au  sénéchal  de  Nîmes. 

II.  Guillaume,  second  fils  de  Jean,  était 
seigr  d'Aiguefonde ,  coseigneur  d'Haut- 
poul  et  avocat.  Il  représentait  le  haut 
Languedoc,  dans  l'assemblée  de  Grenoble, 
et  faisait  partie  de  la  Commission  chargée 
de  dépouiller  les  cahiers  des  provinces 
(Fonds  de  Brienne,  n°  223).  Alors  pre- 
mier consul  de  Castres,  Guillaume  fut  dé- 
puté à  la  Cour  afin  d'éviter  la  suppression 
ou  l'incorporation  au  parlem.  de  la  Cham- 
bre de  l'édit,  incorporation  que  les  con- 
seillers de  Toulouse  avaient  obtenue.  Après 
une  audience  particulière,  le  roi  lui  ac- 
corda le  maintien  de  la  Chambre  à  Cas- 
tres, par  lett.  pat.  du  3  avril  1615.  «  Hom- 
me de  mérite  et  de  capacité,  »  dit  Bouf- 
fard-Madiane,  Guillaume   devint   le  bras 


droit  du  duc  de  Rohan  pendant  les  guerres 
civiles  de  son  temps.  En  récompense  des 
services  qu'il  avait  rendus  pendant  les 
négociations  de  la  paix  de  Montpellier, 
il  obtint  l'office  de  lieutenant-général,  civil 
et  criminel  et  commissaire  examinateur 
du  sénéchal  du  Quercy.  au  siège  de  Mon- 
tauban,  vacant  par  la  mort  de  Jean  de  Vi 
çose  (lett.  pat.  du  20  oct.  1622  et  15  févr. 
1623).  Cependant,  il  n'exerça  jamais  cette 
charge  qu'il  vendit  à  Jean  d'Escorbiac. 
Guillaume  avait  épousé  Gabriel  le,  fille  de 
Jean  de  La  Gassagne,  avocat  et  de  Cathe- 
rine de  Comte,  et  petite-fille  de  Bertrand, 
le  17  sept.  1605.  Il  mourut  à  l'âge  de  61 
ans,  28  février  1640,  laissant  deux  fils  et 
deux  filles  :  lo  Jacques,  qui  suit  ;  —  2o 
Jean,  seigr  de  Saint- Alby  ;  —  3°  Suzanne, 
qui  épousa  Antoine  de  Botolp;  —  4o 
Jeanne,  mariée  avec  Jean  de  Thomas. 

III.  Jacques,  sgr.  d'Aiguefonde,  cosei- 
gneur d'Hautpoul,  avocat  à  la  chambre  de 
l'édit,  fut  secrétaire  perpétuel  de  l'acad. 
de  Castres,  depuis  sa  fondation  par  Félis- 
son  et  autres.  C'est  à  lui  que  l'on  doit  la 
rédaction  des  règlements  de  cette  société 
au  sein  de  laquelle  il  lut  plusieurs  poésies 
latines  restées  inédites  et  perdues  sans 
doute  ;  mais  qui  n'étaient  pas  sans  valeur, 
de  l'avis  de  Pélisson.  Jacques  mourut  à 
Castres,  le  15  mai  1680.  Il  avait  épousé 
Madeleine,  fille  de  Salomon  de  Faure, 
conseiller  à  la  chambre  de  l'édit  et  de 
Bernarde  de  Faure,  le  16  mai  1641.  De 
ce  mariage  naquirent  treize  enfants  :  1» 
Salomon,  qui  suit  ;  —  2°  Jean,  bapt.  le 
lei'  déc.  1644  ;  —  3»  Suzanne,  présentée 
au  bapt.  par  Claude  de  Faure,  conseiller  à 
la  cour,  son  oncle  maternel,  et  par  Suzanne 
d'Esperandieu,  le  26  déc.  1645  ;  —  4°  Jac- 
ques, sieur  de  Calmont,  né  le  6  janvier 
1647,  qui  fut  sans  doute  cet  intrépide 
confesseur  dont  parle  Haag.  Il  fut  enfermé 
à  Pierre-Encise  pour  cause  de  religion^  à 
l'âge  de  quatre-vingts  ans  ;  —  5°  Bernar- 
dine, née  le  4  sept.  1648,  épousa  Jacques 
de  Bissol,  sgr.  de  Malacan  ;  —  6o  François, 
sieur  de  La  Calm,  né  le  21  oct.  16i9  ;  — 
7o  et  8»  IsAREAU  et  Jeanne,  jumelles,  nées 
le  4  fév.  1651  ;  —  9°  Marie,  6  mars  1654; 
—  10°  Louis,  sieur  de  Fontalba,  bapt.  le 
26  nov.  1655  ;  —  11°  Madeleine,  3  mars 
1657  ;  —  12o  Marie,  8  juin  1658  ;  —  13o 
Gabrielle,  née  le  25  juin  1663,  au  sujet 
de  laquelle  nous  trouvons  la  note  sui- 


I 


105 


ESPERANDIEU 


ESPEROU 


106 


vante  :  «  Ses  deux  frères,  les  sieurs 

«  de  Calmont  et  son  fds,  et  le  sieur  d'Ai- 
«  guefonde  sont  demeurés  en  France.  » 

IV.  Salomon,  sgr.  d'Aiguefonde,  naquit 
à  Castres,  le  8  novembre  1643.  On  trouve 
sur  son  compte,  vers  1700,  le  rapport  sui- 
vant aux  arch.  de  l'Hérault  :  «  Salomon 

<  d'Espérandieu,  sgr.  d'Aiguefonde  et 
a  cinq  enfants  dont  l'aîné  avec  le  père, 
«  étant  catholiques  ambigus  pourroient 
«  entreprendre  quelque  chose  contre  le 
«  service  du  roi  ou  accorder  retraite  aux 
«  mal  intentionnés.  Les  autres  enfants 
«  sont  en  bas  âge.   Le  château  d'Aigue- 

<  fonde  est  bien  bâti,  élevé  au-dessus  du 
«  village  de  ce  nom  lequel  est  composé 
<•  d'une  vingtaine  de  familles  de  nouveaux 
.  convertis.  Sa  femme  et  sa  belle-sœur 
"  sont  très  mal  intentionnées  et  ont  beau- 
«  coup  de  relations  à  Castres  par  leurs 
«  alliances,  et  au  Pont  de  l'Arn  avec  la 
«  maison  de  Villette-Montlédié  ^  »  Salo- 
mon avait  épousé  Marie  de  Rossel.  L'aîné 
de  leurs  enfants,  Pierre,  sgr.  d'Aigue- 
fonde, épousa  Anne  de  Rotolp,  et  eut  à 
son  tour  :  lo  Jean-Louis,  sgr.  d'Aigue- 
fonde^ né  le  10  nov.  1714  ;  —  2o  Louis- 
Oédéon,  sgr.  de  Saint-Sauveur  ;  —  3o 
Pierre,  sgr.  de  Saint-Alby,  héritier  uni- 
versel de  .lean  d'Espérandieu,  écuyer, 
sgr.  de  La  Baume,  coseigneur  du  mande- 
ment d'Aigalliers,  habitant  d'Uzès,  lequel 
faisant  son  testament,   le  17  déc.   1727, 

dit  :  «  j'accomplis  ainsi  la  volonté  de 

<'  Louis  d'Espérandieu,  juge-mage,  afin 
«  que  le  d.  de  Saint-Alby  puisse  faire  son 
'  séjour  dans  la  ville  d'Uzès  où  nous 
«  avons  subsisté  près  de  cinq  siècles...  » 
—  Jean-Louis,  sgr.  d'Aiguefonde,  avait 
épousé  Renée  de  Chauvet,  dont  il  eut  au- 
tre Jean-Louis,  le  1er  mars  1749,  et  Renée 
qui  épousa  Jean  de  Mauriès,  sgr.  de  La- 
boutarié,  de  Réalmont. 

V.  Jean,  sgr.  de  Saint-Alby,  second  fils 
de  Guillaume,  faisait  partie  de  l'acad.  de 
Castres,  et  mourut  le  24  oct.  1652.  Il 
avait  épousé  Esther  de  Clôt  qui  lui  donna  : 

^  Voy.  les  dispositions  hostiles  manifestées  par 
toute  la  famille  après  la  conversion  forcée  et  con- 
statée par  le  rapport  de  l'intendant  en  1686.  £uU., 
t.  XXIX,  p.  216,  224,  351.  Un  d'eux,  Espéran- 
dieu  d'Aigaliers,  arrêté  dans  une  assemblée  reli- 
gieuse, en  1686,  fut  enfermé  au  château  de  Pierre 
Encise,  où  il  mourut  huit  années  après,  âgé  de 
80  ans  (M  1439,  Tourlet). 


lo  Madeleine,  présentée  au  baptême  par 
Jacques  d'Espérandieu  et  par  Madeleine 
de  Curvalle,  24  mars  1642  ;  —  2»  Jacques, 
présenté  au  bapt.  par  Jacques  Portes  et 
par  Madeleine  de  Faure,  femme  de  Jac- 
ques d'Espérandieu  d'Aiguefonde,  2  mai 
1651.  —  Jean  eut,  croyons -nous,  un  autre 
fils  qui,  vers  1700,  résidait  à  Saint-Alby, 
«  château  de  q.  q.  défense  qui  pourrait  ser- 
vir à  de  mauvais  desseins  contre  le  ser- 
vice du  roi  ;  mais  ce  n'est  pas  un  homme 
remuant  »  (Arch.  de  l'Hérault,  C.  273). 

Il  a  été  dit  un  mot  ci-dessus  (t.  I,  col. 
54),  des  seigneurs  d'Aiguefonde  et  de  leur 
dernier  représentant  (Pradel). 

2.  ESPÉRAiNDIEU,  ministre  député  à 
l'assemblée  politique  de  Montauban,  1581. 
—  (Olivier),  de  Nîmes,  assisté  à  Genève 
avec  sa  femme  et  2  enf.,  1690.  —  (Marie), 
«  de  Nismes,  venant  de  Haarlera,  allant 
retrouver  sa  mère  à  Genève,  »  assistée  à 
Lausanne,  1694.  —  (Isaac),  de  La  Baume, 
est  porté  dans  r«État  des  gens  qui  sont 
partis  de  Valabrège  avec  Cavalier,  »  en 
1704.  Son  nom  est  marqué  d'une  croix 
comme  l'un  des  plus  dangereux  camisards 
(Dépôt  de  la  guerre,  1799,  p.  214). 

ESPÉROU  (Bertrand),  notaire  de  Cas- 
tres, échangeait  à  l'occasion  la  plume  con- 
tre l'épée.  Grâce  à  lui,  les  troupes  du  capi- 
taine de  BoufTard-Lagrange  s'emparèrent 
de  Burlats,  en  1573.  Il  faisait  partie  des 
treize  braves  qui  entrèrent  les  premiers  à 
Castres,  l'année  suivante  {Mém.  de  Gâ- 
ches). Nommé  syndic  de  la  ville  quelque 
temps  après  ce  fait  d'armes,  on  le  retrouve 
signalant  aux  États  du  diocèse  «  plusieurs 
«  hérésies  meschantes  et  damnables  septes 
('  qui  commencent  à  pulluler  entre  aucuns 
«  desvoyés  de  la  droite  religion,  se  nom- 
«  mant  Déistes,  mesines  devers  le  valon 
'>  de  Sainct-Amans  et  Hautpoulois,...  » 
15  juin  1576.  —  Le  chef  de  cette  curieuse 
secte  éclose  dans  ce  coin  du  midi,  était  ce 
Ch.  de  Belle  fleur  dont  nous  avons  parlé 
en  son  lieu  (ci-dessus  t.  II,  col.  223). 
Ajoutons  ici  que  Bellefleur  1  de  notre  ar- 
ticle n'est  autre  que  le  précepteur  des  en- 
fants de  Sauveterre,  Bellefleur  3,  dont 
nous  ignorions  l'identité.  Il  porte  la  qua- 
lité de  «  docteur  en  droit  de  Castelnau- 
«  dary  »  dans  l'acte  qui  le  nomme  prévôt 
du  diocèse  de  Castres,  en  1570  (Arch.  du 
Tarn,  C  1012  et  1015).  Il  s'intéressa  vive- 
ment au  poète  Auger  Gaillard,  poursuivi. 


107 


ESPEROU   —  ESPINASSE 


108 


lui  aussi,  comme  l'un  des  frondeurs  du 
parti  orthodoxe  d'alors  (Voy.  Un  chap.  de 
l'hist.  de  l'imprimerie  à  Montauban,  par 
Forestié).  Quant  à  Espérou,  il  ne  dut  pas 
laisser  de  descendance  directe,  mais  son 
nom  est  encore  très  répandu  dans  le  Cas- 
trais (Pradel). 

ESPERT  ou  Expert  (NoÉ),  marchand 
de  Castres,  avait  épousé  Jeanne  Gonahel 
qui  lui  donna  de  1633  à  1649  cinq  enfants. 
A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  un 
membre  de  la  famille  Expert  demeurant  à 
Puylaurens,  Gaspard,  sans  doute,  est  dé- 
noncé à  l'Intendant  de  Languedoc  comme 
«  fort  passionné  contre  la  religion  catho- 
«  lique,  ainsi  que  les  deux  fils  du  sieur 
«  Pitorre  dont  l'un  est  gendre  d'Imbert 
«  du  Barry.  »  L'une  des  filles  de  Gaspard 
Espert  fut  enfermée  au  château  de  Som- 
mières  en  1687,  puis  embarc^uée  pour  les 
colonies  et  noyée  en  route  (Elle  Benoist). 
Gaspard  était  frère  d'Antoine;  ils  étaient 
fils  de  Jeanne  d'Albouy,  16o6  (Pradel). 
—  Charlotte  Espère  de  S'-André  en  Dau- 
phiné,  assistée  à  Genève  en  1693. 

EspEviLLE  (Charles  d'),  pseudonyme  de 
Calvin. 

ESPIARD,  de  Semur,  étudiant  à  Ge- 
nève (Petrus  Espiardus  semurionensis  ju- 
risprudentise  studens),  mai  1579.  —  René 
d'Èspic,  de  Blois,  clerc  au  greffe  de  MM. 
les  Treize  de  Metz,  et  procureur  en  la  jus- 
tice de  cette  ville,  y  épouse,  15  septemb. 
1619,  Elisabeth  Wirion,  union  d'où  na- 
quirent sept  enfants  dont  l'aîné,  Jérémie 
d'Espic,  né  à  Metz  en  1621,  fut  conseiller 
du  roi,  commissaire  provincial  des  guerres 
en  Champagne,  Alsace,  Lorraine  et  sieur 
de  La  Guische  ;  une  de  ses  sœurs,  Fran- 
çoise, née  en  1624,  épouse,  15  avril  1657, 
Jacques  Cochefer,  chevau-léger  de  la  garde 
du  roi,  emprisonné  à  Nîmes  (motif  incon- 
nu), en  1675.  —  Abraham  Espie,  ancien 
et  scribe  du  consistoire  de  La  Rochelle; 
défense  à  lui  faite  par  jugement  du  Prési- 
dial  de  cette  ville  «  et  à  tous  autres  de 
«  quelque  condition  et  qualité  qu'ils 
«  soyent  de  plus  à  l'advenir  dans  aucuns 
«  actes  publics,  user  et  se  servir  du  nom 
«  d'Église  Réformée,  luy  enjoignant  d'em- 
«  ployer  les  noms  et  mots  de  la  Religion 
«  Prétendue  Réformée,  suivant  les  Édits, 
«  sur  peine  de  500  livres  d'amende  et 
(■  autres  plus  grandes  peines  s'il  y  échoit,  » 
13  juin  1648  (Filleau,  Décis.  cath.,  p.  719). 


—  UEspié,  voy.  Saussure.  —  Marie  Espy, 
du  Gua,  enfermée  au  couvent  de  Ste-Josè- 
phe  de  Privas  à  la  demande  de  l'évêque 
de  Viviers,  1753.  —  Lespinagre,  officier 
dans  l'armée  hollandaise,  1701.  —  Jean- 
Pierre  Espinas,  ancien  et  procureur  de 
St-Félix  de  Châteauneuf  en  Vivarais,  fut 
d'abord  arrêté,  en  1732,  cà  Montpellier  où 
il  était  allé  porter  une  collecte  au  ministre 
Pierre  Durand,  puis  arrêté  de  nouveau  en 
1740  pour  avoir  donné  asile  à  un  ministre 
et  reçu  des  livres  religieux  prohibés;  con- 
damné aux  galères  perpétuelles,  où  il  fut, 
à  Toulon,  un  correspondant  d'Ant.  Court. 
Sa  fenmie,  Anne  Lapraz,  réfugiée  à  Berne, 
obtient  (1740)  de  la  chambre  des  réfu- 
giés de  cette  ville  une  pension,  8  liv.  par 
mois. 

ESPINASSE  (Pierre),  ministre  à  Revel, 
1603-1620  ;  (Pierre),  de  S^-Amans  en  Al- 
bigeois, ministre  à  St-Amans  et  Villema- 
gne,  de  1617  à  1651  ;  (Jean),  probable- 
ment fils  de  Pierre,  écolier  à  Montauban 
en  1655  et  étudiant  en  théologie  à  l'acad. 
de  cette  ville  en  1660,  pasteur  à  Carmaing 
dans  le  Lauraguais  en  1667  et  au  Pont-de- 
Larn,  près  Castres,  1672-76  ;  réfugié  en 
Angleterre  à  la  Révocation  {Agnetv  I,  48). 

—  (Guillaume),  de  Milhau,  assisté  d'un 
viatique  à  Genève,  allant  en  Allemagne. 

ESPINASSE  (Maître  Jean  de  L'),  juge 
d'appeaux  à  Castres  en  1598  (Borel,  Antiq. 
de  Castres,  II,  p.  26).  —  (Etienne  de  L'), 
officier  dans  l'armée  hollandaise,  1700- 
1705;  (François),  conseiller  à  la  cour  de 
Surinam,  1719  ;  (Etienne),  pasteur  à  De- 
venter  en  1746,  puis  à  Amsterdam  ;  mort 
en  1761.  —  Olivier  de  Lespinasse,  de 
Lyon,  étudiant  à  Genève,  1644.  —  Isaac, 
né  en  1640,  étudiant  à  Genève  (Isaacus 
Lespinassus  galloburgundus  cabilonensis, 
philosoph.  studens),  mai  1663  ;  avocat 
au  parlement  de  Paris,  réfugié  en  Prusse 
à  la  Révocation,  mort  juge  de  Brandebourg 
en  1726.  Un  de  Lespinasse  du  Puy,  ingé- 
nieur, réfugié  à  Francfort-sur-le-Mein  en 
1686  ;  un  autre,  lieutenant  au  régiment  de 
Varennes,  réfugié  au  Brandebourg,  1702. 

—  François  Espinassou,  «  mercier,  natif 
de  la  ville  de  Donsenach  en  Lymosin,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  2  nov.  1556.  — 
D'Espinassous,  ancien  de  l'église  de  Mey- 
rueis  au  synode  tenu  en  cette  ville,  17  juin 
1674.  —  Pierre  Espinoux.  de  l'église  de 
Villefagnan,  1664. 


1 


109 


ESPIXAY 


ESPRINCHARD 


110 


ESPINAY  (Nicolas  d'),  ou  Despinay, 
quelquefois  Lespmay,  sieur  du  Parc  de 
Nerville  [Haag,  IV  559]  d'une  famille  ori- 
ginaire de  la  iS^ormandie,  était  fds  de  Ni- 
colas crEspinay,  sieur  de  Campigny  et  de 
Grandval,  anobli  en  1608  pour  récompense 
de  ses  services,  et  de  Geneviève  de  Boni- 
face-de-Saint-Aignan.  D'Espinay  se  voua 
à  la  carrière  ecclésiastique,  reçut  la  con- 
sécration en  1609,  et  fut  nommé  pasteur 
à  Loudun.  Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il 
fut  député  par  l'Anjou  à  l'assemblée  poli- 
tique de  Loudun  et  à  celle  de  La  Rochelle. 
Cette  dernière,  où  il  remplit  les  fonctions 
de  vice-président,  lui  confia  une  mission 
auprès  du  roi  d'Angleterre,  au  mois  d'août 
1621.  Il  devait  «  l'informer  au  vray  de  la 
persécution  rigoureuse  et  désolation  des 
églises,  »  et  «  le  supplier  très  humblement 
vouloir  en  cette  extrême  nécessité  secourir 
lesdites  égUses,  puisqu'il  portoit  le  titre 
glorieux  de  deffenseur  de  la  foy  »  (Brien- 
ne,  no  225).  De  son  mariage  avec  Marie 
Sasserie,  fille  du  sieur  Sasserie  et  de  Su- 
sanne  Des  Cerisiers,  naquirent  Pierre,  qui 
suit  ;  Jean,  mort  sans  postérité  ;  Nicolas  ; 
Marie,  femme,  en  1638,  d'André  Roy 
sieur  de  La  Rollandière  ;  Susanne,  mariée 
à  Charles  Jullin. 

Pierre,  sieur  de  Nerville  et  du  Lieu,  né 
vers  1615,  épousa,  en  1641,  Marie  Martin, 
fille  de  Philippe,  sieur  de  La  Rigollière, 
dont  il  eut  Nicolas,  sieur  du  Lieu  et 
d'Esplenne,  qui  suivit  la  carrière  des  ar- 
mes et  se  convertit  lors  de  la  Révocation  ; 
Jean,  sieur  de  Nerville,  qui  servait  dans 
la  cavalerie  en  1674,  et  Marie,  femme 
tVE.  Gaudoyer. 

Nicolas  d'Espinay  avait  plusieurs  frères 
et  sœurs.  L'aîné,  Jean,  sieur  de  Campi- 
gny, ne  laissa  qu'une  fille,  mariée  à  Jean 
d'Illiers,  sieur  de  Vinèze.  Le  second, 
François,  continua  la  branche  normande 
qui  professait  encore  la  religion  protes- 
tante à  la  Révocation  ;  en  1688,  Susanne 
d'Espinay  fut  enfermée  aux  Nouvelles- 
catholiques  d'Alençon  (M  670).  L'aînée 
des  sœurs  épousa  Mathurin  de  Bonnechose, 
sieur  de  Bellouet,  et  la  cadette,  qui  fut  aussi 
enfermée  dans  un  couvent,  en  1739,  le  sieur 
Du  Perron  dont  descendait  Alexandre  Du 
Perron,  de  Falaise. 

Despoir,  pseudonyme  du  ministre  J.  de 
Pleurs  (1557)  et  quelques  années  plus  tard 
du  ministre  Pierre  d'Ùrdez;  voy.  ci-dessus 


t.  V,  col.  1030'. — Bermond  d' Espondeilhan, 
voy.  ci-dessus  II,  col.  349. 

ESPRINCHARD  (Michel),  sieur  du 
Plo.mb,  faisant  partie  du  corps  de  ville  de 
La  Rochelle  en  1573  ;  il  fut  appelé  à  la 
dignité  de  Coélu  [1er  adjoint  à  la  mairie] 
en  1577  et  de  maire  en  1578.  Ce  fut  lui 
qui  présenta  au  baptême  en  1583,  au  nom 
de  la  ville  de  La  Rochelle,  l'enfant  qui 
devint  Benjamin  de  Rohan,  duc  de  Sou- 
bise.  Michel  Esprinchard  avait  épousé 
Sylvie  Tarquaix,  et  mourut  le  15  septemb. 
1584,  laissant  de  son  mariage  :  Jaques, 
baptisé  le  16  déc.  1573  par  le  pasteur  Ri- 
cher  (parr.  Jehan  Godefroy  d'Orléans, 
marr.  Catherine  Tarquay)  ;  Pierre,  bapt. 
le  12  déc.  1574  ;  Michel,  bapt.  le  15  déc. 
1575,  pair  de  La  Rochelle  en  1602,  éche- 
vin  en  1604,  mort  en  janv.  1622  ;  Jeanne, 
bapt.  le  10  septemb.  1577,  mariée  en  1600 
à  Jacq.  de  Remigoux,  s^  de  La  Faye,  avo- 
cat, et  en  2nies  noces  à  Jacq.  de  Vieux, 
écuyer,  sr  de  La  Salle  ;  Jean,  bapt.  le  13 
mars  1579  ;  Elisabeth,  le  11  août  1580, 
parr.  le  sr  du  Voysin  de  la  Popelinière  ; 
autre  Jean,  bapt.  le  7  oct.  1581. 

L'aîné  de  ces  enfants,  Jacques  Esprin- 
chard, fut  celui  qui  laissa  la  trace  la  plus 
distinguée  [Haag,  IV  560].  Son  père  vou- 
lut donner  tous  les  soins  à  son  éducation 
et  l'envoya  faire  ses  études  au  collège 
d'Orthez.  Sorti  du  collège,  il  obtint  la 
permission  de  voyager  et  s'embarqua,  23 
avril  1593,  pour  l'Angleterre  où  il  fit  un 
assez  long  séjour.  Il  passa  ensuite  dans  les 
Pays-Bas  avec  l'intention  de  suivre  les 
cours  de  l'université  de  Leyde,  où  il  resta 
en  etî'et  quatre  années  «  à  cause  des  beaux 
exercices  de  toute  science  qu'on  y  voit.  » 
Il  y  soutint,  sur  les  tutelles,  des  thèses 
qu'il  dédia  à  Scaliger.  Ses  études  finies,  il 
partit,  3  mars  1597,  pour  se  rendre  en 
Allemagne,  visita  la  plupart  des  États  de 
l'empire,  rentra  en  France,  parcourut  les 
provinces,  se  lia  d'amitié  avec  une  foule 
d'hommes  distingués,  entre  autres,  avec 
de  Thou,  Casaubon,  Welser,  Goulart, 
L'Étoile  qui  regretta  vivement  «  sa  douce, 
docte  et  chrestienne  compagnie.  »  Il  re- 
tourna enfin  dans  sa  ville  natale,  le  24 
mai  1598,  riche  des  connaissances  qu'il 
avait  acquises  dans  ses  longues  et  savantes 

'  Au  môme,  t.  V,  col.  456,  nous  avons  eu  le 
tort  d'inscrire  (lig.  25  à  29)  un  Pierre  Dordes  qui 
n'est  autre  que  ce  d'Urdez. 


111 


ESPRINCHARD 


ESQUALET 


112 


courses  à  travers  une  partie  de  l'Europe. 
Il  prit  la  part  la  plus  active  à  la  fondation 
de  la  Bibliothèque  de  La  Rochelle  qui  fut 
ouverte  en  1606,  dans  une  salle  haute  du 
temple  de  St-Yon,  sous  les  auspices  du 
Consistoire.  Mais  il  n'existait  plus  lors- 
qu'elle s'ouvrit.  Élu  membre  de  la  muni- 
cipalité rocheloise,  le  12  janv.  1604,  il 
fut  enlevé  le  19  août  de  la  même  année, 
à  la  fleur  de  son  âge,  dans  une  épidémie 
qui,  le  10  septembre  suivant,  emporta  aussi 
sa  femme. 
Esprinchard  a  laissé  plusieurs  ouvrages  : 

I.  De  tutela  et  cura,  thèses  de  droit  dé- 
diées à  Scaliger  ;  Leyde,  1597. 

II.  L'histoire  des  empereurs  romains  de- 
puis Jules-César  jusqu'à  Rodolphe  II,  re- 
cueillie de  divers  auteurs  anciens  et  moder- 
nes [Gen.]  Sam.  Crespin,  1600,  2  vol. 
in-8o.  —  Watt  cite  :  L'histoire  d'Auguste 
contenant  les  vies  des  empereurs  romains, 
Gen.  1610,  2  vol.  in-8°  ;  mais  ce  n'est  ap- 
paremment qu'une  réimp.  du  même  ou- 
vrage. 

III.  Histoire  des  Ottomans  ou  empereurs 
des  Turcs  jusques  à  Mahomet  III,  Paris, 
1609,  in-8o.  —  On  trouve  dans  le  même 
volume  :  Traicté  des  forces  de  l'empire 
ottoman,  des  desseins  des  empereurs  et  des 
moyens  d'y  obvier,  ainsi  qu'un  Brief  dis- 
cours de  la  dernière  guerre  de  Perse. 

IV.  Voyages  en  diverses  contrées  de  l'Eu- 
rope, msc.  in-4o.  Cet  ouvrage  manuscrit, 
précédé  d'une  notice  de  Colomiès  père  sur 
la  vie  de  l'auteur,  existe  à  la  Biblioth.  de 
La  Rochelle. 

Esprinchard  a  travaillé,  en  outre,  avec 
Simon  Goulart  à  la  traduction  française 
des  Méditations  historiques  de  Caméra- 
rius  ;  il  a  traduit  seul,  pour  l'édition  latine 
de  Genève,  les  additions  d'Etienne  Guazzi 
à  son  traité  De  mutuâ  et  civili  conversa- 
tione,  ouvrage  qui  eut  beaucoup  de  lecteurs 
dans  le  XVIi>e  siècle  ;  enfin  on  trouve 
quelques  Lettres  de  lui  parmi  celles  de 
Scaliger.  M.  de  Richemond  dans  sa  Bio- 
graphie de  la  Charente  inf.  (1875,  in-12), 
a  publié  un  sonnet  composé  par  Esprin- 
chard à  la  louange  de  son  ami  Simon  Gou- 
lart. On  a  aussi  d'Esprinchard  neuf  lettres, 
des  années  1597-1602,  à  Jos.  Scaliger, 
pleines  de  détails  intéressants  sur  la  litté- 
rature et  sur  l'état  des  églises  réformées 
de  Saintonge  et  Guyenne.  Elles  ont  été 
pub.  par  Jacq.  de  Rêves,  Epistres  fran- 


çoises,  1624.  —  Esprinchart,  marchand  à 
La  Rochelle,  contribue  à  l'entretien  du 
ministère  pastoral,  1679  (Tt  316). 

ESQUALET  (Jean)  c  fils  de  monsieur  Es- 
qualet,  pasteur  de  Castres,  qui  va  trouver 
son  père  en  Hollande,  »  assisté  à  Lausanne, 
13  juin.  1688.  —  Esquiro,  famille  de 
Mauvesin.  —  Dardé  Esquirol,  sergent  du 
capitaine  de  Bouffard-Lagrange,  de  Cas- 
tres, était  un  brave  soldat  huguenot  qui 
s'empara  de  Puechassaut,  pour  son  maître, 
en  1579.  Il  commit  encore  plusieurs  autres 
actions  d'éclat  dans  l'Albigeois,  mais 
«  aussi  plusieurs  voleries  et  pilleries  (avec 
«  son  ami  le  sergent  Lelong)  »  que  les  con- 
suls de  Castres  dénoncèrent  au  juge  du 
comté.  Son  fils,  Etienne,  avait  épousé 
(1619)  Suzanne  de  Fargues.  —  Clément 
Esquirol  et  sa  femme  assistés  à  Londres, 
1702.  —  Joseph  des  Essarts  de  Marsinvil- 
liers,  pensionné  (300  liv.)  comme  nouveau 
catholique,  1688  (E  3374).  Perrette  des 
Essars  veuve  de  Jean  Paly  réfugiée  à 
Utrecht  avec  4  enf.,  1701.  Voy.  Des  Es- 
sars, au  t.  V,  col.  288.  —  Pierre  Esta- 
dieu,  consul  de  Castres  en  1601.  —  An- 
toine Estague.  de  Lunel,  assisté  à  Lau- 
sanne, venant  de  Maestricht  et  allant  à 
Genève,  mars  1698.  —  Anne  Estaillard, 
femme  de  Pierre  Jourdan,  arrêtée  dans 
une  assemblée  surprise  à  Cabrières,  1736 
(Tt  236).  —  Simon  Estain,  régent  au  col- 
lège de  Castres  ;  il  eut  de  sa  femme,  Marie 
Roques,  deux  fils,  Simon  en  1641,  Joseph 
en  1646.  —  Estandeau,  pasteur  à  Oraas, 
colloq.  de  Sauveterre,  1613-37.  —  Jean 
Estendeau  de  La  Hontan  en  Béarn,  68  ans, 
assisté  à  Londres.  1705.  —  Lestang,  mi- 
nistre (appelé  Stagnxus  par  Calvin  ;  lettre 
du  4  août  1538),  et  qu'on  trouve  prêchant 
à  Paris  en  1561  {Bull.  XXIII,  62)  ;  il  était 
attaché  à  la  maison  de  la  reine  de  Navarre 
(Herminj.  V,  207).  —  Nicolas  de  Lestang, 
officier  en  France,  de  1677  à  87  ;  lieute- 
nant aux  gardes  du  prince  d'Orange, 
1688  ;  brigadier  1691  ;  général-major  en 
1696.  —  Daniel  Estaunié,  chef  d'une  fa- 
mille protestante  de  Puylaurens  en  1630. 

—  Estaunié  de  Ferais,  avocat,  «  du  der- 
«  nier  entêtement  en  religion,  ainsi  que  le 
«  sieur  d'Arnaud  son  confrère,  et  M.  de 
«  Capdepy  »  (Archiv.  de  l'Hérault,  C  273)  ; 

—  (Antoine),  fils  de  feu  Jean-Jacques  et  de 
Sara  Nicolau,  épouse  au  désert,  9  août 
1773,    Anne  fille   de  Jean  Favar  et  de 


113 


ESQUALET 


ESTIENNE 


114 


Jeanne  Malabiou  ;  Jean  Estaunié  de  La 
Trape  obtient  la  permission,  quoique  pro- 
testant, de  vendre  ses  biens,  1778.  — 
Noble  Abraham  Ester,  bailli  pour  S.  M. 
le  roi  de  France  au  bailliage  de  Haguenau 
en  basse  Alsace,  épouse  à  Genève,  3  mars 
1639,  Lavinia,  fille  de  nob.  J.-B.  Stoppa. 

—  La  femme  de  Barthélémy  Estergou,  de 
la  Bourgogne,  délaissée  de  son  mari  avec 
3  enfants,  assistée  à  Genève,  1690.  —  De- 
nys  Estêve  «  natif  de  Colevri  en  Sontaige,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  10  déc.  1554. 
Estaive,  famille  de  Saintonge,  1684.  — 
Samuel  Estevous  et  Henri  Esteve,  tous 
deux  de  Castres,  étud.  à  Genève  en  1668 
et  1689.  —  Jean  d'Esteinville,  officier  en 
Hollande,  pensionné  par  les  États  géné- 
raux (250  fior.)  en  1687,  mort  à  Haarlem, 
3  mai  1702  ;  sa  veuve,  Anne  Carré,  con- 
tinuée dans  la  pension. 

1.  ESTIENNE  (Hélène,  fille  de  Jean), 
native  de  Anqueteville,  dioc.  de  Coûtantes, 
établit  ses  conventions  matrimoniales  avec 
sou  mari  Jacques  de  Contryres,  maroqui- 
neur,  de  la  parr.  deCecqueil,  dioc.  de  Séez, 
18  avril  1556  •.  —  (François),  prêche  la 
Béforme  à  Pont- à-Mousson  vers  1560, 
d'où  il  est  chassé  et  se  retire  à  Genève 
[V  39  note].  —  (Jacques),  ancien  de 
l'éghse  de  Marseillan  au  colloque  de  Mont- 
pellier, 1562  {Bull.  XXI,  228).  —  (An- 
dré) prend  part  à  la  dévastation  d'une  ab- 
baye à  Cateau-Cambrésis,  1566.  —  (An- 
toine), pasteur  à  Cardet,  1620.  —  (Jacques), 
pasteur  à  St-Bonnet,  1620-26.  —  (Jean), 
secrétaire  de  la  chambre,  abjure  en  1621. 
Son  changement  a  servi  de  texte  à  un  petit 
écrit  intitulé  «  Traicté  sur  le  sujet  de  la 
«  Conversion  à  la  Religion  cathol.,  apost. 
«  et  romaine  de  maistre  Jean  Estienne, 
«  secrétaire  de  la  chambre  du  Roy.  Et  sa 
(  réception  en  la  saincte  Église  ;  par  le 
■<  R.  P.  Athanase,  prédicateur  de  l'ordre 
«  des  Pères  capucins  ;  Paris,  Ant.  Es- 
^  tienne,  1621,  .  in-8«  de  88  p.  (Biblioth. 
Mazarine,  26331).  C'est  Jean  Estienne  lui- 
même  qui,  après  avoir  dédié  cet  écrit  au 
roi,  expose  les  motifs  de  sa  conversion. 
Ce  récit,  conçu  en  termes  fort  modérés, 
énonce  95  thèses  controversées  sur  cha- 
cune desquelles  l'auteur  donne  sa  solution. 

—  (Etienne),  auteur  de  l'ouvrage  suivant  : 
Discours  consolatoires  pour  tous  les  mal- 


contents, c'est-à-dire  Plusieurs  beaux 
moyens  parmi  les  plus  grandes  adversitez 
de  ce  monde  calamiteux,  par  M.  Estienne 
Estienne,  champenois.  A  Yverdon,  par  la 
Société  helvétiale  caldoresque  '  ;  1624, 
in-12  de  160  p.  non  compris  la  dédicace 
au  Conseil  souverain  de  Berne  et  la  table. 

—  ( ),  ministre  à  Canaules,  1626.  — 

Estienne  Estienne,  chirurgien,  3rae  consul 
du  Vigan  en  1631.  —  (Joseph)  nommé  en 
1647  à  une  2me  place  de  pasteur  du  Vi- 
gan rendue  nécessaire  par  le  grand  âge  et 
les  infirmités  de  Jehan  de  Surville  ;  il  mou- 
rut après  3  ans  de  ministère,  25  septemb. 
1650,  laissant  veuve  d'ie  Jaquette  de  Vi- 
vens,  sa  femme.  —  lilstienne,  famille  fugi 
tive  de  Rouen  à  la  Révocction.  —  (An- 
toine), de  Ganges,  assisté  à  Genève  d'un 
viatique  pour  l'Allemagne,  1698. 

2.  ESTIENNE,  noble  famille  de  typogra- 
phes, dont  les  plus  illustres  représentants 
professèrent  la  religion  réformée.  Quoique 
d'origine  plébéienne,  cette  famille  a  joui, 
par  une  rare  exception,  du  privilège  ré- 
servé à  la  seule  naissance  ou  à  l'impor- 
tance politique  :  elle  a  eu  ses  historiens. 
Almeloveen,  Maittaire  et  récemment 
M.  Renouard  ont  tour  à  tour  raconté, 
dans  de  savants  ouvrages,  l'histoire  des 
travaux  de  chacun  de  ses  membres  :  juste 
tribut  de  reconnaissance  pour  les  services 
que  les  Estienne  ont  rendus  à  la  civilisa- 
tion moderne,  en  remettant  en  lumière 
les  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité  classique. 
RoBKRT,  premier  du  nom,  le  plus  célèbre 
des  trois  fils  de  Henri  Estienne  souche  de 
la  famille,  naquit  à  Paris  en  1503. 

Tel  est  le  début,  simple  et  véridique, 
du  long  article  consacré  par  MM.  Haag 
[V,  1-40]  à  ces  imprimeurs  de  haute  re- 
nommée. C'est  aussi,  en  abrégé,  ce  que  di- 
sent Almeloveen  (De  vitis  Stephanoi-um, 
1683),  Maittaire  (Stephanorum  historia, 
1709)  et  Renouard  (Annales  des  Estienne, 
1843).  Cependant,  Renouard  ajoute  (p.  276) 
en  parlant  du  premier  des  Estienne,  Henri 
père  de  Robert  1er  :  i  On  a  prétendu  qu'il 
était  noble  et  d'une  ancienne  famille  ;  que 
déterminé  par  son  admiration  pour  l'art 
typographique  à  se  livrer  à  l'exercice  de 
cette  belle  profession,  il  n'en  put  être  dé- 
tourné par  la  crainte  de  l'exhérédation 
paternelle.  Mais  ceci  n'est  rien  moins  que 


^  Bem.  Neyrod  not.  à  Genève,  I,  91. 


»  Voy.  t.  III,  col.  696,  lig.  15. 


115 


ESTIENNE 


116 


prouvé.  »  Un  autre  grand  typographe, 
mort  il  y  a  peu  de  temps,  Ambroise-Fir- 
min  Didot,  a  consacré  à  l'histoire  des  Es- 
tienne  une  longue  série  d'articles  de  la 
Biographie  Générale  dont  il  était  l'éditeur 
(46  vol.,  1862-77)  et  n'a  pas  manqué  de 
reproduire  et  d'accentuer  cette  légende 
relative  à  la  noblesse  des  Estienne  qu'il 
rattache  aux  d'Estienne  seigneurs  de  Lam- 
besc  (dont  il  sera  dit  un  mot  plus  loin)  en 
les  faisant  remonter  à  l'année  1270.  Cette 
date  extraordinaire,  et  l'intervention  des 
d'Estienne  du  Languedoc  ou  de  Provence 
qui  n'ont  aucun  rapport  avec  les  Estienne 
de  Paris,  montrent  l'inanité  de  ce  conte 
puéril  et  ce  qui  le  fait  mieux  ressortir  en- 
core, c'est  qu'il  avait  été  communiqué  à 
MM.  Didot  sous  forme  d'un  tableau  généa- 
logique, par  un  inspecteur  de  la  librairie 
nommé  Antoine  Estienne.  En  gonflant  la 
gloire  du  nom,  cet  inspecteur  travaillait 
pour  lui-même,  maladie  moderne  dont 
nous  voyons  tant  d'autres  exemples  au 
courant  de  nos  volumes  S  mais  il  a  omis 
un  point  capital,  à  savoir  qu'aucun  des 
actes  civils  connus  qui  sont  relatifs  à  ses 
illustres  homonymes  et  confrères  du  XYI^^ 
siècle  ne  porte  la  moindre  qualification 
nobiliaire. 

Les  Estienne  se  distinguèrent  par  la 
beauté  premièrement  et  l'extrême  correc- 
tion des  ouvrages  sortis  de  leurs  presses, 
par  le  zèle  éclairé  avec  lequel  ils  répan- 
dirent les  bons  textes,  par  la  piété  qu'ils 
apportèrent  à  améliorer  particulièrement 
les  textes  sacrés,  par  leur  supériorité 
comme  savants,  par  la  grande  érudition 
qui  leur  a  fait  souvent  mettre  en  lumière, 
pour  la  première  fois,  des  textes  perdus 
de  l'antiquité,  par  de  nombreux  travaux 
qui  les  ont  placés  au  premier  rang  des 
philologues  et  des  critiques,  enfin  par 
l'étonnante  activité  de  leurs  ateliers.  Re- 
nouard  a  compté  1590  ouvrages  publiés 
par  eux  de  l'an  1502  à  l'an  1664. 

I.  Le  premier  ouvrage  imprimé  par 
Henri  1er  (avec  un  associé,  l'allemand 
Wolfgang  Hopil)  en  1501,  est  une  édition 
des  Éthiques  d'Aristote  publiée  par  Lefè- 
vre  d'Étaples.  Viennent  ensuite  en  1502 
et  années  suivantes  diverses  œuvres  de 
mathématiques,  d'astronomie  et  de  philo- 

1  Voy.aux  tables  des  matières  des  volumes  pré- 
cédents les  articles  :  Généalogies  rectifiées,  fabu- 
leuses, contestées,  suspectes,  etc. 


Sophie.  Ses  presses  ont  produit  120  volu- 
mes dont  un  seul,  un  traité  de  géométrie, 
en  français.  L'un  des  plus  remarquables 
est  le  Quintupleœ  psalterium,  in-fol.  (1509, 
2Dtte  édit.  1513)  extrêmement  bien  imprimé 
en  rouge  et  noir;  c'est  là  que  pour  la 
première  fois  les  versets  du  texte  sacré 
sont  distingués  par  des  chiffres.  Il  fit  tou- 
jours usage  du  caractère  romain,  innova- 
tion élégante,  par  opposition  au  caractère 
gothique  alors  dominant  en  France.  Henri 
Estienne  mourut  en  1520  ;  on  conjecture 
d'après  la  date  de  ses  premiers  produits 
typographiques  qu'il  était  né  vers  1460. 

Sa  veuve,  dont  on  ignore  le  nom,  se 
remaria  avec  l'imprimeur  Simon  de  Coli- 
nes,  habile  graveur  en  caractères,  qu'elle 
rendit  par  cette  union  tuteur  de  ses  trois 
fils  François,  Robert  et  Charles  Estienne. 
Le  premier  fut  libraire,  le  troisième  méde- 
cin. 

II.  Quant  à  Robert,  il  continua  les  tra- 
vaux de  son  père  et  entra  dans  les  pre- 
miers rangs  de  la  Réforme,  formés  par  les 
amis  de  son  père,  Lefèvre  d'Étaples  et 
Farel.  Il  était  né  à  Paris  en  1503,  et 
n'avait  que  17  ans  à  la  mort  de  son  père. 
A  cette  heureuse  époque  de  notre  histoire 
les  écoliers  étaient  déjà  des  savants  et  le 
chef  de  la  maison,  Simon  de  Cohnes, 
ayant  confié  au  jeune  homme  la  surveil- 
lance d'une  édition  du  Nouveau-Testament 
latin,  celui-ci  s'en  acquitta  avec  tant  de 
zèle  qu'il  alla  jusqu'à  corriger  quelques 
passages  qui  lui  semblaient  altérés.  Une 
si  grande  témérité  indigna  la  Faculté  de 
théologie  et  l'imprudent  fut  obligé  de 
soutenir  devant  la  Sorbonne  un  procès  où 
il  eût  infailliblement  succombé  sans  la 
protection  du  roi  François  1er  qui  se  mon- 
tra bien,  en  cette  circonstance,  le  père 
des  lettres.  Robert  nous  raconte  ainsi  cet 
incident  : 

«  Quand  le  Nouveau-Testament  fut  im- 
primé en  petite  forme  [1523,  in-16],  par 
mon  beau-père  Simon  de  Colines,  qui  le 
rendit  bien  net  et  correct,  et  en  belle  let- 
tre et  d'autant  que  j'avoye  charge  de  l'im- 
primerie, quelles  tragédies  esmeurent-ils 
contre  moy  ?  ils  crioyent  dès  lors  qu'il  me 
falloit  envoyer  au  feu,  pource  que  j'im- 
primoye  des  li\'Tes  si  corrompus  :  car  ils 
appeloyent  corruption  tout  ce  qui  estoit 
purifié  de  ceste  bourbe  commune,  à  la- 
quelle ils  estoyent  accoustumez.  Et  lors  je 


117 


ESTIENNE 


118 


rendi  tel  compte  de  mon  faict  comme  il 
appartenoit.  Or  combien  qu'en  leurs  le- 
çons publiques  ils  reprinsent  magistrale- 
ment et  aigrement  le  jeune  homme  duquel 
telle  correction  estoit  procédée,  toutesfois 
estans  eulx-mesmes  bons  tesmoings  de  leur 
propre  ignorance,  ne  l'osèrent  jamais  as- 
saillir ouvertement...  mais  avoyent  plus 
de  paour  de  luy,  qu'ils  ne  luy  en  eussent 
sceu  faire,  parce  que  Dieu  les  avoit  ef- 
frayez. » 

Dès  que  Robert  fut  en  possession  de  sa 
part  d'héritage,  il  fonda  une  imprimerie 
pour  son  compte.  Ses  premières  impres- 
sions datent  de  la  fin  de  1526.  Il  prit  pour 
marque  un  olivier,  avec  cette  devise  tirée 
de  l'Épître  de  S'  Paul  aux  Romains  :  Noli 
altum  sapere,  [sed  tirne  ] ,  ne  t'élève  point 
par  orgueil,  mais  crains.  Ces  deux  derniers 
mots  sont  le  plus  souvent  omis.  Son  ma- 
riage remonte  à  cette  même  époque.  Per- 
rette  Bade,  qu'il  épousa,  était  fille  du  sa- 
vant professeur  et  imprimeur  Jodocus  Ra- 
dius (t.  1,  col.  680).  Cette  digne  compagne 
de  sa  vie,  fort  lettrée  elle-même,  gouverna 
sa  maison  pendant  plus  de  20  années.  Les 
savants  y  étaient  accueillis  avec  bienveil- 
lance et  distinction.  Henri  Estienne  nous 
apprend  que,  dans  la  famille  de  son  père, 
le  latin  était  devenu  en  quelque  sorte  la 
langue  usuelle  ;  chacun  le  parlait,  jusqu'aux 
enfants  et  aux  domestiques.  Ce  qui  avait 
surtout  contribué  à  y  introduire  cet  usage, 
c'était  la  présence,  comme  commensaux, 
d'une  dizaine  de  savants  correcteurs  de 
différentes  nations,  qui  pour  communi- 
quer entre  eux,  étaient  obligés  de  se  ser- 
vir de  cette  langue  savante. 

Depuis  plusieurs  années,  Robert  prépa- 
rait une  édition  de  la  Rible  en  latin.  Il 
s'était  entouré  de  manuscrits  recueillis  dans 
divers  établissements  de  Paris,  et  il  les 
avait  collationnés  avec  les  anciennes  édi- 
tions, entre  autres  avec  la  Rible  ger- 
manique et  avec  la  Polyglotte  d'Alcala 
(complutensis).  Ses  soins  ne  se  bornèrent 
pas  à  ce  travail  de  collation  ;  il  joignit 
(1528,  in-fol.)  au  texte  de  la  version  de  la 
Vulgate,  qu'il  suivit  presque  partout,  si  ce 
n'est  dans  les  Psaumes  où  il  conserva  une 
ancienne  traduction  en  usage  dans  l'Église, 
un  ample  Index  des  noms  propres  hé- 
breux, chaldéens,  grecs  et  latins,  dont  il 
rétablit  l'orthographe,  avec  l'interprétation 
en  latin.   Cette  première  édition  s'épuisa 


promptement,  car  à  la  suite  de  la  révolte 
de  Luther,  la  curiosité  publique  s'était 
éveillée.  Quatre  années  s'étaient  à  peine 
écoulées  que  Robert  fit  paraître  une  nou- 
velle édition  du  précieux  volume  (1532, 
in-fol.),  beaucoup  plus  correcte  que  la 
première,  à  laquelle,  indépendamment  des 
différentes  leçons,  il  ajouta  de  courtes  no- 
tes explicatives  tirées  des  meilleurs  inter- 
prètes et  des  glossateurs  hébreux.  Il  n'en 
fallut  pas  davantage  pour  soulever  de  nou- 
veau la  Sorbonne.  Elle  prétexta  que  le 
livre  contenait  de  damnables  hérésies,  et 
n'arrêta  ses  poursuites  que  sur  l'ordre 
exprès  du  Roi.  Tout  en  paraissant  se  sou- 
mettre, les  sorbonnistes  ne  cessèrent  de 
nourrir  une  haine  sourde,  mais  implacable, 
contre  le  téméraire  savant  qui  avait  osé 
leur  résister.  On  mit  en  œuvre  contre  lui 
un  système  de  basses  persécutions,  dans 
le  but  de  l'intimider  ou  de  le  pousser  hors 
des  bornes  de  la  prudence  et  de  la  modé- 
ration. A  tout  moment,  sa  maison  fut 
bouleversée  par  des  visites  domiciliaires. 
Mais  Robert  supportait  avec  un  grand  fond 
de  philosophie  ces  petites  incommodités 
d'une  vie  honnête,  vouée  sans  réserve  au 
bien  public,  et  pendant  toute  sa  carrière 
typographique,  il  fit  son  affaire  la  plus 
chère  de  la  propagation  des  textes  sacrés, 
ne  cessant  de  travailler  à  améliorer  son 
œuvre.  Sa  troisième  édition  de  la  Rible, 
bien  supérieure  aux  deux  précédentes, 
tant  pour  la  correction  que  pour  le  choix 
des  annotations,  parut  in-fol.  en  1540.  Il 
y  joignit  dix-huit  gravures  sur  bois,  re- 
présentant le  tabernacle  de  Moïse  et  le 
temple  de  Salomon,  lesquelles  avaient  été 
exécutées  sous  la  direction  de  François 
Valable.  Ce  volume  est  vraisemblablement 
le  premier  en  date  sur  lequel  se  trouve 
ajoutée  à  son  nom  la  qualification  de  ty- 
pographe royal.  Ce  titre,  mérité  par  tant 
de  chefs-d'œuvre,  lui  avait  été  donné  par 
lettres-patentes  du  24  juin  1539,  d'abord 
pour  les  lettres  latines  et  hébraïques,  et, 
en  1540,  après  la  mort  de  Néobar,  typo- 
graphe royal,  pour  les  lettres  grecques.  » 
«  Lors,  de  rechef,  dit  Robert,  furent 
allumées  nouvelles  flammes,  car  ces  prud- 
hommes  de  censeurs  se  desgorgèrent  à 
outrance  contre  tout  le  livre,  auquel  ils  ne 
trouvoyent  la  moindre  chose  qui  fust  à 
reprendre,  ne  qu'ils  peussent  eulx-mesmes 
redarguer,    sinon  aux    Sommaires    qu'ils 


119 


ESTIENNE 


120 


appellent,  disans  en  leurs  censures  qu'ils 
sentoyent  leur  hérésie.  Je  poursuy  néant - 
moins,  et  metz  en  avant,  autant  qu'il  m'es- 
toit  permis  par  eulx,  ce  que  le  Seigneur 
avoit  mis  en  mon  cueur,  estant  toutesfois 
intimidé,  je  le  confesse,  par  leurs  oultra- 
geuses  menaces.  J'imprimay  donc  pour  la 
seconde  fois  les  Commandemens  et  la 
Somme  de  l'Escripture,  chacun  en  une 
feuille,  de  belle  et  grosse  lettre,  pour  les 
attacher  contre  les  parois  '.  Qui  est-ce  qui 
ne  cognoist  les  fascheries  qu'ils  m'ont 
faictes  pour  cela  ?  Combien  de  temps  m'a 
il  fallu  absenter  de  ma  maison  ?  Combien 
de  temps  ay-je  suyvi  la  court  du  Roy  ? 
duquel  à  la  fin  j'obtins  lettres  pour  répri- 
mer leur  forcenerie,  par  lesquelles  il  m'es- 
toit  enjoinct  d'imprimer  lesdicts  Comman- 
demens et  Sommaires  tant  en  latin  comme 
en  françois.  Combien  de  fois  m'ont -ils  ap- 
pelé en  leur  Synagogue  pour  iceulx,  crians 
contre  moy  qu'ils  contenoyent  une  doc- 
trine pire  que  celle  de  Luther  ?  Toutesfois 
le  Seigneur  mena  par  moy  cest  affaire  jus- 
que là,  qu'il  y  en  eut  plus  de  quinze  des 
plus  apparens  maistres  de  leur  Collège  qui 
approuvèrent  manifestement  par  leurs  si- 
gnets ce  que  toute  la  troupe  avoit  réprouvé. 
Finalement  quand  ils  veirent  les  signets 
de  ces  vieillards  et  le  privilège  du  Roy,  ou 
estans  abattus  de  honte,  ou  voyans  qu'ils 
résistoyent  envain,  soui'rirent  qu'ils  fus- 
sent approuvez  par  leurs  députez  en  la 
maison  de  leur  bedeau.  » 

La  trêve  fut  de  courte  durée.  Dès  l'an- 
née suivante,  à  la  suite  d'une  nouvelle 
édition  du  Nouveau-Testament  en  latin 
(1541,  2  vol.  in-8o),  l'imprimeur  fut  obligé 
pour  la  troisième  fois  de  se  cacher.  La 
tempête  apaisée,  il  reprit  courage  et  fit 
son  édition  de  1543.  in-16  ;  puis  comme 
pour  mettre  le  comble  à  ses  témérités,  il 
réimprima  la  Bible  en  entier  (1545,  2  vol. 
in-8o)  en  y  ajoutant  une  version  nouvelle 
(de  Léo  Judie)  et  de  nouvelles  annotations 
empruntées  aux  leçons  hébraïques  de  Va- 
table.  Cette  fois  les  colères  de  la  Sorbonne 
lui  donnèrent  plus  de  tourments  et  plus 
de  craintes  qu'il  n'en  avait  encore  eu;  les 
accusations  portées  contre  lui  par  les  théo- 
logiens furent  longuement  débattues  dans 
les  conseils  du  Roi  et  la  mort  de  Fran- 

1  Un  lîe  ces  placards  existe  â  la  Bibliothèque 
■du  Protestantisme  français. 


çois  1er (1547)  lui  ayant  enlevé  son  princi- 
pal appui,  il  songea  sérieusement  à  s'exi- 
ler de  France.  Il  commença  par  envoyer 
successivement  en  avant  les  membres  de 
sa  nombreuse  famille  ;  lui-même  suivit 
secrètement,  accompagné  de  son  fils  aîné, 
et  c'est  probablement  peu  de  jours  après 
son  arrivée  à  Genève,  que  le  registre  des 
nouveaux  habitants  de  la  ville  inscrivit 
avec  une  emphase  inusitée  : 

Réception  de  honoi'able  homme  Robert 
Estienne  natifz  de  la  ville  de  Paris,  faicte 
le  13  de  novembre  1550. 

Au  mois  de  décembre  suivant  fut  con- 
firmé à  Genève  son  second  mariage  avec 
Marguerite  Des  Champs  ou  Du  Chemin  ^ 
déjà  veuve  de  deux  maris  dont  elle  avait 
des  enfants.  On  comprend  que  Robert,  en 
partant,  n'avait  pu  réaliser  que  la  plus  fai- 
ble partie  de  ce  qu'il  possédait.  Mais  à  la 
mort  de  sa  première  femme  (1547)  et 
peut-être  dans  la  prévision  de  ce  qui  ar- 
riva, il  avait  eu  soin  de  mettre  son  éta- 
blissement sous  le  nom  de  ses  enfants. 
Cette  sage  précaution  ne  fut  pas  inutile. 
Dès  que  l'édit  de  Chateaubriand  (27  juin 
1551)  eut  été  rendu,  le  procureur  général 
près  le  parlement  de  Paris,  armé  de  l'art. 
39  de  ce  décret  prononçant  la  confiscation 
de  tous  les  biens  appartenant  à  ceux  qui 
s'étaient  retirés  à  Genève,  se  transporta 
au  domicile  du  fugitif.  Charles  Estienne, 
en  sa  qualité  de  tuteur  des  enfants  mineurs, 
mit  opposition  à  la  saisie,  se  fondant  sur 
ce  que  la  part  des  dits  enfants  était  seule 
demeurée  en  la  maison  de  leur  père  ;  et 
pour  ce  qui  regardait  leur  sortie  du  royau- 
me, que  ses  pupilles  ayant  agi  sans  discer- 
nement et  par  contrainte  paternelle,  ils  ne 
pouvaient  être  tenus  responsables  de  leurs 
actions.  Charles  Estienne  était  protégé 
par  le  cardinal  de  Lorraine,  à  qui  il  dédia 
plusieurs  ouvrages.  Le  gouvernement  fit 
droit  à  sa  requête  et  ordonna  la  main- 
levée de  la  saisie,  «  à  condition  que  de- 
dans six  mois  prochainement  venant  ou 
plus  tost,  s'ilz  peuvoient  sortir  de  la  puis- 
sance de  leurdit  père,  les  enfans  retour- 
neroient  résider  dans  le   royaume  et  en 

*  Les  deux  noms  se  prenaient  indifféremment 
l'un  pour  l'autre.  Son  mari  Robert  et  son  fils 
Charles,  dans  leurs  testaments,  l'appellent  des 
Champs,  et  elle-même  dans  le  sien  se  nomme 
du  Chemin. 


121 


ESTIENNE 


122 


icelluy  vivroient  en  bons  chrestiens  et 
catholiques.  »  Robert,  l'un  d'eux,  n'avait 
pas  attendu  cette  invitation  pour  se  sous- 
traire à  la  puissance  paternelle.  Il  est  cer- 
tain que  Charles  qui,  après  la  fuite  de 
son  frère,  avait  «  conceu  si  grant  ennuy 
qu'il  en  estoit  tumbé  en  maladie,  »  réussit 
également  à  tromper  la  vigilance  de  ses 
parents.  Nous  voyons,  par  le  testament 
de  Robert,  qu'à  la  fin  de  1559,  il  se  trou- 
vait, ainsi  que  son  frère,  à  Paris.  «  Tou- 
tesfoys,  y  est-il  dit,  les  aulcungs  d'iceulx, 
assavoir  Robert  et  Charles,  à  son  grand 
regret  et  contre  son  vouloir,  l'ont  fraudé 
de  ceste  espérance  [d'être  secondé  par  eux 
dans  ses  travaux],  se  retirans  d'avec  lui  et 
de  ceste  église  et  s'en  retournans  au  lieu 
duquel,  par  la  grâce  du  Seigneur,  il  les 
avoit  retirés  et,  qui  pys  est,  se  sont  mariés 
sans  son  authorité,  vouloir  et  consente- 
ment en  se  polluant  à  la  messe  et  aultres 
superstitions  de  la  papaulté.  »  Robert  ne 
leur  pardonna  jamais  leur  révolte.  Mais 
sa  rigueur,  en  les  déshéritant,  ne  doit  pas 
être  jugée  trop  sévèrement  ;  elle  est  plus 
apparente  que  réelle.  On  doit  considérer 
que  tout  déshérités  qu'ils  étaient,  leur  part 
était  encore  assez  belle,  puisqu'ils  avaient 
été  mis  en  possession  de  l'établissement 
typographique  de  Paris  à  l'exclusion  de 
leurs  frères  restés  à  Genève. 

Robert  retrouva  à  Genève  son  beau- 
frère  Conrad  Badius  qui  l'y  avait  précédé 
d'un  ou  deux  ans,  et  auquel  il  avait  confié 
son  fils  Robert,  pour  être  placé  aux  écoles 
de  Lausanne  que  devait  diriger  son  ami 
Mathurin  Gordier.  A  l'article  Badius, 
nous  avons  dit  que  Robert  et  lui  s'asso- 
cièrent pour  fonder  une  imprimerie.  Mais 
rien  dans  le  titre  des  publications  sorties 
de  ses  presses  n'indique  cette  association. 
Seulement,  dans  son  édition  de  la  Bible 
de  1555,  nous  lisons,  ces  mots  :  Excudebat 
Rob.  Stephano  Conradus  Badius,  ce  qui 
veut  simplement  dire  qu'Estienne  se  servit 
pour  cette  publication  des  presses  de  son 
beau-frère.  Le  premier  ouvrage  que  pu- 
blia Robert  Estienne  à  Genève,  fut  la  tra- 
duction en  grec,  par  sou  fils  Henri,  du 
Catéchisme  de  Calvin  (1551,  très  pet. 
in-8o).  Robert  ne  tarda  pas  à  reprendre  la 
publication  de  ses  Bibles  et  de  ses  Nou- 
veaux-Testaments, mais  il  pouvait  désor- 
mais poursuivre  son  œuvre  sans  avoir  le 
bûcher  en  perspective. 


Il  nous  reste  à  parler  des  services  ren- 
dus par  Robert  aux  lettres  profanes,  non 
seulementcomme  é(hteur,  mais  aussi  comme 
auteur.  II  a  parcouru  cette  partie  de  sa 
carrière  avec  non  moins  d'éclat.  Sans 
parler  d'une  foule  de  bons  livres  élémen- 
taires, qui  sortirent  de  ses  presses  et  dont 
plusieurs  étaient  le  fruit  de  ses  veilles,  on 
peut  dire  que  son  Trésor  de  la  langue  la- 
tine fut  un  des  flambeaux  de  la  Renais- 
sance. On  ne  possédait  encoreique  des  dic- 
tionnaires extrêmement  imparfaits,  celui, 
entre  autres,  de  l'italien  Calepino.  Tout  le 
monde  sentait  l'insuflîsance  de  ce  dernier 
vocabulaire,  le  plus  estimé  de  tous  ;  il 
s'agissait  de  le  corriger  et  de  le  compléter, 
mais  les  plus  hardis  reculaient  devant 
l'énormité  de  la  tâche.  Plusieurs  fois  Es- 
tienne s'était  adressé  à  des  savants,  ses 
amis,  pour  les  engager  à  ce  travail  ;  ses 
offres  les  plus  séduisantes  n'avaient  pu  les 
y  déterminer.  Voyant  cela,  et  sentant 
mieux  que  tout  autre  l'utilité  d'une  œuvre 
qui  devait  comme  nous  ouvrir  les  portes 
de  l'antiquité,  il  n'hésite  plus,  et  après 
deux  années  d'un  travail  opiniâtre,  il  met 
au  jour,  non  pas  un  chef-d'œuvre,  mais 
un  livre  qui  réunissait  en  lui  tous  les  élé- 
ments d'un  chef-d'œuvre.  «  Binos  annos 
in  hoc  opère  dies  noctesque,  rei  domesticîB 
et  corporis  ferè  negligens,  ita  desudavit  ut 
quotidiè  duobus  prelis  materiam  subjiceret, 
et  absque  ope  divinâ  oneri  succumbendum 
fuerit.  »  Quels  que  fussent  le  zèle  et  les- 
soins  qu'Estienne  apporta  dans  ce  travail, 
on  comprend  qu'avec  cette  hâte  et  cette 
fatigue,  son  Lexique  n'ait  dû  être  d'abord 
qu'un  essai,  car  il  n'est  pas  d' œuvre  qui 
demande  davantage  d'être  mûrie.  Robert 
ne  se  faisait  donc  pas  d'illusion  sur  le  mé- 
rite de  son  livre  ;  aussi  ne  cessa-t-il  de 
travailler  à  l'améliorer  dans  chaque  édi- 
tion nouvelle,  et  il  y  réussit  tellement  que 
son  Thésaurus  devint  comme  un  réper- 
toire où  les  lexicographes  de  tous  les  pays 
allèrent  puiser. 

Estienne  cultivait  les  lettres  grecques 
avec  non  moins  d'ardeur  que  les  latines, 
et  peut  -  être  même  se  portait-il  à  cette 
étude  avec  un  sentiment  de  prédilection. 
Aussi  n'est-ce  pas  seulement  comme  rare- 
tés bibliographiques  que  ses  éditions  sont 
encore  eshmées  et  recherchées  de  nos  jours. 
Si  le  bibliophile  admire  l'élégance  des  ty-^ 
pes,  typi  regii,  •  les  plus  beaux  qui  aient 


123 


ESTIENNE 


124 


jamais  existé,  »  le  philologue  sait  appré- 
cier la  correction  des  textes.  Nous  ferons 
connaître  les  huit  ouvrages  grecs  qu'il  pu- 
blia en  première  édition  ;  ce  sont  :  les 
OEuvres  d'Eusèbe  (1544-46,  2  vol.  in-fol.), 
Moschopulus  (lo4o,  gr.  in-4o),  les  OEuvres 
de  Denis  d'Halicarnasse  (1547,  in-fol.),  le 
médecin  Alexandre  Trallianus  (1548,  in- 
fol.),  les  Histoires  de  Dion  Cassius  (1548, 
in-fol.)  et  l'Abrégé  de  J.  Xiphilin  (1551, 
in-4o),  les  OEuvres  de  S.  Justin  (1551,  in- 
fol.),  les  Histoires  d'Appien  (en  commun 
avec  son  frères  Charles,  1551,  in-fol.).  Le 
savant  Robert  ne  se  contentait  pas  de  sur- 
veiller l'impression  des  ouvrages  qui  sor- 
taient de  ses  ateliers,  il  en  était  lui-même 
l'éditeur;  des  correcteurs  le  secondaient, 
mais  ne  le  suppléaient  pas.  Le  service  inap- 
préciable qu'il  avait  rendu  aux  lettres  lati- 
nes par  la  publication  d'un  bon  Dictionnaire, 
il  méditait  de  le  rendre  pareillement  aux 
lettres  grecques  ;  il  s'occupa  assidûment  de 
ce  projet  pendant  une  dizaine  d'années, 
mais  la  gloire  de  cette  publication  était 
réservée  à  son  fils  Henri,  qui  profita  des 
nombreux  matériaux  que  son  père  avait 
déjà  réunis.  Il  ne  convient  guère  que 
dans  celte  notice  nous  mentionnions  l'in- 
fâme accusation  qui  a  été  portée  contre 
Robert,  non  pas  de  son  vivant,  mais  plus 
de  vingt  ans  après  sa  mort,  d'avoir  sous- 
trait et  emporté  à  Genève  les  caractères 
grecs  appartenant  à  l'imprimerie  royale  de 
François  1er.  Nous  renverrons  aux  histo- 
riens des  Estienne  et  plus  particulière- 
ment à  Renouard,  Firmin  Didot  et  Aug. 
Bernard  (Bull.  IV,  441),  qui  se  sont 
donné  la  peine  de  produire  une  réfutation 
en  règle  de  cette  calomnie  que  le  carac- 
tère et  la  vie  de  Robert  suffisaient  à  re- 
pousser. «  Pour  peu,  nous  dit  Baillet,  qu'on 
fasse  réflexion  sur  le  caractère  particulier 
du  génie  des  Estienne,  c'est-cà-dire  sur  ce 
zèle  extraordinaire  pour  le  bien  pubUc,  et 
sur  leur  rare  désintéressement  qui  a  même 
ruiné  leur  famille  et  leur  a  fait  consumer 
tout  leur  bien,  tous  leurs  soins,  tous  leurs 
travaux,  et  tout  le  temps  de  leur  vie,  dans 
ce  noble  exercice,  il  est  aisé  de  juger 
qu'on  a  voulu  calomnier  Robert  Estienne, 
lorsqu'on  l'a  accusé  d'avoir  volé  les  carac- 
tères de  l'imprimerie  du  roi,  en  se  retirant 
à  Genève,  et  d'avoir  été  brûlé  en  effigie 
pour  ce  sujet.  »  L'un  et  l'autre  faits  sont 
également  faux.  Le  premier  fabrieateur  de 


cette  indignité  fut  le  bénédictin  Gilbert  Ge- 
nebrard,  furieux  hgueur,  un  des  signataires 
de  la  supplique  que  les  Seize  envoyèrent 
à  Philippe  II  pour  lui  demander  un  roi. 
Voici  comment  il  s'exprime  dans  sa  Chro- 
nographia  Sacra  (1580)  :  «  Vatabli  nomine 
nova  Bibliorum  versio  conditur  Geneven- 
sibus,  multis  in  locis  impurior  et  indoctior, 
quam  nec  Vatablus  agnorit,  nec  qui  levi- 
ter  linguis  tincti  sunt  probant.  Ejus  causa 
Robertus  Stephanus  Genevam ,  sontium 
receptatricem,  profugit,  surreptis  secum 
regiis  characteribus,  adultérines  alios  par- 
las viris  bonis  et  doctis  suppositurus,  vel 
genuinos  ritu  loci  corrupturus.  »  Il  n'y  a 
pas  seulement  des  erreurs  dans  cette  dia- 
tribe, «  mais  autant  de  faussetés  que  de 
mots  ;  et  pour  la  Bible,  pour  sa  destination, 
pour  l'auteur  de  la  version,  la  cause  de  la 
retraite  à  Genève,  l'altération  et  supposi- 
tion prétendue  d'ouvrages,  enfin  le  vol  des 
caractères,  tout  y  est  mensonge  (Re- 
nouard). '  > 

Robert  mérita  l'estime  de  ses  nouveaux 
concitoyens.  Le  4  déc.  1556,  on  lui  ac- 
corda gratuitement  les  droits  de  bourgeoi- 
sie. Calvin  et  Bèze  l'honoraient  de  leur 
amitié.  Le  généalogiste  genevois  Galiffe  se 
fonde  sur  le  testament,  plein  d'une  piété 
rigoriste  que  Robert  a  laissé,  pour  lui  ap- 
pliquer l'épithète  injurieuse  de  protestant 
fanatique.  Robert  était  d'un  temps  où  la 
tolérance  eut  passé,  tout  au  moins,  pour  de 
l'indifférence.  Si  nous  avons  relevé  ce 
trait  du  généalogiste,  ce  n'est  pas  que 
nous  attachions  la  moindre  valeur  au  blâme 
de  M.  Galiffe.  Cet  écrivain  possède  un  ta- 
lent bien  méprisable,  selon  nous,  contre 
lequel  on  doit  sans  cesse  se  mettre  en 
garde  :  c'est  celui  de  présenter  des  faits 
vrais  sous  un  jour  faux.  Rien  de  plus  jé- 
suitique que  ses  insinuations,  il  y  a  des- 
sous du  fiel  et  du  venin*.  Sa  notice  sur  la 

^  Les  bruits  injurieux  provinrent  aussi  de  ce  que 
soixante  ans  après  la  mort  de  Kobert,  son  petit- 
fils  Paul  Estienne  se  trouvant  ruiné  et  dans  un  ex- 
trême besoin  d'argent,  en  1616,  fit  proposer  au 
gouvernement  français  d'acheter  ces  matrices.  Mais 
la  négociation  dura  plus  de  quatre  ans,  et  fut  rem- 
plie de  difficultés  au  cours  desquelles  la  diplomatie 
insinua  doucement,  pour  rendre  la  conclusion 
plus  facile,  que  Robert  pouvait  bien  les  avoir 
emportées  sans  en  avoir  tout  à  fait  le  droit. 

■''  Voyez  à  l'appui  de  ces  paroles  de  MM.  Haag 
l'article  Bolsec,  ci-dessus  t.  II  col.  745-776,  l'art. 
Busignet,  III  col.  411,  les  observations  t.  III  col. 
1099-1104,  etc. 


I 


125 


ESTIENNE 


126 


famille  des  Estienne  en  est  plaisante.  Mais 
voici  de  quoi  consoler  les  honnêtes  gens  : 
c'est  une  phrase  de  l'historien  J.-A.  de 
Thou  :  Roberto  non  solùm  Gallia,  sed 
universus  christianus  orbis  plus  débet  quam 
cuiquam  fortissimorum  belli  ducum  ob 
propagatos  fines,  patria  unquam  debuit  ; 
inajusque  ex  ejus  unius  industriâ.  quam 
ex  tôt  praeclarè  bello  et  pace  gestis  ad 
franciscum  decus  et  nunquam  interitura 
gloria  redundavit. 

Nous  avons  vu  que  Robert  Estienne  fut 
marié  deux  fois.  Sa  première  femme  lui 
donna  neuf  enfants,  savoir  :  1°  Henri,  qui 
suit;  —  2o  Robert,  né  en  15.30;  rebuté, 
dit-on,  par  les  mauvais  traitements  de  sa 
belle-mère,  il  parvint  à  se  soustraire  à 
l'autorité  paternelle,  retourna  auprès  de 
ses  oncles  à  Paris,  où  il  abjura,  et  reprit, 
dès  1558,  l'établissement  typographique 
de  son  père  ;  —  3°  Charles,  qui  suivit 
l'exemple  de  son  frère  Robert.  On  a  un 
testament  de  lui  fait  à  Genève  le  9  mars 
1563  (J.  Jovenon,  V,  680),  dans  lequel 
pour  excuser  son  apostasie  et  sa  pauvreté, 
il  accuse  son  père,  sa  belle-mère,  son  oncle 
Charles  et  ses  frères.  C'est  là  que  Galiffe 
a  surtout  puisé  les  renseignements  qu'il 
donne  sur  la  famille.  Cependant  il  pa- 
raîtrait que,  dans  cette  occasion,  Henri 
ne  remplit  pas  à  son  égard  les  devoirs 
d'un  frère.  On  trouve  dans  les  regis- 
tres du  Consistoire,  à  la  date  du  2  nov. 
1570,  une  sévère  réprimande  où  on  lui  re- 
proche sa  dureté  et  le  «  renvoie  au  juge- 
ment de  Dieu.  »  Il  avait  pour  s'excuser 
les  termes  du  testament  de  son  père  qui, 
préoccupé  par-dessus  tout  du  sort  futur  de 
sa  célèbre  imprimerie,  avait  pris  des  dis 
positions  rigoureuses  pour  qu'elle  restât 
entre  les  mains  du  seul  Henri,  son  plus 
savant  fils.  Charles  avait  épousé  Cathe- 
rine Moulle,  dont  il  eut  une  fille,  Marie, 
vivante  en  1563  ;  il  mourut  à  Genève  en 
1370;  —  4°  François,  dont  nous  parle- 
rons après  son  frère  Henri  ;  —  5o  Jeanne, 
qui  se  maria  à  Genève,  le  9  juillet  1559, 
avec  Jean  Anastase  ou  Anastaize,  de  Ma- 
ringues  en  Auvergne,  qui  avait  été  reçu 
bourgeois  de  Genève,  le  20  déc.  1558,  en 
même  temps  que  son  père  Jean  et  ses  frè- 
res Gaspard  et  Etienne  ;  —  6°  Catherine, 
née  le  5  mars  1511.  Laissée  à  Paris  auprès 
de  ses  oncles,  elle  se  retira  plus  tard  à 
Genève  où  elle  épousa  Etienne  Anastaize, 


libraire  et  imprimeur,  puis  un  bourgeois 
de  Genève  nommé  Jehan  Servin  *  (J.  Jove- 
non notaire,  V,  572).  C'était  une  savante 
femme ,  comme  on  le  voit  par  un  passage 
d'une  lettre  de  Henri  à  son  fils  Paul,  ser- 
vant de  préface  à  l'Aulu-Gelle.  «  Quid  de 
superstite  sorore  meâ,  amitâ  autem  tuâ^ 
nomine  Katharinâ ,  dicam  ?  Illa  quoque 
eorum  quse  latine  dicuntur  interprétera  non 
desiderat.  Multa  verô  et  ipsa  eodem  loqui 
sermone  potest,  et  quidem  ita  (licet  non- 
nunquam  impingat)  ut  ab  omnibus  intelli- 
gatur.  »  Elle  paraît  être  morte  en  couches 
en  oct.  1585  et  n'avoir  laissé  qu'un  fils 
Théod.  Anastaize(Jov.V,572);— 7o  Jean,  né 
le  23  juin  1543,  qui  fut  conduit  à  Lausanne, 
avec  sa  sœur  Jeanne,  par  sa  belle-mère 
vers  1530.  Il  paraît  qu'il  mourut  jeune, 
puisqu'il  n'en  est  pas  fait  mention  dans  le 
testament  de  son  père.  Cependant  au  rap- 
port de  Renouard,  il  aurait  été  marié,  et 
le  baptême  de  son  fils  Jean,  un  des  enfants 
que  lui  donna  sa  femme  Prudence,  serait 
consigné  sur  les  registres  de  Genève,  à  la 
date  du  20  déc.  1569.  N'y  a-t-il  pas  là 
quelque  confusion  de  nom?  —  8»  Marie, 
née  le  31  janvier  1544,  qui  fut  laissée  à 
Paris  avec  sa  sœur  Catherine  ;  —  9»  Simon, 
né  le  22  août  1546. 

Nous  ne  citerons  que  les  ouvrages  origi- 
naux dus  à  Robert  Estienne,  en  faisant 
toutefois  une  exception  pour  sa  première 
édit.  de  la  Bible.  Quoique  ses  réimpressions 
latines  et  grecques  soient  un  des  plus  beaux 
monuments  de  sa  gloire,  et  que  telle  d'en- 
tre elles  eût  suffi  pour  fonder  la  réputation 
d'un  savant,  on  comprend  que  l'espace  où 
nous  devons  nous  renfermer,  ne  nous  per- 
mette pas  d'en  reproduire  la  liste,  pour 
laquelle  nous  renvoyons  aux  trois  volumes 
de  Renouard. 

I.  Biblia,  Parisiis,  ex  officinâ  Roberti 
Stephani,  è  regione  scliolœ  decretorum, 
1528,  in-fol.,  cum  privilegio  Régis.  Et  à 
la  fin  de  l'Apocalypse  :  Parisiis  excudebat 
in  suâ  officinâ  R.  St.  4  cal.  decemb.  anno 
1527.  Vient  ensuite  :  Hebraica,  Chaldœa, 
Grœcaque  et  Latina  nomina  virorum,  mn- 
lierum,  populorum,  urbium,  idolorum,  flu- 
viorum,  montium,  ceterorumque  locorum 
quœ  in  Bibliis  utriusque  Testamenti  sparsa 
sunt,  restituta,  hoc  volumine  comprehendun- 

1  MM.  Haag  disent  qu'elle  fut  aussi  femme  de 
Louis  Jaqueliti  notaire  à  Paris.  Ce  serait  alors  en 
premières  noces. 


127 


ESTIENNE 


128 


tur  cum  interpretaiione  latinâ.  Indices  item 
duo,  aller  in  Vêtus  Testamentum,  aller  in 
Novum,  Paris.,  ex  off.  Rob.  St.,  etc., 
1528,  in-fol.  —  Privil.  daté  du  5  fév. 
1527.  —  Première  édit.  de  la  Bible  latine 
donnée  par  notre  imprimeur.  Les  autres 
éditions  se  succédèrent  à  de  courts  inter- 
valles. Une  des  plus  estimées  est  celle  de 
1540,  in-fol.,  pour  laquelle  Robert  fut  aidé 
par  Guill.  Fabricius,  chanoine  de  Poitiers. 
—  Dans  le  cours  de  sa  carrière  typographi- 
que, Robert  Estienne  ne  donna  pas  moins 
de  11  éditions  de  la  Bible,  la  plupart  ano- 
tées  et  in-fol.,  dont  8  latines,  2  hébraïques 
et  1  française  ;  7  éditions  des  Psaumes  en 
latin  et  11  éditions  du  Nouveau-Testament, 
dont  5  en  latin,  4  en  grec  et  2  en  français. 

II.  Diclionarium  poeticum,  quod  vulgà 
inscribitur  Elucidarius  Carminum,  ibid. , 

1530,  12  cal.  martii,  in-S»,  plus,  fois  ré- 
impr.  —  Robert  ne  lit  qu'enrichir  et  amé- 
liorer ce  Dictionnaire  de  Hermann  Tor- 
rentinus,  en  s'aidant,  comme  il  le  dit  dans 
sa  préface,  des  travaux  analogues.  J.  Tho- 
masius  n'est  donc  pas  fondé  à  l'accuser  de 
plagiat. 

III.  Roberti  Stephani  Dictionarium  seu 
Latinx  linguœ  Thésaurus,  cum  gallicâ  ferè 
interpretaiione,  Parisiis,  ex  off.  auctoris, 

1531,  in-fol.  Et  à  la  fin  :  Excudebat  R. 
St.  in  suâ  off.,  1532,  4  cal.  oct.  ;  2e  édit. 
augmentée,  non  singulas  modo  dictiones 
continens,  sed  intégras  quoque  latine  et  lo- 
quendi  et  scribendi  formulas  ex  Catone, 
Varrone,  Csesare,  Cicérone,  Livio,  Colu- 
mellâ,  Plinio  utroque,  Plauto,  Terentio, 
Virgilio,  Martiale.  Cum  latinâ  tum  gram- 
maticorum,  tum  varii  generis  scriptorum 
interpretaiione,  ibid.,  1536,  14  cal.  de- 
cemb.,  in-fol.;  3e  édit.  (appelée  2e  sur  le 
titre,  probablement  parce  que  l'auteur  con- 
sidérait la  Ire  comme  non  avenue  à  cause 
de  son  imperfection),  ibid.,  1543,  12  cal. 
junii,  3  vol.  in-fol. 

IV.  Dictionarium  Latino-Gallicum  The- 
sauro  nostro  lia  ex  adverso  respondens,  ut 
extra  pauca  qusedam  aut  obsoleta,  aut  mi- 
nus in  usu  necessaria  vocabula,  et  quas 
consulta  prsetermisimus  authorutn  appella- 
tiones,  in  hoc  eadem  sint  omnia,  eodem  or- 
dine,  sermone patrio  explicata,  ibid.,  1538, 
4  non.  sept.,  in-fol.  ;  plusieurs  fois  réim- 
primé et  augmenté  ;  l'édition  de  1546,  multô 
locupletius,  est  la  plus  estimée. 

V.  Dictionariolum  puerorum,    in  hoc 


nudœ  tantùm ,  purœque  sunt  dictiones, 
nuUo  loquendi  génère  adjecto  :  ut  indè  sibi 
à  teneiHs  exempta  suniant  ad  declinandum 
pueri  simulque  propriam  vocum  significa- 
tionem paulatim  discant,  Paris.,  ap.  R.  St., 
1542,  15  julii,  in-4o  ;  plus,  fois  réédité  et 
augm.,  sous  un  titre  modifié,  et  notam- 
ment en  1557,  à  la  demande  de  Mathurin 
Cordier,  in  scholae  Lausannensis  potissi- 
mùm  gratiam. 

VI.  Les  mots  françois  selon  l'ordre  des 
lettres,  ainsi  que  les  fault  escrire,  tournez 
en  latin  pour  les  enfants,  Paris,  Robert 
Estienne,  1544,  15  mars,  in-4o  ;  plus,  fois 
réimp.  et  notamment  en  1557,  «  adjous- 
tant  les  mots  et  manières  de  parler  françoi- 
ses  qui  défailloyent.  » 

VII.  Ad  censuras  theologorum  Parisien- 
sium,  quibus  Biblia  à  Rob.  Stephano  typo- 
grapho  regio  excusa  calumniosè  notârunt, 
ejusdem  Rob.  Stephani  Responsio,  [Genève] 
Oliva  R.  St.,  1552,  23  junii,  in-8°  ;  trad. 
en  franc,  par  l'auteur  lui-même,  sous  le  titre  : 
Les  censures  des  théologiens  de  Paris,  par 
lesquelles  ils  avoyent  faulsement  condamné 
les  Bibles  imprimées  par  Rob.  Estienne, 
imprimeur  du  roy,  avec  la  Response  d'ice- 
luy  Rob.  Estienne.  Traduictes  de  latin  en 
françois,  L'Olivier  de  Rob.  Est.,  1552,  le 
13  de  juillet,  in- 8°. 

VIII.  Evangelia  Matthsei,  Marci,  Lucse 
et  in  eadem  commentarii  à  Stephano  Ro- 
berto  ex  Scriptoribus  Ecclesiasticis  col- 
lecti.  Novse  glossse  ordinariœ  Spécimen,  au- 
thore  Rob.  Stephano.  [Andreœ  Osiandri] 
Harmonia  Evangelica,[Geueyse]0\iva.  Rob. 
St.,  1553;  ibid.,  jan..  in-fol.;  trad.  en  franc, 
sous  le  titre  :  Les  Quatre  Evangélistes,  avec 
une  Exposition  continuelle  et  famillière  re- 
cueillie des  expositions  des  plus  sçavans  doc- 
teurs ecclésiastiques ,  par  laquelle  on  peut 
voir  combien  les  Gloses  ordinaires  et  Pastilles, 
que,  le  temps  passé,  on  a  baillé  au  peuple 
chrestien  en  lieu  de  l'Evangile,  l'ont  esloin- 
gné  et  destourné  de  Jésus- Christ,  et  en 
quelles  ténèbres  on  l'a  mené,  [Genève]  L'O- 
live de  R.  Est.,  1554,  in-fol. 

IX.  Ambrosii  Calepini  Dictionarium, 
quarto  et  postremo  ex  Roberti  Stephani  la- 
tinx lingux  Thesauro  auctum,  1553,  et  à 
la  fin  :  Excudebat  Rob.  St.  in  suâ  off., 
cal.  jan.  1554,  2  vol.  in-fol. 

X.  Concordantix  Blbliorum  utriusque 
Testamenti,  novx  et  integrx,  qux  rêvera 
Majores  appellare  possis,  ab  intégra  ex  ipso 


I 


129 


ESTIENNE 


130 


textu  excerptse,  ac  muliis  partibus  auctio- 
res  superioribus,  Oliva  Roberti,  1555,  7 
cal.  feb.  in-fol. 

XI.  Traité  de  la  grammaire  française 
[1557].  L'olivier  de  Robert  ;  réimpr.  dès 
l'année  suivante,  et  traduit  en  latin  par 
son  fils  Henri. 

III.  Henri  Estienne,  deuxième  du  nom, 
naquit  à  Paris  en  1528,  et  mourut  en 
voyage,  à  Lyon,  en  mars  1598.  Henri  II 
continua  son  père  :  même  dévouement 
aux  lettres,  même  ardeur  à  l'étude  ;  la  gloire 
de  l'un  et  de  l'autre  fut  égale.  Dès  son 
jeune  âge  il  annonça  des  dispositions  re- 
marquables. Ses  jeux  d'enfants  étaient 
déjà  des  travaux  d'érudit.  Il  lui  suffit  d'en- 
tendre un  jour  déclamer  dans  son  école  la 
Médée  d'Euripide,  pour  être  pris  d'un  vio- 
lent amour  pour  cette  belle  langue  grec- 
que si  mélodieuse  et  si  suave,  «  non  solùni 
inusitatus,  sed  prasposterus  et  pra;cox 
amor.  »  Il  fallut  que  son  père  consentit  à 
ce  qu'il  commençât  ses  études  par  cette 
langue  préférablement  au  latin.  Les  succès 
répondirent  à  son  ardeur  ;  en  peu  de  temps, 
il  fut  en  état  de  remplir  son  rôle  dans  les 
exercices  dramatiques  de  ses  compagnons 
d'étude.  Cette  passion  du  grec  ne  le  quitta 
plus.  Les  savants  hellénistes  Pierre  Danès, 
Jacq.  Toussaint,  Adrien  Turnèbe,  achevè- 
rent ce  qui  avait  été  si  heureusement  com- 
mencé. La  passion  du  jeune  écolier  pour 
le  grec  s'étendit  jusqu'aux  caractères  gra- 
phiques de  cette  langue.  Il  acquit,  dans  le 
tracé  de  la  lettre,  une  telle  perfection 
qu'on  suppose  qu'il  reçut  des  leçons  du 
célèbre  Ange  Vergèce,  calligraphe  de 
François  ler.  Ses  autres  études  ne  furent 
pas  non  plus  négligées.  Une  conception 
prompte,  une  mémoire  heureuse,  une  ar- 
deur infatigable,  telles  étaient  les  qualités 
qui  dominaient  en  lui  et  qu'il  faisait  ser- 
vir à  son  insatiable  besoin  d'apprendre. 
En  un  mot,  Henri  Estienne  était  une  de 
ces  têtes  puissamment  organisées,  capables 
de  tout  embrasser,  et  à  qui  le  temps  seul 
a  été  mesuré.  Il  était  à  peine  dans  sa  17me 
année,  lorsque  son  père  lui  confia  le  soin 
de  collationner  le  texte  grec  de  son  édition 
de  Denys  d'Halicarnasse.  A  l'âge  de  19 
ans,  il  entreprit  de  visiter  les  plus  im- 
portantes bibliothèques  de  l'Europe,  pour 
mettre  le  sceau  à  son  instruction.  Il  visita 
les  principales  villes  de  l'Italie,  conférant 
avec    les   savants,    et    recueillant    auprès 


d'eux  et  dans  les  bibliothèques  toute  sorte 
de  richesses.  Après  environ  deux  ans 
d'absence,  il  revint  [1549]  chargé  de  dé- 
pouilles. D'autres  pays,  riches  en  manus- 
crits, restaient  encore  à  explorer.  A  peine 
de  retour,  il  repartit  pour  l'Angleterre.  On 
dit  que  le  roi  Edouard  VI,  qui  n'était  pas 
sans  lettres  pour  un  enfant  et  surtout  pour 
un  souverain,  lui  fit  le  meilleur  accueil. 
Puis  il  continua  son  voyage  par  la  Flan- 
dre et  le  Brabant,  où  il  apprit,  en  passant, 
la  langue  espagnole.  Ce  fut  à  Louvain 
qu'un  Anglais  lui  communiqua  un  manus- 
crit des  poésies  d'Anacréon,  par  la  publi- 
cation desquelles  il  devait  inaugurer  sa 
carrière  de  critique.  A  son  retour  à  Paris, 
il  trouva  son  père  sur  le  point  de  s'expa- 
trier. Quelque  regret  qu'il  dût  éprouver  de 
renoncer  à  sa  ville  natale,  le  vif  amour 
qu'il  portait  à  son  père  ne  lui  permit  pas 
de  balancer  ;  il  l'accompagna  dans  son 
exil.  Peu  de  temps  après  leur  installa- 
tion à  Genève,  il  retourna  en  Italie,  tra- 
vailla quelque  temps  à  Venise  dans  l'im- 
primerie des  Manuce,  et  revit  Rome  et  Na- 
ples,  butinant  en  tons  lieux  comme  l'abeille. 
Dans  cette  dernière  ville,  il  eut  l'occasion 
de  rendre  à  notre  ambassadeur  à  Venise, 
Odet  de  Selve,  un  service  d'une  nature 
politique  qui  eût  pu  le  compromettre  gra- 
vement. Nous  étions  alors  en  guerre  avec 
Charles-Quint.  Sur  le  point  d'être  reconnu 
par  une  personne  qui  l'avait  vu  à  Venise 
chez  l'ambassadeur,  il  se  tira  de  ce  danger  en 
lui  parlant  italien  avec  une  telle  perfection 
que  son  interlocuteur  crut  s'être  mépris. 
Non-seulement  Estienne  s'était  familiarisé 
avec  la  langue  du  Dante,  mais  il  en  parlait 
différents  dialectes.  De  retour  à  Ve- 
nise, l'ambassadeur  fut  tellement  satisfait 
du  succès  de  sa  mission,  qu'il  l'admit  dans 
son  intimité.  Sans  doute  l'agrément  de  son 
commerce  y  fut  aussi  pour  quelque  chose. 
En  1555,  Henri  se  trouvait  à  Genève,  où 
il  épousa  Marguerite  Pillot  (dont  il  déna- 
ture le  nom  dans  son  Epicédion,  en  le  tra- 
duisant par  Pilonia),  une  des  filles  de  sa 
belle-mère.  Il  vécut  heureux  avec  elle  pen- 
dant neuf  ans.  On  peut  supposer  que,  dès 
cette  époque,  son  père  se  l'associa  dans 
son  imprimerie,  en  lui  confiant  plus  spé- 
cialement la  publication  des  ouvrages  grecs. 
C'est  ainsi  que  nous  nous  expliquerions  la 
qualité  de  typographe  qu'il  prend  dès 
1557.  L'année  suivante,  il  se  qualifiait  de 

VI.  5 


131 


ESTIENNE 


132 


typographe  de  Huldrich  Fugger.  On  sait  que 
ce  riche  wurtembergeois  consacrait  une 
partie  de  son  immense  fortune  aux  progrès 
des  arts  et  des  lettres.  Sa  collection  de 
manuscrits  anciens  était  très  riche.  Il  la  mit 
à  son  service,  lui  vint  plusieurs  fois  en  aide 
par  des  prêts  d'argent,  et  de  plus,  il  lui 
faisait  une  pension,  très  modique  il  est 
vrai,  si  l'on  devait  en  croire  les  comméra- 
ges du  Pithœana.  Henri  II  continua  à  pren- 
dre le  titre  de  typographe  de  Huldrich 
Fugger  ou  des  Fugger  jusqu'en  I068,  épo- 
que à  laquelle  la  famille  du  grand  capita- 
liste parvint,  à  force  d'obsessions,  à  faire 
supprimer  la  pension.  Dans  un  recueil  de 
lettres  de  H.  Estienne  publiées,  en  1830, 
par  M.  Passow  de  Breslau,  on  en  trouve 
plusieurs  relatives  à  des  débats  d'argent 
avec  les  Fugger  qui  refusaient  d'acquitter 
les  libéralités  de  leur  parent. 

En  lo59,  Henri,  en  vertu  des  dernières 
dispositions  de  son  père,  fut  mis  en  pos- 
session de  l'établissement  typographique 
fondé  par  celui-ci. 

Son  activité  comme  imprimeur  passe 
toute  croyance.  Ses  savantes  publications 
se  succédaient  coup  sur  coup.  Elles  suffi- 
saient presque  pour  alimenter  ses  presses. 
Mais  il  arriva  par  cet  excès  de  travail  que 
ses  forces  s'épuisèrent  et  qu'il  fut  frappé 
d'une  espèce  de  paralysie  dans  la  plus 
chère  de  ses  affections,  celle  des  lettres 
grecques.  Plusieurs  fois  dans  sa  vie  si  la- 
borieuse et  si  agitée,  il  éprouva  les  mêmes 
symptômes  d'apathie  et  de  dégoût  pour 
tout  ce  qui  fiusait  auparavant  ses  délices. 
Son  amour  de  l'étude  était  une  fièvre  qui 
le  dévorait.  Après  quelque  temps  de  repos, 
son  abattement  cessait,  et  sa  fièvre  le  re- 
prenait. La  vie  d'un  savant  est  tout  entière 
dans  ses  livres,  les  événements  y  sont  ra- 
res. Cependant  les  démêlés  que  son  père 
avait  eus  avec  la  Sorbonne,  Henri  les  eut 
presque  pareils  avec  le  Consistoire  de  Ge- 
nève. Plus  d'une  fois  il  fut  tancé  et  ré- 
primandé. C'est  ainsi  que  le  6  fév.  1370, 
on  lui  interdit  la  Cène  pour  avoir  pu- 
blié, sans  le  congé  des  magistrats,  un 
livre  d'épigrammes,  probablement  ses  Epi- 
grammata  graeca  selecta  ex  Anthologie.  Le 
31  août  seulement,  et  sur  sa  demande,  la 
Cène  lui  fut  rendue  après  admonition. 
Henri  était  coutumier  du  fait.  Son  Apolo- 
gie pour  Hérodote  (1556)  lui  avait  déjà  at- 
tiré les  mêmes  censures.  Seulement,  dans 


ce  cas-ci,  le  Consistoire  avait  de  très  jus- 
tes griefs  ;  l'immoralité  de  la  forme  n'est 
pas  moins  pernicieuse  que  l'immoralité  du 
fond.  S'il  est  vrai,  comme  Henri  l'objec- 
tait pour  sa  défense,  «  que  les  ministres 
sont  bien  contraints  de  dire  en  chaire 
beaucoup  de  choses  pour  reprendre  les  vi- 
ces, »  nous  pensons  qu'ils  ne  doivent  pas 
le  faire  en  termes  malséants.  Henri  dut 
faire  subir  plusieurs  changements  à  son 
édition  originale.  Mais,  en  1578,  l'affaire 
fut  plus  grave.  Il  avait  été  assez  osé,  après 
le  vu  des  censeurs,  pour  faire  quelques 
additions  à  ses  Dialogues  du  nouveau  lan- 
gage françois  italianizé.  Le  11  sept.,  il  fut 
mandé  à  la  barre  du  Conseil.  Prévoyant 
sans  doute  que  l'affaire  pourrait  prendre 
une  fâcheuse  tournure,  il  jugea  prudent  de 
s'éloigner  et  se  rendit  à  Paris,  où  il  passa 
dix-huit  mois.  Le  roi  Henri  III,  qui  l'avait 
en  grande  estime  et  se  plaisait  dans  sa 
conversation,  s'employa  par  l'intermé- 
diaire de  son  agent  à  Genève,  pour  adoucir 
MM.  du  Conseil,  et  lui  obtint  un  sauf-con- 
duit. Après  bien  des  démarches  et  des 
longueurs,  le  12  avril  lo80,  Henri  compa- 
rut devant  le  Conseil.  Il  fit  observer  pour 
sa  justification  que  ce  qu'on  avait  trouvé 
de  répréhensible  dans  son  livre  était  mis 
dans  la  bouche  d'un  interlocuteur  dont  il 
réfutait  l'opinion,  et  quant  aux  trois  pas- 
sages qu'on  avait  condamnés,  il  montra 
qu'il  les  avait  supprimés.  Ses  raisons  ne 
paraissent  pas  avoir  persuadé  ses  juges, 
car  ils  prononcèrent  la  saisie  du  hvre  in- 
criminé. On  devrait  croire  qu'après  celte 
exécution,  la  justice  fut  satisfaite,  mais 
il  n'en  est  rien.  Le  12  mai,  Henri  fut  de 
nouveau  cité  devant  le  Consistoire.  Dans 
sa  défense,  il  se  montra  «  du  tout  enflé  et 
présomptueux.  »  Mais  ce  qui  blessa  très 
justement  les  ministres,  c'est  qu'il  s'ou- 
blia jusqu'à  leur  dire  qu'il  voyait  bien  que, 
pour  leur  plaire,  il  fallait  être  quelque  peu 
hypocrite.  Après  l'avoir  censuré  etexcom- 
muniéj  le  Consistoire  le  renvoya  devant  le 
Conseil  qui  le  condamna  à  la  prison.  En 
même  temps,  il  fut  exclus  du  Conseil  des 
Deux-Cents,  où  il  était  entré  en  1367.  A 
deux  reprises  différentes,  le  3  et  le  20 
juin,  le  résident  français  écrivit  au  Conseil 
pour  obtenir  son  élargissement.  Ses  dé- 
marches paraissent  avoir  eu  quelque  suc- 
cès. Du  reste,  Estienne  se  soumit  aux  exi- 
gences du  Conseil,  car  nous  le  voyons  de- 


133 


ESTIENNE 


134 


mander,  le  1er  août,  l'autorisation  d'im- 
primer son  Juris  civilis  fontes  et  rivi,  ce 
qui  fut  accordé  à  condition  qu'il  en  sou- 
mettrait les  épreuves  à  un  ministre  au  fur 
et  à  mesure  du  tirage. 

Le  séjour  forcé  que  Henri  fit  à  Paris, 
fut  l'occasion  de  la  composition  d'un  livre 
de  quelque  valeur  pour  l'histoire  de  la 
langue  française,  le  Projet  du  livre  sur  la 
précellence  de  notre  langue  sur  toutes  les 
autres,  la  grecque  exceptée.  Un  jour  que 
Henri  HI  lui  avait  entendu  développer 
cette  thèse  avec  sa  séduction  ordinaire,  il 
t'invita  à  mettre  ses  idées  par  écrit.  Comme 
Estienne  s'en  excusait  sur  ce  qu'il  n'avait 
pas  avec  lui  ses  livres  et  ses  papiers,  eh  ! 
quoi,  lui  objecta  le  roi,  ta  tête  est-elle 
aussi  restée  à  la  maison?  Piqué  d'honneur, 
il  promit  donc,  et  trois  mois  après,  le  li- 
vre était  composé  et  imprimé.  Ce  n'était 
qu'une  ébauche,  mais  S.  M.  en  fut  très  sa- 
tisfaite, et  elle  fit  délivrer  à  l'auteur  un 
mandat  de  trois  mille  livres.  Or  voici  ce 
qui  arriva  de  cette  gratification.  L'Estoile 
confirme  le  fait  dans  son  journal .  Lorsque 
Estienne  se  présenta  pour  toucher  cette 
somme,  le  trésorier,  en  homme  habile,  ne 
consentit  à  acquitter  les  libéralités  du  mo- 
narque qu'à  la  condition  qu'on  lui  en 
abandonnerait  la  moitié.  Estienne  se  récria. 
Soit  !  répondit  le  financier,  vous  pourrez 
vous  en  repentir.  Et  en  effet  il  s'en  repentit. 
Car,  à  quelque  temps  de  là,  s' étant  de 
nouveau  présenté  chez  notre  homme  de  fi- 
nances dans  l'intention  de  s'exécuter  s'il 
persistait  dans  ses  idées  de  rapine,  il  lui 
fut  répondu  qu'il  était  trop  tard.  De  son 
côté,  l'honorable  trésorier  avait  capitulé 
avec  le  peu  de  scrupules  qui  lui  restaient, 
et  toute  la  gratification  royale  était  passée 
à  son  profit.  Les  libéralités  de  Henri  HI 
ne  se  bornèrent  pas  là.  A  la  date  du  12 
août  1579,  ce  prince  lui  accorda  un  brevet 
de  trois  cents  livres  de  pension  «  à  pren- 
dre par  chacun  an  par  les  mains  des  tré- 
soriers des  Ligues  pour  lui  donner  tant 
plus  de  moyen  de  s'entretenir,  en  consi- 
dération des  services  que  luy  et  ses  pré- 
décesseurs lui  avoient  cy -devant  faits, 
comme  il  espéroit  qu'il  continueroit  à  l'ave- 
nir tant  du  costé  de  Suisse  que  ailleurs, 
selon  que  les  occasions  s'en  pourroient  of- 
frir. »  Cette  pension  eut  à  peu  près  le 
sort  de  la  gratification,  elle  fut  très  mal 
payée  ;  mais  la  bonne  intention  reste  et 


nous  devons  en  tenir  compte  au  souve- 
rain. 

Après  la  publication  du  Thésaurus,  une 
nouvelle  ère  semblait  commencer  dans  la 
vie  de  Henri.  Mais,  soit  que  cet  effort 
l'eût  épuisé,  soit  que  le  dérangement  de  ses 
affaires  (cette  immense  entreprise  l'avait 
presque  ruiné)  lui  fit  rechercher  la  dis- 
traction, soit  simplement  pour  satisfaire 
à  sa  passion  des  voyages  toujours  mal 
contenue,  il  se  mit  à  mener  une  vie  no- 
made, heureux  de  s'échapper  sous  le 
moindre  prétexte,  courant  de  ville  en  ville, 
de  pays  en  pays,  de  bibliothèque  en  biblio- 
thèque. Son  instruction  sans  doute  n'y 
perdait  pas,  mais  ses  affaires  en  souf- 
fraient. Les  magistrats  de  Genève  le  tra- 
cassaient par  leur  exigeante  sévérité.  Il 
est  probable  que,  s'il  n'en  n'avait  pas  été 
empêché  par  les  dispositions  du  testament 
de  son  père,  il  eût  fini  par  transporter  son 
imprimerie  ailleurs.  Ainsi,  le  1er  sept. 
1581,  il  fut  cité  devant  le  Conseil  pour 
avoir  imprimé  sans  permission  C.  Sigonii 
Fasti  consulares.  Après  une  verte  répri- 
mande, on  le  condamna  à  une  amende  de 
25  écus,  qu'on  réduisit  plus  tard  à  10, 
payables  en  trois  semaines.  Cette  mansué- 
tude du  Conseil  nous  porterait  à  croire 
que  les  affaires  du  savant  typographe  de- 
vaient être  dans  un  bien  triste  état.  Aussi 
voyons-nous  qu'en  1582  deux  volumes 
seulement  sortirent  de  ses  presses;  en 
1583,  deux,  et  pas  un  seul  l'année  sui- 
vante. Les  malheurs  de  ce  temps  contri- 
buaient sans  doute  aussi  à  ruiner  son  com- 
merce. Henri  passa  toute  l'année  1585  à 
Paris,  faisant  imprimer  ses  ouvrages  chez 
des  imprimeurs  étrangers.  En  1587^  le 
poète  Paul  Mélissus ,  son  ami ,  le  félicitait, 
dans  une  lettre,  de  ce  qu'il  avait  fermement 
pris  la  résolution  de  réorganiser  son  impri- 
merie. Ces  bonnes  dispositions  portèrent 
leurs  fruits  pendant  un  peu  de  temps;  mais 
son  inquiétude  finit  par  reprendre  le  dessus. 
Il  séjourna  une  partie  de  l'année  de  1590 
à  Bâle.  Les  années  suivantes,  il  reprit 
quelque  énergie  ;  mais  bientôt  il  ne  tint 
plus  en  place.  Ces  intermittences  d'apathie 
et  d'activité  occupèren  t  ses  dernières  années. 
Il  était,  en  1592,  professeur  de  grec  à  Lau- 
sanne, mais  nous  voyons  par  une  de  ses 
lettres  à  Bèze  {MSS.  de  Genève,  197  aa 
Cart.  1)  qu'à  la  fin  d'avril  de  l'année  sui- 
vante,  il   se  trouvait  à  Heidelberg,  fort 


135 


ESTIENNE 


136 


mécontent  de  n'avoir  obtenu  ni  de  Tons- 
saint  ni  du  prince  palatin  ce  qu'il  en  espé- 
rait. En  1597,  il  était  à  Montpellier  auprès 
de  son  gendre  Casaubon,  alors  occupé  de 
ses  commentaires  sur  Athénée,  pour  les- 
quels il  avait  mis  à  sa  disposition  les  va- 
riantes que,  dans  sa  jeunesse,  il  avait  re- 
cueillies à  Rome.  Il  était  encore  plein  de 
vie,  et  quoi  qu'on  en  ait  dit,  rien  dans  ses 
facultés  mentales  n'annonçait  qu'il  fût  près 
de  sa  fin.  Ayant  quitté  Montpellier,  il  se 
remit  en  course,  visita  plusieurs  villes  et 
arriva  malade  à  Lyon.  Comme  il  n'avait 
personne  auprès  de  lui  pour  le  soigner,  il 
se  fit  transporter  à  l'Hôtel-Dieu,  où  il  de- 
vait trouver  les  soins  qui  lui  auraient 
manqué  dans  une  hôtellerie.  Mais  les  res- 
sorts de  la  vie  étaient  usés  en  lui,  il  mou- 
rut dans  les  premiers  jours  de  mars  1598, 
à  l'âge  de  près  de  70  ans.  Casaubon,  en 
rapportant  sa  mort  dans  ses  Ephémérides, 
ne  lui  épargne  pas  de  dures  vérités.  Nous 
reproduisons  ses  paroles  dans  une  traduc- 
tion littérale. 

«  Estienne,  dit-il,  est  mort  à  Lyon,  loin 
de  sa  maison,  comme  quelqu'un  qui  n'au- 
rait pas  eu  de  foyer,  lui  qui  avait  un  éta- 
blissement considérable  à  Genève  ;  loin  de 
son  épouse,  lui  qui  en  avait  une  très-chaste  ; 
loin  de  ses  enfants,  lui  qui  en  avait  encore 
quatre  en  vie.  Chose  déplorable,  et  d'autant 
plus  déplorable  que  le  défunt  n'était  absent 
de  chez  lui  par  aucune  nécessité.  Que  nous 
sommes  de  misérables  êtres,  lorsque  je 
pense,  mon  Estienne,  mon  Estienne,  i?,  cïwv 
EÏ;  ctsc  !  Toi  qui,  sans  contredit,  aurais  pu 
tenir  le  premier  rang  parmi  les  hommes  de 
ta  condition,  tu  as  mieux  aimé  être  rejeté 
que  d'être  en  honneur.  Toi  qui  avais  reçu 
de  grands  biens  laissés  par  ton  père,  tu  as 
mieux  aimé  les  dissiper  que  de  les  conser- 
ver. Toi  qui  avais  été  si  bien  doué  par  la 
divine  Providence,  que  pas  un  ne  rivalisait 
avec  toi  pour  la  connaissance  des  lettres  et 
surtout  des  lettres  grecques,  tu  as  mieux 
aimé  te  préoccuper  d'auti'es  soins  que  ttjv 
aivapTYiV  )4cc[;.£lv.  Cela,  mon  Estienne,  ne  fut 
pas  tant  ton  fait  que  le  résultat  des  vices 
de  notre  esprit.  Car  il  n'est  donné  qu'à  un 
petit  nombre  de  connaître  ses  avantages  et 
d'en  profiter.  Cependant,  ô  grand  homme, 
tu  as  fait  des  tiens,  étant  jeune,  le  meilleur 
usage  ;  tu  as  si  bien  mérité  des  lettres  qu'il  y 
en  a  peu  qui  puissent  t'être  justement  com- 
parés et  presque  aucun  qui  puisse  t'être 
préféré.  Sans  doute,  ô  grand  homme,  dans 


le  bien  comme  dans  le  mal  tu  as  donné  de 
grands  exemples.  Fasse  le  Ciel  que  moi  et 
les  miens  imitions  tes  vertus,  ta  vigilance 
et  cette  ardeur  infatigable  à  l'étude.  S'il 
y  eut  des  taches  en  ta  vie,  et  entre  autres 
celle-ci,  que  tu  as  toujours  préféré  être 
loin  de  ta  maison  que  d'y  être  présent,  ef- 
forçons-nous de  ne  pas  tomber  dans  les 
mêmes  fautes.  Je  te  supplie,  ô  Dieu  éter- 
nel, de  veiller  sur  les  enfants  et  sur  toute 
la  famille  Stéphanienne  ;  fais  en  sorte 
qu'elle  prospère  dans  la  piété  et  dans  toutes 
les  vertus.  Surtout  je  te  recommande,  ô 
Dieu,  mon  épouse  maintenant  accablée  par 
la  maladie  ;  si  e.lle  'vient  h  apprendre  la 
mort  de  son  père,  quelles  plaintes  !  quels 
gémissements  fera-t-elle  entendre  !  Console- 
la  donc,  Père  des  miséricordes  qui  seul  en 
as  le  pouvoir,  et  fais  que  toujours  nous  nous 
accordions  les  deux  dans  l'amour  de  toi  et 
dans  ton  culte  avec  les  très-chers  enfants 
que  tu  nous  a  donnés.  Amen.  » 

Henri  Estienne  ne  laissa  aucune  fortune. 
On  dut  vendre  à  l'encan  les  livres  de  ses 
magasins  pour  solder  ses  créanciers.  Depuis 
longtemps  ses  affaires  étaient  très  gênées. 
La  dot  même  de  la  femme  de  Camubon 
n'avait  pas  été  intégralement  payée.  On  ad- 
met généralement  que  les  dépenses  considé- 
rables qu'il  avait  dû  faire  pour  son  Thé- 
saurus avaient  obéré  sa  maison.  Il  pressen- 
tait cette  ruine.  En  1565,  il  écrivait  pour 
expliquer  le  retard  qu'éprouvait  cette  pu- 
blication :  «  Il  est  bien  vray,  que  d'une 
part  la  pesanteur  de  cest  ouvrage  me  fait 
craindre  et  cercher  des  délais,  sçachant 
qu'elle  me  fera  ployer  les  reins  ;  mais 
d'autre  part  la  pesanteur  de  la  perte  qu'il 
me  fauldra  porter  à  faulte  de  poursuivre 
l'entreprise  de  cest  ouvrage  (à  cause  d'une 
grosse  somme  d'argent  engagée  aux  prépa- 
ratifs d'iceluy)  me  donne  une  seconde 
crainte,  laquelle  estant  plus  grande,  chasse 
la  première  et  m'aguillonne  à  bazarder  et 
avanturer  la  faiblesse  de  mes  reins.  Ce 
que  l'expérience  monstrera  (avec  l'aide  de 
Dieu)  plus  tost  qu'on  ne  pense.  »  Comme 
il  l'avait  craint,  il  ploya  sous  le  faix.  C'est 
ce  qu'il  exprime  dans  ces  vers  qui  se  lisent 
au  titre  de  son  Dictionnaire  : 

Thesauri  momento  alii  ditant  beantque, 

Et  faciunt  Crœsum  qui  priùs  lias  erat. 

At  Thesaïu-us  me  hic  ex  divite  leddit  egenuiii, 

Et  facit  ut  juvenem  ruga  senilis  aret. 

Sed  mihi  opuin  lovis  est,  levis  est  jactura  juvent», 

Judicio  haud  levis  est  si  labor  istc  tuo. 


t 


137 


ESTIENNE 


138 


Si  l'on  doit  en  croire  Casaubon,  Henri 
Estienne  était  d'une  humeur  difficile.  Il  ne 
permettait  à  personne,  pas  mt'me  à  son 
gendre,  de  pénétrer  dans  sa  bibliothèque  : 
c'était  son  Saint  des  Saints.  Ses  publications 
feront  assez  connaître  quel  était  son  vaste 
savoir.  Il  possédait  le  grec  comme  pas  un 
de  son  siècle.  Il  écrivait  le  latin  avec  cor- 
rection et  élégance.  Le  français  lui  était 
peut-être  moins  familier.  Nos  érudits ,  ha- 
bitués à  l'usage  du  latin,  écrivaient  leur 
langue  naturelle  avec  une  dédaigneuse  in- 
différence. 

Henri  Estienne  avait  son  établissement 
à  Genève^  mais  il  possédait  une  maison 
de  campagne  du  nom  de  Griôres,  dans  le 
village  de  Viry,  à  deux  lieues  de  la  ville,  où 
il  paraît  que  sa  famille  résidait.  Il  fut  marié 
trois  fois.  Il  épousa  en  premières  noces,  le 
1er  (Jéc.  15do,  comme  nous  l'avons  dit  ci- 
dessus  (col.  130)  Marguerite  Pillot,  avec  la- 
quelle il  vécutneuf  ans  dans  la  plus  parfaite 
union.  Des  quatre   enfants  dont  elle  fut 
mère,  deux  (?)  la  précédèrent  dans  la  tombe, 
et  un  troisième  l'y  suivit  de  près.  La  seconde 
seule,  Judith,  survécut.  Voici  leurs  noms, 
avec  la  date  de  leur  inscription  sur  le  Re- 
gistre des  baptêmes  :  lo  Henri,  8  déc.  15S7  ; 
on  n'a  rien  su  de  lui  jusqu'à  présent.  Il  se 
pourrait  que  ce  fût  à  lui  qu'on  doive  rap- 
porter cette  quittance  (Pièces  orig.  t.  1079, 
doss.  24860,  no  29)  «  Henry  Estienne  inter- 
prette  des  langues  grecque  et  latine  »  reçoit 
300  liv.  à  luy  ordonnées  par  le  Roy  pour 
la  pension  qu'il  plaît  à  S.  M.  luy  donner 
à  savoir  GOO  liv.  par  an;  18  nov.  1614.  » 
—  2o  Judith,   1er  janvier   1559;   —  3o 
EsTHER,  31  oct.  1563;  —  4°  Isaac,  11 
oct.  1584.  Judith  épousa  le  24  avril  1589, 
François  Le  Preux,  libraire-imprimeur  de 
Paris,  réfugié  pour causede religion,  d'abord 
à  Lausanne  où  il  imprimait  en  1574,  puis 
à  Morges,  en  1581.  En  1593,  il  avait  un 
double  établissement  à  Genève  et  à  Lyon. 
Le  19  mars  1566^  Estienne  se  remaria 
avec  noble  d"e  Rarbe  de  Wille-le-preudhon, 
d'origine  écossaise,  fille  de  feu  Claude  de 
Wille  et  de  d"e  Françoise  de  Saussure, 
seigneur  et  dame  du  dit  Wille-le-preudhon 
et  de  Félin  en  Lorraine  '.  Dans  sa  préface 
de  l'Aulu-Gelle,  il  fait  de  sa  femme  le  plus 

'  La  future  est  assistée  par  son  oncle  Anthoine 
de  Saussure  seig'  de  Soursy  et  S.  Martin  en  Lor- 
raine, et  par  sa  tante  nob.  dam"°  Anthoinette 
d'Augy.  Voy.  I,  col.  576. 


bel  éloge.  De  ce  second  mariage  naquirent 
huit  enfants,  qui  sont  :  5"  Paul,  qui  suit, 
présenté  au  baptême  le  24  janv.  1567  ;  — 
6o  Florence,  baptisée  le  12  août  1568.  Elle 
épousa,  le  28  avril  1586,  le  célèbre  Isaac 
Casaubon,  auquel  elle  survécut.  Quoique 
d'une  santé  extrêmement  délicate,  elle  n'eut 
pas  moins  de  vingt  enfants,  dont  trois  fils  ou 
quatre  parvinrent  à  la  maturité  de  l'âge. 
L'une  des  filles  Joantilla,  née  en  mars  ou 
avril  1597  à  Montpellier,  épousa  son  cou- 
sin Henri  Estienne,  sieur  des  Fossés,  fils 
de  Henri,  troisième  du  nom,  intendant  des 
bâtiments  du  roi  (Reg.   de   Charenton). 
Une  autre,  Jeanne,  fut  mariée  au  juris- 
consulte Jean  de  Gravelle  du  Pin  '.  Vers 
la  fin  de  1613,  Florence  fit  un  voyage  en 
France   pour  réclamer  des  arrérages  de 
traitement  qui  étaient  dus  à  son  mari  de- 
puis 1610.  Elle  échoua  dans  ses  démarches; 
mais  elle  réussit  a  faire  transporter  à  Lon- 
dres la  bibliothèque  de  Casaubon  qu'à  son 
départ  on  n'avait  pas  voulu  laisser  sortir, 
et  qui  était  restée  cachée  chez  de  Thou. 
Elle  vivait  encore  en  1620*;  —  7°  Une 
fille,  non  nommée  sur  le  registre  où  est 
consigné   son  baptême,  sous  la  date  du 
9  déc.  1571  ;  —  8o  Denise,  présentée  au 
baptême  le  22  janv.  1576.  On  croit  qu'elle 
mourut  fille  vers  1614;  —  9o  Denis,  22 
janv.  1576;  —  10"  Eunice,  15  juillet  1577; 
—  Mo  Marie,  27  nov.  1578;  —  12°  Anne, 
7  juin   1581.   Ces  différentes  dates  sont 
celles  de  la  présentation  au  baptême.  Il 
paraît  que  la  mère  mourut  en  couches  de 
ce  dernier  enfant.  Toute  la  ville  la  pleura, 
quam  mecum  tota  propemodùin  urhs  luget, 
écrit  Henri  à  la  date  du  1er  août  de  cette 
année. 

Après  que  sa  plus  grosse  douleur  fut 
apaisée,  Henri  convola  en  troisièmes  noces, 
le9mai  1586.  Sa  femme  Abigail  Poupart^, 

'  C'est  lui  qui  soigna  l'édition  des  Notes  pos- 
thumes de  Casaubon  sur  le  1"  livre  de  Polybe, 
ouvrage  qu'il  dédia  sous  le  nom  de  sa  belle- mère 
au  roi  Jacques  d'Angleterre.  Le  privilège  est  au 
nom  de  la  veuve,  sous  la  date  du  22  déc.  1616. 
Ce  commentaire  de  Casaubon  était  destiné  au 
Polybe  de  Dronart,  1609,  in-fol.  (non  pas  1699), 
sur  le  titre  duquel  il  est  même  annoncé  quoique 
absent.  Voy.  ci-dessus  t.  III,  col.  820. 

2  On  a  cependant  d'elle  un  testament,  en  date 
du  30  juin.  1588  (J.  Jovenon  not.  de  Genève,  VI, 
402)  par  lequel  elle  lègue  mille  liv.  à  son  mari 
et  institue  son  héritier  Henry  Estienne  <  .son  ho- 
noré père  luy  seul  et  pour  le  tout.  » 

^  Fille  de  noble  Jehan  Poupart,  bourgeois  de 


139 


ESTIENNE 


ua 


lui  donna  encore  deux  enfants  :  13»  David, 
baptisé  le  6  mars  lo87,  et  14°  Jacques,  le 
23  sept.  1588.  Casaubon  parle  de  sa  mort 
dans  ses  Ephémérides  sous  la  date  du  18 
avril  1599.  Depuis  quatre  jours  seulement 
elle  était  de  retour  à  Genève  d'un  voyage 
eu  France,  lorsqu'elle  succomba  à  une 
attaque  de  peste.  On  a  un  testament  d'elle, 
daté  du  moment  où  elle  était  en  couches 
de  son  premier  enfant  (28  février  1587; 
Michel  Try  not.  VIII,  140),  par  lequel  elle 
institue  seuls  héritiers  ses  père  et  mère. 

Afin  de  faciliter  les  recherches,  nous 
diviserons  les  publications  de  Henri  Es- 
tienne  en  trois  catégories  :  lo  les  livres  de 
littérature  ancienne  publiés  en  première 
édition;  2°  les  éditions  annotées  par  lui; 
3°  les  ouvrages  originaux,  y  compris  les 
traductions.  Nous  nous  abstiendrons  de 
citer  les  simples  réimpressions,  quoiqu'il 
y  en  ait  telles  qui  pourraient  passer  pour 
des  éditions  princeps,  tant  les  textes  en 
ont  été  châtiés  à  l'aide  d'une  judicieuse 
critique  ou  par  la  collation  de  nouveaux 
manuscrits.  Pour  ces  dernières  publica- 
tions, nous  nous  contenterons  de  renvoyer 
à  l'excellent  travail  de  Renouard. 

1.  PREMIÈRES  ÉDITIONS.  —  Henri  publia, 
de  1554  à  1592,  19  ouvrages  en  première 
édition,  quelques-uns  seulement  en  partie, 
dont  18  grecs  et  1  latin  :  I.  Odes  d'Ana- 
créon,  gr.  et  lat.,  (1554,  in-4o);  —  II.  Di- 
vers opuscules  de  Denys  d'Halicarnasse, 
(1554,  in-8o);  —  HI.  L'Apologie  d'Athé- 
nagore  et  son  traité  de  la  Résurrection, 
gr.  et  lat.,  (1557,  in-8o);  —  IV.  Discours 
de  Maxime  de  Tyr,  gr.  et  lat.,  (eod.  ann., 
in-8o);  —  V.  Divers  écrits  d'Aristote  et 
de  Théophraste,  (eod.  anno,  in-8o);  — 
VI.  Histoires  tirées  de  Ctésias,  Agathar- 
chide,  Memnon,  etc.,  (eod.  anno,  in-8o); 

—  VH.  Les  Novelles.'  etc.,  (1558,  in-fol.)  ; 

—  Vm.  Diodore  de  Sicile,  (1559,  in-fol.); 

—  IX.  Discours  de  Thémistius,  (1562,  in- 
8o)  ;  —  X.  Lexique  d'Erotien,  (1564,  in- 
8°);  —  XI.  Recueil  de  Médecins  grecs  et 
latins,  en  lat.,  (1567,  in-fol.);  —  XII.  Dé- 
clamations de  Polémon   Himérius  et  de 

de  Melun  et  de  D"'^  Marie  de  Mézières.  Conventions 
matrim.  passées  le  5  avril  1586  (J.  Jovenon  not. 
VI  27),  l'épouse  étant  assistée  de  son  frère  nob. 
Jeh.  Poupart  habit,  de  Genève,  de  Charles  Ber- 
nard de  Miremont  ministre  de  la  p.  de  D.  (voy. 
ci-dessus  t.  11,  col.  891,  lig.  28)  et  de  François 
Sotman,  doct.  es  droits. 


quelques  autres,  (eod.  anno,  \n-¥);  — 
XIII.  Hymnes  de  Synésius  de  Cyrène,  et 
quelques  odes  de  Grégoire  de  Nazianze, 
gr.  et  lat.,  (1568,  in-32);  —  XVI.  Recueil 
composé  des  dialogues  d'Athanase,  du 
Traité  de  Basile  contre  Eunomius,  de  l'Ex- 
plication abrégée  de  la  foi  orthodoxe 
d'Anastase  et  de  Cyrille,  gr.  et  lat.,  (avec 
l'interprétation  de  Bèze),  du  Livre  de 
Fœbadius  contre  les  ariens,  lat.,  (1570, 
in-8o)  ;  —  XV.  Le  Droit  de  l'Eglise  d'Orient 
(annoté  par  Ennemond  Bonne  foi),  gr.  et 
lat.,  (1573,  in-8°);  —  XVI.  Recueil  de 
poètes  grecs,  Empédocle,  Xénophane, 
Timon,  Parménide,  Cléanthe,  Epicharrae, 
Orphée,  Heraclite  et Démocrite,  (eod.  ann.,. 
in-8<');  —  XVII.  Combat  d'Homère  et 
d'Hésiode,  etc.,  gr.  et  lat.,  (eod.  anno,  in- 
8°);  —  XVIII.  Opuscules  géographiques 
de  Dicéarque  de  Messine,  gr.  et  lat.,  (1589, 
in-8o);  —  XIX.  Epître  de  S.  Justin  à 
Diognète  et  Discours  aux  Grecs,  gr.  et  lat.^ 
(1592,in-8o). 

2.  ÉDITIONS  ANNOTÉES  :  I.  HoratU  poe- 
mata,  scholiis  et  argumentis  ah  Henr.  Ste- 
phano  illustrata,  Lutetiae,  ex  off.  Rob.  St., 
1549,  in-8. 

IL  Athenagorx  atheniensis  philos,  christ. 
Apologia  pro  christianis,  ad  imper.  Auto- 
ninmn  et  Commodum.  Ejusdem,  De  resur- 
rectione  morluorum.  Ex  antiq.  exempla- 
ribus  libellus  ille  nunc  primùm  profertur, 
hic  autem  castigatior  quùm  anteà  editur 
(cum  vers.  lat.  subjuncta  Conc.  Gesneri  et 
Pétri  Nannii  ;  ac  ipsius  Gesneri  et  Henr. 
Stephani  notis),  ex  oflf.  Henr.  Steph.,  1567,. 
in-8o. 

III.  Aristotelis  et  Theophrasti  Scripta 
qusedam,  grsecé,  cum  notis,  ex.  off.  H.  St. 
Paris.,  1557,  in-8o. 

IV.  JEschyli  Tragœdioe  VII,  grsecè,  etc.,_ 
cum  observationibus,  ibid.,  1557,  in -4°. 

V.  Adagiorum  chiliades  quatuor  cum 
sesquicenturia  Des.  Erasmi  roterod.  cum 
animad.  in  Erasmicas  quorumdam  Ada- 
giorum expositiones,  [Genev.]  Oliva  Rob. 
St.,  1558,  in-fol. 

VI.  Xenophontis  omnia  qux  extant  Opéra, 
etc..  cum  annotationibus.  Excud.  H.  St. 
ill.  viri  Huldr.  Fuggeri  typ.,  1561,  in-fol. 
—  \enophontis  Operum  Interpretationem 
à  diversis  editam  Henr.  Stephanus  partim 
ipse  recognovit,  partim  per  alios  recognos- 
cendum  curavit,  etc.  Huic  prxfixa  est  ejusd, 
H.  St.  Oratio  de  conjungendis  cum  Marte- 


i 


141 


ESTIENNE 


142 


Musis,  exemplo  Xenophontis,  ibid.,  I06I, 
in-fol.  —  Henri  est  lui-même  l'auteur  de 
la  version  latine  du  livre  de  la  Cavalerie. 
Pour  cette  publication,  il  eut  le  concours 
de  plusieurs  savants,  le  crétois  Fr.  Portas, 
Conr.  Gesner,  Joach.  Camérarius,  etc.,  et 
il  parvint  à  rendre  son  édit.  aussi  supé- 
rieure à  celle  d'Aide  (1323)  que  celle-ci 
l'emportait  sur  l'édit.  dePh.  Junta  M516). 
Henri  réussit  mieux  encore,  dans  la  réimpr. 
qu'il  fît  en  1581,  et  qui  moins  brillante 
d'exécution  que  le  volume  de  1361,  lui  est 
littéralement  très  supérieure. 

Vil.  Themistli  philos.  Orationes  XIIII, 
grsecè,  cum  not.,  ibid.,  1362,  in -8°. 

VIII.  Fragmenta  Poetarum  veterum  la- 
tinorum,  quorum  Opéra  non  extant  :  Ennii, 
Pacuvii,  Accii,  Afranii,  Lucilii,  Nxvii, 
Laherii,  CseciUi,  aliorumque  multorum  : 
andiqiie  à  Rob.  Steph.  summd  diligentid 
oUm  congesta  :  nunc  autem  ah  Henr.  Steph. 
ejus  filio  digesta,  et  priscarum  quue  in  illis 
sunt  vocum  expositione  illustrata  :  additis 
etiam  alicubi  versibits  grxcisquosinterpre- 
tantur.  Hoc  in  gi'atiam  studiosorum  car- 
minis  :  propediem  autem  et  amatoribus 
orationis  solutœ  in  simili  labore  (Deo  fa- 
vente)  gratificabimur .  ibid.  1364,  in-80.  — 
Estienne  n'a  pas  tenu  sa  promesse;  l'ou- 
vrage qu'il  annonçait  comme  devant  pa- 
raître prochainement,  n'a  pas  été  publié. 
L'extrême  activité  de  son  esprit  ne  lui 
permettait  de  réaliser  qu'une  partie  de  ses 
projets.  Ce  livre  sera  resté  comme  tant 
d'autres  en  manuscrit  dans  ses  papiers. 

IX.  Diogenis  Laertii  de  vitis,  dogmatis 
et  apophthegmatis  eorum  qui  in  philosophiâ 
daruerunt,  libri  X.  Grsecè  et  lat.  Ex 
multis  vetustis  codicibus  plurimos  locos  in- 
tegritati  suœ  restituentes,  et  eos  quibus 
aliqua  deerunt  explentes.  Cum  annotatio- 
nibus  Henr.  Steph.  Pythag.  Philosophorum 
fragmenta,  cum  lat.  interpretatione  (Ano- 
nymi  cujusdam  Dissertationes  :  Lysidis, 
Theanûs,  Melissœ,  Muiœ  Epistolœ,  grœcè 
tantkm),  1370,  in-80  ;  réimpr.,  sans  les 
notes,  en  1394.  Voir  n»  XXVII. 

X.  Piutarchi  chseronensis  quie  extant 
Opéra  cum  lat.  interpretatione.  Exvelustis 
codicibus  plurima  nunc  primùm  emendata 
sunt,  ut  ex  Henr.  Steph.  annotationibiis 
intelliges  :  quibus  et  suam  quorumdam  li- 
bellorum  interpretationem  adjunxit.  Mmi- 
lii  Probi,  seu  Cornelii  Nepotis  de  vitd 
excellentium   imperatorum.    Item    Donati 


AcciaioU  vitse  Scipionis  et  Annibalis,  1372, 
13  vol.  in-80.  —  Selon  M.  Renouard,  cette 
édition,  exécutée  avec  correction  et  élé- 
gance, est  restée  la  meilleure,  jusqu'à 
ce  que  les  travaux  de  Reiske,  de  'Wy- 
ttenbach  et  de  Coray  aient  acquis  à  leurs 
savantes  publications  une  supériorité  in- 
contestée. 

XI.  Apollonii  Rhodii  Argonauticon  libr. 
IV.  Scholia  vetusta  in  eosdem  libros  quse 
palmam  inter  alia  omnia  in  alios  poetas 
scripta  obtinere  existimantur  :  grœcè.  Cum 
annot.  H.  Steph.  ex  quibus  quantam  in 
hanc  editionem  contulerit  diligentiam  co- 
gnosci  poterit,  1374,  in-4o. 

XH.  P.  Virgili  Maronis  Poemata,  novis 
scholiis  illustrata,  quœ  H.  Steph.  partim 
dominata,  partim  è  virorum  doctorum  libris 
excerpta  dédit.  Ejusdem.  H.  Sleph.  Sche- 
diasma  de  dilectu  in  diveisis  apud  Virgi- 
lium  lectionibus  adhibendo,  [1373]  jn-8»; 
réimpr.  en  1383. 

XIII.  Horatii  Flacci  Poemata,  novis 
scholiis  et  argumentis  ab  Henr.  Steph.  illus- 
trata. Ejusd.  H.  Steph.  Diatribse  de  hâc 
sua  editione  Horatii  et  variis  in  eam  obser- 
vationibus,  [1373]  in-80;  réimpr.  en  1588 
avec  quelques  additions. 

XIV.  Novum  Testamentum,  griec.  Ohs- 
curiorum  vocum  et  quorundam  loquendi 
generum  accuratas  partim  suas,  partim 
aliorum  interpretationes  margini  adscrip- 
sit  Henr.  Stephanus,  1376.  8.  cal.  mart., 
in-16.  —  Savante  préface  de  36  pages  De 
stylo  Novi  Testamenti.  On  trouve  aussi 
dans  ce  volume  les  vers  grecs  que  Henri 
avait  composés  pour  le  Nouveau-Testament 
grec,  in-fol.,  de  son  père;  mais  la  pièce 
est  revue  et  modifiée. 

XV.  Dicersorum  Commentationes  ad 
Ciceronis  epistolas  ad  familiares ,  1577, 
in-80.  —  Estienne  est  au  nombre  des  au- 
teurs à  qui  sont  dus  ces  Commentaires,  qui 
parurent  à  la  suite  de  son  édition  des 
Lettres  familières  de  Cicéron. 

XVI.  Callimachi  cyrenœi  Hymni  (cum 
H.  St.  sc/to/m  graecis)  et  epigrammata,  etc. 
Henr.  Steph.  partim  emendationes,  partim, 
annotationes  in  quosdam  Hymnorum  locos. 
Ejusd.  duplex  interpretatio  Hymni  primi 
carminé  utraque:  quarum  una,  adstrictx, 
altéra  liber  se  et  paraphrasticse  interpréta 
tionis  exempliim  esse  possit,  1377,  in-4o. 

XVII.  Interpretatio  Dyonisii  alex.  Poe- 
matii  ad  verbuni  ;  necnon  Annotationes  in 


143 


ESTIENNE 


144 


idem,  dansun  Recueil  d'anciens  Géographes, 
1577,  in-4o. 

XVIII.  Jiidicium  de  quorumdam  locorum 
interpretatione  Johannis  Serrani  et  multo- 
rum  contextus  grseci  emendatio,  dans  son 
édition  des  Œuvres  de  Platon,  avec  la 
trad.  deJeande  Serres,  1578,  3  vol.  in-fol. 

XIX.  Theocriti  aliorumque  poetarum 
Idyllia,  etc.  Omnia  cum  interpr.  latinâ, 
in  Virgilianas  et  Nason.  imitatio7ies  Theo- 
criti Observationes  Henr.  Stephani,  1579 
et  1586,  in- 16.  On  trouve,  en  outre,  de 
Henri  dans  ce  recueil  une  trad.  en  A^ers 
grecs  d'une  élégie  de  Properce,  la  2e  du 
second  livre. 

XX.  Xenophontis  quse  extant  Opéra  : 
grsecè.  Annotationes  H.  Steph.  multkm  lo- 
cupletœ  :  quse  varia  ad  lectionem  Xeno- 
phontis longé  utilissima  habent.  Edit.  se- 
cunda,  1581,  in-fol.  —  Moins  belle  que 
ledit,  de  1561,  celle-ci,  d'un  texte  plus 
épuré  et  avec  de  plus  nombreuses  notes,- 
lui  est  de  beaucoup  supérieure. 

XXI.  Herodiani  Historiarum  libri  VIII, 
grsecè.  Cum  Angeli  Politiani  interpr.  et 
hujus  partirn  Supplemento,  partim  examine 
Henr.  Steph.  utroqiie  margini  adscripto. 
Ejusd.  H.  Steph.  emendationes  quoriindam 
grseci  contextus  locorum,  et  quorundam 
expositiones,  etc.,  1581,  in-4o. 

XXII.  S.  Justini  Martyris  Epistola  ad 
Diognetumet  Oratio  ad  Grsecos,  gr.  et  lat., 
nunc  primùm  luce  et  latinitate  donatse  ab 
Henr.  Steph.  cum  ejusd.  et  Jacobi  Beiireri 
annotation ibus.  Tatiani,  discipuli  Justini, 
qusedam,  1592,  in-4o. 

XXIII.  Annotationes  in  quasdam  Appiani 
historias,  et  in  conciones  per  totum  opus 
sparsas,  dans  son  édit.  d'Appien,  1592, 
in-fol. 

XXIV.  In  Joannem  Xiphilinum  post 
duos  egregios  messores  [Guil.  Blancuni  et 
Guil.  Xylandrum]  Spicilegium,  dans  son 
édit.  de  Jean  Xiphilin,  gr.  et  lat.,  1592, 
in-fol. 

XXV.  In  Isocratem  Diatribœ  VII  qua- 
rum  una  observationes  Harpo  crationis  in 
eundem  examinât,  dans  son  édit,  des  Dis- 
cours et  Lettres   d'Isocrate,   gr.   et   lat., 

1593,  in-fol.,  dédiée  à  Marc  Fugger. 

XXVI.  Concordantise  grseco-latinse  Novi 
Testamenti.  Cum  Henr.  Steph.  prœfatione, 

1594,  in-fol.  —  Ces  concordances  sont 
en  grande  partie  l'ouvrage  de  Robert  Es- 
tienne. 


XXVII.  Judicium  de  interpretatione 
Diogenis  Laertii  ab  Ambrosio  et  Brognolo. 
Item  Annotationes  ad  Hesychii  Illustrii 
libr.  de  Fhilosophis,  gr.  et  lat.,  dans  sa 
seconde  édition  de  Diogène  Laérce,  1594, 
in-8o.  —  Estienne  n'a  pas  reproduit,  dans 
cette  édit.,  les  annotations  qu'il  avait  mises 
dans  sa  première,  quôd  essent  imperfectae  ; 
et  il  préféra  celles  de  Casaubon. 

XXVIII.  Schediasmata  II  ad  Dicsear- 
chum,  Aug.  Vindel.,  1600,  in-8o.  —  Cité 
dans  la  Bibl.  Barberina,  ainsi  que  le  sui- 
vant. 

XXIX.  Emendationes  in  Petronii  Epi- 
grammata,  Helenopoli,  1614. 

XXX.  KsçaXata  D.  Matthœi  et  D.  Mar- 
ci.  Interpretatio  latina  obscurioriim  vocum 
et  phrasium.  Insér.  dans  les  Critiques  sa- 
crés d'Angleterre  (Amst.  1698,  in-fol.).  — 
Tiré  du  no  XIV. 

3°  Ouvrages  originaux  et  traduc- 
tions :  I.  Pièce  de  72  vers  grecs  en  tête 
du  Nouveau-Testament  grec,  in-fol.,  de 
Rob.  Estienne,  1540  ;  corrig.  dans  les 
édit.  suivantes. 

II.  Rudimenta  fidei  christianœ  (graecè). 
Libellus  apprimè  utilis,  nunc  primùm  in 
lucem  editus,  [Gène va;]  ap.  Rob.  St.,  1551, 
très  pet.  in-8o  ;  plus,  fois  réimpr.  —  Trad. 
en  grec  du  Catéchisme  de  Calvin. 

III.  Anacreontis  Teii  Odee,  gr.  et  lat., 
ab  Henr.  St.  luce  et  latinitate  nunc  pri- 
miim  donatœ,  Lutetiœ,  ap.  Henr.  Steph. 
[et  selon  M.  Renouard,  typis  Car.  Steph.], 
1554,  in-4o  ;  réimpr.,  en  1556,  chezGuill. 
Morel  et  Rob.  Estienne  II.  —  L'indication 
apiid  Henricum  Stephanum  a  fait  supposer 
que  Henri  II  avait  eu  une  imprimerie  à 
Paris.  Mais  il  suffit  de  remarquer  que  ce 
petit  volume  est  le  seul  qui  porte  cette  in- 
dication, pour  se  convaincre  que  c'est  une 
erreur.  On  trouve  en  tête  de  ce  livre  une 
épitre  grecque  de  Henri  Philomusis,  plus 
trois  épigrammes,  dont  une  grecque  et 
deux  latines.  Après  le  texte  d'Anacréon 
suivent  vingt  pages  de  scolies,  puis  la  tra- 
duction en  vers  latins  de  quelques-unes 
des  odes.  C'est  contre  toute  vraisemblance 
que  Jos.  Scaliger  a  prétendu  que  Henri 
s'était  approprié  une  traduction  de  Jean 
Dorât  (Aura tus). 

IV.  Moschi,  Bionis,  Theocriti,  elegan- 
tiss.  poetarum  Idijllia  aliquot  ab  Henr. 
Steph.  latina  facta.  Ejusd.  Carmina  non 
diversi  ab  illis  argumenti.  (Cum  annot.  in 


I 


145 


ESTIENNE 


146 


illa  idyllia  et  Propertii  elegiâ,  ex  libr.  II, 
grœcè  redditâ),  Lutetiae,  ex  off.  Rob.  Ste- 
phani,  1556,  3  cal.  jan.,  in-4o.  —  Réim- 
pres.  d'une  première  édit.  faite  par  Paul 
Manuce,  en  1555,  pet.  in-4o,  pendant  le 
séjour  de  Henri  à  Venise.  Ce  fut  la  pre- 
mière production  de  l'imprimerie  de  Ro- 
bert Estienne  II. 

V.  Maximi  Tyrii,  philos,  platon.,  Ser- 
mones  sive  Disputationes  XLI.  Grœcè  nunc 
prirnùm  édita;,  ex  off.  H.  St.,  paris,  ty- 
pogr.  —  Esedem  latinœ  ex  Cosmi  Paccii 
archiep.  Florentini  interpretatione,  ah 
Henr.  Stephano  qumnplurimis  in  locis 
emendatâ,  ibid.,  1557,  in-8o.  —  Cette 
traduction  a  été  tellement  améliorée  qu'elle 
peut  passer  pour  un  ouvrage  original. 

VI.  Ciceronianum  Lexicon  grseco-lati- 
num.  Id  est  Lexicon  ex  variis  grxcorum 
scriptorum  locis  à  Cicérone  interpretatis 
collectum  abHem\  Steph.  Loci  grœcorum 
authorum  cum  Ciceronis  interpretationi- 
bus,  ibid.,  1557,  in-8o.  —  In  M.  T.  Cice- 
ronis quamplurimos  locos  Castigationes 
Henr.  Steph.,  partim  ex  ejus  ingenio,  par- 
tim  ex  vetustissimo  quodani  et  emendatis- 
simo  exemplari,  ibid.,  1557,  in-8o.  — 
Cette  seconde  partie  fait  suite  à  la  pre- 
mière et  n'en  doit  pas  être  séparée. 

VII.  Gallicœ  grammalices  libellus  lalinè 
versus  [Genève],  1558,  in-8o.  —  ïrad.  en 
latin,  afin  de  faciliter  l'étude  de  notre 
langue  aux  étrangers,  des  notes  et  obser- 
vations que  Henri  avait  recueillies  sur  la 
grammaire  française. 

VIII.  Sexti  philos.  Pyrrhoniarum  hypo- 
typôseôn  libri  III,  etc.  Grsecè  nunqiiam, 
latine  nunc  primùm  editi,  interprète  H. 
Stephano  (cum  ejus  notis).  Excud.  H.  St., 
Huldr.  Fuggeri  typ.,  1562,  in-S».  —  Le 
texte  grec  ne  fut  imprimé,  pour  la  pre- 
mière fois,  qu'en  1621.  Dans  sa  dédicace 
à  Henri  de  Mesmes,  Henri  raconte  un  des 
accès  de  mélancolie  ou  plutôt  de  bibliopho- 
bie,  dont  il  avait  été  pris  à  la  suite  d'un 
excès  de  travail,  et  qui  donna  lieu  à  la 
publication  de  ce  livre. 

IX.  De  abusu  linguœ  grœcœ  in  quibus- 
dam  vocibus  quas  latina  usurpât,  Admoni- 
tio,  ibid.,  1563,  in-8o. 

X.  Dictionarium  medicum,  vel  Exposi- 
tiones  vocum  (graecarum)  medicinalium  ad 
verbum  excerptœ  ex  Hippocrate,  Aretseo, 
Galeno,  etc.,  cum  latinâ  interpretatione. 
Lexica  duo  in  Hippocratem  huic  dictiotia- 


rio  prœfixa  sunt,  unum  Erotiani  nunquam 
anteà  editum,  alterum  Galeni  multù  emen- 
datius  quàm  anteà  excusum,  cum  notis 
Henr.  Steph.  in  utrumque,  C.  Gesneri  in 
Erotianum,  ibid.,  1564,  in-8o. 

XI.  Colloquiorum  seu  Dialogorum  grœ- 
corum spécimen,  à  la  suite  d'une  édition 
des  Colloques  latins  de  Mathurin  Cordier 
[1564],  ap.  H.  Steph.,  8o. 

XII.  Roberto  Stephano,  viro  de  liter. 
Rep.  B.  M.  ob  editos  complures  hebr.,  gr., 
lat.  q.  libros  omnibus  artis  typ.  numeris 
absolutiss..  quam  ita  calluit  ut  munia  ejus 
omnia  unus  obire  potiierit  :  cui  corpus  par 
oneri  tanto  fuit,  inediie,  vigiliœ,  algoris 
patientissimum  :  par  etiam  animus  in  exi- 
guo  corpore  ingens,  adeo  ut  operum  suo- 
rum  magnijicentiâ  cum  Francisa  Gall. 
reg.  hoc  nom.  primi  plané  regali  in  eam 
artem  liberalitate  certaverit  :  patri  suo 
chariss.  Henr.  Stephanus  hsec  tumuli  orna- 
menta  lacrymis  piissimis  perfusa  posuit. 
Vixit  ann.  LIX.  mens.  XI.  —  Nous  te- 
nions à  reproduire  en  entier  cet  éloge  du 
père  par  le  fils.  Les  épitaphes  sont  au  nom- 
bre de  14,  dont  9  latines  et  5  grecques, 
imprim.  sur  une  grande  feuille  in-fol. 
(1564)  t  en  telle  magnificence  qu'on  les 
peult  appeler  un  mausolée  typographique.» 
Comme  spécimen  d'un  certain  mauvais  goût 
de  l'époque,  nous  rapporterons  la  dernière 
de  ces  épitaphes  qui  était  sans  doute  des- 
tinée à  couronner  l'œuvre  : 

'n  STs'cpavo;  STcœocvcj  aTSçpxvw  ^rscpavov 

ffTcCpâvWCTïV, 

EÏy!    /.al   2T£Cpxvc.u;  vùv  ^Ts'cpavov  arei^a- 
voùv. 

XIII.  Mémorise  Margaridis  Piloniie  pa- 
risinse...  Epicedia  (cal.  jan.  1564),  grande 
feuille  in-fol.,  en  placard,  contenant  une 
pièce  de  144  vers  latins  et  trois  petites 
pièces  grecques,  à  la  louange  de  Margue- 
rite Pillât,  sa  première  femme. 

XIV.  Traicté  de  la  conformité  du  lan- 
gage françois  avec  le  grec,  divisé  en  trois 
livres,  dont  les  deux  premiers  traictent  des 
manières  de  parler  conformes  :  le  troisième 
contient  plusieurs  mots  françois,  les  uns 
pris  du  grec  entièrement,  les  autres  en 
partie,  c'est-à-dire  en  ayant  retenu  quel- 
ques lettres  par  lesquelles  on  peut  remar- 
quer leur  étymologie.  Avec  une  préface  re- 
monstrant  quelque  partie  du  désordre  et 
abus  qui  se  commet  aujourd'huy  en  l'usage 


147 


ESTIENNE 


148 


de  la  langue  française.  En  ce  traicté  sont 
descouverts  quelsques  secrets  tant  de  la 
langue  grecque  que  de  la  française  :  duquel 
l'auteur  et  imprim.  est  Henry  Estienne, 
fils  de  feu  Robert  Estienne  [Genève,  1565], 
in-8o  ;  réimpr.  à  Paris,  chez  Robert  II, 
en  1569,  avec  la  suppression  de  quelques 
passages  où  le  clergé  et  le  pape  n'étaient 
pas  traités  avec  assez  de  respect.  —  Le 
titre  explique  suffisamment  le  but  du  livre. 
L'auteur  s'attache  à  prouver  qu'il  y  a  dans 
le  grec,  avec  le  français,  «  surtout  le  vieil 
françois  qui  ne  tient  rien  d'emprunt  des 
langues  modernes,  »  une  plus  grande  con- 
formité de  génie  qu'avec  aucune  autre 
langue,  sans  prétendre  pourtant  que  cette 
conformité  dérive  de  leur  parenté. 

XV.  Quelques  Psaumes  de  David  trad. 
en  vers  grées  à  la  suite  de  la  Paraphrase 
poétique  de  Buchanan  [1565],  ap.  Henric. 
et  Rob.  Stephanos,  in-S». —  On  trouve  aussi 
dans  ce  recueil  quelques  trad.  en  vers  gr. 
de  Florent  Chrestien. 

XVI.  He^^odoti  halicarnassei  Historiée 
lib.  IX,  et  de  vitâ  Homeri  libellus,  latine, 
un  ex  interpr,  Laur.  Vallx  adscriptâ,  hic 
ex  interpr.  Conr.  Heresbachii  :  utraque 
ab  Henr.  Stéphane  recognita.  Ex  Ctésiâ 
excerptœ  Historiœ.  Icônes  quarundam  me- 
morabilium  structurarum.  Apologia  Hen- 
riei  Stephani pro  Herodoto  [Genève],  Henr. 
Steph.,  1566,  in-fol. 

XVII.  L'Introduction  au  Traité  de  la 
conformité  des  merveilles  anciennes  avec 
les  modernes,  ou  Traité  préparatif  à  l'Apo- 
logie pour  Hérodote.  L'argument  est  pris 
de  l'Apologie  pour  Hérodote,  composée  en 
latin  par  Henri  Estienne,  et  est  ici  conti- 
nué par  lui-même. 

Tant  d'actes  merveilleux  en  cest  œavre  lirez 
Que  de  nul  autre  après  eamerveillé  serez. 
Et  pourrez  vous  sçavans  du  plaisir  ici  prendre 
Vous  non  sçavans  pourrez  en  riant  y  apprendre. 

L'an  1566,  au  mois  de  nov.,  in-8o.  — 
Ce  livre  a  eu  un  grand  nombre  d'éditions  ; 
la  meilleure  et  la  seule  complète  est  la 
13me  qui  parut  cà  La  Haye,  1735,  3  vol. 
pet.  in-8o,  par  les  soins  et  avec  les  remar- 
ques de  Le  Duchat.  L'intention  d'Estienne 
dans  cette  publication  n'était  d'abord  que 
de  prévenir  ceux  qui  auraient  eu  envie  de 
traduire  son  Apologie  pour  Hérodote,  de 
crainte  qu'ils  ne  trahissent  sa  pensée,  et 
d'autant  plus,  dit-il,  qu'il  lui  serait  loisi- 


ble, <t  en  son  interprétation,  d'user  d'une 
liberté  qui  ne  seroit  ni  séante  ni  permise  » 
à  un  traducteur  étranger.  Mais  «  l'issue 
fut  autre  que  je  ne  pensois,  écrit-il  dans 
son  Épître  préliminaire,  car  la  traduction 
de  mon  livre,  que  j'avois  commencée,  me 
despleut  tellement  que  je  la  quittay^  et  au 
lieu  d'icelle,  pour  rendre  mon  esprit  con- 
tent, j'entrepris  cest  œuvre,  ou  plus  tost 
quelque  chose  ressemblant  à  cest  œuvre. 
Car,  pour  dire  la  vérité,  mon  dessein  n'es- 
toit  pas  d'aller  si  avant  ;  mais  en  ne  vou- 
lant que  costoyer  le  rivage,  je  me  trou- 
vaye  incontinent  porté  en  pleine  mer.  » 
Et  en  effet,  il  nage  en  pleine  eau  dans  un 
déluge  d'anecdotes,  toutes  plus  ou  moins 
licencieuses.  Nos  auteurs  les  plus  populai- 
res ont  tous  eu  une  pointe  de  gaillardise. 
Estienne  aimait  le  mot  pour  rire,  mais  trop 
souvent  les  plus  gros  lui  paraissaient  les 
meilleurs.  «  On  a  imprimé,  dit  M.  Renouard, 
mais  sans  en  apporter  de  preuves,  que, 
pour  ce  livre,  Henri  avait  été  brûlé  à  Paris 
en  effigie.  On  en  a  dit  autant  de  Robert, 
son  père,  mais  sans  le  prouver  davantage. 
Henri,  vers  ce  temps-là  et  après,  vint  plu- 
sieurs fois  à  Paris,  y  séjourna,  fut  ac- 
cueilli et  à  la  ville  et  même  à  la  cour,  ce 
qui  n'aurait  pas  eu  lieu  si  un  jugement  de 
condamnation  au  feu  eût  existé  contre  lui.  » 

XVIII.  Psalmi  Davidis  aliquot,  métro 
Anacreontico  et  Sappkico.  Authore  Henr. 
Steph.,  cujus  etiam  ex  off.  prodeunt.  Ejus- 
dem  Henr.  St.,  Odarion  de  P salmis  aliquot 
Davidicis  à    se    àvay.peov   TEicasXo    irotr.ÔsIiTt. 

1538,  in-32. 

Anacreontis  olim 
Modes  dedi  jocosos  : 
Anacreonticam  nanc, 
Sed  nil  Anacreontis 
Dabo  lyram  sonantem. 
Sic  œmulabor  hastam 
Quae  vulnus  inferebat, 
Addebat  et  medelam. 
Qaos  saueiavit  olim 
iS'ervis  chelys  profauis, 
Sanabit  illa  nervis 
Aptata  Christian is. 

XIX.  Annotaliones  in  Sophoclem  et  Eu- 
ripidem  :  quibus  variie  lectiones  examinan- 
tur,  et  pro  mendosis  emendatee  substituun- 
tur.  Ejusdem  Tractatus  de  orthographia 
quorumdam  vocabulorum  Sophocli  cum  cœ- 
teris  tragicis  communium.  Ejusdem  Dis- 
sertatio  de  Sophocled  imitatione  Homeri, 
1568,  in-8o. 

XX.  Comicorum  grsecorum  Sententiœ, 


I 


149 


ESTIENNE 


150 


id  est  ■fvwp.at  latinis  versibus  redditx,  et 
annotationibus  illustratee,  1569,  in-24.  — 
Dédié  au  duc  de  Bavière.  A  la  fin  sont 
ajoutées  les  Sentences  des  Comiques  latins 
et  celles  du  Publius  Syrus. 

XXI.  Quelques  Épigrammes  grecques  et 
latines,  à  la  suite  de  la  seconde  édition 
des  Poésies  de  Bèze,  etc.,  lo69,  in-8o. 

XXII.  Artis  typogi'aphicse  Querimonia, 
de  illiteratis  quibusdam  typographis,  prop- 
ter  quos  in  contemptum  venit.  Epitaphia 
grseca  et  latina  doctorum  quorumdam  ty- 
pographorum.,  1389,  in-4o.  —  Réimpr.  à 
la  fin  de  l'ouvr.  de  M.  Renouard.  Petit 
poème  de  158  vers,  hexam.  et  pentam., 
précédé  d'une  Épître  en  prose. 

XXIII.  Epistola  quâ  ad  multas  multo- 
rum  amicorum  respondet,  de  suie  typogra- 
phise  statu,  nominatimque  de  suo  Thesauro 
lingux  grwcœ.  In  posteriore  autem  ejus 
parte,  quàm  misera  sit  hoc  tempore  vete- 
rum  scriptorum  conditio,  in  quorundaiu 
typographortim  prêta  incidentium,  exponit. 
Index  librorum  qui  ex  officind  ejusdem 
Henr.  Steph.  hactemis  prodierunt,  1569, 
in-8o.  —  Cet  écrit,  moins  l'Index,  est  re- 
prod.  dans  les  ouvr.  d'Almeloveen  et  de 
Maittaire  sur  la  famille  des  Estienne  et  en 
partie  dans  celui  de  M.  Renouard. 

XXIV.  Remonstrance  du  prince  de 
Coudé  au  roy  Charles  IX,  du  23  aoiist 
1568.  Avec  la  protestation  et  le  récit  du 
meurtre  perpétré  en  sa  personne,  le  13 
mars  1569^  in-8o.  —  Literie  Ludovici  Bor- 
bonii.  principis  Condœi,  ad  Carolum  IX. 
Testificatio  causarum  quœ  eum  arma  su- 
mere  coègerunt.  Brevis  narratio  cœdis 
ejusdem  principis  et  scripta  in  eundem 
Epitaphia,  in-8o.  —  Cet  écrit,  attribué  à 
Henri  Estienne,  paraît  être  sorti  de  ses 
presses,  au  jugement  de  M.  Renouard, 
bien  qu'il  ne  porte  ni  son  nom  ni  sa  mar- 
que. 

XXV.  Epigrammata  grœca  selecta  ex 
Anthologie.  Interpretata  ad  verbum,  et 
carminé,  ab  Henr.  Stephano  :  qusedam  et 
ab  aliis.  Loci  aliquot  ab  eodem  annotatio- 
nibus illustrati.  Ejusdem  interpretationes 
centum  et  sex  unius  distichi,  aliorum  item 
quorundam  epigrammatum  variée,  1570, 
in-8o. 

XXVI.  0H2A.ÏPO2  Tr;  ïXk-c^i'./.xc.  fXwcarc. 
Thésaurus  grsecse  linguœ  ab  Henr.  Steph. 
constructus.  In  quo  prseter  alia  plurima 
quse  primus  prsestitit   (paternœ   in   The- 


sauro latino  diligentise  semulus)  vocabula 
in  certas  classes  distribuit,  multiplici  deri- 
vatorum  série  ad  primogenia,  tanquam  ad 
radiées  undè  pullulant,  revocata. 

Thésaurus  lectori. 

Nunc  alii  intrépide  vestiglia  nostra  sequantur  : 
Me  dnce  plana  via  est  qnas  salebrosa  fait. 

Anno  1572  excudebat  Henr.  Stephanus, 
5  vol.  in-fol.  Cum  privilegio  Cses.  Majes- 
tatis  [1570],  et  Christianiss.  Galliarum  Ré- 
gis [1561].  —  Dédié  à  Maximilien  II  et  à 
ses  académies  de  Prague  et  de  Vienne  ;  à 
Charles  IX  et  à  l'académie  de  Paris  ;  à 
Elisabeth  et  ,à  ses  académies  d'Oxford  et 
de  Cambridge  ;  au  prince  palatin  Frédéric 
et  à  son  académie  de  Heidelberg  ;  à  l'élec- 
teur Auguste  de  Saxe  et  à,  ses  académies 
de  Leipzig  et  de  Wittemberg  ;  au  mar- 
grave Jean -George  de  Brandebourg  et  à 
son  académie  de  Francfort-sur-l'Oder. 

Les  trois  premiers  tomes  sont  seuls  con- 
sacrés au  Lexique.  Dans  une  Épître  au 
lecteur,  Estienne  déduit  les  raisons  du  plan 
qu'il  a  suivi.  Puis  viennent  les  écrits  de 
quelques  rhéteurs  de  laudibus  litteraruni 
grœcarum.  —  On  trouve  dans  le  Vl^e  to- 
me :  1°  Appendix  libellorum  ad  Thesau- 
rum  grxcse  linguœ  pertinentium  ;  —  2» 
De  grœcse  linguœ  dialectis,  ex  scriptis 
Joannis  Grammatici  quœ  -zyi-n/.à.  fuerunt 
inscripta  ;  —  3°  Collectio  vocum  quœ  pro 
diversd  significatione,  accentum  diversuni 
accipiunt,  petit  vocabulaire  attribué  à  Cy- 
rille et  qu'Estienne  croit  de  Philoponus  ; 
—  4o  Verborum  quorumdam  themata,  quœ 
magna  ex  parte  vel  sunt  anomala  vel  poe- 
tica,  etc.  ;  —  5°  Index  divisé  en  2  par- 
ties ;  la  première  allant  jusqu'à  la  let- 
tre H,  colonne  229  à  1746,  et  la  2nie 
commençant  à  la  lettre  P,  colonne  1  à 
208.  Cet  index  a  une  grande  impor- 
tance dans  l'ouvrage,  non  seulement  parce 
que  les  mots  du  Lexique  disposés  dans 
un  ordre  philosophique,  y  sont  réta- 
blis dans  leur  ordre  alphabétique,  ce  qui 
facilite  les  recherches  aux  commençants, 
mais  aussi  parce  que  l'auteur  y  a  réuni 
une  foule  de  détails  qu'il  avait  omis  à  des- 
sein ou  qui  lui  avaient  échappé,  ♦  qua?- 
cumque  enim  vocabula  in  ipso  opère  vel 
consulto  prœterniissa  fuerunt,  vel  me  sub- 
terfugerunt,  ea  suis  locis  (id  est  quos  séries 
alphabetica  illis  assignat)  tibi  exhibiturus 
est.  »  —  Le  tome  V,  qui  ne  parut  que 


151 


ESTIENNE 


152 


l'année  suivante,  contient  :  1°  Gloasaria 
duo,  è  situ  vetustatis  eruta  :  ad  utriusque 
linguse  cognitionem  et  locupletationem  pe- 
rutilia.  Item,  De  atticse  linguse  seu  dia- 
lecti  idiomatis  Comment.  Henr.  Stephani. 
U traque  nunc  primùm  in  publicum  prode- 
unt.  An.  1573.  Excud.  H.  Steph.  Cum 
privil.  Cses.  Majeslatis.  —  Dédiés  l'un  et 
l'autre  à  Thomas  Redinger.  —  Un  second 
titre  porte  :  Lexicon  latino-grsecum  vêtus, 
glossarii  nomine  inscriptum,  ex  quo  multse 
antiquse  sermonis  latini  voces,  hactenus 
incognitse,  qusedam  etiam  grœcœ  cognos- 
cuntur,  colonne  1  à  666.  —  Dans  ce 
lexique,  le  mot  latin  est  simplement 
traduit  par  le  mot  grec,  sans  explication. 
Après  les  Commentaires  de  Henri  sur  le 
dialecte  attique,  suivent  :  2°  ses  Remar- 
ques in  libr.  Joannis  Grammatici  de  Dia- 
lectis  ;  —  3°  De  quibusdam  vocabulis  quse 
apud  Atticos  vacant,  etc.  ;  —  4»  Appendix 
ad  aliorum  scripta  de  Dialectis  Atticis. 
—  Notre  description  de  cet  ouvrage  dif- 
fère en  quelques  points  de  celle  qu'en 
donne  M.  Renouard  ;  mais  cela  provient 
sans  doute  de  ce  que  tous  les  exemplaires 
de  l'édition  princeps  ne  sont  pas  parfaite- 
ment conformes.  La  disposition  ingénieuse 
et  savante  qu'Estienne  avait  adoptée  en 
classant  les  mots  de  son  dictionnaire  dans 
l'ordre,  pour  ainsi  dire,  de  leur  généra- 
tion, c'est-à-dire  les  dérivés  et  les  com- 
posés à  la  suite  des  mots  simples  ou  pri- 
mitifs, tanquàm  rivi  ad  suos  fontes,  vel 
stirpes  ad  suas  radiées,  cette  savante  dis- 
position, disons-nous  (plus  philosophique 
que  celle  adoptée  par  Dolet  dans  ses  Com- 
mentaires, et  qui  aurait  pu  cependant  en 
donner  l'idée),  contribua,  avec  le  pi'ix  élevé 
de  l'ouvrage,  à  susciter  des  contrefacteurs 
qui,  en  mettant  ce  livre  à  la  portée  des 
petites  bourses  et  des  commençants,  nui- 
sirent à  son  succès  et  ruinèrent  le  malheu- 
reux éditeur.  Un  éhonté  plagiaire,  Jean 
Scapula,  que  Henri  avait  employé  à  met- 
tre son  manuscrit  au  net  et  à  en  revoir  les 
épreuves,  en  fit  un  abrégé  qu'il  donna 
comme  son  propre  ouvrage,  s' attribuant 
même  l'idée  d'avoir  groupé  les  dérivés 
sous  leurs  radicaux.  «  La  compilation 
écourtée  de  Scapula,  dit  Renouard,  eut 
la  fortune  de  beaucoup  d'abrégés  :  bien 
moins  chère  et  en  apparence  d'usage  plus 
facile,  elle  se  vendit,  se  réimprima  pen- 
dant que  le  Trésor  restait  dans  le  magasin 


de  son  auteur...  D'après  les  vices  de  cette 
compilation,  si  bien  signalés  par  Henri, 
on  peut  vraiment  s'étonner  d'un  succès  si 
réel  et  si  continu.  »  Récemment  encore  il 
en  a  été  fait  trois  éditions  différentes  en 
Angleterre  avec  des  additions  et  change- 
ments. Quant  au  Trésor,  il  paraît  que 
Henri  n'en  donna  qu'une  seule  édition, 
bien  qu'en  différents  endroits  de  ses  écrits, 
il  parle  d'une  deuxième  ;  il  se  borna  à 
réimprimer  un  certain  nombre  de  feuilles, 
équivalant,  selon  M.  Didot,  à  environ  la 
moitié  de  tout  le  contenu  du  livre.  Malgré 
l'immense  savoir  de  l'auteur,  il  était  na- 
turel qu'il  y  eût  dans  son  livre  des  lacunes 
et  des  erreurs.  Plusieurs  tentatives  d'amé- 
lioration ont  été  faites  ;  dans  le  siècle  der- 
nier, Daniel  Scott  fit  paraître  à  Londres 
2  vol.  in-fol.  de  Supplément.  Dans  celui- 
ci.  l'honorable  M.  Didot  a  appelé  à  lui  les 
plus  savants  hellénistes  de  l'Europe  pour 
donner  du  chef  d'œuvre  d'Estienne  une 
édition  supérieure  à  toutes  celles  qui  ont 
paru.  Cette  œuvre,  que  nous  appellerons 
patriotique,  forme  8  vol.  in-fol.  parus  de 
1831  à  1865.  Éclairé  par  l'expérience, 
l'éditeur  n'a  pas  cru  devoir  conserver  la 
disposition  méthodique  observée  par  Es- 
tienne,  il  l'a  intervertie  en  adoptant  pour 
le  Lexique  l'ordre  alphabétique,  qui  est 
d'un  usage  plus  commode. 

XXVil.  Virtutum  Encomia  :  sive  Gno- 
mx  de  virtutibus  :  ex  poetis  et  philosophis 
utriusque  linguse  grsecis  versibus,  adjectâ 
interpretatione  Henrici  Stephani,  1573, 
in-16. 

XXVHI.  Franco fordiense  Emporium, 
sive  Francofordienses  Nundinœ  :  quàm 
varia  mercium  gênera  in  hoc  emporio 
prœstent,  pagina  septima  indicabit,  1574, 
prid.  cal.  mart.,  in-8o.  —  Recueil  de 
plusieurs  morceaux  en  prose  ou  en 
vers,  dont  les  cinq  premiers  (1  en  prose 
et  4  en  vers)  appartiennent  à  Henri.  Les 
cinq  autres,  pris  du  grec  ou  du  latin,  rou- 
lent sur  l'éloge  ou  la  condamnation  de 
l'ivresse.  Le  volume  de  120  pag.  se  termine 
par  une  Epître  de  Henri  à  Paul  Melissus. 

XXIX.  Oratorum  veterum  Orationes, 
JEschinis,  Lysise,  Andocidis,  Issei,  Dinar- 
chi,  Antiphontis,  Lycui-gi,  Lesbonactis, 
Herodis  (attici) ,  Demadis,  Antisthenis, 
Alcidamantis,  Gorgise  et  aliorum  :  grsecè. 
In  harum  editione  quid  ab  Henr.  Steph. 
prœstituin  sit,   ex  ejus  prsefatione  lector 


i 


153 


ESTIENNE 


154 


intelliget.  Cum  interp.  latinâ  quarundam, 
157S,  in-fol.  —  La  traduct.  de  la  haran- 
gue de  Lysias  De  cœde  Erasthothenis,  est 
due  à  Estienne. 

XXX.  Parodix  morales  H.  Stephani  in 
Poetarum  veterum  latinorum  Sententias 
celebriores  totidem  versibus  greecis  ab  eo 
redditas.  Centonum  veterum  et  parodia- 
rum  utriusque  linguse  exempla ,  157o , 
in-8o.  —  Nous  nous  en  rapportons  de 
confiance  à  M.  Renouard  qui  nous  dit 
que  «  ces  imitations  grecques  de  vers  la- 
tins anciens  sont  plutôt  des  tours  de  force 
qu'un  recueil  de  bons  vers.  »  Henri  les 
composa  à  cheval,  pour  tromper  les  en- 
nuis de  la  route,  ad  fallendum  itineiHs  tœ- 
dium,  en  revenant  de  Vienne  en  Autriche, 
à  ce  que  suppose  son  biographe. 

XXXI.  Discours  merveilleux  de  la  vie, 
actions  et  deportemens  de  Catherine  de 
Médicis,  royne  mère,  auquel  sont  recitez 
les  moyens  quelle  a  tenu  pour  usurper  le 
gouvernement  du  royaume  de  France,  et 
ruiner  l'estat  d'iceluy,  1575,  in-8o  de 
164  pp.  ;  trad.  en  lat.  sous  le  titre  :  Ca- 
tharinie  Medicese  reginse  matris,  vitœ, 
actorum  et  consiliorum  quibus  universum 
regni  Gallici  statum  turbare  conata  est, 
stupenda  eaque  vera  enarratio,  1575,  in-8o 
de  116  pp.  ;  ou  sous  celui-ci  un  peu  mo- 
difié :  Legenda  Sanctse  Catharinse  Medi- 
cex,  etc.,  eod.  ann. ,  in-B»  de  103  pp. 
Selon  Lenglet,  l'édition  latine  serait 
l'original.  Les  éditions  se  multiplièrent 
rapidement.  La  3™e^  annoncée  comme 
plus  correcte,  mieux  disposée  que  la  pre- 
mière et  la  seconde,  et  augmentée  de  quel- 
ques particularité  z,  parut  en  1578,  in-8o. 
Les  augmentations  consistent  en  une  pièce 
de  24  vers  intitulée  :  Sympathie  de  la  vie 
de  Catherine  et  de  Jézabel,  avec  l'antipa- 
thie de  leur  mort,  et  Deux  Lettres  en- 
voyées à  la  Royne-Mère,  par  un  sien 
serviteur  [de  Villemadou]  après  la  mort 
de  Henri  H.  Il  se  peut  que  ces  addi- 
tions se  trouvent  déjà  dans  l'édition 
de  1576,  annoncée  aussi  comme  aug- 
mentée. —  On  attribue  généralement  cet 
écrit  à  Henri  Estienne,  et  au  jugement  de 
M.  Renouard,  rien  ne  paraîtrait  plus  vrai- 
semblable. «  Le  caustique  auteur  de 
l'Apologie  pour  Hérodote  était  bien  hom- 
me, nous  dit-il,  à  produire  l'outrageux 
pamphlet,  dont,  au  reste,  la  grave  et  .sé- 
vère histoire  a  confirmé,  sinon  approuvé. 


presque  toutes  les  rudes  et  souvent  bruta- 
les accusations.  Un  des  plus  sûrs  garants 
de  la  véracité  de  ce  libelle  pourrait  être 
Catherine  elle-même  qui,  suivant  ce  qu'as- 
surent plusieurs  écrits  contemporains,  dit. 
après  s'être  fait  lire  l'ouvrage,  que  si  l'au- 
teur l'avait  consultée,  il  aurait  pu  en  ra- 
conter bien  d'autres.  Quelques-uns,  conti- 
nue le  savant  bibliographe,  prétendent  que 
l'auteur  est  Théodore  de  Bèze,  et  non 
Henri.  Il  est  très  possible  que  ces  deux 
hommes,  qui  avaient  des  rapports  conti- 
nuels de  travaux  et  d'amitié,  y  aient  mis 
la  main  l'un  et  l'autre,  mais  ce  ne  sont 
que  des  conjectures.  >  En  effet,  il  nous 
semble  que  les  raisons  que  M.  Renouard 
apporte  à  l'appui  de  son  opinion,  ne  sont 
pas  suffisantes.  Nous  préférerions  nous  en 
rapporter  au  jugement  de  M.  Sayous,  dans 
ses  intéressantes  Études  sur  les  écrivains 
français  de  la  réformation  ;  si  ses  raisons 
ne  sont  pas  entièrement  concluantes,  elles- 
sont  au  moins  plus  solides.  Selon  lui,  si 
on  avait  lu  au  delà  des  premières  pages, 
on  aurait  reconnu  que  rien  ne  rappelle 
moins  l'auteur  de  l'Apologie  pour  Héro- 
dote que  cet  écrit,  tout  politique,  et  dans 
lequel  il  n'est  question  que  de  la  longue 
liste  des  crimes  publics  de  Catherine  de 
Médicis.  «  Se  bornant  au  côté  tragique  de 
l'histoire,  l'écrivain  n'insiste  sur  aucun 
détail  graveleux...  Le  Discours  merveil- 
leux lancé  dans  le  public  entre  la  mort  de 
Charles  IX  et  le  retour  de  Henri  III  à  Pa- 
ris était  un  premier  acte  du  parti  des  Po- 
litiques, qui  réunissait,  contre  la  reine  et 
Henri  III,  les  nobles  catholiques  et  pro- 
testants autour  du  duc  d'Alençon,  encore 
prisonnier  de  Catherine,  ainsi  que  le  roi 
de  Navarre.  Le  but  de  ce  pamphlet  est  de 
montrer  Catherine  visant  tout  le  long  de 
sa  vie  à  anéantir  la  noblesse  française,  et 
la  Saint-Barttiélemy  elle-même  n'ayant  pas 
d'autre  portée.  L'auteur  ménage  avec  une 
intention  marquée  les  gentilshommes  ca- 
tholiques qu'on  a  vus  les  plus  animés  con- 
tre les  huguenots  ;  il  lave  même  les  Guises 
du  complot  de  la  Saint-Barthélémy  pour 
en  charger  uniquement  Catherine,  repré- 
sentée comme  le  patient  et  ambitieux  as- 
sassin de  la  noblesse  de  France...  Au  mi- 
lieu des  détails  de  l'accusation,  on  attire 
habilement  l'intérêt  sur  les  princes  pri- 
sonniers, sur  le  duc  d'Alençon,  en  parti- 
culier, désigné  comme  le    sauveur  de  la 


155 


ESTIENNE 


156 


I 


patrie  ;  le  roi  de  Navarre  est  à  peine 
nommé.  »  Mais  qui  pourrait  assurer  que 
par  politique  Henri  ne  se  fût  pas  placé  à 
ce  point  de  vue  ?  Le  plus  fort  argument, 
selon  nous,  en  faveur  de  l'opinion  de 
M.  Sayous,  est  encore  dans  le  ton  et  le 
style  de  cet  écrit.  Pour  ce  qui  est  de  Théo- 
dore de  Bèze,  M.  Sayous  serait  plus  dis- 
posé à  le  lui  attribuer  «  si  l'intérêt  politi- 
que n'y  dominait  à  tout  instant  l'intérêt 
ecclésiastique  que  le  chef  des  églises  réfor- 
mées ne  sacrifia  jamais.  »  Pour  nous,  nous 
ferons  seulement  remarquer  qu'il  y  a  entre 
ce  livre  et  le  Réveille-Matin  des  François 
(t.  I,  col.  843)  une  certaine  conformité 
d'idées  qui  semblerait  déceler  un  seul  et 
même  auteur. 

XXXII.  De  latinitate  falsà  suspecta, 
Expostulatio.  De  Plauti  latinitate  Disser- 
tatio,  et  ad  lectionem  illius  Progymnasma, 
•1576,  in-8o.  —  Dédicace  à  Jér.  de  Chas- 
tillon,  président  au  parlement  de  Lyon, 
datée  è  Grieriand  villa  nostrâ,  febr.,  1576. 

XXXIIL  Pseudo-Cicero  Dialogus.  In 
hoc  non  soliim  de  multis  ad  Ciceronis  ser- 
monem  pertinentihus,  sed  etiam  quem  de- 
lectum  editionuni  ejus  habere  et  quam  cau- 
tionem  in  eo  legendo  debeat  adhibere,  lec- 
tor  monebitur,  1377,  in-8o.  —  La  grave 
querelle  des  Cicéroniens  n'était  pas  encore 
apaisée.  Quant  à  Henri,  son  admiration 
pour  le  grand  orateur  laisse  cependant 
son  jugement  libre. 

XXXIV.  Nizoliodidmcalus,  sive  Moni- 
tor  Ciceronianorum  Nizolianoriim.  Dialo- 
gus, 1578,  in-8o,  dédié  à  Hubert  Languet. 
François  Estienne  en  donna  la  traduction 
en  1581.  —  Xizolianus  était  auteur  du 
Thésaurus  Ciceronianus  qui  devait  initier 
les  adeptes  à  tous  les  secrets  du  maître. 
Estienne,  dans  cet  écrit,  de  même  que 
dans  les  deux  précédents,  se  moque  agréa- 
blement de  ces  fanatiques  de  diction  qui 
ne  jurent  que  par  l'orateur  romain  et  qui 
sont  loin  de  lui  ressembler. 

XXXV.  Deux  Dialogues  du  nouveau 
langage  françois  italianizé,  et  autrement 
desguizé,  principalement  entre  les  courti- 
sans de  ce  temps  :  de  plusieurs  nouveautez 
qui  ont  accompagné  ceste  nouveauté  de  lan- 
gage ;  de  quelques  courtisanismes  moder- 
nes, et  de  quelques  singularitez  courtisa- 
nesques  [1578],  in-8o  de  623  pp.  —  Cu- 
rieuse satire  où  l'on  trouve  de  très  utiles 
renseignements.  Une  foule  d'expressions 


que  Henri  condamne  comme  des  singula- 
rités courlisanesques,  ont  tellement  pris 
racine  dans  notre  langue  que  l'on  s'étonne 
d'en  devoir  l'importation  aux  Italiens  que 
Catherine  de  Médicis  avait  attirés  à  sa 
cour.  Nous  avons  vu  que  ce  livre  avait 
suscité  à  Estienne  de  fâcheux  démêlés  avec 
le  Consistoire  et  le  Conseil  de  Genève. 

XXXVI.  Schediasmatum  variorum  id 
est  Observationum,  Emendationum,  Expo- 
sitionum,  Disquisitioniim,  libri  très  :  qui 
sunt  pensa  succisivarum  horarum  Janua- 
rii,  Februarii,  Martii,  1578,  in-8o.  —  La 
suite  de  ce  recueil  d'observations  philolo- 
giques parut  en  1589  pour  les  trois  mois 
suivants;  voy.  no  XLV. 

XXXVII.  Project  du  livre  de  la  Précel- 
lence  du  language  françois.  Paris,  Mamert- 
Patisson,  1579,  in-8o  de  327  pages.  Épître 
au  roi  Henri  IH.  —  Première  ébauche 
d'un  ouvrage  qui  n'a  pas  paru.  Nous  avons 
dit,  dans  notre  notice  biographique,  à 
quelle  occasion  ce  livre  fut  écrit.  Le  débat 
est  entre  l'Italien  et  le  Français.  Comme 
de  raison,  Estienne  donne  l'avantage  à  sa 
langue  maternelle,  apportant  à  l'appui  de 
sa  thèse  une  foule  de  bonnes  raisons,  sans 
s'abstenir  toujours,  dans  l'ardeur  du  com- 
bat, de  l'arme  perfide  du  paradoxe.  Selon 
M.  Sayous,  cet  écrit  est,  sous  le  rapport 
du  style,  le  chef-d'œuvre  d'Estienne. 

XXXVIII.  Collatio  Mosaïcarum  et  Ro- 
manarum  ante  Justiniani  imp.  setatem 
indè  sumpta,  dans  son  édition  des  Sources 
du  droit  civil,  1580,  in-8o. 

XXXIX.  Paralipomena  grammaticarum 
gr.  linguœ  institutionum.  Item,  Animad- 
versiones  in  quasdam  grammaticorum 
grœc.  traditiones,  1581,  13  oct.,  in-S». 

XL.  Hypomneses  de  gallicâ  linguâ,  pere- 
grinis  eam  discentibus  necessariœ  ;  quse- 
dani  verô  ipsis  Gallis  multum  profuturse. 
Auctore  Heur.  Steph.  qui  et  gallicam  pa- 
trissui  grammaticen  adjunxit.  Cl.  Mita- 
lerii  Epistola  de  vocabulis  quse  Judœi  in 
Galliam  introduxeruut,  1382,  in-8''. 

XLI.  Auli-Gellii  Noctes  Atticse,  seu  Vi- 
giliœ  Atticœ,  quibus  invigilatœ  sunt,  Henr. 
Stephani  Noctes  aliquot  Parisinœ,  Parisiis, 
15S5,  in-8°.  —  Les  Nuits  parisiennes  sont 
au  nombre  de  sept,  toutes  relatives  à 
Aulu-Gelle,  plus  une  première  Nuit  ser- 
vant d'introduction.  Estienne  en  annon- 
çait douze  autres  comme  étant  terminées, 
mais  elles  n'ont  point  paru. 


157 


ESTIENNE 


158 


XLII.  Ad  Senecse  lectionem  Proodopœia, 
in  quâ  et  nonnulli  ejus  loci  emendantur, 
Ejusd.  H.  Steph.  Epistolse  ad  Jac.  Dale- 
champium,  partim  Diorthotikœ  quorun- 
dam  Senecse  locorum,  partim  etiam  Exe- 
tastikse  [Genève],  1586,  in-8o. 

XLIII.  De  criticis  veter.  grxcis  et  lati- 
nis,  eorumqiie  variis  apud  poetas  potissi- 
mùm  reprehensionibus,  Dissertatio  ;  Pari- 
siis,  1587,  in-4o. 

XLIV.  Dialogus  de  benè  instituendis 
grsecx  linguse  studiis.  Alius  Dialogus  de 
parùm  fidis  grxcse  linguse  magistris,  et  de 
cautione  in  illis  legendis  adhibendâ,  1587, 
ia-4o. 

XLV.  Schediasmatum  variorum  libri 
très,  qui  sunt  pensa  succisivarum  hora- 
rum  Aprilis,  Maii,  Junii  [Genève],  1589, 
in-8o.  —  Ce  journal  philologique,  qui  de- 
vait embrasser  une  année  entière,  n'a  pas 
été  poursuivi. 

XL VI.  Dicsearchi  Messenii  Geographica 
quœdam,  sive  de  vitâ  Grieciee.  Ejusd.  Des- 
criptio  Grsecise,  versibus  iambicis,  ad 
Theophrastum  :  grsecè,  cum  latin,  inter- 
pretatione  atque  annotationibus  Henr. 
Steph.,  et  ejus  Dialogo,  qui  inscribitur  Di- 
csearchi Sympractor,  1589,  in-S»  ;  réimpr. 
dans  le  t.  XI  des  Antiq.  grecq.  de  Grono- 
vius.  —  La  version  lat.  est  de  Henri, 
ainsi  qu'une  partie  des  notes  ;  les  autres 
sont  de  Casaubon. 

XLVII.  Principum  Monitrix  Musa,  sive 
de  Principatu  benè  instituendo  et  adminis- 
trando  Poenia.  Autore  Henr.  Stephano. 
Ejusd.  Poematium,  cujus  versus  interca- 
laris  Cavete  vobis,  principes.  Ejusd.  libel- 
lus  (Dialogus  Philocelta;  et  Coronelli)  ;  et 
libellus  in  gratiam  PiHncipum  scriptus,  de 
Aristotelicœ  Ethices  différentiel  ab  histo- 
ricd  et  poeticd,  ubi  multi  Aristotelis  loci 
vel  emendantur,  vel  fideliùs  redduntur, 
Basilese,  1590,  in-8o.  —  M.  Renouard  dé- 
crit ainsi  ce  livre.  «  En  tête  du  volume, 
dit-il,  est,  en  124  vers,  le  Proëme  ou  pré- 
face d'une  œuvre  de  Henri  Estienne,  inti- 
tulée :  L'Ennemi  mortel  des  Calomniateurs, 
en  vers  françois.  Cette  oeuvre  avait  été 
présentée  par  Estienne  à  Henri  III  et  il  en 
est  fait  mention  dans  le  poème  latin.  Je  ne 
vois  pas  qu'on  l'ait  jamais  imprimée.  Quoi- 
que long,  et  paraissant  indiquer  tout  le 
contenu  du  volume,  ce  titre  n'est  cepen- 
dant pas  complet.  Après  les  2â4  pages  de 
Musa  Monitrix,  viennent,   en  64  pages, 


deux  autres  ouvrages  en  vers,  faisant  suite 
à  ce  recueil  de  conseils  versifiés.  L'un, 
Rex  et  Tyrannus,  est  un  parallèle  entre 
ces  deux  sortes  de  maîtres  ;  le  second 
traite  De  principatu  benè  instituendo  et 
administrando ,  en  vers  hexamètres,  à 
Musa  monitrice  principum  dictati.  Après 
soixante- trois  distiques,  tous  suivis  du 
refrain  Cavete  vobis,  principes,  vient  un 
Dialogue  Philoceltse  et  Coronelli  [Stephani], 
en  48  pages,  non  annoncé  sur  le  titre  et 
servant  de  commentaires  aux  distiques.  — 
Henri,  continue  Renouard,  était  d'un  sa- 
voir immense,  mais  quelle  différence  de 
son  style  avec  le  style  élégant  et  correct, 
on  pourrait  dire  aimable,  de  Paul  Manuce. 
et  souvent  même  celui  d'Aide,  fils  de  Ma- 
nuce !  »  Cette  critique  nous  semble  juste. 
Le  style  de  Henri  Estienne  est  très  inégal, 
non  par  impuissance  de  faire  mieux,  mais 
par  défaut  d'application.  L'idée  le  préoc- 
cupe toujours  plus  que  la  forme. 

XLVIII.  Ad  M.  Terentii  Varr-onis  As- 
sertiones  analogise  sermonis  latini,  Appen- 
dix  H.  Stephani.  Item,  Jul.  Cses.  Scaligeri 
de  eâdem  disputatio  doctissima.  Loci  Var- 
ronis  quamplurimi  emendati  [Genevse] , 
1591,  in-8o. 

XLIX.  Epigrammata,  au  nombre  de  31, 
précéd.  d'une  longue  préface,  dans  une 
édit.  De  Martinalitiâ  venatione,  par  le 
prince  palatin  Frédéric  IV,  Heidelb.,  1592, 
in-4o  de  32  pp. 

L.  Ad  Augustiss.  Csesarem  Rodolphum 
secundum  et  ad  universos  Sacri  Rom.  Imp. 
ampliss.  Ordines  Ratisbonse  conventum  ha- 
bentes,  Oratio  adversùs  lucubrationem 
Uberti  Folietse  de  magnitudine  et  perpétua 
in  bellis  felicitate  Imperii  Turcici.  (Ejusd. 
ad  eosdem)  Exhortatio  ad  expeditionem  in 
Turcas  fortiter  et  constanter  persequen- 
dam,  Francof.,  1594,  in-8o. 

LI.  Les  Prémices,  ou  le  premier  livre 
des  Proverbes  épigrammatisez,  ou  des  Épi- 
grammes  proverbialisez,  c'est-à-dire  signez 
et  scellez  par  les  proverbes  françois  ;  aucuns 
aussi  par  les  grecs  et  latins,  ou  autres,  pris 
de  quelcun  des  languages  vulgaires  ;  rangez 
en  lieux  communs  [Genève],  1594,  in-8o. 

LU.  Ex  Memnone  excerptœ  historiée  de 
tyrannis  Heraclese  Ponticse.  Ex  Ctesid  et 
Agatharchide  excerptse  historise,  omnia 
cum  recenti  accessione,  graocè  et  seorsim 
latine,  partim  ex  H.  Stephani,  partim  ex 
Laur.   Rhodomanni  iuterpretatione,  etc., 


159 


ESTIENNE 


160 


1594,  in-8°.  —  La  version  latine  forme 
une  partie  séparée. 

LUI.  De  J.-Lipsii  Latinitate  Palœstra 
prima  Henr.  Stephani  Parisiensis,  nec  Lip- 
siomimi,  nec  Lipsiomomi,  nec  Lipsiocola- 
cis,  multàque  minus  Lipsiomastigis  ;  cum 
ejusdem  prœludio  :  Libertas  vole  sit  latini- 
tati,  sed  licentia  nolo  detur  illi  :  hic  multa 
non  vulgaria  vulgl  literatorum  linguis  de 
latinitate  illâ  antiquariâ  tantùm  non  di- 
gladiantibiis  apponuntur,  Francof..  1595, 
in-8o.  —  Mauvaise  satire  contre  un  rival 
en  érudition.  A  propos  du  latin  de  Jusle- 
Lipse,  Estienne  ne  s'occupe  guère,  dans 
ce  pamphlet,  que  de  la  guerre  à  faire  aux 
Turcs.  C'était  une  idée  fixe,  qui  lui  fit 
perdre  de  vue  le  but  de  son  livre. 

LIV.  Carmen  de  senatulo  fœminarum, 
magnum  senatui  virorum  levamentum  at- 
que  adjumentum  allaturo,  Argentorati, 
Anton.  Bertram.,  1596,  in-4o.  —  Nous 
ignorons  si  Henri  s'est  inspiré,  dans  cette 
pièce,  de  la  comédie  d'Aristophane,  ou 
comme  M.  Renouard  le  suppose,  du  Col- 
loque d'Érasme,  intit.  Senatulus.  Nous 
n'avons  pas  été  plus  heureux  que  lui  pour 
nous  la  procurer. 

La  Croix  du  Maine,  Draudius  et  l'auteur 
du  Catal.  Bibl.  Barberinse  attribuent  en- 
core à  Henri  Estienne  une  foule  d'ouvra- 
ges. M.  Renouard  en  reproduit,  en  partie, 
la  liste  ;  mais  si  l'on  en  retranche  ceux 
qui  ne  lui  appartiennent  pas,  tout  est  in- 
certitude pour  le  reste.  Ce  qui  est  plus 
certain,  c'est  qu'il  laissa  une  grande  quan- 
tité de  manuscrits.  Casaubon  parle,  entre 
autres,  dans  une  lettre  à  Dav.  Hœschel, 
de  deux  forts  volumes  écrits  en  grande 
partie  de  la  main  de  Henri,  «  duo  sunt 
grandia  txavw;  volumina  magnam  partem 
manu  tcù  p-ajcaptrcu  Henr.  Stephani  scripta. 
Egi  cum  Paulo  Stéphane  fratre  ut  ea  cu- 
raret  ad  te  perferenda,  neque  dubito  fac- 
turum.  »  Puis  il  ajoute  :  «  Quantus  ille 
vir  fuerit  in  literis,  si  nesciebam  antè,  po- 
tui  affatim  discere  ex  lis  quse  reperta  sunt 
mihi  in  bibliothecâ  xal  cptÀc(AaÔE''aç  xal  ttc- 
Xu[i.a6sta;  propè  incredibilia  monumenta.  » 
Que  sont  devenues  toutes  ces  richesses? 
on  l'ignore.  M.  Renouard  termine  sa  sa- 
vante notice,  en  reproduisant,  d'après 
Maittaire,  une  longue  liste  (4  pag.  in-S") 
d'ouvrages  que,  dans  le  cours  de  sa  labo- 
rieuse carrière,  Henri  s'était  proposé  de 
mettre  au  jour  ;  ce  que  l'on  voit  par  di- 


vers passages  de  ses  écrits.  «  Les  projets 
littéraires  de  Henri,  nous  dit  le  judicieux 
bibliographe,  furent  innombrables  ;  la 
[notre]  liste  n'en  donne  [encore]  qu'une 
indication  bien  imparfaite  ;  et  la  vie  en- 
tière de  deux  Henri,  de  deux  hommes 
d'une  capacité  égale  à  la  sienne  n'y  eût 
point  suffi  ;  aussi  en  devait-il  nécessaire- 
ment rester  un  grand  nombre  sans  exécu- 
tion :  et  cette  longue  série  de  projets  non 
réalisés^  gardons-nous  de  la  considérer 
comme  l'inutile  forfanterie  d'un  esprit  va- 
niteux dont  l'outre-cuidance  s'imagine 
pouvoir  tout  atteindre,  tout  exécuter. 
Dans  ses  indications  les  plus  vagues,  il 
nous  a  ouvert,  jalonné  plus  d'une  route^ 
et  suggéré  ou  accéléré  d'utiles  travaux 
auxquels,  sans  lui,  on  eût  beaucoup  moins 
pensé.  » 

IV.  Paul  Estienne,  le  seul  fils  de  Henri 
qui  ait  été  typographe,  marcha  sur  les 
traces  de  son  père,  mais  à  distance.  Le  gé- 
nie des  Estienne  brillait  encore  en  lui, 
mais  il  était  sur  son  déclin.  Chose  remar- 
quable, un  grand  nombre  de  familles  qui, 
de  père  en  fils,  ont  marqué  dans  l'histoire, 
ne  restèrent  attachées  au  protestantisme 
qu'aussi  longtemps  qu'un  noble  sang,  vir- 
tus  animi,  coula  en  elles,  et  qu'elles  l'ont 
abandonné,  dès  que  ce  sang  s'est  appauvri. 
Il  y  a  là  un  grand  enseignement  :  c'est 
que  la  liberté  ne  convient  qu'aux  âmes 
d'élite.  Les  Estienne,  eux  aussi,  subirent 
cette  loi.  Paul  Estienne  naquit  à  Genève, 
en  janvier  1567.  Lorsque  son  éducation 
fut  achevée,  il  visita  les  universités  et  se 
mit  en  rapport,  à  l'exemple  de  son  père, 
avec  divers  savants.  En  1587,  il  était  à 
Leyde.  Juste-Lipse,  dans  une  de  ses  let- 
tres, en  parle  comme  d'un  jeune  homme 
d'un  caractère  aimable,  mitis  animi  ado- 
lescens.  De  retour  à  Genève,  il  se  maria. 
Dès  lors,  il  prit  part  aux  travaux  typo- 
graphiques de  son  père,  restant  souvent 
chargé,  pendant  ses  longues  absences,  de 
la  direction  de  l'établissement.  Quoique 
très  jeune,  il  n'était  pas  au-dessous  de 
cette  tâche.  Ses  connaissances  philologi- 
ques étaient  solides  ;  mais,  pas  plus  que 
Henri,  il  n'avait  le  génie  des  aifaires.  En 
1597,  il  fut  admis  au  Grand  Conseil  de 
Genève.  Après  la  mort  de  son  père,  qui 
n'avait  point  fait  de  testament,  il  dut  ache- 
ter son  imprimerie  pour  la  somme  de  huit 
cents  écus  ;  mais  sur  la  généreuse  insis- 


i 


161 


ESTIENNE 


162 


tance  de  Casaubon,  et  comme  un  hommage 
rendu  à  la  mémoire  du  défunt^  ses  cohéri- 
tiers lui  abandonnèrent,  avant  tout  par- 
tage, les  manuscrits  qui  se  trouvaient  dans 
sa  bibliothèque.  11  en  profita  pour  la  pu- 
blication de  plusieurs  bonnes  éditions.  Son 
repos  ne  tarda  pas  à  être  troublé  par  une 
fâcheuse  alîaire.  A  la  suite  de  la  tentative 
avortée  du  duc  de  Savoie,  appelée  l'Esca- 
lade, Esfienne  fut  accusé  d'avoir  empêché 
un  paysan  du  Chablais  de  venir  témoigner 
dans  le  procès,  pour  cause  de  trahison, 
intenté  au  syndic  Blondel.  Jeté  en  prison, 
le  13  sept.  1605,  il  en  sortit,  le  23  octobre, 
«  moyennant  submission  et  promesse  de 
se  représenter  toutes  et  quantes  fois  [il  en 
seroit  requis],  et  de  n'absenter  la  ville  sans 
congé  de  Messieurs  du  Petit  Conseil.  »  En 
même  temps,  on  le  suspendit  de  sa  charge 
de  conseiller.  Soit  que  sa  conscience  l'eût 
accusé,  soit  qu'il  ait  craint  que  l'efïerves- 
cence  populaire  n'influençât  la  justice. 
Estienne  eut  la  faiblesse  de  manquer  à  sa 
parole  ;  il  s'enfuit  secrètement  de  Genève. 
Dans  une  requête  à  Messieurs  du  Conseil, 
sous  la  date  de  janvier  1608,  pour  obtenir 
un  sauf-conduit  afin  de  pouvoir  régler  ses 
affaires,  il  leur  marque  qu'il  a  pris  la  ré- 
solution de  se  retirer  à  Paris  vers  son 
beau-frère  [Casaubon]  «  pour  y  vivre  en 
liberté  de  conscience  et  en  l'exercice  de  la 
religion  que  Dieu  lui  a  faict  la  ^râce  de 
sucer  avec  les  mamelles  en  leur  Eglise,  et 
là  chercher  les  moyens  d'entretenir  soi  et 
ses  enfans  leurs  citoyens  sans  scandale, 
desplaisir  ou  ombrage  de  ses  concitoyens.  » 
Il  ne  reparut  dans  sa  ville  natale  qu'en 
1620  et  pour  peu  de  temps,  avec  un  sauf- 
conduit  du  Conseil,  afin  de  retirer  les  ma- 
trices grecques,  emportées  à  Genève  par 
son  aïeul  Robert.  Cependant  son  imprime- 
rie ne  cessa  de  marcher,  à  son  nom,  jus- 
qu'en 1626,  mais  en  chômant  souvent  pen- 
dant des  années  entières.  Renouard  ne 
cite  que  27  ouvrages  sortis  de  ses  presses. 
Avec  assez  de  savoir  pour  se  faire  un 
beau  nom  dans  la  typographie  et  les  let- 
tres, Paul  Estienne  manqua  de  cette  acti- 
vité qui,  chez  son  père,  fut  quelquefois 
portée  à  l'excès.  Ayant  fort  bien  com- 
mencé, il  produisit  peu,  laissa  languir  son 
imprimerie  et,  par  conséquent  aussi,  ses 
affaires  commerciales  ;  enfin  il  resta  en  ar- 
rière de  ce  que  l'on  pouvait  attendre  du  fils 
de  Henri  Estienne.  Sa  femme,  Marie  Rou- 


phe,  appelée  par  d'autres  Catherine  de  Sarme, 
lui  donna  de  nombreux  enfants,  dont  nous 
reproduisons  les  noms  avec  la  date  de  leur 
inscription  au  registre  des  baptêmes  :  1° 
Abigail,  18  déc.  lo89,  Henri  Estienne 
parrain  ;  —  2°  Antoine,  28  juin  lo92  ; 

—  3o  IsAAC,  22  mai  1394,  Isaac  Casaubon 
parrain  ;  —  4°  Lucrèce,  29  sept.  1598  ; 

—  5°  Aimé,  1er  sept.  1600  :  —  6»  Marie, 
20  déc.  1601  ;  —  7°  Joseph,  23  sept.  1603  ; 

—  8o  RuTH,  8  mars  1605;  —  Catherine. 
Elle  n'est  pas  nommée  par  MM.  Haag, 
mais  quelques  actes  notariés  '  obligent  à 
l'inscrire. 

V.  Antoine  et  Joseph  rentrèrent  tous 
deux  dans  l'église  catholique,  et  selon  toute 
probabilité,  ils  y  rentrèrent  du  consen- 
tement de  leurs  parents,  mais  non  sans 
résistance  et  désespoir  de  ceux-ci.  Nous 
voyons  dans  une  lettre  de  Paul  aux  pas- 
teurs de  Genève,  à  la  date  du  18  nov. 
1616,  qu'il  met  la  conversion  de  ses  en- 
fants sur  la  conscience  de  ses  persécu- 
teurs :  «  J'appelle  donc  à  Dieu  contre  ces 
gents  là  du  sang  de  l'âme  de  mon  enfant 
quem  pontificii  in  suas  partes  traxerunt, 
auquel  pour  l'estroict  de  mes  affaires  n'ay 
peu  donner  remède,  les  moyens  m'ont 
esté  levez  de  l'entretenir  en  vos  escholes  ; 
et  mon  second  regret  encore  est  de  me 
voir  eu  semblable  dilTicultés  pour  les  estu- 
des  de  mon  autre  fils,  lequel  j'ay  toujours 
sauhaicté  d'instruire  en  la  ville  à  laquelle 
j'ay  tout  voué  :  de  quoy  je  semble  aujour- 
d'hui estre  forclos  par  la  force  qui  me 
veut  faire  perdre  mon  bien,  qui  est  aussi 
celuy  de  mes  créanciers  avec  lesquels  se- 
lon la  forme  des  susdictes  procédures  je 
suis  du  tout  empesché  de  traicfer.  » 

Antoine  acheva  à  Paris,  sous  les  yeux 
de  son  père,  son  éducation  commencée  à 

*  Du  19  mai  1653  Jean  fils  d'Abraham  Ber- 
ger orlogeur  à  Genève  et  sa  femme  Catherine 
fille  de  feu  noble  Paul  Estienne  procédante  par 
l'advis  et  conseil  de  Sp.  Pierre  Colinet  ministre 
à  Morges,  confesse  avoir  reçu  de  noble  J.-Fr. 
Godard  Seign'  conseiller  de  Lausanne  20  pis- 
tolles  d'or  sur  ce  qui  peut  appartenir  à  la  dite 
Estienne  en  l'hoirie  de  sa  sœur  Abigahy  Estienne 
sa  sœur  et  (belle)-fille  du  d.  nob.  Godard  (L.  Pas- 
teur, XVII  113).  —  Du  23  sept.  1665  Catherine 
fille  de  feu  sieur  Paul  Estienne  imprimeur  et 
veuve  du  sieur  Jean  Berger  maistre  orlogeur 
confesse  avoir  emprunté  200  flor.  pour  reparer 
sa  maison  sise  à  Virey  laq.  est  tombée  en  partie  et 
ruinée  (Id.  XLIH,  92). 

VI.  6 


163 


ESTIENNE 


164 


Lyon.  Après  avoir  fait  abjuration  entre  les 
mains  du  cardinal  du  Perron,  il  obtint  la 
charge  d'huissier  de  l'assemblée  du  Clergé, 
avec  une  pension  de  500  livres,  pension 
qui  lui  fut  conservée  lorsqu'en  1635,  il 
perdit  cette  place  ou  y  renonça.  Son  père 
le  seconda  sans  doute  dans  la  fondation 
de  son  établisssement  typographique  à  Pa- 
ris. Ses  premières  impressions  remontent 
à  1613  ;  la  dernière  est  de  1664.  Dès  1615, 
il  prend  le  titre  d'imprimeur  du  roi.  Quant 
à  Joseph,  il  fut  nommé,  par  lettres-paten- 
tes du  15  juin  1629,  seul  imprimeur  et  li- 
braire du  roi  à  La  Rochelle.  Ce  n'était 
sans  doute  pas  sans  motif  que  l'on  choi- 
sissait cette  ville,  qui  venait  de  tomber  au 
pouvoir  de  Richelieu,  pour  y  envoyer  un 
petit-fils  de  Henri  Estienne,  lavé  et  nettoyé 
du  péché  de  ses  pères.  Mais  sa  destinée 
n'était  pas  de  servir  d'appeau  ;  il  mourut 
de  la  peste  peu  de  semaines  après  son  ar- 
rivée. 

On  ne  doit  à  Paul  Estienne,  comme  écri- 
vain, que  quelques  essais  de  poésie  latine. 

I.  Pauli  Stephani  Versiones  epigramma- 
tum  grœcorum  Anthologise  latinis  versibus. 
Ejusdem  Juvenilia,  Geuevae  etLugd.,  apud 
Franc.  Le  Preux,  1593,  in-S».  Dédiés  à 
son  père  Henri.  —  Renouard  nous  ap- 
prend que  dans  le  catalogue  des  livres  ap- 
portés aux  foires  de  Francfort  pendant  le 
cours  du  XVIme  siècle  (Francfort,  1602, 
in-4o),  à  la  suite  de  ces  Juvenilia,  se  trouve 
cité  :  Meditationes  peculiares,  sive  Fidei 
labores,  ibid.,  1593,  in-S»,  qu'il  suppose 
être  un  appendice  à  ce  volume  de  poésies. 

H.  Votum  pro  felici  itinere  Mauritii, 
landgravi  Hassise,  1602,  in-4o.  —  Petite 
pièce  de  vers  latins. 

Nous  citerons  encore  ÏEpicède  (41  hexa- 
mètres), si  plein  de  tendres  regrets,  qu'il 
composa  sur  la  mort  de  son  père,  et 
l'Adieu  qu'il  adressa  à  la  Compagnie  des 
pasteurs  de  Genève  post  festum  Paschatis 
anni  1607  [37  hexam.]  ;  en  voici  un  pas- 
sage : 

Vo8  ô  nanqnamne  videbo  ? 

NuUa  dies,  nulla  est  quee  non  \08  hora  reducat. 
Extiemumne  vale  pleno  singultibus  oro 
Ergo  feram  ?  magno  jam  mens  mea  fluctuât  sestu. 
Totus  eo  in  lacrymas,  et  me  nihil  acriùs  urit 
Quàm  comitem  vestris  jam  non  adjungere  sacris 
Ut  licait  quoiidam.  Sed  mens  mea  peificit  absens 
Qaod  nequeo. 

II.  François  Estienne,  second  du  nom, 


fils  de  Robert  1er,  et  frère  puîné  de  Henri  H, 
naquit  à  Paris  vers  1540.  Les  Lettres  de 
rémission  du  roi  Henri  H,  dont  nous  avons 
parlé  dans  notre  notice  sur  Robert,  nous 
fournissent  quelques  renseignements  sur 
sa  première  éducation.  «  Environ  l'an  mil 
cinq  cens  quarante -neuf,  y  lisons-nous, 
ledit  François,  lors  aagé  de  six  ans  seulle- 
ment  [un  peu  plus  haut,  il  est  dit  âgé  de 
12  ans,  à  la  date  d'août  lo52J  fut  emmené 
par  un  marchant  de  la  ville  de  Strasbourg 
pour  lui  servir  et  aprendre,  tant  au  faict 
de  la  marchandise,  estude,  que  en  la  con- 
gnoissance  de  la  langue  germanique,  le- 
quel marchant  le  meist  en  pension  chez 
ung  nommé  Theobaldus,  demourant  en 
ladicte  ville  de  Strasbourg,  homme  de  sça- 
voir  pour  instituer  jeunes  enfans.  »  En- 
viron quatre  ans  après  [nous  renonçons  à 
éclaircir  ces  dates],  il  fut  retiré  de  Stras- 
bourg et  conduit  à  Lausanne  «  où  il  fut 
mys  en  pension  avec  [chezj  ung  nommé 
de  Bellenove,  lequel  l'instituoit  en  gram- 
maire, en  la  langue  du  pais.  »  Ses  deux 
frères  Robert  et  Charles  l'y  avaient  pré- 
cédé ;  Robert  avait  été  placé  chez  un 
nommé  Rabicus  [Ribbitus],  «  lequel  l'ins- 
titua en  hébrieu  et  l'envoya  au  coUeige,  » 
et  Charles  chez  «  ung  précepteur  qui  l'in- 
stituoit ez  lectres  grecques.  »  Lorsque  leur 
père  se  fut  retiré  à  Genève,  il  les  fit  venir 
auprès  de  lui,  où  il  les  occupa  «  tous  en 
divers  actes  et  ministères,  selon  leur  ca- 
pacité et  congnoissance  qu'ils  po voient 
avoir  de  son  estât  et  de  ce  qui  en  dé- 
pend. »  Nous  lisons,  en  effet,  dans  le  tes- 
tament du  père  (1559)  :  &  ordonne  icelui 
testateur  que  ledict  François  se  contente 
d'icelle  somme  [2000  1.  t.]  heu  égard  aux 
grandz  despens  que  ledict  testateur  a  faict 
pour  l'entretenir  aux  estudes  et  es  lieux  où 
il  ademouré  hors  sa  maison.  Et  neantmoingz 
afin  que  l'on  puisse  cognoistre  quel  deb- 
voir  fera  ledict  François  de  s'entretenir  et 
demourer  en  ceste  église  et  cité  tant  qu'il 
plaira  à  Dieu  maintenir  la  saincte  réfor- 
mation d'icelle  telle  qu'il  a  pieu  à  Dieu  y 
establir  selon  son  sainct  Evangile,  ledict 
testateur  veult  et  ordonne  que  ladicte 
somme  demoure  entre  les  mains  dudict 
Henry  en  baillant  les  profictz  d'icelle  cha- 
cun an  audict  François  pour  l'entretenir 
jusques  à  ce  qu'il  soit  venu  en  aage  de 
vingt-cinq  ans  et  que  l'on  cognoisse  par  sa 
vie  et  conversation  et  qu'il  ayt  apparence 


I 


165 


ESTIENNE 


166 


en  l'église,  par  le  tesmoignage  des  specta- 
bles  ministres  d'icelle,  qu'il  ha  vouloir  de 
continuer  et  suyvre  et  se  maintenir  en  la- 
dicte  réformation.  Et  s'il  faict  le  contraire 
et  se  débauche  ou  retire  de  ladicte  réfor- 
mation, ledict  testateur  veult  et  ordonne 
qu'il  soit  privé  entièrement  de  ladicte 
somme  et  qu'elle  demoure  audict  Henry.  » 
On  voit  que  les  huguenots  zélés  n'avaient 
pas  scrupule  de  faire,  dans  leur  particu- 
lier, ce  qu'ils  reprochaient  à  leurs  persé- 
cuteurs. Ils  ne  comprenaient  pas  que, 
comme  toute  autre  autorité,  politique  ou 
religieuse,  la  puissance  paternelle,  s'arrête 
là  où  commencent  les  droits  souverains  de 
la  conscience.  François  Estienne  suivit 
aussi  la  carrière  illustrée  par  son  père. 
Dès  1562,  nous  le  voyons  à  la  tête  d'une 
imprimerie  à  Genève.  Sa  première  publi- 
cation fut  un  recueil  de  sermons  de  Cal- 
vin, et  sa  dernière,  parue  en  1582,  les 
OEuvres  de  Plutarque,  de  la  trad.  d'Amyot. 
Pendant  cette  période  de  20  années,  seize 
publications  seulement,  portant  son  nom, 
sortirent  de  ses  presses.  On  lui  a  attribué 
plusieurs  ouvrages  ;  mais  un  seul  est  de 
lui,  c'est  la  traduction  en  français  du  cé- 
lèbre écrit  d'Hubert  Languet  Vindiciae 
contra  tyrannos,  qu'il  publia  sous  ce  titre  : 
De  la  puissance  légitime  du  prince  sur  le 
peuple,  et  du  peuple  sur  le  prince.  Traité 
très  utile  et  digne  de  lecture  en  ce  temps, 
escrit  en  latin  par  Estienne  Junius  Bru- 
tus,  et  nouvellement  traduit  en  français 
(anonyme),  1581,  in-8o.  Quant  au  Traicté 
des  dances  et  à  la  Remonstrance  charita- 
ble, ces  deux  productions  appartiennent 
au  minime  Antoine-Etienne  [noms  pris  en 
entrant  en  religion]  qui  n'a  rien  de  com- 
mun avec  la  famille  de  nos  Estienne. 

François  Estienne  se  maria,  dit-on,  deux 
fois.  Sa  première  femme,  Blanche  de  Cor- 
guilleray,  iille  de  ce  seigneur  du  Pont  ^  qui 
eut  maille  à  partir  avec  Durand  de  Ville- 
gagnon  (V,  col.  973),  et  de  Marguerite  de 
Machault.  11  l'épousa  à  Genève,  le  13  juill. 
1563,  et  elle  lui  donna  deux  fils  :  Samuel, 
baptisé  le  4  avril  1563,  et  Daniel,  le  13 
mars  1567  ^.  Si  l'on  doit  en  croire  La  Caille, 

'  Philippe  de  CorguiUeray  s'  du  Pont  avait 
laissé  trois  enfants  :  1"  d^'"  Aymé,  2°  Hector, 
3"  Blancbe.  Après  sa  mort,  ses  deux  aînés  ren- 
trèrent dans  leur  patrie,  l'Orléanais.  Voy.  la  note 
suivante. 

^  En  1582,  il  ne  lui  restait  que  Samuel  et  une 


François  serait  allé  se  fixer  en  Normandie, 
après  1582,  et  y  aurait  épousé,  en  secondes 
noces,  Marguerite  Cave  dont  il  aurait  eu 
plusieurs  enfants  :  Gervais,  libraire  à  Pa- 
ris vers  1616,  qui  épousa,  le  24  oct.  1618, 
Denise  Pailleaux,  dont  il  eut  Marie  Es- 
tienne, née  lé  2  nov.  1619  ;  —  2°  Adrien, 
libraire  également  né  à  Paris  en  1616,  qui 
épousa,  le  10  juillet  1617,  Marie  Chastel- 
lain,  dont  il  eut  trois  enfants  :  Pierre,  né 
le  21  août  1618;  Adrienne,  née  le  16  déc. 
1626,  et  Jérosme,  le  10  sept.  1630,  reçu 
libraire  à  Paris,  le  29  nov.  1657  ;  —  3» 
Adrienne,  mariée,  le  4  févr.  1635,  au  U- 
braire  de  Paris  Jacques  Palfart. 

Th.  Janson  ab  Almeloveen,  De  vitis  Stephano- 
rum,  Amsterd.,  1683.  —  Idem,  Vie  de  Casaubon 
et  lettres  de  celui-ci  (n"  12, 15, 68, 163, 176, 185, 
186,  194,  1047  dans  l'édit.  de  1709  in-fol  )  — 
Maiitaire,  Stephanorum  hùtoria,  1709.  —  Nice- 
ron,  Méin.  sur  les  hommes  illustres,  t.  36.  — 
Prosp.  Marchand,  Dict.  hist.,  1758,  in-fol.  —  Se- 
nebier,  Hist.  litt.  de  Oenève,  1786.  —  Renouard, 
Annales  des  Estienne,  1843. —  Feugère,  édit.  du 
Traité  d'H.  Estienne  sur  la  Conformité  du  langage 
français  avec  le  grec,  1853.  —  Sayous,  Les  Écri- 
vains français  de  la  Réformation,  1854.  —  Gaul- 
lieur,  La  Typog.  genevoise,  1855.  — ■  A.  Firmin 
Didot,  Biographie  générale,  1872.  —  A.  Bernus, 
Encyclopédie  des  sciences  relig.,  1878. 

3.  ESTIENNE  (d')  vieille  famille  noble  de 
Provence.  On  a  un  acte  enregistré  au  par- 
lem.  d'Aix,  21  mai  1534,  dans  un  procès 
entre  «  Esperit  Estienne  escuier,  seigr  de 
Venelles,  Antoine  et  Jehan  Estienne  ses 
frères  d'une  part,  et  dam'ie  Magdallaine 
Chaussegrosse  de  Lambesc  de  l'autre  » 
(Bibl.  nat.  mss.  pièces  orig.,  t.  1079, 
doss.  24865,  n»  2).  Honoré  d' Estienne  de 
Chaussegros,  marquis  de  Lioux  [Ilaag,  V 
40],  lils  de  Jean  d'Estienne  de  Chausse- 
gros  et  de  Blanche  de  Gênas,  fut  élevé  par 
sa  mère  dans  la  religion  protestante.  En- 
voyé de  bonne  heure  en  Hollande  pour  y 
apprendre  le  métier  des  armes  sous  le 
prince  d'Orange,  il  rendit  de  grands  ser- 
vices à  la  république  des  Provinces-Unies. 

fille  nommée  Denise.  Le  18  juin  de  cette  année, 
il  vendit  â  J,-Ant.  Sarrasin,  D'  médecin  à  Genève, 
pour  450  écus  d'or,  son  domaine  de  Bossy  (terre 
de  Gex) ,  dont  un  tiers  était  le  bien  de  Blanche 
sa  défunte  femme  et  dont  les  deux  autres  tiers  lui 
avaient  été  vendus  en  1578  par  Aymé  de  Cor- 
guiUeray suivant  acte  passé  au  bailliage  d'Orléans, 
et  par  Hector  de  Corg.  suivant  acte  passé  en  la 
prévôté  de  llontargis  (J.  Jovenon,  net.  à  Genève, 
V,  214). 


167 


ESTIENNE 


ESTIGNOL 


168 


De  retour  en  France,  il  fut  nommé  colonel 
du  régiment  de  Piémont.  11  avait  épousé, 
en  1624,  Marguerite  de  Cambis,  et  il  mou- 
rut après  1657.  Son  fils  unique,  Cosme, 
marquis  de  Lioux,  fut  créé  lieutenant  de 
cavalerie  par  brevet  du  14  déc.  1630.  Trois 
ans  plus  tard,  il  épousa  Lucrèce  de  Corio- 
lis,  fille  d'un  président  à  mortier  au  par- 
lement de  Provence  et,  par  conséquent, 
catholique.  Il  en  eut  Honoré  qui  fut  élevé 
dans  la  religion  romaine.  —  Deux  autres 
branches  de  cette  famille,  celles  de  Mimet 
et  de  Clelles,  professèrent  également  la 
religion  réformée.  Le  chef  de  la  première 
se  convertit,  à  la  Révocation,  et  mourut  en 
1697,  laissant  trois  filles  qui  furent  enle- 
vées à  leur  mère,  huguenote  zélée,  et  en- 
fermées dans  un  couvent  d'Aix  (M  668). 
Le  chef  de  la  seconde  était  en  1670  Char- 
les-Gaspard d'Estienne.  En  l'absence  de 
son  ministre  Annet,  le  seigneur  de  Clelles 
invita  Jacques  Borel,  ministre  de  Mens,  et 
Jean  Latelle,  ministre  de  Tréminis,  ix  ve- 
nir prêcher  dans  son  château  où  s'assem- 
blait une  église  assez  considérable.  Sous 
prétexte  qu'ils  avaient  contrevenu  à  la 
Déclaration  qui  défendait  de  prêcher  dans 
les  annexes,  les  deux  ministres  furent  mis 
en  accusation,  mais  le  parlement  de  Gre- 
noble les  renvoya  de  la  plainte  (Tt  253). 
4.  ESTIENNE  (George  d'),  bourgeois  de 
Castres  en  1575,  procureur  à  la  chambre 
de  l'Édit  en  1602,  trésorier  de  la  maison 
commune  en  1611.  —  D'Estienne,  famille 
noble  de  Montpellier  divisée  au  commen- 
cement du  XVIIrae  siècle  en  trois  branches, 
les  d'Estienne  de  Carlincas,  d'Estienne  de 
Pradilles  et  d'Estienne  d'Améric.  Un  Anié- 
ric  d'Estienne  d'Améric  était  conseiller 
au  présidial  en  1604,  conseiller  de  la  ville 
en  1617  et  premier  consul  pendant  le  siège 
de  1622  {Bull.  XII,  202).  Nous  avons  vu 
déjà  (IV,  col.  219)  un  capitaine  Carlincas 
en  1586  ;  un  autre  était  consul  en  1611  et 
capitaine  en  1622,  à  Montpellier.  C'est  le 
même  probablement  qui  a  laissé  un  jour- 
nal autographe  sur  les  faits  qui  eurent 
heu  dans  cette  ville  du  ler  janv.  1628  au 
13  juin.  1629  (Bibl.  nat.,  mss.  lat., 
no  10001).  Jacques  d'Estienne,  s""  de  Car- 
lencas,  était  des  grands  mousquetaires  de 
l'Électeur  de  Brandebourg  en  1700.  Talle- 
mant  des  Rèaux  cite  un  Carlencas,  «  lan- 
guedocien, qui  a  fait  de  si  jolies  épigram- 
mes  »   (VII,  524)  et  qui  mourut,  dit-il. 


capitaine  en  Hollande.  —  Quatre  frères  et 
sœurs  Estienne  de  Mornac,  François,  Da- 
niel, Marie  et  Judith,  étant  réfugiés  hors 
du  royaume  pour  cause  de  religion,  leurs 
biens  sont  donnés  à  leur  frère  Jean  Es- 
tienne, capitaine  de  brûlot  ',  1688  (E  3374). 

5.  ETIENNE  (Daniel),  dit  La  Montagne 
[Haag,  V  42],  mort  à  Cadenet,  le  10  avril 
1749.  Le  curé  ayant  refusé  de  l'enterrer, 
quelques  protestants  enlevèrent  le  cadavre 
pendant  la  nuit  et  allèrent  le  déposer  dans- 
une  fosse  qu'ils  avaient  creusée  au  milieu 
des  champs.  Mais  ils  avaient  été  épiés  par 
le  chirurgien  du  lieu  qui,  à  la  tête  de  la 
populace  ameutée,  courut  exhumer  le  ca- 
davre. On  lui  attache  une  corde  au  cou, 
raconte  le  Patriote  français  et  impartial, 
et  on  le  traîne  ainsi  au  son  d'un  tambou- 
rin et  d'un  flageolet  par  tout  le  village. 
Dans  chaque  station  que  ces  furieux  fai- 
saient, ils  frappaient  le  cadavre  à  coups 
de  bâton,  en  l'apostrophant  ainsi  :  Ce 
coup  est  pour  telle  assemblée  où  tu  as  été  ; 
celui-ci  est  pour  celle-là.  Ah  !  pauvre 
Montagne,  tu  n'iras  plus  au  prêche  à  Lour- 
marin  1  Après  cette  manœuvre,  ils  atta- 
chent le  cadavre  par  les  pieds^  le  suspen- 
dent dans  un  lieu  élevé,  lui  ouvrent  la 
poitrine,  arrachent  le  cœur,  le  foie  et  les 
entrailles  qu'ils  fixent  au  bout  de  bâtons 
et  promènent  ces  trophées  dans  les  rues 
en  criant  à  gorge  déployée  :  Qui  veut 
acheter  de  la  fraichaille  ?  Fatigués  de  ce 
jeu  de  cannibales,  ils  finissent  par  couper 
le  cadavre  en  quatre  quartiers  et  le  portent 
chez  le  chirurgien.  Le  magistrat  ne  put 
s'empêcher  de  verbaliser  ;  mais  personne 
ne  fut  puni. 

ESTIGNOL  ;  .  En  cette  année  (1570) 
de  Estignol  greffier  de  la  maison  de  ville 
à  Bordeaux  et  commis  du  clerc  en  icelle, 
est  osté  de  sa  charge  parcequ'il  estoit  de  la 
religion  prétendue  réformée  »  (Gaufreteau, 
Chron.  bordeloise;  I,  156).  —  Estienv7-ot 
(François),  pasteur  du  désert  en  Sain- 
tonge,  vers  1773.  —  Estiineur,  famille  fu- 
gitive de  Rouen  à  l'époque  de  la  Révoca- 
tion. —  La  d'ie  d'Estiot,  fugitive  de  Caen, 
id.  —  La  comtesse  d'Estival,  nièce  de  M^e- 
d'Esply  d'Heucourt,  convertie,  à  la  Révo- 
cation. —  La  femme  de  Pierre  Estivak 

1  Quittance  de  150  liv.  pour  trois  mois  de 
table,  délivrée  le  25  nov.  1672  par  Jean  Estienne, 
commandant  le  bruUot  le  De  Guise  (Bibl.  nat., 
pièces  orig.,  t.  1079,  dossier  24857,  n»  22). 


n 


169 


ESTIGNOL  —   ESTREES 


170 


■ou  Estivallet,  et  ses  2  enfants,  assistés 
d'un  viatique  à  Genève,  1709  ;  Pierre  Es- 
tivals,  à  son  tour,  allant  en  Allemagne,  id. 
à  Lausanne,  1711.  —  Jean  Estive,  natura- 
lisé anglais  (AgrmD;  I,  38),  en  mars  1682. 

ESTOARD  ou  ASTOARD  (Jean  d)  sei- 
gneur de  Cheminades  en  Gévaudan  [Haag, 
V  41],  prit  les  armes  pour  la  cause  pro- 
testante lorsque  la  première  guerre  civile 
éclata,  et  fut  nommé  commandant  du  bourg 
de  Bédouin,  en  1S63,  par  Gaspard  Pape, 
seigneur  de  Saint-Auban,  gouverneur  du 
Comtat  Venaissin  et  de  la  principauté 
d'Orange.  Estoard  avait  épousé,  en  1550, 
Madelaine  Geoffroy.  Il  en  eut  Jacques, 
«ieur  de  Cheminades,  marié  en  1585,  avec 
Hélène  de  Villèles,  qui  lui  donna  Gabriel, 
lequel  alla  s'établir  à  Montbrun  en  Dau- 
phiné,  où  il  prit  pour  femme,  en  1633, 
Louise  Courtois,  fille  de  Jean  Courtois  et 
d'Anne  d'Espierre.  De  ce  mariage  naqui- 
rent deux  enfants,  une  fdle  nommée  Fran- 
çoise, qui  épousa  Charles  Artaud  de  Mon- 
tauban,  et  un  fils,  du  nom  de  René,  qui 
transporta  sondomicile  à  Saulten  Provence, 
€t  épousa,  en  1670,  Marie  de  Grandis  de 
Carpentras.  Peut-être  avait- il  déjà  abjuré  à 
cette  époque. 

ESTOT  (Jean),  orfèvre  de  Milhau  en 
Rouergue,  fugitif  de  la  St-Barthélemy  reçu 
habitant  de  Genève,  12  septemb.  1572. 
Espérance  Estoc,  veuve  Richard,  «  du 
Languedoc,  »  assistée  à  Lausanne,  avril 
1718.  —  David  Estoi,  pasteur  à  Surinam, 
de  nov.  1712  à  1731.  —  Estoille,  ancien 
de  l'église  d'Annonay,  1664-75.—  Laurent 
Estoubie,  de  Mérindol,  assisté  à  Lausanne, 
allant  dans  le  Palatinat,  1733.  —  Estou- 
neau,  maître  d'hôtel  du  roi  de  Navarre 
{Mém.  d'Aubigné).  —  Estourneau,  famille 
du  bourg  d'Escoyeux  près  Saintes,  1652  ; 
(Joseph),  de  Matha  en  Xaintonge,  tailleur, 
assisté  à  Londres  avec  sa  femme  et  3  enf., 
1705.  —  René  L' Estourneau  de  Beaumor- 
tier,  prêtre  des  Carmélites  de  Poitiers,  de- 
mande aux  Ètats-généraux  de  Hollande,  3 
août  1700,  un  secours  pour  se  rendre  à 
Londres  ;  il  obtient  4  flor.  par  semaine.  — 
Estoupignan,  capitaine  dans  le  Castrais, 
1568-73  {Mém.  de  Gâches). —  Pierre  £s<ra, 
de  Bourdeaux  en  Dauphiné,  et  sa  femme, 
assistés  à  Lausanne,  1703.  —  Estrade  ou 
Lestrade,  branche  de  la  maison  de  Monta- 
lembert ,  (Élie),  condamné  à  Bordeaux  en 
1569  (ci-dessus  I,  col.  655)  ;  (René),  sieur 


d'Estrades,  serviteur  du  roi  de  Navarre, 
Henri  IV;  Louis,  marquis  d'Estrades,  of- 
ficier de  cavalerie  au  service  de  Hollande, 
1668;  —  Mme  de  Lestrade,  détenue  à  l'ab- 
baye de  Fervaques  où  elle  paraît  avoir  ab- 
juré, 1688  ;  l'Intendant  d'Amiens,  Chauve- 
lin,  propose  de  la  renvoyer  à  son  mari  en 
Quercy,  à  condition  que  celui-ci  soit  con- 
verti (Tt,  Tourlet).  —  Jean  Estran,  de 
Saillans  en  Dauphiné,  assisté  à  Genève, 
1683  ;  Catherine  Estran,  «  provençale,  nou- 
vellement sortie  de  France,  fait  répa- 
ration avec  ses  deux  fils  et  sa  fille,  »  à 
Lausanne,  juill.  1697.  —  Mathieu  Este- 
ran,  de  Crest,  assisté  à  Genève,  1701  ; 
(Jean),  de  Dieu-le-fit,  id.  1707.  —  La  veuve 
Estre,  d'Orpière  en  Dauphiné,  id.  1710. 

ESTRÉES.  Estrades  dans  le  midi,  Es- 
trées  dans  le  nord,  est  un  nom  assez  ré- 
pandu ,  car  il  désigne  un  lieu  situé  sur  le 
bord  d'une  grande  route  pavée,  strata,  la 
voie  romaine.  Aussi  a-t-on  signalé  des  fa- 
milles d'Estrées  dans  le  Maine,  la  Tou- 
raine,  le  Berry,  la  Bresse  ;  mais  la  plus 
importante  est  celle  dont  le  berceau  fut  le 
village  d'Estrées-Saint-Denys  en  Picardie 
placé  à  cheval  sur  la  route  de  Flandre  et  à 
laquelle  appartenait  Raoul  d'Estrées,  ma- 
réchal de  France  au  temps  du  roi  Saint- 
Louis,  représenté  dans  la  salle  des  Croisa- 
des au  palais  de  Versailles  par  son  écusson 
portant  =  d'azur  au  quintefeuille  d'argent 
entouré  d'une  orle  de  8  merlettes  de 
même  '. 

Les  d'Estrées  picards  du  XVI^e  siècle 
avaient  pour  Armes  =  un  fretté  d'argent 
et  de  sable  au  chef  chargé  de  3  merlettes. 
L'un  de  ceux  qui  les  représentaient  à  cette 
époque  fut  un  ami  de  la  Réforme,  Jean 
d'Estrées  seigneur  de  Valieu  et,  par  achat, 
de  Cœuvres,  baron  de  Doden ville  en  Bou- 
lonois  et  par  suite  premier  baron  et  séné- 
chal de  cette  province,  fils  d' Antoine 
d'Estrées  et  de  Jeanne  de  La  Gauchie.  Né 
vers  1486,  il  fut  élevé  page  de  la  reine 
Anne  de  Bretagne,  et  entra,  plus  tard, 
comme  gendarme  dans  la  compagnie  du 
comte  de  Vendôme.  Il  fit  toutes  les  guer- 
res de  François  ler  et  de  son  fils,  et  donna 
en  toute  occasion  des  preuves  d'une  écla- 
tante bravoure.  Nommé,  en  1526,  capitaine 

'  Ces  anciens  d'Estrées  étaient  alliés  du  poète 
et  bailli  de  Vermanlois,  Phil.  de  Beaumanoir. 
Voy.  ce  qui  en  est  dit  dans  Phil.  de  Rémi,  sire 
de  Beaum.  (in-S",  Techener,  1869),  p.  74  et  suiv. 


171 


ESTRÉES 


172 


des  Albanais  ;  en  1S45,  capitaine  des  gar- 
des du  Dauphin  ;  nommé  grand  maître  et 
capitaine  général  de  Tartillerie,  le  9  juill. 
1550,  il  fut  adjoint,  cette  même  année,  à 
Villebon,  Passy  et  Sénarpont,  gouverneur 
du  Boulonois,  pour  traiter  avec  les  commis- 
saires anglais  de  la  délimitation  des  fron- 
tières. Créé  en  1556,  chevalier  de  l'ordre 
du  roi  ;  en  1557,  capitaine  de  deux  aisei- 
gnes  d'infanterie  attachées  à  l'artillerie, 
puis  capitaine  de  50  lances,  il  rendit  les 
plus  grands  services  au  siège  de  Calais,  et 
reçut  comme  récompense,  l'année  suivante, 
le  brevet  de  grand  maître  de  l'artillerie. 

Allié  au  roi  de  Navarre  et  au  prince  de 
Condé  par  son  mariage  avec  Catherine  de 
Bourbon,  fille  aînée  de  Jacques  de  Bour- 
bon bâtard  de  Vendôme,  Jean  d'Estrées, 
qui  avait  en  outre  embrassé  avec  ardeur 
les  doctrines  nouvelles  et  qui,  le  premier 
de  tous  les  gentilshommes  de  la  Picardie, 
avait  établi  un  prêche  dans  son  château  de 
Cœuvres,  avait,  à  ce  quïl  semble,  sa 
place  marquée  dans  l'armée  de  Cotidé  aux 
côtés  de  Coligmj  ;  mais  il  poussait  plus 
loin  encore  que  l'amiral,  le  culte  de  la 
royauté  ;  aussi  dès  que  les  triumvirs  se  fu- 
rent rendus  maîtres  de  la  personne  de  Char- 
les IX,  sa  loyauté  imposant  silence  à  la 
voix  de  l'amitié  et  de  la  religion,  il  n'hé- 
sita pas  (voy.  de  Thou)  à  accepter  de  la  reine 
mère  et  des  Guise  la  lieutenance-générale 
d'Orléans  avec  la  mission  spéciale  d'empê- 
cher Condé  de  s'en  emparer.  Par  la  rapi- 
dité de  sa  course  le  prince  enleva  la  ville 
{Voy.  t.  II,  col.  1046)  ;  mais  d'Estrées 
prit  une  éclatante  revanche  au  siège  de 
Rouen  où  il  commanda  l'artillerie  de  l'armée 
des  triumvirs.  Il  est  à  supposer  que  les  sé- 
ductions et  les  promesses  de  toute  espèce 
furent  employées  par  Catherine  de  Médicis 
pour  le  détacher  complètement  du  parti  de 
la  Religion,  mais  il  y  resta  fidèle.  On  con- 
serve aux  archives  de  Genève  (Portef.  his- 
toriques, no  1775)  une  lettre  datée  du  mois 
d'octobre  1564,  dans  laquelle  il  demande 
pour  ministre,  aux  Conseils  de  Genève, 
Jean  HelUn,  natif  de  Picardie  : 

J'ay  commencé  a  dresser  une  esglise  à 
Cœuvres  et  faict  faire  exercice  en  icelle,  les 
jours  de  dimanche  et  de  jeudy.  Mais  d'aul- 
tant  que  pour  continuer  et  parachever  une 
telle  entreprise  il  m'est  besoing  avoir  ung 
mynistre  ordinairement,  je  vous  ay  depes- 
ché  ce  porteur  expi-ès,  ayant  recours  a  voz 


seigneuries  pour  vous  prier,  comme  je  fais 
de  bon  cœur,  me  faire  ceste  faveur  de 
m'accorder  M.  Helyn,  l'ung  des  ministres 
en  voz  terres,  lequel  j'ay  entendu  estre  de 
présent  en  ces  païs,  avec  l'ayde  duquel  Dieu 
nous  fera  la  grâce  que  le  commencement 
aui*a  bonne  fin. 

Cette  demande,  appuyée  auprès  des  Ge- 
nevois par  le  prince  de  Condé  (oct.  1564, 
portef.  1712)  et  par  Hellin  lui-même  (13  déc. 
1564,  portef.  1745)  aboutit  à  la  satisfaction 
du  seigneur  de  Cœuvres.  Jean  Hellin  exer- 
çait encore  les  fonctions  pastorales  auprès  de 
lui  en  1567  comme  on  le  voit  dans  un 
écrit  (lu  temps  qui  dépeint  en  même  temps 
la  situation  double  et  peu  estimée  ou  d'Es- 
trées s'était  placé.  Nous  voulons  parler  du 
récit  fait  par  Nicolas  Lespaulart,  prieur  de 
l'abbaye  de  S'-Crespin  et  curé  de  Cœuvres, 
au  sujet  de  l'occupation  du  Soissonnais  en 
1568  par  un  corps  de  soldats  huguenots. 

Je  demanday  [dit-il]  à  quelques-uns  [de 
ceux-ci]  si  M.  Destrées  estoit  encore  a  Se- 
dan avec  Mg''  duc  de  BouUon.  Ils  me  res- 
pondirent  qu'il  estoit  allé  à  Jametz,  arrière 
des  coups.  Ung  aultre  dit  qu'il  estoit  ung 
poltron  de  faire  la  canne  [le  plongeon, 
comme  les  canards]  a  l'heure  qu'il  conve- 
noit  défendre  l'Evangile.  Je  respondis  qu'il 
avoit  faict  prudentement  et  que  luy  estant 
jà  aagé  de  plus  de  iiii^^  ans  et  ne  pouvant 
plus  porter  les  armes  ni  la  fatigue  de  la 
guerre,  il  ne  s'en  vouloit  mesler  ne  pour 
l'ung  ne  pour  l'autre  ;  Et  que  ci  après  on 
ne  luy  pouri'oit  reprocher  d'avoir  porté  les 
armes  contre  le  Roy'... 

Il  paraît  que  Hellin  fut  remplacé  par  Joa- 
chim  du  Moulin  sur  la  fin  de  l'année  1570  ; 
mais  au  bout  de  2  ans  environ,  celui-ci  fut 
brutalement  expulsé.  «  Mon  père  (au  mo- 
ment de  la  Si-Barlhélemy,  dit  Pierre  du 
Moulin,  fils  de  Joachim,  dans  son  Diaire) 
estoit  à  Cœuvres  et  avoit  la  fièvre  quarte 
et  estoit  sans  argent.  Ma  mère  et  tous  leurs 
enfans  estoyent  malades.  M.  d'Estrées 
changea  de  religion  et  chassa  mon  père  de 
Cœuvres  au  lieu  de  le  secourir.  En  cette 
nécessité,  il  cacha  ses  enfans  en  la  maison 
d'une  femme  nommée  Ruffine,  de  contraire 

1  Copie  dn  mss  de  Lespaulart,  à  la  Biblioth. 
nat.  mss  fr.  Coll.  dom  Grenier,  t.  35.  Ce  mss  a 
été  publié  par  la  Soc.  histor.  et  archéol.  de  Sois- 
sons  (Laon,  Ed.  Fleury,  1862,  in-8o). 


n 


173 


ESTRÉES  —  ESVEILLARD 


174 


religion,  mais  qui  nous  aimoit  '.  »  D'Es- 
trées  avait  alors  86  ans  ;  on  voudrait  attri- 
buer à  son  successeur  dans  la  seigneurie 
de  Cœuvres  (son  fils  Antoine)  et  non  à  lui 
cette  docilité  cruelle  à  suivre  les  ordres  du 
roi  ;  mais  c'est  bien  lui,  on  n'en  peut  dou- 
ter*. Brantôme  nous  a  peint  d'une  plume 
pleine  de  vie  le  portrait  de  ce  courtisan  : 
«  C'estoit  un  fort  grand  homme,  et  beau 
et  vénérable  vieillard,  avec  une  grande 
barbe  qui  luy  descendoit  très- bas,  et  sen- 
toit  bien  son  vieux  aventurier  de  guerre 
(lu  temps  passé,  dont  il  avoit  fait  profes- 
sion, où  il  avoit  appris  d'estre  un  peu  cruel.  » 
Ailleurs,  après  avoir  parlé  avec  admira- 
tion de  sa  rare  intrépidité,  le  sieur  de 
Bourdeilles  apprécie  en  ces  termes  les  ser- 
vices que  d'Estrées  rendit  à  l'artillerie 
française  :  «  C'estoit  l'homme  du  monde 
qui  comioissoit  mieux  les  endroits  pour 
faire  une  batterie  de  place  et  l'ordonnoit  le 
mieux...  C'a  esté  luy  qui  le  premier  nous 
a  donné  ces  belles  fontes  d'artillerie  que 
nous  avons  aujourd'huy,  et  mesme  de  nos 
canons  qui  ne  craindroient  de  tirer  cent 
coups  l'un  après  l'autre,  par  manière  de 
dire,  sans  rompre,  ny  sans  éclater,  ny  cas- 
ser... Il  avoit  ordinairement  son  fait  et 
son  attirail  si  leste  quand  il  marchoit,  que 
jamais  rien  n'y  manquoit,  tant  il  estoit 
bien  expert  en  sa  charge.  Il  avoit  aussi  de 
très -bons  commissaires  dont  entr'autres 
ont  été  Boissompierre  et  La  Foueaudie,  pe- 
tit homme  huguenot,  et  M.  L'Admirai 
pour  ce  l'aimoit  fort  et  s'en  aida  et  s'en 
trouva  bien  en  ses  guerres.  Tant  d'autres 
bons  y  a-t-il  eu  que  je  ne  nommeray  point, 
et  la  plupart  huguenots,  qui  avoient  imité 
leur  général,  mondit  sieur  d'Estrées  qui 
l'estoit  fort.  » 

D'Estrées  laissa  trois  enfants.  Nous  n'a- 
vons aucune  preuve  que  son  fds  Antoine 
ait  professé  la  religion  protestante.  Sa  fdle 
aînée,  Françoise,  épousa  Philippe  de  Lon- 
gueval,  seigneur  d'Haraucourt,  qu'on  voit 
figurer  dans  l'armée  du  duc  de  Deux-Ponts. 
La  cadette^  Barbe,  fut  mariée  trois  fois, 

1  C'est  ce  qui  a  été  raconté  ci-dessus  (t.  V, 
col.  798)  où  l'on  a  eu  tort  de  dire  le  due  d'Es- 
trées. Ce  titre  n'entra  dans  la  maison  qu'en  1642. 

*  An  t.  1086  des  pièces  orig.  (Bibl.  nat.  mss  fr.) 
se  trouvent  une  vingtaine  de  quittances  signées  de 
lui  :  la  première,  du  3  février  15 18,  comme  «  ca- 
pitaine d'une  des  bandes  des  archers  françoys  de 
de  la  garde  du  roy;  »  la  dernière  datée  du  2  oc- 
tobre 1572. 


mais  ses  trois  maris  paraissent  être  restés 
fidèles  au  catholicisme.  Sa  petite -fille  fut 
la  fameuse  Gabrielle,  maîtresse  d'Henri 
IV  (voy.  t.  I,  col.  177  lig.  34). 

ESTREMAN  (J.),  pasteur  à  Thèze,  puis 
à  Sallies,  1620-1637.  —  (Jean  d')  sieur 
de  La  Broquère,  était  pasteur  à  Bellocq 
dans  le  Béarn  [Haag,  V  42]  en  1676.  A  la 
révocation  de  l'Édit  de  Nantes,  il  se  ré- 
fugia en  Hollande  (1687).  On  a  de  lui  un 
sermon  publié  sous  ce  titre  :  Les  larmes 
de  Jean  d'Estreman  cy  devant  ministre  de 
Bellocq  en  Béarn  ou  sermon  sur  les  paro- 
les du  livre  de  l'Exode  ch.  III,  verset  2, 
prononcé  à  Amsterdam  en  1687  ;  Amster- 
dam, chez  Pierre  Savouret,  1688,  in-12  ; 
suivi,  à  partir  de  la  page  97,  d'une  Lettre 
de  Jean  d' Estreman  cy  devant  ministre  de 
Bellocq  à  ses  brebis  qui  ont  eu  le  malheur 
de  succomber  sous  la  violence  de  la  persé- 
cution et  persévèrent  encore  dans  leur 
chute.  Le  tout,  126  pages.  Il  mourut  en 
Hollande,  en  1696. 

ESTUART  (David)  ou  mieux  Stuart, 
«  maistre  brodeur,  fils  de  Robert  Estuart, 
«  d'Edimbourg,  en  Ecosse,  à  présent  ha- 
«  bitant  de  Castres,  épouse  Guillalme 
«  Franc,  fille  de  feu  Bertrand  Franc, 
«  quand  vivait  capitaine  du  lieu  de  Teil- 
«  let,  »  le  29  janvier  1614.  De  ce  mariage 
naquit  un  fils,  au  moins,  nommé  Jean, 
présenté  au  baptême  par  Jean  Oulés,  fils, 
et  par  Jeanne  de  Caries,  le  3  octobre  1621 
(Pradel). 

ESVEILLABD  (Jacques)  sr  de  la  Gane- 
rie,  «  avocat,  ancien  et  surveillant  de  l'é- 
glise, au  quel  pour  ceste  cause  fut  baillée 
la  question  extraordinaire,  »  mis  à  mort 
pour  la  religion,  à  Angers,  le  31  mai  1562 
(Crespin).  —  C'est  aussi  le  nom  d'une  fa- 
mille de  La  Rochelle,  inscrite  sur  les  regis- 
tres de  l'église  réformée  dès  1587  en  la  per- 
sonne de  Pierre  Esveillard  et  Elisabeth 
Bernard  sa  femme.  On  'i-emarque  princi- 
palement dans  ces  registres  :  Anne  Es- 
veillard, veuve  de  François  de  Ferrières 
en  1615  ;  Pierre,  sieur  de  La  Guillebau- 
dière  maire  de  S^-Jean-d'Angely  en  1621  ; 
Marie  Gabory,  veuve  de  Louis  Esveillard 
S'  de  La  Vergne  et  Charles  Esveillard 
sieur  de  Longpré  (veuf  de  Michelle  Ra- 
baud  et  époux  de  Marie  d'Hillerin),  tous 
deux  maintenus  dans  leur  noblesse  en 
1667.  —  Matthieu  Eveillard,  ancien  de 
Si-Martin-de-Rhé,  délégué  au  synode  de 


175 


ESVEILLARD 


EUSTACHE 


176 


Marennes,  octob.  1674  (Tt247).  —  J.-F.- 
L.  Eveillard  des  Bois,  capitaine,  figure  en 
1797  sur  la  liste  des  officiers  de  l'armée 
hollandaise  pensionnés. 

ETAMPES-VALENÇAY  (Henri  d'), 
seigneur  de  La  Ferté-Imbault  [Haag,  V 
42],  né  à  Paris,  en  1603,  fut  reçu  cheva- 
lier de  minorité  de  l'ordre  de  Malte  et  ob- 
tint, à  l'âge  de  20  ans,  le  commandement 
d'une  galère  ;  mais  quelque  temps  après, 
il  quitta  l'ordre  de  Malte  et  même  la  reli- 
gion romaine  pour  embrasser  le  protestan- 
tisme et  se  marier.  Sa  conversion  était 
probablement  l'œuvre  de  l'amour  plutôt 
que  d'une  conviction  sincère.  Au  XVIme 
siècle,  les  exemples  surabondent,  de  prê- 
tres et  de  religieux  se  convertissant  ;  mais 
alors  les  temps  étaient  bien  changés.  Sur 
la  poursuite  de  l'avocat-général  Jacques 
Talon,  la  Chambre  de  l'édit  de  Paris  ren- 
dit, en  mars  1626,  un  arrêt  qui  cassa  le 
mariage  de  La  Ferté-Imbault,  et  qui  lui 
défendit  de  fréquenter  sa  femme  sous  pei- 
ne de  mort.  Le  jeune  homme  obéit,  et 
pour  le  récompenser,  Richelieu  lui  donna 
un  commandement  dans  l'escadre  qui  blo- 
qua La  Rochelle.  Plus  tard  il  retourna  à 
Malte,  et  il  redevint  si  bon  catholique 
qu'en  1632,  il  fut  envoyé  à  Rome  comme 
ambassadeur  extraordinaire,  et  qu'il  allait 
être  élu  grand  maître  de  l'ordre  lorsqu'il 
mourut,  en  1678. 

ETCHEQUEPAR  (Marie),  de  Montory 
en  Béarn,  martyrisée  en  1569.  «  Elle  fut 
prise  dans  sa  maison  par  les  ennemis  de 
l'Évangile  et  pendue  par  les  pieds,  la  teste 
en  bas,  droit  à  une  fosse  d'eau,  dans  une 
forêt  nommée  de  Retsu.  On  la  levoit  fort 
haut  et  puis  on  la  laissoit  tomber  la  teste 
dans  l'eau.  Ce  qui  fut  fait  par  plusieurs  et 
diverses  fois  pour  plus  l'affliger^  tenter  et 
affoiblir  sa  foi,  s'il  leur  eust  été  possible. 
Mais  assistée  et  fortifiée  par  l'esprit  de 
Dieu,  elle  demeura  ferme  en  sa  vocation, 
tellement  que  les  persécuteurs  n'ayans 
rien  peu  gagner  sur  elle,  furent  contrains 
de  la  quitter,  après  avoir  exercé  contre 
elle  tout  plein  d'autres  cruautés  {Crespin 
fo  8ol  a). 

EUDE  (Matthias),  sieur  de  Veules, 
mis  à  mort  à  Dieppe  en  1569,  voy.  t.  III, 
col.  862. —  (Jacques),  «  natif  de  Beauvais 
en  Biauvaisin,  du  mestier  de  cordanier,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  juin  1556.  — 
(Jean),  de  Bayeux,    étudiant   à  Genève 


(Joannes  Eudes  baioencis),  en  1563.  Il 
était  ministre  de  Bayeux  et  assistait  en 
cette  qualité  au  synode  de  Gergeau,en  mai 
1601.  —  Eudes,  ministre  de  Chatillon-sur- 
Loing,  délégué  au  synode  du  Berry  tenu 
à  Banegon  le  25  avril  1582  (Tt  321).  — 
(Etienne),  de  la  province  de  Normandie, 
étudiant  à  Genève  (Steph.  Eudeus  norma- 
nus)  en  1618  ;  pasteur  de  Pont-l'évêque  en 
1626  [X  317].  —  (David),  normand,  étu- 
diant en  théologie  à  l'acad.  de  Montauban 
en  1622  ;  il  fut  un  des  argumentateurs  de 
J.  Verdier,  sur  la  thèse  De  scientia  animœ 
Christi.  —  (Jean),  assisté  à  Londres  avec 
sa  femme  et  six  enfants,  1702. 

EUDELIN,  famille  parisienne  :  Jacques 
Eudelin  secrétaire  de  la  chambre,  épouse, 
mai  1628,  Claudia  Drelmcourt  (V,  col. 
485)  et  de  ce  mariage  naissent  :  Charles, 
14  fév.  1630;  Nicolas,  16  avril  1631; 
Jacques,  21  septemb.  1632  (parrain  Fran- 
çois Eudelin  receveur  des  aides  à  Falaise 
et  marr.  EUsabeth  Drelincourt  femme  de 
P.  Trouvé  médecin)  ;  Claudia,  17  déc. 
1634;  autre  Charles,  7  septemb.  1636; 
Pierre,  bapt.  le  11  nov.  1637;  Marie, 
née  le  20  fév.  1639  ;  Elisabeth  (parr. 
Bernard,  avocat  au  Conseil  et  au  parle- 
ment) ;  Jean,  bapt.  le  4  août  1641.  — 
Joachim  Eudelin,  banquier  et  Charlotte  Le 
Jeune  sa  femme,  présentent  au  baptême 
leur  fils  Charles,  1666.  Le  18  septemb. 
1678,  leur  fils  Philippe,  joaillier,  épouse 
Susanne  fille  d'Etienne  Lucas  libraire  et 
de  Geneviève  Mallet  (Registres  de  Charen- 
ton).  —  Eudeline,  famille  française  réfu- 
giée à  Lausanne  en  1572  (voy.  IV  col. 
688,  lig.  37).  Marie,  Catherine  et  Esther, 
Eudeline,  dont  le  père  était  mort  protes- 
tant, à  Rouen,  sont  enlevées  à  leur  famille 
et  mises  au  couvent,  1698.  —  Eudelot, 
sieur  de  Pressigny  près  Langres,  exempté 
du  logement  des  dragons,  1686.  —  Marc 
d'Eurre,  ancien  de  l'église  de  Courtezon, 
Dauphiné,  délégué  au  synode  national  de 
Gergeau,  mai  1601. 

EUSTACHE,  étudiant  en  théologie  à 
Genève  (Franciscus  Eustatius)  en  1569 
(Livre  du  recteur).  —  (David)  né  en  Dau- 
phiné vers  1595  fut  successivement  pas- 
teur à  Corps  [Haag,  V  43],  et  à  ce  titre 
assista,  en  1622,  au  synode  de  la  province  ; 
il  était  pasteur  k  La  Mure  en  1626,  sur  la 
fin  de  la  même  année  à  La  Terrasse  jus- 
qu'en 1637,  puis  la  même  année  à  Die, 


I 


n 


177 


EUSTACHE 


178 


enfin  à  Montpellier,  dont  l'église  édifiée 
par  le  zèle  et  le  talent  qu'il  fit  paraître  au 
synode  d'Uzès,  en  juin  1642,  le  fit  deman- 
der au  synode  et  le  conserva  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  *  en  1672.  Il  présida  le  sy- 
node provincial  du  bas  Languedoc  réuni 
dans  celte  dernière  ville  le  29  avril  1654. 
Il  avait  pour  adjoint  Rosselet,  et  pour  se- 
crétaires Bonnier,  Saurin  et  Paul.  A  la 
demande  des  pasteurs  Surville,  Blanc,  Re- 
boutier  et  Bouton,  et  des  anciens  Roquette 
et  de  Fraisse,  députés  des  colloques  de 
Sauve  et  d'Anduze,  et  sur  les  instantes 
prières  du  prince  de  Tarente  et  des  mar- 
quis de  Malauze  et  de  Ruvigny,  le  synode 
s'occupa  surtout  de  rechercher  les  moyens 
d'éteindre  les  divisions  que  les  disputes 
sur  la  grâce  avaient  jetées  dans  l'église, 
disputes  qui  continuaient  malgré  les  dé- 
crets des  synodes  nationaux  d'Alençon  et 
de  Gharenton.  Il  nomma  une  commission 
composée  de  quatre  députés  des  trois  col- 
loques du  bas  Languedoc  :  Carcenat  et 
Atgier  pasteurs,  d'Ortoman  et  Bonefoux 
anciens,  pour  celui  de  Montpellier  ;  Dalard 
et  Serres  pasteurs,  de  La  Grange  conseil- 
ler au  présidial  de  Nîmes  et  Peironnès, 
anciens,  pour  celui  de  Nîmes;  de  Croy  et 
Rally  pasteurs.  Roche  juge-mage,  et  Boi- 
leau,  anciens,  pour  celui  d'Uzès,  afin  de 
conférer  avec  les  députés  des  Cévennes  et 
ceux  de  Nîmes  et  d'Uzès  sur  cet  objet 
important.  La  commission  s'assembla 
chez  Clausel,  conseiller  en  la  cour  des 
comptes,  et  pour  s'entourer  de  plus  de  lu- 
mière, elle  appela  dans  son  sein  le  sieur 
de  Ricart  conseiller,  le  sieur  de  Berger 
correcteur  en  la  cour  des  comptes,  le  sieur 
de  Vauvert  conseiller  en  la  même  cour, 
les  magistrats  et  les  consuls  de  Nîmes  et 
d'Uzès  ;  puis,  après  mûres  délibérations, 
d'un  commun  accord,  on  adopta  un  projet 
de  règlement  qui  fut  soumis  au  synode  et 
adopté.  Défense  fut  donc  faite  aux  minis- 
tres et  aux  professeurs,  comme  à  tout  au- 
tre fidèle,  de  parler,  ni  en  particulier,  ni 
en  public,  de  l'universalité  de  la  grâce,  de 
la  non-imputation  du  péché  d'Adam,  de 
la  connaissance  de  Dieu  par  les  œuvres  de 
la  création,  de  décrets  conditionnels, 
frustratoires,  révocables,  de  première  et  de 
seconde  miséricorde,  de  prédestination 
universelle,  de  rédemption  générale,  de  la 

1  Suivant  M.  Ferd.  Teissier,  d'après  les  regis- 
tres du  Consistoire. 


foi  indistincte,  de  la  vocation  réelle,  etc., 
sous  peine  de  suspension  et  de  censure 
pour  les  pasteurs,  d'excommunication  pour 
les  laïques.  Ce  décret  fut  signé  avec  un 
élan  d'enthousiasme  par  tous  les  députés, 
savoir  : 

Colloque  de  Montpellier  :  Baux,  Carce- 
nat, Du  Bourdieu,  Atgier,  Engelras,  Gi- 
hert.  Manuel.  Chambon,  Coulan,  Barbey- 
rac,  La  Brune,  Roux,  Modenx,  Pongi. 
Colloque  de  Nîmes  :  Berlié,  Dalard,  Li- 
chière  ou  Lichères,  Gazagne  ou  Gassaigne, 
Allègre,  Fornier  ou  Fournier,  Guizot, 
Vais,  Viala,  Roussillon,  Noguier,  Justa- 
niont,  Abrénéthée,  Gazagne  fils,  de  Méja- 
nes.  Colloque  d'Uzès  :  de  Croy,  Rudavel. 
Paulet,  Sorbier,  Ravanel,  Bonnier,  Rally, 
Boursier,  Fauchier,  Thoinas,  Castanier, 
Rouèreow  Roure,  Chabaud,  Noguier  jenne, 
Capieu,  Sousselier,  Jourdan,  Couran,  S. 
Vial. 

Cependant  le  synode  n'avait  pas  clos  ses 
séances  qu'il  fut  attaqué  dans  un  écrit  ano- 
nyme intitulé  La  saincte  liberté  des  enfans 
de  Dieu,  où  on  lui  reprochait  d'avoir 
donné  à  chaque  fidèle  a  la  sainte  liberté 
de  croire  ce  qu'il  voudrait.  »  A  cette  atta- 
que fort  injuste,  les  pasteurs  signataires 
du  décret  répondirent  en  peu  de  mots,  que 
l'acte  qu'ils  avaient  souscrit  suffisait  seul 
pour  convaincre  le  libelle  d'imposture, 
puisqu'il  défendait,  sous  de  fortes  peines, 
aux  pasteurs  de  prêcher  et  à  toutes  personnes 
d'écrire  sur  un  grand  nombre  de  matières. 
Ils  auraient  pu  ajouter  que  si  quelqu'un 
avait  à  se  plaindre,  c'étaient  les  partisans 
du  libre  examen. 

En  1659,  Eustache  fut  député  par  le 
bas  Languedoc  au  synode  national  de  Lou- 
dun,  qui  le  choisit  avec  Mirebel  pour  al- 
ler présenter  au  roi  «  .ses  très-humbles  de- 
voirs, ses  soumissions  et  remercîmens.  » 
Louis  XIV  était  alors  à  Toulouse.  Le  pas- 
teur de  Montpellier  porta  le  premier  la 
parole  et  il  s'acquitta  de  sa  commission 
avec  dignité.  Le  synode  le  chargea  aussi 
d'accommoder,  à  son  retour  dans  sa  pro- 
vince, un  diftérend  qui  s'était  élevé,  nous 
ne  savons  à  quel  sujet,  entre  le  pasteur 
Méjanes  et  son  église.  Eustache  mourut 
quelque  temps  après,  et  ne  laissa  que 
deux  filles.  Il  est  auteur  de  sermons  et  de 
quelques  ouvrages  de  controverse  qui  lui 
avaient  acquis  de  la  réputation.  En  voici 
la  liste  : 


179 


EUSTACHE 


180 


I.  Actes  de  la  conférence  tenue  au  Pé- 
rier  le  5  février  1626  ;  Genève,  1626, 
in-8o.  —  Cette  conférence  avait  eu  lieu 
entre  le  pasteur  de  La  Mure  et  le  curé 
d'Entraigues,  Didier  Barruel.  Elle  s'était 
tenue  le  soir  au  Périer  dans  la  maison  de 
€  sire  Abraham  Blanc.  »  Eustache  s'étant 
empressé  de  faire  imprimer  à  Genève  ces 
Actes,  c'est-à-dire  le  compte  rendu  qu'il 
avait  fait  de  la  dispute,  son  adversaire 
qui  n'y  figurait  pas  comme  champion  vic- 
torieux, publia  aussitôt  à  Grenoble,  en 
manière  de  revanche,  un  vol.  in-8o  (176 
pag.)  sous  ce  titre  :  Imprimé  véritable  de 
l'escrit  fait  au  Périer  par  le  curé  d'En- 
traigues et  le  ministre  de  La  Mure,  où 
sont  mises  à  part  les  faussetéz  insérées  par 
ledit  ministre  dans  F  imprimé  qu'il  publia 
l'an  passé  ;  Grenoble,  P.  Marniolies,  1627 
(fleuron  et  devise  des  Jésuites).  Et  l'iras- 
cible curé  ne  se  sentit  pas  encore  satisfait, 
car  il  fit  imprimer  de  plus  :  Réfutation 
d'un  petit  escrit  du  sieur  Eustache  minis- 
tre de  La  Mure,  où  est  montré  que  S.  Au- 
gustin au  livre  de  la  Cité  de  Dieu  ch.  27 
ne  dit  point  du  sacrifice  pour  les  morts  les 
paroles  que  le  ministre  cite  de  luy.  Au  peu- 
ple du  mandement  de  Valbonnais  ;  Greno- 
ble, P.  Marniolies  ;  22  p.  in-8o. 

II.  Défaut  de  la  foi  catholique  ou  preuve 
des  principaux  points  de  la  religion  chré- 
tienne, controversez  en  ce  siècle  par  textes 
de  la  Bible  de  l'Église  romaine  et  par  les 
anciens  docteurs,  opposée  à  un  livre  inti- 
tulé :  Imprimé  véritable  etc.  contenant  in- 
finies absurditez,  calomnies,  digressions  et 
confusions  sur  le  fait  de  la  religion  ;  par 
David  Eustache,  min.  de  La  Mure  ;  Ge- 
nève, Pierre  Aubert,  1628  in-8°  de  viii 
feuill.  prél.  et  423  pages.  —  Ce  hvre  pa- 
raît être  une  réponse  à  un  écrit  de  l'ad- 
versaire qui  portait  presque  le  même  ti- 
tre :  Défense  de  la  foi  catholique  au  lieu 
de  Défaut;  mais  on  n'a  pas  ce  dernier. 

m.  •  Colloques  avec  Barruel  curé  d'En- 
traigues. K  C'est  AUard  qui,  dans  sa  Bi- 
bliothèque du  Dauphiné,  mentionne  ainsi, 
sans  plus  de  détail,  un  écrit  du  pasteur 
de  La  Mure.  Peut-être  n'est  ce  qu'une  va- 
gue réminiscence  de  nos  nos  l  et  IL 

IV.  Peut-être  aussi  y  a-t-il  une  allusion 
à  quelque  ouvrage,  resté  inconnu  de  nous, 
du  même  pasteur  dans  le  suivant  : 

Arc  de  triomphe  dressé  h  la  gloire  du  S. 
Sacrement  par  le  R.  P.  Alexandre  Fichet 


de  la  comp.  de  Jésus,  victorieux  pour  la 
troisième  fois  de  M.  Eustache  et  des  Pré- 
tendus sur  le  sujet  de  la  communion  sous 
une  seule  espèce.  Dédié  h  Mg"'  le  Dauphin 
en  présage  de  ses  conquêtes  par  L.  M.  P. 
Th.  ;  Grenoble,  P.  Verdier  imp.  ;  1640  in- 
4°  de  4  feuill.  et  151  p. 

Le  père  Fichet,  à  ce  que  dit  un  de  ses 
amis  (Gab.  Martin)  était  le  vrai  fléau  de 
l'hérésie  et  la  terreur  des  ministres.  — 
L'ouvrage  d'Eustache  qui  nous  échappe 
paraît  celui  que  cite  M.  le  pr  Corbière 
(Hist.  de  l'égl.  de  Montpellier,  1861,  in-8o, 
p.  194)  sous  le  titre  Le  triomphe  de  l'E- 
glise etc.  publié  en  1639  par  Eustache 
alors  '  pasteur  à  Die.  • 

V.  La  victoire  de  la  foy  contre  le  monde, 
représentée  par  un  rare  exemple  de  cons- 
tance en  la  profession  de  nostre  religion, 
par  D.  Eustache  min.  du  S^-Év.  à  Mont- 
pellier ;  Genève,  1647, pet.  in-8o,  193  p.;  se 
vendent  à  Charenton,  par  S.  Périer  demeu- 
rant à  Paris,  1653.  —  Une  demoiselle  de 
haute  naissance  avait  été  élevée  jusqu'à 
16  ans  dans  les  sentiments  de  sa  mère, 
protestante  ;  le  père,  catholique,  exigea  sa 
conversion  et  la  remit  à  un  religieux  qui 
l'endoctrina  méthodiquement.  Notre  pas- 
teur répond  à  celui-ci  point  par  point, 
mais  il  nous  tait  le  nom  de  la  famille. 

VI.  Sermon  sur  les  paroles  du  chap. 
XXVI,  vers.  26  de  S.  Mathieu.  Ceci  est 
mon  corps,  prononcé  à  Montpellier  ;  Ge- 
nève, Phil.  Gamonet,  1648,  in-8o.  —  Au- 
tre édition,  revue  et  corrigée;  Charenton, 
Louis  Vendosme,  1650,  in-8°  de  88  p.  — 
Autre,  augmentée  :  Sermon  sur  les  paroles 
etc.,  avec  la  réponse  au  livre  que  le  s^  Ri- 
chard Mercier  jésuite,  a  publié  sur  l'Eu- 
charistie ;  Orange,  Ed.  Raban,  1649,  pet. 
in-8o  de  xv  feuill.  prél.  et  439  p. 

VIL  Conférences  entre  David  Eustache 
min.  du  S^-Év.  et  Richard  Mercier  jésuite, 
sur  le  sujet  de  l'Eucharistie;  Genève,  Phil. 
Gamonet,  1649,  in-8o  de  99  p. 

VIII.  Response  à  la  demande  que  Rome 
nous  fait  :  Où  estoit  votre  Église  avant  Lu- 
ther, et  quels  estaient  ses  pasteurs  ;  {Genèxe) 
Ph.  Gamonet,  1649,  in-8o  de  VIII  feuill. 
et  506  p.  —  Autre  édition  :  Réponse  à  la 
demande  où  estoit  l'Église  des  prétendus 
Reformez  avant  Luther  ou  Traité  deuxiè- 
me Remontrance  à  Messieurs  de  l'Église 
romaine,  sur  ce  qu'ils  ne  sçauroient  faire 
voir,  selon  leur  doctrine,  où  est  leur  église. 


181 


EUSTACHE 


182 


en  qualité  d'église  qu'elle  ne  peut  pas  errer 
en  la,  foy  ;  Genève,  Gamonet,  16o2,  in-8o 
de  8  feuill.,  523  et  5  p. 

IX.  Sermon  sur  la  passion  de  Jésus- 
Christ;  Charenlon,  L.  Vendosme,  1650, 
in-8o;  Orange,  1652. 

X.  Anatomie  du  livre  publié  par  le  sieur 
Mercier  jésuite,  intitulé  :  Cent  faussetés, 
contradictions  ou  impertinences  contenues 
dans  50  feuillets  ;  Orange,  1650,  in-8o  de 
64  p. 

XI.  Du  poinct  de  la  position  d'un  corps 
en  plusieurs  lieux  à  la  fois  par  la  puissance 
de  Dieu  ;  Du  corps  de  J.-C.  si  selon  l'Écri- 
ture sainte  il  est  en  plusieurs  lieux  à  la 
fois  contre  ce  que  le  sieur  Mercier  jésuite, 
dit  dans  un  livre  intitulé  :  Examen  etc. 
avec  des  remarques  sur  le  livre  que  le 
même  a  publié  sous  le  titre  de  Réflexions 
etc.  Orange,  Ed.  Raban,  1651,  in-8o  de 
XIII  feuill.  prél.  et  268  p. 

XII.  Huit  sermons  sur  Apocalypse  XII, 
13  et  14j  prononcé  à  Montpelier  au  jour 
du  jûne  célébré  le  jeudy  26e  d'aoust  1655 
en  toutes  les  églisei  du  bas  Languedoc  ; 
Orange,  Ed.  Raban,  1655,  in-S"  de  66  p. 

XIII.  Remèdes  salutaires  contre  notre  sé- 
paration d'avec  Dieu,  la  défiance  de  la 
chair  et  la  vanité  du  monde,  compris  en 
trois  sermons  ;  Sedan,  1655,  in-8o. 

XIV.  Huit  sermons  sur  les  sept  premiers 
versets  de  l'épître  de  Saint-Jude,  prononcés 
à  Montpellier  par  D.  Eustache.  Orange, 
Ed.  Raban,  1655,  in-8o  de  376  p. 

XV.  Réfutation  du  libelle  du  sieur  Mer- 
cier jésuite,  intitulé  :  Le  frontispice  du 
palais  du  sieur  Eustache  ;  Orange,  Ed. 
Raban,  1657,  in-12.  —  Des  exemplaires 
de  cet  écrit  et  du  suivant  donnent  Meynier 
au  lieu  de  Mercier  pour  le  nom  du  jésuite. 

XVI.  Responsea  l'écrit  du  sieur  Mercier 
jésuite,  intitulé  :  Démonstration  de  la  ver- 
tu de  l'Église  romaine,  où  est  réfuté  ce 
qu'il  allègue  de  nostre  prétendu  retour 
dans  son  Église,  avec  cinquante  demandes 
qui  lui  sont  faites  par  David  Eustache; 
Genève,  P.  Chouet,  1657,  petit  in-8"  de 
XVIII  feuill.  et  168  p. 

XVII.  Sermon  sur  le  chap.  I  de  l'epistre 
auxColossiens  verset  27,  prononcé  à  Loudun 
durant  la  tenue  du  synode  national  le  di- 
manche 16  nov.  1659  ;  Charenton,  L.  Ven- 
dosme, 1660,  in-8o,  56  p. 

XVIII.  Lettre  écrite  à  S.  M.  par  le  sy- 
node national  convoqué  à  Loudun  le  iO  nov. 


1659,  avec  la  Response  de  S.  M.,  ensemble 
les  harangues  faites  à  S.  M.  par  MM.  Eus- 
tache et  Mirabel  députez  à  S.  M.  par  le  dit 
synode  ;  Paris,  L.  Vendosme,  1660,  in-8o. 

XIX.  Sermon  sur  le  chap.  XII  de  l'Ec- 
clésiaste,  vers.  9,  prononcé  à  Charenton; 
Charenton,  L.  Vendosme,  1660,  in-8o. 

XX.  Action  de  grâce  avec  des  vœux  et 
des  prières  adressées  à  Dieu  sur  la  nais- 
sance de  Mgr  le  Dauphin,  prononcée  à 
Montpelier  le  12  nov.  1661,  par  David 
Eustache  ;  Nismes,  Ed.  Raban,  1661 , 
in-8°. 

XXI.  L'orateur  Tertulle  convaincu,  ou 
responsea  la  harangue  séditieuse  qu'on  sup- 
pose avoir  été  faite  à  la  Reine  par  les  sages 
de  nostre  religion  à  son  entrée  dans  les  vil- 
les de  son  royaume;  s.  1.  1661,  in-S»,  x 
feuill.  prél.  et  55  p.  Écrit  anonyme  attri- 
bué à  notre  pasteur  par  Gui  Allard. 

XXII.  De  la  naissance  de  Jésus-Christ 
ou  Sermon  sur  Esaïe,  IX,  5,  prononcé  à 
Montpelier  par  D.  Eustache  ;  Nismes,  Ed. 
Raban,  1662,  in-8o  de  77  p. 

La  famille  Eustache  resta  fidèle  à  la  foi 
évangélique,  pour  laquelle  elle  montra  en 
toutes  circonstances  le  plus  grand  zèle  ; 
aussi  paya-t-elle  plus  qu'aucune  autre  peut- 
être  tribut  à  la  persécution.  Par  arrêt  du 
parlement  de  Grenoble  du  22  juin  1686. 
Etienne  Eustache,  dit  Garcin,  fut  con- 
damné à  la  peine  de  mort,  ainsi  que  ses 
complices  Pierre  et  André  Bernard,  et 
leurs  têtes  séparées  du  tronc  furent  élevées 
sur  des  poteaux,  pour  servir  d'avertisse- 
ment à  qui  serait  tenté  de  suivre  leur 
exemple.  Son  crime  était  d'avoir  engagé 
les  habitants  réformés  de  Besse  à  sortir  du 
du  royaume  et  de  les  avoir  conduits  hors 
de  France  avec  attroupement  et  port  d'ar- 
mes illicites  (Tt  276).  Le  même  arrêt  con- 
damna aux  galères  perpétuelles  Jean  Ogier, 
Paul  Coing  et  Daniel  Bouillet.  C'étaient 
les  seuls  hommes  qui  fussent  trouvés  dans 
ce  formidable  attroupement,  composé  pres- 
que exclusivement  de  femmes  et  d'enfants, 
qui  d'ailleurs  ne  furent  pas  épargnés.  Ma- 
rie Dusert,  femme  d'Alexandre  Eustache  ; 
Susanne  Eustache,  femme  de  Paul  Du- 
sert ;  Judith  et  Suzanne  Combe  ;  Judith 
Ogier,  femme  d'André  Ogier  ;  Marie  Du- 
sert ;  Catherine,  Jeanne,  Antoinette  et 
Isabeau  Roux  ;  Marie  Bernard,  femme  de 
Pierre  Beschier  ;  Marie  Roux,  veuve  de 
Matthieu  Combe;  Catherine,  Susanne,  au- 


183 


EUSTACHE 


EVERLY 


184 


tre  Susanne,  Judith  et  Marie  Eustache  ; 
Anne  Raymond,  veuve  d'Isaac  Eustache; 
Marguerite  Bernard,  veuve  d'Etienne 
Roux  ;  Marie  Roux,  femme  de  Jacques 
Jouffrey  ;  Jeanne,  Marie  et  Isabeau  Sau- 
vage ;  Isabeau  Eustache,  femme  de  Mat- 
thieu Garcin  ;  Marie  Eustache,  femme  de 
Pierre  Beschier  ;  Catherine  Roux,  femme 
de  Pierre  Bernard  ;  Susanne  Garcin , 
femme  d'Antoine  Eustache  ;  Marie  Jour- 
dan,  femme  de  Jean  Beschier  ;  Judith  Bes- 
chier, femme  de  Pierre  Bernard;  Margue- 
rite, Anne  et  Isabeau  Beschier  ;  Judith 
Sauvage,  femme  de  Jacques  Eustache  ;  Ma- 
rie Eustache,  veuve  de  Jacques  Ogier  ; 
Susanne  Eustache,  femme  de  Pierre  Boux  ; 
Marguerite  Mourel,  femme  de  Jean  Eusta- 
che ;  Françoise  Sapinel,  femme  de  Jacques 
Bernard  ;  Jeanne  Jourdan  ;  Jeanne  Sau- 
vage, veuve  de  Marc  Roux  ;  Marie  Poulet  ; 
Marie  Bérard,  femme  de  Paul  Vieux  ; 
Susanne  Guiot,  femme  de  Jacques  de  Lor  ; 
Marie,  autre  Marie  et  Isabeau  Bérard; 
Marguerite  Vieux,  veuve  de  Jean  Bérard  ; 
Marguerite  Porte,  femme  de  Pierre  Coi wgi  ; 
Susanne  de  Lor,  femme  de  Pierre  Jeoffrey; 
Marguerite  Eustache,  femme  de  Simon 
Bérard  ;  Anne  Vieux-Gonon,  femme  de 
Jean  Vieux  ;  Anne  et  Susanne  de  Lor  ; 
Simondine  Tuhie,  femme  de  Jean  Jeoffrey  ; 
Susanne  Vieux,  femme  de  iacqnes  Jeoffrey; 
Susanne  Vieux,  femme  de  Jean  Lanthetme  ; 
Isabeau  Horard,  femme  d'Abraham  Bé- 
rard ;  Isabeau  Blanc,  femme  de  Paul 
Coing  ;  Susanne  Horard,  veuve  de  Paul 
Font;  Anne  Bérard,  femme  de  Daniel 
Girioud  ;  Isabeau  Chasal,  femme  de  Pierre 
Jeoffrey;  Anne  Girard,  femme  de  Ber- 
nard Coing  ;  Françoise  Girard,  femme 
d'Abdenago  Vieux;  Marguerite  Coing, 
femme  de  Jean  Bérard  ;  Madelaine  Baret  ; 
Anne  Coing  ;  Marie  Buissonnier,  femme 
de  Daniel  Chardon  ;  Marie  Porte,  femme 
de  Paul  Armand  ;  Claudine  Garcin  ;  Ma- 
rie Payn,  femme  de  Pierre  Girioud  ;  Anne 
Raimond,  veuve  de  Paul  Payn  ;  Anne 
Gourran  ;  Susanne  Seon,  en  tout  73  fem- 
mes ou  filles  furent  rasées  par  la  main  du 
bourreau  et  recluses  pour  la  vie.  Vingt- 
quatre  autres,  Jeanne,  Susanne  et  Judith 
Beschier  ;  Marguerite  Dusert,  Anne  Ogier, 
Susanne  Eustache,  Jeanne  Jourdan,  Su- 
sanne Retournât,  Marie  et  Madelaine  Ber- 
nard, Jeanne  Baret  ;  deux  Susanne  Coing, 
Susanne  et  Anne  de  Lor  ;  Marie,  Anne  et 


autre  Marie  Jeoffrey  ;  Marie  Vieux  ;  Judith 
et  Jeanne  Girioud  ;  Eve  Obaude^  Cathe- 
rine Montiliar  et  Marie  Guilkumont,  du- 
rent à  leur  jeunesse  de  n'être  condamnées 
qu'à  une  détention  de  deux  ans  dans  des 
couvents.  Enfin  quarante-six  autres  préve- 
nues furent  mises  hors  de  cour,  après 
avoir  toutefois  payé  les  frais  du  procès,  le 
roi  ayant  daigné  user  à  leur  égard  «  de  sa 
clémence  et  miséricorde.  »  Le  but  du  gou- 
vernement dans  cette  sévérité  barbare, 
était  d'empêcher  l'émigration  par  la  ter- 
reur. Il  y  réussit  si  mal  qu'en  1700,  l'in- 
tendant lîouchu  estimait  à  914  le  nombre 
(les  familles  sorties  du  seul  Dauphiné  (Tt 
2i8),  et  il  était  certainement  resté  au-des- 
sous de  la  vérité.  —  La  terreur  n'empê- 
chait qu'incomplètement  l'émigration;  car 
on  voit  défiler,  au  cours  des  années  sui- 
vantes, sur  les  listes  de  fugitifs  assistés  en 
Suisse  :  à  Lausanne  :  Jean,  Susanne,  Sara, 
Marie,  Judith  Eustache  allant  en  Allema- 
gne, juin  1692;  Anne  et  Madeleine,  sœurs, 
(le  Besse  en  Dauphiné,  allant  en  Allemagne, 
1698  ;  à  Genève,  la  veuve  de  Jean  Eusta- 
che, de  Besse,  avec  sa  famille,  1692  ;  An- 
dré, de  Besse,  Jean  et  son  fils,  de  Besse, 
id.  allant  en  Allemagne,  1694. 

EVEBLY  (Georges  d')  ou  d'Averly, 
membre  d'une  famille  dont  le  nom  patri- 
monial était  d'Acou  ou  d'Acco  qu'elle  ti- 
rait d'un  village  situé  à  une  lieue  de  Pro- 
vins. C'était  donc  un  voisin  du  curé  de 
cette  ville  qui  nous  a  laissé  un  si  curieux 
journal  des  événements  de  son  temps, 
Claude  Haton,  et  nous  l'avons  déjà  signalé 
dans  l'article  Acou  (t.  I  col.  32)  ;  mais  il 
convient  d'ajouter  que  ce  gentilhomme  en 
sa  qualité  de  partisan  de  la  Béforme  était 
de  ceux  que  le  bouillant  curé  n'aimait  pas. 
Il  raconte  qu'en  1362,  «  les  voleurs  et 
«  meschans  garnemens  (les  Huguenots  na- 
«  turellement),  pour  la  pluspart  gentils- 
«  hommes  ou  pour  mieux  dire  gens  pille- 
«  hommes,  s'adonnèrent  à  piller  de  toutes 
«  parts.  Des  voleurs  estoit  ung  nommé 
«  d'Averly  (jeune  gentillâtre)  etc..  »  En 
parlant  de  lui,  Haton,  qui  le  cite  jusqu'à 
huit  fois,  le  nomme  cinq  fois  Averly  et 
trois  fois  Everly.  Cette  dernière  orthogra- 
phe a  prévalu  ;  c'est  celle  qu'employé  uni- 
quement le  P.  Anselme  et  qu'adopte  le 
Dictionn.  des  postes,  qui  n'est  pas  une  au- 
torité en  cette  matière,  mais  qui  constate 
l'usage  moderne.  Georges  d'Everly  après 


185 


EVERLY  —  EYMAR 


186 


s'être  signalé  dans  les  guerres  de  1562  à 
1567,  d'après  Haton,  se  retrouve  plus  tard 
au  service  de  Catherine  de  Bourbon.  Hu- 
bert Languet  dans  une  de  ses  lettres  (déc. 
1574),  le  recommande  au  comte  de  Weher 
comme  chargé  d'affaires  de  cette  princesse  : 
Proficiscitur  islùc  ut  négocia  procuret  he- 
roina  Borbonise  quœ  apud  vos  exulat.  11 
passa  ensuite  parmi  les  agents  diplomati- 
ques employés  par  Henri  IV  et  figure  en 
cette  qualité  dans  les  procès -verbaux  du 
Conseil  des  XXI  de  Strasbourg,  au  mois 
de  juillet  et  d'août  1587  '.  Il  n'a  pas  dû  vi- 
vre longtemps  après  car  le  Père  Anselme 
nous  apprend  (IX  168)  que  dès  avant  1594 
la  seigneurie  d'Everly  était  passée  dans  la 
famille  de  La  Vallée  du  Fossez,  qui  en  fit 
bientôt  un  marquisat. 

EVESQUE  (Guillaume),  «  natif  du  lieu 
de  S'-Geneys,  dioc.  en  Languedoc,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  oct.  1558  ;  ministre  à 
S*-Geneys  près  Nîmes  en  1561  (Bull.  XIX, 
119)  ;  —  (Marguerite)  poursuivie  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  nov.  1685;  (Jean- 
François)  lieutenant  du  châtelain  de  la 
Baume-des-Arnauds.  huguenot  opiniâtre, 
1737  (Bull.  V,  316).  —  Evrard,  ministre 
à  Anvers  en  mai  1557  (Bull.  VIII,  76). 
Jacques  Evrard,  premier  maître  des  écoles 
latines  à  Montbéliard,  y  épouse,  en  1608, 
Marguerite  fille  de  Claude  Tueffert  ;  autre 
Jacques  ministre  à  Montbéliard  en  1640. 
Anne  Evrard,  50  ans,  et  Marianne,  sa 
fille,  assistées  à  Londres,  1705.  —  Evrin, 
de  Toul,  étudiant  à  Genève  (Nicolaus  Eve- 
rinus,  tullensis  dyoc.)  1563.  —  Exaget, 
ministre  dans  l'Angoumois  XVII"ie  siècle, 
Bull.  XII,  122.  —  Exchaquet,  dauphinois 
étudiant  à  Genève  (Franciscus  et  Georgius 
Exchaquet  albonenses)  1762  et  1765.  — 
Anne  Expert,  de  Puylaurens,  emprison- 
née au  château  de  Sommières,  1687.  — 
Claudine-Marie  Eydieu,  veuve,  fugitive  de 
la  ville  d'Anduze  en  1685,  épouse  en  2raes 
noces  Charles  Marsan,  nouveau  converti, 
perruquier  (Tt.,  Tourlet).  —  Eyma,  an- 
cien de  Bergerac,  1679  ;  Salomon  Eyma  fu- 
gitif de  Bordeaux,  vers  1700.  —  Claude 
Eymar,  d'Arvieux  au  val  de  Queiras,  as- 
sisté à  Genève,  1701.  —  Laurent  Eymar d, 
ou  Aymar  (voy.  t.  col.  613,  lig.  22)  quel- 
quefois même  (regist.  de  l'église  de  Mont- 

1  Voy.  la  Revue  critique,  année  1878,  Impar- 
tie, page  330. 


pellier)  Eymin  et  Aymin,  fut  pasteur  de 
Lezan  (Gard),  de  1620  à  1637  ;  de  Quis- 
sac,  1643-47;  de  S'-Hippolyte  du  Fort, 
1658-60.  Son  petit-fils  ou  petit -neveu, 
Laurent  Eymar,  étudiant  es  lettres  à  Ge- 
nève (Laurentius  Eymar  delphinatus)  1761; 
en  théologie,  1765.  —  Pierre  Eymard,  fu- 
gitif de  Bordeaux  1685  (M  667). — Jacques 
Eymer,  de  Bergerac,  étudiant  àGenève  (Jac. 
Eymerius  brageracensis),  en  déc.  1625; 
ministre  à  Montpazier  et  Berbiguières, 
1637;  à  Baynac  et  Monsempront,  1665; 
Eymer  fils,  ministre  à  Casteinau  de  Gratte- 
combe,  1677  ;  à  Monsempront,  1681.  «  Jac- 
ques Eymer,  de  Guienne.  30  ans,  fils  de 
ministre,  »  assisté  à  Londres  (6  liv.  st.), 
1705.  —  Anne  Eymat.  de  Jonsac  en  Péri- 
gord,  assistée  àGenève  d'un  viatique,  1702. 
—  Mme  Eymet,  femme  d'un  avocat  de  Gre- 
noble, assistée  à  Genève,  1690. 

EYMAR  (Claude),  négociant  de  Mar- 
seille [Haag,  V46],  membre  de  l'acad.  du 
Gard,  né  à  Marseille,  en  1748,  d'une  fa- 
mille protestante  originaire  du  Dauphiné  '. 
Son  père,  qui  avait  acquis  une  fortune  im- 
mense dans  le  commerce,  l'envoya  dès 
l'âge  de  8  ans  à  Genève  où,  sous  la  direc- 
tion de  maîtres  habiles,  il  fit  d'excellentes 
études.  Ce  fut  dans  la  patrie  de  Rousseau 
que  le  jeune  Eymar  conçut  pour  le  célèbre 
philosophe  une  admiration  qui  ne  devait 
finir  qu'avec  la  vie.  Son  plus  ardent  désir 
était  de  contempler  le  grand  écrivain,  et  il 
profita  d'un  voyage  qu'il  fit  à  Paris^  en 
1774,  pour  se  satisfaire.  Sous  prétexte  de 
lui  donner  de  la  musique  à  copier,  il  re- 
tourna trois  fois  chez  lui  ;  mais  là  se  bor- 
nèrent ses  relations  avec  l'auteur  de  Y  Emile. 

Eymar  avait  pour  principe  qu'un  peuple 
ne  peut  être  à  la  fois  heureux  et  libre.  Il 
vit  donc  avec  peu  de  sympathie  la  Révo- 
lution ;  cependant  il  accepta  les  fonctions 
d'officier  municipal  en  1790  et  les  exerça 
jusqu'à  l'époque  de  la  Terreur,  où  renon- 
çant à  la  poHtique  et  au  commerce  pour 
se  consacrer  tout  entier  à  l'étude,  il  se  re- 
tira à  Bellegarde  près  Nîmes,  lieu  natal 
de  sa  première  femme  M"e  Formand,  et 
il  y  termina  sa  carrière  en  1822. 

Sur  la  fin  de  sa  vie,  Eymar  rédigea 
d'après  ses  souvenirs  et  sur  les  notes  qu'il 

1  Serait-il  identique  avec  Claude  Eymar  de  la 
vallée  de  Queiras,  qui  obtint,  en  1773,  droit  de 
cité  â  Genève  ? 


187 


EYMAR   —  EYNARD 


188 


avait  recueillies,  un  opuscule  qui,  sous  le  ti- 
tre (le  Mes  visites  à  J.-J.  Rousseau,  a  été  pu- 
blié dans  l'Histoire  de  la  vie  et  des  ouvra- 
ges de  Rousseau  par  Musset-Pathay  (Paris, 
i821,  2  vol.  in-8o),  avec  d'autres  opuscu- 
les intitulés  :  Examen  de  la  lettre  à  d'Alem- 
bert  sur  les  spectacles;  Examen  du  juge- 
ment de  Servan  sur  les  ouvrages  de  Rous- 
seau ;  Réponse  aux  critiques  de  Sénebier, 
Trembley  et  Frévôt  ;  Question  de  droit  po- 
litique ;  Rousseau  pouvait-il  renoncer  à  sa 
patrie  ;  Examen  de  la  Nouvelle-Héldise  ; 
Coup-d'œil  sur  l'Emile  ;  Analyse  du  Con- 
trat Social.  Eymar  a  laissé,  en  outre,  un 
assez  grand  nombre  de  mémoires.  Dans  un 
discours  de  {'Influence  des  peines  sur  les 
crimes,  couronné  par  l'acad.  de  Marseille 
en  1786,  et  publié  en  1787,  in-S»,  il  a  exa- 
miné la  relation  des  crimes  avec  la  douceur 
ou  la  sévérité  des  lois.  Dans  une  disserta- 
tion restée  msc.  Sur  la  nature  et  Vessence 
de  la  loi,  il  s'est  appliqué  à  faire  connaî- 
tre le  rapport  qui  doit  exister  entre  l'ap- 
préciation du  juge  et  la  moralité  du  délit. 
Dans  une  autre  Sur  le  droit  de  punir  et  la 
peine  de  mort,  il  a  soutenu  la  légitimité  du 
supplice,  tout  en  condamnant  les  abus.  Ses 
Recherches  sur  la  mendicité  ne  présentent 
pas  d'idées  nouvelles.  Il  affirme  que  la  so- 
ciété est  tenue  de  nourrir  et  de  soigner 
ses  pauvres,  non  pas  gratuitement,  mais  à 
charge  de  restitution,  les  pauvres,  à  moins 
d'être  incapables  de  travailler,  devant 
s'acquitter  par  le  travail.  Dans  son  Essai 
sur  le  principe  de  la  population,  il  a  cher- 
ché à  établir,  contre  les  économistes  an- 
glais, que  la  population  et  les  subsistances 
sont  en  raison  directe.  A  ces  mémoires 
qui  n'ont  point  été  non  plus  livrés  à  l'im- 
pression, nous  pourrions  en  ajouter  plu- 
sieurs autres  Sur  la  liberté  de  la  presse,  dont 
il  se  montre  médiocrement  partisan;  Sur 
l'ostracisme  ;  Sur  la  tolérance  ;  Sur  l'indé- 
pendance des  gens  de  lettres,  qu'il  lut  à 
l'académie  du  Gard,  mais  qui  sont  égale- 
ment restés  inédits,  ainsi  que  son  Appel  à 
la  postérité  ou  Examen  du  discours  de  J.-J. 
Rousseau  sur  les  sciences  ;  car  nous  suppo- 
sons que  ce  dernier  opuscule  est  différent 
de  la  Motion  relative  à  Rousseau  qui,  se- 
lon Quérard,  a  été  publiée  en  1790,  iii-8o. 

Eymar  ayant  perdu  sa  première  femme, 
épousa  en  secondes  noces  M'ie  de  Larnac 
qui  ne  lui  donna  pas  d'enfants. 

EYNARD,  famille  dauphinoise  réfugiée 


à  Genève  à  l'époque  de  la  Révocation  de 
l'édit  de  Nantes.  Elle  était  de  La  Raunie- 
Cornilliane,  bourg  d'environ  500  habitants, 
situé  non  loin  de  Valence^  et  s'y  était  en- 
richie par  le  commerce  et  l'industrie. 
C'est  de  là  qu'elle  vint  à  Genève  où  le  pre- 
mier des  MM.  Eynard  réfugié  dans  cette 
ville  y  acheta  la  bourgeoisie,  le  6  mars 
1686,  au  prix  très  élevé  de  4000  florins. 
Quant  à  dire  qu'ils  étaient  châtelains  de 
La  Raume  et  alliés  à  l'illustre  famille  des 
comtes  de  Monteynard  [Haag,  V  47]  et 
qu'ils  en  portent  les  armoiries,  ce  sont  des 
rêveries  que  les  généalogistes  les  plus  in- 
ventifs, les  MM.  Galiffe  eux-mêmes  n'osent 
avancer  qu'avec  réserve  '.  Ce  qui  paraît 
être  vrai  c'est  qu'en  1646,  l'église  réformée 
de  La  fiaume-Cornilliane  avait  parmi  ses 
anciens  *  un  Eynard  dont  un  descendant, 
Jacques  Eynard,  aussitôt  après  s'être  fait 
agréger  à  la  bourgeoisie  genevoise  comme 
nous  venons  de  le  dire,  prit  femme  (16 
déc.  1686)  dans  l'une  des  premières  famil- 
les de  la  République.  C'était  sans  doute  la 
conséquence  de  sa  situation  opulente.  L'acte 
porte  : 

Comme  il  y  a  promesse  de  mariage  entre 
sieur  Jacques  Eynai'd  marchand  bourgeois 
de  Genève  tils  du  sieur  Anthôine  Eynacd, 
aussi  marchand  de  La  Baume  Cornilliane 
en  Dauphiné  et  de  d"°  Sara  Calvier  d'une 
part,  —  et  d"'  Anne  Magdeleine  Grenus 
fille  du  sieur  Théod.  Grenus  ancien  audi- 
teur de  la  Justice  dudit  Genève  et  ded"'  Ma- 
rie Lullin  d'autre  part,...  il  est  ainsy  que  ce 
jourdhuy  12  oct.  1686,  le  sieur  Eynard 
père  a  constitué  et  constitue  par  le  présent 
acte  au  dit  s''  Eynai'd  fils  tous  et  un  chacun 
ses  biens  et  effects  qui  sont  de  présent  hors 
du  l'oyaume  de  France  consistans  tant  en 
fonds  de  négoce  de  drapperie,  créances  ou 
debtes  actives  qu'en  argent  contant  et  gé- 
néralement tout  ce  que  le  dit  s''  Eynard  fils 
a  en  son  pouvoir  sans  en  rien  réserver  audit 
s''  Eynard  père,  sauf  la  somme  de  40,000 
livres  pour  d'icelle  disposer  par  luy  à  ses 
plaisirs  et  volontés,  à  la  vie  et  à  la  mort... 
(G.  Grosjean  not.,  XVI  525). 

Jacques  Eynard,  introduit  de  plein  pied 

par  son  mariage  parmi  les  meilleures  fa- 

*  Voy.  Notices  généalog.  sicr  les  familles  gene- 
voises, t.  III,  p.  202. 

■•*  Les  antres  anciens  étaient  Jean  Chabrier, 
Nie.  Perrot,  Cheyssière,  M.  Chabrier,  V.  Fauve, 
C.  Bérenger,  Comte  et  Chénehier. 


1 


189 


EYNARD 


190 


milles  de  Genève  et  d'ailleurs  fort  riche, 
n'abandonna  nullement  son  négoce  ;  il 
rétendit  plutôt,  comme  le  prouvent  plu- 
sieurs contrats  d'apprentissage,  celui-ci  no- 
tamment, du  24  juin  1691,  par  lequel  un 
jeune  homme  s'engage  envers  Jacques  Ey- 
nard  pour  quatre  ans. 

Pendant  lequel  temps  le  dit  sieur  Eynard 
promet  d'instruire  le  dit  apprentif  en  la 
crainte  de  Dieu  et  aux  bonnes  mœurs,  le 
nourrir,  coucher  et  reblanchir,  et  luy  faire 
apprendre  a  faire  les  bats  dans  la  manifac- 
ture  qu'il  a  establie  soubs  la  direction  du 
sieur  Anthoine  Laval  et  tout  ce  qui  en 
despend  sans  luy  en  rien  cacher  en  tant 
toutefois  que  le  dit  apprentif  le  pourra  com- 
prendre... (J.  Fornet  not.,  VIII  277). 

Jacques  Eynard  fut  l'un  des  administra- 
teurs de  la  Bourse  françoise,  entra  dans  le 
grand  Conseil  de  la  République  en  1704 
et  mourut  en  1722.  Il  laissa  plusieurs  en- 
fants, notamment  Jean-Louis  Eynard  né  à 
Genève,  le  26  mars  1691,  avocat  et  publi- 
ciste,  auteur  de  divers  écrits  relatifs  à  la 
politique  genevoise,  restés  manuscrits  et 
de  peu  de  valeur,  car  Sénebier  (Hist.  litt. 
de  G.)  n'en  souffle  mot.  Il  mourut  (1784), 
à  l'âge  de  93  ans.  Son  plus  jeune  frère, 
Jacques,  né  en  1700,  lit  à  Genève  des  étu- 
des théologiques  qu'il  acheva  en  1718  par 
une  thèse  De  hominum  officiis  et  exerça 
avec  éclat  les  fonctions  de  pasteur  et  de 
professeur  à  Francfort  sur  le  Mein.  Il 
mourut  en  1773.  Un  des  fils  de  Jacques, 
Gabriel- Antoine,  né  en  1734,  continua 
le  commerce  de  ses  pères  à  Lyon  et  fut 
mêlé  aux  orages  de  la  Révolution.  Il  de- 
vint président  de  district,  courut  de  grands 
dangers,  perdit  sa  fortune  et  revint  en 
Suisse  où  il  mourut  en  1814. 

Gabriel-Antoine  épousa  Marie-Françoise 
de  Normandie  dernière  descendante  du 
célèbre  ami  de  Calvin,  Laurent  de  Nor- 
mandie, et  en  secondes  noces  Marie-Made- 
laine  Mœrikoffer  qui  lui  donna  une  fille  et 
deux  fils,  Jacques  (1772-1847)  et  Jean- 
Gabriel.  Il  était  banquier  à  Lyon. 

Ce  dernier  mérite  le  surnom  d'illustre. 
Ce  fut  un  de  ces  hommes  rares  qui,  dévo- 
rés de  l'amour  du  bien,  employent  toutes 
leurs  facultés  à  le  faire,  en  se  tenant  soi- 
gneusement à  l'écart  des  dignités  et  des 
honneurs  de  ce  monde,  auxquels  ils  pré- 
fèrent, principe  du  véritable  prolestant,  la 


fierté  de  la  conscience.  Jean-Gabriel  Ey- 
nard, né  à  Lyon  le  29  déc.  1775,  eut  à 
supporter,  tout  jeune  encore,  et  simple 
commis  dans  la  maison  de  son  père,  sa 
part  des  dangers  produits  dans  cette  grande 
ville,  en  1793,  par  le  règne  de  la  Terreur. 
En  1793,  il  alla  fonder,  avec  son  frère 
Jacques,  une  maison  de  commerce  qui  lui 
valut  promptement  une  grande  fortune.  Il 
profita  de  cette  position  pour  rendre,  comme 
financier,  d'éminents  services,  à  divers 
gouvernements  d'Italie,  le  royaume  d'Etru- 
rie,  Florence,  Gênes,  etc.  desquels  il  reçut 
de  vifs  témoignages  de  reconnaissance.  Il 
s'était  lié  à  Genève  avec  un  haut  fonction- 
naire russe,  le  comte  Capo-d'Islria  qui 
était  Grec  de  naissance  et  avait  dévoué  sa 
vie  à  l'œuvre  de  l'émancipation  de  sa  pa- 
trie courbée  sous  le  joug  des  Turcs.  Ey- 
nard, plein  de  généreuses  pensées,  s'asso- 
cia ardemment  aux  projets  de  son  ami  et 
se  dévoua  entièrement  lui  aussi  à  l'affran- 
chissement de  la  Grèce.  Jusqu'à  ce  que 
l'œuvre  fut  accomplie  et  même  longtemps 
après,  son  dévouement  fut  sans  bornes; 
ses  correspondances,  ses  voyages,  ses  né- 
gociations diplomatiques  (sans  titre  officiel) , 
ses  appels  à  la  sympathie  de  toute  l'Eu- 
rope en  faveur  des  Grecs',  ses  immenses 
sacrifices  d'argent,  rien  n'épuisa  son  zèle. 
Il  mérita  bien  d'être  appelé  «  Eynard  le 
philhellène,  »  quoiqu'il  ne  fut  guère  moins 
dévoué  à  toute  œuvre  de  bienfaisance.  Le 
zèle  religieux  était  au  fond  de  toutes  ses 
actions  et  les  églises  protestantes  de  France 
trouvèrent  toujours  en  lui  un  généreux  ap- 
pui. Il  se  retira  à  Genève  où  il  vécut  en- 
touré d'un  respect  universel  jusqu'au  5 
fév.  1863.  Un  petit  trait  de  sa  vie  privée 
le  peint  bien.  La  vieille  République  de 
Genève  jusqu'alors  si  honorée  tomba  en 
1794,  sous  l'effort  des  couches  nouvelles 
et  envieuses  qui  l'avaient  peu  à  peu  enva- 
hie, dans  une  méprisable  imitation  des 
faits  et  gestes  de  la  Terreur  qui  régnait 
encore  en  France.  Un  «  tribunal  révolu- 
tionnaire »  qui  fonctionna  18  jours,  du  23 
juillet  au  10  août,  prononça  418  condam- 
nations contre  des  citoyens  coupables  d'ap- 
partenir à  l'aristocratie  du  pays,  et  dans 
le  nombre  onze  condamnations  à  mort. 
Sept  de  ces  honorables  citoyens  furent 
aussitôt  fusillés,  tous  ensemble,  vers  mi- 
nuit à  la  lueur  des  flambeaux,  dans  un  an- 
gle écarté  de  la  principale  promenade  de 


191 


EYNARD 


EYNARDON 


192 


la  ville,  et  les  quatre  autres  subirent  le 
même  sort  quelques  jours  plus  tard.  Cet 
angle  funeste  resta  pendant  vingt  ans  une 
sorte  de  pudendum  politique  devant  lequel 
à  peine  osait-on  passer.  La  ville  ne  pouvait 
s'en  défaire  à  aucun  prix,  lorsque  M.  et 
Mme  Eynard  (MHe  A.-C.-A.  Lullin  de 
Châteauvieux)  s'en  rendirent  acquéreurs, 
et  pour  effacer  jusq'à  la  trace  d'un  san- 
glant souvenir,  y  construisirent,  pour  y 
résider,  une  habitation  somptueuse,  inspi- 
rée du  style  grec,  qu'on  appela,  qu'on  ap- 
pelle encore  :  «  le  palais  Eynard,  »  et  qui 
est  restée  la  plus  imposante  de  toute  la 
ville. 

Un  neveu  du  philhellène,  Charles - 
Franc. -Adolp.  Eynard,  fds  de  Jacques,  né 
en  1808,  imbu  des  sentiments  patriotiques 
et  religieux  de  toute  sa  famille  a  bien  mé- 
rité des  lettres  par  quelques  ouvrages,  où 
brillent  ces  sentiments  joints  à  une  très 
agréable  culture  des  lettres.  On  a  de  lui  : 

I.  Essai  sur  la  vie  de  M.  Tissot,  docteur 
en  médecine,  professeur  à  l'université  de 
Pavie  et  à  l'acad.  de  Lausanne,  contenant 
des  lettres  inédites  de  Voltaire,  Rousseau, 
Napoléon,  etc.,  Lausanne,  1839,  in-8o. 

IL  Le  chevalier  Guisan,  sa  vie  et  ses 
travaux  à  la  Guyane;  Paris,  1844,  in- 
12. 

III.  Lucques  et  les  Burlmnachi.  Souve- 
nirs de  la  Réforme  en  Italie  ;  Paris,  Ab. 
Cherbuliez,  1848,  in-12. 

IV.  Vie  de  Madame  de  Krudener  ;  Pa- 
ris, 1849,  2  vol.  in-8o. 

Charles  Eynard  est  mort  le  23  septemb. 
1876.  Il  avait  épousé  une  fdle  adoptive  de 
son  oncle  Jean-Gabriel,  dont  il  a  laissé  plu- 
sieurs enfants. 


EYNARDON  (Madeleine),  femme  de 
Pierre  Chevalier,  de  St-Etienne-de-St-Jeoi- 
re  en  Dauphiné,  morte  à  l'hôpital  de  Lau- 
sanne, mai  1692.  Josué  Eynardon,  de  S*- 
Etienne-de-Jouaire,  63  ans,  allant  en  Al- 
lemagne, assisté  <à  Lausanne^  juill.  1697, 
mort  en  novembre.  —  Suzanne  Eyraut, 
de  Bonrepos,  femme  d'Alexandre  Eyraut, 
de  Gap,  assistée  à  Lausanne,  avec  un  en- 
fant, et  son  mari  à  Vevey,  1692-94;  — 
Paul  Eyraud,  dit  aussi  Hérault,  originaire 
du  Dauphiné  comme  les  précédents,  na- 
quit à  Genève,  y  fit  ses  études  (Paulus 
Eyraudus  genevensis,  1686)  et  y  reçut  la 
consécration.  Son  premier  poste  fut  celui 
de  chapelain  du  genevois  François  Le 
Fort,  ambassadeur  du  czar  Pierre  le 
Grand.  Il  servit  ensuite,  pendant  environ 
17  ans,  comme  pasteur,  l'église  de  Vezel. 
Puis,  en  nov.  1712,  il  fut  appelé  comme 
premier  pasteur  à  Copenhague  et  chapelain 
de  la  reine  de  Danemark.  Il  prit  possession 
de  ce  poste  au  printemps  de  1713.  En 
1728,  le  grand  incendie  de  Copenhague 
ayant  détruit  une  partie  de  la  ville,  il  fut 
désigné  pour  aller  collecter  à  l'étranger 
au  nom  des  églises  française  et  allemande 
et  fit  le  4  mars  1731  avec  les  pasteurs  al- 
lemands, la  consécration  du  nouveau  tem- 
ple. Il  mourut  à  Copenhague,  18  juin 
1743,  âgé  d'environ  74  ans,  laissant  veuve 
A.-MariePersode  fille  d'un  officier  général 
prussien  ;  —  P. -Paul  Eyraud,  probable- 
ment son  fils,  né  à  Copenhague  et  ordonné 
à  Genève,  lui  succéda  comme  pasteur  de 
Copenhague  de  1743  à  1783.  —  Denys 
Eyrieu,  ministre  au  Pont-de-Royans,  1561 
(Tt28o). 


I 


193 


FABAS   —    FABER 


194 


FABAS  (Eienne),  pasteur  à  Morlas,  col- 
loque de  Pau,  1626-37.  —  Autre  Fabas, 
pasteur  à  Osse,  colloque  d'Oleron,  1620. 
—  Autre,  pasteur  de  La  Bastide  en  Lan- 
guedoc, délégué  au  synode  de  S^-Antonin, 
septen)b.  1672.  —  Jean  de  Fabas,  voyez 
Fa  vas. 

FABER  ou  Le  Fèvre  (Jean-Rodolphe), 
était  fds  de  Gabriel  [Haag,  VI  497],  avo- 
cat au  parlement  de  Grenoble.  Le  père  se 
retira,  pour  cause  de  religion  à  Lausanne. 
Quant  au  fds,  il  naquit  probablement  dans 
cette  dernière  ville.  Les  Conchisiones  de 
l'académie  de  Die  le  disent,  et  si  les  archi- 
ves de  l'acad.  de  Lausanne  le  nomment 
Gratianopolitanus,  c'est  probablement  en 
souvenir  de  son  origine.  Il  alla  faire  ses 
études  en  France,  notamment  aux  collèges 
de  Bergerac  et  de  Montpellier  et  il  y  obtint 
le  titre  de  pasteur  ^.  Le  capucin  converti 
G.  Martin,  dans  son  Mercure  réformé 
(1618),  l'appelle  «  un  homme  maigre  et  sec 
éprouvant  le  besoin  de  sacrifier  aux  grâces.  » 
En  1611,  lorsque  le  bâlois  Jean  Steck  eut 
quitté  la  chaire  de  philosophie  qu'il  occu- 
pait à  Die,  Jean -Rodolphe  se  mit  sur  les 
rangs  pour  lui  succéder  et  il  l'emporta  sur 
ses  concurrents.  C'était  un  esprit  d'une 
activité  extrême,  d'une  érudition  solide  et 
possédant  surtout  des  connaissances  très 
étendues.  Outre  sa  charge  de  professeur  de 
philosophie,  il  prit  en  1613,  celle  d'impri- 
meur et  libraire  de  l'acad.  de  Die  *,  et  en 
même  temps,  docteur  en  droit  et  très 
amoureux  de  jurisprudence,  il  plaidait  as- 
sidûment au  tribunal  de  la  justice-mage  de 
Die.  L'académie  ne  se  trouva  point  satis- 
faite de  cet  excès  de  science  et  par  son 
Bureau  lui  fit  défendre  de  plaider.  C'était 
en  1619,  époque  où  un  synode  se  réunis- 
sait à  Gap.  Le  professeur-imprimeur-avo- 

1  Histoire  de  l'acad.  protestante  de  Die,  par 
le  past'  E.  Arnaud  (1872,  in-S»),  p.  59. 

*  E.  Arnaud  (Notice  sur  les  imprimeurs  de 
l'aead.  de  Die;  Grenoble,  1870;  et  Suppl.  à  la 
Notice,  Gren.  1886)  cite  une  dizaine  d'ouvrages 
sortis  de  ses  presses  de  1613  à  1617. 


cat  porta  ses  doléances  au  synode,  qui  fut 
très  embarrassé,  car  il  édicta  que  la  déci- 
sion académique  était  confirmée  ,  —  mais 
qu'il  serait  permis  au  plaignant  «  de  don- 
ner des  avis  à  ses  amis  et  aux  pauvres, 
comme  aussi  d'écrire  en  son  particulier 
quand  il  en  serait  requis,  sans  distraction 
de  sa  charge.»  La  même  année,  Faber  ven- 
dit son  imprimerie  et  dès  le  26  octob.  1620 
il  prit  congé  de  Die  et  de  son  académie 
pour  aller  professer  à  Lausanne  où  il  était 
appelé.  Le  liber  academicus  de  cette  der- 
nière ville  porte,  sous  l'année  1620  : 
«  Philosophiae  professer  factus  est  Johan- 
nes  Rudolphus  Faber  gratianopolitanus, 
juris  utriusque  doctor.  »  Il  occupa  donc 
pendant  quelques  années  la  chaire  de  phi- 
losophie à  Lausanne.  Dans  le  recueil  des 
Thèses  philosophicse ,  composées  par  les 
professeurs  et  soutenues  sous  leur  prési- 
dence, on  en  compte  sept  de  lui  de  1621  à 
1623.  C'est  durant  le  même  intervalle 
qu'il  adressa  aux  magistrats  de  Berne  l'épî- 
tre  suivante  (sans  date)  destinée  à  servir 
de  dédicace  pour  un  livre  de  sa  composi- 
tion sur  la  dialectique  de  Pierre  Ramus 
comparée  à  celle  d'Aristote  : 

Magnifiques,  haults  et  puissants  Seigneurs, 
Entre  les  Perses  il  y  avoit  une  loy  par 
laquelle  tous  les  subiects  estoyent  tenus  au 
bout  de  chasque  année  de  s'adresser  a  leurs 
Magistrats  et  leur  rendre  compte  de  leurs 
estudes  et  travaulx.  C'est  ce  qui  a  occa- 
sionné vostre  très  humble  et  obéissant  su- 
biect  et  serviteur  Hans  Rodolph  Faber, 
Professeur  en  Philosophie  en  vostre  Acadé- 
mie de  Lausanne,  non  seulement  de  venir 
expressément  rendre  compte  de  sa  charge 
a  vos  Ex<"'  mais  aussi  leur  offrir  d'une 
main  toute  remplie  d'humilité  un  travail 
qu'il  a  dressé  et  façonné  le  plus  soigneuse- 
ment qu'il  luy  a  esté  possible  durant  ceste 
année,  contenant  la  briefve  et  claire  exposi- 
tion de  la  Dialectique  de  Ramus,  ensemble 
une  soigneuse  et  fidèle  conciliation  d'icelle 
avec  Aristote,  laquelle  il  a  faite  imprimer 
a  la  grande  sollicitation  de  ses  amis  pour 

VI.  7 


195 


PABER 


196 


le  bien  et  avancement  des  estudes  de  la  ieu- 
Inesse.  Et  non  content  de  cela,  pour  donner 
plus  de  lustre  et  de  splendeur  a  son  travail, 
il  a  prins  l'hardiesse  d'engraver  au  frontis- 
pice d'iceluy  les  haults  et  magnifiques  til- 
tres  de  vos  Ex""  et  le  vouer  et  consacrer, 
comme  il  fait  à  présent  en  toute  humilité 
à  vostre  puissant  et  fleurissant  Sénat,  sur 
l'asseurance  qu'il  a  qu'il  ne  sera  refusé, 
non  plus,  que  Xerxe  Roy  des  Perses  ne  re- 
fusa l'eau  que  luy  présenta  une  femmelette, 
ayant  plus  d'esgart  à  son  cœur  qu'à  sa 
main.  Et  comme  il  pleust  a  vos  Ex""  de 
recevoir  d'une  bénigne  main  en  l'année  mil 
six  centz  treize  un  travail  de  controverses 
et  disputes  en  philosophie  qu'il  vinst  vous 
offrir  lorsqu'il  estoit  Professeur  à  Dije  en 
Daulphiné,  aussi  il  estime  que  vos  dites 
Ex""  ne  feront  aucune  difficulté  de  recevoir 
d'un  œil  gracieux  une  partie  de  ce  qu'il  a 
travaillé  depuis  qu'il  est  en  charge  de  Pro- 
fessur  en  vostre  Académie  de  Lausanne. 
Promettant  si  Dieu  luy  preste  vie,  et  luy 
en  donne  les  moyens  et  commodités,  de 
fayre  suyvre  un  grand  corps  de  toute  la 
Physique  dans  peu  de  temps,  desia  par  luy 
composé  et  dressé  méthodiquement  par 
préceptes  et  controverses,  et  de  là  passer 
à  la  Métaphysique,  affln  qu'il  y  ayst  les 
trois  parties  de  sa  profession  ;  le  tout  soubs 
vostre  heureux  estendart  et  souveraine  con- 
duite, au  bien  du  public  et  des  particuliers  : 
à  quoy  il  sera  de  plus  fort  encouragé  si 
par  vos  dites  Ex""  le  petit  présent  qui  leur 
est  maintenant  par  luy  offert  en  recognois- 
sance  du  droict  qu'elles  ont  sur  luy,  et  grand 
bien  qu'il  reçoit  de  leur  Libérale  main,  est 
par  icelles  receu  et  veu  d'une  main  bénigne, 
et  regard  gracieux,  comme  venant  de  celui 
qui  est  et  qui  vivra  et  mourra  en  qualité  de. 
Magnifiques  haults  et  puissants  Seig",  Vos- 
tre très  humble  très  fidèle  et  très  obéissant 
subiect  et  serviteur  Hans  Rodolphe  Faber. 

Cet  ouvrage,  mentionné  au  n»  V  de  la 
liste  bibliographique  ci -après,  ne  parut 
qu'en  1623,  à  Genève.  Notre  philosophe, 
en  cette  même  année  1623,  en  fit  paraître 
un  autre  dont  l'extrême  bizarrerie  souleva 
contre  lui  l'opinion  pubhque.  On  s'occu- 
pait alors  à  Lausanne  d'un  procès  crimi- 
nel pour  un  fait  d'avortement.  Sans  que 
rien  l'y  invitât,  le  professeur  prit  fait  et 
cause  pour  les  accusés  en  se  fondant  sur 
ce  que  dans  tout  être  humain,  selon  lui  et 
selon  des  auteurs  qu'il  cite,  il  y  a  trois 
âmes  différentes,  la  végétative,  la  sensitive 


et  la  rationnelle  ;  que  la  première  dure  70 
jours  chez  les  garçons  ;  100  jours  chez  les 
tilles  ;  que  la  seconde  dure  jusqu'au  sixiè- 
me mois  et  que  ces  deux  premières  sont 
mortelles  et  passagères,  en  sorte  qu'il  n'y 
a  pas  de  crime  si  le  fait  incriminé  s'est 
passé  avant  le  sixième  mois.  Il  développa 
cet  étrange  système  dans  un  livre  écrit  en 
français  et  portant  ce  titre  :  Le  Cabinet  ines- 
timable de  la  femme  ;  et  ce  qu'il  y  a  de  non 
moins  étonnant,  c'est  que  grâce  à  lui,  les 
deux  coupables  (car  ils  avaient  avoué  les 
faits)  échappèrent  à  la  sentence  de  mort 
qu'ils  avaient  encourue  et  en  furent  quit- 
tes pour  un  simple  bannissement.  Mais 
Leurs  Excellences  de  Berne  s'émurent  et 
demandèrent  des  explications  à  l'académie 
de  Lausanne  qui  s'excusa  en  alléguant  que 
le  livre  de  Faber,  par  une  incorrection 
qu'il  avait  déjà  commise  une  autre  fois, 
avait  paru  sans  qu'elle  en  eût  aucune  con- 
naissance. Aussi  le  Conseil  de  Berne,  par 
une  sentence  en  date  du  24  nov.  1623, 
déclara  que  l'inestimable  Cabinet  serait 
détruit  comme  livre  dangereux  \  condam- 
na l'auteur  à  six  jours  de  prison  et  le  des- 
titua. Le  Liber  academicus  inscrit  discrète- 
ment cette  brève  mention  :  «  1624.  Eodem 
anno  cum  supradictus  Faber  librum  quem- 
dam  gallicum  typis  mandari  curasset,  in 
quo  multa  non  satis  honesta  et  qusedam 
periculosa  continebantur  hinc  migrare  jus- 
sus  est.  ï 

Où  se  retira-t-il  ?  A  Grenoble,  où  il  se 
livra  sans  contrainte  à  son  goût  pour  les 
lois  et  la  plaidoirie.  C'est  ce  qu'il  nous 
fait  voir  dans  la  préface  d'une  «  Clef  de  la 
jurisprudence  »  qu'il  publia  une  vingtaine 
d'années  plus  tard  (vicennium),  en  1638, 
et  dans  laquelle  il  explique  au  lecteur  et 
aussi  au  président  du  parlera,  de  Grenoble, 
qu'il  avait  dès  lors  interrompu  ses  études 
philosophiques  pour  se  faire  inscrire  au 
tableau  des  avocats  : 

Vicennium  jam  est  elapsum,  candide  et 
bénévole  lector,  quod  philosophicis  studiis 
ferè  omnibus  intermissis,  in  advocatorum 
album  adscriptus  me  jurisprudentiae,  genio 
aliquo  modo  suadente,  mancipavi   et  cum 

1  Nous  n'avons  pas  trouvé  cet  ouvrage.  Mais 
on  peut  voir  le  détail  de  l'affaire  (rédigé  en 
allemand)  aux  Archives  cantonales  de  Lausanne, 
Kireh  und  Académie  geschdfte,  III. —  Nous  devons 
tous  ces  renseignements  à  M.  Eni.  Cha VANNES. 


197 


FABER 


198 


•eacommercium  habui.Quo  flueate  vicennio, 
-si  minus  curis  ac  studiis  forensibus,  jucun- 
(Ise  praxi  viros  locupletanti,  gratam  auri 
messem  et  leetam  argent!  vindemiam  pro- 
ducenti  deditus  ;  si  minus  in  consultationi- 
bus  occupatus  fuei'im  et  causas  in  judicio 
dixerim  nisi  forte  raro,  undè  video  alios 
bonis  ditatos  et  fortunis  auctos  ;  at  non 
ideo  jurisprudentiae  studio  fui  aversus, 
nec  ab  omni  opère  juridico  vacavi,  famem 
semper  comitem  esse  non  laboranti  viro  ra- 
tus,  interdum  ex  cathedra  quandoque  pri- 
vatim  habitis  lectionibus  et  exercitiis,  tyro- 
nes  legum  cupidos  ad  civilem  sapientiam 
perducei'e  conatus  sum,  undè  sanè  non  ma- 
gnam  hue  usque  reportavi  utilitatem.  Is  in- 
térim animus  fuit  ut  si  quod  esset  excepti  a 
docendi  munere  temporis ,  id  omne  ad 
aliquid  scribendum  in  communem  hominum 
utilitatem  sedulo  conferrem.  Lectiones  ergo 
meas  in  Institutionum  Justinianearum  li- 
bres ex  limpidissimis  juris  fontibus  desum- 
ptas,  legibus  quamplurimis  suffultas,  ex 
variorum  Jurisconsultorum  authoritate  et 
doctrina  compilatas  atq.  comprobatas.  lUse 
primse  sunt  in  jure  meae  lucubrationes  sed 
non  fortassè  ultimse,  si  Deus  vitam  produ- 
xerit  et  si  hoc  publiée  exeipi  plausu  animad- 
vertero. 

Il  envoya  l'ouvrage  à  Genève  avec  la 
lettre  que  voici  : 

A  MM.,  MM.  les  Ministres  et  Professeurs  de 
l'Eglise  et  Académie  à  Genève.  —  De 
Grenoble  ce  28  dejanv.  1638. 

Messieurs,  ayant  soubs  la  favorable  assis- 
tance de  l'Etei-nel  composé  auec  un  pénible 
travail  un  œuvre  de  droict,  ci-inclus,  mis 
-au  jour  depuis  peu  de  jours,  j'ay  prinse 
l'hardiesse  de  vous  en  envoyer  un  exem- 
plaire pour  vous  supplier  de  luy  donner  le 
dernier  rang  dans  vostre  Bibliothèque  '  en- 
core qu'il  ne  le  mérite,  je  reputeray  cela  à 
un  singulier  bonheur,  et  faveur  signalée, 
et  surtout  que  mon  nom  puisse  estre  pour 
une  quatrième  fois  enregistré  et  placé  entre 
tant  de  célèbres  autheurs  qui  reluisent  dans 
vostre  riche  Bibliothèque,jusqu'à  ce  que  dans 
une  meilleure  occasion  je  vous  puisse  fayre 
voir  que  je  suis,  Messieurs,  Vostre  très  hum- 
ble et  très  obéissant  serviteur  Le  Feure. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1643, 
Jean-Rodolphe  publia  uii  autre  ouvrage  de 
droit;  mais  nous  ne  savons  quand  ni  com- 
ment se  termina  sa  carrière.  La  liste  chro- 

•  Il  y  est  encore,  avec  Vex  dono  de  l'auteur. 


nologique  de  ses  ouvrages,  pour  autant 
que  nous  les  connaissons,  est  tout  ce  que 
nous  pouvons  offrir  de  plus  au  lecteur,  sur 
ce  Faber  ou  Le  Fèvre,  savant  tellement 
complexe  que  nous  en  aurions  fait  deux 
personnages  distincts  sans  l'assistance  que 
nous  ont  fournie  les  registres  de  l'acad.  de 
Lausanne  et  la  critique  judicieuse  de  leur 
gardien,  notre  docte  collaborateur,  M.  le 
professeur  Vuilleumier.  Ajoutons  qu'il 
y  avait  grand  risque  de  le  confondre  avec 
un  autre  personnage  du  nom  de  Fabri, 
prénommé  de  même  Jean-Rodolphe  (sui- 
vant le  Livre  du  recteur  et  VHist.  litt.  de 
Senebier),  ou  Jean-Adolphe  (suivant  MM. 
Amiel  et  Bouvier  dans  leur  notice  sur  l'En- 
seign.  supérieur  à  Genève,  1878  in-4o). 
Ce  Fabri  était  citoyen  de  Genève,  allié 
aux  meilleures  familles  de  la  République, 
professeur  à  Genève,  de  droit  en  1612,  de 
mathématiques  en  1631,  de  grec  en  1633, 
marié  (1633)  avec  Anne  Andrion  qui,  de- 
venue veuve  (en  1638)  se  remariait  en 
mai  1640  (Is.  de  Monthouz,  not.  XIII,  109) 
et  Senebier  après  avoir  avancé  qu'il  ensei- 
gnait les  Institutes  de  Justinien  à  Genève 
dès  l'année  1612  le  donne  pour  l'auteur  de 
quatre  ouvrages  que  nous  attribuons  au 
savant  de  Die,  Lausanne  et  Grenoble  (sa- 
voir les  nos  v^  VI,  IX  et  X  de  la  liste 
suivante)  ;  mais  sans  être  sûr  que  Senebier 
ait  tort  de  tout  point,  il  nous  sera  permis 
d'hésiter  plus  d'une  fois  dans  le  dédale 
des  Faber,  Fabre,  Favre,  Fèvre, -Le  Fèvre 
et  Fabri  ou  Fabry. 

I.  Controverses  et  disputes  en  philosophie  ; 
Die,  1612  ou  1613.  —  C'est  le  travail  in- 
diqué par  l'auteur  dans  sa  lettre  à  MM.  de 
Berne  ci-dessus,  col.  19S. 

II.  Medulla  logica...  authore  Joh.  Ro- 
dolpho  Fabro  apud  Dienses  philosophix 
professore  ;  Deiœ  Augustae  Vocontiorum 
excudebat  Joh.  Gauterius  typographus  aca- 
dem.  1613;  in-8o  5  feuill.  prélim.  et  384 
p.  —  L'auteur  présente  ce  livre,  le  8  mai 
1613,  au  synode  do  Mens  par  qui  lui  furent 
allouées  38  liv.  de  gratification. 

III.  Sophise  viridaria,  purpurissatis  re- 
ferta  violis,  quss  pro  suprema  philosophiee 
laurea  decoranda  patebunt,  omnibus  viola- 
rum  odore  reari  cupientibus  ;  Praeeunte  D. 
Joh.-Rod.  Fabro  philosophiae  professore  et 
gymnasta,  ad  diem  6  septemb  1617  ; 
Deia3  Augnsta3  Vocontiorum,  1617  in-12  ; 
24  p. 


199 


FABER 


FABRE 


200 


IV.  Thèses  philosophiques  de  Lausanne  ; 
De  judicio,  162i  ;  De  cœlo,  1621  ;  De  ele- 
mentis  physicis,  1621  ;  De  corpore  perfecte 
miœto,  inanimato  et  animato  in  génère, 

1622  (Cette  thèse  avait  été  précédée  d'une 
autre,  De  corpore  imperîecte  mixto,  qui  ne 
s'est  pas  conservée)  ;  De  corpore  végétante, 
sentiente  et  intelligente,  1622;  De  mundo 
in  génère,  1623  ;  Thèses  miscellaneœ  ex 
variis  disciplinis  depromptee,  1623. 

V.  Totius  logicx  peripateticse  Corpus... 
nec  non  totius  Organi  Àristotelico-Ramxi 
compendium...  autore  Joh.  Rod.  Fabro 
jurisprud.  et  philosophise  in  inclyta  illus- 
tris  reipub.  Bernensis  apud  Lausannates 
patriâ  academiâ  doctore  et  professore  ordi- 
nario;  Aurelianae  [Allobrogum  ;  Genève], 
apud  viduam  et  hœr.  Pétri  de  la  Rovière, 

1623  ;  in-4o  16  feuil.  prél.  et  590  p.  ;  plus 
106  p.  et  10  feuill.  de  table  pour  YOrga- 
num  Aristotelico  Ramseum.  —  Epître  dédi- 
catoire  à  Albert  Manuel  consul  de  Berne 
et  à  Nicolas  Dnckselhoffer.  Il  rend  grâce 
au  premier  de  l'amitié  qu'il  avait  pour  le 
défunt  père  de  l'auteur,  d'avoir  été  le  par- 
rain de  son  fils  Albert  qui  n'est  plus  et 
d'aimer  encore  son  plus  jeune  fils  qui  vient 
de  naître  (ce  fils  est  peut-être  son  livre). 
«  Et  toi  clarissime  seigr  Nicolas,  dit-il  en- 
suite, qui  vint  jadis  étudier  à  Die  et  pen- 
dant près  de  deux  ans  m'y  as  écouté  »... 
Cette  épître  est  datée  :  Lausannaî  ex  mu- 
saeo  nostro,  X  mart.  anno  1623.  C'est  vrai- 
semblablement à  cet  ouvrage  que  se  rap- 
porte la  lettre  ci-dessus  reproduite,  col.  194. 

VI.  Le  cabinet  inestimable  de  la  femme  ; 
Lausanne,  1623.  —  Livre  supprimé  par 
l'autorité  et  dont  aucun  exemplaire  n'a  pu 
être  retrouvé. 

VII.  Cursus  physicus  in  quo  totius  philo- 
sophiee  naturalis  Corpus  assertionibus  et 
qusestionibus  xaTaay.EuatjTiJcâ);  y.k%  avaaxeuaa- 
Ttxw;  in  gratiam,  philosophise  alumnorum 
perspicuè  et  br éviter  explicatur  à  Jo.  Rod. 
Fabro  philosophise  et  jurium  doctore  ;  Ge- 
nevae,  apud  Petrum  Aubertum,  1625,  in- 
8o  de  20  f.  prélim.,  496  p.  et  16  f.  d'in- 
dex. —  Epitre  dédicatoire  «  domino  Lu- 
dovico  de  Champaigne  comiti  de  La  Suze, 
baroni  de  Brouassin,  Coulans,  Louppe- 
lande,  Landes,  Normanville  et  Lumigny, 
apud  potentiss.  rempublicam  Bernensem 
rei  militaris  Prsefecto.  »  «  Jarndiù,  lui  dit- 
il,  illustris.  et  generose  cornes,  Cursuin 
meum  physicum  ex  priscorum  et  neoteri- 


corum  decretis  concretum  et  tredecim  an- 
norum  leetione  et  professione  publica  con- 
tractum,  in  publicam  educere  lucem  apud 
me  statueram,  etc.  »  La  préface  au  lecteur 
commence  par  une  allnsion  à  son  livre  sur 
Aristote  et  Ramus  :  Superioribus  annis 
Cursum  meum  logicum  totius  organi  Sta- 
gyritani  et  Ramsei  praecepta  et  usum  de- 
monstrantem  typis  descripsi  ;  nunc  Cur- 
sum physicum  etc. 

VIII.  Le  pourtrait  de  l'homme  mis  à  son 
jour  et  rehaussé  en  vives  et  esclatantes 
couleurs,  par  Jean-Rodolphe  Le  Fevre, 
docteur  es  droicts  et  advocat  au  parlem.  de 
Dauphiné,  auquel  est  dépeint  tout  ce  qui 
est  de  plus  rare,  curieux  et  utile  au  monde  ,~ 
Grenoble,  chez  Richard  Cocson,  1629, 
in-8o  de  4  f.  et  104  p.  Dédié  à  Claude  Ton- 
nard  s«"  d'Izon,  conseiller  en  la  chambre 
de  l'Edit. 

IX.  Clavis  jurisprudentise  sive  brevis  ac 
methodica  Instilutionum  Justiniani  expli- 
catio.  Omnes  divse  Astrsese  amore  capto^ 
adsumma  jurisprudentise  promovens  fasti- 
gia.  Auctore  Joh.  Rodolpho  Fabro  J.  V. 
D.  et  in  augustissimo  senatu  Gratianopo- 
litano  advocato  ;  Ed.  Rabanus  typ.  1638, 
in-4o  de  16  feuill.  prélim.  et  334  p. 

X.  Systema  triplex  juris  civilis,  crimi- 
nalis  canonici  et  feudalis;  Genevœ,  1643, 
in-fol. 

XI.  On  a  encore  de  lui,  dit  M.  Rochas 
(Biogr.  du  Dauphiné),  un  ouvrage  de  droit 
intitulé  Aviarium  juris  «  que  nous  ne 
connaissons  pas  autrement.  > 

MM.  Haag  ont  ajouté  [VI,  497]  :  Fau- 
drait-il rattacher  à  cette  famille  (celle  de 
Jean -Rodolphe)  un  ministre  de  l'église 
française  de  Bischweiler,  Emmanuel-Claude 
Faber,  mort  dans  la  dite  ville  en  1752 
selon  Adelung,  et  auteur  de  Quarante  ta- 
bles politiques  de  la  Suisse,  pub.  à  Basle, 
1746,  in-folio. 

1.  FABRE  (Marc)  chaussetier,  du  lieu 
de  Bessière  dioc.  d'Alby,  reçu  habitant  de 
Genève,  mai  1556;  —  (Anthoine)  «  cor- 
donnier, natif  de  Barcillonneen  Provence,  » 
id.  déc.  1557  ;  —  (Pierre)  «  de  Larche  eu 
Terre  neuve,  ressort  du  dioc.  d'Aix  en 
Provence,  »  id.  juill.  1558; —  «  à  Olive  Fa- 
bre,  pauvre  vefve  de  Auvergne  chargée  de 
2  enfans,  3  sols  »  (Bourse  fr.  de  Genève),, 
déc.  1556.  —  Antoine  Fabre,  «  qui  avait 
déjà  beaucoup  souffert  pour  la  religion, 
procureur  du  Roi  en  la  baronie  de  Non- 


1 


201 


FABRE 


202 


nay,  pareillement  Jean  Monchal  honneste 
bourgeois  et  Ymbert  Ranchon  chirurgien, 
tous  trois  anciens  du  consistoire,  furent 
précipitez  de  la  haute  tour,  en  la  pré- 
sence et  du  commandement  de  S.  Chau- 
niont,  monstrans  une  singulière  cons- 
tance, »  janv.  1563  {Crespin).  —  Fabre 
intrépide  soldat  des  premières  guerres  de 
religion  (1562)  que  les  catholiques  avaient 
espéré  séduire  et  décider  à  leur  ouvrir  les 
portes  de  Nimes.  Il  feignit  de  se  prêter  à 
leur  projet  et  secondé  par  le  caporal  André 
Rangon,  il  les  fit  tomber  dans  une  embus- 
cade qui  leur  coûta  cher  [Haag,  V  51J. — 
Noble  Jehan  Fabre,  délégué  de  la  ville  de 
Cornus  près  St-Affrique  au  synode  de  Mil- 
hau,  1573.  —  Fabre,  vaillant  sergent,  puis 
capitaine  huguenot  combattant  dans  le  pays 
Castrais  de  1574  à  1589  où  il  est  tué  dans 
une  attaque  malheureuse  {Mém.  de  Gâches). 
2.  FABRE  (Gaspard)  «  ayant  ci-devant 
charge  d'une  bande  de  gens  de  pied  sous 
le  baron  des  Adrets,  »  fils  de  messire  Gas- 
pard Fabre  chevalier,  mestre  de  camp  des 
bandes  provinciales  et  capitaine  de  la  ma- 
rine du  Levant  et  de  d'ie  Fagotine  de  Vil- 
lefort,  demeurans  en  la  ville  de  Marseille. 
Il  épousa,  25  mars  1580,  Anne  de  Saunier 
lille  de  noble  Louis  de  Saunier  sieur  de  La 
Roche  et  de  feue  d"e  Anne  de  Baudreux, 
demeurans  au  lieu  de  La  Barre  dioc.  de 
Mende  ;  en  faveur  duquel  mariage  la  dite 
future  se  constitue  tous  les  biens  à  elle 
appartenans  de  la  succession  de  sa  mère, 
et  son  père  lui  donne  la  moitié  des  siens 
comme  étant  sa  fille  unique,  a  condition 
que  le  dit  futur  et  les  siens  porteront  les 
Armes  du  sieur  Saunier  qui  sont  =  d'or 
à  une  fasce  de  gueules  avec  deux  palmes 
«a  sautoir.  —  Le  26  oct.  1611,  contrat  de 
mariage  de  noble  Jean  Fabre  capitaine,  fils 
de  nob.  Gaspard  Fabre  ancien  capitaine  et 
seigr  de  La  Roche  et  de  feue  dUe  Anne  de 
Saunier,  demeurans  au  lieu  de  Ste-Croix 
dioc.  de  Mende,  avec  dUe  Toinette  du  Cre- 
mat  fille  de  nob.  André  du  Cremat  et  de 
d'ie  Suzanne  de  Gabriac.  —  Le  7  fév.  1651 
•contrat  de  mariage  de  nob.  Philibert  de 
Fabre  sr  de  Beauchamps,  fils  de  nob.  Jacob 
de  Fabre  et  de  d'ie  Diane  de  Finot  demeu- 
rans à  Nîmes,  avec  di'e  Louise  fille  d'An- 
toine d'Escudier  et  de  dme  Claude  de  Ro- 
bert, assistée  de  d'ie  Marie  de  Fermineau 
sa  belle  sœur. —  Le  4  septemb.  1670,  ma- 
riage de  Mr  maître  Salomon  Fabre  écuyer. 


docteur  et  avocat  natif  de  Florac,  33  ans. 
fils  de  feu  nob.  Jean  Fabre  et  de  feue  di'e 
Anne  Reinolde,  avec  d"e  Dorothée  d'Os- 
tah,  30  ans,  demeurante  à  Nîmes,  fille  de 
Me  Jean  d'Ostali  et  de  diie  Isabeau  de  Ra- 
pelin,  «  en  faveur  duquel  mariage  que  les 
dites  parties  promettent  de  célébrer  dans 
l'église  Prétendue  Réformée,  la  mère  de  la 
future  lui  fait  donation  de  tous  ses  biens, 
se  réservant  l'usufruit  de  la  moitié.» — Le 
14  avril  1732,  mariage  en  la  paroisse  de  St- 
Denis  à  Toulon,  de  messire  Salomon  de  Fa- 
bre sr  de  Grandville,  major  de  la  ville  de 
Toulon,  ancien  gouverneur  et  originaire  de 
la  ville  de  Florac  et  fils  de  messire  Salomon 
de  Fabre  seigr  de  Diori  et  de  feue  dame 
Dorothée  d'Ostalis,  avec  diie  Madeleine 
d'Elat  fille  de  feu  M.  Alexandre  d'EIat, 
avocat  au  parlement  et  de  di'e  Marie-Louise 
de  Vitalis  (Carrés  d'Hozier,  vol.  243,  fo  129). 

Jean  de  Fabre  seigr  de  Montvaillant  *  de 
la  Valette,  conseiller  et  garde  des  sceaux  du 
présidial  de  Nîmes,  descendant  au  4e  degré 
de  Gaspard,  épouse,  4  mai  1708,  Anne  de 
Lalondès  dont  Jean,  Louis,  Antoine  et  4 
filles  savoir  :  1.  Marie-Dorothée  mariée  à 
Silvestre  Pagesi  du  Gaylou;  2.  Marie-Éli- 
SAHETH,  mariée  au  baron  de  Pages-Pour- 
ca'ires;  3.  Marie- Anne  mariée  à  un  de 
Manoël  de  Nogaret;  4.  Henriette  mariée  à 
un  Bastide  des  Graves.  Jean-Louis  de 
Fahre  épousa,  15  septemb.  1752,  Agathe 
de  Faventines,  dont  3  filles  mariées  :  au 
baron  Després,  au  comte  de  La  Roche- 
Lambert,  et  au  baron  de  Forton,  plus  un 
fils,  Charles,  marié  le  23  juin  1787  à  Julie 
de  Tourtoulon.  Antoine  de  Fabre,  épousa, 
2  fév.  1764,  Adélaïde  Renou  de  Labrune, 
d'où  Charles  marié  le  20  juill.  1802  à  sa 
cousine  Virginie  de  Pages-Pourcaïrès  ;  d'où 
un  fils,  Félix  de  Fabre  de  La  Valette,  vivant 
à  Montpellier  en  1860.  —  Une  partie  de 
cette  famille  de  Fabre  est  redevenue  ca- 
tholique dès  avant  la  révocation  de  l'Édit 
de  Nantes.  Cependant  «  M^e  Gervaise  de 
Fabre,  femme  de  M.  Théophile  Aimeras 
(voy.I,  156)  ministre  des  Cévennes,  morte 
à  Lausanne  le  10  septemb.  1694,  »  semble 
lui  appartenir. 

3.  FABRE,  notaire  à  Clarensac,  à  qui 
son  caractère  violent  et  son  zèle  beaucoup 
trop  fougueux  attirèrent  de  fâcheuses  af- 
faires [Haag,  V  51].  Au  mois  de  juin  1635, 
il  fut  condamné  aux  galères,  à  cause  des 

'  Notes  de  M.  de  Cazenove. 


203 


FABRE 


204 


mauvais  traitements  qu'il  avait  exercés  sur 
le  curé  du  lieu.  La  sentence  ne  fut  pas 
exécutée,  ou  tout  au  moins  elle  ne  le  ren- 
dit pas  plus  sage,  car  en  1663,  le  prêtre 
Gros  n'ayant  pas  voulu  souffrir  qu'on  en- 
terrât dans  le  cimetière  catholique  la  fille 
du  nommé  Védel,  il  se  livra  sur  sa  personne 
à  des  actes  de  violence  qui  lui  valurent  un 
nouveau  procès,  dans  lequel  furent  enve- 
loppés son  frère  Bremand  et  ses  deux  fils, 
ainsi  que  Alègre,  Surre,  Montauban  et 
quelques  autres.  Le  curé  poursuivit,  et  il 
avait  raison  en  cela,  la  punition  des  cou- 
pables; mais  ce  en  quoi  il  montra  sa 
passion,  c'est  qu'il  demanda  le  bannisse- 
ment du  ministre,  qui  n'en  pouvait  mais, 
et  l'interdiction  de  l'église  de  Clarensac. 
Malgré  toute  leur  partialité,  les  tribunaux 
jugèrent  que  l'ardeur  de  la  vengeance  em- 
portait trop  loin  le  digne  prêtre,  et  ils 
laissèrent  debout  l'église  (Filleau,  Décis. 
cath.  p.  278). 

4.  FABRE  (Jacques),  de  Quissac,  étu- 
diant en  philosophie  (Jacobus  Fabre  quis- 
sacensis)  à  Genève,  1681.  —  Fabre  de  La 
Fontaine,  officier  dans  l'armée  hollandaise 
en  1699.  —  (Daniel),  de  Mazamet,  meurt 
à  Lausanne,  laissant  113  1.  à  la  Bourse 
des  réfugiés,  1688.  —  (Antoine),  de  Grais- 
sesac  et  sa  femme  obtiennent  à  Lausanne 
une  attestation  de  leur  foi  avant  de  partir 
pour  l'Allemagne,  1691. —  (Jacques)  paye 
à  la  Bourse  des  réf.  de  Lausanne  un  legs 
de  18  1.  fait  par  sa  femme,  Marguerite 
Galafrès,  1697.  —  (Pierre- Jean),  de  Ma- 
zamet, ouvrier  en  bas,  assisté  à  Lausanne, 
allant  à  Magdebourg  avec  sa  femme  et  un 
ouvrier,  1698.  —  (André),  d'Alais,  tein- 
turier, assisté  à  Lausanne,  allant  à  Kœnigs- 
berg  avec  sa  femme,  9  enfants  et  4  ouvriers 
ou  domestiques,  1698.—  (Lot),  de  Castres, 
armurier,  assisté  à  Lausanne,  allant  à  Mag- 
debourg, 1702.  —  (Pierre),  de  Montpellier, 
assisté  à  Lausanne,  allant  plus  loin,  1703. 
—  (Etienne  et  Antoine),  de  Pompidou  en 
Cévennes,  assistés  à  Genève,  allant  en  Al- 
lemagne, 1706,  —  (Antoine),  de  Tulette 
en  Dauphiné,  id.  revenant  d'Allemagne 
avec  femme  et  2  enfants,  1708.  —  (Jean), 
de  Nîmes  et  sa  femme,  assistés  à  Londres, 
1710.  —  (Louis),  d'Auvergne,  chaudron- 
nier^  assisté  à  Lausanne,  1714.  —  (Jac- 
ques), de  Languedoc,  apothicaire,  80  ans, 
assisté  à  Lausanne  avec  sa  fille  âgée  de 
40  ans,  1740. 


5.  FABRE  (Pierre),  et  Marie  Bastide  sa 
femme,  du  village  des  Vans  en  Languedoc^ 
se  réfugièrent  à  Lausanne  vers  l'an  1725. 
Leur  fils,  Jean,  né  en  1727,  épousa  en 
1752,  à  Lausanne,  Louise  fille  de  F.-J. 
Servier  marchand  drapier  et  de  Louise  de 
Leuze,  également  réfugiés.  Il  acquit  la 
bourgeoisie  de  Lausanne  en  1768.  Leurs 
descendants  ont  occupé  une  place  hono- 
rable dans  le  canton  de  Vaud,  soit  dans  le 
commerce  soit  dans  le  ministère  évangé- 
lique.  Jean-Louis-Gabriel,  petit-fils  de  Jean , 
né  à  Lausanne,  30  oct.  1797,  mort  le  28 
août  1871,  fut  un  grand  nombre  d'années 
professeur  de  théol.à  l'acad.  de  Lausanne, 
pasteur  de  l'église  de  cette  ville  et  vice-pré- 
sident de  la  Commission  ecclésiastique  vau- 
doise.  II  a  publié  des  Sermons  et  un  Cours 
de  religion  qui  après  avoir  été  autographié 
pour  l'usage  de  ses  catéchumènes,  a  été 
imprimé  et  a  eu  trois  éditions  en  peu 
d'années.  Louis  Fabre  était  fort  estimé  et 
aimé  pour  sa  science,  sa  piété  et  l'aménité 
de  son  caractère.  Il  avait  épousé  une  des- 
cendante de  réfugiés,  Henriette  Dautun 
(conf.  t.  V,  col.  155),  fille  du  pasteur  de 
l'église  française  de  Berne,  mais  n'a  point 
laissé  de  postérité  masculine  (Chavannes). 

6.  FABRE  D'OLIVET,  philologue, auteur 
dramatique,  poète  et  musicien  [Haag,  V 
52],  naquit  à  Ganges,  dans  le  Bas-Langue- 
doc, le  8  déc.  1768,  et  mourut  à  Paris  en 
1825.  Son  goût  pour  la  littérature  et  la 
musique  le  fit  renoncer  au  commerce,  au- 
quel ses  parents  l'avaient  d'abord  destiné  ; 
mais  dans  son  ardeur  à  s'instruire,  il  vou- 
lut trop  embrasser  pour  sa  capacité  et  resta 
bien  au-dessous  de  ce  qu'il  eût  été,  s'il 
avait  su  borner  ses  études.  Ses  ouvrages 
ne  sont  plus  lus  aujourd'hui,  mais  leur 
nombre  prouve  au  moins  que  leur  auteur 
a  joui  de  son  vivant  de  quelque  réputation. 
On  lui  doit  : 

I.  Le  Génie  de  la  nation,  pub.  en  1789. 

II.  Le  14  juillet  et  l'amphigouri,  en 
1790. 

III.  Le  Miroir  de  la  vérité,  en  1791. 

Ce  sont  trois  petites  pièces  de  circon- 
stance, mêlées  de  couplets,  qui  furent  repré- 
sentées sur  le  théâtre  des  Associés. 

IV.  Toulon  soumis,  fait  historique,  opéra 
en  1  acte  et  en  vers,  joué  en  1794. 

V.  Le  Sage  de  l'Indostan,  drame  philo- 
sophique en  1  acte  et  en  vers,  mêlé  de 
chœurs  de  musique,  joué  en  1796. 


i 


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FABRE 


206 


VI.  Azalais  ou  le  Gentil  Aimar,  1800, 
in-8o. 

VII.  Lettres  à  Sophie  sur  l'histoire,  1801, 
2  vol.  in-8o. 

VIÏI.  Le  Troubadour,  poésies  occitani- 
ques  du  xiii^  siècle  ;  Paris,  1804,  2  vol. 
in-8o. 

IX.  Notions  sur  le  sens  de  l'ouie  en  gé- 
néral, et  en  pai-ticulier  sur  le  développe- 
ment de  ce  sens  opéré  chez  Rodolphe  Grivel 
et  chez  plusieurs  autres  enfants  sourds- 
muets  de  naissance,  Paris,  1811^  in-8o;  2e 
édit.  augment.  de  pièces  justif.,  Montpel- 
lier, 1819,  in-8o.  —  L'abbé  Sicard  et  de 
Prony  présentèrent  sur  ce  mémoire,  un 
rapport  défavorable  au  ministre  de  l'inté- 
rieur. «  L'auteur,  selon  M.  Fayolle  (Biog. 
univ.),  prétendait  avoir  trouvé  le  moyen 
de  restituer  l'ouïe  aux  sourds-muets  de 
naissance  d'après  une  méthode  pratiquée 
par  les  prêtres  égyptiens.  » 

X.  Les  vers  dorés  de  Pythagore,  expli- 
qués et  traduits  pour  la  première  fois  en 
cers  eumolpiques  français,  précédés  d'un 
Discours  sur  l'essence  et  la  forme  de  la 
poésie  chez  les  principaux  peuples  de  la 
terre,  1813,  in-8o.  —  Les  vers  dorés  de 
Pythagore  avaient  déjà  été  traduits  plu- 
sieurs fois  en  prose. 

XI.  La  langue  hébraïque  restituée,  et  le 
vrai  sens  des  mots  hébreux  rétabli  et  prouvé 
par  leur  analyse  radicale,  Paris,  1815,  in- 
4o;  1816,  2  part.  in-8o.  —  La  première 
partie  est  consacrée  à  une  dissertation  sur 
l'origine  des  langues,  et  la  seconde  contient 
une  interprétation  allégorique  de  la  cosmo- 
gonie de  Moïse.  Selon  l'auteur,  Adam  ne 
serait  pas  le  premier  homme,  mais  le  type 
de  l'humanité  ;  Eve  ne  serait  pas  la  com  - 
pagne  de  l'homme,  mais  la  personnification 
d'une  faculté. 

XII.  De  l'état  social  de  l'homme,  ou  Vues 
philosophiques  sur  l'histoire  du  genre  hu- 
main, ou  l'homme  considéré  sous  tous  les 
rapports,  religieux  et  politiques,  dans  l'état 
social,  à  toutes  les  époques,  et  chez  les  diffé- 
rents peuples  de',  la  terre,  1822,  2  vol.  in- 
8o. 

XIII.  Gain,  mystère  dramatique  en  3 
actes,  de  lord  Byron,  trad.  en  vers  blancs 
français,  et  réfuté  dans  une  suite  de  re- 
marques philosophiques  et  critiques,  précédé 
d'une  lettre  adressée  à  lord  Byron  sur  les 
motifs  et  le  but  de  cet  ouvrage,  1823,  in-8o. 
—  Byron  dut  sans  doute  trouver  que  Fabre 


lui  faisait  trop  d'honneur  de  réfuter  sa 
pièce,  car  il  n'écrivait  pas  ses  drames  pour 
l'éducation  des  philosophes  et  encore  moins 
pour  l'instruction  des  hébraïsants. 

XIV.  Le  Retour  aux  beaux-arts,  dithy- 
rambe pour  l'année  1824,  in-8o.  —  Tous 
ces  ouvrages  parurent  à  Paris. 

Au  milieu  des  graves  événements  poli- 
tiques qu'il  traversa,  Fabre  d'Olivet  sut 
vivre  dans  la  retraite,  sans  se  laisser  dis- 
traire de  ses  études  par  le  vain  bruit  du 
monde.  Comme  musicien,  il  est  auteur 
d'un  grand  nombre  de  Romances  qui  ne 
portent  pas  son  nom,  et  d'un  oeuvre  de  Qua- 
tuors pour  deux  flûtes,  alto  et  basse,  gravé 
à  Paris  en  1800.  «  Enfin,  dit  M.  Fayolle, 
il  a  cru  trouver  dans  les  débris  de  la  litté- 
rature grecque  le  système  musical  de  ce 
peuple  célèbre.  Il  a  donc  imaginé  son  troi- 
sième mode  qu'il  appelle  mode  hellénique, 
ne  se  doutant  pas  que  Blainville  l'avait 
déjà  découvert,  en  17S1,  sous  le  nom  de 
mode  mixte,  parce  qu'il  participe,  en  elTet, 
du  majeur  A'ut  et  du  mineur  de  la.  »  En 
1804,  à  l'occasion  du  couronnement  de 
Napoléon,  il  fit  exécuter  avec  succès,  au 
temple  protestant,  un  Oratorio,  presque 
entièrement  écrit  dans  ce  mode.  Les  jour- 
naux du  temps  en  rendirent  un  compte 
favorable,  mais  si  l'on  doit  en  croire 
M.  Fétis,  ce  fut  sans  savoir  de  quoi 
il  s'agissait.  Cette  ignorance  était  bien  per- 
mise. 

Fabre  ne  fut  pas  heureux  dans  son  in- 
térieur, quoique  sa  femme  et  lui  eussent 
tous  deux  la  passion  des  lettres.  On  doit  à 
celle-ci  un  ouvrage  intitulé  :  Conseils  à 
mon  amie  sur  l'éducation  physique  et  mo 
raie  des  enfants,  1820,  in-12. 

7.  FABRE  (Jean),  né  à  Nîmes  en  1717 
[Haag,  V  SO],  s'est  rendu  célèbre,  dans  le 
siècle  passé,  par  un  trait  admirable  de  piété 
filiale.  Le  1er  janvier  1756,  il  assitait  avec 
son  père  à  une  assemblée  du  désert,  lors- 
que tout  à  coup  le  cri  d'alarme,  annonçant 
l'approche  des  troupes,  retentit.  Tous 
fuient,  mais  appesanti  par  l'âge,  le  vieux 
Fabre,  bientôt  octogénaire,  tombe  entre 
les  mains  des  soldats.  Son  fils  oubliant 
une  fiancée  qui  l'attend  pour  ne  voir  qu'un 
père  aux  prises  avec  les  dragons,  retourne 
sur  ses  pas,  se  jette  aux  genoux  du  comman- 
dant du  détachement,  le  supplie  de  rendre 
la  liberté  au  vieillard  et  de  le  charger  lui- 
même  des  fers  qu'on  lui  préparait.  L'ofiB- 


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FABRE 


208 


cier  accepta  l'échange  ^  et  conduisit  Fabre 
à  Montpellier,  d'où  il  fut  transféré  au  bagne 
de  Toulon  par  ordre  du  duc  de  Mirepoix, 
commandant  en  chef  de  la  province.  Tou- 
chés de  son  dévouement,  les  officiers  de  la 
marine  s'empressèrent  d'adoucir  son  sort, 
mais  le  comte  de  Saint-Florentin,  le  digne 
ministre  de  Louis  XV,  irrité  des  égards 
qu'on  avait  pour  le  forçat  vertueux,  donna 
les  ordres  les  plus  sévères  et  exigea  qu'on 
le  soumît  à  la  règle  commune.  Fabre  rama 
plus  de  six  ans  sur  les  galères  du  roi,  ac- 
couplé à  des  malfaiteurs.  Il  fallut  pour  le 
délivrer  que  le  duc  de  Choiseul,  instruit 
enfin  de  son  histoire,  présentât  sa  grâce  à 
la  signature  du  roi,  en  passant  par-dessus 
la  tête  du  secrétaire  d'État,  Saint-Florentin, 
qui  pour  manifester  son  dépit  accorda  aussi 
la  liberté  à  Turge  compagnon  de  chaîne  de 
Jean  Fabre. 

Celui-ci  rentra  dans  sa  famille,  le  21  mai 
1762.  Son  retour  inespéré  causa  une  joie 
si  vive  à  son  père  qu'il  en  mourut  quelques 
jours  après.  Toutefois  la  rancune  de  Saint- 
Florentin  ne  cessa  de  poursuivre  le  fils; 
pendant  plusieurs  années,  il  apporta  tous 
les  obstacles  possibles  à  la  réhabilitation 
de  la  victime  d'une  législation  atroce.  Il 
fallut  que  le  prince  de  Beauvau  l'emportât 
en  quelque  sorte  de  haute  lutte. 

Les  malheurs  de  Fabre  n'auraient  pas 
attiré  l'attention  de  la  frivole  société  du 
xviiie  siècle,  plus  que  les  tortures  de  tant 
de  centaines  de  ses  coreligionnaires  qui 
gémissaient  encore  dans  les  bagnes  et  les 
cachots,  si  Marmontel  n'y  avait  vu  le  sujet 
d'un  drame  intéressant  et  si,  sur  ses  indi- 
cations, Fenouillot  de  Falbaire  n'avait 
traité  ce  sujet  sous  le  titre  de  Uhonnête 
criminel.  Composé  en  1767  et  joué  d'abord 
chez  la  duchesse  deVilleroi,ce  drame  com- 
mença par  être  défendu  *  ;  imprimé  clan- 
destinement en  1768  ^,  il  fut  représenté  à 

1  Dans  des  circonstances  parfaitement  sem- 
blables, le  jeune  Bareire  avait  été  moins  heureux, 
quelques  mois  auparavant.  Les  supplications  qu'il 
adressait  aux  dragons  qui  avaient  arrêté  son  père, 
vieux  métayer  des  environs  de  Clairac,  irritèrent 
ces  hommes  féroces  et  l'un  d'eux  le  tua  d'un  coup 
de  fusil. 

2  Par  une  circulaire  émanée  de  M.  de  Saint- 
Florentin,  le  18  fev.  1768  {Archives  na<„E  3529). 

3  L'honnête  criminel,  dragme  en  cinq  actes  en 
vers  par  M.  Fenouillot  de  Falbaire  ;  â  Stockholm, 
chez  Kiesewetter,  1768,  in-S"  de  61  pages.  Les 
personnages  sont  ;    le  comte  d'Anplace  [c'est-à- 


Versailles  en  1778,  ensuite  à  Paris  en  1790, 
et  bientôt  dans  toute  la  France.  Son  succès 
ne  fut  pas  moindre  à  l'étranger  ;  ce  fut  un 
triomphe  universel.  En  vain  M.  de  Saint- 
Florentin  en  avait-il  arrêté  les  représen- 
tations. Il  était  imprimé,  et  les  éditions  se 
succédèrent  rapidement. 

Ce  fut  sur  ces  entrefaites  que  Fabre, 
toujours  en  butte  à  l'inimitié  du  ministre, 
qui  venait  tout  récemment  encore  de  défen- 
dre une  souscription  proposée  en  sa  faveur, 
reçut  de  M.  le  duc  de  Choiseul  l'invitation 
de  se  rendre  à  Paris.  Il  s'empressa  d'obéir, 
mais  il  n'arriva  que  pour  assister  à  la  chute 
de  son  protecteur.  Il  retourna  donc  à  Gan- 
ges,  qu'il  habitait  depuis  son  mariage,  et  il 
chercha  dans  le  commerce  les  moyens 
d'élever  sa  famille.  A  la  mort  de  sa  femme, 
il  se  retira  auprès  de  son  fils  aîné  à  Cette 
où  il  mourut,  le  31  mai  1797,  à  l'âge  de 
80  ans. 

On  a  une  vie  de  cet  honnête  homme 
écrite  par  lui-même  et  publiée  par  Ath.  Co- 
querel  fils,  dans  le  Bull,  de  l'hist.duProt., 
t.  XIV  p.  92-119.  Voyez  le  même  Bulle- 
tin, VI,  108,  333;  XIV,  77;  XV,  384. 

L'honnête  criminel  nous  fournit  la  plusfa- 
vorable  occasion  que  nous  pussions  atten- 
dre pour  publier  la  liste]des  forçats  et  galé- 

dire  Fn  place]  commandant  de  galères,  Cécile, 
veuve  d'un  riche  négociant  [autrefois  fiancée  à 
Fabre  fils],  André  galérien  [Fabre  fils],  Amélie 
amie  de  Cécile,  Lisimon  vieillard  [Fabre  père]  et 
trois  domestiques.  La  pièce  était  si  peu  révolu- 
tionnaire, qu'au  dénouement  le  comte  d'Anplace 
(un  Saint  -  Florentin  ou  un  Basville)  embrassait 
les  Fabre  en  leur  disant  : 

Lève-toi  bon  vieillard  et  toi  fils  généreux  ; 
Levez-vous  mes  amis,  embrassez-moi  tous  deux. 
Ah  !  que  vos  cœurs  sont  grands ,  sont  au-dessus  des 

[nôtres  ;] 
Vous  étiez  à  mes  pieds,  c'est  à  moi  d'être  aux  vôtres. 

Oui,  votre  délivrance 

Doit  de  tant  d'héroïsme  être  la  récompense. 
Aussi  j'en  viens  pour  vous  d'obtenir  la  faveur 
Sûr  qu'elle  aura  l'aveu  d'un  Roi  dont  la  clémence 
De  la  loi,  quand  il  faut,  tempère  la  rigueur. 
Il  prise  la  vertu  quelque  part  qu'elle  brille; 
Et  demandant  au  Ciel  d'éclairer  vos  esprits, 
Il  vous  traite  en  enfants  égarés,  mais  chéris, 
Qu'il  se  plaît  à  toujours  compter  dans  sa  famille. 

Et  Fabre  père  lui  répond  : 
Ah  !  pour  l'aimer  aussi  nos  cœurs  vraiment  François 
S'accordent  avec  ceux  de  ses  antres  sujets. 
Divisés  sur  des  points  où  nous  errons  peut-être, 
Dans  d'autres  liens  sacrés  nous  sommes  réunis  : 
Servir  notre  patrie,  adorer  notre  maître 
Sont  des  dogmes  communs  à  tous  les  deux  partis. 


209 


FABRE 


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riens  protestants.  MM.  Haag  dans  les  pièces 
justificatives  de  leur  ouvrage  et  Ath.  Co- 
querel  fils  dans  Les  forçats  pour  la  foi  ont 
déjà  fait  beaucoup  d'ellbrts  pour  présenter 
cette  liste  au  complet.  La  nôtre  qui  proba- 
blement n'atteint  pas  encore  à  cette  condi- 
tion difficile  est  cependant  beaucoup  plus 
étendue  que  les  leurs.  Nous  devons  le 
fonds  de  ce  travail  au  regretté  sous-biblio- 
thécaire de  Genève  feu  M.  Philippe  Plan 
et  à  Mlle  Louise  Plan,  sa  fille,  qui  l'ont  en- 
richi de  renseignements  puisés  à  la  Biblio- 
thèque de  Genève  dans  une  précieuse  col- 
lection de  425  affiches  imprimées  de  juge- 
ments rendus  contre  les  protestants  et  dans 
les  papiers  d'Antoine  Court.  Nous  y  avons 
ajouté  ceux  que  fournissent  des  états  offi- 
ciels envoyés  en  Angleterre,  aujourd'hui 
déposés  au  British  Muséum  et  à  Lambeth. 
Si  elle  n'est  pas  complète,  notre  liste  est 
du  moins  aussi  ample  et  aussi  détaillée 
que  nous  avons  pu  l'établir.  D'autres  pour- 
ront trouver  la  perfection  peut-être. 

On  a  vu  tout  à  l'heure  l'inflexible  inhu- 
manité du  ministre  de  Louis  XV,  M.  de 
Saint-Florentin.  Il  explique  et  soutient  sa 
décision  dans  la  curieuse  lettre  que  voici, 
trouvée  par  MM.  Haag  aux  Archives  na- 
tionales (Reg.  du  Secrétariat  du  Conseil,  E, 
.3324). 

Le  comte  de  Saint-Florentin  à  M.  le  duc 
de  Choiseul  ;  16  janvier  1763.  —  J'ai  l'eçu, 
M.,  la  lettre  que  vous  m'avés  fait  l'honueur 
de  m'écrire  concernant  trente-sept  protes- 
tants détenus  aux  galères,  et  vingt  pi'otes- 
tantes  prisonnières  k  Aigues-Mortes,  qui 
presque  tous  ont  été  condamnés  pour  avoir 
assisté  k  des  assemblées  et  dont  M.  le  duc 
de  Bedfort  demande  la  liberté.  Je  ne  peux 
que  vous  rapeller  k  ce  sujet  les  observations 
que  je  vous  ai  faites  le  28  juin  dernier,  h 
l'occasion  de  deux  religionnaires  qui  ve- 
noient  de  sortir  des  galères  auxquelles  ils 
avoient  été  condamnés  pour  le  même  crime. 
Le  feu  Roi,  par  son  édit  de  1685  et  par  ses 
déclarations  de  1686  et  1698  a  défendu  à 
tous  ses  sujets  de  faire  aucun  exercice  de 
la  R.  P.  R.  et  de  s'assembler  pour  cet  effet 
k  peine  contre  les  hommes  des  galères  per- 
pétuelles et  contre  les  femmes  d'être  rasées 
et  enfermées  pour  toujours,  et  le  Roi  a  re- 
nouvelle les  mêmes  deffenses  sous  les  mêmes 
peines  par  la  déclaration  du  24  mai  1724. 
Le  feu  Roi,  avoit  si  fort  k  cœur  l'exécution 
de  celles  qu'il  avoit  données  sur  le  fait  de 
la  religion  que  par  un  règlement  particulier 


concernant  le  détail  des  galères  et  qui  est 
dans  vos  bureaux  ,  il  décida  qu'awcun 
homme  condamné  pour  cause  de  religion 
ne  pourrait  jamais  sortir  des  galères  ;  et 
si  S.  M.  s'est  écartée  des  dispositions  tant 
de  ce  règlement  que  des  édicts  et  déclara- 
tions, ce  n'a  été  que  fort  rarement  par  des 
considérations  très-importantes,  et  en  faveur 
(le  quelque  particulier  seulement,  de  sorte 
que  la  rareté  et  les  circonstances  même  des 
grâces  accordées  n'ont  fait  pour  ainsi  dire 
que  confirmer  les  édits  et  déclarations  et 
prouver  la  résolution  oti  étoit  S.  M.  d'en 
maintenir  la  rigueur.  Malgré  cette  intention 
manifestée  et  malgré  la  sévérité  de  ces  édits 
et  déclarations,  on  a  eu  beaucoup  de  peine 
depuis  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  k 
empêcher  les  assemblées,  et  depuis  le  com- 
mencement des  guerres  que  nous  avons  eues, 
elles  sont  devenues  très  fréquentes  et  très 
nombreuses  dans  plusieurs  de  nos  provinces. 
L'excès  est  monté  k  un  tel  point  qu'il  est 
difficile  d'imaginer  comment  on  pourra  y 
remédier,  d'autant  plus  que  les  prédicants 
ont  eu  soin  de  persuader  aux  l'eligionnaires 
que  S.  M.  est  disposée  k  leur  accorder  la 
liberté  de  leur  culte.  Ce  seroit  fortifier  cette 
fausse  persuasion  que  de  faire  grâce  au 
grand  nombre  de  coupables  compris  dans 
les  listes  que  vous  avès  pris  la  peine  de 
m'envoyer.  Ce  seroit  donner  l'atteinte  la 
plus  violente  aux  édits  et  déclarations  de 
1685,  1686,  1698  et  1724,  et  même  les  rendre 
entièrement  inutiles.  Les  assemblées  ne  fe- 
roient  que  se  multiplier,  et  le  nombre  des 
coupables  s'augmenter  par  l'espérance  d'une 
impunité  presque  certaine,  ou  plutôt  par  la 
fausse  opinion  d'une  tolérance  déjk  établie. 
Cependant  rien  de  plus  important  pour  la 
religion  et  pour  l'État  que  la  cessation  de 
ces  assemblées.  Il  ne  sera  jamais  possible 
de  ramener  les  religionnaires,  tant  que  des 
prédicants  pourront  les  assembler,  les  en- 
tretenir dans  leurs  erreurs,  les  révolter 
contre  toute  autorité  spirituelle,  donner  k 
leur  fausse  i-eligion  une  forme  de  culte,  et 
leur  administrer  ceux  des  sacrements  qu'ils 
reconnoissent.  Les  missions  ordonnées  el 
payées  par  le  roi  en  Languedoc  resteront 
sans  fruit,  et  non  seulement  on  ne  conver- 
tira pas  de  religionnaires,  mais  nombre  de 
nouveaux  convertis  retomberont,  et  plu- 
sieurs catholiques  seront  séduits  et  apos- 
tasieront ,  comme  on  n'en  a  que  trop 
d'exemples  depuis  quelques  tems.  D'un 
autre  côté,  l'État,  dont  les  lois  défendent 
et  punisent  indistinctement  toutes  assem- 
blées illicites,  sera  sans  cesse  exposé  aux 


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FABRE 


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périls  que  ces  loix  ont  voulu  prévenir.  Des 
assemblées  formées  par  un  faux  zèle  et  sous 
prétexte  de  religion  sont  plus  dangereuses 
que  toutes  [autres.  Le  fanatisme  y  domine, 
et  il  a  bientôt  allumé  le  feu  de  la  sédition 
et  de  la  révolte.  D'ailleurs  il  se  fait  jour- 
nellement dans  ces  assemblées  des  conjonc- 
tions illicites  aussi  contraires  aux  lois  ci- 
viles qu'à  la  religion,  et  les  enfants  nés  de 
ces  concubinages  sont  bastards.  Depuis  que 
les  guerres  ont  ôté  le  pouvoir  et  le  moyen 
de  réprimer  les  assemblées,  ce  mal  qui  en 
est  une  suite,  s'est  tellement  étendu  que  les 
provinces  infectées  de  l'hérésie  sont  actuel- 
lement pleines  de  gens  dont  la  fortune  est 
aussi  incertaine  que  l'état,  et  que  le  déses- 
poir pourroit  pousser  à  tenter  de  les  assu- 
rer par  la  force,  ou  à  quitter  le  royaume.  Il 
seroit  extrêmement  difficile  de  remédier  au 
passé  à  cet  égard,  mais  au  moins  faut  il 
profiter  de  la  paix  afin  de  poui-voir  au  pré- 
sent et  à  l'avenir.  C'est  à  quoi  on  ne  par- 
viendra cependant  pas  tant  qu'il  y  aura  des 
assemblées,  et  il  y  en  aura  tant  que  ceux 
qui  y  assisteront  pourront  se  promettre 
qu'on  ne  les  punira  pas  ou  qu'on  leur  re- 
mettra facilement  les  peines  qu'ils  auront 
encourues.  Ils  auront  tout  lieu  de  s'en 
flatter  quand  ils  verront  tout  à  la  fois  57 
personnes  soustraites  h  ces  peines  par 
l'ordre  exprès  de  S.  M.  Je  suis  très-porté  à 
croire  que  MM.  les  évêques  de  Languedoc 
lui  feroient  des  représentations  à  ce  sujet, 
et  il  pourroit  y  en  avoir  aussi  de  la  part  de 
quelques  parlemens,  et  en  particulier  de 
celui  de  Grenoble  par  la  vigilance  et  la  sé- 
vérité duquel  le  Dauphiné  a  été  mieux  main- 
tenu dans  le  devoir  par  rapport  h  la  reli- 
gion que  les  autres  provinces.  Quelques-uns 
des  l'eligionnaires  dont  on  demande  la  li- 
berté ont  été  condamnés  par  ce  parlement 
et  ils  auront  besoin  de  lettres  derapel  dont 
il  faudra  qu'ils  poursuivent  soit  en  ce  par- 
lement soit  devant  les  juges  du  ressort 
l'entérinement  qui  pourra  bien  leur  être  re- 
fusé. Car  je  suis  bien  aise  d'avoir  l'honneur 
de  vous  observer  qu'il  ne  suffit  pas  que  des 
condamnés  soit  pour  fait  de  religion  ou  pour 
tout  autre  délit  soyent  renvoyés  des  galères 
pour  qu'ils  en  soient  véritablement  affran- 
chis. Il  faut  que  le  roi  leur  remette  cette 
peine  par  des  lettres  ou  des  brevets  suivant 
les  circonstances,  sans  quoi  les  juges  peuvent 
non-seulement  poursuivre  contre  eux  l'exé- 
cution de  leurs  jugemens  qui  subsistent 
toujours,  mois  encore  leur  faire  leur  procès 
comme  à  des  gens  légitimement  suspects 
d'avoir   eux-mêmes  rompu   leurs   fers.  Au 


reste.  M.,  je  n'ai  pas  entendu  dire  que  nous 
ayons  demandé  grâce  pour  des  catholiques 
condamnés  en  Angleterre  pour  avoir  con- 
trevenu aux  loix  dupays.  Les  Angloisnede- 
vroient  donc  pas  solliciter  en  faveur  des 
religionnaires  françois  condamnés  pour 
avoir  violé  les  nôtres.  Je  doute  fort  qu'ils 
nous  écoutassent,  si  nous  leur  demandions 
quelque  chose  capable  d'ébranler  celles  que 
leur  inimitié  pour  le  catholicisme  leur  a 
dictées,  et  les  demandes  qu'ils  nous  font, 
ne  tendent  à  rien  moins  qu'à  énerver  en- 
tièrement plusieurs  de  nos  loix  que  l'inté- 
rêt de  la  religion  et  de  la  sûreté  même  de 
l'État  ont  rendu  nécessaires.  Ils  ne  soufîi'i- 
roient  certainement  pas  chès  eux  des  as- 
semblées de  catholiques  de  2  et  3000  hommes, 
comme  nous  en  avons  eu  ici  un  grand 
nombre  de  protestantes;  et  ils  exigent  de 
nous  en  faveur  des  gens  qui  ont  assisté  aux 
assemblées  une  indulgence  qui  en  seroit  une 
véritable  en  faveur  des  assemblées  elles- 
mêmes.  Enfin  il  me  paroît  que  s'il  étoit 
question  de  faire  grâce  à  ces  condamnés,  il 
conviendroit  mieux  qu'ils  dussent  leur  pai"- 
don  à  la  clémence  du  roi  qu'à  une  puissance 
étrangère  par  laquelle  on  pourroit  croire 
qu'il  a  été  arraché  à  S.  M.  Voilà,  M.,  les 
réflexions  que  j'ai  faites  au  sujet  de  la  de- 
mande de  M.  de  Bedfort.  Quant  à  celle  que 
a  été  faite  à  M.  le  duc  de  Nivernois  par 
M.  l'arch.  de  Cantoi'béry,  elle  ne  me  pai'oît 
pas  plus  susceptible  de  faveur.  Si  M.  Bel 
qu'elle  regarde  se  présentoit  en  qualité  de 
catholique  pour  obtenir  son  retour  en  France 
et  le  rétablissement  dans  tous  ses  droits  ci- 
vils, il  pourroit  mériter  d'être  écouté.  Mais 
si  les  déclarations  du  roi  de  1698  et  de  1725 
excluent  pour  toujours  du  royaume  tout 
françois  réfugié  pour  cause  de  religion,  à 
moins  qu'il  n'ait  abjuré,  il  paroît  qu'on  ne 
doit  pas  non  plus  y  laisser  revenir,  ni  en- 
core moins  y  rétablir  dans  ses  biens  un 
homme  qui  y  a  été  condamné  pour  fait  de 
religion,  et  qui  n'a  pas ,  autant  qu'il  est  en 
lui,  et  par  une  abjuration  indiquée  par  la 
loi,  réparé  le  crime  qui  a  fait  le  titre  de  sa 
condamnation.  Ce  seroit  l'éintégrer  dans  le 
royaume  un  coupable  autorisé  pour  ainsi 
dire  dans  son  erreur  et  aussi  dangereux  pour 
la  religion  que  pour  l'État.  On  en  peut  dire 
autant  de  tous  ceux  pour  lesquels  M.  le  duc 
de  Bedfort  agit,  puisque  sans  contredit  ce 
sont  les  religionnaires  les  plus  fanatiques 
qui  ont  fréquenté  les  assemblées.  Au  sur- 
plus, la  matière  dont  il  s'agit  ici  me  paroît 
assés  importante  pour  croire  qu'il  seroit 
nécessaire  d'en  parler  au  Conseil,  avant  de 


213 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


214 


prendre  aucun  parti,  et  je  présume  que  vous 
le  penserés  comme  moi. 

Liste  des  forçats  et  galériens  pour  la  foi. 

1.  Abauzit  (Louis),  condamné  parle  pré- 
sidial  de  Montpellier,  26  septembre  1698. 

2.  Abos  ou  Albos  (Etienne),  condamné  h 
Montpellier  par  M.  le  duc  de  Roquelaure, 
8  juin  1720,  pour  avoir  assisté  à  plusieurs 
assemblées  religieuses. 

3.  AcHARD  (Antoine),  du  Pont-Laval,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  pai'Iement  de 
Grenoble,  13  mars  1687  ;  mort  à  la  peine. 

4.  AcHARD  (Paul),  cordonnier,  de  Châtil- 
lon,  diocèse  de  Die,  en  Dauphiné  ;  38  ans', 
condamné  par  le  parlement  de  Grenoble, 
le  9  février  1745  pour  avoir  sauvé  un  prédi- 
cant.  Mis  sur  la  Brave  en  1746  ;  n"  20,986, 
puis  (472),  Libéré  en  1775. 

5.  Agier,  «  fils  de  la  veuve,  »  de  Pignan, 
condamné  par  M.  de  Basville  à  Nîmes,  20 
août  1704  ;  coutumax. 

6.  Agulhon  (Antoine),  de  Saïgas  en  Ra- 
coules,  diocèse  de  Mende,  peigneur  de 
laine,  36  ans  ;  condamné  h  Montpellier  pour 
assemblée  pieuse  ;  en  1694.  Sur  la  Fortune, 
à  Marseille,  en  1698,  puis  sur  YÉmeraude, 
n»  18,560.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  Glaris'^ 

7.  Agulhon  (Claude  ou  Pierre),  de  Rous- 
ses en  Languedoc,  condamné  en  1703.  N» 
27,095  sur  la  Vieille  réale.  Mort  le  17  juin 
1708. 

8.  Agulhon  ou  Aguilhon  (Jacob,),  d'Alais, 
marchand,  condamné  par  le  présidial  de 
Montpellier,  26  septembre  1698. 

Alapeyrière  (d'),  voyez  :  Robert. 

9.  Alauzi  (Louis),  de  Louri,  en  Lorraine  ; 
condamné  par  le  parlem.  de  Metz,  16  juillet 
1687.  Libéré  par  la  suite. 

10-  Albéric  (Jean),  des  environs  de  Flo- 
rac  en  Gévaudan.  Sur  la  Reine  à  S*-Malo 
en  1698. 

H,  Albert  (Jacob),  de  Méchée  en  Sain- 
tonge,  27  ans  ;  pris  sur  un  vaisseau  hol- 
landais de  Flessingue  le  14  janv.  1689  et 
conduit  à  S*-Malo  où  il  fut  condamné,  à 
être  pendu.  «  Il  eut  le  malheur  de  fléchir 
en  sa  conscience  et  en  ayant  appelé  il  fut 

*  Nous  indiquons  l'â^e  au  moment  de  la  con- 
damnation. 

'■*  Une  centaine  de  «  Confesseurs  aux  galères  » 
furent  libérés  au  mois  d'août  1713,  sous  la  con- 
dition de  sortir  de  France.  Les  Cantons  suisses 
devaient  les  recueillir.  Vingt-un  furent  dirigés 
sur  Zurich  :  27  sur  Berne;  3  sur  Glaris;  13  sur 
Basle,  11  sur  Schaffouse  ;  3  sur  Appenzell  ;  6  sur 
Saint-Gall  ;  2  sur  Sienne  et  3  sur  Neufcbastel. 


cond.  aux  galères  à  Vannes,  en  1689.  Sur  la 
Galante  à  S'-Malo  en  1698  ;  libéré  la  même 
année.  » 

12.  Albert  (Louis),  de  Montigny  en  Bre- 
tagne ;  condamné  par  le  présidial  de  Tours, 
10  mai  1687. 

13.  Albert  (Pierre),  1686. 

14.  Albigez  (Jean),  peigneur  de  laine, 
de  Réalmont  en  Languedoc  ;  condamné  \x 
Montpellier,  26  octobre  1754.  Libéré  le  13 
mai  1762,  portant  alors  le  n"  1733. 

15-  Alcais  (Isaac),  ménager  (fermier)  de 
Generac,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes, 
3  février  1688. 

16.  Allamand  ou  Allemand,  d'Aubert 
près  Nions  en  Dauphiné  ;  condamné  par 
ordre  du  Roi  en  nov.  1690. 

17.  Allard  (Matthieu),  de  la  Petite- Va- 
chère, diocèse  de  Die  en  Dauphiné,  étudiant 
en  théologie,  28  ans  ;  condamné  à  vie  par 
le  parlement  de  Grenoble  le  16  février  1735 
pour  avoir  été  «  à  l'école  des  ministres.  » 
Sur  YAmhitieuse  en  1746,  a"  12,517  et 
(1010). 

18.  Allard  (Pierre),  de  la  Tremblade, 
en  Saintonge  :  24  ans  ;  s'étant  réfugié  en 
Danemark  pour  y  avoir  le  repos  de  sa  con- 
science et  y  négociant,  il  fut  pris  en  mer 
sur  un  vaisseau  danois  et  conduit  à  Toulon, 
16  juin.  1693;  condamné  par  le  lieuten.  de 
l'Amii-auté,  d'où  il  appela  au  parlem.  d'Aix 
qui  confirma  la  sentence.  Sur  la  Forte  puis 
sur  la  Valeur  à  Marseille  ;  libéré  en  1696. 

19.  Allebant  (Jacob)  ? 

20-  Allègre  (André),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

21-  Allègre  (Etienne),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier  26  sept.  1698  ;  ga- 
lérien de  la  Fortune  ;  moi-t  à  la  peine  le  16 
déc.  de  la  même  année. 

22-  Alliez  (Jean),  tonnelier  de  Trescloux, 
diocèse  de  Gap  en  Dauphiné,  43  ans,  con- 
damné à  vie  par  le  parlem.  de  Grenoble  le 
5  mai  1745  pour  assemblée  relig.  Sur  l'Am- 
bitieuse en  1746  ;  n»  20,698,  (et  2337)  mort 
h  la  peine  en  1754. 

23.  Allin  (Julien),  de  Lamothe  de  S*- 
Brieux  en  Bretagne,  condamné  le  4  août 
1688. 

24.  Allix  (Philippe),  de  S'-Loc  en  Percy, 
Normandie  :  58  ans  ;  condamné  en  1688  pour 
sortie  du  royaume.  Sur  la  Vieille  réale  à 
Marseille;  n»  10,006;  mort  le  2  février  1710. 

25-  Allix  (Pierre),  de  Bourdeaux  en 
Dauphiné,  28  ans,  condamné  k  mort,  10  août 
1687,  par  le  présidial  de  Valence,  sentence 
commuée  par  le  Roi  en  galèi-es  perpétuelles 
le  5  nov.  1687.  Sur  la   Valeur  h  S'-Malo, 


215 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


216 


en  1698;  n»  9896,  mort  à  l'hôpital  de  Mar- 
seille en  fév.  1707. 

26-  Alma  (Henri),  de  Sedan,  condamné 
par  le  parlem.  de  Metz,  28  déc.  1686.  A  été 
libéré. 

27-  Alquier  (Pierre),  d'Angles  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Lyon, 
20  janv.  1687.  A  été  libéré. 

28-  Amic  (Jacques),  de  S*-Didier,  diocèse 
de  Die  en  Dauphiné,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Grenoble,  15  oct.  1745. 

29-  Amic  (ou  Garnie  ou  Lamie),  chirur- 
gien de  S'-Antonin  en  Rouergue,  cond.  par 
le  parlem  de  Grenoble,  28  mai  1686.  Libéré. 

30-  Amic  ou  L'Amy  (Pierre),  de  S*-Didier, 
dioc.  de  Die,  58  ans,  peigneur  de  laine, 
condamné  à  10  ans,  le  15  oct.  1745,  pour 
assemblée  religieuse. Sur  la  Valeur, n°  2101. 

31.  Amour  on  Amous  (Jean),  sur  YEnie- 
raude  h  Bordeaux,  vers  1695. 

32-  Andabre  (Guillaume),  opérateur,  de 
Coulorgues,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704 
comme  Camisard. 

33.  André  (André),  en  campagne  en  1704  ; 
sur  la  Gloire  en  1712,  n"  26,397.  Libéré 
après  abjuration. 

34.  André  (Antoine),  de  Genolhac  aux  Gé- 
vennes,  condamné  par  le  maréchal  de  Mont- 
revel le  4  mai  1703  pour  avoir  donné  des 
fusils  à  réparer.  Sur  la  Superbe,  n»  27,374. 
Libéré  en  1716. 

35-  André  (Glaude),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  le  duc  de  Roque- 
laui'e,  à  Montpellier  le  27  fév.  1720,  en 
même  temps  que  dix-neuf  autres  *  pour 
avoir  été  surpris  dans  une  assemblée  reli- 
gieuse tenue  près  le  Gadeneau,  à  la  grotte 
des  Fades  (Fées)  pendant  la  nuit  du  14  au 
15  janvier  précédent. 

36.  André  (Jean),  de  Braquesagues,  dio- 
cèse d'Uzès,  condamné  comme  camisard 
«n  1705  ;  n»  28,818  ;  Sur  la  Guerrière.  Li- 
béré en  1716. 

37-  André  (Louis),  de  Saint-Just  en  Sain- 
tonge,  condamné  le  1"  août  1746  par  M. 
Barentin,  Intendant  de  La  Rochelle,  pour 
avoir  fait  l'oftice  de  bedeau  à  un  prêche  du 
ministre  Elie  Vivien. 

Angely,  voyez  Robert.  Voyez  aussi  Gom- 
bes. 

38-  Anglas  (Isaac) ,  de  Marsillargues, 
condamné  par  le  présidial  de  Montpellier, 
3  mars  1698. 

39.  ANNo(Jean-Bapt.),  marchand,  deCler- 
ville,  condamné  par  le  parlement  de  Tour- 
nay,  16  janv.  1688. 

40-  Anton  (François),  de  Saint  Mediers  ; 


condamné  le  24  déc.  1750  par  l'Intendant 
de  Montpellier. 

41.  Apolis  (Etienne),  de  Montpellier,  con- 
damné pour  avoir  assisté  à  une  assemblée 
pieuse,  en  1705  ;  libéré  le  24  juillet  1716. 
n«  29,628  ;  sur  la  Fiére. 

42-  Apostoly  (Isaac),  de  Valence  en  Dau- 
phiné, savetier,  25  ans,  condamné  par  le 
parlem.  de  Dijon,  15  mars  1687.  Sur  la 
Fortune,  h  Marseille  en  1698,  et  plus  tard 
sur  VEmeraude  h  Dunkerque;  n«  9376.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  à  Basle. 

43-  Appelvoisin( d'),  du  Poitou,  1686; 

voy.  ci-dessus  I,  col.  295. 

Aquet,  voyez  Quest. 

44.  Arbret  (André),  du  Poitou,  cond.  en 
1687  ;  mort  h  la  peine. 

45-  ARBRET_^(Louis)  de  Pusauge  en  Poitou, 
condamné  par  l'Intendant  M.  de  Foucault, 
22  fév.  1687. 

46-  Archimb.vud  (André),  de  Peauci  en 
Poitou,  condamné  en  1699;  sur  VAtnbi- 
tieuse  h  Marseille;  mort  le  2  nov.  1701. 

47-  Archimbaud  (Jean),  de  Nions,  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Bouchât,  le  23  nov.  1689. 

47  bis.  Ardent  (Jean),  de  Dieppe,  30  ans, 
arrêté  le  17  sept.  1686  à  Arras,  pour  avoir 
voulu  sortir  du  royaume  et  condamné, 
12  mars  1687,  aux  galères  perpétuelles;  sur 
la  Guerrière. 

48-  Armand  (Etienne),  de  La  Tour,  val- 
lée de  Luzerne,  condamné  par  M.  de  Bou- 
chât, le  12  oct.  1689  ;  mort  à  la  peine. 

49-  Armand  (Jean),  du  Languedoc,  signalé 
en  1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  dé- 
faillances dans  la  foi. 

50-  Armentier  ou  Armentières  (Jacques(, 
de  Pignan  en  Languedoc,  vigneron,  30  ans, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes  le  20 
août  1704  pour  assemblée  pieuse  ;  mis  à  la 
chaîne  en  1705;  n°  28,799  ;  sur  VAtnazone. 
Libéré  en  1713  et  retiré  à  Zurich,  avec  sa 
cousine  Gécile  Gourtine  qui  alla  le  joindre  h 
Marseille  pour  sortir  du  royaume. 

51.  Armentier  (Louis),  contumax. 

52-  Arnail  ou  Arnal  (Pierre),  maître 
d'école  de  Vegèze  ;  condamné  par  le  prési- 
dial de  Nîmes  le  4  avril  1686.  A  été  libéré. 

53-  Arnal  (Etienne),  de  Pontinaux,  dio- 
cèse d'Alais,  maçon,  45  ans,  condamné  h 
Montpellier  en  mai  1691  pour  assemblée 
pieuse  ;  n»  14,638.  Sur  la  Fleur  de  lys, 
puis  sur  V Héroïne  à  S'-Malo  vers  1695, 
puis  sur  la  Vieille-réale  à  Marseille.  Libéré 
en  1713. 

54.  Arnal  (Guillaume),  de  Bédarieux  ; 
1710  ;  n"  35,356  ;  sur  la  Guerrière. 


217 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


218 


55.  Arnasson  (Claude),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  septembre 
1698,  pour  avoir  été  au  prêche  à  Orange  ; 
évadé  en  1701  ;  réfugié  h  Londi*es. 

56-  Arnaud.  Deux  personnes  des  mêmes 
nom  et  prénom  :  le  premier,  Antoine,  de 
Gros,  ou  du  Buisson  en  Cévennes,  condamné 
par  le  présidial  de  Nimes  le  3  avril  1686  : 
mort  à  la  peine  au  bout  d'un  mois  ;  —  le 
deuxième,  de  Nages,  condamné  par  le  ma- 
réchal de  Montrevel  le  8  mai  1703. 

58-  Arnaud  (Etienne),  condamné  le  17 
fév.  1745  par  le  parlera,  de  Grenoble  pour 
avoir  enseigné  le  chant  des  psaumes. 

59.  Arnaud  (Jean),  de  La  Tour,  vallée  de 
Luzerne,  condamné  par  l'Intendant  du  Dau- 
phiné  le  12  oct.  1689. 

60.  Arnaud  (Matthieu),  de  Vandémian, 
en  Languedoc,  condamné  par  le  parlera, 
de  Grenoble,   21   mai   1686.    A  été   libéré. 

61.  Arnaud  (Pierre).  Ti'ois  individus  por- 
tant les  raêraes  nom  et  prénom  :  l'un  con- 
damné en  1686,  et  rais  sur  la  Vieille-réale  ; 
—  l'autre,  de  Sommières,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes  le  6  sept.  1687  ;  —  le 
troisième,  de  La  Salle  en  Cévennnes,  mort 
h,  la  peine  le  22  janvier  1696. 

64.  Arnaud,  «  Le  fils  d'Ai'naud,  de  Pi- 
gnan  ;  »  condamné  par  M.  de  Basville  à 
Nîmes,  20  août  1704  ;  contumax. 

65.  Arnoul  (Guillaurae),  1713. 

66.  Arsac  (Daniel),  de  Beauvei't,  paroisse 
de  Saint-Jean-Roule,  prédicantdu  Vivarais, 
cadissier  de  profession,  25  ans.  Après  six 
mois  de  cruautés  subies  dans  la  prison  de 
Beauregard,  condamné  k  Montpellier  en 
1696.  N»  19,712.  Sur  la  Conquérante  à  S'- 
Malo,  puis  sur  la  Forte  à  Marseille.  Libéré 
en  1713,  Mort  à  Lausanne  eu  1730. 

67.  Artigues  (Jean),  de  Limarès,  près 
du  Colet  de  Dèze,  en  Cévennes  ;  condamné 
en  1700.  Mort  à  la  peine  le  2  mai  1701,  ga- 
lérien de  la  Vieille-réale. 

68.  Aseldon  ou  Jonquils  (Joseph),  de  la 
ville  de  Camavarsier  au  pays  de  Galles  en 
Angleterre  ;  condamné  en  1706.  N"  31,985  ; 
sur  VEclatante  ;  mort  à  la  peine  en  septem- 
bre 1709. 

69.  Astier  (Alexandre),  tisserand  de 
toile,  de  Vignac  paroisse  de  S'-Cierge  ou  de 
de  La  Serre  en  Vivarais,  27  ans,  condamné 
par  M.  de  Broglie  le  10  juin  1689  pour  as- 
semblée pieuse.  Sur  la  Magnanime  à  S*- 
Malo  en  1698  n<>  11315.  Libéré  en  1713  et 
exilé  à  Zurich.  —  Voyez  dans  le  Bull. 
XXIX,  460  le  récit  des  souffrances  d'Alex. 
Astier  natif  de  Vignac  en  Vivarais. 

70-    AsTRUc    (Antoine),    de    Villesèque, 


près  de  Sauve,  en  Languedoc  ;  environ  68 
ans,  condamné  à  Montpellier  en  1692.  Vers 
1695  sur  la  Souveraine  ;  mort  à  la  peine, 
galérien  de  la  Vieille-St-Louis,  n"  11,665 
à  Marseille  le  27  août  1704. 

71.  AuBERT  (Daniel),  de  Vitry-le-Fran- 
çois,  en  Champagne;  condamné,  pour  sortie 
du  royaume,  par  le  parlement  de  Metz  le  17 
sept.  1686  :  n"  9009  ;  sur  la  Vieille-réale. 
Mort  à  l'hôpital  le  28  mai  1708. 

72.  Aubier  (Louis),  de  la  Tremblade  en 
Saintonge,  24  ans  ;  sorti  de  France  en 
1687  pour  aller  de  Hollande  en  Terre- 
Neuve  ;  pris  sur  un  vaisseau  venant  de 
Guinée  le  24  janv.  1689  ;  arrivé  en  galère 
le  10  déc,  1690;  sur  la  Fière  h  Marseille 
vers  1695;  sur  l'Amazone  ou  la  Marquise 
à  Brest  en  1698. 

Aubier  (Daniel;  ? 

73.  Aubin  (Daniel),  de  Selle,  près  Poi- 
tiers, condamné  par  l'Intendant  M.  de  Fou- 
cault, le  5  mars  1688  ;  passé  en  Amérique. 

74.  AuDiBERT  (Pierre),  faiseur  de  bas,  de 
Niraes,  aiTêté  à  Châtillon ,  condamné  h. 
Montpellier  le  16  sept.  1693. 

75.  AuDOYER  (Antoine),  d'Atiot  en  Cé- 
vennes condamné  à  Grenoble  en  1701  ; 
mort  à  l'hôpital  le  16  mars  1703. 

76.  AuDOYER  (ïltienne),  de  Cardet  eu 
Languedoc,  écroué  en  juillet  1706,  n»  30,803. 
Libéré  en  1712  après  abjuration. 

77.  AuDRA  (David),  de  Pontaix  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble, 29  octobre  1686.  A  été  libéré. 

78.  AuGEREAU  ou  Auzerou  (Pierre),  de 
Sainte-Foy-le-Grand,  marchand  de  bétail, 
46  ans,  condamné  à  Bordeaux  en  1691  pour 
assemblée  pieuse.  N"  17,674.  Sur  la  Guer- 
rière en  1698,  puis  sur  la  Galante  à  Mar- 
seille, libéré  en  1713  et  retiré  à,  Basle. 

79.  AuGiER  (François),  de  Savasse  près 
Montélimar,  en  Dauphiné  ;  condamné  par  le 
sort  à  Grenoble  le  23  novembre  1689,  comme 
ayant  pris  part  h  l'expédition  des  Vaudois;  n» 
11,826.  Sur  la  Perle,  h  S'-Malo  en  1698. 
Libéré  en  1714.  Pensionnaire  de  MM.  de 
Berne,  k  Morges,  en  1719. 

80.  AuGiER  (Etienne),  libéré  en  1717. 
Augier,  voyez  Ogier. 

81.  AuGiÈRE  (Pierre),  tissserand,  con- 
damné par  le  parlera,  de  Bordeaux,  17  déc. 
1749. 

82.  AuMÈDEs  (Paul),  du  Cayla  en  Lan- 
guedoc ;  condarané  par  le  présidial  de  Nî- 
raes  le  23  septembre  1702  ;  écroué  en  oc- 
tobre de  la  mènie  année.  N"  26,968. 

83.  AuNAN  (Nicolas),  fils  de  Pierre,  de 
Coulorgue,   condarané  par  le  maréchal  de 


219 


FORÇATS    ET   GALÉRIENS. 


220 


Montrevel  h  Montpellier,  le  10  janvier  1704, 
comme  camisard. 

8i.  AuRÈLE  (Bertrand),  de  Lauriol  en 
Dauphiné,  laboureur,  44  ans,  condamné 
pour  armes  trouvées  chez  lui.  N°  11,396.  Sur 
la  Princesse,  puis  sur  la  Vieille-  réale  à 
Marseille  vers  1695.  Libéré  en  1713  et  retiré 
à  Glaris. 

8S.  AuRENCHEs  (Charles),  laboureur  de 
Malion  paroisse  de  S*-Sauveur  du  Vivarais, 
condamné  h  Montpellier  le  2  nov.  1701. 

86-  AuRÈs  (Alexandre),  maire  de  Vebron, 
condamné  à  Montpellier  le  27  juin  1703. 

87.  AuRÈs  (Pierre),  entre  1703  et  1710. 

88-  AuRivEL  (Simon),  de  Valence  près 
Uzès,  condamné  à  Montpellier  par  M.  de 
Roquelaure  le  30  juin  1717,  pour  assemblée 
pieuse. 

i  89.  AussiÈRE  ou  Ausières  (Etienne)  de 
Tousas  près  Alez  en  Languedoc  :  condamné 
pour  assemblée  pieuse  (1701).  N"  26,141. 
Sur  VHéroïne. 

90-  AussY  (Jacques),  de  la  Gorge  dioc. 
de  Viviers,  condamné  par  M.  de  Broglie,  17 
juin  1689. 

91.  AusTRY  (Philippe),  de  Cornableu, 
condamné  à  Montpellier  par  M.  de  S'-Priest 
le  11  octobre  1754  ;  contumax. 

Autecaire  (d'),  voy  Robert. 

92-  Auvergne  (Jean,  d'),  chirurgien  de 
Casteljaloux,  en  Guienne,  condamné  par  le 
parlement  de  Besançon,  2  août  1686.  A  été 
libéré. 

93-  AuzENEAu  (Pierre),  des  Esgonnais 
près  Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M. 
de  Foucault  le  5  mars  1688  ;  mort  à  la 
peine. 

Auzereau.  Voyez  Augereau. 

94.  Avon  (Paul),  d'Arilage  d'Aurel,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  pai'lem.  de 
Grenoble,  9  sept.  1687. 

95-  Babela  (Pierre),  des  environs  de 
Lausanne  en  Suisse.  Sur  la  Fidèle,  à  Mar- 
seille, vers  1695  ;  mort  à  la  peine  en  1696. 

96.  Bâchasse  (Pierre),  de  Meuglas  ;  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble  :  21  mai 
1740. 

97.  Baheu  (Louis),  de  Chambray  près 
Hesdin,  condamné  par  le  parlem.  de  Tour- 
nay,  31  juill.  1686. 

98-  Baille  (Henri),  de  Saint-Pargoire, 
près  Montpellier,  condamné  par  le  parlem. 
de  Grenoble,  3  juill.  1686.  A  été  libéré. 

99-  Baille  (Jean),  de  Guienne  ;  condamné 
par  la  Cour  des  Aides  à  Libourne,  13 
juin  1687  ;  mort  à,  la  peine. 

100.  Ban  (Charles),  du  Poitou,  1688. 
101-  Bancilhon  (Jean),  de  Pierre-Froide 


en  Cévennes  ;  condamné  à  Grenoble  par 
l'Intendant  M.  de  Bouchât,  23  nov.  1689 
pour  s'être  joint  aux  Vaudois  ;  n»  11,811. 
Sur  la  Palme,  à  Dunkerque  en  1698  ;  libéré 
en  1714. 

102-  Bancilhon  (Jean-Bapt.),  de  Florac, 
en  Gévaudan,  condamné  par  M.  de  Broglie 
et  par  M.  de  Basville  à  Saint-Hippolyte,  le 
6  oct.  1689,  pour  assemblée  religieuse.  Sur 
la  Hardie  à  Marseille  en  1698;  n"  11,652; 
puis  détenu  au  Château  d'If.  Libéré  en  1713. 

103-  Bancillon  (Jean),  cond.  le  18  oct. 
1691  par  le  présidial  de  Nîmes. 

104.  Banier  (J.-B.),  avant  1705. 

105.  Banques  (Jean  de),  ou  du  Bin,  de 
Rimbrecquen  en  Angleterre  ;  1710;  n"  35,649; 
sur  la  Gloire. 

106.  Baradon  ou  Barrandon  (Jean),  de 
Montels,  en  Languedoc,  condamné  comme 
camisard  pai*]  M.  de  Basville,  à,  Montpel- 
lier, le  22  août  1703,  écroué  en  octobre 
même  année,  n"  27,906  ;  sur  la  Hardie  et 
sur  la  Magnanime. 

107.  Barafort  (Jean),  de  La  Salle  en 
Cévennes,  condamné  en  1692  ;  mort  à  l'hô- 
pital le  25  déc.  1695  ;  enterré  avec  les  Turcs, 
«  marque  de  sa  persévérance  en  la  foi.  » 

108.  Barrafort  (André),  laboureur,  de 
S'-Christol  diocèse  d'Alais,  condamné  à 
Montpellier  le  30  mars  1702. 

109.  Baraqua  (Pierre),  de  Lauriol,  en 
Dauphiné,  ravaudeur  de  bas,  2Çt  ans  ;  con- 
damné k  Saint-Peiral  par  M.  du  Moular,  en 
août  1691,  pour  assemblée  pieuse;  sur  La 
Palme  à  Dunkerque,  puis  sur  la  Ferme  à 
Saint-Malo  en  1698,  n»  13,652.  Libéré  en 
1713  et  retiré  à  Schaffhouse. 

110-  Barathon  (Jean)  ;  sur  la  Hardie,  à 
Marseille,  vers  1695. 

111.  Barbasuc  (Jean),  fils  de  Guillaume, 
de  Foissac  ;  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier  le  10  janvier  1704 
comme  camisard. 

112.  Barbier  (Jean),  sur  YHeureuse  à 
Dunkerque,  n"  54,  libéré  en  1711  ou  1712 
pour  servir  dans  les  troupes. 

113.  Barbusse  (Jean),  deux  individus  des 
mêmes  nom  et  prénom,  l'un  de  Castagnol- 
les,  en  Languedoc  ;  condam.  par  le  parlem. 
de  Grenoble,  28  juin  1686;  a  été  libéré  : 
—  l'autre,  maçon,  de  Tornac,  condamné 
par  M.  de  Basville  à,  Montpellier  le  8  juillet, 
en  1700. 

115.  Barbusse  (  André  ) ,  condamné  à 
Montpellier  le  13  novembre  1701. 

116-  Barbut  (Etienne)  de  Marsillargues, 
condamné  par  le  présidial  de  Montpellier, 
3  mars  1698. 


221 


FORÇATS    ET    GALÉRIENS. 


222 


117.  Barchon  (Guillaume),  gentilhomme 
de  Verlisse,  en  Sologne,  condamna  par  le 
parlem.  de  Metz;  15  mars  1687  ;  mort  à  la 
peine. 

118-  Bard  (Jacques),  de  D ,  en  Dau- 

phiné  ;  condamné  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble, 28  nov.  1685  ;  mort  h  la  peine. 

119-  Barely  (Guillaume),  écossais;  sur 
la  Grande,  à  Marseille  vers  1695.  Libéré  en 
1698. 

Bargillac,  voyez  Bergillac. 

120.  Bargin  (Sébastien),  du  Faucigny  en 
Savoie  ;  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 11  juin.  1687. 

121.  Bargoin  (Jean),  de  Pragelas,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  d'Aix, 
18  août  1689. 

122-  Barière  ou  Barrière  (P.),  aussi 
nommé  Moyse  Leron,  galérien  à  Marseille 
en  1718. 

123.-  Barillot  (Daniel),  des  Gonnes,  près 
Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault  le  5  mars  1688.  Passé  en  Améri- 
que. 

124.  Barlon  ou  Barton  (Rostan),  de  Ras- 
teau  en  Dauphiné,  condamné  par  le  prési- 
dial  de  Valence  le  5  novembre  1687. 

Barmont  ;  lisez  Varmont  et  voyez  Gre- 
nier. 

125.  Barnata  (Daniel  de),  d'Arauvison 
pi'ès  Navarrens  en  Béarn,  condamné  par  le 
parlem.  de  Pau,  17  mars  1687  ;  mort  à  la 
peine. 

126.  Barnaud  (Moyse),  de  la  Charse  en 
Provence,  condamné  pour  assemblée  reli- 
gieuse en  1689;  sur  la  Madame,  n"  11010. 

127-  Barnavon  ou  Barnabon  (Etienne),  de 
la  paroisse  de  Bombière,  en  Dauphiné,  con- 
damné h  Valence,  18  fév.  1689,  pour  assem- 
blée religieuse.  Sur  la  Vieille-Saint- Louis 
à  Marseille  en  1698,  n"  10,992  ;  mort  le  10 
janvier  1711.  —  Conf.  Bernabon. 

128.  Barnier  (Antoine)  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure,  à  Montpellier,  27  fév.  1720. 

129-  Barnier  (François),  de  S'-Jean  du 
Gard,  cond.  à  Montpellier  le  3  mars  1698. 

130.  Barnier  ou  Bernier  (Joseph),  de 
Nions  en  Dauphiné,  fabricant,  53  ans,  con- 
damné par  le  parlement  de  Grenoble  le  17 
juin  1752  pour  assemblée  pieuse.  N»  6863. 

131.  Barque  (Jean),  sur  la  Ferme  à  S'- 
Malo  en  1691. 

132.  Barral  (Pierre),  de  Montpellier 
condamné  par  le  duc  de  Berwick  à  Mont- 
pellier, 15  mai  1705. 

133.  Barrau  (Jean),  fils,  bourgeois  de 
Réalmont,  32  ans,  condamné  par  M.  de  S'- 


Priest,  à  Montpellier  26  octobre  1754;  li- 
béré en  1762. 

134.  Barrau  (P),  du  pays  Castrais,  1687. 

133.  Barraud  (René),  sieur  de  la  Canti- 
nière,  de  Talemont  en  Bas-Poitou.  Con- 
damné à  Poitiers  par  l'Intendant,  M.  de 
Foucault,  le  17  mai  1686.  Sur  la  Perle  ; 
mort  le  13  juin  1693. 

136.  Barreiron  (Isaac),  de  Pignan  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Nîmes  le  20 
août  1704  ;  contumax. 

137-  Barret  (Paul),  de  Pommaret  en 
Piémont,  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 9  janv.  1686. 

138.  Barrière  (Jacques),  de  Naye  en 
Béarn,  condamné  par  le  parlem.  de  Pau, 
l""  déc.  1686  ;  passé  en  Amérique. 

Bartaragnon  (de),  voyez  Robert. 

139.  Barte  (J.),  Cévenol,  1686;  libéré  en 
1713. 

Barthal,  voyez  Batal. 

I39àis.  Barry  (Paul),  voiturier,  de  Nîmes, 
condamné  par  M.  le  duc  de  Roquelaure  à 
Montpellier,  10  juin  1706. 

140.  Barthe  (Jean),  d'Aumessas  dans  les 
Cévennes,  condamné  h  Montpellier  en  décem- 
bre 1691  comme  guide  ;  n»  13,968  sur  la 
Palme  à  Dunkerque,  et  la  Victoire  ou  Y  Heu- 
reuse, à  S*-Malo  en  1698. 

141-  Barthès  (André),  bourgeois  des 
Fournials,  consulat  de  Montredon,  con- 
damné par  M.  de  S*-Priest,  k  Montpellier 
le  11  octobre  1754;  mort  en  1755. 

142.  Bas  (Jean),  de  Genève,  condamné 
par  le  présidial  de  Lyon,  17  mars  1687. 

143.  Basque  ou  Bascoul  (Daniel),  de  Bé- 
darieux  en  Languedoc,  tondeur,  25  ans, 
cond.  pour  sortie  du  royaume,  en  1701  : 
n»  25,719  ;  libéré  en  1713  et  retiré  à 
Berne. 

144.  Bastide  (Jacque),  de  S'-Sébastien 
condamné  par  M.  le  maréchal  de  Montre- 
vel  à  Alais,  7  nov.  1703;  camisard. 

145-  Bastide  (Pierre),  de  Mialet,  près 
d'Anduze  en  Languedoc,  drapier,  26  ans, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  15 
nov.  1689,  pour  assemblée  pieuse  ;  n°  11,699. 
Sur  VAmbitieuse  ou  VEmeraude,  à  Bor- 
deaux en  1698.  Libéré  en  1713.  Pension- 
naire de  MM.  de  Berne  à  Morges  en  1719. 

146.  Batal,  Bathal  oxi  Barthal  (Jacques), 
des  Plos,  paroisse  de  Gluiras,  en  Vivarais, 
condamné  en  août  1709.  Sur  la  Patronne, 
n»  33,960  ;  mort  à  l'hôpital  le  5  fév.  1710. 

147.  Battie  père,  de  Pignan,  condamné 
par  M.  de  Basville  à  Nîmes,  20  août  1704  ; 
contumax. 

Baud,  voyez  Beaud. 


223 


FORÇATS    ET    GALÉRIENS. 


224 


148-  Baud  (Jean),  des  Sarrons,  parr.  de 
Mens,  cond.   par  le  parleni.  de  Grenoble, 

21  mai  1740. 

149-  Baudoin  (Daniel),  de  Saint-Martin 
de  Mesle,  en  Poitou,  condamné  par  l'In- 
tendant M.  de  Foucault,  5  mars  1688.  Passé 
en  Amérique. 

150-  Baumelle  (Etienne)  meunier,  de 
Montpellier,  condamné  par  le  duc  de  Ber- 
wick  h  Montpellier  le  15  mai  1705. 

151-  Baumes  (François),  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  à  Montpellier  le 

22  avril  1723. 

152-  Baunier  (Etienne),  mis  aux  galères 
avant  1705;  sur  la  Magnanime  en  1712, 
n"  29578.  Libéré  après  abjuration. 

153.  Baurain  (Antoine),  de  TuUy  en 
Normandie,  condamné  par  le  pai'lement 
de  Paris,  16  avril  1685  ;  passé  en  Amé- 
rique. 

154.  BaUTIAS     dit     YSTRAIN     ou    ESTRAN 

(Jean),  de  Lan  en  Provence,  condamné  en 
1689  comme  complice  des  Vaudois  ;  n" 
11817;  sur  l'Ambitieuse  ou  VE)7ieraude  à 
Bordeaux  en  1698.  —  Voy.  Beauthias. 

155-  Baux  (Antoine),  de  Betignac  paroisse 
de  Collognac,  en  Languedoc,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes,  26  fév.  1686  ; 
mort  <i  la  peine. 

156-  Baux  (François  du)  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

157-  Bayard  (Raymond),  serrurier  con- 
damné par  le  parleni.  de  Bordeaux,  17  déc. 
1749. 

158-  Baymon  (P.),   des  Cévennes,   1692. 
159.  Beau  (Claude),  galérien  à  Toulon  en 

1703. 

160-  Beauchamp  (Philippe),  de  proche 
de  Lisieux  en  Normandie,  1711  ;  n»  36,629  ; 
sur  V Ambitieuse. 

161-  Beaud  (Barthélémy),  granger  du 
domaine  de  Beaulieu,  mandement  de  Beau- 
mont,  condamné  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble, 23  sept.  1746  ;  contumax. 

162-  Beaud  (Jean),  des  Mottes,  près  Beau- 
mont,  condamné  comme  le  précédent  ;  con- 
tumax. 

163-  Beaulieu  (Jacques),  des  Gonnes  près 
Poitiers  ;  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  5  mars  1688. 

164-  Beaumier  (Jacques),  de  Saint-Jean 
de  Gardonnenques  en  Cévennes,  condamné 
en  1706.  Galérien  sur  la  Princesse;  n" 
30,890;  en  1709. 

165-  Beaumont  (Isaac)  ;  sur  la  Souve- 
raine à,  Marseille. 

166.  Beauthias  (Jean),  condamné  par  le 


présidial  de  Nîmes,  le  23  juillet  1708  ;  libéré 
en  1714. 

167-  Beauvaine  (Jean),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

168-  Beauvière  (Antoine),  sur  la  Vieille- 
réale. 

169-  Béchard  (Clément  ou  Claude),  d'Au- 
bais  en  Languedoc,  condamné  comme  cami- 
sard  en  septembre  1705  ;  n»  28,815  ;  sur  la 
Réale  ;  libéré  en  1716. 

170-  Béchard  (Pierre),  tailleur  d'habits 
de  S*-Génies-de  Malgoire,  condamné  à  Mont- 
pellier le  15  mars  1755. 

171.  BÉDARD  (Elie),  de  Royan  en  Sain- 
tonge,  capitaine  d'un  vaisseau  danois,  con- 
damné avec  son  équipage  le  7  septembre 
1693,  par  le  lieutenant  de  l'Amirauté.  Il  en 
appela  ;  la  condamnation  fut  confirmée  à 
Aix  dix-huit  mois  plus  tard.  Mort  sur  la 
Superbe  à  Marseille  en  janvier  1697. 

Bédat,  voyez  Dubédar. 

172-  Bedon  (Pierre),  de  Petit  Mars  en 
Bretagne,  condamné  par  le  parlem.  de  cette 
province  le  23  février  1685.  Libéré  dans  la 
suite. 

173.  Begon  (Jean),  de  Saint-Dizier  en 
Dauphiné,  condamné  le  4  avril  1689  ;  mort 
à  la  peine. 

174.  Bel  (Louis),  25  ans,  bourgeois  de 
Mazamet,  diocèse  de  Lavaur,  condamné  par 
l'intendant  du  Languedoc  le  5  avril  1745 
pour  assemblée  religieuse.  Sur  VEclatante 
en  1746.  N"  20,396  puis  2,226.  Libéré  en 
1753. 

Bel,  voyez  Betz. 

175-  Belbêche  (Jacques)  ;  sur  la  Guer- 
rière à  Marseille  vers  1695. 

176.  Belet  (Pieri-e),  d'Esru  en  Savoie, 
condamné  par  le  parlement  de  Grenoble,  12 
février  1686.  Libéré  dans  la  suite. 

Belloc  —  et  non  Bellot  —  voyez  Grenier. 

177.  Belremon  (J.),  en  I7I3. 

178.  Benech  (Gabriel),  de  Caussade,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Montauban  le  5 
décembre  1689. 

Benêt  ou  Bennet  (Daniel),  voyez  Benoit. 

179-  Beneteau  ou  Benton  (Henri),  de  la 
Rochelle,  condamné  aux  îles  de  l'Amérique 
pour  avoir  voulu  fuir  en  Angleterre,  1688  ; 
sur  la  Souveraine  puis  sur  la  Fière  h  Mar- 
seille vers  1695.  N»  10565. 

180.  Benique  ou  Beniquet  (Pierre),  de 
Mandagout,  condamné  à  Montpellier  par  M. 
le  duc  de  Roquelaure,  le  17  mars  I7I6  pour 
avoir  été  trouvé  porteur  d'un  fusil  à  une 
assemblée  religieuse.  Libéi'é  en  I7I7. 

181.  Beuniol  (Jacques),  1717. 


225 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


226 


182-  Benoit,  Benêt  ou  Bennet  (Daniel),  de 
Fresne  ou  Frexine  près  Poitiers,  condamné 
il  Saint-Maixant  par  l'Intendant,  M.  de 
Foucault,  le  5  mars  1688.  Sur  la.  Souveraine 
puis  sur  \a,Reno7nmée  ;  mort  à  la  peine  le 
21  avril  1701. 

183-  Bentajon-Colomat  (Charles),  cond. 
par  M.  le  C"  de  Broglie  le  23  oct.  1697  ; 
contumax. 

Benton,  voyez  Beneteau. 

184-  Benys  (Pierre). 

185-  Béranger  (Antoine),  du  Plan  de 
Baix,  condamné  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble, 1"  sept.  1753,  pour  participation  à,  une 
assemblée  pieuse. 

186-  BÉRANGER  (Louis),  du  Dauphiné, 
signalé  en  1693  pour  sa  constance  dans  la 
foi. 

i87-  BÉRANGER  (Pierre),  de  Pontaix,  en 
Dauphiné  ;  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  29  septembre  1686.  A  été  libéré. 

188-  BÉRARD.  Sept  individus  de  ce  nom, 
de  Châteaudouble,  diocèse  de  Valence  en 
Dauphiné,  condamnés  en  deux  fois  par  le 
parlem.  de  Grenoble  ;  savoir  le  7  mars 
1745  :  Antoine,  le  cadet,  Pierre,  l'aîné,  l'un 
et  l'autre  contumax;  Paul  sur  la  Patronne, 
en  1746,  n»  20,700  (et  2339)  ;  libéré  en  1750  ; 
—  le  28  septembre  1745  :  Jean,  dit  le  Grand 
Jean,  et  Moïse,  hôte  du  logis  de  la  «  Made- 
laine  »  à  Livron,  l'un  et  l'autre  contumax  : 
Jean,  dit  le  Petit,  libéré  en  1748,  et  Louis, 
dit  La  Douceur,  galérien  de  la  Perle,  n» 
21,614;  libéré  en  1750. 

195.  Beray  (Antoine),  de  Nègrepelisse 
en  Quercy,  condamné  par  l'Intendant  de 
Montauban,  le  3  décembre  1689. 

196-  Berbigiers,  six  personnes  de  ce 
nom,  gentilhommes  des  verreries  de  Poin- 
tis  (diocèse  de  Conserans,  comté  de  Foix)  ; 
condamnés  par  le  présidial  d'Auch,  le  5  fé- 
vi'ier  1746  :  I.  Marc,  sieur  de  La  Vignasse, 
habitant  de  Sainte-Croix,  aux  environs  de 
Pointis  ;  Jacques,  sieur  de  Vignasson  ;  Jean, 
sieur  de  Lommet  et  Guy,  ses  fils  ;  —  IL 
Jean,  sieur  de  Bersiers,  habitant  de  Pon- 
delay,  paroisse  de  Fabas,  et  Jacques,  sieur 
de  Fageau  son  frère  ;  tous  contumax. 

202-  Berbiguiers  (Jean),  boulanger  d'An - 
duze  condamné  par  le  présidial  de  Nîmes 
le  31  déc.  1685. 

Bereu,  voyez  Berru. 

203-  Bergeon  (Jacques).  Libéré  en  1717. 

204-  Berger  (Louis),  de  Nîmes,  condamné 
en  juin  1708,  pour  assemblée  pieuse.  N" 
33,583  ;  sur  la  France.  Libéré  en  1717. 

Berger-Ragts,  voyez  Ragatz. 
Berger  (de),  voyez  Grenier. 


205-  Bergillac  ou  Bargillac  (Antoine), 
de  Vertieu  en  Dauphiné,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  30  mars  1686. 

206.  Bérias  (Bertrand),  de  Nîmes  ou  des 
environs  ;  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure,  à  Montpellier  le  27  fév.  1720. 

207-  Bérion  (Jacques),  de  Nîmes,  cond. 
pour  assemblée  pieuse,  1708  ;  à  la  peine  à 
Marseille  en  1709,  sur  V Eclatante.  N° 
33,586. 

208-  Berle  (Moïse),  en  campagne  en  1704. 

209-  Berlin,  ouvrier  en  petites  étoffes, 
de  Dieu-le-fit,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  2  avril  1746  :  contumax. 

210-  Berna  (Etienne),  d'Empuragues,  en 
Vivarais,  condamné  par  M  de  Broglie  le  2 
janv. 1690. 

211-  Bernabon  (Etienne),  sur  la  Fiére  à 
Marseille,  vers  1695. 

212-  Bernadou  (David),  et  Pierre  son  fils, 
marchands-facturiers  de  Mazamet,  diocèse 
de  Lavaur,  condamnés  à  vie  par  l'Intendant 
de  Montpellier  pour  assemblée  religieuse, 
le  6  avril  1746.  Tous  deux  morts  aux  galè- 
res ;  le  père  au  bout  de  trente-deux  jours, 
et  le  fils,  n"  2227,  en  1753. 

214.  Bernard  (André),  de  Vendres,  pa- 
roisse de  Lus-an,  diocèse  d'Uzès,  travailleur 
de  terre,  35  ans,  condamné  h  Montpellier 
par  l'Intendant  du  Languedoc,  17  janv. 
1750  ;  n"  4639.  Libéré  en  février  1766. 

215-  Bernard  (Antoine),  d'Etampes  en 
Orléanais,  condamné  par  le  parlem.  de  Pa- 
ris, 7  janvier  1689.  Mort  à  la  peine  le  12 
nov.  1699. 

216-  Bernard  (David,  manchot,  veuf  avec 
3  enfants,  travailleur  de  terre,  de  Marco, 
mandement  de  Mezillac  en  Vivarais,  cond. 
le  10  oct.  1699. 

217-  Bernard  (Etienne),  avant  1705  ;  est 
peut-être  le  même  que  Etienne  Berna  ;  voyez 
plus  haut. 

218-  Bernard  (Isaac),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

219.  Bernard  (Israël),  de  Bourdigues, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  le  maréchal 
Montrevel  le  17  juin  1703,  écroué  le  28 
juin  1703;  n»  27,657;  sur  la  Fidèle.  Libéré 
en  1716. 

220-  Bernard  (Jean).  Trois  sous  les  mô- 
mes nom  et  prénom  :  l'un,  mis  à  la  chaîne 
en  1696;  l'autre  de  Venterol  en  Dauphiné, 
condamné  par  l'Intendant  de  Provence  M. 
Lebret,  le  21  nov.  1687  ;  sur  la  Ferme  ou  la 
Pahne  vers  1695  ;  libéré.  Le  troisième,  la- 
boureur de  S'-Christophe,  paroisse  du  Chaila, 
condamné  le  10  oct.  1699. 

223-   Bernard   (Louis),   de  Lezan ,   con- 

YI.  8 


227 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


228 


damné  par  M.  le  duc  de  Roquelaure  h  Mont- 
pellier, le  13  février  1717. 

224-  Bernard  (Pierre).  Deux  sous  les 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  mort  à  la  peine 
à  Marseille  vers  1695  ;  l'autre  condamné 
par  M.  le  duc  de  Roquelaure  à  Montpellier 
le  13  février  1717. 

226-  Bernard  (Thomas),  de  Marsillar- 
gues  près  Nîmes,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes  le  20  octobre  1687,  mort  devant 
Toulon  sur  la  Souveraine,  n"  9893,  le  6  nov. 
1703. 

227-  Bernaton  dit  PÉROL  (Jean),  de  St- 
Jean  en  Luzerne,  condamné  par  l'Intendant 
du  Dauphiné  le  12  octobi-e  1689. 

Bernier,  voyez  Barnier. 

228-  Berru  (Jean),  de  Saint-Jean  en  Lu- 
zerne condamné  par  l'intendant  du  Dau- 
phiné le  12  octobre  1689  pour  participation 
h  l'expédition  des  Vaudois  ;  sur  Y  Eclatante, 
n»  11,686. 

Bersiers  (de),  voyez  Berbigiers. 

229-  Bersot  ou  Bertot  (Daniel  ou  Da- 
vid), de  Val  en  Cévennes  :  libéré  pour  servir 
dans  les  troupes  en  1711  ou  1712. 

230-  Bertaud  (Etienne),  sur  la  Vieille- 
réale. 

23i.  Bertaud  ou  Berteau  (Pierre),  de 
Condé  sous  Meaux  en  Brie,  bourgeois  d'Ams- 
terdam, condamné  à  Tournay  en  février 
1696  comme  guide  ;  n"  19,839  ;  sur  la  Valeur 
à  Saint-Malo  en  1698.  Libéré  en  1714. 

232-  Bertezène  ou  Berthezène  (Jacques), 
d'Anduse,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure à  Montpellier  le  13  février  1717. 

233-  Berthet  ou  Berti  (Moïse),  de  Som- 
mières  en  Languedoc,  condamné  comme 
camisard  par  M.  de  Montrevel  le  10  juin 
1703  ;  n«  27,666  ;  sur  la  Fidèle. 

234-  Bertin,  de  Montélimart,  condamné 
le  2  avril  1746  par  le  parlem.  de  Grenoble. 

235-  Bertoud  (Pierre),  cité  comme  galé- 
rien dans  une  lettre  de  Marseille  en  date  de 
mai  1699.  C'est  peut-être  le  même  que 
Pierre  Bertaud,  ci-dessus. 

236-  Bertrand  (André),  de  Geneyrac, 
condamné  par  l'intendant  du  Languedoc  le 
3  février  1688. 

237.  Bertrand  (Daniel),  de  Courcelles 
en  Lorraine,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  10  juin  1687.  A  été  libéré. 

238.  Bertrand  (Etienne.  Trois  des  mê- 
mes nom  et  prénom  :  le  1"  de  Mornans, 
en  Dauphiné,  condamné  par  le  lieutenant 
général  M.  de  Larrey,  le  29  janv.  1689, 
passé  en  Amérique  ;  —  le  2°,  de  Pignan, 
condamné  par  M.  l'Intendant  de  Broglie, 
le  13  mars  1690  ;  —  le  3«  de  Saint-Giniez 


en  Languedoc,  condamné  à  Montpellier  en 
1691  pour  assemblée  religieuse  ;  sur  la 
Vieille-S^-Louis  h  Marseille  en  1698;  mort 
à  l'hôpital,  le  19  octobre  1708,  galérien  de  la 
Souveraine.  N»  13,954. 

241.  Bertrand  (François),  de  Civillière, 
condamné  par  le  pi'ésidial  de  Nîmes  le 
18  oct.  1691. 

242.  Bertrand  (Jean),  avant  1705. 

243.  Bertrand  (Louis),  d'Anduze,  con 
damné  pour  sortie  du  royaume  en  1701  ; 
n°  26,118  ;  sur  la  France.  Libéré  en  1714. 

244.  Bertrand  (Moïse),  boulanger  de 
Castres,  cond.  h  Montpellier  en  avril  1693, 
alors  âgé  de  33  ans. 

245-  Bertrand  (Pierre).  Deux  des  mêmes 
nom  et  prénom  :  l'un  de  Campis,  paroisse 
de  Meri'uis,  condamné  à  Montpellier  en 
1698;  sur  la  Grande- Vieille-réale  à  Mar- 
seille ;  —  l'autre,  dit  Callor,  «  fils  de 
boulanger,  »  de  Castres,  condamné  par  M. 
de  S*-Pi'iest  h  Montpellier  le  11  octobre 
1754  ;  contumax. 

247.  Béru,  Béreu  ou  Berru  (Jean),  vau- 
dois de  Saint-Jean,  vallée  de  Luzerne,  con- 
damné h  Grenoble  en  1689  ;  n»  11,686  ;  sur 
VEclatante,  puis  sur  la  Renomtnée  k  Saint- 
Malo,  en  1698.  Libéré  en  1713. 

248-  Bessède  (Jean),  de  Saint-Hippolyte 
ou  de  Saint-JuUien  des  Points,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes  le  31  mai  1690, 
mis  à  la  chaîne  le  surlendemain.  Libéré  en 
1694. 

249-  Besset  (Jean),  1686;  c'est  peut-être 
le  même  que  Jean  Bissot  ;  voyez  ce  nom. 

250-  Bets  ou  Bez  ou  Bel  (Jacques),  du 
Vivarais,  mort  à  la  peine  en  1701  ;  Est 
peut-être  le  même  que  Jean  Betz  d'Aisières, 
condamné  par  M.  l'Intendant  de  Broglie  le 
31 janv. 1690. 

231-  Bete  ou  Bite  (Jean),  signalé  en 
1693  comme  ayant  ti'iomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

202.  Beuni  (Jacques),  de  Montargis.  Sur 
la  Reine  h  S*-Malo  en  1698. 

203.  Beveteau  (Henri),  «  condamné  en 
l'Amérique,  »  1687;  sur  la  Grande-vieille- 
réale  h  Marseille  en  1698. 

254-  Bezan  (Jean),  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier  26  sept.  1698. 

255-  Bèze  (Pierre),  de  Fenières,  con- 
damdé  par  M.  de  Broglie  le  14  avril  1689  ; 
mort  à  la  peine. 

256-  BiA  (Paul),  tailleur,  de  Montauban, 
condamné  par  le  présidial  de  cette  ville,  30 
août  1736. 

257-  BiAS  (Noé),  de  Générac  :  condamné 
par  M.  le  maréchal  de  Montrevel  le  7  juin 


229 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


230 


1703  est  peut-être  le  même  que  Noël  Biozet; 
voyez  plus  loin. 
Biau,  voyez  Biozet. 

258-  Bic  dit  MoNTREDON  (Daniel),  de  Cas- 
tres, condamné  par  l'Intendant  de  Mont- 
pellier, le  11  octobre  1754;  n»  8603;  libéré 
en  janvier  1764. 

Biésot  voyez  Biozet. 

259-  Bigot  (François),  de  Bellegarde  en 
Languedoc,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  comme  camisard  le  7  juin  1703  ; 
n» 27,643;  sur  la.  Souveraine.  Libéré  en  1716. 

260.  Bigot  (Michel),  du  Château  de  Loir 
en  Touraine,  condamné  par  le  prévost  de 
Touraine,  le  8  avril  1687  ;  moi't  à  la  peine. 

261-  BiLEAiRD  (Jean),  sur  la  Belle. 

262-  BiLiAUD  ou  Billaud  (Jean),  matelot 
danois,  49  ans,  de  la  Tremblade,  en  Sain- 
tonge,  pris  sur  mer  en  juill.  1693;  con- 
damné h  Toulon,  puis  à  Aix,  en  1694.  Sur 
la  Grande  -  Vieille  -  réale  k  Marseille  en 
1698:  mort  le  20  septembre  1705. 

263-  Billard  (Antoine),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

264.  Bioro,  dit  Borne,  de  Châteaudun  en 
Beauce,  condamné  par  le  parlem.  de  Sain- 
tonge,  17  sept.  1689. 

Biros  (de),  voyez  Robert. 

265-  Biozet,  Biau  ou  Biésot  (Noël),  de 
Génerac  en  Languedoc,  condamné  comme 
camisard  ;  mis  à  la  chaîne  le  16  mars  1703  : 
n"  27,645  ;  sur  la  Réale.  Libéré  en  1716. 

266.  BissoT  (Jean),   du   grand    Ki (?) 

près  Liège,  le  22  nov.  1687. 

267-  BiTRE,  dit  Litre  (Jean-Pierre),  de  la 
Rochelle,  matelot  danois,  condamné  à  Tou- 
lon, puis  à  Aix  en  1694  ;  sur  la  Grande- 
Vieille-réale,  h  Marseille  en  1698. 

268-  Blache  (Jean),  de  Mastenac,  en  Vi- 
varais,  condamné  à  Montpellier  par  l'In- 
tendant du  Languedoc  le  23  octobre  1728. 

269-  Blain,  Blavin  ou  Blazin  (Jean),  de 
Sommières,  condamné  par  le  présidial  de 
Montpellier,  26  sept.  1698. 

270-  Blanc  (Guillaume),  de  Boucoiran, 
condamné  par  le  maréchal  de  Montrevel  à 
MontpeUierlelOjanv.1704  comme  camisard. 

271-  Blanc  (Jacques).  Quatre  individus 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  le  1"  con- 
damné en  1686,  sur  la  Princesse  ou  la  Mar- 
tiale ;  —  le  2",  de  Saint-Germain  en  Lu- 
zerne, condamné  par  l'Intendant  du  Dau- 
phiné  le  12  oct.  1689  ;  —  le  3%  de  Mouline, 
vallée  de  Queyras,  co^idamné  par  l'Inten- 
dant de  justice  M.  de  Bouchât  le  23  nov. 
1689  comme  vaudois  ;  n"  11812;  sur  la 
Princesse  ou  la  Martiale  à  Bordeaux  eu 
1698.  L'un  de  ces  trois  fut  libéré  en  1714. 


—  le  4",  de  la  vallée  vaudoise  de  Saint-Mar- 
tin, mort  sur  la  Forte  durant  la  campagne 
de  1698  ;  «  son  corps  fut  jeté  à,  la  mer  sous 
le  fanal  de  Gênes.  » 

275-  Blanc  (Jean),  Deux  des  mêmes  nom 
et  prénom  :  le  1"  de  Pragela  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  7  mai 
1687;  —  le  2«,  de  Sauve,  faiseur  de  bas,  con- 
damné à  Montpellier  le  31  décembre  1754, 
libéi'é  par  le  roi  le  25  septemb.  1756,  comme 
ayant  été  condamné  par  erreur;  libération 
entérinée  le  10  fév.  1757  à  Montpellier. 

277-  Blanc  (Pierre).  Trois  des  mêmes 
nom  et  prénom  ;  l'un  de  S'-Dizier  en  Dau- 
phiné, cond.  pour  assemblée  en  1689  ;  n° 
11,236;  sur  l'Heureuse  à  Dunkerque;  —  le 
2°  de  Fréminy,  en  Dauphiné,  condamné  par 
le  parlement  de  Grenoble  le  22  décembre 
1685,  —  le  3«  de  Geaigas,  condamné  par  le 
parlem.  de  Provence  le  27  avril  1689.  L'un 
des  trois  fut  libéré  en  1714. 

Blanchard,  pseudonyme  d'André  Vallette. 

281.  Blancher  (Jean),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

282-  Blanchet  (Jean),  lapidaire  de  Ge- 
nève, condamné  par  le  présidial  de  Lyon, 
5  nov.  1686.  Libéré  dans  la  suite. 

283-  Boc  (Guillaume),  marchand  de  Mon- 
tauban,  condamné  par  le  présidial  de  cette 
ville  le  30  août  1736. 

284-  Boibeleau  ou  Boybeleaud-La  Cha- 
pelle (François),  marchand,  de  Saintonge, 
frère  d'Armand  de  la  Chapelle  pasteur  k  la 
Haye,  condamné  le  2  août  1749  par  le  par- 
lem. de  Bordeaux  ;  pensionné  en  Hollande, 
1752. 

285-  BoiNE  (Daniel),  de  Villard  en  Lu- 
zerne, condamné  par  l'Intendant  du  Dau- 
phiné, 12  oct.  1689. 

286-  Bois  (Jacques),  de  Saint-Faurié  en 
Vivarais  ;  condamné  par  M.  l'Intendant  de 
Broglie  le  31  janvier  1690. 

287.  Bois-de-la-Tour  (Joseph),  de  Mô- 
tiers,  principauté  de  Neuchâtel,  négociant, 
condamné  par  le  parlement  de  Dijon  le  25 
septembre  1686  pour  avoir  été  trouvé  porteur 
d'une  lettre  pastorale  ;  sur  V Amazone  ou  la 
Marquise  k  Brest  en  1698;  n"  8582;  dut 
être  libéré  la  même  année  sur  la  demande 
de  l'Angleterre,  mais  cela  n'eut  pas  lieu. 

288-  BoissiER,  ouvrier  en  bas,  condamné 
k  Montpellier  par  l'Intendant  du  Languedoc, 
17  août  1745,  pour  avoir  introduit  et  vendu 
des  livres  de  la  R.  P.  R.  Contumax. 

289-  BoissiER  (Claude),  de  Sommières  en 
Languedoc  ;  condamné  en  1709  et  mort  le 
23  nov.  de  la  même  année  ;  n»  33,971  ;  sur  la 
Grande-réale . 


231 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


232 


290-  BoissiER  (Isaac),  d'Aubord,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Berwick  à  Mont- 
pellier, 15  mai  1705.  Libéré  en  1716. 

291-  Boisson  (Gabriel),  d'Orange,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Provence,  16  déc. 
1687. 

292-  Boisson  (Jean),  blancher  ou  cor- 
royeur,  de  Saintonge,  condamné  par  le 
parlem.  de  Bordeaux,  2  août  1749  ;  contu- 
max. 

293.  BoissY  (Antoine),  de  la  Grimauderie, 
en  Vivarais,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  23  mars  1686. 

Boitias  ou  Beautias  (Pierre),  de  Lan  ;  voj'. 
Bautias. 

Bolonnois  (Daniel),  voyez  Boulonnois. 

294.  BoNELLE  (Jean),  de  Villiers-le-Bel 
proche  Paris  ;  condamné  comme  guide  en 
1700  ;  n«  24,296  ;  sur  la  Grande-réale  h 
Marseille.  Libéré  en  1713. 

295.  BoNFiLS  (Audirant),  1713. 

296-  BoNFiLs  (Jacques),  dit  Daunès,  de 
S'-Lager  de  Peyre,  diocèse  de  Mende,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaure  h 
Montpellier  le  l*'  juin  1706. 

297.  BoNHOsTE  (Guillaume),  sur  la  Ma- 
gnanime  en  1700. 

298.  BoNiN  (Elie),  de  la  Tremblade  en 
Saintonge;  46  ans;  sorti  de  France  en  1687; 
établi  à  Flessingue  où  il  fut  reçu  bourgeois 
le  4  oct.  1687;  pris  en  mer  par  un  corsaire 
de  S*-Malo,  janv.  1689;  condamné  à  Brest, 
puis  à  Vannes,  1689.  Sur  la  Perle,  juill. 
1691;  puis  sur  la  Grande- Vieille-réale  à 
Marseille  en  1698.  Libéré  la  même  année. 

Bonin,  voyez  Bouin. 

299.  BoNioL  ou  Bonijol  (Jean),  chantre, 
de  Charnavas  en  Vivarais,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  2Q  sept.  1686.  Libéré 
et  passé  à,  Lausanne  en  1690. 

300-  BoNioL  ou  Bonniol  (Pierre) ,  de 
Sainte-Croix  de  Vallefrancesque,  diocèse  de 
Mende,  en  Gévaudan,  condamné  par  l'In- 
tendant de  Montpellier,  19  mai  1690. 

301.  BoNNADiEU  (Jacques),  de  Saint  Jean- 
de  Gardonnenquesen  Languedoc  ;  condamné 
en  1705;  et  renfermé  au  Château  d'If; 
n»  28,831  ;  mort  à  l'hôpital  de  Marseille,  le 
12  juin  1707. 

302-  BoNNAFOux  (Jean),  de  Bédarieux, 
61  ans,  condamné  par  l'Intendant  de  Mont- 
pellier le  9  oct.  1754.  N°  8595.  II  avait  un 
tils  galérien  sur  la  Datiphine  en  1755. 

304.  BoNNAFOux  (Raymond),  libéré  en 
juin  1775. 

305.  BoNNAFOux,  flls  aîné  de  Raymond, 
condamné  k  Montpellier  le  20  novembre 
1754  ;  contumax. 


306-  BoNNAUD  (Jacques),  natif  d'Orange  ; 
34  ans;  arrêté  à  Orange  en  nov.  1686;  arrivé 
aux  galères  en  juin  1687  ;  sur  la  Fleur  de 
lys  à  Marseille  vers  1695  ;  libéré  en  1698. 
Est  peut-être  le  même  que  Jean  Bonnaud 
signalé  en  1693  pour  sa  persévérance  dans 
la  foi. 

307.  BoNNEAU  (Daniel),  de  Chesnay  près- 
Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  5  mars  1688  ;  passé  en  Amérique. 

308.  BoNNEAU  (Esaïe),  marchand ,  de 
Thouars,  en  Poitou  ;  arrêté  comme  minis- 
tre ;  traduit  devant  le  parlem.  de  Paris  le 
14  juin  1689;  il  y  fut  condamné  à  mort, 
mais  cette  peine  fut  changée  en  celle  des 
galères,  par  un  jugement  rendu  à  Poitiers. 
Galérien  de  la  Gloire  ;  il  mourut  à  l'hôpital 
en  mai  1693. 

309.  Bonnet  (Isaac),  du  Mas  du  Banquet, 
paroisse  de  Saint- Amans,  condamné  à  Mont- 
pellier le  18  déc.  1697.  Sur  la  Grande- 
Vieille-réale  à  Marseille  en  1698.  Mort  à 
la  peine  le  28  août  1699. 

310.  Bonnet  (Jacques).  Deux  individus 
des  mêmes  nom  et  prénom,  l'un  d'Orange, 
libéré  à  la  Pentecôte  de  1698  ;  l'autre,  de 
Sauzet  en  Languedoc,  éci'oué  en  oct.  1705; 
n»  28,832  ;  sur  la  Favorite  ;  libéré  en  1712 
après  abjuration. 

312-  Bonnet  (Jean).  Deux  individus  des 
mêmes  nom  et  prénoms  :  l'un  de  Sourcel- 
les  en  Lorraine,  condamné  par  le  pari,  de 
Metz,  16  juillet  1687,  mort  à  la  peine;  — 
l'autre  de  Saint-Sébastien  en  Cévennes,  con- 
damné en  1701  ;  sur  la  Vieille-réale;  n» 
24,419  ;  mort  le  8  juin  1703. 

314.  Bonnet  (Jean-Pierre),  d'Angrogne, 
vallée  de  Li^zerne,  condamné  en  1689.  N" 
11,688.  Mort  à  l'hôpital  le  18  avril  1707. 

315.  Bonnet  (Louis),  de  Bourdeaux  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  présidial  de 
Valence,  5  nov.  1687. 

316-  Bonnet  (Louis),  du  Languedoc  ;  1688^ 
ou  1689. 

317.  Bonnet  (Matthieu),  de  Marsillargues 
cond.  par  le  présidial  de  Montpellier  le  3 
mars  1698. 

318-  Bonnet  (Pierre).  Deux  individus  des 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un,  de  Mazaves 
en  Languedoc,  cond.  pai*  le  pari,  de  Greno- 
ble, 5  juill.  1687  ;  sur  la  Conquérante  k 
Marseille  ;  —  l'autre,  du  Bourg  de  Jounet, 
près  d'Angrogne,  condamné  à  Grenoble  lo 
12  oct.  1689  ;  sur  la  Galante  k  S*-Malo  en 
1698  ;  mort  k  l'hôpital  de  Marseille  le  18 
avril  1707;  n°  11,688. 

320.  Bonnet  (Salomon),  mort  k  la  peine 
en  déc.  1703. 


233 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


234 


321-  BoNNiARD  (Jean- Jacques,  et  Paul) 
du  Vivarais,  condamnés  k  Montpellier  par 
M.  de  Bernage,  Intendant  du  Languedoc, 
pour  assemblée  religieuse,  le  24  oct.  1728. 
Tous  deux,  contumax. 

323.  BoNNioL  (Jacques),  d'Anduze,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaure  à 
Montpellier  le  3  février  1717. 

324-  BoNTOux  (Pierre),  de  Nîmes,  con- 
damné en  juin  1708  ou  1709.  N°  33,590;  sur 
la  Vieille-réale;  mort  le  25  nov.  1709. 

325-  BoREL  (Daniel),  de  Saliane  en  Dau- 
phiné,  22  ans  ;  sortit  du  royaume  et  passa 
deux  ans  à  Amsterdam  où  il  s'embarqua 
pour  les  Indes  ;  pris  en  mer  par  un  navire 
de  S*-Malo  et  condamné  à  Vannes  en  oct. 
1G89  ;  sur  la  Madame  à  Marseille  en  1698. 
Un  autre  des  mêmes  nom  et  prénom  con- 
damné en  Saintonge  le  17  septemb.  1689. 

327.  BoREL  (Jean),  du  Dauphiné,  1688. 

328-  Borgne  (Jacques),de  S*-André  de 
^'albergue,  cond.  à  Montpellier  le  13  nov. 
1701. 

329.  BoRREAU  ou  Borriie  (Pierre).  Il  y  a 
deux  individus  sous  ces  noms,  l'un  de  S'- 
Georges  en  Saintonge,  pris  sur  un  navire 
de  Flessinge  allant  d'Espagne  en  Hollande 
par  un  corsaire  de  S*-Malo  le  2  fév.  1689  ; 
condamné  la  même  année  ;  sur  V Amazone 
ou  la  Marquise  îi  Brest  en  mars  1698  ;  — 
l'autre  mis  k  la  chaîne  en  1739. 

331-  BoRRELY  (Jean),  et  son  gendre,  con- 
damnés par  les  officiers  du  baillage  de  Gé- 
vaudan,  le  2  août  1703  ;  contumaces. 

333-  BoRRELLY  (Jean)  d'Anduze,  con- 
damné pour  assemblée  pieuse  en  1689;  sur 
la  Triomphante  k  Dunkerque,  n"  10958. 

334.  Bosc  (Daniel),  de  Castres,  éci-oué  en 
1705,  n»  29617,  sur  la  Perle  ;  mort  le  21 
août  1708. 

335-  Bosquet,  gentilhomme  de  Bruniquel 
«n  Quercy,  condamné  k  Paris.  Sur  la  Brave 
en  1698  k  Marseille. 

336-  BoTTiAN  (Piei-re),  galérien  sur  l'Am- 
bitieuse  en  1691. 

Bottier,  voyez  Buttler. 

437-  BoucAiRAN  ou  Boucoiran  (Jacques), 
cardeur,  d'Aubussargues ,  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc  le  24  déc.  1750. 

338-  BouCARUT  (Joseph),  de  Nîmes  ou 
des  environs,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure,  k  Montpellier,  27  fév.  1720. 

339.  BoucHEis  (Pierre),  de  Menet,  en 
Beauvoisis,  condamné  par  le  parlera,  de 
Grenoble,  28  nov.  1685  ;  a  été  libéré. 

340.  Boucher  (Charles),  de  Ribes,  pa- 
roisse de  S*-Sauveur,  habitant  de  chez  Jean 
Lacour,  de  la  Combe  paroisse  de  la  Praule, 


cond.  par  le  présidial  de  Montpellier,  2  nov. 
1701. 

34i.  Boucher  ou  le  Boucher  (Philippe), 
de  Caen,  condamné  par  le  parlera,  de  Be- 
sançon, 20  raars  1686  ;  raort  k  la  peine  le 
12  août  de  la  raêrae  année. 

342-  Bouchet  (Isaac),  avant  1705. 

343.  Bouchet  ou  Boucher  (Israël),  d'Uzès 
en  Languedoc,  peigneur  de  laine,  24  ans, 
mis  k  la  chaîne  en  1690,  n"  12,851.  Sur 
VAtnbitieuse  et  Siur  la  Renoin)née,  k  S'- 
Malo  en  1698.  Libéré  en  1713  et  retiré  k 
Zurich. 

344-  Bouchet  (Jacques),  de  Castagnolles, 
diocèse  d'Uzès  ;  condamné  par  l'Intendant 
du  Languedoc  le  19  mai  1690  ;  mis  k  la 
chaîne  le  2  juin  suivant. 

345.  Boudet  (Jean),  du  Quayla  en  Lan- 
guedoc, condamné  comme  camisard  en  1705. 
N"  28,810  ;  sur  la  Duchesse.  Libéré  en  1716. 

346-  BouDON  (Jacques),  travailleur  de 
terre,  de  Beauvoisin,  condarané  par  l'In- 
tendant du  Languedoc  le  3  fév.  1688  ;  mort 
k  la  peine. 

347.  Bouet  (Antoine);  mort  le  18  déc. 
1704. 

348.  Bouet  (Jacob),  de  Coire,  au  pays 
des  Grisons.  Condamné  en  décembre  1707. 
N»  32,350. 

349-  Bouffard  (André),  de  Sainte-Nom- 
mée près  Poitiers,  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Foucault  le  5  mars  1688  ;  mort 
il  la  peine. 

350-  BouiLLANNE  (Jeau-Pierre  de),  des 
Bonnets,  condarané  le  6  nov.  1745  par  le 
parlera,  de  Grenoble.  Conf.  ci  dessus,  t.  II 
col.  987. 

35i.  Bouillet  (Daniel),  de  la  Grave,  en 
Dauphiné,  cond.  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble, 28  juin  1686.  A  été  libéré. 

352-  Bouin  ou  Boin  (Charles).  Deux  sous 
ces  noms  et  prénoras  :  l'un  mis  k  la  chaîne 
en  1686; — l'autre,  de  Torigny,près  Poitiers, 
boulanger,  31  ans,  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Foucault  k  Saint-Maixant  le  5 
mars  1688.  Ce  dernier  était  sur  la  France 
k  Marseille  en  1698,  n»  10,327.  Libéré  en 
1713  et  interné  k  Zurich. 

354.  BouiN  ou  Bonin  (Simon),  de  Ches- 
nay  près  Poitiers,  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Foucault  le  5  mars  1688  ;  mort 
k  la  peine. 

356-  BouLADE  (Isaac),  de  Ferrières  en 
Languedoc,  condamné  par  M.  de  Broglie, 
14  avril  1689. 

356.  BouLARD  (Jean),  de  Vitry-le-Fran- 
çois,  en  Champagne ,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Metz  en  déc. 1686;  mort  k  la  peine. 


235 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


236 


357.  Boule,  1745. 

358.  Boulogne  (Pierre),  cardeur,  de  Ver- 
gèze,  42  ans,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  4  avril  1686  pour  assemblée 
pieuse.  Sur  la  Fortune  h  Marseille  en 
1686,  n»  7636.  Libéré  en  1713  et  retiré  k 
Basle. 

359-  BouLONNQis  ou  Bolonuois  (Daniel), 
de  la  Fère,  en  Picardie,  condamné  à  Arras 
en  1696;  n»  20,769;  sur  la  Valeur  h  S»- 
Malo  en  1698  :  libéré  en  .1713. 

360-  BouNEAU  (Jacques),  d'Orange,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Provence,  le  17 
juillet  1687. 

Bouquet,  voyez  Bousquet. 

361.  BouRDARiER  (Antoine),  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  sept. 
1698. 

362.  BouRDARiEz  (Louis),  de  Saint - 
Etienne,  près  d'Anduze,  condamné  à  Anti- 
bes  (voy.  Isaac  Bourry)  ;  écroué  en  1705; 
n»  29,262  ;  sur  la  Fière.  Libéré  en  1714. 

363.  BouRDEAUx  (Alexandre),  de  Boiras, 
en  Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  22  déc.  1685.  A  été  libéré. 

364-  Bourbier  (Jean),  condamné  par  le 
pi'ésidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698.  Sur 
l'Ambitieuse  à  Marseille. 

365.  Bourdy  (Jean),  de  Gatines  en  Lan- 
guedoc, condamné  en  1698;  sur  la  i^^rance  ; 
n"  21,849  ;  mort  le  7  avril  1709. 

366.  BouRELY  (Jean),  d'Anduze,  condamné 
à  Nîmes,  pour  assemblée  pieuse,  en  1689  ; 
sur  la  Triomphante  ;  n"  10,958.  Peut-être 
le  même  que  Jean  Bourrely,  n»  381  ? 

367-  BouRELY  (Antoine  ou  Jean -An- 
toine), de  Grabiat  en  Cévennes  ;  cond. 
comme  camisard  le  9  nov.  1705;  n"  28,830; 
sur  la  Gloire, 

368.  BouRELLY  (Antoine),  mangonnier, 
c'est-à-dire  épicier,  et  Etienne  son  fils, 
condamnés  par  le  présidial  de  Montpellier, 
26  sept.  1698. 

370.  BouRGAULT  (Claude),  de  Boissain  en 
Normandie,  condamné  par  M.  de  Berry, 
maître  des  requêtes,  le  8  déc.  1687.  Libéré 
dans  la  suite. 

371.  BouRGUAY,  Bourgay  ou  Bourguet 
(Louis),  natif  de  Matte  Sauveranne,  paroisse 
de  Mêlez  ou  de  Mialet  près  d'Anduze  en 
Languedoc,  19  ans,  condamne  par  M.  de 
Montrevel,  à  Nîmes  le  13  mars  1703  pour 
avoir  été  trouvé  avec  des  armes  ;  n"  27,306. 
Libéré  le  16  mai  1705. 

372-  Bourguet  (Antoine),  tailleur  d'An- 
duze ou  de  Manoblet  en  Cévennes,  habitant 
Lasalle  depuis  dix  ans,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  16  août  1688. 


373-  Bourguet  (Daniel  et  Salomon),  tous 
deux  de  la  paroisse  de  Croissy  en  Norman- 
die, condamnés  par  l'Intendant  M.  de  Pom- 
meroux  en  mars  1697  pour  assemblée  pieuse. 
Daniel  sur  la  Grande- Vieille-réale  en  1698 
à  Marseille  n»  26,890  ;   mort  à  l'hôpital  le 

11  mars  1708  ;  —  Salomon,  n"  26,889,  libéré 
en  1713. 

375.  BouRi  (Isaac),  du  Languedoc,  cond. 
en  1704  ;  libéré  en  1714. 
Bourier,  voyez  Bourry. 
Bourlier,  voyez  Bourrely. 

376-  BouRRAY  (André),  condamné  avant 
1705  ;  sur  V Amazone  en  1712  ;  libéré  après 
abjuration. 

377-  BouRREL  (Gabriel),  fabricant  de  bas» 
propriétaire  du  domaine  de  Largentière  de 
S'-Pierre  Calveyrat,  consulat  de  Revel,  con- 
damné par  M.  de  S'-Priest  à.  Montpellier  le 
10  octobre  1754;  contumax. 

378-  BouRRELi  (Antoine),  libéré  en  1716 
est  peut-être  le  même  qu'un  des  deux  An- 
toine Bourelly  n»  367  et  368. 

379.  Bourrely  (Jacques).  Deux  des  mê- 
mes nom  et  prénom  :  l'un  de  S*-Chaptes, 
condamné  par  M.  le  maréchal  de  Montre- 
vel le  7  juin  1703  ;  —  l'autre  par  l'Inten- 
dant du  Languedoc  le  2  avril  1723. 

381.  Bourrely  ou  Bourlier  (Jean),  d'An- 
duze, condamné  par  le  pi'ésidial  de  Nîmes, 
20  janv.  1689.  Sur  la  Brave  h  Marseille  en 
1698-  Libéré  en  1713. 

382-  BouRRiER  (David),  de  Montpellier, 
condamné  par  l'Intendant  du  Dauphiné,  le 

12  octobre  1689. 

383.  BouRRiLLON  (Jean),  n"  33,587,  et 
Louis  n"  33,582,  de  Nîmes,  condamnés  en 
juin  1708,  étaient  à,  la  peine  à  Marseille  en 
1709.  Jean  fut  libéré  en  1716. 

385-  BouRRiLLON,  fileur  et  moulinier  de 
soie,  condamné  à  Mon^ipellier  par  l'Inten- 
dant du  Languedoc  le  17  avril  1745  pour 
avoir  introduit  et  vendu  des  livres  de  la  R. 
P.  R.  Contumax. 

386-  Bourry  ou  Bourier  (François),  fils 
de  François  et  de  Marthe  Bastide,  cardeur 
d'Aiguesvives,  où  il  a  été  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc  le  20  nov.  1702 
pour  assemblées  illicites  ;  âgé  de  15  ans, 
écroué  le  13  décembre  1702  ;  n»  27,013.  Li- 
béré le  10  mai  1709,  h  condition  de  servir 
dans  les  troupes. 

387.  Bourry  (Isaac),  de  Calvisson,  en 
Languedoc,  pris  sur  une  barque  au  service 
du  duc  de  Savoye  et  condamné  à  Antibes 
en  1704  n'ayant  voulu  abjurer  ;  écroué  en 
1705,  n»  29,055  ;  sur  la  Fidèle. 

388-  BouRTHOuMiEU   (Vinccut),  du  Mui- 


237 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


238 


son,  tailleur  à  Montauban,  condamné  par 
le  présidial  de  cette  ville,  30  août  1736. 

389-  BousiGUEs  (Etienne),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

390-  BousiQUE  (Abraham),  surl'^^roïne, 
n°  26,992.  Libéré  en  1712  après  abjuration. 

391-  BousQUENEAU  (Jean),  de  Chalançon, 
diocèse  de  Viviers  ;  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Bouchât,  le  28  nov.  1689. 

392-  Bousquet  (Abraham),  maître  chi- 
rurgien d'Alais  habitant  d'Anduze,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  31  décem- 
bre 1685  ;  mort  à  la  peine. 

393.  Bousquet  ou  Bouquet  (André).  Deux 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Va- 
laraugue  en  Cévennes,  condamné  à  Montpel- 
lier en  1696  ;  pour  assemblée  pieuse  ;  n" 
19,711  ;  sur  la  Triomphante  h  Dunkerque; 
puis  sur  la  Brave  k  Marseille  en  1698  ;  — 
l'autre,  de  Couj-taison  principauté  d'Orange, 
condamné  par  l'Intendant  de  Provence  le  16 
déc.  1681.  L'un  des  deux  fut  libéré  enl713. 

394.  Bousquet  (David),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

Bousquet  (de),  voyez  Robert. 

395-  BouTOU  (Jacques),  fils  d'Antoine, 
d'Aucha  diocèse  de  Viviers,  cond.  le  10  oct. 
1699. 

396-  Bouvène  (Antoine),  de  Loriol  en 
Dauphiné,  60  ans,  retiré  en  Suisse  depuis 
1685  avec  sa  famille,  et  s'étant  joint  aux 
Vaudois  en  1689,  condamné  le  23  nov.  1689 
à  Grenoble  «  où  il  tira  un  billet  de  trois  un 
de  pendu.»  Sur  la  Vieille- Jtéale ;  n"  11927; 
mort  à  la  peine  le  17  déc.  1708. 

397-  BouvERiN  (Louis),  de  S'-Etienne 
près  Valence,  condamné  par  l'Intendant  de 
Provence  le  21  nov.  1687.  Libéré  dans  la 
suite. 

398-  Bouvet  (Jean),  d'Etoile,  condamné 
par  le  parlem.  de  Grenoble,  23  sept.  1746. 
Contumax. 

399-  Bouvier  (Barthélémy)  ;  plus  Jean, 
Pierre  et  Théophile  Bouvier.  Tous  quatre 
d'Estableau  ou  de  Saint-André  en  Dauphiné, 
condamnés  le  4  avril  1689.  Les  deux  pre- 
miers et  le  quatrième  morts  k  la  peine. 

403.  Bouvier  (Bernard),  de  Saint-Didier, 
diocèse  de  Valence,  condamné  par  M.  de 
Broglie  le  18  août  1689  ;  mort  k  la  peine. 

404.  Bouvier  (Etienne),  de  Somraières 
en  Languedoc  ;  condamné  k  Alais,  comme 
camisard,  en  octobre  1705.  N"  28,834  ;  sur 
la  Couronne. 

405-  Bouvier  (Jean),  de  Genève,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble,  14  mai 
1687  ;  mort  k  la  peine. 


405  bis.  Bouvier  (David),  de  Villars  Baubi 
en  Piémont,  34  ans,  arrêté  à  Serres  en 
Dauphiné,  condamné  k  Grenoble  (1689)  et 
«  conduit  en  galère  pour  n'avoir  pas  voulu 
changer  après  s'être  allié  avec  les  Vaudois 
pour  le  recouvrement  de  son  pays  ;  »  sur  la 
Favorite. 

406-  Bouvier  (Jean-David),  de  Saint-Ju- 
lien en  Quint,  hameau  des  Bournas,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble,  le  9 
juin  1735. 

407-  BouviLLA  (Jean-Pierre),  maréchal, 
de  Sabarat,  diocèse  de  Rieux,  36  ans,  con- 
damné par  l'Intendant  du  Roussillon  le  22 
juillet  1749  pour  avoir  assisté  aux  assem- 
blées pieuses. 

408-  Bouzigues  (Abraham).  Deux  des 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Nîmes, 
condamné  en  1708,  k  la  peine  k  Marseille 
en  1709:  n"  33,584;  —  l'autre,  qualifié 
d'apostat,  aurait  été  mis  k  la  chaîne  avant 
1705. 

410-  BovET  (Jacob),  du  canton  des  Gri- 
sons; sur  V Invincible  en  1712  ;  n°  32,550. 

4ii.  Boyer  (David),  de  Dieppe,  condamné 
par  le  parlement  de  Rennes  en  1692,  mort 
k  l'hôpital  le  17  janvier  1694. 

412-  Boyer  (Etienne),  libéré  en  1716. 

413-  Boyer  (Louis),  de  Nîmes,  condamné 
par  M.  de  Broglie  le  14  avril  1689. 

414.  Boyer  (Pierre),  d'Estableaux  en  Dau- 
phiné ;  condamné  en  1689  pour  assemblée 
pieuse.  N"  11,238;  sur  la  Hardie,  puis  sur 
YEclatante  et  sur  la  Vieille-réale  k  Mar- 
seille. Libéré  en  1714. 

415.  Braconnier  (Philippe),  deCourcelles 
en  Lorraine,  condamné  par  le  conseil  sou- 
verain d'Alsace,  le  10  juin  1687. 

416-  Brageon  (Etienne),  demeurant  au 
Prat  Soubeyran  de  Finiels  paroisse  de  Fru- 
gières. 

417-  Braucourt  (Pierre),  hôte  k  Nîmes, 
condamné  par  l'Intendant  de  Lyon  le  20 
janvier  1687.  A  été  libéré. 

418-  Bréal  (Antoine),  de  Dieu-le-fit,  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  de 
justice  en  déc.  1689.  Sur  la  Victoire  on 
VHeureuse  en  1698  k  S*-Malo.  Mort  le  12 
nov.  1699. 

419-  Bregeon,  dit  Grambois,  ministre, 
de  Scieurac  en  Gascogne,  condamné  par  le 
parlement  de  Bi'etagne  le  30  déc.  1686.  Li- 
béré dans  la  suite. 

420-  Bregnard  (Pierre  et  René),  signalés 
en  1693  comme  avant  triomphé  de  leurs 
défaillances  dans  la  foi. 

422-  Breton  (Fortunat),  de  Bourdeaux  en 
Dauphiné,  condamné  le  28  fév.  1689. 


239 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


240 


423-  Breton  (Jean),  de  la  Tremblade,  eu 
Saiatonge,  arrêté  sur  un  vaisseau  danois; 
condamné  h  Aix  en  Provence  le  22  nov. 
1693;  mis  sur  la  Sirène  le  12  juin  1694: 
mort  à,  la  peine  sur  la  Superbe  en  1697. 

424-  Brevais  (Jean),  de  Saint-Apolinaire, 
diocèse  de  Viviers,  condamné  par  M.  de 
Brogiie  le  17  juin  1689  ;  mort  à  la  peine. 

426.  Breville  (Isaac),  de  Chàtenard  près 
Sedan,  condamné  par  le  parlement  de  Metz, 
29  nov.  1686.  A  été  libéré. 

42o&ts-  Breynard  (Antoine),  natif  de 
Dieu-le-ât  ;  arrêté  à  Grenoble  et  condamné 
par  rintendant  M.  Bouchet,  10  déc.  1689  ; 
sur  la  Victoire  ou  V Heureuse. 

426-  Brezun  (Jaques),  de  Lussan  en  Lan 
guedoc,  condamné  en  1698  pour  avoir  été 
au  prêche  à,  Orange;  n"  21841.  Sur  la  Su- 
perbe. 

427-  Brian  (Antoine),  charpentier  de 
haute  futaye,  condamné  par  le  parlem.  de 
Bordeaux  le  17  décembre  1749. 

428-  Briançon  (Jean),  tanneur  d'Anduze, 
condamné  par  le  pi'ésidial  de  Nîmes  le 
31  déc.  1685. 

429-  Bridon  (François),  de  Rochefort  ou 
de  Soubise  en  Saintonge,  sorti  du  royaume 
en  1681,  pris  dans  la  Manche  avec  son 
bâtiment  le  4  déc.  1685;  condamné  par 
l'Intendant  de  Calais  le  3  déc.  1686.  Sur  la 
France  ou  la  Palme  à  Saint-Malo  en  1698; 
libéré  la  même  année. 

430-  Bridonneau  (André),  tisserand,  de 
Velaudin,  paroisse  de  Bazoges  en  Parois, 
arrêté  le  24  avril  1747  et  condamné  par 
l'Intendant  de  Poitiei's,  le  18  juillet  1750. 
—  Un  autre  Bridonneau  (PieiTe),  dit  La 
Jotte-rouge,  fut  arrêté  en  même  temps  que 
celui-ci,  et  de  même  condamné  mais  non 
pas  le  même  jour. 

432-  Brier  ou  B:ies  (Jacques),  de  Saiat- 
Châtres  en  Languedoc;  écroué  le  28  juin 
1703,  n"  27,655. 

433-  Briesse  (Jean),  de  Montpellier,  cond. 
comme  camisard  en  mai  1705  ;  n"  29,575  ; 
renfermé  dans  les  prisons  de  l'hôpital.  Li- 
béré en  1716  sous  le  nom  de  Brieusso. 

434-  Briguel  ou  Briguet  ou  Briquet 
(André),  de  Mérindol  en  Provence,  mort  à 
la  peine  le  25  avril  1700. 

435-  Brinhol,  ministre,  «  après  avoir 
succombé,  se  releva  dans  le  lieu  même  de 
sa  chute  et  souffi*it  avec  constance  la  peine 
des  galères.  » 

436-  Brisac  (Moïse),  de  Montignarge,  en 
Languedoc,  condamné  à  Montpellier  en 
1689.  Sur  la  Gloire  à  Marseille  en  1698. 

437.  Brochon  (Guillaume),  de  Grevet  en 


Dauphiné,    condamné   par   le    parlem.    de 
Grenoble  le  8  juillet  1687  ;  mort  à  la  peine. 

438-  Broscote  (Jean-Roloffe),  hollandais, 
condamné  en  Provence,  écroué  en  1705,  n" 
28,808. 

Broume,  voyez  Brunet. 

439-  BROuss.iN  (Jean),  dit  Broussanet, 
berger, de  Vauvert  en  Languedoc,  condamné 
par  le  parlem.  de  Nîmes,  le  23  septembre 
1702,  pour  assemblée  pieuse;  n"  26,977;  sur 
la  Grande-réale. 

440-  Brugueirolle  (Jean),  de  Nîmes  ou 
des  environs,  condamné  par  M.  le  duc.de 
Roquelaure  à  Montpellier  le  27  février  1720. 

441.  Brugier  (Jacques),  de  Montpellier, 
condamné  par  M.  le  duc  de  Berwick  le  15 
mai  1705;  n°  9586;  mort  à  l'hôpital;  le  15 
juillet  1706. 

442-  Bruguière  dit  Gevaudan  (Jean), 
compagnon  menuisier,  du  diocèse  de  Mende, 
condamné  par  le  marquis  de  La  Lande  à 
Montpellier  21  nov.  1705  comme  camisard; 
n"  27,649  ;  sur  la  Guerrière.  Mort  h  la 
peine  le  19  févier  1711. 

443-  Bruguière  (Louis),  de  la  Calmette 
viguerie  d'Uzès  en  Languedoc,  condamné  par 
M.  le  maréchal  de  Montrevel  le  4  juin  1703; 
écroué  le  28  juin  1703  ;  n°  27,649. 

444.  Brujat  (Jacques),  avant  1705. 

445-  Brun  (Claude),  de  Quissargues,  dio- 
cèse de  Nîmes,  condamné  à  Montpellier  le 
5  septembre  1707,  avec  Tobie  Rocayrol  ; 
n"  31,881  ;  renfermé  à  l'hôpital. 

446-  Brun  (Guillaume),  de  Saint-Germain 
en  Cévennes,  écroué  en  1703,  n"  27,379  ; 
mort  à  la  peine,  en  avril  1704. 

447-  Brun  (Jacob,)  de  Castres  ou  des  en- 
virons, cond.  à  Montpellier  le  18  décembre 
1697. 

448-  Brun  (Jacques),  travailleur  de  terre, 
de  Vauvert  eu  Languedoc,  condamné  à 
Montpellier  le  31  mars  1702  pour  assem- 
blée pieuse  ;  écroué  en  juin  1702  ;  n"  26,592  ; 
sur  la  Grande-réale.  Mort  en  mai  1715. 

449-  Brunel  ou  Brunels  dit  Vacher 
(Alexandre),  de  La  Motte  Chalençon,  en 
Dauphiné  ;  chapelier,  32  ans,  condamné 
par  le  sort  sous  les  noms  d'Antoine  Périer, 
à  Grenoble,  le  12  octobre  1689,  comme 
s'étant  joint  aux  Vaudois;  n"  11,662;  sur  la 
Perle  k  S^-Malo  eu  1693.  Libéré  en  1713  et 
retiré  k  Basle. 

450-  Brunel  (Jacques),  de  Saiut-Jean-de- 
Yeuset  ou  deCeyrargue,en  Languedoc,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel  le  7 
juin  1703  pour  assemblée  pieuse.  Ecroué 
sous  le  n°  27,658  sur  la  Grande-réale.  Li- 
béré en  1716. 


241 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


242 


451-  Brunes  (Claude),  condamné  par  le 
pi'ésidial  de  Montpellier  le  26   sept.  1698. 

452-  Brunet  (Etienne),  de  Mer  près  Blois, 
condamné  par  le  parlement  de  Metz  le  15 
mars  1687.  Signalé  en  1693  comme  ayant 
triomphé  de  ses  défaillances  dans  la  foi. 
Libéré  plus  tard. 

453-  Bruzun  (Jacques),  du  Languedoc, 
condamné  en  1698  ;  mis  sur  la  Superbe  à 
Marseille.  Libéré  en  1713. 

454.  BuAT  (Jean),  de  Vicq  en  Languedoc, 
accusé  par  un  enfant  de  huit  ans  d'avoir 
été  vu  portant  des  armes  et  condamné  en 
1706  ;  n°  20,315  ;  sur  VEclatante. 

455-  Buis  ou  Bues,  dit  La  Forquette 
(Jean),  de  Saint-Dizier  en  Dauphiné,  con- 
damné le  15  octobre  1745  par  le  parlem.  de 
Grenoble.  Mort  en  1749. 

456-  Buis  (Jean),  dit  Carabinier,  de  S*- 
Dizier,  dioc.  de  Die,  46  ans,  condamné  à  5 
ans  pour  assemblée  religieuse  en  1747.  Sur 
la  Ferme,  n^  2326. 

457-  Buis  (Antoine),  de  Die,  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  22 
déc.  1685. 

458-  Bugun  (Jacques),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  2Q  sept.  1698. 

459-  BuissiER  (Jean  de),  de  Pienne,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Tournay,  le  26 
juillet  1686;  mort  à  la  peine. 

460-  BussiÉ  (Isaac),  d'Auber  en  Langue- 
doc: condamné  comme  camisard  tn  1705; 
n"  29,591  ;  sur  la  Réale. 

461.  Buisson  (Antoine)  et  David  son  fils 
de  Saint  Ange  en  Dauphiné.  Condamnés  par 
M.  de  Larrey  le  30  mars  1689.  Tous  deux 
jiiorts  à  la  peine. 

463-  BuQUET  (Pierre),  de  Tourville-la-Ri- 
vière  en  Normandie.  Condamné  par  M.  de 
Berry,  maître  des  requêtes, le  15  janv.  1688. 

464-  BuTEAU  ou  Butaud  (Pierre),  sieur 
de  Lausonnière,  de  la  paroisse  de  Givré, 
près  Talmont  en  Bas-Poitou,  condamné  à 
Poitiers  le  17  mai  1686  pour  sortie  du 
royaume  ;  détenu  au  fort  S'-Nicolas,  Ji 
Marseille,  en  juin  1698  ;  n"  8683  ;  mort  à 
l'hôpital  le  23  juillet  1707. 

4()5.  BuTTLER  (Thomas)  ;  sur  la  Grande- 
réale  à  Marseille. 

466.  BuzAc  (Marc-Antoine),  ouvi-ier  en 
petites  étofifes,  de  S*-Juste  ou  de  Livi'on, 
habitant  de  Beaumont  condamné  par  le 
parlement  de  Grenoble  le  23  septembre 
1746.  Coutumax. 

Cabanac  (de),  voyez  Robert. 

467.  Cabane  (Antoine),  de  Lingador,  con- 
damné par  le  présidial  de  Montpellier  le  4 
mars  1685  ;  libéré. 


468.  Cabane  (Nicolas). 

469.  Cabanis  (Elie),  de  S'-Théodorit,  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Montpellier  le 
19  novembre  1701. 

470-  Cabanis  dit  le  Gendron,  de  Grand- 
Gallargues,  condamné  à  Montpellier  le 
16  mai  1716  par  M.  le  duc  de  Roquelaure; 
contumax. 

471.  Cabanis  (Etienne)  et  Jacques,  son 
fils,  de  Vie,  près  Sommières,  condamnés 
comme  camisards  par  le  duc  de  Roquelaure 
à  Montpellier  le  2Q  mars  1706.  Jacques  li- 
béré en  1713. 

473-  Cabé  (Jean),  forgeron,  cond.  par  le 
comte  de  Broglie  à  Montpellier  le  23  oct. 
1697  ;  contumax. 

474-  Cabernoux  ou  Combernoux  (Jac- 
ques), camisard,  tailleur  h  Pau,  natif  d'Au- 
mesac,  en  Languedoc,  21  ans,  condamné 
le  11  mars  1703.  Sur  la  Madame;  n" 
27,315.  Libéré  en  juillet  1716. 

Cabdié  ou  Caldier,  voyez  Caldié. 

475-  Cabot  (Claude),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure à  Montpellier  le  27  février  1720. 

476-  Cabrol  (Jean),  natif  d'Alais,  con- 
damné pour  assemblée  religieuse  à  six  ans 
de  galères  par  l'intendant  du  Languedoc  le 
14  octobre  1734.  Son  temps  fini  la  liberté 
lui  a  été  refusée.  En  1746  il  était  sur  la 
Perle,  n"  12,536.  Evadé  en  1750. 

477-  Cadur  ou  Capdu,  Capduc  ou  Capdur 
(Marc-Antoine  de),  gentilhomme  des  Châ- 
telets,  paroisse  de  Saint-Michel  de  Dèze, 
en  Cévennes.  Condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes  le  25  janvier  1687.  Sur  la  Magna- 
nim.e  k  S'-Malo  en  1698,  puis  au  cachot  du 
Fort  Saint-Nicolas,  mort  h  l'hôpital  le  20 
(?)  1709;  sur  la  Souveraine.  N»  8739. 

478-  Cafarel  (Joseph),  de  Boby,  en  Lu- 
zerne, condamné  par  l'Intendant  du  Dau- 
phiné le  12  octobre  1689. 

479-  Calas  (Jean),  tisserand  de  laine  de 
La  Bastide  Rouveranne,  diocèse  de  S'-Pons 
en  Languedoc,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes  le  18  juillet  1686  ;  mort  à  la  peine. 

Calcais,  voyez  Alcais. 

480-  Caldié  (Jean),  huissier,  61  ans,  de 
Bédarieux,  n"  8594,  condamné  par  M.  de 
S*-Priest  à  Montpellier  le  9  octobre  1754 
pour  assemblée  pieuse.  Libéré  en  janvier 
1764. 

481.  Calme  (Jean-Jacques),  de  Causon- 
net,  diocèse  de  Castres,  condamné  par  M. 
de  Broglie  le  18  août  1689;  mort  à  la  peine. 

482-  Calvet  (Pierre),  de  Revel,  diocèse 
de  Castres,  condamné  par  M.  de  Bi'oglie  le 
18  août  1689. 


243 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


244 


483-  Gambette,  mis  à  la  chaîne  entre 
1708  et  1710. 

484-  Cambon  (Etienne),  de  Saint-Chaptes 
en  Languedoc,  cond.  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, le  25  janvier  1687  ;  mort  à  la  peine. 

485-  Cambon  (Pierre),  de  Bédarieux,  en 
Bas-Languedoc  condamné  par  le  présidial 
de  Beziers  le  5  janvier  1685. 

Cambon,  voyez  Chambon. 
Camic,  voyez  Amie. 
Camin,  voyez  Cauvin. 

486-  Camoetes  (Pierre),  entre  1708  et 
1710. 

487-  Campet  (Jean),  de  Sommières  en 
Languedoc  ;  condamné  en  1702  ;  n"  26,885; 
sur  la  Gloire  ;  en  campagne  en  1704. 

488-  Campion  (Jean-Robert),  du  Havre- 
de-Grâce  ;  condamné  k  Dunkerque  puis  à 
Paris,  décembre  1689  ;  à  S*-Malo  sur  Vln- 
vincible  en  1698  ;  libéré  en  cette  même  an- 
née. 

489-  Camproux  (Jean),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  le  26  septembre 
1698. 

490.  Camusat  (Noël),  d'Orléans,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Paris,  le  4  déc. 
1688. 

491.  Can  (Gabriel),  avant  1705. 

492.  Canaille,  tailleur  d'habits,  de  Viane, 
condamné  à  Montpellier,  par  M.  le  duc  de 
lloquelaure,  le  8  juin  1720.  Contumax. 

Canebas  (de),  voyez  Grenier. 

493-  Canilhère  ou  Cannilayre  (Pierre), 
de  Milhau,  en  Languedoc,  écroué  en  1705, 
n»  28,813. 

494.  Canonge  (Jean),  de  La  Roque  de 
Gasque,  condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Alais,  le  7  novembre  1703.  Ca- 
misard. 

Cantagrel,  voyez  Grenier. 

495-  Capelain  ou  Le  Capelain  ou  Cape- 
lan  (Pierre),  de  Cambrenon,  en  Normandie; 
condamné  par  le  parlem.  de  Rouen,  le  13 
février  1688  pour  sortie  du  royaume  ;  sur 
la  Princesse,  n"  10,005  ;  mort  à  l'hôpital  le 
2  mars  1708. 

496-  Capelle  (Pierre),  de  Finals  en  Gé- 
vaudan,  condamné  en  1690  pour  assemblée 
pieuse;  n"  12,162;  sur  la  Gloire. 

497.  Capelle  (Jean).  Deux  des  mêmes 
nom  et  prénom  :  l'un  de  Nègrepelisse, 
condamné  à  Montauban  en  1689;  —  l'au- 
tre de  Reys  en  Quercy,  condamné  en  1690, 
mort  à  la  peine  le  8  octobre  1704. 

499-  Capellier  ou  de  Capelin  (Antoine 
de),  condamné  avant  1705  ;  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 


500-  Capellier  (Julien),  de  Tai-an,  dio- 
cèse d' Alais,  écroué  le  16  mars  1703,  n» 
27,377. 

501-  Capellier  (Louis),  de  Soudorgues 
dans  les  Cévennes,  cardeur,  47  ans,  con- 
damné à  Montpellier  en  1692  pour  assem- 
blée religieuse.  N"  14,272.  Sur  ÏAmazone 
puis  sur  la  Vieille-S^-Louis  h  Marseille  en 
1698.  Libéré  en  1713;  pensionnaire  de  MM. 
de  Berne  h  Morges  en  1719. 

502-  Capieu  ou  Capiou  (Antoine),  minis- 
tre de  Saint-Laurent  de  la  Vernède,  con- 
damné par  le  parlement  de  Grenoble  le  12 
décembre  1686;  détenu  au  château  d'If.  Li- 
béré en  1698.  —  On  cite  aussi  un  Anthoine 
Capion,  de  Montpellier,  sorti  du  royaume 
pour  cause  de  religion  et  revenant  de  Ve- 
nise, en  1696,  à  Marseille  où  il  est  arrêté 
et  détenu  au  fort  S'-Nicolas.  Ils  semblent 
deux  personnages  différents. 

503-  Carnic  (Jean),  de  Rouei'gue,  1686. 
504.    Carra    (Jean-François),    bourgeois 

de  Thain,  en  Languedoc,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble  le  23  mars  1688  ;  mort 
à  la  peine. 

505-  Carrière  (Pierre),  l'aîné,  désigné  par 
ses  compagnons  de  galères  sous  le  nom  de 
La  Rue,  d'Aubesargues  près  Uzès,  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  parlem.  de  Paris 
le  4  déc.  1686  pour  sortie  du  royaume.  Sur 
la  Guerrière  h  S^-Malo  en  1698,  n"  8755; 
mis  au  château  d'If.  Libéré  en  1713. 

506-  Carrière  (Céphas),  frère  de  Pierre 
l'aîné,  du  Languedoc,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier  le  26  septembre  1698 
pour  avoir  été  au  prêche  k  Orange  ;  n"  1854, 
détenu  au  château  d'If;  libéré  en  1713. 

508.  Carrière,  hoste  à  Uzès  et  son 
frèi'e,  cond.  par  le  présidial  de  Montpel- 
lier le  13  juin  1693;  tous  deux  contumaces. 

509-  Carrière  (Jean),  sur  la  Guerrière. 

510-  Cartier  (Jean),  condamné  le  15  dé- 
cembre 1745. 

511.  Cassan  (Arnaud),  mort  le  13  août 
1704. 

512.  Cassiau  (Jacques  de),  régent  de  Sa- 
lies, en  Béarn,  condamné  par  le  parlem. 
de  Pau  le  15  mars  1686. 

513.  Casson  ou  Cosson,  de  Séchât  (Bar- 
thélémy), personnage  d'origine  inconnue. 
Quelques-uns  ont  pi'étendu  qu'il  avait  été 
abbé.  Mis  à  la  chaîne  en  1689,  on  ne  sait 
pour  quelle  cause,  puis  au  cachot  du  Fort 
Saint-Nicolas,  par  suite  de  ses  disputes 
avec  les  missionnaires  catholiques  ;  il  s'é- 
chappa, mais  fut  repris  et  transporté  au 
château  d'If,  où  il  mourut  «  l'esprit  tourné  » 
en  août  1697. 


245 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


246 


514-  Castan  (Adam),  de  Bernis,  con- 
damné par  M.  le  maréchal  de  Montrevel  le 
7  juin  1703  comme  camisard  ;  écroué  en 
juillet  1703,  n"  27,645  ;  sur  la  Madame. 
Libéré  le  24  juillet  1716. 

515-  Castan  (Arnaud),  de  Nîmes  ;  mort 
sur  la  Souveraine,  n"  26,121,  devant  Ali- 
cante  le  13  août  1704. 

516.  Castan  (Claude),  de  Sommières  en 
Languedoc,  écroué  en  avril  1705,  n"  28,797. 

5i7.  Castagnier  ou  Castagnet  (Jacques), 
de  Maletaverne  dioc.  d'Uzès,  cardeur,  âgé 
de  22  ans,  condamné  le  26  septemb.  1698 
pour  avoir  été  au  prêche  àOrangejU"  21,825; 
libéré  en  1713  et  retiré  à  Glaris.  Il  parait 
y  avoir  eu  deux  Jacques  Castagnier:  l'autre, 
condamné,  en  1689. 

5i9.  Castanier  (Jean),  de  Milhau  en 
Rouergue,  condamné  par  le  pi'ésidial  de 
Lyon  le  14  janvier  1689  ;  mort  à  la  peine. 

520-  Castanier  (Simon),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  le  26  sept.  1698. 

521.  Castel,  condamné  avant  1705. 
Caudy,  voyez  Gaudy. 

522.  Caumont  (David  de),  baron  de  Mont- 
beton,  du  Languedoc,  condamné  par  le  par- 
lement de  Guienne,  le  5  février  1687.  Libéré 
la  même  année. 

523.  Caussade  (Jacob),  dit  l'Esprit,  vi- 
gneron, «  travaillait  son  bien  au  Mazage 
de  Courtade,  »  paroisse  de  Leojac,  dioc.  de 
Cahors;  condamné  pour  la  vie  par  M.  Gasp. 
C.  C.  L'Escalopier,  Intendant  de  Montauban 
le  17  déc.  1746  pour  s'être  marié  au  désert. 
Sur  le  Dépôt,  n"  3453. 

524.  Caussade  (Jacques),  du  même  lieu 
que  le  précédent,  37  ans,  condamné  par 
l'Intendant  de  Montauban,  le  2  février  1747, 
pour  s'être  fait  marier  par  un  prédicant, 
écroué  le  15  mai  1748.  N"  22,375. 

525-  Cauvin  et  non  Camin  (Jérémie),  de 
Saumur,  condamné  par  le  parlement  de  Pa- 
ris le  12  août  1687  ;  mort  à  la  peine. 

526-  Cavahés,  cordonnier  de  Réalmont, 
condamné  par  M.  de  S^-Priest  à  Montpellier 
le  26  octobre  1754;  contumax. 

527.  Cazalès  ou  Cazelle  (Jean),  d'Arros 
en  Béarn,  condamné  par  le  parlera,  de  Pau 
le  13  juin  1687  pour  sortie  du  royaume. 
Sur  la  Favorite  n"  9486  ;  sur  la  Belle  h  S'- 
Malo  en  1698.  Libéré  en  1713. 

528.  Cazallet  ou  Cazalet  (Simon),  cor- 
donnier de  Gange  en  Languedoc,  cond.  à 
Montpellier  le  1"  avril  1702  pour  assem- 
blée pieuse  ;  n"  26,416  ;  sur  la  Favorite  ; 
libéré  en  1713,  quatre  ans  après  l'expiration 
de  sa  peine. 

529.  Cazemajor  ou  Casemaior  (Daniel), 


d'Issor  en  Béarn,  condamné  par  le  parle- 
ment de  Pau  le  29  mars  1688.  Mort  à  la 
peine. 

530-  Cazenave  (Daniel  de),  d'Esparres, 
près  Orthez  en  Béarn,  condamné  par  le 
parlement  de  Pau  le  20  déc.  1687. 

Cazenet,  voyez  Gascuel. 

53i.  Celce  (Moïse),  de  Montmeron  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  parlera,  de 
Grenoble  le  11  juillet  1687.  Libéré  dans  la 
suite. 

532.  Cellier  (Jean),  de  Mende  en  Gé- 
vaudan,  condamné  par  le  présidial  de  Mar 
seille,  le  dernier  février  1687. 

Cervière,  voyez  Servière. 

533-  Chabert  (Antoine),  Cévenol,  de  S*- 
Ambroise,  sans  profession,  22  ans,  cond. 
pour  assemblée  pieuse  ;  écroué  le  25  février 
1696  ;  n°  19,320.  Sur  la  Grande  h  Marseille 
en  1698.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  Basle. 

534-  Chabert  (Jacques),  cond.  par  le  pré- 
sidial de  Nîmes  le  18  oct.  1691.  Contumax. 

535-  Chabot  (Jacques),  de  Borie,  con- 
damné par  le  parlera,  de  Tournay  le  17 
juin  1696;  mort  à  la  peine. 

536-  Chabrier  (Jean),  condamné  entre 
1703  et  1710.  Libéré  le  15  novembre  1717. 

537.  Chabrier  ou  Chabrit  (Michel),  de 
Lussan  en  Languedoc,  laboureur,  33  ans, 
condamné  par  le  présidial  de  Montpellier 
le  27  septembre  1698.  Galérien  de  la  For- 
tune où  il  eut  une  jambe  fracassée  par  un 
boulet  devant  Tanger.  Libéré  en  1713,  et  re- 
tiré au  canton  d'Appenzell. 

538-  Chabrières  (Félix),  d'Ourche,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  lieutenant-gé- 
néral M.  de  Larrey  le  30  août  1689.  Mort  k 
la  peine. 

539-  Chabris  (Jean),  de  S'-Julien-le- Vieux 
en  Vivarais,  pour  assemblée  pieuse,  1710  ; 
n"  35,871.  Sur  la  Patronne. 

540.  Chabrol  (Antoine).  Deux  hommes 
des  mêmes  nom  et  prénom  ;  du  Languedoc, 
cardeurs  de  leur  état,  condamnés  par  M. 
de  Montrevel  à  Nîmes,  le  13  mars  1703  : 
l'un,  n"  27,310  de  Saint- Fresat,  diocèse  de 
Mende,  mort  à  l'hôpital  le  2  juin  1704  ;  — 
l'autre,  du  Pichausié,  paroisse  de  S'-Julien, 
en  Languedoc,  condamné  pour  avoir  été 
trouvé  porteur  de  poudre  et  de  balles  ;  n» 
27,311  ;  sur  la  Favorite;  libéré  le  25  juil- 
let 1716. 

542-  Chabry  (Michel),  de  Lèques  en  Lan- 
guedoc, cond.  en  1698  pour  avoir  été  au 
prêche  à  Orange;  n°  21,863.  Sur  V Ecla- 
tante. 

543.  Chaioneau  ou  Chesnau  (Josué),  de 
Breslou  près  S'-Maixent  en  Poitou,  bonne- 


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FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


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tier,  27  ans,  condamné  pour  assemblée 
pieuse,  1697  ;  n"  23,613  ;  sur  V Ambitieuse. 
Libéré  en  1713  et  retiré  à  S'-Gall. 

544-  Chaissière  (Pierre),  de  Castelonge, 
mandement  de  la  Beaume  Cornilhane,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble  le  23 
septembi'e  1746.  Contumax. 

545-  Chamaillard  (Jean),  de  Sablon, 
maréchaussée  de  Libourne,  condamné  à  la 
Réaule  le  8  février  1686  :  mort  à  la  peine. 

546-  Chambon  ou  Cambon  (Alexandre), 
laboureur  de  Pranles  en  Vivarais,  61  ans, 
condamné  à  vie  par  M.  de  Bernage,  Intend, 
de  Languedoc,  le  31  juillet  1741  pour  avoir 
assisté  aux  assemblées  religieuses  de  J.  P. 
Dortial  (V,  col.  471)  et  lui  avoir  prêté  se- 
cours et  assistance.  Sur  la  Perle  n°  1784. 
libéré  en  1769. 

547.  Chambon  (Henri),  de  Venterol,  en 
Dauphiné,  condamné  le  28  février  1689. 

548-  Chanas  ou  Chavas,  de  Beaumont, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble  le  23 
septembre  1746.  Contumax. 

549-  Changuion  (Pierre),  bourgeois  de 
Vassy  en  Champagne,  condamné  par  le 
parlem.  de  Metz  le  11  septembre  1686;  mort 
à  la  peine. 

550.  Chanson  (Louis),  tisserand  de  cadis 
du  lieu  de  Mas-Aribal,  paroisse  de  Pompi- 
dou, condamné  à  vie  le  2  nov.  1726  par  M. 
le  marquis  de  La  Fare  pour  avoir  été  pris 
à  une  assemblée  religieuse  tenue  la  nuit  du 
10  au  11  juillet  précédent  au  terroir  de  la 
Picouse,  paroisse  de  S''-Croix  de  Valfran- 
cesque. 

551.  Chantar  (P.)  1713. 

552-  Chantegrel  (Pierre),  lils  de  feu 
Jean,  laboui-eur  de  Ventujol,  paroisse  de 
S*-Julien  d'Arpaon,  condamné  à  Montpellier 
le  1«^  avril  1702. 

553.  Chapelier  (Etienne),  peigneur  de 
laine,  de  Saussine,  paroisse  de  Bouquet, 
diocèse  d'Uzès,  30  ans  ;  condamné  par  l'In- 
lendant  du  Languedoc  le  17  janvier  1750: 
n°  4641.  Libéré  en  février  1766,  portant 
alors  le  n"  1133. 

554.  Chapelier  (Gatien),  de  Tharaux, 
condamné  par  le  maréchal  de  Montrevel  le 
4  mai  1703. 

555-  Chapelier  (Jean),  sur  la  Brave  à 
Marseille  vers  1695. 

556-  Chapelle  (Pierre),  de  Pruchères, 
diocèse  de  Mende,  ou  de  Finels  en  Céven- 
nes,  cordonnier,  29  ans,  condamné  par  l'in- 
tendant de  Montpellier  le  31  mai  1690,  mis 
à  la  chaîne  le  surlendemain,  sur  la  Gloire, 
n"  12162.  Libéré  en  1713,  pensionnaire  de 
MM.   de  Berne  à  Morges  en  1719. 


557.  Chapelle  (René),  travailleur  de  terre 
d'Alais,  cond.  le  11  juin  1686. 

558.  Chapon  (Jean),  de  S*- André  de  Cler- 
guemorte»  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  le  4  mai  1703,  ccmme  ayant  ré- 
paré des  armes.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

5o9.  Chapoulon  (Pierre),  de  S*-Marcel  en 
Vivarais ,  condamné  par  l'Intendant  du 
Dauphiné,  le  12  octobre  1689. 

560-  Chardenon  (Pierre),  ou  Chardenoux 
hls  de  Pie  re,  laboureur  de  Vauvert  en 
Languedoc,  cond.  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier le31  mai  1702  pour  assemblée  pieuse  ; 
n"  26,589  :  sur  la  Fidèle.  Libéré  le  15  no- 
vembre 1707. 

561.  Charles  (François),  médecin,  de 
Chaume  en  Italie,  condamné  par  le  parlem. 
d'Aix  le  30  septembre  1686. 

562-  Charles  (Paul),  de  Saures  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Nî- 
mes le  3  février  1687. 

563.  Charles  (Pierre),  de  Bernaguès, 
condamné  par  les  officiers  du  bailliage  de 
Gévaudan  le  2  août  1703  ;  contumax. 

564.  Charlet  (Abraham),  de  Lausanne 
en  Suisse,  mis  à  la  chaîne  sans  condamna- 
tion en  1685. 

565.  Charreaux  (Jean),  tils  de  Jean,  épi- 
cier, de  Lauve,  arrêté  à  Châtillon,  cond.  à 
Montpellier  le  16  sept.  1693,  alors  âgé  de 
15  ans. 

566-  Charrières  (David),  des  Plots,  pa- 
roisse de  Gluiras  en  Vivarais  ;  écroué  en 
1709,  n"  33,965,  sur  Y  Invincible  ;  mort  h 
l'hôpital  le  25  novembre  de  la  même  année. 

567.  Chartier  (Pierre),  de  Silly,  Ile  de 
France,  condamné  par  l'Intendant  de  Mau- 
beuge,  le  2  décembre  1687  ;  passé  en  Amé- 
rique, 

568.  Chastel  (Jean-Pierre),  de  Monclar 
en  Dauphiné,  condamné  par  M.  de  Bouchât 
le  22  juillet  1689;  mort  à  la  peine. 

569-  Chatonnet  (Henri),  bernois  ;  libéré 
en  1711  ou  1712  pour  sei'vir  dans  les  trou- 
pes. 

570.  Chau  (Jacques),  de  Paust-Mai'est,  en 
Vivarais,  condamné  au  Puy,  en  Auvergne, 
en  1692.  Sur  la  Fleiir-de-lys  à  S*-Malo  en 
1698. 

571-  Chauffer  (Jean),  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble  le  17  mai  1714.  Con- 
tumax. 

572-  Chaulet  (Jacques),  des  Vais  en  Vi- 
varais, mis  à  la  chaîne  en  1702;  n"  26,367; 
mort  à  l'hôpital  le  3  janvier  1704,  «  enterré 
en  lieu  champêtre  derrière  la  citadelle  S'- 
Nicolas  de  Marseille.  » 

573-  Chaumont  (Claude),  de  Genève,  coi'- 


249 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


250 


donnier,  37  ans,  condamné  par  l'Intendant 
du  Languedoc  le  24  mai  1751  pour  assem- 
blée religieuse  ;  n"  5583.  Libéré  en  1764. 

574-  Chautard  (Pierre),  de  Grand-Gal- 
largues,  condamné  à  vie,  Montpellier,  16 
mai  1716.  Libéré  en  novembre  1717. 

575-  Ché  (Joseph),  né  à  Sheffield,  en  An- 
gleterre, écroué  en  1706,  n"  30,466  ;  à  la 
peine  en  1709. 

576-  Chebert  ( Jean- Jacques) ,  condamné 
avant  1705  ;  est  peut-être  le  même  que  Jac- 
ques Chabert,  voyez  n°  534. 

577-  Ghemet  ou  Chevet  (Jean),  chirur- 
gien, de  Vassie  en  Champagne,  condamné 
par  le  parlera,  de  Metz  le  11  septembre 
1686  ;  mort  à  la  peine. 

578-  Cheminon  ou  Cheminar  (Etienne), 
écroué  le  28  juin  1703  ;  mort  à  l'hôpital  le 
8  juillet  de  la  même  année. 

579-  Cheminon  (Jean),  de  Delmars  en 
Champagne,  condamné  àCoutances  en  Nor 
mandie.  Sur  la  Perle  k  S'-Malo  en  1698. 

580.  Chenot  (Guillaume),  de  Bertoy,  comté 
de  Chiny,  condamné  par  le  parlera,  de 
Metz,  8  sept.  1687. 

581.  Chertier  (Antoine),  de  Neufmaison 
en  Lorraine,  condamné  par  l'Intendant  de 
Flandres  le  12  nov.  1686. 

582-  Chérugue  ou  Chéruques  (Domini- 
que), de  Mirapeix  en  Béarn,  condamné  par 
le  parlera,  de  Pau  le  3  mars  1760;  évadé  du 
port  de  Marseille  le  7  août  1770  ;  réfugié  à 
Genève. 

Chesneau,  voyez  Chaigneau. 

583.  Chevalier  (Elie),  de  Mornac  en 
Saintonge,  condamné  par  le  parlera,  de 
Guienne,  8  février  1687.  A  été  libéré. 

584.  Chevalier  (François),  marchand, 
de  Saint-Didier  en  Dauphiné,  condamné 
par  l'Intendant  de  Lyon,  20  janvier  1687. 

585-  Chevalier  (Jacques),  1713. 

586.  Chevalier  (Pierre).  Deux  sous  les  mê- 
mes nom  et  prénom  :  l'un  de  Clelles  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble le  21  décerabre  1685.  Libéré  ;  —  l'au- 
tre, menuisier,  condamné  par  le  parlera,  de 
Bordeaux  le  17  décerabre  1749. 

587.  Cheverat  (Jean),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

Chevet,  voyez  Chemet. 

588.  Chion  (David),  de  Die  en  Dauphiné, 
condarané  par  le  parlera,  de  Grenoble,  22 
déc.  1685.  A  été  libéré. 

590.  Chiraud  (Jean),  du  Languedoc,  sur 
la  Forte  à  Marseille  ;  raort  à  la  peine  en 
septerabre  1695. 

591-  Chouet  (Abraham),  de  Metz,   con- 


damné par  le  parlement  de  cette  ville,   24 
septembre  1687  ;  mort  à  la  peine. 

592-  CiANY  (Jérôme),  de  Sienne  en  Italie, 
d'abord  cond.  par  M.  de  Basville  le  2Q  janv. 
1686,  aux  galères  à  vie:  sa  peine  fut  agra- 
vée  et  il  fut  pendu  à  Nîmes  en  juillet  de  la 
même  année. 

593-  Claissa  ou  Clayssac  (Jacques),  de 
Livron,  condarané  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble, 23  septerabre  1746.  Contumax. 

594.  Claris  (Michel),  1713. 

595-  Claude  (Jean),  dit  La  Fosse,  nou- 
veau prosélyte,  natif  de  Pousins  en  Bugey  : 
1692:  n»  1526:  sur  la  Princesse. 

596-  Clave  (Jacques),  signalé  en  1693 
comrae  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

597.  Clavel  dit  Pachon  (Antoine),  de  S'- 
Jean-de-Pouchon  ou  de  S'-Layer-de-Peyre, 
en  Gévaudan,  condarané  par  le  duc  de  Ro- 
quelaure  à  Montpellier  le  7  juin  1706  pour 
assemblée  pieuse  ;  n"  30,789.  Libéré  en  no- 
verabre  1717  ;  sur  la  Guerrière. 

598-  Clavel  (Jacques),  de  Codognan, 
condamné  le  9  octobre  1713,  raort  à  la 
peine  à  l'âge  de  QQ  ans. 

599-  Clavet  (Salomon),  d'Ovy  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble, 10  déc.  1686  ;  raort  à  la  peine. 

600-  Claveyrolles  (Claude),  compagnon 
boulanger  de  Marsillargues,  diocèse  de  Nî- 
mes, condarané  par  le  duc  de  Roquelaure  à, 
Montpellier  le  27  raai  1706. 

601.  Clément  (Jean),  de  S»-Jean  d'Héra- 
ves,  condamné  par  le  parlera,  de  Grenoble, 
22  déc.  1685.  A  été  libéré. 

602-  Clerc  ou  Le  Clerc  (Jean-Piei-re),  na- 
tif d'Aiipra,  en  Suisse,  condarané  à  Pigne- 
rol  en  raai  1693  ;  n»  15,933.  Sur  la  France  à 
Marseille  en  1698  ;  libéré  en  1713. 

603.  Clergues,  dit  Nodon  (Jacques),  la- 
boureur de  Pierregourde  en  Vivarais,  con- 
damné à  Montpellier  par  M.  de  Bernage, 
Intendant  du  Languedoc,  le  1"  mars  1737, 
pour  avoir  assisté  à  une  assemblée  reli- 
gieuse ;  n"  1141. 

604.  Clergues  (Jean),  du  raêrae  lieu  que 
le  précédent,  Q6  ans,  condarané  le  même 
jour;  sur  la  galère  Le  Dépôt,  n»  13730,  en 
1746. 

605-  Clos  (Pierre),  de  Montois,  près 
Metz,  condarané  par  le  Conseil  Souverain 
d'Alsace,  le  10  juin  1687.  Libéré. 

606-  Cochet  (Jacques  et  Louis),  frères, 
de  Meaux,  condamnés  par  l'Intendant  de 
Brie,  le  15  ou  le  25  juin  1686  pour  assemblée 
pieuse  ;  le  premier,  n"  10,658,  sur  la  Con- 
quérante, mort  à  la  peine  le  6  raai  1709. 


251 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


252 


—  Le  second,  Louis,  vigneron,  n"  10,655  ; 
délivré  en  1713  et  retiré  au  canton  de  Neu- 
châtel. 

608-  CocHiNARD  (Girardin),  de  Fleger, 
près  Sedan,  condamné  en  nov.  1688. 

609-  CoDONEL ,  de  Blansac  près  Nîmes, 
condamné  par  M.  de  Basville  en  1687. 

610-  Coing  (Paul),  des  Chambons  de  Mi- 
zoir,  enDauphiné;  condamné  par  le  parlera, 
de  Grenoble,  22  juin  1686.  A  été  libéré. 

611-  Colas  (Jacques),  cardeur,  d'Aigues- 
vives,  condamné  par  l'Intendant  du  Lan- 
guedoc, le  20  novembre  1702  pour  assem- 
blées illicites  ;  âgé  de  18  ans,  écroué  le  13 
déc.  suivant  ;  n"  27,014,  libéré  le  13  juin 
1709  à  condition  de  servir  dans  les  troupes. 

611.  CoLiBET  (Jean-Pierre  de),  de  Castel- 
bon  en  Béarn,  condamné  par  le  parlera,  de 
Pau  le  20  août  1686. 

612.  CoLiGNON  (César),  de  Metz,  condamné 
par  le  parlera,  de  cette  ville,  16  juillet  1687. 
A  été  libéré. 

614-  CoLLORGUE  ou  Colorgues,  (Jacques), 
travailleur  de  tei're,  de  Geneyrac  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  l'Intendant  de  La- 
moignon  de  Basville,  3  février  1688  ;  mort 
à  la  peine. 

605-  Colomb  (Antoine),  ouvrier  en  bas, 
de  Nîmes,  condamné  pour  assemblée  pieuse 
par  M.  de  Bernage,  Intendant  du  Langue- 
doc, 3  nov.  1727. 

(506.  CoMBASsoN,  dit  Eynard  (Antoine), 
chirurgien,  natif  de  Suri,  diocèse  de  Lyon, 
condamné  par  le  parlera,  de  Bordeaux  le  6 
mai  1702  ;  n"  26,925  ;  mort  à  l'hôpital  le 
31  déc.  1702. 

607.  Combe  (David).  Deux  des  mêmes 
nom  et  prénom  :  l'un  de  Serenne  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  parlera,  de  Greno- 
ble, le  22  déc.  1685  ;  —  l'autre  de  Monta- 
gnac  en  Languedoc,  condarané  en  1701  ; 
mort  sur  la  Vieille-réale,  n"  26,613,  le  12 
mai  1703.  Le  preraier  raort  égaleraent  à  la 
peine. 

609-  Combe  (Simon),  dit  Toutipant,  du 
Dui-on,  manderaentdeCorabevin,  condamné 
par  le  parlera,  de  Grenoble,  22  sept.  1746. 
Conturaax. 

620-  CoMBEL  (David),  de  la  Charce,  con- 
damné par  le  parlera,  de  Grenoble,  9  juin 
1735. 

Combernoux,  voyez  Cabernaux. 

621-  Combes  dit  Angely  (Jacques),  du 
Bouchet  en  Vivarais,  condamné  par  M.  le 
duc  de  Roquelaure  à  Montpellier  le  11  mai 
1719. 

622-  Combes  (Jean  de),  raort  le  3  octobre 
1705. 


623-  CoMBET  (César),  du  Mas-Bonnet, 
diocèse  de  Mende,  en  Gévaudan,  condamné 
à  Montpellier  par  M.  de  Broglie  le  23  août 
1692.  Sur  V Ambitieuse  ou  VEmeraude  à 
Bordeaux,  en  1698.  Libéré  en  1708. 

624-  CoMBETTES  (M'  Pierre),  de  Milhau 
en  Rouergue,  condamné  par  M.  de  Basville 
à  Montpellier  pour  les  affaires  des  Céven- 
nes,  le  4  juillet  1705;  a°  29,  643;  sur  la 
Princesse. 

625-  CoMMERC,  ComersouCoraraère(Jean), 
de  Livran,  diocèse  de  Valence,  condamné 
par  l'Intendant  de  Bouchât  le  23  nov.  1687 
pour  s'être  raêlé  aux  Vaudois.  Sur  la  Vieille- 
réale  à  Marseille,  n°  10,806.  Mort  h  l'hôpi- 
tal le  21  octobre  1708.  —  Un  Jean  Coraerc, 
26  ans,  condarané  à  Grenoble  en  1689  pour 
s'êtx'e  joint  aux  Vaudois  ;  sur  VA7nbitieuse 
ou  VEmeraude  h  Bordeaux  en  1696.  C'est 
peut-être  le  mérae. 

626-  CoMPAN  (Antoine),  de  la  paroisse  de 
Soudorgues,  en  Ce  venues,  arrêté  le  17  déc. 
1692  corarae  prédicant,  condamné  le  3 
janv.  1693  ;  mort  galérien  de  la  Reine  h 
Marseille  le  22  fév.  1698. 

627-  CoMPAN  (Jacques),  faiseur  de  bas, 
de  Clarensac,  diocèse  de  Nîmes,  59  ans, 
condamné  par  l'intendant  du  Languedoc  le 
17  mars  1752,  pour  assemblée  pieuse.  N" 
6191. 

628-  Compte  (André  et  François),  con- 
damnés par  l'Intendant  du  Languedoc  h 
Montpellier  le  22  avril  1723. 

630.  Comte  (André),  père,  de  Péraube, 
paroisse  de  Sousselle,  condamné  h  Alais  le 
23  février  1692  par  M.  de  Lamoignon  de 
Basville  pour  assemblée  religieuse. 

631.  Comte  ou  Conté  (David),  d'Anduze, 
cardeur,  44  ans,  condamné  par  l'intendant 
de  Montpellier,  à  Nîmes  le  20  janvier  1689, 
pour  assemblée  pieuse.  Sur  la  Madame  en 
1700.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  Zurich. 

631.  CoNNiLLiÈRE  (Pierre),  de  Milhau, 
condamné  comme  camisard  en  1705  ;  n" 
28,813  ;  sur  la  Conquérante. 

632-  Conte  (Daniel),  de  Saint-Maixant, 
en  Poitou,  laboureur,  30  ans,  condamné  à 
Funieu  par  l'Intendant  du  Poitou,  en  1686 
pour  assemblée  pieuse.  Sur  la  Couronnej 
puis  sur  la  Grande-vieille-réale  en  1698. 
n°  10313.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  Schaff- 
house. 

633.  Constant  (Jean),  de  la  Guienne, 
1692. 

634-  CoNTAC  (Jean),  de  Brandbourg,  con- 
damné par  le  conseil  de  guerre  de  Mont- 
Louis,  24  septembre  1687. 

635.    Corbier    (Antoine),    d'Alais,    con- 


253 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


254 


damné  par   le   maréchal    de    Montrevel    à 
Montpellier,  le  10  janvier  1706.  Camisard. 

636-  Corbière  (Alexis),  tisserand  de  la 
métairie  de  la  Sarnarié,  diocèse  de  Castres, 
35  ans,  condamné  à  vie  par  l'Intendant  du 
Langutedoc  le  6  avril  1745  pour  assemblée 
religieuse.  Sur  la  Fortune  en  1746.  N» 
20,400  (puis  2230). 

637-  Corbière  (David),  de  Bez,  diocèse 
de  Castres,  condamné  par  M.  de  Broglie  le 
18  août  1689  ;  mort  à  la  peine. 

638.  Corbière  (Jacques),  de  la  Bastide- 
Bouveranne,  diocèse  de  S*-Pons,  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, 18  juillet  1686.  A  été  libéré. 

639.  Corbière  (Joseph),  de  S*-Jean  Cham- 
bre, en  Vivarais,  potier  de  terre,  34  ans, 
condamné  à,  Saint-Pairé  de  Beauregard,  en 
juillet  1690  pour  assemblée.  Sur  la  Gloire 
à  Marseille  en  1698,  n»  11321.  Libéré  en 
1713  et  retiré  à  Basle.  Antoine  Court  l'indi- 
que sous  les  noms  de  Josué  Courbière, 
comme  un  des  prédicants  du  Vivarais. 

640.  Cordelle  (David),  d'Anduze,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  20  janvier 
1689. 

64i.  Cordier  (Elie),  de  Montbasillac  en 
Périgord,  condamné  par  le  présidial  de 
Guienne,  31  mai  1686.  A  été  libéré. 

642-  CoRDiL  (Antoine),  sur  la  Réale  en 
1712,  n"  28,237  ;  libéré  après  abjuration. 

643-  CoRDiLLE  ou  Courdil  ^Jacques)  et 
Antoine  son  fils,  de  Moussac,  diocèse 
d'Uzès,  condamnés  comme  camisards  par  le 
maréchal  de  Montrevel  à  Montpellier  le  10 
janvier  1704,  écroués  le  19.  N°»  28,236  et 
28,237.  Antoine,  âgé  de  15  ans,  noté  comme 
apostat.  Jacques  mort  à  la  peine  en  mars 
1710. 

645-  CoRÉARD,  de  la  Beaume,  diocèse  de 
Viviers,  condamné  en  novembre  1689. 

646-  CoRNUAU  (François),  mort  le  13  fé 
vrier  1702. 

647.  Corps  (Etienne),  sur  l'Héroïne  k 
Marseille. 

648.  Cors  (Jacques),  condamné  après  1702. 
•     649.  Cors  (Pierre),  entre  1703  et  1710. 

650.  Corsage  ou  Coursange  (Fortunat), 
des  environs  de  Laval  en  Dauphiné,  con- 
damné le  4  avi'il  1689  ;  mort  à  la  peine. 

Cosson,  voyez  Casson. 

6Si.  Costa  (Alexandre  de),  de  Tounein 
en  Guienne,  mis  k  la  chaîne  à  Rennes, 
mort  à  l'hôpital  avant  d'entrer  aux  galères, 
le  8  avril  1701.  «  Il  fut  enterré  avec  les 
Turcs.  » 

652.  Coste  (Daniel),  travailleur  de  terre 
de  Geneyrac,  condamné  par  M.  de  Lamoi- 


gnon.  Intendant  du  Languedoc,  le  3  février 
1688.  Mort  à  la  peine. 

6.^.  CosTE  (Guillaume),  du  Grand-Gallar- 
gues,  condamné  par  le  duc  de  Roquelaure 
à  Montpellier  le  16  mai  1716;  contumax. 

654-  CosTE  (Louis),  des  Fons,  en  Langue- 
doc, condamné  le  7  juin  1703  par  lo  maré- 
chal de  Montrevel ,  écroué  le  28  juin  1703, 
n»  27,662,  en  compagne  en  1704. 

635-  CosTEs  (Barthélémy),  dit  Balat,  vi- 
gneron de  Saint-Martial,  diocèse  de  Cahors, 
27  ans,  condamné  k  vie  par  M.  L'Escalo- 
pier,  Intendant  de  Montauban,  le  17  décem- 
bre 1745,  pour  s'être  mai'ié  au  désert. 
Ecroué  à  la  galère  le  Dépôt  le  15  mai  1748, 
n»  22,374  (et  3452)  ;  mort  en  1749. 

636.  CoTTEREL  (Isaac),  sur  la  Vieille- 
réale  k  Marseille,  vers  1695. 

657-  CoTTiN  (Pierre),  de  Gigors,  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlement  de  Gre- 
noble, 3  juillet  1686.  11  prêcha  après  être 
sorti  des  galères. 

658.  Coudrai  (David),  de  S'-Germain  de 
Calberte,  cond.  pour  assemblée  pieuse  1707: 
n»  31,890.  Sur  la  Princesse.  Libéré  le  24 
juillet  1716. 

659.  Coudra  Y  (Jacob),  de  Peray-le-Nou- 
veau  en  Bourgogne,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Grenoble,  6  juin  1687.  Libéré. 

660-  Coulas  (Jacques),  d'Aiguesvives, 
condamné  à  vie  par  le  parlement  de  Nî- 
mes, le  21  déc.  1702,  pour  assemblée  reli- 
gieuse. 

661.  CouLET  (Antoine),  laboureur,  de  Gar 
rigues,  près  Sommières,  cond.  pour  assem- 
blée pieuse  ;  écroué  en  sept.  1709  ;  n» 
33,978  ;  sur  V Invincible  ;  libéré  en  novem- 
bre 1717. 

662-  CouLiERS  (Isaac),  condamné  avant 
1705. 

Coulin,  voyez  Coutin. 

663.  CouLLARD,  d'Aiguesvives,  condamné 
le  20  nov.  1686. 

Courbière,  voyez  Corbière. 

664.  CouRCHE  (Jean),  de  Guédeville,  en 
Normandie,  condamné  par  le  parlera,  de 
Rouen,  17  mai  1685. 

Courdil,  voyez  Cordille. 

665-  CouRDiRE,  condamné  par  l'Inten- 
dant de  Montpellier,  le  1"  août  1746. 

Coursange,  voyez  Corsage. 

666.  CouRTESERRE  OU  Courtisère  (Fran- 
çois) du  Pin  près  d'Uzès,  manufacturier, 
31  ans,  condamné  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier, 26  septembre  1698  pour  être  allé 
à  Orange  entendre  prêcher;  n"  21,802;  sur 
la  Superbe  k  Marseille.  Libéré  en  1713  et 
retiré  à  Basle. 


255 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


256 


667-  CouRTEis  (Annibal),  condamné  par 
le  présidial  de  Nîmes  le  18  oct.  1691. 

668-  Courtois  (Pierre),  de  Saint-Roman 
d'Arbon  en  Dauphiné,  condamné  à  Antibes 
en  Provence,  écroué  en  1705  ;  n»  29,260. 

669.  Courtois  (Paul),  libéré  en  1738  et 
pensionné  en  Hollande. 

670-  Couse  (Dominique-Joseph  de),  cond. 
en  1696,  est  le  même  que  Descostels,  voyez 
ce  nom. 

671.  Cousin  (Jean), de  Paris,  condamné  à 
Montélimart  le  14  octobre  1685. 

672.  CousLET,  ou  Coustet  (Jean),  de 
Montauban,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  le  22  déc.  1685.  A  été  libéré. 

673-  CouTAREL  (Antoine),  de  Dorthe,  en 
Languedoc,  cond.  comme  camisard  en  1705  : 
sur  la  Perle  ;  n"  28,828. 

674.  CouTiN  ou  Coulin  (Philippe),  de 
Chef-boutoune  en  Poitou,  condamné  par  le 
présidial  de  Touraine,  le  20  mai  1687  ;  mort 
à  la  peine. 

675.  CouTON  (Antoine),  libéré  en  1738  et 
pensionné  en  Hollande. 

676-  Couvert  (Daniel),  de  Terminy  près 
Orléans,  mis  à  la  chaîne  sans  condamna- 
tion en  1686  ;  mort  à  la  peine. 

677-  CoYAULT  (Elie),  pasteur  en  Poitou, 
mis  en  1689  au  château  de  Pierre-Encise 
(ci-dessus  IV  864).  11  y  était  encore  en  1712. 

678-  Crepoy,  Isaac,  de  Bretagne,  con- 
damné par  le  parlement  de  Dijon,  le  8  octo- 
bre 1687.  Libéré. 

679.  Crinquer  (Jacob),  1713. 

680-  Cristol  (Jacques),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  le  26  septembre 
1698. 

681-  Cros  ou  Ducros  (Daniel),  de  La  Ri- 
gaudière,  près  Castres,  laboureur,  27  ans, 
condamné  par  M.  de  Broglie  le  18  août 
1689  pour  assemblée  pieuse;  n"  11,383.  Sur 
la  Valeur,  puis  sur  la  Vieille-Saint-Louis 
à  Marseille  en  1698.  Libéré  en  1713  et  retiré 
h  Schaffhouse. 

682-  Gros  (Daniel  de),  libéré  des  galères, 
arrive  h  la  Haye,  en  1736,  où  il  reçoit  une 
pension  de  300  fl. 

()83.  Cros  (Etienne),  de  Pouloye,  près 
Castres,  condamné  à  Montpellier  le  18  déc. 
1697.  N"  21,488.  Sur  la  Perle.  Mort  le  8 
juillet  1703. 

684-  Cros  (Jacques  et  Pierre),  de  Ge- 
neyrac,  en  Languedoc,  condamnés  par  M.  le 
maréchal  de  Montrevel,  le  7  juin  1703  ; 
écroués  le  28  ;  Pierre,  sous  le  n"  27,644, 
mort  à  la  peine  en  mars  1705. 

686-  Cros  ou  Gros  (Jean),  n"  5621,  la- 
boureur de  la  Valdaix  de  Roumeyer,   en 


Dauphiné,    condamné    par    le    parlem.  de 
Grenoble,  3  juillet  1750.  Libéré  en  1755. 

687-  Crouzet  (Pierre),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  septembre  1698. 

688-  CuRsoN  (Jean),  de  Desague  en  Viva- 
rais,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  17  juin 
1689. 

689-  Dablin  (Fiacre),  de  Champagne; 
condamné  en  1692;  libéré  en  1713. 

690-  Dairès  (Pierre),  de  Fleigneux,  con- 
damné par  le  parlement  de  Metz  le  29  nov. 
1686,  libéré  h  une  date  inconnue. 

691-  Dalençon  (Pierre),  de  Metz,  con- 
damné par  le  bailliage  de  Metz,  mai  1712, 

692-  Dalgues  (Pierre),  de  La  Salle  en 
Cévennes,  condamné  h  Montpellier  vers 
1689.  Sur  la  Vieille-S^-Loids  à  Marseille 
en  1698.  Mort  à  l'hôpital  le  22  avril  1699. 

693.  Damouin  (Abel  et  Marc-Antoine), 
frères,  de  Bruniquel  en  Quercy,  —  et 
Etienne,  leur  cousin,  de  Montauban,  tous 
trois  gentilshommes,  condamnés  à  trois 
ans  de  galères  par  le  parlement  de  Paris, 
le  4  janvier  1690.  Marc- Antoine,  n"  11,980, 
mort  à  l'hôpital  de  Marseille  dans  la  nuit' 
du  6  au  7  août  1708.  Abel  (n"  11981)  et 
Etienne  (n«  11982,  libérés  en  1713.  Marc- 
Ant.  et  Abel  avaient  été  pris  par  un  arma- 
teur de  Dunkerque  sur  un  navire  hollandais 
allant  à  Hambourg  et  avaient  refusé  d'abju- 
rer. Abel  et  Etienne  sont,  en  1713,  pension- 
nés (400  fl.  chacun)  par  les  Etats  de  Hollande, 

696.  Danton  (Jacques),  ouvi'ier  en  soie, 
baptisé  à  Nîmes  le  20  avril  1676  fils  d'Adrien 
Danton  marchand  de  soie  et  d'Isabeau  Ca- 
del:  condamné  le  10  oct.  1699. 

697.  Darnier  (J.),  de  Champagne,  cond. 
en  o686. 

698-  Daubigny  (Nicolas),  mort  aux  galè- 
res en  1709. 

Daud  (Barthélémy  et  Jean),  voyez  Baud. 

699-  Daudk  ou  Daudey  (Abraham),  de 
Nîmes,  condamné  par  l'Intendant  du  Dau- 
phiné, le  12  octobre  1689.  Sur  la  Magnanime 
à  St-Malo  en  1698. 

700-  Daudé  (Jean).  Deux  des  mêmes 
nom  et  prénom  :  l'un,  de  Campagne  en 
Languedoc,  laboureur,  24  ans,  condamné  à 
Montpellier  en  1692;  sur  VAinazone  ou  la 
Marquise  h  Brest  en  1698,  libéré  en  1713 
et  envoyé  h  Schaffhouse  ;  —  l'autre,  de 
Grand-Gallargues,  condamné  h  Montpellier, 
le  6  mai  1716  par  M.  le  duc  de  Roquelaure. 
Contumax. 

702-  Daudet  (Jean),  de  Sommières,  la- 
boureur, 50  ans,  condamné  en  1693  pour 
assemblée  religieuse,  n°  15,911.  Surl'^ma- 
zone.  Libéré  en  1713  et  retii'é  à  Basle. 


257 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


258 


703-  Daudet  ou  d'AuLEX  (Jean),  de  Pi- 
gnan,  condamné  par  M.  de  Basvilleà  Nîmes, 
le  20  août  1704.  Contumax. 

704-  Daunis  (Constant),  de  Marsillargues, 
en  Languedoc,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes,  le  24  juillet  1687. 

705.  Daunis  (Matthieu),  de  Velay  }  libéré 
en  1713.  Est  peut-être  le  même  que  Dunis 
dit  La  Roche  :  voyez  ce  nom. 

706.  Dauphin  (Antoine),  du  Roveray  près 
Embrun,  en  Dauphiné,  condamné  h  Antibes 
avec  IsaacBoury  ;  écroué  en  1705.  N* 29,057; 
sur  la  Conquérante.  Libéré  le  7  mars  1714. 

707-  David  (Jacques),  du  Poitou,  con- 
damné à,  3  ans  pour  assemblée,  1705. 

708-  David  (Daniel),  de  Douvres  en  An- 
gleterre, écroué  en  1708,  n°  32,594  ;  à  la 
peine  à  Marseille  en  1709. 

709.  David  (Piei're),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi.  C'est  peut-être  le  même  que 
Pierre  Davias,  galérien  sur  V Amazone  en 
1704,  suivant  M.  A.  Coquerel  fils. 

710-  Dayre  (Moïse),  coi'donnier  à  Clérac, 
27  ans,  emprisonné  k  Sarlat  pour  avoir 
essayé  de  sortir  du  royaume  et  condamné 
aux  galères  par  M.  de  Bezons,  1687, 

711.  Dayres  (Pierre),  de  S'-Chartes,  dio- 
cèse d'Uzès,  condamné  sanS  avoir  été  inter- 
rogé, écroué  en  1705.  Sur  la  Perle  n" 
28,817  ;  mort  k  l'hôpital  le  4  août  1708. 

712.  Debeau  (Claude),  de  S'-Pierre  en 
Normandie,  condamné  comme  guide,  en 
1701  ;  n»  25,793;  sur  VHéroïne.  Libéré  le  7 
mars  1714. 

713-  Debled  (Pierre),  aussi  nommé  de 
Blé,  de  Caen,  condamné  en  mai  1700  ; 
mort  pendant  la  compagne  de  1703  k  Cadix. 
—  Un  Pierre  de  Bled  était  sur  VHéroïne 
en  1707  (Ch.  Coquerel,  Egl.  du  Dés.  I,  504). 

714-  Defaux  (Pierre)  de  Metz,  condamné 
par  le  parlement  de  Lorraine,16  juillet  1687. 

715-  Defer  (Louis),  de  Galargues,  en 
Languedoc,  condamné  en  1705.  N"  28,795. 
Sur  V Amazone. 

716-  Delascour  (Pierre),  de  Toeule,  pa- 
roisse de  Glieurail  en  Vivarais,  condamné 
à  Montpellier,  en  octobre  1706  pour  assem- 
blée pieuse  ;  n"  30,900  ;  sur  la  France. 

717-  Delaurens  (Jean),  de  CastagnoUes, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier,  le  19  mai  1690. 

718-  Delcauzé  (Jean),  de  CastagnoUes, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier,  19  mai  1690. 

719-  Deleuze  (Etienne),  des  Mages  S*- 
Valery  en  Languedoc,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  25  janvier  1687. 


720-  Deleuze  (Jean),  deux  individus  des 
mêmes  nom  et  prénom  ;  l'un,  des  Hos- 
taux,  paroisse  de  Castagnols,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes  en  mai  1690,  mis 
k  la  chaîne  le  2  juin  suivant  ;  —  l'autre, 
fils  de  Pierre,  de  Poussiels,  paroisse  de  S*- 
Andéol,  condamné  k  Montpellier,  le  22 
décembre  1701  ou  le  12  janvier  1702.  L'un 
des  deux  fut  libéré  le  24  juillet  1716. 

722.  Deleuze  (Pierre),  de  Lesan,  en 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  14  juin  1686.  A  été  libéré. 

723-  Delo  (Henri),  chapelier,  de  Sedan  ; 
sur  la  Reine  k  Saint-Malo  en  1698. 

724-  Delon  (Antoine),  berger  du  mas  de 
Monbenoux  ou  Bonbonnoux  en  Cévennes, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  2& 
février  1686  ;  mort  k  la  peine. 

725-  Delon  (Pascal),  de  Sommières,  con- 
damné pour  assemblée  pieuse  ;  écroué  en 
sept.  1709  n»  33,975;  sur  la  Grande- 
Réale.  Libéré  le  15  novembre  1717. 

726-  Delor  ou  Delore  (Jean-François), 
de  Bourbourg,  condamné  par  le  Conseil 
souverain  de  Tournay,  5  juin  1684. 

727.  Delpon  (Biaise),  chamoiseur,  de 
Villenouvelle,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montauban,  le  15  avril  1752. 

728.  Delrieu,  imprimeur  k  Toulouse,  con- 
damné k  vie  par  le  parlement  de  cette  ville, 
le  30  avril  1745,  pour  avoir  imprimé  des 
livres  contre  la  foi  et  doctrine  catholique  ; 
contumax. 

Delux,  voyez  Laurent. 
Demars,  voyez  Mars. 

729.  Denys...  signalé  dans  une  lettre  en 
date  de  Marseille,  le  2Q  oct.  1703,  comme 
galérien  protestant. 

730-  Depris  (Louis),  de  Dompierre,  con- 
damné par  le  lieutenant  de  Heinault,  le  20 
mars  1686. 

731-  Deproux  (Pierre)  de  La  Salle  en 
Béarn,  libéré  en  1711,  ou  1712,  pour  servir 
dans  les  troupes. 

732.  Descams  (Paul)  de  Sedan  ;  condamné 
par  le  parlement  de  Metz,  28  mai  1686.  A 
été  libéré. 

733.  Descostels  (Dominique -Joseph), 
professeur  de  droit,  auparavant  avocat  k 
Nancy,  né  de  parents  catholiques,  a  été 
pendant  vingt  ans  aux  galères,  y  ayant  été 
condamné  en  1696,  pour  avoir  déclaré,  en 
plein  parlement  de  Metz,  qu'il  quittait  la 
religion  papiste  pour  embrasser  la  protes- 
tante ;  n°  19576.  Libéré  le  15  nov.1717, 
il  voulut  renouveler  cette  déclaration  de- 
vant le  Consistoire  de  Genève,  le  24  déc. 
7117. 

VT.  9 


259 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


260 


734.  Desgroulx  ou  Desgroux  dit  Caray 
(François),  «  proposant  ministre,  »  de 
Noyon  en  Picardie,  condamné  par  le  prési- 
dial  de  Nîmes,  8  juillet  1686. 

735.  Desjoux  (Joseph),  des  Plos,  paroisse 
de  Gluyras  en  Vivarais,  n°  33,961  ;  écroué 
en  août  1709  ;  mort  le  28  nov.  suivant. 

736-  Destampe  ou  Destample  ou  Detemps  ; 
de  Nîmes,  fripier,  56  ans,  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 
Sur  la  Vieille-Réale  h  Marseille.  Libéré  en 
1713  et  retiré  sous  la  protection  de  MM.  de 
Zurich. 

737.  Destiou  (Jean),  de  S*-Félix,  dioc. 
d'Alais,  laboureur,  28  ans,  condamné  en 
1698  ;  libéré  en  1713  et  retiré  sous  la  pro- 
tection de  MM.  de  Schaffouse. 

738.  Des  VIGNES  (André  et  Pierre),  frères, 
signalés  en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
leurs  défaillances  dans  la  foi. 

740-  Détats  (Antoine),  signalé  en  1693 
comme  le  précédent. 

741.  Devèse  ou  Devèze  (Jean),  de  Quissac, 
en  Languedoc,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Berwick  à  Montpellier,  le  15  mai  1705, 
écroué  le  mois  suivant.  Sur  la  Vieille- 
Réale,  n"  29,587.  Mort  à  la  peine  le  15  jan- 
vier 1709. 

742.  Devèze  (Jean),  ouvrier  en  bas,-  de 
Nîmes,  condamné  pour  assemblée  religieuse 
par  M.  de  Bernage,  Intendant  du  Langue- 
doc, 3  nov.  1727. 

743.  Devigne  (Jean).  Sur  la  Superbe  h 
Marseille,  vers  1695. 

744.  Didier  (Pierre),  de  Saillans,  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  l'Intendant  de  M.  de 
Bouchât  le  23  novembre  1689  pour  s'être 
joint  aux  Vaudois.  N"  11,823.  Sur  la  Vieille 
Saint-Louis  h  Marseille  en  1698.  Libéré  le 
7  mars  1714. 

745.  DiNTRE  ou  Dintres  (Jean),  d'Empu- 
ragne,  en  Vivarais,  condamné  par  l'Inten- 
dant de  Broglie,  le  2  janvier  1790.  Sur  la 
Gloire. 

746.  DiNTRE  (Jean -Pierre),  de  Bussy-le- 
haut,  d'Empuragne  en  Vivarais,  condamné 
pour  assemblée  en  1689.  Sur  la  Gloire  h 
Marseille  en  1698,  n»  11,842,  mort  h  l'hô- 
pital le  7  février  1708. 

747.  DioviLLE  (Jean-Pierre),  de  Genève  ; 
condamné  en  1705  ;  n°  28,944  ;  sur  V Invin- 
cible en  1707;  libéré  en  1711  ou  1712  pour 
servir  dans  les  troupes. 

748-  DissERE  (Louis),  1713. 

749.  DisiÉ  (Noé),  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier,  le  26  septembre  1698. 

750.  DisiB  (Pierre),  du  Languedoc,  cond. 
vers  1688  ou  1689. 


751.  DizoN  (Joseph),  1713. 

752.  DoALETTE  ou  Doulette  (Antoine),  de 
Saint- Vivent  de  Durfort  en  Vivarais,  con- 
damné par  le  présidial  de  Montpellier,  2iy 
mai  1689. 

753.  DoBiGNY  ou  Doubigny  (Nicolas),  pro- 
sélyte, mort  à  Marseille  en  1703. 

754.  Dock  ou  Docq  (Claude).  Sur  la  Pa- 
tronne à  Marseille  vers  1695. 

Dodé  (Jean),  voyez  Daudet. 

755.  DoMBRE  (Pierre),  de  Cauvisson  en 
Languedoc,  condamné  en  1707;  n»  30,311; 
sur  ÏEclatante. 

Donadieu  ou  Donuadieu  (Jacques),  ou 
Bonnadieu;  voyez  ci-dessus  ce  dernier  nom. 

756.  DoNEL  (Isaac),  de  Blansac,  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Nîmes, 
le  25  janvier  1687. 

757.  DoNZEL,  Donzet  ou  Dolzet  (Jacques), 
de  Grizac  ou  Lesan  en  Languedoc,  condamné 
par  le  présidial  de  Nimes,  15  juin  1686.  Li- 
béré. 

758.  DoRiNCE  (Charles),  du  Vivarais,  mort 
le  17  octobre  1702. 

759.  DoRMOND  (Paul),  1702. 

760.  DoRTHE  (César),  de  Montpellier, 
condamné  par  M.  le  duc  de  Berwick  à 
Montpellier,  le  15  mai  1705  pour  assemblée 
pieuse,  écroué,  n"  29,583  ;  sur  la  Grande- 
Réale.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

761.  DossY  (Claude),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

762-  DoucHON  (Jean-Pierre),  de  Tallusat 
en  Vivarais  ;  condamné  par  M.  de  Broglie 
le  26  mars  1689. 

763-  DouLÈs  (Jacques),  sieur  de  La-Tour- 
du  Redon ,  ancien  officier ,  chevalier  de  S*- 
Louis,  d'Angles  au  diocèse  de  S*-Pons  de 
Thomières,  64  ans,  condamné  h  vie  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  le  6  avril  1745. 
Sur  la  galère  le  Dépôt  en  1746.  N"  20,394. 

Doulette,  voyez  Doalette. 

764.  DouLHiAC  (Guillaume),  de  Revel, 
cond.  le  2  oct.  1698. 

765.  DouviER  (David),  du  Vilar  de  Baubi, 
vallée  de  Luzerne,  condamné  à  Grenoble 
en  1689  comme  Vaudois.  N"  11,'681;  sur  la 
Favorite,  puis  sur  la  Gloire  h  Marseille  en 
1698  ;  libéré  en  1713.  C'est  le  même  appelé 
ci-dessus  Bouvier  n°  405  bis. 

766-  DoYER  ou  Doyert  (David),  de  Dieppe, 
condamné  par  le  parlement  de  Rennes 
en  1692,  mort  à  l'hôpital  le  17  janvier  1694. 
Mentionné  ci-dessus  (V  col.  480),  mais 
c'est  en  Hollande  qu'il  s'était  l'éfugié  et  à 
Rennes  qu'il  fut  condamné. 

767.  DozET  (Jean),  de  Metz,  arquebusier. 


:261 


FORÇATS  ET  GALERIENS. 


262 


55  ans,  condamné  le  7  juin   1687;  mort  à 
la  chaîne  le  29  juin. 

768-  Drillaud  ou  Drilleau  (Jacques),  de 
S*-Pierre  de  Cheminon  en  Poitou,  menui- 
sier, 26  ans,  cond.  en  1697  pour  assemblée 
pieuse  ;  n"  23,538  :  sur  la  Princesse.  Libéré 
en  1713  et  interné  à  Zurich. 

Droume.  Lisez  Broume  et  voyez  Brunet. 

769-  Druet  (Jean),  fils  du  pasteur  et  pi*o- 
fesseur  Jean  Druët  inscrit  ci-dessus  (t.  V. 
col.  506,  lig.  3).  Nous  ne  l'avons  pas  trouvé 
sur  les  listes  de  galériens,  mais  on  lit  dans 
les  registres  des  Etats-gén.  de  Hollande, 
année  1699,  fol.  442,  qu'il  a  reçu  à  cette 
époque  un  secours  de  30  flor.  et  qu'en  1703 
il  a  présenté  aux  Etats  plusieurs  requêtes 
dans  lesquelles  il  se  dit  âgé  de  70  ans  et 
ayant  passé  trois  ans  aux  galères. 

770-  DuBÉDAR  (Samuel),  galérien  de  la 
France,  en  dépôt  sur  la  Perle  en  1700. 

Dubesson  et  Bessonnet,  pseudonymes  de 
David  Serres  (le  puîné). 

Dublet  (Pierre),  voyez  Debled. 

771-  Dubois  (David),  de  Rancourt  en 
Champagne,  condamné  par  le  parlement  de 
Metz,  le  22  sept.  1686.  A  été  libéré. 

772.  Dubois  (Jacques),  de  Montpellier, 
-condamné  en  cette  ville  par  le  duc  de  Ber- 
wick,  le  15  mai  1705. 

773-  Du  BoRT,  condamné  par  le  présidial 
de  Montpellier,  le  19  août  1694. 

774.  DuBREUiL  (Vincent),  de  Berlore  près 
Poitiers,  condamné  par  M.  de  Foucault, 
Intendant,  le  5  mars  1688. 

775.  DuBRioL  (André),  1713. 

776.  DuBUY  ou  du  Buy  (Jean),  de  Thori- 
gnie,  en  Tiérache  près  Vervins,  a  servi 
dans  la  cavalerie  et  a  eu  un  frère  tué  de- 
vant Namur  ;  fait  prisonnier  avec  son  autre 
frère  lequel  a  été  pendu  et  lui,  condamné 
à  Mons  en  1691,  mis  aux  galères  où  il  est 
resté  8  ans  ;  sur  la  Fidèle  h  Marseille  en 
1698  ;  libéré  la  même  année  et  pensionné 
par  les  États  de  Hollande  en  1699. 

777-  DucAYLA  (Armand),  de  Bergerac, 
condamné  à  Bordeaux  en  août  1692.  Sur  la 
■Galante  h  S'-Malo  en  1698. 

778-  DucHESNE  (Nicolas),  de  Fanières, 
près  Nogent,  en  Loi-raine,  condamné  par  le 
parlem.  de  Metz,  3  oct.  1687:  mort  k  la 
peine. 

779-  DucLAUX  (Mathieu),  marchand,  de 
S'-Jean  de  Valresque,  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  septembre  1698. 

780-  DucLos  (Louis),  de  Marneuf  en  Vi- 
varais,  perruquier,  22  ans,  arrêté  k  la  Ro- 
madache  le  26  août  1689  ;  condamné  par 
le  parlem.  de  Grenoble,  le  12  octobre  1689, 


au  billet  de  «  trois  un  pendu,  »  et  il  obtint 
la  galère  ;  pour  s'être  joint  aux  Vaudois. 
N"  11,675.  Sur  la  Hardie  k  Marseille  en 
1698  et  sur  la  Souveraine.  Libéré  en  1713 
et  retiré  k  Berne. 

Duclos,  voyez  Rochebilière. 

781-  Du  CoNDUT  Du  Clusel,  libéré  en  1716 
et  pensionné  en  Hollande  (300  fl.). 

782-  DucROs  (Antoine),  de  Pignan,  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Nîmes,  le  20 
août  1704.  Contumax. 

783-  DucRos  (Jacques),  de  Costelonge, 
mandement  de  la  Baume-Cornillane,  ma- 
réchal, condamné  par  le  pari,  de  Grenoble, 
23  sept.  1746.  Coutumax. 

784-  DucRos,  deux  des  mêmes  noms  et 
prénoms,  l'un  de  Quissac  en  Languedoc, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  3 
févi'ier  1688  ;  l'autre,  dit  Alary,  de  Serret 
en  Vivarais,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  à  Montpellier  le  11  mai  1719. 

Ducros,  voyez  Gros. 

785-  DuFAGUE  (Pierre),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  à  vie  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  k  Montpellier,  le  27  février 
1720,  pour  avoir  assisté  à  une  assemblée 
religieuse  dans  la  grotte  des  Fées. 

786-  DuFEsc  (Abraham),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 

787-  DuFOUR  (Jacques)  de  Touray  en 
Dauphiné,  scieur  de  bois,  35  ans,  condamné 
en  1689.  Sur  VA7na2one  ou  la  Marquise  h 
Brest  en  1698,  n»  13,946.  Libéré  en  1713  et 
retiré  à  S^-Gall. 

788-  DuGREz,  père,  de  Castres,  condamné 
par  M.  de  S'-Priest  k  Montpellier,  le  11  oc- 
tobre 1754.  Contumax. 

789-  DuLAc  (Isaac),  condamneparM.de 
Broglie  à  Montpellier,  le  23  oct.  1697.  Cou- 
tumax. 

790-  DuLoup  (François),  de  Merulavalle, 
en  Bourgogne,  condamné  par  le  présidial 
d'Auxerre,  16  déc.  1684. 

791-  Dumas  (Claude),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 

792-  Dumas  (David),  de  Valarargues  eu 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  3  août  1701.  Le  jugement  portait 
«  Pour  crime  de  fanatisme,  d'assemblées 
illicites  de  nouveaux  convertis  où  l'on  a 
faict  publiquement  et  en  plein  jour  les  exer- 
cices de  ceux  de  la  R.  P.  R.,  chanté  les 
phseaumes  et  faict  la  prière  à  haulte  voix.» 
Mis  sur  la, Gloire;  n" 25735.  Libéré  le  15 no- 
vembre 1717. 

793-  Dumas  (Etienne),  demeurant  k  Mar- 
seillan,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes,  le 
17  juillet  1686.  , 


263 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


264 


794-  Dumas  (Jean),  d'Anduze  en  Langue- 
doc, écroué  en  1703,  n"  28,056  ;  mort  à 
l'hôpital  le  %2  décembre  1706. 

795-  Dumas  (Pierre),  deux  des  mêmes 
noms  et  prénoms  :  l'un  de  S*-Hippolyte  en 
Cévennes,  condamné  à  Montpellier  en  1691  ; 
Sur  VAmbitieuse  ou  VEmeraude  h  Bor- 
deaux en  1698  ;  mort  à  l'hôpital  de  Mar- 
seille le  24  juillet  1707:  galérien  de  la 
Princesse,  N»  12,038  ;  —  l'autre,  dit  Char- 
lemagne,  condamné  par  M.  le  comte  de 
Broglie  le  23  octobre  1697  ;  contumax. 

797-  DuMETs  (César),  de  Mortague  en 
Saintonge,  condamné  par  le  parlem.  de 
Saintonge,  17  septembre  1689.  Moi't  h  la 
peine. 

798.  DuMOULARD  (Louis),  de  Vaumancy, 
près  Grenoble,  condamné  par  le  parlem.  de 
cette  ville,  9  mars  1686  ;  passé  eu  Améri- 
que. 

799.  Dumoulin  (Jean-François),  de  Lau- 
sanne en  Suisse,  condamné  par  l'intendant 
du  Dauphiné  le  12  octobre  1689  et  par  le 
sort  en  1690.  Sur  la  Forte  à  S'-Malo  en 
1698. 

800-  DuNis,  dit  La  Roche  (Matthieu),  de 
La  Selle  en  Velay,  de  laboureur  devenu  pré- 
dicant  du  Vivarais,  condamné  en  1698,  n° 
22,357.  Sur  VHéroîne.  Libéré  en  1713,  il  se 
retira  à  Neuchâtel.  Voyez  Daunis,  n"  705. 

801.  DuPLAN  ((Antoine),  de  Charmai,  pa- 
roisse de  Val,  eu  Vivarais,  écroué  en  avril 
1707,  n"  31,500,  eufermé  dès  son  arrivée  k 
Marseille  dans  les  cachots  de  l'hôpital  où  il 
est  mort  le  23  août  de  la  même  année. 

802.  DuPLESsis  (Jean-Baptiste),  de  Besa- 
voy  près  Sedan  ;  condamné  par  le  parlement 
de  Metz,  8  juin  1686. 

803.  Dupont  (Antoine),  de  Montauban, 
supposé  de  naissance  catholique,  condamné 
par  l'Intendant  de  Montauban  le  20  nov. 
1748,  pour  avoir  assisté  k  la  célébration 
d'un  mariage  de  protestants. 

804.  Dupont  ou  Du  Pons  (Jacques),  de 
Montignargues,  près  Nîmes,  laboureur,  21 
ans,  condamné  à  Montpellier  en  1691  pour 
assemblée  religieuse,  n»  12,930.  Sur  la 
Princesse  puis  sur  VAmbitieuse  ou  Eme- 
raude  à  Bordeaux  eu  1698.  Libéré  en  1713, 
et  envoyé  à  Schaffiiouse  ;  assisté  à  Vevey  en 
1714. 

805-  Dupont  (Pierre),  de  Saint-Laurent- 
le-Minier,  diocèse  d'Alais,  condamné  comme 
camisard  en  1703.  N"  27,659  ;  sur  la  Valeur. 
Libéré  le  24  juillet  1716. 

806.  DupuY,  de  Bergerac,  condamné  à 
Tournay  pour  avoir  voulu  sortir  du  royau- 
me, 1701.  (Mém.  dgMarteilhe,  1881,  p.  64). 


807-  Dur  (Jean),  pensionné  par  les  États 
de  Hollande  comme  galérien  libéré  (30O 
flor.),  1738. 

808.  Durand  (Antoine),  de  Quillebœuf 
près  le  Havre,  condamné  par  le  parlem. 
de  Paris,  10  décembi'e  1689.  Sur  VAmbi- 
tieuse ou  Emeraude  à  Bordeaux  en  1698. 
Libéré  la  même  année. 

809-  Durand  (Daniel),  mort  sur  les  galè- 
l'es  le  31  janvier  1705. 

810-  Durand  (David,  dePaussan,  paroisse 
de  Mialet,cond.  par  M.  de  Basville  à  Mont- 
pellier, le  13  nov.  1701;  est  peut-être  le  même 
que  le  précédent. 

8il.  Durand  (Etienne),  sur  VAinbitieuse 
ou  V Emeraude  à  Bordeaux  vers  1695. 

812-  Durand  (Jacques),  d'Alais  en  Lan- 
guedoc, pour  sortie  du  royaume  (1699).  N" 
23,812.  Sur  la  Duchesse  à  Marseille.  Libéré 
en  1713. 

813-  Durand  (Jean),  de  Saint-Etienne-de- 
Val-Franchisque,  condamné  h  S*-Hyppolyte 
en  1689.  Sur  la  Galante  à  S'-Malo  en  1698. 
Mort  le  18  octobre  1702. 

814.  Durand  ou  Durauc  (Moïse),  hôtelier 
de  Vialas  ou  de  Castagnols,  diocèse  d'Uzès, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes  le  31 
mai  1690.  Mis  k  la  chaîne  le  surlendemain. 

815-  Durand  (Pierre).  Trois  sous  les  mê- 
mes nom  et  prénom  :  le  premier  de  Saint- 
Pierre-de-La  Salle  en  Languedoc,  condamné 
par  le  parlem.  de  Dijon,  le  10  mars  1687  ; 
—  le  second  de  S'-Etienne,  diocèse  de 
Mende,  condamné  par  M.  de  Broglie  le  6 
octobre  1689  ;  —  le  troisième  de  Gaugé,  en 
Languedoc,  condamné  k  Nîmes,  mort  k 
l'hôpital ,  n°  33,579  ,  le  20  novembre 
1709. 

818.  DuRiEUx  (Toussaint),  de  Martigny 
en  Picardie,  condamné  par  M.  le  lieutenant 
de  Maubeuge,  le  20  mars  1686. 

819.  Du  Riou  ou  Du  Rion,  ou  de  Riou 
(Antoine),  ministre  de  Sillac,  en  Vivai'ais, 
condamné  par  le  parlement  de  Grenoble, 
28  mai  1686.  A  été  libéré. 

820.  DusAUX  (Jean),  de  Boullebec,  en 
Normandie  ;  condamné  paV  le  parlem.  de 
Rouen,  5  août  1686  ;  mort  k  la  peine. 

821-  DussAUT  ((Etienne),  avocat,  de  Bru- 
nat-Dest,  paroisse  de  Saint-André  de  Lan- 
cise,  diocèse  de  Mende,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  31  mai  1690.  Mis  k  la 
chaîne  le  surlendemain.  Libéré  en  1695. 

822.  DuTiLH  (Daniel),  orfèvre,  de  Genève, 
condamné  par  le  présidial  de  Carcassonne, 
le  15  juin  1688.  Passé  en  Amérique. 

823-  DuvAUX  (Jacques),  de  Saint-Laurens, 
diocèse  de  Valence  en  Dauphiné,  condamné 


-265 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


266 


par  M.  de  Broglie,  le  18  avril  1689  ;  mort  à 
la  peine. 

SS'l-  Egly  (Joseph),  1713. 

825-  EiMERY  (Jean-André),  de  S*-Dizier, 
dioc.  de  Die,  30  ans,  condamné  h  10  ans, 
pour  assemblée  pieuse,  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  16  fév.  1735.  Sur  la  Valeur;  n" 
12,520 

826-  Emerson  (H.)  d'Edimbourg,  libéré 
en  1698. 

827-  Emmanuel  (Louis),  signalé  en  1693 
•comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

828-  Enjaleras  (Henri),  d'Anduze,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaure  à  Mont- 
pellier, le  13  février  1717. 

829-  Enouf  (Jean),  de  Gournay  en  Nor- 
mandie, condamné  par  le  parlement  de 
Rouen,  17  octobre  1685. 

830.  Enton  (David-Jean),  de  S*-Jullien, 
près  Die  en  Dauphiué,  condamné  par  l'In- 
tendant M.  de  Bouchât,  le  23  novembre  1689. 

831.  Erpase  ou  Espaze  (Jean),  natif 
d'Esbats,  paroisse  de  Soudoi'gues,  diocèse 
d'Alais,  23  ans,  condamné  à  Montpellier  le 

8janv.l691  pour  assemblée  religieuse.  Sur 
la  Belle  h  S'-Malo  en  1698.  Mort  à  la  peine 
en  avril  1108.  A  été  galérien  de  la  Mar- 
quise h  Dunkerque.  N»  14,081. 

832-  Ervan  ou  Ervand  (Elie),  de  Niort, 
28  ans  ;  condamné  par  M.  de  Foucault,  In- 
tendant, 5  mars  1688.  Sur  la  Hardie  h 
Marseille  en  1698.  Mort  en  1703. 

833-  EscoFFiER,  (Hector),  de  Nions  en 
Dauphiné  :  26  ans  ;  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Bouchât,  le  23  novembre  1689  : 
mis  sur  la  Renommée. 

834.  EsNARD  (Isaac),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

835-  Espérandieu  (Isaac)  du  Vivarais, 
cond.  pour  assemblée  en  1705  ;  n"  28,809  ; 
sur  \si  Fleur -de-lys  ;  libéré  le  24  juillet  1716. 

836-  Espérandieu  (Paul),  de  Nîmes,  20 
ans,  condamné  par  le  duc  de  Roquelaure  k 
Montpellier,  le  27  fév.  1720. 

837-  Espinas  (J. -Pierre),  procureur,  de 
Bounet  ou  Bonnet,  paroisse  de  Saint-Félix 
de  Châteauneuf,  diocèse  de  Valence  en  Vi- 
varais; 31  ans;  condamné  à  vie  par  M.  de 
Bernage,  Intendant  du  Languedoc,  le  9  fé- 
vrier 1740,  pour  avoir  donné  retraite  à  M. 
Fauriel  dit  Lassagne,  ministre.  Sur  la  Va- 
leur eu  1746.  N"  16,192.  Lettre  de  grâce  du 
2h  janv. 1763. 

838.  Espion  (François),  de  Gi'and  Gallar- 
gues,  condamné  par  M.  le  duc  de  Roquelaure 
à  Montpellier,  le  16  mai  1716.  Contumax. 


839.  EsTÈBE  ou  Estève  (Pierre-Jean),  de 
Nions  en  Dauphiné,  condamné  par  le  par- 
lem. de  Grenoble,  le  5  juillet  1687. 

840.  Estève  «  fils  de  la  veuve,  »  de  Pi- 
gnan,  condamné  par  M.  de  Basville  à  Nîmes, 
le  20  août  1704.  Contumax. 

8il.  Estienne  (Hilaire),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Roque- 
laure à  Montpellier,  27  février  1720. 

842-  EsTXER  (Alexandre),  signalé  en 
1693  pour  sa  persévérance  dans  la  foi. 

843-  EsToiLE  ou  Lestoile  (Louis),  d'Ano- 
nas,  en  Vivarais,  condamné  par  l'Intendant 
M.  de  Bouchât,  le  23  nov.  1689.  Mis  sur  la 
Vieille-St- Louis,  mort  à  la  peine  en  avril 
1696. 

Estrave  (Jean),  le  même  que  Bautias, 
n»  154. 

844-  Etienne  (Pierre),  de  Nantes  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, le  10  décembre  1686. 

845-  Etienne,  neveu  du  prédicant  Gibert, 
condamné  par  l'Intendant  de  La  Rochelle,  le 
14  juillet  1756.  Contumax. 

846-  Euzière  (Etienne),  condamné  à  Mont- 
pellier, le  13  nov.  1701  ;  le  même  que  Aus- 
siêre,  n"  89. 

847- Evenot  (Louis),  marchand. de  Blo- 
vaudrin  en  Bretagne,  condamné  par  le  par- 
lem. de  cette  province,  13  août  1685  ;  mort 
à  la  peine. 

848-  EvÈQUE,  de  la  Baume  des  Arnauds 
en  Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
(rrenoble  en  1747. 

Eymar,  voyez  Combasson. 

849.  Eymeri  ou  Eymei'ie  (Jean-Jacques), 
des  Arnoux,  48  ans,  condamné  à  5  ans  pour 
assemblée  pieuse,  le  2  avril  1746,  par  le 
parlem.  de  Grenoble.  Contumax,  à  ce  que 
porte  le  jugement  ;  mais  saisi  plus  tard  ; 
mis  sur  la  Valeur,  n"  2706  ;  libéré  en  1751. 

850-  P^abre  ou  Favre  (Jacques),  de  Tœule 
eu  Vivarais,  condamné  pour  assemblée  pieu- 
se, écroué  en  1706,  mort  à  l'hôpital,  galé- 
rien de  la  Superbe,  n"  30,903,  le  3  novem- 
bre 1707. 

831.  Fabre  ou  Favre  (Jean),  de  Lèques, 
près  Sommières,  en  Languedoc,  camisard, 
écroué  le  19  janvier  1704,  n»  28,196  ;  mort 
à  la  peine,  galérien  de  la  France,  le  l'"'  mai 
1709. 

832.  Fabre  (Jean).  Trois  individus  sous 
les  mêmes  noms  et  prénoms  :  le  premier 
condamné  par  le  présidial  de  Montpellier,  le 
26  septembi'e  1698  ;  —  le  second,  de  la  Coste, 
paioisse  de  Pontpidou,  aux  Cévennes,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel  en 
1703,  comme  camisard,  n»  27,653  ;  sur  la 


267 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


268^ 


Gloire  ;  —  le  troisième,  de  Nîmes,  n"  9348, 
condamné  le  12  mars  1756,  devenu  célèbre 
sous  le  nom  de  YHonnéte  criminel.  L'un 
des  deux  premiers  fut  libéré  le  24  juillet 
1716;  le  troisième  en  1762. 

855.  Fabre  (Pierre),  cordonnier  de  Ba- 
gnols,  condamné  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier, le  2Q  septembre  1698. 

856-  Fabre  (Samuel),  de  Bellegarde,  dio- 
cèse de  Castres,  condamné  pai'  M.  de  Bro- 
{,die,  le  18  août  1689. 

857.  Fabre,  dit  la  Bouteille,  de  Pignan, 
condamné  par  M.  de  Basville  à  Nîmes,  le  20 
août  1704.  Coutumax. 

858.  Fabri  (Anselme),  d'Estenay  en  Cham- 
pagne, condamné  par  le  parlement  de  Metz, 
le  8  juin  1686  ;  mort  à  la  peine. 

Fageau  (de),  voyez  Berbigiers. 

859.  Falguerolles  (Jean  de),  écuyer,  de 
la  paroisse  de  Manoblet  en  Vivarais,  con- 
damné par  M.  de  Broglie  le  13  mars  1692. 
Galérien  de  la  Fortune.  Longtemps  malade 
«  Il  mourut  à  l'hôpital,  dit  Bancilhon,  ou 
plutôt,  il  cessa  de  mourir  le  20  septembi'e 
1095.  » 

860.  Falon  (Antoine),  condamné  avant 
1705.  Sur  la  Dauphine  h  Marseille. 

861-  Falot  ou  Falon  (Denis),  de  Livrou 
eu  Dauphine,  condamné  par  ordre  du  roi  le 
15  nov.  1689. 

862-  Farci  (Paul  de),  écuyer,  de  Rennes, 
mort  à  la  peine  eu  octobre  1687,  peu  de 
temps  après  son  arrivée  aux  galères. 

863.  Farinière  (Jacques),  fils  de  Jean, 
maître  maçon  de  Vauvert,  cond.  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier,  le  31  mai  1702  comme 
camisard. 

864-  Farinière  (Pierre),  de  Vauvei't,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  le  21  juil- 
let 1703. 

865-  Fargier  (Pierre),  du  Vivarais,  con- 
damné h  Montpellier  par  M.  de  Beruage,  In- 
tendant du  Languedoc,  pour  assemblée 
religieuse,  le  23  octobre  1728.  Contumax. 

866-  Fargues  (Fi-ançois),  du  Mas  d'Azil, 
.50  ans,  condamné  à  vie  en  1749  par  l'In- 
tendant de  Montauban  pour  assemblée 
pieuse  ;  mis  sur  la  galère  du  dépôt,  n"  4140. 
A  été  libéré. 

867.  Farjon  (Louis),  de  Clarensac,  con- 
damné en  1747,  évadé  en  1749. 

868.  Fauché  (de  Sommières),  condamné 
en  1686,  mort  à  la  peine  au  bout  de  six 
mois. 

869-  Fauché  (Jacques),  de  Lèches  en 
Dauphine,  laboureur,  54  ans,  cond.  en  1701  ; 
n"  25,728;  sur  V Invincible.  Libéré  eu  1713, 
et  exilé  à  Zurich. 


870.  Fauchon  ou  Fanchon  (Claude),  de 
Dieu-le-fit  en  Dauphine,  condamné  par  or- 
dre du  roi,  le  28  février  1689. 

871.  Faugères  (Jean),  arrêté  près  Sarlat 
voulant  sortir  du  royaume  et  condamné  par- 
M.  de  Bezons,  1687. 

Fauliet,  voyez  Fauret. 

872.  Faur  (Abraham  et  Elie),  dits  les 
«  Gourmands  »  2  frères,  cond.  par  le  C** 
de  Broglie,  le  23  octobre  1697. 

874-  Faure  (Pierre),  marchand  à  S*-Seu- 
rin  de  Prat,  35  ans,  arrêté  près  Sarlat  vou- 
lant sortir  du  royaume  et  condamné  par 
M.  de  Bezons,  1687. 

875-  Faure  (Antoine).  Deux  sous  les  mê- 
mes nom  et  prénom  :  L'un  de  Die  en  Dau- 
phine, condamné  par  le  parlement  de  Gre- 
noble, 28  nov.  1685,  libéré  ;  —  l'autre  con- 
damné par  le  même  parlement,  le  17  mai 
1741. 

876-  Faure  (Barthélémy),  d'Orpière  ou 
de  Viusobre,  évêché  de  Vaison,  condamné 
à  cinq  ans  par  le  pari,  de  Grenoble  le  12 
mai  1745  pour  assemblée  religieuse.  Sur 
YEclatante  en  1746.  N»  20,697  (et  2336).  Li- 
béré en  1750. 

877-  Faure  (Jean),  de  Saillans,  con- 
damné en  1694  pour  assemblée  ;  mort  en 
route  pour  les  galères. 

878-  Faure  (Jean),  fils  de  Louis,  de 
Combevin,  condamné  par  le  paiiem.  de 
Grenoble,  17  mars  1745.  Contumax. 

879.  Faure  (Jean-Louis),  de  La  Forêt, 
mandement  de  Chabeuil.  condamné  par  le 
parlera,  de  Grenoble,  23  sept.  1746.  Contu- 
max. 

8S0.  Fauret,  Fauliet  ou  Fort  (Jacques), 
de  Bergerac  en  Péi'igord,  condamné  par  le 
présidial  de  Libourne,  24  mai  1688.  Sur  la 
Dauphine  à  S'-Malo.  Mort  à  l'hôpital  le  9 
février  1704.  N"  10,586. 

881-  Favan  (Jean),  de  Meyranes,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  7 
juin  1703. 

882-  Favas  (Jean),  du  Languedoc,  écroué 
le  28  juin  1703.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

883.  Favas  (Jacques),  de  S'-Chartres  en 
Languedoc,  condamné  en  1703  comme- 
camisard  ;  n"  27,664  ;  sur  la  Conquérante^ 

Favel,  Louis,  voyez  Favette. 

Faverolles  (de),  est  probablement  le  même 
que  de  FalgueroUe  ;  voyez  ce  nom. 

884-  Fayette  (Louis),  du  village  d'Acu 
près  Uzès  en  Languedoc,  cond.  comme  ca- 
misard en  1705,  n»  28,835;    sur  la  Perle, 
Est  peut-être  le  même  que  Louis  Favel,  li 
béré  le  24  juillet  1716. 

Favre,  voyez  Fabre. 


I 


269 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


270 


885-  Fay  (Pierre),  de  Bronac  en  Vivarais, 
coudamné  par  le  parlera,  de  Grenoble,  27 
mars  1686.  Libéré. 

886-  Fayan  (Jean),  des  environs  de  Bour- 
deaux  en  Dauphiné,  condamné  aux  galères 
pour  désertion,  écroué  en  1687  sur  la  Giier- 
rière,  21  ans,  prosélyte,  détenu  au  Château 
(VU;  n»  9298.  Libéré  en  1711  ou  1712  à  con- 
dition de  servir  dans  les  troupes. 

887.  Faye  (Jean),  catéchumène,  de  Pré- 
torien en  Périgord,  condamné  à  Libourne, 
24  mai  1688  ;  sur  la  Guerrière  h  Marseille 
vers  1695. 

888-  Fayolle  (Alexandre),  de  Louzère, 
paroisse  de  S'-Fortunat  en  Vivarais,  con- 
damné en  1709  pour  les  affaires  des  mécon- 
tents du  Vivarais  :  sur  la  Patronne,  n» 
.33,964  ;  puis  n"  2327  ;  sur  la  Guerrière. 

889-  Fenooillet  (Gabriel),  et  son  frère, 
de  Pignan,  tous  deux  condamnés  par  M.  de 
Basville,  à  Nîmes,  20  août  1704.  Contu- 
max. 

891-  Fayse  (Barthélémy  de)  dit  Charbon- 
nier, de  Gigors,  dioc.  de  Die,  43  ans,  cond. 
à  3  ans  pour  assemblée  pieuse. 

892-  Fer  ou  Fert  (Etienne)  de  Vaisse, 
près  Nions  ou  Dieu-le-tit,  en  Dauphiné,  con- 
damné par  l'Intendant  M.  de  Bouchât,  le  23 
nov.  1689  pour  s'être  joint  aux  Vaudois.  N" 
11,820.  Sur  la  Fleur -de -lys,  à  S^-Malo  eu 
1698  :  est  peut-être  le  même  qu'Etienne  P^ier, 
libéré  le  7  mars  1714. 

893-  FÉRAL  (Jean),  métayer  de  la  paroisse 
de  Velharguet,  condamné  par  M.  Lescalo- 
pier  Intendant  de  Montauban,  le  15  avril 
1752,  pour  assemblée  religieuse. 

894.  Fermaud  (Guillaume),  de  Marsillar- 
gues,  condamné  par  M.  le  duc  de  Berwick 
il  Montpellier,  le  15  mai  1705. 

895  Ferrand  (Daniel),  de  Nay,  condamné 
par  le  parlera,  de  Pau,  9  déc.  1686. 

896-  Ferrier  (Jean),  condamné  en  1689 
pour  avoir  chanté  des  psaumes  ou  lu  la 
Bible  dans  des  assemblées. 

897.  Fésier  (David),  avant  1705.  Sur  la 
Valeur  h  Marseille. 

898-  Fesquet  (David),  tisserand,  d'Ar- 
daillère,  paroisse  de  Valeran,  en  Languedoc; 
23  ans,  condamné  par  M.  de  Montrevel  h 
Sommières,  le  11  mars  1703,  pour  avoir  été 
ti'ouvé  portant  des  armes  ;  sur  la  Valeur; 
n"  27,303.  Mort  à  l'hôpital  le  25  décembre 
1710. 

Fesquet,  voyez  Gras. 

899-  Fesquet  (François),  d'Anduze,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaure  h  Mont- 
pellier, le  13  février  1717. 

900-  Fesquet  (Jean),  de  Génerargues  en 


Languedoc,  condamné  en  1696.  Sur  la 
Vieille- Réale,  n°  19,340;  mort  le  31  mars 
1703. 

901-  Fesquet  (Jean-Pierre),  de  Blateira- 
des,  condamné  par  M.  le  duc  de  Roquelaure, 
à  Montpellier,  le  13  février  1717. 

902.  Fiales  (François),  de  Grosjeanne, 
condamné  par  M.  de  Bernage,  Intendant  du 
Languedoc  à  Montpellier,  le  1''  mars  1737 
pour  assemblée  religieuse. 

903.  FiGARET  (Pierre),  du  Grand  Gallar- 
gues,  condamné  par  le  duc  de  Roquelaure 
à  Montpellier  le  16  mai  1716.  Contumax. — 
Autre  Pierre  Figaret  condamné  par  M.  de 
Bernage,  22  avril  1723. 

905-  Figuier  (Jean),  cardeur  de  laine,  de 
Nîmes,  condamné  par  M.  de  Bernage  In- 
tendant du  Languedoc,  pour  assemblée  reli- 
gieuse, 3  novembre  1727. 

906-  FiLLioL  ou  Filon  (Jean),  de  Mont- 
conta  ou  de  la  Foret-sur-Sauve,  en  Poitou; 
arrêté  à  Sedan,  voulant  sortir  du  royaume  ; 
condamné  par  le  parlera,  de  Metz  le  28  déc. 
1686  ;  mort  à  la  peine  eu  août  1689. 

907.  Filliole,  Claude,  d'Espluche,  près 
Montélimart,  condamné  par  le  parlera,  de 
Grenoble,  23  mars  1686. 

908-  Fischer  (Benoit),  du  village  de  Sol- 
ter,  canton  de  Berne,  30  ans,  condamné  en 
Alsace,  1689,  comme  guide;  arrivé  à  Mar- 
seille en  1690;  sur  V Ambitieuse  ou  Eme- 
raude  h  Bordeaux  vers  1696. 

909-  FisE  (Jean),  de  Vicq  en  Languedoc, 
condamné  comme  camisard  en  1703  ;  n» 
28,197;  sur  la  Duchesse. 

910-  Flavart  (Jean),  de  la  paroisse  de 
Paires  près  Somraières,  condamné  à  Mont- 
pellier eu  1693.  Sur  la  Fière  h  S'-Malo  en 
1698. 

9il.  Fleissière  (Fi-ançois),  de  Sumène, 
coudamué  comme  camisard  par  M.  le  duc  de 
Berwick  à  Montpellier,  le  15  mai  1705  ;  n" 
29,579  ;  sur  la  Conquérante.  Libéré  le  24 
juillet  1716. 

9i2.  Flessière  (Antoine),  de  S*-Laurent 
de  Luminaire,  18  ans,  arrêté  le  24  juin 
1695,  condamné  à  Montpellier,  et  mis  sur 
la  Couronne  h  Marseille. 

913-  Floret  (Alexandre),  de  Vinsobre  en 
Dauphiné,  condamné  (comme  Isaac  Bour- 
ry),  à  Autibes  en  1704  ;  écroué  en  1705,  n» 
29,050.  Sur  la  Couronne. 

914..  Flotte  (Jean),  à  la  peine  en  1700 
sur  la  Vieille-Réale  à  Marseille. 

915-  Folcher  (Antoine),  de  Castagnolles, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier  en  mai  1690.  Mis  à  la  chaîne 
le  2  juin. 


271 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


272 


916-  FoLCHiER  (Antoine  et  Noël),  de  Vans 
en  Vivarais.  Antoine,  passementier,  habi- 
tant Alais  ;  Noël,  ancien  chantre  de  Som- 
mières;  condamnés  par  le  présidial  de  Nî- 
mes,;le  14  juin  1686.  Noël  mort  à  la  peine. 

Fonblanche,  pseudonyme  de  Pierre  Serres 
(l'aîné). 

Fonquié  (Laurent),  voyez  Foulquier,n''  936. 

9i8.  FoNTANEL,  Fontanelle,  Fontagnous, 
Fontanieu  ou  Fontanon  (Jaques),  tils  de 
Jaques  et  de  Lucresse  Sauveranc,  cardeur, 
natif  de  Saint-Bouzerd-de-6ardon,  dioc.  de 
Languedoc,  âgé  de  23  ans,  condamné  par  le 
maréchal  de  Montre vel,  à  Sommières  le  11 
mars  1703,  «  pour  avoir  esté  trouvé  avec  des 
armes  contre  les  deffenses  du  Roy.  »  N" 
27,302;  sur  la  Gloire;  libéré  le  29  juill. 
1716. 

919.  Fontaine  (Jacques),  condamné  par 
M.  le  maréchal  de  Montrevel,  11  mars  1703. 
—  Est  peut-être  encore  le  même  que  celui 
de  l'article  précédent  désigné,  suivant  les 
difï'érentês  listes,  sous  tant  de  noms  divers. 

920-  FoNTBONNE  (Daniel),  de  Martel,  dio- 
cèse de  Viviers,  condamné  par  M.  de  Bro- 
glie,  le  17  juin  1689.  Mort  à  la  peine. 

921-  FoNTBONNE  —  Fourbouue  d'après 
son  jugement  —  (Pierre),  de  Privas,  en  Vi- 
varais, condamné  par  le  présidial  de  Nîmes, 
le  23  juillet  1708  pour  assemblée  pieuse  ; 
n»  32,776,  sur  la  Valeur.  Libéré  le  15  no- 
vembre 1717. 

922-  FoNTBONNE  (Sébastien),  de  Valonne, 
paroisse  de  Michilié  en  Vivarais  ;  n"  33,959  ; 
sur  la  Grande-Réale;  mort  le  25  septembre 
1709. 

923-  FoNTTE  (Nicolas),  de  Vanterot  en 
Dauphiné,  41  ans,  condamné  en  mai  1691  ; 
sur  la  Vieille-Réale  à  Marseille  vers  1695. 
Il  est  ensuite  rangé  parmi  les  invalides  sans 
galère  fixe. 

924.  FoRAM  ou  Joram  (Pierre),  des  envi- 
rons de  Lausanne  en  Suisse,  condamné  au 
fort  de  Barreau,  en  Dauphiné,  en  octobre 
1690.  Sur  la  Fortune  à  Marseille  en  1699. 

923.  Fort  (François),  de  Valalongue  en 
Languedoc,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le 
31  mars  1690. 

926.  Fort  (Jacques),  de  Silan  dans  le 
Mandement  de  Chalençon  en  Vivarais,  54 
ans,  arrêté  à  Beauregard  (Vivarais)  et  con- 
damné en  1689;  sur  la  Superbe  à  Marseille, 
vers  1695. 

Fort,  voyez  Fauret. 

927.  FossATY  ou  Foussati  (Pierre,  fils  de 
Jacques),  ménager  de  Vauvert,  cond.  par  le 
présidial  de  Montpellier,  le  31  mai  1702, 
écroué  en  juillet  1702.  N»  26,586. 


928-  Fosse  (Louis),  de  Nîmes,  écroué  en 
1709,  n»  33,582,  sur  la  Superbe  ;  mort  eu 
août  de  la  même  année. 

929.  FoucARD  (Marc),  de  Moussac,  dio- 
cèse d'Uzès,  condamné  comme  camisard  par 
M.  le  maréchal  de  Montrevel  à  Montpellier, 
le  10  janvier  1704;  n°  28,235;  sur  la  Cong'Me- 
rante.  Libéré  le  24  juillet  1716- 

Fouchaire,  voyez  Foui'chaires. 

930-  Fougère  (Pierre),  de  La  Parade  en 
Guienne,  condamné  par  le  présidial  d'Agen, 
3  déc.  1687. 

931.  Foule  (Jacques),  travailleur  de  terre, 
cadissier  et  cardeur,  natif  de  Las  Chazes, 
habitant  de  Mijanon,  paroisse  de  S'-Julien- 
d'Arpaon,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes 
en  mai  1686. 

932-  FouLQUiER  (Laurent),  de  S'-Laurent 
en  Languedoc,  menuisier,  25  ans,  cond. 
par  le  présidial  de  Montpellier  le  26  sept. 
1698  pour  avoir  été  à  Orange  entendre  prê- 
cher ;  n"  21,506.  Sur  la  iîrare  à  Marseille 
en  1698,  puis  sur  la  Couronne.  Libéré  en 
1713  et  retiré  à  Berne. 

9.33.  FouQUE  (Philippe),  tailleur  de  Paris, 
condamné  parle  parlera,  de  Metz, le  12  sep- 
tembre 1686.  Libéré. 

934-  Four  (François  et  Pierre),  condamnés 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  septem- 
bre 1698. 

936-  FouRNATON  (Jonas),  avant  1705. 

937.  Fourneau  (Foucayran  ou  Foucay- 
ron  ou  Foucarian,  variantes  du  prénom 
languedocien  Fulcran),  de  Sérignac  dioc. 
d'Uzès,  condamné  comme  camisard  en  1705; 
n"  28,825  ;  sur  la  Guerrière. 

938-  FouRNEL  ou  Fournet  (Pierre),  de  G-u- 
nas,  diocèse  de  Nîmes,  camisard,  écroué  le 
28  juin  1703,  n«  27,656,  mort  le  23  mai  1710. 

939-  Fournet  (Etienne),  inscrit  eu  ces 
termes  au  reg.  des  Galères  :  Fils  de  Jaques 
et  de  Catherine  Gibernette,  marié  à  Marie 
Laire,  n»  27,012,  consul,  natif  d'Aigues-vi- 
ves,  en  Languedoc,  âgé  de  62  ans,  T.  M.  G. 
gris  V.  0.  [taille  moyenne,  cheveux  gris,  vi- 
sage ovale]  de  la  R.  P.  R.,  condamné  par 
jugement  de  M.  de  Lamoignon,  Intendant  du 
Languedoc  à  Aigues-vives,  le  20  novembre 
1702  pour  assemblées  illicites  ;  mort  à  l'hô- 
pital le  9  avril  1703. 

940.  Fournet  ou  Fournit  (François),  con- 
damné le  20  novembre  1686. 

941.  Poussa  (Antoine),  de  Montredou, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  M.  de  Broglie, 
le  31  mars  1690. 

Foussati,  voyez  Fossaty. 

942.  Frache  ou  Fracha  (Moïse).  Deux 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Chan- 


1 


273 


FORÇATS    ET   GALÉRIENS. 


274 


lier  en  Vivarais,  condamné  par  M.  de  Bro- 
glie,  le  28  sept.  1689;  mort  à  la  peine  ;  — 
l'autre,  de  Chilpelly  près  Amiens;  sur  la 
France  à  Marseille  en  1698. 

944-  Fradin  (Clément),  de  Mirabeaux  en 
Anjou,  condamné  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble, 31  mai  1686. 

945-  Fraisse  (Antoine),  de  la  Bastide  de 
Crussol  en  Vivarais,  condamné  à  Antibes 
(comme  Isaac  Bourry),  écroué  en  1705,  n» 
29,257  ;  sur  la  Conquérante.  Libéré  le  7 
mars  1714. 

946-  François  (René),  de  Ropie,  près 
Saumur,  condamné  par  le  parlera,  de  Pa- 
ris, 9  mars  1685  ;  mort  à  la  peine. 

947-  Fregon  (Louis),  de  Bernis,  40  ans, 
condamné  pour  assemblée  pieuse,  le  17  mars 
1752;  n»  6192. 

948-  Freiman  (Foliorand),  libéré  le  24 
juillet  1716. 

949-  Fréon  ou  Friou  (Jean -Antoine),  de 
Fornac,  condamné  par  M.  le  duc  de  Roque- 
laure  à  Montpellier,  le  13  février  1717. 

950-  Frère  (André),  cond.  en  1695. 

951.  Frier  (Jean-Baptiste),  de  Grenoble, 
condamné  par  le  pai'lem.  de  cette  ville,  29 
mai  1686. 

Friquet,  voyez  Pastre. 

952.  Fromental  (Antoine),  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  sept. 
1698. 

953-  Fromental  (Jean),  de  la  paroisse 
de  Monoblet,  diocèse  d'Alais,  éci'oué  en 
1708,  n»  32,612,  galérien  de  la  Grande- 
Réale,  mort  le  21  avril  1709. 

954.  Frotin  (Claude),  avocat,  de  Vitré 
en  Bretagne,  condamné  par  le  parlem.  de 
cette  province,  10  janvier  1685. 

955-  FusiER  (Jean),  probablement  des 
Cévennes,  écroué  en  1704  ou  1705;  n" 
28,203.  Libéré  le  17  nov.  1717. 

956-  FusiÉs  (Jean) ,  du  Pont-de-Camarès 
en  Languedoc,  condamné  en  1704  pour 
avoir  voulu  joindre  les  camisards;  n"  28,516; 
sur  la  Superbe  ;  âgé  de  82  ans  ;  mort  le  14 
mars  1705. 

957-  Gâches  (Antoine),  sieur  de  Prades, 
écuyer,  du  diocèse  de  Castres,  condamné 
par  le  parlem.  de  Guienne,  5févi'ier  1687.  A 
été  libéré. 

958-  Gâches  (Philippe),  bourgeois  des 
Fornials,  consulat  de  Montredon,  diocèse 
de  Castres,  48  ans,  condamné  par  M.  de 
S'-Priest  à  Montpellier,  le  11  octobre  1754. 

959.  Gâches  (Pierre),  marchand,  de  Va- 
bre,  diocèse  de  Castres,  condamné  par  le 
parlem.  de  Guienne,  5  février  1687.  Libéré. 

960-  Gachon  (Jean),  de  S*-Laurent,  dio- 


cèse de  Nîmes,  condamné  par  l'Intendant 
M.  da  Bouchât  à  Grenoble,  le  23  novembre 
1689,  pour  s'èti'e  joint  aux  Vaudois  ;  n" 
11,819.  Sur  V Ambitieuse  ou  Emeraude  à 
Bordeaux  en  1698  ;  libéré  le  7  mars  1714. 
Pensionnaire  de  MM.  de  Berne  à  Morges  en 
1719. 

961.  Gadal  (Abraham),  travailleur  de 
terre,  du  village  de  Lacépède,  condamné  par 
M.  de  Bezons  pour  avoir  voulu  sortir  du 
royaume,  1687. 

962.  Gadille  (Etienne),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  2Q  septembre  1698. 

963.  Gaicher  (Jean),  métayer  de  Gabre, 
cond.  à  Montpellier  par  le  C**  de  Broglie,  le 
23  oct.  1697. 

964.  Gaidan  (Simon),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

965-  Gaigneux  ou  Gagneux  (Jacques  Le), 
d'Auray  en  Bretagne,  prosélyte,  condamné 
en  1698.  Sur  ÏAmazoneh  Marseille  en  1700; 
libéré  en  1712  pour  servir  dans  les  troupes; 
réfugié  en  Hollande,  1713;  et  pensionné 
(200  fl.)  par  les  Etats. 

966-  Gaillard  (Alexandre),  de  Gap,  pro- 
cureur, condamné  par  M.  de  Larrey,  le  30 
août  1689  ;  mort  à  la  peine. 

967.  Gaillard  (Pierre),  des  Plans  en  Vi- 
varais, pour  sortie  du  royaume,  1701  ;  n° 
25725  ;  sur  la  Gloire;  libéré  le  7  mars  1714. 

968.  Gaillard  (Raymond),  dit  Jammoye, 
laboureur  de  Léojac,  diocèse  de  Cahors  ;  37 
ans,  condamné  par  M.  L'Escalopier  Inten- 
dant de  Montauban,  le  2  fév.  1747  pour 
s'être  marié  au  désert  ;  écroué  sur  la  galère 
le  Dépôt  le  15  mai  1748.  N"  22,373. 

969.  Galabert  (François),  de  Pignan, 
condamné  par  M.  de  Basville  à  Nîmes,  le 
20  août  1704;  contumax.  —  Voyez  plus  loin 
Jalabert. 

970.  Galan  (Jean),  mort  le  13  sept.  1706. 

971-  Galan  (Pierre),  natif  de  Vabre-de- 
Senegas,  diocèse  de  Castres,  habitant  de 
Montauban,  condamné  par  l'Intendant  de 
cette  ville,  le  15  avril  1752. 

972-  Galary  (Jean),  cardeur,  de  la  pa- 
roisse d'Aulas,  cond.  à  Montpellier,  le  29 
mars  1702,  n»  26,400  ;  mort  à  l'hôpital  le 
13  sept.  1706. 

973-  Galibert  (Pierre),  de  Ferrières, 
diocèse  de  Castres,  condamné  par  le  prési- 
dial de  Carcassonne,  25  juin  1688  ;  mort  à 
la  peine. 

974-  Galice  (Jacques),  de  Grateloup  en 
Agénois,  condamné  parle  parlem.  de  Dijon, 
10  juillet  1687  ;  mort  à  la  peine. 

975-  Galien  (Jean),  de  Tolinian  en  Dau- 
phiné,    condamné    par  l'intendant  de  Va- 


275 


FORÇATS  ET   GALERIENS. 


276 


leiice  eu  1695  pour  assemblée  pieuse  ;  n» 
10,316.  Sur  la  Valeur  h  S'-Malo  en  1698. 

976-  Galier  (Martin),  de  S*-Félix  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Nîmes, 
3  février  1687. 

977.  Galissan  (Antoine),  mort  le  14  mars 
1705. 

978-  Galland  ou  Galand  (Jacques),  de 
Nions  en  Dauphiné,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Grenoble,  2  avril  1746.  Contumax. 

979.  Galland  (Louis),  de  Beaufort  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  sénéchal  de  Crest  en 
Dauphiné,  9  nov.  1687.  Libéré  par  la  suite. 

980-  Galzy  (Etienne),  habitant  de  Béda- 
rieux,  71  ans,  condamné  par  M.  de  Saint- 
Priest  h  Montpellier  le  9  octobre  1754.  N" 
8,596. 

981.  Gambier  (Jean),  de  Monville  en  Nor- 
mandie, condamné  par  M.  de  Berry,  maître 
des  requêtes,  le  3  déc,  1687.  Libéré  par  la 
suite. 

982-  Gan  (Didier  de),  de  Fleigneux,  près 
Sedan,  condamné  par  le  parlement  de  Metz, 
29  nov.  1686. 

983.  Gancillon  peut-êti'e  Bancillon(Jean), 
natif  de  Pierrefroide  en  Cévennes,  32  ans, 
fait  prisonnier  avec  les  Vaudois,  condamné 
le  10  déc.  1689;  sur  la  Ferme  ou  la  Palme, 
à  S'-Malo. 

Gand,  voyez  Gaud. 

984-  Gandouin  (Jacques),  condamné  avant 
1705.  Sur  la  Vieille-Réale  à  Marseille. 

985-  Gantier  (Jean),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

986.  Garagnon  (Jean),  42  ans,  cardeur 
de  laine,  de  Rosan,  diocèse  de  Gap,  habi- 
tant de  Montaren,  diocèse  d'Uzès,  en  Lan- 
guedoc, condamné  le  24  déc.  1750  par  l'in- 
tendant de  cette  province.  N"  5438. 

987.  Garcin  (David),  de  Guilheste  en 
Dauphiné,  condamné  à  Antibes  et  écroué 
en  1705,  n"  29,259  ;  sur  la  Couronne  ;  libéré 
le  7  mars  1714  ;  pensionnaire  de  MM.  de 
Bei'ne  à  Morges  en  1719. 

988-  Gardes  (  Esaïe  ),  condamné  pour 
avoir  assisté  à  une  assemblée  tenue  aux 
environs  de  Montauban  en  déc.  1689, 

989-  Garnier  (Jacques),  de  Baroche,  en 
Dunois,  condamné  par  le  parlera,  de  Metz, 
1"  octobre  1686  ;  passé  en  Amérique. 

990-  Garnier  (Jean),  de  Voulliers  près 
Vitry-le-François,  condamné  à  Sedan  en 
1686;  sur  la  Vieille  S^-Louis  à  Marseille  et 
plus  tard  sur  la  Vieille-Réale.  N"  9,547  ; 
mort  à  la  peine  en  1709. 

991-  Garnier  (Jean),  de  Bourdeaux  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Bouchât,  le  23  nov.  1689. 


992.  Garnier  ou  Granier  (Pierre),  de 
Bordeaux  en  Dauphiné,  condamné  en  1689 
à  Grenoble.  Mort  à  l'hôpital  le  10  fév.  1708. 
Sur  V Héroïne  à  S'-Malo  en  1698  et  sur  la 
Vieille-Réale.  N"  11,809. 

993.  Gakreau  (Louis);  libéré  le  15  nov. 
1717. 

994.  Garrigues  (David),  condamné  pour 
assemblée,  1689. 

995.  Gary  ou  Garry  (Paul)  charron,  de 
Bellegarde,  diocèse  de  Cahors,  28  ans,  con 
damné  par  l'Intendant  Lescalopier,  2  fév. 
1747,  pour  s'être  marié  au  désert;  écroué 
sur  la  Galère  de  dépôt  le  15  mai  1748  ; 
N»  22,372  puis  3,450. 

Gas  (Pierre)  voyez  Guay. 

996-  Gasan  ou  Gazan  (Jean),  de  Souliers, 
paroisse  de  S*-Marcel  en  Cévennes.  Con- 
damné à  Montpellier,  8  janvier  1691  ;  mort 
à  la  peine  en  juin  1696.  Galérien  de  Vil- 
lustre. 

997.  Gasajel,  Gazanet  ou  Casenet  (Mi- 
chel), de  Saint-Jean  de  Pin  ou  de  S'-Jean 
d'Espine  près  Alais,  condamné  à  Grenoble 
le  12  octobre  1689  pour  s'être  joint  aux 
Vaudois.  N"  11,672.  Sur  la  Triomphante  k 
Dunkerque,  puis  sur  la  Brave  à  Marseille 
en  1698.  Libéré  en  1713  et  pensionné  (200 fl.) 
par  les  Etats  de  Hollande. 

998-  Gascuel  (Pierre),  Trois  de  ces  mêmes 
nom  et  prénom  :  L'un  de  Paire  près  d'Alais, 
condamné  h  Montpellier  en  mai  1691  ;  sur 
la  Fortune  en  1698;  —  le  second,  d'Alby 
ou  du  Pin  en  Languedoc,  condamné  en  1692, 
mort  à  l'hôpital  de  Dunkerque  le  12  avril 
1712  ;  N"  13,260  ;  —  le  troisièrae,  chirur- 
gien de  Navacelle,  condamné  par  M.  le 
maréchal  de  Monti-evel  à  Montpellier,  le  10 
janv.  1704;  camisard, 

1001-  Gasquet  (Barthélémy  et  Isaac),  de 
S'-Jean  du  Pin  en  Languedoc,  condamnés 
par  le  parlera,  de  Grenoble,  10  déc.  1686. 
Le  premier  a  été  libéré. 

Gaucen,  voyez  Gaussen. 

1003-  Gaucherat  (Abel),  de  Marchebos 
près  Blois,  condarané  par  le  parlera,  de 
Metz,  le  l"  oct.  1686;  raoï't  à  la  peine. 

1(X)4-  Gauchon  (Isaac),  de  Toeule  en  Viva- 
rais  condarané  à  Montpellier  pour  asserablée 
pieuse,  écroué  en  octobre  1706.  N"  30.902 
sur  la  Valeîir.  Libéré  le  15  nov.  1717. 

1005-  Gaud  (Geoi'ges),  de  Barsac,  paroisse 
d'Estableaux,  diocèse  de  Die.  11  y  a  deux, 
peut-être  trois  galériens  des  mêmes  nom  et 
prénom.  L'un,  dit  l'aîné  condamné  par  le 
parlera,  de  Grenoble,  9  juin  1735;  —  l'autre 
par  le  même  parlera.,  6  fév.  1735,  écroué 
sur  la  Patronne  (N'  13,553)  en  1746  quoi- 


277 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


27& 


qu'il  n'eût  été  condamné  qu'à  10  ans.  —  Un 
troisième  aurait  été  mis  à  la  chaîne  en  1745. 

1008-  Gaudy  (Jean),  de  Vèze  en  Dauphiné, 
condamné  par  ordre  du  roi  le  28  fév.  1689. 

1009.  Gaulet  (Etienne) ,  libéré  en  1736 
et  pensionné  en  Hollande,  300  florins. 

1010-  Gauma  ou  Gaumat  (Barthélémy),  de 
Castillon-sur-Dordogne  en  basse  Guienne, 
condamné  le  23  nov.  1689,  par  l'Intendant 
M.  de  Bouchât  «  a  tirer  au  billet  de  mort  ou 
de  galères  perpétuelles.  »  Cette  dernière 
peine  lui  échut;  mis  sur  la  Madame  le  2 
janv.  1690  il  mourut  à  la  peine,  des  suites 
de  la  campagne  de  1698,  le  5  septembre. 

1011-  Gausse  (Jean),  condamné  avant 
1705;   sur  la   Gloire   à  Marseille. 

1012.  Gaussen  ou  Gossen  (Michel),  de 
Blanzac  en  Languedoc,  condamné  comme 
camisard  en  1705.  N"  28,827  ;  sur  Vlnvin- 
cible.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

1013-  Gaussen  ou  Gaucen  (Pierre),  de 
Sainte-Croix  de  Valfrancesque  ;  condamné 
en  1707.  Sur  la  Couronne  N"  31,218  ;  mort 
le  23  juin  1708. 

1014-  Gautier  (Jean),  20  ans,  arrêté  près 
Sarlat  et  condamné  pour  avoir  voulu  sortir 
du  royaume,  1687. 

1015-  Gautier  (Antoine),  du  Languedoc, 
condamné  en  1688  ou  1689, 

1016-  Gautier  (Jean)  de  Fresne,  près 
Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  5  mars  1688;  passé  en  Améri- 
que. 

1017-  Gautier  (Pierre).  Deux  des  mêmes 
nom  et  prénom.  L'un  de  Pragela  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
30  avril  1687,  —  l'autre  de  Tornac  en  Lan- 
guedoc, écroué  en  1705.  N»  29,818;  sur  la 
Fière.  L'un  des  deux  libéré  le  15  nov.  1717. 

1019.  Gauzorgues  ou  Gaussorgues 
(Claude),  d'Anduze  aux  Cévennes,  garde- 
terre  de  Lezan,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes,  14  juin  1686;  passé  en  Améri- 
que. 

1020-  Gay  ou  Guay  (Pierre),  de  Sumey- 
nes  en  Languedoc  ;  tonnelier,  39  ans,  con- 
damné pour  assemblée  religieuse  en  1693  ; 
N»  15,443.  Sur  la  Reine  h  S^-Malo  en  1698 
et  sur  VJféroïne.  Libéré  en  1713  (sous  le 
nom  de  Gas),  et  retiré  à  Berne. 

1021.  Gay  (Jean-Jacques),  deGrosjeanne, 
condamné  à  Montpellier  par  l'Intendant  du 
Languedoc  le  l"  mars  1737.  Contumax. 

1022-  Gaydan  ou  Haidan  (Antoine)  de 
Nîmes ,  galérien  à  Marseille  ,  condamné 
avant  1705;  en  1709  sur  la  Fière,  n"  33,585. 
Libéré  en  1712  après  abjuration. 

Gazanet  ou  Casenet,  voyez  Gasajel. 


1023-  Gazeau  (André),  de  Torigny  en 
Poitou,  boulanger,  34  ans,  condamné  par 
l'Intendant  de  Foucault  à  S'-Maixant  le  5 
mars  1688  pour  assemblée.  Sur  la  Couronne 
h  S'-Malo  en  1698.  N"  10,319.  Libéré  en 
1713  et  retiré  à  Zurich. 

1021-  GÉMiNARD  (Etienne),  de  Canaules 
ou  de  Montleçon,  cardeur,  65  ans,  en  Lan- 
guedoc, condamné  à  Nîmes  par  le  maré- 
chal de  Montrevel  le  13  mars  1703  pour 
avoir  été  trouvé  porteur  d'armes;  n"  27,313;^ 
mort  à  l'hôpital  le  13  juillet  suivant. 

102o.  GÉMINARD  (Jean),  de  Grissoules, 
condamné  par  les  officiers  du  bailliage  de 
Gévaudan,  le  2  août  1703.  Contumax. 

1026-  GÉMY  (Paul),  de  Lezy  près  Metz, 
condamné  par  le  Conseil  Souverain  d'Al- 
sace, 10  juin  1687. 

1027-  Gendre  (Jean),  de  Saint-Germain, 
vallée  de  Prarustin  en  Piémont,  condamné 
comme  Vaudois  h  Grenoble  le  12  octobre 
1689,  parl'IntendantduDauphiné.N»  11,680. 
Sur  la  Gloire  en  1698  à  Marseille.  Libéré 
en  1713, 

1028-  Geneste  (Pierre),  de  Montbazillac 
en  Périgord,  condamné  par  le  présidial  de 
Guienne  le  dernier  mai  1686.  Passé  en  Amé- 
rique. 

Gensel,  voyez  Jensel. 

1029-  Gentelot,  de  S^'-Foy,  condamné 
par  l'Intendant  de  la  Rochelle,  14  juillet 
1756.  Contumax. 

1030.  GÉRARD  (André),  marchand  de  vin 
à  S'-Sébastien,  condamné  parle  parlem.  de 
Grenoble,  21  mai  1740. 

1031  ■  Germain  (Benjamin),  de  la  paroisse 
de  Croissy  en  Normandie,  condamné  par 
l'Intendant  M.  dePommereux  en  mars  1697 
pour  assemblée  pieuse.  N»  20,891.  Sur  la 
Princesse  ;  puis  sur  la  Grande  -  vieille- 
réale  à  Marseille  en  1698.  Libéré  en  I7I3. 

1032-  Germain  (Jacob),  de  Montauban, 
condamné  par  le  parlement  de  Grenoble, 
28  nov.  1685. 

1033-  Gervais  (Jean),  de  Ganges,  Langue- 
doc, condamné  par  l'Intendant  de  Lyon,  20 
janv.  1687.  Libéré  par  la  suite. 

1034.  Gervais  (Raymond),  de  Montauban, 
condamné  par  le  présidial  de  cette  ville,  30' 
août  1736,  parvint  h  s'échapper  de  prison, 
à  Toulouse. 

1035.  Gervière  (Rostang) ,  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  sept. 
1698. 

1036.  GiBERT  (Pierre),  du  Pin,  cond.  par 
M.  de  Lamoignon  à  Alais,  le  23  février 
1692  pour  assemblée  religieuse. 

Gillard,  voyez  Guitard. 


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FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


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1037.  GiLLE  (Jacques),  libéré  en  1736, 
pensionné  (300fl.)  par  les  Etats  de  Hollande. 

1038-  GiMBAL  (Antoine),  cardeur,  d'Uzès, 
cond.  par  le  présidial  de  Montpellier,  13 
juin  1693.  Contumax. 

1039-  GiNAC  (Guillaume  et  Jean),  de  Puy- 
Laurens  en  Languedoc,  condamnés  par  le 
parlement  de  Gi'enoble,  21  mai  1686.  Libé- 
rés. 

lOil.  GiNoux  (Barthélémy),  de  Giguier, 
en  Languedoc,  condamné  par  le  parlement 
de  Besançon,  22  octobre  1686.  Libéré. 

i042.  Girard  (Louis),  de  S'-Hilaire  en 
Poitou,  condamné,  h  la  Réaule,  le  2  avril 
1686. 

1043-  Girard  (Matthieu),  de  Champigny- 
les-Langres,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  26  octobre  1686  ;  mort  h  la  peine. 

1044-  GiRAUT  ou  Guiraud  (Jean),  de  Fons 
près  Nîmes  ;  condamné  en  1691  pour  as- 
semblée pieuse.  N°  12,954.  Sur  la  Princesse 
ou  la  Martiale  h  Bordeaux  en  1698  ;  li- 
béra en  1713.  Est  peut-être  le  même  que 
Jean  Gire  qui  se  trouvait  sur  l'Eclatante  en 
1691. 

1045.  GiROD  ou  Giraut  (Jacques),  de  Saint- 
Thomas  de  Cœur,  en  Languedoc:  condamné 
par  le  parlement  de  Dijon,  26  nov.  1686. 

1046-  Glaude  (Jean),  condamné  en  1692. 
Peut-être  le  même  que  Jean-Claude  dit  La 
Fosse,  n"  595. 

1047.  Gleize  (Alexandre),  de  Nions  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant,  M.  de 
Bouchât,  23  nov.  1689. 

1048-  Gleize  ou  Glaise  (Roustan),  de 
Vauvert,  ccrdonnier,  du  Languedoc,  con- 
damné à  Montpellier  pour  assemblée  pieuse; 
écroué  en  1702.  N"  26,594  ;  sur  la  Souve- 
raine ;  Libéré  le  15  nov.  1717. 

1049.  GoiRAN  (Jacques),  fils  de  Jacques, 
ménager  de  Vauvert,  cond.  par  le  présidial 
de  Montpellier,  31  mai  1702. 

1050.  GoNNAL  (Isaac),  du  Quercy,  cou- 
damné  en  1690. 

1051-  GoNTARD  (Jean),  de  Grenoble,  con- 
damné par  M.  de  Larrey,  lieutenant-géné- 
ral en  Dauphiné,  le  7  janvier  1689. 

1052.  GoRBiÈRE  (Jacques),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  septembre 
1698. 

1053.  GossE  (Adrien),  de  Tourneheu, 
condamné  par  le  parlom.  de  Tournay,  31 
juin.  1686  ;  mort  à  la  peine. 

Gossen,  voyez  Gaussen. 
Gouchon,  voyez  Gauchon. 

1054.  GouDiN  (Jean),  d'Hope  en  Béarn, 
condamné  par  le  parlement  de  Pau,  20 
avril  1687;  mort  à  la  peine. 


10o5-  GouDouYN  ou  Gondouin  (Jeau- 
Pierre),  de  La  Rochelle,  pris  sur  un  vais- 
seau danois  ;  condamné  en  1694  pour  n'avoir 
voulu  abjurer;  n»  17,271.  Sur  la  Valeur. 

1056-  GouiN  (Daniel),  de  Royan  en  Sain- 
tonge,  condamné  à  Toulon,  en  sept.  1693  et 
h  Aixen  juin  1694.  Sur  la  Fidèle  à  Marseille 
en  1698  ;  mort  la  même  année. 

1057.  Goujon  (Jean),  d'Anduze  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  Conseil  souverain 
d'Alsace,  le  10  juin  1687.  A  été  libéré  dans 
la  suite. 

1058-  GouLARD  (Jacob  ou  Simon),  tisse- 
rand de  toile,  de  Geneyrac  en  Languedoc, 
condamné  par  l'Intendant,  M.  de  Lamoignon, 
le  3  fév.  1688;  mort  à  la  peine. 

1059.  GouRTOL  (Jean),  de  Bonnet  de 
Landray,  en  Vivarais,  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  mars  1689  ; 
mort  à  la  peine. 

1060-  GouT  (Etienne),  de  Cremac,  pa- 
roisse de  Pompidou,  en  Cévennes  ;  peigneur 
de  laine,  33  ans,  condamné  à  Montpellier,  le 
26  mai  1698  pour  assemblée  pieuse.  N° 
21,730.  Sur  la  Grande -vieille- Réale  la 
même  année,  puis  sur  la  Valeur  à  Marseille. 

1061.  GouzE  (Etienne),  de  Pignan  en 
Quercy,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  13 
mars  1690. 

1062.  GozELiN  (Etienne),  de  Rouen,  en- 
voyé aux  galères  par  lettres  de  commuta- 
tion du  mois  de  mai  1684. 

1063-  Gramond  (Jacques),  de  Montpellier, 
condamné  dans  cette  ville  par  M.  le  duc  de 
Berwick,  le  15  mai  1705. 

1064-  Gran  ou  Grau  (Claude),  de  Saint- 
Faurie  en  Vivarais,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  30  janvier  1690.  Sur  la  Grande- 
Reale.  à  Marseille  vers  1695. 

1065.  Grand  (Antoine),  cond.  avant  1705; 
de  Lomenac,  paroisse  de  Saint-Prest,  en 
Vivarais;  condamné  en  déc.  1689  ou  jan- 
vier 1690.  Sur  la  Fortune,  à  Marseille  en 
1698. 

1066-  Grandjean  (Daniel),  de  Chalmerne 
en  Partois,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  3  oct.  1687. 

1067.  Graneau  (Louis),  1713. 

1068.  Grange  de  la  Ménardière  (Etienne 
ou  Antoine),  de  S*-Jean  de  Prusi  en  Viva- 
rais, tisserand,  29  ans,  condamné  en  1689 
pour  assemblée  pieuse.  N"  11,840.  Sur 
YEmeraude  à  Dunkerque.  Le  même  qui 
se  trouvait  en  1700  sur  la  Fortune  et  que 
P.  Serres,  dans  une  lettre  du  10  déc.  1700 
à  M"'=  Farcy  à  Berne,  appelle  son  «  compa- 
gnon de  bastonnade.  »  Voy.  Bull.  IV  378. 

1069.  Grangier  (Antoine),  de  La  Roche- 


1 


281 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


282 


Chaudry  en  Guienne,  condamné  à  La  Réaule, 
le  27  mars  1686,  à  la  peine  à  Dunkerque  en 
1711.  Libéré. 

1070-  Grangier  (Pierre),  tisserand  de 
toile  de  la  Boissière  paroisse  de  S*-Fortu- 
nat,  cond.  par  le  présidial  de  Montpellier, 
2  nov.  1701. 

1071-  Gramer  (Daniel),  de  Milhau,  con- 
damné comme  camisard  en  mai  1705. 

1072-  Granier  (Jean),  dit  Fidèle,  de 
Saint-Léger-de-Peyre  en  Gévaudan,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaiire  à  Mont- 
pellier, le  !"■  juin  1706  pour  assemblée 
pieuse  ;  n°  30.791.  Mis  à  l'hôpital  (paraly- 
tique). 

1073-  Granier  (Jean),  de  Bouillargues 
près  Nîmes  ;  1707  ;  n"  31,160  :  sur  l'Invin- 
cible. 

1074-  Gras  dit  Fesquet  (Antoine),  céve- 
nol, condamné  en  1696,  mort  en  mai  1697; 
galérien  de  la  Saint-Louis. 

1075-  Gras  (Armand),  de  Dieu-le-flt  eu 
Dauphiné,  condamné  par  le  lieutenant-gé- 
néral M.  de  Larrey,  29  janv.  1689. 

1076-  Gras  (Daniel)  ou  Le  Gras,  de  Ber- 
gerac en  Périgord,  pour  sortie  du  royaume, 
1701.  N"  124  ;  sur  l'Heureuse  à  Dunkerque; 
libéré  en  1715  et  pensionné  (300  fl.)  par  les 
Etats  de  Hollande. 

1077-  Gras  (Jean- Jacques),  de  Saint-Ger- 
main en  Gardonenque,  condamné  par  le 
parlem,  de  Grenoble,  28  mai  1686.  Libéré 
par  la  suite. 

1078-  Grasse  (Méric)  ;  sur  la  Grande. 
avant  1705. 

1079-  Grassy  (Philibert),  chirurgien,  de 
Millau,  condamné  par  le  présidial  de  Lyon, 
22  nov.  1686. 

1080.  Graveau  (Sébastien),  maréchal  k 
S'-Sulpice,  condamné  par  l'Intendant  de  La 
Rochelle,  21  juillet  1756. 

1081-  Gravier  (Jacques),  de  Moussac  en 
Languedoc,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704; 
camisard.  N»  28,238  ;  sur  la  Couronne,  li- 
béré le  24  juillet  1716, 

1082-  Grefeuil  ou  Grefuhle  (Pierre),  de 
la  Gardonnenque  en  Cévennes,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes  ;  20  janvier  1689. 

1083-  Grenier.  Dix-huit  personnes  de  ce 
nom,  gentilshommes  des  Verreries  de  Poin- 
tis,  diocèse  du  Conserans,  comté  de  Foix. 
Condamnés  par  le  présidial  d'Auch,  le  5  fé- 
vrier 1746  :  [.  Isaac  de  Grenier,  sieur  de 
Lastermes,  paroisse  de  Gabre,  en  Langue- 
doc, n»  21 ,702  (et  2922)  libéré  en  1755  ;  Jean, 
n'>21,703,  mort  au  bagne  avant  1753;  Marc, 
sieur  de  Launée,  n»  21,704,  mort  en   1749, 


ses  fils  ;  et  Jean ,  sieur  de  Courtelas, 
n"  21,705,  son  gendre,  évadé  le  24  février 
1T47  ;  —  II.  Pierre  de  Grenier,  sieur  de 
Magnoa,  habitant  de  Malet,  même  paroisse, 
Pierre,  sieur  de  Latour  et  Joseph,  ses  fils  ; 

—  III.  Henri,  sieur  de  Léchaud,  paroisse 
d'Aron   et    Jean,   sieur    de son  frère; 

—  IV.  Jean,  sieur  de  Lai'iverole,  habitant 
de  la  Peyrière,  aussi  paroisse  d'Aron  ; 
Jean,  sieur  de  Canebas  et  Henri,  sieur  de 
Niger,  ses  fils  ;  —  V.  Jean,  sieur  de  Belloc, 
habitant  de  Casphites,  paroisse  de  Fabas  ; 
Pierre,  sieur  de  Mauzac  son  fils;  Jacob,  sieur 
de  Cantagril;  Simon,  sieur  de  Laplane  et 
François,   sieur  de  Berger,  ses  frères  ;  — 

VI sieur  de   Varmont,   de  la  ville  des 

Bordes,  comté  de  Foix.  Les  quatorze  der- 
niers contumax.  Déjà  un  Pierre  de  Gre- 
nier, sieur  de  Courtala,  avait  été  cond.  à 
Montpellier  le  23  oct.  1697.  Contumax. 

1101.  Gresse  (Marc),  de  Poisselard  en 
Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  roi  ;t 
Valence,  le  28  février  1689.  Sur  la  Hardie, 
à  Marseille  en  1698.  Mort  à  la  peine  h  Dun- 
kerque le  26  septembre  1701. 

il02-  Greste  ou  Gi'esle  (Pierre),  signalé 
en  1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  dé 
faillances  dans  la  foi:  cond.  avant  1705, 

1103-  Griger  (Arthémar),  de  Berlin,  à  la 
peine  en  1711.  N"  671  ;sur  la  Triomphante 
h  Dunkerque. 

1104.  Grimal  (Isaac),  de  Nègrepelisse  eu 
Quercy,  condamné  k  Montauban,  3  décem- 
bre 1689;  sur  l'Ambitieuse  ou  l'Etneraude 
à  Bordeaux  en  1698. 

1105-  Grimaudet  (David),  de  Montélimar  ; 
condamné  par  le  parlem.  de  Dijon,  11  sept. 
1687.  Libéré  plus  tard. 

1106-  Grimault  (Pierre),  de  Mochert  en 
Saintonge,  condamné  à  Brest  puis  à  Van- 
nes en  1689.  Sur  la  Galante  à  S*-Malo  en 
1698  ;  libéré  la  même  année. 

1107-  Griolet  (Justin),  de  S'-Amboise, 
cond.  à  vie  en  1696.  «  Ne  fut  pas  envoyé  aux 
galères  étant  trop  vieux.  » 

1108.  Grisel  (Thomas),  de  Ledigan  en 
Languedoc,  camisard,  condamné  par  M.  le 
duc  de  Berwick  à  Montpellier,  le  15  mars 
1705  ;  n"  29,588;  sur  la  Madame;  mort  le 
6  juin  1710. 

1109-  Grisot  (Henri),  condamné  en  1707 
en.  même  temps  que  Tolié  Rocayi'ol. 

1110-  Gros  (César),  de  Serre  en  Dauphiné, 
condamné  par  l'Intendant  M.  de  Bouchât, 
le  12  octobre  1689. 

1111.  Grosjean  (Jean),  de  Cy,  près  Metz; 
condamné  par  le  Conseil  Souverain  d'Alsace,, 
le  10  juin  1687. 


^83 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


284 


1112-  Gruger  (Matthieu),  de  Mures,  près 
Coulongues.  Condamné  par  le  conseil  de 
guerre  de  Mont-Louis,  le  24  sept.  1687. 

Guay,  voyez  Gay. 

1113-  GuBLAiRE  (Pierre),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

Iil4.  GuEiDAN  (Gaspard),  du  Languedoc, 
en  1688  ou  1689. 

1115-  GuÉRARD  (Aron),  de  Bergerac,  con- 
damné à  Bordeaux  en  1692.  Mort  sur  la 
Perle  à  S^-Malo  en  1698. 

iil6.  GuERDiL  (Jean),  1713. 

1117-  GuERiN  (Antoine),  de  Nîmes  ou 
des  environs,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  à  Montpellier,  27  fév.  1720. 

H18-  GuERiN  (Antoine-Noé),  de  S'-Lau- 
rens-de-la-Vernède ,  diocèse  d'Uzès,  con- 
damné pour  assemblée,  le  16  mars  1703  : 
sur  la  Favorite.  N"  27,312  ;  libéré  le  24 
juillet  1716. 

1119-  GuERiN  (Claude),  de  Ville  en  Vou- 
«auve  en  Vivarais  ;  condamné  par  le  prési- 
dial  du  Puy,  27  juin  1685. 

H20.  GuÉRiN  (Louis),  boulanger,  d'An- 
duze  en  Languedoc,  16  ans,  condamné  par 
M.  le  maréchal  de  Montrevel  à  Sommières, 
11  mars  1703,  n"  27,318.  Libéré  le  3  octo- 
bre 1705  à  condition  de  servir  dans  les  trou- 
pes de  la  marine. 

il2l-  Gqérin  (Pierre),  de  Gonzagues, 
diocèse  de  Nîmes,  condamné  par  le  parle- 
ment de  Grenoble,  21  mai  1740. 

1122-  Guerre  (Daniel),  de  Metz  ;  con- 
damné par  le  pai'lem.  de  cette  ville,  22  juin 
1686.  Libéré  plus  tard. 

1123.  GuEYLE  (Paul),  de  Poizelas  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  ordre  du  roi,  le  28  fé- 
vrier 1689. 

1124-  GuicHARET  (Jean),  marchand  ;  de 
Moirains  en  Dauphiué,  condamné  par  le  par- 
lem.  de  Grenoble,  pour  sortie  du  royaume, 
29  nov.  1686. 

1125-  GuiGNARD  ou  Gagnard  (Pierre),  de 
S'-Saturin  près  Poitiers,  condamné  par  l'In- 
tendant M.  de  Foucault,  le  5  mars  1688. 

1126.  GuiGUER  (Joseph),  de  Lyon,  con- 
damné à  Grenoble  ;  sur  la  Fidèle  à  Mar- 
seille en  1698, 

1127.  Guillaume  (Jean),  1713. 

1128-  Guillemot  (Cardin),  de  Chastelle- 
raud  en  Poitou,  condamné  par  le  parlement 
de  Dijon,  29  nov.  1686.  Sur  la  Vieille-Saint- 
Louis  à  Marseille  en  1698.  Mort  le  14  no- 
vembra  1705. 

1129-  GuiLLOT  (Jacques),  voiturier,  du 
hameau  des  Galants,  communauté  de  Men- 
«:lon,  diocèse  de  Die,  48  ans,  condamné  à 


10  ans  par  le  parlement  de  Grenoble,  le  2Q 
août  1744,  pour  avoir  voiture  169  volumes 
de  livres  de  la  religion.  Sur  la  galère  le 
Dépôt  jusqu'au  partage  de  la  chaîne  de 
Bretagne  ;  puis,  en  1746,  sur  la  Brave  ;  n" 
20,366  puis  2208. 

1130-  GuiLLOTON  (Isaac),  de  Mornac  en 
Saintonge,  cond.  par  le  parlement  de  Ren- 
nes, le  17  sept  1689.  Sur  la  Perle  à  Mar- 
seille vers  1695,  mort  à  la  peine  en  1696. 

1131-  GuiMARD  ou  Guimak  (Louis),  des 
Gonnes  (on  dit  aussi  Gournos),  près  Poitiers  ; 
condamné  par  l'Intendant  M.  de  Foucault, 
le  20  fév.  1688  ;  sur  V Héroïne  ;  mort  à  la 
peine  le  8  mars  1698. 

1132.  GuiMBEL  (Jean),  de  Grandville  en 
Normandie,  condamné  par  M.  de  Berry 
maître  des  requêtes,  le  15  janvier  1688. 

1133.  GuiMENEL  (Jean  et  Lucrèce),  con- 
damnés par  le  parlem.  de  Grenoble,  17  mai 
1741  ;  tous  deux  contumax. 

1133.  GuiNEDY  (Charles),  1713. 

1136.  GuioT  (Abraham) ,  de  Gissy-sur 
Seine,  condamné  par  le  Conseil  Souverain 
d'Alsace,  le  28  juin  1688. 

Guirard  (André),  voyez  Guisard. 

1137-  GuiRAUD  (André),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

1138.  GuiRAUD  (Antoine),  travailleur  de 
terre,  de  Geneyrac  en  Languedoc,  condamné 
par  l'Intendant  M.  de  Lamoignon-Basville, 
le  3  février  1688. 

1139-  GuiRAUD  (David),  du  Languedoc, 
1688  ou  1689. 

1140.  GuiRAUD  (Rostang),  condamné  par 
le  pi'ésidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

Guiraud  (Jean),  voyez  Giraut. 

1141- GuiRiNGuiER(A.),  entre  1703et  1710. 

1142.  Guisard  (André),  travailleur  de 
terre,  de  Clarensac,  diocèse  de  Nîmes,  con- 
damné par  l'Intendant  du  Languedoc,  pour 
assemblée  religieuse,  le  17  mars  1752.  N° 
6,190.  Libéré  en  fév.  1772. 

1143-  Guitard  (Jacques),  deGuerzi,  haut 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  6  mars  1687  ;  mort  h  la  peine. 

1144-  Guitard  (Jean-Jacques),  sieur  de 
Lanau  ou  de  La  Naute,  ancien  officier,  che- 
valier de  S'-Louis  ;  d'Angles,  diocèse  de 
S'-Pons-des-Thomières,  haut  Languedoc.  Le 
jugement  porte  «  de  Mazamet,  diocèse  de 
Lavaux  »  —  condamné  à  vie  pour  assemblée 
religieuse,  le  6  avril  1745.  Sur  la  Brave  en 
1746  ;  n°  20,393  puis  2,224.  Mort  en  1753. 

1145.  Guitard  (Pierre),  précepteur  des 
enfants  de  la  paroisse  de  Channac,  diocèse 
de  Mende,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  16  mars  1687. 


285 


FOEÇATS  ET   GALÉRIENS. 


286 


1146.  GuMENY,  de  la  Bretagne,  condamné 
par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  10  juin 
1703. 

1147-  Haichelin  ou  Heinsselin  (Jean),  de 
Vitry-le-François  en  Champagne,  condamné 
par  le  parlem.  de  Metz,  13  mars  1687. 

Haidan,  voyez  Gaydan. 

1148-  Hais  (Louis  de),  de  Dieppe,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Calais,  le  29  avril 
1687.  Libéré  par  la  suite. 

1149-  Hanat  (Jacques),  de  la  Ferté-sous- 
Joire,  condamné  par  le  parlem.  de  Metz,  le 
4  déc.  1686. 

Hautequerre ,  lisez  Autecaire  et  voyez 
Robert. 

1150-  Helmondt  (Antoine-François  van), 
de  Lexemont  à  trois  lieues  d'Utrecht,  écroué 
en  juin  1709.  N"  33,647,  sous  ses  prénoms 
seuls,  et  comme  originaire  de  Gand  en 
Flandres. 

1151.  Hemps  (Pierre).  Peut-être  Benys: 
voyez  ce  nom. 

1152.  Hersart  (Louis  et  Louis- Jacques), 
bourgeois  de  Rennes,  tous  deux  condamnés 
par  le  présidial  de  cette  ville,  le  7  mai  1686. 
L'un  des  deux  mort  à  la  peine. 

1154.  Heesli  (Hans-Ulrich),  de  Berne, 
en  Suisse,  condamné  par  le  Conseil  de 
guerre  de  Collioure,  le  24  avril  1687. 

1155-  Hess  (Jacob),  de  S'-Gall  en  Suisse, 
condamné  par  le  Conseil  de  guerre  de  Lan- 
dau, le  22  juin  1689. 

Hête  (Jean).  Lisez  Bets  et  voyez  ce  nom. 

1166-  HiLAiRE  (Louis),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  le  26  septembre 
1698. 

Hirlande,  voyez  Irlande. 

1157-  Hoche  (Philippe),  Bernois,  con- 
damné en  1689  ;  sur  VAtnazone  en  1691  : 
N»  11,431,  libéré  en  ni2  pour  servir  dans 
les  troupes. 

1158.  Holeron  (Daniel  ou  David),  avant 
1705. 

1159-  HoMAs  (Jacques),  de  Montdardier, 
condamné  comme  camisard  en  1703  ;  sur  la 
Réale  ;  n"  37,314. 

1160-  HoNGUENT  (Jacques),  d'Estableau, 
diocèse  de  Die,  43  ans,  condamné  à  10  ans 
par  le  parlem.  de  Grenoble,  le  25  juin  1740, 
pour  assemblée  religieuse.  Sur  le  Dépôt  en 
janvier  1746.  (N-  16,380). 

1161.  HoNNAUD  (Jean),  condamné  en  1695 
(Liste  d'Elie  Benoist). 

1162.  HoNNiM  (Élie),  avant  1105. 

1 163.  Honoré  (Adam  et  Isaac),  de  Beau- 
devil,  en  Picardie,  condamnés  par  M.  de 
Berry,  maître  des  requêtes,  le  3  déc.  1687  : 
tous  deux  libérés. 


1165.  HoRisoN  (Jean),  1713. 

1166-  HosTiN  (Denis),  prosélyte  de  Fron- 
tignan  en  Languedoc,  condamné  pour  assem- 
blée pieuse,  en  1702  ;  n»  26,614.  Sur  la 
Réale. 

1167.  HouMEAU  (Jacques),  condamné  à 
5  ans,  en  1520,  pour  avoir  fait  échapper  le 
prédicant  Berthelot  (Lièvre,  Hist.  des  p. 
du  Poitou,  II,  284). 

Housquet  (David).  Lisez  Bousquet  et  voyez 
ce  nom. 

1168-  HuGON  (Pierre) ,  de  Castagnolles, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier,  mai  1690  ;  mis  à  la  chaîne 
le  2  juin.  Signalé  en  1693  comme  ayant 
triomphé  de  ses  défaillances  dans  la  foi. 

1169-  Hugues  (Jean),  de  Blanzac  en  Lan- 
guedoc ,  condamné  comme  camisard  en 
1705  ;  n"  28,823  ;  sur  la  Valeur.  Libéré  le 
24  juillet  1716. 

1170-  Hulain  (Antoine),  de  Landouzy- 
la-ville  en  Tirache,  condamné  par  le  parlem. 
de  Paris,  18  déc.  1686  ;  mort  h  la  peine. 

1171.  HussoN  (Daniel),  de  Courcelles  en 
Lorraine,  condamné  par  le  Conseil  Souve- 
rain d'Alsace,  le  10  juin  1687.  Libéré  par  la 
suite. 

1172-  Hymel  (Henry),  Anglais,  éci'oué 
en  1708  ;  n»  32,579.  Sur  la  Princesse.  Mort 
à  l'hôpital  le  14  juillet  de  la  même  année. 

1173.  Imbert  (Claude) ,  de  S*-Jean-de- 
Couz  en  Savoie,  condamné  par  le  parlem. 
de  Grenoble,  le  9  sept.  1687. 

1174.  Imbert  (Jean),  avant  1705;  sur  la 
Vieille-Réale  h  Marseille. 

1175-  Irlande  (Gilles),  de  Glocester  en 
Angleterre,  écroué  en  1708.  N»  32,595.  Sur 
la  Princesse.  Mort  le  18  février  1710. 

1176.  Isaac  (David),  de  Treminy  (en  Dau- 
phiné)  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 22  déc.  1685  ;  mort  h  la  peine. 

1177.  IsNARD  (Jacques),  de  S*-Cezayre  en 
Languedoc,  condamné  comme  camisard  en 
1705.  N"  28,822;  sur  VEclatante;  h  la  peine 
en  1709;  libéré  le  24  juillet  1716. 

1178-  IsNARD  (Jean),  condamné  le  15 
octobre  1745. 

1179.  IssoiRE  (Guillaume),  meunier,  de 
Nîmes,  41  ans,  condamné  pour  3  ans  par 
l'Intendant  du  Languedoc  à  Montpellier,  le 
17  août  1745.  Sur  la  Fortune  en  1746. 
N"  20,719  et  2,352.  Non  relâché  h  l'expira- 
tion de  sa  peine,  mais  seulement  en  1750. 

1180-  IssoiRE  (Louis),  de  Cézaire  en  Lan- 
guedoc, condamné  h  Montpellier  en  1698 
pour  avoir  été  entendre  prêcher  <i  Orange. 
N°  21,820.  Sur  la  Couronne,  puis  sur  la 
Madame  à  Marseille.  Libéi'é  en  1713. 


287 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


288 


1181-  IsTiÉ  OU  Itier  (Jean),  de  Beaux  en 
Languedoc;  condamné  comme  camisard,  en 
sept.  1705.  N»  28,81  L  Sur  la  Réale.  Li- 
béré le  24  juillet  1716. 

1182-  Jacques  (Jean) ,  de  S'-Hilaire  en 
Quercy ,  condamné  à  Tournay.  Sur  la  Har- 
die à,  Marseille  en  1698;  mort  en  août  1702. 

1183-  Jadot  (Jacques),  de  Forest  près 
Sedan,  condamné  par  le  parlem.  de  Metz, 
29  nov.  1686. 

1184-  Jalabert  ou  Galabert  (Etienne), 
de  S*-Cezaire  de  Gauzignan  en  Languedoc, 
laboureur,  40  ans,  condamné  par  le  prési- 
dial  de  Montpellier,  le  2io  septembre  1698, 
pour  être  allé  au  prêche  à  Orange.  N"  21,864. 
Sur  VHéroïne  et  la  Perle  à  Marseille.  Li- 
béré en  1713  et  envoyé  à  Schatïhouse. 

H85-  Jalabert  ou  Galabert  (Jean,  «  fils 
de  la  veuve  »)  de  Pignan.  Condamné  par 
M.  de  Basville  k  Nîmts,  le  20  août  1704: 
contumax.  Mort  à  la  peine  en  1707. 

1186-  Jalaguier  (Pierre) ,  de  Nîmes , 
écroué  en  1705.  N»  29,618.  Sur  la  Grande- 
Réale.  Mort  à  l'hôpital  de  Marseille. 

1187-  Janoir  ou  Janois  (Abraham),  de 
Diers-S'-Julien  en  Champagne,  condamné  à 
Paris  en  1684  pour  paroles  contre  le  Pa- 
pisme. N"  6,446.  Sur  la  Guerrière,  puis  sur 
la  Vielle-S^-Louis  h  Marseille  en  1689.  Li- 
béré le  7  mars  1714. 

1188-  Japi  (Jean),  de  Mornac  en  Sain- 
tonge,  condamné  par  le  parlem.  de  Guienne, 
le  8  février  1687.  Libéré. 

1189.  J.^QUES  (de  Bergerac  en  Quercy), 
condamné  en  1687,  mort  h  l'hôpital.  N" 
10,586,  le  9  février  1704. 

1190-  Jaquet  (Pierre  de),  d'Augout  en 
Béarn,  condamné  par  le  pai'lem.  de  Pau, 
11  avril  1687;  mort  à  la  peine. 

Jarjaye  ou  Jai'joux,  voyez  Leroux. 

H91.  Javel  (Daniel),  de  Vienne  en  Dau- 
phiné,  condamné  à  Luxembourg  en  août 
1690  «  estant  fait  prisonnier  de  guerre  et 
reconnu  à  la  bataille  de  Fleurus.  »  Sur  la 
Gloire  à  Marseille  en  1698.  Libéré  la  même 
année. 

1192-  Jean  (André  et  Etienne),  tous  deux 
de  la  Charse  en  Provence,  condamnés  par 
M.  de  Grignan,  le  3  avril  1689. 

1194.  Jean  (Etienne),  de  Château-Gontier, 
dans  le  Maine,  condamné  par  le  parlem.  de 
Bretagne,  23  fév.  1685.  A  été  libéré. 

1195-  Jean  (Pierre),  signalé  en  1693, 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1196.  Jenar  (Adrien),  entre  1703  et  1710. 

1197-  Jensel  ou  Gensel  (Jacques),  labou- 
i"eur  et  drapier  de  Livron.  Condamné  par  le 


parlem.  de  Gi'enoble,  23  sept.  1746.  Contu- 
max. 

1198-  Job,  tisserand,  d'Uzès,  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  13  juin 
1693.  Contumax. 

1199.  JoNCHÈREs  (Jacques),  condamné  k 
vie  (1720)  dans  les  mêmes  circonstances 
que  Jacques  Houmeau. 

1200-  JoNQUET  (Etienne) ,  de  Valence  près 
Uzès,  condamné  par  M.  de  Roquelaure  h 
Montpellier  le  30  juin  1717. 

1201-  JoNQUET  (Jacques),  de  Valence  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de  Di- 
jon, 11  sept.  1687  ;  mort  à  la  peine. 

1202-  JoNQUET.  (Jean),  de  Moussac,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel  à 
Alais,  7  nov.  1703.  Camisard." 

1203-  JoNQUET  ou  Jonquette  (Pierre) , 
marchand  de  Nîmes,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier,  26  sept.  1698.  Mort  k 
la  peine. 

Jonquils,  voyez  Aseldon. 
Joram,  voyez  Foram. 

1204-  JosuÉ  (Nicolas),  de  Berlon  en  Poi- 
tou, condamné  à  Rouen  en  nov.  1692  ;  sur 
la  France  k  Marseille  en  1698. 

1205.  Jouglas  (Isaac),  de  Ferrières  près 
Casti'es  ,  pour  avoir  été  aux  assemblées 
pieuses,  1710.  N"  35,382.  Sur  la  Perle. 

1206-  JouGUET  (Moïse),  sergent  messier 
ou  garde  particulier  de  Treminy  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 22  déc.  1685.  Libéré  par  la  suite. 

1207-  JouRDAN  (Jean),  laboureur,  de  Cos- 
telonge,  mandement  de  la  Baume-Cornil- 
lane,  condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
23  sept.  1746.  Contumax. 

Jours  (Joseph  de),  voyez  Desjoux. 

1208-  JoussAUD  (Claude),  bourgeois  de 
Nîmes,  condamné  comme  guide  par  le  pré- 
sidial de  cette  ville,  30  oct.  1687.  Sur  YIl- 
lustre  à  Marseille  en  1698.  N"  9,889.  Mort 
le  20  sept.  1707,  «  du  nombre  des  reclus 
du  château  d'If.  » 

Joussaud,  voyez  Tessier. 

1209-  JousTEAU  (Pierre),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1210-  Joyeux  (Henri) ,  de  Verray ,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  27  juillet  1689. 

1211-  Julien  (Pierre),  deux  galériens  des 
mêmes  nom  et  prénom  :  L'un  de  Castres  ou 
des  environs,  condamné  k  Montpellier,  le 
18  décembre  1697;  —  l'autre,  ancien  mule- 
tier ,  boiteux ,  de  S*«-Griéve  ou  Agrève , 
diocèse  de  Viviers,  condamné  le  10  octobre 
1699. 


289 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


290 


1213-  JuLLiEN  (Alexandre),  de  Teuliette, 
en  Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  de 
Provence,  le  15  octobre  1688. 

1214.  JuLLiEN  (Antoine),  44  ans,  maçon 
de  Trescloux,  évêché  de  Gap,  condamné 
à  5  ans  par  le  parlem.  de  Grenoble,  le  5 
mai  1745  pour  assemblée  religieuse.  Sur 
VAmbitieuse  en  1746.  N»  20,699  et  2,338. 
Libéré  en  1750. 

1215.  JuLLiEN  (Jean),  de  Bordeaux  en 
Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  roi  à 
Valence,  le  28  février  1689  pour  assemblée 
pieuse.  N»  10,981.  Sur  la  Vieille-S^-Louis 
à  Marseille  en  1698. 

1216.  JULLiEN  (Nicolas) ,  de  Normandie 
(1698);  anr  Y  Amazone  h  Marseille  en  1704, 
libéré  en  1711  ou  1712  pour  servir  dans  les 
troupes. 

1217.  JuLLiEN  (Pierre) ,  de  Ganges,  en 
Languedoc,  écroué  en  1705.  N°  29,273;  sur 
la  Conquérante.  Libéré  le  7  mars  1714. 

1218-  JuLLiEN  (Pierre),  de  Monts,  cami- 
sard,  condamné  par  le  maréchal  de  Montre- 
vel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704. 

1219-  JuMET  (Gabriel  et  Jean),  marchands; 
le  premier  de  Reunes  ;  le  deuxième  de  Pa- 
ris ;  tous  deux  condamnés  par  le  parlem. 
de  Bretagne,  le  13  octobre  1686.  Tous  deux 
ont  été  libérés  plus  tard. 

1221.  JuvENTiN  (Jacques),  de  Vernes, 
diocèse  de  Viviers,  condamné  par  l'Inten- 
dant, M.  de  Bouchât,  le  23  nov.  1689;  mort  à 
la  peine. 

1222-  Kerveno  de  Laubonnière  (Fran- 
çois-Louis) ,  de  la  Levandière ,  paroisse  de 
Poireau  en  bas  Poitou  ;  condamné  par  le 
présidial  de  Poitiers,  24  avril  1686.  Sur  la 
Valeur,  puis  au  cachot  du  fort  S'-Nicolas 
à  Marseille.  Mort  à  la  peine  le  28  sept.  1693. 

Kotels  (D.  des),  voyez  Descostels. 

Labarthe,  voyez  Robert. 

1223.  La  Bergerie  (de)  signalé  en  1693, 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1224.  Labez  (Isaac),  de  Nay,  en  Béarn, 
condamné  par  le  parlem.  de  Pau,  13  juin 
1687.  Libéré  par  la  suite. 

1225-  Laborde  (Etienne),  perruquier,  37 
ans  (u"  4,142),  et  Paul,  n"  4,143,  serrurier  ; 
tous  deux  du  Mas  d'Azil,  condamnés  par 
l'Intendant  du  Roussillon,  le  24  mars  1749, 
pour  assemblée  religieuse.  Etienne  libéré 
en  1755. 

1227-  Labuscagne  (Samson  de),  de  Ber- 
gerac, condamné  h  Bordeaux  en  avril  1692, 
pour  sortie  du  royaume;  n"  16,229.  Sur  la 
Fière  ;  sur  la  Galante  h  S*-Malo  en  1698. 
Libéré  en  1713. 


1228-  La  Cam  (Simon),  sai'getier,  natif 
de  Tournon.  habitant  le  village  de  Deler- 
viller,  ari'êté  près  Sarlat  pour  avoir  voulu 
sortir  du  royaume  et  condamné  par  M.  de 
Bezons,  1687. 

Lacantinière,  voyez  Barraud. 

1229-  La  CAzis(Jean  de),  de  Montoré,  en 
Béarn,  condamné  par  le  parlem.  de  Pau, 
8  janvier  1687. 

1230.  Lachard  (en  1746). 

1231-  La  Chaume  (Jean  -  Baptiste) ,  de 
Réalmont,  en  Languedoc ,  condamné  par 
l'Intendant  de  Montpellier,  le  26  octobre 
1754.  N"  8,604. 

1232-  La  Clau  (Jean-Pierre),  régent  de 
Gavesse  en  Béarn,  condamné  par  le  parlem. 
de  Pau,  15  mars  1686;  mort  à  la  peine. 

1233.  La  Colombie  (Boniface)  en  1726. 

1234.  La  Combe  (Jean),  de  Vergèze,  en 
Languedoc,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel,  le  7  juin  1703,  écroué  le  28  du 
même  mois  ;  n"  27,663  ;  en  campagne  en 
1704. 

1235.  La  Combe  (Pierre),  de  Caussade, 
condamné  par  l'Intendant  de  Montauban, 
le  3  décembre  1689.  Signalé  en  1693  comme 
ayant  triomphé  de  ses  défaillances  dans  la 
foi. 

1236-  La  Combe  (Henri  de),  de  Vinsobres 
en  Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  roi, 
le  28  février  1689. 

1237.  La  Coste  (Abraham),  sargetier  à 
Tonneins,  23  ans,  condamné  pour  avoir  tenté 
de  sortir  du  royaume,  1687. 

1238-  La  Croisette  (Jean),  entre  1703  et 
1710. 

Lacroix,  voyez  Monnier. 

1239.  Lacroix  (Jean),  de  Nîmes ,  mar- 
chand de  soie,  condamné  pour  les  affaires 
des  Cévennes  par  le  présidial  de  cette  ville, 
le  24  avril  1705;  écroué  le  mois  suivant; 
n"  29,577  ;  renfermé  dans  les  pi'isons  de 
l'hôpital.  Libéré  en  1718. 

1240-  La  Croix  (Jean  de),  «  confesseur 
aux  galères,  »  réfugié  à  Amsterdam  en  1714 
et  pensionné  par  les  Etats  ;  mort  le  12  juill, 
1721.  Sa  pension  est  transférée  par  'les 
Etats  h   sa  tante  Antoinette  Plantier. 

1241.  Laduye  (Jean),  de  Pennes,  en  Agé- 
nois,  condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
21  mai  1686.  Libéré  par  la  suite. 

1242-  Lafon  ou  Lafont  (Jean),  de  S*-Jean- 
du-Gard,  condamné  par  le  présidial  de 
Montpellier,  26  sept.  1698. 

1243-  Lafond  (René) ,  cordonnier ,  de 
Montpellier,  condamné  en  cette  ville  par 
M.  le  duc  de  Berwick,  le  15  mai  1705. 

1244.    Lafons  (François),   marchand   de 

VT.  10 


291 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


292 


bœufs  du  Mas  d'Azil,  comté  de  Foix  ;  28 
ans  ;  condamné  par  l'Intendant  du  Roussil- 
lon,  le  22  juillet  1749,  pour  avoir  assisté  à 
une  assemblée  religieuse.  N"  4390. 

1245-  Lapons  dit  Rey  (Jean),  fournier,  de 
Sabarat,  comté  de  Foix,  condamné  comme 
le  précédent  ;  n»  4389. 

1246-  Lafons  ou  Lafont  (Joseph),  dit 
Montserat,  travailleur  du  Mas  d'Azil,  con- 
damné par  le  C'  de  Broglie  à  Montpellier, 
le  23  oct.  1697.  Sur  la  Fleiir  de  lys  h  S«- 
Malo  en  1698. 

1247.  Lafont  (Paul),  marchand,  de  Beau- 
vais  en  Vivarais,  condamné  par  le  parlem. 
de  Dijon,  5  mars  1687.  A  été  libéré. 

1248-  Lafont  (Pierre),  d'Anduze,  labou- 
reur, 30  ans  ;  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  20  janvier  1689  pour  assemblée 
pieuse.  Sur  la  Triomphante  :  puis  sur  la 
Brave  k  Marseille  en  1698  :  n"  10,957.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  à  Bienne,  en  Suisse. 

La  Forge,  voy«z  Vincent. 

1249.  La  Garde  (Jean),  de  Saint-Légier 
en  Bigorre,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  20  octobre  1687  ;  mort  h  la  peine. 

1250.  Laget  (David),  de  Massanaques,  en 
Cévenues,  condamné  k  Montpelliei'  en  1698: 
sur  la  Superbe  à  S'-Malo;  n"  21,502;  mort 
à  l'hôpital  des  forçats,  le  13  mai  1707,  de^^ 
suites  de  la  bastonnade  que  lui  lit  donner 
un  aumônier,  «  ce  qui  lui  causa  un  si  grand 
crachement  de  sang  qu'il  en  rougissait  la 
mer,  »  dit  un  de  ses  compagnons  d'infor- 
tune. 

1251-  Lagravère,  domestique,  condamné 
à  Montauban  par  le  pi'ésidial  de  cette  ville , 
30  août  1737,  pour  avoir  pris  part  à  diver- 
ses assemblées. 

1232-  Laguerre  (Pierre),  de  Rochegude, 
en  Languedoc,  condamné  h  Alais  comme 
camisai'd  ;  écroué  en  novembre  1705  ;  n» 
28,820.  Sur  la  Gloire. 

1253-  Laire  (Jean),  cardeur,  de  Castelet 
de  Blanoue  (ou  Castel  de  Blevane),  en  Lan- 
guedoc, 23  ans,  condamné  à  Sommières 
par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  14  mars 
1703,  pour  avoir  été  trouvé  portant  des  ar- 
mes; n"  27,317;  détenu  au  château  d'If; 
mort  le  2  octobre  de  la  même  année. 

1254.  Laire  (Pierre) ,  également  indiqué 
comme  détenu  au  château  d'If,  condamné 
parle  présidial  de  Nîmes,  le  18  octobre  1691. 

1255-  Lambastier  (Claude),  condamné 
avant  1705  ;  était  en  1707  sur  la  Vieille- 
Réale. 

1256-  Lambert  (Antoine),  maître  d'école 
de  Saint-Jean  du  Gard,  coud,  par  le  prési- 
dial de  Nîmes,  le  27  mars  1687. 


1257-  Lambert  (Jacques),  de  Noire-Fon- 
taine près  Bouillon,  en  Champagne,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Metz,  11  août  1687. 

1258-  Lambert  (Jean),  de  Lesches,  en 
Dauphiuc,  condamné  à  Valence,  23  mai 
1689.  Sur  la  Hardie  à  Marseille  en  1698  ; 
mort  le  6  octobre  1701. 

1259-  Lamberton  (Pierre),  de  Roulhé  ou 
S*-Roulhé,  Haut-Poitou,  condamné  â  Poi- 
tiers en  1692  ;  mort  hydropique  â  l'hôpital, 
le  26  janv.  1695. 

1260-  Lambrois  (Jean-Vincent),  de  Suze 
en  Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  M. 
de  Bouchât,  pour  assemblée  religieuse,  le 
22  juillet  1689. 

Lami  ou  Lamie,  voyez  Amie. 

1261-  Lamiere  (Pierre),  condamné  en 
1695. 

1262-  Lamothe  (Julien- Alain  de),  de  Bre- 
tagne ;  1688. 

1263.  Lampion  (Jean),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi, 

Lanan  ou  Lanaute,  voyez  Guitard. 

1264.  Lanquet,  condamné  par  M.  de 
Basville  â  Montpellier,  le  24  sept.  1698. 

Lansonnière,  voyez  Buteau. 

1265-  Lan  (Gabriel),  sur  la  Magnifique  à 
Marseille,  mort  le  2  juill.  1702. 

1266-  Lant  (Jean),  signalé  en  1693  comme 
avant  triomphé  dé  ses  défaillances  dans  la 
foi. 

1267-  Lantayres  ou  Lanteires  (Jean),  de 
S*-Bauzely  ou  de  S*-Genies,  en  Languedoc, 
camisard,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704; 
n°  28,239  ;  sur  la  Réale.  Libéré  le  24  juillet 
1716. 

1268-  Lanteyrez  ou  Lenteyrez  (Jacques), 
tailleur,  du  Pont  de  Montvert,  diocèse  de 
Mende,  condamné  par  l'Intendant  de  Mont- 
pellier, en  mai  1690;  mis  à  la  chaîne  le  2 
juin. 

1269-  Lantheaume  (Jean),  de  Lauzeran, 
36  ans,  condamné  à  5  ans,  en  1747  pour 
assemblée  pieuse  ;  sur  le  Dépôt  ;  u°  2329. 
Libéré  en  1752. 

1270.  Lapelle  (Jean),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi.  Est  peut-être  le  même  que  Jean 
Capelle. 

1271.  La  Pise  (Antoine),  de  Mialet,  en 
Cévennes,  condamné  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, 7  mai  1686. 

1272.  La  Piste  (François),  signalé  en 
1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

1273.  La  Place  (David),  de  Die,  condamné 


293 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


294 


par  le  parlem.  de  Grenoble,  pour  sortie  du 
royaume,  26  sept.  1687. 

1274-  Laporte  (Antoine),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1275-  Laporte  (Jean),  d'Anduze,  con- 
damné per  M.  le  duc  de  Roquelaure  à  Mont- 
pellier, le  13  février  1717. 

Laporte  (de),  voyez  Mauriés. 

Laprade  (de),  voyez  Robert. 

Larachette,  voyez  Mercier. 

i276-  Larbie  (Pierre  de),  de  Tœule  en 
Vivarais,  condamné  à  Montpellier,  en  oct. 
1706,  pour  assemblée  pieuse.  Sur  la  Vieille- 
réale;  n"  30,901  ;  mort  le  18  janvier  1710. 

1277-  Lardent  ou  Lardan  (Jean),  de 
Dieppe,  condamné  par  le  Conseil  d'Artois, 
12  mars  1687  pour  sortie  du  royaume.  Sur 
la  Guerrière  h  S*-Malo  en  1698;  libéré  le  4 
mars  1714.  N»  9254. 

1278-  Larique  (Pierre),  de  Lamberg,  en 
Flandres,  condamné  par  le  lieutenant  de 
Hainault,  le  20  mars  1686. 

1279-  Lariverole  ? 

La  Rue,  pseudonyme  de  Pierre  Carrière. 

1280.  La  Salle  ? 
Lascour,  voyez  Delascour. 

1281.  La  Serre  (Pierre),  de  Bergerac, 
condamné  par  le  lieutenant  de  Bretagne,  le 
20  décembre  1686  ;  mort  à  la  peine. 

1282-  Latard  (Jean),  de  Chalençon,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble  à  10  ans, 
le  16  fév.  1735,  pour  avoir  servi  de  guide  au 
proposant  Matthieu  Allard,  n"  17.  Il  abjura 
durant  sa  détention,  mais  ne  fut  pas  élargi. 

128.3.  Lataune  (Jean),  condamné  pour 
avoir  assisté  à,  une  assemblée  aux  environs 
de  Montauban,  1689. 

1284-  Latelle  (André),  d'Embrun,  con- 
damné à  Antibes  en  1704,  écroué  en  1705 
sur  la  Fière;  n»  29,258  ;  mort  h  l'hôpital  le 
4  juin  1708. 

1285.  La  Tour-Naoeat  ou  Nogant-de  la 
Tour,  galérien  anv  V Éclatante  en  1691,  si- 
gnalé en  1693  pour  sa  persévérance  dans  la 
foi. 

1286-  Laubert  (Antoine),  régent  h  Saint- 
Jean- de- Gardonnenque,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  6  mars  1687. 

Laubonnière,  voyez  Kerveno. 

1287.  Laune  (François),  de  Nîmes  ou 
des  environs,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  à  Montpellier,  27  février  1720. 

1288-  Lauré  (Fi-ançois),  de  Boston,  en 
Angleterre,  condamné  en  1707  ;  à  la  peine 
en  1709;  n»  31,768. 

1289.  Laure  (Pierre),  signalé  en  1693 
pour  sa  persévérance  dans  la  foi. 


1290-  Laurens  (Claude),  de  Sagues,  pré- 
dicant  du  Vivarais.  Après  six  mois  de  cruau- 
tés subies  dans  les  prisons  de  Beauregard 
en  1696,  il  fut  condamné  aux  galères.  Sur 
la  Vieille-réale  k  Marseille  en  1698.  Mort 
à  la  peine. 

Laurens  (Jean),  voy.  Delaurens,  n"  717. 

1291-  Laurent  (Jean  et  Pierre),  tous 
deux  de  Luse  en  la  Croix-haute,  en  Dau- 
phiné  et  condamnés  par  l'Intendant,  M. 
de  Bouchât,  le  12  oct.  1689  ;  Jean  sur 
V Amazone  à  Brest,  n"  11,666,  mourut  à 
l'hôpital  le  12  mars  1708. 

1293-  Lauret  (David),  d'Anduze  ou  Gene- 
rargues,  condamné  par  le  Conseil  de  guerre 
de  Strasbourg,  31  mars  1688.  Mort  le  24 
février  1708  à  l'hôpital  de  Dunkerque  ;  galé- 
rien de  la  Marquise,  n»  10,581. 

1294-  Lauron  (Gabriel),  de  Lussan  en 
Languedoc,  cadissier,32  ans,  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  le  26  septembre 
1698,  pour  avoir  été  entendre  prêcher  h 
Orange  ;  n°  21,821.  Sur  la  Magnanhne.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  à.  Schaffliouse. 

129o.  Lause  ou  Lauze  (Jean),  deux  indi- 
vidus des  mêmes  nom  et  prénom,  l'un  de 
S'-Théodorite  près  Anduze,  condamné  par 
Basville  à  Montpellier,  le  23  novembre  1701; 
n"  26,388  sur  la  Madame  ;  mort  à  la  peine 
en  avril  1703;  —  l'autre  de  Montmadier, 
condamné  par  M. le  maréchal  de  Montrevel 
le  13  mars  1703. 

1297-  Lautré  ou  Lautrac  (Joachim),  de 
Mazère,  comté  de  Foix,  condamné  à  Tou- 
louse (eu  1688)  pour  avoir  refusé  de 
faire  baptiser  son  enfant  par  le  curé.  Sur  la 
Fidèle,  n"  10,622  ;  puis  sur  la  Vieille-S^- 
Louis  k  Marseille  en  1698. 

1298-  Lavail  père,  cond.  k  Montpellier 
le  23  octobre  1697.  Contumax. 

1299-  La  Venue  (Isaac),  de  Bergerac  en 
Guienne,  condamné  pour  sortie  du  l'oyaume 
(1701)  ;  n»  26,216.  Sur  la  Réale. 

La  Viguasse,  voyez  Berbigiers. 

1300-  La  Vigne  (Joseph),  chevrier,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Bordeaux,  le  17 
déc.  1749. 

1301-  Le  Barbier  (Jean),  de  Ponteau  de 
Mer,  en  Normandie,  condamné  par  le  par- 
lement de  Rouen,  27  février  1688. 

1302.  Le  Bat  ou  Levât  (Pierre),  de  S'- 
Chaptes  en  Languedoc,  condamné  par  M.  le 
maréchal  de  Montrevel,  le  7  juin  1703.  Sur 
la  Favorite;  n"  27,668.  Libéré  en  1712  après 
abjuration. 

1303.  Le  B(euf  (Silvain),  de  la  Marche, 
condamné  par  le  pi'évôt  de  Melun,  le  5  mai 
1685. 


295 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


296 


i304.  Le  Bosc  de  Brejou,  ministre,  men- 
tionné par  Elie  Benoît  (t.  III)  comme  con- 
damné en  1685. 

Le  Bouché,  voyez  Boucher. 

1305-  Le  Brun  (Pierre),  de  Montpellier, 
condamné  par  la  «  gouvernance  de  Lisle  le 
17  août  1684.  »  Libéré. 

1306-  Le  Capelain  ? 
Lechard,  voyez  Grenier. 

i307.  Le  Comte  (Daniel),  de  S*-Martin  de 
Prampou,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  le  5  mars  1688.  Signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1308-  Le  Coq  (Isaac),  de  Coulougue,  con- 
damné par  le  Conseil  souverain  d'Artois,  le 
23  août  1686,  mort  h  la  peine. 

1309-  Ledoux  ou  Le  Roux  (Elie-François), 
de  Guines,  gouvernement  de  Calais,  con- 
damné à  Luxembourg  en  1690.  Sur  la  Fa- 
vorite  à  S'-Malo  en  1698  ;  libéré  en  1712 
à  condition  de  servir  dans  les  troupes. 

1310-  Ledrinton  (Joseph),  de  Vinsby  en 
Angleterre,  condamné  par  le  parlera,  de 
Guienne,  le  5  février  1687.  Libéré. 

1311-  Le  Fevre  (Isaac),  avocat,  de  Châ- 
teau-Chinon,  en  Nivernais,  condamné  à  Di- 
jon, pour  sortie  du  royaume,  le  22  mars 
1686.  Après  avoir  été  mis  en  1686  à  l'hô- 
pital, puis  sur  la  Réale,  sur  la  Magnifique 
et  sur  la  Grande-Réale,  il  fut  détenu  dès 
1687  au  fort  Saint-Jean  à  Marseille,  où  il 
était  encore  en  1699  et  où  il  mourut  en 
1702. 

1312-  Le  Fevre  (Jean),  de  Rouen,  con- 
damné en  1699,  mort  à  l'hôpital  le  22  dé- 
cembre 1709,  galérien  de  la  Vieille-réale, 
n"  28,949. 

Le  Gagneur,  le  même  que  Gaigneux  n° 
966.  —  «  Dorothée  Le  Gagneur,  de  Loudun, 
fille  d'un  confesseur  mort  aux  galères,  » 
assistée  à  Londres  (5  1.  7  sh.  6  d,)  de  1705 
à  1710. 

Le  Gras  (Daniel),  voyez  Gras. 

Le  Nautonnier(Guillaume),  voyez  Nauton- 
nier  (de). 

1313-  Lengevin  (Abraham  et  Jean  de), 
tous  deux  d'OUeron,  en  Béarn,  condamnés 
par  le  parlera,  de  Pau,  13  juin  1687.  Libé- 
rés. 

1315-  Leneuf  ou  Lenud  (Abraham),  du 
Havre  de  Grâce,  condamné  par  le  parlera, 
de  Paris,  10  déc.  1689.  Sur  VAmazone  ou 
la  Marquise  à  Brest  en  1698;  délivré  la 
même  année. 

1316.  Lenoir  (Abraham),  avant  1705;  sur 
la  Vieille  réale. 

Lenteyrez,  voyez  Lanteyrez. 


13i7.  Léonard  (Jean),  de  Bertrée,  eu 
Luxembourg,  condamné  par  le  parlera,  de 
Paris,  3  mars  1687.  Passé  en  Amérique. 

Léotard,  voyez  Lieutard. 

13i8.  Leper  (Philippe),  de  Canterbui-y, 
en  Angleterre,  condamné  par  le  parlera,  de 
Paris,  le  21  oct.  1686.  Mort  à  la  peine. 

1319.  Lepicier  (Jean),  de  Soren,  près 
Abbeville,  fait  prisonnier  au  service  de  Hol- 
lande, condamné  à  Mons  en  1691.  Sur  la 
Fortune  ;  libéré  à  Marseille  en  1698.  Voy. 
Javel  et  ci-dessus  t.  V.  col.  606,  lig.  10. 

1320,  Leport  ou  Leporc  (Alexandre),  de 
Houvelay,  en  Hainault,  condamné  par  le 
présidial  de  Maubeuge,  2  déc.  1686. 

1321-  Lèques  ou  Lequel  (Jean),  de  Som- 
mières,  en  Languedoc,  écroué  le  19  janv. 
1704,  n°  28,201  ;  mort  à  l'hôpital  le  9  nov. 
suivant. 

1322-  Lèques  (Pierre),  du  Vigan  en  Lan- 
guedoc, perruquier,  19  ans,  condamné  en 
juin  1698  pour  avoir  été  entendre  prêcher  h 
Orange;  n°  21,732;  sur  la  Favorite,  puis 
sur  la  Grande-Vieille-réale  à  Marseille,  la 
même  année.  Libéré  en  1713  ;  pensionnaire 
de  MM.  de  Berne,  à  Berne  d'abord,  puis  h 
Morges  en  1719  ;  avec  sa  mère  et  sa  sœur. 

Le  Roux,  voyez  Ledoux. 

1323-  Le  Roux  (Henri),  baron  de  Jarjaye, 
du  Haut-Languedoc,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Nîmes,  le  9  juillet  1687. 

1324-  Lestauchat  ou  Lestuches  (Castor), 
signalé  en  1693  pour  sa  persévérance  dans 
la  foi. 

1325-  Letier,  religionnaire  rentré  en 
France  en  1707,  en  même  temps  que  Tobie 
Rocayrol,  fut  condamné  au  gibet,  peine 
que  M.  de  Basville  coramua  en  celle  des 
galères. 

Lestoile,  voyez  Estoile. 

L'Etoile  (Louis)  ;  sur  la  Fidèle  à  Marseille 
en  1695;  probableraent  le  même  que  Estoile 
n»  847. 

1326,  L'Etoile  (Pierre),  signalé  en  1693 
comrae  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1327.  Leuton  (Daniel),  entre  1703  et  1710. 
Levât,  voy.  Le  Bat. 

1328-  Legris  (Louis),  chirurgien,  de  Ge- 
nouillac,  diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'In- 
tendant de  Montpellier,  le  19  raai  1690.  Mis 
à  la  chaîne  le  2  juiu. 

Lezan,  voyez  Piloty  (J.-A.). 

Lhostalet,  voyez  Loustalet  (de). 

1329.  L'HosTiER  (Philippe),  signalé  en 
1693  corame  ayant  trioraphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

1330-  LiEPVRE  (Guillaurae  de),  de  Balase 


297 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


298 


«n  Bretagne,  condamné  par  le  parlera,  de 
cette  province,  le  3  mars  1685  ;  mort  à  la 
peine. 

1331-  LiEUTART  ou  Léotard  (Henri),  de 
Bousières  près  Nîmes,  condamné  à  Antibes, 
écroué  en  1704  sur  la  Superbe  ;  n"  29,058. 
libéré  le  7  mars  1714. 

1332-  LiEUTAUD  (Pierre),  du  Languedoc 
{1688  ou  1689). 

1333-  LiORAC  (Pierre),  de  Livron,  en  Dau- 
phiné  ;  condamné  en  1706  ;  galérien  u» 
30,785,  sur  la  Grande-Réale  à  Marseille, 
le  6  oct.  1707  ;  mort  à  l'hôpital. 

1334.  LioTARD  (Pierre),  de  Marignac,  évé- 
ché  de  Die,  en  Dauphiné,  condamné  par 
rintendant  de  cette  province,  le  23  mai  1689. 

1335-  LiRON  (Jean),  de  Valaraugue  en 
Cévennes,  condamné  à  Montpellier  en  1691. 
Sur  la  Forte  à  S*-Malo  en  1698. 

1336-  LiRON  ou  Lyron  (Henri,  fils  de  Jac- 
ques), de  Sauve,  condamné  à  Montpellier, 
le  31  octobre  1754,  pour  assemblée  reli- 
gieuse ;  n»  8609. 

1337.  LiRON  (Pierre),  fils  de  Pierre,  deVa- 
lerauge,  dragon  de  la  Compagnie  de  Cala- 
don  au  régiment  de  Morsan,  cond.  à  mort 
le  14  avril  1692;  sa  peine  fut  commuée  le 
même  mois  en  celle  des  galères. 

1337  bis.  LivAs  (Pierre),  de  Clermont,  en 
Picardie,  «  succomba  à  la  persécution  ;  ré- 
solut de  sortir  du  royaume  pour  son  salut.» 
Arrêté  le  29  octob.  1687. 

1338-  LoDENOT  (Moïse),  de  Baurepar,  en 
Bourgogne,  condamné  par  le  parlement  de 
Besançon,  8  oct.  1689. 

Lolmarié,  voyez  Nautonnier  (de). 

Lommet,  voyez  Berbigiers. 

1339.  LoMMER  (Pierre),  galérien  de  Y  Am- 
bitieuse en  1691.  Signalé  en  1693  comme 
ayant  triomphé  de  ses  défaillances  dans  la 
foi. 

1340-  Longe  (Jean  de),  dit  Montméjan  ou 
Mommége,  d'Alais,  camisard,  condamné 
par  le  maréchal  de  Montrevel,le  7  juin  1703, 
écroué  le  28  du  même  mois  i  n"  27,651  ;  sur 
la  France. 

1341.  LoNGET  (Pieri-e),  dit  la  Roche,  com- 
pagnon tondeur  de  drap,  de  La  Roche  en 
Savoie,  habitant  le  Vignan,  cond.  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  31  déc.  1685. 

1342-  LonguerVille  (Jean-Pierre),  de  la 
Pérouse  en  Vivarais,  condamné  en  1701 
comme  guide  ;  n"  26,399  ;  sur  la  Gloire. 

Loret,  voyez  Lauret. 

1343.  Lorier  (Paul),  avant  1705  ;  sur 
VÉmeraude  à  Dunkerque. 

1344.  LoRPHELiN  (Pierre),  de  Hamot,  pa- 
roisse de  Mourville  près  Dieppe,  condamné 


par  le  pari,  de  Tournay,  27  fév.  1689.  Sur 
la  Gloire  à  Marseille  en  1698.  Mort  à  l'hô- 
pital le  2  nov.  1704.  Galérien  de  la  Vieille- 
Réale  des  Invalides  ;  n"  11,519. —  Un  Pierre 
rOrfelin  ramait  sur  la  Galante  en  1707. 
Lostalet,  voyez  Loustalet. 

1345-  LouBiÉ  ou  Loubier  (Pierre),  cor- 
donnier, de  Boucayran,  en  Languedoc,  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Montpellier, 
le  3  avril  1702;  n°  26,418;  mort  «constant 
en  la  foi,  »  le  20  juillet  1711,  à  l'hôpital  de 
Marseille. 

1346-  Loubier  (André  et  Théodore),  de 
Valence  près  Uzès.  Condamnés  par  M.  de 
Roquelaure  h  Montpellier,  le  30  juin  1717. 

1348-  Loubier  (Pierre) ,  de  Mazamet, 
diocèse  de  Lavaur,  34  ans,  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  le  6  avril  1745, 
pour  assemblée  religieuse.  Sur  laFortune  en 
1746.  N"  20,395,  puis  2,225.  Libéré  en  1750. 

1349.  Louche.  Un  père  et  son  fis  de 
Grand  Gallargues,  condamnés  le  16  mai 
1716.  Tous  deux  contumax. 

1350-  Loup  (Adam),  de  la  Béchugnie  en 
Languedoc,  condamné  en  1687.  Mort  à 
l'hôpital,  le  24  novembre  1703.   N»  11,136. 

1351-  Loup  (David).  Deux  galériens  des 
mêmes  nom  et  prénom;  l'un  de  Peritiers, 
diocèse  de  Castres  en  Languedoc,  condamné 
h  Montpellier  en  juillet  1693  ;  sur  Y  Ambi- 
tieuse à  Bordeaux  en  1698;  mort  en  dé- 
cembre de  la  même  année;  —  l'autre, de  la 
Picardière,  aussi  diocèse  de  Castres,  con- 
damné par  M.  de  Broglie,  le  18  août  1689. 
Sur  Y  Ambitieuse  en  1691. 

1353.  Loup  (Jean),  de  la  Rivière,  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  M.  de  Broglie,  le  14 
avril  1687  ;  mort  à  la  peine. 

1354-  Loustalet  ou  l'Hostalet  (Jean  de), 
d'Arros  en  Béarn,  condamné  par  le  parlera, 
de  Pau,  le  13  juin  1687,  pour  sortie  du 
royaume.  Sur  la  Guerrière  à  S'-Malo  en 
1698  où  il  fut  mis  à  la  torture  en  1700.  Li- 
béré en  1713.  N"  9,487. 

1355-  LoziNGiNÉ  (Louis),  d'Ormac,  con- 
damné par  le  Conseil  de  guerre  de  S*-Omer, 
le  14  juin  1687  ;  mort  à  la  peine. 

1336-  Lucas  (Pierre),  de  Clermont,  en 
Beauvoisin,  condamné  par  le  parlera,  de 
Tournay,  le  14  avril  1687  ;  n°  9,304.  Sur  la 
Vieille  réale  h  Marseille.  Mort  le  13  mars 
1713.  Peut-être  y  a-t-il  deux  Pierre  Lucas. 

1337-  Lunadier  (Isaac),  de  Montagnac, 
en  Languedoc,  condamné  par  le  sort  en 
Dauphiné,  le  23  nov.  1689.  Sur  la  Sirène  h 
S'-Malo  en  1698. 

1358-  LuNAU  (Jean),  de  S'-Sulpice,  près 
Mornac  en  Saintonge,  condamné  à  Roche- 


299 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


300 


fort  pour  assemblée  pieuse,  écroué  en  juin 
1706.  N»  30,821  ;  sur  la  Fleur  de  lis. 

13o9.  LuYA  (Jacob),  de  Mens,  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
22  déc.  1685.  Libéré. 

1360.  LuYA  (David),  de  Vinsobres,  con- 
damné à  vie  par  l'Intendant  du  Dauphiné, 
M.  de  Bouchât,  en  1697. 

Lyron,  voyez  Liron. 

1361-  Mafre  (David),  de  Vabres  près 
Castres,  condamné  pour  assemblée  pieuse 
en  1704;  n»  28,204  ;  sur  la  Fiéi^e. 

1362-  Mage  ou  Mazet  (David),  de  Nadal, 
en  Quercy,  condamné  par  le  parlem.  de 
Besançon,  16  mai  1686:  mort  h  l'hôpital  en 
septembre  de  la  même  année. 

i363.  Magnan  (Jean  et  Paul),  du  Dau- 
phiné, condamnés  par  le  pai'lem.  de  Greno- 
ble, 16  fév.  1735. 

1365.  Magne  (Pierre),  de  Cabrières,  en 
Provence,  condamné  parle  parlement  d'Aix, 
le  6  mars  1685. 

Magnoac,  voyez  Grenier. 

1366-  Mahias  (Mathurin),  de  Table,  près 
S'-Brieux  en  Bretagne,  condamné  par  le 
parlem.  de  cette  province,  le  13  déc.  1686. 

1367.  Mailhasson  (Jean-Antoine),  maître 
cordonnier,  de  Castres,  condamné  h  Mont- 
pellier, en  avril  1693. 

1368.  Mailhé  ou  Maillet  (Jean  et  Pierre), 
deux  frères,  d'Arbaux,  diocèse  d'Alais,  le 
premier  cendamné  à  Montpellier,  le  20 
mars  1692,  mort  à  la  peine  en  1696,  galé- 
rien de  la  Sirène  ;  —  l'autre,  Pieri'e,  drapier, 
30  ans,  condamné  pour  assemblée  religieuse 
par  le  présidial  de  Nîmes,  eu  1691  ;  sur 
VHéroïne;  n»  14,273;  libéré  en  1713  et 
retiré  à  Berne. 

1370.  Maille  (Pierre  de),  d'Airièbe  en 
Béarn,  condamné  par  le  parlem.  de  Pau,  le 
27  juin  1687.  En  1706  il  réussit  à  sauver  le 
port  de  Marseille  d'un  incendie,  allumé  par 
un  esclave  noir,  soi-disant  fils  du  roi  du 
Congo.  En  reconnaissance  de  ce  fait,  la 
Cour  lui  offrit  la  liberté,  à  condition  qu'il 
allât  pendant  quelques  mois  se  faire  in- 
struire dans  le  couvent  des  pères  de  l'ora- 
toire de  Marseille.  Il  répondit  qu'il  ne  vou- 
lait pas  de  cette  instruction-là,  refusa  l'offre 
et  mourut  à  la  peine. 

1371.  Maillefaud  (Pierre),  laboureur, 
de  Laval  d'Aix,  diocèse  de  Die,  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  3 
juillet  1750.  N»  5,623.  Libéré  en  1755. 

1372.  Maillet  ou  Malet  (Jean  Vincent), 
de  Suze,  en  Dauphiné,  vigneron,  26  ans, 
condamné  h  Valence  par  l'Intendant,  M.  de 
Bouchât,  le  22  juillet  1689;  sur  la  Gloire 


en  1698.  Libéré  en  1713  et  retiré  au  cantoa 
d'Appenzell. 

1373-  Mailley  (Jacob  et  Jean  son  fils), 
de  Chèvre  près  Bar-sur-Seine,  condamnés 
parle  conseil  souverain  d'Alsace,  le  28  juin 
1688.  Jean  est  signalé  en  1693  comme  ayant 
triomphé  de  ses  défaillances  dans  la  foi. 

1375.  Major  ou  Mayor  (Charles),  de  Soul- 
lens  en  Suisse,  condamné  en  1686.  Sur  l'/Z- 
histre  à.  S'-Malo  en  1698. 

1376.  Malarte  ,  Malartie ,  Malatre  ou 
Mallard  (Matthieu),  de  Saint-Bauzille  en 
Languedoc,  condamné  par  M.  de  Broglie, 
le  20  janvier  1690.  Sur  la  Victoire  ou  Y  Heu- 
reuse à  S'-Malo  en  1698. 

1377-  Malaval  (Louis),  cuisinier  à  Le- 
zan,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  14 
juin  1686. 

1378.  Malblanc  ou  Masblanc  (Jean-Fran- 
çois), de  Genève,  condamné  à  Nîmes  le  24 
juillet  1687  pour  avoir  été  guide  de  reli- 
gionnaires  fugitifs;  n" 8,069.  Sur  la  Vieille- 
S^-Louis  h  Marseille  en  1698.  Libéré  en 
1713. 

1379-  Maldanet  (Jacques),  de  London- 
derry  en  Irlande,  écroué  en  sept.  1705  ; 
N«  28,837. 

1380-  Malefosse  (Jean),  des  Tavernes 
près  Ribaute,  camisard,  condamné  par  le 
maréchal  de  Montrevel,  à  Montpellier,  le  10 
janvier  1704.  Mort  à  la  peine,  le  5  mai  1705. 

1381.  Malet  (Jean),  dit  Busquet,  de  S'- 
Lager  de  Peyre,  diocèse  de  Mende,  cond. 
par  le  duc  de  Roquelaure,  à  Montpellier,  le 
1"  juin  1706  pour  assemblée  pieuse.  N» 
30,792  ;  sur  la  Valeur.  Libéré  le  15  no- 
vembre 1717. 

Malet,  voyez  Mazet. 

1382.  Malinas  (Elie),  de  Basquassargues, 
diocèse  de  Nîmes,  condamné  comme  cami- 
sard en  1705  ;  n"  28,819,  sur  la  Guerrière. 
Libéré  le  24  juillet  1716. 

Mallard,  voyez  Malarte. 

1383-  Mallet  (Pierre),  de  S'-Léger  en 
Gévaudan,  condamné  par  le  présidial  de 
Lyon,  14  janv.  1689.  Mort  à  la  peine. 

1384-  Mânes  (Denis),  de  la  Rochelle,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Bretagne,  21  juin 
1686;  a  été  libéré. 

1385-  Manuel  (Jean),  cardeur  à  Matay- 
Combasson,  paroisse  de  Gabriac,  en  Langue- 
doc, 22  ans,  condamné  par  M.  de  Montrevel 
à  Nîmes ,  17  mars  1703  ;  écroué  le  même 
mois;  n"  27,304.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

1386.  Manuel  (Louis),  de  Prunez  en  Cé- 
vennes,  perruquier,  28  ans,  condamné  h 
Montpellier,  le  11  février  1690.  Sur  la 
Grande-réale  h  Marseille  en  1698.  N»  11,689. 


301 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


302 


Libéré   en  1713,  adopté  par  le  bailliage  de 
Vevey,  en  Suisse:  mort  en  1735. 

1387-  Manuel  (PieiTe),d'Estableau  en  Dau- 
phiné,  mis  à  la  chaîne  k  Valence  sans  condam- 
nation. Sur  la  Grande  k  Marseille  en  1698. 

1388-  Marc  (Jean),  laboureur  à  Ronque- 
roUes,  40  aus,  arrêté  près  de  Sarlat  pour 
sortie  du  royaume  avec  son  fils,  Jacques,  de 
11  k  12  ans,  qu'on  enferme  dans  un  cou- 
vent des  Dames  de  la  foi;  1687. 

1389-  Marc  (Denis  de) ,  de  Savigny,  en 
Toui-aine,  condamné  par  la  maréchaussée 
de  Tours,  13  juillet  1686. 

1390-  Marc  (Matthieu),  en  campagne  sur 
une  galère  en  1704. 

1391-  Marcel  (Jean),  de  Montelar,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  sénéchal  de 
Crest,  9  novembre  1687;  mort  à  la  peine. 

1392-  Marcel  (Zacharie),  de  Croupies, 
près  Bourdeaux,  en  Dauphiné,  condamné  par 
le  présidial  de  Valence,  5  nov.  1687.  Mort 
k  la  peine. 

1393-  Marcelin  (Jean) ,  d'Arbié  de  la 
Charrie,  en  Dauphiné,  condamné  à  Metz  en 
1686.  Sur  la  Sirène  à  S^-Malo  en  1698.  Li- 
béré en  1713. 

1395-  Marcellin  (Jean),  de  la  vallée  de 
Queyras,  marchand,  21  ans,  condamné  par 
l'Intendant  M.  de  Bouchât,  12  octobre  1689, 
comme  ayant  partie  de  l'expédition  des 
Vaudois;  n°  11,658;  sur  la  Madame:  li- 
béré en  1713  et  retiré  à  Zurich. 

1395-  Marchais  (Abraham),  de  Celleson 
de  Viti'é  près  Poitiers ,  condamné  par  le 
présidial  de  Saint-Maixant  en  1688.  Mort  h 
la  peine  devant  Toulon,  au  retour  de  la 
campagne  d'Espagne,  le  14  juillet  1694. 

1396-  Marche  (i,ouis),  38  ans,  condamné 
pour  sortie  du  royaume,  1687. 

1397-  Marche  (Henri),  anglais,  écroué 
en  1708;  n»  32,593. 

1397  bis.  Marcodou,  de  Valdioume,  en 
Dauphiné  ;  34  ans.  Arrêté  à  S*-Clément  le 
7  sept.  1689  ;  condamné  par  le  Parlement 
de  Grenoble  en  déceml).  Mené  aux  galères 
en  janvier  1690.  Sur  la  Gloire. 

1398.  Madré  (Moïse  de),  prédicant,  de 
Mazère  près  Melle,  en  Poitou,  avait  été  con- 
damné k  la  peine  capitale  en  1713,  par 
l'Intendant  de  Poitiers.  Délivré  en  1717, 
mort  pensionnaii'e  de  MM.  de  Zurich. 

1399-  Margarot  (Antoine),  de  Marsil- 
largues  près  Nîmes,  condamné  par  M.  le 
duc  de  Roquelaure,  à  Montpellier,  le  27  fé- 
vrier 1720.  Gracié  en  1724. 

1400-  Mariette  (Claude),  d'Orléans, 
marchand,  condamné  par  le  parlem.  de 
Tournay,  en  août  1686.  Passé  en  Amérique. 


1401-  Mariette  (Elie),  fouloneur  ou  fou- 
lon d'Albarèdes,  faubourg  de  Ville  Nouvelle, 
Montauban,  condamné  en  cette  ville,  le  15 
avril  1752. 

1402-  Marin  (Jean),  de  Foursinet,  dio- 
cèse de  Die  en  Dauphiné,  condamné  à  Gre- 
noble en  nov.  1689.  Sur  la  Madame  à  Mar- 
seille en  1698. 

1403-  Marin,  de  Réalmont,  perruquier, 
condamné  par  M.  de  Saint-Priest  k  Mont- 
pellier, le  26  octobre  1754,  contumax. 

1404.  Marionneau  (Jacques) ,  de  Saint- 
Jean-sur-Gou,  diocèse  de  Luçon,  en  Poitou, 
condamné  par  le  prévost  de  Fontenay-le- 
comte,  le  17  mai  1687. 

1405-  Marlié  (Jacques,  Jean  et  Pierre), 
de  Sauliers,  en  Vivarais  (1701),  pour  assem- 
blée pieuse  ;  tous  trois  libérés  le  15  nov. 
1717.  N"  26128,  29  et  30.  Sur  la  Fière  et 
la  Grande-réale. 

Marlié  ou  Mallié  ou  Maillet  etc.  (Pierre), 
de  L'Arbroux  en  Cévennes:  le  même  que 
Mailhé  n"  1368. 

1408-  Marles  (Louis),  condamné  avant 
1705. 

1409-  Marolles  (Louis  de),  conseiller  du 
roi  et  receveur  des  consignations  à  Sainte- 
Menehould  en  Champagne,  condamné  par 
le  parlement  de  Pai'is,  le  14  mai  1686,  mis 
k  la  chaîne  le  20  juillet  de  la  même  année,  k 
l'âge  de  57  ans;  mort  le  17  juin  1692,  dans 
un  cachot  du  Fort  Saint-Nicolas  k  Marseille 
où  il  était  détenu  depuis  le  mois  de  février 
1687. 

1410-  Marrhe  (Guillaume),  de  Londres, 
condamné  k  Brisac  en  1697  :  sur  la  Grande 
Vieille-Réale  k  Marseille  en  1698  ;  libéré  la 
même  année. 

1411.  Mars  (Matthieu  de),  de  Vernouxen 
Vivarais;  pour  soi'tie  du  royaume  (1701),  n» 
25,712.  Sur  la  Fidèle.  Libéré  le  7  mars  1714. 

1412-  Marteilhe  (Jean),  de  Bergerac  en 
Guienne,  condamné  en  1701  pour  sortie  du 
royaume.  Sur  Y  Heureuse,  puis  sur  la  Palme 
k  Dunkerque,  avec  le  n"  125,  et  sur  la 
Grande-Réale  k  Marseille.  Libéré  en  1713, 
et  pensionné  (300  fl.)  par  les  Etats  généraux 
de  Hollande. 

1413-  Martel  (Antoine),  de  Boran,  dio- 
cèse d'Uzès,  condamné  comme  camisard 
parM.leduc  deBerwickk  Montpellier, le  15 
mai  1705;  n"  29,592;  sur  la  Grande-Réale, 
libéré  le  24  juillet  1716. 

1414-  Martel  (Henri)  ,  laboureur ,  de 
Fons-sur-Lussan,  diocèse  d'Uzès,  33  ans, 
condamné  k  Montpellier  pour  assemblée 
pieuse,  le  17  janvier  1750.  N"  1132;  libéré 
en  février  1766. 


303 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


304 


1415-  Martel  (Jacques),  de  Bergerac,  en 
Périgord,  condamné  à  Bordeaux  en  1692, 
pour  sortie  du  royaume.  Sur  la  Perle  à  S*- 
Malo  en  1698;  n"   16,231.  Libéré  en  1713. 

14i6.  Martin  (Antoine),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  2Q  sept.  1698. 

1417-  Martin  (Bénédict),  de  Richberg, 
canton  de  Berne,  1709;  n"  34,434;  sur  la 
Gloire. 

1418.  Martin  (François),  dit  Farelle,  du 
Mas  de  Vignole,  paroisse  de  Manoblet  en 
Cévennes,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  16  août  1688. 

1419.  Martin  (Isaac),  1717. 

1420-  Martin  (Jacques,  Jean  et  Pierre), 
tous  trois  fils  de  David  et  de  Marg*«  Yignal, 
laboureurs  de  Ranchon,  paroisse  de  S* 
Michel,  paroisse  de  Chabriallanoux  ;  cond. 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  2  nov. 
1701. 

1423.  Martin  (Jacques).  Cinq  galériens 
sous  ces  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un 
meunier,  au  moulin  de  Rochegude  de  S'- 
Jean-de-Maruèjols  d'Uzès,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  15  juin  1686,  libéré; 
—  le  second,  du  Dauphiné  (1689);  —  le 
troisième,  marchand  de  Reauville,  comté 
de  Grignan ,  condamné  par  M.  de  Grignan, 
le  11  mai"s  1689,  libéré;  —  le  quatrième, 
de  Geaigas,  condamné  par  le  parlement  de 
Provence,  le  27  avril  1689; — le  cinquième, 
de  Ribautte,  évéché  d'Alais,  âgé  de  31  ans, 
condamné  par  M.  de  Bernage,  Intendant 
du  Languedoc,  le  8  mars  1728  pour  avoir 
importé  de  Genève  cent  volumes  de  livres 
religieux.  Sur  la  Brave  en  1746.  N»  6,970. 

1428-  Martin  (Jean).  Deux  sous  ces 
mêmes  nom  et  prénom.  L'un  de  la  Soude 
en  Cévennes,  condamné  k  Montpellier,  en 
mars  1692,  pour  avoir  donné  des  vivres  à 
des  fugitifs  pour  religion  ;  sur  la  Magna- 
nime à  S'-Malo  en  1698,  N»  14,283,  libéré 
en  1713  et  interné  à  Zurich;  —  l'autre  de 
S*-Etienne- de- Valfrancisque,  moi't  à  la 
peine,  le  4  octobre  1695. 

1430-  Martin  (Pierre).  Quatre  sous  ces 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Marignac, 
diocèse  de  Die  en  Dauphiné,  condamné  par 
l'Intendant  de  cette  province,  le  23  mai 
1689  ;  mort  à  la  peine,  le  8  mai  1700;  — le 
second,  écroué  aux  galères  de  Marseille,  le  6 
mai  1700,  mort  le  surlendemain  ;  —  le  troi- 
sième (1713);  —  le  quatrième,  du  Languedoc 
(cond.  en  1688  ou  1689). 

1434.  Martin  (Thomas),  cond.  k  Mont- 
pellier, le  13  nov.  1701. 

1435-  Martineau  (Jean),  20  ans,  arrêté 
près  de  Sarlat,  essayant  de  sortir  du  royau- 


me, et  condamné  par  M.  de  Bezons,  1687. 

1336.  Martinel  ou  Martinet  (François), 
de  Roussan  en  Dauphiné,  pour  avoir  été 
moissonner  à  Orange,  en  1703.  N"  26,997; 
sur  la  Vieille-réale.  Libéré  le  7  mars  1714. 
Pensionnaire  de  MM.  de  Berne  h  Morgesen 
1719. 

1437.  Martinenques  (Pierre),  de  Nîmes 
ou  de  S'-Jean  de  Sery,  diocèse  d'Uzès,  con- 
damné à  Montpellier,  en  février  1698,  pour 
avoir  été  à  Orange  entendre  prêcher.  N» 
21,484.  Sur  la  Souveraine,  puis  sur  la 
Grande-réale  h  Marseille  la  même  année. 
Libéré  le  7  mars  1714  ;  pensionnaire  de 
MM.  de  Berne  h  Morges  en  1719. 

1438-  Maruége  ou  Marvejols(Jean),  tisse- 
rand de  cadis:  de  Lezanen  Languedoc;  con- 
damné à  Nîmes,  le  14  juin  1686.  Sur  la 
Fortune  à  Marseille  en  1698. 

1439.  Masbernard  (François),  de  La  Me- 
louse,  cond.  parM.  le  maréchal  de  Montrevel 
à  Montpellier,  le  10  janvier  1704.  Cami- 
sard. 

1440-  Massif  (Antoine),  de  Caveirac, 
condamné  par  M.  le  duc  de  Berwickà  Mont- 
pellier, le  15  mai  1705. 

1441.  Massif  (Jean),  de  Cannes,  en  Lan- 
guedoc, condamné parM.  de  Basville  à  Alais, 
le  28  juin  1703;  sur  la  Vieille- Réale  ;  mort 
le  14  octobre  de  la  même  année. 

1442.  Massif  (Zacharie),  condamné  avant 
1705;  sur  la  Marquise  à  Dunkerque. 

1443.  Masson  (Jean),  condamné  en  1695. 

1444.  Mathieu  (Jean),  de  Saint-Ambroix, 
condamné  par  M.  le  maréchal  de  Montre- 
vel, le  7  juin  1703. 

1445-  Mathieu  (Paul),  faiseur  de  bas,  de 
Nîmes,  71  ans,  condamné  par  l'Intendant 
du  Languedoc,  16  mars  1751  ;  n°  5,463. 

1446-  Matthieu  (Pierre).  Quatre  galé- 
riens de  ces  mêmes  nom  et  prénom  ;  —  le 
premier,  de  Vigny  près  Metz,  condamné  par 
le  parlement  de  cette  ville,  le  28  mai  1686, 
libéré  ;  —  le  second,  de  Montbazillac  en 
Périgord,  condamné  par  le  présidial  de 
Guienne,  le  30  mai  1686;  mort  à  la  peine; 
—  le  troisième,  condamné  par  le  présidial 
de  Montpellier,  le  26  septembre  1698;  — 
le  quatrième,  de  S*-Pons-de-Laquen  en  Lan- 
guedoc ;  mort  le  19  mai  1701 ,  galérien  de 
r  Héroïne. 

1450.  Mathurin  (Daniel),  condamné  à 
Montpellier,  le  23  octobre  1697.  Contumax. 

1451  •  Maubernard  ou  Malbernard  (Jean), 
berger  de  Vauvert,  cond.  par  le  présidial 
de  Montpellier,  le  31  mai  1702,  écroué  le 
mois  suivant,  mort  le  30  mars  1706. 

Maunier,  voyez  Monnier. 


305 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


306 


1452-  Maurel  (Jean) ,  d'Aubais ,  près 
Sommières,  cond.  pour  assemblée  pieuse; 
écroué  en  septembre  1709;  n"  33,974:  sur 
Iti'Magnanime  ;  libéré  le  15  novembre  1717. 

1453-  Mauriés  fils  ou  Maurier  dit  de 
Laporte,  bourgeois  de  Réalmont,  condamné 
par  M.  de  Saint-Priest  à  Montpellier,  le  26 
octobre  1754,  contumax  ;  saisi  plus  tard  et 
libéré  en  1763. 

1454-  Maurin  (David),  1713.  11  était  sur 
hi  Fidèle  en  17  U. 

i455.  Maurin  (André),  de  Valence  près 
Uzès,  condamné  par  M.  de  Roquelaure  à 
Montpellier,  le  30  juin  1717;  mort  à  la 
peine. 

1456-  Maurin  ou  Morin  (Elie),  connu 
sous  le  nom  de  Barré,  de  Chastelleraud,  en 
Poitou,  condamné  pour  sortie  du  royaume 
par  le  parlement  de  Grenoble,  le  24  mai 
1686;  signalé  en  1693  pour  sa  persévérance 
dans  la  foi.  Torturé  sur  la  Favorite  en  1700 
à  Marseille;  n"  7,884;  puis  mis  au  château 
d'If.  Libéré  en  1713. 

1457.  Maurin  ou  Morin  (Jean),  de  Coui'- 
monterral,  dioc.  de  Montpellier,  laboureur, 
48  ans,  condamné  par  l'Intendant  de  cette 
ville,  le  13  mars  1690.  Sur  la  Vieille-Réale 
h  Marseille  en  1698.  N»  12,086.  Libéré  en 
1713  et  envoyé  à  Schaffhouse.  Peut-être  y 
<i-t-il  un  autre  Jean  Morin,  du  même  lieu 
condamné  en  1691.  —  Voy.  Morin. 

i458.  Mauru  (Pierre),  de  Loisy,  en  Brie, 
<ondamné  par  le  parlement  de  Besançon, 
le  15  mai  1686.  Mort  h  la  peine  à  Marseille, 
le  12  avril  1696,  avec  la  réputation  d'un 
«  des  plus  zélés  défenseurs  de  la  Vérité  et 
fut  enterré  avec  les  Turcs.  » 

1459-  Maury  (PieiTe),  de  Castelnavarrens, 
•en  Agénois ,  condamné  par  le  présidial 
d'Agen,  le  3  déc.  1687.  Sur  la  Couronne  h 
Marseille. 

Maussie  (Jean),  de  Fau,  condamné  pour 
s'être  chargé  de  garder  les  aumônes  ;  le 
même  que  Moussier  n"  1556. 

1460-  Maximilien  (Joseph),  gentilhomme 
de  Touraine,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  le  16  septembre  1687.  Passé  en  Amé- 
rique. 

1461  •  Maynadier  (Jacques),  de  Dovirar- 
ges,  vigueriede  Sommières,  écroué  en  1709. 
N»  33,973. 

1462-  Maystre  (Pierre),  d'Aumelas  ou 
d'Aulas  près  du  Vigan  dans  les  Cévennes, 
condamné  h  Montpellier  en  mars  1689;  sur 
ÏEclatante  ou  la  Triomphante  en  1698,  à 
Brest;  moi't  en  1699. 

1463.  Mazauric  (François),  de  Maschta- 
noul  (?)  paroisse  de  Cassagnas,  condamné 


par  M.  de  Basville  à  Montpellier,  12  janvier 
1705. 

1464.  Mazel  ou  Mazil  (David),  du  Mas 
de  la  Tourrette,  paroisse  de  Gros,  en  Langue- 
doc, condamné  par  le  présidial  de  Nîmes, 
16  août  1688;  mort  à  la  peine. 

1463.  Mazel  (Etienne),  tailleur,  à  So- 
dorgues,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes,  le 
3  avril  1686.  Contumax. 

1466-  Mazelier  (Antoine),  de  Nîmes  ou 
des  envii'ons,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  à  Montpellier,  27  février  1720. 

1467-  Mazet  ou  Malet  (Pien-e),  de  Cham- 
bres ou  S'-Grave,  en  Vivarais,  condamné 
par  M.  de  Broglie,  le  20  sept.  1689;  ou  par 
M.  Dumoula  la  même  année,  pour  assemblée 
religieuse;  sur  la  Favorite;  n"  11,655;  sur 
la  Gloire  en  1698. 

Mazet,  voyez  Mage. 

Mège,  vcyez  Metge.  * 

1468-  Mégond  (Antoine),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi,  est  peut-être  le  même  qu'An- 
toine Méjanel.  Voyez  plus  loin. 

1469-  Meilhard  (Claude),  de  Combalau- 
tar  de  Donac  en  Vivarais,  écroué  en  juillet 
1706.  N»  30,864  ;  mort  à  l'hôpital  le  12  oc- 
tobi-e  de  la  même  année. 

1470-  Meinier  (Vincent) ,  de  Brouzet , 
camisard,  condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier,  le  10  janv.  1704. 

1471-  MÉJANEL  (Antoine),  de  Valleraugues, 
en  Cévennes,  condamné  le  18  fév.  1690,  n" 
81,866.  Sur  la  Vieille-S^-Louis  à  Marseille 
en  1698  :  mort  h  l'hôpital  le  24  juillet 
1704. 

1472-  MÉJEAN  (Pierre),  de  La  Roche,  dio- 
cèse de  Mende,  condamné  h  Montpellier,  le 
l"'  mai  1695;  mort  à  la  peine  en  campagne 
sur  la  Fidèle  le  15  sept.  1696. 

1473-  Melgues  (Gabriel),  de  Pignan,  du 
Languedoc,  condamné  par  M.  de  Broglie  le 
13  mars  1690. 

1474-  Melier  (Antoine),  de  Roquecourbe, 
diocèse  de  Castres,  condamné  à  Montpellier, 
le  16  décembre  1709. 

1475-  Mellon  (Charles),  cardeur  à  Ai- 
gues-vives  près  Nîmes,  53  ans,  condamné  à 
Montpellier,  le  4  avril  1686,  pour  assemblée 
pieuse.  Sur  la  Hardie  en  1695.  Sur  la 
Grande- Vieille-Réale,  n"  7632,  en  1698: 
puis  sur  la  Guerrière  ;  puis  mis  au  château 
d'If.  Libéré  en  1713  ;  pensionnaire  de  MM. 
de  Berne  à  Morges   en  1719. 

1476-  Menadier  (François),  galérien,  li- 
béré ;  pensionné  en  1736  par  les  Etats  de 
Hollande.  —  Voy.  Meynadier. 

1477-  Ménard,  chiffonnier,  d'Uzès,  cond. 


307 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


308 


par  le  presidial  de  Montpellier,  le  13  juin 
1693.  Contumax. 

1478-  Menen  (Jean),  de  Florac,  en  Gévau- 
dan,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  6  oct. 
1689  :  mort  à,  la  peine. 

1479-  Menut  ou  Menier  (Jean),  dit  Ro- 
chette  ou  La  Rochette,  40  ans,  ménager  du 
Mazel-de-Sainte-Agrève,  diocèse  de  Viviers, 
en  Vivarais:  condamné  par  M.  Le  Nain,  In- 
tendant de  Montpellier,  le  1"  février  1746, 
pour  avoir  hébergé  le  prédicant  Majal.  Sur 
la  Patronne  (n»  2552). 

1480-  Mercier  (Antoine),  de  Chambou 
en  Pragelas  (Dauphiné),  tanneur,  22  ans, 
condamné  comme  vaudois  par  l'Intendant 
de  Bouchât,  le  12  octobre  1689.  Sur  la 
Grande  à  Marseille  en  1698  ;  n"  11,657.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  au  canton  d'Appen- 
zell. 

1481-  Mercier  (Jean),  deux  galériens  des 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  dit  Conti, 
maréchal,  du  Mas  d'Azil,  comté  de  Foix, 
diocèse  de  Rieux  :  —  l'autre,  faiseur  de  pei- 
gnes, de  Gabri  ;  tous  deux  condamnés  à 
Montpellier  par  le  comte  de  Broglie,  le  23 
octobre  1697.  Le  premier  %nY\a.  Magnanime 
à  S'-Malo  en  1698. 

1483-  Mercier  (Pierre-Paul),  du  Mas 
d'Azil,  25  ans,  condamné  à  vie  par  l'Inten- 
dant du  Roiissillon,  le  24  mars  1749,  pour 
assemblée  religieuse  :  sur  le  Dépôt  :  n°  4141  : 
libéré  en  1755. 

1484-  Merle  (Jean),  de  Vinsobre,  en  Dau- 
phiné, 24  ans;  arrêté  au  Poisselard,  le  4 
nov.  1692  ;  resta  7  mois  en  prison  h  Gre- 
noble ;  condamné  par  l'Intendant  :  ai'rivé  en 
galère  le  14  mai  1693.  Sur  la  Renommée. 

1485-  Merle  dit  Rousson  (Louis),  de 
Fortunat,  en  Vivarais  ;  n°  25,656.  Sur  l'Hé- 
roïne; mort  h  l'hôpital  le  12  février  1708. 

i486-  Merle  (Pierre),  condamné  par  le 
presidial  de  Montpellier,  26  septembre 
1698. 

1487-  Merlet  ou  Merlin  (Jacques),  de 
Masmagnan  prés  Grad,  en  Vivarais,  cond. 
comme  camisard  en  1705.  N"  28,829  ;  sur 
la  Favorite.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

1488-  Mesebergue  (Jean),  avant  1705  : 
sur  la  Vieille-réale  à,  Marseille. 

1489.  Mesnil  (Jean),  de  Blois,  condamné 
par  le  parlem.  de  Paris,  5  juin  1685.  Libéré 
dans  la  suite. 

1490-  Mestre  (Jean),  tailleur  d'habits  à 
Montrevel,  21  ans;  arrêté  près  de  Sarlat  et 
condamné  pour  sortie  du  royaume,  1687. 

1491-  Mestre  (Théodore),  condamné  par 
le  presidial  de  Montpellier,  26  septemb. 
1698. 


1492-  Metge,  Mège  ou  Metger  (André), 
valet  chez  le  s''Pei"ier,  de  Ribautes,  diocèse 
d'Alais,  camisard,  condamné  par  le  maré- 
chal de  Montrevel  à  Montpellier,  le  10  jan- 
vier 1704;  n»  28,241  ;  sur  la  Guerrière  ;  li- 
béré le  24  juillet  1716. 

1493-  Metge  (Etienne),  de  la  Boscadelle 
en  Cévennes  condamné  pour  sortie  du  royau- 
me (1701),  n»  26,116  ;  sur  la  Princesse.  Li- 
béré le  7  mars  1714. 

1494-  Meunier,  Meusnier  ou  Musnier 
(Etienne),  de  Bonnière,  en  Dauphiné,  con- 
damné par  ordre  du  roi,  à  Valence  en  1688 
ou  1689.  Sur  la  Conquérante  k  S'-Malo  en 
1698  ;  mort  à  la  peine  la  même  année  «  des 
rigueurs  de  la  dernière  campagne.  » 

1495-  Meunier  (Pierre),  avant  1705. 
1496.  Meussac  (Jean),  de  Castelnavarrens,. 

condamné  par  le  presidial  d'Agen,  3  décem- 
bre 1687. 

1497-  Meynadier  (Jean-Jacques),  de  Ne- 
grin,  en  Languedoc,  condamné  à  Mazamet 
par  M.  de  Broglie,  le  14  avril  1689.  Sur  la 
Gloire  h.  Marseille  en  1698. 

1498-  Meynadier  (Pierre),  Deux  galériens 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Mas- 
bonnet,  paroisse  de  Pompidou,  aux  Céven- 
nes, cardeur,  24  ans,  condamné  à  Mont- 
pellier par  M.  de  Broglie,  le  II  février  1690 
pour  assemblée  pieuse  ;  n"  II868;  sur 
Y  Ambitieuse  ou  Emeraude  à  Bordeaux  eu 
1698;  libéré  en  1713;  —  l'autre,  des  Rous- 
ses ,  condamné  par  les  officiers  du  bailliage 
de  Gévaudan,  le  2  août  1703;  contumax. 

15(X)-  MiAiLLE  (Etienne),  de  Ferrières,  en 
Languedoc,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le 
14  avril  1689.  Mort  à  la  peine. 

1501-  MiCAULT  (Jean),  de  la  Flèche,  en 
Anjou,  condamné  par  la  maréchaussée  de 
Château  du  Loir,  le  5  avril  1686. 

1502-  Michel  (Etienne),  avant  1705  ;  sur 
la  Vieille-réale  à  Marseille. 

1503-  Michel  (Jean),  cardeur  à  Valarau- 
gue  dans  les  Cévennes,  condamné  à  Mont- 
pellier, le  16  juin  1692.  Mort  galérien  de  la 
Sirène  à  S'-Malo,  en  1699. 

1504-  Michel  (Philippe),  d'Orpierre  eu 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant,  M.  de 
Bouchât,  le  12  octobre  \Qè9  .^\iy  Y  Illustre  à 
Marseille  en  1695. 

1505-  Michel  (Pierre),  condamné  par  M. 
de  Basville  en  1689.  Sa  peine  fut  commuée 
en  exil  k  Madagascar. 

1506-  MiELGUES  (Jean),de  Soudorgues,  eu 
Languedoc,  condamné  en  1704  ;  mort  k 
l'hôpital,  le  28  septembre  1706.  N"  28,812. 

1507.  MiGAULT  (Jean),  de  S'-Martin  de 
Mesle  près  Poitiers,  condamné  par  l'Inten- 


I 


309 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


310 


dant,  M.  de  Foucault,  le  5  mars  1688  ;  si- 
gnalé en  1693  comme  ayant  triomphé  de  ses 
défaillances  dans  la  foi. 

1508-  MiGAUT  (Jacques),  mis  aux  galères 
en  1695;  y  était  encore  en  1705. 

Io09-  Millet  (Antoine),  d'Aru,  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
12  fév.  1686. 

1510.  Millet  (Jean),  1717. 

1511.  MiLLON  ou  Millou  (Claude),  des 
Echelles,  en  Savoie,  condamné  par  le  par- 
lem. de  Grenoble,  14  mars  1687,  pour  avoir 
fait  les  fonctions  de  «  conducteur.  » 

1512.  MiNGAu  (Pierre),  mort  aux  galères 
le  15  septembre  1696. 

1513-  MiNGAUD  (Etienne),  boucher,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Bordeaux,  16  déc. 
1749,  pour  s'être  marié  par  devant  un  mi- 
nistre. 

1514.  MiRAMONT  (Bertrand),  de  Mazères, 
en  Foix,  condamné  par  le  pi-ésidial  de...  en 
août  1688. 

1515-  Miroir  (Jean),  de  S^-Hubert,  aux 
Ardennes,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  3  sept.  1687.  Mort  k  la  peine. 

1516.  MisAULE  (Pierre),  sur  la  Princesse 
à  Marseille. 

1517-  MoiNiER  père  (Jean),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

1518.  Moitié  (Jean),  de  Dieppe,  condamné 
par  ordre  du  roi,  le  24  mai  1689.  Mort  à  la 
peine. 

1519-  MoLiNEs,  dit  Bruc,  fils  aîné  :  rentier 
de  la  dame  d'André  de  Prat,  Souteiran,  de 
Finiels(?). 

1520-  MoLiNiER  (Jean),  marchand  facturier 
c'est-à-dire  fabricant,  de  Hautpoul,  diocèse 
de  Lavaur,  21  ans,  condamné  k  vie  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  le  6  avril  1745, 
pour  assemblée  religieuse  :  sur  la  Fortune 
en  1746.  N»  20,400  (et  2,229). 

1521.  Molle  ou  Moles  (Jean),  de  S*-Boni, 
en  Velay,  laboureur,  36  ans,  condamné  par 
M.  de  Broglie,  le  18  août  1689,  pour  assem- 
blée pieuse.  N"  11,380.  Sur  l'^ma^one.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  k  St-Gall. 

1522-  MoMMAS  (Jean),  laboureur  k  S'-Ca- 
praise  sur  Garonne,  57  ans,  arrêté  près 
Sai'lat,  voulant  sortir  du  royaume,  condamné 
k  vie,  1687. 

Momméjean,  voyez  Montméjan. 

1523.  MoNESTET  (Jean),  d'Angrogne,  val- 
lée de  Luzerne,  condamné  par  l'Intendant 
M.  de  Bouchât,  le  12  octobre  1689.  Mort  à 
la  peine. 

1524.  MoNFAGEON  (André),  boucher  au 
"Vigan  en  Languedoc,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Nîmes,  le  25  mai  1688. 


1525-  MoNFORT  (Pierre-Louis),  ci-devant 
curé  de  la  paroisse  d'Anuezay,  en  Saintonge  ; 
condamné  par  l'Intendant  de  la  Rochelle,  le 
19  novembre  1746,  pour  célébration  de  ma- 
riage et  délivrance  de  certificat  de  mariage 
de  religionnaires. 

Monner,  voyez  Robert. 

Monnor,  voyez  Oddes. 

1526.  Monnet  (Nicolas),  de  Triaux  de 
Néron,  en  Dauphiné,  condamné  par  le  par- 
lem. de  Grenoble,  19  juillet  1687.  Mort  à  la 
peine. 

1527.  MoNNiER,  Mongnier  ou  Maunier, 
appelé  de  Lacroix  ou  de  S'"-Ci'oix  (Jean),  de 
Valfranchisque  aux  Cévennes,  condamné  à 
Montpellier  en  1695  pour  assemblée  reli- 
gieuse :  détenu  dès  juin  1698  dans  les  ca- 
chots du  Château  d'If  où  il  mourut  le  4 
mars  1709.  N»  18,678. 

1528-  Montagut  dit  Bouet  (Etienne),  ap- 
prenti fabricant  du  faubourg  Ville  nouvelle 
k  Montauban,  condamné,  le  15  avril  1752, 
par  l'Intendant  de  cette  ville. 

1529-  Montaniel  (le  sieur  de),  cond.  k 
Montpellier,  le  23  oct.  1697.  Contumax. 

1530.  MoNTASiER  (François),  mort  le  1.5 
mars  1702. 

1531.  MoNTASiER  (Pierre),  de  Breville,  en 
Poitou,  condamné  en  1701  ;  n"  51  ;  sur  la 
Triomphante  h  Dunkerque  ;  mort  k  la  peiue 
le  19  mars  1709. 

Montauriol,  voyez  Robert. 
Montbeton,  voyez  Caumont. 

1532.  MoNTEssoN  (Jean),  galérien  réfugié 
k  Berg-op-Zcom,  avec  sa  femme  Perrine 
Duhoussais  et  leur  enfant,  demande  aux 
Etats  de  Hollande  un  emploi  de  cornette, 
23  février  1703. 

1533.  MoNTEiL  (Arnaud),  de  Nègrepelisse, 
en  Quercy,  condamné  par  l'Intendant  de 
Montauban,  le  3  décembre  1689. 

1534.  MoNTFARRAT,  garçou  marchand 
chez  le  sieur  Vidales,  près  la  place,  k  Cas- 
tres, condamné  par  M.  de  S'-Priest  k  Mont- 
pellier, le  11  octobre  1754.  Contumax. 

Montméjan  ou  Mommege,  voyez  Longe. 

1535-  MoRAN  (David),  de  Soustelle,  cami- 
sard,  condamné  par  le  maréchal  de  Mont- 
revel  k  Montpellier,  le  10  janvier  1704.  Mort 
k  la  peiue  le  10  mars  1705. 

1536-  MoREAU  (André),  de  Mougon  près 
Poitiei's,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  le  5  mars  1688.  Mort  k  la 
peine. 

1537.  MoREL  (Jacques),  de  Vitry-le-Fran- 
çois,  tailleur  de  pierres,  34  ans,  condamné 
par  le  parlement  de  Metz,  le  17  septembre 
1686  pour  sortie  du  royaume  ;  sur  la  Valeur, 


311 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


312 


puis  sur  la  Sirène  à  S'-Malo  en  1698,  n" 
8552.  Libéré  en  1713  et  retiré  au  canton  de 
Neuchàtel. 

1538.  MoREL  (Matthieu),  de  Barges,  pa- 
roisse de  S'-André  d'Esfongeac,  diocèse  de 
Viviers,  —  et  d'après  son  jugement  —  du 
lieu  de  Cheyne,  paroisse  de  Chambon  en 
Velay  ;  étudiant  en  théologie  ;  condamné 
pour  la  vie,  à  l'âge  de  14  ans,  par  l'Intendant 
du  Languedoc,  M.  de  Bernage,  le  8  février 
1740,  pour  avoir  suivi  son  oncle,  le  ministre 
Matthieu  Morel  dit  Duvernet.  Sur  la  For- 
tune en  1746.  N»  16,193.  Libéré  le  12  fé- 
vrier 1761. 

1539.  MoRiER  (André),  Suisse,  signalé  en 
1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

1540-  MoRiN  (Antoine),  signalé  comme  le 
précédent. 

1541-  MoRiN  (Jean),  de  Collet,  camisai-d, 
condamné  par  le  maréchal  de  Montrevel  à 
Alais,  le  7  novembre  1703. 

1542-  MoRiN  (Jean-Matthieu),  de  S'-Julien, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  le  6 
nov.  1745;  sur  la  Madame. 

1543.  MoRLAT  (Jean),  de  Paris,  condamné 
par  lettres  de  commutation  de  peine,  en  mars 
1688. 

1544.  MoRLOT  (David),  du  comté  de  Mont- 
béliard,  condamné  par  le  parlem.  de  Metz, 
le  15  mars  1687,  pour  avoir  servi  de  guide. 

1545.  Mortier  (Antoine),  fabricant  de 
bas,  de  Calvisson,  76  ans,  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  le  15  mars  1751, 
pour  avoir  assisté  à  une  assemblée  religieuse; 
n»  5464. 

1546.  Moucha  (Isaac  ou  Pierre),  de  Ver- 
nou,  en  Vivarais  :  mort  à  la  peine  en 
1691. 

Mouissié  (Jean) ,  fils  de  Jean,  dit  Va- 
renne,  vigneron  des  Cabouillons  ;  le  même 
que  Moussier  ci-après  n"  1556. 

1547-  Moulin  (Pierre),  de  S*-Léger,  en 
Gévaudan,  condamné  par  M.  de  Bi'oglie,  le 
13  mars  1690.  Sur  la  Sirène  à  S'-Malo  en 
1698.  Mort  le  7  septembre  1702. 

1548-  Moulines  (Fi'ançois),  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  septembre 
1698. 

1549.  MouLiNiER  (Pierre),  laboureur  à, 
Mouliéres,  28  ans,  arrêté  près  Sarlat  et 
condamné  pour  avoir  tenté  de  sortir  du 
royaume,  1687. 

1550-  MouLON  (Louis),  de  Lorris,  con- 
damné par  le  parlement  de  Metz,  25  sept. 
1686.  Lil)éré  le  24  juillet  1716. 

1551-  MouRAiLLE  (David),  de  Nages,  en 
Languedoc,  accusé  de  ce  que  son  tils  était 


avec  les  Cévenols,  et  condamné,  1705; 
n"  28,836  :  sur  la  Perle. 

1552-  MouRET,  de  Bei'gerac,  condamné 
pour  sortie  du  royaume,  en  1701. 

1553.  MouRGUEs  (Etienne),  de  Nîmes  ou 
des  environs,  condamné  par  M.  le  duc  de 
Roquelaure  à  Montpellier,  27  fév.  1720. 

1554-  MouRGUEs  (Jean),  de  CoUignac,  en 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  5  mars  1686.  Mort  à  la  peine. 

1555-  MouRS  (Joseph),  de  Lariva,  en  Vi- 
varais, écroué  en  1706:  n"  30,905;  sur  la 
France.  Mort  à  l'hôpital,  le  3  déc.  1709. 

1556-  MoussiER  (Jean),  du  Fau,  diocèse 
de  Montauban,  23  ans,  condamné  h  vie  par 
l'Intendant  de  Languedoc,  le  fév.  1747,  pour 
distribution  d'aumônes  ;  écroué  sur  la  ga- 
lère le  Dépôt,  15  mai  1748.  N"  22,376  (et 
3,454). 

1557-  Mousson  (Josué),  de  Metz,  con- 
damné par  le  parlem.  de  cette  ville,  22  juin 
1686.  Libéré  par  la  suite. 

1558-  Mouton  (Jacques)  ,  condamné  à 
Montpellier,  le  28  juillet  1702. 

1559-  MucHET  (Philippe),  signalé  en  1693 
pour  sa  persévérance  dans  la  foi. 

1560.  Muletier  (Jacques),  de  la  Vivièi'e, 
hameau  du  Mandement  de  Gigors,  en  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 3  juillet  1750.  Libéré  en  1758. 

1561-  MuLiER  (Pierre),  de  Hautespine, 
en  Normandie,  condamné  par  M.  de  Berry, 
maître  des  requêtes,  le  8  déc.  1687.  A  été 
libéré. 

1562.  MuNiER  (André),  de  S'-Prié  en 
Vivarais,  condamné  à  Beauregard  en  1689. 
Snv  l''A7nbitieiise  ;  n"  13,324.  Sur  la  Gloire 
h  Marseille  en  1698.  Mort  à  l'hôpital,  le 
26  février  1703. 

1563-  Muret  dit  Blancard  (Pierre),  de 
S'-Léger  de  Payre,  en  Gévaudan,  condamné 
par  le  duc  de  Roquelaure  à  Montpellier,  le 
1"  juin  1706.  Contumax,  écroué  en  dé- 
cembre 1706,  libéré  le  24  juillet  1716.  Con- 
damné pour  des  armes  trouvées  en  sa  mai- 
son et  pour  avoir  été  aux  assemblées  pieu- 
ses; n"  31,134;  sur  la  Grande-Réale. 

1564-  MussETON(Jean),  de  S'- Jean,  vallée 
de  Luzerne,  en  Piémont,  condamné  comme 
vaudois  par  M.  de  Bouchât,  Intendant  du 
Dauphiné,  le  12  octobre  1689.  Sur  la  Har- 
die en  1695,  puis  surVEclatanfe.  Libéré  le 
7  mars  1714. 

1565-  MussY  (Pierre  de),  de  Gissy  sur 
Seine,  condamné  par  le  Conseil  souverain 
d'Alsace,  le  28  juin  1688. 

1566-  Nadal  (Jacques),  bourgeois  et  an- 
cien de  La  Salle,  en  Languedoc,  condamné 


313 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


314 


par  le  présidial  de  Nîmes,  le  3  avril  1686, 
gracié  le  16  janvier  1687.  (Voy.  Jurieu, 
Lett.  past.,  1,  p.  79.) 

1567-  Nadal  ou  Nadan  ou  Nadau  (Pierre), 
de  Lusignan,  en  Poitou ,  condamné  pour 
sortie  du  royaume,  1700.  Sur  la  Triom- 
phante et  la  Palme,  à  Dunkerque.  Libéré 
le  24  juillet  1716. 

1568-  Naudy  (Moïse),  de  Grateloup  près 
Agen,  arrêté  près  Sarlat  en  1687,  voulant 
sortir  du  royaume,  et  condamné  par  le  Pai*- 
lement  de  Guyenne,  le  20  mars  1688. 

1569-  Nautery  (Jean-Jacques),  d'Aire  en 
Guienne,  condamné  par  ordre  du  roi,  le  21 
janvier  1688.  Evadé. 

1570.  Nautonnier  (Guillaume  de) ,  de 
Castelfranc,  sieur  de  Lolmarié ,  habitant  le 
lieu  dit  Lolmarié,  consulat  de  Venez,  con- 
damné par  M.  de  Saint-Priest  à  Mont- 
pellier, le  26  octobre  1754,  libéré  en  1757. 

1571.  Neau  (Élie),  de  Soubise,  en  Sain- 
tonge,  condamné  par  le  parlem.  de  Rennes, 
6  mars  1693,  écroué  à  Marseille  le  19  mai 
suivant,  détenu  au  fort  S'-Nicolas  depuis  le 
5  mai  1694  jusqu'au  3  juillet  1698,  libéré  ce 
jour-là  sur  la  demande  de  l'Angleterre  ; 
mort  catéchiste  à  New-York ,  le  3  sep- 
tembre 1722. 

1572-  NÉBAUDE  (Pierre),  signalé  en  1693 
pour  sa  persévérance  dans  la  foi. 

1573-  Nebous  (David),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1574.  Nègre  (Jean),  de  Peiremale,  près 
Anduze,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  le  20  janvier  1689  ;  sur  la  Hardie 
à  Marseille  en  1698. 

1575-  NÊGRE(André),  libéré;  et  pensionné 
par  les  Etats  de  Hollande  (300  fl.)  en 
1736. 

1576-  Nègre  (Louis),  cardeur  de  laine  de 
Montaren,  diocèse  d'Uzès,  condamné  par 
l'Intendant  du  Languedoc,  le  24  décembre 
1750,  pour  assemblée  religieuse  ;  n°  3,439. 

1577-  Nerbusson  (Pierre),  de  S'«-Foy, 
près  Agen  sur  Garonne,  écroué  en  mai  1702, 
sur  la  Grande-Réale;  n»  25,727;  mort  le  1°'' 
mars  1703. 

1578-  Nerse  (Jean),  de  Vebron,  en  Lan- 
guedoc ,  condamné  comme  prédicateur 
parmi  les  camisards  ;  écroué  le  19  janvier 
1704  ;  n»  28,246  ;  sur  la  Réale. 

1579.  Nicolas  (Charles),  1717. 

1580-  Nicolas  (Jean-Baptiste),  de  Mens 
en  Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  22  décembre  1685.  Libéré. 

1581-  Nicolas  (Pierre),  deux  galériens 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  le  premier  si- 


gnalé en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
ses  défaillances  dans  la  foi; — le  second, de 
Reliante,  camisard,  condamné  par  le  maré- 
chal de  Montrevel  à  Montpellier,  le  10  jan- 
vier 1704;  très  probablement  libéré  en  1711 
ou  I7I2. 

Niger,  voyez  Grenier. 

1583.  NiRET  (Jean),  1713.  Libéré  le  15 
novembre  1717  '. 

158i.  NissoLEs  (Pierre),  de  Bédarieux,  en 
Languedoc(I688);sur  la  Princesse  ;  w  9580; 
libéré  en  1711  ou  1712  à  condition  de  servir 
dans  les  troupes. 

Noe,  voyez  Nouy. 

1585-  Noël  (Claude) ,  de  S'<^-Hidorite,  en 
Languedoc,  écroué  en  1704  sur  la  Princesse. 
N"  28,242.  Mort  le  20  mars  1710. 

1586-  NoEL  (Nicolas),  de  Metz,  condamné 
par  ordre  du  roi,  le  27  janvier  1689. 

1587-  NoGUET  (Abraham),  de  Goumes,  en 
Poitou,  condamné  par  l'Intendant,  M.  de 
Foucault,  le  5  mars  1688. 

1588-  NoGUiER  (Jean),  de  Montpellier, 
condamné  par  le  parlem.  de  Dijon,  15  mars 
1687;  mort  à  la  peine. 

Noir  (Louis),  voyez  L'noir. 

1589-  NoiREAU  (François),  de  Bréville- 
le-Prunier,  dioc.  de  Poitou,  condamné  pour 
sortie  du  royaume  (1700);  n"  50;  sur  la 
Triomphante  à  Dunkerque. 

1590-  Nolibois  (Daniel) ,  de  Metz,  lieute 
nanl  au  régiment  de  Languedoc,  condamné 
à  Metz,  le  8  juin  1686. 

1591-  NouGARÈDE  (François),  d'Aumessas 
et  Jean  dit  LaBaume,  de  Grimai,  camisards, 
condamnés  par  le  maréchal  de  Montrevel  h 
Montpellier,  le  10  janvier  1704. 

1592-  Nousille  (Jacques),  du  Poitou, 
condamné  à  perpétuité  par  l'Intendant  de 
cette  province,  27  juin  1719,  pour  avoir  fait 
la  lecture  dans  une  assemblée  religieuse 
tenue  à  Benêt. 

1  C'est  peut-être  le  même  que  le  poitevin  Ni- 
VET  dont  parle  Court  dans  ses  mémoires  (pub.  par 
E.  Hugnes,  1885)  comme  ayant  été  condamné  à  Poi- 
tiers, à  la  fin  de  juin  ou  au  commencement  de  juillet 
1715  :  «  Il  avait  souvent  quitté  sa  charrue  pour 
adresser  dans  les  assemblées  des  exhortations  de 
piété  et  de  persévérance  dans  la  foi  à  ses  compa- 
triotes. II  témoigna  beaucoup  de  fermeté  devant 
le  subdélégué  qui  l'interrogea.  Un  jour  que  ce- 
lui-ci l'avait  tenu  sur  la  sellette  depuis  huit  heures 
du  matin  jusqu'à  huit  heures  du  soir,  pour  cou- 
ronner la  scène  il  lui  dit  d'un  ton  railleur  :  «  Que 
«  fera  le  petit  troupeau,  maintenant  qu'on  tient 
«  son  pasteur?  —  Ne  vous  mettez  pas  en  peine 
«  du  petit  troupeau,  Monsieur,  lui  répondit  Nivet; 
((  il  a  un  pasteur  à  couvert  de  vos  recherches,  et 
((  qui  ne  l'abandonnera  pas.  » 


15 


FORÇATS  ET  GALÉRIENS. 


316 


1593-  NouGiER  (Pierre),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 

Nouy,  appelé  aussi  Nouy  de  Garin  ou 
Nouvel,  condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Nîmes,  le  13  mars  1703  :  galé- 
rien à  Marseille  en  1705.  11  est  le  même  que 
Guerin  (Antoine-Noé),  ci-dessus  n"  1107. 

1594.  Novis  le  père,  (Jacques),  du  Mas 
de  Novis ,  paroisse  de  Vabres ,  diocèse 
d'Alais,  condamné  par  l'Intendant  du  Lan- 
guedoc, le  5  octobre  1754,  pour  avoir  donné 
asile  au  ministre  Etienne  Teissier  dit  La- 
fage.  Contumax. 

i595.  Obie  (Louis),  de  la  Tremblade,  en 
Saintonge,  condamné  par  le  parlem.  de 
cette  province,  le  17  septembre  1689. 

1596.  Odet  (Claude),  de  Gié,  en  Cham- 
pagne, condamné  à  Brissac  par  le  prévôt 
de  Montpellier  en  1693  ;  sur  la  Vieille-Saint- 
Louis  à  Marseille  en  1698. 

Odet,  voyez  Oudet. 

1597.  Odon  ou  Odou  (David)  sur  la  Gloire 
à  Marseille,  vers  1695. 

1598.  Odon  (Marc) ,  de  Valdrôme,  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant,  M.  de 
Bouchât,  le  23  nov.  1689;  n»  21,830;  sur 
la  Gloire;  mort  à  la  peine  le  7  juillet  1708. 

1599-  Odos  ou  Oddes,  de  Montmaur,  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  de 
cette  province,  le  12  octobre  1689. 

Ogier,  voyez  Augier  (François). 

1600.  Ogier  (Jean),  de  Bèze,  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  22 
juin  1686,  pour  être  revenu  chercher  en 
France  ses  vieux  parents.   A  été  libéré. 

1601.  Olivier  ou  Olives  (Jacques),  la- 
boureur, natif  de  Foissac  près  d'Uzès,  habi- 
tant de  S'-Maurice,  en  Languedoc,  20  ans, 
condamné  par  M.  le  maréchal  de  Montre- 
vel à  Nîmes,  le  13  mars  1703,  comme  ca- 
misard  ;  écroué  en  avril  de  la  même  année  ; 
n»  27,308  sur  Y  Amazone  ;  libéré  le  25  juil- 
let 1716. 

1602-  Olivier,  de  S'-Laurent,  condamné 
par  le  parlement  de  Grenoble,  le  21  mai 
1740. 

1603-  Ollivier  (Jacob),  deMassillargues, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  3 
mars  1698. 

1604.  D'Orelle  (Bertrand),  de  Miremont, 
en  Dauphiné;  44  ans;  cond.  par  M.  deLarrey. 

1605.  Grillon  (Gaspard),  de  S'-Pargoire 
près  Montpellier,  condamné  par  le  parlem. 
de  Grenoble,  3  juillet  1686.  Libéré. 

1606-  Oudet  ou  Odet  (Claude),  de  Gissy- 
sur-Seine,  condamné  par  le  Conseil  souve- 
rain d'Alsace,  le  28  juin  1688. 

Oudou  ^Marc),  voyez  Odon. 


Ouïes  de  la  Tour,  gentilhomme  condamné 
en  1745,  obtint,  grâce  à  de  puissantes  pro- 
tections, à  subir  sa  peine  à  l'hôpital.  Le 
même  que  Doulès,  ci-dessus  n»  763. 

1607.  Oullivier  (Jean),  de  Bédarieux , 
condamné  par  le  présidial  de  Béziers,  5 
janvier  1685.  Libéré. 

1608.  OuLT  (Bertrand) ,  de  Loriol,  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  lieutenant  gé- 
néral, M.  de  Larey,  30  août  1689. 

1609.  Pabion  (Jacques) ,  tisserand  de 
toile  à  Dezanié,  en  Vivarais,  cond.  le  10 
octobre  1699. 

1610-  Pagot  (Pierre),  des  environs  de 
Valence  en  Vivarais,  condamné  par  ordre 
du  roi  en  nov.  1689. 

1611.  Painel,  Painet  ou  Panel  (Abraham), 
de  Croissy,  en  Normandie,  condamné  à,  Alen- 
çon,  le  7  fév.  1690.  Mort  galérien  de  l'Hé- 
roïne en  1698. 

1612-  Palayer  (Pierre),  de  Besagues  en 
Vivarais,  ou  des  Agnez,  ou  de  Sagner  en  Vi- 
varais, condamné  par  l'Intendant  de  Mont- 
pellier, le  19  mai  1690,  pour  assemblée 
pieuse.  N"  12,154.  Snr  la.  Souveraine  ;  puis 
sur  la  Réale-Capitaine  à  Marseille,  vers 
1695;  et  sur  la  Vieille  S^-Louis  en  1698. 

1613.  Paledan(P.)  de  Dieusses,  paroisse 
de  Portes,  dioc.  d'Uzès,  écroué  en  oct.  1704. 
N"  28,336.  Libéré  moyennant  abjuration. 

1614-  Palisse  (Charles),  du  Pin,  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de 
Montpellier,  le  2Q  septembre  1698  ;  mort  à  la 
peine,  galérien  de  la  France,  le  7  mars  1699. 

Panget  ou  Pauget,  voyez  Peaujet. 

1615-  Panson  (Jean-Benoît),  de  Châlons, 
en  Champagne,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes,  le  20  octobre  1687. 

Panson,  voyez  Passon. 

1616-  Parât  (Pierre),  de  Serre,  en  Béarn, 
condamné  par  le  parlement  de  Pau,  le  20 
août  1686. 

1617-  Paraut  (Pierre),  de  la  Vernède  en 
Armagnac,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  2Q  mai  1685. 

1618-  Parrau  (Jean),  de  Sommière,  con- 
damné par  le  pi'ésidial  de  Montpellier,  le 
31  mars  1698. 

1619-  Paris  (Etienne),  de  Caen,  condamné 
par  le  vice-bailli  de  cette  ville,  le  27  mars 
1686.  Mort  à  la  peine. 

1620.  Pascal  (Philibert),  d'Orange  ;  sur 
la  Vieille-Réale  à  Marseille  vers  1695. 

1621-  Pascal  (Abel),  de  Loriol,  condamné 
à  vie  par  l'Intendant  du  Dauphiné,  1697. 

1622.  Pascal  (Pierre),  de  Mazel,  paroisse 
de  S'- Julien  d'Arpaon,  peigneur  de  laine, 
condamné  à  vie  pour  avoir  été  surpris  dans 


317 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


318 


une  assemblée  religieuse,  le  4  août  1726, 
au  bois  de  la  Taillade  voisin  de  S*-Julien  : 
libéré,  et  pensionné  par  les  Etats  de  Hol- 
lande (300  fl.)  en  1736. 

1623-  Pascaud  (Pierre),  natif  des  envi- 
rons de  Montélimar,  enDauphiné,  condamné 
par  l'Intendant  de  cette  province  en  1690, 
mort  en  mer  pendant  la  campagne  d'Es- 
pagne, le  l"  juillet  1694. 

1624-  Pasquier  (Denis),  condamné  pour 
avoir  assisté  (juin  1701)  à  une  assemblée 
qui  se  tint  «  du  côté  de  Foissac  proche 
Uzès,  »  et  sur  laquelle  on  fit  feu.  Mort  en 
1702,  le  3  janvier. 

d625.  Passon,  ouPanson  (Jean),  de  Vitry- 
le-François,  en  Champagne,  condamné  par 
le  parlem.  de  Metz,  25  février  1687. 

1626-  Pastel  (Jacques),  d'Anduze,  con- 
damné par  le  duc  de  Roquelaure  à  Mont- 
pellier, le  13  février  1717  ;  libéré  en  1724, 
sur  la  demande  du  roi  de  Prusse,  pour  ser- 
vir comme  grenadier.  Est  peut-être  le 
même  que  Jacques  ou  Jean  Pitel. 

1627-  Pastre,  dit  Friquet  (Etienne),  du 
Pragelas  en  Dauphiné,  condamné  à  Greno- 
ble, le  23  nov.  1689  comme  vaudois.  N" 
11,829  ;  sur  V Ambitieuse  ou  Emeraude  à 
Bordeaux  en  1698  ;  libéré  le  7  mars  1714  ; 
pensionnaire  de  MM.  de  Bei-ne  à,  Morges  en 
1719. 

1628.  Patonnier  (Clément), de  Bourdeaux, 
en  Dauphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  le  25  sept.  1686,  pour  sortie  du 
royaume,  à  dix  ans  ;  n"  8381  ;  il  était  en- 
core sur  l'Eclatante  ou  la  Triomphante  à 
Brest  en  1698  ;  libéré  en  1713. 

1629-  Pau,  Pauc  ou  Peau  (Charles),  se- 
cond fils  de  Paul,  de  Caveirac,  diocèse  de 
Nîmes,  en  Languedoc,  condamné  le  2  nov. 
1702  ;  n»  26,992  ;  en  campagne  en  1704. 

1630-  Paul  (Pierre),  de  Bédarieux,  con- 
damné par  le  présidial  de  Béziers,  le  5  jan- 
vier 1685  ;  mort  à  la  peine. 

163i.  Paulet  (David),  d'Anduze,  con- 
damné par  M.  le  duc  de  Roquelaure  à  Mont- 
pellier, le  13  février  1717. 

1632.  Paulet  (Laurent),  prosélyte  d'Au- 
sabaux  en  Languedoc  ;  condamné  comme 
camisard  ;  n"  28,821  ;  sur  la  Guerrière  en 
1705  et  1711  ;  libéré  le  24  juillet  1716. 

1633.  Pausier  (Jean),  condamné  par  le 
présidial  de  Montpellier,  le  26  septembre 
1698. 

1634.  Paux  ou  Pau  (Pierre  de),  avant 
1705  ;  sur  V Ambitieuse  à  Marseille. 

1635.  Pavie  (Claude),  31  ans,  laboureur 
de  Villeneuve  de  Berg,  en  Vivarais,  cond. 
le  10  octobre  1699,  pour  avoir  été  au  prêche 


h  Orange  ;  n»  23,820.   Sur  la  Souveraine  h 
Marseille.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  S'-Gall, 

1636.  Peaujet,  Pauget  ou  Panget,  signalé 
on  1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  dé- 
faillances dans  la  foi. 

1637.  Pechaderoue  (Jean),  fouleur  d'étof- 
fes, condamné  par  le  parlem.  de  Bordeaux, 
17  déc.  1749. 

Pecheu  (Etienne),  le  même  que  Pastre  dit 
Friquet. 

1638-  Peirs  ou  Peirenc  (Pierre),  du  Vi- 
gan,  cond.  le  21  août  1692. 

1639-  Peirolle  (Sébastien),  de  Menglon 
ou  de  Mens,  en  Dauphiné,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  le  13  février  1687. 

1640-  PÉLADAN  (Daniel),  de  Cellas,  cami- 
sard, condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel  h  Montpellier,  le  17  janvier  1704. 

1641-  PÉLADAN  (Paul),  de  Pont-de-Mont- 
vert,  en  Gévaudan,  condamné  par  M.  le 
maréchal  de  Montrevel,  le  8  mai  1703. 

1642.  PÉLANCHON  (Matthieu),  de  Sivergue 
près  Mérindol,  en  Provence,  condamné  par 
l'Intendant  du  Dauphiné,  le  12  octobre  1689. 
Sur  la  Forttme  à  Marseille  en  1698. 

1643-  Pelat  (Moïse),  dit  La  Fontaine,  de 
S'-Baudille  en  Dauphiné,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  le  21  déc.  1685;  mort 
à  la  peine. 

1644-  Pelcuers  ou  Pellecœur  (André), 
de  Florac,  en  Gévaudan,  chantre,  35  ans  ; 
condamné  à  Montpellier,  le  2  mai  1691,  pour 
assembléepieuse.  N°  13,262.  '^my  Y  Eclatante. 
Libéré  en  1713.  Pensionnaire  de  MM.  de 
Berne  à  Morges  en  1719. 

1645.  Pelet  (Etienne),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Roque- 
laure à  Montpellier,  le  27  fév.  1720. 

1646.  Pelet,  baron  de  Saïgas  (François), 
condamné  par  M.  de  Basville  h,  Alais,  le  27 
juin  1703,  comme  camisard;  n"  27,996;  sur 
la  Valeur;  longtemps  détenu  au  fort  S'-Ni- 
colas  k  Marseille;  libéré  le  2ù  octobre  1716. 

1647.  Pelet  (Jacques),  de  Millau,  cond, 
le  2  oct.  1698. 

1648.  Pelegrin  (Louis),  du  Languedoc, 
1688  ou  1689. 

1649.  Pelegrin  (?)  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Monpellier,  le  26  sept.  1698. 

1640.  Pélissier  (Jean),  d'Anduze,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  le  20  jan- 
vier 1689.  Mort  à  la  peine, 

1651-  PÉLISSIER  (Matthieu),  de  Chermai- 
son  en  Vivarais,  condamné  par  M.  de  Bro- 
glie,  le  17  juin  1689. 

1652-  Pellerin  (Pierre),  de  Rez,  con- 
damné par  l'Intendant  M.  de  Foucault,  le  5 
mars  1689.  Mort  à  la  peine. 


319 


FORÇATS  ET   GALÉRIENS. 


320 


1653-  Pelletan  (Antoine),  du  Pont-de- 
Montvert,  en  Gévaudan,  condamné  à  Mont- 
pellier, le  23  mai  1698.  Mort  à  la  peine,  le  2 
juin  1701. 

165i.  Pelletan  (Daniel),  du  Languedoc: 
mort  à  la  peine,  le  9  octobre  1704. 

1655-  Pelletan  (Paul),  de  Mortagne  en 
Saintonge,  d'abord  condamné  h  Dinan  à 
être  pendu,  puis  à  Vannes  aux  galères,  le  17 
septembre  1689.  Sur  la  Vieille-S^- Louis  à 
Marseille  en  1698.  Libéré  après  dix  ans  de 
galères  par  l'intervention  des  Etats  de  Hol- 
lande, qui  lui  accordent  un  secours  de  25 
florins. 

1656.  Pellière  (Georges),  marchand,  de 
Vitry-le-François  en  Champagne,  condamné 
par  le  parlem.  de  Metz,  17  septembre  1686. 
Libéré. 

1657.  Penailh  (Antoine),  de  Pamies,  en 
Dauphiné  ;  aliàs  Anthoine  Penard  de  Pons, 
en  Dauphiné;  condamné  par  M.  de  Larrey, 
le  21  juillet  1689  pour  assemblée  pieuse. 
N"  11,391.  Sur  la  France  et  sur  la  Vieille- 
réale. 

1658-  Penchinade  (Jean),  de  Sommières  ; 
cond.  avant  1705  ;  écroué  en  1709  ;  n"  33,977  ; 
mort  le  22  octobre  1710. 

1659-  Pépin  (André),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure  à  Montpellier,  le  27  février  1720. 

Pérat,  voyez  Tourreil. 

1660-  PePvAud  (Pierre),  de  S*-George,  en 
Saintonge,  lieutenant  d'un  vaisseau  danois, 
condamné  à  Toulon,  puis  h  Aix  en  1694. 
Sur  la  Vieille -S*^  -  Louis  h  Marseille  en 
1698  ;  libéré  plus  tard. 

1661-  Perche  (Jacob),  de  Middelbourg  en 
Zélande,  condamné  par  jugement  souverain 
à  Tournay,  le  4  juillet  1686.  Mort  à  la  peine. 

1662-  Perher  (Jacques),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  le  26  septem- 
bre 1698.  Peut-être  le  même  que  Jacques 
Peschier,  ci-après  n"  1672. 

1663.  PÉRiDiER  (Jacques),  de  Satinelles, 
en  Languedoc,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier,  en  juillet  1693,  pour  assem- 
blée pieuse  ;  n"  15,913.  Sur  la  Fidèle  h 
Marseille  en  1698.  Libéré  en  1713. 

1664.  PÉRIDIER  (Jean-Pierre),  frère  du 
précédent,  condamné  pour  même  sujet,  par 
l'Intendant  de  Montpellier  en  1693  ;  n° 
15,915;  sur  la  Fidèle;  sur  la,  Saint-Louis 
à  S'-Malo  en  1698,  Libéré  en  1713. 

1665-  Périer  (Antoine).  Deux  condamnés 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Polin- 
nies,  paroisse  de  Castagnol,  aux  Cévennes, 
n"  12,171,  mis  sur  V Ambitieuse; —  l'autre, 
notaire  à  Vialas,  de  Poyols,  en  Dauphiné  ; 


tous  deux  condamnés  en  mai  1690  et  mis  à 
la  chaîne  le  2  juin.  Voyez  Brunel,  ci-dessus 
n»  449.  — Celui  de  Castagnol,  libéré  en  1713 
à  61  ans,  fut  pensionnaire  de  MM.  de  Berne 
à  Morges  en  1719. 

1667.  Périer  ou  Perrier  (Jean  et  Piéride), 
fi'ères,  de  Castagnolles,  diocèse  d'Uzès,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Montpellier,  le  19 
mai  1690.  Sur  l'Ambitieuse  en  1691  ;  si- 
gnalés en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
leurs  défaillances  dans  la  foi.  Jean  fut  li- 
béré en  1698. 

1669-  Périer  (Jean),  de  Gap,  en  Dauphiné, 
condamné  en  1701  comme  guide;  n"  25,659  ; 
sur  VHéroïne. 

1670.  Pérols  (Jean),  mort  à  la  peine  (en 
1700). 

1671-  Perrier  (Isaac),  mort  en  1698. 
Pescheu    (Etienne),   dit    Pastre    ou  FrJ- 

quet;  voyez  ces  noms. 

1672-  Peschier  (Jacques),  de  Bagnols, 
cond.  par  le  présidial  de  Montpellier,  le  26 
sept.  1698.  Voyez  ci-dessus  n"  1661. 

1673-  Petel  (PieiTe),  du  Havre  de  Grâce, 
condamné  à  Dunkerque  et  à  Paris  en  1689. 
Sur  la  Forte  à,  S^-Malo  en  1698. 

1674.  Petit,  dit  Roussal  (Antoine),  de 
Nègrepelisse,  en  Quercy,  condamné  par  l'In- 
tendant de  Montauban,  le  3  déc.  1689. 

1675.  Petit  (Isaac),  de  Nègrepelisse  ou 
de  la  Clavelle  près  Montauban,  condamné 
par  l'Intendant  de  cette  villo,le  3  déc.  1689, 
pour  assemblée  pieuse.  N°  12,124.  Sur  la 
Souveraine  ;  puis  sur  la  Ferme  en  1691  ; 
mort  k  l'hôpital  le  2Q  sept.  1712. 

1676-  Petit  (Jean),  de  Castagnolles,  dio- 
cèse d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant  de 
Montpellier,  le  19  mai  1690  ;  mis  à  la  chaîne 
le  2  juin.  Sur  la  Valeur  à  Marseille  vers 
1695.  —  Elie  Benoît  le  nomme  Jean  Petel. 

1677-  Petit  (Jean-David),  de  Gien,  con- 
damné pour  sortie  du  royaume  (1698).  Sur 
la  Princesse,  puis  sur  VHéroïne  à  Marseille; 
libéré  le  23  juillet  1716. 

1678-  Petit  (Pierre),  co-seigneur  de  Ma- 
zet,  de  Saint-Lager  de  Peyre,  diocèse  de 
Mende,  condamné  à  l'âge  de  77  ans,  par  le 
duc  de  Roquelaure  à  Montpellier,  le  1"'' juin 
1706. 

1679.  Petur  ou  Peter  (Benoît),  de  la 
principauté  de  Neuchâtel,  condamné  par 
l'Intendant  du  Dauphiné,  le  12  octob.  1689. 

1680.  Peyre  (Claude),  avant  1705.  Libéré 
en  1713.  Est  peut-être  le  même  que  Claude 
Pavie,  n»  1634. 

1681-  Peyre  (Noë  ou  Noël),  cardeur  de 
laine  de  Duplo...  pai'oisse  des...  Lasserre, 
cond.  à  Montpellier  par  M.  de  Basville,  le 


321 


FORÇATS  ET   GALERIENS. 


322 


2  novembre  1701,  pour  avoir  assisté  à  l'as- 
semblée religieuse  tenue  au  creux  du  Vair, 
près  des  Ollières(Vivarais),  le  14  septembre 
précédent. 

1682-  Pkyrobella  (Jean),  de  Soulages, 
condamné...? 

1683-  PiALLAT  (Claude),  de  Vinsobres. 
condamné  en  1745  ou  1746. 

1684-  Pic  (Jacques),  de  Vinbouche  en 
Cévennes  ;  envoyé  en  Amérique  en  1701 
pour  n'avoir  pas  voulu  abjurer,  condamné 
pour  contrebande  à  la  Martinique.  Mis  sur 
la  Gloire,  n"  25,965.  Libéré  en  1712  à 
condition  de  servir  dans  les  troupes. 

1685-  Pic  (Jean),  des  Mages,  paroisse  de 
Mialet,  diocèse  de  Nîmes,  condamné  par 
M.  le  duc  de  Berwick  à  Nîmes,  le  5  juin 
1705;  mis  sur  la  Superbe,  n°  29,622.  Libéré 
en  1712  après  abjuration. 

1686-  PicHOT  (Elie),  de  Bergerac  en  Pé- 
rigord,  condamné  à  Bordeaux  en  août  1692 
pour  sortie  du  royaume  ;  n"  16'228.  Sur  la 
Galante  k  S'-Malo  en  1698,  libéré  en  1713, 
et  pensionné  (300  fl.)  par  les  Etats  de  Hol- 
lande. 

Picoron,  voyez  Piron. 

1687-  PiEDNOEL  (Jean),  marchand,  de 
Rouen,  condamné  par  le  présidial  de  cette 
ville,  le  2  juillet  1687.  Passé  en  Amérique. 

i688-  PiÉMARiN  (Jacques),  du  Vigan, 
aux  Cévennes,  24  ans,  sans  profession,  con- 
damné à  Montpellier  en  1692  pour  assem- 
blée religieuse.  N"  14,268.  Sur  la  Perle  k 
S*-Malo  en  1698  et  sur  VHéroine.  Libéré 
en  1713  et  retiré  à  Berne. 

i689.  PiERRe  (Jean).  Deux  galériens  des 
mêmes  nom  et  prénom  :  le  1"'  (1692),  de 
Saintonge,  galérien  sur  la  Reine  :  —  le  2""' 
de  Cahors,  condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel,  le  10  juin  de  la  même  année. 
L'un  des  deux  fut  libéré  en  1713,  et  pen- 
sionné (200  fl.)  par  les  Etats  de  Hollande. 

Pierre,  voyez  Peire. 

1691.  Pigeon  (Pierre),  marchand,  de 
Louvières  en  Normandie,  condamné  par  M. 
de  la  Reynie  à  Paris,  le  26  mars  1688. 

1692.  PiGEOT  (Daniel),  de  Praille  près 
Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  le  5  mars  1688,  mort  à  la  peine. 

1693-  PiGNAN  (Isaac  ou  Pierre),  fils  de 
Moïse,  de  Vergère  en  Languedoc,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes,  le  4  avril  1686. 
Libéré. 

Piguet,  voyez  Piquet. 

1694.  PiLLiET  (Jean),  de  Lauercy  de  Can 
près  Dieppe,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  28  mai  1686.  Libéré. 

1695.  PiLOTY  (Jean-Antoine  de),  sieur  de 


Lezan  en  Languedoc,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Nîmes,  le  4  juin  1686.  Libéré. 

1696.  Pin  (Daniel),  d'Anduze,  condamne 
à  vie  comme  relaps  (Nîmes,  12  février  1700). 

1697-  Pinard  (Jacques),  du  Vivarais, 
cond.  avant  1703  ;  libéré  en  1713. 

1698.  Pinard  (Jacques),  de  Rances,  can- 
ton de  Berne,  1710;  n"  35,921  ;  sur  ï Invin- 
cible. 

1699-  Pineau  (Simon),  de  la  pai'oisse  de 
Cauze  en  Saintonge,  tisserand,  45  ans,  con- 
damné à  Xaintes  en  mars  1690  pour  assem- 
blée religieuse  ;  n"  12,519.  Sur  la  Fière, 
puis  sur  la  Magnanime  à  S'-Malo  en  1698. 
Libéi'é  en  1713  et  retiré  à  Baslî. 

1700-  PiNET  (André),  de  Grosjeanne,  con- 
damné à  Montpellier  par  l'Intendant  du 
Languedoc,  le  l"  mars  1737.  Contumax. 

1701-  PiNET  (Jacques),  de  la  paroisse  de 
Crossy;  condamné  à  Alençon  en  1690  ou 
1691  ;  sur  la  Fière  à  S'-Malo  en  1698. 

1702-  PiNET  (Pierre),  deux  galériens  de 
mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  de  Maruejols 
en  Gévaudan,  condamné  par  le  parlement 
de  Grenoble,  le  30  mars  1686,  libéré;  — 
l'autre,  laboureur  de  Luzeran,  paroisse  de 
Menglon,  diocèse  de  Die  en  Dauphiné,  con- 
damné par  le  parlement  de  Grenoble,  le 
3  juillet  1750  ;  n"  5,624.  Libéré  en  1755. 

1704.  PiNTARD  (Samuel),  de  Saint-Ro- 
man aux  Cévennes,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  20  janvier  1690.  Sur  la  Grande 
à  Marseille  vers  1695. 

Piot,  voyez  Puech. 

1705-  PiozET  (Noël),  de  Genérac  en  Lan- 
guedoc, écroué  le  16  mars  1703. 

1706.  PiQUEMiL  (Jean  de),  d'Orenze  près 
Orthès,  condamné  par  le  parlem.  de  Pau, 
20  déc.  1687. 

1707-  Piquet  ou  Piguet  (Thomas) ,  de 
Teyssières  en  Dauphiné  ,  condamné  par 
ordre  du  roi,  le  28  février  1689  :  mort  à  la 
peine. 

1708-  PiRON  (Jean),  de  Beu,  près  Dreux, 
d'abord  condamné  par  le  président  de  la 
maréchaussée,  puis  à  Paris  en  1690.  Sur  la 
Vieille-S^- Louis  à  Marseille  en  1698  ;  mort 
le  5  avril  1706. 

1709.  Piron  ou  Picoron  (Pierre) ,  de 
Breuilpugnez  eu  Poitou,  condamné  en  déc. 
1700  à  l'âge  de  16  ans  :  n"  27,008  ;  sur  VAm- 
bitieitse;  mort  à  l'hôpital,  le  23  février 
1703. 

1710.  PiTEL  (Jacques  ou  Jean),  condamné 
en  1717,  h  l'âge  de  17  ans.  Voyez  Pastel. 

1711.  PiTET  (Jean),  signalé  en  1693, 
pour  sa  perse véi-ance  dans  la  foi. 

1712.  Plaigne    ou   Plaignez   (Jean),    de 

VT.  H 


323 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


324 


Nègrepelisse    en    Quercy ,    condamné    par 
l'Intendant  de  Montauban,  le  3  déc.   1689. 

1713-  Plan  (Daniel),  de  Crupies  près 
Bourdeaux,  diocèse  de  Die  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  présidial  de  Valence,  le  5 
nov.  1687.  Mort  à  la  peine. 

1714-  Planque  (Jean)  de  Touras,  en  Lan- 
guedoc, condamné  comme  camisard  en  1703; 
n"  27,670  ;  sur  la  Valeur.  Peut-être  est-ce 
le  même  que  Planquet,  sans  prénom,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  7 
juin  1703. 

1715-  Plantât  (Pierre),  journalier  de 
Gallargues,  en  Languedoc,  condamné  par 
le  présidial  de  Nîmes,  le  4  avril  1686. 

1716.  Plantefève  (Abraham) ,  d'Ams- 
terdam, pris  sur  un  vaisseau  de  cette  ville, 
sans  passeport,  en  1694  :  condamné  à  La 
Martinique  en  1705;  mis  sur  la  Patrone, 
puis  sur  l'/lmfetfieMse  à  Marseille;  n"  22,462. 

1717-  Plantier  (Isaac),  condamné  avant 
1705;  sur  VInvincible  en  1712:  libéré  après 
abjuration. 

1718-  Plantier  (Jean-Pierre),  de  Nîmes 
ou  des  environs,  condamné  par  M.  le  duc 
de  Roquelaure,  à  Montpellier,  le  27  février 
1720. 

1719-  Platon  (Antoine),  de  Puyol  en 
Gascogne  ;  sur  la  Sirène  h  S'-Malo  en  1698. 

i720.  Ploos  van  Amstel  (Elbert),  natif 
d'Amsterdam,  marchand  à  Bayonne  et  em- 
prisonné dans  cette  dernièi'e  ville,  pour 
avoir  aidé  des  protestants  à  quitter  le 
royaume  et  avoir  envoyé  son  fils  en  Hol- 
lande porter  de  l'argent  aux  réfugiés.  Cité 
par  devant  le  parlem.  de  Bordeaux  pour 
être  envoyé  aux  galères  (Reg.  de  la  Corresp. 
des  Etats  gén.  de  Holl.,  2  avril  1686). 

1721.  Poingin  (Girard),  de  Cluni  en 
Luxembourg,  condamné  par  le  parlem.  de 
Metz,  28  déc.  1686.  Mort  à  la  peine. 

1722-  Poissant  (Jacques),  de  Marenne, 
en  Saintonge,  condamné  par  le  parlem.  de 
cette  province,  le  17  déc.  1689  ;  sur  la 
France  à  Marseille  en  1698.  Libéré  la 
même  année. 

1723.  Poitevin,  fils  de  Pierre,  de  Pi- 
gnan,  condamné  par  M.  de  Basville  à  Nîmes, 
le  20  août  1704.  Contumax. 

1724.  Polet  (Fi-ançois),  de  S'-Martin  en 
Bombane  aux  Cévennes,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  15  nov.  1689. 

1725.  Polge  (Antoine),  de  Nîmes,  con- 
damné par  M.  le  marquis  de  LaFai'e,  à 
Alais,  le  3  avril  1730. 

1726-  Polis  (Etienne),  de  Montpellier: 
écrouéen  1705.  N»  29,628. 

1727.  Pommier   (Jean-André),    chapelier 


à   Livron,    condamné    par    le    parlem.    de 
Grenoble,  2  avril  1746.  Libéré  en  1751. 

1728-  Poncet  (Brémond),  de  S'-Estève, 
condamné  par  le  maréchal  de  Montrevel, 
le  7  juin  1703. 

1729-  Pons  (David) ,  en  campagne  en 
1704. 

1730-  Pons  (Jacques),  dit  Deleuze,  de 
S*-Frezal  de  Ventalon,  condamné  par  M.  de 
Basville  à  Montpellier,  22  août  1701. 

1731-  Pons  (Pierre),  de  Valaraugues  aux 
Cévennes,  condamné  le  24  nov.  1698;  sur 
la  Favorite  :  mort  h  la  peine,  le  13  mai 
1700. 

1732.  PoNTiÉ  (Jean-Antoine),  de  Carnal, 
paroisse  de  Bebrou,  condamné  à  Montpel- 
lier, le  26  mai  1698,  écroué  sur  la  Grande- 
Vieille-Réale  h  Marseille. 

1733-  PoNTiÉ  (Pierre) ,  de  Rousses  en 
Gévaudan,  écroué  en  octobre  1705,  mort  le 
31  décembre  1708. 

1734.  Pontier  (Jean),  condamné  par  les 
officiers  du  bailliage  du  Gévaudan,  le  2  août 
1703.  Contumax. 

Pontiez,  voyez  Robert. 

1735.  PoNTOVY  (François),  1713. 

1736.  Porbère  (Godefroy),  Suisse,  con- 
damné par  le  conseil  de  guerre  de  la  cita- 
delle de  Lyle,  le  25  janvier  1688. 

1737.  Porcheron  (Michel),  du  Langue- 
doc, condamné  pour  désertion;  n"  2,678; 
mort  le  15  février  1703. 

1738-  Portalier  (Jacques),  de  Fontomels, 
condamné  par  les  officiers  du  bailliage  de 
Gévaudan,  le  2  août  1703.  Contumax. 

1739-  PoTTiER  ou  Pothier  (Pierre),  de 
Lespinas  en  Vivarais,  condamné  par  l'In- 
tendant M.  de  Bouchât,  le  12  octobre  1689. 

1740-  PouDREL  (Matthieu),  de  Marignac, 
diocèse  de  Die  en  Dauphiné,  condamné  par 
l'Intendant  de  cette  province ,  le  23  mai 
1689  ;  mort  à  la  peine. 

1741.  PouGNEAU  (Jean),  deMoncoutan  en 
Poitou,  cond.  comme  camisard  en  1705; 
n"  29,576;  sur  V Héroïne.  Libéré  le  24  juil- 
let 1716. 

1742-  PouGNOL  OU  Poujol  (Jeau-Gauticr), 
de  Montpellier ,  condamné  dans  cette  ville 
par  le  duc  de  Bervick,  le  15  mai  1705. 

1743-  PouGET  (Abraham),  inscrit  en  ces 
termes  sur  le  registre  des  galères  (Biblioth. 
du  Protest.).  «  N"  26,972.  Fils  de  Jean  et 
de  Suzanne  Genoyer ,  marié  à  Françoise 
Niel,  cardeur  de  laine,  natif  d'Alaix  de  la 
Favette,  dioc.  d'Uzès  en  Languedoc,  âgé 
de  48  ans,  T.  H.  C.  N.  V.  long  [taille  haute, 
cheveux  noirs,  visage  long] ,  condamné  par 
jugement  de  M.  de  la  Moignon,   Intendant 


n 


325 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


326 


de  Languedoc,  rendu  à  Montpellier  le  19" 
septemb.  1702,  pour  assemblées  illicites, 
phanatisme  et  contravention  aux  ordres  du 
Roy.  Mort  à.  l'hôpital  le  7«  déc.  1702.» 

1744.  PouLAT,  fils  d'André,  de  Beaumont 
en  Daviphiné,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  23  septembre  1746.  Contumax. 

1745-  PouMiER  (Louis),  de  Saint-Pierre 
de  Duriac  en  Anjou,  condamné  par  le  pré- 
sidial  du  Mans,  3  fév.  1687. 

1746-  PouRAT  (Jacques),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.  1698. 

1747.  PouRTAUD  (Arnaud  ou  Armand), 
de  Pau,  condamné  par  le  parlem.  de  cette 
ville,  30  oct.  1686. 

1748-  PoussARD  (Gilles),  condamné? 

1749-  PoviouLAS  (Jean),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sep.  1698. 

Prades,  voyez  Gâches. 

1750-  Prades  (Pierre) ,  laboureur  de 
Prades,  paroisse  de  Valcroze,  mandement 
de  Lussan,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes, 
le  17  juillet  1686. 

1751.  Prat  (René),  de  Veyras,  diocèse 
de  Viviers,  condamné  par  M.  de  Basville  à 
Montpellier,  6  mai  1702,  comme  guide.  N° 
26,413;  mis  sur  la  Fleur  de  lys.  Libéré  le 
15nov.  1717. 

1752.  Pratiste  (Jean) ,  de  Philisbourg, 
condamné  par  le  conseil  de  guerre  de 
Stebac,  le  31  août  1687. 

1753.  Pravilierm  (Jean),  de  La  Tour  en 
Luzex'ne,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Bouchât,  le  12  octobre  1689  ;  mort  à  la 
peine  en  1691. 

1754.  Premier  (Jean),  sur  la  Vieille- 
réale,  h  Marseille  vers  1695.  Peut-être  le 
même  que  Jean  Prunier  ci-dessous. 

1755.  Pressoir,  (Barthélémy),  de,'^Poissy, 
lie  de  France,  condamné  par  le  parlem.  de 
Paris,  le  7  avril  1685. 

1756.  Préval  (Pierre;,  cond.  avant  1705; 
sur  la  Superbe  h  Marseille,  en  campagne 
en  1704. 

1787.  Prim  (Jean),  de  Morze  en  Dauphiné, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  le 
11  déc.  1686. 

1758-  Prim  (Pierre),  de  Tourres  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 22  déc.  1685. 

1759.  Prince  (Pierre),  diacre  de  Dom- 
front  en  Normandie ,  condamné  par  le 
parlem.  de  Rouen,  le  2  juillet  1687;  mort 
à  la  peine. 

1760-  Privât  (Antoine),  fils  de  Jérémie, 
de  S*-Etienne-le-Long,  près  Uzès  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier, le  26  septembre   1698,  pour  avoir 


été  au  prêche  h  Orange  ;  n»  22,347  ;  sur  la 
Souveraine  ;  mort  le  17  mai  1709. 

1761.  Privât  (Jacques),  du  même  lieu 
que  le  précédent,  condamné  pour  la  même 
cause,  1698  ;  n»  21,842;  sur  la  Gloire;  mort 
en  campagne  à  Cadix,  janvier  1703. 

1762.  Privât  (Antoine) ,  fils  de  Jacques, 
peigneur  de  laine,  22  ans,  condamné  avec 
les  deux  précédents.  N°  21,876.  Sur  la 
Souveraine.  Libéré  en  1713  et  retii'é  sous 
la  protection  de  MM.  de  Zurich. 

1763.  Prujat  (Antoine),  avant  1705  ;  sur 
VHéroïne. 

1764.  Pruneau  (Georges),  de  Bizan  en 
Poitou,  condamné  à  Paris,  écroué  en  mai 
1703  et  mort  à  l'hôpital,  le  6  juillet  de  la 
même  année. 

1765-  Prunier  (Jean),  de  Livron  en  Dau- 
phiné, condamné  par  ordre  du  roi,  le  28 
fév.  1689,  pour  assemblée  pieuse.  N°  10,997; 
sur  la  Grande-Réale,  puis  sur  la  Vieille- 
S*-Zouîs  à  Marseille  en  1698;  libéré  le  7 
mars  1714. 

1766.  Prunier  ou  Premier  (Paul) ,  de 
Beaumont,  condamné  à  5  ans  par  le  par- 
lem. de  Grenoble,  22  septemb.  1746. 

1767.  PuECH  ou  Piot  (Daniel),  de  Chau 
(ou  de  Coudonniac)  près  Nimes,  40  ans  : 
marié  à  Claudine  Hautier,  condamné  par 
le  maréchal  de  Montrevel  h  Nîmes,  le  13 
mars  1703,  comme  camisard  ;  écroué  le  16 
du  même  mois.  N»  27,309;  sur  VHéroïne. 
Libéré  le  24  juillet  1716. 

1768.  PuECH  (David),  d'Anduze  en  Cé- 
vennes,  condamné  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, le  20  janv.  1689,  sur  la  Hardie  h 
Marseille  en  1698  ;  mort  â  la  peine. 

1769.  PuGET  (Claude),  de  Giguier  en 
Languedoc,  condamné  par  le  parlem.  de 
Besançon,  22  oct.  1686. 

1770.  PuGET  (Jacques),  cardeur  de  laine, 
de  Foissac  ou  de  Sauzet,  diocèse  d'Uzès,  aux 
Cévennes  ;  condamné  par  M.  de  Bernage, 
Intendant  du  Languedoc,  le  27  mars  1734, 
«  pour  avoir  hébergé  le  s' Barthélemi  Claris 
ministre;  »sur  la  galère  le  Dépôt,  en  1746; 
n»  11,891,  puis  943.  Libéré  en  1767  h  92 
ans. 

1771.  PuGET  (Pierre),  d'Anduze  en  Lan- 
guedoc, condamné  par  l'Intendant  du  Lan- 
guedoc à  Nîmes  en  1691,  mort  h  l'hôpital 
en  mai  1694. 

1772.  PuGNET  (Daniel),  de  la  Baume  des 
Arnauds,  diocèse  de  Gap  en  Vivarais,  con- 
damné par  ordre  du  Roi  en  novembre  1689. 

1773-  Py  (Antoine),  de  l'Espinaire,  près 
Castres,  condamné  par  le  présidial  de  Car- 
cassone,  19  déc.  1689. 


327 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


328 


1774-  QuÉNOT  (Louis-François  de),  gen- 
tilhomme de  Chablai,  en  Poitou,  condamné 
par  l'Intendant  M.  de  Foucault,  le  17  mai 
1686. 

I77r»-  Quentin  ou  Quintin  (François),  de 
Soubise  en  Saintonge,  condamné  en  1699; 
n"  23,008  ;  mort  sur  VInvincible  en  cam- 
pagne devant  Cadix  en  janvier  1703. 

1776-  QuESE  (Jean),  de  Nîmes ,  cond. 
comme  camisard  en  1703;  n"  27.378;  sur 
la  Guerrière.  —  Confér.  J,  Lèques. 

1777-  QuET  (Jean),  de  Nîmes,  condamné 
par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  8  mai 
1707.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

1778-  QuEST  ou  Aquet  (Pierre),  ménager 
de  Recoul,  paroisse  de  Fraissinet,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes,  le  15  juin  1686, 
pour  assemblée  pieuse  ;  n"  8,046  ;  sur  la 
Martiale  à  Dunkerque  ;  sur  V Éclatante  puis 
sur  la  Belle  à  S*-Malo  en  1698  ;  puis  au  châ- 
teau d'If.  Libéré  en  1713. 

i779.  Rabeau  (David),  de  Vauvert  près 
Nîmes,  vigneron,  20  ans,  condamné  en 
1702;  libéré  en  1713  et  retiré  sous  la  pro- 
tection de  MM.  de  Zurich. 

1780.  Rachas  (Anthoine),  de  Palargue 
en  Languedoc,  sergier,  30  ans,  condamné 
en  1698  pour  être  allé  entendre  prêcher  à, 
Orange  ;  n"  22,347.  Sur  la  Princesse.  Li- 
béré en  1713  et  retiré  à  Basle. 

1781-  Racolet  (Jean),  de  Noyers  en 
Vexin,  condamné  par  le  parlem.  de  Paris, 
28  mars  1685  ;  mort  à  la  peine. 

1782-  Racoulb  (Daniel),  de  Milhau,  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Montpellier,  le 
15  mai  1705  ;  sur  VHéroïne,  n»  29,589.  Li- 
béré en  1712  après  abjui'ation. 

i783.  Raffin  (Louis),  de  Gigors  en  Dau- 
phiué,  condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 6  juin  1686.  Libéré. 

1784.  Rafinesque  (Jacques),  maçon  de 
Saint-Germain  de  Calberte  en  Cévennes, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  7 
mai  1686.  Libéré. 

1785.  Ragats  (Paul),  dit  Berger  Ragts, 
du  pays  des  Grisons,  condamné  en  Langue- 
doc en  1691,  détenu  au  Château  d'If  à  Mar- 
seille, jusqu'en  1698  ;  libéré  en  cette  année. 

1786.  Rageau  (Daniel),  de  Vivier  en  Poi- 
tou, laboureur,  20  ans,  condamné  en  1697, 
le  15  novembre.  Sur  la,  Princesse  ;  n"  21,631. 
Libéré  en  1713  et  retiré  à  Zurich. 

1787-  Raillan  (Albert  de),  de  Zemareat 
en  Languedoc,  condamné  par  arrêt  du  18 
janvier  1686. 

1788.  Raillât  (Jean),  libéré  en  1736  et 
pensionné  (300  fl.)par  les  Etats  de  Hollande. 

1789.  Raillance  ou  Raillane  (David),  de 


Mens  en  Dauphiné,  condamné  par  le  par- 
lem. de  Grenoble,  22  déc.  1685.  Libéré. 

1790.  Raillât  (Jean),  libéré  en  1738  et 
pensionné  (300  fl.) par  les  Etats  de  Hollande. 

1790  bis.  Raillon  ou  Riaillon  (Jean- An- 
toine), de  Vercheny  en  Dauphiné,  condamné 
par  le  parlem.  de  Grenoble,  3  juillet  1750. 
Libéré  en  1755. 

1791-  Raimbert  (Pierre),  laboureur  d'Au- 
relhac,  diocèse  d'Uzès  en  Languedoc,  âgé 
de  71  ans,  condamné  par  l'Intendant  de 
cette  province,  le  24  déc.  1750,  pour  assem- 
blée religieuse.  N"  5442. 

Raimond,  voyez  Raymond. 

1792.  Ramé,  Rame  ou  Romes  (Daniel  ou 
David),  de  Saint-Georges  en  Saintonge,  con- 
damné â  Toulon,  puis  à  Aix.  Sur  VAm.hi- 
tieuse  en  1691  ;  signalé  en  1693  comme 
ayant  triomphé  de  ses  défaillances  dans  la 
foi.  Sur  VEmeraude  à  Bordeaux  en  1698. 

1793-  Ramel,  cond.  par  le  présidial  de 
Montpellier  en  1698. 

1794.  Ramel  (Pierre),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 

1795-  Ramon  (Isaac),  1713.  Libéré  le  15 
nov.  1717. 

1796.  Rampon  (Antoine  et  Jean),  du  Pout- 
de-Montvert,  condamnés  comme  camisards 
par  M.  de  Montrevel  le  8  mai  1703.  Antoine 
écroué  sous  le  n"  27,375  ;  Jean  sous  le  n» 
27,376  ,  tous  deux  libérés  le  24  juillet  1716. 

1798-  Rampon  (François),  de  Gévaudan 
(1703). 

1799.  Rampon  (Jean),  de  Rampon  en  Gé- 
vaudan, condamné  par  M.  de  Broglie,  le  20 
janvier  1690. 

1800-  Ran  ou  Ranc  (Jean),  laboureur,  de 
Dezagues,  en  Vivarais,  veuf  avec  deux  en- 
fants, condamné  par  M.  de  Basville  à 
Montpellier,  le  10  octobre  1699.  En  marge 
du  plumitif  de  son  jugement  on  lit  :  «  Ne 
l'envoyez  pas.  » 

1801-  Randon  (Jacques),  d'Anduze,  con- 
damné par  M.  de  Basville,  â  Montpellier,  le 
8  juillet  1700. 

Raschas,  voyez  Rechias. 

1802.  Raspailh  ou  Rispail  (Abraham), 
de  Bourdeaux  en  Dauphiné,  condamné  pour 
assemblée  pieuse  par  le  présidial  de  Va- 
lence, le  5  nov.  1687.  Sur  la  Valeur  à  S'- 
Malo  en  1698  ;  n»  9894.  Libéré  en  1713,  et 
pensionné  (300  fl.)  en  Hollande. 

1803-  Rassard  (Jacques),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 

1804.  Rat  (Louis),  de  Vacquières,  cami- 
sard, condamné  par  M.  le  maréchal  de 
Montrevel,  le  10  janvier  1704. 

Rayau  (Daniel),  voy.  Rageau. 


329 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


330 


1805-  Raymond  (Jean).  Deux  condamnés 
des  mêmes  nom  et  prénom  ;  —  l'un  de  Sa- 
liques  en  Auvergne,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  20  septembre  1689  ;  —  l'autre, 
n"  8597,  hôte  de  Faugères,  condamné  par 
M.  de  S*-Priest  à  Montpellier,  le  9  octobre 
1754.  Libéré  en  1767. 

1807-  Raymond  (Pierre),  de  Fontanieu 
dans  les  Cévennes,  cadissier,  43  ans,  con- 
damné à  Montpellier  en  1692  pour  assem- 
blée pieuse.  N°  14,080.  Sur  la  Fleur-de- 
lys,  puis  sur  la  Vieille-S^-Louis,  h  Mar- 
seille en  1698  ;  libéré  en  1713  et  retiré  à 
Berne. 

1808-  Raynard  (Jean),  ménager  de  S*- 
Hilaire  du  Sauce,  diocèse  d'Alais,  42  ans, 
condamné  k  six  ans  de  galères  pour  assem- 
blée religieuse  par  l'Intendant  du  Languedoc, 
le  14  oct.  1734.  Son  temps  fini,  la  liberté 
lui  a  été  refusée.  Sur  la  Valetir  en  1746. 
N"  12,537  (puis  n"  1012).  Mort  à  la  peine  en 
1753. 

1809-  Raynaud  (Antoine),  de  Senilhac 
près  Uzès,  condamné  h  Montpellier,  par 
M.  le  duc  de  Berwick,  «  pour  avoir  été  de  l'af- 
faire de  Catinat,  de  Ravenelle  et  autres  qui 
ont  été  faits  mourir  ;  »  écroué  en  mai  1705. 
N«29,574.  Sur  VEclatante.  Libéré  le  24  juil- 
let 1716. 

1810-  Reboul  (David),  de  La  Serre  ou  de 
Meurans  en  Vivarais,  condamné  pour  as- 
semblée pieuse  par  le  présidial  de  Montpel- 
lier, 26  mars  1689.  Sur  la  Grande-vieille- 
réale  h  Marseille  en  1698;  n"  11,000;  mort 
«  constant  en  la  foi  »  le  5  sept.  1711. 

1811-  Reboul  (Guillaume),  d'Avirargues, 
pi'ès  Sommières,  écroué  en  septembre  1709. 
N°  33,976. 

1812-  Reboul  (Marc-Antoine),  de  Nîmes, 
condamné  par  l'Intendant  de  Bouchât,  le  12 
octobre  1689  pour  s'être  joint  aux  Vaudois. 
N"  11,668.  Sur  la  Gloire  à  Marseille  en  1698. 
Libéré  en  1713. 

1813.  Reboul  (Paul),  de  Chassât  en  Vi- 
varais, condamné  par  M.  de  Broglie,  le  26 
février  1689. 

1814-  Récrias,  Reschias  ou  Raschas  (An- 
dré), du  Languedoc,  sur  la  Dauphine  h 
Marseille.  Libéré  en  1713.  Est  peut-être  le 
même  que  Rachas,  n"  1780. 

Recouly  (Daniel),  voyez  Racoule. 

1815.  RÈGE  (de),  ou  Rhege,  de  Douai, 
condamné  par  le  parlem.  de  Paris,  19  jan- 
vier 1689.  Sur  la  Victoire  ou  l'Heureuse  h 
S'-Malo  en  1698. 

1816-  Reonaud  (Philippe),  de  Sedan, 
condamné  par  le  parlem.  de  Metz,  le  28  déc. 
1686.  Libéré. 


1817-  Regnault  ou  Renaud  (André),  de 
Thorigné  ou  de  Berlon  près  Poitiers,  con- 
damné par  l'Intendant  M.  de  Foucault,  le  5 
mars  1688  ;  mort  à  l'hôpital  le  10  nov.  1694. 

1818-  Renaud  ou  Reynaud  (Claude  et 
Pierre),  tous  deux  de  la  Charce  de  Ven- 
terol  ou  de  Vinsobres,  diocèse  de  G-ap  en 
Dauphine  ;  condamnés  h  Valence,  le  28  fé- 
vrier 1689.  Pierre  sur  la  Madame  k  Mar- 
seille en  1698  ;  Claude  mort  k  la  peine. 

1820-  Rendau  (Jacob),  de  Sedan,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Metz,  le  28  déc. 
1686  ;  mort  à  la  peine. 

1821-  Réomal  ou  Réomat  (Jacques),  si- 
gnalé en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
ses  défaillances  dans  la  foi. 

1822-  Reselas  (Antoine),  d'Arnazou  en 
Dauphine,  condamné  par  ordre  du  Roi  le  28 
fév.  1689. 

1823-  Retel  (Jean),  du  Havre  de  Grâce, 
condamné  par  le  parlem.  de  Paris,  10  déc. 
1689. 

1824-  Révolte  (Louis),  du  Crouzet,  pa- 
roisse de  Fleur  du  Pompidou  en  Cévennes, 
condamné  à  Montpellier  en  juin  1690,  mort 
sur  la  Favorite  en  revenant  du  Ponent  en 
août  1699.  Elie  Benoît  l'appelle  Jean. 

Rey,  voyez  Lafons. 

1823-  Rey  le  cadet  (Bonaventure),  d'As- 
paillargues,  condamné  à  vie  par  le  présidial 
de  Nîmes,  en  septembre  1701  «.  pour  crime 
de  fanatisme  et  assemblées  illicites  ;  »  mort 
à  la  peine  le  26  mars  1702. 

1826-  Rey  (David),  salpétrier  de  Vauvert, 
cond.  à  Montpellier,  le  31  mai  1732. 

1827.  Rey  (Jacques),  de  S^-Voy  en  Velay, 
condamné  par  M.  de  Broglie,  le  20  septembre 
1689.  Mort  à  la  peine. 

1828.  Rey  (Jean),  de  Saillans,  condamné 
en  1694. 

1829-  Reynard  (Antoine),  de  Dieulefit 
(Dauphine),  condamné  par  ordre  du  Roi, 
15  nov.  1689  ;  sur  la  Victoire  ou  sur  l'Heu- 
reuse, k  S*-Malo  vers  1695. 

1830-  Reynol  (Jean),  de  S'-Germain, 
diocèse  de  Mende,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  11  février  1690. 

Rhege,  voyez  Rege. 

1831-  Riaille  (Antoine),  tailleur,  d'Aoste, 
diocèse  de  Die  en  Dauphine,  condamné 
par  le  parlem.  de  Grenoble,  26  février  1745. 
Sur  l'Héroïne  en  1746.  N»  20,701  (et  2,340). 
Libéré  en  1775. 

1832-  Riaillon  (Antoine),  de  Gigors,  43 
ans,  condamné  k  3  ans  en  1746  pour  assem- 
blée religieuse  ;  sur  le  Dépôt  ;  n°  2328  ;  li- 
béré en  1750.  —  Voy.  Raillon. 

1833-  RiALHON  (Jacques),  du  Mandement 


331 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


332 


de  la  Bastide  en  Vivarais,   condamné  par 
l'Intendant  de  Montpellier,  le  19  mai  1690. 

1834-  RiAUJAUD  ou  Riéjaud  (Elie),  de 
S'-Georgesen  Saintonge,  condamné  àDinan 
à  être  pendu  et  à  Vannes  aux  galères  en 
1689.  Sur  la  Dauphine  h  S^-Malo  en  1698. 

1835-  RiBERY  (Matthieu),  de  Lieurard  en 
Vivarais,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  17 
juin  1689. 

i836-  RiBEs,  marchand,  de  Nîmes,  con- 
damné à  Montpellier,  le  2ô  septembre  1698. 

1837-  RiBLET  (Nicolas),  de  Bressan,  en 
Lorraine,  condamné  par  le  Conseil  souverain 
d'Alsace,  le  28  juin  1688. 

i838-  RiBou  (Jacques),  cond.  par  le  pré- 
sidial  de  Montpellier,  le  30  mai  1702. 

1839-  Ricard  ou  Richard  (Daniel),  de 
Nîmes  ;  sur  la  Sirène  h  S*-Malo  en  1698. 

1840.  Ricard  (Joseph),  du  Pont-de-Ser- 
vières,  diocèse  d'Uzès  en  Languedoc,  cami- 
sard,  condamné  par  le  maréchal  de  Mont- 
revel  h  Montpellier,  le  10  janvier  1704  ;  n" 
28,231  ;  sur  la  Vieille- Réale.  Libéré  le  24 
juillet  1716. 

1841  •  Ricard  (Pierre),  du  même  lieu  que  le 
précédent,  condamné  par  le  présidial  de 
Montpellier,  2&  septemb.  1698.  Mort  à  la 
peine  à  Marseille,  la  même  année. 

1842-  Richard  ou  Rochard  (Jean),  de 
Conques,  marchand  établi  h,  Harlem  en 
Hollande,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  20  sept.  1687.  Sur  la  Gnterrière  à 
Marseille  vers  1695.  —  Autre  Jean  Richard 
(de  Tibaute  ?)  l'un  des  deux  est  signalé  en 
1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

1843-  Richard  (Pierre),  bourgeois  de  Cha- 
beuil  près  Valence  en  Dauphine,  21  ans, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  3 
juillet  1686  pour  sortie  du  royaume  ;  sur  la 
Duchesse,  puis  sur  la  Reine  à  S*-Malo  en 
1698  ;  n"  8069.  Libéré  en  1713  et  retiré  h 
Schaflfhouse. 

Richard,  voyez  Ricai-d. 

1844.  RicHAUD  (André  de),  de  S'-Julien 
en  Dauphine,  condamné,  le  6  nov.  1745,  par 
le  parlem.  de  Grenoble. 

Riejaud,  voyez  Riaujaud. 

1845-  RiEu  (Pierre),  de  S*-Voye  en  Viva- 
rais, condamné  par  M.  de  Broglie,  le  17  juin 
1689. 

1846-  RioAL  (Anthoine),  de  Masses,  parr. 
de  St°-Croix  en  Cévennes,  1710  ;  n»  34,613; 
sur  VHéroïne 

1847-  RiGAL  (Jean),  de  Montpellier, 
écroué  en  juin  1705.  N»  29,621.  Sur  la  Fa- 
vorite; mort  à  l'hôpital  le  14  nov.  1709. 

1848-  RiGAUD   (Jean),   marchand  de  La- 


mo...  en  Guienne,  condamné  par  le  parlem. 
de  cette  province,  le  8  fév.  1687.  Libéré. 

1849-  Riosc  (Elie),  de  S'-Georges  en  Sain- 
tonge, condamné  par  le  parlem.  de  cette 
province,  le  7  septembre  1689. 

Riou  (de),  voyez  Duriou. 

1850-  Riou  (Pierre),  de  Chamboy  en  Ve- 
lay,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  20  sep- 
tembre 1689. 

1851-  RiouMAL  OU  Rioumals  (César  et 
Jacques),  de  Saint-Martin  de  Lansuscle  en 
Cévennes  ;  tous  deux  condamnés  par  M.  de 
Broglie,  le  II  février  1690. 

1853-  RiREDEBRAS  (Pierre- Joseph  de), 
I7I2. 

Rispail,  voyez  Raspailh. 

1854.  RiVAULT  (Daniel),  de  Chavigné  en 
Poitou,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Foucault,  5  mars  1688.  Mort  h  la  peine. 

Riverol  (de  la),  voyez  Grenier. 

1853.  RivoiRE(Jean),  étudiant  du  Pont-de- 
Beauvoisin  en  Savoie,  condamné  par  l'In- 
tendant de  Lyon,  20  janv.  1687. 

1856-  Robert  (Jean),  du  Languedoc, 
(1688  ou  1689). 

1857.  Robert.  Dix-neuf  personnes  du 
même  nom,  gentilshommes  des  Verreries 
de  Pointis,  diocèse  du  Conserans,  comté  de 
Foix,  condamnés  par  le  présidial  d'Auch,  le 
5  février  1746  :  —  I.  Jean,  sieur  de  Mon- 
ner,  de  Pointis,  paroisse  de  Mercenac  ;  Jean, 
sieur  de  Gassion,  de  la  paroisse  de  Gabre, 
Pierre,  sieur  de  Garils,  de  la  même  paroisse  ; 
autre  Jean,  sieur  de  Monner,  de  Gabre: 
Jacques,  sieur  de  Bousquet,  «  sédentaire  » 
à  Mercenac  ;  Octave,  aussi  de  Mercenac, 
ses  fils  et  Simon,  sieur  de  Vincende,  fils  de 
Pierre,  son  petit-fils.  —  IL  Louis,  sieur 
d'Angely,  de  Gabre,  et  Louis,  sieur  de  Ca- 
banac  son  fils.  —  III.  Jacques,  sieur  de 
Laprade  et  Jean  son  fils,  tous  deux  de  Poin- 
tis. —  IV.  Jean,  sieur  d'Alapeyrière,  de  Ga- 
bre. —  V.  Paul,  sieur  de  Biros,  Jean,  sieur 
d'Autecaire  et  Charles,  sieur  de  Pontier, 
ses  frères,  tous  trois  de  Gabre.  — VI.  Jean, 
sieur  de  Montauriol,  de  Gabre.  —  VIL 
François,  sieur  de  Labarte  et  Louis,  sieur 
de  Latourette  son  frère,  tous  deux  de  Poin- 
tis. —  VIII.  Henri,  sieur  de  Bartaragnon 
de  Casphites,  paroisse  d'Ogeat,  comté  de 
Foix.  Tous  contumax  h  l'exception  d'Octave 
de  Monner  qui  mourut  à  la  peine  à  Mar- 
seille et  de  Louis  d'Angely  qui  mourut  en 
prison  à,  Auch  où  il  attendit  durant  quatre 
mois  sa  mise  h  la  chaîne. 

1876-  Robert  (Pierre),  de  Saint-Germain, 
vallée  vaudoise  de  Luzerne,  condamné  à 
Grenoble  par  l'Intendant   du  Dauphine   en 


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.  )  o  o 


FOliÇATS   ET   GALÉRIENS. 


334 


octobre  1689.  Sur  V Invincible.  Mort  le  21 
janvier  1690. 

1877.  RoBELiNE  ou  Roblaine  (Nicolas), 
de  Nanteuil-les-Meaux,  condamné  le  15 
juin  1688  à  Paris  pour  assemblée  religieuse. 
Sur  VHéroïne  h  S'-Malo  en  1698  :  n"  10,657. 
Libéré  en  1712  h  condition  de  servir  dans 
les  troupes.  En  1713,  pensionné  (200  fl.) 
par  les  Etats  de  Hollande. 

1878.  RocAYROL  (M''  Tobie),  marchand, 
de  Castres  en  Albigeois,  capitaine  d'une 
compagnie  franche  au  service  de  l'empereur, 
pris  par  trahison  et  accusé  d'être  revenu  en 
Cévennes,  en  1704;  condamné  par  l'Inten- 
dant du  Languedoc,  le  5  septembre  1707, 
écroué  le  11  du  même  mois:  n»  31,880: 
mis  aux  prisons  de  l'hôpital.  Libéré  le  18 
septembre  1716,  mort  en  Angleterre,  colo- 
nel de  S.  M.  B.  en  1752. 

Rochard,  voyez  Richard. 

i879.  Roche  (Jacques),  écuyer,  de  Ville- 
fort,  diocèse  d'Uzès  en  Languedoc,  con- 
damné par  l'Intendant  de  Montpellier,  le  19 
mai  1690. 

1880-  Roche  (Louis),  de  Rouffirac  en  Pé- 
rigord,  condamné  par  le  présidial  de 
Guienne,  le  8  mai  1686.  Libéré. 

1881-  Roche  (Paul),  condamné  à  Montpel- 
lier par  M.  de  Bernage,  Intendant  du  Lan- 
guedoc, le  27  mars  1734,  pour  avoir  favorisé 
l'évasion  du  ministre  Barthélémy  Claris. 
Contumax. 

1882-  RocHEBiLiÈRE,  sumommé  Duclos 
(François),  notable  de  la  Mastre  en  Viva- 
rais  (1694),  «  né  et  élevé  catholique  a  connu 
et  embrassé  la  vérité  en  galère  avec  un 
beau  zèle.  »  Sur  la  Valeur  h  S'-Malo  en 
1698  ;  n»  16,583.  Libéré  en  1713. 

1883-  RocHEBOis  (Charles),  de  Livron  en 
Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  Roi,  le 
28  février  1689. 

1884-  Rodez  (Etienne),  mort  le  17  janv. 
1705. 

1885-  RoDOT  (Jean),  de  Lezi  près  Metz, 
condamné  par  le  parlem.  de  cette  ville,  le 
10  juin  1687.  Libéré. 

i886.  Roger  ou  Rogier  (Claude  et  Salo- 
mon),  des  Tavernes,  en  Languedoc,  tous 
deux  camisards,  condamnés  par  le  maréchal 
de  Moutrevel,  le  premier  h  Montpellier,  le 
10  janvier  1704  et  le  second  à  Alais,  le  7 
novembre  1703.  Claude,  n"  28,243,  sur 
VEclatante,  fut  libéré  le  24  juillet  1716. 

1888-  Roger  (Jean),  de  Lusignan  en 
Poitou,  pour  sortie  du  royaume,  1701.  N" 
25,849.  Sur  la  Grande-réale. 

Rogeron  (Jean),  voyez  plus  loin,  Rous- 
seron. 


1889.  RoGiER  dit  Lagarde,  soldat  de  la 
compagnie  de  Mauvillon,  cond.  h  Montpel- 
lier, le  4  déc.  1702. 

1890-  Roland  (Antoine),  fils  de  Barthélé- 
my, faiseur  de  peignes,  de  Ganges,  cond.  à 
Montpellier  pour  assemblée  pieuse,  le  13 
novembre  1701,  n"  26,135,  libéré  le  15  nov. 
1717. 

1891.  Roland  (Pierre),  de  Saint-Dizier, 
condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble,  le  15 
octobre  1745. 

1892.  RoLERON  (David),  signalé  en  1693 
pour  sa  persévérance  dans  la  foi. 

1893-  Rolland  ou  Rollande  (Daniel),  de 
S'-Baudille,  condamné  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  28  nov.  1685.  Libéré. 

1894.  RoLs  (Jacques),  de  Gos,  diocèse  de 
Castres,  «  pauvre  mendiant,  faible  d'esprit, 
le  corps  couvert  de  gale  et  d'autres  maux, 
condamné  pour  avoir  été  au  prêche  à 
Orange,  »  en  1698.  Mort  galérien  de  la 
Vieille-réale,  en  janvier  1699. 

1895.  RoMA  ou  Romat  (Michel),  de  Vala- 
lorgue  en  Languedoc,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  31  mars  1690. 

1896-  Rondeau  (Pierre),  blancher,  c'est- 
à-dire  corroyeur,  de  Saintonge,  condamné 
par  le  parlem.  de  Bordeaux,  "2  août  1749. 
Contumax. 

1897.  Roque  (Jean),  laboureur  de  Beau- 
voisin,  diocèse  de  Nîmes,  24  ans,  condamné 
par  l'Intendant  du  Languedoc  le  17  mars 
1752  pour  assemblée  pieuse.  Libéré  en  fé- 
vrier 1772  ;  n"  6193. 

1898-  Roque  (François),  facturier  d'Uzès, 
cond.  par  le  parlem.  de  Montpellier,  en 
1698. 

1899.  Roques  (Claude),  de  Rouvière  en 
Languedoc,  écroué  en  1705.  N°  28,814. 

1900-  Roques  (Henri),  de  Cardelle  eu 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  3  avril  1686.  Mort  à,  la  peine  peu  de 
temps  après. 

1901.  Roques  (Jean  aliàs  Isaac),  tonnelier, 
condamné  par  le  parlem.  de  Bordeaux,  17 
décembre  1749. 

1902.  Roques  (Pierre),  fils  de  feu  Fran- 
çois, compagnon  cordonnier  de  Beauvoisin, 
Condamné  par  le  présidial  de  Montpellier, 
le  31  mai  1702. 

1903-  Roquette  ou  Rouquette  (Jacques), 
de  Saint-Mamet,  près  Lunel,  en  Languedoc, 
condamné  comme  camisard  par  le  maré- 
chal de  Montrevel,  le  7  juin  1703.  N» 
27,650.  Sur  VAtnasane.  Libéré  le  24  juil- 
let 1716. 

1904-  Rosier  (Louis),  ménager  de  Saint- 
Martin    de    LausioUes    en    Cévennes,    con- 


335 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


336 


damné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  7  mai 
1686.  Moi't  à  la  peine. 

1905-  RossEL  (Gabriel  de),  seigneur  de 
Fontareches  et  d'Aulaine,  cond.  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier,  le  13  juin  1693.  Con- 
tumax. 

1906-  RossEL  (Jacques),  sieur  Delgeiron, 
de  Genolhac,  cond.  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, le  31  mai  1690.  Mis  à  la  chaîne  le 
surlendemain. 

1907-  RossiÈRE  (Jean  et  Simon),  tous 
deux  condamnés  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier, le  26  septembre  1698. 

1909.  Rossignol  (Barthélémy),  de  S»- 
Peyre  ou  d'Aboussière  en  Vivarais,  con- 
damné par  M.  de  Broglie  pour  assemblée 
pieuse  :  n"  11860.  Sur  VAmazone  ou  la 
Marquise  h  Brest  en  1698.  Libéré  en  1713. 

1910.  RosTAiN  (Jean),  dit  la  Grandeur, 
marchand  de  Livron  en  Dauphiné,  condamné 
par  le  parlement  de  Grenoble,  23  sept.  1746. 
Contumax. 

1911.  RosTAN  ou  Rostang  (Jean),  de 
Pamies  en  Dauphiné,  condamné  par  M.  de 
Larrey,  le  21  juillet  1689. 

1912.  RouBAUD  (David),  fils  de  David, 
ménager  de  Yauvert,  cond.  par  le  présidial 
de  Montpellier,  le  31  mai  1702,  comme  cami- 
sard;  n"  26.596;  sur  la  Magnanime;  libéré 
6  ans  après  l'expiration  de  sa  peine  en  1713. 

1913.  RouBiN  (Jean),  de  Saint-Maixant 
près  Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M. 
de  Foucault,  le  5  mars  1688.  Mort  à  la 
peine. 

1914.  RouBiNEAU  (Pierre),  mort  en  1701, 
le  9  décembre. 

1915.  RouERGAT  (Jean),  de  Valence  près 
Uzès,  condamné  à  vie  par  le  duc  de  Roque- 
laure  à  Montpellier  le  30  juin  1717,  pour  une 
assemblée  pieuse  tenue  à  Valence  la  nuit  du 
4  au  5  juin  1717,  dans  la  bergerie  du  s"'  Jon- 
quet,  marchand  de  Nîmes. 

1916.  RouFFiAC  (François),  négociant,  et 
Jean,  condamnés  a  Montpellier,  le  23  oct. 
1697  :  tous  deux  contumax. 

Rougeron,  voyez  Rousseron. 

1918-  RouoiER  ou  Rousier  (François),  de 
Saint-Paul-Trois-Châteaux,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  16  avril  1750  ;  libéré 
en  1753. 

Roujeaud,  voyez  Riaujaud. 

Rouleau,  voyez  Rulaud. 

1919.  Roumain  (Pierre),  de  Charroux  en 
Bourbonnais,  condamné  comme  guide  par 
le  parlem.  de  Grenoble,  le  13  lévrier  1687. 

1920.  RouMÉGEON  (Pierre),  du  Pont-de- 
Montvert  en  Gévaudan,  cordonnier,  36  ans, 
condamné  à  Montpellier,   le  26  mai  1698, 


pour  assemblée  pieuse.  N»  21,728.  Sur  la 
Valeur.  Sur  la  Grande-  Vieille-réale,  puis 
sur  la  Magnanime.  Libéré  en  1713.  Pen- 
sionnaire de  MM.  de  Berne  à  Morges  en 
1719. 

1921-  RouMEJON  (Etienne),  du  Gua,  con- 
damné par  les  officiers  du  bailliage  du  Gé- 
vaudan, le  2  août  1703,  Contumax. 

1922.  RouMiou  (Jean),  de  Sommières,  en 
l^anguedoc,  cond.  comme  camisard  en 
1705.  N°  29,624;  snrV Invincible.  Libéré  le 
24  juillet  1716. 

1923.  RouQUETTE  (Abraham),  du  Langue- 
doc (1688  ou  1689). 

1924-  RouQUETTE  (Jean),  épicier,  de  Nî- 
mes, condamné  par  le  présidial  de  Montpel- 
lier, le  26  septembre  1698. 

1925-  RouQUETTE  «  fils  de  Louise,  »  de 
Carnac,  condamné  par  les  officiers  du  Gé- 
vaudan, le  2  août  1703.  Contumax. 

1926.  RouRE  (André),  de  S^-Jean-de-Mai"- 
vejol,  condamné  par  le  maréchal  de  Mont- 
revel,  le  7  juin  1703. 

1927.  RouRE  (Louis),  laboureur  de  Ber- 
gier  (?)  paroisse  de  Ranles,  condamné  à 
Montpellier,  le  2  nov.  1701. 

Rousier,  voyez  Rougier. 

Roussal,  voyez  Petit. 

1928-  Rousseau  (Jean),  de  Villevert  près 
Gonesse,  condamné  à  Grenoble  en  1693. 
Sur  la  France  h  Marseille  en  1698. 

1929.  Roussel  (Claude),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro 
quelaure  h  Montpellier,  le  27  février  1720. 

1930.  Roussel  (Guillaume),  de  Montu- 
sargues,  cond.  comme  camisard  en  1704  ; 
n"  28,200  ;  sur  la  Couronne.  Libéré  le  24 
juillet  1716. 

1931.  RoussELiN  (Daniel),  de  Montpa- 
zier  en  basse  Guienne,  condamné  par  le 
parlem.  de  Bordeaux  en  1699  comme  ayant 
menacé  de  se  révolter  h  la  tête  de  500  hom- 
mes (Liste  de  M.  de  Rochegude).  Mis  sur  la 
Vieille-Réale  k  Marseille  ;  n°  23,522.  Libéré 
le  7  mars  1714. 

1932-  Rousseron  ou  Rougeron  (Jean),  de 
Montélimart  en  Dauphiné,  habitant  le  Vi- 
varais, condamné  par  le  présidial  de  Mont- 
pellier, 26  mars  1689.  Sur  la  Madame  à 
Marseille  en  1698;  n»  11,003.  Libéré  en  1712 
après  abjuration. 

1933.  RoussiÈRE  (Michel),  de  Saleques 
en  Languedoc,  condamné  par  le  présidial 
de  Montpellier,  25  septembre  1698.  Sur  la 
Grande  ;  mort  à  la  peine  le  23  janv.  1700. 

1934.  RoussiN,  Roustan  ou  Roustin,  meu- 
nier, de  Navaselles,  diocèse  d'Uzès,  con- 
damné comme  camisard  par  le  présidial  de 


337 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


338 


Nîmes,  le  6  septembre  1703  ;  sur  la  Fidèle. 
N"  27,972. 

Rousson,  voyez  Merle. 

Routeau,  voyez  Roubaud. 

1935-  RouvERAND  ou  Rouverast  (Isaac,) 
de  Chervau  en  Poitou.  Sur  V Ambitieuse; 
mort  à  la  peine  en  nov.  1699. 

i936-  RouvERAND  (Jacques),  de  Souche 
ou  de  la  Housse ,  paroisse  de  S*-André-de- 
Lavit,  diocèse  de  Mende,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  31  mai  1690,  mis  à  la 
chaîne  le  surlendemain. 

1937-  RouviER  ou  Rouvière  (Antoine). 
Deux  galériens  des  mêmes  nom  et  prénom  ; 
—  l'un  de  Lesches  ou  de  la  Baume-des-Ar- 
nauds,  évéché  de  Gap,  42  ans,  condamné  à 
cinq  ans  par  le  parlem.  de  Grenoble,  7  mai 
1745,  pour  assemblée  religieure.  Sur  la  Fa- 
vorite en  1746  ;  n»  20,695  (et  2335)  ;  libéré 
en  1750  ;  —  l'autre,  de  Valence,  diocèse 
d'Uzès,  écroué  en  1705  ;  n°  28,800.  Sur  la 
Duchesse;  mort  à  la  peine  à.  Marseille  le  1"' 
nov.  1707. 

i939.  RouviER  (Pien-e),  galérien  libéré  : 
pensionné  (300  fl.)  en  1736 par  les  Etats  de 
Hollande. 

1940-  Rouvière  (Jean).  Trois  mdividus 
des  mêmes  nom  et  prénom  ;  —  le  1"  de 
Château-neuf  d'Isère,  en  Dauphiné,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble,  3  juillet 
1686;  sur  la  Sirène  à  Marseille  vers  1695; 
libéré  ;  —  le  2'°'',  de  Saint-Jean-de-Serres, 
près  Nîmes,  condamné  à  Pignerol  en  mai 
1689  ;  sur  la  Sirène  h  S'-Malo  en  1698  ;  sur 
VAmvzone  en  1707:  libéré  en  1711  ou  1712 
à  condition  de  servir  dans  les  troupes  ;  — 
le  3"%  de  la  Vause  en  Vivarais,  condamné 
à.  Grenoble,  écroué  en  mai  1702;  n"  25,718; 
sur  V Ambitieuse  ;  mort  à  l'hôpital,  le  12 
mars  1703. 

1943-  Roux  (André),  de  Saint-Jean-des- 
Anels,  écroué  en  juillet  1703.  N"  27,667. 

1944.  Roux  (Antoine),  docteur  en  méde- 
cine et  ancien  du  consistoire  de  S'-Ambroix, 
diocèse  d'Uzès,  condamné  le  13  déc.  1745 
par  l'Intendant  de  Montpellier  ;  au  Dépôt 
en  1746;  n»  21,100  (et  2545);  mort  à  la 
peine  en  1752. 

1945-  Roux  (Claude),  tisserand,  du  Mas- 
Roux,  paroisse  de  Valeroze,  mandement  de 
Luzan  en  Languedoc,  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Nîmes,  17  juillet  1686.  Libéré. 

1946-  Roux  (Guillaume),  de  Monoblet  en 
Cévennes,  cardeur,  22  ans,  condamné  à 
Montpellier  en  1690  pour  assemblée  reli- 
gieuse. N"  12,538.  Sur  la  Guerrière,  puis 
sur  la  Hardie,  à  Marseille,  en  1698.  Libéré 
en  1713  et  retiré  à  Berne. 


1947.  Roux  (Jean),  condamné  par  le  pré- 
sidial de  Montpellier,  26  septembre  1698. 

1948-  Roux  (Pierre),  de  Die  en  Dauphiné, 
condamné  par  l'Intendant  M.  de  Bouchât, 
le  12  octobre  1689  ;  mort  à  la  peine. 

1949-  Rouzeran,  Rozeran  ou  Rouzereau 
(David).  Sur  la  Madam,e  h  Marseille  vers 
1695.  Peut-être  le  même  que  Rousseron 
n»  1932. 

1950-  RovERGAS  (Jean),  de  Nîmes,  con- 
damné par  M.  de  Basville  à  Montpellier,  le 
19  nov. 1701. 

1951-  RovERGAS  (Simon).  Deux  individus 
des  mêmes  nom  et  prénom,  l'un  de  Fons, 
l'autre  d'Alzon  en  Languedoc  (1688  ou  1689). 

Rovergat(Jean),  voyez  Rouergat,  n"  1915. 

19t»3.  RoYER  (Jacques),  de  la  paroisse  de 
Yearsley  ,  à  3  lieues  de  Bii'dforth,  comté 
d'York  en  Angleterre,  écroué  en  1707. 

1934.  RoYER  (Jean),  de  Saintonge  (1701). 
Sur  la  Vieille-Réale  h  Marseille,  libéré  en 
1713. 

1955-  RoYER  (Pierre),  de  Loriol  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlem.  de  Grenoble, 
22  déc.  1685.  Mort  à  la  peine. 

Rozeran,  voyez  Rouzeran. 

1956-  RoziER  (Guillaume),  d'Alais,  cond. 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  3  mars 
1698. 

1957-  RuAT  (Jean),  de  Vie,  près  Som- 
mières,  diocèse  d'Uzès  en  Languedoc,  con- 
damné comme  camisard  par  le  duc  de  Ro- 
quelaure  k  Montpellier,  le  26  mars  1706. 
écroué  en  mai.  N"  30,315. 

1958-  Ruelle  (Guigue),  de  La  Valette  en 
Dauphiné,  condamné  par  le  Sénéchal  de 
Vienne,  le  30  octobre  1685.  Libéré. 

1939-  RuLAUD  ou  Rouleau  (Jacques),  de 
La  Tremblade  en  Saintonge,  pilote  d'un 
vaisseau  danois  ;  condamné  h  Toulon,  puis  à 
Aix  en  1694;  n»  17,271.  Sur  la  Belle  k  S'- 
Malb  en  1698.  Libéré  en  1713,  et  pensionné 
par  les  Etats  de  Hollande.  Mort  à  la  fin  de 
juin.  1741.  Sa  veuve,  Susanne  Peluchon, 
sollicite  la  continuation  de  la  pension. 

i960.  Sabarot  (Pierre),  d'Erfale,  diocèse 
de  Valence,  condamné  par  M.  de  Broglie, 
17  juin  1689.  Mort  à  la  peine. 

1961-  Sabatier  (Pierre).  Deux  individus 
des  mêmes  nom  et  prénom  :  l'un  d'Alais, 
camisard,  condamné  par  le  maréchal  de 
Montrevel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704: 
—  l'autre,  drapier,  de  Mazamet,  diocèse  de 
Lavaur,  31  ans,  condamné  par  M.  Lenain, 
intendant  du  Languedoc,  le  6  avril  1745 
pour  assemblée  religieuse.  Sur  la  Perle  en 
1746.  N"  20,399  puis  2228. 

1963-   Sabattier  (Charles),   de  Lauron, 


339 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


340 


comté  de  Lussan,  bas  Languedoc,  peigneur 
de  laine,  33  ans,  condamné  par  le  présidial 
de  Montpellier,  le  26  septembre  1698  pour 
avoir  été  au  prêche  à  Orange  ;n°  21,871.  Sur 
r//éroi>îe.  Libéré  en  1713  et  retiré  à  Berne. 

1964.  S.4.BATTIER  (Frauçois),  de  Nîmes, 
condamné  par  l'Intendant  du  Dauphiné,  le 
12  octobre  1689  pour  s'être  joint  aux  vau- 
dois  ;  n"  11,670.  Sur  la  Hardie  h  Marseille 
en  1698.  Libéré  en  I7I3. 

i965.  Sabattier  (Jacques),  du  Langue- 
doc, condamné  k  S'-Hippolyte  en  1695. 
Sur  la  Saint-Louis  h  S*-Malo  en  1698. 

1966.  Sabourin  (Jean),  de  Touchet  en 
Poitou,  condamné  en  1699.  Sur  YA7nazone. 
N°  24,214  :  mort  h  l'hôpital,  le  24  août  1703. 

1967.  Sagnier  (Etienne  et  Pierre),  ce 
dernier  cordonnier,  tous  deux  de  Vergèze 
en  Languedoc,  cond.  par  le  présidial  de  Nî- 
mes, le  4  avril  1686.  Pierre  libéré. 

1969-  Saincian  (Pierre),  de  Cauvis.son  en 
Languedoc,  écroué  en  septembre  1704.  N° 
28,333.  Sur  la  Couronne. 

1970-  Saint-Jean  (François),  de  Puech- 
sieura,  diocèse  de  S'-Papoul,  cond  le  2  oct. 
1698. 

Saint-Pons,  (voy.  Matthieu  de)?  n»  1446. 

1971.  Saillens  (Pierre),  de  S'-Jean-du- 
Gard,  cond.  par  le  présidial  de  Montpellier, 
le  3  mars  1698. 

1972-  Saint-Jean  (Jean),  cordonnier  à 
Clérac,  27  ans,  condamné  par  M.  de  Bezons, 
pour  avoir  tenté  de  sortir  du  royaume, 
1687. 

1973-  Saix  (François),  natif  de  Mijanon, 
paroisse  de  S*-Julien  d'Arpaon,  habitant  de 
Leyris  paroisse  de  S'-Etienne  des  paroisses 
françaises,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes 
en  1686. 

1974.  Sales  (Marc),  condamné  par  le 
maréchal  de  Montrevel,  le  7  juin  1703. 

197o.  Sales  (Pierre),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  le  duc  de  Roque- 
laure  h  Montpellier,  le  27  février  1720. 

Saïgas,  voyez  Pelet. 

1976-  Salles  (Etienne),  de  Valeraugues 
dans  les  Cévennes,  cardeur,  26  ans,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  le  16  juin 
1692  pour  assemblée  pieuse;  n°  14,699.  Sur 
l'Eclatante  ou  Triomphante  en  1698.  Libéré 
en  1713,  pensionnaire  de  MM.  de  Berne  à 
Moi'ges  en  1719. 

1977.  Sallet  ou  Saltet  (Robert),  de  Pi- 
gnan,  condamné  pour  assemblée,  à  6  ans, 
par  le  pi-ésidial  de  Nîmes,  le  20  août  1704. 

1978-  Salque  (Pierre),  de  Saint-Faurié 
en  Vivarais,  condamné  par  M.  de  Broglie, 
le  31  janvier  1690  ;  mort  à  la  peine. 


1979.  Samson  dit  Boure  (Jean),  cardeur 
h  Durfort,  cond.  le  26  février  1686. 

Samène,  Seimeine  ou  Semaine,  voyez  Se- 
meynes. 

1980-  Sanadas  (Jean),  cond.  à  Montpel- 
lier, le  23  oct.  1697.  Contumax. 

Sanier  ou  Saunier,  voyez  Sagnier. 

1981.  Saucon  (Pierre),  du  Languedoc, 
(1688  ou  1689). 

1982-  Saudrin  (Jean),  de  Brou,  près  Cas- 
tres, condamné  par  le  parlement  de  Paris, 

7  mars  1688. 

1983-  Saumade  (Jean),  de  Massaragues 
en  Gévaudan,  condamné  comme  camisard 
en  janv.  1704.  N"  28,247  ;  sur  la  'Grande- 
Réale;  mort  en  août  I7I3. 

1984-  Saurice  ou  Surice  (Jacob),  de 
Sammeuzac  en  Agénois,  condamné  par  le 
parlement  deGuienne,  8  février  1687.  Libéré. 

1985.  Sauseau  (Pierre),  1713;  libéré  le 
15  nov. I7I7. 

1986-  Sausse  (Marc-Antoine),  travailleur 
de  terre  de  Geneyrac,  condamné  par  l'In- 
tendant du  Languedoc,  le  3  fév.  1688. 

1987-  Saussine  (Jean),  d'Alais,  passe- 
mentier, 25  ans,  condamné  en  1699,  libéré 
en  1713  et  retiré  à  Zurich. 

1988-  Sauvebois  ^François),  de  Château- 
la-Beaume  en  Dauphiné,  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  15  fév.  1685. 

1989-  Sauvet  (Claude),  de  Bouquet  en 
Languedoc,  condamné  par  le  présidial  de 
Nîmes,  26  mars  1688  pour  avoir  été  guide  ; 
n»  10,222  ;  sur  VEclatante  et  sur  V Héroïne 
à  S*-Malo  en  1698.  Libéré  en  1713.  Réfugié 
h.  Magdebourg. 

1990-  Sauvet  (Pierre),  de  Monclus,  près 
Uzès,  condamné  en  juin  1698,  fit  la  campa- 
gne de  1699  sur  la  Renommée  et  mourut  le 

8  septembre  de  la  même  année,  à  la  suite 
des  brutalités  du  «  comité.  » 

1991-  Sauzet  (Pierre),  de  Franchassi  en 
Vivarez,  laboureur,  36  ans,  condamné  en 
1690  pour  assemblée  religieuse  ;  n"  12,323  : 
mis  sur  la  Souveraine.  Libéré  en  1713  et 
retiré  à  Basle. 

1992-  Sauzet  (Pierre),  de  Vinsobres  en 
Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  roi,  le 
28  février  1689.  Sur  la  Gloire  à,  Marseille  en 
1698.  Libéré  en  1713. 

1993-  Savilet  (Claude),  sur  VHéroïne  h 
Marseille  (?) 

1994-  Say  (Jean),  de  Lezan,  près  Nîmes, 
cordonnier,  59  ans,  condamné  par  l'Inten- 
dant du  Languedoc,  le  17  mai  1752,  pour 
assemblée  religieuse  et  pour  avoir  entre- 
tenu une  correspondance  avec  un  ministre. 
N»  6889. 


341 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS, 


342 


1995.  Sayn  dit  Yon  (Pierre),  de  Montmé- 
ran,  condamné  le  23  sept.  1746  par  le  par- 
lera, de  Grenoble.  Contumax. 

1996.  ScHMOY  (Etienne),  de  Lausanne,  con- 
damné par  l'Intendant  M.  de  Bouchât,  le  12 
octobre  1689. 

1997-  ScHiNTz  (Justus),  ministre,  de  Cas- 
sel  en  Allemagne,  condamné  par  le  conseil 
souverain  d'Alsace,  le  22  mars  1687  ;  mort 
à  la  peine.  C'est  probablement  le  jeune  mi- 
nistre luthérien  dont  Jurieu  raconte  l'his- 
toire sans  le  nommer  (Lett.  past.  11,  68). 

Sechat  (de),  voyez  Casson. 

1998-  Second  (Antoine),  laboureur,  de 
Vauvert  en  Languedoc,  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  21  août  1692.  Sur  la 
Victoire  ou  VHeureuse  à  S*-Malo  en  1698. 

Seimène  ou  Semaine,  voyez  Samène. 
1999.  Sel  (Jacques),  mort  en  mars  1702. 

2000-  Sellier  (Nicolas),  de  Busilly,  en 
Picardie,  condamné  par  le  parlement  de 
Metz,  4  déc.  1686;  mort  h  la  peine. 

2001-  Semeynes  ou  Samène  (Jean),  de 
Bourdeaux  en  Dauphiné,  drapier,  24  ans; 
pour  s'êtrejoint  aux  vaudois,  1689;  n»  11,663. 
Sur  VAmazone  à  Brest  en  1698.  Libéré  en 
1713  et  retiré  h  S*-Gall. 

2002.  Semire, 1717. 

2003.  Seneoat  (Jean),  du  Pont  du  Lare, 
diocèse  de  Castres,  chirurgien,  54  ans,  con- 
damné à,  Montpellier,  le  18  décembi-e  1697, 
pour  assemblée  pieuse.  N"  21,467.  Sur  la 
Princesse,  puis  sur  laGrande-vieille-réale  à 
Marseille  en  1698.  Libéré  en  1713  et  retiré 
h  Bienne  en  Suisse. 

2004-  Serguières  (Jacques),  de  Rougen, 
en  Languedoc,  cond.  comme  guide,  par  le 
parlera,  de  Paris,  4  déc.  1686;  n"  8976;  sur 
la  Sirène  à  S*-Malo  en  1698,  et  suvYHéroïne 
en  1707  ;  mort  à  la  peine,  10  janvier  1711. 

2005-  Sermoz,  Sermeau  ou  Sermez 
(Etienne),  de  Lausanne,  condamné  h  Gre- 
noble pour  s'être  joint  aux  Vaudois,  en 
1689.  Signalé  en  1691  pour  sa  persévérance 
dans  la  foi.  Sur  la  Gloire  h  Marseille,  en 
1698;  n"  11,693. 

2006-  Serre  (Jérôme),  de  Valarargues, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  11 
juin  1701,  à  6  ans,  pour  assemblées  illicites. 

2(X)7.  Serres.  Trois  frères,  de  Montau- 
ban,  en  Quei-cy,  condamnés  par  le  parlera, 
de  Grenoble,  le  24  mai  1686;  —  Pierre, 
l'aîné,  dit  Fonblanche,  n"  7876  ;  —  David, 
le  puîné,  dit  Dubesson  ou  Bessonnet  ;  et 
Jean,  le  jeune,  n»  7877.  Tous  trois  ont 
marqué  parmi  les  confesseurs  les  plus  dis- 
tingués. David  et  Jean  libérés  en  1713, 
Pierre  en  1714. 


2010-  Serres  (David),  de  la  Mure,  en 
Dauphiné  (1701),  libéré  en  1711  ou  1712  à 
condition  de  servir  dans  les  troupes.  A  été 
confondu  avec  Serres  (le  puîné),  de  Montau- 
ban. 

2011-  Serrette  ou  Serreste  (Pierre),  du 
Val,  en  Vivarais.  Sur  la  Grande-Réale,  n» 
33,963  ;  mort  le  2  octobre  1709. 

2012-  Serrière  (Jean),  d'Anduze,  con- 
damné par  le  M.  duc  deRoquelaure  k  Mont- 
pellier, le  13  janvier  1707. 

2013-  Serven,  Silvain  ou  Silvaire  (Pierre), 
de  Beauvoisin,  condamné  par  l'Intendant 
du  Languedoc,  le  3  février  1688.  Sur  la 
Fleur-de-lys  à  S»-Malo  en  1698;  mort  le  14 
novembre  1705. 

2014.  Servièrb  ou  Cervièi'e  (Pierre),  fils 
de  Pierre,  de  Caveirac  en  bas  Languedoc, 
cardeur,  32  ans,  cond.  à  Montpellier,  le  2 
nov.  1702  pour  assemblée  pieuse  ;  sur  la 
Favorite:  n"  26,991  :  libéré  en  1713  et  retiré 
à  Basle. 

2015.  Serville  (Daniel),  signalé  en  1693 
comrae  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

2016-  Severac  (Jean) ,  de  la  Terrisse 
dans  les  Cévennes,  condamné  à  Montpellier 
pour  assemblée  pieuse,  en  1692.  Sur  la 
Martiale  h  Dunkerque,  puis  sur  V Illustre  k 
S'-Malo  en  1688;  n"  14,282.  Libéré  en  1714, 
pensionnaire  de  MM.  de  Berne  k  Morges  en 
1719. 

2017-  Seyte  (David,  Etienne  et  Jérémie). 
Tous  trois  d'Anduze,  condamnés  par  M.  le 
duc  de  Roquelaure  k  Montpellier,  le  13  fé- 
vrier 1717. 

2020-  Shebert  ou  Shelebert  (Jean-Jac- 
ques), d'Arbourg  en  Suisse,  condarané  k 
Brisac.  '&\\v\s,Grande-vieille-réale&n  1698; 
mort  le  8  mars  1711. 

2021-  Sibleyras  ou  Sibleirac  (Isaac),  de 
Mazeneuf  en  Vivarais,  condamné  par  le 
parlera,  de  Besançon,  10  mai  1686. 

2022-  Siguier  (Jacques),  de  Bagnas,  con- 
damné k  Montpellier  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure, le  8  juin  1720,  pour  avoir  assisté 
k  plusieurs  assemblées  pieuses  et  leur  avoir 
prêté  sa  maison.  Contumax. 

Silvain  ou  Silvaire.  voyez  Serven. 

2023-  Simon  (Daniel),  de  Pausse  en  Cham- 
pagne, condamné  par  le  parlera,  de  Paris, 
le  3  mars  1687.  Libéré  par  la  suite. 

2024-  SiTÈNE  (Jean),  Suisse? 

2025-  SiVART  (Jean-Pierre),  de  Gilhoc  en 
Vivai'ais,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le  2 
janvier  1690. 

2026-  SoLiER  (Claude),  du  Languedoc 
(1688  ou  1689). 


343 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


344 


2027-  SoLEiROL  (Claude),  de  S*-Hippolyte 
de  Caton,  camisard,  condamné  par  M.  le 
maréchal  de  Montrevel  à  Montpellier ,  le 
10  janvier  1704. 

2028-  Sorbier  (Joseph),  signalé  en  1693 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi.  Conf,  Corbière. 

2029.  SouAOE  (Jean),  de  S'«-Croix  de 
Valfrancesque  en  Cévennes,  condamné  pour 
assemblée  religieuse  en  1691  ;  mis  sur  la 
Vieille- Réale,  n"  13,653  (Liste  de  M.  de 
Rochegude).  Paraît  cependant  le  même  que 
Jean  Soulages,  ci-après. 

2030-  SouBEiRAN,  Souveiran  ou  Souveran 
(Jean),  du  Mas  de  Soubeiran,  paroisse  de 
S*-Jean  de  Gardonnenque  en  Languedoc, 
écroué  le  18  février  1690,  sur  la  Fière  ; 
mort  h  la  peine  en  1696. 

2031-  SoucHON  (Jean-Louis),  ouvrier  en 
petites  étoffes,  de  Livron  en  Dauphiné,  con- 
damné le  23  septembre  1746  par  le  parlem. 
de  Grenoble.  Contumax. 

2032.  SoucHON,  sergier,  d'Uzès,  cond. 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  13  juin 
1693.  Contumax.  Est  probablement  le  même 
qu'Antoine  Souchon,  tisserand  de  laine, 
d'Uzès,  cond.  le  16  sept,  de  la  même  année 
par  le  même  tribunal. 

2033.  Soulages  (Jean),  de  Sainte-Croix 
de  Valfrancisque  dans  les  Cévennes,  con- 
damné à  S*-Hippolyte  en  1691  pour  assem- 
blée pieuse.  N"  16,353.  Sur  la  Galante  h 
St-Malo  en  1698  ;  libéré  en  1713. 

2034-  Soulages  (Tobie),  marchand,  de 
Castres,  condamné  par  le  parlem .  de  Guienne, 
5  février  1687.  Libéré. 

2035-  SouLEYROL  (Etienne),  de  S'-Hippo- 
lyte  en  Languedoc, condamné  en  1698;  mort 
d'un  effort  fait  pour  renverser  l'antenne 
sur  la  galère  la  France,  le  11  février  1700. 

2036-  SouLEYROL  (Jacques  et  Pierre),  de 
S'-Etienne  en  Languedoc,  condamnés  par  le 
présidial  de  Montpellier,  26  septembi-e  1698 
pour  avoir  été  au  prêche  à  Orange.  Pierre, 
n°  21,840,  sur  la  Triomphante.  Jacques, 
n"  21,833,  sur  V Héroïne.  Tous  deux  libérés 
en  1713  ;  Jacques,  pensionnaire  de  MM.  de 
Berne  à  Morges  en  1719. 

2038-  Soulier  ou  Soullié  (Isaac),  de 
Champagnac  en  Languedoc,  écroué  en  1705. 
N"  28,806;  h.  Marseille  en  1709.  Sur  la 
Fleur-de-lys.  Libéré  en  1712  après  abjura- 
tion. 

2039.  Soulier  (Fulcran),  du  Grand-Ga- 
largues  en  Languedoc,  condamné  par  le 
maréchal  de  Montrevel,  le  7  juin  1703.  N" 
27,650,  sur  la  Réale  ;  libéré  en  1712  après 
abjuration. 


20iO-  Soustelle  (Jean),  de  Soustelle, 
cond.  par  Basville  à  Montpellier,  le  21  fé- 
vrier 1705. 

Souveiran  ou  Souveran,  v.  Soubeiran. 

2041.  Steck  (Hans),  de  Soleure  en  Suisse, 
condamné  par  le  Conseil  de  guerre  h  Mon- 
télimar,  le  2  avril  1686. 

2042.  Suel  (Matthieu),  condamné  par  le 
présidial  de  Nîmes,  le  23  juillet  1708. 

2043.  SuGLA  (Isaac),  avant  1705. 

2044.  Suleman  (Jean),  entre  1703  et  1710. 

2045-  SuMEiNE  (Pierre),  sur  VAmazone  à 
Bordeaux,  vers  1695.  Elie  Benoit  l'appelle 
Jean  ;  est  peut-être  le  même  que  Jean  Sa- 
mène. 

2046-  SuoRD  (Georges),  de  la  ville  de 
Canais  en  Ecosse,  écroué  en  1708  ;  n"  32,452. 

2047.  Tachard  (Pierre),  fournier  à  Mon- 
tauban,  condamné  le  15  avril  1752  par  l'In- 
tendant de  Montauban. 

2048-  Taillard  (Philippe  ou  Pierre  ou 
Philippe  et  Pierre).  Un  Pierre  Taillard  est 
signalé  en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
ses  défaillances  dans  la  foi. 

2049.  Talin  (Jean),  de  Goncelin  en  Dau- 
phiné, condamné  comme  guide  par  le  par- 
lement de  Grenoble,  9  avril  1686. 

2050-  Talon  (Antoine),  sur  la  Dauphiné. 
mort  le  17  mai  1705. 

Talon,  voyez  Falot. 

2051.  Taradel  (Guillaume),  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  26  septemb. 
1698. 

2052-  Tardieu  (Etienne),  de  Venterol  en 
Dauphiné,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Bouchât,  le  23  novembre  1689  pour  s'être 
joint  aux  Vandois  ;  n»  11,808.  Sur  la  Belle 
h  S'-Malo  en  1698.  Libéré  le  7  mars  1714. 

2053.  Tardieu  (Philippe),  de  Teissière 
en  Dauphiné,  condamné  par  ordre  du  roi  à 
Valence  pour  assemblée  pieuse,  le  28  février 
1689  ;  sur  la  Marquise  à  Dunkerque,  n° 
10,987  ;  sur  la  Hardie  à  Marseille  en  1698  ; 
libéré  le  7  mars  1714. 

2054.  Tardieu  (Pierre),  signalé  en  1693 
comme  avant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

2055.  Tasserand,  habitant  de  Médis  en 
Saintonge,  condamné  par  l'Intendant  de  La 
Rochelle,  le  19  novembre  1746.  Contumax. 

2056-  Tassy  (Marc),  de  Montpellier,  con- 
damné dans  cette  ville  par  le  duc  de  Berwick, 
le  15  mai  1705. 

2057-  Taureau  (Pierre),  de  Pamprou, 
près  Poitiers,  condamné  par  l'Intendant  M. 
de  Foucault,  le  5  mars  1688. 

Taussand,  voyez  Teissier. 

Tavernier  (Abraham),  Suisse,  si- 


345 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS. 


346 


gnalé  en  1693  comme  ayant  triomphé  de 
ses  défaillances  dans  la  foi. 

2059-  Tavert  (Isaac),  boutonnier,  cou- 
damné  par  le  parlem.  de  Bordeaux,  17  déc. 
1749. 

2060-  Teaule  (Pierre),  de  Piguans,  aux 
Cévennes,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le 
13  mars  1690. 

Teaulier,  voyer  Thaulier. 

2061-  Teissier  (David),  des  Barrels,  près 
Vebron  (aliàs  de  Vanel  en  Cévennes),  ser- 
gier,  23  ans,  condamné  h  Montpellier,  le 
26  mai  1698  pour  assemb.  pieuse  ;  n°  21,731. 
Sur  la  Valeur  puis  sur  la  Grande-vieille- 
réale  à  Marseille,  la  même  année,  libéré  en 
1713  et  retiré  à  Zurich. 

2062-  Teissier  (Jacques),  laboureur,  de 
Beauvoisin,  cond.  par  le  présidial  de  Mont- 
peUier,  le  31  mai  1702. 

2063-  Teissier  (Jean),  d'Alléger  en  Bre- 
tagne, condamné  par  le  présidial  de  Nan- 
tes,16  janvier  1685.  Mort  à  la  peine. 

2064.  Teissier,  sieur  de  Jaussaud  (Jean), 
de  Chaussion  ou  de  Privât,  diocèse  d'Uzès, 
en  Languedoc,  condamné  par  le  présidial 
de  Nîmes,  en  mai  1690.  Mis  à  la  chaîne  le 
2  juin. 

2065-  Teissier  (Louis),  de  Générargues, 
condamné  à  Alais,  le  23  fév.  1692  par  M. 
de  Lamoignon  à  S'-Malo.  Sur  la  Ferme  ou 
la  Palme. 

2066-  Teyssonnière  (David),  de  Gros  aux 
Cévennes,  condamné  à  vie  par  l'Intendant 
du  Languedoc,  en  1692  pour  assemblée 
pieuse.  Sur  la  Duchesse  h  S'-Malo  en  1698; 
n»  4702,  mort  à  l'hôpital  le  8  avril  1713. 

Tempes  (Jean  de),  1698,  Nîmes,  coud, 
en  1698  pour  avoir  été  au  prêche  à  Orange; 
n"  21,849.  Sur  la  Fleur-de-lys.  Est  pro- 
bablement le  même  que  Destampes,  n»  737. 
Libéré  en  1713. 

2067.  Tempié  (Jean),  cavalier  invalide  de 
Vauvert,  cond.  le  5  mars  1686. 

2068-  Tenar  ou  Jénar  (Adrien),  de  Vauver 
en  Languedoc,  écroué  le  28  juin  1703.  N" 
27,646.  Voy.  Jénar,  n»  1160. 

2069.  Terrasson  (Claude),  d'Uzès  en 
Languedoc,  condamné  à  Antibes,  (comme 
Isaac  Bourry),  écroué  en  1705.  N»  29,060  ; 
snr  la  Grande-Réale.  Libéré  le  7  mars  I7I4. 

2070-  Teulon  (Jean),  de  Molières,  cami- 
sard,  condamné  par  le  maréchal  de  Mont- 
revel  à  Montpellier,  le  10  janvier  1704. 

2071-  Thaulier,  Teaulier,  Thouliers  ou 
Theolur  (Isaac),  de  S*-Fortuuat,  diocèse  de 
Viviers,  condamné  par  l'Intendant  M.  de 
Bouchât  à  Grenoble,  le  23  nov.  1689.  Mort 
galérien  de  la  Gloire,  à  Marseille  en  1695. 


2072-  Théron  (Denis),  consul  de  Coulor- 
gues,  camisard,  condamné  par  le  maréchal 
de  Montrevel  h  Montpellier,  le  10  janvier 
1704. 

2073-  Therond,  ci-devant  soldat  dans  le 
régiment  de  Beauvoisin,  condamné  à  Mont- 
pellier par  M.  de  Bernage,  Intendant  du 
Languedoc,  27  mars  1734,  pour  avoir  favo- 
risé l'évasion  du  ministre  Barth.  Claris. 
Contumax. 

2074-  Thierri  (Matthieu),  de  Londres, 
condamné  en  1697  «  pour  désertion  de 
France,  où  il  était  par  force.  »  Sur  la  Fidèle 
h  Marseille  en  1698.  Libéré  la  même  année. 

2073.  Thiers  (André),  de  Château-Quey- 
ras,  diocèse  d'Ambi'un.  condamné  par  le 
sort  h  Grenoble,  le  23  novembre  1689 
comme  Vaudois.  n"  11,825.  Sur  la  Fière  à 
St-Malo  en  1698.  Libéré  en  1714.  —  Un 
galérien  des  mêmes  nom  et  prénom  est 
indiqué  comme  mort  dans  la  campagne  de 
1694. 

2076.  Thomas  (David),  de  Vie  près  Som- 
mières  en  Languedoc,  condamné  par  le  duc 
de  Roquelaure  à  Montpellier,  le  26  mai 
1706:  n°  30,316;  mort  à  l'hôpital  le  8  juill. 
de  la  même  année. 

Thomas  (Jacques),  voyez  Vassal. 

2077-  Thompson  (Guillaume),  de  Nort- 
hampton,  libéré  en  1698. 

2078-  TicouLET  (Pierre),  cond.  à  Mont- 
pelUier,  le  23  octobre  1697.  Contumax. 

2079-  TiFFiNE  (Pierre),  de  Francheval  à 
2  lieues  de  Sedan,  cond.  le  5  mai  1696. 

2080-  TixEAU  ou  Tisseau  (Jean),  de  Pou- 
zange,  évêché  de  Luçon  en  Poitou,  con- 
damné par  l'Intendant  M.  de  Foucault,  le 
20  mars  1687.  Libéré. 

2081.  Tœule  ou  Teule  (Joseph),  de  Tœule 
en  Vivarais,  condamné  à  Montpellier,  écroué 
en  octobre  1706.  N"  30,904.  Sur  la  France; 
mort  le  30  mars  1709. 

2082-  ToFFiN  (Thomas),  de  Jaucourt,  près 
S*-Quentin  eu  Picardie,  condamné  par  le 
parlem.  de  Pai*is,  16  décembre  1687. 

2083-  ToRTEL  (Etienne),  dit  la  Condamine, 
de  S*-Dizier  en  Dauphiné,  condamné  en 
1745  par  le  parlem.  de  Grenoble. 

2084.  TouRCHAiREs  OU  Fouchaire  (Isaac), 
de  Loriol  en  Dauphiné,  condamné  par  M. 
de  Larrey,  le  30  avril  1689. 

Touref,  voyez  Turel. 

Tournachon  (Jonas),  sur  la  Superbe  à 
Marseille.  Voyez  Fournaton,  n"  931. 

2085.  TouRREiL,  dit  Perat  (Pierre),  de 
Serres  près  Pau  en  Béarn,  condamné  à  Pau 
en  août  1686  pour  sortie  du  royaume.  Sur 
la  Favorite  k  S'-Malo  en  1698,  puis  sur  la 


347 


FORÇATS  ET   GALERIENS. 


348 


Grande-réale.  N°  9457 ,  mort  à  l'hôpital  le 
6  déc.  1709.  —  Conf.  n°  2108. 

2086-  TouRTELOT  (Jean),  de  Cauze  en 
Saintonge,  condamné  à  Xaintes  en  1690. 
Sur  les  galères  de  Rouen  en  1691,  sur  la 
Grande-vieille-réale  à  Marseille  en  1698  ; 
mort  à,  la  peine  le  13  sept.  1700. 

2087-  Tourtereau  (Pierre),  signalé  en 
1693  comme  ayant  triomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

2088-  TouRTOULON  (François  de),  sieur 
de  Valescure,  écuyer,  du  diocèse  d'Alais, 
condamné  par  le  présidial  de  Nîmes,  le  15 
novembre  1689. 

2089-  Toussaint  (Jean  et  son  frère 
Etienne),  de  Jussy  près  Metz,  condamné 
par  le  parlera,  de  cette  ville,  le  16  juillet, 
1687.  Tous  deux  ont  été  libérés. 

2091  •  Toussaint  (Louis),  de  Lezi  près 
Metz,  condamné  par  le  conseil  souverain 
de  cette  ville,  le  10  juin  1687.  Libéré. 

2092.  TouvENiN  (Abraham),  de  Lausanne, 
condamné  à  Grenoble  par  l'Intendant  du 
Dauphiné,  le  12  octobre  1689  pour  s'être 
joint  aux  Vaudois.  Sur  la  Duchesse  h  S*-Malo 

eu  1698;  n»  11,649;  en  campagne  en  1704. 

2093.  Trapier  (Louis),  de  Grosjeanne, 
condamné  k  Montpellier  par  M.  de  Bernage 
Intendant  du  Languedoc,  le  1"  mars  1737 
pour  assemblée  religieuse. 

2094-  Traversier  (François),  de  Bours, 
paroisse  de  Gillot  en  Vivarais,  écroué  en 
1709.  N"  33,962.  Sur  la  Magnanime  ;  mort 
e  23  nov.  de  la  même  année. 

2095.  Treboulon  (Etienne),  de  Cormon- 
terrail  aux  Cévennes,  condamné  par  M.  de 
Broglie,  le  13  mars  1690. 

Trégon  (Louis),  n"  6192,  laboureur  de  la 
métairie  de  Reculau  près  Generac,  diocèse 
de  Nîmes,  condamné  par  l'Intendant  du  Lan- 
guedoc, le  17  mars  1752,  libéré  en  février 
1772.  Voyez  Frégon,  n»  941. 

2096.  Trial  (Adrien),  de  Vauvert,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  7 
juin  1703,  comme  porteur  d'armes  ;  n"> 
27,646  ;  sur  la  Perle. 

2097.  Tribes  (François),  fils  de  feu  Fran- 
çois de  Beauvoisin,  valet  chez  le  sieur 
Claude  Dumas,  fermier  de  M.  de  S*-Cosme, 
cond.  par  le  présidial  de  Montpellier,  31 
mai  1702. 

2098.  Tribout  (Jean),  de  Vilarcf^lès-Sar- 
relouis  en  Lorraine,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Metz,  22  juin  1686.  Passé  en  Araé- 
rique. 

2099.  Tridon  (François),  avant  1705. 
2i00.  Trinques  ou  Trinquies  (David),  de 

Castres   en   Languedoc,    condamné   par  le 


présidial  de  Carcassonne,  15  juin  1688.  Sur 
la  Vieille-Réale  ;  mort  à  l'hôpital  le  4  déc. 
1700. 

2101.  Trinquier  (François),  condamné 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  26  sept. 
1698. 

2102-  Tromparent  (Jacques),  ouvrier  en 
petites  étofles  de  Livron  en  Dauphiné,  con- 
damné par  le  parlera,  de  Grenoble,  23  sept. 
1746. 

2103.  Tromparent  ou  Tromperan(Pierre), 
de  Charraes  en  Vivarais,  condamné  en  1698 
pour  avoir  donné  retraite  au  ministre 
Brousson.  Mort  à  la  peine,  le  28  juin  1701. 

2104-  Trouillet  (Jean),  de  la  Fraignée, 
condamné  le  7  mai  1751  par  l'Intendant  de 
la  Rochelle. 

2105.  Turc  (Esprit  et  Jean) ,  de  Dieu-le- 
fit  en  Dauphiné,  condamnés  par  ordre  du 
roi,  le  28  fév.  1689.  Esprit  moi't  h  la  peine. 

2107.  Turc  (Philippe),  deux  galériens 
des  méraes  nora  et  prénora,  dauphinois, 
l'un  de  Chabrière,  condamné  en  1686;  sur 
la  Vieille-Saint-Louisk  Marseille  en  1698; 
—  l'autre  de  Monjoux,  condamné  par  ordre 
du  roi,  le  28  février  1689  pour  assemblée 
pieuse.  Sur  la  Gloire,  puis  sur  la  Vieille- 
Réale:  N"  10,991.  L'un  deux  libéré  le  7 
mars  1714. 

2108.  TuREL  ou  Toureil  (Pierre),  de  Châ- 
tillon,  diocèse  de  Die,  condamné  par  l'In- 
tendant M.  de  Bouchât,  le  23  nov.  1689. 

2109.  TuRGEs  (Honoré),  de  Nîmes  en 
Languedoc,  condamné  à  Montpellier,  le  12 
mars  1756.  N»  9,347  ;  libéré  le  30  août 
1762. 

2110.  TuRPiN  (René),  de  Cambon  près 
Nantes,  condamné  par  le  présidial  de  cette 
ville,  le  10  avril  1688.  Mort  à  la  peine. 

2111.  UsTiN  ou  Ustain  (Denis),  de  Fron- 
tignan  en  Languedoc',  écroué  en  juillet 
1702.  N»  26,614. 

2112-  Vabres  (Jacques),  de  S*-Jean- 
Chambre  en  Vivarais,  condamné  pour  dé- 
sertion en  1711,  écroué  le  3  janv.  1712. 
N"  36,874,  mort  à  l'hôpital  six  jours  plus 
tard. 

Vacher  (Alexandre),  voyez  Brunel. 

2113-  Vacher  (Nicolas),  de  Grenoble, 
condamné  par  le  parlera,  de  cette  ville, 
22  mars  1687.  Passé  en  Amérique. 

2114.  Vachet  (Pierre),  signalé  en  1693, 
comme  ayant  triomphé  de  ses  défaillances 
dans  la  foi. 

1  a  Catholique  de  naissance,  mais  condamné 
pour  assemblée  de  religion  et  pour  fanatisme, 
car  il  a  eu  des  émotions  comme  ces  petits  pro- 
phètes dont  on  a  tant  parlé.  » 


349 


FORÇATS   ET   GALERIENS. 


350 


2115-  Vachery,  jeune  prosélyte  du  Dau- 
phiné,  condamné  par  le  pari'  de  Grenoble, 
le  30  mars  1686. 

2116-  Val  (Jean),  du  Grand  Gallargues, 
condamué  le  16  mai  1716.  Contumax. 

2117.  Valadier  (Jacob),  chirurgien,  de 
Vallon  en  Languedoc,  condamné  par  le 
présidial  de  Marseille,  le  dernier  fév.  1687. 

Valescure  (de),  voyez  Tourtoulon. 

2118-  Valette  (Jean),  de  Négrepelisse 
en  Quercy,  condamné  par  l'Intendant  de 
Montauban,  le  3  déc.  1689. 

2119-  Valette.  Deux  individus  de  ce 
nom,  l'un  boulanger,  l'autre  cardeur  de 
laine  ;  tous  deux  de-  Réalmont  en  Langue- 
doc, condamnés  par  M.  de  S'-Priest  à  Mont- 
pellier, le  11  octobre  1754.  Contumax. 

2121.  Valgalier  (Pierre),  chamoiseur, 
de  Gange  en  Languedoc,  35  ans ,  condamné 
par  le  maréchal  de  Montrevel,  le  II  mars 
1703;  sur  la  Couronne,  N"  27,316;  Libéré 
le  14  avril  1712,  après  abjuration. 

2122.  Vallette  (André) ,  sieur  de  Vais- 
sac,  de  Vaissac  en  Quercy,  condamné  par 
le  parlera,  de  Besançon,  le  15  mai  1686, 
pour  sortie  du  royaume;  N»  8,272,  sur 
l'Eclatante,  puis  sur  la  Madame.  Mort 
«  constant  en  la  foi  »  à  l'hôpital  de  Mar- 
seille, 9  août  1711.  Il  portait  entre  autres 
pseudonymes  ceux  de  Blanchard  et  de 
Nègre. 

2123-  Vallat  (Pierre),  d'Anduze  aux 
devenues,  laboureur,  26  ans,  condamné 
par  le  présidial  de  Nîmes,  20  janvier  1689, 
pour  assemblée  pieuse  ;  sur  la  Madame  à 
Marseille  en  1698.  N»  10,956.  Libéré  en 
1713  et  retiré  à  Schaffhouse. 

Vais  (Jean),  le  jeune,  du  Grand-Gallar- 
gues,  condamné  par  le  duc  de  Roquelaure  à 
Montpellier,  le  16  mai  1716.  Le  même  que 
Val,  n»  2114. 

2124.  Vandeleur  (Jacob),  de  Coulou- 
gne,  condamné  par  le  Conseil  de  guerre  à 
Amiens,  le  26  août  1687. 

2125-  Vardot  (Pierre),  de  Lusignan  en 
Poitou  (1700)  ;  sur  la  Palme  h  Dunksrque 
en  1707;  n"  24,861. 

2126.  Vareilles  (Pierre),  l'aîné  et  Jean 
le  cadet,  tous  deux  de  Réalmont,  condam- 
nés par  M.  de  S*-Priest  à  Montpellier,  le 
11  octobi'e  1754.  Contumax. 

Varmont,  voyez  Grenier. 

2127.  Varnier  (Jean),  de  Vitry-le-Fran- 
çois  en  Champagne,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Metz,  17  septembre  1686  ;  mort  à  la 
chaîne  «  accablé  de  ses  fers  et  de  la  fatigue 
du  chemin.  » 

2128-  Vassal   (Jacques),    connu  sous  le 


nom  de  Jacques  Thomas;  de  Mondardier 
près  du  Vigan  en  Languedoc,  23  ans,  con- 
damné par  le  maréchal  de  Montrevel, 
le  16  mars  1703;  sur  la  Grande-Réale. 
N»  27,314.  Libéré  le  24  juUlet  1716. 

2129-  Vasserot  (Pierre) ,  de  Moulins, 
vallée  de  Queyras,  condamné  par  l'Inten- 
dant M.  de  Bouchât,  le  23  novembre  1689. 

2130.  Vaucienne  ou  Voucienne  (Jean  de), 
de  Vitry-le-François,  condamné  par  l'Inten- 
dant de  Champagne,  9  sept.  1688. 

2131-  Vaupilière  ou  Volpellière  (Claude), 
travailleur  de  terre  de  Vauvert  en  Langue- 
doc, cond.  par  le  présidial  de  Montpellier, 
le  31  mai  1702.  N»  26,587,  sur  la  Vieille - 
Réale.  Mort  h  la  peine,  le  30  avril  1703. 

2132.  Veau,  dit  Merle  (Jean),  de  Vin- 
sobres  en  Dauphiné,  condamné  à  Grenoble 
en  1693,  sur  la  Renom.mée  à  S'-Malo ,  en 
1698. 

2133.  Veirrier  (Jean),  de  Champagne, 
diocèse  de  Valence  en  Dauphiné,  condamné 
par  M.  de  Broglie,  le  2  janvier  1690. 

2134.  Velaux-Bonnet  (de) ,  signalé  en 
1693  corarae  ayant  triomphé  de  ses  défail- 
lances dans  la  foi. 

2130-  Ven  (Chrestien),  de  Brandebourg, 
condamné  par  le  Conseil  de  guerre  de 
Moutlouis,  24  sept.  1687. 

2136.  Venet  (Jacques),  de  S*-Gilles  en 
Languedoc,  condamné  par  M.  Lebret  Inten- 
dant de  Lyon,  12  mars  1687.  Mort  à  la  peine. 

2137-  Ventourou  (Louis),  du  Qâtinais, 
condamné  par  le  parlera,  de  Paris,  19  août 
1688. 

Verbizier ,  lisez  Berbigier  et  voyez  ce 
nora. 

2138-  Verdailhan  (Jean),  Cévenol,  fai- 
seur de  peignes  pour  les  cardeurs ,  con- 
darané  à  Montpellier  par  l'Intendant  du 
Languedoc,  le  17  août  1705  pour  avoir  in- 
troduit et  vendu  des  livres  à  l'usage  de 
ceux  de  la  R.  P.  R.  Contumax. 

2139-  Verdier  (Charles),  de  Pignan  aux 
Cévennes,  condamné  par  M.  de  Broglie,  le 
13  mars  1690. 

2140-  Verdier  (Etienne),  fils  de  Jacques, 
de  Pignan,  condamné  parBasvilleà  Nîmes, 
le  20  août  1704.  Contumax. 

2141.  Verdier  (Simon),  condarané  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  septembre 
1698. 

2142-  Verdilhan  ou  Verdeillan  (Jean), 
de  la  Melouze  en  Cévennes,  condamné 
comme  camisard  par  le  duc  de  Berwick  à 
Montpellier,  le  15  mai  1705.  N°  29,593; 
sur  la  Couronne.  Libéré  le  24  juillet  1716. 

1243-    Verger   (Jacques),   tonnelier,    du 


351 


FORÇATS    ET   GALÉRIENS. 


352 


du  village  de  Micheau,  paroisse  de  Marsac, 
condamné  par  M.  de  Bezons  pour  avoir  es- 
sayé de  sortir  du  royaume,  1687. 

Vergez,  lisez  de  Berger  et  voyez  Grenier. 

2144.  Vergnol  (Jean),  ministre  de  Mont- 
flanquin  en  Agénois,  condamné  par  le  par- 
lera, de  Réole,  le  8  fév.  1686.  Libéré  par 
la  suite. 

2145-  Verlhac  (Antoine) ,  sergent  du 
faubourg  de  Lepiac  à  Montauban,  con- 
damné par  l'Intendant  de  cette  ville,  le  15 
avril  1752. 

2146-  Vermeil  (Claude),  de  Congenez  en 
Languedoc,  condamné  à  Antibes  eu  Pro- 
vence, écroué  en  1705.  N"  29,056.  Libéré 
en  1711  ou  1712  à  condition  de  servir  dans 
les  troupes. 

2147.  Vernejouls  (Pierre),  laboureur,  21 
ans,  arrêté  près  de  Sai'lat  voulant  sortir  du 
royaume  et  condamné  par  M.  de  Bezons, 
1687. 

2148-  Vernes  (François),  fils  de  feu  Jo- 
seph et  de  Jeanne  Bravais,  laboureur,  de 
Lacroze,  paroisse  de  S*-Sauveur,  cond.  par 
le  présidial  de  Montpellier,  le  2  nov.  1701, 
alors  âgé  de  15  ans. 

2149-  Versël  (André),  de  Bravoustan, 
paroisse  d'Aulas,  diocèse  d'Alais,  43  ans, 
condamné  par  le  duc  de  Roquelaure,  comme 
possesseur  de  livres  défendus  et  promoteur 
d'assemblées,  le  9  déc.  1723.  Sur  le  Dépôt 
en  1746;  n"  4,164:  évadé  en  1750. 

2150.  Versil  (Jean-Jacques) ,  de  Cou- 
tange,  diocèse  de  Viviers,  condamné  par 
M.  de  Broglie,  le  17  juin  1689.  Mort  à  la 
peine. 

Vestion  (Jean),  de  S'-Félix  en  Cévennes, 
condamné  en  1698  pour  être  allé  à  Orange 
entendre  prêcher.  N"  21,804.  Sur  Y  Ambi- 
tieuse; puis  sur  la  Forte  à  Marseille.  Le 
même  que  Destion,  n»  738. 

2151-  Vey  (Noël),  de  Grosjeaune,  con- 
damné à  Montpellier  par  M.  de  Bernage, 
Intendant  du  Languedoc,  pour  assemblée 
religieuse,  le  1"  mars  1737. 

2152-  Veziat  (Jean),  originaire  de  Fou- 
gères en  Languedoc,  faisant  fonction  de 
chantre  chez  les  gentilshommes  verriers  de 
Pointis,  condamné  par  le  présidial  d'Auch, 
le  5  février  1746. 

2153-  ViAL  (Jean),  de  Vinsobre  en  Dau- 
phiné,  laboureur,  20  ans ,  condamné  à  Gre- 
noble en  1693  pour  assemblée  pieuse.  N° 
15,842.  Sur  VEclatante.  Libéré  en  1713  et 
retiré  à  S^-Gall. 

2154.  ViAL  (Pierre),  de  Montélimar  en 
Dauphiné,  condamné  par  M.  de  Larrey,  le 
20  janvier  1689. 


2155-  ViALA ,  chapelier  à  Uzès,  cond. 
par  le  présidial  de  Montpellier,  le  13  juin 
1693.  Gontumax. 

2156.  ViALA  (Jean),  fils  d'Etienne,  de 
S*-Jean-du-Gard,  dragon  dans  la  compagnie 
de  Caladon  au  régiment  de  Morsan,  cond. 
à  mort,  le  14  avi-il  1692;  sa  peine  fut  com- 
muée le  même  mois  en  celle  des  galères. 

2157.  ViALA  (Jean  ?),  d'Anduze,  cardeur 
à  Montauban  condamné  par  le  parlement 
de  Toulouse,  le  18  février  1762. 

2258-  ViALARD  (Jean),  sur  la  Grande  à 
Marseille  en  1695. 

2159-  ViANO  (Vincenso),  d'Oneille  en 
Italie,  habitant  depuis  15  ans  Montpellier, 
valet  de  chambre  de  M.  Diédié,  cond.  par 
l'Intendant  M.  de  Basville,  le  16  juillet 
1686. 

2160-  ViAUD  (Jean),  1693;  sur  la  Pria 
cesse  à  Marseille,  libéré  en  1713. 

Vibes,  voyez  Ribes. 

2161-  Vidal  (Jean),  de  Colognac  en  Lau- 
gudoc,  condamné  par  le  présidial  de  Nîmes, 
le  3  avril  1686,  gracié  l'année  suivante. 

2162.  ViELJEUx  (Antoine),  rentier  du 
Mas  de  Toubas,  cond ? 

2163-  ViELJEux  (Pierre),  rentier  du  sieur 
de  Montmarc  à  Monteug,  paroisse  de  S'- 
Maurice,  cond ? 

2164-  ViELZEN  (Pierre),  de  Nogai'et,  pa- 
roisse de  Castagnoles ,  diocèze  d'Uzès ,  con- 
damné par  le  présidial  de  Nîmes,  en  mai 
1690,  mis  à  la  chaîne  le  2  juin;  libéré  en 
1698. 

2165-  ViERME.  Deux  frères  condamnés 
par  contumace  eu  1688. 

2167.  ViERNE  (Pierre),  du  Pont  de  Mout- 
verl,  condamné  par  le  maréchal  de  Mon- 
trevel,  le  11  juin  1703. 

2168-  ViGiER  (Abraham) ,  d'Auboi  en 
Languedoc ,  cond.  comme  camisard  en 
1705  ;  n"  29,627  ;  sur  la  Vieille- Réale. 

Vignasson,  voyez  Berbigier. 

2169-  ViGNAUX  (Daniel),  fils,  cond.  à 
Montpellier,  le  23  oct.  1697.  Gontumax. 

2170-  Vignes  (Jacques).  Deux  individus 
sous  les  mêmes  nom  et  prénom  ;  l'un  de 
Nion  en  Dauphiné,  laboureur,  36  ans,  con 
damné  à  Montélimar  eu  1688  pour  assem- 
blée et  pour  livres  ;  sur  la  Superbe  à  S*- 
Malo  en  1698,  N»  10,964;  libéré  en  1713  et 
retiré  à  Zurich;  —  l'auti-e,  de  Mens  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  lieutenant  général 
de  Larrey,  le  29  janvier  1689.  Un  troisième, 
Jacques  Vignes,  de  Nogard  paroisse  de 
Gastagnoles,  cond.  par  le  présidial  de  Nîmes, 
en  mai  1690,  mis  à  la  chaîne  le  2  juin. 

2172.    Vignes    (Jean),    de    Castagnoles, 


353 


FORÇATS    ET   GALÉRIENS. 


354 


diocèse  d'Uzès,  condamné  par  l'Intendant 
de  Montpellier,  19  mai  1690.  —  Conf.  Jean 
Devigne. 

2173-  ViGNON  (Jean),  de  Marignac,  évè- 
ché  de  Die  en  Dauphiné,  condamné  par 
l'Intendant  de  cette  province,  23  mai  1689. 

2174-  ViGUiER  (Jean),  des  environs  de 
Sommières  en  Languedoc,  écroué  en  1709; 
n»  33,972  ;  sur  la  Grande-Réale  ;  mort  le 
16  déc.  de  la  même  année. 

2175.  ViGuiER  (Pierre),  de  Nègrepelisse, 
condamné  par  le  parlement  de  Toulouse,  le 
18  fév.1762. 

2176-  ViLLAR  (Pierre),  de  Nîmes  ou  des 
environs,  condamné  par  M.  le  duc  de  Ro- 
quelaure  à  Montpellier,  le  27  fév.  1720. 

2177.  ViLLARD  (Antoine),  de  Paillargues 
en  Languedoc,  mort  galérien  sur  la  Cou- 
ronne, le  26  fév.  1699. 

2178-  ViLLARD  (Jean),  de  Pins  en  Dau- 
phiné, condamné  par  le  parlem.  de  Gre- 
noble, 2  oct.  1685. 

2179-  ViLi.ARET  (Claude),  sargier,  de 
Durfort  en  Languedoc:  relaps,  condamné 
k  Nîmes,  le  24  déc.  1699,  pour  avoir  fait  la 
prière  à  un  malade.  N»  24,693.  Sur  la  Gloire, 
puis  sur  la  Vieille-Réale  à  Marseille.  Li- 
béré le  24  juillet  1716. 

2180.  ViLLARET  (Jean),  boulanger ,  de 
Geneyrargues  près  Nîmes,  40  ans,  con- 
damné par  l'Intendant  de  cette  province,  le 
3  février  1688  pour  assemblée  pieuse;  n» 
9,942;  sur  Y  Héroïne.  Libéré  en  1713,  pen- 
sionnaire de  MM.  de  Berne  à  Morges  en  1719. 

2181-  ViLLARs  (Jean),  du  Saint-Esprit, 
diocèse  de  Mende  en  Languedoc,  condamné 
par  M.  de  Broglie,  le  6  octobre  1689. 

2182-  ViLLEVAiN  ou  Villevaire  (Jean),  de 
Fontanieu  aux  Cévennes,  condamné  par  le 
parlem,  de  Grenoble,  écroué  le  9  juin  1735, 
condamné  en  1736. 

2183-  ViLLOM  (Abraham),  de  Lezi,  près 
Metz,  condamné  par  le  conseil  souverain 
d'Alsace,  le  10  juin  1687.  Libéré  plus  tard. 

2184-  Vii.MAT  (Samuel),  de  Raucourt, 
condamné  par  le  parlem.  de  Metz, 12  sept. 
1686.  Libéré. 

2185-  ViLossE  (Jean),  et  Matthieu  son 
frère,  de  Pragela,  condamnés  par  le  parlem. 
de  Grenoble,  11  janv.  1686.  Matthieu  libéré. 

2187.  ViNATiER  ou  Vinassier  (Pierre),  de 
Gap,  en  Dauphiné,  condamné  par  le  parle- 
ment de  Grenoble,  7  mai  1687.  Libéré. 

2188.  ViNAY  (Philibert),  de  Gizors,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Rouen,  2  mais 
1685. 

Vincende,  voyez  Robert. 

2189.  Vincent    dit    Laforge    (Etienne) , 


forgeron  natif  de  Gi-aleloup,  diocèse  d'Agen, 
46  ans,  condamné  comme  guide  par  le  par- 
lem. de  Bordeaux,  le  25  fév.  1702,  à  5  ans  ; 
a"  26,911  sur  \di  Grande-Réale.  lAhéré  après 
la  paix,  le  7  mars  1714,  reçoit  des  Etats 
généraux  de  Hollande  (1715)  une  pension 
de  200  florins. 

Yoiron  (Claude),  1713. 

2190-  Vole  ou  Voile  (David),  de  Valpe- 
rouze  en  Piémont,  condamné  à  Grenoble 
en  1691  pour  religion  et  port  d'armes  au 
service  de  Savoye;  n»  13,668.  Eu  1691  sur 
Vlnvincible  ;  sur  la  Reine  à  S*-Malo  en 
1698.  Libéré  en  1713. 

Volpellière,  voyez  Vaupilière. 

2191-  Vossière  (Etienne),  condamné  par 
le  présidial  de  Montpellier,  26  sept.   1698. 

2192.  Woelle  (Daniel  de  la),  de  Seri- 
court  eu  Lorraine,  condamné  par  le  parlem, 
de  Metz,  30  août  1686.  Libéré. 

2193-  Web  ou  Huap  (Thomas),  du  North- 
amptoflshire  en  Angleterre,  écroué  en  1707. 
N"  31,143. 

Yon,  voyez  Sayn. 

Yssoire,  voyez  Issoire. 


2194.  Armengaud  (Daniel),  galérien.  Li- 
béré en  1736  et  pensionné  (300  flor.)  par  les 
Etats  de  Hollande. 

2195-  Armingaud  (Jacques),  galérien  en 
France,  sollicite  en  1730  l'intercession  des 
Etats  de  Hollande  ;  il  est  libéré  e*  1738 
et  pensionné  par  les  Etats  (250  fl.)  en  1739. 

2196.  Audet  (Daniel),  20  ans,  arrêté 
près  de  Sarlat  et  condamné  pour  avoir 
voulu  sortir  du  royaume,  par  M.  de  Bezons, 
1687. 

2197.  Audiguay  (Pierre- Alexandre),  21 
ans,  arrêté  près  Sarlat,  voulant  sortir  du 
royaume,  condamné  par  M.  de  Bezons, 
1687. 

2198-  Bangeon  (Jean),  sargetier,  habitant 
de  Vayres  en  Poitou,  36  ans,  arrêté  près 
Sarlat  voulant  sortir  du  royaume,  condamné 
par  M.  de  Bezons,  1687. 

2199-  Beaumont  (Jacques),  maître  dra- 
pier à  Amsterdam,  emprisonné  à  Metz  et 
condamné  aux  galères.  Sa  femme,  Marie 
Guillemart,  sollicite  les  Etats  de  Hollande 
pour  intercéder  en  sa  faveur,  26  nov.  1700. 

Berlin,  n"  209,  poui'rait  être  le  même  que 
Bertin,  n»  234. 

Berru,  n»  228  et  Beru,  n»  247,  sont  un 
seul  et  même  personnage. 

Bonhoste,  n*  297,  était  de  Peseux,  prin- 
cipauté de  Neuchàtel  ;  condamné  en  1687  ; 
n»  9043. 

VI.  12 


355 


FORÇATS    ET    GALÉRIENS. 


156 


2200-  BoNNABEL  (Jean),  d'Orcières,  con- 
damné par  le  parlem.  de  Grenoble,  9  avril 
1740. 

2201-  Bonnet  (Pierre).  Deux  galériens 
de  ce  nom,  au  n"  318.  —  Il  y  en  a  un  troi- 
sième, Pierre  Bonnet,  du  Poitou,  condamné 
pour  avoir  assisté  à  des  assemblées  reli- 
gieuses, 29  juin.  1698. 

2204-  BoRREL  (Pierre),  condamné  à  5 
ans  par  le  parlem.  de  Grenoble,  1740. 

2205-  Bosc  (Etienne),  condamné  pour 
avoir  assisté,  en  1734,  à  une  assemblée 
surprise  au  rocher  de  Caileux  ou  Caylus, 
près  Saiut-Aârique.  Libéré,  il  se  retire  en 
Hollande  et  obtient  une  pension  des  Etats- 
Généraux  (300  fl.),  en  1738. 

2206-  BoucHET  (Jacob),  lieutenant  au  ré- 
giment de  Viçose,  fait  prisonnier  en  Portu- 
gal, est  conduit  h  Marseille  et  condamné 
aux  galères.  Il  se  réfugie  en  Hollande.  Sa 
femme,  Catherine  Bouchet,  d'Anduze,  après 
avoir  été  détenue  en  France  pendant  six 
ans,  sollicite  un  secours  des  Etats  de  Hol- 
lande pour  rejoindre  son  mari  h  Zell  avec 
ses  4  enfants.  Les  Etats  lui  accordent  10 
ducats  et  déclarent  que  l'on  prendra  repré- 
sailles sur  les  officiers  français  (Registres 
des  Etats  Généraux,  1705). 

2207.  BoucHEYER  (Pierre),  du  Dauphiné, 
condamné  à  5  ans  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble pour  avoir  voulu  soi'tir  du  rojaume  ; 
22  déc.  1685. 

Boflet,  n"  348,  double  emploi  avec  Bovet, 
n»  410. 

Bouri,  n"  375,  double  emploi  avec  Bourry, 
u"  387. 

2208-  BouRELi  (André),  libéré  en  1713, 
mort  èi  Amsterdam,  pensionnaire  des  Etats 
de  Hollande.  Le  7  nov.  1727,  sa  veuve, 
Jeanne  Milliau,  sollicite  des  Etats  une  année 
de  la  pension  de  son  mari  pour  elle  et  ses 
2  enfants  dont  l'aîné  n'a  que  cinq  ans. 

Bousquet  (André),  condamné  en  1681. 
lisez,  en  1687. 

Bouvène,  n»  396,  probablement  le  même 
que  Beauvière,  n"  168. 

Bouzigues  (L'un  des),  n"  408,  est  proba- 
blement le  même  que  Bousique,  n"  390. 

2209-  BoYER  (Daniel),  condamné  par  le 
parlem.  de  Grenoble,  16  fév.  1735. 

Brezun,  n»  426  est  le  même  que  Bruzun, 
n»  453. 

2210-  Broc  (Moïse),  batelier  au  lieu  de 
Roussanes,  32  ans,  arrêté  près  Sarlat  vou- 
lant sortir  du  royaume,  et  condamné  par 
M.  de  Bezons,  1687. 

Bruguière  (Jeau),  n"  442,  était  écroué 
sous  le  n"  30,763. 


Buttler  (Thomas),  n"  465,  appelé  ailleurs 
Botelier,  était  un  anglais  natif  de  Londres, 
qui  revenant  de  Barbarie  où  il  avait  été  es- 
clave et  demandant  la  charité,  comme  il 
passait  par  Paris,  y  fut  arrêté  h  titre  de  pro- 
testant et  condamné  aux  galères,  en  1701. 
Mis  sur  la  Grande- Réale  et  sur  la  Fleur-de- 
lys  ;  n°  25,413. 

2211-  Caldesaigue  (André),  condamné 
pour  avoir  assisté  à  une  assemblée  reli- 
gieuse tenue  près  de  Milhau  ;  1713. 

Canillère,  le  même  que  Gornillière,  n» 
631. 

Capelle  (Pierre),  n°  496,  le  même  que 
Pierre  Chapelle,  n°  556. 

2212-  Cariât  (Louis),  de  S'-Genix  en  Sa- 
voye,  condamné  h  5  ans  par  le  parlem.  de 
Grenoble,  comme  guide,  le  9  juillet  1687. 

Carrière  (Jean),  n»  509,  sur  la  Guerrière, 
en  1695. 

Cassan,  n°  511,  le  même  que  Castan,  n° 
515. 

2213.  CÉLiER  (André),  natif  de  Hen  près 
Mons,  soldat  du  régim.  de  Soble,  fait  pri- 
sonnier près  de  Maesneck  et  mis  sur  la 
galère  Y  Invincible  ;  n"  13,802  ;  sollicite  les 
Etats  de  Hollande  pour  être  réclamé;  1698. 

2214-  Chapel  ou  Chapelle  (J.),  prédicant 
en  Saintonge  et  Poitou  dès  1722,  condamné 
en  1731,  mis  aux  galères  à  Marseille  d'où 
il  continuait  encore  son  ministère  en  1735 
par  correspondance.  Voy.  ci-dessus  III, 
col.  1080  et  l'article  de  M.  N.  Weiss  dans 
le  Bull.  XXXV  (1886)  p.  436-52.  Il  fut  li- 
béré et  on  le  trouve  en  1738  au  nombre  des 
pensionnaires  (300  fl.)  des  Etats  généraux 
de  Hollande. 

2215-  Chassebceuf  (Pierre),  maître  ar- 
quebusier, habitant  de  Controlle,  paroisse 
de  Marsac,  52  ans,  arrêté  près  Sarlat  vou- 
lant sortir  du  royaume  avec  ses  deux  filles 
(Anna  20  ans  et  Marie  15  ans),  condamné 
à  la  question  et  aux  galères  à  vie,  par  l'In- 
tendant, M.  de  Bezons,  1687  ;  ses  deux 
filles  rasées  et  enfermées  au  couvent. 

2216-  Chemin  (Jean),  condamné  pour 
avoir  assisté  à  une  assemblée  pieuse  tenue  à 
Landouzy  en  1688. 

Colas,  n»  611,  peut-être  le  même  que  Cou- 
las, n"  660  ^ 

*  Il  serait  superflu  sans  doute  d'excuser  notre 
Liste  des  doutes  et  des  erreurs  qu'elle  renferme. 
Elle  est  le  résumé  d'un  nombre  infini  de  listes 
partielles  qui  se  colportaient  en  France  et  sur- 
tout â  l'étranger  pour  en  appeler  à  la  commisé- 
ration publique.  Le  but  de  ceux  qui  les  avaient 
écrites  était  de  faire  cesser  rinjustice  et  la  souf- 
france ;  qu'importaient  l'orthographe  des   noms 


35' 


FORÇATS   ET   GALÉRIENS 


FABRI 


358 


2217-  CoMBEL  (Etienne),  de  la  Charce, 
«ondamné  à  5  ans  par  le  parlera,  de  Gre- 
noble, 16  fév.  1735. 

2218-  Courtois  (Paul),  condamné  pour 
avoir  assisté  à  une  assemblée  surprise  au 
rocher  de  Caileux,  en  1734. 

22i9-  GrUYOT  (Charles),  avocat  à  Metz,  sa 
femme,  ses  enfants  et  deux  servantes,  con- 
damnés le  2  août  1700,  le  mari  aux  galères, 
la  femme  a  être  rasée  et  recluse  à  perpétuité 
ainsi  que  les  deux  servantes,  les  enfants  à 
être  enfermés,  tous  comme  fugitifs  (Archiv. 
du  bailliage  de  Metz). 

2220-  Pelissier-Tanon  (Jacques),  châte- 
lain royal  de  Mens,  condamné  à  vie  par  le 
pai'lem.  de  Grenoble,  3  septembre  1740. 

Sabatier  (François),  libéré  en  1713,  ob- 
tient, la  même  année,  des  Etats  génér.  de 
Hollande  une  pension  de  400  florins. 

2221.  Sablairolle  (Pierre),  galérien  li- 
béré vers  1730,  obtient  des  Etats  gén.  de 
Hollande  en  1738  une  pension  de  300  florins. 

2222-  Terasson  (Jean)  sollicite  rintercos- 
sion  des  Etats  de  Hollande  en  sa  faveur, 
17.30  :  libéré  en  1736. 

2223-  TiBAUTE  (Jean-Richard  de),  natu- 
ralisé bourgeois  d'Amsterdam,  fait  prison- 
nier par  les  Français,  mis  sur  la  galère 
r Invincible;  ;  n»  9886;  en  1698. 

2224-  Vidal  (Jean  du),  après  avoir  été 
quatre  ans  aux  galères,  s'est  échappé  à  Os- 
tende  et  demande  aux  Etats  de  Hollande 
un  secours  pour  se  rendre  en  Brandebourg, 
26  août  1705. 

Riaille  (Antoine)  n»  1831  et  Paul  Achard 
n"  4,  furent  les  deux  derniers  de  nos  mal- 
heureux galériens.  Ils  étaient  restés  tous 
deux  trente  années  à  la  peine.  L'adminis- 
tration les  avait  oubliés.  Le  ministre  de 
la  marine,  M.  de  Boyne,  était  persuadé 
qu'il  n'y  avait  plus  de  protestants  aux  ga- 
lères, lorsqu'un  banquier  de  Marseille, 
Claude  Eyniar,  l'enthousiaste  ami  de  J.-J. 
Rousseau  (voy.  ci-dessus  col.  186)  et  un 
publiciste  célèbre.  Court  de  Gébelin  (V  817) 
sollicitèrent  la  grâce  auprès  de  lui.  Court  y 
ajouta  un  mémoire  qui,  dit-il,  «  toucha  et 
surprit.  »  On  ignorait  la  date  exacte  de  la 
libération.  Elle  nous  est  donnée  par  M.  le 
p'Ch.DARDiER  qui  a  trouvé  dans  les  papiers 
«  d'Antoine  Court,  à  Genève  (coté  n"  2),  une 
lettre  de  Court  de  Gébelin,  adressée  de 
Paris  â  Charles  de  Végobre  k  Genève,  en 
date  du  30  sept.   1775,  lui  disant  :  «  N'est- 

et  l'exactitude  des  cbifFres?  Aussi  quelqu'incor- 
reote  qu'elle  puisse  être  encore,  notre  Liste  a 
ooûté  de  grandes  peines  à  ses  rédacteurs. 


ce  pas  bien  finir  le  mois  de  septembre 
que  de  vous  apprendre  que  la  grâce  de 
nos  braves  confesseurs  sur  les  galères 
vient  d'être  accordée  par  le  roi  et  que 
M.  de  Sar[tines]  en  expédie  les  ordres  ? 
Je  l'écris  h  Marseille  et  je  me  flatte  d'avoir 
été  l'instrument  dont  la  Providence  s'est 
servie  pour   faire    entendre   efficacement 

leur  voix » 

Pour  terminer,  au  sujet  de  notre  Liste  de 
Confesseurs,  nous  devons  remercier  du  con- 
cours qui  nous  a  été  prêté  pour  l'établir, 
par  MM.  Enschedé  de  Harlem,  Ern.  Cha- 
VANNEs  de  Lausanne,  N.  Weiss,  0.  Douen, 
Ch.  Sagnier  et  surtout  M.  le  p"^  Fonbonne- 
Berbinau,  de  Vesoul,  auquel  nous  avons  la 
plus  grande  obligation. 


FABRÈGUE  (La),  Nîmes,  étudiant  à 
l'acad.  de  Genève,  inscrit  en  ces  termes 
au  mois  d'oct.  1598  :  Johannes  Defabrica 
nemausensis.  —  Antoine  Fabrega,  de  Gan- 
ges^  reçoit  un  viatique  k  (ienève  pour 
Lausanne,  1700;  Jean  Fabrègue,  de  Gan- 
ges^  assisté  à  Genève,  1707.  —  Sarret  Sr 

de  Fabrègues,  en  1605,  II  col.,  289  ;( ) 

de  Fabrègues,  ministre  de  Gasteinau,  as- 
siste au  synode  de  la  haute  Guyenne, 
à  Saint-Antonin,  septembre  1572.  —  Fré- 
déric-Otto Fabrice,  sieur  de  Sacy-le- 
grand  en  Beauvaisis  et  de  Fontaine  le 
Comte,  fait  baptiser  au  temple  de  Gharen- 
ton  son  fils,  des  mêmes  prénoms,  en  1655; 
sa  (ille  Françolsk,  en  1656  ;  Jacques,  né 
le  21  avril  1657  ;  Godefroid,  bapt.  le  5 
mai  1658;  Théodore,  bapt.  le  29  août 
1660.  Il  est  inhumé  au  cimetière  des  Saints- 
Pères  le  12  juillet  1665,  et  l'on  baptise,  le 
16  août  suivant,  son  fds  posthume  pré- 
nommé encore  Frédéric-Otto.  M^e  de 
Fabrice,  dame  de  Sacy,  probablement  sa 
veuve,  est  poursuivie  en  1681  pour  avoir 
fait  marier  sa  fille  dans  son  château  par 
un  ministre  (Tt  284,  et  Bull.  VIII,  445). 
Elle  est  enfermée  aux  Nouvelles  cath.  de 
Beauvais,  en  1686,  puis  aux  Ursulines. 
Son  fils  Théodore  figure  de  1692  à  1697 
dans  les  rôles  de  l'armée  de  Hollande,  et 
son  fils  Godefroi,  appelé  Godefroi  Fabrice 
de  Gressigny,  est  également  officier  hol- 
landais en  1717.  Voy.  Menour. 

1.  FABRI  (Christophe)  dit  Lirertet 
(Christophorus  Faber  Libertetus  ou  Liber- 
tinus),  né  vers  1509  à  Vienne,  en  Dau- 
phiné  [Haag,   VII  87],  se  destinait  à  la 


359 


i'ABRI 


FAGE 


360 


carrière  médicale,  et  commença  ses  étu- 
des à  Montpellier  ;  mais  la  peste  de  1531 
l'ayant  chassé  de  cette  ville,  il  se  décida 
à  venir  les  terminer  à  Paris.  A  son  pas- 
sage à  Lyon,  il  entendit  parler  des  succès 
étonnants  que  la  prédication  de  son  com- 
patriote Farel  obtenait  dans  la  Suisse  ro- 
mande '.  Enflammé  du  désir  de  marcher 
sur  ses  traces,  au  lieu  de  poursuivre  sa 
route  vers  Paris,  il  alla  trouver  à  Morat  le 
réformateur,  qui  «  le  gagna  à  Jésus-(^hrist 
et  le  décida  à  prescher  dans  Morat  pen- 
dant son  absence,  en  attendant  vocation 
particulière.  »  L'année  suivante,  lo;52, 
Fabri  fut  donné  pour  collègue  à  Marcourt, 
dans  l'église  de  Neuchûtel,  puis  il  desser- 
vit, dans  le  même  pays,  pendant  trois  ans 
et  demi,  l'église  de  Boudry.  Farel  l'appela 
à  Genève  (en  fév.  i^?,Q).  Placé  comme 
pasteur  h  Thonon,  il  y  resta  dix  ans, 
s'acquittant  de  ses  fonctions  avec  un  grand 
zèle,  puis  il  retourna  à  Neuchâtel,  mais, 
en  1562,  Farel  l'emmena  avec  lui  dans  le 
Dauphiné.  Comme  il  avait  lintention  de 
s'y  établir,  il  partit  avec  sa  femme  et  ses 
enfants,  et  se  fixa  à  Vienne.  Lorsque  le 
duc  de  Nemours  s'approcha  de  cette  ville, 
il  essaya  de  s'enfuir,  mais  il  fut  pris  et 
cruellement  maltraité.  Cependant  il  finit 
par  recouvrer  la  liberté  et  fut  donné  pour 
ministre  à  l'église  de  Lyon,  où  nous  le 
trouvons,  en  1564,  collègue  du  célèbre 
Pierre  Viret,  et  des  pasteurs  David  Chail- 
let  *,  Jacques  Dieu  et  Jacques  Aubert. 
Christophe  Fabri  demeura  à  Lyon  jusqu'à 
la  mort  de  Farel  (1565),  et  lui  succéda 
dans  l'église  de  Neuchâtel  (mss  de  Ge- 
nève, no  147).  On  conserve  de  lui  à  la 
Biblioth.  de  Nenchâtel  un  grand  nombre 
de  lettres  autographes,  que  M.  Hermin- 
jard  publie  dans  sa  Corresp.  des  Réfor- 
mateurs, où  elles  sont  déjà  au  nombre 
d'une  quarantaine,  en  partie  signées  du 
pseudonyme  Libertetus.  Elles  témoignent 
toutes  de  l'instruction  et  de  la  piété  de  ce 
digne  pasteur. 

Nous  avons  trouvé  de  lui  ce  petit  ou- 
vrage inconnu  jusqu'ici  : 

Catéchisme,   c'est-à-dire   familière   ins- 

1  Vie  mss.  de  Farel  (par  Olivier  Perrot)  à  la 
Biblioth.  de  Neuchâtel. 

2  Ou  Chalier,  voy.  t.  III,  col.  1700.  Il  était 
.■lussi  appelé  Boulier  et  de  La  Roche,  natif  de 
Lône  en  Bourgogne.  Il  avait  été  pasteur  (1562)  à 
Vandœuvres  près  Genève. 


truction  chrestienne  des  enfans,  selon  la 
forme  qu'on  tient  en  l'Église  de  Neufchas- 
tel,  composé  et  reveu  par  Christophe  Fabri, 
de  Vienne  en  Dauphiné,  ministre  du  S^- 
Evang.  audict  Neufchastel  ;  Genève,  de 
l'impr.  de  J.  Crespin.  1554;  petit  in-S»,^ 
110  p.  —  La  préface  datée  du  1er  janv. 
1551,  ce  qui  donne  à  croire  que  nous 
n'avons  ici  qu'une  réimpression,  est  adres 
sée  à  François  III  dOrléans,  duc  de  Lon- 
gueville,  qu'il  appelle  «  Mon  très  redouté 
prince  et  Seigneur,  »  et  il  cherche  à  lui 
persuader  que  la  sévère  éducation  donnée 
dans  les  écoles  protestantes  est  la  meil- 
leure garantie  pour  la  sécurité  des  princes 
et  la  prospérité  de  leurs  États.  Le  duc 
mourut  dans  l'année.  En  1580,  l'église  de 
Mens,  en  Dauphiné,  avait  un  ministre 
nommé  Fabri  qui  révéla  à  Lesdiguières 
une  conspiration  «  des  Désunis  »  contre 
sa  vie.  Peut-être  (disent  MM.  Haag)  était- 
il  un  des  enfants  de  Libertet. 

FABRY  (Jean),  ministre  à  Lyon  en 
1547  {Bull.  XIL  481),  à  Genève  en  1549. 

—  «  A  Jehan  Fabry  qui  a  aultrefoys  esté 
maistre  d'eschole,  vj  s.,  »  janv.  1552 
(Bourse  franc.  deGen.). —  Guillem  Fabry, 
«  clerc  audiencier  du  parlem.  de  Toulouse, 
après  avoir  esté  par  trois  fois  cruellement 
géhenne  pour  le  contraindre  d'accuser  Du 
Faur,  président,  Caulet,  Coras,  Ferrières. 
Cavagnes  et  autres  Conseillers  de  la  Cour, 
comme  s'ils  l'eussent  aidé  à  la  saisie  de  la 
maison  de  ville  (IV  col.,  665),  fut  pendu 
à  un  arbre  devant  le  palais.  »  {Crespin, 
668  c).  —  Anthoine  Fabri,  de  Rouergue, 
admis  à  l'habitation  à  Genève,  oct.  1557; 

—  (Anthoine)  «  de  Larche -contre -nenf- 
ve  (?),  armurier,  id.  mars  155S;  —  (An- 
dré), de  Lus  en  Provence,  ministre  à  Mor- 
ges,  »  id.  16  septemb.  1572  ;  —  (Symon), 
«  de  Grâce  en  Provence,  ministre  à  Vi- 
try,  »  id.  17  nov.  1572.  —  Le  8  août 
1624,  François  Fabri,  ministre  en  l'église 
de  Lacaune,  épouse  d'ie  Marthe  Tenans. 
fille  de  Jérémie  et  nièce  du  professeur  Jean 
Tenans  (voy.  notaires  de  Montauban). 

FAGE  (Durand)  né  à  Aubais,  près 
Sommières,  bas  Languedoc,  en  1681.  A 
l'âge  de  21  ans,  il  se  trouva  pour  la  pre- 
mière fois  dans  une  assemblée  d'illuminés 
des  Cévennes.  C'était  à  S'-Laurent  d'Ay- 
gouse.  Il  raconte  qu'il  y  vit  une  fillette  de 
onze  ans  qui  ne  savait  pas  lire  et  dont 
l'esprit  de  Dieu   s'empara.   Elle   éprouva 


361 


FAGE   —   FAGET 


362 


une  grande  agitation  de  la  poitrine,  tomba 
dans  des  convulsions,  puis  poussa  des  cris 
exaltés,  puis  lit  une  prière  que  suivit  un 
discours  de  trois  quarts  d'heure  que  Page 
trouva  fort  touchant.  Dans  une  autre  as- 
semblée, elle  lui  annonça  qu'il  recevrait 
de  grands  dons  de  Dieu  s'il  persistait  dans 
son  assiduité  aux  assemblées.  Il  retourna 
à  Aubais  en  1703  et  fut  contraint  de  ser- 
vir pendant  quelques  mois  dans  la  milice 
contre  les  Camisards.  Mais  il  passa  bien- 
tôt du  côté  de  ceux-ci  et  fit  toute  la  guerre 
avec  eux.  Il  a  raconté  plus  tard  ses  surex- 
citations fanatiques  '  :  «  Tout  ce  que  nous 
faisions,  dit- il,  nous  le  faisions  par  ordre 
de  l'Esprit.  Les  plus  simples  d'entre  nous, 
les  enfants  même  étaient  nos  oracles.  Ar- 
rivait-il quelque  chose  d'important  sur 
quoi  il  fallait  délibérer?  nous  nousjettions 
à  genoux  ;  nous  demandions  à  Dieu  de 
nous  diriger  ;  et  voici  qu'aussitôt  plusieurs 
étoient  saisis  de  l'Esprit  et  parlaient.  S'ils 
étoient  d'accord,  nous  regardions  leurs 
paroles  comme  la  décision  de  Dieu... 
Après  cela  la  mort  ne  nous  effrayait  pas  ; 
nous  ne  faisions  aucun  cas  de  notre  vie, 
heureux  de  la  perdre  pour  la  cause  du 
Sauveur  et  en  obéissant  à  ses  ordres. 
Quand  nous  allions  au  combat  et  que  l'Es- 
prit nous  avoit  fortifiés  en  disant  «  N'ap- 
«  préhendez,  pas  mes  enfants, je  vous  con- 
«  duirai  et  vous  assi.sterai,  »  nous  nous 
jetions  dans  la  mêlée  comme  si  nous 
avions  été  vêtus  de  fer.  »  Après  la  capitu- 
lation de  1706,  Page  alla  rejoindre  Cava- 
lier en  Hollande,  et  lui  demanda  du  ser- 
vice dans  son  régiment.  Mais  comme  il 
n'y  avait  plus  de  place  à  y  donner,  il 
passa  en  Angleterre  où  il  mourut  paisible 
et  calmé.  (Haag). 

PAGES  (Antoine),  de  St-Hippolyte, 
tisserand,  assisté  à  Lausanne,  169o.  — 
(Jacques)  de  Gros,  en  Cévennes,  mort  à 

l'hôpital  de   Lausanne,    1698.   —    ( ) 

de  Massilargues,  pendu  par  sentence  du 
sénéchal  de  Nîmes,  nov.  1691).  —  (Jac- 
ques), de  Graissesac,  cloutier,  va  se  join- 
dre auxVaudois,  avril  1699. —  (Étierme), 
de  Congénie  en  Languedoc,  assisté  à  Ge- 
nève de  1698  à  1704.  —  Abraham,  Anne 
et  Marie  Fagès,  des  Cévennes,  déportés  en 
1687. 

PAGELLES  (François-Nicolas)  officier 

1  Voy.  aussi  les  articles  Allut  et  Marion. 


dans  l'armée  hollandaise,  1697.  —  Pierre 
Fagerole,  d'Alais,  reçoit  un  viatique  à 
Lausanne,  1695. 

FAGET  (Ambroise),  ministre  de  La  Ro- 
chelle en  1560  [Haag,  V  53].  On  lit  dans 
les  registres  du  consistoire  de  Genève,  16 
déc.  1557  :  «  Jehan  Gardepmjx  a  comparu 
au  contenu  du  renvoi  faict  par  Nossei- 
gneurs, pour  esclaircir  le  contenu  de  sa 
supplique  par  luy  présentée,  et  dict  qu'il 
y  a  deux  mois  qu'il  fust  reçu,  de  Messieurs 
pour  habitant  et  changea  de  nom  pour  ce 
qu'il  craignoyt  d'estre  aperceu  de  ceulxde 
son  pays,  et  espérant  s'oster  d'ici  pour 
aller  en  Allemaigne,  emprumpta  le  nom 
d'Ambroise  Faget.  Despuis  ayant  commo- 
dité de  demourer  en  ceste  cité  s'est  de  re- 
chef présenté  à  Nosseigneurs  pour  des- 
clayrer  son  propre  nom  aux  fins  que  le 
changement  de  son  propre  nom  ne  luy 
soit  impropéré  à  fraude.  Advisé  d'aultant 
que  l'on  a  aperceu  qu'il  preschoit  l'évan- 
gile en  son  pays,  joinct  qu'il  est  permis 
de  droict  civil  de  changer  de  nom  moyen- 
nant qu'il  n'emporte  dommage  à  personne 
ni  défraudation  d'aultruy,  qu'il  peut  estre 
receu  pour  habitant  en  son  propre  nom  et 
en  tous  deux,  et  pour  ce,  est  renvoyé  de- 
vant MM.  avec  sa  supplication.  »  F'aget  ne 
tarda  pas  à  reprendre  les  dangereuses 
fonctions  qu'il  avait  déjà  exercées.  Dès  le 
mois  de  juillet  1558,  il  fut  donné  pour 
ministre  à  Orléans  {Archiv.  de  la  Compa- 
gnie etc.,  reg.  B),  et  deux  ans  plus  tard, 
il  fut  envoyé  à  La  Rochelle  pour  y  orga- 
niser l'église  avec  Richer  {Archiv.  de  la 
Comp.,  etc.,  reg.  A).  Il  hâta,  dit  Arcère, 
les  progrès  de  la  nouvelle  église  par  le 
zèle  le  plus  actif  et  des  soins  continuels  ; 
mais,  ajoute  l'historien  de  la  Rochelle, 
«  c'étoit  un  homme  ardent,  enthousiaste, 
qui  vouloit  se  mêler  de  tout,  être  de  tout, 
et  qui  décrioit  avec  indécence  le  gouver- 
nement. »  Obligé  de  sortir  de  la  ville, 
dont  le  séjour  lui  fut  interdit,  même  après 
l'édit  de  janvier  1562,  malgré  les  instan- 
ces des  Rochellois,  à  qui  il  était  cher, 
Faget  ne  put  y  rentrer  que  lorsque  les 
protestants  s'en  furent  rendus  maîtres.  Ar- 
cère n'a  pu  découvrir  la  date  de  sa  mort. 
—  Simon  Faget,  fut  pasteur  à  la  Carresse, 
dans  le  colloque  de  Sauveterre  (Béarn)  de 
1610  à  1650;  sa  province  le  députa  au  sy- 
node national  d'Alençon  en  1637  {Aymon, 
II,  533).  Son  fils,  Philippe  de  Faget,  fut 


363 


FAGET 


FAILLY 


364 


pasteur  de  Sauveterre,  de  1671  h  1686;  à 
l'époque  de  la  Révocation,  il  s'embarqua 
pour  se  réfugier  en  Angleterre  et  mourut 
pendant  la  traversée.  —  M^e  Faget,  con- 
vertie en  1687  moyennant  une  pension  de 
9O0  livres  (E,  3373).  —  De  Faget,  voy. 
Preissac. 

FAGNIER.  «  George  et  Jehan  Fagnier 
frères,  filz  de  feuz  Claude  Fagnier  en  son 
vivant  maistre  masson,  natifz  de  Cheeppe, 
dioc.  de  Chalons  en  Champagne,  »  reçus 
habitants  de  Genève^  novemb.  1S56  ;  — 
«  Jehan  fdz  de  Claude  Fagnier  de  Vitry  le 
François,  masson,  »  id.  mars  1385.  — 
Faïe,  ancien  chanoine  de  Notre  Dame,  et 
prieur  du  Vieux  Rellesme  et  de  Thouars, 
enterré  à  Paris,  au  cimetière  St-Germain, 
3  nov.  1618.  Voy.  La  Paye. 

FAIGAUX  (Daniel)  originaire  de  Son- 
villers,  se  réfugia  en  Suisse  à  l'époque  de 
la  Révocation.  Il  était  pasteur  à  Yverdon 
en  1701,  et  le  quitta,  1707,  pour  Diesse.  à  la 
suite  d'un  différend  qu'il  eut  avec  un  de 
ses  collègues  sur  la  manifestation  du  Saint- 
Esprit.  Il  avait  épousé  la  fdle  de  Samuel 
d'Aubigné,  fils  de  Nathan  (voy.  ci-dessus 
t.  I,  col.  549,  lig.  27)  et  pasteur  de  Renan, 
Reviliard  et  Sornetan,  au  Val-Saint-Imier 
(Berne);  il  fut  le  suifragant  (pour  cette  der- 
nière église)  de  son  beau-père  qui  mourut 
en  1710  {Bull.  VIII,  231).  Il  alla  ensuite 
comme  pasteur  à  Stuttgard. 

Son  fils,  François-Louis  [Haag,  V  54] 
fut  nommé,  1745,  pasteur  de  l'église  franc, 
de  Schwabach,  après  la  mort  du  pasteur 
Baratier  (voy.  t.  I,  col.  763).  Il  était  en 
même  temps  professeur  de  philosophie,  et 
nous  est  connu  par  une  Dissertation  sur  la 
folie  de  l' athéisme  {Schwah.,  il ^9,  in-4o). 
On  a  de  lui  un  recueil  de  sermons  pub.  sous 
ce  titre  :  Sermons  sur  divers  sujets  impor- 
tants de  la  religion  (La  Haye,  1740,  in-8o, 
285  p.  Francfort,  1745,  in-8o).  «  La  mé- 
thode en  est  aisée  et  naturelle,  lit-on  dans 
la  Biblioth.  raisonnée,  les  sujets  impor- 
tans  et  bien  choisis,  la  diction  assez  pure 
et  assez  correcte,  à  l'exception  peut-être 
d'un  petit  nombre  d'expressions  que  même 
l'usage  de  la  chaire  peut  eu  partie  excu- 
ser. Il  y  règne  partout  une  onction  et  un 
air  de  piété  plus  propres  à  toucher  que 
toutes  les  figures  de  rhétorique.  »  Ces  ser- 
mons sont  au  nombre  de  neuf.  Les  deux 
premiers,  sur  Jacq.  IV,  8,  avaient  déjà  été 
publiés  sous  le  titre  d'Abrégé  du  christia- 


nisme. Le  premier  présente  au  chrétien  un 
résumé  de  ses  devoirs  ;  le  second  lui  ex- 
pose les  avantages  de  la  piété.  Le  3me  ser- 
mon roule  sur  le  renvoi  de  la  conversion  ; 
le  4me,  sur  l'amour  du  monde  ;  le  5rae,  sur 
la  négligence  des  hommes  à  l'égard  du 
salut;  le  6'ne,  sur  la  cause  et  l'usage  des 
jugements  de  Dieu.  Le  7rae  est  un  sermon 
de  jeûne.  Le  8«ne  traite  du  bonheur  d'une 
âme  que  Dieu  a  reçue  en  grâce.  Le  9^^ 
enfin  a  été  prononcé  à  l'occasion  de  la 
naissance  du  prince  de  Brandebourg-Ans- 
pach.  A  la  fin  du  volume  se  trouve  le  ser- 
mon d'adieu  de  Baratier.  Plus  tard,  F.-L. 
Faigaux  passa  au  service  de  l'église  fran- 
çaise de  Namur.  On  a  de  lui  '  un  second 
recueil  de  sermons  différent  du  précédent 
quoiqu'il  porte  le  même  titre  : 

Sermons  sur  diverses  matières  impor- 
tantes de  la  religion,  par  M.  F.-L.  Faigaux, 
pasteur  de  l'église  wallonne  de  Namur;  La 
Haye,  Isaac  Beauregard,  1760,  in-12.  Ce 
recueil  contient  13  bons  discours  :  1.  L'exa- 
men de  soi-même  (I  Cor.  XI,  18);  2.  Né- 
cessité de  la  piété  dans  la  jeunesse  (Ec- 
cles.  XII,  3);  3.  Les  rechutes  dans  le  pé- 
ché (2  Pierre  H,  21);  4.  Miséricorde 
qu'obtient  un  pécheur  en  retournant  à 
Dieu  (Ps.  32)  ;  5.  Les  défauts  de  nos  jeû- 
nes (Esaïe  LVIIl,  5);  6.  La  crainte  des  ju- 
gements de  Dieu  (Jér.  VI,  8);  7.  L'endur- 
cissement du  cœur  (Zach.  VII,  12)  ;  8. 
L'impénitence  des  chrétiens  de  nos  jours 
(Matt.  H,  20)  ;  9  L'effusion  du  St-Esprit  à 
la  Pentecôte  (Actes  XI,  4);  10.  La  justifica- 
tion par  la  foi  (Rom.  IH,  27);  11.  L'adieu 
de  Paul  aux  Ephésiens  (Actes  XX,  18)  ; 
12.  Les  devoirs  du  S.  Ministère  (2  Tim. 
IVj  12);  13.  Nécessité  d'espérer  en  Christ 
pour  une  autre  vie.  Le  volume  est  dédié 
aux  nobles  et  puiss.  seigneurs  du  Conseil 
d'État  des  Provinces  Unies. 

FAILLY  (M""  de),  religionnaire  de  Metz, 
enfermé  à  la  Révocation  dans  la  citadelle 
de  Verdun,  puis  déporté  avec  Olry  et  plu- 
sieurs autres  à  la  Martinique  (1688),  d'où 
il  parvint  à  s'échapper.  De  Failly  du 
Chompré,  probablement  son  parent,  meurt 
à  Metz,  juin  1700,  en  refusant  les  sacre- 
ments de  l'église  catholique;  on  fait  le 
procès  à  son  cadavre  et  ses  biens  sont 
confisqués.  —  André  et  Pierre  Failli,  de 
la  Roque  d'Antéron  en  Normandie,  por- 

1  Notes  de  M.  le  past.  Th.  Maillard. 


365 


FAILLY 


FAISSES 


366 


teurs  de  chaises,  réfugiés  avec  leurs  famil- 
les à  Berlin,  1698.  —  Faisan,  quatre  pas- 
teurs dauphinois  de  ce  nom  sont  signalés  à 
l'époque  de  la  Révocation  ;  le  plus  ancien 
exerçait  ses  fonctions  à  Pont  en  Royans 
en  1660,  puis  à  Livron  et  à  Besodun  ;  un 
autre,  Jean,  né  en  16S3  était  pasteur  aux 
Tonils;  Alexandre  Faisan  La  Serve,  né  en 
1662,  n'était  encore  que  proposant  en 
1683,  lorsqu'il  fut  inquiété  pour  avoir 
prêché  en  des  lieux  interdits;  tous  trois 
se  retirèrent  en  Suisse.  Le  quatrième, 
après  avoir  exercé  à  Aouste,  1671-72,  à 
Vercheny,  et  en  1685  à  Espenel,  consen- 
tit à  Tabjuration. —  D'ie  Faisan,  réfugiée  de 
Die,  72  ans,  assistée  à  Genève,  1695.  — 
Pierre  Faisant  sr  de  La  Roche,  né  à  Gra- 
teloup,  Bailli  d'Insange  (Hinsingen)  en 
1685,  colonel  des  milices  du  pays  Messin, 
résidant  à  Courcelles  en  1703,  avait 
épousé  à  Metz  en  1674  Suzanne,  fille 
d'Aug.  Friartiinyer.  En  1703,  celle-ci  est 
enfermée  à  la  Propagation  de  la  foi,  à 
Metz,  probahlement  pour  avoir  favorisé  le 
mariage  à  l'étranger  de  sa  fille,  que  l'on 
enferme  au  même  couvent. 

FAISSES  (Pikrre)  du  Mazel,  en  la  pa- 
roisse de  Sainte-Croix  de  Caderles,  dans 
les  Cévennes,  avait  comploté  de  quitter 
son  pays  où  on  le  persécutait  pour  la  re- 
ligion et  de  s'enfuir  en  Suisse  avec  sa 
sœur  puînée,  Jeanne  Faisses,  et  un  plus 
jeune  frère,  Laroche-Faisses,  lorsqu'une 
sentence  de  mort,  pour  avoir  pris  part  à 
une  assemblée  religieuse,  vint  le  frapper 
et  l'obliger  de  partir  sans  sa  sœur,  au 
mois  de  juin  1686.  Jeanne,  fut  réduite  à 
s'associer  une  amie,  Oiimpe  Fillion,  fille 
d'un  apothicaire  d'Aymargues,  et  plu- 
sieurs autres  femmes  protestantes,  pour 
gagner  la  Suisse  sous  la  conduite  de  gui- 
des douteux.  Ces  malheureuses  furent  ar- 
rêtées à  Nantua,  puis  conduites  à  Belley, 
puis  à  Dijon,  et  livrées  alors  à  la  misère, 
aux  tortures  sans  relâche  des  prisons  pré- 
parées pour  vaincre  leur  constance.  Jeanne 
soutfrit  dix-neuf  mois  sans  se  laisser  ébran- 
ler et  finit  par  fatiguer  la  patience  du  gou- 
vernement qui  l'expulsa  miséricordieuse- 
inent  à  la  frontière  suisse,,  avec  une 
trentaine  de  ses  compagnes  placées  dans 
les  mêmes  conditions  (19  avril  1688).  On 
conserve  ta  la  Biblioth.  de  Genève,  dans 
les  Papiers  d'Ant.  Court  (n»  43)  le  Récit 
de  la  captivité  de  Jeanne  Faisses  et  de  sa 


mort  cinquante  jours  après  son  arrivée 
dans  ce  «  pays  de  liberté,  »  à  Chavornay, 
près  Lausanne,  le  14  juin  1688.  Sa  lamen- 
table histoire,  imprimée  dans  le  Bull,  de 
la  Soc.  de  l'histoire  du  Protestantisme  fr. 
(XXVI  et  XXVII)  fournit  les  noms  d'un 
grand  nombre  d'autres  victimes  que  l'on 
doit  se  faire  un  devoir  de  recueillir.  Il 
arriva  de  Belley  trente  prisonnières  à 
Dijon  le  29  déc.  1687.  Elles  trouvèrent 
dans  les  prisons  de  la  Conciergerie  «  le 
«  sr  Pierre  Durand,  de  La  Salle  en  Cé- 
«  venues,  qui  y  fut  condamné  aux  galè- 
«  res  et  conduit  pour  cet  eflet  à  Marseille 
«  où  il  a  été  cruellement  traité  pour  ne 
«  vouloir  assister  h  la  messe  qu'on  célé- 
(.  broit  dans  la  galère  et  ensuite  trans- 
«  porté  à  l'Amérique  "...  M"e  de  La 
«  Croix,  de  Chalon  sur  Saône,  dont  la 
«  mémoire  mérite  de  vivre  dans  les  siè- 
«  clés  à  venir,  s'est  absentée  de  sa  mai- 
ci  son  et  de  sa  famille  pendant  plusieurs 
«  mois  pour  rendre  service  aux  pauvres 
«  prisonniers  de  J.-C.  ».  Le  3  mars  1687, 
Jeanne,  avec  son  amie  Olympe  Fillion  et 
Suzanne  Lambert,  furent  condamnées  à 
être  rasées  et  enfermées  à  perpétuité  dans 
l'hôpital  de  Dijon.  «  Là  elles  trouvèrent 
neuf  autres  sœurs  au  Seigneur  de  divers 
endroits  qui  y  avaient  été  déjà  jugées  : 
Marie  £aussard,  parisienne;  Jeanne  et 
Marie  Lopin;  Marie  Sabourin,  de  S^-Am- 
broix  ;  Jeanne,  femme  à  M.  Trouchaud, 
de  Montpellier  ;  Jeanne  Gruas,  âgée  de  18 
ans,  fille  unique  à  M.  Gruas,  apothicaire 
de  Montélimar  ;  Marie  Guhert,  de  Mont- 
pellier ;  Isabeau  Ollier  et  Marie  Lombard, 
toutes  deux  d'Annonay . . .  Quinze  jours  après 
furent  jointes  à  ces  douze,  deux  sœurs  Ma- 
rie et  Louise  Bellœil,  de  Barjac  en  Lan- 
guedoc. Quelque  temps  après  y  arriva 
Fleurie  Careyron,  du  côté  de  Clialençon 
en  Vivarais,  compagne  de  lit  de  notre 
Jeanne;  elle  y  mourut  dans  la  persévé- 
rance vers  le  mois  de  nov.  suivant.  Le 
lendemain  arrivèrent  encore  à  leur  cham- 
bre Sara  Vieux,  du  Dauphiné,  Esther  et 
Isabeau  Chessier,  de  Baume  en  Dauphiné. 
La  pauvre  Isabeau  étant  malade  fut  des- 
cendue à  la  chambre  des  malades  et  sépa- 
rée pour  jamais  de  sa  sœur  qui  fendoit 
l'air  de  cris.  Elle  y  fut  réduite  malheureu- 

'  De  la  Martinique,  il  réussit  à  se  réfugier  en 
Hollande.  —  Conf.  t.  V  col.  1007,  lig.  3  â  6. 


367 


FAISSES 


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sèment  [au  papisme]  et  pendant  4  ou  5 
mois,  elle  soufTrit  de  maux  incroyables;  la 
gangrène  se  mit  enfin  à  son  corps  et  on 
la  découpa  plusieurs  fois  avant  que  mou- 
rir. A  ces  18  furent  jointes  Marie  Mar- 
cheval  et  Marie  Guelie,  de  Tonneins  ;  en- 
suite dame  Jonquête,  de  Nîmes,  dont  le 
mari  est  mort  en  galère  pour  la  religion  ; 
Claudine  et  Anne  Marnay  sœurs,  et  Marie 
Lamente,  de  Bussi  en  Bourgogne,  et  Ju- 
dith Crapois.  »  C'étaient  25  détenues  alors 
libérées,  car  quatre  moururent  en  prison. 
Quittant  la  citadelle  de  Dijon,  elles  y  lais- 
sèrent «  Mme  Choubert,  la  famille  Malet, 
François  Bonnet,  tous  du   Dauphiné,  les 
dames  Emery  et  Boisselier,  d'Is-sur-Thille; 
mais  elles  trouvèrent  sur  les  chariots  prêts 
à   partir  :    «  M.  Portai,  de   S'-Hippolyte 
en  Cévennes ,  le  s^  Bouvière ,  cordonnier 
d'Uzès,  le  S''  Armand,  M.  Duplan  du  côté 
de  Montauban,  M.  André  Duval,  du  Dau- 
phiné, le  sr  Espagnac  le  fils,  d'Alais,  dit 
Flamen  ^ ci-dessus  col.  82);  les  frères  Per- 
pétuel et  Daniel  Perpétuel,  des  Cévennes; 
les  d"es  de  La  Corne,  sœurs  jumelles,  de 
Dijon;   Mi'e   Givord,    fille    d'un    avocat; 
Mlle  Marcombe,  fille  et  sœur  d'un  ministre 
de  la  Bresse,  d'ies  Emery,  du  Berry,  et 
Isabeau  Bolland,  du  Dauphiné,  tirée  des 
prisons   de   Dijon  ;   M'ie    Anne    Uchard, 
nièce  à  M'oe  Guichenon,  tirée  du  couvent 
du  Bon  pasteur  de  Dijon,  où  furent  laissées 
trois  autres  captives.  A  ces  libérées  furent 
jointes  en  chemin  faisant  Mme  Bigaud  et 
Mme  Guichenon,  de  Bresse,  tirées  des  pri- 
sons de  Bourg,  avec  M^e  Anne  Bepen  et 
Mme  Guichard,  femme  d'un  avocat,  tirées 
des  couvents  de  Mâcon...  Notre  Jeanne  et 
sou  amie  Olympe  arrivèrent  (de  Genève) 
à  Lausanne,  le  lundi  26  avril  1688,  sous 
la  conduite  de  M.  le  baron  d'Aubaïs,  ré- 
fugié, qui  paya  cordialement  le  bateau  et 
leur  dépense.  » 

A  ce  récit  concernant  Jeanne  Paisses 
est  joint  dans  les  papiers  d'Ant.  Court  une 
Vie  de  son  frère  Pierre,  écrite  par  lui- 
même,  et  qu'il  a  intitulée  «  Livre  de  mé- 
moire pour  l'usage  de  ma  famille.»  Il  était 
fils  de  Jean  Faisse,  né  en  la  paroisse  de 
Sodorgues  en  1593,  et  d'Anne  fille  de 
Jean  La  Boche,  capitaine  d'infanterie,  pro- 
priétaire du  Mazel,  mort  en  1620.  Pierre 
Faisses  était  un  digne  homme,  très  sim- 
ple^ qui  était  parvenu,  non  sans  peine,  à 
s'élever  au  titre  et  aux  fonctions  de  maî- 


tre d'école  et  de  chantre,  dont  il  était  fier, 
et  qui,  lorsqu'à  sa  grande  douleur  la  per- 
sécution le  chassa,  parvint  à  gagner  la 
Suisse  et  eut  la  consolation  d'obtenir,  en 
mars  1700,  dans  le  canton  de  Vaud,  à 
Saint-Saphorin,  le  même  titre  et  les  mê- 
mes fonctions  qu'il  avait  dans  son  pays 
natal.  Nous  en  extrairons  un  seul  chapitre, 
dans  lequel  il  raconte  ce  qu'il  a  vu  des 
commencements  du  désastre. 

Mazaribal,  1685.  Funeste  aimée  de  nos 
malheurs.  Ce  fut  cet  été  de  1685  que  M.  et 
M""  de  Seriéres  vindrent  de  Paris  au  Ma- 
zaribal pour  voir  leurs  pai'ens  et  emmener 
leurs  trois  enfants.  Ce  fut  assurément  un 
été  de  douceur  et  de  plaisir  par  toutes  ces 
belles  visites  et  conversations  ;  mais  hélas  ! 
que  la  sortie  et  l'automne  furent  un  temps 
de  chagi'ins,  de  misères  et  de  malheurs  les 
plus  funestes  que  le  Christianisme  ave  peut- 
èti'e  jamais  éprouvé,  puisque  dans  les  au- 
tres persécutions  on  en  était  quitte  pour 
mourir  ;  mais  en  celle-ci  la  mort  a  été  re- 
fusée à  ceux  qui  la  demandoieut  pour  une 
grâce  1. 

Vers  la  fin  de  l'été  on  entendit  dire  sour- 
dement que  du  côté  de  Bourdeaux  et  vers 
la  Guyenne,  les  troupes  exerçoient  des  hor- 
reurs et  des  persécutions  mfernalles  contre 
les  gens  de  la  Religion  pour  les  porter  a 
abandonner  la  vérité.  On  pria,  on  jeûna,  on 
plura,  mais  trop  tard  pour  appaiser  la  co- 
lère d'un  Dieu  juste  Bt  justement  irrité.  Les 
troupes  s'approchèrent  du  Languedoc  et 
des  Sevennes.  Cependant  M.  et  M""  de 
Serièi'es,  leurs  trois  enfants,  M.  Faugeron 
de  Ville -Sauvez,  de  Clei-ac,  proposant  et 
précepteur  de  ces  messieurs,  étant  partis 
pour  aller  h  Paris  et  passant  par  le  Puy  y 
furent  arrêtez  comme  fugitifs  jusqu'à  ce 
qu'on  eut  écrit  à  Paris  et  que  de  Paris  on 
eût  envoyé  à  M.  l'Intendant  à  Monpelier  et 
que  l'ordre  de  M.  l'Intendant  fut  arrivé  au 
Puy,  après  quoi  ils  partirent,  et  allèrent  à 
Paris  ;  mais  M.  Faugeron  proposant  et  M. 
Annibal  de  Seriéres,  cadet  de  tous  ces  MM. 
prii"eut  le  chemin  de  la  Hollande  et  passè- 
rent heureusement  par  la  Flandre  sans 
être  arrêtez;  par  une  espèce  de  miracle. 

Cependant  le  temple  de  Barre  subsistoit 
toujours;    il  fut    un    des    derniers   abbatu 

i  «  On  comença  a  persécuter  â  Montauban  le 
lundy  20  août  (1686)  que  le  régiment  de  La 
Fare,  de  16  compagnies,  entra  dans  la  ville,  et 
ensuite  des  autres  ;  et  on  y  agit  comme  si  on  y 
étoit  entré  d'assaut.  Les  relations  font  dresser  les 
cheveux  d'horreur.  » 


369 


FAISSES    —    FALAISEAU 


370 


car  il  y  avoit  dans  le  lieu  trois  ou  quatre 
compagnies,  qu'on  y  prechoit  encore,  le 
bon  M.  La  Motte  ministre,  étant  tout  plein 
de  courage  et  de  zèle.  On  ne  l'exemta  pas 
du  logement  des  dragons,  mais  la  Providence 
lui  en  donna  un  de  la  Religion  qui  s'entre- 
tenoit  cordialement  avec  luy  et  fondoit  en 
larmes  pour  la  désolation  des  Eglises  refor- 
mées. 

1685.  Fuitte  pour  la  Religion.  Lorsque 
je  vis  qu'il  n'y  avait  point  d'autre  remède 
pour  sauver  son  âme  et  sa  religion,  que  de 
tout  abandonner  et  prendre  la  fuite,  je  mis 
quelque  petit  ordre  à  mes  affaires,  je  cachay 
mes  papiers  les  plus  précieux  et  mes  cof- 
fres, du  sceu  de  M.  d'Arnafre  de  La  Salle  : 
et  avec  M""*  ses  sœurs,  Renarde  et  Suzon, 
et  M"''  d'Apeillyz  mère  et  tille  [I,  col. 
292]  nous  allâmes  de  nuit  au  prêche  k  Barre, 
et  le  soir  nous  allâmes  coucher  de  nuit  au 
pont  des  Vanels,  et  ne  croyant  pas  y  être  en 
sûreté  à  cause  des  nouvelles  accablantes 
que  l'on  nous  y  debitoit  incessamment, 
nous  priâmes  le  s''  Foulcarand  de  nous 
conduire  de  nuit  à  Villeneuve  sur  la  mon- 
tagne, où  ayant  demuré  dans  un  paillier 
quelques  jours,  mon  frère  Laroche  qui  ve- 
noit  de  me  chercher  du  Pompidou  nous  y 
vint  joindre  ;  et  aprez  nous  allâmes  de  nuit 
au  Gua  près  des  Vanels,  où  ayant  appris 
que  les  troupes  de  M.  le  m'*  de  La  Trousse 
avoient  quitté  le  païs,  nous  retournâmes  de 
nuit  au  Mazaribal.  Alors  je  fis  charger  mes 
hardes  et  les  apporter  chez  le  s''  Boisson, 
h  S*-Jean,  pour  les  faire  porter  chez  moy  au 
Mazel  où  étant  allé  de  nuit,  ma  mère  n'osa 
pas  me  i-ecevoir  dans  la  maison  ;  et  ainsi 
je  retournay  sur  mes  pas  chez  le  s''  Boisson, 
où  je  mis  un  peu  mes  papiers  en  oi-dre  ;  je 
coppiay  l'édit  que  monseign""  le  Prince  et 
Electeur  de  Brandebourg  avoit  nouvellement 
donné  en  notre  faveur  et  autres  choses.  Après 
quoi  je  voulus  un  peu  respirer  l'air,  ayant 
demeuré  assez  renfermé,  j'allay  a  La  Fais- 
sole  où  je  demeuray  alors  fort  peu  ayant 
dessein  de  chercher  et  de  trouver  mon  cher 
maître  et  précepteur  M.  Pierre  Durand  de 
La  Salle  dont  la  vie,  la  constance,  la  mort 
et  la  mémoire  sera  toujours  en  bénédiction. 
Il  avoit  abandonné  sa  belle  maison,  la  plus 
belle  de  La  Salle  et  tous  ses  biens  mondains 
pour  sauver  son  âme  avec  sa  famille.  Ne 
pouvant  trouver  M.  Durand  pour  me  forti- 
fier et  consoler  avec  luy  j'allay  à  La  Salle... 
où  étant  chez  ma  chère  sœur  de  Cabanis 
j'y  demeui'ay  quelques  jours  caché  ;  mais 
parce  que  son  fils  Jean  Cabanis,  mon  neveu, 
n'avoit  pas  fait  abjuration  (ni  du  depuis. 


Dieu  mercy),  je  n'y  pouvois  pas  être  en  sû- 
reté ;  aussy  j'allay  au  Mazel  ou  je  restay 
caché  quelque  temps,  pendant  lequel  je 
travaillai  a  un  Dialogue  sur  le  subjet  de  la 
nouvelle  Conversion  et  dans  un  second  à 
l'examen  de  toute  la  messe,  aidé  que  j'étais 
par  des  bons  livres.  Etc. 

FALAIS  (Fréd. -Louis,  comte  de),  colo- 
nel eu  Hollande,  désigné  pour  se  rendre 
en  Portugal,  1703.  —  Jacq.  de  lîourgogne 
seig""  de  Fallais,  voy.  ci-dessus,  III  col.  S93. 

FALAISE.  «  Rolin  Falaiz,  tisserant  du 
dit  lieu  de  Falaise,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, septemb.  1547  ;  —  «  à  RouUin  Fa- 
laize,  normand,  qui  a  sa  fenniie  malade, 
8  sols; à  Raolin  Falaix  3  sols,»  mars  1555 
(Bourse  franc,  de  Genève);  —  R.  Falaise, 
«  tisserand  de  loile,  de  Normandie,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  ler  déc.  1572.  — 
Voy.  Dorthe,  V,  467. 

FALAISEAU.  Ancienne  famille  de  ma- 
gistrature de  la  ïouraine. 

En  1490,  nous  voyons  «Jehan  Falaiseau, 
conseiller  du  Roi  et  lieuten.  génér.du  bailli 
de  Touraine,  présider  à  une  enquête  sur 
le  droit  des  époux  nobles  de  se  faire  mu- 
tuellement donation  du  tiers  de  leurs 
biens  immeubles  ^  Ce  Jean,  maire  de 
Tours  l'année  suivante,  épousa  le  28  déc. 
de  la  même  année,  1491,  Jehanne  Ber- 
nard, fille  d'un  ancien  maire.  De  ce  ma- 
riage naquirent  1»  Jean  Falaiseau.  seig.  de 
P>oisjolly,  maire  en  1555,  marié  le  17  fév. 
1520  à  sa  cousine  Isabeau,  fille  de  Jean 
Ragueneau,  lieutenant  particulier  à  Tours  ; 
2»  Catherine,  femme  de  Guill.  Sireau 
qui  succéda  à  son  beau-père  en  la  charge 
de  lieutent  gén.  du  bailliage.  Jean  et  Isa- 
beau  eurent  à  leur  tour  pour  fils  Jean  Fa- 
laiseau, avocat  du  roi  au  présidial  de 
Tours,  marié  le  11  août  1555  à  Anne  Jo- 
ret,  fille  de  François  Joret,  seigi"  du  Vau, 
de  la  Coudre  et  des  Rerruries;  Marie  Jo- 
ret, sœur  d'Anne,  épousa  Claude  Baren- 
tin,  seigr  des  Berruries,  père  de  Charles 
Barentin,  conseiller  en  la  Cour  des  Aides, 
ancêtre  direct  de  M.  de  Barentin,  minis- 
tre de  Louis  XVI,  qui  eut  l'honneur  de 
faire  l'ouverture  des  États  généraux  de 
1789. 

Nous  ne  trouvons  pas  de  quelle  branche 


1  Bibl.  nafc.  Mss.  fr.  pièces  orig.  Tome  1097, 
dossier  25184,  n»  2. 


371 


FALAISEAU 


372 


procèdent  Jes  Falaiseau  qui  adoptèrent  les 
principes  religieux  de  la  Réformation , 
mais  nous  voyons  dans  les  registres  de 
Charenton  :  Adam  Falaiseau,  de  Blois, 
médecin,  parrain  en  1602  d'un  enfant  de 
Charles  George,  procureur  au  parlement, 
et  de  Marie  Falaiseau.  Cet  Adam  est  porté 
comme  médecin  sur  un  rôle  de  la  maison 
du  roi  en  1611  (Z  1341).  On  trouve  plus 
tard  dans  les  mêmes  registres  :  Jean  Falai- 
.seau,  SI"  de  la  Morandière,  époux  de  Marie 
Moreaii,  dont  trois  fils  :  Jacques,  avocat, 
Samuel^  banquier,  et  Joseph,  avocat. 

II.  Jacques  épousa  Anne  Jouard,  dont 
lo  Pierre,  sieur  de  Villenelle,  avocat  ; 
io  Galliot,  baptisé  le  9oct.  1650  ;  3°  Henri- 
Jacques,  bapt.  le  23  septembre  1657  ; 
4»  Anne,  l«r  mai  1659;  5o  Jean-Bap- 
tiste, mort  en  1669.  Ce  Pierre  épousa 
Elisabeth  Chartier,  dont  il  eut  :  Jacques, 
né  en  1644,  qui  suivit  aussi  le  barreau  et 
se  maria,  25  janv.  1674,  avec  Suzanne  Fa- 
laiseau, fille  (le  son  oncle  Samuel,  ban- 
quier; 2.  Joseph,  avocat;  3.  Elisabeth, 
femme  de  Pierre  Grimaudet,  docteur  en 
médecine. 

III.  Samuel  Falaiseau  [Haag,  V  54], 
«  banquier  riche,  zélé  extraordinaireinent 
pour  sa  religion  »  et  ancien  de  l'église  de 
Paris  (Bib.  nat.  mss.  fr.  9726).  Il  épousa 
en  1647  Madelaine  Du  Four  (morte  en 
1672)  fille  de  Jean  Dm  Four,  lieutenant  en 
l'élection  de  Blois,  et  de  Anne  Daijque 
(reg.  de  Charenton),  mariage  d'où  naqui- 
rent lo  Samuel,  le  7  oct.  1648;  2»  Made- 
leine, baptisée  le  5  fév.  1651;  3°  Su- 
zanne, née  en  1654,  femme  en  1676  de 
l'avocat  Jacques  Falaiseau,  fils  de  Pierre  et 
d'Elisabeth  Chartier; 4"  Catherine, mariée 
en  1676  avec  Daniel-Charles  de  Brusses 
(ou  de  Bruges  '),  s^  de  la  Bonninière,  dont 
nous  avons  dit  ci-dessus  (III,  col.  280),  la 
pitoyable  fin,  arrivée  en  l'année  1700; 
5o  autre  Samuel,  bapt.  8  sept.  1658; 
6°  Jean,  bapt.  3  oct.  1660  (mort  en 
1678);  7o  Anne,  bapt.  12  janv.  1662 
(morte  en  1669). 

*  Cette  duplication,  de  Bruges  et  de  Brusse, 
que  nous  donnent  les  documents  pour  le  nom 
d'une  même  famille,  est  cause  d'une  confusion 
dans  laquelle  nous  sommes  tombé  ci-dessus,  en 
présentant  séparément  sur  cette  famille,  et  parti- 
culièrement sur  cette  Catherine,  des  renseigne- 
ments qui  auraient  dû  être  réunis,  savoir  au  t. 
m,  col.  280  et  326. 


Les  Archives  de  la  Bastille  (édit.  Ra- 
vaisson,  X,  224-29)  rendent  un  bel  hom- 
mage au  zèle  religieux  d'un  Falaiseau  de 
la  Ronda,  qui  fut  incarcéré  en  1699  pour 
avoir  fait  les  fonctions  de  ministre  au  lit 
de  mort  d'un  lieutenant  de  vaisseau  nommé 
M.  de  Rodon. 

IV.  Joseph,  avocat  au  parlement  de  Pa- 
ris, épousa  Anne  Falaiseau  et  ne  vivait 
plus  dès  1665.  Il  eut  pour  enfants  1°  Jo- 
seph, né  en  1644,  sieur  de  Bois-Joly, 
lieutenant  au  régiment  de  Picardie  ;  2» 
Anne,  femme,  1659,  du  ministre  Daillc. 

La  Révocation  dissipa  cette  ftimille. 
Adam  Falaiseau,  de  Blois,  ancien  de  l'é- 
glise de  Paris,  et  sa  femme  Françoise 
Pineau,  aussi  de  Blois,  tous  deux  d'un 
grand  âge,  furent  persécutés  avec  achar- 
nement et  finalement  expulsés  du  royaume 
avec  leur  fille  Elisabeth,  et  se  retirèrent  à 
Berlin  auprès  de  leur  fils  Pierre,  laissant 
en  France  leur  bru,  Anne  Chauvin  de 
Varengeville,  qui  commença  par  se  con- 
vertir et  indigna  d'abord  sa  famille  (IV, 
col.  271),  mais  qui,  plus  tard,  n'en  gagna 
pas  moins,  elle  aussi,  la  terre  étrangère 
(arch.  de  l'égl.  de  la  Haye):  sa  belle-sœur 
Elisabeth,  femme  d'Etienne  Le  Forestier, 
mourut  à  Berlin  en  1706.  —  Le  banquier 
Samuel  se  convertit.  Nous  ne  voyons  pas 
en  effet  qu'il  ait  été  exilé  comme  ses  col- 
lègues, tandis  que  nous  trouvons  son  nom 
au  bas  de  l'acte  d'abjuration  signé  par  les 
principaux  négociants  de  Paris.  La  persé- 
vérance de  sa  femme  ne  tint  pas  non  plus 
très  longtemps  contre  la  réclusion  qui  lui 
fut  infligée  dans  le  couvent  du  Saint-Sa- 
crement (E  3372)  :  elle  abjura  en  1686.  — 
\j\\  Falaiseau  avait  été  enfermé  à  la  Bas- 
tille, pour  la  Religion,  en  1699  (E  3385). 

Le  fille  de  l'avocat  Jacques  et  d'Anne 
Jouard,  Pierre  Falaiseau  \  sieur  de  Ville- 
nelle, né  le  13  fév.  1649,  avait  gagné  le 
Brandehourg  dès  l'année  1682.  Il  avait 
précédemment  déjà  séjourné  en  Angle- 
terre. L'Électeur,  peu  de  temps  après  son 
arrivée  à  Berlin,  le  renvoya  à  Londres 
(dès  1682)  avec  le  titre  de  son  Chargé 
d'afiaires.  L'acccueil  peu  bienveillant  que 
lui  fit  le  ministère  anglais,  occasionna, 
entre  les  deux  gouvernements,  une  cor- 

1  Le  frère  de  sa  mère,  Jacques  Jouard,  sieur 
du  Maignou  fut  des  convertis  Mais  Anne  Jouard 
elle-même  se  sauva  à  Berlin,  où  elle  mourut  en 
1704. 


373 


FALAISEAU 


FALANTIN 


374 


respondance  forl  vive,  à  la  suite  de  la- 
quelle Falaiseau  dût  retourner  à  Berlin. 
Quelques  années  après,  l'Electeur  l'accré- 
dita auprès  de  la  cour  de  Suède  qu'il  es- 
pérait détacher  de  l'alliance  de  la  France. 
Sous  le  règne  suivant^  il  fut  nommé  rési- 
dent du  Brandebourg  auprès  du  roi  de 
Danemarck,  fonctions  qu'il  remplit  de 
1692  à  1698.  Il  fut  ensuite  envoyé  en  Es- 
pagne; mais  croyant  avoir  des  sujets  de 
mécontentement,  il  donna  sa  démission  et 
retourna  en  Angleterre,  où  il  mourut. 
C'est  probablement  à  l'un  de  ses  fils  que 
l'on  doit  un  Abrégé  de  l'histoire  d'Angle- 
terre (celle  de  Rapin  Thoiras),  publ.  à  La 
Haye,  en  3  vol.  in-4o  et  en  10  vol.  in-12 
(Voy.  Erman  et  Reclam,  III  31,  et  IX 
112). 

Le  Livre  du  recteur  signale  à  lacad.  de 
Genève,  en  décembre  1684  :  Micael  Falai- 
seau  turonensis,  philosophiam  studens. 
Cinq  otTiciers  du  nom  de  Falaiseau  au 
service  de  Hollande  de  1720  à  1793.  Enfin 
un  M.  de  Falaiseau,  dont  le  bien  patrimo- 
nial était  en  Touraine,  appelle  sur  sa  fa- 
mille, en  1754,  pour  postuler  quelque 
faveur,  l'attention  du  généalogiste  Blon- 
deau  de  Charnage  (Bib.  nat., Pièces  orig.). 

FALANTIN  (quelquefois  Falentin  ou 
Falenty),  famille  noble  de  la  ville  du  Mas- 
d'Azil,  au  comté  de  Foix.  Armes  =  d'argent 
à  un  pin  de  sinople  portant  aux  deux  côtés 
une  pomme  de  pin  d'or. 

I.  Noble  Jean  de  Falantin,  faisant  pro- 
fession de  la  religion  réformée,  épouse, 
12  avril  1547,  d"e  Jeanne  d'Escaig.  Par  son 
testament,  passé  au  Mas-d'Azil,  14  avril 
1574,  il  déclare  vouloir  être  enseveli  «  au 
cimetière  du  dit  lieu  selon  Dieu  et  l'église 
réformée,  »  et  maintient  sa  veuve,  Jeanne 
d'Escaig,  dans  la  jouissance  de  tous  ses 
biens  si  elle  ne  se  remarie  pas  ;  il  institue 
héritiers  ses  fils  Pierre  et  Jean,  après 
avoir  doté  Marie,  sa  fille.  Autre  testa- 
ment du  même,  en  date  de  déc.  1595,  con- 
firmant ces  dispositions,  sauf  ce  qui  con- 
cerne sa  femme,  décédée. 

II.  Contrat  de  mariage  de  noble  Jean 
Falentin,  du  Mas-d'Azil,  «  pour  être  célé- 
bré en  face  de  l'église  chrétienne  réfor- 
mée avec  honnête  fille  Jeanne  de  Sew- 
touch.  »  Second  mariage  avec  Hélène  de  Cas- 
tet.  Il  est  appelé  capitaine  Jean  Falenty, 
dans  un  acte  du  13  mai  1619,  et  avait  en 
partie  la  seigneurie  d'Ailhères.  Son  testa- 


ment est  du  2  janv.  1648,  et  il  meurt,  29 
août  1651,  laissant  de  son  1er  mariage  : 
Pierre,  Anne  et  Suzanne.  Dans  son  tes- 
tament, il  prend  diverses  dispositions  en 
faveur  de  sa  fille  Anne,  mariée  à  Pierre 
Rudelle,  marchand  au  Mas-d'Azil,  et  de  sa 
fille  Suzanne,  fiancée  à  Théophile  d'Hol- 
lier,  docteur  en  médecine. 

III.  Pierre  Falentin,  seigr  d'Ailhères, 
épouse,  20  avril  1626,  di'e  Françoise  de 
Castet  de  Miramont;  2°,  le  21  déc.  1633, 
d'Je  Anne  de  Barricave.  Il  meurt  le  6  oct. 
1668  et  est  inhumé  au  cimetière  du  Mas- 
d'Azil,  avec  l'assistance  du  consul  Rouch 
et  du  ministre  M.  Baricave.  De  son  pre- 
mier mariage  naquit  Jean  F.,  seigr  de 
Sentenac  et  du  second  Charles  F.,  seigr 
de  Gabre. 

IV.  Jean,  seigr  de  Sentenac  et  d'Ailhè- 
res,  épouse,  26  oct.  1663,  «  en  face  de 
l'église  chrétienne  réformée,  »  d"e  Ber- 
nardine d'Usson,  fille  de  nob.  François 
d'Usson,  seigr  Je  Bonrepos,  Bonac,  Bo- 
zac,  etc.  (voy.  II,  col.  863).  De  1663  à 
1667,  il  servit  comn;e  lieutenant  de  cava- 
lerie dans  le  régiment  de  Madaillan;  il 
était  mort  avant  septemb.  1696. 

V.  Charles,  s''  de  Gabre,  fils  de  Pierre 
et  d'Anne  de  Barricave,  épouse  Françoise 
d'Escaig. 

VI.  Salomon,  fils  de  Jean  et  de  Bernar- 
dine d'Usson,  épouse,  le  17  mai  1702, 
Anne  de  Falantin,  fille  de  Charles  sieur  de 
Gabre,  sa  cousine,  et  obtient  à  cet  effet 
une  dispense  du  pape. 

Ils  sont  donc,  à  ce  moment,  convertis. 

Cette  généalogie  qui  est  officiel  le  (car 
elle  porte  la  signature  de  d'Hozier  ',  nous 
l'avons  seulement  abrégée),  passe  complè- 
tement sous  silence  un  fils  de  Pierre  Fa- 
lantin et  d'Anne  Baricave,  savoir  Paul 
F.,  sieur  de  la  Rivière,  qui  fut  pasteur.  Il 
naquit  vers  1635,  acheva  ses  études  théo- 
logiques  à  Montauban,  se  trouva  l'un  des 
argumentateurs  de  la  thèse  d'Armand  Mar- 
tel :  De  duplici  cordis  ofjicina,  en  1668, 
et  la  même  année  alla  se  perfectionner  à 
l'acad.  de  Genève,  où  il  s'inscrivit  en  ces 
termes  :  Paulus  Falantinus  azilopolitanus 
apud  Fuxenses,  à  la  date  du  26  novembre. 
Il  fut  admis  au  ministère  évangélique  par 
le  synode  tenu<à  S'-Antonin  le  15septemb. 

'  Bibl.  nat.,  pièces  orig.,  tome  1097,  dossier 
25,187  et  carrés  d'Hozier. 


375 


FALANTIN 


FALGUEROLLES 


37G 


1672,  consacré  le  6  nov.  suivant  par  son 
oncle  le  ministre  Jean  Baricave,  et  donné 
pour  second  pasteur  au  Mas-d'Azil,  sa 
ville  natale.  Il  en  conserva  le  titre  jus- 
qu'en 1685,  mais  il  passa  une  grande  par- 
tie de  ce  temps  soit  à  Toulouse,  pour  y 
desservir  la  petite  communauté  protes- 
tante qui  s'y  trouvait  encore,  soit  à  diver- 
ses reprises  en  qualité  de  chapelain  auprès 
du  maréchal  de  Schomberg  qu'il  accom- 
pagna dans  la  Flandre  en  1674,  et  pendant 
la  campagne  d'Espagne,  1675.  Feu  Michel 
Nicolas  possédait  une  lettre  adressée  le 
21  déc.  1675  par  le  maréchal  «  à  MM.  du 
consistoire  du  Maz-d'Azil  »  pour  les  re- 
mercier «  d'avoir  consenti  que  M.  de  La 
Rivière  ait  servi  auprès  de  lui  pendant  la 
campagne  dernière,  et  pour  les  prier  de 
consentir  encore  qu'il  vienne  servir  une 
nouvelle  campagne  auprès  de  lui,  ayant 
été  choisi  par  le  Roi  pour  aller  servir 
dans  une  autre  armée.  »  A  la  Révocation, 
Paul  Falantin  se  réfugia  en  Angleterre,  y 
obtint  la  naturalisation  en  1691,  et  fut  pas- 
teur de  l'église  française  de  la  Savoye 
{Agîieiv,  I,  50,  II,  .118). 

FALAVEL  («  un  certain)  et  son  fils,  » 
réfugiés  et  assistés  à  Lausanne,  déc.  1684; 
(Scipion)  avec  plusieurs  enfants,  id.  fév. 
1713;  (Jean)  et  Judith  Chatelan ,  sa 
femme,  id.  1740;  —  Jean-Marc  Fallavel, 
étudiant  à  l'académie  de  Lausanne,  mai 
1736.  —  Marie  Falavin,  de  Manosque,  as- 
sistée à  Gen.,  1693. —  Anthoine  Falch  «  es- 
collier,»  reçu  habitant  de  Genève,  1559. — 
—  Guill.  Falcon,  «  cordanier,  natifz  de  La 
Volte  »  (près  Valence),  id.  janv.  1553.  — 
De  Falcon,  voy.  La  Condamine. — «  Etienne 
Falconet,  de  la  petite  Balme.  armurier, 
reçu  habitant  de  Lausanne  en  contribuant 
5  florins,  »  8  août  1575;  il  était  arrivé  le  3 
mai  1574. — Falesche,  maiire  d'hôtel  du  roi 
de  Navarre,  tancé  par  Catherine  de  Médi- 
cis  parce  qu'il  n'aimait  pas  la  messe  {Mém. 
d'Aubigné,  p.  24).  —  Pierre  Falgarette  ou 
Falgueret  de  Milhaud,  assisté  à  Genève 
d'argent  et  d'habits,  1705;  il  entre  dans  la 
garnison  de  Genève,  1707.  —  Élie-Guill. 
Falgous,  de  Montauban,  étudiant  à  Ge- 
nève, 1729. 

FALGUERAS,  ministre  de  Capdenac  en 
1596,  de  Cardaillac  en  1603  ;  —  (Jean), 
de  St-AntoniUj  en  Languedoc,  fils  de 
Jean  et  de  Marthe  Ravaille,  épouse  à 
Charenton^  en  juillet  1638,   Marthe  Se- 


vin,  fille  de  feu  Barthélémy  Sp,ciin,  no- 
taire royal  du  bailliage  d'Orléans;  ^u  mois 
de  janv.  1640,  ils  ont  un  fils,  Samuel, 
mais  la  mère  meurt  le  4  nov.  suivant.  En 
septemb.  1648,  l'époux  devenu  veuf  se 
remarie  avec  Blanche  Laigneau,  veuve  de 
Jean  Le  Bonnier,  sr  de  la  Haye.  Jean  Fal- 
gueras  était  commis  de  Menant,  secrétaire 
du  Roi  et  Laigneau,  son  beau-frère,  était 
une  espèce  de  médecin  empirique,  au  dire 
de  ïallemant  des  Réaux.  Falgueras  faillit 
être  à  Paris  la  victime  d'une  absurde  accu- 
sation de  sortilège;  il  a  raconté  lui-même 
son  aventure,  qui  pouvait  aisément  deve- 
nir tragique,  mais  qui  heureusement  ne  fut 
que  burlesque,  dans  un  Journal  et  histoire 
d'une  abominable  accusation  faite  et  dé- 
couverte le  vendredi  12  fev.  1655.  Nous  ne 
pensons  pas  que  ces  >  quatorze  pages  de 
minute,  •  comme  dit  Tallemant,  aient  été 
imprimées  [Haag,  V  53]. 

FALGUEROLLES  (Hippolyte),  seigneur 
de  Falguerolles  [Haag,  V  55]^  mort  après 
1569,  laissa  de  son  mariage  avec  Char- 
lotte de  Vignolles  de  Saint-Bonnet  cinq 
enfants  :  Sauveur  qui  suit  ;  Claude^  au- 
teur d'une  seconde  branche;  André,  David 

et  ISABEAU. 

I.  Sauveur  de  Falguerolles  épousa  la 
dame  de  Foulquier,  qui  lui  donna  un  fils 
nommé  David.  Ce  David,  conseiller  du 
roi  et  général  en  la  cour  des  aides  et 
finances  de  Montpellier,  prit  pour  femme 
Marguerite  de  Valet,  et  en  secondes  noces 
Angeline  de  Fizes  qui  était  veuve  en  1635 
(min.  de  Cabanis  not.  à  La  Salle).  De  la 
première  union  il  eut  Jean,  Jacques  et 
Henri  de  Falguerolles.  Du  mariage  de  Jean 
avec  Claire  de  Tourtoulon  de  Valescure, 
contracté  en  1646,  naquirent  David,  mort 
jeune;  François,  capitaine  de  cavalerie 
dans  le  Royal-Roussillon,  qui  se  retira  en 
Hollande,  à  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes  et  y  mourut;  Jean,  natif  de  Ma- 
noblet,  qui  passa  aussi  dans  les  pays 
étrangers,  selon  le  Dict.  de  la  Noblesse  de 
La  Chenaye  des  Bois;  mais  ce  généalo- 
giste altère  ici  la  vérité.  Jean  de  Falgue- 
rolles (ci  dessus  col.  267,  no  859)  périt  mi- 
sérablement à  l'hôpital  de  Marseille,  le  20 
sept.  1695.  Arrêté  comme  coupable  d'avoir 
assisté  à  une  assemblée  rehgieuse,  en  1692, 
il  fut  mis  en  jugement  et  condamné  aux 
galères,  le  13  mars  1692.  Sa  femme  fut 
enfermée  dans  un  couvent,  ses  trois  en- 


377 


FALGUEROLLES   —    FALGUIÈRES 


378 


fants  réduits  à  l'abandon,  sa  maison  rasée 
et  ses  biens  contisqués.  En  1691  et  i69o 
elle  était  à  Genève  avec  deux  de  ses  en- 
fants, malade  et  assistée  par  la  Bourse 
française.  Les  n)alheurs  de  sa  famille,  les 
affreux  traitements  auxquels  il  fut  lui- 
même  soumis,  rien  n'ébranla  la  constance 
de  Jean  de  Falguerolles,  et  il  refusa  avec 
fermeté  de  racheter  sa  liberté  par  une 
apostasie.  Les  tortures  physiques  et  mo- 
rales ruinèrent  rapidement  sa  santé;  il 
tomba  malade  et  fut  envoyé  à  l'hôpital,  où 
il  languit  longtemps^  ne  cessant  de  donner 
jusqu'à  son  dernier  soupir,  des  preuves 
éclatantes  de  sa  foi  et  de  sa  résignation. 
Son  cadavre  fut  inhumé  dans  le  cimetière 
des  Turcs.  Un  seul  de  ses  enfants  est  connu  ; 
c'est  Charles,  qui  fut  régent  de  sixième  à 
Genève,  et  admis  à  la  bourgeoisie,  le  i6 
août  1722.  En  1747,  le  Conseil  lui  accorda 
sa  retraite  en  lui  con.servant  ses  appointe- 
ments, «  en  considération  de  son  âge,  de 
ses  infirmités,  de  son  peu  de  fortune  et  de 
divers  traits  qui  faisoient  honneur  à  sa 
piété  et  à  sa  générosité.  » 

IL  Claude  de  Falguerolles  remplit  à 
Nîmes  les  fonctions  du  ministère,  de  1557 
à  1586.  Il  épousa  Jeanne  de  Verchaut,  qui 
lui  donna  six  fils  et  trois  filles,  Jeanne, 
Anne  et  Isabeau.  L'fiîné  des  fils,  Pierbe, 
mourut  jeune.  Le  second,  Jean  alla  étudier 
à  Genève  en  1588  (Johannes  Falguerolus 
Falgueroliensis,  occitanus  sevenensis)  et 
fut  consacré  au  saint  ministère  le  22  sep- 
tembre 1591  dans  l'église  de  Nîmes  qu'il 
desservit  jusqu'en  1599.  Nous  ignorons  la 
date  de  sa  mort.  Peut-être  est-ce  lui  qui 
assista  à  l'assemblée  de  Loudun,  en  1619, 
comme  député  des  Cévennes.  La  destinée 
du  troisième,  Jacques,  est  inconnue.  Le 
quatrième,  Paul,  inscrit  au  livre  du  rec- 
teur (Paulus  Falguerolius  nemausensis)  en 
1598,  fut  ministre  de  Saint-Hippolyte  dans 
les  Cévennes,  puis  se  laissa  séduire  et  ab- 
jura en  1634,  moyennant  uue  pension  de 
400  liv.  et  fut  porté  au  rôle  des  apostats 
par  le  synode  d'Alençon  (16117).  Il  devint 
maître  des  requêtes  de  la  reine-mère.  Sa 
femme,  Isabeau  de  Barjac  ne  lui  donna 
qu'un  fils,  Guillaume.  Celui-ci  marié  en 
1644,  à  Isabeau  de  Bue  fut  père  de  Joseph, 
capitaine  dans  le  régiment  de  Picardie,  en 
1672,  et  commandant  du  fort  de  Melazo  à 
Messine;  de  Pierre,  capitaine  dans  le 
même  régiment,  en  1677,  qui  sortit  de 


France  à  la  révocation  (M  667);  de  Gas- 
pard, qui  servit  aussi  dans  le  régiment  de 
Picardie  avec  le  grade  de  lieutenant. 

Le  cinquième  fils  de  Claude  fut  André 
de  Falguerolles  marié  en  1624  à  une  d"e 
d'Artoul  dont  il  eut  seulement  deux  filles, 
Jeanne  et  Jaquette. 

Le  sixième,  Guillaume,  né  en  1585, 
s'établit  à  Paris  et  y  épousa  Elisabeth  de 
Marbaut  en  mars  1630.  Il  en  eut  Elisabeth 
née  le  5  janv.  1631  ;  Blanche,  fév.  1632, 
femme  en  1647,  de  Pierre  de  Julien,  con- 
seiller en  la  chambre  de  l'édit.  de  Castres  ; 
Guillaume,  24  fév.  1633  ;  Jacques,  2  avril 
1634;  Jean-Bapt.  11  nov.  1635;  François, 

10  déc.  1636;  Madeleine,  janv.  1638,  qui 
épousa  en  1654,  Jacques  de  Lacger  ;  enfin 
Françoise,  bapt.  le  août  1640  (parr.  Phi- 
lippe Marbaidt,  trésorier  provincial  de 
l'extraord.  des  guerres  ;  niarr.  Blanche 
Marbault  femme  du  s^  de  Croissy).  Le 
père  de  toute  cette  famille  fut  enferré  au 
cimetière  des  SS.  Pères  le  30  juin  1653. 

11  était  conseiller  maître  d'Jiôtel  du  roi. — 
Son  fils  aîné,  Guillaume,  épousa  en  1657 
une  de  ses  cousines  Jeanne  de  Falguerolles 
et  mourut  (après  1665)  laissant  Jacques, 
mort  jeune  ;  Louis,  qui  abjura,  et  Made- 
leine femme  de  Claude  Thomas  de  La 
Barthe. 

Nous  ne  savons  k  quels  points  de  cette 
généalogie  rattacher  :  un  Falguerolles,  an- 
cien de  la  ville  de  Cros,  au  synode  de 
Meyrueis  en  1654  (Tt  247);  Jean  de  Fal- 
guerolles marqué  (M  667)  comme  ayant 
émigré  à  la  Révocation  ;  Charles,  étudiant  à 
Genève  (Carolus  Falgueroles  gallus  in 
narbonensi  provincia)  en  1703;  Suzanne, 
36  ans,  infirme,  assistée  à  Londres  (3  I. 
8.  6)  en  1706;  François,  marié  dans 
l'église  de  Wheler-street  h  Londres,  en 
1718,  avec  Marguerite  Bertault  (voyez 
Burn)  ;  ni  enfin  Mi'e  de  Falguerolles,  «  fa- 
meuse protestante,  »  ainsi  que  nous  la  trou- 
vons qualifiée,  qui,  prise  par  un  corsaire 
sur  un  vaisseau  hollandais,  en  1695,  fut 
enfermée  dans  la  citadelle  d'Amiens,  en 
attendant  la  décision  du  roi,  et  reconduite 
à  la  frontière  (E  3381).  Il  paraît  aussi  que 
la  conversion  des  Falguerolles  restés  en 
France  fut  peu  sincère  ;  c'est  ce  que  nous 
porte  à  croire  la  correspondance  que  l'un 
d'entre  eux  entretenait  avec  Antoine  Co^ri 
(mss.  de  Court,  Corresp.  1726-28). 

FALGUIÈRES,  ministre  à  Calvinet  en 


379 


FALGUIERES   —    FARCY 


380 


Armagnac,  1603.  —  (M"e)  réfugiée  à 
Lausanne,  inspectrice  de  l'hôpital  nommée 
le  15 juin  1694.  —  Philippe  Fallet,  de 
Grenoble,  tailleur,  habitant  de  Genève, 
8  septembre  1572.  —  Daniel  Falipon,  du 
Dauphiné,  réfugié  à  Francfort  sur  l'Oder 
avec  femme  et  enf.,  1698.  —  Hugues 
Fallût  ou  Falot,  ministre  à  S'e-Marie-aux- 
mines,  1626-1635  ;  —  Frédéric  Fallot 
[Haag,  V  56]  ancien  conseiller  du  duc 
de  Wurtemberg-Montbéliard,  abandonna 
la  religion  dans  laquelle  il  était  né  et 
fit  connaître  les  Motifs  de  sa  conversion 
à  la  religion  catholique  dans  un  écrit  que 
le  Catalogue  des  manuscrits  de  Hsenel, 
signale  à  la  bibliothèque  de  Besançon; 
mais  il  ne  s'y  trouve  plus  depuis  longtemps. 
C'est  ;le  même  Fallot  sans  doute  qui,  en 
1743,  fut  impliqué  dans  une  affaire  de 
faux  et  exilé  en  1746  à  Besançon  (E  3581). 
A  la  même  famille  appartenait  l'honorable 
Gustave  Fallot,  né  à  Montbéliard,  élève  de 
l'Ecole  des  chartes  en  1833,  sous-biblio- 
thécaire de  l'Institut  de  France  et  secré- 
taire du  premier  Comité  des  travaux  histo- 
riques du  minist.  de  l'Instruct.  publique, 
mort  prématurément  (en  1836),  laissant  à 
un  ami,  M.  Ackermann,  le  soin  de  publier 
un  travail  qu'il  avait  composé  sur  les  for- 
mes grammaticales  de  la  langue  française 
au  XIII'^^^  siècle  (Paris,  impr.  roy.,  1839, 
in-8o).  —  Fallot,  sobriquet  du  pasteur 
Laurillard,  vers  1780. 

FALOQUIER  (Pierre  de),  sieur  de  la 
Calmette,  membre  de  l'assembl.  de  Lunel, 
1613.  —  Louis  Falou  ou  Fallou,  de  Cha- 
teaudun,  maréchal-ferrant,  réfugié  à  Berlin 
avec  sa  femme  et  4  enf.,  1698.  —  Marie 
Falque,  de  Grenoble,  réfugiée  à  Berlin, 
1698.  —  Evemont  Falquet,  pasteur  à  Ro- 
zans  en  1596,  mort  eu  1601;  —  (Pierre), 
pasteur  à  Aubusson,  1607-1617;  à  Decise 
de  1619  à  1636.  —  Quatre  ofticiers  nom- 
més de  Famars,  au  service  de  Hollande 
de  1734  à  1766.  —  Martin  Famier  «  du 
Briançonnois,  »  habitant  de  Genève,  1559. 
—  Philibert  Famy,  de  Chastillon  en  Mi- 
chaille,  assisté  à  Lausanne,  1712.  —  Ca- 
therine Fanet,  de  Caen,  60  ans,  assistée 
à  Londres  (4  sh.),  1705.  —  «  Geraldus 
Fanganus,  loci  de  Villepodio  Graves!  dio- 
cessis  tholosane,  »  étudiant  à  Genève, 
1562.  —  Jean  Fanger,  ministre  à  Pau, 
1588-91  ;  il  avait  épousé  une  fille  de  Ber- 
nard d'Escot,  alors   ministre   de  Bielle, 


coUoq.  d'Oloron;  Pierre  Fanger,  son  fils, 
écolier  boursier  au  collège  d'Orthez  en 
1611,  fut  ministre  k  Nousty,  1620;  à 
Couches  (coUoq.  de  Vicbiel)  1626-33;  à 
Thèze,  1634.  —  Antoine  Fangou,  des  Cé- 
vennes,  sergier,  réfugié  à  Berlin,  1700. — 
Pierre  Fanier,  de  Vaut  en  Rouergue,  ha- 
bitant de  Genève,  oct.  1559  ;  —  Anne  et 
Françoise  Fanier,  de  Marseille,  réfug.  à  Ber- 
lin, 1700.  —  Antoine  de  Fanjeaux,  docteur 
en  médecine  et  pasteur  de  Paylaurens  (1591- 
1606),  dans  son  testament,  daté  du  11  fév. 
1596,  fait  un  legs  «  pour  l'instruction  de 
la  jeunesse  qui  doit  estre  la  pépinière  de 
l'EgUse  de  Dieu.  »  —  Fanjou,  étudiant  à 
Genève  (Marcus  Fanioucius  galloburgun- 
dus)  en  1616.  Un  Fanjoux  était  professeur 
de  philosophie  à  Saumur  lors  de  la  sup- 
pression de  l'acad.  en  1685.  —  Faneuil, 
famille  inscrite  souvent  sur  les  registres 
de  l'église  réformée  de  La  Rochelle.  Ben- 
jamin Faneuil,  né  en  1593,  marchand, 
épouse  en  1616  Suzanne  de  Lepine  et 
meurt  en  1677.  Un  autre  Benjamin  Fa- 
neuil, né  le  5  déc.  1654,  s'expatria  lors 
de  la  Révocation,  en  1686,  et  il  était  en 
1706  un  des  principaux  membres  de  l'E- 
glise française  de  Nev^-York;  M.  Ch.  Weiss 
parle  dans  son  Hist.  des  réfugiés  d'un 
«  Faneuil-hall  »  offert  à  la  ville  de  Boston 
par  le  fils  d'un  huguenot  français.  «  Fa- 
neuil-Hall  est  devenu  célèbre  comme  ber- 
ceau de  l'indépendance  américaine,  »  dit 
le  Dr  Ch.  W.  Baird,  dans  son  Histoire  des 
réfugiés  français  en  Amérique  (traduct.  de 
A.-E.  Meyer  et  de  Richemond  ;  Toulouse, 
1886,  in-8o,  page  477).  —  Une  d»ie  Fa- 
neuil fut  enfermée  au  couvent  de  Pons 
en  1699  (M  674),  et  une  autre,  Esther- 
Marie,  au  couvent  des  Ursuhnes  de  La 
Rochelle  en  1764.  —  Fanton  (1600-1661) 
médecin  à  Loudun,  dont  Nie.  Aubin,  pas- 
teur de  cette  ville ,  dans  son  histoire  du 
martyre  d'Urbain  Grandier  (ci-dessus  I,  col. 
552)  rend  un  très  honorable  témoignage, 
ajoutant  qu'il  a  si  bien  élevé  sa  famille  dans 
la  religion  réformée  qu'il  n'est  demeuré 
pas  un  seul  de  ses  descendants  en  France. 
—  François  Faranges,  de  Montpellier,  mis 
à  Pierre-Encise,  1705.  —  Moïse  Faravel 
et  son  fils,  de  Fourcinet  en  Dauphiné, 
assist.  à  Lausanne,  1698. —  Françoise  Fa- 
ravelon,  de  Roybon,  id.  à  Genève,  1703. 
1.  FARCY,  famille  normande  [Haag,  V 
56].   =  Armes  :  d'or  fretté  d'azur  de  6 


381 


FARCY 


pièces  au  chef  de  gueules.  Guillaume 
Farcy,  conseiller  eu  l'échiquier  d'Alençon, 
fut  apparemment  le  premier  membre  de 
cette  famille  qui  embrassa  le  protestan- 
tisme. Il  u)ourut  vers  1564,  laissant  de 
son  mariage  avec  Marie  Caget  deux  fils 
dont  le  cadet  Jean,  servait,  nous  dit  d'Ho- 
zier,  en  1571.  L'aîné,  nommé  Léonard, 
sieur  de  Painel,  épousa  en  1575  Cathe- 
rine Bizeul,  qui  le  rendit  père  d'ÂNNiBAL, 
seigneur  de  Saint-Laurent.  Procureur  fis- 
cal et  procureur  général  des  eaux  et  forêts 
du  comté  de  Laval,  cet  Annibal  Farcy  fut 
député,  en  1617;,  par  l'Anjou,  au  synode 
national  de  Vitré,  et  en  1619,  à  l'assemblée 
politique  de  Loudun.  De  l'alliance  qu'il 
avait  contractée,  en  1601,  avec  Gnionne 
de  Launay,  fille  de  François  de  Launay, 
sieur  de  La  Roche,  et  de  Lézine  Geslard, 
naquirent  entre  autres  enfants  :  1°  Gilles, 
lieutenant  enquêteur  civil  et  criminel  du 
comté  de  Laval,  marié  à  Elisabeth  Doues- 
seau  qui  lui  donna  Isaac.  Ce  dernier 
épousa  Jeanne  Grimaudet  et  en  eut  Fran- 
çois, tué  à  la  bataille  de  Senef,  et  Made- 
leine, épouse  de  Léonard  de  Vauborel, 
sieur  de  Saint- Georges  en  Normandie, 
puis,  en  secondes  noces,  de  Pierre  de 
Francier,  sieur  de  Juvigny  ;  —  2»  Thomas, 
sieur  de  la  Gourtière,  qui  prit  pour  femme 
Marie  Barbier;  —  3°  Jacques,  qui  conti- 
nua la  branche  de  Painel  ;  —  4°  Fran- 
çois, chef  de  la  branche  de  Saint-Laurent; 
—  5°  Rçné,  auteur  des  seigneurs  de  La 
Daguerie;  —  6°  Charles,  qui  fit  la  branche 
de  Cuillé;  —  7»  Philippe,  sieur  de  La 
Fauconnerie,  qui  laissa  un  fils,  nommé 
Jean-Charles,  de  son  mariage  avec  Char- 
lotte Grimaudet,  célébré  eu  1646;  — 8° 
Henri,  tué  à  l'armée;  —  Qo  Jeanne,  femme 
en  1646,  de  Nicolas  de  Prouvère,  sieur  de 
Riche  teaux. 

L  Branche  de  Painel.  Jacques  de  Farcy 
prit  le  parti  des  armes  et  servit  sous  le 
maréchal  de  ChcUillon,  de  1629  à  1639. 
De  son  mariage  avec  Catherine  de  Gennes 
il  eut  :  lo  Jacques,  conseiller  au  parle- 
ment de  Rouen,  qui  épousa  Suzanne  ou 
Marguerite  Berauditi ,  laquelle ,  restée 
veuve ,  se  sauva  en  Angleterre  à  la  Révo- 
cation, accompagnée  de  ses  trois  fils  (Tt. 
287),  dont  l'un,  appelé  Jean  par  d'Hozier, 
devint  capitaine  des  gardes  du  roi  d'Angle- 
terre; —  2°  René,  qui  suit;  —  3»  Jean, 
dont  nous  parlerons  après  son  frère  ;   — 


4°  Françoise,  femme  de  Jacques  de  Saint- 
Germain,  sieur  de  Fontenay. 

René  de  Farcy,  sieur  de  la  Ville-du- 
Rois,  épousa  Charlotte  L'Evesque,  et  en 
secondes  noces,  Elisabeth  Prépetit.  Il  ab- 
jura avec  son  second  fils,  Annibal-Fran 
çois,  en  1688  (Tt  255),  et  mourut  avant 
1695.  Son  fils  aîné,  Jacques-René,  sieur 
de  Mué  et  de  La  Ville-du-Bois,  n'avait  pas 
à  ce  qu'il  paraît,  attendu  pour  <•  se  réunir,  » 
que  son  père  lui  en  donnât  l'exemple. 
Quant  à  sa  fille,  qui  avait  reçu  le  nom  de 
Marie,  peut-être  est-elle  la  même  qu'une 
demoiselle  de  Malnoé-Farcy  qui  se  réfugia 
en  Hollande  à  la  Révocation,  mais  dont  la 
constance  ne  put  résister  aux  ennuis  de 
l'exil,  en  sorte  qu'elle  revint  en  France 
en  1699  (M.  673).  Ou  bien  cette  demoiselle 
serait-elle  plutôt  la  fille  de  Daniel  de  Mal- 
noé,  avocat  au  parlement,  qui,  jeté  à  la 
Bastille,  en  1686,  pour  cause  de  religion, 
feignit  de  se  convertir  et  profita  de  la  li- 
berté que  lui  procura  cet  acte  d'hypocrisie 
pour  se  sauver  en  Hollande  avec  son  fils 
(E.  3373)?  Une  troisième  hypothèse  serait 
moins  admissible.  Mi'e  de  Malnoé-Farcy 
pourrait  être  encore  Susanne  de  Farcy, 
fille  de  Jean  de  Farcy,  sieur  de  Malnoé, 
qui  eut  en  outre,  de  son  mariage  avec  Su- 
sanne de  Ravenel ,  deux  fils  nommés 
Jacques -Annibal  et  Jean -Charles -Mi- 
chel. Ce  dernier,  sieur  de  La  Ville  du- 
Bois,  servait  en  1709,  avec  le  grade  de  ca- 
pitaine, d'où  l'on  peut  conclure  qu'il  s'était 
converti.  Son  frère,  sieur  de  Malnoé, 
épousa  Jeanne  de  Gennes  et  n'eut  qu'une 
fille,  qui  se  maria  en  1730. 

H.  Branche  de  Saint- Laurent.  François 
de  Farcy  suivit,  comme  son  frère,  la  car- 
rière des  armes  et  fit  les  campagnes  des 
maréchaux  de  Châtillon  et  de  La  Meille- 
raye.  En  récompense  de  ses  services,  il 
obtint,  bien  que  protestant,  le  gouverne- 
ment de  Vitré.  Il  avait  épousé,  en  1640, 
Claude  Uzille,  qui  le  rendit  père  de  six 
enfants  :  1°  Jacques,  sieur  du  Rocher- 
Portal,  conseiller  au  parlement  de  Breta- 
gne, qui  très  probablement  se  convertit 
plusieurs  années  avant  la  Révocation  ;  — 
2o  Jean,  sieur  de  Saint -Laurent,  qui 
épousa  en  1669,  Françoise-Briande  Liais, 
fille  de  François  Liais,  sieur  du  Temple, 
et  de  Marguerite  Du  Verger,  et  qui  en  eût 
François-Jacques  et  Madeleine;  —  3° 
Amauri,  lieutenant-général  des  troupes  du 


383 


FARCY 


384 


duc  de  Zell,  qui  laissa  Antoi.xe-Simon  et 
Eléonore,  de  son  mariage  avec  Dorothée- 
Louise  Charéard;  en  1701  il  rentra  en 
France  et  abjura  (E  3552)  ;  —  4°  Claude, 
femme  d'Olivier  de  Croesker;  —  5»  Fran- 
çoise, épouse  de  Jacques  cleBérenger,  sieur 
de  Fontaines  en  Normandie,  qui  passa  dans 
les  pays  étrangers  avec  ses  quatre  enfants 
(Tt  270);  —  6o  Marguerite,  femme  de 
Toussaint  de  Boisgélin,  sieur  de  La  Toise, 
le  même  peut-être  que  le  gentilhomme 
normand  de  ce  nom,  dont  nous  avons  ra- 
conté la  conversion  et  la  mort  étrange 
(tome  II.  col.  700). 

III.  Branche  de  La  Daguerie.  René  de 
Farcy  servit  comme  ses  frères  sous  Châtillon. 
Il  prit  pour  femme  Marie  de  Gennes  dont 
il  eut  :  1»  Annibal,  qui  suit;  —  2°  Fran- 
çois, sieur  de  Pont-Farcy,  président  aux 
sièges  royaux  de  Laval,  maître  des  eaux 
et  forêts  et  capitaine  des  chasses  du  comté 
de  Laval,  qui  laissa,  de  son  mariage  avec 
Marie  Du  Breil,  tille  de  Jean  Du  Breil, 
sieur  de  la  Brunetière,  et  d'Anne  Guillot, 
trois  enfants,  René-Fbançois,  François- 
René  et  Marie,  qui  furent  élevés  dans  la 
religion  romaine;  —  3o  Françoise,  qui 
ne  fut  point  mariée.  Né  à  Rennes,  lit-on 
dans  la  Biographie  du  parlement  de  Metz, 
Annibal  de  Farcy  suivit  d'abord  le  bar- 
reau de  Paris  et  fut  reçu,  le  19  janv. 
16G6,  conseiller  au  parlement  de  Metz. 
A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  préfé- 
rant sa  charge  à  sa  religion,  il  s'empressa 
d'abjurer  et  se  retira  à  Rennes.  En  1695, 
il  devint  président  de  la  chambre  des  re- 
quêtes au  parlement  de  Bretagne.  Les  en- 
fants qu'il  eut  de  son  mariage  avec  sa  cou- 
sine Claude-Charlotte  de  Farcy,  furent 
élevés  dans  le  catholicisme. 

IV.  Branche  de  Cuillé.  Charles  de  Farcy, 
sieur  de  La  Carterie,  du  Bois-de-Cuillé  et 
de  Rozeray,  qui  suivit  comme  ses  frères, 
la  carrière  des  armes,  n'eut  point  d'enfants 
de  sa  première  femme  Marguerite  Benaud. 
En  1640,  il  se  remaria  avec  Marguerite 
Uzille,  tille  de  Jean  Uzille,  sieur  du  Coin, 
et  d'Hélène  Stangter,  qui  lui  donna  trois 
fils  et  trois  filles.  L'aînée  de  ces  dernières, 
nommée  Marguerite,  épousa,  en  1669, 
François  Morel,  sieur  de  La  Barre.  La 
seconde,  Claude-Charlotte,  devint,  en 
1679,  la  femme  de  son  cousin  le  conseiller 
au  parlement  de  Metz.  La  troisième,  Cathe- 
rine-Françoise,  mariée    le    13    octobre 


1685,  à  Benjamin  de  Bavenel,  sieur  du 
Bois-Tilleul,  le  suivit  sans  doute  sur  la 
terre  étrangère,  lorsqu'il  réussit  à  sortir 
de  France  (Tt  252).  L'aîné  des  fils,  ap- 
pelé François,  sieur  du  Bois-de-Cuillé, 
servit  dans  l'arrière-ban  et  fut  fait  prison- 
nier par  les  Lorrains,  en  1674.  En  1685, 
il  fut  choisi  pour  commis.saire  de  l'édit 
dans  la  Touraine  (Tt  235).  Il  avait  épou- 
sé, mars  1670,  Madelaine-Elisabeth  de 
Guillon,  fille  de  Charles,  sieur  des  Touches, 
et  de  Madelaine  Le  Bachellé.  A  la  révoca- 
tion de  l'édit  de  Nantes,  il  se  convertit 
avec  ses  trois  fils  Annibal-Auguste,  Da- 
niel-Michel et  Charles-François.  Le  sort 
de  son  frère  cadet,  nommé  Daniel,  est  in- 
connu. Le  troisième,  appelé  JacqueS,  sieur 
de  Rozeray  en  Anjou,  épousa,  en  1677. 
Isabelle  Pineau,  fille  unique  de  Paul  Pi- 
neau, sieur  de  la  Trosnière,  et  de  Renée 
Amproux.  Il  en  eut  trois  enfants,  Charles- 
Rene,  Jean  et  Louise,  qui  furent  élevés 
dans  le  catholicisme.  L'aîné  épousa,  en 
1700,  Charlotte  de  La  Douespe,  fille  de 
François  de  La  Douespe,  sieur  de  La  Valli- 
nière,  et  de  Philippa  Majou,  d'une  famille 
qui  a  compté  des  confesseurs  parmi  ses 
membres.  En  1687,  Daniel  de  La  Douespe 
fut  emprisonné  à  Bayeux  {Arch.  W.M676), 
et  en  1700,  enfermé  dans  le  château  de 
Nantes  (E  3386).  En  1725,  les  deux  filles 
aînées  du  sieur  de  La  Douespe  furent 
mises  par  lettres  de  cachet  à  l'Union  chré- 
tienne de  Luçon  (E  3411),  où  leur  sœur 
cadette  fut  envoyée  à  son  tour  en  1728 
(E  3414). 

2.  FARCY  (Samuel),  ancien  de  l'éghse 
du  Pont-de-Veyle  en  1671  (Tt  287)  nous 
est  connu  par  son  testament  (Bibl.  natio- 
nale mss  fr.  20936  fo  235).  Nous  appre- 
nons par  ce  testament  que  Samuel  Farcy, 
commissaire  à  terrier  du  Pont-de-Veyle  et 
ancien  de  l'église,  avait  été  marié  deux 
fois.  Sa  première  femme,  Françoise  Du- 
mont,  lui  avait  donné  deux  filles  :  Doro- 
thée, qui  épousa  Pierre  Boques,  ministre 
au  pays  de  Gex ,  et  Jeanne,  mariée  à 
Samuel  Benaud,  chirurgien  du  Pont-de- 
Veyle,  réfugié  à  Yverdun.  En  secondes 
noces,  il  avait  épousé  Marie  Bernard  qui 
à  la  Révocation,  s'était  sauvée  en  Suisse. 
Il  avait  voulu,  malgré  son  grand  âge,  la 
suivre  avec  sa  fille  Sara  ;  mais  il  avait  été 
arrêté,  et  il  avait  acheté  sa  liberté  au  prix 
d'une  abjuration  feinte,  résolu  de  fuir  dès 


385 


FARCY  —  FAREL 


386 


que  l'occasion  s'en  présenterait.  Une  se- 
conde tentative  ayant  été  plus  heureuse,  il 
avait  rejoint  sa  famille  à  Yverdun,  où  il 
fit  son  testament,  le  8  février  1689.  Après 
sa  mort,  sa  veuve  passa  en  Allemagne;  il 
paraît  qu'elle  s'établit  à  Kôsteritz;  c'est  au 
moins  dans  cette  ville  qu'elle  maria,  en 
1699,  sa  fille  Sara  avec  Louis  Tiolet,  chi- 
rurgien de  Lezan,  également  réfugié.  Trente 
années  d'exil  n'ayant  pu  habituer  Tiolet 
et  sa  femme  à  l'idée  de  mourir  loin  de 
leur  patrie,  ils  s'adressèrent,  en  1747,  au 
cardinal  de  JNoailles  pour  lui  demander  la 
permission  de  revenir  en  France,  lui  pro- 
mettant de  suivre  la  religion  romaine, 
pourvu  (ce  qu'ils  le  supphaient  en  grâce 
de  leur  octroyer)  qu'on  leur  accordât  la 
communion  sous  les  deux  espèces  et  qu'on 
ne  leur  défendit  pas  de  lire  la  Bible.  Nous 
ne  connaissons  pas  la  réponse  ;  mais  si  l'on 
répondit,  ce  fut  certainement  par  un  refus. 

3.  FARCY  (Georges),  «  tinturier  de  la 
cité  d'Arles  en  Provence,  •  reçu  habitan! 
de  Genève,  avril  1553;  —  (.Jean),  de  Pra 
roman  (Vaud)  étudiant  à  Genève,  1606;  — 
(Jean)  né  en  1636,  iils  d'Israël  Farcy  et  de 
Elisabeth  Périsse,  ancien  ministre  de  Mou- 
champ,  marié  à  Charenton,  août  1676, 
avec  Françoise  Nouait,  fille  de  Pierre,  sieur 
de  la  Daudrairie  et  de  Jeanne  Gristel.  — 
(Jean)  ministre  à  Houdan,  1665  ;  à  Herlv, 
1667;  à  La  Norville,  1669.  —  (Jean  de) 
pasteur  de  l'éghse  de  Nouvelle  Patente  à 
Londres,  en  1689. 

FARDEAU  (François),  martyrisé  à  An- 
gers en  1547  avec  :  Simon  Le  Royer,  Jean 
de  La  Vignole,  Denis  Savreau  et  Guillaume 
Rev.  «  L'Evangile  ayant  été  receu  en  ce 
temps  avec  grande  avidité  à  Angers,  ville 
épiscopale  avec  université,  et  remplie  de 
prestres  et  de  moines  autant  ou  plus  que 
ville  de  France,  pour  sa  grandeur  et  pour 
la  fertihté  du  pays;  quelques-uns  favorisés 
mesme  par  l'evesque,  nommé  Jean  Olivier, 
frère  du  chancelier,  homme  de  bon  savoir 
et  de  gentil  esprit,  firent  assemblées  qui 
ayant  été  descouvertes,  entre  autres  les 
cinq  susnommés  scellèrent  la  vérité  de 
Dieu  par  une  mort  heureuse  et  de  leur 
sang,  comme  d'une  saincte  semence  pro- 
cédèrent tost  après  plusieurs  centaines  de 
fidèles  »  [Crespin). 

1.  FAREL  (Guillaume),  le  plus  fougueux 
et  l'un  de  nos  plus  intrépitles  réformateurs 
[Haag,  V  59-72J. 


Il  naquit  en  1489^  les  uns  disent  à  Gap, 
les  autres  au  hameau  des  Fareaux  près 
Gap,  ce  qui  revient  au  même,  car  le  ha- 
meau est  tellement  rapproché  de  la  ville 
qu'ils  font  partie,  depuis  1789,  d'une  même 
circonscription  communale. 

Etait-il  issu,  comme  on  l'a  dit  souvent, 
d'une  famille  de  bonne  et  haute  noblesse 
du  Dauphiné?  Ou  bien  les  noms  indiquent- 
ils  que  le  village  des  Fareaux  était  la  de- 
meure de  Farel  paysans  cultivateurs,  qui 
vivaient  aux  champs,  sur  leur  bien,  dans 
l'indivision,  comme  le  faisaient  d'autres 
vieilles  familles  dauphinoises  (voy.  t.  II, 
col.  986)?  L'une  et  l'autre  allégation  sont 
également  inexactes.  Les  Farel  étaient  in- 
contestablement nobles  et  se  qualifient  tels, 
mais  de  petite  noblesse  notariale.  C'est  ce 
que  démontrent  les  renseignements  certains 
que  deux  érudits  de  ce  pays  *  ont  puisés 
dans  diverses  archives  et  dont  voici  le  ré- 
sumé. 

Aux  archives  du  dép.  des  Bouches-du 
Rhône  (Ord.  de  Malte,  commanderie  de 
Gap)  existe  un  acte,  en  date  du  25  fév. 
1366,  signé  par  noble  Guillaume  Farelli 
«  notarius  de  Pelaportu.  »  Ce  serait  Je 
premier  ancêtre  connu  de  notre  Guillaume 
Farel.  Ce  lieu  de  Pelleport,  d'après  un 
compte  de  la  châtellenie  du  Champsaur  en 
date  de  1406  (archiv.  du  dép.  de  l'Isère) 
était  dans  la  paroisse  «  de  Laya.  »  Le  nom 
de  Pelleiiort  ne  se  retrouve  plus  aujour- 
d'hui *,  mais  la  commune  de  Laye  où  il 
s'est  absorbé,  est  limitrophe  de  la  ville  de 
Gap  et  contiguë  au  hameau  des  Fareaux 

*  1"  Notre  collaborateur  M.  Jos.  Roman,  de  Pic- 
comtal  près  Embrun,  lequel  a  déjà  communiqué 
ses  renseignements  à  M.  le  pr.  Arnaud  pour  son 
Hist.  des  Protest,  du  Dauphiné  (3  vol.  in-8^ 
1875  ;  voy.  le  t.  I,  p.  527)  et  publié  une  notice 
sur  La  première  guerre  de  religion  à  Gap  (Gap, 
1877,  in-B")  où  l'origine  de  la  famille  Farel  est 
élucidée,  et  a  bien  voulu  depuis  continuer  et  com- 
pléter ses  recherches  pour  la  «  France  protes- 
tante ;  »  —  2,"  M.  Charronnet,  archiviste  des 
Hautes- Alpes ,  dans  son  livre  :  Les  guerres  de 
religion  et  la  Société  protestante  dans  les  Hautes- 
Alpes  ;  Gap.  1861,  in-8".  Leurs  renseignements 
proviennent  principalement  des  registres  de  Mu- 
tonis  et  autres  notaires,  aux  archives  du  chapitre 
de  Gap.  Les  «  Annales  des  capucins  de  Gap,  s 
rédigées  en  1658  ajoutent  quelques  détails,  dont 
beaucoup  très  erronés. 

2  Comme  beaucoup  d'autres  dans  les  Alpes, 
il  a  disparu  avec  la  famille  qui  le  portait.  Celui 
des  Fareaux  l'a  remplacé. 

VI.  13 


387 


FAREL 


388 


qui  même  en  fait  partie  au  point  de  vue 
ecclésiastique.  Un  noble  François  Farel, 
descendant  suivant  toute  vraisemblance 
du  précédent,  puisqu'il  était  également 
notaire  à  Gap  (en  1480,  archiv.  du  cha- 
pitre de  Gap),  eut  pour  fils  noble  Antoine 
notaire  à  son  tour,  et  Sébastien  souche 
d'une  branche  qui  persévéra  dans  le  ca- 
tholicisme. Antoine  assista  au  mariage  de 
Sébastien  son  frère  (en  1505)  et  lui-même 
épousa  Anastasie  d'Orcières  d'une  noble  et 
très  ancienne  famille  de  la  vallée  du  Champ- 
saur  ;  il  mourut  avant  1530  et  sa  femme 
en  1534  ou  35  ^  De  cette  dernière  union 
naquirent  :  lo  notre  Guillaume  ;  2»  Da- 
niel qui  se  retira  en  Suisse  ;  3»  Claude  (voy . 
plus  loin  col.  390,  n.  2)  marié  à  Louise  de 
Beauvais;  4»  Jean-Gabriel,  prêtre  bénéfi- 
cier de  Gap  ^,  mort  avant  1546;  5°  une  fille 
mariée  à  Honorât  Riquetti  '  ancêtre  direct 
de  Mirabeau  ;  6»  Jean-Jacques,  marchand 
à  Gap,  qui  épousa  en  1540,  Jeanne  de  Mon- 
torcier,  fille  de  Guillaume  de  Montorcier 
et  de  Marguerite  Rambaud  * ,  d'une  noble 
famille  du  Champsaur,  laquelle  Jeanne  vi- 
vait encore  en  1584  et  eut  deux  fils  David 
et  Jean;  7o  Gautier  ou  Gaucher,  greffier 
épiscopal  de  Gap  en  1532,  marié  à  Fran- 
çoise de  Beauvais  sœur  de  Louise.  Daniel, 
Claude,  Gaucher  et  Jean- Jacques  quittèrent 
Gap  et  se  rendirent  en  Suisse  pour  partici- 
per à  l'œuvre  de  leur  frère  aîné;  Gaucher 
fit  un  testament  à  Morges  en  1570,  entre 
les  mains  du  notaire  Crinsoz  de  Cottens  ; 
il  laissa  trois  fils,  Jacques,  Israël  et  Jean- 
Zacharie  de  Farel  des  Fareaux  (ainsi 
qu'ils  sont  nommés  dans  les  actes  notariés) 
et  deux  d'entre  eux  reparurent  à  Gap,  en 
1571  à  la  recherche  des  débris  de  l'hoirie 
paternelle,  tous  ces  fugitifs  de  Gap  ayant 
eu  leurs  biens  confisqués  par  sentence  du 
parlement  de  Grenoble  comme  biens  d'hé- 
rétiques. La  descendance  des  frères  de 
Farel  subsista,  en  Suisse,  au  moins  jus- 
que dans  le  milieu  du  XYII^e  siècle  ^.  Ce 

>  Herminjard,  IV,  453,  note  5. 

2  Notes  de  M.  Romam. 

3  Charronnet,  p.  17. 

*  Marguerite  Rambaud  était  la  tante  du  capi- 
taine Furmeyer  qui,  en  1562,  s'empara  de  Gap, 
et  fut  le  premier  chef  des  protestants  en  Gapençais. 

^  Nous  trouvons  chez  les  notaires  de  Genève  : 
Noble  Jacques  Farel  demeurant  â  Senarclens,  en 
1562,  fondé  de  pouvoir  de  nob.  Guill.  Prévost 
seig'  de  S'-Germain  (J.  Ragueau  not.,  V,  65)  ;  — 
Pierre,   fils  de  feu  Aymé  Prévost,  ministre  de 


tableau  de  famille  nous  a  contraint  d'an- 
ticiper sur  l'histoire  du  réformateur. 

Le  notaire  Antoine  Farel,  père  de  cette 
nombreuse  lignée,  fit  donner  à  tous  ses 
fils  une  éducation  solide;  mais  les  res- 
sources littéraires  de  la  province  ne  sulTi- 
saient  pas  à  l'esprit  curieux  de  Guillaume. 
Il  obtint,  à  grand'peine,  la'  permission 
d'aller  étudier  à  Paris.  Là,  il  fut  un  des 
disciples  favoris  de  Lefèvre  d'Etaples,  qui 
professait  alors  à  l'Université  de  Paris  les 
mathématiques  et  la  philosophie  (et  aiissi 
de  Gérard  Roussel  ou  Ruffl).  Farel  n'avait 
guère  que  22  ans  lorsque  ce  maître  illustre 
lui  disait  en  travaillant  à  son  comn)entaire 
sur  saint  Paul  (1512),  cette  parole  pro- 
phétique :  «  Mon  fils.  Dieu  renouvellera 
le  monde  et  tu  en  seras  le  témoin.  » 

A  cette  époque,  la  philosophie  n'était 
encore  que  l'humble  servante  de  la  théo- 
logie, bien  qu'elle  tendît  à  s'affranchir,  en 
sorte  qu'il  était  presque  impossible  d'étu- 
dier l'une  sans  l'autre.  A  la  lecture  d'Aris- 
tote,  Farel  joignit  celle  de  la  Légende 
dorée  et  sa  piété  prit  tous  les  caractères 
de  la  bigoterie.  «  Pour  vray,  écrivait-il 
»  plus  tardj  la  papauté  n'estoit  et  n'est 
«  tant  papale  que  mon  cœur  l'a  esté...  S'il 
«  y  avoit  personnage  qui  fût  approuvé 
«  selon  le  pape,  il  m'estoit  comme  Dieu.  » 
Il  raconte  en  tête  de  son  vrai  usage  de  la 
croix  l'histoire  d'un  pèlerinage  qu'il  fit 
étant  jeune  à  Sainte-Croix  près  de  Tallard 
(Hautes-Alpes)  et  dans  lequel  il  assista  aux 
tromperies  du  gardien  de  la  chapelle. 
Dans  l'ardeur  de  sa  dévotion,  il  en  vint  à 
vouloir  copier  les  austérités  des  cénobites  ; 
il  avait  surtout  une  vénération  profonde 
pour  les  Saints,  «  tellement,  nous  dit-il, 
«  que  je  pouvoye  bien  estre  tenu  pour  un 
«  registre  papal,  pour  martyrologe  et  tout 
«  ce  qu'il  faut  en  toute  idolâtrie  et  dia- 
«  blerie  papales,  en  laquelle  n'ai  cogneu 

Bossy,  terre  de  Gex,  épousant  en  1581  Jeanne, 
fille  de  nob.  Jacques  Farel  (Mar.  Dunant,  105  et 
126)  ;  —  nob.  Jacques  Farel,  habitant.  1584,  à 
Valeiry  (Blécheret  XIV,  155).  —  Nobles  Daniel 
et  David  Farel  frères,  demeurant  en  1602  à  Va- 
leiry (Dagonneau,  V.  257);  —  Nob.  David  Farel, 
seig'  de  Dupillon  en  Dauphiné,  achetant  un  mou- 
lin en  1615  â  Valeiry  (Et.  Bon,  VI.  549)  ;  — 
Mariage,  en  1629,  de  Franc.  Borsat  (voy.  ci-des- 
sus t.  II,  col.  911),  ministre  de  Saconnay-le-grand 
avec  Pernette,  tille  de  Pierre  Prévost  ministre  et 
de  Jeanne  Farel  sœur  de  Joseph  Farel,  aussi  mi- 
nistre (La  Corbière,  VUI,  380). 


t 


389 


FAREL 


390 


«  aucun  qui  m'ait  vaincu.  »  Son  maître 
Le  Fèvre  d'Etaples  n'était  guère  moins 
fervent  adorateur  de  la  Vierge  et  des 
Saints,  dont  il  s'occupait  alors  à  recueillir 
les  légendes  pour  l'édification  des  fidèles. 
«  Il  faisoit,  nous  raconte  Farel,  les  plus 
grandes  révérences  aux  images  qu'autre 
personnage  que  j'ai  cogneu,  et  demeurant 
longuement  à  genoux,  il  prioit  et  disoit 
ses  heures  devant  icelles,  a  quoy  souvent 
je  lui  ay  tenu  compagnie,  fort  joyeux 
d'avoir  accez  à  un  tel  homme.  »  Cepen- 
dant le  soin  qu'il  apportait  à  rassembler 
ces  vies,  pleines  de  fables  ridicules  et  de 
grossiers  mensonges,  ne  lui  faisait  pas 
négliger  l'étude  de  la  Bible,  et  ce  furent 
ses  conseils  qui  engagèrent  Farel  à  lire  le 
Livre  saint.  Quel  étrange  bouleversement 
dans  ses  idées  !  Il  cherche  en  vain,  et  il 
ne  trouve  mention  dans  l'Evangile  ni  de 
pape,  ni  de  hiérarchie,  ni  d'indulgences, 
ni  de  purgatoire,  ni  d'œuvres  suréroga- 
toires,  ni  de  messe,  ni  de  célibat  des 
prêtres,  ni  de  tant  d'autres  inventions  hu- 
maines. «  Il  fut  fort  ébahi,  dit-il,  en 
voyant  que  sur  la  terre  tout  estoit  autre- 
ment en  vie  et  doctrine  que  ne  porte  la 
saincte  Escripture.  »  Toutefois  il  ne  se 
rendit  pas  sur-le-champ  à  l'évidence,  il  lui 
en  coûtait  de  renoncer  à  des  croyances  et 
à  des  pratiques  qui  lui  étaient  chères  ;  «  il 
«  a  fallu,  ajoute-t-il,  que  petit  à  petit  la 
«  papauté  soit  tombée  de  mon  cœur.  »  A 
la  suite  d'une  lutte  longue  et  pénible  ^  la 
vérité  finit  cependant  par  triompher,  et 
dès  cet  instant,  Farel  prit  avec  lui-même 
l'engagement  sacré  de  devenir  acteur  dans 
le  drame  religieux  qui  se  jouait  en  Europe. 
Afin  donc  de  se  rendre  digne  de  remplir  la 
missionqu'ils'imposaitjl  s'appliqua  avec  un 
redoublement  de  zèle  à  l'étude;  il  apprit  le 
grec  et  l'hébreu  pour  se  mettre  en  état  de 
lire  la  Bible  dans  le  texte  original  ;  il  dé- 
vora les  écrits  des  Pères  pour  se  fortifier 
dans  ses  nouvelles  croyances,  et  il  acquit 
assez  de  connaissances  pour  prendre  le 
!.'rade  de  maître-ès-arts.  Au  mois  de  janvier 
1517,  il  est  inscrit  sur  le  rôle  des  gradués 
ayant  droit  à  un  bénéfice  ecclésiastique.  Il 
parlait,  dans  son  carnet,  des  progrès  qu'il 
réalisa  encore  par  ses  études  à  Paris  pen- 

'  Elle  dura  trois  ans.  Voy.  la  Corresp.  des 
ré/,  n^s  20  i  et  214,  et  la  «  Lettre  à  tous  sei- 
gneurs, »  ci-après  col.  411,  n"  iv. 


dant  le  cours  des  années  1519,  à  1522  ^  Le 
Fèvre  qui  avait  conçu  pour  son  disciple 
une  grande  amitié,  lui  procura  par  son 
crédit  une  place  de  professeur  au  collège 
du  cardinal  Le  Moine,  et  peu  de  temps 
après,  en  1521,  il  le  mena  à  Meaux,  où  il 
était  appelé  lui-même  par  l'évêque  Briçon- 
net,  qui  était  revenu  de  son  ambassade  de 
Rome  tout  pénétré  de  la  nécessité  d'une 
réforme. 

Il  paraît  que  Farel  ne  fit  pas  un  long 
séjour  à  Meaux.  Brûlant  du  désir  de  faire 
partager  ses  convictions  à  ses  concitoyens, 
il  partit  pour  le  Dauphiné,  mais  il  y  ren- 
contra une  violente  opposition  et  fut  chassé 
de  Gap  par  les  habitants  qui  trouvèrent 
«  sa  doctrine  fort  étrange.  »  L'insuccès  ne 
refroidit  pas  son  enthousiasme,  en  sorte 
qu'il  finit  par  gagner  à  l'Evangile  quelques 
personnes  parmi  lesquelles  il  compta  avec 
bonheur  quatre  de  ses  frères  *.   Satisfait 

^  Le  pasteur  David  Ancillon  qui  écrivit  une 
vie  de  Farel  aux  environs  de  l'année  1680 
(voy.  t.  I,  col  217,  n"  V)  avait  en  sa  possession 
ce  livre  de  raison  ou  carnet  sur  lequel  le  réfor- 
mateur inscrivait  les  événements  et  les  dépendes 
de  chaque  jour.  «  Les  mémoires  de  Farel  ..,  le 
journal  de  Farel  que  j'ay  entre  mes  mains,  » 
dit-il  à  plusieurs  reprises  {L'idée  du  fidèle  mi- 
nistre ou  Vie  de  Farel  (voy.  p.  65,  98,  k!02  etc.). 
Ce  précieux  livret  s'est  malheureusement  égaré, 
en  Prusse,  mais  nous  avons  peine  à  croire  qu'il 
soit  perdu. 

2  Daniel,  réfugié  en  Suisse  où  il  fut  employé 
par  MM.  de  Berne  dans  des  affaires  relatives  aux 
églises  ;  —  Claude,  fugitif  de  Gap  vers  1532, 
réfugié  aussi  dans  le  canton  de  Berne,  obtient  en 
avril  1537  la  régie  des  grands  biens  de  l'abbaye 
et  du  château  de  Ripaille  (Herminj.  IV,  212 
note)  ;  il  y  ajouta  la  commanderie  de  La  Chaux 
près  la  ville  de  Cossonay  qu'il  acheta  avec  Gau- 
cher son  jeune  frère  ;  —  Oaucher,  d'abord  gref- 
fier de  l'évêché  de  Gap,  quitte  ses  fonctions  peu 
après  1532  et  devient,  en  15  '5  et  1536,  inten- 
dant ou  secrétaire  du  comte  Guillaume  de  Fûrstem- 
berg,  chef  d'un  corps  de  dix  mille  lansquenets 
qu'il  avait  levés  en  Allemagne  par  l'ordre  du  roi 
François  P'  et  amenés  dans  les  hantes  Alpes  ;  sur 
la  fin  de  1536,  Gaucher  a  l'honneur  d'être  asso- 
cié à  Calvin  comme  représentant  les  Français  ré- 
fugiés en  Suisse  et  ils  agissent  tous  deux  de  con- 
cert pour  obtenir  des  villes  de  Basle,  Strasbourg 
et  Berne  l'envoi  à  François  1"'  d'une  ambassade 
qui  implore  sa  bienveillance  pour  les  fugitifs 
(Herminj.  n°  577)  ;  vers  la  même  époque  il  s'as- 
socie à  son  frère  Claude  pour  ses  exploitations 
rurales  ;  ils  habitaient  avec  leurs  femmes  le  châ- 
teau de  Ripaille  ;  ils  vendent  La  Chaux  le  25  août 
15J0  (Herminj.  VII,  162,  note  26).  Les  Farel 
parvinrent  à  rentrer    dans    les    biens    qui    leur 


391 


FAREL 


392 


d'avoir  déposé  dans  son  pays  natal  la  se- 
mence de  la  Réforme  et  laissant  à  la  Pro- 
vidence le  soin  de  la  faire  fructifier,  il  re- 
tourna à  Meaux,  où  déjà  l'horizon  assom- 
bri présageait  la  tempête  qui  ne  tarda  pas 
à  fondre  sur  le  petit  troupeau  réformé. 
Epouvanté  par  les  attaques  de  la  Sorbonne, 
Briçonnet  trahit  la  cause  qu'il  avait  em- 
brassée, et  les  compagnons  d'oeuvre  qu'il 
avait  appelés  à  son  aide  durent  fuir.  C'était 
en  1523.  Après  un  court  séjour  à  Paris  et 
une  pointe  très  rapide  qu'il  fit  en  Guyenne  ', 
Farel  partit  pour  Râle.  Ainsi  commença-t-il 
«  celte  longue  suite  de  voyages  et  de  travaux 
apostoliques  auxquels,  sans  mission,  sans 
même  avoir  été  jamais  admis  au  saint  mi- 
nistère, mais  guidé  par  une  voix  intérieure 
comme  les  prophètes  de  l'ancienne  loi,  il 
consacra  sa  vie  entière  >  (Rochas,  Rio- 
graphie  du  Dauphiné). 

Quelques  jours  après  son  arrivée  à 
Râle,  il  se  présenta  au  conseil  de  la  ville 
et  lui  demanda  l'autorisation  de  soutenir 
publiquement  des  thèses,  selon  l'usage  du 
temps.  Elle  lui  fut  accordée,  malgré  l'op- 
position du  grand-vicaire  et  du  recteur  de 
l'Université,  qui  de  leur  côté  défendirent, 
sous  peine  d'excommunication,  à  qui  que 
ce  fût  d'accepter  le  défi.  Le  Conseil,  qui 
depuis  longtemps  luttait  contre  les  empié- 
tements du  clergé,  vit  clans  cette  défense 
un  attentat  contre  son  autorité,  et  par  re- 
présailles, il  ordonna  à  tous  théologiens, 
curés  et  écoliers,  d'assister  à  la  dispute, 


avaient  été  confisqués.  Le  22  septemb.  1544, 
«  Gauthier  et  Claude  Farel,  habitants  de  Neuf- 
chastel  en  Suisse,  vendent  tant  en  leur  nom  propre 
que  comme  maris  de  Françoise  et  Louise  de 
Bea'ivais,  à  Jean  Sonchon  marchand  à  Gap,  une 
maison,  pré,  champ  au  hameau  des  Bassets,  pa- 
roisse de  Laye  au  prix  de  400  écus  d'or  »  (Bibl. 
nat.  mss.  fr.  8495,  p.  288).  Le  15  août  1553, 
Gauthier  et  Claude  sont  mentionnés  dans  le  testa- 
ment de  Guillaume  comme  ses  seuls  frères  vivant 
encore.  Enfin  nous  avons  vu  que  Gaucher  fit  son 
testament  en  1570.  On  ne  saii  presque  pas  autre 
chose  sur  Claude  et  Gaucher  Farel,  quoique  M. 
Herminjard  ait  publié  plusieurs  lettres  d'eux  ou  à 
eux  adressées  (n°'  518,  519,  539,  864),  et  dans 
lesquelles  Claude  prend  le  pseudonyme  de  Dubé- 
ron,  Gaucher  celui  de  La  Grosonière,  en  même 
temps  qu'ils  donnent  à  Guillaume  ceux  de  Do- 
meine  Franc  et  de  Charles  d'Aspremont.  —  Le 
quatrième  frère,  Jean-Jaajues,  viendra  tout  â 
l'heure,  col.  399. 

1  Voyez  Herminjard,  Co7T.  des  réf.  1. 1,  p.  180, 
note  2,  et  p.  242,  lig.  7. 


menaçant  les  récalcitrants  de  leur  inter- 
dire l'usage  des  moulins  et  des  fours,  et 
l'abord  du  marché  public.  La  dispute  eut 
donc  lieu,  le  23  fév.  1524.  Les  thèses  de 
Farel,  au  nombre  de  treize,  roulent  sur 
la  perfection  des  Ecritures,  la  liberté  chré- 
tienne, les  devoirs  des  pasteurs,  la  justifi- 
cation par  la  foi,  la  prédication  de  l'Evan- 
gile, etc.  ;  elles  sont  écrites  avec  modéra- 
tion, comme  il  convenait  à  un  étranger 
qui  demandait  non  pas  à  enseigner,  mais 
à  s'instruire.  Herminjard  les  donne,  no  91. 
Quoique  la  dispute  se  fit  en  latin,  OEco- 
lampade  dut  servir  d'interprète,  Farel 
n'étant  pas  bien  compris  à  cause  de  sa 
prononciation  française.  Les  actes  ne  s'en 
sont  pas  conservés,  mais,  au  rapport  d'un 
contemporain,  la  victoire  de  Farel  fut  in- 
contestée, et  se  compléta  par  la  conversion 
du  franciscain  Conrad  Pellican. 

Farel  passa  quelques  mois  à  Râle  et  en 
profita  pour  aller  visiter  Constance,  Schaff- 
house,  Zurich,  où  il  fut  reçu  cordialement 
par  Grebel,  Myconius,  Zwingle,  avec  qui  il 
noua  des  relations  étroites.  Mais  sa  brus- 
que franchise  ne  sut  pas  ménager  l'exces- 
sive susceptibilité  du  gr^nd  Erasme  qu'il 
eut  l'imprudence  de  comparer  à  Ralaam. 
R  se  fit  de  lui  un  ennemi  redoutable  '  qui, 
unissant  sa  haine  à  celle  du  clergé  et  des 
ennemis  de  la  Réforme,  réussit  à  le  faire 
expulser  de  Râle,  en  1524. 

Forcé  (le  chercher  un  autre  asile,  le  ré- 
formateur se  retira  à  Strasbourg  où  il  vé- 
cut quelques  mois  dans  l'intimité  de  Bucer 
et  de  Capiton.  Le  pasteur  Choupard,  dans 
sa  Vie  msc.  de  Farel,  affirme  qu'il  alla, 
vers  ce  temps,  visiter  Luther  à  Wittem- 
berg  accompagné  d'Anémond  de  Coct  ;  ce 
voyage  est  attesté  par  OEcolampade,  qui  les 
recommandait  au  célèbre  moine  saxon, 
dans  une  lettre  où  il  écrivait  en  parlant  de 
Farel  :  «  On  ne  saurait  voir  homme  plus 
franc  et  plus  sincère.  »  Peut-être  que  cette 
visite  à  Luther  eut  lieu  avant  que  Farel 
eût  quitté  Râle,  car  c'est  en  1523  que  A. 
de  Coct  était  à  Wittemberg. 

Farel  avait  atteint  l'âge  de  35  ans,  et  il 
n'avait  point  encore  trouvé  l'occasion  de 
travailler,  aussi  activement  qu'il  le  dési- 

'  Voici  comment  Erasme  peint  Farel,  dès  1524, 
dans  une  lettre  à  l'official  de  Besançon  :  «  Nihil 
vidi  unquam  mendacius,  virulentius  aut  seditio- 
sius.  » 


393 


FAREL 


394 


rait,  <à  la  propagation  des  doctrines  évan- 
géliques.  Favorisées  par  le  duc  Ulric  de 
Wurtemberg,  ces  doctrines  comptaient 
<léjà  un  certain  nombre  de  sectateurs  à 
Montbéliard,  lorsqu'une  lettre  d'OEcolam- 
pade  apprit  à  Farel  que  plusieurs  habitants 
de  cette  ville  désiraient-son  arrivée  parmi 
eux.  A  cet  appel,  il  partit  sur-le-champ, 
accompagné  de  Jean  Du  Mesnil,  de  Paris, 
et  de  Guillaume  Du  Moulin;  il  arriva  à 
Montbéliard  au  mois  de  juin  1524.  11 
se  mit  à  l'œuvre  avec  cette  ardeur  impé- 
tueuse qu'il  apportait  dans  toutes  ses  ac- 
tions, et  la  vive  résistance  qu'il  rencontra 
dans  le  clergé  romain  surexcitant  son  zèle, 
il  répondit  aux  grossières  invectives  des 
chanoines  de  Saint-Mai mbœuf  et  aux  ex- 
communications de  l'archevêque  de  Be- 
sançon, par  des  actes  d'une  témérité  qui 
lui  attira  de  sévères  réprimandes  de  la  part 
du  doux  OEcolampade  :  «  Condono,  imô 
laudo  zelum,  lui  écrivait  son  ami,  modo 
ne  desideretur  mansuetudo.  Da  operam, 
mî  frater,  ut  spiritum  meum  exhilares 
■etiam  hoc  nuncio  :  quôd  in  tempore  suc, 
vinum  et  oleum  infundas,  quôd  evange- 
iistam,  non  tyrannicum  legislatorem  praes- 
tes.  »  Et  dans  une  autre  lettre,  le  sage  ré- 
formateur de  Bâle  lui  disait  :  «  Neque 
«nim  excidisse  animo  crediderim,  quo- 
modo  inter  nos  convenerit  :  nempè  ut 
quantô  propensior  es  ad  violentiam,  tantô 
magis  te  ad  lenitatem  exerceas,  leoninam 
que  magnanimitatem  columbinâ  modestiâ 
frangas.  Duci,  non  trahi  volunt  homines.» 
Farel  n'en  continua  pas  moins  ses  rudes 
attaques  contre  les  moines  et  les  images, 
jusqu'à  ce  qu'une  lettre  de  la  diète  de'  Lu- 
cerne,  écrite  au  duc  Ulric  à  la  sollicitation 
"  des  commis  et  députés  à  la  matière  de 
la  foi  dans  le  comté  de  Bourgogne,  »  let- 
tre appuyée,  quelques  semaines  après,  par 
les  menaces  des  Cantons,  forçât  le  duc  à 
éloigner  le  fougueux  réformateur  (1525). 
Mais  ses  travaux  n'étaient  point  restés  sté- 
riles ;  il  avait  obtenu  de  nombreuses  con- 
versions dans  le  comté  de  Montbéliard,  et 
ses  succès  n'avaient  pas  été  moins  écla- 
tants dans  la  seigneurie  de  Bel  fort,  bien 
«que  le  magistrat  et  le  clergé  lui  eussent  in- 
terdit l'entrée  de  cette  ville  sous  peine  de 
la  hart.  Il  retourna  donc  à  Strasbourg,  en 
passant  par  Bâle  et  Metz,  où  il  s'arrêta 
quelques  jours. 

A  Strasbourg,  Farel  retrouva  son  ancien 


maître.  Le  Fèvre  d'Etaples,  que  la  persé- 
cution avait  forcé  de  fuir.  On  ne  sait  rien 
sur  son  second  séjour  dans  celte  ville  hos- 
pitalière, qu'il  quitta  brusquement  en 
1526.  Il  traversa  l'Alsace,  visita  les  réfor- 
mateurs de  Mulhouse,  rentra  dans  Bâle 
pour  en  sortir  bientôt,  fit  une  courte  ap- 
parition à  Montbéliard,  gagna  Neuchâtel, 
d'où  il  fut  chassé,  dès  qu'il  eut  été  re- 
connu sous  le  costume  de  prêtre  qu'il  avait 
pris  dans  l'espoir  de  se  l'aire  écouter  plus 
facilement,  et  gagna  Berne,  d'où  Haller 
l'envoya  prêcher  la  Béforme  à  Aigle,  le 
seul  pays  de  la  Suisse  romande  qui  dépen- 
dît entièrement  des  Bernois. 

Il  se  présenta  dans  cette  ville  comme 
instituteur  et  ouvrit  une  école,  sous  le  nom 
de  Guillaume  Ursinus  ;  nom  sous  lequel  il 
lui  plut  de  se  déguiser  légèrement  ^  pour 
mieux  assurer  le  succès  de  son  œuvre,  mais 
qui  n'était  point  un  pseudonyme  car  il  lui 
appartenait  du  chef  de  sa  mère  *.  Il  eut  en 
effet  ci  se  débattre  énergiquement  à  Aigle 
contre  le  clergé  catholique,  cependant  le 
Sénat  de  Berne,  par  une  patente  en  date 
du  8  mars  1528,  lui  accorda  permission  d'y 
exercer  définitivement  son  ministère.  Dès 
le  mois  d'aotit  1526,  Bucer  lui  écrivait 
Ursino  Mlie  '  episcopo. 

Cependant  ce  sénat  qui,  par  politique 
autant  au  moins  que  par  conviction  reli- 
gieuse, croyait  nécessaire  de  propager  la 
Béforme,  mais  qui  ne  voulait  pas  avoir 
l'air  de  l'imposer  de  force,  annonça  une 
dispute  publique,  et  invita  les  évêques  de 
Lausanne,  de  Sion,   de  Constance  et  de 

*  Et  pour  peu  de  temps;  on  ne  le  voit  en  user 
que  dans  le  cours  de  l'année  1527. 

^  Un  de  ses  anciens  amis  et  compatriote,  lui 
écrivait  le  11  février  1527  :  G.  Farello  aliàs 
Ursinus  (Herminjard,  n°  194);  lui-même  signait 
GuU.  Farel  Ursmus  (Herminj.  n"  204)  ou  bien, 
au  bas  d'une  lettre  adressée  à  des  religieuses, 
Guil.  Farel  Ursin  serviteur  de  Dieu  (Herminj.  n" 
210;  14  déc.  1527);  ce  n'él:iit  donc  pas  pour 
cacher  son  vrai  nom  qu'il  prenait  celui  de  «  Ursin,» 
puisqu'on  écrivait  les  deux  noms  ensemble  ;  c'est 
évidemment  parce  qu'il  se  plaisait  au  nom  de  sa 
mère.  M.  J.  Roman  l'a  trouvée  dans  ses  docu- 
ments dauphinois,  appelée  Anastasie  d'Orsières, 
nom  plus  exactement  écrit  sous  la  forme  d'Ur- 
sières.  de  Urseriis  ou  de  Urseriâ  ;  de  là  naturelle- 
ment Ursincs.  Orsières  est  en  effet  le  nom  d'un 
lieu  où  il  y  a  des  ours. 

•''  Herminjard,  tome  I,  p.  461.  Au  XVI""  siè- 
cle, Aigle  se  prononçait  Aille;  en  latin  jEla;  ses 
habitants,  Allienses. 


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FAREL 


39(> 


Bâle  à  y  assister  (1528).  Celui  de  Lausan- 
ne seul  y  envoya  une  députation  ;  toute- 
fois l'assemblée  fut  nombreuse.  La  dispute 
dura  dix-neuf  jours,  mais  les  débats  ayant 
eu  lieu  en  allemand,  Farel  ne  put  y  pren- 
dre une  part  active.  De  l'aveu  de  Jacques 
de  Munster,  qui  a  fait  imprimer  à  Soleure 
une  relation  de  ce  colloque,  le  résultat  fut 
favorable  aux  Réformés.  Dès  le  7  février 
lo28  avait  paru  le  fameux  édit  qui  procla- 
ma que  le  Canton  de  Berne  embrassait  la 
Réforme. 

Peu  de  temps  après,  des  députés  bernois 
se  transportèrent  à  Aigle  où  les  adversai- 
res non  seulement  de  la  Réforme,  mais  du 
gouvernement  de  Berne  étaient  toujours 
fort  nombreux,  malgré  le  succès  des  pré- 
dications de  Farel.  Ils  convoquèrent  les 
quatre  paroisses  qui  composaient  le  gou- 
vernement de  ce  nom  et  les  firent  voter 
pour  ou  contre  la  Réforme.  Aigle.  Bex  et 
Ollon  s'étant  prononcés  pour  la  religion 
protestante,  Farel  fut  confirmé  dans  sa 
place  de  ministre  K  et  quelques  résistances 
partielles  furent  promptement  brisées  par 
les  mesures  de  vigueur  du  gouvernement 
bernois. 

Mais  le  repos  était  antipathique  au  ca- 
ractère de  Farel  ;  c'était  un  homme  créé 
pour  l'action,  puissamment  organisé  pour 
la  lutte.  Moins  d'un  an  après,  laissant  à  la 
tête  de  l'église  d'Aigle  Guillaume  Dwi/oit- 
lin  qui  avait  été,  avec  .Jean  Du  Ménil,  son 
actif  compagnon  d'œuvre  dans  leur  péril- 
leux apostolat,  il  entreprit  une  série  de 
missions^  évangéliques,  de  l'aveu  et  sous  la 
protection  du  sénat  de  Berne  qui  le  recom- 
manda à  toutes  les  villes,  communes  et 
seigneuries  qui  lui  étaient  soumises,  dans 
une  lettre  où  il  ordonnait  qu'on  lui  donnât 
place  et  audience  pour  proclamer  la  parole 
de  Dieu  :  Uss  befel,  dann  wir  im  Brief 
und  Sigel  geben  an  aile  die  uns  verwandt 
sind,  das  si  im  Gehor  und  Plaz  gehen  wel- 
lend  das  Wort  Golfes  zu  verkundigen. 

La  première  station  de  l'infatigable  mis- 
sionnaire fut  Morat,  où  il  arriva  au  mois 
de  juin  1329.  Trois  mois  après,  les  secta- 
teurs de  la  Réforme  se  crurent  assez  forts 
pour  demander  un  vote  général,  conformé- 
ment au  traité  récemment  conclu  entre  les 
Cantons.  Berne  envoya,  comme  commis- 
saire chargé  de  présider  au  vote,  Jacques 

1  Quoiqu'il  n'eût  jamais  été  consacré. 


de  Wattenwyl  ;  mais  la  majorité  se  pro- 
nonça encore  en  faveur  du  catholicisme. 
Cependant  le  triomphe  des  Réformés  n'é- 
tait différé  que  de  quelques  mois.  Farel 
n'attendit  pas  leur  victoire  ;  dès  le  mois 
d'octobre,  il  se  rendit  à  Lausanne  qui 
avait  conclu  avec  Berne  un  traité  de  com- 
bourgeoisie  en  1525  ;  mais  l'opposition  de 
l'évêque  et  du  chapitre,  plus  forte  que  la 
recommandation  des  Bernois,  fit  deux  fois 
de  suite  échouer  ses  tentatives.  Loin  de 
se  laisser  abattre  par  ce  double  échec,  Fa- 
rel voulut  tenter  une  conquête  encore  plus 
difficile,  puisqu'il  devait  avoir  contre  lui 
le  clergé  et  le  gouvernement.  Après  avoir 
prêché  à  Bienne,  sur  la  demande  du  ma- 
gistrat, puis  à  La  Bonneville,  d'où  les  Ber- 
nois le  rappelèrent,  à  la  prière  de  l'évêque 
de  Bâle,  suzerain  du  pays,  il  partit  pour 
Neuchâtel,  au  mois  d'octobre  1529  et  com- 
mença d'annoncer  la  Bonne  Nouvelle  aux 
portes  de  la  ville,  dans  les  rues,  les  gran- 
ges, les  maisons,  partout  où  il  trouva  une 
oreille  attentive.  Ses  prédications  gagnè- 
rent quelques  âmes;  néanmoins  il  ne  tarda 
pas  à  s'éloigner,  rappelé  peut-être  à  Aigle 
par  les  soins  qu'il  devait  à  son  église.  Lors 
de  son  passage  à  Morat,  on  essaya  inutile- 
ment de  le  retenir.  Les  Bernois  l'y  renvoyè- 
rent, sur  les  instances  des  habitants,  dès 
que  la  Réforme  y  eut  été  définitivement 
établie  à  la  pluralité  des  voix,  le  7  janvier 
1530. 

Farel  profita  de  son  séjour  à  Morat  pour 
évangéliser  le  pays  du  Vully,  qui  ne  tarda 
pas  à  abolir  la  messe.  ATavannes,  «  pour 
mettre  bas  la  papauté,  dit  M.  Merle  d'Au- 
bigné,  il  lui  fallut  moins  de  temps  que  le 
prêtre  n'en  passait  à  l'autel.  »  Il  visita  de 
nouveau  La  Bonneville,  puis  il  retourna  à 
Neuchâtel,  avec  l'espoir  d'achever  ce  qu'il 
avait  heureusement  commencé.  Le  gouver- 
neur Georges  de  Rive  ayant  défendu,  sous 
des  peines  sévères,  de  le  laisser  prêcher, 
il  s'arrêta  à  Serrières  dont  le  curé  le  reçut 
chez  lui  et  mit  à  sa  disposition  le  cime- 
tière, n'osant  lui  offrir  son  église.  Instruits 
de  son  arrivée,  quelques  soldats  neuchâfe- 
lois,  qui  avaient  combattu  dans  les  rangs 
des  Bernois  et  étaient  rentrés  dans  leurs 
foyers,  pénétrés  des  doctrines  évangéli- 
ques,  allèrent  le  prendre,  le  placèrent  au 
milieu  d'eux  et  le  conduisirent  dans  la 
ville.  Soutenu  par  un  petit  nombre  de  par- 
tisans, Farel  recommença  ses  prédications 


397 


FAREL 


398 


dans  les  rues;  puis  bientôt  ses  pathéti- 
ques exhortations  ayant  augmenté  le  trou- 
peau des  fidèles,  il  quitta  la  borne  pour  la 
chapelle  de  l'hôpital.  Sourd  aux  recom- 
mandations qui  ne  cessaient  de  l'exhorter 
à  la  modération,  en  lui  représentant  qu'il 
devait  se  borner  à  éclairer  et  à  instruire, 
et  laisser  aux  magistrats  le  soin  du  reste, 
Farel,  par  des  discours  d'une  entraînante 
éloquence,  ne  cessait  d'exciter  le  peuple  à 
la  destruction  des  objets  les  plus  vénérés 
du  culte  catholique.  Aussi  les  sectateurs 
de  l'ancienne  religion,  justement  indignés 
d'actes  qu'ils  regardaient  comme  des  sa- 
crilèges, lui  firent-ils  souvent  courir  de 
grands  dangers.  Jamais  il  ne  déploya  plus 
d'intrépidité  que  dans  un  village  près  de  Va- 
langin,  où  son  compagnon,  Antoine  Fro- 
ment, ayant  poussé  la  témérité  jusqu'à  arra- 
cher des  mains  du  prêtre  l'hostie  consacrée, 
peu  s'en  fallut  qu'ils  ne  fussent  massacrés. 
Quatre  ans  après  on  montrait  encore  sur  un 
mûries  traces  de  leur  sang  (ci-dessus  II,  col. 
736).  A  peine  guéri  de  ses  blessures,  Farel 
se  remet  à  prêcher  contre  les  images  avec 
tant  de  force  qu'un  jour,  dans  un  élan  d'en 
thousiasme  provoqué  par  sa  chaleureuse 
parole,  les  bourgeois  de  Neuchâtel  l'en- 
traînent il  l'église  Collégiale,  chassent  les 
prêtres  qui  essaient  d'en  défendre  l'entrée, 
installent  le  réformateur  dans  la  chaire, 
brisent  les  images,  mutilent  les  tableaux, 
maltraitent  les  chanoines,  puis  inscrivent 
sur  les  murs  de  l'église  cette  inscription 
qui  s'y  voit  encore:  «  Le  23  octobre  1530 
fust  abattue  et  ostée  l'idolAtrie  de  céans 
par  les  bourgeois.  » 

Dans  l'impuissance  de  rétablir  l'ordre, 
le  gouvernement  neuchâtelois  eut  recours 
aux  Bernois  qui  décidèrentqu'on  ferait  vo- 
ter le  peuple.  La  Réforme  fut  adoptée  à  la 
majorité  de  dix-huit  voix.  Le  triomphe 
de  l'Évangile  assuré,  Farel  confia  la  nou- 
velle église  au  jeune  Antoine  Marcourt, 
réfugié  du  Dauphiné  aussi  zélé  et  non 
moins  ardent  que  lui  ;  puis  il  partit  pour 
Morat  afin  de  continuer  ses  travaux  apos- 
toliques dans  les  lieux  restés  fidèles  à  l'an- 
cien culte.  Dès  le  mois  de  mars  lo31,  on 
le  trouve  prêchant  à  Avenches,  où  il  faillit 
être  massacré.  Il  ne  fut  pas  mieux  ac- 
cueilli à  Orbe,  châtellenie  possédée  en 
commun  par  Berne  et  Fribourg.  Sa  plus 
brillante  conquête  fut  celle  de  Viret, 
alors  âgé  de   vingt  ans,  qui  sur  ses  in- 


stances consentit  à  monter  en  chaire,  le  6 
mai  1531.  Les  habitants  d'Orbe  écoutèrent 
avec  plus  de  faveur  leur  jeune  compatriote  ; 
cependant  les  Réformés  ne  formaient  en- 
core qu'une  très  faible  minorité,  lorsque, 
comptant  sans  doute  sur  le  tout-puissant 
appui  de  Berne,  et  cédant  au  vertige  géné- 
ral, ils  osèrent  renverser  le  grand  autel 
de  la  paroisse.  Fribourg,  qui  était  dès 
lors  en  Suisse  la  ville  catholique  par  excel- 
lence, se  plaignit  ;  Berne  répondit  avec 
hauteur,  et  Fribourg  céda. 

Au  commencement  de  1532,  Farel  as- 
sista au  synode  de  Berne  et  obtint  la  place 
du  second  pasteur  de  Neuchâtel  pour 
Christophe  Fabri.  De  refour  dans  son 
église  de  Morat,  à  laquelle  il  était  toujours 
attaché,  il  adressa  aux  partisans  de  la  Ré- 
forme cruellement  persécutés  en  France 
une  lettre  pastorale  pleine  d'une  sensibi- 
lité profonde  et  de  la  foi  la  plus  vive,  et 
vers  le  même  temps  il  accepta  la  mission 
dangereuse  de  représenter  les  églises  suis- 
ses au  synode  que  les  Vaudois  du  Pié- 
mont avaient  indiqué  à  Champforan,  dans 
la  vallée  d'Angrogne,  pour  le  12  sept. 
1532.  Il  s'y  rendit  accompagné  d'Antoine 
Saunier,  son  compatriote.  Ce  voyage  qui 
ramenait  le  réformateur  dans  son  pays  na- 
tal, lorsque  sa  mère  vivait  encore  et  que 
son  père  était  mort  depuis  peu  de  temps, 
lui  servit  à  entraîner  définitivement  ses 
frères  à  suivre  son  exemple  et  à  se  décla- 
rer ouvertement  partisans  des  idées  nou- 
velles, ce  qui  leur  valut  immédiatement  la 
prison,  la  confiscation  de  leurs  biens,  la 
dispersion  et  fexil.  On  conserve,  aux  ar- 
chives de  Manosque  en  Provence,  les  piè- 
ces d'un  procès  pour  crime  d'hérésie  in- 
tenté en  1532,  à  un  notaire  de  cette  ville, 
qui  se  tira  d'affaire  en  faisant  amende  ho- 
norable, mais  qui  fournit  par  ses  aveux  les 
renseignements  les  plus  intéressants  sur 
les  Farel.  Il  nous  suffira  de  reproduire  sur 
ce  point  le  passage  du  livre  de  M.  Char- 
ronnet  à  qui  l'on  est  redevable  d'avoir  fait 
connaître  ce  document  :  «  En  1532,  dit 
M.  Charronnet  {Les  guerres  etc.  page  9), 
un  bourgeois  de  la  ville  de  Manosque,  le 
notaire  Antoine  Aloat,  se  rendit  à  Gap 
avec  son  clerc,  pour  visiter  maître  Gau- 
thier Farel,  son  parent,  grefTier  de  la  cour 
épiscopale  de  Gap.  Le  greffier  avait  l'in- 
tention de  céder  son  office  an  notaire  et 
nous  ne  savons  pourquoi  les  négociations 


399 


FAREL 


400 


n'aboutirent  pas.  Tandis  que  le  notaire  et 
le  clerc  étaient  chez  Gauthier  Farel,  un 
frère  de  ce  dernier,  Jean -Jacques  Farel, 
les  abordant  brusquement  avec  une  Bible 
à  la  main,  se  met  à  dogmatiser  avec  eux 
et  avec  d'autres  personnes  jjar  hasard  ras- 
semblés dans  la  maison  du  greffier.  .  Le 
«  manuscrit  de  Manosque  continue  et  nous 
nous  empressons  de  recueillir  son  témoi- 
gnage sur  les  doctrines  répandues  alors 
dans  le  Dauphiné  et  que  propageaient  los 
barbos,  comme  il  appelle  les  prêtres  des 
Vaudois. 

Jean-Jacques  Farel  disoit  que  J.-C.  :  ne 
descendoit  point  entre  les  mains  dels  chap- 
pelants  quand  ils  celebroient  la  messe,  et 
que  l'on  devoit  communier  et  prendre  l'hos- 
tie en  la  mémoire  de  son  corps  et  boire  le 
vin  en  la  mémoire  de  son  sang-.  —  Il  disoit 
que  dans  la  messe  il  n'y  avoit  de  vrai  que 
l'évangile  et  l'epitre,  et  qu'il  n'y  avoit  que 
400  ans  que  la  messe  etoit  inventée  et  que 
jamais  J.-C,  ni  S'  Pierre,  ni  aucun  apôtre 
ne  chantèrent  messe,  mais  ce  fut  puis  après 
que  la  messe  fut  inventée,  attrobado,  par 
d'autres  gens.  —  Il  disoit  que  quand  une 
personne  meurt,  elle  va  in  dormitori  et 
qu'elle  n'épi'ouve  ni  joie,  ni  tourment: 
qu'elle  n'est  point  jugée,  et  que  nous  ne 
serons  jugés  en  autre  jour  que  celui  ou  J.-C. 
viendra  juger  vivants  et  morts;  et  qu'on  ne 
devoit  point  prier  pour  les  morts  ;  que 
c'etoit  peine  et  argent  perdus.  —  Il  disoit 
que  l'eau  bénite  ne  purifioit  rien  et  que  le 
pain  bénit  n'etoit  pas  plus  henit  que  l'autre  ; 
toutefois  on  pouvoit  garder  le  pain  bénit, 
mais  le  témoin  qui  dépose  ne  se  rappelle 
plus  par  quelle  raison  Farel  disoit  qu'on 
pouvoit  le  garder.  —  Il  disoit  que  le  pape, 
les  cardinaux,  évêques  et  autres  gens  d'église 
n'ont  puissance  d'excommunier  ou  absoudre 
plus  qu'un  autre  homme  et  que  les  pardons 
et  indulgences  concédés  par  le  pape  ne  va- 
lent rien  et  que  l'on  poet  hen  garir  l'argent 
de  la  bourse  non  pas  les  peccats  de  la 
eonscienço.  —  Il  disoit  qu'il  ne  faut  point 
se  confesser  parce  que  les  cappellans  a  qui 
on  se  confesse  n'ont  pas  la  puissance 
d'absoudre,  et  que  la  confession  ne  se  doit 
faii'e  à  eux,  mais  tant  seulement  à  Dieu.  — 
Et  parce  que  l'eau  n'efface  les  péchés  et  ne 
renouvelle  en  rien,  il  n'est  nécessaire  de 
baptiser  '.  —  Il  disoit  qu'autant  valoit  prier 

'  Guillaume  Farel,  en  15-59,  préconisait  les 
mêmes  idées  à  Genève  sans  être  entièrement  ap- 
prouvé par  Calvin  ;  voy.  ei-dessus  t.  III,  col.  525. 


Dieu  et  faire  ses  prières  à  la  maison  ou  au- 
tre part  qu'à  l'église,  et  k  l'église  comme  k 
sa  maison  ou  autre  part.  —  Il  disoit  qu'il 
ne  falloit  pas  faire  de  différence  des  vendre- 
dis, samedis,  vigiles  et  quatre  temps  et  de 
l'autre  temps  de  chair,  et  que  en  carême  on 
pouvoit  manger  de  la  viande  comme  en  au- 
tre temps:  bien  est  vrai  qu'il  disoit  qu'on 
devoit  jeîlner,  non  pour  obéir  k  l'Eglise 
ni  aucun  autre,  mais  pour  macérer  le  corps. 
—  Il  disoit  qu'il  ne  falloit  généralement 
chômer  aucune  fête  de  tout  l'an,  mais  as- 
sister au  sermon  le  dimanche,  et  que  Dieu 
n'avoit  commandé  les  fêtes,  mais  que  les 
hommes  les  avoient  inventées  '.  —  On  ne 
devoit  point  payer  dîmes  parce  que  Dieu  ne 
l'avoit  point  commandé. 

On  peut  douter  si  c'est  ce  fougueux  dog- 
rnatiseur  compromis  par  un  tel  procès,  ou 
son  frère  Claude  alors  au  service  de  Berne 
dont  le  cardinal  de  Tournon  écrivait  au 
chancelier  du  Bourg  :  »  Monseigneur,  il 
est  passé  par  ceste  ville  [Lyon]  uiig  frère 
de  Farellus,  le  plus  grand  mutin  et  le  plus 
mauvais  paillard  qu'il  est  possible,  luthé- 
rien et  zuyvinglien  jusques  aulx  dentz,  et 
est  de  Gap  en  Dauphiné.  Qui  le  pourroit 
faire  prendre  ceseroytune  belle  aumosne. 
Toutesfoix  pour  ce  que  nous  avons  affaire 
pour  ceste  heure  de  ceulx  de  Berne  qui 
prendroient  cela  à  cuenr,  je  le  remetz  à 
vostre  bonne  discrétion^...  »  Il  était  sim- 
ple apothicaire  à  Gap  et  lors  de  ce  procès 
s'enfuit  à  Genève  oii  il  fut  admis  à  la 
bourgeoisie  en  même  temps  que  ses  frères, 
Guillaume  et  Claude,  le  9  mars  ïïïM.  Il 


1  Voy.  note  ci-dessus,  col.  399. 

^  Archives  nat.  liasse  de  57  lettres  écrites  en 
1536  et  1537  par  le  cardinal  de  Tournon  au 
chancelier  du  Bourg,  Trésor  des  chartes,  J  065. 
—  La  suite  de  la  lettre  est  encore  plus  intéres- 
sante quoiqu'elle  ne  touche  point  les  Farel  : 
«  Mons' je  vous  envoyé  une  lettre  que  Rabelezus 
escripvoyt  à  Rome  par  ou  vous  verrez  de  quelles 
nouvelles  il  advertissoit  ung  des  plus  maulvays 
paillardz  qui  soit  à  Rome.  Je  luy  ay  faict  com- 
menderaent  qu'il  n'eust  à  bouger  de  cette  ville 
[de  Lyon]  jusques  à  ce  que  j'en  sceusse  vostre 
voulonté  ;  et  si  il  n'eust  parlé  de  moy  en  lad. 
lettre  et  aussi  qu'il  s'advoue  au  Roy  et  Royne  de 
Navarre,  je  l'eusse  faict  mectre  en  prison  pour 
donner  exemple  a  tous  ces  escripveurs  de  nou- 
velles. Vous  m'en  manderez  ce  qu'il  vous  plaira, 
remectant  a  vous  d'en  faire  entendre  an  Roy  ce 
que  bon  vous  en  semblera...  De  Lyon,  ce  x"°° 
daoust  ;  Vostre  bon  fin  et  meilleur  serviteur,  Fr. 
c^'  de  Tourn.  » 


401 


FAREL 


402 


se  transporta  depuis  à  Neuchâtel  où  il 
paraît  se  trouver  en  septemb.  1539  ^ 

Cependant  Guillaume  Farel  et  Ant.  Sau- 
nier, en  revenant  du  synode  auquel  ils 
avaient  été  prendre  part  dans  le  val  d' An- 
grogne,  passèrent  par  Genève  (septemb. 
1532)  où  des  idées  de  liberté  commençaient 
à  secouer  les  esprits.  Instruit  par  Robert  Oli- 
vétandes  dispositions  favorable»  d'une  par- 
tie des  habitants,  Farel  se  mit  à  prêcher  dans 
des  assemblées  secrètes,  et  en  peu  de  temps, 
il  compta  un  assez  grand  nombre  de  prosé- 
lytes. Inquiet  du  succès  de  sa  propagande,  le 
Conseil  épiscopal  lui  fit  proposer  une  con- 
férence qu'il  s'empressa  d'accepter  ;  mais 
au  lieu  d'une  dispute  libre,  il  tomba  dans 
un  guet-apens.  La  sœur  Jeanne  de  Jussie 
raconte  que  les  chanoines  adressèrent  au 
réformateur  de  «  grosses  paroles  ;  »  qu'ils 
le  traitèrent  de  ministre  et  serviteur  de 
tous  les  grands  diables  ;  «  que  l'un  d'eux 
«  lui  donna  un  grand  coup  de  pied,  et  un 
autre  de  grands  coups  de  poing  sur  la  tête 
et  au  visage.  »  Sans  l'intervention  des  syn- 
dics, Farel  y  aurait  laissé  la  vie.  Obligé 
de  quitter  secrètement  la  ville,  il  se  retira 
à  Granson  avec  Saunier.  Ses  pressantes  sol- 
licitations décidèrent  Antoine  Froment, 
qu'il  y  avait  placé  comme  ministre,  à  le 
remplacer  à  Genève. 

Renvoyé  à  Genève  par  les  Bernois,  au 
mois  de  mars  1533  {Archiv.  de  Genève. 
portef.  hist.  n»  1090),  Farel  se  retrouva 
en  face  des  mêmes  oppositions;  il  dut  fuir 
une  seconde  fois,  mais  pour  revenir  une 
troisième,  muni  de  lettres  de  recomman- 
dation plus  fortes  encore  (Ibid.  no  1112). 
Le  Conseil  céda,  bien  qu'avec  répugnance, 
et  il  annonça  une  dispute  publique  entre 
les  docteurs  des  deux  partis.  t)lle  eut  lieu 
le  27  janv.  1534.  Viret,  encore  sotilfrant 
d'un  coup  d'épée  reçu  près  de  Payerne, 
vint  prêter  à  Farel  et  à  Froment  le  con- 
cours de  ses  talents  et  de  sa  suave  élo- 
quence. Les  doctrines  catholiques  furent 
défendues  par  Furbity,  homme  d'un  incon- 
testable mérite,  qui  fit  à  Farel.  sur  l'auto- 
rité des  conciles,  des  objections  auxquelles 
le  réformateur  ne  répondit  qu'en  les  élu- 
dant; mais  l'intervention  des  ambassadeurs 
de  Berne  le  tira  d'une  position  embarras- 
sante. A  la  suite  de  cette  dispute,  le  Con- 
seil de  Genève  ordonna  aux  prêtres  catho- 

»  Herminj.  VI,  35  n.  13. 


liques  de  prêcher  purement  l'Evangile, 
sans  pourtant  accorder  aux  apôtres  de  la 
Réforme  la  permission  d'exposer  publique- 
ment leurs  doctrines.  Ils  durent  donc  se 
contenter  de  tenir  des  assemblées  particu- 
lières; mais  l'impétueux  Farel  n'accepta 
pas  longtemps  cette  demi -tolérance.  Sou- 
tenu parle  parti  patriote,  il  s'installa  d'au- 
torité dans  l'église  du  couvent  de  Rive, 
le  1  mars  1534.  Dès  lors  les  prédications 
s'y  succédèrent  sans  interruption,  et  dès  le 
mois  de  mai,  Farel  et  Viret  commencèrent 
à  administrer  publiquement  les  sacrements. 
De  plus  en  plus  effrayés,  les  prêtres  eurent 
recours  au  poison  pour  se  débarrasser  de 
leurs  odieux  adversaires,  mais  Farel  échap- 
pa heureusement  au  danger.  Quelques  jours 
après,  à  la  demande  de  Jacques  Bernard, 
religieux  du  couvent  de  Rive  qui  avait 
fini  par  embrasser  les  doctrines  évangéli- 
ques,  après  les  avoir  énergiquement  combat- 
tues, le  Conseil  autorisa  une  nouvelle  dis- 
pute publique  qui  eut  lieu  le  30  mai. 
Les  débats  durèrent  près  d'un  mois  ;  ils  rou- 
lèrent sur  la  rédemption,  la  justification 
par  la  foi,  le  culte  des  saints,  l'adoration 
des  images,  l'autorité  des  papes  et  des 
conciles,  la  messe,  les  prières  pour  les 
morts.  Farel  y  joua  un  des  principaux 
rôles  du  côté  des  Réformés.  Le  catholi- 
cisme eut  pour  champions  Caroli,  partisan 
inconscient  de  la  Réforme,  qui  naturelle- 
ment ne  tarda  pas  à  s'avouer  vaincu,  et 
(^happuis,  prieur  du  couvent  du  Palais,  qui 
abandonna  bientôt  la  lice,  en  sorte  que  la 
victoire  demeura  incontestée  aux  protes- 
tants. Le  (Conseil  toutefois  n'osa  se  décider 
cà  proclamer  le  triomphe  de  la  Réforme, 
mais  ni  Farel  ni  ses  partisans  n'étaient 
d'humeur  à  supporter  plus  longtemps  des 
hésitations  cpie  la  crainte  seule  de  perdre 
l'alliance  de  Fribourg  justifiait.  Dès  le  25 
juillet,  le  réformateur  se  mit  à  prêcher 
dans  l'église  de  la  Madelaine  ;  le  28,  s'in- 
quiétant  peu  des  défenses  réitérées  du 
Conseil,  il  prêcha  à  Saint-Gervais;  le  8 
août,  il  s'empara  de  l'église  cathédrale  de  S*- 
Pierre,  où  le  peuple,  enflammé  par  sa  pré- 
dication, se  porta  à  toutes  sortes  d'excès 
contre  les  objets  du  culte  catholique.  Le 
Conseil  le  réprimanda,  mais  F'arel  répon- 
dit en  protestant  que  sa  conscience  ne  lui 
permettait  pas  de  refuser  la  vocation  à 
laquelle  il  était  appelé,  et  en  exhortant 
pathétiquement  les  magistrats  à  faire  triom- 


403 


FAREL 


4G4 


pher  la  vérité  de  l'erreur  et  du  mensonge. 
Il  fallut  céder  au  torrent.  Le  conseil  des 
Deux-Cents  fut  donc  convoqué  (le  10  août). 
Après  un  discours  de  Farel,  plein  de  cette 
brûlante  éloquence  qui  lui  gagnait  la  fa- 
veur de  la  multitude,  et  une  magnifique 
prière  qui  émut  tous  les  assistants,  le 
Grand-Conseil  ordonna  l'abolition  de  la 
messe;  toutefois,  comme  s'il  n'eût  cédé 
qu'à  regret  à  la  pression  de  l'opinion  pu- 
blique, il  décréta  une  nouvelle  conférence 
publique  où  les  prêtres  catholiques  pour- 
raient combatire  les  réformateurs.  Aucun 
ne  se  présenta  pour  soutenir  une  cause 
évidemment  perdue,  et  le  27  août  1535, 
parut  le  fameux  édit  de  Réformation,  qui 
fut  suivi,  le  21  mai  1536,  à  la  demande  de 
Farel,  d'une  ordonnance  prescrivant  l'éta- 
blissement d'une  école  pour  l'instruction 
de  la  jeunesse.  Dans  l'intervalle,  au  mois 
d'avril ,  l'infatigable  missionnaire  était 
allé  à  Thonon,  à  la  demande  de  l'abbé  du 
lieu,  pour  y  prêcher  l'Evangile;  mais  il 
n'y  avait  passé  que  quelques  jours  au  mi- 
lieu des  dangers. 

Le  rôle  de  Farel  était  terminé  à  Genève. 
Il  ne  s'agissait  plus,  en  effet,  de  détruire, 
mais  d'édifier,  et  il  n'était  pins  l'homme 
qui  convenait  à  la  situation.  Cette  tâche 
importante  était  réservée  à  Calvin,  devant 
qui  il  s'effaça  dès  lors,  si  ce  n'est  à  la  dis- 
pute de  Lausanne,  à  laquelle  ils  assistèrent 
tous  deux  et  ofi  Farel  supporta,  pour  ainsi 
dire  seul  avec  Viret,  le  poids  de  la  dis- 
cussion, Caroli  n'ayant  joué  qu'un  rôle 
tout  à  fait  secondaire,  Calvin  n'ayant  pris 
la  parole  que  deux  fois,  Marcourt  qu'une 
seule,  et  Jean  Le  Comte  ne  s'étant  pas 
même  mêlé  à  la  dispute.  C'est  Farel  qui 
composa  dix  thèses  sur  la  justification  par 
la  foi  en  Jésus,  chef  unique  de  l'Eglise, 
sur  la  messe,  l'Eglise,  les  sacrements,  le 
culte  religieux,  le  célibat  des  prêtres,  les 
jeûnes,  l'obéissance  due  aux  magistrats, 
etc.,  matières  proposées  pour  la  dispute; 
c'est  lui  qui  ouvrit  les  conférences  par  un 
discours  destiné  à  en  faire  connaître  l'objet 
et  le  but;  c'est  lui  encore  qui  soutint  la 
première  thèse,  le  dimanche  1  octobre  1536. 
Les  Thèses  de  Farel  et  les  Actes  fort  éten- 
dus de  ce  colloque  ont  été  publiés  dans  le 
T.  IV  de  la  nouvelle  édit.  de  l'Histoire  de 
la  Réformation  par  Ruchat,  édit.  de  Vul- 
liemin. 

Le  colloque  terminé,  Farel  retourna  à 


Genève  où,  dès  le  9  mars,  il  avait  été  reçu 
bourgeois  gratis  avec  deux  de  ses  frères  ; 
mais  il  se  trouva  bientôt  en  butte,  ainsi 
que  ses  deux  collègues,  aux  violentes  atta- 
ques du  parti  dit  des  Libertins  (ci-dessus 
III  524).  Le  refus  des  trois  ministres  de 
se  soumettre  aux  décisions  du  synode  de 
Lausanne,  auquel  Farel  et  Calvin  avaient 
été  députés,  mais  aux  délibérations  duquel 
ils  n'avaient  point  pris  part  parce  qu'on 
leur  avait  refusé  voix  délibérative,  fournit 
enfin  à  leurs  ennemis  un  prétexte  spécieux 
pour  les  faire  bannir,  harel  accompagna 
Calvin  à  Berne,  à  Zurich,  puis  à  Râle.  De 
là,  il  fut  appelé,  au  mois  de  juillet  1538,  à 
Neuchâtel ,  où  l'attendaient  les  mêmes 
alternatives  de  faveur  et  d'opposition. 

L'église  de  Neuchcâtel  offrait  alors  un 
spectacle  aussi  peu  satisfaisant  que  celle 
de  Genève.  Les  Constitutions  synodales, 
publiées  en  1535,  avaient,  il  est  vrai,  éta- 
bli une  certaine  discipline  et  fondé  la 
Classe  des  pasteurs,  chargée  de  l'adminis- 
tration de  l'Eglise.  Elles  avaient  aussi 
tracé  quelques  règles  pour  l'admission  à 
la  sainte  table  et  la  punition  des  fautes 
scandaleuses,  mais  ces  règlements  étaient 
restés  lettre  morte  ou  k  peu  près,  en  sorte 
que  tout  était  encore  à  faire.  Comme  Cal- 
vin à  Genève,  comme  Viret  à  Lausanne, 
Farel  s'appliqua  donc,  dès  son  retour,  à 
resserrer  les  liens  de  la  discipline  ecclé- 
siastique; mais,  comme  ses  collègues  aussi, 
il  rencontra  une  opposition  si  vive,  il  sou- 
leva un  mécontentement  si  général  que, 
sans  l'intervention  des  Bernois,  il  aurait 
été  chassé.  Tout  à  coup,  par  un  de  ces 
brusques  revirements  auxquels  ne  sont 
que  trop  sujettes  les  masses  populaires, 
ces  mêmes  Neuchàtelois  qui  avaient  dé- 
cidé, à  une  faible  majorité,  il  est  vrai,  que 
Farel  quitterait  la  ville  dans  deux  mois, 
non  seulement  le  confirmèrent  dans  ses 
fonctions,  mais  ado|)tèrent  sans  résistance, 
le  1  fév.  1542,  les  Ordonnances  ecclésias- 
tiques qu'il  soumit  à  leur  sanction. 

Quelques  mois  après,  Farel,  pour  qui  le 
mouvement  était  la  vie,  voulut  visiter 
Metz  où  il  avait  appris  que  la  Réforme 
comptait  déjà  un  certain  nombre  de  secta- 
teurs. Il  y  arriva  le  3  sept.  1542  et  logea 
chez  Gaspard  Gamant.  Dès  le  lendemain 
il  prêcha  dans  le  cimetière  des  Domini- 
cains, en  présence  d'un  nombreux  audi- 
toire, malgré  le  bruit   assourdissant  des 


405 


FAREL 


406 


cloches  que  les  moines  sonnaient  à  toute 
volée  pour  couvrir  sa  voix.  Voilà  tout  ce 
que  les  enfants  de  Dominique  surent  op- 
poser à  l'éloquence  foudroyante  de  Farel. 
Heureusement  pour  eux,  les  magistrats  leur 
vinrent  en  aide.  Le  conseil  des  Treize  lui 
ayant  défendu  toute  prédication  publique 
ou  particulière,  il  se  retira  à  Montigny,  et 
de  là,  sur  les  pressantes  instances  de  ses 
amis,  il  gagna  Gorze  et  se  mit  sous  la 
protection  de  Guillaume  de  Fûrstemberg . 
Plusieurs  fois,  pendant  son  apostolat  dans 
la  Suisse  romande,  il  avait  rencontré  dans 
les  femmes  de  terribles  ennemies  ;  celles 
de  Gorze  ne  se  montrèrent  pas  moins  hos- 
tiles, et  peu  s'en  fallut  qu'elles  ne  l'étran- 
glassent un  jour,  parce  qu'il  avait  nié  la 
virginité  perpétuelle  de  Marie.  Ce  ne  fut 
pas  cependant  le  plus  grand  danger  qu'il 
courut.  Le  jour  de  Pâques,  25  mars  1343, 
il  prêchait  dans  l'église  de  l'abbaye  rem- 
plie jusqu'aux  combles,  lorsque  Claude  de 
Guise  fondit  sur  l'assemblée  à  la  tête  d'une 
bande  de  soldats.  Beaucoup  furent  tués, 
entre  autres  Adam  Le  Drapier,  quelques- 
uns  noyés  en  se  sauvant;  un  plus  grand 
nombre,  les  femmes  surtout,  subirent  les 
plus  cruels  traitements.  Farel  blessé  par- 
vint à  s'échapper  dans  un  char  plein  de 
lépreux  et  gagna  Pont-à-Mousson,  d'où 
Fûrstemberg  le  conduisit  à  Strasbourg. 

Il  passa  quelques  mois  dans  cette  ville, 
où  Calvin  se  rendit  aussi,  au  mois  de 
juin,  dans  le  but  de  réj)ondre  aux  provo- 
cations de  Caroli  (Voy.  III,  col.  774)  ;  puis 
il  retourna  à  Neuchàtel.  Dès  lors,  sauf  de 
courts  voyages  à  Genève,  où  il  arriva  no- 
tamment au  mois  de  nov.  lo43  avec  «  de 
si  médians  habits,  »  que  le  Conseil  lui  en 
fit  faire  de  neufs,  Farel  ne  quitta  plus  son 
église  jusqu'en  lo49,  année  où  il  accom- 
pagna Calvin  à  Zurich  pour  la  négociation 
drf  Consensus  Tigurinus.  F]n  1553,  à  peine 
relevé  d'une  grave  maladie  qui  le  condui- 
sit aux  portes  du  tombeau,  il  se  rendit,  au 
mois  de  juin,  à  Genève  où,  par  hasard, 
dit-on,  il  se  trouvait  encore  le  23  octobre, 
lorsqu'on  conduisit  au  bûcher  le  malheu- 
reux Michel  Servet,  qu'il  exhorta  inutile- 
ment à  reconnaître  ses  erreurs.  Peu  de 
jours  après  cette  exécution  odieuse,  le 
mercredi  1  nov.,  il  monta  en  chaire  H 
censura  fortement  la  jeunesse  «  libertine  » 
de  Genève  (trop  amie  de  la  liberté)  à  qui 
il  n'épargna  pas  les  épithètes  les  plus  tîé- 


trissantes.  A  peine  fut-il  parti  pour  retour- 
ner dans  son  église,  que  les  Libertins  irri 
tés  et  se  sentant  soutenus  par  le  premier 
syndic  Perrin,  lui  intentèrent  un  procès 
criminel  et  obtinrent  du  Conseil  une  lettre 
à  la  Régence  de  Neuchâtel  pour  obliger 
Farel  à  venir  rendre  raison  de  son  sermon. 
Le  réformateur  s'empressa  d'obéir,  et  com- 
parut devant  ses  juges  escorté  des  ministres, 
d'un  grand  nombre  de  «  jeunes  gens  crai- 
gnant Dieu,  »  et  d'une  foule  si  compacte 
de  citoyens ,  que  le  Conseil,  intimidé , 
écouta  à  peine  la  justification  du  «  père 
de  l'église  genevoise,  »  et  se  hâta  d'ordon- 
ner «  que  chacun  lui  touchât  la  main  et 
qu'il  se  fit  un  repas  de  réconciliation.  » 

La  même  année,  le  15  mai.  Farel  avait 
assemblé  à  Neuchâtel  un  synode  qui  re- 
visa les  Constitutions  et  ordonnances  ec- 
clésiastiques et  qui  rendit  la  discipUite 
aussi  sévère  qu'à  Genève.  Quelques  mois 
plus  tard  appelé  à  Porrentruy  par  une 
partie  des  bourgeois,  il  y  courut  plein 
d'espoir;  mais  il  échoua  dans  deux  tenta- 
tives qu'il  fit  pour  gagner  cette  petite  ville 
à  la  Réforme.  Fin  1557,  il  fut  député  en 
Allemagne  avec  Th.  de  Bèze  ^;  il  nous 
suffira  de  rappeler  ici  que  cette  mission 
fut  pour  son  collègue  et  pour  lui  la  source 
de  graves  désagréments.  A  son  retour,  il 
reconunença  ses  courses  apostoliques  dans 
le  Jura  et  pénétra  jusqu'à  Dôle,  accueilli 
partout  avec  tant  d'empressement  que  le 
parlement  de  Bourgogne  porta  des  plaintes 
au  sénat  de  Berne.  C'est  probablement  en 
revenant  de  cette  tournée  qu'il  conçut  le 
singulier  projet  d'épouser  Marie  Torel,  de 
Rouen,  réfugiée  avec  sa  mère  à  Neuchâtel. 
Cette  résolution  qui  causa  une  stupéfaction 
générale  fut  réalisée  au  mois  de  décembre 
1558.  »  Je  suis  muet  d'étonnement,  écri- 
vait Calvin.  Il  y  a  deujy  an  que  le  povre 
frère  eust  prononcé  hardiment  qu'il  eust 
fallu  attacher  comme  un  homme  radoteur 
celluy  qui  en  si  grande  vieillesse  eust 
prétendu  d'avoir  une  si  jeune  fille.  » 
M.  Kirchhofer  a  raison  lorsqu'il  dit  que 
Marie  Torel  n'était  plus  jeune;  mais  il  se 
trompe,  comme  on  le  voit,  quand  il  af- 
firme que  Calvin  approuva  cette  union.  Au 
reste,  le  mariage  de  Farel  n'atîaiblit  en 
rien  ni  son  activité  ni  son  dévouement.  Sur 

*  «  De  M.  Farel  qu'il  a  donné  au  retour  de  son 
voiayge  d'Allemaigne,  25  florins.»  (Bourse  franc, 
de  Genève,  juin  1557). 


407 


FAREL 


408 


la  prière  de  l'église  de  Metz,  il  se  joignit 
à  unedépulation  qu'elle  envoya  aux  princes 
allemands,  pour  réclamer  leur  intervention 
auprès  du  roi  de  France,  et  il  profita  de 
son  séjour  en  Allemagne  pour  visiter,  en 
1559,  les  églises  réformées  du  duché  de 
Nassau -Saarbruck,  où  s'était  établi  un 
nombre  considérable  de  réfugiés,  à  qui  il 
donna  pour  pasteur  Jean  Roquet.  En  1561, 
il  partit  pour  le  Dauphiné,  désirant  sans 
doute  dire  un  dernier  adieu  à  la  ville  où 
il  était  né.  A  son  passage  à  Genève,  au 
mois  de  mai,  le  Conseil  eut  un  instant 
l'intention  de  l'y  retenir  et  de  lui  donner 
une  pension,  afin  de  «  ne  pas  être  accusé 
d'ingratitude;  »  mais  soit  que  les  ministres 
qu'on  consulta  s'y  fussent  opposés,  soit  que 
Farel  n'eût  pas  voulu  accepter ,  on  le 
laissa  partir  après  l'avoir  «  régalé  et  dé- 
frayé. »  Arrivé  à  Grenoble,  il  «sa  de  toute 
l'autorité  que  lui  donnaient  son  âge  et  ses 
services  pour  décider  les  protestants  de 
cette  ville  à  se  constituer  en  église,  et  il 
leur  laissa  pour  ministre  Aynard  Pichon 
qui  l'accompagnait.  Cette  église  naissante 
s'assembla  d'abord  dans  la  maison  de 
Pierre  dit  Girard  Cordery.  Poursuivant  sa 
route,  il  fit  un  coude  par  le  Languedoc  et 
atteignit  Gap  où  il  entra  le  15  novembre 
1501.  Dès  le  lendemain,  qui  était  un  di- 
manche, il  décida  ses  coreligionnaires  à 
célébrer  leur  culte  en  public  et  il  obtint  à 
cet  effet  les  clefs  de  la  chapelle  de  Sainte- 
Colombe,  située  près  la  porte  de  Gap  por- 
tant le  même  nom  et  appartenant  à  l'évêque, 
Gabriel  de  Clermont-Tallard.  Là  il  prêcha 
le  dimanche ,  le  lundi  et  le  mardi  devant 
une  foule  que  la  chapelle  ne  suffisait  pas  à 
contenir  et  il  y  baptisa  un  enfant  le  jeudi. 
Un  écrivain  catholique  Th.  Gautier  (Lettres 
sur  l'Hist.  de  Gap,  1841,  in-S»),  raconte 
sur  la  foi  de  ces  Annales  de  capucins  que 
nous  avons  signalées  (col .  386  note)  qu'a  rrêté 
par  ordre  de  La  Motte-Gondrin,  gouverneur 
de  la  province,  le  24  nov.  1561,  Farel  fut 
tiré  de  prison  par  ses  partisans  qui  le  des- 
cendirent dans  une  corbeille  du  haut  des 
remparts,  qu'alors  il  se  rendit  à  Die  où  il 
prêcha,  et  ne  rentra  h  Gap  que  lorsque  les 
protestants  s'y  furent  rendus  les  maîtres, 
le  1er  mai  1562.  Ce  récit  est  un  roman.  La 
mort  du  jeune  roi  François  II  (5  déc.  1560) 
•et  l'incertitude  momentanée  qui  en  résulta 
obligeait  partout  les  autorités  locales  à  mo- 
dérer la  rigueur  des  édits  rendus  contre  les 


réformés.  Farel  trouva  donc  dans  les  ma- 
gistrats de  Gap  une  bienveillance  inaccou- 
tumée. Le  vibailli,  Benoît  Olier  de  Montjeu, 
le  fit  poliment  inviter  par  le  premier  consul 
et  le  procureur  du  roi  à  se  présenter  chez 
lui  et  le  pria  de  s'abstenir  de  démonstra- 
tions extérieures  de  ses  opinions  religieu- 
ses '.  Farel  fit  la  sourde  oreille  et  organisa 
tranquillement  l'église  réformée  de  Gap. 
î  La  chapelle  de  Ste-Colombe  étant  devenue 
trop  étroite,  dit  M.  Roman  (La  première 
guerre,  p.  12),  Claude  et  Gautier  Farel 
firent  don  à  leurs  coreligionnaires  d'une 
maison  joignant  la  porte  Sainte-Colombe  et 
qui  leur  venait  de  François  de  Beauvais, 
leur  beau-père.  On  organisa  un  consistoire  : 
Pierre  Reynmid  fut  nommé  catéchiste,  on 
choisit  douze  anciens  et  l'église  de  Gap 
reçut  une  existence  régulière.  Farel  resta 
à  Gap  jusqu'au  mois  de  mars  1562.  Il  n'y 
était  plus  •  au  mois  de  mai  quand  éclatè- 
rent les  premiers  troubles  religieux.  » 

Le  succès  du  réformateur  fut  couronné 
par  l'attitude  de  son  évêque.  Ce  prélat  avait 
déjà  manifesté  son  penchant  pour  la  Ré- 
forme en  ouvrant  à  la  prédication  sa  cha- 
pelle de  Ste-Colombe.  Nous  ne  savons  s'il 
abjura  ouvertement  et  s'il  se  maria,  comme 
on  l'a  écrit,  mais  il  quitta  Gap,  se  retira 
dans  son  château  de  Selles  en  Berry,  con- 
tinua de  gérer  et  d'exploiter  son  temporel 
par  les  mains  de  son  secrétaire  et  notaire 
Bernard  Mutonis  (ou  Mouton)  devenu  hu- 
guenot, lui  aussi,  du  moins  pendant  un 
temps,  et  finit  par  vendre  purement  et  sim- 
plement son  titre  épiscopal  à  Paparin  de 
Chaumont,  évêque  nommé  pour  lui  succé- 
der. Jacques  Rambaud,  prévôt  du  chapitre, 
frère  du  capitaine  Furmeyer,  entra  dans  le 
même  parti,  mais  s'y  comporta  plus  vail- 
lamment (voy.  ce  nom). 

Pendant  près  de  deux  ans,  l'infatigable 
Farel  sembla  sommeiller  ;  mais,  en  1564, 
après  une  courte  et  dernière  visite  faite  à 
Calvin  mourant,  le  champion  de  la  Ré- 
forme, malgré  son  grand  âge,  sentit  se  ré- 
veiller son  ardeur.  Sans  vouloir  écouter 
les  prudents  conseils  de  ses  amis,  il  ac- 
cepta avec  joie  l'invitation  des  réformés 
de  Metz,  qui  lui  firent  exprimer  le  désir 
qu'il  vint  contempler  les  fruits  de  la  se- 

1  M.  Gautier  allègue  il  est  vrai  nn  ordre  donné 
par  le  gouverneur,  La  Motte-Gondrin,  pour  arrêter 
Farel  et  lui  faire  son  procès;  mais  cet  ordre,  s'il 
fut  donné,  resta  lettre  morte. 


409 


FAREL 


410 


meiice  déposée  par  lui  clans  leurs  cœurs 
plus  de  vingt  ans  auparavant.  Il  partit 
donc  avec  le  pasteur  Jonas  Favargier,  et 
arriva  à  Metz  dans  les  premiers  jours  de 
mai  1565.  Il  y  fut  reçu  avec  des  démons- 
trations incroyables  de  joie  et  de  respect; 
cependant  il  n'y  passa  que  peu  de  jours, 
et  se  remit  en  route  pour  Neuchâtel.  Les 
fatigues  du  voyage  aggravèrent  ses  infirmi- 
tés au  point  qu'il  mourut  après  avoir  langui 
quelques  semaines,  le  13  septembre  1563. 
Il  avait  76  ans,  et  laissait  un  fds,  nommé 
Jean,  qui  ne  lui  survécut  que  trois  années. 
Toute  sa  succession  se  monta  à  120  livres, 
preuve  de  son  entier  désintéressement. 

Homme  d'action,  Farel  se  préoccupa  peu 
du  dogme;  pour  lui  l'essentiel  était  la  ré- 
forme des  mœurs.  «  Il  ne  travaillait,  nous 
dit-il  lui-même,  qu'à  planter  une  foi  qui 
fût  opérante  par  la  charité.  »  Il  ne  traitait 
donc  la  dogmatique  qu'au  point  de  vue  de 
la  morale.  Aussi  sa  théologie  fut-elle  d'a- 
bord des  plus  simples.  Dans  sa  première 
Confession  de  foi,  il  établit,  par  exemple, 
l'existence  d'un  seul  Dieu  et  la  corruption 
de  la  nature  humaine;  mais  il  ne  songe  à 
définir  ni  la  Trinité  ni  la  prédestination. 
Les  disputes  sur  la  présence  réelle,  qui  di- 
visaient les  théologiens  de  la  Suisse  et  de 
l'Allemagne  n'étaient,  à  son  sens,  «  que 
de  vaines  controverses  de  l'eau  et  du 
pain,  »  comme  il  l'écrivait,  en  1531,  à 
André,  dit  Fortunat,  ministre  réfugié  à 
Strasbourg.  Plus  tard,  il  est  vrai,  le  génie 
de  Calvin  le  marqua  de  son  empreinte  ; 
toutefois  Farel  n'eut  jamais  de  goût  pour 
des  querelles  dogmatiques,  que  peut-être 
même  il.  ne  comprenait  pas,  et  il  se  mon- 
tra presque  toujours  tolérant  envers  ceux 
de  ses  collègues  qui  ne  pensaient  pas  co(n- 
me  lui  sur  ces  matières  obscures.  En  1545 
encore,  Calvin  fut  obligé  de  le  gourman- 
der  vivement  et  à  plusieurs  reprises  pour 
l'amener  k  faire  censurer  par  la  Classe  de 
Neuchâtel  le  ministre  Chapponneaulx,  ce- 
lui-là même  qui  avait  prêché  la  Réforme  à 
Rourges,  parce  qu'd  avait  osé  nier  cette 
assertion  de  l'Institution  chrétienne,  que 
le  Fils  est  Dieu  vrai,  coéteriiel  et  coessen- 
tiel  au  Père,  en  faisant  observer  qu'en  sa 
quaUté  de  Fils,  il  devait  avoir  sa  sub- 
stance personnelle  du  Père.  Farel  finit  par 
céder  aux  exigences  de  son  impérieux  ami, 
et  Chapponneaulx  fut  censuré,  en  quelque 
sorte  sur  son  lit  de  mort. 


Cependant  par  la  nature  même  de  l'œu- 
vre que  Farel  avait  entreprise,  sa  prédi- 
cation devait  prendre  un  caractère  dogma- 
tique ;  ne  s'agissait-il  pas  de  renverser  les 
abus  de  la  religion  romaine,  et  pour  les 
renverser,  ne  fallait-il  pas  les  combattre  ? 
Mais  qu'attaqua-t-il  dans  l'égUse  catholi- 
que ?  L'adoration  des  images  et  des  saints,, 
le  purgatoire,  les  prétendus  miracles  des 
reliques,  c'est-à-dire  celles  des  croyances 
de  cette  église  qui  ont  l'influence  la  plus 
directe  sur  la  conduite  de  la  vie.  On  re- 
marque la  même  tendance  dans  ses  écrits 
qui  n'ont  pas  d'ailleurs  une  grande  impor- 
tance littéraire.  Dans  tous  on  retrouve 
un  petit  nombre  d'idées,  jetées  au  hasard, 
sans  plan,  dans  un  désordre  étrange,  dé- 
veloppées surabondamment,  tournées  et 
retournées  en  tous  sens,  et  présentées  dans 
un  style  diffus  et  embrouillé.  Ce  n'est 
donc  pas  sur  les  classes  instruites  que  Fa- 
rel dut  exercer  de  l'influence,  mais  sur  le 
peuple  qu'il  dominait,  qu'il  intraînait,  en 
effet,  parce  qu'il  possédait  toutes  les  qua- 
lités nécessaires  à  l'orateur  populaire  :  élo- 
quence vive  et  animée,  images  pittores- 
ques et  expressives,  gestes  pathétiques, 
voix  tonnante  qui,  dit  Bèze,  faisait  trem- 
bler ses  auditeurs.  Aussi  tous  ses  contem- 
porains parlent-ils  avec  admiration  des  di- 
vins discours  de  Farel,  de  ses  belles  re- 
montrances, de  ses  prières  si  ferventes 
qu'on  ne  pouvait  les  entendre  sans  en 
être  ravi.  Malheureusement  il  ne  nous 
reste  rien  de  ses  sermons,  qu'il  improvi- 
sait, l'improvisation  convenant  mieux 
qu'un  lent  travail  à  son  ardeur  impétueuse. 
Ses  autres  écrits  sont  en  assez  grand  nom- 
bre. En  voici  la  liste  : 

I.  Traité  sur  l'oraison  dominicale ;Bâs\e 
(août  1524).  —  Ouvrage  qu'on  n'a  plus, 
mais  dont  la  préface  a  été  insérée  à  peu 
près  textuellement  dans  la  Brefm  admoni- 
tion de  la  manière  de  prier  :  selon  la  doc- 
trine de  Jésus-Christ  ;  Paris  (1524  ou  25), 
et  reproduite  à  la  p.  59  du  n»  XXI  ci-après. 
Voy.  aussi  no  XIII. 

II.  Themata  qusedam  latine  et  germanicè 
proposita  Basilex  et  Bernse,  1528.  —  Les 
Thèses  soutenues  à  Bàle  par  Farel  ont  été 
publiées  en  latin  par  Gerdesius  et  Melchior 
Adam  ;  en  français,  beaucoup  plus  dévelop- 
pées, par  Ruchat  ;  en  allemand,  par  Kirch- 
hofer.  Le  placard  original  de  1524,  a  été 
reproduit  par  Herminj.  Corr.  1, 193, no91. 


411 


FAREL 


412 


III.  Sommaire  :  c'est  une  briève  déclara- 
tion d'aulcuns  lieux  fort  nécessaires  à  un 
chacun  chrestien  pour  mettre  sa  confiance 
en  Dieu  et  à  ayder  son  prochain.  On  ne 
connaît  pas  la  date  de  la  l^e  édit.  de  cet 
ouvrage  anonyme,  réimp.  en  1537  ou  38 
et  en  1542  ;  puis  [Gen.]  Jean  Gérard, 
1552,  petit  in-8o,  avec  des  additions.  — 
Farel  laissant  de  côté  la  théologie  spécula- 
tive, s'attache  à  développer  ses  idées  favo- 
rites :  devoirs  envers  Dieu  ou  la  foi,  de- 
voirs envers  le  prochain  ou  la  charité. 

IV.  Epistre  à  tous  seigneurs  et  peuples 
et  pasteurs  à  qui  le  Seigneur  m'a  donné  ac- 
cez,  qui  m'ont  aidé  et  assisté  en  l'œuvre  de 
N.  S.  Jésus,  et  envers  lesquels  Dieu  s'est 
servy  de  moy  en  la  prédication  de  son  sainct 
Evangile,  grâce,  paix,  salut  et  vie  vous 
soit  donné  ;  Moral,  1530,  msc.  de  la  Bi- 
blioth.  de  Genève,  n»  147  ;  imp.  par  M. 
Vulliemin  dans  l'Appendice  du  T.  II  de  la 
nouvelle  édit.  de  Ruchat  et  p.  162-187  du 
no  XXI  ci-après.  —  Farel  y  raconte  sa 
propre  conversion. 

V.  A  tous  mes  très-cher  s  frères  en  Notre 
Seigneur,  tous  les  amateurs  de  la  sainte 
Parole  ;  Morat,  1532,  imp.  dans  le  T.  III 
de  Ruchat. 

VI.  Lettres  certaines  d'aulcuns  grands 
troubles  et  tumultes  advenus  à  Genève,  avec 
la  disputation  faicte  l'an  1534  ;  Gen.,  1534, 
in-8o  ;  trad.  en  latin  p^r  François  Mang et, 
Gen.,  1644.  —  Réimp.,  en  latin  et  en 
franc.,  sous  ce  titre  :  Dispute  tenue  à  Ge- 
nève l'an  1534,  les  entre-parleurs  estant  le 
dominicain  Guy  Furbiti  et  un  prescheur 
du  S.  Evangile;  Gen.,  1634,  in-8o. 

VII.  Le  recueil  et  conclusion  faicte  sur 
les  articles  disputez  en  la  disputation 
publique  faicte  à  Genève,  commenceant  le 
30e  jour  de  may  1535  et  finissant  le  24e 
juing  ou  dict  an;  24  pag.  in-8o. —  Résumé 
des  procès-verbaux  officiels  de  la  dispute 
solennelle  qui  eut  lieu  par  ordre  du  Con- 
seil de  Genève  entre  les  docteurs  catholi- 
ques et  les  réformateurs  dont  le  principal 
était  Farel.  Le  résultat  du  débat  fut  l'abo- 
lition du  catholicisme,  décrétée  le  10  août 
1535.  Les  procès-verbaux  originaux  se 
sont  perdus,  précisément  par  ce  que  le 
Conseil  en  fit  rédiger  ce  Sommaire  dont  le 
rédacteur  fut  Farel  lui-même.  Ce  dernier 
point  paraît  démontré  par  M.  T. -A.  Du- 
four  qui  a  trouvé  le  document  dans  un 
volume  des  Archives  de  Genève  et  l'a  pu- 


blié dans  les  Mém.  de  la  Soc.  d'hist.  et 
d'archéologie  de  cette  ville  (2me  série,  t. 
II;  1886,  où  voyez  les  pages  205  et  206). 

VIII.  Confession  de  la  foy,  laquelle  tous 
bourgeois  et  habitans  de  Genève  et  subjetz 
du  pays  doibvent  jurer  de  garder  et  de  te- 
nir; Gen.,  1537,  in-24;  réimp.  souvent  de- 
puis. 

IX.  Epistre  envoyée  au  duc  de  Lor- 
raine "par  Guill.  Farel,  prescheur  du  S. 
Evangile  ;  Gen.,  i.  Girard,  1543,  in-12: 
1545,  in-8o,  selon  la  Bibl.  Telleriana: 
réimp.  dans  les  Actes  des  martyrs  par 
Crespin.  —  A  la  page  43  de  l'édit.  origi- 
ginaie,  on  lit  ce  passage  où  l'auteur  fait  al- 
lusion aune  conversation  qu'il  eut  avec  un 
cruel  persécuteur  des  Vaudois  : 

...  Et  non  seulement  le  Pape  ose  aiusi 
parler  et  faire  [exercer  l'autorité  absolue 
temporelle  et  spirituelle],  maisjel'ay  ouy 
d'un  Jacobin  nommé  Jean  de  Roma  :  au 
quel  quand  propos  estoit  tenu  de  l'Evan- 
gile, et  ce  quand  premièrement  le  N.  T.  fut 
imprimé  en  françoys  où  M.  Fabry  [Lefevre 
d'Etaples]  avoit  besogné,  et  estoit  dit  que 
l'Evangile  auroit  lieu  au  royaume  de  France 
et  qu'on  ne  prescheroit  plus  les  songes  des 
hommes,  de  Roma  respondit  :  «  Moy  et  au- 
tres comme  moy,  lèverons  une  Croisade  de 
gens  et  ferons  chasser  le  Roy  de  son  royau- 
me par  ses  propres  subjectz,  s'il  permet 
que  l'Evangile  soit  presché.  »  Mais  ce  moyne 
ne  s'en  alla  sans  responce  telle  que  doit 
donner  un  qui  craint  Dieu  et  qui  est  bon  et 
loyal  et  ayme  son  Prince... 

X.  Une  Epistre  de  maistre  Pierre  Ca- 
roly,  docteur  de  la  Sorbonne  de  Paris, 
faicte  en  forme  de  deffiance  et  envoïée  à 
maistre  G.  Farel,  serviteur  de  J.-Ch.  et 
de  son  église,  avec  la  Response  ;  Gen.,  J. 
Girard,  1543,  in-8o.  L'ouvrage  commence 
par  cet  avis  de  Calvin  et  de  Viret  : 

Pour  ce  que  plusieurs  pouri'oient  doubter 
en  lisant  ces  épistres  que  ce  ne  fust  une 
chose  controuvée,  comme  aujourdhuy  on 
imprime  beaucoup  de  fables  à  la  voilée,  il 
nous  a  semblé  advis  bon  d'acertainer  les 
lecteurs  de  ce  qui  en  est,  voii-e  ceux  qui 
vouldront  adjouster  foy  à  nostre  tesmoi- 
gnage  comme  espérons  que  feront  tous 
ceux  qui  nous  cognoissent... 

L'épître  est  datée  par  Farel  :  de  Stras- 
bourg, 21  mai  1543. 

Farel  paraît  avoir  aussi  rendu  compte 


413 


FAREL 


414 


j>ar  l'impression  du  Colloque  amiable  ({\ï'\\ 
avait  eu  avec  Caroli  à  La  Bonnevilie,  le 
29  janv.  1540. 

XI.  La  seconde  épistre  envoyée  au  docteur 
P.  Caroly  par  G.  Farel,  prescheur  de  l'E- 
vangile, Gen.,  J.  Girard,  1543,  in-8o. 

XII.  Traité  du  purgatoire,  1543,  in-12. 

XIII.  La  très-sainte  oraison  que  N.  S. 
J.-Ch.  a  baillé  à  ses  apostres,  avec  un  re- 
cueil d'aulcuns  passages  de  la  sainte  Escrip- 
ture,  fait  en  manière  de  prière  ;  Genève, 

1543,  in-12.  —  Probablement  une  l'éimp. 
augm.  du  no  I. 

XIV.  Oraison  très  dévote  en  laquelle  est 
faite  la  confession  des  péchez  des  fîdelles 
qui  ainsi  crient  après  Dieu.  Composée  par 
M.  Guillaume  Farel  prescheur  du  sainct 
Evangille  de  nostre  Seigneur,  Psal.  90  :  Je 
suis  avec  toy  en  la  tribulation  :  invocque 
moy  et  je  t'exaulceray  (Sans  lieu,  ni  date, 
ni  nom  d'imprimeur,  mais  avec  un  écus- 
son  portant  trois  gousses  d'ail).  Bibliolh. 
de  M.  Adolphe  Gaifle  '.  —  M.  Douen,  dans 
son  livre  :  Clément  Marot  et  le  psautier  hu- 
guenot (2  vol.  gr.  in-8o,  t.  I  p.  352)  apar- 
faitement  établi  que  la  date  est  1543,  le  lieu 
Strasbourg  et  l'imprimeur  Jehan  Knobloch. 

XV.  Epistre  exhortatoire  à  tous  ceux 
qui  ont  cognoissance  de  l'Evangile,  les  ad- 
monestant de  cheminer  purement  et  vivre 
selon  iceluy,  glorifiant  Dieu  et  édifiant  le 
prochain  par  parolles,  1544,  in-12. 

XVI.  Epistre  envoyée  aux  reliques  de  la 
dissipation  horrible  de  l'Antéchrist,  s.  1., 

1544,  in-12. 

XVII.  A  tous  ceulx  qui  aiment  et  qui  dé- 
sirent ouïr  la  sainte  Parole  de  Dieu,  1544. 

XVIII.  A  tous  cœurs  affames  du  désir  de 
la  prédication  du  S.  Evangile  et  du  vray 
usage  des  sacremens,  Neuchâtel,  1545, 
imp.  dans  les  Actes  des  martyrs. 

XIX.  Le  glaive  de  la  parole  véritable, 
tiré  contre  le  Bouclier  de  défense,  duquel 
un  cordelier  libertin  s'est  voulu  servir  pour 
approuver  ses  fausses  et  damnabks  opi- 
nions, Gen.,  J.  Girard,  1551),  in -8°. 

XX.  De  la  saincte  Cène  de  Notre  Sei- 
gneur Jésus  et  de  son  Testament  confirmé 
par  sa  mort  et  passion  ;  [Gen.]  J.  Crespin, 
1553,  in-8o. 

XXI.  Du  vray  usage  de  la  croix  de  J.- 

*  Une  collection  très  importante  des  œuvres 
de  Farel  se  trouve  dans  la  Bibliothèque  de 
M.  GaifFe,  à  Paris;  une  autre  partie  de  cette 
Bibliot.  est  au  château  d'Oron  (cant.  de  Vaud). 


Ch.  et  de  l'abus  et  de  l'idolâtrie  commise 
autour  d'icelle;  et  de  l'autorité  de  la  Pa- 
role de  Dieu,  et  des  traditions  humaines 
par  G.  Farel.  Avec  un  Advertissement  de 
P.  Viret  touchant  l'idolâtrie  et  les  empes- 
chemens  qu'elle  baille  au  salut  des  hommes, 
[Gen.]  par  Jean  Rivery,  1560,  pet.  in-8o, 
20  feuill.  prélim.  et  254  p.  —  Vive  atta- 
que contre  les  miracles  attribués  par  l'E- 
glise romaine  à  la  vraie  croix.  Cet  ouvrage 
a  été  réimprimé  (Genève,  Fick,  1865, 
in-8o)  parles  pasteurs  de  Neuchâtel  à  l'oc- 
casion du  300me  anniversaire  de  la  mort 
de  Farel.  A  la  suite  les  éditeurs  ont  inséré 
en  tout  ou  en  partie  les  nos  i^  m^  iv,  VIII, 
XVIII,  XIX,  de  la  présente  liste  et  un 
testament  de  Farel,  en  date  de  Genève, 
15  mars  1553. 

XXI.  Forme  d'oraison  pour  demander  à 
Dieu  la  sainte  prédication  de  l'Evangile  et 
le  vrai  et  droit  usage  des  sacremens;  Gen., 
1545,  in-8o. 

XXII.  De  antechristis,  cité  par  Kirch- 
hofer,  d'après  Erasme. 

XXIII.  Déclaration  de  la  messe.  —  Peut- 
être  le  no  XX. 

XXIV.  Lettres,  msér.  dans  diverses  col- 
lections et  dans  la  dernière  édit.  de  Ru- 
chat  ;  mais,  en  bien  plus  grand  nombre, 
restées  inédites  et  conservées  dans  la  Bi- 
blioth.  des  pasteurs  de  Neuchâtel,  parmi 
les  mss.  latins  de  la  Bibliolh.  de  Genève 
(Nos  i{{^  IHa,  115,  116),  aux  Archives 
de  la  même  ville  (N°  1206);  à  Paris,  dans 
le  vol.  102  de  la  CoUect.  DuPuy,  etc.  Un 
grand  nombre  ont  été  publiées.  M.  Her- 
minjard  dans  les  sept  premiers  vol.  de  la 
Corresp.  des  réf.  en  donne  107,  plus  242 
à  lui  adre.ssoes. 

Le  Syllabus  aliquot  synodorum  et  col- 
loquiorum,  publié  en  1628,  nous  apprend 
qu'on  a  attribué,  en  outre,  <à  Farel,  pre- 
mier ministre  de  Genève,  le  Livret  auquel, 
sans  s'arrester  à  toutes  les  autres  disputes 
et  d'fferens,  est  d  mandée  seulement  la  ré- 
formation de  la  liturgie,  pour  pouvoir 
prier  Dieu  tous  ensemble  et  parvenir  peu 
à  peu  à  une  réconciliation,  1536,  in-16. 
Pour  les  fameux  Placards  de  1534  voy. 
l'article  Marcourt. 

On  a  de  F'arel  un  grand  nombre  de  por- 
traits (voy.  la  liste  dans  Rochas,  Biogr. 
du  Dauphiné  et  dans  la  Soc.  des  études,  de 
Gap,  1886,  art.de  G.Vallier).  Le  plus  an- 
cien de  ces  portraits  (1580)  a  été  donné  par 


415 


FAREL 


FARET 


416 


ïhéod.  de  Bèze  dans  ses  Icônes  virorum 
illustrium.  Les  Neuchâtelois  lui  ont  élevé 
devant  le  portail  de  leur  vieille  église,  place 
de  la  Collégiale,  une  belle  statue  de  pierre 
qui  a  été  inaugurée  le  4  mai  1876.  L'inscrip- 
tion, des  plus  simples,  ne  porte  que  son  nom, 
la  date  1875  et  une  phrase  de  la  Bible. 

An  t.  Froment,  Vie  de  Jeu  heureuse  mémoire 
Mons.  Guill.  Farel,  vas.  174  à  la  Biblioth.  de 
Genève.  —  Choupard,  Hist.  de  Farel,  mss.  Bi- 
blioth. de  Neuchâtel.  —  Nicolas  des  Gallars, 
Dejensio  pro  Farello  (ci-dessus,  V  503).  —  Vie 
de  Farel  par  Ancillon,  1691  (voy.  ci-dessus,  t.  I 
col.  217).  —  Melch.  Kirchhoffer,  Leben  Wilhelma 
Farel,  Zurich,  1831.  —  Schmidt,  Etudes  sur  Fa- 
rel, Strasb.  1835.  —  André  Sayous,  Etudes  sur 
les  Méf armateurs,  1842  ;  id.  1854.  —  Junod, 
Farel  réform.  de  la  Suisse  romande;  Neuchâtel, 
1865.  —  WiUiam  Farel  by  Blackburn,  Edin- 
burgh,  1867.  —  Henri  Heyer,  Essai  sur  le 
développement  des  idées  ihéolog.  de  Farel,  Ge- 
nève, 1872.  —  Goguel,  Vie  de  Farel,  Montbé- 
liard,  1841  et  1873.  —  Heyer,  Vie  et  ouvrages 
de  Farel  dans  l'Encyclopédie  des  se.  relig.  par 
Leichtenberg  (1878).  —  Pr.  Bevan,  Vie  de  G. 
Farel,  1885. 

2.  Il  est  difficile  de  ne  pas  voir  deux 
descendants  de  la  famille  du  réformateur 
dans  deux  frères  Farel,  négociants  de  Nî- 
mes au  milieu  du  XVIII"'e  siècle  ;  l'un 
avait  pour  prénom  Daniel  et  l'autre  Claude. 
Daniel  fut  fiancé  à  la  fille  d'un  autre  né- 
gociant nîmois,  Olympe  de  Possac,  nièce 
d'une  très  opulente  dame  de  la  ville,  la 
dame  Varnède,  qui  était  une  d'ie  Farel, 
propre  tante  de  Daniel  ;  mais  «  les  épreu- 
«  ves  qu'on  voulut  faire  essuyer  à  ces 
«  deux  protestants  avant  de  les  épouser  à 
'<  l'église  paraissant  trop  rudes  [ce  sont 
•  les  expressions  de  l'Intendant  ^J  au  sieur 
«  Farel  et  à  la  dame  Varnède,  ils  complo- 
«  tèrent  de  passer  en  pays  étranger,  ce 
«  qui  fut  exécuté  au  mois  d'octobre  1744, 
«  et  la  di'e  de  Possac  fut  emmenée  par  sa 
«  tante  malgré  elle  et  sans  connaître  les 
«  conséquences  de  cette  démarche  ;  on 
«  pourroit  lui  pardonner  cette  faute,  elle 
«  n'étoit  alors  âgée  que  de  17  à  18  ans.  » 
Les  trois  fugitifs  se  retirèrent  d'abord  en 
Hollande,  à  Maestricht,  mais  en  1768 
Olympe  de  Possac,  devenue  la  veuve  Fa- 
rel, seule  et  sans  enfants,  vivait  tristement, 
à  Genève.  Elle  demanda  la  permission  de 
rentrer  en  France,  et  les  protestants  étant 

1  Dans  un  dossier  relatif  à  cette  affaire  qui  a 
été  imprimé  dans  le  BuU.  XI,  197. 


prévenus,  comme  le  dit  encore  l'Intendant 
(p.  19o),  «  qu'il  y  a  de  la  difficulté  à  les 
laisser  revenir  dans  le  royaume  lorsqu'ils 
sont  misérables,  mais  qu'il  n'en  est  pas  de 
même  lorsqu'ils  sont  opulents,  »  elle  ob- 
tint la  permission  qu'elle  sollicitait  sous 
ombre  de  venir  prendre  les  eaux  de  Balaruc 
nécessaires  au  rétablissement  de  sa  santé. 

3.  FAREL  (Pierre),  officier  dans  l'ar- 
mée hollandaise,  de  1705  à  1713.  —  (Isa- 
beau),  de  S'-Geniès  en  Languedoc,  assistée 
à  Lausanne  en  1707  et  1723.  —  Voy.  en- 
core t.  V  col.  312,  lig.  23. 

FARET  (Jacques),  sieur  de  Saint-Pri- 
VAT  [Haag,  V  72] ,  embrassa  de  bonne 
heure  la  religion  réformée  pour  laquelle  il 
montra  un  grand  zèle  dans  les  circonstan- 
ces les  plus  difficiles.  Il  testa  en  1570.  Nous 
ignorons  si  sa  première  femme,  Sibylle  de 
Frilli,  nièce  de  l'évêque  d'Apt,  mourut 
avant  sa  conversion  ;  mais  le  tîls  qu'elle 
lui  donna,  Pierre,  professa  certainement 
le  protestantisme,  ainsi  que  son  frère 
Théophile,  né  d'un  second  mariage  con- 
tracté par  Jacques  Faret  avec  Hippolyte 
Grimaldi. 

Pierre  Faret,  sieur  de  Saint-Privat,  lieu- 
tenant (lu  sénéchal  de  Beaucaire  et  de 
Nismes,  assista,  en  1613,  à  l'assemblée  de 
Lunel,  et  fut  député  par  le  bas  Langue- 
doc, l'année  suivante,  au  synode  national 
de  Tonneins,  puis  en  1615  à  l'assemblée 
politique  de  Grenoble.  Lorsque  celte  as- 
semblée prit  la  résolution  de  se  transpor- 
ter à  Nîmes,  c'est  lui  qui  fut  chargé  avec 
Avaugour  d'en  informer  le  roi,  et  c'est 
encore  lui  qui,  accompagné  de  Bonencon- 
tre  et  de  Primerose,  alla  expliquer  aux 
Nîmois,  convoqués  en  assemblée  générale 
sous  la  présidence  du  lieutenant  criminel 
Daniel  Calvière,  les  raisons  qui  avaient 
déterminé  les  députés  des  églises  à  se  re- 
tirer dans  leurs  murs.  Bientôt  après,  l'as- 
semblée l'envoya  à  Montpellier,  avec  Rou- 
vray,  Briquemault  et  La  Milletièi-e,  pour 
inviter  les  magistrats  de  cette  ville  à  s'op- 
poser à  la  publication  de  la  déclaration  du 
roi  et  de  l'arrêt  du  parlement  de  Toulouse 
rendus  contre  Condé  {Brienne,  no  223). 
Après  la  conclusion  de  la  paix,  il  fut  porté 
sur  la  liste  des  commissaires  qui  devaient 
faire  exécuter  dans  les  provinces  l'édit  de 
pacihcation,  fonctions  qu'il  fut  appelé  de 
nouveau,  1623,  à  remplir  dans  le  Lan- 
guedoc et  le  pays  de  Foix. 


417 


FARET 


FARGUE 


418 


Saint-Privat  mourut  vers  ce  temps,  lais- 
sant deux  fils  de  sa  femme  Sara  Guéri, 
qu'il  avait  épousée  en  1390  :  1"  Henri, 
conseiller  du  roi,  gentilhomme  de  la  cham- 
bre, sénéchal  de  Beaucaire  et  de  Nîmes, 
par  provisions  du  19  janv.  1639  ;  —  2° 
Charles,  sieur  de  Saint-Privat,  qui  testa 
en  1636.  Ce  dernier  avait  pris  pour  fem- 
me, en  1619,  Jeanne  Launé  qui  lui  donna 
cinq  fils.  Nous  ne  connaissons  aucune  par- 
ticularité de  la  vie  des  deux  premiers  qui 
se  nommaient  Theophyme  et  Hector.  Le 
troisième,  Balthasar,  servit  dans  l'île  de 
Candie  avec  le  grade  de  mestre-de-camp. 
Le  quatrième,  appelé  Alexandre,  sieur  de 
Fournés,  marquis  de  Saint-Privat,  finit 
misérablement  ses  jours,  écartelé  à  Paris, 
à  la  Croix  duTrahoir,  le  5  nov.  1680,  âgé 
de  57  ans,  sous  l'accusation  vraie  ou  sup- 
posée de  faux  monnayage.  Il  avait  épousé, 
en  1652,  Isabeau  Du  Puy-Montbrun,  qui 
était  morte  bientôt,  après  l'avoir  rendu 
père  d'une  fille  dont  il  avait  confié  l'édu- 
cation à  Mme  de  Fournés,  sa  grand'mère. 
A  l'âge  de  20  ans,  Mi'e  de  Saint-Privat 
passait,  au  rapport  de  M '"e  Dm  iVoj/er,  pour 
la  merveille  de  son  temps.  Les  biens  de 
son  père,  conlisqués  au  profit  du  roi,  ayant 
été  donnés  à  son  oncle  Charles  de  Faret, 
sieur  de  Montfrin,  la  jeune  fille,  par  une 
répugnance  bien  naturelle,  ne  voulut  point 
demeurer  avec  un  homme  qui  s'était  enri- 
chi de  dépouilles  fraternelles,  et  sur  sa 
demande,  Montbrun  alla  la  chercher  pour 
l'emmener  dans  son  château  ;  mais  à  peine 
arrivée,  elle  tomba  malade  et  mourut  en 
proie  à  de  grandes  douleurs.  L'autopsie 
prouva  qu'elle  avait  été  empoisonnée,  pas 
qui  ?  Montbrun  et  Montfrin  s'accusèrent 
réciproquement  de  ce  crime  effroyable,  et 
furent  tous  deux  mis  en  prison.  Après  un 
long  procès  porté  devant  toutes  les  juridic- 
tions, l'affaire  fut  renvoyée  au  sénéchal  de 
Nîmes  qui  mit  les  parties  hors  de  cause  et 
de  procès. 

FARETTES,  famille  de  Bédarieux. 
«  Pactes  de  mariage  en  la  religion  réfor- 
mée dont  ils  font  profession,  entre  noble 
Abram-Arnail  Farettes  escuyer,  de  Béda- 
rieux, fils  de  Barthélemy-Arnail  Farettes 
capitaine  et  feue  d'ie  Marguerite  de  Gauf- 
fre,  avec  d"e  Marguerite  fille  de  Pierre  de 
Montagnac  doyen  des  magistrats  au  siège 
présidial  de  Bédarieux,  et  de  feue  d'ie 
Laure  du  Brouzet,  »  19  nov.  1653  {Carrés 


d'Hozier).  Arrêt  du  Conseil  privé,  «rendu 
le  27  mars  16o7,  contre  Barthélémy  Ar- 
nal  Farettes  et  autres,  de  Bédarieux,  » 
par  lequel  est  maintenu  et  gardé  aux  ha- 
bitans  de  cette  ville  le  droit  d'occuper  tou- 
tes charges  de  consuls  et  conseillers  poli- 
tiques de  la  dite  ville  à  l'exclusion  des  ha- 
bitans  de  la  R.  P.  R.  auxquels  S.  M.  fait 
défense  de  troubler  les  habitans  catholi- 
ques en  la  fonction  des  dites  charges.  (Fil- 
leau,  Décis.  cath.).  —  (Daniel),  de  Béda- 
rieux, la  d'ie  sa  femme  et  sa  fille,  réfugiés 
à  Berlin,  1698;  en  1708,  le  même  Daniel 
ci-devant  marchand  drapier,  maintenant 
weaver  (tisserand),  61  ans,  assisté  à  Lon- 
dres avec  sa  femme  et  trois  enfants.  —  De 
Farettes,  originaire  de  Bédarieux,  lieute- 
nant au  régiment  de  Varennes,  en  Prusse, 
1704  (Erman). 

FABGES  (Jean),  du  Puch  en  Agenais, 
étudiant  en  théologie  à  l'acad.  de  Puylau- 
rens,  et  l'un  des  argumentateurs,  en  1666 
d'une  thèse  de  Jean  Verdier  (centuriae  ter- 
tia  pars  thesium  théologie).  Il  fut  pasteur 
à  Moncrabeau,  en  1668  ;  à  Lacépède,  de 
1670  à  1685,  et  en  1687  il  était  en  Hol- 
lande avec  sa  femme  et  2  enf.  (ït  287). 

—  ( )  réfugié  de  la  sénéchaussée  de  Né- 

rac  en  1686,  laissant  5  enf.  (Tt  267).  — 
J.  Farges,  de  Peyroles,  transporté  en  Améri- 
que, 1687.  —  Fargé,  manufacturier  de  bas, 
de  Privas,  réfugié  (onze  pers.)  à  Berlin, 
17(X).  —  Michel  de  Fargia,  ancien  de  l'Isle 
Jourdain,  1678-83  (Tt  235  et  242);  autre 
(Faria),  ancien  à  l'Isle  Jourdain,  en  1651. 

—  Jean  Fargier,  du  Vivarais,  assisté  cà  Lau- 
sanne, 1689.  —  Fargot,  voy.  Le  Vasseur. 

FARGUE.  Ce  nom  trois  fois  inscrit  dans 
les  listes  de  proscription  publiées  en  1569 
du  parlement  de  Bordeaux  (ci-dessus  I  col. 
657  et  668)  est  plus  particulièrement  connu 
pour  avoir  été  celui  d'un  renommé  capi- 
taine que  les  mêmes  listes  nomment  seu- 
lement «  Jean  de  Pujolz  dit  Jouas  »  et 
que  d'Aubigné  en  racontant  ses  exploits, 
appelle  La  Mothe-Pujols  (il  écrit  comme  il 
prononçait  :  La  Mothe-Pujaud).  D'Aubi- 
gné nous  apprend  qu'il  escorta  Jeanne  d'Al- 
bret  à  La  Rochelle,  à  la  tête  d'une  compa- 
gnie de  cavalerie,  en  1568,  et  que,  l'année 
suivante,  il  combattit  à  La  Roche- Abeille, 
sous  les  yeux  de  Coligny,  qui  le  chargea 
de  défendre  Châtellerault  avec  La  Loue. 
Vers  le  même  temps  nous  le  voyons  pren- 
dre part  à  l'expédition  de  Montgommery 

VI.  14 


419 


FARGUE 


FARIE 


420 


dans  le  Béarn,  et  punir  d'un  coup  de  poi- 
gnard la  trahison  de  Bassillon  ;  puis  on 
nous  le  montre  combattant  à  Moncontour 
et  après  la  perte  de  la  bataille,  détaché 
avec  les  restes  de  sa  cornette  àSaint-Jean- 
d'Angély,  pour  seconder  Piles  dans  la  dé- 
fense de  cette  place  importante.  Nous 
avons  parlé  ailleurs  (IV  col.  425  et  suiv.) 
des  services  signalés  qu'il  rendit  durant  le 
siège  de  cette  place.  Quelque  temps  après, 
nous  le  retrouvons  à  la  tête  de  l'arrière- 
garde  de  la  division  de  l'armée  huguenote 
qui  pénétra  dans  le  Vivarais  par  Bagnols. 
Attaquée  par  la  garnison  du  bourg  Saint- 
Andéol,  cette  arrière-garde  fut  défaite  com- 
plètement et  perdit  tous  ses  bagages. 

En  1572,  La  Motte-Pujols  se  trouvait 
dans  le  Midi.  Lorsque  les  protestants  re- 
prirent les  armes  après  la  Saint-Barthé- 
lémy, les  Vicomtes  lui  confièrent  le  gou- 
vernement de  Caussade.  Menacé  par  les 
catholiques,  La  Motte-Pujols  se  hâta  de 
rassembler  600  arquebusiers  et  se  prépara 
à  recevoir  vigoureusement  l'armée  enne- 
mie, qui  comptait  18,000  hommes.  Après 
avoir  emporté  Terride  et  avoir  fait  pendre 
à  une  fenêtre  un  capitaine  Fargue  qui  s'é- 
tait rendu  aux  premières  volées  de  canon, 
quoique  la  place  fût  forte  et  bien  munie, 
l'amiral  de  Villars  se  présenta  devant 
Caussade,  pensant  en  avoir  aussi  bon  mar- 
ché. Mais  il  n'y  gagna  que  des  coups  {Mém. 
de  Charles  IX).  Harassée,  décimée  par  les 
fréquentes  sorties  de  la  garnison,  tenue 
comme  assiégée  dans  son  camp  par  le  vi- 
comte de  Gourdon  qui  harcelait  ses  derriè- 
res, exposée  à  toutes  les  rigueurs  d'un 
rude  hiver,  l'armée  catholique  dut  battre 
honteusement  en  retraite  au  bout  de  trois 
semaines.  La  Molte-Pujols  ne  jouit  pas 
longtemps  de  la  gloire  qu'il  venait  d'ac- 
quérir. Il  fut,  peu  de  temps  après,  tué  par 
un  de  ses  soldats,  «  lequel  par  inadver- 
tance et  hastiveté  le  perça  d'un  coup  d'ar- 
quebuse. »  Il  venait  à  peine  d'échapper  à 
une  tentative  d'assassinat,  essayée  par  le 
jeune  vicomte  de  Gourdon,  son  ennemi. 
—  Peut-être  Jean  de  Fargues  n'est-il  pas 
le  seul  capitaine  huguenot  qui  ait  porté  le 
titre  de  sire  de  La  Mothe-Pujols  [V,  73  a 
note  1].  Toutefois  c'est  à  cette  famille  de 
la  Guyenne  que  doivent  appartenir  «  Mar- 
tin de  Fargues  natifz  de  Byarrys  de  Bayon- 
ne  en  Gascongne,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève le  19  août  1555  (voy.  III  col.  266 


lig.  33)  et  Petrus  Farganus  burdigalensis 
étudiant  de  l'acad.  de  Genève  inscrit  au 
mois  d'avril  1605.  Il  y  avait  aussi  à  Or- 
thez  une  famille  de  Fargues,  dont  un  mem- 
bre, Isaac,  était  ancien  de  l'église  en  1677, 
et  un  autre,  diacre  en  1683  (Tt  235).  — 
Nobles  Falco  et  Olivier  Fargues,  de  Gre- 
noble, reçus  habitants  de  Genève,  18  sep- 
temb.  1572.  —  Seigneurs  de  Fargues,  voy. 
Méalet. 

FARGUES  (Jacques  de),  riche  apothicai- 
re et  d'une  très  bonne  famille  de  Montpel- 
lier. Il  avait  eu  l'honneur  de  recevoir  chez 
lui  le  roi  Charles  IX  {Bull.  XI  460),  mais 
il  était  suspect,  parce  que  son  fils  s'était 
montré  zélé  protestant  dans  les  premières 
guerres  ;  aussi  était-il  soumis  à  une  sur- 
veillance inquiète.  Le  4  mars  1569,  la  po- 
lice ayant  découvert  chez  lui  de  la  pou- 
dre et  des  armes,  on  le  jeta  en  prison 
avec  toute  sa  famille.  Le  même  jour  la 
populace  pilla  sa  maison  et  y  mit  le  feu  ; 
puis,  à  la  lueur  de  l'incendie,  elle  courut 
à  l'Hôtel-de-Ville,  contraignit  le  juge-mage 
et  les  consuls  à  condanmer  Fargues  à 
mort,  se  le  fit  livrer  et  le  pendit.  —  Les 
descendants  de  ce  malheureux  vieillard  se 
réfugièrent  en  Angleterre  à  la  révocation, 
et  y  formèrent  une  nombreuse  famille.  — 
Jean  Bourdillon,  pasteur  de  l'église  fran- 
çaise de  Hoxton,  y  baptisa,  septemb.  1753, 
le  fils  de  Pierre  Fargues  réfugié  du  Lan- 
guedoc, gardien  des  livres  de  l'église  de 
Hoxton,  et  de  Jeanne  Liron.  —  Jean  de 
Farges,  de  Montpellier,  gentilhomme,  réfu- 
gié (3  pers.)  à  Wesel  en  1700  (Dieterici). 

FARIE,  pasteur  de  Peyreniale  délégué 
au  synode  de  Nîmes.  1678  (Tt  282);  — 
(Antoine),  de  Nîmes,  étudiant  à  Genève 
(Antonius  Farie  nemausensis),  août  1712. 
—  Dans  ses  Remarques  sur  la  Bastille, 
l'avocat  Linguet  parle  d'un  conseiller  au 
parlem.  de  Bearn,  nommé  Fane  de  Garlin 
qui  fut  mis  à  la  Bastille  en  1691  pour 
cause  de  religion  et  ne  fut  libéré  qu'en 
1714.  Linguet  raconte  qu'il  passa  onze  ans 
dans  une  des  chambres  nommées  calottes. 
Ces  chambres,  les  plus  élevées  des  tours, 
étaient  formées  de  huit  arcades  en  pierres 
de  taille  qui  se  réunissaient  au  milieu  et 
formaient  une  espèce  de  plafond.  On  ne 
pouvait  se  tenir  debout  qu'au  centre  de  la 
chambre.  La  fenêtre,  munie  de  grilles,  au 
dedans  et  au  dehors,  avait  huit  pieds 
d'épaisseur.  En  été,  la  chaleur  étail  excès- 


421 


FARIE 


FAUBOURNET 


422 


sive;  en  hiver,  le  froid  insupportable. 
Après  avoir  usé  et  [.ourri  le  peu  de  vête- 
tements  et  l'unique  chemise  qu'il  avait  sur 
le  corps,  Farie  avait  été  réduit  à  n'avoir 
pas  d'autre  habit  que  la  mauvaise  courte- 
pointe qu'on  avait  jetée  sur  son  grabat 
[III,  214].  —  S.  Farignin,  veloutier  de  près 
de  Lyon,  reçu  habitant  de  Genève,  juillet 
1574.  —  Le  sieur  de  Farinières,  voy. 
Amalvy,  ci-dessus  I,  col.  165;  voy.  aussi 
les  Mém.  de  Gâches. 

FARJON  (Pierre),  du  Gaila,  étudiant  à 
Genève  (P.  Farjonus  cailasensis  occitanus), 
novemb.  1666;  consacré  au  synode  du 
bas  Languedoc  en  1673,  ministre  de  Fau- 
gère  et  de  Navacelle  en  1673-81  ;  de  Vais  en 
1687;  réf.  en  Hollande,  1687.  —  François 
de  Farley,  pauvre  breton  «  xij  s.  •  bourse 
franc,  de  Genève,  1555. —  François  Farnac 
d'Arpaillargues,  mis  en  jugement  pour 
s'être  marié  au  désert  avec  une  prosélyte, 
1761  (E  3522).  —  A  Jean-Pierre  Farnex, 
de  Romans  en  Dauphiné,  lapidaire,  assis- 
té en  passant  à  Lausanne  pour  aller  en 
Hollande,  1696.  —  L.  de  Cassim  de  Far- 
jot  [VII,  128  a].  —  Antoine  Faron  (écrit 
Faraon,  t.  I  col.  60  lig.  9  en  rem.),  bon- 
netier pendu  à  Toulouse,  1562;  —  Faron 
ou  Ferron,  famille  de  petits  marchands  à 
Metz;  Jean,  mercier,  épouse  Marguerite 
Couliez,  fdle  du  lieutenant  de  la  prevosté, 
1609;  Anne,  épouse  en  1706  Philippe  Du- 
puy,  peintre  de  la  duchesse  de  Lorraine 
(CuviER).  —  Marie  de  Faron,  fille  de 
Charles  de  Faron  gentilhomme  de  Nîmes, 
âgée  de  9  ans,  reçoit  à  Genève  un  secours 
de  15  écus  en  1685,  et  un  viatique  en 
1693.  —  Sr  de  Faronville,  voy.  La  Taille. 

—  Pierre  Faroy,  de  Paris,  «  en  consomp- 
tion »,  30  ans,  assisté  à  Londres  (3  1.  6), 
1702.  —  Farreau,  pasteur  de  Montignac 
en  Saintonge,  1660;  (Jacques)  brasseur, 
sa  femme  e!  6  enf.  réfugiés  de  Manheim 
à  Magdebourg,  1698.  —  Noël  Farregie, 
de  Maçon,  habit,  de  Genève,  mars  1559. 

—  Claude  Farin  du  Dauphiné ,  id.  mai 
1573  ;  (Maurin),  «  de  Donbolla  en  Lorraine, 
chapuys  »,  id.  fév.  1574. 

FASQUET  (IsAAc),  réfugié  avec  sa 
femme  et  3  enf.  à  Strasbourg  en  Ucker- 
mark,  déc.  1698.  —  Jacques  Fasquoy, 
0  cordoannier  de  Bar  le  duc  en  Lorreine,  » 
réfugié  à  Lausanne,  20  nov.  1572.  — 
Anne-Marie  de  Fassion  enfermée  aux  Ur- 
sulines  de  Maçon  en  1686,  puis  de  Dijon 


en  1696  (M  668);  vivement  réclamée  par 
son  père  Denis  de  Fassion,  gentilhomme 
de  Buxi;  —  M.  de  Fassion  ministre  de 
Beaurepaire  en  1684,  marié  à  di'e  de  Ju- 
min,  réfugié  du  Dauphiné  avec  femme  et 
enfant,  1699  (Tt  314).  —  Girard  Fastre 
«  natifs  de  S'e  Manehoul  en  Champaigne,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  mai  1559.  — 
Fasvenque,  pasteur  à  Montauban,  1566.  — 
Pierre  de  Fatouville  [VHI  273  b]. 

FAU.  Antoinette  Fau,  du  Dauphiné, 
assistée  à  Lausanne,  avril  1690;  (Pierre), 
de  Die,  avec  sa  femme  et  2  enf.,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  de  4  écus  pour  l'Ir- 
lande, 1693;  (Jacques),  de  Montauban, 
charpentier,  réfugié  avec  femme  et  enf.  à 
Magdebourg,  1698  ;  —  (Jean),  de  Calmont 
au  comté  de  Foix,  prosélyte,  assisté  à  Ge- 
nève en  1701  d'im  viatique  pour  la  Hol- 
lande. —  De  Fauhares,  ancien  de  l'église 
de  S^-André  de  Valborgne,  au  synode 
d'Anduze,  1678.  —  Guillaume  Faubert, 
menuisier,  tué  à  Paris,  à  la  S'-Barthélemy  ; 
(Martin)  ministre  à  Taulignan,  1611-12; 
à  Veynes  en  Provence,  1612-20;  à  Bau- 
rières,  1620-23. 

FAUBOURNET  de  montferr.\nt  ,  an- 
cienne famille  du  Périgord,  dont  une 
branche,  celle  de  Saint-Orse  [Haag,  V 
73],  a  professé  la  religion  protestante  jus- 
qu'à la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  = 
Armes  :  écartelé  d'or  et  de  gueules. 

Guillaume  de  Montferrand,  seigneur  du 
Maine  et  de  Saint-Orse,  fut  le  fondateur 
de  cette  branche.  Il  mourut  le  H  mai  1621, 
ayant  eu  douze  enfants  de  sa  femme  Louise 
fille  de  Jean  de  Fanlac,  sieur  de  Saint- 
Orse,  et  de  Françoise  de  Lagut,  qu'il  avait 
épousée  en  1574.  1°  L'aîné,  Jean^  sieur  de 
Saint-Orse,  né  le  11  déc.  1575,  se  maria 
en  1605,  avec  Marie  fdle  de  Charles  de 
Felets,  sieur  de  Bersac,  et  d'Anne  deRojfi- 
gnac,  et  il  eneut  Jean^  né  lel3janv.  1606, 
qui  prit  pour  femme,  en  1621,  Jeanne 
fille  de  Pierre  d'Espeyruc,  sieur  de  Ge- 
nouillac ,  et  de  Louise  de  Bouchiac.  —  2° 
Jacques,  sieur  de  Montferrand,  né  en  1577, 
baptisé  en  1580,  dans  le  château  de  La 
Force  par  Jean  Dupuy,  mourut  en  1620, 
sans  alliance.  —  3o  Pierre  ,  sieur  de  Pey- 
rebrune,  né  le  18  avril  1579.  —  4°  An- 
toine, sieur  de  La  Faye  et  Saint-Orse ,  né 
le  3  mai  1583,  à  qui  le  marquis  de  La 
Force  confia,  en  1621 .  le  commandement 
de  Clairac.  C'était  «  un  homme  capable  de 


423 


FAUBOURNET   —   FAUCHE 


424 


servir,  s'il  ne  se  fût  laissé  gagner  au  bon 
vin  de  Clairac,  comme  il  fit  par  la  suite.  » 
Celte  ville  n'avait  point  approuvé  la  prise 
d'armes  des  huguenots ,  aussi  avait-elle  ré- 
solu d'ouvrir  ses  portes  au  roi;  mais  en 
apprenant  le  traitement  fait  à  Bergerac, 
elle  avait  changé  d'avis,  en  sorte  que 
Louis  XIII  s'était  vu  forcer  de  l'assiéger. 
Sous  la  conduite  de  Lentillac  l'aîné,  les 
habitants  disputèrent  bravement  les  appro- 
ches de  la  place  et  tuèrent  beaucoup  de 
monde  à  l'ennemi,  sans  réussir  k  empê- 
cher l'établissement  de  trois  batteries  sur 
les  hauteurs  qui  dominaient  la  ville.  Le 
siège  néanmoins  aurait  pu  se  prolonger 
longtemps,  si  Saint-Orse  avait  rempli  ses 
devoirs,  mais  constamment  ivre,  il  aban- 
donna le  soin  de  la  défense  à  Sauvage, 
Auripech,  Richomme  et  Boudou,  qui  soit 
qu'ils  fussent  vendus,  comme  on  l'a  dit, 
soit  qu'ils  désespérassent  de  sauver  Clairac, 
persuadèrent  au  peuple,  après  douze  jours 
de  siège,  de  se  livrer  à  la  discrétion  du 
roi.  Maître  de  la  ville,  Louis  XIII  fit, 
pour  l'exemple,  pendre  quelques-uns  des 
habitants  :  le  consul  Denis,  qu'on  mena 
au  supplice  couvert  de  son  chaperon;  le 
procureur  en  la  chambre  de  l'édit  de  Né- 
rac  Lafargue  et  son  fils,  qui  était  ministre  ; 
le  médecin  Le  Poy,  qui  reçut  sa  grâce  au 
pied  de  l'échafaud  par  l'intervention  «  d'une 
personne  de  qualité  »  qui  estimait  ses  ta- 
lents, et  plusieurs  autres.  De  leur  côté,  les 
soldats,  contre  la  volonté  des  chefs,  on 
doit  le  dire,  se  livrèrent  au  plus  coupables 
excès,  pillant,  violant,  tuant,  au  mépris 
de  la  capitulation.  Saint-Orse,  qui  avait 
obtenu  la  vie  sauve,  se  retira  à  Montau- 
ban,  et  fut  chargé  de  défendre  la  corne  de 
la  porte  de  Villenouvelle.  Plus  tard,  il 
servit  sous  Monpouillan  au  siège  de  Ton- 
neins  dont  il  signa  la  capitulation  avec  le 
sieur  de  Carcabanes.  Il  paraît  qu'il  n'inter- 
vint pas  dans  la  guerre  de  1622;  mais  il 
reprit  les  armes  en  1628,  et  à  la  conclu- 
sion de  la  paixj  il  se  rallia  complètemeut 
au  gouvernement.  En  1630,  il  servit  dans 
l'armée  de  Piémont,  et  fut  nommé  gou- 
verneur du  fort  de  Briqueras.  En  1636,  il 
fut  employé  dans  le  Périgord.  Il  mourut, 
le  15  mai  1667,  sans  laisser  d'enfants  de 
sa  femme  Anne  de  La  Porte,  fille  de  Rai- 
mond  de  La  Porte,  sieur  de  Lusignac,  et 
de  Marguerite  de  Lambert.  —  5°  Armand, 
sieur  de  Bussac,  né  le  19  janv.  1S90,  fut 


tué,  en  1622,  à  la  défense  du  château  de 
Montravél  contre  le  duc  d'Elbeuf.  —  6° 
Raphaël,  qui  suit.  —  7o  Jean,  sieur  de 
Foulonge,  né  en  1595,  épousa,  en  1627, 
Jeanne  d'Abzac,  dame  de  Rossignol  et  de 
Limérae,  et  mourut  en  1644,  — 8°  Judith, 
femme  deMagault  Rousset,  sieur  de  Chal- 
vars.  —  9o  Esther,  alliée  à  Jean  de  Lern, 
sieur  de  La  Borie.  —  10°  Jeanne. —  11» 
Marthe.  —  12o  Nérée. 

Raphaël,  sieur  de  La  Serve,  né  en  1592, 
servit,  en  1622,  sous  le  marquis  de  La 
Force,  au  siège  de  Montravél,  oti  il  fut 
fait  prisonnier.  Comme  capitaine  au  régi- 
ment de  Tonneins,  il  fit  la  campagne  de 
Lorraine,  en  1633.  Il  mourut  le  21  sept. 
1660,  et  fut  enseveli  dans  l'église  de 
Saint-Orse,  aux  tombeaux  de  ses  prédéces- 
seurs. Il  avait  été  marié  deux  fois  :  en 
1638,  avec  Susanne  fille  de  Marc  de  Hau- 
tefort,  sieur  de  Vaudré,  et  d'Anne  de 
Roux,  et  en  1652,  avec  Jeanne  d'Eymery, 
dame  de  La  Vergne,  veuve  de  Léonat  Do- 
uât, sieur  de  La  Vergne.  De  ces  deux  ma- 
riages naquirent  :  1»  Antoine,  qui  suit; 
—  2o  Jean,  capitaine  dans  le  régiment  du 
Dauphin,  mort  dans  le  pays  de  Liège,  à 
32  ans;  —  3o  Jean,  sieur  de  Montferrand, 
capitaine  dans  le  même  régiment,  tué  en 
1678,  par  ses  soldats  révoltés  ;  —  4° 
Anne,  femme,  en  1657 ,  de  Gabriel  de 
Saunier,  sieur  de  Lamourat. 

Antoine,  sieur  de  Saint-Orse  et  de  Mont- 
ferrand, né  en  1639,  capitaine  dans  le  ré- 
giment de  Bouillon,  mourut,  en  1674,  à 
Maëstricht  des  suites  de  ses  blessures.  Il 
avait  épousé  en  1661 ,  Jeanne  fille  d'Elie 
de  Fanlac,  sieur  de  La  Salle,  et  de  Jeanne 
de  La  Ramière,  qui  lui  avait  donné  neuf 
enfants,  lesquels  paraissent  s'être  conver- 
tis à  la  Révocation. 

FAUCHE-BOREL,  né  en  1762  à  Neu- 
châtel  en  Suisse,  dans  une  famille  de  pro- 
testants réfugiés,  et  mort  au  même  lieu  en 
1829  [Haag,  V  75].  Son  origine  est  le  seul 
titre  qu'il  ait  à  figurer  ici.  Il  était  impri- 
meur dans  sa  ville  natale,  lorsqu'ayant 
reçu  la  copie  d'un  pamphlet  contre  la  reine 
Marie  -  Antoinette  pour  l'imprimer,  il  en 
donna  d'abord  communication  à  cette  mal- 
heureuse princesse.  Ce  fut  un  enthousiaste 
qui,  pris  de  tendresse  pour  la  monarchie 
au  moment  où  elle  s'effondrait  dans  les 
agitations  révolutionnaires,  se  mit  à  la 
solde  du  parti  qui  soutenait  en  France  la 


n 


425 


FAUCHE 


FAUCHIER 


426 


famille  royale  (i795)  et  passa  vingt  ans  à 
conspirer,  avec  talent  d'ailleurs,  contre  la 
République,  puis  contre  l'Empire.  De  i816 
à  1829  il  ne  cessa  de  réclamer  le  prix  de 
ses  services,  et  d'accuser  l'ingratitude  de 
la  maison  de  Bourbon.  En  vain  en  appela- 
t-il  à  l'opinion  en  publiant  ses  Mémoires 
(4  vol.  in-8o,  1828).  Méconnu,  dédaigné, 
repoussé,  tombé  dans  l'indigence,  il  finit 
en  se  jetant  par  la  fenêtre. 

1 .  FAUCHER  (Jean),  professeur  à  Nîmes 
[Haag,  V  77].  Son  père  était  Lyonnel 
Faucher  marchand  à  Uzès,  mort  en  1629, 
et  sa  mère  Marguerite  Clérisse.  Il  avait  une 
sœur,  SuFFRENÉTE,  mariée  le  30  août  1606, 
à  Me  Jean  Roux  procureur  en  la  cour  des 
Aides  de  Montpellier,  et  un  frère,  Louis 
Faucher  mort  le  30  oct.  1649,  laissant  un 
fils  mineur,  Jean.  Le  professeur  de  Nîmes 
n'était  encore  que  pasteur  d'Uzès  lorsqu'il 
fut  député  par  le  bas  Languedoc  à  l'assem- 
blée de  Sommières  en  1611,  puis  à  celle  de 
Grenoble  en  1615.  Il  avait  été  pasteur  à 
Blansac  en  1597,  à  Fons  1598,  à  Montfrin 
1600,  à  Vais  1601,  à  Montaren  1606,  à 
Uzès  de  1607  à  1617.  C'est  seulement  en 
1617  qu'il  devint  pasteur  de  Nîmes  et  il 
exerçait  sa  charge  avec  une  telle  approba- 
tion que  l'église  d'Uzès  et  celle  de  Nîmes 
se  le  disputèrent.  Il  demeura  attaché  à 
cette  dernière  jusqu'à  sa  mort  arrivée  au 
mois  d'avril  1628.  Il  eut  à  soutenir  plu- 
sieurs polémiques  contre  les  papistes,  no- 
tamment contre  Veron,  contre  le  père  An- 
toine Ribes  récollet,  et  plusieurs  autres. 
Les  traces  de  ses  disputes  se  trouvent  dans 
plusieurs  écrits  qu'il  a  fait  imprimer  et 
dont  nous  connaissons  ceux-ci  : 

I.  Conférence  touchant  la  foy  justifiante , 
agissans,  d'un  costé  Daniel  Perol  et  Jean 
Faucher,  et  d'autre  costé  Leinard  Paternay 
et  Pierre  Granger,  prestres  jésuites  respon- 
dans;  Montpellier,  Jean  Gillet  1611,  in-8o 
de  VIII  f.  prél.,  329  p.  et  un  sommaire  de 
4  pages. 

IL  Exorcismes  divins  ou  chrestiennes  'pro- 
positions pour  chasser  les  démons  et  les  es- 
prits abuseurs  qui  troublent  les  royaumes, 
par  Jean  Faucher  ministre  de  N.  S.  J.-C.  et 
professeur  en  l'église  et  acad.  deNismes;  à 
Nismes  par  la  vefve  de  Jean  Vaguenar  im- 
primeur de  la  ville  et  de  l'académie,  1625, 
in-8o  de  12  feuill.  prél. et  42  p.;  approba- 
tion, le  15  septemb.  1626,  signée  Petit  et 
Codur  professeurs. 


III.  La  Véronique  ou  remède  salutaire 
contre  la  morsure  du  vrai  serpent,  par  la- 
quelle sont  découvertes  les  supercheries  du 
cartel  et  thèses  générales  concertées  à  Paris 
cmtre  les  Sophistes,  et  débitées  par  le  s^ 
Véron,  prédicateur  des  haies  et  marchez, 
et  théologien  en  l'Eglise  romaine;  par  la 
vefve  de  Jean  Vaguenar,  1625,  in -8»  de 
VI  et  91  pag. 

IV.  Zacharie  ou  de  la  Saincteté  du  ma- 
riage des  ecclésiastiques,  contre  l'usage  des 
sous  introduites  et  autres  impuretez  des 
consciences  cautérisées;  Nismes  vefve  de 
Vaguenar,  1627,  in-8o  de  12  feuill.  prélim. 
et  257  pages;  approbation  du  1er  janv. 
1627  signée  Petit,  prof. 

Un  Faucher  qui  est  peut-être  le  fils  de 
ce  ministre  (prénommé  Guillaume)  ou  son 
neveu,  Jean,  fut  pasteur  de  La  Calmetteet 
ensuite,  mai  1658,  de  S'-Pargoire. 

2.  FAUCHER  ou  Fauchier  (Antoine),  mi- 
nistre à  Mirabel,  1596 ,  à  St-AppoUinaire- 
de-Gluiras,  1603.  —  (Biaise)  étudiant 
en  1596,  consacré  en  1597,  ministre  à 
Gluiras,  1603-20;  h  St  Pons,  1626;  à 
Chambons  et  Sie-Foy,  1637.  —  (Jacques 
l'aîné)  pasteur  à  S^  Ambroix,  1646  47  ;  à 
La  Calmette,  1650-52;  à  Valeraugues, 
1655-56;  à  Navacelles,  1656-57;  à  Vale- 
raugues, 1657-58;  à  Si  Pargoire,  1658-59; 
à  Montelus,  1659-64;  chez  M.  de  St  Pri- 
vât, 1664-67  ;  mort  en  1670.  —  (Jacques) 
pasteur  à  Barrou,  1667-78.  —  ( )  con- 
sacré en  1656,  pasteur  à  St  Quentin,  1656- 

59.  —  ( )  pasteur  à  St-Chaptes,  1660- 

65.  —  (F'raneois),  d'Uzès,  étudiant  à  Ge- 
nève en  1676,  proposant  au  synode  du 
bas  Languedoc,  1681.  —  (Charles),  de  S* 
Génies,  étudiant  à  Genève  en  1677.  — 
( )  pasteur  à  St-Pierreville ,  1671-77. 

—  «  Le  sieur  Faucher  ci-devant  ministre 
en  France,  qui  est  dans  la  nécessité  ;  on 
lui  accorde  des  bas,  des  souliers,  de  la 
ratine  pour  faire  une  chemisette,  en  nov. 
1698,  et  on  lui  donne  5  écus  de  viatique 
pour  aller  en  Suisse  »  (Bourse  fr.  de  Gen.). 

—  «  Le  sieur  Faucher,  d'Uzès,  qui  est 
pasteur  d'une  colonie  au  pays  de  Baden, 
venu  à  Genève  pour  faire  collecte  destinée 
à  élever  un  temple,  »  reçoit  5  écus  (Id .  1 702) . 
Il  s'agit  de  Jean  Faucher,  ministre  français 
réfugié  à  Friedrichstadt;  il  reçoit  à  Lau- 
sanne 2  écus  blancs. 

FAUCHIER  (Jacques),  «  apothicaire, 
natif  de  la  ville  de  Bolène  au  comté  de 


427 


FAUCHIER 


FAUQUEMBERGUE 


428 


Venisse,  »  reçu  habitant  de  Genève,  oetob. 
1559.  —  «  Carolus  Falcherus  sancti  Genesii 
domiiii^  »  étudiant  à  l'acad.  de  Genève,  mai 
1677.  —  Franciscus  Falcherus  gallus,  étu- 
diant chez  son  père  à  Leyde,  1698.  —  An- 
toine Fauchier  «  réfugié  d'Auvergne,  lan- 
ternier  de  vocation,  toléré  »  àLausanne,  oct. 
1688.  —  (Catharine)  de  Daumartin  en  Au- 
vergne, réfugiée  à  Berlin,  1698.  — Anthoine 
Faucher,  né  en  1361  à  Ternay  en  Dau- 
phiné,  mort  à  Paris,  ingénieur  du  roi,  le 
6  fév.  1647,  quinze  jours  après  sa  femme 
Catherine  de  Lamberville.  Charles  leur  fils, 
baptisé  à  Gharenton  en  octob.  1611,  pré- 
senté par  P.  de  Lamberville  avocat.  (Isaac) 
frère  du  précédent,  fils  d'Antoine  et  Cathe- 
rine, charpentier,  marié  à  Charenton,  fév. 
1641,  avec  Renée  Courtin ,  d'Alençon. 
Pierre  Faucher,  charpentier,  marié  à  Cha- 
renton, 5  mars  1673,  avec  Anne  fille  d'A- 
braham Pierret,  architecte,  et  de  Judith 
Mestayer.  —  Elisabeth  Faucher,  veuve, 
60  ans,  infirme,  fugitive  de  Marchenoir, 
1706.  —  Etienne  Fauché  de  Montpellier 
assisté  à  Lausanne,  171.'].  —  Marie  Fau- 
chères ,  de  Vendosme,  «  tolérée  à  Lau- 
sanne ,  »  avec  un  fils  et  2  filles ,  nov. 
1685.  —  Jacques  Fauchereau,  ministre  de 
Montlieu,  1671-1678.  —  Claude  Faulche- 
ron  «  natif  de  Troie  en  Ghampaigne  »  ha- 
bitant de  Genève,  janv.  1559.  — Plusieurs 
Fauchet,  de  Die,  fugitifs  en  1708.  —  Bas- 
tian  Faucheur  «  de  Louviers  près  Rouan, 
tondeur  de  draps,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 29  déc.  1572.  -—  Anne  Faucheux, 
assistée  à  Londres,  1710.  —  J.-J.  Fau- 
"  cho7i,  de  la  vallée  de  Quint  «  qui  vient  de 
Francfort  tout  nud,  assisté  d'habits  et  de 
viatique  pour  la  Suisse,  »  1705  (Bourse 
franc.).  —  Jacques  Fauchon  du  Biirillon, 
bourgeois  de  Saint-Lô,  43  ans,  assisté  à 
Londres  avec  sa  femme  et  2  enf.,  1706. 
—  Jacques  de  Faucillon  s""  de  Fontanilles, 
présent  à  l'assemblée  de  Lunel,  1613.  — 
Marc  Faucon  sr  de  Ladevèze,  id.  —  «  A  la 
femme  de  Guill.  Faulcon  de  Lyon,  qui  à 
son  mary  cordonnier  et  deux  enfans,  » 
1556  (Bourse  fr.).  Guil.  Faulcon,  de  La 
Roque  en  Provence,  reçu  habit,  de  Genève, 
1557.  —  R.  Faucon,  ministre,  converti  en 
1604,  au  dire  d'un  pamphlet  intitulé  :  Dis- 
cours véritable  en  forme  de  dialogue  touchant 
la  religion,  fait  à  Paris  dans  l'enclos  de  la 
chapelle  de  Braque,  entre  J.  Le  Mière 
natif  de  Caen,  masson,  et  R.  Faucon,  sur- 


veillant de  la  R.  P.  R.,  par  un  religieux 
Carme  [Jac.  Jacquet)  natif  de  Lyon;  Paxh, 
Binet,  1604  in-12;  —  Faucon,  ministre 
de  M.  de  la  Force,  1660-69  ;  de  Bergerac, 
1669-70;  de  Salagnac  1671;  de  Fécamp  (à 
Maupertuis),  1675-82  ;  se  retire  avec  attesta- 
tion honorable  en  1685  (Tt  258);  —  (Jacob) 
de  Bolbec,  34  ans,  tisserand,  assisté  cà 
Londres  avec  sa  femme  et  5  enfants,  1702; 

—  (Jacques),  de  Remolon  en  Dauphiné, 
62  ans,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne,  1712. 

—  Faucon  sieur  de  Lavabre  mis  aux  prisons 
d'Alais  pour  participation  à  des  assemblées 
religieuses,  1744  (Tt  325).  —  «  A  Lyon- 
nart  Faucquenot  recommandé  par  M.  Cres- 
pin,  xij  s.  »  (Bourse  fr.  1555).  —  Faucon- 
net,  matelot  saintongeois  marié  par  un 
curé,  P.-L.  Montfort,  qui  fut  pour  ce  fait 
envoyé  aux  galères,  1746  [Haag,  V  77]. 

—  (M™*"'  veuve),  enfermée  au  Nouv.cathol. 
de  Blois  avec  ses  deux  filles,  1713. 
Pierre-François  Faulconnet,  officier  dans 
l'armée  hollandaise,  1734-58.  —  Siméon 
Fauconnier  sr  de  Fontènes,  fils  de  André 
sr  de  Chassiquot  et  d'Esther  de  Fonte- 
nelle,  épouse  à  Charenton  Susanne  fille  di^ 
Théodore  Virvot  docteur  en  médecine  et 
de  Marie  Mauclerc,  septemb.  1635.  — 
Deux  jeunes  Du  Fauconnier  enfermés  au 
Nouv.  cathol.  de  Caen,  1688.  —  J.  Fauc- 
quereau,  d'Angouléme,  ministre  apostat 
pensionné  en  1675.  —  Fauger,  ministre  à 
Pau.  1590;  (Pierre)  ministre  à  Nostin. 
1620;  à  Conchez  162i-lfi32.  —  Isaac 
Fauger,  de  Béarn,  54  ans,  assisté  à  Londres 
1705.  (Pierre)  «  d'Orthez  en  Béarn ,  55 
ans,  fils  d'un  ministre,  »  id.  1706.  —  Ber- 
trand Faugier,  ministre  à  Veynes,  1600- 
1607  ;  cà  Arvieux,  1613-16  ;  à  Sie-Euphé- 
mie,  1617;  déchargé  en  1620.  —  Faugére 
(Barons  de),  voy.  Narbonne.  — Madeleine 
Faugére,  de  S'  Vincent  en  Vivarais,  «  as- 
sistée d'un  louis  d'or  pour  une  fois ,  ■> 
Genève,  1706.  —  Faugière  deBussy,  pas- 
teur réfugié  à  Lausanne,  1690.  —  Fau- 
gueroles,   ministre   k  Soudorgues,    1612. 

—  Isabeau  et  Judith  Fauguerolles ,  de 
Si  Bonnet  en  Dauphiné,  assistées  à  Lau- 
sanne, allant  de  Genève  à  Zurich,  1697. 

—  Suzanne  Faujean,  de  Nérac,  44  ans, 
fille  d'un  major  d'infanterie,  assistée  à 
Londres,  1705. 

FAUQUEMBERGUE  (Jean  de),  ou  Fo- 
quembergues  [Haag,  V  78]  n'était  encore 
que  proposant  et  lecteur  de  l'église  de  Pa- 


429 


FAUQUEMBERGUE   —   FAUQUIER 


430 


ris,  lorsque  le  consistoire  de  Dieppe, 
après  avoir  vainement  demandé  pour  mi- 
nistre Basnage  ou  Le  Moine,  lui  offrit  la 
place,  laissée  vacante,  de  Jacques  Lohier. 
Fauquembergue,  qui  ne  devait  probable- 
ment sa  vocation  à  une  église  aussi  impor- 
tante qu'à  sa  parenté  avec  Drelineourt, 
dont  il  était  le  neveu  ',  fut  installé  le  31 
août  1636.  Précisément  vers  cette  époque 
s'élevèrent  les  dissensions  suscitées  par  les 
doctrines  libérales  de  Moïse  Amyraut  et 
dont  le  pren)ier  écho  retentit  au  synode 
d'Alençon  (1637).  Fauquembergue,  esprit 
indépendant  qui  ne  craignait  pas  la  dispute, 
s'attira  bientôt  d'autres  affaires.  Il  encou- 
rut la  haine  des  catholiques,  par  ses  vio- 
lentes attaques  contre  leur  religion,  et 
l'animadversion  d'une  grande  partie  de 
son  propre  troupeau,  par  l'acharnement 
avec  lequel  il  poursuivit  Charles  Guillot 
(voy.  ce  nom).  Ses  ennemis  n'attendaient 
qu'une  occasion  pour  le  perdre  ;  il  la  leur 
fournit.  A  l'occasion  du  jubilé  de  1653,  il 
eut  l'imprudence  de  publier,  sans  autorisa- 
tion, malgré  les  décrets  des  synodes  et  les 
ordonnances  du  roi,  un  petit  livre  inti- 
tulé :  Le  grand  jubilé  evangélique,  appor- 
tant indulgence  pleniére  de  tous  péchez.  En 
huit  jours,  il  en  lira  deux  éditions  sous 
les  noms  supposés  de  Leyde  et  de  Harlem. 
Le  succès  njôme  que  cet  opuscule  obtint 
irrita  les  juges  de  Dieppe  qui  nommèrent, 
pour  l'examiner,  une  commission  composée 
de  prêtres  catholiques.  On  peut  s'imaginer 
quel  jugement  pareils  censeurs  devaient 
porter.  Le  livre  fut  déclaré  hérétique,  plein 
de  faussetés,  scandaleux,  injurieux,  et  le 
24  mars  1653,  intervint  un  arrêt  qui  le 
condamna  au  feu.  L'auteur  et  le  libraire 
dieppois,  Acher  (ït  261),  furent  en  même 
temps  ajournés  à  comparaître.  Heureuse 
ment  pour  Fauquembergue  le  duc  de  Lon- 
gueville  interposa  son  autorité.  Il  en  fui 
quitte  pour  signer  une  déclaration  portant 
qu'il  n'avait  pas  eu  l'intention  d'oifenser 
les  catholiques  ni  de  troubler  leurs  dévo- 
tions. Cette  leçon  paraît  l'avoir  rendu  plus 
modéré.  Il  renonça  à  la  polémique  pour 
s'occuper  d'un  manuel  de  dévotion,  fort 
estime  dans  le  temps,  qu'il  mit  au  jour  sous 
le  titre  de  Votjage  de  Bélhel  ou  devoirs  de 
l'âme  fidèle  en  allant  au  temple,  avec  les 

'  Par  son  mariage,  en  1637,  avec  Elizabeth 
Ze  Fin  ûlle  de  Pierre  Le  Fin  et  de  Marie  Dre- 
lineourt (Reg.  de  Cliarenton). 


préparations,  prières  et  méditations  pour 
participer  dignement  à  la  sainte  Cène,  par 
divers  auteurs  [J.  de  Foquembergues,  Mi- 
chel Le  Faucheur,  Samuel  Durant,  P.  Du 
Moulin,  Raymond  Gâches],  Charent.,  Lu- 
cas, 1665,  in-12;  Paris,  1670,  in-18;  Cha- 
renton,  1674  in-12,  Genève,  1712;  La 
Haye,  1754,  in-S».  —  Nous  ne  lui  connais- 
sons d'autre  descendant  que  son  fils  Jean 
sieur  du  Fayel  qui  épousa  à  Paris  en  1683, 
Suzanne- Hélène  fille  d'André  de  Gailloué 
sieur  du  Coudray  et  d'Hélène  des  Abreu- 
voir s. 

A  la  même  époque,  un  autre  ministre  du 
même  nom,  probablement  frère  aîné  du  pré- 
cédent, Louis  de  Fauquembergue,  exerça 
les  fonctions  pastorales  à  Houdan  et  à 
Senlis.  Le  synode  provincial  de  l'Isle-de- 
France  le  déposa  et  finit  par  l'excommu- 
nier à  cause  du  trouble  qu'il  sema  dans 
cette  dernière  église  par  sa  vie  désordon- 
née, ainsi  que  du  scandale  qu'il  avait  donné 
en  continuant  ses  fonctions  malgré  sa  dé- 
position et  en  appelant  de  la  décision  du 
synode  ta  la  justice  séculière.  Le  repentir 
qu'il  témoigna  et  la  promesse  qu'il  fit 
d'arrêter  les  poursuites  engagèrent  le  sy- 
node national  de  Loudun  ta  user  d'indul- 
gence. L'excommunication  fut  levée  et  la 
déposition  commuée  en  une  suspension  de 
six  mois.  En  même  temps,  le  synode  char- 
gea Pages  ministre  de  Ch.'iteau-Thierry,  et 
Sarrau  ministre  de  Metiux,  de  se  rendre 
à  Seidis  pour  y  rétablir  la  paix.  Cette  po- 
lémique donna  lieu  à  divers  écrits  parmi 
lesquels  on  en  conserve  deux  oti  le  ministre 
incriminé  se  détend  en  bon  style  (Bibl.  nat. 
L  d  176)  :  lo  Lettre  circulaire  du  sieur  de 
Fauquembergue ,  minisire  à  Senlis,  à  ceux 
qui  sont  de  même  religion,  particulièrement 
à  Paris,  avec  le  factum  du  procès  où  il  a 
été  tiré  à  la  Cour  pour  sa  justification  (s. 
1.),  20  pag.  in-8"  datées  du  29  mars  1657. 
—  2o  Seconde  lettre  circulaire  du  sieur  de 
F.;  27  p.  in-8o  datées  du  17  avril  1658. 
Louis  de  Fauquembergue  fut  appelé  dans 
la  suite  en  Bretagne  (Tt  284).  Il  desservait 
l'église  de  Dinan,  lorsque  le  temple  fut 
démoli,  en  1665.  Il  était  mort  à  l'époque 
de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Sa 
veuve,  Madeleine  de  Lomé,  tonibée  dans 
une  extrême  misère,  abjura  pour  obtenir 
quelques  secours. 

FAUQUIfilR  (Fulcrand),  ministre  au 
Pignan,  1597. 


431 


FAURE 


432 


1.  FAURE  (Cleniens)  i  natifz  de  la  ville 
de  Sauveterre  en  Razadoys,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  juill.  1355.  —  (Jehan)  «  cor 
danier  natifz  de  Nismes,  »  id.  septemb. 
1535.  —  (Jacques)  «  cousturier,  natifz  de 
Roy  bon  en  Daulphiné,  »  id.  mai  1559.  — 
(Pierre)  «  laboureur,  natifz  de  Rrecy  en 
Daulphiné  au  dioc.  de  Vienne,  »  id.  1559. 
—  (Guyon)  «  de  Laborel  au  pais  de  Daul- 
phiné, >  id.  nov.  1559.  —  (Valentin),  de 
Rourdeaux,  id.  déc.  1572.  —  (Jacques  fils 
de  Noël),  de  Dombes,  cousturier,  id.  déc. 
1373.  —  (Louis),  de  Grenoble,  cordonnier; 
id.  fév.  1574.  —  Divers  Faure  en  Dau- 
phiné,  à  la  Révocation,  dont  l'un  pendu  en 
1694.  —  Quinze  familles  fugitives  de  la 
même  province,  de  Chatillon,  Montmor, 
La  Motte  de  Chalençon,  La  Mure,  Trois- 
clous,  La  Raume,  Chamaloc,  Die;  autres 
de  Montpellier  et  d'Orange  ;  la  plupart 
allant  en  Rrandebourg,  assistées  en  passant 
à  Lausanne,  1688-1700.  —  Faure,  famille 
rocheioise  à  laquelle  appartenait  Jean 
Faure,  écuyer,  sr  du  Chiron  (petit-fîls 
d'André,  maire  en  1529).  R  était  conseiller 
au  présidial  et  mari  d'Elisabeth  Viette.  R 
abjura,  mais  laissa  de  nombreux  descen- 
dants fidèles  à  la  Réforme.  —  (Jean), 
d'Aunix,  70  ans,  chirurgien,  assisté  à 
Londres,  41.  st.,  1705.  —  Diverses  diies  et 
dame  Faure  enfermée^  aux  couvents  des 
Filles  de  la  foi  à  Pons ,  1728  et  1746;  des 
Filles  de  la  foi  à  Saintes,  1729  ;  de  Notre- 
Dame  à  Saintes,  1731  et  1746.  —  (Olivier) 
mis  dans  les  prisons  de  Cognac  en  1746. 

2.  FAURE  (Antoine),  originaire  de  Cara- 
man,  était  étudiant  en  théologie  à  Genève 
(Antonius  Faber  carmagnensis)  en  1563. 
On  le  trouve  pasteur  à  S'-Amans  en  1587 
et  il  quitta  cette  église  pour  celle  de  Rria- 
texte  au  mois  de  septemb.  1591  (Pradel 
Mém.  de  Gâches).  R  avait  épousé  Catherine 
Bardon^  de  Montauban.  Par  contrat  du 
26  mai  1601  (Lissarague,  notaire  à  Castres) 
il  constitua  l'acad.  de  Montauban  son  hé- 
ritière. R  resta  ministre  de  Rriatexte  jus- 
qu'en 1606.  —  (Vincent),  ministre  à  Sauzé 
1614-1620;  au  Vigean  en  Poitou,  1618- 
1626.  —  (Jean)  ministre  à  Venterol  en 
1620.  —  (Salomon)  étudiant  à  Die,  consa- 
créenl614;  ministre  à  Venterol,  1614-20; 
à  Villeneuve  de  Rerg,  1623  ;  à  Privas,  1623- 
26;  à  Veynes,  1630;  à  Romans,  1649;  à 
Dieu-le-fit,  1652-55.  —  (Isaac)  natif  d'Ar- 
chiac  en  Saintonge,  étudiant  à  l'académie 


de  Montauban  et  l'un  des  argumentateurs 
de  la  thèse  de  Jean  Verdier  intitulée  De 
scientia  animse  Christi;  il  fut  pasteur  à 
Taillebourg  de  1667  à  1676.  —  (David)  de 
Die,  étudiant  à  Genève  en  1660;  ministre 
à  Payols,  1669;  à  Die,  1678;  à  la  Raume 
Cornillane,  1684;  apostat  en  1683.  — 
(Paul),  pasteur  condamné  à  mort  à  Grenoble, 
en  1746. 

3.  FAURE,  famille  distinguée  du  Lan- 
guedoc, divisée  en  deux  branches  qui  ont 
appartenu  l'une  et  l'autre  à  la  France  pro- 
testante [Haag,  V  79]. 

L  Branche  de  Villespassans.  Le  premier 
qui  embrassa  les  doctrines  de  la  Réforme 
paraît  être  Jean  de  Villespassans,  sieur  de 
La  Roulbène,  dont  la  sœur,  Jeanne,  épousa 
Jean  de  Corneillan.  On  ne  connaît  d'ailleurs 
aucune  particularité  de  la  vie  de  ce  Jean, 
si  ce  n'est  qu'il  se  maria  avec  Marguerite 
de  Durant  qui  le  rendit  père  de  quatre 
fds  et  une  fdle  :  lo  Guillaume,  sieur  de 
La  Roulbène,  qui  n'eut  pas  d'enfants  de  sa 
femme  Séguine  de  Pardiès;  — 2°  Jacques, 
qui  épousa,  en  1611 ,  Esther  de  Nadal  et 
mourut  sans  postérité  ;  —  3o  Jean  ;  —  4» 
IsAAC  ;  —  5»  Judith,  mariée  en  1693,  avec 
Jean  de  Durant,  sieur  de  Las  Voustes. 

IL  Branche  de  Montpaon.  Julien  de 
Faure  habitait  Ganges,  lorsqu'il  épousa, 
en  1555,  Alix  du  Bousquet,  fille  de  Jean 
Du  Bousquet,  président  en  la  cour  des 
aides  de  Montpellier,  et  d'Honorade  de 
Boucard,  dont  il  eut  :  1°  Louis,  dont  la 
destinée  est  inconnue  ;  —  2»  Pierre  ;  — 
3o  Salomon,  qui  suit;  —  4°  Marguerite. 

Salomon  de  Faure,  baron  de  Montpaon, 
fut  destiné  par  son  oncle,  le  président  Du 
Bousquet,  à  la  magistrature,  et  après  avoir 
terminé  ses  études  en  jurisprudence,  il  fut 
nommé,  en  1587,  conseiller  en  la  Chambre 
mi-parlie  de  Castres.  R  épousa,  en  1601, 
Rernardine  de  Favier,  fille  de  Claude  de 
Favier ,  conseiller  du  roi  et  lieutenant 
particulier  en  la  sénéchaussée  de  Reaucaire 
et  de  Nismes,  et  de  Bernardine  d' Airebau- 
douse.  De  ce  mariage  naquirent  :  1»  Claude, 
qui  suit;  —  2»  Jacques,  sieur  de  Tourna - 
doux,  puis  de  Roumens,  qui  épousa  Mar- 
guerite de  Fontanier,  dont  il  eut  Salomon, 
sieur  de  Roumens,  marié  à  RIanche  de 
Falguerolles;  —  3»  François,  sieur  de 
Fundamente,  conseiller  au  parlement  de 
Toulouse,  qui  remplit  auprès  de  plusieurs 
synodes  provinciaux   du  Vivarais  et  du 


433 


FAURE 


FAUREAU 


434 


Bas-Languedoc  les  fonctions  de  commis- 
saire du  roi.  Nous  avons  eu  entre  les 
mains  quelques-uns  des  procès -verbaux 
qu'il  adressa  en  cette  qualité  au  secrétaire 
d'Etat.  Parent  et  ami  de  Pélisson,  qui  lui 
dédia  son  histoire  de  l'acad.  française, 
F'rançois  de  Faure  fut  un  des  premiers 
membres  que  les  fondateurs  de  l'acad.  de 
Nîmes  s'adjoignirent,  et  il  contribua  à 
assurer  à  celte  savante  compagnie  une  exis- 
tence légale.  Il  a  laissé  en  mss.  un  traité 
sur  la  Science  des  médailles,  ainsi  qu'une 
trad.  de  YEpître  d" Aristenète  sur  le  luxe 
et  la  mauvaise  humeur  des  femmes,  et  il 
s'occupait  d'une  trad.  de  Quintilien,  lors- 
qu'il mourut  en  1686,  n'ayant  qu'un  fils 
nommé  Jean  ;  —  4°  Bernardine,  femme, 
en  i63o,  de  François  d'Usson,  seigneur  de 
La  Grange;  —  5°  Madeleine,  mariée  en 
1641,  à  Jacques  d'Espérandieu,  sieur  d'Ai- 
guefonde  et  coseigneur  d'Hautpoul. 

Claude  de  Faure,  baron  de  Montpaon, 
fut  nommé  en  1629,  sur  la  résignation  de 
son  père,  conseillera  la  Chambre  mi-partie 
alors  établie  à  Beziers.  Il  avait  épousé,  en 
1628,  par  contrat  passé  devant  Antoine 
Massip,  notaire  à  Beziers,  Isabeau  de  Juges, 
illle  de  Paul  de  Juges,  baron  de  Frégeville, 
conseiller  en  la  Chambre  de  l'édit,  et  d'Isa- 
beau  de  Beauxhostes.  Il  mourut  en  16o3. 
Par  son  testament,  il  légua  200  liv.  à 
l'église  de  Castres  ot  100  à  celle  de  Puy- 
laurens  pour  l'entretien  des  ministres.  11 
laissa  entre  autres  enfants  :  1»  Salomon, 
baron  de  Montpaon ,  conseiller  en  la 
Chambre  mi-partie  à  Castelnaudary,  par 
provisions  du  28  octobre  1653,  lequel 
épousa,  en  1664,  Marguerite  de  Bar  de  Mau- 
zac,  et  mourut,  après  1704,  sans  postérité; 
—  2o  François,  qui  suit;  —  3°  Isabeau, 
mariée,  en  1664,  avec  Jean  de  Bar,  baron 
de  Mauzac,  qui,  après  trois  années  de  dé- 
tention dans  la  forteresse  de  Pierre-Encise, 
fut  rendu  à  la  liberté  en  1688,  et  se  réfu- 
gia à  Genève.  Gratien  de  Bar,  baron  de 
Mauzac,  reçu  bourgeois  gratis,  le  26  mars 
1709,  était  son  fils. 

François  de  Fanre,  sieur  de  Saint-Mau- 
rice, fut  nommé,  en  1677,  conseiller  en  la 
Chambre  de  l'édit  séant  à.  Castres;  il  se  con- 
vertit, et  son  apostasie  lui  valut  une  pen- 
sion de  1500  liv.  Nous  avons  raconté  ail- 
leurs avec  quel  acharnement  il  disputa  à 
Henri  de  Vignolles  la  succession  de  la  veuve 
d'Antoine  de  Cotelier  (Voy.  IV,  col.  740)  ; 


nous  ajouterons  ici  que  ses  dénonciations 
étaient  d'autant  plus  odieuses,  que  lui- 
même,  malgré  ses  protestations,  n'était 
rien  moins  que  converti  sincèrement.  Sa 
femmcj  Louise  de  Carlot,  fille  de  Pierre  de 
Carlot,  baron  de  Cestayrols,  conseiller  en 
la  Chambre  de  l'édit,  et  de  Marie  de  Tou- 
louse-Lautrec-Saint-Gennier,  était  surtout 
suspecte;  aussi,  en  1699,  leur  enleva-t-on 
leurs  enfants  (M  670).  François  de  Faure 
mourut,  en  1728,  doyen  du  parlement  de 
Toulouse.  Ses  descendants  existent  encore  ; 
mais  ils  professent  la  religion  romaine. 

FAUREAU  (Jérôme)  ancien  de  l'église 
de  La  Rochelle,  1583;  —  (Jean),  de  La  Ro- 
chelle, étud.  en  théologie  à  Monlaubaii, 
un  des  argunientateurs  de  la  thèse  de  J. 
Verdier  intitulée  Disputât io  secunda  de  li- 
bro  vitœ.  1657.  —  (Jacques),  brasseur,  ré- 
fugié (8  pers.)  à  Mannheim  et  Isaac,  taba- 
tier,  id.,  1700;  —  Paul  Faurette,  ouvrier 
en  laine,  de  Crest  en  Dauphiué,  réfugié 
avec  sa  famille  à  Magdebourg,  1698.  — 
Jeanne  Fauriau,  enfermée  au  couvent  des 
religieuses  de  S'-François  de  Thouars, 
1731.  —  Antoine  Fauri,  de'  Rodes  en 
Rouergue,  reçu  habitant  de  (ienève,  25 
déc.  1572.  —  Catherine  Faurie,  assistée  à 
Londres,  1702;  Daniel  Faury,  id.,  avec 
sa  femme  et  2  enf.,  1710.  —  Valerian  de 
Fauris,  à  Manosque  en  1562,  «  ayant  esté 
meurtri  et  enseveli,  fut  désen terré  et  donné 
aux  chiens  »  (Crespin).  —  Gabriel  Fau- 
riel,  du  Vivarais,  dit  Lassagne,  proposant 
en  1726,  pasteur  du  désert,  pris  à  Vernous 
en  1740  (voy.  E  3502)  et  mort  d'une  bles- 
sure qu'il  reçut  en  cette  circonstance.  — 
Autre,  pasteur  de  l'église  française  de 
Plymouth  en  1734,  de  Stonhouse,  de  1741 
à  1760.  Pierre  Fauriel,  du  Vivarais,  étu- 
diant présent  au  synode  des  hautes  Cé- 
vennes  en  1756.  —  Elisée  Fauriès,  pourvu 
de  l'office  de  procureur  en  la  Chambre  de 
l'Edit  de  Languedoc,  le  25  nov.  1666.  Il 
avait  épousé  Anne  Escale  qui  lui  donna  : 
lo  Jeanne,  7  sept.  1621  ;  —  2°  Marie,  pré- 
sentée au  baptêrue  par  iean  Escale,  notaire 
des  Fournials,  à  la  place  du  comte  de 
Montfa  et  par  dame  Louise  de  Peiregourde. 
dame  de  Maugeron,  le  13  nov.  1(552;  — 
3o  Anne,  1657  ;  -  4°  Claudine,  1659;  — 
5»  Isabeau,  1662  ;  —  6»  Françoise,  1663  ; 
—  7o  Elisée,  le  14  janvier  1666  ;—  8°  Jean, 
3  avril  1667.  Ce  dernier  fut  présenté  au 
baptême,  à  Castres,  par  Jean  Escale,  cou- 


435 


FAUREAU   —   FAUST 


436 


sin  de  Fauriès,  habitant  Chambaud,  dans 
le  commandement  de  Toland,  au  comté  de 
Crussal,  en  Vivarais. 

FAURIN  (Jean),  marchand  chaussetier 
à  Castres  [Haag,  V  80],  auteur  de  Mémoires 
ou  pour  mieux  dire  d'un  Journal  dont  quel- 
ques extraits  ont  été  insérés  dans  les  Pièces 
fugitives  d'Aubaïs.  Ces  mémoires,  ou  jour- 
nal, donnent  un  détail  exact  et  circonstan- 
cié de  tous  les  événements  qui  se  sont  pas- 
sés à  Castres  ou  dans  les  environs  de  1539 
jusqu'à  1602.  On  sait  d'ailleurs  peu  de 
choses  sur  la  vie  de  J.  Faurin.  Il  épousa, 
en  1561,  Madeleine  Bousquet,  qui  mourut 
en  1583,  après  lui  avoir  donné  dix  en- 
fants, et  l'année  même  de  sa  mort,  il  se 
remaria  avec  Judith  Benachèse,  nièce  du 
chaussetier  Guillaume  Donadieu.  Son  frè- 
re Antoine,  qui  exerçait  aussi  l'état  de 
chaussetier,  mourut,  en  1574,  à  Roque- 
courbe,  où  il  s'était  réfugié  à  la  Saint-Bar- 
thélémy. Les  habitants  de  cette  ville 
avaient  été,  en  etfet,  les  premiers  de  tout 
le  Castrais  à  revenir  de  la  stupeur  causée 
par  la  nouvelle  des  massacres  de  Paris. 
Conduits  par  Les  Fosses,  La  Domerguie, 
Les  Mêliez,  Griffoulières,La  Loubatière  et 
Auriol,  ils  s'étaient  rendus  maîtres  du  châ- 
teau qui  dominait  leur  ville,  et  ils  avaient 
offert  dans  leurs  murs  un  sûr  asile  à  leurs 
coreligionnaires  des  environs.  Voy.  t.  II 
col.  920.  Le  journal  de  Faurin  a  été  publié 
in  extenso,  d'après  le  manuscrit  original 
et  avec  notes,  par  M.  Charles  Pradel,  à 
Montpellier,  1878,  in-4o  de  268  p. 

FAURON  (Marie),  fugitive  de  Chamalot 
près  Die,  80  ans,  morte  à  l'hôpital  de  Lau- 
sanne, oct.  1700.  —  Faussard  ou  Fous-' 
sard,  famille  française,  réfugiée  à  Yverdun 
en  1573.  —  Faussetelle,  ancien  de  l'église 
d'Issigeac  au  synode  de  Leyrac,  nov.  1661. 

FAUST  (Jean),  docteur  en  théologie,  né 
à  Strasbourg,  le  22  sept.  1612,  mort  d'a- 
poplexie, le  1er  juillet  1695  [Haag,  V  80]. 
Faust,  après  avoir  terminé  ses  études  théo- 
logiques dans  sa  ville  natale,  alla  visiter 
les  universités  étrangères  pour  perfection- 
ner ses  connaissances,  et  à  son  retour,  il 
fut  nommé  pasteur  à  Ensisheim.  Quelque 
temps  après,  il  fut  appelé  à  Strasbourg 
comme  professeur  de  logique  et  de  méta- 
physique. Placé  sur  un  plus  grand  théâtre, 
il  put  mieux  faire  valoir  ses  talents.  Il 
prit  le  grade  de  doiîteur  en  théologie  et  fut 
nommé  professeur  de  théologie,  doyen  du 


chapitre  de  Saint-Thomas  et  inspecteur  du 
gymnase  de  Saint-Guillaume.  On  lui  doit 
un  grand  nombre  de  dissertations  sur  tou- 
tes sortes  de  sujets  ;  mais  Jocher,  qui  en 
donne  une  liste,  d'ailleurs  incomplète,  n'in- 
dique pour  aucun  de  ses  écrits,  non  plus 
que  pour  ceux  de  son  frère,  le  lieu  ni  la 
date  de  l'impression,  ni  le  format.  Nous 
suppléerons,  pour  quelques-uns  au  moins, 
à  ces  omissions,  au  moyen  de  la  Biblioth. 
théol.  de  Lipenius  et  de  la  Bibl.  sacrée  du 
P.  Lelong. 

I.  Dispp.  de  euporiâ.  —  II.  De  divinâ 
motione,  ex  Act.  xvi,  28,  Argent.,  1664, 

in-4o.  —  III.  nept  tvî;  tcù  a-yioù  7rv£Ûu.a.T0î 
èxircpeûaew;.  —  IV.  De  actu  signato  ete.xer- 
cito.  —  V.  Ad  Verba  Pétri  Epist.  I.  cap. 
IV.  vers.  11.  —  VI.  De  principio.  —  VII. 
De  providentiâ  quateniis  è  naturâ  inno- 
tescit.  —  VIII.  Ad  verba  Pétri  :  El  ti? 
ÀaXeï  wî  Ào'-^ia  0£gû.  —  IX.  De  gloviâ  im- 
mutabilitatis  Spiritûs  Sancti.  —  X.  De 
felicitatis  amplitudine  ad  mentem  Aristo- 
telis.  —  XI.  De  extramundanâ  prsesentid 
Dei  inspatiis  imaginariis.  — XII.  Dissert. 
IV  de  axiomate  sacramentali  :  Nihil  habet 
notionem  sacramenti  extra  institutum  à 
Christo  usum.  — •  XIII.  Examen  canonis  : 
Nullus  syllogismus  constet  pawioribm  aut 
pluribus  terminis  quàm  tribus.  —  XIV. 
Dissert,  contra  Panstratiani  Chamierii  de 
sacra  cœnd.  —  XV.  De  inde pendent iâ.  — 
XVI.  Examen  theologise  gentilis,  quam  do- 
cuit  Aristoteles,  2e  édit.,  Lips.,  1668, 
in-4o.  —  XVII.  Der  Friedensweg.  Lipe- 
nius, qui  ne  mentionne  pas  la  plupart  de 
ces  écrits,  cite,  au  contraire,  les  deux  sui- 
vants qui  ont  échappé  à  Jocher  :  XVIII. 
De  omnipotentid  Dei,  Argent.,  1662,  in-4o, 
et  XIX.  De  oraculorum  defectu.  Argent., 
1669,  in-4o. 

Frère  de  Jean,  et  comme  lui,  docteur  et 
professeur  en  théologie,  chanoine  de  Saint- 
Thomas  et  président  de  la  compagnie  des 
pasteurs,  en  1696,  Isaac  Faust  naquit  à 
Strasbourg,  le  lOjuin  1631,  selon  Jocher. 
Il  possédait  si  parfaitement  le  grec  et  l'hé- 
breu, qu'il  parlait  ces  deux  langues  avec 
une  grande  facilité.  Il  mourut  à  Strasbourg, 
le  30  nov.  1702.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  de  dissertations  : 

I.  De  comijiunicatâ  Christo  homini  po- 
testate,  Matt.  xxviii,  18,  Argent.,  1668, 
in-4o.  —  IL  De  primé  rerum  creatione, 
Gen.  I,  Argent.,  1671,  in-4o.   —  III.  De 


4a7 


FAUST 


FAUTEREL 


438 


Jesu-Christo  Deo  vero  et  Abrahami  filio, 
Gen.  XXIV,  2,  3,  Argent.,  i676,  in-4°.  — 
IV.  Dissertât,  m  de  verbis  :  Quia  anima 
carnis  in  sanguine  est,  Levit.  xvii,  11  ; 
Psalm.  IV,  2.  —  V.  De  vocibus  l^^p  et 
'■1X)3  ad  Psalm.  xix,  5  et  xxu,  17.  — 
VI.  Disjmtat.  m  de  titulo  psalmi  xxxiv 
Davidis  :  Cum  immutaret  ipse  gustum,  etc., 
in  allegoricâ  Augustini  expositione.  Ar- 
gent., 1700,  in-4o.  —  VII.  Dissert,  m  in 
Prov.  XVI,  4.  —  VIII.  De  fide  et  operibus 
ad  Prov.  xvi,  6.  —  IX.  De  immortalitate 
primi  hominis  ad  Sap.  ii,  23.  —  X.  In  Sap. 
XI,  22.  —  XI.  De  petitione  quintâ  oratio- 
nis  dominicse  ad  Malt,  vi,  12.  —  XII.  De 
adorando  SS.  Trinitatis  mysterio  ad  Matt. 
xxviii,  19.  —  XIII.  In  Luc.  xxu,  lo.  — 
XIV.  De  Christo  vero  Deo  ad  Joli,  i,  20. 

—  XV.  De  ostio  Ecclesiœ  ex  Joh.  x,  7  ; 
prelo  Kiliano,  165G,  in-4o.  —  XVI.  De 
proprio  Dei  sanguine  ad  Act.  xx,  28.  — 

XVII.  In  Epist.    ad   Roman,  -v,   2.  — 

XVIII.  De  spiritu  servitutis  et  adoptionis 
ad  Rom.  viii,  15.  — XIX.  De  gemitu  crea- 
turarum  ad  Rom.  viii,  22,  Argent.,  1664, 
in-4o.  —  XX.  De  prxscentid  Dei  prsedes- 
tinantis  ad  Rom.  viii,  29,  Argent.,  1690, 
in-4o.  —  XXI.  De  verbis  :  Quàm  sunt  im- 
pervestigabiles  viie  ejus  ad.  Rom.  xi,  33. 

—  XXII.  De  verbis  :  Tempori  inservientes 
ad  Rom.  xii,  11.  —  XXIIf.  In  Rom.  xv, 

4.  -  XXIV.  In  I  Cor.,  v,  9.  —  XXV.  De 
Trinitate  ad  i  Cor.  viii,  6.  —  XXVI.  De 
lapsu  stantium  cavendo  ad  i  Cor.  x,   12. 

—  XXVII.  De  résurrections  non  creden- 
tium  ad  i  Cor.  xv,  22-29.  —  XXVIII.  De 
vindiciis  loci  ad  Ephes.  ii,  3  contra  Epis- 
copium.  —  XXIX.  Hominis  ratio,  hostis 
Dei  ad  Colos.  i,  21,  Argent.,  1667,  in-4o. 
-^  XXX.  De  communicatione  naturarum 
et  majestatis  in  personâ  Christi,  Col.  ii,  9, 
Argent.^  1667,  in-4o.  —  XXXI.  De  chiro- 
grapho,  quod  adverses  nos  erat,  ad  Col.  ii, 

14.  —  XXXII.  De  satisfactione  Christi  ad 
Col.  Il,  14.  —XXXIII.  De  Christo  sedente 
in  dextrd  Dei  ad  Col.  m,  1.  —  XXXIV. 
De  satisfactione  ad  i  Thess.  iv,  1-8.  — 
XXXV.  De  sufj^cientid  verbi  scripti  ad  ii 
Thess.  Il,  15.  —  XXXVI.  Ad  i  Tim.  m, 

15,  Aug.  Vind.,  in-4°.  —  XXXVII.  In  i 
Tim.  IV,  3.  —  XXXVIII.  In  i  Tim.  v, 
11,  12.  —  XXXIX.  In  I  Petr.  iv,  H.  — 
XL.  De  claritate,  perfectione  et  certitudine 

5.  Scripturee  dissert,  m  ad  ii  Petr.  i,  19, 
Argent.,  1664,  in-4".  —  XLI.   De  Epis- 


tolâ  Jacobi.  —  XLII.  Dissert,  m  in  Jacob. 
V,  14,  15.  —  XLIII.  De  vero  verœ  reli- 
gionis  propagandse  modo.  Argent.,  1667, 
in-4o.  —  XLIV.  Dissert,  m  deauctoritate, 
immutabilitate  et  transferibilitate  S.  Scrip- 
turse.  — XLV.  De  independentiâ  Dei.  Vent- 
être  la  même  dissert,  que  celle  qui  est  attri- 
buée à  Jean.  —  XL  VI.  De  bonitate  Dei.  — 
XLVII.  De  providentia  Dei.  —  XLVIII. 
De  personâ  Christi.  —  XLIX.  De  volun- 
tate  Christi.  —  L.  Dissert,  m  de  fide  bo- 
nos  fructus  pariente.  —  LI.  De  gratise  di- 
vinse  certitudine.  —  LU.  De  significatione 
voculse  ToùTo.  —  LUI.  De  Pentecoste.  — 
LIV.  Irène  Sirène,  seu  Exercitatio  ad  col- 
loquium  Cassellanum,  Argent.,  1663,  in-4o. 
Cet  écrit  ayant  été  attaqué,  Faust  répon- 
dit par  Exercitationis  ad  Colloq.  Cassel. 
defensio,  Argent.,  1666,  in-4o,  et  Dissen- 
sus  exercitationis  conti'à  Dissert,  collocu- 
toris  Cassellani,  Argent..  1667,  in-4o.  — 
LV.  Schulpredigt  tiber  Prov.  xii,  11.  — 
LVI.  Wahrer  Christen  Verleugnung.  — 
LVII.  Wahrer  Christen  Vereinigung  mit 
Jesu.  —  LVIII.  Predigt  iiber  i  Pet.  iv,  11. 

—  LIX.  Drey  sonntsegliche  Abetid-Predig- 
ten.  A  cette  longue  liste,  il  faut  ajouter, 
selon  Lipenius  :  LX.  De  communicatâ  Jesu- 
Christo  secundiim  humanam  naturam  sa- 
pienliâ,  Argent.,  1667,  in-4o.  —  LXI.  De 
scientiâ  divinâ,  Argent.,  1668,  in-4o.  — 
LXII.  De  diabolo,  Argent.,  1667,  in-4o. 

—  LXIII.  Episcopus  uxoratus.  Argent., 
1674,  in-4o.  Et  selon  Lelong  :  LXIV.  De 
serpente  protoplastorum  seductore,  Gen. 
m,  1,  2,  14,  Argent.,  1663,  in-4o.  — 
LXV.  De  inscriptione  Evaugelii  Matthœi  : 
Liber  generationis.  Argent.,  1677,  in-4o. 
On  voit  que  ces  thèses  roulent  sur  des 
questions  fort  intéressantes  pour  la  plupart, 
et  les  sujets  y  sont  traités  avec  une  grande 
érudition,  à  en  juger  par  celles,  en  petit 
nombre,  que  nous  avons  pu  nous  procu- 
rer. Nous  ne  connaissons  non  plus  que  de 
nom  La  vraye  réunion  des  chrestiens  en 
J.-C,  recueil  de  19  sermons  précédés  d'un 
prologue,  dirigé  contre  un  livre  du  jésuite 
Dey  intitulé  :  La  réunion  des  protestants 
de  Strasbourg  à  l'église  romaine;  Strasb. 
1687,  in-8o. 

FAUTEREL  (Jehan),  ministre  à  Fran- 
cheval  en  1564.  —  Hilaire  Fautrard,  natif 
de  Gueriiesey  (Hilarius  Fautrartusex  insula 
Gernezea  oriundus)  étudiant  à  Genève,  8 
août  1581  ;  pasteur  de  S'-Marlin  de  Ré  en 


439 


FAUTEREL 


FAVAS 


440 


1603.  —  (Jean),  ministre  à  Rennes  en 
1603.  —  (Claude),  ministre  à  Loudun  en 
1659,  fils  de  feu  Jean  Fautrard  ministre 
ef  de  Jeanne  Clemenceau,  épouse  au  tem- 
ple de  Charenton,  en  janv.  1659,  Marie, 
liile  de  Jacob  Joly  procureur  au  parlement 
et  de  Marie  Dasnières  ;  il  était  encore  pas- 
teur de  Loudun  en  1673  (Tt  330).  —  Ca- 
therine Fautrier,  de  La  Tour,  aux  vallées 
vaudoises,  morte  à  l'hôpital  de  Lausanne, 
1691.  Plusieurs  Fautrier,  dOrange,  assis- 
tés à  Genève,  1703.  —  Mme  de  Feautrier, 
détenue  au  fort  St-André  près  Salins, 
1700.  —  Justus  de  Fauvart,  étudiant  à 
Leyde,  chez  son  père,  1696.  —  Fauveau, 
consul  de  S'e-Foy,  1612.  — Jean  Fauvetxj, 
du  lieu  de  Malaigue  dioc.  d'Uzès  condam- 
né à  Montpellier,  17  mai  1741  :  «  ...At- 
tendu qu'il  a  été  trouvé  le  dimanche  des 
Rameaux  dernier,  par  un  détachement  du 
régiment  de  Noailles,  caché  dans  le  jardin 
dudit  J.  Fauvety,  plusieurs  livres  à  l'usage 
de  la  R.  P.  R.  nous  l'avons  condamné  et 
condamnons  à  rester  3  mois  en  prison  et 
en  une  amende  de  10  1.  au  profit  de  S.  M. 
qui  sera  payée  au  s'  de  la  Roque  receveur 
des  amendes  concernant  les  nouv.  conver- 
tis, ensemble  aux  frais  de  la  procédure 
que  nous  avons  taxez  a  30  liv.  Ordonnons 
que  les  dits  livres  consistant  en  4  volu- 
mes intitulez  :  Prières  pour  tous  les  jours 
de  la  semaine  par  Benedict  Pictet;  un  au- 
tre vol.  intitulé  Les  pseaumes  de  David  ap- 
prouvé par  les  pasteurs  de  Genève;  un 
autre,  le  Pseaume  de  Doctrine  avec  un  ser- 
mon imprimé  qu'on  trouva  sus  le  dit  Fau- 
vety, seront  brûlez  en  présence  du  sieur 
de  Chazel  que  nous  avons  commis  à  cet 
etïet...  »  (reg.  du  Consist.  de  Nîmes).  — 
Jean  Pauvre,  de  l'île  de  Rhé,  chirurgien, 
71  ans,  assisté  à  Londres,  1706.  —  Pierre 
FauxoUe,  de  Picardie,  55  ans,  et  sa  fem- 
me, 65,  id.,  id.  —  Matthieu  Fauvite,  de 
Livron^  assisté  à  Genève,  1700.  —  De 
Faux,  ministre  à  Chatelleraut,  1581.  — 
Antoinette FaMJ^,  de  Romans,  «d!.,1690. 

FAVAR,  nombreuse  famille  de  Puylau- 
rens,  dont  quelques  membres  occupèrent 
les  premières  charges  consulaires  de  1570 
à  1685.  L'un  d'eux,  Philippe,  fils  de  Ma- 
thieu, chirurgien,  et  de  Jeanne  Lafon 
(morte  le  3  janvier  1678),  étudia  la  théo- 
logie à  Genève,  1661,  puis  à  Puyiaurens, 
sa  ville  natale,  et  fut  reçu  pasteur  dans  le 
synode  provincial   tenu   à   Mauvezin   en 


1664.  D'abord  alTeclé  à  l'église  de  Si- 
Amans-Labastide,  il  fut  ensuite  appelé  à 
Cuq-Toulza,  en  1684.  A  la  révocation,  il 
passa  au  catholicisme  et  mourut  pendant 
une  épidémie  de  pourpre  qui  régna  à  Puy- 
iaurens en  1692.  —  Un  de  ses  frères, 
Favar  de  Missègle,  sortit  de  France  en 
1685.  —  On  retrouve  les  F'avar  dans  les 
registres  du  Désert  :  Jean-Philippe,  fils  de 
feu  Philippe  et  d'Elisabeth  Dubosc,  de 
Puyiaurens,  épousa  Jeanne  Dubosc  de- 
Robert,  fille  de  noble  Abraham  de  Robert, 
sieur  Dubosc,  et  de  Claudine  de  Bonvilar, 
de  Sarèze,  le  15  juin  1762.  De  cette  union 
naquirent  :  1»  Abraham.  15  avril  1763, 
présenté  au  bapt(^me  au  Désert,  le  même 
jour,  par  Jean-Pierre-Frédéric  de  Robert  ; 

—  2°  Henry,  1er  juin  1764,  présenté  par 
Henry  Dubosc,  sieur  Du  Pesquier,  et  par 
Claudine  de  Monbartier  ;  —  3°  Marie - 
Delphine-F'rédérique,  1766,  qui  épousa 
Pierre  Fargues  en  1788  :  —  4o  Antoine- 
Philippe,  1768  ;  —  5o  Jean-Philippe,  1771  ; 

—  6o  Elisabeth,  1772;  —  7o  Aimé-Henry, 
présenté  par  Henry  Rech  de  Laval  et  Anne 
de  Bonvilar,  le  16  nov.  1776.  —  Pierre 
F'avar,  ancien  capitaine,  avait  laissé  une 
veuve.  Rose  de  Gineste,  laquelle  mourut 
au  Grand-Jon,  âgée  de  86  ans,  en  1781 
(I^radel).  —  Jean  Favarel  sieur  de  Cam- 
pan,  fils  de  feu  Jean  s""  de  Molinar  et 
d'Anne  de  Donadieu,  épouse  au  temple  de 
Charenton,  août  1630,  Anne  fille  de  Nico- 
las de  Jaquinot  premier  valet  de  la  garde- 
robe  et  de  Marguerite  Mandat.  —  Jean- 
Henry  Favar ger,  de  Nîmes,  étudiant  en 
théologie  à  Genève,  1707.  —  Veuve  Fa- 
vart,  née  Gautier,  de  Soinmières,  assistée 
à  Genève  avec  2  enfants,  1708. 

FAVAS  (Jean  de),  ou  Fabas  si  l'on 
prononce  à  la  manière  gasconne,  gentil- 
homme des  environs  de  Bordeaux  mort  en 
1548,  avait  épousé,  19  juill.  1529,  Marie 
dame  d'Orries  ou  Auries  (comm,  de  La- 
daux,  arr.  de  La  Réole)  et  de  ce  mariage 
étaient  nés  trois  enfants.  L'aîné  Jean, 
jeta  un  certain  lustre  sur  sa  maison  en 
faisant  parler  dans  les  guerres  de  religion 
de  son  courage  et  de  ses  talents  militaires 
[Haag,  V  82].  Il  ne  reste  malheureusement 
qu'un  lambeau  (26  pages)  d'un  grand  ca- 
hier in-folio  dans  lequel  il  avait  tracé  de 
sa  propre  main,  sur  la  fin  de  ses  jours,  le 
récit  de  ses  aventures  ^  On  y  voit  que, 

*  Il  occupe  45  pages  du  1"  volume  des  Publi- 


441 


FAVAS 


442 


tout  jeune  encore,  il  se  rendit  en  Espagne 
pour  faire  la  connaissance  d'une  partie  de 
sa  famille  qui  était  de  ce  pays  et  que  là  il 
fit  ses  premières  armes.  Il  eut  affaire  aux 
Turcs.  Blessé  et  pris  sur  une  galère  espa- 
gnole, il  fut  emmené  en  esclavage  à  Tri- 
poli ;  mais  racheté,  peu  de  mois  après,  il  se 
hâta  de  regagner  la  France.  Sa  narration 
continue  en  usant  d'une  orthographe  inso- 
lite, reproduction  fidèle  de  la  prononcia- 
tion gasconne  du  français  et  nous  fait  as- 
sister à  ses  débuts  dans  la  vie  évangéli- 
que  : 

Je  trubé  à  mon  retour  que   fu  ma 

mère  estoict  de  la  Religion  ;  que  a  cause 
de  sella  on  avoit  pillié  sa  meson  et  fet 
forses  ravages  à.  mon  bien  combien  que 
j'estois  fort  papiste,  aiant  esté  tous  jours 
nourry  parmy  les  Espaignolz.  Geste  diver- 
sité de  religion  je  la  trubois  fort  estrange 
et   mesmeman   de  voir  ma   dicte  mère  sy 

afectionée  comme  elle  estoit —  Fu  ma 

mèi'e  quy  avoit  ung  extrême  zelle  en  sa  re- 
ligion fezoict  tout,  tout  ce  qu'elle  pouvoict, 
pour  me  convertir  [en  marge  :  1547].  Mes 
pour  lors  mon  âge  et  le  monde  avoict  plus 
de  pouvoir  sur  moy  que  les  sainctes  remons- 
trances  de  fu  ma  mère  et  la  vérité  de  la 
Parolle  de  Dieu.  Toutesfois  voian  qu'elle 
ne  pouvoict  gaigner  sella  sur  moy,  elle 
m'atacha  par  ung  sereman  qu'elle  eust  de 
moy,  quy  fut  que  où  il  adviendroit  que  la 
guerre  revînt  je  luy  promis  nonobstant  ma 
religion  d'aporther  les  armes  avesques  seulx 
de  la  Religion  ;  ce  que  je  luy  promis.  Elle 
fut  infiniment  aize  d'avoir  araché  ceste  pro- 
messe, la  quelle  elle  manifesta  aussytost  a 
mesieurs  de  Monguion,  de  Languoiran,  des 
Rois  *  et  de  Beauron  qui  pour  lors  estoient 
sulx  qui  avoict  toute  créansce  dens  le  païs  ; 
et  me  truban  a  Bordeaulx  ilz  me  firet  en- 
tendre l'asuransce  que  fu  ma  mère  leur 
avoict  donée  de  moy  ;  de  quoy  je  lur  con- 
firmé. Et  encore  que  je  ne  fuse  de  la  Reli- 
gion, si  esse  quilz  se  conflaret  telleman  de 
de  moy  quilz  me  descouvriret  beaucoup  de 
lurs  afaires 


cations  de  la  Soc.  des  Bibliophiles  de  Guyenne 
(1868  in-8''),  où  il  est  l'objet  (p.  161-234)  d'une 
intéressante  notice  de  M'  H.  Barckhausen. 

1  Ce  sont  Fiançois  de  La  Rochefoucauld,  ba- 
ron de  Montandre  et  de  Montguyon,  Guy  de 
Montferrand,  baron  de  Langoiran  et  Pons  de  So- 
lignac,  seigneur  des  Rois  (Barckhausen).  Voy.  ci- 
dessus,  I,  col.  647  et  suiv.  l'arrêt  du  parlem.  de 
Bordeaux  rendu  contre  eux  et  565  autres,  en  1569. 


C'est  ainsi  que  ce  jeune  homme  qui 
avait  su  résister  si  fermement  à  une  mère 
vénérée  (ses  précieux  mémoires  sont  bien 
regrettables)  entra  peu  à  peu,  par  la  voie 
d'une  conviction  qui  eut  tout  le  temps  d'ê- 
tre mûrement  réfléchie,  dans  le  protestan- 
tisme, dont  il  devint  un  des  vaillants  sou- 
tiens. Il  y  avait  longues  années  déjà  qu'il 
guerroyait  dans  les  rangs  huguenots  lors- 
qu'il se  jeta,  n'ayant  à  sa  suite  que  120  ca- 
valiers et  100  fantassins  dans  Mont-de- 
Marsan  (1559),  disposé  à  défendre  vigou- 
reusement cette  place  contre  Moulue  qui 
la  menaçait.  Mais  il  avait  affaire  à  un  ad- 
versaire d'une  activité  merveilleuse,-  qui 
dans  un  moment  où  sa  vigilance  s'était  re- 
lâchée, lui  enleva  la  ville  et  le  força  à 
s'enfermer  dans  le  château.  Quelques  jours 
après,  Favas  fut  réduit  à  capituler.  «  Pour 
ce  que  je  voyois,  raconte  Moulue,  que  M. 
de  Savignac  et  le  capitaine  Fabien  vou- 
loient  faire  sauver  Favas,  et  qu'ils  vou- 
loient  lui  faire  bonne  guerre,  parce  qu'il 
étoit  en  réputation  d'estre  bon  soldat,  je 
leur  dis  qu'ils  allassent  capituler,  comme 
bon  leur  sembleroit,  je  signerois  leur  capi- 
tulation, combien  que  j'eusse  bonne  envie 
d'en  faire  une  depesche.  Voilà  pourquoy, 
quand  ils  se  furent  départis  de  moy,  je  fis 
partir  après  eux  un  gentilhomme,  pour  al- 
ler parler  secrettement  aux  soldats  et  à 
quelques  capitaines,  que  comme  on  parle- 
menteroit,  qu'ils  regardassent  d'entrer  par 
un  costé  ou  autre  et  qu'ils  tuassent  tout.  » 
Cet  ordre,  digne  de  celui  qui  le  donnait, 
fut  si  bien  exécuté  que  vingt-cinq  gentils- 
hommes seulement  échappèrent  au  massa- 
cre. Favas  fut  du  nombre.  Désespéré  de 
cet  échec,  il  quitta  la  France  et  alla  com- 
battre de  nouveau  les  Turcs  sous  le  dra- 
peau de  don  Juan  d'Autriche.  Après  la  ba- 
taille de  Lépante,  il  rentra  dans  sa  patrie, 
et  l'année  suivante,  27  janv.  1572,  il  épou- 
sa Louise  de  Chassaigne,  veuve  de  Gaston 
d'Arzac,  seigneur  de  Castets. 

Quatre  ans  plus  tard,  nous  trouvons  Fa- 
vas commandant  à  Bazas  pour  le  roi  Henri 
III.  Un  de  ses  cousins,  le  sieur  de  Gasc, 
de  Bordeaux,  recherchait  en  mariage  une 
jeune  fille  de  cette  ville.  Le  beau-père 
s'opposant  à  une  alliance  que  la  mère  ap- 
prouvait, Favas  .le  fit  assassiner;  puis, 
pour  se  soustraire  au  châtiment  de  son  cri- 
me, il  s'empara  de  la  ville,  et  se  soumit  à 
l'autorité  du  roi  de  Navarre,  à  qui  il  reu- 


443 


FAVAS 


444 


dit  de  très  grands  services,  en  reconnais- 
sance desquels  ce  prince  lui  fit  accorder 
une  abolition  spéciale  par  l'art.  28  du 
traité  de  Fleix. 

En  1577,  Pavas,  de  concert  avec  Sully, 
prit  LaRéole  par  escalade,  le 6  janv.,  et  la 
livra  au  pillage.  Nommé  gouverneur  de 
cette  place,  il  ne  cessait,  raconte  d'Aubi- 
gué,  de  courir  les  environs,  tenant  les  ca 
tholiques  en  haleine,  prenant  une  part  ac- 
tive à  toutes  les  entreprises  où  il  y  avait 
un  danger  à  affronter,  et  incommodant 
fort  Bordeaux.  Il  enleva  en  leur  logis  six 
enseignes  de  Basques  dans  le  pays  de  Be- 
nauges,  battit  à  Targon  les  troupes  du  sé- 
néchal du  Quercy,  détruisit  les  bandes  du 
sieur  de  Lardimalie  qui  avait  inutilement 
tenté  de  s'emparer  de  Bazas,  emporta  en 
plein  jour  et  incendia  Pontdaurat,  se  ren- 
dit maître  de  Langon,  attira  Lardimalie 
dans  une  embuscade,  le  tailla  en  pièces, 
et  se  saisit  d'Ambarez. 

L'histoire  ne  nous  apprend  pas  quelle 
part  Favas  prit  à  la  guerre  dite  des  Amou- 
reux, à  laquelle  il  s'était  vainement  opposé 
dans  le  conseil  du  roi  de  Navarre.  Nous 
ne  le  retrouvons  qu'en  1586.  En  cette  an- 
née, le  parlement  de  Bordeaux  qui  le 
haïssait  autant  qu'il  le  redoutait,  supplia 
Matignon  et  Mayenne  de  mettre  le  siège 
devant  Castets.  On  avait  déjà  tiré  plu- 
sieurs centaines  de  coups  de  canon  contre 
les  murailles,  lorsque  la  nouvelle  que  Fa- 
vas s'avançait  à  la  tête  de  400  arquebusiers 
pour  secourir  son  château,  décida  les  ca- 
tholiques à  entrer  en  négociation.  La  gar- 
nison sortit  vie  et  bagues  sauves,  Gastets 
fut  remis  à  MayennÇ,  et  Favas  reçut  12,000 
écus  d'or  à  titre  d'indemnité.  Le  vaillant 
capitaine  continua  à  guerroyer  sous  Tu- 
renne  et  Vivans  contre  l'armée  des  Ligueurs 
qu'il  harcela  sans  relâche  sur  les  deux  ri- 
ves de  la  Dordogne.  L'année  suivante,  il 
assista  à  la  bataille  de  Contras  où  il  se 
comporta  bravement.  On  raconte  que 
voyant  l'escadron  du  comte  de  Soissons 
tourner  bride,  il  rallia  les  fuyards  en  leur 
criant  :  «  Vous  vous  égarez,  l'ennemi  est 
de  ce  côté.  Prenez  donc  le  chemin  le  plus 
court  pour  aller  à  lui.  »  Quelque  temps 
après,  au  retour  de  l'assemblée  de  La  Ro- 
chelle, où  il  avait  accompagné  le  roi  de 
Navarre,  il  enleva  aux  Ligueurs  Vie-Fezen- 
sac  et  Nogaro  ;  puis  il  alla  rejoindre  Henri 
IV  qu'il  suivit  dans  toutes  ses  campagnes 


jusqu'à  la  reddition  de  Paris,  en  1594. 
Quelques  mois  après,  il  fut  renvoyé  dans 
le  midi  avec  La  Force.  En  1597,  il  prit  part 
aux  travaux  de  l'assemblée  de  Sainte-Foy 
qui  le  nomma  membre  du  Conseil  élu  con- 
formément au  Règlement  de  Saumur  (Tt. 
313).  La  même  année,  il  emporta  Agen 
par  escalade  ;  mais  ses  soldats  s' étant  dis- 
persés pour  le  pillage,  il  fut  attaqué  et 
obligé  de  se  retirer,  toujours  combattant, 
jusqu'à  Lésignan. 

En  récompense  de  ses  services,  Favas 
avait  été  nommé  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi,  maréchal  de  camp,  ca- 
pitaine de  50  hommes  d'armes,  gouverneur 
du  Condomois  et  de  l'Albret.  En  avril 
1605,  Henri  IV  érigea  en  vicomte  sa  terre 
de  Caste ts-en-Dorthe.  Il  mourut  en  1614, 
ne  laissant  qu'un  fils,  nommé  Jean  comme 
son  père.  Ce  fils  a  joué  un  rôle  considéra- 
ble, mais  fatal,  dans  le  parti  protestant. 

Député  par  la  basse-Guienne  à  l'assem- 
blée politique  de  Grenoble,  Jean  de  Favas, 
vicomte  de  Castets,  s'y  montra  un  des 
plus  exaltés.  Il  fut  chargé  par  ses  collègues 
d'une  mission  dans  la  Guienne  et  le  Béarn. 
Du  Plessis-Mornay  affirme  qu'il  s'agissait 
seulement  de  recommander  la  vigilance  et 
la  prudence  aux  huguenots  de  ce  pays,  et 
d'exhorter  les  gouverneurs  des  places  de 
sûreté  à  les  mettre  en  état  de  défense.  Si 
tel  était  le  but  de  la  mission  du  vicomte 
de  Castets,  il  fut  dépassé.  Dans  une  assem- 
blée tenue  à  Villefranche,  on  résolut  d'ar- 
mer pour  s'opposer  aux  mariages  espa- 
gnols, et  Favas  s'empressa  de  rassembler 
des  troupes  à  Casteljaloux,  dont  il  était 
gouverneur.  Instruit  de  yarrivée  de  la 
reine-mère,  il  se  n)it  en  campagne  pour 
lui  disputer  le  passage  ;  mais,  raconte 
Fontenay-Mareuil,  le  duc  de  Guise  ayant 
fait  marcher  toute  sa  cavalerie  contre  lui, 
«  il  en  eust  tant  de  peur  qu'il  tourna  vi- 
sage avec  toute  sa  compagnie,  et  rentrant 
dans  la  ville  ne  parust  plus  despuis.  » 

Député  de  nouveau  à  l'assemblée  politi- 
que de  Loudun,  Favas  fut  porté  avec  Châ- 
teauneuf,  Vérac,  Monnereau,  Chalas  et 
Malleray,  sur  la  liste  des  candidats  à  la  dé- 
putation  générale,  et  malheureusement  le 
choix  du  gouvernement  se  fixa  sur  lui. 

Au  rapport  du  même  Fontenay-Mareuil, 
Favas,  comme  député  général  des  églises 
réformées,  se  trouvait  en  grande  considé- 
ration à  la  Cour  et  tirait  beaucoup  d'argent 


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FAVAS 


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du  roi.  (>elte  position  brillante  ne  satisfit 
pas  son  ambition  ;  il  demanda  pour  son  fils 
le  gouvernement  de  Lectoure,  et  les  mi- 
nistres ne  semblant  pas  disposés  à  le  lui 
donner,  il  s'imagina  qu'il  vaincrait  leur 
résistance  en  leur  suscitant  des  embarras. 
Il  écrivit  donc  à  La  Rochelle  que  la  Cour 
n'avait  point  l'intention  de  tenir  les  pro- 
messes faites  à  l'assemblée  de  Loudun  et 
que  le  moment  était  venu  pour  elle  de 
convoquer  l'assemblée  générale,  suivant 
le  pouvoir  qu'elle  en  avait  reçu.  Les  ma- 
gistrats de  La  Rochelle,  sentant  la  res- 
ponsabilité qu'ils  allaient  assumer,  ne 
voulurent  rien  précipiter.  Ils  consultè- 
rent Du  Plessis-Mornay  qui  leur  conseilla 
sagement  de  s'adresser  d'abord  à  Lesdi- 
guières  et  à  ChcUillon,  pour  les  inviter  à 
réclamer  du  Prince  et  de  Luynes  l'exécu- 
tion de  leurs  promesses.  Rohan  donna  le 
même  conseil  ;  malheureusement  ils  ne  fu- 
rent pas  écoutés,  et  Favas,  qui  n'était  di- 
rigé en  toute  cette  affaire  que  par  son  in- 
térêt personnel,  l'emporta  sur  les  seigneurs 
les  plus  prudents  du  parti.  L'assemblée  fut 
donc  convoquée,  (quoique  la  Cour  eût, 
dans  l'intervalle,  donné  satisfaction  aux 
griefs  légitimes  des  protestants,  en  remet- 
tant un  gouverneur  protestant  dans  la  ville 
de  Lectoure,  en  nommant  deux  conseillers 
de  la  Religion  à  la  Chambre  de  l'édit  de 
Paris  et  en  confirmant  pour  quatre  ans 
aux  réformés  la  garde  des  places  de  sû- 
reté. Les  choses  ne  tardèrent  pas  à  être 
portées  à  l'extrême,  et  Favas  y  contribua 
plus  que  personne  par  ses  imprudences  et 
ses  faux  avis,  comme  l'assemblée  elle- 
même  le  lui  reprocha  plus  tard. 

Pendant  quelques  mois  encore,  Favas 
resta  à  la  Cour  «  pour  trouver  le  moyen 
de  faire  ses  affaires  ;  »  ce  fut  seulement 
quand  les  hostilités  s'ouvrirent,  que  ne  s'y 
croyant  plus  en  sûreté,  il  partit  pour  La 
Rochelle  où  on  le  vit  arriver,  le  22  avril 
1621,  nous  raconte  Castelnaut,  «  tout  ma- 
lade et  mélancolique,  et  avec  cela  bien 
étonné.  »  Il  avait  promis  au  roi  d'employer 
toute  son  influence  pour  amener  l'assem- 
blée à  se  séparer,  et  il  ne  négligea  rien,  au 
contraire,  pour  aigrir  les  esprits  et  les  por- 
ter à  la  guerre.  Il  y  réussit  si  bien  qu'il 
fit  rejeter  d'une  manière  presque  offensante 
la  médiation  offerte  par  Du  Plessis-Mor- 
nay, Rohan  et  La  Trémoille.  Pour  le  con- 
soler de  la  perte  d'une  pension  de  26,090 


livres,  qui  fut  naturellement  supprimée, 
l'assemblée  lui  maintint  ses  appointements 
de  député  général  et  lui  fit  obtenir  la  charge 
de  lieutenant  du  maire  de  la  ville. 

Pendant  quelques  mois,  les  députés  des 
églises  et  le  vicomte  de  Castets  marchèrent 
en  parfait  accord.  S'il  assistait  rarement 
aux  séances  de  l'assemblée  qui  l'avait 
nommé  avec  Lescun,  Clemenceau,  Menuau 
et  La  Taulle,  membre  d'une  commission 
chargé  de  recevoir  les  avis  secrets,  Favas, 
par  contre,  déployait  une  grande  activité 
dans  la  direction  des  opérations  militaires. 
Au  mois  de  juin  1621,  pendant  le  siège 
de  Saint-Jean-d'Angély,  il  tenta  avec  La 
Noue  et  Bessay  une  diversion  dans  le  bas 
Poitou,  à  la  tête  de  1200  hommes  ;  mais  il 
fut  battu  par  Praslin  et  se  retira  précipi- 
tamment après  avoir  pillé  ou  rançonné 
quelques  bourgades.  Il  ne  fut  pas  plus 
heureux  dans  deux  autres  entreprises, 
l'une  sur  le  château  de  La  Gremenaudière, 
l'autre  sur  Nouaillé.  Ces  revers  constants 
étaient  bien  propres  à  calmer  l'étrange  en- 
gouement dont  l'assemblée  s'était  prise 
pour  lui  ;  cependant,  ce  qui  commença  à 
altérer  la  bonne  harmonie,  ce  fut  la  nou- 
velle apportée  sur  ces  entrefaites,  que  par 
ordre  de  son  père,  le  jeune  Favas  avait 
rendu  sans  résistance  Castets  et  Caslelja- 
loux  où  il  commandait,  quoique  ces  deux 
places  de  sûreté  ne  fussent  nullement  me- 
nacées, éloignées  qu'elles  étaient  de  plus 
de  douze  lieues  de  la  route  que  le  roi 
devait  prendre  pour  marcher  contre  Mon- 
tauban.  L'indignation  de  l'assemblée  était 
d'autant  plus  légitime  que,  très  peu  de 
temps  auparavant,  Favas  s'était  engagé  à 
retenir  l'armée  royale  au  moins  un  mois 
devant  Castets.  si  les  églises  consentaient 
à  l'indemniser  de  la  ruine  probable  de  son 
château,  et  une  convention  avait  été  signée 
à  cet  effet.  Dès  fors  do  graves  soupçons 
s'éfevèrent  confiée  lui  ;  on  se  persuada 
qu'il  n'attendait  qu'une  occasion  propice 
pour  faire  sa  soumission  en  laissant  l'as- 
semblée se  tirer  comme  elle  pourrait  du 
péril  où  il  l'avait  précipitée.  Cependant  la 
conquête  de  l'île  d'Oléron  qu'il  fit,  au  mois 
de  nov.,  de  concert  avec  Soubise  et  Saint- 
Surin,  dissipèrent  pour  un  instant  les  mé- 
fiances. Afin  d'éviter  une  collision  entre 
Soubise  et  Favas,  l'assemblée  nomma  ce 
dernier  lieutenant-général  dans  la  basse 
Guienne  et  l'envoya  dans  le  Médoe  avec 


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FAVAS 


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des  troupes,  au  mois  de  janv.  1622.  Aus- 
sitôt le  parlement  de  Bordeaux  rendit  un 
arrêt  qui  le  condamnait  à  perdre  la  tête 
sur  l'échafaud  et  à  la  confiscation  de  ses 
biens;  mais  cette  sentence  n'empêcha  pas 
Favas  de  se  saisir  de  Soulac  et  de  l'île 
d'Argenton,  de  ravager  tout  le  Médoc  et 
de  brûler  jusque  sous  les  murs  de  Bordeaux 
les  maisons  des  conseillers  qui  venaient  de 
le  condamner.  Cependant  la  fortune  l'aban- 
donna. Battu  à  Saint- Vivien,  il  s'enferma 
dans  Soulac  qu'il  travailla  activement  à 
fortifier,  et  écrivit  à  l'assemblée  pour  de- 
mander des  secours.  Comme  on  ne  pouvait 
lui  en  envoyer,  on  le  rappela.  Irrité  de 
cette  espèce  de  destitution  et  plus  irrité 
encore  de  l'accueil  hostile  de  la  populace 
de  La  Rochelle  qui  lui  lança  de  la  boue  et 
des  pierres,  Favas,  d'une  humeur  fière  et 

'  impérieuse,  affecta  de  ne  plus  paraître  aux 
séances  ;  bien  plus,  il  somma  l'assemblée 
de  lui  payer  ses  appointements  de  député 
général  avec  les  arrérages,  quoiqu'il  sût 
parfaitement  combien  grands  étaient  les 
embarras  pécuniaires.  La  Compagnie  ré- 
pondit, 14  avril,  qu'elle  n'avait  pas  en- 
tendu précisément  s'obliger  à  lui  payer  son 
traitement,  mais  seulement  s'employer  à 
le  lui  faire  payer  ;  que  cependant,  «  dans 
le  désir  de  le  gratifier,  »  elle  le  compren- 
drait dans  les  distributions  des  députés  de 

\  l'ordre  de  la  noblesse.  En  même  temps, 
elle  l'invita  à  venir  rendre  compte  de  sa 
conduite  dans  le  Médoc.  Au  lieu  d'obéir, 
comme  son  devoir  l'y  obligeait,  Favas 
partit  le  lendemain  pour  l'île  d'Oléron. 
Quelques  jours  après,  instruit  du  danger 
que  Royan  courait,  il  vola  à  sou  secours 
avec  quelques  hommes  et  s'opposa  à  la  ca- 
pitulation que  Saint-Surin  voulait  signer, 
ce  qui  retarda,  mais  de  quelques  jours 
seulement  la  reddition  de  cette  ville.  Il 
retourna  ensuite  à  La  Rochelle  où  la  lutte 
ne  tarda  pas  à  s'engager  de  nouveau  entre 
lui  et  l'assemblée,  plus  vive  et  plus  passion- 
née que  jamais.  A  l'attaque  de  Favas  qui 
avait  fait  assigner  au  présidial  le  président 
de  l'assemblée  pour  le  faire  condamner  à 
lui  payer  ses  appointements  de  député  gé- 
néral, la  Compagnie  répondit  en  faisant 
dresser  contre  lui  un  acte  d'accusation  en 
forme.  Elle  lui  reprocha  d'avoir  {)0ussé  les 
affaires  à  l'extrême  dans  son  intérêt  et, 
depuis  son  arrivée  à  La  Rochelle,  de 
s'être  montré  «  froid  et  retenu  aux  affaires 


les  plus  importantes,  »  refusant  de  mani- 
fester son  opinion,  se  plaignant  sans  cesse 
du  préjudice  que  lui  causait  son  absence 
de  la  Cour,  et  pressant  l'assemblée  de  le 
dédommager  de  la  perte  de  ses  pensions. 
Dans  l'espoir  de  le  satisfaire,  l'assemblée 
lui  avait  conféré  la*  lieutenance  du  maire 
de  La  Rochelle  et  lui  avait  continué  son 
traitement  de  député  général.  On  lui  avait 
donc  donné  le  double  des  appointements 
des  députés  de  la  noblesse.  Peu  de  temps 
après,  Favas  se  disant  appelé  dans  la 
basse  Guienne,  on  lui  avait  accordé  le 
titre  de  lieutenant-général  en  cette  province. 
L'assemblée  s'était  même  engagée  à  l'in- 
demniser de  la  ruine  de  Castets,  si  cette 
ville  tenait  non  pas  deux  mois,  comme  il 
le  promettait,  mais  un  mois  seulement,  et 
il  l'avait  rendue  sans  résistance,  ainsi  que 
Casteljaloux.  On  l'accusa,  en  outre,  de 
s'être  approprié  tout  le  butin  de  Soulac, 
d'avoir  affecté  des  allures  d'indépendance, 
d'avoir  refusé,  à  son  retour,  de  rendre 
compte  de  sa  mission.  Plus  tard,  il  est 
vrai,  il  s'était  présenté  devant  l'assemblée, 
mais  pour  lui  réclamer  de  l'argent,  et, 
comme  elle  ne  pouvait  lui  en  donner,  il 
l'avait  fait  assigner  en  la  personne  de  son 
président  par -devant  l'assesseur  et  lieute- 
nant criminel  de  la  ville.  On  lui  reprocha 
ensuite  d'avoir  cherché  à  décourager  les 
défenseurs  de  Royan  (ce  qui  n'était  pas 
exact),  et  d'avoir  fait  saisir  les  deniers 
destinés  au  secours  de  cette  ville.  En  con-  f 
séquence,  l'assemblée  le  déposa  de  sa  ■■. 
charge  de  député  gt  néral,  17  mai  1622,  et^ 
révoqua  tous  les  pouvoirs  qui  lui  avaient 
été  accordés  (Brienne,  no  225).  La  nou- 
velle de  la  mort  du  jeune  vicomte  de  Cas- 
tets, qui  arriva  à  La  Rochelle  sur  ces  en- 
trefaites, fit  suspendre  la  publication  du 
décret  de  destitution.  Ce  reste  d'égards 
toucha  Favas  qui  promit,  le  8  juin,  de 
donner  satisfaction  à  l'assemblée  ;  mais  il 
revint  bientôt  sur  sa  résolution,  en  sorte 
que,  le  11  juillet,  l'assemblée  fit  signifier  le 
décret  de  déposition  aux  magistrats  de  La 
Rochelle  par  trois  de  ses  membres,  Saint- 
Simon,  Hespérien  et  La  Milletière  de  Paris. 
Ce  fut  alors  que  la  municipalité  rochelloise, 
qui  avait  jusque  là  témoigné  la  plus  grande 
déférence  à  Favas,  intervint  dans  la  lutte. 
Le  corps  de  ville,  sans  tenir  compte  du  dé- 
cret de  l'assemblée  et  comme  pour  la  braver, 
le  maintint  dans  ses  fonctions  de  lieutenant 


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du  maire,  et  les  troupes  refusèrent  d'obéir  à 
La  Noue  que  l'assemblée  lui  avait  donné 
pour  successeur.  De  son  côté,  l'assemblée 
irritée  aggrava  la  peine  du  réfractaire,  en 
le  déclarant  «  déserteur  de  l'union  des 
églises  »  et  en  exhortant  «  tous  ceux  qui 
désiroient  demeurer  en  ladite  union  de  ne 
luy  adhérer  en  façon  que  ce  soyt,  ains  de 
rejetter  toutes  propositions  qui  leur  pour- 
roient  estre  faictes  de  sa  part.  »  Ce  décret 
fut  envoyé  aux  provinces  et  aux  consistoi- 
res, qui  furent  invités  en  même  temps  à 
procéder  contre  lui  selon  la  Discipline  ec- 
clésiastique et  les  arrêts  des  synodes  natio- 

{  naux.  Dès  qu'il  en  reçut  l'avis,  le  consis- 
toire de  La  Rochelle  se  hâta  d'y  obéir 
en  frappant  le  coupable  d'excommunica- 

:  tion, 

Energiquement  soutenu  par  le  corps  de 
ville,  Favas  aurait  pu  prolonger  ce  dange- 
reux conflit  ;  mais  on  doit  le  dire  à  son 
honneur,  il  ne  le  voulut  pas,   et  malgré 

\  les  instances  de  la  municipalité,  il  donna 

I  volontairement  sa  démission  de  lieutenant 
;  du  maire.  N'ayant  pu  l'en  dissuader,  les 
'  magistrats  rochellois  le  firent  remercier  de 

sa  fidélité  et  de  son  zèle,  en  le  priant  de 
ne  pas  priver  la  ville  de  son  assistance 
bienveillante.  Favas  continua  donc  a  as- 
sister au  conseil.  L'assemblée  s'en  étant 
plainte,  on  lui  répondit  sèchement  que  le 
maire  était  libre  de  convoquer  qui  il  vou- 
lait. Quelque  temps  après  cependant,  le 
conseil  de  ville  lui  ayant  accordé  les  certi- 

II  ficats  les  plus  honorables  et  la  promesse 
ï  d'une  protection  efficace  pendant  la  guerre 
f  et  après  la  paix,  il  alla  s'établir  avec  quel- 
j  ques  troupes  dans  la  Tour  de  Cordouan 
)  (l'oti  il  levait  des  contributions  snr  le  litto- 
ral et  inquiétait  Royan.  Lorsque  la  paix 
fut  conclue,  le  conseil  de  ville  lui  envoya 
Jean  Bernon  pour  lui  annoncer  qu'il  pou- 
vait revenir  à  La  Rochelle^  oii  il  se  rendit, 
après  avoir  fait  sa  soumission  au  roi. 
Malgré  les  démarches  des  Rochellois,  il 
ne  fut  pas  rétabli  d;ins  sa  charge  de  député 
général  ;  mais  il  reçut  en  échange  le  bre- 
vet de  conseiller  d'Etat.  Dès  lors  il  se  re- 
tira des  affaires  publiques  et  passa  le  reste 
de  ses  jours  dans  ses  terres  où  il  mou- 
rut, le  29  juillet  1654.  Beaucoup  d'am- 
bition et  un  peu  d'avarice  l'avaient  entraîné 
dans  des  fautes,  que  le  parti  protestant 
expia  durement.  Il  est  impossible  de  ne 
pas  blâmer  sévèrement  sa  conduite  ;  mais 


sa  vie  prouve  qu'il  ne  se  rendit  au  moins 
pas  coupable  de  trahison,  comme  on  l'en 
accusa. 

Jean  de  Favas  avait  épousé,  2  août  1592, 
Catherine,  fille  de  François  de  Gauthier, 
sieur  de  Camiran,  maître  des  requêtes,  et 
de  Bertrande  de  Gasc.  Outre  deux  filles, 
nommées  Marie  et  Bertrande,  et  mariées, 
la  première  à  Jean  de  Gontaut,  comte  de 
Cabrerès,  puis  au  sieur  de  Viçose,  et  la 
seconde  au  comte  Olivier  de  Poudenac,  il 
en  eut  un  fils,  Jean,  vicomte  de  Castets, 
qui  se  signala,  en  1621,  par  la  défense  de 
Monheurt  et  de  Nérac,  et  en  1622,  au 
siège  de  Tonneins-Dessus.  «  Par  suite  de 
la  mauvaise  nourriture  et  de  la  fatigue 
qu'il  avoit  soufferte,  lit-on  dans  les  Mémoi- 
res de  Castelnaut,  il  tomba  malade  à  Chi- 
rac et  mourut  quelques  jours  après  son  ami 
et  compagnon  d'armes  Monpouillan.  » 

Resté  veuf,  Jean  de  Favas  contracta,  en 
1614,  un  second  mariage  avec  Marthe  de 
Pierre- Buffière,  fille  du  gouverneur  du  Li- 
mousin, et  il  en  eut  Jeanne,  femme  de 
Pierre  de  Caumont  baron  d'Aymet. 

Voy.  n.  Barckhausen,  Publications  delà  Soc.  des 
bibliophiles  de  Guyenne,  t.  I.  —  Anatole  Barthé- 
lémy, Biblioth.  de  l'Ec.  des  chartes,  t.  VII,  p. 
545. 

2.  Il  y  eut  dans  la  même  contrée,  la 
sénéchaussée  de  Bordeaux,  plusieurs  autres 
familles  du  même  nom  de  Favas,  notam- 
ment celle  de  Pierre  de  Favas  ou  Fabas, 
éeuyer,  seigneur  de  Carquanieulx  et  de 
Carens.  Celui-ci  était  catholique  ;  mais  un 
capitaine  huguenot  nommé  Favas  fut  mas- 
sacré en  1568  à  Olivet ,  avec  le  capitaine 
La  Gousse,  par  la  garnison  d'Orléans 
{Crespin).  Il  y  eut  aussi  un  Favas  ministre 
de  Morlas,  dont  il  est  parlé  dans  les  actes 
de  plusieurs  synodes  nationaux.  Supplanté 
dans  son  église  par  Rival,  il  eut  beaucoup 
de  peine  à  s'y  faire  rétablir,  malgré  les 
décrets  des  synodes  de  Charenton  et 
d'Alençon,  qui  censurèrent  fortement  Ri- 
val, La  Fite,  Gillot  et  Bellard  à  cause  des 
bruits  calomnieux  qu'ils  avaient  répandus 
sur  sou  compte,  et  blâmèrent  sévèrement 
le  consistoire  de  Morlas  d'avoir  souffert  un 
sctiisme  qu'il  pouvait  éviter  par  la  douceur. 
—  Un  Favas,  de  Sommières,  perruquier, 
réfugié  ci  Berlin,  1698  (Dieimc^);  —  Marie 
Favas,  de  Montagnac,  morte  à  l'hôpital  de 
Lausanne  en  1716. 

VI.  16 


451 


P^AVATIER    —    FAVIER 


452 


FAVATIER  (Daniel),  de  Mérindol,  as- 
sisté il  Genève,  1701.  —  Samuel  Favel, 
assisté  à  Lausanne,  1708.  —  Favelles,  na- 
tif d'Orléans,  «  et  de  bonne  maison,  an- 
■cien  chanoine  de  cette  ville,  s'étant  rangé 
à  la  Religion,  »  est  massacré  en  la  pré- 
sence des  Consuls,  1572  (Crespin).  — 
Antoine  Faventines,  des  Cévennes,  assisté 
à  Lausanne,  1689.  —  Favereau,  famille 
rocheloise.  Guillaume  Favereau  seig""  de 
Dirac  épouse  au  temple  de  La  Rochelle, 
1563,  Françoise  Benoist;  (Geneviève) 
femme  de  Thibaud  Guillon  juge  du  scel, 
veuve  en  1595;  (Madelaine),  veuve  de 
Jean  Morisseau,  de  Mornac,  réfugiée  de 
Saintes  vers  1684.  (Louis)  sieur  de  Ripe- 
roux,  fds  de  feu  Joseph  sieur  de  Rochedu- 
maine  et  de  Louise  Thévenot,  épouse  au 
temple  de  Charenton,  juin  1658,  Marie 
fille  d'Isaac  Regoumier  conseiller  en  la 
cour  des  monnaies  et  de  Marie  d'Hessin  ; 
—  (Jean),  étudiant  à  Montauban,  1657. — 
M.  de  Faverolles  étant  condamné  cotpme 
relaps,  1686,  sa  mère,  Henriette  de  3fa/or- 
tie,  demande  la  confiscation  de  ses  biens 
(Tt  252).  —  Deux  frères  Faverge,  d'O- 
range, allant  en  Hollande,  assistés  à  Ge- 
nève, 1702.  —  Rernard  Favie,  «  mercier, 
natif  d'Aias  en  Rouergue,  »  id.,  1555. 

1.  FAVIER  (Léonard),  avocat  à  Nîmes, 

1562  [IX,  515].  —  ( )  conseiller  à  la 

Chambre  mi-partie  de  l'Isle  en  Albigeois, 
1580  [VIII,  525].  (Maurice),  greffier  de  la 
ville  de  Nîmes  en  1564,  condamné  à  mort, 
ainsi  que  le  précédent,  par  le  parlement 
de  Toulouse,  1569,  comme  ayant  pris  part 
au  massacre  de  la  Michelade.  —  (Pierre), 
de  Clérac,  étudiant  en  théologie  à  Genève 
(Petrus  Faverius  vaseo  cleracensis)  sep- 
temb.  1604.  —  (Foulques),  de  Montéli- 
mart,  assisté  à  Genève  en  1685  et  sa  veu- 
ve en  1698.  —  Jean  Favié,  «  ci-devant 
officier  de  l'artillerie  en  France  »  venant 
de  Calvisson  en  bas  Languedoc,  réfugié  à 
Rerlin,  et  Jean  Favier  «  lecteur  et  chantre 
à  Cauvisson  en  bas  Languedoc,  »  réfugié 
avec  sa  femme  à  Boucholtz,  1698. 

2.  FAVIER,  SI-  DE  Vestric  [Haag,  V 
87].  Ainsi  se  nommait  le  capitaine  nîmois, 
Favier,  qui  en  1583  s'empara,  pour  les 
protestants,  du  château  de  S'e-Anastasie 
près  d'Uzès  (Journal  de  Charbonneau) .  M. 
de  S^-Cosme  gouverneur  de  Nîmes,  ayant 
résolu  de  faire  démanteler  le  fort  de  Ber- 
nis,  afin  qu'il  ne  tombât  pas  aux  mains  des 


Ligueurs,  confia  le  soin  à  Favier  d'exécu-* 
ter  ce  dessein,  21  août  1587.  «  Il  lui  en- 
joignit, dit  Menard  (V,  240)  de  prendre 
des  gens  de  guerre  pour  cette  expédition, 
de  s'y  faire  aider  par  les  habitants  des 
lieux  circonvoisins.  »  Ce  capitaine  était 
consul  de  Nîmes  en  1603.  Il  assista  en 
1611  à  l'assemblée  de  Sommières  ;  en  1613, 
à  l'assemblée  de  Lunel,  qui  le  choisit  pour 
secrétaire,  et  en  1620,  à  l'assemblée  de  La 
Rochelle  avec  P.  Rossel,  ministre  de  Bé- 
darieux  qui  fut  pendu  à  son  retour  dans 
le  Languedoc,  Rodil,  Fretton  et  La  Gran- 
ge. Ses  collègues  lui  donnèrent  h  diverses 
reprises  des  marques  de  leur  estime.  Ils  le 
firent  entrer  dans  la  commission  des  re- 
montrances et  dans  celle  de  la  marine, 
avec  Allain,  Rodil,  Montmesart  et  La  Pi- 
terne,  et  le  25  mars  1622,  ils  l'élurent 
président,  en  lui  donnant  Clemenceati  pour 
adjoint,  La  Goutte  et  Casaubon  pour  se- 
crétaires. Dès  le  lendemain,  une  députa- 
tion  du  corps  de  ville  de  La  Rochelle, 
composée  de  Mirande  bailli  d'Aunis,  de 
Lobes,  de  Bernardeau  et  de  Gérault,  vint 
s'informer  quelle  part  serait  attribuée  à 
La  Rochelle  dans  le  produit  de  la  collecte 
faite  en  Angleterre  et  en  Ecosse  par  les 
soins  de  Basnage  (voy.  t.  I  col.  923).  L'as- 
semblée chargea  Loubie,  Espinay  et  La 
Muletière  de  répondre  en  son  nom  «  que 
recognoissant  l'importance  de  cette  ville 
au  général  des  églises  et  ne  désirant  rien 
tant  que  d'entretenir  la  bonne  correspon- 
dance, »  elle  en  accordait  la  moitié.  Le 
corps  de  ville  répondit  mal  à  cette  gracieu-  . 
seté,  car  le  11  avril,  La  Leu,  Aubin  et 
Brunet  sieur  de  Passy,  vinrent  en  son 
nom  demander  que  l'assemblée  abandon- 
nât aux  capitaines  de  vaisseaux  qui  al- 
laient mettre  à  la  voile  le  dixième  des  pri- 
ses qu'elle  s'était  réservé.  L'assemblée  ne 
voulut  point  y  consentir  et  son  refus  ne 
servit  pas  médiocrement  à  envenimer  la 
querelle  suscitée  par  Favas  (col.  447). 
Dans  l'intervalle  l'assemblée  avait  eu  à  se 
prononcer  sur  les  actes  de  l'assemblée  de 
Nîmes  qui  avait  dest'ûué  Chat illon  (IV  col. 
225),  et  après  avoir  pris  connaissance  du 
rapport  qu'elle  lui  avait  envoyé  par  Quin- 
son,  elle  y  avait  donné  son  entière  appro- 
bation (Brienne,  vol.  225). 

Pierre  de  Favier  avait  épousé  Margue- 
rite de  Barrière  dont  il  eut  1°  Cephas,  2o 
Marthe  épouse,  9  oct.  1604,  de  Jean  de 


453 


FAVIER   —   iAYlŒ 


454 


Bernard  niestre  de  camp  d'infanterie  ;  3o 
Marie  épouse,  20  août  1616,  de  Pierre  de 
Bernard,  frère  du  précédent  et  comme  lui 
mestre  de  camp  d'infanterie. 

Cephas  Favier  de  Vestric,  premier  con- 
sul de  Nîmes  en  1631.  Dénoncé  au  duc  de 
La  Force  comme  partisan  de  Montmoren- 
cy il  aurait  été  expulsé,  ainsi  que  Paul  Ar- 
naud SI"  de  La  Cassagne,  Pierre  Le  Blanc 
S""  du  Tourniguet  et  Brueys  s^  de  Gatti- 
gues,  si  la  ville  ne  s'était  portée  caution 
pour  eux.  En  1639  il  fut  choisi  avec  Al- 
benas,  La  Devèze  et  Rozel  pour  comman- 
der les  quatre  compagnies  levées  à  Nîmes 
pour  le  secours  de  Salces.  Il  vivait  encore 
en  1651  \ 

La  famille  Favier  usait  encore  du  droit 
d'exercice  à  Vestric  en  1683  (Tt  322)  et 
une  dame  Françoise  de  Favier  est  in-crite 
sur  la  liste  des  protestants  fugitifs  de  Nî- 
mes à  la  Révocation  (Tt  282). 

FAVIÈRES  (PiERRK),  ministre  à  Clai- 
rac,  1595-1626.  —  «  Le  sieur  de  Faviè- 
res,  l'un  des  plus  considérables  protestants 
de  la  province  de  Thimerais  »  vient  de 
faire  abjuration  (Gazette  de  Fr.  19  avril 
1670).  —  Fulcrand  Favières  apothicaire  de 
l'artillerie,  25  ans,  fils  d'Abraham,  ancien 
consul  de  Nîmes  et  d'Anne  Henrigué, 
épouse  au  temple  de  Charenton,  septemb. 
1671,  Angéhque  fdle  de  feu  Daniel  de  La- 
fitte,  apothicaire  de  la  grande  écurie  et 
d'Elisabeth  Suret.  —  Seigneurs  de  Faviè- 
res, voy.  Du  Bois  des  Cours,  V  col.  533,  et 
Claude  Sarrau.  —  Favin  de  la  Corbière, 
,  famille  dauphinoise.  Olivier  Favin,  de 
Nyons,  étudiant  en  théologie  à  Genève 
(Olivarius  Fauuinus  neomagensis  delphi- 
natensis),  décemb.  1684;  ministre  à  Bat- 
tin,  1693  ;  était  à  Berlin  en  1698,  avec 
sa  femme  et  deux  enfants.  L'un  des  deux 
devint  M.  de  Favin,  conseiller  à  la  ré- 
gence de  Stettin  ;  l'autre,  major  dans  l'ar- 
mée saxonne,  eut  un  fds  page  de  la  reine 
de  Prusse,  femme  de  Frédéric  II. —  Favin, 
famille  d'artisans  de  Montauban  assistés  à 
Londres,  1702.  —  Le  major  de  FavoUes, 
aux  funérailles  du  margrave  Louis,  en 
1668,  portait,  avec  le  marquis  de  Mont- 
brun,  la  bannière  de  Poméranie  ;  il  fut  tué 
en  1693  à  la  bataille  d'Orbussen  (Erman). 
—  «  Honorable  Cliristoffle  Favon.  natifz 
delà  ville  de  Charlieu,  parroisse  de  Lyon- 

'  Notes  de  M.  Cazalis  de  Fondouce. 


nois  au  diocèse  de  Maseon,  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  mai  1553.  «  (Estienne), 
de  Charlieu  en  Lyonnois,  »  id.,  19  janv. 
1573  ;  pasteur  à  Issoudun  de  1604  au  30 
oct.  1615,  date  de  sa  mort  ;  —  Autre  Fa- 
von, pasteur  à  Treignac.  1666  ;  et  de  1666  à 
1668  à  Argentat.  — i^arowa;,  famille  réfugiée 
des  vallées  vaudoises  à  Payerne  en  1736. 

1.  FAVRE  (Charles),  de  Blanzac  en 
Angoumois,  l'un  des  cinq  étudiants  marty- 
risés à  Lyon  en  1553.  Crespin,  dans  son 
martyrologe  (fo  241),  lui  a  consacré  un 
chapitre  contenant  la  confession  que  l'étu- 
diant rédigea  pour  être  remise  à  ses  ju- 
ges. —  Plusieurs  Favre  du  Languedoc, 
Montauban,  Vaidrôme,  etc.,  réfugiés  en 
Prusse  ou  en  Angleterre  à  la  Révocation. 
—  (Esther),  de  Paris,  40  ans,  fille  d'un 
avocat,  assistée  (6  1.  9  sh.)  à  Northamp- 
ton,  1705.  —  (Isaac),  d'Aigrefeuille  en 
Poitou,  assisté  à  Genève  d'un  viatique 
pour  l'Angleterre,  1700.  —  Deux  d"es  Fa- 
vre, de  Pons  en  Saintonge,  enfermées  aux 
Nouv.  cath.  de  cette  ville  en  1728;  leur 
père  se  plaint  des  mauvais  traitements 
qu'on  leur  fait  subir  {Airh.  nat:  E  3565). 

2.  FAVRE  (Jules),  avocat  célèbre  et 
grand  orateur  politique,  auquel  appartient 
l'honneur  comme  aux  Coquerel,  au  Dehault 
de  Pressensé,  aux  Eugène  Devéria{voy.  ces 
noms)  et  à  bien  d'autres,  d'avoir  dans  nos 
temps  modernes,  hautement  rompu  avec 
le  catholicisme  où  ils  étaient  nés.  Né  à 
Lyon,  d'une  famille  de  commerçants,  le 
21  mars  1809,  il  venait  d'achever  ses  étu- 
des de  droit  à  Paris  lorsqu'éclata  la  révo- 
lution de  1830.  Il  y  prit  une  part  active  et 
dès  le  29  juillet  il  écrivait  au  journal  «  Le 
National  »  une  lettre  dans  laquelle  il  ré- 
clamait l'abolition  de  la  royauté  et  la  con- 
vocation d'une  assemblée  constituante.  Peu 
de  temps  après  il  débuta  au  barreau,  et  en 
même  tenjps  combattit  l'émeute  dans  les 
rangs  de  la  garde  nationale,  non  sans  danger. 
Il  plaida  en  1835  pour  les  ouvriers  lyonnais 
«  mutuellistes  »  poursuivis  pour  associa- 
tion illicite  et  vint  en  1835  plaider  à  la 
Cour  des  Pairs  pour  les  insurgés  de  Paris 
des  13  et  14  avril.  Il  commença  par  ces 
mots  «  Je  suis  républicain,  »  une  plaidoirie 
qu'on  admira.  Depuis  1836,  il  appartint 
au  barreau  de  Paris  dont  il  devint  Bâton- 
nier plus  tard.  Après  la  Révolution  de  fé- 
vrier 18  i8,  il  entra  au  pouvoir  comme 
secrétaire  général  du  Ministère  de  l'Iuté- 


455 


FAVRE 


45  G 


rieur  et  fut  en  partie  l'auteur  des  exagé- 
rations démocratiques  du  ministère  Ledru- 
Rollin.  Sous  le  second  empire,  et  dès  l'é- 
lection de  L.-N.  Bonaparte  à  la  présidence 
de  la  république,  il  avait  repris  sa  toge  de 
simple  avocat  et  devint  alors  plus  illustre 
qu'il  ne  l'avait  encore  été,  car  il  fut  l'un 
des  Cinq*,  c'est-à-dire  des  cinq  députés  ré- 
publicains, seuls  tenant  brillamment  tête, 
dans  la  Chambre  bonapartiste,  à  oOO  dé- 
putés monarchiques.  A  la  chute  de  l'Em- 
pire il  fut  naturellement  porté  par  la  voix 
populaire  au  nombre  de  ceux  qui  devaient 
prendre  en  main  la  direction  et  l'adminis- 
tration du  pays.  C'était  un  poids  écrasant 
sous  lequel  il  succomba,  avec  cette  aggra- 
vation spéciale,  que  chargé  de  la  gestion 
des  affaires  étrangères  ce  fut  lui  qui  dut 
mettre  sa  signature  au  bas  du  néfaste  traité 
de  1871,  imposé  à  la  France  par  les  Alle- 
mands victorieux.  Il  fut  atteint  au  cœur 
par  les  désastres  publics  et  les  neuf  an- 
nées qu'il  vécut  encore,  dans  la  retraite 
quoique  sénateur  depuis  1876  (il  était  de 
l'acad.  française  dès  1867)  furent  pour  lui 
neuf  années  de  langueur  et  de  tristesse 
profonde.  Il  mourut  dans  sa  campagne  de 
Ruel  près  Paris  le  20  janvier  1880. 

L'éloquence  de  Jules  Favre  sous  les  for- 
mes académiques  les  plus  irréprochables 
avait  toujours  été  sévère,  un  peu  hautai- 
ne, un  peu  triste,  un  peu  amère  ;  sous  ses 
effervescences  démocratiques  grondait  un 
moraliste  et  un  déiste  mécontent  du  train 
de  ce  monde.  Peut-être  est-ce  par  cette  pente 
qu'il  vint  au  protestantisme.  Son  épouse, 
protestante,  fille  d'un  pasteur  alsacien, 
Mi'e  Velten,  femme  d'un  esprit  éminent, 
n'attribue  sa  conversion  qu'aux  aspirations 
religieuses  dont  il  était  plein.  Veuve,  elle 
recueillit,  sous  le  tilre  de  Conférences  et 
Mélanges,  quelques-uns  des  derniers  dis- 
cours et  opuscules  composés  par  sou  mari 
et  s'exprime  en  ces  termes  dans  un  pas- 
sage de  sa  préface  : 

Ai-je  besoin  de  dire  qu'un  profond  senti- 
ment religieux  était  la  source  ineffable  de 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  grand  dans  son  ca- 
ractère ?  Je  cite  l'une  de  ses  paroles  de  peur 
d'en  affaiblir  le  sens  :  —  Né  et  élevé  dans 
la  religion  catholique,  j'en  ai  pratiqué  le 
culte  jusqu'à  l'âge  de  20  ans.  A  ce  moment, 
éclairé  par  la  raison  et  par  l'étude,  je  n'ai 

'  Avec E.Picard,  Ém.Olivier,  Darimon  et Hénon. 


pu  accepter  ses  dogmes,  et  si  j'ai  souvent 
pris  part  à  ses  cérémonies  extérieures,  c'est 
que  la  prière  en  commun  satisfaisait  le  sen- 
timent religieux  qui  est  le  fondement  de 
tues  principes  moraux-  et  politiques.  J'ai 
dû  cesser  lorsque  le  catholicisme  est  devenu 
un  parti,  combattant  à  outrance  les  idées 
que  j'ai  défendues  toute  ma  vie.  Depuis, 
j'ai  trouvé  dans  l'exercice  du  ctilte  pro- 
testant ce  qui  répondait  le  mieux  aux  be- 
soins de  mon  âme. 

Les  nombreux  écrits  de  Jules  Favre  fu- 
rent des  œuvres  de  circonstance,  mais 
parmi  lesquelles  on  pourra  toujours  mar- 
quer pour  être  lus  et  étudiés  ; 

I.  Ds  la  coalition  des  chefs  d'atelier  de 
Lyon;  à  Lyon,  1833,  in-8o. 

II.  La  liberté  de  la  presse,  18i9. 

m.  Le  trait  d'untow  (proverbe  joué  chez 
lui),  1865. 

IV.  Les  libertés  intérieures;  in-18, 1869. 

V.  De  l'amour  de  sa  profession  ;  1869. 

VI.  Rome  et  la  republique  française  ;  Pa- 
ris, Pion,  1871,  in-8o. 

VII.  Conférences  et  discours  littéraires  ; 
Paris.  Garnier,  1873,  in-12. 

VIII.  Gouvernement  de  la  Défense  natio- 
nale ;  Paris,  Pïon,  1871-73,  in-80,  3  vol. 

IX.  Conférences  et  mélanges;  Paris, 
Hetzel,  1880  ;  1  vol.  in-12,  XL  et  385  p. 
—  L'avant-propos  est  signé  :  veuve  Jules 
Favre  née  Velten  ;  2  mai  1880.  Ce  volume 
contient  :  Le  droit  des  faibles,  cwnférence 
faite  au  Havre  le  7  janv.  1877  ;  La  chari- 
té laïque  (4  mars  1877)  ;  La  solidarité,  conf. 
faite  pour  les  ouvriers  de  Lyon,  10  mars; 
L'égalité  devant  la  loi  {conf.  faite  à  Elbeuf, 
7  avril)  ;  La  foi  au  progrès  (conf.  faite  à 
Lyon,  22  avril)  ;  L'État  et  l'église  ultra- 
montaine  ;  Ernest  Picard  ;  La  constitution 
anglaise;  La  vie  ecclésiastique  (par  M.  de 
Pressensé)  ;  Le  peuple  suisse  (défense  de 
l'authenticité  historique  de  Guill.  Tell)  ; 
Lettre  au  sujet  du  sou  des  écoles,  1878  ; 
Lettre  au  rédacteur  du  Bon  citoyen  ;  Le- 
dru-RoUin  (1879)  ;  La  liberté  individuelle 
(10  janv.  1880).  — La  veuve  de  J.  Favre  est 
aussi  l'éditeur  des  publications  suivantes  : 

X.  Discours  parlementaires  ;  Paris,  Pion, 
1881  ;  4  vol.  in-80. 

XL  Plaidoyers  politiques  et  judiciaires 
(avec  un  portrait  gravé)  ;  Pion,  1882  ; 
2  vol.  in-80. 

Voir  les  Biographies  générales,  plus  :  Portrait 
parlementaire  de  J.  Favre,  par  Eug.   London  ; 


457 


FAY 


458 


dans  le  Correspondant,  1849.  —  Eloge  de  J. 
Favre  prononcé  à  l'ouverture  de  la  Conférence 
des  avocats,  le  27  nov.  1882,  par  Georges  Da- 
guilhon;  Paris,  Pujol,  1882,  in-8». 

FAY  OU  DE  Fay,  nom  d'une  famille  no- 
ble du  Vivarais  qui  était  divisée  en  deux 
branches  au  milieu  du  xvime  siècle  [Haag, 
V88]. 

I.  Branche  de  Péraut.  M.  de  Saint-Al- 
lais  a  publié  une  généalogie  de  cette  bran- 
che ;  mais,  comme  d'ordinaire,  il  ne  dit 
rien  de  ceux  de  ses  membres  qui  embras- 
sèrent la  religion  protestante.  Dans  son 
Histoire  littéraire  de  Lyon,  Colonia  parle 
des  deux  Perrault  du  Vivarais  qui  eurent 
part  aux  entreprises  des  Huguenots  sur 
Lyon.  Il  s'agit,  selon  nous,  1»  de  Jean  de 
Fay,  sieur  de  Virieu,  second  fds  de  Noël 
de  Fay,  seigneur  de  Péraut,  et  de  Fran- 
çoise de  Saint-Gelais-Lansac;  2o  de  Fran- 
çois de  Fay,  baron  du  Péraut,  neveu,  dit- 
on,  du  seigneur  de  Virieu. 

Jean  de  Fay  était  seigneur  de  Virieu  du 
chef  de  sa  femme  Louise  de  Varay.  Colo- 
nia nous  le  montre  prenant  une  part  acti- 
ve aux  mouvements  des  protestants  dès 
l'année  1561  ;  cependant  nous  ne  rencon- 
trons son  nom  parmi  ceux  des  chefs  hu- 
guenots que  dans  la  troisième  guerre.  En 
1368,  il  occupa  Annonay  avec  Changy,  et 
l'année  suivante,  il  combattit  à  Moncontoiir 
à  la  tête  d'un  régiment  d'infanterie.  Fait 
prisonnier  à  la  Saint-Barthéleiny  et  sauvé 
par  Caussac,  il  abjura,  en  sorte  que  nous  le 
retrouvons  plus  tard  combattant  les  pro- 
testants sous  les  ordres  du  duc  d'Uzès. 

Son  neveu,  François,  baron  de  Péraut, 
resta  fidèle,  au  contraire,  à  la  cause  qu'il 
avait  embrassée.  Au  premier  appel  de 
Condé,  il  partit  pour  le  rejoindre  à  la  tête 
d'une  des  cinq  compagnies  levées  par  Ni- 
mes.  Quelques  mois  après,  Condé  l'envoya 
dans  le  Dauphiné  avec  Saint- A uban,  char- 
gés des  instructions  nécessaires  pour  pré- 
venir la  trahison  de  Des  Adrets.  Selon 
l'Album  du  Vivarais,  il  se  saisit,  en  1362, 
du  château  de  Colombier.  Selon  Aubaïs, 
il  se  rendit,  en  1363,  à  Montpellier  pour 
prendre  le  gouvernement  de  cette  ville  à 
la  place  de  Rapin.  En  1567,  il  fut,  ainsi 
que  Virieu,  un  des  chefs  d'une  tentative 
sur  Lyon,  qui  échoua  ;  puis  il  alla  rejoin- 
dre Condé  dans  l'Ouest,  et  fut  blessé,  se- 
lon Bèze,  au  siège  de  Poitiers.  Il  mourut 
vraisemblablement  de  ses   blessures  ;    au 


moins  n'est-il  plus  question  de  lui  depuis 
cette  époque.  Son  fds  (peut-être  Henri  de 
Fay,  baron  de  Fay,  dont  la  fille  épousa 
Abel  de  Calvière),  s'empara,  eu  1374,  des 
châteaux  de  La  Barge  et  de  Serrières,  de 
la  ville  de  Mallevai  et  du  prieuré  de  Char- 
nas  ;  mais  il  ne  sut  pas  les  défendre  contre 
les  catholiques  qui  les  reprirent  bientôt, 
rasèrent  La  Barge  et  Péraut,  et  emmenè- 
rent prisonnières  la  mère  et  la  sœur  du 
jeune  baron,  qui  réussit  à  se  maintenir 
dans  le  château  de  Quintenas  et  servit  dès 
lors  sous  les  ordres  de  Pierre-Gourde. 
Nous  supposons  que  c'est  son  fils  qui  fut 
gouverneur  de  Beaucairependantles guer- 
res de  Rohan  ;  mais  nous  n'avons  pu  dé- 
couvrir par  quels  liens  se  rattachait  à  cette 
famille  Jules-César  de  Fay,  baron  de  Pé- 
raut, capitaine  dans  un  régiment  d'infan- 
terie, depuis  1636  ;  colonel,  depuis  1647, 
d'un  régiment  de  son  nom  qu'il  commanda 
à  La  Bassée,  à  Ypres,  à  Lens  ;  maréchal 
de  camp  en  1649,  et  retiré  du  service  de- 
puis 1634.  Nous  n'avons  même  aucune 
preuve  qu'il  professât  encore  la  religion 
réformée. 

II.  Branche  de  Changy.  Le  17  avril  1360, 
Michel  de  Fay,  sieur  de  Changy,  et  son 
frères  Jacques,  dit  le  jeune  Changy,  se 
saisirent  de  l'église  de  Saint-Bomain  à  la 
tête  des  protestants  de  Bomans,  et  y  firent 
célébrer  le  culte  réformé;  mais  les  catho- 
liques ne  tardèrent  pas  à  les  en  chasser  et 
le  parlement  de  Grenoble  envoya  sur  les 
lieux  une  commission ,  dans  laquelle  figu- 
raient deux  apostats,  le  conseiller  Laubes- 
pin  et  l'avocat  du  roi  Ponsenas,  pour  faire 
le  procès  aux  coupables.  Roberté,  qui  avait 
logé  le  ministre,  et  Matthieu  Rebours,  qui 
avait  gardé  l'entrée  du  temple  avec  une 
arbalète  et  une  épée,  furent  condamnés  à 
être  pendus  et  traînés  au  lieu  du  supplice 
sur  une  claie.  Un  portefaix,  nonmié  Che- 
villon,  fut  fouetté  par  les  carrefours  et  en- 
voyé aux  galères.  On  raconte  que  pendant 
l'exécution,  il  encourageait  le  bourreau, 
en  lui  disant  :  Frappe,  mon  ami,  frappe 
bien  fort,  châtie  cette  chair  qui  a  été  tant 
rebelle  à  Dieu.  Les  deux  frères  ne  se  lais- 
sèrent pas  décourager  par  le  malheureux 
résultat  de  leur  entreprise.  Peu  de  temps 
après,  accusés  d'avoir  pris  part  à  la  tenta- 
tive du  jeune  Maligny  sur  Lyon,  ils  furent 
grandement  persécutés  par  Saint-André. 
Jetés  en  prison,  ils  eurent  à  subir  «  de  pi- 


459 


FAY 


FAYAN 


460 


teux  traitements^  »  parce  qu'ils  confessèrent 
hautement  leur  religion,  tout  en  niant 
d'avoir  participé  à  l'entreprise  ;  et  comme 
les  Guise  les  soupçonnaient  d'intelligence 
avec  Condé,  ils  se  disposaient  à  les  faire 
amener  à  Orléans  pour  les  confronter  avec 
le  prince,  lorsque  le  roi  François  II  mou- 
rut. Quelques  mois  après ,  ils  furent  de 
nouveau  arrêtés  traîtreusement  par  Saint- 
Chamond,  leur  cousin  germain,  et  ils  ne 
recouvrèrent  la  liberté  qu'à  la  prise  de 
Valence  par  Des  Adrets,  qui  confia  au  plus 
jeune  des  deux  frères  le  gouvernement  du 
Valentinois.  L'aîné  alla  rejoindre  Condé  à 
Orléans.  Renvoyé  àLyon  comme  comman- 
dant de  l'infanterie,  il  n'hésita  pas,  pour 
éviter  des  divisions  funestes,  à  céder  la 
place  à  Blacons  et  se  retira  à  Valence.  La 
reconnaissance  ne  l'empêcha  pas  de  s'oppo- 
ser vigoureusement,  ainsi  que  son  frère, 
aux  projets  d'accommodement  de  Des 
Adrets. 

Il  est  difficile  de  décider  duquel  des 
frères  les  historiens  parlent  sous  le  nom 
du  capitaine  Changy,  qui  assista  à  la  levée 
du  siège  de  Grenoble  en  1562  ;  qui,  en 
1568,  se  saisit  du  château  de  Pérault  et 
facilita  à  Saint-Romain  le  passage  du  Rhône; 
puis  occupa  Annonay  avec  Virieu,  et  à  la 
tête  d'un  corps  de  troupes  levé  dans  le 
Forez  et  le  Haut-Vivarais,  alla  rejoindre 
d'Acier  à  Alais;  qui  enfin  mourut  au  siège 
de  Poitiers. 

FAYE  (Estienne),  «  natif  du  dioc.  de 
Poitou,  »   reçu  habitant  à  Genève,  1549. 

—  Ennemon  de  Payes  «  gentilhomme 
d'auprès  Grenoble,  »  id.  8  septemb.  1572. 

—  Jean  Faye,  de  Cheilas  en  Vivarais,  ve- 
nant de  Berlin,  reçoit  à  Genève  une  assis- 
tance pour  retourner  en  Brandebourg , 
1694. 

FAYAN  (Jean),  que  nous  avons  men- 
tionné ci-dessus  col.  269,  n»  886,  à  son 
rang,  mérite  un  plus  ample  détail.  Placé 
en  1687,  sur  le  bâtiment  nommé  La  Guer- 
rière, où  se  trouvaient  des  galériens  pro- 
testants, ce  calme  et  sain  voisinage  fit  sur 
son  âme  une  impression  profonde  qui  le 
conduisit  à  un  désir  ardent  d'être  des 
leurs.  Cependant  ce  fut  seulement  en  1694 
qu'il  se  décida  à  prévenir  l'aumonier  de 
la  galère  qu'il  voulait  vivre  et  mourir  dans 
leur  religion.  Les  efforts  et  les  mauvais 
traitements  furent  en  vain  prodigués  pour 
le  ramener.  Il  arriva,  au  mois  de  mars 


1700,  qu'on  le  fit  comparaître  devant  un 
évêque  pour  être  interrogé. 

L'evèque  lui  demanda  qui  lui  avoit  con- 
seillé de  changer  sa  religion.  11  lui  répondit 
que  c'étoit  la  parole  de  Dieu  et  que  par  elle 
il  ne  croyoit  pas  faire  son  salut  dans 
l'Eglise  romaine.  —  Qu'est-ce  qui  vous  en 
empêche,  que  vous  ne  puissiez  pas  faire 
votre  salut  dans  notre  religion  ?  —  C'est 
presque  tout,  dit-il.  —  Mais  encoi"e  qu'est- 
ce  qui  vous  empêche  ?  —  C'est  le  purga- 
toire, l'invocation  des  saints,  l'adoration 
des  images  et  la  présence  réelle  du  corps 
de  J.-C.  dans  l'eucharistie.  —  Il  faut  donc 
bien  croire,  disoit  l'évêque,  que  c'est  le 
corps  de  J.-C.  puisque  lui-même  l'a  dit.  — 
11  faut  donc  croire,  répondit  le  prosélyte, 
qu'il  est  un  cep,  à  cause  qu'il  a  dit  qu'il  en 
etoit  un?  Le  prélat  ayant  vu  cette  ferme 
résolution  le  menaça  et  lui  dit  que  M.  l'In- 
tendant avoit  grand  tort  de  ne  l'avoir  pas 
fait  pendi-e  il  y  a  longtemps.  Et  se  retour- 
nant tout  courroucé  il  reprocha  aux  aumos- 
niers  leur  négligence.  Ou  le  ramena  à  la 
galère  ou  on  continuoit  à  dire  qu'on  l'alloit 
mener  au  parlement  d'Aix  pour  lui  faire  son 
pi'ocès.  Ce  cher  ildèle  a  été  tout  disposé  k 
mourir  au  Seigneur. 

Il  échappa  cependant.  De  la  Guerrière, 
on  le  fit  passer  sur  la  Magnanime,  où  on 
l'attacha  au  banc  «  de  la  douze,  »  banc 
des  scélérats  où  pleuvaient  les  coups;  puis 
comme  il  persistait  et  que  cette  fermeté 
était  de  mauvais  exemple,  on  l'envoya  au 
château  d'If,  avec  un  autre  prosélyte  opi- 
niâtre nommé  d'Oubigni.  Le  3  septemb. 
1700,  il  écrivait  à  un  de  ses  amis  resté  sur 
les  galères  de  Marseille. 

Je  vous  diray  comme  la  divine  Providence 
de  mon  Seigneur  et  de  mon  Dieu  que 
j'adore  m'a  introduit  dans  un  lieu  de  ténè- 
bres à  le  regarder  des  yeux  de  la  chair, 
mais  aux  yeux  de  l'esprit  ce  lieu  m'est  un 

temple  du  Dieu  vivant Je  m'embarquai 

sans  avoir  rien  que  mon  pseaume  (car  on 
m'avoit  enlevé  mon  nouveau  Testament  et 
quelques  autres  livres  de  dévotion)  et  qui 
me  servira  à  chanter  les  louanges  de  ce  bon 
Père  des  miséricordes.  Quand  je  fus  arrivé 
à  Château  d'Y,  on  commanda  le  sergent  de 
garde  avec  deux  mousquetaires  pour  m'ame- 
uer  à  la  grande  tour;  et  quand  j'eus  passé 
huit  portes,  on  me  fouilla  auparavant  que 
de  me  fourrer  dans  ce  lieu  affreux  ;  mais  il 
ne  m'ôta  rien  que  mon  couteau,  mes  ciseaux 
et  des  aiguilles  etc.  Enhn  quand  j'eus  passé 


461 


FAYAN 


FAZY 


462 


la  dixième  porte,  je  rencoutray  uu  de  nos 
frères  en  nostre  S.  J.-C.  qui  me  lit  peur  de 
le  voir  si  maigre  et  les  yeux  enfoncez  dans 
la  tête,  avec  une  barbe  bien  longue.  C'étoit 
le  sieur  Jean  Moy?ïier,  fidèle  confesseur.  Il 
m'a  grandement  consolé  et  éditié,  quoy  que 
je  sois  encore  deux  portes  au  dessous  de 
luy.  Voilk  ou  les  ennemis  de  mon  salut 
m'ont  réduit  de  ne  vouloir  adorer  leurs 
dieux.  Je  prie  le  grand  Dieu  qui  a  créé  le 
ciel  et  la  terre  qu'il  lui  plaise  par  son  in- 
tlnie  bonté  de  traitter  nos  ennemis  en  sa  mi- 
séricorde... 

Fayan  resta  près  de  neuf  ans  dans  son 
cachot  du  château  d'If,  d'où  il  passa  (pen- 
dant près  de  deux  années)  à  l'hôpital  des 
forçats.  Là,  sans  avoir  rien  abandonné  de 
ses  croyances,  il  eut  la  bonne  fortune 
d'être  désigné  pour  la  libération  à  condi- 
tion de  s'engager  comme  soldat  dans  les 
troupes  royales.  Il  était  de  garnison  à 
Villefranche  en  octobre  1712  et  bientôt 
obtint  son  congé. 

Papiers  d'Ant.  Court  à  la  Biblioth.  de  Genève. 

—  £ull.  XVn,  338. 

FAYARD  (Pierre),  de  Bourdeaux,  ou- 
vrier en  bas,  réfugié  à  Magdebourg,  1700. 

—  Gervais  Fayel,  natif  de  Rouen,  reçu 
habitant  de  Genève,  septemb.  lo59.  — 
«  La  mère  de  Christol  Fayet  pendue  à  un 
chesne,  puis  descouppée  à  coups  d'épée,  à 
StQuintin,  »  en  Provence,  1562  (Crespin); 

—  (Ambroise) ,  ministre  de  La  Rochelle, 
1565-72;  —  (Jeanne),  de  Saintonge,  CO 
ans,  veuve  d'un  officier,  assistée  à  Londres 
(3  1.  10  sh.),  1702;  l'était  encore  en  1710; 

—  M™e  Fayet,  enfermée  au  couvent  de  la 
Trinité  à  ÏNoyon,  1699  ;  —  (Louis)  dit  Guin, 
né  à  Vénenobres,  consacré  par  le  synode 
du  bas  Languedoc  le  26  mai  1739;  le  sy- 
node du  2  mai  1743  lui  accorda  un  congé 
d'un  an  «  pour  aller  dans  le  pays  étranger 
perfectionner  ses  connoissances .  »  Il 
exerça  le  pastorat  dans  diverses  églises  de 
sa  province,  mais  en  se  plaignant  souvent 
de  la  difficulté  qu'il  avait  à  toucher  son 
modeste  traitement  (350  1.)  et  en  aggra- 
vant les  difficultés  qu'il  rencontrait  par  le 
cas  de  conscience  qu'il  se  faisait  de  ne 
point  faire  de  baptême  dans  les  maisons 
particulières,  mais  seulement  dans  les 
assemblées;  aussi  une  assemblée  qu'il  pré- 
sidait à  St-Jean-de-Ceyrargues,  le  26  mai 
1754,   fut   surprise  et  maltraitée  par  les 


soldats;  il  exerça  ses  fonctions  dans  les 
églises  de  Garrigues,  Gatigues,  Lussan, 
Bouquet  ;  il  était  pasteur  à  Ribaute  en 
1760,  à  Galvi.sson  en  1761  et  62;  en  1786 
et  87  les  synodes  lui  accordèrent  une  pen- 
sion viagère  de  1501.  à  raison  des  services 
qu'il  avait  rendus  à  la  province  en  des 
temps  fâcheux  (Dardier,  Paul  Rabaut,  ses 
lettres,  etc.).  —  «  M.  Loys  Fayole  avocat 
de  Senlis,  »  reçu  habitant  de  Genève,  16 
oct.  1572  ;  (Catherine)  du  Dauphiné,  ma- 
lade à  l'hôpital  de  Lausanne,  1689;  (Su- 
zanne) de  Peyroles  près  SMean  de  Gar- 
donnenque,  morte  au  même  lieu.  1691; 
(Jacques)  marchand  de  JNimes,  et  autre 
Jacques,  greffier  à  Nîmes,  réfugiés  à  Ber- 
lin, 1698.  —  Pierre  Fayon  «  faiseur  d'in- 
strumens  de  musique,  de  Nozeret  en  Bour- 
gogne, »  reçu  habitant  de  Genève,  7  sep- 
temli.  1572.  —  Nicolas  Fayot,  de  Dijon, 
espinglier,  id.  15  mai  1574.  (Pierre),  de  la 
Brie,  «  porteur  de  chaize,  »  réfugié  avec 
sa  femme  et  6  enf.  à  Berlin,  1698.  —  Bar- 
thélémy Fazel,  nommé  consul  de  Beda- 
rieux  par  les  protestants  de  cette  ville,  en 
1664  ;  son  élection  est  cassée  (Proc.  verb. 
des  Etats  de  Languedoc).. 

FAZY,  primitivement  Fazi,  famille  du 
val  de  Queyras  en  Dauphiné  et  de  Brian- 
çon,  réfugiée  à  Genève  à  l'époque  de  la 
révocation  de  l'Édit  de  Nantes.  Elle  était 
d'origine  italienne.  Fazi  est  un  diminutif 
de  Bonifazio,  comme  le  nom  des  artistes 
florentins  Lippo  et  Lippi  était  une  abré- 
viation de  Fi!i{)po  et  de  Filippi,  et  de  mê- 
me tant  d'autres.  On  trouve  un  Thomas 
Fazy,  «  de  la  vallée  de  Queyras  commu- 
nauté de  Mol i nés,  »  mort  à  l'hôpital  de 
Lausanne  en  1701  et  un  Fazy  Fazy  (c'est- 
à-dire  Boniface  Fazy)  du  même  lieu,  figure 
sur  les  listes  d'assistés,  à  Londres,  de  1702 
à  1710.  Le  premier  membre  de  cette  fa- 
mille qui  se  fit  recevoir,  le  13  février  1702, 
habitant  de  Genève,  Antoine  Fazy,  était 
un  riche  industriel  qui  apporta  dans  sa 
nouvelle  patrie  la  fabrication  des  indiennes 
et  des  toiles  peintes.  Il  créa  à  Genève,  dans 
le  quartier  des  Pàquis  et  des  Bergues,  un 
grand  établissement  que  ses  descendants 
exploitèrent  après  lui,  qui  subsista  pendant 
tout  le  XVIIIrae  siècle  et  ne  périclita  que 
lors  de  la  réunion  temporaire  de  la  petite 
république  au  grand  empire  napoléonien  et 
du  blocus  continental.  11  mourut  en  1731, 
ayant  été  marié  trois  fois  :  1°  avec  Priscille 


463 


FAZY 


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Dupuy  ;  2"  le  27  janvier  1705  avec  Suzanne 
Bouverot  de  Pont-de-VeyIe  en  Bresse, 
morte  en  1718  ;  3o  avec  Claremonde  Bous- 
seau,  tante  du  célèbre  Jean-Jacques.  «  J'al- 
lais presque  tous  les  dimanches,  dit  ce- 
lui-ci dans  ses  Rêveries  d'un  promeneur 
(ch.  4)  passer  la  journée  chez  M.  Fazy 
qui  avait  épousé  une  de  mes  tantes  et  qui 
avait  là  une  fabrique  d'indiennes.  »  Il 
raconte  encore  qu'en  jouant  avec  le  rou- 
leau du  calendrage  il  eut  deux  doigts  de 
la  main  presque  écrasés. 

De  son  premier  et  de  son  deuxième  ma- 
riages, Antoine  Fazy  eut  plusieurs  fils,  no- 
tamment Jean-Salomon  (1709-1782),  qui 
épousa  une  d"e  Marie  Trembley,  dont  le 
fils  aîné,  Jean-Louis,  fut  le  grand-père  de 
Jean-Jacob,  dit  James  Fazy,  tandis  que  le 
second,  Jean,  industriel  de  mérite,  inven- 
ta les  montres  à  compensateur  et  fut  hor- 
loger de  la  Cour  à  St-Pétersbourg.  Le  pe- 
tit-fils de  Jean,  Louis-Philippe  Fazy,  né 
en  1808,  épousa,  l'an  1841,  MJ'e  Hélène 
Meyer,  fille  d'un  ancien  consul  d'Angle- 
terre à  Varsovie,  enseigna  pendant  long- 
temps avec  succès  la  littérature  française 
à  Genève,  à  l'École  secondaire  des  jeunes 
filles,  et  pnblia  en  1844  un  Choix  de  prose 
et  de  poésie,  puis  en  1860  un  Cours  d'his- 
toire de  la  poésie.  De  ses  trois  fils  l'aîné, 
Henri,  né  en  1842,  et  devenu  fort  jeune 
un  député  radical  influent,  a  siégé  depuis 
1866  presque  sans  interruption  au  Grand 
Conseil  et  a  rempli  de  1870  à  1875  les 
fonctions  de  conseiller  d'État  ;  dans  le  do- 
maine de  l'érudition,  il  s'est  fait  connaître 
par  divers  travaux  insérés  dans  les  Mémoi- 
res, soit  de  l'Institut  genevois,  soit  de  la 
Société  d'Histoire  et  d'archéol.  de  Genève. 

Au  milieu  de  cette  famille  nombreuse  et 
modeste,  une  place  hors  de  pair  appartient 
à  Jean-Jacob  dit  James  Fazy  qui  a  été 
souvent  appelé  le  dictateur  de  Genève  et 
qui  de  l'aveu  d'un  de  ses  plus  vaillants 
adversaires  (le  Journal  de  Genève,  17  nov. 
1878)  «  remplit  l'histoire  de  la  République 
à  peu  près  tout  entière  de  1841  à  1864.  » 

Né  à  Genève  le  12  mai  1794,  fils  de 
Jean-Samuel  Fazy,  industriel,  et  de  Marie 
Fazy,  il  fréquenta  les  classes  inférieures 
du  collège  de  sa  ville  natale  et  termina 
une  éducation  quelque  peu  décousue  dans 
l'établissement  raorave  de  Neuwied  sur  les 
bords  du  Rhin.  Les  intérêts  et  les  tradi- 
tions de  sa  famille  le  destinaient  au  com- 


merce des  toiles  peintes  :  son  apprentis- 
sage se  fit  d'abord  à  Bolbec,  puis  à  Lyon, 
mais  les  événements  de  1814,  en  rendant 
à  la  petite  république  de  Genève  son  indé- 
pendance, le  ramenèrent  dans  ses  murs. 
Libre  désormais  de  suivre  la  vocation  de 
son  choix,  il  étudia  les  lettres,  l'histoire, 
l'économie  pohtique,  figura  parmi  les  fon- 
dateurs du  Journal  de  Genève  à  côté  do 
l'avocat  Cougnard,  des  Dr*  Gosse  et  Mayor, 
des  poètes  Chaponnière  et  Petit-Senn  et  pu- 
blia eu  1824  une  nouvelle  allégorique,  soi- 
disant  traduite  de  l'arabe  :  Les  Voyagesd'Er- 
télib  [Liberté]  traduite  du  poète  Ellensahi- 
rad  (Genève,  in-12);  puis  une  tragédie  en 
trois  actes  et  en  vers,  La  mort  de  Lévrier, 
dont  la  représentation  fut  interdite  par  le 
syndic  Vernet  à  cause  de  la  vivacité  et  de 
la  fréquence  des  allusions  politiques. 

Les  rigueurs  de  la  censure,  et  le  désir 
d'essayer  ses  talents  dans  une  plus  vaste 
sphère  d'action,  conduisirent  Fazy  à  Paris 
où  il  se  lança  immédiatement  après  son  ar- 
rivée, dans  les  polémiques  ardentes  soule- 
vées par  l'opposition  libérale  contre  le  gou- 
vernement de  Charles  X  et  combattit  dans 
les  rangs  les  plus  avancés,  tantôt  en  parti- 
san isolé,  tantôt  après  s'être  concerté  avec 
quelques  amis  affiliés  comme  lui  au  carbo- 
narisme. Les  vicissitudes  de  la  lutte  le  mi- 
rent souvent  en  rapport  avec  les  chefs  les 
plus  écoutés  de  la  gauche  :  La  Fayette, 
Lafitte,  Armand  Carrel.  Divers  journaux 
parisiens  le  comptèrent  au  nombre  de  leurs 
fondateurs  ou  de  leurs  collaborateurs  :  en 
1827  il  lança  avec  quelques  amis  «  la 
France  chrétienne,  »  bientôt  supprimée 
par  la  censure  et  publia  dans  «  Le  Mercure 
de  France  au  XIX me  siècle  »  les  Lettres 
d'un  Américain.  Aux  approches  de  1830 
il  eut  l'idée  originale  de  créer  une  feuille 
en  partie  double  dans  laquelle,  pour  échap- 
per aux  rigueurs  du  pouvoir,  les  doctri- 
nes libérales  étaient  mises  en  regard  des 
thèses  rétrogrades.  L'éducation  républicaine 
dont  Fazy  était  redevable  à  son  origine,  et 
la  profonde  impression  qu'avaient  produite 
sur  lui  les  ouvrages  économiques  de  ses 
compatriotes  Sismondi  et  Etienne  Dumont, 
en  firent  dès  ses  débuts  un  fervent  défenseur 
de  ces  théories  du  «  laissez  faire,  laissez 
passer,  »  auxquelles,  pendant  sa  longue 
carrière,  il  demeura  toujours  fidèle.  Une 
série  de  franches  et  incisives  brochures 
contre   les  privilèges,  selon  lui   exorbi- 


465 


FAZY 


466 


tants,  de  la  Banque  de  France,  et  le  régi- 
me des  Douanes  attira  l'attention  publique 
et  lui  valut  les  éloges  de  J.-B.  Say.  A 
cette  époque  il  publia  :  Du  privilège  de  la 
Banque  de  France  considéré  comme  nuisi- 
ble aux  opérations  commerciales  ;  Paris, 
1819,  in-8o.  —  L'homme  aux  portions,  ou 
Conversations  philosophiques  et  politiques 
(inspiré  par  l'homme  aux  Quarante  por- 
tions de  Voltaire)  ;  Paris,  1821.  —  Opuscu- 
les financiers  sur  l'effet  des  privilèges,  des 
emprunts  publics  et  des  conversions  sur  le 
crédit  et  l'industrie  en  France  ;  Paris, 
1826.  —  De  l'état  périlleux  des  finances 
et  du  4  «"/o  Chabrol  ;  Paris,  1830.  —  Prin- 
cipes d'organisation  industrielle  pour  le 
développement  des  richesses  en  France, 
explication  du  malaise  des  classes  producti- 
ves et  moyen  d'y  porter  remède  ;  Paris, 
1830.  En  dehors  de  ces  applications  prati- 
ques du  libre  échange,  il  intervenait  plus 
directement  dans  la  mêlée  par  une  bro- 
chure contre  les  puissants  du  jour  intitu- 
lée :  De  la  Gérontocratie  ou  abus  de  la  sa- 
gesse des  vieillards  dans  le  gouvernement 
de  la  France  ;  Paris,  1828,  in-8o. 

Lorsqu'eurent  paru  les  ordonnances  de 
1830,  Fazy  signa  le  27  juillet  la  protesta- 
tion des  journalistes  et  accompagna,  le  28, 
à  l'Hôtel-de-Ville  la  révolution  victorieuse. 
En  ces  jours  de  trouble,  toute  place,  fut- 
ce  la  plus  haute,  échéait  au  premier  occu- 
pant. Fazy  se  plaisait  à  raconter  avec  sa 
bonne  humeur  habituelle  qu'il  avait  été 
pendant  quelques  heures  l'un  des  secrétai- 
res du  gouvernement  provisoire,  mais 
qu'ayant  été  obligé  de  sortir  pour  quelques 
instants  de  la  salle  des  séances,  il  s'était 
vu  enlever  son  fauteuil,  et  il  ajoutait  son 
mouchoir,  par  un  compétiteur  qu'il  n'é- 
tait pas  parvenu  à  évincer.  Ses  amis  cru- 
rent sufTisamment  reconnaître  les  services 
que  pendant  la  lutte  il  avait  pu  rendre 
comme  tirailleur,  par  l'ofîre  de  la  préfec- 
ture de  l'Isère,  mais  le  pamphlétaire, 
froissé  dans  son  ambition,  refusa  et  pré- 
féra rester  à  Paris  pour  conspirer  la  chute 
de  la  dynastie  à  l'avènement  de  laquelle 
il  avait  contribué  quelques  mois  aupara- 
vant. Dans  un  nouveau  journal,  des  plus 
éphémères,  qu'il  fonda  de  concert  avec  un 
de  ses  amis,  Anthony  Thouret,  et  qu'il  fit 
paraître  sous  le  nom  de  La  Révolution  de 
1830,  il  ne  se  borna  pas  à  combattre  le 
gouvernement  de  Louis-Philippe,  mais  con- 


testa le  droit  législatif  de  la  deuxième 
Chambre  sous  le  prétexte  qu'elle  ne  repré- 
sentait pas  le  peuple  français,  issue 
qu'elle  était  d'un  sutfrage  beaucoup  trop 
restreint.  La  cour  d'assises  de  la  Seine  le 
condamna  à  trois  reprises  (janvier,  février, 
août)  «  pour  attaques  contre  l'autorité 
constitutionnelle  et  la  Chambre  des  Dépu- 
tés ;  »  mais  l'habile  pamphlétaire  réussit  à 
se  soustraire  soit  aux  quelques  mois  de 
prison,  soit  aux  plusieurs  milliers  de 
francs  d'amende  prononcés  contre  lui.  Sa 
famille  comptait  soit  à  Paris,  soit  à  Ge- 
nève, des  amis  influents  qui  obtinrent  sa 
grâce.  «  Je  vous  l'accorde,  »  leur  aurait 
répondu  Casimir  Périer  «  mais  je  souhaite 
que  vous  n'ayez  pas  à  vous  en  repentir.  » 

De  retour  à  Genève,  Fazy  combat  le 
régime  conserv^ateur  établi  en  1814,  d'abord 
dans  V Europe  centrale;  puis  il  réclame  dans 
la  Revue  de  Genève  entre  autres  réformes, 
le  suffrage  universel,  un  conseil  munici- 
pal librement  élu,  pour  la  ville,  et  la  démo- 
lition des  antiques  fortifications  de  Genève. 
En  même  temps  il  accueille  la  collabora- 
tion de  Mazzini,  défend  la  révolte  du  prince 
Napoléon  à  Strasbourg  (1836)  et  soutient, 
pour  les  exaltés  de  Zurich  et  de  Neuchâ- 
tel,  «  le  droit  à  l'émeute.  » 

L'Europe  centrale  fut  suspendue  en 
1834  à  la  suite  de  l'échaftourée  des  Polo- 
nais qui  sous  le  commandement  du  géné- 
ral Ramorino  projetèrent  d'envahir  la  Sa- 
voie et  s'avancèrent  de  Genève  à  une 
lieue  plus  loin,  à  Annemasse,  mais  qui 
désarmés  après  le  premier  engagement 
avec  les  troupes  sardes,  reculèrent  en 
désordre  jusque  sur  le  territoire  suisse. 
Fazy  profita  de  ses  loisirs  forcés  pour  re- 
venir à  la  littérature  et  composa  un  ro- 
man, Jean  d'Yvoire,  pâle  imitation  de 
Walter  Scott  remplie  d'allusions  politi- 
ques et  le  premier  volume  d'un  récit  de 
l'Histoire  de  Genève  (jusqu'en  1706)  au- 
quel manque  la  première  condition  d'une 
œuvre  de  cet  ordre,  l'impartiîflité.  En 
1841  un  club  politique,  l'Association  du  3 
mars,  où  s'était  plus  ou  moins  imposé  Ja- 
mes Fazy,  réussit  à  faire  prévaloir  des 
demandes  de  réforme,  celles  entre  autres 
relatives  au  suffrage  universel  et  à  une 
municipalité  librement  élue.  Un  rassem- 
blement tumultueux  (22  novembre),  en- 
toura l'Hôtel-de-Ville  et  contraignit  le 
gouvernement  genevois  à  voter  la  convo- 


467 


FAZY   —    FÉBURE 


468 


cation  d'une  Assemblée  constituante  ;  les 
défenseurs  de  l'ancien  régime  y  conser- 
vant la  majorité,  Fazy  maintint  et  ac- 
centua les  réclamations  du  parti  radical. 
Un  nouveau  soulèvement  eut  lieu  le  13 
février  1843  auquel  le  colonel  Dufour. 
chef  des  troupes  du  gouvernement,  résista 
avec  vigueur,  mais  les  syndics,  comme  en 
1841,  capitulèrent  devant  l'insurrection. 
Les  discussions  de  l'Assemblée  fédérale 
suisse  fournirent  au  démolisseur  les  der- 
niers arguments  dont  il  avait  besoin  pour 
s'emparer  d'une  forteresse  déjà  démante- 
lée. Si  peu  sympathiques  qu'ils  fussent 
aux  Jésuites  et  à  la  ligue  ultramontaine 
appelée  Sonderbund,  les  Conseils  de  Ge- 
nève voulaient  la  stricte  observation  des 
traités  de  1815  et  ne  reconnaissaient  pas 
à  la  Diète  helvétique  le  droit  de  s'immis- 
cer dans  les  affaires  intérieures  des  can- 
tons (vote  du  3  octobre  1846  :  34  voix 
contre  27).  Dix -sept  députés  radicaux 
donnèrent  immédiatement  leur  démission; 
la  Revue  de  Genève,  organe  de  James 
Fazy,  accusa  le  gouvernement  genevois  de 
prendre  fait  et  cause  pour  les  Jésuites  et 
le  populaire  tuinultueusement  assemblé 
annula  le  décret  du  3  octobre.  Un  mandat 
d'amener  ayant  été  lancé  contre  Fazy, 
une  lutte  sanglante  s'engagea  dans  les 
rues  et  avait  déjà  coûté  la  vie  à  quelques 
citoyens  lorsque  le  Conseil  d'État  abdiqua 
ses  pouvoirs  (8  oct.).  Une  nouvelle  assem- 
blée fut  convoquée  le  lendemain  sur  la 
place  publique,  au  Molard,  où  jadis  péro- 
raient Froment  et  Farel,  proclama  un  gou- 
vernement provisoire  avec  Fazy  pour 
chef.  Les  ultramontains  genevois,  dans 
leur  haine  contre  la  Rome  protestante, 
donnèrent  leur  voix  à  l'astucieux  politi- 
cien et  firent  cause  commune  avec  les  ou- 
vriers socialistes.  Les  citoyens  radicaux, 
convoqués  en  Conseil  général  mirent  tous 
les  dégâts  à  la  charge  des  magistrats  dé- 
missionnaires et  du  commandant  des  trou- 
pes pour  les  châtier  d'avoir  osé  résister  à 
l'émeute.  Une  assecnblée  dite  Constituante 
nommée  en  1846  transforma  Genève  dans 
le  sens  le  plus  radical.  L'auteur  de  cette 
révolution,  qui  s'était  fait  nommer  rappor- 
teur de  l'œuvre  nouvelle,  la  défendit  avec 
l'audace  et  la  fécondité  de  ressources  qui 
lui  étaient  habituelles. 

M.   Fazy  devenu  président  du  Conseil 
d'État  et  chargé  du  département  des  finan- 


ces exerça,  de  1846  à  1861.  sur  ses  conci- 
toyens une  autorité  dictatoriale.  Le  Grand 
Conseil  lui  vota  le  2  mars  1850  un  don 
national  de  200  toises  de  terrain  sur  cha- 
cune des  rives  du  lac.  Cependant  un  chan- 
gement de  l'opinion  dans  le  sens  libéral 
fut  amené  par  le  gaspillage  des  finances, 
par  les  concessions  excessives  à  l'Église 
romaine  et  à  son  trop  habile  directeur, 
M.  le  curé  Mermilliod.  par  les  scandales 
aux(juels  se  laissa  entraîner  M.  Fazy  dans 
sa  vie  privée  et  linstallatiou  dans  son  hô- 
tel d'une  maison  de  jeu.  Sa  domination 
croula  définitivement  le  22  août  1864  à  la 
suite  d'une  émeute  sanglante,  organisée 
par  ses  partisans  insurgés  contre  un  vote 
du  suffrage  universel. 

Les  vicissitudes  de  la  politique  canto- 
nale, le  dépouillèrent  à  partir  de  1872  de 
toute  infiuence  même  sur  ses  anciens  par- 
tisans. En  1874,  il  ne  fut  même  pas  réélu 
membre  du  Grand  Conseil. 

L'Université  fut  le  dernier  refuge  du 
vieux  lutteur.  On  lui  conféra  la  chaire  de 
professeur  de  droit  constitutionnel,  iiono- 
rable  retraite  accordée  à  son  indigence. 
Ses  leçons  ont  été  réunies  sous  le  titre  de 
Intelligence  collective  des  sociétés.  Il  mou- 
rut le  6  nov.  1878  sans  que  les  infirmités 
corporelles  eussent  pu  affaiblir  la  verdeur 
de  son  esprit  ni  sa  confiance  dans  l'avenir 
de  ses  idées.  Le  pouvoir  exécutif  décréta 
que  ses  obsèques  auraient  lieu  aux  frais  de 
l'État;  son  nom  a  été  donné  à  un  boule- 
vard de  la  ville  et  un  beau  buste  en  bron- 
ze, sans  inscription,  lui  a  été  élevé  par  ses 
amis  dans  une  promenade  publique,  au 
jardin  de  S'-Jean  (Stroehlin). 

FÉBURE  (George),  «  de  Leigue  près 
(]hastillon  sur  Seine,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, 2  septemb.  1572;  —  Jaques  Fébure 
«  de  S.  Niceot  près  Troye,  ministre,  »  id. 
15  nov.  1592.  —  Fr.  Fehvre,  de  Nevers, 
id.  sept.  1557.  —  Paul  Fédon,  étudiant 
en  théol.  à  Nîmes,  1615.  —  Abdenago 
Fégouex,  d'Orléans,  sergier  (a  esté  à  la 
messe),  »  hab.  de  Genève,  20  juill.  1573.  — 
Constant  Feitrier,  de  Marseille,  marchand, 
id.  29  déc.  1572.  —  •  M.  Antoine  Feis- 
sier  [Teissier?],  conseiller  historiographe 
de  Nismes,  avec  la  d'Je  sa  femme,  3  enf. 
et  une  servante,  »  réfugiés  à  Berlin,  1698 
(Dieterici).  —  Paul  Feizan,  de  Cours  en 
Vivarais,  procureur,  66  ans,  et  Marie  Delu 
sa  femme,  réfugiés  à  Lausanne,  1740. 


469 


FELICE 


470 


1.  FÉLlCE  (Charles),  de  Montélimart, 
en  apprentissage  d'orfèvre  à  Genève,  1684. 
—  «  Sieurs  Cfiaries  et  Jean  Félice,  mar- 
chands de  Montélimart,  tolérés  icy  avec 
permission  de  vendre  leurs  marchandises 
jusques  au  bon  vouloic  »  (Manuaux  de 
Lausanne,  3  juin  1686).  —  Félice,  de 
Montélimard,  établi  à  Payerne  dès  1686 
(Manuaux  de  Payerne). 

2.  FÉLICE  (de),  famille  remarquable  par 
sa  fidélité  à  la  profession  ecclésiastique. 
Son  plus  ancien  auteur  à  nous  connu  ne  fut 
cependant  que  philosophe  et  publiciste.  Né  à 
Rome  en  1723  il  était  professeur  de  scien- 
ces mathématiques  et  naturelles,  lors- 
qu'une aventure  romanesque  (voy.  la  Biogr. 
Michaud,  art.  du  pnsf  Marron,  1815,  et 
la  Biogr.  générale  de  F.  Didot)  le  força, 
dit-on,  à  prendre  la  fuite.  Il  se  retira  dans 
le  canton  de  Berne  et  y  embrassa  le  pro- 
testantisme. Les  ouvrages  par  lesquels  il 
débuta  dans  la  carrière  d'écrivain  furent 
des  dissertations  latines  sur  l'utilité  de 
l'aréomètre  (17o3)  et  les  effets  de  l'attrac- 
tion (1757).  Quelques  annérs  plus  tnrd 
(1763)  il  publia  un  Discours  sur  la  ma- 
nière de  former  l'esprit  et  le  cœur  des  en- 
fants. En  1769  il  fonda  un  établissement 
typographique  à  Yverdun,  imprimerie 
d'où  sortirent  un  grand  nombre  d'écrits, 
principalement  de  sa  plume,  j)armi  les- 
quels on  remarque  un  cours  de  Droit  de 
la  nature  et  des  gens  (1769),  puis  un  Ta- 
bleau philosophique  de  la  religion  chrétien- 
ne, en  4  vol.  in-12, 1779,  et  surtout  VEn- 
cyclopédie  d' Yverdun,  immense  travail  en 
48  vol.  in-4o  et  10  vol.  de  planches,  dont 
il  commença  la  publication  en  1770  et 
qui  ruina  sa  famille.  Son  activité  litté- 
raire ne  s'arrêta  qu'à  sa  mort,  arrivée  en 
1789. 

Il  eut,  outre  trois  filles,  six  fils  dont 
deux  sont  à  mentionner  ici  :  1°  Fortuné- 
Bernard,  né  à  Berne  le  11  octob.  1760. 
C'est  il  Berne  qu'il  fit  ses  études.  En  1786, 
après  avoir  obtenu  la  place  de  ministre 
dans  le  régiment  suisse  de  Lullin  de  Cha- 
teauvieux,  en  résidence  à  Paris ,  poste 
qu'il  n'occupa  que  peu  (ou  point),  il  devint 
vicaire  du  pasteur  Touchon  à  Bâle ,  puis 
professeur  à  l'Instilut  électoral  de  Fran- 
kenthal.  Quelques  années  plus  tard  il  fut 
nommé  pasteur  à  Kaiserslautern,àOtterberg, 
puis  (1804)  à  Friederichsdorf  qu'il  quitta 
au  commencement  de  1807  pour  aller  à 


Lille  succéder  au  pasteur  Boissard.  Il  dé- 
ploya dans  cette  dernière  ville  une  grande 
et  fructueuse  activité.  Son  diocèse  com- 
prenait les  départ,  du  Nord  et  du  Pas-de- 
Calais,  où  il  présida  à  la  naissance  de 
communautés  protestantes  et  de  temples 
dont  plusieurs  existent  encore.  Il  mourut 
le  11  mars  1832. —  2°  Frédéric-Charles, 
né  en  1775,  pasteur  de  l'église  du  Val  de 
St-Imier,  qu'il  quitta  en  oct.  1801  (?)  pour 
passer  à  celle  de  Metz,  où  il  fut  le  premier 
ministre  nommé  après  la  restauration  des 
cultes  en  France.  Il  y  joignit,  eu  1804, 
le  titre  et  les  fonctions  de  professeur  au 
lycée  de  la  ville  ;  mais  une  mort  préma- 
turée vint  le  surprendre,  et  affliger  son 
troupeau  :  il  avait  prêché  deux  fois  le  jour 
de  Pâques  1809  et  il  mourut  le  lendemain, 
8  avril. 

Guillaume-Adam  de  Félice,  fils  de  For- 
tuné-Bernard, né  à  Otterberg  le  12  niars 
1803,  fit  ses  études  théologiques  à  l'acad.  de 
Strasbourg  de  1821  k  1825,  et  il  écrivait  en 
même  temps  dans  les  Journaux  et  Revues 
des  articles  historiques  et  philosophiques. 
Son  premier  ouvrage  publié  en  1822,  fut 
une  traduction  de  l'ouvrage  allemand  de 
Bretschneider,  intitulé  Calvin  et  l'église 
de  Genève;  il  obtint  en  1824  le  prix  d'un 
concours  ouvert  à  Paris  par  une  disserta- 
tion sur  L'esprit  et  le  but  de  l'Institution 
biblique  {Iraduile  en  suédoi.s).  Nommé  pas- 
leur  à  Bolbecen  1828,  il  fut  choisi  pour  oc- 
cuper à  la  F'aculté  de  théologie  de  Montau- 
ban  (1838)  la  chaire  de  morale  et  d'élo- 
quence sacrée  qu'il  occupa  jusqu'en  1870. 
Sa  santé  épuisée  par  un  travail  incessant  le 
forçait  à  la  retraite.  Il  se  retira  à  Lausanne 
où  il  mourut  le  23  oct.  1871.  Voici  son 
portrait  tracé  par  la  main  de  l'un  de  ses 
meilleurs  élèves,  M.  le  pr  N.  Recolin  :  «  Ses 
cours  étaient  pré[iarés  et  dits  avec  beau- 
coup de  soin  ;  sa  parole  était  remarquable 
pour  la  lucidité  de  la  pensée  et  la  pureté 
de  l'expression  ;  on  aurait  voulu  quelque- 
fois qu'il  y  eut  dans  son  élocution  plus  de 
laisser-aller  et  de  rapidité.  L'éloquence  sa- 
crée était  enseignée  par  lui  avec  le  goût  et 
l'autorité  d'un  maître  :  ses  leçons  de  pru- 
dence pastorale  portaient  l'empreinte  d'un 
esprit  plein  de  sagesse  et  de  maturité;  le 
cours  de  morale  chrétienne  se  distinguait 
par  la  finesse  des  observations  et  l'unité 
des  principes  auxquels  le  professeur  aimait 
toujours  à  remonter...  Comme  prédicateur 


471 


FELICE   —  FELIX 


472 


il  s'éleva  à  l'un  des  premiers  rangs  parmi 
les  orateurs  du  réveil  orthodoxe  protes- 
tant. Strictement  orthodoxe  par  le  fond, 
sa  prédication  fut  toujours  très  classique 
par  la  forme...  ;  aussi  bien  la  longueur  de 
ses  sermons  était  proportionnée  à  l'inten- 
sité du  travail  :  l'orateur  se  plaisait  à  dire 
dans  l'intimité  qu'il  lui  fallait  bien  une 
•demi-heure  pour  préparer  son  auditoire  et 
une  heure  au  moins  pour  le  convaincre.  » 
Voici  les  principaux  écrits  qu'on  a  de  lui  : 
Réflexions  sur  les  rapports  de  la  religion 
chrétienne  avec  notre  situation  présente, 
4831,  in-8o.  —  Du  ministère  évangélique 
dans  son  rapport  avec  l'état  actuel  des  égli- 
ses réformées,  1832,  in-S».  —  Discours 
prononcé  à  l'ouve^-ture  de  la  chapelle  évan- 
gélique du  Havre  ;  1834,  in-8°.  — Le  comte 
Jean-Fréd.  Struensée,  biographie  reli- 
gieuse, avec  portrait,  1838,  in-8°.  —  Aux 
pères  et  aux  mères  sur  l'éducation  de  leurs 
enfants  ;  Toulouse,  1840.  —  Appel  d'un 
chrétien  aux  gens  de  lettres,  1841,  in-12. 

—  La  voix  du  colporteur  biblique,  Paris, 
1844,  in-12.  —  Émancipation  immédiate 
et  complète  des  esclaves.  Appel  aux  aboli- 
tionnistes,  Paris,  1846,  in-S".  —  Histoire 
des  protestants  de  France  depuis  l'origine 
de  la  Réformation  jusqu'au  tempx  présent  ; 
Paris,  1850,  in-8o.  Cet  ouvrage  a  eu  sept 
éditions  et  a  été  traduit  en  quatre  langues. 

—  Les  vieillards.  Deux  sermons  précédés 
d'une  notice  sur  l'Asile  des  vieillards  de 
Toulouse,  1863.  —  Histoire  des  synodes 
nationaux  des  églises  réf.  de  France,  1864, 
in-18.  —  Droits  et  devoirs  des  laïques 
{trois  conférences);  Paris,  1864,  in-18.  — 
Appel  en  faveur  des  noirs  émancipés  dans 
les  États-Unis,  1865.  — M.  Guizot,  sa 
candidature  au  Conseil  presbytéral  de  Pa- 
ris ;  1865.  —  Etienne  Grellet  évangéliste 
français  au  XIX  siècle  ;  traduction  libre 
de  l'anglais,  Toulouse,  1867,  in-12.  —  G. 
de  Félice  fut  en  outre  un  assidu  collabo- 
rateur des  Archives  du  christianisme,  du 
Semeur,  de  l'Espérance,  du  journal  La 
Presse,  du  New-  York  Observer  et  de  1'^- 
vangelical  Christendom,.  —  La  part  si  ho- 
norable qu'il  prit  à  l'abolition  de  l'escla- 
vage tut  de  toutes  ses  œuvres  celle  qui  lui 
tint  le  plus  à  cœur.  Ce  fut  lui  qui  rédigea, 
en  1846,  la  fameuse  pétition  française 
pour  l'abolition.  Du  moins  connaissons- 
nous  des  lettres  où  le  député  Schœlcher 
lui  écrivait  (13  fév.  1847]  :  «  Je  viens  vous 


prier  de  m'cnvoyer  une  ou  deux  douzaines 
de  votre  pétition,  s'il  en  reste  encore...  Je 
croyais  faire  chose  très  adroite  en  tirant 
à  200  exempt,  mon  article  où  je  la  résume, 
mais  je  me  suis  trompé  ;  beaucoup  de  ceux 
à  qui  on  s'adresse  demandent  le  texte  ;  s'il 
vous  en  reste  donnez-m'en.  »  On  a  plus 
d'une  fois  appelé  Guill.  de  Félice  «  le  La- 
martine de  la  théologie.  » 

Il  avait  un  frère,  Jean-Daniel,  né  en  1805, 
pasteur,  longtemps  directeur  du  collège  de 
S'e-Foy,  et  deux  tils  qui  continuent  ses  tra- 
vaux :  lo  Thkodore,  auteur  d'une  thèse  sur 
La  notion  de  la  foi  d'après  les  enseignements 
de  S.  Pai// (Montauban,  1863),  aujourd'hui 
pasteur  à  Orthez  ;  il  a  pubhé  en  1873  un  vol . 
des  Sermons  de  son  père  et  en  1878  (2e  éd. 
1879)  un  Catéchisme  à  l'usage  des  écoles  pri- 
maires. 2o  Paul,  auteur  d'une  thèse  sur 
L'unité  de  l'Église  et  S.  Cyprien  (Montauban, 
1871)  etd'une  thèse  de  licencesur  VOctavius 
de  Minucius  Félix,  pasteur  d'abord  à  Mer, 
aujourd'hui  à  Chartres  et  auquel  on  doit  déjà 
plusieurs  ouvrages  historiques  :  Denis  Pa- 
pin;  Blois,  1879.  —  Lambert  Daneau  {thèie 
de  doctorat)  ;  Paris,  1882  (Voy.  ci-dessus, 
V  91).  —  Mer  (Loir  et  Cher)  ;  son  église 
réformée;  établissement,  vie  intérieure,  dé- 
cadence, restauration;  Paris,  Fischbacher 
et  Grassart,  1863,  in-8o  de  xvi  et  301  p.  ; 
La  Réforme  en  Blaisois,  Orléans  1885. 

FÉLIX  (Jean  de),  «  dict  le  guascon, 
natifz  de  Agien  en  Agenoys,  cordanier  de 
son  stil,  »  reçu  habitant  de  Genève,  juin 
1350.  —  (Estienne,  de  Nîmes,  mercier,  id., 
mai  1555.  —  (Estienne),  de  Bourges,  cor- 
dier,  id.,   17  nov.   1572.  —  (François), 

ministre  au  Vigan,  1567.  —  ( ),  ancien 

de  Montélimar,  1598  [X  263].  —  (.lean), 
de  Nîmes,  étudiant  à  Genève,  oct.  1598  ; 
ministre  à  Romans,  1620-37  ;  l'un  des 
pasteurs  chargés  par  le  synode  de  Pont- 
en-Royans,  juin  1622,  de  recueillir  les 
Mémoires  des  églises  touchant  les  faits 
mémorables  arrivés  en  icelles  depuis  la 
Réformation.  —  (Marc),  du  Dauphiné, 
étudiant  à  Genève  (Mjrcus  Félix  delphi- 
nas)  en  1631  ;  ministre  à  Rosans,  1637. 
—  Famille  Félix,  originaire  de  Soramette 
en  Vivarais,  réfugiée  à  Moudon  (Vaud)  en 
1676.  —  Jean  de  Félix,  d'Orange,  capi- 
taine au  régim.  de  Dohna  et  lieutenant- 
colonel  trésorier  du  roi,  fils  de  Louis,  re- 
ceveur gén.  de  la  principauté  d'Orange  et 
de  Françoise  Termin,  épouse  à  Berlin,  1er 


473 


FELIX 


FEERAND 


474 


mai  1704,  Anne-Ève  fille  deGédéon  LeBa- 
chellé,  de  Metz  ;  mort  en  1768  à  82  ans. 

FÉLICIAN.  Marie  Féliciane  massacrée 
à  Gabrières  en  1562  {Crespin,  679a).  — 
Antoine,  Matthieu,  Daniel,  Louis  et  Jean 
Félician,  condamnés  à  l'amende  pour  par- 
ticipation à  une  assemblée  religieuse  sur- 
prise à  Gabrières,  1736  (Tt  236).  —  MHe 
Félician,  de  Gabrières,  enfermée  au  cou- 
vent de  la  Propagande  à  Aix,  en  1745 
(E  3506). 

FÉLLNARD  (Jacques),  de  Tulette  en 
Dauphiné,  assisté  en  passant  à  Genève 
pour  aller  en  Hollande,  1704.  —  Jean  Fé- 
line, de  Massillargue,  reçoit  diverses  assis- 
tances àGenèveen  1705etl711.  La  veuve 
de  Simon  Félines  de  Massillargues,  réfugiée 
à  Wesel,  1698.  —  Jacques  Felip,  de 
Montpellier,  assisté  à  Genève  d'un  viati- 
que pour  l'Allemagne,  1705.  —  Simon 
Felles,  de  Dieppe,  étudiant  en  théologie  à 
l'acad.  de  Montauban,  1650  ;  l'un  des  ar- 
gumentateurs  sur  une  des  Disputationes 
elenchtiae  d'Ant.  GarissoUes  (p.  65  et  104): 
De  libris  apocryphis  in  specie;  consacré  en 
1660;  pasteur  à  Lintot,  1660-69;  à  Bolbec, 
1670-85  ;  lors  de  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes,  il  se  réfugia  en  Hollande 
{Bull.  VH,  431)  et  y  mourut  en  1689.  — 
«  Le  sr  Jacques  Fellet,  de  la  Goste-S'-An- 
dré  en  Dauphiné,  cordonnier,  »  86  ans  et 
o  mois,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne,  11 
nov.  1689.  »  —  Jehan  Felleu,  du  pays  de 
Berry,  reçu  habit,  de  Genève,  août  1547. 
—  Pierre  et  Jehan  Fellon  frères,  «  orfè- 
vres de  Soisons  en  Picardie,  »  id.,  mai 
1556. —  (Anne-Marie),  du  Quesnoy  en  Hai- 
naut,  prosélyte,  37  ans,  femme  d'un  mé- 
decin, avec  sa  fille  très  infirme,  assistée  à 
Londres  (5  1.),  1705.  —  Susanne  Felon- 
nière,  de  Touraine,  50  ans,  fille  d'un  mar- 
chand-grosseur, id.,  (4  1.),  1706. 

FELOT  (Jean)  ,  sieur  du  Ponceau 
[Haag,  V  89],  originaire  de  l'Anjou,  doc- 
teur en  médecine  et  l'un  des  médecins  de 
la  reine  de  Navarre.  G'était  selon  La  Groix 
du  Maine  «  un  homme  fort  docte  en  grec, 
en  philosophie  et  es  mathématiques,  »  qui 
avait  composé  tant  en  latin  qu'en  français 
«  des  tables  et  autres  recueils  très  doctes 
touchant  la  médecine.  »  En  1584  il  vivait 
au  Mans,  circonstance  qui  porte  à  croire 
qu'il  s'était  converti.  —  Pierre  Feloz, 
«  natif  de  Pontarlier  en  montaigne,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  juill.  1549. 


FENNE  (François  de),  professeur  de 
langue  française  à  l'acad.  de  Leyde  [Haag, 
V  89],  mort  vers  1710,  a  publié  en  latin 
une  grammnire  française  qui  n'eut  pas 
moins  de  sept  éditions  de  son  vivant. 
Après  sa  mort,  Jean-Baptiste  Boucher  de 
Begnicour,  professeur  de  langue  française 
à  Utrecht,  y  fit  quelques  corrections  et 
additions,  en  s'aidant  des  récents  travaux 
de  Régnier  des  Marais,  et  en  publia  deux 
nouvelles  éditions  qui  eurent  autant  de 
succès  que  les  premières.  La  dernière  et  la 
meilleure  porte  le  titre  de  Institutio  lin- 
guse  gallicœ,  prmceptis  brevissimis  ac  or- 
dine  meliori  restitutis ,  à  F.  de  Fenne 
priiis  comprehensa  :  nunc  novô  édita  ac 
denuô  recognita,  diligenter  ernendata,  et 
perplurimis  hactenùs  desideratis  observa- 
tionibus  locupletata  à  J.-B.  Boucher  de  Be- 
gnicour, philosophix  et  liberalium  artium 
magistro.  Accedunt  ejiisdem  F.  de  Fenne 
Ratio  benè  scribendi  litteras  sive  epistolas  : 
Indiculus  dictionum  atque  phrasium,  et 
Colloquia  nonnulla,  Lugd.  Bat.,  1713,  in- 
16.  —  De  Feneste,  secrétaire  de  l'assem- 
blée politique  de  La  Rochelle,  1621.  — 
Isaac  Fenet,  pasteur  dans  l'Agenois,  1598- 
1610. 

1.  FER  AND  (Jacques),  étudiant  à  Genève 
(Jac.  Ferandus  pignacensis),  fév.  1566.  — 
Samuel  fils  de  Jean  Ferand  de  Manosque 
en  Provence,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne, 
1691.  —  (.Jean),  ministre  de  Nérac  en 
Guyenne,  réfugié  en  Allemagne  avec  ses  2 
enf.,  pasteur  de  la  colonie  de  Glèves,  1698. 

—  Jean  Ferandi,  ancien  de  Manosque, 
1612  [X  290].  —  Mme  de  Férandrie,  mise 
au  château  de  Saumur.  1699. 

2.  FERRAND  (Jacques),  du  dioc.  de 
Nyce,  reçu  habitant  de  Genève,  août  1554. 

—  (Jehan),  natif  deSi-Germain  deCalberte 
en  Gévaudan,  id.,  nov.  1554.  —  (Ber- 
trand), de  Romans,  drapier,  juin  1558.  — 
(Yvon)  du  Perche,  «  lacquay  du  s""  d'Avan- 
tigny,  »  id.,  oct.  1572.  —  (Claude),  de  Si- 
Marcellin  en  Dauphiné,  id.,  juill.  1674. — 
Martin  Ferrant,  «  torneur,  natif  d'Or- 
léans, »  id.,  oct.  1558. —  «  Un  bon  person- 
nage nommé  Ferrand,  autrement  le  sei- 
gneur Dusson,  lequel  s'étant  quelque  année 
auparavant  1562,  retiré  de  Lausanne  à 
Loudun,  avoit  esté  envoyé  es  quartiers  de 
risle  Bouchard  [en  Touraine]  pour  là  ca- 
téchiser et  instruire  grand  nombre  de  sim- 
ples gens,  dont  il  s'acquitta  très  fidèlement 


475 


FERRAXD 


FERART 


476 


et  heureusement.  »  {Crespin,  653  c).  Il  fut 
tué  peu  après,  1562,  à  l'instigation  de  son 
propre  frère,  officier  du  duc  de  Montpen- 
sier.  —  Moses  Ferrandus  clairacensis, 
étud.  en  théol.  à  Genève,  avril  1596.  — 
Elle  Ferrand,  de  Larochefoucaud  (Elias 
Ferrandus  rupiphucaldiensis  philosophiae 
studens),  étudiant  à  Genève,  1685.  —  Isa- 
beau  de  Ferrand,  veuve  de  Jean  de  Bayle, 
déclare,  à  son  lit  de  mort,  qu'elle  veut 
vivre  et  mourir  dans  la  religion  réformée, 
«  nonobstant  l'abjuration  qu'elle  eut  faite 
jadis  ;  le  parlement  de  Toulouse  la  con- 
damne comme  relapse,  1699  (Arcli.  du 
Tarn,  B  121).  —  Guillaume  de  Ferrand, 
chevalier,  chambellan  du  roi  de  Prusse  en 
1724,  puis  rentré  en  France. 

3.  FERRAND  (D.\niel),  étudiant  en 
théologie  à  Genève  (Dan.  Ferrandus  vasco) 
en  1608  ;  pasteur  de  La  Parade  [Haag,  V92], 
donné  à  l'église  de  Bordeaux  en  1623,  fut 
député  par  la  basse  Guienne  au  synode 
national  d'Alençon,  qui  le  chargea  de  pré- 
senter au  roi,  avec  Gigord  et  Cérisy,  le 
cahier  des  plaintes  des  églises.  C'est  lui 
qui  porta  la  parole  ;  la  harangue  qu'il  pro- 
nonça, en  cette  occasion,  suivant  le  style 
pompeux  alors  à  la  mode,  commençait 
ainsi  :  «  Puisque  les  rivières,  qui  ont  leur 
source  dans  l'Océan,  y  retournent  pour  lui 
païer  leur  tribut,  c'est  avec  bien  plus  de 
raison,  que  vos  très-humbles  et  très-obéis- 
sants sujets,  les  ministres  et  anciens  as- 
semblés, par  votre  autorité  roïale,  dans  un 
synode  national,  viennent  rendre  dans 
votre  sein  roïal  les  profonds  ressentimens 
et  les  éternels  remercîmens  de  toutes  leurs 
âmes,  pour  tant  de  faveurs,  etc.  »  Les 
instructions  des  trois  députés  portaient 
qu'ils  réclameraient  contre  la  défense  faite 
aux  ministres  de  prêcher  dans  les  annexes  ; 
contre  la  prétention,  émise  par  le  gouver- 
nement, de  faire  valider  le  baptême  admi- 
nistré par  les  sages-femmes  ;  contre  un  dé- 
cret du  conseil  privé,  qui  ordonnait  aux 
protestants  de  tendre  leurs  maisons.  Ils 
devaientj  en  outre,  tâcher  d'obtenir  que  le 
gouvernement  se  chargeât  des  frais  de  la 
tenue  du  synode.  Le  cahier  des  plaintes 
s'étendait  principalement  sur  l'inexécution 
de  l'Édit  de  grâce  en  plusieurs  provinces. 
Le  culte  réformé  n'avait  pas  été  rétabli.  • 
ou  avait  été  aboli,  dans  une  quarantaine  de 
localités.  On  avait  enlevé  aux  protestants 
un  grand  nombre  de  temples  et  de  cime- 


tières, et  le  clergé  romain  cherchait  à  les 
dépouiller  de  plusieurs  autres.  Dans  le 
pays  de  Gex,  l'intendant  de  Bourgogne  les 
excluait  même  des  hôpitaux.  On  les  for- 
çait, contrairement  aux  prescriptions  de 
l'édit  de  Nantes,  à  tendre  eux-mêmes  leurs 
maisons  ;  ou  les  contraignait  à  subvenir 
aux  frais  du  culte  et  à  l'édification  des 
églises  catholiques  ;  on  leur  enlevait  leurs 
enfants  pour  les  baptiser  et  les  élever  dans 
la  religion  romaine,  témoins  la  fdle  du 
pharmacien  Redon  et  celle  de  Gilles  Co- 
nant,  âgée  de  deux  ans,  qui,  attirée  dans 
un  couvent,  y  avait  été  retenue,  malgré 
les  réclamations  de  sa  mère.  On  inquiétait 
les  protestants  dans  la  jouissance  de  leurs 
collèges  et  de  leurs  écoles,  telle  l'univer- 
sité de  Nîmes,  qui  avait  été  fermée.  On 
interdisait  aux  ministres  certaines  localités 
pour  habitations  ;  on  chassait  même  de 
certaines  villes  les  artisans  réformés  ;  on 
soumettait  les  ministres,  malgré  les  édits, 
à  monter  la  garde,  à  loger  des  gens  de 
guerre,  à  payer  des  taxes  illégales  ;  on 
retenait  des  protestants  aux  galères,  mal- 
gré l'anmistie  ;  on  restreignait  arbitraire- 
ment la  compétence  des  Chambres  de 
l'édit,  et  sous  ce  rapport,  c'étaient  les 
parlements  qui  violaient  le  plus  audacieu- 
sement  l'édit  de  Nantes.  On  excluait  les 
prolestants  de  la  plupart  des  charges  et 
même  des  métiers.  Le  parlement  de  Na- 
varre s'immisçait  dans  les  affaires  ecclé- 
siastiques, et  défendait  l'appel  aux  syno- 
des nationaux.  Enfin  le  roi  avait  cessé  de 
contribuer  à  l'entretien  des  ministres  de 
la  religion  réformée,  bien  que  les  protes- 
tants fussent  toujours  obligés  de  payer  la 
dîme  aux  ministres  catholiques.  —  En 
présence  de  semblables  plaintes,  qui  oserait 
prétendre  que  le  gouvernement  de  Riche- 
lieu fut  modéré  envers  les  protestants  ? 

FÉRART  (Jacques)  de  Longny  près 
Chartres,  reçu  habitant  de  Genève,  mars 
1559.  —  La  veuve  de  François  Feras,  de 
S'-Laurent-du-Cros  en  Dauphiné,  «  allant 
aux  vallées  par  les  Grisons  avec  4  en- 
fants, »  assistée  à  Lausanne,  1690.  —  Da- 
vid et  Pierre  Férat,  de  Gap,  frères,  assis- 
tés, id.  allant  en  Allemagne,  1697.  — 
Pierre  Féraut  (en  Provence,  1562)  ;  •  le 
menèrent  au  lieu  de  Champtorcier  ou  ilz 
le  harquebouzèrent  et  après  sa  mort  lui 
donnèrent  vingt  coups  de  dague  {Crespin, 
676  d). 


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FERAUD 


FERAY 


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FÉRAUD.  Isaacus  Feraldus  castilionen  ■ 
sis,  étudiant  en  théologie  à  l'acad.  de  Ge- 
nève en  1564.  Isaac  Féraud  pasteur  de  l'é- 
glise de  Chastillon  en  Dioiset  annexes,  en 
1602,  professeur  en  théologie  à  l'acad.  de 
Die  en  1609  ;  pasteur  à  Orpierre,  1620  ; 
à  Château-Dauphin  et  Rosans,  1626  ;  à  La 
Mure,  1637.  —  (David)  de  S'-Laurent-du- 
Cros,  assisté  à  Lausanne,  1691.  —  (Phili- 
bert) du  haut  Dauphiné,  prosélyte,  assisté 
à  Genève,  allant  à  Berne,  1698.  —  Si- 
mon Ferrant,  de  La  Rochelle,  cordier, 
assisté  avec  femme  et  enfant,  à  Londres, 
1705.  —  Daniel  Féraudel,  pasteur  à  La- 
vardac  (Agenois),  1620. 

FÉRAY.  Au  mois  de  septembre  1562 
un  Jean  Féray  fut  compromis,  avec  le 
commandant  de  l'artillerie  du  Havre,  le 
bailli  de  Dieppe,  un  Bochart  receveur  de 
Rouen,  et  plusieurs  autres  [Haag,  V  38  a], 
comme  ayant  pris  [)art  aux  négociations 
tendant  à  mettre  les  Anglais  en  possession 
du  Havre,  pour  favoriser  les  opérations  de 
l'armée  protestante  qui  tenait  alors  la 
campagne  sous  les  ordres  du  prince  de 
Condé.  Ses  compagnons  et  lui  coururent 
danger  de  mort  comme  criminels  de  lèse 
majesté.  Il  est  difficile  de  ne  pas  voir  dans 
ce  Féray,  bien  que  nous  n'ayons  aucun 
autre  renseignement  sur  lui,  un  ancêtre 
des  Féray  qui  brillaient  au  Havre,  vers  le 
milieu  du  siècle  suivant,  comme  une  puis- 
sante famille  de  commerçants  armateurs. 
Un  autre  Jean  Féray,  «  le  premier  au  Ha- 
vre, dit-on,  qui  entreprit  le  commerce  des 
colonies,  épousa  (5  juin  1650)  Rachel 
Avril,  dont  il  eut  quatre  fils  et  deux  filles. 
L'aîné  des  fils,  Jean,  né  en  fév.  1658  et 
baptisé  au  prêche  de  Sauvic  par  le  pas- 
teur Baudoin  S  épousa  au  temple  de  Cha- 
renton,  en  juin  1685,  Marie  Falaise,  veuve 
d'Abraham  Cossart,  de  Fécamp.  Le  se- 
cond, Henry  Féray,  se  réfugia  à  Dublin. 
Jacob,  le  plus  jeune,  épousa,  à  l'église  ca- 
tholique d'Etretat,  en  juin  1696,  Marie 
fille  d'Abraham  de  Pimont,  bourgeois  du 
Havre.  Il  avait  subi  la  conversion  forcée. 
Ce  Jacob  fut  un  riche  et  grand  commer- 
çant qui  paraît  avoir  frayé  le  premier  au 
commerce  français  la  route  du  Sénégal.  Il 
usa  généreusement  de  sa  grande  fortune 
pour  aider  le  gouvernement  à  l'apaisement 

*  Jean  Baudouin,  étudiant  â  Sedan  en  1622, 
pasteur  au  Havre  de  1624  à  1660,  Conf.  ci-des- 
sus, t.  V,  col.  382,  lig.  5  en  rem. 


d'émotions  populaires  suscitées  en  Nor- 
mandie par  la  famine,  en  1705  et  1706.  Il 
arma  à  ses  frais  (1707-1711)  des  frégates, 
la  Flore  et  l'Amaranthe,  pour  escorter  les 
navires  qui  allaient  de  Bretagne  en  Picar- 
die porter  des  grains  pour  la  subsistance 
des  armées  de  Flandre.  Louis  XIV,  dans 
ses  moments  de  revers,  ne  dédaignait  pas 
de  s'adresser  aux  négociants  huguenots 
pour  ses  emprunts.  Jacob  Féray  était  vé- 
néré dans  sa  ville  du  Havre  où  l'on  mon- 
tre encore  sa  maison,  sur  le  grand  quai, 
«  la  grand'maison,  »  et  bien  que  converti, 
la  rigidité  protestante  lui  restait.  Un  jour 
il  apprit  que  les  Anglais  avaient  capturé 
dix  de  ses  navires  ;  il  ne  dit  que  ces  mots  : 
Le  Seigneur  avait  donné,  le  Seigneur  a 
ôté  ;  que  son  saint  nom  soit  béni.  Il  eut  8 
enfants  :  Jean  marié  à  d"e  Le  Berquier  ; 
Thomas  marié  à  di'e  Hénault  (un  fils, 
Thomas-Jacob  et  3  filles)  ;  Daniel  marié 
lo  à  diie  Bichot  de  Dieppe,  2»  à  miss  Ste- 
wart  (un  fils  unique  mort  jeune)  ;  Jacob 
marié  à  di'e  Anne  Massieu,  de  Caen  ; 
Pierre  marié  à  Henriette  Lefèvre;  Benja- 
min marié  en  1763  à  d"e  Oursel  de  La 
Vellière  (une  fille  unique  mariée  à  M. 
Brière  de  Lesmont)  ;  Marie  ,  épouse  en 
1720  de  Samuel  van  Robais  ;  et  Elisabeth, 
épouse  en  1728  de  Salomon  van  Robais. 
Jacob  (1700-1747)  et  Anne  Massieu 
(morte  en  1763)  eurent  10  enfants  dont 
trois  seulement  survécurent,  deux  filles  et 
un  fils  :  J.-B.  Antoine,  qui  survécut  aussi 
à  tous  les  fils  de  ses  cinq  oncles,  et  épousa, 
6  juin.  1766,  sa  cousine  Henriette  Féray, 
fille  de  Pierre  et  d'Henriette  Lefèvre,  d'El- 
bœuf.  Ce  Pierre  s'était  établi  à  Rouen  en 
1744  après  un  assez  long  séjour  à  Cork  en 
Irlande  ;  un  des  ministres  du  roi,  M.  de 
Machault,  le  chargea  en  1752  et  années 
suivantes  de  l'approvisionnement  de  Pa- 
ris et  de  la  Normandie  pour  les  grains, 
commission  qui  lui  fit  courir  des  dangers 
et  lui  valut  des  lettres  d'anoblissement. 
Son  gendre,  J.-B.  Antoine,  continua  la 
maison,  fut  un  des  grands  armateurs  du 
Havre  et  mourut  en  1798  en  son  château 
de  Graveron  près  Évreux.  Il  laissa  deux 
fils  :  lo  Pierre,  armateur  au  Havre,  ma- 
rié à  d"e  Eulalie  de  La  Haye-Descours, 
dont  deux  filles  (M'"**  Sylberman  ;  Mme  Ch. 
Labouchère)  et  un  fils  Luuis-Léon,  marié 
en  1847  à  d'ie  Camille  fille  du  baron  Def- 
faudis;  2°  Loris  marié  en   1797  avec  d'ie 


479 


FERAY 


FERDINAND 


480 


n 


Julie  Oberkainpff  fille  de  C.-P.  Oberkampff, 
fondateur  des  filatures  de  Jouy  et  d'Es- 
sonnes.  Louis  Féray  prit  à  son  tour  la  di- 
rection de  ces  filatures  et  laissa  de  son 
mariage  :  1°  Amélie,  baronne  de  Champ- 
louis  ;  2°  Julie,  comtesse  de  Salvandy  ; 
3o  Ernest,  marié  en  1829  à  di'e  Léonie 
Widmer,  et  directeur  des  établissements 
d'Essonnes  ;  4o  Henry  marié  en  1846  à 
di'e  Léonie  Bugeaud,  fille  de  l'illustre  ma- 
réchal de  France  Th.-Rob.  Bugeaud  de  La 
Piconnerie,  duc  d'Isly. 

FERBER  (Jean-Jacques),  né  à  Stras- 
bourg en  1673  [Haag,  V  90],  étudia  la 
théologie  dans  sa  ville  natale,  puis  visila 
les  universités  de  Tubingue  et  de  Witten- 
berg  pour  perfectionner  ses  connaissances. 
Il  remplissait  à  Wittenberg  la  place  de 
professeur  adjoint  de  philosophie,  lorsqu'il 
fut  rappelé  h  Strasbourg  comme  professeur 
extraordinaire  de  théologie  ;  mais  la  mort 
l'enleva  très  peu  de  mois  après  son  retour, 
le  12  fév.  1717.  On  a  de  lui  : 

L  Disp.  de  insigni  dialecticse  et  philo- 
sophie prinise  usu  in  libris  stjmbolicis  et 
certitudine  theologiœ  naturalis,  Wittenb., 

1708,  in-4o. 

IL  Examen  succinctum  artis  rectè  cogi- 
tandi  Anton.  Le  Grand,  Witt.,  1708,  in-4o. 

III.  Disputationes  de  dialecticis  grœcis, 
Witt.,  1709,  in-4o. 

IV.  De   medicinâ  mentis,    Wittenb.. 

1709,  in-4o. 

V.  De  iis  quœ  in  philosophiâ  morali  exi- 
mia  sunt,  Witt.,  1709,  in -4°. 

VI.  De  fauaticis  in  rectam  rationemin- 
juriis,  Joach.  Langii  Medicinse  mentis  op- 
posita,  Witt.,  1710,  in-4o  ;  nouv.  édit. 
augm.,  1716,  in-4o. 

VIL  Joachimi  Langii  Orthodoxia  vapu- 
lans,  Witt.,  1710  et  1717,  in-8o. 

VIII.  De  theologlâ  experimentali,  Witt., 
1711,  in-4o. 

IX.  De  admirandâ  in  Christo  docendi 
virtiite,  ad  Matt,  VU,  29,  Rostoch.,  1711, 
in-4o. 

X.  De  fanaticis  in  rectam  rationem  in- 
juriis,  Witt.,  1711,  in-4°  ;  nouv.  édit. 
augm.  171S,  in-4o.  —  Nous  donnons,  sur 
la  foi  d'Adelung,  cet  ouvrage  comme  dif- 
férent du  no  VI. 

XL  Cartesiani  in  rationem  et  revehtio- 
nem  injurii,  Strasb.,  1715,  in-4o. 

XII.  De  excsecatione  et  induratione  spi- 
rituali,  Strasb.,  1716,  in-4o. 


XIII.  De  principio  Cartesii.  De  omnibus 
est  dubitandum,  Strasb.,  1716,  in-4o. 

FERDINAND,  famille  de  peintres  fla- 
mands [Haag,  V  90],  originaire  de  Mali- 
nes,  qui  vint  s'établir  à  Paris  vers  la  fin 
du  XVIrae  siècle.  Le  plus  ancien  d'entre 
eux  que  nous  connaissions  s'appelait 
Ferdinand  de  son  prénom  et  Elle  ou 
Belle  de  son  nom  de  famille,  et  sa  femme 
(née  en  1385)  se  nommait  Marie  Fer- 
dinand. De  ce  mélange  joint  à  la  coquet- 
terie des  peintres  d'aimer  se  désigner  par 
leur  nom  de  baptême,  est  résulté  qu^ 
quelques-uns  de  ces  artistes,  ceux  précisé- 
ment qui  furent  les  plus  notables,  gardè- 
rent le  nom  de  Ferdinand  comme  patrony- 
mique. 

Ferdinand  l'ancien  que  le  critique  d'art, 
Mariette,  appelle  «  l'un  des  plus  excel- 
lents peintres  de  portraits  qui  ait  paru  en 
France,  »  fut  valet  de  chambre  et  peintre 
ordinaire  du  roi  Henri  IV.  Il  eut  l'honneur 
d'être  un  des  maîtres  du  Poussin.  Deux 
excellents  portraits,  pour  le  moins,  se  re- 
marquent de  lui  dans  l'Œuvre  de  son  fils 
au  Cabinet  des  Estampes  de  la  Biblioth. 
nationale  :  ce  sont  ceux  d'Ant.  de  Lomé- 
nie  et  de  Gaspar  Du  Fay,  le  premier,  si- 
gné simplement  Ferdinand,  peint  en  1622 
et  gravé  par  Mich.  Lasne  en  1637  ;  le  se- 
cond, signé  Ferdinand  major,  gravé  par 
J.  Frosne  en  1659.  Il  mourut  en  1637  et 
Marie  Ferdinand  sa  femme  fut  enterrée  en 
1649  à  l'âge  de  64  ans.  Ils  laissèrent  sept 
enfants  :  1°  Salomon,  né  le  5  mai  1609  ; 
2o  Louis,  né  le  19  juill.  1612;  3o  Marie, 
épouse,  en  fév.  1630,  de  Pierre  Barbot 
sieur  de  La  Jard  ;  4°  Suzanne  baptisée  le 
20janv.  1616  (parrain  Gédéon  Tallemant 
et  marr.  Suzanne  de  Laval),  mariée  en 
janv.  1641  à  Paul  Pineau  sieur  de  Cham- 
fort,  fils  de  feu  Pierre  Pineau,  avocat  au 
parlem.  et  de  Judith  Bérenger;  5°  Cathe- 
rine, mariée  au  peintre  Jean  Cassiopin 
(voy.  t.  ni,  col.  833);  6o  Pierre,  né  le 
20  mars  1617,  présenté  au  baptême  le  24 
(parrain  Pierre  Naudin  et  marr.  Mme  Aer- 
sens)  ;  7o  un  autre  fils  présenté  au  baptême 
le  2  déc.  1618  par  Jacques  de  Mornay, 
maître  d'hôtel  de  M.  de  Chastillon  et  Mme 
Falaiseau  veuve  de  Verda vaine.  Tous  ces 
enfants  furent  inscrits  aux  registres  du  tem- 
ple de  Charenton  sous  le  nom  de  Elle  fils 
ou  fille  de  Ferdinand  Elle. 

De  l'aîné,  Salomon,  l'on  ne  sait  rien  ; 


481 


FERDINAND 


482 


mais  ses  deux  frères,  Louis  et  Pierre, 
marchèrent  sur  les  traces  de  leur  père. 
Louis  fut  aussi  un  remarquable  portrai- 
tiste. 

Nous  citerons  ses  portraits  du  ma- 
réchal Fabert  gravé  par  Poilly ,  du 
bouffe  italien  Joseph  Dominique,  gravé 
par  Hubert,  de  Charles  d'Orléans  comte 
de  Dunois,  et  Charles  -  Paris  d'Orléans 
comte  de  S'-Paul  et  abbé  de  St-Remi  de 
Reims,  tous  deux  gravés  par  Nanteuil  en 
1660,  de  l'archevêque  de  Toulouse,  Char- 
les d'Anglure  de  Bourlemont,  gravé  par 
Van  Schuppen,  en  1663,  qui  tous  seraient 
dignes  d'un  grand  maître.  Il  s'exerça  aussi 
avec  succès  dans  l'art  de  la  gravure.  Son 
portrait  de  femme  d'après  Ant.  Van  Dyck, 
et  celui  de  Nicolas  Poussin  sont  très  esti- 
més. On  lui  attribue  quelques  sujets  d'his- 
toire, religieuse  ou  profane,  et  entre  au- 
tres, au  rapport  du  lexicographe  allemand 
Nagler,  les  Titans  précipités  du  ciel,  d'après 
Palma  le  jeune.  Parmi  les  sujets  de  genre 
qu'il  traita,  nous  indiquerons  :  Le  Retour 
de  la  Paix,  gravé  par  Mariette  ^  ;  La 
France  asseurée  à  l'arrivée  de  la  Paix; 
La  Gazette;  L'Orgueil  espagnol  surmonté 
par  le  Luxe  français,  bonne  charge  d'après 
Louis  Testelin  ;  Le  Parnasse  ridicule  de  la 
place  Maubert;  Jeux  d'enfants,  gravés  par 
Errard  ;  Histoire  en  proverbes  ;  La  chasse 
de  mon  oye,  etc.  La  plupart  de  ces  compo- 
sitions, qui  ne  sont  pas  signées,  sont  ac- 
compagnées, au  bas  de  la  feuille,  de  qua- 
trains explicatifs  en  prose  rimée.  On  doit 
en  outre  à  Louis  Ferdinand  : 

I.  Les  vertus  innocentes,  ou  leurs  sim- 
boles  sous  des  figurées  d'enfans.  Nécessaires 
aux  amateurs  de  la  muette  poésie  et  de  la 
peinture  parlante,  Paris,  Jean  Mariette 
[1654?],  in-4o.  Van  Obstal  sculpt.  finxit. 
Tetelin  [Testelin]  delineavit.  Ferdinand 
sculpsit.  Avec  cette  épigraphe  : 

L'éloquence  en  sa  pureté 
Des  vertus  accroist  l'excellence. 
Etjusques  dans  l'Eternité 
Leur  fait  rencontrer  l'abondance. 

C'est  un  recueil  de  neuf  planches  de  char- 
mants petits  amours  nus. 

IL   Suite  de  Décorations  en   forme   de 

ï  Avec  cette  mention  qui  semble  indiquer  que 
la  famille  tenait  aussi  boutique  de  marchand  :  A 
Paris,  chez  P.  Ferdinand,  au  faubourg  S'-Germain, 
rue  de  Seine. 


frises  avec  des  génies  entrelacés  de  festons 
et  de  guirlandes,  d'après  L.  Testelin,  6 
feuilles  numérotées.  L.  Ferdinand  fecit.  P. 
Mariette  excud.  in-4o.  —  Cité  par  Huber, 
ainsi  que  le  suivant  : 

III.  Suite  de  Groupes  d'enfants,  d'après 
le  même,  6  pièces,  petit  in-fol. 

IV.  Le  livre  original  de  la  portraiture 
pour  la  jeunesse,  tiré  de  F.  Bologne  et  au- 
tres bons  peintres,  Paris,  Pierre  Mariette 
[1644?],  in-4o.  L.  Ferdinand  fecit.  — 
Très  bon  traité  élémentaire.  Las  gravures 
en  sont  estimées. 

V.  Livre  de  portraiture  recueilly  des 
Œuvres  de  Joseph  de  Rivera,  dit  l'Espa- 
gnolet,  et  gravé  à  Veau-forte  par  Louis 
Ferdinand,  Paris,  Pierre  Mariette,  16o0, 
in-4o.  —  Bien  moins  complet  que  le  pré- 
cédent. 

Louis  Elle-Ferdinand  devint  peintre  or- 
dinaire du  roi  vers  l'an  1648.  A  la  même 
époque  il  fut  l'un  des  membres  fondateurs 
de  l'académie  de  peinture  et  professeur  en 
1657.  On  le  destitua  de  l'académie  le  10 
octobre  1681,  comme  protestant:  mais 
s'étant  docilement  rangé  à  la  religion  du 
roi  il  fut,  30  mars  1686,  réintégré  dans 
ses  honneurs.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  des 
fruits  de  son  apostasie,  car  le  12  déc.  1689 
il  n'était  plus.  Son  épouse,  Elisabeth  tille 
de  Raimond  Dallemagne,  orfèvre,  qu'il 
avait  épousée  en  novemb.  1637,  lui  avait 
donné  plusieurs  enfants  :  Louis,  né  en 
1639  ;  Jean,  baptisé  en  juin  1642  ;  Pwh, 
en  1646,  mort  en  bas  âge  ;  Marie,  morte 
en  16o9  ;  etc. 

Louis,  fils  de  Louis,  désigné  quelquefois 
par  l'épithète  de  Ferdinand  junior  ne  dé- 
généra pas  de  ses  ancêtres.  Il  devint  à  son 
tour  peintre  du  roi  et  fut  admis  à  l'acadé- 
mie le  15  avril  1673,  en  fut  évincé  avec 
son  père,  10  oct.  1681^  puis  rétabli  en 
même  temps  que  lui,  26  juin  1686.  après 
avoir  fait  abjuration.  Le  portrait  du  pein- 
tre Samuel  Bernard  qui  se  voit  au  musée 
du  Louvre  et  celui  de  Regnauldin,  k  l'Ecole 
des  Beaux-arts,  avaient  été  présentés  par 
lui  pour  sa  réception  d'académicien.  Dans 
l'Œuvre  de  son  père,  au  Cabinet  des  Es- 
tampes, se  trouvent  deux  excellents  por- 
traits que  l'on  doit  sans  doute  lui  attri- 
buer, l'un  représentant  l'évêque  de  Séez, 
Mathieu  Savary,  gravé  par  Edelinck,  1683, 
et  signé  Ferdinand  junior,  et  l'autre  do 
Dionysius  Thierry  praefectus  consularis  ju- 

VI.  16 


483 


FERDINAND   —     FERET 


484 


ridictionis  parisiensis,  aiino  1689,  peint 
en  1690  et  gravé  par  Duflos,  1711.  La 
soumission  aux  convertisseurs  ne  coupa 
pas  court  aux  persécutions  dont  sa  famille 
et  lui  furent  l'objet.  Sa  femme  Jacqueline 
David,  sœur  du  sculpteur  de  ce  nom,  lui 
avait  donné  plusieurs  enfants  dont  une  tille, 
Marie,  épousa,  le  1  janv.  1685,  le  peintre 
en  miniature  Simon  Le  Juge,  le  fils,  et  une 
autre  fut  mise  au  couvent  à  cause  de  son 
endurcissement  de  huguenote,  puis  empri- 
sonnée au  château  de  Nantes  ;  la  malheu- 
reuse était  atteinte  d'un  cancer  et  son  père 
sollicitait  humblement,  1687,  la  permission 
de  la  soigner  (E  3373).  Il  se  retira  à  Ren- 
nes où  il  mourut  en  1717. 

Pierre,  dernier  fils  de  Ferdinand  Elle, 
né  le  20  mars  1617  et  inhumé  le  S  sept. 
1665,  fut  également  peintre  du  roi.  Il  eut 
de  Anne  Cattier  sa  femme  :  lo  Marie, 
1644-49  ;  Louis,  1646-53  ;  Paul,  mort  en 
1648  ;  Uranie  en  1649,  Anne  en  1652  ;  et 
d'une  seconde  épouse,  Philiberte  de  Lé- 
fine  :  Louise,  née  le  25  déc.  1650,  mariée 
en  déc.  1669  avec  Jean  Rou,  avocat  au 
parlement  ;  remariée  en  août  1679  avec  le 
peintre  Jean  Laurent  et  morte  en  1680. 

FÈRE  (Jean,  fils  de  feu  Adrian)  «  cous- 
turier  natifz  d'Aumale ,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  1558.  —  Paul  Feré,  de  l'Arma- 
gnac, sieur  de  La  Garde,  et  sa  femme 
Anne  Guitard,  de  Maruège  en  Cévennes, 
réfugiée  à  Berlin  avec  3  enfants,  1698 
(DietericiJ.  Paul  Ferré  de  LaGarde,  écuyer, 
enseigne  dans  les  invalides  de  Spandau, 
1705  (Erman).  —  François  Ferré,  écuyer, 
sr  de  la  Fayolle,  pasteur  à  La  Rochelle, 
xvime  siècle. 

FÉRET  [Haag,  V  92],  nom  d'un  mem- 
bre de  l'église  réformée  de  Paris  des  pre- 
miers temps,  en  1534,  lequel  était  alors  un 
jeune  homme  ardent,  «  serviteur  d'un  apo- 
thicaire du  roi,  »  que  les  fidèles  parisiens, 
«  par  un  soudain  mouvement  et  sans  au- 
«  Ire  advis  de  ceux  qui  les  eussent  mieux 
«  conseillez,  »  dit  Crespin,  «  l'envoyèrent 
«  en  Suisse  où  l'Évangile  commençoit  a  es- 
«  tre  presché,  pour  avoir  un  sommaire  de 
«  ce  qu'on  donneroit  à  conoistre  au  peu- 
('  pie  pour  instruction  de  la  foi  et  religion 
«  chrestienne.  »  Féret  fit  le  voyage  et 
rapporta  de  Neuchàtel,  et  de  la  main  du 
ministre  neuchâtelois  Antoine  Marcourt, 
les  fameux  Placards,  qui  montraient  les 
horribles  grands  et  importables  abus  de  la 


messe  papale,  et  il  osa  avec  le  concours  de 
ses  amis  les  afficher  à  profusion  à  Paris, 
et  dans  d'autres  lieux,  jusques  sur  la  porte 
de  la  chambre  du  roi  à  Amboise.  Ce  fut  le 
signal  d'une  horrible  persécution  dont  il 
conviendra  mieux  de  parler  à  l'article 
Marcourt  *.  Il  n'est  plus  question  de  ce 
Feret.  —  Un  «  maistre  Guillaume  Ferret  » 
figure  le  26me  parmi  les  suspects  ajournés, 
à  Paris,  à  la  suite  de  cette  affaire  des  pla- 
cards (V  col.  881).  —  Rolequin  Ferret 
«  compaignon  libraire  natifz  de  Paris,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  1559.  —  Pierre 
Féret,  marchand  et  bourgeois  de  Paris, 
prisonnier  à  la  conciergerie,  expulsé  de 
Paris  «  pour  le  fait  de  la  nouvelle  secte  ; 
arrêt  du  parlem.  26  janv.  1563  (Ar.  nat. 
X  2  a,  130,  fo  188).  —  Jehan  Féret  dict  de 
Montlaurens,  natif  de  Reims,  étudiant  à  Ge- 
nève, 1563.  —  (Pierre),  marchand  de  draps 
de  soie  dans  la  rue  S'-Denys  à  Paris,  mas- 
sacré par  ses  propres  neveux,  ainsi  que  sa 
femme,  à  la  St-Barthélemy.  —  Marie  Fer- 
ret née  à  Paris  ;  âgée  de  72  ans,  elle  est 
assistée  à  Amsterdam,  1727.  —  Martin  Fe- 
ret, pasteur  à  Flessingue,  1584.  —  Es- 
tienne  Féret,  si"  de  Marsilly,  trésorier  gé- 
néral des  finances  à  La  Rochelle,  épouse 
Marie  Barbot  ;  d'où  un  fils,  Estienne,  bap- 
tisé le  7  août  1590  ;  autre  Estienne,  éc  sr 
de  Marsilly,  bapt.  le  4  déc.  1593  et  une 
fille,  Marie-Suzanne,  mariée  au  pasteur 
Pierre  Salbert,  écuyer,  le  3  mai  1615.  Ma- 
rie Barbot,  devenue  veuve,  épousa  Gabriel 
de  Voyen,  seigr  de  MoyneGabet,  lieute- 
nant-criminel au  présidial  de  La  Rochelle. 
Les  Ferret  portaient  pour  =  Armes  :  d'azur 
à  3  fers  de  lance  d'argent.  En  1674, 
Etienne  Féret,  sieur  de  Marcilly,  agent  du 
duc  de  Weimar  près  la  Cour  de  France, 
mort  à  Paris,  est  enterré  au  cimetière  des 
SS.  Pères,  assistants  Daniel  Barbot  son 
cousin  et  Jacques  Imbert  ancien  secrétaire 
des  finances  du  duc  d'Orléans  (reg.  de 
Charenton).  —  (Isaac),  du  Languedoc,  tis- 
serand, réfugié  à  Wesel,  1698.  —  (Pierre), 
de  Nérac,  chirurgien,  assisté  à  Lausanne, 
sortant  de  France  pour  aller  en  Allemagne, 
1699.  _  w.-P.  Ferret,  officier  dans  l'ar- 
mée hollandaise,  1746-76;  C.  Fei^ret,  chi- 
rurgien-major, 1765-83.  —  Ferret,  pasteur 
puni  de  mort,  à  Strasbourg,  pour  avoir 

1  Nous  en  avons  déjà  dit  deu.T  mots,  1. 1,  col. 
772  et  V,  879. 


485 


FERET 


FERRAGUT 


486 


tenté  d'exciter  à  la  révolte  les  protestants 
d'Alsace  pendant  la  guerre  de  1755  (voy. 
Discours  à  lire  au  Conseil  du  Roy,  p.  82). 

FÉRIET  ou  Ferriet,  famille  lorraine, 
originaire  de  St-Nicolas-de-Port,  qui  vint 
s'établir  à  Metz  en  1525  et  y  devint  consi- 
dérable dans  la  magistrature.  =  Armes  : 
d'or  à  une  croix  de  sable  au  franc  canton 
•de  gueules  chargé  d'une  tour  d'argent. 
Noble  homme  Jean  Fériet  épousa  en  1563 
Barbe  fille  de  Mathieu  de  Mondelange, 
aman  de  Metz  (catholique)  et  eut  d'elle  six 
enfants  dont  les  trois  premiers,  catholiques. 
Gergonne  (ou  Georges)  ,  aussi  leur  fils, 
aman,  épousa,  1592,  Marie  fille  de  Jacques 
Lespingal ,  laquelle  se  remaria  en  1613 
avec  Paul  Lebonhomme.  De  ce  premier 
mariage  naquirent  8  enfants,  dont  le  cin- 
quième Jean,  bapt.  le  18  fév.  1601,  épousa 
(15  janv.  1623)  Jacqueline  fille  de  Jean 
Charpentier  seigr  de  Bourgstallet  de  Bour- 
nyer  qui  figure  en  1569  dans  le  reg.  du 
Conseil  de  la  reine  de  Navarre  {Bull.  III, 
135)  comme  trésorier  de  l'artillerie  des 
princes.  Ce  Jean  fut  à  son  tour  aman  de 
Metz  et  sa  femme  lui  donna  six  enfants 
dont  l'aîné  Paul,  bapt.  le  27  oct.  1623, 
aman,  sr  de  Verny  et  de  Glatigny,  épousa 
1°  le  31  janvier  1644  Suzanne  Pierrat.  2° 
le  26  avril  1671,  Anne  de  Flavigny  morte 
en  1728  à  Berlin.  Le  deuxième,  Louis, 
bapt.  le  12  oct.  1625,  fut  colonel  d'infan- 
terie après  avoir  été  capitaine  au  régiment 
d'Auvergne  et  mourut  à  80  ans  ;  le  troisième, 
Charles,  bapt.  le  31  août  1630,  fut  avocat 
et  épousa,  11  juill.  1655,  Elisabeth  de 
Gray  de  Malmedy;  leur  fille,  Anne,  née  le 
23  mars  1660  épousa,  12  avril  1684,  Paul 
Cou'ét  sr  de  Lorry,  capitaine  au  régiment 
de  Turenne,  mort  à  Metz  en  1747. 

Paul,  né  en  1623,  eut  dix  enfants  parmi 
lesquels  :  Marie,  épouse  en  1668  d'Aug. 
de  Montigny,  aman  ;  —  Marguerite,  née  en 
janv.  1649,  mariée  le  20  déc.  1676  à 
Etienne  Malchar,  banquier,  lequel  fut  mis 
en  prison  comme  religionnaire,  avec  un 
Fériet,  en  1688;—  Louis,  qui  resta  catho- 
liqueet  de  vintpresidentauparlem.de  Metz; 
—  Louise,  qui  abjura  cà  Metz  en  1701;  — 
Jean-Benjamin^  conseiller  de  Cour  qui 
épousa  en  1719,  à  Berlin,  Marthe  fille  de 
Salomon  de  Baret,  écuyer,  s""  de  Ruvignan 
lieutenant -colonel  d'infanterie,  puis  en 
1723  Marie -Charlotte  Lorenz,  de  Zell,  lec- 
trice de  la  reine  de  Hanovre^  Sophie-Do- 


rothée (t.  V,  col.  349)  ;  —  Anne,  née  le  5 
nov.  1684,  mariée  en  1720  à  Jacques  Dei- 
rolles  (t.  V  col.  196);  etc. 

Une  sœur  du  premier  Fériet  ci-dessus 
nommé,  Catherine,  épousa,  le  12  avril 
1592,  Gédéon  de  Lemud,  elle  mourut  en 
1652.  (CuviER.) 

FERIN  (Ferrier)  ,  réfugié  à  Lausanne, 
1570  {Bull.  XXI  473);  —  Marie  Chaver- 
nange  femme  de  Denis  Férin,  d'Aubenas, 
secourue  à  Lausanne,  allant  le  rejoindre  à 
Berlin,  1694.  —  Thomas  Fermant,  de 
Dieppe,  assisté  à  Londres,  1706.  —  David 
Fermandy,  de  Monteabrier  en  Languedoc, 
réfugié  à  Halle,  1700.  —  Vincent  Fermie 
«  du  lieu  de  Borguet  au  pays  de  Provence,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  1559.  —  La 
femme  et  les  3  enf.  de  Paul  Fermin  assis- 
tés à  Genève,  allant  en  Suisse,  1703.  — 
La  veuve  de  Daniel  Ferminet,  de  Metz, 
réfugiée  à  Berlin  avec  3  enf.,  1698.  — 
David  de  Fernes,  David  Perrot  son  frère 
utérin,  Jean-Pierre  Fernez  et  Isabeau  Val- 
lon sa  femme,  tous  de  Romans  en  Dau- 
phiné,  assistés  à  Lausanne  allant  en  Alle- 
magne, 1697  et  98.  —  Jean  Fernet,  d'is- 
sortille  près  Dijon,  assisté  à  Genève,  allant 
en  Wurtemberg,  1706;  —  Anne  Fernay 
d'Is-sur-Thille,  id.  1709.  —  Arnaud  de 
Fermer  sieur  du  Villa  épouse,  à  l'église 
réf.  de  Bédarieux,  Suzanne  fille  d'Olivier 
de  Thessan  s^  de  Pujol ,  1602.  —  Léonard 
Fernouillet ,  sergent  à  Céant  en  Othe  en 
Champagne,  attaché  et  harquebuzé  au  po- 
teau de  la  justice,  1562  {Crespin).  —  Bené 
Feron,  maçon,  massacré  près  Vendôme  et 
Jean  Ferrond  notaire,  à  Manosque,  même 
sort,  1562  {Crespin);  conî.  Ferron.  — 
François  Féron ,  de  Paris ,  étudiant  à 
Leyde,  nov.  1697.  —  Jean  léronce  étud. 
en  philosophie  à  Genève,  mai  1742.  — 
Marie  Fèrondet,  de  Castres,  réfugiée  à 
Berlin,  1700. 

FERRAGUT  (Benoit),  apothicaire,  con- 
seiller de  la  ville  àMilhau,  1562  (Tt  236)  : 
—  (Etienne),  de  Milhau,  consacré  au  mi- 
nistère pastoral  en  1664  ;  pasteur  de  Grais- 
sesac,  1664-65;  de  Mus,  1669-70;  de 
Galkrgues,  1670-71;  de  Baron  1671-73; 
de  Congeniès  1673-75.  Sa  veuve,  condam- 
née à  la  déportation,  mourut  sur  mer,  en 
vue  de  la  Martinique  (Relation  de  M.  de 
Serres).  —  Marthe  Ferraline,  réfugiée 
d'Orange,  assistée  à  Genève,  1703.  —  Fer- 
ranche,  deNîmes,  réfugié  à  Yverdon,  1687. 


487 


FERRAGUT 


FERRIER 


488 


—  David  et  Pierre  Ferrât,  frères,  de  Gap, 
assistés  en  passant  à  Lausanne  pour  gagner 
l'Allemagne,  août  1697. —  Ferrand,  voy. 
col.  474  ci-dessus,  Ferand. —  Jacques  Fer- 
raton,  de  Dezagny  en  Vivarais,  maître 
d'école,  demande  un  secours  à  Lausanne 
pour  donner  des  leçons  de  musique,  13  nov. 
1689;  le  mois  suivant  il  est  envoyé  dans 
un  village  en  qualité  de  chantre.  —  «  Ho- 
norable Arnaulx  Ferratdx,  natifz  de  Cham- 
pigni  sus  Vuende,  dioc.  de  Torrenne,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  août  1552.  — 
«  Charles  Ferré  dict  la  Garaye,  natif  de 
l'évèché  de  Saint-Malo  en  Bretaigne,  »  ha- 
bitant de  Genève  en  octob.  1556;  —  André 
Ferré  (ou  de  Fer?)  d'Orléans,  étudiant  à 
Genève  (Andréas  Ferreus  genabensis), 
1563;  Françoise  Ferré,  veuve  d'un  bour- 
geois de  Poitiers,  50  ans,  assistée  à  Lon- 
dres, 1705;  (Gabrielle)  veuve  d'un  chirur- 
gien de  Niort,  61  ans,  id.  id.;  Louise 
Ferré-La-Coste,  du  Poitou,  fille,  58  ans, 
id.,  id.  —  Rachel  Ferré,  dame  noble  de 
Guyenne,  68  ans,  assistée  (10  I.  st.)àCan- 
terbury,  1702;  l'est  encore  en  1710.  — 
Pierre  Ferret,  de  Nérac  en  Gascogne,  chi- 
rurgien, sortant  de  France,  ayant  attesta- 
tion de  Genève,  assisté  à  Lausanne  pour 
aller  en  Allemagne,  28  juill.  1699  ;  —  (la 
femme  du  sieur  Paul),  de  Nérac,  réfugiée 
(5  pers.)  à  Berlin,  1700;  —  (Pierre),  de 
Normandie,  «  porteur  de  chaize,  »  réfugié 
à  Berlin  avec  sa  femme  et  2  enf.,  1698; 
(Pierre),  d'Elbeuf,  assisté  à  Genève  d'un 
viatique  pour  l'Allemagne,  1706.  —  Isaac 
Ferrus,  de  S'-Maixent,  id.  1698.  —  Donné 
«  5  sols  à  Jehan  Féru  qui  a  esté  cordelier, 
demeurant  chez  Belin,  >  1552  (Bourse  fr. 
de  Genève).  —  Joseph  Féru,  sa  femme  et 
une  fille,  assistés  à  Londres,  1702.  Le 
même,  en  qualité  de  «  maistre  d'escole  au 
quartier  de  Soho  et  des  libertés  de  West- 
minster^  »  reçoit  151.  pour  ses  gages  d'une 
année  finissant  le  31  mars  1707. 

1.  FERRIER  (Jean)  avocat  à  Toulouse, 
pendu,  1562  {Crespin,  668).  —  Jean  Ferrier, 
d'Agen,  étudiant  à  l'acad.  de  Genève  (J. 
Ferrerius  agenensis),  156i;  —  (Pierre), 
d'Agen,  étudiant  en  théologie  à  Genève 
(Petrus  Ferrerius  ageniensis  vasco),  mars 
1607.  —  (Jacques),  de  Lyon,  apothicaire, 
reçu  habitant  de  Genève,  7  septemb.  1572, 
—  'Jean  de)  sieur  d'Autremans  présent  à 
Tassemb.  de  Lunel,  1613.  —  (Jacques  de), 
lieutenant  du  roi  au  siège  de  Castelnau  de 


Brissac  en  1620.  —  (Paul  de)  sieur  du 
Terrait,  capitaine  d'une  compie  de  chevau- 
légers  du  régiment  du  baron  de  Lunas 
vers  1620.  —  (Jean)  «  marchand  de  Nis- 
mes,  tolléré  comme  les  autres  avec  per- 
mission de  tratfiquer»  à  Lausanne,  1687. 

—  (César  et  Marie),  du  Dauphiné,  as- 
sistés à  Lausanne,  1694-97.  —  (Jacques) 
ouvrier  en  bas,  de  la  vallée  de  Pragelas, 
pays  des  Vaudois,  réfugié  à  Berlin,  1698; 

—  la  di!e  veuve  de  M.  Ferrier,  médecin 
de  la  vallée  de  Pragelas  en  Dauphiné,  id. 
id.  —  (Antoine),  maître  serrurier  du  Vi- 
gan ,  réfugié  à  Magdebourg,  1698.  — 
(François)  dit  la  Forest,  de  Moissac  en  Cé- 
vennes,  réfugié  à  Wezel  avec  sa  fille,  1698. 

—  (Etienne),  de  S^-Bonnet  près  Gap,  avec 
sa  femme  et  2  enf.,  assisté  à  Genève  d'un 
viatique  pour  la  Suisse,  1701.  —  (Jean), 
de  Sommières  en  Languedoc,  chirurgien, 
31  ans,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne, 
janv.  1711.  —  (Jean)  d'Anduze,  maître 
d'école  et  chantre,  assisté  à  Genève,  1704, 
mort  à  Lausanne,  1719.  — (Pierre-Antoine) 
de  Narbonne,  étudiant  en  théologie  à  Ge- 
nève (Petrus  Antonius  Ferrier  narbonen- 
sis)  décemb.  1729.  — Paul  Férier,  officier 
dans  l'armée  hollandaise,  1700-1722. 

2.  FERRIER  (Iean-Baptiste)  fut  un 
vaillant  capitaine,  natif  de  Bonnieux  en 
Provence  [Haag,  V  93]  qui  se  signala  par 
ses  exploits  en  Languedoc  ^  sous  les  ordres 
du  baron  d'Allemagne  et  dont  nous  avons 
parlé  (t.  I  col.  912)  comme  ayant  pris  part 
aux  faits  de  guerre  dont  la  place  de  Mé- 
nobre  fut  le  centre  de  1574  à  1578,  faits 
que  sa  mort  suivit  de  près  (vers  1579)  *. 
Il  eut  pour  fils  Jérémie  Ferrier,  pasteur 
trop  fameux  né  vers  1570,  à  Milhaud,  vil- 
lage voisin  de  Nîmes. 

Après  avoir  terminé  ses  études  en  théo- 
logie, Jérémie  Ferrier  fut,  en  1596,  donné 

^  Voy.  Barjavel,  Dictionn.  de  Vaucluse;  voir 
aussi  de  Thou. 

-  Malgré  la  ressemblance  du  nom  et  la  simi- 
litude du  prénom,  il  faut  se  garder  de  le  confon- 
dre avec  Jean- Baptiste  Ferrari  (et  non  Ferrier) 
professeur  milanais  qui  après  avoir  embrassé  le 
protestantisme  dans  les  vallées  vaudoises,  ensei- 
gna les  langues  hébraïque  et  syriaque  au  collège 
de  Die,  de  1611  à  1615,  et  rentra  de  nouveau 
dans  le  catholicisme  en  1616  (Voy.  Arnaud, 
Acad.  protent.  de  Die,  1872  in-8°,  p.  42).  Quoi- 
que MAI.  Haag  aient  incliné  vers  cette  opinion, 
Jérémie  Ferrier  n'a  rien  de  commun  avec  ce  Jean- 
Baptiste. 


489 


FERMER 


490 


poui-  ministre  à  l'église  d'Aumessas,  mais 
il  ne  la  desservit  que  quelques  mois  et 
l'année  suivante  il  exerçait  les  fonctions 
pastorales  dans  celle  d'Alais.  Il  ne  tarda 
pas  à  acquérir  une  certaine  réputation, 
puisque  le  P.  Cotton  lui  fit  faire  somma- 
tion d'entrer  en  dispute  publique  avec  lui. 
Ferrier,  qui  était  ambitieux,  n'eut  garde 
de  laisser  échapper  cette  occasion  de  se 
produire,  et  il  se  rendit  à  Nîmes,  avec 
l'intention  de  descendre  dans  la  lice  contre 
le  fameux  jésuite  ;  mais  le  sénéchal,  à  qui 
le  consistoire  en  avait  demandé  l'autorisa- 
tion, afin  que  tout  se  passât  régulièrement, 
refusa  de  l'accorder.  Le  jeune  ministre 
eut  alors  recours  à  la  presse  et  publia  sous 
le  titre  d'Essais  '  un  petit  livre  dans  lequel 
il  s'escrimait  contre  les  jésuites,  mais  d'une 
manière  si  vague,  si  peu  sérieuse,  si  pleine 
de  prétention  et  de  pathos,  qu'on  croirait 
qu'il  se  peint  lui-même  lorsqu'il  dit  à  son 
adversaire  (p.  14)  :  «...  Passe,  c'est  vostre 
«  humeur  de  tout  hasarder  pour  estre  veu  ; 
«  de  faire  vos  restes  pour  paroistre.  Vous 
«  jettes,  après  vos  eslans,  vos  bouillons 
c(  sans  mesure  ni  raison.  »  Cet  opuscule 
est  cependant  précédé  d'un  éloge  en  vers 
latins  par  un  autre  adversaire  du  P.  Cotton, 
le  ministre  Isaac  Cheiron  (IV,  col.  284-8o) 
et  d'une  épître  de  l'auteur  datée  du  20 
janv.  1601.  «  A  Messieurs  faisans  profes- 
sion de  vraye  religion  à  Nismes,  »  ce  qui 
prouve  qu'il  avait  toute  leur  approbation. 
En  effet,  il  fut  presque  aussitôt  (13  mars) 
nommé  pasteur  de  Nîmes. 

Ce  fut  sans  doute  en  prenant  possession 
de  ses  fonctions  pastorales  dans  la  chaire 
de  Nîmes  qu'il  publia  ses  célèbres  thèses 
de  l'Antéchrist,  qui  soulevèrent  une  véri- 
table tempête.  Le  parlement  de  Toulouse 
le  décréta  de  prise  de  corps  ;  d'un  autre 
côté,  le  synode  national  de  Gap,  auquel  il 
avait  été  député,  prit  fait  et  cause  pour 
lui.  Afin  de  lui  donner  une  preuve  écla- 
tante de  sympathie,  il  le  nomma  vice-pré- 
sident, et  il  ordonna  que  la  proposition 
soutenue   par   Ferrier,    que   le  pape    est 

1  Les  £ssais  de  Jerémle  Feriier;  l'an  1601 
(s.  1.),  iii-16  de  152  pages.  Bibliot  de  l'Arsenal, 
Théol.  9460.  Contenant  :  1.  Discours  de  la  vanité 
des  Jésuites.  2.  Le  ponrfil  des  Jésuites.  3.  La 
papesse  Jehane.  4.  Les  papes  hérétiques.  5.  Si  la 
saincte  Cène  est  sacrifice.  6.  Si  la  bienheureuse 
vierge  a  droict  de  commander  à  nostre  Seigneur 
Jésus-Christ. 


l'Antéchrist,  serait  insérée  dans  la  Confes- 
sion de  foi  {voy.  III,  col.  1028).  Henri  IV, 
que  cette  déclaration  imprudente  blessa 
vivement,  montra  cependant  assez  de  sa- 
gesse et  de  prudence  pour  assoupir  cette 
affaire,  et  le  partage  de  la  Chambre  mi- 
partie  de  Castres,  devant  laquelle  Ferrier 
s'était  pourvu,  lui  ayant  fourni  une  occa- 
sion naturelle  d'intervenir,  il  défendit  de 
continuer  les  poursuites. 

Le  15  avril  1G03,  au  synode  d'Uzès,  les 
pasteurs  Gigord  et  Ferrier  furent  ordonnés 
pour  professeurs  en  théologie,  lesquels 
ayant  présenté  leurs  thèses  imprimées  aux 
commissaires  députés  par  le  synode  pour 
leur  faire  subir  l'examen,  «  a  esté  conclud 
que  atandu  le  contantement  que  ceste  com- 
pagnie a  de  leurs  services  et  le  tesmo- 
gniage  qu'ilz  en  ont  randu,  il  n'est  besoin 
d'autre  examen,  ains  qu'elle  les  reçoit  et 
authorize  pour  docteurs  et  professeurs  en 
théologie.  M.  Gigord  pour  l'acad.  de  Mont- 
pellier et  M.  Ferrier  pour  l'acad.  de  Nis- 
mes »  (reg.  des  Archiv.  du  Consist.  de 
Nîmes,  7  mai  1603)  \  Ce  fut  pour  l'acad. 
de  Nîmes  un  heureux  événement.  Elle  ne 
comptait  alors  que  huit  étudiants  inscrits 
{Bull.  III,  46)  :  Samuel  Toussaint,  Isaac 
des  Yssarts,  Josué  Barbut,  Gaiitelme  de 
Nice,  Paul  Brillegent,  Hipolyte  Gentil- 
homme, Alexandre  Pion  et  Isaac  Ferrier. 
Un  an  après  le  nombre  des  élèves  s'était 
si  fort  accru  qu'il  fallut  fonder  une  seconde 
chaire  de  théologie,  qui  fut  donnée  à  Jean 
Moynier,  et  l'année  suivante  une  troisième, 
pour  l'hébreu,  que  le  synode  national  de 
Gap  jugea  nécessaire  et  dont  Alizier  de 
Langlade  fut  le  premier  titulaire.  L'ensei- 
gnement de  Jérémie  Ferrier  api)orta  donc 
d'heureux  fruits  à  l'académie' de  Nîmes. 

Il  était  en  mên>e  temps  un  pasteur  fort 
rigide.  Il  prononça  en  novemb.  1606  un 
sermon  dans  lequel  les  magistrats  nîmois 
étaient  si  rudement  tancés  an  sujet  des 
«  vices  et  malversations  publiques  »  qu'il 
aurait  pu  s'ensuivre  un  soulèvement  popu- 
laire. Les  quatre  consuls  présentèrent  ime 
requête  au  conseil  de  ville  contre  cette 
prédication;  mais  le  Consistoire  prit  haute- 
ment le  parti  de  son  pasteur,  déclara  les 
consuls  «  grandement  censurables  de  l'in- 
«  deu  recours  qu'ils  auroient  fait  au  Con- 
(«  seil  et  a  une  compagnie  composée  de 

'  Notes  de  M.  le  past.  Ch.  Dardier. 


491 


FERRIER 


492 


«  plusieurs  personnes  d'autre  religion  »  et 
les  consuls  retirèrent  humblement  leur 
requête  et  déclarèrent  «  au  sieur  Ferrier 
«  estre  infiniment  desplaisants  d'avoir  pré- 
«  sente  ladite  requête  qu'ils  déclarent  vi- 
»  cieuse...  et  ont  les  dits  sieurs  esté  ré- 
«  conciliez  tant  avec  l'Eglise  qu'avec  led. 
«  sr  Ferrier  »  (reg.  du  21  mars  1607,  p. 
259).  Un  autre  sermon  de  lui,  prononcé 
quelques  années  plus  tard,  ne  causa  pas 
moins  d'émotion  dans  la  ville.  Il  repré- 
senta en  Consistoire  que  depuis  plus  d'un 
an  les  jésuites  s'efforçaient  de  dresser 
un  collège  à  Nîmes,  qu'ils  avaient  institué 
déjà  trois  classes  et  soustrait  du  collège 
tous  les  enfants  catholiques  et  plusieurs 
de  la  religion  et  que  cela  était  con- 
traire au  privilège  de  ce  collège  lequel 
était  de  fondation  roya'e  ;  il  rapporta  en- 
suite que  le  dimanche  précédent  (8  août 
1610)  : 

«  Faisant  le  prêche  de  8  heures  du  matin 
et  exposant  les  versets  7,  8,  9  du  ch.  VI, 
liv.  I  de  Samuel  où  il  est  dict  que  les  de- 
vins et  magiciens  des  Philistins  leur  con- 
seillaient de  renvoyer  l'arche  du  Dieu 
d'Israël...  il  feit  comparaison,  comme  le 
texte  le  requeroit,  de  l'idolâtrie  de  l'Église 
romaine  a  celle  des  Philistins  et  monstrant 
comme  les  idolâtres  ont  accoustumé  par 
faulx  miracles  se  confirmer  en  leurs  er- 
reurs... Que  suytte  de  cella  il  recita  un  faulx 
miracle  foi'gé  par  les  jesuittes  touchant 
ung  de  leur  ordi'e  nommé  Henry  Garnet,  le- 
quel avoit  esté  exécuté  en  Angleteri-e  [en 
1606]  comme  convaincu  d'avoir  volu  faire 
mourir  le  roy  la  reyne  et  leurs  enfans... 
Que  le  jesuitte  qui  presche  en  ceste  ville 
pour  les  papistes  ayant  distribué  et  donné 
plusieurs  exemplaires  [du  portrait  miracu- 
leux de  Garnet]  despuis  la  mort  de  nostre 
roy  [Henri  IV]  il  a  donné  a  cognoistre  que 
suyvant  la  doctrine  de  ceulx  de  son  ordre, 
il  approuve  telz  assassinatz  abominables, 
qualifiant  martyrs  et  bienheureux  ceulx  qui 
les  commettent;  et  de  là  prit  occasion  de 
remonstrer  au  peuple  le  tort  que  se  font 
ceulx  qui  ont  des  enfans  d'en  commettre 
l'instruction  a  telles  personnes  et  adressant 
la  parole  aux  magistrats,  leur  fait  voir 
comme  leur  charge  les  oblige  à  empescher 
les  jesuittes  d'enseigner  la  jeunesse...  etc., 
etc.  sur  quoi  «  Tous  ceulx  du  consistoire 
ont  déclaré  le  dict  sieur  Ferrier  n'avoir  aul- 
cunement  excédé  et  n'avoir  donné  subget 
légitime  d'offance  a  aulcun  de  quelle  qua- 
lité qu'il  soyt,  n'avoir  rien  dict  qui  ne  serve 


a  maintenir  la  paix  et  le  repos  de  l'Estat,  et 
pourtant  ont  approuvé  et  approuvent  tout 
ce  qu'il  a  dict  comme  ayant  esté  saincte- 
ment  et  devottement  dict  et  a  édiffication... 
(reg.  du  Consist..  p.  284). 

Jérérnie  Ferrier  était  donc  comblé  de 
toutes  les  marques  de  la  confiance  de  ses 
coreligionnaires.  Le  8  mai  1607,  l'église 
de  Paris  l'avait  demandé  officiellement, 
comme  pasteur,  au  Consistoire  de  Nîmes. 
Celui-ci  refusa,  mais  un  peu  plus  tard 
(29  juin.  1609;  registre  X,  p.  147),  on 
consentit  à  le  prêter  pour  six  mois.  En 
1605,  il  avait  été  député  à  l'assemblée  de 
Chatellerault  ;  en  1608  à  l'assemblée  de 
Gergeau  ;  en  1609  il  représenta  les  églises 
du  bas  Languedoc  au  synode  national  de 
S^-Maixent  qui  l'élut  vice-président  ;  en 
1611,  enfin,  il  fut  député  de  nouveau,  avec 
Henri  Hardouin,  sieur  de  La  Calmette, 
premier  consul  de  Nîmes,  à  l'assemblée 
politique  de  Saumur,  qui  l'adjoignit  à  La 
Case,  Courtomer,  Mirande  et  Armet,  char- 
gés de  porter  en  Cour  le  cahier  des  do- 
léances. Ce  voyage  en  Cour  fut  fatal.  Tant 
d'estime  lentement  et  vaillamment  con- 
quise, Ferrier  devait  la  perdre  en  un  jour. 
Elie  Benoit,  dans  son  Histoire  de  l'Edit  de 
Nantes,  scrutant  les  replis  de  ce  caractère, 
nous  dépeint  Jérémie  Ferrier  comme  un 
homme  intéressé  ',  fourbe,  ambitieux,  in- 
constant, brouillon,  sans  jugement,  et  peu 
capable  des  intrigues  dont  il  eut  l'impru- 
dence de  s'embarrasser.  Mais  il  avait, 
ajoute  l'historien  de  l'édit  de  Nantes,  assez 
de  courage,  l'esprit  vif,  l'imagination  en- 
flammée, une  grande  facilité  à  parler,  un 
ton  de  voix  impérieux,  une  véhémence 
dans  l'action  et  dans  le  discours  qui  en- 
traînait les  auditeurs  et  qui  ne  leur  laissait 
presque  pas  la  liberté  de  lui  contredire.  Il 
est  curieux  de  rapprocher  de  ce  portrait 
celui  que  Tallemant  des  Réaux  trace  du 
niême  personnage  :  «  Quoiqu'il  ne  fut  ni 
docte  ni  éloquent,  lit-on  dans  les  Histo- 
riettes, il  passoit  pourtant  pour  un  grand 
personnage  dans  sa  province  ;  il  étoit  pa- 
telin, populaire,  et  pleuroit  à  volonté,  de 
sorte  qu'il  avoit  tellement  charmé  le  peu- 
ple, qu'il  le  menoit  comme  il  vouloit.  » 
Tallemant  ajoute  que  c'était  l'homme  du 
monde  le  plus  avare,  jusque  là  que,  quand 

1  On  voit  par  les  notes  de  M.  Dardier  que  les 
reg.  du  Consist.  abondent  en  preuves  sur  ce  point. 


493 


FERRIER 


494 


il  était  député  à  quelque  synode,  «  il  vivoit 
si  mesquinement,  et  recherchoit  avec  tant 
de  soin  les  repues  franches,  qu'il  épargnoit 
les  deux  tiers  de  ce  qu'on  lui  donnoit  pour 
sa  dépense.  »  Avec  un  tel  fond  de  carac- 
tère il  était  facile  à  corrompre. 

Ce  fut  pendant  son  voyage  à  la  Cour 
qu'il  se  laissa  gagner.  Dès  son  retour  à 
Saumur,  il  prit  ouvertement  le  parti  du 
gouvernement,  soutenant  avec  beaucoup 
de  vivacité  dans  l'assemblée  que  les  pro- 
testants devaient  se  contenter  de  l'édit  de 
Nantes,  tel  qu'il  avait  été  vérifié  par  les 
parlements;  aussi,  lorsqu'il  se  présenta 
devant  celle  de  Sommières  pour  rendre 
compte  de  sa  mission,  le  pasteur  d'Uzès, 
Faucher,  se  faisant  l'écho  des  bruits  qui 
commençaient  à  courir  sur  son  compte, 
l'accusa-t-il  de  trahison.  L'assemblée 
repoussa  cette  imputation  comme  calom- 
nieuse ;  mais,  dans  un  voyage  que  Ferrier 
fit,  en  1612,  à  Paris,  les  bruits  prirent 
plus  de  consistance,  on  disait  hautement 
qu'il  se  ferait  papiste,  en  sorte  que  le  sy- 
node national  de  Privas  sentit  la  nécessité 
d'intervenir,  pour  prévenir,  s'il  en  était 
encore  temps,  un  grand  scandale.  Il  rendit 
d'abord  un  décret  qui  exclut,  pour  l'ave- 
nir, les  professeurs  en  théologie  des  as- 
semblées politiques  ;  puis,  soumettant  à 
une  enquête  rigoureuse  la  conduite  du  pas- 
teur de  Nîmes,  et  considérant  qu'il  avait 
quitté,  sans  congé,  l'église  de  Paris,  après 
avoir  promis  de  la  desservir  ;  qu'il  avait 
apporté  beaucoup  de  négligence  dans  l'ac- 
complissement de  ses  devoirs  de  profes- 
seur, à  cause  de  ses  fréquents  voyages  à 
la  Cour  et  aux  assemblées  politiques  ; 
qu'il  s'était  ingéré  dans  le  maniement  des 
deniers  ecclésiastiques,  dont  il  s'était  appro- 
prié une  assez  forte  somme,  il  lui  enjoi- 
g»it  d'écrire  une  lettre  d'excuse  à  l'église 
de  Paris,  lui  défendit  de  paraître,  pendant 
six  ans,  aux  assemblées  politiques,  et  lui 
interdit  l'exercice  de  ses  fonctions  dans  le 
Languedoc.  Dès  qu'elle  eut  connaissance 
de  cette  sentence  sévère,  l'église  de  Nîmes 
se  hâta  d'envoyer  k  Privas  d'Agulhon  et 
Barnier,  tous  deux  magistrats,  Arnaud 
Guérand  second  consul,  Vestric-Favier, 
du  corps  de  la  maison  de  ville,  et  les  pas- 
teurs Su/frein  et  Chambrun,  pour  deman- 
der qu'on  lui  laissât  son  ministre.  Sur  le 
refus  du  synode,  les  députés  s'emportèrent 
contre  les  représentants  des  églises  en  dé- 


clarant que  Nîmes  garderait  son  pasteur  en 
dépit  d'eux.  Ce  furent  les  deux  ministres 
Suffrein  et  Chambrun  qui  portèrent  la 
peine  de  cette  sortie.  Le  synode  les  blâma 
fortement  d'avoir  accepté  une  semblable 
députation,  et  il  ordonna  que  Ferrier  irait 
remplacer  Charnier  dans  l'église  de  Monté- 
limart.  Ferrier  n'en  tint  compte  ;  il  conti- 
nua à  remplir  ses  fonctions  comme  aupa- 
ravant, en  sorte  que  le  colloque  du  Lyon- 
nais, assemblé  à  Oullins,  le  23  août  1612, 
sous  la  présidence  du  pasteur  Roy,  le  con- 
damna comme  rebelle,  en  vertu  des  pou- 
voirs qui  lui  avaient  été  conférés  par  le 
synode  national,  et  suspendit  le  ministre 
Mardochée  Suffrein  comme  fauteur  de  sa 
rébellion  (Tt  232).  Suffrein  se  retira  à  la 
fois  de  l'église  et  de  l'académie,  où,  dès 
1607,  il  avait  succédé  à  Alizier  de  Lan- 
glade,  et  Ferrier  partit  pour  Paris  ;  mais, 
n'ayant  probablement  pas  obtenu,  tout 
d'abord,  le  prix  de  sa  future  apostasie,  il 
se  présenta  devaiit  le  consistoire  de  Cha- 
renton ,  pour  protester  «  de  ne  rechercher 
aucune  autre  vocation  que  celle  du  saint 
ministère,  »  protestation  qui  ne  l'empêcha 
pas,  fort  peu  de  temps  après,  d'accepter  la 
place  d'assesseur  criminel  au  presidial  de 
Nîmes. 

Pour  braver  ses  ennemis  avec  éclat,  il 
se  hâta  de  retourner  dans  le  Languedoc, 
et  demanda  d'être  mis  immédiatement  en 
possession  de  sa  charge.  De  son  côté,  le 
consistoire,  ayant  à  sa  tête  le  ministre 
Chambrun  et  le  premier  consul  Saint-Cé- 
saire,  se  rendit  en  corps  auprès  des  offi- 
ciers du  siège  presidial,  pour  les  prier  de 
suspendre  la  réception,  jusqu'à  ce  qu'on 
eût  reçu  la  réponse  aux  remontrances  et 
supplications  que  le  conseil  de  ville  avait 
envoyées  au  roi.  Tout  fut  inutile;  Ferrier 
fut  installé,  à  l'heure  même,  dans  la  place, 
non  pas  d'assesseur  criminel,  mais  de  con- 
seiller ^  Le  consistoire  le  lit  alors  sommer, 
à  quatre  reprises,  par  «  l'advertisseur  » 
Louis  Dupont,  par  David  Guérand  apo- 
thicaire, par  de  Monteils  avocat,  et  par  lé 
pasteur  Olivier,  de  se  présenter  devant  lui 

•  Sa  nomination  à  l'office  de  «t  Conseiller  du 
roi  au  siège  presidial  de  Nismes  »  fut  faite  par 
lettres  patentes  datées  de  Fontainebleau,  24  aiai 
1613.  Il  succédait  à  Jean  de  Lacroix  et  ce 
fut  Salomon  Roussel  qui  fut  définitivement 
pourvu  de  cette  charge  le  11  septembre  1613. 
(Pradel,) 


495 


FERRIER 


496 


pour  répondre  à  l'accusation  d'avoir  dé- 
serté sa  charge.  Il  refusa  d'obéir,  en  di- 
sant que  le  colloque  du  Lyonnais  l'ayant 
déposé,  il  se  regardait  comme  libre.  Le 
consistoire  passa  outre,  et  ordonna  de  pro- 
céder contre  lui  par  admonitions  publiques, 
sentence  qui  lui  fut  signifiée  par  les  pas- 
teurs Bouton  et  Villaret,  et  par  les  anciens 
Baile  et  Fournier.  Ferrier  répondit  par  un 
appel  comme  d'abus  (M  668).  Dès  lors,  le 
consistoire  porta  l'affaire  devant  le  synode 
provincial,  qui,  le  tenant  pour  «  obstiné 
dans  ses  péchés,  roidi  dans  ses  rébellions 
et  désobéissances,  et  endurci  dans  son 
impénitence,  »  ordonna  au  pasteur  Bru- 
nier  de  lancer  contre  lui,  du  haut  de 
la  chaire,  le  dimanche  14  juillet  1613, 
un  sentence  d'excommunication,  conçue  en 
ces  termes  : 

«  Ledit  M.  Jérémie  Ferrier  est  un  homme 
scandaleux,  incorrigible,  impénitent,  indis- 
ciplinable  ;  et,  comme  tel,  après  avoir  invo- 
qué le  nom  du  Dieu  vivant  et  vrai  :  au  nom 
et  en  la  puissance  de  notre  Seigneur  J.-Ch., 
par  la  conduite  du  Saint-Esprit  et  l'autorité 
de  l'Eglise,  nous  l'avons  jeté  et  le  jetons 
hors  de  la  compagnie  des  fidèles,  afin  qu'il 
soit  livi'é  à  Satan  ;  nous  l'avons  retranché 
et  le  reti-anchons  de  la  communion  des 
Saints,  déclarant  qu'il  ne  doit  plus  être 
censé  ni  réputé  pour  membre  de  J.-Ch.,  ni 
de  son  église,  mais  tenu  comme  un  païen  et 
un  péager,  pour  un  profanateur  et  contemp- 
teur de  Dieu  ;  c'est  pourquoi  nous  exhortons 
les  fidèles,  et  leur  enjoignons,  au  nom  de 
notre  Maître,  de  ne  plus  converser  avec  cet 
enfant  de  Bélial  ;  mais  de  s'en  éloigner  et 
séparer,  en  attendant,  si  en  quelque  ma- 
nière, ce  jugement  et  cette  séparation,  à  la 
destruction  de  sa  chair,  pourra  sauver  son 
ame,  et  lui  donner  de  l'effroi  pour  cette 
grande  et  redoutable  journée,  en  laquelle 
le  Seigneur  viendra  avec  les  milices  de  ses 
Saints,  pour  rendre  jugement,  et  convaincre 
les  pécheurs  de  tous  leurs  crimes  et  impié- 
tés, et  tous  les  méchans  des  desseins  perni- 
cieux, des  mauvaises  paroles  et  des  œuvres 
abominables  qu'ils  auront  commises  contre 
Dieu  et  contre  son  Eglise.  Amen.  —  Mau- 
dit est  celui  qui  fait  l'œuvre  du  Seigneur 
lâchement.  Amen.  —  S'il  y  a  quelqu'un  qui 
n'aime  pas  le  Seigneur  J.-Ch.,  qu'il  soit 
anathème.  Maranatha.  Amen,  —  Viens, 
Seigneur  Jésus,  viens.  » 

On  dirait  une  formule  d'excommunica- 
tion empruntée  au  moyen  âge. 


Ferrier  put  braver  néanmoins  le  synode 
du  bas  Languedoc.  Le  lendemain  même 
du  jour  où  il  avait  été  excommunié,  il  se 
rendit  au  présidial,  escorté  par  quelques 
archers  du  prévôt.  A  son  retour,  il  fut 
hué  par  une  bande  d'enfants  auxquels  se 
joignirent  bientôt  des  hommes  du  peuple, 
qui  le  poursuivirent  à  coups  de  pierre,  en 
l'appelant  traître  Judas.  Il  se  réfugia  dans 
la  maison  du  lieutenant  principal  au  siège 
présidial,  et  pendant  qu'il  s'y  cachait  tout 
tremblant,  l'attroupement,  se  portant  con- 
tre sa  maison,  où  se  trouvait  sa  fennne 
prête  à  accoucher,  saccagea  tout,  brûla  les 
meubles  et  brisa  les  fenêtres  ^  L'interven- 
tion des  consuls  et  du  consistoire  lui- 
même  apaisa  promptement  l'émeute  ;  mais 
elle  se  ralluma  lorsqu'on  apprit  que,  pour 
punir  la  ville,  la  Cour  avait  ordonné  la 
translation  du  siège  présidial  à  Beaucaire, 
et  avait  enjoint  h  la  Chambre  de  l'édit  de 
Castres  d'informer  contre  les  coupables. 
Le  calme  toutefois  ne  tarda  pas  à  se  réta- 
blir, et  après  cinq  mois  de  sollicitations, 
le  roi  consentit  à  accorder  des  lettres  d'abo- 
lition *. 

Ferrier,  que  les  consuls  avaient  fait  éva- 
der, s'était  cependant  retiré  à  Beaucaire. 
On  a  (lit  qu'il  y  abjura  la  religion  protes- 
tante ;  mais  c'est  une  erreur,  il  était  trop 
habile  pour  tant  se  presser.  De  Beaucaire 
il  vint  à  Paris,  où  il  ne  se  fit  même  pas 
catholique  tout  de  suite,  à  ce  qu'affirme 
Tallemant  des  Réaux  :  il  ne  se  convertit 

1  II  fit  imprimer  sur  le  moment  même  un  ré- 
cit des  faits  (en  63  pages  in-4<')  dont  un  exem- 
plaire se  trouve  â  la  Biblioth.  nat..  mss.  fr.  n" 
20,965,  {"  153.  En  voici  le  titre  :  Considérations 
d'estat  sur  les  mémoires  envoiez  par  les  consuls 
de  Nismes  aux  Députez  généraux  des  Eglises  P. 
B.  de  France  residens  près  de  LL.  MAT.,  a  la 
justification  des  calomnies  faulsement  imposées  au 
gt  terrier  cy-devant  ministre  au  dit  Nismes,  avec 
une  exhortation  a  luy  mesme  le  conjurant  par 
des  raisons  invincibles  d'embrasser  la  Foy  et  Reli- 
gion Catholique.  1613  (sans  lieu).  Suivi  de  :  Ré- 
cit véritable  de  l'émotion  faiete  a  Nismes  le  î5 
juin.  1613  contre  le  sieur  Ferrier.  —  Dans  le  t. 
XI  p.  103  des  registres  du  Consistoire  de  Nîmes 
on  lit  que  le  27  août  1614,  le  libraire-imprimeur 
Vaginard  fut  censuré  pour  avoir  imprimé  sans 
permission  de  la  C'°  un  certain  livre  intitulé  La 
métamorphose  de  J.  Ferrier. 

^  Un  écrivain  anonyme,  mais  huguenot,  raconte 
avec  détail  toute  cette  afTaire  dans  des  Mémoires 
sur  l'esmotion  arrivée  en  la  ville  de  Nismes,  les- 
quels ont  été  publiés  dans  les  Archives  curieuses 
de  Cimber  et  Danjou.  T.  I  de  la  2"°  série. 


497 


FERRIER   —    FERRIERES 


498 


que  quand  le  clergé  par  l'iaterveution  de 
Du  Perron,  lui  eut  assuré  une  bonne  pen- 
sion. Après  son  abjuration,  il  combattit  ce 
qu'il  avait  avancé  au  sujet  de  l'Antéchrist, 
dans  un  livre  qui  parut  sous  ce  titre  :  De 
r Antéchrist  et  de  ses  marques,  contre  les 
calomnies  des  ennemis  de  l'Église  catholique, 
Paris,  1613,  in-4o.  Il  eut  l'audace  d'en 
envoyer  un  exemplaire  à  Du  Plessis-Mor- 
nay,  qui  lui  répondit  les  plus  cruelles  véri- 
tés. Dix  ans  plus  tard,  le  gouvernement 
lui  fit  l'honneur  de  l'employer,  pendant  la 
guerre  delaValtelinepour  défendre  contre 
les  écrivains  aux  gages  du  cabinet  de  Ma- 
drid, l'alliance  de  la  France  cathohque 
avec  la  Hollande  protestante.  C'est  alors 
que  sous  le  titre  ;  Le  catholique  d'état  ou 
Discours  politique  des  alliances  du  roi  très 
chrétien,  contre  les  calomnies  des  ennemis 
de  son  état  (Paris,  1623,  in-S";  3me  édit., 
Paris,  1626),  il  mit  au  jour  un  ouvrage 
estimé  un  des  meilleurs  du  recueil  Du 
Châtelet,  où  il  prit,  contre  les  partisans 
de  l'Espagne,  la  défense  de  la  politique  de 
Richelieu  et  de  l'alliance  de  la  France 
avec  les  puissances  protestantes.  Cet  on- 
vrage  lui  gagna  la  faveur  du  cardinal,  qui 
le  fit  nommer,  en  1626,  conseiller  d'état 
et  privé,  et  qui  voulut  qu'il  accompagnât 
le  roi  dans  le  voyage  de  Bretagne.  A  son 
retour,  Ferrier  tomba  malade  de  la  fièvre  et 
fut  emporté  le  26  sept,  de  la  même  année. 

Les  actes  du  synode  de  Gap  parlent 
d'un  livre  de  Ferrier,  intitulé  YTroTÛ-wast; 
ôaGÀc-fixat,  qui  avait  été  imp,  avant  1603, 
et  dont  le  synode  l'engagea  à  donner  une 
seconde  édition.  Il  s'agit,  sans  doute,  des 
fameuses  thèses  sur  l'Antéchrist.  Nous 
n'avons  pas  trouvé  trace  de  cet  ouvrage. 

La  femme  de  Ferrier,  Isabeau  de  Gui- 
raud,  resta  fidèle  à  sa  religion  jusqu'à  la 
fin  de  ses  jours,  car  elle  fut  enterrée  le  21 
janv.  1659,  au  cimetière  protestant  de  la 
rue  des  SS.  Pères.  Mais  deux  de  ses  en- 
fants se  firent  catholiques,  qui  tous  deux 
périrent  de  mort  violente.  Le  fils  fut  tué, 
en  1638,  par  des  laquais  ;  la  fille,  dont  la 
dixième  satire  de  Boileau  a  stigmatisé  les 
honteux  petits  méfaits  et  ceux  de  l'avare, 
son  mari,  le  lieutenant  criminel  Tardieu, 
fut  assassinée  par  des  voleurs,  en  1663. 

Ferrier  et  sa  femme  avaient  eu  9  en- 
fants '  :  1°  Arnaude,  morte  en  juill.  1610; 

1  Notes  de  M.  Ch.  Sagnier. 


2o  une  autre  fille  baptisée  le  30  avril  1601  ; 
3o  Jehan,  né  le  27  août  1602,  parrain  Je- 
han Ferrier  étudiant  en  théologie,  marr. 
d'ie  Catherine  du  Jardin;  4°  Bernardine, 
née  le  13  août  1603,  marraine  Bernardine 
d' Airebaudouze  ;  5»  Tristan,  24  juin 
1603.— 12 nov.  1606,  parraiuM.  de  S.  Chap- 
tes  et  niaiT.  Mme  d'Agulhonet;  6°  Fran- 
çois, né  le  11  avril  1607,  parrain  Mardo- 
chée  Suffren  ministre  et  marr.  Jehannede 
Constans ;  7°  Fernande,  7  oct.,  —  17  nov. 

1609,  parrain  M.  de  Baudan  et  marr.  Fer- 
nande de  Baudan  ;  8o  Jehan,  né  le  9  nov. 

1610,  parrain  Jean  de  Brueis  conseiller  au 
présidial  et  marr.  Esther  de  Mazandier  ; 
9o  Marie,  la  lieutenante-criininelle. 

Enfin  un  détail  inattendu  nous  est  donné 
par  le  cavalier  Bernin  dans  le  Journal  du 
Voyage  qu'il  fit  en  France  en  1665  \  c'est 
que  Ferrier  possédait  une  belle  collection 
de  médailles  qui  passa  après  lui  à  un  de 
ses  fils,  lieutenant  d'artillerie,  puis  à  sa 
fille,  Marie,  collection  assez  importante 
pour  avoir  été  achetée  par  le  roi  après  le 
décès  des  Tardieu. 

1.  FERRIERES  (Jean  de),  seigneur  de 
Maligny  [llaag,  V  97],  appartenait  à  l'une 
des  plus  illustres  maisons  de  la  Bourgogne. 
=  Armes  :  d'argent  au  sautoir  engrelé  de 
gueules.  Ferrières  est  aujourd'hui  un  ha- 
meau du  départem.  de  l'Yonne  ^  (environ 
220  habit.).  Ces  de  Ferrières  étaient  des 
officiers  distingués,  et  très  dévoués,  de  la 
maison  de  Bourbon.  Jean,  grand-père  du 
Jean  dont  nous  voulons  parler,  mort  en 
1496  avait  été  conseiller  et  chambellan  des 
duc  Jean  de  Bourbon  et  Pierre  de  Beau- 
jeu;  il  avait  épousé  en  deuxièmes  noces, 
Marie  de  Damas,  dame  de  Maligny  et  avait 
laissé  d'elle  deux  fils  :  Philippe,  qui  eut 
la  terre  de  Ferrières,  et  François,  qui  eut 
celle  de  Maligny.  François,  chambellan  du 
fameux  connétable  de  Bourbon,  plut  à  une 
vertueuse  (Brantôme)  demoiselle  de  cette 
maison  princière,  Louise  de  Vendôme, 
sœur  de  Louis  de  Vendôme,  prince  de 
Chabanais,  vidame  de  Chartres  etc.,  et  les 
deux  amoureux  furent  officiellement  fian- 

'  Publié  par  M.  Lud.  Lalanne  dans  la  Gazette 
des  Beanx-Arts  (188ô). 

'^  Il  y  a  des  gentilshommes  du  nom  de  Fer- 
rières en  Bretagne,  portant  3  fers  à  cbgval  ;  en 
Normandie,  6  fers  à  cheval  (-3,  2,  1)  ;  en  Sain- 
tonge  les  fers  à  cheval  se  transforment  en  6  écus- 
sons  de  gueules. 


499 


P'ERRIERES 


500 


ces  en  1516.  Mais  c'était  malgré  le  frère 
de  la  future,  qui  entendait  hautement  gar- 
der pour  lui  tous  les  biens  de  sa  sœur  et 
qui  pour  la  punir  de  s'être  passée  de  son 
consentement  la  tint  un  an  et  demi  dans 
une  dure  captivité  et  ne  lui  rendit  la  liberté 
et  la  permission  de  se  marier  que  moyen- 
nant une  transaction  par  laquelle  François 
de  Ferrières  abandonna  toute  espèce  de 
droit  sur  les  biens  de  sa  future  femme.  Il 
signa,  mais  le  jour  même  (H  fév.  1519)  et 
dans  tout  le  cours  des  négociations  qui 
suivirent,  il  se  rendit  chez  deux  notaires 
de  Paris  pour  y  rédiger  et  signer  de  vives 
protestations  contre  les  actes  qui  lui  étaient 
arrachés.  Le  mariage  fut  conclu  au  mois 
de  septembre  et  le  beau-frère,  Louis  de 
Vendôme,  mourut  en  1526. 

Jean  de  Ferrières,  le  premier  fils  issu 
de  ce  mariage,  fut  un  des  plus  vaillants  et 
des  plus  fermes  soutiens  de  la  cause  pro- 
testante, comme  l'un  des  plus  illustres  par 
sa  naissance  puisqu'il  était  apparenté  par 
sa  mère  aux  maisons  de  Vendôme,  de 
Bourbon,  de  Montmorency  et  de  Chastillon. 
Il  était  tout  jeune  homme  (né  vers  1521) 
lorsque  son  père,  connaissant  «le  bon  vou- 
loir qu'il  avoit  aux  lettres  et  aprendre 
science,  »  lui  conféra  (fév.  1538)  deux 
bénéfices  qui  étoient  k  la  collation  du  sei- 
gneur de  Maligny  «  pour  luy  aider  à  s'en- 
tretenir aux  escoles  ^  Mais  à  peine  arrivé 
aux  écoles,  l'étudiant  se  laissa  gagner  aux 
nouvelles  doctrines  religieuses  et  en  fit 
hautement  profession  comme  il  est  permis 
de  l'induire  de  l'exhérédation  formelle  pro- 
noncée contre  lui  par  ses  père  et  mère 
dans  le  testament  conjoint  dicté  par  eux  ' 
le  23  déc.  1539.  Voici  la  clause  :  Sa  du- 
reté froide  et  sans  rémission  ne  nous  paraît 
pouvoir  être  expliquée  par  aucune  autre 
cause  que  l'indignation  religieuse  :  «  Pour 
«  le  cas  commis  contre  eulx  et  leur  volunté 
«  par  Jean  de  Ferrières  leur  filz,  et  qui 
«  est  contenu  en  la  déclaration  par  luy 
«  baillée,  escripte  et  signée  de  sa  main,  cy 
«  attachée  ',  les  diz  testateurs  de  leur 
«  pure  franche  et  libre  volunté,  l'ont  dès 

1  Acte,  aux  archives  du  chat,  de  Maligny,  cité 
par  Léon  de  Bastard  (Vie  de  J.  de  Ferrières) 
L.  de  Bastard,  de  l'Ecole  de  Chartes,  mort  en 
Chine,  était  originaire  et  habitant  de  la  contrée. 

'  Archives  d'Enre-et-Loir. 

■*  Elle  n'y  est  pins,  mais  il  semble  bien  que  ce 
devait  être  une  profession  de  foi. 


«  a  présent  exhérédé,  privé  et  débouté  de 
«  tel  droit  successif  que  par  leur  décès  lui 
«  pourroit  advenir  en  leurs  biens,  sans 
«  qu'ilz  entendent  que  jamais  il  y  puisse 
«  héréder,  prendre  et  appliquer  à  son  pro- 
«  fit  aucune  chose.  » 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  le  trouve  bientôt 
(en  1544?)  lieutenant  d'une  comp'e  de  40 
lances  commandée  par  son  cousin  germain, 
Fr.  de  Vendôme,  vidame  de  Chartres,  la- 
quelle fit  la  campagne  d'Italie  et  prit  hono- 
rablement part  à  la  bataille  de  Cerisolles 
(14  avril  1544).  La  mort  de  son  père  survint 
peu  après  et  le  rendit,  en  dépit  du  testa- 
ment S  seigneur  de  Maligny.  En  1549,  il 
était  à  Rome,  attaché  militaire  à  l'ambas- 
sade de  France  ;  en  octobre  1552,  il  servait 
en  volontaire  au  siège  de  Metz  défendu 
par  le  duc  de  Guise  contre  les  Alle- 
mands ;  après  quoi  il  rentra  dans  sa  charge 
de  lieutenant  de  la  compie  de  son  cousin 
dont  la  mort,  arrivée  le  22  décemb.  1560, 
le  mit  en  possession  du  titre  de  Vidame  de 
Chartres  '  et  de  seigneuries  considérables. 

Ses  opinions  religieuses  bien  connues, 
ses  liens  étroits  avec  son  frère  cadet 
Edme  de  Ferrières,  que  les  historiens  ap- 
pellent ordinairement  le  «  jeune  Maligny  » 
dont  nous  parlerons  plus  loin,  surtout  la  par- 
ticipation très  active  de  celui  ci  à  la  conju- 
ration d'Amboise,  persuadèrent  Charles  IX 
et  Catherine  de  Médicisde  s'assurer,  comme 
d'un  dangereux  personnage  du  nouveau  Vi- 
dame et  ils  donnèrent  l'ordre  (Bjanv.  1561), 
au  maréchal  de  Tavannes,  gouverneur  de  la 
Bourgogne,  de  le  faire  appréhender  en  son 
château  de  Maligny  où  il  s'était  tranquil- 
lement retiré.  Tavannes,  quoique  brave  à 
toute  épreuve,  fit  observer  que  Maligny 
était  un  château  solidement  assis,  qu'il 
était  bien  pourvu  de  vivres  et  d'artillerie, 
et  que  le  maître  du  lieu  y  faisait  bonne 
garde  avec  30  ou  40  soldats  résolus,  que 

i  II  fit  partage,  6  juin  15i3,  de  la  succession 
paternelle  avec  sa  sœur  Beraude  de  Ferrières 
qui  épousa,  17  avril  1559,  le  seigneur  bourbon- 
nais Jean  de  La  Fin  s'  de  Beauvais-la-Nocle 
(Archiv.  d'Euie-et-Loir). 

'^  Le  Vidame  (vice-dominus)  était  l'adminis- 
trateur et  le  défenseur  des  biens  temporels  d'un 
évêché,  rarement  d'une  abbaye.  Les  évêques 
d'Amiens,  Beauvais,  Cambrai,  Châlons,  Chartres, 
Laon  et  six  autres  en  France  avaient  des  Vidâ- 
mes. Le  Vidomne  de  Genève  jouait  on  grand  rôle 
dans  l'histoire  de  cette  ville  lorsqu'elle  était  épis- 
copale. 


I 


501 


FERRIÈRES 


502 


pour  l'attaquer  il  lui  faudrait  mettre  en 
mouvement  le  quart  de  l'etrectif  dont  il 
disposait,  que  mieux  vaudrait  donc  user 
d'adresse  et  temporiser;  pendant  ces  pour- 
parlers, le  sire  de  Maligny  s'esquiva  du 
château,  se  retira  dans  ses  terres  du  Ni- 
vernais puis,  au  commencement  de  1562, 
rejoignit  le  prince  de  Condé  à  Meaux,  et 
dès  lors  il  ne  quitta  plus  la  fortune  de  ce 
chef  du  parti  protestant.  Pendant  que  le 
prince  occupait  Orléans,  il  se  rendit  en 
Normandie,  d'accord  avec  lui  afin  d'y 
faire  s'il  était  possible  «  quelque  bon  ser- 
vice au  roi  et  à  la  cause.  »  En  eifet,  il  ar- 
riva bientôt  à  Rouen,  avec  Jean  de  La  Fin, 
son  beau-frère,  et  dans  cette  ville  ils  reçu- 
rent une  députation  des  habitants  du  Ha- 
vre qui  demandaient  protection  contre 
leur  gouverneur  Jean  de  Gros  ou  de  Cro- 
ses  (V,  col.  539)  qui  les  pressurait  et  con- 
tre le  duc  d'Aumale  qui  tenait  la  campa- 
gne en  dévastateur.  La  ville  offrait  de  se 
remettre  entre  les  mains  du  Vidame.  Il  y 
entra  le  lendemain  (16  avril  1561),  et  fit  si 
bien  qu'il  entraîna  le  gouverneur  dans  son 
parti.  De  Crose  bien  que  catholique  fut 
mis  à  mort  un  peu  plus  tard  (1562)  pour 
avoir  défendu  Rouen  contre  l'armée  royale. 
Peu  de  temps  après,  La  Barre  lui  ap- 
porta, de  la  part  de  Condé,  l'ordre  de  pas- 
ser en  Angleterre  (juillet  1562),  avec  Bri- 
quemaiilt  et  La  Haye,  maître  des  requêtes 
et  surintendant  de  la  maison  du  prince, 
pour  demander  des  secours  à  la  reine  Eli- 
sabeth. L'abbé  Pleuvri,  auteur  d'une  His- 
toire (lu  Havre-de-Gràce,  raconte  que  les 
plénipotentiaires  de  Condé  refusèrent  d'ac- 
céder à  la  demande  fort  naturelle  des  An- 
glais qui  exigeaient  qu'on  leur  livrât  le 
Havre  comme  place  de  retraite,  et  qu'ils 
revinrent  en  France  sans  rien  conclure  ; 
mais  que  Condé  leur  enjoignit  de  retour- 
ner en  Angleterre  et  de  souscrire  à  cette 
condition,  récit  confirmé  par  les  dépêches 
de  l'ambassadeur  de  France  des  21  et  22 
août  1562  ^  Ce  fut  le  traité  de  Hampton- 
court,  que  les  envoyés  du  prince  de  Condé 
signèrent  le  20  septemb.  et  par  lequel  le 
Havre  devait  être  livré  aux  Anglais  pour 
être  occupé  par  300  hommes  de  troupes 
anglaises,  conjointement  aux  1000  Fran- 
çais. R  était  formellement  convenu  que 
cette  occupation  avait  lieu  seulement  pour 

1  Bibl.  nat.  mss.  fr.,  Snppl.  3003,  n. 


la  défense  du  prince  de  Condé  et  de  ses 
partisans,  et  pour  la  protection  des  sujets 
du  roi  de  F'rance  persécutés  par  les  Guise, 
qui  empêchaient,  contrairement  aux  édits 
royaux,  l'exercice  du  culte  réformé;  mais 
que  cette  occupation  serait  temporaire, 
que  l'Angleterre  ne  changerait  rien  k 
l'administration  des  villes  occupées  (pré- 
vision d'une  occupation  pareille  de  Rouen 
et  Dieppe),  et  qu'elle  retirerait  ses  trou- 
pes aussitôt  qu'on  lui  aurait  restitué  Ca- 
lais, qui  lui  appartenait,  et  cent  mille  écus 
de  subsides  avancés  par  elle. 

Le  lendemain  de  la  signature  du  traité 
de  Hamptoncourt,  l'ambassadeur,  ce  même 
Paul  de  Foix  qui  avait  été  arrêté  avec  Du 
Bourg  (V  col.  574),  demanda  l'extradition, 
non  seulement  des  négociateurs,  mais  de 
Saint-Aubin,  de  La  Boque,  de  Verîigny,  de 
Georges  de  Mare,  garde  de  l'artillerie  du 
Havre,  de  Jean  Feray,  du  bailli  de  Dieppe 
et  de  Bochart,  receveur  de  Rouen,  com- 
me criminels  de  lèse-majesté;  il  est  inutile 
d'ajouter  que  le  gouvernement  d'Elisabeth 
refusa  de  les  livrer.  Mais  le  Vidame  de 
Chartres  paya  pour  tous  en  ce  que  la  con- 
fiscation de  tous  ses  biens  fut  prononcée 
et  si  rigoureusement  exécutée  qu'il  de- 
meura désormais  très  pauvre. 

Dans  la  suite  des  guerres  civiles,  nous 
le  retrouvons  servant  la  cause  protestante 
de  ses  conseils  et  de  son  épée.  Il  fit  glo- 
rieusement son  devoir  (voy.  de  Thou)  à 
la  bataille  de  S'-Denys  (nov.  1567),  et  à 
la  vaillance  il  joignait  un  esprit  très  fin. 
«  Nourri  aux  affaires  de  la  Cour,  savant 
aux  despens  des  siens  et  de  lui-mesme,  » 
dit  d'Aubigné,  il  fut  un  de  ceux  qui  s'op- 
posèrent le  plus  énergiquement  à  ce  que 
Condé  prêtât  l'oreille  aux  propositions  as- 
tucieuses que  la  reine-mère  lui  avait  fait 
faire  par  Combaut,  en  lui  prouvant  que 
c'était  un  piège.  Le  prince  suivit  son  avis 
et  continua  sa  marche  au-devant  de  l'ar- 
mée allemande,  commandée  par  Casimir, 
que  le  vidame  de  Chartres  fut  chargé  d'al- 
ler complimenter. 

En  1568,  la  guerre  s'étant  rallumée, 
Jean  de  Ferrières  leva  un  corps  de  troupes 
en  Normandie  et  le  conduisit  à  Andelot. 
La  haute  position  qu'il  occupait  dans  le 
parti  et  la  connaissance  qu'il  avait  de  la 
Cour  d'Elisabeth  d'Angleterre,  le  firent  dé- 
signer par  ses  coreligionnaires,  dont  toutes 
les  ressources  financières  étaient  épuisées. 


503 


FERRIERES 


504 


pour  repasser  le  détroit  et  solliciter  la  con- 
tinuation des  subsides.  Dans  ce  but  il 
s'embarqua  avec  sa  femme,  à  La  Rochelle, 
vers  la  mi-avril  1569.  Il  avait  en  effet 
contracté  un  modeste  mariage,  vu  d'assez 
mauvais  œil  par  les  siens  et  par  la  reine 
de  Navarre,  avec  une  dame  rocheloise, 
Françoise  Joubert  fille  de  Fr.  Joubert  sr 
de  Lannerey,  conseiller  et  maître  des 
comptes  du  roi  François  1er,  laquelle  était 
veuve  de  Charles  Chabot  que  les  huguenots 
avaient  mis  à  mort  comme  traître  (voy. 
III  col.  988).  Le  Père  Le  Laboureur,  dans 
ses  Addit.  aux  Mém.  de  Castelnau  parle 
d'elle  cependant  en  termes  favorables  lors- 
qu'il dit  du  vidame  que  c'était  «  un  gentil- 
8  homme  vaillant,  de  grande  entreprise  et 
«  des  plus  ardents  aux  intérêts  de  sa  reli- 
«  gion,  aussi  bien  que  sa  femme.  »  Ce 
voyage  en  Angleterre  ne  fut  pas  sans  quel- 
que succès. 

Le  13  septembre  1569,  une  procédure 
depuis  longtemps  instruite  au  Parlem.  de 
Paris  contre  les  chefs  du  protestantisme 
aboutit  à  une  condanmation  à  mort  pro- 
noncée contre  Montgommery  et  contre  lui. 
On  les  pendit  en  efTigie  sur  la  place  de 
Grève.  C'était  dangereux  ;  il  ne  quitta  donc 
pas  immédiatement  l'Angleterre.  Il  y  était 
encore  au  mois  de  septemb.  1570.  Au  com- 
mencement d'octobre  il  débarquait  à  Diep- 
pe et  arrivait  à  Paris,  où  la  populace  le 
reçut  si  mal,  qu'on  tua  ou  blessa  plusieurs 
de  ses  gens.  Cela  passa  pour  une  attaque 
de  voleurs,  mais  il  se  tint  prudemment  aux 
champs  plus  qu'à  la  ville.  Survint  le  coup 
de  la  Saint-Barthélémy.  A  la  nouvelle  de  la 
blessure  de  l'amiral,  tenant  pour  certain 
«  que  c'estoit  l'entrée  delà  tragédie,  laquelle 
se  paracheveroit  bientost,  »  il  pressa,  à  plu- 
sieurs reprises  et  «  avec  grande  véhé- 
mence, »  les  chefs  huguenots  de  s'éloigner 
sur-le-champ  de  Paris  ;  il  ne  fut  pas  écou- 
té ;  mais  s'il  ne  réussit  pas  à  soustraire  ses 
compagnons  d'armes  au  sort  déplorable 
qui  les  menaçait,  il  sut  garantir  au  moins 
sa  propre  vie,  grâce  à  la  précaution  qu'il 
avait  prise  de  se  loger  au  faubourg  St- 
Gerinain.  On  conserve  au  Musée  britanni- 
que (niss.  Lansdoicn.,  no  14.  77)  la  lettre 

'■  Une  quinzaine  de  Lettres  inédites  de  lui  se 
conservent  à  la  Bibliotb.  Cotton.,  Musée  britan- 
nique, et  font  partie  des  recueils  cotés  Caligula 
E.  V,  VI,  IX,  XII.  M.  Je  Bastard  en  a  publié  qua- 
tre. 


OÙ  il  raconte  à  lord  Burghley  la  manière 
dont  il  échappa  à  la  mort  ^  Strype  nous 
apprend,  dans  ses  Annales,  qu'il  chercha 
un  asile  eu  Angleterre,  où  il  débarqua  le 
7  septembre,  et  qu'Elisabeth,  touchée  de 
compassion,  écrivit  en  sa  faveur  au  roi  de 
France.  Il  ne  quitta  pas  l'Angleterre  avant 
la  fin  d'octobre  1574  où  il  s'embarqua  pour 
Flessingue  avec  une  troupe  de  réfugiés 
françaisqui  voulaient  aller  joindre  le  prince 
de  Condé  en  Allemagne.  Il  rentra  en 
France  pour  servir  la  cause  do  Henri  IV. 
Ce  prince  le  garda  auprès  de  sa  personne, 
dans  le  Midi,  et  le  nomma  commandant 
de  la  place  de  Casteljaloux,  poste  qu'on  le 
trouve  exerçant  au  mois  de  janv.  1584 
{Corresp.  d'Henri  IV,  t.  I,  631)  et  qui  ne 
manquait  pas  d'importance  étant  sur  la 
frontière  de  Saintonge,  mais  qui  convenait 
à  son  âge  avancé  (135  ans).  Sa  lui  fut  pi- 
toyable. Comme  il  guerroyait  le  long  de  la 
côte,  dans  les  rangs  protestants,  contre  les 
troupes  de  terre  et  de  mer  de  la  Ligue,  il 
fut  fait  prisonnier  et  conduit  à  un  capi- 
taine de  galères,  nommé  le  capitaine  Car- 
ies, qui  exigea  d'un  prisonnier  de  cette 
importance  une  forte  rançon  et  ne  l'obte- 
nant pas,  car  Jean  de  Ferrières  n'avait  rien, 
le  fit  enchaîner  à  fond  de  cale  dans  une 
galère  et  l'y  laissa  mourir.  D'Aubigné 
parle  (Hist.  univ.  t.  III)  de  gentilshommes 
protestants  jetés  aux  galères  qui  furent  dé- 
livres au  mois  d'avril  1586  et  dont  il  dit 
qu'ils  avaient  été  «  compagnons  du  vidame 
de  Chartres  que  Caries  fit  mourir  lié  à  la 
soute,  ne  pouvant  croire  qu'un  homme  de 
si  bonne  maison  ne  put  payer  rançon.  Ce 
seigneur  de  grande  marque,  que  le  roy  de 
Navarre  appelait  son  oncle,  étoit  sous  la 
coursie  [chemin  entre  les  bancs]  quand  la 
batterie  se  faisoit.  » 

Il  nous  reste  à  parler  du  jeune  Maligny. 
Edme  de  Ferrières,  plus  communément 
appelé  Maligny  le  jeune,  fut  un  des  chefs 
de  la  conjuration  d'Amboise.  Sauvé  d'une 
mort  certaine  par  un  écuyer  du  prince  de 
Condé,  nommé  de  Vaux  qui  lui  devait  son 
emploi,  il  se  retira  dans  la  Provence,  tan- 
dis que  son  frère,  soupçonné  d'avoir  aussi 
trempé  dans  la  conspiration,  quittait  la 
Cour  de  son  côté.  Maligny,  de  concert 
avec  Mouvans  et  par  ordre  de  Condé,  à  ce 
que  rapporte  Davila,  conçut  l'audacieux 
projet  de  se  saisir  de  Lyon,  où  les  Réfor- 
més étaient  en  assez  grand  nombre.  A  cet 


505 


FERRIERPJS 


506 


effet,  il  recruta  parmi  les  soldats  de  Mont- 
brun  quelques  aventuriers  qu'il  introduisit 
dans  cette  ville  par  diverses  portes  et  sous 
divers  déguisements.  Colonia  porte  à  1200 
le  nombre  des  huguenots  qui  s'étaient 
ainsi  glissés  dans  la  ville  sans  être  décou- 
verts, grâce  au  mouvement  qu'occasion- 
nait la  foire  d'août.  Ils  devaient  être  sou- 
tenus, dil-il,  par  500  autres  domiciliés  dans 
la  ville,  par  300  Genevois  qui  avaient  or- 
dre de  se  rendre  sous  les  murs  de  Lyon  au 
jour  marqué,  par  des  troupes  de  Provence 
et  par  un  corps  de  cavalerie  qu'on  atten- 
dait de  France.  Parmi  ces  gens  de  guerre^ 
il  y  avait  plusieurs  capitaines  expérimen- 
tés qui  avaient  fait  les  guerres  du  Piémont, 
tels  que  le  bourguignon  La  Rivière,  le 
provençal  Châteauneuf,  les  auvergnats 
Malcault  et  Belime,  les  deux  frères  Pé- 
rault  du  Vivarais.  Colonia,  qui  attribue, 
sans  aucune  espèce  de  preuves,  nous  osons 
l'atTirmer,  à  Calvin,  à  Béze  et  à  Spifame, 
tout  le  plan  de  l'entreprise,  passe  sous  si- 
lence le  contre-ordre  donné  par  le  roi  de 
Navarre,  et  cependant  il  est  certain  que, 
sans  ce  contre-ordre,  Maligny  se  serait 
emparé  de  Lyon.  Sentant  l'impossibilité 
de  faire  traverser  à  ses  soldats  toute  la 
France,  pour  les  conduire  à  Limoges, 
comme  on  le  lui  mandait,  sans  éveiller  les 
soupçons  et  sans  s'exposer  à  être  taillé  en 
pièces,  il  résolut,  après  mûre  délibération, 
de  congédier  les  bandes  qui  s'approchaient 
de  Lyon  et  d'évacuer  la  ville  ;  mais  un 
crocheteur  qu'il  avait  imprudemment  in- 
troduit dans  une  des  maisons  où  il  avait 
formé  des  dépôts  d'armes,  communiqua 
au  gouverneur  les  soupçons  qu'il  avait 
conçus.  La  maison  fut  cernée  à  l'entrée 
de  la  nuit.  11  s'y  trouvait  une  cinquantaine 
de  soldats  qui  se  défendirent  vigoureuse- 
ment. Maligny,  logé  près  de  là,  accourut 
à  leur  secours  avec  une  quinzaine  de  gen- 
tilshommes, et  les  archers  furent  repous- 
sés jusques  sur  le  pont  de  la  Saône  dont 
les  protestants  s'emparèrent.  Selon  Davila 
et  Colonia,  les  catholiques  ne  tardèrent 
pas  à  les  en  chasser;  selon  les  écrivains 
protestants  et  de  Thou,  pas  un  seul  catho- 
lique n'osa  sortir  de  son  logis,  et  Ma- 
ligny resta  maître,  pendant  plusieurs  heu- 
res, de  toute  la  ville  entre  le  Rhône  et  la 
Saône,  en  sorte  ([u'il  n'est  pas  douteux 
qu'il  se  fût  saisi  de  Lyon,  s'il  avait  été 
soutenu  ;  mais  les  conjurés  qu'il  avait  con- 


tremandés  s'imaginèrent  que  les  catholi- 
ques leur  avaient  tendu  un  piège  pour  les 
attirer  dehors  et  les  égorger,  et  ils  restè- 
rent barricadés  chez  eux.  Se  voyant  aban- 
donné et  craignant  d'être  écrasé  dès  que  le 
jour  paraîtrait,  Maligny  se  retira  dans  son 
logis  ;  puis  la  réflexion  lui  présentant  le 
danger  sous  un  aspect  plus  terrible,  il  s'en- 
fuit secrètement  k  Genève,  dit  Colonia,  en 
laissant  au  capitaine  Castelnau  le  soin  de 
faire  disparaître  les  traces  de  la  conjura- 
tion. Presque  tous  les  conjurés  sortirent 
de  Lyon  sans  obstacle,  le  gouverneur  fa- 
vorisant lui-même  leur  fuite,  de  peur  de 
les  réduire  au  désespoir.  A  la  nouvelle  de 
cette  entreprise,  le  maréchal  de  Saint- An- 
dré s'empressa  de  courir  à  Lyon.  Il  fit  ar- 
rêter beaucoup  de  personnes,  entre  autres 
les  deux  frères  Changy  et  La  Brosse,  qui 
fut,  à  deux  reprises,  soumis  à  une  torture 
telle  que  jamais  homme  n'en  subit  une  pa- 
reille sans  mourir.  Quelques-uns  des  pri- 
sonn'ers  furent  pendus  ;  les  autres  rache- 
tèrent leur  vie  en  payant  de  fortes  rançons 
à  l'avide  maréchal. 

Edme  Maligny  s'enfuit  à  Genève;,  «  dont 
plus  ne  revint,  »  dit  Bantôme,  car  en  se 
baignant  dans  le  lac,  il  se  noya  dans  un 
sable  mouvant;  l'on  courut  après  luy, 
mais  il  s'en  alla  grand  erre.  »  (Brant.  éd. 
Lalanne,  IV  3'i0).  11  mourut  sans  héritier 
[Collect.  Du  Chesne,  vol.  68),  et  son  frère 
n'ayant  pas  laissé  non  plus  d'enfant  de  sa 
femme  Françoise  Joubert,  le  vidamé  de 
Chartres  passa  dans  la  famille  de  Jean  de 
Lafin,  mari  de  Béraude  de  Ferrières. 

(Léon  de  Bastard).  Vie  de  Jean  de  Ferrières, 
Vidame  de  Chartres,  par  un  membre  de  la  Soc. 
des  Se.  historiques  et  nat.  de  l'Yonne  ;  Auxerre, 
Perriquet  et  Rouillé,  1858,  in-S",  283  pag.  et 
portrait  du  Vidame. 

2.  FERRIÈRES  (Pons  de),  baron  de 
Bagat  ^  en  Quercy  [Haag,  V  100],  second 
fils  de  Jean  de  Ferrières,  servit  en  1552, 
sous  le  roi  de  Navarre  avec  le  grade  de 
capitaine  de  cavarerie.  Il  mourut  vers 
1561,  laissant  de  son  mariage  avec  Jeanne 
de  Beynac;  lo  François,  qui  suit;  —  2» 
Antoine,  tué  à  la  déroute  de  Vers  ;  —  3o 
Louise,  qui  mourut  avec  la  réputation  d'un 
des  meilleurs  esprits  de  son  temps  ;  —  4o 
Catherine,  femme  du  sieur  de  Puyparla  ; 

1  On  a  Bagat  et  Ferrières  dans  l'arrond.  de 
Cahors  (Lot). 


507 


FERRIÈRES 


508 


—  5°  Jeanne,  épouse  du  sieur  de  Mont- 
Lausun  ;  —  6o  Marie,  épouse  du  sieur  de 
Brugnol,  après  la  mort  duquel  elle  se  re- 
maria avec  le  sieur  de  Marcous. 

François  deFerrières  combattit  vaillam- 
ment à  Dreux,  où  il  fut  blessé  et  fait  pri- 
sonnier, puis  à  Jarnac  et  à  Moncontour. 
En  1586,  le  roi  de  Navarre  lui  donna  une 
compagnie  de  cent  arquebusiers  à  cheval. 
En  1588,  Henri  III  lui  confisqua  ses  biens, 
dans  la  possession  desquels  il  ne  rentra 
qu'en  159o.  La  même  année,  il  assista  à 
l'assemblée  politique  de  Saumur.  De  son 
mariage  avec  Antoinette  de  Bonnefous, 
célébré  en  1357,  naquirent  six  enfants  : 
1°  Pons,  mort  jeune  ;  —  2°  Pierre,  qui 
épousa  successivement  Jeanne  de  La  Bois- 
sière,  Susanne  de  Mauzac,  Marguerite  de 
La  Burgade  et  Angélique  Days,  mais  qui 
ne  parait  pas  avoir  laissé  de  postérité  ;  — 
3°  Jean,  sieur  d'Aumont,  qui  prit  pour 
femme  Andiette  de  Jouan,  fille  du  lieute- 
nant principal  au  siège  présidial  d'Arma- 
gnac et  procureur-général  du  roi  de  Na- 
varre, celui-là  même  qui  assista  comme 
député  de  la  Guienne,  aux  assemblées 
politiques  deSaint-Jean-d'Angély,en  1582, 
et  de  La  Rochelle,  en  1588;  Jean  était  lui- 
même  procureur  du  roi  en  la  sénéchaussée 
d'Armagnac  et  il  y  fut  pourvu  de  l'office 
de  lieutenant  particulier,  après  résignation 
(15  sept.  1609)  d'Henri  Leverrier,  par 
lettres  patentes  du  10  mars  1601  ^;  — 
4o  Abel,  qui  suit;  —  5°  Paul,  marié 
avec  Claire  de  Bonnal,  fille  du  sieur  de  La 
Rouquette  ;  —  6o  Anne,  femme  du  sei- 
gneur de  Cezerac.  Resté  veuf,  le  baron  de 
Bagat  se  remaria  avec  Antoinette  de 
Rams,  qui  ne  lui  donna  qu'une  fille  nom- 
mée Marie,  épouse  d'un  sieur  de  La  Rou- 
quette. 

Abel  de  Ferrières  ayant  été  appelé  par 
son  père  à  recueillir  son  héritage,  cette 
préférence,  dont  le  mss.  {Fonds  S.  Ma- 
gloire,  no  132)^  où  nous  puisons  nos  ren- 
seignements, n'explique  pas  le  motif,  oc- 
casionna un  long  procès.  Abel  avait  servi 
avec  ardeur  la  cause  de  Henri  IV  ;  il  avait 
combattu  à  Coutras,  à  Ivry,  et  avait  été 
grièvement  blessé  au  combat  de  Villemur. 
Il  mourut,  en  1641,  laissant  de  sa  femme 
Esther  de  Vivans,  qu'il  avait  épousée  en 

*  Il  prêta  serment,  la  main  levée  à  Dieu, 
comme  étant  de  la  qualité  de  l'édit.  (Pradel.) 


1608,  deux  enfants,  François,  qui  suit,  et 
Susanne,  alliée  au  sieur  ée.Panassou. 

François  apprit  le  métier  des  armes  en 
Hollande  où  il  alla  servir  dès  1628.  Il  y 
passa  trois  ans  et  y  fut  fait  prisonnier. 
Rentré  dans  sa  patrie,  il  fit,  en  1635,  la 
campagne  de  Flandres  avec  l'armée  fran- 
çaise. L'année  suivante,  il  épousa  Sara  de 
Chandieu,  qui  lui  donna  Pierre-Henri, 
EsTHKR  et  Marie.  Nos  renseignements  ne 
s'étendent  pas  plus  loin. 

3.  FERRIÈRES  (de).  Une  famille  du 
même  nom  que  les  précédentes,  mais 
beaucoup  moins  notable,  existant  en  Sain- 
tonge,  au  XVIn^e  siècle.  Elle  figure  abon- 
damment sur  les  registres  de  l'église  réfor- 
mée de  La  Rochelle  et  ses  titres  de  no- 
blesse, datés  de  1683,  se  trouvent  dans  les 
minutes  du  notaire  Juge.  =^  Armes  :  de 
sable  à  l'écrevisse  d'argent.  L'un  de  ses 
membres,  François  de  Ferrières,  marié 
avec  Colette  Morisson  et  en  deuxièmes  no- 
ces avec  Anne  Esveillard  (ci-dessus,  col. 
174),  fut  choisi  par  les  Rochellois,  en  1574, 
pour  faire  partie  du  conseil  extraordinaire 
du  maire  et  député  en  1581  par  le  Consis- 
toire à  l'assemblée  générale  de  Chastillon. 
Il  eut  du  1er  lit  :  Samuel,  bapt.  au  prêche, 
14  septemb.  1591  ;  autre  Samuel,  bapt.  le 
10  juin.  1593,  conseiller  au  présidial  de 
1617  à  1631,  qui  s'était  retiré  au  camp 
royal  à  la  fin  du  siège  (Arcère,  II  286) 
et  qui  eut  de  son  mariage  avec  Marie  Ge- 
nay  une  fille,  Sara,  bapt.  le  16  mars  1619 
et  mariée  au  prêche  avec  Charles  de  Bel- 
zunce  (ci-dessus,  II  col.  149).  Samuel  eut 
encore  :  Jeanne,  en  1580  ;  Jean,  nov. 
1582  ;  Jacques,  bapt.  en  septemb.  1594, 
écuyer,  s""  de  Roiffé  et  du  Grandfief  ;  Es- 
TIENNE,  écuyer,  s""  de  Grandfief,  gouver- 
neur de  St-Martin  de  Rhé,  1636-50.  Ce  der- 
nier eut  de  son  mariage  (au  prêche)  avec 
Marie  Du  Puy  :  Estienne,  écuyer,  sr  de 
Villeneufve,  capitaine  au  régira,  de  Na- 
varre; Anne,  bapt.  au  prêche,  juill.  1631, 
femme  de  René  de  Gonzabatz,  écuyer,  sr 
de  Villepart,  capitaine  de  vaisseau  ;  Fran- 
çois, bapt.  au  prêche,  15  janv.  1636  ;  par- 
rain, Jaq.  de  Ferrières  ;  autre  François, 
30  nov.  1643,  redevenu  catholique,  capi- 
taine de  vaisseau,  tué  au  combat  de  Mes- 
sine, 1676,  enterré  dans  la  chapelle  de  Fer- 
rières en  l'île  de  Rhé.        (Richemond.) 

4.  FERRIÈRES  (Autres  seigneurs  de), 
voyez  aux  nom  Bayard,  Grantrye,  Guillot. 


509 


FERRIERES 


FERRY 


510 


5.  FERRIERES  (Pierre  de),  «  de  Tho- 
lose,  »  reçu  habitant  de  Genève,  17  juin 
1554.  —  François  Ferrière,  nommé  con- 
seiller clerc  au  parlem.  de  Toulouse  en 
1551,  victime  de  la  St-Barthélemy  dans  la 
même  ville,  1562.  —  Autre  François 
Ferrières,  marchand  k  Toulouse  en  1577, 
établi  en  1579  à  Montauban.  C'est  de  lui 
que  paraît  descendre  une  nombreuse  fa- 
mille de  commerçants  qui  habita  jusqu'à 
la  Révocation  cette  dernière  ville,  d'où  elle 
émigra  à  Genève  et  en  Hollande.  D'après 
une  notice,  d'une  longueur  et  d'une  im- 
portance démesurées,  publiée  par  M.A.-J. 
Enschedé  (Bull,  des  ég.  icalL,  t.  II),  elle 
a  produit  un  seul  personnage  de  quelque 
notoriété  :  Jean  Ferrières,  consul  de  Mon- 
tauban en  1638,  capitaine  d'une  compagnie 
bourgeoise  fournie  par  la  ville  à  l'armée 
du  roi  en  1651,  mort  en  1652.  Son  petit- 
fils  Isaac  (1675-1747)  fils  de  Paul  Ferrière, 
passé  en  Hollande,  fonda  aux  Indes,  dans 
la  colonie  de  Berbice,  une  plantation  de 
café  et  de  cacao  qu'il  avait  nommée  «  Mon- 
tauban. »  Signalons  encore  :  Jean  Fer- 
rière, marchand  à  Montauban  et  Jeanne 
de  Bousquet  sa  femme  ainsi  que  Isaac,  fils 
de  Jean,  marchand,  et  Antoinette  de  Rujol 
sa  femme,  tous  de  Montauban,  lesquels 
font  leurs  testaments  à  Genève,  en  1699 
(L.  Pasteur  not.  X  41-50).  —  André  Fer- 
rière, ancien  de  Cournonterral  au  colloque 
de  Montpellier,  1562.  —  (Jean),  ministre  à 
Port-Sainte-Marie  en  Agenois,  1566-78.  — 
(Antoine),  seigneur  de  Chappes,  avocat 
renommé,  victime  de  la  S'-Barthélemy  à 
Paris,  1572.  —  (Jean  de),  secrétaire  de 
Jeanne  d'Albret  ;  Bernardine  de  Florence, 
sa  veuve,  préside  au  contrat  de  mariage  de 
leur  fille  Gratiane  de  Ferrière  avec  Ber- 
nard d'Estrate,  à   Lucq.    14    nov.    1572 

(Arch.  B.-Pyr.  E  1425,  fo  216).  —  ( ) 

ancien  d'Aumessas,  délégué  au  synode 
d'Anduze,  1675.  —  (Madelaine),  du  Pra- 
gelas,  assistée  d'un  viatique  à  Genève, 
1698.  —  Les  Ferrière  sont  quelquefois 
appelés  La  Ferrière. 

FERRON  (Jean),  ministre  à  Genève  vers 
1544-155:3,  mentionné  avec  malveillance  ^ 
c'est-à-dire  comme  affectionné  à  Calvin,  aux 
pages  58  et  67  du  catalogue  de  documents 
des  Archives  de  Genève  formant  la  «  col- 

'  Voy.  L'école  hist.  de  Jér.  BoUec,  par  Henri 
Bordier;  Genève,  1880,  in-8°. 


lection  GalifTe.  »  —  (Jean),  ministre  à 
Montflanquin  en  Agenois,  et  son  fils  mi- 
nistre à  Tournon,  même  colloque,  présents 
tous  deux  au  synode  général  de  Gap,  1603. 
—  Ferron  père,  ministre  à  Montflanquin, 
1597-1603;  fils,  à  Tournon  en  Agenois, 
1603.  —  (lean),  ministre  de  Beynac  en 
Agenois,  1620-26.  —  (Daniel),  ancien  de 
Loudun,  1612.  —  Conf.  Feron.  On  les  ap- 
pelle quelquefois  Frézon.  —  Isaac  Fer- 
ruyau,  ancien  de  La  Mothe  St-Heraye, 
1682  (Bull.  V,  311). 

FERRY,  famille  notable  de  Metz  [Haag, 
V  100],  qui  a  donné  à  l'église  réformée 
un  de  ses  plus  illustres  pasteurs. 

Jacques  Ferry,  chaussetier  dans  la  pe- 
tite ville  lorraine  de  Blamont,  embrassa 
la  religion  évangélique  en  1554,  et  s'éta- 
bht  à  Metz  où  il  remplit  la  charge  de 
«  solchier  »  de  l'évêché.  Les  solchiers,  au 
nombre  de  sept,  avaient  le  monopole  de 
la  vente  des  socs  de  charrue.  C'était  une 
place  lucrative  et  des  plus  honorables,  car 
l'office  anoblissait  et  se  transmettait  de 
père  en  fils.  Le  chaussetier  de  Blamont 
devint  un  des  gros  bourgeois  de  Metz,  car 
il  fut  des  magistrats  municipaux  qu'on  ap- 
pelait les  Treize,  puis  conseiller-échevin 
et,  depuis  1593,  gouverneur  de  l'hôpital 
Saint-Nicolas,  en  récompense  des  services 
qu'il  avait  rendus  pendant  la  guerre.  Du 
mariage  de  Jacques  Ferry  avec  Françoise 
de  Cormj,  naquirent,  entre  autres  enfants, 
Jacques  et  Jérémie,  souches  chacun  d'une 
branche. 

I.  Branche  aînée.  Jacques  Ferry,  né  en 
1558,  succéda  à  son  père  dans  son  office 
de  solchier.  Divers  registres  qui  figuraient 
dans  la  riche  collection  du  comte  Emmery  ' 
ont  conservé  la  trace  des  différentes  ges- 
tions auxquelles  il  prit  part,  sous  ces 
titres  :  Recueil  des  différens  actes  de  pro- 
cédure que  Jacques  Ferry  a  été  dans  le  cas 
de  dresser  en  sa  qualité  de  Treize  et  de 
conseiller  du  maitre-échevin  ;  —  Receptes 
des  droictures  et  revenus  des  villages  et 
aultres  lieux  ausquels  l'hospital  S.  Nicolas, 

1  Catalogue  de  la  collection  de  lettres  autogra- 
phes et  de  documents  historiques  concernant 
l'histoire  de  la  Réfornae  pendant  les  XVI™  et 
XVII°'°  siècles,  l'histoire  de  la  ville  de  Metz,  de 
la  Lorraine  et  des  Trois  Évêchés,  dont  la  vente 
Hura  lieu  à  Paris  le  jeudi  19  décemb.  1850  etc., 
Paris,  Téchener  et  Metz,  Lecouteux  ;  in-S»,  121 
p.  —  Voy.  une  description  des  papiers  de  Ferry, 
au  £uU.  1,  325. 


511 


FERRY 


512 


au  Neuf-Bourg,  a  haulteur  et  seigneurie, 
1593,  in-fol.  ; — Mémoire  du  sieur  Jacques 
Ferry,  gouverneur  de  l'hospital,  1593-1660, 
in-4o.  ;  —  Inventaire  de  tous  les  biens, 
meubles  et  autres  choses  appartenant  et 
dépendant  dudit  hospital,  depuis  1592  jus- 
ques  au  1  juillet  1601.  Il  fut  donc,  comme 
son  père,  membre  du  conseil  des  XIII, 
conseiller  échevin  et  gouverneur  du  grand 
hôpital  de  Saint  Nicolas.  Ainsi  Bayle  a  eu 
raison  de  dire  que  la  famille  Ferry  faisait 
figure  à  Metz,  et  que  Jacques  Ferry,  en 
particulier,  passa  par  tous  les  degrés  de 
l'ancienne  magistrature,  jusqu'à  la  suppres- 
sion du  conseil  des  XIII,  en  1643. 

Jacques  Ferry  jouissait,  en  outre,  d'une 
grande  considération  auprès  de  ses  coreli- 
gionnaires qui  le  chargèrent  de  plusieurs 
missions  en  Cour  dans  des  circonstances 
importantes.  Il  mourut  en  16'i7,  laissant 
de  sa  femme,  Elisabeth  Johj,  fille  du  no- 
taire Paul  Joly  et  sœur  du  célèbre  procu- 
reur général  de  ce  nom,  une  fille  nommée 
Elisabeth,  qui  épousa,  en  1621,  Sébastien 
de  Mageron,  docteur  en  médecine,  plus 
tard  apostat,  et  deux  fils,  appelés  Pierre 
et  Paul,  qui  suivirent  l'un  et  l'autre  la 
carrière  ecclésistique. 

Pierre  Ferry,  reçu  ministre  au  mois 
d'oct.  1605,  à  l'Age  de  23  ans,  après 
avoir  fait  ses  études  à  Sedan  et  les  avoir 
terminées  par  une  thèse  De  tertio  prse- 
cepto  decalogi,  fut  donné  pour  pasteur  à 
l'église  de  Tonnay-Charente.  Il  la  desser- 
vait encore  en  1620  ;  mais  deux  ans  plus 
tard,  nous  le  trouvons  ministre  à  Franche- 
val  dans  la  principauté  de  Sedan,  et  c'est 
en  cette  qualité  qu'il  assista,  en  1642, 
avec  ses  collègues  Du  Moulin,  Rambours, 
Gantois,  Sacrelaire,  Benoist  et  Brazi  à  la 
prise  de  possession  de  Sedan  par  Fabert. 
Il  mourut  le  30  oct.  1650,  sans  laisser  de 
postérité  à  ce  qu'il  semble,  bien  qu'il  ait 
été  marié  deux  fois.  M.  le  pasteur  Othon 
Cuvier,  notre  excellent  collaborateur  et  qui 
l'était  déjà  de  MM.  Haag  en  1855  [V,  101 
bj,  possède  un  recueil  des  Actes  des  syno- 
des nationaux  (1559-1617)  et  une  disci- 
pline ecclésiastique  copiés  entièrement  par 
Pierre  Ferry  et  annotés  par  son  frère 
Paul.  On  conserve  aussi  un  mss.  de  lui  à 
la  Biblioth.  d'Epinal. 

Beaucoup  mieux  connu  que  Pierre,  Paul 
Ferry  naquit  à  Metz,  le  24  fév.  1591,  dans 
l'endroit  appelé  Fournirue  où  leur  père 


tenait  son  commerce.  Il  fut  confié  de  bonne 
heure  aux  soins  d'un  instituteur  habile, 
nommé  Jacques  Renvoy  et  mis  ensuite  au 
collège  des  jésuites,  seule  école  supérieure 
ouverte  aux  enfants  des  Réformés  de 
Metz  ^  Ses  humanités  terminées,  le  jeune 
Ferry  partit  pour  La  Rochelle  où  il  fit  sa 
philosophie  en  1 607-1609  et  d'où  il  se  rendit 
à  Montauban,  afin  d'y  suivre  les  cours  de 
théologie.  Il  y  fut  immatriculé  le  8  juin 
1609  et  obtint  de  ses  professeurs  un  certi- 
ficat portant  qu'il  a  suivi  les  cours  «  avec 
«  un  tel  succès  et  avancement  qu'on  es- 
«  père  que  Dieu,  qui  l'a  préparé,  en  fera 
«  un  jour  un  excellent  instrument  pour 
«  avancer  son  Eglise  et  illustrer  son  saint 
«  nom.  »  Reçu  proposant  en  1611,  il  re- 
prit la  route  de  sa  ville  natale  en  passant 
par  Paris,  et  le  1er  janv.  1612,  il  fut  con- 
sacré au  saint  ministère  par  l'imposition 
des  mains  du  pasteur  Le  Goulon.  La  vie 
de  Paul  Ferry  n'offre  aucune  particularité 
digne  de  fixer  l'attention  de  l'histoire  ;  elle 
s'écoula  modeste,  paisible  et  studieuse, 
dans  l'accomplissement  des  devoirs  de  sa 
profession.  Il  atteignit  un  âge  avancé, 
n^étant  mort  que  le  28  déc.  1669,  malgré 
les  cruelles  douleurs  de  la  gravelle,  dont  il 
soulfrit  pendant  de  longues  années,  sans 
que  l'aménité  de  son  caractère  en  fut  alté- 
rée. Dans  sa  Vie  de  Bossuet,  l'évêque 
d'Alais,  Bausset,  affirme  que,  sur  son  lit 
de  mort,  il  déclara  à  sa  famille  et  aux  an- 
ciens du  consistoire  qu'il  désirait  abjurer 
entre  les  mains  de  Bossuet.  C'est  une  fable 
digne  de  figurer  à  côté  de  celle  de  la  con- 
version de  Bèze  et  de  toutes  les  préten- 
dues conversions  du  même  genre  qu'on 
persiste  à  nous  conter,  comme  celle  des  il- 
lustres libres  penseurs  Littré  ou  Paul  Bert. 
«  On  n'a  peut-être  guère  vu  d'homme,  lit-on 
dans  les  Mélanges  d'Ancillon,  plus  généra- 
lement regretté  que  M.  Ferry.  Il  estoit 
considéré  comme  le  père  aussi  bien  que 

'  Quelques  années  pins  tard,  malgré  les  récla- 
mations du  consistoire  portées  en  Cour  par  Ferry, 
Jean  Jas$oy,  ministre  de  Courcelles-Chaussy,  et 
Bennelle,  un  arrêt  du  5  nov.  1634  interdit  même 
les  régents  et  les  pédagogues  réformés.  L'année 
suivante,  un  arrêt  du  Conseil  défendit  aux  pro- 
testants de  Metz  d'ouvrir  un  collège,  et  au  mois 
de  fév.  1636,  défense  fut  faite  à  Ferry,  à  Ooffin 
et  autres  «  de  ne  faire  enseigner  aucune  science 
ni  tenir  pensionnaires  â  peine  de  100  liv. 
d'amende.  »  Le  clergé  catholique  a  toujours  ap- 
pelé l'ignorance  à  son  aide. 


513 


FERRY 


514 


comme  le  pasteur  de  son  troupeau.  Il  s'en 
estoit  acquis  l'amitié  et  l'estime  d'une  fa- 
çon toute  particulière.  >  Ce  témoignage 
est  confirmé  par  la  chronique  inédite  de 
Joseph  Ancillon,  qui  se  conserve  à  la  bi- 
blioth.  de  Metz  sous  ce  titre  :  Recueil  de 
ce  qui  s'est  passé  de  plus  mémorable  dans  la 
cité  de  Metz  et  pays  Messin  depuis  l'an  1324 
jusque  l'an  1683  '.  Voici  ce  qu'on  y  lit  : 
«  Le  28  décembre  mourut  un  peu  avant 
une  heure  du  matin,  tourmenté  de  la 
pierre,  Paul  Ferry,  ancien  pasteur  de 
l'église,  fort  regretté  des  siens  et  des  plus 
honnêtes  gens  de  l'autre  côté.  Le  jour  de 
sa  mort  et  le  lendemain,  toute  la  ville  fut 
si  triste  et  si  abattue  qu'il  semblait  que  ce 
fût  un  deuil  public.  »  Le  chroniqueur,  qui 
avait  connu  particulièrement  le  collègue 
de  son  frère  (Voy.  tome  I,  col.  212),  ajoute  : 
«  C'était  un  personnage  majestueux,  grand 
de  corps  et  d'esprit,  éloquent  et  savant, 
très  bien  versé  dans  toutes  les  sciences.  » 
Selon  dom  Calmet,  Ferry  était  l'homme  le 
plus  éloquent  de  la  province  et  dont  les 
discours  touchaient  le  plus.  Sa  belle  taille, 
son  visage  vénérable  et  ses  gestes  naturels 
donnaient  une  nouvelle  force  à  son  élo- 
quence. 

Ces  éloges,  qui  ne  peuvent  être  suspects 
d'exagération,  expliquent  la  réputation 
dont  Paul  Ferry  a  joui  à  Metz,  et  justifient 
le  surnom  de  Bouche  d'or  que  ses  contem- 
porains lui  avaient  donné.  On  conçoit 
même,  sans  peine,  que  le  souvenir  d'un 
pareil  homme  vive  encore  dans  la  mémoire 
de  ses  concitoyens  et  que  son  nom  conti- 
nue à  être  entouré  de  vénération  dans  sa 
ville  natale,  qui  s'est  honorée  elle-même 
en  plaçant  son  médaillon  en  marbre  blanc 
dans  une  des  salles  de  son  hôtel  de  ville. 
Un  talent  oratoire  remarquable,  des  con- 
naissances étendues  et  variées,  beaucoup 
de  sagesse,  de  douceur,  de  prudence,  un 
esprit  de  tolérance  rare  en  tout  temps, 
une  grande  pureté  de  mœurs,  tant  de  qua- 
lités naturelles  ou  acquises  suffisent  certes 
pour  fonder  une  réputation  solide. 

Mais  Ancillon  dit  encore  :  Habile  poli- 
tique aussi  bien  que  grand  théologien,  il 
avait  su  par  son  adresse  et  par  sa  prudence 
«  se  mettre  en  crédit  chez  les  puissances 
qui  le  considéroient  beaucoup,  ce  qui  ne 

'  Cette  chronique  a  été  rédigée  par  Joseph 
Ancillon  depuis  l'année  1656. 


pouvoit  estre  que  très  avantageux  à  son 
troupeau.  » 

Cette  considération  qu'on  lui  témoignait 
en  haut  lieu.  Ferry  la  devait  sans  aucun 
doute  à  la  complaisance  avec  laquelle  il  se 
prêtait  aux  projets  de  réunion  que  l'on  ca- 
ressait à  la  Cour.  Guy  Patin  l'a  calomnié, 
en  répétant,  dans  une  lettre  du  14  mars 
1670,  le  bruit  que  le  pasteur  de  Metz  s'é- 
tait vendu  à  Richelieu  au  prix  d'une  pen- 
sion. Ancillon  déclare  «  qu'il  n'a  jamais 
fait  la  moindre  démarche  qui  ait  donné 
lieu  à  le  soupçonner  de  vouloir  trahir  sou 
parti.  »  Toutefois  il  est  certain  que  Ferry 
prit  une  part  active  à  la  discussion  du  pro- 
jet de  réunion  qui  fut  remis  sur  le  tapis  en 
1667  ;  la  correspondance  qu'il  entretint 
à  ce  sujet  avec  Bossuet  a  été  imp.  dans  le 
T.  XXV  des  OEuvres  de  celui-ci,  édit.  de 
Versailles.  Certes  il  était  de  l'intérêt  des 
catholiques  de  grandir  un  ministre  qu'ils 
pouvaient  espérer  de  gagner  tôt  ou  tard. 
Au  reste  leur  espoir  fut  déçu.  Quelque  ami 
que  Ferry  fût  de  la  paix  et  de  la  tolérance, 
et  quelque  soin  que  le  grand  archidiacre 
de  l'église  de  Metz  mit  à  adoucir  ce  qu'il 
y  avait  de  plus  choquant  dans  les  dogmes 
catholiques  pour  le  pasteur  huguenot,  l'ac- 
commodement ne  se  conclut  pas.  Un  ac- 
cord plus  facile,  à  ce  qu'il  semble,  c'est 
celui  que  Ferry  travailla,  tout  aussi  inuti- 
lement, à  établir  entre  les  deux  commu- 
nions protestantes,  et  au  sujet  duquel  il 
entretint  pendant  des  années  une  corres- 
pondance avec  Dury  qui  se  rendit  même  à 
Metz,  en  1662,  pour  conférer  avec  lui  sur 
les  moyens  d'éteindre  une  division  dont  ils 
gémissaient  l'un  et  l'autre.  Tant  il  est  vrai 
que  jamais  réunion  ne  s'opérera  sur  le  ter- 
rain du  dogme,  avant  que  le  temps  ait  cal- 
mé l'effervescence  des  esprits.  Paul  Ferry 
n'a  fait  imprimer  qu'une  très  faible  partie 
de  ses  ouvrages.  En  voici  le  catalogue  : 

I.  Les  premières  œuvres  poétiques  de 
Paul  Fer  ri  messin,  où  sous  la  douce  diver- 
sité de  ses  conceptions  se  rencontrent  les 
honestes  libériez  d'une  jeunesse;  Montaub., 
1610  ;  réimp.  la  même  année,  à  Lyon, 
in-8o.  —  A  part  quelques  beautés,  ces  poé- 
sies trahissent  la  jeunesse  de  l'auteur,  qui 
n'avait  alors  que  19  ar\s.  Le  recueil  com- 
prend 16  sonnets  latins  et  français,  les 
uns  de  Ferry,  les  autres  de  Gasc,  de  L'Es- 
cale, David  Yver,  F.  Durieu  et  d'autres 
de  ses  amis  ;  des  vers  adressés  à  des  per- 


VI. 


17 


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FERRY 


516 


sonnes  de  Montauban,  les  Sonis,  les  Te- 
nant, les  Cruvel  ou  à  de  ses  condisciples  : 
des  stances,  une  ode  à  son  honneur  par 
Bauldoyn,  de  Saint-Jean-d'Angély ,  des 
chansons,  des  épigrammes  et  une  pasto- 
rale en  six  chants  intitulée  Isabelle  ou  le 
dédain  de  l'amour.  C'est  sans  doute  cette 
dernière  pièce  qu'il  avait  composée  pen- 
dant le  cours  de  ses  études  à  La  Rochelle 
et  qui  fut  imprimée  à  Poitiers  en  1609 
(chez  Ant.  Mercier,  pour  Fr.  Lucas  li- 
braire) sous  le  titre  de  L'amour  aveugle. 

IL  Schoslatici  orthodoxi  spécimen,  hoc 
est,  salutis  nostrœ  methodus  analytica,  ex 
ipsis  scholasticorum  veterum  et  recentio- 
rum  intimis  juxtà  normam  Scripturarum 
adornata  et  instructa,  Gottstadtii  [Genève], 
L.  Lambert,  1616,  in-8o;  2e  édit.,  Leyde, 
1630,  in-8o  ;  trad.  en  français  sous  ce  ti- 
tre :  La  scholastique  orthodoxe,  c'est-à-dire, 
un  traité  méthodique  de  nostre  salut  fourny 
et  recherché  des  plus  profonds  des  scholas- 
tiques,  tant  anciens  que  modernes,  le  tout 
.félon  la  règle  de  l'Ecriture  sainte,  par 
Paul  Ferry  messin,  ministre  de  la  parole 
de  Dieu,  mis  en  françoys  par  Claude  de 
Xonot,  seigneur  de  Maiserey,  gentilhomme 
lorrain,  msc.  autog.,  in-fol.  qui  faisait  par- 
tie de  la  collection  d'Emmery,  ainsi  que  la 
première  ébauche  du  travail  de  Ferry,  sous 
ce  titre  :  Analysis  theologica  et  scholastica,  et 
la  copie  autographe  qui  avait  servi  à  la 
première  édit.  de  ce  livre  de  controverse. 
—  Le  but  de  l'auteur  est  de  montrer  que 
la  doctrine  des  protestants  sur  la  grâce  a 
été  enseignée  par  les  scolastiques.  Le  vol. 
contient  un  grand  nombre  de  pièces  de 
vers  à  l'éloge  de  Ferry  et  de  son  livre,  par 
Simon  Lahiére,  membre  du  Conseil,  Jac- 
ques Couet  Du  Vivier,  P.  Contault,  J.  de 
Vigneulles  avocat  au  parlement  de  Paris, 
Théophile  Coulon  pasteur  à  Metz,  Jean 
Braconnier  médecin.  Ajoutons  que  Ferry 
dédia  à  l'électeur  palatin,  Frédéric  V,  cet 
ouvrage  qui  le  mit  en  relation  avec  Du 
Plessis-Mornay. 

III.  Le  dernier  désespoir  de  la  tradition 
contre  l'Écriture,  oii  est  amplement  réfuté 
le  livre  du  P.  François  Véron  jésuite,  par 
lequel  il  prétend  enseigner  à  toute  personne, 
quoique  non  versée  en  théologie,  un  brief  et 
facile  moyen  de  rejetter  la  Parole  de  Dieu 
et  convaincre  les  églises  réformées  d'abus 
et  d'erreur  en  tous  et  un  chacun  poinct  de 
leurs  doctrines  ;  Sedan,   J.  Jannon,  1618, 


in-8o  de  812  p.  sans  la  table  et  les  pièces 
prélira.  —  Dès  les  débuts  de  son  ministère 
Ferry  avait  été  entraîné  dans  des  contro- 
verses avec  le  jésuite  Gontier  et  avec  le 
carme  Pétri  ni  prédicateur  du  roi  ;  il  en 
eut  plus  tard  avec  les  jésuites  Lescossois, 
Seveste,  Maudhui.  Ce  dernier  l'attendit 
une  fois  au  sortir  du  temple  (1656,  22 
sept.)  et  le  poursuivit  d'invectives  le  long 
des  rues.  Il  est  juste  de  dire  qu'à  cette  oc- 
casion le  roi  fit  écrire  à  M.  de  la  Contour 
gouverneur  de  Metz  (10  juin  1657)  de  dé- 
fendre à  Maudhui  de  «  controverser  dans 
a  les  lieux  et  places  publiques  et  d'user  de 
0  paroles  injurieuses  contre  les  ministres  » 
(0.  Cuvier,  Notice  sur  P.  Ferry  dans  les 
Mém.  de  l'acad.  de  Metz,  1869).  Un  autre 
jésuite  dont  nous  avons  souvent  parlé  S 
Véron,  que  Guy  Patin  appelle  un  clabau- 
deur  de  controverses  et  Tallemant  un  fou, 
avait  publié  en  1617  un  pamphlet  intitulé 
«  Brief  et  facile  moyen...  de  faire  paraître 
«  à  tout  ministre  qu'il  abuse  et  à  tout  re- 
«  ligionnaire  qu'il  est  abusé.  »  Le  dernier 
désespoir  de  la  tradition  était  une  réponse 
de  Ferry.  Ses  adversaires  lui  répliquèrent, 
notamment  un  certain  père  récoUel  de 
Metz,  Isaac  Le  Gault,  qui  fit  imprimer  en 
1625  (S.  Mihiel,  chez  Fr.  et  Jean  Dubois) 
un  volume  in-8o  de  859  p.  intitulé  :  De  la 
«  sainteté  de  l'Église  romaine  et  l'impiété 
«  calviniste...  et  maximes  huguenottes  en- 
«  nemys  de  toutes  loix  divines  et  humai- 
«  nés,  pour  réponse  au  Dernier  désespoir, 
«  de  Paul  Ferry,  ministre  de  la  Prétendue 
«  de  Metz.  »  La  Réfutation  qui  suit  (n^ 
IV)  est  sans  doute  la  repartie  de  celui-ci. 

IV.  Réfutation  des  calomnies  semées  nou- 
vellement contre  certain  endroit  d'un  livre 
publié  il  y  a  plusieurs  années  et  intitulé  Le 
dernier  désespoir,  etc.  Sedan,  Hubert 
Raoult,  1624.  —  Paru  sous  le  voile  de 
l'anonyme,  comme  le  suivant. 

V.  Remarques  d'histoires  sur  le  discours 
de  la  vie  et  de  la  mort  de  saint  Livier,  et  le 
récit  de  ses  miracles,  1624. 

VI.  Vindiciœ  pro  scholastico  orthodoxo 
adv.  Léon.  Perinum  jesuitam,  justse,  plense, 
amicse,  in  quibus  agitur  de  prsedestina- 
tione  et  annexis,  de  gratiâ  et  libero  arbi- 
trio,  de  causa  peccati  et  justificatione, 
Lugd.  Bat.,  1630,  in-8o. 

1  II,  col.  650;  III,  1039;  IV,  479  et  975;  V, 
495. 


517 


FERRY 


518 


VII.  Lettre  aux  mmistres  de  Genève, 
publ.  dans  le  T.  II  de  la  Biblioth.  anglaise. 
—  Écrite  en  faveur  du  malheureux  An- 
thoine  (Voy.  tome  I,  col.  284). 

VIII.  Quatre  sermons  prononcés  en  di- 
vers lieux  et  sur  différens  sujets  ;  La 
Ferté-au-Col,  François  Chayer,  1646,  in- 
12.  —  Le  ler  fut  prononcé  à  Charenton, 
le  8  oct.  16.34  ;  le  2e  a  pour  titre  :  Le  ma- 
riage spirituel  ;  le  3e  est  un  sermon  sur  la 
mort  de  Louis  XIIL  et  le  4e,  un  sermon 
de  jour  de  jeûne.  —  Ces  quatre  sermons, 
les  seuls  qu'il  a  publiés,  ne  suffisaient  pas 
assurément  pour  conquérir  à  Ferry,  hors 
de  son  étroite  sphère  d'activité,  la  réputa- 
tion d'un  éloquent  prédicateur.  M.  Cuvier 
dit  qu'en  improvisant  il  touchait  quelque- 
fois jusqu'aux  larmes.  Il  ajoute  qu'on  a 
trouvé  de  lui  2500  sermons  écrits,  et  qu'il 
en  dût  prononcer  au  moins  le  double. 

IX.  Catéchism^e  général  de  la  réformation 
de  la  religion;  Sedan,  F.  Chayer,  1654, 
in-8o;  2e  édit.,  P.  Chouet,  1656,  in-8o.  — 
Instruction  prêchée  dans  le  temple  de  Metz, 
le  17  mai  1654.  Ferry  se  propose  de  prou- 
ver lo  qu'il  n'y  a  de  salut  à  espérer  que 
dans  l'Eglise  chrétienne  ;  2°  que  l'Église 
réformée  est  la  véritable  Église  telle  que 
Jésus  et  ses  Apôtres  l'ont  instituée  ;  3o 
que  la  Réformation  était  nécessaire  et  que 
ceux  qui  avaient  reconnu  cette  nécessité 
ne  pouvaient  se  sauver  qu'en  s'y  rangeant; 
enfin  4o  que  ceux  de  nos  ancêtres,  qui 
avaient  été  élus  de  Dieu,  ont  été  sauvés 
dans  l'Église  romaine,  mais  que  nous  ne 
pourrions  aujourd'hui  y  rentrer  avec  l'es- 
poir d'y  faire  notre  salut,  parce  qu'il  ne 
nous  serait  plus  permis  d'y  mourir  en  nous 
fiant  aux  seuls  mérites  de  Jésus-Christ. 
Bossuet,  alors  grand  archidiacre  de  l'é- 
glise de  Metz,  se  chargea  de  réfuter  ce  ca- 
téchisme, mais  il  se  fit  vraiment  la  partie 
trop  belle.  Laissant  de  côté  les  deux  pre- 
mières propositions,  et  se  contentant,  en 
quelque  sorte^  d'affirmer,  contre  la  troi- 
sième, que  la  Réformation  a  été  perni- 
cieuse, il  s'attache  particulièrement  à  dé- 
montrer (c'était  le  côté  faible  de  son  ad- 
versaire) que  si  l'on  a  pu  se  sauver  en  la 
communion  de  l'Église  romaine  avant  la 
prétendue  Réforme,  on  y  peut  encore  faire 
son  salut,  rien  n'ayant  changé  ni  dans  ses 
dogmes,  ni  dans  ses  rites,  ni  dans  sa  dis- 
cipline. Les  catholiques  regardent  cette  ré- 
ponse comme  étant  victorieuse  ;  cependant 


Ferry  ne  se  tint  nidlement  pour  battu  ;  et 
il  prépara  une  réponse  qui  n'a  point  été 
imprimée,  quoiqu'il  «  prétendît,  Dieu  ai- 
dant, la  continuer  et  achever  bientost.  » 

Indépendamment  de  ses  ouvrages  impri- 
més, Paul  Ferry  a  laissé  une  très  grande 
quantité  de  mss.,  que  l'on  peut  diviser  en 
cinq  classes. 

lo  Sermons  en  nombre  vraiment  prodi- 
gieux :  96  sur  Gen.  I-III  ;  30  sur  Ruth  ;  6 
sur  Ps.  XG;  15  sur  Ps.  XCI;  7  sur  Ps. 
CXXX;  25  sur  Esaie  XXXVIII;  110  sur 
Jean  XII  et  suiv.  ;  30  sur  Apoc.  XII  ;  21 
sur  Act.  XVI  ;  300  sur  Philipp.  ;  1100  sur 
Hébr.  ;  36  sur  la  passion  ;  75  sur  la  ré- 
surrection; 70  prononcés  les  jours  de  Cè- 
ne ;  10  à  l'occasion  de  la  réception  de 
membres  du  consistoire  ;  une  centaine  sur 
les  dimanches  du  catéchisme  ;  424  sur  di- 
vers textes;  l'oraison  funèbre  de  Louis 
XIII;  celle  d'Anne  d'Autriche;  1  vol.  in- 
4o  de  sermons  sur  divers  textes  ;  un  ser- 
mon pour  la  dédicace  du  temple  du  Re- 
tranchement ',  etc. 

2°  Histoire  de  Metz.  Chargé  de  répon- 
dre à  l'Hist.  mensongère  de  la  naissance 
et  de  la  décadente  de  l'hérésie  dans  la 
ville  de  Metz  par  Martin  Meurisse  (1670), 
Ferry  avait  entrepris  une  Hist.  de  la  ré- 
formation au  pays  Messin  ;  et  il  avait  re- 
cueilli et  préparé,  à  cet  effet,  de  riches 
matériaux,  mais  il  n'a  point  exécuté  son 
projet.  Ces  matériaux  sont  des  extraits  ou 
copies  des  Annales  de  Simon  Lahière,  des 
chroniques  de  Guérin,  de  celles  de  Jean 
Le  Goulon,  etc.  ;  —  Observations  séculai- 
res sur  l'histoire  de  Metz,  de  la  province 
et  des  paxjs  voisins,  3  vol.  in-fol.,  recueil 
d'extraits,  d'actes  publics,  de  notes  histo- 
riques et  littéraires,  entièrement  de  la  main 
de  l'auteur,  cons.  aujourd'hui  à  la  Biblioth. 
de  Metz,  voy.  Bull.  V,  149  et  suiv.  —  Plu- 
sieurs particularitez  relatives  à  l'hist.  de 
Metz,  in-fol.;  —  Annales  M  etenses,  commen- 
çant un  siècle  avant  J.-Ch.  et  contin.  jusqu'à 
l'année  1649,  aujourd'hui  à  la  Biblioth. 
d'Epinal  ;  —  Chroniques  de  Metz,  depuis 

*  Une  ordonnance  da  20  mars  1 633  ayant  in- 
terdit le  temple  de  Chambière,  les  protestants  de 
Metz  mirent  un  zèle  extraordinaire  à  élever  une 
autre  église  sur  l'emplacement  qui  leur  avait  été 
assigne.  Elle  fut  bâtie  en  huit  jours  comme  par 
enclianlement.  Feny  en  posa  la  première  pierre 
le  li  juillet;  mais  les  chicanes  du  parlement,  du 
bureau  des  finances,  de  l'intendant,  en  retardèrent 
la  dédicace  jusqu'au  26  mars  suivant. 


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FERRY 


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l'an  1646  à  1663  ;  —  Droits  de  l'évêque  de 
Metz,  in-fol.  ;  —  Catalogue  des  ministres 
originaires  de  Metz,  selon  l'ordre  de  leur 
réception  ;  —  De  l'adjonction  de  l'église  de 
Metz  avec  celle  de  France  ;  —  Création  de 
la  justice  de  Metz  depuis  l'an  l^^l  jusques 
et  y  compris  1641.  Recogneu  sur  les  regis- 
tres du  consistoire,  in-fol.  ;  —  Mémoire  de 
ce  qui  s'est  passé  avec  ceux  de  la  religion 
à  Metz  lors  de  l'arrivée  du  roy,  le  1er  déc. 
1631  ;  —  Ordonnances  de  l'évêché  de  Metz; 

—  Histoire  des  évêques  de  Metz  ;  —  Gé- 
néalogies de  plusieurs  familles  de  la  Lor- 
raine et  une  foule  de  pièces  détachées. 

3o  Écrits  théologiques.  Nous  signalerons 
comme  les  plus  remar![uables  :  Commen- 
taire historique  et  critique  sur  l'A .  et  le 
N.-T.,  7  voî.  in-4o  ;  —  Des  controverses 
avec  les  Luthériens,  in-fol.  ;  — Des  moyens 
de  réunion  des  Calvinistes  avec  les  Luthé- 
riens, in-4o  ;  —  De  l'Église  et  de  ses  mar- 
ques, in-fol.  ,  —  Réponse  à  la  déclaration 
de  Gaspard  Lalouette  (conseiller  au  par- 
lement de  Metz  qui  avait  abjuré  la  religion 
protestante),  in-4o  ;  —  Réponse  impartiale 
à  un  avertissement  donné  à  l'église  réfor- 
mée de  Metz,  in-fol.  ;  —  Observations  sur 
les  55  dimanches  du  catéchisme  ;  —  Obser- 
vations sur  la  prédestination  ;  —  Prières 
et  Méditations  ;  —  Commentaire  sur  l'A- 
pocalypse, in-fol.;  — Miscellanea  in  eccle- 
siarum  gallicarum  catechismum,  in-fol. 

ko  Poésies.  Le  Cat.  de  la  Biblioth.  du 
comte  Emmery  mentionne  :  Poésies  chres- 
tiennes  dédiées  à  maistre  Pierre  Joly,  con- 
seiller du  roy,  et  son  procureur  général  à 
Metz,  Toul  et  Verdun,  Metz,  1606;  —  Mé- 
langes chrestiens  dédiés  à  ma  dame  et  mère 
Elisabeth  Joly,  Vehen,  1606,  msc.  in-S»; 

—  Saincts  enthousiasmes  dédiés  à  M.  Fer- 
ry, soulchier  de  l'évêché  de  Metz,  ancien  de 
l'église  que  Dieu  a  recueillie  à  ladite  ville, 
Vehen,  1606,  msc.  in-8°  ;  —  Les  lamenta- 
tions de  Jerémie,  mises  en  vers,  in-4o  ;  — 
Hymne  de  la  Nativité,  jour  de  Noël  1606  ; 

—  Les  Fiâmes  chrestiennes ;  —  Para- 
phrase de  la  prière  deJonas,  XIII  dixains, 
Paris,  1634  ;  imp.  à  ce  qu'il  paraît,  sous 
le  titre  :  Le  cantique  de  Jonas,  paraphrase, 
XIV  dixains,  in-8o  ,  —  Mélanges  poétiques 
latins  français,  La  Rochelle,  1608,  msc, 
in-4o  ;  —  Pièce  de  vers  latins,  adressée  à 
son  cousin  David  Friart. 

5o  Mélanges,  formant  des  recueils  si 
considérables  que  nous  devons  nous  bor- 


ner à  indiquer  les  principaux  :  Diction- 
naire universel,  par  ordre  alphabétique,^ 
in-fol.  ;  —  Discours  abrégé  de  la  7naladie 
et  de  la  mort  de  damoiselle  Elisabeth  Fer- 
ry, ma  très  chère  et  vertueuse  sœur  ;  —  La 
douce  et  glorieuse  issue  de  damoiselle  Es- 
ther  de  Vigneulles,  ma  très  chère  et  très 
regrettée  moitié  ;  —  Recueil  de  plusieurs 
allégories,  allusions,  comparaisons  et  au- 
tres pensées  servant  à  la  prédication,  2 
vol.  in-4o;  —  Journal  d'un  séjour  à  Mon- 
tauban,  in-8o;  —  Lettres  en  très  grand 
nombre  et  à  toutes  sortes  de  personnages, 
traitant  d'une  foule  de  sujets  et  en  particu- 
her  la  question  de  la  réunion  des  deux 
communions  protestantes  ;  —  Prières 
pour  la  santé  du  roi,  1643,  in-4o  ;  —  No- 
tes sur  l'histoire  et  la  religion,  in-fol.  ;  — 
Réponse  faite  au  nom  du  consistoire  à  une 
requête  présentée  au  grand  prieur  de  Tou- 
louse par  les  gouverneurs  de  la  maladrerie 
de  Longeaux  aux  fins  d'exclure  l'usage  de 
la  maladrerie  à  ceux  de  laR.  P.  R.,  1629, 
in-fol.,  etc.,  etc. 

Grâce  à  un  legs  de  feu  Athanase  Coque- 
rel  fils  et  à  une  généreuse  donation  de  M. 
Henri  Lutteroth,  la  plus  grande  partie  des 
précieux  papiers  de  Paul  Ferry  qui  com- 
posaient la  collection  du  comte  Emmery, 
sont  aujourd'hui  conservés  à  la  Biblioth. 
du  Protestantisme  (rue  des  SS.  Pères,  n» 
54)  à  Paris. 

Paul  Ferry  avait  été  marié  deux  fois. 
Le  21  avril  1613,  il  épousa  Esther  de  Vi- 
gneulles, fille  de  Philippe  de  Vigneulles, 
sieur  de  Mont-lès-Pange  et  d'Araincourt, 
qui  lui  donna  dix  enfants.  Resté  veuf  en 
1636,  il  se  remaria,  le  22  fév.  1637,  avec 
Susanne  Lespingal,  veuve  de  Jérémie  Le 
Goulon,  capitaine  au  régiment  de  Batilly. 
11  perdit  sa  seconde  femme  en  1662,  com- 
me nous  l'apprend  une  lettre  de  condoléance 
que  lui  écrivit  le  pasteur  d'Allemagne  (Bi- 
blioth. du  Prot.).  Du  premier  lit  sorti- 
rent :  1°  EsTHER,  née  en  1613,  présentée 
au  baptême  par  Philippe  de  Vigneulles, 
Elisabeth  Joly,  et  Sara  Busselot,  et  morte 
en  1615;  —  2°  Susanne,  née  en  1616,  qui 
épousa  le  11  déc.  1633^,  Jacques  Couet  Du 
Vivier,  avocat  au  parlement  de  Metz 
(IV,  col.  771);  —  3°  Madelaine,  morte 
enfant,  ainsi  que  4o  Louise  et  5»  Anne  ; 
—  6°  Paul,  avocat,  né  en  1624,  mort  à 
l'âge  de  20  ans  ;  —  7°  Pierre,  qui  ne  vé- 
cut que  quelques  jours;  —  8°  Louis,  avo- 


521 


FERRY 


FESQUET 


522 


cat,  né  eu  1626  et  mort  en  1666  (vers 
1675  seulement  selon  la  Biogr.  du  parle- 
ment de  Metz),  laissant  de  sa  femme  Marie 
Sarrasin,  trois  filles  :  Elisabeth,  Susanne 
et  Marie,  qui  se  réfugièrent  dans  le  Bran- 
debourg, et  un  fils  nommé  Paul,  qui  sui- 
vit la  carrière  des  armes  ^  et  passa  en  An- 
gleterre, au  rapport  de  Bayle  ;  en  lui  s'é- 
teignit la  postérité  masculine  de  Paul 
Ferry  ;  —  9°  Charles,  mort  jeune  ;  —  10° 
Elisabeth.  Du  second  lit  vint  une  fille 
qui  reçut  le  nom  d'ANNE  et  qui  épousa, 
«n  1661,  le  ministre  François  Bancelin. 

II.  Branche  cadette.  Jérémie  Ferry,  sou- 
che de  cette  branche,  laissa  un  fils  nom- 
mé aussi  Jérémie,  qui  épousa,  en  1613, 
Marie  Mainette.  Jean-Paul,  issu  de  cette 
union,  fut  receveur  de  la  bullette.  Il  mou- 
rut le  12  mars  1661,  ayant  eu  sept  enfants 
de  son  mariage  avec  Elisabeth  Bennelle, 
savoir  six  filles  :  Elisabeth,  Marie  fem- 
me de  Louis  de  Marsal,  marchand  de 
Metz,  Anne,  Esther  mariée  à  Paul  Couet 
Du  Vivier,  Madeleine  épouse  de  Pierre 
d'EsguilIon,  sieur  d'Angecourt,  Susanne  ; 
et  un  fils,  nommé  David,  sieur  de  Jussy. 
Ce  dernier,  avocat  au  parlement,  se  con- 
vertit avec  son  fils  Jean,  à  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes  et  se  réfugia,  vers  la 
fin  du  siècle,  à  Cassel  et  sa  fille,  Marie, 
épousa  dans  la  même  ville,  en  1693,  Jean 
Perachon  Du  Collet,  fils  de  Marc  Peracfton, 
conseiller  au  parlera,  de  Grenoble  et  lui- 
même  chambellan  du  landgrave  Charles. 
Mais  sa  femme,  Anne  Le  Bachellé,  resta  à 
Metz,  où  elle  persista  courageusement  dans 
la  profession  de  la  religion  protestante  et 
fut  enfermée  dans  le  couvent  de  Sainte- 
Claire.  Quick  prétend  que  cette  dame  et 
une  demoiselle  Goffin,  seules  parmi  les  ré- 
formés de  Metz  refusèrent  d'abjurer.  Il  est 
certain  que  beaucoup  faiblirent  dans  cette 
église  qui  comptait  jusqu'à  mille  commu- 
niants, mais  l'auteur  du  Synodicon  exa- 
gère. 

2.  Une  famille  de  médecins  du  nom  de 
Ferry,  mais  originaire  du  Languedoc, 
chercha  aussi  un  asile  dans  la  Hesse.  — 
Esmé  Ferry,  massacré  à  Orléans,  à  la  S*- 
Barthélemy.  —  «  Le  sieur  Ferry  d'Issoul- 
dun  en  Berry,  tolléré  icy  jusques  aux 
quartemis  soit  jusques  au  bon  vouloir  » 

*  On  trouve  dans  les  rôles  de  l'armée  hollan- 
daise ;  Paul  de  Ferry,  ofâcier,  1714-1730. 


(man.  de  Lausanne,  10  septemb.  1685). 
—  (Marie),  de  Rouen,  fille  de  53  ans,  as- 
sistée à  Londres,  1705.  —  (Isaac),  de  Pi- 
cardie, tisserand,  réfugié  à  Wezel  avec  sa 
femme  et  3  enf.,  1698. 

3.  FERRY  DE  LocRE,  pasteur  à  Arras. 
Nous  ne  le  connaissons  que  par  cet  ou- 
vrage :  Histoire  chronographiqne  des  com- 
tes, pays  et  ville  de  S.  Paul  en  Ternois, 
par  M.  Ferry  de  Locre,  paulois,  pasteur 
de  S.  Nicolas  à  Arras  ;  Douay,  Laurens 
Kellam,  1613,  in-4o  de  4  feuill.  et  82  p., 
avec  épître  dedic.  à  Maximilien  de|Bail- 
leul,  sr  de  S.  Martin  et  approbation  d'un 
chanoine  d' Arras,  certifiant  que  le  livre  ne 
contient  «  choses  contraires  à  la  relig.  ca- 
tholique, ains  choses  plaisantes  à  gens 
curieux  d'antiquités  »  (Pradel). 

FESQUES  (David  de),  sieur  de  La  Ca- 
caudière,  capitaine  huguenot  [Haag,  V 
107).  En  1568,  lorsque  Condé  prit  les  ar- 
mes pour  la  seconde  fois,  La  Cacaudière 
se  mit  en  devoir  de  lever  des  troupes  pour 
marcher  à  son  secours.  Il  assembla  une 
compagnie  de  cavalerie  à  Mareuil-sur-le- 
Lay;  mais  Du  Lude  étant  allé  l'attaquer  à 
la  tête  de  forces  supérieures,  le  jeune  capi- 
taine s'enfuit  avec  ses  gens  à  la  faveur  de 
la  nuit  et  gagna  en  grande  hâte  Talmont, 
lieu  de  difficile  accès  à  cause  des  marais 
qui  l'entouraient  et  du  voisinage  de  la  mer. 
La  place  était  facile  à  défendre,  et  cepen- 
dant, démoralisés,  soit  par  la  fatigue,  soit 
par  la  peur,  les  huguenots  ne  songèrent 
qu'à  se  sauver,  chacun  comme  il  put,  et  à 
se  réfugier  à  La  Rochelle.  La  Cacaudière 
n'est  connu  dans  l'histoire  que  par  cette 
déroute  ;  on  ne  trouve  plus  mention  ni  de 
lui  ni  d'aucun  membre  d^  la  famille  de 
Fesques  jusqu'à  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes.  Nous  avons  vu  seulement  s'allier 
à  la  famille  de  Cosne  en  Beauce  :  Lucrèce 
de  Fesques,  vers  l'an  1600,  et  Anne  de 
Fesques  de  La  Folie -Herbault  en  1658  (IV 
col.  721  et  722).  A  la  Bévocation,  Théo- 
phile de  Fesques  d' Arbouville.  sieur  de 
Beauchêue,  qui  avait  été  élevé  à  la  cour  du 
prince  de  Nassau-Dillenbourg  et  qui  avait 
servi  pendant  quinze  ans  en  Hollande  sous 
les  ordres  du  prince  d'Orange,  rentra  en 
France  «  touché  par  la  grâce,  »  comme  dit 
le  Mercure  (juill.  1685)  et  abjura  la  reli- 
gion réformée,  dans  l'église  de  St-Louis. 

FESQUET  (Pierre),  de  Ganges,  étudiant 
en  théologie  à  Genève  (Petrus  Fesquetus 


523 


FESQUET  —  FÉTIZON 


524 


gangiensis),  avril  1627  ;  ministre  à  S*-Lau- 

rent-le-Minier,  1644.  —  ( )  ministre  à 

Vie  en  Cévennes^  délégué  au  synode  de 
Meyrueis,  1654  (Tt  247)  ;  —  son  fils  pro- 
bablement (Jacobus  Fesquetus  vicensis  ex 
cebennis)  étudiant  à  Genève,  avril  1657; 
ministre  à  Combas,  1658-62;  au  château 
du  seigr  du  Fex,  en  1664-72.  —  (Jean)  an- 
cien de  Generargues,  1666.  —  ( )  ancien 

de  St  -  Hippolyte,  délégué  aux  synodes 
d'Anduze  et  de  Meyrueis,  1674  et  1675. 
—  (François)  admis  au  saint  minisière  par 
le  synode  d'Anduze,  1678  ;  pasteur  de 
St-Martin-de-Lansurcle,  1681  ;  de  Colo- 
gnac,  1682-84.  —  (Jean)  de  Castres,  as- 
sisté à  Genève,  1697. —  (La  veuve  d'Isaac) 
de  Sauve,  assistée  à  Genève  d'un  viatique 
pour  Schwabach,  1700.  —  (Jean)  manu- 
facturier de  laine  à  Uzès,  réfugié  à  Lau- 
sanne, y  fait  don  de  4  liv.  par  mois 
pour  les  pauvres  réfugiés  ;  sa  femme 
affiliée,  oct.  1692,  à  la  direction  de  la 
bourse  des  réfugiés.  —  La  dame  Fes- 
quet,  de  Ganges,  condamnée  par  l'Inten- 
dant Le  Nain  à  3000  liv.  d'amende  pour 
avoir  fait  baptiser  son  enfant  par  un  mi- 
nistre ;  à  son  occasion  est  rendu  un  arrêt 
du  Conseil  d'État  (26  fév.  1748)  contre 
les  accoucheurs  et  les  sages-femmes  de  la 
R.  P.  R.  —  Mlle  Fesquet,  de  S'-Hippolyte, 
enfermée  au  couvent  de  la  Visitation  de 
Montpellier,  1751  (E  3512). 

FESSIER  (Louis), de Beauchastel,  «sor- 
tant de  France,  »  assisté  à  Lausanne, 
1718.  —  Elle  Festineau,  ministre  de  S'- 
Jean-d'Angely  au  synode  de  Montauban, 
1594  ;  conseiller  en  la  chambre  mi-partie 
de  Bordeaux  (K  107).  —  Joachim  Feszant, 
•  masson,  natffz  de  la  ville  de  Chastele- 
reau  au  pays  de  Poictou,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  mai  1558.  —  Famille  de  Fétan 
réfugiée  au  pays  de  Vaud  en  1572.  —  Conf. 
col.  528,  lig.  23-28. 

FÉTIZON  (Daniel),  qu'on  trouve  appelé 
à  tort,  par  d'autres,  François  et  Paul 
[Haag,  V  108],  était  natif  de  Reims  '  et  fit 
ses  études  en  théologie  à  Genève  où  il  est 
inscri  t  sur  le  Livre  du  recteur(Daniel  Fetizon 
rhemensis),  le  5  déc.  1667.  Il  était  encore 
jeune,  lorsque  Henri  de  Briquemault  ba- 

1  On  a  dans  la  collect.  Panl  Ferry  (Bibl.  da 
Protest.)  trois  lettres  à  lui  adressées  en  1629  par 
un  habitant  de  Reims  qui  signe  0.  Fetizon.  Or, 
un  Oudurt  Fetizon  «tait  ancien  de  l'église  de 
Roucy  en  1649  {£uU.  VIII,  4i0). 


ron  de  S'-Loup  (II  col.  155,  1.  13)  le  choi- 
sit pour  desservir  sa  chapelle  de  St-Loup. 
De  1671  à  1681  il  fut  «  pasteur  de  l'église 
qui  se  recueille  en  la  maison  du  seigneur  » 
de  St-Loup-au-Bois.  En  1679,  il  assista 
avec  ce  seigneur  au  synode  provincial 
de  Charenton  {Biblioth.  nat.  mss  fr.  20966). 
Peu  de  temps  après,  le  baron  de  Saint- 
Loup  se  retira  dans  le  Brandebourg,  et 
il  eut  assez  de  crédit  du  gouvernement 
pour  obtenir  de  Louis  XIV  la  permis- 
sion d'emmener  son  pasteur.  Fetizon  alla 
donc,  en  1681,  rejoindre  son  ancien  pa- 
tron avec  sa  fille  Marie  ;  mais  il  lui  fut 
défendu  d'emmener  sa  mère.  Cette  pau- 
vre veuve  qui  habitait  Chauny,  n'ayant 
pas  voulu,  à  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  renier  la  religion  que  son  fils  prê- 
chait, fut  enfermée  à  Noyon  dans  le  cou- 
vent de  la  Sainte  Famille,  puis  transférée 
en  1700  à  l'Hôtel-Dieu  de  la  même  ville 
(E  3386),  les  religieuses  de  la  S^e  Famille 
se  lassant  de  nouiTir  une  hérétique  trop 
pauvre  pour  payer  pension  ;  enfin,  elle  fut 
envoyée,  en  1701,  an  château  de  Guise 
(E  3387)  où  probablement  elle  acheva  sa 
carrière.  On  fit  un  procès  à  sa  mémoire  au 
mois  d'avril  1703. 

Dès  son  arrivée  dans  le  Brandebourg, 
Fetizon  se  mit  à  travailler  à  une  Apologie 
de  ses  coreligionnaires  qu'il  était  de  mode 
alors  d'accuser  comme  cause  première  des 
guerres  civiles.  Il  dédia  son  livre  à  Bayle 
sous  le  nom  de  Philarète.  L'illustre  philo- 
sophe fit  imprimer  cet  écrit  avec  le  titre 
d'Apologie  pour  les  Réformés,  où  l'on  voit 
la  juste  idée  des  guerres  civiles  de  France 
et  les  vrais  fondemens  de  l'édit  de  Nantes. 
Entretiens  curieux  entre  un  protestant  et 
un  catholique  ;  La  Haye,  Abr.  Arondsius 
1683,  in-12  de  192  p.  L'interlocuteur  ca- 
tholique, Patrice,  renouvelle  les  accusa- 
tions les  plus  odieuses  contre  les  protes- 
tants, sans  oublier  celle  d'être  animés  d'un 
esprit  factieux  et  de  nourrir  des  sentiments 
républicains.  Eusèbe,  le  protestant,  les  jus- 
tifie, en  répondant  qu'ils  ne  se  sont  jamais 
armés  que  pour  la  défense  de  leur  religion, 
de  leurs  vies  et  des  droits  de  la  maison  de 
Bourbon;  et  quant  au  reproche  de  républi- 
canisme, il  ne  se  contente  pas  de  le  re- 
pousser par  le  témoignage  de  Louis  XIIl, 
qui  avait  proclamé  la  fidélité  des  protes- 
tants à  leurs  princes  légitimes,  mais,  op- 
posant la  conduite  des  réformés  à  celle  des 


525 


FÉTIZON  —  FEUGUERAY 


526 


catholiques  durant  la  Ligue,  il  prouve  que 
les  premiers,  loin  de  s'opposer  à  l'exercice 
de  l'autorité  des  rois,  avaient  contribué  à 
l'afTermir  ;  tandis  que  les  seconds  tendaient 
à  la  soumettre  au  peuple  ou  au  pape. 

Vers  le  temps  où  ce  livre  fut  mis  au  jour, 
Fétizon  fut  nommé  aumônier  du  régiment 
de  Briquemault,  et  chargé  de  desservir 
l'église  de  Lippstadt  (1682-86),  puis  celle  de 
Kœpenick  (1686-93).  Après  la  mort  de  son 
ancien  patron-,  il  fut  appelé  à  Berlin  com- 
me pasteur  de  l'église  française.  Il  prit 
possession  de  sa  chaire  en  1693,  c'est-à- 
dire,  la  même  année  que  Louis-Charles 
Bancelin,  mais  il  ne  l'occupa  que  peu  de 
temps,  étant  mort  en  1696. 

Outre  son  Apologie,  Fétizon  est  auteur 
de  deux  ouvrages,  restés  inédits,  dont 
voici  les  titres  :  Considérations  pacifiques 
sur  les  questions  du  franc  arbitre,  de  la 
grâce  et  de  la  prédestination,  et  Observa- 
tiones  sacrée  in  Criticam  Capelli  de  variis 
lectionibus  V.-Testamenti. 

Mariage  au  temple  de  Charenton,  4  no- 
vemb.  1669,  de  Henry-Charles  de  Fétizon, 
marchand  à  Roucy,  fds  de  feu  Henry  mar- 
chand à  Châlons  et  de  Judith  Brazy,  avec 
Suzanne  Gobaille,  fille  de  Samuel  maistre 
d'hostel  du  duc  de  Bouillon.  —  Voy.  aussi 
Bull.  Vni,  321. 

FEUGÈRE(Pierke),  riche  marchand  de 
Bordeaux,  martyr  en  1539  [Haag,  V  108]. 
Une  croix  de  pierre  ayant  été  brisée  par 
une  main  inconnue  dans  le  bourg  de  S^- 
Séverin,  les  soupçons  s'arrêtèrent  sur  Feu- 
gère.  L'abbé  de  Sainte-Croix  se  chargea  de 
les  éclaircir.  Il  attira  chez  lui  le  prétendu 
coupable,  fit  tomber  la  conversation  sur  le 
brisement  de  cette  croix  et  lui  donna  à  en- 
tendre qu'on  le  soupçonnait  de  ce  sacri- 
lège. Le  malheureux  marchand  laissa 
échapper  quelques  paroles  contre  l'idolâ- 
trie ;  c'en  fut  assez,  et  sur  la  dénonciation 
de  l'abbé,  Feugère  fut  saisi  dans  son  lit  le 
lendemain  et  brûlé  vif  à  l'instant  devant  le 
Palais.  On  découvrit  plus  tard  que  la  croix 
avait  été  brisée  par  des  marins  anglais. 

FEUGERAIS  (François  de),  sieur  de 
Marcilly,  «  gentil  homme  de  bonne  race, 
honoré  des  siens^  bien  aimé  de  ses  voisins 
et  chéri  de  tous  pour  sa  vertu,  »  cruelle- 
ment massacré  dans  son  château  par  une 
troupe  de  meurtriers  sortis  exprès  de  la 
ville  de  Mans  pour  faire  ce  coup,  »  9  avril 
1563  {Crespin,  770  d).  —  Constance  Feu- 


gière,  religionnaire  fugitive,  assistée  à  Lau- 
sanne, 1692.  —  Anthoine  Feugerolles,  de 
St-Maurice  dioc.  d'Uzès,  reçu  habitant  de 
Genève,  août  1557. 

FEUGUERAY  (Guillaume  de),  seig^de 
la  Haye,  d'une  noble  famille  normande, 
pasteur  [Haag,  V  109],  naquit  à  Rouen  et 
mourut  dans  un  âge  très  avancé,  vers  1613. 

La  vie  de  Guillaume  Feugueray  est  peu 
connue.  Il  prêcha  en  1562  à  Dieppe,  à  Vire, 
à  Quevilly.  En  1563,  il  desservait  l'église 
d'Esnevai  près  de  Pavilly.  Le  23  juillet 
de  cette  année,  il  eut  avec  Le  Hongre, 
docteur  de  l'université  de  Paris,  une 
conférence  théologique  dont  le  tenant  ca- 
tholique paraît  avoir  seul  publié  une  rela- 
tion. A  l'époque  de  la  Saint-Barthélémy,  il 
était  ministre  â  Longueville,  d'où  il  se 
sauva  en  Angleterre.  En  1575,  il  fut  ap- 
pelé à  Leyde  comme  professeur  de  théo- 
logie. Son  enseignement  attira  un  grand 
nombre  d'étudiants  de  tous  pays,  et  con- 
tribua à  faire  connaître  l'université  nais- 
sante sous  les  plus  favorables  auspices.  En 
1579,  ses  affaires  le  rappelèrent  en  France; 
mais  pendant  dix  ans  on  le  perd  de  vue, 
sauf  une  mention  de  lui  en  1383,  comme 
pasteur  de  Rouen  ;  puis  on  le  retrouve  en 
1590,  desservant,  avec  de  Licques,  l'église 
de  Dieppe,  qu'il  ne  quitta  qu'après  la  sou- 
mission de  Rouen  à  Henri  IV.  On  a  de  lui  : 

I.  Propheticse  et  apostolicx,  id  est,  to- 
tius  divine  ac  canonicx  Scripturse  Thésau- 
rus, in  locos  communes  rerum,  dogmatum 
suis  divinis  exemplisillustratorum  et  phra- 
seon  Scripturie  famitiarium ,  ordine  alpha- 
betico  digestus,  ex  Aug.  Marlorati  Adver- 
sariis,  Lond.,  1574,  in-fol.  —  On  en  a 
publié  un  abrégé  (que  le  P.  Lelong  attri- 
i)ue  par  erreur  à  Jacques  Feugueray)  sous 
ce  titre  :  A.  Marlorati  Thésaurus  S.  Scrip- 
turse  propheticx  et  apostoliae,  nominum, 
verborum,  rerum,  exemplorum,  quœinBi- 
bliis  continentur,  per  G.  Feuguereium  di- 
gestus, opéra  el  studio  Isaaci  Feguerreini 
in  Enchiridii  forman  contractus,  editio 
auctior,  Gen.,  P.  et  J.  Chouet,  1613,  in-12. 

IL  Bertrami  [Ratramni]  presbiteri  De 
corpore  et  sanguine  Domini  liber.  Ad  Caro- 
lum  Magnum  imperat.,  Guil.  Feuguersei  in 
acad.  Leidiensi  theologiam  profitentis  opéra 
emendatus  et  commentario  illustratus,  sine 
loco  [Leyde],  1579,  in-8o,  216  p. 

III.  Guill.  Feuguersei  Rothomagensis,  in 
acad.  Leyd  S.  Th.  prof.  Responsa  ad  quœs- 


527 


FEUGUERAY  —    FIGARET 


528 


tiones  cujusdam  obscuri  inquisitoris  in  Ze- 
landiâ  delitescentis,  de  Ecclesix  perpetuitate 
et  notis,  deque  aliis  quinque  eôdem  perti- 
nentibus  capitibus,  Lugd.  Bat.,  1579,  in-S»  ; 
70  p.,  8  feuill.  d'index  ;  en  tête,  4  p.  de 
dédicace  ad  illustriss.  dom.  Guilielmum 
princ.  Aransinum. 

IV.  Schola  Lugdunensis  ex  optimis  quibus- 
que  de  re  scholastica  scriptis  et  prsestantiss. 
antiquœ  et  nostrse  œtatis  scholarum  exem- 
plis  expressa,  G.  Feuguerœi  Th.  pp.  opéra. 
Programme  de  cours  (8  feuill.).  Ces  trois 
derniers  opuscules  se  trouvent  réunis  sous 
le  titre  :  G.  Feuguersei  Rothomagensis  Lug- 
dunensia  opuscula. 

V.  Novum  Testamentum  latine,  Lond., 
1587,  in-8o.  —  Ce  n'est  pas  autre  chose 
que  le  N.-T.  de  Béze  avec  addition  de  quel- 
ques notes  prises  de  Joachim  Camerarius. 

Selon  Daval  (Hist.  de  la  réf.  à  Dieppe, 
publiée  par  E.  Le  Sens,  1878),  Feugueray 
aurait  aussi  donné,  en  1600,  un  ouvrage  sur 
les  Jubilés  dont  aucun  biographe  ne  parle. 

On  compte  encore  dans  la  famille  de  ce 
pasteur,  d'après  les  registres  de  Quevilly  : 
Charles  de  Feugueray,  ancien  de  Rouen 
au  synode  de  S.  Maixent  (1609),  conseiller 
du  roi  au  siège  des  eaux  et  for.  de  Norm^ie 
en  1630;  Centurion  de  F.,  mort  en  1656 
à  Rouen,  à  88  ans  ;  Jean  de  F.,  mari  de 
Geneviève  de  Civille,  mort  à  Darnetal  en 
1683,  à  74  ans;  tous,  seigneurs  de  La  Haye. 

FEUILHADE  (de),  ministre  à  Bergerac 
en  1592. 

FEUILLET,  de  Saintonge,  étudiant  à 
Genève,  (Bertrandus  Feuilletus  xancto), 
1564.  —  Suzanne  Feuilleteau,  de  Bor- 
deaux, assistée  à  Londres,  avec  ses  quatre 
enfants,  1702  ;  son  mari  est  à  la  Jamaïque  ; 
M"e  Feuilleteau  enfermée  au  couvent  de 
N.-D.  de  Saintes,  1730  (E  3416).  —  Jean 
Feuillot,  de  Bussi  en  Bourgogne,  et  son 
fils,  assistés  d'un  viatique  à  Genève,  1693; 
(Suzanne),  de  Bussi,  id.  1696.  —  Gaspard 
Feutrier,  noyé  dans  la  rivière  à  Fréjus, 
1562  [Crespin).  —  M'ie  Feutrier,  du  Dau- 
phiné,  inspectrice  de  l'hôpital  de  Lausanne, 
1688. 

FÉVOT  (Jules),  professeur  qui  fut  prêté 
en  1606  par  la  seigneurie  de  Berne  à  l'acad. 
de  Die,  pour  y  être  régent  de  la  première 
classe  et  professeur  d'éloquence.  Il  ne  le 
fut  qu'une  année.  En  1607  il  fut  reçu  au 
saint  ministère  et  donné  à  l'éghseduBuis; 
de  là  il  passa  en  1609  à  celle  de  Condorcet, 


en  1610  à  St-Paul-trois-Châteaux,  en  1612 
à  Montélimar.  Redemandé  en  1617  par 
MM.  de  Berne,  il  reçut  son  congé  au  sy- 
node de  Nyons  et  se  retira  avec  de  très 
honorables  attestations.  —  Divers  autres 
du  même  nom,  au  paysde  Vaud,  mentionnés 
comme  originaires  de  Champagne  (Chau- 
mont,  Troyes)  et  du  Dauphiné  (S'-Paul- 
trois-Châteaux ,  Grenoble),  l'un  desquels 
est  régent  à  Moudon  en  1609,  l'autre  pas- 
teur à  Avenches  en  1636. 

FÈVBE  (LoYs)  I  drappier,  natif  d'Issu- 
tile  [Is-sur-Tille]  au  duchié  de  Bourgoigne,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  1551  ;  —  (Loys), 
de  Dijon,  drapier,  td.  22janv.l573;  (Marie), 
femme  de  Girardot  de  La  Forêt,  receveur 
des  tailles  à  Château  Chinon,  enfermée 
aux  Ursulines  de  Nevers,  1686;  —  (Tobie), 
de  Paris,  assisté  à  Lausanne,  1698;  — 
(Jean),  et  sa  femme,  de  Montpellier,  as- 
sistés à  Genève,  pour  aller  à  Basle,  1701. 

—  Joseph  Feydeau,  président  de  la  cham- 
bre mi-partie  de  Bordeaux,  16(X).  —  Fe- 
zan,  de  la  Serve,  ministre  à  Payerne  en 
1697.  —  Fezzan,  ancien  de  Chomeirac, 
1669.  —  Dominique  Fezandier,  huissier 
protestant  à  la  Chambre  mi-partie  de  Cas- 
tres, 1595;  diacre  de  l'égl.  de  Nîmes.  1604. 

FiAG  (seigneurie  de),  voy.  Bouflfard. 

FICHET  (Guillaume),  du  Mans,  «  cha- 
pellier,  »  admis  à  l'habitation  à  Genève,  26 
mars  1573  ;  —  (Abel),  «  de  Rouen,  69 
ans,  ci-devant  chapelier,  et  Marie  sa  femme, 
72  ans,  »  assistés  à  Londres,  1705.  —  Fi- 
del, voy.  Abric  (I,  25).  —  Fief  brun  ',  sei- 
gneurie de  la  famille  de  Cumont,  IV,  col. 
973.  —  de  Fiefclos,  lieutenant  dans  l'ar- 
mée hollandaise  en  1704,  capitaine  en 
1734.  —  Joseph  de  Fienne,  lieuten.  dans 
l'armée  holland.,  1704;  major  en  1725.— 
Daniel  et  Jean  Fieret,  planteurs  de  tabac, 
réfugiés,  le  premier  à  Magdebourg,  le  se- 
cond à  Manheim,  vers  1700.  —  Jean  Fier- 
ville,  de  Falaise,  chirurgien,  fugitif,  1685. 

—  Jean  Fiés,  de  Nérac,  tailleur,  réfugié  à 
Duisbourg,  1700.  —  César  Fiétet,  de 
Corps  en  Dauphiné,  assisté  à  Genève,  1706. 

FIGARET,  ancien  de  l'église  de  Galar- 
gues,  1658.  —  Pierre  Figarol,  «  coustu- 

*  On  a  :  La  conversion  de  M.  de  Fiebrun,  che- 
valier, conseiller  du  roy  en  ses  conseils  d'Etat  et 
privé,  par  le  P.  Athanase  Mole,  prédicateur  capu- 
cin; Paris,  J.  Bestjin,  1625;  16  p.  in-8°.  —  Dis- 
cours historique  intéressant,  précédé  d'une  lettre 
adulatrice  au  roi,  signée  F.  B. 


529 


FIGAROL 


FIGON 


530 


rier,  natifz  de  Tholose,  •  reçu  habitant  de 
Genève,  mars  1559  ;  le  même  «  Figarol 
ou  Figuerol,  de  Thoulouse,  »  établi  dans 
le  pays  de  Vaud  en  1566.  —  Isaac  Figeac 
et  sa  fille  Esther,  8  ans,  assistés  à  Lon- 
dres, 1702.  —  Gabriel  Fignels,  du  Vigan, 
assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Al- 
lemagne, 1699.  —  Jacques  Figol,  de  Gre- 
noble, habitant  de  Genève,  septemb.  1572. 
FIGON  (Jean),  poète,  et  en  même  temps 
prédicateur  de  la  Réforme,  né  à  Montéli- 
mar.  Il  était  probablement  un  jeune  homme 
d'une  vingtaine  d'années,  lorsqu'on  im- 
prima à  Toulouse,  en  1556,  sa  première 
composition  poétique,  laquelle  avait  rem- 
porté à  l'académie  des  Jeux  floraux  le  prix 
de  l'Eglantine  ou  second  prix.  Un  de  ses 
amis  ^  lui  écrivit  à  cette  occasion  : 

Bie«  tost  après  que  Ronsard  par  son  hymne 

Enst  le  rameau  floral,  victorieux  ! 

Apollon  fut  de  Figon  curieux, 

Et  luy  donna  la  florale  Eglantine. 

Or  cette  fleur,  cette  branche  argentine, 

Des  Tolosains  ordonnée  pour  pris 

T'a  faict  monstrer,  Figon,  en  estre  digno 

Monstrant  le  bien  qu'as  des  Muses  appris.  • 

Il  nous  est  impossible  aujourd'hui  de 
concevoir  à  première  vue  la  platitude  et 
l'incohérence  de  la  presque  totalité  des 
vers  français  éclos  au  soleil  du  XYI^^ 
siècle.  Pour  comprendre  que  nos  pères  de 
ce  temps-là,  qui  cependant  ne  manquaient 
pas  de  goût,  supportassent  ce  raboteux 
langage  et  l'aient  aimé,  il  faut  faire  un  ef- 
fort d'esprit  et  se  rappeler  qu'alors  les 
gens  capables  de  tenir  la  plume  pensaient 
en  latin.  Les  esprits  doués  d'aspirations 
poétiques  se  figuraient  le  vers  bon  et  gra- 
cieux si,  en  substituant  par  une  opération 
mentale  aux  mots  français  qu'ils  em- 
ployaient des  équivalents  latins  sous-en- 
tendus, le  génie  latin  se  trouvait  content. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Figon  embrassa  la 
Réforme  peu  de  temps  après  sa  victoire 
aux  Jeux  floraux  (Rochas,  Biogr.  du  Dau- 
phiné).  On  imprima  encore  à  Toulouse  un 
second  poème  de  lui,  en  1558  ;  puis  en 
1559  c'est  à  Lyon  qu'il  fait  paraître  son 
troisième  ouvrage,  son  poème  sur  l'Amitié. 
C'est  aussi  l'année  où  Farel  se  rendit  à 
Metz  pour  se  joindre  à  une  députation  en- 
voyée par  les  Messins  aux  princes  alle- 
mands (ci-dessus  col.  406).  Figon  qui  était 

1  Un  inconnu  nommé  P.  Paschal.  Nous  trou- 
vons cette  pièce  â  la  fin  de  l'Amitié  du  monde. 


allé  rejoindre  en  Suisse  l'illustre  réforma- 
teur son  compatriote,  fut  probablement 
emmené  par  lui  ou  appelé  par  lui  à  Metz, 
car  les  anciens  registres  de  l'église  de  S^e- 
Marie-aux-Mines  font  foi  que  «  maistre 
Jean  Figon  lui  fut  envoyé  de  l'église  de 
Metz  •  au  mois  d'octobre  1561  ^  pour  rem- 
plir les  fonctions  pastorales  à  Eschery  en 
l'absence  du  pasteur  Arnaud  Ban  (ci-des- 
sus I,  col.  739).  Peut-être  y  serait-il  resté, 
mais  la  vallée  de  Ste-Marie  et  les  districts 
circonvoisins  étaient  alors  en  proie  à  des 
dissensions  nées,  au  sujet  du  culte  des  ima- 
ges, entre  les  sentiments  conservateurs  des 
luthériens  et  les  impatiences  iconoclastes 
des  calvinistes.  Jean  Figon,  en  fidèle  dis- 
ciple de  Farel  et  des  autres  pasteurs  de  la 
Suisse,  était  un  ennemi  des  images,  et  il 
adressa,  en  janvier  1562,  une  lettre  au  sei- 
gneur du  pays,  le  comte  de  Ribaupierre, 
pour  solliciter  ou  plutôt  pour  exiger  la 
suppression  non  seulement  des  statues  et 
des  peintures,  mais  aussi  des  autels  et  au- 
tres accessoires  de  l'antique  idolâtrie. 
Cette  lettre  a  été  publiée  (p.  152)  par  ex- 
trait dans  une  récente  Histoire  de  la  com- 
munauté réformée  de  S^^-Marie- aux -Mi- 
nes; avec  notes  et  commentaires  par  ICug. 
Muhlenbeck  (Paris  et  Strasb.,  1881,  in-8o 
de  XIV  et  517  p.).  Voici  l'extrait  avec  le 
commentaire  de  l'éditeur,  lequel  montre 
dans  l'un  comme  dans  l'autre,  qu'il  mérite 
lui-même  peu  de  confiance  : 

Cette  pièce  farcie,  dit-il,  de  citations 
bibliques*  n'aurait  pour  nous  qu'un  assez 
médiocre  intérêt,  puisqu'elle  ne  fait  que 
répéter  toutes  celles  que  nous  venons  de 
voir,  si  elle  ne  débutait  et  ne  se  terminait 
pas  par  une  expression  d'une  latinité  telle- 
ment originale  qu'elle  déroute  toutes  les 
conjectures. 

Ad  g-enerosissimum  illustrissimumque 
principem,  dominum  comitem  a  Rapestain. 
—  Kiribinse  ecclesise  nostrae  confessionem 
tibi  antea  ab  segregio  viro  fideli  verbi  Dei 
ministro  Francisco  Morellano'  exhibitam  ac 
datam,  fideli  memoria  te  tenere  nobis  pers- 
picuum  est,  excellentissime  princeps,  nec 
nimis  eam,  prout  prudentiae  et  ingeuii  acu- 

'  Registres  cités  en  1643  par  le  pasteur  Jeau 
Le  Bachellé  dans  une  lettre  â  Paul  Ferry,  Bull. 
I,  162. 

2  Apparemment  les  passages  qu'il  a  remplacés 
par  des  points. 

3  François  de  Morel,  seigneur  de  Colonges,  ap- 
pelé à  S'^-Marie-aux-mines  en  1557. 


531 


FIGON 


532 


mine...  humanissimeaccepistiacfœlicissime 
approbasti... 

Nostra...  confessione,  ut  supra  relatum 
est,  sic  satis  tua  prudentia  percognita,  unum 
adhuc  superest  tibi  patefaciendum. 

Hoc  est,  Deus  undique  tam  veteri  que 
novo  *  testaniento,  prout  plurima  ac  'pene 
innumera  exempla  exstant,  te  invitât,  nedum 
etiam  tota  tua  pauperrima  Kiribinae  ^  eccle- 
sia  suppliciter  obsecrat  atque  obtestatur, 
non  soliun  idola  sive  imagines...  quae  in  ea 
existunt  atque  eriguntur  funditus  evertas, 
sed  et...  ut  sunt  altai'ia  et  caetera  hujus 
modi,  autoritate  et  facultate  tua  à  Deo  ac- 
cepta, dilacerare  jubeas...  —  Tuse  domina- 
tioni  addictissimus  Johannes  Figonius  at- 
que totius  ecclesife  gallicanse  Kiribina  ^. 

L'invitation  est  comminatoire.  Mais  elle 
tourna  au  rebours  de  ce  que  son  auteur 
espérait.  Loin  d'y  obtempérer,  le  comte 
de  Ribaupierre,  partisan  des  mêmes  idées 
tenu  en  respect  par  l'empereur,  donna  des 
ordres  pour  que  Figon  fut  éloigné  de  ses 
domaines.  Et  en  efîet,  un  personnage  du 
pays,  J.  Erb,  écrivait  à  Calvin,  le  16  juill. 
1562  :  «  Voici  que  retourne  auprès  de 
vous  Jean  Figon,  ministre  de  Christ  qui  a 
pieusement  et  saintement  gouverné  pen- 
dant quelque  temps  l'église  d'Eschery.  Je  le 
recommande  à  ta  charité  et  à  celle  de  nos 
frères  pour  que  tu  reçoives  favorablement 
cet  exilé  au  nom  du  Seigneur  et  tu  employés 
nn. saint  homme  au  service  de  Christ  et  de 
l'Eglise*.  « 

'  M.  Muhlenbeck  n'a  pas  su  lire  :  tam  veteri 
quam  novo. 

"  Probablement  Kiribina  dans  le  texte. 

3  Probablement  A'inbivœ.  PLra.se  inachevée. 

C'est  donc  ce  mot,  Kiribina,  qui  déroute  tou- 
tes les  conjectures de  M.  Mublenbeck.  Rien 

cependant  de  plus  simple.  Il  s'agit  de  l'église 
d'Eschery,  qui  prononcé  avec  le  ch  dur,  devient 
EsKERT,  d'où  une  forme  latine  barbare,  suivant 
les  us  et  coutumes  du  moyen  âge,  mais  que  Figon 
n'aura  pas  inventée.  Il  l'aura  trouvée  dans  le  pays 
où  il  n'était  que  depuis  deux  mois.  Le  travail 
tout  entier  de  M.  Muhlenbeck,  texte  et  commen- 
taires, est  marqué  au  coin  de  la  même  légèreté 
et  cela  explique  un  auteur  qui  s'évertue  à  ras- 
sembler un  grand  volume  de  plus  de  500  pages 
sur  l'histoire,  c'est-â-dire  sur  les  douleurs  du  pro- 
testantisme, pour  les  bafouer  et  en  rire.  Ajoutons 
qu'il  dédouble  son  homme  et  trouve  un  Jean  Fi- 
gonpasteur  à  Eschery,  puis  (p.  327),  un  deuxième 
Jean  Figon  pasteur  dans  le  Viennois. 

*  Hune  ergo  dominum  Johannem,  tametsi  pre- 
tium  operae  non  fiierit,  commendo  tuse  fratrnmque 
caritati  in  Domino,  pro  veritate  exsnlantem,  ut 
jllum  quem  ad  modum  facis  in  Domino  suscipias, 


Sur  la  fin  de  la  même  année,  1562,  Jean 
Figon  travaillait  en  compagnie  de  Viret  à 
l'évangélisation  du  Dauphiné.  Leurs  pré- 
dications obtinrent  un  grand  succès  (voy. 
Charvet,  Hist.  de  la  sainte  église  de  Vienne, 
1761).  Les  papistes  Charvet  et  Chorier 
aussi  bien  que  les  amis  de  Calvin  {Opéra 
Calvini,  Brunsw.  XIX,  153  etc.)  s'accor- 
dent à  louer  ses  talents,  son  éloquence 
persuasive,  ses  vertus.  Le  pasteur  exilé  de 
la  seigneurie  de  Ribaupierre  n'avait  fait  que 
passer  à  Genève,  puisquil  travaillait  glo- 
rieusement dès  l'année  1362,  à  l'évangéli- 
sation du  Dauphiné  et  que  les  historiens  ^ 
nous  le  montrent  occupé  à  son  œuvre  dans 
cette  province  jusqu'à  ce  qu'il  se  fit  de  nou- 
veau chasser  de  Vienne  en  1566. 

Ici  l'on  est  encore  obligé  de  se  mettre  en 
garde  contre  l'érudition  de  M.  Muhlenbeck. 
Les  registres  de  Genève  fournissent  les 
trois  inscriptions  suivantes  : 

Habitants.  Le  2  octob.  1559  a  été  admis 
à  l'habitation  :  Jehan  Figon,  du  lieu  d'Alè- 
gre  en  Auvergne. 

Baptêmes  k  S'-Pierre.  Ce  26'"^  (février 
1565)  a  esté  baptisée  Sara,  tille  de  Jehan  Fi- 
gon et  de  Marie  sa  femme,  pi-ésentée-par 
Antoine  Chauve. 

Décès.  Le  20  juillet  1624,  Marie,  fille  de 
Laurent  Figon,  veloutier,  habitant,  2  ans  et 
2  mois. 

M.  Muhlenbeck  a  pris  l'article  du  baptême 
pour  l'attribuer  à  l'ancien  ministre  d'Es- 
chery, tandis  qu'il  y  a  toute  raison,  ce  nous 
semble,  de  le  laissera  la  famille  d'artisans 
auvergnats  venus  d'Alègre  ^.  De  1562  à 
1566  le  ministre  ne  vécut  pas  à  Genève, 
mais  en  Dauphiné,  où  l'absorbaient  les 
travaux  de  son  apostolat. 

On  ne  sait  rien  sur  la  fin  de  sa  vie,  si  ce 
n'est  qu'après  son  expulsion  de  Vienne,  il 
retourna  dans  le  pays  Messin,  car  J.  Le 
Bachellé  atteste  (6m//.  I,  163)  qu'il  fut  plus 
tard  pasteur  à  Badonvillers.  Il  paraît  n'avoir 
pas  cessé  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  de  com- 
poser des  vers. 

ï.  Le  poétique  trophée  de  Jean  Figon 

foveas,  illiusqiie  sancti  viri  operâ  utaris  ad  Chiisti 
et  ecclesise  emolumentum. 

1  Voy.  encore  YHist.  des  protesi.  du  Dauphiné 
par  E.  Arnaud,  t.  I,  p.  205  ;  11,  395.  Voy.  aussi 
notre  t.  I,  col.  340. 

*  Les  registres  des  notaires  auraient  pu  nous 
éclairer  tout  â  fait,  mais  le  nom  de  Figon  ne  s'y 
trouve  pas. 


^ 


53- 


FIGON  —   FIGUIÈRES 


534 


dauphinois;  Tholose,  imp.  Guion  Boude- 
ville,  15S6,  in-8o. 

II.  La  course  d'Atalante  et  la  victoire 
d' Hipporneine  ;  a  Tholose,  chez  Pierre 
Dupuy...,  de  l'irap.  de  Guion  Boudeville, 
juré  de  l'Université;  1558,  in-B»,  24  pages. 

III.  Amitié  bannie  du  monde.  Œuvre 
fait  en  forme  de  dialogue,  par  Cyre  Théo- 
dore, poète  grec  :  et  depuis  traduit  en  vers 
françois  par  Jean  Figon  de  Montellimar  en 
Dauphiné;  Lyon,  Gabriel  Cottier,  1559, 
petit  in-8o,  30  pages.  Dédicace  (3  pages  en 
prose)  «  A  très  excellent  seigneur  ingr  J. 
Coignard,  conseiller  du  Roi  en  son  pari, 
de  Tolose. 

Cet  opuscule,  d'environ  450  vers,  est  la 
seule  (puvre  de  Figon  que  nous  ayons  pu 
trouver  et  lire.  Elle  est  Ijien  digne  de  ce 
qui  a  été  dit  tout  h  l'heure  de  la  platitude 
bizarre  des  vers  français  du  XVIiie  siècle. 
Cependant  on  peut  en  citer  ce  passage  où 
l'auteur  rencontrant  sa  déesse,  l'Amitié, 
lui  dit  : 

Mais  je  te  prie,  par  le  Dieu  tout  puissant, 
Regarde  à  moi  qui  suis  or  gémissant. 
Vien  visiter  ma  povre  maisonnette  : 
Tu  la  verras  non  riche  mais  proprette. 
Entre  dedans,  ne  vueilles  desdaigner 
De  t'en  venir  avocques  moi  disner  : 
Je  boi  à  toi  dedans  ma  sobre  couppe  : 
Voici  du  pain  :  pour  ton  manger  en  coupe  : 
Voici  du  sel  et  de  l'eau  argentine  : 
Comme  do  tien  piens  en,  dame  bénigne... 

Ajoutons  que  ce  livret  renferme  aussi 
un  quatrain  de  A.  F'igon  «  au  traducteur 
son  frère,  »  et  que  le  traducteur  n'a  pas 
échappé  à  Fabricius  qui  le  cite  dans  sa 
Bibl.  grœca,  t.  VI,  liv.  V,  ch.  vi,  p.  816. 

IV.  Le  moyen  d'éviter  procès,  fait  pour 
l'utilité  des  marchands  et  autres  négocia- 
teurs, au  seigneur  Josserand  de  Monts,  gen- 
tilhomme dauphinois  ;  Lyon,  B.  Rigaud, 
1574,  in-8o. 

V.  Pérégrination  de  l'enfant  vertueux, 
Œuvre  contenant  le  Sommaire  des  disci- 
plines conduisant  a  plus  haute  vertu,  avec 
trois  chants  royaux  en  prose;  Lyon,  Fr. 
Arnouliet,  1584,  in-16. 

FIGUES  (IsAAc),  de  Nérac,  et  Marie  Ca- 
lian  sa  femme,  sortant  de  France  et  munis 
d'une  attestation  de  foi  obtenue  à  Genève, 
assistés  à  Lausanne  pour  se  rendre  en  Al- 
lemagne, juin.  1699.  —  Le  sieur  du  Fi- 
guier, voy.  Arthuys.  —  Jean  Figuier,  à 
Montauban,  1562  (III,  498);  —  (Isaac), 
de  Metz,  apprêteur  de  bas,  réfugié  à  Halle 


avec  sa  femme,  5  enf.  et  une  servante, 
1698;  —  (François),  de  Nérac,  assisté  à 
Londres,  1702,  —  Louis  Figuier,  né  à 
Montpellier  en  fév.  1819,  docteur  en  mé- 
decine, 1841.  professeur  à  l'école  de  phar- 
macie de  Montpellier,  puis  à  Paris  ;  il 
professa  peu  de  temps  et  s'adonna  bientôt 
tout  entier  à  des  travaux  de  vulgarisation 
scientifique  dont  voici  les  principaux  : 
Annales  des  sciences,  Journal  de  pharmacie 
et  Revue  scientifique  (1847-54),  Histoire  des 
principales  découvertes  scientifiques  mo- 
dernes, 1851-58;  L'alchimie  et  les  alchi- 
mistes, 1860  ;  Les  grandes  inventions, 
1864  ;  La  terre  avant  le  déluge,  1866  ;  Les 
merveilles  de  la  science,  1866-67  ;  enfin 
IJannée  scientifique  paraissant  régulière- 
ment chaque  année  depuis  1856.  M'ne  Louis 
Figuier(Juliette6oMscare<)née  à  Montpellier 
en  1829,  a  publié  d'excellents  romans,  d'un 
style  très  agréable,  dont  le  premier,  Mos 
de  Lavène,  parut  en  185'.),  sous  un  pseudo- 
nyme, dans  la  Revue  des  Deux-Mondes  et 
fut  suivi  de  plusieurs  autres  parmi  lesquels 
nous  citerons  Le  gardien  de  la  Camargue 
(1862)  et  surtout  La  prédicante  des  Céven- 
nes  (1864). 

FIGUIÈRE  (François),  de  Montpellier, 

habit,  de  Genève,  1557;  — ( )  ancien  de 

Montpellier,  1599  {BulL  II,  92). 

FIGUIÈBES  (Louis),  proposant  au  sy- 
node des  hautes  Cévennes,  mai  1756.  Il 
était  originaire  de  Saintonge  et  fut  un 
vaillant  pasteur  du  désert  [Haag,  V  110]. 
Un  jour,  en  1759,  à  la  suite  d'une  assem- 
blée, comme  il  s'en  retournait  au  Mas 
d'Azil,  escorté  par  son  troupeau,  il  ren- 
contra près  de  Roquebrune  le  marquis  de 
Gudanes  qui  était  à  sa  recherche  (Arch. 
nat.  E  3521)  cà  la  tête  d'un  détachement. 
Le  premier  mouvement  fut  de  fuir,  mais 
les  femmes,  faisant  honte  aux  hommes, 
remplissent  de  pierres  leurs  tabliers  et 
s'avancent  résolument  vers  l'ennemi  sous 
la  conduite  du  belliqueux  pasteur.  Leurs 
maris  les  suivent  et  le  marquis  fut  obligé 
de  fuir  de  toute  la  rapidité  de  son  cheval. 
Figuières  se  réfugia  dans  les  bois  de  Gabre, 
mais  le  peuple  entra  en  triomphe  au  Mas 
d'Azil.  Les  bons  offices  du  comte  de  Mar- 
tignac  prévinrent  les  suites  terribles  d'une 
échaulîburée  qu'il  eût  été  facile  de  trans- 
former en  une  tentative  d'insurrection. 
Figuières  après  avoir  longtemps  exercé  le 
ministère  dans  le  comté  de  Foix  {Bull. 


535 


FIGUIÈRES  —    FILHET 


536 


VII,  463;  XII,  444),  mourut  dans  un  âge 
avancé  aux  Bordes-sur-Arise  en  1782.  Il 
fut  enterré  furtivement  dans  la  plaine  tout 
près  du  cimetière  des  protestants.  —  Un 
autre  Figuière,  de  Rodilhan  près  Nîmes, 
catholique  converti  et  déterminé  huguenot, 
vers  1740  (voy.  Paul  Rabaut,  ses  lettres, 
par  Ch.  Dardier,  1884,  t.  I,  p.  20). 

FILHET  (Gilbert  ou  Philibert),  sieur 
de  la  Curée,  gouverneur  de  Dieppe,  puis 
lieutenant  du  roi  à  Vendôme  [Haag,  V 
110].  L'historien  dieppois,  Davaî,  nous  le 
peint  comme  un  gentilhomme  de  bonne 
et  ancienne  maison,  doué  d'excellentes 
qualités,  vaillant,  sage  et  modéré,  équitable 
et  d'une  probité  exemplaire.  Le  témoignage 
de  l'écrivain  protestant  est  confirmé  par 
celui  de  l'historien  de  Thou  qui  qualifie 
Gilbert  Filhet  de  «  Vir  non  minus  virtute 
quam  nobilitate  clarus.  » 

La  Curée  était  gentilhomme  ordinaire 
de  la  chambre  du  roi.  Il  avait  embrassé 
avec  ardeur  le  parti  du  prince  de  Condé  et 
avait  assisté  en  qualité  de  colonel-général 
des  argoulets,  à  la  bataille  de  Dreux 
où  il  avait  été  fait  prisonnier.  Le  connéta- 
ble dans  la  maison  duquel  il  avait  été 
nourri,  l'envoya  à  Dieppe,  comme  succes- 
seur de  Gausseville ,  qui  commandait  déjà  à 
Fécamp,  lorsque  Coligny  l'avait  nommé  gou- 
verneur de  Dieppe  à  la  demande  des  habitants 
fatigués  des  allures  par  trop  militaires  de 
Montgommery .  Quelques  années  plus  tard, 
1579,  ce  Gausseville  fut  tué  au  siège  de  St-Mi- 
chel-en-Lherm.  La  Curée  arriva  à  Dieppe 
fort  peu  de  temps  avant  la  publication  de 
l'édit  de  pacification  qui  mit  un  terme  à 
la  première  guerre  civile.  Les  protestants 
dieppois  se  soumirent  avec  empressement 
à  un  traité  qui  les  privait  de  toutes  les 
églises  dont  ils  s'étaient  mis  en  possession, 
non  sans  légitime  motif,  à  ce  qu'il  semble, 
puisque  la  grande  majorité  des  habitants 
de  Dieppe  avaient  embrassé  la  religion  ré- 
formée ;  seulement  ils  députèrent  Mathias 
Heude  ou  Eudes  sieur  de  Veules,  à  la  reine- 
mère,  et  Nicolas  Le  Comte,  de  la  maison 
de  Dracqueville,  au  prince  de  Condé,  pour 
demander  qu'on  leur  laissât  au  moins 
l'église  de  Saint-Jacques.  La  Cour  ne  vou- 
lut pas  y  consentir  ;  toutefois  à  la  sollici- 
tation de  Condé,  elle  leur  permit  d'exercer 
publiquement  leur  culte  dans  la  Maison 
des  charités,  et  par  une  exception  unique, 
elle  maintint  La  Curée  dans  son  gouverne- 


ment, quoiqu'il  fît  ouvertement  profession 
de  la  religion  protestante.  Il  est  vrai  que 
la  réaction  fit  de  si  rapides  progrès,  qu'il 
fut  bientôt  remplacé  par  le  fameux  Sigo- 
gnes,  contre  le  vœu  des  catholiques  eux- 
mêmes,  dont  Filhet  s'était  fait  estimer  par 
sa  modération.  Ce  fut  sans  doute  comme 
dédommagement  que  Jeanne  d'Albret  le 
nomma  son  lieutenant  au  pays  de  Vendô- 
mois. 

La  Curée  mit  tous  ses  soins  à  purger  le 
Vendômois  des  bandits  qui  l'infestaient  ; 
mais  il  s'attira  par  là  même  la  haine  de 
gentilshommes  catholiques  qui  les  tenaient 
à  leur  solde  pour  l'exécution  de  leurs  ven- 
geances particulières.  Une  conspiration, 
dans  laquelle  entrèrent  les  principaux  sei- 
gneurs du  pays,  et  à  laquelle,  dit-on,  l'évê- 
que  du  Mans  ne  resta  pas  étranger,  s'our- 
dit contre  lui^  en  1564,  et  un  jour  que  La 
Curée  traversait  la  plaine  de  Couture  pour 
aller  voir  son  frère  Jean,  sieur  de  La 
Fosse,  une  bande  d'assassins,  cachée  dans 
le  château  de  Ronsard,  fondit  sur  lui  et 
regorgea.  Peu  s'en  fallut,  lit-on  dans 
l'Histoire  de  Vendôme,  que  les  meurtriers, 
dans  leur  enivrement  n'attaquassent  Jeanne 
d'Albret  elle-même,  qui  voyageait  accom- 
pagnée seulement  de  douze  gentilshommes. 
Heureusement  le  duc  de  Montpensier,  à 
qui  ils  s'en  ouvrirent,  s'opposa  à  leur  pro- 
jet. 

La  veuve  de  La  Curée,  qui  était  fille  de 
de  François  Errault,  sieur  de  Chemans  près 
Duretal,  garde-des-sceaux  sous  François  1er, 
se  rendit  aussitôt  à  la  Cour  avec  Jean 
Filhet,  et  plusieurs  amis  de  sa  famille, 
pour  demander  vengeance  de  ce  lâche  as- 
sassinat. Ce  fut  seulement  au  bout  de  plu- 
sieurs semaines,  qu'on  admit  qu'il  y  avait 
eu  meurtre  et  qu'on  ordonna  d'arrêter  les 
coupables  ;  mais  au  moment  où  la  justice 
allait  prononcer,  un  ordre  du  roi  leur 
rendit  la  liberté,  et  défense  fut  faite  à  Jean 
Filhet  de  poursuivre  les  meurtriers  de  son 
frère,  sous  peine  de  voir  raser  ses  maisons. 

Ce  Jean  Filhet  serait-il  le  même  que 
La  Curée-Bedeuil  qui  servit  au  siège  de 
Poitiers  sous  Coligny?  et  ce  dernier  est-il 
différent  du  La  Curée  qui  contribua,  sous 
les  ordres  de  Châtillon,  à  chasser  les  Li- 
gueurs du  faubourg  de  Tours  ?  Enfin  La 
Curée  qui,  avant  la  bataille  d'Ivry,  assista 
aux  prières  que  Henri  IV  fit  faire  dans  sa 
tente  par  un  ministre   protestant,    est-il 


537 


FILHET   —   FINE 


538 


identique  avec  l'un  ou  avec  l'autre?  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  la  famille 
Filhet  n'embrassa  pas  tout  entière  le  pro- 
testantisme, puisque  nous  trouvons  un 
Gilbert  de  La  Curée  mêlé  à  la  conjuration 
d'Angoulême  contre  d'Epernon^  et  que 
nous  voyons  figurer  son  nom  au  bas  de  la 
supplique  de  Saint-Cloud  dans  laquelle  les 
seigneurs  catholiques  offrirent  à  Henri  IV 
leur  adhésion,  mais  à  condition  qu'il  se 
convertirait. 

FILLEUL  (Jean),  menuisier  de  Sancerre, 
martyr  en  1554  [ïlaag,  V  lli].  Filleul 
s'était  mis  en  route  avec  son  ami  Julien 
Léveillé,  pour  aller  rejoindre  leurs  femmes 
qu'ils  avaient  envoyées  à  Genève.  Rencon- 
trés par  le  prévôt  des  maréchaux  du  Bour- 
bonnais, ils  se  laissèrent  séduire  par  ses 
dehors  de  bonhomie,  et  lui  avouèrent  le 
but  de  leur  voyage.  Ils  furent  arrêtés  sur- 
le-champ  et  jetés  dans  les  prisons  de  Ne- 
vers.  Après  un  interrogatoire  sommaire 
sur  l'usage  des  sacrements  et  le  purgatoire, 
le  prévôt  les  mena  à  Saint-Pierre-le-Mous- 
tier,  et  les  livra  au  lieutenant-criminel  qui 
les  condamna  à  faire  amende  honorable  et 
à  être  brûlés  vifs.  Le  parlement  de  Paris 
ayant  confirmé  la  sentence,  sur  appel,  en 
ajoutant  à  l'arrêt  que  s'ils  ne  se  rétrac- 
taient, ils  auraient  la  langue  coupée,  les 
deux  martyrs  accueillirent  l'annonce  de 
leur  mort  prochaine  par  le  chant  du  ps. 
VI  et  du  cantique  de  Siméon,  et  marchè- 
rent au  bûcher  avec  un  courage  inébranla- 
ble, après  avoir  subi  la  mutilation  pres- 
crite par  l'arrêt  (Crespin). 

FILLIOUX  (Gabriel),  prieur  fiscal  de 
Cluny  [Haag,  V  112],  surprit,  le  30  nov. 
1575,  avec  le  secours  de  Garnier,  de 
Fournier  et  de  quinze  autres  protestants, 
le  château  de  Lourdon,  en  chassa  les  moi- 
nes qui  s'y  étaient  retirés,  pilla  les  trésors 
de  l'abbaye  qu'ils  y  avaient  transportés,  et 
conserva  sa  conquête  jusqu'à  la  conclusion 
de  la  paix,  en  1577.  S'il  faut  en  croire 
Ducourneau  (Hist.  de  Bourgogne),  il  fit 
même  venir  un  ministre  et  établit  un  prêche 
dans  le  château. 

FILHOL,  famille  noble  du  pays  Messin, 
réfugiée  en  Prusse  à  la  révocation  de  l'É- 
dit  de  Nantes.  François  de  Filhol  sieur  de 
Camas  capitaine  d'infanterie  au  régiment 
du  Roi,  épouse  à  Courcelles,  en  1(580,  Ma- 
rie fille  de  Samuel  Duclos  s""  de  Bistraf 
(ou  Distroff  ?)  conseiller  et  médecin  ordi- 


naire du  Roi  (voy.  V,  col.  647)  ;  union 
d'où  naquirent  :  1°  Isaac,  le  10  nov. 
1681,  mort  en  1682,  qui  avait  été  pré- 
senté au  baptême  par  Isaac  de  Filhol  (écrit 
ailleurs  Tilhos)  seigneur  du  Mas  en  Age- 
nois  ;  2»  Marie-Dorothée,  née  le  10  fèv. 

1684  ;  3°  Jean-Alexandre,   né  le  6  juin 

1685  présenté  par  Jean  de  Filhol  écuyer, 
sr  de  Lalbonnière  (Cuvier).  —  Il  n'est 
pas  douteux  que  ce  François  de  Filhol  ne 
soit  le  même  appelé  ci-dessus  (III  col.  640): 
TiLio,  d'après  Erman  et  Reclam  (IX  54). 

—  Claude  Fillol,  '  de  S'-Privat  de  Vallon- 
gue  en  Languedoc,  serrurier,  »  habit,  de 
Genève,  mai  1559;  —  (Pierre  et  Jacques) 
réfugiés  de  Périgueux,  1686  (M  667).  — 
Etienne  Fillon  «  de  Bony  sur  l'Oyse,  dioc. 
d'Auxerre,  »  id.  1553;  — (Pierre),  minis- 
tre de  Céligny  (Genève),  15^6;  d'Aimar- 
gues,  1596-1 605;  Nayes,  1605-1607;  Aigues- 
vives,  1607-22;  mort  en  1622  ou   1623. 

—  (Jacques)  s^  de  Chesnevert  commissaire 
de  l'artillerie,  fait  baptiser  à  Charenton  son 
fils  Henry  ;  parrain  Henri  de  Briquemault 
baron  de  S'-Loup,  marr.  Judith,  de  Mor- 
niès,  janv.  1677.  —  (Judith),  du  Poitou, 
veuve  d'un  bourgeois,  63  ans,  assistée  à 
Londres,  1702..  —  Jean  Fillion,  de  S*- 
Maixent,  assisté  à  Genève  d'un  viatique 
pour  l'Allemagne,  1698.  —  «  La  d''e 
femme  du  si"  Antoine  Filon  d'Aymargues 
près  Nîmes,  lieutenant  réformé,  •  réfugiée 

à  Berlin,  1698.  —  ( )  de  Fillon  accusé 

d'avoir  fait  les  fonctions  de  prédicant  et 
d'avoir  résisté  à  la  maréchaussée  de  Fon- 
tenay-le-comte,  1747  (E  3433).  —  Su- 
zanne Fillonnière,  de  la  Touraine,  «  fille 
d'un  marchand  grosseur,  »  51  ans,  assis- 
tée (4  liv.)  à  Londres,  1707.  —  Jeanne 
Filosel,  id.  (10  sh.),  1710.  —  Nicolas 
Fillot,  d'Orléans,  admis  à  l'habitation  à 
Genève,  15  janv.  1573.  — Daniel  Filsant, 
établi  à  Harlem,  1666.  —  Daniel  Filteau, 
«  deXaintonge,  tailleur,  25  ans,  «  assisté 
(12  sb.)  à  Londres,  1706.  —  Jean  Fil- 
zière,  de  Saumane  en  Cévennes,  assisté  à 
Lausanne,  1688. 

FINE  (Judith),  de  Tholignan,  assistée 
à  Lausanne  avec  3  petits  enf.,  1688  ;  (Jean) 
et  sa  femme,  de  Moulines  au  val  de  Quei- 
ras,  assistés  à  Genève,  1702.  —  Claude  jPt- 
nes,  ministre  à  Caveyrac,  1570-86.  — 
Pierre  Finel,  ministre  à  Pompidou,  1568  ; 

—  Guillaume  Finel,  de  Bayeux,  «  pei- 
gnier,  »  réfugié  à  Magdebourg,  1698.  — 


539 


FINE 


FISCHAKT 


540 


Charles  Finet,  natif  de  Paris,  habit,  à  Ge- 
nève, mai  1551  ;  il  était  orfèvre  et  avait 
pour  femme  Marie  Neyret  née  à  Compiè- 
gne  ;  pour  frère  Jacques  Finet,  ministre  en 
1566  à  Mauvesin  et  à  Sainte-Foi  de  1573 
à  1610  ;  atteint  de  la  peste,  il  fait  son  tes- 
tament à  Genève  et  sa  femme  en  1568  (A. 
Sauteur  not.  II  143,  III  7).  Jacob  Finet, 
d'Amiens,  chargé  de  8  enf.,  assisté  (2  1. 
14  sh.)  à  Londres,  1705.  —  Mme  Fin- 
guerlin,  de  Lyon,  retirée  à  Lausanne  fait 
don  de  208  liv.  pour  garnir  les  lits  de 
l'évêché  (hôpital  des  réfugiés),  1711.  — 
François  Fiquel,  de  Grenoble,  mercier, 
habit,  de  Genève,  4  septemb.  1572;  — 
d"e  Fiquel,  d'Orange,  assistée  à  Genève, 
4  écus,  1704.  —  Jacques  Fiquet,  fils  de 
Georges,  docteur  es  droits  à  Grenoble, 
épouse  à  Genève  Nicole  Jtilian,  1559.  — 
Anthoine  Firminy,  «  ribantier,  natif  de 
Draguignan,  »  habit,  de  Genève,  1557.  — 
La  veuve  de  David  Firon  coutelier  à  Metz, 
avec  4  enf.  et  une  servante,  réfugiée  h 
Berlin,  1698. 

FIRN  (Antoine),  de  Haguenau,  curé  de 
Saint-Thomas  de  Strasbourg  [Haag,  V 112], 
entretenait,  depuis  plusieurs  années,  un 
commerce  coupable  avec  sa  gouvernante, 
lorsque  la  Réforme  commença  à  s'intro- 
duire dans  cette  ville,  apportant  des  idées 
de  piété  sérieuse.  Firn  monta  en  chaire, 
18  oct.  1523 ,  déclara  en  présence  de 
tout  le  peuple,  qu'il  voulait  réparer  sa 
faute,  et  il  épousa  cette  femme  trois  semai- 
nes après.  La  bénédiction  nuptiale  leur  fut 
donnée  par  Zell,  prédicateur  de  la  cathé- 
drale, qui,  dans  une  allocution  chaleu- 
reuse, expliqua  et  justifia  la  conduite  de 
son  collègue.  L'évêque  irrité  de  cette  au- 
dacieuse violation  des  lois  canoniques, 
commanda  au  chapitre  de  déposer  le  prê- 
tre qui  avait  osé  prendre  épouse,  et  en 
même  temps,  il  pria  le  Sénat  de  ne  pas 
mettre  obstacle  au  châtiment.  Quelques 
conseillers  engagèrent  Firn  à  renoncer  à 
sa  cure  par  amour  de  la  paix,  mais  il  ne 
voulut  point  «  pécher  contre  la  vérité 
éternelle.  »  Le  Conseil  lui  déclara  qu'il  ne 
ferait  rien  pour  le  maintenir  en  place,  mais 
qu'il  le  garantirait,  comme  bourgeois  de 
Strasbourg,  contre  toute  espèce  de  vio- 
lence. Le  chapitre  déposa  donc  le  curé  de 
Saint-Thomas  et  lui  donna  un  successeur; 
mais  le  dimanche  suivant,  Firn  se  rendit 
à  son  église,  comme  d'habitude,  fit  descen- 


dre de  la  chaire  son  remplaçant  et  s'ac- 
quitta de  ses  fonctions,  sans  se  soucier  de 
la  sentence  du  chapitre.  L'évêque  eut  de 
nouveau  recours  au  Sénat,  qui  manda  le 
prêtre  récalcitrant  et  lui  offrit  une  pension 
en  échange  de  sa  démission.  Firn  répondit 
qu'on  lui  avait  ordonné  de  prêcher  pure- 
ment l'Évangile,  que  l'Évangile  lui  avait 
appris  que  rien  n'est  plus  contraire  que  la 
fornication  aux  commandements  de  Dieu, 
et  que  c'était  pour  cette  raison  qu'il  s'était 
marié;  qu'il  ne  pouvait  d'ailleurs  renoncer 
au  service  de  Dieu,  ni  contrister  les  cœurs 
pieux  par  sa  retraite  ;  qu'il  ne  voulait  pas 
d'argent,  mais  qu'il  voulait  servir  jusqu'à 
la  fin.  Le  Sénat  répondit,  en  conséquence, 
à  l'évêque,  qu'il  serait  dangereux  de  punir 
les  prêtres  mariés  et  de  laisser  en  paix  les 
concubinaires  ;  que  le  peuple  pourrait  se 
soulever,  et  qu'il  n'y  avait  rien  de  mieux 
à  faire  que  de  s'adresser  à  la  diète  de  Nu- 
remberg pour  qu'elle  prît  des  mesures  à 
cet  égard.  Les  appréhensions  du  Conseil 
n'étaient  pas  vaines,  car  depuis  que  Firn 
avait  reconquis  sa  chaire,  une  foule  de 
bourgeois  en  armes  gardaient  l'église  lors- 
qu'il prêchait,  de  peur  qu'on  ne  lui  fît 
violence.  L'évêque  qui,  dans  toute  cette 
affaire,  avait  montré  la  plus  bienveillante 
modération,  promit  de  suivre  l'avis  du 
Sénat;  mais  lorsqu'il  apprit  que  l'exemple 
de  Firn  était  devenu  contagieux,  il  perdit 
patience  et  excommunia  les  prêtres  ma- 
riés. Firn  méprisa  les  foudres  du  prélat  et 
continua  de  desservir  l'église  de  Saint- 
Thomas  jusqu'en  1530,  qu'il  fut  nommé  à 
la  cure  de  Saint-Nicolas.  Il  mourut  en 
1545.  C'est  aussi  lui  qui  le  premier,  le 
16  fév.  1524,  introduisit  à  Strasbourg  l'u- 
sage de  la  langue  vulgaire  dans  la  célébra- 
tion de  la  messe. 

FISCHART  (Jean),  dit  Mentzer,  docteur 
en  droit  [Haag,  V  113],  avocat  à  la  cham- 
bre impériale  de  Gotzlar  et  bailli  de  For- 
bach,  en  1586,  était  très  vraisemblable- 
ment originaire  de  Strasbourg,  où  il  passa 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie,  qui  est 
d'ailleurs  peu  connue.  On  croit  qu'il  mou- 
rut en  1597.  Écrivain  satirique  et  burles- 
que, Fischart  a  joui  de  son  temps  d'une  très 
grande  réputation  en  Allemagne  ;  mais  on 
s'accorde  à  reconnaître  qu'il  est  resté  bien 
au-dessous  de  Rabelais,  qu'il  avait  pris 
pour  modèle,  et  qu'à  l'exception  de  quel- 
ques passages  de  ses  écrits  frappés  au  coin 


541 


FISC  H  ART 


FISCfJER 


542 


d'une  franche  gaité,  son  esprit  comique 
ne  consiste  guère  que  dans  l'emploi  de 
plaisanteries  grossières,  d'expressions  bi- 
zarres et  d'équivoques  insipides.  Il  avait 
composé  plus  de  trente-sept  ouvrages  ; 
mais  ils  n'ont  pas  été  tous  imprimés.  Le 
savant  Adelung  n'en  connaissait  que  trois. 

I.  Podagrammisch  Trotsbûchlein, Strâsh. , 
1591,  1604,  1623,  in-8o.  —Publié  sous  le 
nom  à' Ellosjwsclerus,  trad.  grecque  de 
Fischart. 

II.  Flœhhatz,  Weiber-Traz ,  Strasb., 
1594, 1610,  in-8o.  —  Sous  le  nom  d'Elias- 
posclerus. 

III.  Philosophisch  Ehezuchtbûchlein , 
Strasb.,  1597,  1607,  1614,  in-8o.  —  Ou- 
vrage posthume. 

Nous  pouvons  y  ajouter. 

IV.  Vonausgelassenentcuthigen  Teuffels- 
heer  der  Besessenen,  Hexen  etc.  Strasb., 
1581. — Trad.  de  la  Démonologie  deBodin. 

V.  Bienenkorb,  piquante  satire  contre 
l'Église  romaine,  publiée,  en  1582,  sous 
le  pseudonyme  de  Jesutcalt  Pikhart,  et 
réimp.  par  Josué  Eiselein  à  Saint-Gall, 
1847,  in-8o. 

VI.  Der  heylig  Brotkorb.  Der  heil.  Ro- 
mischen  Reliquien  :  das  ist  Joh.  Calvini 
nothwendige  Vermanung  von  der  Papis- 
ten-heiligtumb  ;  Christlingen,  1606,  in-8o. 

VII.  Erklxrung  einer  von  verschiedent- 
lichen  Thieren  haltenden...;  Strasb.,  1608, 
in-fol. 

Quelques  biographes  prétendent  que  Fis- 
chart a  traduit  la  Prognostication  panta- 
gruéline  de  Rabelais  ;  mais  c'est  une  er- 
reur. Les  deux  écrivains  ont  puisé  à  la 
même  source,  c'est-à-dire  dans  une  satire 
allemande  anonyme.  L'ouvrage  de  Fis- 
chart a  été  publ.  en  1574  et  en  1598, 
in-8o.  Ce  qu'on  appelle  sa  trad.  du  Gar- 
gantua, imp.  en  1575  et  souvent  depuis, 
est  aussi,  comme  l'a  fait  observer  Le  Du- 
chat,  moins  une  traduction  qu'une  ingé- 
nieuse paraphrase  accommodée  au  goût  al- 
lemand. On  suppose  qu'il  est  aussi  le  tra- 
ducteur d'un  traité  de  Cahnn  et  de  quel- 
ques ouvrages  de  Marnix,  qui  ont  paru  sous 
le  nom  de  Jacob  Eysenberg. 

Notre  gratitude  lui  est  surtout  acquise 
pour  une  autre  traduction,  celle  du  Ré- 
veille-matin des  François  (voy.  ci-dessus 
I,  col.  843-851)  qui  parait  avoir  été  son 
premier  ouvrage. 

VIII.  Reveille   matin   oder    Wacht  fur 


auf,  Das  ist  Summarischer  und  ivahrhaf- 
ten  Bericht  von  den  verschinenen ,  auf 
gegenwaertigen  beschvserlichen  hsendeln  in 
Frankreich,  den  Franzosen  und  andern 
geachtbarten  Nationen  zuguten,  Gesprœch- 
weiss  gestellet  und  verfasset.  Durch  Euse- 
bium  Philadelphum  cosmopolitum,  Itzunder 
aber  aus  dem  Franzœsischen  ins  Teutsch 
gebracht.  Durch  Emericum  Lebusium.  Ge- 
truckt  zn  Edimburg  bei  Jacobo  Jammeo. 
AnnoMLXXV,  in-8o  (14  feuilles).  Une  2'ne 
édition  (mêmes  titre,  lieu  et  date,  mais  15 
f.  V2)  imprimée  à  Zurich  et  une  'i'^^,  aug- 
mentée de  la  traduction  du  Discours  mer- 
veilleux de  la  vie  de  Catherine  de  Médicis 
{Mit  angehe7ickter  ivunderlicher  Beschrei- 

bung  des  Lebens ),  gedruckt  zu  Edin- 

burg  bei  Jacobo  Jammeo,  1593.  — Emeric 
Lebusius,  que  nous  avons  inconsciemment 
cité  au  t.  I,  col.  843,  lig.  6  en  rem.,  est 
notre  avocat  Jean  Fischart.  Voyez  Die  Lit- 
teratur  der  Bartholomseusnacht,  par  Emil 
Weller,  de  Zurich,  dans  le  Serapaeum,  t. 
XIX  p.  63. 

1.  FISCHER  (Jean),  en  latin  Piscator, 
nom  sous  lequel  il  est  généralement  connu 
[Haag,  V  113],  né  à  Strasbourg,  le  27 
mars  1546,  et  mort  le  26  juillet  1625  ou 
1626,  selon  Freher. 

Piscator  commença  à  Strasbourg  ses 
études  qu'il  alla  terminer  à  Tubingue.  A 
l'âge  de  25  ans,  il  fut  appelé  à  remplacer, 
pendant  une  maladie,  le  professeur  de 
théologie  Marbach.  Contre  l'attente  géné- 
rale, il  se  mit  à  combattre  la  doctrine  de 
l'ubiquité  *,  si  chère  aux  pasteurs  stras- 
bourgeois  ;  et  il  fut  cité,  en  conséquence, 
devant  le  consistoire  comme  fauteur  du 
calvinisme.  N'ayant  voulu  ni  se  rétracter 
ni  même  promettre  de  s'amender,  il  fut  des- 
titué et  accepta  une  chaire  au  gymnase  de 
Herborn  où  il  professa  avec  un  grand  suc- 
cès pendant  plusieurs  années  Le  gymnase 
ayant  été  transféré  à  Nassau-Siegen  à  cause 
de  la  peste,  il  l'y  suivit  ;  mais  peu  d'années 
après,  il  retourna  à  Herborn  où  il  termina 
ses  jours. 

Piscator,  qui  était  un  théologien  très  sa- 
vant, s'éloignait  en  quelques  points  des 
doctrines  reçues,  tant  dans  l'église  luthé- 
rienne que  dans  l'église  calviniste.    Son 

'  Doctrine  suivant  laquelle  Dieu  était  présent 
partout,  ubiquè,  et  le  corps  dn  Christ  participant 
de  la  divinité,  la  chair  et  le  sang  de  celui-ci  se 
trouvent  partout  où  l'on  célèbre  la  communion. 


543 


FISCHER 


544 


opinion  sur  l'obéissance  active  de  Jésus- 
Christ  eut  surtout  du  retentissement  en 
France  ;  elle  occupa  plusieurs  synodes  na- 
tionaux. Il  enseignait  que  l'obéissance  pas- 
sive du  Fils  de  Dieu  était  seule  imputée 
aux  hommes  à  justice,  parce  que,  comme 
nous  tous,  le  Christ  avait  dû  accomplir 
pour  son  propre  compte  la  loi  divine  par 
son  obéissance  active  ou  la  sainteté  de  sa 
vie.  Le  synode  national  de  Gap  condamna 
cette  doctrine  et  ordonna  d'imposer  silence 
à  ceux  qui  seraient  imbus  de  telles  erreurs, 
et  même  de  les  déposer  s'ils  persistaient 
dans  leurs  sentiments  erronés.  En  même 
temps,  il  fit  écrire  à  toutes  les  universités 
protestantes  pour  les  inviter  à  souscrire  cà 
cette  censure,  et  il  chargea  spécialement 
Février  et  Sortis  de  réfuter  le  professeur 
de  Herborn.  Piscator  répondit  à  cette  vive 
attaque  «  avec  beaucoup  de  modestie,  » 
comme  le  reconnut  le  synode  de  La  Ro- 
chelle. Il  établit  que  si  les  hommes  avaient 
déjà  été  justifiés  par  la  sainteté  de  la  vie 
de  Jésus,  sa  mort  eût  été  inutile  ;  et  que 
Dieu  se  serait  montré  injuste  en  exigeant 
deux  fois  le  châtiment  d'un  seul  péché. 
Le  synode  ne  trouva  pas  «  concluantes  les 
raisons  et  citations  »  apportées  par  lui  à 
l'appui  de  son  sentiment.  Toutefois,  moins 
intolérant  que  le  synode  de  Gap,  il  remit 
à  Dieu  le  soin  de  l'éclairer  et  ordonna  la 
suppression  des  écrits  de  Sonis  et  de  Hu- 
guet  contre  Piscator.  La  controverse  sem- 
blait assoupie,  lorsque  Du  Moulin  la  ré- 
veilla devant  le  synode  de  Privas,  qui 
renvoya  au  prochain  synode  national 
l'examen  de  l'afi'aire.  Ce  synode,  qui  se 
tint  à  Tonneins,  confirma  la  doctrine  do- 
minante, mais  sa  décision  n'empêcha  pas 
quelques-uns  des  ministres  les  plus  célèbres 
de  l'Église  protestante  de  France,  comme 
Caméron,  Blondel,  Louis  Cappel,  La  Placette, 
d'adopter  le  dogme  formulé  pour  la  pre- 
mière fois  par  le  théologien  de  Strasbourg. 
On  a  de  J.  Piscator  : 

I.  M.  T.  Ciceronis  de  Officiis  lib.  III 
analysis  dialectica,  ad  prsescriptiones  Pé- 
tri Rami  potissimùm  accommodata,  Spyrae, 
1582,  in-4o  ;  1596,  in-8o. 

II.  Analysis  dialectica  aliquot  Orationum 
Ciceronis,  ad  prsescriptiones  P.  Rami  po- 
tissimtim  accommodata,  Spyrœ,  1582,  in-4°. 

III.  Responsio  ad  Epistolam  Guil.  Tim- 
pelii  de  Dialectica  P.  Rami,  Francof., 
1582,  in-8o. 


IV.  Pétri  Rami  Dialecticse  lib.  II,  Au- 
domari  Talœi  prselectionibus  illustrati.  — 
Scholiarum  physicarum  lib.  VIII,  in  toti- 
dem  Acroamaticos  libros  Aristotelis  ;  scho- 
liarum. metaphysicarum  lib.  XIV,  in  toti- 
dem  metaphysicos  libros  Aristotelis,  Fran- 
cof., 1583,  in-8o.  —  Le  premier  de  ces 
opuscules,  cités  par  Gesner,  est  sans  doute 
le  même  que  celui  dont  Jocher  fait  men- 
tion sous  ce  titre  :  Animadversiones  in  P. 
Rami  dialecticam. 

V.  Responsio  ad  dictata  Dan.  Hofmanni 
de  tropo  in  verbis  S.  Cœnse.  Adj.  sunt 
ejusdem  qusestiones  de  verbis  :  Hoc  est 
corpus  meum;  Herborn.,  1591,  in-8°. 

VI.  Analysis  logica  Evangelii  secundùm 
Joannem,  Herb.,  1591,  in-8»  ;  1595,  in-8o. 

VII.  Analysis  logica  quinque  postrema- 
rum  Epistolarum  Pauli,  Herb.,  1592,  in-8". 

VIII.  Aphorismi  doctrinœ  christianœ  seu 
Loci  communes  theologici,  Herb.,  1592, 
in-8o  ;  trad.  en  franc.,  selon  Jocher. 

IX.  Analysis  logica  Epist.  Pauli  ad  Ga- 
lat.,  Ephes.,  Philip.,  Coloss.  et  utriusque 
ad  Thessal.,  Herb.,  1593,  in-8o. 

X.  Analysis  logica  utriusque  Epist.  ad 
Corinth.,  Herb.,  1593,  in-8o.  —  Le  Cat. 
de  la  biblioth.  du  docteur  Williams  indi- 
que une  édit.  des  commentaires  de  Pisca- 
tor sur  les  Épîtres  de  S.  Paul,  publ.  à  Lon- 
dres, 1590,  in-8o,  sous  le  titre  :  Analysis 
Epistol.  Pauli  ad  Rom.,  Corinth.,  Gai., 
Ephes.,  etc.  JN'y  a-t-il  pas  quelque  erreur 
dans  le  millésime  ? 

XI.  Admonitio  de  exercitationibus  Hei- 
zonis  Buscheri,  Herb.,  1594,  in-8°. 

XII.  Analysis  logica  Evangelii  secundùm 
Matthseum,  Herb.,  1594^  in-8o. 

XIII.  Analysis  logica  Evangelii  Marci, 
Herb.,  1594,  in-8o. 

XIV.  Analysis  logica  septem  Epistolarum 
catholicarum,  Herb.,  1595,  in-8o;1609, 
in-8o. 

XV.  Thèses  theologicse  de  Deo,  Herb., 
1595,  in-4o. 

XVI.  De  justificatione  hominis  peccato- 
ris  coram  Deo  lib.  II  contra  Rob.  Bellar- 
minum,  Herb.,  1595,  in-8o. 

XVH.  Analysis  logica  Evangelii  Lucse: 
Sigenaî,  1596,  in-8o. 

XVIII.  Analysis  logica  in  Acta  Aposto- 
lorum,  Sigenœ,  1597,  in-8o. 

XIX,  Qusestiones  rhetoricse  très  de  ver- 
bis :  Hoc  est  corpus  meum,  Herb.,  1599. 
—  Peut-être  une  réimp.  du  no  V. 


545 


FISCHER 


546 


XX.  Biblia,  das  ist  aile  Bûcher  der  Heil. 
Schrift  des  A .  und  N.  T.  Aus  hebreischer 
und  grieschicher  Spraach,  in  welchen  sie 
anfangs  von  den  Propheten  und  Aposteln 
geschreiben,  jetz  und  aufs  new  vertheutscht, 
Herb.,  1602-3,  4  vol.  in-4o  ;  2'ne  édit., 
1604-6,  3  vol.  in-4o,  et  souvent  depuis.  — 
Entreprendre  de  donner,  après  Luther, 
une  trad.  du  livre  saint,  c'était  sans  doute 
faire  preuve  de  beaucoup  de  présomption, 
à  une  époque  où  la  Bible  du  grand  réfor- 
mateur était  entourée  d'une  profonde  vé- 
nération. On  doit  reconnaître  que  Pisca- 
tor  s'est  élevé  quelquefois  à  la  hauteur  de 
la  tâche  qu'il  avait  entreprise.  Il  est  incon- 
testable qu'en  certains  passages,  comme 
Josué  m,  15;  Jug.  XV,  19;  Héb.  II,  7,  il 
a  mieux  saisi  que  Luther  le  sens  de  l'ori 
ginal  ;  mais  d'un  autre  côté,  dominé  par 
le  préjugé  général  qu'il  faut  rendre  avec  la 
plus  graude  fidélité  les  mots  et  les  tournu- 
res de  la  Bible,  il  s'est  attaché  anxieuse- 
ment à  la  lettre,  en  •  sorte  que  sa  trad. 
abonde  en  hébraïsmes  et  en  héllénismes 
qui  la  rendent  inintelligible  en  plusieurs 
endroits.  On  lui  reproche  encore  et  avec 
raison  de  s'être  trop  attaché  à  la  version 
de  Trémellius  et  de  s'être  laissé  égarer  par 
son  zèle  pour  les  doctrines  de  son  église 
jusqu'à  y  accommoder  le  langage  des  écri- 
vains sacrés. 

XXI.  Responsio  apologetica  ad  Conr. 
Vorstii  parasceven,  Herb.,  1613,  in-4o. 

XXII.  Notée  ad  C.  Vorstii  amicam  col- 
lationem,  Herb.,  1613,  in-4o. 

XXIII.  Responsio  ad  C.  Vorstii  amicam 
duplicationem.  —  Cité  par  Jocher  sans  au- 
tre indication. 

XXIV.  Commentarii  in  omnes  libros  N. 
T.  antehàc  separatim  editi,  Herb.,  1613, 
in-4o;  3nie  édit.,  Herb.,  1638,  in-fol.  — 
Piscator  prit  pour  texte  la  version  de  Bèze. 
On  voit  qu'il  s'elforçait  généralement  de 
rester  fidèle  au  sens  grammatical  ;  cepen- 
dant il  lui  arrive  encore  trop  souvent  de 
chercher  des  types  dans  l'A.  T.,  et  il  se 
laisse  trop  souvent  éblouir  par  le  désir  de 
trouver  dans  la  Bible  le  plus  de  preuves 
possible  à  l'appui  des  dogmes  de  son 
église,  de  telle  sorte  qu'il  croyait  en  dé- 
couvrir là  où  il  n'y  en  avait  aucune.  On 
se  tromperait  toutefois  si  on  le  regardait 
comme  servilement  attaché  à  l'exégèse  do- 
minante. Dans  Rom.  V,  12,  par  exemple, 
il  rejette  sans  hésiter  le  in  quo  d'Augus- 


tin pour  traduire  eo  quàd  omnes  peccave- 
runt. 

XXV.  Index  in  libros  biblicos  V.  Testa - 
menti,  Herb.,  1622,  in-8o.  —  Apparem- 
ment le  même  ouvrage  que  Volkommene 
Concordant  und  Register  als  ein  Anhang 
zu  seiner  Bibel,  mentionné  par  Jocher. 

XXVI.  Geitz-Vœgelein  im  Jesuiternest 
ausgenommen,  Kempt.,  1622,  in-4o. 

XXVII.  Exul  christianus  ad  patientiam 
et  reliquas  virtutes  plenè  informatus,  Cas- 
sel,  1630,  in-12. 

XXVIII.  Disceptatio  amica  cum  Lud. 
Lucio  de  causa  meritoriâ  nostrse  coràm 
Deo  justificationis,  Lond.,  1641,  in-12. 

XXIX.  Commentarii  in  omnes  libros  V. 
T.  quibus  continentur  1°  Analysis  logica 
singulorum  librorum  et  capitum  ;  2°  Scho- 
lia  in  singula  capita  ;  3°  Observationes  lo- 
corum  doctrinse  è  singulis  capitibus.  Om- 
nia  hsec recens ab  authore  recognita,  Herb., 
1643-4o.  4  vol.  in-fol.  Il  y  en  a  une  édit. 
antérieure  en  plusieurs  vol.  in-8o.,  que 
nous  n'avons  pu  nous  procurer.  —  Pisca- 
tor a  suivi  la  version  de  Trémellius  et  de 
Du  Jon  dans  les  livres  historiques,  les 
Proverbes,  le  Cantique  des  cantiques  et  les 
douze  petits  Prophètes.  Il  a  donné  une 
trad.  en  grande  partie  nouvelle  et  plus 
fidèle  du  livre  de  Job,  des  Psaumes,  de 
l'Ecclésiaste  et  des  quatre  grands  Prophè- 
tes. Ses  commentaires  prouvent  qu'il  était 
versé  dans  l'hébreu.  On  l'a  blâmé,  non 
sans  motif,  d'avoir  démandé  trop  souvent 
auN.  T.  l'explication  des  prophéties  de  l'A. 

A  cette  liste  Jocher  ajoute,  sans  autre 
indication  :  Tract,  de  gratiâ  Dei;  —  De 
prœdestinatione  contra  And.  Schaafman- 
num  ;  —  Accessiones  ad  Pet.  BaronisSum- 
mam  trium  de  prœdestinatione  sententia- 
rum  ;  —  Apologia  bibliorum  suorum  her- 
bornensium  ;  —  Responsio  ad  duas  dispu- 
tationes  theologicas  Joh.  Taufreri  et  Joh. 
Paul  Resenii  ;  —  Resp.  ad  apologeticum 
Pet.  Bertii  ;  —  Rudimenta  linguie  hebrai- 
cse  ;  —  Dissert,  de  pxnitentid  et  de  fide 
salvificd.  Ajoutons  qu'on  trouve  deux 
Lettres  de  Piscator  dans  les  Miscellan.  de 
Groningue  (174S). 

2.  FISCHER  (Jean-Jacques),  de  Stras- 
bourg, pasteur  à  Derlisheim  depuis  1774. 
Appelé  à  prêcher,  au  plus  fort  de  la  tour- 
mente révolutionnaire,  sur  Ephés.  V,  15, 
qui  était  le  texte  indiqué  pour  ce  jour,  il 
eut  l'imprudence  de  peindre  l'état  de  la 

VI.  18 


\ 


547 


FISCHER 


FIZES 


548 


France  sous  un  jour  peu  favorable,  en 
exhortant  ses  auditeurs  à  la  patience  et  à 
la  prudence.  Traduit  devant  le  tribunal 
révolutionnaire,  que  présidait  alors  un 
terrible  politicien,  Eugenius  Schneider, 
ancien  chanoine,  il  fut  condamné  à  mort 
et  guillotiné  à  Strasbourg,  en  1793  (Haag). 

FISQUET  (François),  de  S'-Hippolyte, 
étudiant  à  Genève  (Franc.  F.  è  vico  S*- 
Hippolyti  in  cebennis)^  décemb.  1668.  — 
(Jean),  de  Pragelas,  assisté  à  Genève,  1698. 
—  Moïse  Fesquet,  de  Castres,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  pour  l'Allemagne, 
1698.  —  Fistaine,  famille  de  Metz  :  Esaïe, 
sergent  des  Treize  en  1640  ;  Benjamin, 
maître  d'école,  1681  ;  Paul,  tapissier  et 
Sara  Blanbois,  sa  femme,  réfugiés  à  Berlin 
en  1698  ;  il  meurt  à  66  ans  en  1714.  — 
Jean  Fitis,  de  Gap,  obtient  à  Genève  un 
viatique  pour  Basle,  1703.  —  Jean  Fitte, 
de  Montpellier,  étudiant  à  Genève  en  lo95, 
ministre  à  St-Jean-du-Gard,  1596-1614  ;  à 
Brenoux,  1620. 

FIZES,  familles  diverses  du  Languedoc 
[Haag,  V  116].  La  plus  importante  ^  est 
celle  à  laquelle  appartenait  Simon  Fizes 
baron  de  Sauve^  qui  fut  l'un  des  secrétai- 
res d'Etat  de  Charles  IX  et  de  Henri  III, 
et  dont  la  femme,  la  belle  madame  de 
Sauve,  se  rendit  célèbre  dans  les  chroni- 
ques de  la  galanterie.  Ce  haut  fonctionnaire 
n'eut  garde  de  dévier  de  la  religion  du  roi, 
mais  il  eut  un  frère  qui  paraît  avoir  em- 
brassé la  Réforme  et  dont  le  fils,  Moïse, 
fit  souche  de  huguenots.  Moïse  épousa 
(avant  1593)  Isabeau  d'Aigrefeuille,  qui  lui 
donna  entre  autres  enfants,  David,  sgr  de 
St^-Théodoric  et  de  Sauvignargues,  mort 
sans  postérité  et  un  deuxième  David,  ma- 
rié à  Marguerite  de  Troussel  et  père  de  1° 
Marguerite,  femme  d'un  sieur  de  Claris 
de  la  famille  des  Florian  ;  2»  Daniel,  qui 
fut  pourvu,  14  juin  1649,  de  l'ofTice  de 
payeur  des  officiers  de  la  cour  des  comp- 
tes de  Montpellier,  puis  le  30  juill.  1657 
de  celui  de  receveur  général  du  taillon  de 
la  généralité  et  le  4  mai  1655,  sous  le  nom 
de  Pierre  Fizes^,  son  fils  de  celui  de  rece- 
veur payeur  des  collèges  et  universités  de 
la  province.  Les  lettres  de  provision  des 
dits  offices  contenant  la  mention  de  l'exer- 
cice de  la  R.  P.  R.  par  les  destinataires 

'  Armes  :  d'argent  à  la  fasce  de  gueule,  sur- 
montée de  3  merlettes  de  sable. 


furent  régulièrement  enregistrées  à  la  Cour 
des  aides  de  Montpellier  et  les  deux  finan- 
ciers, le  père  et  le  fils,  remplirent  paisi- 
blement leurs  fonctions  durant  25  ans. 
Mais  au  bout  de  ce  temps,  il  plut  au  roi 
de  les  considérer  comme  non  avenues, 
pour  cause  de  religion.  Elles  furent  cas- 
sées par  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  21  mars 
1679.  Les  intéressés  présentèrent  une  sup- 
plique pour  être  maintenus  :  un  nouvel 
arrêt,  du  1er  juillet,  leur  ordonna  de  se 
démettre  de  leurs  offices  en  faveur  de  ca- 
tholiques. Cette  violence  explique  au 
mieux  l'article  suivant  inséré  dans  le  Mer- 
cure galant  du  mois  de  nov.  1685  :  «  Le 
15  de  ce  mois,  M.  Fizes  qui  a  été  receveur 
général  pour  S.  M.  dans  la  généralité  de 
Montpellier,  fit  abjuration,  avec  toute  sa 
sa  famille  et  ses  domestiques,  entre  les 
mains  de  M.  l'archevêque  de  Paris.  Il  des- 
cend de  Siméon  Fizes,  baron  de  Sauve  en 
Languedoc,  qui  avoit  été  secrétaire  d'Etat 
des  commandements  sous  Charles  IX, 
Henri  III  et  Henri  IV.  »  Le  Mercure 
ajoute  qu'il  étoit  l'un  des  24  anciens  de 
Charenton  et  avoit  toujours  paru  un  des 
plus  zélés  pour  la  «  religion  de  Calvin,  » 
tant  qu'il  l'avait  crue  bonne.  Nous  avons 
vu  qu'il  ne  descendait  qu'indirectement  du 
secrétaire  d'Etat  et  quant  à  le  dire  un  des 
anciens  de  l'église  de  Charenton,  c'est  une 
pure  erreur,  probablement  volontaire,  de 
la  pieuse  gazette.  Complétons-la  cependant 
en  disant  que  Daniel  Fizes  obtint  après 
son  abjuration  un  siège  de  conseiller  à  la 
Cour  des  comptes,  aides  et  finances  de 
Montpellier  et  fut  reçu  dans  ce  nouvel  of- 
fice en  1687.  Il  avait  épousé,  30  septemb. 
1652,  Suzanne  de  Sarret,  de  S'-Jean  de 
Védas.  Leur  unique  fils,  Pierre  Fizes,  seigr 
de  Lavanet,  qui  avait  abjuré  avec  son  père, 
n'a  point  fait  parler  de  lui  ;  mais  nous  re- 
cueillons son  nom  dans  nos  discrètes  listes 
du  refuge  :  D'ie  veuve  du  sieur  Pierre 
Fises,  conseiller  à  Montpellier,  établie  à 
Magdebourg  en  1698  (Dieterici). 

Nous  joindrions  volontiers  à  la  suite 
Nicolas-Olivier  de  Fizes,  officier  dans  l'ar- 
mée hollandaise  de  1750  à  1761,  si  ce 
n'est  qu'il  y  avait  en  Languedoc  d'autres 
familles  du  même  nom,  notamment  à  Vil- 
lemagne  (ou  Valmagne,  aujourd'hui  Ville- 
veyrac),  au  diocèse  d'Agde  :  David  Fizes 
était  ancien  de  l'église  réformée  de  Ville- 
magne  en  1616.  Maître  Jean  Fizes,  bour- 


549 


FIZES 


FLANC 


550 


geois  de  Villemagne,  épousa,  17  oct.  1683, 
Marie  Farette  ;  il  s'enfuit  du  royaume  à  la 
Révocation,  et  sa  femme  fut  condamnée  à 
la  prison  perpétuelle,  22  août  1701,  pour 
contravention  aux  édits.  Daniel  Fizes,  col- 
lecteur des  deniers  du  consistoire  de  Ville- 
magne en  1662,  mort  à  Grenoble  en  1669, 
avait  épousé  Marie  Ramadier  fugitive,  à  la 
Révocation,  avec  ses  deux  fils  Jean  et  Da- 
niel. Autres  fugitifs  du  diocèse  d'Agde  à 
la  même  époque;  Moïse  et  Anne  Fizes.  — 
Jacques  Fizes,  de  Vie  près  Sommières 
(conf.  ci-dessus,  col.  270,  no  909),  assisté 
à  Lausanne  d'un  viatique  pour  Cassel, 
1699.  —  Bernard  Fizes,  de  Montpellier, 
assisté  à  Genève,  170'). 

1.  FLAMANT,  de  Paris  [Haag,  V  11  b], 
reçu  à  la  bourgeoisie  genevoise  avec  ses  deux 
fils,  Jacques-Gilbert  et  Isaac,  en  1556.  — 
Martin  et  Nicolas  i^/awieni  de  Valenciennes, 
reçus  habitants  i6td.,  octob.1557. —  «  Pierre 
fils  de  feu  Amyed  Flamens  de  Beaumme,  » 
id.  1558.  —  «  Femme  Flamand  et  ses  fil- 
les, »  enfermées  au  Nouv.  cath.  de  Paris, 
1701  (E  3552).  —  Jean  Flamand,  lieute- 
nant au  service  de  Prusse,  obtient  un  via- 
tique pour  passer  en  Angleterre,  1703.  — 
Pierre  Flaman,  de  Besançon,  tapissier,  id., 
octob.  1572.  —  Judith,  femme  d'Ezéchiel 
Flammand,  d'Amiens,  soldat,  assistée 
(5sh.6)  à  Londres,  1706. 

2.  FLAMAND  (Claude),  ingénieur  mili- 
taire [Haag,V  116].  On  ignore  où  et  com- 
ment sa  carrière  avait  commencé  ;  elle  de- 
vait être  fort  avancée  lorsqu'il  publia  Le 
guide  des  fortifications  et  conduite  militaire 
pour  bien  se  fortifier  et  deffendre,  Montbé- 
liard,  1597,  in-8o  ;  2me  édition,  Basle,  1611, 
in-8o  ;  S^e^  Basle,  1612  ;  traduction  alle- 
mande par  H.-C.  Wieland,  Miimpelg,  1612, 
in-4o.Il  entra  en  1610  au  service  du  duc  de 
Wurtemberg  seigneur  de  Montbéliard  et 
l'année  suivante  il  publia  encore  La  prac- 
tique  et  usage  d'arpenter  et  mesurer  toutes 
superficies  de  terre,  Montbéliard,  Jacq. 
Foillet,  1611,  in-8o  avec  figures  et  le  por- 
trait de  l'auteur  sur  le  titre;  puis,  toujours 
en  1611  à  Montbéliard  :  Les  mathématiques 
et  géométrie  départies  en  cinq  livres,  con- 
tenant ce  qui  est  le  plus  nécessaire  pour 
l'utilité  du  public,  J.  Foillet  ;  2n>e  édition 
(six  livres),  1611,  id.,  222  pages  avec  por- 
trait. Ces  deux  traités  élémentaires  sont 
dédiés  au  duc  de  Wiirtemberg,  Louis-Fré- 
déric. Flamand,  il    nous   l'apprend   lui- 


même,  manquait  d'études  théoriques  et  il 
s'était  formé  par  «  l'usage  et  la  pratique.  » 
On  le  voit  à  ses  ouvrages.  Il  mourut  en 
1626,  laissant  un  fils,  Jean,  qui  fut  admis 
à  la  bourgeoisie  à  Montbéliard  en  1630, 
«  à  la  considération  de  son  art  et  service 
qu'il  avait  rendu  à  la  ville.  »  De  1623  à 
1625,  il  avait  rempli  dans  les  Pays-Bas,  à 
l'armée  du  prince  de  Nassau,  les  fonctions 
d'ingénieur  et  castramétateur.  Rappelé  à 
Montbéliard,  vraisemblablement  par  la 
mort  de  son  père,  il  rédigea  ses  observa- 
tions en  un  volume  in-folio  accompagné 
de  planches,  qui  n'a  pas  vu  le  jour  et  se 
conserve  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
de  Montbéliard,  sous  ce  titre  :  La  manière 
de  camper  selon  l'ordre  et  pratique  de  feu 
l'illustre  prince  de  Nassau.  Il  mourut,  des 
suites  d'un  empoisonnement,  au  mois  de 
septemb.  1634. 

FLAMARRE  (Abraham  de),  fugitif  de 
la  Normandie,  arrêté  pour  sortie  du 
royaume,  1686  (Tt  261).  —  Loys  Flam- 
bart,  de  Villiers  en  Normandie,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  27  nov.  1547  ;  —  (Renauld) 
«  tondeur  de  drapt ,  natif  de  St-Victor  en 
Caux,  dioc.  de  Rouen,  »  id.  1  mars  1557. 
—  Hémont  Flambart  «  tisserand  en  draps 
de  la  ville  de  Meaulx,  »  id.,  août  1554;  la 
femme  du  même  (Aymon  F.)  assistée  à 
Genève,  mai  1555.  —  Loys  Flamoyre, 
«  natif  de  Cougny  dioc.  de  Chartres,  » 
habit,  de  Genève,  oct.  1557. 

FLANC  (Jean),  né  à  la  Rochelle  en 
1607,  étudiant  en  théologie  inscrit  à  l'acad. 
de  Genève  (J.  Flancus  rupellensis)  en  nov. 
1632.  Il  fut  pasteur  de  Loumeau  en  1633, 
puis  d'Angoulins  et  d'Aytré  en  1637, 
et  il  mourut  à  l'âge  de  56  ans  et  10  mois, 
revêtu  des  fonctions  du  saint  ministère. 
Deux  ans  avant  sa  mort,  il  avait  publié 
un  sermon  intitulé  La  vraie  gloire  du  bon 
prêcheur,  ou  sermon  sur  ces  mots  de 
l'apôtre  S'-Paul,  II  Cor.  IV,  5  :  Nous  ne 
preschons  point  nous-mêmes,  prononcé  un 
jour  destiné  à  l'ordination  d'un  pasteur  par 
l'imposition  des  mains  ;  Genève,  de  Tour- 
nes, 1664,  in-8o,  44  pag.  Ce  sermon  com- 
mence par  une  épître  dédicatoire  «  à  M. 
Gaultier  fidèle  ministre  du  S.  Ev.  »  en  ces 
termes  : 

M.  et  très  honoré  frère,  dounaut  au  public 
ce  sermon  qui  a  été  ouï,  de  ceux  qui  y  fu- 
rent presens,  d'oreilles  si  charitables  que 
les    témoignages    qu'ils    m'ont    rendu    de 


551 


FLANC 


FLAVIGNY 


552 


l'édification  qu'ils  en  avoient  receiie,  me 
tournent  k  une  singulière  consolation, 
agréés  s'il  vous  plaist  que  je  vous  le  dédie 
et  que  ce  petit  ouvrage,  portant  votre  nom 
sur  le  front,  me  soit  une  preuve  publique, 
bien  que  foible,  de  l'estime  que  je  fay  de  la 
précieuse  amitié  que  vous  me  portés  ;  mriis 
surtout  des  excellens  dons  que  vons  possé- 
dés et  que  vous  employés  si  dignement  à  la 
gloire  de  notre  commun  Maistre  et  à  l'édi- 
fication de  son  P]glise... 

On  a  fait  grand  tort  à  la  mémoire  de 
cet  honorable  pasteur.  Il  avait  épousé,  le 
27  janv.  i&M,  une  d'ie  Marie  Gendron 
qui  lui  donna  plusieurs  enfants  parmi  les- 
quels un  fils,  prénommé  Jkan  comme  son 
père,  qui  commença  des  études  de  théolo 
gie  en  vue  de  suivre  la  même  carrière, 
mais  se  laissa  séduire  par  les  appâts  de  la 
conversion,  en  1673,  et  entra  dans  un  or- 
dre monastique.  Sur  la  liste  des  pensions 
payées  en  1673  par  le  clergé,  il  est  quali- 
fié de  «  proposant.  »  Il  était  donc  encore 
jeune  alors  et  d'aucune  façon  il  ne  doit 
être  confondu  avec  son  père.  Ce  qui 
achève  de  les  distinguer^  c'est  que  l'apos- 
tat a  publié  sous  le  titre  d'Œuvres  meslées 
(Biogr.  saintongeoise  par  Rainguet.  1851) 
un  recueil  élégant  de  madrigaux,  acrosti- 
ches, sonnets,  placets  au  Roi  et  Lettres 
diverses  à  M^e  la  comtesse  de  Soissons,  à 
Colbert,  à  Le  Voyer,  à  M'i'e  Pépin,  etc. 
Cette  dernière  était  sa  sœur^  Marie  Flanc, 
épouse  de  Jacques  Pépin,  marchand  à  La 
Rochelle  ;  une  autre  sœur,  Olympe,  avait 
épousé,  22  juin.  1627,  un  pasteur,  Jacques 
Gaultier .  C'est  vraisemblablement  à  celui-ci 
qu'est  dédié  le  sermon  que  nous  venons 
de  citer.  Ajoutons  que  le  pasteur  Flanc 
était,  comme  le  pasteur  Jérémie  Ferrier, 
un  amateur  de  curiosités.  Pierre  Borel 
dans  son  «  Roole  des  principaux  cabinets 
de  l'Europe,  »  le  signale  comme  «  collec- 
tionneur, à  La  Rochelle.  » 

FLANDIN,  d'Uzès,  établi  à  Orbe  (Vaud) 
en  1748.  —  Flandreau.  famille  d'artisans 
de  La  Rochelle,  réfugiée  à  Londres,  1706. 
—  Nicolas  Flandrin,  de  Meaux,  reçu  ha- 
bitant de  Genève,  déc.  1559.  La  veuve  de 
(Pierre),  brodeuse,  réfugiée  à  Halberstadt, 
1700.  —  Jean  F/andry,  de  Châteaudoiible, 
assisté  à  Genève  de  vêtements  et  d'un  via- 
tique pour  le  Brandebourg,  1699.  —  Ben- 
jamin Flarenc,  né  à  Londres,  étudiant  en 
phil.  à  l'acad.  de  Genève,  juin   1752.  — 


Jeanne  et  Marie  Flaugère  {Flauger),  de 
Nérac,  celle-ci  aveugle,  34  ans,  assistée 
(4  1.  1  sh.)  à  Londres,  1706.  —  Léonard 
Flavard,  ministre  de  Belleville  en  Bour- 
gogne, 1562  ;  (Raymond),  d'Anduze,  reçu 
habitant  de  Genève,  septembre  1555; 
ministre  à  Lezan,  1570-72  ;  à  S^-André  de 
Val,  1578-88  ;  autre,  ministre  à  St-Mar- 
tin  de  Roahaux  en  1568.  Flavard,  ancien 
de  l'église  d'Anduze  délégué  aux  synodes 
des  Cévennes,  1674,  1678.  Charles  Fla- 
vard, d'Anduze,  proposant  en  1682,  mi- 
nistre de  la  colonie  de  Magdebourg,  1698- 
1705.  Henri  Flavard,  enseigne  dans  l'ar- 
mée hollandaise,  170').  —Jacques  Flavier, 
de  Milhaud,  assisté  à  Genève  d'un  viati- 
que pour  Berne,  1702. 

FLAVIGNY  (Miche;,  de),  d'une  famille 
messine,  mentionnée  dès  le  XV™^  siècle. 
Il  était  aman  de  Metz,  ancien  de  l'église, 
et  fut  anobli  par  Henri  IV,  mars  1595, 
pour  ses  bons  services  et  ceux  de  son  père. 
Celui-ci,  René  ou  Renaudin  de  Flavigny 
avait  levé  à  Metz  en  1589  une  compagnie 
de  chevau-légers  avec  laquelle  il  rejoignit 
l'armée  du  roi  et  alla  au  siège  de  Rouen. 
Il  fut  tué  étant  en  garnison  à  Metz  (avant 
1595).  Michel  mourut  en  1610,  sans  lais- 
ser d'enfants  de  sa  femme,  Clauda  Loisil- 
lon,  qu'il  avait  épousée  en  1596  et  qui  se 
remaria,  nov.  1614,  avec  François  Serre, 
secrétaire  interprète. 

Autre  branche  :  François  de  Flavigny, 
aman,  conseiller  échevin  et  l'un  des 
Treize,  ancien  de  l'église,  laisse  un  fils, 
Jean,  né  en  1567,  qui  épouse,  4  août  1604, 
Suzanne  Domangin  qui  lui  donna  seize 
enfants.  Il  était  seigneur  de  Mancourt  et 
de  Verny  et  «  ayant  charge  des  dépêches 
du  Roy  en  Allemagne.  »  De  1597  à  1626, 
il  fut  aussi  le  correspondant  à  Metz  du 
magistrat  de  Strasbourg,  à  raison  de  24 
florins  d'or  par  an  ^  L'aîné  de  ses  enfants, 
Pierre,  né  en  1606,  seigni"  de  Mancourt, 
Verny,  Lahorgne,  capitaine  d'infanterie, 
épousa  en  1627  Marie  fille  de  Jacques  Les- 
pingal  et  mourut  en  1681,  laissant  plusieurs 
enfants,  dont  :  Pierre  né  en  1628,  Louis 

1  On  a  de  Ini  à  la  Bibl.  nat.  (mss.  îr. 
4118)  trente-six  lellre.<!,  datées  de  Metz,  de  lbl7 
â  16-.^5,  adressées  à  «  M.  de  S'"  CatLerine,  con- 
seiller dn  Roy  et  agent  de  S.  M.  près  les  juin- 
.ces  d'Allemagne,  â  Heydelberg.  »  —  11  y  avait 
un  ancien  de  l'église  do  Paris  nommé  de  Flavigny, 
en  1560. 


55( 


FLAVIGNY 


FLEUKETON 


554 


né  en  1638,  tous  deux  capitaines  au  régi- 
ment du  Maine,  et  Benjamin  né  en  1639, 
sr  de  Vigny,  capitaine  de  cavalerie  au  ré- 
giment de  la  reine,  marié  en  1681  à  Su- 
zanne fdie  de  Barthélémy  Morel  s""  de  Vil- 
liers-lOrme.  De  cette  union  naquirent  : 
lo  Louis  né  à  Metz  en  1685,  lieutenant, 
mort  à  Berlin  en  1729  ;  2o  Benjamin  né  cà 
Metz  en  1687,  s""  de  Vigny,  capitaine  de 
cavalerie,  mort  à  Berlin  en  1739,  lequel 
épousa  en  1726  Suzanne  fille  de  Jérémie 
de  Vigneulle  s""  de  Dommangeville  et  en 
secondes  noces,  1742,  Marie  fille  de  Paul 
Ancillon  d"",  née  à  Basic.  Un  autre  Benja- 
min de  Flavigny,  capitaine  au  régiment 
de  Normandie  épousa  à  Metz  en  1719  Ju- 
dith Ancillon,  fille  de  Joseph  Ancillon 
conseiller  de  cour  et  d'ambassade  à  Berlin 
et  de  Marie  de  Flavigny.  Peu  à  peu  toute 
cette  famille  se  trouve,  après  la  Révoca- 
tion, transportée  en  Prusse  (Cuvier). 

FLEAUD  (Germain),  d'Orléans,  méde- 
cin, réfugié  à  Genève  à  la  St-Barthélemy 
et  admis  à  titre  d'habitant  le  9  fév.  1573. 

—  Anne  Fléché,  de  Paris,  72  ans,  assistée 
(17  sh.)  à  Londres,  1706.  —  Isabeau  et  Ca- 
therine Flécher e,  d'Orange,  assistées  à  Ge- 
nève, 1703;  —  (Jean),  travailleur  de  terre 
du  Dauphiné,  mort  à  Lausanne,  1720.  — 
Fléchier,  pasteur  du  Désert,  voy.  Jean 
Molines  dont  c'était  le  sobriquet.  —  Pierre 
Fléchon,  de  Provence,  assisté  à  Londres, 
1706.  —  Michel  de  Flemme,  natif  de  Pa- 
ris, reçu  habitant  de  Genève,  fév.  1559. 

—  Pierre  de  Flenniéres  de  Hopbin  (Hou- 
plin  ?)  en  Champagne,  prosélyte,  réfugié 
à  Kônigsberg,  1698.  —  Benjamin  Flessiére 
(ou  Flaissières  ?),  de  S^-Martial  en  Céven- 
nes,  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
l'Allemagne,  1701;  voy.  Viollier.  — 
Fleur,  famille  réfugiée  de  France  cà  Lau- 
sanne, en  1572.  Philibert  Fleur,  labou- 
reur, réfugié  avec  sa  famille  (4  p.)  à  Ber- 
nau  en  Prusse,  1700.  —  «  La  veuve  du 
sieur  Fleur  and,  de  Chatelleraut  en  Poic- 
tou,  »  réfugiée  à  Halberstadt,  1700. 

FLEUREAU,  famille  de  l'Orléanais. 
ÉsAÏE  Flenreau,  ministre  à  Jargeau,  1594 
(Tt  238).  Autre  Ésaïe,  ancien  de  l'égUse 
d'Orléans  en  1598.  (Philippe)  et  Gabrielle 
de  Lugray  sa  femme  font  baptiser  leur  fils 
Paul  à  Charenton,  janv.  1612  ;  parrain 
Paul  Tournemine  s^  de  Campsilion.  — 
François  Fleuriau,  marchand  à  Chatelle- 
rault,  né  en   1611,  marié  a  Régente  Cha- 


mois. Plusieurs  enfants  dont  l'aîné,  Jean, 
né  en  1635,  fut  «  imprimeur  du  Roi  et  de 
nos  seigneurs  de  la  chambre,  »  à  Poitiers. 
Ses  petits-fils  Samuel,  orfèvre  et  François 
marchand  raCTineur  (1667-1729)  étaient 
établis  à  La  Rochelle.  Un  fils  de  ce  der- 
nier, Aimé-Benjamin,  né  en  17C9,  devint 
«  officier  commensal  de  la  maison  du  roi  » 
(en  qualité  de  trompette  de  la  chambre) 
écuyer  et  seigneur  de  Touchelonge.  Il 
épousa,  17  août  1756,  Marie-Anne-Su- 
zanne Liège,  restée  protestante  comme  lui 
malgré  les  édits,  grâce  à  la  connivence  de 
prêtres  (surtout  de  l'Oratoire)  complaisants 
à  délivrer  des  certificats  ^  Un  de  ses  frè- 
res, Paul  (1711-1780)  se  maria  à  Paris, 
20  juin.  1751,  à  la  chapelle  de  l'ambas- 
sade de  Hollande.  Aimé-Benjamin  eut  plu- 
sieurs enfants  dont  l'aîné,  Aimé-Paul,  né 
à  La  Rochelle  le  27  mai  1757,  fut  officier 
commensal  de  la  maison  du  Roi  (comme 
garde  des  levrettes)  en  1773,  puis  receveur 
général  des  finances  à  Moulins,  et  mourut 
en  1793  à  Philadelphie.  Il  avait  eu  de  sa 
femme,  Catherine  Laval,  un  fils,  qui  fut  : 
Aimé-Benjamin  de  Fleuriau,  né  le  12  juin 
1783,  capitaine  de  vaisseau  directeur  du 
personnel  au  ministère  de  la  marine,  mort 
à  Paris  en  1862.  Cette  branche  de  la  fa- 
mille est  rentrée  dans  le  catholicisme.  Un 
frère  cadet  d'Aimé-Paul,  plus  fidèle  aux 
traditions  de  ses  pères,  Louis-Benjamin 
Fleuriau,  de  Bellevue,  né  à  La  Rochelle  le 
23  fév.  1761,  mort  dans  cette  ville  le  3 
fév.  1852,  se  distingua  comme  naturaliste 
et  comme  philanthrope  ;  il  fut  conseiller 
général  de  son  département  de  1801  à 
1850,  député  de  1820  à  1831,  membre  cor- 
respondant de  l'Institut  et  auteur  d'un 
grand  nombre  de  mémoires  scientifiques. 
Ses  concitoyens  lui  ont  élevé  une  statue, 
en  1854,  dans  le  jardin  des  plantes  de  La 
Rochelle.  —  Fleuret,  ministre  d'Epernay 
en  1583  ;  (Isaac)  de  la  Sauvetat  en  Age- 
nois,  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
l'Angleterre,  1703  ;  (Moïse),  de  Vinsobre 
en  Dauphiné,  assisté  à  Genève  et  à  Lau- 
sanne, en  passant,  nov.  1707. 

FLEURETON  (François),  papetier  de 
Grenoble,  réfugié  à  Prenzlowen  1700  avec 
sa  famille  (8  pers.),  puis  à  Berlin  [Maag, 
V  116].  L'industrie  française  eut  beaucoup 
à  souffrir,  personne  ne  le  conteste,  de  la 

'  Notes  de  M.  de  PiICHemond. 


555 


FLEURETON   —   FLEUIIY 


.56 


révocation  de  l'édit  de  Nantes  ;  et  de  ses 
diverses  branches,  une  de  celles  à  qui  cette 
mesure  impolitique  porta  le  coup  le  plus 
funeste,  c'est  la  papeterie.  Fleureton  à 
Berlin,  les  frères  Vincent  à  Amsterdam, 
Paul  Dupin  à  Londres,  fondèrent  de  vas- 
tes manufactures  de  papier  qui  prirent 
avec  le  temps  un  développement  immense. 
En  1616.  Martin  Orges  avait  déjà  établi 
dans  la  Gueldre  des  papeteries,  mais  elles 
étaient  peu  florissantes,  faute  d'ouvriers 
habiles  ;  le  gouvernement  de  Louis  XIV 
se  chargea  lui-même  de  leur  en  fournir. 
Cependant  ce  n'est  pas  sans  efforts  et  sans 
sacrifices  que  l'industrie  nouvelle  s'im- 
planta en  Prusse,  en  Hollande  et  en  An- 
gleterre ;  mais  les  gouvernements  vinrent 
avec  empressement  en  aide  aux  fabricants. 
Fleureton,  par  exemple,  reçut  à  plusieurs 
reprises  des  sommes  importantes  de  l'élec- 
teur, et  ces  secours,  joints  à  une  protec- 
tion efficace,  mirent,  au  bout  de  peu  d'an- 
nées, sa  manufacture  en  bonne  voie  de 
prospérer. 

Fleurigny,  voy.  Chandieu,  La  Barre, 
La  Taille  des  Essarts. 

FLEUUISSON  (Pierre),  chirurgien  à 
l'île  de  Réclam,  persistant  à  y  rester  mal- 
gré l'ordre  d'en  sortir,  1672,  l'Intendant 
persiste  dans  son  ordre  d'expulsion  et  se 
fonde  sur  la  déclaration  de  1629  dont  l'es- 
prit, dit-il,  ne  permet  pas  aux  religionnai- 
res  de  se  multiplier  dans  une  île  si  fré- 
quentée par  les  Anglais  (ït,  Tourlet)  ;  — 
Esther  Fleurisson  et  Marie  sa  sa^ur  «  de 
Xaintonge,  fille  d'un  chirurgien,  »  51  et 
47  ans,  assistées  (6  1.)  à  Londres,  1702.  — 
De  Fleuron,  officier  dans  l'armée  hollan- 
daise, 1666.  —  Fleurus.  réfugié  à  Payerne 
en  1713. 

1.  FLEURY  ou  de  La  Rivoire,  ministre 
de  Montauban  et  de  Castres  [Haag,  V  118]. 
En  1361,  le  protestantisme  avait  déjà  fait 
de  si  grands  progrès  dans  cette  dernière 
ville,  que  le  pasteur  Barthe  ne  pouvant 
plus  suffire  à  l'accomplissement  de  ses  de- 
voirs, on  demanda  un  second  ministre  au 
consistoire  de  Genève,  qui  y  envoya  La 
Rivoire  dans  les  premiers  jours  de  mai.  Le 
culte  public,  que  les  menaces  de  .loyeuse 
avaient  forcé  d'interrompre,  recommença  ; 
on  célébra  même  la  cène  pour  la  première 
fois  sans  se  couvrir  d'aucun  mystère. 
Quelques  mois  après  fut  rendu  l'édit  de 
Janvier  qui  devait  assurer  l'existence  lé- 


gale de  l'Église  réformée  ;  mais  ce  fut  en 
vain  que  les  protestants  demandèrent  des 
temples  ;  ils  durent  se  contenter  de  célé- 
brer leur  culte,  comme  ils  le  faisaient  déjà, 
à  l'École  vieille  et  dans  des  maisons  par- 
ticulières, dans  celles,  entre  autres,  de 
Jean  Raimond,  de  Gely  et  d'Esquirol,  et 
ils  continuèrent  ainsi  jusqu'à  l'explosion 
de  la  guerre  civile.  S'étant  rendus  maîtres 
de  Castres  sans  coup  férir,  les  huguenots 
ouvrirent  les  portes  des  églises  catholiques 
à  La  Rivoire  et  à  ses  deux  collègues.  Du 
Bosquet  et  Savin,  qui  y  prêchèrent  jusqu'à 
la  conclusion  de  la  paix.  La  Rivoire  quit- 
ta l'église  de  Castres  pendant  quelques  an- 
nées pour  celle  de  Montauban.  On  lit  dans 
les  registres  de  baptême  de  cette  dernière 
ville,  qu'une  fille  qu'il  eut  de  Marie  Bris- 
son,  sa  femme,  y  fut  baptisée  le  11  oct. 
1573  (présentée  par  M.  Robert  Constantin 
et  M' le  de  Segonzac)  et  dans  les  reg.  de 
mariage  (1367-80  fo  73)  qu'il  épousa  en 
secondes  noces  d^e  Marguerite  de  Blanc, 
le  29  avril  1373.  Pendant  les  années  qu'il 
desservit  l'église  de  Castres,  la  vie  de  La 
Rivoire  fut  tourmentée  par  les  vicissitu- 
des de  la  guerre  :  tour  à  tour  banni  ou  ré- 
tabli dans  ses  fonctions,  selon  que  les  ca- 
tholiques ou  les  protestants  dominaient 
dans  la  ville,  il  eut  au  moins  la  satisfac- 
tion de  mourir  au  milieu  de  son  troupeau, 
le  18  août  1591.  L'aîné  de  ses  deux  fils, 
nommé  Pierre,  fut  procureur  du  roi  à 
Castres  et  mourut  en  1605.  Jacques  de 
La  Rivoire  docteur  et  avocat  à  Castres  en 
1634,  marié  avec  Anne  Villa^'et,  était 
peut-être  aussi  son  fils  ou  son  petit-fils 
(reg.  de  baptêmes  de  Castres,  1620  fol. 
142). 

2.  FLEURY  (Jean),  de  l'Anjou  [Haag, 
V  117],  fit  ses  études  en  théologie  à  Ge- 
nève, où  il  est  inscrit  (J.  Floridus  andega- 
vus)  à  la  date  du  28  juill.  1380.  Parmi  les 
Thèses  de  Genève,  on  en  trouve  deux  qui 
ont  été  soutenues  par  lui,  l'une  De  scien- 
tiâ  Dei,  l'autre  De  animée  humanse  facul- 
tatibus.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  com- 
mença par  être  ministre  de  la  maison  de 
Charles  Eschallard  de  la  Boulaye,  puis  il 
fut  nommé  ministre  àBaugé.  Ce  fut  en  cette 
qualité  qu'il  fut  député  par  l'Anjou  à  l'as- 
semblée politique  de  La  Rochelle,  en  1588. 
Ensuite  il  fut  adjoint,  comme  auxiliaire, 
1591,  à  Jean  Loiweau,  son  beau-père, 
ministre  à  Fontenay-le-comte.  On  le  députa 


557 


FLEURY 


558 


au  synode  national  de  Gap,  en  1603,  et  à 
l'assemblée  politique  de  Châtellerault,  en 
1605.  Quatre  ans  plus  tard,  à  la  demande 
des  trois  mandataires  de  l'église  de  Loudun, 
de  Cerisiers,  Guérinet  Du  Moustier,  le  sy- 
node national  de  Saint-Maixent  l'accorda  à 
cette  église.  En  1611,  Fleury  fut  de  nou- 
veau député  à  l'assemblée  politique  de  Sau- 
mur;  et  en  1614,  sur  l'ordre  du  synode 
national  de  Tonneins,  il  travailla,  avec  Du 
Plessis-Mornay,  à  apaiser  le  différend  qui 
s'était  élevé  entre  Du  Moulin  et  Tilénus. 
Ce  petit  nombre  de  particularités,  re- 
cueillies çà  et  là  sur  sa  vie,  prouvent  que 
Fleury  jouissait  d'une  certaine  impor- 
tance dans  l'Église,  et  qu'elle  lui  avait  été 
acquise  par  son  caractère  et  ses  talents. 
Quant  à  ces  derniers,  nous  pouvons  en  ju- 
ger jusqu'à  un  certain  point  par  les  actes 
d'une  Dispute  qu'il  eut,  vers  1609,  avec  le 
Père  Jovye,  au  sujet  de  Mme  Cerisay  que 
le  moine  voulait  amener  à  suivre  l'exemple 
de  son  mari  qui  s'était  converti.  Cette  Dis- 
pute, qui  ne  nous  est  counue  que  par  la 
relation  de  son  adversaire  (Saumur,  1611, 
in-8o),  eut  lieu  par  écrit  et  roula  sur  l'au- 
torité de  l'Eglise  et  de  l'Écriture,  les  ima- 
ges, le  voyage  de  Saint-Pierre  à  Rome.  Le 
P.  Jovye  nous  fait  connaître  avec  loyauté, 
nous  aimons  à  le  croire,  les  arguments  du 
ministre,  qui  fit  certainement  preuve  d'é- 
rudition et  d'habileté.  Dans  les  actes  de 
l'église  de  Fontenay  il  est  désigné  sous  le 
nom  de  Jean  Fleury  dit  le  Huppé. 

3.  FLEURY  (Jean),  ministre  à  Paris, 
appelé  pour  prêcher  à  Nantes  en  1558 
{Bull.  VU  329).  —  (Samuel),  ministre  des 
Sables  d'Olonne  et  de  La  Chaume,  1620  ; 
de  Montaigu  en  Poitou,  1626.  —  (Pierre) 
faisait  ses  études  de  théologie  à  Loudun 
en  1635  [Haag,  V  117].  Il  y  soutint  une 
thèse  De  duplici  testamento,  qui  a  été  in- 
sérée dans  les  Thèses  sedanenses.  Il  des- 
servit plus  tard  une  église  de  la  Touraine, 
Saint-Aignan,  comme  nous  l'apprennent 
les  actes  d'un  synode  provincial  (en  1673) 
où  il  remplit  les  fonctions  de  secrétaire 
(Tt  284).  —  (Louis),  ministre  à  Chauvigny 
en  Touraine,  1673.  —  «  Ludovicus  Fleu- 
ry, gallus,  pasteur  réfugié,  demeure  chez 
son  frère,  »  à  Leyde  (reg.  de  l'acad.  de 
Leyde).  oct.  1687.  Il  est  admis  le  13  juill. 
1689  au  titre  de  pasteur  ordinaire  à  Leyde 
{Bull,  des  églises  ivall.  l,  134).  — (Louis), 
ministre  de  Saint-Lô  depuis  1678,  se  vit 


en  butte  à  mille  tracasseries  à  dater  du 
jour  de  son  élection.  On  voulut  d'abord  le 
forcer,  contre  l'usage,  à  prêter  serment  de 
fidélité  avant  son  entrée  en  fonctions.  Sur 
son  refus,  pourvoi  devant  les  commissai- 
res. De  Bussy-Cornet,  commissaire  protes- 
tant, l'approuva,  le  commissaire  catholi- 
que lui  donna  tort,  et  pour  vider  le  par- 
tage, l'affaire  fut  portée  au  Conseil  du  roi 
qui  ordonna  de  ne  rien  innover.  En  1684, 
nouveau  procès,  et  cette  fois,  Fleury,  avec 
son  collègue  Jemblin,  fut  condamné  à  l'a- 
mende et  relégué  à  vingt  lieues  de  Saint- 
Lô,  parce  que,  sur  les  registres  du  consis- 
toire, on  avait  trouvé  les  mois  d'erreurs 
et  d'abus  appliqués  à  l'Église  romaine. 
Fleury  fut  placé  à  Saint-Aignan  dans  le 
Maine  ;  mais  à  peine  y  était-il  installé  que 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  le  força 
à  sortir  de  France.  Accompagné  de  Forent, 
ministre  de  Sion,  et  de  Bely,  ministre  de 
la  princesse  de  Tarente,  dont  on  retint  en 
France  la  femme  et  les  enfants,  il  passa 
en  Angleterre  et  desservit  à  Londres  plu- 
sieurs des  églises  fondées  par  les  réfugiés. 
En  1705  il  était  pasteur  de  l'église  de  la  Nou- 
velle-Patente. —  «  Philippus  Amalaricus 
F^lori,  pasteur,  demeurant  chez  son  père,  » 
inscrit  sur  les  reg.  de  l'acad.  de  Leyde, 
juillet  1700. 

4.  FLEURY  (Nicolas),  l'un  des  héréti- 
ques de  Meaux  poursuivis  en  1546.  —  Un 
capitaine  Fleury  qui  servait  sous  La  Noue 
fut  tué  en  1570  à  la  prise  des  Sables  d'O- 
lonne. —  Un  marin  normand,  nommé  le 
capitaine  Fleury,  suivit  et  seconda  Soubise 
dans  son  entreprise  sur  Blavet,  en   1621. 

—  Louis  de  Fleury  écuyer,  sr  de  Varen- 
nes  près  Brie  sur  Marne,  inhumé  à  Paris, 
1631. —  Fleury,  famille  rocheloise.  (Jac- 
ques) épouse  au  prêche  de  La  Rochelle, 
Marguerite  Gorrion,  d'oti  un  fils,  Jean,  ba[i- 
tisé  le  26  oct.  1578,  présenté  par  Jean  Gas- 
chot  seigr  de  Viché.  —  Le  29  janv.  1637, 
Alexandre  Fleury  seigr  des  Granges  de 
Vierson  épouse  Marie  Thévenin,  d'où  une 
fille,  Marianne,  qui  épouse  François  Bar- 
donnin  seigr  de  Sonneville  (RniHEMONo). 

—  Daniel  Fleury,  habitant  de  Blois  qui 
avait  accepté  la  conversion  forcée,  con- 
damné, 22  mai  1698  :  «  Pour  avoir,  ledit 
Fleuri,  chanté  des  pseaumes,  lu  la  Bible 
et  fait  des  prières,  à  la  manière  des  pré- 
tendus Réformés,  dans  sa  famille,  nous 
l'avons  condamné  et  condamnons  à  être 


559 


FLEURY  —  FLORAC 


560 


banni  pour  trois  années  du  ressort  des 
bailliages  d'Orléans  et  de  Blois,  lieu  de  sa 
demeure,  lui  faisant  défenses  d'enfreindre 
son  ban,  sous  les  peines  portées  par  les 
déclarations,  et  à  trente  livres  d'amende.» 
Ses  biens  furent  donnés  à  Jean  et  Israël 
Douseau,  qui  se  convertirent  (M  673).  — 
Abraham  Fleury  né  à  Tours  eu  1642,  an- 
cien vers  1680,  l'éfiigié  aux  États-Unis  à 
la  Révocation  ;  —  (Daniel),  ouvrier  en  soie 
à  Tours,  assisté  à  Londres  avec  sa  famille, 
1702.  —  (Jean),  de  Tonneins  en  Guyenne, 
id.  1703. 

FLIE  (Erxault  de),  i  natif  de  la  ville 
de  Calais  en  Angleterre,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  septemb.  15ol.  Mallet,  sieur 
de  Flie,  vers  1680  [VII  191  b].  —  Pierre 
Flocard,  massacré  à  Lyon,  1372.  — Jeanne 
Flogère  et  sa  sœur,  voy.  Flaugère.  —  Ma- 
rianne Flon  et  sa  fille,  assistées  à  Londres, 
1710.  — Jean  de  Flon,  né  à  Bordeaux  sur  la 
fin  du  XVI"ie  siècle.  Gillis  de  Flon,  son  fils, 
construisit  en  Suède  des  forges  importan- 
tes. Johan,  fils  de  Gillis,  marchand  à 
Stockholm  et  riche  capitaliste,  anobli  en 
1674  sous  le  nom  de  Adlercrona  ;  mort 
sans  postérité  en  1687.  —  Jehan  Floquet 
«  chappeur  de  marme  »  (tailleur  de  mar- 
bre), reçu  habitant  de  Genève,  1539.  — 
Une  famille  du  même  nom  à  Metz,  laquelle 
donna  plusieurs  anciens  à  l'église  :  Didier 
Flon,  lo'}3  ;  Guillaume,  1396;  Abraham, 
marié  en  1656  à  Marie  de  Lassus. 

FLORAC  (...  dk),  ministre  d'Angoulême 
en  1362  [Haag,  V  118J.  La  religion  pro- 
testante dont  la  première  semence  avait 
été  répandue  dans  cette  ville  par  Calvin, 
y  avait  fait  de  grands  progrès,  grâce  aux 
travaux  apostoliques  des  ministres  Cour- 
lieu  et  Jean  de  Voyon,  qui  y  avaient  or- 
ganisé une  église  en  1539.  Dès  13t}l,  les 
protestants  d'Angoulême  osèrent  célébrer 
publiquement  leur  culte,  et  les  magistrats 
ayant  interdit  leurs  assemblées  religieuses 
sous  des  peines  rigoureuses,  ils  leur  firent 
répondre  que  leurs  consciences  leur  étaient 
plus  chères  que  la  vie.  Sansac,  gouver- 
neur de  la  province,  prévenu  de  cette  dés- 
obéissance, se  rendit  sur  les  lieux,  fit  ar- 
rêter Jean  de  Voyon  et  commença  des 
poursuites  criminelles  au  sujet  du  baptême 
d'un  enfant  de  Jean  Ferrant,  conseiller  au 
siège  présidial,  qui  avait  été  administré 
par  le  ministre  avec  une  certaine  solen- 
nité. On  conserve  à  la  Biblioth.  nationale 


{Coll.  du  Puy,  vol.  388)  une  lettre  adressée 
à  ce  sujet  par  les  principaux  membres  de 
l'église  «  à  MM.  les  officiers  du  Roy  d'An- 
goulmois  et  maire  et  capne  de  la  ville 
d'Angoulesme,  »  non  seulement  pour  re- 
pousser le  reproche  de  sédition  qu'on  leur 
adressait,  mais  pour  demander  la  liberté 
du  culte.  Cette  lettre  est  signée  par  Bouteil- 
ler,  Chotard,  Avril,  Miction,  F.  Desmier, 
Mallat,  A .  Terrasson,  Ruspide,  A .  et  C.  Car- 
rouhet.  Faignant,  P.  Ythier,  Rabiou,  Pastu- 
ron,  Garron,  Glaiignon,  de  Rofjignac,  Gaul- 
tier, de  Ma^xilhac,  Videlayne,  de  Lespine, 
Mânes,  de  la  Combe.  Roger  et  Coeffet.  Elle 
se  termine  par  ces  sages  paroles  : 

Et  atin  que  Ion  ne  puis.-e  caliuiipnier  les 
dites  assemblées  de  seddition  ou  autre  en- 
Ireprinse  indeue,  ilz  supplient  vous,  nos 
Seigneurs,  que  telz  de  vous  ou  autres  qu'il 
vous  plaira  depputer  prennent  la  poyne  de 
entrer  quant  bon  leur  semblera  ausdites 
assemblées,  ce  qui  leur  sera  loisil)le  tou- 
jours quant  il  s'en  fera,  atin  qu'ils  enten- 
dent sil  se  faict  ou  dict  chose  qui  soit  con- 
tre l'honneur  de  Dieu  et  l'obéissance  et 
subjection  deue  au  Roy  nostre  souverain 
seigneur  ou  qui  puisse  tendre  a  aucune 
seddition  et  emotitn  populaire.  Et  où  vous, 
ou  aucun  de  vous,  voudriez  passer  oultre 
et  entreprendre  contre  lad.  remonstrance 
et  empescher  lesd.  assemblées  privées  sans 
armes,  vous  déclairent  qu'ilz  sont  appellans 
et  appellent  à  la  majesté  du  Roy  auquel  ilz 
entendent  remonstrer  leur  bonne  et  juste 
cause...  et  pour  ce  qu'ilz  ont  entendu  que 
aucun  desd.  officiers  du  Roy  s'efforcent  de 
infoi'mer  de  ceulx  qui  ont  assisté  cette  sep- 
maine  esdites  assemblées  lesd.  soubsignez 
certifâeut  que  la  vérité  est  que  mardi  dernier 
environ  midi  fut  faicte  assemblée  de  certains 
hommes  et  femmes  en  la  maison  de  Jacques 
Mânes  où  ilz  firent  a  portes  ouvertes  prières 
et  oraisons  a  Dieu  et  entendirent  une  exorta- 
tion  qui  leur  fut  faite  par  aucun  d'entre  eulx  ; 
et  ce  faict  se  retirèrent  paisiblement  chacun 
d'eulx  en  leurs  maisons;  et  derechef  jeudi 
dernier  fut  faict  environ  Iheure  de  cinq 
heures  du  matin  ung  baptesme  en  la  mai- 
son de  Pierre  Camboys  marchant,  ou  pareil- 
lement y  eut  assemblée  de  certains  hommes 
et  femmes  sans  armes  et  a  portes  ouvertes 
après  laquelle  ilz  se  retirèrent  chacun  en 
leurs  maisons  doulcement  et  paisiblement 
sans  ce  que  aucun  scandalle  ou  émotions  en 
soyt  ensuivy  a  cause  de  ce  et  n'en  advien- 
dra cy  après,  Dieu  aydant,  si  elle  n'est  re- 


561 


FLORAC 


FLOTTARD 


562 


cherchée  et  procurée  de  la  part  des  adver- 
saires de  la  vérité. 

Soit  que  la  fermeté  des  huguenots  en 
imposât  à  Sansac,  soit  plutôt  qu'il  craignît 
de  se  compromettre  et  que,  comme  tant 
d'autres  fonctionnaires,  il  voulût  attendre 
que  la  reine-mère  se  prononçât  pour  se 
prononcer  à  son  tour,  il  quitta  Angouléme 
sans  donner  aux  chanoines,  qui  l'avaient 
appelé,  la  satisfaction  qu'ils  attendaient  de 
lui. 

La  détention  de  Jean  de  Voyon  n'inter- 
rompit d'ailleurs  en  aucune  façon  les  exer- 
cices reUgieux  des  protestants.  Au  mois 
de  nov.  1561,  l'église  d'Angoulême  avait 
pour  pasteur  Dumont.  et  elle  était  si  nom- 
breuse qu'il  fallait  songer  à  lui  donner  un 
aide  {mss.  de  Genève  197aa,  carton  1).  On 
s'adressa  donc  au  consistoire  de  Genève. 
C'est  apparemment  sur  cette  demande,  que 
le  sieur  de  Florac  fut  envoyé,  si  toutefois 
il  n'est  pas  le  même  que  Jean  de  Voyon. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  supposition, 
Florac  desservait  l'église  d'Angoulême 
lorsque  la  guerre  civile  éclata. 

Pendant  quelque  temps,  les  sectateurs 
des  deux  religions  vécurent  en  assez  bonne 
harmonie  ;  mais  lorsque  la  nouvelle  de  la 
prise  de  Poitiers  se  répandit,  les  hugue- 
nots, frappés  de  terreur,  ne  songèrent 
plus  qu'à  fuir.  Sansac  rentra  dans  la  ville 
avec  un  corps  de  troupes,  «  et  lors  com- 
mencèrent toutes  sortes  d'excès  et  d'op- 
pressions qu'il  est  possible  d'imaginer.  » 
Des  soldats  furent  lancés  dans  la  campa- 
gne à  la  poursuite  des  fugitifs.  Florac  qui 
s'était  réfugié  aux  environs  d'Angoulême, 
eut  le  bonheur  d'échapper  avec  ses  deux 
frères  aux  soldats  envoyés  pour  l'arrêter  ; 
mais  sa  maison  fut  pillée.  Moins  heureux, 
Jean  Barrant,  homme  de  lettres,  et  son 
neveu  Florentin,  tombèrent  entre  les  mains 
des  catholiques  avec  trois  dames  de  qua- 
lité qui  les  accompagnaient  dans  leur 
fuite  :  les  femmes  furent  livrées  à  la  bru- 
talité du  soldat,  et  les  deux  hommes  pen- 
dus. Laurent  Mallar,  Paul  Mussant,  Ma- 
thurin  Feugnant,  Pierre  Just,  âgé  de  20 
ans,  «  jeune  homme  fort  docte  et  de  bon 
esprit,  »  subirent  le  même  sort,  et  leur 
exécution  fut  suivie  de  celle  du  bourreau 
qui  avait  osé  refusé  son  ministère.  Jacob 
Mânes,  vieillard  de  80  ans,  fut  conduit 
hors  de  la   ville    au  son  du  tambourin, 


abattu  d'un  coup  de  pistolet  et  laissé  pour 
mort  sur  la  place  ;  mais  la  blessure  n'était 
pas  mortelle,  et  il  guérit.  Et,  ajoute  Cres- 
pin,  «  pendant  qu'on  besongnoit  ainsi 
dans  la  ville,  c'estoit  une  horreur  de  ce 
qui  se  faisoit  aux  champs.  » 

FLORET  (André),  ministre  à  Montbé- 
liard,  1574.  —  Flori  ou  Flory,  pasteur  et 
professeur  à  Nîmes,  1651  ;  —  Elle  Flory, 
d'Aumessas,  pasteur  à  Aumessas,  1660-65  ; 
à  Valleraugue,  1665  ;  à  S'-Laurent-du-Mey- 
nier,  1669;  à  Aulas,  1675-76.  —  (David), 
d'Anduze,  assisté  d'un  viatique  à  Genève, 
1701.  —  Michel  Floris  ministre  à  Toulouse, 
1558;  à  Castres,  1561;  à  Belestat,  1572. 
—  Josias  Floriet  de  Beaune,  étudiant  à 
Genève  (J.Florietusbelnensis), 1622;  épouse 
à  Metz,  en  1632,  Sara  fdle  d'Isaac  Marion, 
et  en  1637  Anne  fille  d'Adam  Le  Duchat. 
—Flostier  ou  Flottier,  médecin  à  Sauve  en 
Cévennes,  •  fort  misérable  et  mal  vêtu,  » 
assisté  à  Lausanne,  oct.  1690.  —  Catherine 
Flot,  de  Pragelas  en  Dauphiné,  assistée  à 
Genève  et  à  Lausanne,  allant  en  Suisse, 
1696. 

1.  FLOTTARD,  vicomte  de  Gouudon, 
seigneur  de  Genebrières,  un  des  principaux 
chefs  huguenots  du  Quercy  [Haag.  V  119]. 
Ou  lit  dans  l'Histoire  du  Uouergue  par 
Gaujal,  que  le  vicomte  de  Gourdon  marcha, 
en  1567,  au  secours  des  calvinistes  de 
Montpellier  et  qu'il  contribua  à  la  prise 
du  fort  Saint-Pierre.  Si  le  fait  est  vrai,  et 
nous  n'avons  aucune  raison  pour  le  révo- 
quer en  doute,  Gourdon  devait  à  peine 
sortir  de  l'adolescence  lorsqu'il  fit  cette 
première  campagne  ;  car,  sous  la  date  de 
1572,  Marturé  nous  le  point  comme  un 
jeune  seigneur  dont  le  bouillant  courage  et 
le  caractère  impétueux  avaient  besoin 
d'être  modérés  par  une  prudence  qu'il  ne 
possédait  pas  encore.  Aussi  le  voyons-nous 
servir  à  cette  époque,  sous  les  ordres  de 
Regniès,  «  à  qui  il  déférait  pour  son  expé- 
rience. ')  Cette  modestie  était  chez  lui 
d'autant  plus  louable  qu'en  1589,  il  avait 
été  compté  parmi  ces  fameux  Vicomtes  du 
Quercy  qui  soutinrent  avec  tant  d'éclat  la 
cause  protestante.  Il  est  vrai  que  jusque 
là  il  ne  s'était  particulièrement  signalé  par 
aucun  exploit. 

Après  la  Saint-Barthèlemy,  Gourdon 
rendit  un  service  immense  à  la  Cause,  en 
travaillant  avec  Regniès  à  relever  le  cou- 
rage des  habitants  de  Montauban  que  la 


563 


FLOTTARD 


564 


nouvelle  du  massacre  de  Paris  avait  terri- 
fiés. A  la  tête  de  25  chevaux  seulement, 
les  deux  chefs  huguenots  défirent  près  de 
Castel-Sarrasin  une  brigade  de  Monluc,  et 
enlevèrent  la  cornette  noire  du  général 
catholique.  Quelques  jours  après,  Gourdon 
se  rendit  maître  de  Souliac,  puis  de  Cap- 
denac.  Dès  lors  la  terreur  fit  place  à  la 
confiance.  L'assemblée  de  Réalmont  com- 
mença, en  1573,  l'organisation  du  parti 
protestant  en  donnant  des  chefs  au  mou- 
vement insurrectionnel.  Nommé  comman- 
dant du  haut  Querey,  Gourdon  se  montra 
digne  de  cet  honneur  en  harcelant  sans 
relâche  Villars  qui  avait  été  envoyé  contre 
les  huguenots  du  haut  Languedoc,  et  en 
battant,  au  passage  de  la  Dordogne,  un 
corps  de  troupes  catholiques  qui  allait 
renforcer  l'armée  du  duc  d'Anjou  de- 
vant La  Rochelle.  La  même  année^  il 
assista  aux  assemblées  de  Montauban  et  de 
Milhau.  A  cette  époque,  il  commandait 
dans  le  Périgord  et  l'Auvergne.  A  son  re- 
tour, il  fit  lever  le  siège  de  Ploux,  ou 
Proux  comme  écrit  d'Aubigné,  place  qui 
appartenait  à  Lavedan. 

En  1580,  le  vicomte  de  Gourdon  servit 
à  l'enh'eprise  dû  roi  de  Navarre  surCahors. 
En  1587,  il  combattit  <à  Coutras.  En  1591, 
il  fut  employé,  avec  d'autres  chefs  hugue- 
nots, La  Devèze,  Bénac,  Monein,  Vivans, 
sous  les  ordres  de  Ventadour.  L'année 
suivante,  il  contribua  à  la  reprise  de  Mau- 
zac  sur  les  Ligueurs  et  se  distingua  à  la 
levée  du  siège  de  Villemur. 

Nous  ne  savons  si  c'est  lui  ou  son  fils 
qui,  sous  le  nom  de  vicomte  de  Gourdon 
et  de  marquis  deGenebrières,  est  cité  dans 
les  actes  de  l'assemblée  politique  de  Ghà- 
tellerault,  en  1611,  comme  député  de  la 
haute  Guienne,  avec  le  ministre  Casaux, 
et  dans  ceux  de  l'assemblée  de  Pamiers,  en 
1614.  Nous  pensons  cependant  qu'il  s'agit 
du  fils  que  nous  trouvons  mentionné  une 
dernière  fois  dans  une  liste  de  pensions 
payées  à  des  Réformés,  en  1616  {Brienne, 
vol.  211). 

La  Généalogie  de  Cardaillac  par  Sainte- 
Marthe  nous  apprend  que  le  vicomte  de 
Gourdon  avait  épousé  Marguerite  de  Car- 
daillac, sœur  d'Antoine-Hector  de  Cardail- 
lac, qui  lui  avait  donné  un  fils,  nommé 
Antoine, et  deux  filles,  Jeanne  et  Isabelle. 

Chevrier,  Hist.  du  protest,  dans  l'Ain,  1883, 
p.  114. 


2.  FLOTTARD  (David),  du  Vigan  [Haag, 
V  120],  connu  dans  l'histoire  de  la  guerre 
des  Camisards  comme  un  des  agents  les 
plus  actifs  de  Miremont  (Voy.  II,  col. 
638).  Flottard  servait  avec  le  grade  d'offi- 
cier dans  l'armée  anglaise,  lorsque,  au 
mois  de  juin  1703,  Miremont  le  char- 
gea de  porter  au  «  comte  Boland  »  une 
lettre  écrite  au  nom  de  la  reine  Anne  pour 
lui  promettre  un  prochain  et  puissant  se- 
cours. Le  chef  camisard  convoqua  aussitôt 
une  assemblée  à  Saint-Félix ,  afin  de  com- 
muniquer aux  autres  chefs  cette  heureuse 
nouvelle  et  de  s'entendre  avec  eux  sur  la 
réponse  à  faire  à  la  reine,  réponse  que 
Flottard  se  chargea  de  reporter  à  Londres 
avec  un  mémoire  sur  l'état  des  Cévennes. 
Le  secours  n'arriva  jamais,  et  ceux  des  ca 
misards  qui  ne  succombèrent  pas  dans  la 
lutte,  durent  finir  par  émigrer.  Mais  Mire- 
mont n'abandonna  pas  son  projet  d'une 
expédition  dans  le  Languedoc.  En  atten- 
dant que  les  puissances  maritimes  lui 
fournissent  les  moyens  de  le  mettre  à  exé- 
cution, il  fit  repartir  Flottard  pour  Genève, 
en  déc.  1704,  avec  la  double  mission  d'en- 
rôler les  Camisards  émigrés  et  de  renvoyer 
les  chefs  dans  les  Cévennes  afin  d'y  entre- 
tenir l'agitation.  Flottard  trouva  sa  tâche 
singulièrement  facilitée  par  la  nostalgie  et 
la  misère  qui  dévoraient  ces  malheureux 
montagnards.  La  plupart  d'entre  eux  en- 
trèrent avec  empressement  dans  ses  vues, 
et  se  mirent  à  la  solde  de  la  Hollande  et  de 
l'Angleterre  ;  les  principaux  chefs  rece- 
vaient par  jour  quinze  sous,  les  officiers 
dix,  les  sous-officiers  huit,  et  les  soldats 
six  sous.  Voici  leurs  noms  :  deux  frères 
de  Cavalier,  un  de  Boland,  La  Pierre, 
Bastide,  de  Mellon,  La  Boze,  Pavilliard, 
Jallaguier,  Salomon,  Pellissier,  Salles, 
Caldevert,  Soulier,  Soullage,  Gui,  de  Cola- 
don,  de  Sobreton,  Catinat,  Francezet, 
Fontanes,  Olivier  ministre.  Une  seconde 
classe  comptait  :  Amat,  Brun,  Bonnet, 
Blanc,  Soullages,  Baze,  La  Salle,  Meysso- 
net,  Mallier,  Pelât,  Faure,  Ahric,  Cestin, 
Falgueyrolles,  Courteiz,  Lissorgues,  Fer- 
rier,  Chabrier,  Tavan.  Presque  tous  ceux 
qui  rentrèrent  en  France  furent  pris  et  pé- 
rirent sur  l'échafaud,  ainsi  que  Maillé  qui 
servait  d'intermédiaire  entre  les  Cévenols 
et  l'agent  de  Miremont.  Flottard  lui-même, 
sur  les  réclamations  du  gouvernement 
français,  fut  banni  de  Genève,  puis  de  la 


565 


FLOTTARD 


FLOURNOIS 


566 


Suisse,  et  dut  retourner  en  Hollande.  Mais 
Miremont  qui  ne  renonçait  pas  à  l'espoir 
de  soulever  les  protestants  du  Languedoc, 
le  renvoya  en  Suisse,  vers  la  fin  du  mois 
de  janvier  1706.  Flottard  gagna  par  ses 
promesses  le  fameux  prophète  Salomon  et 
le  fit  partir  pour  ses  montagnes.  Cette  nou- 
velle tentative  échoua  aussi  misérablement 
que  les  autres  ;  elle  faillit  même  coûter 
cher  k  Flottard  qui  fut  arrêté  à  Lausanne, 
à  la  demande  de  l'ambassadeur  de  France  ; 
mais  l'ambassadeur  d'Angleterre  l'ayant 
réclamé  comme  son  secrétaire,  le  sénat  de 
Berne  s'empressa  de  le  faire  mettre  en  li- 
berté, le  15  mars  1706.  Depuis  cette  épo- 
que, l'histoire  ne  fait  plus  mention  de  lui. 
—  Un  Pierre  Flottard,  cardeur,  réfugié  du 
Vigan,  avec  sa  famille  (5  pers.)  était  établi 
à  Magdebourg  en  1698  et  années  suivantes. 

FLOTÉ  (Nathanael),  de  Gyen  «  esco- 
lier,  »  reçu  habitant  de  Genève,  9  fév. 
1573. 

FLOTTE  (Jean),  dit  le  capitaine  Aurouse 
ou  Orouze,  ou  encore  Orose,  gentilhomme 
dauphinois,  d'une  vieille  famille  qui  re- 
montait à  l'année  1080  (cartul.  de  St- Vic- 
tor) et  qui  existe  encore  ;  =  Armes  :  lo- 
sange d'argent  et  de  gueules  au  chef  d'or. 
Il  fut  d'abord  lieutenant  de  la  compagnie 
de  Guy  de  Maugiron,  se  distingua  dans  les 
guerres  d'Italie,  embrassa  ensuite  la  reli- 
gion réformée  et  se  rendit  maître  de  Gap 
en  1567.  Le  28  septemb.  de  cette  année, 
avait  paru  une  ordonnance  royale  appelant 
aux  armes  contre  les  protestants  et  le 
conseil  du  roi  y  avait  joint  pour  les  gou- 
verneurs de  province,  des  instructions  se- 
crètes prescrivant  de  poursuivre  les  opé- 
rations militaires  avec  la  dernière  rigueur. 
Le  8  octob.  il  écrivait  au  manjuis  de  Gor- 
des  gouverneur  du  Dauphiné  de  rassembler 
le  plus  de  troupes  qu'il  pourrait. 

Et  quant  à  ceux  qui  branlent  seulement 
pour  venir  secourir  et  aider  a  ceux-ci  de  la 
nouvelle  religion,  vous  les  empêcherez  de 
bouger  par  tous  les  moyens  possibles,  et  si 
vous  connoissez  qu'ils  soient  opiniâtres  et 
vont  leur  venir  et  partir,  vous  les  taillerez 
et  ferez  mettre  en  pièces  sans  en  espargner 
un  seul;  car  tant  plus  de  morts,  moins 
d'ennemis  ', 

Cependant  à  Gap  les  huguenots  étaient 

^  Charronet,  Les  guerres  de  religion  dans  les 
hautes  Alpes  (186]),  p.  50. 


les  plus  forts  et  dans  les  démêlés  qui  s'y 
passèrent,  le  premier  magistrat  de  la  ville, 
le  vibailli,  fut  blessé  et  fait  prisonnier  par 
le  capitaine  Flotte,  qui  le  rendit  à  la  H- 
berté  peu  de  jours  après  sur  la  demande 
de  M.  de  Gordes.  En  1568  le  capitaine 
leva  un  régiment  et  alla  rejoindre  l'armée 
protestante  dans  l'ouest.  Il  fut  tué  à  Mon- 
eontour.  —  Jean  Flotte,  galérien,  ci-des- 
sus col.  270,  était  deCourcelles,  pays  mes- 
sin. Il  était  accusé  d'avoir  déguisé  ses 
nom  et  profession,  d'être  sorti  du  royaume 
à  plusieurs  fois  avec  un  cheval  servant  à 
la  fuite  de  nouveaux  catholiques,  d'avoir 
rapporté  cinq  lettres  de  réfugiés  à  qui  il 
devait  porter  des  réponses  et  de  l'argent, 
enfin  de  s'apprêter  à  servir  de  guide  à 
d'autres  ;  condamné  par  sentence  du  bail- 
lage,  le  15  déc.  1699.  Il  avait  abjuré,  19 
août  1689,  sous  la  menace  des  dragons 
avec  Judith  Etienne  sa  femme.  —  Le  sieur 
Paul  Flottière,  du  Languedoc,  «  ayant  fait 
voir  sa  misère^  on  lui  donne  2  écus  blancs 
de  viatique  pour  s'en  aller  »  (Bourse  franc, 
de  Genève,  1690)  ;  le  même  •  médecin  et 
maître  de  langues,  »  réfugié  avec  deux 
enfants,  à  Duisbourg,  1698  (Dieterici). 

FLOUREAUX  (Abel),  de  Castres,  mari 
d'Esther  de  Ligonnier.  Nés  de  cette  union  : 
1°  Suzanne,  présentée  au  baptême  par  de 
Ligonnier,  capitaine,  et  par  Suzanne  de 
Ligonnier,  femme  du  pasteur  Josion,  20 
mai  1625  ;  2°  Samuel,  présenté  par  Sa- 
muel de  Bouffard,  sgr  de  Lagarrigue,  10 
mars  1632  ;  3oEsther,  présentée  par  An- 
toine de  Ligonnier,  secrétaire  du  roi  en  la 
cour  des  comptes  de  Montpellier,  et  par 
Esther  de  Gros,  femme  de  M.  de  La  Gas- 
carié  ;  4»  Paul,  présenté  par  Paul  de  La 
Baume,  avocat,  et  par  Jeanne  de  Thomas, 
femme  de  Paul  de  Juge,  conseiller  en  la 
chambre  de  l'Édit,  ces  deux  derniers  ju- 
meaux, ler  janvier  1635;  5°  Honoré,  pré- 
senté par  Honoré  de  Ligonnier,  pasteur 
de  Lacrouzette  et  par  Margot  de  Ligonnier, 
23  avril  1637.  —  Jacques  Floureux,  avo- 
cat à  la  chambre  de  l'Edit  k  Castres,  avait 
épousé  Madeleine  de  Lamothe,  qui  lui 
donna  :  1°  Jean,  présenté  au  baptême  par 
Jean  de  Lamothe,  procureur  en  la  cham- 
bre, et  par  Esther  de  Ligonnier,  veuve 
d'Abel  Floureux,  bourgeois,  le  il  août 
1657;  2o  Marie,  le  19  nov.  1663  (Pra- 
del). 

FLOURNOIS.  «  Laurent-Flornoy,   de 


567 


FLOURNOIS 


FLOVY 


568 


Vassy  en  Champagne,  habitant  Lyon  » 
[Haag,  V  121]  admis  à  l'habitation  à  Ge- 
nève après  la  S'-Barthélemy^  le  23  sep- 
temb.  1572.  Il  était  orfèvre  et  joaillier.  Il 
avait  épousé  Gabrielle  Mellin,  veuve  de 
Louis  Foulard,  dont  il  eut  deux  fils,  Gé- 
DÉON  et  Jean.  Son  fds  Gédéon,  1568- 
16^)7,  devenu  bourgeois  de  Genève  en 
1600,  eut  entre  autres  enfants,  un  fils, 
nommé  aussi  Gédéon  qui  fut  ministre  de 
plusieurs  petites  églises  genevoises  :  Sa- 
connex  en  1629,  Chancy  en  1634,  Moin 
en  1642  :  il  mourut  à  l'âge  de  72  ans,  en 
1670. 

Jacques  Flournois,  frère  du  précédent, 
né  en  1600,  marié  en  1636  avec  Elisabeth 
Mestrezatewi  un  fils,  Gédéon,  qui  à  l'exem- 
ple de  son  cousin,  le  ministre  de  Sacon- 
nex,  sortit  du  milieu  commercial,  d'orfè- 
vrerie, de  mercerie  et  de  draperie  où  vi- 
vaient la  plupart  des  membres  de  cette 
nombreuse  famille.  II  se  nommait  aussi 
Gédéon,  naquit  en  1639  et  devint,  en  1672, 
ministre  de  l'hôpital  de  Genève.  Il  est  l'au- 
teur de  trois  ouvrages  anonymes  qui  ont 
joui  d'une  certaine  renommée.  Le  pre- 
mier, dans  l'ordre  de  la  publication,  a 
pour  titre  :  Lettres  sincères  d'un  gentil- 
homme français,  Cologne,  1681-82,  3  vol. 
in-12.  —  C'est  un  pamphlet  contre  les  Jé- 
suites, dont  Flournois  était  un  ardent  ad- 
versaire. Le  second  :  Responses  généreuses 
et  chrétiennes  de  quatre  gentilshommes pro- 
testans,  avec  quelques  entretiens  sur  les 
affaires  des  Réfor'més  de  France,  Colog.. 
1682,  in-12  est  un  ouvrage  d'un  mérite 
réel,  en  sorte  que  des  critiques  ont  pu 
sans  invraisemblance,  bien  que  sans  rai- 
son, l'attribuer  au  célèbre  ministre  Claude. 
Le  troisième  et  le  plus  populaire  est  inti- 
tulé :  Les  entretiens  des  voyageurs  sur  la 
mer,  Cologne,  1683;  Amst.,  Roger.  1704, 
2  vol.  in-12  ;  Colog.,  P.  Marteau,  1704, 
2  part,  en  1  vol.  in-12  ;  nouv.  édit.  augm. 
par  un  anonyme,  Colog.,  1715;  Amst., 
1740,  4  vol.  in-12.  C'est  un  roman  histo- 
rique sur  lequel  André  Sayous,  dans  son 
excellente  Hist.  de  la  littérature  franc,  à 
l'étranger  {Paris,  1853),  a  porté  ce  juge- 
ment :  «  Le  roman  est  bien  mené  et  d'un 
intérêt  soutenu  ;  la  controverse  y  est  mêlée 
avec  une  adresse  rare.  A  part  quelques 
touches  d'un  goût  peu  délicat  et  la  négli- 
gence du  style,  la  façon  du  récit  en  géné- 
ral est  remarquable  }  ar  le  feu  et  le  natu- 


rel. »  Gédéon  Flournois  travailla  aussi 
pendant  quelque  temps,  à  la  rédaction 
d'une  gazette  de  Hollande  publiée  sous  le 
titre  de  Nouvelles  solides  et  choisies.  Il  mou- 
rut en  Asie,  mais  on  ignore  le  lieu  exact 
et  la  date  de  sa  mort. 

Dans  diverses  autres  branches  de  la  mê- 
me famille,  on  peut  citer  : 

Jacques  Flournois,  ministre  de  l'église 
de  Jussy  (Genève)  en  1676,  qui  a  bien  mé- 
rité en  rédigeant  des  Mémoires  sur  les 
franchises  d'Adhémar  Fabry  (évêque  de 
Genève  au  XV^e  siècle),  un  Extrait  de 
l'histoire  des  évêques  de  Genève  et  une  ana- 
lyse dès  registres  du  Grand  Conseil  de  Ge- 
nève de  1509  à  1670.  Aucun  de  ces  tra- 
vaux estimables  n'a  été  imprimé.  Son  fils, 
Théophile,  pasteur  de  Cartigny  de  1721 
à  1736,  mourut  en  1752,  lai.ssant  de  sa  fem- 
me Elisabeth  Colladon,  deux  fils  qui  n'eu- 
rent point  de  postérité. 

Jean  Flournois,  lapidaire  (1574-1057), 
bourgeois  de  Genève  en  1605,  marié  lo  en 
1597  avec  Françoise  Mussard  ;  2»  en 
1619  avec  Suzanne  Guince.^tre,  d'une  fa- 
mille de  réfugiés  de  Sancerre,  qui  l'une  et 
l'autre  lui  donnèrent  de  nombreux  en- 
fants. Un  de  ses  petits-fils.  J.\cques,  né  en 
1657,  joaillier  comme  lui,  vint  à  Paris 
exercer  sa  profession,  et  durant  quelques 
mois  en  1681  et  1683,  il  y  remplit  les 
fonctions  d'agent  officieux  de  la  république 
de  Genève  auprès  du  gouvernement  fran- 
çais, en  l'absence  du  titulaire  Jacques  Bor- 
dier  (II,  col.  886).  Il  eut  trois  fils  dont 
l'aîné,  Jkan-Jacques,  s'établit  en  Améri- 
que, dans  la  Virginie. 

EsAÏE  Flournois,  fils  de  Jean  et  de  Su- 
zanne Guincestre,  né  en  1625,  alla  se 
fixer  à  Amsterdam,  où  il  mourut  en  1699 
laissant  plusieurs  enfants. 

Daniel  Flournois,  pasteur  genevois,  à 
Chancy  en  1803,  et  à  (îéligny  en  1811. 

Sur  les  listes  de  l'assistance  publique  à 
Londres  figure  un  membre  de  la  même 
famille  (qu'elles  nomment  Fleurnois),  en 
qualité  de  membre  du  comité  chargé  de  la 
distribution,  en  1705  et  années  suivantes. 

FLOVY  (Philbert),  du  pays  de  Gex, 
porteur  de  chaise,  réfugié  à  Berlin  avec  sa 
femme  et  2  enfants,  1698.  —  Jacques  Flu- 
mas,  de  Vernoux,  assisté  à  Genève,  1706. 
—  Plutôt,  famille  lorraine  établie  à  Metz  : 
Etienne  Flutot,  tanneur,  ancien  de  l'é- 
glise de  Metz  en  1584.  Abraham,  fils  d'E- 


569 


FLOVY 


FOIX 


570 


tienne,  reçu  à  l'habitation  à  Genève  le  17 
mai  lo85.  Autre  Etienne,  ancien  en  1630, 
sieur  de  Nouilly  en  1644,  a  laissé  un  fils, 
Louis,  mort  jeune,  et  une  lille,  Marie, 
épouse  en  1629  d'Etienne  Mozet  (1598- 
1641)  capitaine  au  régiment  de  Batilly, 
fils  d'Etienne  Mozet  natif  de  Sedan  et  pas- 
teur de  Metz  de  1392  à  1603  (Cuvier). 

FOBERT  (Magdelaine),  «  longtemps 
prisonnière  à  Dijon,  »  assistée  à  Lausanne, 
29  avril  1688.  —  Pierre  de  Fobier,  «  hor- 
logeur,  natif  de  Valfrancesque  au  païs  de 
Languedoc,  »  reçu  habitant  de  Genève. 
juin  1559.  —  Focart,  prisonnier  au  châ- 
teau de  St  Malo,  1687.  —  Philippe  Foex, 
né  à  Londres,  étudiant  à  l'acad.  de  Ge- 
nève, mai  1743.  —  Pierre  de  Foie,  «  ton- 
deur de  draps,  natifz  de  la  ville  de  Niort 
en  Poictou,  »  admis  comme  habitant  de 
Genève,  mai  1559. 

FOGLARIN  (Jean-Maria),  seigneur  de 
Roquefère  près  Viane  ^,  procureur  du  roi 
à  Castres,  est  mentionné  {Mém.  de  Gâches) 
comme  ayant  pris  une  part  active  aux  af- 
faires de  la  religion,  depuis  l'année  1560 
jusqu'en  1574,  époque  où  il  fut  assassiné 
dans  sa  maison  de  Roquefère,  d'un  cou[) 
de  hache,  par  un  de  ses  paysans,  »  lequel 
«  s'estoit  introduit  dans  sa  chambre  sur 
«  prétexte  de  luy  vouloir  communiquer 
«  quelque  aflFaire  d'importance.  Sa  femme 
«  et  sa  fdle  s'étant  mises  à  crier,  le  portier 
«  estant  accouru  et  ayant  saisy  le  paysan 
«  au  corps,  la  lille  le  tua  avec  son  cou- 
«  teau.  »  Celte  vaillante  fille  était  proba- 
blement l'une  des  deux  que  cite  M.  Cb. 
Pradel,  éditeur  de  Gâches  :  Françoise  qui 
épousa  Claude  de  la  Verchère,  de  Thiers, 
ou  Isabeau  dame  de  Roquefère,  mariée  en 
1607  à  François  de  Berfeau,  seig''  de 
Quartonze,  conseiller  au  pari,  de  Toulouse. 

FOIN  (Claude),  d'Auxerre,  mercier,  et 
Germain  Foin  son  fds,  reçus  à  l'habita- 
tion à  Genève,  7  septemb.  1572.  —  Es- 
tienne  Foinche,  de  Cbalon,  marchand,  id. 
le  même  jour.  —  Bastian  de  Fois  «  natif 
de  Prouvins,  »  id.  juin  1559.  —  De 
Foissac,  d'Uzès,  secrétaire  du  synode  de 
Nîmes,  mai  1658.  Louise  de  Foissac,  d"e 
noble,  assistée  à  Londres,  1702.  —  Pierre 
Foissac,  régent  au  collège  de  Montauban, 
mort  en  1612.  Jacques  Foissac,  de  Mon- 

*  Commune  d'Escrou,  canton  de  Lacanne, 
Foglarin  était  ricbe  ;  il  avait  acheté  en  lô48  la 
seigneurie  de  Lacaune. 


tauban,  tailleur  (1677-1740)  et  Marie  Jala- 
guier  sa  femme,  réfugiés  à  Lausanne.  — 
Marie  Foissard,  de  Dieppe,  80  ans  et 
aveugle,  assistée  (3  1.  11)  à  Deptford,  par 
le  comité  de  Londres,  1705.  —  Jacques 
Foisseau,  du  Poitou,  37  ans,  avec  sa 
femme  et  un  enfant,  assisté  à  Londres 
(11  sh.),  1706.  Joseph  Foiseaux,  en  Poi- 
tou, pendu,  1719.  —  Joseph  Foissiat,  du 
Forez,  étudiant  à  l'acad.  de  Genève  (J. 
Foissiatus  sebusianus),  mai  1603  ;  ministre 
à  Pont  de  Veyie,  1619-23. 

FOISSIN  (.Iean),  conseiller  au  sénéchal 
d'Armagnac,  eut  pour  fils,  Timothée,  qui 
épousa  Isabeau  de  Mages,  d'où  naquirent  : 

10  Marguerite  ;  2°  Anne  présentée  au 
baptême  par  Isaac  de  Mages,  du  Mas-Gre- 
nier, et  par  Jeanne  Saluste  du  Barthas,  h 
Mauvezin,  23  juin  1604  ;  3°  David,  pré- 
senté par  David  de  Vignaux,  juge  de  Fe- 
zenzaguet,  et  par  Jeanne  de  Goas,  femme 
de  M.  de  Mages,  6  juin  1607  ;  4°  Marie, 
présentée  par  M.  de  Pompas  et  par  Marie 
de  Foissin,  femme  de  M.  de  Benquet,  le 
22  déc.  1613.  —  David  eut  un  fils,  Etienne, 
sieur  de  Lacousture,  qui  épousa  Marie  de 
Labalme,  dont  il  eut  :  Suzanne,  présentée 
au  baptême  par  M.  de  Foissin,  de  Bor- 
deaux, et  par  Suzanne  de  Labalme,  à 
Mauvezin,  le  16  mai  1670.  (Pradel).  — 
«  M.  Pierre  Foissin  (aliàs  Fouassin),  riche 
négociant  qualifié  conseiller  du  roi  à  Pa- 
ris, »  est  enfermé  trois  semaines  à  la  Bas- 
tille (juin-juillet  1699)  et  délivré  moyen- 
nant la  promesse  de  se  convertir,  plus  une 
caution  de  200  mille  livres,  répondant 
pour  lui,  sa  femme,  ses  deux  fils  et  ses 
deux  filles.  Quelques  mois  après  il  est  ré- 
fugié avec  la  d"e  sa  femme  et  3  enf.  à 
Magdebourg,  où  il  est  nommé  conseiller 
de  S.  A.  Électorale,  1699.  Son  fils  aîné, 
17  ans,  annonçant  vouloir  s'engager,  mis 
à  St  Lazare.  Dame  veuve  Marie  Foissin, 
mise  à  la  Bastille  et  ses  quatre  filles  aux 
Nouvelles  catholiques,  1713  (E  3.399). 

1.  FOIX  (Antoine  de),  baron  de  Rabat 
[Haag,  V  124],  gentilhomme  de  la  pre- 
mière noblesse  du  pays  de  Foix,  occupa 
un  rang  considérable  à  la  cour  de  Jeanne 
d'Albret,  qui  lui  témoigna  eu  toutes  cir- 
constances la  plus  grande  confiance,  et 
qui  l'employa  notamment  à  arranger  l'af- 
faire de  Pamiers,  en  1566  {Voy.  Tachard). 

11  laissa  de  son  mariage  avec  Catherine  de 
Villemur  :  lo  Paul,  mort  en   1580,  sans 


571 


FOIX 


572 


enfants  de  Madelaine  de  Rochechouart, 
qu'il  avait  épousée  en  lo54  ;  —  2»  Geor- 
ges, qui  suit  ;  —  3o  Rose  ,  femme ,  en 
ISiS,  de  Bernard-Roger  de  Comminges, 
vicomte  de  Bruniquel  ;  —  4°  Gabrielle, 
mariée  à  Gaston  de  Lévis,  vicomte  de  Lé- 
ran. 

Georges  de  Foix  succéda  à  son  frère 
aîné  en  1580.  En  1595,  la  Saintonge  le 
députa  à  l'assemblée  politique  de  Saumur, 
et  en  1597,  à  celle  de  Chàtellerault.  De 
son  mariage  avec  Jeanne  de  Dur  fort,  fdle 
de  Symphorien  de  Durfort  et  de  Catherine 
de  Gontaut-Biron,  naquirent  six  enfants  : 
1°  Henri-Gaston,  qui  professait  encore  la 
religion  protestante  vers  1645,  puisqu'il 
assista,  comme  commissaire  du  roi,  au 
synode  provincial  de  la  basse  Guienne  qui 
s'assembla,  dans  ce  temps,  à  Sainte-Foy  ; 

—  2°  Phcebus,  mort  jeune,  ainsi  que  3° 
SciPiON  ;  —  4o  Jean-Roger,  tige  des  mar- 
quis de  Foix,  qui  devait  être  converti 
lorsqu'il  se  maria  avec  la  tille  du  premier 
président  du  parlement  de  Toulouse  ;  — 
5°  Jean-Georges,  baron  de  Rabat,  qui 
épousa  également  une  demoiselle  catho- 
lique, nièce  d'un  grand  maître  de  Malte  ; 

—  6o  Henriette,  femme,  en  1613,  d'un 
Rochechouar  t-Barbazan . 

2.  FOIX  (Françoise  de),  seconde  fille  de 
Henri  de  Foix  [Haag,  V  125].  comte  de 
Candale,  tué  au  siège  de  Sommières,  en 
1572,  et  de  Marie  de  Montmorency.  Sa 
sœur  aînée  ayant  épousé,  en  1587,  Jean- 
Louis  Nogaretj  duc  d'Épernon,  Françoise 
de  Foix  fut  enlevée  de  force,  conduite  à 
Angoulême,  transférée,  en  1590,  à  Saintes 
et  contrainte  à  prendre  le  voile,  le  22 
sept.  1591,  après  avoir  fait  abandon  de 
tous  ses  biens  à  sa  sœur,  à  la  réserve 
d'une  pension  de  600  livres.  En  vain  ne 
cessa-t-elle  de  protester  contre  la  violence 
qui  lui  était  faite.  En  1600,  elle  fut  pour- 
vue de  l'abbaye  de  Sainte-Glossinde  à 
Metz.  En  1603,  Henri  IV,  pour  l'éloigner 
de  son  beau-frère,  qu'elle  avait  pris  en 
haine,  lui  permit  de  venir  à  Chantilly. 
Quelque  temps  après,  il  l'autorisa  à  aller 
demeurer  à  Verdun;  mais  au  bout  de 
deux  ans,  il  lui  donna  ordre  de  se  retirer 
dans  l'abbaye  de  Moncel,  où  elle  resta 
jusqu'en  1610.  Elle  venait  d'obtenir  un 
rescrit  du  pape  qui  lui  permettait  de  se 
faire  séculariser,  lorsqu'elle  embrassa  pu- 
bliquement, le  12  déc.   1611,  la  religion 


protestante.  La  conviction  religieuse  entra 
probablement  pour  peu  de  chose  dans 
cette  conversion.  Quoi  qu'il  en  soit,  Fran- 
çoise de  Foix  se  fixa  dès  lors  à  Paris,  où 
elle  mourut  au  mois  de  septembre  1649, 
sans  avoir  pu  obtenir  des  tribunaux  la 
part  qui  lui  revenait  légitimement  dans  les 
biens  de  ses  parents  et  dont  elle  avait  été 
violemment  dépouillée  par  le  duc  d'Éper- 
non. —  On  trouve  quelques-unes  de  ses 
lettres  dans  le  recueil  du  fonds  de  Bé- 
thune,  vol.  8769. 

3.  FOIX  (Paul  de),  fds  de  Jean  de  Foix 
[Haag,  V  125],  comte  de  Carmaing  et  de 
Madelaine  de  Caupène,  né  en  1528,  mort 
en  1584. 

Paul  de  Foix  n'a  appartenu  qu'un  in- 
stant à  l'Elglise  protestante;  peut-être  même 
n'a-t-il  jamais,  comme  tant  d'autres  JN'ico- 
démites,  ou  tièdes  et  timides,  fait  profes- 
sion ouverte  de  la  religion  réformée.  Con- 
seiller au  parlement  de  Paris  depuis  1546, 
il  assista  à  la  fameuse  mercuriale  où  Anne 
Du  Bourg  fut  arrêté.  Sans  se  déclarer 
franchement  contre  les  persécutions,  il 
ouvrit  cet  avis  singulier,  qu'il  fallait  dis- 
tinguer entre  les  sectaires  qui  niaient  la 
réalité  des  sacrements  de  la  religion  et 
ceux  qui  discutaient  seulement  sur  la 
forme  des  sacrements,  et  punir  plus  sévè- 
rement les  premiers  ;  c'est-à-dire,  ce  nous 
semble,  qu'on  devait  continuer  à  brûler 
les  Sacramentaires  et  traiter  avec  douceur 
les  Luthériens.  C'était  assurément  renfer- 
mer la  tolérance  dans  les  plus  étroites 
limites  ;  et  cependant  il  alla,  par  ordre  du 
roi,  rejoindre  ses  collègues  plus  courageux 
et  plus  sincères  dans  les  cachots  de  la  Bas- 
tille. Mis  en  présence  des  commissaires, 
il  se  tira  d'affaire  assez  facilement.  Malgré 
le  soin  que  Saint-André  avait  pris  de  com- 
poser une  commission  au  gré  du  cardinal 
de  Lorraine  ;  malgré  les  lettres,  signées 
du  roi  et  scellées  du  sceau  du  secret,  que 
le  cardinal  fit  adresser  à  ces  commissaires 
choisis  parmi  les  plus  ardents  ennemis  de 
la  Réforme,  portant  qu'il  était  nécessaire 
de  déployer  la  plus  grande  sévérité,  Paul 
de  Foix  fut  seulement  condamné,  par  ar- 
rêt du  8  janvier  1559,  à  confesser  en  plein 
parlement  «  qu'au  sacrement  de  l'autel  la 
forme  est  inséparable  de  la  matière,  et 
que  le  sacrement  ne  peut  s'administrer 
autrement  que  ne  le  fait  l'Église  romaine.  » 
Il  dut  promettre,  en  outre,  de  vivre  dans 


1 


573 


FOIX 


FONBONNE 


574 


la  religion  catholique  et  de  ne  garder  en 
sa  possession  aucun  livre  censuré.  Du 
reste,  il  en  fut  quitte  pour  une  suspension 
d'un  an  ;  encore  l'arrêt  fut-il  cassé,  le  8 
fév.  1560.  Depuis  cette  époque,  Paul  de 
Poix,  rallié  à  la  Cour,  fut  comblé  d'hon- 
neurs et  de  dignités.  Charles  IX  et 
Henri  III  le  chargèrent  de  missions  im- 
portantes en  Ecosse,  à  Venise,  en  Angle- 
terre, à  Rome.  Il  monta  même  sur  le 
siège  archiépiscopal  de  Toulouse  ;  mais  sa 
vie  nous  devient  étrangère.  Nous  ajoute- 
rons seulement  qu'il  a  laissé  des  Lettres 
relatives  à  son  ambassade  auprès  de  Gré- 
goire XIII,  pnhl.  par  Mauléon  de  Granier, 
Paris,  1628,  in-4o.  Selon  les  Mémoires  de 
Gondé,  Paul  de  Foix  était  «  homme  sage, 
honnête  et  de  bonnes  mœurs,  bon  juge  et 
craignant  Dieu.  »  Il  était  surtout  un  admi- 
rateur passionné  d'Aristote. 

4.  FOIX -CAR  AMAN  (Madelaine  de), 
religieuse  bénédictine  dans  l'abbaye  des 
Chases  [Haag,  V  125],  embrassa  les  opi- 
nions nouvelles,  dès  1562,  et  les  prêcha 
ouvertement  dans  ce  monastère  qui  pas- 
sait, dit  un  historien  du  pays,  Imberdis, 
pour  la  plus  complète  expression  du  mo 
nachisme  féminin  eu  Auvergne.  Comme 
tant  d'autres  victimes  des  institutions  du 
moyen  âge,  la  jeune  Madelaine  avait  été 
vouée,  contre  son  gré,  à  la  vie  du  cloître 
et  arrachée  violemment  à  un  amour  pro- 
fond qu'elle  nourrissait,  dès  l'enfance, 
pour  un  gentilhomme  du  Languedoc.  Ce 
gentilhomme,  dont  on  ne  nous  apprend 
pas  le  nom,  avait  aussi  abjuré  le  catholi- 
cisme, et  il  conçut  le  projet  de  l'enlever  ; 
mais  sa  petite  troupe  fut  dispersée  par  la 
garnison  catholique  que  les  religieuses 
avaient  appelée  dans  leur  monastère.  Ma- 
delaine de  Foix  réussit  cependant  à 
s'échapper  de  l'abbaye  et  rejoignit  son 
amant  qu'elle  épousa  après  avoir  abjuré 
publiquement. 

FOL  (Jacques),  de  Feigère  au  pays  de 
Gex,  assisté  à  Genève,  1685  ;  (François), 
du  pays  de  Gex,  id.  1695  ;  (la  veuve  de 
Guillaume),  de  Fégère,  id.  1703.  Marc 
Fol,  laboureur  du  pays  de  Gex,  réfugié  à 
Orangburg  en  Prusse,  1700. —  «  Johannes 
Folchier,  de  Montevain,  jurisconsultus 
gallus,  »  étudiant  à  Leyde,  1695.  —  Mar- 
guerite Folchier  et  sa  fdle,  des  Vans  en 
Languedoc,  assistées  à  Lausanne,  allant 
en  Allemagne,  1699.  —  Charles  Folens, 


étudiant  à  Genève  (Carolus  Folens  huma- 
nitatis  studens,  burgundiensis),  mai  1581. 
—  André  Folio,  de  La  Charité,  maçon, 
id.  7  mai  1573.  —  Anthoenne  Follon, 
sergier,  natif  d'Orléans,  id.  août  1551.  — 
Folville,  mis  en  1691  dans  les  prisons  de 
Poitiers  (E  3377).  —  MUe  de  Folleville,  de 
Normandie,  réfugiée,  avec  une  servante, 
à  Berlin,  1698. 

FOLION  (Nicolas)  t  natif  d'Estouy  près 
Clermont  en  Picardie,  »  réfugié  et  admis 
comme  habitant  à  Genève  en  octobre 
1558  ;  Charles,  du  même  lieu,  probable- 
ment son  jeune  frère,  admis  de  même  en 
août  1559.  Nicolas  était  sans  doute  un  ec- 
clésiastique et  avait  fait  des  études,  car 
on  le  trouve  envoyé  de  Genève  à  Toulouse 
dès  le  mois  de  juillet  1559  {Bull.  VIII,  75). 
Il  prêcha  donc  à  Toulouse,  avec  Cornière 
et  autres  ministres  (IV  col.  698)  ;  mais  le 
terrible  parlement  de  cette  ville,  ne  le 
laissa  pas  longtemps  vaquer  à  ses  fonctions 
pastorales,  car  dès  l'année  1561  tous  ces 
prédicateurs  évangéliques  furent  obligés  de 
s'enfuir.  Folion  se  retira  à  Castres  et  fut 
ensuite  envoyé  à  l'église  d'Orléans  [Haag, 
IV  62  et  VI  439],  d'où  on  le  trouve  en 
1561  à  St-Germain  en  Laye,  en  1572-76 
au  Brouage.  —  Nous  ne  savons  sur  quel 
fondement  MM.  Haag  lui  donnent  un 
sobriquet,  La  Vallée  ;  mais  il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  Bénardin  de  La  Vallée, 
pasteur  de  Fontenay-le-Comte,  de  1599  à 
1602. 

FOMPATOUR  (Mme  de)  et  ses  trois  filles, 
«  trois  opiniâtres  huguenotes,  »  enfermées 
à  la  Propagation  de  la  foi  et  aux  Nouv. 
cath.  de  Luçon,  1701-1704.  —  Louis  Fon- 
bel,  de  Montendre  en  Saintonge,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  pour  Londres,  1700. 
—  Michel  Fonbonne,  de  Lyon,  mercier, 
réfugié  à  Lausanne  en  1569  {Bull.  XXI, 
471).  Michel  Fombonne  (le  même  sans 
doute),  marchand  de  Lyon  (chapelier), 
habitant  de  Genève,  y  marie  sa  fille  Elisa- 
beth avec  David  fils  d'Etienne  Duval, 
marchand  apothicaire  (Conf.  V,  col.  1094), 
en  1589  (E.  de  Monthoux,  not.,  VI,  64). 
Le  même  Michel,  par  son  testament,  par- 
tage son  bien  entre  sa  femme  Claudine 
Bruyère  et  leurs  quatre  filles,  1613  {Id. 
XXVH,  480).  — Jean  Fontbone,  marchand 
de  Lyon,  reçu  habitant  à  Genève,  29  sep- 
temb.  1572.  —  Fontbonne-Duvernet,  pas- 
teur dans   le    Cambrésis  et  à  Sedan,  se- 


575 


FONBONNE 


DE   FONS 


576 


crétaire  d'un  synode  de  cette  contrée  en 
1779;  pasteur  à  Sedan,  1803-i812.  —  De 
Fonbas,  ancien  de  Puylaurens,  1667.  — 
Amy  Saunex,  lapidaire,  bourgeois  de  Ge- 
nève, épouse  Cattierine  fille  de  Sébastien 
Fontbonne,  de  St-Barthélemy-le-Pin  en  Vi- 
vaniis,  1695  (J.  Fornet,  not.,  XII,  1).  — 
Claude  Fomboine,  de  Privas,  assisté  à  Ge- 
nève, 1708.  —  Daniel  Foncés,  de  Floren- 
sac,  avec  sa  femme,  2  enfants,  sa  belle - 
mère  et  2  belles-sœurs  «  persécutés  pour 
la  religion,  sont  assistés  de  5  écus  blancs 
à  Genève,  pour  passer  en  Suisse,  »  1681. 
FONDEVILLE,  famille  béarnaise.  Ar- 
naud de  Fonsdevilie,  ministre,  comparaît 
avec  deux  de  ses  collègues,  J.  de  Diserotte 
et  Jacques  deBustanobis,  devant  un  notaire 
d'Oloron,  pour  un  achat  de  terrain,  1er 
mai  1592  (Arch.  B.-Pyr.  E  179i)).  Jean  de 
Fondeville,  peut-être  fils  du  précédent,  fit 
ses  études,  «  tant  en  théologie  qu'en  lan- 
gues hébraïque  et  grecque,  »  au  collège 
royal  d'Orthez,  d'oct.  1611  au  1er  août 
1618.  Admis  au  ministère  par  le  synode 
tenu  à  Pau  le  28  septemb.  de  cette  dei*- 
nière  année,. il  fut  désigné  d'abord  pour 
desservir  l'église  de  Bigorre,  puis  en  janv. 
1619  celle  de  Lucq,  et  la  même  année 
celle  de  Conchez  ;  en  1620  il  devint  pas- 
teur titulaire  d'Osse.  Son  séjour  y  dura 
peu  :  il  fut  déposé  en  1623.  Au  synode  de 
Charenton  (oct.  1623),  il  fut  l'objet  d'un 
rapport  où  on  lisait  :  «  De  petite  stature, 
avec  des  cheveux  blonds,  un  air  fier,  de 
grands  yeux,  âgé  d'environ  30  ans,  dé- 
posé par  le  colloque  d'Oloron  pour  cause 
d'adultère,  pour  avoir  eu  du  mépris  pour 
le  saint  ministère  et  à  cause  de  sa  vanité 
insupportable  qui  l'a  depuis  fait  aposta- 
sier.  »  Il  apostasia,  en  effet  (Liste  de  Vé- 
ron  et  arch.  des  B.-Pyr.,  B  3743),  très 
peu  de  temps  après  >^a  disgrâce,  car  il  lui 
fut  attribué,  par  ordonnance  du  roi  en 
date  du  26  nov.  1624,  une  pension  égale 
à  ses  gages  de  pasteur,  450  livres.  C'était 
l'usage,  pour  aider  à  la  conversion  des 
ministres,  de  leur  maintenir  à  titre  de 
pension  leurs  émoluments  de  pasteurs. 
Fondeville  s'établit  vers  cette  époque  à 
Lescar  où  il  avait  épousé  Marie  de  Cole 
sœur  de  dom  Biaise,  religieux  barnabite 
de  cette  ville.  Sa  femme  mourut  en  1642 
et  lui  à  la  fin  de  1646,  laissant  une  fille  et 
deux  fils,  dont  l'un  devint  prêtre.  L'autre, 
Jean-Henri,  également  catholique,  né  en 


1633,  mort  en  1705,  fut  avocat  au  parle- 
ment et  surtout  poète  disert,  patronus  et 
poeta  facundus,  comme  dit  l'épitaphe  gra- 
vée sur  son  tombeau.  Ses  vers,  en  patois 
du  Béarn,  sont,  dit-on,  les  meilleurs 
qu'on  ait  faits  en  cet  idiome  et  son  prin- 
cipal ouvrage  n'est  pas  sans  intérêt  pour 
nous.  C'est  une  histoire  fantaisiste  du 
protestantisme  composée  sous  forme  de 
dialogue,  à  l'époque  de  la  Bévocation,  en- 
tre trois  rustres  béarnais  :  Boutge,  Peyrot 
et  Menjou.  En  voici  le  titre  et  les  pre- 
miers vers  : 

Calvinisme  de  Bearn,  divisât  en  seys 
églogiies. 

Mossen  Eoutge,  si-p  plats,  vous  qui  sçabet  l'histori 

Et  qni  deu  temps  antiq  poudet  abee  memori, 

Digat-nons  en  qning  an  bu  don  Ions  hngnants 

Et  si  bon  qnoan  baden  homis  heits  com  ions  ants 

Ou  si  sourti  hasten  de  maladito  race 

Qu'atau  Ion  nonste  rey  Ions  castigne  et  loas  easse; 

Car  despenb    bet  temps  a,  nous  bedem  gians  édicta 

Per  lousqnoanx  son  estats  de  charges  interdits 

Et  son  estats  desheits  lonrs  preebes  ou  loars  temples 

On,  per  lous  comberti,  n'a  heit  d'antes  exemples. 

Monsieur  Routge,  si  vous  plait,  vous  qui 
savez  l'histoire  et  qui  du  temps  antique  pou- 
vez avoir  mémoire,  dites-nous  quelle  année 
vinrent  les  huguenots.  Et  si  quand  ils  vin- 
rent c'étaient  dos  hommes  faits  comme  les 
autres  ou  si  sortis  étaient  d'une  race  mau- 
dite, qu'ainsi  les  a  notre  roi  châtiés  et  bri- 
sés; car  depuis  beau  temps  nous  voyons 
grands  édits  et  sont  été  défaits  leurs  prê- 
ches et  leurs  temples  et  pour  les  convertir 
on  a  fait  bien  d'autres  exemples... 

Ce  poème  (2623  vers)  a  été  publié  par 
la  Société  des  sciences  et  lettres  de  Pau, 
sous  ce  titre  :  Calvinisme  de  Béarn,  poème 
béarnais  de  J.-H.  de  Fondeville,  pub.  pour 
la  première  fois  avec  une  notice  histor.  et 
un  dictionn.  béarnais- français,  par  Hda- 
rion  Barthéty  et  L.  Soulice;  Pau,  Ribaut, 
1880,  in-8o  de  166  p. 

FONGRAVE  (Henry),  avocat  à  Rabas- 
tens,  1561  {Bull.  X,  349).  —  Nicolas 
Font,  «  de  Fraisnay  en  Dauphiné,  maré- 
chal, ï  reçu  habitant  de  Genève,  14  oct. 
1572.  —  De  Fons,  ancien  de  Montpellier, 
1611  ;  premier  consul,  1619;  —  Jean  de 
Fons,  garde  des  sceaux  au  sénéchal  et 
siège  prèsidial  de  Mmes,  condamné  à  mort 
(contumace)  par  arrêt  du  pari,  de  Tou- 
louse du  18  mars  1569,  à  cause  de  l'émeute 
(30  septemb.  1567)  de  la  Miehelade.  Il 
avait  épousé  Louise  d'Androu,  et  ils  eurent 


577 


DE   FONS   —    FONTAINE 


578 


pour  fils  Jacques  de  Fous,  père  de  1° 
Louise  femme  de  Jean-Fr.  de  Trémolet, 
marquis  de  Montpezat,  lieutenant  du  roi 
en  Languedoc  ;  2o  Gabrielle,  femme  de 
Raymond  de  Pavée,  s""  de  Villevieille. 
(Cazalis).  —  «  M.  Fons,  du  Dauphiné, 
gentilhomme,  »  réfugié  à  Strasburg  en 
Uckermark,  1698.  —  Paul  Fonds,  caissier 
de  la  Direction  des  réfugiés  k  Morges 
(Vaud),  1727.  —  Anne  Fonnes,  de  Puy- 
laurens,  46  ans,  fdle  d'un  avocat,  assistée 
(5  1.  10  sh.)  à  Londres,  1706.  —  George 
Fonnereau,  soigné  à  l'hôpital  des  pestifé- 
rés, à  Londres,  1710.  —  Daniel  Fonqui- 
gnon,  de  Metz,  menuisier,  46  ans,  Judith 
sa  femme,  36  ans,  et  4  enfants,  assistés  à 
Londres,  1705.  —  Antoine  Fonset  ou 
Fonsef,  des  Cévennes,  «  sorti  de  France 
depuis  peu,  »  assisté  à  Lausanne,  1696. 

—  Marc.-Ant.  de  Fontable,  gentilhomme 
messin,  capitaine  au  régim.  de  Normandie, 
1647-77.  —  Pierre  Fontagneu,  ouvrier  en 
bas  à  S^-Ambrois  en  Languedoc,  réfugié, 
avec  femme  et  enfant,  à  Magdebourg,  1698. 

—  Charles  deFontalier  s""  de  Layres,  mem- 
bre de  l'assemb.  de  Lunel,  1613.  Fontail- 
lier,  réfugié  à  Morges  (Vaud),  1673. 

FONTAINE,  famille  de  la  Saintonge 
[Haag,  V  125].  Jacques  Fontaine  était  un 
marchand  de  La  Rochelle,  né  vers  1550 
et  mort  en  1633,  laissant  des  affaires  assez 
prospères.  Quelles  affaires  ?  Nous  savons 
seulement  qu'il  avait  été  cordonnier.  Un 
de  ses  petits-fds,  qui  a  laissé  des  Mémoires 
formant  une  sorte  d'histoire  de  la  famille, 
assure  que  cet  artisan  était  le  fils  d'un 
vrai  gentilhomme,  de  la  province  du 
Maine,  nommé  Jean  de  La  Fontaine,  qui 
avait  porté  les  armes  au  service  du  roi 
François  1er  et  qui  en  1563  avait  été 
égorgé  pendant  la  nuit  dans  son  château, 
ainsi  que  sa  femme,  par  une  troupe  de 
bandits  papistes  ^  Ses  trois  fils,  dont  l'aîné 
avait  14  ans,  n'avaient  sauvé  leurs  vies 
que  par  la  fuite.  Cet  aîné,  Jacques,  qui 
était  arrivé  en  mendiant  à  La  Rochelle,  y 
aurait  été  recueilli  par  la  charité  d'un  cor- 
donnier de  cette  ville,  lequel  lui  aurait 
appris  son  métier.  Nous  ne  possédons  pas 
jusqu'à  présent  le  texte  même  de  ces  Mé- 
moires ;  nous  en  avons  seulement  une 
traduction  libre  en  anglais  ^  faite  par  une 

1  Venus  du  Mans.  Conf.  col.  525,  au  bas. 

2  En  voici  le  titre  :  Jtfemoirs  of  a  huguenot 
family  ;  translated  and  compiled  from  the  original 


dame  descendant  de  l'auteur,  Mme  Anna 
Maury,  et  publiée  à  New- York.  On  a  pu 
voir  çà  et  là  des  familles  dont  la  condition 
était  bouleversée  par  les  guerres  civiles  ; 
c'est  ainsi  que  Brantôme  se  riait  d'un  vi- 
comte d'Aubeterre  qu'il  avait  vu  travailler, 
un  moment,  à  Genève,  comme  ouvrier  en 
boutons  (I(,  col.  951)  ;  mais  de  tels  faits 
ont  besoin  d'être  bien  prouvés  et  en  vain 
l'auteur  des  Mémoires,  ,1e  pasteur  Jacques 
Fontaine  (qui  écrivait  plus  de  30  ans 
après  la  Révocation),  allègue-t-il  que  ses 
père  et  grand-père,  ou  autres  parents, 
croyaient  à  cette  tradition  de  famille  ;  on 
comprend  très  bien  qu'ils  fussent  tous  le 
jouet  de  cette  illusion  flatteuse,  mais  ce 
qui  démontre  que  c'était  une  pure  illusion, 
c'est  que  la  famille,  dupe  comme  tant 
d'autres  du  mirage  généalogique  et  nobi- 
liaire, a  tout  simplement  tiré  à  elle  et 
appliqué  à  son  profit  un  article  du  Marty- 
rologe de  Crespin.  Les  Mémoires  du  pas- 
teur copient  en  l'abrégeant  un  peu  ^  le  Mar- 
tyrologe, dont  voici  les  paroles  : 

Nous  commencerons  par  ceux  de  la  pi'o- 
vince  de  Maine  et  pays  circonvoisins... 
Jean  de  la  Fontaine  qui  de  ses  premiers  ans 
avoit  suivi  les  guerres  et  esté  des  Ordon- 
nances du  Roi,  s'estant  retii-é  après  la  publi- 
cation de  la  paix  dedans  sa  maison  de  Ca- 

autobiography  of  the  rev.  James  Fontaine  and 
other  family  manuscripts  ;  by  Anna  Maury  ;  New 
York.  G.  S.  Putnam,  1853,  in-8°,  512  p.  et  2 
portr.  La  Société  des  traités  religieux  de  Tou- 
louse a  publié  une  traduction  française  de  cet 
ouvrage.  Une  édition  du  texte  français  original 
est  actuellement  en  préparation  par  les  soins  de 
la  même  Société,  mais  rien  encore  n'en  a  paru 
sauf  quelques  fragments  insérés  dans  le  Bulletin. 
Voy.  Bull.  XXVI,  519.  XXVn,  96,  XXIX,  54. 

'  Voici  comment  ils  s'expriment,  d'après  la 
traduction  de  M""  Anna  Maury  :  «  John  de  la 
Fontaine  was  born  in  the  province  of  Maine  near 
the  borders  of  Normandy,  abont  the  year 
1500  ;  and  as  soon  as  he  was  old  enough  to  bear 
arms,  his  father  procured  him  a  commission  in 
the   household   of  Francis   I,   in  what  was  then 

called   <c  Les  Ordonnances  du  Roi  » In   the 

year  1563  a  number  of  ruffians  were  dispatched 
from  the  city  of  Le  Mans  to  attack  his  house  at 
night.  He  was  taken  by  surprise,  dragged  out  of 
doors,  and  his  throat  eut.  His  poor  wife,  who 
was  within  a  few  weeks  of  for  confinement,  rushed 
after  him,  in  the  hope  of  softening  the  hearts  of 
thèse  midnight  assassins,  and  inducing  them  to 
spare  the  life  of  her  husband  ;  but  so  far  from  it, 
they  murdered  her  also.and  a  faithful  valet  shared 
the  same  fate. 

VT.  19 


579 


FONTAINE 


580 


hagnes  *  fut  le  dixiesme  jour  de  may  ensui- 
vant assiégé  de  uuict,  prins  et  trainé  hors 
de  sa  maison.  Sa  femme  enceinte  de  sept  a 
huict  mois,  jalouze  de  la  vie  et  du  salut  de 
son  mari,  sans  avoir  esgard  à  son  indispo- 
sition, le  suivit  pour  empescher,  s'il  lui  es- 
toit  possible  et  si  la  volonté  de  Dieu  le  per- 
mettoit,  ce  qui  avint  incontinent  après. 
C'est  que  les  meurtriers  ayaus  trainé  ce 
personnage  près  d'une  fosse  en  laquelle  les 
laboureurs  des  champs  tirent  la  marne 
pour  engraisser  leurs  terres,  lui  coupèrent 
la  gorge  ;  puis  se  ruèrent  sur  la  povre  da- 
moiselle  qui  fut  massacrée  avec  un  serviteur 
et  un  sien  petit  chien  qui  ne  put  se  garantir 
de  la  patte  cruelle  de  ces  bestes  farouches. 

Le  lecteur  peut  comparer  les  deux 
textes  jumeaux.  Si  la  version  du  marty- 
rologe est  tout  ce  que  savait  la  familfe, 
c'est  doue  que  celui  qui  aurait  eu  déjà 
quatorze  ans  *  lorsqu'il  avait  vu  massacrer 
ses  père  et  mère,  n'en  savait  pas  plus  que 
Crespin  et  n'a  rien  dit  de  plus  aux  siens 
pendant  tout  le  cours  de  sa  longue  vie  qui 
se  prolongea  jusqu'en  l'année  1633?  Or,  la 
dernière  édition  du  Martyrologe  avait 
■paru  en  1619.  Mais  comme  l'auteur  des 
Mémoires  écrivait  un  très  long  temps 
après  le  tragique  épisode,  c'est-à-dire  en 
1722  *,  il  est  aisé  de  comprendre  qu'il  soit 
tombé  de  bonne  foi  dans  une  méprise  con- 
sistant à  mettre  sur  le  compte  de  son  ar- 
rière grand-père  des  faits  dont  il  avait  lu 
le  récit  dans  Crespin,  mais  qui  semblent 
être  restés  ignorés  de  celui-là  même  qu'il 
donne  comme  y  ayant  joué  le  principal 
rôle.  Le  narrateur  insiste  cependant,  et  ne 
tenant  aucun  compte  de  l'indifTérence  de 
jadis  en  matière  de  noms,  il  fait  observer 
que  son  grand-père  et  d'autres  de  ses  pa- 
rents, signaient  «  de  La  Fontaine.  »  C'est 
seulement,  dit-il,  par  un  rigorisme  de  piété 
qu'ils  avaient  cessé  de  le  faire.  «  Par  hu- 
«  milité,  il  laissa  ce  de  la,  le  regardant 
«  comme  un  vieux  titre  de  la  noblesse  de 
«  ses  ancêtres  à  laquelle  il  avait  entière- 
«  ment  renoncé  (Bull.  XXIX,  550).  » 
L'auteur  oublie  que  ce  nom  appartenait  à 

*  Près  les  Andelys  (Eure). 

■^  C'est  l'âge  où  les  jeunes  gentilshommes 
commençaient  l'apprentissage  des  armes. 

^  «  I,  James  Fontaine,  bave  commenced  writing 
this  history,  for  the  use  of  oU  my  children,  on 
the  twenty-sixth  day  of  march  1722  ;  being 
sixly-four  years  old.  » 


diverses  familles  protestantes  de  La  Ro- 
chelle et  qu'il  est  loin  d'y  avoir  été  ap- 
porté en  1563  par  le  jeune  fugitif,  puisqu'on 
voit  figurer  dans  les  registres  de  l'église 
réformée  de  cette  ville  ',  en  la  seule  année 
1562 ,  le  mariage  d'Antoine  Mercier  avec 
Marie  Fontaine  et  celui  de  Dominique  de 
La  Fontaine  avec  Jeanne  Le  Rasle.  Donc, 
l'auteur  des  Ménioires,  écrivant  loin  de 
son  pays,  à  Dublin,  dans  un  âge  avancé, 
cent  cinquante-neuf  ans  après  les  choses 
dont  il  parle,  les  a  confondues  et  s'est 
trompé  en  croyant,  comme  il  est  si  natu- 
rel, tout  ce  qu'il  désirait.  Mais  Crespin  est 
là,  qui  proteste. 

Grâce  au  labeur  de  son  père,  une  édu- 
cation libérale  avait  été  donnée  au  fds  du 
cordonnier,  également  nommé  Jacques,  né 
eu  1603.  Il  suivit  la  carrière  théologique. 
Le  pasteur  Merlin  se  chargea  de  lui  don- 
ner la  première  teinture  des  belles-lettres, 
et  lorsque  le  moment  fut  venu  de  l'en- 
voyer à  l'académie,  il  le  plaça  comme 
gouverneur  auprès  du  jeune  comte  de 
Royan,  qui  allait  faire  ses  études  à  Sau- 
mur.  Au  retour  d'un  voyage  en  Angle- 
terre, où  il  avait  accompagné  son  élève, 
Jacques  Fontaine,  qui  en  avait  profité  pour 
perfectionner  ses  connaissances,  reçut  vo- 
cation de  l'église  de  Royan.  Il  remplit 
avec  zèle  les  fonctions  du  ministère  et 
jouit,  de  son  temps,  d'une  certaine  répu- 
tation de  science  et  d'éloquence.  Il  fut, 
selon  le  témoignage  de  son  fils,  un  des 
pasteurs  les  plus  énergiques  de  la  Sain- 
tonge  ;  et  par  la  pureté  de  ses  mœurs, 
l'aménité  de  son  caractère,  la  sobriété  de 
son  genre  de  vie,  non  moins  que  par  le 
courage  avec  lequel  il  lutta  pour  la  défense 
de  son  troupeau,  il  acquit  une  salutaire 
influence.  Il  mourut  frappé  d'apoplexie  en 
1666,  ayant  eu  six  enfants  d'une  anglaise, 
miss  Thompson,  qu'il  avait  épousée  à  Lon- 
dres en  1628,  savoir  :  1»  Jeanne  qui 
contracta  alliance  avec  un  homme  riche 
nommé  L'Hommeau,  que  la  débauche  en- 
traîna à  sa  ruine,  en  sorte  que  sa  femme 
dut  se  faire  maîtresse  d'école  ;  —  2°  Ju- 
dith, mariée  à Guiennot,  qui  la  laissa 

veuve  avec  quatre  enfants.  Enfermée  dans 
un  couvent  à  la  Révocation,  elle  feignit 
d'abjurer,  et  profita  de  la  liberté  qui  lui 


'  D'après  les  notes,  toujours  très  sûres,  dont  je 
suis  redevable  à  M.  de  Riohemosd. 


1 


581 


FONTAINE 


582 


fut  rendue  pour  se  réfugier  en  Angleterre  ; 

—  'M  Jacques,  ministre  à  Archiac,  mort 
avant  les  dragonnades.  Sa  veuve  fut  cruel- 
lement persécutée  et  finalement  chassée 
de  France.  Elle  se  retira  à  Londres  avec 
trois  fils,  dont  l'un  fut  pasteur  en  Alle- 
magne;—  40  Elisabeth, femme  de  ...  Sau- 
treau,  pasteur  de  Saujon,  qui  passa  en 
Irlande,  lorsque  son  église  fat  interdite,  et 
qui  périt  malheureusement  avec  toute  sa 
famille  dans  la  traversée  de  Dublin  à  Bos- 
ton, où  il  avait  l'intention  de  s'établir;  — 
50  Pierre,  successeur  de  son  père  dans 
l'église  de  Royan,  qu'il  desservit  jusqu'à 
l'interdiction  du  culte  réformé  dans  cette 
\  ille.  Il  se  retira  à  Londres  avec  sa  femme 
et  un  fils  qu'on  lui  permit  d'emmener 
parce  qu'il  n'était  âgé  que  de  six  ans  (Tt 
287),  et  fut  nommé  ministre  de  la  cha- 
pelle du  Lazareth.  Ses  deux  filles,  qui 
avaient  été  retenues  de  force  en  France, 
parvinrent  à  tromper  la  surveillance  de 
leurs  geôliers,  et  rejoignirent  leur  père  en 
Angleterre,  où  la  cadette  épousa  Jean  Ar- 
naud ;  —  60  François,  à  qui  sa  mémoire 
étonnante  avait  valu  la  réputation  d'un 
petit  prodige,  mais  qui  mourut  jeune. 
Resté  veuf  en  1640,  Jacques  Fontaine  se 
remaria  avec  Marie  Chaillou,  qui  lui  donna 
encore  cinq  enfants  ;  —  7°  Suzanne, 
femme  d'Etienne  Gachot,  indigne  petit- 
fils,  par  sa  mère,  du  pasteur  Merlin  et  un 
des  apostats  de  la  Révocation  ;  —  8° 
Pierre,  ministre  à  Saint-Seurin,  puis  à 
Salle<^,  qui  abjura  aussi  à  l'instigation  de 
sa  femme,  dont  il  subissait  la  tyrannie  ; 

—  90  Marie,  épouse  de  Paul  Forestier, 
prédicateur  distingué,  qui  se  réfugia  en 
Angleterre  ;  —  10»  Anne,  mariée  à  Léon 
Testard,  sieur  des  Meslars,  qui  feignit 
d'abjurer  sous  la  terreur  des  dragonnades 
et  finit  par  se  sauver  en  Angleterre  avec 
sa  femme  que  rien  n'avait  pu  ébranler  ; 

—  Ho  Jacques,  qui  suit,  auteur  des  Mé- 
moires manuscrits  dont  il  vient  d'être 
question. 

Jacques  Fontaine  naquit  à  Genoudlé,  le 
7  avril  1658.  Ses  parents  conçurent  l'es- 
poir de  le  voir  réussir  un  jour  dans  la 
profession  du  ministère  évangélique  en 
s'amusant,  comme  il  nous  le  raconte,  de  la 
gravité  enfantine  avec  laquelle  il  copiait 
son  père  dans  les  exercices  du  culte  domes- 
tique. Dès  l'âge  de  six  ans,  il  fut  donc 
envoyé   à   La  Rochelle,    dans   l'école   de 


Jean  Arnaud,  où  il  se  lia  d'une  amitié 
étroite  avec  le  jeune  de  La  Lande,  qu'il 
retrouva  plus  tard  à  Port-Arlington,  en 
Irlande.  Vif,  pétulant,  indiscipliné,  il 
n'annonça  d'abord  que  des  dispositions 
très  médiocres.  Heureusement  sa  pieuse 
mère,  qui  ne  voulait  pas  renoncer  à  la 
douce  espérance  d'en  faire  un  ministre,  se 
décida  à  le  mettre  à  Marennes  dans  un 
bon  pensionnat,  celui  de  M.  de  La  Bus- 
sière,  au  sortir  duquel  il  alla  prendre  le 
grade  de  maître  es  arts  dans  l'académie  de 
Puy-Laurens;  puis  il  se  mit  sous  la  direc- 
tion de  son  beau-frère  Forestier  pour  se 
former  à  la  prédication.  Au  milieu  des 
persécutions  auxquelles  les  protestants 
étaient  en  butte,  il  trouva  maintes  occa- 
sions, bien  qu'il  n'eût  pas  reçu  la  consé- 
cration et  qu'il  pût  à  peine  prendre  la 
qualité  de  proposant,  de  déployer  ses  ta- 
lents, soit  pour  réchauffer  les  tièdes,  soit 
pour  entraîner  les  timides,  soit  pour  com- 
battre les  oppresseurs.  Lorsque  presque 
tous  les  temples  de  la  Saintonge  eurent 
ét('  fermés,  il  tint  secrètement  dans  sa  de- 
meure des  réunions  religieuses  ;  elles  fu- 
rent trahies  par  un  apostat  nommé  Agoust. 
Jeté  en  prison  avec  quelques-uns  de  ses 
voisins,  quoiqu'il  n'eût  pas  assisté  à  l'as- 
semblée qui  avait  été  surprise,  le  jour  de 
Pâques  1684,  il  se  serait  probablement 
tiré  assez  facilement  des  serres  de  la  Jus- 
tice en  prouvant  un  alibi,  s'il  n'avait  pas 
aggravé  sa  position  en  exhortant  à  la  per- 
sévérance ses  compagnons  de  captivité.  Il 
passa  quelque  temps  en  prison  et  finale- 
ment fut  absous  par  le  terrible  parlement 
de  Bordeaux. 

Fontaine  osa  conseiller  la  résistance  à 
main  armée  ;  mais  ses  exhortations  furent 
mal  accueillies.  «  11  y  en  eut  beaucoup, 
dit-il,  qui  avaient  supporté  sans  faiblir  les 
amères  épreuves  de  la  persécution,  qui 
s'étaient  laissé  dépouiller  de  leurs  biens 
sans  succomber,  lesquels  furent  vaincus  à 
la  fin  par  les  arguments  spécieux  de  faux 
frères  qui  leur  représentaient  que  Dieu 
commande  d'honorer  les  rois  et  de  leur 
obéir,  tellement  que  c'était  manquer  à  son 
devoir  envers  le  Seigneur  que  de  refuser 
obéissance  à  des  décrets  monstrueux  ; 
c'est  ainsi  qu'ils  devinrent  d'idolâtres  re- 
négats. » 

Dès  l'apparition  des  dragons  à  Royan, 
Fontaine  s'était  éloigné  de  sa  demeure  qui 


583 


FONTAINES 


FONTANES 


584 


avait  été  pillée.  L'édit  de  ^'antes  révoqué, 
il  se  décida  à  chercher  un  refuge  en  An- 
gleterre. Il  fit  marché  avec  un  capitaine 
anglais.  Onze  autres  protestants,  dont  neuf 
femmes,  au  nombre  desquelles  était  une 
très  jolie  personne  M' le  Elisabeth  Bour- 
siquot  sa  fiancée,  et  deux  hommes,  ten- 
tèrent l'évasion  avec  lui.  Pour  ne  pas 
éveiller  les  soupçons,  ils  s'étaient  couchés 
sous  des  voiles  et  des  filets  au  fond  de  la 
barque  de  pêcheur  qui  devait  les  trans- 
porter au  large.  Le  stratagème  réussit; 
tous  débarquèrent  sains  et  saufs  en  Angle- 
terre, au  mois  de  déc.  1685.  Peu  de  temps 
après  son  arrivée  notre  proposant  reçut 
l'otfre  d'une  prébende.  Pour  un  exilé  sans 
ressources,  c'était  une  fortune  ;  mais 
comme  il  eût  fallu  souscrire  à  la  confes- 
sion de  foi  anglicane,  il  refusa. 

Préoccupé  du  besoin  de  se  procurer  des 
ressources,  il  fut  frappé  du  bon  marché  du 
pain  en  Angleterre  et  conçut  l'idée  d'une 
spéculation  sur  les  farines.  Il  se  fit  tour  à 
tour  ou  tout  à  la  fois  instituteur,  épicier, 
mercier,  chapeher,  fabricant  de  drap. 

La  révolution  de  1688  rendit  Fontaine  à 
ses  travaux  évangéliques.  Il  se  fit  ordon- 
ner par  le  synode  de  Taunton,  le  10  juin 
1688,  et  accepta  la  direction  spirituelle 
gratuite  d'ime  communauté  de  réfugiés  à 
Cork.  Mais  la  discorde  s'étant  mise  entre 
le  pasteur  et  ses  brebis,  par  suite  des  in- 
trigues d'un  réfugié  de  Calais,  nommé 
Jean  de  La  Croix,  il  abandonna,  en  1698, 
son  église,  où  il  eut  pour  successeur  Mar- 
combe,  et  partit  pour  le  nord  de  l'Irlande 
dans  l'intention  d'y  fonder  un  établisse- 
ment de  pèche.  Il  fallait  à  sa  nature  ar- 
dente une  vie  d'agitations  et  de  fatigues. 
La  baie  où  il  s'était  fixé,  en  1699^  était 
fréquemment  visitée  par  des  corsaires 
français.  Il  eut  de  véritables  combats  k 
repousser  et  les  soutint  vaillamment  ;  mais 
sa  pêcherie  finit  par  être  détruite  et  incen- 
diée. Il  se  retira  à  Dublin  où  il  acheva  sa 
carrière,  vivant  d'une  pension  du  gouver- 
nement. 

Du  mariage  de  Jacques  Fontaine  avec 
d'ie  Boursiquot,  célébré  à  Barnstaple,  le 
8  fév.  1686,  naquirent  huit  enfants  :  1° 
Jacques,  présenté  au  baptême,  en  1687,  et 
baptisé  par  le  pasteur  Maury  ;  —  2o  Aa- 
RON,  mort  en  1699;  —  3°  Marie-Anne, 
née  en  1690,  épouse  de  Matthieu  Maury  ; 
—  4»  Pierre,   qui  embrassa  la  carrière 


ecclésiastique  et  s'établit   en  Amérique  ; 

—  5°  Jean,  qui  servit  comme  officier  dans 
l'armée  anglaise  en  Espagne  et  qui  plus 
tard  alla  s'établir  aussi  en  Amérique.  On 
lui  doit  le  Journal  que  M^e  Anne  Maury 
a  publié  à  la  suite  des  Mémoires  avec  un 
Sermon  de  Pierre  Fontaine,  et  des  lettres 
de  plusieurs  membres  de  sa  famille,  entre 
autres  du  colonel  William  Fontaine,  qui 
servit  dans  l'armée  de  Washington  ;  — 
6°  Moïse  ;   —  7o  François,  né  en  1697  ; 

—  8°  Elisabeth,  née  le  3  août  1701.. 
Les  descendants  de  cette  famille  sont  en- 
core nombreux  en  Amérique. 

Prosper  Mérimée,  étude  (sans  valeur)  dans 
la  Revue  des  Denx-Mondes,  septemb.  1853. 

2.  FONTAINES  (Pons),  «  natif  de  Vil- 
lars,  dioc.  de  Nismes,  »  reçu  habitant  de- 
Genève,  cet.  1555.  —  Denis  Fontaine, 
«  minusier  natifz  de  Villeneufve-la-Guyer,  » 
id.,  mai  1559.  —  André  de  Fontaine,  ve- 
loutier  d'Avignon,  id.,  16  septemb.  1572. 

—  Antoine  Fontaine,  eseolier  de  Picardie, 
id.,  20  oct.  1572.  —  Fontaine,  famille 
réformée,  de  Courcelles,  encore  existante  : 
(Jean),  hôte,  à  la  Couronne,  à  Deux-Ponts  ; 
(Jean),  chirurgien  du  duc  de  Deux-Ponts, 
mort  à  Metz  en  1667,  marié  le  20  mai 
1641  à  Judith  fille  d'Élie  Guyot,  chirur- 
gien, bourgeois  de  Metz.  Catherine  Fon- 
taine, de  Pange,  18  ans,  enfermée  au  cou- 
vent de  la  Propagation  de  la  foi  à  Metz, 
en  1758. — Jacobus  et  Simo  «  Fontanus,  » 
tous  deux  (le  Paris,  étudiants  à  Genève, 
1632.  —  «  Petrus  Fontanus  santo  roya- 
nensis,  »  étudiant  k  Genève,  octob.  1666. 

—  (Abraham),  de  Cognac,  étudiant  à 
Genève  (Ab.  Fontaine  cognacensis  xanto), 
mai  1685.  —  (Pierre),  de  la  Charité-sur- 
Loire,  «  orlogeur,  s  et  confesseur,  assisté 
en  passant  à  Lausanne  pour  aller  en 
Hollande,  23  novemb.  1694.  —  (Thomas 
de),  officier  dans  l'armée  hollandaise,  de 
1695  à  1697.  —  (Suzanne),  de  Montpel- 
lier, réfugiée  à  Halle,  1698.  —  (Esther), 
de  Dieppe,  assistée  à  Londres,  1706.  — 
(Pierre  de),  de  Chateaudun,  55  ans,  id. 
(1  1.  10),  «  outre  ce  qu'on  a  donné  pour 
l'enterrement  de  sa  femme,  »  1706.  —  (An- 
toine), des  Cévennes,  assisté  à  Genève, 
1709. 

1.  FONTANES,  famille  noble  originaire 
des  environs  d'Alais  [Haag,  V  130],  qui 
se  réfugia  à  Genève  après  la  révocation  de 


585 


FONTANES 


586 


l'édit  de  Nantes.  Le  plus  célèbre  de  ses 
membres,  Louis  de  Fontanes,  grand-maître 
de  l'Université,  n'appartient  pas  à  la 
France  protestante  ;  mais  il  s'y  rattache 
par  des  liens  de  parenté  et  des  traditions 
de  famille  qui  ont  dû  exercer  quelque  in- 
fluence sur  son  éducation.  Ce  fut  son  aïeul 
qui,  à  l'époque  de  l'administration  d'Orry, 
contrôleur  général  des  finances  de  173S  à 
1745,  rentra  en  France,  espérant  qu'avec 
la  protection  de  ce  ministre  dont  il  était 
connu,  il  pourrait  recouvrer  partie  des 
biens  qui  avaient  été  confisqués  à  sa  fa- 
mille. Mais  ses  espérances  furent  déçues, 
peut-être  parce  qu'il  ne  voulut  pas  acheter 
cette  restitution  par  un  acte  d'hypocrisie. 
Tout  ce  qu'il  put  obtenir,  et  c'était  beau- 
coup pour  un  protestant,  ce  fut  une  place 
d'inspecteur  des  manufactures  dans  le 
bas  Languedoc.  Son  fils  Jean-Pierre-Mar- 
cellin  de  Fontanes,  né  à  Genève  en  1721, 
mais  qu'il  ramena  en  France  avec  lui,  suivit 
la  même  carrière.  A  la  suite  d'une  affaire 
d'honneur,  il  demanda  son  déplacement 
pour  le  Poitou  et  s'adonna  sérieusement  à 
l'agriculture.  On  cite  de  lui  divers  mé- 
moires qu'il  publia  sur  des  questions 
d'agronomie,  notamment  dans  les  Ephé- 
mérides  du  Citoyen.  Il  mourut  à  Nantes, 
en  nov.  1774.  De  son  mariage  avec  une 
demoiselle  de  Sède,  qu'il  avait  épousée  à 
St-Gaudens,  naquirent  deux  fils,  qui,  con- 
formément à  l'engagement  auquel  il  avait 
souscrit  en  se  mariant,  furent  élevés  dans 
la  communion  catholique  :  l'aîné,  qui  don- 
nait de  grandes  espérances,  fut  enlevé  par 
une  mort  précoce,  à  l'âge  de  21  ans  (1772)  ; 
le  cadet,  né  à  Niort  le  6  mars  17o7,  fut  le 
grand-maître  de  l'Université.  Louis  de 
Fontanes  reçut  sa  première  instruction 
chez  un  curé  des  environs  de  sa  ville  na- 
tale à  qui  il  servait  comme  d'enfant  de 
chœur.  «  De  là  peut-être,  dit  M.  Roger 
dans  la  biographie  dont  il  a  fait  précéder 
les  Œuvres  de  Fontanes,  ce  goût  pro- 
noncé pour  les  cérémonies  religieuses  qu'il 
a  gardé  toute  sa  vie,  et  qui  peut-être  aussi 
n'a  pas  été  sans  influence  sur  la  nature  de 
son  talent  comme  sur  le  choix  des  sujets 
qu'il  a  traités.  »  Mais  si  l'on  songe  que  le 
jeune  Fontanes  ne  se  prêta  jamais  qu'à 
contre-cœur  au  genre  d'éducation  qui  lui 
était  donné,  tellement  qu'il  tenta  de 
s'échapper  pour  s'engager  comme  mousse 
à  La  Rochelle,  on  peut  supposer  qu'il  te- 


nait d'ailleurs  cet  amour  pour  les  choses 
saintes  qui  se  reflète  dans  ses  écrits.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  ne  reniait  ni  son  père, 
ni  sa  famille,  il  ne  les  croyait  pas  éternel- 
lement damnés,  il  ne  maudissait  pas  la 
religion  qu'ils  avaient  professée,  et  lors- 
que, à  l'approche  des  tempêtes  de  la  Ré- 
volution, justice  fut  enfin  rendue  aux 
protestants,  il  trouva  des  paroles  pleines 
d'éloquence  pour  célébrer  ce  triomphe  de 
la  raison,  dans  un  poème  qui  lui  valut 
les  couronnes  de  l'Académie  française  (23 
août  1789).  En  voici  le  début  : 

Lorsque  du  haut  du  trône  une  voix  paternelle 
Console  ces  Français  qu'a  proscrits  un  faux  zèle, 
Au  rang  de  citoyen  leur  donne  un  droit  nouveau, 
Protège  leur  hymen,  leur  tombe  et  leur  berceau  ; 
Moi,  né  d'aïeux  errants  qui,  dans  le  dernier  âge, 
Du  fanatisme  aveugle  ont  éprouvé  la  rage, 
Puis-je  ne  pas  chanter  cet  édit  immortel 
Qui  venge  la  Raison  sans  offenser  l'Autel  ? 

Puis  il  fait,  en  quelques  coups  de  pin- 
ceau, le  tableau  des  persécutions  ;  il  nous 
montre  : 

Le  Dieu  de  paix  servi  par  la  main  des  bourreaux, 
Le  prêtre  encourageant  le  soldat  sanguinaire, 
Les  enfants  pour  jamais  arracliés  à  leur  mère, 
Des  femmes,  des  vieillards  immolés  sans  remord, 
Et  contraints  de  choisir  le  mensonge  ou  la  mort 


Devenu  professeur  au  collège  des  Quatre- 
nalions,  1795,  il  fut  proscrit  au  18  fructi- 
dor (1796),  revint  l'année  suivante,  après 
le  18  brumaire,  et  s'attacha  à  Napoléon. 
Il  entra  comme  député  au  Corps  législatif 
en  1804,  fut  nommé  grand-maître  de  l'Uni- 
versité (1808-1815),  contribua  puissam- 
ment à  la  restauration  des  lettres  ainsi 
qu'au  rétablissement  de  la  religion  et  mou- 
rut en  1821  (17  mars)  avec  la  réputation 
d'un  des  hommes  les  plus  élégants  de  son 
temps,  par  la  plume  et  par  la  parole,  ce 
qui  n'allait  pas,  sous  l'Empire,  sans  quel- 
que renom  d'adulateur. 

Une  autre  branche  de  la  famille  du  grand- 
maître  s'était  étabhe  à  Turin.  On  trouve 
dans  le  Livre  du  recteur  :  Johannes  Fon- 
tanes taurinensis,  étudiant  à  l'acad.  de 
Genève  en  1733  et  Carolus  F'ontanes  en 
1768.  Théodore-Antoine  de  Fontanes  né 
à  Turin  en  1808,  fils  de  Louis  de  Fontanes 
et  d'Anne-Marie  Dumas,  devint  directeur 
de  la  maison  royale  de  Charenton  et  mou- 
rut à  Nantes  en  1872,  ne  laissant  qu'une 
fille. 

2.  FONTANES  (Jean)  fils  de  Jean, 
d'Alais,  appartenait  vraisemblablement  à 


587 


FONTANES 


588 


une  branche  de  la  même  famille  [Haag,  V 
131].  Il  se  rendit  jeime  en  Suisse  pour  y 
étudier  la  théologie.  Après  avoir  exercé 
les  fonctions  de  pasteur  de  l'église  fran- 
çaise à  Hambourg,  il  revint  en  1759  à 
Genève,  où  il  fut  nommé  ministre  de  la 
Bourse  françoise,  le  14  sept.  Trois  ans 
plus  tard,  le  21  sept.  1762,  il  fut  reçu 
bourgeois  de  la  ville  avec  son  fils  Jacques- 
Charles.  Il  avait  épousé  la  fille  du  pas- 
teur Dentand.  Il  joignit  ensuite  à  ses  fonc- 
tions pastorales  celles  du  professorat  ;  il 
fut  d'abord  régent  de  première,  puis,  en 
1773,  professeur  de  belles-lettres.  Enfin, 
en  1775,  il  fut  choisi  pour  un  des  pasteurs 
de  la  ville,  et  mourut  en  1788.  —  Jacques 
Fontanes,  «  facturier  de  bas,  de  Nismes,  » 
réfugié  à  Berlin  avec  sa  famille,  1698; 
trois  frères,  ses  descendants,  vivaient  à 
à  Berlin;  George-Emile,  lieutenant  d'in- 
fanterie en  1851  ;  Théodore-Henri  inten- 
dant-référendaire, 1856  ;  Frédéric,  libraire, 
1863.  Voy.  Stamhaûme  der  Mitgleider  der 
Franzosischen  Colonie  in  Berlin,  heraus- 
geg.  von  Dr  Beringuier;  Berlin,  in-fo!., 
1885-87;  p.  12.  —  Claude  Fontanes,  de 
Languedoc,  &  facturier  de  bas,  »  réfugié 
à  Wesel,  1700.  —  (Abel),  assisté  à  Lau- 
sanne allant  en  Allemagne,  1714.  —  (Ray- 
mond), id.,  allant  en  Angleterre,  1715. 

FONTANES,  famille  originaire  d'un 
village  voisin  de  Nîmes,  probablement  St- 
Laurent-d'Aigouze.  Sur  les  listes  de  la 
charité  genevoise,  on  trouve  une  Jeanne 
Fontanes  «  des  environs  de  Nîmes,  »  as- 
sistée de  trois  quarts  d'écu  à  Genève,  en 
1692,  pour  s'aider  à  gagner  la  Hollande. 
Toutefois  c'est  àCalvisson(Gard)  que  vivait 
le  docteur  Fontanes,  honorable  médecin 
qui  fut  quelque  temps  maire  de  cette  petite 
ville  et  dont  le  fils  épousa  la  fille  d'un  mar- 
chand drapier  de  Nîmes,  Pierre-Etienne 
Garnier.  Ce  fils,  Louis  Fontanes,  né  en 
1760,  mort  en  1846,  suivit  la  carrière  de 
son  beau-père,  mais  sans  réussir  à  conqué- 
rir la  fortune.  Il  eut  deux  fils  :  le  premier 
né  à  Calvisson  le  15  mai  1797,  Louis-Ferdi- 
nand, devait  un  jour  être  un  éminent 
pasteur  de  l'Eglise  réformée,  et  le  second, 
Louis- Amédée,  né  au  même  lieu  le  12  sep- 
tembre IFOo,  fut  aussi  pasteur. 

Comme  tous  les  hommes  d'un  caractère 
moral  fortement  trempé,  Louis-Ferdinand 
Fontanes  dut  beaucoup  à  sa  mère,  pieuse 
femme  douée  d'une  bonté  infinie  et  des 


sentiments  les  plus  élevés  ;  sa  vie  fut  tou- 
jours plus  voisine  de  la  gêne  que  de  l'ai- 
sance ;  elle  eut  sa  part  des  tribulations  du 
temps,  car  son  mari  emprisonné  par  le  tri- 
bunal révolutionnaire  fut  appelé  pour  l'é- 
chafaud  et  n'y  échappa  que  par  un  hasard, 
mais  elle  se  trouva  toujours  au-dessus  des 
épreuves  grâce  à  sa  douce  piété.  Quand 
son  fils  était  malade,  elle  le  calmait  eu  le 
berçant  au  chant  des  psaumes,  et  il  s'est 
toujours  rappelé  que  comme  elle  l'avait 
un  jour  endormi  sur  ses  genoux,  malgré 
de  cruelles  souffrances,  en  lui  chantant  le 
psaume  VI, 


Seigneur  qui  vois  ma  peine. 


chaque  fflis  que  la  douleur  menaçait  de 
revenir,  l'enfant  criait  :  Le  psaume  VF,  le 
psaume  VI  !  Le  temps  de  ces  mœurs  naï- 
ves n'est  cependant  pas  très  éloigné,  puis- 
que c'est  en  1813  que  le  jeune  homme 
ayant  achevé  ses  études  au  lycée  de  Nî- 
mes alla,  sur  le  conseil  d'un  ami  de  la  fa- 
mille, le  pasteur  Samuel  Vincent,  les  ache- 
ver à  Genève  oti  il  se  rendit  avec  ses  père 
et  mère.  Il  était  ainsi  naturellement  dirigé, 
selon  les  vœux  secrets  de  celle-ci,  vers  l'é- 
cole du  pastorat.  Ses  qualités  dominantes 
étaient  l'application,  la  persévérance,  la 
sévérité  envers  lui-même  et  la  ferme  con- 
science en  tout  ce  qu'il  faisait.  Il  dit  son  pre- 
mier sermon  à  Ferney  en  1819,  et  soutint 
sa  thèse  sur  ce  grand  sujet  :  De  l'emploi 
de  la  raison  dans  les  études  théologiques.  Il 
s'efforçait  d'y  établir  ces  deux  points  :  que 
la  raison  n'est  pas  admise  à  contrôler  les 
enseignements  de  l'Écriture,  qu'elle  n'a 
droit  que  de  les  constater  et  de  s'y  sou- 
qjettre  ;  mais  que  les  Écritures  ne  peuvent 
rien  contenir  de  contraire  à  la  raison. 
Cette  théorie  difficile  à  établir  fut  le  point 
de  départ  de  sa  pensée  pour  toute  sa  vie.  Il 
reçut  la  consécration  à  Genève  en  1821. 
La  bonne  réputation  qu'il  s'y  était  acquise 
devança  son  retour  dans  sa  ville  natale  et 
lui  valut,  à  peine  arrivé,  la  place  de  pas- 

'  Le  psaume  VI  a  toujours  exercé  une  vive  at- 
traction. C'est  par  lui  qu'ont  commencé  nos  tra- 
ducteurs. Il  se  trouve  dès  1533  imprimé  à  la 
suite  du  Miroir  de  très  chrétienne  princesee  Mar- 
guerite de  France:  Paris,  Augereau,  1533  in-18. 
(Voyez  l'ouvrage  de  M.  Douen  sur  Marot,  t.  II 
504)  ;  et  il  paraissait,  à  part,  en  1535  à  Lyon, 
en  une  plaquette  de  4  feuillets  ornée  de  deux 
gravures  (Harrisse,  Excerpta  Colombiniana,  1887, 
p.  XXVI  et  153). 


589 


FONTANES 


590 


teur  catéchiste  de  Téglise  de  Nîmes.  C'était 
une  mission  suivant  son  cœur.  Il  aurait 
voulu  vouer  sa  vie  entière  à  instruire  et 
former  les  jeunes  gens,  d'autant  que  dans 
le  cours  de  ses  études,  un  accident,  un 
commencement  d'asphyxie  par  l'acide  car- 
bonique, avait  altéré  sa  santé  et  arrêté  sa 
croissance.  Mais  malgré  une  apparence  dé- 
licate il  put  suffire  à  tous  les  travaux  d'un 
ministère  très  actif  et  même,  une  année, 
remplir  les  fonctions  d'un  collègue  malade 
et  prêcher  jusqu'à  trois  fois  dans  k  même 
journée  pendant  un  semestre.  Tout  en  s'a- 
donnant  avec  un  zèle  rare  aux  fonctions 
de  catéchiste  dans  une  Eglise  populeuse,  il 
cultivait  avec  ardeur  les  études  de  théolo- 
gie et  se  tenait  au  courant  des  travaux  de 
l'Allemagne,  peu  connus  et  mal  appréciés 
à  cette  époque.  Aussi  quand  une  place  de 
professeur  à  la  faculté  de  théologie  de 
Montauban  devint  vacante,  en  1824,  les 
amis  éclairés  de  l'Eglise  lui  firent  un  de- 
voir de  se  présenter.  Ses  épreuves  de  con- 
cours furent  brillantes  et  il  allait  l'empor- 
■ter  sur  ses  concurrents  lorsque  des  doutes 
vinrent,  de  Nîmes  même,  sur  la  foi  du 
candidat;  on  l'accusait  d'avoir  des  opi- 
nions libérales.  Les  membres  du  jury 
d'examen  rédigèrent  aussitôt  une  profes- 
sion de  foi  et  décidèrent  que  les  aspirants 
à  la  chaire  de  professeur  étaient  tenus  de 
la  signer.  Ferdinand  Fontanès  n'avait 
point  d'objections  à  présenter  contre  les 
termes  de  la  fornmle  imposée  ;  il  la  signa 
même  dès  que  la  nomination  eut  eu  lieu, 
mais  il  ne  voulut  pas  reconnaître  qu'on 
eût  le  droit  de  lui  imposer  un  formulaire 
et  il  refusa  de  se  soumettre  à  la  mesure 
préalable.  Ainsi  sa  fidélité  à  ce  principe 
que  les  droits  de  la  conscience  individuelle 
sont  supérieurs  à  toute  convention  hu- 
maine exprimée  par  une  confession  de  foi, 
lui  coûta  une  position  qu'il  ambitionnait 
et  qu'il  a  toujours  regrettée.  Il  accepta 
aussitôt  la  vocation  que  lui  offrait  la  pe- 
tite ville  de  Tonneins,  mais  il  n'y  resta 
que  peu  de  mois  (3  fév.-21  déc.  1825).  La 
place  de  pasteur  titulaire  étant  devenue 
vacante  à  Nîmes,  il  y  revint  sur  l'appel 
unanime  du  consistoire,  et  ne  la  quitta 
plus.  Etranger  à  toutes  les  préoccupations 
mondaines  il  se  consacra  tout  entier  aux 
devoirs  journaliers  du  pastoral,  à  la  cure 
des  âmes  et  à  la  consolation  des  malades, 
aux  œuvres  de  bienfaisance  et  d'éducation 


dont  il  créa  plusieurs,  entre  autres  le  pen- 
sionnat normal  d'où  sont  sorties  tant  d'in- 
stitutrices capables  qui  font  honorer  le  nom 
protestant  ;  aux  études  théologiques  médi- 
tées surtout  avec  les  penseurs  allemands 
Schleierniacher  et  Néander,  à  diverses  pu- 
blications où  il  répandait  ses  sages  doc- 
trines, à  la  conduite  de  l'église  de  Nîmes 
et  aux  affaires  générales  de  l'Église  protes- 
tante, dont  il  devint  bientôt  l'un  des  arbi- 
tres, sans  l'avoir  ambitionné,  mais  par  le 
seul  respect  qu'inspirait  son  caractère.  Ce 
fut  sur  son  initiative  que  fut  créée  la  so- 
ciété d'évangélisation  j  our  les  protestants 
disséminés.  La  ferme  conscience  qu'il  avait 
montrée  au  concours  de  Montauban,  en 
refusant  de  signer  un  formulaire  de  foi 
imposée,  l'avait  naturellement  porté  à  la 
tête  des  protestants  libéraux  de  son  temps; 
mais  c'était  un  libéral  plein  d'égards  pour 
les  traditions  religieuses.  Il  admettait  le 
surnaturel  biblique  et  tous  les  miracles 
lorsqu'ils  avaient  rempli  la  condition 
d'éveiller  dans  une  àme  la  foi  au  Christ 
et  le  désir  de  pratiquer  la  vie  chrétienne. 
Quant  aux  dogmes  évidemment  vieillis,  il 
voulait  qu'on  se  contentât  de  suivre  la 
longue  élaboration  du  temps  au  lieu  de 
la  devancer  ;  il  avait  bien  des  exem- 
ples à  donner  à  l'appui  de  cette  thèse  et 
il  donnait  volontiers  celui  du  dogme  de 
la  Prédestination,  longtemps  maintenu  de 
haute  lutte  contre  les  opposants,  et  qui 
avait  fini  insensiblement,  sans  nouveaux 
combats,  par  disparaître  de  l'horizon  théo- 
logique et  de  la  conscience  de  l'Église.  Il 
applaudit  à  l'apparition  de  la  Revue  de 
théologie  fondée  en  1850  à  Strasbourg  par 
de  hardis  théologiens,  Tim.  Colani,  Edm. 
Scherer,  Ed.  Reuss,  etc.,  et  lorsqu'il  vit 
combien  cette  critique  nouvelle  dépassait 
la  sienne,  il  ne  se  chagrina  pas;  il  recon- 
nut la  marche  inéluctable  du  temps. 

Après  avoir  donné  libre  cours  à  ses  opi- 
nions dans  plusieurs  recueils  auxquels  Sa- 
muel Vincent  présidait,  notamment  dans 
celui  qui  portait  pour  titre  :  Religion  et 
Christianisme,  lequel  disparut  dans  la  tour- 
mente de  1830,  il  fonda  lui-même  une 
feuille  nouvelle,  L'Evangéliste,  qu'il  rédi- 
gea presque  seul  pi  ndant  les  quatre  an- 
nées (1837-40)  qu'elle  dura.  On  a  aussi  de 
lui  une  très  estimable  traduction  (litté- 
rale) de  l'Histoire  du  siècle  apostolique  du 
célèbre  pasteur  berlinois,  Néander.  Il  pu- 


591 


FONTANES 


592 


blia  encore,  en  1840,  un  Catéchisme  évan- 
gélique  (IQe  édition  en  1885;  adopté  en 
1885  par  le  Consistoire  de  Nîmes  pour 
l'instruction  de  la  jeunesse),  une  Histoire 
sainte  par  demandes  et  par  réponses  (6e 
édit.  en  1884)  et  quelques  études  soit  in- 
sérées dans  divers  journaux  {Le  libre  exa- 
men, le  Lien,  l'Echo  de  la  Réforme)  ou 
publiées  à  part  comme  celles  intitulées  : 
De  la  lutte  engagée  dans  les  églises  protes- 
tantes, 1842  et  De  l'unité  religieuse,  1844. 
Il  inséra  aussi  quelques  notices  dans  les 
Mém.  de  l'acad.  de  JNîmes  où  il  avait  suc- 
cédé à  Samuel  Vincent  (1837)  et  y  lut  no- 
tamment un  travail  sur  les  Preuves  de 
l'existence  de  Dieu,  dans  lequel  il  s'appli- 
quait à  démontrer  que  les  preuves  habi- 
tuellement présentées  sont  insulTisantes  et 
que  l'idée  de  Dieu  n'est  pas  un  produit  de 
la  logique,  mais  un  fait  primitif  inculqué 
divinement  dans  la  conscience  de  chacun. 
Il  n'a  fait  imprimer  qu'un  petit  nombre  de 
ses  sermons,  entre  autres  :  Discours  pour 
la  consécration  de  MM.  Lavondès,  Jala- 
bert  et  Amphoux,  Nîmes,  1828;  Disc, 
pour  la  consécr.  de  M.  Aniédée  Constans, 
Nîmes,  1832  ;  Deux  discours  sur  la  Réfor- 
mation, Nîmes,  1836.  Comme  prédicateur 
il  s'inquiétait  peu  de  briller,  il  ne  visait 
qu'à  toucher.  Sa  constitution  délicate  ne  lui 
permettait  pas  les  éclats  oratoires,  mais  sa 
piété  profonde  lui  inspirait  de  ne  pas  ter- 
miner un  discours  sans  laisser  son  dard 
dans  les  cœurs.  Il  les  préparait  soigneuse- 
ment, mais  il  ne  les  écrivait  jamais  et  ne 
reprenait  jamais  une  ancienne  prédication. 
On  a  compté  qu'il  avait  ainsi  traité  1200 
sujets  en  l'espace  de  dix  années.  Aussi  la 
sûreté  de  ses  improvisations  et  la  souplesse 
de  son  esprit  étaient  extraordinaires.  Un 
jour  il  était  assis  dans  les  bancs  du  Consis- 
toire à  Nîmes,  lorsque  le  prédicateur,  qui 
venait  d'achever  son  exorde,  se  sent  in- 
disposé tout  à  coup  et  descend  de  la  chaire. 
Comment  renvoyer  brusquement  l'assem- 
blée qui  était  fort  nombreuse  ?  Fontanès 
met  la  robe,  monte  en  chaire  à  son  tour, 
fait  chanter  un  verset  pour  recueillir  un 
instant  ses  idées  et  reprenant  le  même 
texte  avec  les  mêmes  divisions  que  son 
collègue  venait  d'annoncer,  il  prononce 
sans  embarras  un  discours  excellent.  La 
dernière  fois  qu'il  monta  en  chaire,  ce  fut 
le  27  mai  1852  pour  consacrer  son  fils 
aîné  au  ministère.  Le  discours  ému  et  pé- 


nétrant qu'il  prononça  en  cette  circon- 
stance avait  pour  texte  ces  paroles  de  saint 
Paul  :  «  Nous  ne  falsifions  pas  la  parole 
de  Dieu  mais  nous  parlons  avec  sincérité 
comme  de  la  part  de  Dieu  et  en  la  présence 
de  Dieu  en  Jésus-Christ  »  2  Cor.  II,  17. 
On  a  pu  dire  de  lui  que  c'était  un  carac- 
tère, une  conscience.  Il  rendit  l'âme  le 
9 janv.1862. 

Ferdinand  Fontanès  avait  un  jeune  frère 
qui  fut  consacré  par  lui  au  ministère  évan- 
gélique  4e  ler  mars  1832,  et  qui  fut  pas- 
teur à  Aix  (Drôme)en  1833  et  à  Lédignan 
(Gard)  de  1834  à  1876.  Il  est  mort  à  Nîmes 
le  20  janv.  1878  ne  laissant  qu'une  fille, 
Mathildk,  née  en  1833.  Au  mois  d'avril 
1827,  Ferd.  Fontanès  avait  épousé,  à  Nî- 
mes, Marie  Peyront  et  de  cette  union 
naquirent  lo Ernest;  2°  Albert,  en  1832, 
mort  enfant  ;  3»  Amélie  en  1833. 

M.  Ernest  F'ontanès,  né  à  Nîmes  le 
31  janvier  1828,  est  de  ces  fils  rares  qui, 
prenant  l'héritage  d'un  père  éminent,  le 
continuent  sans  le  laisser  déchoir.  Il  fit 
ses  études  au  lycée  de  Nîmes,  puis  à  l'aca-, 
demie  de  Genève  (1845-49),  à  l'Univer- 
sité de  Bonn  en  1850,  puis  à  Berlin  et 
Halle.  Nommé  pasteur  sufl'ragant  à  Mont- 
pellier en  1852,  il  passa  au  Havre  en 
1856,  y  devint  aumônier  protestant  du 
collège  en  1858,  puis  président  du  Consis- 
toire en  1860  et  l'est  encore  aujourd'hui. 
Prédicateur  éloquent,  sachant  exposer  la 
pensée  chrétienne  avec  force,  avec  éclat, 
avec  une  poésie  entraînante,  il  était  vive- 
ment désiré  par  la  partie  libérale  de  l'église 
de  Paris  et  il  fut  sur  le  point,  lorsque  cette 
église  fut  divisée  en  paroisses  (1881). 
d'être  appelé  à  desservir  celle  de  l'Ora- 
toire ;  mais  il  renouvela  l'exemple  donné 
par  son  père  de  s'arrêter  devant  un  scru- 
pule de  conscience.  La  majorité  orthodoxe 
du  Consistoire  de  Paris  posa  comme  con- 
dition absolue  de  la  nomination  qui  devait 
être  faite,  que  le  pasteur  lût  en  chaire  la 
confession  de  foi  inexacte  et  surannée  dite 
«  Le  Symbole  des  Apôtres.  »  C'était  une 
arme  employée  pour  écarter  de  la  chaire 
de  très  dignes  pasteurs  «  qu'un  scrupule 
«  très  honorable  aux  yeux  de  tous,  mais 
«  selon  moi  excessif,  dit  Ath.  Coquerel  S 

1  Histoire  du  Credo,  par  Ath.  Coquerel  fils 
(1869,  in-12),  p.  143.  —  Voyez  sur  le  même  su- 
jet, le  Symbole,  deux  thèses  de  théologie  de  MM. 
Bonnefon   et  Grawitz   (1864),    deux    études  de 


593 


FONTANES 


FONTENAY 


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«  a  empêchés  de  consentir  à  faire  cette 
«  lecture.  «  M.  E.  Fontanès  s'y  refusa. 
Nous  citerons  de  lui  : 

I.  L'esprit  de  la  Rèformation  ;  sermon 
prêché  au  Havre  à  l'occasion  du  3e  jubilé 
de  la  Réformation;  1859,  in-8o. 

II.  Le  royaume  de  Dieu  ;  sermon  prêché 
à  l'inauguration  du  temple  du  Havre,  1862. 

IH.  Les  paroles  de  Jésus;  discours  pro- 
noncé dans  l'église  de  Pentemont  à  Paris, 
1864. 

IV.  Catholicisme  et  protestantisme,  con- 
férence faite  à  Strasbourg  le  15  mars  1869. 
Paris  et  Genève,  Cherbuliez,  1869,  in-8'J. 

V.  La  libération  de  la  France,  conférence 
patriotique  faite  au  Havre  à  l'occasion  de 
la  souscription  nationale  le  21  fév.  1872. 

VI.  Le  Christianisme  moderne  ;  étude 
sur  Lessing  ;  1867,  1  vol.  in-12. 

VII.  Le  Christianisme  libéral  {recue'û  de 
onze  sermons)  ;  Paris,  1874,  in-12  de 
347  p. 

VIII.  Cavour  ;  conférences!  janv.  1875. 
Paris,  Sandoz  et  Fischbacher  ;  96  p.  in-16. 

IX.  Les  protestants  libéraux  et  la  Ré- 
forme; sermon  prononcé  dans  la  salle  S'- 
André  à  Paris,  le  7  nov.  1875,  à  l'occasion 
de  la  fête  de  la  Réformation  ;  67  p.  in-12. 

FONTANIER  (Jean).  Nous  n'avons 
trouvé  dans  les  registres  du  parlem.  de 
Paris  qu'une  bien  faible  trace  de  la  con- 
damnation visée  dans  un  petit  écrit  inti- 
tulé :  Discours  sur  la  vie  et  mort  df  Jean 
Fontanier.  natif  de  Montpellier,  bruslé  en 
la  place  de  Grève,  par  arrest  de  la  Cour 
du  pari,  de  Paris  le  10  déc.  1621,  pour 
avoir  enseigné  sa  fausse  religion  ;  Paris, 
Isaac  Mesnier  ;  in-12  de  8  pages  '. 

Jeanne  de  Fontanier  veuve  de  Jean-Jacq. 
Pellisson  conseiller  en  la  chambre  de  l'é- 

M.  le  p'  A.  Viguié,  à  la  conférence  pastorale  de 
Nîmes  en  1864  et  dans  la  Revue  de  théologie  et 
de  philosophie  (Paris,  1886)  ;  —  et  surtout  Z« 
Symbole  des  Apôtres  (un  vol.  in-S"  Paris  1867) 
par  feu  le  prof.  Michel  Nicolas. 

1  Cet  écrit,  où  l'on  ne  trouve  que  cinq  pages  de 
divagations  et  pas  le  moindre  renseignement  sur 
l'affaire,  est  cependant  exact  dans  son  énoncé. 
Le  registre  d'écrou  de  la  conciergerie  de  Paris 
mentionne  l'emprisonnement,  â  la  date  du  26  nov. 
1621,  de  Jehan  Fontanier,  comme  appelant  d'une 
sentence  du  Prévôt  de  Paris  qui  l'avait  condamné 
à  mort  et  note  que  le  10  déc.  suiv.  le  parlement 
confirma  la  sentence,  et  restitua  le  prisonnier  aux 
officiers  du  Châtelet..  sans  autre  motif  ou  explica- 
tion que  ces  mots  :  «  A  la  réquisition  du  procureur 
du  Roy.  » 


dit,  70  ans,  inhumée  au  cim.  des  SS.  Pè- 
res à  Paris,  17  avril  1673;  assistants  Jacq. 
Pellisson  son  fds  et  Anthoine  Crosat  sr  de 
la  Bastide.  —  Testament  de  François  fds 
de  Me  Anthoine  Fontanier,  notaire  royal 
et  de  Suzanne  Jalaguier  sa  femme,  de  La 
Salle  en  Cévennes^  du  2  juillet  1682,  reçu 
à  Genève  par  J.  Deharsu  (portef.  33,  f» 
57)  ;  —  (Claude),  manufacturier  de  bas, 
d'Aiguevives  en  Languedoc,  réfugié  avec 
sa  femme  et  un  ouvrier  à  Wezel,  1698;  — 
(La  veuve),  de  St-Laurent  aux  Cévennes, 
avec  sa  fdie,  assistées  à  Genève,  1693;  — 
(Florette)  emprisonnée  au  château  de  Gar- 
cassonne,  1705.  —  Fontanieu,  ancien  de 
l'église  de  Fons  délégué  au  synode  de  Nî- 
mes, 1678  ;  (Jean)  réfugié  à  Herlin,  1698; 
François,  de  Nîmes  et  Pierre,  de  S'-Am- 
broix,  facturiers  de  bas,  réfugiés  avec 
leurs  familles  à  Berlin.  1700;  (Marie)  de 
S'-Martin  près  La  Salle  en  Cévennes,  as- 
sistée à  Lausanne,  nov.  1742.  —  Louis 
Fontanieux  officier  dans  l'armée  hollan- 
daise, 1752-54.  —  La  veuve  de  Jean  Fon- 
taniou,  de  St-Laurent  en  Cévennes,  assis- 
tée à  Genève,  1693.  —  Fontanille,  de  Ma- 
lerargues,  obtient  une  pension  de  800  liv. 
pour  sa  conversion,  15  mai  1688.  —  Bap- 
tême en  l'église  de  St-Chaptes  et  Blansac, 
de  Cassandre,  lllle  de  Robert  de  Fonta- 
rèche  et  d'Elisabeth  de  Montolieîi;  parrain 
Daniel  de  Montolieu  s""  d'Aubussargues  et 
marraine  Elisabeth  de  Charles,  1590  (Tt 
340).  M.  de  Fontarèches  ancien  de  l'église 
de  Blansac,  1678  (Tt  282).  Claude-F.  de 
Fontarèche,  gentilhomme  d'Uzès,  réfugié  à. 
Genève  ;  «  ses  parents  ne  lui  faisant  plus 
rien  parvenir,  »  il  reçoit  de  la  Bourse 
françoise  un  secours  de  8  écus  pour  pas- 
ser en  Hollande,  1703.  Vers  adressés  au 
baron  de  Fontarèche  par  Ant.  Court,  1728 
(Dardier,  Paul  Rabaut,  I,  p.  xxiv).  — 
Aymé  de  Fontaynevive,  «cordonnier, 
de  Greisyer  en  les  Bornes,  »  admis  à  l'ha- 
bitation à  Genève,  janv.  1558.  —  S'"»  de 
Fontcouverte,  voy.  Brueys  (ci-dessus  t.  III 
col.  273)  et  Portai. 

FONTENAY  (Jean)  diacre  de  Toulouse 
[Haag,  V  131]  connu  dans  l'histoire  du 
protestantisme  en  France  par  le  succès 
inouï  que  ses  prédications  obtinrent  au 
couvent  de  l'Espinasse  en  1560.  Toutes  les 
religieuses  de  ce  couvent,  sans  exception 
aucune,  embrassèrent  la  Réforme  ainsi  que 
l'avoue  G.  de  La  Faille  (Annal,  de  Tou- 


595 


FONTENAY    —    FONTFRÈDE 


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louse,  1687,  in-fol.)  qui  dit  avoir  vu  à 
l'hôtel-de-ville  de  Toulouse  une  lettre  pnr 
laquelle  elles  priaient  le  roi  de  JNavarre  de 
les  prendre  sous  sa  protection  et  de  les 
défendre  contre  les  persécutions  qu'elles 
avaient  à  souflfrir  de  la  part  des  Toulou- 
sains, parce  qu'elles  avaient  embrassé  la 
pureté  de  l'Évangile.  Ce  furent  les  Montal- 
banais  qui  se  chargèrent  de  les  soustraire 
à  la  vengeance  des  cathoUques.  Il  les  enle- 
vèrent à  main  armée  et  les  menèrent  à 
Monfauban  où  elles  se  marièrent.  —  Le 
baron  de  Fontenay,  voy.  Rohan.  —  Le 
marquis  de  Fontenay  de  S'-Germain,  à 
Avranches,  poursuivi  pour  avoir  soustrait 
au  baptême  catholique  l'enfant  d'un  de  ses 
serviteurs,  1680  (Tt  Tourlet).  —  M;irie 
Fontenay,  veuve  de  Jacques,  de  Bolbec, 
68  ans,  assistée  à  Londres,  1702  ;  l'est  en- 
core en  1706. 

FONTErs'EAU,  famille  de  La  Rochelle. 
On  y  trouve  sur  les  registres  de  l'église 
réformée  :  Gilles  Fonteneau,  marié  au 
prêche,  avec  Antoinette  Marchant,  janv. 
1569  ;  leur  fils  Abraham  baptisé  le  28oct. 
1575.  (Estienne)  pair  de  la  commune  en 
1571,  commis  à  la  recette  des  deniers  de 
la  ville,  coélu  du  maire  en  1580,  épouse  au 
prêche  Perrette  Lapar exile,  dont  entre  au- 
tres enfants  un  iils,  Jacques,  par  lequel  il 
fut  remplacé  an  corps  de  ville.  (Pierre) 
marié  au  prêche  avec  Suzanne  Bizierre, 
le  8  mai  1592  et  nommé  en  1593  capitaine 
de  la  tour  S'-Nicolas.  (Jean)  de  l'île  de 
Rhé  et  Rachel  Veillon  sa  femme,  s'expa- 
trient pour  cause  de  religion  en  1681»  ; 
leurs  biens  sont  confisqués  et  afî'ermés  ju- 
diciairement. —  Michel  Fonteneau,  de 
Tonnerre,  tondeur  de  drap,  reçu  habitant 
de  Genève,  mai  1573.  —  Jean  Fontenel, 
d'Orléans,  id..  octob.  1572.  —  M.  de  Fon- 
tenelles,  député  à  l'assemblée  de  La  Ro- 
chelle, 1612.  —  Pierre  Fontenelle,  de  Ber- 
gerac, assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
le  Brandebourg,  1702.  (Marie)  enfermée 
au  couvent  des  Nouvelles  cathol.  d'Alen- 
çon,  1736  (M  670).  —  Fontenotte  et  sa 
femme,  de  Duras,  surpris  dans  une  assem- 
blée de  culte,  condamnés  par  contumace 
à  être  pendus,  janv.  1692  (Tt  314).  — 
Jean  de  Fontes  sieur  de  Lembas  et  de  Ma- 
lafalguière,  vers  1600,  épouse  1°  Suzanne 
Puech  dont  il  a  Suzanne,  mariée  en  1640 
à  Samuel  Pomier,  2o  Marie  de  Comte  dont 
il  a,  entre  autres  enfants,  Jean  de  Fontes 


sieur  de  Talpeirac.  Henri  de  Fontes,  s""  de 
Rieufrech  près  Lacaune,  épouse  Marquise, 
fille  de  David  de  Bernon  sr  de  Lacombe  et 
(le  Suzanne  de  Bourguignon,  1640.  — 
Pierre  Fontes  de  Milhau  étudiant  en  philo- 
sophie à  Genève  (Petrus  F.  milliacensis 
dioc.  ruthenensis)  août  1742.  Fontes,  de 
Milhau,  emprisonné  au  château  de  Lour- 
des, 1745,  puis  libéré  (E  3506). 

FONTFRÈDE,  Paul,  de  Nîmes,  étudiant 
à  Genève  (Paulus  Fontfredanus  nemausen- 
sis),  août  1614.  —  De  Fonfrède,  ancien 
de  l'église  de  Montpellier,  1678  (Tt  282). 
—  Fonfrède,  un  des  capitaines  des  Vau- 
dois,  en  1689.  —  Jean-Pierre  Fonfrède  de 
Robert,  né  en  \  750  dans  la  ville  des  Bordes 
au  pays  de  Foix,  de  messire  Henri  Barta- 
ragnon  de  Robert  et  de  dame  Jeanne  de 
Robert,  tous  deux  bourgeois  de  Montauban. 
Il  étudia  la  théologie  à  Lausanne  et  y  fut 
consacré.  En  1773,  il  fut  appelé  à  desser- 
vir l'église  de  Montauban.  Après  quelques 
années,  et  déjà  marié,  il  se  sentit  entraîné 
par  un  tel  goût  des  sciences  et  de  la  mé- 
decine qu'il  se  démit  de  ses  fonctions  de 
pasteur  et  alla  se  replacer  sur  les  bancs  de 
l'école,  à  Montpellier.  Il  y  resta  quatre 
ans  et  revint  à  Montauban,  au  mois  de 
septemb.  1789,  reprendre  sa  robe  de  pas- 
teur (reg.  du  consist.  de  Montauban,  I, 
p.  69).  Toutefois,  il  ne  remplissait  guère 
les  fonctions  pastorales  que  dans  les  cas 
où  soit  l'absence  d'un  collègue,  soit  toute 
autre  circonstance  aurait  fait  manquer  le 
service  divin,  excepté  à  Lagarde,  où  il 
était  seul  et  qui  était  le  lieu  de  sa  rési- 
dence. Il  dut  même,  lors  du  rétablissement 
des  cultes,  accepter  le  titre  officiel  de  pas- 
teur de  Lagarde  qu'il  porta  jusqu'à  la  fin 
de  s"s  jours.  Une  notice,  qui  lui  est  con- 
sacrée dans  le  1er  reg.  des  délibérations 
du  consist.  de  Montauban,  rapporte  que 
ce  fut  lui  qui  fit  valoir  auprès  de  Napo- 
léon, quand  il  traversa  Montauban,  en 
1808,  les  droits  de  cette  ville  à  obtenir  la 
faculté  de  théologie  que  le  monarque  se 
proposait  d'instituer  pour  les  Réformés 
dans  le  midi  de  la  France.  La  même  no- 
tice ajoute  :  «  Parmi  ses  vertus,  la  tolé- 
rance ne  fut  pas  la  moins  manifeste  ;  la 
différence  des  opinions  n'affaiblissait  ja- 
mais les  sentiments  de  respect,  d'amour 
et  de  bienveillance  que  le  mérite  lui  inspi- 
rait. Loin  d'user  envers  une  sœur  prête  à 
s'enfermer  dans  un  cloître  et  qui  ne  fut 


1 


597 


FONTFRÈDE 


FORANT 


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détournée  de  son  projet  que  par  la  Révo- 
lution, loin  d'user  des  rigueurs  qu'un  zèle 
fanatique  inspire,  il  fut  toujours  un  tendre 
frère  et  plusieurs  fois  on  l'a  vu  accompa- 
gner cette  sœur  jusqu'à  la  porte  de  l'église 
et  de  là  se  rendre  lui-même  au  tempre  où 
il  devait  prêcher.  »  Fonfrède  mourut  h 
Montauban,  le  4  fév.  1809.  Le  consistoire 
décida  qu'un  monument  serait  élevé  sur 
sa  tombe  en  mémoire  des  services  qu'il 
avait  rendus  pendant  ses  36  années  de 
ministère  (Nicolas). 

Basile  Fontfroide  consul  de  Nîmes  ^ 
1600  ;  dame  de  Rauchin  veuve  de  nob.  Ba- 
sile de  Fontfroide  de  Nîmes,  morte  à  Ber- 
lin en  1689  [Erman).  —  MM.  de  Fontju- 
lianne,  de  Montélimar,  officiers  réfugies  à 
Francfort-sur-le-Mein  en  1686  ;  entrés  en- 
suite dans  les  grands-mousquetaires,  à 
Berlin  ;  (M'ie  de)  inspectrice  de  l'hôpital 
de  Lausanne  en  1688.  —  Jacques  de  Fon- 
ton,  de  Vauvert  en  Languedoc,  capitaine  de 
dragons  en  Prusse,  mort  à  Berlin  en  1715, 
âgé  de  62  ans.  — Fontrailles  (Michel  d'As- 
tarac  seigr  de),  voy.  Astarac  (I  col.  415) 
et  aussi  dans  la  Revue  de  Gascogne  t.  XII 
(1871)  p.  536.  —  Barthélémy  et  Remy 
Fontvieille,  capitaines  au  pays  de  Castrais, 
1573  (J/ém.  de  Gâches);  Marguerite  veuve 
de  Jean  Fontvieille,  de  Mazères  au  comté 
de  Foix,  60  ans,  assistée  à  Lausanne  d'un 
viatique  de  3  éeus  pour  l'Angleterre,  1702  ; 
la  même  année  on  la  trouve  à  Londres, 
portée  pour  1  I.  15  sh.  sur  les  listes  de 
l'assistance  publique  ;  elle  l'est  encore  (18 
sh.)  en  1710. 

FORANT  (JoB),  marin  de  l'île  de  Rhé 
[Haag,  V  131]  connu  par  une  action  qui, 
comme  le  remarque  Arcère,  rappelle  le 
dévouement  de  Curtius.  Après  la  défaite 
de  Soubise  dans  l'île  de  Rhé,  raconte  l'his- 
torien de  La  Rochelle,  la  flotte  rochelloise 
rangeait  la  côte  afin  de  recueillir  les  dé- 
bris de  l'armée  protestante.  Dans  l'espoir 
d'enlever  quelques  bâtiments  ou  du  moins 
d'en  décimer  les  équipages,  le  duc  de  La 
Rochefoucauld  ordonna  à  plusieurs  prison- 
niers de  courir  le  long  du  rivage  et  d'ap- 
peler au  secours  ;  il  comptait  que,  trom- 
pés par  ce  stratagème,  les  chefs  de  la  flotte 
s'approcheraient  de  la  côte,  où  ils  seraient 
reçus  à  coups  d'arquebuse  par  ses  gens  qui 
s'avanceraient,  sans  être  reconnus,  der- 
rière les  prétendus  fuyards.  Pour  écarter 
le  danger  qui  menaçait  ses  coreligionnai- 


res, Job  Forant  sacrifia  sa  vie.  Il  gravit  à 
la  hâte  sur  une  hauteur,  et  là,  d'une  voix 
éclatante,  il  crie  :  Trahison!  trahison! 
puis  il  se  précipite  du  haut  du  rocher. 
Quelques  matelots  qui  avaient  déjà  pris 
terre,  le  relevèrent  brisé  de  sa  chute,  et  le 
transportèrent  sur  la  flotte.  Il  ne  survécut 
que  peu  de  jours  à  son  action  héroïque. 
Son  fils,  Jacques,  contre-amiral  de  la  flotte 
rochelloise,  en  1621,  s'est  fait  un  grand 
nom  comme  homme  de  mer. 

Né  dans  l'île  de  Rhé,  en  1588,  Jacques 
Forant,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
remplissait  déjà  les  fonctions  de  contre- 
amiral  sur  la  flotte  commandée  par  Guit- 
ton.  Il  acquit  tant  de  célébrité  par  ses  ac- 
tions d'éclat,  que  le  roi  d'Angleterre  lui 
offrit  un  grade  dans  son  armée  navale.  Il 
combattit  dix  ans  sous  le  pavillon  anglais, 
et  se  signala  dans  de  nombreuses  rencon- 
tres avec  les  Espagnols.  En  1635,  il  quitta 
le  service  de  l'Angleterre  pour  celui  de  la 
Hollande,  et  fut  nommé,  1637,  contre-ami- 
ral de  la  flotte  hollandaise.  Il  se  montra 
digne  de  ce  grade  en  détruisant  l'escadre 
espagnole  qui  portait  des  renforts  dans  les 
Pays-Bas.  Peu  de  temps  après,  le  roi  de 
France  le  rappela  dans  sa  patrie.  En  1645, 
sous  les  ordres  de  l'amiral  Tromp,  il  em- 
pêcha les  Espagnols  de  secourir  Graveli- 
nes  que  les  Français  assiégeaient,  et  il 
contribua  à  la  prise  du  fort  de  Mardik  par  la 
dispersion  de  trois  frégates  ennemies. 
L'année  suivante,  il  se  distingua  encore 
au  siège  de  Dunkerque,  mais  ce  fut  le 
dernier  service  qu'il  rendit  à  son  pays  ;  il 
mourut  en  1649,  laissant  un  fils.  Job,  né 
à  La  Tremblade,  vers  1630. 

Job  Forant  se  montra  digne  de  ces  an- 
cêtres. En  1652,  il  fut  blessé  à  la  contres- 
carpe de  Bourg.  En  1654,  il  se  signala  de- 
vant Barcelone,  et  en  récompense  de  .sa 
belle  conduite,  il  fut  créé,  l'année  sui- 
vante, capitaine  de  vaisseau.  En  1658,  il 
reçut  ordre  de  visiter  les  détroits  de  Ma- 
gellan et  de  Le  Maire.  Ayant  rencontré 
quatre  vaisseaux  espagnols  près  de  l'em- 
bouchure de  la  Plata,  il  les  attaqua  brave- 
ment et  en  prit  un  qu'il  amena  au  Havre. 
Il  fit  ensuite  plusieurs  voyages  au  Mexi- 
que sur  la  Renommée  qu'il  commandait. 
Nommé  au  commandement  du  Brezé,  il 
fut  chargé  de  transporter  des  troupes  à 
Cayenne,  et  à  peine  de  retour  à  La  Ro- 
chelle, il  remit  à  la  voile  pour  les  côtes 


599 


FORANT 


600 


du  Portugal.  Attaqué  par  cinq  vaisseaux 
turcs,  il  les  battit  et  les  mit  en  fuite.  Il 
passa  les  années  1666  et  1667  en  Hollan- 
de, occupé  à  surveiller  la  construction  de 
six  vaisseaux  pour  le  compte  de  Louis 
XIV.  En  1668,  il  reçut  de  nouvelles  let- 
tres de  noblesse  ;  ce  fut  la  seule  récom- 
pense accordée,  pour  de  si  grands  servi- 
ces, à  un  officier  qui,  au  rapport  de  Sour- 
ches,  passait  parmi  ses  collègues  pour  «  un 
homme  comparable  au  grand  Ruyter.  » 
Mais  c'est  que  Forant  professait  la  religion 
réformée.  Il  ne  put  donc  obtenir  l'avance- 
ment auquel  il  avait  droit  ;  bien  plus,  il  se 
vit,  dès  1680,  en  butte  à  toutes  sortes  de 
persécutions.  Dès  le  14  avril  de  cette  an- 
née, une  circulaire  adressée  aux  inten- 
dants des  ports  leur  fit  savoir  que  S.  M. 
avait  résolu  d'envoyer  sur  ses  vaisseaux 
«  des  ecclésiastiques  habiles  et  capables 
d'instruire  ceux  qui  voudroient  bien  se 
mettre  en  estât  de  connoistre  les  erreurs 
dans  lesquelles  ils  étoient  engagez,  »  et  les 
invita  à  faire  entendre  tout  doucement  aux 
récalcitrants,  que  «  s'ils  continuoient  dans 
leur  erreur,  b  ils  seraient  destitués.  Le  19 
mai,  nouvelle  lettre  de  Seignelay  s'infor- 
mant  auprès  de  l'intendant  de  Brest,  «  si 
le  sieur  Forant  assistoit  aux  conférences.  » 
Hélas,  le  vieux  capitaine  n'y  assistait  pas  ! 
Pour  le  punir  de  sa  mauvaise  conduite,  de 
son  opiniâtreté  remplie  d' emportement  et 
de  son  zèle  indécent,  on  ne  le  destitua  pas 
d'abord,  car  ou  ne  voulait  pas  se  priver 
des  services  d'un  des  meilleurs  officiers  de 
la  flotte  ;  mais  on  l'envoya  à  Toulon.  Tan- 
dis qu'un  grand  nombre  de  ses  collègues, 
comme  Goffln,  de  La  Mothe,  de  Rys,  Du 
Rivau-Huet,  abjuraient  pour  éviter  une  des- 
titution certaine  ;  que  d'autres,  tels  que 
Colin  de  Plessy,  Créqui-La  Roche,  Fran- 
çois Léguât,  Antoine  Valleau,  Chobases, 
Guillot,  Des  Herbiers,  allaient,  un  peu 
plus  tôt  ou  un  peu  plus  tard,  mettre  leur 
épée  au  service  de  l'ennemi  le  plus  dange- 
reux de  Louis  XIV,  Forant  «  se  rouillait,  » 
comme  Du  Quesne  le  reprochait  à  Saigne- 
lay  en  1681  :  «  Et  comment,  monseigneur, 
lui  écrivait-il,  laissez-vous  rouiller  Forant, 
qui  est  des  meilleurs  manœuvriers  et  sol- 
dats? »  Pendant  cinq  ans  le  vieux  capitaine 
tint  bon;  il  tint  bon  même  un  peu  à  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes,  car  ce  fut  seule- 
ment au  mois  de  déc.  1683  qu'il  abjura  enfin 
entre  les  mains  de  l'archevêque  de  Paris. 


Deux  mois  après,  il  fut  créé  chef  d'esca- 
dre, puis  fut  chargé  du  commandement  de 
la  marine  au  port  de  Rochefort  et  mourut 
à  Brest  le  29  septemb.  1692.  Sa  veuve, 
Marguerite  Richier,  fut  enfermée  en  1693 
aux  Nouvelles  catholiques,  et  ses  enfants 
enlevés  à  la  tendresse  de  leur  mère  pour 
être  remis  à  une  tante  qu'on  tenait  pour 
mieux  convertie  (E  3379). 

Job  Forant  eut  trois  frères,  prénommés 
Jean,  Jacques  et  Etienne,  tous  trois  capi- 
taines de  vaisseau  et  tous  trois  tués  au 
service  (voy.  Rainguet,  Biographie  Sain- 
tongeoise,  1851,in-4o). 

Parnn  les  protestants  de  l'île  de  Rhé  ap- 
partenant vraisemblablement  à  cette  race 
de  braves  marins,  on  trouve  un  Théodore 
Forant  noté  en  1677  (Tx  258)  comme 
étant  «  secrétaire  de  M.  le  marquis  de 
Gransay.  »  Peut-être  est-il  l'apostat  Forant 
qui  s'étant  fait  l'espion  du  gouvernement 
comme  Le  Danois  et  Robert,  s'employa  à 
tromper  ses  anciens  coreligionnaires  émi- 
grés, par  les  plus  fallacieuses  promesses, 
pour  les  décider  à  rentrer  en  France.  On 
évalue  à  plus  de  500  le  nombre  des  arti- 
sans et  des  matelots  (ju'il  fit  repasser  en 
France  en  moins  de  six  mois.  —  Jean  Fo- 
rent, né  en  Poitou,  avait  été  moine  dans 
l'ordre  des  Carmes,  mais  il  fut  l'un  des 
premiers  élèves  de  l'académie  protestante 
de  Montauban,  d'où  il  sortit  en  1602  ou 
1603.  Il  fut  aussitôt  nommé  pasteur  à  Chau- 
vigny  en  Poitou  et  il  l'était  encore  en 
1637.  Lorsqu'il  avait  jeté  le  froc,  il  avait 
publié  un  petit  écrit  contenant  les  motifs 
de  sa  conversion.  On  n'en  connaît  même 
pas  le  titre;  mais  M.  le  past.  Lièvre  [Hist. 
des  protest,  du  Poitou,  1859,  t.  III  p.  282) 
cite  un  mauvais  pamphlet  intitulé  «  Res- 
«  ponse  à  la  déclaration  de  Jean  Forent  cy 
«  devant  religieux  de  l'ordre  des  Carmes, 
«  à  présent  escolier  envoyé  pour  estudier 
«  à  Montauban  par  ceux  de  la  R.  P.  R.  de 
«  Poitiers,  par  J.  Bonestat,  escolier  ;  Poi- 
«  tiers  (s.  d.).  »  —  Un  autre  Jean  Forent 
fut  pasteur  à  Tours  de  1637  à  1632,  et  pro- 
bablement il  est  le  père  d'un  troisième 
Forent  qui  fut  pasteur  à  Sion  en  Bretagne 
de  1672  à  1685  et  se  réfugia  en  Angleterre 
où  il  rendit  service  à  l'histoire  du  protes- 
tantisme dans  sa  patrie  en  fournissant  à 
l'historien  Quick,  une  copie  collationnée  et 
certifiée  des  procès -verbaux  des  Synodes 
de  France  qui  a  servi  de  base  à  la  publi- 


601 


FARANT    —    FOREST 


602 


cation  de  son  Synodicon  in  Gallia  reformata, 
Londres  1692,  2  vol.  in-fo  (voy.  Vaurigaud, 
Hist.  des  égl.  de  Bretagne,  1870,  t.  III). — 
On  trouve  dans  les  listes  de  l'assistance 
publique  à  Londres  en  1706  :  «  Catherine 
veuve  d'Etienne  Forent  de  Tours,  oO  ans 
(1 1.);  »  vraisemblablement  la  même  Cathe- 
rine inscrite  encore  de  1721  à  1723  à  Lon- 
dres, pour  un  secours  de  23  liv.  st.  —  Legs 
pieux  faits  à  l'église  d'Oloron  par  Charles 
de  Forbec  en  1663  et  Pierre  de  Forbec, 
avocat,  en  1668  (Tt  235).  —  Jacques  For- 
bus,  boutonnier,  réfugié  à  Manheim,  puis  à 
Magdebourg,  avec  sa  femme  et  3  enf.,  1688. 
—  La  veuve  de  Moïse  Forchère,  de  Casta- 
gnols  en  Cévennes,  assistée  à  Genève  d'un 
viatique  pour  la  Suisse,  1698. 

FORCADE,  famille  béarnaise.  Joannes 
Forcadius  bearnensis,  étudiant  à  l'acadé- 
mie de  Genève,  juin  1681.  Cette  famille 
dont  le  nom  patronymique  était  Quirin  ' 
fut,  à  l'époque  de  la  Révocation,  rejetée 
en  Prusse,  où  Erman  et  Reclam  (IX,  119) 
nous  donnent  quelques  détails  sur  elle  : 
Jean  de  Forcade,  seigr  de  Biaix,  disent- 
ils,  né  à  Pau  en  1663  mourut  à  Berlin, 
lieutenant  général,  en  1729.  Son  fds  Fré- 
déric-Guill.  Quirin  de  Forcade,  mourut 
dans  le  même  grade  à  Berlin,  le  23  mars 
1765,  ayant  été  père  de  23  enfants  dont 
plusieurs  furent  des  officiers  de  distinc- 
tion ;  —  La  dame  de  la  Fourcade  «  du 
Béarn,  »  paralysée,  assistée  à  Genève, 
1691-98.  —  Jacques  et  Pierre  Forcade, 
marchands  de  Montpellier,  1637  {Bull.  II 
94).  —  Barthélémy  Forcade,  de  Lyon, 
étudiant  à  l'acad.  de  Leyde,  où  il  demeure 
chez  son  père,  septemb.  1699  ;  pasteur  de 
l'église  franc,  de  Dordrecht,  de  1710  à  20. 

FORDRIN  (Olivier),  reçu  habitant  de 
Genève,  1547.  —  François  Fore,  de  Sain- 
tonge,  assisté  k  Lausanne  d'un  viatique 
pour  la  Hollande,  1684  ;  —  (Pierre),  «  ré- 
fugié de  France,  régent  à  Ouchy  (Vaud), 
1687  ;  —  (Charles),  de  Pontaix  en  Dau- 
phiné,  âgé  et  invalide,  assisté  à  Genève, 
1690  ;  —  (La  veuve  de  Mathieu),  de  Cha- 
beuilen  Daupbiné,  id.,  1691  ;  (Ennemond), 
de  Loriol,  avec  sa  femme  et  son  fds,  id., 
1693  ;  (Pierre),  d'Annonay,  id.,  d'un  via- 
tique pour  l'Allemagne,  1699  ;  (David),  de 
S^-Pierreville  en  Vivarais,  avec  sa  femme 
et  3  enf.,  id.,  1701  ;  (Louis),  de  Boffre  en 

1  Ou  de  Quérin,  voy.  t.  m  col.  306  lig.  12. 


Vivarais,  id.,  1706  ;  (Jean),  de  Valdrôme 
en  Daupbiné,  id.,  1707  ;  (Jacques),  de 
Servièreen  Daupbiné,  id.,  1708.  —  Jehan 
Fores  «  quinquailleur,  natif  de  Thiers  en 
Auvergne,  »  reçu  habitant  de  Genève,  janv. 
1556.  —  Michel  Forres,  de  Marseille, 
'  serrurier  et  faiseur  d'arquebus ,  »  ad- 
mis à  l'habitation  à  Lausanne,  octob. 
1568.  —  Forel,  condamné  aux  verges, 
comme  guide,  par  le  parlem.  de  Greno- 
ble, déc.  1685.  Isaac  Forel  '  et  ses  deux 
sœurs  de  Saint-Julien  près  Gap  en  Dau- 
pbiné, assistés  à  Lausanne  et  Genève  d'un 
viatique  pour  le  Piémont,  1695.  —  Chris- 
tophe de  Forère,  à  Meyrueis,  1562  {Bull. 
III  228).  —  François  Form,  de  Provence, 
avec  sa  femme  et  3  enf.,  assisté  à  Lausanne, 
1698. 

1.  FOREST  (Hector),  de  Vaison  [Haag, 
V 133],  auteur  des  deux  opuscules  suivants, 
conservés  à  la  bibliothèque  de  Carpentras  : 
Briefve  et  utile  instruction  pour  enseigner 
et  apprendre  la  grammaire  en  peu  de 
temps;  Lyon,  Macé  Bonhomme,  1552, 
in-8o  et  2o  Dialogi  duo  puériles  ;  Lyon, 
M.  D.,  1552,  in-8o.  —  «  Ligier  Forestz, 
ribandier  du  pays  de  Tiers  en  Auvergne,» 
reçu  habitant  de  Genève,  décemb.  1554. 
Guillaume  Forest,  de  la  même  province, 
imprimeur,  reçu  bourgeois,  1562.  —  Gui- 
gue  Forest,  «  de  la  Coste  St-André,  cous- 
turier,»  id.,  26 mars  1573.  —  (Michel),  pas- 
teur, originaire  d'Ax,  réfugié  en  Angle- 
terre en  1572  {Bull.  II,  72)  ;  était  en  fonc- 
tions à  Malines,  en  1583.  —  (René)  pas- 
teur à  Melle  en  1603. 

2.  FOREST.  Deux  artistes  ont  honoré 
ce  nom  dans  le  courant  du  XVIIme  siècle  : 
ce  sont  Pierre  Forest  et  son  fils  Jean. 
Pierre  Forest,  marchand  drapier  de  Mor- 
tagne,  eut  trois  enfants  de  sa  femme  Mine 
Dugué  (peut-être  la  fille  ou  la  sœur  de  Guil- 
laume DuGUK  peintre,  de  Troyes,  mort  en 
oct.  1626)  :  1°  Pierre,  peintre,  qui  suit  ; 
—  2o  Élisarkth,  mariée,  en  mars  1632, 
avec  le  peintre  Jean-Baptiste  Lacroix,  fils 
de  Jérôme  Lacroix,  marchand  drapier 
d'Anvers,  et  en  secondes  noces,  avril 
1639,  avec  Jacques  Auvray,  libraire,  fils 
de  Pierre  Auvray,  libraire  et  de  Madelaine 
Labourme,  mariage  d'où  naquit  Dominique, 


'  Nous  aurions  lu  Farel,  si  le  nom  n'était 
écrit  Forel  également  sur  les  registres  de  Ge- 
nève et  de  Lausanne. 


603 


FOREST 


604 


bapt.  le  19  juin  1644  ;  —  3o  A>'ne,  mariée 
au  peintre  Jean  Michelin  et  enterrée  le  18 
août  1644. 

Pierre  Forest  «  garde  de  la  commu- 
nauté des  maîtres  peintres  et  sculpteurs,  » 
épousa,  le  13  janv.  1623,  Marie  Legomt, 
veuve  du  peintre  François  Forestier 
(mort  le  2  nov.  1613),  et  en  secondes  no- 
ces, avril  1632,  Esther  Turpin,  fille  d'É- 
tienne  Turpin,  greffier  du  For-Levesque, 
et  d'Esther  Forest.  Cette  dernière  lui 
donna  cinq  enfants  :  1»  Jean,  qui  suivra; 

—  2o  Pierre,  né  le  2  sept.  1637  ;  —  3» 
Esther,  mariée  en  juill.  1664  avec  Jean 
Libourel,  de  Maruéjols  ;  —  4o  Etienne, 
bapt.  le  22  juill.  16i!)  qui  épousa,  en  avril 
1679,  Renée  Courbart,  veuve  d'Abraham 
Beard,  chirurgien,  dont  il  eut  Esther,  bapt. 
le  31  mars  1680  ;  —  5o  Susanne,  morte 
peu  après  sa  naissance,  en  1646.  Pierre 
Forest,  sur  lequel  nous  ne  possédons  du 
reste  aucun  autre  renseignement,  fut  en- 
terré à  Paris  le  10  nov.  1675. 

Jean,  peintre  de  paysage,  fils  du  précé- 
dent, est  un  peu  plus  connu.  Il  naquit  en 
1636.  «  Son  père  lui  mit  le  crayon  à  la 
liiain,  écrit  d'Argenville  qui  lui  consacre 
une  notice.  Il  trouva  en  lui  un  fonds  ad- 
mirable, le  cultiva  avec  soin  et  lui  rendit 
l'art  facile.  Ses  études  d'après  les  grands 
maîtres  sont  infinies  ;  il  dessinait  dans  des 
livres  portatifs  tout  ce  qu'il  trouvait  de 
beau  en  figures,  animaux,  paysages.  Le 
succès  de  ses  premières  études  faites  en 
France  lui  facilita  le  moyen  de  voir  l'Ita- 
lie. Il  suivit  les  instructions  de  P. -F.  Mola, 
fameux  peintre  d'histoire  et  de  paysage 
et  ne  perdit  point  de  vue  la  belle  couleur 
du  Titien,  du  Gorgion  et  des  Bassan. 
Après  un  séjour  de  sept  ans  en  Italie,  il 
revint  en  France,  passa  par  la  Provence 
et  la  Franche-Comté,  dont  il  dessina  les 
plus  belles  vues  d'après  nature.  »  Jean  Fo- 
rest fut  admis  à  l'académie  roy.  de  pein- 
ture le  26  mai  1674.  Exclu  pour  cause  de 
religion  (1682),  il  ne  fut  réinstallé  dans 
son  fauteuil  qu'après  abjuration,  le  23  avril 
1699.  «  Les  paysages  de  Jean  Forest,  dit 
Ch.  Blanc  —  qui  donne  place  à  cet  ar- 
tiste dans  sa  belle  Histoire  des  Peintres 

—  ont  ordinairement  un  aspect  sauvage  et 
un  caractère  grandiose.  Ce  sont,  par  exem- 
ple, des  solitudes  habitées  par  la  péni- 
tence. Les  rares  figures  qu'on  y  rencon- 
tre, représentent  le  plus  souvent  des  moi- 


nes en  prière,  des  chartreux  plongés  dans 
leurs  méditations,  ou  des  filles  repenties 
que  le  souvenir  de  Madeleine  conduit  au 
désert.  Bien  que  la  nature  y  ait  des  pro- 
portions colossales  eu  égard  aux  dimen- 
sions de  la  figure  humaine,  ou  sent  que  le 
paysage  est  entièrement  subordonné  au 
sentiment  de  la  figure,  et  semble  imaginé, 
composé  tout  exprès  pour  lui  faire  un  en- 
cadrement. »  «  Son  coloris  est  terrible, 
dit  d'Argenville,  quelquefois  même  un  peu 
outré  et  trop  noir  ;  mais  on  est  sûr  de 
de  trouver  toujours  dans  ses  tableaux  du 
piquant,  de  ces  coups  de  pinceau  hardis 
qui  sentent  le  maître  et  que  les  peintres 
appellent  des  réveillons.  C'est  une  magie 
qu'il  faut  distinguer  dans  ce  grand  paysa- 
giste. »  Malheureusement  ses  peintures 
«  ont  tellement  poussé  au  noir  qu'elles 
n'existent  plus,  à  proprement  parler.  » 
"Tel  est,  entre  autres,  le  paysage  enrichi 
de  figures  qu'il  fit  pour  sa  récej)tion  à  l'a- 
cadémie. Forest  jouissait  d'une  réputation 
nit-ritée  auprès  de  ses  contemporains.  Le 
ministre  d'État,  Colbert  de  Seignelay,  dé- 
sirant se  forujer  un  cabinet,  le  chargea  de 
recueillir  pour  lui  en  Italie  toutes  sortes 
d'objets  d'art.  Il  s'acquitta  de  cette  mission 
avec  intelligence.  «  Il  profita  de  ses  ex- 
plorations, dit  son  biographe,  pour  se  com- 
poser une  bibliothèque  choisie,  car  il  ai- 
mait aussi  le  commerce  des  lettres.  La  va- 
riété de  ses  connoissanees,  les  ressources 
de  son  esprit  original  et  cultivé  attiraient 
chez  lui  des  gens  de  lettres  et  des  amateurs 
distingués.  »  Ses  dessins  sont  très  estimés. 
«  Ils  paraissent  faits  d'après  nature,  dit  son 
biographe,  avec  une  liberté  de  main  admi- 
rable, et  ils  font  un  si  grand  etfet  qu'on 
croirait  que  ce  sont  des  tableaux.  C'est  à 
ces  coups  de  lumière,  heureux  et  bien  mé- 
nagés, qu'on  doit  reconnaître  Jean  Forest.  » 
Le  musée  du  Louvre  ne  possède  de  cet 
artiste  qu'un  dessin  :  Vue  des  bords  de  la 
mer.  On  connaît  trois  gravures  d'après 
lui  :  1°  \Jn  paysage  avec  animaux,  gravé  en 
manière  noire  par  L.  Bernard  ;  —  2»  La 
Magdelaine,  par  J.  Coëlemans,  reproduite 
dans  l'ouvrage  de  M.  Ch.  Blanc  ;  —  3»  Un 
petit  garçon  et  une  petite  fille  jouant  avec 
un  oiseau,  par  Peiroleri. 

On  raconte  que  Jean  Forest  était  d'un 
caractère  bizarre,  très  concentré.  Une 
preuve  qu'en  donne  son  biographe,  c'est 
qu'il  refusa  constamment  de  travailler  pour 


605 


FOREST 


606 


Louis  XIV.  Il  mourut  le  17  mars  1712,  à 
l'âge  de  76  ans.  Il  avait  épousé  la  fille  du 
peintre  La  Fosse  qui  lui  donna  une  fdle, 
mariée  au  peintre  Nicolas  de  Largillière. 
Ce  dernier  fit  son  portrait  qui  a  été  gravé 
par  P.  Brevet  et  que  M.  Ch.  Blanc  repro- 
duit en  tête  de  sa  notice  (Haagj. 

3.  FOHEST  [Haag,  V,  134]  \  nom  d'une 
famille  du  Diois  en  Dauphiné,  qui,  suivant 
La  Bâtie  (Armoriai  du  Dauphiné),  portait 
le  surnom  de  Copre  ou  plutôt  de  Coppe. 
Elle  avait  pour  Armes  :  =  un  paie  d'ar- 
gent et  de  gueules  de  6  pièces,  au  chef 
d'or.  En  1445,  Antoine  et  Pierre  de  Fo- 
rest,  maîtres  de  la  monnaie  à  Bomans, 
formèrent  deux  branches  :  celle  des  Bla- 
cons,  devenue  célèbre,  et  celle  de  La  Jon- 
chère,  qui  prit  fin  par  Gabriel  de  Forest, 
seigneur  de  La  Jonchère,  qui  ne  laissa 
qu'une  fille  nommée  Isabeau,  mariée  à 
Bené  Du  Puy  de  Montbrun. 

I.  La  branche  des  Blacons  fut  illustrée  en 
premier  lieu  par  Matthieu  de  Forest,  seigr 
DE  Blacons,  écuyer  et  capitaine  de  300 
hommes  de  pied,  qui  embrassa  la  Béforme  en 
1562.  Les  historiens  ne  sont  pas  d'accord  sur 
son  prénom.  Les  uns  l'appellent  Pierre, 
d'autres  Jacques.  Nous  pensons  que  son  vrai 
prénom  est  Matthieu.  Nous  trouvons,  en 
effet,  dans  une  lettre  de  gentilshommes 
qui  embrassèrent  le  protestantisme  en  1561 
et  1562  un  «  Matthieu  de  Forest,  seigneur 
de  Blacons.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  c'était,  au 
dire  de  Brantôme,  «  un  vieux  et  très  bon 
capitaine  du  temps  passé,  et  qui  avait  vu 
les  croix  rouges  aussi  bien  que  les  blan- 
ches, encore  mieux,  car  il  avait  beaucoup 
fréquenté  les  guerres  espagnoles  en  Tos- 
cane et  ailleurs,  et  était  un  fort  homme  de 
bien.  »  Après  la  prise  de  Valence  par  le 
baron  des  Adrets,  en  1562,  Blacons  servit 
sous  les  ordres  de  ce  lieutenant  général 
improvisé,  qui  lui  confia  la  défense  de 
Tournon  et  l'envoya  peu  de  temps  après 
avec  sa  compagnie  à  Lyon.  Dès  que  les 
circonstances  le  lui  permirent ,  des  Adrets 
se  rendit  en  personne  à  Lyon  et  en  prit  le 
gouvernement,  laissant  Blacons  comme  son 
lieutenant  et  plaçant  sous  ses  ordres 
Changy  et  Ponsenat.  Blacons  assista  en- 
suite à  la  prise  de  Montbrison  et  comme 
c'était  un  «  fort  homme  de  bien,  »  il  blâma 

1  Revu  par  M.  Eug.  Arnaud,  de  Crest,  auteur 
de  YHist.  des  prolenl.  du  Dauphiné  (3  vol.  in-S" 
1876)  et  des  protest   de  Provence  (J  vol.   1884). 


les  cruautés  de  des  Adrets.  Bappelé  à 
Lyon,  on  ne  sait  par  quel  pressant  motif, 
des  Adrets  en  tira  Blacons  ;  puis  lorsqu'il 
retourna  dans  cette  ville,  sur  la  nouvelle 
de  l'arrivée  de  Soubise,  il  le  chargea  de 
poursuivre  les  opérations  militaires  dans 
le  Velay  et  en  particulier  de  purger  Le 
Puy  de  l'idolâtrie.  A  la  tête  de  quelques 
compagnies  d'infanterie,  renforcées  par  800 
hommes  que  Sarras  lui  amena  dAnnonay, 
Blacons  marcha  contre  la  capitale  du  Ve- 
lay. Instruits  de  son  approche,  les  consuls 
eurent  recours  à  l'intervention  d'Allègre 
de  Millaud,  frère  de  leur  sénéchal  et  lui 
offrirent  une  rançon  de  4000  livres.  M. 
Dourille  (Hist.  des  guerres  civiles  du  Vi- 
varais)  et  d'autres,  qui  portent  la  somme 
à  3500  écus,  prétendent  qu'il  l'accepta, 
mais  qu'au  mépris  de  ses  engagements,  il 
continua  sa  marche.  M.  Imberdis  {Hist. 
des  guerr.  relig.  en  Auvergne),  mieux  in- 
formé sans  doute,  affirme  au  contraire 
qu'au  lieu  de  remplir  fidèlement  sa  mission, 
d'Allègre  mit  sa  personne  et  ses  biens  au 
service  de  Blacons  et  se  joignit  à  l'armée 
qui  menaçait  sa  ville  natale.  Quoi  qu'il  en 
soit,  les  huguenots  rencontrèrent  une 
résistance  si  vigoureuse  qu'ils  durent  bat- 
tre en  retraite.  Pour  laver  l'affront  de  cet 
échec,  Blacons  résolut  de  s'emparer  de  La 
Chaise-Dieu.  Benforcé  de  huit  enseignes 
de  Suisses  et  acconipugné  de  Claude  de 
Polignac,  sieur  de  Chalançon,  fils  du  plus 
puissant  gentilhomme  du  pays,  il  marcha 
contre  la  célèbre  abbaye,  et  avec  le  secours 
des  habitants  réformés,  il  se  saisit  sans 
résistance  de  la  ville  et  livra  le  monastère 
au  pillage  ;  puis,  laissant  comme  gouver- 
neur de  sa  conquête  son  beau-frère  Jean 
de  Vesc,  seigneur  de  Montjoux,  il  reprit  la 
route  du  Puy,  enleva  en  passant  et  déman- 
tela le  château  d'Espaly  qui  appartenait 
à  l'évêque,  emporta  le  bas-faubourg  du 
Puy,  mais  ne  put  pénétrer  dans  la  ville. 
Menacé  par  les  catholiques  en  forces  bien 
supérieures,  il  retourna  à  Lyon,  puis  à  La 
Chaise-Dieu  et  de  là  à  Lyon.  Il  y  trouva 
Soubise,  et  l'on  peut  admettre  avec  vrai- 
semblance qu'il  resta  dans  cette  ville  jus- 
qu'à €e  que  des  Adrets  allât  y  chercher 
du  secours  après  sa  défaite  de  Beaurepaire. 
Il  suivit  le  vaillant  guerrier  et  assista  au 
conseil  tenu  par  ce  chef  célèbre  au  sujet 
des  propositions  de  paix  faites  par  le  duc 
de  Nemours. 


607 


FOREST 


608 


Selon  de  Thou,  Blacons  fatigué  de  la 
guerre,  se  montra  disposé  à  entrer  en 
arrangement  et  consentit  même  à  servir 
d'otage  pendant  les  négociations.  Cependant 
lorsque  la  trahison  de  des  Adrets  fut  recon- 
nue, il  retourna  à  Lyon  où  de  Thou  nous 
le  montre,  en  1363,  repoussant  avec  Poyet, 
Odefred  et  Entragues,  les  catholiques  com- 
mandés par  Nemours,  qui  avaient  espéré 
de  surprendre  la  ville.  Au  commence- 
ment de  la  troisième  guerre  de  religion, 
en  1568,  Blacons  leva  l'un  des  sept  beaux 
régiments  qui  partirent  du  Dauphiné  pour 
rejoindre  le  prince  de  Condé.  Il  était  à  la 
tête  de  14  enseignes  d'infanterie.  Après  la 
perte  de  la  bataille  de  Jarnac,  il  gagna 
Cognac  et  contribua  à  la  défense  de  cette 
place  sous  les  ordres  de  D'Acier.  Coligny 
l'envoya  ensuite  remplacer  Piles  à  Saintes, 
qu'il  défendit  avec  la  plus  grande  bravoure. 
Il  assista  au  siège  de  Poitiers,  combattit  à 
Moncontour,  et  lorsque  Coligny  passa 
dans  le  Languedoc,  il  resta  à  guerroyer 
dans  le  Poitou  et  la  Saintonge  aux  côtés  de 
Lanoue  et  Pontivy.  Il  se  signala  nommé- 
ment à  la  prise  de  Marennes,  de  Saintes, 
de  Brouage.  Selon  les  Mémoires  de  Mont- 
luc,  il  mourut  huguenot,  en  Saintonge 
(1570). 

Blacons  était  le  fils  aîné  de  Georges  de 
Forest,  marié  à  une  Aimar  de  Grignan  et 
mort  avant  155o.  Il  eut  pour  frère  :  An- 
toine, déjà  mort  en  1554,  date  à  laquelle 
sa  veuve,  Madelaine  de  Moreton,  se  rema- 
ria avec  Bernard  de  Bologne,  seigneur  de 
Salles,  et  Pierre,  qui  vivait  en  1533  et 
1548.  Ils  paraissent  les  uns  et  les  autres 
être  demeurés  étrangers  à  la  Réforme. 
Blacons  se  maria  lui-même  à  Marie  de  Vesc 
de  Montjoux,  et  eut  pour  fils  :  Hector  qui 
suit,  Arnaud,  Jean,  qui  fut  l'héritier  pri- 
vilégié de  sa  mère  et  à  sa  mort  prit  le  nom 
de  Vesc-Forest,  enfin  Paul,  seigneur  de 
Grangevieille,  qui  était  au  siège  de  Die 
conduit  par  le  brave  Montbrun  (1574),  et 
qui  guerroya  plus  tard  en  Provence  pour 
le  compte  du  baron  d'Allemagne. 

II.  Hector  de  Forest-Blacons  se  maria 
vers  1560,  d'après  Guy  Allard  [Dict.  hist. 
du  Dauph.),  avec  Françoise  de  Mirabel, 
fille  unique  du  fameux  capitaine  Claude 
de  Mirabel,  dont  il  n'eut  pas  d'enfants  et 
qui  testa  en  sa  faveur  le  8  avril  1376,  à 
la  condition  qu'il  porterait  son  nom  et  ses 
armes,  lesquelles  consistaient  en  trois  mi- 


roirs avec  un  chapeau  de  triomphe  dans 
un  ovale.  A  la  mort  de  sa  femme,  Hector 
prit  donc  le  double  nom  de  Mirabel-Bla- 
cons,  ce  qui  l'a  fait  souvent  confondre  par 
les  historiens  avec  Claude  de  Mirabel,  son 
beau-père,  lequel  avait  été  déjà  pris  pour 
le  père  d'Hector. 

Mirabel-Blacons,  grâce  à  la  réputation  de 
son  père  et  à  sa  bravoure  personnelle,  de- 
vint bientôt  un  des  premiers  capitaines  de 
Montbrun,  qui  avait  succédé  à  des  Adrets. 
Après  l'échec  de  l'armée  de  Coligny  sur 
Montélimart  et  son  départ  pour  le  centre 
de  la  France,  Blacons  fut  nommé  gouver- 
neur de  Loriol  et  défendit  bravement  cette 
place  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix.  A 
la  Saint-Barthélémy  il  fut  un  des  premiers 
à  reprendre  les  armes  avec  Roisse  et  Comps. 
Il  força  Saillans  à  se  rendre  et  peu  de  temps 
après  il  joignit  sa  troupe  à  celle  de 
Montbrun.  A  la  tête  de  3000  hommes 
de  pied  et  de  503  chevaux,  les  deux 
chefs  huguenots  faisaient  trembler  tout 
le  pays  et  poussaient  leurs  courses  jus- 
qu'aux portes  de  Grenoble.  En  1373  ils 
emportèrent  l'abbaye  de  Virieu.  En  1574, 
Blacons  prit  une  part  bri Hante  au  siège  de 
Die  et  y  fut  blessé,  ainsi  que  le  second 
Blacons  qui  combattait  à  ses  côtés  et  qui 
doit  être  son  frère  Grangevieille.  Après  la 
mort  du  brave  Montbrun,  Blacons  passa 
sous  les  ordres  de  Lesdiguières,  et  il  prit 
une  grande  part  à  presque  foutes  les  expé- 
ditions de  ce  capitaine  illustre.  En  1377, 
ayant  reçu  ordre  de  se  jeter  dans  Donzère, 
il  fut  battu  près  du  pont  d'Ancone.  En 
1379,  il  se  fit  céder  le  château  d'Orange 
par  Chabert,  qui  en  avait  expulsé  le  fameux 
Merle.  Cette  place,  on  le  sait,  appartenait 
au  prince  d'Orange  qui,  craignant  qu'elle 
ne  tombât  au  pouvoir  des  catholiques, 
l'avait  mise  sous  la  protection  du  roi  de 
Navarre.  Les  protestants  la  regardaient 
comme  une  place  de  sûreté.  Guillaume 
d'Orange  ayant  été  assassiné  en  1384,  la 
principauté  d'Orange  échut  à  Philippe- 
Guillaume  d'Orange  qui,  fait  prisonnier 
par  les  Espagnols  dans  son  jeune  âge,  avait 
été  élevé  dans  la  religion  romaine.  Pen- 
dant 1^  captivité  de  son  frère,  le  prince 
Maurice  exerçait  la  régence  ;  mais  voyant 
d'aussi  mauvais  œil  que  son  père,  Blacons 
s'attribuer  de  sa  propre  autorité  le  gouver- 
nement d'une  ville  qui  appartenait  à  sa  fa- 
mille, il  refusa  jusqu'en  1588  de  lui  accor- 


609 


FOREST 


610 


der  le  titre  de  gouverneur,  bien  que  Bla- 
cons  au  rapport  de  La  Pise,  »  se  compor- 
tât avec  tous  les  tesmoignages  de  subrnis- 
sion  et  de  respect  qu'il  debvoit  au  régent.  » 
III.  De  son  mariage  en  secondes  noces 
avec  Louise  Priam,  Blacons-  eut  un  fils, 
Alexandrp:  de  Mirabel-Blacons,  à  qui  il 
laissa  par  testament  le  gouvernement 
d'Orange  sous  la  tutelle  d'Aramon  ;  mais 
le  parlement  qui,  depuis  longtemps,  ne 
vivait  pas  en  bonne  harmonie  avec  lui, 
«  ne  put  souffrir  un  tel  attentat  au  préju- 
dice des  droits  souverains.  »  Il  cassa  donc 
le  testament^  destitua  Chabert,  beau-frère 
de  Blacons,  qui  remplissait  les  fonctions 
de  lieutenant  de  la  ville;  il  le  remplaça 
par  Condorcet,  et  chercha  à  mettre  hors  du 
château  Aramon  avec  son  pupille  ;  mais  il 
échoua  dans  son  entreprise  et  fut  obligé 
de  se  retirer  à  Courtezon.  Dès  lors  la 
guerre  fut  déclarée  entre  Courtezon  et 
Orange.  Lesdiguières,  les  églises  du  Dau- 
phiné,  celles  du  Languedoc  soutenaient 
Blacons,  et  la  majorité  des  habitants 
d'Orange  étaient  pour  lui.  Ne  pouvant 
espérer  de  triompher  par  la  force,  le  par- 
lement eut  recours  à  la  trahison.  Il  gagna 
Aramon  qui  promit  de  livrer  le  château; 
mais  le  jeune  Blacons  déjoua  le  complot  et 
resta  maître  d'Orange,  dont  son  oncle  Cha- 
bert fut  élu  maire.  Sur  ces  entrefaites,  la 
paix  de  Vervins  ouvrit  les  portes  de  la 
France  à  Philippe-Guillaume  d'Orange  qui 
avait  été  remis  en  liberté  dès  1594,  mais 
qui  était  resté  au  service  de  l'Espagne. 
Blacons  s'empressa  de  se  faire  confirmer 
dans  son  poste  de  gouverneur  par  le  prince, 
qui,  après  un  court  séjour  à  Orange, 
retourna  en  Espagne  d'où  il  envoya  en 
1600,  des  commissaires  chargés  d'installer 
un  parlement  mi-partie.  Ce  fut  seulement  en 
1602  qu'il  reparut  à  Orange  avec  la  réso- 
lution bien  arrêtée  d'en  éloigner  Blacons  ; 
mais  celui-ci  qui  se  méfiait  de  ses  intentions, 
augmenta  la  garnison  et  déclara  formelle- 
ment qu'il  avait  répondu  de  la  place  au  roi 
de  France  et  qu'il  n'en  sortirait  que  par 
son  ordre,  en  sorte  qu'au  bout  de  quelques 
mois,  le  prince,  désespérant  de  réussir 
dans  ses  projets  et  effrayé  par  la  mort  du 
traître  Aramon  que  Blacons  fit  assassiner, 
en  1603,  partit  pour  Paris  où  il  épousa 
Eléonore  de  Bourbon,  sœur  du  prince  de 
Condé,qui  était  devenue  une  zélée  catholi- 
que. En  considération  de  ce  raaria|e,  Henri 


IV  ordonna  à  Blacons  de  sortir  d'Orange  ; 
mais  celui-ci,  qui  comptait  sur  le  secours 
des  églises  et  en  particulier  sur  celui  de 
son  beau-père  Gouvernet  et  de  son  beau- 
frère  Chambaud,  refusa  d'obéir.  Le  roi  en- 
tra dans  une  terrible  colère,  et  comme  il 
souççonnsiit  Lesdiguières  d'encourager  Bla- 
cons dans  sa  résistance,  il  lui  commanda 
impérieusement  de  faire  exécuter  sa  vo- 
lonté. Pour  dissiper  les  soupçons  qui  pla- 
naient sur  lui,  le  gouverneur  du  Dauphiné 
s'empressa  de  lever  des  troupes,  et  profi- 
tant d'un  voyage  de  Gouvernet,  il  se  saisit 
de  Montélimart.  Dès  lors  le  beau-père  de 
Blacons  fut  le  premier  à  engager  son  gen- 
dre à  se  soumettre. 

A  partir  de  160S,  date  de  sa  soumission, 
Blacons  disparaît  pendant  quinze  ans  du 
théâtre  des  événements.  Nous  ne  le  retrou- 
vons que  le  20  avril  1621,  présidant  l'as- 
semblée du  Pouzin  qui  l'élut  gouverneur 
du  Vivarais  sous  les  ordres  de  Châtillon. 
Il  jura  «  en  toute  sincérité  et  candeur  • 
d'employer  ses  biens,  son  crédit,  sa  vie 
«  pour  maintenir  lesdites  églises  [du  Vi- 
varais], sous  l'authorité  du  roy,  en  la  sû- 
reté et  privilèges  à  elles  acquises  par  les 
édits,  brevets  et  concessions  de  S.  M.,  et 
de  s'opposer  vigoureusement  et  de  toutes 
ses  forces  contre  tous  ceux  qui  voudroyent 
empirer  la  condition  desdites  églises,  et 
faire  tout  le  possible  pour  la  réparation  des 
ruynes,  invasion  des  places  et  autres  in- 
novations arrivées  en  ladite  province  au 
préjudice  desdits  édits,  brevets  et  conces- 
sions. >  Il  jura,  en  outre,  sous  peine  d'être 
tenu  pour  prévaricateur  et  parjure,  de  se 
soumettre  entièrement  aux  règlements  et 
délibérations  des  assemblées  politiques  et 
particulièrement  de  celle  de  La  Rochelle. 
A  leur  tour  les  députés  des  églises  s'enga- 
gèrent par  serment  à  le  reconnaître  pour 
gouverneur  et  à  lui  obéir  '. 

1  Cette  pièce,  communiquée  à  MM.  Haag  par 
le  pasteur  de  Privas,  est  signée  :  Mirabel-£laeons 
président,  Ifoze  vice-président.  Boule  secrétaire. 
Jarjaye,  La  Tour  de  Poinsac,  de  Gardon,  Saint- 
Julien,  La  Jjlache,  Sibleyras,  Espinas,  Tardivon, 
Vernes,  Chazaux,  de  Sautel,  La  Planche,  ,Mo- 
lines.  Tardm,  Lezai,  Gévaudan,  à'Achard,  Com- 
balasse,  Dousson,  de  Rioujol,  JRoux,  Monlrond, 
Cheylus,  Villon,  Romezy,  Saint-Quentin,  Mont- 
boucher,  à'Argence,  à'Entrevaux,  La  Garde, 
Agard,  de  La  Pise,  Richard,  Des  Micheaux, 
Bourdieu,  Dubay,  de  Conehes,  Bruyère,  Charrier, 
Salomon,  d'Alleyrac,  Chaliae,  Fabrisse,  La  Combe, 
Moniaud,  Tavernol,  etc. 


VI. 


20 


611 


FOREST   —   FORESTIER 


612 


Le  6  juillet,  avec  le  secours  des  habitants, 
Blacons  attaqua  le  château  du  Cheylard; 
mais  il  ne  put  s'en  rendre  maître.  Le  17, 
il  persuada  au  conseil  politique  du  Viva- 
rais  d'envoyer  dans  le  Velay  400  hommes 
commandés  par  Châteauneuf,  Cintres,  Cha- 
lard,  Sibleyras  et  Concoules,  parent  de 
Blacons.  Ils  pillèrent  La  Louvesc,  passè- 
rent par  Tence  et  arrivèrent  à  Issengeaux, 
but  de  leur  expédition  (4  août).  Il  firent 
sauter  une  porte  au  moyen  du  pétard  et 
pénétrèrent  dans  la  ville  ;  mais  les  habi- 
tants leur  opposèrent  une  si  vaillante  ré- 
sistance qu'ils  durent  battre  précipitam- 
ment en  retraite,  ayant  perdu  Cintres  dit 
d'Amond,  Sibleyras,  Chalamon  et  Poyan, 
et  laissant  Concoules  et  d'Audemard  pri- 
sonniers. De  ces  400  hommes  il  n'en 
revint  que  40.  Une  surprise  que  Blacons 
tenta  sur  Villeneuve-de-Berg  n'eut  pas  un 
succès  plus  heureux;  mais  la  brillante 
défense  du  Pouzin  releva  sa  réputation  mi- 
litaire fort  compromise  par  ces  revers.  La 
capitulation  très  honorable  qu'il  signa  avec 
Lesdiguières  sauvegarda  non  seulement  les 
intérêts  des  protestants,  mais  lui  laissa  à 
lui-même  le  gouvernement  de  Baix-sur- 
Baix.  Selon  Videl,  une  révolte  de  la  gar- 
nison que  Lesdiguières  avait  mise  dans 
cette  dernière  ville,  le  décida  bientôt  après 
à  faire  sa  soumission;  mais  selon  Rohan, 
il  vendit  la  place  au  roi  pour  20,000 
écus.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'abolition 
lui  fut  accordée  par  Louis  XIII  au  mois 
d'août  1622  {Brienne,  vol.  211),  et  que 
dès  lors  on  ne  le  trouve  plus  cité  nulle 
part  parmi  les  chefs  du  parti  huguenot. 
Mais  si  Blacons  s'abstint  d'intervenir  dans 
les  dernières  guerres  de  religion,  on  ne 
doit  pas  en  conclure  qu'il  abjura. 

La  famille  de  Mirabel-Blacons  tomba  en 
quenouille  à  la  mort  d'Alexandre  (8  mai 
1631),  qui  ne  laissa  que  des  filles  de  son 
mariage  avec  Marguerite  de  La  Tour-Gou- 
vernet,  savoir  :  Diane,  mariée  à  François 
de  Tholon,  seigneur  de  La  Laupie  ;  Isa- 
beau,  femme  de  Louis  de  Sillol;  et  Jeanne, 
femme  de  Pierre  Armand,baron  de  Lus, con- 
seiller à  la  chambre  mi-partie  de  Grenoble  i. 

1  Nous  suivons  La  Bâtie  {Armoriai  du  Dauph.). 
D'après  M.  Lacroix  (Arrondissement  de  Montéli- 
mart,  t.  III),  les  3  filles  d'Alexandre  auraient  été 
Isabeau,  mariée  avec  Jean  d'Armand,  baron  de 
Lus  la  Croix  hante;  Diane,  femme  de  François  de 
ThoUon  ;  Lucrèce,  femme  de  M.  de  La  Bastide. 


Enfin  les  Mirabel-Blacons  s'éteignirent 
vers  le  milieu  du  XVIIme  siècle,  et  les 
biens  de  cette  illustre  maison  passèrent, 
à  la  suite  de  diverses  alliances,  à  M.  de 
Gondillac,  aïeul  des  deux  frères  Gabriel 
Bonnot  de  Mably  et  Etienne  Bonnot  de 
Gondillac.  —  On  signale  la  présence  d'un 
Forest-Blacons,  député  de  Valleraugue  à 
un  synode  du  bas  Languedoc,  tenu  à  Ni- 
mes  en  1658,  et  un  autre  de  Blacons,  qui 
épousa  Olympie  du  Puy-Montbrun  et  se 
convertit  au  catholicisme  en  1684  (Arch. 
gén.  Tt  268).  C'étaient  vraisemblablement 
des  descendants  des  frères  d'Hector,  père 
d'Alexandre. 

FORESTIER  (Andrk)  natif  de  Mont- 
pellier [Haag,  V  133]  qu'il  avait  quitté  dès 
l'enfance,  fit  ses  études  en  Hollande  et  fut 
attaché  successivement  comme  aumônier 
à  M.  de  Montpouillan,  lieutenant  général  de 
la  cavalerie  hollandaise,  puis  aux  ambas- 
sadeurs des  Provinces-Unies  à  la  Cour  de 
France  et  à  la  Porte  ottomane.  A  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes,  il  lui  parut  que 
la  France  entière  allait  saisir  avec  empres- 
sement cette  grande  occasion  de  s'age- 
nouiller obéissante  aux  pieds  du  grand  roi. 
•  Sire,  disait-il,  la  Dignité  Royale  est  une 
grâce  de  Dieu  si  éclatante  et  si  glorieuse 
qu'à  peine  peut-elle  être  comprise  des 
hommes.  Les  Rois  sont  les  Oints  du  Sei- 
gneur, ses  Images  vivantes  sur  la  terre  ;  on 
doit  toujours  les  considérer  comme  tels  : 
mais  quand  le  bon  plaisir  de  Dieu  a  esté 
de  donner  un  Monarque  qui  se  fait  distin- 
guer autant  parmy  les  autres  Roys,  que 
les  Roys  et  les  Souverains  sont  eslevez  par 
le  rang  qu'ils  tiennent  dans  le  monde,  au- 
dessus  du  reste  des  hommes,  il  est  égale- 
ment les  délices  de  ses  sujets  et  l'admiration 
de  tout  l'Univers.  »  C'est  par  cette  basse  adu- 
lation, qui  était  le  style  général  du  temps, 
que  Forestier  commençait  un  volume  qu'il 
écrivit  pour  justifier  son  apostasie,  inti- 
tulé :  Les  justes  raisons  que  les  protestants 
de  France  ont  eues  de  se  retirer  à  l'église 
romaine  sous  le  règne  de  Louis  le  Grand  ; 
Paris,  Lamb.  Roulland  imprimeur,  1687, 
in-12,  320  p.  Ses  justes  raisons  sont  au 
nombre  de  quatre  :  le  schisme  injuste 
qu'ont  fait  les  réformés,  les  difterents  infi- 
nis et  divisions  capitales  qui  sont  entre 
eux,  leurs  unions  politiques  avec  les  pro- 
testants d'Allemagne  et  d'Angleterre,  enfin 
leur  mépris  pour  les  traditions  apostoli- 


613 


FORESTIER   —   FORIX 


614 


ques  et  pour  les  cérémonies.  Cet  André 
Forestier  avait  été  nommé  ministre  de 
l'ambassadeur  de  Hollande  à  Paris  et  avait 
obtenu,  le  30  septemb.  1680,  une  alloca- 
tion de  250  florins  pour  ses  frais  d'instal- 
lation. 

2.  FORESTIER  (Henri),  de  Béziers, 
inscrit  au  livre  du  recteur  comme  étudiant 
à  l'acad.  de  Genève  (Henricus  Foresterius 
biterrensis)  le26novemb.  1668,  après  avoir 
étudié  à  celle  de  Puylaurens  où  il  fut  un 
des  argiimentateurs  de  la  thèse  d'André 
Martel  intitulée  De  duplici  cordis  officina. 
Il  fut  consacré  dans  le  synode  du  bas  Lan- 
guedoc tenu  â  Uzès  le  ler  mai  1675.  — 
(Charles),  de  Pouzauges,  étudiant  en  théo- 
logie à  Saumur  où  il  soutint  sous  la  prési- 
dence de  Coppel  une  thèse  De  diebus  festis 
eorumque  sanctificatione.  —  (Louis),  minis- 
tre interdit  ;  en  Hollande,  1679. —  (Pierre), 
pasteur  qui  desservit  plusieurs  églises  de 
i'Angoumois  et  de  la  Saintonge  [V  134], 
et  qui  fut  en  butte  aux.  persécutions  (Tt 
246)  lors  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nan- 
tes. Au  moment  où  il  allait  s'embarquer 
pour  quitter  la  France,  avec  ses  collègues 
Pierre  Fontaine,  Zacharie  Loquet  et  Nico- 
las Aubin,  il  fut  arrêté  par  les  échevins  ou 
jurats  de  Bordeaux,  sous  prétexte  qu'ils 
avaient  tous  trois  tenu  des  assemblées  il- 
licites. Il  en  fut  quitte  cependant  pour 
trois  jours  de  prison  et  se  retira  en  Angle- 
terre, où  il  était  en  1708  ministre  de  la 
Nouvelle-patente.  —  (Paul),  pasteur  à  St- 
Mesme  en  1678  et  à  Cozes  en  1685.  Il  se 
réfugia  en  Hollande  {Bull.  VII  433),  puis 
en  Angleterre  (Tt  287).  En  1699  il  était  pas- 
teur de  l'église  française  de  Crespin-street 
et  1712  de  Cantorbery.  Sa  femme étaitune 
fdle  du  pasteur  Jacques  Fontaine.  —  (Ja- 
cob), gentilhomme  du  Poitou  et  Margue- 
rite sa  femme,  tous  deux  58  ans,  assistés  à 
Wandworlh  par  le  comité  de  Londres, 
1702-1705.  —  (Alexandre)  était  l'un  des 
directeurs  de  l'hôpital  des  protestants  fran- 
çais, à  Londres,  en  1735. —  (Jacques),  ca- 
pitaine dans  l'armée  anglaise  vers  la  même 
époque,  marié  avec  d"e  Joyce  Oughton 
dans  l'église  de  Berwick-street.— La  Cour- 
Forestier,  pasteur  emprisonné  à  Bordeaux, 
à  l'époque  de  la  Révocation  et  relâché  à 
la  demande  de  l'évêque  de  Saintes  qui  es- 
pérait [V  134]  le  gagner  par  cette  douceur 
inacoutumée  ;  mais  loin  de  là,  une  lettre 
du  prélat  nous  apprend  qu'il  mena  une 


conduite  plus  mauvaise  qu'auparavant, 
que  c'était  «  un  fanatique  hardy,  insolent, 
«  qui  parlait  avec  une  audace  de  trembleur 
«  et  qu'on  ne  pouvoit  faire  un  exemple 
«  sur  une  teste  plus  punissable  »  (Tt 
248).  Cette  lettre  porta  ses  fruits  :  La 
Cour-Forestier  fut  jeté  dans  les  prisoîis  de 
Niort  (M  676),  d'où  il  passa,  en  1701, 
dans  les  cachots  du  château  de  la  même 
ville  (E  3552).  —  (Jacques),  religionnaire 
emprisonné  à  Parthenay,  1730.  —  Etienne 
et  Jean  Forestier,  marchands  de  Clermont 
de  Lodève,  fugitifs,  1686.  La  dame  épouse 
de  M.  Etienne  Forestier,  capitaine  réformé, 
à  Clermont  de  Lodève,  réfugiée  à  Berlin, 
avec  deux  de  ses  frères,  1698. — Jean  de  Fo- 
restier, originaire  de  Clermont  de  Lodève 
lieutenant-colonel  en  Prusse  (Er?waw),  vers 
1750. 

FORGEOL  (Elisabeth),  17  ans,  enfer- 
mée dans  un  couvent  de  Normandie,  1718 
(Tt  261).  —  Pierre  Forgeron,  de  Meaux, 
cardeur  de  laine,  reçu  habitant  de  Genève, 
août  1573.  —  Louis  Forgeais,  poitevin, 
étudiant  à  Genève  (Ludovicus  Forgsedius 
picto)  septemb.  1597.  —  Pierro  Forget, 
velontier  de  Reims  en  Champagne,  reçu 
habitant  de  Genève,  octob.  1572.  (An- 
toine), d'Auvergne,  étudiant  à  Genève 
(Ant.  Forgetius  arvernus)  1626.  (Philippe), 
de  Chûtillon  sur  le  Loir,  idem  :  Philippus 
Forgetius  castillionams  ad  Luparam  huic 
albo  nomen  imposuit  die  27  mensis  no- 
vembris  1677.  Isaac  Forget,  s""  de  Beaulieu, 
de  Lissy  en  Bourgogne,  marié  dans  le 
temple  de  Charenton  avec  Susanne  Fou- 
çMte/',  avril  1681.  —Isaac  de  For^we,  bien- 
faiteur, par  legs,  d'églises  du  Béarn,  1667. 
—  François  For  gués,  nouveau  catholique 
du  pays  de  Foix,  condamné  à  l'amende 
pour  s'être  marié  au  désert,  1737.  — 
«  Pierre  Fori,  de  Chavanay,  clerc,  »  reçu 
habitant  à  Genève,  30  octob.  1572.  — Ca- 
therine Forie,  confesseuse,  49  ans,  fille 
d'un  marchand  drapier  du  Poitou,  assistée 
(5  1.)  à  Londres,  1705;  —  Louis  Fories 
de  Gaufl're  en  Vivarais,  assisté  à  Lausanne, 
1706. 

FORIN  (Mme  de)  et  sa  fille  Mme  de  Ré- 
gnier (ou  Regny)  possédaient  la  seigneu- 
rie d'Exoudun  en  Poitou  [Haag,  V  141] 
lorsque,  dans  le  cours  de  l'année  1666,  le 
temple  qui  existait  dans  ce  petit  bourg  du 
Poitou  fut  condamné  à  la  démolition,  avec 
ceux  de  Couhé  et  de  Parthenay,  villes  voi- 


615 


FORIN   —   FORMEY 


616 


sines.  Sur  quoi  les  deux  dames  d'Exouduri. 
qui  y  avaient  leur  demeure,  «  ayant  fait 
quantité  de  jactances  et  témoigné  qu'elles 
ne  souffriroient  pas  la  démolition  de  leur 
temple,  on  jugea  qu'il  étoit  expédient  de 
commencer  par  la  ruine  de  celui-ci.  »  (Fil- 
leau,  Décis.  cathol.  p.  852).  Sur  quoi  le 
syndic  du  clergé  à  la  poursuite  de  qui, 
comme  presque  toujours,  la  procédure 
avait  été  conduite,  ne  perdit  pas  de  temps 
pour  faire  exécuter  l'ordonnance  et  se 
transporta  sur  les  lieux  ne  supposant  pas 
que  deux  femmes  osassent  opposer  la 
moindre  résistance.  Or,  il  trouva  les  deux 
châtelaines  prêtes  à  se  défendre  par  la  force 
à  la  tête  de  deux  ou  trois  mille  gens  du 
pays,  assez  bien  armés  pour  que  les  assail- 
lants jugeassent  prudent  de  se  retirer.  Mais 
bientôt  arriva  une  lettre  de  cachet  signée 
de  la  main  du  Roi,  prescrivant  l'occupa- 
tion du  bourg  par  deux  compagnies  de 
chevaux-légers  et  toutes  les  troupes  d'in- 
fanterie en  garnison  à  S'-Jean  d'Angely, 
Saintes  et  Angoulesme,  qui  devaient  y  sé- 
journer un  temps  sulTisant  pour  bien  pu- 
nir les  habitants.  Le  temple  d'Exoudun,  9 
janvier  1667,  puis  celui  de  Couhé,  furent 
aussitôt  rasés  et  les  deux  dames  incarcé- 
rées à  Poitiers,  malgré  les  excuses  que  fit 
la  marquise  de  La  Barre,  petite -fille  de 
Mme  de  Forin.  Cette  dernière  y  mourut  et 
sa  fille,  transférée  à  La  Bastille,  y  passa  plus 
de  trois  ans;  on  ne  lui  rendit  la  liberté 
qu'au  mois  d'avril  1671  en  exigeant  d'elle 
la  promesse  de  ne  pas  retourner  dans  le 
Poitou. 

L'avocat  du  roi  au  présidial,  messire 
Jean  Filleau,  en  rendant  compte  des  faits 
(p.  8S4)  se  livre  à  un  fort  bel  éloge,  sans 
qu'il  s'en  doute,  des  paysans  qui  s'étaient 
rendus  complices  de  leurs  courageuses  da- 
mes : 

C'est,  dit-il,  une  chose  étounante  que  de 
petites  gens  sujets  du  plus  grand  Monarque 
de  la  Terre,  et  qui  n'a  point  de  parangon 
dans  les  siècles  passez  et  qui  n'en  trouvera 
point  dans  ceux  h  l'advenir,  d'un  Roy  qui 
fait  trembler  toute  l'Europe,  qui  est  la  ter- 
reur de  ses  ennemis,  soient  si  hardis  et  si 
présomptueux  que  de  résister  à  ses  Ordres, 
de  mépriser  ses  volontez,  et  mesmes  de 
faire  des  délibérations  dans  leurs  Synodes 
opposées  et  contraires  aux  Arrestz  de  son 
Conseil  d'Estat.  La  postérité  s'en  étonnera 
quand  elle  le  lira  en   cet  endroit  ;  elle  ne 


pourra  comprendre  Fexceds  de  cette  outre- 
cuidance  

FORIS  (Marie-Anne  de)  membre  de  la 
Société  des  dames  charitables  de  Haarlem, 
1711.  —  «  Stephanus  JPoHoni  gallus,  mu- 
sicam  docens,  »  à  l'Université  de  Leyde, 
déc.  1699.  —  Bernard  Formalaguer,  de 
Loubieng,  ministre  à  Morlanne  en  Béarn, 
épouse  en  1370  Jeanne  fille  de  Geoffroy 
Brun,  ministre  de  Lucq.  Il  eut  pour  fils 
Pierre  de  Formalague,  ministre  à  Castillon, 
colloque  d'Orthez  de  1610  à  1618,  lieu  où 
lui  même  paraît  avoir  exercé  le  saint  mi- 
nistère en  lo73.  David  de  Formalaguès, 
ministre,  épouse  en  1591,  à  Pau,  Judith  fille 
de  Robert  Remy,  valet  de  chambre  de 
Henri  IV  (Arch.  des  B.-Pyr.,  E  1425, 
1480,  2008).  Voy.  la  liste  des  pasteurs 
du  Béarn  en  1569  donnée  par  M.  Cadier, 
Bull.  XXXIV,  269  et  272.  —  Marguerite 
Forman  enfermée  aux  Nouv.  cath.  de 
Luçon,  1726.  —  Claude  Formerez  sieur 
de  Chausme,  avocat  au  pariem.  de  Bour- 
gogne, ancien  de  l'église  de  Beaune,  1673. 

FORMEY  (Jean-Henri-Samuel),  né  à 
Berlin,  le  31  mai  1711,  et  mort  dans  la 
même  ville,  le  8  mars  1797  [Haag,  V141]. 

La  famille  de  J.-H.-S.  Formey  était  ori- 
ginaire (le  Dompierre-sur-Moivre,  à  cinq 
lieues  de  Vitry.  Son  père,  Jean,  avait  quitté 
la  France,  à  la  Révocation^  avec  trois  de  ses 
sœurs.  L'une  d'elles,  nommée  Marguerite, 
était  veuve  de  Jean  Varnier,  médecin  à 
Vitry.  Elle  avait  un  fils  et  quatre  filles, 
Susanne,  Denise,  Anne  et  Marguerite  ou 
Marie,  qui  l'accompagnèrent  dans  son  exil 
volontaire.  L'aînée.  Susanne,  devint  la 
femme  de  Philémon  de  Morembert,  natif 
de  Metz,  oflicier  dans  les  gardes  du  Land- 
grave de  Hesse,  qui  la  laissa  veuve,  avec 
une  fille,  en  1688.  Les  deux  dernières  fu- 
rent gouvernantes  dans  les  maisons  de  Ka- 
meke  et  de  Golowkin,  et  une  de  leurs  niè- 
ces, Marianne,  morte  en  1781,  remplit  la 
même  charge  de  confiance  dans  la  famille 
de  Schwerin. 

Formey  perdit  sa  mère  en  1714  et  fut 
élevé  par  deux  de  ses  tantes.  Ses  heureu- 
ses dispositions  s'étant  manifestées  de 
bonne  heure,  il  entra,  à  l'âge  de  neuf  ans, 
au  collège  français,  et  dans  toutes  les  clas- 
ses il  remporta  les  premiers  prix.  Ses  hu- 
manités terminées,  il  passa  en  philosophie 
sous  La  Croze,  en  1726,  puis  sous  Achard, 


617 


FORMEY 


618 


en  1728  ;  et  en  1730,  il  commença  ses 
cours  de  théologie  sous  Pelloutier,  Lenfant 
et  Beausobre.  Avec  de  tels  maîtres,  il  de- 
vait faire  de  rapides  progrès,  doué,  comme 
il  l'était,  d'une  excellente  mémoire,  d'an 
sens  droit  et  d'un  goût  bien  marqué  pour 
l'étude.  Aussi  n'avait-il  pas  encore  accom- 
pli sa  vingtième  année,  qu'il  fut  consacré 
au  ministère  par  Forneret,  et  reçut  voca- 
tion de  l'église  française  de  Brandebourg. 
Il  n'était  rendu  à  son  poste  que  depuis  en- 
viron deux  mois,  lorsqu'il  fut  rappelé  à 
Berlin,  en  qualité  de  pasteur  adjoint  de 
Forneret,  à  qui  il  succéda  en  1736.  L'année 
suivante  il  fut  choisi  pour  remplacer  Jean 
Audouy  de  Saumur  dans  la  chaire  de  pro- 
fesseur d'éloquence  au  collège  français,  et 
en  1739,  il  succéda  à  La  Groze  dans  celle 
de  philosophie.  Le  mauvais  état  de  sa 
santé  ne  lui  permettant  pas  de  remplir 
avec  exactitude  ses  doubles  devoirs,  il  re- 
nonça à  sa  place  de  pasteur  ;  mais  sans  re- 
noncer à  la  prédication,  car  il  saisissait 
toutes  les  occasions  de  monter  en  chaire 
et  calcula,  sur  la  fin  de  sa  vie,  qu'il  avait 
prêché  1317  fois.  Son  successeur  fut  Jean- 
Henri  de  Boistiger. 

Les  leçons  de  Formey  et  ses  travaux  lit- 
téraires établirent  en  peu  d'années  sa  ré- 
putation sur  des  bases  assez  solides  pour 
que,  lors  de  l'organisation  de  l'académie 
de  Berlin,  en  1744,  on  lui  olfrît  les  fonc- 
tions de  secrétaire  de  la  classe  de  philoso- 
phie ;  il  les  accepta,  comme  il  accepta  en- 
core, en  1745,  la  charge  d'historiographe  et 
celle  de  traducteur  au  département  des  af- 
faires étrangères.  Il  est  vrai  qu'il  ne  rem- 
plit cette  dernière  place  que  deux  ans  ; 
mais,  en  1748,  sur  la  proposition  de  Mau- 
pertuis,  il  fut  nommé  secrétaire  unique  et 
perpétuel  de  l'académie.  Enfin,  vers  la  fin 
de  sa  vie,  en  1789,  il  obtint  le  fauteuil  de 
directeur  de  la  classe  de  philosophie. 

A  ces  emplois  académiques,  il  enjoignit 
d'autres  qui  lui  furent  donnés  en  diverses 
occasions.  En  1778,  la  princesse  douairière 
de  Wurtemberg  le  choisit  pour  secrétaire 
de  se^  commandements,  et  après  la  mort 
de  cette  princesse,  la  cour  de  Mecklem- 
bourg-Schwerin  le  nomma  son  agent.  Il 
remplit  aussi  différentes  charges  auprès  de 
la  colonie  française,  entre  autres,  celle  de 
directeur  de  la  Maison  d'Orange,  et  de  la 
Maison  de  charité,  dont  il  fit  la  dédicace 
le  12  septemb.  1747,  puis  celle  de  con- 


seiller privé  du  directoire  supérieur,  à  la- 
quelle il  parvint  en  1772. 

Quoique  sa  santé  fut  délicate,  Formey 
remplit  ses  nombreux  devoirs  avec  toute 
l'activité  et  la  ponctualité  désirables  jusque 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  qu'une 
paralysie  des  jambes  le  confina  dans  son 
cabinet  et  le  condamna  à  ne  plus  s'occuper 
que  de  ses  travaux  littéraires.  Il  a  énor- 
mément écrit,  et  dans  tous  les  genres,  sans 
en  excepter  la  politique  ;  ses  ouvrages 
composeraient  une  bibliothèque.  On  y  re- 
marque, dit  M.  Bartolmès,  dans  son  His- 
toire philosophique  de  l'académie  de 
Prusse  (Paris,  18S1,  2  vol.  in-8o),  une 
érudition  variée  et  choisie,  un  sens  droit 
et  ferme,  beaucoup  de  modération  et  de 
franchise,  un  esprit  aimable  et  doux.  Dans 
son  Eloge  de  Formey,  Mérian  loue  égale- 
ment les  qualités  du  style  qui  est  clair, 
précis,  léger,  coulant  ;  il  aurait  dû  ajouter 
simple  jusqu'à  la  négligence,  car  Formey, 
écrivant  pour  de  l'argent  ne  se  donnait  pas 
beaucoup  de  peine.  Ce  défaut,  au  reste,  ne 
nuisit  en  rien  à  la  réputation  du  secrétaire 
de  l'académie  de  Berlin.  Non  seulement 
ses  ouvrages  furent  parfaitement  accueillis, 
comme  le  prouvent  les  trad.  que  l'on  fit 
de  plusieurs  en  allemand, en  hollandais,  en 
anglais,  en  italien,  en  russe  même,  mais 
les  hommes  les  plus  distingués  de  son  siè- 
cle se  plurent  à  lui  prodiguer  des  éloges 
exagérés.  Toutefois,  nous  pouvons  répéter, 
avec  l'abbé  Guillon  (Hist.  générale  de  la 
philosophie)  que  la  mémoire  de  Formey 
restera  chère  «  à  tous  les  amis  de  la  reli- 
gion, des  lettres  et  de  la  vraie  philosophie.  » 

Voici  la  très  longue  liste  de  ses  écrits  : 

I.  Recueil  des  pièces  sw  les  affaires  de 
l'élection  du  roi  de  Pologne,  1732,  in-4o. 

H.  Le  fidèle  fortifié  par  la  grâce,  ou 
Sermon  sur  Phil.  IV,  13,  Berlin,  1736,  4o. 

III.  Articles  des  Pacta  conventa  d'Au- 
guste, trad.  du  latin,  1736,  in-4''. 

IV.  Commerce  de  lettres  entre  deux 
amis,  1738,  in-4°.  —  Ecrites  au  sujet  de 
l'élection  du  roi  de  Pologne. 

V.  Ducatiana  ou  Remarques  de  Le  Du- 
chat.  sur  divers  sujets  d'histoire  et  de  lit- 
térature, Amst.,  P.  Humbert,  1738,  2 
part,  en  1  vol.  in-8°.  —  La  l^e  partie 
contient  les  Bemarques  détachées  et  celles 
qui  concernent  le  Dict.  de  Bayle  ;  la  2™", 
des  Remarques  sur  divers  auteurs  et  sur  les 
proverbes  français. 


619 


FORMEY 


620 


VI.  Mercure  et  Minerve,  ou  Choix  des 
nouvelles  politiques  et  littéraires  les  plus 
intéressantes  pour  l'année  1738,  Berlin, 
1738,  in-8o.  —  Au  bout  de  trois  mois 
d'existence  (janv.  fév.  et  mars),  cet  écrit 
périodique  prit  le  titre  à' Amusemens  litté- 
raires moraux  et  politiques,  mais  il  cessa 
de  paraître  au  mois  de  juillet. 

VII.  Sermons  de  Reinbeck,  trad.  de  l'alle- 
mand, Berlin,  1738,  in-8o. 

VIII.  Correspondance  entre  deux  amis 
sur  la  succession  de  Juliers  et  de  Bergues, 
Berlin,  1738,  in-4o  ;  réimp.  à  la  suite  de 
l'Histoire  de  la  succession  de  Juliers  et  de 
Bergues;  1739,  m-12. 

IX.  Sermons  sur  divers  textes  de  l'Ecri- 
ture sainte,  Berlin,  1739,  in-S»  ;  Levde, 
1772,  2  vol.  in-8o. 

X.  Remarques  historiques  sur  les  mé- 
dailles et  les  monnoyes,  trad.  de  l'allem.  de 
Kôhler,  T.  1er,  Berlin,  1740,  in-4o. 

XI.  Journal  de  Berlin  ou  nouvelles  po- 
litiques et  littéraires,  Berlin,  1740.  in -4°. 
—  Frédéric  II  fournit  des  articles  à  ce 
journal  jusqu'à  la  guerre  de  Silésie. 

XII.  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  et 
au  droit  public  de  Pologne,  trad.  du  latin 
de  Lengiiich,  La  Haye,  1741,  in-8o  ; 
Francf.,  1754,  in-8o. 

XIII.  Vie  de  J.-Ph.  Baratier,  Utrecht, 
1741,  in-8o;  Briinsw..  1755,  in-8o. 

XIV.  La  belle  Wolfienne,  ou  Abrégé  de 
la  philosophie  wolfienne,  La  Haye,  1741- 
53,  C  vol.  in-8o  ;  nouv.  édit.,  avec  deux 
Lettres  philosophiques,  l'une  sur  l'immor- 
talité de  l'âme  et  l'autre  sur  l'harmonie 
préétablie,  La  Haye,  1752-53-CO,  6  vol. 
in-8o.  —  Admirateur,  mais  non  pas  jus- 
qu'au fanatisme,  de  la  philosophie  de 
Wolf,  Formey  employa  tous  ses  efforts  à 
la  répandre,  et  l'on  s'accorde  à  reconnaî- 
tre que,  plus  que  personne,  il  en  a  accru 
la  vogue  par  le  talent  avec  lequel  il  en  a 
éclairci  les  parties  obscures.  Voici  le  juge- 
ment porté  par  M.  Bartholmès  sur  la 
belle  Wolfienne  :  «  C'est  une  dame  alle- 
mande, citoyenne  de  Berlin,  ayant  nom 
Espérance,  qui  en  se  promenant  sur  les 
rives  de,  la  Sprée  et  dans  les  jardins  de 
Charlottenbourg,  disserte  correctement  sur 
les  divers  principes  de  la  logique  et  de  la 
morale,  mais  qui  ne  produit  sur  le  lecteur 
d'autre  impression  que  celle  dont  à  la  fin 
elle  se  trouve  accablée  elle-même,  un  pro- 
fond ennui.  »  Formey  avait  voulu  marcher 


sur  les  traces  de  Fonienelle  ;  mais,  comme 
il  en  convient  franchement  lui-même,  il 
resta  fort  au-dessous  de  son  modèle.  Mé- 
content de  son  travail,  il  finit  par  y  renon- 
cer, et  au  lieu  de  traiter  la  métaphysique 
de  Wolf  comme  il  avait  traité  la  logique, 
il  se  borna  à  en  donner  une  trad.  fidèle. 

XV.  Les  Œuvres  de  François  Villon, 
avec  les  notes  de  Clément  Marot,  Eusébe^ 
de  Laurière,  Le  Duchat  et  Formey,  publ. 
par  Prosper  Marchand,  La  Haye,  1742^ 
in-8o. 

XVI.  IJ Anti-Saint-Pierre;  Berlin,  1742, 
in-8o  ;  s.  1.,  1748,  in-8o.  —  Réfutation  de 
l'Enigme  politique  où  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  avait  censuré  la  conduite  du  roi  de 
Prusse  comme  contraire  aux  principes  posés 
dans  V Anti-Machiavel. 

XVII.  Sermon  surlapaix,  Berlin,  1742, 
in-8o. 

XVIII.  Réflexions  philosophiques  sur 
l'immortalité  de  l'âme  raisonnable,  trad.  de 
l'allem.  de  Reinbeck,  Amst.,  1744,  in- 8°. 

XIX.  La  balance  de  l'Europe,  trad.  du 
latin  de  Kahie  ;  Berlin  et  Gott.,  1744,  in-8". 

XX.  Panégyrique  du  roy,  Berlin,  174r), 
in-4o  ;  trad.  en  allem.  et  en  anglais. 

XXI.  Nouvelle  bibliothèque  germanique, 
Amst.,  1746-60,  26  vol.  in-8o.  —  Formey, 
qui  avait  déjà  écrit  dans  la  Bibliothèque 
germanique,  devenue  en  1740  le  Journal 
littéraire,  rédigea  la  Nouv.  liibl.  germa- 
nique avec  de  Pérard  depuis  1746,  et  seul 
depuis  1730. 

XXII.  Remarques  sur  la  cour  de  Prusse 
concernant  la  succession  d'Ost-Frise,  trad. 
de  l'allem.  de  Cocceii,  Berlin,  1746,  in-4o. 

XXIII.  Sermon  sur  les  gratuités  de 
l'Eternel,  Berlin,  1746,  in-8o. 

XXIV.  Projet  d'un  établissement  en  fa- 
veur des  pauvres,  Berlin,  1746,  in-4o. 

XXV.  Elementa  philosophise  seu  Medulla 
Wolfiana,  Berlin,  1746,  in-8o. 

XXVI.  Conseils  pour  former  une  biblio- 
thèque peu  nombreuse,  mais  choisie,  Ber- 
lin, 1746,  in-8o  ;  6me  édit.,  1775,  in-8'3. 

—  L'édit.  qui  a  été  publiée  à  Paris  en 
1756,  sous  le  titre  de  Berlin,  offre  des  dif- 
férences considérables  avec  les  édit.  de 
Prusse,  l'éditeur  français  ayant  pris  sur  lui 
de  supprimer  plusieurs  ouvrages  français 
imp.  à  l'étranger  et  de  les  remplacer  par 
d'autres  que  Formey  n'avait  pas  cru  devoir 
mentionner  dans  son  livre. 

XXVII.  Bibliothèque  critique,  ou  Mémoi- 


621 


FORME Y 


622 


res  pour  servir  à  l'histoire  littéraire  an- 
cienne et  moderne,  Berlin,  Formery,  1746, 
3  parties  in-12.  —  P'ormey  eut  pour  col- 
laborateur le  marquis  d'Argens. 

XXVIII.  Essai  sur  la  nécessité  de  la 
Révélation,  Berlin,  1747,  in-8o. 

XXIX.  La  logique  des  vraisemblances, 
Francf.,  1747,  in-8o;  Leide,  1747,  in-S»; 
trad.  en  allem.  et  en  anglais. 

XXX.  Recherches  sur  les  éléments  de  la 
matière,  Berlin,  1747,  in-12;  trad.  en 
allem.  —  Défense  des  monades  de  Leibnitz 
contre  Euler. 

XXXI.  Mémoire  pour  l'établissement 
d'une  école  de  charité,  Berlin,  1747,  in-8o. 

XXXII.  Sermon  pour  la  dédicace  de  cette 
école,  Berlin,  1747,  in-4o. 

XXXIII.  Relations  de  ladite  écoie,  Berlin, 
1748-56,  in-4°. 

XXXIV.  L'idée,  la  régie  et  le  modèle  de 
la  perfection,  en  trois  sermons  sur  Matt.  V. 
48,  Berlin,  1748,  in-8o. 

XXXV.  Traité  des  dieux  et  du  monde, 
trad.  du  grec  de  Salliiste  le  Philosophe,  avec 
des  réflexions  philosophiques  et  critiques, 
Berlin,  1748,  in-8o  ;  réimp.  avec  le  n» 
LXXIX. 

XXXVI.  Epitre  à  M.  le  comte  de  Man- 
teuffel,  1748,  in-8o. 

XXXVII.  Exposition  abrégée  du  plan  du 
roi  pour  la  réformation  de  la  justice,  Ber- 
lin, 1748,  in-8o. 

XXXVIII.  Epistola  ad  eminent.  cardinal. 
Quirinum,  Berolini,  1749,  in-4o  ;  trad.  en 
allem. 

XXXIX.  Pensées  raisonnables  opposées 
aux  Pensées  philosophiques,  avec  un  essai 
de  critique  sur  le  livre  des  Mœurs,  Berlin 
[Amst.],  1749,  in-8o. 

XL.  Dictionnaire  étymologique  de  Mé- 
nage, Paris  et  Gen.,  1750,  in-8o. 

XLl.  Lettre  de  M.  Gervaise  Holme  à 
l'auteur  de  la  Lettre  sur  les  aveugles,  Cam- 
bridge [Berlin],  1750,  in  8o. 

XLII.  Vindiciœ  reformatorum,  Berol., 
1750,  in-8o.  —  Contre  Quirini. 

XLIII.  Histoire  de  l' Académie  des  sciences 
de  Rerlin,  1750,  in-4o. 

XLIV.  Le  système  du  vrai  bonheur,  Ber- 
lin, Paris  et  Gen.,  1750  et  1751^  in-8o. 

XLV.  Le  philosophe  chrétien,  Leide  et 
Laus.,  1750-56,  4  vol.  in-S";  trad.  en 
allem. ^  Frankf.  1753-59,  4  parties  in-8o. 
—  Recueil  des  sermons  de  l'auteur,  mais 
refondus.  Comme  théologien,  Formey  se 


proposa  pour  but  principal  la  conciliation 
de  la  dogmatique  chrétienne  avec  la  philo- 
sophie, de  la  foi  avec  la  science. 

XLVI.  L'Abeille  du  Parnasse,  Berlin, 
1750-54,  10  vol.  in-12.  —  Recueil  pério- 
dique d'opuscules  en  prose  et  en  vers. 
Deux  nouv.  vol.  parurent  en  1757. 

XLVII.  Bibliothèque  impartiale,  Leide, 
1750-58,  18  vol.  in-8o. 

XLVIII.  Essai  sur  la  perfection,  Utrecht, 
[Paris],  1751,  in-8o. 

XLIX.  Dissertation  sur  les  raisons  d'éta- 
blir et  d'abroger  les  loix,  à  laquelle  on  a 
joint  l'Examen  de  l'usure  suivant  les  prin- 
cipes du  droit  naturel,  Paris  [Utrecht], 
1751,  in-8o.  Pub.  d'abord  dans  les  Mémoi- 
res de  l'Acad.  de  Berlin  (1749). 

L.  La  théorie  de  la  fortune,  trad.  de 
l'allemand  de  Ksestner,  Berlin^  1751,  8°. 

LI.  Lettres  sur  la  prédication,  Berlin, 

1753,  in-8». 

LU.  Abrégé  de  l' Histoire  du pyrrhonisme 
de  Crousaz.  —  Ce  travail  ne  fut  pas  livré 
à  l'impression  ;  mais  Haller  en  donna  une 
trad.  sous  le  titre  :  Priifung  der  Sekte  die 
an  allem  ztveifelt,  Gott.,  1751,  in-8°. 

LUI.  Conseils  d'un  homme  de  qualité  à 
sa  fille,  trad.  de  l'angl.,  Berlin,  1753,  in-8o; 
Liège,  1757,  in-12. 

LIV.    Mélanges  philosophiques,   Leide, 

1754,  2  vol.  in-12;  trad.  en  angl.,  Lond., 
1759.  in-12,  —  Sans  doute  le  même  ou- 
vrage que  celui  dont  Kaiser  fait  mention 
sous  ce  titre  :  Mélanges  littéraires  et  philo- 
sophiques, Berlin,  1754,  2  vol.  iri-8*'  —  On 
y  trouve  réimp.  les  nos  XL,  XLIV  et  d'au- 
tres pièces. 

LV.  Catalogue  raisonné  de  la  librairie 
d'Etienne  de  Bourdeaux,  Berlin,  1754-72, 
8  vol.  in-8o. 

LVI.  La  comtesse  suédoise,  trad.  de  l'al- 
lem.  de  Gellert,  Berlin,  175'i,  2  parties 
in-12. 

LVII.  Abrégé  d'histoire  universelle  [par 
La  Croze],  revu,  continué  et  enrichi  de 
quelques  notes,  Gotha,  1754,  in-8o,  1763, 
in-8o  ;  trad.  en  allem..  Gotha,  1755,  in-12. 

LVIII.  Examen  philosophique  de  la 
liaison  réelle  qu'il  y  a  entre  les  sciences  et 
les  mœurs,  Avignon,  1755,  in-12.  — Publ. 
d'abord  dans  les  Ménjoires  de  l'acad.  de 
Berlin  (175;]). 

LIX.  Sermons  prononcés  en  quelques  cir- 
constances extraordinaires,  Berlin,  1755, 
in-8o. 


523 


FORMEY 


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LX.  Journal  épistolaire,  T.  I^f,  Berlin, 
1755,  in-8o. 
LXI.    Le   réveil  d'Epiménide,    Berlin, 

1755,  in-8o.  —  Formey  n'en  est  que  l'édi- 
teur. 

LXII.  Lettre  à  M.  Maty,  au  sujet  du 
Mémoire  de  M.  Eller  sur  l'usage  du  cuivre, 

1756,  in-12. 

LXIII.  Catéchisme  raisonné,  trad.  de 
l'angl.,  avec  un  Discours  préliminaire, 
Halle,  17o6,  in-8o. 

LXIV.  Essai  sur  le  beau  (par  le  P.  An- 
dré), avec  un  Discours  préliminaire  et  des 
Réflexiotis  sur  le  goiU,  1756,  in-8o  ;  Amst., 
1758,  in-12  ;  Paris,  1763,  2  vol.  in-8. 

LXV.  Mémoire  concernant  la  conduite 
de  la  maison  d'Autriche  à  l'égard  des  Pro- 
testans,  trad.  deTallem.,  sans  date,  in-4o. 

LXVI.  Le  ti'iomphe  de  l'évidence,  Ber- 
lin, 1756,  2  vol.  in-8o. 

LXVII.  Sermon  à  l'occasion  de  la  victoire 
de  Prague,  1757,  in-8». 

LXVIII.  Traité  des  tropes,  nouv.  édit., 
Leipzig,  1757,  in-8o.  —  Réimp.  de  l'ou- 
vrage de  Du  Marsais. 

LXIX.  La  France  littéraire  ou  Diction- 
naire des  auteurs  françois  vivans,  corrigé 
et  augm.,  Berlin,  1757,  in-8°.  —  La 
France  littéraire  se  publiait  en  France  de- 
puis 1755,  mais  elle  passait  sous  silence 
les  noms  des  Réfugiés  français  et  leurs  ou- 
vrages. Formey  répara  ces  omissions  vo- 
lontaires, en  sorte  que  son  ouvrage  est  de 
quelque  valeur. 

LXX.  Eloges  des  académiciens  de  Berlin 
et  de  divers  autres  savans,  Paris  et  Berlin, 

1757,  2  parties  in-12.  —  Ces  éloges  sont 
au  nombre  de  46.  Quelques-uns  avaient 
déjà  paru  dans  les  Mémoires  de  l'académie 
de  Berlin,  tels  ceux  d'Alphonse  Des  Vignol- 
les  (1745),  de  Philippe  Naudé  (1746),  de 
Du  Han  de  Jandun  (1746),  de  Charles- 
Louis  de  Beausobre  (1753),  etc.  Formey 
est  resté  bien  au-dessous  de  Fontenelle, 
qu'il  avait  pris  pour  modèle. 

LXXL  Abrégé  du  droit  de  la  nature  et 
des  gens,  Amst.,  1758,  in-4o.  —  Extrait 
des  grands  ouvrages  de  Wolf  intit.  Jus 
naturse  et  Jus  gentium. 

LXXII.  Discours  sur  Esaïe  LVII,  21, 
suivi  d'un  Fragment  philosophique  sur  l'é- 
tat du  genre  humain,  Berlin,  1758,  in-4o. 

LXXIII.  Sermon  à  l'occasion  de  la  mort 
de  S.  A.  R.  le  prince  de  Prusse,  Paris  et 
Berlin,  1758,  in-8o. 


LXXIV.  Consolations  pour  les  personnes 
valétudinaires,  Berlin,  1758,  in-12  ;  trad. 
en  allem.,  Leipz.,  1762,  in-8o,  et  en  ita- 
lien. 

LXXV.  Discours  sur  le  véritable  prin- 
cipe de  la  grandeur  d'âme,  Berlin,  1758, 
in-4°,  et  dans  les  Mém.  de  l'acad.  de  Ber- 
lin (1758). 

LXXVL  Essais  philosophiques  sur  l'en- 
tendement humain  [par  Hume],  trad.  en 
franc,  par  Mérian,  avec  une  Préface  et  des 
notes  par  Formey,  Amst.,  1758.  2  vol. 
in-12. 

LXXVII.  Encyclopédie  portative  ou 
science  universelle  à  la  portée  de  tout  le 
monde,  Berlin.  1758.  in-12.  —  Douteux. 

LXX  Vin.  Les  preuves  de  l'existence  de 
Dieu  ramenées  aux  notions  communes^ 
1758,  in-8o  ;  publ.  d'abord  dans  les  Mém. 
de  l'acad.  de  Berlin  (1747). 

LXXIX.  Le  philosophe  payen  ou  Pensées 
de  Pline  avec  un  commentaire  littéraire  et 
moral,  Leyde,  1759,  3  vol.  in-12  ;  trad. 
en  allem.,  Frankf.,  1761,  3  pai't.  in-8o. 

LXXX.  Principes  élémentaires  des  bel- 
les-lettres, Berlin,  1759,  in-8o;  1763,  in-12; 
trad.  en  anglais,  Lond.,1765,  in-12, et  en 
italien,  Naples,  1768.  in-8o. 

LXXXI.  Les  avantages  de  la  vieillesse. 
Berlin,  1759,  in-8o  ;  trad.  en  allem.,  Ber- 
lin, 1760,  in-8°. 

LXXXII.  Lettres  sur  l'état  présent  des 
sciences  et  des  mœurs,  Berlin,  1759-60,  2 
vol.  in-8o. 

LXXXHI.  Monument  à  la  mémoire  de 
la  fille  la  plus  chérie,  1759,  in-4°. 

LXXXI V.  De  la  mort,  Berlin,  1759, 
in-8o. 

LXXXV.  Abrégé  de  l'histoire  de  la  phi- 
losophie, Amst.,  1760,  in-8o  ;  trad.  en  al- 
lemand, Berlin,  1763,  in-8o,  et  en  anglais, 
Lond.,  1766,  in-12. 

LXXXVI.  Eloges  des  maréchaux  de 
Schwerin  et  de  Keith,  et  de  M.  de  Viereck, 
Berlin,  1760,  in-8o. 

LXXXVII.  Eloge  de  Maupertuis,  Berlin, 
1760,  in-8o. 

LXXXVIH.  Réflexions  sur  l'éducation  et 
en  particulier  sur  celle  des  jeunes  demoi- 
selles, Berlin,  1761,  in-4o  ;  Amst.,  1761, 
in-8o. 

LXXXIX.'C/ioia;  des  Mémoires  et  Abré- 
gé de  l'histoire  de  l'Académie  de  Berlin, 
Berlin,  Haude,  1761,  4  vol.  in-12.  — 
«  Dans  ses  Mémoires,   lit-on  dans  l'Hist. 


625 


FORMEY 


626 


philosophique  de  l'Académie  d  Prusse,  on 
sent  un  peu  trop  le  prédicateur,  et  l'on  re- 
trouve le  savant  étendu,  mais  superficiel. 
Dans  ses  Discours,  on  rencontre  une  agréa- 
ble variété,  des  mots  souvent  fins,  quel- 
quefois énergiques,  mais  surtout  une  sin- 
gulière adresse  à  préconiser  Frédéric.  » 

XC.  Eloge  d'Eller,  Berlin,  1762,  in-8o. 

XCI.  Les  vrais  intérêts  de  l'Allemagne, 
trad.  de  l'allemand,  avec  des  notes  relati- 
ves aux  conjonctures  présentes,  La  Haye, 

1762,  3  part.  in-8o. 

XCII.  Sermons  sur  la  prophétie  de  Jo- 
nas,  Berlin,  1762,  in-8o.  —  Quérard  en 
indique  une  édit.  de  1760. 

XCIII.  Principes  de  morale,  déduits  de 
l'usage  des  facultés  de  l'entendement  hu- 
main, Leide,  1862-65,  4  vol.  in-8o  ;  trad. 
en  allem.,  2  part..  Berlin,  1762,  in-8o. 

XCIV.  Réflexions  sur  la  liberté,  trad. 
de  l'allem.  de  Reinhard,  Berlin,  1762, 
in-8o  :  pnbl.  d'abord  dans  les  Mém.  de  l'a 
cad.  de  Berlin  (1748). 

XCV.  L'esprit  de  Julie,  1762,  in-8o  ; 
trad.  en  allem..  1762,  in-8o. 

XCVI.  Anti-Emile,  Berlin,  1762,  in-8o  ; 
trad,  en  allem.,  Berlin,  1762,  in-S». 

XCVII.  Abrégé  de  l'histoire  ecclésiasti- 
que, Amst.,  176:},  2  vol.  in  12  ;  trad.  en 
hollandais  par  La  Fontaine,  La  Haye, 
1763-65,  in-8o,  et  en  anglais,  Lond.,1766, 
2  vol.  in-8o. 

XCVIH.  Eloges  des  comtes  de  Podevils  et 
de  Gotter,  de  MM.  Jacobi,  Sprsegel,  Bec- 
man  et  Humbert,  Berlin,  1763,  in-8o.  — 
L'éloge  du  dernier  avait  été  publié  dans 
les  Mém.  del'acad.  de  Berlin  (1762). 

XCIX.  Annales  typographiques,  Berlin, 

1763,  3  vol.  in-8<>.  —  Douteux. 

C.  Emile  chrétien,  Amst.,  1764,  2  vol. 
in-8". 

CL  Défense  de  la  religion  et  de  la  légis- 
lation pour  servir  de  suite  à  l'Anti-Emile, 
Berlin,  1764,  in-8o. 

CH.  Diversités  historiques,  trad.  du 
grec  d'Elien  et  enrichies  de  remarques, 
Berlin,  1764,  in-8o. 

GIIL  Abrégé  de  toutes  les  sciences  à  l'u- 
sage des  enfans  de  six  ans  à  douze.  Pots- 
dam,  1764-78,  8  vol.  in-8»,  ou  selon  M. 
Quérard,  Berlin,  1757-79,  in-16  ;  nouv. 
édit.  revue  et  augm.,  Berlin,  1767,  in-S"; 
trad.  en  allem.,  Berlin,  1769,  in-8o,  et  en 
russe,  Moscou,  1764-74,  in-12. 

CIV^.    Discours  prononcés  dans  l'Acad. 


de  Berlin  à  la  réception  des  princes  de 
Brunsvic,  1764,  in-4o. 

GV.  Introduction  générale  aux  sciences, 
Amst.,  1764,  in-12,  avec  une  réimp.  du 
n°  XXVL  —  Selon  d'autres  cet  écrit  ap- 
partient à  La  Martinière. 

CVI.  Discours  philosophiques  de  Maxime 
de  Tyr,  trad.  du  grec,  Leide,  1764.  in-12. 

CVH.  Discours  moraux  pour  servir  de 
suite  au  Philosophe  chrétien,  Berlin,  1764- 
65.  2  vol.  in-12,  trad.  en  allem.,  Francf., 
1764-67,  2  part.  in-8o. 

CVIH.  Principes  de  morale  appliqués  aux 
déterminations  de  la  volonté,  Leide,  1765, 
2  vol.  in-12. 

CIX.  Remarques  de  grammaire  sur  Ra- 
cine, pour  servir  de  suite  à  celles  de  l'abbé 
d'Olivet,  avec  des  remarques  détachées  sur 
quelques  autres  écrivains  du  premier  ordre 
[Voltaire,  Watelet,  Fontenelle,  Boileau], 
Berlin,  1766,  in-12.  —  Publ.  sous  le  pseu- 
donyme de  Yemrof. 

ex.  Discours  de  M.  Gellert  sur  la  ino- 
rale, Berlin,  1766,  iii-8o. 

CXL  Tableau  du  bonheur  domestique, 
suivi  de  quelques  discours  sur  les  vérités  in- 
téressantes de  la  religion  et  de  la  morale, 
Leide,  1766,  in-8<'. 

CXII.  Discours  sur   la    paix,    Leide, 

1767.  —  Composé  à  l'occasion  du  prix 
proposé,  en  1766,  par  l'acad.  de  La  Ro- 
chelle. 

CXIH.  Eloge  de  il/me  Gottsched  suivi  du 
Triomphe  de  la  philosophie  par  la  même, 
Berlin,  1767,  in-8o. 

CXIV.  Dictionnaire  instructif  oii  l'on 
trouve  les  principaux  termes  des  sciences  et 
des  arts,  T.  I-H,  Halle,  1767,  ln-8o. 

CXV.  Histoire  des  Protestaiis,  trad.  de 
l'allemand  de  Hausen,  Halle,  1767,  in-8o. 

CXVI.  Sermon  à  l'occasion  de  la  mort 
du  prince  de  Prusse,  Berlin,  1767,  in-8o. 

CXVII.  Traité  d'éducation  morale  sur 
cette  question  :  Comment  on  doit  gouverner 
l'esprit  et  le  cœur  d'un  enfant  pour  le  ren- 
dre heureux  et  utile,  Berlin,  1767,  in-8o  ; 
Liège,  1773,  in-8o  ;  trad.  en  allem.,  Ber- 
lin, 1767,  in-8o.  Ouvrage  couronné  par  la 
Société  des  Sciences  de  Harlem. 

ex VIII.  Magasin  des  sciences  et  des 
beaux-arts  à  l'usage  desadolescens.  Amst., 

1768,  2  vol.  in-12. 

CXIX.  Consolations  raisonnables  et  reli- 
gieuses, Yverdon,  1768,  in-12. 

CXX.  Entretiens  psychologiques,  Berlin, 


627 


FORMEY 


628 


1769,  in-8o  ;  trad.  enallem.,  Berlin,  1769, 
in-8o. 

CXXI.  Abrégé  de  physique,  Berlin, 
1770-72,  2  part.  in-8o  ;  trad.  eu  allem., 
Berlin,  1770-73,  2  part.  in-8°. 

CXXII.  Sermons  sur  divers  textes, 
Leide,  1772,  selon  Watt;  1774,  2  vol. 
in-8o,  selon  Meuse!. 

CXXIII.  Journal  de  Pierre -le-Grand, 
trad.  du  russe,  revu  et  publ.  par  Formey, 
1773,  in-4". 

CXXIV.  Eloge  de  Meckel,  Berlin,  1774, 
in-8o. 

CXXV.  Réponse  au  discours  de  réception 
de  M.  de  Zedlitz,  publ.  avec  ce  discours, 
Berlin,  1776,  in-4o. 

CXXVI.  Discours  au  grand-duc  de  Rus- 
sie, Berlin,  1776,  in-8o. 

CXXVII.  Entretiens  de  morale  prati- 
que, Potsd.,  1778,  in-8o  ;  trad.  en  allem., 
Berlin,  1778,  in-8o. 

CXXVIII.  Panégyrique  de  Frédéric  II, 
trad.  de  l'allem.  d'Engel,  Berlin,  1781, 
in-8o. 

CXXIX.  Sermon  pour  l'anniversaire  de 
son  entrée  en  fonctions,  publ.,  à  ce  qu'il 
paraît,  en  franc,  et  en  allem.,  Berlin, 
1781,in-8o. 

CXXX.Czarewitz  Chlore,  conte  moral  de 
main  impériale  et  de  maîtresse  [Catherine 
II],  trad.  par  Formey,  Berlin,  1782,  in-8o. 

CXXXI.  Eloge  d'Uden,  Berlin,  1783, 
in-8o. 

CXXXII.  Discours  sur  le  jubilé,  Berlin, 
178o.  in-8o. 

CXXXIII.  Eloge  de  Sack,  Berlin,  1786, 
in-8o. 

CXXXIV.  Encyclopédie  des  enfans,  Gen. , 
1787,  in-8o. 

CXXXV.  Réponses  aux  discours  des 
académiciens  reçus  dans  le  cours  des  qua- 
tre derniers  mois  de  l'année  1786^  Berlin, 
1787,  in-8o. 

CXXXVI.  Discours  prononcé  dans  l'as- 
semblée publique  de  l'Acad.  royale,  le  28 
janv.  1787,  Berl.,  1787,  in-8o. 

CXXXVII.  Souvenirs  d'un  citoyen,  Ber- 
lin, 1789,  2  vol.  in-8o. 

Les  Mémoires  de  l'académie  de  Berlin 
contiennent,  en  outre,  un  grand  nombre 
d'éloges,  de  mémoires  et  de  dissertations  de 
Formey,  depuis  1746  jusqu'en  1793.  Nous 
citerons,  entre  autres  :  VEssai  sur  les  son- 
ges (1746),  un  de  ses  écrits  les  plus  remar- 
quables ;  De   l'obligation   de  se  procurer 


toutes  les  commodités  de  la  vie  (1750)  ;  De 
la  conscience  (17ol)  ;  De  l'étendue  de  l'i- 
magination (1754)  ;  Sur  les  allégories  phi- 
losophiques (1755)  ;  Sur  l'origine  du  lan- 
gage, des  idées  et  des  connaissances  humai- 
nes (1759);  Sur  le  goût  (1760);  Sur  les 
spectacles  (1761)  ;  Sur  l' influence  de  l'âme 
sur  le  corps  (1764)  ;  Considérations  sur  ce 
qu'on  peut  regarder  aujourd'hui  comme  le 
but  principal  des  académies  et  comme  leur 
but  le  plus  avantageux  (1767  et  68)  ;  Sur 
la  culture  de  l'entendement  (1769)  ;  Consi- 
dérations sur  rEncyclopedie  française 
(1770)  ;  Eloge  de  J.-B.  Boyer,  marquis 
d' Aryens  (1771)  ,  Discours  sur  la  question: 
Pourquoi  tant  de  personnes  ont  si  peu  de 
goût  ou  même  un  si  grand  éloignement  pour 
tout  ce  qui  demande  l'exercice  des  facultés 
■  intellectuelles  (1772)  ;  Sur  la  physiognomie 
(1775)  ;  Examen  de  la  question  :  Si  toutes 
les  vérités  sont  bonnes  à  dire  (1777)  ;  Sur 
quelques  anciennes  procédures  contre  les 
magiciens  (1778);  Eloge  de  Sulzer  (1779)  ; 
Eloge  de  Cochius  (1780)  ;  Eloge  de  Begue- 
lin  (1788  et  89)  ;  Sur  les  rapports  entre  le 
savoir,  l'esprit,  le  génie  et  le  goût  (1788-88); 
Sur  le  fanatisme  (1792-93)  ;  etc.  Indépen- 
damment des  publications  périodiques 
dont  il  fut  le  fondateur  ou  le  principal  ré- 
dacteur, il  a  travaillé  à  l'Encyclopédie 
française  et  à  l'Encyclopédie  d'Yverdun, 
aux  Nouvelles  littéraires,  au  Journal  en- 
cyclopédique. C'est  à  lui  qu'on  doit  1'^- 
loge  de  Beausobre  mis  en  tête  de  l'Histoire 
critique  de  Manichée  et  du  Manichéisme, 
dont  il  a  rédigé  et  publié  le  second  volu- 
me ;  et  c'est  encore  lui  qui  a  dirigé  l'im- 
pression des  Sermons  de  Forneret.  De 
plus,  il  a  annoté  la  trad.  allem.  du  dis- 
cours d'Apulée  sur  les  Moyens  d'être  heu- 
reux (Glogau,  1768,  in-8o),  et  mis  une 
Préface  à  la  Nouvelle  méthode  pour  ap- 
prendre à  lire  de  Palairet  (Berlin,  1775, 
in-8o)  ;  mais  nous  croyons  que  Denina 
s'est  trompé  eu  lui  attribuant  le  Christia- 
nisme raisonnable,  et  c'est  sans  raison 
aussi  qu'on  l'a  regardé  connue  l'auteur  de 
V  Anti-Sans-Souci. 

Formey  avait  épousé,  en  1734,  Susanne 
Bonnafous,  qu'il  perdit  en  1743,  n'en 
ayant  eu  qu'une  fille,  morte  de  la  petite 
vérole  au  printemps  de  son  Tige.  Eu  1744, 
il  se  remaria  avec  Elisabeth  Camont  d'Au- 
sin,  qui  lui  donna  quatorze  çnfants,  dont 
sept  lui  survécurent,  savoir  cinq  tilles,  sur 


629 


FORMEY 


630 


lesquelles  nous  ne  possédons  pas  de  ren- 
seignements, et  deux  fils,  dont  l'un  entra 
dans  la  diplomatie  et  l'autre  étudia  la  mé- 
decine. 

Ce  dernier  se  nommait  Jean-Louis.  Né 
à  Berlin  en  1766,  il  fit  ses  humanités  au 
collège  français  et  se  rendit  ensuite  à  l'u- 
niversité de  Halle.  Après  avoir  pris,  en 
1788,  le  grade  de  docteur  en  médecine,  il 
résolut  de  visiter  les  pays  étrangers  et  ar- 
riva îi  Paris  au  début  de  la  Révolution,  ('e 
ne  fut  pas  sans  peine  qu'il  parvint  à  sortir 
de  cette  ville  en  ébuUition  ;  il  y  réussit 
cependant  à  la  faveur  d'un  déguisement  et 
gagna  la  Suisse,  d'où  il  passa  à  Vienne 
avec  l'intention  d'y  suivre  les  cours  de 
l'université  pour  perfectionner  ses  con- 
naissances. Lorsque  la  guerre  menaça  d'é- 
clater entre  l'Autriclie  et  la  Prusse,  il 
quitta  précipitamment  Vienne  comme 
courrier  de  cabinet.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie, il  fut  attaché  au  service  médical  de 
l'armée  et  spécialement  chargé  d'organiser 
des  ambulances  à  Glogau,  Schweidnilz, 
Glafz  et  Custrin.  Nommé,  en  1791,  pre- 
mier médecin  d'état-inajor,  il  fit  en  cette 
qualité  la  campagne  de  Pologne  de  1794. 
Une  grave  maladie  l'ayant  forcé  de  renon- 
cer au  service  actif,  il  retourna  à  Berlin 
où  il  resta  jusqu'en  1796,  que  Frédéric- 
Guillaume  II  l'attacha  à  sa  personne  com- 
me médecin  ordinaire.  A  la  mort  de  ce 
prince,  Formey  olî'rit  sa  démission  qui  fut 
acceptée.  Peu  de  temps  après,  il  fut  nommé 
membre  du  conseil  supérieur  de  médecine 
et  du  comité  de  pharmacie  de  la  cour.  Eu 
1798,  on  lui  donna  la  chaire  de  médecine 
militaire  au  collège  médico-chirurgical  de 
Berlin ,  à  laquelle  il  joignit  plus  tard  celle 
de  médecine  générale.  En  1803,  il  devint 
médecin  ordinaire  de  la  colonie  française, 
et  en  1804,  médecin  de  l'état-major  géné- 
ral ;  mais  au  bout  d'un  an,  la  réorganisa- 
tion du  service  médical  des  armées  lui  fit 
perdre  ce  dernier  em[)Ioi.  Ce  fut  vers  ce 
temps  que  Louis  Bonaparte  l'appela  pour 
une  consultation  relative  à  la  reine  Hor- 
tense.  Formey  profita  de  son  séjour  en 
France  pour  visiter  le  midi  ;  mais  la 
rupture  de  la  paix  le  rappela  bientôt  en 
Prusse.  Il  fut  un  des  trois  députés  que 
Berlin  envoya  au  vainqueur  après  la  ba- 
taille d'Iéna.  En  1809,  la  suppression  du 
conseil  supérieur  de  médecine  et  du  collège 
médico-chirurgical  lui   enleva  les  places 


qu'il  avait  dans  ces  deux  corps  savants  ; 
mais  la  création  d'une  division  médicale 
au  ministère  de  l'intérieur,  en  1810,  et 
d'une  Académie  de  chirurgie  et  de  méde- 
cine, en  1811,  lui  rendit  ses  emplois.  Il 
mourut  le  28  juin  1823.  Voici  la  liste  de 
ses  ouvrages  : 

I.  Dissert,  sistens  quœdam  circà  systematis 
abso7-bentis pathologiam,  Halle,  1788,  in-8o. 

H.  Ahhandlung  iiber  die  Preisfrage,  die 
Reinigung  der  verdorbenen  Zimmerluft 
betrejjfend,  publ.  dans  les  Preisschriften 
und  Abhandl.  der  kais.  freyen  Gesellschaft 
zu  S.  Petersburg  (1795). 

III.  Versuch  einer  medicinischen  Topo- 
graphie von  Berlin,  Berlin,  1796,  in-8o. 

IV.  iWedicinische  Ephemeriden,  von  Ber- 
lin, Hefte  I-IV,  Berlin,  1799-1800,  iu-8o. 

V.  Ueber  den  gegennwrtigen  Zustand 
der  Medirin  in  Hinsicht  auf  d.  Bildung 
kûnftiger  .Erzte,  Berlin,  1809,  in-8o. 

VI.  Von  der  Wassersucht  der  Gehirn- 
hôlen,  Berlin,  1810,  in-8o. 

Vil.  Allgemeine  Betrachtungen  iiber  die 
Natur  und  die  Behandiung  der  Kinder- 
krankheiten,  Berlin,  1811,  iii-8o. 

VIII.  A.-W.  Ifflunds  Krankheitsge- 
schirMe,  Berlin,  1814,  in-8o. 

IX.  Dus  Mineralbad  zu  Gleissen  bei 
Zielenzig,  in  dem  Neumark,  mit  Bemer- 
kungen  iiber  die  Heilknefle  desselben,  Ber- 
lin, 1821,  in-Ko. 

X.  Vermischte  mediciiiische  Schriflen, 
Berlin,  1821.  in-8o. 

XI.  Bemerkungen  iiber  den  Kropf  und 
Nachrichp  iiber  ein  neu  entdeckteswirksames 
Mittel,  Berlin,  1821,  in-8o.  Selon  Kaiser, 
c'est  la  2me  édit.,  et  il  y  en  eut  une  3mo 
en  1822. 

XH.  Biographies  lie' s,  Berlin,  1821,  8o. 

XIII.  Versuch  einer  Wiirdigiing  des  Pui- 
ses, Berlin,  1823,  in-8o. 

Formey  a  publié,  en  outre,  les  Medici- 
nische  Miscellen  de  G. -A.  Roose  (Fraucf., 
1804,  in-8o),  et  il  a  eu  part  avec  Klaproth 
à  la  publication  de  la  Pharmacopsea  Borus- 
sica,  dans  les  années  1799,  18')3  et  1812. 
—  Un  Claude  Formy  ou  plutôt  Formey, 
de  la  même  famille  que  les  précédents,  né 
à  Vitry  en  1668,  lieutenant  de  cavalerje, 
mourut  à  Berlin  en  1729.  —  Paul  Formé, 
de  Vitry,  valet  de  chambre  de  S.  A.  Elec- 
torale vers  1700  (Dieterici).  —  Paul  For- 
mey de  Richecourt  et  Louise  Changnion 
sa  femme,  réfugiés  à  Berlin  {Bull.  XI,  154). 


631 


FORMY 


632 


1 .  FORMY  (Claude)  ,  natif  de  Montpellier 
[Haag,  V  149],  collaborateur  du  ministre 
La  Chasse  dans  révangélisation  de  cette 
ville.  Reçu  ministre  le  1er  dimanche  de 
mai  1561,  c'est-à-dire  le  jour  même  où, 
pour  la  première  fois,  les  protestants  de 
Montpellier  célébrèrent  la  Cène,  Formy 
fut  appelé, quelques  mois  après,  24  septemb. , 
à  inaugurer  par  un  sermon  la  prise  de  pos- 
session de  l'église  de  Notre-Dame-des-Ta- 
bles.  Tout  se  passa  tranquillement,  au 
rapport  de  Philippi  ;  mais  les  chanoines  de 
Saint -Pierre  vinrent  bientôt  brouiller  les 
choses.  Ils  demandèrent  à  Joyeuse  et  obtin- 
rent sans  peine  la  permission  de  mettre 
une  garnison  dans  leur  église,  qui  était 
une  véritable  forteresse,  sous  prétexte  que 
les  huguenots  voulaient  aussi  l'envahir. 
Les  protestants  alarmés  s'armèrent  de  leur 
côté  et  la  lutte  ne  tarda  pas  à  s'engager. 
Le  dimanche  19  oct.,  les  réformés  assié- 
gèrent le  fort  Saint-Pierre  ;  mais,  dès  le 
lendemain,  un  accord  fut  conclu,  par  le- 
quel les  chanoines  s'engagèrent  à  renvoyer 
la  garnison.  Pendant  que  la  convention 
s'exécutait,  un  chanoine  fanatique  tua 
d'un  coup  d'arquebuse  Pierre  Challon,  un 
des  assiégeants,  trahison  qui  irrita  les  core- 
ligionnaires de  la  victime,  au  point  que, 
se  jetant  sur  les  chanoines,  ils  en  égorgèrent 
plusieurs.  Pas  un  n'eût  échappé  sans  l'in- 
tervention des  huguenots  les  plus  influents. 

Claude  Formy  ne  parait  pas  avoir  trempé 
dans  cette  sanglante  vengeance.  Il  continua 
à  desservir  son  église  avec  La  Place  et 
Maupeau,  apportant  dans  l'accomplisse- 
ment de  ses  devoirs  autant  d'activité  et  de 
suite  que  les  circonstances  le  permirent. 
En  1571,  il  fut  appelé  à  présider  le  synode 
provincial  qui  se  tint  à  Nîmes,  le  27  juin, 
en  présence  de  Saint-Chapte,  lieutenant- 
criminel  de  la  sénéchaussée,  assisté  des  con- 
seillers de  Sauzet  et  Roques  de  Clausonne, 
dans  le  but  de  réorganiser  les  églises  du 
Bas-Languedoc  qui  avaient  eu  beaucoup  à 
soiifl'rir  de  la  guerre.  C'est  à  ce  synode  que 
Payan,  député  au  synode  national  de  La 
Rochelle,  présenta  les  décrets  de  cette  as- 
semblée solennelle.  Lorsque  la  nouvelle 
du  massacre  de  la  Saint-Barthélémy  par- 
vint à  Jean  Des  Urcières,  gouverneur  de 
Montpellier,  ce  brave  gentilhomme  s'em- 
pressa de  faire  sortir  de  la  ville  Formy  et 
Payan  avec  les  principaux  d'entre  les  hu- 
guenots, pour  les  sauver  du  massacre  qu'il 


redoutait.  Formy  se  retira  vraisemblable- 
ment à  Nîmes,  où  nous  le  trouvons,  à  la 
fin  de  décembre  1573,  présidant  une  as- 
semblée extraordinaire  des  ministres  et 
des  anciens.  C'est  la  dernière  fois  qu'il 
soit,  à  notre  connaissance,  mentionné  par 
les  historiens  du  Languedoc. 

2.  FORMY  (Pierre),  né  à  Nîmes  vers  le 
commencement  du  xvnme  siècle  [Haag,  V 
150],  et  mort  dans  cette  ville,  le  5  juillet 
1679. 

Dès  son  enfance,  Pierre  Formy  montra 
une  grande  aptitude  pour  les  sciences, 
surtout  pour  les  sciences  médicales.  Ses 
parents  l'envoyèrent  étudier  à  la  faculté 
de  Montpellier.  De  là  il  fut  étudier  la 
théologie  à  Genève,  (Petrus  Formius, 
monspeliensis),  octobre  1594.  De  retour 
à  Nîmes,  il  y  exerça  la  médecine  avec 
tant  de  succès  que  sa  réputation  se  ré- 
pandit dans  toute  l'Europe.  Gustave-Adol- 
phe, lors  de  son  voyage  en  France,  le 
prit  pour  médecin  et  se  fit  accompagner 
par  lui  aux  bains  de  La  Mausson.  Il  lui 
offrit  même  de  l'emmener  en  Suède,  mais 
Formy  ne  put  se  résoudre  à  quitter  sa 
patrie.  En  1644,  il  publia  un  savant  traité 
sur  le  capillaire,  sous  le  titre  :  De  l'adian- 
ton  ou  cheveu  de  Vénus,  contenant  la 
description,  les  utilités  et  les  diverses  pré- 
parations galéniques  et  spagyriques  de 
cette  plante.  Cet  ouvrage  eut  beaucoup 
de  succès. 

Quoiqu'il  eût  fait  de  la  médecine  son 
étude  principale,  Formy  ne  laissa  pas  de 
cultiver  la  littérature.  Outre  une  vie  de 
Samuel  Petit,  qu'il  mit  au  jour  sous  le  ti- 
tre de  Vita  Samuelis  Petiti,  professoris 
theologi  in  academiâ  Nemausensi,  Gra- 
tianop.,  1673,  in-4o,  en  la  dédiant  à  l'uni- 
versité d'Oxford,  il  a  laissé  msc.  un  traité 
sur  VArt  de  bien  former  le  discours,  enrichi 
d'une  courte  et  claire  suite  d'exemples, 
pour  l'usage  familier  de  tous  ceux  qui  dé- 
sirent lire,  entendre  ou  imiter  l'artifice  et 
les  ornements  des  anciens  et  nouveaux 
maîtres  de  l'éloquence.  Il  ne  négligea  pas 
non  plus  la  poésie,  comme  le  prouve  un 
petit  recueil  de  poésies  latines  et  françaises 
qu'il  avait  promis  de  publier  sous  le  titre 
de  :  Florilegium  heliconium,  sive  musse  la- 
tinse  et  gallicœ.  Enfin  il  avait  composé  un 
ouvrage  singulier  qu'il  se  proposait  de  dé- 
dier aux  villes  de  Berne  et  Zurich,  mais 
qui  resta  également  inédit  :  l'Histoire  de 


633 


FORMY   —   FORNEEET 


634 


l'homme  et  de  ses  divers  états,  naturel,  mo- 
ral et  surnaturel. 

Pierre  Formy  avait  épousé  Antonia  Pe- 
tit, fille  du  célèbre  professeur  Samuel  Pe- 
tit. Il  en  eut  deux  fils.  L'aîné  nommé  Jac- 
ques, montra  des  talents  très  précoces  ;  à 
l'âge  de  vingt  ans,  il  connaissait  un  bon 
nombre  de  langues  orientales.  Après  avoir 
pris  le  grade  de  docteur  en  médecine,  il 
vint  s'établir  à  Paris.  «  Je  ne  dois  pas  dis- 
simuler, dit  Graverol,  dans  son  Hist.  de 
Nîmes,  que  plusieurs  croyent  que  sa  foi, 
déjà  ébranlée  par  le  commerce  qu'il  avait 
eu  avec  les  Juifs,  n'eut  pas  la  force  de  ré- 
sister aux  efforts  que  firent  les  prétendus 
catholiques  pour  le  séduire.  »  Son  admis- 
sion à  l'académie  royale  de  Nîmes,  le  2 
oct.  1686,  prouve,  en  effet,  qu'il  abjura. 
Son  frère  cadet,  appelé  Pierre,  prit,  dit-on, 
le  parti  des  armes  et  se  convertit  également. 
Nous  trouvons  cependant  un  Pierre  Formy, 
médecin  nîmois  sur  une  liste  de  réfugiés 
(Tt  282). 

3.  FORMY  (Samuel),  chirurgien  de 
Montpellier  [Haag,  V  151],  se  trouva,  en 
1590,  au  siège  de  Paris.  De  retour  dans  sa 
patrie,  il  acquit  assez  de  réputation,  pour 
que  l'on  ait  cru  pouvoir,  sans  les  déparer, 
joindre  51  de  ses  observations,  parmi  les- 
quelles il  y  en  a  de  remarquables,  à  celles 
de  Lazare  Rivière.  Formy  a  publié,  en 
outre,  un  Traité  chirurgical  des  bandes, 
lacs,  emplâtres,  compresses,  attelles  et  ban- 
dages, Montp.,  1651,  in-8o;  1653,  in-8o. 

FORNEL  (LoYs),  tué  cruellement  à  Di- 
gne en  1562  (Crespin);  —  (Joseph),  de  Bar- 
cellone,  48  ans,  avec  femme  et  enfant,  as- 
sisté à  Londres  (5  1.  et  6  liv.),  1705.  — 
Pierre  Fornelet  ou  Fournelet,  de  Louet 
ou  Louan  (?)  en  Normandie  *  prêchait  la 
Réforme  à  Lyon  en  1546  ;  chassé  de  cette 
ville  par  la  persécution  il  était  à  Neuchâ- 
tel  (Suisse)  en  1551  et  il  y  remplit  pen- 
dant plusieurs  années  les  fonctions  de  dia- 
cre ;  on  voit  qu'il  s'y  occupait  en  1556 
d'études  sur  les  œuvres  de  S*- Augustin,  de 
St-Bernard  et  de  Bullinger  {Bull.  XII, 
369)  ;  en  1561  il  avait  été  appelé  à  prê- 
cher dans  plusieurs  villages  de  la  Cham- 
pagne et  y  avait  obtenu  le  plus  grand  suc- 
cès ;  il  dressa,  la  même  année,  une  église 

»  Conf.  £ull.  ,X1I  359  (M.  Gagnebin)  et  Xn 
481  (M.  Puyroche);  nous  ne  voyons  en  Norman- 
die ni  Louet  ni  Lonan  ;  mais  il  y  a  un  Louan 
dans  la  Brie  champenoi.se. 


dans  la  capitale  de  cette  province,  à  ChA- 
lons,  et  il  en  resta  le  pasteur;  on  a  de  lui 
une  longue  lettre  à  Calvin,  du  6  oct.  1561, 
dans  laquelle  il  rend  compte  des  premiers 
fruits  de  son  ministère.  —  Joseph  For- 
nely,  prosélyte,  et  sa  femme,  assistés  à  Lon- 
dres, 1702.  —  Claude  de  Fornerel,  réfugié 
de  Picardie,  reçu  habitant  de  Lausanne, 
août  1569. 

FORNERET  (Philippe),  pasteur  de  l'é- 
glise française  de  Berlin,  né  à  Beaune,  le 
29  janv.  1666  [Haag,  V  loi]. 

La  famille  Forneret  occupait  à  Beaune 
une  position  très  honorable.  Claude  For- 
neret «  marchand  drappier  de  Beaulne.  » 
était  réfugié  à  Lausanne,  1568  [Bull.  XXi, 
468)  ;  Jean,  étudiant  à  Genève  en  1635, 
était  pasteur  de  Beaune  en  1644  ;  Claude, 
avocat,  était  ancien  de  l'égUse  de  Beaune 
en  1669  et  fut  député  à  plusieurs  sy- 
nodes de  la  Bourgogne  ;  un  troisième 
Claude  était  ancien  de  l'église  de  Volnay 
en  1684.  Pendant  la  persécution  de  1685, 
cédant  à  la  terreur  générale,  cette  famille 
se  convertit  ;  mais  les  remords  ne  tar- 
dèrent pas  à  se  faire  sentir.  Elle  se  com- 
posait de  deux  veuves,  d'un  fils  et  d'une 
fille,  qui  décidés  à  reconquérir  à  tout  prix 
le  repos  de  leur  conscience,  essayèrent  do 
sortir  de  France,  en  1685,  et  furent  assez 
heureux  pour  gagner  Lausanne,  où  leurs 
parents  avaient  précédemment  trouvé  re- 
fuge. Le  registre  matricule  des  étudiants 
de  Genève  mentionne,  sous  la  date  de 
1666,  André-Frédéric  F'orneret  de  Lau- 
sanne, qui  s'est  fait  connaître  dans  la  lit- 
térature théologique  par  une  dissertation 
De  personâ  et  officio  Christi  mediatorio, 
publ.  à  Oxford,  1673,  in-4°. 

Philippe  Forneret,  le  pasteur  dont  nous 
avons  parlé  d'abord,  commença  ses  études 
à  Francfort-sur-l'Oder,  et  les  acheva  à 
Lausanne,  où  il  reçut  l'imposition  des 
mains.  De  retour  dans  le  Brandebourg,  il 
fut  pourvu  (1700)  de  l'église  de  Cœpenick, 
qui  avait  été  desservie  avant  lui  par  Pierre 
Drouet  et  par  Jacob  Brouzet  de  Nîmes 
(qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  un  au- 
tre Brouzet,  ministre  à  Berlin  vers  1710). 
En  1711,  cédant  sa  chaire  à  La  Grange, 
il  partit  pour  Berlin  où  il  venait  d'être 
appelé  en  qualité  de  pasteur  de  l'église 
française  et  en  particulier  de  celle  de  la 
Frédérichsstadt.  En  1728,  il  fut  revêtu  de 
la  charge  de  conseiller  du  roi  dans  le  con- 


635 


FORNERET 


FORNEROD 


636 


sistoire  supérieur.  Il  mourut  dans  la  nuit 
du  25  au  26  fév.  1736,  après  une  courte 
maladie. 

Beausobre  a  tracé  ce  portrait  de  son  col- 
lègue dans  un  de  ses  sermons  :  «  Chrétien 
de  cœur,  chrétien  de  conduite,  irrépréhen- 
sible dans  ses  mœurs,  orné  de  très  beaux 
talens,  qu'un  défaut  de  mémoire  l'empê- 
choit  de  mettre  en  usage  aussi  souvent 
qu'il  l'eût  voulu,  mais  compensant  ce  dé- 
faut involontaire  par  une  grande  assiduité 
à  former  la  jeunesse  à  la  connaissance  de 
Dieu  et  de  ses  devoirs  ;  vrai  prédicateur  de 
l'Exangile,  qu'il  annonçait  dans  sa  pureté, 
orateur  grave^  d'une  éloquence  mâle,  mais 
touchante,  ne  disant  rien  qui  ne  fîït  exac- 
tement mesuré,  charitable  envers  les  pau- 
vres, mais  soigneux  de  cacher  ses  bonnes 
œuvres,  équitable  envers  tout  le  monde, . 
vertueux  par  amour  pour  la  vertu,  il  a  fini, 
sa  course,  en  laissant  à  ceux  qui  le  suivent 
nu  modèle  digne  d'être  imité.  » 

Forneret  ne  fit  rien  imprimer,  à  l'excep- 
tion d'un  extrait  raisonné  d'un  ouvrage 
de  Pfaff  sur  les  articles  fondamentaux,  le- 
quel a  éteins,  dans  le  T.  1er  delà  Biblioth. 
germanique;  mais  il  laissa  des  manuscrits 
qu'il  légua  au  pasteur  de  Durant,  pour 
qui  il  ressentait  l'affection  la  plus  vive. 
On  en  a  tiré  un  recueil  de  dix-huit  Ser- 
mons (Berlin,  i738,  in-8o),  dont  Formey 
surveilla  l'impression. 

Philippe  Forneret  n'avait  point  été  ma- 
rié. Sa  sœur  épousa  Isaac  de  Norville  de 
Dollé  et  mourut  en  1728. 

FORNEROD  (David)  passa  son  enfance  à 
Avenches  [Haag,  V  152j  où  son  père  exerça 
pendant  plusieurs  années  les  fonctions  du 
ministère  évangélique.  Il  étudia  la  théolo- 
gie à  Genève  et  à  Sedan.  En  1671  ou 
1672,  il  devint  pasteur  de  l'église  fran- 
çaise de  Berlin  et  le  resta  jusqu'à  1680, 
époque  où  il  revint  dans  sa  patrie  et  se 
fixa  à  Lausanne.  Il  fut  bientôt  agrégé  à 
l'académie  de  cette  ville  comme  professeur 
honoraire.  Sa  santé  était  délicate  et  sa 
voix  faible  ;  il  ne  prêchait  pas  souvent 
quoiqu'il  fut  très  estimé  comme  prédica- 
teur et  qu'il  reste  quelques  sermons  de  lui; 
mais  il  paraît  avoir  possédé  une  aptitude 
particulière  pour  l'enseignement.  On  a  de 
lui: 

I.  Epitome  Hierozoici  Sam.  Bocharti, 
imp.  à  Berlin,  1675,  aux  frais  de  l'Elec- 
teur. 


II.  Les  lettres  sincères  d'un  gentilhomme 
françois  écrites  sur  les  matières  de  religion, 
Strasb.  et  Cologne,  P.  Marteau,  1681-82,  3 
vol.  in-12. 

III.  L'anathème  Maran  Atha  ou  Sermon 
sur  ICor.  XVI,  22,  Gen.,  1682,  in-8o. 

IV.  Le  succès  de  la  tentation  des  fidèles, 
ou  sermon  sur  I  Corinth.,  X,  13,  prononcé 
à  Genève  dans  le  temple  de  S.  Pierre  le 
dim.  2i  septembre  1682;  Genève,  Chouet, 
1683.  In-8o  de  114  pages,  non  compris  le 
dédicace  aux  pasteurs  et  professeurs  de 
l'Église  et  Acad.  de  Genève. 

V.  Les  merveilles  du  Messie,  ou  sermon 
sur  ces  paroles  au  prophète  Esaïe,  chap. 
9,  r.  7  :  '  Et  on  appellera  son  nom  r Ad- 
mirable. »  Prononcé  en  deux  actions  ; 
Lausanne,  D.  Gentil,  1684,  in-8o  de  94 
pages,  non  compris  la  dédicace  aux  pas- 
teurs de  Berne. 

VI.  L'achat  de  la  vérité,  ou  méditation 
sur  ces  Paroles  de  la  Sapience.  Prov. 
XXIII,  23,  au  commencement  :  «  Achète 
la  vérité  et  ne  la  vens  point.  »  Pour  servir 
de  préservatif  contre  les  révoltes  de  ce 
temps.  Genève,  Chouet,  1687.  In-8o  de  89 
pages,  non  compris  la  dédicace  aux 
avoyers,  trésoriers,  banderets  etc.,  de 
Berne.  «  Cette  méditation,  qui  paraît  au- 
»  jourd'hui  sous  l'Auguste  nom  de  Vos 
<  Excellences,  n'est  pas  un  fruit  de  cette 
«  année.  Il  y  a  plus  de  quinze  ans  qu'elle 
«  a  vu  le  jour  en  France,  pendant  que  j'é- 
«  tais  dans  l'Acad.  de  Sedan,  où  elle  fut  im- 
«  primée,  après  avoir  été  prononcée  dans 
«  l'Église  comme  un  exercice  d'épreuve, 
■   dont  le  sujet  m'avait  été  prescrit.  » 

VIL  Le  procès  des  mauvais  arbres,  ou 
la  condamnation  des  mauvais  chrétiens, 
dans  un  sermon  sur  Mathieu  III,  v.  10, 
prononcé  à  Lausanne  par  David  Forne- 
rod;  Genève,  Chouet,  1688.  In -S»  de  117 
pages,  sans  compter  la  dédicace  à  Monsei- 
gneur J.-R.  Sinner. 

VIII.  Catéchèse  universelle,  ou  Extrait 
et  recueil  exact  et  choisi  des  meilleurs  ou- 
vrages imprimés  ou  manuscrits  sur  cette 
matière...,  autant  que  l'on  en  a  pu  recou- 
vrer et  que  l'on  a  réduit  sous  la  forme  et 
dans  l'ordre  quiparoit.  Lausanne,  D.  Gen- 
til, 1698,  in-4o  de  780  pages,  outre  la  dé- 
dicace au  Sénat  de  Berne  et  l'Avertisse- 
ment au  lecteur. 

IX.  L'œil  malin,  ou  sermon  posthume 
sur  ces  paroles  de   notre  Seigneur,  Math. 


637 


FORNEROD    —    FORNIER 


638 


XX,  V.  15  ;  t  Ton  œil  est-il  malin  de  ce 
que  je  suis  bon  ?  »  Genève,  de  Tournes  et 
Jacquier,  1698.  In-8o  de  64  pages,  sans 
compter  la  dédicace  aux  banderets,  gou- 
verneur et  conseillers  de  la  ville  d'Aven- 
ches,  signée  de  J.-L.  Fornerod,  propo- 
sant, fils  de  l'auteur. 

FORNERY  (Reymond)  i  tatfattatier  na- 
tifz  de  Montauban  en  Orcy,  »  admis  ha- 
bitant de  Genève,  décemb.  1554.  —  An- 
toine Fornes,  ministre  réfugié  à  Londres 
et  assisté,  1702.  Anne  Fornes,  de  Puylau- 
rens,  fille  d'un  avocat,  43  ans,  id.,  1705. 
—  Guillaume  Fornet,  de  Rouen,  reçu  ha- 
bitant de  Genève,  septemb.  1559. 

1.  FORNIER  (M'iede),  marraine  à  l'é- 
glise d'Aubenas,  1601  (Tt270).  — Fornier, 
ministre  à  Clarensac  en  1637.  —  (Jean), 
d'Alais,  étudiant  à  Genève  (J.  Fornier  ales- 
tensis  in  Occitania),  mai  1663.  Consacré 
en  1665,  pasteur  à  S'-Hilaire  de  Lavit, 
1665  ;  à  Colognac,  1666-71  ;  au  Mont 
Saint-Théodoris,  1671-1674  ;  à  Motiers, 
1674-81  ;  à  Balek  en  Hollande,  1684-92.— 

( ), ministre  àColognac,  1671.—  ( ), 

ministre  à  Molières,  en  Cévenues,  délégué 

au  synode  d'Anduze,  1678.— -( ),  ancien 

de  l'église  de  Soyons  en  Vivarais,  délégué 
au  synode  de  Vallon,  1681.  —  Paul  de 
Fornier,  écuyer,  sieur  Desplans,  de  la  ville 
d'Annonay  en  Vivarais,  mort  lieutenant 
au  service  de  Prusse,  1707.  Conf.  col. 
638  note  2,  ad  finem.  —  Fornier,  mi- 
nistre à  Alais,  réfugié  lors  de  la  Révocation 
(Tt  282).  —  Michel  Fornier,  «  de  la  ville 
'  d'Alais,  jeune  homme  sorti  de  France, 
«  arrivé  hier  soir  ;  a  eu  le  zèle  et  la  fer- 
<  meté,  dans  ce  temps  de  persécution,  de 
«  de  consoler  nos  frères  affligés  dans  son 
«  pays,  »   assisté  à  Lausanne,    8  juillet 

1698. —  ( ),  ministreà  Tarnae,  délégué 

au  synode  d'Alais,  1682.  —  Franciscus 
Fornier  nemausensis,  étudiant  à  Genève 
en  1716. 

2.  FORxNIER  DE  "Clausonne.  Famille 
originaire  du  Vivarais,  qui  s'établit  à  Alais 
dans  le  cours  du  XVI^e  siècle,  et  à  laquelle 
se  rattachent  naturellement  les  divers  For- 
nier d'Alais  épars  dans  l'article  précédent 
sans  que  nous  puissions  désigner  leur  place 
dans  le  tableau  suivant  où  se  développe 
rigoureusement  la  descendance  principale 
de  cette  famille,  qui  après  s'être  élevée 
lentement  par  le  commerce  et  les  char- 
ges municipales,  parvint  à  la  noblesse  sur 


la  fin  de  la  monarchie  et  a  produit  dans 
les  derniers  temps  plusieurs  personnages 
distingués. 

L  Le  premier  de  la  famille  établi  à  Alais 
était  Jean  Fornier  marié  à  Jeanne  Baldine. 

—  IL  Pierre,  marié  à  Jeanne  Richère,  né 
le  10  janv.  1591,  décédé  le  1er  sept.  1650. 

—  m.  Jean,  27  juin  1623-7  mars  1698, 
marié  à  Clermonde  de  Rocheblave.  — 
IV.  Jacques,  27  juin  1661 -mai  1726, 
marié  à  Isabeau  Vernède. —  V.  Fkançois, 
21  mai  1698-23  fév.  1784,  marié  à  Ca- 
therine Gilly,  de  Montpellier.  Il  s'éleva 
par  l'industrie  de  la  draperie  et  un  grand 
commerce  à  une  position  considérable  soit 
à  Nimes  soit  au  dehors  et  reçut  de  Louis 
XVI,  «  en  récompense  des  services  qu'il 
«  avait  rendus  à  la  Compagnie  des  Indes 
«  et  à  l'État,  »  des  lettres  de  noblesse,  en 
date  du  21  juillet  1774,  confirmatives  des 
armoiries  de  la  famille,  savoir  :  =  d'or  au 
lion  de  gueules,  au  chef  d'azur  chargé  de 
3  étoiles  d'argent  '.  —  VI.  Barthélémy, 
28  déc.  1735-3  nov.  1788,  marié  à  Suzanne 
André,  premier  baron  de  Lédenon.  Il  de- 
vint acquéreur,  23  août  1779,  de  cette  terre 
et  des  seigneuries  de  Clausonne,  Laugnac 
et  la  Bastide  d'Albe,  dont  il  fut  reçu,  par 
la  Cour  des  comptes  de  Montpellier,  à 
rendre  foi  et  hommage  au  roi.  De  son 
mariage  naquirent  4  enfants  :  1.  Barthé- 
lémy-Auguste qui  suit  ;  2.  Dominique-Ca- 
simir Fornier  de  Valaurie,  31  août  1763- 
15  nov.  1811.  général  de  brigade  en  1793, 
marié  à  Marie  du  Cailar,  décédé  sans  en- 
fants ;  3.  Gaspard-Hilarion  Fornier  d'Albe 
11  avril  1769-21  oct.  1834,  maréchal  de 
camp  ;  4.  Catherine-Françoise  née  le  20 
août  1761,  mariée  à  Henri  de  Pelet.  — 
VIL  Barthél.-AuGusTE,  2  fév.  1760-8janv. 
1826,  marié  à  Pauline  Verdier-AUut  ;  il 
était  allé  étudier  à  Genève  et  à   Paris  ; 

•  Ce  blason,  au  nom  de  Fornier,  ne  se  trouve 
pas  dans  l'Armoriai  officiel  de  1696,  mais  on  y 
trouve  :  Généralité  de  Montpellier,  bureau  de 
Nismes  n°  1 30  :  Hector-François  Fornier  avocat 
à  Nismes  :  d'or  â  un  lion  de  sable  rampant  con- 
tre une  ancre  de  même,  accompagné  en  chef  d'un 
croissant  d'azur,  et  n»  186  :  Antoine  Fornier, 
avocat  et  1"  consul  de  Nismes,  d'azur  coupé  par 
un  trait  de  sable,  au  1"  à  3  étoiles  d'or  rangées 
en  fasce,  celle  du  milieu  surmontée  d'une  croisette 
d'argent  et  au  B"""  à  deux  pigeons  d'argent  af- 
frontés. —  On  trouve  aussi  au  bureau  de  Tour- 
non  en  Vivarais  :  Claude  Fornier,  capitaine  au 
régim.  de  Boiirbonnois  :  d'argent  à  une  fasce  de 
gueule  chargée  de  3  étoiles  d'or. 


639 


FORNIER 


640 


rentré  à  Nîmes  en  1791,  il  fut  successive- 
ment procureur  de  la  commune,  adminis- 
trateur du  district,  membre  du  Directoire, 
puis  écarté  des  afTaires  en  1793  et  incar- 
céré avec  d'autres  membres  de  sa  famille 
en  1794,  il  ne  devint  libre  et  hors  de  dan- 
ger que  grâce  au  9  thermidor.  Redevenu 
officier  municipal  en  1795,  il  se  distingua 
en  s'opposant  aux  massacres  dans  les  pri- 
sons, fut  ensuite  élu  député  au  Corps  lé- 
gislatif, puis  en  1796  juge  au  tribunal  civil, 
enfin  président  de  chambre  à  la  cour  de 
Nîmes.  Sa  prospérité  non  interrompue  don- 
nerait à  penser  que  la  famille  avait,  à  la 
Révocation,  fait  sa  complète  soumission  et 
abandonné  la  religion  de  ses  pères.  Elle  y 
resta  cependant  très  attachée  ;  et  si,  eomnje 
toutes  les  autres,  elle  dut  aller  à  l'église 
catholique  faire  inscrire  ses  nouveau-nés 
parla  main  du  curé,  afin  de  ne  pas  rester 
sans  état-civil,  puisque  tel  était  l'ordre  du 
roi,  elle  manifesta  souvent  ses  vrais  senti- 
ments à  l'article  de  la  mort^  comme  le  prou- 
vent un  bon  nombre  d'actes  officiels  qu'elle 
possède  encore  : 

7  mai  1736,  «  Sur  la  requête  à  nous  pré- 
sentée par  Franc.  Fornier  qui  nous  a  dit 
que  d"'  Catherine  Gilly  sou  épouse,  âgée  de 
27  ans  est  décédée,  et  comme  la  sépulture 
ecclésiastique  lui  est  refusée,  il  requiert 
qu'il  nous  plaise  lui  accorder  la  permission 
de  la  faire  inhumer...  avons  permis.,  (de 
Montcalm,  juge  mage  et  lieutenant  géu.  de 
police  à  Nîmes).  »  —  20  juill.  1740,  même 
autorisation  pour  Michel  F.  —  19nov.  1755, 
même  autorisation  pour  Elizabeth  Vernède 
veuve  de  Jacq.  F.  —  24  sept.  1773  ;  vu  le  pro- 
cès-verbal ci-dessus  je  n'empêche  pour  le 
Roy  le  cadavre  du  dit  sieur  Jacq.-Arnail  F. 
négociant,  natif  de  Nismes,  âgé  de  40  ans, 
décédé  le  jour  d'hier  soir  dans  les  sentimens 
de  la  relligion  prétendue  réformée  être  in- 
humé nuitamment  dans  le  chantier  de  Da- 
poigni,  port  au  plâtre,  sans  bruit  ni  scan- 
dale, etc..  (G. -P.  Chenu  commissaire  du 
Roy).  —  23  fév.  1784,  sur  la  requête  de 
M.  Barthél.  Fornier  seig"'  deLedenon,  con- 
tenant que  noble  Fr.  F.  son  père  est  dé- 
cédé... et  comme  aux  termes  de  la  décla- 
ration du  Roi  du  9  avril  1736...  ceux  aux- 
quels la  sépulture  ecclésiastique  n'est  pas 
accordée  ne  peuvent  être  inhumés  qu'en 
vertu  de  notre  ordonnance,  avons  permis 
etc.  —  4  nov.  1788  ;  Par  devant  nous  curé 
de  la  par.  de  Meynes  ont  comparu...  les- 
quels nous  ont  déclaré  que  Messire  Barthél. 


de  Fornier,  chevalier,  seig""  de  Clausonne 
qui  professait  la  religion  protestante,  dé- 
cédé hier,  etc.,  etc. 

Lors  du  rétablissement  des  cuites,  en 
1802,  Barthélémy-Auguste  de  Clausonne, 
juge  au  tribunal  d'appel,  fut  un  des  pre- 
miers élus  parmi  «  les  fidèles  laïques  qui, 
par  leurs  lumières,  leurs  vertus  et  la  place 
qu'ils  occupaient,  pouvaient  concourir  effi- 
cacement à  faire  obtenir  les  justes  demandes 
qu'on  avait  à  faire  au  gouvernement  » 
(Reg.  du  Consistoire).  Il  laissa  3  enfants  : 
1»  L.-B.  Gustave  qui  suit;  2o  Horace, 
marié  à  di'e  Donzel  dont  il  n'eut  qu'un 
fils,  Paulin,  et  décédé  le  18  avril  1830; 
3°  Inès  ,  mariée  au  baron  de  Gineste 
d'Apelle.  —  VIII.  Louis-Barthél.  Gustave 
Fornier  de  Clausonne,  baron  de  Lédenon, 
né  en  1797,  fut  nommé  en  1819,  conseiller 
auditeur  à  la  cour  royale  de  Nîmes,  en 
1827  conseiller  et  en  1847  président  de 
chambre.  Il  prit  sa  retraite  en  1866  et  se 
mêla  aux  travaux  littéraires  de  l'académie 
du  Gard,  dont  il  devint  le  secrétaire  per- 
pétuel. Mais  depuis  longtemps  il  était 
membre  du  consistoire  de  Nîmes  et  se 
consacrait  principalement  aux  œuvres  pro- 
testantes. Il  était  président  de  la  Soc.  bi 
blique  de  Nîmes  depuis  l'année  1832.  Le 
développement,  la  prospérité,  l'honneur 
de  l'Église  protestante  fut  la  grande  pré- 
occupation de  toute  sa  vie,  et  les  désac- 
cords qui  se  manifestèrent  de  son  temps 
dans  la  manière  de  comprendre  l'œuvre 
de  la  Réformation  l'affligèrent  péniblement. 
Ses  aspirations  de  jeunesse,  ses  antécédents 
de  magistrat  sous  les  gouvernements  sai- 
nement libéraux  de  Louis  XVIII  et  de 
Louis-Philippe  avaient  fait  de  lui  un  libéral 
convaincu,  en  religion  comme  en  politi- 
que. Cependant  il  aimait  l'institution  des 
synodes,  parce  qu'il  se  les  figurait  comme 
des  assemblées  représentatives  et  parle- 
mentaires, qui  ne  pouvaient  excéder  les 
bornes  de  la  modération.  Il  usa  de  tout 
son  pouvoir  pour  faire  adopter  ce  régime 
ou  plutôt  sous  le  nom  de  «  Conférence  des 
Églises  protestantes  de  France,  »  une  orga- 
nisation de  ces  églises  qui  tout  en  leur 
donnant  plus  de  force  et  de  cohésion,  leur 
évitât  les  dangers  de  cette  autorité  exces- 
sive et  sans  contrepoids  que  peut  faire 
craindre  le  régime  synodal.  Dans  ce  but  il 
visita,  au  cours  des  années  qui  précédèrent 


641 


FOKNIER 


FORTEAU 


642 


1848,  presque  toutes  si  ce  n'est  toutes  les 
consistoriales.  Il  joua  un  rôle  influent  dans 
l'assemblée  de  1848  et  le  synode  de  1872, 
desquels  il  fut  élu  vice-président.  Mais,  dit 
M.  le  pasteur  Viguiê  {Encyclop.  des  Se.  relig. 
III,  201),  «  son  esprit  large  et  tolérant  fut 
vite  effrayé  des  tendances  autoritaires  et 
oppressives  qui  se  firent  jour  dans  ces  as- 
semblées. Il  se  représentait  le  synode  comme 
une  haute  magistrature  de  famille,  armée 
d'une  autorité  disciplinaire  et  morale.  Les 
expériences  et  les  luttes  des  dernières  années 
lui  causèrent  une  grande  douleur.  »  Après 
s'être  beaucoup  occupé  des  écoles  primaires 
protestantes  à  la  création  desquelles  le  con- 
sistoire de  Nîmes  avait  contribué,  il  donna 
une  grande  partie  de  son  temps  et  de  ses 
forces  à  une  École  normale  libre  de  jeunes 
filles  créée  en  1842  par  le  même  consistoire. 
Jusqu'à  sa  mort  il  y  fit  des  cours  de  fran- 
çais et  de  pédagogie  qui  contribuèrent  fort 
au  succès  de  cette  institution. 

M.  de  Clausonne  est  mort  à  Nîmes  le 
7  mars  1873  {Bull.  XXII  192).  On  a  quel- 
ques courts  écrits  de  sa  main  où  se  trouve 
la  trace  de  son  esprit  profondément  reli- 
gieux :  Trois  discours  prononcés  en  séance 
publique  de  la  Société  biblique  de  Nîmes 
en  1837,  1842  et  1843  ;  Foi  et  tolérance, 
1843,  in-So  ;  Deux  nécessités  du  Protestan- 
tisme, 1846;  La  foi  à  l'Evangile  dans  la 
Nouv.  revue  de  théol.  de  Strasbourg,  18o8. 
M.  de  Clausonne  est  aussi  l'éditeur  d'un 
poème  en  quatre  chants  intitulé  Les  géor- 
giques  du  Midi  (suivi  de  diverses  pièces 
de  poésie),  par  Mme  Verdier-Allut,  sa 
grand'mère;  Paris,  Lévy,  1863,  in-12. 
Il  avait  épousé,  1er  juin  1824,  D'ie  Flo- 
restine  Girard  (décéd.  12  avril  1834)  et  a 
laissé  un  fils,  Emile,  et  deux  filles  :  Élise 
mariée  à  Henri  Gervais  de  Rouville  et  Ma- 
THiLDE  mariée  à  Alfred  Silhol ,  unions  qui 
ont  laisse  des  enfants.  —  IX.  Ferdinand- 
Auguste-EMiLE  F.  de  C.  baron  de  Lédenon, 
né  le  8  janv.  1827  et  marié,  6  mars  1850, 
à  d'ie  Jacquette- Louise  de  La  Farelle- 
Rebourguil  ;  il  est  membre  du  Consistoire 
de  Nimes  et  suit  l'exemple  de  ses  père  et 
grand-père  en  se  consacrant  aux  œuvres 
protestantes  et  municipales.  De  son  mariage 
sont  nés  deux  fils  :  François,  né  le  29  déc. 
1850,  marié  à  sa  cousine  dH«  Elisabeth 
Silhol,  et  aujourd'hui  conseiller  de  préfec- 
ture du  départem.  de  la  Seine  ;  2o  Alfred, 
né  le  1er  juin  1864. 


FORNILLON  (Je.\n  de),  étudiant  à  l'a- 
cadémie de  Genève,  1584.  —  Jacques  Fo- 
ron,  de  Pont  en  Royans,  assisté  à  Genève, 
1706.  —  De  Fors,  ministre  à  Châtelle- 
rault,  1590.  —  Le  baron  de  Fors,  voy. 
Poussart.  —  Christophe  de  Forstner,  di- 
plomate et  publiciste  allemand  (de  1598  au 
29  déc.  1667)  qui,  pour  nous,  a  le  mérite, 
après  avoir  été  conseiller  intime  dans  la 
maison  de  Hohenlohe,  d'être  passé  au  ser- 
vice de  la  maison  de  Wurtemberg-Mont- 
béliard  en  1631  et  d'avoir  puissamment 
contribué  à  rendre  Montbéliard  terre  fran- 
çaise et  protestante  [Haag,  V  152]  ;  — 
Henri-Frédéric  de  Forstner,  sieur  de  Dam- 
benoy,  ministre  d'État  du  duc  Frédéric- 
Charles  et  administrateur  du  duché  de 
Wurtemberg,  fut  reçu  bourgeois  de  Mont- 
béliard le  18  nov.  1684;  cette  famille 
s'est  perpétuée  à  Montbéliard  jusqu'à  nos 
jours.  —  Pierre  Fort,  d'Orange,  sa  femme 
et  4  enf.,  assistés  à  Genève  d'un  viatique 
pour  la  Suisse,  1703.  —  Jean  Fortanjeu, 
de  Castres,  menuisier,  réfugié  avec  fem. 
et  enf.  à  Magdebourg,  1698. 

FORTEAU,  capitaine  rochellois  [Haag 
V  154]  qui  se  montra  fort  cruel  à  la  prise 
du  couvent  de  Saint-Michel-en-l'Herm,  en 
1569.  Cette  abbaye,  qui  avait  été  conver- 
tie en  une  forteresse  et  dont  la  garnison 
incommodait  La  Rochelle  par  ses  fréquen- 
tes sorties,  avait  jusque-là  résisté  à  toutes 
les  attaques  des  protestants.  Goulaine  re- 
çut ordre  de  s'en  emparer  à  tout  prix.  On 
lui  donna  les  quatre  compagnies  de  La 
Garde,  Forteau,  Noiroux  et  Champagne, 
et  La  Rochelle  lui  prêta  trois  canons.  Le 
couvent  n'était  défendu  que  par  quel- 
ques soldats  et  un  petit  nombre  de  pay- 
sans. Cette  misérable  garnison,  que  les 
moines  avaient  fanatisée  en  lui  promettant 
le  secours  de  saint  Michel,  refusa  toute 
espèce  de  composition  et  se  défendit  avec 
une  héroïque  bravoure  ;  inutile  résistance 
qui  ne  servit  qu'à  irriter  les  assiégeants. 
Le  couvent  fut  emporté  d'assaut,  et  tout  ce 
qui  s'y  trouva  passé  au  fil  de  l'épée.  For- 
teau se  signala  surtout  par  sa  barbarie.  On 
assure  que,  deux  jours  après,  on  le  vit  en- 
core massacrer  de  sang-froid  des  prison- 
niers. La  mort,  qui  le  surprit  bientôt,  fut 
regardée  par  les  protestants  eux-mêmes 
comme  un  juste  châtiment  du  ciel.  —  11 
ne  faut  pas  confondre,  à  ce  qu'il  paraît, 
ce  féroce  capitaine  avec  un  autre  Forteau, 

VT.  21 


643 


FORTEAU   —   FOS 


644 


de  Soubise,  qui  se  rendit  maître  de  Tal- 
mont,  en  1562,  mais  qui  ne  tarda  pas  à 
en  être  chassé  par  les  catholiques. 

FORTIER  (Grégoire)  c  du  mestier 
d'aguilletier  natifz  de  Normandie  du  dio- 
cèse de  Sées,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
mars  1559.  —  Fortin,  ancien  d'Uzès,  dé- 
légué au  synode  de  La  Rochelle,  juin  1581 . 
Fortin,  de  Boisjoly,  originaire  de  Paris, 
établi  à  Morges  (Vaud)  en  1592.  Josias 
Fortin  sr  de  Verrières  en  Normandie  et 
Esther  Le  Fort  sa  femme,  font  baptiser  au 
temple  de  Charenton,  avril  1616,  leur  fils 
Antoine  (parrain,  M.  de  Rollet  conseiller 
secrétaire  du  roi,  marr.  Mme  de  Ruvigny); 
en  juin  1617  leur  fils  François  (parr. 
François  de  la  Place  vicomte  de  Machault). 
Jean  Fortin,  de  Caen,  «  ci-devant  bocher,» 
assisté  (2  1.  16  sh.)  avec  sa  femme  et  3 
enf.  à  Londres,  1706.  La  fille  de  Robert 
Fortin,  enterrée  à  Haarlem,  1677.  —  For- 
tineau,  de  Mer,  emprisonné,  1698.  — 
Christophe  Forton,  ancien  de  Bordeaux 
au  synode  de  Gergeau,  1601.  —  Catherine 
Fortry  (Normandie)  vers  1600.  Jean  del 
Fortry,  «  gallus  sedanensis,  »  étudiant  à 
l'université  de  Leyde,  avril  1699  ;  voy. 
Delforterie,  V  col.  219.  —  Jean  Fortune, 
officier  dans  l'armée  hollandaise,  1697-99  ; 
(Pierre),  d'Orange,  assisté  à  Genève,  1702. 
—  D"e  Thérèse  de  Forval,  mise  aux  Nouv. 
cath.  d'Alençon,  1720. 

FOS,  famille  illustre  [Haag,  V  154] 
qu'on  dit  descendante  des  vicomtes  de 
Marseille,  mais  alors  fort  déchue  lorsque 
la  Réforme  fut  prêchée  dans  le  haut  Lan- 
guedoc. Deux  cousins,  issus  de  deux  bran- 
ches de  cette  famille,  s'en  déclarèrent  les 
sectateurs.  L'un  d'eux,  François  de  Fos, 
seigneur  de  Sigoyer,  se  retira,  pour  échap- 
per aux  persécutions,  auprès  de  l'électeur 
palatin  qui  lui  donna  le  titre  de  chambel- 
lan. II  mourut  sans  postérité.  L'autre,  Al- 
bert de  Fos,  seigneur  d'Orban,  s'enfuit  en 
Espagne  où  il  prit  du  service  et  se  maria. 
Un  De  Fos  qui,  si  l'on  en  croyait  le  Nobi- 
liaire de  S'-Allais,  serait  parent  des  pré- 
cédents, mais  qui  ne  l'est  probablement 
point,  étant  simple  industriel,  laissa  deux 
fils,  dont  le  cadet,  David,  contrôleur  du 
domaine  des  comtes  de  Castres,  est  auteur 
d'un  Traité  du  comté  de  Castres  et  sei- 
gneurs et  comtes  d'iceluy  (Toulouse,  1633, 
in-4o).  L'aîné,  Jacques,  apothicaire,  fut 
consul  de  Castres,  en  1583,  avec  Antoine 


de  Lespinasse,  Jean  Faurin  et  Guillaume 
Artus;  puis  en  1604,  avec  Jean  Bissol, 
Jacques  Gâches  et  Molinier  et  encore  en 
1621.  A  cette  dernière  date,  sa  femme, 
Marie  de  Séverac,  lui  donna  un  fils,  Louis, 
baptisé  à  Castres  le  29  mai.  Nous  suppo- 
sons qu'Abel  et  Jacques  de  Fos,  tous  deux 
médecins,  qui  assistèrent  en  1627,  ainsi 
que  Pierre  de  Fos,  à  l'assemblée  où  les 
habitants  de  Castres  refusèrent  de  se  join- 
dre à  Rohan  (Saint-Germ.;  franc.,  15823), 
étaient  aussi  ses  fils.  La  généalogie  publiée 
par  Saint-AUais,  ne  mentionne  cependant 
qu'un  seul  de  ses  descendants  :  Daniel, 
qui  quitta  Castres  pour  s'établir  à  Alby  avec 
sa  femme,  Judith  de  Parisson,  et  son  fils, 
Guillaume,  né  le  31  juillet  1599.  Ce  der- 
nier, qui  alla  se  fixer  à  Montaren,  eut  de 
Catherine  de  Peyre,  un  fils,  nommé  Pier- 
re, et  une  fille,  appelée  Isabeau,  qui 
épousa  Thabaud  de  Blauzac. 

Pierre  de  Fos,  qui  mourut  le  14  août 
1682,  ayant  perdu  sa  première  femme  An- 
toinette de  Lafon,  en  1678,  se  remaria 
avec  Isabeau  de  Bonnette.  Du  premier  Ut 
sortirent  Jacques,  Etienne,  Pierre,  Jean, 
Anne  et  Marie,  tous  six  morts  jeunes  et 
sans  postérité  ;  du  second  Etienne,  Diane 
et  Jenny. 

Etienne  de  Fos,  né  le  29  avril  1679, 
établit  des  fabriques  considérables  à  Mon- 
taren, dans  le  but  de  venir  en  aide  aux 
prétendus  nouveaux  convertis  que  les  dra- 
gonnades, les  amendes,  les  persécutions 
de  toute  espèce  avaient  réduits  à  la  plus 
affreuse  misère.  Il  mourut,  le  14  juin 
1759,  laissant  deux  fils  de  son  mariage 
avec  Isabeau  de  Mazel.  L'aîné,  prénommé 
Daniel,  né  le  15  août  1715,  resta  à  la  tête 
des  fabriques  fondées  par  son  père,  et 
mourut,  le  31  mai  1792,  ayant  eu  de  sa 
femme,  Marie  Bonnaud,  de  Sauzet,  six  en- 
fants ;  Etienne,  Henri,  Daniel,  Marie, 
Elisabeth  et  Elisabeth-Marie.  Le  cadet, 
Etienne,  né  en  1722,  embrassa  la  carrière 
des  armes  et  se  convertit  à  Saumur,  1748, 
pour  épouser  une  demoiselle  catholique  de 
cette  ville,  où  ses  descendants  occupent 
encore  un  rang  honorable. 

La  famille  Fos  était  si  nombreuse  à  Cas- 
tres, au  XVIIrae  siècle,  qu'il  serait  difficile 
d'en  établir  la  généalogie  complète.  Isaac, 
premier  consul  en  1630,  épousa  cette  mê- 
me année  Jeanne  de  Galiber,  le  29  juin. 
Un  autre  Isaac  avait  épousé  Esther  Boyer, 


645 


FOS   —  FOSSE 


646 


qui  lui  donna  sept  enfants  de  1623  à  1640. 
Françoise  de  Fos,  fille  de  Jean,  conseiller 
du  roi,  maire  perpétuel  de  Cuq,  avait 
épousé  Samuel  de  Bouffard-Madiane  dans 
l'église  catholique  de  La  Plata,  à  Castres, 
le25nov.  1700. 

DE  FOS  (Philippe)  «  chappuis,  natif 
d'Orban  de  Dalby  en  Languedog,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  septemb.  1539.  — 
Pierre  de  Fos,  à  La  Rochelle,  épouse  Ma- 
rie Alemaryon  en  1601  ;  (François),  épouse 
Marie  Bourdon  en  1616.  —  David  de  Fos, 
avocat  au  présidial  à  La  Rochelle,  né  en 
1592,  marié  en  1616  à  Marie  Sanseau, 
mort  à  La  Rochelle  le  21  mars  1649,  joua 
un  rôle  important  dans  la  lutte  suprême 
que  soutint  sa  ville  natale  en  1628.  Ses 
concitoyens  l'envoyèrent  en  Angleterre 
(juin  1621  à  1622)  pour  négocier  en  leur 
nom  et  obtenir  des  secours  ;  négociation 
qui  fut  inefficace  par  suite  du  refus  que 
firent  les  Rochellois  de  laisser  les  Anglais 
prendre  pied  dans  leur  province.  Il  resta 
un  membre  influent  du  corps  de  ville  et 
dnns  les  pénibles  discussions  qui  se  termi- 
nèrent par  la  soumission  de  la  ville  au  roi, 
en  octobre  1628,  il  se  montra  un  homme 
clairvoyant  (Délayant,  Hist.  des  Rochel., 
1870,  t.  IL  p-  75),  mais  non  pas  un  pa- 
triote intraitable  ;  il  se  soumit  de  très 
bonne  grâce  et  publia  même  une  Relation 
de  ce  qui  s'est  passé  à  rentrée  de  la  Reine 
[Anne  d'Autriche]  en  la  ville  de  La  Ro- 
chelle au  mois  de  novembre  1632  ;  La  Ro- 
chelle, Mathur.  Charruyer,  1633,  in-8°. — 
Marc  Fossa,  étudiant  à  Genève  en  1599, 
pasteur  à  Melle,  1602-26.  —  Vincent  de 
Fosses,  d'Auxerre  «  escolier  médecin,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  25  septembre 
1572  ;  docteur  en  médecine  établi  à  Châ- 
tellerault  en  1635  (Tengrelon,  not.  à  La 
Rochelle).  —  Pierre  Fossal,  de  Montauban, 
assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour  la  Hol- 
lande, 1695.  —  Simon  Fosse,  serrurier, 
natif  de  Picardie^  habit,  à  Genève,  octob. 
1554. 

FOSSE,  famille  très  attachée  à  la  Ré- 
forme dès  son  apparition  dans  l'Albigeois. 
Pierre,  Jacques  et  Jean  Fosse,  capitaines, 
trois  frères  peut-être,  furent  des  premiers 
à  entrer  dans  le  château  de  Roquecourbe, 
en  1572.  Jean  se  signala  tout  particulière- 
,  ment  dans  cette  action  hardie.  Il  encoura- 
geait ses  compagnons  d'armes  en  chantant 
ce  passage  du  psaume  XVIII  :  «  Avec  mon 


Dieu  je  franchirai  la  muraille.  »  Il  la  fran- 
chit, en  effet,  et  gagna  alors  le  surnom  de 
Sautemur  que  portèrent  quelques-uns  de 
ses  descendants.  On  retrouve  notre  capi- 
taine gouverneur  de  Brugairolles,  en  1587 
{Mém.  de  Gâches).  Il  fut  plusieurs  fois  con- 
sul de  Roquecourbe,  représenta  cette  ville 
dans  un  grand  nombre  d'assemblées  poli- 
tiques ou  religieuses  qui  le  députèrent  au- 
près des  princes  et  de  Montmorency.  Pen- 
dant les  guerres  de  la  Ligue,  les  États  du 
diocèse  de  Castres  lui  accordèrent  une  in- 
demnité de  «  cinquante  escus  pour  ses  » 
«  bons  offices  et  chevaux  qu'il  a  perdus. . .,  » 
30  nov.  1592  (Arch.  du  Tarn,  C  1020). 
Jean  Fosse,  fils  de  Sauveur,  faisait  partie 
du  consistoire  de  Roquecourbe  au  moment 
de  sa  mort,  arrivée  le  9fév.  1623  ;  il  avait 
alors  quatre-vingts  ans.  —  Jacques,  capi- 
taine, envoyé  par  le  pasteur  Hardy,  de 
Saint-Paul-cap-de-Joux,  au  conseil  de  ville 
de  Castres,  pour  se  plaindre  des  catholi- 
ques de  Lavaur  qui,  en  pleine  paix,  déte- 
naient prisonniers  les  protestants  dont  ils 
pouvaient  se  saisir.  Daniel,  consul  de  Ro- 
quecourbe en  1626  et  autres  années,  testa 
en  1650. 

Pierre  avait  épousé  Marie  Carlesqnï  lui 
donna  Jean,  baptisé  à  Castres  le  1er  octo- 
bre 1623.  Il  ne  nous  est  pas  possible  de 
relever  ici  tous  les  noms  de  cette  nom- 
breuse famille,  qu'il  nous  suffise  de  dire 
qu'elle  paya  son  tribut  au  refuge  :  on 
trouve  des  Fosse,  du  Languedoc,  à  Ham- 
bourg et  Altona  au  XVIIme  siècle.  Ceux 
qui  restèrent  en  France  aidèrent  singuliè- 
rement à  la  restauration  du  protestan- 
tisme. Antoine  avait  épousé  Anne  Escale. 
Il  mourut  le  30  oct.  1710,  laissant  un  fils, 
Bernard,  qui,  à  son  tour,  épousa  Catherine 
Monsarrat,  le  18  juillet  1719.  Le  registre 
de  famille  sur  lequel  ce  mariage  est  con- 
signé porte  :  «  Dieu  veuille  bénir  cette 
«  union,  ainsi  que  je  le  lui  demande  du 
«  profond  de  mon  cœur  et  que  les  enfants 
«  que  Dieu  nous  donnera,  si  c'est  sa  vo- 
i  lonté  de  nous  en  donner,  soient  nés  à  sa 
«  gloire,  qu'ils  aient  sa  crainte  et,  si  Dieu 
i  nous  veut  tant  bénir,  qu'ils  soient  bap- 
«  tiséspar  mains  d'un  ministre.  »  Ce  vœu 
fut  en  partie  exaucé.  De  ce  mariage  naqui- 
rent :  1°  Pierre,  le  17  oct.  1626,  qui 
épousa  une  demoiselle  Barthés,  deVabre  ; 
2o  Jean,  8  janvier  1729;  3»  Bernard  II 
qui  suit  ;  4°  Jean- Jacques-Marc- Antoine, 


647 


FOSSE   —    FOUCAPtAND 


648 


né  à  Roquecourbe  le  29  mars  1736,  pas- 
teur du  désert  connu  sous  le  nom  de  Ri- 
chard. Il  évangélisa  longtemps  le  Béarn 
où  il  épousa  Marie  Pomier,  fille  de  Jac- 
ques Pomier  de  La  Roquette,  officier  des 
invalides,  et  de  Marie-Esther  de  Gautrand, 
de  La  combe  de  Prades,  mariage  béni  au 
désert  par  Jean  Journet,  le  5  juin  1762. 
Ses  descendants,  sur  lesquels  nous  man- 
quons de  renseignements  précis,  existent  à 
Castres  ;  5°  Suzanne,  qui  épousa  David 
Monsarrat,  mariage  béni  par  le  pasteur 
Dunière,  dit  Lacombe,  «  sous  un  chêne 
•  de  la  métairie  de  Monfanet,  le  13  sept. 
«  1748,  à  dix  heures  de  nuit...  >  Ici,  le 
père,  Bernard,  débordant  de  joie,  chante 
le  «  nunc  dimittis  »  en  consignant  cette 
union  dans  son  livre  de  raison  ;  6'^  Anne, 
épousa  David  Vieu,  fils  de  Jean  et  Guillau- 
niette  Bernadou,  de  Revel,  le  9  nov.  1754. 
Bernard  I  mourut  le  25  février  1768,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-cinq  ans.  Il  a  laissé 
sur  les  premières  assemblées  au  désert  du 
haut  Languedoc,  quelques  notes  intéres- 
santes, mais  trop  longues  pour  être  pu- 
bliées ici.  —  Bernard,  II  né  le  3  mars  1731 
et  mort,  le  24  nov.  1813,  avait  épousé 
Marquise  Cumenge,  fille  de  Hugues  et  de 
Jeanne  Bruyère,  mariage  béni  au  désert  de 
Roquecourbe  par  le  pasteur  Sicard,  le  19 
janvier  1761,  d'où  naquirent  :  Suz.\nne, 
1766,  qui  épousa  le  pasteur  Jean  Durand, 
le  7  brumaire  an  IX,  et  Bernard  III,  né  à 
Garrot,  le  25  février  1764,  mort  en  1850. 
Ce  dernier  avait  épousé  Rose  Lavabre,  le 
29  octobre  1790,  qui  lui  donna  :  1°  Ber- 
nard IV.,  né  en  1792,  marié  avec  Marie- 
Flavie  Alby,  fille  unique  de  Charles  ;  2» 
Pierre-Jean  qui  suit  ;  3°  Rose,  née  en 
1795,  épouse  François  Bourdil,  de  Bor- 
deaux, en  1818  ;4o  Jean- Jacques,  né  le  26 
mai  1799,  qui  épousa  Alexandrine  Veaute, 
le  17  octobre  1821,  dont  les  descendants 
existent  encore  à  Roquecourbe  ;  5o  Jean- 
Louis-Daniel;  6»  Louis-Timothée.— Pierre- 
Jean,  né  le  2  août  1793,  bacheheren  théo- 
logie, épousa  Marie -Madeleine -Caroline 
Favar,  fille  d'Henri  et  de  Jeanne-Marie  de 
Laroque  du  Buisson,  à  Puylaurens,  le  18 
septembre  1817.  De  cette  union,  sont  nés  : 
Bernard- Auguste ,  ancien  pasteur,  bien 
connu  par  les  longs  services  qu'il  a  rendus 
à  nos  églises  du  Nord  et  dont  l'un  des  fils 
exerce  le  ministère  ;  —  Suzette-Henriette- 
Aline,  épouse  Louis  Dupré  de  Pomarède  ; 


—  Louise-Eugénie,  et  Pierre-Abraham- 
Henry,  négociant  à  Bordeaux  (Pradel). 

FOSSY  (JoACHiM  de),  réfugié  de  France, 
officier  dans  l'armée  hollandaise  en  1668. 

—  Esther  Fouasse,  de  Honfleur,  51  ans, 
assistée  (1  I.  15)  à  Londres,  1705.  — 
Fouasseau,  du  village  de  Baussay  en  Poi- 
tou, pendu  à  Mougon  comme  religionnaire 
rebelle,  en  1720  (E  3559  et  Bull.  IV  237). 

—  Fouassin,  voy.  Foissin.  —  Jehan  Fou- 
bert  «  natif  du  pays  de  Normandie  au 
dioc.  de  Constances,  »  reçu  habitant  de 
Genève,  mai  1557.  —  «  Sur  ce  qu'il  a  esté 
remontré  au  Roy  estant  en  son  Conseil 
par  les  archevesques,  évesques  et  autres 
iDeneficiers  députez  en  l'assemb.  générale 
du  clergé  de  France  assemblez  à  Paris 
qu'encore  bien  que  par  l'art.  37  de  l'édit 
de  Nantes  il  soit  permis  à  ceux  de  la  R. 
P.  R.  d'avoir  des  collèges  aux  lieux  seu- 
lement pour  lesquels  il  leur  a  esté  accordé 
des  lettres  patentes,  néanmoins  le  sieur 
Foubert,  faisant  profession  de  la  d.  R.  P. 
R.  par  une  entreprise  et  contravention  au 
dit  édit,  a  estably  une  Académie  au  fauxb. 
S.  Germain  en  ceste  ville  de  Paris,  dans 
laq.  il  enseigne  les  exercices  aux  jeunes 
gentilshommes,  ce  qui  seroit  d'une  consé- 
quence dangereuse  s'il  n'y  estoit  pourveu, 
A  fait  très  expresses  inhibitions  et  défen- 
ses tant  audit  Foubert  qu'a  tous  autres  fai- 
sans profession  de  la  R.  P.  R.  de  tenir 
Académie  dans  aucunes  villes  et  lieux  du 
Royaume  pour  y  enseigner  les  exercices 
ny  de  s'associer  pour  cet  effet  avec  des  ca- 
tholiques., à  peine  d'estre  punis  comme  in- 
fracteur  des  Edits  s'il  n'y  a  pas  provision 
duement  vérifiée.  Fait  au  Conseil  d'Etat 
du  Roy,  S.  M.  y  estant,  tenu  à  S.  Germain 
en  Lave  le  2^  jour  d'avril  1666.  »  (E 
3365  et  P^illeau,  Déeis.  cath.,  p.  612).  — 
Le  jeune  Foubert,  mis  au  collège  des  Bar- 
nabites  de  Montargis,  1729  (E  3415).  — 
Foucard,  ancien  de  l'église  de  Nîmes, 
1602-1604.  Pierre  Foucard,  de  Monoblet 
en  Languedoc,  assisté  à  Genève  d'un  via- 
tique pour  la  Suisse.  Jacques  Foucard, 
de  Marvejols  ;  (Pierre)  de  Seurdet  ;  (Marc) 
de  Maussac  et  Jean  poursuivis  pour  l'affaire 
de  l'effraction  de  la  prison  du  ministre 
Roman  en  1699;  le  premier  et  le  dernier 
condamnés  à  la  potence.  —  Froment  Fou- 
carand,  de  Sérignac  en  Languedoc,  as- 
sisté à  Genève,  à  3  florins  par  semaine, 
1707. 


649 


FOUCAULT 


650 


l.  FOUCAULT  (Radegonde),  fille  de 
Jacques  Foucault,  procureur  au  parlement 
de  Paris  [Haag,  V  155],  et  veuve,  avec 
trois  enfants  en  bas  âge,  de  Jean  Sureau 
(ou  Surault),  garde  des  sceaux  de  Montar- 
gis.  s'était  retirée  dans  un  petit  domaine 
qu'elle  possédait  à  Pierrefitte.  Lorsque  l'é- 
dit  qui  ordonnait  aux  huguenots  de  sortir 
du  royaume  fut  publié,  elle  s'occupa  sur- 
le-champ  du  soin  de  faire  rentrer  quelque 
argent  qu'on  lui  devait  ;  mais  un  de  ses 
créanciers,  par  des  lenteurs  calculées,  la 
retint  au  delà  du  délai  de  quinze  jours  pres- 
crit, puis  la  dénonça  comme  hérétique  et 
rebelle  aux  ordres  du  roi.  Elle  fut  arrê- 
tée, le  29  octobre  1587,  avec  sa  sœur 
Claude,  qui  habitait  Paris;  on  les  enferma 
dans  les  prisonsduChâtelet.  Le7  nov.,les 
deux  dames  hérétiques  eurent  à  soutenir 
un  rude  assaut  contre  le  curé  de  Saint-Séve- 
rin,  assisté  de  deux  docteurs  de  Sorbonne 
et  de  deux  jésuites  ;  mais  elles  restèrent 
inébranlables,  en  sorte  que  les  convertis- 
seurs se  plaignirent  au  roi  de  cette  obstina- 
tion. Henri  III,  qui  se  piquait  de  connais- 
sances théologiques,  voulut  essayer  s'il 
serait  plus  heureux  ;  mais  il  échoua  comme 
le  curé.  La  Cour  prit  intérêt  à  ces  deux 
malheureuses  femmes  qui  déployaient  tant 
de  courage  et  de  constance  en  face  du  bû- 
cher, et  c'est  sans  doute  le  motif  pour 
lequel  leur  jugement  l'ut  différé  jusqu'après 
la  journée  des  Barricades  (12  mai  1588). 
Peu  de  jours  après  la  fuite  de  roi,  le  Châ- 
telet  les  condanma  cà  êtres  pendues  et  leurs 
corps  réduits  en  cendres.  Elles  en  appelè- 
rent au  parlement  et  furent  en  conséquen- 
ce transférées  à  la  Conciergerie.  Echautfée 
par  les  prédicateurs  de  la  Ligue,  la  popu- 
lace s'ameuta  dans  la  cour  du  Palais  et 
demanda  la  mort  des  deux  huguenottes 
^vec  de  telles  menaces  que,  malgré  les  in- 
stances de  sa  mère,  le  duc  de  Guise  n'osa 
pas  intervenir  en  leur  faveur.  Le  parle- 
ment confirma  donc  la  sentence,  qui  fut 
exécutée  le  28  juin  1588  (Vjiy.  la  copie  de 
Tarrêt  dans  la  Collect.  DuPuy,  vol.  137, 
p.  85).  L'Étoile,  d'accord  avec  le  Marty- 
rologe, ajoute  qu'elles  furent  conduites  au 
supplice  bâillonnées,  et  qu'elles  mouru- 
rent fort  constamment.  L'aînée  excita  les 
fureurs  de  la  populace.  «  La  veufve,  dit 
Crespin  (c'est-à-dire  son  continuateur, 
Simon  Goulart)  «  estant  montée  à  l'es- 
«  chelle,  secoua  de  ses  mains  un  bois  en 


(•  figure  de  croix  qu'on  lui  avoit  attaché 
«  par  force;  dont  la  populace  fut  tellement 
«  irritée  qu'elle  vint  jusques  à  ruer  pier- 
«  res  et  bastons,  tellement  que  le  bourreau 
«  l'ayant  jetée  bas,  coupa  promptement  la 
<■  corde  et  ainsi  à  demi-morte  elle  tomba 
«  dans  le  feu,  où  elle  rendit  l'âme  à  Dieu, 
«  comme  aussi  fit  sa  sœur.  » 

Cette  tragédie  «  des  Foucaudes,  »  comme 
on  les  appela,  arrivée  à  une  époque  où  la 
cruauté  contre  les  religionnaires  tendait  à 
s'apaiser,  émut  fort  les  esprits.  D'Aubi- 
gné  y  fait  allusion  deux  fois,  1»  dans  son 
Histoire  univei'selle  : 

Il  y  avoit  lors  quelques  prisonniers  pour 
le  fait  de  la  Religion,  desquels  on  voulut 
qu'il  (le  duc  de  Mayenne)  sollicitast  la  mort 
(comme  avoit  fait  lors  des  barricades  le  duc 
de  Guise  son  frère  )  en  la  personne  des 
deux  sœurs  filles  de  Sureau;  mais  il  refusa 
cet  office,  tant  selon  son  naturel,  que  pour 
avoir  veu  la  réputation  de  son  frère  en 
avoir  esté  tachée  en  un  siècle  desaccous- 
tumé  aux  bruslemens.  Pour  marque  de 
quoi  il  estoit  avenu  à  la  mort  de  ces  deux 
que  le  peuple  les  trouvant  belles  et  un 
vieillard  tout  blanc  ayant  monté  sur  une, 
boutique  pour  s'écrier  :  Elles  vont  devant 
Dieu!  le  peuple,  au  lieu  de  sauter  au  col- 
let de  cet  homme,  respondit  quelques  gé- 
missemens...  (édit.  de  1626,  t.  II,  p.  297). 

2o  Dans  son  virulent  pamphlet,  La  Con- 
fession de  Sancy,  au  chapitre  VI  intitulé 
«  De  l'impudence  des  Huguenots,  »  en  ces 
termes  : 

Tout  Prince  qui  voudra  régner  sans  qu'on 
le  barbouille  par  l'équité  et  sans  être  con- 
trollé  par  la  parole  de  Dieu,  il  faut  qu'il 
extermine  les  huguenots.  Car  ils  sont  gens 
qui  pour  la  gloire  de  Dieu  foulent  aux  pieds 
toute  gloire  des  Princes.  Que  direz-vous  du 
pauvre  potier  Bernard  [Palissy]  à  qui  le 
mesme  roy  [Henri  III]  parla  un  jour  en 
ceste  sorte  :  «  Mon  bon  homme,  il  y  a  45 
ans  que  vous  estes  au  service  de  la  Roine  ma 
mère  et  de  moi.  Nous  vous  avons  enduré  en 
vostre  religion  parmi  les  feux  et  les  massa- 
cres. Maintenant  je  suis  tellement  poussé 
par  ceux  de  Guise  et  mon  peuple  qu'il  m'a 
fallu  malgré  moi  mettre  en  prison  ces  deux 
pauvres  femmes  et  vous;  elles  seront  de- 
main brusiées  et  vous  aussi  si  vous  ne  vous 
convertissez.  —  Sire,  respond  Bernard,  le 
comte  de  Manleuvrier  vint  hier  de  vostre 
part  pour  promettre  la  vie  à,  ces  deux  sœurs 


651 


FOUCAULT 


FOUCHARD 


652 


si  elles  vouloient  vous  donner  chacune  une 
nuict.  Elles  ont  respondu  qu'encores  elles 
seroient  mai'tyres  de  leur  honneur  comme 
de  celuy  de  Dieu.  Vous  m'avez  dit  plusieurs 
fois,  Sire,  que  vous  aviez  pitié  de  moy, 
mais  moy  j'ay  pitié  de  vous  qui  avez  pro- 
noncé ces  mots  :  Je  suis  contrainct.  Ce 
n'est  pas  parler  en  Roy.  Ces  filles  et  moy 
qui  avons  part  au  Royaume  des  Cieux,  nous 
vous  apprendrons  ce  langage  royal  :  que 
les  Guysards,  vostre  peuple,  ni  vous  ne 
sçaurez  conti'aindre  un  potier' .  —  Voyez 
l'impudence  de  ce  bélître! 

N.  Weiss,  Bull,  de  l'hUt.  du  Protest.,  XXXV, 
406. 

2.  FOUCAULT  (Pierre),  dit  Foucault- 
Villereuse,  honorable  bourgeois  du  Bas- 
Poitou,  fugitif  d'abord  à  l'île  de  Rhé,  puis 
en  Angleterre ,  mais  non  sans  avoir 
souffert,  en  1686,  de  la  main  des  conver- 
tisseurs, des  traitements  atroces.  Voy. 
Bull.  XXXV,  171.  Sa  femme  Marie  M«- 
nier  et  leurs  enfants  (elle  lui  avait  donné 
quatre  fils,  Pierre,  Jacques,  David,  Simon, 
et  deux  filles)  revinrent  en  France,  mais 
la  famille  persévérant  dans  sa  foi  religieuse 
continua  d'être  persécutée  jusque  vers  la 
fin  du  siècle.  Voy.  les  renseignements 
personnels  donnés  par  Aug.  Lièvre,  Hist. 
desprot.  du  Poitou  (1859),  t.  III,  p.  358. 
—  Mathieu  Foucauld,  proposant  consacré 
au  synode  de  Marennes,  1674  ;  ministre 
de  Thors  en  Saintonge,  1682.  —  Jean 
Foucaud,  de  Moussac,  et  Pierre,  de  Sau- 
zet,  condamnés  à  être  pendus,  comme  les 
Foucard  (col.  648)  pour  l'affaire  de  Ro- 
man, 1699.  —  Jean  Foucaut,  avocat  à  Or- 
léans, massacré  à  la  S'-Barthélemy,  1572 
(Crespin).  —  Voy.  Orfeuille. 

3.  FOUCAUT  (Gaspard),  seigneur  de 
Saint-Germain -Beaupré  [Haag,  V  156], 
chevalier  de  l'ordre  du  roi,  capitaine  de 
50  hommes  d'armes  et  chambellan  du  duc 
d'Alençon,  était  fils  de  Gabriel  Foucaut, 
capitaine  de  100  arquebusiers  à  cheval,  co- 
lonel de  gens  de  pied  et  lieutenant  de  la 
cavalerie  dans  l'armée  d'Ecosse,  qui  s'é- 
tait converti  à  la  religion  réformée  dès 
1540 ,  si  l'on  peut  s'en  rapporter  à 
l'Hist.  de  la  Marche  par  Joullieton  (2  vol. 
in-8o,  Guéret,  1814).  Gaspard  se  mit  à  la 

'  Sur  la  constance  des  martyrs  de  la  Réforme, 
voy.  un  beau  passage  de  la  préface  de  V Historia 
sui  temp.  par  de  Tiiou. 


tête  des  protestants  de  la  Marche  après  la 
Saint -Barthélémy.  La  Borde,  un  de  ses 
lieutenants,  s'empara,  en  1576,  de  la  ville 
de  Felletin  ;  mais  d'un  autre  côté,  les  ca- 
tholiques lui  rasèrent  toutes  ses  maisons. 
En  1587,  il  prit  en  personne  et  pilla  le 
prieuré  de  L'Artige,  tandis  que  le  capitaine 
Lamorie  surprenait  Château-Ponsat,  après 
avoir  battu  les  Ligueurs  à  Pontarion.  Fon- 
çant venait  d'être  nommé  par  le  roi  de 
Navarre,  au  mois  de  mars  1589,  gouver- 
neur d'Argenton  et  de  toutes  les  places  qui 
tenaient  son  parti  dans  le  Berry  et  la  Mar- 
che, lorsqu'il  fut  fait  prisonnier  à  Lau- 
rière  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  être  délivré 
par  les  royalistes  qui  livrèrent  le  bourg 
aux  flammes.  Il  réduisit  ensuite  plusieurs 
places  sous  l'obéissance  de  Henri  IV,  jus- 
qu'à ce  que,  voulant  forcer  l'abbaye  d'Ahun 
dans  la  Haute-Marche,  il  reçut  un  coup  de 
mousquet  dont  il  mourut,  sur  la  fin  d'a- 
vril 1591.  Sa  mort  fut  vengée  par  son  fils 
qui  passa  au  fil  de  l'épée  toute  la  garnison 
du  château  de  Maslaurent. 

Ce  fils  se  nommait  Gabriel,  et  il  succé- 
da à  son  père  dans  toutes  ses  charges.  Se- 
lon la  note  confidentielle  adressée  au  gou- 
vernement en  1616  et  dont  nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  d'apprécier  l'exactitude 
(I,  col.  976),  c'était  un  homme  «  secret^ 
artificieux,  couvert,  habile,  vaillant  et  pa- 
tient ;  mais  peu  accommodé  de  moyens,  et 
pour  cela  même,  moins  estimé  qu'il  ne 
valait.  »  Il  combattit  avec  succès  les  Li- 
gueurs dans  la  Marche,  servit  au  siège  de 
Rouen,  assista  aux  affaires  d'Arqués  et 
d'Aumale,  se  signala  à  Ivry  ;  mais  s'il 
rendit  des  services  à  Henri  IV,  il  n'en  ren- 
dit aucun  à  l'église  protestante  qu'il  aban- 
donna même  entièrement.  Il  est  probable 
qu'il  abjura,  après  avoir  livré  Argenton 
à  Louis  XIH,  en  1621.  Il  mourut  en  1623. 
De  son  mariage,  contracté,  en  1607,  avec 
Jeanne  Poussart,  dame  du  Vigean,  étaient 
nés  deux  fils  :  1°  Henri,  marquis  de  Saint- 
Germain-Beaupré,  maréchal  de  camp,  gou- 
verneur de  la  Marche,  que  Tallemant  des 
Réaux  nous  peint  comme  un  homme  de 
très  méchante  réputation,  lâche,  brutal  et 
pillard  ;  2°  Louis,  comte  du  Doignon,  qui 
fut  élevé  page  de  Richelieu  et  obtint  plus 
tard  le  bâton  de  maréchal  de  France. 

FOUCHARD  (Hillaire),  marchand  dra- 
pier, 25  ans,  de  La  Châtaigneraie  en  Poi- 
tou, massacré,  1595  {Crespin,  857  b). 


653 


FOUCHER 


FOUCHET 


654 


i.  FOUCHER  (André),  sieur  de  La 
Grenetière  et  du  (^oudray  [Haag,  V  156], 
épousa,  en  1576,  Françoise  de  Bernon, 
qui  lui  donna  deux  fds.  Le  cadet,  André, 
ne  laissa  qu'une  fille  de  son  mariage  avec 
di'e  Huet-Dn  Passage.  L'aîné,  Jacques, 
sieur  Du  Coudray,  a  joué  un  rôle  assez 
équivoque  pendant  les  troubles  qui  suivi- 
rent la  mort  de  Henri  IV.  En  1612,  la 
régente  l'envoya  à  La  Rochelle  avec  la 
mission  secrète  d'empêcher  la  réunion  de 
l'assemblée  de  cercle  qui  devait  s'y  tenir 
au  sujet  du  différend  survenu  entre  Rohan 
et  La  Rochebeaucourt  '.  Malgré  le  mystère 
dont  il  s'entoura,  le  voile  fut  soulevé  en 
partie,  et  le  bruit  se  répandit  qu'il  n'était 
venu  à  La  Rochelle  que  pour  y  remplir 
les  fonctions  d'intendant  de  justice  et  de 
police  et  pour  travailler  à  détacher  les  Ro- 
chelois  de  l'union  des  églises.  Le  peuple 
s'émut  ;  un  attroupement  menaçant  se  for- 
ma dans  la  cour  de  l'hôtel-de-ville,  en 
sorte  que  Du  Coudray  jugea  prudent  de 
s'éloigner,  en  protestant  qu'il  était  trop 
attaché  à  sa  patrie  pour  contribuer  à  rui- 
ner ses  privilèges,  comme  on  l'en  soup- 
çonnait. Était-il  sincère  ?  Ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  qu'il  resta  dévoué  au  parti 
de  la  Cour  et  qu'il  rendit  à  Louis  XHI 
des  services  en  récompense  desquels  il 
fut  nommé,  le  20  mars  1629,  lieutenant- 
général  au  siège  présidial  de  La  Rochelle  *. 
Il  avait  épousé,  en  1609,  Anne  Guillemin, 
dame  de  La  Salle  d'Aitré,  fdle  de  Pierre 
Guillemin,  sieur  des  Rouaux  et  d'Aitré,  et 
de  Jeanne  Viette.  La  famille  Guillemin 
était  fort  zélée  pour  la  religion  protestante. 
Il  est  donc  permis  de  croire,  bien  que  Fil- 
leau  ne  nous  apprenne  rien  de  positif  à 
cet  égard,  que  Du  Coudray  resta  fidèle  à 
l'Église  réformée,  ainsi  que  son  fils  Jac- 
ques, marquis  de  Circé,  sénéchal  de  Ci- 

*  Y  furent  députés  La  Nouaille,  par  la  Basse- 
Guienne  ;  le  baron  de  Montauzier,  de  Rioux,  du 
Parc  d'Ârchiac,  Brunet  min.  de  Saujon,  et  de 
.Fontenelles  élu  de  Barbezieux,  par  la  Saintonge  ; 
de  Loudrière  et  de  La  Cressonnière  par  le  Poitou  ; 
dn  Bois-Cargrois  et  de  Montbarot,  par  la  Bre- 
tagne ;  de  La  Priviaudaye  et  Bouchereau  min. 
de  Saumur,  par  l'Anjou  ;  de  La  Chapellière  min., 
Beaupréau  et  Davtd,  par  La  Rochelle.  Elle  se 
tint  sous  la  présidence  dn  maire  de  La  Rochelle, 
et  Boisseul  y  remplit  les  fonctions  de  secrétaire. 
(Tt  316). 

*  Arcère,  l'historien  de  la  Rochelle ,  l'appelle 
Jacques  Fouschier,  sieur  de  Sazai  et  du  Lison. 


vray  et  de  Saint-Maixent.  Ce  qui  nous 
confirme  dans  cette  opinion,  c'est  que  ce 
Jacques  prit  aussi  alliance  dans  une  fa- 
mille huguenotte.  Il  épousa,  en  1637,  Eli- 
sabeth de  Bèjary,  fille  de  Samuel,  gouver- 
neur de  Juliers,  et  de  Marguerite  de  Pont- 
levoy,  qui  lui  donna  Abimélech,  un  des 
meilleurs  lieutenants  de  Turenne,  Frédé- 
ric-Hébert page  du  prince  de  Gonti,  et 
Anne-Céleste  femme  de  Isaac  de  L'Isle, 
marquis  de  Loire.  Jacques  Foucher  ayant 
été  créé  marquis  en  1663,  il  serait  possible 
qu'il  se  fût  converti  vers  ce  temps.  —  On 
distingue  encore  dans  la  même  famille  Jac- 
ques Foucher  qui  épousa  au  temple  de  La 
Rochelle,  18  nov.  1608,  Sara  de  Ferriè- 
res;  Louis  Foucher,  mari  d'Elisabeth 
Mage  de  Montansier  dont  la  fille,  Marie, 
épousa  Louis  de  Lostanges  baron  de  Paillé; 
une  autre  Marie  Foucher  mariée  à  Efie 
Festineau  conseiller  au  parlem.  de  Bor- 
deaux ;  et  surtout  Bonaventure  Foucher, 
conseiller  au  présidial  de  La  Rochelle  qui, 
en  lo57,  eut  l'honneur  de  recevoir  en  sa 
maison,  <à  La  Rochelle,  le  roi  et  la  reine 
de  Navarre,  au  moment  de  la  première 
prédication  publique  des  doctrines  protes- 
tantes faites  dans  cette  ville. 

2.  FOUCHER  (Jean)  sr  de  Champfleury, 
lieutenant  de  cavalerie,  enterré  au  cime- 
tière des  SS.  Pères,   10  janv.   1652;  — 

( )  secrétaire   du  synode   d'Annonay, 

1654;  —  ( )  pasteur  de  Si-Pierreville, 

1657  ;  —  ( )  pasteur  de  Chambon  (Vi- 

varais),  1671.  —  (Pierre),  venant  de  La 
Grave,  assisté  d'un  viatique  avec  sa  fem- 
me, 2  filles  et  une  sœur,  à  Genève,  1685; 
—  (Marguerite)  fille  d'un  orfèvre  de  Poi- 
tiers, 52  ans,  assistée  à  Londres,  1702;  — 
Louise  et  Suzanne,  enfermées  la  première 
aux  Nouv.  cathol.  de  Blois  en  1712,  la  se- 
conde à  l'hôpital  de  Niort  en  1731.  — 
Jacques  Fouchereau,  sieur  de  Roudier,  mi- 
nistre à  St-Seurin  en  Saintonge,  1655-85. 

FOUCHET  (Barnabe),  de  Gien,  admis  à 
l'habitation  à  Genève,  14  oct.  1572.  — 
Louis  Fouchet,  de  Saumur,  assisté  à  Ge- 
nève, avec  sa  femme,  sa  belle-sœur  et  3 
enf.,  1693  ;  —  (Eustache),  de  Paris,  et  sa 
belle-sœur,  id.,  1709.  —  Jehan  Foucquert 
«  natif  de  Trachy-le-mont,  dioc.  de 
Noyon,  »  reçu  habitant  de  Genève,  août 
1557.  —  Elisabeth  et  Françoise  Foucques, 
sœurs,  assistées  à  Londres,  1710.  —  Isaac 
Foucquier   de    Boishardy ,    bourgeois   de 


655 


FOUCHET 


FOULLON 


656 


Paris,  enterré  au  cimet.  des  SS.  Pères, 
janv.  1681.  —  Mad"e  de  Fouclinay,  mem- 
bre de  l'église  de  Dangeau,  1659.  — 
Pierre  Fourre  «  natif  de  Chenus,  dioc. 
d'Angers,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
1559.  —  Anselme  Foudrol,  espinglier,  de 
Dijon,  vivant  à  Lyon,  id.,  16  septemb. 
1372.  —  Pierre  Foue,  de  Clerac,  tailleur, 
41  ans,  assisté  à  Londres  avec  Anne  sa 
femme  et  3  enfants,  170o. 

FOUET.  On  a  mentionné  ci-dessus  (V, 
883)  Simon  Fouet,  chantre  de  la  chapelle 
du  roi,  martyrisé  à  Paris  et  brûlé  en  1334. 
Le  registre  d'écrou  de  la  Conciergerie  de 
Paris  porte,  comme  incarcéré  à  la  date  du 
30  septemb.  1368  :  Adam  Fouet,  soy  di- 
sant clerc  suivant  les  finances,  sans  mais- 
tre  ni  aveu,  natif  de  cette  ville  de  Paris  et 
demourant  partout,  lequel  «  estant  entré 
«  es  prisons  de  céans  pour  solliciter  aul- 
«  cuns  prisonniers  a  esté  arresté  et  cons- 
«  titué  prisonnier  en  icelles  comme  estant 
«  de  la  nouvelle  oppinion,  ainsy  que  luy- 
«  mesme  a  confessé,  et  pour  avoir  esté 
«  trouvé  saisy  d'armes  contrevenans  aux 
«  editz  du  Roi  et  arrestz  de  la  Cour  de 
«  parlement.  »  Il  fut  renvoyé  au  Prévôt 
de  Paris  «  pour  luy  faire  et  parfaire  son 
procès,  et  depuis,  élargi  à  la  charge  de 
vuider  la  ville.  » 

FOUGÈRES  (Daniel  de)  pasteur  d'Hen- 
richemont  (Berry)  en  1660  (Bull.  XV, 
516).  —  François  de  Fougères,  peut-être 
fils  du  précédent,  aussi  appelé  Faugère  ou 
Faugière  (ci-dessus  col.  428),  seigneur  de 
Bussy,  natif  de  La  Charité  sur  Loire,  pas- 
teur d'Henrichemont,  puis  de  Sancerre, 
réfugié  à  Lausanne  en  1690,  mort  dans 
cette  ville  le  28  juillet  1709.  Il  avait  épousé 
Esther  Renouard.  Leur  fils,  Pierre,  alla 
étudier  à  Genève,  en  1667,  et  succéda  à 
son  père  dans  l'église  de  Sancerre.  — 
Fougère  de  Prinsai,  persécuté  à  Niort , 
1681.  —  Marie  Fougère  enfermée  au  cou- 
vent de  N.-Dame  de  Saintes,  1731.  — 
Des  Fougerais,  doctr  régent  en  la  fac.  de 
médecine  de  Paris,  vers  1640.  —  Jean 
Fougereux  de  Grand'bois,  né  à  Montpel- 
lier, étudiant  en  théologie  à  l'acad.  de  Ge- 
nève, en  1719,  fut  consacré  au  saint  mi- 
nistère dans  cette  ville,  et  y  resta,  mais 
sans  occuper  de  chaire.  Il  y  devint  bour- 
geois en  1728  et  y  épousa  Jacqueline  fille 
de  J.-F.  Fol  et  de  Christine  Bouvier.  — 
Jean  Fougeron,  assisté  à  Londres,  avec  sa 


femme  et  4  enf.,  1702.  —  Antoine  Fouget, 
de  St-Hippolyte  en  Languedoc,  peignier  de 
laine,  réfugié  avec  sa  famille  à  Spandau, 
1698.  —  Pierre  Fougier,  de  S^-Christo- 
phe  en  Vivarais,  assisté  à  Genève,  d'un 
viatique,  1683  ;  —  (Antoine),  mercier,  de 
Valdrôme  en  Dauphiné,  réfugié  avec  sa 
femme  à  Wezel,  1698.  —  Guillaume  Fouil- 
lot,  «  minusier,  natif  d'Anjou,»  reçu  habi- 
tant deGenève,  mai  1339. —  Odet  dePouil- 
loux,  commissaire  à  l'exécution  de  l'édit 
dans  la  généralité  de  Bordeaux,  1680  (Tt 
287).  —  Louis  Fouilly  condamné  pour 
s'être  marié  à  l'étranger  ;  Sedan  1736  (M 
668).  —  Salomon  Foujon,  de  Vienne  en 
Dauph.,  hab.de  Genève,  1339. — Jean  Fou- 
lard, officier  dans  l'armée  hollandaise,  1696. 
—  François  Foulchier,  de  Ganges,  assisté  à 
Genève,  1703.  —  Jehan  Foulle  «  compai- 
gnon  fonllon  de  draps  natifz  de  Meaux  en 
Brie,  »  reçu  habitant  de  Genève,  avril 
1559.  —  Jean  et  Pierre  Foulé,  massacrés 
à  Meaux,  1572  {Cr-espin).  —  Louis  Foullé, 
de  Lisy  (Lissiensis)  étudiant  à  Genève  en 
1623,  pasteur  à  Favières  en  1637.  —  Le 
sieur  de  Foulet  qui  avait  fait  prêcher  la 
parole  de  Dieu  dans  son  château  (situé 
près  de  Moulins  en  Bourbonnais)  est 
«  massacré  par  la  populace  avec  un  sien 
lacquay,  »  15o2  (Crespin).  —  Elisabeth 
de  Chastrefou  des  Foulleries,  dem"e  noble 
de  S'-Lô,  21  ans,  arrêtée  comme  elle  cher- 
chait à  fuir  du  royaume  le  5  mars  1687, 
condamnée,  rasée  et  enfermée  à  l'abbaye 
des  Anges  près  Coutances  (Tt  261). 

FOULLON  (Abel),  poète  et  ingénieur, 
valet  de  chambre  du  roi  Henri  II.  Théo- 
dore de  Bèze  dans  son  Histoire  ecclès.  des 
églises  réformées  (t.  II  p.  37)  en  décrivant 
les  préparatifs  de  défense  faits  par  les  pro- 
testants enfermés  dans  Orléans  en  1362, 
ajoute  que  :  «  Fut  aussi  dressé  une  Mon- 
«  noie  pour  y  forger  or  et  argent  au  coin 
«  du  Roy,  dont  eut  la  charge  un  excellent 
(  ouvrier,  nommé  Abel  Foulon,  ayant  eu 
«  auparavant  charge  du  moulin  à  monnoie 
«  à  Paris.  »  Cette  qualification  d'excellent 
ouvrier  n'était  pas  un  mince  éloge.  Foul- 
lon  était  en  effet  un  esprit  des  plus  remar- 
quables, un  génie  inventeur.  Les  biogra- 
phes le  disent  né  à  Loué,  village  du  Maine, 
vers  1313  ;  mais  la  première  fois  qu'il 
nous  apparaît  c'est  en  1344,  comme  tra- 
ducteur en  vers  français  des  satyres  d'Au- 
lus  Persius  Flaccus  : 


657 


FOULLON 


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Les  satyres  de  Perse  translatées  de  latin 
en  rithme  Franeoyse  —  Moyen  ou  trop  ^ 
—  à  Paris,  chez  Jacques  Gazeau,  à  l'ensei- 
gne de  L'envie  près  Cainbray  ;  1544  (39 
feuillets  in-12).  Privilège  pour  3  ans  ac- 
cordé à  Pierre  Gaultier  imprimeur  à  Paris, 
en  date  du  1er  janv.  lo44.  —  L'ouvrage 
est  dédié  par  son  auteur  à  :  Très  honora- 
ble et  saige  Jehan-Jacques  de  Mesme,  lieu- 
tenant civil  au  Chastellet  de  Paris.  Il  lui 
dit  : 

Je  n'ay  sceu  différer  mon  premier  effort 
jusques  eu  l'aage  meur  et  viril,  mais  d'un 
vouloir  précoce  ay  converti  en  nostre  lan- 
gaige  Gallicain  et  Françoys  les  satyres  de 
Perse  selon  ma  petite  médiocrité  et  jeune 
intelligence...  Votre  humanité  singulière, 
Honorable  Seigneur ,  et  le  grand  plaisir 
que  prenez  au  bon  vouloir  des  jeunes  gens 
m'ont  fortifié  le  propos  et  augmenté  le  cou- 
rage, faisant  péril  de  ce  livret,  vous  en 
faire  offre  et  dédication.  Lequel  j'espère 
estre  ainsi  de  vous  favorablement  receu 
comme  les  premiers  de  cellui  qui  vous  est 
totallement  dédié...  Par  quoy  vous  plaise 
benignement  recevoir  (attendant  mieulx) 
cette  première  fleur.  En  attendant  que  l'ar- 
bre croist  je  vous  offre  ceci  pour  arres... 

C'est  le  langage  d'un  jeune  homme  de 
vingt  ans  au  plus  ;  et  comme  la  date  du 
privilège  montre  que  cette  dédicace  fut 
écrite  à  la  fin  de  l'année  1343,  les  biogra- 
phes ont  fait  naître  Abel  Foulon  dix  ans 
trop  tôt.  Qu'ensuite  il  soit  mort  à  Orléans 
en  1563,  comme  ils  le  disent,  «  non  sans 
soupçon  d'avoir  été  empoisonné  pour  la 
jalousie  de  ses  belles  inventions,  et  âgé 
seulement  d'une  quarantaine  d'années, 
cela  n'a  rien  qui  puisse  étonner,  sans  y 
faire  intervenir  une  accusation  d'empoi- 
sonnement, caria  mortalité  fut  très  grande 
à  Orléans  en  1562  et  63  par  suite  du  siège 
et  de  la  peste. 

La  traduction  faite  par  Foullon  (en  vers 
de  dix  syllabes)  n'a  d'autre  mérite  que 
d'être  la  première  traduction  de  Perse  que 
l'on  connaisse  en  notre  langue  ;  ses  vers 
sont  détestables.  Il  ne  paraît  pas  non  plus 
qu'il  ait  réussi  dans  une  autre  traduction 
dont  il  s'occupa  ensuite^  celle  de  l'Archi- 
tecture de  Vitruve.  Il  se  plaint  amèrement  * 
d'un  libraire  qui  lui  en  avait  fait  la  com- 


mande et  pour  lequel  il  avait  déjà  traduit 
huit  livres  sur  les  dix  dont  l'ouvrage  se 
compose,  qui  de  complicité  avec  un  de  ses 
propres  amis  auquel  il  avait  confié  son  tra- 
vail, le  frustrèrent  à  la  fin  de  l'honneur  et 
du  salaire  en  faisant  paraître  le  livre  sous 
leurs  noms  à  son  insu.  Le  libraire  dont  il 
veut  parler  est  très  probablement  ce  Jacques 
Gazeau  qui  avait  publié  la  traduction  de 
Perse  et  qui  en  1547  fit  paraître  en  effet 
un  magnifique  volume  intitulé  :  «  Archi- 
«  lecture  ou  art  de  bien  bastir  de  Marc 

<  Vitruve  Pollion  auteur  romain  antique, 
«  mis  de  latin  en  françoys  par  Jan  Martin 
■^  secrétaire  de  Mgr  le  cardinal  de  Lenon- 

<  court,  pour  le  roy  très  chrétien  Henri 
"  II  ;  à  Paris,  chez  Jacq.  Gazeau  en  la  rue 
(  S.  Jacques  à  l'Escu  de  Cologne,  1547  ;  » 
in-folio,  155  feuill.  chiff.  plus  23  feuill. 
d'annotations.  Il  est  probable  qu'en  pré- 
sence de  ce  travail,  qui  est  très  heau,  sorti 
des  mains  d'un  homme  du  métier,  le  li- 
braire ne  se  fit  pas  scrupule  de  rompre 
ses  engagements  avec  le  jeune  homme  qui 
avait  traduit  Perse. 

Mais  Foullon  laissa  la  poésie  et  l'anti- 
quité pour  se  livrer  à  la  science  des  ma- 
thématiques et  à  ses  applications  où  son 
premier  maître,  dit-il,  fut  le  médecin  Jean 
Maignan.  Il  s'était  d'ailleurs  singulière- 
ment élevé,  car  il  était  entré  dans  la  maison 
du  roi  Henri  II,  avec  le  titre  alors  fort 
prisé,  de  valet  de  chambre  de  S.  M.  ;  lë'^ 
roi  et  de  grands  seigneurs  s'intéressaient 
personnellement  à  ses  travaux;  il  était  au- 
teur de  diverses  inventions  qui  tenaient  à 
la  fois  de  la  science  et  des  arts  et  s'occu- 
pait de  les  mettre  en  lumière  aux  yeux  du 
public.  Ce  qu'il  fit  par  l'ouvrage  suivant  : 

Usaige  et  description  de  l'holomètre  pour 
sçavoir  mesurer  toutes  choses  qui  sontsoubs 
l'estandue  de  l'œil  ;  tant  en  longueur  et  lar- 
geur qu'en  hauteur  et  profondité.  Inventé 
par  Abel  Foullon  Vallet  de  chambre  du 
Roy.  Nécessaire  à  ceux  qui  veullent  promp- 
tement  et  sans  aucune  subjection  d'arith- 
métiques sçavoir  la  distance  des  places,  ar- 
penter terres  et  faire  cartes  topographi- 
ques. Par  commandement  et  privilège  du 
Roy.  A  Paris,  1555,  chez  Pierre  Béguin  ^ 
à  l'enseigne  du  Trophée  rue  S.  Jacques  de- 
vant les   Mathurins.   On  fait  les  instru- 


•  Devise  de  l'auteur. 

2  Dans  les  préliminaires  de  l'HoIomètre. 


1  II  y  en  a  des  exemplaires  sans  nom   de  li- 
braire ;  Brunet  y  a  été  trompé. 


659 


FOULLON  —  FOULQUE 


660 


ments  chez  maistre  Pierre,  le  compassier, 
rue  de  la  Vieille  drapperie  à  l'enseigne  de 
S'e-Geneviefve)  ;  in-4o,  35  feuillets  avec 
de  belles  grav.  sur  bois  qui  semblent  (trois 
paysages)  être  de  la  main  de  Jean  Cousin 
(voy.  IV  col.  842). 

L'auteur  explique  d'abord  son  intéres- 
sant petit  volume  : 

Et  faut,  lecteur,  que  tu  en  saches  gré  h 
M.  le  maréchal  de  Brissac  qui  pour  estre 
autant  amoureurs  des  lettres  comme  ver- 
tueux et  sage  en  l'exercice  et  conduite  des 
armes,  fut  moteur  de  m'en  faire  commander 
l'invention  que  j'ay  conférée  avecques  cens 
qui  sont  ornez  de  scavoir  et  bon  jugement. 
Entre  lesquelz  M.  de  S.  Gelays  a  nommé 
l'instrument  holométre,  signifiant  que  par 
luy  on  peut  mesurer  toutes  choses;  et 
maistre  Jehan  Maignan  docteur  en  méde- 
cine (de  qui  seul  j'ai  appris  les  commence- 
mentz  des  mathématiques)  a  augmenté  de 
demonstratiotis  la  description  que  j'ay 
faitte... 

Il  fait  valoir  auprès  du  Roi  les  mérites 
qui  peuvent  lui  valoir  un  privilège  : 

Encores  que  M.  de  Boisdauphin  evesque 
d'Agde  m'eust  longtemps  uorry  en  l'essay 
et  poursuitte  d'icelles  petites  entreprises 
scientifiques,  tant  pour  constater  l'envie 
insatiable  qu'il  a  d'entendre  la  raison  de 
toutes  choses  grandes,  comme  pour  dresser 
l'un  des  siens  à  telle  diversité  d'entreprises 
qui  les  unes  peussent  apporter  quelque 
plaisir  à  V.  M.  et  les  autres  service  et  pro- 
fit à  vostre  royaume,  comme  de  fondre  eu 
fin  cuyvre  caractères,  figures  et  artillerie, 
nettement  et  sans  réparer:  de  faire  machi- 
nes et  moulins  sur  citernes  et  eaux  dor- 
mantes, de  faire  mouvoir  etrouller  chariots 
par  la  seule  pesanteur  de  leurs  charges  et 
plusieurs  autres  mouvemans  et  engins  qui 
n'ont  esté  congnuz  (que  je  sache)  des  siè- 
cles passez... 

Et  en  effet  le  volume  se  termine  par  un 
privilège  du  Roi  en  date  du  17  juin  1551 
assurant  à  FouUon  le  bénéfice  de  ce  qu'il  a 
«  inventé  certains  artifices  pour  réduire 
les  lettres,  caractères  et  planches  en  cuivre, 
argent  et  autre  métal  solide,  accoutumés 
en  plomb,  estain  et  bois.  » 

Son  holométre  eut  du  succès  :  le  libraire 
P.  Béguin  en  donna  une  seconde  édition 
en  1564  ^   Un  libraire  de  Venise,  Gior- 

'  La  Bibliothèque  de  l'Arsenal  en  possède  un 


dano  Ziletti,  en  publia  la  même  année  une 
traduction  qu'il  dédia  au  gouverneur  de 
la  ville,  le  seigneur  Sforza  Palavicino  : 
Descrittione  et  uso  deirholometro  per  saper 
misurare  tutte  le  cose  che  si  possono  ve- 
der...  Ritrovato  per  Ahel  Fullone  valletto 
di  caméra  del  Re  di  Francia  ;  in  Venetia 
appresso  G.  Ziletti  al  segno  délia  Stella, 
1564;  in-4o  de  vi  et  60  feuillets.  Enfin 
l'ouvrage  fut  traduit  en  latin  par  un  méde- 
cin et  professeur  suisse,  de  la  famille  de 
Stoppa,  sous  ce  titre  :  De  holometri  fabrica 
et  usu,  instrumento  geometrico  ab  A .  Ful- 
lonio  olim  invento  nunc  vero  Nicolai  Stu- 
pani  opéra  sermone  latino  explicato  ;  Basi  - 
leœ  ap.  Petrum  Pernam,  1557,  in-folio. 
—  Enfin  en  tête  de  l'édition  originale  figure 
un  joli  sonnet  du  jurisconsulte  André  Ti- 
raqueau  à  la  louange  des  inventeurs  fran- 
çais : 

Je  puis  bien  dire  aajourd'huy  que  la  France 
Est  celle-là  qui  emporte  le  pris 
Q,aant  à  nourrir  les  merveillens  espris, 
Esprits  divins  pour  chasser  l'ignorance. 

Maint  art  subtil,  mainte  et  mainte  science 

Mille  secrets  que  jamais  n'ont  compris 
Tous  nos  ayeux,  anjourd'huy  sont  appris. 
Nostre  Foullon  en  fait  l'expérience. 

Gentil  Foullon,  Foullon  ingénieus,  etc. 

La  Croix  du  Maine  cite  encore  d'Abel 
Foulon  un  Traité  de  machines,  engins, 
mouvemens,  fontes  métalliques  et  autres 
belles  inventions,  puis  La  description  du 
mouvement  perpétuel  ;  enfin  une  traduc- 
tion d'un  poème  d'Ovide  {in  Ibin)  qui  se- 
raient tous  restés  manuscrits.  —  On  dit 
aussi  qu'il  fut  le  père  de  Benjamin  Foulon, 
peintre  de  Catherine  de  Médicis. 

La  Croix  du  Maine  et  du  Verdier.  —  Hauréau, 
Hist.  litt.  du  Maine.  —  Catalogue  de  la  biblio- 
thèque d'Amb.  Firmin-Didot,  I,  203.  —  Brunet, 
Manuel  du  libraire.  —  Desehamps,  Snpplém.  â 
Brunet,  I,  515. 

2.  Foulon  (Jean),  de  Rouen,  passemen- 
tier, assisté  à  Genève,  avec  sa  femme  et  3 
enf.,  de  1692  à  1699.  La  veuve  de  Mr  Jac- 
ques Foulon,  du  Vivarais,  capitaine  ré- 
formé, réfugiée  à  Berlin,  1698.  Anne, 
veuve  de  Pierre  Foulon,  de  Dieppe,  68 
ans,  assistée  à  Londres,  1705. 

FOULQUE  (Honoré)  noyé,  à  Manosque, 
1562  ;  —  veuve  F'oulque,  de  Gap,  assistée 
à  Genève,  1705.  —  Marie  Foulques,  de  S'- 

exemplaire  (cité  par  Brunet)  qui  semble  daté  de 
1561;  mais  qui  est  en  réalité  de  ln55,  avec  les 
deux  derniers  chiffres  refaits  à  la  main. 


6G1 


FOULQUE  —  FOUQUÉ 


662 


Cosme  près  Nîmes,  assistée  à  Lausanne  et 
à  Genève,  avril  1699,  allant  en  Brande- 
bourg. —  Elizabeth  Foulques  de  Boisda- 
bert,  63  ans,  confesseuse,  et  Françoise  sa 
sœur,  filles  d'un  notaire  de  Saumur,  as- 
sistées à  Londres  (13  1.  8.  9)  en  1702  ;  le 
sont  encore  en  1710.  Bernard  Foulques  de 
Boisdabert,  de  Saumur,  58  ans,  et  sa  fem- 
me, assistés  à  Londres  (4  1.),  1706.  — 
Jean  Fouly,  de  Montanban,  peigneur  de 
laine,  assisté  à  Genève  avec  sa  femme,  sa 
belle-mère  et  3  enf.,  1685.  —  Jean  Foul- 
quié,  de  Cononteral  près  Montpellier,  as- 
sisté à  Genève,  1698.  —  François  Foul- 
quier  de  S'-Laurent  en  Languedoc,  assisté 
à  Genève  avec  sa  femme  et  2  enf.,  1703  ; 
part  pour  le  Brandebourg  en  1709.  Jean 
Foulquier,  membre  du  Comité  de  secours 
pour  les  réfugiés  à  Lausanne,  vers  1750- 
1770,  s' efforce  d'intéresser  Jean-Jacques 
Rousseau  k  leur  cause,  Bull.  III,  328.  — 
Marie-Madelaine  Fouquer,  23  ans,  enfer 
mée  au  couvent  des  Nouv.  cathol.  de 
Rouen  en  1775;  y  était  encore  en  1781 
(Tt  302).  —  Madelaine  Fouquier,  de  Pa- 
ris, 47  ans,  fille  d'un  marchand  de  bois, 
assistée  (5  1.)  à  Londres,  1702. 

FOUQUÉ,  famille  illustre  [Haag,  V 158], 
originaire  de  la  Normandie,  mais  établie 
dans  la  Saintonge  où  elle  possédait  les  ba- 
ronnies  de  Saint-Seurin  et  de  Tonnay- 
Boutonne. 

Lorsque  les  doctrines  de  la  Réforme  se 
répandirent  à  Saint-Seurin,  en  1560,  par 
le  zèle  d'un  pauvre  notaire  nommé  Jean 
Frère-Jean,  le  seigneur  du  lieu,  Gabriel 
de  La  Motte-Fouquée  entreprit  de  s'oppo- 
ser à  la  propagation  de  l'hérésie.  Averti 
que  les  novateurs  devaient  tenir  une  as- 
semblée religieuse  à  Chenac,  il  se  mit  à 
la  tête  de  ses  gens  dans  l'intention  de  la 
disperser  par  la  force  ;  mais  il  fut  repoussé 
par  le  père  de  Frère-Jean,  et  bientôt  ra- 
mené à  de  meilleures  dispositions,  il  se 
rapprocha  d'eux  et  finit  par  embrasser  leur 
religion.  Dès  le  mois  de  mai  1561,  on  le 
trouve  assistant  avec  sa  femme,  qui  était 
fille  de  Saint-Martin-de-La  Coudre,  aux 
prédications  du  ministre  (Charles  Léopard. 
L'année  suivante,  Saint-Seurin  s'arma  à 
l'appel  de  Condé  et  fut  nommé,  avec  Mon- 
guyon,  gouverneur  de  la  ville  d'Angou- 
lême,  à  la  prise  de  laquelle  il  avait  contri- 
bué. A  la  tête  de  7000  hommes  rassemblés 
dans  le  Périgord  et  la  Saintonge,  les  deux 


chefs  huguenots  attaquèrent  Châteauneuf 
et  l'emportèrent  d'assaut,  mais  ils  ne  pu- 
rent se  rendre  maîtres  du  château,  faute 
d'artillerie,  et  la  désunion  s'étant  mise 
dans  leurs  bandes  mal  disciplinées,  ils  se 
virent  forcés  d'abandonner  leur  conquête. 

Si  Saint-Seurin  prit  part  à  la  seconde 
guerre  civile,  il  ne  s'y  distingua  par  au- 
cun exploit.  Dans  la  troisième,  il  condui- 
sit à  Piles,  l'héroïque  défenseur  de  Saint- 
Jean-d'Angély ,  un  petit  secours  d'une 
quarantaine  de  chevaux  à  travers  le  camp 
ennemi ,  et  il  fournit  ainsi  au  vaillant 
capitaine  un  motif  plausible  pour  ne  point 
tenir  la  capitulation  qu'il  avait  dû  signer 
peu  de  jours  auparavant. 

Nous  n'hésitons  pas  à  attribuer  ce  beau 
fait  d'armes  à  Gabriel  de  Lamotte-Fouqué, 
qui  vivait  encore  en  1569;  nous  en  avons 
la  preuve  dans  l'arrêt  prononcé  contre  lui 
par  le  parlement  de  Bordeaux  (I,  col.  648)  ; 
mais  à  partir  de  cette  époque,  plusieurs 
années  s'écoulant  sans  que  l'histoire  fasse 
mention  du  seigneur  de  Saint-Seurin,  nous 
estimons  que,  lorsqu'il  reparaît  sur  la  scène- 
comme  lieutenant  de  Henri  de  Condé,  il  ne 
s'agit  non  plus  du  père,  mais  du  fils, 
Charles  de  La  Motte-Fouqué,  sieur  de 
Saint-Seurin,  baron  de  Tonnay-Boutonne, 
qui  se  montra  aussi,  en  toute  occasion,  un 
des  chefs  les  plus  braves,  les  plus  expéri- 
mentés et  les  plus  dévoués  du  parti  hugue- 
not. 

Colonel  d'un  régiment  d'infanterie,  il 
contribua  à  la  déroute  de  Mercœur,  en 
1585,  suivit  Condé  au  siège  de  Brouage, 
mais  fut  laissé  sous  les  ordres  de  Saint- 
Mesme,  lorsque  le  prince  partit  pour  son 
expédition  d'Angers.  En  1587,  il  se  dis- 
tingua à  la  bataille  de  Coutras.  En  1594, 
il  assista  à  l'assemblée  de  Jarnac  {Voy.  III, 
col.  989).  On  ne  connaît  pas  l'année  de  sa 
mort  ;  on  sait  seulement  qu'il  n'existait 
plus  en  1619,  tandis  que  sa  femme  Ehsa- 
beth  de  La  Cassagne  vivait  encore  vers 
1630,  d'après  un  registre  des  baptêmes  cé- 
lébrés dans  l'église  de  Pons. 

Fils  du  précédent,  Henri  de  La  Motte- 
Fouqué,  né  au  château  de  Saint-Seurin 
d'Uzet,  a  joué  un  rôle  considérable  dans 
les  dernières  guerres  de  religion.  Gouver- 
neur de  Royan,  dont  la  garde  lui  avait 
été  confiée  ^àrSoubise,  il  envoya,  en  1620, 
Saint-André  à  l'assemblée  de  La  Rochelle 
pour  l'assurer  «  de  son  affection  au  bien 


663 


FOUQUÉ 


664 


des  églises  et  de  sa  fidélité  à  la  conserva- 
tion de  cette  ville,  »  assurance  qu'il  re- 
nouvela, peu  de  temps  après,  par  La  Re- 
naudie  et  Gouin.  En  1621,  il  fit  avec  Sou- 
bise  et  Favas,  la  conquête  de  l'île  d'Oléron. 
Le  12  déc.  de  la  même  année,  secondé 
par  Soubise,  il  enleva,  sans  coup  férir, 
Royan  à  La  Chesnaye,  qui  s'était  rangé  au 
parti  du  roi.  et  durant  tout  l'hiver,  il  har- 
cela les  catholiques  jusques  aux  portes  de 
Saintes.  Au  mois  d'avril  1622,  il  condui- 
sit une  partie  de  sa  garnison  au  secours 
de  Favas,  mais  battu  à  Saint  Vivien,  il 
rentra  dans  Royan.  D'Epernon  se  pré- 
senta, le  mois  suivant,  sous  les  murs  de 
cette  place,  avec  un  corps  de  troupes  con- 
sidérable. La  ville  était  forte,  la  garnison 
suffisante,  et  Saint-Seurin  paraissait  dis- 
posé à  se  bien  défendre  ;  mais  ayant  ap- 
pris que  son  frère,  son  beau-frère  Jean 
Bretinauld  de  Plassay  et  son  cousin  avaient 
été  faits  prisonniers  dans  l'île  de  Rhé,  il 
se  laissa  séduire  par  la  promesse  du  roi 
de  leur  rendre  la  liberté  s'il  livrait  Royan, 
et  consentit  à  une  entrevue  avec  d'Eper- 
non  ;  mais,  pendant  qu'il  négociait,  arri- 
vèrent Favas  et  les  commissaires  de  l'as- 
semblée de  La  Rochelle,  qui  se  saisirent 
de  la  ville,  avec  le  concours  des  habitants, 
et  en  fermèrent  les  portes  à  Saint-Seurin. 
Louis  XIII  dut  donc  se  résoudre  à  en  faire 
le  siège.  Au  bout  de  six  jours,  Royan  ca- 
pitula, 11  mai,  et  reçut  pour  gouverneur 
Drouet,  capitaine  au  régiment  des  gardes. 
Quant  à  Saint-Seurin,  il  resta  à  la  suite  du 
roi,  qui  remit  en  liberté  les  trois  prison- 
niers ;  mais  son  zèle  pour  la  Cause  n'en 
souffrit  aucune  atteinte.  En  1627,  nous  le 
retrouvons  auprès  de  Ruckingham,  qui 
l'envoya  au  roi  pour  lui  proposer  d'éva- 
cuer l'île  de  Rhé,  à  condition  que  le  fort 
Louis  serait  rasé.  Richelieu  accueillit  fort 
mal  l'ambassadeur  et  la  proposition  du 
favori  de  Charles  1er.  Ce  fut  pendant  son 
séjour  à  Paris  que  Saint-Seurin  publia  la 
Lettre  du  baron  de  Saint-Seurin  à  un  sien 
ami,  écrite  le  10  sept.  1627  de  la  citadel  e 
de  Saint-Martin  de  Ré,  1627,  in-4o. 

En  1630,  Henri  de  La  Motte -Fouqué, 
qui  prolongea  ses  jours  au  delà  de  1677 
et  mourut  dans  la  religion  qu'il  avait  pro- 
fessée toute  sa  vie  (ït  247),  avait  vendu 
les  baronnies  de  Saint-Seurin  et  de  Ton- 
nay-Boutonne  à  son  beau-père  Jean  Breti- 
nauld sieur  de  Plassay,  fils  d'Antoine  Bre- 


tinauld et  de  Nicole  de  Farnoax-la-Clo- 
cheterie  (Voy.  ci-dessus  III,  col.  110).  Il 
est  douteux  s'il  laissa  des  enfants  de  son 
mariage  avec  Elisabeth  Bi-etinauld,  célé- 
bré à  Saintes,  le  13  déc.  1619.  Il  est  cer- 
tain pourtant  que  Charles  de  La  Motte- 
Fouqué,  qui  se  réfugia  en  Hollande  et  y 
épousa  Susanne  de  Robillard,  descendait 
de  cette  famille  ;  mais  nous  ignorons  s'il 
était  le  fils  de  Henri  ou  de  son  frère  d'ail- 
leurs tout  à  fait  inconnu.  A  côté  de  lui, 
mais  à  une  place  qui  reste  pour  nous  dou- 
teuse, il  faut  mentionner  cette  noble  et 
malheureuse  Marie  de  la  Motte-Fouqué 
née  en  1631,  fille  d'un  réfugié  mort  au  ser- 
vice de  Hollande,  et  au  nom  de  laquelle 
une  lamentable  supplique  était  adressée, 
le  22  oct.  1687,  aux  États  Généraux  (Voy. 
Bull.  1887,  p.  133). 

Henri-Auguste,  baron  de  La  Motte- 
Fouqué,  fils  de  Charles,  naquit  à  La  Haye 
en  1698.  Il  fut,  dès  l'âge  de  huit  ans,  ad- 
mis comme  page  à  la  cour  du  duc  Léopold 
d'Anhalt-Dessau.  Lorsque  ce  prince  par- 
tit pour  faire  la  campagne  contre  les  Sué- 
dois, il  laissa  le  jeune  Fouqué  auprès  de 
la  duchesse  ;  mais  l'adolescent  s'échappa 
secrètement,  en  1713,  et  alla  rejoindre 
l'armée  prussienne  en  Poméranie.  Il  se  si- 
gnala par  son  courage  et  fut,  l'année 
même,  admis  comme  enseigne  dans  le  ré- 
giment du  Prince.  Lieutenant  en  1719, 
capitaine  en  1723,  il  fut,  en  1728,  décoré 
de  l'ordre  de  la  Générosité.  Cependant 
quelques  désagréments,  qu'il  eut  à  essuyer 
à  cause  de  son  étroite  liaison  avec  le  Prince 
royal  dont  il  partagea  la  captivité  à  Cus- 
trin,  le  décidèrent  à  quitter  le  service  de 
la  Prusse,  en  1739.  Il  passa  en  Danemark 
où  il  obtint  le  grade  de  lieutenant-colonel. 
En  montrant  sur  le  trône,  Frédéric  II 
s'empressa  de  rappeler  Fouqué.  Il  le  dé- 
cora de  l'ordre  du  Mérite,  le  nomma  colo- 
nel du  régiment  de  Camas  et  grand-bailli 
de  Gramzow  et  de  Lôkenitz. 

Fouqué  servit  avec  gloire  dans  toutes 
les  guerres  de  Frédéric-le -Grand.  Dans  la 
campagne  de  Silésie,  il  se  battit  vaillam- 
ment à  Neu-Titschin  à  la  tête  de  six  com- 
pagnies de  grenadiers,  opéra  sa  jonction 
avec  le  prince  d'Anhalt-Dessau,  et  condui- 
sit, toujours  combattant,  l'avant -garde  à 
Troppau.  Après  la  bataille  de  Czaslau,  il 
retourna  à  l'armée  du  roi  et  fut  nommé 
gouverneur  du  comté  de  Glatz.  En  1745, 


665 


FOUQUE 


666 


il  fut  élevé  au  grade  de  major-général  ; 
cependant  il  ne  prit  pas  une  part  active  à 
la  seconde  guerre  de  Silésie.  En  1751,  il 
fut  créé  lieutenant-général  et  décoré  de 
l'Aigle  noir. 

La  guerre  de  Sept  ans  le  rappela  sous 
les  drapeaux.  Dans  l'invasion  de  la  Bo- 
hême, en  1757,  il  commanda  l'avant-garde 
du  corps  de  Schwerin  et  l'aile  gauche  de 
l'armée  prussienne  à  la  bataille  de  Prague. 
Schwerin  ayant  été  blessé,  il  prit  le  com- 
mandement, et  quoique  blessé  à  son  tour, 
il  refusa  de  quitter  le  champ  de  bataille. 
Guéri  de  sa  blessure,  il  prit,  au  mois  de 
septembre,  le  commandement  du  corps  de 
Winterfeld,  livra,  le  15  décembre,  près  de 
Landshut  un  combat  où  l'avantage  lui 
resta,  et  bloqua  Schweidnitz.  Le  21  mars 
1758,  il  défit  le  général  autrichien  James. 
Blessé  au  siège  d'Olmutz,  il  fut  chargé  de 
reconduire  à  Glatz  le  train  de  siège.  Quel- 
ques mois  après,  il  défendit  Landshut  con- 
tre des  forces  de  beaucoup  supérieures,  et 
contraignit  les  Autrichiens  à  lever  le  blo- 
cus de  Cosel.  Élevé  au  grade  de  général 
d'infanterie,  en  1759,  il  se  trouvait  à 
Landshut  avec  un  corps  de  8000  Prussiens, 
lorsqu'il  y  fut  attaqué,  le  23  juin  1760,  par 
le  général  Laudon  à  la  tête  de  28000  Au- 
trichiens. Après  des  prodiges  de  valeur, 
ses  soldats  ayant  épuisé  leurs  munitions, 
il  voulut  essayer  de  s'ouvrir  un  passage  à 
l'arme  blanche,  mais  l'héroïque  troupe 
fut  presque  entièrement  exterminée.  Fou- 
qué  lui-même,  couvert  de  blessures,  fut 
fait  prisonnier  et  transporté  en  Croatie. 
Marie-Thérèse  lui  offrit  du  service  dans 
l'armée  impériale,  mais  fidèle  à  ses  ser- 
ments, il  refusa  ces  offres,  en  sorte  qu'il 
ne  recouvra  la  liberté  qu'à  la  paix  de  Hu- 
bertsburg.  en  1763.  De  retour  en  Prusse, 
Fouqué  se  retira  à  Brandebourg,  dont  il 
était  prévôt  depuis  1760  ;  mais  il  faisait 
de  fréquents  voyages  à  Sans-Souci  où  il 
était  toujours  accueilli  par  Frédéric  avec 
les  témoignages  de  la  plus  grande  estime. 
Il  consacra  ses  loisirs  à  écrire  des  Mémoi- 
res qui  ont  été  publiés  en  français  et  en 
allemand,  à  Berlin,  1788,  2  vol.  in-8o.  Sa 
correspondance  avec  Frédéric  a  été  imp. 
à  la  suite  de  ces  Mémoires  et  dans  le  T.  1er 
des  OEuvres  du  roi  de  Prusse. 

Fouqué  mourut  à  Brandebourg,  le  3 
mai  1774.  Jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  il 
conserva  les  sentiments   d'une  piété  fer- 


vente. Il  laissa,  de  son  mariage  avec  Elisa- 
beth-Marie Masson,  deux  fils  et  une  fille. 
Les  biographes  ne  rapportent  aucune 
circonstance  de  la  vie  de  ces  enfants  du 
général  La  Motte-Fouqué  ;  cependant  de 
divers  renseignements  que  MM.  Haag  se 
sont  procurés  en  Allemagne,  il  est  permis 
de  conclure  que  Gustave-Auguste-Henhi, 
baron  de  La  Motte,  conseiller  au  départe- 
ment de  la  guerre  et  des  domaines,  né  à 
Berlin  et  mort  le  16  mars  1798,  était  un 
de  ses  fils.  Le  silence  des  biographes  pa- 
raîtra d'autant  plus  étonnant,  que  ce  fonc- 
tionnaire s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment par  plusieurs  ouvrages,  dont  voici  la 
liste  d'après  Meusel. 

I.  Gedanken  von  der  Schsedlichkeit  der 
grossen  und  unbetveglichen  hœlzernen 
Kramhuden,  icie  auch  jler  hœlzernen 
Brûcken  ûber  den  Rinnen  in  den  Strasseii 
der  Stsedte,  Berlin,  1775,  in-8o. 

II.  Vorschlxge  zur  Abfuhr  der  Unrei- 
nigkeiten  von  den  Strassen  und  Gassen  in 
einer  grossen  und  volkreichen  Stadt,  Got- 
ting,  1777,  in-8o. 

III.  Anleitung  zur  ordentlichen  und 
grûndlichen  Abnahme  der  Rechnungen, 
Berlin,  1778,  in-8o. 

IV.  Pracktische  Beytrsege  zur  Kameral- 
icissenschaft,  Ister  Theil,  Leipz.,  1782  ;  — 
neue  ausg.,  Leipz.,  1783;  —  2ter  Theil, 
Leipz.,  1784;  —  3ter  Theil,  Halle,  1785  ; 
—  4ter  Theil,  Halle,  1786,  in-8o. 

V.  Neue  praktische  Beytrœge  zur  Kame- 
rahvissenschaft,  Isier  Theil,  Berlin,  1789, 
in-8o. 

VI.  Ausfûhrliche  Abhandlung  von  den 
Landesgesetzen,  welche  die  Landstrassen 
in  den  Preuss.  Staaten  betre/fen,  Leipz., 
1789,  in-8o. 

VII.  Abhandlungen  1°  Von  den  Land- 
rsethen  in  der  Kurmark;  2o  Von  den 
Spinnprsemien  fiir  die  Kinder  der  Land- 
leute  in  der  Kurmark  ;  3°  Von  den  Kolo- 
nisten  ;  4"  Von  der  Riende  der  Schaafe, 
Berhn,  1793  ;  —  2ter  Theil,  enthaltend  V 
Abhandlungen,  Berlin,  1794,  in-8o. 

Le  baron  de  La  Motte  a  publié,  en  ou- 
tre, plusieurs  dissertations  sur  des  ques- 
tions de  police  municipale,  de  voirie,  d'hy- 
giène publique,  etc.,  dans  le  Berlin  — 
Monatsschrift  (1787-88, 1795-96),  dans  les 
Beytrâge  zur  OEconomie  de  Beckmann,  et 
quelques  articles  de  critique  dans  la  Phys. 
okon.  Bibliotek  de  Beckmann. 


667 


FOUQDÉ 


668 


Un  petit-fils  du  général  de  La  Motte- 
Fouqné ,  Frédérig-Henri-Gharles  ,  fut 
écrivain  dramatique,  poète  et  romancier. 
Il  naquit  à  Brandebourg,  le  12  fév.  1777, 
et  mourut  à  Berlin,  le  23  janv.  1843.  Son 
père  était  officier  de  dragons  ;  sa  mère^ 
fille  du  maréchal  de  la  cour  de  Dessau, 
M.  de  Schlegel,  mourut  en  1788.  Le  roi 
de  Prusse  le  tint  sur  les  fonts.  Le  jeune 
baron  de  La  Motte-Fouqué  suivit  d'abord 
la  carrière  des  armes  ;  il  prit  part,  en  qua- 
lité de  lieutenant  dans  le  régiment  des 
gardes  du  corps,  à  la  désastreuse  campa- 
gne du  Rhin.  La  République  française  ven- 
geait alors  les  défaites  essuyées  sous  la 
Royauté.  Soit  que  le  sort  de  cette  campa- 
gne l'eût  dégoûté  du  métier  de  la  guerre, 
soit  qu'une  passion  plus  douce  l'eût  attiré 
vers  les  arts  (|e  la  paix,  Fouqué  ne  tarda 
pas  à  solliciter  son  congé  ;  mais  il  ne  l'ob- 
tint qu'après  1802.  S'étant  marié,  il  se  re- 
tira dans  une  terre  de  sa  femme,  où  il  se 
voua  entièrement  aux  lettres,  jusqu'à  ce 
qu'en  1813  la  guerre  de  l'Indépendance  lé 
rappelât  sous  les  drapeaux.  Sa  bravoure 
lui  valut  le  grade  de  capitaine  de  cavale- 
rie ;  mais  son  état  de  santé  ne  lui  permet- 
tant pas  de  continuer  son  service,  il  solli- 
cita sa  retraite  qu'il  obtint  avec  le  grade 
de  major.  Il  vécut  depuis,  tantôt  cà  Berlin 
ou  à  Halle,  et  tantôt  dans  sa  terre  de 
JN'ennhausen  près  Rathenau,  occupé  du 
soin  de  ses  nombreuses  publications.  Son 
extrême  facilité  ne  lui  permettait  pas  de 
repos.  Il  exerça,  pendant  un  temps,  une 
certaine  influence  sur  ce  qu'on  pourrait 
appeler  la  littérature  courante  ;  il  fut  un 
des  chefs  les  plus  aimés  de  l'Ecole  roman- 
tique en  Allemagne  ;  mais  sa  gloire  n'eut 
qu'un  jour. 

La  Motte-Fouqué  publia  d'abord  sous  le 
nom  supposé  de  Pellégrin.  De  ses  nom- 
breux écrits  un  seul,  à  la  connaissance  de 
Quérard,  le  charmant  conte  d'Ondine,  a 
été  traduit  dans  notre  langue  \  Sa  femme, 
Caroline  de  Briest,  s'est  aussi  fait  connaî- 
tre comme  romancière.  Trois  de  ses  ro- 
mans ont  été  traduits  ou  imités  en  fran- 
çais. Ses  lettres  sur  l'Education  des  fem- 

1  Quérard  se  trompe  lorsqu'il  lui  attribue,  en 
outre,  Pierre  Schlémibl  ou  l'homme  qui  a  perdu 
son  ombre.  Cette  boutade  fantastique,  qui  obtint 
un  étrange  succès,  est  de  Cbamisso  ;  Fouqué  n'en 
a  été  que  l'éditeur,  en  1814,  à  l'insu  de  son  ami 
qui  a  tini  par  l'avouer. 


mes  et  celles  sur  la  Mythologie  grecque 
sont  estimées  en  Allemagne.  —  Quant  à 
K.-A.  de  La  Motte-Fouqué,  dont  M.  Kai- 
ser indique  un  volume  de  drames  :  Schaus- 
piele,  Manh.,  1806,  in-8o,  c'est  peut-être 
un  frère  de  l'auteur,  ou  plutôt  sa  femme. 
Il  serait  difficile  de  connaître  toutes  les 
publications  de  notre  auteur,  mais  nous 
indiquerons  au  moins  les  principales. 

I.  Dramat.  Spiele,  publ.  par  A.  W.  de 
Schlegel,  1804  '. 

II.  Zicei  Schauspiele,  1805. 

III.  Die  Zwerge,  dramat.  Spiel,  Leipz., 
1805,  nouv.  édit.,  1816. 

IV.  Romanzen  von  Thaïe  Roncevall, 
1805. 

V.  Sigurd  der  Schlangentœdter,  drame 
héroïque  en  6  tableaux,  1808,  in- 4°. 

VI.  Gespriech  zweier  Edelleute  ûber  den 
Adel,  1808. 

VII.  Ber  Held  des  Nordens,  1810. 

VIII.  Numancia,  trag.  en  5  act.  trad.  de 
l'espagnol  de  Cervantes,  1810,  in-12. 

IX.  Ueber  d.  sogenannten  falschen  Wal- 
demar,  1811. 

X.  Vaterlsend.  Schauspiele,  contenant  : 
lo  Waldemar  der  Pilger,  Markgraf  von 
Brandenburg,  trag.  en  5  act.  ;  2»  Die  Rit- 
ter  und  die  Bauern,  drame  en  1  acte. 
1811. 

XI.  Die  Jahreszeiten.  Eine  Viertel- 
jahrsschrift  fur  romantischen  Dichtungen, 
4  parties,  1811-15. 

XII.  Die  Musen  ;  eine  nordische  Zeit- 
schrift,  1812-14.  —  Publ.  avec  W.  Neu- 
mann. 

XIII.  Taschenbuch  der  Sagen  und  Legen- 
den,  avec  grav.,  2  années,  1812  et  13,  gr. 
in-16.  —  Recueil  publ.  avec  sa  femme  Ca- 
roline de  La  Motte-Fouqué  et  Amélie  de 
Helwig. 

XIV.  Undine,  1813;  Leipz.,  1816, 
in-4o,  illust.  par  le  comte  Clary  ;  Niirnb., 
1818,  in-4o,  illust.  par  Schulze  ;  trad. 
dans  toutes  les  langues  de  l'Europe  ;  en 
français  par  M^e  de  Montolieu,  Paris, 
1817,  19  et  22,  in-12. 

XV.  Schauspiele  fur  Preussen,  conte- 
nant :  lo  Die  Heiiukehr  des  grossen  Kur- 
fûrsten  ;  2°  Die  Familie  Hallersee,  1813. 

XVI.  Dramat.  Dichtungen  fur  Deutsche, 

*  Toutes  les  éditions  dont  on  n'indique  ici  ni 
le  lieu  d'impression,  ni  le  format,  ont  paru  à 
Berlin  et  sont  in-S". 


669 


FOUQUÉ 


670 


contenant  :  !«  Alf  und  Yungwi.  trag.  ;  2» 
Die  Irmensxule,  trag.  ;  3»  Die  Runen- 
schrift,  drame  ;  4°  Die  Heimkehr  des  gros- 
sen  Kurfilrsten  ;  5»  Die  Familie  Haller- 
see;  1813.  —  Recueil  publ.  avec  sa  femme. 

XVII.  Gedichte  vor  u.  wsehrend  des 
Feldzugs,  1813,  in-12;  S'-e  éd.,  1814. 

XVIII.  Alboin,  der  Longobardenkônig, 
Leipz.,  1813. 

XIX.  Corona,  ein  Rittergedicht,  Tiibing., 
1814. 

XX.  Die  Fahrten  Thiodulf's,  Hamb., 
1815,  2  vol. 

XXI.  Ft'auentaschenbuch,  Niirnb.,  1815 
à  31,  in-12,  avec  grav.  —  Almanachpubl. 
avec  Fr.  Riicker. 

XXII.  Thassilio,  Vorspiel,  1815. 

XXIII.  Auch  ein  Wort  ûber  die  neueste 
Zeit,  Tiib.,  1815. 

XXIV.  Jahrbuchlein  deutscher  Gedichte 
auf  1815,  Berl.,  1815.  —  Recueil  dû  à 
plusieurs  littérateurs,  ainsi  que  le  suivant  : 

XXV.  Kindermœrchen,  1816,  2  vol. 
in-12,  avec  grav. 

XXVI.  Die  Pilgerfah7-t,  trag.  en  5  act,, 
Nurnb.,  1816. 

XXVII.  Gedichte  :  1°  Aus  d.  Jûnglings- 
alter,  Stultg.,  1816;  2o  Aus  dem  Mannes- 
alter,  ibid.,  1817;  3°  Romanzen  und 
Idyllen,  ibid.,  1818,  4  vol.  ;  ibid.,  1820; 
4°  Aus  dem  Mannesalter,  ibid.,  1827. 

XXVIII.  Karls  des  grossen  Geburt,  und 
Jugendjare,  ein  Ritterlied,  Niirnb.,  1816. 

XXIX.  Der  Zauberring,  Nurnb.,  1816, 
3  vol.  —  L'Encyclopédie  d'Ersch  et  Gru- 
ber  en  cite  une  édit.  de  1811. 

XXX.  Sxngers  Liebe,  ïub.,  1816. 

XXXI.  Liebesrache,  trag.  en  3  act., 
Leipz.,  1817.  —  Meusel  en  cite  une  édit. 
de  1813. 

XXXII.  Die  3wei  Bruder,  trag.,  Tii- 
bing., 1817. 

XXXIII.  Die  wunderbaren  Fahrten  des 
Grafen  Alathes  von  Lindenstein,  Leipz., 
1817. 

XXXI V^.  Abendunterhaltu7igen  zu  ge- 
mûthl.  Erheiterung  des  Geistes,  Vienne, 
1817.  —  En  commun  avec  Zschokke, 
Glatz,  Pichler,  etc. 

XXXV.  Altssechsischer  Bildersaal,  con- 
tenant :  lo  Hermann,  drame  héroïque  ;  2° 
Welleda  und  Ganna  ;  3»  Schœn-Irsa  ihrer 
tveissen  Ruh  ;  4»  Die  vier  Bruder  von  d. 
Weserburg,  Nurnb.,  1818-20,  4  vol. 

XXXVI.  Heldenspiele  :  lo  Baldur  der 


Gute;  2o  Helgi,  der  Hundingstodler  ;  3» 
Helgi,  der  Uuddingenheld,  Stuttg.,  1818. 

XXXVII.  Jœger  und  Jœgerlieder.  Eine 
kriegerische  Idylle,  Hamb.,  1818. 

XXXVIII.  Etwas  liber  den  deutschen 
Adel,  in  Briefen,  etc.,  Hamb.,  1819.  — 
Publ.  avec  Fr.  Perthes. 

XXXIX.  Gefûhle,  Bilder  und  Ansichten. 
Sammlung  kleiner  prosaischer  Schriften, 
Leipz.,  1819,  2  vol. 

XL.  Hieronymus  von  Stauf,  trag.  en  5 
act.,  1819. 

XLI.  Der  Leibeigne{Le  serf),  drame  en 
5  act.,  1820. 

XLII.  Eginhardt  und  Emma,  drame  en 
3  act.,  1820. 

XLIII.  Der  Mord  Augusts  von  Kotzebue. 
Freundes  Ruf  an  Deutschlands  Jugend, 
1820. 

XLIV.  A.  von  Blomberg,  hinterlassene 
Schriften,  mit  Lebensbeschreib.  und  ein 
Vorspiel,  1820. 

XLV.  Wahrheit  und  Luge.  Eine  Reihe 
polit. -militœr.  Betracht,  in  Bezug  auf  den 
Vendéekrieg  nach  dem  Werke  :  Mém.  de 
Mme  la  marq.  de  La  Rochejaquelin,  écrits 
par  elle-même,  Leipz.,  1820. 

XL VI.  Bertrand  du  Giiesclin,  ein  histor. 
Rittergedicht,  miterlœut.  ^nmerA;.,  Leipz., 
1821. 

XL VII.  S.  E.  Pape,  Gedichte,  ynit  einem 
biogr.  Vorworte,  Tub.,  1821. 

XL VIII.  Der  Verfoigte,  1821,  3  vol. 

XLIX.  Th.  Moore,  Lalla  Rukh,  oder  die 
mongolische  Prinzessin  ;  romant.  Dichtung 
aus  dem  Engl.  in  den  Sylbenmaassen  des 
Originals  iibersetzt,  1822. 

L.  Betracht.  iiber  Tûrken,  Griechen  und 
Tiirkengriechen,  1822. 

LI.  Ritter  Elidouc,  Leipz.,  1822,  3  vo- 
lumes. 

LU.  Wielde  Liebe,  Leipz.,  1823,  2  vol. 

LUI.  Der  Réfugié,  Gotha,  1823,  1824, 
3  vol. 

LIV.  Geistliche  Lieder ,  Leipz.,  1823. 

LY. Feierlieder  eines  Preussen  im  Herbste 
1823,  Berl.,  1824. 

LVI.  Don  Oarlos,  Infant,  von  Spanien, 
trag.  en  5  act.  d'après  Schiller,  Danzig, 
1823. 

LVII.  Lebensbeschreibung  des  kœnigl. 
preuss.  Gênerais  der  Infant.  Heinr.  Aug. 
de  La  Motte-Fouqué,  1824^  avec  un  plan. 

LVIII.  Sophie  Aurelie.  Eine  Novelle, 
1825. 


671 


FOUQUÉ  —  FOUQUET 


672 


LIX.  Pique-Dame.  Briefe  aus  dem  Ir- 
renhause,  1825. 

LX.  Erdmann  und  Fiametta,  1825. 

LXI.  J.-B.  Rousseau,  Spiele  der  lyrlschen 
und  dramatischen  Muse,  Aachen,  1826  ;  2» 
verm.  Ausg.  mit  einem  Voncort,  Frankf., 
1829. 

LXII.  Die  Sage  von  dem  Gunlaugur, 
genannt  Drachenzunge  und  Rafn  dem 
Sckalden,  Vienne,  1826,  3  vol.,  avec  grav. 

LXIII.  Geschichte  der  Jungfrau  von  Or- 
léans, ivelche  d.  30  mserz  1431  in  Frank- 
reich  verhrannt  lourde,  1826,  2  vol. 

LXIV.  Ernst  Ph.  von  Riichel,  kœnigl. 
preuss.  Gênerais  d.  Infant.,  militcxr.  Bio- 
graphie, 1828,  2  vol. 

LXV.  Der  Seengerkrieg  auf  der  Wart- 
burg.  Ein  Dichterspiel,  1828. 

LXVI.  Der  Mensch  des  Sildens,  und  der 
Mensch  des  Nordens.  Sendschreiben,  in 
Bezug  auf  d.  gleichnamige  Werk  des  herrn 
von  Bonstetten,  an  den  Frhrn.  Al.  von 
Humboldt,  1829. 

LXVII.  Berlinische  Blœtter  filr  deutsche 
Frauen.  Journal  hebdomadaire,  52  ca- 
hiers, gr.  in-16,  1829. 

LXVIII.  Sendschreiben  an  d.  Verfasser 
d.  Betracht.  ilber  d.  neusten  Begebenheiten 
in  Deutschland,  1831. 

LXIX.  Jakob  Bœhme.  Ein  biograph. 
Denkstein,  Greisz.,  1831. 

LXX.  Die  Weltreiche,  Halle,  1835-40. 

LXXI.  Zeitung  fur  den  deutschen  Adel, 
1840-41.  —  Dans  ce  journal  qu'il  publia 
avec  Alvensleben,  La  Molle-Fouqué  se  mit 
en  opposition  ouverte  avec  son  siècle. 
Toutes  ses  espérances  se  portaient  vers  le 
retour  de  l'ancien  temps.  La  chevalerie  du 
moyen  âge  l'avait  séduit  et  grisé. 

LXXIL  Lebensgeschichte,  Halle,  1840. 
—  Autobiographie. 

LXXHI.  Abfall  und  Busse,  oder  der 
Seelenspiegel,  1844. 

A  cette  prodigieuse  liste,  on  doit  encore 
ajouter  les  ouvrages  suivants  dont  nous 
ignorons  le  lieu  et  l'année  mais  qui  se  rat- 
tachent à  ses  premières  productions  : 

LXXIV.  Alwin,  2  vol. 

LXXV.  Historié  des  edeln  Ritters  Galmy 
und  einer  schœnen  Herzogin  aus  Bretagne. 

Fouqué  soigna  lui-même  une  édition  de 
ses  Œuvres  choisies,  Halle,  1841,  12  vo- 
lumes. Enfin  il  a  été  le  collaborateur 
d'un  grand  nombre  de  journaux  et  de  re- 
vues. 


FOUQUEROLLES  (Pierre  de),  capi- 
taine du  roi  de  Navarre  [Haag,  V  164] 
dans  ses  guerres  contre  la  Ligue.  Fouque- 
rolles  avait  porté  les  armes  en  Hollande  et 
on  doit  croire  qu'il  s'y  était  distingué, 
puisque,  la  première  fois  que  nous  rencon- 
trons son  nom  dans  l'histoire  de  nos  guer- 
res civiles,  nous  le  trouvons  revêtu  d'un 
grade  élevé.  Il  avait  déjà  servi  au  siège  de 
Talmont,  lorsque  Henri  de  Navarre  le 
chargea,  en  1586,  de  la  défense  de  Mara-ns 
contre  Biron.  «  Le  Navarrais,  raconte  de 
Thou,  mit  Des  Pueilles  dans  la  Bastille, 
Dracville  dans  Beauregard,  Granville  et 
Sainte -Foy  dans  La  Brune  et  La  Repentie, 
sur  le  chemin  de  La  Rochelle  ;  La  Jarrie 
eut  en  garde  La  Paulée  et  L'Alouette,  et 
Fouquerolles,  qui  avait  sous  ses  ordres  les 
compagnies  limousines  de  Barrache,  La 
Pkiine,  Saint-Jean  et  La  Treille,  et  la 
belle  compagnie  rochelloise  du  capitaine 
Lamet,  obtint  le  commandement  en  chef.  » 
Biron  ouvrit  la  tranchée  le  10  juillet,  et 
malgré  une  blessure  qu'il  reçut  à  la  main, 
il  poussa  les  travaux  avec  vigueur.  Fou- 
querolles, de  son  côté,  ne  déploya  pas 
moins  d'activité  ;  mais  le  roi  de  Navarre 
ayant  jugé  à  propos  de  le  remplacer  par 
La  Force,  avant  l'attaque  de  la  place,  il 
céda  sans  résistance  son  commandement. 
L'année  suivante,  il  combattit  à  Coutras  et 
se  signala  par  la  prise  d'un  drapeau.  En 

1588,  il  servit  au  secours  de  Marans.  En 

1589,  il  commanda  les  coureurs  à  la  dé- 
faite de  Saveuse  par  Châtillon,  et  fut  en- 
voyé, avec  de  Vigneulles,  capitaine  des 
gardes,  au  secours  des  habitants  d'Argen- 
ton.  Il  assista  ensuite  au  siège  de  Laon  et 
à  la  défaite  du  grand  convoi  ;  puis  au  siège 
d'Amiens,  pendant  lequel  il  tenta  l'esca- 
lade de  Dourlans,  mais  sans  succès,  les 
échelles  s' étant  trouvées  trop  courtes.  Il 
fut  tué  peu  de  jours  après,  en  1597. 

1 .  FOUQUET  (Claude),  sieur  de  Beau- 
repaire  [Haag,  V  164],  laissa  deux  enfants 
de  son  mariage  avec  Jeanne  Jamimieu  : 
Jeanne  et  Jacob  sieur  de  La  Guérinière, 
gouverneur  de  Vezins  en  1590,  et  lieute- 
nant dans  la  compagnie  de  La  Boulaye,  en 
1592.  Jacob  Fouquet  épousa,  en  1576, 
Hilaire  Le  Maistre  qui  lui  donna  Charles 
et  Hilaire  ;  puis,  en  secondes  noces,  Es- 
ther  de  Cfhezelles,  dont  il  eut  Isaac,  souche 
d'une  autre  branche. 

I.  Charles  Fouquet,  sieur  de  Bornizeau 


673 


FOUQUET 


674 


en  Poitou  '  et  do  Fonrclielimier,  prit  pour 
femme,  en  1646.  ChuvloUe  Du  Bellay,  fille 
de  Zacharie,  sieur  DuPlessis-Bellay,  et  de 
Jeanne  Hébert.  De  son  mariage  étaient 
nés,  outre  les  (iiles  :  i»  Henri-Charlks, 
sieur  de  Bornizeau.  né  à  Thouars.  qui 
épousa,  en  1672,  Louise  de  Marconnay, 
lîlle  de  Gal)riel.  sieur  de  Villiers,  et  de  Ma- 
rie Rogier  ;  ils  eurent  une  fdle  qui  fut 
M'ne  de  Bonneval  ;  Henri-Charles  Fou- 
quet,  chevalier,  seig""  de  Bournizeaux,  est 
marqué  sur  les  listes  de  Dieterici  comme 
réfugié  à  Cologne  avec  sa  femme  et  deux 
filles,  en  1698  ;  —  2°  Frédkric-Philippe, 
qui  se  convertit  à  la  Bévocation  ;  —  3» 
Claude-Louis  ;  —  4»  Charles,  qui  se  ré- 
fugia en  Angleterre  où  il  mourut  en  1708, 
laissant  de  sa  femme  Susanne  Guinebault 
une  fille,  Susanne-Madelaine,  âgée  de 
trois  ans  à  la  mort  de  son  père  ;  —  5° 
Charlotte  ;  —  6o  Jeanne-Eléonore  ;  — 
7o  Gabrielle. 

II.  Isaac  Fouquet,  sieur  de  La  Touche, 
Beaurepaire  etc.,  épousa,  en  1613,  Anne 
Gaschinard,  dont  il  eut,  entre  autres  en- 
fants, Christophe,  sieur  de  Beaurepaire, 
qui  suivit  la  carrière  des  armes  et  fut  ma- 
rié deux  fois,  avec  Anne  Gauvin,  fille  de 
Jacques,  sieur  de  La  Brosse,  puis  en  1654, 
avec  Louise  Du  Bois.  Nos  ren.seignements 
ne  s'étendent  pas  plus  loin. 

2.  FOUQUET,  ancien  de  l'église  de 
Tours,  mis  à  mort  en  lo62  {Crespin).  — 
Fouquet,  famille  de  Loudun,  1566.  — 
Isaac  Fouquet,  laboureur  alsacien,  avec  sa 
femme  et  6  enf.,  la  veuve  de  Guillaume  F., 
de  la  Tiérache^  «  laboureuse,  »  avec  un 
enfant  ;  Pierre,  avec  sa  femme  et  3  enf.  ; 
Jean,  avec  sa  femme  et  5  enf.  ;  Isaac,  avec 
sa  femme  et  3  enf.  ;  Daniel,  avec  sa  fem- 
me et  2  enf.  ;  Samuel;  tous  d'Alsace  et  la- 
boureurs, réfugiés  à  Strasbourg  en  Ucker- 
marck,  1698.  —  Julien  Fouquet,  de  la 
Bretagne,  réfugié  en  Allemagne  et  ruiné 
par  les  troupes  qui  y  sont  passées,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  pour  retourner  en 
Allemagne,  1708.  —  Elizabeth  Fouquet, 
enfermée  au  couvent  des  Nouv.  cathol.  de 
Châlons-sur-Marne,  1735. 

3.  FOUQUET  DE  Boisebart  (écrit  aussi 
Boyssebard,    Boishébart  et  même  Boisa- 

1  Bornizeau  ou  Bourneseauz  est  aussi  le  nom 
d'un  capitaine  huguenot  qui  prit  une  notable  part 
au  siège  de  Poitiers  en  1562;  voy.  ci-dessus  II 
col.  956  et  V  col.  555. 


bart),  famille  noble  du  Vigan  (}ui  a  fourni 
à  l'église  de  cette  ville  les  plus  importants 
et  les  plus  fidèles  de  ses  anciens.  On  l'a 
présentée  comme  ayant  une  commune  ori- 
gine avec  celle  des  vicomtes  de  Vaux, 
marquis  de  Bellisle,  c'est-à-dire  avec  le 
célèbre  F'ouquet  surintendant  des  finan- 
ces si  connu  par  ses  disgrâces  sous  le  rè- 
gne de  Louis  XIV  ;  Jurieu  le  dit  dans 
sa  ;{me  Lettre  pastorale  ;  cependant  cela 
est  doublement  inadmissible  parce  que  les 
Fouquet  d'où  sortait  le  surintendant  étaient 
bretons  et  que  pour  pièce  principale  de 
leurs  armoiries  ils  avaient  cet  écureuil  qui 
leur  fut  fatal,  tandis  que  ceux  du  Vigan 
étaient  exclusivement  languedociens  et  por- 
taient pour  Armes  ==  un  bandé  d'argent 
et  de  gueules. 

Jean  de  Fouquet  *  sieur  de  Boishébard, 
conseiller  de  la  mairie  du  Vigan  en  1606, 
marié  à  Claude  d'André,  veuf  en  1625, 
vivait  encore  en  1658  et  laissa  pour  héri- 
tiers :  Jacques  qui  suit  et  François^  s^  de 
Boissebard,  ler  consul  du  Vigan  en  1612 
et  1619,  conseiller  de  cette  ville  à  diverses 
reprises  de  1597  à  1630,  député  en  1612, 
âvecPlanchon-Cantobré,  vers  M.  le  conné- 
table pour  lui  faire  la  révérence  et  témoi- 
gner l'aise  qu'avait  la  ville  de  sa  venue.  Il 
fut  député  en  1620,  avec  le  srdeMontmu- 
zard,  au  synode  national  d'Alais  pour  ob- 
tenir un  deuxième  pasteur,  et  fut  désigné 
pour  faire  partie  du  conseil  de  direction 
établi  au  Vigan  par  ordonnance  du  duc 
de  Bohan  du  6  octobre  1627.  Noble  Fran- 
çois Fouquet,  s^  de  Boishébard  fut  délé- 
gué le  16  octobre  1650,  avec  Pierre  de 
Barrai  sr  de  Grisentis,  2"i«  consul  du  Vi- 
gan, par  l'Eglise  de  cette  ville  au  synode 
provincial  convoqué  à  Sauve  le  19,  pour 
demander  un  pasteur  en  remplacement  du 
sr  Joseph  Estienne,  décédé  le  25  septemb. 
précédent . 

Son  frère  aîné,  Jacques  de  Fouquet  sr 
de  Boisebart,  docteur  es  droits,  substitut 
du  procureur  du  Boi  du  Vigan  en  1643, 
conseiller  de  la  communauté  de  celte  ville 
1660,  63,  64,  65.  En  1647,  il  avait  été 
député  par  le  Vigan  au  synode  provincial 
d'Anduze  pour  lui  demander  de  maintenir 
dans  cette  ville  M.  Estienne,  pasteur  nom- 
mé par  le  synode  réuni  l'année  précédente 
au  Vigan.   On  le   choisit  comme  un  des 

*  Notes  de  M.  Cazalis  de  Fondouce. 
VI.  22 


675 


FOUQUET 


FOUR 


G76 


juges  de  ia  controverse  soutenue  en  I606 
entre  le  ministre  Grisard  (voy.  ce  nom) 
et  le  jésuite  Codure.  Il  fut  député  en  1664, 
avec  Fulcrand  Finiels,  notaire  et  consul 
du  Vigan,  vers  le  synode  provincial  réuni 
à  Anduze  afin  de  demander  un  second 
pasteur  pour  le  Vigan.  Il  fut  père  de  l» 
Jacques  ;  2o  Guillaume,  marié  à  Anne 
d'Arveys  et  père  d'une  fille  (Marguerite) 
qui  mourut  au  Vigan  le  10  sept.  1744  et 
ne  put  être  inhumée,  étant  restée  protes- 
tante, qu'en  vertu  d'une  autorisation  de 
police;  3°  Marguerite,  née  en  1647  et 
qui  fut  une  héroïne  de  la  foi. 

Le  frère  aîné  de  celle-ci,  Jacques  de 
Fouquet,  s^  de  Boise  barre,  fut  un  martyr 
dont  les  souffrances  ont  été  brièvement  ra- 
contées par  Jean  Serres,  un  de  ses  compa- 
gnons (voy.  t.  V  col.  124).  Il  était  né  on 
1635,  docteur  es  droits,  conseiller  du  Vi- 
gan en  1673  et  1675,  et  représentant  de 
cette  ville  au  svnode  des  Cévennes  qui  s'y 
tint  le  26  aoftt  1681  (Tt  288).  A  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes,  il  refusa  de  se 
convertir  et  fut  mis  en  prison  dans  la  cita- 
delle de  Montpellier,  puis  en  mars  1686, 
transporté  dans  les  cachots  d'Aigues-Mor 
tes.  Il  y  demeura  absolument  seul,  et  gra- 
vement malade,  durant  quatre  mois.  «  Il 
était  obligé,  dans  sa  grande  faiblesse  (dit 
«  Serres)  de  marcher  des  mains  et  des  pieds 
«  pour  aller  chercher  à  l'endroit  desapri- 
«  son  où  on  le  mettoit,  »  le  bouillon,  sa 
seule  nourriture,  qu'on  lui  apportait  toutes 
les  24  heures.  On  le  mit  ensuite  dans  la 
tour  de  Constance,  puis  au  large  du  port 
de  Marseille  sur  le  vaisseau  La  flûte 
royale;  enfin  on  l'embarqua,  8  mars  1687, 
sur  la  Notre-Dame-Espérance  navire  char- 
gé d'aller  déporter  en  Amérique  100  con- 
damnés pour  cause  de  religion  mêlés  à 
100  galériens  ordinaires.  On  mit  à  la  voile 
le  12  mars,  mais  sur  les  cent  religionnai- 
res  embarqués,  il  mourut  en  mer  cinq 
femmes  et  quatorze  hommes.  M.  Fouquet 
fut  de  ce  nombre. 

Sa  sœur,  Marguerite,  née  au  Vigan  en 
1647,  lorsque  sonna  l'heure  définitive  de 
la  persécution,  fit  tous  ses  efforts  pour  sor- 
tir du  royaume,  avec  sa  nièce  Madon, 
c'est-à-dire  Madeleine  ci-dessus  mentionnée 
(V  col.  123,  lig.  10).  Elles  se  rendirent 
d'abord  à  Montpellier,  mais  elles  durent 
quitter  cette  ville,  la  femme  chez  laquelle 
elles  s'étaient  cachées  les  ayant  mises  de- 


hors au  milieu  de  la  nuit.  Une  pauvre 
servante  les  recueillit  et  les  cacha  chez  sa 
maîtresse.  Elles  en  partirent  deux  jours 
après  pour  rentrer  chez  elles,  où  elles  de- 
meurèrent environ  deux  mois  sans  que 
personne  en  fut  averti.  Elle  y  eut  une  at- 
taque de  paralysie  et  dut  aller  prendre  les 
eaux  de  Balaruc  pour  se  guérir.  En  pas- 
sant elle  laissa  sa  nièce  à  Montpellier.  El- 
les allèrent  ensuite  à  Nîmes  pour  sollici- 
ter en  faveur  de  son  frère  détenu  à  Aigues- 
Mortes.  C'est  là  qu'elles  furent  arrêtées. 
La  petite  Madon  fut  mise  au  grand  couvent 
de  Nîmes  et  M"e  de  Fouquet  conduite  au 
château  de  Sommières,  où  elle  resta  3  ou 
4  mois,  et  de  là  au  couvent.  Au  bout  de  5 
ou  6  semaines,  elle  tenta  de  s'évader  en 
sautant  par  la  fenêtre,  mais  dans  sa  chute 
elle  se  démit  le  bras  ;  aussi  ne  tarda-t-elle 
pas  à  être  reprise  et  dès  le  lendemain  elle 
fut  transférée  de  nouveau  au  chAteau  de 
Sommières,  puis  à  Marseille,  où  elle  passa, 
à  l'hôpital  du  Parc,  du.  mois  de  mai  au 
mois  d'août  1687. 

De  l'une  de  ses  prisons,  elle  écrivit, 
pour  obtenir  d'un  pasteur  de  ses  amis  des 
nouvelles  de  ce  frère  dont  elle  n'avait  pas 
encore  appris  le  malheureux  sort,  une  let- 
tre touchante  où  sont  puisés  les  détails 
qui  précèdent  et  qui  nous  a  été  conservée 
par  Jurieu  '.  Elle  finit  cependant  par  s'é- 
chapiier,  car  elle  est  inscrite  en  1702, 
1705  et  1710  sur  les  registres  de  la  bien- 
faisance publique  à  Londres  en  ces  termes: 
«  Marguerite  de  Fouquet,  du  Vigan,  con- 
fesseuse^  »  pour  14  liv.  chaque  fois,  et 
nous  devons  supposer  que  c'est  d'elle  que 
parle  son  neveu  Claude  d'Assas  dans  un 
passage  (ci-dessus,  V  col.  123,  lig.  43)  où 
il  se  loue  des  secours  spirituels  qu'il  a 
trouvés  auprès  de  sa  fan  te.' 

Erman  et  Reclam  citent  Jacques  de 
Fouquet,  de  S'-Hippolyte  en  Languedoc, 
capitaine  au  régiment  des  grands  mousque- 
taires de  Brandebourg,  mort  à  Prentzlow 
en  1740,  à  l'âge  de  94  ans. 

FOUR  (Claude),  le  maître  Adam  du  Re- 
fuge de  Berlin  [Haag,  V  165J,  était  de  Nî- 
mes et  il  est  inscrit  (par  Dieterici)  comme 
cordonnier  de  Nîmes  et  réfugié  à  Berlin, 
avec  sa  femme  et  2  enf.,  en  1698.  Il  de- 
vint cordonnier  de   l'électrice,  épouse  de 


vre 


'  Troisième  lettre  pastorale  ;  et  par  M,  Leliè- 
^,  Un  déporté  pour  la  foi,  p.  176-18». 


677 


FOUR  —  FOURGON 


078 


Frédéric-Guillaume,  et  il  ne  lui  portait  ja- 
mais une  paire  de  chaussures  sans  y  joindre 
quelques  vers  de  sa  façon.  Erman  et  Ré- 
dam  (V,  73)  nous  apprennent  que  plu- 
sieurs de  ses  pièces  de  vers  ont  été  impri- 
mées, et  que,  dans  le  nombre,  il  y  en  a 
qui  ne  sont  pas  sans  mérite.  Un  autre  cor- 
donnier de  Nîmes,  Jean  Four,  vint  le  re- 
joindre avec  une  famille  de  5  personnes 
en  1700.  —  Rémond  Four.  d'Uzès,  assisté 
à  Genève,  de  o  écus  pour  s'acheter  un  ha- 
bit, 1707. 

FOURAY  ou  FouRÉ  (de),  famille  de 
petite  noblesse  de  la  Normandie;  ils  étaient 
seigneurs  de  divers  lieux,  particulière- 
ment des  Pilliers  près  Fiers,  mais  exer- 
çaient ordinairement  les  charges  de  notaire 
royal,  de  sergent  royal,  de  commis  aux 
aides,  etc.  On  trouve  dans  les  registres  de 
l'église  de  Quevilly,  à  la  date  du  26  janv. 
1639,  le  décès  d'Abraham  Fourré  écuyer, 
s""  des  Pilliers,  avocat  au  parlem.  de  Nor- 
mandie. Il  avait  épousé  Louise  de  Losses 
d'une  famille  de  Loudun.  Son  fils,  Char- 
les, épousa,  1654,  Anne  fille  de  feu  Nico- 
las de  Roesse,  chevalier,  seigr  de  Benze- 
villette,  Bolleville,  etc.  En  1688  Isaac  de 
Fouray,  écuyer,  fut  mis  aux  galères  pour 
n'avoir  pas  voulu  abjurer  et  il  y  mourut  ^ 
Antoine  de  Fourré  fut  incarcéré  dans  les 
prisons  de  Vire.  L'Intendant  de  Caen  si- 
gnalait les  diles  de  Fouré  comme  des  hu- 
guenottes  «  très  dangereuses  »  (Lesens). 

Papiers  de  famille.  —  État  civil  des  protes- 
tants de  Rouen.  —  La  Ferrière-Percy,  Hist.  du 
canton  d'Athies. 

FOURDRAIN  (.Iessé)  ancien  de  l'église 
de  Lemè,  1669  {Bull.  VIII  o55). 

FOURDRINIER  (Israël)  ouvrier  en  soie 
à  Paris  et  sa  femme,  Léa  Hauvart,  font  en- 
terrer au  cimetière  S'-Marcel  leur  fille  Léa, 
8  avril  1644.  On  trouve  le  même  Four- 
drinier  se  remariant  au  temple  de  Charen- 
ton,  en  déc.  164o,  avec  Elisabeth  Raim- 
bcmlt;  —  (Madelaine),  de  Picardie,  infir- 
me, lo  ans,  assistée  à  Londres,  1705;  — 
(Henri),  né  à  Londres,  le  11  fév.  1766,  te- 
nait vraisemblablement  aux  précédents 
par  des  liens  de  famille.  Son  père,  réfugié 
français  habitant  l'Angleterre,  y  avait  créé 
une  fabrique  de  papier  [Haag,  V  165].  Le 

'  Il  manque  dans  notre  liste  générale  ci-dessus, 
à  moins  qu'on  ne  l'ait  inscrit,  cas  fréquent,  en  déd- 
gunint  son  nom. 


fils  continua  l'industrie  patenielie  et  il 
construisit  en  180f)  une  machine  à  fabri- 
quer le  papier  sans  fin.  La  première  idée 
de  cette  machine  ingénieuse  appartient,  il 
est  vrai  à  la  France  ;  mais  Fourdrinier  y 
apporta  tout  d'abord  de  grandes  améliora- 
tions, et  pendant  sept  ans  entiers,  avec  le 
concours  tie  son  frère  Sealy  et  de  Jean 
Gamble,  il  travailla  sans  relâche  à  donner 
à  sa  machine,  au  prix  d'énormes  sacrifices, 
cette  perfection  qui  l'a  placée  si  fort  au- 
dessus  de  toutes  celles  qui  étaient  en  usage 
auparavant,  qu'elle  peut  passer  pour  une 
invention  nouvelle.  Cette  découverte,  qu'il 
serait  impossible  de  décrire  sans  dessins, 
en  fournissant  à  la  presse  les  moyens  de 
répandre  dans  le  monde  cette  masse  de 
jonrnaux,  de  brochures,  de  livres  de  toute 
sorte,  qui  pénètrent  aujourd'hui  jusque 
dans  les  pays  les  plus  reculés,  a  puissam- 
ment contribué  déjà  à  la  diffusion  des  lu- 
mières et  à  l'envahissement  irrésistible  et 
simultané  du  bien  et  du  mal  par  la  voie  de 
la  presse.  Mais  la  gloire  qui  appartient  sur- 
tout à  Henri  Foudrinier,  c'est  que  sa  rare 
modestie  s'est  contentée  de  l'estime  géné- 
rale pour  récompense  de  ses  travaux,  dont 
les  résultats  moraux  et  matériels  sont  in- 
calculables. Il  est  mort  au  mois  d'octobre 
1851. 

FOURGEAU,  famille  poitevine.  Un  de 
ses  membres  fut  ministre  a  Yillemur, 
1602-16')5,  à  Rochechouart,  1603-1620. 

FOURGERON  (Jaquette),  de  Sancerre, 
76  ans,  aveugle,  assistée  à  Londres  (i  I.  H), 
1706;  —  (Jean),  d'Orléans,  cordonnier, 
ave  .ludith  sa  femme  et  3  enf.,  id.  (3  I.), 
1706.  —  Vincent  Fourjon,  «  de  La  Ro- 
chelle en  Aulnys,  sargier,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  décemb.  1554.  —  Jean  Fouv- 
'  gon  [Haag,  V  165]  protestant  de  Rouen, 
traversait  une  rue  lorsqu'il  rencontra  le 
Sacrement  porté  par  un  prêtre  de  Saint- 
Maclou,  des  plus  ardents  et  des  plus  em- 
portés que  l'on  pût  voir.  Conformément  à 
la  déclaration  de  166i:),  renouvelée  en 
1669,  il  s-e  découvrit  promptement  ;  mais 
il  refusa  d'obtempérer  aux  injonctions  du 
peuple  qui  voulut  le  forcer  à  se  mettre  à 
genoux.  Irrité  de  cette  résistance,  le  prê- 
tre le  saisit  au  collet  et  le  traîna  sur-le- 
champ  au  Palais,  escorté  de  toute  la  popu- 
lace du  quartier  qui  lui  prêtait  main-forte. 
Si  le  parlement  avait  fait  son  devoir  et 
obéi  à  la  loi,  il  eut  renvoyé  Fourgon  avec 


679 


FOURGON 


FOURNET 


680 


des  excuses  et  admonesté  sévèrement  le 
curé  ;  mais,  dit  l'auteur  très  catholique  de 
l'Histoire  du  parlement  de  Normandie, 
M.  Am.  Floquet  (7  vol.  in-4o,  1843),  le 
parlement  tenait  moins  de  compte  des 
édits  du  roi  que  de  ses  propres  arrêts.  Or, 
en  enregistrant  l'édit  de  1666;,  les  magis- 
trats, à  l'instigation  de  l'archevêque  Harlay 
de  Chanvallon,  y  avait  ajouté,  de  son 
autorité,  une  clause  portant  que  les  P.  R., 
rencontrant  le  Sacrement,  seraient  tenus  de 
se  mettre  en  même  état  de  respect  que  les 
catholiques,  c'est-à-dire  à  genoux,  et  bien 
que  la  déclaration  de  1689,  en  ordonnant 
seulement  que  les  hommes  ôteraient  leurs 
chapeaux,  eût  assez  clairementmontré  qu'on 
ne  devait  rien  exiger  de  plus,  le  parlement 
persista  dans  sa  jurisprudence.  Fourgon 
fut  donc  condamné,  26  juin  1676,  «  pour 
l'irrévérence  par  luy  commise  »  à  20  liv. 
d" amende  et  aux  dépens. 

FOURGES,  ancien  de  l'église  de  Mau- 
zac,  1675  ;  (Jean),  de  la  juridiction  de 
Montauban,  laboureur,  allant  en  Rratide- 
bourg,  assisté  à  Lausanne,  janv.  1689.  — 
Marie  Fourmaud,  de  Congeniès,  enfermée 
au  couvent  de  Sommières  par  ordre  de 
l'évêque,  Fléchier,  mars  1700  {Bull.  XII 
21).  Matthieu  Fourment,  sergent  royal  au 
Mans,  massacré  au  milieu  des  halles  de  la 
ville  par  une  troupe  de  meurtriers  publics, 
nov.  1S63  [Crespin).  —Pierre  Fournaise, 
charretier,  et  Daniel,  charpentier,  réfugiés 
avec  leurs  familles  (12  pers.)  à  Manhein, 
1700.  —  Fourneau,  famille  de  Loudun  : 
Clément,  Élie,  Ronaventure,  de  1566  à 
1570.  Olivier,  fugitif  de  La  Rochelle,  1699. 

—  Fourneaux,  ministre  déposé  en  1737 
{Aymon,  II  560).  —  Daniel  Fourneaux 
sieur  de  Releau,  fugitif  de  Trun,  élection 
d'Alençon,  1685.  —  Joseph  Fournel,  de 
Barcelone,  prosélyte,  assisté  à  Londres 
(6  1.)  avec  femme  et  enfant,  1706  ;  —  Ra- 
phaël de  Fournel  sr  de  Grateloup,  1600. 

—  Pierre  Fournelet,  de  Louât  en  Norman- 
die, ministre  à  Lyon  1546-51,  à  Neuchâ- 
tel  1551-61,  à  Digne  1561,  à  Ghâlons 
1561-64.  —  Fournelle  (alias  Fournelet), 
ministre  à  Sedan,  1603.  —  Daniel  Four- 
neron,  dauphinois,  étudiant  à  l'acad.  de 
Genève  (D.-F.  Philippi  Fourneroni  filius, 
taurinalpinus  rupilatensis),  1659.  —  An- 
toine Fournes,  de  Clermont  en  Auvergne, 
reçu  habitant  de  Genève,  2  octoh.  1572. 

FOURNES  (Jean),  l'un  des  promoteurs 


de  la  Réforme  à  Castres,  où  il  fut  consul 
avec  de  Lespinasse.  Galiber  et  Donnadieu, 
en  1568,  et  encore  en  1598.  Lorsque  les 
protestants  de  cette  ville  furent  rentrés 
chez  eux,  1576,  Jean  F'ournes,  adjoint  à 
Pierre  Gâches,  s'occupa  de  réorganiser  les 
services  publics,  de  faire  bâtir  un  temple 
et  d'établir  un  collège.  On  croit  qu'il  eut 
deux  fils  :  Jacques  et  Mathurin,  consuls 
à  leur  tour;  celui-ci  en  1577  et  1589,  ce- 
lui-là en  1571.  Jacques  suivit  le  métier 
des  armes.  Vaillant  capitaine,  il  se  distin- 
gua particulièrement  au  combat  de  la 
Cieutat,  où  l'un  de  ses  fils,  Pierre,  et  sou 
serviteur,  Mathieu,  furent  tués.  Il  donna 
là,  dit  Caches,  un  si  horrible  coup  d'épée 
au  cadet  de  Corneillan-Pépelou,  qu'il  lui 
fendit  l'épine  du  dos  depuis  le  col  jusqu'au 
fondement.  Jacques  avait  épousé  Jeanne 
de  Rotolp,  fille  de  Jean,  sgfde  Leseout.Au 
XVIIme  siècle,  on  retrouve  cette  famille  à 
Puylaurens  où  Pierre,  docteur  et  avocat, 
s'était  marié  avec  Anne  fille  du  pasteur 
Antoine  de  Fanjeaux.  De  cette  union  na- 
quirent un  autre  Pierre,  et  Paul,  tous  deux 
avocats.  Paul  épousa  Jeanne  de  Barrau, 
fille  de  Jacques  et  d'Anne  Rey,  en  1645, 
dont  il  eut  :  lo  Pierre;  2°  Jacques;  3'> 
David;  4°  Isaac  ;  5°  Anne;  6»  Françoise, 
ces  deux  dernières  sortirent  de  France  à 
la  Révocation  ;  7o  Jean  ;  8°  Jeanne.  — 
Jacques  étudia  la  théologie  à  l'académie 
de  sa  ville  natale,  1669,  et  était  régent  de 
cinquième  au  moment  où  elle  fut  suppri- 
mée. Il  devint  consul  de  Puylaurens  en 
1701.  L'un  de  ses  frères  se  réfugia  à  La 
Haye  où  il  se  trouvait  avec  quelques-uns 
de  ses  compatriotes  en  1698  :  savoir  Brti- 
niquel  de  Térondet  et  son  fils  aîné  ;  M^e  de 
Roquevidal,  Sarrette  de  Barrau  ;  le  pas- 
teur Campdoumerc  et  sa  femme  ;  M^e  de 
Bedos-Fonbas,  et  de  Lacger  du  Roc.  — 
Pierre,  bourgeois  de  Puylaurens,  fils  de 
David  et  de  Suzanne  de  Brus,  épouse  Mar- 
guerite Alary,  fille  de  Jean-Pierre  et  de 
Suzanne  Soulègre,  mariage  béni  au  désert, 
par  Pierre  Cortès,  dans  la  nuit  du  8  au  9 
mai  1753;  union  d'où  naquit,  au  moins 
un  fils,  Pierre-David,  à  Lesses,  près  Puy- 
laurens, le  27  avril  1754.  La  famille  existe 
encore  à  Puylaurens  ;  mais  elle  est  passée 
au  catholicisme  depuis  le  commencement 
de  ce  siècle  (Pr.\del). 

FOURNET(Jeanne), servante  chez  Pierre 
Girardin,  d'Ervy-le-Château,   enquesteur 


681 


FOURNET  —    FOURNIER 


682 


au  bailliage  de  Troyes.  Girardin  ayant  été 
dénoncé  en  loofi,  comme  luthérien,  une 
visite  domiciliaire  fut  faite  chez  lui,  mais 
il  eut  le  temps  d'ét-happer  avec  sa  femme  ; 
on  n'arrêta  que  sa  domestique  qui,  malgré 
promesses  et  menaces,  refusa  de  rien  dire 
contre  lui.  On  l'appliqua  donc  à  la  ques- 
tion, et  le  juge  chargé  d'y  présider  la  lui 
fit  donner  de  la  manière  la  plus  cruelle. 
«  Hélas,  crioit  ceste  pauvre  fille  estendue 
sur  la  question,  mon  Dieu  assiste  moy, 
conduis  moy  par  la  vertu  de  ton  sainct  es- 
prit. Tu  as  dict  «  Invoque  moy  quand  op- 
pressé seras  et  je  te  ayderay.  »  Me  voici. 
Seigneur,  je  te  réclame  et  appelle  à  mon 
ayde.  Mon  Dieu,  secoure-moy.  »  Féloux, 
c'est  le  nom  du  juge,  lui  criait  :  Prie  la 
vierge  Marie.  «  Hélas  !  respond  la  pauvre 
fille,  elle  est  bienheureuse,  car  elle  est  en  pa- 
radis. »  Sur  cela  Féloux  s'adressant  à  ceux 
qui  la  tiroient  leur  dict  :  Elle  en  est,  elle 
en  est,  tire,  tire  !  »  On  tira  si  bien  et  si 
fort  «  qu'elle  ne  pouvoit  porter  ses  mains 
jusques  à  sa  bouche  et  elle  étoit  tellement 
rompue  qu'il  n'y  avoit  aucune  espérance 
qu'elle  se  peust  jamais  aider  de  ses  mem- 
bres. Aussi  à  la  fin,  demeura-t-elle  à  tous- 
jours  comme  percluse  de  l'un  des  bras 
sans  aucune  récompense  de  son  maistre.  » 
Quoiqu'on  n'eût  rien  obtenu  d'elle,  elle  fut 
condamnée  à  assister  au  supplice  de  Girar- 
din, que  l'on  brûla  en  effigie.  A  peine  fut- 
elle  en  état  de  soutenir  la  route  qu'elle 
partit  avec  son  vieux  père  pour  Genève, 
où  elle  passa  le  reste  de  ses  jours.  Quant 
à  Girardin,  il  en  appela  au  parlement,  qui 
cassa  la  sentence  et  renvoya  l'accusé  de- 
vant le  bailli  de  Vitry  en  Perthois.  Il  fut 
absous  et  retourna  à  Troyes  exercer  son 
état.  (Nk.  Pithou.)  —  M.  de  Fournet,  du 
Languedoc,  nouveau  catholique  suspect  ; 
son  fils  lui  est  enlevé  et  mis  au  couvent 
<ies  jésuites  à  Paris,  1702  (E  3ri53). 

i.  FOURNIER  (Bai/jhasar),  de  Nîmes 
[Haag,  V  166],  a  laissé  en  msc.  un  Jour- 
nal dont  Ménard  a  publié  des  extraits  dans 
les  Preuves  de  son  Hist.  de  Nî(nes.  Ce 
Journal,  qui  commence  au  21  déc.  1561, 
est  fort  court  et  peu  détaillé.  L'auteur  avait 
rendu  à  Nîmes,  notamment  pendant  la 
peste  de  1579,  des  services  qui  lui  avaient 
mérité  des  lettres  de  bourgeoisie,  avec 
exemption  des  charges  extraordinaires,  et 
à  trois  reprises,  les  honneurs  du  consulat. 

2.  FOURNIER  (Jean),  ancien  docteur 


de  Sorbonne  [Haag,  V  166]  converti  au 
protestantisme.  Au  rapport  de  Bèze,  Four- 
nier  était  un  homme  docte  et  de  vie  exem- 
plaire. Vers  1550,  il  avait  prêché  la  Ré- 
forme à  Toulouse  et  avait  été  jeté  en  pri- 
son pour  ce  fait  ;  mais  il  était  parvenu  à 
s'échapper.  En  1562,  l'église  de  Paris 
l'envoya  à  Loisy  en  Brie  pour  y  remplir 
les  fonctions  pastorales  en  l'absence  de 
Jéréiiîie  Vallée.  Fournier  y  déploya  tant 
d'activité  et  de  zèle  que  le  nombre  des 
protestants  s'accrut  rapidement.  Le  sei- 
gneur du  lieu,  irrité  de  ses  succès,  le  força 
à  se  retirer  chez  le  capitaine  La  Tournelle. 
Néanmoins  l'exercice  du  culte  réformé 
continua  k  La  Gravelle,  à  une  lieue  de 
Loisy  et  bientôt,  le  duc  de  Nevers  donna 
des  ordres  pour  qu'il  fut  rétabli  à  Loisy 
même.  Fort  peu  de  temps  cependant  s'é- 
coula, avant  que  Fournier  fût  obligé  de 
fuir  de  nouveau.  Il  trouva  un  asile  au 
château  de  Brugny  et  se  joignit  à  une  pe- 
tite troupe  de  gentilshommes  qui  allaient 
rejoindre  le  prince  Porcien  à  Montcornet  ; 
mais  ils  ne  l'y  rencontrèrent  plus  et  se 
dispersèrent  chacun  de  son  côté,  abandon- 
nant le  pauvre  ministre  qu'une  blessure 
au  pied  mettait  dans  l'impossibilité  de  les 
suivre.  Un  gentilhomme,  que  Zièz»  appelle 
le  sieur  de  Marc,  l'accueillit  dans  sa  mai- 
son, oti  il  ne  tarda  pas  à  être  arrêté  par 
les  catholiques.  Dépouillé  de  tout  ce  qu'il 
portait  sur  lui,  il  fut  jeté  sur  une  char- 
rette et  conduit  dans  les  prisons  de  Sainte- 
Menehould,  au  milieu  des  injures  de  la 
populace.  Bientôt  arrivèrent  les  convertis- 
seurs officiels  et  officieux,  dont  aucun  ne 
se  montra  plus  ardent  qu'un  avocat,  nom- 
me Pierre  Petit,  «  homme  de  vif  entende- 
ment, bien  parlant  et  de  grande  lecture, 
ayant  autrefois  fait  profession  de  la  reli- 
gion. »  La  résistance  courageuse  de  Four- 
nier allait  être  couronnée  par  le  martyre, 
lorsque  l'approche  d'Andelot,  à  la  tête  des 
reîtres,  effrayant  ses  persécuteurs,  on  le 
fit  partir  précipitamment  pour  Cliâlons  où 
heureusement  les  deux  sœurs  du  duc  de 
Nevers  se  trouvaient  alors.  Elles  se  char- 
gèrent de  présenter  une  requête  du  captif 
à  leur  frère  qui  ordonna  de  le  garder  jus- 
qu'à son  retour;  mais  le  duc  ayant  été  tué 
à  Dreux,  et  le  gouvernement  de  la  Cham- 
pagne ayant  été  donné  au  duc  de  Guise^  le 
procès  suspendu  fut  repris,  10  fév.  1563, 
et  le  prisonnier  livré  au  prévôt  des  mare- 


683 


FOURNIER 


684 


chaux.  Conduit  dans  la  salle  de  la  ques- 
tion, le  malheureux  Fournier  fut  torturé 
si  cruellement  qu'il  fut  longtemps  sans 
pouvoir  faire  usage  de  ses  membres  dislo- 
qués. Sur  ces  entrefaites,  fut  publié  l'édit 
de  pacification  qui  devait  le  rendre  à  la 
liberté  ;  mais  le  gouverneur  de  la  ville  re- 
fusa de  lui  ouvrir  les  portes  de  sa  prison. 
Ce  fut  le  30  avril  seulement  que  les  mena- 
ces du  prince  Porcien,  passant  dans  les 
environs  de  Châlons  avec  les  reîtres  qu'il 
reconduisait  en  Allemagne,  obtinrent  Té- 
largissement  du  pauvre  ministre,  qu'il  fit 
venir  en  sa  pré.sence  et  accueillit  comme 
un  Confesseur.  Les  habitants  réformés  de 
Vitry  l'ayant  supplié  de  venir  baptiser 
quelques  enfants  et  prêcher  chez  eux, 
Fournier  se  rendit  à  leurs  vœux,  puis  il 
retourna  à  Loisy,  mais  tellement  affaibli 
par  les  mauvais  traitements  qu'il  mourut 
bientôt  après,  dans  un  âge  avancé.  Deux 
fidèles  de  son  église,  l'ancien  Bernard 
Colle  et  Guillaume,  arrêtés  en  même  temps 
que  lui,  furent  pendus.  Ils  étaient  l'un  et 
l'autre  de  Betancourt.  Un  troisième,  de 
Loisy  même,  Georges  Simars,  fut  plus 
heureux  ;  il  recouvra  sa  liberté  après  six 
mois  d'une  dure  prison.  —  (Guillaume), 
«  libraire,  natifz  de  Troye  en  Champa- 
gne, »  reçu  habitant  de  Genève,  3  mai 
io57.  —  (Jehan),  natif  de  la  ville  de  Gin- 
hac  en  Languedoc,  id.  octob.,  1557.  — 
(Jehan).  «  velloutier,  natif  de  Vienne  en 
Dauphiné.  »  mai  1559.  — (Jean),  de  Mon- 
tauban  [Haag,  V  1G7J  auteur  d'une  His- 
toire des  Troubles  de  Toulouse,  qui  n'a  ja- 
mais vu  le  jour. 

3.  FOURNIER ,  capitaine  huguenot 
[Haag,  V  051].  Fournier  portait  déjà  les 
armes  pour  la  cause  protestante  en  1569. 
Secondé  par  le  capitaine  Bedos,  il  dégagea 
Claude  de  Narbonne,  baron  de  Faugères, 
en  forçant  les  catholiques  à  lever  le  siège 
de  son  château.  Après  la  Saint-Barthélémy, 
il  assista  à  l'assemblée  de  Pierreségade  ; 
mais  il  ne  fut  chargé  d'aucun  commande- 
ment important.  En  1573,  il  fut  un  des 
capitaines  qui  défirent  le  corps  de  troupes 
envoyé  au  secours  d'Aleth.  Il  passa  en- 
suite sous  les  ordres  de  Paulin  qu'il  suivit 
à  Montpellier  avec  sa  compagnie,  en  1575 
et  1577.  Le  13  janv.  de  cette  dernière  an- 
née, il  s'était  rendu  maître  de  Pennautier, 
en  s'y  introduisant,  raconte  Bouges,  par  un 
aqueduc  ;  mais  il  n'avait  pas  gardé  long- 


temps sa  conquête.  Après  la  paix  de  1578, 
Damville  n'ayant  pas  voulu  permettre  aux 
soldats  de  Châtillon  de  rentrer  dans  leurs 
foyers,  malgré  les  presciptions  de  l'édit 
de  pacification,  les  uns,  de  ces  exilés,  se 
rangèrent  sous  les  ordres  du  capitaine  Ba- 
con,  qui  commandait  dansThesan,  les  au- 
tres sous  ceux  de  Fournier  (et  non  Fourni, 
comme  écrit  d'Aubigné),  qui  était  gouver- 
neur de  Brugairolles  ;  et  cantonnés  dans 
ces  deux  bicoques,  ils  continuèrent  la 
guerre,  levant  des  contributions,  faisant 
des  prisonniers,  harcelant  les  troupes  ca- 
tholiques, les  battant  souvent  et  tenant 
comme  bloqués  Beziers  et  Pézenas,  sans 
que  les  catholiques  osassent  les  attaquer, 
tant,  dit  d'Aubigné,  on  redoutait  leur  cou- 
rage déterminé  et  parce  qu'on  soupçonnait 
qu'ils  étaient  soutenus  par  Châtillon.  En 
1587,  Fournier  fut  remplacé  par  Dm  Villa 
(Voy.  V,  col.  680),  comme  gouverneur  de 
Brugairolles,  et  depuis  cette  époque,  il 
n'en  est  plus  fait  mention.  Peut-être  est-ce 
lui  qui  commanda  à  Arques  une  compa- 
gnie de  chevau-légers  et  fut  tué  dès  la  pre- 
mière charge.  —  Plus  tard,  les  historiens 
mentionnent  deux  autres  capitaines  Four- 
nier, l'un  de  Dieppe,  tué  en  1597,  l'autre 
d'Aubenas,  blessé  et  fait  prisonnier,  en 
1628,  à  l'entreprise  de  Rohan  sur  Mont- 
pellier. —  Jean  Fournie,  capitaine  hugue- 
not dans  l'Armagnac  ;  il  avait  épousé 
Jeanne  de  Soussens  qui  lui  donna  Judith, 
baptisée  à  Mauvezin,  5  nov.  1595  ;  Mar- 
the, bapt.  nov.  1597  ;  Jean,  présenté  au 
baptême,  31  janv.  1603,  par  Jean  Lami- 
gue  capitaine  et  sa  femme  Elisabeth  de  S. 
Faust.  —  André  de  Fournier,  officier 
dans  l'armée  hollandaise,  1685-1711  ; 
(Noé),  id.,  1713-44. 

Voy.  Ch.  Pradel,  Mémoires  de  Gâches. 

4.  FOURNIER  (Jeanne),  une  des  conver- 
ties de  l'intendant  Marillac  en  Poitou  [Haag, 
V  167],  se  hâta,  dès  que  la  terreur  des 
dragonnades  fut  passée,  de  revenir  à  la 
religion  dans  laquelle  elle  était  née.  Elle 
fut  donc  mise  en  jugement  comme  relapse, 
et  condamnée,  en  1682,  par  le  juge  de  S'- 
Maixent  à  l'amende  honorable,  au  bannis- 
sement perpétuel  et  à  la  confiscation  de 
ses  biens.  Cette  sentence  fut  confirmée  par 
le  parlement  de  Paris,  le  3  juin,  en  même 
temps  qu'une  autre  sentence  du  juge  de 
Lusignan,  portant  condamnation  à  la  mê- 


685 


FOURNIER 


FRADET 


686 


me  peine  contre  cinq  autres  relaps  :  Jean 
Vilardon,  Gabriel  Sapin,  Samuel  Barre, 
Jean  et  Jacques  Bruneteau. 

o.  FOURNIER,  ministre  à  S^-Ambroix, 
vers  1567  (Bull.  IX,  294).  —  (Jean),  mi- 
nistre à  St-Mamert,  1507  ;  à  S'-Laurent  de 
Trêves,  1568  ;  à  Montpezac,  1570-72;  à 
Chamborigauil,  1575.  —  (fsaac),  pasteur  à 
Ayrargues,   1623;   à  Clarensac,  1626-61. 

—  (Daniel),  de  Loudun  (D.  Fournerius 
julio(lunensis)  étudiant   à  Genève,   1638. 

—  (François),  du  Poitou,  étudiant  à  Mon- 
tauban,  fut  un  des  argumentateurs  de  la 
thèse  d'André  Martel,  en  1658,  de  lege  et 
evangeliis.  —  (Antoine),  de  Puyiaurens, 
étudiant  en  1682,  au  refuge  en  1698.  — 
Plusieurs  Fournier  de  Valence,  1689; 
d'Annonay,  1693  ;  de  Die.  1699  ;  de  Mau- 
voizin  en  Gascogne  et  de  La  Salle  en  Cé- 
vennes,  1707  ;  assistés  à  Lausanne  et  à 
Genève.  —  (Jean),  enfermé  à  Thôpital  à 
Paris,  1703.  —  (Guillaume),  de  S^-Maixenl, 
assisté  à  Londres,  1705.  —  De  Fournier 
de  Pradines  et  de  Fournier  de  Neufville- 
lès-St-Quentin,  gentilshommes.  —  M.  Paul 
de  Fournière,  seigneur  des  Places,  d'An- 
nonay, assisté  à  Genève  d'un  viatique  de 
3  louis  d'or,  1693. 

FOURNOL  (Jean),  réfugié  en  Prusse 
devenu,  1702,  bourgmestre  d'un  quartier 
de  Berlin,  la  Dorotbeestadt  [Haag,  V  168] 
qui  lui  est  redevable  de  divers  embellis- 
sements. Comme  dédommagement  des  dé- 
penses qu'il  avait  faites,  le  roi  de  Prusse 
accorda  des  pensions  à  ses  deux  tilles,  ma- 
riées l'une  au  capitaine  de  Boutaric,  l'au- 
tre au  fabricant  Nadal.  —  Honoré  Four- 
gue, de  Quinson  en  Provence,  noyé,  1562  ; 

—  (Jean),  de  Montpellier,  assisté  à  Ge- 
nève d'un  viatique  pour  retourner  en  Al- 
lemagne, 1708.  —  Pierre  de  Moynier  «r 
de  Fourgues,  1608.  La  marqui.se  Isabeau 
de  Fourgues,  persécutée  en  1685,  voy.  ci- 
dessus  t.  I,  col.  308-311.  —  Pierre  Four- 
guié,  de  Ganges,  assisté,  avec  femme  et 
enf.,  à  Genève,  1703.  —  J)A\'k\  Fourguin, 
du  Vigan  en  Gévennes,  manufacturier  de 
laine  réfugié  avec  sa  femme  à  Berlin, 
1698.  —  Pierre  Fourre,  «  compagnon  na- 
tif de  Nemoux,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, septemb.  1559.  —  Odin  Fourreau, 
«  veloutier,  natifz  de  Choue  au  duché  de 
Vendosme,  »  id.,  janv.  1555.  —  Aimé 
Fourreau  de  Toucheronde,  de  Chatelle- 
rault,  4'J  ans,   réfugié  en  Irlande  avec  sa 


femme  et  5  enf.  et  assisté  par  le  Comité 
de  Londres,  1702  ;  en  1705  il  reçoit  17  1. 
13  sh.  6  d.  ;  plus  15  1.  en  1706  et  20  en 
1710.  —  Philibert  Fourrier,  du  Charo- 
lois,  charpentier,  admis  à  l'iiabitation  à 
Genève,  .3  octob.  1572.  M^e  Fourrier, 
emprisonnée  au  château  d'Angers,  1687. 

—  Jean  Foursinel,  du  Dauphiné,  reçoit  à 
Genève  un  viati(iue  de  4  écus  pour  gagner 
le  Meklembourg,  1694.  —  Jean  Fourly, 
d'Anduze,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne. 
22  ans.  1712.  —  Jean  Foussolles,  de  S^- 
Arnoult  en  Normandie,  tisserand,  39  ans, 
assisté  à  Londres  (2  1.  3  sh.)  avec  sa  fem- 
me et  5  enfants,  1702  ;  le  sont  encore  en 
1710  (14  sh.)  mais  n'ont  plus  que  2  en- 
fants. —  Jacques  Foussart,  de  Nîmes, 
passementier,  réfugié  à  Berlin,  1698.  — 
Charles  fds  de  Jehan  Foussier,  d'Angers, 
reçu  habitant  de  Genève,  avril  1559.  — 
Pierre  Fouzillac,  du  Languedoc,  bouton - 
nier,  et  Jacques  Fozilhac,  des  Vans  en 
Languedoc,  chapelier,  réfugiés  à  Berlin, 
1699.  —  Pierre  de  Foviol,  sieur  de  Ve- 
bron,  men)bre  de  l'assemb.  de  Lunel, 
1613.  —  De  Foy,  conseiller  au  présidial 
de  La  Rochelle,  cite  dans  les  actes  de  l'as- 
semblée de  1620.  Pierre  Foy,  de  Caen, 
assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Al- 
lemagne, 1709.  —  Girard  Foyart,  «  de 
Haumont  en  la  Franche  comté,  »  serru- 
rier, reçu  habitant  de  Genève,  23  sep- 
temb. 1572.  —  Foys.  ministre  k  Mauguio, 
1572.  —  Pierre  Foissac,  libraire  à  Mon- 
tauban  ;  épouse,  2  septemb.  1571,  Cécile 
Candolle  (Micli.  Nicolas).  —  Donation  par 
Antoine  de  Foyssac,  seigneur  de  Fier  et  de 
Mirepoix,  en  l'année  1633,  aux  anciens  de 
l'église  réformée  de  la  ville  de  Tournon, 
d'une  somme  de  150  liv.  pour  en  employer 
le  revenu  à  l'entretien  d'un  ministre  ;  reg. 
B.  55  des  insin.,  arch.  de  Lot-et-Garonne. 

FRACHAS  (Pierre),  de  Lourmarin, 
porteur  de  chaise,  et  plusieurs  autres  Fra- 
chas,  Frachasse  ou  Fracasse,  laboureurs, 
tous  réfugiés  à  Berlin,  1700.  —  Antoine 
Frachet,  de  Die,  assisté  à  Genève,  1707. 

—  Jean  Frachot,  de  S^-Léonard  en  Niver- 
nais, cordonnier,  admis  à  l'habitation  ge- 
nevoise, 19  nov.  1572.  —  Abraham  Fra- 
del,  de  Salle-Bertrand  en  Dauphiné,  assisté 
à  Genève  et  à  Lausanne  d'un  viatique 
pour  le  pays  des  Grisons,  1698.  —  Jac- 
ques Fradet,  étudiant  à  l'acad.  de  Genève 
(Jacobus  Fradetus  pictavensis),  1563. 


687 


FEADIN 


FRAMONET 


688 


FRADIX  ^Pierrk)  fils  d'un  drapier  de 
la  Clias<aigneraye  en  Poitou,  tué  de  trois 
coups  d'épée,  1593;  —  (Etienne),  ancien 
de  l'église  de  Latillé  près  Poitiers,  1619 
(Filleau,  Décis.  cath.,  194)  :  —  (Daniel), 
de  Moncoutour  en  Poitou,  assisté  à  Ge- 
nève, 1693;  —  (Claude),  chirurgien  à  Mi- 
rebeau  en  Poitou,  tenta  en  1693  de  sortir 
de  France  pour  aller  en  Hollande  chercher 
la  liberté  religieuse.  11  se  mit  en  route  ac- 
compagné de  sa  fille  Henriette,  de  Margue- 
rite Huet,  veuve  d'un  armurier  de  Pithi- 
viers  et  du  fils  de  celle-ci,  Louis  Le  Roi  ; 
arrivés  à  Sedan  ils  furent  arrêtés  et  con- 
damnés, 27  fév.,  Fradin  à  la  prison  per- 
pétuelle et  les  trois  autres  aux  travaux 
forcés  (M  666).  Henriette  Fradin,  était  ré- 
fugiée à  Londres  eu  1702  et  réduite  à  l'as- 
sistance publique.  —  Une  d"e  Fradin  en- 
fermée dans  les  prisons  de  Thouars  en 
1713  (E3401).  —  Un  autre,  marié  sans 
confession,  à  Rochefort,  par  un  aumônier 
des  vaisseaux,  n)is  en  prison  à  Parthenay 
et  sa  femme,  Louise  Fradin,  enfermée  à 
l'hôpital  de  Niort  sur  la  demande  de  l'évé- 
que  de  Poitiers,  1730  :  ils  abjurent  (E 
3367).  —  Marie,  veuve  de  Jean  Fi-adin,  de 
Mornac  en  Saintonge,  assistée  (3  1. 14  sh.) 
à  Londres,  avec  3  enf.,  1705. 

FRACilER,  ministre  de  Piiycasquier, 
1631.  —  Jean  Fraigneau,  marchand,  ré- 
fugié à  Londres  en  1690,  père  de  William 
Fraigneau.  professeur  royal  de  grec  à  l'U- 
niversité de  Cambridge  de  1744  à  1750, 
puis  précepteur  dans  la  maison  de  Boling- 
broke  et,  sur  la  présentation  du  2me  lord 
de  ce  nom.  nommé  vicaire  de  Raltersea  en 
1738  et  recteur  de  Beckenhan)  en  1763, 
bénéfices  qu'il  garda  jusqu'à  sa  mort  arri- 
vée le  12septemb.  1778  (H.  Wacner  ;  voy. 
Agneiv,  3me  éd.).  —  Catherine  Frainquière, 
tille  de  Jacques,  et  d'Anne  Bonnefons,  «  du 
lieu  des  Plans,  dioc.  d'Uzès,  »  morte  à 
l'hôpital  des  réfugiés,  à  Lausanne,  3  fév. 
1693.  —  Libert  de  Fraisne,  né  au  pays  de 
Liège,  écolier,  reçu  habitant  de  Genève, 
3nov.  1572. — Gmli.  Fraisse,  «  cordonnier, 
natif  d'Uxoire  en  Auvergne,  »  id.,  mai 
1539  ;  —  (Jean),  de  Milhaud,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  pour  l'Irlande,  1699. 
Mm»  Fraisse,  dam'ie  de  Privas  et  Claudine 
sa  fille,  assistées  à  Lausanne,  1711.  — 
Jeau  Fraissinet,  •  aiguilletier,  natif  de 
S'-Jean  de  Gardonenque,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  octob.  1539  ;  —  (Antoine), 


consul  de  Castres,  1594-1600;  —  (Abra- 
ham), maître  chirurgien  à  Castres,  con- 
verti en  1685  ;  il  avait  épousé  Anne 
Agret  qui  lui  donna  lo  Marie,  16  janv. 
1646  ;  2»  André,  présenté  au  baptême  par 
André  Crouzet  secrétaire  d'un  conseiller 
en  la  chambre  de  l'édit  (M.  de  JuUien)  et 
par  Marguerite  de  Bahioul  femme  d'An- 
toine Fraissinet  ;  3o  Marie,  10 janv.  1653; 
4o  Abraham,  présenté  par  Abraham  Soult 
et  par  Catherine  Maurel  femme  d'Isaac 
Agret  avocat  à  la  chambre  de  l'édit. — David 
Fraissinet,  ministre  dans  les  Cévennes  (de 
Bayards  1669-72;  de  Cardet  1673-83)  et 
d"e  Molery,  son  épouse,  réfugiés  et  assis- 
tés à  Lausanne,  1692  ;  on  a  de  lui  :  Le  gain 
du  fidèle  ou  sermon  sur  ces  paroles...  Rom. 
VIII  27,  prononcé  cà  Genève  dans  l'église 
de  St-Pierre.  le  dimanche  11  octob.  1691, 
Genève,  J.-P.  Muller,  1693.  in-12  de  49 
pag.  On  trouve  mentionnés  (dans  Erman) 
un  Fraissinet  juge  à  Brandebourg  et  un 
de  Fraissinet  nommé  dans  les  actes  de  fé- 
glise  de  Stendal  ;  —  (Jacques),  de  Nîmes, 
teinturier,  assisté  à  Lausanne  allant  en 
Hollande,  1698  ;  —  (Pierre  et  François), 
de  Montagnac  (voy.  Bull.  lY,  3),  réfugiés 
en  Brandebourg.  1697  et  1700  ;  —  (Marc), 
réfugié  du  Languedoc,  baïujuier  à  Ams- 
terdam en  1730;  —  (François),  marchand 
à  Anduze  ;  épisode  de  son  fils  qu'on  lui 
enlève  pour  le  mettre  aux  Jésuites,  1740 
{Bull.  V,  64).  —  De  Fraissy,  ancien  de 
l'église  de  Pamiers,  à  l'assemblée  de  Sa- 
verdun,  mars  1598.  —  Robert  Fraizin, 
natif  de  Nismes,  reçu  habitant  de  Genève, 
octob.  1536.  —  Claude  Frajon  (ou  F?-flf- 
lion)  «  de  Pont-S'e-Maixance,  »  71  ans,  et 
sa  femme  Elizabeth.  68,  assistés  (3  1.  4.6) 
à  Londres,  1706.  —  «  Le  sieur  de  La 
Bretesche  nommé  Framberge,  75  ans,  » 
arquebuse  à  Orléans,  1572  (Crespin).  Ga- 
briel Framberge,  échevin  d'Orléans,  reçu 
habitant  de  Genève  le  7  mai  1572.  —  Isa- 
belle et  Louise,  âgées  de  13  et  11  ans,  fil- 
les du  feu  S""  de  Framerge,  mises  d'auto- 
rité au  couvent  de  la  Propagation  de  la 
foi  cà  Poitiers,  par  arrêt  du  (ïonseil  du  roi, 
parce .  qu'elles  déclaraient,  malgré  leur 
mère,  vouloir  être  catholiques,  1637  (Fil- 
leau, Décis.  cath.,  p.  238).  —  Jacques 
Framonet  mis  de  force  dans  un  couvent 
(i'Alençon,  1716.  —  «  Défense  faite  au  s"" 
Fran  et  à  tous  autres  régens  de  la  R.  P. 
R.  de  s'immiscer  à  enseigner  dans  la  ville 


689 


FRAN   —   FRANC 


690 


deNérac;  Et  enjoint  aux  Consuls  du  dit 
Nérac  de  faire  fermer  au  dit  Fran  sa  pré- 
tendue école,  à  peine  d'en  répondre  en 
leurs  propres  et  privez  noms;  et  inhibi- 
fions  à  tous  les  habitans  de  la  R.  P.  R. 
d'envoyer  leurs  enfans  à  la  prétendue  école 
du  dit  Fran  à  peine  de  50  liv.  d'amende 
applicable  à  l'œuvre  de  l'église  paroissiale 
dela.d.  ville,  sans  espérance  de  rabais. 
Fait  à  Bordeaux  en  parlement  le  24  janv. 
1648.  ). 

1.  FRANC  (Bertrand),  capitaine  hugue- 
not [Haag,  V  168].  Il  était  originaire  de 
Teillet  en  Albigeois.  C'est  à  Castres  qu'il 
arrive  pour  la  première  fois  sur  la  scène 
de  nos  troubles  religieux.  En  lo62.  il 
fut  choisi  pour  commander  une  des  trois 
compagnies  d'infanterie  mises  sur  pied 
par  les  habitants  de  cette  ville,  confor- 
mément aux  ordres  de  Condé.  En  1567, 
il  servit  avec  le  grade  de  capitaine  sous 
les  ordres  de  Guillot  de  Ferrières,  et 
depuis  lo68,  sous  ceux  du  vicomte  de 
Paulin  qu'il  suivit  dans  toutes  ses  expé- 
ditions, notamment  à  la  prise  de  (iaillac 
et  du  château  de  Lombez ,  ainsi  qu'à 
l'a.ssemblée  de  Pierreségade.  Il  se  joignit 
ensuite  aux  frères  Bouffard  et  contri- 
bua à  la  reprise  de  Castres.  Le  18  déc. 
1574,  il  emporta  d'assaut  Briatexte.  L'an- 
née suivante,  l'assemblée  de  Castres  le 
nomma  membre  du  Conseil  qu'elle  plaça 
auprès  de  Paulin.  En  1577,  Franc  marcha 
avec  le  vicomte  au  secours  de  Châtillon. 
En  1580  il  passa  sous  les  ordres  de  Tu- 
renne  qui  lui  confia  la  défense  de  Saint- 
Paul  ;  mais  les  Ligueurs  l'en  chassèrent 
bientôt,  et  ce  ne  fut  pas  sans  peine  qu'il 
parvint  à  leur  échapper.  Quelques  jours 
après,  il  livra,  avec  le  capitaine  Moulai- 
res,  un  sanglant  condiat  aux  catholiques 
sous  les  murs  du  fort  de  La  Balbarège,  et 
les  mit  en  déroute  malgré  leur  supériorité 
numérique.  En  1586,  il  servit  sous  Tanus 
au  secours  de  Montesquieu  et  de  Brugai- 
rolles.  L'année  suivante,  il  fut  fait  prison- 
nier près  de  Cuq,  en  revenant  d'escorter 
Montgommery,  qui  se  rendait  dans  le  Bas- 
Languedoc  (voy.  Mém.  de  Gâches,  p.  351)"; 
mais  il  recouvra  bientôt  la  liberté,  puis- 
que, en  1588,  il  fut  chargé,  avec  Sabaut 
et  Portai,  de  conduire  les  troupes  de  Cas- 
tres au  secours  du  Rouergue.  C'est  la  der- 
nière fois  qu'il  soit  parlé  de  lui  comme 
jouant  un  rôle  actif.  Il  était  mort,  lorsque 


sa  fille,  Guillaumette,  épousa  le  29  janv. 
1614  David  Stuard,  maistre  brodeur^  fils 
de  Robert  Stuard  d'Edimbourg  et  «  à  pré- 
sent habitant  de  Castres.  »  Un  autre  capi- 
taine Franc,  de  l'Albigeois,  prénommé 
Antoine,  porta  les  armes  à  la  même  épo- 
que. Il  est  difficile  de  les  distinguer  l'un 
de  l'autre.  (Pradkl.) 

2.  FRANC  (Pierre)  «  de  Pers  en  Pro- 
vence, ministre  de  l'église  de  Marseille,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  23  octob.  1572. 
—  Philibert  de  Franc,  «  drappierde  Mas- 
con,  »  id.  9septemb.  1572. 

3.  FRANC  (Louis),  du  marquisat  de 
Saluées,  proposant,  retiré,  en  1580,  à  Lour- 
marin.  Son  fils  Jacques  y  exerça  avec 
honneur  la  charge  de  notaire  royal  pen- 
dant 47  ans.  Le  fils  de  ce  Jacques,  nommé 
Jean,  épousa  Honorade  de  Poncel,  et  en 
eut  plusieurs  enfants,  entre  autres  Jac- 
ques, né  le  10  août  1653,  manufacturier 
de  bas  à  Lourmarin,  qui  se  réfugia  à  Ber- 
lin, avec  sa  femme  et  ses  deux  enfants, 
en  1687,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  un  Jacques  Le  Franc,  également 
réfugié,  mais  originire  de  Sedan  (Tt  239). 
C'est  peut-être  de  la  même  famille  que 
ce  dernier,  qu'était  le  pasteur  Henri  Le 
Franc,  qui  quitta,  en  1691 ,  l'église  de  Berg- 
holtz  pour  celle  de  Burg,  où  il  succéda  à 
Le  Preux  et  où  il  eut  pour  collègue  VH- 
Inrs. 

4.  FRANC  (Guillaume),  fils  de  Pierre, 
de  Rouen,  fut  un  musicien  [Haag,  V  168], 
(le  son  vivant  fort  obscur,  mais  dont  les 
modestes  labeurs  ont  été  rehaussés  par 
l'estime  des  savants  de  nos  jours.  C'est 
par  attachement  aux  idées  de  la  Réforme 
qu'il  dut  abandonner  sa  patrie,  puisqu'il 
s'était  retiré  à  Genève  et  y  obtenait  du 
Conseil  de  la  république,  le  17  juin  1541, 
l'autorisation  d'ouvrir  dans  cette  ville  une 
école  de  musique.  Et  l'année  suivante  on 
lit  dans  les  registres  du  Conseil  :  «  Payé 
10  tlor.  à  maistre  Guill.  le  Franc  qui  ins- 
truit les  enfans  à  chanter.  »  Peu  après,  6 
juin  1542,  il  obtint  une  place  de  chantre. 
Le  16  avril  1543,  le  C-onseil  prit  cette  ré- 
solution :  1  Pour  aultant  que  l'on  para- 
(■  cheve  les  psalmes  de  David  et  quil  est 
('  fort  nécessaire  de  composer  un  chant 
'  gracieux  sur  iceulx,  ordonné  que  mais- 
«  tre  Guillaume  le  chantre,  qui  est  bien 
«  propre  pour  recorder  les  enfans,  les 
•   instruira  une    heure,  le  jour  qui  sera 


691 


FRANC 


692 


«  fixé,  et  qu'on  parlera  de  son  gage  à 
«  maistre  Calvin.  »  On  en  parla  sans  tar- 
der, car  le  registre  du  Conseil,  à  la  date 
du  7  mai  1543,  porte  la  mention  suivante  : 
«  Gages  de  maistre  Guillaume  fils  de 
«  Pierre  Franc  de  Roan ,  maystre  de 
«  chant  ;  lequelt  a  esté  député  maystre 
«  des  escoles  pour  apprendre  la  note,  et  a 
«  chanté,  les  enfans  qu'il  doybve  ^  chanté 
"  les  psalmes  de  David  à  l'Eglise  et  luy  a 
«  esté  donné  de  gage  cent  florins  annuel, 
«  a  luy  payer  quarlenips  par  quartemps  ; 
•  et  a  promys  et  juré.  »  Mais  le  maître  ne 
tarda  pas  à  trouver  trop  exigu  ce  gage  de 
cent  florins,  dont  d'autres  se  contentaient, 
mais  qui  ne  sufilsait  pas  à  son  entretien, 
avec  une  femme  valétudinaire  et  des  en- 
fants. Il  demanda  diverses  augmentations 
et  ayant  à  la  fin  essuyé  un  refus,  il  pria  le 
Conseil,  le  3  août  1545,  de  recevoir  sa 
démission.  Il  avait  probablement  jeté  d'a- 
vance les  yeux  sur  un  autre  asile,  car  on 
le  trouve  inscrit  dès  le  5  janv.  1546 
comme  digne  de  récompen.se  pour  les  ser- 
vices qu'il  a  rendus  et  qu'il  doit  rendre  à 
Messieurs  de  Lausanne.  Le  Manual  du 
Conseil-  de  cette  ville  l'appelle  en  même 
temps  «  providus  Guillermus  Franc  can- 
tor.»  et  lui  alloue  en  présent  annuel,  savoir 
un  muid  de  froment  et  un  char  de  vin  ;  de 
plus  il  recevait  de  LL.  Exe.  de  Berne 
120  flor.  par  an  et  un  muid  de  froment. 
On  a  longtemps  cru,  d'après  une  assertion 
émise  à  la  légère  par  le  pasteur  David 
Constant  (ci-dessus  t.  IV  5i]6),  que  Guil- 
laume Franc  fut  le  premier  auteur  de  la 
musique  de  nos  psaumes  ;  mais  après  rec- 
tification savanuuent  développée  par  Bau- 
lacre  dans  le  Journal  helvétique  de  1745 
et  par  M.  Douen  (au  t.  1er  p.  609  de  son 
Clément  Marot  et  le  psautier,  1878;  voy. 
aussi  Haag,  VII  274  note)  il  est  reconnu 
aujourd'hui  que  l'excellent  musicien,  Louis 
Bourgeois,  qui  travaillait  à  Genève  sous 
les  yeux  de  Calvin,  n'avait  pas  achevé  de 
composer  des  mélodies  pour  tous  les  psau- 
mes et  en  avait  .encore  vingt-sept  à  faire 
lorsque,  au  mois  de  juillet  1552,  les  mi- 
nistres de  Lausanne  qui  ne  se  souciaient 
pas  de  musique  venue  de  Genève  et  qui, 
depuis  le  régime  de  la  domination  ber- 
noise, n'avaient  plus  d'imprimerie  dans 
leur  ville,  demandèrent  aux    Genevois  la 

1  Sic.  Voyez  notre  note  1,  t.  V,  col.  522. 


permission  de  faire  exécuter  par  une  impri- 
merie genevoise  (ce  qui  leur  fut  accordé) 
les  adaptations  que  Guill.  Franc  avait  in- 
troduites de  son  chef,  tant  pour  27  psau- 
mes qui  n'avaient  pas  encore  de  mélodie 
propre  et  qui  se  chantaient  sur  les  mélo- 
dies d'autres  psaumes,  que  pour  ceux  aux- 
quels Bourgeois  avait  consacré  son  talent. 
On  ne  connaît  pas  cette  édition  qui  devait 
se  faire  en  1552,  mais  c'est  probablement 
celle  qui  parut  une  douzaine  d'années  après 
sous  ce  titre  : 

Les  pseaumes  mis  en  rime  françoise  par 
Clément  Marot  et  Th.  de  Bèze,  avec  le 
chant  de  l'église  de  Lausanne.  Psaume  IX  : 
Chantez  au  Seigneur  qui  habite  Sion  et 
annoncez  ses  faits  au  peuple  ;  [Genève] 
Jean  Rivery,  pour  Anthoine  Vincent, 
1565  ;  avec  privilège  tant  du  Roy  que  de 
MM.  de  Genève,  in-12  de  15  feuill.  non 
paginés  et  470  p. 

Les  15  feuillets  préliminaires  sont  con- 
sacrés à  diverses  pièces  qui  prouvent  que 
Guill.  F'ranc  était  le  chef  de  la  petite  op- 
position de  clocher  faite  par  MM.  de  Lau- 
sanne à  MxM.  de  Genève,  au  sujet  de  la 
musique,  mais  qui  prouvent  mieux  encore 
sa  modération,  sa  piété  et  sa  modestie. 
Nous  recueillerons  ce  précieux  témoigna- 
ges qui  subsiste  de  l'œuvre  d'un  vieil  ar- 
tiste à  peine  connu  : 

Guilhnime  Franc ,  chantre  en  Véglise 
de  Lausanne,  aux  lecteurs ,  Salut .  Mes 
frères,  à  tin  que  vous  n'ayez  occasion  de 
penser  que  par  cette  nouvelle  édition  des 
pseaumes  avec  leur  propre  chant,  j'aye 
voulu  entreprendre  quelque  chose  par  des- 
sus ceux-là  qui  sur  ce  ont  travaillé  très 
ridèlement,  ou  mesme  corriger  ce  qui  a  été 
bien  fait  par  eux,  j'ay  estimé  estre  néces- 
saire de  vous  advertir  qu'en  cest  œuvre  je 
ne  me  suis  proposé  autre  but  que  l'advan- 
cement  de  l'honneur  et  gloire  de  nostre 
Seigneur,  en  employant  le  talent  qu'il  m'a 
donné  au  service  de  son  Eglise;  et  en  ce 
sens  sans  avoir  esgard  qu'à  ceste  Eglise  de 
Lausanne ,  comme  en  telles  choses  exté- 
rieures il  est  permis  de  s'accommoder  aux 
circonstances  des  lieux  sans  que  pour  cela 
il  y  ait  aucune  séparation  entre  les  Eglises 
de  nostre  Seigneur.  Outi*e  cela  je  puis  pro- 
tester avoir  été  incité  à  ce  faire,  plus  par 
le  conseil  et  solicitation  de  ceux  qui  ont 
charge  en  icelle  que  de  ma  propre  volonté, 
aleguans  pour  raison  qu'ils  estimoieut  estre 
chose  fort  utile  si  chascun  des  pseaumes 


693 


FRANC   —   FRANCE 


694 


avoit  sou  chant  particulier.  Ce  considéré, 
j'ay  choisy  tous  les  meilleurs  chants  de 
ceux  qui  ont  esté  usitez  tant  en  ceste 
qu'aux  auti'es  Eglises  reformées,  lesquels 
j'ay  retenus.  Et  quant  h  ceux  dernièrement 
traduits  qui  se  chantent  sur  le  chant  des 
premiers  pseaumes,  je  leur  ay  h  chascun 
selon  mou  petit  pouvoir  adapté  son  chant  : 
pour  ce  que  plusieurs  oyans  chanter  les 
dits  pseaumes,  preuoyent  un  texte  pour  l'au- 
tre à  cause  du  chant.  Par  quoy  j'espère 
qu'il  n'y  aura  personne  de  ceux  qui  en 
cherchent  autre  chose  que  l'advancement 
du  règne  de  nostre  Seigneur,  qui  ne  prenne 
le  tout  h  bonne  part  et  ne  s'efforce  d'ores 
en  avant  (puisque  Dieu  leur  en  a  fait  la 
grâce)  de  chanter,  en  divers  chants  et  mé- 
lodies, louanges  k  Sa  Majesté. 

Le  privilège  accordé  par  la  seigneurie 
de  Genève,  en  date  du  1er  Jéc.  1564, 
porte  :  «  Il  est  permis  à  Guill.  Franc, 
<•  chantre  en  l'église  de  Lausanne,  de  faire 

imprimer  les  pseaumes  de  David  mis  en 

•  rime  françoise  par  Cl.  Marot  et  Th.  de 

•  Bèze  et  y  adjouster  les  chants  qu'il  a 
'>  faits  nouveaux  sur  aucuns  d'iceux  ; 
«  detïendans  à  tous  imprimeurs  et  librai- 

•  res  nos  sujets...  jusques  à  trois  ans  dès 
«  aujourd'huy...  »  —  On  ne  sait  pas  au- 
tre chose  sur  ce  musicien,  si  ce  n'est  qu'il 
paraît  être  mort  vers  le  commencement  de 
1571  (voy.  Ern.  Chavannes,  Extraits  des 
Manuanx  du  Cons.  de  Lausanne;  Mém.  de 
la  Soc.  d'hist.  de  la  Suisse  romande, 
1887  p.  MO). 

Peut-être  Samuel  Franc  que  l'on  trouve 
inscrit  dans  les  Manuaux,  au  10  juin  1572, 
comme  ministre  du  Mont-sur-Lausanne, 
était-il  un  de  ses  enfants. 

0.  FRANC  (Mu'.HEL),  charpentier  de 
navires,  de  Marennes  en  Poitou,  réfugié  à 
Londres,  1682. —  (Anne,  femme  de  Char- 
les) de  près  de  Bergerac,  assistée  à  Londres, 
1706.  —  (Jean),  cultivateur  à  Canaules 
[Haag,  V  169]  ;  un  tle  ses  ancêtres  avait 
été  ancien  de  l'église  de  Canaules  (Tt 
239),  et  son  arrière-petit-fils,  Elysée  Franc, 
a  été  de  nos  jours  maire  de  cette  com- 
mune ;  ce  Jean  fut  arrêté,  en  1754,  sous 
l'inculpation  d'avoir  donné  refuge  au  mal- 
heureux pasteur  Tessier  dit  La  Fage. 
Faute  de  preuves  suffisantes,  il  fut  rerais 
en  liberté  après  six  mois  de  détention. 
M.  Hugues,  pasteur  d'Anduze,  a  publié  dans 
le  Bulletin   de  l'hist.    du  protestantisme 


(II,  80-88),  une  Relation  de  sa  captivité 
que  cet  homme  simple  et  sans  lettres  a 
écrite  dans  sa  prison  à  Montpellier,  et  qui 
se  conserve  dans  sa  famille. 

Gonf.  Le  Franc. 

1.  FRANCE  [Haag,  V  169]  :  famille  éta- 
blie dans  l'Aquitaine  et  le  Montalbanais 
d'une  manière  certaine  de[)uis  l'année 
1550.  Une  tradition  do  famille  la  dit  issue 
d'une  famille  de  l'Artois.  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  premier  des  réformés  de  cette  fa- 
mille qui  nous  ait  laissé  sa  trace  histori- 
que est  «  sire  Pierre  France,  borgeois  de 
Montauban,  «•  second  consul  de  cette  ville 
en  1577.  Il  était  à  cette  même  époque,  sous 
le  nom  de  «  Pierre  Defrance,  »  ancien  du 
consistoire  de  Montauban  et  trésorier  de 
l'Eglise  réformée  de  cette  ville.  Son  nom 
s'écrivait  avec  la  même  incertitude  que 
tous  les  autres  dans  ce  temps  où  on  n'a- 
vait pas  la  moindre  idée  du  besoin  d'uni- 
formité que  nous  avons  aujourd'hui  et 
dans  son  testament  retenu  par  Boigion, 
notaire  royal  en  1594.  on  voit  le  testateur 
nommé  «  sire  Pierre  France  »  ses  fils 
«  Pierre  et  Jean  Defrances  »  et  ses  neveux, 
fils  de  son  frère  Jean  :  «  Pierre  et  autre 
Pierre  de  France.  » 

Le  consul  de  1577  le  fut  de  nouveau  en 
1586  et  1596.  Il  mourut  en  160).  Lui  et  ses 
descendants  possédèrent  les  liefs  de  La 
Gravière  et  de  La  Mothe-Majouse  dans  le 
Montalbanais,  noms  qui  devinrent  ceux 
des  deux  branches  de  la  famille montalba- 
naise.  Une  autre  branche  se  fixa  à  Castres 
et  prit  le  nom  de  la  seigneurie  de  Mantloul 
près  de  Lautrec.  Plusieurs  des  membres 
de  cette  famille  furent  consuls  de  Montau- 
ban en  1605,  1610,  1639,  1641,  1668,  etc. 
=  Ai'mes  (enregistrées  à  l'Armoriai  géné- 
ral de  1696  (XIV  fo  537  n»  135)  au  nom 
de  Mariet  France  de  Mandoul)  :  an  1er  et 
au  4me  canton,  d'azur  à  une  tour  d'or  ma- 
çonnée de  sable,  sommée  d'un  fer  de  lance 
d'argent,  au  2n>e  et  3™e  de  gueules  au  lion 
rampant  d'argent. 

«  Sire  Jean  de  France  seigneur  de  La- 
gravière  »  fut  longtemps  au  service  dans 
les  armées  du  roi  de  Navarre,  et  il  l'accom- 
pagna en  presque  toutes  ses  campagnes, 
dans  l'une  des  compagnies  do  gens  d'ar- 
mes de  ses  ordonnances.  Il  fut  ble.ssé  à  la 
bataille  d'Ivry  en  1590:  il  y  perdit  une 
jambe.  Il  se  retira  à  Montauban  où  on  le 
trouve  en  1610  au  nombre  des  consuls. 


695 


FRANCE 


696 


sous  le  nom  de  :  »  Sire  Jean  de  France, 
puisné,  sieur  de  Lagravière,  gendarme,  » 
comme  second  consul. 

De  son  mariage  avec  «  demoiselle  Ca- 
therine de  Bonnefoy,  »  contracté  en  1603, 
naquirent  :  Pierre,  Marguerite,  Marie, 
Jean,  Joseph,  Jehan-Louis,  Catherine, 
Anne  et  autre  Jean. 

Plusieurs  de  ses  fils  prirent  du  service 
dans  les  troupes  huguenotles,  ainsi  que 
quelques  membres  des  autres  branches  de 
leur  famille.  Deux  d'entre  eux  étaient  ca- 
pitaines des  milices  protestantes  de  la  gar- 
nison de  Montauban  pendant  le  fameux 
siège  de  1621.  On  les  voit  figurer  dans 
les  différents  récits  de  ce  siège  sous  les 
noms  de  «  France-Lamothe,  »  et  «  France- 
Lagravière.  »  Ils  se  distinguèrent,  particu- 
lièrement le  premier  jour  du  siège,  le  17 
août,  en  allant  reconnaître  (voy.  ci-des- 
sus, t.  m  col.  878)  les  avant-gardes  de 
l'armée  royale  qui  prenaient  [losition  près 
de  la  corne  Montmurat,  et  le  17  octobre 
en  soutenant  de  très  grand  courage  un 
violent  assaut,  sur  la  brèche  que  l'armée 
royale  venait  de  pratiquer  au  même  en- 
droit. Avec  «  dix  mousquetaires  »  à  la 
brèche,  et  le  reste  de  la  compagnie  dans 
les  retranchements  voisins,  «  le  capitaine 
France  »  soutint  deux  retours  offensifs  et 
les  repoussa,  avant  qu'on  eut  le  temps  de 
venir  le  secourir  [Hist.  partie,  du  siège 
de  Montauban,  par  Joly,  p.  136). 

France-Lamothe  fut  l'un  des  députés  en- 
voyés par  la  ville,  le  3  nov.  1621,  vers  le 
duc  de  Rohan,  avec  un  sauf-conduit  du 
connétable. 

Après  le  siège,  tous  les  combats  qui  se 
livrèrent  sous  les  murs  de  la  ville  virent 
quelque  membre  de  cette  famille.  Jehan- 
Louis  de  France  «  fils  à  feu  noble  Jean  de 
France  seigneur  de  Lagravière.  feust  tué 
le  mercredi  23  may  1629,  au  siège  du  fort 
de  Malefigue  (près  la  ville)  et  feust  sé- 
pulture le  lendemain  jeudy  24  may  1629 
à  Montauban.  »  (Etat  civil  de  Montauban. 
Décès;  1629  fo  o).  On  en  voit  d'autres  se 
distinguer  en  1625,  pendant  les  attaques 
des  troupes  du  duc  d'Epernon. 

Le  capitaine  France-Lamothe  mourut  en 
1633.  «  Le  sieur  de  France-Lamothe,  dé- 
cédé au  lieu  de  La  Mothe  le  27  mars  1635, 
fut  enseveli  en  fort  belle  et  honorable 
compaignie,  au  cimetière  de  Montauban.  » 
(État  civil  de  Montauban.)  Ajoutons,  quoi 


qu'il  y  ait  incertitude  sur  ce  nom  :  Honoré 
de  France,  docteur  et  avocat,  qui,  premier 
consul  de  Castres  en  1633  fut  nommé,  l'an- 
née suivante,  représentant  de  celle  ville 
aux  États  du  Languedoc. 

(]etle  famille  est  éteinte  depuis  quelques 
années.  Elle  était  alliée  aux  familles  mon- 
tai banaises  :  de  Cassaing,  D'Escorbiac,  de 
Bonnefoi,  de  Garrisson,  de  Vignier,  etc. 
Elle  était  restée  fidèle  aux  principes  de  la 
Réforme.  Jusqu'aux  derniers  jours,  ses 
membres  avaient  compté  coaime  anciens 
des  Eglises.  On  trouve  Elie  de  France,  s"" 
de  Lamolhe,  encore  an;*ien  du  consistoire 
de  Bruniquel  en  juin  1683.  C'était  à  ce 
moment,  la  seule  église  de  toute  la  basse 
Guienne  qui  eut  encore  son  temple.  Ce- 
pendant aucun  membre  de  cette  famille 
n'ayant  abandonné  le  royaume  à  la  révo- 
cation on  doit  penser  qu'elle  fit  acte  d'ad- 
hésion à  la  religion  romaine  '.  A  Montau- 
ban, on  vit,  un  d'entre  eux  figurer,  le 
23  août  1C83,  parmi  les  nouveaux  con- 
vertis qui  allèrent  à  l'évêché  de  Montau- 
ban faire  leur  soumission  à  l'évêque,  M.  de 
Colbert.  Elle  s'empressa  d'ailleurs  de  ren- 
trer dans  le  protestantisme  dès  l'établis- 
sement de  la  liberté  des  cultes. 

La  branche  établie  à  Castres  dès  16iO, 
avait  suivi  la  fortune  et  les  diverses  rési- 
dences de  la  chambre  de  l'édit  de  Langue- 
doc. Quand  celle-ci  fut  fixée  à  Castres, 
«  Jean  France  procureur  en  la  chambre 
du  parlement  séant  à  Castres  »  s'y  établit, 
et  y  acquit  en  1651  les  seigneuries  de 
Mandoul,  Puechnautier  et  Saint-André, 
qui  donnèrent  plus  tard  leurs  noms  à  di- 
vers de  ses  descendants.  Plusieurs  prirent 
du  service  dans  les  armées  du  roi,  comme 
officiers,  et  l'un  d'eux  même,  «  Piurre  De- 
france  seigneur  de  Penautier  »  chevalier 
de  Saint-Louis  dès  1735,  parvint  au  grade 
d'exempt  et  sous-aide  major  des  gardes  du 
corps  et  mestre  de  camp  de  cavalerie  lé- 
gère en  1747. 

A  celte  branche  appartiennent  Jean 
France  de  S^-André,  étudiant  à  l'acad.  de 
Genève  (Johannes  France  à  S'-André  cas- 
trensis)  inscrit  le  3  fév.  1672,  et  plusieurs 
anciens  du  consistoire  de  Castres.  L'un 
d'eux  eu  particulier,  député  par  son  église 

1  De  la  même  manière  que  la  famille  Fornier 
de  Clausonne  (ci  de.ssus  col.  639)  et  une  foule 
d'autres,  obligées  à  l'inscription  sur  les  registres 
du  curé. 


697 


FRANCE   —   FRANCILLON 


698 


au  synode  de  Saverdun,  eu  septembre 
1678,  fut  spécialement  chargé  par  celte  as- 
semblée, avec  Isarn,  ancien  de  Castelnau- 
dary,  de  faire  la  répartition  entre  les  égli- 
ses des  sommes  à  payer  par  chacune  d'el- 
les, en  exécution  d'un  jugement  qui  avait 
été  rendu  récenmient  (Hist.  de  l'Albigeois, 
par  C.  Rabaud,  37o). 

La  branche  établie  à  Castres,  alliée  à 
toutes  les  anciennes  familles  des  officiers 
de  la  chambre  de  l'Edit,  les  d'Olivier,  les 
de  Salady,  les  Descorbiac^  les  Bouflard- 
Madiane,  resta  confinée  dans  sa  terre  de 
Mandoul  depuis  la  Révocation.  Aucun  de 
ses  membres  ne  sortit  du  royaume,  mais 
elle  resta,  malgré  l'abjuration,  attachée  de 
cœur  à  la  religion  proscrite.  Elle  existe 
encore  et  a  pour  chef,  actuellement,  M.  H. 
de  France-Mandoul,  propriétaire  à  Castres, 
ancien  officier  de  marine,  président  du  co- 
mité des  Orphelins  protestants  de  Castres 
et  ancien  du  Consistoire.  — Son  frère,  Au- 
guste, entra  dans  la  marine  royale,  devint 
officier,  et  fut  fait  prisonnier  par  le  sultan 
Abd-el-Kader  le  11  août  1836,  dans  les 
environs  d'Arzew.  Après  une  longue  cap- 
tivité il  fut  échangé  et  reprit  son  service, 
qu'il  quitta  bientôt,  pour  se  marier  àMoa- 
tauban  en  1845.  Il  fut  élu  ancien  du  Con- 
sistoire. —  Son  fils,  He.\rï,  habite  cette 
viUe,  consacrant  ses  loisirs  à  l'étude.  Son 
travail  sur  l'ancien  temple  des  Huguenots 
de  Montauban  (Bull,  archéol.  de  Tarn  et 
Garonne,  1880)  a  permis  de  connaître  un 
édifice  important  entièrement  disparu  et 
oublié.  Son  ouvrage  sur  les  victimes  de  la 
Révocation  intitulé  Les  Montalbanais  et  le 
Refuge;  Montauban,  Forestié,  1887,  in-4o 
600  p.,  fruit  de  longues  recherches  et  d'un 
vif  sentiment  filial,  est  de  la  plus  grande 
utilité  pour  débrouiller  les  origines  de  nos 
exilés  du  Languedoc. 

2.  FRANCE.  Plusieurs  autres  protes- 
tants de  ce  nom  sortirent  de  La  Rochelle 
et  des  îles  de  la  Saintonge  pour  grossir  le 
refuge  [Haag,  V  16'.)]  tels  que  :  Michel  et 
Abel,  Jeanne  et  Rachel  France  (M  667)  ; 
Arnaud  France  de  l'île  de  Rhé,  réfugié  à 
la  Caroline  en  1685  avec  sa  femme  et  deux 
enfants  (Tt  247  et  Baird,  Les  Hug.  en 
Amer.,  p.  257)  ;  Jacob  France  mort  à  Du- 
blin en  1688,  etc.  —  Marthe  France  de  St- 
Chapt  en  Languedoc,  morte  à  l'hôpital  des 
réfugiés  de  Lausanne,  à  70  ans,  septemb. 
1714.  —  Pierre  Franceson,  d'Alais,    ga- 


zier,  réfugié  à  Berlin  avec  sa  femme  et  2 
enf.,  1698;  autre  Pierre,  d'Alais,  assisté  à 
Genève,  1703.  —  Pierre  Franchar,  de 
Lourmarin,  porteur  de  chaise,  réfugié  à 
BerUu  avec  femme  et  enf.,  1698.  —  Louis 
de  Franchemont  procureur  au  bailliage  de 
La  Ferté-au-Col,  marié  au  temple  de  Cha- 
renton,  juill.  1638,  avec  Louise  fille  de 
Théodore  Vuyriot,  médecin,  et  de  Marie 
Mauclerc.  Marie  Franchemont,  veuve  de 
Jean  Garrigue  et  sa  famille,  réfugiés  de  la 
sénéchaussée  de  Périgueux,  1685  (Tt  267). 
Dam'ie  Charlotte  de  Franchemont,  de  La 
Ferté-au-Col  de  Brée,  réfugiée  à  Berlin, 
1698.  —  E.  de  Franchimont,  à  La  Haye, 
fév.  1607  (Epist.  franc,  par  J.  de  Rives, 
in-8o,  1614,  p.  88). —  Nicolas  Franchesquin, 
contraint  à  mourir  de  faim  à  Cabrières,  1562 
(Crespin). — Marie  de  Franchecille,  enfer- 
mée dans  un  couvent  d'Alençon,  1715  (Tr 
270).— Marie  Frartcftome,  de  Paris,  81  ans, 
«veuve  d'un  marchand  de  point,  «assistée 
(10  liv.)  à  Londres,  1706. —  David  jPron- 
chon,  lapidaire  et  sa  femme,  de  Nancy, 
réfugiés  à  Berlin,  1698.  —  Judith  Francier 
[Haag,  V,  57  note]  fille  d'Etienne  Fran- 
cier sieur  de  La  Brière  et  de  Marie  Mois- 
sart,  devenue  orpheline  à  sept  ans  est 
faite  catholique  à  l'âge  de  11  ans,  en 
1674  ;  elle  avait  été  baptisée  au  temple  de 
Bourg-l'abbé^  2  déc.  1663,  par  le  pasteur 
Bochart,  présentée  par  Henri  du  Bourget 
sr  de  Bonneval  et  Marie  Hue  fille  du  s^ 
de  Carpignet  (M  675). 

FBANCILLON,  nom  d'une  famille  do- 
miciliée depuis  deux  siècles  à  Genève  et 
surtout  à  Lausanne,  lieu  de  son  principal 
établissement,  où  elle  s'est  acquis  et  con- 
serve de  nos  jours  une  position  considé- 
rable. Cette  famille  est  originaire  de  l'AI- 
ben,  en  Dauphiné,  d'où  Jacques  Francil- 
lon  vint  à  Genève,  au  grand  refuge,  comme 
disent  les  registres  de  la  Bourse  française 
de  Lausanne,  c'est-à-dire  en  1685.  La  tra- 
dition porte  que  ce  proscrit  vint  en  Suisse 
dans  le  plus  grand  dénûment,  ne  possé- 
dant que  ses  vêtements;  mais  il  transmit  à 
ses  descendants  les  habitudes  d'ordre  et  de 
travail  qui  ont  été  l'apanage  et  la  cause  du 
succès  de  la  fauiille  Francillon,  comme  de 
tant  d'autres  familles  huguenottes  réfugiées 
pour  cause  de  religion.  Jacques  Francillon 
avait  épousé  Judith  Cellier  et  en  eut  deux 
fils  Louis  et  François,  qui  s'établirent  à 
Lausanne. 


699 


FRANCILLON    —    FRANCO 


700 


I.  Louis  Francillon,  né  à  Genève  en 
1696,  acheta  en  1726,  en  même  temps 
que  son  frère,  la  bourgeoisie  de  Coinsins, 
au  Pays  de  Vaud,  et  en  1728,  celle  de 
Lausanne,  où  il  était  marchand  drapier  et 
fabricant  (Rôle  des  réfugiés  de  1740).  Sa 
femme,  Madeleine  Ortet,  du  Dauphiné,  lui 
donna  six  enfants,  parmi  lesquels  nous  re- 
marquons : 

lo  Jean-François,  marchand  drapier, 
né  en  17;H,  mort  en  1792,  pendant  30  ans 
membre  de  la  direction  des  pauvres  et 
caissier  de  la  Bourse  française  de  Lau- 
sanne. Il  eut  de  sa  femme  Marie-Anne 
Marignac.  deux  fils  :  Pierre-Louis  et 
François,  également  membres  de  la  di- 
rection de  la  Bourse  française  après  la 
mort  de  leur  père  ;  2°  Abraham-Isaac,  as- 
socié de  son  frère,  aussi  époux  d'une  Ma- 
rignac, et  dont  le  petit-fils,  François  Fran- 
cillon, a  fondé  un  important  établissement 
à  Puteaux,  près  Paris. 

François  Francillon ,  second  fils  de 
Jacques,  né  à  Genève  en  1698,  mort  à 
Lausanne  en  1743.  Fixé  à  Lausanne, 
comme  son  frère,  il  y  fonda  en  1722  un 
commerce  de  fers  qui  existe  encore,  con- 
sidérablement développé,  sous  la  raison 
commerciale  Francillon  et  fils.  Il  fut  aussi 
membre  de  la  Direction  de  la  Bourse  fran- 
çaise. Il  épousa  Marie-Elisabeth,  fille  de 
Jean  Candolle  et  de  Marie-Madeleine  Pa- 
tron, qui  lui  donna  quatre  filles  et  deux 
fils  :  Jacques-François  et  Jacob. 

1»  Jacques-François,  né  en  1731,  bour- 
geois de  Lausanne  dès  1768,  continua  le 
commerce  des  fers.  Il  épousa  Anne-Pau- 
line Aubouin,  également  descendante  de 
réfugiés,  et  en  eut  une  nombreuse  famille, 
entre  autres  Jacob,  directeur  de  la  Bourse 
française  de  Lausanne  en  1795  et  dont  la 
descendance  masculine  s'est  éteinte  en 
1880  ;  plus  François-David-Arraham.  Ce- 
lui-ci, né  en  1773,  mort  en  1848,  avait 
aussi  épousé  une  descendante  de  réfugiés, 
nommée  Jeanne-Louise  Penserot,  et  eut 
pour  fils  Marc,  né  en  1811,  chef  actuel  de 
la  maison  de  commerce,  avec  ses  fils  Gus- 
tave et  Eugène.  Marc  Francillon  a  épousé 
en  1833  Olympe -Henriette  Agassiz,  sœur 
de  l'illustre  naturaliste.  Il  vit  encore,  en- 
touré d'une  nombreuse  famille,  savoir: 
Ehnest,  né  en  1835,  fabricant  d'horloge- 
rie à  Si-lmier  et  membre  du  Conseil  na- 
tional suisse  ;  Emile,  né  eu  1836  ;  Adèle 


femme  d'Auguste  Serment,  industriel  à 
Anzin  :  Gustave,  né  en  1841  ;  Maurice, 
né  en  1843  ;  Amélie,  femme  d'Alfred  Cé- 
résole,  pasteur  à  Vevey  ;  Eugène,  né  en 
1851.  Tous  les  fils  ont  de  nombreux  reje- 
tons masculins. 

2o  J.\coB  Francillon.  second  fils  de 
François  et  de  Marie  Elisabeth  (Candolle, 
né  à  Lausanne  en  1732,  mort  à  Genève  en 
171*6,  s'établit  à  Genève  dont  il  acquit  la 
bourgeoisie  en  1761.  Il  avait  été  consacré 
au  ministère  en  1757,  et  fut  pasteur  à 
Chancy  en  1762,  à  Vandœuvres  en  1769, 
et  à  Genève  en  1770.  On  a  de  lui  les  ou- 
vrages suivants  :  Thèses  de  suicidio,  Ge- 
nève, 1755.  in-8o.  L'amour  de  la  patrie, 
sermon  pour  l'anniversaire  de  l'Escalade 
de  Genève,  prononcé  au  temple  nenf,  le 
12  déc.  1765;  Genève,  Chapuis,  1766. 
in-8o,  40  pages.  Histoire  de  la  passion  de 
N. -Seigneur  Jésus-Christ,  Genève,  1779, 
in-So  ;  2me  édit.,  Genève  1821.  in-8o  ;  3rae 
édition,  Valence,  1832,  in-8o.  Le  pasteur 
Jacob  Francillon  avait  épousé  Marie-Eli- 
sab.  Marignac  qui  lui  donna  trois  filles, 
dont  la  cadette,  Elisabeth,  fut  femme  de 
J.-I.-P.C.ellerier,  l'excellent  pasteur  deSa- 
tigny  au  canton  de  Genève.  (E.  Chavannes) 

A  la  même  famille  appartenaient  proba- 
blement [Haag,  "V  170]  :  Henri  Francillon, 
de  St-Maximin  près  Grenoble,  longtemps 
détenu  à  La  Bastille  à  l'époque  de  la  Ré- 
vocation quoiqu'il  se  fût  converti  ;  S. 
Francillon,  mentionné  par  Burn  comme 
pasteur  de  l'église  de  St-.lean  à  Londres  et 
Jean  Francillon  que  le  bibliographe  Watt 
cite  comme  auteur  d'une  Description  of  a 
rare  scarahxus  from  Potosi  in  South  Ame- 
rica, London,  1795,  in-4''. 

FRANCLIEU  (M.  et  Mme  de),  de  Paris, 
enfermés  aux  Nouv.  cathol.,  1701  (E 
3387). 

FRANCO  (Pierre),  né  à  Turriers  en 
Provence  [Haag,  V  170]  dans  les  premiè- 
res années  du  XYI^e  siècle,  fut  un  des 
chirurgiens  les  plus  habiles  et  des  auteurs 
les  plus  originaux  de  son  temps.  Chassé 
de  France  par  les  persécutions,  il  se  re- 
tira en  Suisse,  vers  1546.  et  fut  chargé  à 
Berne  de  l'enseignement  de  l'anatomie. 
Sur  la  fin  de  ses  jours,  il  rentra  pourtant 
dans  sa  patrie  et  se  fixa  à  Orange.  On  ignore 
la  date  de  sa  mort.  Franco  s'est  signalé 
particulièrement  dans  la  lithotomie  et  la 
chirurgie  des  hernies.  Entre  autres  inven- 


701 


FRANCO  —  FRANÇOIS 


702 


lions  remarquables,  on  lui  doit  celle  de  la 
taille  par-dessus  le  pubis,  qui  révèle  en  lui 
un  génie  éminemment  chirurgical.  Il  n'a 
laissé  que  deux  ouvrages,  aussi  instructifs 
par  la  richesse  du  fond  qu'intéressants  par 
la  naïve  originalité  de  la  forme.  Nous 
voulons  parler  de  son  Petit  traité  conte- 
nant une  des  parties  principales  de  la  chi- 
rurgie laquelle  les  chirurgiens  herniaires 
exercent  (Lyon  lî)56,  in-8o),  et  de  son 
Traité  des  hernies,  contenant  une  ample 
description  de  toutes  leurs  espèces  et  autres 
excellentes  parties  de  la  chirurgie  (Lyon, 
1561,  in-8o).  Au  jugement  de  M.  Dezeime- 
ris,  «  ce  qui  distingue  éminemment  cet 
ouvrage  des  écrits  de  la  mrme  époque, 
c'est  la  place  qu'y  tient  l'observalion,  c'est 
le  bon  sens  qui  en  fait  le  fond,  c'est  la 
justesse  des  jugements  portés  sur  les  opé- 
rations qui  y  sont  décrites.  On  admire 
dans  l'auteur,  ajoute  ce  critique,  la  noble 
franchise  avec  laquelle  il  fait  l'aveu  de 
ses  fautes  ou  le  récit  de  ses  insuccès.  »  On 
ne  sait  ni  la  date  de  sa  naissance  ni  celle 
de  sa  mort,  mais  il  avait  en  1561  trente- 
trois  années  d'exercice  de  sa  profession. 

1.  FRANÇOIS. capitaine  huguenot [Haag, 
V  170]  dans  la  première  guerre  civile 
(1562).  Ancien  de  l'église  de  Nantes, 
François  était  un  de  ces  zélés  calvinistes 
pour  qui  la  présence  d'une  image  dans  une 
église  était  un  sacrilège,  et  celle  d'un  autel 
une  profanation.  Aussi,  l'amiral  l'ayant 
chargé,  13  août  1562,  de  défendre  Châtil- 
lon-sur-Loing,  où  il  avait  envoyé  sa  fa- 
mille à  cause  de  la  peste,  qui  s'était  dé- 
clarée à  Orléans,  le  premier  soin  du  capi- 
taine fut-il,  bien  qu'il  n'eût  qu'une  tren- 
taine d'hommes  sous  ses  ordres  et  que  la 
majorité  des  habitants  fussent  catholiques, 
de  faire  disparaître  autels  et  images  de 
l'église,  dont  il  mit  ses  coreligionnaires  en 
possession.  Coligny  ne  tarda  pas  à  rappe- 
ler auprès  de  lui  ses  enfants  et  ceux  de 
son  frère  d'Andelot,  que  François  eut  ordre 
d'escorter.  Il  partit  en  laissant  le  sieur  de 
Gigon  dans  le  château  avec  ceux  des  habi- 
tants qui  professaient  la  religion  réformée. 
Délivrés  de  sa  présence  et  enhardis  par  le 
voisinage  de  l'armée  royale,  les  catholi- 
ques reprirent  leur  église  ;  cependant  un 
accord  ne  tarda  pas  à  intervenir  entre  les 
deux  partis,  et  il  fut  décidé  que  le  curé  et 
le  ministre  y  célébreraient  tour  à  tour  le 
service  divin.  La  résolution  était  pleine 


de  sagesse;  mais  le  traité  fut  bientôt 
rompu,  et  cela  par  les  protestants.  Monta- 
léon.  chef  de  l'escorte  que  Condé  avait 
donnée  à  Boucart  partant  pour  l'Allenja- 
gne,  étant  entré  dans  la  ville  à  son  pas- 
sage, chassa  impitoyablement  les  prêtres 
catholiques,  sans  égard  pour  la  modéra- 
tion dont  ils  avaient  donné  des  preuves. 
La  violence  ordinaire  aux  catholiques  fut 
parfois  contagieuse. 

2.  FRANç6iS(Piehrk),  sieur  du  Temps», 
quitta  l'étude  du  droit  pour  embrasser  la 
carrière  des  armes.  Il  suivit  Condé  à  la 
prise  de  La  Fère,  en  1579,  et  après  la  ca- 
pitulation de  cette  ville,  il  se  retira  à  Fon- 
tenay-le-Comte,  où  il  fut  nommé  conseil- 
ler du  roi  et  remplit  plus  tard  les  fonctions 
de  maire.  Il  épousa,  en  1599,  Claude  fille 
de  Jean  Du  Chasteau,  conseiller  du  roi,  et 
de  Jeanne  Du  Pont,  d'où  naquit  Jeanne. 
baptisée  en  1601,  et  Etienne,  né  en  1603. 
Sa  femme  étant  morte,  il  se  remaria,  en 
1("04,  avec  Hélène,  fille  de  Pierre  Choquet. 
sieur  de  Moureau,  et  de  Marie  Bouhier  : 
de  ce  mariage  il  eut  encore  quatre  en- 
fants :  Pierre,  qui  suit;  Si.mon,  sieur  de 
Chaillezais,  qui  épousa  Gabrielle  Marti- 
neau  et  en  eut,  entre  autres,  François, 
sieur  de  Chaillezais,  lequel  ne  laissa 
qu'une  fille  de  son  mariage  avec  Marie 
Guillon  ;  Marie,  femme  de  Jacques  Bigot- 
teau,  président  au  conseil  de  La  Rochelle; 
et  Marie-Catherine,  mariée  à  François 
Collardeau,  sieur  de  Villepréau. 

Né  à  Fontenay,  en  1608,  Pierre  Fran- 
çois succéda  à  son  |ère  dans  l'office  de 
conseiller  du  roi  en  l'élection  de  cette 
ville.  Sa  femme,  Françoise  De  Jean,  fille 
de  Claude  De  Jeow,  conseiller  en  la  maison 
commune  de  Fontenay,  et  de  Catherine 
Picliard.  le  rendit  père  de  sept  enfants  : 
lo  Pierre,  né  en  1644,  conseiller  du  roi 
en  l'élection  de  Fontenay,  qui  n'eut  pas 
d'enfants  de  Jeanne  Brisson  ;  —  2»  Marie, 
morte  fille  ;  —  3»  Marguerite,  femme  de 
.Jacques  de  Gentet,  sieur  des  Louches  ;  — 
4°  Simon,  mort  sans  alliance  ;  —  5»  Hé- 
lène, femme  de  René  Vigoureux,  sieur  de 
La  Saumernière  ;  —  6"  Jean,  né  en  1652, 
conseiller  du  roi,  converti  à  la  révoca- 
tion; —  7o  Jacques,  sieur  de  La  Cliesne- 
lière,  né  en  1653,  conseiller  du  roi  en  la 

'  fonf.  d'autres  Du  Temps,  ci-dessus  t  V, 
1075-81. 


FRANÇOIS 


704 


sénéchaussée  de  Fontenay,  qui  n'eut 
qu'une  fille  de  son  mariage  avec  Catherine 
de  La  Boucherie. 

3.  La  famille  François,  de  Fontenay, 
était  vraisemblablement  apparentée  à  une 
famille  du  même  nom  établie  à  La  Ro- 
chelle. Les  registres  de  l'église  réformée 
de  cette  dernière  ville  nous  font  connaî- 
tre ;  Jean  François  marié  à  Marguerite 
Prévost,  parrain  en  1561  ;  Gilles  F.,  mem- 
bre du  conseil  extraordinaire  du  maire, 
1561  ;  Madelaine  F.,  femme  de  Joël  de 
Laurière,  1598;  Madelaine,  femme  de  Jean 
Bureau,  1617  ;  Marie,  femme  de  Jean  Ni- 
colas escuyer,  s""  de  Courcelles;  Marie, 
marraine,  18  août  1654,  avec  Ozée  Lhom- 
medieii,  fugitif  pour  cause  de  religion  en 
1685.  —  Isaac  François,  de  La  Rochelle, 
étudiant  à  Montauban  en  1659,  peut-être 
le  même  qui  fut  ministre  à  Surgères,  1674  ; 
à  Gémozac,  1674-83. 

4.  FRANÇOIS  (Nicolas)  était  vers  1550 
un  prêtre  catholique,  du  versant  lorrain 
de  la  vallée  de  Sainte-Marie-aux  Mines, 
curé  de  l'église  de  S'e-Marie-Madelaine 
et  tonnant  contre  la  Réforme  avec  une 
grande  âpreté  (voy.  Muhlenbeck,  Hist.  de 
S'e-Marie-aux-Mines,  p.  167).  Mais  au 
souffle  de  la  discussion,  ses  idées  subirent 
une  transformation  complète  et  lorsque 
Jean  Figon  quitta  l'église  d'Eschery  (ci- 
dessus,  col.  531),  ce  fut  à  lui  qu'on  son- 
gea pour  le  remplacer,  seulement  les  fidè- 
les de  la  contrée  voulurent  d'abord  une 
enquête  sévère  sur  ses  opinions  religieu- 
ses ;  ils  le  firent  examiner  par  le  ministre 
de  Metz,  Pierre  de  Cologne  (IV  col.  530) 
et  il  dut  signer,  16  juill.  1562,  cette  pro- 
fession de  loi  qui  existe  encore  '  : 

Je,  Nicolas  François,  reconnais  et  certifie 
que  je  vivrai  et  mourrai  avec  cette  pensée 
en  Dieu  que  tout  ce  qui  est  contenu  et  écrit 
dans  l'ancien  et  le  nouveau  Testament  et 
accepté  par  la  sainte  église  chrétienne  que 
/cela  même  est  la  vraie  parole  de  Dieu,  dic- 
tée et  confirmée  par  le  saint  Esprit,  puis 
transcrite  et  enregistrée  par  les  prophètes 
et  les  évangélistes  pour  l'édification  des 
saintes  églises  chrétiennes,  et  je  crois  que 
le  Symbole  des  saints  apôtres  en  est  le 
sommai:  e  d'où  vient  qu'on  les  nomme  vul- 
gairement la  grande  déclaration  de  croyance 

1  En  allemand,  autographe  ;  Ich  Niklaus  Fran- 
ciscns,  bekhenne  und  bestedig  wiU...  (Muhlen- 
beck, p.  169). 


et  la  petite.  —  Item  je  crois  et  reconnais 
deux  sacrements  institués  par  N.  S.  J.-C, 
1°  le  baptême  qui  doit  être  donné  et  admi- 
nistré, à  tous  les  fidèles,  particulièrement 
aux  enfants,  comme  étant  la  semence  d'A- 
braham élue  de  Dieu  ;  2°  la  sainte  Cène 
dans  laquelle  les  }irécieux  corps  et  sang  du 
Seigneur  Jésus-Christ  nous  sont  donnés 
spirituellement  et  matériellement  par  la 
foi.  —  Item  je  crois  et  reconnais  aussi  l'en- 
seignement tel  qu'il  est  institué  dans  les 
églises  contbnnément  à  la  parole  de  Dieu. 
—  Item  je  reconnais  que  l'autoi-ité  et  le 
magistrat  sont  d'institution  divine  et  qu'on 
leur  doit  respect  et  obéissance. 

Il  reçut  la  consécration  au  saint  minis- 
tère dans  l'église  d'Esehery  le  27  juillet 
suivant  et  resta  attaché  à  cette  église  jus- 
qu'en 1565.  Sur  la  fin  de  1566,  il  fut, 
comme  avait  été  Pierre  de  Cologne,  minis- 
tre du  comte  de  Clervant,  puis  il  alla  à 
Metz,  et,  de  cette  ville,  alla  prêcher  l'Évan- 
gile dans  un  grand  nombre  de  villages  du 
pays  messin  :  Silly,  Lorry-devant-le-Pont, 
Rurtoncourt,  Courcelles-Chaussy.  Il  mou- 
rut, en  1580,  dans  ce  dernier  lieu  où  le 
ministre  Claude  Lerotj  le  remplaça.  Il 
s'était  marié  à  Metz,  car  un  acte  nous  ap- 
prend qu'il  avait  deux  filles  dont  l'une, 
Marie,  épousa,  le  17  fév.  1585,  un  Lorrain 
nommé  Gerardin  Le  Dagu,  de  Rouxières- 
sous-Froidmont  '. 

5.  FRANÇOIS  (Richard),  dit  Vauville, 
ancien  moine  augustin,  qui  devint  njinis- 
tre  et  fut,  au  rapport  de  Théod.  de  Bèze 
etValerand  Poullain,  un  ministre  excel- 
lent. Il  prêcha  l'Évangile,  avec  beaucoup 
de  fruit,  à  Rourges,  puis  à  Monldidier,  en 
1547.  Il  passa  en  Angleterre  et  fut,  en 
1550,  un  des  quatre  ministres  fondateurs 
de  l'église  de  Londres.  A  l'avènement  de 
la  reine  Marie  Tudor  (1553),  il  quitta 
l'Angleterre  et  vint  s'établir  à  Strasbourg  : 
il  joua  un  rôle,  comme  prédicateur,  dans 
la  fâcheuse  affaire  du  ministre  Jean  Gar- 
nier  (voy.  ce  nom),  en  1555.  De  Stras- 
bourg, il  se  retira  à  Francfort.  —  Jehan 
Françoys  «  natif  de  S'-Maixans  dioc.  d'A- 
myans  en  Picardie,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève, avril  1557.  —  François  François, 
«  de  Gardane  dioc.  d'Aix  au  pais  de  Pro- 
vence, id.  juin  1559.  —  «  Maistre  Loys 
Françoys,  tondeur,  a  pris  congié  (à  Lau- 
sanne, de  soy  retirer  en  France,  voyant  le 

1  Notes  de  M.  le  p'  0.  Cuvier. 


I 


705 


FRANÇOIS  —    FRANCŒUR 


706 


florissement  de  l'Évangile ,  «  10  mars 
1562.  —  (André),  ministre  à  Berneuil  en 
Saintonge,  1372-76.  —  Jean  François, 
d'Uzès,  étudiant  à  Genève,  1623.  —  (Abra- 
ham), officier  dans  l'armée  hollandaise, 
1700  et  1701.  —  François  dit  Germain, 
pasteur  du  désert  en  Guyenne,  1758  (voy. 
Ch.  Coquerel,  Hist.  des  ég.  du  désert,  II 
253). 

6.  FRANÇOYS  (Claude)  «  de  Metz  en 
Lorraine,  mercier  et  gantier,  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  septemb.  1351.  —  (Jean), 
bourgeois  de  Metz,  procureur  en  la  Jus- 
tice, nommé  pensionnaire  (100  1.  par  an) 
et  avocat  de  la  cité  le  22déc.  1582  ;  privé 
de  son  ofifice  en  1585  avtc  86  autres  de 
ses  coreligionnaires.  «  En  vertu  de  lettres 
patentes  du  7  septemb.  1585,  le  lieute- 
nant général  du  Roy  au  gouvernement  de 
Metz,  Philippe  de  Senneton,  cita  devant 
lui  le  maître-échevin  avec  son  Conseil, 
pour  exhorter  les  réformés  ayant  charge 
publique  à  se  réduire  à  l'union  de  l'Église 
cath.  apost.  et  romaine  afin  d'être  main- 
tenus dans  leurs  offices.  Jean  François 
porta  la  parole  au  nom  des  autres,  qui  tous 
refusèrent,  sauf  deux;  sur  quoi  les  refu- 
sants furent  interdits  de  l'exercice  de  leurs 
offices.  »  Les  registres  de  l'église  de  Metz 
mentionnent  encore  :  Anne,  fille  de  Denys 
François,  épousant,  13  janv.  1566,  Jean 
Garnier,  ministre  de  Metz;  —  Samuel 
François,  fondeur,  nommé  en  1597  grand- 
juré  des  monnoyeurs  et  graveur  de  la 
raonnoie  de  Metz;  Joseph  Rouppert  lui 
succéda  en  1622  ;  —  Daniel  François, 
«  maître  garnissenr  de  canons,  »  marié  en 
1637  à  Madeleine  Rouppert.  A  Berlin  on 
trouve  Suzanne  François,  veuve  de  David 
Velonne  maître  d'école  à  Metz,  laquelle  se 
remarie,  1694,  avec  Isaac  Naudé,  mar- 
chand à  Metz.  —  On  lit  dans  les  archives 
du  bailliage  de  Metz  que  Jean  François, 
jardinier,  et  sa  femme  Elisabeth  Halanzy, 
habitants  de  Jouy-aux-Arches,  quoiqu'ils 
eussent  abjuré  le  protestantisme  mépri- 
saient la  religion  catholique  et  instrui- 
saient dans  l'hérésie  leurs  trois  enfants 
qu'ils  n'envoyaient  ni  aux  offices  ni  aux 
instructions  du  curé.  Dénoncés  par  celui- 
ci,  ils  comparurent  au  bailliage  de  Metz 
qui  par  sentence  du  2  mai  1739  les  con- 
damna à  500  liv.  d'amende  envers  le  Roy 
et  à  100  1.  pour  orner  l'église  de  Jouy  et 
la  chapelle  des  prisons  royales,  leur  enjoi- 


gnant d'envoyer  leurs  enfants  à  la  messe 
et  à  l'instruction,  sous  peine  que  les  en- 
fants soyent  enfermés,  deux  ans,  à  leurs 
frais,  dans  la  maison  de  la  Propagation  de 
la  foi  ;  dans  cette  affaire  furent  saisis  chez 
les  condamnés,  une  vie  de  Jésus,  les  Évan- 
giles latin-français  et  un  catéchisme  imp. 
à  Francfort  en  1734  (0.  Cuvier). 

FRANCOEUR  (Didier),  «  cordannier 
natifz  de  Challons  en  Champaigne,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  juillet  1549.  Fran- 
cœur,  de  Paris,  manufacturier  en  soie, 
assisté  à  Lausanne,  décemb.  1689.  —  J.- 
Pierre Françon,  de  Pierregourde  en  Viva- 
rais,  assisté  à  Genève  et  à  Lausanne, 
1699,  allant  avec  sa  femme  et  4  enf.  join- 
dre la  colonie  de  Neuhaldensleben  en 
Brandebourg.  —  Etienne  Franconat,  de 
Tonneins  en  Guyenne,  assisté  à  Lausanne, 
allant  en  Hollande,  1698.  —  Gabriel  Fran- 
connet  docteur  es  lois,  ancien  de  l'église 
de  Pamiers  au  synode  gén.  de  1598.  — 
(François)  réfugié  avec  sa  famille  (4  pers.) 
à  Mannheim,  1700  ;  (Jacques)  mort  à  Lon- 
dres, 1710,  enterré  par  l'assistance  publi- 
que. —  Francourt,  voy.  ci-dessus  Barbier 
(I,  col.  794).  —  François  Franelle,  d'El- 
beuf,  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
l'Allemagne,  1700.  —  Claude  Franjeu 
aliàs  Franjoux,  de  Gien-sur-Loire,  taffeta- 
tier,  ancien  prosélyte,  fugitif  avec  sa  fem- 
me et  3  enf.  et  une  servante,  assisté  à  Ge- 
nève et  à  Lausanne,  1692.  —  Jehan 
Franq,  «  du  lieu  de  Turniers  en  Pro- 
vence, dioc.  d'Embrun,  »  reçu  habitant 
de  Genève,  octob.  1534.  —  Suzanne  et 
Madelaine  Franque,  de  Corps  en  Dau- 
phiné,  assistées  à  Genève,  d'un  viatique 
d'un  écu  pour  passer  en  Suisse,  1693.  — 
De  Franquefort,  famille  de  La  Rochelle; 
en  partie  réfugiée  à  Portarlington  (Irlande) 
en  1685  ;  obtient,  en  France,  un  juge- 
ment de  maintenue  de  noblesse,  daté  du 
13  juin.  1698.  =  Armes:  d'azur  au  che- 
vron d'or  accompagné  en  chef  de  2  étoi- 
les et  en  pointe  d'un  lion  couronné  et 
armé.  M"e  de  Franquefort  enfermée  au 
couvent  de  N.-D.  de  Saintes  en  1728.  Une 
partie  de  la  famille  se  convertit  cependant, 
car  Paul  de  Franquefort,  s'  de  La  Barro- 
nère,  de  La  Bange  et  du  fief  de  La  Ro- 
chette  était  capitaine  d'infanterie  ;  marié 
vers  1730,  il  eut  plusieurs  enfants  parmi 
lesquels  Jacques-Paul,  lieutenant- colonel, 
qui    épousa,    29  juill.    1786,   Marguerite 

VI.  53 


707 


FRANQUEFORT  —    FRÉGEVILLE 


708 


Pelloutier.  La  famille  est  aujourd'hui  ren- 
trée dans  le  protestantisme.  —  Jean  de 
Francqueville,  de  Cambrai,  marchand  à 
Londres  en  lo72  (Ogilvy)  ;  —  Renauldine 
Francville,  femme  de  François  de  Lettre 
marchand  de  Cambrai,  retirée  à  Montdi- 
dier  en  Picardie,  pour  cause  de  religion, 
ainsi  qu'Antoine  Caron  «  murquinier  et 
coultier  de  toilettes  qu'on  fait  exquises  en 
la  même  ville  (de  Cambrai),  »  et  Claudine 
sa  femme,  éLant  un  jour  allés  à  Péronne, 
y  furent  emprisonnés  à  la  poursuite  de 
1  évêque  de  Cambrai  et  brûlés  comme  hé- 
rétiques en  juillet  1562.  »  La  sentence  de 
mort  fut  exécutée  en  façon  et  spectacle  si 
horrible  que  la  cruauté  des  plus  félons  y 
deust  avoir  esté  assouvie  et  rassasiée;  une 
partie  du  corps  estoit  bruslée  quand  l'au- 
tre avait  encore  ses  mouvemens,  en  exlrê- 
mes  tourmens  »  {Crespin,  636).  Léon 
Francqueville,  tailleur  à  Douai,  réfugié 
avec  femme  et  enf.  et  un  domestique,  à 
Prenzlau,  1698  ;  puis  à  Neustadt  sur  Dosse, 
1700.  —  Isaac  Franquiau,  cordonnier  à 
Metz  et  Anne  Fréminet  sa  femme,  réfu- 
giés à  Berlin,  1686.  —  Charles  Franquin, 
orfèvre,  ancien  de  l'église  de  Metz,  lo97  ; 
(Isaac),  praticien  du  palais  à  Metz  épouse, 
1609,  Eslher  lille  de  Paul  Boudaine , 
aman;  (Anne)  abjure  en  1686  et  s'enl'uit 
du  royaume  la  même  année,  laissant  ses 
biens  qui  sont  confisqués  ;  (Judith)  étant 
morte  relapse  en  1702,  est  condamnée  par 
le  Bailliage  après  sa  mort,  ses  biens  confis- 
qués et  sa  mémoire  abolie.  —  Yvert  de 
Franrepai7-e,  assisté  à  Genève,  «  3  fleu- 
rins  pour  lui  payer  le  port  de  ses  bardes,  » 
déc.  1553.  —  Jean-Joachim  Frantz,  de 
Strasbourg,  auteur  d'une  Historia  Caroli 
magni,  publiée  avec  la  Vie  de  Charlema- 
gne  par  Eginhard  el  une  préface  par  J.-P. 
Bœcler.  Argentorati,  1644,  in-4o  [Haag,  V 
171].  —  Jacq.  Frapert,  de  Sedan,  réfugié 
à  Berlin,  1698.  —  De  Frasans,  ancien 
de  Dijon,  demande  à  Genève  un  ministre 
pour  son  église,  1562.  —  Malt.  Frasche, 
tisserand,  vaudois,  fugitif  avec  sa  femme 
près  d'accoucher,  assisté  à  Lausanne,  déc. 
1697.  —  Claude  Frat,  de  près  Nîmes, 
«  venant  des  troupes  de  France,  »  assisté 
à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Allemagne, 
1702.  —  l'^abeau  Frau,  de  Quint  en  Dau- 
phiué,  assistée  à  Lausanne  1689  ;  (Pierre) 
de  Die,  avec  femme  et  2  enf.,  assisté  à 
Genève,   1693  ;  (Christine)  du  Dauphiné, 


réfugiée  à  Berlin,  1698;  (Pierre)  de  Quint, 
id.,  1709.  —  Maurice  Fray,  de  Vergèze 
en  Dauphiné,  assisté  à  Genève,  1705.  — 
Fraydier,  ancien  de  l'église  de  Poitiers, 
1561  {Bull.  XIV  329).  —  Pierre  Fray- 
mont,  de  Digne,  réfugié  à  Lausanne,  1569. 

—  Claude  Frayon,  de  Pont-S^-Maxence, 
70  ans  et  sa  femme  Elisabeth,  67  ans,  as- 
sistés (2  1.  16)  à  Londres,  1702,  1706.  — 
Pierre  Frazié,  de  La  Ferté  en  Brie,  avec 
sa  femme  et  3  enf.,  et  Louis  Frazié,  de  La 
Ferté  au  Col,  avec  sa  mère  et  sa  sœur, 
réfugiés  à  Berlin,  1698. 

FREBOUL  (Mlle  de),  de  Montpellier, 
avancée  en  âge  et  chargée  de  deux  en- 
fants, secourue  à  Lausanne  pour  rejoindre 
son  mari,  malade,  en  Piémont,  1692.  — 
Jean  Fréchas,  fugitif  de  Lourmarin,  avec 
sa  mère,  sa  femme  et  2  enf.,  assisté  à  Lau- 
sanne, 1698.  —  Louis  Fréchet,  de  Greno- 
ble, assisté  à  Genève,  1704.  —  Pierre 
Frechon,  du  Vivarais,  chapelier,  réfugié 
à  Stargardt,  1700.  —  Charles  Fredein, 
de  Meaux  en  Brie,  ébéniste,  70  ans  et 
Magdeleine  sa  femme,  50,  assistés  (2  1.  2) 
à  Londres,  1705.  —  Félice  Fredel,  du 
Poitou,  fille  de  28  ans,  id.  (5  1.),  1705. 

—  Jean  Fredelinas,  de  Pont-de- Veyle, 
«  facturier  de  bas.  »  réfugié  à  Berlin, 
1698.  —  Isaac  Frederick  est  déboulé  par 
arrêt  du  bailliage  de  Metz  du  3  janv.  1663 
du  droit  de  tenir  école  publique  ou  parti- 
culière à  Courcelles  ;  cependant  sur  l'ap- 
pel de  David  de  Dompiierre  seigneur  du 
lieu,  les  réformés  purent  prouver  leur  droit 
à  tenir  celle  école  et  la  gardèrent  jusqu'en 
1685.  Jean  Friederic,  lecteur  (de  l'église) 
etSam.  Frederick,  maître  d'école,  tous  deux 
de  Metz,  celui-ci  avec  femme  et  3  enf., 
réfugiés  à  Halle,  1698.  —  Loys  Fredet, 
«  natifz  de  Persac  de  Poilouz  en  France,  » 
reçu  habilant  de  Genève,  avril  1557.  — 
Etienne  Frédier,  de  La  Voulle  en  Viva- 
rais, assisté  à  Genève,  avec  femme  et  en- 
fant, 1702.  —  Antoine  Fregaire,  de  S'- 
Elienne  en  Vivarais,  et  Jeanne  Fouchier 
sa  femme,  assistés  à  Lausanne,  1689. 

1.  FRÉGEVILLE.  Nous  avons  parlé  plus 
haut  (V,  col.  446)  du  capitaine  Frégeville 
dont  le  nom  patronymique  était  Arnaud 
Don,  et  qui  commandait  la  milice  de 
Castres  en  1598  {Mém.  de  Gâches,  p.  387). 
Ses  descendants  quittèrent  le  nom  de  Don 
pour  celui  de  Frégeville,  mais  il  ne  faut 
pas  les  confondre  avec  les  Frégeville  ou 


709 


FRÉGEVILLE  —  FRÉMONT 


710 


Fréjeviile  de  Réalmont  qui  appartenaient  à 
la  famille  Gau  ou  Gaut.  A  Réalmont,  deux 
Antoine  de  Frégeville,  père  et  fds,  avaient 
été  condamnés  à  mort  par  le  parlem.  de 
Toulouse  en  1362  (t.  II  col.  64,  65). 

i.  FRÉGEVILLE.  Le  fds  d'Arnaud  Don 
fut  docteur  en  médecine  et  souvent  consul 
de  Castres.  11  s'appelait  Josias  et  épousa 
d'abord  Olympe  de  La  Baume,  qui  lui 
^onna  :  1»  Raymond,  qui  suit  ;  —  2° 
Louis,  sieur  de  Lastours,  présenté  au  bapt. 
par  Jacob  Raymond,  capitaine,  et  par  Es- 
ther  de  La  Baume,  femme  d'Isaac  Ber- 
nard, bourgeois  de  Montauban,  25  fév. 
1625  ;  il  y  fut  avocat  au  parlement  et  se 
maria  avec  Marguerite  Dusson  ;  3°  Jac- 
ques, présenté  au  bapt.  par  Jacques  de  La 
Baume,  écuyer,  sgr  de  La  Laugerie,  frère 
d'Olympe,  17  mars  1626  ;  7°  Paul,  prés, 
par  Paul  de  La  Baume,  avocat  à  la  cham- 
bre de  l'édit,  9  sept.  1627  ;  5o  Marie,  17 
oct.  1628.  —  En  secondes  noces,  Josias 
épousa  Suzanne  de  Teulet,  veuve  de  M.  de 
Malbois,  juge  de  Sommières,  à  Castres,  le 
5  fév.  1635. 

Raymond,  né  en  1616,  docteur  en  mé- 
<iecine,  comme  son  père,  mourut  cosei- 
gneur  de  Burlats,  30  juill.  1694.  Il  avait 
épousé  Marie  de  Dumas  qui  lui  donna  : 
lo  Josias,  bapt.,  25  sept.  1643;  2o  Phi- 
lippe, 26  janv.  1646  ;  3°  Louise,  13  juill. 
1649  ;  4o  Marguerite,  27  fév.  1651  ;  5° 
Marie,  4  juin  1653;  6°  Paul,  26  janv. 
1656;  7°  Raymond,  bapt.  6  mars  1657. — 
Philippe,  second  fds  de  Raymond,  était 
avocat.  Il  épousa  Suzanne  Affre  qui  lui 
donna  Raymond,  le  3  mai  1685.  Ce  fut  un 
des  derniers  baptêmes  protestants  à  Cas- 
tres avant  la  Révocation. 

Le  général  français  Charles-Louis-Jo- 
seph, marquis  de  Frégeville,  appartenait 
sans  doute  à  cette  famille         (Pradel). 

FRÉGIER  (Bertrand),  pendu  à  Aix  en 
1562  (Crespin).  Jacques,  Lucrèce,  Etienne 
Frégier  et  leurs  familles,  fugitifs  d'Orange 
et  Jean,  de  Valence,  assistés  à  Genève,  de 
1703  à  1709.  Etienne  Frégier,  officier  dans 
l'armée  hollandaise,  1742-46.  —  Etienne 
de  Frégodière,  officier  id.,  1696-1752.  — 
André  Frein,  de  l'élection  d'Alençon,  mé- 
decin, fugitif  avec  2  enfants,  1685  (Tr 
270). 

FRÉMAUT  (Pierre),  pasteur  de  l'église 
réformée  de  Cologne  [Haag,  V  171],  en 
1621,  fut  appelé  comme  ministre  à  Emb- 


den,  en  1626,  et  mourut  dans  cette  ville, 
en  1661.  On  a  de  lui  : 

I.  Gods  Ondergericht  in  aller  Menschen 
Herten,  1648. 

II.  Traité  de  la  ré  formation  et  déli- 
vrance de  l'Église  de  la  corruption  et 
servitude  de  Rome  ;  à  Embden,  par  D.-H. 
de  Borckum,  1657  ;  pet.  in-8°,  649  p.  avec 
une  préface  (instructive  pour  l'histoire  du 
temps,  adressée  à  l'Électeur  Palatin  ;  trad. 
en  hollandais,  1658. 

III.  Gods  toetsteen  toi  beproevinge  van 
Jobs  Lydsemheit,  1658. 

IV.  Sentences  remarquables  et  actes  hé- 
roïques des  martyrs  qui  dès  le  temps  de  la 
réformation  ont  souffert  pour  le  nom  de 
Jésus  :  y  joincts  divers  jugemens  de  Dieu 
sur  les  persécuteurs  ;  qui  est  une  addition 
au  Traité  de  la  réforraation  de  l'Église; 
Embden,  D.-H.  de  Borcum,  1660,  pet. 
in-8o  de  238  pages.  Ce  volume  est  un  abré- 
gé du  martyrologe  de  Crespin  précédé 
d'une  épître  dédicatoire  au  seigneur  Jean 
Wolzoguen  de  Missingdorf;  trad.  en  hol- 
landais, 1671.  —  Jean  Fremeau,  labou- 
reur, réfugié  avec  sa  famille  à  Prenzlau, 
1698.  —  La  baronne  de  Fremecourt, 
morte  à  Berlin,  1696  (Erman)  ;  probable- 
ment de  la  même  famille  que  d"e  Alexan- 
drine  de  Fremicourt,  fugitive  de  Cambrai 
établie  à  Berlin  en  1698  (Dieterici).  — 
Isaac  de  Fremerie,  étudiant  à  l'univ.  de 
Leyde,  1685.  —  «  Les  seigneurs  Diacres 
des  pauvres  estrangiers  fransçois  ont  payé 
le  25  mars  1586  dix  écus  soleil  légués  à 
l'ospital  par  feu  noble  Jehan  de  Fremillion 
gentilhomme  fransçois  »  (Livre  des  rece- 
veurs de  l'hop.  de  Genève,  1579-94,  i" 
100  vo).  —  Thierry  Fremin  de  Reims, 
étudiant  à  Genève,  1624.  (Jacques)  ancien 
de  l'église  de  Rouci,  1649  {Bull.  VIII).  Jac- 
ques Fremin,  écuyer,  si"  de  Marsilly,  ma- 
jor, fils  du  grand  bailly  du  comté  de  Rou- 
cy,  épouse  à  Berlin,  12  janv.  1706,  Cathe- 
rine née  à  Metz,  en  1670,  fdle  de  Gédéon 
Allion  sr  de  Maizeroy  médecin  et  d'Esther 
Le  Duchat,  morte  en  1763.  Madelaine  et 
Marie  Fremin,  fugitives  de  Rouen,  1686. 
—  Fréminet,  de  Jamets,  sellier,  établi  à 
Metz,  en  1609.  Sa  descendante  Sara  Fré- 
minet veuve  Mal  fosse,  née  à  Metz  en  1665, 
morte  à  Berhn  en  1715.  —  Mathias  de 
Fréminet,  de  Clermont,  étudiant  à  Genève 
(Matthias  Fremineti  claromontanus),  1614. 

1.   FRÉMONT    (Charles),    «natif  de 


711 


FREMONT 


712 


Quainvenielle  (Canville  ?)  en  Caux,  reçu 
habitant  de  Genève,  novembre  lp59;  — 
(Louis)  de  Caea,  massacré  pour  avoir  re- 
fusé d'invoquer  la  Vierge,  1362  (Crespin). 
—  Frémont  du  Vigier,  ministre  à  S'-Jean- 
d'Angely,  1598.  Pierre  Frémont,  impri- 
meur, et  Elisabeth  Aumont  (alias  Osmont) 
sa  femme  font  baptiser  au  temple  de  Cha- 
reuton,  leur  fils  Jean-Édouard  né  le  12 
janv.  1627  et  leur  fils  Joël  né  le  26  sep- 
temb.  1630.  —  Le  sr  Frémont,  deSt-Bon- 
net  en  Dauphiné,  assisté  à  Genève  d'un 
viatique  pour  la  Suisse,  1704. 

2.  FRÉMONT  D'ABLANCOURT  (Jean 
Jacobé  de),  était  fils  [Haag,  V 171]  de  Jean 
Jacobé,  de  Vitry-le-Franeois,  et  de  Marie 
Perrot,  sœur  de  Nicolas  Perrot  d'Ablan- 
court.  Né  le  5  septemb.  1621,  il  mourut 
à  La  Haye  en  1693;  Bayle  marque  dans 
une  de  ses  lettres  que  la  bibliothèque  du 
défunt  fut  vendue  dans  le  mois  de  décemb. 
de  cette  année-là.  Il  paraît  qu'il  n'avait 
jamais  été  marié.  On  ne  doit  donc  pas  le 
confondre  avec  Nicolas  de  Frémont,  con- 
seiller secrétaire  du  roi,  qui  épousa  l'une 
des  filles  du  célèbre  financier  Herwart,\A- 
quelle  devint  veuve  avant  168S.  Jean 
avait  un  frère  cadet,  Jérémie,  marié  à  Sara 
Le  Goulon,  de  Metz,  et  une  sœur  Jeanne, 
mariée  à  Christophe  Boucherai,  seigr  d'A- 
trye,  qui  tous  deux  moururent  sans  en- 
fants {Bull.  XI  373). 

Jean  et  son  frère  furent  élevés  par  le 
célèbre  Perrot  d'Ablancourt  leur  oncle. 
«  Jamais  enfans,  dit  Patru  dans  sa  Vie 
d'Ablancourt,  n'eurent  une  éducation  plus 
heureuse.  Le  second  est  mort  ;  mais  M.  de 
Frémont  d'Ablancourt,  qui  estoit  l'aisné 
des  deux,  a  bien  fait  voir  qu'on  n'avoit 
pas  travaillé  sur  un  fonds  stérile.  »  Le 
grand  Turenne  l'ayant  pris  sous  son  pa- 
tronage, il  fut  nommé,  à  sa  demande,  en 
1663,  à  l'ambassade  de  Portugal.  Les  Mé- 
moires qu'il  a  écrits,  prouvent  qu'il  n'était 
pas  au-dessous  de  cette  dignité.  Puis,  en 
1673,  il  fut  appelé  à  la  Résidence  de  Stras- 
bourg. Après  la  mort  de  Turenne,  il  re- 
vint à  Paris,  où  «  il  vécut  tranquillement, 
nous  dit  Bayle,  dans  la  lecture  des  bons 
livres  et  dans  le  commerce  des  gens  d'es- 
prit, jusqu'à  ce  que  le  dernier  coup  des 
persécuteurs,  la  Révocation,  le  contraignît 
à  chercher  la  liberté  de  conscience  dans 
les  pays  étrangers.  Il  s'arrêta  à  Groningue 
pendant  quelque  temps  ;  après  quoi  il  vint 


s'établir  à  La  Haye,  et  y  fut  extrêmement 
considéré  de  M.  le  prince  et  de  M™e  la 
princesse  d'Orange.  Il  fut  même  gratifié 
d'une  pension  avec  le  titre  d'historiogra- 
phe. »  C'était,  au  jugement  du  savant  cri- 
tique qui  a  dû  le  connaître  personnelle- 
ment, i  un  homme  de  mérite,  fort  zélé 
pour  la  religion  protestante  et  qui  ne  dé- 
daigna point  de  composer  un  Catéchisme 
françois.  Il  savoit  une  infinité  de  ces  cho- 
ses qui  sont  bonnes  à  débiter  dans  une^ 
conversation,  et  il  les  débitoit  de  fort 
bonne  grâce.  »  C'est  ce  que  remarque  aussi 
Jean  Rou  (dans  ses  Mém.  II,  128)  disant 
a  qu'il  se  faisoit  beaucoup  plus  goûter  par 
les  jolis  contes  dont  il  avoit  en  sa  mémoire 
une  source  intarrissable  que  par  la  soli- 
dité d'un  véritable  et  profond  savoir.  Par 
ce  talent  il  s'étoit  en  cent  lieux  agréable- 
ment insinué  dans  l'esprit  des  personnes 
de  la  plus  grande 'distinction  et  enfin  dans 
celui  de  M^e  la  princesse  d'Orange,  depuis 
reine  d'Angleterre,  laquelle  n'étoit  pas 
plus  aise  que  quand  elle  l'avoit  auprès 
d'elle  à  ses  heures  de  récréation.  »  Il  était 
en  relation  avec  Richard  Simon  qui  le  cite 
souvent  dans  ses  lettres  sous  le  nom  de 
Caraïte.  Elles  sont  au  nombre  de  14, 
adressées  «  au  Caraïte,  »  sous  la  date  de 
1692.  On  voit  par  l'une  d'elles  que  Fré- 
mont l'avait  prié  de  demander  au  chance- 
lier Boucherai,  son  parent,  l'autorisation 
de  rentrer  en  France,  et  que  la  démarche 
était  restée  inutile,  Frémont  refusant  d'ab- 
jurer. Frémont  a  peu  écrit;  son  principal 
ouvrage  n'a  même  été  publié  qu'après  sa 
mort.  On  a  de  lui  : 

I.  Nouveau  dictionnaire  de  rimes,  (ano- 
nyme), Paris,  1648,  in-8o.  —  Frémont  se 
serait  associé  dans  ce  travail  Richelet  qui, 
voyant  le  succès  de  l'ouvrage,  le  refit  sur 
un  nouveau  plan  et  en  publia  seul  [1667] 
une  2rae  édit.  très  augmentée. 

II.  Dialogues  de  la  santé,  (anonyme, 
Amst.,  1684,  in-12.  —  Cet  ouvrage  avait 
d'abord  paru  à  Paris,  où  il  mérita,  au  dire 
de  Bayle,  «  T'approbation  de  MM.  les 
beaux-esprits,  parmi  lesquels  l'auteur  tient 
depuis  longtemps  un  rang  très  considéra- 
ble. » 

III.  M.  Perrot  d'Ablancourt  vengé,  ou 
Amelot  de  La  Houssaye  convaincu  de  ne 
pas  parler  françois  et  de  mal  expliquer  le 
latin,  Amst.,  1686,  in-12.  —  Frémont 
établit  juge  du  débat  M^e  de  La  Haye- 


713 


FRÉMONT  —  FRÈRE 


714 


Vantelai;  la  galanterie  ne  saurait  être  plus 
aimable.  Mais  la  vénération  qu'il  profes- 
sait pour  son  onde,  le  fait  quelquefois 
sortir  des  bornes  de  la  modération.  Il  s'a- 
gissait de  la  traduction  de  Tacite,  cette 
belle  infidèle,  comme  l'appelait  Ménage. 
Frémont  i  n'entreprend  pas,  nous  apprend 
Bayle,  de  justifier  le  célèbre  M.  d'Ablan- 
court,  car  il  le  regarde  comme  un  homme 
dont  la  gloire  est  trop  solidement  établie 
pour  avoir  besoin  qu'on  descende  dans  le 
détail  des  reproches  qui  lui  sont  faits.  Il  se 
borne  donc  à  soutenir  que  M.  de  LaHous- 
saye,  qui  s'est  élevé  contre  une  réputation 
si  générale,  écrit  très  mal  en  françois  et 
ne  traduit  pas  mieux  le  latin.  > 

IV.  Mémoires  concernant  l'histoire  de 
Portugal,  depuis  le  traité  des  Pyrénées 
[16o9]  jusqu'en  1668  avec  les  révolutions 
arrivées,  pendant  ce  temps-là,  à  la  cour 
de  Lisbonne,  Paris,  1701,  in-12  ;  réimpr., 
même  année,  à  Amst.  —  Frémont  revit  la 
traduction  de  la  Description  de  l'Afrique 
par  Marmol-Carvajal,  qui  est  due  à  son 
oncle,  et  ajouta  deux  morceaux  de  sa  fa- 
çon à  la  fin  de  sa  traduction  des  OEuvres 
de  Lucien  :  1°  Dialogue  des  Lettres  de 
l'Alphabet  oii  l'Usage  et  la  Grammaire 
parlent  (pag.  424-60,  édit.  de  Paris,  1707, 
3  vol.  pet.  in-8o).  Ce  petit  écrit,  qui  ne 
serait  pas  indigne  du  sophiste  grec,  n'a 
été  mis  là  que  pour  tenir  lieu  du  Jugement 
des  Voyelles  que  le  traducteur  n'avait  pu 
rendre  dans  notre  langue,  «  avec  toutes 
ses  naïvetés  et  ses  grâces,  «  et  qu'il  avait 
renoncé  à  traduire.  —  2°  Supplément  de 
l'Histoire  véritable  (pag.  461-522).  »  Lu- 
cien, ayant  dit  à  la  fin  du  second  livre  de 
son  Histoire  véritable  qu'il  alloit  décrire 
«nsuite  les  merveilles  qu'il  avoit  vues  aux 
Antipodes,  et  cela  ne  se  trouvant  point, 
soit  que  les  livres  ayent  esté  perdus  ou 
autrement,  il  a  pris  envie  à  celui  qui  a 
fait  le  précédent  Dialogue,  de  se  jouer,  à 
son  exemple,  en  des  aventures  étranges  et 
inouïes.  Mais  comme  il  n'y  a  rien  de  si 
facile  que  de  feindre  des  choses  qui  n'ont 
aucun  fondement  dans  la  raison  ni  dans  la 
nature,  il  n'a  pas  cru  le  devoir  imiter  en 
ce  point,  et  n'a  rien  dit  qui  n'ait  quelque 
sens  allégorique,  ou  quelque  instruction 
mêlée  avec  le  plaisir.  » 

Outre  le  Catéchisme  dont  parle  Bayle,  on 
attribue  encore  à  Frémont  VEpitre  dédi- 
catotre  [à  Bossuetj  des  Cérémonies  et  Cou- 


tumes qui  s'observent  parmi  les  Juifs,  par 
Richard  Simon. 

Une  branche  collatérale  de  la  famille  de 
Nicolas  Frémont  fournit  aussi  son  contin- 
gent au  refuge.  Par  un  rôle  de  Réfugiés 
dressé  en  1687,  nous  voyons  que  Judith 
Du  Pré,  veuve  de  Pierre  de  Frémont,  se- 
crétaire du  roi,  réussit  à  passer  en  pays 
étranger  avec  ses  deux  fils  Pierre,  sieur 
de  Bévanne,  et  Jean-François,  sieur  de 
Vaine,  abandonnant,  nous  apprend  Quick, 
une  fortune  de  plus  de  200,000  livres. 
D'une  autre  branche  descend  Jean-Char- 
les Frémont,  né  le  21  janv.  1813,  voya- 
geur intrépide  et  savant  distingué,  qui  en 
1861  commanda  enchef  pendant  un  temps 
le  principal  corps  de  l'armée  fédérale  des 
États-Unis. 

FRÉMY  (Claude),  ministre  à  Montpel- 
lier en  1S60  [Haag,  X  o5];  —  (Claude), 
de  Sancerre,  60  ans,  assisté  (18  sh.)  à 
Londres,  1710;  —  (Jean),  de  Sedan,  19 
ans,  id.  (2  sh.  6),  Londres,  1710;  con- 
damné en  1736  pour  s'être  marié  à  l'étran- 
ger (M  668).  —  Jean  de  Frêne,  de  Calais, 
laboureur,  réfugié  avec  sa  femme  et  3  enf. 
à  Sirasbourg  en  Uckermarck,  1698  ;  voy. 
Defresne,  V  193.  —  Joseph  de  Prennes, 
officier  dans  l'armée  hollandaise,  1717-30. 

—  De  Frenoi,  famille  bressane,  établie 
dans  le  pays  de  Vaud,  vers  1550-84  ;  — 
Louis  Frenoy,  «  conseiller  inspecteur  des 
manufactures  de  la  ville  d'Arras,  >  réfugié 
à  Berlin  avec  sa  femme,  3  enf.  et  une  ser- 
vante, 1698;  —  André  de  Fresnoy,  olïi- 
cier   dans  l'armée  hollandaise,  1701.  — 

—  Aubin  Frèque,  «  de  Pont-d'Aully  en 
Normandie,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
fév.  1559.  —  Georges  de  Frérart,  ancien 
de  l'église  de  Vitré,  1641  (Filleau,  Décis. 
cath.  p.  246).  —  Frère,  ancien  de  féglise 
de  Chirac,  1601  ;  —  Frère,  maître  des  re- 
quêtes, commissaire  du  roi  pour  l'établis- 
sement de  l'Édit  de  Nantes  en  Bourbon- 
nais, 1603  [Bull.  XII  388);  —  (Jean), 
orfèvre,  épouse  au  temple  de  Charenton 
Rachel,  fille  de  Pierre  de  France,  archi- 
tecte et  de  Marie  Noiret,  août  1640  ;  — 
(Jean)  marchand  à  Pont-de-Veyle,  1669  ; 
(François),  de  Pont-de-Veyle,  étudiant  à 
Genève  (Franciscus  Frère  ponsvellensis), 
1682;  —  (Charles),  de  La  Ferté-sous- 
Jouarre,  fondeur,  assisté  à  Genève  et  à 
Lausanne,  1698.  (La  veuve  de  Barthé- 
lémy), de  La  Farté  en  Brie,  serrurier,  ré- 


715 


FRÈRE 


FRETON 


716 


fugiée  (5  pers.)  à  Berlin,  1700  ;  —  (René) 
lils  (iun  bourgeois  de  S^-Maixent  en  Poi- 
tou, assisté  (61.)  «  pour  le  mettre  en  état 
d'entrer  chez  un  marchand,  «  Londres, 
1706  ;  —  Susanne  Frère  «  faisant  la  pré- 
dicante,  »  enfermée  au  couvent  de  l'Union 
chrétienne  à  Poitiers,  1722  (E  3560).  — 
De  Frère,  voy.  Saluste.  —  Jean  Fréron, 
de  l'Agenois,  étudiant  ta  l'acad.  de  Genève 
(J.  Freronus  agenensis),  en  1564  ;  minis- 
tre à  Montflanquin,  1578-1617  [Haag,  X 
271  ;  Tt  313)  ;  —  (Jean  de)  étudiant  à 
Genève  (J.-F.vasco,  sacrae  theol.  studens) 
1596  ;  ministre  à  Monheurt,  1597  ;  à  Tour- 
non,  1603  ;  —  (Josué  de),  né  à  Montflan- 
quin, étudiant  à  Genève  (Josue  Freronus 
aquitanus  et  montflanquinensis),  8  octob. 
1616. 

FRESCARODE  (Jean)  né  à  Bergerac 
[Haag,  V  173],  fit  ses  études  de  théologie 
à  l'acad.  de  Genève,  où  il  s'inscrivit  (J. 
Frescarodeus  brageracensis  aquitanus)  le 
2  juin  1676.  Il  fut  admis  au  ministère 
évangélique  par  le  synode  provincial  tenu 
à  Sainte-Foy  en  1681  [VI  379  b],  et  appelé 
à  exercer  les  fonctions  pastorales  dans  l'é- 
glise de  Montaud.  En  1685  il  se  réfugia 
en  Hollande  (Bull,  des  égl.  wall.  I,  142)  et 
fut  placé  dans  l'église  de  Gouda  qu'il  des- 
servit jusqu'en  1715.  Son  fils  Jérémie, 
qui  l'avait  accompagné  dans  sa  retraite, 
fut  pasteur  et  professeur  à  Rotterdam.  Il 
fut  élu  secrétaire  du  synode  de  Gorcum, 
en  1723  (ci-dessus  IV  503)  et  publia  en 
1731  une  Apologie  pour  les  synodes  et 
pour  M.  Saur  in  ;  Rotterdam,  in-8o  (Catal. 
de  la  biblioth.  wallonne  de  Leyde,  p.  37). 
Il  s'agit,  dans  cet  ouvrage  de  Jacques  Sau- 
rin  (voy.  ce  nom)  et  de  la  question  du 
Mensonge.  —  Jean -Etienne  Frescarode, 
pasteur  à  Campen  en  1725,  puis  à  Haarlem 
jusqu'en  1761,  où  il  est  fait  pasteur  émé- 
rite;  il  meurt  dans  cette  ville  le  12  sep- 
temb.  1770.  —  La  famille  subsiste  encore 
en  Hollande. 

FRESCHAIN  (Jehan  de),  «  tailleur,  na- 
tif de  Villeneufve  sur  Verbrye  en  Picar- 
die, î  reçu  habitant  de  Genève,  janv. 
1558.  —  Louis  de  Fresel,  officier  dans 
l'armée  hollandaise,  1714-30.  —  Fresens, 
seigneurie  de  la  maison  de  Chasteauver- 
dun.  «  Le  sieur  de  Montesquieu  écrit  à  ses 
amis,  particulièrement  aux  deux  frères  de 
Chasteau- Verdun,  Bernard  et  Corbairan, 
l'un  sr  de  Fresens,  l'autre  s'  de  Lissac, 


1586  (Gâches,  329).  —  Fresnay,  voy.  La 
Taille.  —  Fresneau,  de  S'-Pierre  d'Oleron  ; 
sa  fille  lui  est  enlevée,  1688;  une  autre 
d"e  Fresneau,  du  Poitou,  accepte,  1715, 
une  pension  de  200  1.  pour  entrer  au  cou- 
vent ;  famille  Fresneau,  réfugiée  dans  l'É- 
tat de  New- York  en  1685,  à  laquelle  ap- 
partenaient sans  doute  :  Philippe  Fres- 
neau ,  poète  américain ,  secrétaire  de 
Jefferson,  le  3me  président  des  États-Unis 
(1743-1826).  —  Arnaud  Fressines,  arti- 
san, pendu  par  ordre  de  Monluc,  1563.  — 
Le  sr  Fressinel,  de  Nîmes,  assisté  à  Ge- 
nève d'un  viatique,  un  écu,  pour  la  Hol- 
lande, 1698.  —  Pierre  Fressinet,  de  Mon- 
tagnac,  assisté  à  Genève,  1704.  —  Fressol, 
ministre,  le  même  que  Frezol  ou  Frezoul  ; 
voy.  ce  dernier  nom.  —  Jacques  Fret,  de 
Dieppe,  assisté  (5  sh.)  k  Londres,  1710. 

—  Marie  Fretel,  de  La  Ferté-sous-Jouarre, 
couturière,  réfugiée  à  Halle,  1710.  — 
«  Messire  Loys  Fretel,  chevalier,  seig""  et 
baron  de  Flex  en  Brie  et  y  demeurant ,  et 
estant  de  présent  logé  à  Paris  rue  des  Prou- 
velles  au  logis  d'un  nommé  Loys  Massi- 
cault,  graveur  et  doreur,  amené  prisonnier 
à  la  Conciergerie  de  Paris  par  le  capitaine 
Martin,  comme  estant  de  la  nouvelle  oppi- 
nion  ainsi  qu'il  a  dict  et  confessé,  »  23  juilL 
1569  ;  élargi  moyennant  caution  le  12  août. 

—  Madelaine  de  Fretel,  33  ans  et  Françoise 
sa  sœur,  31  ans,  damoiselles  de  la  généra- 
lité de  Gaen  (à  Longueville),  assistées  à 
Londres  (12  et  14  liv.),  1702  et  années  sui- 
vantes. 

FRETON  (Louis)  ou  Fretton,  maréchal 
de  camp  dans  l'armée  de  Rohan  [Haag,  V 
173],  naquit,  à  ce  qu'il  paraît,  à  Calvis- 
son.  Porté  par  un  goût  naturel  vers  le  mé- 
tier des  armes,  Freton  l'embrassa  et  ob- 
tint une  compagnie  dans  le  régiment  de 
Châtillon,  avec  qui  il  passa  en  HoUanile, 
en  1600.  Le  2  juillet,  il  se  trouva  à  la  ba- 
taille de  Nieuport.  De  retour  en  France, 
vers  la  fin  de  l'année,  il  repassa  en  Hol- 
lande au  mois  de  mai  1606  ;  mais,  dès  le 
15  juin,  il  revint  en  France,  chargé  d'y  le- 
ver une  compagnie  d'infanterie.  Le  9  sept., 
il  s'embarqua  à  Dieppe  avec  300  hommes 
qu'il  avait  recrutés,  et  arriva,  le  20,  à  La 
Brille,  après  avoir  été  forcé  par  les  vents 
contraires  de  relâcher  à  Portsmouth.  Il 
servit  aux  sièges  de  Lochem  et  de  Groll, 
contribua  à  la  prise  d'Erkelens,  et  assista, 
en  juin  1608,  à  la  défaite  de  la  garnison 


717 


FRETON 


718 


de  Bois-le-Duc.  Un  an  plus  tard,  nous  le 
retrouvons  en  France  d'où  il  fut  envoyé 
en  Italie  par  Lesdiguières  avec  la  mission 
dangereuse  de  reconnaître  le  château  de 
Milan  et  d'en  lever  le  plan,  ainsi  que  ceux 
d'autres  places  du  Milanais.  La  mort  de 
Henri  IV  ayant  rompu  brusquement  les 
projets  de  Lesdiguières,  Freton  retourna 
en  Hollande  ;  mais  il  n'y  fit  pas  un  long 
séjour.  Il  revint  auprès  de  Lesdiguières 
qui  l'envoya  au  secours  de  Genève.  Le 
duc  de  Savoie  ayant  désarmé,  il  se  rendit 
en  Languedoc,  de  là  en  Hollande,  où  il 
servit,  en  1614,  aux  sièges  d'Emerick  et 
de  Rées.  A  la  fin  de  la  même  année,  U 
était  déjà  de  retour  dans  le  Languedoc 
auprès  de  Châtillon,  qui  l'employa  à  des 
négociations  avec  le  duc  de  Savoie,  et  qui, 
en  1616,  l'envoya  assiéger  le  château 
d'Aimargues  que  l'on  fortifiait  en  dépit  des 
édits.  Freton  entra  ensuite  au  service  du 
duc  de  Savoie,  comme  colonel  d'un  régi- 
ment d'infanterie,  et  se  signala  au  combat 
de  Lucedia  où  il  fut  fait  prisonnier.  La 
paix  de  1618  lui  ayant  rendu  la  liberté,  il 
repassa  en  Hollande.  En  1620,  il  était  déjà 
de  retour  dans  le  Midi.  Il  fut  un  des  dépu- 
tés que  les  Privadois  envoyèrent  porter 
leurs  plaintes  au  roi.  On  sait  qu'ils  ne  pu- 
rent rien  obtenir.  Il  se  rendit  ensuite  à 
l'assemblée  politique  de  La  Rochelle  ', 
comme  représentant  du  Bas-Languedoc,  et 
dès  son  arrivée,  il  fut  nommé  membre  de 
la  commission  chargée  de  travailler  à  l'or- 
dre général.  Au  mois  d'août,  ses  collègues 
lui  donnèrent  la  plus  haute  marque  d'es- 
time en  l'élisant  président,  avec  La  Cloche 
pour  adjoint,  Malleray  et  Guérin  pour  se- 
crétaires. Le  mois  de  sa  présidence  n'of- 
frit rien  de  particulièrement  remarquable. 
On  en  était  encore  aux  préparatifs  et  l'u- 
nique préoccupation  de  l'assemblée  était 
de  presser  les  armements  et  surtout  l'équi- 
pement de  la  flotte,  que  Favier,  Hespé- 
rien  et  La  Tour  furent  spécialement  char- 
gés de  surveiller.  Freton  servit  ensuite 
avec  le  grade  de  maréchal  de  camp  sous  les 
ordres  de  Soubise,  et  prit  part  à  l'entre- 
prise sur  Royan.  Au  mois  d'avril  1622,  le 
maire  de  La  Rochelle  le  fit  arrêter,  on  ne 
nous  apprend  pas  sous  quel  prétexte.  Aus- 
sitôt, sur  la  plainte  de  ses  collègues  Favier 

1  Un  sieur  Freton,  nous  ne  savons  si  c'est  le 
même,  est  député,  en  1619,  à  l'assemblée  de 
Sommières  (Tt  322). 


et  Rodil,  l'assemblée  envoya  de  Loubie, 
d'Espinay  et  La  Milletière  du  Poitou,  de- 
mander des  explications  aux  magistrats 
de  La  Rochelle  sur  cette  atteinte  à  l'invio- 
labilité de  ses  membres.  Après  de  longs 
pourparlers,  il  fut  décidé  que  Freton  se- 
rait renvoyé  devant  le  conseil  de  justice 
auquel  l'assemblée  adjoindrait  trois  com- 
missaires qui  furent  les  deux  La  Mille- 
tière et  Montmesart.  La  sentence  fut  pro- 
noncée le  5  août,  et  Freton  déclaré  inno- 
cent. L'assemblée  ne  se  contenta  pas  de 
lui  en  faire  témoigner  sa  joie,  elle  l'élut 
une  seconde  fois  président  pour  protester, 
autant  qu'il  était  en  son  pouvoir,  contre 
l'injure  qu'on  lui  avait  faite.  Marchât  fut 
nommé  vice-président  ;  La  Grange  et  Mas- 
siot  secrétaires.  La  situation  était  bien 
changée,  les  plus  exaltés  eux-mêmes  ne 
pouvaient  plus  songer  qu'à  conclure  la 
paix  aux  conditions  les  plus  avantageuses 
possible.  Aussi,  lorsque  Rohan  demanda 
carte  blanche  pour  traiter,  l'assemblée  lui 
aurait-elle  accordé  sans  difficulté  de  pleins 
pouvoirs,  si  Mirande,  Berthet  et  La  Lande 
n'étaient  venus,  au  nom  du  corps  de  ville, 
témoigner  le  mécontentement  de  ce  que  le 
général  huguenot  avait  de  son  propre  chef 
entamé  des  négociations  pour  la  paix. 
«  Ils  ne  pouvoient  celer  que  cette  procé- 
dure leur  sembloit  estrange,  veu  qu'estans 
sy  intéressez  en  affaire  de  telle  impor- 
tance, ils  croyoient  en  devoir  estre  adver- 
tis.  »  L'assemblée  promit  de  ne  prendre 
aucune  résolution  sans  en  donner  avis  à  la 
municipalité  rochelloise  {Brienne,vo\.  225). 
Peu  de  temps  après  la  paix  fut  signée  et 
Freton  retourna  dans  le  Languedoc. 

La  guerre  s'étant  rallumée  en  1623,  Fre- 
ton servit  sous  Rohan  comme  maréchal 
de  camp.  Dans  la  nuit  du  5  au  6  juillet, 
il  emporta  Sommières  au  moyen  d'un  pé- 
tard ;  mais  les  protestants  ayant  été  obli- 
gés d'évacuer  la  ville,  il  reçut  dans  la  re- 
traite une  blessure  dont  il  mourut  à  Lezan, 
le  29  août,  ne  laissant  de  son  mariage  avec 
Madelaine  de  Montcalm,  fille  de  Louis, 
sieur  de  Saint- Véran  et  de  Candiac,  et 
d'Anne  de  Clermont  du  Bosc,  qu'une  fille 
nommée  Madelaine,  née  le  9  fév.  1621  et 
morte  à  Nîmes,  le  8  mars  1690,  étant 
veuve  de  François  de  Rozel,  lieutenant 
principal  au  présidial  de  Nîmes  qui  était 
lui-même  mort  à  Paris  en  1675. 

Freton  a  laissé  des  Mémoires  remplis  de 


719 


FRETON  —   FRIQUAT 


720 


détails  curieux  sur  sa  vie  et  les  événe- 
ments contemporains.  Ils  ont  été  publiés 
dans  les  Pièces  fugitives  d'Aubaïs. 

FRÉVAL  DU  RozEL  (Annibal  de),  de 
Bernières  en  Normandie,  «  prosélyte  laï- 
que, T>  64  ans,  assisté  (15  1.)  à  Londres, 
1702  ;  l'est  encore  en  1706.  —  Desaulses 
de  Freycinet  îàmille  dauphinoise  originaire- 
ment protestante,  et  rentrée  récemment 
dans  le  protestantisme,  à  laquelle  appar- 
tiennent plusieurs  navigateurs  du  com- 
mencement de  notre  siècle  dont  le  plus 
connu  est  Louis-Charles  Desaulses  de 
Freycinet,  auteur  du  Voyage  autour  du 
monde,  exécuté  par  les  corvettes  l'Uranie 
et  la  Physicienne  pendant  les  années  1817 
à  1820;  Paris,  Pillet,  in-4o;  il  était  né  en 
1779  et  mourut  dans  sa  terre  de  Freycinet 
près  Loriol  le  18  août  1842.  Son  neveu, 
Louis-Charles,  né  le  14  nov.  1828,  ingé- 
nieur des  mines  (lo  nov.  1848),  préfet  à 
Montauban  et  délégué  à  la  guerre,  à  Tours 
et  à  Bordeaux  (en  1870),  sénateur  en  1876, 
est  devenu  quatre  fois  ministre  des  affaires 
étrangères  et  président  du  Conseil  des  mi- 
nistres de  la  République  française,  du  28 
déc.  1879  au  7  janvier  1886.  —  Robert 
Freysse,  rubantier,  d'Auvergne,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  août  loo4.  —  Abraham 
Frézelles,  maître  d'école  à  Metz,  mort  en 
1677. — Frézières,  fugitif  des  Cévennes,  as- 
sisté à  Lausanne,  1688.  —  Frézon,  de  Cas- 
tres, «  prosélyte,  »  id.,1707. —  Madeleine 
Frezonde,  de  Mens,  id.  à  Genève,  1691. 
—  Pierre  Frezoul,  ministre  à  Barre  en 
1568,  au  Collet  de  Dèze,  1569-72;  à  S»- 
Martin  de  Corconnac  et  Saumane,  1er  janv. 
1579-95  ;  à  St-Marcel  1596-1606;  déchargé 
en  1606  ;  (Louis)  de  Lautrec  en  Langue- 
doc, assisté  à  Genève,  1706. 

FRIAND  (Anne)  de  Mérindol,  dont  le 
mari  est  allé  joindre  les  Vaudois,  assistée 
à  Lausanne,  novemb.  1689.  —  Chrestien 
Friart,  de  Marsal,  apothicaire  à  Metz, 
1579-1603  ;  avait  épousé  avant  1579  Anne 
Joly  ;  (Daniel)  «  apothicaire  stipendié  » 
fournisseur  de  remèdes  aux  pestiférés, 
mort  en  1632  ;  (Auguste),  chirurgien  au 
régiment  de  Foug  en  1658,  au  régim. 
d'Arfeld  en  1680;  Suzanne,  sa  sœur,  née 
en  1655,  épouse  en  1674  Pierre  Faisant 
sr  de  La  Roche  et  Grateloup  ;  en  1703, 
son  mari  étant  colonel  des  milices  du  pays 
Messin,  elle  est  enfermée  au  couvent  de  la 
Propagation  de  la  foi,  par  ordre  de  M.  de 


Varenne,  commandant  de  la  Généralité; 
Auguste  Friard,  de  Metz,  perruquier,  45 
ans,  assisté  à  Londres  (51.)  avec  sa  fem- 
me et  6  enf.,  1702  ;  voy.  ci-dessus  col.  519, 
lig.  3  en  rem.  —  Isaac  Friau,  de  Va- 
lence, assisté  à  Genève,  1705.  —  Ulrich 
Fribergius,  pseudonyme  pris  par  Hubert 
Languet.  —  Claude  Fribour  «  natifz  de 
Treschateau  auprès  de  Dijon,  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  avril  1559.  —  Marie  Fri- 
hourg,  retenue  au  couvent  des  Nouv.  ca- 
thol.  de  Caen  en  1781  ;  elle  y  était  depuis 
1771  (Tt  302). 

FRIED  (Jean-Jacques),  de  Strasbourg 
[Haag,  V  174],  fut  nommé,  en  1738,  pro- 
fesseur d'accouchement  à  l'hôpital  civil  de 
sa  ville  natale.  Il  mourut  en  sept.  1769, 
après  avoir,  pendant  trente  ans,  rempli  sa 
charge  avec  la  plus  grande  distinction. 
Fried  n'a  rien  écrit,  mais  il  a  fait  mieux  : 
il  a  fondé  la  première  école  publique  pour 
l'instruction  des  sages-femmes,  qui  ait  été 
établie,  soit  en  France,  soit  en  Allemagne. 
Son  fds,  Georges-Albert,  étudia  égale- 
ment la  médecine  et  fut  reçu  docteur,  le  13 
août  1760,.  après  avoir  soutenu  une  thèse 
publiée  sous  le  titre  de  Dissertatio  medico- 
obstetricalis  de  fœtu  intestinis  plané  nudis 
extra  abdomen  propendentibus  nato  (Ar- 
gent., 1760,  in-4o).  Il  fut  appelé  à  Copen- 
hague comme  professeur  de  médecine, 
puis,  à  la  mort  de  son  père,  il  fut  nommé 
second  professeur  de  l'école  d'accouche- 
ment de  Strasbourg,  place  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à  la  fin  de  sept. 
1773.  Il  est  auteur  d'un  manuel  d'accou- 
chement dans  lequel  il  refondit  l'ouvrage 
de  Thebesius  et  qu'il  mit  au  jour  sous  ce 
titre  :  Anfangsgriinde  der  Geburtshûlfe 
zum  Gebrauche  seiner  Vorlesungen,  Strasb., 
1769,  in-8o  ;  2me  édit.,  1787,  in-S". 

FRIES,  pasteur  dans  l'Angoumois  vers 
1760;  un  autre,  pasteur  à  Couthenans  en 
Franche-Comté,  qui  se  retira  chez  les  frè- 
res moraves  {Bull.  XII  122).  —  Jean- 
Pierre  Frigoulier,  d'Anduze,  assisté  à  Ge- 
nève, 1687.  —  Abraham  Friolet,  tabatier, 
réfugié  àManheim,  1700.  —  Pierre  Frion, 
d'Anduze,  ayant  déserté  du  service  de 
France,  «  admis  à  la  paix  de  l'Église,  »  et 
assisté,  à  Lausanne,  5  déc.  1699;  (Jean), 
de  S'-Germain  en  Cévennes,  assisté  à  Ge- 
nève, 1706.  —  Samuel  Friot,  de  Metz, 
boulanger,  réfugié  (4  pers.)  à  Branden- 
bourg,  1700.  —  Bernard  Friquat,   «  de 


721 


FRIQUET  —  FRŒREISEN 


722 


Rigent  en  Gascoigne,  »  maréchal,  habit, 
de  Genève,  décemb.  1558.  —  Jean  Fri- 
quet,  pasteur  dans  la  vallée  de  Pragelas, 
assisté  à  Lausanne  avec  sa  famille  de  1690 
à  1699;  ils  gagnent  l'Allemagne  en  1699; 
(Salomon),  de  Pragelas,  établi  à  Berlin, 
1700;  (Etienne),  des  «  Traverses  en  Praze- 
las,  »  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour  les 
Grisons,  1703;  (Jean),  officier  dans  l'ar- 
mée hollandaise,  1700-171.3.  Abraham  Fri- 
quet,  maître  passementier  de  Nîmes,  40 
ans,  mort  à  l'hôpital  de  Lausanne,  avril 
1690.  Un  fils  de  Jean-Louis  Friquet  de 
Nîmes  et  de  d'ie  Marie  Sellon,  id.,  mai 
1093.  —  Catherine  Frisquet,  de  Sauve, 
assistée  à  Genève  d'un  viatique  pour  la 
Suisse,  1699.  —  Pierre  Frise,  étudiant  en 
droit  à  l'acad.  de  Genève  (P.  Frizius  del- 
phinas),  1584.  —  Pierre  de  Frise,  de  Val- 
lon, réfugié  à  Berlin,  1700;  Vincent  de 
Frise  avec  sa  famille  (7  pers.),  id..  1700. 
—  Jeanne  Friston,  de  Poitiers,  «  fille  in- 
firme de  la  vue.»  50  ans,  assistée  (2  1.  10) 
à  Londres,  1702. 

FRIT  (Jean).  Dans  un  recueil  de  vers, 
manuscrit  de  la  fin  du  XVI^e  siècle  et  qui 
semble  parisien,  nous  trouvons  la  petite 
pièce  que  voici  : 

Icy  giet  maistre  Jean  Fritns 
Qui  faisoit  fort  de  l'antUnsi 
Et  du  docteur  scieiilifiqne  ; 
Mais  d'autant  qu'il  fat  Lértlique 
Il  fut  jeté  vif  dans  le  feu. 
Ce  n'estoit  pour  avoir  trop  ben  ; 
Mais  ce  fast  bien,  ne  vous  dcsplaise 
Pour  son  zèle  chaud  comme  braise 
Qu'il  fat  brnslé,  fricassé,  frit. 
Ainsy  mourut  maistre  Jean  Frit 

Nous  n'avons  rien  trouvé  d'autre  sur  ce 
malheureux. 

FROEREISEN  (Isaac),  né  en  1590  et 
mort  le  5  juin  1032  [Haag,  V  174],  doc- 
teur et  professeur  en  théologie  à  l'univer- 
sité de  Slrasbourg.  Il  a  publié  : 

I.  De  Verbo  Dei  et  Scripturis  sacris  dis- 
sertatio,  Argent.,  1021,  in-4o. 

II.  Scnitininm Panopliœ  Bellarminianse, 
Argent.,  1622-30,  3  vol. 

m.  Gymnasmata  academica,  Argent., 
1621,  in-4o. 

IV.  Vindiciie  synopticse  pro  sacrosando 
Geneseos  codice  adv.  Rob.  Bellarminum, 
Argent.,  1624,  in-4o;  1634,  in-4o. 

V.  Anatomia  seu  exauctoratio  draconis 
fanatici,  Argent.,  1624. 

*  Opposant,  rebelle. 


VI.  Anti-Christologia  seu  Apocalypsis 
Antichristi,  Argent.,  1624. 

VII.  De  septem  verbis  novissimis  J.-Ch. 
in  crtice,  Luc  XXIII,  34;  Argent.,  1625, 
in-4o  ;  1697,  in-4o.  —  Attritmé  par  d'au- 
tres à  Dannhauer. 

VIII.  De  œdificio  spirituali  ex  I  Cor. 
III,  H-13,  Argent.,  1627,  in-4». 

IX.  Scuium  catholicae  veritatis  pro  inve- 
niendd  verâ  in  his  terris  Ecclesid,  Tho7nx 
Henrico  ejusque  complicibus  Jesuitis  prsc- 
latum,  Argent.,  "1628  et  1630. 

X.  Dissertationes  theologicx  de  August. 
Confessionis  materiâ,  fundamento  et  for- 
ma, unà  cum  methodicâ  singulorum  arti- 
culorum  resolutione.  Argent.,  1631.  —  Ne 
serait-ce  pas  le  même  ouvrage  que  celui 
qui  est  indiqué  par  Du  Pin  sous  ce  titre  : 
Ecrit  adressé  à  Rob.  Bellarmin  sur  son 
jugement  injuste  de  la  Confession  d'Augs- 
bourg,  Strasb.,  1630? 

Jcicher  mentionne,  en  outre,  sans  autre 
indication  : 

XI.  Dissertationes  contra  Weigelianos. 

XII.  Apologeticum  contra  Carolum  Sach- 
sium  calvinistam. 

XIII.  De  angelis  bonis,  ad  Matt.  IV,  11. 
Le  bibliographe  allemand  paraît  n'avoir 

eu  aucune  connaissance  des  deux  écrits 
suivants,  dont  Du  Pin  donne  ainsi  les  ti- 
tres : 

XIV.  Le  racloir  scholastico-théologique 
qui  racle  la  paix  erronée  que  Jean  Herber 
a  répandue  sur  toute  la  théologie  dans  ses 
assertions  catholiques,  Strasb.,  1623;  pu- 
blié en  latin.  Argent.,  1624,  in-4o. 

XV.  Dispute  du  triomphe  de  J.-Ch.  mo7i- 
tant  au  ciel,  Strasb.,  1622. 

Jôcher,  d'accord  avec  Du  Pin,  lui  attri- 
bue encore  beaucoup  d'autres  Disputes 
théologiques  ;  mais  ils  ne  nous  en  font  pas 
connaître  les  titres. 

FROEREISEN  (Jean-Léonard),  né  le  9 
mai  1694  à  Brau-Schwickerslein  [Haag,  V 
175],  village  près  de  Strasbourg,  dont  son 
père  était  le  pasteur,  et  mort  à  Strasbourg, 
le  13  janv.  1761.  Il  fit  ses  études  dans  sa 
ville  natale  et  fut  reçu  maître  es  arts  en 
1711.  Après  avoir  suivi,  pendant  plusieurs 
années,  les  cours  des  universités  de  Gies- 
sen  et  d'Iéna,  il  revint  dans  sa  patrie,  en 
1717,  et  quatre  ans  plus  tard,  il  fut  nom- 
mé professeur  au  gymnase.  A  la  mort  de 
Pfe^nger,  il  obtint  la  place  de  quatrième 
professeur  de  théologie.  En  1727,  il  prit 


\ 


723 


FRŒREISEN    —   FROMENT 


724 


le  grade  de  docteur  ;  en  1731,  il  fut  nom- 
mé chanoine  de  Saint-Thomas  et  prési- 
dent du  consistoire;  en  1741,  il  devint 
pasteur  du  Temple-Neuf;  mais,  en  1751, 
il  résigna  cette  place  à  son  gendre  Jean- 
Philippe  Beyckert.  On  ne  saurait  sans  in- 
justice refuser  à  Frœreisen  une  grande 
érudition  ;  malheureusement  il  manquait 
de  jugement  et  de  prudence  ;  il  appor- 
tait dans  sa  polémique  une  âpreté,  une 
violence  qui  lui  firent  beaucoup  d'enne- 
mis. Voici  les  titres  de  ses  ouvrages  : 

I.  Disputatio  de  ostracismo,  Argent., 
1711,  in-4o. 

II.  Disp.  de  pœnitentiâ  Dei,  Argent., 
1714,  in-4». 

III.  Disp.  de  infelici  divitis  felicitate,  ad 
Luc  XVI,  19;  Gissœ,  in-4o. 

IV.  Disp.  très  de  priejudiciis  in  studiis 
historicis  evitandis,  lenae,  1716-17,  in-4o. 

V.  De  characteribus  verie  reformationis, 
lenae,  1717,  in-4o. 

VI.  Oratio  de  charlataneriâ  theologo- 
rum,  Argent.,  173o,  in-4o  ;  et  souvent  de- 
puis, entre  autres,  lense,  1737,  in-4o, 
avec  les  nos  XIV  et  XV. 

VII.  Leichenpredigt  ans  Pred.  III,  13, 
Strasb.,  1736,  in-fol. 

VIII.  Disp.  de  hortulanis  spiritualibus 
in  regno  gratiœ.  Argent.,  1736,  in-4o. 

IX.  De  domesticis  pastorum  visitationi- 
bus,  Argent.,  1737,  in -4°. 

X.  Disp.  sistens  prsecipua  momenta  arti- 
culorum  Schmalcaldicorum,  Argent.,  1737, 
in-4o. 

XI.  Thèses  theologicse,  Argent.,  1737, 
in-4o. 

XII.  Friedensrede,  Strasb.,  1739,  in-4o. 
Xïll.  Rathspredigt,  Frankf.,  1741,  in-8o. 

—  Contre  Zinzendorf. 

XIV.  Disp.  theol.  de  temerariâ  provoca- 
tione  ad  primitivam  Ecclesiam,  Argent., 

1741,  in-4o. 

XV.  Hœchstnœthige  und  wohlgemeynte 
Warnung  filr  der  heut  zu  Tage  grassiren- 
den  Zinzendorfischen  Seelenpest,  Frankf., 

1742,  in-8o. 

XVI.  Oratio  de  misera  ecclesise  Augus- 
tanœ  Confessioni  ad  dictas  permultis  in  lo- 
cis  statu,  Arg.,  1743,  in-4o.  —  Cet  écrit 
fut  supprimé  par  ordre  du  Sénat  de  Stras- 
bourg ;  mais  les  catholiques  s'en  emparè- 
rent, le  traduisirent  et  le  répandirent  en 
profusion. 

XVII.  Abschilderung    Mahomeds    und 


Zinzendorfs  als  seines  heutigen  Affen, 
Strasb.,  1747,  in-4o  ;  trad.  en  latin  et  en 
franc. 

XVIII.  Lobrede  auf  dem  Grafen  Moritz 
von  Sachsen,  Strasb.,  1751,  in-4o. 

XIX.  Meletema  theologicum  judicia  con- 
tinens  tam  de  iis  qui  seculo  prsesente  stu- 
dio exegetico  profuerunt,  quàm  qui  eidem 
nocuerunt.  Argent.,  1754,  in-4'». 

Frœreisen  a  mis,  en  outre,  des  Préfaces 
à  deux  ouvrages  de  Kromeyer  contre  Zin- 
zendorf. 

FROGER,  de  Loudun,  étudiant  en  1589, 
ministre  à  Loudun  en  1598  (Tt  232,  236). 
—  Froger,  famille  saintongeoise.  (Guil- 
laume) parrain  au  temple  de  La  Rochelle 
en  1591.  (Jean)  épouse  au  prêche,  en  1602, 
Magdeleine  Chevreau,  —  Michel-Joseph  de 
Froger,  sr  de  l'Eguille,  né  à  Marennes  en 
1702,  de  Michel  de  Froger  sr  de  la  Rigan- 
dière  et  de  Catherine  Jarry  de  la  Chaume, 
fut  un  marin  distingué  ;  il  fit  sa  première 
campagne  en  1722  sur  un  navire,  l'Apol- 
lon, que  son  père  commandait,  et  ne  cessa 
de  servir  glorieusement  jusqu'en  1763, 
époque  où  il  reçut  sa  retraite  étant  appelé 
au  commandement  de  la  marine  de  Roche- 
fort  ;  il  était  capitaine  de  vaisseau  depuis 
1751  et  chef  d'escadre  depuis  1757;  sa 
mort  arriva  le  5  septemb.  1772.  —  Jean- 
André  Froger,  de  Normandie,  assisté  (51.) 
à  Londres,  1705.  —  Frogier,  ministre  à. 
Pamiers,  1597-1603;  mort  avant  1607 
Autre,  ministre  à  Puycasquier,  1651  ;  à 
Pamiers,  1656.  —  Jean  Froide  fond,  de 
Siderac  près  Rergerac,  condamné  par  le 
bailliage  de  Metz,  en  1670,  pour  crime 
d'apostasie,  au  bannissement  à  perpétuité 
du  pays  messin  après  amende  honorable. — 
Geoffroi  de  Froisyeulx,  de  Valère  en  Dau- 
phiné,  habitant  de  Lausanne  en  1565.  — 
Jean  Fromageau,  de  Saintonge,  assisté  (5 
liv.)  à  Londres,  avec  femme  et  enfant, 
1705.  —  Renée-Esther  J^rowifl^ef  enfermée 
au  couvent  des  Nouvelles  cathol.  à  Paris, 
1727. 

FROMENT  (Antoine),  né  en  1509  à 
Mens,  dans  le  val  de  Trièves  en  Dauphi- 
né  [Haag,  V  176],  disciple  et  serviteur, 
comme  il  disait,  de  son  compatriote  Guil- 
laume Farel,  fut  un  des  premiers  et  des 
plus  ardents  à  répandre  les  doctrines  de  la 
réformation  religieuse.  Tout  jeune  encore 
il  assistait  Farel  dans  les  courses  de  mis- 
sionnaire qu'il  fit  en  1530  à  travers  le  Jura 


725 


FROMENT 


726 


Bernois  et  sur  les  bords  du  lac  de  Neu- 
châtel.  M.  Herminjard  donne  même  quel- 
ques raisons  de  croire  qu'il  avait  com- 
mencé cet  apostolat  dès  1528  ou  1529  dans 
le  district  d'Aigle  (cant.  de  Herne)^  alors 
qu'il  n'avait  encore  que  19  ou  20  ans  {Cor- 
resp.  des  Réf.,  t.  II  p.  132  et  264).  Mais 
en  1530,  il  paya  bravement  de  sa  per- 
sonne. C'est  lui-même  qui  le  raconte  : 

Et  de  là  s'en  allèrent  [Farel  et  lui]  à  la 
comté  de  Neuf-Chastel  ;  et  icelui  Farel 
preschoit,  à.  grande  difficulté  et  grand  dan- 
gier  de  sa  personne  au  milieu  des  places  et 
des  rues  :  car  les  pi'ebstres  ne  la  Seigneu- 
rie ne  vouloient  permettre  dans  les  temples, 
ne  moins  dans  la  ville.  Touttefoys  luy  fut 
baillé  place  à  prescher,  par  le  commun 
peuple,  en  l'hôpital  :  car  aussi  Jésus-Christ 
est  né  en  pauvre  lieu  !  Et  en  allant  pres- 
cher çà  et  là  par  les  villaiges  circonvoysins 
recevoient  souveutes  fois  leurs  censés,  as- 
savoir cops  et  oltraiges.  Et  principalement 
une  fois  à  Valangin,  où  les  femmes  et  les 
prebstres  les  battirent  tellement  que  le  sang 
y  est  demeuré,  es  pierres  d'un  petit  tem- 
ple *,  plus  de  quatre  ans.  Et  vouloient  les 
prebstres  et  les  femmes  que  Farel  adourât 
une  ymage  de  boys  en  disant  «  Crie  merci 
à  Notre  Dame.  »  Et  iceluy  disoit  «  Je  crie 
merci  à  Dieu  et  non  à  aultre  ;  c'est  celui 
que  je  ay  offensé  ;  à  aultre  ne  devons  de- 
mander grâce  ne  merci.  »  Et  alors  il  le 
battoient  et  prenoient  sa  teste  contre  les 
murailles,  si  que  ne  se  fallut  gueres  qu'ils 
ne  les  tuèrent  tous  deux...  {Actes  et  gestes  de 
Genève,  pub.   par  G.  Revilliod,  pag.  11)'. 

Il  raconte  aussi  (p.  5  et  suiv.)  que  Fa- 
rel, assisté  cette  fois  d'Antoine  Saunier  et 
Robert  Olivétan,  ne  fut  pas  moins  rude- 
ment accueilli  à  Genève  la  première  fois 
qu'il  y  vint  prêcher  l'Évangile,  en  lo32. 
Farel  en  effet  n'échappa  qu'à  grand'peine 
aux  mains  des  prêtres  genevois  et  ne  s'ar- 
rêta qu'au  bord  du  lac  d'Yverdun,  à  Gran- 
son.  Là  il  retrouva  Froment  à  qui  les  Ber- 
nois avaient  confié  l'église  d'un  village 
voisin,  Yvonand.  Au  récit  de  la  déconve- 
nue de  son  maître,  Froment  loin  de  rien 
craindre,  se  laissa  persuader  d'aller  à  Ge- 
nève, essayer  à  son  tour.  Il  y  arriva  le  3 

*  Une  chapelle  dédiée  à  la  Vierge. 

'  Un  récit  plus  détaillé  de  la  même  journée, 
tirée  de  la  Vie  de  Farel  (mss.  de  la  Biblioth.  de 
Genève  n°  147),  a  été  donné  par  Herminjard,  II 
270. 


nov.  et  n'y  trouva  d'abord  que  des  adhé- 
rons «  tant  froitz,  tant  craintifs  et  si  effa- 
rouchés de  ce  qu'on  avait  faict  à  Farel  » 
qu'ils  n'osoient  pas  même  l'admettre  en 
leurs  maisons.  Cependant  au  bout  de  quel- 
ques jours,  il  fit  afficher  l'avis  suivant 
dans  tous  les  carrefours  de  la  ville  : 

11  est  venu  ung  homme  en  ceste  ville 
qui  veult  enseigner  à  lisre  et  escripre  en 
francoys  dans  ung  mois  à  tous  ceulx  et  cel- 
les qui  vouldront  venir,  petis  et  grandz, 
hommes  et  femmes,  mesme  à  ceulx  qui  ja- 
mais ne  furent  en  escolle.  Et  si  dans  le  dit 
mois  ne  scavent  lisre  et  escripre  ne  deman- 
de rien  de  sa  peine.  Le  quel  trouveront  en 
la  grande  salle  de  Boitet,  près  du  MoUard 
à  l'enseigne  de  la  Croix  d'Or.  Et  si,  guérit 
beaucop  de  malladies  pour  néant. 

L'école  était  en  effet  un  moyen  com- 
mode pour  les  novateurs  d'insinuer  dou- 
cement leurs  idées  dans  les  esprits.  Le  suc- 
cès répondit  si  bien  à  la  tentative  de  Fro- 
ment qu'il  osa,  le  1er  janv.  1533,  monter 
sur  un  banc  dans  la  principale  place  pu- 
blique de  Genève,  la  place  du  Molard,  et 
prononcer  un  discours  sur  ce  texte  de  Si- 
Matthieu  :  «  Donnés  vous  garde  des  faux 
«  prophètes  qui  viennent  à  vous  en  vête- 
«  ments  de  brebis  et  par  dedans  sont  des 
«  loups  ravissans  \  »  paroles  qu'il  déve- 
loppait en  disant  :  «  Nous  ne  donnons  pas 
à  entendre  au  pauvre  peuple  qu'il  nous 
apporte  de  son  bien  et  que  le  sortirons  du 
purgatoire  ;  mais  les  vostres  font  tout  au 
contraire,  en  sorte  qu'ils  ont  tiré  par  telle 
couleur  sous  leur  palte  presque  tous  les 
biens  de  la  terre  ;  et  si  n'en  fault  dire 
motj  car  celluy  qui  parlera  sera  soudain 
mis  à  mort,  ou  excommunié,  ou  appelé  hé- 
rétique ou  luthérien.  »  L'orateur  a  pris 
soin  de  nous  conserver  sa  harangue  tout 
entière  (chap.  4  de  sa  chronique.  Les  actes 
et  gestes,  etc.)  mais  les  prêtres  et  les  gens 
de  justice  ne  la  lui  laissèrent  pas  achever; 
ils  dissipèrent  la  foule  et  Froment,  ne  se 
sentant  plus  en  sûreté  dans  ce  lieu^  s'en 
retourna  peu  de  jours  après,  sans  bruit,  à 
son  village  d'Yvonand. 

Il  reparut  à  Genève  à  la  fin  de  la  même 
année,  llio),  et  prit  de  nouveau  la  parole 
pour  réfuter  à  haute  voix  dans  la  cathé- 
drale un  dominicain  renommé,  le  docteur 
Furbity^  qui  prêchait  l'Avent  et  chargeait 

1  Conf.  t.  V  col.  248. 


727 


FROMENT 


728 


d'injures  les  prédicateurs  de  l'Évangile. 
Dès  lors  il  demeura  dans  la  ville,  avec  Fa- 
rel  et  Viret,  sous  la  protection  des  ambas- 
sadeurs de  Berne  et  prit  part  aux  contro- 
verses qui  aboutirent  à  l'adoption  de  la 
réforme  par  les  Genevois  en  1533.  Il  y 
devint  en  1337  l'un  de  leurs  pasteurs  et 
fut  chargé  de  l'église  de  S'-Gervais;  mais 
il  la  quitta  dès  le  mois  de  septembre  sui- 
vant, ayant  été  envoyé  à  Thonon  pour  y 
seconder  le  pasteur  Christophe  Fabri  dit 
Libertet.  Il  s'était  marié,  en  1533,  avec 
une  veuve  distinguée,  Marie  d'Ennetières 
ou  Dentière,  dont  nous  avons  fait  ci -des- 
sus l'histoire  (V,  238),  mais  quoiqu'ils  fus- 
sent tous  deux  très  ardents  pour  la  reli- 
gion, le  mari  ne  fit  pas  beaucoup  honneur 
aux  fonctions  pastorales.  Ses  premiers  suc- 
cès de  prédicateur  étaient  plutôt  l'effet  de 
l'ardeur  juvénile  que  d'un  grand  fonds  de 
savoir  et  de  piété.  Farel,  Viret,  Calvin, 
dans  leur  correspondance  ^,  se  plaignent 
amèrement  de  lui,  de  ses  prétentions  exa- 
gérées en  matière  de  théologie,  de  son  es- 
prit brouillon,  de  son  peu  d'instruction 
première  et  de  sa  mauvaise  tenue*.  Ré- 
duit aux  abois  par  la  pauvreté,  il  avait 
ouvert  à  Thonon  une  boutique  d'épicerie, 
ce  qui  choqua  tellement  que  bien  des  an- 
nées plus  tard,  en  1564,  Calvin  disait, 
dans  une  de  ses  allocutions  :  «  Ensuite,  il 
y  avoit  ce  beau  prescheur  Froment  qui 
ayant  laissé  son  devantier  [son  tablier], 
montoit  en  chaire,  puis  s'en  retournoit  en 
sa  boutique  où  il  jasoit  ;  et  ainsi  faisoit-il 
double  sermon  '.  »  En  effet  l'on  a  une  let- 
tre adressée  au  Consistoire  de  Berne  par 

1  Farel  à  Calvin,  14  oct.  1538  :  Frumentus 
parum  prudens  et  parum  sollicitas  de   ecclesia. 

—  Farel  à  Libertet,  11  avril  1539  :  De  Fru- 
mento  audimus  parum  grata...  At  tanti  nos  fecit 
satis  contemptim  habens  omnes  undè  ofTendantur. 
Dominus  ipsum  dirigat  ;  sanè  opus  habet  insigni 
admonitione.  —  Farel  à  Calvin,  6  fév.  1540  : 
Triticeus  noster  primns  domi  post  uxorem  in  lo- 
lium  degeneravit  ;  videntur  hostium  more  agere. 

—  Calvin  à  Farel,  11  août  1547  :  Frumentus 
atrociter  me  liEsit.  —  Réponse  de  Farel  :  Fru- 
mentus indoctus...  imô  quum  in  uxoris  sit  protes- 
tate.  —  Calvin  à  Viret,  19  août  1542  :  Il  a  été 
tellement  transporté  d'avoir  été  admis  en  pré- 
sence de  la  reine  (Marguerite  de  Navarre,  à  Lyon) 
■qu'il  me  paraît  avoir  totalement  perdu  le  peu  de 
«erveau  qui  lui  restait. 

^  Bien  d'autres  traits  sont  épars  dans  leur 
correspondance.  Voy.  notamment  l'année  1540, 
Opéra  Calv.  Brunswic.  ;  Theiaurvs  eputolieus. 

3    Cette  curieuse    lettre    a   été    publiée   par 


les  pasteurs  de  Thonon,  au  mois  de  dé- 
cemb.  1541,  dans  laquelle  ils  dépeignent 
avec  une  indignation  débordante  l'avidité 
mercantile,  tout-à-fait  compromettante,  de 
leur  collègue  qui  s'est  fait,  disent-ils,  mar- 
chand d'huile,  maltôtier  et  accapareur  de 
vins.  Cependant  après  Thonon,  Froment 
desservit  l'église  de  Massongier  près  Dou- 
vaine,  en  Ghablais,  et  il  occupait  encore 
ce  poste  en  1548,  mais  toujours  médiocre- 
ment content  et  en  médiocre  estime  (voy. 
ci-dessus  t.  V,  col.  247-48).  Enfin  il  aban- 
donna la  carrière  ecclésiastique  et  se  re- 
tira à  Genève  pour  trouver  quelque  moyen 
honorable  d'existence.  Précisément,  l'his- 
torien officiel  de  la  république,  Bonivard, 
avait  alors  besoin  d'un  aide  pour  la  trans- 
cription de  ses  Chroniques  et  il  indiqua 
Froment  au  Conseil  qui  l'accepta,  1549. 
On  lui  alloua  un  logis  et  un  modeste  gage 
de  deux  écus  par  mois  pour  ce  travail  qui 
l'occupa  durant  près  de  cinq  années.  En 
1553,  il  se  fit  recevoir  au  nombre  des  no- 
taires publics  de  Genève  et  les  Genevois 
lui  firent  hommage  en  même  temps  de  la 
bourgeoisie  gratuite,  i  attendu  qu'il  a  esté 
u  un  des  premiers  ministres  à  prescher  la 
«  parole  de  Dieu.  »  Cependant  il  trouva 
moyen,  dès  l'année  suivante,  de  mécon- 
tenter gravement  les  magistrats.  Sa  colla- 
boration aux  travaux  de  Bonivard  l'avait 
amené  à  rédiger  lui-même,  de  l'assentiment 
de  ceux-ci,  une  Chronique  des  »  Actes  et 
gestes  merveilleux  de  la  cité  de  Genève  * 
que,  malgré  ses  instances,  la  prudente 
république  ne  se  souciait  pas  de  laisser 
imprimer.  Il  pensa  enlever  l'autorisation 
en  publiant  de  suite  une  sorte  de  prospectus 
de  l'ouvrage  sous  ce  titre  : 

Deux  epistres  préparatives  aux  histoires 
et  Actes  de  Genève  :  L'une  dédiée  au  Sé- 
nat ;  Vautre,  exhortatoire  à  tout  le  peuple 
de  Genève.  Composées  par  Antoine  Fro- 
ment. A  Genève,  de  l'imprimerie  de  Jean 
Gérard  ;  27  feuillets  format  in-18,  non 
paginés. 

i"  épître  (4  pages  1/2)  -^  très  magnifi- 
ques, redoutez  et  puissants  Seigneurs  mes- 
sieurs les  Sindiques  et  Sénat  de  Genève, 
vostre  obeyssant  suject  et  humble  bourgeois 
Antoine  Froment,  salut  et  honneur.  Ayant 
l'eçu  commandement  de  vous,  très  honorez 
seigneurs,  de  rédiger  en  escrit  les  faicts  et 

M.  Herminjard,  Corresp.  des  Réf.,  en  français 
VI,  401  et  en  latin.  Vil,  381. 


729 


FROMENT 


73a 


Actes  merveilleux  par  les  q.  le  Seigneur  a 
desployé  sa  grande  vertu  admirable  en  vos- 
tre  cité  de  Genève  vous  ayant  retirez  du 
joug  infernal  de  l'Antéchrist,  soubz  la  pro- 
tection de  son  fils  J.-C,  j'ay  esté  de  pre- 
mier assaut  comme  surpris  de  crainte  d'o- 
ser entreprendre  tel  labeur Toutes  fois 

sentant  ma  volonté  sujecte  àlavostre,  j'ose 
bien  dire  que  si  l'eschantillon  vous  agrée, 
vous  pourrez  aussi  avoir  toute  la  pièce  en- 
tière en  son  temps  avec  l'aide  du  Seigneur  ; 
le  quel  je  prie,  puissans  seigneurs,  vous 
faire  augmenter  en  son  honneur.  De  vostre 
cité  de  Genève,  ce  4'  jour  de  septembre 
1554.  —  ^""  épitre  :  Epistre  exhortatoire 
à  tout  le  peuple  de  Genève,  tant  citoyens, 
bourgeois,  qu'habitans,  vostre  ancien  ser- 
viteur Antoine  Froment  désire  salut,  bien 
et  honneur  par  nostre  S.  J. -Christ.  Si  com- 
me Froment  par  cy  devant  vous  a  semé 
dans  vostre  cité  de  Genève  du  vray  Fro- 
ment duquel  parlent  les  Prophètes,  ayant 
prins  en  vous  non  petite  racine etc. 

La  suite  de  cette  seconde  épître  était 
une  diatribe  des  plus  violentes  contre  le 
duc  de  Savoye  et  l'ancien  évêque.  Le  Con- 
seil ordonna  la  suppression  du  libelle  et 
s'en  fit  remettre  tous  les  exemplaires  déjà 
tirés.  Mais  il  fut  moins  disposé  que  jamais 
à  permettre  l'impression  des  «  Actes  mer- 
veilleux »  qui  durent  attendre  trois  cents 
ans  avant  de  passer  à  la  presse  et  de  voir 
enfin  le  jour.  Un  riche  et  généreux  érudit 
genevois,  M.  G.  Revilliodl'a  fait  imprimer 
de  nos  jours,  sous  ce  litre  : 

Les  actes  et  gestes  merveilleux  de  la  cité 
de  Genève,  nouvellement  convertie  à  l'E- 
vangille.  Faictz  du  temps  de  leur  Re for- 
mation. Et  comment  ih  l'ont  receue  ;  rédi- 
gez par  escript  en  fourme  de  Chroniques, 
Annales  ou  Hystoires,  commençant  l'an 
lo32,  par  Anthoine  Froment.  Mis  en  lu- 
mière par  Gustave  Revilliod  ;  Genè\e,  J.- 
G.  Fick,  1854,  in-8o,  X  et  2oO  p.  ;  plus 
ccix  p.  d'Extraits  des  registres  publics 
(1532-36)  par  Jacques  Flournois. 

Cependant  Froment  fut  élu  membre  du 
Conseil  des  Deux-Cents  en  1559  et  il  sut 
obtenir,  la  même  année,  une  autorisation 
de  faire  imprimer  un  autre  livret  de  sa 
composition  :  Les  dix  commandements  de 
la  loy  de  Dieu  nouvellement  translatez  d'hé- 
breu en  français. 

Malheureusement  cet  homme  doué  de 
plus  d'ardeur  que  de  jugement  était  le  pre- 
mier à  enfreindre  les  sages  prescriptions 


qu'il  recommandait  imprudemment  aux 
autres.  Nous  avons  raconté  son  mariage 
avec  Marie  D'Ennetières,  ainsi  que  les  pre- 
mières phases  de  leur  union.  Cette  union 
cessa  par  la  mort  de  la  femme  •  et  peu  de 
mois  après,  en  1561 ,  le  mari  convola  en 
secondes  noces  avec  une  de  ses  anciennes 
paroissiennes  de  Massongier,  Mye  (ou  Marie) 
Blanc. 

C'était  une  femme  de  40  ans  *  et  ce  ma- 
riage n'avait  rien  qui  dût  étonner;  mais  il 
était  conclu  depuis  très  peu  de  temps  lors- 
que Froment  fut  accusé  d'entretenir  des 
relations  peu  convenables  avec  la  servante 
d'un  autre  citoyen.  La  justice  lui  fit  un 
procès  d'adultère,  au  mois  de  janvier  1562, 
et  ne  le  trouva  pas  très  coupable  car 
elle  le  condamna  seulement  à  trois  jours- 
de  prison  au  pain  et  à  l'eau  ;  cependant 
par  précaution  contre  un  homme  si  léger, 
elle  y  ajouta  un  arrêt  de  radiation  comme 
membre  du  Conseil  et  de  bannissement  des 
terres  de  la  République.  Dix  ans  se  pas- 
sèrent, pendant  lesquels  Froment  paraît 
s'être  retiré  à  Vevey,  ville  qu'habitaient 
les  parents  de  sa  femme.  Y  étant  tombé 
malade,  il  fit,  le  11  décemb.  1570,  un  tes- 
tament par  lequel  il  laissait  partie  de  ses 
biens  à  son  frère,  Claude  Froment,  habi- 
tant de  Cornillon  du  Trièves  bailliage  de 
Grenoble  «  à  cause  que  tant  luy  que  ses 
enfans  ont  beaucoup  souffert  et  enduré 
pour  la  religion,  »  partie  à  sa  femme 
(ceux  qui  étaient  situés  à  Massongier)  et  Je 
reste  à  sa  fille  Judith. 

En  1572  il  sollicita  la  permission  de 
rentrer  à  Genève  et  l'obtint  «  en  souve- 
nance des  services  qu'il  a  faicts  du  passé.  » 
Il  sollicita  aussi,  1573,  celle  de  reprendre 
son  état  de  notaire,  et  fut  refusé  d'abord  ; 
mais  en  1574,  la  requête  lui  fut  accordée 
€  pour  avoir  moyen  de  vivre  en  sa  vieil- 
lesse. »  Dans  le  cour^iut  de  la  même  an- 
née il  se  recommanda  comme  bon  citoyen 
par  la  remise  qu'il  fit  à  l'un  des  syn- 
dics, Chateauneuf^  d'un  mémoire  ensei- 
gnant »  plusieurs  secretz  de  feux  artificiels 

1  Vers  1548,  avons-nous  dit  (V,  249  1.  16); 
Amédée  Ro;^et,  historien  genevois  très  autorisé 
dit  dans  ses  Etrennes  genevoises,  qu'elle  mourut 
seulement  en  1561. 

2  Registre  des  décès  ;  1588  n"  267,  Item  Mye 
relaissée  de  feu  Anthoine  Froment  bourgeois  est 
morte  d'une  défluxion  de  cerveaux,  âgée  d'envi- 
ron 67  ans  ce  13  juillet  1588  en  la  rue  du 
Boule. 


731 


FROMENT 


732 


pour  la  défense  de  la  ville.  >  Il  pouvait 
compter,  sans  doute,  sur  la  protection  de  ce 
Chateauneuf,  car  le  frère  de  ce  magistrat 
avait  épousé  en  1538,  Judith  Froment,  fille 
de  notre  Antoine  et  de  Marie  d'Ennetières. 

Le  registre  mortuaire  de  Genève  porte  : 
«  Ant.  Froment,  bourgeois,  ministre  de 
«  la  parole  de  Dieu,  est  mort  phtisique 
«  avec  longue  maladie,  âgé  de  90  ans,  le 
«  6  nov.  1581,  en  la  rue  du  Boule.  » 
C'est  un  exemple  à  joindre  à  bien  d'autres 
pour  faire  voir  que  les  allégations  inscri- 
tes dans  des  actes  de  l'état  civil,  rédigés  à 
la  hâte,  sur  les  vagues  informations  four- 
nies par  la  famille,  ont  besoin  de  contrôle. 
Froment  a  dit  lui-même  en  racontant  ses 
vertueux  eflorts  à  la  suite  de  Farel  pour 
évangéliser  le  pays  de  Berne,  qu'il  était 
âgé  de  22  à  23  ans  en  1532,  c'est-à-dire 
qu'il  naquit  vers  1509,  date  que  confirment 
les  autres  données  de  son  histoire  et  qui 
porte  à  72  seulement  le  nombre  d'années 
qu'il  vécut. 

La  vie  décousue  de  Froment  a  beaucoup 
nui  à  sa  mémoire.  Sa  position  de  famille 
et  de  fortune  furent  meilleures  qu'il  ne 
semblerait.  Il  maria,  comme  on  l'a  vu,  l'une 
des  filles  de  sa  première  femme  avec  un 
de  ces  Mestrezat  de  Thonon  qui  furent  la 
souche  d'une  dynastie  protestante  très  dis- 
tinguée. Sa  propre  fille  Judith,  née  de  son 
second  mariage,  s'allia  à  la  plus  pure  aris- 
tocratie de  Genève  en  épousant  Claude  de 
Chasteauneuf.  On  saisira  mieux  sa  situation 
en  parcourant  la  série  d'actes  notariés  que 
voici  : 

1547,  21  sept.:  Ant.  Froment,  ministre 
à  Massongier,  traite  pour  la  vente  d'une 
maison  qui  lui  appartient  à  Dovaine  (Cl. 
Pvu,  I  286).—  1553,  9  mai  :  François  Mes- 
trezat, appothicaire  de  Thonon ,  épouse 
Marie  Roberte  veuve  de  feu  commendable' 
Martin  Fiendaz  cit.  de  Genève,  laquelle  se 
constitue  en  dot  une  maison  assise  à  Ge- 
nève au  bourg  de  fors  dessoubz  la  porte  du 
chastel,  plus  94  écus  d'or,  plus  etc.;  acte 
passé  en  la  maison  d'habitation  d'Ant.  Fro- 
ment (P.  Duvernay,  II  27);  le  mariage  avait 
eu  lieu  à  Genève  le  2  janv.  —  1568,  2  sep- 
temb.  Testament  de  noble  Claude  de  Chas- 

*  Martin  Fiendaz  était  sans  doute  un  descen- 
dant de  Guillaume,  marchand  à  Turin,  reçu  gratis 
bourgeois  de  Genève  en  1506.  Commendable,  titre 
usité  à  Genève  avant  la  Réforme,  était  un  inter- 
médiaire entre  noble  et  honorable  (Louis  DoFons). 


teauneuf  fils  de  noble  Claude  et  de  Margue- 
rite d'Orsières  '  ;  legs  nombreux  *;  il  insti- 
tue son  enfant  posthume  et  à  défaut  ses 
frères  nobles  François,  Janin  et  Ami  de  C. 
acte  passé  à  Troinex  «  en  la  voie  publique  » 
(P.  Vial,  I  246).  —  1568,  30  septembre  : 
Testament,  passé  au  même  lieu,  de  Judith 
Froment  femme  du  précédent,  qui  institue 
son  enfant  ou  enfans  posthumes  dont  elle 
est  enceinte,  et  à  défaut,  son  mari  (Id.  I 
249).  —  1570  :  Noble  Amied  de  Chasteau- 
neuf fait  don  de  ses  biens  et  maison  sis  à 
Ternier  à  son  frère,  noble  Claude,  en 
échange  de  la  maison  de  celui-ci  sise  place 
de  la  Fusterie  à  Genève;  acte  passé  au  pont 
d'Arve,  égrège  Amé  Sauteur  notaire  de  Ge- 
nève se  tenant  sur  le  pont  et  maistre  Phil. 
Vial  notaire  ducal  se  tenant  auprès,  sur 
terres  de  S.  A.  de  Savoye.  —  1581,  21  jan- 
vier :  Testament  d'Ant.  Froment,  veuf  en 
premières  noces  de  Marie  d'Anthyers  (sui- 
vant acte  de  P.  Montillet  not.  de  Ballaison) 
et  en  2""  noces  de  Mye  Blanc  ;  legs  à  ses 
gendres  Fr.  Mestrezat  et  noble  Claude  de 
Ch.  père  de  Loys  (Michel  Try  not.). —  1581, 
13  août  :  Testament  de  Mye  Blanc  veuve 
d'Ant.  Froment  ;  elle  institue  Brissa  Blanc, 
sa  sœur,  veuve  de  Claude  Boymont,  de  St- 
Julien  ;  témoins  noble  Pierre  Scarron  et 
Nicolas  Voutron,  peintre  (M.  Try,  V  2m). 
—  1590  :  Noble  Ennemond  Froment,  de  La 
Croix  de  Cornille  en  Trièves,  prête  90  flor. 
à,  la  veuve  de  Démêlais,  libraire  à  Genève 
(J.  Crespin,  III  37).'—  1599  :  Mariage  de 
Pierre  Froment,  de  La  Croix  de  Cornillon, 
ci-devant  maître  passementier,  habitant  de 
G.,  avec  Anne  fille  de  Bi-andano  Condelle, 
bourgeois  (Et.   de  Monthouz  LXII,  89).  — 

'  On  serait  porté  à  croire  que  c'était  une  pa- 
rente de  la  mère  de  Farel  (col.  394,  note  2); 
mais  au  lieu  d'être  du  val  de  Trièves  en  Dau- 
phiné,  les  d'Orsières  dont  elle  était  venaient  de 
la  vallée  d'Entremonts,  bailliage  de  St-Maurice 
en  Valais,  et  avaient  été  admis  à  la  bourgeoisie 
genevoise  en  1457.  Ils  avaient  pour  Armes  :  un 
griffon  ailé  tenant  une  tour  entre  ses  pattes.  Ceux 
du  Danphiné  portaient  :  =  d'argent  au  chef  de 
gueules  à.  l'ours  debout,  de  sable,  tenant  de  ses 
patte  une  couronne  d'or. 

2  Entre  autres  :  à,  Thievenin  de  Lachenal  (son 
associé  dans  l'exploitation  des  moulins  de  Bossey) 
ung  collet  de  peau  de  chièvre  accoustré  en  cha- 
mois bandé  de  velours  jaulne,  plus  un  propoinct 
de  bombasine,  plus  une  chaize  de  camellot  rouge 
et  le  cuir  d'escarlatine,  plus  ung  chappeau  noir 
fleustré  d'Espaigne,  et  à  Pierre  Portier,  de  Troy- 
nex,  unes  chausses  de  peau  picquées  de  soye 
cramoysie  avec  ung  propoinct  picqué  comme  les 
d.  chauses,  item  ung  manteau  de  drapt  noir  avec 
les  crochetz  d'argent  presque  neufz. 


733 


FROMENT 


FROMERY 


734 


1617  :  Pierre  de  S.  André  met  Daniel,  son 
fils,  en  apprentissage  chez  Pierre  Froment, 
passementier.  —  1C33,  15  avril  :  Damoi- 
selle  Judith  Gallatin,  veuve  de  noble  Paul 
de  Chapeaurouge,  baille  ses  filles  Marie  et 
Judith,  à  Anne  Condello  et  à  sa  fille  Pau- 
line Froment,  en  apprentissage  à  faire  tou- 
tes sortes  d'attaches,  glands,  boutous  pour 
fraises  et  rabats  pendaut  le  temps  de  trois 
mois,  moyennant  le  salaire  de  16  florins 
(Salomon  Gentil,  Il  63).  Etc. 

2.  De  la  même  famille  qu'Ant.  Froment 
descendait,  selon  le  Schweizer.  Lexikon 
de  Leu  (1747-95),  Paul  de  Froment,  origi- 
naire d'Uzès,  qui  se  réfugia  dans  le  Bran- 
debourg avec  son  frère  Denis,  en  1685, 
s'éleva  au  grade  de  colonel  et  fut  nommé, 
en  1720,  par  Frédéric-Guillaume,  gouver- 
neur de  la  principauté  de  Neuchâtel  en 
remplacement  de  M.  de  Lange.  Il  mourut 
le  12  fév.  1737,  à  l'âge  de  72  ans.  Son 
frère,  lieutenant-colonel  de  dragons,  l'avait 
précédé  dans  la  tombe.  Tl  était  décédé,  le 
22  janv.  1722,  à  Berlin,  ne  laissant  que 
des  filles  de  sa  femme,  Marie  Godefroy,  de 
La  Rochelle.  Un  troisième  frère,  également 
colonel  au  service  de  Prusse,  fat  gouver- 
neur du  margrave  de  Baireuth,  gendre  de 
Frédéric-Guillaume  I  (peut-être  Philippe 
de  Froment,  sr  de  St-Jean-de-Ceizargues). 
On  peut  ajouter  Jean- Jacques  de  Froment, 
inscrit  en  1585  sur  une  liste  de  fugitifs  du 
Languedoc  (Tt  322),  et  Isabeaii  de  Fro- 
ment probablemt  sœur  de  Paul  et  Denis, 
qui  épousa,  22  déc.  1667,  Jean-Jacques  de 
Brueys  dont  le  fils  Philippe  de  Brueys,  ré- 
fugié aussi  dans  le  Brandebourg,  succéda 
en  1757  à  Paul  de  Froment  dans  la  charge 
de  gouverneur  de  la  principauté  de  Neu- 
châtel. Cette  famille  existe  encore  en 
Prusse. 

3.  FROMENT  (Claude)  «  natif  de  Pro- 
vins en  Brie,  »  reçu  habitant  de  Genève, 
6  août  1554  ;  Racheline  Goût,  •  femme  de 
Claude  Froment  menuisier,  malade,  »  as- 
sistée au  mois  de  décemb.  précédent  par 
la  Bourse  franc,  de  Genève.  —  Froment, 
pasteur  à  Mazamet,  délégué  à  l'assemblée 
tenue  à  Pamiers  en  1614.  (Paul)  épouse  au 
temple  de  La  Rochelle,  29  janv.  1622,  Su- 
zanne Montjon  ;  en  2es  noces  Marie  Gi- 
raud.  —  (Madelaine)  veuve  de  Hector 
d'Astorg  de  Montbartier,  s^  de  La  Perrière, 
66  ans,  enterrée  au  cimetière  des  SS.  Pè 
res,  9  juin  1679.  —  Froment,  ancien  de 


Viane,  député  au  synode  de  Réalraont, 
septemb.  1679.  —  (François)  poursuivi 
par  le  parlem.  de  Grenoble  en  1685  {Bull. 
VII,  136).  —  (Etienne)  .  d'Alais,  qui 
vient  de  Vevey,  »  assisté  à  Genève  (Bourse 
franc.),  1696;  puis  reçoit  un  viatique  pour 
le  Brandebourg,  1704.  —  (Abraham),  de 
Rouen,  assisté  à  Genève  d'un  viatique  pour 
Magdebourg,  1700.  —  Plusieurs  Froment 
de  Sedan,  réfugiés  à  Berlin  avec  leurs  fa- 
milles :  Jean,  armurier  avec  sa  femme  et 
3  enf.  (5  pers.),  Pierre,  facturier  de  bas 
(8  pers.),  Samuel,  lapidaire  (6  personnes). 

FROMENTAL  (François),  étudiant  en 
théologie,  1763;  consacré  en  1766;  pas- 
teur à  S'-Jean-de-Ceizargues,  à  Bedarieux, 
1767  ;  à  Montagnac,  1768;  à  Garrigues  et 
Moussac,  1770-93;  à  St-Chaptes,  1807. 
Un  Fromental,  habitant  de  Moussac,  em- 
prisonné en  1775  pour  avoir  assisté  à  un 
service  religieux  (P.  Rabaut,  ses  lettres, 
par  Ch.  Dardier).  —  Fromentin,  ministre 
à  Moese,  1572-76  ;  à  Lhoumer,  1590.  — 
Pierre  Fromentin,  s""  de  Ghatinat,  ancien 
de  S'-Jean-d'Angely,  au  synode  gén.  d'A- 
lais, 1620,  —  A  La  Rochelle  :  Jehan  Fro- 
mentin, ministre,  épouse  Marie  Lhomme  ; 
d'oîi  David,  baptisé  le  le""  septemb.  1585  ; 
Sara,  1587  et  Pierre,  29  mai  1589  ;  Michel 
Fromentin,  reçu  en  l'église  de  Dieu  le  27 
avril  1597.  (Salomon)  id.,  23  mai  1613  ; 
il  épouse,  17  mai  1615,  Suzanne  Grollier. 
—  (Pierre),  d'Uzès,  assisté  à  Genève,  1705. 

FROMERY  (Pierre),  excellent  ouvrier 
de  Sedan  [Haag,  V  177],  réfugié  à  Berlin 
avec  sa  famille  (8  pers.)  en  1700,  possé- 
dait une  habileté  supérieure  dans  presque 
toutes  les  branches  des  arts  mécaniques. 
Il  rendit  surtout  de  grands  services  à  sa 
patrie  adoptive  en  perfectionnant  l'arquebu- 
serie  qui  était  encore  fort  arriérée  dans  le 
Brandebourg,  et  pour  cette  spécialité,  il 
eut  de  dignes  émules  en  Jacques  Munier, 
Daniel  Baudesson,  Isaac  Petit jean,  de 
Metz,  et  Henoul.  Il  n'était  pas  moins  ha- 
bile à  travailler  toutes  sortes  de  métaux, 
en  sorte  qu'à  côté  de  sa  profession  d'armu- 
rier, il  exerçait  aussi  celles  de  bijoutier  et 
d'orfèvre.  On  raconte  que  l'Électrice 
l'ayant  fait  appeler  un  jour  pour  le  char- 
ger de  remonter  ses  pierreries,  S.  A.  élec- 
torale qui  survint  ne  put  s'empêcher  de 
témoigner  à  la  princesse  son  étonnement 
au  sujet  de  sa  confiance  en  un  homme 
dont  il  faisait  d'ailleurs  grand  cas.  «  Mais 


735 


FROMONT 


FROSSARD 


736 


c'est  un  réfugié,  »  répondit-elle.  Ces  qua- 
tre mots  en  disent  plus  qu'un  long  pané- 
gyrique en  faveur  de  la  bonne  renommée 
des  vieux  protestants. 

FROMONT  (Emon)  «  natifz  du  dioc.  de 
Sens,  »  reçu  habitant  de  Genève,  avril 
1553.  Jehan  de  Fromont,  tailleur,  natif  de 
Reims  en  Champaigne,  id.,  mai  1559.  A. 
Fromont,  de  Lyon,  mercier,  id.,  noverab. 
1572;  (Jean)  de  Lyon,  plumassier,  id., 
octob.  1573  ;  —  César  Fromont,  ingénieur 
du  roi,  marié  au  temple  de  Charenton,  juill. 
1669,  avec  Madeleine  Rondot,  veuve  de 
David  Senegon ,  chirurgien  du  roi  ;  — 
(Pierre  et  Jean)  réfugiés  à  Grambzow  avec 
leurs  familles,  1700.  —  Jérémie  Fromy, 
de  Sedan,  estaminier,  réfugié  à  Berlin 
avec  sa  femme  et  un  apprenti,  1698.  Ra- 
chel  Fromi,  de  Sedan,  venant  d'Allema- 
gne, assistée  à  Genève  pour  y  retourner, 
1703.  —  Marie,  veuve  de  Matthieu  Fron- 
tain,  de  Rouen,  40  ans,  assistée  (9  sh.  6) 
à  Londres,  1710.  —  Jeanne  Fronteau,  de 
Châtillon-sur-Loire,  arrêtée  fuyant  du 
royaume,  emprisonnée  à  Dieppe,  puis  à  la 
conciergerie  de  Rouen,  1688. 

FRONTENAC.  Nous  avons  mentionné 
plus  haut  (III  col.  342)  une  dame  de  Fron- 
tenac morte  en  1618,  après  avoir  abjuré 
la  religion  réformée  entre  les  mains  d'un 
père  jésuite.  Celui-ci  s'empressa  de  pu- 
blier :  L'heureuse  conversion  de  il/me  de 
Frontenac  à  la  religion  Cat.  Ap.  et  Rom. 
sur  l'instruction  du  rév.  P.  Arnoux,  con- 
fesseur et  prédicateur  ordinaire  du  Roy  ; 
Paris,  Antoine  Estienne  ;  1618,  in-8o  de 
36  p.  (Biblioth.  Maz.  no  26331).  On  trouve 
d'intéressants  détails  sur  la  famille  de 
Buade  de  Frontenac  dans  les  Mémoires  de 
Saint-Simon,  et  aussi  dans  le  Dictionn. 
critique  de  Jal. 

FRONTIN  (Anatole"),  neveu  du  poète 
Claude  Frontin,  était  originaire  de  la  Fran- 
che-Comté [Haag,  V  178].  Il  fit  ses  études 
dans  l'école  que  Gilbert  Cousin,  l'ami  de  son 
oncle,  avait  établie  à  Nozeroy.  Ses  huma- 
nités achevées,  il  alla  suivre  les  cours  de 
droit  à  l'université  de  Bâle  ;  mais,  vers 
1360,  renonçant  à  la  jurisprudence,  il  se 
voua  à  la  théologie.  M.  Weiss,  bibliothé- 
caire de  Besançon,  l'un  des  meilleurs  ré- 
dacteurs de  la  Biogr.  Univ.  de  Michaud, 
affirme,  nous  ne  savons  sur  quelle  auto- 
torité,  qu'il  fut  un  des  ministres  de  Coli- 
gny  et  qu'il  périt  de  mort  violente  dans  un 


âge  peu  avancé.  Peut-être  fut-il  une  des 
victimes  de  la  Saint-Barthélémy.  Outre 
des  Poésies  imp.  dans  les  Œuvres  de  Cou- 
sin, on  a  de  lui  un  petit  manuel  intitulé  : 
Tahéllx  oratorise  inventionis  ;  hoc  est,  loco- 
rum  omnium  ex  quibus  non  tractandx 
modo  verum  etiam  exaggerandse  orationis 
materia  depromitur,  dispositio  ;  qux  ex 
clarissim.  quidem  rhetorum  prseceptis,  sed 
Anatolii  Frontini  studio  et  opéra  absolu- 
tum,  etc.,  Basil.,  1560,  mense  auguste  y 
in-8o,  34  p.  et  7  feuill.  non  paginés.  En 
tête  sont  une  lettre  de  Cselius  Secundus 
Curio  adressée  ta  Frontin  et  une  épître  dédi- 
catoire  de  celui-ci  Nobilissimis  adolescen- 
tibus  Erasmo  et  Antonio  a  Balma  fratri- 
bus  geminis.  —  Jean  Frontin  ,  libraire, 
fugitif  de  France  en  1685.  Son  fils,  Pierre, 
marié  à  Madelaine  Dupuy  née  en  Angle- 
terre, établi  à  Lisbonne,  rentra  en  France, 
1731,  porteur  d'une  autorisation  de  séjour 
ainsi  conçue  :  «  C'est  l'intention  de  M.  le 
Controlleur  général  que  l'on  accorde  tou- 
tes sortes  de  protections  au  sr  Frontin,. 
marchand  huguenot,  et  qu'il  soit  si  bien 
traité  que  la  connoissance  qui  en  parvien- 
dra aux  négocians  de  cette  espèce  les  en- 
gage de  revenir  dans  le  Royaume.  »  Ce 
papier  tomba  entre  les  mains  de  l'évêque 
d'Agen  (Chabanne)  qui  protesta  violem- 
ment par  une  «  Lettre  à  M.  le  Controlleur 
«  général  contre  la  tolérance  des  hngue- 
«  nots  dans  le  Royaume.  »  Antoine  Court 
répondit  à  cette  lettre  pleine  de  fiel  par  la 
publication  du  Patriote  françois  et  impar- 
tial; voy.  ce  recueil  p.  2  et  ci-dessus  t.  IV 
col.  815.  —  Jean,  fils  du  précédent,  né  à 
Lisbonne  en  1739,  épousa  en  1766  Louise 
de  Bellecombe  sœur  de  l'héroïque  défen- 
seur de  Pondichéry. 

FROSSARD,  nom  fort  répandu  dans  la 
Suisse  romande,  au  pays  de  Vaud,  et  dont 
les  représentants  forment  une  famille  no- 
table de  la  petite  ville  de  Moudon.  Cette 
famille  est  devenue  française  vers  la  fin 
du  XVIIIme  siècle  {Armes  de  Frossard  de 
Saugy)  ;  voy.  Mandrot,  Armoriai  vaudois  : 
=  d'azur  à  la  croix  d'argent  cantonnée  de 
quatre  molettes  de  même. 

Le  plus  ancien  personnage  de  ce  nom 
qu'on  voie  figurer  dans  les  Manuaux  ou  re- 
gistres municipaux  de  Moudon  est  le  «  pro- 
vide et  vertueux  Michael  Frossard  i  men- 
tionné en  l'an  1500,  clerc  et  bourgeois  de 
la  ville,  notaire,  conseiller  du  gouverneur 


737 


FKOSSARD 


738 


de  Vaud  en  1508  et  qui  signa  le  23  mai 
1525,  comme  délégué  de  la  ville,  avec  un 
autre  notaire,  et  après  noble  Fr.  de  Glan- 
naz,  seigneur  de  Vallardens,  un  acte  so- 
lennel de  condamnation  des  opinions  de 
Luther,  prononçant  trois  jours  de  prison 
et  trois  coups  d'estrapade  contre  les  contre- 
venants, plus  en  cas  de  récidive  le  supplice 
du  feu.  Mais  douze  années  ne  s'étaient 
pas  écoulées  que  tout  le  pays  de  Vaud,  y 
compris  les  conseillers  de  Moudon  et  leurs 
familles,  s'étaient  rangés  aux  doctrines 
luthériennes.  On  croit  que  ce  Michel  était 
l'un  des  fils  de  Humbert  Frossard,  seigneur 
de  Saugy  (au  canton  de  Fribourg)  et  cosei- 
gneur  de  Brenles.  reçu  bourgeois  de  Mou- 
don  le  10  mai  1498.  Quant  à  remonter  plus 
haut  et  vouloir  établir  (comme  on  l'a  fait) 
un  lien  entre  ces  Frossard  et  ceux  qui  pu- 
rent exister  dans  le  pays  au  temps  du  duc 
Pierre  de  Savoie  dit  le  petit  Charlemagne 
(1203-1268),  c'est  une  tentative  d'autant 
plus  vaine,  qu'on  ne  peut  pas  même  savoir 
par  quels  liens  étaient  unis  entre  eux  les 
nombreux  Frossard  des  XYI^e  et  XVIIme 
siècles  (le  Manual  de  1594  en  menlionne 
plus  de  80)  en  sorte  que  la  filiation  sûre  et 
suivie  de  la  famille  dont  nous  parlions  en 
commençant,  loin  de  remonter  voire  seu- 
lement aux  Frossard  de  Saugy,  ne  part  que 
de  Je  AN- Jacques  Frossard  né  à  Moudon  vers 
1660,  époux  de  «  honorable  Marie  Fros- 
sard, »  de  la  même  ville,  dont  il  eut  trois 
fils.  L'aîné  Jean-Daniel,  né  vers  1685,  fut 
seigneur  banneret  (c'est-à-dire  maire)  de 
Moudon,  et  eut  pour  fils  Gabriel,  né  en  1725, 
capitaine  dans  les  troupes  bernoises  et  marié 
à  diie  Jeanne-Fr.  Ronzel.  Six  enfants  naqui- 
rent de  cette  union,  dont  le  quatrième  fut  : 

Benjamix-Sigismond  [Haag,  V  178],  né 
et  baptisé  à  Nyon,  23  août  1734,  mort  à 
Montauban,  le  3  janvier  1830.  S'il  n'appar- 
tient pas  à  la  France  protestante  par  sa 
naissance,  il  lui  appartient  incontestable- 
ment par  tout  ce  qu'il  a  fait  dans  l'intérêt 
des  églises  françaises  au  service  desquelles 
il  a  non  seulement  consacré  sa  vie,  mais 
voué  quatre  de  ses  fils. 

A  peine  eût-il  terminé  ses  études  à  Ge- 
nève, qu'il  fut  appelé  comme  pasteur  à 
Lyon,  1777,  et  il  y  continua  ses  fonctions 
sans  interruption  jusqu'à  l'époque  du  siège 
de  cette  ville,  sauf  un  voyage  qu'il  fit 
en  Angleterre  dans  l'année  1784.  Une 
grande  question  commençait  à  préoccuper 


beaucoup  d'esprits  élevés,  d'âmes  d'élite  en 
Amérique  et  dans  la  Grande-Bretagne.  Fros- 
sard résolut  d'associer  ses  efforts  à  ceux 
de  ces  philanthropes  qui  réclamaient  l'é- 
mancipation des  Noirs.  Il  recueillit  une 
foule  de  renseignements  exacts  et  détaillés 
sur  la  traite  des  Nègres,  et  dès  son  retour 
en  France,  il  publia  La  cause  des  esclaves 
nègres  et  des  habitants  de  la  Guinée  portée 
au  tribunal  de  la  justice,  de  la  religion  et 
de  la  politique,  Paris,  1788,  2  vol.  in-8o. 
Ce  livre,  où  la  question  est  traitée  avec 
talent,  fit  une  sensation  d'autant  plus  vive 
qu'à  l'exception  de  quelques  lignes  du  phi- 
losophe Raynal  et  des  discours  du  protes- 
tant Necker,  la  France  n'avait  pas  entendu 
une  seule  voix  réclamer  les  droits  de  l'hu- 
manité en  faveur  des  malheureuses  victimes 
de  la  cupidité  des  Européens,  depuis  le 
synode  national  d'Alençon,  en  1637  ^ 

Vers  le  même  temps,  le  pasteur  de  Lyon 
entreprit  un  travail  d'un  autre  genre,  la 
traduction  des  Sermons  de  Hugh  Blair, 
qu'il  n'avait  point  encore  terminée,  quand 
la  Révolution  brisa  sa  carrière.  Il  voulut 
chercher  dans  le  commerce  des  moyens 
d'existence,  mais  il  n'y  réussit  pas  au 
milieu  des  temps  orageux  qu'il  avait  à  tra- 
verser. L'établissement  des  écoles  centra- 
les lui  offrit  enfin  une  occupation  qui  con- 
venait mieux  à  ses  goûts  *;  il  fut  nommé 

*  Voici  l'article  décrété  par  ce  synode  : 
Quoique  les  hommes  aient  un  droit  d'acheter 
et  de  garder  des  esclaves  et  que  cela  ne  soit  pas 
condamné  par  la  Parole  de  Dieu,  ni  hors  d'usage 
parmi  les  clirétiens  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe  ;  néanmoins,  parce  qu'on  abuse  de  ce 
droit-là  et  qu'il  s'est  glissé  insensiblement  une 
coutume  très  inhumaine,  surtout  parmi  les  mar- 
chands qui  en  font  trafic  et  qui  en  disposent 
comme  de  leur  propre  bien  et  de  leur  bétail  ;  qui 
vont  même  sur  les  côtes  d'Afrique  et  aux  Indes 
où  ce  commerce  est  permis,  pour  acheter,  des 
Barbares,  â  prix  d'argent  ou  pour  des  marchan- 
dises, des  liommes  et  des  femmes  qu'ils  vendent 
dans  les  marchés  publics  ou  qu'ils  troquent  pour 
d'autres  choses,  —  cette  assemblée,  confirmant 
le  canon  fait  à  cette  occasion  par  le  synode  pro- 
vincial de  Normandie,  exhorte  les  fidèles  de  ne 
pas  abuser  de  cette  liberté  d'une  manière  qui  soit 
contraire  aux  règles  de  la  charité  chrétienne,  et 
de  ne  pas  remettre  ces  infidèles  au  pouvoir  des 
Barbares  qui  pourroient  les  traiter  inhumaine- 
ment ni  entre  les  mains  de  ceux  qui  sont  cruels  ; 
mais  de  les  donner  à  des  chrétiens  débonnaires  et 
qui  soient  en  état  d'avoir  soin  de  leurs  âmes  pré- 
cieuses et  immortelles,  en  tâchant  de  les  instruire 
dans  la  religion  chrétienne. 

2  II  a  publié  un  écrit  intitulé  :  Rapport  sur 


VI. 


24 


739 


FROSSARD 


740 


professeur  de  morale  à  celle  de  Clermont- 
Ferrand.  En  1802,  le  gouvernement  l'appela 
avec  Rabaut  à  travailler  à  la  rédaction  des 
Articles  organiques  du  culte  réformé.  En 
1809,  il  fut  chargé  de  l'exécution  du  décret 
qui  fonda  à  Montauban  une  Faculté  de 
théologie  protestante.  La  tâche  était  diffi- 
cile, les  obstacles  nombreux  ;  mais  à  force 
de  prudence  et  d'énergie,  d'esprit  d'ordre 
et  de  discernement,  Frossard,  qui  fit  preuve 
dans  ces  circonstances  d'une  rare  capacité 
administrative,  les  surmonta  tous,  en  sorte 
que  la  Faculté  put  être  installée,  en  1810  *. 
Frossard  y  remplit  les  doubles  fonctions 
de  doyen  et  de  professeur  de  morale  et 
d'éloquence  de  la  chaire,  fonctions  aux- 
quelles il  joignit  celles  de  ministre  et  de 
président  du  consistoire. 

Un  homme  qui  avait  rendu  de  tels  ser- 
vices au  protestantisme  était  désigné  pour 
essuyer  la  malveillance  des  réactionnaires 
de  181S.  Frossard  fut  brusquement  desti- 
tué de  ses  fonctions  de  doyen  et  de  pasteur. 
Plus  tard,  il  est  vrai,  à  la  mort  du  ministre 
Lescure,  le  gouvernement  de  Louis  XVIII 
se  montra  disposé  à  revenir  sur  une  mesure 
inique  ;  mais  sourd  aux  vœux  de  la  popu- 
lation protestante  de  Montauban,  Frossard 
refusa  de  remonter  dans  sa  chaire.  «  J'ai 
été  jugé  par  mes  pairs,  écrivit-il,  le  12 
janv.  1818,  au  consistoire,  pour  le  remer- 
cier de  ses  suffrages  unanimes,  j'ai  été 
déclaré  innocent  ;  je  suis  assez  vengé  des 
fanatiques  et  des  méchants.  » 

Depuis  sa  destitution,  Frossard  se  con- 
sacra entièrement  aux  devoirs  du  professo- 
rat, ne  se  délassant  que  par  des  travaux 
littéraires.  Il  continua  sa  traduction  des 
Sermons  de  Hugh  Blair  (Lyon,  1784,  2  vol. 
in-8°  ;  nouv.  édit.  augm.,  Paris  et  Montau- 
ban, 1807-24,  5  vol.  in-8o),  et  entreprit 
celle  d'un  ouvrage  remarquable  de  Wilber- 
force,  qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Le  chris- 
tianisme des  gens  du  monde  mis  en  opposi- 
tion avec  le  véritable  christianisme  (Mon- 
taub.,  1821,  2  vol.  in- 8°).  Cette  publication 

la  formation  de  24  écoles  primaires  dans  la  ville 
de  Lyon,  par  le  citoyen  B.-S.  Frossard,  adminis- 
trateur et  professeur  de  droit  naturel  et  françois 
à  l'institut  ;  Lyon,  imp.  de  Vatar-Delaroche, 
1793,  in-8°,  36  pages. 

^  A  cette  occasion  il  fit  paraître  son  discours 
dans  une  brochure  spéciale:  Installation  de  la 
faculté  de  théol.  prot.  de  Montauban  ;  séance  pu- 
blique du  30  nov.  1810  (20  p.). 


obtint  aussi  beaucoup  de  succès,  et  l'on 
ne  saurait  douter  qu'elle  n'ait  contribué 
pour  sa  part  au  réveil  religieux  qui  com- 
mença à  se  manifester  vers  cette  époque. 

On  doit  encore  au  même  orateur  plusieurs 
éloquents  discours  : 

Sermon  prononcé  à  Clermont-Ferrand 
le  lo  avril  1792  dans  l'église  des  ci-devant 
Carmes,  accordée  aux  protestants  de  cette 
ville  pour  y  faire  l'inauguration  de  leur 
culte  religieux;  Riom.,  1872,  in-8o,  40  p. 

De  l'influence  de  la  liberté  sur  les  mœurs; 
Lyon,  30  frimaire,  an  II  (24  p.). 

Observations  sur  les  protestants  de  France, 
leur  population,  leur  discipline  et  leur  culte, 
présentées  au  citoyen  Portails,  conseiller 
d'Etat  chargé  de  tout  ce  qui  concerne  les 
cultes,  rédigées  par  B.-S.  Frossard  (pub. 
seulement  en  1887,  par  son  petit -fils, 
Charles  F.,  dans  la  Revue  de  droit  et  de 
jurisp.  à  Vusage  des  églises  prot.),  14  p. 

Sermon  d'actions  de  grâces  pour  le  bien- 
fait de  la  paix  générale,  prêché  par  ordre 
du  gouvernement  dans  le  temple  consisto- 
rial  de  Montauban;  Montaub.,  Fontanel, 
1814,  29  p. 

Discours  sur  les  talents  de  l'esprit  et  les 
qualités  du  cœur  que  doit  posséder  un  aspi- 
rant au  ministère  évangélique,  adressé  à 
MM.  les  étudiants  pour  l'ouvei'ture  des 
cours;  Montauban,  Fontanel,  1817,  in-12 
de  27  p. 

Hommage  rendu  à  la  mémoire  de  J.-F. 
Pradel,  prof,  à  la  fac.  de  théol.;  Montaub., 
1824,  in-8o,  20  p. 

Nous  nous  dispensons  d'énumérer  une 
foule  de  brochures  de  circonstance,  princi- 
palement des  mémoires  adressés  à  quel- 
qu'une des  nombreuses  sociétés  savantes 
auxquelles  il  était  agrégé,  comme  la  Société 
royale  d'agriculture  de  Lyon,  dont  il  était 
secrétaire  pour  la  correspondance  étrangère, 
la  Société  d'agriculture  de  Bath,  la  Société 
littéraire  et  scientifique  de  Manchester,  les 
Sociétés  de  Montpellier,  de  Villefranche  et 
de  Bourg-en-Bresse.  A  son  passage  à  Ox- 
ford, la  célèbre  université  de  cette  ville 
lui  avait  conféré  le  titre  honoraire  de 
docteur  en  droit,  distinction  rare  dont  il 
se  montrait  fier  à  juste  titre. 

Benj.-Sig.  Frossard  avait  épousé  à  Pa- 
ris, à  l'ambassade  de  Hollande  en  1785, 
d'ie  Emmelie  Drouin,  de  Sedan  ;  mariage 
d'où  naquirent  :  1°  André,  sous-intendant 
militaire,    1786-1867,  auteur  d'un  Précis 


741 


FKOSSARD 


742 


historique  sur  la  révolution  des  provinces 
unies  de  l'Amérique  du  Sud  ;  Paris,  1819, 
in-8o  et  d'une  broch.  in-4o  :  Excursion  en 
Corse;  Ajaccio,  1833,  49  p.;  2»  Lise, 
1788-1838  ;  3°  EMMAXUEL-Louis-Pierre,  né 
à  Lyon,  9  janv.  1791,  pasteur  à  Niort, 
puis  à  Clairac,  mort  à  Bagnères-de-Bigorre 
le  8  oct.  1883;  4°  Jenny,  1792-1874;  5o 
Emile,  né  à  Clerniont-Ferrand,  3  août 
1794,  pasteur  à  Londres,  à  Jersey,  à  Ams- 
terdam et  pendant  35  ans  à  Condé-sur- 
JN'oireau,  où  il  est  mort,  24  juin  1883; 
6o  Olympe,  1797-1803;  7o  Louis-François, 
ne  à  Paris,  12  juill.  1798^  pasteur  à  La  Ro- 
chelle, St-Pierreville,  Privas,  Avignon  (où 
il  a  publié  Avignon  et  lieux  circonvoisins, 
1841,  et  Les  Vaudois  de  Provence,  1848), 
S^-Martin-aux-Antilles  et  la  Guadeloupe, 
mort  à  la  Basse-Terre  (Guadeloupe)  le  29 
déc.  1873  ;  8°  Benoit-Daniel-EMii.iEX,  né 
à  Paris,  26  juin  1802,  pasteur  à  Nîmes, 
directeur  du  séminaire  protestant  à  Mon- 
tauban  et  pasteur  à  Bagnères-de-Bigorre, 
où  il  mourut  le  2o  janv.  1881. 

Dans  le  cours  d'un  ministère  qui  dura 
56  ans,  Emilien  Frossard  s'est  montré  con- 
stamment attaché  à  la  doctrine  é  vangélique  ; 
il  a  tenu  une  place  honorable  dans  la  chaire  ; 
ses  écrits  témoignent  d'un  talent  littéraire 
original.  A  son  activité  pastorale  il  a  joint 
le  goût  des  sciences  naturelles  et  des  beaux 
arts.  Nous  ne  relèverons  que  trois  faits  de 
sa  longue  carrière  ecclésiastique  :  la  fonda- 
tion de  la  Maison  de  santé  de  Nîmes,  en 
1842;  l'organisation  de  l'aumônerie  protes- 
tante de  l'armée  de  Crimée  en  1855  et,  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie,  l'évangéli- 
sation  des  Htes -Pyrénées  où  il  a  bâti  trois 
temples  et  une  école.  Il  a  laissé  un  grand  nom- 
bre de  publications.  Voici  les  principales  : 

L  Accord  entre  le  récit  de  Moïse  sur 
l'âge  du  genre  humain  et  les  phénomènes 
géologiques,  thèse  physico-théologique  sou- 
tenue dans  la  faculté  de  théol.  prot.  de 
Montauban  le  27  mars  1824;  in-8o  54  p. 

IL  Tableau  des  diverses  religions  pro- 
fessées de  nos  jours,  rédigé  d'après  les  ob- 
servations les  plus  récentes  ;  Nîmes,  in-8o, 
1827,  59  p. 

III.  Vues  prises  dans  les  Pyrénées  fran- 
çaises accomp.  d'un  texte  descriptif  ;  Paris, 
1829,  in-fol.  (25  planches  dessinées  par  J. 
Jourdan).  Autre  édit.  en  1839. 

IV.  Catéchisme  biblique  à  l'usage  de  la 
jeunesse  protestante  ;  ^imes,  1831,  in-12. 


V.  Tableau  pittoresque,  scientifique  et 
moral  de  Nismes  et  de  ses  environs  ;  1834- 
38,  2  vol.  in-8o;  2e  éd.  1846;  3e  éd.  1854. 

VI.  La  prédication  chrétienne  proclamée 
par  le  choléra;  méditation  religieuse;  Nî- 
mes, 1835,  in-8o. 

VII.  De  rinfiuence  des  femrnes  dans  la 
diffusion  de  la  foichrét.;  Nîmes,  1836,in-8o. 

VIII.  L'ami  de  la  famille.  Lectures  du 
dimanche  soir;  Nîmes,  1837-39, 3  vol.  in-4o. 

IX.  Archives  protestantes  ;  recueil  d'ar- 
ticles biographiques,  etc.  ;  Nîmes,  1840, 
in-8o,  240  p. 

X.  Le  Protestantisme  français.  Exposi- 
tion de  l'histoire,  des  doctrines,  des  céré- 
monies, etc..  Nîmes,  1840,  in-8o,  172  p.; 
trad.  en  allem.  ;  Heilbron,  1843,  in-12. 

XI.  Le  Pasteur  évangélique  en  présence 
du  rationalisme  mod.  ;  Nîmes,  1840,  in-8'. 

XII.  Archives  évangéliques  (en  collabo- 
rat,  avec  M.  le  pi"  A.  Borrel);  douze  an- 
nées, en  divers  formats;  Nîmes,  Durand - 
Belle,  1841-52. 

XIII.  Lettres  écrites  d'Orient  par  E.  F. 
l'un  des  pasteurs  chargés  de  commencer 
l'œuvre  des  aumôniers  protestants  auprès 
de  l'armée  française;  Toulouse,  1855, 
in-8o,  264  p.  ;  2me  éd.  1856.  Traduct. 
anglaise,  Edinburgh,  1856. 

XIV.  A  summary  account  of  the  reli- 
gions State  and  progress  of  protestantism 
in  France;  Toulouse,  1857,  in-12,  48  p. 

XV.  Guide  du  géologue  dans  les  Pyré- 
nées centrales  ;  Bagnères,  1858,  in-12, 
76  p. 

XVI.  Le  manuel  des  chrétiens  protes- 
tants ;  simple  exposition  des  croyances  et 
des  pratiques  qui  les  caractérisent  ;  Tou- 
louse, 1861,  in-12.  234  p.  ;  2me  éd.  1866. 

XVII.  Trois  conférences.  La  grandeur 
morale  ;  L'influence  de  la  nature  sur  l'es- 
prit et  le  cœur  ;  Les  Bohémiens;  Bagnères, 
1868,  in-8o,  71  p. 

XVIII.  A  los  Espagnoles.  Petit  écrit  de 
propagande  (14  p.  in-16)  imprimé  clandes- 
tinement à  Madrid  en  1869  et  réimp.  à 
plusieurs  reprises  en  Espagne. 

XIX.  Les  origines  du  protestantisme  et 
de  la  Réforme  ;  Toulouse,  1870,  in-12, 
132  p. 

Le  même  auteur  a  fourni  un  grand  nom- 
bre d'articles  à  divers  journaux  religieux 
ou  hcientifiques  :  le  Courrier  du  Gard,  le 
Midi,  le  Courrier  de  Tarn-et-Garonne,  la 
Petite  Gazette  de  Bagnères-de-Bigorre,  le 


743 


FROSSARD 


FROTTÉ 


744 


Bulletin  de  la  Société  Raniond  et  le  Times 
de  Londres. 

Emilien  Frossard  épousa  en  Angleterre, 
2o  juin.  1826,  d'ie  Isabella  Trye,  dont  il 
eut  CHARLEs-Louis,  né  à  Nîmes  le  22  oct. 
1827;  EjMiLiEN-Sigismond,  pasteur  angli- 
can, né  à  Nîmes  le  6  mai  1829;  Mary- 
IsARELLA,  mariée  à  M.  le  pasteur  N.  Recolin, 
née  à  Nîmes,  19  nov.  1830;  Jeanxe-Amklie, 
née  à  Nîmes,  14  août  1835,  mariée  à  M.  le 
pasteur  D.  Blanc.  M.  Charles  Frossard  fut 
consacré  au  ministère  évangéiique  après 
une  thèse  sur  le  Livre  de  Rulh  soutenue  à 
la  faculté  de  Montauban  en  18ol.  Il  a  été 
pasteur  à  Lille,  agent  général  de  la  Société 
centrale  proleslanle  d'évangélisation,  pas- 
teur auxiliaire  d'Orlliez,  archiviste  du  sy- 
node général  en  1872,  secrétaire  de  la  So- 
ciété biblique.  On  a  de  lui  un  grand  nom- 
bre (le  r;ippo)is  ou  mémoires  publiés  k 
l'occasion  de  ses  fonctions,  et  d'articles 
relatifs  cà  l'hisloire  ou  aux  sciences  exac- 
tes, insérés  dans  divers  recueils  tels  que 
les  Bulleiins  de  la  Société  des  sciences  de 
Lille,  de  la  Sociélé  cenlrale  prolestanle, 
de  l'Association  géologique  appelée  Société 
Ramond,  de  la  Sociélé  d'hisloire  du  pro- 
testantisme français,  les  Archives  évangé- 
liques,  l'Espérance,  le  Christianisme  au 
XlXme  siècle,  etc.,  plus  divers  ouvrages 
dont  les  principaux  sont  :  Cal pckisme pro- 
testant; Lille,  1854,  in  8o,  lo6  p.  ;  2e  édit. 
1859  ;  3e  édit.  1860.  —  L'Eglise  sous  la 
croix  pendant  la  domination  espagnole  ; 
Lille,  1857,  in-8o,  352  p.  et  20  fig.  —  La 
liturgie  ou  l'ordre  du  service  divin  selon 
l'usage  des  églises  réf.  de  France;  Lille, 
1859,  in-8o,  57  p.  —  Revision  île  la  ver- 
sion du  N.-T.  par  Oslerwald  ;  13  éditions, 
1869-1886.  —  Synode  général  de  l'Église 
réformée  de  France  tenu  à  Paris  en  1872- 
73;  procès-verbaux  et  actes  pub.  par  l'or- 
dre du  Synode;  Paris,  Martinet^  1873, 
in-4o  de  659  p.  —  Livre  généalogique  de 
la  famille  Frossard  ;  Paris,  Maréchal,  pet. 
in-8o  de  76  plus  xxxiv  pages,  tiré  à  100 
exempt,  et  non  publié. 

1.  FROTTÉ  (Jean  df)  chancelier  de  la 
reine  Marguerite  de  Navarre  ^  [Haag,  V 1  SOj 

1  On  conserve  dans  les  archives  de  la  famille, 
qui  existe  encore,  un  «  Registre  des  finances  de 
maistre  Jehan  de  Frotté  contrôleur  général  et 
secrétaire  des  finances  des  roy  et  reine  de  Na- 
varre »  pour  l'année  15i8-49;  voy.  Notice  bio- 
graphique sur   M.   le  M''  Charles-Henri-Gabriel 


seigneur  de  Sey  du  chef  de  sa  femme  Jeanne 
Le  Coutelier, de  Coulerne,  Vieuxpont,  puis 
duMesnil,par  acquisition,  laissa  quatre  fds 
de  son  mariage  célébré  en  1536;  René, 
souche  de  la  branche  de  Sey  ;  Léon,  sieur 
de  Vieuxpont,  mort  sans  postérité;  Fran- 
çois, sieur  du  Mesnil,  et  Jean,  sieur  de 
La  Riniblière. 

Branche  de  Seij.  René  de  Frotté,  sei- 
gneur de  Sey,  né  vers  1538,  répondit  à 
l'appel  de  Condé,  en  1568,  et  alla  rejoin- 
dre Andelot  sur  les  bords  de  la  Loire  ; 
mais  il  ne  se  signala  par  aucune  action 
d'éclat  dans  la  longue  campagne  qui  se 
termina  par  la  paix  de  Saint-Germain. 
L'histoire  ne  nous  fait  connaître  jusque-là 
aucune  particularité  de  sa  vie  ;  il  ne  com- 
mença à  se  distinguer  parmi  les  chefs  hu- 
guenots de  la  Normandie  qu'après  la  S*- 
Barîbélemy,  à  laquelle  il  échappa  grâce  à 
la  précanlion  qu'il  avait  eue  de  se  loger 
clans  le  faubourg  Saint-Germain.  Deux  ans 
après,  il  entra  dans  la  conspiration  ourdie 
par  La  Mole,  se  saisit  de  Saint-Lô  avec 
Guitry  et  Colombiéres,  et  averti  du  départ 
A&Montgommery,  qui  avait  quitté  l'Angle- 
terre avec  un  corps  de  troupes  pour  ren- 
trer en  France,  il  alla  le  recevoir  à  son 
débarquement.  Nous  raconterons  ailleurs 
la  funeste  issue  de  cette  enireprise  qui 
coûta  la  vie  à  ses  principaux  chefs.  Sey 
qui  s'était  enfermé  dans  Domfront  avec 
Chauvigny,  Du  Breuil  et  Des  Hayes,  et 
qui  avait  vaillamment  secondé  Monlgom- 
mery  dans  la  défense  de  celte  place,  sur- 
vécut à  cette  malheureuse  insurrection  ; 
selon  ]ja  Chênaie  des  Bois,  il  prolongea 
même  ses  jours  jusqu'en  1618;  mais  il  ne 
prii  plus  dès  lors  aucune  part  aux  atTaires 
de  la  Religion;  au  moins  n'avons-nous 
trouvé  son  nom  ni  dans  les  actes  des  as- 
semblées politiques  ou  des  synodes  natio- 
naux, ni  même  parmi  ceux  des  capitaines 
qui  combattirent  la  Ligue. 

René  de  Frotté  avait  épousé^  en  1570, 
Françoise  Mandat,  fille  de  Guillaume  Man- 
dat, secrétaire  de  la  reine  de  Navarre,  et 
il  en  eut,  outre  deux  filles,  nommées  Ma- 
rie et  Anne,  un  fils  appelé  Benjamin.  Ce 
dernier,  né  en  1571^  épousa,  en  1600,  Su- 

de  Frotté,  ancien  préfet  de  l'Orne,  par  M.  de  La 
F«i  liére-Percy  dans  l'Annuaire  normand  de  1859. 
Voye^i  aussi,  du  même  auteur,  le  vol.  intitulé  : 
Marguerite  d'Angouléme  :  son  livre  de  dépenses, 
1540-19  ;  Paris,  Aubry,  1862. 


I 


745 


FROTTE 


746 


sanne  fille  de  Jean  de  Refuge,  baron  de 
Gallardon  et  de  Coesmes,  et  de  Clauda  de 
Monlgommery.  Ses  enfants  furent,  sans 
parler  de  quatre  filles,  Claudine,  Suzanne, 
Madeleine  et  Judith,  dont  la  destinée  est 
inconnue  :  1°  Gabriel,  qui  suit  ;  2°  Char- 
les-Benjamin, sieur  de  Vieuxpont  qui  eut 
un  fils  et  une  fille  ^  de  ses  deux  mariages 
avec  Catherine  de  Lourmeau  et  avec  Su- 
sanne  de  Mayerne  ;  3»  Daniel,  sieur  de 
Préaux,  père  de  deux  enfants,  qui  profes- 
saient encore  la  religion  réformée  en  1685 
(Tt  270). 

Gabriel,  sieur  de  Couterne,  ancienne- 
ment Cotherne,  nom  que  cette  branche  de 
la  famille  Frotté  prit  dès  le  XVI™e  siècle  *, 
naquit  en  1602  et  servit  comme  capitaine 
dans  le  régiment  de  Montgommery.  Il 
épousa,  en  1635,  étant  en  garnison  à  Ver- 
dun, Catherine  de  Rivetart,  et  resté  veuf, 
«n  1650,  avec  plusieurs  enfants,  il  se  re- 
maria avec  Susanne  de  Baillehache.  Il  mou- 
rut en  1681.  Des  neuf  enfants  qu'il  avait 
eus  de  son  premier  mariage,  six  l'avaient 
précédé  dans  la  tombe.  Le  second,  nom- 
mé Gabriel,  capitaine  au  régiment  de  la 
reine,  mourut  à  Nancy  en  1675,  et  le  hui- 
tième. Benjamin,  en  1673.  Comme  on 
ignore  la  postérité  de  Charles,  nous  n'a- 
vons à  nous  occuper  que  des  descendants 
de  l'aîné,  du  nom  de  Daniel.  Ce  dernier 
avait  épousé,  en  1663,  Madeleine  de  Cal- 
menil,  qui  lui  donna  trois  enfants  :  Ga- 
briel, Charles  et  Madelaine.  Nous  le 
trouvons  encore  porté  sur  une  liste  des 
protestants  de  Télection  d'Alençon  dressée 
-en  1685  (Tt  270)  ;  mais  il  paraît  qu'il  ab- 
jura peu  de  temps  après. 

Branche  de  La  Rimblicre.  Jean  de  Frotté 
épousa  Esther  Troussard,  dont  il  eut  Jo- 
siAs,  sieur  de  L'Etang.  Du  mariage  de  ce 
fils  avec  Ambroise  Le  Prévôt  naquit  Jean, 
qui  prit  pour  femme  Marthe  du  Perche  et 
en  eut  Samuel,  marié  à  Susanne  de  Clai- 
ray,  laquelle  lui  donna  trois  fils  :  Samuel, 
Pierre-Jean  et  Jacques. 

*  Cette  demoiselle  fut  enfermée  dans  un  cou- 
vent à  la  Révocation  (E  3372). 

*  Dans  les  comptes  de  la  reine  Marguerite 
pour  1548,  on  trouve  inscrite  parmi  ses  demoi- 
selles d'honneur  :  M'"  de  Cotherne  fille  de  J. 
Frotté.  Y  figure  aussi  :  Nicolas  Frotté  dit  Belle- 
fontaine,  inscrit  aux  gages  de  cent  liv.  comme 
étant  l'un  des  quatre  huissiers  de  la  chambre  de 
la  reine  et  de  plus  :  Capitaine  des  château  et 
ville  de  Creil. 


Nous  ne  savons  comment  rattacher  à 
cette  famille  Louise  de  Frotté,  dame  de 
Windsor,  dont  Grégoire  Léti  fait  un  bril- 
lant éloge  dans  son  «  Italia  régnante.  »  On  a 
imp.  dans  le  T.  VI  de  la  Biblioth.  raison- 
née  la  Lettre  qu'elle  écrivit  à  Bayle,  au 
mois  de  mai  1684,  à  l'occasion  de  la  mort 
de  son  frère. 

2.  FROTTÉ  (Pierre),  chanoine  de  Ste- 
Geneviève,  prieur-curé  de  la  paroisse  de 
Souilly  dans  le  diocèse  de  Meaux  [Haag, 
V  181],  embrassa  la  religion  protestante 
en  1689,  et  se  retira  à  Londres  d'où  il 
adressa  à  Bossuet,  en  date  du  1er  février 
1690,  une  Lettre,  qui  parut  à  Rotterdam, 
en  réponse  à  la  fameuse  Lettre  pastorale 
où  le  célèbre  évêque  de  Meaux  se  glorifie 
d'avoir  réuni  à  l'Eglise  romaine  tous  les 
prétendus  Réformés  de  son  diocèse,  sans 
avoir  fait  souffrir  à  aucun  d'eux  la  moin- 
dre violence.  Cette  lettre  ne  nous  est  con- 
nue que  par  la  trad.  anglaise  qui  en  a  été 
publiée  à  Londres,  1691,  in-4o.  On  nous 
saura  gré  d'en  citer  quelques  fragments  : 
«  Appellerons-nous  douceur ,  demande 
Frotté,  ce  que  vous  avez  fait  à  Claye  ? 
quand,  de  votre  part,  on  y  défendit  à 
Benjamin  Gode,  chirurgien,  d'exercer  sa 
profession  ;  quand  on  ôta  à  la  veuve  Tes- 
sard  l'aîné  de  ses  deux  enfants  ;  quand  on 
enleva  par  votre  ordre  la  femme  Boisse- 
leau,  pour  cette  seule  raison  qu'elle  savait 
parfaitement  son  catéchisme  et  qu'elle  en- 
courageait merveilleusement  ses  compa- 
gnes à  tenir  bon  contre  vos  tentations? 
Est-ce  encore  une  grande  modération  à 
vous  d'avoir  fait  enfermer  dans  un  cou- 
vent le  sieur  Monceau  [Maximilien  de  Mon- 
ceaux ou  Dumonceaux] ,  médecin  de  La 
Ferté-sous-Jouarre,  âgé  de  80  ans,  avec 
des  circonstances  tout  à  fait  cruelles  ? 
d'avoir  envoyé  huit  ou  dix  dragons  chez 
le  sieur  Laviron,  marchand  de  bois  du 
même  lieu  ?  d'en  avoir  mis  trente  dans  le 
château  de  M.  de  La  Sarmoise,  gentil- 
homme de  Brie  ?  d'avoir  fait  transporter 
dans  un  couvent  de  Meaux  Mme  sa  femme 
et  M'ie  sa  fille  ?  etc.  »  —  Cependant, 
ajoute  Frotté,  l'évêque  de  Meaux  ne  dé- 
ploya jamais  plus  de  fureur  que  contre 
Isaac  Cochard  de  Claye,  qui,  ayant  refusé 
dt  se  convertir  sur  son  lit  de  mort,  fut 
jeté  à  la  voirie  par  ses  ordres. 

A  ces  exemples  rapportés  par  l'ancien 
curé  de  Souilly,  il  nous  serait  très  facile 


747 


FKOUMENTEAU 


74S 


d'en  ajouter  d'autres  :  comme  celui  de  deux 
petites  orphelines,  Marie  et  Madelaine  Mi- 
rat,  filles  orphelines  de  Pierre  Mirât  et  de 
Charlotte  Brouard,  âgées  l'une  de  onze 
ans,  l'autre  de  huit,  qui  furent,  en  1683, 
enlevées  à  leur  tuteur  protestant  pour  être 
mises  entre  les  mains  de  parents  catholi- 
liques  (M  671  ;  voy.  Bull.  IX,  65)  ;  ou 
bien  celui  de  Fossin  de  Meaux,  qiii  fut 
jeté  à  la  Bastille,  en  1699,  tandis  que  sa 
fille  était  enfermée  aux  Nouvelles-Catholi- 
ques de  Paris  (M  678).  Mais  à  quoi  bon 
accumuler  ici  les  preuves  que  le  grand 
Bossuet  a  trempé,  aussi  bien  que  ses  col- 
lègues, dans  les  persécutions  exercées  con- 
tre les  protestants  ?  Voy.  Bull.  IX,  350. 

FBOUMENTEAU  (N.),  nom  qui  se  lit, 
comme  étant  celui  de  l'auteur,  en  tête  et 
dans  le  cours  (quelquefois  Fromenteau) 
d'un  pamphlet  célèbre  contenant  la  criti- 
que amère  de  l'administration  des  finances 
publiques  en  France  depuis  l'année  1549 
jusqu'cà  l'an  1581.  Aucun  des  économistes, 
des  historiens,  des  biographes  [Haag,  V 
181]  qui  s'en  sont  occupés  n'a  pu  admet- 
tre que  ce  fût  un  vrai  nom,  parce  qu'il 
n'est  aucunement  connu  d'ailleurs  et  parce 
que  l'auteur  d'un  tel  livre,  surtout  un  hu- 
guenot, qu'il  était  certainement,  aurait 
couru  les  plus  grands  dangers  en  ne  se 
cachant  point  '.  Mais  venons-en  à  l'ou- 
vrage en  question.  Il  y  en  a  deux  éditions  : 
la  première  a  pour  titre  : 

Le  secret  des  thrésors  de  France, 
descouvert  et  départi  en  deux  livres,  par 
N.  Froumenteau,  et  maintenant  publié 
pour  ouvrir  les  moyens  légitimes  et  néces- 
saires de  payer  les  dettes  du  Roy,  descharger 
ses  sujets  des  subsides  imposez  depuis  31 
ans  et  recouvrer  tous  les  deniers  prins  à 
Sa  Majesté.  Premier  livre,  contenant  tous 
les  deniers  que  leurs  Majestez  ont  levé  et 
despendu,  depuis  trente  un  ans,  finis  le 
dernier  jour  de  déc.  1580,  avec  le  Bon 
d'estat  que  le  Roy  a  ou  doit  avoir  en  ses 
coffres.  MDLXXXI  (sans  lieu),  suit  une 

1  Ce  nom  cependant  n'est  pas  de  pnre  inven- 
tion. Il  y  avait  des  Fromenteau  à  la  Cour  même 
des  Valois.  On  connaît  un  «  François  de  Fermen- 
«  teau  sieur  de  La  Grange,  l'un  des  cent  gentils- 
ï  hommes  de  la  maison  du  roi  sous  la  charge  de 
«  M.  le  comte  de  Sancerre,  »  en  1564,  et  une  fa- 
mille Fromenteau  du  Betoulaz  de  Caussade  qui 
se  fit  remarquer  au  siècle  suivant.  (Comptes  de 
la  Maison  du  Roi  et  dossiers  bleus  du  Cabinet 
des  titres  no  Y482). 


seconde  partie,  intitulée  :  Le  second  livre^ 
du  secret  des  thrésors  de  France,  Repré- 
sentant par  le  menu  Testât  de  tous  les  de- 
niers tirez  des  archeveschez,  diocèses,  sé- 
néchaucées,  bailliages,  élections,  prevoste:^ 
et  chastellenies  du  Royme  de  France,  — 
Plus  il  monstre  le  nombre  des  archeves- 
chez, eveschés,  parroisses,  maisons,  fiefs 
et  arrière  fiefz  ;  le  roolle  des  ecclésiasti- 
ques, nobles,  roturiers,  soldats  françois 
et  estrangers,  massacrez  et  occis  durant 
les  troubles,  le  nombre  des  femmes  et 
filles  violées,  des  villages  et  des  maisons 
bruslées  et  desiruites,  —  Semblablement 
il  représente  Testât  des  deniers  qui  y  ont 
esté  levez  du  temps  du  roy  Loys  XII,  en- 
semble le  revenu  du  temporel  que  les  ec- 
clésiastiques y  possèdent.  MDLXXXI.  Pe- 
tit in-8o  (grandeur  d'un  in-16)  de  230  pag. 
pour  la  Ire  partie  et  194  pour  la  seconde. 

La  question  des  finances  de  l'État  agitait 
alors  tous  les  esprits.  La  misère  du  roi  qui 
devait  cent  millions  et  se  trouvait  sur  le 
point  de  n'avoir  plus  de  quoi  entretenir 
sa  maison,  avait  amené  la  convocation  des 
États  généraux  qui  se  réunirent  à  Blois 
aux  mois  de  décembre  1576  et  janv.  1577 
pour  porter  remède  à  la  situation.  L'ex- 
posé des  affaires  qui  fut  fait  au  sein  de 
cette  assemblée  et  les  débats  orageux  qui 
s'ensuivirent  mirent  le  comble  aux  frayeurs 
publiques  et  le  seul  bien  qu'elle  produisit 
fut  l'espérance  de  réformes  administrati- 
ves que  devait  opérer  une  nouvelle  ordon- 
nance, l'excellente  ordonnance  de  Blois 
(en  303  articles)  signée  au  mois  de  mai 
1579  et  promulguée  le  25  janv.  1580.  Le 
petit  livre  de  Froumenteau  parut  donc  au 
moment  le  plus  opportun  et  la  2me  partie 
n'était  pas  encore  venue  au  jour  que  l'im- 
primeur travaillait  à  une  seconde  édition  ^ 
intitulée  : 

Le  secret  des  finances  de  France  des- 
couvert   en  ses  coffres.   MDLXXXI. 

[Suit  :]  Le  second  livre  des  finances  de. 

France,  représentant  par  le  menu que 

les  ecclésiastiques  y  possèdent.  MDLXXXI. 
In-8o  ordinaire  de  152  pages  pour  la  l^e 
partie  et  472  pour  la  seconde.  —  Cette  l^e 

^  Commençant  par  ces  mots  :  Amy  lecteur,  c& 
labeur  a  esté  fait  et  imprimé  par  manière  de 
dire  en  poste,  tant  a  esté  grande  Timportunité  de 
plusieurs  gens  de  bien  qui  brusloient  après,  jus- 
ques  à  oster  la  feuille  de  dessus  la  presse  à  me- 
sure qu'on  l'y  mettoit. 


749 


FROUMENTEAU 


750 


partie  est  une  exacte  reproduction  de  i'é- 
dition  première  ;  la  â^e  partie  est  complè- 
tement refondue  et  d'une  étendue  pour  le 
moins  triplée.  Dans  les  deux  éditions,  cette 
2me  partie  expose  les  faits  en  les  divisant 
par  diocèses;  seulement  dans  l'édition  pre- 
mière le  premier  diocèse  cité  est  celui  de 
Rheims  dont  l'état  financier  est  décrit  en 
détail  comme  servant  de  modèle  pour  l'ap- 
préciation des  autres  diocèses  dont  l'état 
n'est  exposé  que  très  succinctement  ;  tan- 
dis que  dans  la  2me  édition,  le  diocèse  de 
Rheims  est  remis  à  sa  place  géographique 
entre  Amiens  et  Châlons  et  l'état  de  tous 
les  diocèses  est  exposé  avec  un  luxe  de 
détails  égal  pour  tous.  Et  de  plus,  dans 
cette  2me  édition,  l'énumération  des  dio- 
cèses ayant  pris  sans  doute  une  dimension 
inattendue,  l'imprimeur  l'a  coupée,  entre 
les  diocèses  de  Senlis  et  de  Bordeaux,  par 
un  titre  portant  :  Le  troisiesme  livre  du 
SECRET  etc..  MDLXXI.  (439  p.)  —  Il 
existe  une  troisième  édition,  toujours  de 
la  même  année,  que  nous  n'avons  pas  vue, 
mais  que  De  Bure  cite,  dans  sa  Biographie 
instructive,  en  ces  termes  :  Le  Thrésor 
des  Thrésors  de  France  ou  Prêparatif  pro- 
pre et  nécessaire  pour  payer  les  dettes  du 
Roy,  descharger  ses  sujets  et  recouvrer  les 
deniers  qui  ont  été  dérobés  à  Sa  Majesté  ; 
1581,  3  tom.  en  1  vol.  in-8o. 
La  préface  est  adressée  au  roi. 

Au  Roy  de  France  et  de  Pologne,  Henry 
troisième  de  ce  Nom,  son  prince  et  souve- 
rain Seigneur,  N.  Froumenteau,  paix  et  sa- 
lut. —  Le  Royaume  qui  tousjours,  a  eu  ré- 
putation d'estre  l'un  des  plus  beau,  plus 
riche  et  plus  opulent  du  monde,  c'est  ce- 
luy,  Sire,  duquel  vous  portez  la  Couronne  : 
sa  beauté  très  exquise  gist  en  ce  qu'il  est 
orné  d'une  parfaite  abondance,  variété  et 
beauté  de  toutes  choses,  ne  plus  ne  moins 
qu'un  grand  palais  magnifique,  bien  et  ri- 
chement paré  de  tout  ce  qui  luy  est  requis. 
Car  toutes  ses  Provinces  sont  si  bien  et 
proprement  marquées  de  villes  et  citez,  si 
bien  traversées  de  fleuves  et  rivières  qu'ou- 
tre la  douce  et  plaisante  navigation  d'icel- 
les,  le  seul  regard  contente  l'homme  :  ar- 
rousant  d'autre  costé  les  prez  et  héritages 
qui  produisent  en  leur  saison  fertilité  de 
fruicts,  si  grande  et  si  heureuse  qu'il  y  a  bien 
peu  de  pays  estrangers,  prochains  et  loin- 
tains, qui  ne  participent  de  son  abondance. 

On  voit  que  le  livre  est  de  bon  style  et 


part  d'un  esprit  élevé.  11  poursuit  en  di- 
sant au  roi,  respectueusement,  que  cette 
richesse  du  pays  procure  à  son  gouverne- 
ment des  revenus  d'une  extrême  abon- 
dance, mais  que  par  malheur  les  ménage- 
ment et  dispensation  de  ses  linances  ont 
marché  d'un  piteux  train,  parce  qu'elles 
ont  glissé  par  des  mains  trop  gluantes  et 
faute  d'avoir  été  fermées  sous  une  bonne 
clef  à  l'abri  des  serruriers  et  crocheteurs, 
en  sorte  qu'il  se  trouve  endetté  de  trente 
millions  d'écus  lorsqu'il  en  devrait  avoir 
200  millions  en  ses  coffres.  Il  ajoute  : 

Le  remède  est  bien  tout  trouvé  qui  vou- 
dra :  car  s'il  vous  plaist  de  voir  d'un  bon 
œil  le  présent  estât,  je  vous  en  dresseray 
un  auli'e  par  le  moyen  duquel  aurez  la  porte 
ouverte  pour  trouver  le  nid  de  ceux  qui 
tiennent  aujourdhuy  en  propriété  le  bon  de 
cet  Estât  ;  c'est-à-dire  qu'on  particulisera 
dans  une  belle  liste  les  noms  et  surnoms 
de  ceux  qui  ont  touché  les  200  millions 
d'escus...  Ou  bieu,  pour  ne  remuer  tant  de 
choses,  je  suis  bien  d'advis,  sous  vostre  bon 
plaisir  toutes  fois,  qu'il  vous  plaise  vous 
contenter  de  cent  millions  de  livres  que 
vous  pouvez  devoir.  En  quoy  faisant  on  spé- 
cifiera seulement  274  familles,  les  unes  ri- 
ches de  cent  mille  liv.  de  rente,  autres  de 
quatre  vingts  etc.  des  quelles,  la  plus  opu- 
lente n'estoit  riche  auparavant  de  neuf  ou 
dix  et  telle  a  esté  qui  n'en  avoit  deux  ou 
trois  cens  et  si  se  trouvera  dans  leurs  cof- 
fres 30,  40,  50,  60,  et  cent  mille  escus  en 
deniers  contans,  bagues  et  joyaux.  Dans 
cette  mesme  liste  on  n'y  mettra  que  338 
thrésoriers  qui  s'aideront  très  volontiers  h 
y  contribuer...  pour  une  tant  juste  et  équi- 
table cause.  Et  j'ay  la  liste  de  36  grandes 
dames  qui  d'une  bien  bonne  volonté  y  con- 
tribueront, et  si  d'aventui'e  les  héritiers 
d'aucunes  font  des  rétifs,  on  pi'oduira  pa- 
piers et  acquits,  extraits  du  registre  des 
parties  casuelles  et  chambre  des  comptes, 
pour  monstrer  et  faire  apparoir  qu'elles  ont 
touché  de  ce  fonds  assez  pour  payer  la  ving- 
tiesme  partie  de  toutes  vos  dettes.  Mais, 
Sire,  pour  ne  leur  donner  l'alarme  si  chau- 
de il  me  semble  que  d'eux-mesmes  ils  fe- 
royent  très  bien  de  se  cotiser,  jusques  h  la 
concurrence  de  100  millions  de  livres  ;  cela 
ne  diminuera  de  beaucoup  leur  revenu.  Je 
m'offre  h  faire  le  département  et  de  les  éga- 
ler, s'ils  veulent  et  vous  me  le  comman- 
diez, si  justement  que  pas  un  d'eux  n'aura 
occasion  de  se  plaindre.  Ils  clorront  par  ce 
moyen  la  bouche  à  Messieurs  des  Estats. 


751 


FROUMENTEAU 


752 


Et  il  termine  son  épître  par  cette  salu- 
tation : 

Sire,  je  supplie  le  Créateur  vous  donner 
en  parfaite  santé  très  longue  et  très  heu- 
reuse vie.  A  Pai'is  ce  pi'emier  jour  de  jan- 
vier, 1581. 

L'auteur  entre  ensuite  au  cœur  de  son 
travail  en  présentant  VEstat  au  vray  des 
deniers  ordinaires  et  extraordinaires,  levez 
tant  du  domaine  du  Roy  que  sur  ses  sujets 
et  gens  des  trois  estats  de  son  royaume,  en- 
semble des  charges  et  despenses  sur  ce  faites, 
depuis  l'adoénement  à  la  Couronne  du  feu 
Henri  deuxième,  jusques  au  dernier  de 
décembre  1581.  Pendant  cette  période  de 
trente  et  un  ans  (s'arrêtant  donc  à  1579), 
les  recettes  se  seraient  élevées,  au  compte 
de  l'auteur,  à  la  somme  de  1,453  millions 
de  livres,  et  les  dépenses  n'auraient  pas 
dépassé  927  millions  206  milles  livres. 
D'où  résulterait  un  excédent  d'un  peu  plus 
de  526  millions.  Et  cependant,  dit-il,  les 
caisses  sont  «  vuides  et  épuisées.  »  Nous 
ne  saurions  le  suivre  dans  les  détails  infinis 
de  son  exposé  ;  mais  il  termine  par  un 
Estât  final,  ou  résumé,  dont  voici  la  sub- 
stance :  «  Nombre  des  occis,  meurtris, 
massacrez  et  assassinez  durant  les  troubles  : 
Ecclésiastiques^  tant  évesques,  abbez, 
prieurs,  chanoines,  prestres,  moynes  jaco- 
pins,  carmes,  cordeliers  :  8,760.  Noblesse 
françoise  :  Gentilshommes,  tant  de  l'une 
que  de  l'autre  religion  :  32,950.  Massacrez, 
non  compris  ceux  du  Comtat  de  Venisse  et 
principauté  d'Orange  :  36,300.  Femmes  et 
filles  massacrées,  estranglées  et  noyées  : 
1,235.  Soldats  et  autres,  tous  naturels  fran- 
çois,  occis  et  tuez  durant  le  temps  du  pré- 
sent estât  :  656,000.  Italiens,  Espagnols, 
Anglois  etc.,  occis  :  32,600.  Pour  tout  le 
nombre  des  occis  :  765,200.  Femmes  et 
fdles  violées  [dans  la  plupart  des  diocèses, 
cet  état  qui  n'avait  pas  encore  été  dressé, 
est  resté  en  blanc]  :  12,300.  Villes  brus- 
lées  et  rasées  :  9.  Villages  brusiez  :  252. 
Maisons  bruslées  :  4,256.  Maisons  des- 
truites :  124,(X)0.  «  Cet  estât  final,  s'écrie- 
t-il,  est  une  litière  sur  laquelle  sont  éten- 
dus et  morts  plus  de  braves  et  excellens 
hommes,  que  ne  perdirent  oncques  ses  pré- 
décesseurs [de  Henri  III]  :  avec  la  quarte 
partie  d'iceux  il  pouvoit  conquérir  tout  le 
reste  de  l'Europe.  Sur  cette  litière,  la  fleur 
de  la  noblesse  gist  renversée...  Mais  ce 


qui  rend  la  litière  fort  triste  et  déplorable, 
c'est  qu'elle  est  regardée  et  contemplée  de 
trois  millions  et  tant  de  personnes,  tous 
appauvris,  ruinez  et  détruits  ;  ce  sont  ceux 
auxquels  on  a  fait  payer  cette  somme  im- 
mense de  4  milliards  750  millions  de  livres  ; 
ce  sont  ceux  qui  sont  journellement  tra- 
vaillez de  tailles,  subsides  et  imposts  ;  ce 
sont  ceux  qui  sont  oppressez  et  tyrannisez, 
tant  de  noblesse  qu'autres  gens  de  guerre  ; 
ce  sont  ceux  qui  portent  et  souffrent  les 
concussions  et  pilleries  des  ministres  de 
justice  ;  bref,  ce  sont  ceux  qui  n'en  peu- 
vent plus,  sinon  de  tendre  les  mains  au 
Ciel  et  requérir  ce  bon  Dieu  d'y  pourvoir, 
puisque  ainsi  est  qu'ils  sont  si  inhumaine- 
ment abandonnez,  b 

Nous  devons  revenir  sur  l'explication 
que  l'auteur  donne,  en  commençant,  de 
l'origine  de  son  travail.  La  guerre  qui 
éclata  bientôt  après  la  tenue  des  Etats  de 
Blois,  la  guerre  dite  des  Amoureux,  n'avait 
pas  permis  de  donner  suite  au  redresse- 
ment des  abus  réclamé  par  les  divers  ordres. 
Mais  une  fois  cette  guerre  terminée  par  le 
traité  de  Fleix,  26  nov.  1580,  il  se  forma 
des  conciliabules  où  l'on  s'occupa  des 
moyens  propres  à  obtenir  l'allégement  des 
charges  publiques.  Sur  la  question  d'argent, 
au  moins,  les  trois  ordres  étaient  d'accord. 
Dans  une  assemblée,  tenue  à  Paris  en  1580, 
il  aurait  été  résolu  qu'avant  tout  on  dres- 
serait un  état  de  la  situation  des  finances 
du  royaume.  «  Cette  résolution  prise,  Ty- 
vère  [un  des  délégués]  mit  en  avant  que, 
pour  bien  et  fidèlement  dresser  un  tel  es- 
tât, falloit  y  employer  le  sieur  Fromenteau 
[député  de  Guyenne],  personnage  assez 
expérimenté  au  faict  des  finances,  s'asseu- 
rant  que  s'il  en  estoit  requis,  qu'il  accepte- 
roit  volontiers  ceste  charge  ;  mais  ceux  du 
Clergé  n'y  voulurent  consentir,  alléguant 
qu'il  estoit  de  la  religion,  et  comme  tel 
n'avoit  que  faire  qu'il  descouvrist  rien  des 
affaires  du  Clergé.  Par  quoy  ayant  appelé 
plusieurs  excellents  financiers  pour  mettre 
la  main  à  si  bonne  œuvre,  tous  les  ren- 
voyèrent à  Fromenteau;  car,  outre  ce 
(disoyent-ils)  qu'il  n'oubliera  rien,  il  le 
rendra  faict  et  parfaict  dans  tel  temps  que 
vous  voudrez.  Cela  fit  changer  d'opinion  à 
ceux  du  Clergé,  qui  envoyèrent  instamment 
prier  Fromenteau  d'accepter  cette  commis- 
sion ;  mais  ayant  descouvert  la  deffiance 
que  le  Clergé  a  voit  de  lui,  se  fit  bien  tirer 


753 


FROUMENTEAU 


754 


l'oreille  avant  que  de  trancher  le  mot  qu'ils 
désiroyent.  Finalement,  il  offrit  de  dresser 
Testât,  à  la  charge  toutefois  qu'autre  que 
lui  ne  pourroit  le  présenter  au  Roy,  non 
pour  gloire  et  récompense  qu'il  en  puisse 
espérer,  ains  seulement  afin  que  si  le  Roy. 
Messieurs  de  son  conseil  privé,  ou  bien 
Inteudans  des  finances  y  trouvoyent  quel- 
que difficulté,  Fromenteau  puisse  estre 
appelé  pour  en  rendre  raison,  comme  il 
appartiendroit  ;  car,  dit-il,  si  j'y  mets  la 
main,  je  veux  respondre  en  mon  propre 
et  privé  nom  qu'il  n'y  aura  partie,  soit  en 
recepte,  soit  en  despense,  sinon  couchée 
et  employée  comme  il  faut.  Offre  et  sub- 
mission qui  donna  bien  grand  contente- 
ment à  ceux  du  Clergé,  et  plus  encore  à 
ceux  de  la  Noblesse  et  du  Tiers  Estât,  en- 
tre les  mains  desquels  Fromenteau  toucha 
la  main,  avec  promesse  que  Testât  serait 
faict  et  parfaict  dans  trois  mois,  pour  la 
vérification  duquel,  et  aussi  pour  le  pré- 
senter au  Roy,  arrestèrent  que  la  compa- 
gnie se  représenteroit  en  ce  temps-là  à 
Paris,  au  cloistre  Nostre-Dame,  en  la  mai- 
son du  seigneur  Tyvère.  »  Froumenteau 
tint  parole,  dit-il,  et  il  ajoute  que  trois 
mois  s'étaient  à  peine  écoulés,  que  son 
état  fut  dressé,  accepté  des  Etats  malgré 
les  objections  et  les  difficultés  soulevées 
par  le  seigneur  de  Béranque  «  courtisan 
tout  outré,  »  enfin  présenté  au  roi,  «  lequel 
y  prit  un  très  singulier  plaisir.  » 

Tel  est  le  cadre  léger  que  s'est  tracé 
Tauteur  pour  se  mouvoir  à  Taise  au  milieu 
de  ces  innombrables  chiffres.  «  L'igno- 
rance de  son  nom  ôte  malheureusement 
du  prix  aux  renseignements  contenus  dans 
le  livre,  dit  l'économiste  Jos.  Garnier 
(Dictionn.  de  l'économie  polit.,  1852)  ;  on 
se  demande  si  ces  renseignements  sont  bien 
exacts  et  bien  authentiques,  s'ils  ont  été 
recueillis  à  des  sources  sûres.  Toutefois  il 
est  à  remarquer  que  ces  relevés  sont  donnés 
avec  des  détails  très  précis,  avec  une  ap- 
parence d'exactitude  bien  difficile  à  imiter; 
et  il  règne  dans  l'ouvrage  entier  une  allure 
vigoureuse,  qui  semble  inspirée  par  la 
vérité  desservie  par  une  grande  intelligence 
et  une  haute  raison.  »  Ajoutons  qu'un  tra- 
vail si  spécial  et  si  complet  a  été  certaine- 
ment rédigé  par  un  honune  du  métier,  par 
un  clerc  ou  un  conseiller  des  finances,  et 
qu'il  a  dû  sagement  dissimuler  son  nom, 
puisqu'il  attaquait  274  personnages,  338 


trésoriers  et  36  très  grandes  dames  ;  il  était 
assez  notoirement  un  défenseur  du  bien 
publie  et  de  l'immense  majorité  du  peuple 
pour  ne  pas  craindre  de  laisser  se  soulever 
un  peu  le  voile  dont  il  se  couvrait.  Or,  on 
vient  de  le  voir  mettre  en  scène,  dans  son 
exposé  des  faits,  deux  personnages  qu'il 
affuble  de  noms  déformés  ;  celui  qui  joue 
le  principal  rôle  au  nom  du  roi  dans  les 
Etats,  Béranque,  et  celui  que  la  foule  en- 
toure de  plus  de  considération,  Tyvère. 
Qu'est-ce  que  ces  deux  appellatifs  bizarres? 
Le  dernier  désigne  vraisemblablement  quel- 
que jurisconsulte  hautement  honoré  qu'on 
pouvait  comparer  au  magistrat  romain 
Tubero,  Tami  de  Cicéron,  et  pour  l'autre, 
MM.  Haag  ont  déjà  fait  la  remarque  ingé- 
nieuse que  le  seigneur  de  Béranque  est  pro- 
bablement René  de  Birague,  créahire  de 
Catherine  de  Médicis  et  chancelier  de  France 
de  1572  à  1577.  Serait-il  trop  téméraire  de 
proposer,  sous  toutes  réserves,  cette  hypo- 
thèse que  Fromenteau  pourrait  bien  être 
quelque  proche  parent  de  ce  Jean  Frotté, 
dont  nous  avons  |arlé  plus  haut  (col.  743), 
sinon  ce  Frotté  lui-même,  qui  était  en  1548 
le  chef  d'une  famille  très  protestante  et  le 
secrétaire  des  finances  de  la  reine  Margue- 
rite, la  protectrice  des  huguenots-? 

Nous  avons  parlé  (t.  I  col.  851)  d'un 
autre  ouvrage  que  Ton  hésite  à  attribuer 
soit  au  prétendu  Froumenteau  soit  à  Nie. 
Barnaud  :  Le  cabinet  du  roy  de  France 
dans  lequel  il  y  a  trois  jj^i'les  précieuses. 
Ce  deuxième  pamplilet  est  exactement  dis- 
posé comme  le  premier  :  Même  division 
en  trois  livres,  mêmes  longs  titres  en  tête 
de  chacun  d'eux,  même  accumulation  de 
renseignements  et  de  comptes,  même  com- 
mencement par  une  épître  dédicatoire  au 
Roi  ;  seulement  cette  épître  est  signée  des 
initiales  N.  D.  C.  et  terminée  par  la  date  : 

Sire  je  supplie  le  Créateur  vous  donner, 
en  parfaite  santé,  très  longue  et  très  heu- 
reuse vie.  Ce  premier  Novembre  J581. 

C'est  dans  les  initiales  N.  D.  C.  que  le 
critique  Le  Duchat  et  d'autres  ont  vu  Ni- 
colas (Barnaud)  du  Crest.  C'est  aussi  une 
supposition  des  plus  hasardées.  Ce  qui 
semble  certain,  c'est  que  malgré  une  cer- 
taine similitude  d'aspect,  les  deux  livres 
diffèrent  essentiellement  par  le  fonds.  Au- 
tant le  Secret  des  trésors  de  France  est  un 
mémoire  sérieux  et  d'allure  réservée,  au- 


755 


FRUGÈRE  —  FUMÉE 


756 


tant  le  Cabinet  du  roy  est  un  véritable 
pamphlet  et  une  satyre  violente,  dirigée 
surtout  contre  le  clergé  catholique  ^  Elle 
n'a  pas  eu  grand  résultat,  tandis  que  l'ou- 
vrage de  Froumenteau,  en  mettant  devant 
tous  les  yeux  un  bilan  sincère  et  effrayant 
de  la  dilapidation  des  finances,  a  beau- 
coup fait  pour  préparer  les  esprits  à  la 
bonne  et  sage  administration  de  Henri  IV. 

FRUGÈRE  (JoNAS  de),  capitaine,  assis- 
tant aux  funérailles  du  margrave  de  Bran- 
debourg, 1688.  Pascal  de  Frugère,  gentil- 
homme languedocien,  remarqué  pour  la  cul- 
ture du  mûrier  et  du  ver  à  soie  en  Alle- 
magne (Erman).  —  Caleb  Frumerie  des- 
cendant de  Josua  Frumerie,  français  réfu- 
gié en  Suède  pour  la  religion.  Caleb,  né  en 
1670  en  Ostrogotbie,  prit  part  aux  campa- 
gnes du  roi  Charles  XII,  assista  aux  célèbres 
batailles  de  Holofzin,  Pultawa  et  Bender, 
fut  anobli  en  1718,  et  mourut  en  1736, 
colonel  du  régiment  de  Calmar  ;  mort  sans 
postérité.  —  Olivier  Fruchard,  réfugié  du 
Poitou,  1681.  —  James  Fruschard,  membre 
du  comité  de  Londres  chargé  de  la  distri- 
bution des  secours  aux  réfugiés,  de  1704  à 
1710.  —  Jean-Michel  Fuchs,  de  Strasbourg, 
étudiant  à  Genève  (J.-M.  Fuchs  argentinen- 
sis),  déc.  1601.  —  Pierre  Fueiller,  natif 
de  Faverolles  en  Valois,  reçu  habitant  de 
Genève,  juin  15S8.  —  Jacques  Fuemouze, 
étudiant  à  l'université  de  Leyde,  1694.  — 
Fulgon,  ministre  à  Montélimart,  1561 
{Bull.,  VIII,  74).  —  Fully.  ministre  à  St- 
Jean  en  bas  Languedoc,  1603.  —  Wilhelm- 
Richard  de  Fumai,  officier  dans  l'armée 
hollandaise,  1738-1746;  Jacob,  id.,  1750; 
Pierre-Richard,  id.  1750-52.  —  Jacques 
Fumas,  du  Vivarais,  assisté  à  Genève, 
1706. 

FUMÉE  (Antoine),  seigneur  de  Blandé 
[Haag,  V  186],  né  en  1511,  aux  Roches- 
Saint-Quentin,  était  le  troisième  fils  d'Adam 
Fumée  et  le  cousin  d'un  autre  Antoine 
Fumée,  avec  qui  on  l'a  souvent  confondu. 
Reçu  conseiller  au  parlement  de  Paris,  15 
déc.  1536,  Antoine  Fumée  acquit  «  la  ré- 
putation de  bon  juge,  haïssant  les  vices, 
résistant  souvent  aux  grands,  »  ce  qui,  lit- 
on  dans  les  Mémoires  de  Condé,  lui  avait 

'  C'est  peut-être  cet  ouvrage ,  très  liostile  aux 
Couvents,  qu'on  a  appelé  un  traité  de  polygamie 
sacrée,  et  qu'on  a  vainement  cherché  sous  ce  der- 
nier titre.  Voy.  Weiss  dans  la  Biogr.  univ.  de 
Michaud,  art.  Froumenteau. 


attiré  beaucoup  d'ennemis.  Nous  avons 
parlé  ailleurs  de  la  noble  indépendance 
avec  laquelle  il  manifesta  son  opinion  sur 
la  nécessité  d'une  réforme  dans  l'Eglise 
(t.  V,  col.  571)  ;  mais  lorsqu'il  se  vit  en 
face  des  juges  qui  avaient  condamné  Anne 
Du  Bourg,  sa  fermeté  l'abandonna.  Aux 
questions  qui  lui  furent  adressées  :  S'il 
avait  mangé  de  la  chair  les  jours  défendus; 
s'il  n'avait  pas  marié  à  un  prêtre  la  cham- 
brière de  sa  femme  ;  s'il  n'avait  pas  donné 
asile  chez  lui  à  une  femme  bannie  pour 
cause  de  religion  ;  s'il  n'avait  pas  assisté 
aux  assemblées  des  hérétiques,  il  opposa 
des  dénégations  formelles,  et  comme  le  vent 
de  la  Cour  soufïlait  d'un  autre  côté,  la 
reine-mère,  sur  les  instances  de  Soubise, 
ayant  daigné  écrire  elle-même  en  sa  faveur 
aux  juges,  le  parlement  qui,  dans  d'autres 
circonstances,  n'aurait  pas  hésité  à  le  faire 
brûler,  l'acquitta  honorablement  et  le  réta- 
blit dans  ses  honneurs  et  ses  dignités. 
Selon  les  uns,  il  fut  un  des  commissaires 
chargés  d'informer  sur  le  tumulte  de  Saint- 
Médard,  et  il  essaya  vainement  d'éveiller 
la  voix  de  la  justice  dans  le  cœur  de  ses 
collègues,  en  leur  démontrant  que  les  pre- 
miers torts  n'étaient  pas  du  côté  des  hugue- 
nots. Selon  les  autres,  il  accompagna  An- 
toine de  Crussol  en  Provence.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  Fumée,  après  la  condam- 
nation d'Anne  Du  Bourg,  s'enfuit  de  Paris 
et  reçut  l'hospitalité  au  Parc  -  Soubise. 
Resté  suspect,  quoique  rentré  dans  ses 
charges  et  président  de  la  Chambre  aux 
enquêtes,  il  fut  de  nouveau  obligé  de 
sortir  de  la  capitale,  en  1562,  avec  son  fils 
(t.  IV,  col.  563,  note).  Il  se  retira  à  Or- 
léans, à  ce  que  nous  apprend  une  lettre 
de  condoléance  qu'il  écrivit  à  Jeanne  d'Al- 
bret  au  sujet  de  la  mort  d'Antoine  de 
Bourbon.  Après  la  conclusion  de  la  paix, 
en  1563,  il  fut  nommé  conseiller  au  parle- 
ment de  Bretagne'  ;  mais  en  1569,  il  fut 
chassé  de  Rennes  et  dut  chercher  un  asile 
à  Blain.  Cependant  il  fut  rétabli  plus  tard, 
et  il  devint  même,  en  1572,  premier  prési- 
dent, honneur  qu'il  n'aurait  apparemment 
pas  obtenu  s'il  n'avait  pas  donné  des  gages 
de  son  orthodoxie. 

Antoine  Fumée  était  fort  instruit  et  pas- 
sait pour  un  bon  poète.  Draudius  attribue  à 

^  Ce  parlement  comptait  d'autres  protestants 
parmi  ses  membres  :  Du  Rardaz,  François  Loi- 
sel,  et  Jean  de  Martigné,  tous  trois  conseillers. 


757 


FUMÉE   —   FURSTEMBERG 


758 


un  auteur  de  ce  nom  deux  ouvrages  publiés 
en  1574  et  dont  nous  n'aurions  point  à 
nous  occuper  par  conséquent,  eussions- 
nous  la  certitude  qu'ils  soient  sortis  de  sa 
plume.  De  son  mariage  avec  Françoise 
Dufau  naquirent  Adam,  sieur  de  La  Gras- 
sière,  Louis  sieur  de  Bourdelles,  et  Jac- 
ques, chevalier  de  Malte,  ainsi  que  trois 
filles.  L'un  de  ses  fils,  probablement  Louis, 
qui  fut  gentilhomme  de  l'hôtel  du  roi  de 
Navarre,  a  joué  un  bien  triste  rôle  dans  la 
première  guerre  civile.  C'est  celui  qui  s'était 
retiré  à  Orléans  avec  son  père,  et  avait 
été  condamné  avec  lui  comme  criminel  de 
lèse-majesté  par  le  parlement  de  Paris. 
C'était  un  homme  à  ne  pas  reculer  devant 
le  meurtre,  comme  il  le  fit  voir  en  préci- 
pitant du  haut  d'une  tour  un  pauvre  vieux 
chanoine  tombé  en  enfance,  après  lui  avoir 
volé  son  argent.  L'influence  de  son  père 
et  sa  parenté  avec  Du  Chastellier-Portaut 
le  sauvèrent  du  châtiment  exemplaire  qu'il 
méritait.  Non  seulement  Condé  lui  pardonna, 
mais  il  l'envoya  même  avec  sa  compagnie 
à  Gien,  où  il  continua  à  se  montrer  digne 
de  sa  détestable  réputation  par  ses  actes  de 
violence,  sa  mauvaise  foi  et  sa  vie  disso- 
lue. Fatigués  de  ses  excès,  les  habitants 
se  plaignirent  à  Coligny  qui  remplaça  Fu- 
mée par  La  Bichonnière,  gentilhomme  des 
environs,  dont  la  modération  et  la  pru- 
dence tinrent  la  ville  en  paix  jusqu'à  l'ar- 
rivée des  compagnies  de  Ciperinne,  La 
Gotrinière  et  Blois.  Quant  à  Fumée,  il  fut 
envoyé  à  Bourges  avec  sa  compagnie  d'ar- 
goulets  pour  renforcer  la  garnison,  et  du- 
rant le  siège  il  donna  des  preuves  d'un 
grand  courage  dans  plusieurs  sorties  qu'il 
commanda.  A  dater  de  cette  époque  nous 
n'avons  plus  rencontré  son  nom.  —  Gilles 
Fumée,  gouverneur  des  enfants  de  ce  sei- 
gneur de  Longaulnay  qui  fut  tué  à  la  ba- 
taille d'Ivry,  est  auteur  d'un  livre  publié 
à  Paris,  lo7o,  in-8o,  sous  ce  titre  :  Le 
miroir  de  loyauté  ou  l'histoire  déplorable 
de  Zerbin,  prince  d'Ecosse,  et  d'Isabelle, 
infante  de  Gallice,  tirée  de  l' Arioste  et  mise 
en  vers.  —  Noble  homme  Adam  Fumée, 
épouse,  au  temple  de  La  Rochelle,  Renée 
Muance,  d'où  un  fils,  René,  baptisé  le  7 
juin.  1587. 

FUMEL  (Salomon),  de  Montauban,  as- 
sisté à  Genève,  1693.  —  Fumeleau  ou 
Fumoleau,  famille  du  Poitou,  à  laquelle 
appartenait  Charlotte   Fumeleau,    femme 


d'un  marchand,  47  ans,  assistée  à  Londres 
(4  1.),  en  1702.  —  «  A  deux  kilomètres 
au  S.-E.  du  chef-lieu  de  la  commune  de 
Mouchamps,  au  hameau  de  la  Boulaie,  se 
trouve  une  métairie  exploitée  de  nos  jours 
par  des  protestants,  qui  fut  cultivée  de  1695 
à  1770  par  la  famille  Fumoleau,  laquelle 
fit  forcément  acte  de  catholicisme  à  l'épo- 
que de  la  Révocation,  mais  qui  n'en  resta 
pas  moins  protestante.  Les  registres  catho- 
liques de  l'église  de  Mouchamps  et  les  no- 
tes des  pasteurs  du  désert,  mentionnent  : 
Daniel,  mort  le  13  mai  1707,  relaps  et 
religionnaire  opiniâtre  ;  Samuel,  mort  à 
65  ans,  en  1711,  idem;  Jean,  époux  de 
Jeanne  Paquier,  mort  à  42  ans,  en  octobre 
1719,  id.  ;  Pierre,  époux  de  Charlotte 
Guion,  mort  cà  46  ans,  novemb.,  1719,  id.; 
Mathurin,  mort  en  déc.  1720,  id.  ;  Perrine 
Flandrois,  femme  de  ce  dernier,  morte  en 
avril  1709,  idem.  La  famille  Fumoleau  est 
encore  représentée  en  Vendée  par  de  nom- 
breux descendants  qui  tous  appartiennent 
à  la  religion  réformée  (B.  Sarazin,  secret. 
du  conseil  presb.  de  Mouchamps).  —  Guil- 
laume Furège,  pasteur  à  Vire,  1762.  — 
Marie  Furel,  mise  en  apprentissage  à 
Londres,  1705.  —Le  s»"  Furet,  de  Provence, 
assisté  à  Lausanne,  1692.  Esprit  Furet, 
d'Aiguë  en  Provence,  boulanger,  et  sa 
femme,  réfugiés  à  Halle,  1698.  —  Furigny, 
branche  de  la  famille  de  Lestang.  —  Fw- 
meyer,  capitaine  dauphinois,  voy.  Ram- 
baud.  —  Jean  de  Fume,  de  Puylaurens, 
étudiant  à  Montauban,  1673;  à  Genève, 
1675. 

FURSTEMBERG  (Guillaume  de),  se- 
cond fils  de  Wolfgang  de  Furstemberg  et 
d'Elisabeth  de  Solms,  chef  protestant  en 
Lorraine  et  un  des  plus  zélés  protecteurs 
du  réformateur  Farel  [Haag,  V  17].  Il 
avait  servi  en  Italie  dans  les  armées  de 
François  1er,  et  il  était  en  faveur  auprès 
de  ce  monarque.  Nous  avons  vu  plus  haut 
(col.  390,  note  2),  qu'en  1536,  il  comman- 
dait en  Dauphiné  un  corps  de  10,000  ret- 
ires au  service  du  roi.  Souvent  il  intercéda 
auprès  de  celui-ci  pour  les  protestants  de 
France  et  il  était  en  vénération  parmi  les 
réformateurs  de  l'Alsace  et  de  la  Suisse  ; 
mais  François  lei'  qui  donnait  facilement 
«  sa  foi  de  gentilhomme  »  la  tenait  rare- 
ment (Voy.  Herminjard,  Corresp.  des  réf., 
Y,  446). 

La  Réforme,  nous  l'avons  dit  ailleurs 


759 


FURSTEMBERG  —  FURSTENBERGER 


760 


(t.  III  327,  IV  530  etc.),  avait  trouvé  à 
Metz  beaucoup  de  sectateurs  dès  l'instant 
où  elle  y  avait  été  prêches,  et  le  nombre 
s'en  était  accru,  malgré  les  persécutions,  à 
tel  point  que,  vers  1542,  les  partisans  des 
opinions  nouvelles  avaient  osé  demander 
au  magistrat  l'autorisation  de  faire  venir 
un  prédicateur  de  l'Evangile.  Leurs  Sup- 
flications  avaient  été  rejetées,  et  ce  fut 
dans  ces  circonstances  que,  soit  à  la  prière 
de  ses  coreligionnaires,  soit  de  son  propre 
mouvement,  Guillaume  de  Fiirstemberg 
prit  en  main  leur  cause. 

Le  9  juillet  1542,  il  entra  dans  Metz 
sans  opposition  ;  mais  le  jour  même  éclata 
une  émeute  qui  le  força  d'en  sortir.  Il  se 
retira  à  Gorze  où  il  fit  prêcher  publique- 
ment Farel,  et  pour  punir  les  habitants 
de  Verdun  du  secours  qu'ils  avaient  donné 
aux  catholiques  de  Metz,  il  mit  le  siège 
devant  le  château  de  Boinville  dont  il  se 
rendit  maître.  Il  ne  cessait  d'ailleurs  d'in- 
sister auprès  des  magistrats  de  Metz  afin 
qu'ils  accordassent  aux  protestants  la  li- 
berté du  culte.  Le  landgrave  de  Hesse,  les 
villes  de  Francfort  et  de  Strasbourg  ap- 
puyèrent ses  réclamations,  en  sorte  qu'après 
bien  des  difficultés,  un  traité  fut  signé,  le 
16  mars  1343,  entre  Fiirstemberg  et  la 
ville  de  Metz.  Les  bannis  eurent  la  permis- 
sion de  rentrer  dans  leurs  foyers,  et  la 
chapelle  de  Saint-Nicolas  de  Neufbourg 
leur  fut  accordée  pour  l'exercice  de  leur 
-culte.  Dès  le  24  juin,  le  ministre  Vautrin 
Dubois  commença  d'y  prêcher  ^  A  la  nou- 
velle de  cet  accord,  le  cardinal  de  Lorraine 
supplia  son  frère,  le  duc  Claude,  de  ven- 
ger la  religion  catholique.  Le  duc  leva  des 
troupes,  surprit  Gorze,  le  jour  de  Pâques 
1543,  et  s'avança  sur  Metz  où  le  protes- 
tantisme venait  de  perdre  son  principal 
appui.  De  Heu,  dont  la  magistrature  était 
•expirée,  avait  été  remplacé  par  un  zélé 
catholique,  et  déjà  l'on  s'était  adressé  à 
l'empereur  qui  envoya,  au  mois  d'octobre, 
à  Dubois  l'ordre  de  sortir  de  la  ville  sous 
trois  jours,  et  aux  magistrats  l'invitation 
de  rétablir  le  catholicisme.  En  conséquence, 
l'édit  suivant  fut  rendu,  le  15  oct.  1543  : 
4°  Nonobstant  les  permissions  qui  ont  été 
données  auparavant  de  prêcher  une  nou- 
velle doctrine,  chacun  se  maintiendra  en 
i'ancienne  religion,  sans  qu'il  soit  permis 

*  Voy.  son  article,  ci-dessus  V,  528. 


dorénavant  de  prêcher  ni  d'enseigner,  soit 
en  particulier,  soit  en  public,  aucune  doc- 
trine qui  lui  soit  contraire  ou  répugnante, 
sur  peine  de  bannissement.  —  2"  Nul  des 
bourgeois  n'assistera  à  de  telles  prédica- 
tions, assemblées  ou  conférences,  ni  jour 
ni  nuit,  ni  en  particulier  ni  en  public  ;  nul 
n'y  prêtera  faveur  ou  secours,  ni  dans  ni 
hors  la  ville,  sur  peine  de  punition  corpo- 
relle et  de  confiscation  des  biens.  —  3o 
Nul  ne  gardera  ni  ne  composera  aucun 
livre  contenant  doctrine  réprouvée  et  con- 
traire aux  constitutions  de  l'Eglise,  ni  ne 
chantera  les  psaumes  Marotines,  sur  peine 
de  dix  livres  de  Metz.  —  4»  Nul  ne  blas- 
phémera contre  les  sacrements  de  l'Eglise, 
la  messe,  le  service  divin,  la  Vierge  et  les 
Saints,  ni  ne  méprisera  ou  touchera  irré- 
vérencieusement leurs  images,  sur  peine 
de  châtiment  imposé  par  le  droit  aux  blas- 
phémateurs. —  5o  II  n'est  pas  loisible 
d'user  de  chair  les  jours  destinés  par 
l'Eglise  aux  abstinences,  en  mémoire  des 
souffrances  du  Rédempteur,  sinon  en  cas 
de  nécessité  connue  et  permise  par  les  su- 
périeurs légitimes,  sur  peine  d'exil  et  de 
bannissement  pour  dix  ans.  —  6°  Nul  n'in- 
juriera les  catholiques  ou  personnes  ecclé- 
siastiques sur  peine  de  chàliment  arbitraire. 
—  7o  II  ne  sera  loisible  de  tenir  école 
sans  permission  expresse,  pour  obvier  aux 
nouvelles  doctrines  qui  pourraient  être  en- 
seignées par  des  précepteurs  hérétiques  et 
ennemis  de  l'Eglise,  sur  peine  de  dix  livres 
de  Metz.  —  8o  Et  d'autant  que  quelques- 
uns,  pour  se  maintenir  plus  librement  en 
leurs  erreurs,  se  sont  mis  sous  la  protec- 
tion des  princes  et  des  seigneurs  qui  leur 
adhèrent,  il  est  ordonné  que  si,  dans  qua- 
rante jours,  ils  ne  renoncent  à  cette  protec- 
tion, il  seront  condamnés  à  soixante  livres 
de  Metz,  perdront  le  nom  et  le  privilège 
de  bourgeoisie  et  seront  privés  de  leurs 
offices  s'ils  en  ont.  —  9o  II  ne  sera  loisi- 
ble aux  libraires  de  vendre  ni  de  garder 
aucun  livre  contenant  doctrine  nouvelle  et 
réprouvée,  sur  peine  de  confiscation  des 
mêmes  livres  et  de  punition  corporelle. 

A  partir  de  cette  époque,  nous  perdons 
de  vue  Guillaume  de  Furstemberg;  nous 
savons  seulement  qu'il  ne  laissa  pas 
d'enfant  de  sa  femme  Bonne  de  Neuchâtel. 

FURSTENBERGER  (JosuÉ),  secrétaire 
de  la  ville  libre  de  Mulhouse  [Haag,  V188] 
pendant  24  ans,  et  bourgmestre  pendant 


761 


FUSIER 


FUZY 


762 


32  ans,  a  rendu  d'importants  services  à  ses 
concitoyens  par  la  sagesse  de  son  admi- 
nistration, comme  par  l'habileté  dont  il  fit 
preuve  dans  les  négociations  dont  il  fut 
chargé.  Jl  avait  atteint  l'âge  de  86  ans 
lorsqu'il  fut  assassiné  en  1732.  On  lui  doit 
une  Collection  des  statuts  de  Mulhouse  et 
une  Continuation  de  la  Chronique  de  Pé- 
tri. 

FUSIER  ou  Fuzier.  Pierre  Fuzier,  de 
Caunes,  étudiant  à  Genève  (Petrus  Fuzierus 
caunensis  aquitanus),  janv.  et  à  Lausanne, 
août  1678;  Jean  Fusier,  du  Rouergue,  réfugié 
à  Magdebourg,  1700;  (Catherine),  de  Beau- 
monf  en  Daupliiné,  assistée  à  Lausanne, 
1690;  (Suzanne),  de  Valence,  assistée  à  Ge- 
nève, 1708.  —  Pierre  Fusillât,  de  Vans  en 
Languedoc,  assisté  à  Genève,  avec  femme 
et  enfant,  1693.  —  Jehan  de  Fussemaigne, 
secrétaire  de  Mme  d'Apchon,  natif  de  Ro- 
chetaillier  en  Forest,  et  demeurant  à  Paris 
au  logis  de  lad.  dame,  amené  prisonnier  à 
la  Conciergerie  pour  hérésie  et  pour  n'avoir 
vuidé  la  ville  suivant  l'édit  du  Roi  ;  libéré 
le  lendemain  11  fév.  1568.  —  La  veuve 
de  Samson  Fuzille,  de  Bonne  en  Champa- 
gne, réfugiée  à  Berlin,  1698. 

FUZY  ou  Fusi  (Antoine),  né  à  Nancy 
[Haag,  V  188]  dans  une  famille  noble  et 
catholique,  fit  ses  études  à  l'université  de 
Louvain  vers  1590  à  1595  (voir  son 
Franc- Archer,  p.  870)  et  se  fit  admettre 
dans  l'ordre  des  Jésuites,  puis  obtint  le 
grade  de  docteur  en  Sorbonne.  De  là  il 
s'éleva  successivement  aux  titres  de  pro- 
tonotaire apostolique,  prédicateur  et  con- 
fesseur de  la  maison  du  roi,  enfin  de  curé 
d'une  paroisse  de  Paris,  celle  de  Saint- 
Barthélémy  et  de  St-Leu-St-Gilles.  Mais  il 
se  prit  de  querelle  avec  les  marguilliers 
de  cette  église,  principalement  avec  un 
M.  de  Vivian,  maître  des  comptes;  il  y 
eut  procès  entre  eux  et  combat  de  fac- 
tums  violents  (1689  et  ann.  suiv.).  On 
l'accusait  de  penchants  hérétiques,  de 
mauvaises  mœurs  et  d'avoir  un  enfant  ; 
mais  cette  seconde  imputation  était  faible- 
ment articulée  au  regard  de  l'autre  : 

Il  y  a  plus  de  16  ans  [c'était  donc  en 
1602  ou  1603]  que  ce  misérable  semoit  une 
hérésie  dans  l'Eglise,  mesme  durant  qu'il 
avoit  charge  d'àmes,  laquelle  estoit  tou- 
chant les  enfants  morts-nais  décédez  sans 
baptesme  ;  soutenant  avec  un  ou  deux  de 
ses  collègues  que  les  âmes  des  dits  enfants 


morts-nez  n'estoient  aucunement  privez  de 
la  vision  beatifique  de  Dieu,  pour  ce  qu'es- 
tant baptisez,  disoit-il,  in  fide  parentiun, 
ils  estoient  habiles  à  hériter  la  gloire,  hé- 
résie de  Calvin,  de  Du  Moulin  et  de  tous 
les  hérétiques  en  général,  condamnée  par 
l'Eglise  assemblée,  et  convaincue  de  faux 
par  la  Parole  de  Dieu  couchée  au  chap.  3 
de  S.  Jean  :  «  Quiconque  ne  sera  régénéré 
par  l'eau  et  le  saint  Esprit  ne  peut  entrer 
au  royaume  de  Dieu.  »  Voy.  ci-après  La  ban- 
queroute de  M"  A.  Fuzy,  p.  5. 

En  outre  ce  curé  n'aimait  pas  ses  an- 
ciens confrères,  les  Jésuites.  Il  refusait  de 
les  laisser  monter  dans  sa  chaire  et  disait 
t  qu'il  perdroit  plutôt  sa  cure  que  d'en- 
durer un  Jésuite  prêchant  dans  son 
église  »  (Lestoile).  Aussi  les  Jésuites  su- 
rent-ils agir  dans  son  procès,  commencé 
en  1609.  L'année  suivante,  après  l'assas- 
sinat de  Henri  IV,  il  ne  se  priva  pas  de 
faire  dans  ses  sermons  des  allusions,  qui 
en  paroles  couvertes  et  toutefois  intelligi- 
bles, désignaient  comme  les  instigateurs 
du  forfait  les  Jésuites  et  tous  ceux  qui  à 
leur  exemple  soutenaient  la  suprématie  du 
Pape  sur  les  Rois.  «  Je  fis,  dit-il,  près  de 
«  140  prédications  après  icelle  mort,  qui 
«  ne  concluoient  qu'à  machiner  des  ob- 
«  stades  pour  à  l' advenir  obvier  à  tels  es- 
«  clandres.  »  En  1611  et  1612  il  aggrava 
sa  situation  en  prenant  parti  contre  la 
compagnie  de  Jésus  dans  la  guerre  que 
celle-ci  fit  alors  au  célèbre  théologien  Ed- 
mond Richer  qui  s'était  déclaré,  contre 
elle,  le  champion  de  l'université  et  du 
parlement. 

Il  faut  tenir  grand  compte  du  sentiment 
de  Pierre  de  Lestoile  qui  connaissait  Fuzy 
personnellement  et  qui  déclare  l'avoir 
«  toujoursreconnupour  honnête  homme.  » 
Mais  il  n'en  perdit  pas  moins  son  procès 
contre  les  marguilliers  de  sa  paroisse.  Le 
maître  des  comptes,  Vivian,  qu'il  avait 
personnellement  pris  à  partie,  obtint  con- 
tre lui  un  décret  de  prise  de  corps  par  le- 
quel il  le  fit  arrêter,  12  juillet  1612,  et 
enfermer  au  grand  ChAtelet.  L'atTaire  fut 
portée  à  l'officialité,  qui  prononça  une 
sentence  par  laquelle  il  fut  interdit  de 
toute  fonction  ecclésiastique,  privé  pour 
toujours  du  pouvoir  de  dire  la  messe  et 
condamné  au  bannissement.  Il  en  appela 
au  métropolitain,  l'archevêque  de  Sens, 
qui  le  condamna  de  nouveau,  puis  à  l'ar- 


763 


FUZY 


764 


chevêque  de  Lyon^  primat  des  Gaules  ; 
mais  il  perdit  encore  une  fois  sa  cause 
(16  mars  1613),  après  avoir  été  obligé 
pour  être  admis  à  la  soutenir  de  garder 
chaque  fois  la  prison.  Il  eut  ainsi  quatre 
ou  cinq  années  d'emprisonnement  à  sup- 
porter (Voy.  Niceron  et  Moréri).  On  lui 
conseillait  d'en  appeler  à  Rome,  mais  il 
s'en  abstint  de  peur  de  l'Inquisition,  di- 
sant, suivant  le  voyageur  La  Boullaye  le 
Goux  qui  le  connut'  beaucoup,  qu'il  ne 
fallait  qu'un  petit  fusil  pour  allumer  du  bois. 

Cet  échec  définitif  le  décida.  Au  lieu  de 
se  retirer  dans  quelque  couvent  et  d'y  pas- 
ser sa  vie  dans  la  pénitence,  seule  res- 
source qui  restât  à  un  prêtre  dégradé,  s'il 
eût  été  vraiment  catholique,  il  préféra 
donner  carrière  aux  inspirations  héréti- 
ques dont  son  esprit  dès  longtemps  était 
hanté.  On  a  vu  l'horreur  qu'avaient  ex- 
cité, en  1603,  ses  idées  particulières  sur 
le  baptême.  L'année  d'après,  il  avait  dû, 
comme  docteur  de  Sorbonne  (c'était  leur 
charge  à  tour  de  rôle)  assister  et  catéchi- 
ser un  pauvre  tondeur  de  draps  de  Lyon, 
nommé  Poussin,  qui  fut  pendu  comme  hé- 
rétique en  place  de  Grève,  le  17  juillet 
1604.  Monté  sur  l'échelle  fatale,  le  martyr 
repoussa  rudement  les  convertisseurs  qui 
s'empressaient  encore,  en  leur  criant  «  ar- 
rière Satan  !  »  puis  tirant  de  ses  chausses 
un  psautier,  il  entonna  le  psaume  VI  et  le 
chanta  ^  tranquillement  jusqu'à  la  fin  sans 
que  personne  parmi  la  foule  s'élevât  pour 
le  faire  cesser.  «  Ce  que  chacun  trouva 
étrange,  »  ajoute  Pierre  de  Lestoile  qui 
raconte  le  fait.  Et  Prosper  Marchant,  qui 
le  répète,  observe  judicieusement  :  a  Une 
«  pareille  circonstance  a  très  bien  pu  por- 
«  ter  Fuzy  à  rechercher  les  raisons  d'une 
«  semblable  fermeté.  » 

C'est  à  Genève  qu'il  les  trouva.  Il  s'y 
retira  vers  l'an  1616.  En  l'année  1619  il 
y  publia  son  volumineux  factum.  Le  franc- 
archer  ;  il  s'y  maria  le  11  juillet,  et  le  20 
nov.  suivant,  il  fut  l'objet  d'un  décret  par 
lequel  la  Sorbonne  le  raya  du  nombre  de 
ses  membres  ^.  Les  Genevois  lui  firent  un 

'  Lestoile  dit  :  «  Il  se  prit  à  chanter  le 
psaume  VI,  Ne  veuillea  pas,  6  Sire,  etc.  et  le 
chanta  tout  du  long.  »  —  Conf.  ci-dessus,  col. 
588. 

*  La  déclaration  et  l'arrêt  de  la  Sorbonne  de 
Paris,  faite  en  l'assemblée  générale  de  tous  les 
docteurs  contre  les   impiétés  de  M.   Ant.  Fusi, 


accueil  très  favorable.  Il  y  entra  par  son 
mariage  dans  une  très  bonne  famille,  ori- 
ginaire de  Blois.  Le  contrat  porte  que  : 
Noble  et  spectable  Anthoine  fils  de  feu 
Pierre  Fusy,  natif  de  Nansy  en  Lorraine, 
habitant  de  Genève,  épouse  Elizabeth, 
fille  d'honorable  Isaac  Janvier  ^  citoyen  de 
Genève  et  de  deffuncte  Elizabeth  Roset  sa 
mère,  assistant  au  contrat  ses  deux  oncles 
maternels  noble  Daniel  Roset  seigneur 
conseiller  de  cesle  cité,  seigr  de  Chasteau- 
vieux,  et  Michel  Roset  procureur  général 
(P.  de  Monthouz,  not.,  II,  188).  Sa  femme 
avait  alors  44  ans,  à  peu  près  comme  lui  *. 
Il  reçut,  gratuitement,  le  titre  de  bour- 
geois de  Genève,  le  23  juin  1620;  mais  il 
ne  fut  point  appelé  à  exercer  le  saint  mi- 
nistère dans  le  pays.  Ce  fut  loin  de  là,  à 
Romainmotier  (Vaud)  qu'il  devint  pas- 
teur; nous  l'y  trouvons  établi  dès  l'année 
162o  (Phil.  Blondel,  not.,  III  133);  il 
mourut  sur  la  fin  de  1628.  Son  bien  et  ce- 
lui de  sa  femme  étaient  fort  médiocres,  car 
de  leurs  deux  enfants,  la  fille,  Catherine, 
mise  en  apprentissage  à  13  ans  «  comme 
faiseuse  de  cornettes  et  autres  diverses 
coiffures  de  femme  »  (P.  Jovenon,  not., 
VIII  966),  épousa,  vers  1638  (P.  Gautier, 
not.,  X  57)  un  horloger  nommé  J.-B.  Du 
Boule,  et  le  fils,  Pierre  Fuzy  ',  fut  au 
même  âge  que  sa  sœur  mis  en  apprentis- 
sage chez  un  lapidaire  (Is.  de  Monthouz, 
not.,  VII  240).  tfne  partie  de  leur  fortune 

1619,  in-S",  13  p.  avec  le  texte  latin  du  décret 
(Moréri).  —  Arrêt  du  parlem.  du  21  juill.  1612 
et  autres  procédures  contre  messire  Ant.  Fuzy  ; 
Paris,  1620,  in-8»  (Lelong,  IV  5945).  —  Arrêt 
de  la  cour  de  parlem.  contre  M"  Ant.  Fuzy,  à 
Paris,  pour  Ant.  du  Breuil,  rue  de  la  Pelleterie, 
aux  Singes,  1620,  in-8'',  15  p. 

*  Elle  avait  un  frère,  Michel  Janvier,  pasteur 
en  Dauphiné,  à  Roybon  en  1630  et  à  Beaure- 
paire  en  1633. 

2  Le  Père  Niceron  est  bien  mal  informé  lors- 
qu'il dit  :  A  Genève,  k  il  s'y  maria  d'abord  et 
épousa  une  fille  âgée  de  25  ans,  qui  étant  morte 
en  travail,  il  en  épousa  une  autre  de  17  ans.  » 
Elisabeth  Janvier  mourut  en  1675,  à  90  ans. 
Mais  Niceron  n'a  fait  que  copier  un  très  menson- 
ger commentaire  ajouté  à  la  suite  de  l'arrest  de 
la  Cour  de  parlem.  imp.  à  Paris  pour  Ant.  du 
Breuil,  1620.  —  La  seule  accusation  saisissable 
articulée  contre  Fuzy  dans  ces  procédures  est 
qu'il  avait  surchargé  et  dénaturé  cinq  actes  de 
baptême  sur  les  registres  de  sa  paroisse. 

^  Le  voyageur  La  Boullaye  le  Goux  raconte 
que  ce  fils  étant  à  Constantinople  se  fit  Turc,  â 
la  suite  d'un  crime,  pour  échapper  â  la  juridic- 
tion du  consul  de  France. 


765 


FUZY 


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consistait  en  une  créance  de  6000  liv.  pour 
une  maison  vendue  par  leur  père  à  un  ha- 
bitant de  Bar-le-duc,  en  1608,  quelques 
années  avant  d'avoir  quitté  la  France.  Mais 
il  leur  fallait  compter  avec  la  loi  et  la  ma- 
gistrature françaises.  Les  acquéreurs  de 
Fuzy  soutinrent  que  ses  enfants  n'avaient 
aucun  droit  à  faire  valoir  et  que  le  roi  seul 
était  son  héritier.  Et  après  bien  des  débats  et 
des  appels  il  fut  dit,  en  parlement  de  Paris, 
2o  fév.  16i3,  que  tous  enfants  nés  de  pres- 
tres,  soient  catholiques  soient  religionnai- 
res,  sont  bâtards  en  France  et  incapables 
de  succession,  quoique  nés  à  Genève  et 
réputés  légitimes  d'après  les  lois  de  ce  pays 
(Filleau,  Décis.  cath.,  p.  222). 

Voici  la  liste  des  ouvrages  auxquels  est 
attaché  le  nom  d'Antoine  Fuzy  : 

I.  Factum  pour  ilfe  Ant.  Fusi...  contre 
maître  Nicolas  Vivian  et  autres  marguil- 
liers  de  S^-Leu-S^-Gilles,  et  Marguerite  Ri- 
blet.  Sans  lieu  ni  date  ;  in-8o,  22  pages. 

II.  Le  Mastigophore  ou  précurseur  du 
Zodiaque,  auquel  par  manière  apologétique 
sont  brisées  les  brides  à  veaux  de  maiUre 
Juvain  Solanicque  [anagramme  de  Nie. 
Vivian],  pénitent  repenti,  seigneur  de 
Morddrect  et  d' Amplademus  en  partie,  du 
côté  de  la  moite,  traduit  du  latin  en  fran- 
çais par  Maître  Victor  Grevé,  géographe 
microcosmique;  s.  1.,  1609,  in-S",  330  p. 
—  Écrit  burlesque  dépourvu  de  sens  et 
d'esprit.  Fuzy  le  désavoua  ;  mais  il  en  est 
bien  l'auteur. 

III.  Le  franc-archer  de  la  vraye  Eglise, 
contre  les  abus  et  énormités  de  la  fausse, 
par  noble  Anthoine  Fusi,  jadis  prothono- 
taire  apostolique,  Docteur  sorboniste.  Pré- 
dicateur et  Confesseur  de  la  maison  du 
Roy,  Curé  des  églises  parochiales  de  S. 
Barthelemi,  S.  Loup  et  S.  Gilles  à  Paris, 
aux  despens  de  l'autheur,  1619.  Petit 
in-8o  de  932  p.  En  tête  :  Au  lecteur  (10 
p.)  et  Epitre  apologétique  adressée  à  Jac- 
ques ler  roi  d'Angleterre.  C'est  un  traité 
complet  de  controverse,  mais  plus  rempli 
de  sornettes  que  de  raisons.  «  Au  reste, 
dit-il  dans  son  avis  au  lecteur,  je  suis 
phantassin  des  muses,  arbalestrier  de  Mi- 
nerve, carrabin  de  la  religion  réformée 
pour  tascher  reformer  le  Pape,  car  s'il  ne 
vit  selon  S.  Pierre,  mais  selon  Néron  ou 
Domitian,  comment  vivrons  nous  selon  le 
Pape  ?  Il  faut  ramener  le  Pape  à  la  pa- 
pauté ou  la  Papauté  à  J. -G.  et  nous  vivrons 


dessous  l'obéissance  de  son  siège,  pourvu 
qu'il  veuille  vivre  sous  J.-G.  ;  autrement 
il  luy  faut  faire  fermer  sa  boutique,  con- 
fisquer ses  drogues,  renvoyer  au  billon 
son  plomb,  ses  balles  et  tout  ce  débit  illu- 
soire qu'il  conclud  sub  annulo  piscatoris. 
Que  cela  est  moqueur  de  restraindre  le 
seau  de  sa  chancellerie  sous  le  cachet  d'un 
pescheur  de  quoy  il  scelle  toutes  ses  des- 
pesches  et  ce  pendant  usurper  la  tyrannie 
du  souverain  monarque  de  tous  les  mo- 
narques. Il  se  proclame  serviteur  des  ser- 
viteurs de  Dieu  et  toutes  les  couronnes  du 
monde  ne  sçauroyent  rassasier  son  ambi- 
tion... »  G'est  le  même  style  jusqu'à  la 
dernière  phrase  que  voici  :  «  Je  vous  re- 
verray  Messieurs  [les  moines]  aussitôt  que 
me  saluerés.  Bien  assailli,  mieux  défendu. 
Je  scay  que  je  raseray  ceux  qui  me  vou- 
dront tondre.  J'ayplus  à  mordre  que  vous 
à  ronger  :  je  mordray  ceux  qui  m'esgrati- 
gneront  et  accableray  de  vérités  ceux  qui 
voudront  m'ensevelir  par  le  mensonge.  » 
Les  réponses  ne  manquèrent  pas.  On 
cite  celles-ci  :  I.  La  banqueroute  de  mais- 
tre  Anthoine  Fuzy,  cy-devant  curé  de 
St-Barthélemy  et  de  St-Leu-S<-Gi]les  à  Pa- 
ris, naguère  devenu  apostat  à  Genève,  en- 
semble le  jugement  donné  contre  son  es- 
crit  détestable  intitulé  Franc-archer  ca- 
tholique, à  Paris,  chez  Sylvestre  Moreau, 
au  Palais;  jointe  la  copie  imp.  à  Lyon, 
1619,  in-8o  16  p.  —  La  vie  d'Antoine 
Fuzy,  cy-devant  curé  de  S'-Barthélemy 
et  maintenant  Apostat  (s.  n.  ni  1.),  1619, 
in-8o.  C'est  une  simple  traduction  du  dé- 
cret de  la  Sorbonne  rendu  contre  lui.  — 
III.  Monitorium  primum  ad  Fusium  haere- 
ticum,  auctore  C.  I.  M.  D.,  Parisiis,  typis 
Francisci  Julliot,  1620,  in-8o,  70  p.  C'est 
le  rapport  très  littéraire,  après  la  lecture 
duquel  la  faculté  de  théologie  rendit  son 
décret  d'expulsion.  —  IV.  Nous  devons 
ajouter,  non  sans  quelque  doute  :  La  chasse 
faicte  aux  ministres  par  les  miracles  qu'ils 
ont  voulu  faire,  avec  plusieurs  autres  dif- 
ficultez  éclaircies  ;  compris  par  maistre 
Nicolas  Fuzy,  maistre  es  arts  en  l'univer- 
sité de  Paris  ;  Paris,  1625,  in-8o,  16  p. 
(Était  naguère  à  la  biblioth.  de  l'Arsenal). 

Voyages  et  observations  du  s'  de  La  Bonllaye 
le  Goux,  1653,  in-l".  —  Mém.  du  P.  Niceron,  t. 
XXXIV,  p.  304.  —  Sénebier,  Hist.  litt.  de  Ge- 
nève, II  237.  —  Dictionn.  de  Moréri.  —  Dio- 
tionn.  de  Prosp.  Marchand. 


767 


GA 


GABET 


768 


1 


GA  (Gabrielle),  dame  de  La  Roche- 
breuillet,  veuve,  o9  ans,  réfugiée  en  Ir- 
lande, et  assistée  par  le  comité  de  secours 
aux  protestants  français  institué  à  Lon- 
dres, 1702  ;  assistée  de  nouveau  (14  liv.) 
en  1704.  On  trouve  ailleurs  le  même  nom 
écrit  Guat  et  du  Giia  ;  voy.  ci-dessus,  V, 
col.  697.  —  Louis  Ga,  de  Ganges  en  Lan- 
guedoc, venant  d'Allemagne  et  assisté  à  Ge- 
nève d'un  viatique  pour  y  retourner,  1699. 

GABAIN  (David),  de  Valence  en  Dau- 
phiné,  réfugié  de  la  Bévocation,  établit 
l'industrie  de  la  ganterie  à  Halberstadt 
(Erman).  —  Autres,  originaires  de  S'- 
Bome-de-Cernon  (Aveyron)  s'établirent  à 
Metz,  Hambourg  et  Berlin.  Georges-Gaspard 
Gabain,  entré  au  séminaire  théologique  de 
Berlin,  23  août  1773,  devient  pasteur  de  la 
colonie  de  Berkholz,  1779-1781,  puis  à  Al- 
tona.  Autres,  établis  à  Copenhague.  —  De 
Gabain,  capitaine  au  régiment  de  Hesse- 
Cassel,  vers  1790.  —  M'ie  Gabin,  enfermée 
au  couvent  des  filles  de  la  foi  à  Pons,  1746. 
—  Gabal,  pasteur  à  La  Coste,  1617.  — 
Gabanon,  de  La  Salle,  en  Cévennes,  cardeur, 
assisté  à  Lausanne,  1693. 

GABABET,  famille  de  marins  de  St- 
Martin-de-Bhé,  d'Oleron  et  de  La  Bochelle. 
=  Armes  :  d'azur  à  une  étoile  d'argent, 
accomp.  en  chef  d'une  gerbe  d'or  et  en 
pointe  d'un  croissant  de  même.  Mathurin 
Gabaret  avait  atteint  le  grade  de  chef 
d'escadre.  Son  fds,  noble  Jean  Gabaret, 
chevalier,  seigr  d'Angoulins,  de  Curzé  et 
de  Longèves,  capitaine  de  vaisseau  le  26 
mars  1653,  fut  chef  d'escadre  le  12  décemb. 
1673  et  abjura,  1er  nov.  1689,  pour  obte- 
nir le  grade  de  lieutenant -général  ;  il 
mourut  à  Bochefort,  26  mars  1697.  Dès 
lors,  c'est  sur  les  registres  catholiques  de 
Si-Barthélemy  et  de  St-Jean-du-Venot  qu'il 
faut  chercher  l'état-civil  de  ces  nouveaux 
convertis.  Ils  l'étaient  cependant  fort  mal. 
Le  prévôt  de  la  maréchaussée,  peu  de  temps 
après,  dénonce  une  dame  de  Gabaret  «  de- 
meurant à  Chessons,  parr.  de  S'-Just, 
comme    ayant   recueilli  un   prédicant  et 


comme  étant  la  principale  cause  de  la  fré- 
quentation des  assemblées  dans  le  pays 
par  son  mauvais  exemple  et  ses  dangereux 
conseils,  d'autant  plus  à  craindre  qu'elle 
est  femme  d'esprit.  L'ordre  étant  donné 
de  l'arrêter,  elle  a  pris  la  fuite,  mais  étant 
revenue  à  La  Bochelle,  elle  y  a  été  déte- 
nue quelques  mois  à  l'hôpital.  Mn^e  de 
Lussandière  (née  Pandin),  sa  fille  unique, 
fit  un  testament  à  Marennes  par  lequel 
elle  léguait  son  bien  de  Chessons  à  son 
cousin  Froger  de  Bellevillette.  Elle  est 
religionnaire  et  l'on  soupçonne  que  n'ayant 
pas  d'autre  fonds  elle  va  passer  avec  cet 
argent  dans  les  pays  étrangers-  »  (Arch. 
Char.-inf.,  Intendance,  C.  137).  —  M"e  de 
Gabaret,  âgée  de  16  ans,  mise  au  couvent 
de  S'e-Croix  à  La  Bochelle,  se  noie  bien- 
tôt après  dans  le  puits  du  couvent,  1738 
(E  3373).  —  Mme  Gabaret  de  La  Motte, 
veuve  d'un  capitaine  de  brûlot,  enfermée 
avec  sa  fille  au  couvent  des  dames  de  S^e- 
Claire  de  La  Bochelle,  1745  (E  3580). 

1.  GABABT  (Pierre),  de  St-George-lez- 
Montagu  en  Poitou,  solliciteur  de  procès, 
30  ans,  cruellement  brfilé  à  Paris  en  1557. 
Crespin  rapporte  ses  interrogatoires  et  au- 
tres détails  (Martyrol.  fos  473  d-475  a). 

2.  GABABT  (Jehan),  natif  d'Azay-le- 
Faron  en  Touraine,  reçu  habitantde  Genève, 
lernov.  1557. — Gabard,  ministre  à  Plassac, 
1558-76  (Tt  235);  —  à  Mornac,  1576. 
—  Autre,  médecin  réfugié  de  France  à 
Payerne  (Vaud),  1380.  —  (François),  mi- 
nistre h  Meschers,  1585-1607  (ït  236).  — 
Autre  François,  ministre  à  Gemozac,  1603- 
1611^  déchargé  de  ses  fonctions  en  1620 
(Tt  285).  —  La  reine  de  Navarre  octroie 
à  Guill.  Gabasbielle,  seigr  de  Luzan,  vi- 
comte de  Marran,  la  permission  d'exercer 
le  culte  dans  sa  maison  de  Luzan,  1er  mai 
1567.  —  De  Gabaudan,  ministre  à  Cau- 
mont  en  1597  (Tt242).  —  Gabe,  ministre 
au  bourg  de  Les  Bordes,  délégué  au  syilode 
de  Castres,  1651.  —  George  Gabel,  ancien 
de  l'église  franc,  de  Copenhague  en  1713. 

GABET  (Innocent),  juge  cà  Vienne,  mar- 


769 


GABET  —    GABILLON 


770 


tyrisé  en  1572,  voy.  ci-dessus  t.  V,  col.  797. 
Ses  deux  fils  Claude  et  Jacques  Gabet ,  de 
Ohatonnay,  près  la  Côte-S^- André,  reçus 
habit,  de  Genève,  27  août  1373  et  13  fév. 
1586;  —  Raphaël  Gabet,  étudiant  à  Genève 
(R.  Gabetus  arausionensis)  en  1608,  à  Die 
en  1610,  pasteur  à  La  Coste  en  Provence, 
1613;  puis  à  Tulette,  1615-22;  à  Arvieux, 
1626;  à  La  Motte -Ghalençon,  1634-48;  à 
Anceion,1660; — Gaspar Gabet,  de  Vienne, 
étudiant  en  théologie  cà  Genève  en  1622. 
Cette  famille  dauphinoise  était  habituée  à 
Genève.  On  y  trouve  encore  :  Mathieu 
Gabet  fils  de  feu  Gaspard,  vendant  à  Me  Jean 
Gabet,  docteur  es  droit  à  Vienne,  des  im- 
meubles situés  à  Crémieux,  1570  (Sauteur, 
I,  237)  ;  —  Alix  Gabet,  de  Vienne,  veuve 
de  noble  Ant.  Larchier,  d'Orléans,  mar- 
chand habitant  de  Genève,  épouse  en  se- 
condes noces  Luc  fils  de  feu  Guill.  Seicher, 
ministre  à  Mellery,  1584  (Jovenon,  V,  438); 
François  Gabet,  a  de  Chatteauney  en  Dau- 
phiné  »  met  son  fils  André  en  apprentissage 
de  chapelier  à  Genève,  1625  (Demonthouz, 
V,  95).  —  Jean  Gabie,  né  en  Bourgogne, 
tisserand  de  soie,  et  Jeanne  sa  femme,  na- 
turalisés à  Londres  en  1567  (Agnew). 

GABILLON  (Auguste)  .  Nous  avons  parlé 
plus  haut  (voy.  t.  V,  col.  288)  de  la  cruelle 
situation  des  prosélytes,  surtout  des  prosé- 
lytes ecclésiastiques,  qui  après  avoir  aban- 
donné par  conviction  la  religion  romaine  et 
quitté  la  France,  étaient  accueillis  à  l'étran- 
ger parmi  leurs  nouveaux  coreligionnai- 
res par  la  crainte  et  la  défiance,  en  même 
temps  que  poursuivis  par  la  haine  profonde 
de  leurs  anciens  frères.  Quelques-uns,  par 
malheur,  ne  furent  pas  exempts  des  secrets 
reproches  qui  se  dressaient  naturellement 
contre  eux.  Auguste  Gabillon,  né  à  Paris 
de  maître  Jean  Gabillon,  notaire  au  Châ- 
telet,  et  de  Geneviève  Le  Jay,  fut  baptisé 
à  St-Sulpice,  le  20  seplemb.  1658,  et  mis  de 
bonne  heure  aux  études  dans  diverses  mai- 
sons religieuses,  le  collège  des  Jésuites,  le 
séminaire  St-Charles,  le  collège  des  Gras- 
sins  et  le  séminaire  de  St-Sulpice,  son  père 
le  destinant  à  l'état  ecclésiastique  et  lui 
ayant  fait  obtenir,  à  ce  qu'il  dit,  «  un  bé- 
néfice seigneurial  qu'on  appelait  le  Prieuré 
de  Ste-Marie  de  l'Espinassouse  situé  entre 
La  Rochefoucaut  et  Angoulême.  »  Après 
avoir  conquis  les  grades  de  maître  es  arts 
et  de  bachelier  en  Sorbonne,  il  se  fit  reli- 
gieux de  l'ordre  des  Théatins,    et   resta 


douze  ans  dans  leur  couvent  de  Paris.  Il  y 
avait  pris  le  rang  d'un  savant  théologien 
et  d'un  habile  prédicateur,  lorsqu'il  dispa- 
rut tout  à  coup.  Le  3  jaitv.  1698,  il  s'était 
échappé  du  couvent  et  avait  pris  la  route  de 
Genève.  Un  petit  écrit  publié  l'année  sui- 
vante {Lettre  écrite  de  Hollande),  raconte 
ainsi  son  odyssée  :  «  Le  sieur  Gabillon 
était  un  religieux  théatin  du  couvent  de 
Paris.  C'est  un  grand  garçon  bien  décou- 
plé qui  est  sorti  de  France  et  de  son  cou- 
vent depuis  15  ou  18  mois  pour  embrasser 
la  religion  réformée.  Il  passa  en  Suisse,  à 
Genève,  à  Lausanne  et  à  Berne  où  il  fit 
l'abjuration  du  Papisme.  Dans  tous  ces 
lieux-là  il  a  prêché  les  motifs  de  sa  con- 
version, satisfait  ses  auditeurs  et  remporté 
des  éloges  et  des  témoignages  authentiques 
de  sa  bonne  conduite  et  de  son  savoir.  Il 
a  aussi  prêché  en  Allemagne,  tant  cà  Franc- 
fort qu'ailleurs  avec  le  même  applaudisse- 
ment, jusqu'à  ce  que,  arrivé  à  Wesel,  à 
Clèves  et  à  Nimègue,  sa  réputation  de  grand 
et  excellent  prédicateur  s'est  élevée  à  un 
point  qu'on  couroit  partout  pour  l'enten- 
dre. Enfin  il  aborda  à  La  Haye,  chargé 
d'attestations  et  de  lettres  de  recomman- 
dation pour  plusieurs  honnêtes  gens  et 
particulièrement  pour  M.  Jaquelot,  minis- 
tre réfugié  qui  s'empressa  de  le  produire...» 
Et  plus  haut  :  «  Depuis  qu'il  est  sorti  de 
France  on  n'a  rien  trouvé  à  redire  à  sa 
vie  ni  à  sa  conduite,  quelque  perquisition 
qui  en  ait  été  faite  par  ses  ennemis  et  en 
Suisse,  et  en  Allemagne,  et  à  La  Haye. 
C'est  ce  qu'il  y  a  de  plus  important.  »  — 
Les  Etats-généraux  de  Hollande  lui  avaient 
accordé  comme  à  un  réfugié  fort  méritant 
une  pension  de  400  livres. 

Mais  le  ministre  Jaquelot,  après  lui 
avoir  fait  quatre  ou  cinq  fois  l'honneur  de 
lui  céder  sa  chaire,  changea  subitement 
d'attitude  et  lui  devint  très  hostile.  Ceux  à 
qui  plaisait  le  nouveau  venu,  et  Gabillon 
lui-même,  expliquèrent  ce  revirement  par 
un  sentiment  de  puérile  jalousie  ;  mais  la 
vérité  est  que  ce  pasteur  et  d'autres  per- 
sonnes de  Hollande  avaient  reçu  de  fâcheux 
renseignements  sur  l'ancien  ïhéatin.  On 
écrivait  de  France  qu'il  avait  commencé 
une  carrière  dissipée  par  être  soldat  aux 
gardes,  qu'il  avait  déserté  à  la  suite  de 
quelque  méfait,  s'était  sauvé  en  Angleterre 
et  revenu  à  Paris  avait  été  placé  à  grand' - 
peine   chez   les  Théatins,  dont  son  père 


771 


GABILLON 


772 


gérait  les  atraires,et  où  après  avoir  reçu  la 
consécration  et  les  droits  de  la  prêtrise,  il 
se  les  était  fait  interdire  par  l'archevêque 
de  Paris  pour  sa  conduite  peu  édifiante  et 
pour  sa  légèreté  dans  ses  fonctions  de  con- 
fesseur. On  ajoutait  qu'il  était  allé  jusqu'à 
la  friponnerie  et  qu'il  avait  subi  de  ce  chef, 
à  Tours,  quelques  jours  de  prison.  L'ac- 
cusé répondit  par  une  : 

Lettre  à  leurs  nobles  Puissances,  messeig. 
les  députez  Conseillers  de  la  province  de 
Hollande,  pour  servir  d'Apologie  au  s^  Au- 
guste de  Gabillon,  ci-devant  prédicateur  et 
confesseur  de  l'Ordre  des  Théatins  et  à 
présent  prosélyte  de  la  Religion  réformée, 
contre  certaines  lettres  anonymes  répandues 
depuis  quelque  temps  dans  le  public  pour 
noircir  sa  réputation  (datée  du  3  août 
1699)  ;  La  Haye,  Abr.  Troyel,  1699,  in-4u 
16  p.  Le  judicieux  Bayle,  dans  sa  Corres- 
pondance [Œuvres  div.  t.  IV,  p.  783)  dit  : 
«  Cette  lettre  est  assez  bien  écrite  et  l'au- 
teur garde  beaucoup  de  modération  contre 
ses  parties;  mais  il  s'y  donne  de  l'encens. 
Je  viens  d'apprendre  que  MM.  les  dépu- 
tés ont  défendu  au  libraire  d'en  distribuer 
aucun  exemplaire,  sous  de  sévères  peines. 
Je  n'en  sais  pas  bien  la  raison  ;  mais  je 
crois  que  ces  messieurs  n'ont  pas  été  con- 
tents de  la  liberté  que  le  sr  Gabillon  a 
prise  de  leur  écrire  ainsi  une  lettre.  Ce  sont 
des  souverains  et  l'on  a  des  mesures  à 
garder  avec  eux.  Ce  M.  Gabillon  est  fort 
imprudent  et  grand  guascon  bien  qu'il  soit 
de  Paris  '.  » 

Quoique  Bayle  eut  écrit  cela  très  hâtive- 
ment (sa  lettre  est  du  17  août  1699),  il 
avait  donc  au  moins  le  soupçon  que  l'Apo- 
logie de  Gabillon  n'était  pas  exempte  de 
gasconnades.  Elle  commence  :  •  Tout  le 
monde  connaît  mon  nom  à  Paris,  puisque 
mon  père  y  a  fait  sa  résidence  plusieurs 
années  en  quahté  de  l'un  des  secrétaires 
du  Roi,  maison  et  couronne  de  France. 
Mais  il  est  encore  plus  connu  dans  la  pro- 
vince de  la  Marche  et  dans  le  bas  Poitou, 
puisque  mes  parents  y  sont  distinguez  et  y 
possèdent  une  terre  considérable  qui  porte 
mon  nom...»  —  A  chacun  de  ces  premiers 
mots  apparaît  le  déguisement.  Il  y  avait 

>  Voy.  aussi  les  Nouv.  de  la  Rép.  des  Lettres, 
de  Jacq.  Bernard,  1707,  novemb.  En  même  temps 
que  l'Apologie  parut  (s.  1.)  l'écrit  que  nous  avons 
mentionné  :  Lettre  écrite  de  Hollande  aux  réf.  en 
Angl.  sur  le  sujet  du  s^  Gabillon,  1699,  in-i". 


bien  dans  la  province  qu'il  indique  une 
très  bonne  famille  de  Gabillon  (ou  Gabil- 
lon ;  voy.  plus  bas),  mais  à  laquelle  maî- 
tre Jean  Gabillon,  tout  court  sans  aucun 
titre  de  seigneurie ,  était  probablement 
étranger  et  quant  à  sa  qualité  de  secrétaire 
du  Roi,  on  sait  que  beaucoup  de  ses  con- 
frères inscrivaient  en  tête  de  leurs  actes  : 
En  présence  de  moi  notaire  et  secrétaire  du 
Roi,  maison  et  couronne  de  France,  mais 
c'était  une  forme  de  style  et  tout  autre 
chose  était  la  haute  et  importante  charge  de 
secrétaire  des  commandements  de  Sa  Ma- 
jesté. [1  est  intéressant  de  voir  comment 
l'auteur  rend  compte  de  sa  conversion  : 

«  Etant  maître  de  la  bibliothèque  (du 
couvent),  je  pouvois  lire  tous  les  livres 
défendus  tels  que  sont  les  Institutions  de 
maître  Jean  Calvin  et  ses  Commentaires 
sur  l'Ecriture  sainte,  le  Mystère  d'iniquité 
de  M.  Duplessis-Mornay,  le  Traité  de  l'eu- 
charistie de  M.  Aubertin,  les  ouvrages  de 
MM.  Daillé,  Claude  et  plusieurs  autres.  La 
curiosité  me  porta  d'abord  à  lire  ces  livres 
sans  aucun  dessein  et  je  ne  les  ai  jamais 
quittés  sans  instruction.  Plus  je  lisois  ces 
excellents  auteurs  et  plus  j'y  trouvois  de 
plaisir  ;  et  l'éclat  de  leur  lumière  me  fai- 
soit  entrevoir  quelques  rayons  de  vérité. 
Je  trouvois  les  Institutions  de  Calvin  si 
bien  écrites  que  je  les  traduisis  en  françois, 
ouvrage  qui  me  coûta  neuf  mois  de  tra- 
vail et  que  je  n'ai  pu  sauver  de  France.  J 
dirai  même  qu'un  jour,  en  lisant  Aubertin 
sur  le  traité  de  l'Eucharistie,  j'y  découvris 
plusieurs  passages  de  saint  Augustin  qui 
combattaient  la  présence  réelle,  alors  je 
fus  à  demi  convaincu  de  la  fausseté  de 
la  Religion  romaine.  On  s'en  doutoit 
dans  la  communauté  et  on  m'y  regardoit 
déjà  comme  un  homme  suspect.  Cepen- 
dant il  fallut  me  taire...  Enfin  il  arriva  cet 
heureux  moment  marqué  par  la  Provi- 
dence où  Dieu  me  lit  sortir  des  ténèbres 
d'Egypte.  Tout  le  uionde  sait  que  je  prê- 
chai l'octave  dit  du  saint  sacrement  en  1698 
à  l'église  Si- Paul,  l'une  des  plus  célèbres 
paroisses  de  Paris.  Comme  je  devais  expli- 
quer au  peuple  le  dogme  de  la  présence 
réelle,  j'avançai  publiquement  en  chaire 
que  la  Transsubstantiation  étoit  un  dogme 
des  derniers  siècles  et  que  les  Pères  de 
l'Eglise  n'en  avoient  point  parlé...»  Sur  ce, 
dit-il,  l'archevêque  de  Paris  s'indigna  ;  il 
lui  commanda  d'aller  rendre  visite  à  M. 


1 


773 


GABILLON  —    GABRIAC 


774 


Bossuet  pour  s'instruire  et  de  remonter  en 
«haire  pour  se  rétracter.  Gabilion  ne  craint 
pas  de  raconter  que  Bossuet  s'efTaça  devant 
ses  arguments  en  alléguant  que  toute  vé- 
rité n'est  pas  bonne  à  dire,  »  et  qu'il  re- 
monta en  effet  dans  la  chaire,  mais  pour 
prêcher  sur  ces  paroles  de  saint  Paul  : 
«  Nous  avons  un  avocat  auprès  du  Père 
qui  est  Jésus-Christ.  »  Ces  rodomontades 
se  réfutent  d'elles-mêmes,  car  un  prédica- 
teur aussi  nettement  protestant  eût  été 
Jeté  immédiatement  à  la  Bastille  ;  et  en 
effet,  à  cette  Apologie  menteuse,  il  fut  ré- 
pondu par  une  Instruction  pour  servir  de 
réponse  à  l'Apologie  du  s^  Gabilion  ci-devant 
religieux  théatin  (La  Haye,  Lhonoré,  1699, 
in-4o,  3i  p.),  dans  laquelle  on  le  réfutait 
de  point  en  point  et  on  produisait  contre 
lui  des  pièces  justificatives  accablantes. 
On  rapportait  son  acte  de  naissance,  on 
l'invitait  à  chercher  sur  la  liste  officielle 
de  secrétaires  du  Roi  (dom  Testereau, 
Hist.  de  la  chancellerie)  le  nom  de  son 
père,  on  donnait  un  certificat  du  clergé  de 
S'-Paul  attestant  que  foctave  du  saint  sacre- 
ment y  avait  été  prêché  en  1698  par 
le  père  Dragon,  jésuite,  enfin  on  produisait 
jusqu'à  des  pièces  judiciaires  attestant  ses 
petites  escroqueries  et  son  emprisonnement 
passager.  Mais  il  y  a  des  audacieux  auxquels 
rien  ne  ferme  la  bouche  et  qui  trouvent 
toujours  des  adhérents  pour  les  soutenir. 
C'est  ce  que  montre  la  série  de  publications 
que  voici  : 

I.  Thesium  in  universam  Theologiam 
pars  tertia  quam,  favente  Deo,  sub  presidio 
plurimum  rev.  et  cl.  V.  D.  a  Marck,  phil. 
et  S.  S.  Th.  doct.  in  acad.  Lugd.  Batav. 
prof,  et  ecclesiœ  ibid.  pastoris,  publico 
examini  exponit  Augustus  de  Gabilion  pa- 
risinus,  ad  diem  14  jul.  1700;  Lugd.  Bat. 
apud  Ab.  Elzevier  ;  1700.  Dédié  au  seigr 
Fréd.  van  Reede,  baron  de  Renswood  ; 
20  p.  in-4°. 

II.  La  vérité  de  la  Religion  réformée 
prouvée  par  l'Ecriture  sainte  et  par  l'anti- 
quité, pour  servir  de  Réponse  à  la  lettre 
pastorale  de  l'archev.  de  Paris  ;  La  Haye, 
1701^  in-12,  346  p.  Cet  ouvrage  est  exa- 
miné dans  les  Nouv.  de  la  Répuh.  des  lettres, 
mai  1701. 

III.  Oraison  funèbre  de  Guillaume  III, 
roi  d'Angleterre,  etc.  (Sur  2  Sam.  III.  31- 
38)  prononcée  par  ordre  et  en  présence  de 
MM.  les  magistrats  de  Leyde  dans  la  grande 


Eglise  françoise,  le  18  may  1702,  in-4o- 
Réimp.  dans  les  Laudationesfuneb.(Leipz., 

1703,  iii-8o). 

TV.  Lettre   aux    Théatins  ;    La   Haye, 

1704,  in-8o  (anonyme). 

On  lit  dans  les  Nouvelles  de  la  Répuh. 
des  Lettres  de  Jacq.  Bernard  (nov.  1707) 
que  Gabilion  avait  écrit  l'année  précédente 
un  livre  contre  M.  Le  ,Clerc  (le  pasteur 
Jean  de  Clerc  auteur  de  la  Bibliothèque 
universelle).  Ce  livre  contre  M.  Le  Clerc 
était  probablement  une  réponse  à  l'écrit 
de  celui-ci  intitulé  :  Lettre  à  M.  Bernard 
sur  l'Apologie  de  Frédéric-Auguste  Gabilion; 
Amsterdam  (réimprimée  en  1708,  in-8o). 
Le  Clerc  y  racontait  que  Gabilion  avait  eu 
l'audace  de  se  présenter  chez  divers  théo- 
logiens anglais,  sous  son  propre  nom  à  lui 
Jean  Le  Clerc.  Et  Jacques  Bernard  ajoute 
{Nouv.  de  la  R.  des  L.,  nov.  1707)  que 
cette  étrange  comédie  ayant  paru  pronosti- 
quer quelque  friponnerie,  on  avait  publié 
deux  fois  (4-7  oct.  1707)  dans  une  Gazette 
appelée  le  Post-Boy,  un  avis  invitant  les 
théologiens  anglais  à  se  tenir  en  garde 
contre  le  sr  Gabilion.  —  Peut-être  est-ce 
de  lui  que  descendait  une  honnête  personne, 
Charlotte-Amélie  Gabilion,  née  à  Schwerin, 
qui  fut  directrice  d'un  pensionnat  à  Biilzow 
et  publia  :  I.  Abécédaire  avec  des  exercices 
à  la  portée  des  petits  enfans  et  un  recueil 
des  synomjmes  pour  les  adolescents,  Rott., 
1815,  in-8o.  H.  Mehr  als  ABC  und  Lese- 
buch,  nebst  einer  kurzen  Anieitung  zum 
richtigen  Buchstabiren  filr  meine  Schii- 
lerinnen  ;  Giistow,  1819,  in-8t>.  —  Les  s^s 
de  Gabillou,  voy.  Hautefort. 

GABIOU  (Florent),  de  SUean  d'Angély, 
reçu  habitant  de  Genève,  3  mai  lo8o.  Jac- 
ques Gabion,  maire  de  Douhet  en  Sain- 
tonge,  fait  baptiser  sa  fille  Marie,  au  châ- 
teau de  Douhet,  par  Audibert  Durand, 
ministre  du  château.  — Pierre  Gaborit,  mi- 
nistre de  l'église  de  S^-Fort-sur-Gironde  en 
1572  (reg.  de  l'égl.  de  Saintes).  Peut-être 
est-ce  à  son  occasion  qu'on  appelait  Marie 
Bécaudelle,  brûlée  à  Fontenay-le-Comte,  en 
1534,  la  Gaborite.  —  La  veuve  Gaborin  et 
sa  fille,  de  S^-Savignen  en  Sainlonge,  as- 
sistées d'un  viatique  à  Genève,  1699.  — 
Jeanne  Gabourin,  de  Fontenay-le-Comte, 
67  ans,  assistée  à  Londres,  1702  ;  et  jus- 
qu'en 1710  (1  1.  à  1  1.  15). 

1.  GABRIAC  (Claude  de)  seigneur  de 
Beaufort  [Haag,  V  189]  mestre-de-camp 


775 


GABRIAC 


776 


1 


dans  l'armée  de  Rohan,  s'est  rendu  célèbre 
dans  l'histoire  de  nos  guerres  civiles  par 
l'habileté  avec  laquelle  il  dirigea,  depuis 
Castres,  la  marche  du  secours  qui,  jeté 
dans  Montauban,  détermina  Louis  XIII  à 
en  lever  le  siège.  «  Beaufort,  gentilhomme 
des  Cévennes,  lit-on  dans  les  Mémoires  de 
Richelieu,  entreprit  d'y  faire  entrer  un  se- 
cours de  loOO  hommes,  qu'il  mena  sûre- 
ment jusqu'à  Saint-Antonin  ;  duquel  y 
ayant  deux  chemins  pour  aller  à  Montau- 
ban, l'un  par  une  forêt,  qui  étoit  le  meil- 
leur pour  l'infanterie,  l'autre  par  une 
plaine  découverte,  il  choisit  celui  de  la 
plaine,  jugeant  que,  parce  qu'il  étoit  le 
plus  dangereux  et  qu'on  ne  jugeroit  jamais 
qu'il  l'eût  pris,  il  y  seroit  aussi  moins  at- 
tendu. Cela  lui  réussit  assez  bien.  »  Divi- 
sant sa  troupe  en  trois  corps,  Beaufort  se 
mit  à  la  tête  du  premier,  fort  de  800  hom- 
mes environ,  et  prit,  en  effet,  la  route  la 
plus  directe  pour  arriver  à  Montauban. 
Quoique  le  roi,  sur  l'avis  de  sa  marche, 
eût  fait  doubler  et  renforcer  les  gardes  du 
camp,  Beaufort  franchit  l'Aveyron  sans 
obstacle,  passa  près  d'une  garde  qui  ne 
l'aperçut  pas  ou  qu'il  força,  comme  le  rap- 
porte le  sieur  de  Pontis,  et  entra  dans  la 
ville.  La  seconde  division,  sous  la  con- 
duite de  Lautrec,  fut  moins  heureuse  ; 
elle  tomba  dans  une  embuscade  dressée  par 
Bassompierre  et  fut  mise  en  déroute.  La 
troisième,  commandée  par  Pagesy,  essaya 
de  gagner  la  forêt  ;  mais  vivement  pour- 
suivie par  la  cavalerie,  elle  fut  sabrée  avant 
d'y  atteindre.  Beaufort  était  en  sûreté, 
lorsque,  entendant  le  bruit  du  combat  sou- 
tenu par  le  corps  de  Lautrec,  il  voulut  al- 
ler à  son  secours.  Malheureusement  il 
tomba  au  milieu  des  ennemis,  fut  renversé 
de  son  cheval,  gravement  blessé  et  fait  pri- 
sonnier. Selon  Castelnaut,  il  fut  envoyé  aux 
galères.  Richelieu  affirme  qu'il  fut  enfermé 
à  la  Bastille.  Outre  un  grand  nombre  de  tués, 
les  protestants  perdirent  deux  ou  trois  cents 
prisonniers  qui  furent  tous  condamnés  aux 
galères.  Le  ministre  qui  accompagnait  le 
secours  fut  pendu  (1622). 

La  paix  ayant  été  conclue  quelque  temps 
après,  Beaufort  fut  remis  en  liberté.  En 
1626,  il  fut  député,  comme  ancien  de 
l'église  d'Avèze,  au  synode  national  de 
Castres,  qui  le  porta  sur  la  liste  des  can- 
didats h  la  députation  générale.  En  1627, 
Rohan  le  nomma  son  lieutenant- général 


dans  les  Cévennes,  et  le  chargea  de  la 
défense  du  pays  de  Foix.  Beaufort  prit  pour 
base  de  ses  opérations  Ramiers,  ville  assez, 
grande,  mais  faible,  et  il  faisait  travailler 
avec  activité  aux  fortifications,  lorsqu'il 
fut  attaqué  par  le  prince  de  Condé.  Le  feu 
commença  le  6  mars  1628  ;  deux  jours 
après,  la  brèche  était  praticable.  Les  habi- 
tants offrirent  alors  de  se  rendre,  la  vie 
sauve  ;  mais  Condé  ne  voulut  leur  accor- 
der aucune  capitulation.  Beaucoup  essayè- 
rent de  fuir  le  sort  affreux  qui  les  atten- 
dait, entre  autres,  Beaufort  et  Auras  gou- 
verneur de  Mazères  ;  mais  presque  tous 
furent  rattrapés.  Condé  fit  pendre  28  habi- 
tants de  Paniiers,  au  nombre  desquels  était 
le  premier  consul  Prat,  h  qui,  dit-on,  la 
vie  avait  été  promise;  120  furent  en- 
voyés aux  galères,  les  autres  furent  don- 
nés aux  soldats  pour  être  mis  à  rançon. 
La  ville  fut  abandonnée  au  pillage,  et,  de 
l'aveu  des  écrivains  catholiques,  les  royaux 
y  exercèrent  des  violences  et  des  cruautés 
inouïes.  Quant  à  Beaufort  et  à  Auros,  ils 
ne  se  rachetèrent  point  par  une  abjuration, 
mais  furent  livrés  au  parlement  de  Toulouse 
qui  les  fit  exécuter. 

Claude  de  Gabriac  laissa  de  son  mariage 
avec  Gabrielle  de  Vabres  deux  filles  : 
Louise,  née  en  1616,  et  Françoise,  née  en 
1620,  baptisées  l'une  et  l'autre  dans  le 
temple  d'Avèze.  La  dernière  eut  pour  par- 
rain Tristan  de  Gabriac,  sieur  de  Gardiac, 
particularité  qui  prouve  que  d'autres  bran- 
ches de  la  famille  de  Gabriac  professaient 
aussi  la  religion  réformée.  Et  cette  preuve 
n'est  pas  la  seule,  car  nous  trouvons  sur  le 
rôle  des  réfugiés  assistés  à  Genève  par  la 
Bourse  françoise  en  1700  et  1701,  un  noble 
Jean  de  Gabriac,  de  St-Michel  en  Cévennes, 
qui  appartenait  évidemment  à  l'une  d'elles. 
Nous  ne  prendrons  pas  sur  nous  de  déci- 
der si  Beaufort  qui,  selon  Bèze,  fut  nommé, 
en  1562,  gouverneur  de  Milhau,  et  qui^ 
sur  l'ordre  de  Crussol,  reprit  les  armes,  en 
1563,  pour  marcher  avec  Baiidi7ié  au  se- 
cours de  Florac,  était  un  ancêtre  de  Claude 
de  Gabriac  ;  mais  nous  pouvons,  sans  hési- 
ter, le  réclamer  pour  la  France  protestante, 
ainsi  que  Gabriac,  qui  en  1562,  à  la  tête 
de  1500  Cévenols,  prit  Chanac,  emporta 
d'assaut  et  mit  à  feu  et  à  sang  Chirac,  mais 
échoua  dans  une  entreprise  sur  Mende  ;  le 
baron  de  Beaufort,  gouverneur  du  Vigan, 
en  1573  ;  un  de  Beaufort,  député  en  158i 


777 


GABRIAC  —    GACHES 


778 


à  l'assemblée  de  Montauban  par  la  noblesse 
du  Bas-Languedoc  ;  Annibal  de  Gabriac  Du 
Gros  de  Ferrières,  qui  mourut  prisonnier 
dans  la  Tour  de  Constance,  en  1686,  et 
quelques  autres  dont  nous  avons  eu  ou  au- 
rons l'occasion  de  parler. 

2.  GABRIAC  (Jean-Pierre),  pasteur  du 
désert,  né  en  1717  au  Mas  dit  Combe,  pa- 
roisse de  St-Michel  en  Hautes- Ce vennes;  il 
entra  au  séminaire  de  Lausanne  en  1739, 
obtint  la  consécration  le  8  fév.  1741,  et  fut 
dès  lors  adonné  aux  périlleux  devoirs  du 
ministère  jusqu'en  1786.  Il  exerça  princi- 
palement dans  les  Cévennes  et  quelque 
temps  (1763)  en  Agenais.  Il  parvint  à 
créer  dans  les  Cévennes  à  La  Salle-Mont- 
vaillant,  près  de  Florac,  une  école  de  théo- 
logie que  les  synodes  des  Hautes-Cévennes 
(voy.  celui  de  1761,  art.  18)  prirent  sous 
leur  protection.  Son  jeune  frère,  Jacques, 
qui  suivit  la  même  carrière,  écrivait  (en 
17ol)  :  «  Souvent  son  lit  est  sous  une 
roche  ou  dans  quelque  antre  de  la  terre, 
heureux  de  se  garantir  des  mains  de  ses 
ennemis  furieux  »  {Corr.  de  Rabaut,  par 
C.  Dardier).  En  comparant  ce  que  nous 
avons  dit  tout  à  l'heure  (col.  776  lig.  40) 
avec  la  note  de  police  de  l'année  1731  pub. 
dans  le  Bull.  t.  VII,  p.  464,  on  voit  que 
ces  deux  vaillants  pasteurs  appartenaient  à 
la  noble  maison  de  Gabriac. 

GABRIEL  (Damien)  et  Jehan  son  fds, 
merciers  à  La  Grave,  dioc.  de  Grenoble, 
admis  à  l'habitation  à  Genève,  juin  1556  ; 
—  (Estienne),  avocat  au  siège  présidial  de 
Saintes,  1571.  —  Etienne  Gabry,  du  Pont 
de  Camarès,  76  ans,  condamné  aux  galères 
(par  contumace  ^)  1754  (M  663).  —  De 
Gachat,  ancien  de  l'Isle  Jourdain  au  synode 
de  Réalmont,  1658  (Tt  258). 

GACHES  (Pierre),  né  à  Castres  en 
1523  [Haag,  V  191]  et  simple  marchand 
de  cette  ville,  fut  un  de  ses  premiers  habi- 
tants qui  embrassèrent  les  doctrines  évan- 
géliques,  pour  lesquelles  il  montra  un  grand 
zèle  durant  toute  sa  vie.  Bravant  les  bû- 
chers de  l'inquisition,  il  osa  recevoir  chez 

1  Ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  en  note,  col. 
356,  notre  liste  de  galériens  ci-dessus  insérée, 
col.  213-358,  a  été  presque  entièrement  compo- 
sée au  moyen  des  Listes  que  l'on  faisait  courir 
en  France  et  à  l'étranger  pour  appeler  l'attention 
sur  les  malheureux  qui  souffraient  sur  les  galères. 
Ceux  qui  avaient  pu  s'échapper,  les  contumaces, 
ne  s'y  trouvent  naturellement  pas  souvent. 


lui  Geoffroy  Brun,  lorsque  celui-ci  arriva  à 
Castres  en  1560.  C'était  dans  sa  maison  et 
dans  celle  de  son  voisin  Bernard  Giraud 
que  se  tenaient  les  assemblées  des  hugue- 
nots, mais  quelque  soin  que  Brun  mit  à  se 
cacher,  il  fut  découvert  dès  le  mois  d'oc- 
tobre et  dut  retourner  à  Genève.  Privés 
de  leur  guide  spirituel,  les  protestants 
castrais  persistèrent  à  se  réunir  en  secret, 
et  ils  continuèrent  ainsi  leurs  assemblées 
clandestines  jusqu'à  ce  que  les  abominables 
calomnies  de  leurs  ennemis  les  forçassent 
en  quelque  sorte,  l'honneur  parlant  plus 
haut  que  la  crainte  de  la  mort,  à  se  mon- 
trer au  grand  jour.  Ils  firent  donc  venir  de 
Toulouse  Nicolas  Folion,  dit  La  Vallée  ; 
mais  les  poursuites  du  parlement  mirent 
promptement  un  terme  à  ses  prédications. 
11  eut  pour  successeur,  au  mois  de  février 
1561,  Lostan  que  Brun  envoya  de  Genève, 
et  qui  dut  bientôt  demander  un  aide,  tant 
la  moisson  était  abondante.  Barthe  arriva, 
le  18  avril,  pour  le  seconder.  Les  conver- 
sions se  multiplièrent  de  telle  sorte  que, 
peu  de  mois  après,  on  comptait  à  Castres 
400  familles  protestantes,  au  nombre  des- 
quelles figuraient  celles  des  quatre  consuls, 
l'avocat  Deplanis,  le  notaire  Etienne  Vigne- 
vieille,  Pierre  Séguier  et  Raimond  Caii^e, 
et  celle  du  procureur  du  roi  Melou.  L'au- 
dace des  huguenots  croissant  avec  leur 
nombre,  ils  firent  revenir  Brun  et  ils  osè- 
rent même  enterrer  publiquement  selon 
le  rite  calviniste,  un  enfant  de  Jacques 
Misse,  membre  de  leur  église.  Cepentlant 
les  menaces  de  Joyeuse  les  obligèrent  à 
prendre  plus  de  précautions,  en  attendant 
des  temps  meilleurs. 

Les  progrès  des  réformés  ne  se  ralenti- 
rent pas  néanmoins.  Dès  1562,  ils  l'empor- 
tèrent sur  les  catholiques  dans  les  élections 
pour  le  consulat.  L'année  suivante,  Pierre 
Gâches,  qui  n'avait  pas  médiocrement  con- 
tribué h  ces  succès,  fut  élu  consul  avec 
François  Bouisson,  Bernard  Bourjade  et 
Jean  Bourdairac.  Il  signala  sa  magistrature 
par  sa  charité  pendant  une  peste  horrible 
qui  désola  Castres,  et  il  fit  jeter  les  premiers 
fondements  d'un  temple  protestant.  C'est 
lui  probablement  qui  assista,  après  la  Saint- 
Barthélémy,  à  rassemblée  de  Pierresègade. 
Elu  premier  consul  en  1585  (ses  collègues 
étaient  Jean  Bissol,  François  Alari  et  Oli- 
vier Lucas),  il  eut,  en  cette  qualité,  fhon- 
neur  de  recevoir  chez  lui  le  roi  de  Navarre, 


779 


GACHES 


780 


lorsque  ce  prince  passa  par  Castres.  Il 
mourut  le  29  déc.  1593. 

Son  fils  Jacques,  né  à  Castres  ',  suivit  la 
carrière  et  les  exemples  de  son  père. 
Nommé  consul,  en  1596,  avec  Hélias  Le 
Roi,  Isaac  Bernard  et  Pierre  Aiméric,  il 
fut,  une  seconde  fois,  appelé  à  remplir  les 
mêmes  fonctions,  en  1604.  On  ne  connaît 
pas  d'autre  particularité  de  sa  vie  dont  la 
grande  préoccupation  fut  la  rédaction  d'un 
livre  sur  l'histoire  de  son  temps,  auquel  il 
attachait  une  grande  importance  et  qui  en 
effet  n'en  manque  pas.  C'est  un  précieux 
manuscrit  dont  l'original  s'est  perdu,  mais 
dont  on  a  de  nombreuses  copies  et  qui  a 
été  récemment  imprimé  avec  beaucoup  de 
soin  et  d'érudition  par  M.  Ch.  Pradel.  Dès 
l'année  1623,  on  s'était  occupé  d'en  pré- 
parer l'impression.  Le  duc  de  Rohan  étant 
à  Castres  à  cette  époque,  d'Aubigné  le  fit 
prier  de  lui  envoyer  à  Genève  l'histoire  du 
S""  J.  Gâches,  pour  corriger  sa  propre  His- 
toire des  fautes  qui  s'y  trouvaient  en  plu- 
sieurs endroits,  avec  promesse  solennelle 
de  restitution  dans  le  temps  accordé  ;  mais 
le  duc  de  Rohan  ne  put  l'obtenir  dudit 
Gâches  qui  était  fort  jaloux  de  son  œuvre 
et  qui  consentit  seulement  à  la  prêter  feuil- 
let après  feuillet  pour  la  faire  imprimer. 
Ce  projet  d'impression  n'eut  pas  de  suite. 

J.  Gâches  mourut  vers  1646.  Quoique 
fort  attaché  à  sa  religion,  il  a  su  conserver 
une  grande  impartialité  dans  ses  Mémoires 
qui  comprennent  l'histoire  de  tout  ce 
qui  s'est  passé  à  Castres  et  aux  environs 
depuis  1333  jusqu'en  1610.  Gâches  ra- 
conte les  événements  en  témoin  oculaire, 
et  son  récit  a  un  air  de  bonne  foi  qui  pré- 
vient en  faveur  de  sa  véracité.  Aussi  dom 
Vaissète  lui  a-t-il  accordé  ce  témoignage  : 
«  Cet  auteur  est  un  zélé  religionnaire  ;  mais 
il  rend  justice  aux  catholiques  en  bien  des 
choses,  et  il  nous  a  paru  exact  et  assez 
désintéressé.  »  11  a  inscrit  pour  titre  en 
tête  de  son  livre  :  Mémoires  du  sieur  Jac- 
ques Gâches  où  sont  rapportées  toutes  les 
choses  qui  se  sont  passées  et  faites  en  Lan- 
guedoc, et  particulièrement  à  Castres  et  ez 
environs  despuis  l'année  1333.  L'ouvrage 
est  divisé  en  trois  parties  :  la  première 
comprend  les  guerres  de  religion  propre - 

'  Le  14  janvier  1553,  suivant  les  Biographies 
castraises  de  Nayral  ;  vers  1555,  suivant  M.  Ch. 
Pradel. 


ment  dites  de  1333  à  1373  ;  la  2me,  les 
guerres  de  l'Union  ou  des  Politiques  en 
Languedoc, de  1373  à  1384  ;  laSme,  les  guer- 
res de  la  Ligue  et  le  règne  de  Henri  IV, 
1383-1610. 

Les  Mémoires  de  Jacques  Gâches,  pub. 
par  Ch.  Pradel  forment  un  vol.  in-8°  de 
338  p.  (Paris,  Fischbacher,  1879,  in-8o), 
précédé  du  portrait  de  l'auteur  et  suivi 
d'une  trentaine  de  pièces  et  documents 
inédits. 

Un  autre  Jacques  Gâches,  contemporain 
du  précédent  et  son  cousin  ^  était  avocat 
et  occupa  longtemps  la  charge  de  juge  du 
comté  de  Laeaze  pour  le  m's  de  Bourbon- 
Malauze.  II  mourut  à  Vabre,  âgé  de  77  ans, 
le  27  juin  1631.  Il  eut  pour  fils  un  pasteur 
distingué,  Raymond  Gâches. 

Né  à  Castres  au  commencement  du 
XVIIrae  siècle,  Raymond  Gâches  qui  exer- 
çait le  saint  ministère  k  St-Affrique  depuis 
1644,  fut  nommé,  en  1649.  ministre  dans 
sa  ville  natale.  La  réputation  qu'il  acquit 
comme  prédicateur  le  fit  appeler  à  Paris, 
en  1634,  et  il  desservit  l'église  de  Charen- 
ton  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  au  mois  de 
déc.  1668.  Outre  un  assez  grand  nombre 
de  sermons  où  brillent  une  imagination 
gracieuse  et  qui  se  lisent  encore  avec  plai- 
sir, Gâches,  qui  était  membre  de  l'acadé- 
mie de  Castres,  a  laissé  quelques  pièces 
de  vers  qui  ne  nous  sont  connues  que  par 
leurs  titres.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  : 

I.  Le  consolateur  promis  aux  apostres, 
ou  Sermon  sur  Jean  XVI,  7;  Charent.,  L. 
Vendosme,  1634,  in-8o  ;  1633,  in-8o  ; 
—  Dédié  à  Mme  la  princesse  de  Turenne. 

IL  Le  trioînphe  de  l'Evangile,  ou  Ser- 
mon sur  II  Cor.  II.  prononcé  au  synode 
deCarjac,  oct.  1632;  Charent.,  1634,  in-8o  ; 
1653,  in-8o,  82  pages.  —  Dédié  à  M.  de 
Bourbon-Malauze . 

III.  Jésus  dans  l'Agonie,  ou  Sermon  sur 
Matt.  XXVI,  37,  38;  Charent.,  1634,  in-8o  ; 
1655,  in-8o,  46  p.  —  Dédié  à  Mme  la  du- 
chesse de  la  Trémoille. 

IV.  Actions  de  grâces  pour  la  publication 
de  la  paix  entre  l'Angleterre  et  les  Provin- 

1  Ils  signent  ensemble  un  contrat  de  mariage 
de  leur  cousin  Jean  Gâches,  fils  d'Antoine,  seig' 
de  Prades  avec  Elisabeth  de  Lacser,  le  9  mai 
1599  (Ch.  Pradel,  préf.  p.  VIII),  —  Conf.  ci 
dessus,  col.  'ATà,  n"  957.  On  trouve  sur  la  liste 
des  gentilhommes  assistés  à  Londres  en  1702  : 
Jean  Antoine  Gâches  de  Prades  et  sa  femme. 


781 


GACHES 


GACHON 


782 


ces-Unies,  ou  Sermon  sur  Ps.  CXXII,  6, 
prononcé  dans  l'hostel  de  Mgr  l'ambassa- 
deur des  Provinces-Unies;  Charent.,  165i, 
in-8o. 

V.  L'athéisme  confondu,  ou  Sermon  sur 
ces  pm-oles  :  L'insensé  a  dit  en  son  cœur  : 
U  n'y  a  point  de  Dieu;  Charent.,  Samuel 
Périer.  '16o5,  in-S». 

VI.  Le  fondement  de  l'espérance  du  chré- 
tien, ou  Sermon  sur  Rom.  V,  5;  Charent., 
L.  Vendosme,  1655,  in-S». 

VII.  Sermon  sur  II  Pierre  I,  12-15; 
Charent.,  1655,  in  80. 

VIII.  Sermon  sur  Jérémie  III,  22;  Cha- 
rent., 1658,  in-8o. 

IX.  Discours  sur  les  songes  divins, 
1659,  in-12.  —  Cité  dans  le  Catal.  de  la 
biblioth.  du  docteur  Williams. 

X.  Quinze  Sermons  sur  divers  textes  de 
l'Ecriture;  Gen.,  de  Tournes,  1660,  in-8o. 

XI.  Sermon  sur  la  paix;  Charent.,  1660, 
in-8o. 

XII.  Le  succez  de  la  grâce  ou  Sermon 
sur  le  Ps.  CXXX,  v.  4;  Charenton,  Sam. 
Périer,  1660,  64  p.  in-8o. 

XIII.  Sermon  sur  l'epistre  de  St-Paul 
aux  Rom.  (II,  v.  45),  prononcé  à  Charen- 
ton le  jeudy  21  juin  1662,  jour  de  jeusne  ; 
Charenton,  A.  Cellier;  1662,  61  p.  in-8o. 

XIV.  Préparation  à  la  Sainte-Céne,  publ. 
avec  le  Voyage  de  Réthel  par  Fauquember- 
gue  (Voy.  ce  nom). 

XV.  Sonnet  sur  la  mort  du  maréchal  de 
Gassion. 

XVI.  Recueil  d'épigrammes  latines. 

XVII.  Stances  sur  un  père  affligé  de  la 
mort  de  son  fils. 

XVIII.  Sur  la  détention  à  Vincennes  du 
prince  de  Conde. 

XIX.  Sonnet  sur  un  flambeau. 

XX.  Elégie  sur  la  mort  de  M.  Dant. 

XXI.  Trad.  du  2me  livre  de  l'Iliade. 
Trad.  du  3"^^  livre  des  Odes  d'Horace.  — 
N'ont  pas  été  imprimées. 

On  trouve  aussi  dans  le  T.  XIV  de  la 
CoUect.  Conrart  quelques  pièces  sorties  de 
plume  de  notre  pasteur  :  un  Traité  pour 
l'instruction  de  deux  personnes  de  qualité 
faisant  profession  de  la  religion  réformée  ; 
la  trad.  d'un  fragment  du  Hierozoicon 
de  Bocliart  relatif  à  la  mâchoire  d'âne  de 
Samson  ;  un  Sermon  sur  la  21 '«e  section  du 
catéchisme,  et  une  Lettre  au  ministre  de 
Bordeaux  Sarrau,  datée  de  Charenton  18 
mars  1663. 


Raymond  Gâches  avait  épousé  Elisabeth 
de  Vignaux,  dont  il  eut  plusieurs  enfants, 
notamment  un  fds,  comme  lui  nommé 
Raymond  et  ministre,  né  en  1620  et  mort 
à  Paris  le  10  nov.  1665.  —  La  Bourse 
françoise  de  Genève  inscrit  au  nombre  de 
ses  assistés,  en  1701  :  «  Franrois  Gâche, 
de  Puylaurens,  neveu  de  feu  Gâche,  mi- 
nistre de  Charenton  et  venant  des  îles  du 
Canada  où  il  était  officier  ;  »  il  reçoit  un 
viatique  de  deux  écus  pour  passer  en  Hol- 
lande. —  Pierre  Gâches,  de  Montauban, 
pendu  pour  cause  de  religion,  1686  (Elie 
Benoist).  — (Jean-Jacques  et  Henry)  clercs, 
naturalisés  en  Angleterre,  1688  (Agnew). 

—  (Marguerite)  de  Mens,  en  Dauphiné,  as- 
sistée à  Lausanne,  allant  en  Allemagne, 
1700.  —  (Joseph),  de  la  Guienne  (Nérac?) 
établi  à  Staargardt,  1703.  —  (Samuel),  de 
Bédarieux,  assisté  à  Genève  d'un  viatique 
pour  le  Brandebourg,  1708. 

GACHET(Bexjamix),  assisté  à  Lausanne, 
1684.  —  (André),  cordonnier,  originaire 
de  Metz,  établi  à  Magdebourg,  1695.  — 

—  (David),  de  Fontainebleau,  et  sa  femme, 
prosélytes,  assistés  à  Londres,  1702.  — 
(Jeanne),  60  ans,  femme  de  Jacques  Ca- 
chet, de  Civray  en  Poitou,  assistée  (1  liv. 
8)  à  Londres,  1705.  —Cachet,  deMarsilar- 
gues,  admis  comme  proposant  en  1760, 
consacré  à  Lausanne,  en  1764,  exerçant  les 
fonctions  pastorales  à  Sommières,  en  1766, 
à  Nîmes  et  aux  environs,  1770-1806. 

1.  GACHON  (Jran),  massacré  à  Orléans, 
1568  (Crespin);  —  (Jean),  pasteur  du  dé- 
sert, exerçait  à  Nîmes  dès  le  milieu  du 
XVHIme  siècle  et  y  mourut  en  1806.  Son 
fils,  Jean-André,  né  à  Marsillargues,  en 
1766,  mort  à  Mazères,  29  déc.  1838,  fit  de 
brillantes  études  à  Genève  et  à  Lausanne 
et  remplit  successivement  les  fonctions 
pastorales  dans  les  églises  de  Vallon,  Na- 
ges, Codognan,  St-Hyppolyte-du-Fort  et 
Mazères.  C'était  un  savant  homme  qui 
avait  composé  pour  son  usage  particulier, 
un  recueil  extrait  de  ses  lectures  et  inti- 
tulé .  Siiccîis  theologicus  ex  variis  auctori- 
bus  depromptus  ;  mais  il  n'a  rien  publié. 

2.  GACHON  (Arnaud  de),  ou  Gaschon, 
sieur  de  La  Mothe  [Haag,  V  193]  avocat 
au  parlement  de  Bordeaux,  fut  député,  en 
1601,  par  la  basse  Guienne,  <à  l'assemblée 
politique  de  Sainte-Foy.  Il  y  remplit  les 
fonctions  de  secrétaire,  et  fut  chargé  d'une 
mission  à  Lyon,  ou  Henri  IV  se  trouvait 


783 


GACHON  —    GAGNIER 


784 


alors,  pour  lui  faire  entendre  les  plaintes 
des  églises  au  sujet  des  obstacles  que  le 
parlement  de  Bordeaux  apportait  à  l'in- 
stallation de  la  Chambre  mi-partie  {Brienne, 
vol.  209).  L'année  suivante,  par  résigna- 
tion d'Etienne  Trelier,  il  fut  pourvu  de  la 
charge  de  conseiller  au  parlement  de 
Guienne,  charge  dans  laquelle  il  eut  pour 
successeur  son  fils  Pierre,  en  1618).  Du 
mariage  de  ce  dernier  avec  Sibile  de  Baca- 
lan,  naquirent  deux  fils  que  l'Armoriai  de 
Picardie  appelle  François  et  Jean.  Le  pre- 
mier, sieur  de  La  Salle  et  de  Contre,  du 
chef  de  sa  femme  Marie  de  Soyecourt,  fille 
de  Louis  de  Soyecourt,  sieur  de  Contre,  et 
d'Anne  de  Martigny,  qu'il  avait  épousée 
en  juillet  1636  (reg.  de  Cliarenton),  aban- 
donna le  barreau  de  Bordeaux  pour  s'éta- 
blir en  Picardie.  Ayant  fait  prêcher,  en 
1673,  dans  son  château,  il  fut,  à  l'instiga- 
tion de  l'évêque  d'Amiens,  emprisonné 
par  le  lieutenant-général  de  Clermont  avec 
son  ministre  Salomon  Delbecq  ou  de  Le 
Becque  ;  mais  cet  excès  précoce  de  zèle  fut 
réprimé,  sur  le  rapport  de  Chàteauneuf, 
et  l'affaire  évoquée  au  Conseil  (Tt  284). 
A  la  Révocation  cependant,  le  seigneur  de 
Contre  non  seulement  se  convertit  avec 
ses  deux  filles,  Marie  et  Madelaine  ;  mais 
il  entra  dans  les  ordres  et  devint,  en  1698, 
curé  de  Gueschart.  Son  frère,  au  contraire, 
se  retira  en  Angleterre,  lit-on  dans  l'Ar- 
moriai. Erman  et  Réclarn  parlent  en  eftét, 
d'un  Gachon  qui  remplissait  à  Londres,  en 
1680,  les  fonctions  d'agent  de  la  cour  de 
Berlin,  mais  il  n'est  pas  sûr  qu'il  s'agisse 
de  François.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  fils  de 
ce  dernier,  prénommé  Henri,  qui  était 
capitaine  de  cuirassiers  lors  de  la  révoca- 
tion, ne  suivit  pas  son  père  sur  la  terre 
étrangère. 

On  doit  sans  aucun  doute  rattacher  à 
cette  famille  le  capitaine  La  Mothe-Gachon 
qui,  vaillamment  secondé  par  Bussac,  La 
Serre,  Grateloup  et  Papus,  défendit,  en 
1622,  Montra vel  contre  le  due  d'Elbeuf, 
et  qui  se  fit  tuer  sur  la  brèche,  plutôt  que 
de  se  rendre  à  discrétion. 

GADEAU  (Jean),  proposant,  exerça  le 
ministère  en  Poitou,  vers  1714-1719.  — 
Jehan  Gadoin,  «  de  Cône  en  Bourbonnois, 
ministre  de  la  parole  de  Dieu,  »  admis-  à 
l'habitation  <i  Genève,  18  déc.  1572,  sur 
le  témoignage  de  Jehan  Hodoin  et  de  Jehan 
de  Latinay,  ministre  de  Vèzelay.  —  Jean 


Gadon,  collaborateur  peu  connu  de  Lefèvre 
d'Etaples,  mentionné  en  1324  (voy.  Her- 
minjard  Corresp.  l,  222).  —  Deux  frères 
Gafarel,  de  Vais  près  Embrun,  assistés  à 
Genève  d'un  viatique  pour  le  Wiirtemberg, 
1706.  —  Marie  Gaffé,  veuve  de  Jean  Gatfé, 
deMeaux,  72  ans,  assistée  (1  1.  16)  à  Lon- 
dres, 1702.  —  Pierre  Gaffet,  de  Dieppe, 
ouvrier  en  soie,  64  ans  et  Catherine,  sa 
femme,  60  ans,  assistés  (1  1.)  à  Londres, 
1702.  —  De  Gafinières,  ministre  en  Anjou, 
1381.  —  Judith  Gage,  de  Rouen,  70  ans, 
assistée  (2  1.  9)  à  Londres,  1703.  —  Seig'' 
de  Gagemont,  voy.  Prévost.  —  Daniel  Ga- 
get,  jardinier  du  pays  messin,  réfugié  avec 
sa  femme  et  4  enfants,  à  Halle,  1698.  — 
Jehan  Gagnard,  «  de  Buzançois  en  Berry, 
sargier  et  drappier,  »  reçu  habitant  de  Ge- 
nève sous  la  caution  de  Pierre  Nostr-e,  mi- 
nistre en  Poitou,  17  oct.  1372.  —  Daniel 
Gagne,  officier  de  la  marine  à  Rochefort, 
forcé  à  l'abjuration,  1680.  —  Jehan  Ga- 
gnebin,  natif  d'Orléac,  evesché  de  Caors, 
en  Querey,  »  reçu  habitant  de  Genève,  8 
juin  1339.  —  Jacques  Gagnet,  de  Vitry  en 
Champagne,  facturier  de  bas,  réfugié  à 
Berlin,  1698;  (Tobie),  arrêté  voulant  fuir 
du  royaume  ;  gracié,  1702. 

GAGNIER  (Jean),  savant  orientaliste 
[Haag,  V  193],  ne  à  Paris,  en  1663,  d'une 
famille  catholique,  semblait  destiné  à  ne 
pas  sortir  du  cloître  où  il  entra  de  bonne 
heure.  Son  père,  employé  à  la  suite  de 
l'ambassade  de  France  en  Danemark,  étant 
mort  prématurément,  sa  mère,  veuve  déso- 
lée, se  fit  religieuse  à  24  ans  au  monastère 
royal  des  Filles  de  S'e-Elisabeth,  et  voua 
ses  trois  fils  à  l'ordre  des  Génovéfains  où 
ils  entrèrent  tous  trois.  L'aîné  mourut  peu 
de  temps  après.  Le  second,  Jean  Gagnier, 
fit  ses  humanités  au  collège  de  Navarre  et 
s'appliqua  avec  ardeur  à  l'étude  des  langues 
sémitiques.  Il  devint  bientôt  chanoine  ré- 
gulier de  Sainte-Geneviève  ;  mais,  peu  de 
temps  après,  il  quitta  son  couvent,  poussé 
par  le  dégoût  de  la  vie  religieuse,  et  de 
plus,  amené  par  la  lecture  des  Livres  saints 
à  la  connaissance  des  abus  de  l'Eglise  ro- 
maine. A  la  révocation  de  l'Edit  de  Nan- 
tes, il  se  retira  en  Angleterre  et  l'on  peut 
lire  avec  beaucoup  de  fruit  quelques  pages 
éloquentes  de  son  livre  l'Eglise  romaine 
convaincue  de  dépravation  (p.  8  à  11)  sur 
ce  grave  événement.  «  L'engagement  où 
nous  nous  sommes  trouvés  nous-mêmes 


785 


GAGNIER  —  GAGNIERES 


786 


dit-il,  de  travailler  à  ces  belles  conversions, 
ou  à  instruire  ceux,  que  d'autres  mission- 
naires plus  habiles  que  nous,  je  veux  dire 
les  Dragons,  avaient  converti  bon  gré  mal- 
gré, m'a  donné  l'occasion  de  lire  les  livres 
de  controverse  avec  plus  d'attention  en  les 
conférant  avec  les  Saintes  Ecritures,  les 
Conciles  et  les  Pères  de  l'Eglise.  »  Il  est 
marqué,  à  Londres,  comme  assisté  (10  1.), 
dès  1702,  en  qualité  de  prosélyte  réfugié  et  il 
reçoit  encore  10  liv.,  en  1710,  au  même 
titre.  Mais  il  avait  apporté  avec  lui  une 
notoriété  de  savant  qui  le  mit  bientôt  au- 
dessus  du  besoin.  L'évêque  de  Worcester 
le  prit  pour  chapelain  et  le  mena  à  Oxford 
où  il  enseigna  pendant  quelques  années, 
l'hébreu,  tout  en  se  livrant  à  d'importants 
travaux  littéraires.  En  1715,  il  fut  nommé 
professeur  de  langues  orientales.  Il  mourut, 
le  2  mars  1740.  On  a  de  lui  : 

I.  Historiœ  judaicse  lib.  V;  trad.  latine 
de  Joseph  Ben  Gorion,  enrichie  d'une  pré- 
face et  de  notes,  Oxf.  1706,  in-4°. 

II.  L'Eglise  romaine  convaincue  de  dé- 
pravation, d'idolâtrie  et  d' antichristianisme, 
en  forme  de  Lettre  par  Jean  Gagnier,  ci- 
devant  prêtre,  chanoine  régulier  de  l'abbaïe 
royale  de  S'e-Geneviève  au  Mont  de  Paris, 
à  présent  de  l'Eglise  anglicane  et  maître  es 
arts  de  l'Université  de  Canjbridge,  au  sieur 
Germain  Gagnier  son  frère,  aussi  chanoine 
régulier,  de  St-Yvet  de  Braine-lès-Soissons, 
de  l'ordre  dit  de  Prèmontré,eten  sa  personne 
à  tous  les  chanoines  de  l'une  et  de  l'autre 
congrégation;  La  Haye,  Jean  Kitto,  1706, 
pet.  in-8o  de  XX  et  296  p.,  dédié  aux  Etats 
généraux  des  Provinces-Unies  des  Païs- 
Bas. 

III.  Tabula  nova  et  accurata  exhibens 
paradigmata  omnium  conjugationum  he- 
braicarum,  Oxf.,  1710. 

IV.  Vindicix  Kircherianœ,  seu  defensio 
Concordantiarum- grsecarum  Conradi  Kir- 
cheriadv.  Abr.  Trommii  animadversiones, 
Oxf.,  1718,  in-fol.  et  in-8o  —  Critique 
acerbe  d'un  ouvrage  d'ailleurs  estimable. 

V.  De  vità  et  rébus  gestis  Mahomedis, 
moslemicse  religionis  auctoris  et  imperii 
iaracenici  fundatoris,  ex  cod.  msc.  Pococ- 
hiano  Bibliothecee  Bodleianx  textum  arabi- 
cum  primus  edidit,  latine  vertit,  prxfa- 
tione  et  notis  illustravit  J.  Gagnier,  Oxf., 
1723,  in-fol. 

VI.  La  vie  de  Mahomet,  trad.  et  compi- 
lée de  l'Alcoran,  des  traditions  authentiques, 


de  la  Sonna  et  des  meilleurs  auteurs  ara- 
bes, Amst.,  1732,  2  vol.  in-8o  ;  1748,  3  vol. 
in-12. 

On  lui  doit  encore  des  Lettres  sur  les 
médiiilles  samaritaines,  publiées  dans  les 
Nouvelles  de  la  rép.  des  lettres  (1703),  et 
des  Remarques  sur  l'édition  de  Joseph  Ben 
Gorion  donnée  par  Breitbaupt,  lesquelles 
ont  été  ins.  dans  la  Bibl.  choisie  de  Le 
Clerc  (T.  XXV).  On  lui  attribue  aussi  les 
Instructions  pour  les  Nicodémites  (Amst., 
1700,  in-12)  que  MM.'Haag  croyenl  plutôt 
l'œuvre  de  F.  Graverai.  La  mort  ne  lui  a 
pas  laissé  le  temps  d'achever  une  trad. 
latine  de  la  Géographie  d'Abulféda  (dont 
la  moitié  environ  était  déjà  imprimée),  et 
du  Sepher  iEnuinot  du  R.  Seedadiah. 
Nous  ignorons  si  le  Traité  de  la  petite  vé- 
role qu'il  avait  trad.  de  l'arabe  de  Rhazis, 
à  la  demande  du  docteur  Mead,  a  vu  le 
jour,  en  sorte  qu'il  ne  nous  reste  à  ajouter 
à  la  liste  de  ses  ouvrages  que  les  Fragmenta 
ex  Catenâ  in  Pentateuchum  a)-abicâ,  syria- 
cis  descripta  litteris  et  latine  versa,  que 
Fabricius  a  publiés  dans  le  T.  II  de  son 
édition  de  S'-IIyppolyte.  —  Il  a  laissé  un 
fils  qui  fut  élevé  à  Oxford,  prit  le  degré 
de  maître  es  arts  en  1743  et  suivit  la  car- 
rière pastorale. 

Voy.  l'art,  de  la  Biogr.  Univ.  de  Michaud, 
rédigé  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  Jourdain, 

GAIGNAIRE  (DUe  Douce),  native  de 
Champsaur,  38  ans,  femme  de  Daniel 
Gourbon,  bourgeois  de  Costeville,  meurt  à 
l'hôpital  des  réfugiés,  à  Lausanne,  1707. 

—  Barnabe  Gaignard,  vannier  à  Fontenay- 
le-Comte,  condamné  à  être  pendu  pour 
avoir  prêché  la  Réforme  dans  une  forêt 
voisine.  —  Plusieurs  Gaigneur  ou  Le  Gai- 
gneur,  inscrits  sur  les  registres  de  l'église 
de  La  Rochelle  dès  l'an  1561.  —  «  Ordonné 
de  rescripre  à  noz  souverains  seigneurs 
pour  obtenir  leur  ayde  et  faveur  pour  avoir 
mons""  Gaigneur  pour  ministre  en  l'église 
de  Lausanne  ou  lieu  de  M^e  Jacques  Lan- 
gloys,  »  22  avril  1572  (manuaux  de  Laus.). 

—  Marguerite  Gaigneur,  enfermée  au  cou- 
vent des  Nouvelles-Catholiques  de  ChrUons, 
1686.  —  Isaac  Gagnol,  du  Crest,  étudiant 
en  théologie  à  Genève  (Isaacus  Gagnollus, 
cristensis  delphinas),  avril  1661.  —  Marie 
Gagnon,  de  la  Bourgogne,  assistée  à  Ge- 
nève d'un  viatique  pour  l'Allemagne,  1693. 

—  Gagnières,  Gagnoux,  Gagnyaud,  famil- 


787 


GAGNIERES 


GAILLARD 


788 


les  réfugiées  à  Morges  (Vaud)  dès  1588  et 
1603.  —  La  veuve  de  Pierre  Gaidet,  de 
Montauban,  assistée  à  Genève.,  1700.  — 
Thomas  Gailbrailh,  écossais  de  naissance, 
venu  à  Montauban  en  1616  pour  étudier 
la  théologie,  y  devint  un  zélé  disciple  et 
secrétaire  du  pasteur  Daniel  Charnier,  et 
fut  nommé,  1619,  premier  régent  et  pro- 
fesseur d'éloquence  à  l'acad.  de  Montauban. 
—  Gaillan,  «  ancien  tailleur  d'habits,  avec 
sa  femme,  2  belles-sœurs  et  2  enfants,  très 
meschant  huguenot  ;  il  est  étranger  à  la 
ville  »  (Rapport  du  commandant  de  Greno- 
ble, 1685). 

1 .  GAILLARD .  «  Jehan-Ypolite  Gail- 
lard, marchant  de  Sansargue  »  (Sancerre?) 
admis  à  l'habitation  à  Genève ,  28  août 
looO.  —  Genyn  Gaillard,  charpentier,  na- 
tif de  St-Laurens  près  Charleux,  dioc.  de 
Mascon,  id.,  févr.  1556;  —  (Guillaume) 
natif  de  Montségur  en  Bazadois,  id.  oct. 
1557.  —  (Maurice)  mercier  à  Paris,  id.  18 
juin  1573.  —  Gaillard,  capitaine  huguenot 
qui  en  1570  [Haag,  V  198]  se  saisit  du 
bourg  de  Charmes  en  Provence  pour  faci- 
liter à  Montbrun  le  passage  du  Rhône  par 
cette  diversion.  — Plusieurs  familles  sain- 
tongeoises  de  ce  nom  restées  fidèles  à  la 
Réforme  jusqu'à  la  révocation  de  l'Edit 
de  Nantes,  notamment  celles  que  repré- 
sentaient en  1593,  Lancelot  Gaillard  sieur 
de  Saint  Disant,  François  Gaillard  sieur 
de  Laleu  et  vers  le  même  temps  les  Gail- 
lard sieurs  de  Saint-Marc,  tous  de  l'élection 
de  La  Rochelle.  —  Gaillard,  capitaine  de 
corsaire,  mort  après  une  lutte  désespérée, 
30  juin  1617,  soutenue  dans  la  rivière  de 
Seudre  contre  le  vice-amiral  de  Guienne 
(Arcère,  Hist.  de  la  Rochelle,  II,  148). 
Voy.  ci-dessus,  t.  II,  col.  610.  — Gaillard, 
ministre  à  Tournon,  1596;  à  St-Fortunat. 
1599.  —  Gaillard,  membre  de  la  Chambre 
de  l'édit  à  Bordeaux,  1600.  —  Gaillard  du 
Cousso,  ministre  à  Salies  de  Béarn,  1609 
(Arch.  B.-Pyr.  E  1205).—  (Daniel)  «  sar- 
gettier»,  de  Musson  en  Saintonge,  réfugié 
avec  sa  famille  en  Amérique,  à  Bristol  ; 
1692.  —  (Pierre),  de  Cherveux  en  Poitou, 
réfugié  vers  la  même  époque  à  New- York; 
(Joachim)  de  Montpellier,  à  la  Caroline  du 
Sud. —  (Charles)  «  de  Carentan  en  Norman- 
die, »  86  ans,  assisté  à  Londres,  3  1.  6  d. 
par  semaine  pour  sa  nourriture,  1704.  — 
(François)  membre  du  comité  de  Londres 
pour  la  distribution  des  secours  aux  réfu- 


giés, 1705-1710.  —  (Etienne),  de  Gap  al- 
lant à  Berne,  assisté  à  Lausanne,  1694.  — 
(Jacques)  tanneur  à  Grenoble,  mort  à  l'hô- 
pital de  Lausanne,  oct.  1698.  —  (Louis), 
de  Metz,  chandellier,  avec  sa  femme,  deux 
enfants  et  une  servante;  (Estienne)  de 
Rouen,  orfèvre,  avec  sa  femme,  quatre  en- 
fants, un  compagnon  et  une  servante; 
(Melchior),  de  Laon,  drapier,  avec  sa 
femme  et  deux  enfants,  tous  établis  à  Ber- 
lin en  1698.  —  (Madelaine),  «  femme  âgée 
de  La  Mure  en  Dauphiné,  »  assistée  à  Ge- 
nève, 1687;  (Philippe)  dauphinois,  as- 
sisté à  Genève  d'un  viatique  pour  l'Alle- 
magne, 1693  ;  (Claude)  maître  d'école  à 
Chambon  en  Velay,  et  Antoine  son  fds, 
id.,  1700;  (Pierre),  de  Chapareillan,  avec 
sa  femme  et  deux  enfants^  id.,  1704.  — 
(Etienne),  de  Rouen,  et  Judith  Montier  sa 
femme,  fugitifs  ayant  abandonné  leur  mai- 
son, 1686;  (Marie-Madeleine),  18  ans,  en- 
fermée aux  Nouvelles-cathol,  de  Rouen, 
1772. 

2.  GAILLARD  (Auger),  charron  de  son 
état,  en  même  temps  ménétrier  et  poète 
[Haag,  V  195],  né  à  Rabasteins  vers  1530. 
Sa  grande  facilité  à  rimer,  eu  langue  vul- 
gaire du  Midi,  des  pensées  souvent  origi- 
nales, mais  plus  souvent  encore  licencieu- 
ses, lui  avait  déjà  acquis  de  la  réputation 
dans  le  Languedoc ,  lorsque  la  première 
guerre  civile  éclata.  Zélé  partisan  de  la 
Réforme,  Gaillard  déposa  la  tarière  pour 
l'épée  et  s'enrôla  sous  les  ordres  de  Guil- 
laume Lherm,  sans  oublier  toutefois  d'em- 
porter son  violon,  sa  dernière  ressource, 
depuis  que  les  catholiques  avaient  pillé  sa 
boutique.  Dans  la  seconde  guerre,  il  reprit 
les  armes  et  marcha  avec  le  vicomte  de 
Montclar,  jusque  sous  les  murs  de  Char- 
tres. Le  seul  butin  qu'il  rapporta  de  ses 
campagnes  fut  la  connaissance  du  fran- 
çais. Peu  de  temps  après  son  retour  dans 
sa  ville  natale,  il  fut  contraint  de  cher- 
cher un  asile  à  Montauban,  où  son  talent 
le  fit  accueillir  avec  empressement  par  les 
plus  puissants  seigneurs  des  environs.  Les 
Panât,  les  Terride,  les  Gourdon,  les  Tu- 
renne,  lesRegniès.  les  Caumont-Montbeton, 
se  déclarèrent  ses  admirateurs,  et  Sallusle 
Du  Bartas  ne  dédaigna  pas  de  diriger  par 
ses  conseils  le  pauvre  roudié  ^  de  Rabas- 
teins.   Lorsque  les  catholiques  se  rendi- 

''■  Charron,  rotarius,  Royer, 


789 


GAILLARD 


790 


rent  de  nouveau  maîtres  de  Montauban. 
Gaillard  se  retira  dans  le  Béarn  où  son  vio- 
lon et  ses  vers  le  firent  également  recher- 
cher. Le  caractère  saillant  de  ses  poésies, 
est  une  extrême  licence  unie  à  une  naï- 
veté pleine  de  charme  et  à  une  simplicité 
de  tour  et  d'expression  qui  découlait  de 
l'ignorance  d«  poète.  Point  d'emprunts  au 
grec  ni  au  latin,  point  d'allusions  mytho- 
logiques ;  seulement  abondance  de  citations 
historiques  souvent  très  hasardées  et  force 
traits  de  l'école  rabelaisienne.  Aussi  eut-il 
maille  k  partir  avec  le  Consistoire  de  Mon- 
tauban qui  le  lit  tancer  par  le  pasteur  Bi- 
ronis  et  par  un  ancien,  le  licencié  de  Ca- 
pelle  K  II  vivait  encore  en  1592,  comme 
on  l'apprend  par  sa  requête  à  Catherine  de 
Navarre,  de  qui  il  sollicitait  une  pension* 
de  30  écus.  On  ignore  la  date  précise  de 
sa  mort.  Il  a  laissé  un  assez  grand  nom- 
bre de  pièces  de  vers  en  patois  languedo- 
cien, et  quelques-unes  en  français.  En 
voici  les  titres  : 

I.  Las  Obros  de  Augié  Gaillard,  Bor- 
deaux, Jacq.  Olivier,  1579,  in-8o.  —  Dé- 
dié à  François  de  Caumont,  baron  de 
Monlbelon. 

II.  Lou  Libre  gras.  —  On  ne  connaît 
pas  un  seul  exemplaire  de  ce  recueil  de 
poésies  plus  libres  encore  que  Las  Obros. 
Gaillard  adopta  ce  titre  singulier,  parce 
que,  dit-il,  embarrassé  des  exemplaires 
qui  lui  restaient  de  son  premier  livre, 
«  quoiqu'il  se  vendit  mieux  que  la  Bible  et 
les  Psaumes,  »  il  voulut  faire  comme  les 
bouchers  qui  ne  donnent  du  bœuf  gras 
qu'à  ceux  qui  en  prennent  du  maigre, 
trest  sur  cet  ouvrage  que  tomba  surtout 
le  juste  blâme  des  pasteurs. 

III.  Recommandations  d'Aiigié  Gaillard 
al  rey,  per  estre  mez  en  cabal  per  la  sio 
magestat,  Lyon,  sans  date,  petit  in-4o,  or- 
né du  portrait  sur  bois  de  l'auteur.  —  Les 
pièces  qui  forment  ce  vol.  ont  été  réimp. 
avec  le  no  V. 

1  Voy.  le  Bull,  de  la  Soc.  archéol.  de  Tarn  et 
Garonne  1^72.  Notes  de  M.  Tam.  de  Lakroque. 

*  On  trouve  aussi  dans  les  comptes  de  la  mai- 
son du  roi  de  Navarre  pour  l'an  1585  :  «  A 
Augier  Gaillard  de  Rabastens  30  liv.  t.  des  quel- 
les le  Roy  lui  a  fait  don,  outre  60  autres  que 
S.  M.  lui  â  fait  ci-devant  bailler.  —  Au  même 
30  1.  t.  desquelles  S.  M.  \m  a  fait  don  pour  lui 
donner  moyen  de  faire  un  voyage  en  son  pays  de 
Béarn.  »  (Revue  d'Aquitaine,  3  868,  t.  XII,  p. 
418). 


IV.  Description  du  château  de  Pau  et 
des  jardins  d'iceluy,  et  la  description  de 
la  ville  de  Lescar,  1582  (1592),  in-8o  ;  2e 
édit.,  Lyon,  1583,  8o. 

V.  Lou  Banquet  al  cal  banquet  a  bel  cop 
de  sortos  de  meises  per  so  que  tout  lou 
moun  n'es  pas  d'un  goust,  Paris,  1583,  in- 
8o,  avec  le  portrait  sur  bois  de  l'auteur. — 
On  ne  connaît  pas  un  seul  exemplaire  de 
cette  première  édit.  qui  avait  été  pourtant 
tirée  à  1200  exemplaires.  Ceux  de  la  se- 
conde (Paris,  1584,  in-12),  sont  eux-mê- 
mes très  rares.  Les  édit.  les  plus  com- 
plètes sont  celles  de  Paris,  1592,  in-4; 
Paris  1610;  Lyon  1614;  1619. 

VI.  Les  Amours  prodigiouses  d'Augier 
Gaillard,  avec  six  ou  sept  requestes  et  au- 
tres belles  et  plaisantes  choses,  sans  nom  de 
lieu,  1592,  petit  in-4o,  avec  le  portrait  de 
l'auteur. 

Sous  le  titre  de  Poésies  languedociennes 
et  françaises  d'Auger  Gaillard,  dit  lou  rou- 
dié  de  Rabastens,  AIbi,  1843,  in-18.  M. 
Gustave  de  Clausade  a  réimpr.  un  choix 
des  poésies  d'Auger  Gaillard.  Joli  vol. 
contenant  Las  Obros,  Lou  Banquet,  les 
Becommandatious  al  rey  et  les  Amours 
prodigiouses,  châtiés  et  débarrassés  de  tout 
ce  qui  a  paru  à  l'éditeur  dépasser  les  bor- 
nes de  la  décence. 

Un  de  ses  sonnets  mettra  le  lecteur  à 
même  de  juger  que  ce  charron  poète  n'était 
pas  tout  à  fait  sans  talent. 

Pour  me  glorifier  je  n'ay  point  faict  ce  livre. 
Ny  pour  penser  aussi  mon  nom  éterniser. 
Js  l'ay  faict  seulement  pour  voir  et  adviser 
Si  Testât  de  rimeur  me  donneroit  à  vivre. 
J'ay  un  autre  mestier,  lequel  je  vondrois  tuivre. 
Qu'est  Testât  de  rodier  qu'il  ne  faut  mépriser, 
Mais  il  me  cousteroit  de  faire  authorisor, 
Et  tout  le  bien  que  j'ay  ne  vaut  pas  une  livre. 
J'ay  garnie  boutique  à  mon  pays  deux  fois, 
Que  toujours  m'ont  pillé  mes  outils  et  mon  bois  : 
Et  me  voyant  pillé,  il  faut  que  je  vous  die 
Que  me  suis  mis  à  lire  et  à  rimer  aussi  ; 
Mais  pour  antre  raison  je  n'ai  point  fait  cecy, 
Sinon  tant  seulement  que  pour  gaiguer  ma  vie. 

Enfin  M.  Soulice,  bibliothéc.  de  Pau  a 
publié  (Paris,  1874,  in-8o)  une  plaquette 
de  27  p.  intitulée  :  L'Apocalypse  ou  Révé- 
lation de  S.  Jean  mise  en  vers  français 
avec  les  deux  premiers  psaumes  de  David, 
l'Oraison  dominicale  en  la^igue  d'Albigez 
et  autres  belles  choses,  par  Augier  Gaillard 
1589. 

3.  GAILLABD  (Paul),  de  Bevel,  pas- 
teur ci  la  Bastide-sur-Lers,  1617-22;  à  Pa- 


791 


GAILLARD 


792 


miers,  1623-36;  à  Revel,  163740  et  àNé- 
grepelisse  1641-66.  A  Pamiers  il  encourut 
la  disgrâce  d'une  partie  de  son  église  dont 
le  juge  Dutocq  (V,  col.  1087)  s'était  fait 
l'organe  ;  mais  il  fut  défendu  contre  ces 
injustes  inimitiés  par  le  synode  de  Castres, 
qui  maintint  de  même  sa  protection  au 
pasteur  Courrai,  de  S'-Ambroix,  contre 
un  parti  «  dont  les  passions  désordonnées» 
employaient  jusqu'à  la  calomnie. 

Jacques  Gaillard,  [Haag,  V  196]  fds  de 
Paul,  né  à  Montauban  vers  1620,  y  devint 
pasteur  et  professeur  de  théologie.  Aussi- 
tôt que  les  catholiques  avaient  été  rétablis 
dans  Montauban,  en  1629,  l'évêque  s'était 
empressé  de  réclamer  un  droit  accordé  par 
Henri  III  à  un  de  ses  prédécesseurs,  celui 
de  nommer  les  régents  de  l'académie.  La 
prétention  paraîtra  étrange  ;  mais  elle  ne 
l'était  pas  à  une  époque  où  les  idées  les 
plus  extravagantes  trouvaient  accès  auprès 
des  fonctionnaires  de  l'Etat,  pour  peu 
qu'elles  tendissent  à  molester  les  Réformés. 
Celle-ci  ne  fut  cependant  pas  accueillie, 
non  plus  que  la  demande  présentée  en 
1660  par  les  Dominicains  de  contraindre 
les  protestants  de  Montauban  à  reconstrui- 
re l'église  de  leur  couvent  démolie  un  siè- 
cle avant,  sous  Charles  IX  (Tt  253).  Le 
fameux  intendant  Foucault  imagina  un 
compromis  :  il  proposa  aux  protestants 
montalbanais  de  contribuer  aux  frais  de 
construction  d'un  collège  pour  les  enfants 
catholiques,  en  très  petit  nombre,  qu'on 
comptait  alors  dans  la  ville.  Les  protes- 
tants, mal  inspirés,  préférèrent  céder  la 
moitié  de  leur  collège  aux  Jésuites.  Ce 
voisinage  ne  pouvait  manquer  d'occasion- 
ner des  querelles,  et  les  disciples  de 
Loyola,  qui  se  sentaient  appuyés  par  le 
gouvernement,  ne  négligeaient  rien  pour 
exciter  des  troubles,  sûrs  qu'ils  étaient 
d'en  profiter.  Dès  1660,  ils  dressèrent  dans 
la  cour  du  collège  un  théâtre  sur  lequel 
leurs  élèves  devaient  représenter  une  tra- 
gédie. Les  étudiants  protestants  en  deman- 
dèrent avec  menaces  la  démolition.  Une 
émeute  éclata.  Les  consuls  qui  étaient  ac- 
courus pour  apaiser  le  tumulte,  furent  in- 
sultés et  poursuivis  à  coups  de  pierre. 
L'intendant  parvint  cependant  à  mettre  la 
main  sur  quelques-uns  des  coupables; 
mais  les  portes  des  prisons  furent  enfon- 
cées, les  détenus  délivrés,  et  l'intendant 
lui-même,  au  rapport  de  Cathala-Couture, 


courut  risque  de  la  vie.  Saint-Luc  reçut 
ordre  d'occuper  militairement  Montauban. 
Les  murailles  de  la  ville  furent  rasées, 
l'académie  protestante  transférée  à  Puy- 
Laurens,  le  nombre  des  Réformés  dans  les 
conseils  réduit  à  dix,  et  le  consulat  mi- 
parti  aboli.  Deux  des  chefs  de  l'émeute  fu- 
rent pendus,  deux  condamnés  aux  galères, 
un  autre  au  fouet;  une  trentaine  furent 
exécutés  en  effigie,  et  le  ministre  Gaillard 
qui  était  accusé,  à  tort  ou  à  raison,  d'avoir 
fomenté  la  rébellion,  fut  banni  à  perpé- 
tuité. Le  roi  avait  fait  inviter  le  synode  de 
Loudun  à  l'envoyer  dans  une  autre  église; 
mais  le  synode  n'avait  pas  voulu  y  con- 
sentir, avant  de  savoir  s'il  était  ou  non 
coupable.  Peut-être  cette  résistance  fut- 
elle  la  principale  cause  de  son  bannisse- 
ment. Les  protestants  montalbanais  con- 
sternés firent  partir  sur-le-champ  Vicose  et 
Pechels  pour  Paris,  mais  Louis  XIV  resta 
sourd  à  leurs  prières. 

Gaillard  se  retira  en  Hollande  où  il  fut, 
dès  1662,  appelé  à  desservir  l'église  wal- 
lonne de  Bois-le-Duc.  En  1666 ,  il  fut  nom- 
mé pasteur  à  Leyde ,  professeur  de  théologie 
et  recteur  du  collège  français.  Il  avait  épousé 
à  Montauban,  avril  1649,  Jeanne  tille 
de  Jean  Verdier,  docteur  en  droit  et  en 
médecine;  puis  en  secondes  noces,  23  juin 
1657,  Suzanne  fille  de  Pierre  Lavergne, 
bourgeois,  et  sœur  d'Isaac  Lavergne  pas- 
teur à  Mazamet.  De  ces  deux  mariages  il 
eut  plusieurs  enfants  dont  les  uns  trop 
jeunes  pour  le  suivre  en  exil,  restèrent  à 
Montauban  et  furent  élevés  par  Etienne 
Gaillard  son  frère;  les  autres  passèrent 
aussi  en  Hollande,  notamment  sa  fille  Su- 
zanne dont  nous  avons  raconté  ci-dessus 
(I  col.  1043)  le  romanesque  mariage.  Il 
mourut  à  Leyde  dans  un  âge  avancé,  17 
juin.  1688,  laissant  la  réputation  d'un  es- 
prit ferme  jusqu'à  l'opiniâtreté  et  d'un 
pasteur  plein  de  zèle  pour  les  églises.  On 
a  de  lui  : 

I.  L'homme  de  Dieu  ou  Sermon  sur  I 
Timot.  VI,  11-14  :  prononcé  en  l'église 
de  langue  française  de  Bois-le-Duc  pour 
donner  l'imposition  des  mains  à  M.  Fr. 
Rigail;  Leyden,  Abr.  Fortié,  1669,  in-8o 
de  62  pages  plus  la  dédicace  aux  pas- 
teurs,  anciens  et  diacres  de  Bois-le- 
Duc. 

II.  CoUegium  logicum  Leidense  gallo- 
belgicum,  institutiones  et  disputationes  lo- 


793 


GAILLARD 


794 


gica  complectens;  Leytle,  1671,  in-4o  de  VI 
et  113  p. 

III.  La  généalogie  de  J.-Ch.  avec  le  dé- 
mêlement des  difficultéz  qui  se  rencontrent 
dans  cette  généalogie,  Leyden,  1683,  in-8o. 

IV.  Spécimen  quœstionum  in  novum  in- 
strumentum,  de  filio  hominis,  Lugd.Bat., 
1684,  in^o.  —  «  M.  Gaillard,  dit  Bayle, 
publie  ici  une  vingtaine  de  problèmes  sur 
des  points  de  théologie  fort  considérables, 
et  il  en  donne  la  résolution  en  homme  qui 
en  a  profondément  examiné  la  matière  et 
qui  médite  sur  ce  qu'il  dit.  » 

V.  Melchisedecus  Christiis  unus ,  rex 
justitiie,  rex  pacis,  seu  Exercitationes  XII 
de  Melchisedeco,  Lugd.  Bat.,  1686,  in-8°. 
—  Douze  dissertations.  Voy,  Bayle,  Œu- 
vres div.,  I  430. 

Paul  Gaillard  fils,  pasteur  à  Négrepe- 
lisse  de  1648  à  1668  ;  déchargé  en  1668. 

4.  GAILLARD  (Michel),  sieur  de  Long- 
jumeau,  [Haag,  V  197]  gentilhomme  hu- 
guenot, habitait  à  Paris,  en  lo61,  une 
maison  <<  assise  au  Prey  aux  clercs.  »  On 
le  soupçonnait  d'y  tenir  des  assemblées 
religieuses,  et  ce  furent  vraisemblablement 
ces  soupçons  qui  motivèrent  l'arrêt  rendu 
le  26  avril,  par  le  parlement  de  Paris, 
pour  défendre  les  assemblées  et  conventi- 
cules,  le  port  d'armes  et  les  rassemble- 
ments au  Pré  aux  clercs  ;  car  l'ordre  fut 
donné  en  même  temps  au  sieur  de  Lonju- 
meau  de  vider  sa  maison.  Il  n'obéit  pas 
assez  promptement  au  gré  de  la  populace 
qui,  dès  le  lendemain,  alla  assaillir  son 
logis.  Gaillard  et  ses  amis  se  défendirent 
courageusement  ;  mais  aucun  d'eux  ne 
montra  plus  de  bravoure  que  l'avocat  jRwzé 
qui,  nous  raconte  Bruslart,  «  frappoit 
d'une  espée  bien  tranchante  sur  la  pau- 
vre commune,  dont  il  y  eust  de  fort  na- 
vrés jusques  à  la  mort.  »  Michel  Gaillard 
porta  plainte  au  parlement;  mais  la  Jus- 
tice lui  répondit,  le  29,  par  un  ordre  de 
sortir  de  Paris  avec  toute  sa  famille.  Gail- 
lard se  retira  dans  sa  terre  de  Longju- 
meau,  où  il  ne  fut  pas  plus  en  sûreté  qu'au 
Pré  aux  clercs,  car  lorsque  «  la  pauvre 
commune  »  de  Paris  se  mit  en  campagne 
contre  les  châteaux  des  gentilshommes  hu- 
guenots des  environs,  le  sien  fut  un  des 
premiers  pillés  ;  bien  plus,  malgré  un 
sauf-conduit  du  roi,  sa  femme  fut  cruelle- 
ment maltraitée,  même  on  tua  l'instituteur 
de  ses  enfants. 


Nous  ne  connaissons  pas  d'autres  parti- 
cularités de  la  vie  du  sieur  de  Longju- 
meau  ;  nous  savons  seulement  qn'il  avait 
épousé  Louise  de  Sains,  qui  mourut  à 
Paris  en  1607  (reg.  de  Charen(on)  et  qu'il 
en  avait  eu  douze  enfants  :  !«  Michel, 
sieur  de  Longjurneau,  mort  en  1607,  très 
vraisemblablement  dans  la  religion  ro- 
maine ;  —  2°  Benjamin,  sieur  de  Raucourt; 
—  3o  Charlotte,  femme  de  Nicolas  d'Au- 
male,  sieur  de  Haucourt  ;  —  4°  Bernarde, 
mariée  à  Jean  de  Montmorency,  sieur  de 
Bours  ;  —  oo  Jeanne  ,  épouse  de  Claude 
de  Touvigny,  du  Boulonais  ;  —  6°  Rachel, 
alliée  à  Jacques  de  Bouhers,  sieur  de  Ber- 
nàtre,  d'une  famille  protestante  de  la  Pi- 
cardie; —  7o  EsTHER,  femme  du  sieur  de 
Launay  en  Normandie;  —  8°  Suzanne, 
épouse  du  sieur  Du  Puiset;  —  9»  Elisa- 
beth, femme  de  Louis  Picot,  sieur  de 
Centeny  ;  —  10°  Renée,  alliée  à  Louis  de 
Grailly,  sieur  de  Chalette  ;  —  11°  Anne, 
qui  épousa  en  secondes  noces  Paul  Des 
Champs,  sieur  d'Aucheville  ;  —  12°  Louis, 
baron  de  Gourcy,  qui  prit  pour  femme, 
Marie  Le  Moine,  lille  de  Daniel,  sieur  de 
Vaux,  et  de  Charlotte  Teste,  et  mourut 
sans  postérité. 

Selon  le  Dictionnaire  de  la  Noblesse,  un 
descendant  de  Michel  Gaillard  alla  s'éta- 
blir à  Aix  en  Provence  et  y  fonda  une 
branche.  Cette  branche  provençale  profes- 
sait la  religion  catholique  ;  mais  un  de  ses 
membres  rentra  dans  le  giron  de  l'Eglise 
protestante  en  1630.  Nous  voulons  parler 
de  Gilles  Gaillard,  sieur  de  La  Motte- 
Lussan,  qui  se  retira  à  Orange  où  il  pu- 
blia les  motifs  de  sa  conversion  sous  ce 
titre  :  Le  prosélyte  évangéliqne,  livre  au- 
quel le  vray  christianisme  est  solidement 
establi  et  le  papisme  clairement  réfuté,  par 
L.  S.  G.  G.  P.  escuyer,  docteur  en  droicts; 
Orange,  Est.  Voysin,   1635,  pet.  in-4o  de 

XVIII  f.  et  736  p.  ;  2^  édit.  Le  prosélyte 

le  vray  christianisme  est  très  clairement 
démonstré  par  la  Parole  de  Dieu  contre  la 
tradition  des  hommes  ;  Genève,  P.  Chouet, 
1642,  in-8o  de  xxxv  feuill.,  372  et  S03 
p.  ;  cet  ouvrage  fut  condamné  par  le  par- 
lement d'Aix.  On  doit  aussi  à  Gilles  Gail- 
lard un  panégyrique  du  prince  de  Nassau, 
intitulé  :  Le  Tableau  de  Frédéric- Henry, 
prince  d'Orange,  Gen.,  1641,  in-4o  ;  mais 
c'est  à  tort  qu'on  lui  a  attribué  le  traité 
De  supposito.  qui  appartient  à  Derodon. 


795 


GAILLARD    —    GAL 


796 


Gilles  Gaillard  (sur  lequel  voy.  encore  ci- 
dessus,  t.  V  col.  254  et  257)  épousa,  en 
1639,  Catherine  de  Colla,  fille  du  prési- 
dent au  parlement  d'Orange,  dont  il  ri'eut 
pas  d'enfants. 

5.  GAILLARD  (Annibal),  dit  VAlle- 
mand  [Haag,  V  194].  parce  qu'il  avait  fait 
les  guerres  d'Allemagne,  était  natif  de  Fal- 
guières.  Brigadier  d'une  troupe  camisarde, 
où  servait  aussi  son  frère  Alidor,  il  avait 
accompagné  Catinat  dans  son  expédition 
du  Rouergue  et  était  entré  avec  empresse- 
ment dans  la  conspiration  de  Bouton  (II, 
col.  637).  Le  12  avril  1705,  il  se  glissa 
dans  Montpellier  pour  y  préparer  le  sou- 
lèvement. Basville,  averti  bientôt,  mit  ses 
espions  en  campagne,  et  leurs  rapports 
venant  confirmer  les  avis  qu'il  avait  reçus 
il  résolut  de  faire  fouiller  toutes  les  mai- 
sons capables  de  receler  les  conjurés.  Une 
des  dernières  qu'on  visita  fut  celle  de  la 
veuve  Guitard,  dite  Larose.  On  y  trouva 
trois  étrangers  qui  parurent  suspects.  Sur 
l'ordre  que  le  prévost  leur  donna  de  le 
suivre  chez  l'intendant,  ils  comprirent 
qu'ils  étaient  perdus,  et  l'un  d'eux  nommé 
Flessières,  saisissant  des  pistolets  cachés 
dans  un  coffre,  fit  feu  sur  le  prévôt;  mais 
il  le  manqua  et  tomba  lui-même  percé 
d'une  balle.  A  la  faveur  du  désordre,  ses 
deux  compagnons  s'enfuirent.  Ils  ne  tar- 
dèrent pas  cependant  à  être  arrêtés.  Jean- 
Louis,  dit  le  Genevois,  du  lieu  de  sa  nais- 
sance, racheta  sa  vie  en  révélant  tout  ce 
qu'il  savait  de  la  conspiration.  Gaillard 
montra,  au  contraire,  une  héroïque  fer- 
meté, et  périt  sur  la  roue,  le  2  mai  1705. 

Galard  de  Béarn;  voy.  B^arn,  t.  II, 
col.  1. 

GAILLARDET  (André),  d'Ambert  en 
Auvergne,  reçu  habitant  de  Genève,  20 
juin.  1573.  —  Louis  Gaillardy,  membre 
du  comité  de  secours  de  Londres,  1708-10. 
—  Laurent  Gaillet,  de  Lyon,  reçu  habi- 
tant de  Genève,  19  septemb.  1572.  — 
Gaillon,  procureur  de  la  communauté  de 
ceux  de  la  Religion  réf.  de  Saintes,  1624 
(Filleau,  Décis.  p.  588). 

GAILLIOT  (Pierre),  menuisier  de  Ma- 
rennes  [Haag,  V  198].  Arrêté  sous  la  pré- 
vention «  d'avoir  construit  avec  Pierre 
Manseau,  une  chaire  qu'il  sçavoit  être  des- 
tinée pour  servir  aux  prédicans  lors  des 
assemblées  de  religionnaires,  comme  aussi 
d'avoir  tenu  des  discours  séditieux  à  l'in- 


stant de  l'enlèvement  de  la  dite  chaire,  et 
violemment  soupçonné  d'avoir  assisté  à 
des  assemblées  des  religionnaires,  »  Gailliot 
fut  condamné  par  jugement  de  l'intendant 
Barentin,  en  date  du  27  août  1746,  «  à 
être  battu  de  verges  sur  les  épaules  nues 
par  l'exécuteur  de  la  haute  justice,  ensuite 
flétri  sur  l'épaule  dextre  d'un  fer  chaud  en 
forme  de  fleur-de-lys,  »  et  banni  pour  neuf 
ans  de  l'étendue  de  la  généralité  de  La 
Rochelle.  Son  complice  Manseau,  qui  avait 
travaillé  à  la  chaire  et  était  aussi  violem- 
ment soupçonné  d'avoir  assisté  à  des  as- 
semblées, fut  également  battu  de  verges, 
flétri  par  le  bourreau  et  banni  pour  sept 
ans.  L'un  et  l'autre  furent,  en  outre,  con- 
damnés à  trois  livres  d'amende  au  profit 
du  roi,  et  la  chaire  confisquée  fut  donnée 
à  l'hôpital  général.  L'arrêt  est  imprimé  in 
extenso  dans  le  Bm//.  t.  III,  p.  294. — Jacques 
Gaillot,  de  Sedan,  perruquier,  réfugié  à 
Berlin  avec  sa  femme,  4  enf.  et  3  ouvriers, 
1698.  —  «  La  di'e  femme  du  sieur  Moïse 
Galiot,  officier,  de  Melle  en  Poitou,  et  5 
enfants,  id.  1698.  —  Samuel  Galliot,  an- 
cien député  de  l'église  d'Angoulême  au 
synode  provincial  de  Barbezieux,  oct.  1682. 
En  1686,  un  s""  Galliot,  d'Angoulême,  dé- 
terré et  jeté  à  la  voirie  comme  relaps.  — 
Galiot  de  Cambis,  baron  d'Alais,  réfugié 
de  la  Sologne,  demande  la  permission  de 
rentrer  en  France,  1704  (E  3555).  — 
Marie  Gain,  de  Barbezieux  en  Saintonge, 
41  ans,  assistée  à  Londres  (15  sh),  avec  2 
enfants,  1702.  —  Jeanne  de  Gaing,  voy. 
Lescours. 

GAL,  famille  cévenole  qui  a  donné  à 
l'Eglise  protestante  deux  de  ses  vaillants 
pasteurs  du  désert  [Haag,  V  198].  L'un 
d'eux,  Jean  Gai  dit  Pomaret,  dit  aussi 
Jonval,  né  à  S'-André  de  Valborgne, 
alla  faire  ses  études  de  théologie  à  Lau- 
sanne en  1745,  fut  consacré  en  1748  et 
donné  aux  églises  de  Ganges  et  de  S^- 
Hippolyte.  C'était  un  homme  d'un  ca- 
ractère élevé,  d'une  érudition  étendue,  d'un 
esprit  que  Voltaire  appréciait  et  d'un  ca- 
ractère qui  imposait  à  /.-/.  Rousseau  une 
respectueuse  sympathie.  Il  a  laissé  dans 
ses  montagnes  natales  la  réputation  d'un 
prédicateur  éloquent,  et  il  pratiquait  large- 
ment la  tolérance.  «  S'il  est,  écrivait-il  en 
1775,  apparemment  au  sujet  des  ministres 
dissidents  Briatte  et  Bellanger,  s'il  est 
dans  certains  pays  du  royaume  des  pasteurs 


I 


797 


GAL    —   GALBERT 


798 


qui  s'y  soient  établis  contre  les  formes  de 
notre  discipline,  je  ne  voudrais  pas  qu'on 

les  poursuivît  comme  schismatiques 

Ceux  qui  ne  sont  pas  contre  nous,  sont  pour 
nous,  disait  notre  divin  maître,  et  nous 
devons  nous  faire  un  devoir  de  parler  et 
d'agir  comme  lui.  »  Gal-Pomaret,  dont  la 
vie  ne  présente  d'ailleurs  aucune  circons- 
tance notable,  mourut  à  Ganges,  le  17 
août  1790,  après  47  ans  de  travaux  apos- 
toliques. Dès  1738  il  prêchait  déjà.  Il  est 
l'auteur  d'un  volume  intitulé  Le  bon  père 
ou  le  chrétien  protestant,  Neuchâtel,  1786, 
in-8o  et  d'une  très  remarquable  Lettre  à 
Messieurs  les  évêques  de  France  accompa- 
gnée de  quelques  réflexions  sur  la  tolérance, 
par  un  ministre  du  Désert  ;  24  p.  in-8o, 
éloquente  admonestation  dont  l'idée  pre- 
mière avait  été  suggérée  par  J.-J.  Rousseau 
et  qui  avait  pour  but  de  «  faire  rougir  les 
évêques  de  leur  intolérance  »  [Paul  Rabaut 
par  Ch.  Dardier,  II,  442).  On  a  imprimé 
aussi  quelques  lettres  de  Gal-Pomaret  à 
Voltaire.  Il  a  laissé,  en  outre  :  Le  protes- 
tant insti'uit  et  fortifié  ;  Le  catéchumène 
instruit  et  admis  à  la  communion  ;  une 
Lettre  responsive  à  M.  de  Barrai,  grand - 
vicaire  du  diocèse  de  Montpellier  (1759)^ 
et  quelques  Sermons,  opuscules  inédits  qui 
se  sont  conservés  entre  les  mains  de  sa  fa- 
mille. 

Frère  de  Gal-Pomaret,  Antoine  Gal-La 
Devèze  ne  possédait  pas  autant  de  savoir, 
mais  il  avait  une  piété  solide,  unie  à  beau- 
coup de  fermeté,  à  beaucoup  de  douceur 
et  à  beaucoup  de  désintéressement.  Consa- 
cré par  son  frère,  le  19  juin  1757,  au  mi- 
nistère, Gal-La  Devèze  parcourut  pendant 
39  ans  la  périlleuse  carrière  qu'il  avait 
embrassée.  11  mourut  au  Vigan,  le  4  mai 
1796,  à  l'âge  de  67  ans,  avec  la  réputation 
d'un  prédicateur  plein  de  chaleur  et  d'onc- 
tion. Il  a  laissé  quelques  dissertations  sur 
les  vérités  de  la  religion  chrétienne,  des 
lettres  et  un  assez  grand  nombre  de  ser- 
mons qui  sont  passés  à  ses  honorables 
successeurs  :  son  petit-fils,  M.  Gal-La  De- 
vèze, mort  pasteur  à  Meaux  eu  1863,  après 
33  ans  de  ministère,  et  le  fils  de  ce  dernier, 
pasteur  dans  l'Orne.  —  Gale,  pasteur  du 
Carlo,  délégué  au  synode  de  Milhau,  1660. 
—  Gales,  pasteur  de  Les  Bordes,  1651-72. 

GALAFRÈS,  ancien  de  l'église  de  Nî- 
mes, 1604-160  ;  —  (Edouard),  de  Nîmes, 
maître  teinturier  de  draps,  habitant  à  Ge- 


nève, 1663  (Pasteur  not.  XXXV,  158).  — 
Jacques,  de  St-Chaptes  au  diocèse  d'Uzès, 
chirurgien,  obtient  à  Lausanne  une  attes- 
tation de  foi  pour  se  rendre  à  Berlin,  1694  ; 
nommé  en  1724  l'un  des  douze  chirurgiens 
reconnus  et  privilégiés  de  la  colonie  fran- 
çaise de  Berlin  (III,  col.  760)  ;  —  (Margue- 
rite), de  S'-Chaptes,  femme  de  Jacques  Fa- 
vre,  morte  à  l'hôp.  de  Lausanne,  1696.  — 
Galafrès,  de  Nîmes,  membre  d'un  comité 
dévoué  aux  affaires  protestantes,  1745 
{Paul  Rabaut  par  C.  Dardier,  t.  I,  p.  150, 
etc.).  —  Le  sieur  Tristain  Galafre,  de  Nî- 
mes, est  receu  icy  maistre  teinturier  en 
donnant  bonne  et  suffisante  caution  pour 
la  bonté  de  sa  teinture,  et  lui  baille-on  le 
logement  d'Ouchy  avec  les  chaudières  qui 
y  sont  pour  l'espace  de  trois  ans,  après 
quoy  payera  nos  dits  seigneurs,  »  25  juin 
1688  (manuaux  de  Lausanne).  Le  sr  Es- 
tienne  Galaffré,  de  Nîmes,  boutonnier, 
réfugié  à  Berlin  avec  sa  famille  (5  pers.), 
1698.  —  David  Galais  ou  Gales,  de  Mon- 
tauban,  cordonnier,  assisté  à  Genève, 
1693,  puis  établi,  avec  sa  famille,  à  Er- 
langen.  —  Pierre  Galais,  mis  aux  Nouv. 
Cath.  de  Paris,  1703.  —  (Julien),  du  Mans, 
65  ans,  infirme,  et  sa  femme,  assistés  à 
Londres,  1705.  (Elisabeth),  de  Sumène 
en  Cévennes,  dont  le  mari  est  [sous  les 
drapeaux]  en  Portugal,  assisté  à  Londres 
(2  1.  16  sh.)  avec  ses  3  enf.,  1705.  — 
Maître  Jehan  Galet,  avocat  à  Abbeville, 
arrêté  à  Paris  et  mis  à  la  Conciergerie, 
comme  étant  de  la  nouvelle  opinion,  mai, 
1569.  — Jacq.  Gallez,  de  Cornau  en  Bresse, 
habit,  de  Genève,  mai  1573.  —  André 
Gallais,  procureur,  épouse,  au  temple  de 
La  Rochelle,  Elisabeth  Sauvignan,  d'une 
vieille  famille  municipale.  Leur  fille,  Su- 
zanne, paraît  avoir  épousé,  en  1626,  Jac- 
ques de  Beaumont,  sr  de  La  Roche-d' Usseau . 
—  Servais  Galle,  ministre  de  l'église  wal- 
lonne de  Haarlem,  que  Bayle  écrit  Galet, 
et  dont  il  loue  un  ouvrage  intitulé  :  Dis- 
sertationes  de  Sybillis  earumque  oraculis. 
cum  figuris  xneis,  Amstelod.,  1688,  in-4°, 
658  p.  Voy.  Nouv.  de  la  Rép.  des  lettres. 
mai,  1688,  p.  275.  —  MUe  de  Gallais,  de 
Si-Jean  d'Angely,  reçoit  151)  1.  de  pension 
comme  nouvelle  convertie,  1686.  —  Amé- 
dée  Galbert,  cousin  du  chevalier  Anémond 
de  Coct  (IV,  col.  487),  signalé  comme 
étant  un  chaud  partisan  de  la  Réforme  à 
Grenoble,  en  1524  (Herminj.,  Corresp.  des 


799 


GALBERT   —    GALICE 


800 


réf.  t.  I,  p.  315).  Suzanne  Galbert  d'Estape 
de  la  Viilardière,  dame  noble  de  Grenoble, 
réfugiée  en  Brandebourg,  veuve  en  1707 
(ci-dessus,  IV,  col.  774  et  Erman,  IX, 
128).  Le  sieur  Laurent  Galbert,  de  Gre- 
noble, apothicaire  et  le  si"  Charles  Galbert, 
«  dessineur,  »  réfugiés  avec  leurs  familles 
à  Berlin,  1698  {Dieterici).  —  Galbert.  sei- 
gneur de  Fons  en  Vivarais  (voy.  Les  ma- 
sures de  l'île  Barbe,  p.  314).  —  Antoine 
Galiber,  magistrat  de  Castres  en  1568 
[Mém.  de  Gâches).  Jean  Galibert,  de  Cas- 
tres, «  jeune  homme  de  fort  bonne  maison 
qui  a  demeuré  3  mois  à  Genève  et  veut 
rejoindre  un  parent  qu'il  a  en  Hollande,  » 
assisté  à  Lausanne  en  1698.  A  Genève  il 
avait  été  assisté  (1698)  de  8  écus  «  pour 
s'aider  à  apprendre  l'état  de  perruquier.  » 

—  Gaspard  Galibert  ou  Galiberne,  de  Ma- 
zamet,  étudiant  à  l'acad.  de  Montauban  en 
1656;  admis  au  saint  ministère  par  le  sy- 
node de  Réalmont,  1659,  pasteur  à  Espe- 
rausses,  1659-61;  à  Angles,  1661-72. — La 
dame  Galibert,  de  Montignargues,  son  mari 
n'ayant  pu  être  saisi,  est  emprisonnée  à  sa 
place,  avec 'son  enfant  à  la  mamelle  et  enfer- 
mée au  couvent  des  Filles  de  la  Croix,  à 
Lavaur,  1745  (E  3506,  Lettres  de  Rabaut). 

GALATEAU  (Nicolas),  médecin  borde- 
lais, condamné  à  mort  pour  cause  de  reli- 
gion par  le  parlem.  de  Bordeaux  en  1569 
(ci-dessus,  I,  col.  661).  Les  doctrines  du 
père  passèrent  au  fds  qui  fut  secrétaire  du 
consistoire  de  l'église  de  Bordeaux  et  l'un 
des  signataires  de  la  lettre  adressée  par  les 
protestants  de  cette  ville  au  duc  de  La 
Force  à  l'occasion  de  la  mort  d'Henri  IV. 
Après  la  promulgation  de  l'Edit  de  Nan- 
tes, il  avait  été  élu  jurât  et  fut  chargé 
avec  un  de  ses  collègues,  le  s^  de  Loyac, 
de  la  surveillance  des  écoles.  —  Pierre 
Galdy,  d'Uzès,  assisté  à  Genève,  1706.  — 
Galerande,  branche  de  la  maison  de  Cler- 
mont-d'Amboise  (ci-dessus,  IL  col.  430). 

—  Claude  Galleran,  natif  de  Mormant, 
marchand  à  Melun,  écroué  à  la  Concierge- 
rie de  Paris,  16  juill.  1559,  comme  appe- 
lant du  bailli  de  Melun  d'amende  honora- 
ble et  bannissement  pour  assemblées  illi- 
cites et  crime  d'hérésie.  Le  5  fév.  suivant, 
condamné  par  le  parlem.  aux  galères  per- 
pétuelles pour  le  dit  crime  ;  mais  admis 
en  vertu  d'un  arrêt  du  28  août  à  jouir  du 
bénéfice  du  dernier  édit  de  pacification, 
c'est-à-dire  qu'il  est  libéré. 


GALI  (Timothée),  de  Loriol,  assisté  à 
Genève,  1728.  —  François  Galy  et  sa 
fenmie,  de  Nîmes,  id.  1706.  —  -lean  de 
Galis  (écrit  aussi  de  Gallié  et  de  Cailles), 
très  vieux  réfugié  du  Vivarais,  assisté  avec 
sa  famille  à  Lausanne,  1691-93-  —  Jean 
Gain  ou  de  Gally,  sieur  de  Gaujac  [Haag, 
V  206j,  avocat  à  Nîmes,  s'étant  converti 
à  la  Révocation  fut  le  premier  chez  qui  les 
missionnaires  de  Louis  XIV  firent  leurs 
conférences,  dans  la  même  maison  où  ja- 
dis avait  prêché  Viret  (Ménard,  Hist.  de 
Nîmes,  VI,  289).  Il  avait  épousé  Catherine 
Vieu,  de  qui  il  eut  un  fils,  Pierre-Henri, 
qui  naquit  à  Nîmes  vers  1655  et  fit  à  l'aca- 
démie de  cette  ville  des  études  de  théolo- 
gie qu'il  alla  compléter  à  Genève  où  il 
s'inscrivit  sur  le  livre  du  recteur  (Petrus 
Galli  Degaujac  nemausensis)  le  19  juin 
1676  ;  il  fut  admis  au  ministère  par  le 
synode  des  Cévennes  qui  se  tint  au  Vigan 
le  26  août  1681  et  il  fut  aussitôt  envoyé 
desservir  l'église  de  Mandagout  (Tt  288). 
Le  présidial  de  Nîmes  le  condamna,  3  juill. 
1684,  au  supplice  de  la  roue  comme  ayant 
pris  part  à  l'affaire  de  Brousson,  mais  il 
put  se  sauver  en  Angleterre,  et  en  1720, 
il  fut  appelé  à  y  desservir  l'église  française 
de  Wapping  {Burn,  p.  181).  Il  mourut  h 
Londres  en  mars  1742  et  eut  pour  succes- 
seur François  Beaupin.  On  a  de  lui  une 
Relation  des  sociétés  établies  en  Angleterre 
et  en  Irlande  pour  la  ré  formation  desmœurs, 
trad.  de  l'anglais,  Rotterd.  1701,  in-12,  et 
une  histoire  de  la  guerre  des  Cévennes 
publiée  en  anglais  sous  ce  titre  :  Memoir 
of  the  ward  of  the  Cévennes  under  colonel 
Cavalier,  London,  1726,  in-8o  ;  2me  édit. 
London,  1727,  in-8o.  Cet  ouvrage  n'est 
pas,  comme  on  l'a  prétendu  quelquefois  et 
comme  Ant.  Court  l'admet,  une  traduction 
en  anglais  de  mémoires  rédigés  en  français 
par  Cavalier,  mais  il  a  été  vraisemblable- 
ment composé  d'après  les  conversations 
que  Galli  avait  entendues  de  la  bouche  du 
chef  des  camisards  ;  toutefois  il  n'est  pas 
exempt  d'erreurs  et  Court,  dans  son  Histoire 
des  troubles  des  Cévennes,  en  relève  quel- 
ques-unes (Nicolas).  —  Etienne  Gally,  du 
Rouergue,  marchand,  assisté  à  Londres 
(4  1.  6),  1702.  Jacques  Gally,  de  Montpel- 
lier, 63  ans,  condamné  à  la  transportation 
en  Amérique,  réfugié  et  assisté  (1  1.  10) 
à  Londres,  1705.  —  La  femme  de  Jean 
Galice,  d'Orange,  arrivant  des  prisons  de 


I 

I 


801 


GALICE    —    GALAND 


802 


Grenoble  à  Genève  avec  4  enf.,  assistée 
par  la  Bourse  françoise  de  Genève,  1703. 

—  Aaron  Galichon  et  sa  femme,  assistés 
(4  sh.)  à  Londres,  1706.  —  Urbain  Gali- 
cian,  du  lieu  de  Melgueil,  reçu  habitant 
de  Genève,  7  déc.  loo6.  —  Galicien,  min. 
à  Castagnols,  loJ4-1693.  —  Jean  Galié, 
marchand  à  Chàteauthierry,  réfugié  avec 
sa  femme  à  Berlin,  1598.  —  François  Gal- 
lier,  étud.  en  théol.  à  Saumur,  1648.  — 

—  Pierre  Galier  ou  Gallier,  30  ans,  em- 
prisonné il  Dieppe,  1688.  Autre  Pierre,  mis 
au  Nouv.-Cath.  de  Caen,  1781.  —  Fran- 
çois Gallière,  s'"  d'Auvila  et  Marie  de  Fon- 
tanon,  sa  femme,  font  baptiser  leur  (ils, 
Jean,  au  temple  de  Charenton,  nov.  1632. 

—  Pierre  Gallieuse  ou  Galhouste,  de  Mon- 
tauban,  d'abord  licencié  en  droit,  puis  mi- 
nistre de  la  par.  de  Dieu  ;  il  prêche  à  Albias 
en  1556,  il  est  ministre  à  Montaubaii  en 
1365,  à  Cajare  en  1576^  au  Mas  Grenier 
1597,  à  Figeac  1598,  à  Verlhae  en  1602.  Il 
épouse,  janv.  1565,  Françoise  de  Lassus 
sœur  du  ministre  Jean  de  Lassus.  Le  14 
mars  1594,  testament  conjoint  des  deux 
époux  par  lequel  on  voit  qu'ils  laissèrent 
trois  filles. — ^  Elisabeth  Ga/tmond,  assistée 
(9  sh.)  à  Londres,  1702. —  Pierre  de  GalUné, 
de  Clairac,  étudiant  à  Montauban,  1647. 

—  Guillaume  Galinier,  «  bonnetier,  natifz 
de  Roquecorbe  en  Languedoc,  »  reçu  ha- 
bitant de  Genève,  24  avril  15j9.  —  Anne 
Galinier  de  Roquecourbe,  veuve  de  César 
Julie,  emprisonnée  à  Castres  et  frappée  de 
3000  livres  d'amende  par  l'Intendant  de 
Montpellier,  J.  Lenain,  pour  avoir  exercé, 
quoique  protestante,  sa  profession  d'accou- 
cheuse, octob.  1748.  —  M"e  des  Galliniè- 
res,  enfermée  au  couvent  des  Nouv.-Cath. 
d'Alençon,  1636.  —  Vincent  Galis,  de  Ro- 
mans, barbier,  reçu  hab.  de  Genève,  1572. 

GALISSARD  (Guill.  de),  seigr  de  La  Li- 
(juière,  député  à  l'assemb.  politique  de  Lu- 
nel,  1613.  —  Jean  Galissard,  sa  femme  et 
2  enf.,  assistés  à  Londres,  1702. —  Pierre 
Galissard,  fils  de  Pierre,  s^*  de  Marignac. 
[Haag,  V  200],  natif  d'Alais  en  1712  et  ré- 
gent au  collège  de  Genève,  fut  admis  à  la 
bourgeoisie  genevoise  le  10  juin  1733  avec 
ses  fils,  Pierre,  François  et  Louis.  Il  est 
mort  en  1780,  laissant  un  grand  nombre 
de  vers  médiocres  et  quelques  opuscules  : 
I.  Discours  sur  la  dispute.  II.  Lettre  criti- 
que sur  la  religion  essentielle.  III.  Epître 
sur  la  poésie.   IV.  Le  spectateur  suisse. 


V.  Epître  critique  à  M.  d'Alembert  sur 
l'article  Genève  de  l'Encyclopédie.  —  M'ie 
Galissard  de  Marignac,  l'une  de  ses  des- 
cendantes s'est  fait  connaître  par  un  petit 
livre  intitulé  :  Le  fond  d'un  portefeuille 
pub.  à  Lausanne  (1824  in-12)  et,  de  nos 
jours,  son  petit-fils,  M.  Charles  G.  de  M., 
né  en  1817,  a  occupé  avec  éclat  la  chaire 
de  professeur  de  chimie  à  Genève. 

1.  GALAND  (Charles),  «  de  Toraine, 
valet  de  chambre  de  la  royne  de  Navarre,  » 
reçu  habitant  de  Genève  le  16  oct.  1572. 
On  ne  sait  rien  de  plus  sur  cet  échappé  du 
ujassacre  de  la  St- Barthélémy  [Haag,  V 
201],  si  ce  n'est  que  rentré  en  France,  il 
épousa  à  Loudun,  en  1576,  Françoise 
Herbelin  (Tt  232).  Il  avait  certainement 
dans  sa  parenté,  bien  qu'on  ignore  à  quel 
degré,  Auguste  Galland,  procureur  géné- 
ral du  domaine  de  Navarre  et  conseiller 
d'Etat,  né  à  Tours,  vers  1572,  et  enterré  le 
17  juin  1641  dans  le  cimetière  de  Charen- 
ton (Reg.  de  Charent.). 

Fils  d'un  officier  de  la  maison  de  Na- 
varre, que  le  Béarnais  estimait  à  cause  de 
sa  probité  et  de  ses  lumières,  Auguste 
Galland  fut  destiné  au  barreau  et  fit  ses 
études  à  Paris.  Reçu  avocat  au  parlement, 
il  y  exerça  sa  profession  avec  succès,  au 
moins  jusqu'à  la  mort  de  son  père,  à  qui  il 
succéda  dans  ses  emplois.  On  ne  sait  rien 
de  sa  vie  jusqu'en  1623  ^  A  cette  époque^ 
il  était  procureur  général  du  domaine  de 
Navarre  et  membre  des  conseils  d'Etat  et 
privé.  Nous  le  voyons,  pendant  quelques 
années,  se  mêler  d'une  manière  très  active 
aux  afiaires  de  ses  coreligionnaires,  mais 
toujours  comme  l'agent  du  gouvernement, 
comme  l'homme  du  roi.  C'est  ainsi  qu'en 
1623,  il  assista,  en  qualité  de  commissaire 
royal,  au  synode  national  de  Charenton, 
conformément  aux  lettres-patentes  du  17 
avril  1623  qui  avaient  ordonné  qu'à  l'ave- 
nir les  synodes  se  tiendraient  en  présence 
d'un  officier  de  la  religion  réformée  chargé 
de  veiller  à  ce  qu'il  ne  s'y  fît  rien  de  con- 
traire aux  édits.  Les  églises  étaient  mécon- 
tentes d'une  mesure  qui  semblait  les  mettre 
en  suspicion ,  et  le  synode  résolut  d'adres- 

1  Si  ce  n'est  que  sa  femme  se  nommait  Marie 
de  Lorme  et  qu'ils  firent  baptiser  une  fille  au 
temple  de  Charenton,  le  23  fév.  1614.  —  Mar- 
guerite Bahuche,  femme  du  s'  Galland,  receveur 
général  des  tailles  à  Tours,  fut  enterrée,  14  juillet 
1642,  au  cimetière  de  Charenton. 

VI.  26 


80^ 


GALAND 


804 


ser  des  plaintes  au  roi  au  sujet  de  cette  dé- 
claration. Mais  ses  remontrances  furent 
aussi  inutiles  que  l'avaient  été  celles  des 
députés  généraux  Montmartin  etManiald; 
la  déclaration  subsista. 

Galland  fut  encore  ctioisi  comme  com- 
missaire au  synode  national  suivant,  qui 
s'assembla  à  Castres,  en  1626.  Dans  le 
discours  qu'il  adressa  aux  représentants 
des  églises,  il  se  borna,  en  quelque  sorte, 
à  leur  notifier  les  ordres  de  Louis  XIII.  S. 
M.  promettait  de  maintenir  le  libre  exer- 
cice de  la  religion  réformée  ;  au  milieu  de 
la  guerre  même,  loin  de  songer  à  abolir 
les  édits,  elle  n'avait  cessé  de  témoigner 
aux  protestants  la  même  bienveillance  et 
de  les  employer  «  dans  les  affaires  les  plus 
importantes  de  l'Etat  ;  »  elle  leur  avait  en- 
fin accordé  une  amnistie  générale.  En  re- 
tour, le  roi  demandait  que  les  réformés 
vécussent  en  bonne  harmonie  avec  les  ca- 
tholiques ;  il  exigeait  qu'ils  n'entretinssent 
ancun  rapport  avec  l'étranger,  et  il  espé- 
rait que  le  synode  national,  pour  lui  donner 
une  preuve  de  son  obéissance,  sanctionne- 
rait le  canon  du  synode  de  Réalmont, 
portant  qu'il  serait  informé  contre  tous 
les  ministres  qui  avaient  suivi  la  faction 
espagnole,  non  pas  dans  l'intention  de  les 
exclure  de  l'amnistie,  mais  seulement  pour 
faire  briller  d'un  plus  vif  éclat  la  réputa- 
tion de  ceux  qui  avaient  persisté  dans 
leur  devoir.  Enfin  S.  M.  renouvelait  la 
défense  déjà  faite  aux  ministres  d'assister 
aux  assemblées  politiques  ou  de  se  mettre 
au  service  de  princes  étrangers.  La  con- 
duite de  Galland  vis-à-vis  du  synode  fut 
d'ailleurs  pleine  de  courtoisie  et  de  défé- 
rence ;  aussi  les  meilleurs  rapports  sem- 
blent-ils avoir  existé  entre  eux.  C'est  ainsi 
qu'à  la  prière  des  députés  des  églises,  le  com- 
missaire du  roi  écrivit  au  président  du  par- 
lement de  Toulouse  en  faveur  de  plusieurs 
protestants,  entre  autres  l'avocat  Bérard, 
qui  avait  été  incarcéré  à  Sommières  parce 
qu'il  avait  embrassé  la  religion  réformée. 
Galland  envoya  sa  lettre  par  sou  propre 
fils  et  par  Petit,  et  le  président  du  parle- 
ment y  fit  la  réponse  la  plus  polie. 

Rien  jusqu'ici,  dans  la  vie  publique  de 
Galland,  ne  justifie  les  accusations  portées 
contre  lui  par  quelques  écrivains  protes- 
tants, par  Rohan  surtout,  qui  nous  le  peint 
comme  un  homme  habile,  mais  mercenaire, 
sans  honte  et  sans  conscience.  Nous  avons 


déjà  eu  l'occasion  de  le  remarquer,  les  juge- 
ments de  Rohan  ne  doivent  pas  être  admis 
sans  contrôle,  lorsqu'il  s'agit  des  adver- 
saires de  sa  politique  ;  or  personne  peut- 
être  ne  se  montra  plus  opposé  à  ses  desseins 
que  Galland,  qui,  disait-il,  lui  avait  fait 
plus  de  tort  que  les  troupes  royales.  D'un 
caractère  doux  et  modéré,  imbu-  des  doc- 
trines de  l'obéissance  passive,  persuadé 
que  la  parole  royale  est  sacrée  et  que  le  roi 
tiendrait  toutes  ses  promesses,  Galland 
devait  voir  avec  chagrin  les  entreprises  de 
Rohan  ;  aussi  ne  cessait-il  d'insister  auprès 
de  ses  coreligionnaires  pour  qu'ils  se  sou- 
missent absolument  aux  ordres  de  Louis 
XIII.  Dans  de  telles  dispositions,  on  com- 
prend qu'il  dut  accepter  avec  empressement, 
en  1627,  la  mission  d'aller  dans  le  Langue- 
doc combattre  les  projets  du  duc.  Il  déploya 
dans  cette  circonstance  une  activité  et  une 
habileté  remarquables.  Il  se  mil  en  route 
vers  la  fin  de  septembre,  (son  passeport  que 
nous  avons  eu  entre  les  mains,  est  daté  du 
16),  porteur  de  lettres  du  roi  adressées  à 
Malauze,  Saint-Germier  sénéchal  de  Cas- 
tres, Picheron  d'Entragues  et  à  d'autres 
protestants  influents  (S.  Genn.  franc.  914. 
15).  Arrivé  à  Cahors,  le  10  octobre,  il  y 
trouva  une  lettre  du  président  du  parlement 
de  Toulouse  qui  lui  peignait  comme  très 
alarmant  l'état  des  esprits  à  Montauban.  Il 
pouvait  y  avoir  du  danger  pour  le  com- 
missaire royal  à  entrer  dans  une  ville  aussi 
agitée  ;  cependant  il  n'hésita  pas  à  s'y 
transporter  sur-le-champ,  et  manda  les 
consuls  à  qui  il  fit  connaître  l'objet  de  sa 
mission.  Une  assemblée  générale  fut  con- 
voquée ;  Galland  s'y  rendit  et  par  ses 
promesses  adroitement  mêlées  de  menaces 
indirectes,  il  produisit  une  telle  impression 
sur  les  esprits  que,  séance  tenante,  une 
adresse  fut  votée  au  roi  pour  lui  jurer  fi- 
délité. Parmi  les  signatures,  nous  citerons 
comme  les  plus  importantes,  celles  des 
consuls  La  Bouissonade,  Arbussy,  Bardeau, 
Lacaze  et  Solerme.  Le  15,  Galland  partit 
pour  Briatexte,  où  il  obtint  le  même  suc- 
cès ^  ;  de  là  il  alla  à  Castres  où  le  parti  de 
la  paix,  à  la  tête  duquel  étaient  les  quatre 
consuls,  Pierre  de  Lacger,  Pierre  Jean, 

1  La  déclaration  est  signée  par  David  Aimet 
consul,  Gillis,  bossât,  Paul  de  Garrigues  sieur 
du  Puy,  P.  La  Garde,  F.  Pélisson,  Jean  Bonfils, 
Pierre  Corbière,  avocats,  Loth  Pinel,  Gédéou 
Montagut,  etc.  [Brienne,  t.  213). 


805 


GALAND 


806 


Jean  Hauly  et  Jean  Galibert  ;  Samuel  de 
Landes,  Jean  de  Landes  sieur  de  La  Gas- 
carie,  Samuel  de  Bouffard  sieur  de  La 
Garrigue,  Jean  de  Bouffard  sieur  de  Ma- 
diane,  Jean  de  Thomas  sieur  de  L'IsIe, 
David  de  L'Espinasse,  Jacques  de  L'Espi- 
nasse  sieur  de  Lissac,  Pierre  Dumas,  Ja- 
cob Raimond,  Jean  Le  Roy  sieur  de  Cren- 
nac,  et  le  ministre  Josion,  s'était  rendu 
maître  par  l'expulsion  de  Saint-Germier, 
chef  de  la  faction  contraire.  Comme  à 
Monlauban,  une  adresse  fut  votée  en  as- 
semblée générale,  le  22  oct.  '.  Les  jours 
suivants,  les  villes  de  Pamiers,  de  Mazères, 
de  Saverdun.  du  Mas  d'Azil,  deContestet 
de  Sorrèze  envoyèrent  à  Castres  leurs  con- 
suls de  La  Fite  et  Bayle,  Delmas  et  Hu- 
bert, de  Maissonnade  et  de  La  Porte,  de 
Langlois  et  de  Gouttes,  Brugnière,  Bla- 
quière  et  Raynaud,  pour  promettre  en 
leurs  noms  au  commissaire  du  roi  de  ne 
point  se  joindre  à  Rohan.  Dès  le  2i,  les 
consuls  Jacq.  de  Bardin,  David  Pons  et 
Jean  Pradelles,  avaient  invité  Galland  à 
venir  recevoir  le  serment  de  fidélité  de 
Puy-Laurens.  Il  s'y  transporta  le  24,  et 
obtint,  sans  opposition,  une  déclaration 
semblable  qui  fut  signée  par  Jérémie  Du- 
puy,  conseiller  du  roi,  Jacques  Bertho- 
mieu,  Noé  de  Collerieu,  Guillard  d'Imbert, 
Michel  de  Bedos,  Jean  de  La  Roque,  Phi- 
lippe de  Gineste,  Jean  de  Lacger,  Jean  de 

1  On  remarque  parmi  les  signataires  :  Jacques 
Sévérac,  avocat.  Jean  Malecare,  Antoine  de  Ro- 
tolp  sieur  de  La  Devéze,  Abel  de  Botolp  sieur 
de  Crespinet,  Jean  Du.  Poncet  trésorier  du  do- 
maine, Jacques  de  £issol  avocat,  Josias  de  Fré- 
</eville,  Jean  Payleau  sieur  de  Roquecaude,  Jean 
Olez  sieur  de  La  Fontaisié,  Daniel  de  Lù/onnier, 
Paul  de  La  Bauve,  Siméon  de  La  Fontaine, 
Pierre  Vieu  et  Jean  Cathala,  avocats,  Abel  et 
Jacques  de  Fos,  médecins,  Jean  de  Bissol  sieur 
de  Maleean,  Des  Pradels,  Jacques  Dutilh,  Pierre 
Dounaditu,  J.  Armengaud,  J.  Molinier,  Jacq. 
de  La  Rivoire,  Michel  Pélissier,  J.  Cayrol  et 
Isaac  Batailler,  procureurs,  P.  Gâches,  Paul 
Caries,  Daniel  et  David  Viola,  notaires,  Jean 
Bayer  greffier,  David  Boyer  apothicaire,  Jean  et 
André  Alari,  bourgeois,  etc.,  etc.  Tels  étaient 
alors  les  chefs  du  parti  conservateur  à  Castres. 
Au  mois  de  nov.  de  l'année  précédente,  les  Cas- 
trais avaient  déjà  juré  au  roi  fidélité  et  obéissance, 
€n  protestant  qu'ils  détestaient  les  alliances  faites 
avec  l'Espagne,  et  Galland  avait  été  chargé  de 
remettre  cette  adresse  signée  par  Jean  Dumas 
notaire,  Pierre  Bonnet  et  David  Ricard,  consuls, 
Jacques  de  La  Roque  docteur  et  avocat,  Jean  de 
Raimond  procureur  du  roi  (Brienne,  t.  212). 


Barreau,  Paul  d'Arnaud,  Jacques  Barba- 
roux,  et  par  beaucoup  d'autres  notables 
habitants.  De  Puy-Laurens,  Galland  prit 
la  route  de  Réalmont,  où  il  avait  été  en- 
gagé dse  rendre  parle  consul  Raynaud.  Son 
intention  était  de  visiter  aussi  Revel,  dont 
les  consuls  Durand  et  Dumas,  lui  avaient 
assuré  par  écrit  la  fidélité  des  habitants  ; 
mais  son  voyage  fut  interrompu  par  une 
douloureuse  catastrophe  ;  son  fils  qui  l'ac- 
compagnait se  noya  au  passage  du  bac  de 
Villemur.  Il  retourna  donc  à  Castres  où 
les  adresses  continuèrent  à  lui  arriver,  de 
Roquecourbe  et  de  La  Rastide-Saint-Amant, 
le  4  nov.  ;  de  Mazamet,  le  o  ;  de  La  Ras- 
tide,  le  20  :  de  La  Cabarède,  le  2'i  \  Tou- 
tes ces  villes  se  prononcèrent  de  la  ma- 
nière la  plus  formelle  contre  l'entreprise  de 
Rohan, «  tellement, lit-on danssesMémoires, 
qu'il  fut  contraint  de  venir  avec  sa  caval- 
lerie  à  Roquecourbe,  qui  est  une  petite 
ville  située  à  une  lieue  de  Castres  et  à  deux 
de  Réalmont,  d'où  il  tenta  divers  desseins 
sur  toutes  ces  villes  mal  alfectionnées.  A 
Castres  il  n'y  put  rien  faire  ;  à  Réalmont 
ses  persuasions  y  furent  mieux  reçues,  et 
les  portes  ayant  été  fermées  au  duc  de 
Montmorency,  il  y  mit  pour  gouverneur 
Maugis  qui  étoit  celui  qui  principalement 
l'y  avoit  servi  et  qui  lui  avoit  été  fidèle  en 
toutes  les  autres  guerres.  » 

Il  est  donc  évident  que  la  révolte  de 
Rohan  n'était  point  approuvée  par  la  ma- 
jorité des  protestants  du  haut  Languedoc. 
Ce  n'est  pas  qu'ils  n'eussent  des  plaintes  à 
élever,  nous  en  trouvons  la  preuve  dans 
l'adresse  même  de  la  ville  de  Castres  ; 
mais  leurs  griefs  n'étaient  pas  assez  graves 
pour  qu'ils  crussent  nécessaires  d'en  pour- 
suivre le  redressement  par  les  armes. 
L'impopularité  de  l'entreprise  de  Rohan 
suffit  pour  expliquer  le  facile  succès  de  la 
mission  de  Galland. 

En  1631,  Galland  qui,  à  plusieurs  re- 
prises depuis  1623,  avait  été  employé 
comme  commissaire  du  roi  auprès  de  di- 
vers synodes  provinciaux,  notamment  au- 
près de  ceux  qui  se  tinrent,  le  17  avril 
1625  à  Charenton,  le  30  avril  1626  à 
Houdan,  le  11  mars  1627  à  Clermont  en 
Reauvoisis  (Fonds  St-Magloire,  n»  39  et  42) , 
assista  de  nouveau,  en  la  même  qualité, 

'  Ces  adresses  sont  imp.  dans  le  Mercure  de 
1627. 


807 


GALAND 


80B 


au  synode  national  de  Charenton.  Après 
avoir  renouvelé  les  promesses  de  sa  pro- 
tection aux  églises,  si  les  réformés  ces- 
saient de  se  montrer  hostiles  à  son  gouver- 
nement, Louis  XIII,  par  l'organe  de  son 
commissaire,  réitéra  la  défense  de  donner 
à  des  étrangers  les  places  de  ministres,  et 
aux  pasteurs  celle  de  sortir  du  royaume 
sans  permission  ou  de  se  mêler  d'aftaires 
politiques  ;  et  en  réponse  aux  remontrances 
qui  lui  avaient  été  adressées  touchant  la 
présence  d'un  commissaire  royal  aux  sy- 
nodes, il  défendit  absolument  de  les  re- 
nouveler. Au  lendemain  de  la  guerre  qui 
avait  coûté  à  La  Rochelle  ses  chers  privi- 
lèges, le  moment  eût  été  mal  choisi  pour 
protester.  Le  synode  se  soumit  donc  avec 
humilité,  et  il  se  soumit  encore  lorsque  le 
roi  lui  ordonna  de  nommer  de  concert  avec 
son  commissaire,  deux  députés  généraux. 
Son  choix  s'arrêta  sur  Clennont-Galle- 
rande  et  sur  le  fds  d'Auguste  Galland.  Ce 
fds,  alors  âgé  de  27  ans,  était  avocat  au 
parlement  et  lieutenant  au  bailliage  de 
Clermont.  Il  se  nommait  aussi  Auguste, 
comme  nous  l'apprend  un  brevet  de  rete- 
nue de  conseiller  au  parlement  qui  lui  fut 
accordé,  en  1631,  en  récompense  des  ser- 
vices rendus  par  son  père  pendant  qua- 
rante-trois ans  (St-Magloire,  no  45).  En 
1637,  le  synode  national  d'Alençon  le 
remplaça  dans  sa  charge  de  député  général. 
Voilà  tout  ce  que  l'on  sait  de  sa  vie.  Il 
mourut  sans  laisser  de  postérité.  Un  de 
ses  frères,  Thomas,  également  avocat  au 
parlement,  remplit,  en  1634,  les  fonctions 
de  commissaire  du  roi  auprès  du  synode 
de  l'Orléanais  assemblé  à  Mer.  Ne  serait-il 
pas  identique  avec  le  fds  d'Auguste  Gal- 
land que  les  mémoires  du  temps  désignent 
sous  le  nom  de  M.  de  Gondran  ?  Quoi 
qu'il  en  soit,  Conrart,  qui  nous  apprend, 
dans  ses  Mémoires,  qu'Auguste  Galland  et 
son  fds  avaient  laissé  la  meilleure  réputa- 
tion au  Palais,  nous  peint  ce  M.  de  Gon- 
dran comme  un  garçon  brutal,  ivrogne  et 
débauché,  qui  ne  voulut  jamais  travailler 
au  Palais.  Il  mourut  catholique  en  1653, 
sans  laisser  d'enfants,  de  Charlotte  Bigot, 
sa  femme,  qui  s'était  rendue  de  bonne 
heure  célèbre  par  la  légèreté  de  sa  con- 
duite. Le  cinquième  fils  d'Auguste  Galland, 
nommé  Augustin,  se  convertit  également 
et  devint  prêtre  de  l'Oratoire.  Il  vivait  en- 
core en  1688. 


Nous  f avons  déjà  dit,  la  plupart  des 
écrivains  protestants,  adoptant  sans  exa- 
men les  rancunes  de  Rohan,  ont  jugé  trop 
sévèrement,  à  notre  avis,  la  conduite 
d'Auguste  Galland.  Nous  ne  croyons  pas, 
avec  Le  Vassor,  qu'on  doive  le  placer 
parmi  ces  protestants  que  l'avarice  ou 
l'ambition  rendirent  les  esclaves  de  la 
Cour.  Son  dévouement  absolu  à  la  cause 
royale  découlait  de  ses  principes,  et  son 
royalisme  admis,  on  doit  reconnaître  qu'il 
se  montra  aussi  honnête  qu'habile  à  défen- 
dre l'autorité  du  roi.  Au  reste,  quelque 
opinion  qu'on  se  foruje  sur  son  caractère,, 
on  ne  pourra  lui  contester  une  grande  éru- 
dition. Les  ouvrages  qu'il  a  publiés  sont  : 

I.  Discours  sur  l'état  de  la  ville  de  La 
Rochelle  et  touchant  ses  anciens  privilèges, 
Paris,  1625,  in-4o;  réimp,  sous  ce  titre  : 
Discours  au  roy  sur  la  naissance,  ancien 
état,  progrès  et  accroissement  de  la  ville  de 
La  Rochelle,  Paris,  1629,  in  8»;  ins.  dans 
T.  XIII  du  Mercure  français.  —  Galland 
veut  prouver  que  les  privilèges  dont  La 
Rochelle  se  montrait  jalouse,  étaient  «  des 
concessions  gratuites  et  bienfaits,  »  et  que 
le  roi  pouvait,  en  conséquence,  les  révo- 
quer selon  son  bon  plaisir. 

II.  Traité  du  franc-alleu  sans  titre  pré- 
tendu par  quelques  provinces  du  droit  écrit 
au  préjudice  du  roy;  avec  le  texte  des  lois 
données  au  pays  des  Albigeois  et  autres, 
par  Siinoti,  comte  de  Montfort,  Paris,  1629, 
in-4o  ;nouv.édit.plus  ample  sous  ce  titre  : 
Du  Franc-alleu  et  de  l'origine  des  droits 
seigneuriaux,  Paris,  1637,  in-4o  ;  trad.  en 
latin  et  publ.  dans  le  recueil  de  Schilter. 

III.  Des  anciennes  enseignes  et  étendarts 
de  France,  de  la  chappe  de  S.  Martin,  de 
l'office  de  grand  sénéchal,  etc.,  Paris,  1637, 
4o  ;  ins.  dans  le  T.  II  des  Antiquités  de  Paris 
par  Sauvai;  réimp.,  Paris,  1782,  in-12. 

IV.  Mémoires  justificatifs  pour  l'histoire 
de  Navarre  et  de  Flandre,  contenant  le 
droit  du  roi  io  au  royaume  de  Navarre, 
etc.  ;  2»  comme  seigneur  de  Dunkerque,  de 
Bourbourg  et  Gravelines  en  Flandres,  etc., 
Paris,  1648,  in  fol.  —  Ouvrage  posthume 
publié  par  son  fils  l'oratorien. 

V.  Plaidoyers  prononcez  au  parlement 
de  Paris,  Paris,  1656,  in-4o. 

Les  ouvrages  imprimés  de  Galland  ne 
forment  que  la  moindre  partie  de  son  ba- 
gage littéraire.  Il  a  laissé  un  très  grand 
nombre  de  volumes  mss.  qui,  des  abbayes 


809 


GALAND 


810 


de  Saint-Germain  et  de  Saint-Magloire,  des 
Missions  étrangères  et  de  la  Biblioth.  de 
Coëslin,  ont  presque  tous  passé  soit  à  la 
Bibliothèque  nationale,  soit  à  celle  de  l'Ar- 
senal. En  voici  le  catalogue  : 

I.  Généalogies  des  illustres  7naisons  de 
l'Europe  (Arsenal,  Hist.  688^  et  Bibl.  nat. 
St-Germain-fr.  aujourd'hui  mss.  fr.  15409, 
3  vol.  in-fol.). 

II.  Généalogies  des  p^'incipales  familles 
de  la  ville  de  Paris  (Arsenal,  Hist.  7o8,  et 
Si-Germ.-fr.  674,  aujourd'liui  mss.  franc. 
18669,  678,  679;  en  tout  cinq  vol.  in-fol.). 

III.  Traité  du  domaine  de  la  couronne 
de  France  (mss.  franc.  18559,  in-fol.). 

IV.  Traité  pour  prouver  que  l'union  du 
domaine  privé  des  rois  au  domaine  public 
n'est  pas  de  droit  (mss.  franc.  16673,  in- 
fol.). 

V.  Etat  de  divers  procès  concernant 
l'ancien  domaine  du  roi  (mss.  franc. 
18557,  in-fol.). 

VI.  Collections  sur  le  droit  (mss.  franc. 
16571,  in-fol.). 

VII.  Recherches  des  fiefs  et  autres  droits 
seigneuriaux  (mss.  franc.  16176  à  16191, 
18  vol.  in-fol.  et  Cinq  cents  de  Golbert,  2 
vol.  in-fol.).  —  Matériaux  recueillis  pour 
«es  ouvrages  sur  le  franc-alleu. 

VIII.  Inventaire  des  titres  d'Armagnac, 
Périgord  et  Vendôme  (mss.  franc.  18558, 
in-fol.). 

IX.  Tiltres  de  la  ville  et  seigneurie 
d'Enghien  avec  la  généalogie  des  seigneurs 
d'icelle,  le  tout  recueilliz  par  M.  Aug.  Gal- 
land  (Bib.  nat.  mss.  fr.  24004). 

X.  Mémoires  de  lamaison  d'Albret  {CoW. 
DuPuy,  vol.  387). 

XI.  Traité  sur  les  affaires  des  Albigeois 
et  des  Vaudois,  Cabrièreset  Mérindol  (Bib. 
nat.  mss.  franc.  17811,  in-fol.). 

XII.  Affaires  des  églises  réformées  (mss. 
fr.  15827  et  28  et  St-Magloire,  iXos  39,  49, 
42;  Bib.  nat.  mss.  fr.  20961  et  suiv.).  — 
Becueil  de  pièces  relatives  aux  affaires  des 
églises  dans  la  première  moitié  du  wii^e 
siècle,  et  notamment  à  la  mission  de  Gal- 
iand  dans  le  Midi. 

XIII.  Extraits  de  divers  auteurs  (Bib. 
nat.  mss.  11928,  in-fol.). 

XIV.  Varia  (St-Germ.  franc.  1263,  in- 
fol.).  —  Ce  sont  aussi  des  extraits  de  di- 
vers auteurs. 

XV.  Loci  communes {Kih.  nat.  mss.  franc. 
13130,  in-fol.). 


Dans  sa  Bibliotheca  Bibliothecarum, 
Montfaucon  signale  comme  existant  dans 
la  Bibliolh.  Coëslin,  le  Livre  rouge  de  Pa- 
ris, en  2  vol.,  et  le  P.  Lelong,  dans  sa 
Biblioth.  historique,  parle  d' nn  Itiventaire 
du  trésor  des  Chartres  de  la  Sainte-Cha- 
pelle, in-fol.,  ain.si  que  d'un  volume  inti- 
tulé :  Titres  et  mémoires  d'état  concernant 
l'Artois,  la  Franche-Comté,  Bourgogne, 
Brabant  et  Limbourg,  qui  se  trouvaient  de 
son  temps  à  la  biblioth.  de  St-Germ. -des- 
Prés.  Galland  avait  entrepris  une  Histoire 
de  la  Réforme  en  France  dans  le  but  de 
réfuter  les  Mémoires  de  Rohan,  restée 
inédite  malgré  l'engagement  pris  par  son 
fds  de  la  continuer.  Nous  n'avons  point 
retrouvé  ces  divers  ouvrages,  mais  nous 
avons  eu  entre  les  mains  trois  volumes  du 
Fonds  Saint-Germ.  franc,  qui  contiennent 
des  travaux  d'un  des  fils  de  Galland  :  n» 
299,  in-fol.  Mémoire  concernant  la  souve- 
raineté du  Béarn  et  du  comté  de  Foix,  par 
Georges  Galland  ;  no  1778,  in-4o  Co//ecta- 
nea,  et  no  1692,  in-fol.,  Extraits  de 
Quintillien  et  d' Yves  de  Chartres,  par  Gal- 
land fds.  Le  British  Muséum  {Bibl.  har- 
leian,  no  4448.  1),  possède  un  vol.  mss. 
qui  porte  la  suscription  d'Auguste  Galland 
fds  et  ce  titre  :  Collectiones  juridicse.  En- 
fin, le  P.  Lelong  indique  encore  Traités 
entre  la  France  et  la  Hollande  ou  Mémoi- 
res de  Georges  Galland. 

2.  GALLAN,  pasteur  à  Romans  vers 
1660;  autre,  pasteur  à  Corps  vers  1660. 
Antre,  à  Freissinières.  Autres  pasteurs  du 
mêuie  nom,  à  Chalançon,  1668-69;  à  S^^- 
Honorine,  1675-82;  au  Mesnil-enjonc-du 
Plein,  1680-85.  Abraham  Galland,  pasteur 
à  Belleville  (Bourgogne)  1654-76  (voy. 
Bull.  VII  332)  ;  suspendu  en  1676,  déposé 
en  1678.  —  Jacques  Galland,  pasteur  à 
Schiedam  (Hollande)  1688-95,  à  La  Brille, 
1695-1715. 

3.  GALAXD  (Magdelaine)  de  Chastillon 
en  Dauphiné,  veuve  avec  trois  enfants, 
réfugiée  à  Magdebourg,  1698.  —  Divers 
artisans  de  ce  nom  (chapelier,  tisserand, 
corroyeur)  réfugiés  de  Die,  de  Minglon, 
de  Vaidrôme  avec  leurs  familles,  assistés 
à  Genève  et  à  Lausanne  de  1697  à  1710. 
—  Pierre  Galant  et  sa  femme,  Isabeau 
Constant,  réfugiés  de  Seyne  en  Provence 
avec  six  enfants,  et  assistés  à  Lausanne, 
1736.  —  Suzanne  Monier,  veuve  d'Antoi- 
ne   Galant  et  demeurant  à   Nions,   con- 


811 


GALAND   —   GALTIER 


812 


damnée  à  être  fustigée,  rasée,  renfermée 
et  sa  maison  de  Nions  démolie,  pour  crime 
de  participation  à  une  assemblée  religieuse, 
mai  1745. 

GALLAUDET  (Pierre-Elisée)  médecin, 
natif  de  Mauzé  en  Aunis,  fugitif  de  France 
à  l'époque  de  la  Révocation,  était  établi  à 
New -Rochelle  dans  l'État  de  New- York  en 
1711,  où  ses  descendants,  parmi  lesquels 
plusieurs  pasteurs,  se  sont  illustrés  par  la 
fondation  du  premier  institut  de  sourds- 
muets  qui  ait  existé  en  Amérique. — Adrien 
Gallemand,  natif  de  Haultcourt  au  pays  de 
Normandie,  reçu  habitant  de  Genève,  2 
oct.  15o9.  —  Samuel  Gallet,  enquesteur 
pour  le  Roi  en  Saintonge  et  Anne  Jolly  sa 
femme,  membres  de  l'église  de  Saintes, 
1S71.  —  Marguerite,  veuve  d'Elie  Gallien, 
de  Dieppe,  35  ans,  assistée  (2  sh.  6)  avec 
son  enfant,  à  Londres,  1705.  (Isaac),  de  S*- 
Affrique,  assisté  à  Genève,  1708.  —  La 
veuve  de  François  Galline,  de  (>halon,  id. 
1692.  —  Abraham  Galliné,  natif  de  Clai- 
rac,vers  1630,  étudia  la  diéologie  ta  Mon- 
tauban  et  fut  admis  au  ministère  en  octo- 
bre 1651;  il  fut  aussitôt  placé  dans  l'égli- 
se de  Libourne  en  bas  Agenais,  et  y  resta 
jusqu'en  1665  époque  vers  laquelle  il  dis- 
paraît. On  a  de  lui  les  deux  sermons  sui- 
vantslo  De  l'abaissement  deJ.-C.  et  de  son 
abandon  en  la  croix  ou  Sermon  sur  Matt. 
XXVII,  46,  prononcé  le  dernier  jour  du  sy- 
node de  Monflanquin;  à  Sedan,  J.  Jannon 
impr.  1654,  in-8o  de  VIII  et  99  p.,  dédié  à 
la  vicomtesse  de  Cabanac;  2»  De  l'éléva- 
tion de  J.-C.  et  de  son  exaltation  en  gloi- 
re, ou  Sermon  sur  Jean  V,  5,  prononcé  au 
synode  de  Nérac;  Sedan,  .1.  Jannon,  1654, 
in-8°  de  76  p.— Guill.  Galliol,  de  Rouen^ 
reçu  habitant  de  Genève,  octob.  1557  ;  — 
(Esther)  assistée  (1  1.  10)  à  Oxford,  avec  2 
enfants,  1705.  Famille  Galliot  à  Cozes  en 
Saintonge,  1650.  —  Esther  Gallise,  d'O- 
range, chargée  de  six  enfants,  assistée  à 
Genève  de  1707  à  1712.  —  Le  sieur  Ba!- 
thazar  Gallix,  de  Nîmes,  notaire,  réfugié 
avec  femme  et  enfants  à  Berlin,  1698.  — 
Marguerite  et  Pierrette  Gallois,  de  Bussy 
en  Bourgogne,  veuves,  l'une  de  70  l'autre 
de  77  ans,  mortes  à  l'hôpital  de  Lausanne 
en  1699  et  17G0.  Jean  Galois,  ministre  à 
Barjac,  1593-1620.  De  Gallois,  ministre  à 
Sommières,  1660.  —  Barthélémy  Galolx 
de  Sedan,  assisté  à  Lausanne,  allant  en 
Allemagne,    1693.  —   Rachel    Galoy,    de 


Metz,  52  anSj  assistée  (2  1.  10)  à  Londres, 
1705.  —  Israël  de  Galopin  sieur  d'Aran- 
ges,  commissaire  du  roi  à  l'assemblée  de 
Lunel,  1613.  — Isaac  Gallop,  de  Pont-de- 
Veyle,  avec  sa  belle-mère  et  trois  enfants, 
assisté  à  Genève,  1686.  —  Cléophas  Gai- 
lot,  ministre  à  Crocy,  1571-97  ;  à  Seez  en 
1603.  Noël  Gallot,  ministre  de  S'-Silvain, 
en  Poitou,  1620-45.  Jean  Gallot  de  la 
Grave,  espingher,  avec  sa  femme  et  cinq 
enfants,  assisté  à  Genève,  1685.  Gallot, 
famille  distinguée  de  médecins  et  d'écri- 
vains de  la  Rochelle,  inscrite  sur  les  re- 
gistres de  l'Eglise  réformée  de  cette  ville 
dès  l'année  1574  et  qui  a  persévéré  jus- 
qu'aujourd'hui dans  ses  sentiments  protes- 
tants. —  Gallotvay,  voy.  Ruvigny. 

GALTIER,  noble  famille  des  Cévennes 
établie  dans  plusieurs  châteaux  voisins  de 
la  petite  ville  de  Meyrueis,  et  qui  prit  une 
large  part,  vers  le  milieu  du  XVP'ie  siècle, 
dans  les  armées  protestantes,  aux  guerres 
de  religion  qui  agitèrent  ce  pays.  Nous 
n'en  trouvons  point  trace  dans  les  histo- 
riens, mais  quelques  actes  notariés  (que 
nous  tirons  de  la  collection  des  carrés 
d'Hozier,  Bibl.  nat.)  mettent  le  fait  en 
pleine  lumière  : 

Donation  par  d""  Gabrielle  d'Albignac 
femme  de  nob.  André  Galtier  seig""  d'Aire 
à  Christophe  Galtier  son  fils,  seig"'  de  Mal- 
levielle  en  favenr  de  son  mariage  avec 
d"°  Marguerite  iille  de  feu  Guion  de  Man- 
dajors  seig'  des  Plantiers,  paroisse  de  Font- 
fouillouze,  dioc.  de  Nîmes.  Acte  passé,  le 
11  juin.  1584  dans  la  grande  salle  du  châ- 
teau d'Aires  en  présence  de  nob.  Antoine 
d'Albignac  seig""  du  dit  lieu,  M.  M"  Rai- 
mond  de  Coustaing  docteur  es  di'oits,  juge 
du  lieu  d'Aires,  nob.  Jean  Galtier  seig''  de 
Fontanille,  nob.  Antoine  de  Foujols  seig''  de 
Vebron,  M.  M"  François  Thoron  ministre 
de  l'église  de  Meyrueis,  et  M"  Claude  Lescot 
notaire  de  S'-Marcel  de  Fontfouillouse.  — 
Contrat,  après  le  mariage  célébré  le  26  janv. 
1585  en  l'église  réformée  de  S'-Marcel  en- 
tre nob.  Christophe  Galtier  seig'  de  Mal- 
vielhe,  demeurant  dans  la  parr.  d'Aires, 
fils  de  nob.  André  Galtier  et  d""  Margue- 
rite de  Mandajors  ;  passé  au  lieu  des  Plan- 
tiers  en  présence  de  uob.  Ti'istan  de  Tézan 
seig''  de  Sens,  d'Ant.  Portallier  seig''  d'Ar- 
tigues,  de  nob.  Jean  de  Mondai'dier  seig'' 
du  dit  lieu,  de  nob.  Pons  de  Caladon  seig'' 
de  Salvadou  etc. 

Extrait  des  délibérations  de  la  ville  de 


813 


GALTIER 


814 


Meirueis  portant  que  le  1"  jour  de  septemb. 
1585,  M"  Antoine  Valj^alier,  procureur  ju- 
ridictionnel pour  le  roi  de  Navarre,  s'était 
présenté  devant  Jean  Gualtier  seig""  de  Fon- 
tanilhes,  lieuten*  gén^'  du  juge  de  la  baro- 
nie  de  Meyrueis  et  luy  avoit  remontré  que 
le  seig''  de  Pourcaïrès  capitaine  et  com- 
maud'  pour  le  dit  seig''  roi  de  Nav.  au 
chat,  de  Meyrueis  étant  allé  vers  Mg''  de 
Montmorency  pour  les  affaires  communes 
du  dit  pays  sur  le  fait  de  la  Religion  et 
ayant  été  tué  en  chemin  près  la  ville  du 
Vigan  dans  les  Cévennes,  il  etoit  important 
pour  la  conservation  de  la  d.  ville  de  faire 
choix  de  quelque  personnage  d'une  maison 
honorable  et  de  supplier  S.  M.  de  le  pour- 
voir de  la  dite  charge  de  capitaine.  Le  dit 
lieutenant  après  avoir  pris  les  avis  des 
assistants  qui  etoient  entre  autres  Antoine 
de  Foujol  s''  de  Vebron,  Etienne  d'Arsillan 
consul  de  la  d.  ville,  Jean  Tiron  min.  de 
la  par.  de  Dieu,  etc.  tous  habitants  du  dit 
lieu  de  Meyrueis,  lesquels  avoient  déclaré 
unanimement  que  Sa  dite  Majesté  le  roi  de 
Navarre  ne  pouvoit  pourvoir  un  person- 
nag-e  plus  digne  d'exercer  la  d.  place  de 
capitaine  du  château  et  ville  de  Meyrueis 
que  noble  Christol  Galtier  seig''  de  Mala- 
vielhe  homme  de  maison  fort  religieux  qni 
avoit  toute  sa  vie  été  nourri  dans  la  reli- 
gion réformée,  ayant  toujours  pris  les 
armes  pour  sa  défense  depuis  sa  jeunesse 
et  toujours  accompagné  le  dit  feu  de  Pour- 
caïrès en  toutes  les  aifaires  concernant  la 
vertu  et  qui  n'avoit  jamais  été  noté  de  cris 
reprochables,  et  il  avait  été  délibéré  qu'on 
supplieroit  le  Roi  de  pourvoir  le  dit  Galtier 
de  la  dite  place  de  capitaine. 

2  mars  1589.  Testament  de  noble  Jacob 
Galtier  dem*  dans  la  ville  de  Meyrueis  au 
pays  des  Cévennes  et  gouverneur  du  châ- 
teau de  Rives  pour  le  roi  de  Navarre,  par 
lequel  blessé  d'un  coup  d'arquebusade  qui 
lui  avait  coupé  le  bras  droit,  il  veut  estre 
enterré  selon  l'ordre  de  l'église  reformée.  11 
donne  aux  pauvres  de  Dieu  de  l'église  de 
Meirueis  la  somme  de  30  liv.  et  a  ceux  du 
château  de  Ribes  et  del  Trueil  la  somme  de 
20  liv.  11  lègue  k  nobles  Jacob,  Isaac,  Paul 
et  Mathieu  Galtier  ses  enfants  de  son  ma- 
riage avec  d""  Judith  de  Monnes,  a  chacun 
la  somme  de  1000  liv.  moitié  quand  ils  se 
marieront  et  le  surplus  5  ans  après.  11 
laisse  à  noble  Christophe  Galtier  son  neveu, 
seig'  d'Aires  lès  Meirueis,  son  cheval  d'Es- 
pagne, ses  armes  et  son  habillement  de 
guerre.  Il  lègue  aux  soldats  de  la  garnison 
de  Rives  la  somme  de  15  liv.  payables  le 


jour  de  son  décès Il  institue  sou  héri- 
tière universelle  la  d"°  de  Monnes  sa  femme 
a  condition  de  remettre  le  bien  de  lui  tes- 
tateur a  l'uu  de  leurs  enfants  celui  qu'elle 
voudra  nommer.  Testament  passé  au  châ- 
teau de  Rives  par  du  Fieu  notaire,  en  pré- 
sence de  Gabriel  de  Ribes  seig""  de  La  Va- 
caresse,  de  honorable  homme  M"'  maitre 
Charles  de  Montarnal  min.  de  la  par.  de 
Dieu  au  dit  château,  maitre  Arnaud  Arman- 
gaud  de  Montauban,  chirurgien  de  S*- Afri- 
que etc.  —  Pierre  de  Galtier  seig""  d'Ayres, 
Jean  de  Galtier  s""  de  Laval  et  Jacques  de 
Galtier  s''  de  Piriniac  assistaient  à  l'assem- 
blée politique  de  Lunel  en  1(513.  —  27  oct. 
1624.  Contrat  de  mariage  de  nolde  François 
de  Galtier  s''  de  Sirgas,  demeur.  au  lieu 
d'Aires,  fils  de  feu  noble  Christophe  de 
Galtier  s''  du  lieu  d'Aires  et  de  d"^  Margue- 
rite de  Mandajors  des  Plantiers  sa  veuve, 
pour  être  célébré  dans  l'église  réfoi'mée, 
avec  d""  Marie  d'Isard  fille  de  feu  nob.  Ba- 
tiste d'Isard  s""  de  Cartenet  et  de  Villefort 
et  de  d"«  Isabeau  de  Camhis  sa  veuve,  en 
faveur  duquel  mariage  la  future  se  consti- 
tue en  dot  la  somme  de  12000  1.  assignée 
sur  les  seigneuries  de  Pontperdu  et  de  Val- 
crose... 

—  Testament  de  noble  Pierre  de  Galtier 
seig''  de  Pontperdu  dem'  au  château  d'Aires, 
fait  le  I"'  août  1660  par  leq.  il  veut  être 
inhumé  dans  le  cimetière  de  la  ville  de 
Meirueis  au  tombeau  de  ses  pi'édécesseurs 
en  attendant  la  résurrection  des  fidèles.  11 
lègue  aux  pauvres  de  la  Religion  prêt.  réf. 
du  d.  lieu  de  Meirueis  la  somme  de  50  1. 
payable  un  an  après  son  décès.  Il  donne  a 
dame  Marie  d'Izard  sa  mère  10  1.  11  lègue 
a  nob.  Jean  de  Galtier  son  fils  3000  1.  paya- 
ble quand  il  aura  atteint  l'âge  de  25  ans, 
4000  I.  à  d""  Madeleine  de  Galtier  sa  fille. 
Il  institue  son  héritier  universel  Jean  de 
Galtier  son  oncle  seig''  d'Aires,  à  la  charge 
de  remettre  son  hérédité  entière  a  la  fin  de 
ses  jours  au  dit  Jean  de  G.  fils  du  testa- 
teur, et  en  cas  de  prédécès  a  Madelaine  sa 
fille  et  en  cas  que  ses  dits  enfants  meurent 
en  bas  âge,  il  veut  que  tout  retourne  au  d. 
seig''  d'Aires.  Fait  au  chat.  d'Aires  en  pré- 
sence de  M.  Pierre  de  Pages  baron  de 
Pourca'ire-i,  nob.  Ant.  de  Vallat  seig'"  de 
Lisside,  Gabriel  de  Vallat  seig''  de  Labrée, 
Gab.  Ginot  d''  en  médecine,  Pierre  Coli- 
gnou  s''  de  Claux,  Louis  Quati-efages,  de 
Bréau. 

—  1"''  fév.  1667,  testament  de  Jean  de 
Galtier  s'  d'Aires,  par  lequel  il  lègue  aux 
pauvres   des  lieux  de    Meirueis    et    d'Aires 


815 


GALTIER   —    GAMBIER 


816 


faisant  profession  de  la  religion  prêt.  réf. 
la  somme  de  150  liv.  qui  leur  seront  dis- 
tribuées par  les  gens  du  consistoire  de  Mei- 
rueis.  Legs  à  dame  Judith  de  Valat  sa 
femme,  a  Madelaine  de  Galtier  sa  petite 
nièce,  fille  de  Pierre  s''  de  Pontperdu,  à 
Marguerite  et  Elisabeth,  filles  de  son  frère 
François  de  Galtier  s"'  de  Sirgas.  Institu- 
tion d'héritier  universel  en  faveur  de  nob. 
Jean  de  Galtier  son  petit  neveu,  fils  du  dit 
s'  de  Pontperdu. 

On  trouve  encore  un  Galtier  assistant 
en  qualité  d'ancien  de  l'église  de  La  Caune 
au  synode  de  la  Haute-Guyenne  tenu  à 
S'-AntOTiin  en  1682;  puis  désormais  les 
actes  concernant  la  famille  rentrent  dans 
les  attributions  des  autorités  catholiques. 

GALTIER,  ministre  à  Marguerites,  près. 
Nîmes,  lo62.  —  Galtrin   ministre  à  Metz, 
1599-1602. 

GAMAIN  (Pierre)  dit  Moynier,  dit 
Lebrun,  pasteur  du  désert  en  Poitou, 
exerça  ses  périlleuses  fonctions  de  1742  à 
1782  époque  de  .sa  mort.  En  1753,  une 
assemblée  qu'il  présidait  fut  poursuivie 
dans  les  bois  par  les  dragons  et  lui-même 
fut  blessé.  On  a  une  lettre  touchante  sur 
sa  vie  et  ses  mérites  écrite  par  son  collègue 
le  pr  Gobinaud  en  1783  {Bull,  X  82).  — 
Claire  Gaman,  de  Die,  assistée  à  Genève, 
se  rendant  en  Allemagne,  1709.  —  Pierre 
Gamaurès,  de  Dieu-Je-fît,  id.  1708. 

GAMBIER  [Haag  V  206].  Longtemps 
avant  la  révocation  de  i'édit  de  Nantes, 
une  branche  de  cette  famille  avait  cherché 
un  asile  dans  la  Grande-Bretagne,  et  s'était 
établie  à  Cantorbéry.  Dès  1608,  Jean  Gam- 
bier  épousa  Judith  Crignon  dans  l'église 
française  de  cette  ville.  Son  tils  Gédéon 
eut  de  Jeanne  Broche,  sa  femme,  Jacques 
Gambier  qui  se  maria,  en  1693,  avec 
Jeanne  MarseUe,  fille  de  François  Marselle 
et  de  Madelaine  Le  Roy.  Quelques  années 
plus  lard,  en  1700,  André  Gambier  fit  cé- 
lébrer dans  la  même  église  son  mariage 
avec  Madelaine,  fille  d'Abraham  De  Visme 
et  de  Susanne  Le  Clerc,  d'une  famille  ori- 
ginaire de  la  Picardie,  et  c'est  probable- 
ment de  cette  alliance  que  naquit  Marie 
Gambier,  qui  épou.sa,  en  1736,  Jean-Bap- 
tiste De  Visme.  (Voy.  Burn.) 

D'autres,  du  même  nom,  prirent  le  même 
chemin,  notamment  un  Gambier,  banquier  à 
àCaen,  qui  fut  poursuivi  en  1686  pour  avoir 
tenté  de  partir.  En  1688,  trois  d"es  Gambier 


étaient  enfermées  aux  Nouvelles-Cathol.  de 
Gaen  et  Henri  G.,  leur  frère  sans  doute,  était 
aux  Nouveaux-Convertis  et  n'en  était  pas 
encore  sorti  en  1693  (Tt  317).  Jessé  Gam- 
bier, aussi  de  Caen,  figure  parmi  les  réfu- 
giés assistés  (2  liv.)  à  Londres,  en  1708. 
Un  autre  Gambier,  Nicolas,  s'était  établi 
en  Angleterre  en  1690  et  y  donna  naissance 
à  une  importante  lignée.  Il  eut  deux  fils, 
James,  né  en  1692,  et  HexXri.  Le  premier 
suivit  la  carrière  de  la  jurisprudence  et 
commença  la  fortune  de  sa  maison.  Avocat 
plaidant,  il  s'ouvrit  par  son  mérite  les 
portes  du  conseil  de  la  cité  de  Londres,  et 
les  réfugiés  lui  témoignèrent  leur  estime 
en  l'élisant,  1729,  directeur  de  leur  hôpi- 
tal. Sa  femme  Mary  Mead  lui  donna  un 
grand  nombre  d'enfants,  mais  la  plupart 
moururent  sans  postérité,  en  sorte  que 
nous  ne  mentionnerons  spécialement  que 
Susanne,  femme  de  sir  Samuel  Cornish, 
Marguerite,  épouse  de  lord  Barham,  Ja- 
mes, père  de  sir  James  Gambier,  consul 
général  dans  les  Pays-Bas,  et  surtout  John, 
père  d'un  illustre  amiral. 

Second  fils  de  John  Gambier  et  de  Dé- 
bora  Stiles  des  Bermudes,  James  naquit,  le 
13  oct.  1756,  aux  îles  liahama  dont  son 
père  était  gouverneur.  Il  débuta  fort  jeune 
dans  la  marine,  fut  élevé,  en  1778,  au 
grade  de  post-captain,  et  prit  part  à  la 
guerre  d'Amérique  dans  laquelle  il  se 
signala.  Lorsque,  en  1793,  éclata  entre  la 
France  et  l'Angleterre  la  lutte  terrible  qui 
ne  cessa  qu'à  la  chute  de  Napoléon,  Gam- 
bier fut  placé  sous  les  ordres  de  lord  Howe, 
et  se  distingua  d'une  manière  toute  parti- 
culière à  la  bataille  du  l"'  juin  1794.  Ca- 
pitaine de  La  Défense  il  fut  le  premier 
qui  coupa  la  ligne  ennemie,  exploit  qui 
lui  valut  le  grade  de  colonel  de  marine  et 
le  commandement  du  Prince  George  de  94 
canons.  Créé  contre-amiral  au  mois  de 
juin  1795,  et  vice-amiral  au  mois  de  fév. 
1799,  il  quitta,  en  1801,  l'amirauté  où 
ses  talents  et  son  expérience  lavaient  fait 
appeler  dès  le  mois  de  mars  1795,  pour 
hisser  son  pavillon  sur  le  Neptune  et 
prendre  le  commandement  en  troisième  de 
la  flotte  de  la  Manche.  L'année  suivante, 
il  fut  nommé  gouverneur  de  Terre-Neuve 
et  commandant  de  la  flotte  qui  protégeait 
les  côtes  de  cette  importante  colonie.  En 
1804,  il  rentra  à  l'amirauté,  et  fut  créé 
amiral,  au  mois  de  nov.  1805.  C'est  sur 


817 


GAMBIER 


GAMBS 


81"8 


lui  que  le  choix  du  ministère  s'arrêta,  en 
1807,  pour  diriger  l'expédition  qui  se  pré- 
parait contre  le  Danemark.  On  sait  que 
cette  puissance,  sous  la  pression  du  gou- 
vernement français,  allait  se  déclarer  pour 
Napoléon  et  se  soumettre  au  blocus  conti- 
nental. Résolu  de  s'y  opposer  à  tout  prix^ 
le  ministère  anglais  lit  partir  pour  la  Bal- 
tique l'amiral  Gambier  à  la  tête  d'une  flotte 
de  22  vaisseaux  de  ligne  et  d'un  nombre 
proportionné  de  frégates  et  de  bâtiments 
légers.  Gambier  franchit  le  Sund^  11  août 
1807,  jeta  l'ancre  à  Elseneur,  et  débarqua, 
le  16,  un  corps  de  troupes  considérable  à 
Wisbeck,  à  dix  milles  au  nord  de  Copen- 
hague. Dès  le  lendemain,  la  capitale  du 
Danemark  fut  investie  par  terre  et  par  mer, 
et  une  proclamation  des  généraux  anglais  fit 
connaître  au  gouvernement  danois  le  but 
de  l'expédition  et  les  conditions  auxquelles 
la  paix  serait  maintenue.  La  principale  était 
la  remise  en  dépôt  des  vaisseaux  de  ligne 
danois,  dont  on  craignait  que  les  Français 
ne  s'emparassent.  Cette  proclamation  étant 
restée  sans  réponse,  l'attaque  commença 
le  19.  Après  une  énergique  défense,  la 
citadelle,  l'arsenal  et  la  flotte  furent  livrés 
aux  Anglais,  7  septembre.  De  retour  à 
Londres,  2  nov.,  Gambier  fut  créé  baron- 
net, sous  le  nom  de  lord  Gambier  d'Yver, 
avec  jouissance  d'une  pension  de  2000 
livres.  Il  accepta  le  titre,  mais  refusa  l'ar- 
gent ;  puis  il  reprit  sa  place  à  l'amirauté 
qu'il  quitta  de  nouveau,  en  1808,  pour  se 
mettre  à  la  tète  de  la  flotte  de  la  Manche. 
L'escadre  de  Brest  ayant  trompé  sa  surveil- 
lance et  opéré  sa  jonction  avec  celles  de 
Toulon  et  de  Rochefort,  il  rallia  le  contre- 
amiral  Stropford  et  jeta  l'ancre,  17  mars 
1809,  dans  la  rade  des  Basques.  Le  11  au 
soir,  le  feu  commença,  et  la  flotte  française 
fut  presque  entièrement  détruite.  Cochrane, 
dont  les  brûlots  avaient  principalement 
contribué  à  la  victoire,  voulait  qu'on 
anéantît  les  débris  de  la  flotte  française, 
mais  Gambier  refusa  de  suivre  son  avis  et, 
le  29,  il  remit  à  la  voile  pour  l'Angleterre; 
aussi  fut-il  presque  accusé  de  trahison  par 
son  lieutenant,  toutefois  les  chambres  lui 
votèrent  des  remercîmenfs.  En  1811,  il 
rentra  dans  ses  foyers.  En  1813,  il  fut  un 
des  commissaires  chargés  de  poser  les  ba- 
ses du  traité  de  paix  entre  l'Angleterre  et 
les  Etats-Unis.  Ce  fut  le  dernier  service 
qu'il  rendit  à  sa  patrie.  Il  mourut  le  19 


avril  1833,  ne  laissant  pas  d'enfants  de  sa 
femme  Louisa  Matthevv. 

Son  frère  aîné  Samuel,  commissaire  de 
la  flotte  royale,  avait  eu,  au  contraire,  une 
nombreuse  postérité  :  Jane  Matthew  l'avait 
rendu  père  de  quatorze  enfants,  mais  au- 
cun d'eux  n'a  joué  un  rôle  quelque  peu  con- 
sidérable. Le  plus  connu  de  ses  fds  est 
Robert,  qui  fut  capitaine  de  vaisseau  et 
qui  épousa,  en  1815,  Caroline-Gore  Browne, 
fille  du  gouverneur  de  Portsmouth.  L'aî- 
née des  filles,  Mary,  devint,  en  1813,  la 
femme  de  Thomas  Parry.  La  troisième, 
Emily-Ja.ne,  se  maria,  en  1816,  avec 
Edward  Morant  Gale,  et  la  cinquième,  Ca- 
roline-Pénélope, en  1819,  avec  James 
Gordon  Murdock. 

Outre  ses  deux  fils  Samuel  et  James,  et 
sans  parler  des  deux  autres  morts  sans 
enfants,  John  Gambier  avait  laissé  quatre 
filles  qui  contractèrent  de  grandes  alliances. 
Mary  épousa  l'amiral  Samuel  Cornish  ; 
SusANNE  devint  la  femme  de  Richard  Sum- 
mer  ;  Harriet  se  maria  avec  Lascelles 
Iremonger,  prébendaire  de  Winchester,  et 
Margaret,  épouse  de  Wilham  Morton 
Pitt,  membre  du  parlement,  lui  donna  une 
fille,  nommée  Mary,  qui  s'allia,  en  1806, 
au  comte  de  Romney. 

Henri  Gambier,  né  en  1694,  ne  nous 
est  connu  que  par  un  de  ses  dei-cendants, 
savoir  James-Edward  Gambier,  recteur 
de  Langley  dans  le  Kent,  et  auteur  d'une 
Introduction  ta  the  study  of  moral  évidences, 
or  of  that  species  of  reasoning  uHch  relates 
to  rnatters  of  fact  and  practice,  icith  an 
Appendix  on  debating  for  victory  and  not 
for  truth,  Lond.  1806,  1808,  1810,  in-12. 

GAMBS,  en  latin  Gamsius  ou  Gambsius 
[Haag,  V  208].  Six  ou  sept  auteurs  de  ce 
nom  se  sont  fait  connaître  dans  les  lettres 
à  divers  titres,  tous  de  Strasbourg  et  pro- 
bablement parents,  mais  nous  ne  saurions 
dire  à  quels  degrés.  Le  premier  en  date  est 
Paul,  jurisconsulte,  qui  a  laissé  un  traité 
De  usufructu,  Strasb.,  1614,  in-4o.  Vient 
ensuite  un  autre  Paul,  docteur  en  droit, 
qui  vivait  en  1641  et  qui  a  publié  Snmma- 
ria  delineatio  quxstionis  :  Qux  uxor  mer- 
catrix  sit  et  propriè  dicatur  ?  et  l^otse  ad 
G.  Redingii  Pandectas  camerales.  Un  troi- 
sième, appelé  aussi  Paul,  soutint,  en  1650, 
une  Dissert,  inauguralis  de  Pactis  adjectif. 
Peut-être  est-il  le  même  que  Paul  Gambs 
dont  Watt  mentionne  un  Comment,  in  re- 


819 


GAMBS 


GAMON 


820 


cessiim  Imperii  novissimum  de  anno  1634, 
imp.  à  Francf.,  1703,  in-4o.  Vers  le  même 
temps  florissait  Jean-Sébastien  Gambs  qui, 
selon  Lipènius,  soulint  à  Strasbourg,  en 
1644,  sa  Dissert,  inauguralis  et  qui,  selon 
Jôcher,  ne  fut  reçu  docteur  en  droit  qu'en 
1654.  Ce  dernier  bibliographe  lui  attribue  : 
Dissert,  de  pisistratismo  et  phalarismo  per 
Tiberium  reprsesentatis  ;  —  De  pac.e  regni 
Numie  ad  Liviiim  lib.  I.  cap.  21  ;  —  De 
obligationibus  in  génère  ;  —  De  pœnitentià 
juris  ;  —  Quatenùs  in  contractus  nomina- 
tos  et  innominatos  incidit  :  —  De  contrac- 
tibus  in  génère  ;  —  De  attentatis  ;  —  De 
contractu  mutui  ;  —  Imperatorum  roma- 
nornm  iUustri  et  libenv  reipublicœ  argen- 
toratensi  concessoriim  privilegiorum  triga  ; 
—  De  non  evocando,  de  non  appellando  et 
de  aiistregis  ;  —  Thesaiirxis  locorum  com- 
munium  juris  ex  axiomatibus  A.  Barhosx 
et  analectis  J.-O.  Taboris  etc.  Lipénius 
nous  apprend,  en  outre,  que  Fritscli  a  in- 
séré une  dissert.  De  alluvionibus  du  môme 
jurisconsulte  dans  son  édit.  de  Baptiste 
Aymo  (fenœ,  1675,  in-4o).  .Iean-Jacoues 
Gambs  ne  nous  est  connu  que  par  sa  Dis- 
sert, inauguralis  de  coloribus  juris,  Arg. 
1653,  in-4o,  et  Jean -Nicolas  que  par 
l'opuscule  qu'il  a  publié  à  Strasbourg,  en 
1715,  in-4°,  sous  le  titre  :  De  pœnitentià 
Ninivitarum,  ad  Jon.  III,  o  et  seqq.  (Test 
probablement  de  ce  dernier  que  descendait 
C.-K.  Gambs.  né  à  Strasbourg  le  6  sept. 
1759,  chapelain  de  l'ambassade  suédoise  à 
Paris,  puis  pasteur  à  Brème,  qui  fut  appelé, 
en  1814,  à  desservir  l'église  de  Sainte-Au- 
rélie  dans  sa  ville  natale,  et  dont  on  a  : 

I.  Trad.  allem.  des  quatre  premiers  vo- 
lumes des  Délassements  de  l'homme  sensi- 
ble, Strasb.,  1782-83,  in-8o. 

II.  Sermon  prononcé  à  Paris  dans  la  cha- 
pelle royale  de  Suède,  le  19  oct.  1806,  Pa- 
ris. 1806,  in-8o. 

III.  Predigten  gehalten  in  der  St-Ansga- 
rikirche  zu  Bremen,  Bremen  und  Aurich, 
1809,  in-8o. 

IV.  Ueber  christl.  Vervollkommiing  und 
VoUkommenheit,drei  Predigten,  Brem.  und 
Aurich,  1809,  in-8o. 

V.  Christl.  Gesangbuch,  Brem.,  1812, 
in-8o.  —  Publié  avec  J.-J.  Stolz. 

Gambs  a  été  aussi  un  des  collaborateurss 
du  Morgenblatt. 

GAMEIL  (Jean  de),  docteur- médecin, 
en  Agenois,  1783;  voy.  P.  de  La  Roque, 


médecin.  —  Alexis  Gamel,  de  Castres,  fa- 
bricant de  parchemin,  assisté  à  Genève 
d'un  viatique  pour  la  Hollande,  1701  ;  — 
Jeanne  Gamel,  56  ans,  veuve  d'un  bour- 
geois de  l'Agenois,  assistée  (10  I.)  à  Lon- 
dres, 1702.  —  Marguerite  Gamenel,  de 
Taulignan  en  Dauphiné,  assistée  à  Lau- 
sanne, 1691-96.  —  Maximilien  Gamien., 
«  d'Amian  »  (Amiens),  reçu  habitant  de 
Genève,  12  déc.  1558. 

GAMON,  famille  qu'on  trouve  dès  le 
XVfne  siècle  établie  en  Vivarais,  au  ha- 
meau des  Chambons,  paroisse  des  Vocances 
[Haag,  V  209].  Un  Claude  Gamon  était 
notaire  à  Vocaace  de  1468  à  1481  et  un  au- 
tre Claude,  son  fds  probablement,  dirigea 
la  même  étude  de  1483  cà  1508.  Ce  dernier 
eut  sept  enfants  :  1«  François,  mort  céli- 
bataire ;  2'i  Antoine,  juge  et  lieutenant 
général  au  bailliage  du  Vivarais;  3°  Lau- 
rent, sire  du  Chambou  ;  4°  André,  no- 
taire à  Si-Peray,  mort  en  1547  ;  5o  Pierre, 
notaire  à  Tournon  *;  6°  Marie,  épouse  en 
1508  de  noble  Julien  de  Gléou,  juge  de  la 
terre  de  Moneslier  en  Vocance  ;  7o  Blan- 
che, religieuse  à  Aiinonay.  —  Pierre,  le 
notaire  de  Tournon,  épousa  dans  cette 
ville,  en  1529,  Louise  Boulot,  des  Boulot 
qui  devinrent  seigneurs  de  Vaugrenand, 
et  fut  le  père  d'un  écrivain  protestant  di- 
gne d'attention  :  Achille  Gamon  l'auteur 
des  Mémoires  sur  les  guerres  civiles  du 
Eaut-Vivarais  (1558  à  1586)  qu'Aubaïs  a 
publiés  eu  partie  dans  ses  Pièces  fugitives. 
Achille  Gamon,  né  à  Tournon  le  15  août 
1530,  fit  ses  études  de  droit  à  Valence  et 
les  acheva  à  Toulouse  où  il  fut  admis  au 
grade  de  licencié,  en  fév.  1551.  Il  revint 
ensuite  à  Annonay  où  il  épousa  la  môme 
année,  Jeanne,  fille  d'Elienne  Massabœuf, 
notaire  de  cette  ville.  Ce  fut  un  juriscon- 
sulte honoré  pour  son  savoir,  son  intégrité, 
sa  piété,  qui  ferme  protestant  comme  on 
l'était  dans  cette  ville  d'Annonay  où  la 
Réforme  avait  été  prêchée  dès  l'année 
1528  *  sut  garder  cependant  au  milieu  des 
violences  de  son  temps,  une  conduite  assez 
modérée  et  un  langage  assez  impartial  pour 
que  MM.  Haag  l'aient  cru  resté  catholique. 
Il  fut  nommé  ler  consul  d'Annonay  en 
1559  et  assista  en  cette  qualité  aux  Etats 

1  Ses  mimites  pour  l'an  1541  y  existent  encore 
dans  l'étude  Manoha. 

-  Par  le  cordelier  Macheville  ou   Machopolis. 


I 


821 


GAMON 


822 


du  Languedoc  tenus  en  1560.  GrAce  h  la 
situation  qu'il  occupait  et  cà  la  modération 
de  son  esprit,  ses  Mémoires  restent  un  do- 
cument important.  On  peut  y  ajouter  une 
Lettre  qu'il  composa  pour  placer  en  tête 
des  Franchises  d'Annonay  •  présentées  à 
la  municipalité  de  cette  ville  en  lo68  et 
un  Livre  de  raison  qui  commence  par  cette 
sage  explication  dos  livres  de  ce  genre  : 

Divitiarum  quiereiularum  non  soliim  ra- 
tionem  habere  oportet,  sed  etiam  collocan- 
darum,  ut  perpétues  siimptus  suppeditent, 
nec  solum  necessarios  sed  etiam  libérales. 
Et  hoc  omnia  qualiaciimque  sint  Deo  Opt. 
Max.  bonorum  omnium  largitori  accepte 
ferenda  sunt.  Cui  sit  laus  summa  îeterna- 
que  gloria,  in  sœcula.  —  Livre  journal  ou 
de  raison  des  affaires  domestiques  de  maître 
Achille  Gamon,  licencié  ez  droits  ^. 

Achille  Gamon  mourut  cà  Annonay,  le 
22  déc.  1597  et  fut  enterré  au  cimetière  du 
Champ,  encore  aujourd'hui  le  lieu  de  sé- 
pulture des  protestants.  Sa  femme  mourut 
en  1599.  Ils  s'étaient  fait  un  testament 
mutuel  (Guérin,  not.  lo87-161o)  ;  cette 
pièce  a  disparu  avec  une  quantité  d'autres 
dans  un  déplorable  incendie  qui  a  dévoré 
l'hôtel  de  ville  d'Annonay  en  1870.  Ils 
avaient  eu  14  enfants,  dont  10  morts  en 
bas  âge.  Les  «piatre  qui  ont  vécu  furent  : 
lo  Blanche  ;  2»  Moxdon,  marié,  janvier 
1588,  à  Catherine  de  La  Rivoire  (deux 
petits-fds  de  Mondon,  tous  deux  nommés 
Christophe  se  tirent  condamner  en  1698, 
comme  usurpateurs  de  noblesse)  ;  .'}«  Théo- 
dore, sieur  de  La  Lombardière,  avocat  au 
bailliage,  consul  d'Annonay  en  1607,  ma- 
rié le  30  mai  1596  à  Madelaine  de  Gurin 
(acte  signé  par  le  min.  Jérôme  Salve),  mort 
en  1620  ;  cette  branche  de  La  Lombardière 
portait  pour  Armes  :  d'azur  au  chevron 
d'or  accompagné  de  2  étoiles  en  chef  et 
d'un  arbre  en  pointe;  elle  s'est  continuée 
jusqu'à  nos  jours  et  eut  pour  dernier  re- 
présentant un  lieutenant-colonel  mort  à 
Seurre  (Côte  d'Or)  en  1842  ;  4»  Christo- 

'  Reproilnites  dans  les  llonnments  bistor.  sur 
Annonay  et  le  Vivarais,  par  l'oncer  ;  Lyon.  Per- 
rin,  1835,  et  de  nonveiui,  en  ee  moment  même 
par  les  soins  de  M.  Brnn-Dnrand  dans  le  lltiU. 
de  la  Société  d'arehéol.  de  la  Drôme. 

2  Ce  volume  a  été  donné  par  un  iiescendant 
collatéral  des  Gamon,  le  baron  de  La  Roque,  à 
la  bibliolli.  pub.  d'Annonay  en  1865. 


PHLK,  poète  dont  nous  avons  plus  longue- 
ment à  parler. 

Vainement  ce  poète  nous  a  laissé  un 
bagage  de  plus  de  25,000  vers  ;  on  n'y 
trouve  pas  cà  relever  un  seul  trait  de  sa  vie. 
Heureusement  nous  savons  d'ailleurs  (sur- 
tout p.ar  l'excellente  notice  de  M.  A.  Mazon) 
qu'il  naquit  à  Annonay  sur  la  fin  de  1574, 
que  son  père  l'envoya  faire  ses  études  à 
INîmes  et  que  de  là  il  passa  «  à  la  practique 
des  finances,  à  Montpellier.  »  On  peut  donc 
penser  qu'il  fut  un  fonctionnaire  dépen- 
dant de  la  Cour  des  aides  ou  du  Bureau 
des  finances  de  cette  dernière  ville  ;  mais 
si  telle  fut  sa  profession  ofTicielle,  il  tira 
surtout  profit  de  son  séjour  dans  cette  cité 
savante  pour  se  familiariser  avec  les  con- 
naissances qu'y  enseignait  la  Ftaculté  de 
médecine.  A  chaque  pas  dans  ses  poésies 
on  en  trouve  le  témoignage.  Quelques-uns 
disent  cependant  quïl  était  avocat,  comme 
son  père.  En  1607,  il  représenta  sa  ville 
natale  au  synode  de  La  Rochelle,  comme 
ancien  de  l'église  réformée,  et  se  rencontra 
dans  cette  assemblée  avec  le  pasteur  P. 
Perrin,  auteur  de  l'Histoire  des  Viiudois. 
Il  lui  fit  présent  d'une  longue  et  belle  ode 
pour  imprimer  en  tète  de  son  livre  (édit. 
de  Genève,  1618,  in-12).  On  ne  sait  plus 
rien  de  lui,  si  ce  n'est  qu'il  mourut  à  An- 
non.ay  en  1621. 

Christ,  de  Gamon  fut  un  de  ces  heureux 
esprits  doués  naturellement  du  génie  poé- 
tique, mais  entraînés  par  la  mode  à  tous 
les  écarts  du  plus  mauvais  goût  de  leur 
temps,  aveuglés  qu'ils  étaient  par  les  louan- 
ges de  la  foule  et  leur  haute  opinion  d'eux- 
mêmes.  Les  jeux  de  mots,  les  antithèses 
forcées,  les  syllabes  bissées,  les  diminutifs 
afieclés.  tout  le  néologisme  ridicule  repro- 
ché à  Ronsard  et  à  Du  Burtas,  est  encore 
exagéré  par  lui  au  point  que  ses  vers 
demeurent  souvent  inintelligibles.  Il  com- 
mença à  publier  quelques  pièces  sous  le 
voile  de  l'anonyme,  puis  s'enhardit  à  en 
composer  plusieurs  recueils.  «  Quelques 
unes  des  pièces  de  vers  que  j'étale  icy,  dit- 
il,  (préf.  du  Jardinet)  ont  esté  autres  fois 
impriméeset  m'ont  occasionné  de  les  reveoir 
et  tascher  de  mieux  faire  ;  que  si  tu  as 
bien  daigné  les  veoir  seules,  sans  aveu  et 
rudes,  ne  desdaignes  nifiintenant  de  les 
reveoir  accompaignées,  avouées  et  mieux 
polies...»  Ce  sont  des  pièces  légères,  des 
odes  à  la  nature,  des  bucoliques,  ton  qu'il 


823 


GAMON 


824 


garde  dans  des  sujets  plus  graves,  par 
exemple  quand  voulant  célébrer  «  l'esjouis- 
sance  du  retour  de  la  paix  avec  l'Espagne,» 
sans  doute  le  traité  de  Vervins,  il  com- 
mence ainsi  : 

Mais  je  te  pry,  Georget,  au  frais  de  ces  endettes 
Reposons  nos  soucis  et  nos  jambes  lassettcs. 

Il  publia  un  autre  poème  du  même 
genre,  La  Muse  divine,  et  aussi  un  poème 
didactique  sur  les  poissons,  intitulé  Les 
pescheries.  Au  cours  de  ces  différentes  com- 
positions, l'on  rencontre  nombre  d'épiso- 
des ou  mêmes  des  pièces  entières  inspirées 
seulement  par  la  muse  chrétienne  aux 
inspirations  de  laquelle  il  puise  cet  ana- 
gramme de  son  nom,  qu'il  met  en  vedette 
aux  beaux  endroits,  particulièrement  lors- 
que en  terminant  son  plus  grand  ouvrage, 
la  Semaine,  il  prend  congé  des  lecteurs, 
dit-il, 

Pour  voler  au  repos  où  chkist  ponde  ma  loge". 

Ce  grand  ouvrage  qui  ne  compte  pas 
moins  de  8600  vers,  et  qui  s'intitule  auda- 
cieusement  «  La  semaine  de  la  création, 
contre  celle  du  sieur  du  Bartas,  »  mérite  à 
Christophe  de  Gamon,  malgré  ses  erreurs, 
malgré  ses  tirades  obscures  et  ses  vers  ro- 
cailleux, un  très  honorable  souvenir.  Le 
génie  de  Du  Bartas  avait  fait  naître  à  sa 
suite  une  foule  d'admirateurs,  d'imitateurs, 
de  traducteurs  ;  Gamon  se  montra  le  plus 
ardent,  tout  en  se  posant  comme  contra- 
dicteur. Son  idée  était  que  pour  peindre  le 
sublime  travail  de  la  Création,  l'œuvre  de 
Dieu  lui-même.  Du  Bartas  aurait  dû  se 
contraindre  à  ne  pas  laisser  échapper  la 
moindre  inexactitude  ;  or  l'amant  de  la 
nature,  le  minutieux  ichtyologiste,  le  zélé 
chrétien,  trouvant  chez  Du  Bartas  des  no- 
tions erronées  en  matière  d'histoire  natu- 
relle aussi  bien  que  de  théologie  (il  le  reprend 
longuement  sur  la  définition  de  la  Trinité), 
entreprit  de  refaire  lui-même  une  Semaine 
pure  de  pareilles  taches.  Inutile  de  dire 
que  c'était  une  puérile  et  vaine  entreprise, 
et  que  s'il  corrige  en  effet  quelques  asser- 
tions du  maître,  lui-même  était  si  loin  de 
pouvoir  se  dire  supérieur  à  la  science  de 
son  temps  qu'il  s'adonnait  aux  mystères 
de  l'alchimie  et  de  la  transmutation  des 
métaux.  Il  reste  des  vers  qui  ne  manquent 

'  Il  y  joint  la  devise  :  Virtus  mihi  carier  auro. 


pas  de  feu,  ni  de  couleur,  ceux-ci  par 
exemple,  au  commencement  de  la  5'ne  se- 
maine : 

Quand  le  docte  tourneur  eut  arrondi  les  cieus 
Sa  dextre  les  sema  de  flambeaux  radieux  : 
Quand  l'univers  naissant  sa  ferme  baze  eut  eiie, 
Il  y  fit  surgeonner  mainte  race  feuilliie  : 
De  même  ayant  assis  l'Amphitrite  et  les  airs 
Il  les  vent  ce  jourd'liuy  peupler  d'hostes  divers. 
Divers,  mais  qui  pourtant  ont  certain  parentage  : 
Le  poisson  a  son  aile  et  l'oiseau  son  plumage  ; 
L'un  fend  l'air  transparent,  l'autre  un  cristal  ondeux. 
L'un  court,  l'autre  va  vite  et  tons  naissent  dos  euf? . 
Mais  ô  Dieu  que  d'erreurs,  ô  vrai  Dieu  que  de  fables. 
Par  dedans  maints  escrits  trompeuzement  affables, 
Des  différents  troupeaux  des  enfants  de  la  mer 
Et  des  peuples  ramants  ez  campagnes  de  l'air. 
Ma  Muse,  il  est  certain,  jeune  encore,  s'est  bien  veiie 
Suivant  leur  sente  ombreuze  avoir  esté  deceiie  ; 
Mon  son  œil  qui  plus  mûr  d;irde  un  ray  plus  ardant 
■   Va  d'un  plus  ferme  aspect  la  clairté  regardant. 
Tant  que  l'aigle  est  jeunet  chevauobant  les  nuages 
Il  tourne  fois  à  fois  ses  yeux  vers  les  ombrages  : 
Mais  quand  l'âge  plus  ferme  a  renforcé  ses  yeux 
Fixe  il  va  contemplant  le  soleil  radieux. 
Ainsi  mon  esprit  ore  à  la  clarté  s'attache 
Content  pour  toute  gloire  au  moinsqu'un  jour  on  sache 
Combien  mieux  vaut  le  vray  que  l'escrit  afronteur 
Et  combien  un  Gamon  rechercha  la  candeur  ! 

Voici  la  série  de  ses  œuvres  : 

I.  Les  pescheries,  divisées  en  deux  parties, 
oii  sont  contenus  par  un  nouveau  genre 
d'écrire  et  sous  des  aussi  beaux  que  divers 
enseignemens,  les  plaisirs  innocens  de  la 
mer  et  de  l'eau  douce,  Lyon,  1599,  in-12  ; 
portrait  de  l'auteur  représenté  à  l'âge  de 
24  ans. 

II.  Le  Jardinet  de  poésies  de  Chr.  de  G. 
avec  sa  Muse  divine,  dans  lequel  se  trouvent 
des  monologues  servant  d'addition  aux  Pes- 
cheries, Lyon,  1600,  in-12.  —  On  trouve, 
en  outre,  dans  cette  édition,  le  poème  sur 
l'alchimie  intitulé  le  Trésor  des  Trésors. 

III.  La  Semaine  ou  Création  du  Monde, 
contre  celle  du  sieur  du  Bartas,  Lyon, 
1609,  in-12;  Genève,  par  Gédéon  Petit, 
1609,  in-12;  Niort,  1615,  in-12.  Avec 
cette  épigraphe  :  0  Seigneur,  que  tes  œu- 
vres sont  diverses/  Tu  les  a  toutes  faites 
avec  sapience.  La  terre  est  pleine  de  ton  do- 
maine. Pseaume  104.  Dédié  au  duc  de 
Vantadour,  lieutenant-général  en  la  pro- 
vince du  Languedoc,  sous  la  date  du 
1er  sept.  1608  ;  242  p.,  sans  les  pièces  pré- 
liminaires. Poème,  en  vers  alexandrins, 
divisé  en  sept  chants  ou  journées. 

IV.  Commentaire  de  Henride  Linthaut, 
sieur  de  Mont-Lion,  doct.  en  médecine,  sur 
le  Trésor  des  Trésors  de  Chr.  de  Gamon, 


825 


GAMON 


GAMOND 


826 


reveu  et  augm.  par  l'auteur,  Lyon,  1610. 
in-12,  177  p.,  sans  les  pièces  prélini.  ; 
dédié  au  roi  d'Angleterre.  Le  commentaire, 
d'un  fort  bon  style,  est  intercalé  dans  le 
corps  même  du  poème,  sans  doute  pour 
reposer  l'esprit  du  lecteur.  Dans  sa  pré- 
face, Linthaut  de  Mont-Lion  nous  apprend 
que  Gamon  a  revu  son  poème  qu'il  a 
augmenté  «  et  repurgé  des  fautes  nées 
sous  ceux  qui  l'ayant  arraché  de  son  Jar- 
dinet de  poésie,  pour  le  transplanter  dans 
les  Muses  r'alliées,  et  depuis  dans  le  Par- 
nasse des  Poètes,  ont  changé  l'intitulation 
de  la  pièce,  celé  le  nom  de  l'auteur,  et 
corrompu  les  vers  en  une  infinité  de  lieux  : 
faute  jointe  à  la  malice  et  cousine  du  sa- 
crilège. »  La  génération  de  l'or  et  autres 
métaux,  tel  est  le  sujet  du  poème. 

La  famille  Gamon  compta  quelques  pro- 
testants qui  ont  souflert.  Sur  une  liste  de 
fugitifs  (M  667)  se  lit  le  nom  d'ANToiNE 
Gamon,  d'Annonay.  Un  autre,  Annibal 
Gamon,  réfugié  en  Angleterre  exerçait  le 
saint  ministère.  Le  bibliographe  Watt  cite 
de  lui  un  Sermon  on  Isaïah,  I,  o,  London, 
1689,  in-4o.  — Jacques  Gamon,  notaire  à 
Antraigues  en  16)}0,  issu  d'André  Gamon^ 
notaire  à  S^-Peray,  l'un  des  oncles  d'Achille 
Gamon,  eut  pour  arrière-petit-fils,  Fran- 
çois-Joseph Gamon,  député  à  la  Conven- 
tion, condamné  à  mort  comme  Girondin 
mais  qui  put  s'échapper.  11  était  poète  à 
ses  heures  et  a  laissé,  outre  trois  tragédies^ 
quelques  poésies  plus  légères  ;  mais  rien 
ne  nous  fait  savoir  s'il  était  encore  protes- 
tant. 

Bayle.  —  Colletet.  —  L'abbé  Goujot.  —  A.  M. 
—  A.  Mazon,  Notice  sur  la  vie  et  les  œuvres 
d'Achille  Gamon  et  de  Christopble  de  Gamon, 
d'Annonay  en  Vivarais;  Lyon  et  Paris,  1885, 
in-8°. 

GAMOND  (Blanche)  était  une  pieuse 
jeune  fille,  habitant  avec  son  père,  sa 
mère,  et  son  plus  jeune  frère  à  Saint-Paul- 
trois-Châteaux  en  Dauphiné.  C'étaient  des 
bourgeois  aisés  ayant  maison  à  la  ville  et 
divers  biens  à  la  campagne.  Blanche  attei- 
gnait ses  21  ans  lorsqu'au  mois  de  février 
1683,  six  compagnies  de  soldats  appelés 
par  l'évêque,  furent  logés  à  discrétion  chez 
les  protestants^  le  culte  réformé  ayant  été 
interdit  l'année  précédente  à  S'-Paul  par 
un  arrêt  du  parlement.  Ces  soldats  furent 
là  ce  qu'ils  étaient  partout  ;  ils  s'appli- 
quaient à  tourmenter  leurs  hôtes,  à  les 


ruiner,  et  quelquefois  à  les  mettre  à  la  tor- 
ture, par  exemple  en  les  pendant  aux 
chaînettes  de  la  cheminée  ou  en  leur  pas- 
sant les  pieds  nus  sur  les  charbons  ardents. 
Les  Gamond  eurent  leur  part  de  ces  dou- 
leurs, mais  lorsque  le  même  spectacle,  au 
mois  de  septemb.  1683,  s'apprêtait  à  re- 
commencer de  plus  belle  en  l'honneur  de 
la  Révocation,  ils  s'enfuirent  à  Orange  où 
ils  avaient  des  parents;  mais  les  soldats 
envahirent  Orange  à  son  tour  et  cette  fois 
les  malheureux  fugitifs  durent  se  cacher 
dans  les  bois.  Ils  y  vécurent  un  mois  à  la 
belle  étoile.  Enfin  Blanche,  sa  mère  et  son 
frère  prirent  la  résolution  de  quitter  ce 
funeste  pays;  ils  gagnèrent  Grenoble  et 
s'étant  joints  à  deux  autres  fugitifs,  un 
ministre  de  la  basse  Guyenne  nommé  Cas- 
sagne  et  sa  sœur,  ils  prirent  la  route  de 
Genève;  mais  à  peine  avaient-ils  franchi 
une  fiuble  distance  qu'une  escouade  de 
dragons  se  jeta  sur  eux  ;  les  hommes  pu- 
rent s'échapper  *  ;  les  femmes  furent  rame- 
nées à  Grenoble  et  jetées  au  cachot  (2  avril 
1686). 

On  nous  fit  descendre  dans  la  basse  fosse 
et  on  nous  y  ferma.  Nous  étions  9  ou  10 
femmes  de  la  religion  ou  filles  :  pour  des 
bêtes,  il  n'y  en  manquoit  pas,  principale- 
ment des  souris.  Il  faisoit  froid  ;  de  plus, 
il  etoit  extrêmement  humide  ;  il  y  avoit  plu- 
sieurs fenêtres  sans  être  fermées  d'aucune 
chose,  tellement  que  nous  souffrions  beau- 
coup du  froid  et  le  geôlier  avoit  enfermé 
toutes  nos  hardes  au  cachot;  ils  ne  voulu- 
rent pas  nous  les  donner.  Le  lendemain  il 
nous  fallut  demeurer  sans  manger  jusqu'au 
soir.  Et  comme  on  n'avoit  pas  fait  de  «  né- 
cessaire, »  on  nous  donna  seulement  un 
sceau  de  bois,  et  quand  la  seille  étoit  pleine, 
on  ne  permettoit  pas  de  la  vuider;  on  la 
laissoit  des  fois  deux  ou  trois  jours  telle- 
ment que  la  puanteur  nous  empestoit 

Les  papistes  ne  manquoient  pas  à  nous 
venir  persécuter  et  nous  dire  de  mauvaises 

1  Le  jeune  Gamond  gagna  la  Suisse  ;  «  à  Joas 
Gamon,  de  S.  Paul-trois  Châteaux,  en  charité 
4  flor.  3  sols  pour  luy  ayder  à  passer  chemin.  >• 
(Manuaux  de  Lausanne,  2  juill.  1684).  En  1687 
il  était  domicilié  dans  les  Grisons.  —  Bourse 
franc,  de  Genève,  en  1699  ;  «  La  femme  de  J.-J. 
Gamon,  de  S.  Paul  trois  châteaux,  qui  revient  de 
Hanovre  avec  un  jeune  garçon  qui  y  est  né  ;  on 
ne  peut  s'en  charger  vu  qu'il  est  né  en  Allema- 
gne ;  quant  à  elle  on  lui  accorde  diverses  assis- 
tances. » 


827 


GAMOND 


828 


nouvelles.  Une  d""  Guichard  me  tira  à  part 
et  me  dit  :  «  Je  suis  extrêmement  touchée 
de  vous  voir,  car  on  va  vous  faire  souffrir 
de  grands  maux  puisqu'il  n'y  a  rien  qui 
puisse  vous  faire  quitter  votre  religion,  ny 
cachot,  ny  basse  fosse,  ny  autres  choses 
semblables.  Ou  va  vous  faire  raser  par  la 
main  d'un  bourreau  ;  ensuite  on  va  vous 
mettre  la  fleur  de  lys  en  chaque  joue  ^;  plus 
on   vous    donnera    le    fouet    par    toute  la 

ville »   —  16  juin.    1686  :    ...Alors  le 

guichetier  et  monsieur  le  grefrier  avec  un 
grand  papier  à  la  main  entrèi-ent  en  nous 
disant  :  Voici  vostre  an-est;  vous  avez  été 
des  rebelles,  aussi  vous  souffrii'ez  toute 
vostre  vie.  «  Je  leur  dis  d'un  air  riant  : 
C'est  peu  de  chose  que  les  souffrances  de 
cette  vie.  »  Alors  il  se  mit  a  lire  mon  arr'est 
qui  portoit  que  nous  étions  jugées  aux  pri- 
sons perpétuelles  et  tous  nos  biens  contis- 
qués,  20  liv.  d'amende  entre  toutes  deux  2, 
rasées,  mises  à  l'hôpital  gênerai  de  Greno- 
ble jusques  a  ce  que  le  parlement  eut  trouvé 
im  lieu  pour  nous  y  mettre  le  reste  de  nos 
jours,  mais  qu'on  nous  douneroit  le  pain 
du  Roi.  —  ...Comme  la  basse  fosse  etoit 
un  mauvais  séjour  extrêmement  humide, 
je  tirai  du  venin,  tellement  que  je  tombai 
dans  une  grande  maladie...  Me  voyant 
extrêmement  mal  je  priai  le  geôlier  qu'ils 
eussent  la  bonté  de  me  laisser  voir  ma  mère, 
que  je  voulois  luy  demander  pardon.  Trois 
jours  après  on  vint  me  rapporter  que  si  je 
voulois  changer  de  religion,  on  laisseroit 
entrer  ma  mère,  mais  hormis  cela  que  je 
ne  la  verrois  jamais.  Je  leur  dis  :  «  Si  vous 
m'empêchez  de  voir  ma  mère  dans  ce 
monde,  je  la  verrai  un  jour  dans  le  ciel 

avec  l'aide  de  mon   Dieu »  Et  comme 

j'étais  assise  sur  le  lict,  je  vis  entrer  M.  le 
grefrier  et  après  luy  trois  chirurgiens.  11 
me  dit  :  Voici  les  chirurgiens  qui  viennent 

exécuter  l'arrest Je  leur  dis   comment 

voulez  vous  que  je  me  mette?  Ils  me  dirent 
mettez  vous  a  genoux.  Et  on  me  décoiffa 
en  me  disant  :  «  Vos  cheveux  sont  bien 
épais.  »  Et  un  des  chirurgiens  lia  mes  che- 
veux, et  l'auti-e  les  tira  de  toute  sa  force  ; 

'  Ce  n'étaient  point  de  feintes  menaces.  Le 
ministre  Louvois  écrivait  à  un  commandant  du 
Languedoc  :  Sur  ce  que  j'ai  représenté  au  Roi 
du  peu  de  cas  que  font  les  femmes  du  pays  où 
vous  êtes  des  peines  ordonnées  contre  celles  qui 
se  trouvent  à  des  assemblées,  Sa  Majesté  ordonne 
que  celles  qui  ne  seront  pas  damoiselles  seront 
condamnées  par  M.  de  Basville  au  fouet  et  à  la 
fleur  de  lys  (Lettre  du  10  août  1686). 

2  Marthe  Cassagne  avec  Blanche  Gamond. 


ainsi  je  croyois  qu'où  m'arracheroit  la  tête  : 
l'un  coupoit  et  l'autre  continuoit  de  tirer. 
Quand  on  eut  achevé  de  couper  mes  che- 
veux et  qu'on  les  eut  mis  dans  leurs  poches, 
je  commençai  h  mettre  mes  coëffes  sur  la 
tête  h  cause  de  la  rigueur  du  temps  ;  car  il 
geloit  et  tomboit  de  la  neige.  Un  des  chi- 
rurgiens me  dit  :  «  Ne  vous  coëffez  pas  car 
nous  avons  ordi-e  du  parlement  de  vous 
raser.  »  A  même  temps,  il  sortit  des  ra- 
soirs qui  etoient  tout  rouilles,  a  cause  qu'il 
y  avoit  long  temps  qu'il  n'en  avoit  rien  fait. 
On  passa  le  rasoir  sur  ma  tête  ;  je  ne  sau- 
rois  assez  dire  les  douleurs  que  je  sentois, 
car  ma  tête  etoit  extrêmement  tendre,  a 
cause  de  la  grande  maladie  que  j'avois  eue? 
en  outre  de  cela,  on  me  coupa  eu  deux  ou 
trois  parties,  a  la  tête  ou  au  col.  C'étoit  au 
mois  de  novemb.  1686.  —  ....  Ce  fut  le 
23^  mai  1687  que  nous  entrâmes  dans  l'hô- 
pital de  Valonce  conduit  par  La  Rapine. 

Nous  avons  eu  déjà  l'occasion  '  de  parler 
de  ce  scélérat,  Guichard,  dit  de  La  Rapine 
ou  d'Hérapine,  et  de  décrire  une  faible 
partie  des  horreurs  qu'avec  une  douzaine 
de  serviteurs  et  servantes  catlioUques,  il 
exerçait  sur  ses  prisonniers  et  prisonniè- 
res. Il  faudrait  reproduire  en  entier  le 
journal  de  Blanche  Gamond  pour  s'imagi- 
ner une  telle  barbarie.  Il  suffira  de  citer 
un  dernier  épisode.  Sans  autre  prétexte 
que  son  obstination  à  rester  protestante, 
on  lui  avait  donné  les  étrivières,  c'est-à- 
dire  qu'on  l'avait  attachée  nue  jusqu'à  la 
ceinture  à  une  poutre  de  la  cuisine,  et  que 
six  servantes  armées  de  baguettes  d'osier 
longues  d'une  aune,  l'avaient  fustigée  non 
pas  seulement  jusqu'au  sang,  mais  jusqu'à 
ce  qu'elle  tombât  sans  connaissance.  Elle 
continue  : 

Depuis  les  étrivières  j'etois  devenue 
comme  ladre  :  j'avois  par  tout  mon  corps 
des  ampoules  qui  etoient  de  la  grosseur 
d'un  pois  ;  ce  n'etoit  pas  de  la  gale,  mais 
du  sang  meurtry.  Je  ne  dois  pas  laisser 
passer  ce  qui  m'etoit  arrivé  lorsque  j'ôtois 
les  poux  qui  m'avoient  entamée.  C'etoit  a  la 
pointe  du  jour  pendant  que  les  papistes 
etoient  dans  le  lict.  Je  croyois  que  personne 
ne  me  voyoit  ni  ne  me  pouvoit  voir  ;  mais 
sitôt  que  je  fus  à  la  fenêtre  et  que  je  com- 
mençois  d'oter  les  poux  de  ma  chemise,  il 
vint  une  de  ces  papistes  [une  des  servantes]. 
Elle  me  douna  un  si  grand  coup  sur  le  dos 

1  Voy.  tome  V,  col.  665  et  748. 


I 


829 


GAMOND   —    GAND 


830 


qu'il  m'ôta  les  croules  des  plaies  de  mes 
épaules.  Je  m'écriai  «  mon  Dieu,  »  puis  je 
me  retournay  vers  elle  en  luy  disant  : 
«  Pourquoy  me  frappez  vous  ?  Quel  mal 
ai-je  fait  ?»  —  «  Quoy  me  dit  elle,  ne  vous 
a-ton  pas  défendu  avec  menaces  de  vous 
ôter  les  poux  ?  Il  faut  que  la  vermine  vous 
manjie,  puisque  vous  ne  voulez  pas  changer. 
Tout  à  l'heure  vous  aurez  les  étrivières,  car 
je  m'en  vay  le  rapporter  a  M.  de  La  Ra- 
pine. »  Tout  cela  achevoit  de  m'affliger  car 
je  ne  pouvois  plus  me  baisser  pour  balayer. 
Cette  meurtrière  Marie  [autre  servante] 
vint,  portant  un  paquet  de  clefs  à  la  main  ; 
elle  me  dit  :  «  Tu  n'as  pas  encore  achevé 
de  torcher  ces  coffres,  gueuse  d'hugue- 
notte  !  »  Elle  n'eut  pas  plutôt  dit  cela 
qu'elle  leva  la  main  pour  me  donner  des 
clefs  au  visage  ;  mais  par  un  don  de  Dieu, 
la  muraille  reçut  le  coup,  qui  emporta  le 
mortier;  je  vous  donne  à  penser  s'il  ne 
m'eut  défait  la  face. 

Ce  martyre  diminua  d'intensité  lors- 
qu'au moment  le  plus  inattendu  (11  juillet) 
d'Hérapine  disparut  tout  d'un  coup.  Le 
parlement  de  Grenoble  avait  rendu  contre 
lui  un  décret  de  prise  de  corps,  non  pas 
à  cause   de   ses  cruautés,  mais  à  cause 
d'autres  crimes  que  cet  aventurier  avait 
commis.  Les  prisonnières  eurent  encore 
beaucoup  à  souffrir  ;  mais  il  semble  que  la 
conduite  de  d'Hérapine  ait  réveillé  la  pu- 
deur et  soulevé  dans  tout   le  pays   une 
secrète  indignation.  On  fut  bien  aise  de 
laisser  une  partie  d'entre  elles  s'évader;  à 
d'autres  on  offrit  ouvertement  la  liberté 
moyennant  quelque  somme  d'argent.  Blan- 
che Gamond  fut  de  ces  dernières.   Elle 
sortit  de  cet  enfer  le  26  nov.  1687.  C'était 
le  soir.  Le  nouveau  recteur  de  l'hôpital 
vint  la  trouver  encore  toute  malade  et  lui 
demander  si  elle  se  sentait  la  force  de  sor- 
tir  de   l'hôpital.  Lui-même  s'offrit  pour 
l'aider  à  s'habiller.   «  Je  ferais  venir  une 
personne  de  l'hôpital,  dit-il,  mais  je  suis 
bien  ayse  qu'aucun  ne  vous  voye  sortir, 
ni  qu'on  le  sçache.  Vous  seriez  sortie  plu- 
tôt mais  votre  mère  ne  baille  pas  assez 
d'argent.  »  Et  lui-même  la  conduisit  jus- 
qu'à la  porte  avec  la  chandelle  pour  l'éclai- 
rer. Elle  resta  quelques  semaines  à  Va- 
lence et  à  Grenoble  afin  de  réparer  sa  santé 
et  elle  était  à  Genève  au  mois  de  février 
1688  ;  elle  se  retira  définitivement  à  Berne 
au  mois  de  novembre  suivant.  C'est  là 
qu'elle  rédigea  son  journal  sur  la  demande 


de  «  Madame  Scherer,  à  Saint-Gall  \  »  à 
qui  elle  en  fit  la  dédicace.  Plus  tard  elle 
passa  de  Berne  à  Zurich,  mais  dans  quelle 
triste  situation!  On  lit  dans  les  registres 
de  cette  dernière  ville  :  «  1717,  don  de 
9  tlor.  à  Bl.  Gamond  qui  a  beaucoup  souf- 
fert pour  sa  foi.  On  lui  permet  de  passer 
l'hiver  ici.  —  1718,  elle  reçoit  par  mois 
un  secours  de  2  florins  6  shellings;  elle 
est  maintenant  hydropique.  Morte  d'hy- 
dropisie  (1718  sans  autre  date)  ;  elle  a  été 
enseveUe  à  Zurich.  »  {Bull.  1885,  p.  140). 

Jules  Chavannes,  Eécit  des  persécutions  de 
B.  Gamond  (le  Chrétien  évangélique,  août  1867). 
—  Deux  héroïnes  de  la  foi  Bl.  G.  et  Jeanne 
Terrasson;  par  Th.  Claparède  et  Ed.  Goty,  1880, 
in-12. 

GAMONET  (Antoine)   de  Si-Bonet  en 
Auvergne  et  Jean   Montagne,    du    même 
lieu,  reçus  habitants  de  Genève,  sous  la 
caution  d'Ant.   Beringer  ministre.  Autre 
Antoine  Gamonet,  marchand  à  S'-Bonet, 
id.,  mai  lo85.  — Gamonet,  protestant  fort 
riche  et  fort  religieux  [Haag,  V  212],  ori- 
ginaire de  Gascogne,  mais  établi  à  Rennes 
avec  sa  soeur,  fut  accusé  faussement  d'avoir 
un  jour  de  procession  du  S^-Sacrement, 
4  juin  1654,  fait  tomber  des  ordures  à 
quelques   pas   d'un   reposoir.   C'était   un 
bruit  de  la  foule  ;  aucun  témoin  n'avait  vu 
cela.  Le  parlement  de  Rennes  n'en  con- 
damna pas  moins  le   frère  à   1600   liv. 
d'amende  et  la  sœur  à  être  pendue.  Ce 
jugement  inique  fut  cassé  par  la  chambre 
de  l'édit  et  le  temple  qui  avait  été  brûlé 
par  le  peuple  fut  rétabli  aux  frais  de  la 
ville.  Le  frère  et  la  sœur  allèrent  s'établir 
à  Paris.  Rien  n'indique  qu'ils  fussent  pa- 
rents de  Jacques  Gamonet  lapidaire  à  Paris, 
fils  d'Etienne  Gamonet  libraire  et  marié  au 
temple  de  Charenton,  juin  1661,  avec  Anne 
Bourgeois.  —  (Jean),  de  Privas,  assisté  à 
Genève  d'un  viatique  pour  le  Brandebourg. 
GAND  (de),  prédicant  à  Antibes,  1642; 
il  est  interdit  de  faire  aucune  fonction  de 
ministre,  sur  la  plainte  portée  au  Conseil 
du  roi  par  l'évêque  de  Grasse,  Ant.  Go- 
deau,  en  ces  termes  :  Encores  que  par  les 
edits  de  pacification  faits  en   faveur  de 
ceux  la  R.  P.  P.,  soit  deffendu  qu'aucun 
exercice  d'icelle  se  fasse  aux  villes  où  il 
n'est  point  accordé  expressément,  toute- 

1  Ascendante   directe  de  notre  éminent  écri- 
vain, M.  Edmond  Scherer,  sénateur. 


831 


GAND 


GANTOIS 


832 


fois  dans  la  ville  d'Anlibes  il  se  fait  des 
assemblées  ordinaires  chez  un  nommé  Au- 
gustin Serrât  où  un  nommé  Gand  se  mesle 
de  prescher  à  ceux  qui  s'y  ramassent  tant 
des  habitants  de  la  d.  ville,  soldats  et  ofTi- 
ciers  de  la  garnison,  ce  qui  cause  un  grand 
scandale  parmy  les  catholiques  ;  davantage 
que  les  consuls  de  la  d.  ville  ayant  esté 
condamnez  a  donner  un  cimetière  aux  dits 
de  la  R.  P.,  ils  leur  en  ont  assigné  un 
proche  de  l'église,  et  Tun  ny  l'autre  n'es- 
tant point  clos,  les  os  des  fidèles  chres- 
tiens  sont  meslez  souventes  fois  avec  ceux 
des  hérétiques,  ce  qui  est  tout  a  fait  con- 
tre la  piété  et  les  bonnes  mœurs,  etc.  (Fil- 
leau,  Décis.  cath.,  p.  303).  —  Marie-Mo- 
desle  Gand,  mise  aux  Nouv.-cath.  de 
Rouen,  1779.  —  Pierre  Gandil,  manufac-. 
turier  en  tapisserie  et  teinturier,  originaire 
de  Rurniquel  en  Guyenne,  établi  en  1692 
à  Magdebourg,  avec  ses  fils  Abraham  et 
Pierre,  nés  dans  cette  ville.  —  Ganneron. 
famille  parisienne  de  brodeurs  sur  étoffe, 
signalée  dans  le  recueil  de  Thoisy  (impr. 
Bibl.nat.; Matières  ecclésiast.  in-4o,  t.LXI) 
comme  ayant  été  inquiétée  pour  la  religion 
en  16G9,  en  la  personne  d'Abraham  Gan- 
neron maître  brodeur  et  Magdeleine  Berny 
sa  femme.  —  Elizabeth  Ganneron,  de  Paris, 
femme  d'un  brodeur,  confesseuse,  assistée 
(3  1.)  à  Londres,  1705.  —  J.  Ganot,  lapidé 
à  Forcalquier,  lo62. 

GANTOIS,  nom  d'une  famille  champe- 
noise qui  a  donné  plusieurs  pasteurs  aux 
églises  de  Sedan  et  de  Sancerre  [Haag,  V 
213j.  Eusèbe  Gantois,  né  <à  Chalon,  étud. 
à  Genève  (E.  Gantellus  Chatalaunensis), 
juin  1583,  ministre  de  Sedan,  1601-1630. 
Il  fut  député  en  1601,  au  synode  national  de 
Gergeau.  En  1603,  il  fut  envoyé  à  celui  de 
Gap  pour  demander,  au  nom  de  son  église, 
d'être  détachée  de  la  province  de  1  Isle-de- 
France,  la  longueur  des  chemins  occasion- 
nant des  frais  trop  considérables  pour 
qu'elle  pût  se  faire  représenter  aux  synodes 
provinciaux.  Sa  demande  lui  fut  accordée. 
Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  parler  (I, 
III,  col.  726),  de  quelques  Sermons  de 
Gantois.  Dans  une  liasse  de  reçus,  signés 
des  ministres  et  des  régents  de  Sedan,  qui 
leur  a  été  communiquée,  MM.  Haag  en  ont 
trouvé  d'Eusèbe  Gantois  jusqu'en  1630. 

Pierre  Gantois,  de  Sedan  ;  étud.  à  l'acad. 
de  cette  ville  en  1622. 

Parmi  les  Thèses  sedanenses,  on  en  re- 


marque une  De  homine  soutenue  par  Pierre 
Gantois,  en  1622,  sous  la  présidence 
d'Abraham  Rambours.  Treize  ans  plus 
tard,  au  nombre  des  étudiants  de  la  même 
académie  se  trouvait  Jacques  Gantois,  qui 
fut  répondant  à  deux  thèses  de  Pierre  Du 
Moulin,  l'une  De  7^eliquiis  sanctorum  et 
eorum  cuitu,  et  l'autre  De  fundamento  fi- 
dei  ecdesiie  romanx.  Tous  deux  étaient  de 
Sedan,  et  probablement  fds  de  notre  Eu- 
sèbe. Nous  ne  connaissons  aucune  particu- 
larité de  la  vie  du  premier  ;  mais  nous  sa- 
vons que  Jacques  desservit,  avec  Paul 
Allard,  l'église  de  Sancerre  jusqu'en  1641, 
que  Condi>  lui  ordonna  de  sortir  de  la 
ville.  Il  retourna  à  Sedan,  d'où  les  Sancer- 
rois  le  rappelèrent,  en  1650,  pensant  que 
la  captivité  de  Condé  leur  fournissait  une 
occasion  favorable  pour  rétablir  leur  exer- 
cice ;  mais  ils  avaient  compté  sans  l'arche- 
vêque de  Bourges  qui,  se  fondant  sur  l'ar- 
ticle 5  des  Articles  secrets,  porta  plainte  au 
roi  et  fit  de  nouveau  fermer  le  temple,  le 
22  oct.  1651.  Les  habitants  protestants,  au 
nombre  desquels  figuraient  Dargent,  Grené, 
J)a\'id  Perrinet,  Minot,  Paul  Renovard,  Lé- 
veillé,  Dubois,  Bourgeois,  Lauverjat,  etc. 
demandèrent  alors  et  obtinrent  la  permis- 
sion de  réédifier  leur  ancien  temple  à  la 
porte  Oyson.  Jacques  Gantois  put  donc 
continuer  sans  nouvelle  interruption  les 
fonctions  de  son  ministère  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  en  1667.  La  seule  publication  que 
nous  connaissions  de  lui.  outre  les  thèses 
citées  plus  haut,  est  un  Sermon  sur  I  Cor. 
10,  prononcé  à  Charenton,  le  6  juillet  1664, 
Sedan,  Franc.  Chayer,  1664,  in-4o  de  77  p. 
Il  avait  épousé  Rachel  Renouard,  dont  la 
sœur  Esther  avait  été  mariée  à  François 
de  Fougères,  ministre  d'Henrichemont 
(voy.  ci-dessus  col.  655). 

A  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
Pierre  Gantois  se  retira  en  Hollande,  ainsi 
que  son  fils  et  Jean  Le  Fèvre,  le  collègue 
de  ce  dernier,  qui  plus  tard  rentra  en 
France,  où  il  continua  ses  prédications 
dans  des  assemblées  secrètes  en  dépit  des 
dragons  et  des  archers  qui  le  traquaient. 
Bientôt  après  son  arrivée,  Gantois  fut  ap- 
pelé à  desservir  l'église  de  Gorcum,  fonc- 
tions qu'il  remplit  jusqu'en  1731  et  dans 
lesquelles  il  eut  pour  compagnon  d' œuvre, 
de  1686  à  1692,  Jacques  Gantois,  son  cou- 
sin sans  doute.  Ce  dernier  avait  été  ministre 
à  Sedan,  et  c'est  lui  qui,  lors  de  la  signi- 


I 


833 


GANTOIS 


GARCIN 


834 


ficalion  de  l'Avertissement  du  clergé,  y 
avait  répondu  avec  beaucoup  de  dignité  et 
de  convenance  {Fontette,  Portef.  19). 

GAPIAN,  «  ci -devant  potier  d'étain  à 
Grenoble,  veuf  avec  4  enfants,  et  à  présent 
commis  de  M.  de  La  Tour  d'Alliés  pour 
ses  mines  de  cuivre  et  de  plomb  ;  ne  va 
point  à  l'église  et  est  meschant  huguenot,  > 
■i685(Rapport  du  command.de  Grenoble). — 
Pierre  Garachon,  de  Si- Amour  en  Bour- 
gogne, reçu  habitant  de  Genève,  mai  1573. 
—  J.  Garacol,  ministre  à  Florac,  1620.  — 
.lehan  Garaman,  de  Nègrepelice,  ici.  juill. 
15oS.  —  Jean  Garatte,  du  Rouergue,  ré- 
fugié à  Magdebourg,  1708.  —  Suzanne 
Garaud,  de  Vitré,  40  ans,  assistée  (2  sh.) 
à  Londres,  1708.  —  Jean  Garaulois,  pré- 
cédemment nommé  Garembois,  déposé  au 
synode  de  lo72.  —  Clément  Garcher,  natif 
de  Fromentières,  au  pays  d'Anjou,  reçu 
habitant  de  Genève,  mai  1539.  —  Suzanne 
Garrault,  63  ans,  femme  de  Charles  de 
La  Haye,  s^  de  la  Jarie^  inhumée  au  cimet. 
des  SS. -Pères,  3  juin  1652.  —  Daniel 
Garreau,  de  Luzignan,  57  ans,  menuisier, 
et  sa  femme,  assistés  (10  sh.)  à  Chelsey, 
1705. 

1 .  GARCIN  (Laurent),  docteur  en  méde- 
cine de  la  Faculté  de  Reims  [Haag,  V214], 
né  à  Grenoble  et  mort  à  Neuchâtel.  Comme 
médecin  au  service  de  la  Compagnie  hollan- 
daise des  Indes  orientales,  Garcin  fit  plu- 
sieurs voyages  dans  les  îles  de  l'Océanie. 
Au  retour  de  l'une  de  ses  navigations,  il 
s'arrêta  au  Cap  de  Bonne-Espérance  où  il 
passa  quelques  années,  et  il  profita  de  son 
séjour  dans  cette  magnifique  colonie  pour 
étudier  l'histoire  naturelle  du  pays  et  en 
particulier  la  flore  de  ces  contrées  presque 
inconnues.  A  son  arrivée  en  Europe,  ses 
travaux  furent  récompensés  par  les  diplô- 
mes de  membre  de  la  Société  royale  de 
Londres,  de  l'Institut  de  Bologne  et  de 
membre  correspondant  de  l'académie  des 
sciences  de  Paris.  Il  passa  les  dernières 
années  de  sa  vie  à  Neuchâtel,  où  il  obtint, 
en  1732,  les  droits  de  bourgeoisie. 

Laurent  Garcin  a  été  un  actif  collabora- 
teur du  Dictionnaire  du  commerce,  de  la 
Bibliothèque  raisonnée,  du  Journal  helvé- 
tique, et  l'on  trouve  aussi  plusieurs  de  ses 
dissertations  dans  les  Transactions  philoso- 
phiques. Il  suffira  d'indiquer  les  plus  re- 
marquables de  ses  productions  ;  elles  n'of- 
frent plus  aujourd'hui  un  grand  intérêt.  Il 


a  inséré  dans  le  Journal  helvétique ,  outre 
des  Tables  météorologiques,  deux  Lettres 
sur  la  cause  des  principales  descentes  du 
mercure  dans  le  baromètre  (sept.  1735  et 
janv.  1736)  ;  —  des  Lettres  à  ilfme  p. 
contenant  diverses  particularités  sur  les 
bains  chauds,  spécialement  sur  ceux  d'Aix 
en  Savoye,  et  par  occasion  sur  les  causes 
et  la  guérison  du  rhumatisme  (1736);  — 
Lettre  à  l'occasion  de  quelques  remèdes 
nouveaux  et  expérimentés  (1744)  ;  —  Lettre 
sur  les  œufs  philosophiques  (1745)  ;  — 
Lettre  sur  le  phénomène  des  grains  trouvés 
dans  le  canton  de  Berne,  que  l'on  préten- 
doit  être  tombés  du  ciel  (1746)  ;  —  Remar- 
ques sur  la  lettre  d'un  anonyme  contenant 
quelques  observations  sur  le  système  de 
Telliamed  (1751).  Les  Mémoires  de  Garcin, 
publiés  dans  les  Transact.  philos.,  traitent 
tous  des  sujets  de  botanique  ;  en  voici  les 
titres  :  A  neiv  family  of  plants,  called  oxyo'i- 
des  (1730);  —  Remarks  on  a  family  of 
plants  namedmusa  (1730)  ;  —  Thehirudi- 
nella  marina  or  sea-leech  (1730)  ;  —  The 
settling  of  a  new  genus  of  plants  called, 
after  the  Malayans,  mangostans  (1734)  ;  — 
On  the  cypress  of  the  ancients  (1748);  — 
Of  a  neio  genus  of  plants  called  salvadora 
(1748). 

Garcin  laissa  un  fils  nommé  aussi  Lau- 
rent et  né  à  Neuchâtel,  en  1734,  qui  s'est 
également  fait  connaître  par  quelques  œu- 
vres littéraires,  dont  voici  la  liste  : 

I.  Le  pouvoir  de  l'éloquence,  petit  poème 
ins.  dans  l'Année  littéraire  (1759)  avec 
une  lettre  à  Fréron. 

II.  La  Ruillière,  épître  à  M",  Paris, 
1760,  in-12. 

III.  Traité  du  mélodrame  ou  Réflexions 
sur  la  musique  dramatique,  Paris,  1772, 
in-8o. 

IV.  Discours  sur  les  romans  et  sur  le 
choix  des  amis,  trad.  du  latin  du  P.  Porée 
et  ins.  dans  le  Choix  littéraire  de  Vernes 
et  dans  le  Choix  des  anciens  Mercures. 

V.  Odes  sacrées  ou  les  psaumes  de  David 
en  vers  français,  trad.  nouv.  par  divers 
auteurs,  avec  un  discours  préliminaire, 
Amst.  1764,  in-8o  ;  Yverdun,  1781,  in-12. 

Il  est  assez  vraisemblable  que  Jacques 
Garcin,  qui  ne  nous  est  connu  d'ailleurs 
que  par  son  Oratio  inauguralis  de  utilitate 
linguœgallicse, habita  Franequerse  (Franeq., 
1757,  in-4o)  appartenait  à  la  même  famille, 
originaire  du  Dauphiné,  d'où  trois  mar- 

VI.  27 


835 


GARCIN 


GARDESY 


83G 


chauds  de  ce  nom,  Philippe,  Etienne  et 
Pierre  Garcin,  allèrent,  après  la  Révoca- 
tion, s'établir  à  Lausanne  avec  leurs  fem- 
mes Marie  Alberge,  Madelaine  David  et 
Marie  Jaquet.  Si  nous  hésitons  à  l'y  rat- 
tacher, c'est  que  parmi  les  pasteurs  réfu- 
giés en  Hollande  en  1686  se  trouvait  un 
Jacob  Garcin,  d'Orthez  en  Béarn. 

2.  GARCIN  (Jean),  ministre  à  Abriez, 
Ristolas  et  Aiguitte  dans  l'Embrunois  en 
1620,  puis  à  La  Terrasse,  non  loin  de  Gre- 
noble, et  déposé  en  1626  par  le  synode  de 
Castres;  —  Jean  Garcin,  de  la  Charité, 
étud.  à  Genève  (J.  Garcinus  Charitensis), 
1679  ;  past.  à  Nyons  1682  ;  abjure  et  se 
relève;  puis  en  1686  passe  en  Hollande 
où  il  mourut  en  16S9. 

GARD  (Pierre  de),  d'Elbeuf,  marchand 
de  tabac,  réfugié  à  Francfort,  1700.  — 
Marie  Gardail,  de  Clérac,  assistée  à  Ge- 
nève, 1701.  —  Amiet  Garde,  coutelier  de 
Lyon,  reçu  habitant  de  Genève,  IS  dée. 
1572  ;  (Antoine),  ministre  à  Calmont  et 
Gibel,  1577;à  Alets,  1585.— Jean  Gardes, 
dit  Armand,  pasteur  du  désert  dans  le 
haut  Languedoc,  présenté  au  synode  du 
bas  Languedoc  du  1er  juin  1763.  —  Jean 
Gardés,  de  Montauban,  assisté  à  Genève 
d'un  viatique  pour  l'Allemagne,  1700  ; 
(autre  Jean),  de  Saint-Quentin  en  Picardie, 
gazier,  réfugié  à  Halberstadt,  1700. 

GARDELLE.  Dans  une  famille  de  ce 
nom  réfugiée  du  Languedoc  à  Genève, 
étaient  quatre  frères,  tous  quatre  plus  ou 
moins  artistes;  l'aîné  fut  un  peintre  médio- 
cre, qui  faisait  de  la  miniature  et  des  paysa- 
ges d'invention,  à  la  gouache.  Il  eut  peu 
de  succès  à  Genève  et  s'établit  en  Angle- 
terre, où  il  mourut. 

Le  second,  Robert  [Haag,  V  215]  eut 
au  contraire  une  carrière  brillante.  Né  à 
Genève  en  1682,  il  abandonna  les  études 
classiques,  auxquelles  ses  parents  l'avaient 
destiné,  pour  se  livrer  au  dessin.  Il  se 
rendit  en  Allemagne,  s'arrêta  à  Cassel  et, 
accueilli  à  la  cour  de  Hesse,  il  y  fit  quel- 
ques portraits.  A  Berlin  où  il  alla  ensuite, 
il  eut  le  même  bonheur  et  peignit  plusieurs 
membres  de  la  famille  royale  ;  il  y  fit 
aussi  des  copies  de  deux  portraits  de 
Charles  XII  et  d'Auguste,  roi  de  Pologne. 
qui  sont  à  la  Bibliothèque  publique  de 
Genève.  En  repassant  à  Cassel,  il  peignit 
le  landgrave  de  Hesse  et  rentra  à  Genève 
en  1712.  Mais  il  sentit  le  besoin  d'aller  se 


perfectionner  à  Paris  dans  la  peinture  à 
l'huile  et  travailla  toute  une  année  dans 
l'atelier  du  célèbre  Largillière  ;  il  copia 
plusieurs  ouvrages  du  maître  avec  un  ta- 
lent remarquable.  De  retour  dans  sa  ville 
natale,  il  y  devint  le  peintre  de  toutes  les 
familles  aisées  et  exécuta  un  nombre  infini 
de  portraits  dont  beaucoup  subsistent  en- 
core. Il  parcourut  aussi  les  pays  de  Vaud, 
de  Neuchâtel,  de  Berne,  le  pinceau  à  la 
main,  laissant  partout,  au  rapport  de  son 
premier  et  principal  biographe  (J. -C. 
Fueslin  ;  Gesch.  der  besten  Kiinstler  in 
der  Schweitz,  5  vol.  in-8o,  1769-79)  des 
témoignages  de  son  habileté.  Cependant 
ses  ouvrages  sont  généralement  négligés, 
parce  que  n'exigeant  qu'une  faible  rému- 
nération, il  expédiait  rapidement  son 
travail.  Trois  jours  lui  suffisaient  pour 
peindre  de  buste  un  personnage  de  gran- 
deur naturelle.  Aussi  se  contentait-il  de  3 
louis.  Peu  de  peintres  ont  autant  travaillé, 
d'autant  plus  qu'il  avait  l'habitude  de  gar- 
der une  copie  de  presque  tout  ce  qu'il  livrait. 
Il  travaillait  encore  à  84  ans,  lorsqu'il 
mourut  à  la  suite  d'une  chute  (1766).  Un 
certain  nombre  de  ses  portraits  ont  été 
gravés,  et  plusieurs  par  lui-même,  notam- 
ment trois  grands  théologiens  de  son  temps  ' 
Alph.  Turrettini,  de  Genève  ;  Osterwald, 
de  Neuchâtel  et  Wehrenfels  de  Bâle.  Il 
peignit  aussi,  médiocrement,  quelques 
paysages,  deux  grandes  vues  de  Genève  et 
des  environs,  publiées  dans  l'édit.  in-4o  de 
l'Hist.  de  Genève  par  Spon  (1730)  ont  été 
gravées  d'après  lui  par  Ant.  Chopy  (voy. 
IV,  col.  350).  A  sa  biographie  de  Gardelle, 
Fueslin  a  joint  (t.  IV,  p.  105)  un  joli  por- 
trait de  ce  laborieux  portraitiste. 

GARDESY  (Jean),  ministre  à  Metz.  Ar- 
rivé en  1575,  il  exerça  son  ministère  dans 
l'église  de  Burtoncourt^  et  commença  en 
1578  à  Montoy  où  s'assemblaient  alors  les 
réformés  messins,  auxquels  l'exercice  était 
interdit  dans  la  ville.  Cette  même  année, 
après  la  Pentecôte,  il  alla  se  marier  à  Mon- 
tauban. Soit  qu'il  fût  originaire  du  midi, 
soit  à  cause  de  son  mariage,  il  quitta  Metz, 
ayant  obtenu  son  congé  le  17  déc.  1580. 
En  1585,  il  était  à  Castres  {Mém.  de  Gas- 
ches,  298)  ;  en  1592  à  S^-Antonin  {Bull. 
XXV,  551);  en  1.598-1601  à  Villemur 
(Bull.  XXXI,  307)  à  l'assemblée  de  Castres  ; 
le  25  déc.  1600,  il  signe  le  règlement  de 
l'acad.  de  Montauban  {Bull.  IX,  407)  ;  en 


83' 


GAEDESY   —    GAEENCIERES 


838 


1610,  il  était  à  Mauvesiii  où  se  trouvait  le 
château  de  Tinel  appartenant  à  une  famille 
réformée.  Appelé  à  Metz,  en  1611,  pour 
succéder  à  Buffet,  il  refuse.  Sur  son  refus 
le  consist.  de  Metz  adressa  vocation  à  Paul 
Ferry  qui  venait  de  terminer  ses  études  et 
n'avait  pas  encore  quitté  Montauban.  Il 
assista  aussi  à  divers  synodes,  fut  adjoint 
du  président  au  XXIme  et  secrétaire  au 
XlIIme  (Cuvier). 

GARDICHAT  (Pierre),  maître  chirur- 
gien de  Vitry  en  Champagne,  avec  2  enf. 
et  une  servante,  réfugié  à  Cologne,  1698. 
—  Jean  Gardien-Givry  était  allé,  de  la  ïie- 
rache,  faire  ses  études  de  théologie  (.loan- 
nes  Gardien  vervinensis  thierarehinus)  en 
1670.  Il  commença  d'exercer  les  fonctions 
pastorales  quelque  temps  avant  la  Révoca- 
tion, et  d'abord  pendant  sept  ans  au  cluâ- 
teau  de  S'-Loup-au-Bois,  terre  appartenant 
à  M.  de  Briquemaut,  à  cinq  lieues  de  Se- 
dan ;  puis  il  parcourut  le  midi  et  six  mois 
après  la  Révocation  il  fut  s'embarquer  à 
Bordeaux  d'où  il  gagna  l'Angleterre  et  y 
étant  arrivé  il  fut  préposé  par  l'évêque 
d'Exeter  à  l'église  françoise  de  Plymouth 
dont  il  fut  le  pasteur  durant  cinq  ans  et 
demi.  Il  revint  en  France  en  1691  et  prê- 
cha courageusement  dans  le  désert  en  di- 
verses provinces,  notamment  en  Champa- 
gne ;  il  linit  par  être  arrêté  en  mai  1692, 
et  fut  mis  momentanément  à  la  Bastille 
(Archiv.  de  la  13.,  vol.  IX).  —  «  Anthoine 
Gardillon,  tailleur  d'habitz,  natif  de  Val- 
lore  en  Auvergne,  amené  ;i  la  Conciergerie 
de  Paris  comme  estant  de  la  nouvelle  oppi- 
nion  et  pour  avoir  été  au  camp  du  prince 
de  Conde  et  porté  les  armes,  ainsi  qu'il  a 
confessé,  »  4  juin  1569. 

GARDIN,  capitaine  huguenot  [Haag,  V 
215].  Gardin  commandait  avec  Ladout  à 
Rabasteins,  lorsque  cette  ville  fut  assiégée 
par  Monluc  en  1370.  Le  farouche  Monluc 
nous  apprend  lui-même,  dans  ses  Mémoi- 
res, que  Rabasteins  était  voué  à  la  destruc- 
tion et  que  son  parti  était  pris  d'en  passer 
tous  les  habitants  au  fil  de  l'épée.  Une 
blessure  grave  qu'il  reçut  en  conduisant  ses 
soldats  à  l'assaut,  augmenta  encore  sa  soif 
de  sang.  Laissons  parler  maintenant  l'abbé 
Poeydavant,  qui  ne  peut  être  suspect  de 
partialité  :  «  De  tous  les  habitans  pris 
dans  Rabastens,  il  n'en  etoit  échappé  que 
quatre,  dont  deux  étoient  marchands 
catholiques  ;  les  deux  autres  rachetèrent 


leur  vie  par  des  présens  :  la  plupart  des 
autres  du  parti  huguenot,  y  compris  les 
femmes  qui  périrent  sur  la  brèche  en  jetant 
des  pierres  sur  les  assiégeans,  fut  immolé 
sans  compassion.  Cinquante  ou  soixante 
personnes,  parmi  lesquelles  étoient  des 
ministres  et  gens  de  consistoire,  s'étoient 
réfugiées  au  haut  de  la  grande  tour.  Les 
soldats  les  firent  sauter  de  haut  en  bas,  en 
sorte  qu'ils  tombèrent  dans  la  jirofondeur 
des  fossés  remplis  d'eau,  où  ils  se  noyèrent.  » 
En  fait  de  barbaries,  Des  Adrets,  comme  on 
voit,  était  inférieur  à  Monluc.  —  Six  chefs 
de  famille  du  nom  de  Gardiol,  fugitifs 
d'Orange,  assistés  à  Genève  allant  en  Alle- 
magne, 1703  ;  et  un  septième,  Barthélémy 
Gardiol,  d'Aignières  en  Provence,  id. 
1707.  —  César  Gardon,  d'Orange,  et  sa 
femme,  assistés  à  Lausanne  d'un  viatique 
pour  Schaffhouse,  1693.  —  Injonction  si- 
gnifiée par  le  parlement  de  Grenoble  à 
Jacques  Gardy,  de  Pont  en  Royans,  d'ab- 
jurer le  protestantisme  dans  trois  mois  à 
compter  de  la  signification  sous  peine 
d'expulsion  par  les  mains  de  la  maréchaus- 
sée, 1729  {Bull.  XI.  242).  —  Thomas  et 
Jacques  Garel,  manufacturiers  d'Uzès,  éta- 
blis vers  1680  à  Magdebourg.  Jean  Garel, 
du  Vivarais,  assisté  à  Lausanne,  1704.  Ja- 
cob Garel,  de  Montauban,  assisté  à  Genève, 
1706. 

GARENCIÈRES  (Théophile  de),  né  à 
Paris  d'une  famille  catholique  [Haag,  V 
216],  se  fit  recevoir  docteur  en  médecine 
à  Caen  vers  1635.  A  l'âge  de  20  ans,  il 
suivit  à  Londres,  en  qualité  de  médecin, 
l'ambassadeur  de  France.  Il  embrassa  en 
Angleterre  la  religion  protestante  à  la  per- 
suasion du  pasteur  Jean  d'Espagne,  fut  ad- 
mis dans  le  collège  médical  de  Londres  et 
mourut,  après  1676,  dans  une  situation 
peu  fortunée.  On  a  de  lui  : 

I.  Flagellum  Anglise,  seu  tabès  anglica 
numeris  omnibus  absoluta,  Lond.,  1647, 
in-4o  et  in-18. 

II.  A  discourse  concerning  the  nature  of 
the  plague,  Lond.,  1665,  1666,  in-4û. 

III.  The  true  prophecies  or  prognostics 
of  Michel  Nostradamus,  1672,  in-fol. 

IV.  Ofthe  virtues  andeffects  of  the  tinc- 
ture  of  corals  in  physick,  Lond.,  1676,  in- 
8o. 

Un  de  ses  descendants,  nommé  aussi 
Théophile,  nous  est  connu  par  la  publica- 
tion suivante  ;  General  instructions,  divi- 


839 


GARENCIERES 


GARGOULLEAU 


840 


ne,  moral,  historical,  etc. ,  sheiving  the 
progress  of  religion  frorn  the  création  to 
this  time  and  to  the  end  ofthe  world,  Yorck, 
1728,in-8o. 

Vers  1694,  un  dénonciateur  anonyme 
signala  au  gouvernement  deux  habitants 
d'Alençon,  Garencières  et  Chemin -Tau- 
nay,  comme  tenant  chez  eux  des  assem- 
blées religieuses  et  y  recevant  des  minis- 
tres (M  670). 

GARENJAUD  (Pierre),  «  natif  de  Mon- 
thelinard  en  Dauphiné,  cordainier,  »  reçu 
habitant  de  Genève,  23  août  15ol  ;  Jac- 
ques Garinjaud,  «  cordainier,  nat.  de  Mon- 
tellimard,  «  id.,  31  août.  —  Pierre  Gare- 
niol,  «  de  Tours  en  Touraine,  veloultier,  » 
id.,  juin.  1558.  —  Esaie  Garés,  de  La 
Motte  Chalençon,  assisté  à  Genève,  1702, 
pour  gagner  la  Suisse.  —  Nicolas  Garet, 
de  Sauvigny  en  Lorraine,  reçu  habitant 
de  Genève,  5  septemb.  lo72. 

GARESCHÉ.  famille  notable  de  négo- 
ciants et  de  marins  de  la  Rochelle.  Nathan 
Garesché,  religionnaire  fugitif  en  168S; 
ses  biens  furent  confisqués.  Isaac  Garesché 
et  ses  quatre  filles,  Jeanne,  Marie,  Su- 
zanne et  Esther  Garesché  enfermés  comme 
religionnaires  par  lettre  de  cachet,  1727; 
celles-ci  au  couvent  des  Filles  de  Notre- 
Dame  à  Saintes.  En  1727,  l'intendant  Bi- 
gnon  autorisa  un  jeune  Garesché  à  se  ren- 
dre en  Hollande  pour  y  apprendre  la  langue 
et  le  commerce,  conformément  à  l'avis  du 
subdélégué  que  trois  enfants  de  cette  famille 
avaient  déjà  été  en  Hollande  dans  ce  but, 
en  étaient  repartis  régulièrement  et  étaient 
devenus  d'habiles  et  riches  négociants  (Ri- 
chemond). 

GARGOULLEAU,  honorable  famille  de 
la  Rochelle  à  laquelle  appartenait  un  éche- 
vin  de  la  ville,  Louis  GargouUeau,  qui 
mourut  en  1566.  Ce  fut  dans  sa  maison 
que  se  firent  les  premières  assemblées  re- 
ligieuses tenues  parmi  les  Rochellois  par- 
tisans de  la  Réforme.  Son  fils,  également 
nommé  Louis,  éehevin  à  son  tour,  fut  tué 
pendant  le  siège  de  1572.  Un  troisième 
Louis  Gargoulleau,  maire  en  1583,  se 
montra  vaillant  capitaine  [Haag,  V  116]. 
l\  s'était  déjà  distingué  sous  Puyviaut,  au 
siège  de  Niort,  où  il  avait  été  blessé,  lors- 
que, en  1572,  il  fut  nommé  capitaine  d'une 
des  huit  compagnies  de  volontaires  levées 
par  la  Rochelle,  après  le  massacre  de  la 
Saint- Barthélémy,  Les  sept  autres  étaient 


commandées  par  Jacques  David,  Pierre 
Portier,  Jean  Collin,  Charles  Chalmot,  Mé- 
ri  Marie,  tous  cinq  pairs,  et  parMathurin 
Le  Grand  et  Bonnault  '.  En  1573,  il  entra 
dans  le  conseil  de  guerre,  alors  composé, 
sous  la  présidence  du  maire,  de  La  Noue, 
Languillier,  La  Roche-Esnard,  Des  Essarts, 
Champagne  et  Le  Grand,  C'est  lui  qui  fut 
chargé  d'arrêter  le  traître  Du  Lion  qui  se 
fit  tuer  en  se  défendant  (t.  v,  col.  737). 
Après  la  retraite  de  la  Noue,  il  continua 
à  faire  partie  du  conseil  de  guerre  avec 
Des  Essarts,  Normand,  La  Rivière-le-Lys. 
Le  capitaine  Sauvage  ayant  été  tué,  il  le 
remplaça  comme  sergent- major,  et  con- 
tribua vaillamment  à  l'héroïque  défense 
de  la  Rochelle.  On  sait  que  le  duc  d'An- 
jou, renonçant  enfin  à  l'espoir  de  sou- 
mettre le  boulevart  du  protestantisme, 
consentit  à  un  traité  de  paix  (au  bas  du- 
quel Gargoulleau  eut  l'honneur  d'apposer 
son  nom). 

En  1575,  Gargoulleau  fut  chargé,  avec 
Texier  et  Choisy,  de  porter  au  duc  d'Alen- 
çon le  subside  qui  avait  été  imposé  sur  La 
Rochelle,  pour  la  solde  de  l'armée  de 
Jean-Casimir.  En  1577,  nous  le  trouvons 
qui  occupait  Rochefort  avec  une  faible  gar- 
nison. Instruit  de  la  prise  de  Tonnay- 
Charente  par  Mayenne,  et  ne  se  sentant 
pas  en  état  de  résister  avec  quelques  hom- 
mes à  une  armée  victorieuse,  il  prit  le 
parti  d'évacuer  la  ville  et  de  se  retirer  à  la 
Rochelle.  La  même  année,  le  prince  de 
Condé  essaya,  mais  inutilement,  de  le  faire 
nommer  maire,  les  habitants  ne  voulant 
pas  pour  leur  premier  magistrat  d'un  hom- 
me dévoué  à  la  noblesse.  En  1586,  Gar- 
goulleau fut  de  l'expédition  commandée 
par  Saint-Gelais,  laquelle  avait  pour  but  de 
fermer  le  port  de  Brouage,  et  en  1588,  il 
tenta  sans  succès  de  conduire  des  secours 
à  La  Jarrie  et  à  Bois-du-Lys,  assiégés 
dans  Marans.  La  même  année,  il  fut  élu 
maire,  et  ce  fut  en  cette  qualité  qu'il  as- 
sista avec  Mathurin  Renauld  et  Jean  de 
Bourdigalle  à  l'assemblée  politique  de  la 
Rochelle. 

A  partir  de  cette  époque,  l'histoire  de  la 
Rochelle  ne  parle  plus  de  Gargoulleau. 
Nons  n'avons  rien  à  ajouter  aux  rensei- 
gnements qui  nous  sont  fournis  par  Ar- 

'  Les  Mémoires  de  Charles  IX  substituent  les 
noms  de  Sauvage,  Bohineau  et  Pinaut  à  ceux  de 
Portier,  Collin  et  Marie. 


841 


GARGOULLEAU 


GARISSOLES 


842 


cère,  si  ce  n'est  qu'une  demoiselle  Gar- 
gouUeau  sortit  de  France  à  la  Révocation 
{Tt  2i7),  tandis  que  Josué  Gargoulleau, 
sieur  des  Loges,  fds  de  Louis  Gargoulleau 
sieur  du  Payault,  né  en  1600  mort  en  1669, 
et  de  Catherine  du  Tronchay,  abjura  la  re- 
ligion protestante,  le  7  janv.  1686,  avec  sa 
femme  Marguerite  Barbot  fille  de  Pierre 
Barbot  et  de  Marie  Elle,  qu'il  avait  épou- 
sée en  1666  dans  le  temple  de  Charenton. 
Cet  apostat  avait  un  frère,  nommé  Michel 
(reg.  de  Char.)  qui  suivit  probablement 
son  exemple,  tandis  que  leur  belle-mère 
Judith  Benoît  passa  dans  les  pays  étran- 
gers. 

GARILLIAN,  marchand  de  Grenoble, 
réfugié  avec  sa  femme  à  Lausanne  1697  ; 
il  lègue  6  liv.  aux  autres  réfugiés  de  cette 
ville,  1712.  —  Françoise  Garimond,  de 
S'-Mamet,  dioc.  d'Uzès,  morte  à  Lausanne 
1692.  David  Garimon,  de  Nîmes,  assisté 
à  Genève  de  40  s.  de  France  et  une  che- 
mise, 1700.  Pierre  Garimon  ouvrier  dans 
une  fabrique  d'indiennes,  assisté  à  Ge- 
nève d'habits  et  d'un  viatique  de  4  écus 
pour  Rerlin,  1709. — André  Garin,  ministre 
à  Donzère  en  Dauphiné,  1609-12  ;  —  Jehan 
Garin,  de  Cadanet  en  Provence,  dioc.  d' Aix, 
reçu  habit.  deGenève,  novemb.  1552.  Sidrac 
Garin,  de  Gap,  assisté  à  Genève,  allant  en 
Irlande  avec  sa  femme  et  deux  enf.,  1693; 
assisté  de  nouveau  en  y  repassant,  1697. 
Jean  Garin  de  Bousset  en  Vivarais,  id., 
1703.  —  Gariot,  fjimille  originaire  de  Bel- 
fort,  établie  à  Payerne  (Vaud)  dès  1644. 
Jean  Gariot  «  de  la  juridiction  de  Montau- 
ban,  »  allant  en  Brandebourg,  mais  obligé 
de  rebrousser  chemin  à  cause  des  guerres, 
est  assisté,  1689,  à  Lausanne. 

GARIPUY,  famille  de  Fezensaguet  dont 
plusieurs  membres  se  distinguèrent  dans 
l'armée  et  la  magistrature.  Vers  1580  un 
P.  de  Garipuy  épousa  une  des  filles  de  Do- 
minique de  Lascostes  S^  de  Barjeau.  Plus 
tard  un  autre  Pierre  de  Garipuy  fut  pro- 
cureur au  présidial  d'Auch.  Au  milieu  du 
XVIIIme  siècle,  nous  trouvons  à  Mauvezin 
un  Sébastien  Garipuy  marié  àDHede  Bigos 
et  par  là  alliée  à  la  famille  d'Astugue  d'En- 
galin,  et  un  Pierre  Garipuy  lieutenant  au 
régiment  de  Guyenne,  qui  épouse  Marie 
de  Bridiers  de  la  maison  des  Bridiers  Vil- 
lemor.  Il  existe  encore  des  Garipuy,  mais 
dont  nous  ne  pouvons  établir  la  parenté 
avec  les  précédents  (Barjeau). 


GARISSOLES  ou  Garrisoles  (Antoine), 
pasteur  et  professeur  de  théologie  à  Mon- 
tauban  [Haag,  V  216],  naquit  dans  cette 
ville,  de  Guillaume  Garissoles,  marchand, 
et  de  Marie  Gauside,  au  mois  de  juin  1587. 
Après  avoir  fait  ses  études  dans  sa  ville 
natale,  il  fut  donné  pour  pasteur,  en  1610, 
à  l'église  de  Puylaurens  et  la  desservit  jus- 
qu'en 1620.  A  cette  époque  se  tint  à  Alais 
le  synode  national  auquel  les  églises  du 
haut  Languedoc  l'envoyèrent  pour  les  re- 
présenter. Montauban,  depuis  quelques 
années  déjà,  désirait  l'avoir  pour  pasteur 
et  obtint  du  synode  d' Alais  qu'il  lui  serait 
prêté  pour  six  mois.  Au  bout  des  six  mois, 
les  Montalbanais  ne  voulurent  pas  le  lais- 
ser partir  et  obtinrent  du  synode  du  haut 
Languedoc  que  Garissoles  fût  attaché  défi- 
nitivement à  leur  église.  Mais  sur  l'appel 
de  Puylaurens  et  malgré  les  efforts  de  leur 
député,  Dubois,  le  synode  national  de  Cha- 
renton leur  ordonna,  en  1623,  de  le  ren- 
dre à  son  ancien  troupeau.  Ne  renonçant 
pas  toutefois  à  l'espoir  d'enlever  définiti- 
vement un  de  leurs  concitoyens  qui  jouis- 
sait d'une  légitime  réputation  de  science 
et  d'éloquence,  ils  envoyèrent  les  consuls 
Roques  et  Lacresse  au  synode  national  de 
Castres,  1626,  pour  le  demander  comme 
second  professeur  de  théologie,  et  cette 
fois,  la  requête  leur  fut  accordée,  bien  que 
Garissoles  insistât  pour  rester  à  Puylau- 
rens où  l'attachaient  des  liens  de  famille. 
Cette  translation,  confirmée  par  le  synode 
national  de  Charenton,  en  1631,  était  déjà 
un  fait  accompli,  car  le  nouveau  profes- 
seur avait  pris  possession  de  sa  chaire  au 
mois  d'octobre  1627. 

Il  montra  dans  son  professorat  un  carac- 
tère et  des  vertus  bien  rares.  La  guerre 
civile  désolait  le  Languedoc  et  Montauban 
était  entouré  des  troupes  royales  qui  le 
menaçaient  sans  que  son  académie  songeât 
à  suspendre  ses  leçons  ;  mais  le  gouverne- 
ment ayant  supprimé  les  allocations,  les 
professeurs  n'avaient  plus  de  traitement 
et  il  était  impossible  de  pourvoir  au  rem- 
placement de  ceux  d'entre  eux  qui  décé- 
daient. Garissoles  remplit  à  lui  seul  les 
deux  lacunes  :  à  ses  leçons  de  théologie  il 
ajouta  bénévolement  l'hébreu  et  la  philo- 
sophie en  remplacement  de  collègues  dé- 
cédés et  il  paya  de  sa  bourse,  d'ailleurs 
richement  pourvue,  les  traitements  de  ceux 
que  l'État  ne  payait  plus.  M.  Michel  Ni- 


843 


GARISSOLES 


844 


colas  mentionne  {Hist.  de  Vacad.  de  Mont., 
1885,  p.  171),  cinq  actes  notariés  par  les- 
quels cinq  professeurs  de  l'académie,  re- 
connaissent avoir  reçu  leurs  traitements 
des  deniers  de  Garissoles  montant  à  500, 
à  800  et  pour  trois  d'entre  eux  à  plus  de 
mille  livres.  Enfin,  il  lui  arriva  plusieurs 
fois,  de  1630  à  1645,  de  se  trouver  le  seul 
professeur  de  l'académie  enseignant  à  la 
fois  le  grec,  l'hébreu,  la  théologie  et  la 
philosophie. 

Garissoles,  qui  avait  été  député,  en 
1614,  à  l'assemblée  de  Pamiers  avec  d'/m- 
hert  et  de  Fournes  par  l'église  de  Puylau- 
rens,  le  fut,  en  1645,  au  synode  national 
de  Charenton  par  le  haut  Languedoc;  il  en 
fut  élu  modérateur,  et  en  cette  qualité,  il 
répondit  au  discours  du  commissaire  royal 
(voy.  IV,  col.  975).  Après  s'être  félicité 
de  l'avènement  de  Louis  XIV  au  trône 
«  cette  étoile  d'Orient  qui  a  paru  avec  un 
éclat  qui  fait  revivre  toutes  les  espérances 
de  ses  fidèles  sujets,  et  qui  a  rempli  d'éton- 
nement  et  d'admiration  tous  les  peuples 
du  christianisme,  »  il  se  contente  de  pa- 
raphraser le  discours  d'Abimélec  de  Cu- 
mont.  Il  promet,  au  nom  du  synode,  de  se 
soumettre  à  toutes  les  volontés  du  roi, 
seulement  il  prie  S.  M.  de  bien  vouloir 
arrêter  les  entreprises  du  clergé  catholique  ; 
il  la  supplie  de  se  souvenir  que  la  Confes- 
sion de  foi  des  églises  réformées  de  Franco 
date  de  cent  ans  et  qu'on  n'y  peut  rien 
changer  sans  prévarication  ;  il  proteste 
que  le  synode  ne  saurait  y  toucher  sans  se 
rendre  cou[iable  d'impostures  et  sans  tra- 
hir la  foi  réformée.  Quant  aux  accusations 
portées  contre  ses  coreUgionnaires,  il  les 
repousse  avec  force,  sans  sortir  des  bornes 
de  la  modération,  et  prouve  qu'elles  sont 
mal  fondées  ou  au  moins  entachées  d'une 
singulière  exagération.  Sa  réponse  au  re- 
proche relatif  aux  écoles  est  surtout  pleine 
d'habileté  et  d'adresse  :  Si  nous  nous  op- 
posons, dit-il,  à  ce  que  les  protestants  en- 
voient leurs  enfants  chez  les  jésuites,  c'est 
pour  qu'ils  ne  sucent  pas  ces  maudits  prin- 
cipes de  certains  casuistes  romains  qui  ont 
plongé  le  royaume  dans  une  mer  de  pleurs 
et  d'amertumes.  Nous  ne  sommes  pas,  au 
reste,  les  seuls  coupables,  puisqu'à  l'heure 
même  l'Université  de  Paris  vient  d'inten- 
ter un  procès  aux  jésuites  pour  avoir  cor- 
rompu la  jeunesse  et  l'avoir  empoisonnée 
de  leur  morale.  Le  discours  se  termine 


par  une  prière  adressée  au  gouvernement 
de  ne  pas  se  montrer  plus  sévère  envers 
les  protestants  qu'envers  les  autres  Fran- 
çais, et  de  ne  pas  défendre  aux  uns  d'aller 
étudier  à  Genève,  tandis  qu'il  permet  aux 
autres  de  suivre  les  cours  des  Universités 
de  Padoue  ou  de  Bologne.  Rien  dans 
cette  réponse  ne  justifie  le  bruit  dont 
un  historien,  Cathala-Couture,  s'est  fait 
l'écho,  que  Garissoles  et  son  collègue 
Timothée  Delon ,  ancien  pasteur  de 
Montreuil-Bonnin  qui  desservait  depuis 
plus  de  vingt  ans  l'église  de  Montau- 
ban,  avaient  promis  d'appuyer  le  fa- 
meux projet  de  réunion  imaginé  par 
Richelieu,  qui  les  aurait  en  conséquence 
gratifiés  de   pensions. 

Le  synode  députa  au  nouveau  roi  les 
pasteurs  Vincent  et  Chabrol  et  les  anciens 
de  Pagnières  ou  Pannieuvre  et  de  Cléré, 
pour  lui  offrir  ses  félicitations  sur  son 
avènement  et  le  remercier  d'avoir  permis 
la  tenue  d'un  synode  national.  Le  jeune 
Louis  XIV,  la  régente,  le  duc  d'Orléans, 
les  principaux  fonctionnaires  firent  à  l'envi 
les  plus  belles  promesses,  ce  qui  n'empê- 
cha pas  le  gouvernement  de  porter,  fort 
peu  de  jours  après,  une  grave  atteinte  aux 
privilèges  des  réformés,  en  nommant  di- 
rectement, sans  l'intervention  des  églises, 
le  baron  d'Ai'zilliers  pour  remplacer  le 
marquis  de  Clermont  dans  la  charge  de 
député  général.  Le  synode,  qui  ne  s'était 
point  encore  séparé,  «  requit  très  humble- 
ment S.  M.  d'accorder  le  rétablissement  de 
l'ancienne  pratique.  »  Il  s'occupa  ensuite 
à  dresser  le  cahier  des  plaintes  ;  mais  cette 
fois,  sur  l'ordre  du  roi,  il  dut  y  travailler 
en  comité  secret.  De  L'Angle,  Cottiby, 
Morande  et  Pellevé  furent  chargés  de  le 
mettre  entre  les  mains  du  prince.  Au  reste 
le  synode  ne  fit  aucune  addition  à  la  Con- 
fession, et  il  introduisit  seulement  quel- 
ques modifications  dans  la  Discipline.  La 
plus  importante  fut  de  permettre  les  ma- 
riages entre  beaux-frères  et  belles-sœurs  et 
entre  beaux-fils  et  belles-mères.  On  trouve 
aussi  au  nombre  de  ses  décrets  un  formu- 
laire de  baptême  pour  les  pa'iens,  les  juifs 
et  les  mahométans  qui  se  convertiraient. 

La  session  close,  Garissoles  retourna  à 
Montauban  oii  il  continua  à  s'acquitter  de 
ses  doubles  fcmctions  avec  un  zèle  remar- 
quable, jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  20  mars 
1651. 


845 


GAKRISSOLES   —   GARNAUD 


846 


Voici  la  liste  de  ses  ouvrages.  Nous 
avons  dit  qu'il  passait,  de  son  temps,  pour 
un  prédicateur  habile  ;  nous  ajouterons 
qu'il  cultiva  aussi  la  poésie  avec  quelque 
succès. 

I.  La  voye  du  salut  exposé  en  huit  ser- 
mons, Moutauban,  1637,  in-12. 

II.  Decreti  synodici  Carentoniensis,  de 
imputatione  primi  peccati  Adœ,  explicatio 
et  defensio,  Montalban. ,  1646,  in-4"  ; 
1648,  in-8o. 

III.  Thèses  theolog.  de  religione  et  cultu 
sive  adoratione  religiosd,  Montalb.,  1648, 
in-4o. 

IV.  Adolphidos,  sive  de  Bello  germanico 
quod  incomparabilis  héros  Gustavus  Adol- 
phus,  magnus  Suecorum,  Gothorum,  Van- 
dalorumque  rex,  pro  Germanise  procerum 
et  statuum  libertate  gessit,  Montalb.,  1649, 
in-4o.  —  Garissoles  dédia  ce  poème  héroï- 
que en  douze  chants  à  la  reine  Christine, 
à  qui  il  le  fit  présenter  par  son  fils. 

V.  Thèses  theolog.  adv.  cultum  sive  ado- 
rationem  religiosam  creaturarum,  Mon- 
talb., 1649,  iu-4o. 

VI.  Disputationes  elenchticœ  de  capitibus 
fidei  inter  Reformatas  et  Pontificios  con- 
troversis  in  acad.  Montalbanensi  habitœ, 
sub  priesid.  Ant.  Garissolii  et  Joan.  Ver- 
derii,  Montalb.,  1650,  in-12.  —  Quatre  de 
ces  dissert,  appartiennent  à  Jean  Verdier, 
les  autres  à  Garissoles. 

VII.  Panegyricus  super  triumphalis  co- 
ronationis  pompa  serenissimœ  potentissi- 
mxque  Christinœ  Augustie,  Amst.,  1650, 
in -fol. 

VIII.  Poème  latin  en  l'honneur  des  can- 
tons protestans  de  la  Suisse.  —  Cité  par 
Watt,  sans  autre  indication. 

IX.  Catecheseos  ecclesiarum  in  Galliâ 
reformatarum  explicatio,  Gen.,  P.  Chouet, 
1656,  in-4o.  —  Ouv.  posthume  commencé 
par  son  collègue  Paul  Charles  que  la  mort 
empêcha  d'aller  plus  loin,  et  continue  par 
Garissoles  depuis  la  30«ie  section  du  caté- 
chisme. 

X.  Tractatus  de  Christo  mediatore  ;  Ge- 
nevœ,  sumptibus  P.  Chonet,  1662,  in-4o 
de  VI  et  752  p.,  plus  deux  index.  — 
M.  Michel  Nicolas  qui  a  refait  toute  cette 
bibliographie  de  Garissoles  avec  un  luxe 
de  détails  où  nous  ne  pouvons  nous  enga- 
ger, mais  qu'on  fera  bien  de  voir  dans  son 
Hist.  de  l'acad.  de  Montauban,  p.  182-84, 
a  publié  dans  le  Bull.,  t.  XXV,  p.  93,  un 


acte  notarié  passé  à  Montauban,  le  8  juin 
1659,  par  lequel  le  libraire  genevois 
(>houet  achète  d'Antoine  Garissoles,  avo- 
cat, fils  aîné  de  l'auteur,  ce  Tractatus  de 
C.  médiat,  moyennant  une  somme  de  300 
liv.  et  deux  exemplaires. 

Garissoles  avait  épousé,  juillet  1612, 
Esther  de  Terson,  de  Puylaurens,  qui  mou- 
rut peu  de  temps  après  son  mariage,  lais- 
sant un  fils  Abe!,,  mort  jeune  :  il  se  rema- 
ria avec  Catherine  de  Bissol,  veuve  d'Ant. 
Sabatier,  avocat  à  Castres  et  en  eut  cinq 
enfants  :  1°  Antoine,  avocat,  marié  en 
1653  à  Esther  Bardon  et  mort  en  mars 
1681  ;  2o  Abel,  mort  en  nov.  1668  ;  3o 
Jacques,  né  le  22  janv.  1636,  étud.  à  Ge- 
nève en  1649,  ministre  de  l'église  de  Cas- 
telmoron,  puis  de  la  maison  du  duc  de 
La  Force,  puis  de  Bergerac  et  retiré  lors 
de  la  Révocation  en  Hollande  où  il  fut  l'un 
des  pasteurs  de  l'église  wallonne  d'Amster- 
dam ;  4o  Paule,  mariée  à  nob.  Jean  Co- 
derc,  de  Montauban,  escuyer,  morte  en 
oct.  1663  ;  5o  Françoise,  mariée  d'abord 
à  Jean  d'Amalvy  s""  de  Farinièreset  secon- 
dement, mars  1661,  au  médecin  Pierre  de 
Bédé  sr  de  Cheru  ;  cette  dernière  paraît 
avoir  abjuré,  avec  son  mari,  en  1667  (Ni- 
colas, ^cad.  de Montaub.,  p.  182). 

GARLAU,  de  Chalon-sur-Saône,  voy. 
Garlot.  —  Joannes  Garlharsus  vapincen- 
sis,  theolog.  stud.  Genevfe,  21  nov.  1654. 
—  Charles  Garlin,  de  Clermont  en  Beau- 
vaisis,  manufacturier  de  bas,  1698  ;  autre 
Gh.  G.  de  Clerm.  en  Beauv.,  charron,  réfu- 
giés à  Berlin,  1700.  —  Susanne  Garlot 
mise  à  l'hôpital  général  de  Dijon,  1688. 
Antoine  Garlot  de  Bussy  en  Bourgogne  et 
Olympe  sa  fen)me,  assistés  à  Lausanne, 
1691  ;  (Théophile),  marchand  à  Chalon- 
sur-Saône,  et  sa  femme  Suzanne  Lambert 
sont  assistés  à  Lausanne^  1697,  et  y  ob- 
tiennent une  attestation  de  foi,  9  juin  1699, 
pour  se  rendre  en  Allemagne  ;  Théophile 
Garlau  (pour  Garlot)  et  Pierre  Garlaut, 
Bourguignon,  sont  établis  à  Berlin  en 
1700. 

1.  GABNAUD,  ministre  dans  l'Angou- 
mois  en  1579.  —  Jean  Garnaud,  de  Châ- 
tellerault,  fut  le  premier  proposant  fran- 
çais examiné  et  admis  au  saint  ministère 
à  Berlin  où  il  reçut  l'imposition  des 
mains,  le  28  oct.  1687.  D'abord  aumô- 
nier de  l'ambassade  de  Prusse  à  Stock- 
holm   il   fut    appelé,    en   octobre    1691, 


847 


GARNAUD   —   GARNIER 


848 


à  remplir  la  charge  de  troisième  pasteur 
de  la  colonie  de  Francfort-sur-Oder,  en 
remplacement  de  Bancelin  fds.  C'était  un 
tiomme  bien  doué  et  instruit,  excellent 
père  de  famille,  prédicateur  de  talent, 
mais  peu  propre  à  la  cure  d'âmes.  Il  était 
lié  avec  plusieurs  Messins,  le  général  de 
Streif,  le  conseiller  d'ambassade  Le  Goul- 
lon  sr  de  Régnier  et  autres.  Le  11  sept. 
1692,  éclatèrent  dans  l'Église,  des  dissen- 
sions dont  il  ne  fut  peut-être  pas  innocent 
et  qui  ne  cessèrent  que  le  17  fév.  1693. 
La  longue  maladie,  et  la  mort  de  sa  femme 
Esther  de  Vallay,  fille  d'un  orfèvre  de 
Metz,  la  perte  de  deux  de  ses  enfants  qui 
suivirent  de  près  leur  mère,  altérèrent  sa 
santé  et  l'obligèrent  à  se  décharger  d'une 
partie  de  ses  fonctions  qu'il  ne  reprit 
entièrement  qu'en  1703.  Il  quitta  Franc- 
fort en  1710  pour  desservir  l'église  fran- 
çaise de  Magdebourg  où  il  mourut  en  1734. 
Il  s'était  remarié  en  170o  à  Berlin  avec 
Suzanne  Nocré,  de  Metz      (0.  Cuvier). 

A  la  même  famille  appartenait  Anne 
Garnault  de  La  Maillardière,  39  ans,  veuve 
d'un  officier,  et  demeurant  à  Chatellerault, 
assistée  à  Londres,  1702  et  années  suiv.  ; 
et  Mlle  Garnault  des  Marsins,  mise  au 
couvent  des  religieuses  de  Chatellerault  en 
1730,  convertie  en  1731  (E  3367). 

2.  GARxNAUD  (JoACHiM),  ci-devant  lieu- 
tenant au  régiment  de  Champagne,  et  sa 
femme,  assistés  à  Genève  d'un  viatique  de 
6  écus  pour  aller  en  Hollande,  1691.  — 
Jacob  Garnichat,  maître  chirurgien,  né  à 
Vitry-Ie-François  en  1647,  réfugié  à  Lau- 
sanne en  1688  et  mort  dans  cette  ville  en 
1694. 

1.  G  ARMER  (Je4n),  successeur  du  mar- 
tyr Pierre  B^^ully  (t.  IIL  col.  327).  dans  la 
chaire  de  l'église  française  de  Strasbourg 
(Haag,  V  219),  fut  digne  d'une  telle  place 
par  son  zèle  et  sa  piété.  Il  avait  été 
d'abord  religieux  jacobin  au  couvent  des 
cordeliers  d'Avignon.  Plus  tard,  il  s'accu- 
sait lui-même  d'avoir  été  plongé  «  jusques 
oreilles  »  dans  les  superstitions  papisti- 
ques  et  d'avoir  persécuté,  voire  jusqu'à  la 
mort,  ceux  qui  outrageaient  l'Élglise  ro- 
maine. Sa  conversion  l'ayant  forcé  de 
prendre  la  fuite,  il  se  retira  à  Strasbourg 
et  y  remplit  dès  1344  les  fonctions  pasto- 
rales après  Brully  qui  péril  l'année  sui- 
vante à  ïournay.  En  1349,  il  fut  de  ceux 
qui  repoussèrent  l'Intérim,  c'est-à-dire  le 


mode  de  conciliation  institué  par  Charles- 
Quint  et  dut  quitter  Strasbourg,  mais  il  y 
revint  quand  l'Église  eut  repris  sa  liberté 
en  1352,  et  dut  la  quitter  encore  en  1335, 
par  suite  de  l'opposition  qu'il  avait  à  subir 
de  la  part  des  pasteurs  luthériens.  Malheu- 
reusement le  tolérant  Bucer  et  ses  collè- 
gues avaient  été  remplacés  par  des  luthé- 
riens fanatiques,  qui,  s'il  faut  en  croire 
une  lettre  de  Calvin  S  eurent  recours  à 
d'indignes  machinations  pour  le  contrain- 
dre à  s'éloigner  de  nouveau.  Peut-être 
Garnier,  de  son  côté,  ne  mit-il  pas  assez 
de  ménagements  dans  sa  polémique  contre 
les  doctrines  luthériennes;  ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  qu'il  se  fît  des  ennemis  dans  son 
troupeau  mémo,  en  essayant  de  maintenir 
avec  trop  de  rigueur  la  sévère  discipline 
introduite  par  Cahnn.  Le  conseil  ecclésias- 
tique le  somma  de  se  justifîer  d'avoir  pro- 
féré des  injures  contre  plusieurs  membres 
de  son  église  et  principalement  d'avoir  des 
idées  erronées  sur  le  dogme  de  la  présence 
réelle.  Garnier  promit  de  s'en  tenir  sur 
cette  question  à  la  Confession  d' Augsbourg, 
et  probablement,  l'affaire  en  serait  demeu- 
rée là  sans  l'imprudence  de  Richard  Fran- 
çois, dit  Vauville,  son  collègue,  qui  devait 
bientôt  devenir  son  parent  par  alliance: 
celui-ci  prit  trop  vivement  sa  défense  et 
ne  craignit  pas  de  signaler  en  chaire  les 
accusateurs  de  Garnier  comme  des  pertur- 
bateurs du  repos  public.  Le  magistrat  ne 
voulut  pas  souffrir  cette  licence,  et  il  le  fit 
mettre  en  prison.  Garnier  consentit  alors 
à  un  accommodement,  qui  fat  lu  en  chaire, 
le  23  mars  1335,  par  les  délégués  du  ma- 
gistrat ;  mais  soit  qu'il  se  repentît  de  sa 
condescendance,  soit  que  l'accord  eût  été 
réellement  altéré  dans  quelqu'un  de  ses 
articles,  il  osa  se  plaindre  de  ce  qu'on 
l'avait  falsifié,  et  il  n'échappa  à  un  procès 
criminel  qu'en  donnant  sa  démission.  Vers 
cette  époque  (1333-62)  il  fut  professeur 
de  théologie  à  la  Marbourg  et  prédicateur 
à  la  cour  de  Cassel  (Strieder,  Hist.  littér. 
de  la  Hesse).  II  eut  pour  successeur  à  Stras- 
bourg Pierre  Boquin,  qui  fut  remplacé,  la 
même  année,  par  Pierre  Alexandre,  an- 
glais réfugié  à  Strasbourg  depuis  1354,  et 
par  Jean  Loqfwei,  qui,  comme  Garnier,  eu- 
rent beaucoup  à  souffrir  de  l'intolérance 

*  Plusieurs  lettres  de  Calvin  qu'on  trouve 
dans  les  Opéra  Calv.  témoignent  des  relations 
étroites  de  J.  Garnier  avec  le  réformateur. 


849 


GARNIEE 


850 


(lu  clergé  luthérien  ;  toutefois  la  guerre 
n'éclata  entre  les  deux  communions  que 
pendant  le  ministère  de  Guillaume  Olbrac 
ou  Holbrach,  appelé  aussi  Aulprecht,  élève 
de  Calvin,  qui  avait  desservi  pendant 
quelque  temps  l'église  française  de  Franc- 
fort-sur-le-Mein.  Dès  l'année  1562,  Olbrac 
fut  exclu  du  consistoire,  et  l'année  sui- 
vante, son  église  fut  fermée. 

Le  23  mai  de  cette  même  année  1562, 
Jean  Garnier  arriva  à  Metz.  L'église  de 
cette  ville  avait  pris  un  tel  accroissement 
qu'il  fallut  à  ses  deux  pasteurs  Pierre  de 
Cologne  et  Jean  Taxsin,  en  adjoindre  deux 
nouveaux  qui  furent  Louis  Desmazures  et 
Garnier  sans  compter  plusieurs  autres  «  de 
moindre  étoffe  »  :  J.  Poliander,  Cl.  Gau- 
tier, le  procureur  Fr.  Christophe,  un  ins- 
tant Holbraque  (en  1563)  et  Jean  Albinus 
qui  exerçait  encore  en  1568.  «  Garnier 
arriva,  sans  doute  de  la  Hesse,  et  com- 
mença de  suite  à  prêcher,  faisant  sa  se- 
maine comme  ses  collègues.  Au  mois  de 
juillet  il  fit  une  courte  absence  pour  se 
rendre  dans  le  comtat  Venaissin  auprès 
de  la  comtesse  de  Sérignan,  et  il  était  de 
retour  à  Metz  le  8  novemb.,  après  avoir 
passé  par  Sedan.  Ses  prédications  eurent 
le  plus  grand  succès  auprès  des  Messins.  » 
Le  dimanche  5  septemb.  1563,  jour  de 
Cène,  et  le  lendemain,  le  grand  ministre 
du  Retranchement  '  prêcha  sur  la  messe 
et  la  Cène.  Le  livre  des  drappiers  de  Metz 
ajoute  à  ce  témoignage  :  «  En  ceste  pré- 
sente année  fut  presché  en  public  les 
grands  et  merveilleux  abus  qui  sont  faicts 
en  la  messe  par  les  prêtres  et  moines.  Il 
fut  desclairé,  au  jour  de  Cène,  au  temple 
des  évangèlistes,  par  un  ministre  nommé 
Jehan  Guernier  et  fust  desclairés  haute- 
ment les  abus  et  idolâtries  qui  sont  faict 
devant  tout  l'assemblée  ".  »  C'est  à  l'occa- 
sion de  cotte  prédication  que  Garnier  fit 
imprimer  son  Goliath,  Conférence  de  la  Messe 
et  de  la  Cène,  1565.  A  la  Cène  de  l'année 
suivante  (septemb.  1566),  il  renouvela  ses 
attaques,  dont  le  clergé  catholique  s'émut 
cette  fois  au  point  d'obtenir  du  gouverneur 
de  la  ville,  le  sire  d'Ausanee^  l'expulsion 
du  prédicateur,  malgré  les  instances  de 
ses  partisans.  Il  avait  épousé  (en  secondes 
noces)  au  commencement  de  l'année  (24 

1  Le  Retranchement  de  Guise,  lieu  où  était  si- 
tué le  temple  réformé  de  Metz. 

2  Notes  de  M.  0.  Cuvier. 


janv.  1566)  Anne  fille  de  feu  Denys  Fran- 
çois. 

Jean  Garnier  se  montra  plus  conciliant 
dans  une  dernière  phase  de  son  ministère 
qui  se  passa  à  Strasbourg  de  1569  à  1574. 
Le  nombre  des  réformés  dans  cette  ville 
s'était  considérablement  accru.  «  Par  com- 
misération, »  est-il  dit,  le  Conseil,  en 
1569,  permit  à  Jean  Garnier  de  leur  prê- 
cher la  Parole  de  Dieu,  à  condition  qu'il 
ne  toucherait  point  aux  questions  contro- 
versées, qu'il  n'administrerait  pas  les  sa- 
crements, qu'il  ne  célébrerait  aucun  ma- 
riage, etc.  Encore  cette  permission  ne 
fut-elle  accordée  que  pour  un  hiver  ;  mais, 
comme  le  ministre  eut  soin  de  se  renfer 
mer  dans  les  bornes  prescrites,  le  magis- 
trat ferma  les  yeux,  et  l'église  continua 
à  s'assembler.  Garnier  eut  pour  succes- 
seur en  1575,  Jean  Grenon,  qui,  moins 
prudent,  s'opposa  ouvertement  aux  pas 
teurs  allemands.  Sur  la  plainte  de  ces 
derniers,  le  Conseil  intervint  et  ferma  de 
nouveau  l'église  française,  le  20  février 
1577. 

De  Strasbourg,  Jean  Garnier  s'en  revint 
à  Cassel,  où  il  mourut  le  6  janv.  1574. 
Voici  la  liste  de  ce  qu'il  a  écrit  : 

I.  Briève  et  claire  confession  de  la  Foy 
chrestienne,  contenant  cent  articles,  selon 
Vordre  du  symbole  des  Apostres,  fuite  et 
déclarée  en  Véglise  françoise  de  Strasbourg, 
par  Jan  Garnier  ;  préface  datée  du  24 
juin.  1549  ;  on  n'en  connaît  pas  d'édition 
datée  de  cette  année-là,  mais  cette  préface 
est  reproduite  dans  l'édition  suivante, 
1552,  s.  1.,  petit  in-8o,  marque  de  Nie. 
Paris,  imprimeur  à  Troyes  ;  réimpr.  en 
1555,  Strasbourg,  chez  Jacques  Poullain  et 
René  Haudouyn  ;  1558,  Strasb.,  Poullain 
et  Ant.  Reboul.,  in-16  ;  1562,  traduction 
anglaise,  imp.  à  Londres,  in-8o,  —  Ces 
cent  articles  forment  l'exposé  de  la  doc- 
trine des  pasteurs  attachés  aux  idées  de 
Calvin.  Deux  discours  adressés  par  l'au- 
teur à  son  troupeau,  l'un  en  tête  l'autre  à 
la  suite  de  ses  cent  articles  ont  été  repro- 
duits par  M.  Ch.  Schmidt,  dans  le  Bull.  VI, 
180  ;  avec  ces  mots  pour  terminer  Quand 
sera-ce.^  C'était  sa  devise. 

IL  Institutio  linguœ  gallicse  in  usum  ju- 
ventutis  Germanise,  Genève,  ap.  J.  Crispi- 
num,  1558;  autre,  1591,  in-8o. 

III.  De  Epistola  S.  Pauli  ad  Hebrseos 
declamatio,   Marbourg,   1559,  in-8o.  Dis- 


851 


GARNIER 


852 


cours  qu'il  prononça  en  prenant  posses- 
sion de  sa  chaire  de  théologie. 

IV.  Le  Goliath,  Conférence  de  la  Messe 
et  de  la  Sainte-Cène  du  Seigneur,  Metz, 
1566,  in-8o  (2me  édition,  est-il  dit,  avec 
épître  dédicatoire  du  3  mars  1365)  ;  trad. 
en  allemand,  Amberg,  1538,  in-8o.  —  Un 
de  ses  adversaires  catholiques ,  Fremin 
Capitis,  lui  répondit  d'abord  en  chaire  ; 
puis  par  un  livre  intitulé  :  Triomphe  de  la 
Sainte  Messe,  contre  la  conférence  de  la 
dite  Messe  et  de  la  Cène  faicte  par  Jean 
Garnier,  mal  garny  de  la  foy,  qui  a  dé- 
laissé son  état  monachal  et  l'a  conspué  et 
gasté  par  faulses  et  incestueuses  noces.  — 
Autres  exemplaires  :  ...  par  J.  Garnier, 
ministre  des  calvinistes  de  Metz  avec  am- 
ple démonstration  que  la  diversité  des  cé- 
rémonies n'empesche  l'efficace  de  la  dicte 
messe;  par  frère  Fremin  Capitis,  dr  en 
théol.,  de  l'ordre  de  S.  François;  à  Ver- 
dun, par  V.  Bacquenois,  1566,  in-12,  39 
feuill.  avec  dédicace  à  Nie.  Psaulme,  év. 
de  Verdun. 

Peut-être  Isaag  Garnier,  de  Strasbourg, 
étudiant  à  Genève  en  1564  (Is.  Garnerius 
ai'gentinensis),  était-il  fils  de  Jean. 

2.  GARNIER  (Isaag),  de  Châteaudun 
[Haag,  V  220],  étudiant  en  théologie,  en 
1614,  consacré  en  1618,  pasteur  de  Mar- 
chenoir  de  1618  à  1643.  On  a  de  lui  un 
petit  ouvrage  de  controverse  intitulé  : 

Réfutation  de  la  procédure  que  tiennent 
les  nouveaux  méthodistes  ou  Traitté  mons- 
trant  l' injustice  et  l'impertinence  de  la  Mé- 
thode qu'employent  quelques  Docteurs  de 
l'Église  Romaine,  soit  en  leurs  Escrits,  soit 
es  Conférences  qu'ils  ont  avec  les  Pasteurs 
des  Églises  Réformées,  par  Is.  Garnier, 
min.  de  la  p.  de  D.  en  l'Église  de  Marches- 
noir  et  Lorges;  Saumur,  Is.  Desbordes, 
1641.  In-8o  de  10  et  67  p.,  précédé  d'une 
approbation  des  collègues  de  l'auteur,  sa- 
voir Himbert  (Jacq.  Imbert-Durand),  min. 
à  Orléans,  J.  Taby,  min.  à  la  Charité,  des 
Ears  Bédé,  min.  à  Issoudun.  Isaac  Garnier 
laissa  de  son  mariage  avec  Marie  Morin, 
un  lils,  nommé  Daniel  sieur  de  Monzay, 
né  en  1626,  et  une  fille,  Ainne,  qui  épousa 
Samuel  Racicot  sieur  de  Baudouin,  et  lui 
donna  six  enfants  :  Daniel  en  1653,  Sa- 
muel-Jean en  1657,  Isaag  en  1638,  Jac- 
ques en  1660,  Anne  en  1655,  et  Judith, 
née  posthume  en  1663. 

3.  GARNIER  (Philippe),  natif  d'Orléans 


[Haag,  V  220]  maître  de  langue  française 
à  Giessen,  en  1608,  et  plus  tard,  à  Leip- 
zig, a  publié  : 

I.  Prsecepta  gallici  sermonis,  Strasb., 
1607,  in-8o;  1618,  in-8o  ;  Orléans,  1621, 
in-8o;  Strasb.,  1624,  in-8o. 

II.  Gemmulœ  gallicse  linguœ,  Strasb., 
1610, 1623, 1628,  in-8o  ;  augment.,  Francf., 
1644,  in-8o  ;  Leyde,  1648,  in-8o. 

III.  Thésaurus  adagiorum  gallico-latino- 
rum,  Francf.,  1612,  1623,  in-12. 

IV.  Gemmulœ  linguar^um  lat.,  gallic, 
Italie,  et  hispanic,  Amstel.,  1636,  in-8o. 

V.  Gemmulœ  linguarum  lat.,gall.,  ital. 
et  german.,  Lugd.  Bat.,  1637,  in-8o. 

VI.  Dialogues  en  cinq  langues  espagnole, 
italienne,  latine,  françoise  et  allemande, 
nouv.  édit.  revue  et  augm.,  Strasb.,  1659, 
in-8o. 

4.  GARNIER  de  Saint-Marsault,  minis- 
tre de  l'église  de  La  Jaudonnière  en  Poi- 
tou, 1372  ;  c'était  une  annexe  de  l'égl.  de 
Mouilleron;  le  culte  y  fut  interdit  en  1665. 
—  Garnier,  ministre  à  Vandré,  1572  ;  au- 
tres à  Château  d'Oléron  et  à  Tonnay-Cha- 
rente,  1576  ;  à  la  Charité,  1582.  —  Autre, 
ministre  à  Sancerre  en  1580,  déchargé  en 
1603.  —  (Louis)  fils  d'Isaac,  chirurgien  ; 
natif  de  Vitry  en  Champagne,  étudiant  à 
Genève  en  1661,  et  à  Die,  pasteur  de 
Chauny,  1667-69;  d'Ay,  1679-81.  Les 
Garnier,  de  Vitry-le-François,  auxquels 
appartenait  ce  dernier  pasteur,  étaient  une 
famille  notable  du  pays,  remontant  aux 
Garnier  sieurs  du  Tron,  gens  de  robe, 
dont  la  généalogie  est  en  partie  détaillée 
dans  le  Bull.  XI,  361.  —  «  Le  lieutenant- 
colonel  Garnier,  originaire  de  Vitry  et 
bourgeois  de  la  républ.  de  Basle,  meurt  à 
Lausanne,  26  nov.  1739,  léguant  60  liv. 
aux  réfugiés  (Manuaux  de  Laus.). 

5.  GARNIER.  «  Réception  de  comman- 
dable  Francoys  Garnier,  marchant  de 
Sancerre,  »  à  l'habitation  Genevoise,  24 
juin  1550.  —  (Rartholomy),  «  arquebutier 
de  Reauregard  en  Daulphiné,  »  id.,  août 
1551.  —  (André),  <>  natif  de  Villeloing  en 
Touraine,  »  id.,  oct.  1557.  —  (Anthoine), 
orfèvre,  de  Vitry  en  Pertois,  id.,  nov. 
1557.  —  (Morise),  «  du  lieu  de  Sezut  Mo- 
noyse  en  Languedoc,  id.,  déc.  1559.  — 
(Pierre),  de  Bouchevine  en  Anjouz,  »  id., 
avril  1559.  —  (Jehan),  de  la  ville  d'An- 
goulesme,  »  id.,  avril  1559.  —  (Guillau- 
me), cordonnier,  natif  de  Cause  en  Nor- 


853 


GARNIER   —    GARRIGUES 


854 


mandie,  id.,  mai  1559.  —  (Pierre),  de 
Roij,'nie  près  Chastillon,  id.,  14  oct.  1572. 
—  (Etienne),  de  Besancon,  coustiirier,  id., 
18  oct.  1572.  —  (François),  de  Verdun, 
cordonnier,  id.,  4  mai  1573.  —  (Sylvain), 
de  Gien-sur-Loire,  coutellier,  id.,  19  mars 
1574. 

6.  GARNIER  (Philippe),  gentilhomme, 
marié  à  Loudun,  1570,  avec  Marie  Grenef, 
de  La  Rochelle.  —  Garnier,  famille  nota- 
ble de  Saintes,  dont  les  Garnier  sieurs  de 
La  Cour  (1651),  et  les  sieurs  de  Chante- 
loup  (1667);  Jean  Garnier,  sr  de  Monti- 
gnac,  ancien  de  l'église  de  Pons,  1678.  — 
Daniel  Garnier,  marchand,  Elisabeth  Fa7i- 
ton  sa  femme,  Daniel  Horry  leur  gendre, 
et  un  grand  nombre  d'autres  personnes 
des  mêmes  noms  réfugiées  de  l'île  de  Rhé 
dans  la  Caroline  du  Sud  et  à  New-York,  à 
l'épocjue  de  la  Révocation  (Baird,  Rèfug. 
huguen.  en  Amérique,  p.  256).  —  La 
veuve  Garnier,  emprisonnée  à  Cognac  et 
Marie-Suzanne  Garnier,  enfermée  au  cou- 
vent de  N.-D.  de  Saintes,  en  1746.  — 
Isaacet  Daniel  Garnier.  fugitifs  de  La  Ro- 
chelle en  1692,  gagnent  l'Amérique.  — 
L'Intendant  de  La  Rochelle  lance  un  ordre 
interdisant  à  Charles  Garnier,  chapelier  à 
Charente  et  à  Marguerite  Glemet  d'habiter 
ensemble  sous  peine  de  prison,  comme 
ayant  été  mariés  au  désert  par  un  pasteur, 
8  nov.  1752.  —  (Jean  et  Abraham  son 
fils),  de  Mâcon,  marchands  confiseurs,  as- 
sistés à  Lausanne  en  1688,  puis  réfugiés  à 
Magdebourg  avec  divers  parents  du  même 
nom  en  1699.  —  (La  veuve  de  Jacques), 
d'Alais,  assistée  à  Genève,  1693.  —  (Sa- 
muel), de  Vassy,  42  ans,  aveugle,  assisté 
à  Londres,  1705.  —  Pierre  Garnon,  «  de 
Provins  en  Brie,  practicien,  »  reçu  habi- 
tant de  Genève,  5  nov.  1572.  —  Jean 
Garny,  «  de  Neufchastel  près  Clervaux, 
cousturier,  »  id.,  23  août  1574. 

GAROSTE  (Henry  de),  sr  de  Russas, 
ancien  de  l'égl.  de  La  Rochefoucauld,  au 
syn.  de  Barhezieux,  oct.  1682.  —  De  Ga- 
votte, famille  de  l'Angoumois  persécutée, 
1686. — Mathieu  GaroMsse,  de  Revel,  assisté 
à  Genève,  1692.  —  Pierre  Garouste,  me- 
nuisier, réfugié  à  Miincheberg,  1700.  — 
Garreau,  nom  protestant  de  La  Rochelle 
et  de  la  côte  de  Saintonge.  Un  lieu  de 
culte  datant  des  premiers  temps  de  la  Ré- 
forme existait  dans  ces  contrées  et  s'appe- 
lait  «  Chez  Garreau.  »  On  trouve  aussi 


dans  les  rcg.  de  l'égl.  réformée,  en  1587, 
Pierre  Garreau  sr  de  la  Parentère,  témoin 
au  mariage  d'Isaac  de  Culant  avec  Anne 
Ballanger.  Mais  dès  lors,  il  faut  passer  à 
la  fin  du  XVIIIme  siècle  pour  retrouver 
dans  l'histoire  le  nom  de  Garreau,  glorieu- 
sement représenté  par  plusieurs  adminis- 
trateurs roclielois  et  un  marin  célèbre, 
Pierre-Élie  Garreau,  né  en  1766,  mort  peu 
après  1815.  —  Jacques  Garrel,  impri- 
meur et  libraire  à  Montauban,  sa  ville  na- 
tale, oii  il  avait  épousé,  19  janv.  1653, 
Marguerite  Poncet.  On  connaît  un  assez 
bon  nombre  de  livres  sortis  de  ses  presses 
notamment  celui-ci  :  Pensées  chrétiennes 
composées  par  Jos.  Hall...  et  mises  en  beau 
français  par  M.  D.  G.  B.  sur  la  copie  de 
Quevilly;  à  Montaub.  par  Jacq.  Garrel, 
1685,  in-16  de  16  feuill.  et  371  p.  Son 
fils,  Jean,  retiré  en  Allemagne  dès  1669, 
établi  imprimeur  et  libraire  à  Amsterdam 
avant  1691.  —  Chai'les  Garretier,  prévôt 
provincial  de  MM.  les  mareschaux  de 
France  au  gouvernem.  de  Metz,  Toul  et 
Verdun,  1593-1608  ;  Garretier  sr  de  Beau- 
lieu,  1614.—  Jehan  Gary,  «  orfèvre,  na- 
tif d'Orléans,  reçu  habitant  de  Genève, 
août  1559.  »  —  Autre  Jean  Gary  (alias 
Garin),  de  Montauban,  pasteur  à  S'-Aiito- 
nin,  1611-1620,  plus  tard  au  Mas-saintes- 
Puelles;  auteur  d'un  Porfj'rtù  de  l'Église 
militante.  Castres,  1616,  in-8o.  —  Nicolas 
Garry,  de  Caen,  74  ans,  et  sa  femme,  as- 
sistés k  Londres,  1702.  —  Jean  Garrigon, 
«  cardeur  de  layne,  natifz  de  Castel  neufz 
en  Gratecambe,  parlem.  de  Bordeaux,  » 
reçu  habitant  de  Genève,  avril  1559. 

GARRIGUES  (Jacques),  de  Pézenas  en 
Languedoc,  cordonnier,  admis  à  l'habita- 
tion à  Genève,  juill.  1559.  —  (Centurion) 
fils  de  Pierre  et  d'Anne  de  La  Beaume, 
baptisé  au  temple  de  Charenton  (parr. 
M.  de  Clermont  d'Amboise,  marr.  M"e  de 
Lisle  de  Lespicheliére),  fév.  1615.  —  Gar- 
rigues, de  xNîmes,  proposant  en  1652, 
apostat  pensionné  en  1675.  —  (Jean),  du 
Périgord,  sorti  de  France  à  la  Révocation 
avec  Marie  de  Franchemont  sa  femme  et 
Rachel  Garrigue,  femme  du  ministre  Ma- 
thurin.  —  (Moïse),  marchand  joaillier, 
originaire  de  Mazamet,  réfugié  en  Prusse 
et  mort  à  Magdebourg  en  1688.  —  (Marc- 
Antoine),  consacré  en  1681,  pasteur  à  Ba- 
tin  en  Brandebourg,  1697-1703;  à  Berlin, 
1703-1704,  année  de  sa  mort.  Un  autre 


855 


GARRIGUES 


GARROS 


850 


pasteur  Garrigues,  peut-être  fils  de  ce  der- 
nier, a  trad.  de  l'anglais  de  Wollaston  un 
ouvrage  intitulé  Ébauche  de  la  religion 
naturelle,  avec  des  additions  considérables 
(La  Haye,  1726.  in-4o  ;  1756,  3  vol.  in-12). 
—  (Barthélémy),  de  Lodève,  admis  à  la 
bourgeoisie  genevoise  avec  ses  fils,  en 
1706.  —  Garrigues,  direcfr  des.  construct. 
navales  à  La  Rochelle,  décédé  en  1836. 

GARRISSON  (Pierre  de),  fils  de  Pierre 
et  de  sa  seconde  femme  Anne  Latreille 
qu'il  avait  épousée  en  1637,  était  lieute- 
nant particulier  au  présidial  de  Montau- 
ban  lorsqu'il  reçut  signification  d'un  arrêt 
du  Conseil  d'État  conçu  en  ces  ternies  : 

Le  Roy  ayant  esté  informé  que  dans  le 
corps  du  présidial  de  Montauban  il  y' a 
quatre  ofriciers  faisant  profession  de  la  R. 
P.  R.  sçavoir  le  s''  Garrisson.  lieut.-part., 
les  s''*  Delon  et  Darassus,  conseillers  et  le 
s""  de  Rieupeyj^ouûs,  advocat  de  sa  S.  M.  et 
estimant  à  propos  pour  le  bien  de  sou  ser- 
vice et  de  ses  sujets...  ordonne  qu'ils  seront 
tenus  de  se  démettre  de  leurs  oflices  en  fa- 
veur de  personnes  catholiques  capables  de 
les  exercer,  sinon  à  faute  de  ce  faire...  leurs 
oflices  seront  déclarés  vacants  et  impétra- 
bles.  Donné  à  Versailles,  le  14  septemb. 
1682. 

Garrisson  se  soumit  d'abord,  mais  le 
remords  l'assiégea  bientôt  et  il  s'enfuit  du 
royaume.  Son  fils  Pierre,  avocat,  resté  à 
Montauban,  converti  et  bientôt  conseiller 
au  Sénéchal,  reçut  du  pasteur  Thomas  Sa- 
tur  une  lettre  datée  de  Londres  juill.  1687, 
dans  laquelle  on  lui  racontait  que  le  digne 
magistrat  était  mort  le  23  juin,  huit  jours 
après  être  arrivé  à  Cantorbéry  et  que  les 
ministres  de  cette  ville,  MM.  George  et 
Frouillard,  rendaient  témoignage  «  des 
actes  d'une  humiliation,  d'une  résignation 
et  d'une  confiance  admirables  »  au  Sei- 
gneur, qu'il  avait  faits  en  leur  présence. 

Ce  deuxième  Pierre,  conseiller,  eut  pour 
fils  aîné  Etienne  de  Garrisson,  né  à  Mon- 
tauban, 13  oct.  1669,  qui  suivit  l'exemple 
donné  par  son  grand-père  et  s'expatria 
aussi,  sur  la  fin  de  l'année  1691.  On  a  de 
lui  une  belle  et  curieuse  lettre  datée  de 
Berlin,  12  juill.  1692,  dans  laquelle  il 
explique  à  son  père  les  dures  nécessités 
de  sa  fuite  et  en  implore  le  pardon.  Cet 
Etienne  s'établit  à  Amsterdam  où  il  fonda 
une  maison  de  commerce  de  vins  et  de 


grains  qui  avait  ses  navires  à  elle.  Il  mou- 
rut le  5  avril  1740.  Il  avait  épousé  (18 
juin  1700)  une  d'ie  Delcruzel  qui  lui  donna 
de  nombreux  enfants,  par  lesquels  cette 
famille  se  continua  en  Hollande  jusqu'à  la 
fin  du  dernier  siècle,  ainsi  qu'on  peut  le 
voir  en  détail  dans  Les  Montalbanais  et 
le  Refuge  par  H.  de  France  (1887,  in-8o_, 
p.  276-292).  A  la  même  famille  apparte- 
nait Jonathan  Garrisson,  avocat,  lequel 
figure  sur  une  liste  de  convertis  de  Mon- 
tauban, du  24  août  1683  (Tt  253)  et  plu- 
sieurs Garrisson  réfugiés  à  l'époque  de  la 
Révocation  en  Angleterre,  à  Dublin,  puis 
(1708)  à  New- York  (voy.  Baird).  —  A 
Amsterdam  existait  aussi  une  autre  fa- 
mille du  même  nom,  ayant  la  même  ori- 
gine montai banaise,  mais  différente  en 
réalité,  et  pauvre,  au  sujet  de  laquelle  il 
est  plaisant  de  voir  le  gros  négociant 
d'Amsterdam,  Etienne,  écrire  (15  septemb. 
1732)  en  parlant  d'un  nommé  Jean  Gar- 
risson, simple  courtier  de  con)merce  :  «  La 
conformité  de  nom  est  chose  déplorable, 
car  il  est  bien  difficile  de  faire  comprendre 
aux  gens  du  pays  qu'il  n'y  a  pas  de  pa- 
renté entre  personnes  du  même  nom  et  de 
la  même  ville.  »  (Les  Montalb.,  p.  291.) 
—  De  ious  ces  Garrisson  de  Montauban, 
un  seul,  Jacob,  étudia  la  théologie  ;  encore 
fabandonna-t-il  (en  1669)  pour  se  faire 
avocat. 

GARROS  (Pierre),  poète  gascon  [Haag, 
V  221],  né  à  Lectoure,  étudia  le  droit  et 
la  théologie  à  Toulouse,  et  se  rendit  assez 
habile  en  hébreu  pour  comprendre  le  texte 
sacré  dans  la  langue  originale.  Cette  étude 
ne  lui  fit  pas  négliger  toutefois  la  poésie, 
qu'il  cultiva  avec  succès.  Admirateur  pas- 
sionné de  Clémence  Isaure,  il  ne  laissait 
presque  point  se  passer  une  seule  année 
sans  adresser  quelque  pièce  de  vers  à 
l'Académie  des  Jeux  floraux.  Sa  religion 
l'ayant  forcé  de  quitter  Toulouse,  il  rega- 
gna sa  ville  natale  où  il  mourut  dans  un 
âge  très  avancé.  On  a  de  lui  Psalmes  de 
David,  virais  en  rime  gasconne,  Toulouse, 
1565,  in-8o,  et  Poesias  gasconas,  Toulouse, 
1567,  petit  in-4o,  dédiées  au  prince  de 
Navarre  comme  les  Psalmes  l'avaient  été 
à  Jeanne  d'Albret.  Ce  sont  de  grandes  ra- 
retés bibliographiques.  —  Hubert  Garrot, 
ministre  de  l'église  de  Cotantin  près  Morat 
(pays  de  Vaud)  en  1536  (Herminj.,  Corr. 
des  R.,  IV  63). 


81)7 


GARSAULT 


GASC 


858 


GARSAULT  (Jehan),  "  cardeur,  natif 
(le  Nemours  au  païs  de  France,  »  reçu  ha- 
bitant de  Genève,  juill.  1559.  —  De  Gar- 
saiilt,  famille  notable  du  Poitou  :  (M^'ede), 
emprisonnée  pour  refus  de  se  convertir, 
quoique  son  père  eut  obéi,  1686;  —  «  M.  de 
«  Garsault,  ci-devant  commissaire  de  la 
«  marine,  quoique  né  catholique,  veut 
«  faire  élever  ses  enfants  dans  la  religion 
«  de  sa  femme  qui  est  protestante  ;  sera 
«  mis  à  la  Bastille  ;  il  doit  être  arrivé  du 
«  Poitou  depuis  quelques  jours  ;  je  ne  sais 
«  oti  il  loge,  mais  il  est  frère  de  feu  M.  de 
«  Garsault,  écuyer  du  roi,  »  10  juin  1700. 
(Lett.  de  M.  de  Pontchartrain,  dans  les 
Arch.  de  la  Bastille,  X  235).  La  résistance 
de  M.  de  Garsault  ne  dura  que  deux  mois. 
L'ordre  de  le  remettre  en  liberté  est  du 
4  août,  mais  accompagné  de  ce  billet  : 
«  Dites-lui,  s.  v.  p.,  qu'il  me  fasse  savoir 
'(  où  il  se  retirera,  afin  qu'on  puisse  être 
■'.  informé  de  la  conduite  qu'il  tiendra  et 
..  s'il  exécutera  les  promesses  qu'il  a  faites 
.(  de  vivre  en  bon  catholique.  »  {Ibid., 
p.  257)  ;  —  Renée  de  Garsault,  veuve  de 
Pierre  Civile  (t.  IV,  col.  380,  lig.  9),  de- 
mande la  permission  de  vendre  des  biens 
protestants  séquestrés,  1712  (E  3398)  ;  — 
Garsault,  de  Poitiers,  son  fils  lui  est  retiré 
pour  être  mis  au  collège  des  jésuites  de 
Ghatelleraut,  1723.  —  Pierre  Garsaud 
(Garsand?)  incarcéré  aux  prisons  de  Thou- 
ars,  1700.  —  Garsi,  notaire  à  Pont-de- 
Veyle,  tiré  du  tombeau  et  traîné  à  la  voi- 
rie comme  relaps,  1686.  —  René  Garsin, 
originaire  de  Provence  (voy.  t.  III,  col. 
692)  prêche  la  réforme  à  MAcon  en  1560 
(Th.  de  Bèze);  —  (Jean),  proposant  en 
1674,  pasteur  àNyons  en  1685,  réfugié  en 
Hollande  en  1686,  mort  à  Zwolle,  13  oct. 
1697  ;  peut-être  le  même  que  J.  Garcin  ci- 
dessus  col.  835,  lig.  13  à  17? — (Jacob),  con- 
sacré en  1665,  pasteur  à  Orthez,  1676-85, 
déposé  en  1684  pour  avoir  mal  parlé  en 
chaire  de  l'église  romaine  ;  à  Amsterdam, 
1688-1709;  (Jacques),  pasteur  à  Veere  en 
Hollande,  1753;  à  Franeken,  17. ..-1796; 
—  Marguerite  Garsin,  de  Romorantin, 
morte  à  l'hôpital  de  Lausanne,  1691  ;  An- 
dré Garsin,  de  Grenoble,  menuisier,  réfu- 
gié avec  sa  femme,  sa  fille  et  un  compa- 
gnon, à  Berlin,  1698.  —  Maurice  de  Gar- 
toule,  notable  huguenot  de  Castres,  vers 
1573  {Mém.  de  Gâches). 

GASAGNE,  étudiant  à  Nîmes  en  1610, 


pasteur  à  Navacelle,  1620  ;  à  Milhaud, 
1623-31  ;  à  Bernis,  1637  ;  à  Vergèse, 
1638  ;  —  (Salomon),  pasteur  à  Beauvoisin, 
1654  ;  à  Milhaud  jusqu'en  1664  ;  à  Bernis, 
1664-75  ;  —  (autre),  fils  de  Salomon,  pas- 
teur à  Caveirac,  1552-62  ;  —  autre,  pas- 
teur à  Faugères,  1669-70;  —  autre,  pas- 
teur à  Caveirac,  1676-81.  —  Gasaignes, 
député  de  Nîmes  à  l'assemblée  de  Som- 
mières,  1619  (Tt  322)  ;  —  Paul  Gasaignes, 
de  Brinon  en  Languedoc,  poursuivi  dans 
l'aflaire  du  pasteur  Roman,  1699;  — 
(Marguerite),  de  Brinon,  assistée  à  Lau- 
sanne, allant  à  Cassel,  1699.  —  «  David 
Gasan,  des  Plantiers  en  Cévennes,  jeune 
homme  que  Dieu  par  sa  grâce,  a  appelé 
dans  ce  temps  difTieile  et  de  persécution,  à 
fortifier  par  ses  exhortations  et  exercices 
de  piété,  nos  frères  de  Languedoc  et  de 
Guyenne...  Arrivé  ces  jours  passés  en  cette 
ville,  il  désire  s'appliquer  aux  études  jus- 
qu'à se  rendre  capable  d'être  reçu  minis- 
tre, »  1698  (Man.  de  Lausanne).  —  Hylaire 
Gasault,  «  sargier,  natif  de  Chasteaurenard 
en  Provence.  •  reçu  habitant  de  Genève, 
juin.  1554. 

GASC,  pasteur  à  Figeac,  1626.  —  (Jean), 
de  Revel  en  Languedoc,  réfugié  à  Emme- 
rich  en  1698.  —  (Abraham),  de  S^-Jean 
de  Gardonenque,  assisté  à  Genève  d'un 
viatique  pour  la  Suisse,  1700.  —  (Jacques), 
d'Alais,  assisté  d'un  justaucorps;  Genève, 
1705.  —  (Ésaïe),  né  à  Genève  en  1748, 
dans  une  famille  de  réfugiés  français,  fut 
l'un  des  pasteurs  de  cette  ville.  Il  se  donna 
d'abord  tout  entier  à  la  politique  genevoise 
dans  les  rangs  des  libéraux  avancés,  car- 
rière qui  prit  nécessairement  fin  lorsque 
Genève  fut  annexé  à  la  France  (15  avril 
1798).  Il  fut  bientôt  après  nommé  profes- 
seur de  théologie  à  la  faculté  nouvellement 
fondée  de  Montauban.  Là  son  esprit,  aussi 
libéral  en  théologie  qu'en  politique,  lui  sus- 
cita de  graves  conflits,  dont  il  se  tira  d'une 
manière  brillante,  mais  pour  un  court  es- 
pace de  temps,  car  il  mourut,  le  28  oct. 
1813,  à  Montauban.  Voy.  le  vol.  intitulé  : 
Ésaïe  Gasc,  sa  politique  et  sa  théologie,  par 
Ch.Dardier,  Paris,  1876,  in-8ode  500  p.— 
De  Gasques,  s""  de  Barjac,  voy.  Barjac,  t. 
I,  col.  835;  —  de  Gasques,  ancien  de  l'é- 
glise de  Lamelouze,  1666  ;  —  Jacques  Gas- 
ques, sa  femme  et  2  enfants,  assistés  à  Lon- 
dres, 1702. —  Joseph  Gâches,  de  Guyenne, 
boulanger,  réfugié  à  Staargardt,  1698. 


859 


GASCHER   —    GASPARIN 


860 


GASCHER  ou  Gaschier  (Siméon),  origi- 
naire d'Auvergne,  étudiant  à  Genève  (Sim. 
Gaschius  gergoviensis  arvernus)  en  1624 
et  à  Sedan  en  1632  ;  pasteur  au  Plessis- 
Marly  en  1636,  à  Vitry  en  1637,  à  Fontai- 
nebleau en  1646,  à  Sezanne  en  1649.  — 
Gascherie  de  Virzon  et  Etienne  Gascherie, 
fugitifs  de  l'île  d'Oleron,  1686.  —  René 
Gaschet,  ancien  de  l'église  de  Latillé  près 
Poitiers,  1619  (Filleau,  Décis.  294).  — 
Henri  de  Gaschon,  conseiller  à  la  chambre 
de  Guyenne,  épouse  à  Charenton  Jeanne 
Marbault,  1662.  Défense  au  s^  François 
de  Gaschon  seigi'  de  Contre  (Picardie)  de 
faire  célébrer  le  prêche  au  dit  lieu,  1665. 
Antoine  et  Anne  Gaschons,  «  du  pays 
d'Auvergne,  »  admis  à  l'habitation  gene- 
voise, novemb.  1557.  —  Pierre  Gascon, 
procureur  du  roi  au  siège  royal  de  Saint- 
Maixent,  interdit  de  sa  charge  comme  étant 
de  la  religion,  1641  (Filleau,  p.  531). 

GASGHOT,  notable  famille  de  La  Ro- 
chelle. =  Armes  :  mi -parti  d'argent  et 
d'azur  à  deux  croissants  de  l'un  dans  l'au- 
tre. Jehan  Gaschot  seigr  de  Vuhé  fut  l'un 
des  députés  qui,  après  le  siège  de  1573, 
prêtèrent  serment  au  duc  d'Anjou  au  nom 
de  la  ville.  Son  fils  Jean,  avocat,  sr  de 
Vuhé,  remplaça  son  père  au  corps  de  ville 
en  1574  et  conserva  son  mandat  jusqu'en 
1601.  Un  écrivain  de  ses  compatriotes, 
l'appelle  «  un  luminaire  de  littérature  en 
ce  pays.  »  Il  épousa,  dans  l'un  des  temples 
de  La  Rochelle,  Marie  Thevenin,  dont  il 
eut  entre  autres  enfants,  Jehan  et  Es- 
TiENNE.  Ce  dernier,  baptisé  au  prêche,  le 
4  juin.  1594,  fut  nommé  pair  en  1626  et 
commandant  de  la  «  galiote  neuve,  »  le 
jour  même  oti  son  frère  Jean  était  appelé 
à  la  tête  de  la  flotte  rocheloise.  Ce  Jean, 
baptisé  au  prêche,  le  22  déc.  1590,  pair 
en  1613,"  commandant  des  galères,  mai 
1622,  fut  procureur  de  la  ville  en  1624, 
secrétaire  des  Conseils  en  1628  ;  il  épousa 
au  temple  Judith  Mignonneau,  27  déc. 
1620  et  mourut  le  7  juin  1661.  De  son 
mariage  naquirent  six  enfants  dont  le  der- 
nier, Michel,  né  le  11  juill.  1634,  après 
avoir  passé  six  ans  (1666-72)  aux  Indes 
orientales,  revenu  dans  sa  patrie,  abjura 
pendant  les  dragonnades.  —  Un  Estienne 
Gaschot  sr  de  la  Maisonneuve,  marié  le 
2  oct.  1618  à  Judith,  fille  du  pasteur  P. 
Merlin,  acheta  en  1628  son  titre  de  pair 
au  prix  des  grains  qu'il  avait  tenus  en  ré- 


serve pendant  le  siège.  Une  de  ses  filles, 
.luDiTH,  née  en  1629,  épousa  Jean  Gasche- 
rie, procureur  ;  une  autre,  Suzanne,  née 
en  1638,  épousa  Élie  Nicolas  s""  du  Cail- 
laud  en  Saint-Just  ;  un  de  ses  fils,  aussi 
nommé  Etienne,  né  le  1er  avril  1641,  oc- 
cupait à  La  Rochelle  le  double  emploi 
municipal  de  directeur  et  receveur  des 
droits  de  marque  sur  les  chapeaux  fabri- 
qués dans  la  ville  et  de  commis  ambulant 
au  bureau  des  vivres  de  la  marine.  Il  avait 
épousé  au  temple  Snzânne  Fontaine  ;  mais 
il  abjura  la  foi  réformée  durant  les  dra- 
gonnades (Richemond). 

GASCOIN  DE  Vair  (Marie),  fille  noble 
de  Normandie,  50  ans,  réfugiée  à  Jersey 
et  assistée  par  le  comité  de  Londres  (6  liv., 
lOliv.,  etc.),  1702  ;  l'est  encore  en  1710. 

—  Des  Gascougnolles,  ancien  de  Mougon, 
délégué  au  synode  de  St-Maixent,   1598. 

—  M.  de  Gasconnière,  emprisonné  à  Niort, 
se  convertit,  1698.  —  Marie  Gasfé,  assistée 
(1  1.  6)  à  Londres,  1710.  —  «  René  Gasille, 
cidevant  controlleur  géni  de  l'arlillerye, 
nahf  de  Mirebeau,  demeurant  à  Paris,  rue 
des  quatre  filz  Edmond,  et  dUe  Marie  My- 
nier,  femme  de  Me  Pierre  Derthrand,  na- 
guères  trésorier  de  France  en  la  généralité 
de  Languedoc,  amenés  prisonniers  à  la 
Conciergerie  de  Paris  comme  estant  de  la 
nouvelle  oppinion  ainsy  qu'ilz  ont  dict  et 
confessé,  pour  ester  adroict,  »  25  septemb. 
1569.  Le  dit  Gasille  mis  hors,  à  la  charge 
de  vivre  catholiquement,  le  2  mai  1570. 

—  Lucie  Gaspard,  A^'.  Beaumont  près  Va- 
lence, femme  de  Jacques  Chevalier,  assis- 
tée à  Lausanne,  1691  ;  —  Pierre  Gaspard, 
de  Nîmes,  assisté  à  Genève  d'habits  et 
d'un  viatique,  1703. 

GASPARIN,  famille  originaire  de  la  Corse 
[Haag,  V221]  et  constituant  une  branche 
cadette  de  l'illustre  maison  de  Gaspari, 
établie  vers  le  milieu  du  XVI™e  siècle,  avec 
Ornano  de  Gaspari,  dans  la  principauté 
d'Orange  et  devenue  protestante  par  le 
mariage  du  même  Ornano  avec  une  fille 
de  Jean  de  Serres,  l'historiographe  de 
Henri  IV,  nièce  d'Olivier  de  Serres,  le  cé- 
lèbre agronome.  Elle  possède  encore,  au 
cap  Corse,  la  torre  dei  Gaspari,  qui  lui  a 
été  transmise  en  1840  lors  de  l'extinction 
de  la  branche  aînée  en  la  personne  du 
comte  Luce  de  Gaspari-Belleval.  L'église 
de  Morsiglia  renferme  plusieurs  tombeaux 
de  ses  aïeux. 


I 


801 


GASPARIN 


862 


Le  premier  Gasparin  que  mentionne 
l'histoire,  Thomas-Augustin,  naquit  en 
1750  à  Orange,  embrassa  la  carrière  mili- 
taire et  remplissait  en  1789  les  fonctions 
(le  capitaine  au  régiment  de  Picardie.  La 
Révolution,  loin  de  le  froisser,  fut  saluée 
par  lui  connue  l'aurore  d'un  nouvel  et  meil- 
leur ordre  de  choses.  En  1791,  ses  soldats 
qui  tenaient  garnison  à  Saarlouis  en  Lor- 
raine et  réclamaient  vainement  le  lourd 
arriéré  de  leur  solde,  étaient  sur  le  point 
de  se  révolter,  lorsqu'il  engagea,  pour  les 
maintenir  dans  le  devoir,  sa  fortune  per- 
sonnelle. Cette  même  année  1791,  le  dé- 
partement des  Bouches-du-Rhône  envoya 
Gasparin  siéger  à  l'Assemblée  législative 
et  le  choisit  en  1792  pour  l'un  de  ses  re- 
présentants à  la  Convention  nationale. 
Nommé  dans  l'un  et  l'autre  corps  membre 
du  comité  militaire,  il  y  présenta  et  y  fit 
adopter  diverses  motions  relatives  à  la 
composition  des  conseils  de  guerre  et  à 
l'assimilation  des  olTiciers  des  volontaires 
nationaux  aux  olTiciers  de  l'armée  régu- 
lière (8  mai  1792).  Le  tact  et  la  fermeté 
dont  il  avait  fait  preuve  dès  les  débuts  de 
sa  carrière,  le  servirent  avantageusement 
au  cours  des  délicates  missions  dont  il  fut 
investi  par  le  pouvoir  exécutif  :  en  avril 
1792,  au  camp  de  Soissons,  oti  il  prévint 
un  soulèvement  de  troupes  ;  le  24  septem- 
bre de  la  même  année,  à  l'armée  des  Al- 
pes, pour  annoncer  au  général  Montes- 
quieu sa  révocation;  en  avril  1793,  à 
l'armée  du  Nord,  où  il  rendit  la  confiance 
aux  soldats  un  moment  ébranlés  par  la 
défection  de  Dumouriez.  L'énergie  qu'il 
déploya  dans  cette  occasion  critique,  lui 
ouvrit  en  juin  1793  les  portes  du  Comité 
du  Salut  public  où  il  remplaça  Treilhard, 
mais  le  27  juillet  il  cédait  déjà  sa  place  à 
Robespierre,  pour  ne  pas  encourir  la  res- 
ponsabilité des  condamnations  prononcées 
par  ses  collègues.  Dans  les  assemblées 
elles-mêmes,  ses  votes  furent  constamment 
acquis  aux  Montagnards  ;  le  3  janvier  1792 
il  accusa  les  Girondins  d'entretenir  de  cou- 
pables intelligences  avec  le  monarque  ;  le 
17  et  le  19  il  se  prononçait  pour  la  mort 
de  Louis  XVI  sans  appel  ni  sursis.  En  1794 
la  Convention  envoya  Gasparin  sur  sa  de- 
mande à  Toulon,  auprès  de  l'armée  des 
Alpes,  pour  surveiller  les  opérations  du 
siège  en  qualité  de  commissaire.  Avec  une 
perspicacité  qui  lui  fait  honneur,  il  devina 


les  talents  stratégiques  de  Bonaparte,  alors 
simple  lieutenant  d'artillerie,  et  le  fit  nom- 
mer comn)andant  en  chef,  en  lieu  et  place 
de  l'incapable  Carteaux.  «  C'est  au  repré- 
sentant Gasparin,  dit  Las-Cases  dans  le 
premier  volume  des  Mémoires  de  Sainte - 
Hélène,  que  Napoléon  devait  d'avoir  vu 
son  plan,  celui  qui  donna  Toulon,  triom- 
pher des  objections  des  comités  de-la  Con- 
vention. Il  en  conservait  un  souvenir  re- 
connaissant :  c'était  Gasparin,  disait-il, 
qui  avait  ouvert  sa  carrière.  »  Les  derniè- 
res dispositions  de  l'empereur  témoignè- 
rent de  sa  gratitude.  «  Nous  léguons,  » 
dit-il  dans  le  quatrième  codicille  de  son 
testament  en  date  du  21  avril  1821  àLong- 
wood,  «  cent  mille  francs  aux  fils  ou  petits- 
fils  du  député  à  la  Convention  Gasparin, 
représentant  du  peuple  à  l'armée  de  Tou- 
lon, pour  avoir  protégé  et  sanctionné  de 
son  autorité  le  plan  que  nous  avions  donné, 
qui  a  valu  la  prise  de  cette  ville  et  qui 
était  contraire  à  celui  envoyé  par  le  Co- 
mité du  Salut  public.  Gasparin  nous  a  mis 
par  sa  protection  à  l'abri  des  persécutions 
de  l'ignorance  des  états-majors  qui  com- 
mandaient l'armée  avant  l'arrivée  de  mon 
ami  Dugommier.  »  Le  représentant  du 
peuple  ne  vécut  pas  assez  longtemps  pour 
assister  au  succès  des  intelligentes  mesures 
prises  par  lui  devant  Toulon.  Une  fiuxion 
de  poitrine  contractée  pendant  les  fatigues 
du  siège  l'emporta  dans  sa  maison  dOran- 
ge  le  7  nov.  1793.  De  solennelles  funérail- 
les lui  furent  faites  dans  sa  ville  natale, 
mais  son  cœur  fut  envoyé  à  la  Convention 
qui  décréta  de  le  déposer  au  Panthéon, 
L'arrêt  ne  fut  pas  exécuté  et  le  cœur  d'Au- 
gustin-Thomas de  Gasparin  est  demeuré 
aux  Archives  (voy.  pour  plus  de  détails  : 
le  Moniteur  universel,  année  1792,  Nos  129- 
139,  162,  263,  269  ;  An  premier.  Nos  5  et 
72). 

Adrien-Etienne-Pierre,  comte  de  Gas- 
parin^ fils  aîné  du  précédent,  né  à  Orange 
le  29  juin  1783,  embrassa  à  l'exemple  de 
son  père  la  carrière  militaire,  fut  attaché 
en  qualité  d'officier  de  cavalerie  à  l'état- 
major  de  Murât  et  se  signala  en  1806  par 
sa  bravoure  dans  la  campagne  de  Pologne, 
mais  il  fut  obligé  par  une  blessure  de  quit- 
ter prématurément  l'armée  et  se  retira 
dans  ses  terres  de  la  Vaucluse  où,  sollicité 
par  l'exemple  d'Olivier  de  Serres,  son  il- 
lustre aïeul,   il  se  livra  à  d'ingénieuses 


863 


GASPARIN 


864 


recherches  agronomiques  et  rédigea  une 
série  de  mémoires  la  plupart  couronnés 
par  l'Institut. 

Pendant  toute  la  durée  de  la  Restaura- 
tion, ses  propres  convictions  politiques, 
tout  autant  que  le  souvenir  de  son  père, 
le  retinrent  dans  l'opposition,  mais  la  ré- 
volution de  juillet  lui  ouvrit  la  carrière  des 
fonctions  publiques.  Successivement  préfet 
de  la  Loire  (août-septembre  1830),  de 
l'Isère  (20  sept.  1830-28  nov.  183i),  du 
Rhône  (28  nov.  1831-4  avril  183o),  Adrien 
de  Gasparin  déploya  dans  ces  différents 
postes,  pendant  une  période  troublée,  des 
qualités  administratives  de  premier  ordre. 
En  1831  il  arrêta  près  de  Voiron  dans 
l'Isère  un  corps  de  révolutionnaires  ita- 
liens qui  se  disposait  à  envahir  la  Savoie; 
en  1834  (14-22  fév.)  il  réprima  à  Lyon  une 
redoutable  insurrection  socialiste,  dite  des 
mutualistes.  Le  gouvernement  le  récom- 
pensa de  la  fermeté  dont  il  avait  fait  preu- 
ve dans  cette  crise  terrible  en  l'élevant,  le 
19  avril  1834,  à  la  pairie. 

De  Lyon  il  fut  appelé  en  1835  à  Paris 
en  qualité  de  secrétaire  du  ministère  de 
l'intérieur.  Le  6  septembre  1836,  il  en  de- 
vint titulaire  dans  le  cabinet  présidé  par 
M.  Mole.  M.  de  Gasparin  apporta  dans  les 
discussions  parlementaires  une  parole  nette 
et  facile,  sinon  brillante,  et  justifia  les  es- 
pérances administratives  qu'avait  fait  con- 
cevoir sa  gestion  préfectorale  par  la  sup- 
pression de  la  chaîne  des  forçats  et  son 
remplacement  par  le  transport  dans  les 
voitures  cellulaires,  par  l'ouverture  de 
nombreuses  routes  en  Corse,  par  l'intro- 
duction de  plusieurs  réformes  pratiques 
dans  l'organisation  des  hospices,  la  légis- 
lation des  aliénés,  le  régime  des  prisons. 
La  loi  dite  de  disjonction,  en  vertu  de  la- 
quelle les  militaires  étaient  soustraits  à  la 
juridiction  civile  pour  les  crimes  de  droit 
commun,  amena  malheureusement,  le  15 
avril  1837,  sa  retraite  des  affaires  publi- 
ques et  son  remplacement  par  M.  de  Mon- 
talivet.  Le  31  mars  1839  le  roi  lui  rendait 
son  ancien  portefeuille  avec  l'intérim  de 
celui  du  commerce  et  des  travaux  publics 
dans  le  cabinet  de  transition  formé  par 
M.  de  Montebello,  cabinet  qui  ne  survécut 
pas  à  l'émeute  provoquée  par  Barbes, 
Blanqui  et  Martial  Bernard  (12  mai  1839). 
L'arrivée  au  pouvoir  de  M.  Thiers  (1er  mars 
1840)  détermina  M.  de  Gasparin  à  une  re- 


traite complète  de  la  vie  politique.  La 
deuxième  république,  désireuse  de  s'assu- 
rer le  concours  d'un  administrateur  aussi 
expert,  l'appela  dès  les  premiers  mois  de 
1848  k  la  direction  de  l'institut  agronomi- 
que nouvellement  créé  à  Versailles,  un 
poste  qu'il  conserva  jusqu'à  la  suppression 
de  cet  établissement,  le  7  septembre  1852, 
et  pour  lequel  il  rédigea  un  premier  vo- 
lume d'Annales. 

Si  importants  qu'aient  été  les  services 
rendus  par  le  comte  Adrien  de  Gasparin 
en  qualité  de  préfet  et  de  ministre  de  l'in- 
térieur, la  meilleure  partie  de  son  activité 
fut  consacrée  au  développement  de  l'agri- 
culture, regardée  par  lui  comme  la  source 
la  plus  sûre  et  la  plus  abondante  de  riches- 
ses pour  un  État.  Très  érudit  dans  ce  do- 
maine et  personnellement  renseigné  par 
de  nombreux  voyages  sur  les  meilleures 
méthodes  adoptées  à  l'étranger,  il  tra- 
vailla, plus  qu'aucun  autre  de  ses  contem- 
porains, à  engager  sa  science  favorite  dans 
les  voies  positives  de  l'expérimentation, 
en  la  mettant  d'une  part  en  étroites  rela- 
tions avec  l'économie  politique,  en  la  fai- 
sant bénéficier  de  l'autre  des  découvertes 
les  plus  solidement  attestées  de  la  géologie 
et  de  la  météorologie,  de  la  physique  et  de 
la  chimie.  Grâce  à  sa  courageuse  initiative 
et  à  ses  persévérants  efforts,  la  France  et 
surtout  la  région  du  Midi  entrèrent  dans 
une  voie  d'améliorations  et  de  progrès 
continus.  De  flatteuses  distinctions  prou- 
vèrent à  M.  de  Gasparin  l'estime  dans  la- 
quelle étaient  tenues  ses  recherches  par  les 
corps  compétents.  L'acad.  des  sciences 
l'admit  en  1840  dans  sa  section  d'économie 
rurale  en  remplacement  de  Turpin,  la  So- 
ciété pour  l'encouragement  de  l'agriculture 
le  choisit  en  1845  pour  l'un  de  ses  vice- 
présidents.  Sa  vigoureuse  vieillesse  s'écoula 
à  Orange  où  la  mort  vint  le  chercher  le 
7  septembre  1862.  Une  statue  lui  a  été 
élevée  dans  sa  ville  natale  en  1864. 

Voici  l'énumération  aussi  complète  que 
possible  des  ouvrages  et  mémoires  dus  à  la 
plume  féconde  du  comte  Adrien  de  Gas- 
parin :  I.  Du  croisement  des  races,  cou- 
ronné par  la  Société  d'agriculture  de  Lyon, 
Lyon,  1810.  —  II.  De  la  gourme  des  che- 
vaux, mémoire  qui  obtint  la  médaille  d'or 
donnée  par  la  Société  d'agriculture  de  la 
Seine,  Lyon  1811.  —  III.  De  la  culture 
de  la  garance,  Lyon,  1815.  —  IV.  Histoire 


805 


GASPARIN 


866 


de  la  ville  d'Orange  et  de  ses  antiquités, 
1815.  —  V.  Manuel  de  l'art  vétérinaire  à 
l'usage  des  officiers  de  cavalerie,  des  agri- 
culteurs et  des  artistes  vétérinaires,  Paris, 
1817,  in-8o,  un  ouvrage  dans  lequel  M.  de 
Gasparin  a  réuni  toutes  les  observations 
faites  par  lui  sur  les  chevaux  malades  dans 
les  dépôts  dont  il  avait  eu  l'inspection  pen- 
dant sa  carrière  militaire.  —  VI.  Des  ma- 
ladies contagieuses  des  bêtes  à  laine,  mé- 
moire qui  remporta  le  prix  proposé  par  la 
Société  d'agricult.  de  Lyon,  1821.  —  VII. 
Des  petites  propriétés  considérées  dans  leurs 
rapports  avec  l'agriculture  et  le  sort  des 
ouvriers,  Paris,  1821.  —  VIII.  Guide  des 
propriétaires  de  biens  ruraux  affermés, 
Paris,  1829,  un  ouvrage  couronné  en  1828 
par  la  Société  royale  d'agriculture.  —  IX. 
Recueil  de  Mémoires  d' agriculture  et  d'éco- 
nomie rurale,  3  vol.  in-8o,  Paris,  1829- 
1841,  reproduisant  la  plupart  des  travaux 
ci-dessus  indiqués  et  en  contenant  d'autres 
relatifs  aux  biens  soumis  au  métayage,  à 
la  culture  du  safran  et  de  l'olivier,  à  l'in- 
troduction des  vers-à-soie  en  Europe.  — 
X.  Cours  d'agriculture,  5  vol.  in-8o,  Paris, 
1843-1849,  un  ouvrage  qui  a  fait  longtemps 
et  justement  autorité.  —  XI.  Principes 
d'agronomie,  Paris,  1854,  in-89.  En  dehors 
de  ces  ouvrages  de  longue  haleine,  M.  de 
Gasparin  a  fréquemment  inséré  des  articles 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  centrale 
d'agriculture  de  France,  V Annuaire  météo- 
rologique, la  Bibliothèque  universelle  de 
Genève,  la  Maison  rustique  au  X/A'^e  siè- 
cle, les  Mémoires  de  l'académie  du  Gard, 
les  Annales  de  voyage  de  Malte-Brun. 

Auguste  de  Gasparin,  deuxième  fils 
d'Augustin-Thomas,  naquit  à  Orange  le  9 
décembre  1787.  Capitaine  de  la  garde  na- 
tionale dans  sa  ville  natale  en  1815,  il  se 
prononça  en  faveur  des  Bourbons  lorsque 
Napoléon  revint  de  l'île  d'Elbe.  Sous  la 
monarchie  de  juillet  il  fut  maire  d'Orange 
et  député  de  Montélimart  (1837-1842).  On 
cite  de  lui  différentes  brochures  de  méca- 
nique et  d'économie  agricole  insérées  dans 
diverses  revues  départementales.  M.  Au- 
guste de  Gasparin  est  mort  à  Orange  en 
1857. 

Agéxor-Étienne,  comte  de  Gasparin, 
fils  aîné  du  comte  Adrien,  né  à  Orange  le 
12  juillet  1810.  Par  sa  mère,  Adèle  de 
Daunant,  il  se  trouvait  apparenté  à  une 
des  familles  protestantes  les  plus  considé- 


rées de  Nîmes.  Son  éducation,  d'abord 
commencée  par  un  précepteur  alsacien, 
M.  Scheffer,  se  continua  depuis  1822  à 
Paris  au  lycée  Louis-le-Grand  ;  ensuite  les 
Facultés  de  Droit  et  des  Lettres  le  comp- 
tèrent parmi  leurs  pins  brillants  élèves. 
Agénor  de  Gasparin  appartint  à  cette  jeu- 
nesse enthousiaste  de  la  Restauration  qui 
fut  nourrie  des  Odes  de  Victor  Hugo,  des 
ïambes  de  Barbier,  des  Messéniennes  de 
Casimir  Delavigne,  se  pressa  à  la  Sor- 
lionne  au  pied  des  chaires  de  Victor  Cou- 
sin, Guizot,  Villemain,  applaudit  à  la 
chambre  des  députés,  les  discours  de  Royer- 
Collard,  du  général  Êoy,  du  duc  de  Broglie. 
Lorsque  éclata  la  révolution  de  1830,  il  fit 
le  coup  de  feu  en  qualité  de  garde  natio- 
nal, mais  protégea,  avec  sa  générosité  na- 
tive, des  prisonniers  que,  dans  l'exaspé- 
ration de  la  lutte,  ses  compagnons  se  cÛs- 
posaient  à  massacrer. 

Le  titre  de  licencié  en  droit  ouvrit  en 
1834  à  M.  de  Gasparin  la  carrière  admi- 
nistrative. En  1836  son  père  le  choisit 
pour  chef  de  cabinet  au  ministère  de  l'in- 
térieur, en  1837  il  fut  nommé  maître  des 
requêtes  au  Conseil  d'État.  En  1842  les 
électeurs  de  Bastia,  le  district  corse  d'où 
sa  famille  était  originaire,  l'élurent  pour 
leur  représentant  à  la  Chambre  des  dépu- 
tés. M.  de  Gasparin  y  conquit  bientôt  une 
place  distinguée  par  sa  parole  impétueuse 
et  convaincue,  dénonçant  tous  les  abus  de 
pouvoir,  revendiquant  toutes  les  libertés, 
n'obéissant  qu'à  sa  conscience.  Malgré  de 
vives  oppositions,  ses  collègues  de  toutes 
les  fractions  de  la  Chambre  se  plurent  à 
rendre  hommage  à  la  droiture  de  son  ca- 
ractère et  à  la  noblesse  de  ses  pensées.  Ses 
principes  conservateurs  ne  l'empêchèrent 
nullement  de  signer  avec  MM.  Saint-Marc 
Girardin  et  d'Haussonville,  contre  le  sys- 
tème de  corruption  reproché  à  M.  Guizot, 
un  amendement  qui  réglait  l'admission  aux 
fonctions  publiques. 

La  liberté  religieuse  posséda  en  lui  un 
infatigable  champion.  En  toute  occasion  il 
prit  à  la  tribune  la  défense  des  Églises  ré- 
formées de  France  dont  une  administration 
hostile  ou  timorée  méconnaissait  les  justes 
griefs,  des  évangélistes  illégitimement  con- 
damnés, des  colporteurs  frappés  de  lour- 
des amendes.  «  Songez  y,  »  s'écriait-il  le 
6  avril  1846,  «  je  vous  le  dis  avec  calme 
et  sérieux,  parce  que  j'exprime  ici  une 

VI.  28 


867 


GASPARIN 


868 


résolution  bien  arrêtée  :  si  l'on  nous  re- 
fuse la  liberté  que  nous  demandons,  si 
Ton  oppose  de  nouvelles  entraves  à  l'exer- 
cice d'un  droit  nécessaire,  eh  bien  !  nous 
prendrons  sur  notre  dos  la  balle  du  col- 
porteur, nous  irons  vendre  des  bibles,  af- 
fronter vos  procès  et  nous  faire  jeter  en 
prison  !  » 

La  question  de  la  traite  des  nègres  et  du 
droit  de  visite  passionnait  sous  la  monar- 
chie de  juillet  les  esprits,  moins  par  phi- 
lanthropie que  par  lutte  de  politique  inté- 
rieure et  antagonisme  contre  la  Grande- 
Bretagne.  A.  de  Gasparin,  dans  son  livre 
Esclavage  et  Traite  (1  vol.  in-8o,  Paris, 
1838)  se  prononça  en  faveur  de  l'émanci- 
pation immédiate  et  combattit  aux  côtés 
du  duc  de  Broglie  qui  travaillait  ofïïcielle- 
ment  à  la  suppression  de  la  servitude  des 
noirs  dans  les  colonies.  A  cette  période  de 
sa  vie  politique  appartiennent  également 
deux  brochures  :  De  l'amortissement  (Pa- 
ris, 1834).  La  France  doit-elle  conserver 
Alger?  (Paris,  1835)  sous  le  pseudonyme 
d'un  «  auditeur  au  Conseil  d'Etat.  » 

Les  loisirs  que  fit  en  1846  à  M.  de  Gas- 
parin son  eloignement  des  alTaires  publi- 
ques furent  mis  par  lui  à  profit  pour  un 
voyage  de  plusieurs  mois  en  Egypte  et  en 
Syrie.  Ce  fut  k  Jéi'usalem  que  lui  parvint 
la  nouvelle  de  la  révolution  de  1848.  Il 
écrivit  des  lieux  mêmes  une  touchante 
protestation  de  fidélité  à  la  dynastie  dé- 
chue, un  vigoureux  refus  aux  olî'res  qui 
lui  étaient  faites  de  coopérer  à  la  nouvelle 
constitution  de  la  France,  mais  après  son 
retour  en  Europe,  au  lieu  d'habiter  Paris, 
il  se  fixa  en  Suisse  ofi  il  se  sentait  attiré 
depuis  son  mariage  avec  M^e  Valérie  Bois- 
sier  et  oii  se  passèrent  les  vingt-trois  der- 
nières années  de  sa  vie.  Ses  amis  de  l'autre 
côté  du  Jura  cherchèrent  à  de  fréquentes 
reprises,  mais  inutilement,  à  le  rappeler 
auprès  d'eux.  Le  régime  du  deuxième  em- 
pire était  odieux  à  son  âme  avide  d'indé- 
pendance et  il  avait  besoin  de  vivre  dans 
un  pays  libre  pour  travailler  fructueuse- 
ment, par  la  parole  et  par  la  plume,  au 
triomphe  des  causes  qui  lui  étaient  chères. 

Les  débats  ecclésiastiques  et  théologiques 
qui  agitaient  l'Église  réformée  de  France, 
sollicitèrent  de  bonne  heure  son  attention. 
M.  de  Gasparin  combattit  dès  sa  jeunesse 
aux  premiers  rangs  de  l'extrême  droite  et 
soutint  la  nécessité,  en  matière  de  foi,  d'une 


règle  infadiible  avec  la  sincérité  passion- 
née qu'il  apportait  en  toute  chose,  un  cou- 
rage qui  ne  connut  ni  les  hésitations  ni 
les  défaillances,  une  soumission  absolue 
à  ce  qu'il  croyait  être  la  vérité  divine, 
mais  aussi,  nous  sommes  contraints  de 
l'ajouter,  avec  une  érudition  des  plus  con- 
testables et  des  plus  fantaisistes,  une  ins- 
tinctive aversion  pour  toute  méthode 
scientitique  rigoureuse,  une  entière  inca- 
pacité à  comprendre  les  arguments  ad- 
verses. 

«  Le  clairon  de  .lésus  »  avait-il  cou- 
tume de  dire,  «  ne  sonne  jamais  la  re- 
traite. » 

Secrétaire,  en  1843,  de  la  Société  pour 
les  intérêts  généraux  du  protestantisme 
français,  il  entreprit  de  grouper  les  fidèles 
sous  l'étendard  d'un  formulaire  dogmati- 
que, plus  simple,  il  est  vrai,  et  plus  con- 
forme à  l'Évangile  que  celui  de  La  Ro- 
chelle et  ne  recula  pas  devant  l'exclusion 
des  récalcitrants  {Lettre  à  M.  Ath.  Coque- 
rel,  broch.,  Paris,  1840.  Lettre  sur  une 
question  posée  par  l'Espérance,  broch., 
Paris,  1843.  Intérêts  généraux  du  protes- 
tantisme français,  1  vol.  in-8o,  Paris, 
1848).  La  crise  d'intolérance  qui  sévit  en 
1846  sur  le  canton  de  Vaud,  lui  permit  de 
formuler  en  toute  netteté  dans  son  livre 
intitulé  :  Christianisme  et  paganisme  (2  vol. 
in-8«,  Genève,  1846)  le  principe  de  la  sé- 
paration de  l'Église  et  de  l'État.  Le  synode 
officieux  qui  se  réunit  à  Paris  en  1848  re- 
trouva A.  de  Gasparin  à  côté  de  Frédéric 
Monod  pour  réclamer  la  réorganisation  de 
l'Église  réformée  sur  une  base  positive. 
Lorsque  l'assemblée  eut  constaté  «  l'im- 
possibilité dans  les  circonstances  actuelles 
de  rédiger  une  profession  de  foi,  »  eux 
seuls,  parmi  les  membres  de  la  droite, 
donnèrent  leur  démission  et  se  retirèrent 
d'une  Église  tenue  par  eux  pour  infidèle  à 
sa  mission  (Réponse  à  la  brochure  de  M. 
Adolphe  Monod  :  Pourquoi  je  reste  dans 
l'Église?  Broch.,  Paris,  1849).. 

En  18o0  la  lutte  se  transporta  du  do- 
[naine  pratique  dans  la  sphère  théorique. 
M.  de  Gasparin  défendit  dans  les  colonnes 
des  Archives  du  Christianisme,  avec  une 
chevaleresque  intrépidité,  l'inspiration  plé- 
nière  des  Saintes-Écritures  et  se  flatta 
d'avoir  répondu  dans  son  livre  :  les  Écoles 
du  doute  et  l'École  de  la  foi  (1  vol.  in-8o, 
Genève,  1834.  2rae  édition,  in-18,  Paris, 


I 


869 


GASPARIN 


870 


1874)  à  toutes  les  objections  développées 
dans  la  Revue  de  Strasbourg  par  MM.  Co- 
lani  et  Edm.  Scherer.  (Voir  également  : 
La  Bible  défendue  contre  ceux  qui  ne  sont 
ni  disciples  ni  adversaires  de  M.  Scherer, 
broch.,  Paris,  1854).  Au  printemps  de 
1870,  à  la  suite  de  conférences  données 
par  M.  F.  Buisson,  un  mouvement  popu- 
laire s'organisa  en  faveur  du  christianisme 
libéral  dans  la  Suisse  romande.  L'athlète, 
quelque  peu  brisé  par  l'âge^  mais  toujours 
jeune  de  cœur,  n'hésita  pas  à  redescendre 
dans  l'arène  et  à  opposer,  aux  maux  dont 
souffre  actuellement  le  protestantisme,  son 
remède  favori  de  la  séparation,  ce  qui  lui 
attira,  au  nom  de  l'Église  nationale,  une 
verte  réplique  du  pasteur  Oltramare.  {Le 
Christianisme  libéral  et  la  séparation  de 
l'Église  et  de  l'État,  broch.,  Lausanne, 
1869.) 

Dans  la  retraite  volontaire  qu'il  s'était 
choisie  en  Suisse,  soit  aux  portes  de  Ge- 
nève dans  la  belle  villa  du  Rivage,  soit 
dans  la  solitude  romantique  de  Valleyres 
près  d'Orbe  au  pied  du  Jura,  le  comte 
Agénor  de  Gasparin,  loin  de  rester  inactif, 
suivait  avec  une  perspicace  curiosité  tou- 
tes les  phases  de  la  politique  européenne. 
Travailleur  infatigable,  doué  d'une  forte 
mémoire  et  d'une  brillante  facilité  de  ré- 
daction, ;se  sentant,  comme  chrétien,  ci- 
toyen de  l'univers  et  estimant  que  rien  ne 
devait  lui  demeurer  étranger,  tantôt  il  en- 
tassait des  matériaux  sans  nombre  pour  de 
futurs  ouvrages,  tantôt  il  écrivait  dans  les 
colonnes  d'un  journal  une  série  d'articles 
sur  un  sujet  religieux,  politique  ou  écono- 
mique, tantôt  il  se  sentait  forcé  en  quelque 
sorte  par  un  grand  événement  à  publier 
un  de  ces  livres  vibrants  d'enthousiasme, 
qui  gagnait  à  une  noble  cause  toutes  les 
sympathies. 

En  1852,  les  époux  Madiaï  ayant  été 
condamnés  aux  galères  par  le  grand-duc 
de  Toscane  pour  avoir  lu  et  distribué  la 
bible,  M.  de  Gasparin  se  rendit  avec  une 
députation  de  l'Alliance  évangélique  à 
Florence  pour  intercéder  en  leur  faveur 
et  réclamer  les  droits  de  la  liberté  de  con- 
science. Lorsque  en  1857  la  Suisse  fut  me- 
nacée par  la  Prusse  à  propos  de  la  souve- 
raineté de  Neuchâtel,  le  châtelain  de  Val- 
leyres prit  immédiatement  la  plume  pour 
défendre  sa  patrie  d'adoption  {La  question 
de  Neuchâlel.  Un  mot  de  plus  sur...  Der- 


nières remarques,  Genève,  1857).  En  1860 
éclatait  de  l'autre  côté  de  l'Atlantique  la 
guerre  de  la  sécession  américaine  :  l'ancien 
avocat  de  l'émancipation  à  la  Chambre  des 
députés  tint  à  honneur  de  redresser  l'opi- 
nion publique  un  peu  hésitante  au  début 
de  la  crise  et  publia  coup  sur  coup  ses 
beaux  livres  :  Un  grand  peuple  qui  se  relève 
(1  vol.  in-8°,  Paris,  Ire  édition,  1866. 
6  éditions).  L'Amérique  devant  l'Europe 
(1  vol.  in-8o,  1862,  2  éditions).  Uneparole 
de  paix  sur  le  différend  entre  l' Angleterre 
et  les  États-Unis  (Paris,  1862,  broch). 

Enfin  l'année  1870  l'appela  à  passer  par 
les  poignantes  douleurs  qu'éprouvèrent 
tous  les  Français  attachés  à  leur  pays. 
Loin  de  partager  les  illusions  que  se  faisait 
au  début  de  la  lutte  la  majorité  de  ses 
compatriotes,  il  condamna  avec  sa  sincé- 
rité et  sa  vaillance  accoutumées  les  erre- 
ments diplomatiques  de  Napoléon  III  {La 
déclaration  de  guerre,  broch.,  Paris,  1870, 
2  éditions).  Après  les  premières  victoires 
de  l'Allemagne  et  la  prise  de  Strasbourg, 
la  neutralisation  de  l'Alsace  et  de  la  Lor- 
raine fut  proposée  par  lui  comme  la  solu- 
tion la  plus  équitable  du  conflit  {La  répu- 
blique neutre  d'Alsace,  broch.,  Genève, 
1870,  2  éditions,  d'abord  publiée  dans  les 
colonnes  du  Journal  de  Genève).  Son  der- 
nier cri  de  douleur,  pour  arrêter  une  effu- 
sion de  sang  désormais  inutile,  fut  adres- 
sée à  ses  compatriotes  sous  le  titre  iV Appel 
au  patriotisme  et  au  bon  sens  (broch.,  Ge- 
nève, 1870,  2  éditions).  Après  sa  mort 
parut  son  testament  politique,  un  modèle 
de  générosité  et  de  sagesse  :  La  France, 
nos  fautes,  nos  périls,  notre  avenir  (2  vol. 
in-18,  Paris,  4  éditions,  1872).  M.  de  Gas- 
parin ne  s'était  pas  dissimulé  les  difficultés 
de  la  tâche  qu'il  avait  entreprise,  c  Pour 
«  prendre  en  main,  écrivait- il  en  1870,  les 
«  causes  qui  compromettent,  pour  se  brouil- 
«  1er  avec  les  oracles,  pour  se  refuser  aux 
«  petites  servitudes  courantes,  il  faut  avoir 
«  pris  son  parti  à  l'avance  de  beaucoup  de 
«  douleurs  et  de  beaucoup  d'injustices.  Un 
«  homme  libre,  c'est  l'ennemi  ;  à  son  as- 
«  pect,  notre  moutonnerie  s'alarme,  nos 
i  camaraderies  menacées  s'apprêtent  au 
«  combat.  C'est  un  rude  métier  que  celui 
«  de  redresseur  des  torts  et  d'apôtre  de  la 
«  vérité  :  le  monde  n'avance  qu'aux  dé- 
«  pens  de  celui  qui  le  pousse.  » 

Les  livres  de  M.  de  Gasparin,  quels  que 


871 


GASPAEIN 


872 


soient  leur  nombre  et  leur  mérite,  ne  re- 
présentent qu'une  faible  part  de  l'activité 
incessante  déployée  par  lui  en  faveur  de 
ce  qu'il  croyait  être  le  bien  et  le  vrai. 
L'orateur  l'emportait  de  beaucoup  chez  lui 
sur  l'écrivain.  Depuis  qu'il  se  fut  fixé  à 
Genève,  il  donna  chaque  hiver,  devant  des 
auditoires  de  plusieurs  milliers  de  per- 
sonnes, d'où  l'élément  ouvrier  n'était  point 
absent,  des  conférences  dont  le  thème  était 
emprunté  tour  à  tour  à  la  religion,  à  l'his- 
toire, à  l'économie  sociale.  La  sincérité  de 
ses  convictions,  l'entraînement  de  sa  pa- 
role, son  irréprochable  courtoisie  vis-à-vis 
de  ses  adversaires,  l'art  infini  avec  lequel 
s'entremêlaient  les  raisonnements  et  les 
anecdotes,  les  saillies  humoristiques  et  les 
appels  partis  du  plus  profond  du  cœur,  lui 
valurent  de  splendides  triomphes,  sans 
qu'il  eut  jamais  fait  la  moindre  concession 
aux  préjugés  et  aux  passions  populaires, 
et  ont  laissé  d'impérissables  souvenirs.  La 
plupart  de  ces  conférences  ont  été  publiées, 
mais,  dépouillées  du  charme  inhérent  à  la 
personne  de  M.  de  Gasparin,  elles  ont 
perdu  quelque  peu  de  leur  attrait  :  Inno- 
cent III  (1  vol.  in-18,  Paris,  1859,  4  édi- 
tions). Les  perspectives  du  temps  présent 
(1  vol.  in-18,  Paris,  1860).  Le  Bonheur 
(1  vol.  in-18,  Paris,  1862,  7  éditions). 
La  Famille  (2  vol.  in-18,  Paris,  186S,  M 
éditions).  La  liberté  morale  (2  vol.  in-18, 
Paris,  1868,  4  éditions).  L'Égalité  (1  vol. 
in-12,  Paris,  1869,  4  éditions).  La  Con- 
science (1  vol.  in-18,  Paris,  1872,  6  édi- 
tions). Luther  et  la  Réforme  (1  vol.  in-18, 
Paris,  1873,  o  éditions).  Le  bon  vieux 
temps  (1  vol.  in-18,  Paris,  1873,  3  édi- 
tions). L'ennemi  de  la  famille  (1  vol.  in  18, 
Paris,  1874.  5  éditions).  Pensées  de  liberté 
(1  vol.  in-18,  Paris,  1876,  3  éditions).  Pa- 
roles de  vérité  (1  vo!.  in-8o,  Paris,  1876, 
2  éditions).  Les  droits  du  cœur  (1  vol.  in- 
18,  Paris,  1878.  3  éditions).  L'Église  selon 
l'Évangile  (2  vol.  in-18,  1879).  La  Bible 
(2  vol.  in-18,  1879). 

La  Providence  réservait  au  comte  de 
Gasparin  la  mort  du  soldat  de  Christ.  Té- 
moin à  Valleyres  de  la  retraite  lamenta- 
ble de  l'armée  de  l'Est,  il  reçut  chez  lui 
de  nombreux  internés  et  les  soigna  avec 
le  plus  admirable  dévouement.  Les  poi- 
gnantes impressions  qu'il  ressentit  de  cet 
effroyable  désastre  achevèrent  de  ruiner  sa 
santé  déjà  fort  affaiblie  depuis  quelques 


années.  Un  mal  contagieux,  contracté  dans 
les  ambulances,  l'emporta  à  sa  villa  du 
Rivage,  le  14  mai  1871. 

Adrien  JVaville-Rigaud.  Journal  de  Genève  du 
16  mai  1871.  Th.  Borel  :  Le  comte  Agénor  de 
Oasparin,  1  vol.  in-12  de  147  pages,  Paris,  1879. 

Catherine -Valérie  Boissier,  comtesse 
de  Gasparin,  née  à  Genève,  le  lo  sept. 
1813,  d'une  riche  famille  patricienne,  ori- 
ginaire d'Anduze  et  émigrée  à  l'époque  de 
la  Révocation  de  l'édit  de  Nantes,  petite- 
fdie  du  médecin  Butini,  sœur  du  botaniste 
Edmond  Boissier,  parente  rapprochée  du 
physicien  Auguste  de  la  Rive  et  de  M.  de 
Rocca,  le  second  mari  de  Mme  de  Staël,  fut 
élevée  en  majeure  partie  par  sa  mère,  re- 
çut pendant  dix  années  l'enseignement  de 
M.  Louis  Vallette,  plus  tard  pasteur  luthérien 
à  Paris,  joignit  à  ses  précoces  dispositions 
littéraires  des  goûts  artistiques  non  moins 
prononcés  et  se  livra  avec  ardeur  à  l'étude 
du  piano  sous  la  direction  de  Listz.  Son 
mariage  en  1837  lui  donna  vingt-quatre 
années  non  interrompues  d'intimité  et  de 
bonheur.  Les  dix  années  qui  suivirent 
s'écoulèrent  à  Paris;  en  1847,  M.  et  M"e 
de  Gasparin  s'embarquèrent  pour  l'Orient 
et  visitèrent  la  Grèce,  l'Egypte,  la  pénin- 
sule du  Sinaï,  la  Palestine,  la  Syrie  ;  à 
partir  de  1848,  ils  se  fixèrent  dans  la 
Suisse  romande.  Depuis  la  mort  du  comte 
Agénor,  M^e  de  Gasparin  s'est  condamnée 
à  une  profonde  retraite  dans  sa  campagne 
du  Rivage  et  s'occupe  soit  d'œuvres  de 
bienfaisance,  soit  de  la  publication  et  de 
la  diffusion  des  livres  de  son  mari. 

Miie  de  Gasparin  qui  n'a  signé  de  son 
vrai  nom  presque  aucun  de  ses  nombreux 
ouvrages,  débuta  fort  jeune  dans  la  car- 
rière des  lettres.  A  l'âge  de  vingt  ans,  en 
1833,  elle  faisait  paraître,  sous  le  pseudo- 
nyme d'Antoine  Goru,  trois  Nouvelles 
(2me  édition,  1845)  et  en  1835  sous  le  ti- 
tre de  Voyage  d'une  Ignorante,  ses  impres- 
sions de  touriste  sur  le  Midi  de  la  France 
et  l'Italie,  deux  volumes  suivis  en  1848 
de  trois  autres  :  Journal  d'un  voyage  dans 
le  Levant  (4  éditions).  Les  sujets  les  plus 
graves  de  la  morale  attirèrent  d'abord  son 
attention  et  furent  abordés  par  elle  dans 
le  Mariage  au  point  de  vue  chrétien  (3  vol., 
1842,  3  éditions,  abrégé  et  popularisé  en 
1845  dans  :  un  Livre  pour  les  Femmes 
mariées),  un  ouvrage  qui  valut  à  son  au- 


873 


GASPARIN 


874 


leur  la  grande  médaille  d'or  de  V Académie 
française  et  dans  lequel  les  convictions 
théologiques  les  plus  arrêtées,  voire  même 
les  plus  aggressives,  s'unissent  avec  une 
singulière  liberté  de  ton  et  d'allures.  Sa 
vaillante  franchise  à  l'égard  de  ses  amis 
les  plus  chers  et  son  impérieux  besoin 
d'indépendance  lui  dictèrent  deux  livres 
de  polémique  dans  lesquels  elle  s'éleva 
tour  à  tour  avec  une  spirituelle  vivacité 
contre  quelques-uns  des  travers  les  plus 
choquants  des  communautés  issues  du  Ré- 
veil :  Quelques  défauts  des  Chrétiens  d'au- 
jourd'hui (1853,  2  éditions)  et  condamna 
l'institution  des  diaconesses  protestantes 
comme  entachée  de  romanisme  :  Des  cor- 
porations monastiques  au  sein  du  Protes- 
tantisme (2  vol.,  1845).  A  cette  même  pé- 
riode appartiennent  quelques  récits  saisis- 
sants dans  leur  simplicité  :  Allons  faire 
fortune  à  Paris  (1844).  Il  y  a  des  pauvres 
à  Paris  et  ailleurs  (1846,  plusieurs  édi- 
tions). 

En  1858  s'ouvrit  pour  M^e  de  Gasparin 
une  voie  des  plus  nouvelles  et  des  plus 
originales  avec  la  publication  d'esquisses 
et  récits  fortement  marqués  du  caractère 
biblique,  pleins  d'élévation  et  de  cordia- 
lité, dont  les  héros  sont  le  plus  souvent 
des  vachers,  des  bûcherons^  des  villageoi- 
ses, et  d'où  la  verve  humoristique  n'exclut 
aucunement  la  compassion  pour  toutes  les 
souffrances  humaines,  des  tableaux  tout 
pénétrés  des  saveurs  agrestes  des  forêts  et 
des  prairies,  traduits  dans  une  langue  pit- 
toresque, savoureuse,  éblouissante  de  co- 
loris, savante  et  raffinée  sous  son  appa- 
rente naïveté,  «  le  Protestantisme  dans  la 
nature  et  dans  l'art  au  XlXme  siècle,  » 
comme  l'a  dit  Sainte-fieuve.  En  voici  la 
série  :  les  Horizons  prochains  (1838,  8  édi- 
tions) ;  les  Horizons  célestes  (1859,  9  édi- 
tions) ;  Vesper  (1861,  5  éditions)  ;  les  Tris- 
tesses humaines  (1863,  5  éditions)  ;  Dans 
les  prés  et  sous  les  bois  (1887).  Un  roman  : 
Camille  discute  au  point  de  vue  protestant 
orthodoxe  la  même  thèse  que  Sybille  d'Oc- 
tave Feuillet  au  point  de  vue  catholique 
mondain  :  l'impossibilité  de  l'union  en- 
tre une  chrétienne  et  un  libre-penseur 
(1866,  3  éditions).  Tous  ces  ouvrages 
sont  signés  :  Vauteur  des  Horizons  pro- 
chains. 

La  même  imagination  primesaulière  et 
la  même  vitalité  poétique  dans  la  descrip- 


tion animent  une  deuxième  série  de  pro- 
ductions réunie  par  Mme  de  Gasparin  sous 
le  titre  séduisant  des  Prouesses  de  la  Bande 
du  Jura,  d'aimables  et  joviales  réminis- 
cences de  voyages  entrepris  en  commun 
avec  quelques  bons  voisins  de  Valleyres, 
des  récits  dont  l'imprévu  dégénère  quel- 
quefois en  bizarrerie  et  dont  la  facilité 
n'est  point  exempte  de  désinvolture  :  la 
Bande  du  Jura  (4  vol.,  1865-1866).  Au 
bord  de  la  mer  (1866).  A  Constant inople 
(1867).  A  travers  les  Espagnes  (1868).  La 
guerre  franco-allemande  inspira  k  Mme  de 
Gasparin  deux  poèmes  indignés  :  La  chan 
son  des  Vautours  (1870).  Le  fait  accompli 
(1870).  Il  convient  parmi  les  nombreux 
livres  de  Vauteur  des  Horizons  prochains 
d'assigner  une  place  à  part  au  volume  in- 
titulé :  Jésus,  quelques  scènes  de  sa  vie  ter- 
restre (1885).  Andalousie  et  Portugal 
(1886). 

Pendant  les  premières  années  de  son 
veuvage,  Mme  de  Gasparin  ne  sortit  de  sa 
retraite  que  pour  écrire  quelques  brochures 
populaires  contre  l'ivrognerie  ou  la  prosti- 
tution légale  et  pour  adapter  d'anglais  en 
français  des  œuvres  d'imagination  nées  sur 
le  sol  de  la  Grande-Rretagne  ou  des  États- 
Unis.  En  1883,  elle  est  intervenue  avec 
éclat  dans  les  controverses  suscitées  par 
l'apparition  à  Genève  de  Varmée  du  salut 
et  a,  d'un  vigoureux  coup  de  fouet,  expulsé 
les  vendeurs  du  temple  :  Lisez  et  jugez. 
Armée  (soi-disant)  du  salut,  conseils  ex- 
traits des  ordres  et  règlements.  Rrochures 
populaires  :  La  lèpre  sociale.  A  toi  (1871, 
contre  la  prostitution  légale).  Sept  hommes 
(1871,  contre  l'ivrognerie).  Traductions  : 
La  grande  armée  des  misérables  (1878). 
L'Homme  et  la  bête  (1879).  Jennett  Cragg 
(1879).  Les  hauts  faits  d'une  année  bis- 
sextile par  Macrie  (1879).  Les  Américains 
chez  eux  par  Macrie  (1880).  Quatre  ans  de 
prison  (1881).  Cinq  fleurs  transportées 
dans  le  ciel  par  Mistress  Tait  (1881).  Dot 
de  Dieu  (1881).  Le  Masque  arraché  par 
Talmage  (1881).  Un  homme  de  cœur,  bio- 
graphie du  révérend  Charles  Kingsley 
(1886).  Pures  amours  (1885). 

Charles  de  Rémusat,  Revue  des  Deux-Mondes, 
15  décembre  1864.  —  Sainte-Beuve,  Nouveaux 
Lundis,  9  janvier  1865.  —  Edmond  Sflierer, 
Etudes  sur  la  litle'rature  contemporaine,  3°'"  sé- 
rie, 1865.  —  Jules  Levallois,  La  Piété  au  XIX'"' 
siècle,  1864.  —  Armand  Pommier,  M""  la  com- 


875 


GASPARIN 


876 


tesse  de  Gasparin,  écrivain  calviniste,  186  i.  — 
Ph.  Godet,  Revue  Chrétienne,  novembre  1885.  — 
Cuvillier  Fleury,  Dernières  étxtdes  d'Histoire  et 


de  Littérature,  1859.  —  A  de  Pontmartin,  Nou- 
veaux Samedis,  troisième  série,  1865. 

(STRCœHLIN). 


877 


878 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


TOME  II 

Colonne  220,  ajouter  :  BELLARDEL 
(Jean)  dit  Crespin,  soldat  huguenot 
pendu  à  Provins  en  1572.  «  Requis 
et  admonesté  de  se  retirer  de  sa  pré- 
tendue religion  huguenoticque  et  de 
se  confesser  à  Dieu  devant  le  prebstre 
qui  luy  fut  présenté,  ce  qu'il  ne  vo- 
lut  faire  ains  persista  en  sa  folle  opi- 
nion... (Mém.  de  Haton,  p.  704).  Le 
curé  Haton  ajoute  à  ce  fait  le  récit  du 
zèle  avec  lequel  une  centaine  d'enfants 
de  la  ville  s'emparèrent  du  cadavre  et 
par  manière  de  jeu  firent  entre  eux  le 
simulacre  d'un  procès  d'appel  intenté 
au  condamné,  se  fondant  sur  ce  que  la 
qualité  de  huguenot  aurait  dft  le  faire 
mettre  non  pas  à  la  potence,  mais  au 
feu.  Et  ils  le  brûlèrent  avec  mille 
indignités. 

Colonne  245,  Belrieu.  On  trouve  ce  nom 
cité  en  1289  dans  un  acte  d'arrente- 
ment,  fait  par  Arnauld  de  Belrieu, 
fils  de  Guillaume  de  Belrieu  (Périgord), 
et  l'on  croit  pouvoir,  de  cet  ancêtre, 
descendre  par  une  suite  d'actes  authen- 
tiques jusqu'en  1852,  où  le  nom  a 
disparu  avec  Jean  de  Belrieu  qui  ne 
laissait  qu'une  fille  mariée  à  M.  Louis 
de  Brugière  '. 

Tout  porte  à  croire  que  la  famille  de 
Belrieu  dont  nous  avons  signalé  ci- 
dessus  (II,  245)  quelques  membres, 
embrassa  la  Réforme  avec  Jean  de 
Belrieu,  écuyer,  baillif  de  Bergerac, 
qui  épousa  Agnès  de  Frontus,  le 
5  octobre  1515.  Il  en  eut  deux  fils. 
L'aîné,  Jean  de  Belrieu,  écuyer,  sei- 
gneur de  Saint-Dizier,  qui  succéda  à 
son  père  dans  l'office  de  baillif  de 

•  Cependant  les  Armes  de  la  famille  de  Bel- 
rieu, qui  sont  des  armes  parlantes  avec  une  allu- 
sion recherchée,  ne  confirment  nullement  cette 
ancienneté  =  ;  d'azur  au  croissant  d'argent,  issant 
d'un  ruisseau  de  même,  au  chef  d'azur  chargé  de 
3  étoiles  d'argent.  (H.  B.). 


Bergerac^  par  lettres  de  provision  du 
16  juin  1544  ;  le  cadet,  Jacques, 
marié  à  Marguerite  Lecomte.  Ici  la 
famille  se  divise  en  trois  branches  : 

[o  La  branche  aînée,  celle  des  sieurs  de 
Saint-Dizier  qui  se  continue  par  Jean 
de  Belrieu  et  ses  descendants  mâles 
jusqu'en  1852  ;  2°  la  branche  cadette 
qui  se  divise  en  deux  :  celle  des  ba- 
rons de  Virazel  et  Tiregant,  et  celle 
des  marquis  de  Belrieu. 

Les  archives  d'où  ces  notes  sont  tirées 
étant  celles  de  la  branche  aînée,  des 
sieurs  de  Saint-Dizier,  ne  contiennent 
que  peu  de  renseignements  sur  la 
branche  cadette  qui,  d'ailleurs,  est 
certainement  revenue  au  catholicisme. 
Voici  tout  ce  qu'on  y  trouve  sur  cette 
dernière  : 

Barons  de  Virazel  et  Tiregant.  Jacques  de 
Belrieu  eut  de  son  mariage  avec  Mar- 
guerite Lecomte  deux  fils  :  l'aiué, 
Jean  de  Belrieu,  baron  de  Virazel 
{allas  Virasol)  et  Tiregant,  dont  le 
fils,  Chakles,  baron  de  V.  et  T.  fut 
conseiller  au  parlem.  de  Bordeaux  ; 
Il  eut  lui-même  un  fils,  Jacques, 
baron  de  V.  et  T.,  qui  fut  président 
au  parlem.  de  Bordeaux.  Ce  dernier 
n'eut  qu'une  fille  mariée  au  président 
d'Augeard.  Tous  ces  magistrats  étaient 
catholiques. 

Marquis  de  Belrieu.  Le  cadet  des  enfants  de 
Jacques  de  Belrieu,  David^  donna 
naissance  à  la  branche  des  marquis 
de  Belrieu  (Est-ce  lui  qui,  exilé  de 
Bergerac,  prit  part  à  une  entreprise 
contre  cette  ville  en  1621  ?  Les  ar- 
chives de  la  famille  ne  disent  rien  de  ce 
fait).  —  David  eut  pour  fils,  Alexan- 
dre, vicomte  de  Dammartin,  marquis 
de  Belrieu,  maréchal  de  camp,  dont 
les  longs  et  brillants  états  de  service 
aux  armées  de  Louis  XIV,  sont  très 
connus.  Il  mourut  au  mois  d'octobre 
1733.  Ses  deux  fils,  Pierre  et  Jean, 
sont  morts,  jeunes  encore,  au  service 


879 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


880 


du  roi.  Sa  veuve,  la  marquise  de  Bel- 
rieu,  vivait  encore  en  1779.  Il  est  de 
toute  évidence  que  ces  derniers  avaient 
passé  au  catholicisme.  Le  seul  fait 
d'avoir  des  grades  dans  les  armées  de 
Louis  XIV  dispense  d'autres  preuves. 

Branche  aînée  :  —  Les  sieurs  de  Saint- 
Dizier.  La  branche  aînée  est  toujours 
restée  fidèle  à  la  Réforme  pour  la- 
quelle plusieurs  de  ses  membres  ont 
fait  preuve  d'un  grand  dévouement. 
Le  premier  seigneur  de  Saint-Dizier, 
Jean  de  Belrieu,  qui  succéda  à  son 
père  dans  la  charge  de  baillif  de  Ber- 
gerac, fut  nommé,  plus  tard,  lieute- 
nant-général de  Bergerac  par  lettres 
de  provision  du  22  août  lo86,  don- 
nées par  Henri  de  Navarre,  premier 
prince  du  sang.  De  son  mariage  avec 
Marie  de  Bergues  (voy.  II,  330), 
18  décembre  1608,  il  eut  deux  fils 
dont  l'aîné  Jean-Jacques,  eut  lui- 
même  un  fils,  François,  qui  mourut 
sans  enfants,  et  fut  le  dernier  des 
Saint-Dizier. 

La  branche  ainée  continue  avec  le  fils 
cadet  :  Jkan-Pierre  de  Belrieu,  s""  de 
la  Borie,  qui  épousa  Marguerite  de 
Castelnau,  24  mai  1653.  De  ce  ma- 
riage naquirent  :  Philippe  de  Belrieu, 
sieur  de  la  Borie  qui  épousa  Eh'sabeth 
de  Viiicens  de  Bourgognade,  le  26  juill. 
1682  ;  et  Pierre,  capitaine  de  dra- 
gons, mort  célibataire  à  Valenciennes, 
en  1702.  Philippe  eut  un  fils,  Jean, 
né  le  16  juin  1683,  baptisé  par  Ve- 
dris,  ministre  de  l'église  de  Montau 
de  Biron  ;  et  9  filles,  dont  deux  seu- 
lement furent  baptisées  protestantes  : 
une  par  G^-os,  ministre  de  Castelnaud, 
et  une  par  Royal,  mini.stre  de  Sainte- 
Foy.  Les  autres  furent  baptisées,  de 
force,  par  les  curés  de  Saint-Dizier  et 
du  Canet.  Toutes  sont  mortes  jeunes. 

Jean  épousa,  8  juillet  1725,  Elisabeth 
Bayle  de  la  Charbonnière.  De  6  en- 
fants qui  naquirent  de  ce  mariage, 
trois  seulement  ont  survécu  :  1°  Jean 
de  Belrieu  de  la  Grâce,  sieur  de  Couin, 
né  le  23  octobre  1729,  marié  à  Marie 
Masmontet  des  Rèaux,  le  8  sept.  1749. 
Ce  fut  lui  qui,  après  bien  des  années 
de  réclamations  opiniâtres,  finit  par 
obtenir  un  arrêt  du  parlem.  de  Bor- 
deaux enjoignant  au  curé  de  Vélines 


d'effacer  de  ses  registres  de  baptême, 
la  qualification  de  «  naturels  »  qu'il 
avait  donnée  aux  enfants  de  Jean  de 
Belrieu,  et  d'y  substituer  celle  de 
«  légitimes.  »  [Bull,  août  1884,  où 
l'arrêt  est  reproduit).  Ses  enfants 
avaient  déjà  été  baptisés  par  les  pas- 
teurs :  l'une,  Gracille,  par  Gibert, 
ainsi  qu'IsAAC  ;  Jeanne,  par  Duga,<, 
pasteur  de  Sainte-Foy.  Pierre  est  le 
seul  qui  ait  survécu,  né  le  15  janv. 
1762,  il  est  mort  en  1843;  il  avait 
épousé  M"e  de  Méric.  Ils  n'eurent 
qu'une  fille,  morte  sans  enfants  ce 
son  mariage  avec  M.  de  Luchet. 
2»  Jean-Daniei,  de  Belrieu  de  la  Grâce, 
né  le  6  septembre  1731,  qui  se  fit 
tuer  à  Pons,  le  22  fév.  1755,  pour 
sauver  le  pasteur  Gibert  qu'il  accom- 
pagnait dans  une  tournée  pastorale. 
(Voir  dans  le  Bull,  août  1884,  le  ré- 
cit de  cette  atîaire,  écrit  par  Gentelot 
qui  faisait  partie  de  l'escorte  de  Gi- 
bert). 

3o  Jean-Isaac  de  Belrieu  de  la  Grâce, 
né  le  28  juin  1744.  Il  épousa  Marie 
(aliàs  Jeanne)  de  Boyer,  le  16  mars 
1778  et  en  eut  2  enfants;  une  fille 
morte  célibataire  en  1852  ;  et  un  fils, 
Jean,  né  le  4  août  1777  et  mort  en 
1852,  quelques  jours  après  sa  sœur. 
Le  23  mai  1804,  il  avait  épousé  Mar- 
the-Andrée de  Bommartin  dont  il  eul 
deux  enfants  :  un  fils  Jean-Jacques. 
mort  jeune  (en  1831)  et  une  fille  ; 
Jeanne-Célina,  née  le  17  mars  1805, 
décédée  le  6  mars  1871.  Elle  avait 
épousé,  le  19  janvier  1830.  M.  Pierre- 
Louis  de  Brugière.  C'est  avec  le 
père  de  Jeanne-Célina,  Jean,  mort  en 
1852,  que  le  nom  de  Belrieu  et  la 
branche  aînée  perdent  leur  dernier 
représentant  mâle.  La  branche  ca- 
dette était  éteinte  depuis  le  milieu  du 
XVIlI'ne  siècle.  Aujourd'hui  la  fa- 
mille est  représentée  par  le  fils  de 
Jeanne-Célina,  petit-fils  de  Jean,  M.  D. 
de  Brugière,  conseiller  général  de  la 
Gironde,  qui  a  demandé  et  obtenu 
l'autorisation  de  joindre  à  son  nom  le 
nom  de  Belrieu.  Ce  nom  restera  attaché 
aux  descendants  de  la  branche  aînée, 
par  les  femmes,  dans  la  personne  de 
M.  de  Brugière  et  de  ses  deux  fils 
qui  appartiennent  à  l'église  réformée. 


881 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


882 


Dans  le  Bulletin  de  l'histoire  du 
Prot.  (août  1844),  on  a  dit  que  Margue- 
rite de  Castelnau  avait  été  renfermée 
dansun  couvent  de  Libourne.  C'est  une 
erreur  ([ue  les  archives  de  la  famille 
de  Belrieii  nous  permettent  de  recti- 
fier. La  prisonnière  est  la  mère  du 
chevalier  de  Belrieu  tué  à  Pons  en 
1755,  Elisabeth  Bayle  de  la  Charbon- 
nière. Elle  fut  renfermée  dans  le  cou- 
vent des  Ursuliues  de  Libourne,  et 
elle  y  est  morte  vers  1766.  Son  testa- 
ment, en  date  du  4  août  1758,  a  été 
remis  cà  Chaperon,  notaire  royal,  à 
travers  la  grille  du  parloir,  ainsi  que 
le  constate  l'acte  de  dépôt.  II  ne 
devait  être  ouvert  qu'après  sa  mort, 
or  l'acte  d'ouverture  porte  la  date  du 
3  avril  1766.  Son  corps  fut,  dit-on, 
traîné  sur  la  claie. 

11  existe  dans  les  archives  de  la  fa- 
mille do  Belrieu  des  cahiers  appelés 
«  Livres  de  raison,  »  qui  contiennent 
de  curieux  renseignements.  En  voici 
un,  entre  autres,  qui  intéresse  l'his- 
toire de  la  Réformation.  Il  est  copié 
textuellement  dans  le  livre  de  raison 
tenu  par  Jean  Bayle  de  la  Charbon- 
nière, frère  d'Elisabeth  ci-dessus  nom- 
mée :  «  aujourd'hui,  21  février  174o, 
«  il  s'y  est  tenu  une  assemblée  devant 
«  le  Faugat  le  long  de  la  rivière  de 
«  Dourdogne.  Dieu  nous  a  fait  la 
«  grâce  de  nous  faire  annoncer  son 
«  Evangile  par  un  ministre  qui  nous 
«  a  distribué  sa  manne.  Et  la  dite 
«  assemblée  pouvait  être  d'environ 
«  douze  à  quatorze  mille  âmes.  »  Ce 
chiffre  est  sans  doute  exagéré  ;  mais 
de  quelque  façon  qu'on  le  voulût 
réduire,  il  en  ressortirait  encore  une 
preuve  magnifique  que,  malgré  les 
peines  sévères  portées  contre  leurs 
assemblées,  les  huguenots  savaient 
tout  braver  pour  assister  au  culte  du 
désert.  (D.  Charruaud). 

Colonne  606,  lig.  38-41  :  Blanchon  (Jean), 
ci-devant  pasteur  en  Dauphiné  (il  doit 
sans  doute  être  identiiié  avec  l'étu- 
diant de  Genève  de  1657  et  le  pasteur 
de  Vinsobres  de  1663-06)  obtient  en 
1671  du  gouvernement  de  Berne  un 
«  brevet  »  ordonnant  aux  classes  du 
Pays  de  Vaud  de  le  nommer  au  premier 
poste  vacant.   Il  est  établi  la  même 


année  diacre  à  Morges,  place  très  con- 
voitée, quoique  pénible  et  rendue 
moins  attrayante  encore  par  la  pré- 
sence d'un  collègue  difficile  à  vivre. 
Des  conflits  ne  tardent  pas  à  se  pro- 
duire, soit  au  sujet  de  certains  abus 
que  Blanchon  avait  entrepris  de  réfor- 
mer, soit  à  cause  d'une  série  de  pré- 
dications sur  le  Cantique  des  Canti- 
ques qui  n'étaient,  paraît-il,  pas  du 
goût  du  pasteur  en  titre.  Celui-ci  ne 
voyait  pas  non  plus  de  bon  œil  que 
son  diacre  suivît  la  mode,  nouvelle 
alors,  de  porter  en  chaire  la  «  grande 
robe.  »  En  1677  Blanchon  est  promu 
au  poste  de  Crassier.  C'était  une  des 
«  cures  »  les  mieux  reniées  de  la 
classe  de  Morges,  mais  les  fonctions 
pastorales  y  étaient  difficiles  et,  pour 
un  ministre  réfugié  surtout,  elles 
n'étaient  même  pas  exemptes  de  péril, 
à  cause  du  voisinage  du  Pays  de  Gex. 
Les  protestants  de  cette  contrée,  pri- 
vés de  leurs  lieux  de  culte  et  de  la 
plupart  de  leurs  conducteurs  spirituels, 
recouraient  souvent  en  secret  au  mi- 
nistère du  pasteur  de  Crassier,  et  ce- 
lui ci,  n'écoutant  que  son  zèle  et  sa 
charité,  allait  visiter  leurs  malades. 
Pendant  43  ans,  Blanchon  demeura 
tldèle  à  son  poste,  aidé,  il  est  vrai, 
les  six  ou  sept  dernières  années  de  sa 
vie,  par  un  sutl'ragant  qui  était  son 
fils,  François-Louis.  Il  est  mort  en 
1720.  Son  fils  est  mort  à  S'-Cergues  en 
1729  au  moment  où  il  allait  occuper  à 
son  tour,  comme  pasteur  titulaire,  le 
poste  de  Crassier.  (H.  Vuilleumer). 
Colonne  880  :  Boquin  (Pierre)  Cet  article 
a  besoin  d'être  complété  sur  un  point 
qui  n'est  pas  sans  intérêt,  et  qui  a 
sans  doute  été  omis  parce  que  ['His- 
toire ecclésiastique  de  Th.  de  Bèze  a 
commis  à  ce  propos  une  erreur  de 
nom  en  attribuant  à  Jean  B.  une 
missron  dont  fut  chargé  Pierre  B.  Il 
s'agit  de  l'envoi,  par  l'Electeur  pala- 
tin, de  Boquin  et  de  Diller,  le  prédi- 
cateur de  la  cour,  au  colloque  de 
Poissy  en  1561  (voir  sur  le  but  de 
cette  mission  et  le  rôle  qu'on  fit  jouer 
à  Boquin,  le  travail  de  M.  Delaborde 
sur  les  Protestants  de  la  cour  de  S'- 
Germain.,  Paris,  1874,  p.  44  sq. 
48  sq.,  60  sq.,  66  sq).  —  Avant  d'être 


883 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


884 


appelé  à  Lausanne,  où  il  ne  vint  qu'en 
1580,  Pierre  Boquin  fut  pendant  deux 
années  pasteur  à  Payerne. 

(H.  Vuilleumier). 
Aux  deux  précédents  on  doit  ajou- 
ter Boquin  (Abraham)  inscrit  au  Livre 
du  recteur  de  Genève  en  1600  avec 
l'indication  Heidelbergensis,  d'où  l'on 
peut  inférer  qu'il  était  fils  de  Pierre 
Boquin,  professeur  à  Heidelberg  de 
1557  à  1577.  Après  avoir  rempli  des 
fonctions  pastorales  dans  le  Dauphiné 
de  1602  à  1627,  Abraham  B.  passa  en 
Suisse  et,  en  vertu  de  lettres  patentes 
des  seigneurs  de  Berne^  fut  admis 
dans  les  rangs  du  clergé  de  Vaud. 
Diacre  à  Montreux  1627,  pasteur  à 
Crassier  1628,  à  Vulliorens  1629;  il 
est  mort  l'année  suivante. 

Colonne  920  :  de  Bosque  (.Jean).  —  Ce 
qui  est  dit  vers  la  fin  du  premier  ali- 
néa d'un  ancien  cordelier  Bosque,  qu'il 
fut  mené  prisonnier  à  Toulouse  et 
qu'il  y  mourut  empoisonné,  ne  peut 
guère  se  rapporter  à  Jean  de  Bosque, 
le  pasteur  de  Thonon,  de  Lausanne 
et  de  Castres.  Celui-ci  n'avait  pas  été 
cordelier,  mais  jacobin,  et  d'après  les 
mémoires  de  Gâches  il  est  mort  à 
Castres  de  mort  naturelle.  Ne  faut-il 
pas  identifier  plutôt  cet  autre  Bosque 
avec  le  nommé  de  Bosco,  ministre, 
qui  figure  (tome  II,  51)  dans  la  liste 
des  protestants  condamnés  par  arrêt 
du  parlera,  de  Toulouse,  du  10  juin 
1562? 

C'est  sans  doute  à  l'ancien  pasteur 
de  Thonon  et  de  Lausanne  qu'il  faut 
rattacher  Nazarien  et  Charles  de 
Bosco,  qui  reçoivent  en  1559-60  un 
subside  du  bailli  de  Lausanne.  Le 
premier  reparaît  en  1571  dans  le  Livre 
du  recteur  de  Genève  sous  le  nom  de 
Nazarenus  Boscanus  Thononiensis.  Le 
second  fit,  dans  la  suite,  partie  du 
clergé  du  pays  de  Vaud.  Il  était,  vers 
la  fin  du  XVIme  siècle,  pasteur  à 
Gingins,  en  1602  doyen  de  la  classe 
de  Morges,  et  fut  mis  à  la  retraite 
pour  cause  d'âge  en  1617. 

(Vuilleumirr). 

Colonne  1105  :  «  Le  vœu  de  ce  digne 
homme  ne  fut  pas  exaucé.  »  —  On  doit 
ajouter  que  Charles  Bourdin,  par 
ordre  de  LL.  EE.  de  Berne,  daté  du 


6  juin  1701,  fut  établi  pour  être  le 
premier  ministre  de  la  paroisse  nou- 
vellement constituée  de  Leysin.  Ce 
village  le  plus  élevé  des  Alpes  vau- 
doises,  avait  été  desservi  jusqu'alors 
par  le  diacre  d'Aigle.  Voici  comment 
la  classe  de  Lausanne  régla  l'office 
du  nouveau  pasteur  :  «  Tous  les  di- 
manches le  prêche  et  le  catéchisme  ; 
les  jours  de  cène  et  de  jeûne  deux 
prêches;  tous  les  vendredis  le  caté- 
chisme de  semaine,  sauf  le  vendredi 
avant  chaque  seconde  cène,  où  le  caté- 
chisme sera  remplacé  par  un  prêche 
de  préparation;  en  cas  de  besoin, 
subsidier  les  ministres  voisins  d'Or 
mont-dessous  et  d'Ormont-dessus  ;  eu 
hiver  il  ne  sera  pas  obligé  de  faire 
l'action  du  soir  le  dimanche,  non  plus 
que  le  jour  où  il  prêchera  pour  ses 
voisins.  »  (Vuilleumier). 

TOME  III 

Colonne  6,  lig.  37-44  :  Bourguet.  Dans  ce 
passage  sont  mentionnées,  sans  au- 
cune observation,  trois  dissertations 
du  savant  Louis  Bourguet  sur  la  lan- 
gue étrusque.  Il  faut  ajouter  qu'elles 
avaient  été  provoquées  par  l'attention, 
et  le  souci,  inspirés  à  plusieurs  géné- 
rations d'antiquaires,  depuis  l'année 
1520,  par  sept  tablettes  de  bronze 
appelées  Tables  Eugubines  du  nom  de 
la  ville  de  Gubbio,  dans  les  Apennins, 
où  elles  avaient  été  découvertes  et, 
sur  lesquelles  étaient  gravées  des  in- 
scriptions en  lettres  étrusques  et  en 
lettres  latines.  Nous  devons  rendre  à 
Louis  Bourguet  la  justice  qui  lui  est 
due  et  qui  ne  peut  mieux  être  expri- 
mée qu'en  empruntant  les  paroles 
d'un  philologue  des  plus  compétents, 
M.  Michel  Bréal^  qui  dans  un  résumé 
de  l'histoire  des  longs  tâtonnements 
que  les  Tables  eugubines  ont  subi 
{Revue  des  Deux-Mondes,  nov.  1875, 
p.  62),  s'exprime  ainsi  : 

«  Dès  l'année  1726,  il  se  fonda  dans 
«  l'antique  ville  de  Cortone,  une  aca- 
«  demie  étrusque  »  dont  les  Tables 
eugubines  attirèrent  particulièrement 
l'attention.  Un  groupe  d'érudits  s'en 
occupa  et  parmi  eux  Bourguet  tient 
une  place  importante.  Sous  le  pseudo- 


885 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


886 


nyme  de  Philalète,  il  publia  d'abord 
sur  les  tables  11  et  VI  un  travail  qui 
n'est  qu'un  roman  :  mais  peu  de  temps 
après,  il  eut  la  bonne  fortune  de  faire 
une  découverte  qui  a  été  d'une  impor- 
tance capitale  dans  l'histoire  du  déchif- 
frement. 11  reconnut  que  la  table  VI 
(en  caractères  latins)  et  la  table  I  (en 
caractères  étrusques)  donnent  le  même 
texte.  On  devine  le  secours  qui  pouvait 
dès  lors  être  tiré  de  cette  coïncidence  : 
en.s'aidant  de  la  transcription  en  lettres 
latines,  on  arrivait  beaucoup  plus  faci- 
lement à  une  lecture  correcte  de  la 
table  en  écriture  étrusque.  Bourguet 
réussit  h  établir  la  vraie  valeur  de  la 
plupart  des  caractères.  Quelques-unes 
de  ses  identifications  auraient  même 
mérité  plus  d'attention  que  les  contem- 
porams  ne  parurent  leur  accorder.   » 

ColoDiie  443,  ajoutez  :  Cailhaud  (Suzanne- 
Marie  et  Marguerite  de),  de  Vieille- 
vigne,  condamnées  h  la  prison  perpé- 
tuelle et  rasées  pour  avoir  été  trouvées 
sur  un  navire  anglais  en  dessein  de 
fuir  à  l'étranger,  1687. 
Eglises  réf.  de  Bretagne  { ar  Vaurigaud, 

t.  m,  p.  Lxxii. 

Colonne  683,  ajoutez  :  Camusat  (Jaques- 
Olivier)  nommé  en  16.39  diacre  à 
Nyon  (Suisse).  Dans  une  plainte  adres- 
sée en  1642  aux  seigneurs  de  Berne 
par  la  Classe  de  Morges  au  sujet  de 
«  l'ordinaire  insolence  des  Bourgui- 
gnons réfugiez  [c'est-à-dire  habitants] 
en  ce  pays,  »  de  leurs  «  discours  hau- 
tains contre  la  religion  et  des  scanda- 
les qu'ils  donnent,  »  est  reproduit 
comme  pièce  à  l'appui  un  pasquil 
«  lequel  de  nuit  a  été  affiché  à  la 
porte  du  sieur  Camusat,  diacre  à 
Nyon,  avec  cire  jaune.  »  Ce  libelle 
difTamatoire  se  compose  de  quatre 
huitains,  dont  voici  le  second  : 

Diacre,  tu  as  beau  prescher, 
Nous  battons  tons  à  empescher 
Que  tes  sermons  n'aynt  efficace. 
Nostre  aura  bien  plus  de  vertu  ; 
Car  il  nous  entretient  en  grâce 
Kn  ce  pays.  Maudit  sois-tu 
De  prescher  contre  nous  sans  cesse, 
Disant  tant  de  mal  de  la  messe! 

L'auteur  anonyme  de  ce  placard  se 
vante  d'avoir  prévenu,  lui  et  ses 
compagnons,  un  édit  leur  enjoignant 
de  «  changer  de  pays,   »  et  d'avoir, 


en  dépit  du  ministre,  fait  des  prosé- 
lytes parmi  les  huguenots.  En  1642, 
Camusat  est  nommé  pasteur  à  Pampi- 
gny ,  près  Cossonay.  Ce  ministre, 
«  d'heureuse  mémoire,  »  est  mort  en 
16o4.  (Vuilleumier). 

Colonne  839-41  :  Castelnau  de  La  Mau- 
vissière  en  Touraine,  ajoutez  :  La 
famille  des  Castelnau  est  originaire  du 
comté  de  Bigorre  et  tire  son  nom  de 
la  forteresse  de  Castelnau  en  Azun, 
au  bailliage  de  Lavedan,  dans  les  Py- 
rénées. Elle  a  formé  plusieurs  bran- 
ches dont  les  principales  sout  :  de  la 
Loubère,  de  Coarraze,  de  Miélan,  de 
Rouvres,  de  la  Princerie,  de  Lévis,  de 
Bochetel,  de  la  Mauvissière,  et  d'autres 
encore.  =  Armes  :  Ecartele  au  l*""  et 
4'ne  d'azur  au  château  ouvert  d'argent, 
maçonné  de  sable,  crénelé  et  sommé 
de  trois  donjons  pavillonnés  avec 
leurs  girouettes  ;  au  2^6  et  3m e  d'or  à 
deux  loups  passants  de  sable  qui  sont 
la  Loubère,  et  sur  le  tout  l'écusson 
des  Lévis  qui  est  d'or  à  trois  chevrons 
de  sable. 

Les  branches  de  la  Loubère  et  de 
Lévis  ont-elles  eu  de  leurs  représen- 
tants parmi  les  partisans  de  la  Ré- 
forme ?  C'est  probable,  et  c'est  sûr  si 
Jean-Claude  de  Lévis,  baron  d'Audon 
et  son  frère,  Gaston  de  Lévis,  sieur 
de  Léran  appartiennent  à  cette  famille. 
Le  petit-fds  de  ce  dernier,  Jean-Claude, 
avait  épousé,  en  1629,  Angélique  de 
Castelnau,  fdle  d'Etienne,  baron  de  la 
Loubère,  leurs  trois  enfants  étaient 
protestants,  car  ils  se  convertirent  au 
catholicisme  après  la  Révocation. 

En  tout  cas  une  partie  de  la  branche 
de  la  Mauvissière  embrassa  la  Réforme 
au  XVIJnie  siècle.  Le  premier  qui  fait 
acte  de  protestantisme  est  un  petit 
neveu  du  fameux  Michel  de  Castelnau 
de  la  Mauvissière  dont  les  curieux 
(f  Mémoires  »  ont  été  édités  et  com- 
mentés par  le  Laboureur.  Ce  neveu 
s'appelait  Louis  de  Castelnau  ;  il  se 
maria,  le  2  décembre  1624,  à  S^e-Foy, 
avec  Marguerite  de  Tours,  dame  de 
la  Grâce,  fille  de  Jean  de  Tours  et  de 
Marguerite  de  Belrieu,  deux  familles 
huguenotes  ;  le  mariage  fut  exclusive- 
ment protestant.  Il  en  sortit  3  enfants  : 
Christophe,  Gabriel  et  Marguerite. 


887 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


88Î 


Celle-ci  épousa,  24  mai  1653,  à  Ber- 
gerac, Jean-Pierre  de  Belrieu,  seigneur 
de  la  Borie,  sieur  de  S^-Dizier  (voir 
t.  II,  col.  245).  Christophe  ne  s'est  pas 
marié.  Au  moment  de  partir  pour  l'ar- 
mée, appelé  par  le  service  du  roi,  le 
5  février  1654,  il  fait  son  testament 
par  lequel  il  lègue  aux  pauvres  de 
l'Eglise  réformée  la  somme  de  20  liv. 
qu'il  veut  être  payées  au  syndic  du 
Consistoire  et  distribuées  par  lui  sui- 
vant la  prudence  et  l'avis  dudit  Con- 
sistoire et  de  son  héritier  qui  est  Ga- 
briel de  Castelnau,  son  frère.  Pour 
des  causes  qu'il  ne  fait  pas  connaître 
et  que  nous  ignorons,  Christophe;  fait 
un  autre  testament,  le  28  sept.  1666, 
où  il  déclare  qu'il  veut  être  inhumé 
comme  vrai  caiholique,  et  désire 
mourir  dans  cette  foi  ;  il  lègue  30  liv. 
pour  réparer  l'église  du  Canet,  à  la 
convenance  du  curé;  il  déshérite  son 
frère  Gabriel  et  institue  pour  héritière 
sa  sœur  Marguerite.  Gabriel  épousa 
Jeanne  Charpentier.  Le  contrat  de 
mariage,  en  date  du  27  mai  1C60, 
porte  que  «  les  futurs  époux  feront 
bénir  leur  mariage  en  l'Eglise  réfor- 
mée de  Dieu.  »  Le  6  juin  1670,  Mar- 
guerite, leur  sœur,  épouse  de  Jean- 
Pierre  de  Belrieu,  fait  son  testament 
par  lequel  elle  veut  que  «  son  corps 
soit  enseveli  dans  les  formes  que  mes- 
sieurs de  la  Religion  réformée  ont 
accoutumé  de  faire  et  à  l'endroit  que 
désignera  son  mari.  «  Le  18  mars  1675, 
son  mari,  Jean-Pierre  de  Belrieu  fait 
la  même  recommandation  dans  son 
testament.  De  son  mariage  avec  Jeanne 
Charpentier ,  Gabriel  eut  un  fils , 
PiERKK,  qui  épousa  Jeanne  Dauroux 
dont  il  n'eut  pas  d'enfant.  Il  mourut 
vers  1724,  car  le  H  juillet  1724  sa 
mère  fait  un  testament  par  lequel  elle 
institue  pour  son  héritier  Jean  de 
Belrieu,  sieur  de  la  Grâce,  ce  qu'elle 
n'eût  pas  fait  si  son  fils  eut  vécu  à 
cette  date.  Ces  documents  démontrent 
évidemment  qu'un  rameau  de  la  bran- 
che des  Castelnau  de  la  Mauvissière 
avait  adopté  la  Réforme.  Il  a  fourni 
tout  juste  un  siècle  de  protestantisme, 
commençant  avec  Louis  de  Castelnau 
par  son  alliance  avec  les  familles  de 
Tours  et  de  Belrieu,  en  1624,  et  finis- 


sant avec  Pierre  de  Castelnau   mort 
sans  postérité,  vers  1724. 

Notes  tirées  des  archives  de  la  famille  de 
Belrieu.  (Charruaud). 

TOME  IV 

Colonne  141,  lig.  31,  Jean  Colmet,  lisez 
Colinet,  et  voy.  VI,  col.  20^  note. 

Colonne  313,  ajoutez  :  Le  sieur  Pierre 
Chevalier,  d'Orléans,  se  présente  en 
1651  devant  le  vén.  colloque  de  Nyon, 
requérant  d'être  reru  pour  maître 
d'école  à  Crassier  ;  ce  qui  lui  est  ac- 
cordé, comme  aussi  de  pouvoir  faire 
quelquefois  les  prières  publiques,  vu 
les  bons  témoignages  qu'on  a  reçus  de 
lui.  (H.  Vuilleumier). 

Colonne  332,  ajoutez  :  CHIQUELLE  (Jean), 
originaire  d'Ampilly-le-Sec  en  Bour- 
gogne, reçu  bourgeois  de  Genève  le 
26  janvier  1579,  imprimait  en  1587, 
à  Lausanne,  le  De  fîde  catholica  apos- 
tolica  romana  de  Claude  Aubéry 
(v.  Th.  Diifour,  Notice  bibliog.  sur  le 
catéchisme  de  Calvin,  etc.  Genève, 
1878,  pag.  CXCVIII).  —  Un  autre  (?) 
Jean  Chiquelle  meurt  en  1632  comme 
pasteur  à  Gimel  (Vaud),  après  avoir 
rempli  successivement,  depuis  1613, 
les  fonctions  pastorales  à  Nyon,  comme 
diacre,  à  Coppet,  Béguins,  S^-Livres, 
Etoy,  Bursins.  La  tempérance  ne  pa- 
raît pas  avoir  été  sa  vertu. 

(Vuilleu.mier). 

Colonne  403,  ligne  12  :  du  Rouvre,  lisez 
du  Roure. 

Colonne  403,  ligne  26  :  d'Arzeliers,  lisez 
d'Aigaliers. 

Colonne  505  :  Collinet  (Pierre).  Il  faut 
distinguer  deux  Pierre  Collinet,  le 
père  et  le  fils.  Le  père  fut  de  1621  à 
1625,  année  de  sa  mort,  le  premier 
pasteur  de  la  paroisse  de  Rolle,  déta- 
chée de  celle  de  Perroy.  Le  fils,  avant 
d'être  nommé  en  1633  pasteur  à  Mor- 
ges,  avait  également  rempli  les  fonc- 
tions pastorales  à  Rolle. 

(Vuilleumier). 

Colonne  735,  ajoutez  :  COSTE  (François), 
ministre  français  réfugié,  après  avoir 
desservi  plusieurs  postes,  depuis  1763, 
à  titre  de  sutfragant,  obtient  des  sei- 
gneurs de  Berne  un  «  brevet  »  daté 
du   21    mai   1765,   portant  qu'il  est 


889 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


890 


apte  à  être  nommé  pour  un  «  posie 
d'entrée  »  dans  les  cinq  Classes  du 
pays  de  Vaud.  Malgré  les  n^présenta- 
lions  de  quelques-unes  des  Classes  qui 
énoncent  des  doutes  sur  la  suffisance 
de  ses  études,  et  sur  sa  doctrine,  et 
craignant  les  conséquences  de  sem- 
blables «  brevets,  »  cette  lettre  de 
faveur  est  confirmée  en  suite  du  té- 
moignage favorable  qui  lui  est  rendu 
par  les  seigneurs  baillis  des  lieux  où 
il  avait  fonctionné.  De  plus,  les  Ex- 
cellences de  Berne  expriment  leur  mé- 
contentement de  ce  que,  dans  cette 
occasion,  les  dites  Classes  «  ont  fait 
passer  l'intérêt  particulier  avant  l'in- 
térêt pour  l'Eglise.  »  Reçu  bourgeois 
d'Aubonne ,  le  ministre  Costo  est 
nommé  diacre  de  Cossonay  en  1763, 
et  dix  ans  plus  tard  pasteur  à  Grancy 
(non  loin  de  cette  petite  ville).  C'est  là 
qu'il  est  mort  en  1796. 

(Vuilleumier). 

TOME  V 

Colonne  163  :  Jean  Davant,  ministre 
d'Aranjuzon.  Lors  de  son  abjuration, 
il  publia  :  Déclaration  véritable  des 
raisons  qui  ont  indvit  maistre  Jean 
de  Davant,  cy-devant  ministre  en 
Béarn,  de  quitter  la  R.  P.  R.  pour 
embrasser  la  R.  C.  A.  et  Romaine.  Le 
âl'i'*'  jour  de  mars  1627.  A  Paris; 
en  la  paroisse  de  St-Benoist,  entre 
les  mains  du  R.  P.  Athanase  Mole, 
capucin,  prédicateur  apostolique,  après 
son  sermon  fait  le  jour  de  Feste  du 
dit  sainct.  Paris,  Seb.  Cramoisy,  1628; 
40  p.  ta  la  fin  desquelles  est  une  at- 
testation délivrée  à  J.  de  Devant,  par 
les  anciens  de  l'église  d'Aranjuzon 
(J.  de  Lachallet,  de  Menbielle,  Decaz- 
zère,  P.  Mouguet)  comme  ayant  été 
leur  ministre  avec  grande  éditication 
depuis  l'an  1605. 

Omis  à  la  colonne  188  :  DECOURT,  famille 
originaire  de  Blois,  établie  dès  le 
XVIme  siècle  à  La  Rochelle.  François 
Decourt  aurait,  vers  cette  époque, 
épousé  Marie  Deprignes,  d'où  une 
nombreuse  descendance  dont  on  suit 
çà  et  là  les  traces  dans  les  registres 
de  l'église  réformée  à  La  Rochelle,  à 
Marennes  et  plus  tard  en  Hollande,  à 


Dordrecbt.  Voici  les  plus  notables  ; 
Guy  Decourt  épouse  à  La  Rochelle, 
4  fév.  1606,  Marie  Joubert  ;  François, 
épouse  à  Marennes,  4  fév.  1631, 
Anne  Villeneuve;  autre  François, 
épouse  à  Marennes,  1°  le  2  déc.  1665, 
Madelaine  Chaboisseau  ;  2°  Marie  Fil- 
lastreau  de  Boisrousseau  ;  autre  Fran- 
çois, épouse  à, Dordrecbt,  30  oct.  1668, 
Cornelia  van  den  Linden  ;  d'où  .lean, 
marié  à  Catherine  van  Steenberger  ; 
puis  Henri-François,  marié  à  Margue- 
rite Coignon  ;  puis  Etienne-Jean,  marié 
à  W.  van  Meeteren  et  aïeul  de  M.  Or- 
derwater  Decourt,  habitant  aujour 
d'hui  Dordrecbt.  Peu  après  la  révo- 
cation de  l'Edit  de  Nantes,  le  curé  de 
l'église  S'-Nicolas  de  La  Rochelle 
constatait  que  la  famille  Decourt  était 
restée  protestante,  car  en  inscrivant 
la  naissance  d'un  fils  de  François  De- 
court,  banquier  de  cette  ville,  et  de 
Marie-Elisabeth  Jamin,  il  ajoutait  : 
«  qui  se  disent  mariés,  ce  qui  ne  nous 
«  est  pas  apparu.  » 

Colonne  2t)l  :  Delacourt  (Gervais),  de 
Soissons.  Permission  lui  est  donnée 
en  1571  d'habiter  pour  quelque  temps 
la  ville  de  Lausanne.  Il  est  qualifié  de 
«  maistre  d'escripture,  chiffrer  et  con- 
ter, aussi  en  l'art  de  géométrie,  soit 
au  regard  de  la  théorique  ou  de  la 
pratique,  aussi  en  astrologie  et  aultres 
parties  des  sciences  mathématiques.  » 
Dans  deux  opuscules  astronomiques 
d'Elie  de  Molery^  pasteur  et  astronome, 
parus  l'un  et  l'autre  en  1606,  Dela- 
court est  mentionné  sous  le  nom  de 
Gervasius  Curianus,  comme  «  très 
docte  professeur  de  mathématiques 
dans  la  célèbre  académie  de  Lausanne.  » 
(H.  Vuilleumier). 

Colonne  232,  ajoutez  à  :  Denfert-Roche- 
BEAU,  que  ses  prénoms  étaient  ie^n- 
Marie -Philippe -Aristide,  ce  dernier 
étant  celui  qu'on  lui  donnait  exclusi- 
vement dans  les  relations  sociales.  Le 
9  mai  1855  à  la  suite  d'une  blessure 
grave  reçue  en  Crimée,  Denfert,  alors 
capitaine,  fut  décoré  sur  le  champ  de 
bataille  et  revint  en  France.  A  la  fin 
de  cette  même  année,  il  fut  nommé 
professeur  à  l'Ecole  d'application  de 
Metz,  pour  le  Cours  de  construction. 
C'est  alors  qu'il  composa  son   «  Mé- 


891 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


892 


moire  sur  les  voûtes  en  berceau,  »  qui 
fut  présenté  à  l'Institut  par  le  maré- 
chal Vaillant  et  publié  en  1860,  dans 
la  «  Revue  d'architecture,  »  de  M.  Cé- 
sar Daly. 

Envoyé  en  Algérie,  Denfert  eut 
l'occasion  d'appliquer  les  idées  conte- 
nues dans  son  «  Mémoire  »  en  faisant 
construire  sur  le  Tigaout,  à  Orléans- 
ville,  un  pont  passerelle,  d'une  seule 
arche  avec  27  mètres  de  portée,  et 
d'une  solidité  à  toute  épreuve.  D'au- 
tres travaux  importants  ont  été  égale- 
lement  exécutés,  en  Algérie,  sous  sa 
direction.  Il  a  publié  dans  la  «  Revue 
politique  et  littéraire  »  (no  du  13  déc. 
1873),  un  travail  qui  a  pour  titre  : 
«  Des  droits  politiques  des  militaires,  » 
où,  à  rencontre  d'une  proposition 
faite  à  la  Chambre  des  députés  ten- 
dant k  exclure  de  la  représentation 
nationale,  les  militaires  en  activité  de 
service,  il  demande  pour  eux  l'électo- 
rat  et  Féhgibilité.  A  la  même  «  Revue  » 
(no  du  2  mai  1874),  il  a  donné  une 
longue  étude  sur  :  «  Les  inilitaires  et 
le  droit  commun  et  sur  La  liberté  d'é- 
crire dans  Varmèe.  » 

Denfert  avait  épousé  M'ie  Surleau, 
fille  du  pasteur  de  Montbéliard  ;  union 
d'où  sont  nés  deux  enfants  :  Marie, 
l'aînée,  qui  a  épousé  M.  Sabouraud, 
capitaine  du  génie  ;  et  un  fils,  Aristide, 
capitaine  du  génie,  qui  après  avoir 
renoncé  à  la  carrière  mihtaire,  a 
épousé  M"e  Goquel,  fille  d'un  banquier 
de  Paris. 

Quant  aux  origines  de  la  famille 
Denfert-Rochereau  ;  d'après  les  re- 
cherches de  M.  de  Richemond,  elle 
serait  originaire  de  la  Vendée.  Le 
«  Rochereau  »  qui  leur  a  donné  son 
nom  serait  un  fief  aux  portes  de  Fon- 
tenay-le-Comte.  Cet  ancien  fief  s'ap- 
pelle aujourd'hui  «  Roucherau.  » 
D'après  des  recherches  spéciales  et 
récentes,  de  M.  Denis  de  Thezan,  les 
Denfert,  qui  sont  appelés  dans  quel- 
ques actes,  «  Denfert  de  Rochereau  » 
et  «  sieur  de  Rouchereau,  *  auraient 
été  des  premiers,  à  Fontenay-le-Comte, 
à  embrasser  la  Réforme,  vers  1562. 
Vers  1730,  un  autre  Denfert  pour 
échapper  aux  persécutions  qui  sévis- 
saient dans  le  Poitou,  vint  se  fixer  à 


Jarnac.  Les  Denfert  ont,  en  effet,  été 
tenus  en  haute  estime  dans  le  Consis- 
toire de  Jarnac  pendant  le  XVIIIme 
siècle.  Enfin,  de  Jarnac,  ils  sont  ve- 
nus se  fixer  à  Si-Maixent. 

(D.  Charruaud). 

Colonne  237,  ajoutez  :  Nicolle  Denise, 
conseiller  au  présidial  de  Provins, 
déposé  de  sa  charge  comme  étant  «  de 
la  Luthérerie,  »  en  1556  (Mém.  de 
Cl.  Haton,  p.  41  et  54). 

Colonne  355,  Des  Ouches,  ministre  à 
Montargis  en  1568.  Peut-être  est-il  le 
même  que  Annet  des  Olches,  ministre 
à  Ollon  (Vaud)  en  1557  ;  démission- 
naire en  1559  avec  les  ministres  et 
professeurs  calvinistes  ;  reçu  habitant 
à  Genève  le  27  mars  de  la  même  an- 
née. (Vuilleumier). 

Colonne  380,  lig.  6  :  De  Vaud  (Gilbert). 
Le  pays  dont  il  dit  qu'il  est  sorti,  est 
le  pays  de  Vaud.  En  effet,  dans  ses 
comptes  de  1562,  le  bailli  de  Lau- 
sanne dit  qu'il  a  payé  10  flor.  6  sols 
à  Gillebert  de  Vaulx  pour  des  prédica- 
tions qu'il  avait  faites  par  intérim  à 
Villette  (paroisse  entre  Lausanne  et 
Vevey,  (Vuilleumier). 

Colonne  482  :  Dragon.  —  Un  M.  de  Cho- 
miane  (sic),  jadis  ministre  en  Dau- 
phiné,  est  recommandé  en  1635  à  la 
classe  de  Morges  par  les  seigneurs  de 
Berne  et  présenté  pour  le  poste  de 
Vich  par  le  seigneur  de  Prangins,  en 
vertu  de  son  droit  de  patronat  sur 
cette  église.  La  classe  le  nomme  «  par 
obéissance.  »  Mais  la  maison  «  minis- 
tériale  »  étant  en  fort  mauvais  état, 
et  le  dit  seigneur  un  patron  des  plus 
diffîcultueux,  toujours  en  retard  pour 
le  payement  de  la  pension,  M.  de 
Chomiane  obtient  dès  1637  d'être 
transféré  à  Perroy  (entre  Rolle  et  Au- 
bonne).  Ce  ministre  paraît  avoir  été 
bien  en  cour  à  Berne  ;  aussi  ne  tarde- 
t-il  pas  à  devenir  un  des  membres 
influents  de  sa  classe.  On  le  charge  de 
missions  de  confiance  auprès  du  Sou- 
verain et  lui  remet  les  fonctions  par- 
fois délicates  de  secrétaire.  Il  est 
mort  à  Perroy  en  1645. 

(Vuilleumier). 

Colonne  501  :  Drelincourt.  Il  a  été  dit, 
à  cet  endroit,  que  le  4rae  fils  du  pasteur 
Charles  Drelincourt,  baptisé  le  5  mai 


893 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


894 


1641,  reçut  le  prénom  (J'Antoine, 
étudia  la  médecine  et  la  pratiqua 
d'abord  à  Genève,  où  il  reçut  la 
bourgeoisie  gratuitement  leSjuin  1(378, 
puis  à  Orbe,  en  Suisse,  où  il  mourut 
sans  postérité. 

Celte  dernière  assertion  nécessite 
une  rectilication. 

Antoine  Drelincourt,  docteur  en 
médecine,  est  titré  jar  LL.  EE.  de 
Berne  ;  antistes  des  médecins  bernois 
et  fribourgeois.  Il  avait  épousé  Anne- 
Marguerite  Burlamachi.  de  Genève, 
fille  de  noble  Jacques  Burlamachi  et 
et  de  Anne  Diodati  ;  elle  lui  donna 
trois  enfants  :  1«  Makguerite-Elisa- 
BETH-EvE,  née  à  Genève  le  lo  juillet 
1676,  mariée  à  Etienne  de  Martines, 
fils  de  Jean-François  de  Martines, 
seigneur  de  Bézenas  et  de  Anne  de 
Pierrefleur  ;  2°  Charles,  né  à  Orbe, 
le  4  décembre  1679,  et  3»  Marie,  née 
à  Orbe  le  3  août  1684. 

Il  est  assez  probable  que  ce  Charles, 
fds  du  docteur  Antoine,  alla  s'établir 
à  Paris  et  devint  l'auteur  d'une  bran- 
che des  Drelincourt  qui,  durant  tout 
le  XVIII'^e  siècle,  subsistait  honora- 
blement à  MontreuXj  canton  de  Vaud. 
Cette  branche  remonte  par  titres  à 
Jean-Pierre  Drelincourt,  victime  de 
la  révocation  de  l'Edit  de  iSaiites  et 
natif  de  Paris.  Le  4  avril  1738,  il 
obtint  des  seigneurs  de  Berne  la  natu- 
ralisation dans  le  Pays-de-Vaud  et  le 
droit  de  bourgeoisie  de  Bussigny  près 
Oron.  C'est  à  Chernex,  hameau  de 
la  paroisse  de  Montreux,  qu'il  fixa 
sa  demeure.  Son  fils  unique,  Jean- 
Antoixe,  qui  s'était  occupé  tout  par- 
ticulièrement d'agriculture  et  de  bota- 
nique, laissa  un  iils  et  une  fille.  Ce 
fils,  Jean-François,  fut  eu  Suisse  le 
dernier  descendant  mâle  de  la  famille 
Drelincourt  ;  né  en  1777,  il  mourut  à 
Veytaux  en  mai  1853,  après  une  vie 
consacrée  à  l'enseignement.  Susanne 
Talon,  de  Vernex,  sa  femme,  lui 
donna  une  fille  unique,  Susanne-Fran- 
çoise,  née  en  1806,  qui  épousa  Jean- 
Jacques-Vincent  Masson,  de  Veytaux, 
elle  vit  aujourd'hui  (mars  1886)  à 
Montreux.  La  fille  de  Jean-Antoine 
Drelincourt  fut  Louise-Françoisk,  née 
en  1775  et  mariée  en  1794  à  Jean- 


Pierre-David  Diifour,  qui  mourut  à 
Veytaux,  le  4  avril  1830.  Elle  fut  la 
grand-mère  de  Charles  Dufour,  pro- 
fesseur à  Morges,  Louis  Dufour,  ancien 
professeur  à  Lausanne  et  Marc  Du- 
four, docteur-médecin  et  directeur  de 
l'Asile  des  aveugles  à  Lausanne. 
(A.  DU  Mont). 

Colonne  510,  ajoutez  :  Adrien  Dltban, 
d'Autun,  inscrit  en  1564  au  livre  du 
recteur  de  Genève.  Il  a  été  pasteur 
dans  le  pays  de  Vaud;  en  dernier 
lieu,  1598  à  1610,  à  Aubonne,  oii  il 
eut  plus  d'une  fois  maille  h,  partir  soit 
avec  la  baronne  du  lieu,  qui  se  per- 
mettait de  venir  à  la  Cène  «  avec  les 
mitons  »  et  se  comportait  peu  modes- 
tement avec  ses  ministres,  soit  avec 
son  diacre  Jérôme  Viart,  qui  soute- 
nait «  que  les  petits  enfants  n'ont 
point  la  foi.  »  Duban  mourut  en  1610, 
tandis  que  la  classe  de  Morges  était  en 
instance  auprès  de  LL.  EE.  de  Berne 
pour  obtenir  qu'il  fût  «  déchargé,  » 
vu  son  âge  et  ses  infirmités. 

(Vuilleumier). 

Colonne  569  :  Anne  du  Bourg.  «  Vers 
1520,  il  fut  nommé  professeur  de 
droit  civil  à  l'Université  d'Orléans.  » 
Ajoutez  que  depuis  notre  article  sur 
cet  illustre  martyr,  il  a  paru  une 
«  Notice  sur  Anne  du  Bourg  »  à  l'Uni- 
versité d'Orléans  (Mém.  de  la  Soc. 
archéologique  de  l'Orléanais,  t.  XVIII), 
par  M.  Jules  Doiiiel,  archiviste  du 
Loiret. 

Colonne  595,  lig.  4  et  suiv.  :  Constant. 
Corrigez  la  fin  de  cette  généalogie 
d'après  la  note  que  voici  dont  nous 
remercions  l'honorable  auteur. 

Le  14  novembre  1567,  est  la  date 
de  l'inscription  dans  le  Registre  de 
l'Eglise  italienne  de  Genève  du  ma- 
riage de  hon.  Augustino  Costante 
(Augustin  Constant)  de  la  ville  d'Ayre 
en  Artois,  habitant  de  Genève,  avec 
Elisabeth,  fille  de  noble  Nicolas  Pel- 
lissari  aussi  habitant  de  Genève. 

Le  5  février  1570,  ces  époux  firent 
dresser  leur  contrat  de  mariage,  au 
bourg  de  saint  Gervais,  en  la  rue  de 
Coutance,  par  maître  Jacques  Bien- 
venu, notaire.  L'épouse  apportait  une 
dot  de  mille  écus  d'Italie,  dits  pisto- 
lets. 


895 


ADDITIONS   ET   CORIŒCTIONS 


891 


La  vraie  position  sociale  d'Augustin 
Constant,  de  la  ville  d'Ayre,  est  de- 
meurée jusqu'ici  inconnue,  mais  rien 
ne  fait  supposer  qu'elle  fût  brillante. 
On  n'est  pas  mieux  informé  par  des 
documents  historiques  des  motifs  qui 
décidèrent  cet  habitant  de  Genève  à 
quitter  cette  ville  pour  aller  s'établir 
à  Lausanne,  en  1390,  avec  ses  deux 
fils  et  cinq  filles. 

Hon.  Augustin  Constant,  allié  Pel- 
lissari,  termina  sa  carrière  à  Lausanne, 
le  14  mai  lo93.  Les  registres  de  l'état 
civil  de  cette  ville  apprennent  que  sa 
veuve  mourut  le  3  janvier  1611. 

Hon.  David  Constant,  né  à  Genève, 
le  15  janvier  1587,  est  qualifié  épicier 
dans  sa  lettre  de  bourgeoisie  de  Lau- 
sanne (du  31  octobre  1614).  Il  épousa 
à  Lausanne  Jeaune  Marion,  fille  de 
hon.  Jacques  Marion,  apothicaire  d'An- 
gers et  de  Marie  Gazeau,  de  Mérindol. 
Il  acquit  une  certaine  aisance  dans  le 
commerce  d'épicerie  ;  industrie  conti- 
nuée avec  succès  par  son  fils,  hon. 
Philibert  Constant. 

Ce  sont  les  fils  de  ce  dernier  qui, 
en  faisant  suivre  leur  nom  de  celui  de 
Rebecque,  affichèrent  pour  la  première 
fois  la  prétention  de  descendre  des 
nobles  Constant,  seigneurs  de  Rebec- 
que (dans  les  environs  d'Ayre). 

David  Constant,  pendant  59  ans 
professeur  à  l'Académie  de  Lausanne, 
employa  tous  les  moyens  imaginables, 
à  Berne  et  à  Genève  pour  anoblir  son 
nom  en  cherchant  à  l'identifier  avec 
celui  d'une  famille  illustre. 

Les  deux  Augustin  Constant  ne  doi- 
vent pas  être  confondus.  L'un  soutint 
avec  éclat  en  France  la  cause  du 
protestantisme  et  ne  séjourna  point  à 
Genève;  le  second,  originaire  de  la 
ville  d'Ayre  en  Artois,  habita  Genève 
de  1567  à  1587,  puis  se  fixa  à  Lau- 
sanne en  1590,  il  y  mourut  en  1593. 
Tandis  qu'Augustin  Constant,  seigneur 
de  Rebecque  vivait  encore  en  1621 . 
(A.  DU  Mont). 
Colonne  625  :  du  Chat  (Eudothée),  mi- 
nistre à  Claye,  1617-19.  Il  y  a  grande 
apparence  que  ce  ministre  doit  être 
identifié  avec  Timothée  du  Chat , 
précédemment  pasteur  «  es  Clex  près 
Paris,  »  qui  fut  le  premier  pasteur  de 


l'église  française  de  Berne.  Cette  église 
fut  établie  en  1623,  à  la  demande  des 
habitants  du  pays  de  Vaud,  et  surtout 
sur  les  instances  du  comte  de  la  Suze, 
le  constructeur  des  fortifications  de 
Berne.  La  population  française  de 
cette  ville  s'étant  considérablement 
accrue  par  suite  de  l'établissement 
de  nombreux  réfugiés  français,  un 
second  pasteur,  ayant  le  titre  de  diacre, 
fut  établi  en  1714.  Les  deux  pasteurs 
ne  furent  mis  sur  le  même  pied  que 
par  une  loi  de  1860.  Voici  la  liste  des 
pasteurs,  parmi  lesquels  figurent  plu- 
sieurs noms  d'origine  française  :  1624, 
Timothée  Du  Chat  ;  1629,  Adam  Du 
Crest ;  1646,  Jean-Louis  de  Rouvray; 
1648,  Rodolphe  Clerc;  1681,  George 
Thurman  ;  1684,  Marc-Elie  de  Saus- 
sure ;  1688,  Moïse  Hollard;  1720, 
César- Auguste  de  Frey  ;  1756,  Elie 
Bertrand;  1765,  Jean-Philippe  Dwfoit; 
1775,  Henri-François  Vullyanioz;  1788 
Jean-François  iîéa/;  1799,  Louis-Au- 
guste Curtat;  1800,  Elie  d'Autun; 
1816,  Auguste  Schaffter.  Depuis  la  loi 
de  1860,  Timothée  Delhorbe,  précé- 
demment diacre,  et  auparavant  pas- 
teur à  Auxerre  ;  1861,  Edouard  Lu- 
der  ;  1862,  Louis  -  Aug.  Bernard; 
1863,  Victor  Gross.  Les  deux  derniers 
nommés  sont  les  pasteurs  actuels.  Un 
Antoine  Du  Chat  était  en  1636  «  ac- 
tuaire »  de  la  classe  de  Lausanne,  et 
1634  à  1646,  pasteur  à  Bex. 

(Vuilleumier). 
Colonne  717  :  Du  Jon;  lig.  11  :  <>  juillet 
1562,  »  lisez  1568.  Lig.  20  :  «  Otter- 
burg,   »  Usez  Otterberg,  église  fran- 
çaise près  Kaiserslautern. 

A  la  liste  que  nous  avons  donnée, 
col.  718-726  des  ouvrages  du  ministre 
Franc.  Du  Jon,  pasteur  à  Metz  et  pro- 
fesseur à  Heidelberg ,  il  convient 
d'ajouter  que  le  «  Catalogue  des  livres 
condamnés  par  l'archev.  de  Paris,  le 
1er  septemb.  1685,  »  mentionne  ainsi 
notre  no  VIII  :  Francisa  Junii  Indices 
expurgatorii  duo,  testes  fraudum  ac 
falsalionum  ponti/iciarum..  Priorjussu 
Philippi  II  régis  Hisp.  et  Albani  ducis 
consilio  concinnatus  in  Belgio  ;  pos- 
terior  editus  jussu  Gasp.  Guiroga 
cardinalis,  adjecto  indice  librorum 
prohibitorum  concilii  Tridentini.  — 


897 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


898 


Une  sœur  de  Du  Jon,  Jeanne,  fut  la 
2me  femme  de  nob.  Antoine  de  Serriè- 
res,  d'une  ancienne  famille  messine. 
Elle  mourut  à  Metz,  le  20  mars  1632. 
(0.  Cuvier). 

Colonne  742,  lig.  25  :  Dumarché  (Pierre), 
ministre  réfugié  à  Vevey.  11  fut  ap- 
pelé en  1683  à  occuper  le  poste  de 
sous-diacre,  fondé  la  même  année  par 
M.  de  Montlune  dans  le  double  but  de 
procurer  un  aide  aux  pasteurs  de 
Vevey  et  de  fournir  à  un  pasteur 
français  réfugié,  victime  de  la  persé- 
cution, un  asile  honorable.  Ce  minis- 
tère a  été  exercé  jusqu'à  la  fin  du 
XYllInie  siècle  par  les  ecclésiastiques 
suivants  ;  1685,  Pierre  Dumarché  ; 
1712,  Fleury  Robert;  1719,  Jaques- 
Samuel  Dw/V-esne;  1721,  Abel  Gilliard, 
puis  N.  Hurtault  ;  1728,  Jean-Pierre 
Secretan  ;  1734,  Jean-François  Jayet; 
1738,  Abraham-Louis  Decoppef  ;  1739, 
Antoine  Maroger  ;  1774,  François 
Chavannes;  1784,  Charles  Morin. 
Par  un  décret  de  l'an  1837,  le  diaco- 
nat de  la  fondation  Montlune  a  été 
converti  en  un  poste  de  S^^  pasteur. 
Voy.  Jules  Chavannes,  Les  réfugiés 
français  dans  le  Pays  de  Vaud,  Lau- 
sanne, 1874,  page  148. 

(Vuilleumier). 

Colonne  783,  ligne  5  :  Ce  n'est  pas  à  La 
Neuveville  (Neuchâtel)  que  Guillaume 
DU  Moulin  fut  ministre,  mais  à  No- 
ville,  dans  le  gouvernement  (aujour- 
d'hui district)  d'Aigle.  Lignes  9  et 
suiv.  En  1536  {lisez  :  en  1533),  Du  M. 
avait  remplacé  son  ami  (lisez  :  Simon 
Robert)  dans  sa  chaire  d'Aigle,  et  en 
1527  {lisez  :  1536)  il  exerçait  le  minis- 
tère pastoral  à  Vevey  (ajoutez  :  qu'il 
quitta  dès  1537).      (Vuilleumier). 

Colonne  854,  lig.  24  :  Ant.  Pignet 
et  Ant.  DU  PiNET  sont-ils  le  même? 
Nous  le  croyons  sans  en  pouvoir 
donner  la  preuve.  Nous  aurions  dû 
ajouter  que  cette  assimilation  est  ren- 
due fort  vraisemblable  par  la  corres- 
pondance de  Calvin,  où,  il  apparaît 
encore  aux  dates  des  15  sept.  1544 
{Opéra  Calv.  Brunsw.  t.  XXI,  343  ; 
oct.  1545  {ibid.  363)  ;  mars  1548  (t. 
XII,  667  et  cf.  XXI.  422  et  suiv.)  ; 
janv.  1549  (t.  XIII,  140)  ;  juin  1562 
(t.  XIX,  474).  La  même  correspon- 


dance, 1544-49,   montre  qu'il  avait 
pris  parti  contre  Calvin. 

(Vuilleumier)  . 

Colonne  875,  Duplessis,  Charles  et  A. 
c'est-à-dire  Accasse  ou  Achats,  sont 
les  deux  frères  Du  Plessis  d'ALBiAc, 
dont  il  avait  été  déjà  amplement 
question  au  t.  1er  col.  87-92.  Cette 
répétition  malheureuse  nous  a  cepen- 
dant permis  de  mieux  faire  connaître  le 
talent  de  celui  qui  était  poète,  et  nous 
pouvons  ajouter  aujourd'hui  d'après 
les  notes  de  M.  Vuilleumier,  que 
Charles  figure  en  1552-53  et  1556-57 
dans  les  comptes  du  bailli  de  Lau- 
sanne parmi  les  pensionnaires  de  LL. 
EE.  de  Berne. 

Colonne  906  ;  hg.  7  en  rem.  :  Dupré. 
«  Autre,  pasteur  à  Divonne  1637-63.  > 
Cet  autre  est  Jean-Louis  Dupré.  Obligé 
cette  année-là  (1663)  de  quitter  le 
pays  de  Gex,  il  vint  offrir  ses  servi- 
ces à  la  classe  de  Morges.  A  la  recom- 
mandation de  M.  de  Balthazar,  sei- 
gneur de  Prangins,  il  fut  nommé, 
1664,  sufFragant  du  pasteur  de  Vich, 
de  qui  dépendait  l'église  de  Prangins, 
et  il  paraît  avoir  rempli  ces  modestes 
fonctions  environ  dix  ans.  En  1673, 
les  pasteurs  de  la  classe  font  entre 
eux  une  collecte  en  faveur  du  s""  Du- 
pré, suffragant,  pressé  de  maladie  et 
de  pauvreté.         (Vuilleumier). 

DupuY.  Parmi  les  nombreuses  familles  de 
ce  nom  énumérées  col.  910  à  951, 
nous  avons  omis  une  famille  Dupuy 
de  la  Grange,  qui  s'écrit  aujourd'hui 
d«  Pui,  et  qui  réfugiée  de  la  Guyenne 
lors  de  la  Révocation,  s'établit  à  Leyde 
où  elle  a  été  et  est  encore  florissante. 
Nous  avons  cependant  cité  plusieurs 
de  ses  alliés,  notamment  Nicolas  Bu- 
caille  (III,  343)  et  un  Clignet  (IV, 
478).  Le  premier  connu  de  ces  Dupuy 
était  consul  de  Vicq  en  basse  Guyenne, 
et  avait  deux  fils  :  Jean,  également 
consul  de  Vicq,  et  Charles,  docteur 
eu  médecine.  Le  premier  épousa  Su- 
zanne Delapierre,  d'où  un  fils  unique, 
Antoine,  né  le  26  septembre  1665, 
qui  s'expatria  en  1687  et  après  une 
longue  pérégrination  par  la  France, 
la  Suisse  et  l'Allemagne,  arriva  dénué 
de  tout  en  Hollande  vers  1689.  Sur 
les   instances  d'un  ami,    le   pasteur 

VI.  29 


899 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


90( 


Ronfange,  qui  avait  été  pasteur  en 
Guyenne  et  qui  l'était  alors  de  l'église 
françoise  d'Enkhuysen,  il  s'établit 
dans  cette  ville  de  la  Hollande  septen- 
trionale. Il  épousa  à  Amsterdam,  en 
1690,  Marie,  fille  de  David  de  Mont- 
sarrat,  consul  de  Castres  et  de  Cathe- 
rine Tabariès,  mariage  d'où  sont  issus 
dix  enfants.  Le  seul  de  ceux-ci  qui 
ait  laissé  des  descendants  est  Pierre 
(1710-67),  reçu  docteur  en  médecine 
en  1737,  élu  en  1763  représentant  de 
sa  ville  natale  aux  Etats-généraux  de 
Hollande,  et  après  sa  législature  (qui 
durait  deux  ans)  membre  du  Conseil 
d'Etat.  De  son  mariage  contracté  en 
1747  avec  Marie  Monsieur  il  laissa 
quatre  enfants,  dont  un  seul  Meinard- 
SiMON  (1754-1834)  professeur  en  mé- 
decine à  l'Univ.  de  Leyde  eut  une 
postérité.  Il  avait  épousé  en  1783, 
Marthe-Digna  Balhman,  fille  du  pre- 
mier magistrat  de  la  ville  de  Kampen 
(Over-Yssel)  seul  nom  hollandais 
qu'on  voie  dans  la  famille  en  l'espace 
de  deux  siècles.  Cette  union  lui  donna 
deux  filles  et  un  fils,  Pierre -An- 
toine (1783-1838),  docteur  en  droite 
secrétaire  de  l'administration  de  la 
ville  de  Leyde,  marié  en  1818  à  Ma- 
rianne-Louise, fille  de  Nicolas  Bu- 
caille,  Receveur  général  des  contribu- 
tions à  Leyde,  et  de  Rose-Céline  Cli- 
gnet;  union  d'oti  sont  nés  sept  enfants, 
dont  trois  fils  ;  les  deux  aînés  morts 
célibataires  en  service  aux  Indes 
orientales  ;  le  cadet,  Jean-Corneille, 
docteur  en  droit,  est  greffier  du  tri- 
bunal de  police  de  Haarlem  (charge 
qui  en  Hollande  est  donnée  par  nomi- 
nation du  roi  et  non  achetée).  Il  a 
épousé  diie  Ursule-Hortense,  fille  de 
Petrus-Isaacus  de  Fremerij  (voy.  ci- 
dessus,  col.  710,  lig.  32),  d'où  deux 
enfants,  Marianne -Louise  et  Petrus 
Isaacus. 
Colonne  950,  lig.  2  et  suiv.  :  ■  Charles 
«  (du  Puy  de  Montbrun),  se  retira  en 
«  Hollande  avec  son  fils  Etienne.  Ce 
«  dernier,  né  en  1718  dans  le  Langue- 
«  loc  et  mort  à  Maëstricht,  28  mars 
«  1785,  est  l'humble  auteur  d'un  Re- 
«  cueil  de  cantiques  sacrez  et  d'Eté- 
«  mens  de  la  lecture  pour  apprendre  à 
«  ppeler  et  à  lire  correctement,  1769, 


«  in-8o.  »  —  Ces  mots  «  l'humble  au- 
teur »  prouvent  que  nous  étions  très 
étonnés  de  voir  une  famille  héroïque 
de  guerriers  transformée  tout  d'un 
coup  en  la  personne  d'un  petit  maître 
d'école.  Cependant  nous  n'avions  pas 
de  raison  suffisante  pour  contester 
des  renseignements  fournis  par  un 
descendant  de  ce  dernier  et  admis  par 
MM.  Haag.  Mais  aujourd'hui  nous 
croyons  que  MM.  Haag  ont  été  induits 
en  erreur  par  ce  descendant,  M.  Etienne 
du  Puy,  résidant  en  1857  au  Honberg 
près  Lobith  en  Hollande  (V,  951, 
note  2),  lequel  s'est  mépris  en  ce  que 
son  ancêtre,  Etienne  du  Puy,  l'auteur 
du  Recueil  de  Cantiques  n'était  nulle- 
ment le  même  que  Etienne  du  Puy  de 
Montbrun.  Il  était  seulement  son  ho- 
monyme. C'est  ce  que  rend  évident 
l'extrait  (qui  nous  a  été  communiqué 
depuis)  du  »  Uittreksel  uit  een  regis- 
tergetiteld  :  Livre  des  fiançailles  et 
des  mariages  de  l'église  walonne  de 
Zée  depuis  l'an  1760,  »  extrait  ainsi 
conçu  : 

Novemb.  1763.  Il  y  a  promesse  de 
mariage  entre  Etienne  Dupuy,  veuf,  na- 
tif du  Vigan  en  Languedoc  et  consola- 
teur à  Maëstricht  d'une  part  et  Suzanne 
Lambermont,  veuve  de  Charles  Guyot, 
native  d'Amsterdam  d'autre  part. 

Un  du  Puy  de  Montbrun  n'a  pas  pu 
être  inscrit  sans  autre  désignation  et 
en  cette  forme  sommaire  dans  un  acte 
officiel.  De  plus,  sauf  la  rencontre 
fortuite  des  deux  Etienne,  la  série 
des  prénoms  dans  les  deux  familles 
est  toute  différente  et  en  troisième 
lieu  nous  avons  eu  communication 
d'un  cachet  des  Du  Puy  de  Maëstricht 
qui  n'a  aucun  rapport  avec  le  lion  de 
gueules  en  champ  d'or  des  Montbrun, 
car  il  porte  deux  écus  juxtaposés,  à 
dextre  un  arbre  sur  sa  terrasse  ;  à  se- 
nestre  coupé,  au  1er  de  quatre  X  (2et2), 
au  2rae  d'un  oiseau  passant  à  droite. 
Les  deux  familles  étaient  donc  parfai- 
tement étrangères  l'une  à  l'autre  ce 
qui  explique  très  bien  pourquoi  le 
correspondant  de  MM,  Haag,  en  1857. 
s'excusait  de  n'avoir  aucun  titre  entre 
les  mains  qui  justifiât  sa  filiation. 
L'Etienne  auteur  du  Recueil  de  Can- 


901 


ADDITIONS    ET   CORRECTIONS 


902 


tiques  après  avoir  tenu  un  pensionnat 
de  jeunes  gens  à  Maastricht,  devint 
proposant-consolateur  de  l'église  wal- 
lonne de  cette  ville.  Il  aspirait  au 
titre  de  ministre,  non  sans  quelque 
droit  car  il  prêchait  fort  bien,  mais 
le  synode  de  la  province  ne  voulut 
jamais  l'admettre  qu'à  l'office  de  con- 
solateur parce  qu'il  n'avait  pas  suivi 
de  cours  de  théologie  et  n'avait  pas  de 
grade  académique.  Sur  la  tin  de  sa 
vie  il  obtint  la  charge  d'échevin  de 
la  cour  féodale  de  Dalhem  (Limbourg 
de  Belgique). 
Colonne  1014  :  Durand,  n»  13,  Addition  : 
Jean  Durand,  pasteur  d'Is- sur -Tille, 
c'est-à-dire  de  Dijon ,  au  XYII^e  siè- 
cle, était  allié  de  la  famille  de  Cam- 
predon  (t.  III,  col.  680,  no  2).  C'est 
ce  qu'on  voit  dans  une  série  d'actes 
qui  ont  été  analysés  par  M.  Louis  Pa- 
ris dans  son  recueil  intitulé  le  Cabinet 
historique,  t.  IX  (1863),  page  289, 
savoir  : 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jacques 
de  Campredon,  écuyer,  fils  de  Jean, 
seigneur  du  dit  lieu  (Le  Dictionn.  des 
postes  indique  six  villages  de  ce  nom 
dans  l'Ariège,  la  Dordogne,  l'Hérault 
et  le  Var),  fds  de  nob.  Jean  et  de  d'ie 
Alix  de  Bayars,  avec  Jeanne,  fille  de 
nob.  Guillaume  Le  Noir  sr  de  La  Ro- 
que et  de  d"e  Marguerite  Le  Gras, 
passé  à  Castres  le  15  janvier  1590. 
—  Contrat  de  mariage  de  nob.  Jacques 
de  C.  fds  de  Jacques  et  de  d'ie  Le 
Noir,  accordé  le  1er  nov.  1630,  avec 
d'ie  Judith,  fdle  de  nob.  David  de 
Durand,  écuyer,  et  de  di'e  Jeanne  de 
La  Page  de  la  ville  d'Anduse.  — 
Baptême  en  l'église  réformée  d'An- 
duse, de  Jacques  de  C,  fils  de  Jac- 
ques et  de  Judith  de  Durand,  né  le 
23  octob.  et  bapt.  le  3  nov.  1646.  — 
Extrait  du  registre  des  baptêmes  de 
régi.  P.  R.  d'Issurtile,  Me  Jean  Durant 
étant  ministre,  portant  que  Jacques, 
fils  de  sr  Jacques  de  C,  sr  de  Passa- 
vant et  d"e  Anne-Marie  Durant,  né  le 
7  juin  1672;  marraine  dUe  Anne 
d'Aussy,  femme  du  dit  Durant  minis- 
tre. —  Contrat  de  mariage  de  Jacques 
de  C,  écuyer,  seigr  de  Passavant 
(puis  de  Lironcourt  et  de  Vaugecourt), 
conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  fils 


de  Jacques  de  C.  et  de  Anne-Marie 
Durant,  accordé  le  11  avril  1711  à 
Stockholm.  Ce  dernier,  Jacques  de 
Campredon,  arrivé  à  l'âge  d'homme 
abandonna  la  religion  où  il  avait  été 
baptisé  pour  entrer  brillamment  dans 
la  carrière  diplomatique.  Dès  1693,  il 
servait  en  qualité  de  secrétaire  à  la 
suite  de  M.  de  Bonrepos,  ambassadeur 
en  Danemark  et  Hollande.  En  1698, 
le  mis.  de  Bonac,  neveu  de  ce  dernier, 
chargé  des  affaires  du  roi  à  La  Haye. 
se  l'attacha  et  l'emmena  avec  lui  eu 
1700  lorsqu'il  fut  nommé  ambassadeur 
auprès  du  roi  de  Suède,  Charles  XII. 
M.  de  Campredon  continua  de  servir 
la  diplomatie  française  dans  les  Etats 
du  nord  et  particulièrement  en  1719 
comme  secrétaire  principal  du  comte 
de  Senee terre,  ambassadeur  en  Ha- 
novre, et  il  a  laissé  sur  sa  carrière 
jusqu'à  cette  année  un  intéressant 
mémoire,  mais  trop  court  (40  p.),  qui 
était  resté  en  la  possession  d'une  fa- 
mille de  Dijon  (les  de  Bretaigne,  con- 
seillers au  parlem.  de  Bourgogne)  et 
qui  a  été  imprimé  dans  le  Cabinet 
historique.  (Dannreuther). 

Colonne  1031  :  «  DureiL,  ministre  à  Bra- 
deyrac,  lisez  à  lîergerac.  On  trouve 
dans  les  registres  du  (îonseil  de  Genève, 
6  déc.  1558  >  :  Mes  François  de  Du- 
reil,  Lucas  Aube  et  Gilles  partent  de 
Genève  pour  la  Guyenne  chacun  à 
l'endroit  de  l'élection  de  la  compa- 
gnie ;  Dureil  à  Bergerac,  Aube  à  Ste- 
Foy,  Gilles  à  Bordeaux. 

Colonne  1074,  lig.  3  en  rem.  :  «  Du  Teil, 
ministre  à  Lausanne,  1670;  à  Prilly, 
près  Lausanne,  1696.  »  A  compléter 
et  à  corriger  :  Bernard  Du  Teil  (Tilia- 
cus),  fut  diacre  à  Lausanne  de  1636  à 
1641.  Il  était  disciple  de  Pierre  Du- 
moulin et  avait  été  nommé  à  la  de- 
mande expresse  du  Conseil  de  la  ville. 
Vu  ses  méri  tes,  les  seigneurs  de  Berne 
lui  permirent  de  prendre  le  titre  de 
troisième  pasteur.  —  Du  Teil  (Samuel) , 
pasteur  à  Prangins  1674,  à  Ecublens 
1676,  à  Prilly  près  Lausanne  1685  ; 
mort  en  1709.  (Vuilleumier). 

Colonne  1112  :  Duvoisin  (François-Samuel) 
n'était  pas  pasteur  en  Provence,  mais 
à  Provence,  paroisse  du  bailliage  (au- 
jourd'hui district)  de  Grandson,  Vaud.^ 


903 


ADDITIONS   ET   COKRECTIONS 


90^ 


Il  n'était  pas  Français,  mais  il  fit  un 
séjour  à  Paris  en  1774  comme  aide 
temporaire  de  son  oncle,  le  chapelain 
de  l'ambassade  de  Hollande,  qui  avait 
épousé  la  fdle  du  malheureux  Calas. 
Voy.  Tome  III,  col.  477,  ligne  23. 
(Vuilleumier). 

TOME  VI 

Colonne  126-127  :  Estienne.  A  l'indication 
des  travaux  bibliques  de  Robert  Es- 
tienne il  eut  convenu  d'ajouter  l'indi- 
cation des  principales  études  du  même 
ordre  qui  ont  été  publiées  en  ces  der- 
niers temps.  Ce  sont  principalement  : 
Bibliotheca  novi  Testamenti  grseci  ; 
Brunswick,  in-8o,  1872.  Par  Ed.  Reuss. 
Novum  Testamentum  textus  Stepha- 
nici;  A.  D.  looO;  edidit  F.  H.  A. 
Scrivener;  Cambridge,  1877,  in-18. 

/.  H.  A.  Scrivener  ;  a  plain  intro- 
duction to  the  criticism  of  the  N.  T.; 
:3ine  édit.;  Cambridge,  in-8o.  1883. 

J.  Wordsworth,  Old  latin  biblical- 
texts  :  I  ;  Oxford,  1883,  in-4o. 

(S.  Berger.) 

Colonne  375,  ajoutez  :  FALC  (Pierre), 
conseiller  du  roi,  receveur  et  payeur 
des  officiers  de  la  chambre  mi-partie, 
de  Castres,  dès  1596;  puis  trésorier 
provincial  de  l'extraordinaire  des 
guerres  en  Languedoc  (habitant  Mont- 
pellier), mourut  à  Roquecourbe,  le 
15  oct.  1630.  Son  fils,  Jean,  secrétaire 
ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  bour- 
geois de  Castres,  épousa  Rachel  de 
Ferret  dont  la  sœur,  Marguerite,  était 
mariée  avec  Etienne  Gros,  écuyer. 
De  l'union  de  Jean  Falc  naquirent  à 
Castres  :  1°  Daniel,  qui  suit,  présenté 
au  baptême  par  Jean  de  Seguin,  sieur 
Des  Homs  et  par  Jeanne  Falc,  le 
17  sept.  1642  ;  —  2o  Louis,  présenté 
par  Paul  de  Falc  et  par  Suzanne  de 
Froumen,  le  18  septemb.  1659  ;  — 
3o  Jean,  sieur  de  Calmont,  qui  épousa 
Suzanne,  fille  d'Abel  Dejean  et  de 
Suzanne  de  Massias,  le  13  juillet  1700, 
et  qui  mourut  sans  postérité  le  17  août 
1729,  laissant  ses  biens  à  son  neveu. 
Noble  N.  de  Falc,  sieur  de  Puechber- 
ton.  —  Daniel,  avocat  au  parlement, 
épousa  Rachel  de  Vernoux  qui  lui 
donna  Jean,  né  le  18  mai  1665.  — 


(Jean),  lieutenant  en  la  judicature  et 
baronnie  de  Montredon,  1602,  meurt 
étant  premier  consul  de  Roquecourbe, 
le  8  mars  1624.  —  (Jacques),  docteur 
et  avocat,  mourut  aussi  à  Roque- 
courbe, 25  novembre  1668. 

(Pradel). 

Colonne  379,  lig.  14  en  rem.,  Falquet 
(Pierre),  pasteur  à  Aubusson. 

Colonne  376-78  :  Falguerolles,  famille 
languedocienne.  Ajoutez  : 

Ses  Armes  étaient  =  d'argent  au 
phénix  de  sable,  les  ailes  éployées, 
au  chef  d'azur  chargé  de  trois  molettes 
d'or.  HippoLYTE  était  fils  d'Etienne 
et  de  Catherine  de  Laversa.  Sauveur, 
habitant  de  Monoblet  détenait  le  bé- 
néfice de  S.  Romain  de  La  Cadière, 
viguerie  de  Sauve,  en  1574.  d'après 
le  curieux  journal  de  Barthélémy, 
publié  à  Montpellier  à  la  suite  de 
l'Hist.  des  deux  sièges  de  Sommières. 
David  épousa  Marguerite  de  Pelet 
(non  de  Valet).  Jean,  galérien,  1692- 
1695.  Sa  femme,  enfermée  dans  un 
couvent,  était  Anne  de  Solier.  Leur 
fils,  Charles,  avait  épousé  une  diie 
de  Moularen  et  laissa  une  fille,  Louise. 
Le  pasteur  de  Nîmes,  Claude  de  Fal- 
guerolles, desservait  aussi  l'église  de 
S'-Brez,  viguerie  d'Anduze,  en  1574, 
et  celle  de  Colognac  l'année  suivante 
(Journ.  de  Barthélémy).  Son  fils, 
Pierre,  qui  mourut  jeune,  était  pro- 
cureur à  la  chambre  de  l'édit  en  1596  ; 
Jean  alla  étudier  à  Genève  ;  le  troi- 
sième, Jacques,  fut  pourvu  de  l'office 
de  conseiller  référendaire  des  chancel- 
leries de  France  pour  servir  à  la 
chambre  de  l'édit,  par  lettres  patentes 
de  1595,  confirmées  plusieurs  fois,  la 
dernière  le  26  déc.  1607. 

(Pradel). 

Colonne  380  :  Fanjeaux  ou  Fanjaux  (An- 
toine de),  ajoutez  :  pasteur  de  Puylau- 
rens.  Il  est  signalé  sous  le  nom  de  «  Jean 
Gineste  dit  Fanjeaux  ou  le  médecin  de 
Lavaur,  »  dans  unarrétdu  parlem.  de 
Toulouse  qui  le  condamne  à  mort,  10 
juin  1562;  voy.  t.  II,  col.  51.  Il  était, 
dit-on,  originaire  de  Verfeil,  ce  qui 
n'est  pas  improbable,  plusieurs  hugue- 
nots de  celte  ville,  chef-lieu  de  la  tem- 
poralité des  archevêques  de  Toulouse, 
s' étant   réfugiés   à  Puylaurens  après 


905 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


906 


Tanéantissement  de  l'église  de  Verfeil 
(Mém.  de  l'acad.  des  se.  de  Toulouse, 
1880).  L'un  de  ces  réfugiés,  Arnaud 
Bodet,  lieutenant  du  juge  de  Verfeil 
en  i?)61,  prévôt  du  diocèse  de  Castres 
en  1569,  devint  notaire  à  Puylaurens 
et  rerut  le  généreux  testament  de  son 
compatriote  Fanjeau\.  Celui-ci  présida 
plusieurs  colloques  et  synodes,  en 
particulier  contre  Olaxe.  Il  fut  un  de 
ces  pionniers  inconnus  qui  sacrifièrent 
leur  vie  h  établir  la  Réforme  dans  le 
haut  Languedoc.  Peut-être  même  est- 
ce  lui  qui  fut  essorillé  en  pleine  paix 
par  les  très  catholiques  seigneurs  de 
Garrevaques  (voy.  Journal  de  Fau- 
rin,  p.  104).  En  lo96,  il  avait  deux 
frères,  Gaspard  et  Jean,  et  quatre 
«ufantsdesafemmeGaillarded'Imbert, 
tille  de  Jean  d'Imbert  et  de  Sabine 
Ghamhert.  Il  mourut  le  16  déc.  1607, 
laissant  une  belle  bibliothèque  com- 
posée d'ouvrages  de  théologie,  de  mé- 
decine et  de  droit  que  son  fds,  Paul, 
vendit  pour  la  somme  considérable  de 
6000  livres. 

Fanjaux  eut  deux  filles  dont  l'une, 
Anne  ,  épousa  Pierre  Fournes ,  et 
l'autre,  Marie,  un  bourgeois  de  So- 
rèze  nommé  Nathanaël  David.  Il  eut 
aussi  deux  fils,  Paul,  le  plus  jeune, 
dont  on  a  un  diplôme  de  maître  es  arts, 
daté  (le  Montauban,  9  septemb.  1610 
(Biblioth.  du  Protestantisme  Fr.  ), 
mourut  sans  enfants  en  1665.  L'aîné, 
Barnabas,  docteur  en  médecine  et 
plusieurs  fois  consul  de  Puylaurens, 
décéda  le  22  janvier  16oo.  Il  avait 
épousé  Marie  de  Nupces,  morte  le 
8  mai  1666,  qui  lui  avait  donné  : 
lo  Gaillarde,  mariée  avec  Noël  de 
Térier,  sieur  de  Saint-Alens  en  16o5 
et  qui  mourut  le  8oct.  1672  :  (...  ayant 
rendu  l'esprit  avec  beaucoup  de  dou- 
ceur, en  la  consolation  et  assistance 
de  M.  David,  escolier  genevois,  pro- 
posant en  l'acad.  de  Puylaurens)  ;  — 
2o  Antoine,  né  le  27  mars  1627, 
avocat,  longtemps  membre  du  consis- 
toire de  Puylaurens  et  qui  eut  à  souf- 
frir à  ce  sujet  au  moment  de  la  Révo- 
cation, De  son  mariage  avec  di'e 
Marthe,  fille  de  Jacques  Barrau  et 
d'Anne  Rey,  2  avril  16o4,  il  n'eut  que 
deux   filles.    Marie,   l'aînée,   épousa 


François  de  Terson,  sieur  de  Lajon- 
quière,  fils  d'Abel  et  de  Paule  de 
Bouffard,  mariage  béni  par  Th.  Ar- 
bussy,  professeur  à  l'académie  de  Puy- 
laurens, le  8  déc.  167S.  La  seconde 
fille  d'Antoine  de  Fanjaux  s'appelait 
Anne.  Elle  avait  épousé  Philippe  de 
Bedos,  sieur  de  Mirabel,  d'une  famille 
très  attachée  au  protestantisme  et  qui 
mérita  cette  note  remise  à  l'Intendant 
du  Languedoc  vers  1700  :  «  M.  de 
'<  Bedos,  soixante  ans,  catholique  fort 
«  ambigu;  M.  de  Mirabel,  père,  qua- 
'<  tre-vingts  ans,  faux  catholique  et 
«  très  obstiné  dans  ses  préjugés  ;  M. 
«  de  Mirabel,  fils,  trente  ans,  catho- 
«  lique  fort  suspect  ;  M.  de  Fonbas, 
«  son  oncle,  est  fugitif.  C'est  le  carac- 
«  tère  de  cette  famille  d'être  distin- 
o  guée  en  mal  dans  Puylaurens,  » 
Archiv.  de  l'Hérault,  c.  2'73. 

(Pradel). 

Colonne  418,  ajoutez  :  FARGIS(Jean  de), 
lieutenant-général  de  Lisle-en-Jour- 
dain,  sénéchaussée  d'Armagnac,  con- 
damné à  une  amende  de  mille  livres, 
en  faveur  de  divers  couvents,  par  ar- 
rêt du  pari,  de  Toulouse  du  5  avril 
1370.  (Pradel). 

Colonne  420,  ajoutez  :  F  ARGUES  (Jean), 
notaire,  consul  et  membre  du  consis- 
toire de  Puylaurens,  en  1628  et  plus 
tard,  était  fils  de  Géraud  Fargues  et 
de  Peyronne  Roques.  Il  mourut  le 
28  mai  1660  laissant  deux  fils  :  André, 
notaire,  qui  épousa  Suzanne  Favar 
dont  l'une  des  filles,  Marguerite,  se 
maria  à  Castres  avec  Abel  Pelissier  ; 
et  Jean,  consul  de  Puylaurens  en  1667, 
et  autres  années,  marié  en  Suisse,  à 
Neufchâtel,  en  1671,  avec  Barbely  de 
Guy  d'Audanger,  originaire  de  la 
Champagne.  C'est  de  lui,  très  proba- 
blement, que  parle  Pierre  Batjle  dans 
ses  lettres  à  son  père  du  27  sept.  1671 
et  2  juin.  1672.  Il  mourut  en  1681. 
Sa  femme  se  remaria  avec  Philippe 
de  Bedo.'i,  sieur  de  Fonbas,  16  janv. 
1687,  et  se  réfugia  à  La  Haye.  Il 
laissa  trois  fils  :  André,  qui  épousa 
Olympe  de  Bonvilar,  fille  de  Pierre, 
seigr  de  Lavernède  et  de  Marguerite 
de  Gautran  en  1711  ;  Paul,  mort  mi- 
litaire ;  et  Jean-Henry,  né  le  27  oct. 
1664,  présenté  au  baptême  par  Jean- 


907 


ADDITIONS   ET   CORRECTIONS 


908 


Henry  d'Audanger,  baron  de  Sorcy, 
capitaine  d'une  compagnie  franche 
Suisse,  frère  de  Mme  Fargues.  —  Jean- 
Henry  Fargues^  avocat  au  parlement, 
épousa  Elisabeth  de  Lacger  d'Algans. 
François,  marié  avec  Anne  Terson, 
fille  de  Jacques  et  de  Madeleine  Quin- 
quiry,  de  St-Paul,  au  Désert,  le  19 
mars  17o4  ;  —  Jean,  militaire  ;  Marie- 
EsTHER,  enlevée  une  première  fois  à 
ses  parents  (mauvais  catholiques)  et 
conduite^  ainsi  que  Marthe  Lafon, 
l'une  dans  le  couvent  de  la  Visitation, 
l'autre  dans  celui  des  Ursulines,  à 
Toulouse,  mars  1723. —  Marie-Esther 
fut  relâchée  quelque  temps  après,  puis 
de  nouveau  conduite  à  la  Visitation 
par  lettre  de  cachet  du  21  juill.  1731. 
Transférée  de  Toulouse  à  Lavaur, 
elle  fut  enfermée  aux  Filles  de  La 
Croix,  par  une  nouvelle  lettre  de 
cachet  du  14  oct.  1731.  Elle  écrivait 
de  là  à  l'Intendant  du  Languedoc,  un 
mois  après  :  «...  Quel  sort  plus  triste 
que  le  mien  !  A  l'âge  de  vingt-sept  ans 
enlevée  pour  la  seconde  fois  d'entre 
les  bras  de  mes  tendres  père  et  mère, 
réduite  à  ne  plus  leur  parler,  à  ne 
plus  écrire  et  à  verser  des  larmes  con- 
tinuelles à  la  suite  de  l'inhumanité 
de  pareils  enlèvements  qui  n'ont  d'au- 
tres causes,  je  suis  obligée  de  le  dire 
dans  mon  désespoir,  que  la  haine  que 
M.  Lacoste,  doctrinaire  et  curé  de 
Puylaurens,  a  conçue  depuis  sept  ou 
huit  ans  contre  mon  père,  et  c'est  moi, 
innocente  et  malheureuse,  qui  sers 
d'objet  à  cette  vexation,  tant  par  les 
180  livres  par  an  qu'on  oblige  mon 
père  à  fournir  au  couvent,  que  par 


mon  exil,  ne  pouvant  ni  être  servie 
de  mes  parents,  ni  leur  être  utile.  » 
Ensuite,  Marie-Esther  réclame  une 
liberté  qu'elle  retrouva  un  peu  tard, 
sans  doute,  si  l'on  s'en  rapporte  à 
l'époque  de  son  mariage  avec  Fran- 
çois de  Terson,  fils  d'Abel,  sieur  de 
Lajonquière  et  de  Louise  de  Gineste. 
Il  fut  célébré  au  Désert  par  le  pasteur 
Michel  Viala,  le  29  oct.  1744.  Le 
troisième  fils  de  Jean-Henry  Fargues, 
appelé  Paul,  épousa  Jeanne  Estau- 
nié,  au  Désert,  le  22  nov.  1744.  Il 
mourut  en  1775,  âgé  de  78  ans,  —  Un 
autre  Paul  Fargues,  son  proche  pa- 
rent, avait  épousé  Elisabeth-Marie- 
Anne-Judith  d'Imbert  dont  il  eut  de 
nombreux  enfants.  L'une  de  leurs  fil- 
les, Victoire-Marie-Benjaniine,  épousa 
le  baron  Jean- Pierre- Antoine  Retj, 
maréchal  de  camp,  le  18  avril  1818. 
Leur  fils,  Henry-David,  s'était  marié 
avec  Jeanne-Philippine  de  Gineste,  le 
7  juillet  1808,  qui  lui  donna  Paul- 
Emile,  le  7  juillet  1808,  père  de 
M™e  la  comtesse  actuelle  de  Bouffard- 
Madiane.  (Pradel). 

Colonne  498,  Omis  :  FERRIER  (Michel), 
de  Cahors,  musicien  dont  on  a  un 
volume  intitulé  :  Quarante  et  neuf 
Psalmes  de  David  avec  le  cantique  de 
Siméon  et  les  commandemens  de  Dieu, 
traduitz  en  rithmes  françoises  par  Clé- 
ment Marot  et  mis  en  musique  à  trois 
parties  selon  le  chant  vulgaire,  par 
Michel  Ferrier,  de  Cahors  en  Quercy  ; 
Paris,  Nicolas  Du  Chemin,  1568,  in-16. 
C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  cet  artiste. 
Voy.  Haag,  V,  97  et  M.  0.  Douen, 
dans  son  Clément  Marot,  H,  54. 


909  910 


COLLABORATEURS  AU  PRÉSENT  VOLUME 


Arnaud  (M.  le  pasteur),  à  Crest,  605. 

Barjeau  (M,  J.  Philip  de),  étudiant  en  théologie,  841. 

Berger  (M.  Sam.),  pasteur  et  professeur,  903. 

Cazalis  de  Fondouce  (M.),  à  Montpelher,  -453,  674. 

Charruaud  (M.  le  past.  Dés.),  à  Saint- Maixent,  881,  888,  892. 

Chavannes  (M.  Ern.),  à  Lausanne,  358. 

CuviER  (M.  le  past.  Othon),  à  Nancy,  486,  553,  569,  704,  706,  837,  849,  897. 

Dannreuther  (M.  le  past.),  à  Bar-le-Duc,  902,  903. 

Dardier  (M.  le  past.  Ch.),  à  Nîmes,  490,  492. 

Douen  (M.  le  past.  0.),  358. 

Du  Mont  (M.  A.),  bibliothécaire  de  Lausanne,  894,  895. 

Enschedé  (M.),  bibliothécaire  de  Haarlem,  358. 

Fonbonme-Berbinau  (M.  le  past.),  358. 

Maillart  (M.  le  past.  Th.),  364. 

Nicolas  (feu  M.  le  prof.  Michel),  597,  800. 

Plan  (feu  M.  Philippe),  à  Genève,  et  M'i^  Plan,  209. 

Pradel  (M.  Charles),  à  Toulouse,  106,  107,  522,  566,  570,  680,  690,  904,  906, 

908. 
Richemond  (M.  de),  archiviste  de  la  Charente-Inférieure,  1,  54,  839,  860. 
Sagnier  (M.  Charles),  à  Nîmes,  358,  497. 
Strœhlin  (M.  Ern.),  professeur  à  l'Acad.  de  Genève,  876. 
Tamizey  de  Larroque  (M.),  à  Gontaud,  54. 
Teipsier  (M.  Ferd.),  26. 
Vuilleumier  (M.  Henri),  prof,  à  l'Acad.  de  Lausanne,  883,  884,  886,  888,  889, 

890,  892,  894,  896,  897,  898,  902. 
Weiss  (M.  N.),  pasteur  et  bibliothécaire,  358. 


913 


PKINCIPALES   MATIERES. 


914 


TABLE 

DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


Abbaye  de  S'-Sulpice  près  Bonrg  {lisez  Bourges) 
possédée,  1602-1611,  par  un  huguenot,  56. 
—  Abbaye  en  Béarn  hypothéquée,  1627,  pour 
acheter  un  grade  dans  l'armée  hollandaise.  — 
Voy.  Gorze. 

Abbé  converti  (1720)  mis  à  Charenton  comme 
fou,  32. 

Académiciens  exclus  comme  protestants,  482. 

Académie  de  Nîmes  en  1603;  col.  490. 

Académie  ou  pension  de  jeunes  gens,  61. 

Actes  et  gestes  merveilleux  de  la  cité  de  Genève, 
729. 

Adolphidos,  poème  en  l'honneur  de  Gustave- 
Adolphe,  roi  de  Suéde,  845. 

Adulation  (modèle  d'),  612. 

Aigle,  ville  du  pays  de  Vaud,  convertie  en  1528 
à  la  Réforme,  o94. 

Aloat,  notaire  à  Gap,  parent  de  Farel,  398. 

Aiguefonde  (seigneurs  et  château  d'),  105. 

Ambassadeurs  des  puissances  protestantes;  ri- 
gueurs (1720)  au  sujet  du  service  divin  célébré 
dans  leurs  demeures,  32. 

Ames  diverses  de  l'enfant  avant  sa  naissance,  196. 

Amour  de  la  patrie  (Sermon,  en  1776,  sur  1'), 
col.  37;  en  1765,  col.  700. 

Anatomia  seu  exauctoratio  draconis  fanatiei, 
1624;  coh  721. 

Angoulême  (Église  d'),  559. 

Angrogne  (Synode,  en  1532,  du  val  d'),  398. 

Antéchrist  (Thèses  sur  1'),  489,  497. 

Anti-Duel  (L'),  86. 

Aphorismi  doctrince  christianœ,  544. 

Apologie  pour  les  Réformés,  524. 

Apologie  pour  les  synodes  et  pour  M.  Saurin, 
1731;  col.  715. 

Apostolique  (Histoire  du  siècle),  590. 

Appel  d'un  chrétien  aux  gens  de  lettres,  471. 

Argoulets  huguenots  à  la  bataille  de  Dreux,  535. 

Aristote  et  Ramus,  194,  199. 

Armoiries  de  Genève,  21. 


Artillerie  française,  173. 

Assemblées  pour  prier  Dieu,  punies  des  galères 

et  de  la  potence,  48. 
Assemblée  de  12  â   14,000   fidèles  au  désert  en 

1745,  col.  881. 
Athanase  Mole,  capucin  (1621),  prédicateur  du 

roi,  113;  528  note. 
Athéisme  (La  folie  deV),  363. 
A  tous  cœurs  affamés  du  désir  de  la  prédication 

du  S.  Évangile,  413. 
Aux  pères  et  aux  mères,  sur  l'éducation,  471. 


Banque  de  France  (Contre  le  privilège  de  la), 
465. 

Baptizoir  de  toile  de  Hollande,  23. 

Bâton  blanc  porté  â  la  main  par  des  assiégés 
sortant  la  vie  sauve,  59. 

Bavière  (Dernier  pasteur  français,  en  1810,  des 
églises  de  Swabach  et  Erlangen  en),  1. 

Béarn  (Poème  du  Calvinisme  en),  576. 

Béarnais  (Acte,  de  1623,  en  langage),  92. 

Berlin  (Eglise  française  de),  37.  —  Voy.  Collège. 

Bertrami  presbiteri  de  corpore  et  sanguine  Do- 
mini,  526. 

Besse  en  Dauphiné.  Trois  hommes  et  quatre- 
vingt-dix-sept  femmes  de  ce  lieu,  condamnés 
ceux-là  aux  galères,  celles-ci  au  couvent,  pour 
avoir  voulu  fuir  du  royaume,  182. 

Bévues  littéraires,  38. 

Bible  de  Robert  Estienne,  cause  de  ses  graves 
démêlés  avec  la  Sorbonne,  118,  126. 

Bible  allemande  de  Piscator,  545. 

Blaisois  (La  Réforvie  en),  472. 

Bois-Malesherbes,  château  servant  de  retraite  en 
1526  â  quelques  huguenots,  26. 

Bonheur  (Le  système  du  vrai),  621. 

Bossuet;  prétendues  conversions  qu'il  a  faites, 
512. 

Botanique  des  anciens,  16. 

Boucacous  ou  l'S  et  le  T,  comédie;  15. 


915 


PRINCIPALES   MATIÈRES. 


911 


Bouche  d'or,   surnom  donné    au  ministre  Paul 

Ferry,  513. 
JBriève  déclaration  d'aucuns  lieux  nécessaires  d 

un  chrétien,  par  Farel,  411. 
Brûlement  horrible,  707. 
Bugeaud  (Le  maréchal)  duc  d'Isly,  479. 
Burtoncourt  (Église  de),  39. 


Cabinet  inestimable  de  la  femme,  196. 
Caîn,  mystère  dramatique  en  trois  actes,  205. 
Calepin  (Dictionn.  de),  128. 
Calotte,  chambre  haute  et  torture  dans  une  pri- 
son, 420,  lig.  9  en  rem. 
Calvin  et  l'église  de  Genève,  470. 
Camisards,  564. 

Canons  (Maître  garnisseur  de),  705,  lig.  37. 
Captivité    (Récit    de    la)  de     Jeanne    Faisses, 

365. 
Caractères  d'imprimerie,  le  gothique  et  le  romain, 

116. 
Cardite  (Lettres  au),  712. 
Carme  (Meurtre  commis  par  un),  61. 
Caroli,    adversaire    des    Réformateurs,   402-405, 

412. 
Casaubon,  135,  138,  144. 
Castres  (Chambre  de  l'édit  maintenue,   1615,  â), 

1504;  supprimée  en  1679,  col.  72. 
Castres  (Église  de),  555. 
Catéchèse  universelle,  636. 
Catecheseos  ecclesiarum  in  Gallid  reformatarum 

explicalio,  845. 
Catéchisme  de  Christophe  Fabri,  359. 
Catéchisme  évangéligue,  par  Ferd.  Fontanès,  591. 
Catéchisme  général  de  la  Réformation,  517. 
Catherine  de  Médicis  (Discours  merveilleux  de  la 

vie  de),  153. 
Catherine  de  Bourbon,  185. 
Catholique  (Le)  d'État  ou  Discours  politique  des 

alliances,  497. 
Cène  (La),  35-36. 
Céocyre,  poème  (1578),  col.  25. 
Cérémonies  anciennes  (Traité  des),  86. 
Chaise-Dieu  (Prise  de  l'abbaye  de  la),  606. 
Chambière,  ancien  temple  de  Metz,  518  note. 
Charnier,  son  traité  de  la  Cène,  436  lig.  31. 
Charlataneria  theoiogorum,  723. 
Chrestien  (Florent),  147. 
Christiade  poème  contenant  l'histoire  saincte  (de 

Jésus),  69. 
Christianisme  (Le)  libéral,  590,  593. 
Christus  mediator,  845. 
Cinq  (Les),  sous  le  deuxième  Empire,  455. 
Cœuvres  (Prêche  au  château  de),   en   Picardie, 

établi  vers  1563,  col.  171. 
Collège  français  de  Berlin,  39. 
Colmar  (Consistoire  de),  6. 


Colonies  françaises   dans   les    États   du    roi  de 

l'russe,  38. 
Comique  écrivain,  voy.  Fischart,  540. 
Commendable,  titre  honorifique,  731. 
Communicata  homini  potestas  a  Christo,  436. 
Confession  de  lafoy  que  tous  habitants  de  Genève 

doivent  garder,  412. 
Confiscation  des  biens  ;  exemple  des  moyens  par 

lesquels  les  huguenots  pouvaient  (vers  1550)  y 

échapper,  22. 
Conversions    de  prêtres  catholiques   chargés   de 

convertir,  91. 
Correspondance  fraternelle   des  pasteurs,    1763; 

col.  13. 
Cotton  (Le  père)  jésuite,  489. 
Courcelles  (École  interdite  à)  près  Metz,    1663, 

col.  708. 
Couvent  (Toutes  les   religieuses   d'un)  devenues 

protestantes,  594. 
Craincallier,  9  lig.  30;  quinquailleur,  602. 
Création.   Le   vrai    système   du  monde  comparé 

avec  le  récit  de  Moïse,  par  D.  Encontre,  pas- 
teur et  mathématicien,  15. 
Curé  marié,  539. 

Curiosités  (Pasteurs  amateurs  de),  498,  551. 
Curtius  (Dévouement  digne  de),  597. 


Décalogue  (Observations  sur  le),  88. 

Découverte  d'un  bibliophile,  sur  un  scandaleux 
Guide  du  confesseur,  5. 

Défaut  de  la  foi  catholique,  179. 

«  Déistes  »  (Une  secte  de)  en  1574  à  Castres, 
106. 

Dépopulation  de  la  France  en  1664,  au  profit  de 
pays  étrangers,  71. 

Dernier  désespoir  de  la  Tradition  contre  l'Écri- 
ture, 515. 

Diabolo  (De),i38. 

Dialogi  duo  puériles,  602. 

Discours  pompeux,  475. 

Discours  véritable  en  forme  de  dialogue  touchant 
la  religion,  427. 

Divinité  de  Jésus  niée  par  un  des  premiers  ré- 
formateurs de  Strasbourg,  2;  —  passée  sous 
silence  de  1761  à  1815,  par  l'église  de  Ge- 
nève, 12. 

«  Divins  »  sermons  de  Farel,  mais  il  n'en  reste 
rien,  410. 

Dogmes  (Les),  insignifiants  aux  yeux  de  Farel, 
409. 

Duelliste  qui  se  battit  vingt-deux  fois,  chaque  fois 
tuant  son  adversaire  (vers  1600-1620),  col.  58. 

Du  Faur  dé  Pibrac,  61. 


École  (Savants  maîtres  d'),  20. 


917 


PRINCIPALES   MATIÈRES. 


918 


École  protestante  (Annonce  d'une)  déguisée,  726. 
Édit  de  Nantes;  plaintes  en  1623  sur  son  inexé- 
cution, 475. 
Edit  de  tolérance  de  1777,  sujet  d'un  poème,  586. 
Église  Réformée;  défense  d'en  parler  sans  ajou- 
ter «  Prétendue  »,  107. 
Mitretiens  des  voyageurs  sur  la  mer,  567. 
Épicier  (Scandale    d'un    pasteur    se   livrant    au 

commerce  d'),  727. 
Epistre  à  tous  seigneurs  et  peuples,  1530,  par 

Farel,  411. 
Epistre  au  due  de  Lorraine,  1543,  par  Farel,  412. 
Epistre  exhortatoire,  1544,  par  Farel,  413. 
Epistres  préparatoires  aux  histoires  et  Actes  de 

Genève,  728. 
Érasme  ;  sa  haine  de  Farel,  392. 
Erreurs  populaires  concernant  la  religion,  86. 
Eschery  (Église  d'),  530  et  suiv. 
Esclavage  des  nègres  (Sur  l'abolition  de),  471. 
Escaliers  (Tragédie  des  cinq)  de  Berne,  21. 
Evêque  de  Gap  converti  à  la  Réforme,  408. 
Évêque  (Débat  entre  un)  et  un  galérien,  460. 
Excommunication  d'un  ministre  apostat,  495. 
Exorcismes  divins  ou  chrestiennes  propositions, 

425. 
Extramundana  prœsentia  Dei  in  spatiis  imagina- 
riis,  436. 


Fanenil-Hall.   édifice,  berceau  de  l'indépendance 
américaine,  donné  â  la  ville  de  Boston  par  un 
réfugié  français  huguenot,  380. 
Fex  (Église  du  château  du),  523. 
Femmes    résistant   à   main  armée  aux  édits  du 
roi,    615.  —  Autres  femmes   vaillantes,    534, 
569. 
Flammes  chres  tiennes,  519. 
«  Foi  opérante    par   la   charité    »,    principe    de 

Farel,  409. 
Eoy  chrestienne  (Briève  et  claire  confession  de 

la),  850. 
Forçats  et  galériens  (Liste  de  2224)  pour  la  foi 

214-358. 
Forges  françaises  portées  en  Suède,  559. 
Forme  d'oraison  pour  demander  à  Dieu,  414. 
Fraction  et  distribution  du  pain  dans  la  sainte 

Cène,  88. 
«  Fraichaille  »,  viande  fraîche,  168. 
Franc-arbitre  (Considérations  sur  les  questions 

du),  525. 
France  protestante  (Division  et  organisation  de  la) 

en  dix  provinces,  1594;  col.  80-82. 
Fugger  (Typographe  des),  131;  voy.  140,  143. 
Furbity,  docteur  catholique,  401. 
Fustigé  (Constance  d'un),  458. 


Galères;    raisons  du    gouvernement,   en    1763, 

pour  y  maintenir  les  protestants,  209-213. 
Galiffe,  124. 

Gap  (Église  réformée  établie,  1561,  â),  407. 
Gascon  (Langage),  441,  860. 
Gaspari  (Ornano  de),  860. 
Gemitus  ereaturarum,  437. 

Généalogies  erronées:  Erard,  40;  Estienne,  115; 
Eynard,    188  ;    Fontaine,  578  ;    Constant  de 
Rebecque,  894  ;  Du  Puy  de  Montbrun,  899. 
Genève,  27  août  1535,  vote  l'adoption  de  la  Ré- 
forme, 403. 
Genevois  (Langage),  50  note. 
Gens-pille-hommes  (gentilshommes),  184. 
Gérontocratie  (De  la),  465. 
Glaive  de  la  parole  véritable,  413. 
Gloria  immutabilitatis  spiritus  sancti,  436. 
Goliath,  conférence  de  la  Messe  et  de   la  Cène, 

849,  851. 
Gorze  (Prédications  en  1543  à  l'abbaye  de),  405. 
Grâce  (Dissertations  sur  la),  177,  515. 
Grec  (Amour  d'H.  Estienne  pour  le),  129. 
Grecs  (Musique  des),  206. 
Grenoble  (Église  réformée,  en  1561,  à),  407. 
Guides  de  fugitifs,  exécutés  à  mort,  182. 
Guillotiné  (Pasteur  de  Strasbourg)  en  1793,  col. 
517. 


H 


HeliodoriLs ,  ein  schon  neu  comœdia,  1. 

Henri  IV.  Ruses  de  publicité  qu'il  emploie,  67. 

—  Aimable  lettre  de  lui,  83. 
Histoire  Sainte  par  demandes   et  par  réponses, 

591. 
Histoire  des  protestants,  1767,  par  Formey,  626. 
Hollande;  ses  relations  avec  le  Brandebourg,  38. 
Holomètre,  instrument  pour  mesurer,  658. 
Honnête  (L')  criminel,  207. 
Honnêteté  proverbiale  des  Réfugiés,  734. 


Illuminé  (Un),  1623-1644,  col.  16. 

Images  (Culte  des),  530, 

Immortalitate  (De)  primi  hominis,  437. 

Imprimeurs  anciens  ;  leur  étonnante  activité,  115, 

131,  139. 
Ingénieur  militaire  de  Henri  IV,  voy,    Errard, 

col.  39-44. 
Instituteurs  protestants,  interdits,  512. 
Instruction    des   enfants  (Livres,    vers    1546-55, 

pour  1'),  col.  24. 
Instruction  (Briefve  et  utile)  pour  enseigner  la 

grammaire,  602. 


919 


PRINCIPALES   MATIÈRES. 


920 


Interrogatoire  ordinaire  des  hérétiques,  9. 
Issoudun  (Église  réformée  d'),  voy.  Enoch. 


Jésuites  (Menées  des),  491  ;  voy.  encore  516. 

Jésus  (Controverse  sur  les  mérites  de),  543. 

Jeux  floraux  de  Toulouse,  529. 

Journal  de  Jean  Faurin,  435. 

Jours  fataux  en  bien  et  en  mal,  89. 

Jovye  (Le  père)  jésuite,  557. 

Jubilé  (Le  grand)  évangélique,  429.  —  Les  Ju- 
bilés, 527. 

Juges  catholiques  ;  plaintes  d'un  magistrat  pro- 
testant contre  leur  iniquité,  1664;  col.  71. 

Jupiter  et  Europe,  poème,  21. 

Justificatio  hominis  peccatoris,  544,  n°  XVI. 


Kirihina,  nom  latin  de  l'église  d'Eschery,  531. 


«  Laisse  m'en  paix,  »  102  lig.  27. 

Lamartine  (Le)  de  la  théologie,  472. 

Lampes  (Invention  des)  à  air  inflammable,  6. 

Langue  (La)  hébraïque  restituée,  205. 

La  Rochelle,  ses  dissensions  avec  Favas  vicomte 

de  Castets,  445  et  suiv. 
La   Rochelle.  Sa  bibliothèque  ouverte  en   1606, 

col.  111. 
Latine  (La  langue),  usuelle  dans  la  famille  des 

Estienne  imprimeurs,  J17.  —  Ses  différentes 

prononciations,  392. 
Le  Havre  aux  mains  des  Anglais,  477,  501. 
Lettres  sincères  d'un  gentilhomme  français,  567. 
L'Évangéliste,  590. 
Leyde  (Université  de),  526,  527  n"  IV. 
Libertet    (Libertetus,    Libertenus)    sobriquet   de 

Christophe  Fabri,  ministre  à  Thonon,  à  Neu- 

châtel  etc.,  358. 
Libertins  (Parti  des)  de  Genève,  404,  406. 
Ligue  (Charles  de  Bourbon,  roi  de  la),  51. 
Lithographie  et  chromolithographie,  18-19. 
Lucques  et  les  Burlamachi,  191. 
Lyon  en  1562,  col.  44-46;  attaqué  en  1560  par 

les  huguenots,  505. 


M 


Mâcon  (Siège,  en  1562,  de),  27  et  suiv. 

Maladie  nobiliaire,  115. 

Malcontents   (Discours    consolatoires  pour    les), 

113. 
Malines  (Famille    d'artistes  parisiens    originaire 

de)  3. 
Manducation  (Tjo)  du  corps  de  Christ,  87. 


Manière  de  former  le  cœur  et  l'esprit  des  enfants, 
469. 

Mantes  (Assemblée  religieuse  en  1593  à),  77-80. 

Mariages  et  baptêmes  du  Désert  (Rigueurs  contre 
les),  47. 

Marins  (Une  famille  de),  voy.  Forant,  597-600. 

Martyre  des  Foucaudes,  649. 

Mathématiques  transcendantes  (Pasteur  nommé 
au  concours  professeur  de),  14. 

Mazamet,  73  note  3. 

Menasseh  ben  Israël,  89. 

Mer  (Église  réformée  de),  472. 

Merveilles  de  Dieu  en  l'harmonie  des  temps,  88. 

Messe.  Profîctitio  missce  saerificio  argumenta  er- 
ronea,  1551;  col.  33. 

Messie  (Les  merveilles  du),  636. 

Méthodistes  (Réfutation  de  la  procédure  que  tien- 
nent les),  851. 

Metz  (Magistrats  et  ministres  de),  voy.  Ferry, 
col.  510  et  suiv. 

Metz  (Église  réformée  de),  404,  407,  409. 

Ministère  évangélique  (Du),  471. 

Minisires  (Pauvreté  des),  426. 

Mitons  (gants)  défendus  pour  venir  à  la  Cône, 
894. 

Montbéliard  (Le  comté  de)  converti  à  la  Réforme, 
393. 

Monheurt  (Siège  en  1617  de),  59. 

Monluc;  ses  cruautés,  838. 

Monnaie  (Concession  vers  1595  d'un  privilège  de 
battre),  42. 

Montauban.  Sa  facnlté  de  théologie,  14,  16.  — 
Désordres  en  1628,  col.  68.  —  Assemblée  pro- 
testante tenue  en  1581,  col.  76;  voy.  562,  595. 

Montbéliard  (La  réforme  dans  le  comté  de),  35-36. 

Monts  (Josserand  de)  gentilhomme  dauphinois, 
533,  n"  IV. 

Mûhlenbeck  (M.  Eug.),  liistorien  inexact,  531. 

Murquinier  et  coultier  de  toilettes,  707. 

Mutualistes  (Les),  socialistes  de  Lyon,  863. 


N 


Nérac  (École  protestante  à)  supprimée,  1648; 
col.  688-89. 

Neucbâtel,  en  1530,  adopte  la  Réforme,  397, 
404. 

Nîmes  (Troubles  leligieux  à),  493-96. 

Noms  ;  la  femme  de  Rob.  Etienne,  appelée  indif- 
féremment Des  Champs  et  Du  Chemin,  120. 

Nom;  du  droit  (en  1557)  de  changer  son  nom, 
362  ;  ressemblance  des  noms  de  famille,  856. 


Observations  sur  le  symbole  de  la  foi,  87. 
Observations  sur  le  Décalogue,  88. 
Olivier  (1')  de  Robert  Estienne,  117. 


921 


PRINCIPALES   MATIERES. 


922 


Oraeulorum  defectus,  43ô. 

Oraison  dominicale  (Traité  $ur  V),  1524,  par 
Farel,  410;  La  très  sainte  oraison  et  Oraison 
très  dévote,  413. 

Oraison  dominicale  (Usage  de  V),  87. 

Orange  (Ville  et  château  d')  vers  1580,  col.  608. 

Orléans,  1568;  brutalité  du  peuple  débordé  con- 
tre les  huguenots,  27. 

Orsiôres  (d'),  familles  diverses  de  ce  nom,  732. 

Ossau  (Val  d'),  92. 


Palais  Eynard,  à  Genève,  191. 

Papier  sans  fin,  678.  —  La  papeterie  française 
portée  à  l'étranger,  554. 

Paschal,  poète  toulousain,  529  note. 

Pasteur  et  professeur  (Garissoles)  payant  de  sa 
bourse  le  traitement  de  ses  collègues,  842.  — 
Commandant,  de  même  ses  soldats,  861. 

Pasteurs  et  leurs  veuves;  pourquoi  ils  se  rema- 
riaient promptement,  9. 

Fastorum  de  domesticis  visitationibus,  723. 

Paulois,  originaire  de  S'-Paul-en-Ternois,  522. 

Peintre  refusant  de  travailler  pour  Louis  XIV, 
col.  604. 

Pendue  (femme)  la  tête  en  bas,  175. 

Pensées  chrestiennes,  par  Jos.  Hall,  854. 

Pensionnat  normal  des  jeunes  filles,  â  Nîmes,  590. 

Pentecôte  (Traité  de  la),  438. 

Pérégrination  de  l'enfant  vertueux,  533. 

Perfection  (L'idée,  la  règle  et  le  modèle  de  la), 
621. 

Périn  (Léon)  jésuite,  516  n»  VI. 

Pétards  ou  mascles,  10. 

Philhellène  (Un),  190. 

Pilonia,  femme  d'Henri  Estienne,  130. 

Placard  biblique  imprimé  par  Rob.  Estienne,  119 
et  note. 

Placards  de  1534,  col.  483. 

Planctus  pœnitentialis  Davides,  6. 

Poésie  française  au  XVI""  siècle  ;  sa  faiblesse, 
529,  533. 

Porentruy;  la  Réforme  y  échoue,  406. 

Portrait  de  l'Église  militante,  854. 

Portraits  en  buste  à  l'huile,  â  3  louis  par  por- 
trait, 836. 

Pourtrait  de  l'homme  mis  à  son  jour,  200. 

Position  (De  la)  d'un  corps  en  plusieurs  lieux  à 
la  fois  par  la  puissance  de  Dieu,  181. 

Postdam  (Église  française  de),  39. 

Poste.  Plainte  contre  son  peu  de  sûreté,  en  1628, 
pour  les  lettres,  col.  68. 

Précipités  du  haut  d'une  tour,  1563;  col.  201. 

Prédicante  (La)  des  Cévennes,  534. 

Prima  rerum  creatio,  436. 

Prisonniers  de  guerre  (Traitement  des)  entre 
protestants  et  catholiques  en  1562,  col.  29-30. 


Professeurs  en  théologie  élus  par  honneur,  sans 
examen,  490. 

Profession  de  foi  imposée  au  pasteur  de  S'^-Marie- 
aux-Mines,  703. 

Prophètes  camisards,  96.  361. 

PropheticcB  et  apostolicce  id  est  totius  scripturœ 
Thésaurus,  526. 

Protecteur  des  églises,  80. 

Protestants  (Histoire  des)  de  France  depuis  l'ori- 
gine, 471. 

Protestants  disséminés  (Œuvre  des),  590. 

Prénoms  rares  :  Abdenago,  183,  468;  Allard, 
46;  Andiette,  507;  Bernarde,  104;  Centurion, 
527  ;  Gatien,  247  ;  Gratiane,  509  ;  Josias,  562  ; 
Magnus,  64;  Mine,  602;  Rostan,  221;  Silas, 
13;  Simondine,  183;  SufiFrenète,  425. 

Providentia  qv,atenus  è  natura  innotescit,  436. 

Psalmes  de  David  virais  en  rime  gasconne,  et 
Poesias  gasconas,  856. 

Psaumes  mis  en  rimefrançoise,  692. 

Psaume  VI,  col.  537  lig.  32,  588. 

Publicité  (Manœuvres  de  Henri  IV  pour  faire  de 
la),  67. 

Puissance  légitime  du  prince  sur  le  peuple  et  du 
peuple  sur  le  prince,  165. 

Q 

Quintuplex  psalterium,  116. 
R 

Rabelais  interné,  août  1537,  à  Lyon,  400  note. 

Racloir  (Le)  scholastico-théologique,  722. 

Raison  (Emploi  de  la)  dans  les  études  théologi- 
ques, 588. 

Ramus,  voy.  Aristote;  ajouter  544  n"  IV. 

Rationalisme.  De  fanaticis  in  reetam  rationem 
injuriis,  479. 

Béformation  (L'esprit  de  la),  593. 

Reformationis  (De  eharaeteribus  verœ),  723. 

Rejormatos  inter  et  Pontificios,  de  capitibus  fidei, 
845. 

Refuge  en  Prusse  (Histoire  du),  37. 

Regum  principumque  institutio,  65, 

Remonstrance  aux  princes  chrestiens  de  donner 
secours  à  l'égl.  de  Dieu  et  roy^"  de  France; 
Londres,  1586;  col.  46. 

Réponte  à  la  demande  que  Rome  nous  fait  :  Dû 
étoit  votre  église  avant  Luther"!  180. 

Réponses  généreuses  de  quatre  gentilshommes  pro- 
testants, 567. 

Resurrectione  (De)  non  credentium,  437. 

Rétractation  solennelle  (acte  de),  en  1543,  d'un 
catholique  qui  s'était  converti,  98. 

Retranchement  (Le),  temple  de  Metz,  849. 

Réunion  (Projets  de)  des  églises  catholique  et 
protestante,  514. 

Réveil  (Le),  12. 


923 


PRINCIPALES    MATIERES. 


92^ 


Reveille- Matin  des  François  traduit  en  allemand, 
541. 

Révocation.  Malheurs  de  l'année  1685,  col.  368. 

Robe  de  pasteur.  Porter  en  chaire  «  la  grande 
robe  »,  882. 

Rohan  (Benjamin  de)  duo  de  Soubise;  son  bap- 
tême, 1583,  col.  110. 

Roma  (Jean  de)  persécuteur  des  Vaudois),  412. 

Rousseau  (Un  admirateur  de  J.-J.),  186.  — 
Voy.  463. 

S 

Saint-Barthélémy  ;  J.  des  Ursières,  gouverneur  de 
Montpellier,  sauve  les  protestants  de  cette  ville. 

Saint-Loup-au-bois  (Eglise  de),  524. 

Saint-Paid  (Notion  de  la  foi  d'après),  472. 

Sainte-Catherine  (M'  de),  agent  français  vers 
1620  â  Heidelberg,  552  note. 

Sainte-Foy  (Assemblée  de),  1594,  pour  les  affai- 
res de  religion,  col.  80-82. 

Saint-Loup-au-bois  (Château  et  prêche  de),  837. 

Sainte  -  Marie  -  aux  -  Mines  (  Commencements  de 
l'église  de),  8-  —  Ouvrage  sur  son  histoire, 
530  et  suiv. 

Sainte-Cène  (De  la)  de  N.  8.  Jésus-Christ,  par 
Farel,  419. 

Sainte  liberté  des  enfants  de  Dieu,  178. 

Saints  enthousiasmes,  519. 

Salut  (La  voie  du),  845. 

Sanctœ  Seripturœ  elaritas,  perfeetio  et  certitudo, 
437. 

Sauve  (Baron  de),  547. 

Schad  (Collection)  à  Strasbourg,  2, 

Scholastique  (La)  orthodoxe,  traité  de  notre  salut, 
515. 

Sentences  remarquables  et  actes  héroïques  des 
martyrs  dès  le  temps  de  la  Réformation,  1660; 
col.  710. 

Septem  verba  novissima  J.  Christi  in  cruce,  722. 

Serres  (Jean  de),  143  n"  XVIII. 

Servet,  assisté  avant  de  mourir  par  Farel,  405. 

Shibboleth  ou  réformation  de  quelques  passages 
de  la  Bible,  88. 

Solchiers  (Les)  de  l'évêché  de  Metz,  510. 

Sonnets  mis  en  musique  par  J.  Castro  (1611), 
col.  25. 

Stephanos.  Deux  vers  grecs  sur  ce  nom,  146. 

Strasbourg  (Eckard,  un  des  premiers  réforma- 
teurs de),  1  et  2.  —  (Luthériens  et  calvi- 
nistes à),  848. 

Symbole  des  apôtres,  592. 

Synodes  nationaux  (Hist.  des)  de  France,  471. 


Tables  Engubines,  884. 

Talmont  (Siège  de),  522. 

Taschereau  de  Baudry,  lieutenant  du  roi,  1685, 
à  Tours,  84. 

Taux  des  pensions  accordées  aux  nouveaux  con- 
vertis, 575, 

Tavannes  (Le  maréchal  de),  28-31. 

Thésaurus  de  Rob.  Estienne,  122,  127,  149. 

Thonon  (Prédications  protestantes  en  1537  â), 
403. 

Tinel  (Château  de),  837. 

Tour  de  Constance,  74. 

Tournon  (Lettres  du  cardinal  de),  400. 

Traicté  de  la  Cène  et  de  la  Messe  (1563),  col.  33. 

Traité  de  la  Réformation  et  délivrance  de  l'Église, 
1657;  col  710. 

Traître  (P.   de  Boisse)  assassiné  (1620),  col.  58. 

Triomphe  de  J.-Christ  montant  au  ciel,  722. 

Typographe  royal,  118. 


U 


Ubiquité  (Doctrine  de  1'),  542. 

Union  (Projet  d')  des  luthériens  et  des  calvinis- 
tes, 1577,  â  Francfort,  col.  76. 

Upsal  (Bibliothèque  d'),  65. 

Ursin,  nom  pris  par  Farel  d'après  celui  de  sa 
mère,  394. 

Usage  de  l'oraison  dominicale,  87. 


Vais  en  Vivarais  (Église  de),  32. 
Vaudois  (Opinions  religieuses  des),  399. 
Veron,  controversiste  catholique,  426. 
Véronique  ou  remède  contre  la  morsure  du  ser- 
pent, 426. 
Vieillesse  (Les  avantages  de  la),  624. 
Vmdiciœ  synopticœ  pro  sacrosancto  Oeneseos  eor- 

dice,  721. 
Vision  du  Ciel  et  de  l'Enfer;  Divine   Vision  et 

Révélation  (vers  1625):  col.  17. 
Voix  du  colporteur  biblique,  471. 
Voyage  de  Béthel  ou  devoirs  de  l'âme  fidèle,  429. 
Voyageurs  :  Jacques  Esprinchard,  110. 
Vraie  (La)  gloire  dw  bon  prêcheur,  550. 
Vraie  réunion  des  chrétiens  en  J.-C,  438. 
Vray  usage  de  la  croix  de  J.-C,  1560,  par  Fa- 
rel, 414. 

W 

Wolfienne  (La  belle)  ou  abrégé  de  la  philosophie 
de   Wolf,  619. 


Tableaux  de  la  Vie  et  de  la  Mort,  25. 
Tableau  philosophique  de  la  religion  chrétienne, 
469. 


Zacharie  ou  la  sainteté  du  mariage  des  ecclésias- 
tiques, 426. 


925 


926 


TABLE  DES  PERSONNES 


Ablancourt,  711. 

Abauzit,  213. 

Abos,  213. 

Abric,  14. 

Abzac  (d'),  424. 

Achard,  213. 

Acher,  429. 

Acou  (d'),  184. 

Affre,  709. 

Agard,  610. 

Agassiz,  699. 

Agier,  213. 

Agret,  688. 

Agulhon,  213. 

Agulhonet  (d'),  498. 

Aiguefonde,  104. 

Airebaudouze,  498. 

Alary,  680,  805. 

Alauzi,  213. 

Alberic,  213. 

Albert,  213. 

Albigez,  47,  214. 

Albos,  213. 

Albouy,  107. 

Alcais,  214. 

Alby,   647, 

Aleaume,  41. 

Allamand,  214. 

AUard,  214. 

Allebant,  214. 

Allègre,  214. 

Allemans  (d')  60. 

AUeyrac  (d'),  610. 

Alliez,  214. 

Allin,  214. 

Allion  de  Maizeroy,  710. 

Allix,  214. 

Aima,  215. 

Aimeras,  202. 

Aloat,  398. 

Alquier,  215. 

Amadine,  75. 

Amblard,  10. 

Améric  (d'),  167. 

Amie,  215. 

Amour,  215. 

Anastaize,  125. 

Ancillon,  513,  553. 

Andabre,  215. 

Andoze,  22. 

André,  215,  409,  674. 


Andrié  (F.-J.-D.)  39. 

Anglas,  215. 

Anglicus,  19. 

Annet,   167. 

Anno,  215. 

Antboine  ,517. 

Anton,  215. 

Antraigues,  26. 

Apeillyz  (d"),  309. 

Apolis,  216. 

Apostoly,  216. 

Appelvoisin  (d'),  49,  84,  216. 

Aramon  (d'),  609. 

Arbret,  216. 

Archibaud,  216. 

Ardent,  216. 

Arembert,  53. 

Argence  (d'),  610. 

Armand,  216,  611,  835. 

Armengaud,  354. 

Armentier,  216. 

Arnafre  (d'),  369. 

Arnasson,  217. 

Arnail,  216. 

Arnal,  216. 

Arnaud,  217. 

Arros,  (d')  94,* 

Artigues,  217. 

Artoul  (d'),  378. 

Arveys  (d'),  675. 

Aseldon,  217. 

Aspremont,  54,  391. 

Astier,  217. 

Astruc,  217. 

Aubert,  218. 

Aubier,  218. 

Aubin,  218. 

Aubonin,  699. 

Audemard,  611. 

Audet,  354. 

Audibert,  218. 

Audiguay,  354. 

Audoyer,  218. 

Audra,  218. 

Augereau,  218. 

Augier,  218. 

Augière,  218. 

Augy  (d'),  137. 

Auiet,  (d')  257. 

Aumâdes,  218. 

Aumont,  711. 

Aunan,  218. 

Auradour,  55. 


Aurèle,  219. 

Aurenches,  219. 

Aurès,  219. 

Aurivel,  219. 

Ausin,  (d'),  73. 

Aussières  ou  Ausières,  219. 

Aussy,  50,  219. 

Austry,  219. 

Auvergne,  219. 

Auzeneau,  219. 

Averly  (d'),  184. 

Avon,  219. 

Aymar,  185. 

Aymin,  186. 


Babela,  219. 

Babioul,  688. 

Bâchasse,  219. 

Baconnet,  82. 

Bagat,  506. 

Baheu,  219. 

Bahucbe,  802. 

Baille,  219. 

Baillehache,  745. 

Baine  (de),  74. 

Baldine,  638. 

Balzac,  26. 

Ban,  219. 

Bancilbon,  219. 

Bangeon,  354. 

Banier,  220. 

Banques,  220. 

Bar  (de),  433. 

Baradon  ou  Barrandon,  220. 

Barafort,  220. 

Baraqua,  220. 

Barathon,  220. 

Barbasuc,  220. 

Barbier,  220,  381. 

Barbot,  484. 

Barbusse,  220. 

Barbut,  220. 

Barcbon,  221. 

Bard,  221. 

Bardon,  431. 

Bardonin,  60. 

Bareire,  207. 

Barely,  221. 

Barentin,  370. 

Baret,  485. 

Bargeton,  103. 


927 


PERSONNES. 


Bargin,  221. 

Bargoin,  221. 

Barière,  221. 

Barillot,  221. 

Barin,  84. 

Barjac  (de),  377. 

Barlon  ou  Barton,  221. 

Barnata(de),  221. 

Barnaud,  221. 

Barnavon,  221. 

Barnier,  221. 

Barque,  221. 

Barrai,  221. 

Barran,  47. 

Barrau,221. 

Barrault,  10. 

Barraut,  561. 

Barre,  46. 

Barré,  685. 

Barreiron,  222. 

Barret,  222. 

Barricave,  374. 

Barrière,  222,  452. 

Barry.  222. 

Bartaragnon,  222. 

Barthal,  222. 

Barthe,  61,  222. 

Barthès,  222,  646. 

Bas,  222. 

Bascoul,  222. 

Basque,  222. 

Bastide,  204,  222, 

Batal,  222. 

Battie,  222. 

Baud,  223. 

Baudan,  498. 

Baudoin,  223. 

Baudry,  90. 

Baumelle,  223. 

Baumes,  223. 

Baunier,  223. 

Baurain,  223. 

Bautias,  dit  Ystrain  ou  Estrain, 

223. 
Baux,  223. 
Bayard,  223. 
Baymon,  223. 
Bayonnette,  67. 
Bearn  (de),  93. 
Beau,  223. 
Beaucbamp,  223. 
Beaud,  223. 
Beaufort,  776. 
Beaulieu,  223. 
Beaumier,  223. 
Beaumont,  11,  223,  354. 
Beaurepaire,  672. 
Beauthias,  223. 
Beauvaine,  224. 
Beauvais  (de),  387. 
Beauvière,  224. 
Beauxhostes,  433. 
Béchard,  224. 
Bédard,  224. 
Bedon,  224. 
Bedos-Fonbas,  680. 


Begnicour,  474. 

Begon,  224. 

Bejary,  654. 

Bel,  224. 

Belbêche,  224. 

Belet,  224. 

Bellardel,  877. 

Bellefleur,  106. 

Bellenove,  164. 

Bellœil,  366. 

Belremon,  224. 

Belrieu,  877. 

Benachôse,  435. 

Benech,  224. 

Beneteau  ou  Benton,  224. 

Benique,  224. 

Bennelle,  521. 

Bennet,  225. 

Benoît,  11,  225. 

Benquet  (de),  61. 

Bentajon,  225. 

Benys,  225. 

Béranger,  225,  383. 

Berard,  225. 

Béraud,  76. 

Beraudin,  381. 

Beray,  225. 

Berbigiers,  225. 

Berbiguiers,  225. 

Bergeon,  225. 

Berger,  162,  177,  225. 

Bergevin  (Yves),  23. 

Bergillac,  226. 

Bérias,  226. 

Bérion,  226. 

Berle,  226. 

Berlin,  226. 

Berna,  226. 

Bernabon,  226. 

Bernadou,  226,  647. 

Bernard,  176,  182,  226,  384. 

Bernaton,  227. 

Bernon  (de),  653. 

Bernouville,  10. 

Berral,  674. 

Berru,  227. 

Bersot,  227. 

Bertaud,  227. 

Bertault,  378. 

Bertezène,227. 

Berthet,  227. 

Berti,  227. 

Bertin,  227. 

Bertoud,  227. 

Bertrand,  227. 

Béru,  228. 

Bessède,  228. 

Besset,  228, 

Bessonnet,  261. 

Bets,  228. 

Beuni,  228. 

Beuniol,  224. 

Beveteau,  228. 

Beynac  (de),  506. 

Bezan,  228. 

Bèze,  228. 


Bèze  (Théodore  de),  154. 

Bia,  228. 

Bias,  228. 

Bic.  229. 

Bigot,  229. 

Bigotteau,  702. 

Bileaird,  229. 

Biliaud,  229. 

Billard,  229. 

Bioro,  229. 

Biozet,  229. 

Bissol  (de),  104,  805,  846. 

Bissot,  229. 

Bite,  228. 

Bitre,  229. 

Bizeul,  381. 

Blache,  229, 

Blacons  (de),  605. 

Blain,  229. 

Blanc,  229. 

Blancard,  312. 

Blanchard,  230. 

Blancher,  230. 

Blanchet,  230. 

Blanchon,  881. 

Blauzac  (Thabaud  de),  644. 

Boc,  230. 

Boibeleau,  230. 

Boine,  230. 

Bois,  230. 

Bois-Cargrois,  653. 

Bois-de-la-Tour,  230. 

Boisebart,  673. 

Boisgélin  (de),  383. 

Boishardy  (Foucquier  de),  654. 

Bois-Joly,  372. 

Boisse  (de),  54. 

Boisseleau,  746. 

Boisselier,  367. 

Boissier,  230,  872. 

Boisson,  73,  231,  369. 

Boissy,  231. 

Boistigier,  617. 

Bonelle,  231. 

Bon  fils,  231. 

Bonboste,  231. 

Boniface-de-Saint-Aignan,  109. 

Bonijol,  231. 

Bonin,  231. 

Boniol,  231. 

Bonnabel,  355. 

Bonnadieu,  231,  260. 

Bonnafous,  628. 

Bonnafoux,  231. 

Bonnaud,  232,  644. 

Bonneau,  232. 

Bonnechose  (de),  109. 

Bonnefoi  (de),  83,  695. 

Bonnefous,  507. 

Bonnet,  232,  355. 

Bonneval,  673. 

Bonniard,  233. 

Bonniol,  233. 

Bontoux,  233. 

Bonvilar,  440. 

Boquin,  882. 


929 


PERSONNES. 


930 


Borel,  167,  233. 

Borgne,  233. 

Bornizeau,  673. 

Borreau,  233. 

Borrel,  355. 

Borrely,  233. 

Bosc,  355. 

Bosque(de),  883. 

Bosquet,  233. 

Bottian,  233. 

Boubers  (de),  794. 

Boucairan,  233. 

Boucarut,  233. 

Bouchais,  233. 

Boucher,  233. 

Boucherat,  711. 

Bouchât,  234,  355. 

Boucheyer,  355. 

Bouchiac,  422. 

Boudet,  234. 

Boudon,  234. 

Bouet,  234,  310. 

BouflFard,  234. 

BoufFard-Lagrange,  112. 

Bouffard-Madiane,  645. 

Bouillanne,  234. 

Bouillet,  234, 

Bonin,  234. 

Boulade,  234. 

Boulard,  234. 

Boule,  235,  610. 

Boulier,  359. 

Boulogne,  235. 

Boulonnois,  235. 

Bouneau,  235. 

Bourbon  (Catherine  de),  171. 

Bourbon-Malauze,  60. 

Bourchenin,  14. 

Bourdarier,  235. 

Bourdeaux,  235. 

Bourdier,  235. 

Bourdil,  647. 

Bourdin,  884. 

Bourdy,  235. 

Boureli,  355. 

Bourelly,  235. 

Bourgault,  235. 

Bourguay,  235. 

Bourguet,  235,  884. 

Bouri,  236. 

Bourlier,  236. 

Bourray,  2  c  6. 

Bourrel,  236. 

Beurrier,  236. 

Bourrillon,  236. 

Bourry,  236. 

Boursiquot,  583. 

Bourthoumieu,  236. 

Bourzolles,  55. 

Bousigues,  237. 

Bousqueneau,  237. 

Bousquet,  237,  435,  509. 

Boutaric,  685. 

Boutaut,  82. 

Boutou,  237. 

Bouvène,  237. 


Bouverin,  237. 

Bouvet,  237. 

Bouvier,  237. 

Bouvilla,  238. 

Bovet,  238, 

Boyer,  238,  355. 

Braconnier,  238. 

Brageon,  238. 

Braucourt,  238. 

Bréal,  238. 

Bregeon,  238. 

Bregnard,  238. 

Bremand,  203. 

Bretauville,  76. 

Bretinanld,  60. 

Bretinauld  de  Plassay,  663. 

Breton,  238,  239. 

Brevais,  239. 

Breville,  239. 

Breynard,  239. 

Brezun,  239. 

Brian,  239. 

Briançon,  239. 

Bridon,  239. 

Bridonceau,  239. 

Bridyès  (de),  96. 

Brier,  239. 

Briesse,  239. 

Briest  (de),  667. 

Briguel,  239. 

Brinhol,  239. 

Briot,  3. 

Briquemault,  523,  538. 

Brisac,  23  <. 

Broc,  355. 

Brochon,  239, 

Broscote,  240. 

Brouard,  747. 

Broussan,  240. 

Brouzet,  103. 

Bruc,  809. 

Brueis,  498. 

Bruet  (de),  58. 

Brueys,  733. 

Brugier.  210. 

Brugiêre,  880. 

Brugueirolle,  240. 

Bruguière,  240. 

Brujat,  240. 

Brully  (Pierre),  8. 

Brun,  240. 

Brunel,  240. 

Brunes,  241. 

Brunet,  241. 

Bruneteau,  685. 

Bruniquel  de  Térondet,  680. 

Brus  (de),  680. 

Brusses  (de),  371. 

Bruyère,  647. 

Bruzun,  241. 

Buade  (de),  7S5. 

Buat,  241. 

Bucb,  4. 

Bugeaud,  479. 

Bugun,  241. 

Buis,  241. 


Buissier,  241. 
Buisson,  241. 
Buquet,  241. 
Bureau,  703. 
Busselot,  520. 
Bussy-Cornet,  558. 
Buteau,  241. 
Butterie,  50. 
Buttler,  241. 
Buzac,  241. 

G 

Cabane,  241. 
Cabanis,  242,  369. 
Cabé,  242. 
Cabernoux,  242. 
Cabot,  242. 
Cabrol,  242. 
Cadur,  242. 
Cafarel,  242. 
Caget,  381. 
Cagny,  84. 
Cailhaud,  885. 
Cailloué  (de),  430. 
Calas,  242,  903. 
Caldesaigue,  356. 
Caldié,  242. 
Callor,  228. 
Calme,  242. 
Calmenil,  745. 
Calvet,  242. 
Calviére,  416. 
Camanes  (de),  94. 
Cambette,  243. 
Cambis,  167. 
Cambon,  243. 
Camic,  215. 
Camoetes,  243. 
Camont  d'Ausin,  628. 
Campdoumerc,  680. 
Campet,  243. 
Campion,  243. 
Camproux,  243. 
Camusat,  243,  885. 
Can,  243. 
Candolle,  699. 
Canilhére,  243. 
Canonge,  243. 
Capdepy,  112. 
Capdu,  242. 
Capelain,  243. 
Capelle,  243. 
Capellier,  244. 
Capieu,  244. 
Cappelle,  57. 
Carcabanes,  423. 
Cardaillac,  563. 
Cardenau,  96. 
Careyron,  366. 
Cariât,  356. 
Caries,  174,  646. 
Carlincas,  167. 
Carlot  (de),  434. 
Camic,  214. 
Carny,  259. 


30 


931 


PERSONNES. 


932 


Caroly,  402. 
Caron,  707. 
Carpignet,  G98. 
Carra,  244. 
Carrière,  244. 
Cartier,  244. 
Casaillot,  75. 
Casaubon,  135. 
Caseaux  (de),  94. 
Casenet,  276. 
Cassan,  244. 
Cassiau,  244. 
Casson,  244. 
Castagnier,  245. 
Castalion,  20. 
Castan,  245. 
Castel,  245. 
Castelnau,  886. 
Castet  (de),  373. 
Castets,  60. 
Cattaigne,  46. 
Cattier,  483. 
Caumont,  245,  450. 
Caussade,  245. 
Caussard,  366. 
Cauvin,  245. 
Cavailles,  47. 
Cavaliés,  48,  245. 
Cave,  166. 
Cazalès,  245. 
Cazallet,  245. 
Cazemajor,  245. 
Cazenave,  246, 
Celce,  246. 
Célier,  356. 
Cellier,  246. 
Cestayrols,  434. 
Chabert,  246,  609. 
Cbabrier,  246. 
Chabrières,  246. 
Chabris,  246. 
Cbabrol,  246. 
Cbabry,  246. 
Chaigneau,  246. 
Cbaillet,  359. 
Chaillezais,  702. 
Cbaillou,  581. 
Chaissière,  247. 
Cbalamon,  611. 
Chaliac,  610. 
Cbamaillard,  247. 
Chambon,  247. 
Chambrun,  494. 
Champdolent,  52. 
Champfleury,  654. 
Champlouis,  479. 
Champtes,  498. 
Chanas,  247. 
Changuion,  247. 
Changy,  458,  506. 
Cbanson,  84,  247. 
Chantar,  247. 
Chantegrel,  247. 
Chapeaurouge,  733. 
Chapel,  356. 
Chapelier,  247. 


Cliapelle,  247. 

Chapon,  248. 

Chapoulon,  248. 

Chapponneaulx,  409. 

Chardenon,  248. 

Cbaréard,  383. 

Charles,  248. 

Charlet,  248. 

Charmasson,  97. 

Cliarpentier,  485, 

Charreaux,  248. 

Charriôres,  218. 

Chartier,  248,  371. 

Chassaigne  (de),  442. 

Chassebœuf,  356. 

Chasteaiiniur,  50, 

Chasteauneuf,  732. 

Çhastel,  218. 

Chastillon  (Jér.  de),  155. 

Chastrefou  des  Foiilleries,  656. 

Chàteauvieux  (Luilin  de),   191. 

Cliatillon-d'Availles,  53. 

Chatonnet,  248. 

Chau,  248. 

Chauffer,  248. 

Chaulet,  248. 

Chaumont,  248.  . 

Chaussegros,  166, 

Chautard,  249. 

Chauvet  (de),  105. 

Chauvin  de  Varengeville,  372. 

Chavernange,  486. 

Ché,  249. 

Chebert,  249. 

Chemin,  356. 

Cheminon,  249. 

Chenot,  249, 

Chertier,  249. 

Chérugue,  249. 

Chesnevert,  538. 

Chessier,  366. 

Chevalier.  249,  888. 

Cheverat,  249. 

Chevet,  249. 

Chevillon,  458. 

Chezelles  (de),  672. 

Chion,  249. 

Chiquelles,  888. 

Chiraud,  249. 

Choquet,  sieur  de  Monreau,  702. 

Choubert,  367. 

Chouet,  249. 

Chouppes,  76. 

Chrestien  (Florent),  147. 

Ciany,  250. 

Civile,  76,  527. 

Clairay  (de),  745. 

Claissa,  250. 

Claris,  250. 

Claude,  250. 

Clausel,  177. 

Clausonne  (de),  637. 

Clave,  250. 

Clavel,  250. 

Claverie  (de),  94. 

Clavet,  250. 


Claveyrolles,-250. 

Clelles,  167.' 

Clemenceau,  439. 

Clément,  250. 

Clerc,  250. 

Clergues,  250. 

Cléricy,  103. 

Clérisse,  425. 

(Jlermont  du  Bosc,  718. 

Clos,  290. 

Clôt  (de),  105. 

Cochard,  746, 

Cochefer,  107. 

Cochefilet,  52. 

Cochet,  250. 

Cochinard,  251. 

Codonel,  251. 

Cœuvres,  170. 

Coignée  (de),  84. 

Coing,  251. 

Colas,  251. 

Colibet,  251. 

Colignon,  251. 

Colinet,  20,  162, 

Collardeau,  702. 

Colle,  683. 

CoUerieu,  805. 

Collinet,  888. 

Collorgue,  251. 

Colomb,  251. 

Combalasse,  610. 

Combasson,  251. 

Combe,  251, 

Combel,  251,  357. 

Combernoux,  242,  251. 

Combet,  252. 

Combettes,  252. 

Commère,  252. 

Comminges-Péguilhem,  61. 

Compan,  252. 

Comte,  104,  252. 

Conches  (de),  610. 

Concoules,  611. 

Condorcet,  609. 

Connilliôre,  252. 

Constans,  498. 

Constant,  52,  252,  894. 

Contac,  252. 

Conté,  252. 

Contre  (de),  783. 

Contryres  (de),  113. 

Coppe,  605, 

Coquerel,  5. 

Corbier,  252. 

Corbière,  253. 

Cordelle,  253. 

Cordier,  128,  253. 

Cordil,  253. 

Coréard,  253. 

Corgnilleray,  sieur  du  Pont,  165. 

Coriolis,  167. 

Corneillan,  432. 

Cornuau,  253. 

Corny  (de),  510. 

Corps,  253. 

Corsage,  253. 


933 


PERSONNES. 


934 


Cosson,  241. 
Costa,  253. 
Coste,  253,  888. 
Cotterel,  254. 
Cottin,  251. 
Coudrai,  254. 
Coiiet,  485,  521. 
Conlaines  (de),  84. 
Coulas,  254. 
Coulet,  254. 
Couliers,  254. 
Coulin,  254. 
Coullard,  254. 
Courbart,  603. 
('ourcbe,  254. 
Courdire,  254. 
Coursange,  253. 
Courteis,  255. 
Courteserre,  254. 
Courtin,  427. 
Courtisère,  254. 
Courtois,  169,  255,  357. 
Couse,  255. 
Cousin,  255. 
Couslet,  255. 
Coutarel,  255, 
Couterne  (de),  745 
Coutin,  255. 
Couton,  255. 
Couvert,  255. 
Coyault,  255. 
Crapers,  367. 
Crepoy,  255. 
Crespin  (Théodore),  89. 
Crignon,  815. 
Crinquer,  255. 
Cristol,  255. 
Gros,  255. 
Crouzet,  256,  688. 
Cuillé  (de),  383. 
Cumenge,  647. 
Curson,  256. 
Curvalle  (de),  106. 
Cussac  (de),  82. 


Dablin,  256. 
Dairès,  256. 
Dalençon,  256. 
Dalgues,  256. 
Dallemagne,  482. 
Damouin,  256. 
Dangeau,  76. 
Danton,  256. 
Dardier,  13. 
Dariat,  67. 
Damier,  256. 
Dasnières,  439. 
Daubigny,  256. 
Daudé,  256. 
Daudet,  256,  257. 
Daunis,  257. 
Daupbin,  257. 
Daure,  74. 
Dautun.  204. 


DavaHt,  889. 

Davias,  257. 

David,  257,  483. 

Dayque,  371. 

Dayre,  257. 

Days,  507. 

Debeau,  257. 

Debled,  257. 

Decourt,  889. 

Defaux,  257. 

Defer,  257. 

Defrance,  694. 

De  Jean,  702. 

Delascour,  257,  890. 

Delaurens,  257. 

Delcauzé,  257. 

Delcruzel,  856. 

Deleuze,  257. 

Delo,  258. 

Delon,  258. 

Delor,  258. 

Delpon,  258. 

Delrieu,  258. 

Delux,  258. 

Demars,  258. 

Denfert-Rocbereau,  890. 

Denis,  423. 

Denise,  892. 

Denys,  258. 

Deplanis,  778. 

Depris,  258. 

Deproux,  258. 
Des  Abreuvoirs,  430. 
Desaulses,  719. 
Descams,  258. 
Des  Cerisiers,  109. 
Des  Champs,  120. 
Descostels,  258. 
Des  Essarts,  112. 
Des  Fareaux,  387. 
Des  Fougerais,  655. 
Desgroulx,  259. 
Desjoux,  259. 
Des  Micbeaux,  610. 
Des  Pilliers,  677. 
Despinay,  109. 
Despoir,  109. 
Despolette,  97. 
Des  Pradels. 
Destampes,  259. 
Destiou,  259. 
Desvignes,  259. 
Détats,  259. 
Detemps,  259. 
Devèse,  259. 
Devigne,  259. 
Didier,  259. 
Dincamps,  93. 
Dintres,  259. 
Dioville,  259. 
Disié,  259. 
Dissere,  259. 
Dizon,  260. 
Doalette,  260. 
Dobigny,  260. 
Dock,  260. 


Dombre,  260. 

Don,  708. 

Donadieu,  74,  260,  440. 

Donel,  260. 

Donzel,  260. 

Dorcenne,  23. 

Dorince,  260. 

Dormond,  260. 

Dortbe,  260. 

Dortial,  96. 

Dossy,  260. 

Doubigny,  260. 

Douclion,  260. 

Douesseau,  381. 

Doulès,  260. 

Doulette,  260. 

Donlhiac,  260. 

Douseau,  559. 

Douvier,  260. 

Doyer,  260. 

Dozet,  260. 

Dragon  de  Cbomiane,  892. 

Drelincourt,  176,  892. 

Drillaud,  261. 

Drouin,  740. 

Druet,  261. 

Dubans,  894. 

Dubédar,  261. 

Dnbéron,  391. 

Dubesson,  261. 

Dublet,  261. 

Dubois,  261. 

Du  Bort,  261. 

Du  Bourg,  894. 

Du  Bourget,  698. 

Du  Bousquet,  432. 

Du  Breil,  383. 

Dubreuil,  261. 

Dubriol,  261. 

Dubuy,  261. 

Ducayla,  261. 

Du  Chasteau,  702. 

Du  Chat,  895. 

Du  Chemin,  120. 

Duchesne,  261. 

Duclaux,  261, 

Duclos,  261,  537. 

Du  Clusel,  262. 

Du  Condut,  262. 

Du  Couret,  53. 

Ducros,  262. 

Dufague,  262. 

Dufau,  757. 

Dufesc,  262. 

Du  Fou  du  Vigean,  52. 

Dufour,  61,  262,  371. 

Dugrez,  262. 

Du  Jardin,  498. 

Du  Jon,  546,  896. 

Dulac,  262- 

Duloup,  262. 

Dumarché,  897. 

Dumas,  262. 

Du  Mesnil,  393. 

Dumets,  263. 

Dumont,  384, 


935 


PERSONNES. 


936 


Dumoulard,  263. 

Du  Moulin,  172,  263,  393,  897. 

Dunis,  263. 

Du  Parc  d'Arcbiac,  653. 

Du  Perche,  745. 

Du  Perron,  109. 

Du  Pinet,  897. 

Duplan,  263,  367. 

Dnplessis,  263. 

Du  Plessis  d'Albiac,  898. 

Du  Plessy-Bellay,  673. 

Du  Poncet,  805. 

Dupont,  263. 

Du  Pré,  714,  898. 

Dupré  de  Pomarède,  647. 

Dupuy,  263. 

Du  Puy-Montbrun,  417,612,89  8. 

Dur,  261. 

Du  Ramet,  54. 

Durand,  261,  369,  901. 

Durand  de  Cominges,  62. 

Durant  (de),  432. 

Dureil,  902. 

Durieux,  264. 

Du  Riou,  264. 

Dusaux,  264. 

Dussaut,  264. 

Dusson,  474,  709. 

Du  Teil,  902. 

Du  Temps,  702. 

Du  Terrail,  488. 

Dutile,  261. 

Du  Val  (François),  22. 

Duvaux,  264. 

Du  Verger,  382. 

Du  Vignaux,  91. 

Duvoisin,  902. 


Easme,  1. 
Eberard,  1. 
Ebray,  1. 

Ebrui  dit  St-Paul,  1. 
Eccard  de  Drubel,  1. 
Echard,  1. 
Eck,  1. 
Ecman,  3. 
Ecrivain,  3. 
Ecroleau,  4. 
Edeline,  4. 
Ediene,  4. 
Edon,  4. 
Effrie,  4. 
Egly,  265. 
Egouin,  4. 
Egoulan,  4. 
Eguisier,  4. 
Egulionne,  4. 
Ehrlen,  4. 
Ehrmann,  6. 
Eimery,  265. 
Eisen,  6, 
Eisenmann,  6. 
Eisenscbmid,  7. 
Eissen,  5. 


Eliale,  8. 

Elie  ou  Ely,  8. 

Eliézer,  9. 

Elin,  10. 

Elinck,  9. 

Eliot,  10. 

Elizant,  10. 

Elle,  10,  480. 

Elliers,  10. 

Ellosposclerus,  541. 

Ellyn,  10. 

Elot,  10. 

Eloy,  10. 

Elzier,  10. 

Elzière,  10. 

Emar,  10. 

Emblard,  10. 

Emeric,  10. 

Emeris,  10. 

Emerson,  265. 

Emery,  11. 

Emmanuel,  265. 

Emonon,  11. 

Emonet,  11. 

Emontre  (Encontre?),   11. 

Empaytaz,  11. 

Empeyta,  11. 

Enard,  12. 

Enardon,  13. 

Enaud,  13. 

Enault,  13. 

Encontre,  13. 

Engel,  6. 

Engelbert,  16. 

Engelmann,  18. 

Engelras,  19. 

Englisch,  19. 

Enguerrand,  19. 

Enjaleras,  265. 

Ennetiôres  (d'),   730. 

Enoch,  20. 

Enouf,  265. 

Enterieu,  25. 

Enton,  265. 

Entragues,  26. 

Entremont,  33. 

Entrevaux  (d'),  610. 

Epicime,  33. 

Epinac  (d'),  34. 

Epine,  35. 

Epinel,  35. 

Erant,  35. 

Erard,  39. 

Erault,  35. 

Erb,  35. 

Erbaud,  36. 

Erby  (d'),  36. 

Erasmus,  3. 

Erconteau,  36. 

Erdier,  36. 

Erien    (d'),  ou  Eyrieu  ou   Her- 

rieu,  36. 
Erignet,  37. 
Erioud,  37. 
Erman,  37. 
Ermet,  46. 


Ernal,  46. 

Ernaudon,  46. 

Ernault,  46. 

Erne  (d'),  46. 

Emont,  46. 

Erondelle,  46. 

Erpase,  265. 

Errain,  44. 

Errard,  39, 

Ersigny  (d'),  46. 

Erval  (d'),  47. 

Ervan,  265. 

Er vieux,  47. 

Ervin,  47. 

Escaffi,  47. 

Escaffre  de  la  Veissière,  47. 

Eseaig  (d'),  373. 

Escale,  47,  434,  646. 

Escallier,  48. 

Escamboux,  47. 

Escande,  48. 

Escaphit,  47. 

Escarcel,  49. 

Esearman,  49. 

Escayrac,  49. 

Esch  (d'),  49. 

Eschalier,  49, 

Eschallard,  49. 

Eschalon  (d'),  49. 

Eschard,  53. 

Eschasseriaux,  53. 

Eschauzier,  54. 

Esclaud  (d'),  51. 

Escodéca  (d'),  54. 

Escoffier,  62,  265. 

Escoire  (d'),  82. 

Escolliers  (d'),  62. 

Escom,  63. 

Escomelt,  63. 

Escoperies  (d'),  63. 

Escorbiac,  65. 

Escoset,  74. 

Escot,  74. 

Escoulens,  74. 

Escout  (d'),  74. 

Escroignard,  74. 

Escudier,  75. 

Escudier  (d'),  201. 

Escuyer,  75. 

Esguillon  (d'),  75. 

Eslard,  75. 

Eslayas,  75. 

Esmein,  75. 

Esmieu,  75. 

Esmieux,  75. 

Esnard,  75,  79,  82,  265. 

Esnauld,  24. 

Esné,  82. 

Esneau,  82. 

Esnout,  82. 

Espagnac,  82,  367. 

Espagne  (d,),  82. 

Espagnet  (d'),  90. 

Espagnol  ou  Lespagnol,  91. 

Espagnon,  91. 

Espaignac,  82,  91 


937 


PEKSONNES. 


938 


Espaignet,  91. 

Espains  (d'),  91. 

Espalunque  (d'),  91. 

Esparbôs,  95. 

Espardailler,  96. 

Esparron,  96. 

Espars  (d'),  96. 

Esparvais,  96. 

Espelette,  97. 

Espence  (d'),  97. 

Espenouse  (d'),  97. 

Espérandieu,  102,  265. 

Espérandieu  (d'),  433. 

Espère,  107. 

Esperou,  106. 

Espert  ou  Expert,  107. 

Espeyruc  (d'),  422. 

Espiard,  107. 

Espic(d'),  107. 

Espié  (d'),  108. 

Espierre  (d'),  169. 

Espinas,  108,  265, 

Espinasse,  108. 

Espinassou,  108. 

Espinay,  109. 

Espinoux,  108. 

Espion,  265. 

Esply  (d')  d'Heiicourt,  168. 

Espondeilhan  (d'),  110. 

Esprinchard,  110. 

Esqualet,  112. 

Esquiro,  112, 

Esquirol,  112. 

Estade,  169. 

Estadieu,  112. 

Estague,  112. 

Estaillard,  112. 

Estain,  112. 

Estai  ve,  113. 

Estampes-Valencay  (d'),  175. 

Estandau  (d'),  94. 

Estandeau,  112. 

Estaunié,  112. 

Esteinville  (d'),  113. 

Ester,  113. 

Esteran,  170. 

Estergou,  113. 

Estêve,  113,  266. 

Este  vous,  113. 

Estienne,  113,  266,  674,  903. 

Estienne  (d'),  167. 

Estienvrot,  168. 

Estier,  266, 

Estignol,  168. 

Estimeur,  168. 

Estiot  (d'),  168. 

Estival  (d'),  168. 

Estivallet,  169. 

Estivals,  168. 

Estive,  169. 

Estoard  ou  Astoard  (d'),  169. 

Estoc,  169. 

Estoi,  169. 

Estoile,  266. 

Estoille,  169. 

Estot,  169. 


p:sloubie,  169. 
Estouneau,  169. 
Estoupignan,  169. 
Estourneau,  169. 
Estra,  169. 
Estran,  170. 
Estrave,  266. 
Estre,  170. 
Estrées,  170. 
Estreman,  174. 
Estuart,  174. 
Esveillard,  174. 
Etchequepar,  175. 
Etienne,  266. 
Eude,  175. 
Eudelin,  176. 
Eudeline,  176. 
Eudelot,  176. 
Eurre  (d'),  176. 
Eustaclie,  176. 
Euzière,  266. 
Evenot,  266. 
Evêque,  266. 
Everly,  184. 
Evesque,  185. 
Evrard,  185. 
Exaget,  185. 
Exchaquet,  185. 
Expert,  185. 
Eydieu,l85. 
Eyma,  185. 
Eymar,  185,  186. 
Eymat,  186. 
Eymer,  186. 
Eymeri,  266. 
Eymery  (d'),  424. 
Eymet,  186. 
Eymin,  186. 
Eynard,  188. 
Eynardon,  192. 
Eynesse  (d'),  58. 
Eyrard,  39. 
Eyraut,  192. 
Eyrieu,  192. 
Eysenberg,  541. 


Fabas,  193,  440,  450. 

Faber  ou  Le  Fôvre,  193. 

Fabre,  200,  266. 

Fabrega,  358. 

Fabrôgue,  358. 

Fabri,  198,  267,  358,  398. 

Fabri  dit  Libertet,  727. 

Fabrice,  358, 

Fage,  360. 

Fageau,  267. 

Fagellos,  361, 

Fagès,  361. 

Faget,  362. 

Fagnier,  363. 

Faïe,  363. 

Faigaux,  363. 

Failly,  364. 

Faisan,  365. 


Faisant,  719. 

Faisses,  365, 

Falais,  370. 

Falaise,  370,  477. 

Falaiseau,  370. 

Falaiz,  370. 

Falantin,  373. 

Falavei,  375. 

Falavin,  375. 

Falc,  903. 

Falcb,  375. 

Falcon,  375. 

Falconet,  375. 

Falenty,  373. 

Falesche,  375. 

Falgarette,  375. 

Falgous,  375. 

Falgueras,  375. 

Falgueret,  375. 

Falguerolles,  267,  376,  901. 

Falguières,  378. 

Falipon,  379. 

Fallet,  379. 

Fallot,  379. 

Fallou,  379. 

Falon,  267. 

Faloquier,  379, 

Falot,  267. 

Falque,  379. 

Falquet,  379. 

Famars,  379. 

Famier,  379. 

Famy,  379. 

Fanchon,  268. 

Fanet,  379. 

Faneuil,  380. 

Fangan,  379. 

Fanger,379. 

Fangou,  380. 

Fanier,  380. 

Fanjeaux,  380,  680,  904. 

Fanjoux,  380. 

Fanlac,  424. 

Fanlac  (de),  422. 

Fanton,  380. 

Faranges,  380. 

Faravel,  380, 

Faravelon,  380. 

Farci,  267. 

Farcy,  380. 

Fardeau,  385. 

Farel,  385. 

Faret,  416. 

Farette,  549. 

Farettes,  417. 

Fargé,  418. 

Farges,  418. 

Fargia,  418. 

Fargier,  267,  418. 

Fargis  (de),  906. 

Fargot,  418. 

Fargue,  418. 

Fargues,  112,  267,  906. 

Farie,  420. 

Farignin,  421. 

Farin,  421. 


939 


PERSONNES. 


940 


Fariniôre,  267. 

Farinières,  421. 

Farjon,  267,  421. 

Farjot  (de),  421. 

Farley,  421. 

Farnac,  421. 

Farnex,  421. 

Farnoux-la-Cloclieterie,  664. 

Faron,  421. 

Faronville,  421. 

Faroy,  421. 

Farreau,  421. 

Farregie,  421. 

Fasquet,  421. 

Fasquoy,  421. 

Fassion,  421. 

Fastre,  422. 

Fasvenque,  422. 

Fatouville,  422. 

Fau,  422. 

Faubares  (de),  422. 

Faubert,  422. 

p'aubournet,  422. 

Fauché,  267. 

Faucbe-Borel,  424. 

Faucher,  425,  493. 

Fauchereau,  427. 

Fauchères,  427. 

Fanchet,  427. 

Faucheur,  427. 

Faucheux,  427. 

Fauchon,  268,  427. 

Faucillon,  427. 

Faucon,  427. 

Fauconnet,  428. 

Fauconnier,  428. 

Faucquenot,  428. 

Faucquereau,  428. 

Fauger,  74,  428. 

Faugère,  428. 

Faugères,  268. 

Faugeron,  368. 

Faugiere  de  Bussy,  428. 

Faugueroles,  428. 

Faujean,  428. 

Faulcheron,  427. 

Fauliet,  268. 

Faunex,  575. 

Fauquembergue,  428. 

Fauquier,  430. 

Faur,  268. 

Faure,  104,  268,  431. 

Faur  eau,  434. 

Fauret,  268. 

Faurette,  434. 

Fauri,  434. 

Fauriau,  434. 

Fauriel,  74,  434. 

Fauriès,  434. 

Faurin,  435. 

Fauris,  434. 

Fauron,  435, 

Faussetelle,  435. 

Faust,  435. 

Fauterel,  438. 

Fautrard,  438. 


Faulrier,  439. 
Fauvart,  439. 
Fau  veau,  439. 
Fauvety,  439. 
Fauvite,  439. 
Fauvre,  439. 
Faux  (de),  439. 
Fauxolle,  439. 
Favan,  268. 
Favar,  112,  439. 
Favarel,  440. 
Favarger,  440. 
Favargier,  409. 
Favart,  440. 
Favas,  268,  440. 
Favatier,  451. 
Favel,  268,  451. 
Favelles,  451. 
Faventines,  202,  451. 
Favereau,  451. 
Faverge,  451. 
Faverolles,  268,  451. 
Favette,  268. 
Favie,  451. 
Favier,  451. 
Favier  (de),  43  ï. 
Faviéres,  453. 
Favin,  453. 
Faviol,  686 
Favelles,  453. 
Favon,  453. 
Favoux,  454. 
Favre,  266,  454. 
Fay,  269,  457. 
Fayan,  269,  459. 
Fayard,  461. 
Faye,  459. 
Fayel,  461. 
Fayes  (de),  459. 
Fayet,  461. 
Fayole,  462. 
FayoUe,  269. 
Fayon,  462. 
Fayot,  462. 
Fayse,  269. 
Fazi,  462. 
Fébure,468. 
Febvre,  468. 
Fédon,  468. 
Fégouex,  468. 
Feitrier,  468. 
Feizan,  468. 
Félice,  469. 
Félician,  473. 
Félinard,  473. 
Féline,  473. 
Felip,  473. 
Félix,  472. 
Felles,  473. 
Fellet,  473. 
Felleu,  473. 
Fellon,  473, 
Felonnière,  473. 
Felot,  473. 
Feloz,  473. 
Feneste  (de),  474. 


Fenet,  474. 
Fenne  (de),  474. 
Fenouillet,  269. 
Fer,  269. 
Fer  (de),  487. 
Ferai,  269. 
Ferand,  474. 
Féranderie  (de),  474. 
Férart,   476. 
Feras,  476. 
Férat,  476. 
Féraud,  477. 
Féraut,  476. 
Féray,  477. 
Ferber,  479. 
Ferdinand,  480. 
Fêre,  483. 
Féret,  483. 
Fériet,  485. 
Ferin,  486. 
Ferlont,  616. 
Fermandy,  486. 
Fermant  ,486. 
Fermaud,  269. 
Fermie,  486. 
Fermin,  486. 
Fermineau  (de),  201. 
Ferminet,  486. 
Fernay,  486. 
Fernes  (de),  486. 
Fernet,  486. 
Fernez,  486. 
Fermer,  486. 
Fernouillet,  486. 
Feron,  486. 
Feronce,  486. 
Férondet,  486. 
Ferragut,  486. 
Ferraline,  486. 
Ferranche,  486. 
Ferrand,  61,  269. 
Ferrant,  474,  559. 
Ferrari,  488. 
Ferrât,  487. 
Ferronat,  487. 
Ferraulx,  487. 
Ferraut,  477. 
Ferré,  483,  487. 
Ferret,  484,  487. 
Ferrier,  269,  487. 
Ferrier  (Michel),  908. 
Ferrières,  498. 
Ferron,  509. 
Ferrond,  486. 
Ferrus,  487. 
Ferruyau,  510. 
Ferry,  510. 
Ferry  de  Locre,  522. 
Fert,  269. 
Féru,  487. 
Fésier,  269. 
Fesques  (de),  522. 
Fesquet,  269,  522,  547. 
Fessier,  523, 
Festineau,  523,  654. 
Feszant,  523. 


941 


PERSONNES. 


942 


Fétan  (de),  523. 
Fétizon,  523. 
Fengerais,  525. 
Feugère,  525. 
Feugerolles,  526. 
Feugiôre,  525. 
Feugiieray,  526. 
Feuilhade,  527. 
Feuillet,  527. 
Feuilleteau,  52". 
Feuillot,  527. 
Feutrier,  527. 
Févot,  527. 
Fèvre,  528. 
Feydeau,  77,  528. 
Fezan,  528. 
Fezandier,  528. 
Fiac,  528. 
Fiales,  270. 
Ficbet,  528. 
Fiefbrun,  528. 
Fiefclos,  528. 
Fiendaz,  731. 
Fienne,  528. 
Fieret,  528. 
Fierville,  528. 
Fiés,  528. 
Fiétet,  528. 
Figaret,  270,  528. 
Figaro!,  528. 
Figeac,  529. 
Fignels,  529. 
Figol,  529. 
Figon,  529. 
Figues,  533. 
Figuier,  270,  533. 
Figuière,  534. 
Filhet,  535. 
Filleul,  537. 
Filliol,  270. 
Fillioux,  537. 
Fillon,  365,  538. 
Fillonnière,  538. 
Fillot,  538. 
Filon,  270. 
Filosel,  538, 
Filsant,  538. 
Filteau,  538. 
Fine,  538, 
Finel,  538. 
Finguerlin,  539. 
Finiels,  675. 
Finot  (de),  201. 
Fiquel,  539. 
Fiquet,  539. 
Firminy,  539. 
P'irn,  539. 
Firon,  539. 
Fischart,  540. 
Fischer,  270,  542,  546. 
Fise,  270. 
Fisquet,  547. 
Fistaine,  547. 
Fitis,  547. 
Fitte,  547. 
Fizes,  547. 


Fizes  (de),  376. 
Flaissières,  553. 
Flamant,  549. 
Flamarre,  550. 
Flambart,  550. 
Flamens,  549. 
Flammand,  549. 
Flamoyre,  550. 
Flanc,  550. 
Flandin,  551. 
Flandreau,  551. 
Flandrin,  551. 
Flandrois,  758. 
Flandry,  551. 
Flarenc,  551. 
Flauger,  552. 
Flavard,  552. 
Flavart,  270. 
Flavigny,  552. 
Fleaud,  553. 
Fléché,  553. 
Fléchier,  553. 
Fléchon,  553. 
Flei.ssière,  270. 
Flemme,  553. 
Flennières,  553. 
Flessières,  795. 
Fleur,  553. 
Fleurand,  553. 
Fleureau,  553. 
Fleuret,  554. 
Fleureton,  554. 
Fleuriau,553. 
Fleurigny,  555. 
Fleurisson,  555. 
Fleuron  (de),  555. 
Fleurus,  555. 
Fleury,  52,  555. 
Flie  (de),  559. 
Flon,  559. 
Floquet,  559. 
Florac,  559. 
Florentin,  561. 
Floret,  270,  562. 
Florian,  547. 
Floriet,  562. 
Floris,  562. 
Flot,  562. 
Floté,  565. 
Flottard,  562. 
Flotte,  270,  565. 
Flottier,  562. 
Flottiére,  566. 
Floureaux,  566. 
Floureux,  566. 
Flournois,  566. 
Flovy,  568. 
Flumas,  568. 
Flutot,  568. 
Fobert,  569. 
Fobier,  569. 
Focart,  569. 
Fœx,  569. 
Foglarin,  569. 
Foie  (de),  569. 
Foin,  569. 


Foinche,  569. 
Foissac,  569,  686. 
Foissard,570. 
Foisseau,  570. 
Foissiat,  570. 
Foissin,  570. 
Fois  (de),  570. 
Fol,  573,  655. 
Folcher,  270. 
Folchier,  573. 
Folens,  573. 
Folio,  574. 
Folion,  574. 
FoUeville,  574. 
Folion,  574. 
Folville,  574. 
Fomboine,  575. 
Fompatour,  574. 
Fonbas,  575. 
Fonbel,  574. 
Fonblanche,  271. 
Fonbonne,  574. 
Foncés,  575. 
Fondeville,  575. 
Fonds,  577. 
Fongrave,  576. 
Fonnereau,  577. 
Fonnes,  577. 
Fonquignon,  577. 
Fons  (de),  576. 
Fonset,  577. 
Fontable,  577. 
Fontagneu,  577. 
Fontaine,  271,  577. 
Fontalier,  577. 
Fontanel,  271. 
Fontanes,  584. 
Fontanès,  587. 
Fontanier,  432,  593, 
Fontanieu,  594. 
Fontanille,  594. 
Fontanon,  801. 
Fontarèche,  594. 
Fontaynevive,  594. 
Fontbonne,  271. 
Fontcouverte,  594. 
Fontenelles,  653. 
Fontfrède,  596. 
Fontfroide,  597. 
Fontjulianne,  597. 
Fonton  (de),  597. 
Fontrailles,  597. 
Fontenay,  594. 
Fonteneau,  595. 
Fontenel,  595. 
Fontenelle,  428. 
Fontenotte,  595. 
Fontes  (de),  595. 
Fontte,  271. 
Fontvieille,  597. 
Foram,  271. 
Forant,  597. 
Forcade,  601. 
Forchère,  601. 
Fordrin,  601. 
Fore,  601. 


943 


PERSONNES. 


Forel,  602. 
Forési,  602. 
Forest,  602. 
Forestier,  581,  612. 
Forgeais,  614. 
Forgeol,  614. 
Forgeron,  614. 
Forget,  614. 
Forgue  (de),  614. 
Forgues,  614. 
Fori,  614. 
Forie,  614. 
Forin,  614. 
Foris,  616. 
Formalaguer,  616. 
Forman,  616. 
Formerez,  616. 
Formey,  616. 
Formy,  631. 
Fornel,  633. 
Fornely,  634. 
Fornerel,  634. 
Forneret,  634. 
•Fornerod,635. 
Fornery,  637. 
Fornes,  637. 
Fornet,  637. 
Former,  637. 
Foron,  642. 
Forres,  602. 
Fors  (de),  642. 
Forstner,  642. 
Fort,  268,  271,  642. 
Fortanjeu,  642. 
Forteau,  642. 
Fortier,643. 
Fortin,  643. 
Fortineau,  643. 
Forton,  643. 
Forton  (de),  202. 
Fortry,  643. 
Fortune,  643. 
Forval,  643. 
Fos,  643. 
Fos  (de),  643. 
Fossal,  645. 
Fossaty,  271. 
Fosse,  272,  645. 
Fosses  (de),  645. 
Fossin,  747. 
Fossy,  648. 
Fouasse,  648. 
Fouasseau,  648. 
Fouassin,  648. 
Foubert,  648. 
Foucarand,  648. 
Foucard,  272,  648. 
Foucault,  649. 
Fouchard,  652. 
Foncher,  653. 
Fouchereau,  654. 
Fouchet,  654. 
Fouclinay,  655. 
Foucquert,  654. 
Foucqnes,  654. 
Foucre,  655. 


Foudrol,  655. 

Foue,  655. 

Fouet,  655; 

Fougère,  272. 

Fougère  de  Prinsay,  655. 

Fougères,  655. 

Fougereux  de  Grand'bois,  655. 

Fougeron,  655. 

Fouget,  656. 

Fougier,  656. 

Fouillot,  656. 

Fouilloux  (de),  656. 

Fouilly,  656. 

Foujon,  656. 

Foulard,  656. 

Foulcarand,  369. 

Foulchier,  656. 

Foule,  272. 

Foulet  (de),  656. 

Foulle,  656. 

Foullé,  656. 

Foullon,  656. 

Foulque,  660. 

Foulques  de  Boisdabert,  661. 

Foulquier,  272,  376. 

Fouly,  661. 

Fouqué,  272,  661. 

Fouquerolles,  672. 

Fouquet,  672. 

Fonquier,  661. 

Four,  272,  676. 

Fouray,  677. 

Fourdrain,  677. 

Fourdrinier,  677. 

Fouré  (de),  677. 

Fourgeau,  678. 

Fourgeron,  678. 

Fourges,679. 

Fourgon,  678. 

Fourjon,  678. 

Fourmaud,  679. 

Fourment,  679. 

Fournaise,  679. 

Fournatou,  272. 

Fourneau,  272,  679. 

Fournel,  272,  679. 

Fournelet,633,679. 

Fourneron,  679. 

Fournes,  417,  679. 

Fournet,  272,  680. 

Fournier,  681. 

Fourniere  (de),  685. 

Fournol,  685. 

Fourque,  685. 

Fourquié,  685. 

Fourquin,  685. 

Fourre,  685. 

Fourreau,  685. 

Fourrier,  686. 

Foursinel,  686. 

Foussa,  272. 

Foussart,  686. 

Foussier,  686. 

Foussoles,  686. 

Fouzillac,  686. 

Foy  (de),  086. 


Foyart,  686. 
Foys,  686. 
Frachas,  686. 
Frache,  272. 
Frachet,  686. 
Frachot,  686. 
Fradel,  686. 
Fradet,  686. 
Fradin,  273,  687. 
Fragier,  687. 
Fraigneau,  687. 
Frainquière,  687. 
Fraisne  (de),  687. 
Fraisse,  273,  687. 
Fraisse  (de),  177. 
Fraissinet,  687. 
Fraissy  (de),  688. 
Fraizin,  688. 
Frajon,  688. 
Framberge,  688. 
Framerge  (de),  688. 
Framonet,  688. 
Fran,  688. 

Franc,  174,  391,689. 
France,  68,  694. 
France  (de),  696,  714. 
Francesson,  697. 
Franchar,  698. 
Franchemont  (de),  698. 
Franchesquin,  698. 
Francheville,  698. 
Franchome,  698. 
Franchon,  698. 
Francier,  381,  698. 
Francillon,  698. 
Franclieu,  700. 
Franco,  700. 
P'rancœur,  706. 
François,!,  46,  273,  701. 
Françon,  706. 
Franconat,  706. 
Franconnet,   706. 
Francourt,  706. 
Francqueville,  707. 
Franelle,  706. 
Franq,  706. 
Franquefort,  706. 
Franquiau,  707. 
Franquin,  707. 
Franrepaire,  707, 
Frantz,  707. 
Frapert,  707. 
Frasans,  707. 
Frascbe,  707. 
Frat,  707. 
Frau,  707. 
Fray,  708. 
Fraydier,  708. 
Fraymont,  708. 
Frayon,  788. 
Frazié,  708. 
Freboul,  708. 
Frécbas,  708. 
Frécbet,  708. 
Frechon,  708. 
Fredein,  708. 


945 


PERSONNES. 


946 


Fredel,  708. 

Fredelinas,  708. 

Frédérich,  708. 

Fredet,708. 

Frédier,  708. 

Frégaire,  708. 

Frégeville,  433,  708,  805. 

Frégier,  709. 

Frégodière,  709. 

Fregon,  273. 

Freiman,  273. 

Frein,  709. 

Frémaut,  709. 

Fremeau,  710. 

Fremecourt,  710. 

Fremerie,  710. 

Fremillion,  710. 

Fremin,  710. 

Freminet,  707,  710. 

Frémont,  710. 

Frémy,  714. 

Frêne  (de),  714. 

Frenoi  (de),  714. 

Fréon,  273. 

Frèque,  714. 

Frérart,  714. 

Frère,  273,  714. 

Fréron,  715. 

Frescarode,  715. 

Freschain,  715. 

Fresel,  715. 

Fresens,  715. 

Fresneau,  716. 

Fressinel,  716. 

Fressines,  716. 

Fressinet,  716. 

Fressol,  716. 

Fret,  716. 

Fretel,  716. 

Freton,  716. 

Freval  du  Rozel,  719. 

Freycinet  (de),  719. 

Freysse,  719. 

Frézelles,  719. 

Frézières,  719. 

Frézon,  510,  719. 

Frezondes,  719. 

Frezoul,  719. 

Friand,  719. 

Friart,  519,  719. 

Friau,  720. 

Fribergius,  720. 

Fribour,  720. 

Fried,  720. 

Frier,  273. 

Fries,  720. 

Frigoulier,  720. 

Friolet,  720. 

Frion,  720. 

Friot,  720. 

Friou,  273.      . 

Friquat,  720. 

Friquet,  272,   317,  721. 

Frise,  721. 

Frisquet,  721. 

Friston,721. 


Frit,  721. 
Frœreisen,  721. 
Froger,  72L 
Frogier,  724. 
Froidefond,  724. 
Froisyeuk  (de),  724. 
Fromageau,  724. 
Froment,  397,  ':24. 
Fromental,  273,734. 
Fromentin,  734. 
Fromery,  734. 
Fromont,  735. 
Fromy,  735. 
Frontain,  735. 
Fronteau,  735. 
Frontenac,  735. 
Frontin,  735. 
Frossard,  736. 
Frotin,  273. 
Frotté,  63. 
Frotté,  743. 
Froumenteau,  747. 
Fruchard,  755. 
Frugère,  755. 
Frumerie,  755. 
Fuchs,  755. 
Fueiller,  755. 
Fuemouze,  755. 
Fulgon,  755. 
Fully,  755. 
Fumai  (de),  755 
Fumas,  755. 
Fumée,  755. 
Fumel,  757. 
Fumeleau,  757. 
Furège,  758. 
Furol,  758. 
Furet.  758. 
Furigny,  758. 
Furmeyer,  387,  758. 
Fume  (de),  758. 
Fùrstemberg,  405,  758 , 
Furstenberger,  760. 
Fusier,  273. 
Fusillât,  761. 
Fussemaigne,  761. 
Fuzier,  761. 
Fuzille,  761. 
Fuzy,  761. 


Ga,  767. 
Gabain,  767. 
Gabal,  767. 
Gabanon,  767. 
Gabaret,  767. 
Gabart,  768. 
Gabasbielle,  768. 
Gabaudon,  768. 
Gabe,  768. 
Gabel,  768. 
Gabet,  768. 
Gabie,  769. 
Gabillon,  769. 
Gabillou  (de),  774. 


VI. 


Gabinand,  815. 

Gabiou,  774. 

Gaborin,  774. 

Gaborit,  774. 

Gabre  (de),  374. 

Gabriac  de  Beaufort,  774. 

Gabriel,  777. 

Gabry,  777. 

Gachat,  777. 

Gâches,  273,  680,  777,  858. 

Gachet,  782. 

Gachon,  273,  782. 

Gacbot,  581. 

Gadal,  274. 

Gadeau,  783. 

Gadille,  274. 

Gadoin,  783. 

Gadon,  784. 

Gafarel,  784. 

Gaffé,  784. 

Gaffet,  784. 

Gafinières,  784. 

Gage,  784. 

Gagemont,  784. 

Gagnard,  784. 

Gagne,  784. 

Gagnebin,  784. 

Gagnet,  784. 

Gagnier,  784. 

Gagniôres,  786. 

Gagnol,  786. 

Gagnon,  786. 

Gagnoux,  786. 

Gagnyaud,  786. 

Gaicher,  274.   . 

Gaidan,  274. 

Gaidet,  787. 

Gaignaire,  786. 

Gaigneur,  786. 

Gaignenx,  274. 

Gailbrailh,  787. 

Gaillan,  787. 

Gaillard,  106,  274;  787,  795. 

Gaillard  de  Loussanes,  77. 

Gaillardet,  795. 

Gaillardy,  795. 

Gaillet,  795. 

Gailliot,  796. 

Gaillon,  795. 

Gain,  796. 

Gaing  (de),  796. 

Gai,  796. 

Galabert,  274,  287. 

Galafrés,  797. 

Galais,  798. 

Galafre,  798. 

Galaffré,  798. 

Galan,  274. 

Galand,  802. 

Galary,  274. 

Galateau,  799. 

Galbert,  798. 

Galdy,  799. 

Gale,  797. 

Galerande,  799. 

Galet,  798. 

31 


947 


PERSONNES. 


948 


Galhouste,  801. 

Gali,  800. 

Galiberne,  799. 

Galibert,  274,  799. 

Galice,  274,  800. 

Galician,  801. 

Galichon,  801. 

Galié,  801. 

Galien,  274. 

Galier,  801.  Gallier,  275. 

Galimond,  801. 

Galiné  (P.  de),  801. 

Galinier,  801. 

Galis,  801. 

Galissan,  275. 

Galissard  de  Marignac,  801. 

Galland,  67,  275,  802-811. 

Gallatin,  733. 

Gallaudet,  811. 

Galle,  798. 

Gallemand,  811. 

Galleran,  799. 

Gallet,  811. 

Gallez,  798. 

Gallien,  811. 

Gallière,  801. 

Gallieuse,  801. 

Galline.  811. 

Galliné,  811. 

Gallinières,  801. 

Galliot,  811, 

Gallise,  811. 

Gallois,  811. 

Gallon,  812. 

Gally  (de),  800. 

Galopin  (de),  812. 

Galoy,  811. 

Galtier,  812. 

Galtrin,  815. 

Galzy,  275. 

Gamain,  815. 

Gaman,  815. 

Gamant,  404. 

Gamaurés,  815. 

Gambier,  275,  815. 

Gambs.818. 

Gameil,  819. 

Gamenel,  819. 

Gamien,  819. 

Gatnon,  820. 

Gamond,  825. 

Gamonet,  830. 

Gan,  275. 

Gancillon,  275. 

Gand  (de),  830. 

Gandil,  831. 

Gandouin,  275. 

Ganneron,  831. 

Ganot,  831. 

Gantier,  275. 

Gantois,  831. 

Gapian,  833. 

Garachon,  833. 

Garacol,  833. 

Garagnon,  275. 

Garaman,  833. 


Garatte,  833. 
Garanlois,  833. 
Garcher,  833. 
Garcin,  182,  275,  833. 
Gard  (de),  835. 
Garde,  835. 
Gardes,  275. 
Gardail,  835. 
Gardelle,  835. 
Gardepuys,  362. 
Gardés,  835. 
Gardesy,  836. 
Gardichat,  837. 
Gardien,  837. 
Gardillon,  837. 
Gardin,  837 . 
Gardiol,  838. 
Gardon,  610,  838. 
Gardy,  838. 
Garel,  838. 
Garencières,  86,  838. 
Garenjaud,  839. 
Garesché,  839. 
Garet,  839. 
Gargoulleau,  839. 
GariUan,  841. 
Garimond,  841. 
Garin,  841. 
Gariot,  841. 
Garipuy,  841. 
Garissoles,  842. 
Garlau  et  Gariot,  846. 
Garlin,  420,  846. 
Garnaud,  846. 
Garnichat,  847. 
Garnier,  847-853. 
Garnier,  275,  587,  705. 
Gamon,  853. 
Garny,  853. 
Garoste,  853. 
Garotte,  853. 
Garrault,  833. 
Garreau,  276,  833,  853. 
Garrel,  854. 
Garretier,  854. 
Garrigues,  276,  854. 
Garrisson,  855. 
Garros,  856. 
Garsault,  857. 
Garsi,  857. 
Garsin,  857. 
Gartoule,  857. 
Gary,  276,  854. 
Gas,  276. 
Gasaignes,  858. 
Gasajel,  276. 
Gasan,  276,  858. 
Gasault,  858. 
Gasc,  858. 
Gascherie,  859. 
Gaschet,  859. 
Gaschier,  859. 
Gasebinard,  673. 
Gaschon,  859. 
Gaschot,  859. 
Gaseonnière  (de),  860. 


Gascongnolles,  860. 

Gascoin  du  Vair,  860. 

Gascuel,  276. 

Gasfé,  860. 

Gasilles,  860. 

Gaspard,  860. 

Gasparin,  860-876. 

Gasques  (de),  79,  858. 

Gasquet,  276. 

Gassion,  94. 

Gau,  709. 

Gaucherat,  276. 

Gauchon,  276. 

Gaud,  276. 

Gaudoyer,  109. 

Gaudy,  277. 

Gaulet,  277. 

Gaumat,  277. 

Gausse,  277. 

Gaussen,  277. 

Gauthier  (de),  sieur  de  Camiran, 

450. 
Gautier,  277. 
Gautrand  (de),  647. 
Gauvin,  673. 
Gauzorgues,  277. 
Gazeau,  278. 
Gay,  277. 
Gaydan,  277. 
Galafrès,  203. 
Gellyer.  52. 
Géminard,  278. 
Gémy,  278. 
Gênas,  166. 
Gendre,  278. 
Gendron,  551. 
Geneste,  278. 
Gennes  (de),  381. 
Gentelot,  278. 
George,  371. 
Gérard,  278. 
Germain,  278. 
Gervais,  278. 
Gervières,  278. 
Geslard,  381. 
Gibert,  278. 
Gille,  279. 
Gillot,  41. 
Gimbal,  279. 
Ginac,  279. 
Gineste  (de),  440. 
Ginoux,  279. 
Girard,  279,  641. 
Giraut,  279. 
Girod,  279. 
Givord,  367. 
Glaude,  279. 
Gleize,  279. 
Glemet,  853. 
Gobaille,  525. 
Gode,  746. 
Godefroy,  110,  733. 
Godin,  3. 
Goffin,  512,  521. 
Goiran,  279. 
Gondouin,  280. 


949 


PERSONNES. 


950 


Gonnal,  279. 

Gontard,  279. 

Gontaud  (de),  450. 

Gonyon,  84. 

Gorbiôre,  279. 

Gosse,  279. 

Got,  73. 

Gondin,  279. 

Gouin,  280. 

Goujon,  280. 

Goulard,  280. 

Goulart,  111. 

Gourdon  (de),  562. 

Gourjault,  53. 

Gourtol,  280. 

Goût,  280,  733. 

Gouvernet,  610. 

Gouze,  280. 

Gozelin,  280. 

Graindorge,  11. 

Gramond,  280. 

Gran,  280. 

Grandis,  169. 

Grandjean,  280. 

Graneau,  280. 

Grange  de  la  Ménardière,  280. 

Grangier,  280,  281. 

Granier,  281. 

Gras,  281. 

Grasse,  281. 

Grassy,  281. 

Gratian,  92. 

Grau,  280. 

Graveau,  281. 

Gravelle  du  Pin,  138. 

Gravier,  281. 

Grefuhle,  281, 

Grenier,  281. 

Grenon,  850. 

Gresle,  282. 

Gresse,  282. 

Greste,  282. 

Griger,  282. 

Grimai,  282. 

Grimaldi,  416. 

Grimaudet,  282,  371,  381. 

Grimault,  282. 

Griolet,  282. 

Grisel,  282. 

Grisot,  282. 

Gristel,  385. 

Grollier,  734. 

Gros,  255,  282. 

Grosjean,  iJ82. 

Grosse,  75. 

Gruas,  366. 

Gruger,  283. 

Gubert,  366. 

Gublaire,  283. 

Gueidan,  283. 

Guelie,  367. 

Guérard,  283. 

Guerdil,  283. 

Guéri,  417. 

Gueribald,  41. 

Guerin,  283. 


Guerre,  283, 
Gueyle,  283. 
Guichard,  367. 
Guicharet,  283. 
Guichenon,  367. 
Guiennot,  580. 
Guignard,  283. 
Guigniard,  57, 
Guiguer,  283. 
Guillaume,  283. 
Guillebert,  11. 
Guillemot,  283. 
Guillerane,  27. 
Guillon,  384. 
Guillot,  283,  383,  429. 
Guilloton,  284. 
Guimard,  284. 
Guimbel,  284. 
Guimenel,  284. 
Guinebault,  673. 
Guinedy,  284. 
Guiot,  284. 
Guiraud,  284. 
Guiraud  (de),  497. 
Guiringuier,  284. 
Guisard,  284. 
Guitard,  284,  795. 
Gumeny,  285. 
Guyot,  357. 

H 

Haichelin,  285. 
Hais,  285. 
Halanzy,  705. 
Hanat,  285. 
Hautcastel,  54,  60. 
Hautefort  (de),  424. 
Hauvart,  677. 
Heesli.  285. 
Heinsselin,  285. 
Hellin,  171. 
Helmondt,  285. 
Hely,  9. 
Hemps,  285. 
Henrigué,  453. 
Herbelin,  802. 
Hersart,  285. 
Hervieux,  47. 
Hesnard,  75. 
Hess,  285, 
Hilaire,  285. 
Hoche,  285. 
Eoleron,  285. 
Hollier,  (d'),  374. 
Holmann,  139. 
Homas,  285. 
Honguent,  285. 
Honnaud,  285. 
Honnim,  285. 
Honoré,  285. 
Honta  (de),  75. 
Horison,  286. 
Hostin,  286. 
Houmeau,  286. 
Huet,  687. 


Huet-Du  Passage,  653. 
Hugon,  286. 
Hugues,  286. 
Hulain,  286. 
Hurault,  52. 
Husson,  286. 
Hymel,  286. 


Illiers  (d'),  109. 
Imbert,  286,  484. 
Irlande,  286. 
Isaac,  286. 
Isarn,  697. 
Isnard,  286. 
Issoire,  286. 
Itier,  287, 


Jacques,  287. 
Jadot,  287. 
Jalabert,  287. 
Jalaguier,  287. 
Jaminieux,  672. 
Janoir,  287. 
Japi,  287. 
Jaquelin,  126. 
Jaquelot,  770. 
Jaques,  287, 
Jaquet,  287. 
Jaquinot  (de),  440. 
Jarjaye,  610. 
Javel,  287. 
Jean,  287. 
Jenar,  287,  345. 
Jensel,  287. 
Jesuwald  Pikhart,  541. 
Job,  288. 
Johanneau,  53. 
Jolicœur,  97. 
Jolly,  S'  d'Esnaux,  82. 
Joly,  67,  511,  519. 
Joncbôres,  288. 
Jonquet,  288. 
Jonquête,  367. 
Joram,  271. 
Joret,  370. 
Josué,  288. 
Jouan  (de),  507. 
Jouard,  371. 
Joubert,  503. 
Jouglas,  288. 
Jouguet,  288. 
Jourdân,  112,  288. 
Joussaud,  288. 
Jousteau,  288. 
Joyeux,  288. 
Juges  (de),  433. 
Julien,  288. 
Julien  (de),  378. 
Jullien  (de),  688. 
JuUin,  109. 
Jumet,  289. 
Juventin,  289. 


951 


PERSONNES. 


952 


K 

Kerveno  de  Laubonnière,  289. 
Kriidner  (M-"«  de),  11. 


Labaig  (de),  de  Vialla,  59. 

La  Barthe  de  Lahaye,  61. 

La  Barthe  (Thomas  (de),  378. 

La  Bastide,  611. 

La  Baubinière,  75. 

La  Baume,  709. 

La  Bergerie,  289. 

Labez,  289. 

La  Bichonnière,  757. 

La  Blache,  610. 

La  Boissonnade,  67. 

Laborde,  289. 

Labouchère,  478. 

La  Boucherie,  703. 

La  Boulaye,  49. 

La  Boutarié,  105. 

La  Broquère,  174. 

La  Brosse,  506,  673. 

Labroue,  59. 

La  Burgade,  507. 

Labuscagne,  289. 

La  Cacaudière,  522. 

La  Cam,  290. 

Lacanne,  569. 

La  Cassagne,  104. 

La  Cazis,  290. 

Lacger  (de),  378. 

Laeger  du  Roc,  680. 

Lachard,  290. 

La  Chaume,  47,  290. 

La  Clan,  290. 

La  Colombie,  290. 

La  Combe,  290. 

La  Corne,  367. 

La  Coste,  290. 

La  Cour-Foresteer,  613. 

La  Cressonnière,  653. 

La  Croisette,  290. 

Lacroix,  290. 

La  Croix  (de),  1,  366. 

La  Curée,  535. 

La  Daguerie,  383. 

La  Douespe,  384. 

Laduye,  290. 

La  Farelle,  641. 

La  Ferté-Imbault,  175. 

Lafin  (de),  506. 

La  Fin  (de),  500. 

La  Flèche,  28. 

Lafon,  290. 

Lafont,  291. 

La  Forest,  57. 

La  Foucaudie,  173. 

La  Fourcade,  601. 

La  Garde,  291,  610. 

La  Gardie,  63. 

Laget,  291. 

Lagravère,  291. 


Lagravière,  694. 

La  Grosonière,  391. 

Laguerre,  291. 

Lagut,  422. 

La  Haye,  833. 

Laigneau,  376. 

Laire,  291. 

Lajonie,  57. 

Lalondês,  202. 

Lalouette,  75. 

Lamarque,  75. 

Lambastier,  291. 

Lambert,  291,  366. 

Lamberton,  292. 

Lamberville,  427. 

Lambrois,  292. 

Lamente,  367. 

La  Meschinière,  25. 

Lamiere,  292. 

Lamigue,  684. 

La  Montagne,  168., 

Lamothe,  292. 

La  Mothe-Gachon,  783. 

La  Mothe-Pujols,  418. 

La  Motte,  369. 

La  Motte-Fouquée,  661. 

Lampion,  292. 

L'Amy,  215. 

Langlois,  19. 

Languet,  155,  185. 

Lannery  (de),  503. 

La  Nouaille,  653. 

Lanquet,  292. 

Lant,  292. 

Lantayres,  292. 

Lantheaume,  292. 

Lapareille,  595. 

Lapelle,  292. 

La  Pise,  292,  610. 

La  Piste,  292. 

La  Place,  292. 

La  Place  (de),  643. 

La  Planche,  610. 

La  Plenne,  53. 

Laporte,  293. 

La  Porte,  423. 

La  Porte  (de),  59. 

La  Poupelière,  91. 

Lapra,  74. 

Lapraz,  108. 

La  Primaudaye,  653. 

La  Ramière,  424. 

Larbie,  293. 

Larchier,  769. 

Lardent,  293. 

La  Rimblière,  745. 

Larique,  293. 

Lariverole,  293. 

La  Rivière  (de),  374. 

La  Roche,  359,  367. 

La  Roche  Breuillet,  767. 

La  Rochefoucaud,  59. 

La  Roche-Lambert,  202. 

La  Ronda,  372. 

Laroque  du  Buisson,  647. 

La  Rue,  244. 


La  Salle,  94,  293. 

La  Sarmoise,  746. 

Las  Costes  de  Barjau,  91. 

La  Serre,  293. 

La  Serve,  424. 

L^ssus  (de),  801. 

Latard,  293. 

Lataune,  293. 

Latelle,  167,  293. 

La  Tour  de  Poinsac,  610. 

La  Tour-Gouvernet,  611. 

La  Tour-Nageat,  293. 

La  Tournelle,  682. 

Laubert,  293. 

Laubonnière,  82. 

Launay  (de),  381,  783. 

Laune,  293. 

Launé,  417. 

Lauré,  293. 

Laurent,  294,  483. 

Lauret,  294. 

Laurière  (de),  703. 

Lauron,  294. 

Lautrac,  294. 

Lauze,  294. 

Lavabre,  647. 

Lavail,  294. 

La  Vallée,  574. 

La  Vallière,  76,  77. 

Lavedan,  563. 

La  Venue,  294. 

Lavergne  (de),  59. 

La  Vigne,  294. 

La  Vignole,  385. 

La  Ville-du-Bois,  382. 

Laviron,  746. 

Le  Bacbellé,  8. 

Le  Barbier,  291. 

Le  Bat,  294. 

Le  Bœuf,  294. 

Le  Bosc  de  Brejou,  295. 

Le  Bouché,  295. 

Le  Brun,  295. 

Lebusius,  542. 

Le  Capelain,  295. 

L'Echevin,  1. 

Le  Clerc  (Jean),  774. 

Le  Comte,  295. 

Le  Coq,  295. 

Le  Coutelier,  744. 

Le  Dagu,  704. 

Lédenon,  638. 

Ledoux,  295. 

Le  Drapier,  405. 

Ledrinton,  295. 

Le  Ducbat,  710. 

Le  Fevre,  295. 

Le  Forestier,  372. 

Le  Fort,  643. 

Le  Franc,  690. 

Le  Gagneur,  295. 

Legris,  296. 

Le  Gaigneur,  786. 

Le  Jeune,  176. 

Le  Juge,  483. 

Le  Maistre,  672. 


1 


053 


PERSONNES. 


954 


Leneuf,  295. 

Lengevin,  295. 

Lenoir,  295. 

Lenteyrez,  292. 

Lenud,  295. 

Léonard,  296. 

Leper,  296. 

Lepicier,  296. 

Le  Pin,  429. 

Lépine,  483. 

Lépine  (de),  380. 

Le  Poivre,  46. 

Leporc,  296. 

Leport,  296. 

Le  Poy,  423. 

Le  Preux,  137. 

Le  Prévôt,  745. 

Lequel,  296. 

Lequès,  296. 

Le  Roi,  687. 

Le  Roux,  296. 

Le  Royer,  92,  385. 

Lers  (de),  424. 

Lescours  (de),  55. 

L'espée,  33. 

Lespinagre,  108. 

Lespinasse,  108. 

Lespinay,  109. 

Lespine,  34. 

Lespingal,  485. 

Lestang,  112. 

Lestauchat,  296. 

Lestoile,  266. 

L'Estourneau    de     Beaumorlier, 

169. 
Lestrade,  169. 
Letier,  296. 
L'Etoile,  296. 
Leuton,  296.      " 
Leuze  (de),  204. 
Le  Vasseur,  84. 
Levât,  294. 
Leverrier,  507. 
L'Evesque,  382. 
Lezai,  610. 
Lhomme,  734. 
L'Hommeau,  580. 
Lhommedieu,  703. 
L'Hostalet,  298. 
L'Hostier,  296. 
Liais,  382. 
Libertet,  358. 
Libourel,  603. 
Liège,  554. 
Liepvre,  296. 
Lieutart,  297. 
Lieutaud,  297. 
Ligonnier,  69. 
Liorac,  297. 
Liotard,  297. 
Liron,  297. 
Litre,  229. 
Livas,  297. 
Lodenot,  297. 
Loire  (de),  654. 
Lombard,  366. 


Lomé  (de),  430. 
Lommer,  297. 
Longe,  297. 
Longet,  297. 
Longuerville,  297. 
Longjumeau  (S'  de),  793. 
Longueval  (de).  173. 
Lopin,  366. 
Lorier,  297. 
Lorme  (de),  802. 
Lorphelin,  297. 
Losses  (de),  677. 
Lostanges,  654. 
Loubié,  298. 
Loucbe,  298. 
Loudriére,  653. 
Loudrière  (de),  52. 
Loup,  298. 
Lourmeau,  745. 
Loustalet,  298. 
Lozinginé,  298. 
Lucas,  176,  298. 
Lugray,  553. 
Lunadier,  298. 
Lunau,  298. 
Luppé,  91. 
Luquot,  31. 
Lusignac,  423. 
Lussan  (de),  94,  95. 
Luya,  299. 

M 

Machault  (de),  165. 
Madré,  301. 
Mafre,  299. 
Mage,  299. 
Mageron,  511. 
Magnan,  299. 
Magne,  299. 
Mahias,299. 
Mailhasson,  299. 
Mailhé,  299. 
Maille,  299. 
Maillefaud,  299. 
Maillet,  299. 
Mailley,  300. 
Mainette,  521. 
Majou,  384, 
Malabiou,  113. 
Malbois,  709. 
Malabrou,  96. 
Malarte,  300. 
Malauze,  804. 
Malaval,  300. 
Malblanc,  300. 
Malchar,  485. 
Maldanet,  300. 
Malefosse,  300. 
Malet,  300. 
Malet  de  Graville,  26. 
Maligny,  498. 
Malinas,  300. 
Mallerert  de  Feuillas,  58. 
Malnoé  (de),  382. 
Malortie,  451. 


Mandat,  440,  744. 
Mandoul  (de),  694. 
Mânes,  300. 
Manuel,  30Ù. 
Maraval,  13. 
Maravat,  77. 
Marbaut,  378. 
Marc,  301. 
Marc  (de),  682. 
Marcé  (de),  84. 
Marcel,  301. 
Marcelin,  301. 
Marchais,  54,  301. 
Marche,  301, 
Marcheval,  367. 
Marcilly,  484. 
Marcodou,  301. 
Marcombe,  367. 
Marconnay,  673. 
Marcourt,  397. 
Marcous  (de),  507. 
Margarot,  301. 
Mariette,  301. 
Marignac,  699. 
Marin,  48,  302. 
Marionneau,  302. 
Maries,  302. 
Marlié,  302. 
Marnay,  367. 
Marolles,  302. 
Marrbe,  302. 
Marron,  12. 
Mars,  302. 
Marsan,  185. 
Marteiihe,  302. 
Martel,  S02,  303. 
Martel  (de),  73. 
Martigny,  783. 
Martin,  103,  109,  303. 
Martineau,  303,  702. 
Martinenques,  304. 
Martinet,  304. 
Maruège,  304. 
Masbernard,  304. 
Massieu,  478. 
Massip,  304,  433, 
Masson,  304,  666. 
Massy  (de),  60. 
Mathieu,  304. 
Mathurain,  304. 
Matieu,  46. 
Maubernard,  304. 
Mauclerc,  428,  698. 
Maurel,  305. 
Mauriès,  48,  305. 
Mauriès  (de),  105. 
Maurin,  305. 
Mauru,  305. 
Maury,  305,  583. 
Maussie,  305. 
Mauvesin,  59. 
Manvezin,  54. 
Mauzac,  433,  507. 
Maximilien,  305. 
Mayerne,  745. 
Maynadier,  305. 

31* 


955 


PERSONNES. 


956 


Mayor,  300. 

Maystre,  305. 

Mazandier,  498. 

Mazauric,  305. 

Mazel,  306. 

Mazel  (de),  644. 

Mazelier,  306. 

Mazet,  306. 

Mège,  308. 

Mégond,  306. 

Meilhard,  306. 

Meinier,  306. 

Méjanel,  306. 

Méjean,  306. 

Melgues,  306. 

Melier,  306. 

Mellon,  306. 

Menant,  376. 

Ménard,  306. 

Menen,  307. 

Menut,  307. 

Mercier,  103,  307. 

Mercier  dit  Descombes,  97. 

Merle,  307. 

Merlet,  307. 

Mesebergue,  307. 

Mestayer,  427, 

Mestre,  307. 

Mestrezat,  731. 

Metge,  308. 

Meunier,  308. 

Meusnier,  3. 

Meussac,  308. 

Meynadier,  308. 

Miaille,  308. 

Micault,  308. 

Michel,  308. 

Miêlgues,  308. 

Migault,  308. 

Mignonneau,  859. 

Millet,  309. 

Millon,  309. 

Mimet,  167. 

Minet,  20,  23. 

Mingau,  309. 

Mirabel-Blacons,  608. 

Mirambeau,  54,  57. 

Miramont,  309,  374. 

Mirât,  747. 

Miremont  (Bernard  de),  139. 

Miroir,  309. 

Misaule,  309. 

Moinier,  309. 

Moissart,  698. 

Moitié,  309. 

Molery,  688. 

Molines,  309. 

Molinier,  309. 

Molle,  309. 

Mommas,  309. 

Monain,  94. 

Monbartier,  440. 

Monceau,  746. 

Mondelange,  485. 

Monestet,  309. 

Monfageon,  309. 


Monfort,  310. 

Monnet,  310. 

Monnier,  310. 

Monpouillan,  423,  450. 

Monsarrat,  646. 

Montagnac,  417. 

Montagut,  310. 

Montaniel,  310. 

Moutansier  (Mage  de),  654. 

Montarnal,  814. 

Montasier,  310. 

Montauzier,  653. 

Montbarot,  653. 

Montbartier,  733. 

Montberon,  23. 

Montblanc  (de),  61. 

Montboucber,  610. 

Montcalm,  718. 

Montclus,  70. 

Monteil,  310. 

Montesson,  310. 

Montfarrat,  310. 

Montferrand  (de),  422. 

Montjon,  733. 

Montlaurens,  484. 

Montlouet,  77, 

Montorcier,  387. 

Montozoir,  52. 

Montpaon,  432. 

Montpouillan,  612. 

Montredon,  229. 

Montrond,  610. 

Montsavignac,  55. 

Montvaillant,  202. 

Moran,  310. 

Moreau,  310,  371. 

Morel,  310,  383. 

Morel,S'de  Villiers-L'Orme,  553. 

Morembert,  616. 

Morier,  311. 

Morin,  305,  311. 

Morlat,  311. 

Morlot,  311. 

Marnac  (de),  168. 

Mortier,  311. 

Moucha,  311. 

Moulaires,  689. 

Moulin,  311. 

Moulines,  311. 

Moulinier,  311. 

Moulon,  311. 

Mouraille,  311. 

Mouret,  312. 

Mourgues,  312. 

Mours,  312. 

Moussier,  312. 

Mousson,  312. 

Mouton,  312, 

Moynier  de  Fourques,  685. 

Moze,  610. 

Muchet,  312. 

Muletier,  310. 

Mulier,  312. 

Munier,  312. 

Muret,  312. 

Musseton,  312. 


Mussy,  312. 
Mutonis,  408. 
Myrigaux,  54. 


N 


Nadal,  312,  432,  685, 

Nadau,  313. 

Naudé,  705. 

Naudy,  313. 

Nautery,  313. 

Nantonnier,  47,  313. 

Nauze,  58. 

Neau,313. 

Nébaude,  313. 

Nebous,  313. 

Nègre,  313. 

Nerbusson,  313. 

Nerse,  313. 

Nerville  (de),  109. 

Nevers,  682. 

Neyret,  539. 

Neys  (de),  de  Coaraze,  92. 

Nicolas,  313,  703,  860. 

Nicolau,  112. 

Niret,  314. 

Nissoles,  314. 

Nocré,  847. 

Nœl,  314. 

Noguet,  314. 

Noguier,  314, 

Noguier  (de),  103. 

Noireau,  314. 

Noiret,  714. 

Nolibois,  314. 

Nompart  de  Caumont,  55,  59. 

Normandie  (de),  189. 

Nostre,  784, 

Nouail,385. 

Nougarède,  314. 

Nougier,  315. 

Nousille,  314. 

Nouy,  315. 

Novis,  315. 


Oberkampff,  479. 

Obie,  315, 

Oddes,  315. 

Odet,  315, 

Odon,  315. 

Ogier,  315, 

Olez  de  la  Fontaisie,  805. 

Olivet  (d'),  204. 

Olivier,  315. 

Ollier,  366. 

Orcières  (d"),  387. 

Orelle  (d'),  315. 

Orges,  555, 

Orillon,  315, 

Orsenne  (d'),  23. 

Orsières  (d'),  394.  732. 

Ortet,  699. 

Ostali  (d'),  202. 

Ouche  (Des),  892. 


957 


PERSONNES. 


958 


Oudet,  315. 
Ouïes,  316. 
Oulôs,  174. 
Oullivier,  316. 
Onlt,  316. 

Onrches    (d'),    S'   de   Broussey, 
43. 


Pabion,  316. 

Pachon,  250. 

Pages-Pourcaïres  (de),  202. 

Pagot,  316. 

Painel,  316,  381. 

Palayer,  316. 

Paledan,  316. 

Palisse,  316. 

Paly,  112. 

Panassou,  508. 

Panson,  316,  317. 

Pape,  169. 

Parât,  316. 

Paraut,  316. 

Pardaillan,  54. 

Pardier  (de),  94. 

Pardiès  (de),  432. 

Paris,  316. 

Parisson  (de),  644. 

Pascal,  316. 

Pascaud,  317. 

Pasquier,  317. 

Pastel,  317. 

Pastoureau,  62. 

Pastre,   317. 

Patonnier,  317. 

Patrie,  60. 

Patron,  699. 

Pau,  317. 

Paul,  317. 

Paulet,  317. 

Pausier,  317. 

Pavie,  317. 

Peaujét,  318. 

Pechadergue,  318. 

Pecheu,  318, 

Peiregourde,  434. 

Peirenc,  318. 

Peirolle,  318. 

Péladan,  318. 

Pélanchon,  318. 

Pelât,  318. 

Pelegrin,  318. 

Pelet,  318. 

Pélissier,  318. 

Pelissier-Tanon,  357. 

Pelisson,  73. 

Pellecœur,  318. 

Pellerin,  318. 

Pelletan,  319. 

Pellican,  392. 

Pellière,  319. 

Penailh,  319. 

Penchinade,  319. 

Penserot,  699. 

Pépin,  319. 


Perachon,  521. 

Peraud,  319. 

Péraut  (de),  457. 

Perche,  319. 

Perher,  319. 

Péridier,  319. 

Périer,  319. 

Périsse,  385. 

Pérols,  320. 

Perpétuel,  367. 

Peschier,  320. 

Petel,  320. 

Petit,  320,  633,  682. 

Petur,  320. 

Peyre,  320. 

Peyre  (de),  644. 

Peyrebrune,  422. 

Peyrobella,  321. 

Peyront,  592. 

Philarète,  524. 

Piallat,  321. 

Pic,  321. 

Pichard,  702. 

Picheron  d'Entragues,  804. 

Pichet,  321. 

Picoron,  321. 

Piednoel,  321. 

Piémarin,  321. 

Pierre,  321. 

Pierre-Buffière,  450. 

Pierret,  427. 

Pigeon,  321. 

Pigeot,  321. 

Pignan,  321. 

Piguet,  321. 

Pilliet,  321. 

Pillot,  130,  137,  146. 

Piloty,  321. 

Pin,  322. 

Pinard,  322. 

Pineau,  322,  372,  384. 

Pinet,  322. 

Pintard,  322. 

Piozet,  322. 

Piqnemil,  322. 

Piquet,  322. 

Piron,  322. 

Piscator,  542. 

Pitel,  322. 

Pitet,  322. 

Pitorre,  107. 

Plan,  323. 

Planchon-Cantobré,  674. 

Plaigne,  322. 

Planque,  323. 

Plantât,  323. 

Planteféve,  323. 

Plantier,  323. 

Platon,  323. 

Pleurs  (de),  109. 

Ploos,  323. 

Pœydarrer  d'Arthex  (de),  94. 

Poissant,  323. 

Poincin,  323. 

Poitevin,  323. 

Polet,  323. 


Polge,  323. 

Polis,  323. 

Pomier  de  la  Roquette,  647. 

Pommier,  323. 

Poncel  (de),  690. 

Poncet,  324. 

Ponchat,  57. 

Pons,  324. 

Pons  (de),  59,  84. 

Ponsenat,  31. 

Pont-Farcy,  383. 

Pontié,  324. 

Pontier,  324. 

Pontlevoy,  654. 

Pontovy,  324. 

Porbère,  324. 

Percheron,  324. 

Portalier,  324. 

Portes,  106. 

Pessac  (de),  415. 

Pottier,  324. 

Poudenac  (de)  ,45Q. 

Poudrel,  324. 

Pouget,  324. 

Peugneau,  324. 

Pougnol,  324. 

Peulat,  325. 

Poumier,  325. 

Poupart,  138. 

Pourat,  325. 

Peurtaud,  325. 

Poussard,  325. 

Poussart,  652. 

Povioulas,  325. 

Poyan,  611. 

Prades,  325. 

Pradilles,  167. 

Prat,  325. 

Pratiste,  325. 

Pravilierm,  325. 

Premier,  325. 

Prépetit,  382. 

Pressac  (de),  84. 

Pressoir,  325. 

Preval,  325. 

Prévost,  387. 

Prévost  (Claude),  22,  24. 

Priam,  609. 

Prim,  325. 

Prince,  325. 

Privât,  325. 

Prouvere  (de),  381. 

Prujat,  326. 

Pruneau,  326. 

Prunier,  326. 

Puech,  326. 

Puget,  326. 

Pugnet,  326. 

Pujelas,  103. 

Pujelz,  418. 

Puyguyen,  50. 

Py,  326. 


Quénot,  327. 


959 


PERSONNES. 


960 


Quentin,  327. 
Quese,  327. 
Quest,  327. 
Quet,  327. 


Rabat  (de),  570. 
Rabaut,  13. 
Rabeau,  327. 
Radias,  327. 
Racolet,  327. 
Racoule,  327. 
Radret,  10. 
Raffin,  327. 
Rafinesque,  327. 
Ragats,  357. 
Rageau,  327. 
Raillan,  327. 
Raillance,  327. 
Raillât,  327. 
Raillon,  328. 
Raimbault,  677. 
Raimbert,  328. 
Rambaud,  387,  408. 
Ramé,  328. 
Ramel,  328. 
Ramon,  328. 
Rampon,  328. 
Ranc,  328. 
Randon,  328. 
Rapelin  (de),  202. 
Raspailb,  328. 
Rassard,  328. 
Rat,  328. 
Raucbin,  597. 
Ravaille,  375. 
Ravenel  (de),  382. 
Raymond,  329,  709. 
Raynard,  329. 
Raynaud,  329. 
Reboul,  329. 
Rech  de  Laval,  440. 
Réchias,  329. 
Réclam,  37,  38. 
Refuge,  745. 
Rôge  (de),  329. 
Regnaud,  329. 
Regoumier,  451. 
Reince  (de),  40. 
Remigioux,  53. 
Rémigoux  (de),  110. 
Renaud,  383,  381. 
Rendau,  3S0. 
Renée  de  Ferrare,  26. 
Renée  de  France,  21. 
Renouard,  655. 
Renty,  62. 
Renvoy,  512. 
Réomal,  330. 
Repen,  367. 
Reselas,  330. 
Retel,  330. 
Révolte,  330. 
Rey:  330. 
Reynard,  330. 


Reynaud,  330,  408. 

Reynol,  330. 

Riaille,   330. 

Rialhon,  330. 

Ribbitus,  164. 

Ribery,  331. 

Ribes,  331. 

Riblet,  331. 

Ribou,331. 

Ricard,  331. 

Ricart  (de),  177. 

Richard,  331. 

Riehaud,  331. 

Richère,  638. 

Riéjaud,  331. 

Rieu,  331. 

Rigal,  331. 

Rigaud,  331,  367. 

Rion,  332. 

Rioufol  (de),  610. 

Rioumal,  332. 

Rioux  (de),  653. 

Riosc,  332. 

Riquetti,  387. 

Riredebras,  332. 

Rivault,  332. 

Rivet,  20. 

Rivetart,  745. 

Rivoire,  332. 

Robais  (Van),  478. 

Robeline,  333. 

Robert,  332. 

Robert  (de),  201. 
Robert  (Dubosc  de),  410. 
Robertet,  52. 
Robillard  (de),  664. 
Rocayrol,  333. 
Roche,  333. 
Rochebiliôre,  333. 
Rocheblave,  638. 
Rochebois,  333. 
Rochechouart,  53. 
Rochefort,  59. 
Rodez,  333. 
Rodon  (de),  372. 
Rodot,  333. 
Roger,  333. 

Rohan  (Jacqueline  de),  21. 
Roland,  334. 
Roleron,  334. 
Rollet  (de),  643. 
Rois,  334. 
Romat,  334. 
Romezi,  610. 
Rondeau,  334. 
Rondot,  735. 
Roque,  334. 
Roquecésiôre  (de),  75. 
Roquépine,  55. 
Roques,  112,  384. 
Roquette,  177,  334. 
Roquevidal,  680. 
Rosier,  334. 
Rossel,  335. 
Rossel  (de),  103. 
Rosselet,  177. 


Rossiac,  62. 

Rossière,  335. 

Rossignol,  335. 

Rogtain,  335. 

Rostang,  335. 

Rotolp  (de),  680,  805. 

Rou,  483. 

Roubaud,  335. 

Roubin,  335. 

Roubineau,  335. 

Rouch,  374. 

Rouergat,  335. 

Rouffiac,  335. 

Rouget  (Claude),  8. 

Rougier,  335. 

Roumain,  335. 

Roumégeon,  335. 

Roumiou,  336. 

Rouplie,  161. 

Rouques,  67. 

Rouquette,  336. 

Roure,  336. 

Roure,  336. 

Rousseau,  336. 

Roussel,  336. 

Rousselin,336. 

Rousseron,  336. 

Rousset,  Sieur  de  Chalvars,  424. 

Roussière,  336. 

Roussin,  336. 

Rousson,  307. 

Rouverand,  337. 

Rouvier,  337. 

Rouvière,  73,  103,  337,  367. 

Rouville  (Gervais  de),  641. 

Roux,  337. 

Rouzeran,  338. 

Rovergas,  338. 

Royan  (de),  580. 

Royer,  338. 

Roy,  Sieur  de  la  Rollandiére,  109. 

Rozier,  338. 

Ruât,  338. 

Rudelle,  374. 

Ruelle,  338. 

Rujol,  509. 

Rulaud,  338. 

Ruvignan  (de),  485. 

S 

Sabarot,  338. 
Sabatier,  338. 
Sablairolle,  357. 
Sabourin,  339. 
Sagnier,  339. 
Saillens,  339. 
Saincian,  339. 
Sains  (de),  794. 
Saint-Alby,  105. 
Sainte-Colombe  (de),  94. 
Sainte-Rhue-Calmot,  76. 
Saint-Faust  (de),  91,  684. 
Saint-Georges,  53. 
Saint-Germain  (de),  382. 
Saint-Germier,  804. 


n 


9G1 


PERSONNES. 


962 


Saint-Jean,  96,  339. 

Saint-Julien,  610. 

Saint-Laurent,  382. 

Saint-Léger,  58. 

Saint- Jlartin-de-La  Coudre,  661. 

Saint-Micljel,  74. 

Saint-Orse.  422. 

Saint-Privat,416,  417. 

Saint-Quentin,  610. 

Saint-Seurin,  661. 

Saix,  339. 

Salbert,  484. 

Sales,  339. 

Sallet,  339. 

Salque,  339. 

Saltet,  339. 

Saluste,  69. 

Salvandy,  479. 

Samson,  48,  310. 

Sanadas,  340. 

Sancy,  77. 

Sanseau,  645. 

Sapin,  685. 

Sarme  (de),  162. 

Sarrau,  41. 

Sarret,  358. 

Sasserie,  109. 

Sancon,  340. 

Saudrin,  340. 

Saulcy  (de),  75. 

Saulnier,  3. 

Saumade,  340. 

Saunier,  Sieur  de  Lamourat,  424. 

Sanrice,  340. 

Sauseau,  340. 

Sansse,  340. 

Saussine,  340. 

Saussure  (de),  137. 

Saussure  (de),  Seigneur  de  Ver- 

nant,  23. 
Sautel,  610. 
Sauvebois,  340. 
Sauvet,  340. 
Sauzet,  13,  340. 
Savignac,  55,  58. 
Savilet,  340. 
Savonret,  174. 
Say,  340. 
Sayn,  341. 
Schintz,341. 
Schmoy,  341. 
Schweighaeuser,  4. 
Scorbiac,  66. 
Sechat,  341. 
Second,  341. 
Séguier,  778. 

Ségur,  S'  de  Pardaillan,  59. 
Sel,  341. 
Sellier,  341. 
Sellon,  721. 
Semeynes,  341. 
Semire,  841. 
Senarpont,  171. 
Senegat,  341. 
Senegon,  735. 
Sentenac,  374. 


Sentouch  (de).  373. 

Serguières,  341. 

Serières  (de).  368. 

Serment,  700. 

Sermoz,  341. 

Serrât,  831. 

Serre,  341. 

Serres,  341. 

Serrette,  342. 

Serrière,  342. 

Serven,  342. 

Servier,  204. 

Servière,  342. 

Serville,  312. 

Servin,  126. 

Séverac,  342,  644. 

Sevin,  376. 

Sey  (de),  744. 

Seyte,  342. 

Shebert,  342. 

Sibleyras,  342,  610,  611. 

Siguier,  342. 

Simars,  683. 

Simon,  342. 

Sitène,  342. 

Sivart,  342. 

Soleirol,  343. 

Solier,  342. 

Sorbier,  343. 

Soûage,  343. 

Soubeiran,  343. 

Souchon,  313. 

Soulages,  34^5. 

Sonlègre,  680. 

Souleyrol,  343. 

Soulier,  343. 

SouUié,  343. 

Soult,  688. 

Soussens  (de),  684. 

Soussignac,  59. 

Soustelle,  344. 

Soyecourt,  783. 

Stangier,  383. 

Steck,  341. 

Stuart,  174. 

Suaulx,  5S. 

Suel,  344. 

SufiFrein,  494. 

Suffren,  498. 

Sugla,  344. 

Suleman,  344. 

Sumeine,  344. 

Suord,  341. 

Sureau,  649. 

Surville  (de),  114. 


Tacbard,  334. 
Taillard,  344. 
Talensac,  52. 
Talin,  344. 
Talon,  244. 
Taradel,  344. 
Tardieu,  344. 
Targuet,  75. 


Tarquaix,  110. 

Taschereau,  S'  de  Baudry,  84. 

Tasserand,  344. 

Tassy,  344. 

Taureau,  344. 

Tavernier,  344. 

Tavernol,  610. 

Tavert,  345. 

Teanle,  345. 

Teissier,  345. 

Tempié. 

Tenar,  345. 

Terasson,  357. 

Termin,  472. 

Terrasson,  345. 

Terson  (de),  846. 

Tessard,  746. 

Teulet,  709. 

Teulon,  345. 

Teyssonnière,  345. 

Thaulier,  345. 

Théobon,  58,  59. 

Théron,  346. 

Thessan  (de),  486. 

Thierri,  346. 

Thiers,  346. 

Thollon,  611. 

Tholozan  (de)  de  Remoulon,  96. 

Thomas,  67,  104,  346. 

Thomas  (de),  73. 

Thompson,  346. 

Thoron  (Tiron?),  812,  813. 

Tibaute,  357. 

Ticoulet,  346. 

Tiffine,  346. 

Tilhos,  538. 

Tiolet,  385. 

Tiregant,  878. 

Tissot,  191. 

Tixeau,  346. 

Tœule,  346. 

Toffin,  346. 

Tortel,  316. 

Toucheronde,  685. 

Toulouse-Lautrec  (de),  434. 

Tourchaires,  346. 

Tournemine,  553. 

Tourreil,  346. 

Tourtelot,  347. 

Tourtereau,  347. 

Tourtoulon,  347. 

Toussain,  26. 

Toussaint,  347. 

Touvenin,  347. 

Trapier,  317. 

Traversier,  347. 

Treboulon,  347. 

Tregon,  347, 

Trémellius,  545. 

Trial,  347. 

Tribes,  347. 

Tribout,  347. 

Tridon,  347. 

Trinques,  347. 

Trinquier,  348. 

Tromparent,  348. 


963 


PERSONNES. 


964 


Trouchand,  366. 
Trouillet,  348. 
Troussard,  745. 
Troussel(de),  547. 
Trachet,  22. 
Turc,  348. 
Turel,  348. 
Turge,207. 
Turges,  348. 
Turpin,  348. 

U 

Dchard,  367. 
Drdez  (d'),  109. 
Ursinus,  394. 
Usson  (d'),  374,  433. 
Ustin,  348. 
Uzille,  382,  383. 


Vabres,  348,  776. 
Vacher,  348. 
Vachery,  349. 
Vachet,  348. 
Val,  349. 
Valadier,  349. 
Valedan,  52. 
Valescure,  349. 
Valescure  (Tourtoulon  de). 
Valet  (de),  376. 
Valette,  349. 
Valgalier,  349. 
Vallat,  349. 
Vallay  (de),  847. 
Vais,  349. 
Vandeleur,  349. 
Varay,  457. 
Vardot,  349. 
Vareilles,  349. 
Varnède,  415. 
Varnier,  349. 
Vassal,  349. 
Vasserot,  350. 
Vauborel  (de),  381. 
Vaucienne,  350. 
Vaud  (de),  892. 
Vaupilière,  350. 
Vauvert  (de),  177. 
Vauville,  704. 


376. 


Vean,  350. 
Veaute,  647. 
Védel,  203. 
Veillon,  595. 
Veirrier,  350. 
Velaux,  350. 
Velonne,  705. 
Velten,  455. 
Ven,  350. 
Venelles,  166. 
Venet,  350. 
Vénevelles  (de),  83. 
Ventouronx,  350. 
Verchaut  (de),  377. 
Verdailhan,  350. 
Verdier,  350. 
Verdier-Allut,  641. 
Verdusan,  61. 
Verger,  350. 
Vergnes  (de),  77. 
Vergnol,  351. 
Verlhac,  62,  351. 
Vermeil,  361. 
Vernède,  638. 
Vernejouls,  351. 
Vernes,  351,  610. 
Vernes  (Jacob),  12. 
Vernoux,  74. 
Versel,  351. 
Vestric  (de),  451. 
Venles  (de),  175. 
Vey,  351. 
Veziat,  351. 
Vial,  351. 
Viala,  352. 
Vialard,  352. 
Viano,  352. 
Viaud,  352. 
Viçose,  73. 
Vicose  (de),  104. 
Viçose  (de),  450. 
Vidal,  352,  357. 
Vieljeux,  352. 
Vielzen,  352. 
Vierme,  352. 
Vierne,  352. 
Viette,  431. 
Vieu,  647. 
Vieux,  366. 
Vieuxpont,  744. 
Vigier,  352. 


Vignaux,  352,  782. 

Vignes,  352, 

Vigneulles,  520,  553. 

Vignevieille,  778. 

Vignolles,  50. 

Vignolles  de  Saint-Bonnet    376. 

Vignon,  353. 

Vuiguier,  353. 

Vilardon,  685. 

Villar,  353. 

Villaret,  353. 

Villebeau,  56. 

Villeles  (de),  169 

Villenelle,  371. 

Villespassant,  432. 

Villet,  31. 

Villette-Montledié,  106. 

Villette-Montlédier(de),  74. 

Villevain,  353. 

Villom,  353. 

Vilmat,  353. 

Vilosse,  35â. 

Vinatier,  353. 

Vinay,  353. 

Vincent,  353 

Virazel,  878. 

Viret,  34,  401. 

Virieu,  457. 

Virvot,  428. 

Visme  (de),  815. 

Voiron,  354. 

Vole,  354. 

Volpellière,  350. 

Vossiere,  354 

Voyen,  S'  de  Moyne-Gabet,  384. 

Voysin  de  la  Popelinière,  110. 

Vuyrict,  698. 

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Web,  354. 

Wille-le-preudhon,  137. 
Wiltœan,  5. 
"Woelle,  354. 


Yon,  341. 


Zell,  19. 


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