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Full text of "La galerie des oiseaux"

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PAR L. ca VIEILLOT, k fé 
Continuateur de l'Histoire DES GE DonÉs, auteur dé Celles des O1sEAUx CHANTEURS DE LA " . e 
; Zoxs TorRine ET DE L'\MÉRIQUE SEPTENTRIONALE ; de lOnximHoLoGE. FRANÇAISE Pun/des savans . 
collaborateurs des deux éditions du nouveau DicnonvaRE D’Hisroine NATURELLE et du Tasusau re Re te . + 
ENCYCLOPÉDIQUE ET MÉTHODIQUE DES TROIS RÈGNES DE LA Natures ; : a, 
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PARU * ET PAR M. P. OUDART, , NS et 
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à PEINTRE EN HISTOIRE NATURELLE , ET UN DES ÉLÈVES LES PLUS DISTINGUÉS DE Me VANSPAENDONCK. 
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GALERIE DES OISEAUX. 


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3ème onpre. GALLINACÉS, Gallinacei. Gallinæ , Linnée. 


Pieds médiocres ou courts. 

Jambes garnies de chair et de plumes jusqu’au talon. 

Tarses arrondis, ou nus et réticulés, où emplumés. 

Doigts fendus, calleux en dessous ; trois devant, un ou point derrière; 
les antérieurs unis à leur base par une membrane, ou totalement séparés, 
très-rarement distincts seulement à la pointe ; pouce des tétradactyles ar- 
ticulé sur le tarse plus haut que les doigts antérieurs, quelquefois sans 
ongle, élevé de terre, ou n’y portant, chez le plus grand nombre, que sur 
le bout. 

Ongles nullement rétractiles, un peu obtus, convexes, rarement com- 
primés latéralement, courbés et pointus. 

Queue de douze à dix-huit rectrices, nulles chez des Tinamoux , 
selon M. de Azara. 

Bec voûté; mandibule supérieure couvrant les bords de l’inférieure. 

Les Gallinacés ont le sternum osseux, diminué par deux échancrures 
si larges et si profondes, qu’elles occupent presque tous ses côtés ; sa crête 
tronquée obliquement en avant, en sorte que la pointe aiguë de la four- 
chette ne sy joint que par un ligament; toutes circonstances qui, en 
affaiblissant beaucoup leurs muscles pectoraux, rendent leur vol difficile. 
Leur larynx inférieur est très-simple ; aussi n’en est-il aucun qui chante 


‘agréablement ; ils ont un jabot très-large et un. gosier fort et vigoureux 


( Règne animal).Tous, à l'exception des Gangas et de l'Hétéroclite, 


ont le port lourd, les ailes courtes et arrondies ; le vol peu élevé: et 
GALERIE DES o1SEAUx, [11° PARTIE. : 


2 GALLINACÉS. 


presque toujours à rase terre. La plupart sont polygames; le mâle ne 
nourrit pas sa femelle quand elle couve, et ne partage point l’incubation ; 
les petits y voient dès leur naissance, quittent le nid, courent et prennent 
eux-mêmes la nourriture indiquée par la mère, dès qu'ils sont éclos ; il 
faut cependant en excepter le Ganga kata , qui nourrit sa jeune famille 
dans son berceau. 

Si parmi les oiseaux sylvains, dont nous venons de parcourir la série, il 
en est qui méritent notre attention par leurs voix et leurs mœurs, d'autres, 
par la richesse et l'éclat de leurs couleurs, quelques-uns par leur chair 
succulente, on n’y en voit point qui nous soient d’une aussi grande utilité 
que les Gallinacés ; en effet, c’est parmi ceux-ci que se trouvent ces êtres 
précieux (les Poules) qui, sous la protection de l’homme, sont répandus 
dans tout le monde habité; les oiseaux du Phase, qui de la Chine ont été 
transportés en Europe, habitent présentement quelques forêts de la Ger- 
manie, de la France et de l’île de Corse. Les Dindons , apportés de l’'Amé- 
rique septentrionale, peuplent aujourd’hui nos basses-cours, disputent aux 
Poules l’avantage d’une chair délicate, et, dans des jours de fête, parent 
la table du pauvre comme le Faisan décore celle du riche. Si nous jetons 
nos regards sur nos Gallinacés sauvages, nous voyons les Tetras, les 
Gélinotes, les Caïilles et les Perdrix au premier rang par leur saveur. 
Enfin, tous ou presque tous joignent à ces précieuses qualités celle d’être 
revêtus d’un vêtement qui, par son ensemble, sa beauté, son éclat, ne le 
cède en rien à celui des plus beaux de l'ordre précédent. 

Mais’ jetons encore un coup d'œil rapide sur ces oiseaux, l’ornement 
de nos habitations rurales, et que nous appelons Cogs et Poules, sur 
ces oiseaux lourds et tout-à-fait terrestres que l’homme élève, loge et 
nourrit : l’époque de leur servitude se perd dans la nuit des premiers 
âges du monde ; c'est une espèce que l’art a presque entièrement ravie à 
la nature; l’on voit partout des Coqs en domesticité, et l’on n’en trouve 
de sauvages que dans l’Inde, encore est-ce en petite quantité. L’acquisi- 
tion de cette espèce n’a vraisemblablement pas été une conquête facile. 
Bien qu’en général les Gallinacés s'élèvent rarement dans les airs et se 
tiennent le plus souvent sur le sol pour y chercher leur nourriture, en 


NUDIPÉDES. 3 


gratter la surface avec leurs pieds et s’y rouler dans la poussière ; bien 
que leur vol soit pesant et pénible, ces oïseaux ont le naturel sauvage, 
farouche, et par conséquent ennemi de toute contrainte. Pour parvenir 
à plier celui des Coqs à un esclavage complet, une longue suite de 
tentatives et de soins a précédé sans doute les succès dont nous jouissons, 
sans que nous sachions à qui ils sont dus. On peut les envisager comme 
un vrai bienfait pour l'humanité. Peu d'espèces d'animaux présentent au- 
ant d'utilité que l'espèce du Coq. Jeunes, adultes ou vieux, mâles ou 
femelles, tous fournissent un aliment sain, léger et réparateur; il con- 
vient également à l’état de santé, de langueur ou de convalescence. On 
connaît la fécondité extraordinaire des Poules de nos basses-cours et la 
>rodigieuse consommation qui se fait de leurs œufs. Cette fécondité est 
ine ressource inépuisable et variée de la table du riche et de celle du 
pauvre. Leurs plumes forment l’édredon de l'homme des champs et de la 
lasse laborieuse des cités ; enfin, leur fiente est un des meilleurs fumiers 
qui soient à la disposition de l’agriculture, mais dont elle n’use qu'avec 
réserve à cause de sa chaleur et de son activité. Tant de propriétés utiles 
ont fait de l'éducation des Poules un art qui fut de tout temps en grande 
recommandation; mais comme ce n’est pas dans cet ouvrage qu’on doit en 
chercher la pratique, nous engageons le lecteur à la puiser dans la 
ueuxième édition du ÂVouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, où 
l’on trouvera toutes les connaissances relatives à cette branche impor- 
tante de l’économie rurale et domestique. 


sère rame. NUDIPÉDES, Vudipedes. 


Bec glabre ou couvert d’une membrane à sa base; tarses dénués de 
plumes dans la plus grande partie de leur longueur. 
Doigts au nombre de quatre ou de trois. 


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4 HOCCOS. 
A. Trois doigts devant, un derrière. 


1 pivision. HOCCO, Crax. 


Bec entouré à la base d’une peau nue, quelquefois gibbeux, épais, 
robuste, comprimé par les côtés; mandibule supérieure voûtée, courbée 
à la pointe, plus longue que l’inférieure, dont elle couvre les bords. 

Narines ovales, latérales, cachées, en grande partie, sous une mem- 
brane, ouvertes dans le bas, ou par devant, situées à la base ou vers le 
mieu du bec, ét quelquefois bombées. 

Langue épaisse, charnue, entière. 

Lorums glabres. 

Tarses allongés, sans éperons, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs unis à leur base par une membrane; postérieur 
articulé, sur le tarse moins haut que chez les autres Gallinacés, moins 
bas que chez les Facous, et appuyant à terre sur une partie de sa lon- 
gueur. PI, CC, n° 8. 

Ailes courtes, concaves, arrondies ; les trois premières rémiges gra- 
duelles, les suivantes jusqu’à la septième les plus longues de toutes. 

Queue composée de douze rectrices, larges, un peu étagées, pendantes. 

Les sept espèces de cette division ne se trouvent qu’en Amérique, de- 
puis le Mexique jusqu'au Paraguay inclusivement : là elles semblent rem- 
placer les Dindons qui habitent la partie septentrionale de ce continent 
depuis le Canada jusqu’à la baie d'Honduras, et qu'on a confondus avec 
les Hoccos, en disant qu'on les rencontre au Brésil. Ces Gallinacés, pai- 
sibles, sociables et confians, vivent en troupes nombreuses dans les vastes 
forêts de l'Amérique méridionale, et ne deviennent mquiets et farouches 
près des lieux habités, que parce qu'ils sont, comme au Paraguay, con- 
tinuellement exposés aux armes des chasseurs ; ils se tiennent ordinaire- 
ment sur les montagnes, mais toujours dans les grands bois, d’où leur 
est venu le nom mexicain Tepetotolt (oiseau de montagne). Ils cherchent 
à terre les fruits dont ils se nourrissent, et se perchent sur les arbres les 
plus élevés, où ils doivent garder mieux leur équibre que les Dindons , 


HOCCOS. x 


d’après la position et la longueur de leur doigt postérieur. Les uns nichent 
sur les fortes branches des arbres, les autres à terre, ce qui paraît dé- 
pendre des localités. Leur nid est composé de rameaux secs et de brins 
d'herbe en dehors, de feuilles en dedans. Leur ponte est peu nombreuse, 
car on ne la dit que de deux à huit œufs. 


A. Bec très-comprimé par les côtés , caronculé à la base ; narines 
situées près du front et ouvertes en en bas. PI. Q,n°5. ‘ 


LE HOCCO PAUXI, Crax pauxt. 
PI. CXCVIIIL. 


Cer& cœrule&, narium gibbere cristato ; corpore nigricante; abdo- 
mine caudæque apice albis. 

Hocco du Mexique, Brisson , Ornith., tom. 1, pag. 302, n° 14. 

Idem, Buff:, Hist. nat, des Ois., tom.2, pag. 382, pl. enl., n° 78, 
sous le nom de Pierre de Cayenne. 

Crax pauxi, Linn., Gm., Sys. natur., édit. 13. 

Idem, Lath., Index. 

Cushew bird, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 696, n°3. 

Un tubercule de couleur bleue, fait en forme de poire, adhérent à la 
base du bec par sa pointe, et s’inclinant fort peu en arrière, distingue 
parfaitement ce Hocco de tous les autres. Ce tubercule porte des rainures 
en dehors, de petites cellules en dedans, et a la dureté de la pierre; ce 
qui fait présumer que c’est de cette protubérance qu'est venu le nom 
d'oiseau-pierre qu'on a imposé à ce Hocco , et ensuite celui de prerre ; 
mais sa véritable dénomination, celle sous laquelle il est connu au Mexi- 
que ,.sa patrie, est celle que nous lui avons conservée. C’est impropre- 
ment qu'on l’a appelé Pierre de Cayenne, puisqu'il ne s’y trouve pas, ni 
à la Guyane française. En effet, Sonnini, qui a pénétré très-loin dans 
gions solitaires et 


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l’intérieur de cette contrée, et qui en a parcouru les ré 
e Er, 5 . 9 , 
inhabitées, nous assure ne l’y avoir jamais rencontré, et que de plus les 


naturels qu'il a interrogés lui ont dit qu’il leur était absolument inconnu. 


6 HOCCOS. 


Quoiqu'on en.ait vu plusieurs en captivité dans la Guyane, ce n’est pas 
un motif de les en croire indigènes, puisqu'ils y ont été apportés du 
Mexique. 1l paraît même qu’on ne retrouve pas cette espèce au Pérou ni 
au Brésil, attendu que les voyageurs, qui ont visité ces parties de l’Amé- 
rique, n’en font aucune mention. 

Nous savons, par Fernandez, que cet oiseau se perche sur les arbres, 
pond à terre comme le Faisan, mène ses petits et les rappelle de même. 
La nourriture, dans leurs premiers âges, consiste en insectes, et, dans 
un âge plus avancé , en fruits et graines. Le naturel du Pauxi est peu 
farouche et pesant; mais il ne se laisse ni prendre ni toucher. 

Son plumage est d’un noir lustré et bleuâtre, avec du blanc sur l’abdo- 
men et à l’extrémité de la queue, le bec est rouge; les pieds sont d’une 
teinte plus päle avec une nuance bleuätre sur leur face postérieure, 
les ongles noirs. Longueur totale, 2 pieds 10 pouces. La femelle se 
distingue du mâle par un tubereule moins grand. Celui des jeunes est 
arrondi , et leur plumage brun et roux ; mais dans leur premier âge il n’a 
aucune apparence de cet attribut, et ils sont alors couverts d’un duvet 
brun avec du blanc sur les plumes de l’anus et les couvertures inférieures 


de la queue. 


B. Bec plus long et courbé dès la base. Narines posées vers le milieu 
du bec et ouvertes:en devant. PI. Q, n°6. 


LE HOCCO NOIR OÙ PERANGA, Crax alector. 


PI. CC. 


Cerû flavä; corpore nigro; ventre albo. Adultus. Cristé recté, 
nier albäque; corpore suprà remigibus rectricibusque rufescente 
2lbo transversis; pectore ventreque rufis, nigro striatis , abdomine 
dilute rufo. Junior, 

Le Hocco de la Guyane, Briss,, Ornith. , tom. 1, pag. 298, n° 12, 
pl: 29. 


HOCCOS. 7 
Idem, Buÿf., Hist. nat. des Ois., tom. 2, pag. 375, pl. enl. n° 86 


Crax alector, Linn., Gm., Syst. nat. , édit. 13, n° x. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Crested curassow. dem, Synopsis, tom. 2, pag. 690, no . 

Cette espèce que Marcgrave appelle Mitu peranga , est le Tepetotolt 
des Mexicains, le Mitu des habitans du Paraguay, etle Pabos del monte 
des Espagnols de la Nouvelle-Espagne. Elle habite, non-seulement le 
Mexique et le Brésil, mais encore la Guyane et d’autres contrées chaudes 
de l'Amérique, où elle se tient dans les grandes forêts. Sa démarche est 
lente et grave, son vol lourd et bruyant; son eri aigu semble articuler, en 
deux temps, le mot po-hic. Outre ce cri, lorsque ce Hocco marche sans 
inquiétude, il fait entendre un bourdonnement sourd et concentré, qui se 
forme dans la capacité de l'abdomen, et se répand en dehors par les 
chairs et les tégumens, à peu près comme dans l’Ægami. Il se nourrit 
de fruits sauvages parmi lesquels le botaniste Aublet à remarqué ceux 
du Thon piquant (T'hoa cereus). La ponte a lieu dans la saison des 
pluies, et consiste en œufs blancs, au nombre de deux jusqu'à six, sui- 
vant l’âge de la femelle, et semblables à ceux du Dindon. Le nid est 
composé de buchettes entrelacées de brins d'herbe et disposées négli- 
gemment. 

La tête de ce Gallinacé est ornée d’une huppe composée de plumes 
étroites, un peu inclinées en arrière, mais dont la pointe revient et se 
courbe en avant. Cette huppe occupe toute la longueur de la tête, et 
l'oiseau la relève ou l’abaisse, selon qu’il est diversement affecté. Elle est 
d'un beau noir velouté, de même que les plumes de la tête et du cou; le 
ventre, les couvertures inférieures de la queue et une partie de celles des 
jambes sont d'un blanc mat; le reste du plumage et le bec d’un noir 
foncé, mais sans éclat; le tour des yeux est d’un beau jaune, de même 
que la membrane du bec; l'iris noir ; le tarse d’un cendré bleuâtre. Lon- 
gueur totale, 2 pieds 8 pouces. 

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est plus petite, que sa huppe 
est moins belle, moins élevée et d’un noir moins luisant, que sa queue 
est moins longue, et en ce que les plumes de la poitrine sont terminées 


8 DINDONS. 


par une ligne étroite et grise. Ce n’est donc point le Hocco moucheté de 
blanc, figuré sur la pl. enl., n° 5 de Buffon, ainsi que l'ont dit des orni- 
thologistes. En effet, ce ne fait partie d’une race constante qui vit 
principalement sur les bords du fleuve des Amazones. 

Le jeune, avant sa première mue, a les plumes de la huppe droites 
nullement frisées, rayées de noir et de blanc ; le cou noir; toutes les 
parties supérieures, les pennes alaires et caudales rayées en travers de 
blanc roussâtre ; la poitrine , le ventre et les jambes roux avec des bandes 
noires; les autres parties inférieures d’un roux clair; les pieds d’un gris 
roux. À mesure qu'il avance en âge, les bandes transversales disparais- 
sent; la teinte rousse des parties inférieures est remplacée par un blanc 
pur sur le ventre et sur les couvertures inférieures de la queue; puis il 
finit par n'être plus varié de blanc. C’est un Hocco de cet âge que M. de 
Azara a indiqué pour la femelle. 


2°" Division, DINDON, Meleagris. 


Bec robuste, garni d’une membrane à sa base, convexe en dessus, un 
peu épais ; mandibule supérieure voûtée, courbée à la pointe, couvrant les 
bords de inférieure et la dépassant. PI. Q, n° 7. 

INarines situées dans une membrane gibbeuse et cHHOLeSese obli- 
ques et ouvertes en dessous. 

Langue charnue, entière. 

Carontule frontale, charnue, conique et extensible chez le mâle. 

T'éte et cou mamelonnés et un peu poilus. . 

Gorge garnie d’un appendix longitudinal. 

Cou du mâle portant dans sa partie inférieure un pinceau de poils 
roides. 

Tarses du même nus, réticulés et munis d’un éperon un peu obtus. 

Doiïgts antérieurs réunis à leur base par une membrane; postérieur 
ne portant à terre que sur le bout. 


Ongles ovales, un peu émoussés. 


DINDONS. 9 


Ailes concaves, arrondies ; première rémige la plus courte de toutes ; 
quatrième, cmquième les plus longues. ‘ 

Queue à dix-huit rectrices, larges, expansibles, et s’'élevant en forme 
de roue chez le mâle. j 

Cette division est composée de deux espèces dont l’une se trouve dans 
l'Amérique septentrionale, et l’autre à la baie d'Honduras. C’est à la pre- 
mière que nous devons la race domestique, peuplade, après les Poules, la 
plus nombreuse et la plus utile de nos basses-cours. Les premiers orni- 
thologistes ne pensaient pas que le Dindon fût étranger à notre continent; 
en effet, Aldrovande, Gesner, Ray, Belon ont prétendu que cet oiseau 
tirait son origine de l’Afrique et des Indes orientales. Aldrovande a cru 
le reconnaître dans la Poule d’ Afrique où de Numidie, dont le plumage 
est couvert de taches rondes, en forme de gouttes, plumage qui ne peut 
en aucune manière être approprié au Dindon. Au reste, on ne peut au- 
jourd’hui disconvenir que ces Poules africaines ne sont autre chose que 
nos Peintades. Quant à Ray, qui fait venir les Dindons d'Afrique ou des 
Indes orientales , il semble sêtre laissé tromper par les noms. Celui 
d'oiseau de Numidie qu'il adopte suppose une origine africaine, et ceux 
de Turkey et d'oiseau de Calicut une origine asiatique. Il est done 
prouvé que nos Dindons domestiques sont originaires de l'Amérique sep- 
tentrionale , et qu'ils ont été apportés en France sous le règne de Fran- 
cois I‘, à l’époque où le premier fut mangé en France, aux noces de 
Charles IX. Ils étaient déjà communs en Espagne , d’où ils furent in- 
troduits en Angleterre dès l’année 1525. On les appela d’abord Cog ou 
Poule d'Inde , parce qu'ils venaient des Indes occidentales ; et ils sont à 
présent généralement connus sous la désignation de Dindon. 

Ces oiseaux sont susceptibles d’affections très-vives. Si quelque objet 
nouveau vient se montrer aux yeux du mâle, on le voit quitter tout à 
coup sa contenance humble et simple, se redresser avec fierté, gonfler sa 
tête et son cou, dont les parties charnues se colorent d’un rouge vif, 
hérisser les plumes du cou et du dos, relever sa queue en éventail, dé- 
ployer les pennes de ses ailes jusqu’à traîner par terre, faire entendre un 


bourdonnement sourd, tantôt accélérer sa marche, tantôt la ralentir avec 
GALERIE DES OISEAUX. /11, PARTIE. 2 


2 


10 DINDONS. 


une sorte de gravité, enfin Jeter de temps en temps un cri percant, faire 
entendre une roulade précipitée qui paraît être l'expression de la plus 
forte colère. Dans ses accès, il s’élance, attaque à coups de bec, et fait 
tous ses efforts pour éloigner l’objet qui lui est désagréable. Dans la saison 
des amours, le mâle piaffe autour de sa compagne en faisant la roue et 
en jetant un cri aigu, et faisant entendre ses glouglous. Il est polygame; 
la femelle niche à terre; sa ponte est nombreuse. 


LE DINDON SAUVAGE , Meleagris fera 
PI. CCE. 


Ferè nigra , nitore alias viridi-æneo , alias viridi, alias purpu- 
rescente ; tectricibus alarum majoribus nitidè fuscis; remigibus viridi- 
aureis , versüs apicem nigris, apice ipso albis. 

Le Dindon sauvage, Briss., Ornith. , tom. 1, pag. 162, B. 

Le Dindon, Buff. , Hist. nat. des Ois. , tom. 3, pag. 13. 

Meleagris gallopavo, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 1. 

Idem, Lath., Index, n° 7. 

American Turkey, idem, Synopsis, tom. 2, pag. 676, n° 1. 

Les Dindons sauvages, qu’on trouve dans l'Amérique septentrionale , 
depuis le Canada jusqu’à l’isthme de Panama, loin d’être améliorés par 
les soins et l’abondance de nourriture, ont singulièrement dégénéré en 
domesticité. Ils pèsent de vingt à soixante livres dans l'état de liberté , 
et il en est dont la tête, lorsqu'ils sont debout, est à plus de trois pieds 
de terre. Ils étaient autrefois communs dans le Canada et au centre des 
États-Unis ; mais ils ont disparu des pays aujourd’hui en culture, et s’en 
éloignent encore à mesure qu’on défriche; cependant ils semblent ne 
céder le terrain aux cultivateurs que pied à pied. D’après cette marche , 
on peut prédire qu'un jour on les cherchera inutilement dans l’état de 
liberté. Ils vivent la plupart du temps dans les forêts, où ils se nourrissent 
de fruits sauvages. Ils se tiennent dans les bois pendant l'été, et par petites 
bandes, qui toutes se réunissent pour former des troupes composées de 
cent à deux cents individus, qui alors quittent leur retraite pour se rap- 


DINDONS. IT 


procher des lieux habités. Aussi les naturels du nord de l'Amérique ap- 
pellent cette saison le mois des Dindons. C’est à cette époque qu'ils leur 
font la chasse, en tuent un grand nombre, et les font geler pour les con- 
server et les apporter dans les établissemens européens. 

Ce n’est plus que fort avant dans les terres qu’on rencontre ces oiseaux 
en abondance: ils sont très-farouches , et quoiqu'ils soient plus grands et 
plus gros que la race domestique, on les aperçoit difficilement dans les 
forêts, si on ne les surprend ; car, au moindre bruit qu'ils entendent, ils 
se cachent dans les herbes hautes et les broussailles. C’est aussi par cette 
ruse qu'ils évitent les serres de l'oiseau de proie; d’ailleurs , ils sont natu- 
rellement gardiens les uns des autres, le premier qui aperçoit son ennemi, 
même dans le lointain, jette le cri d'alarme, et aussitot tous se blottissent 
contre terre, de manière qu'ils échappent à sa vue. Le chasseur ne peut 
les retrouver pendant le jour, s’il n’a un chien dressé pour ce gibier, et 


doit les tirer de fort près, afin qu'ils restent sur la place, car s'ils ne 
pres, q P ; 


sont que blessés, ils disparaissent promptement, vu qu'ils vont fort 
vite, quand ils accompagnent leur course d’une sorte de demi- vol, 
et ils s’enfuient alors avec une telle rapidité, que l’aborigène le plus alerte 
ne peut les atteindre. Le coucher du soleil est l'instant le plus favorable 
pour les chasser avec avantage, parce qu'à cette époque du jour ils indi- 
quent leur retraite par leurs glouglous souvent répétés, pour se rallier. 
Dès qu'ils sont réunis, tous s’acheminent dans le plus grand silence vers 
leur asile nocturne, où ils se perchent les uns près des autres sur les 
grands arbres, et particulièrement sur ceux dont les branches sont sèches 
ou dépouillées de leurs feuilles. On peut alors les approcher de très-près, 
attendu que la vue de homme ni le bruit de larme à feu ne peuvent les 
intimider, tant qu'ils se croient en sûreté. La chute même de leurs com- 
pagnons tués à leur côté ne trouble point leur sécurité; ils voient tomber 
d’un œil tranquille et sans changer de place, celui que vient d'atteindre 
la flèche ou le plomb meurtrier ; seulement ils font entendre un bour- 
donnement qui semble plutôt exprimer leur étonnement que leur inquié- 
tude; enfin leur insouciance est telle qu'on peut les tuer tous les uns 
après les autres, quelque nombreux qu'ils soient, Il est remarquable que 


L'2 


# 


12. DINDONS. 


cette sécurité dans le danger, que d’autres appelleront stupidité , est na- 
turelle à presque tous les Gallinacés de l'Amérique septentrionale , lors- 
qu'ils se trouvent dans la même position. 

Au point du jour les Dindons font retentir les forêts de leurs glousse- 
mens, et se correspondent, surtout au printemps, sans changer de place. 
Ils glougloutent pendant une heure environ, se taisent après le lever du 
soleil, et descendent de leur gîte. Dès qu'ils sont à terre, les mâles, dans 
le temps des amours, se pavanent aux yeux de leurs compagnes ; mais, si 
le nombre des femelles ne peut suffire à tous les mâles, ceux-ci se battent 
avec un tel acharnement, que le combat ne finit que par la fuite des 
vaincus. Quand les désirs des vainqueurs sont satisfaits, tous se réunissent 
pour se rendre dans les lieux où se trouve leur pâture. 

Quoique le plumage des mäles paraisse, au premier aspect, d’un noir 
uniforme , il n’est réellement pas de cette couleur; c’est un gris de more 
dont rejaillissent divers reflets éclatans, qui forment des lunules de trois 
à cinq lignes de largeur, vers le bout des plumes du cou, de la poitrine, 
du dos, du croupion, des scopulaires, des couvertures supérieures des 
ailes et de la queue; tantôt ces reflets présentent la couleur du cuivre ou 


d’or bronzé, tantôt le violet ou le pourpre. Ces changemens proviennent 


de l'incidence de la lumière; les pennes des aïles et les tectrices supé- 
rieures de la queue sont d’un blanc argenté à leur extrémité; le bec et 
les pieds noirs. La femelle est d'un gris plus clair à reflets faibles, et plus 
petite que le mâle. La peau nue de la tête et de la partie supérieure du 
cou est bleuâtre et chargée de mamelons rouges en devant et blanchâtres 
sur le derrière de la tête. De la base du bec en dessous descend jusque 
vers le tiers de la longueur du cou, une sorte de barbillon rouge, flot- 
tant, et composé d’une double membrane; une caroncule charnue, ridée 
et conique s'élève sur le bec à son insertion dans le front. . 


PAONS. 15 


3°%e prvisron. PAON, Pavo. 


Bec nu à sa base, robuste, convexe en dessus, un peu épais; mandibule 
supérieure voûtée, plus longue que l’inférieure, courbée vers le bout. 

Narines garniés d’une membrane gonflée et cartilagineuse, situées près 
et sur les côtés du capistrum. 

Langue charnue, entière. 

Joues en partie nues. 

Tarses glabres, réticulés et, chez le mâle, armés d’un éperon. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane; le postérieur 
ne portant à terre que sur l’ongle. 

Ailes concaves, arrondies; cinquième et sixième rémiges les plus lon- 
gues de toutes. 

Queue composée de dix-huit rectrices, disposées en forme de coin, et 
susceptibles de se relever avec les longues et nombreuses plumes du crou- 
pion qui forment la roue chez le mâle adulte. 

On ne connaît que deux espèces dans cette division, lesquelles habi- 
tent dans les Indes orientales , le Guzarate, Barroche, Cambaye, la côte 
du Malabar, le royaume de Siam, l’île de Java , et l’une a été répandue, 
par la domesticité , dans les autres parties du monde. Elle fut d’abord 
apportée des Indes dans l’Asie-Mineure, puis à Samos, où elle fut jadis 
très-multipliée et consacrée à Junon. Il ne reste plus de Paons dans cette 
ile, non plus que dans les autres îles de l’Archipel. Cet oïseau passa en- 
suite dans la Grèce; il y était fort rare et d’un grand prix au temps de 
Périclès : il commença à paraître à Rome vers la décadence de la répu- 
blique. De proche en proche il fut transporté dans nos climats, auxquels 
il s’est assez accommodé pour y multiplier. Il réussit aussi fort bien en 
Amérique, où il ne vit, comme parmi nous, qu’en domesticité. Sa consti- 
tution robuste lui permet de subsister dans des climats fort opposés. Il 
est même capable de résister au plus grand froid. 

Malgré le peu de longueur de ses ailes et les grandes dimensions de sæ 
fausse queue, le Paon ne laisse pas de voler assez haut et de faire 


C= 


Æ 


14 PAONS. 

d'assez grands trajets. Il recherche les lieux les plus élevés; on le voit se 
percher sur les plus grands arbres, sur les toitures des édifices , la cime 
des tours , la flèche des clochers. Il passe pour vivre vingt-cinq années, 
et ce n’est qu'à la seconde que le mâle commence à se parer des riches 
couleurs dont la nature l’a décoré; il n’est fécond qu’à trois ans. La ponte, 
dans nos climats, où la femelle n’en fait qu'une par an, est de cinq ou 
six œufs ; la fécondité de cette espèce est plus grande dans les pays qui 
lui sont naturels; car des voyageurs assurent que la ponte y est de vingt 
à trente œufs. 


LE PAON SPICIFÈRE, Pavo spiciferus. 


PI. CCI. 


Cristé spicæ simuli ; corpore suprà cæruleo et viridi vario ; subtus 
leucophæo nigris maculis énsignibus ; tectricibus caudæ superioribus 
maculé& preditis in medio aured dein cœruled , marginibus viridibus. 

Le Paon du Japon, Brisson , Ornith., tom. 1, pag. 289, n° 8. 

Le Spicifère , Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 2, pag. 366. 

Pavo muticus, Lénn., Gm., Syst. nat., edit. 13, n°3. 

Idem, Lath., Index , n° 2. 

Japon peacock, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 672, n° 2. 

Le nom nuticus et les calcaribus nullis de la phrase latine de 
Gmelin et Latham étant erronés, nous avous dû les changer; en effet, 
ce Paon a les pieds éperonnés comme le nôtre. La dénomination de Spi- 
cifère que Buffon lui a imposée vient de l’aigrette en forme d’épi qui s’é- 
lève sur la tête; les plumes qui la composent sont plus longues que celles 
de la huppe de notre Paon, et diffèrent encore de celles-ci en ce qu’elles 
ont des barbes depuis leur origine jusqu’à leur extrémité, et présentent 
le même ensemble que les plumes ordinaires. Cette espèce, qu’on trouve 
au Japon, a été signalée par Aldrovande, d’après un dessin envoyé au 
pape par l’empereur de cet empire; tous les auteurs ont copié sa des- 


ÉPERONNIERS. i5 


cription qui manque d’exactitude sur plusieurs points. Nous avons sur 
eux l'avantage de le faire figurer et de le décrire d’après un individu qui 
fait partie de la superbe collection du Muséum d'histoire naturelle. 

Le bec est cendré; l'iris jaune; la partie nue des côtés de la tête et de 
la gorge d’un beau rouge; les couvertures supérieures de la queue sont 
au moins aussi longues, mais moins fournies que celles du Paon ordi- 
naire, et susceptibles de s’étaler de même. Le sommet de la tête et la partie 
supérieure du cou sont d’un vert changeant et bleu, selon l'incidence de 
la lumière; les plumes de la huppe longues d’environ quatre pouces , 
barbées, comme nous l'avons dit ci-dessus, vertes et bleues ; les plumes 
de la poitrine et du ventre variées de bleu, de vert, et disposées en forme 
d’écailles ; celles du dos conformées de même, bleues , vertes et terminées 
de noir avec un petit trait bleu sur leur milieu; les couvertures supé- 
rieures des ailes d’un vert changeant en bleu; mais le bleu, sous un 
aspect, semble plus étendu et plus brillant que l’autre couleur; les pennes 
primaires d’un blanc qui tend au roux, surtout vers leur extrémité; les 
tectrices supérieures de la queue sont d'un brun tirant sur le marron 
avec une tige blanche, et leur miroir est doré dans le milieu, ensuite 
bleue et à bords verts; les pieds sont cendrés ; la queue est étagée, verte 
bordée de blanc et composée de dix-huit pennes. 

La femelle, dit-on, est plus petite que le mâle, et porte une fausse 
queue moins longue ; cependant nous soupconnons que l'individu indiqué 
pour tel est un jeune mâle; ce n’est de notre part qu’une conjecture 
fondée sur l'inspection de deux individus qui sont dans la collection citée 
ci-dessus. 


ème pamizce. ÉPERONNIER, Diplectron. 


Bec un peu grêle, médiocre, en partie couvert de plumes , convexe en 
dessus ; mandibule supérieure voûtée, plus longue que l’inférieure, cour- 
bée vers le bout. PI. Q, n° 8. 

Narines garnies d’une membrane bombée, situées vers le milieu du 
bec, et ouvertes par-devant. 


k 


16 ÉPERONNIERS. 


Langue charnue, entière. 

Orbites et joues dénuées de plumes. 

T'arses du mâle armés de deux éperons, quelquefois de trois sur l’un 
et de deux sur l’autre ; rarement de trois sur chacun, et jamais de tous 
les trois isolés. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane ; postérieur 
portant à terre seulement sur l’ongle. 

Ailes courtes, concaves et arrondies, première rémige la plus courte ; 
cinquième et sixième les plus longues de toutes. 

Queue toujours horizontale, à seize rectrices, larges, expansibles , 
étagées. 

On a classé la seule espèce que renferme cette division dans le genre 
du Paon; mais elle n’en a pas les principaux attributs. En effet, le mâle 
n’a point, comme le Paon, la faculté d'élever sa queue en forme d’éven- 
tail; il n’a point les plumes du croupion longues, dépassant considéra- 
blement la véritable queue, et s’élevant avec elle. Celle-ci est d’une forme 
particulière à son espèce; elle est composée de deux rangs de plumes, 
dont l’un surmonte l’autre ; ces plumes sont couchées sur celles du second 
rang, qui ont un tiers en longueur de plus que les autres. Toutes sont 
étagées et arrondies à leur extrémité; l'oiseau les déploie horizontalement 


.quand il est agité. Le mâle porte à chaque pied un double éperon, l’un 


placé à peu près à la moitié de la longueur du tarse, et l’autre au-dessus 
à deux tiers environ de cette même longueur. Des individus ont deux 
ergots très-forts au pied droit et trois au pied gauche, dont deux se 
touchent à leur base; et d’autres en ont trois sur chaque tarse, dont 
deux sont réunis à leur origine : ainsi donc cette inégale répartition de 
matière n’est point un attribut commun à l'espèce de l'Éperonnier. 


ÉPERONNIERS. 17 


L'ÉPERONNIER PROPREMENT DIT, Diplectron 


bicalcaratus. 


PI. CCIIT. 


C'ollo splendidè fusco, lineis atris ; dorso , humeris , tectricibusque 
alarum fuscis , lituris fuscescentibus et flavicantibus ; singulis pennis 
propè apicem gult& amplé purpureo-aureo notatis. 

Le Paon de la Chine, Briss., Ornith., tom. 1, pag. 281, r 0. 

Le Paon du Thibet, ide:1, pag. 204, n 10. 

Petit Paon de Malacca, Sonnerat, Foy. 2, pag. 173, pl. 90. 

L'Éperonnier, Buff. , Hist. nat. des Ois., tom. 2 PRE 368, pl ent., 
n°492, 493. Le Chinquis, idem, pag. 365. 

Pavo bicalcaratus, Linn fGm., Syst. nat., édit. 13, n° ». 

Pavo tibetanus, idem, n° 4. 

Idem, Lath., Index, n° 3 et 4. 

Iris peacock, Lath. , Synopsis, tom. 2, pag. 673, n° 3. 

Thibet peacock, idem, pag. 675, n° 4. 

Peacock pheasant, Ædiw., Ois., pl. 67. 

Le mâle de cette espèce, qu’on trouve à la Chine, au Thibet, à Ma- 
lacca et dans diverses autres contrées de l’Asie orientale, ne porte pas sur 
la tête une aigrette comme le Paon; elle est brune; des ondes d’un brun 
sombre se jouent mollement sur le fond d’un brun vif et pourpré qui 
couvre le dessus du cou; chacune des plumes du dos, dont le fond est 
d'un gris jaunâtre clair, porte vers son extrémité une tache éclatante d’or 
et de vert brillant ; les ailes sont brunes, et chargées, excepté les grandes 
pennes, d’une grande quantité de ces taches ; la queue est également se- 
mée de ces miroirs de forme ovale et d’une belle couleur pourprée, avec 
des reflets bleus, verts et or ; un double cercle, l’un noir, l’autre orangé, 
les entoure; les parties inférieures sont d'un gris terreux sur le de- 


vant du cou, sur la poitrine et sur le ventre, avec des bandes noires 
GALERIE DES OIScAUx. ///e PARTIE. 


18 ARGUS. 


transversales et en ondes ; les orbites et l'iris sont jaunes; les joues 
blanches ; le bec est rouge en dessus et d’un brun foncé en dessous ; les 
pieds sont noirs. Longueur totale, 22 pouces, dont la queue en tient dix. 

La femelle a moins de vivacité dans ses couleurs et moins de reflets 
dans les taches où miroirs ; le bec est brun; un tubereule calleux , assez 
saillant remplace, chez elle, l’'éperon du mâle. Le jeune est entièrement 
d'un gris sale, avec de grandes taches et des raies fines de couleur brune. 
Après sa première mue, il a sur les ailes et sur la queue de grandes mar- 
ques arrondies, qui indiquent la place où doivent leur succéder les miroirs 
brillans de l'adulte mâle ; ces marques sont alors d’un bleu foncé avec 


quelques reflets verts. 


Nota. Les figures de l’Éperonnier, qu’on a pub'iées jusqu’à ce jour, 
manquent de fidélité. Dans Edwards, l’image du mâle est défectueuse , 
et les figures des planches enluminées de Buffon manquent totalement 
d’exactitude; car le mâle n’a point de huppe, et on a peint sur la queue 


quatre rangs d’yeux qui n’existent point. 
5ème prvison. ARGUS, Areus. 


Bec nu à la base, assez robuste, convexe en dessus, épais ; mandibule 
supérieure voûtée , plus longue que l’inférieure, et couvrant ses bords. 

IVarines garnies en dessus d’une membrane convexe, situées au milieu 
du bec. , 

Langue charnue, entière. 

Face nue. 

Tarses glabres, réticulés, sans éperon. 

Doigts antérieurs réunis à la base par une membrane; le postérieur 
portant à terre sur le bout. 

Rémiges variables selon l’âge; les primaires courtes, les secondaires 
plus longues et plus larges ; huitième, neuvième et dixième les plus lon- 


gues de toutes chez le mâle adulte. 


ARGUS. 19 


Queue à douze rectrices, très-larges, graduelles ; les deux intermé- 
diaires très-longues chez le même. “$ 

La seule espèce, qui entre dans cette division, se trouve à Sumatra, 
où elle porte le nom de Coo ox, et dans la Tartarie chinoise où elle est 
connue sous celui de Luen. La dénomination d’Argus, employée par les 
Européens, vient des taches en forme d'yeux répandues en grand nombre 
sur le plumage du mâle auquel elles donnent quelques rapports avec 
la queue du Paon. Elle est très-farouche, son eri est fort et désagréable; 
sa chair est aussi savoureuse que celle du Faisan. On garde très-diffici- 
lement cet oiseau en vie, il ne peut s’accoutumer à la privation de la 
liberté ; ses yeux sont offusqués par une grande lumière, et il reste triste 
et immobile, lorsqu'il y est exposé; mais il se plaît dans l'obscurité. 
Lorsque le mâle piaffe autour de sa femelle, il épanouit ses ailes presque 
jusqu’à terre, et relève sa queue en forme d’éventail; mais, lorsqu'il est en 
repos, celle-ci prend la forme de deux plans verticaux , adossés l’un contre 
l'autre. On le trouve, non-seulement dans les contrées indiquées ci-des- 
sus, mais encore dans les royaumes. de Pégu, de Siam, de Camboge, et 
à Malacca où il est très-commun. 


L’ARGUS LUEN, Argus pavonius. 


PI. CCIV. 


Luteus nigro punctatus ; facie rubré ; ocaipite cristato, cœruleo. 
Argus or luen, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 710, n° 3. 
Idem, Act. angl. 55, pag. 88, pl. 3. 
Phasianus Argus, Lath., Index, n° 3. 
Idem, Linn., Gm.- Syst. nat., édit. 13, ng 4. 
L’Argus ou le Luen, Buff., édit. de Sonnini , tom. 1, pag. 217. 
Le mâle de cette espèce, qu’on trouve , comme nous venons de le dire 
péce, 4 ; 1 
dans les royaumesde Pégu, de Siam, de Camboge et de Malacca , a la gorge, 
le haut du cou en devant et les joues recouvertes d’une peau nue d’un 
rouge cramoisi, sur laquelle on remarque quelques poils noirs clair-semés ; 


20 ARGUS. 


les plumes du front, du dessus de la tête et de l'occiput, très-petites ct 
veloutées ; d’autresätrès-étroites à barbes décomposées et piliformes se re- 
lèvent un peu sur le derrière du cou; (c’est à tort qu’on a donné à PArgus 
une double huppe qui se couche en arrière, car on n’en voitaucun vestige). 
Le bas du eou en devant, la poitrine et toutes les parties postérieures sont 
d'un brun rougeâtre , chaque plume est tachetée irrégulièrement d'un 
jaune foncé et de noir; le haut du dos et les petites couvertures de l'aile 
portent de grandes taches noires , avec des petites lignes: d’un jaune d’or; 
le reste du dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue 
sont marquetés de brun sur un fond jaune clair ; les rectrices d’un brun 
marron très-foncé et parsemées de petits points blancs entourés de noir; 
les deux intermédiaires ont du gris sale à leur extrémité; les pennes 
des ailes sont très-larges et couvertes d’une grande quantité d’yeux ; les 
tiges des primaires d’un beau bleu, celles des secondaires d’un blane pur; 
l'extérieur des premières pennes est d’un blanc sale tacheté de noir, et 
l'intérieur finement rayé, avec une large bande rousse , parsemée de petits 
points blancs; on y remarque encore des taches noires entourées de 
brun; les secondaires sont d’un gris blanc pointillé de noir; les intérieu- 
res ont de grands yeux rangés le long des tiges et de diverses teintes ; 
entre les miroirs on remarque de petites raies ondulées d’un brun noi- 
râtre sur un fond bleu. Les pieds sont rouges ; les ongles et l'iris d’un 
orange vif; le bec est jaune. Longueur, depuis la pointe du bec jusqu’à 
l'extrémité des deux rectrices intermédiaires, einq pieds trois pouces, 
dont la queue en tient trois pieds huit pouces ; les rectrices secondaires 
ont deux pieds dix pouces de longueur. 

La femelle n’a en totalité que vingt-six pouces , ce qu’on doit attribuer 
à la grande différence qui se trouve entre l'étendue de sa queue et de 
celle du mäle; ses ailesgsont aussi plus’ courtes, n'ayant que treize pouces 
quatre lignes , tandis que celles du mäle ont deux pieds dix pouces. Elle 
a la tête couverte en-dessus d’un duvet très-court, d’un gris brun et d’un 
gris clair; les plumes du dessous du cou des mêmes teintes; le bas de 
cette partie, la poitrine et le haut du dos d'un roux marron, avec des 
zig-zags noirs; le reste du dos, le croupion, les petites couvertures des 


FAISANS. S 21 


ailes et celles de la queue d’un brun jaunûtre, varié de raies transver- 
sales noires, larges et étroites ; les premières rémiges d’un roux foncé, 
pointillé de noir; les secondaires d’un brun noirâtre, avec de petites 
bandes irrégulières, d’un jaune d’ocre ; la peau nue du cou comme chez 
le mâle. 

Le jeune est d’un brun terne, moucheté irrégulièrement de roux-jau- 
nâtre , de brun et de noir; ce n’est qu'après sa quatrième mue, que le 


jeune mâle se couvre de son beau plumage. 
Ge prvisron. FAISAN, Phasianus. 


Bec robuste, convexe en dessus; un peu épais; mandibule supérieure 
voûtée, courbée vers le bout et plus longue que l’inférieure. 

INarines situées à la base du bec, latérales, couvertes en dessus par 
une membrane gonflée. 

Ldngue charnue, entière. 

Joues, chez la plupart, garnies d’une peau verrucueuse prolongée jus- 
qu’à la base du bec. 6 

Tarses nus, réticulés, éperonnés chez le mâle seul. 

Doists antérieurs réunis à la base par une membrane; postérieur 
ne portant à terre que sur le bout. 

Ongles un peu courbés, presque obtus. 

Ailes concaves, arrondies ; les cinq premières rémiges graduelles; la 
première étant la plus courte ; les quatrième et cinquième les plus longues. 

Queue composée de dix-huit pennes étagées , longues et voûtées chez 


les uns, plus courtes et planes chez les autres. 


Nous ne comptons dans cette division que cinq espèces, y compris le 
Napaul. Cependant des auteurs y en ont placé un plus grand nombre; 
mais leur Faisan couleur de feu est un coq; le Faisan couronné des 
Indes, une espèce de Pigeon connu sous le nom de Goura ; le Faisan 
de la Guyane, un Yacou ou Marail; le Faisan huppé de Cayenne ; 
un Sasa (l’Hoaziu de Buffon); le Faisan d’Impey est le Momoul ; 


AU 


29 FAISANS. 


enfin, le Faisan d'Afrique , un Musophage. On a donné aussi mal à propos 
le même nom aux Tetras et Gélimottes, qui, ainsi que les précédens , 
n’ont aucun des caractères des véritables Faisans, qu’on peut diviser en 
deux et même en trois sections; mais nous ne connaissons pas l’espèce 
qui constitue la troisième (le Faisan superbe), dont deux des pennes 
caudales ont quatre pieds de longueur. Au reste, M. Temmieck, qui l’a 
recu depuis peu des Grandes-Indes, en publiera probablement la figure 
dans la collection riche et précieuse de ses planches coloriées, faisant - 
suite aux planches enluminées de Buffon. 

C’est de la Chine et de la Colchide que les Faisans ont été apportés en 
Europe, où l'espèce la plus commune s’est acclimatée au point d'y vivre dans 
l'état sauvage; on la trouve, dit-on, dans les montagnes du Dauphiné 
qui confinent à celle du Piémont, dans celles du Forez, dans les forêts de 
Loches et d'Amboise , dans celles de Chinon, dans plusieurs îles du Rhin, 
et elle est nombreuse en Corse. On la rencontre encore dans des con- 
trées plus septentrionales , puisque Pallas l’a vue dans les bois de Kuma, 
aux environs du Terek, du Kuban, des places couvertes de jones qui 
avoisinent la mer Caspienne et tout le Caucase , et elle n’est nulle part 
aussi commune que près du fleuve Amour en Sibérie. Le Faisan noir et 
blanc et le Tricolor huppé, étant sans doute d’une complexion plus déli- 
cate, ne se propagent que dans nos faisanderies. Ces Gallinacés se plai- 
sent dans les bois ; ils se tiennent à terre dans les taillis, d’où ils sortent 
de temps en temps pour se rendre dans les terres ensemencées. Dès que 
le soleil se couche, ils gagnent ordinairement les Gaulis et les cantons 
où il y a des arbres élevés sur lesquels ils se perchent pour y passer la 
nuit. Ils sont polygames : la femelle fait une ponte nombreuse, se charge 
seule de l’incubation et des soins qu'exigent ses petits, qui naissent clair- 
voyans, quittent le nid dès leur naissance , ét saisissent eux-mêmes la 
nourriture que la mère leur indique. Leurs alimens préférés consistent 
en insectes, vers et graines céréales. 


FAISANS. 23 


A. Orbites et joues nus; téte simple ou hppee ; queue roulée. 


LE FAISAN VERSICOLOR, Phasianus versicolor. 
PI. CC. 


Capite, collo pectoreque viridi-cupreis ; abdomine fusco-nigres- 
cente; renugibus dilutefuscis albo maculatis ; caudü dilutefuscà, 
cinereo maculatt. 

Cette nouvelle espèce, qu’on voit au Muséum d'histoire naturelle, y a 
été envoyée de Java, où elle se trouve dans l’état sauvage. Elle a la tête, 
le cou et le devant du corps d’un vert cuivré, changeant en violet ; les 

_petites couvertures supérieures des ailes variées de vert doré, de brun et 
de roux clair; les autres et le croupion d’un gris mélangé de vert cuivré; 
le dos varié de lunules et de taches brunes et d’un vert olive; l'abdomen 
et les cuisses d’un brun noirâtre ; le dessus de la queue d’un brun plus 
clair, mélangé de petites taches grisâtres ; les rectrices intermédiaires 
tachetées d’un roux clair, de vert-olive et bordées d’un marron clair et 
bariolées de noir; les autres avec des taches moins grandes et moins ap- 
parentes; le bec verdâtre, la taille d’uu Faisan doré. j 


B. Orbites et joues couvertes de plumes. Téte garnie de deux cornes 
cylindriques. Membrane pendante sur la gorge. PL Q ,n°g. Queue 


arrondie. 
LE FAÏSAN NAPAUL, Phasianus satyrus. 


PI. CCVI. 


Corpore rubro , punctis ocellatis ; vertice rubro ; capite cornibus. 
1e ? Es ÿ Mt ce ss 
genunis ; caruncult gulari c®rule&, maculis fulvis varid. 
Le Faisan cornu, Briss., Ornith., tom. 6, app. , pag.16. 


24 COQSs. 


Le Napaul ou Faisan cornu, Buff. , Hist. nat. , tom. 2, pas. 362. 
Penelope satyra, Linn®, Gm., Syst. nat., édit. 13, no 1. 
. Meleagris satyra, Lath., Index, n° 2. ; 

Horned pheasant, Edivards, Oùs., pl. 116. 

Horned turkey, Lath. Synopsis , tom. 2, pag. 680, no 2. 

Dans cet oiseau, qu'on trouve au Bengale et dans d’autres contrées 
de l'Inde, le premier attribut qui frappe à la vue, sont les deux cornes 
d'une substance calleuse, à pointe obtuse, couchées en arrière, et de 
couleur bleue, qu'il porte sur la tête ,et qui s'élèvent de chaque côté du 
derrière de l'œil. C’est de cet attribut que la dénomination de Faisan 
cornu lui à été imposée , et que les nomenclateurs lui ont donné celle 
de satyrus. Les noms qu'il porte dans l'Inde signifient oiseau marbré 
ou oiseau brillant. Une membrane bleue, variée d'orangé, et garnie 
de poils en dessous, pend sous la gorge et le devant du cou; le tour des 
yeux est garni de poils noirs. Son plumage brille de vives couleurs ; des 
taches, dont les unes sont rondes et les autres en forme de larmes, 
présentent une couleur blanche entourée de noir, sur un fond rouge, et 
prennent différentes nuances sur les diverses parties. Le bec est brun, 
les pieds sont blanchätres et armés d’un éperon. Taille au-dessous de 
celle du Dindon. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle n’a ni corne 
ni membrane pendantes sur la gorge. Sa tête est garnie de longues plumes 


d'un bleu foncé qui retombent en arrière. 


gène prvision. COQ, Gallus. 


Bec glabre à la base, robuste, convexe en dessus, un peu épais; nan- 
dibule supérieure voûtée, plus longue que linférieure , courbée vers le 
bout ; l’inférieure garnie sur les côtés de deux barbillons charnus (quel 
quefois nuls chez la Poule), rarement remplacés par un petit fanon sur 
la gorge. 

INarines couvertes par une membrane calleuse, voûtées, ouvertes en 
dessous. 

Langue charnue, entière. 


COQS. 25 

Joues nues en tout ou partie. 

Téte surmontée d’une crête charnue, ou d’un faisceau de plumes re- 
dressées. 

T'arses du mâle toujours éperonnés, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs unis à leur base par une membrane ; postérieur 
ne posant à terre que sur le bout. 

Ongles un peu voûtés, ovales, presque obtus. 

Ailes moyennes, concaves, arrondies; première rémige la plus courte; 
deuxième et huitième à peu près égales; troisième et quatrième les plus 
longues de toutes. 

Queue composée de douze ou quatorze rectrices, susceptibles, chez le 
très-grand nombre, de se redresser sur deux plans verticaux adossés l’un 
à l’autre. 

Des six Coqs sauvages que renferme cette division, un (le Cog igni- 
color) est privé de crête charnue, et n’a qu'une sorte de fanon sur 
la gorge; chez une autre (le Coq Sonnerat), la Poule n’a ni crête ni 
barbillons; chez le Cog alas il n'y a qu'un barbillon sur la gorge 
du mâle et de la femelle; la tête est simple , et la queue n’est com- 
posée que de douze pennes. Les crêtes sont lisses ou dentelées, sim- 
ples ou doubles. Linnée et Latham ont réuni dans un même genre les 
Cogs et les Faisans; Brisson les a séparés génériquement, ainsi que d’autres 
ornithologistes , et c’est leur manière de voir que nous avons adoptée dans 
nos ouvrages. En effet, les Faisans diffèrent des Coqs en ce qu'ils ont 
la tête et la gorge dénuées de membranes charnues ; les joues couvertes 
de petits mamelons, ou plutôt de plumules très-courtes et imitant le 


FL 2 . . . 2 / \ < 
velours, la queue composée de dix-huit rectrices étagées, très-longues , 


pendantes, ployées chacune en deux plans et se recourbant en forme de 
toit, tous attributs dont les Coqs sont privés. Les Poules, ainsi que les 
Faisans, nichent à terre, et font une ponte nombreuse; les mâles sont 
polygames. Les espèces sauvages ne se trouvent que dans les Grandes- 
Indes , à Sumatra, à Java, à Ceylan; cependant Sonnini nous assure 
en avoir vu dans les forêts de la Guyane, où elles sont d’une petite 


taille , n'étant guère que de la grosseur d'un Pigeon commun. Sonnerat 
GALERIE DES OISEAUX. Î11° PARTIE. 4 


s 


26 COQS. 


a présenté son Coq comme la souche primitive d’où avaient dérivé toutes 
les races de-nos Cogqs et Poules domestiques ; mais d’autres naturalistes 
ne partagent pas son opinion , car plusieurs espèces, inconnues à ce savant 
voyageur, offrent plus d'identité que le sien avec nos races domestiques : 
tel est le Cog Jago qui se trouve dans l’île de Sumatra; tel est encore 
le Coq Bankiva qu’on rencontre dans les forêts de Java. Ils s'appuient 
sur ce que les deux femelles de ces deux espèces ont, comme nos Poules 
domestiques, une crête et deux appendices membraneux, attributs dont 
est privée la Poule Sonnerat. De plus, le Coq commun a une taille qui 
tient le milieu entre celles des deux Cogqs Jago et Bankiva, porte des 
plumes de la même texture et de la même forme que les plumes de 
ceux-ci, ce qui n'existe pas chez le Coq Sonnerat. Comme notre tâche se 
borne à l’histoire naturelle des Coqs sauvages, nous n’entrerons dans 
aucuns détails sur les propriétés et l’éducation de la Poule domesti- 
que, et nous renvoyons le lecteur, qui désire les connaître, à l’article 
du Coq, dans la deuxième édition du nouveau Dictionnaire d'histoire 
naturelle. 


A. Créte charnue. 


LE COQ SONNERAT, Gallus Sonneratr. 


Carunculé compressé verticis geminisque gulæ ; auribus nudis ; 
caud& compressé ascendente; pennis coli linearis elongatis, apice 
membranaceis. 

Coq et Poule sauvages des Indes, Sonnerat , Voyag. 2, pag. 153, 
160, pl. 94 et 05. 

Phasianus Gallus, Lénn., Gm., Syst. nat., edit. 13, n° 1. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Wild cock, Lath., Synopsis, tom.2, pag. 608, n° x. 

Le Coq Sonnerat, deuxième édit. du nouveau Dictionnaire d'hust. 
nat. , tom. 7, pag. 49. 

Le mâle de cette espèce, un des plus beaux oiseaux que nous possé- 


COQs. 27 
dions, porte sur la tête une crête d'un rouge vif, aplatie sur les côtés, 
festonnée ou découpée sur son bord, et qui, prenant son origine à 
la base du bec, s'agrandit en se portant en arrière; elle adhère au crâne, 
et flotte au-dessus de locciput qu’elle déborde; sa forme est à peu près 
celle d’un cône renversé. Aux deux côtés de la partie inférieure du bec. 
sont placés deux appendices membraneux , de la même couleur que la 
crête, et d’une forme à peu près triangulaire ; les joues, les côtés et le 
dessous de la gorge sont nus et couleur de chair, aussi bien qu'une ligne 
longitudinale sur le sommet de la tête entre la crête et l'œil ; au-dessous 
de cette dernière partie, l’on voit de chaque côté une tache couleur de 
perle, de la grandeur et de la forme de l’ongle du pétit doigt de la main; 
des plumes courtes, serrées et à barbes désunies, forment cette petite 
plaque qui couvre les oreilles ; de longues plumes étroites, aplaties, à 
barbes désunies et soyeuses couvrent le dessus de la tête, le devant et les 
côtés du cou ; elles deviennent plus longues, à mesure qu’elles sont pla- 
cées plus bas, et flottent sur le dos et le haut des ailes ; le tuyau de ces 
plumes est gros, très-exprimé et sensible à la vue dans la longueur de 
la plume jusqu'à quelques lignes de son extrémité, ce qui fait que chaque 
plume paraît rayée longitudinalement à son centre ; à son origine cette 
raie est grise, au milieu elle est noire, et un peu avant l'extrémité elle 
devient blanche ; les barbes sont d’un gris sale, blanchätres à la base de 
la plume jusqu'au tiers de sa longueur environ ; elles sont au milieu, à 
l'endroit où le tuyau est noir, blanchâtres sur leur limbe ; chaque plume 
est terminée par un épanouissement oblong, arrondi sur les bords , for- 


mant une tache luisante, blanchâtre, ou couleur de perle en plus grande 


$ 
partie, et d’un jaune roux brillant à sa pointe. Cet appendice a l'aspect, 
le poli, le brillant et le toucher d’une lame cartilagineuse, très-mince; ce- 
pendant, si on l’examine attentivement, en soulevant la plume et regar- 
dant en face du jour, on voit que cet appendice est bordé dans son contour 
par une frange composée de l'extrémité des barbes de la plume , et qu'il 
n’en résulte qu'une union de ces barbes plus intime qu’elle n’a coutume 
de l'être dans les plumes ordinaires; le dessous de ces plumes ne diffère 


du dessus que par des nuances moins fortes. Celles du dos sont longues, 


28 COQS. 
étroites, se terminent en pointe mousse, et sont traversées dans leur 
longueur par trois raies, dont l’une, qui est blanche, s’encadre entre les 
deux autres qui sont noires; le bas du cou en devant, le haut de la poi- 
trine, les flancs et les jambes sont couverts de plumes à peu près sem- 
blables à celles du dos; sur la poitrine elles sont d’un roux luisant dans 
le dernier tiers de leur longueur, et on y retrouve l'apparence du carti- 
lage mince que l’on observe au bout des plumes du cou ; le ventre n’est 
couvert que d’un duvet varié de blanc, de noir et de gris. Les ailes pré- 
sentent, à leur pli, la même couleur que le dos, mais rayée de noir et de 
blanc, et du roux brun luisant à leur jonction avec le corps; les grandes 
couvertures supérieures sont rousses et comme striées transversalement ; 
les pennes noires; les. tectrices du dessus de la queue longues, flottantes, 
d’un violet foncé chatoyant, sur lequel jouent des reflets d'acier bruni ; la 
queue est composée de quatorze pennes qui se partagent en deux plans 
égaux , inclinés l’un sur l’autre, et qui se rencontrent à leur bord supé- 
rieur sous un angle aigu; les deux pennes intermédiaires sont plus longues 
que les autres, et forment un arc dont la convexité est tournée du côté 
du corps de l'oiseau; le bec est couleur de corne ; les pieds sont grisâtres; 
les ongles et l’ergot noirâtres. Longueur totale, 2 pieds 4 pouces. 

La femelle diffère du mâle par une taille plus petite d’un tiers. Elle a 
le dessus de la tête et la nuque d'une teinte grisâtre ; les joues et la 
gorge couvertes de plumes très-petites, très-serrées et blanchâtres; le 
dessus du cou, la poitrine et le ventre bruns, rayés en long de blanc, 
teinté de roux ; les flancs gris ; le dos et les couvertures des ailes d’un 
brun clair, avec le tuyau des plumes d’un roux lavé; les rémiges noirâtres 
sur leur côté intérieur, brunâtres et pointillées de gris sur l'extérieur; 
les rectrices grisâtres ; les pieds gris. Un bouton peu saillant remplace, 
sur le pied de cette femelle, lergot du mâle. Sonnerat a trouvé cette 


espèce dans l'Inde. 


cOQs. 29 
B. Point de crête charnue. 


LE COQ A DOS IGNICOLOR, Gallus ignitus. 
PI. CCVII. 


Niger chalybeo-nitens ; lateribus corporis rufis ; dorso im igneo- 
Jerrugineo; rectricibus intermediis subfulvis ; capite posticè subcris- 
tato. Mas. 

Crist&, capitis, collo superiùs, dorso anteriort castaneis; uropygto, 
alis caudäque nigro transversàs lineatis ; gul& albd; corpore subis 
castaneo-fusco et albo. Femina. 

Fire-backed Pheasant , nat. M isC. , pl: Sa 

Idem, Lath., Synopsis, deuxième Suppl., pag. 274, no 2. 

Coqignicolor, Nouv. Dict. d’hust."nat., 2° édit. , tom.7, pag. 489. 

Phasianus ignitus, Lath., Index, n 14. 

Cette belle espèce, qu’on rencontre dans les îles de Java et de Sumatra, 
présente dans la forme de son bec de grands rapports avec celui du Mo- 
naul impeyan, décrit ci-après; mais elle en diffère essentiellement par la 
conformation de sa queue qui, par son port et la position verticale de ses 
pennes, ressemble parfaitement à celle du Coq; caractère qui, selon notre 
manière de voir, l'éloigne du Faisan et du Monaul, et le classe avec les 
Coqs , mais dans une section particulière, puisqu'elle ne porte ni crête 
charnue ni barbillons. 

La huppe que le mäle porte sur sa tête, au lieu de crête, est composée 
d’un faisceau de plumes dont la tige est constamment droite, déliée et 
garnie seulement à l’extrémité de barbes décomposées et disposées en 
forme d’éventail. Une membrane épaisse et de couleur violette part des 
narines, couvre les côtés de la tête, et se prolonge un peu au-delà des 
joues, où elle finit en pointe du côté du bec. Le sommet de la tête, l’ai- 
grette, le cou, le haut du dos, la poitrine et le ventre sont d’un noir à 


30 MONAULS. 


reflets brillans et d’un bleu d'acier ; les plumes des flancs terminées par 
une teinte orangée très-éclatante; les plumes du bas du dos et du croupion 


larges, très-nombreuses , d’un rouge orangé très-vif, et à reflets métalli- 


ques couleur de feu es oleter ; les tectrices alaïres noires avec une large 
zone d’un vert doré à lèur extrémité ; celles de la queue présentent aussi un 
riche assemblage de couleurs; les rectrices intermédiaires sont d’un roux 
clair ou blanches, et se terminent en forme de demi-arc; les autres noires 
et étagées; le bec est d’un jaune d’ocre ; les pieds sont gris ; les ongles et 
les éperons bruns. Longueur totale, 2 pieds. La queue est partagée en 
deux plans égaux inclinés lun à l’autre, qui forment un angle ouvert. Les 
couleurs ne sont pas tout-à-fait les mêmes chez tous les individus mâles , 
car on en remarque chez qui le plumage tend plus au violet, dont les 
plumes des flancs sont terminées de bleu, et les quatre pennes intermé- 
diaires de la queue totalement de cèêtte couleur. 
La femelle diffère du mâle en ce qu’elle n’a que 20 pouces. 


8ème prvision. MONAUL , Monaulus. 


Bec long, nu à sa base, robuste, convexe en dessus ; mandibule supé- 

rieure voûtée, plus longue que l’inférieure , très-courbée vers le bout. 
Q, n° ro. 

INarines situées vers l’origine du bec, couvertes d’une membrane et 
en partie cachées par les plumes du capistrum. 

Langue... 

Orbites nues et caronculées. 

Tarses du mâle Spas, en partie nus et réticulés. 

Doigis antérieurs réunis à leur base par une petite membrane; pouce 
portant à terre sur le bout. 

Ongles courbés, longs, comprimés, un peu obtus. 

Ailes concaves, arrondies; quatrième, cinquième rémiges les plus lon- 
oues de toutes. 

Queue à quatorze rectrices. 

Les deux espèces de cette division se trouvent dans l’Inde. Celle que 


MONAULS. Sn 


nous décrirons ci-après se tient sur les montagnes du nord de l’Indostan , 
d'où on l’apporte quelquefois à Calcutta comme un objet de curiosité. 
Elle y est connue sous le nom de Monaul ; quelques-uns appellent le 
mâle Oiseau d’or. En effet, c’est un de nos plus beaux Gallinacées. Quant 
à l’autre espèce, que nous avons décrite dans l'Encyclopédie, son plu- 
mage n’a rien de remarquable, et nous ne pouvons assurer si elle est dans 
son état parfait. 


LE MONAUL IMPEYAN, Monaulus impey anus. 


PLÈCCVIL. 


Cristatus ; purpureus viridi nitens, subis higer; coli pennis 
aureo , cupreo et viridi versicoloribus ; caud& rufà. 

Phasianus impeyanus, Lath., Index, n° 11. 

Impeyan Pheasant, idem, Synopsis, premier Suppl. ,n° 

Le Monaul , Sonnint, édit. de Buff., tom. 42, pag. 244. 

Le Monaul impeyan, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat. , 
(Om. 27, pag. 322. 

Le nom d’Impeyan, que Latham a imposé à cet oiseau, vient d’/mpey, 
nom d’une lady qui a fait des tentatives pour transporter plusieurs. Mo- 
nauls vivans en Angleterre ; mais ils sont morts dans le navire après deux 
mois de traversée. Le mâle fait entendre un gloussement rauque , fort, et 
semblable à celui du Faisan. Ces oiseaux ue le froid et ne peu- 
vent souffrir la chaleur. 

Ce très-bel oiseau a le tour de l'œil nu et d'un bleu verdâtre ; la tête 
surmontée d’une aigrette élégante, légère et formée de dix-sept ou dix- 
huit plumes de différentes longueurs , et dont les plus longues ont trois 
pouces et demi. Ces plumes sont à tige nue jusque près de leur extré- 
mité où les barbes prennent une forme ovale terminée en fer de lance ; 
ces barbes sont d’un beau vert doré; les longues plumes, dont le cou est 
revêtu, à peu près comme celui du Coq, brillent à la fois de l'éclat de 
l'or et de l’émeraude ; un mélange éclatant de pourpre et de vert doré 


32 PINTADES. 


colore le dos et les couvertures supérieures des ailes, dont les pennes 
premières sont noires ; le dessous du corps est de cette couleur, jetant 
çà et là des reflets verdâtres ; la queue est d’un roux brunâtre , plus foncé 
à son extrémité; le bec est brun; le tarse couvert de plumes sur le haut, 
ensuite d'écailles raboteuses, et armé par derrière d’un éperon, long 
épais, fort et aigu. 


? 


Longueur totale, 22 pouces environ. 
QE A « L 

La femelle diffère du mâle par une taille plus petite, par son vêtement 

entièrement brun, plus pâle sur le milieu des plumes, mélangé et rayé en 
1 
travers d’une autre nuance brune ; une large bande d’un blanc sale se fait 
remarquer en dessous de l'œil; les pennes secondaires de l’aile portent 
des bandes transversales noires et ferrugineuses ; la queue est de la cou- 
La \ 0 . . 

leur du dos, fort courte, et dépasse à peine l’aile en repos; les pieds ont 
un tubercule émoussé au lieu d’un éperon. 


9°" pivision. PINTADE, Numida. 


Bec garni à la base d’une membrane verrucueuse, un peu épais, convexe 
en dessus, courbé vers le bout de sa partie supérieure ; l'inférieure quel- 
quéfois munie à sa base de deux fanons caronculés et pendans. PI. R, 
nor à 

INarines situées dans la membrane, à demi divisées par un cartilage 

Langue charnue, entière. 

Téte casquée ou huppée. 

Tarses sans éperon, nus, réticulés. 

Doists antérieurs unis à leur base par une petite palme ; le postérieur: 
posant à terre seulement sur l'ongle. 

Ailes courtes, concaves, arrondies ; première rémige plus courte que 
la septième ; troisième et quatrième, les plus longues de toutes. 

Queue inclinée, courte, composée de quatorze ou seize rectrices. 

Les deux ou trois espèces, dont se compose cette division, habitent 
l'Afrique ; l’une ( celle qu'on a réduite en captivité) est originaire de la 
Numidie et de plusieurs contrées brülantes de cette partie du monde. 


PINTADES. 33 


Ces Pintades volent en troupes et passent la nuit, toutes ensemble, sur 
des arbres. Transportées en Amérique par les Génois dès l'an 1508, elles 
s'y sont propagées et tellement acclimaiées, que dans diverses colonies 
elles errent en liberté au sein des bois et des savanes ; on les y appelle 
Pintade marone. La grande chaleur de leur pays natal ne les empêche 
pas de supporter les froids de nos climats, où elles n'existent pas, il est 
vrai, dans l’état sauvage , mais où elles ne paraissent pas plus souffrir du 
froid dans nos basses-cours que les autres volailles. Elles se nourrissent 
des mêmes alimens. La ponte est de huit à dix œufs, et les petits, comme 
chez tous les vrais Gallinacées, quittent le nid, courent et cherchent leur 


nourriture dès qu'ils sont éclos. 


LA PINTADE HUPPÉE, Numida cristata. 


PI. CCIX. 


Caruncul& nulld ; plicd utrinque ad rictum longitudinali; cristä 
reflex atrd ; gutture sanguineo; corpore atro , guttis cœruleo-albis ; 
rectricibus 1/, fusco-nigro undulatis. 

Numida cristata, Pallas Spic., Zool. 4, pag. 15, pl. ». 

Idem, Zann., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 3. 

Idem, Lath. , Index, n° 3. 

Crested Pintado, Lath., Synopsis , tom. 2, pag. 688, n°3, pl. G2. 

La Pintade huppée, deuxième édit. du nouveau Dict. d’hists nat., 
tom. 25, pag. 128. 4 

Selon Marcgrave ; cette espèce a été apportée de Szerra-Leona ; elle se 
trouve aussi dans l’intérieur des terres de la Guyane et au cap de Bonne- 
Espérance, dans Le pays des grands Namaquois; elle y vit sen grande 
bande de quelques centaines, composées de plusieurs couvées réunies. Le 
cri de cette Pintade est discordant et sinistre, et elle le fait entendre 
plus fréquemment au lever et au coucher du soleil. 

Cette Pintade manque des barbillons charnus, qui pendent sous le bec 
de l'espèce commune; on voit seulement une sorte de pli membraneux aux 

GALERIE DES o1sEAUx. 111° PARTIE. 5 
‘ 


34 ” ROULOULS. 


angles du bec, et qui s'étend un peu sur chacune des mandibules La 
tête est presque entièrement nue; un duvet très-clair laisse à découvert 
la peau qui est d’un bleu obscur; une huppe large et épaisse , et un peu 
recourbée en avant, s'élève sur le front ; les ouvertures des narines sont 
larges et bordées d’un duvet épais; le cou est bleu en dessus et d’un 
rouge de sang en dessous ; les plumes de la huppe et du corps sont noires, 
avec des points d’un blanc bleuâtre sur la moitié postérieure du corps; 
la queue porte des bandes blanches ; les ailes sont brunes et les pieds 
noirâtres. Taille moyenne entre celle de la Perdrix et celle de la Pin-' 


tade casquée. 


10°" prvision. ROULOUL,, Ziponix. 


Bec robuste, nu à sa base, un peu épais, convexe en dessus; mandi- 
bule supérieure voûtée, courbée vers le bout, plus longue que linférieure, 
et couvrant ses bords. 

IVarines convexes, couvertes d’une membrane, et fendues vers le mi- 
lieu du bec. 

Langue charnue. 

Orbites et lorums glabres. 

Tarses nus, réticulés, lisses. 

Doigsts antérieurs garnis d’une membrane à leur base; postérieur 
exonguiculé et portant à terre seulement sur le bout. PI. CC, ne 0. 

Ongles étroits, presque droits, un peu pointus. ; 

Ailes concaves, arrondies ; première rémige très-courte; quatrième et 
cinquième les plus longues de toutes. 

Queue courte, inclinée, arrondie. 

Nous nesconnaissons qu'une seule espèce des Gallinacées qui puisse en- 
trer dans cette division; Sonnerat la regarde comme ayant par ses carac- 
tères du rapport avec le Faisan, dans le genre duquel Sparman l’a classée ; 
mais le premier pense avec raison qu’elle n'appartient à aueun genre connu ; 
c’est aussi le sentiment de Mauduyt, «puisque, dit-il, le caractère tiré de 


la conformation du doigt postérieur, qui n’est qu'un moïigñon et n'a 


ROULOULS. 35 


point d'ongle, suffit pour qu'on doive le placer dans un genre à part. » 
Le Rouloul se trouve dans les Grandes-Indes, surtout à Malacca; c’est 
à quoi se borne ce que l’on sait de sa partie historique. 


. LE ROULOUL SICRIN, Ziponix cristata. 


PI. -CCX. 


Fronte pilis sex longissimis nigris , setosis , erectis munit&, occipitis 
crist& rubro-aured; pectore et abdomine violaceis ; dorso, uropygio 
caudäque viridibus. Mas. Firidis ; capite, collo, alis spadiceis , abdo- 
mine caudäque nigrescente-fuscis. Femina. 

Le Rouloul de Malacca, Sonnerat, Foy. 2, pag. 174, pl. 100. 

Columba cristata, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 7. 

Idem, Lath., Index, n° 10 (mâle). Perdix viridis, Gm., n° 49. 

Idem, Lath., n° 22 (femelle). 

Perdix coronata, 1dem, Suppl. (mâle). 

Lesser crowned Pigeon, Lath., Synopsis , tom. 2, pag. 622, ro. 

Green partridge, idem , pag. 7717, n° 21, pl. 67 (femelle ). 

Le Rouloul de Malacca, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire 
nat., tom. 29, pag. 5or. 


. Latham avait d’abord isolé la femelle, comme une espèce distincte du 
mâle , et l’avait placée dans le genre de la Perdrix ; mais ayant vu depuis 
plusieurs de ces oiseaux morts et vivans, il à reconnu son erreur, et les à 
en conséquence réunis dans le deuxième Supplément de son général S3- 
nopsis. Les Roulouls, dit-il, participent des Pigeons et des Perdrix; ils 
ont les pieds et les doigts des premiers; c’est encore une méprise, car 
chez les Roulouls le pouce est autrement articulé sur le tarse que chez : 
les Pigeons qui l'ont au niveau des doigts antérieurs ; en effet, il est, 
comme dans les Gallinacées, plus élevé que ceux-ci sur le tarse; les Rou- 
louls en diffèrent encore tellement par leur port, leur démarche et leur 


forme , qu'on ne doit pas leur en donner le nom. 


! 


36 TOCROS. 


Le mäle porte sur le devant du front six erins noirs ou poils durs, 
roides, et qui forment une sorte de huppe ; une touffe de plumes roides, 
peu barbues, désunies et d’un rouge mordoré part de l’occiput et s’in- 
cline en arrière ; le dessus de la tête, dans la partie qui sépare les deux 
aigrettes , est blanc; les joues et le cou sont noirs; de petites plumes 
roides et blanches bordent les paupières; un violet foncé colore la poi- 
trine et le ventre ; les ailes ont du brun sur leurs petites couvertures, du 
blanc roussâtre, coupé en travers de lignes noires, sur les moyennes et 
sur les pennes secondaires; les primaires sont rousses et parsemées de 
lignes pareilles; le dos, le croupion et la queue d’un vert sombre ; les 
couvertures supérieures alaires et caudales longues et pendantes sur les 
pennes ; le bec est noir en dessus, jaune en dessous vers sa base; l'iris et 
les pieds sont de cette couleur, qui prend un ton roussâtre sur les pieds; 
les paupières blanches. Taille d’un Pigeon domestique. 

La femelle, qui tient le milieu entre la Perdrix et la Caille, porte un 
plumage généralement d’un beau vert foncé, rembruni sur la tête; le 
bas-ventre, les jambes et la queue sont d’un brun noirâtre; les ailes d’un 
brun tanné, tendant au rouge, et bigarré de noir; les lorums et le tour 


de l’œil roussâtres ; le bec et les pieds d’un rouge pale. 


pième prvision. TOCRO, Odontophorus. 


Bec glabre à sa base, très-robuste, gros, convexe en dessus , très-com- 
primé sur les côtés; mandibule supérieure voûtée et très-crochue vers son 
extrémité; l’inférieure droite, plus courte et bidentée sur chaque bord 
vers sa pointe. PI. R. n° 2. 

INarines grandes, couvertes et bordées d’une membrane. 

Langue charnue, large, moyenne. 

Yeux entourés d’une peau nue prolongée jusqu'au bec. 

T'arses robustes, lisses, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane ; postérieur 


ne portant à terre que sur son bout. 
Ongles un peu voûtés , ovales, presque obtus. 


TOCROS. 37 


Ailes concaves , arrondies x première rémige courte; cinquième et 
sixième les plus longues de toutes. 

Queue arrondie , courte, inclinée, à douze rectrices. 

Cette division ne renferme qu'une seule espèce, qui diffère trop des 
Perdrix, des Cailles et particulièrement des Colins, pour ne pas l'isoler 
génériquement ; en effet , il suffit de comparer son bec à celui de ces 
Gallinacées pour s’en convaincre; car un bec grand, gros , très-comprimé 
par les côtés, dont la partie supérieure présente un crochet allongé pres- 
que pareil à celui des perroquets , et dont l’inférieure est munie de deux 
dents très-visibles vers son extrémité, s'éloigne beaucoup du bec des 
Colins , qui est court et entier : cependant, malgré cette grande disparité, 
on ne doit pas, selon M. Temminck, avoir égard à ces deux dents, parce 
que, comme il le dit fort ingénument, on ne les voit pas quand le bec est 
fermé; ainsi donc le Tocro n’est qu'un Colin, suivant cet auteur. De plus, 
le tour de l'œil et les lorums sont couverts d’une peau nue, tandis que ces 
mêmes parties sont empluméeShez ces derniers. 

Les Tocros se trouvent dans lAmérique méridionale ; mais nous 
croyons qu'on peut les diviser en deux races, dont l’une habite la Guyane, 
et l’autre le Paraguay. Ce sont, dit Sonnini, qui a observé la race de 
Cayenne, des oiseaux qui ressemblent beaucoup aux Perdrix; ils en dif- 
fèrent toutefois par des habitudes particulières; ils se perchent sur les 
branches basses des arbres, comme tous les oiseaux terrestres et même 
aquatiques de la Guyane, afim d'éviter les serpens et les quadrupèdes 
féroces dont la terre est peuplée. Ils y font aussi leur ponte qu'on dit 
être de douze à quinze œufs blancs. D'ailleurs , ces oiseaux ne montent 
qu'à regret sur les arbres et par la seule nécessité, lorsque l'obscurité de 
la nuit les y oblige. Les Tocros vivent en compagnies , et, comme nos 
Perdrix grises, se rassemblent en s’appelant par des cris qui semblent 
exprimer le mot tocro , dont les naturels de la Guyane ont tiré le nom 
que nous lui avons conservé. 

Selon M. de Azara, la race qui habite le Paraguay jette un cri très- 
différent , puisqu'elle prononce wru quatre à vingt et jusqu'à cinquante 
fois de suite et sans interruption, ce qui lui a fait donner ce nom par 


38 TOCROS. 


les naturels appelés guaranis. Le mäleset la femelle se font entendre 
ordinairement en même temps, et confondent leurs voix. Ils ne quittent 
point les forêts les plus grandes et les plus épaisses, et ils ne se perchent 
pas sur les arbres; ils marchent et courent comme les Perdrix, et ils ne 
prennent leur vol que quand on les presse. Ils sont si brusques et si 
étourdis, qu'ils se tuent quelquefois contre les arbres , et se sauvent au 
moindre bruit. Ce savant naturaliste espagnol ajoute qu’on assure que , 
bien que ces oiseaux se tiennent ordinairement par paires, ils se réu- 
nissent quelquefois en troupes, et que toutes les femelles pondent et 
couvent en commun, comme les anis, dans le même nid, qu’elles placent 
à terre sur une couche de feuilles ; leurs œufs sont d’un bleu violet. Les 
petits suivent leurs père et mère aussitôt qu'ils sont nés; si quelqu'un les 
approche, ils se mettent à crier d’une manière extraordinaire. Quand on 
surprend les Urus dans un bois , ils s'envolent un moment avec bruit , 
et en criant gri, gri, gri; jusqu'à ce qu'ils se remettent à terre, et pren- 
nent leur course. 


LE TOCRO ROUX, Odontophorus rufus. 
PI. CCXI. 


Dorso cinereo-fusco, léturis nigricantibus vario ; gul& cinered, 
abdomine pallidè aurantis-fusco. 

Le Tocro ou la Perdrix de la Guyane, Buff., Hist. nat. des Ois., 
tom. L, pag. 513. 

Perdix guyanensis, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 6». 

Idem, Lath., Index, n° 91. 

Partridge of Guyana, idem, Synopsis, tom. 2, pag. 776, n° 20. 

Le Tocro a le dessus de la tête d'un brun tirant au rougeñtre, poin- 
tillé de noir et de roussâtre ; les joues et la gorge d’un roux foncé; cette 
couleur tend à l’orangé sur les parties postérieures , avec des raies trans- 
versales jaunâtres , plus nombreuses chez des individus que chez d’autres; 
le dessus du coù et le haut du dos sont d’un gris varié de blanc et de 


roux ; le reste du dos et le croupion de la dernière teinte, avec des points 


PERDRIX. 39 


noirs; le dessus des ailes est roux ; les pennes primaires sont d'un brun 
noir, et tachetées à l'extérieur de roux clair; les pennes secondaires, les 
plumes scapulaires et les grandes couvertures piquetées de blanc, de roux, 
‘et tachetées de noir velouté; les pennes intermédiaires de la queue bru- 
nes , avec des  zigzags noirs ; le bec est de cette couleur chez les uns, 
brun chez les autres; la peau nue des /orums et du tour de l'œil rouge ; 
le tarse d’un gris plombé. Longueur totale, 10 pouces. La femelle ne 
diffère du mâle qu’en ce qu’elle est un peu plus petite. 

L'Uru présente quelques différences dans son vêtement ; les plumes de 
la tête sont d’un roux noirâtre; une teinte de plomb règne sur les parties 
inférieures ; la nuque et le derrière du cou sont bruns; la première partie 
est tachetée de blanc, et l’autre d'un noir velouté ; les pennes de la queue 


sont presque noires. 
122% pivisiON. PERDRIX, Perdix. 


Bec nu à sa base, épais ou grêle; convexe en dessus, mandibule su- 
périeure voütée, couvrant les bords de l'inférieure, et courbée à sa 
pointe. 

IVarines à demi-closes par une membrane renflée. 

Langue charnue, entière. 

Tarses nus, réticulés, munis d’un tubercule calleux et obtus chez les 
vieux müûles Perdrix, d'un éperon pointu et corné chez les Francolins , 
lisses chez les Colins et les Cailles. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane ; le postérieur 
ne portant à terre que sur le bout. 

Ailes concaves , arrondies; les deux premières rémiges plus courtes 
que la troisième; quatrième et cinquième les plus longues chez les Per- 
drix , les Francolins et les Colins ; ailes pointues, et les deux premières 
rémiges les plus allongées chez les Cailles. 

Queue composée de douze à dix-huit pennes , courtes et inclinées. 

Cette division est composée d'environ trente-six espèces et de quatre 


sections sous lés dénominations de Perprix , Franco, Corn et 


% 


40 PERDRIX. 


CarrLE. Tous ces oiseaux courent plus souvent qu'ils ne volent, s'élèvent 
avec effort, et font du bruit en fendant l'air. Ils nichent à terre; leur 
ponte est nombreuse, et les petits, dès qu'ils sont éclos, quittent le nid, 
courent et prennent d'eux-mêmes la nourriture que leur indique la mère. 
Ils naissent couverts d'un duvet très-épais qui tombe à mesure que les 
plumes se développent, et qui présente quelquefois dans ses teintes une 
sorte d'analogie avec celles du plumage qui doit lui succéder. Le mâle 
ne soulage point la femelle dans le travail du nid, ni dans les soins 
qu’exige lincubation ; mais, chez le plus grand nombre, il se joint à 
elle pour soigner les petits. 

Quoique tous ces Gallinacées se rapprochent par des rapports super- 
ficiels , ils diffèrent plus ou moins dans leur instinct et leur genre de 
vie. Les Perdrix et les Cailles se tiennent toujours à terre; les Franco- 
lins, dit-on, se perchent le jour et la nuit; les Colins, s'ils sont trop in- 
quiétés , cherchent une retraite sur les grosses branches des arbres ; mais 
ils couchent toujours à terre les uns près des autres ; du moins c’est ainsi 
que se conduit le Colin des États-Unis, décrit ci-après. 


A. Tarses du vieux mäle muni d'un tubercule calleux et obtus ; ailes 
arrondies; place nue derrière l'œil chez la plupart; pennes de la 
queue dépassant leurs couvertures supérieures. PErprix. 


LA PERDRIX BRUNE, Perdix fusca. 


PI. CCXIL 


Corpore supra fusco , lineis maculisque albis vario ; pectore medio 
rufo ; ventre, abdomine caudäque fusco-nigricantibus. 

La Perdrix brune, Encyclop., Ornith., pag. 366. 

Cette nouvelle espèce, que M. de Riocour conserve dans sa nombreuse 
et riche collection , se trouve au Sénégal. Le mäle a la tête, la gorge, 
le cou, le dos, le croupion, les couvertures supérieures de l'aile, les 


pennes secondaires et les côtés du corps en dessous d’un brun de chocolat, 


2 


PERDRIX. UE 


couvert de lignes étroites et de petites mouchetures blanches ; les grandes 
pennes des ailes rousses; le milieu de la poitrine couvert d’une grande 
plaque roussätre; le ventre, les parties postérieures et la queue d’un brun 
noirâtre; les plumes qui recouvrent les rectrices en dessous, larges, 
étagées et arrondies à leur extrémité; le bec et les pieds rouges; taille de 
la Perdrix de montagne, mais plus haut montée. La Émelle: a le milieu 
de la poitrine et les parties postérieures blancs. 


B. Bec robuste, allongé ; tarses du mäle seul armés d’un ou de deux 
éperons Cornus et aigus ; ailes arrondies ; orbites le plus souvent 
dénuées de plumes ; queue de la plupart assez développée. Fran- 
COLINS. | 


Si on examine l'extérieur du Francolin, on y voit des dissemblances 


"assez prononcées, assez distinctes et assez importantes pour le séparer 
de la Perdrix, au moins dans une section. En effet, la nature a placé 


entre eux une démarcation très-sensible, en donnant au premier des 
mœurs et des habitudes différentes de celles de la dernière. Tous les Fran- 
colins dont on connaît le genre de vie, se tiennent, dit-on, dans les forêts, 
le long des rivières, fréquentent les marais et les lieux humides, se nour- 
rissent principalement de végétaux, se perchent souvent sur les arbres pen- 


-dant le jour, et y passent toujours la nuit. 


LE FRANCOLIN PERLÉ, Perdix perlata. 


PI CCXIIT. 


Abdonune nigro ,; maculis magnis rufis vario ; gul& alb&; rectri- 
cibus duabus intermedüs rufescentibus , nigro fasciatis. Mas. Æbdo- 
mine rufo ; dorso uropygioque cinereo-fuscis, lineis et maculis nigris 
varis ; pedibus non calcarictis. Femina. 

La Perdrix de la Chine, Briss., Ois. ; tom. 1, pag. 234, n° 9. pl. 
20, A fier. 

GALERIE DES OISEAUX. IIIe PARTIE. 6 


42 PERDRIX. 


Idem , Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 2, pag. 446. 

Francolin de l'Ile-de-France, Sonnerat, Voy. 2, pag. 166, pl. 05. 

Tetrao madagascariensis, Lénn. , Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 31. 

Tetrao perlatus, idem, n° 35. 

Perdix madagascariensis, Lath., Index, n° 8. 

Perdix perlata, idem, n° 15. 

Pintado partridge, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 761, n° 7. 

Peorled partridge, idem, pag. 772, n° 15. 

Ce Francolin, dont les orbites sont emplumées, se trouve à Madagascar, 
d’où il a été transporté à l'Ile-de-France, où il est connu, dit-on, sous 
la dénomination de Perdrix pintadée, à cause de son cri approchant de 
celui de la Pintade : ne serait-ce pas plutôt à cause des taches qui sont 
répandues sur plusieurs parties de son plumage. Il porte à la Chine le 
nom de Tcho-cou, et, si on en croit Osbeck, les Chinois s’en servent 
comme de la Caille, pour s’échauffer les mains pendant l'hiver. 

Il a le dessus de la tête d’un jaune roussâtre, à l'exception du sommet 
qui est noir et bordé de roux; deux traits noirs sur un fond blanc, de 
chaque côté de la tête; le dos mordoré; le croupion et la queue d’un roux 
clair, rayé de noir en travers; la gorge blanche; le devant du cou, la 
poitrine, le ventre noirs; il y a des taches blanches sur les deux premières 
parties ét des points roussâtres sur la troisième; les pennes des ailes sont 
noires et rayées de blanc; le bec est de la première de ces deux couleurs; 
les pieds sont d’un roux clair. Longueur totale, 10 à 11 pouces. 

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a une raie noire derrière l’œil ; 
les côtés du bec et l’espace entre les deux bandes noires, d’un blanc 
légèrement teint de roussâtre ; les plumes du dos bordées de brun clair, 
avec des taches blanches irrégulières ; celles des parties inférieures, rayées 
transversalement de blanc et de noir; les flancs et le bas-ventre rous- 
sâtres ; les scapulaires, les couvertures supérieures des ailes et de la 
queue, le croupion d’un gris brun, avec des lignes blanches et de grandes 
taches noires; le tarse sans éperon et sans tubercule. 


PERDRIX. 43 


C. Bec court, gros, plus haut que large ; tête parfaitement emplumeée ; 
tarses lisses dans les deux sexes; ailes arrondies ; pennes de la 


queue outre-passant leurs couvertures supérieures. PI. R, n° 3. 
Cons. 


Les Colins ne se trouvent que dans l'Amérique. Buffon nous parait 
très-fondé à les séparer des Perdrix et des Cailles pour former une petite 
famille particulière qui participe des unes et des autres; en effet, ils 
tiennent aux premières par leur port, leurs ailes , la forme de leur queue, 
leurs amours et leur genre de vie; mais ils s’en éloignent en ce qu'ils ont 
le bec plus court, plus gros à proportion et plus arqué; que leur tête est 
parfaitement emplumée, et que le mâle a les tarses lisses, c’est-à-dire sans 
éperon ni tubercule. Ils se rapprochent de la Caille par leur tête nulle- 
ment dénuée de plumes , leurs tarses et leurs cris; mais ils en diffèrent 
en ce que, chez eux, les deux premières pennes de l'aile sont plus courtes 
que les troisième et quatrième, et que celles-ci sont les plus longues de 
toutes ; que la queue n’est point totalement cachée sous ses couvertures 
supérieures ; tandis que chez la Caille, les deux premières rémiges sont les 
plus prolongées de toutes, et que la queue ne dépasse point les plumes 
qui la recouvrent en dessus. 

{Parmi les oiseaux qu'on a nommés Coins, on distingue facilement 
trois espèces, dont une habite l'Amérique septentrionale : ce sont des Gal- 
linacées monogames; le mâle veille à la sûreté de sa femelle pendant l'in- 
eubation, guide les petits dans leur premier âge, et en marchant en avant; 
la tête haute, l'œil aux aguets, il les avertit du danger par un cri parti- 


culier. Ceux-ci restent en famille, comme nos Perdrix grises, jusqu'au 


temps où l'amour les divise pour les unir plus étroitement deux à deux ; 
alors chaque paire s'isole pour s'occuper d’une nouvelle génération. Ils 
vivent de graines, et, dans le temps de disette, ils joignent à ces alimens 
les boutons et les premières pousses de divers végétaux. 


L4 PERDRIX. 


LE COLIN HO-OUI, Perdix borealis. 
PI. CCXIV. 


Superciliis albis ; cervice albo nigroque punctato; gul& alb& lunulä 
nigré terminat@. Mas. Supercilis , fronte guléque rufis. Femina. 

La Perdrix d'Amérique, Briss., Ornith. , tom. 1, pag. 230 , n° 7. 

La Perdrix de la Nouvelle-Angleterre, idem, pag. 229, n° 6, Buff., 
tom. 2, pag. 447. 

La Caille de la Louisiane, idem, pag. 258, n° 20, pl. 22. Buff. ol 
enl., n° 149. 

Tetrao mexicanus, n° 14, virginianus, n° 16, marilandus, n° 17, 
Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13. 

Perdix marilanda, virginiana, Lath., Index, n° 24 et 25. 

American partridge, Catesby, carol. 3, pl. 12. 

Virginian partridge, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 777, n° 22. 

Maryland partridge, idem , pag. 778, n° 23. 

Louisiane quail., idem, pag. 785, n° 29. 

On voit par la synonymie qu’on à fait de ce Colin, trois espèces parti- 
culières, d’après quelques dissemblances qu’on remarque ordinairement 
chez les mâles plus ou moins avancés en äge. On l’a présenté comme 
une Caille d'après le langage vulgaire des Américains qui ne connaissent 
que les Gélinotes sous le nom de Perdrix. Comme on trouve cette espèce 
depuis le Canada jusqu'au Mexique inclusivement, on ne peut la désigner 
par les dénominations locales qu’on lui a appliquées jusqu’à ce jour; nous 
avons donc préféré lui conserver celle de ko-oui que lui ont donnée les 
Natkès, ancienne peuplade de la Louisiane, mot que le mâle articule plu- 
sieurs fois de suite, à lépoque de ses amours, en traïnant sur la pre- 
mière syllabe, et en prononçant l’autre d’un ton bref. Les habitans de 
Massachusset l’appellent bobwhte d’après le même cri, mais différemment 
entendu par eux que par les Natkès. Ces Colins sont plus nombreux au 
sud et au centre des États-Unis qu’à la Nouvelle-Écosse et qu'au Canada, 


PERDRIX. 45 


d'où la plupart émigrent à l’automne. Ils se tiennent de préférence dans 
les buissons, les taillis, se perchent sur les arbres de moyenne hauteur et 
sur les clôtures des champs. C’est souvent dans cette dernière position 
que le mâle fait entendre son chant d'amour et son cri de rappel , quand 
sa famille est dispersée. Ils ne fréquentent guère les terres cultivées, si 
“ce n’est après la récolte. Le mâle est très-attaché à sa femelle et à ses 
petits ; il s'éloigne très-peu de l'endroit où elle niche, ne quitte jamais sa 
jeune famille, veille à sa sûreté, et lui sert de guide lorsque sa compagne 
est occupée de sa deuxième couvée, qui, dès qu’elle sort de son berceau, 
se Joint à la première. Cette espèce place son nid à terre dans le milieu 
d’une touffe de plantes assez épaisses et assez hautes pour le cacher et le 
mettre à l'abri des intempéries : elle le compose d’une grande quantité de 
tiges d'herbes, arrangées de manière qu’elles ne laissent qu'une petite 
entrée sur le côté. La ponte est de 23 ou 24 œufs d’un blanc pur; la pre- 
mière a lieu au mois de mai, et la deuxième en juillet. On est parvenu à 
acclimater ces Gallinacées dans l’île de la Jamaïque, où ils sont aujourd'hui 
assez nombreux, et où ils font aussi deux couvées annuelles , et quelque- 
fois trois. On n’a pas remarqué qu'il soit résulté du climat de la zone 
torride le plus petit changement sur leur extérieur. La longueur et la 
grosseur de ces Colins ne sont pas les mêmes chez tous, surtout chez les 
mâles ; les uns n'ont que six pouces et demi de longueur, tandis que 
d’autres ont huit à dix lignes de plus; ce qui nous fait soupconner que 
cette espèce est composée de deux races , dont la plus grande est plus 
nombreuse dans le nord des États-Unis, et l’autre dans le sud. 

Le mâle a le sommet de la tête et le dos bruns; cette couleur prend 
une nuance marron, et est bordée de noir sur le sinciput; le dessus du 
cou est marqué de noir et de blanc; des lignes vermiculées parcourent les 
couvertures supérieures, des ailes et des pennes secondaires, qui sont 
frangées d’un roussâtre très-clair sur leur bord intérieur; le croupion, 
les couvertures supérieures et les deux pennes intermédiaires de la queue 
portent des taches et des zigzags noirs et blancs; les pennes latérales sont 
dun gris cendré, bleutre; les premières rémiges brunes et bordées de 
gris en dehors ; deux bandes se font remarquer sur les côtés de la tête, 


46  PERDRIX. 

lune blanche qui couvre le capistrum, passe ensuite au-dessus de l'œil, 
et s'étend jusqu’à la nuque ; l’autre est noire, part des angles de la bou- 
che, parcourt les joues, descend sur les côtés de la gorge, et encadre la 
grande marque blanche qui domine sur le milieu de cette partie; cette 
couleur est variée de brun et de noir sur le devant du: cou et le haut de la 


poitrine ; des raies étroites, noires et transversales sont répandues sur les 


ventre, dont les côtés sont bruns et parsemés de taches ovales, blanches et 
bordées de noir. Le becllést de cette couleur; l'iris et les pieds sont rouges. 

La femelle, qui est constamment plus petite que: le mâle, en diffère 
principalement par la couleur rousse qui occupe le front , les sourcils et la 
gorge; de plus, elle à sur le devant du cou une sorte de collier composé 
de petites taches; le milieu du ventre et les parties postérieures d’un blanc 
uniforme. Le jeune mâle, avant sa première mue, lui ressemble; cependant 
il a sur le dessus du corps des raies vermiculées en plus grand nombre. 


D. Bec court, Le plus souvent gréle, aussi large que haut ; tarses 
P , 
lisses dans les deux sexes ; tête parfaitement emplumee ; ailes 
P 
pointues ; les deux premières rémiges les plus longues de toutes ; 
pennes de la queue r’outre-passant pas ses couvertures supérieures. 
CAILLE. 


Les Cailles se distinguent spécialement de tous les précédens par la 
forme des ailes et de la queue, ainsi que par quelques habitudes, comme 
on le voit dans celle d'Europe. 


LA CAILLE DE LA NOUVELLE-HOLLANDE, Perdix 


australis. 
PI. CCXY. s 
Supià castaneo-nebuloso ; lineis angularibus nigris ; Subtüs fla- 


vescens ; gul& pollidä. Mas. Corpore suprà lineis albis ; maculis 
rufis irregularibus ; subiüs cinereo-rufo, fusco vario. Femina. 


TINAMOUS. 47 


Perdix australis, Lath., Index, n° 47. 

New-Holland quail. , Lath., Synopsis, second Suppl., pag. 283, 
n° IO. 

La Caille de la Nouvelle-Hollande, deuxième édit. du nouveau Dict. 
d'histoire nat., tom. 25, pag. 262. 


Cette espèce, dont on doit la connaissance à Latham , se trouve à la 
Nouvelle-Hollande. Le mâle a le front, les /orums et la gorge d’un blanc 


terne; les plumes du sommet de la tête et de la nuque blanchâtres et noiï- 


râtres; celles des autres parties supérieures parsemées de bandes noires et 
de zigzags roux, avec du jaunâtre le long de leur tige; le dessous du corps 
roussâtre et varié comme le dessus; les pennes des ailes brunes et fran- 
gées de roussâtre à l’extérieur; celles de la queue brunes, avec des zig- 
zags. La femelle a des couleurs ternes avec des taches rousses irrégulières 
et des lignes blanches sur le dessus du corps, dont le dessous est d'un 
roux cendré, avec des zigzags bruns. 


13°%° pivision. TINAMOU , Cryptura. 


Bec nu à sa base, grêle, droit, à pointe arrondie et obtuse; mandibule 
supérieure à dos élargi, fléchie vers le bout, et couvrant les bords de 
linférieure. PI. R, n° 4. 

IVarines oblongues, couvertes d’une membrane et situées vers le milieu 
du bec. 

Langue très-courte, triangulaire. 

- Bouche ample. 

Orbites presque nues. 

Tarses lisses ou couverts par derrière d’écailles saillantes. 

Doigts totalement séparés. 

Ongles courts, courbés, larges et un peu obtus, creusés en gouttière 
par dessous ; l'intermédiaire dilaté sur son bord interne. 

Ailes concaves, arrondies; première rémige courte; quatrième, cin- 
quième , sixième les plus longues de toutes. 


48 . TINAMOUS. 


Queue courte, composée de dix pennes, chez les uns, nulle chez les 
autres. 

On compte dans cette division environ treize espèces qui sont répan- 
dues dans l'Amérique méridionale, à la Guyane, au Brésil et au Paraguay. 
Le nom qu'on leur a conservé est celui que les naturels de la Guyane 
française leur ont imposé; elles portent au Paraguay celui d'Yrambu : 
nos colons, ainsi que les Espagnols ne les connaissent que sous la déno- 
mination de Perdrix, que Brisson a pour ainsi dire conservée en les 
classant avec celle-ci; mais les caractères ci-dessus indiqués présentent 
des dissembla nces assez tranchées pour les en séparer distinctement. 

Les Tinamous, dit Sonnini, qui les a observés dans les forêts de la 
Guyane, se nourrissent des fruits du balisier, de cerises et de fêves 
sauvages, des fruits du palmier commun et de ceux du cafier, lorsqu'ils 
entrent dans les plantations qui avoisinent les bois. Ils ramassent ces fruits 
et d’autres de différentes espèces sur le sol, qu'ils grattent comme les 
Poules ; ils recherchent aussi les insectes; presque continuellement sur la 
terre , ils ne se perchent guère que pour passer la nuit, et toujours sur les 
branches les plus basses des arbres et des arbrisseaux. Ils volent pesam- 
ment et courent avec vitesse ; on les rencontre ordinairement en petites 
troupes, mais par paires dans la saison des amours. Ils font deux pontes 
par an, et toutes les deux plus ou moins nombreuses, dans un creux qu'ils 
pratiquent en grattant la terre, et sur une couche d'herbes sèches. Leur 
rappel, qui se fait entendre le plus souvent matin et soir, est un long 
sifflement tremblant et plaintif, que les chasseurs savent imiter pour les 
attirer à portée du coup de fusil. 

Nous allons entrer dans quelques détails niques sur les Frambus , 
qui sont de vrais Tinamous!, d’après M. de Azara qui les a étudiés au Pa- 
raguay. Ces Gallinacées ne vont point en campagne et se réunissent rare- 
ment par paires, de sorte que les petits, nouvellement éclos, courent de 
côté et d'autre, sans que personne ne les ait vus rassemblés ; ils préfèrent 
les terres incultes aux campagnes cultivées. Ils sont criards, surtout le 
soir et le matin, et quelques-uns durant la journée entière. D’un naturel 
peu défiant, peu sociable, timide et triste, ils sont d'une telle indolence, 


D, 


TINAMOUS. 49 


qu'ils restent tranquilles presque tout le jour à la même place; leur dé- 
marche est vive et agile, leur course rapide, leur vol bas, horizontal et 
droit ; ils ne prennent leur essor que quand ils y sont forcés, et ils sont 
bientôt fatigués. Ils cherchent leur nourriture au commencement et à la 
fin du jour, même au clair de la lune. Quelques espèces habitent les cam- 
pagnes; les autres se tiennent dans les bois, ne quittent point les cantons 
les plus fourrés et ne se perchent jamais sur les arbres. On distingue les 
Fnambus des bois de ceux des campagnes par divers attributs ils volent 


- moins , et seulement quand on les inqüiète , encore vont-ils à peine à 


quarante pas; mais ils sont plus défians que les autres. 


LE TINAMOU RAYÉ, Cryptura sylvicola. 
PI. CCXVI. 


V’ertice cœrulescente-fusco ; gul& alb&; corpore suprà nigrescente 
rufescenteque transversim striato; pectore fuscescente ; ventre al- 
bescente. 

Ynambu listado de Azara, Apuntamientos para la hist. nat. de los 
paxaros del Paraguay y Rio de la Plata ; tom. 5, pag. 53. 

Le Tinamou rayé, deuxième édit. du nouveau Dictionnaire d'hist. 
nat., tom. 34, pag. 107. 

Cette espèce qu’on ne rencontre que dans les grandes forêts du Para- 
guay et du Brésil, où elle est solitaire, fait une ponte de quatre œufs d’ün 
violet lustré. 

Elle a le dessus de la tête d’un brun bleuâtre, le reste de cette partie, le 
dessus et les côtés du cou bruns, avec quelques traits d’une teinte effacée 
sur celui-ci, dont le devant est d’un brun un peu roussätre, de mème 
que le haut de la poitrine ; celle-ci est ensuite d’un blanc jaunâtre, qui se 
dégrade jusqu'au blanc sur le bas-ventre; la gorge est de cette couleur; le 
dessus du corps, les couvertures supérieures des ailes et les flancs sont 
rayés transversalement de noirâtre et de roussâtre; les pennes alaires 
noires et bordées de marron; les pieds couleur de feuille morte. Le bec 

GALEWIE DES OISEAUX. [11° PAR TUTE; 7 


50 TURNIX. 


est d’un noir bleuâtre en dessus, jaunâtre en dessous; l'iris d’un roux vif. 
Longueur totale, 10 pouces et demi. L'individu dont nous publions la 
figure a été envoyé du Brésil; il présente dans son plumage et sa taille 
quelques différences avec celui du Paraguay, décrit par M. de Azara; ce- 
pendant nous pensons que lun et l’autre appartiennent à la même espèce. 


B. Trois doigts devant, point derrière. 


# 


14ève prison: TÜRNIX, Turnix. 


Bec glabre ou emplumé à sa base, grêle, droit, convexe en dessus, 
comprimé latéralement ; mandibule supérieure courbée vers le bout, plus 
longue que inférieure. 

INarines couvertes d’une membrane prolongée jusqu’au milieu du bec. 

Langue charnue, entière. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts totalement séparés, trois devant; postérieur nul. 

Ongles un peu courbés, pointus. 

Ailes un peu concaves; première et deuxième rémiges les plus longues 
de toutes. 

Queue inclinée, à dix rectrices très-courtes. 

Des onze espèces qui composent cette division , l’une se distingue 
des autres par des caractères qui lui sont particuliers: elle a la base du 
bec garnie de plumes, de manière que l’arète est la seule partie qui soit 
visiblei ce qui donne lieu à les diviser en deux sections. Ces oiseaux vivent 
dans les lieux sablonneux et les broussailles de l’Europe méridionale, de 
l’Afrique , de lPAsie orientale et de l’Australasie. On dit qu’ils sont po- 
lygames. C’est à quoi se borne ce que l’on sait de leur genre de vie. 


TURNIX. br 
A. Bec glabre à sa base. 


LE TURNIX MOUCHETÉ, Turnix maculatus. 
PI. CCXVIT. 


Corpore supra rufo , maculis nigris , spadiceis, albis cœrulescenti- 
busque ; subtüs rufescente , tæni& alb& , longitudinali in vertice ; su- 
perciliis rufis. 

Le Turnix moucheté, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat., 
tom. 35, pag. 47. 

Idem, Encyclopédie méth. (Ornith.) ; pag. 330. 

Nous devons la connaissance de cette espèce aux naturalistes qui ont 
fait le voyage aux terres australes avec le capitaine Baudin; le pays où ils 
l'ont trouvé n’est pas strictement connu; c’est pourquoi nous ne pouvons 
assurer que ce soit à la Nouvelle-Hollande. Une bande blanche longitu- 
dinale tient le milieu sur le sommet de la tête, dont les plumes sont ta- 
chetées de noïr et terminées de gris roussâtre; les sourcils, le dessus et 
les côtés du cou sont roux; cette couleur tend au blanc sur les joues et 
sur la gorge ; elle est claire sur les parties postérieures et rayée de noir 
et de blanc roussâtre sur les côtés de la poitrine et sur les flancs ; les 
plumes du haut du dos et des scapulaires portent une tache noire sur leur 
milieu ; elles sont d’un roux foncé vers leur extrémité et bordées de 
blanchätre; celles du bas du dos et les longues plumes du croupion sont 
noires, avec des zig-zags roux, entourés de jaunâtre et de bleuâtre; quel- 
ques taches de la dernière teinte se font aussi remarquer sur les plumes 
scapulaires; les couvertures supérieures des ailes portent une grande tache 
vers leur extrémité sur un fond roussâtre ; les plus grandes ont des taches 
rousses et noires sur leur côté intérieur ; les rémiges sont d’un cendré 
clair, avec une bordure roussâtre en dehors ; le bec et les pieds sont 
jaunes. Longueur totale, 5 pouces. 


sf 


52 TURNIX. 
B. Bec couvert de plumes à sa base. PI.R, n° 5. 


LE TÜRNIX A FRONT NOIR, Turnix nigrifrons. 


PI CCXVIIL 


Fronte nigro alboque transversim striaté ; corpore supra rufo, 
nigro, rufescente, albo vario ; pectore lunulis nigris ; ventre albo. 

Le Turnix à front noir, deuxième edit. du nouv. Dict. d'histoire 
nat. , tom. 35, pag. 48. 

Idem, Encyclopédie méth. (Ornüth.) , pag. 331. 

Nous ne connaissons qu’un seul individu de cette espèce, lequel fait par- 
üe de la collection du Muséum d'histoire naturelle. Il a sur le front trois 
bandelettes transversales, dont deux blanches et une noire; l’une des deux 
premières occupe le capistrum, et l’autre succède à la noire qui s'étend sur 
le front; le reste de la tête et la nuque sont roussâtres; avec des taches 
noires; le dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue 
variés de roux, de noir et de blanc roussâtre; les tectrices supérieures 
des ailes d’un roux jaunâtre, avec une petite tache noire vers le bout de 
chaque plume; les rémiges d’un gris rembruni; la gorge est d’un roussâtre 
uniforme ;le devant du cou et la poitrine sont, sur un même fond, par- 
semés de petites taches noires; le ventre et les parties postérieures d’un 
blanc pur; le bec et les pieds roussâtres. Longueur totale, 6 pouces. On 
dit que cette espèce se trouve dans les Grandes-[ndes. 


oève ramirze. PLUMIPÉDES, Plumipedes. 


Bec emplumé à sa base. 
T'arses couverts de plumes en tout ou en grande partie. 
Doists au nombre de quatre ou de trois nus ou vêtus. 


TÉTRAS. 53 


1° prvison. TÉTRAS, Zetrao. 


Bec robuste, convexe en dessus, un peu épais; mandibule supérieure 
voûtée , courbée vers le bout, plus longue que l’inférieure , et couvrant ses 
bords. PI. R, n° 6. 

Narines à demi-closes par une membrane renflée, garnies de plumes 


en devant. 
Langue courte, charnue, acuminée. “ 
Sourcils verruqueux. # 


T'arses emplumés. 

Doigts au nombre de quatre, nus; antérieurs réunis à leur base par 
une membrane; postérieur portant à terre sur le bout. PI. DD, no 2. 

Ailes concaves, arrondies; première rémige plus courte que la sixième 
ou la septième ; troisième, quatrième, cinquième, les plus longues de 
toutes. 

Queue arrondie, quelquefois fourchue, rarement très-étagée , composée 
de seize ou dix-huit rectrices. ÿ 

Cette division, composée de neuf ou dix espèces, serait susceptible de 
trois sections, déterminées d’après les formes de la queue; la première 
contiendrait celles & à queue Jourchue; la deuxième, les Tétras à queue 
arrondie; et la troisième ceux à queues Le agree La plupart sont con- 
nus sous le nom de Gélinote. 

Ces Gallinacées n’habitent que les contrées tempérées et boréales des 
deux continens; on n’en rencontre point en Afrique , ni dans l’Asie orien- 
tale; les oiseaux de ces parties du monde, auxquels on à donné le nom de 
Gélinote, sont des Gangas. On n’en trouve pas non plus dans l'Amérique 
méridionale, où ils sont remplacés par les T'iramous et d'autres Galli- 
nacées particuliers à cette région. 

Nous ne connaissons’ en France que trois de ces oiseaux, savoir : le 
grand Tétras , le petit, et la Gélinote proprement dits ; la Suède en 
possède un de plus , qui est le Tétras backleans. On en voit dans l’Amé- 
rique séptentrionale quatre, savoir : les Gélinotes cupidon , à fraise , 


54 TÉTRAS. 


tachetée, et à longue queue ; mais il est probable qu'on y en rencontre 
un plus grand nombre; car nous voyons dans un voyage, fait en 1814, 
par Brackenredge, sur la rivière du Missouri, qu'un bel oiseau, appelé 
Meadow’s hen (Poule de prairie), vit, pendant l'hiver, en grandes trou- 
pes, vient devant les granges, et se tient souvent sur le toit des maisons. 
Cet oiseau est un peu plus grand que le Tetrao umbellus , auquel il res- 
semble en quelque chose par ses couleurs; mais, dans ses formes, il se 
rapproche de la Pintade. Il y a encore sur les bords du Missouri un autre 
Gallimacée qui a de très-grands rapports avec le Tetrao umbellus ; mais 
il esipresque aussi grand que le Dindon. On a encore donné le nom de 
Gélinote aux Lagopèdes : mais nous en faisons une division particulière 
sous cette dénomination. Ÿ’oyez ci-après. 

Les Tétras et les Gélinotes établissent leur domicile dans les forêts ; les 
uns préfèrent celles qui couronnent les hautes montagnes, tandis que 
d’autres se tiennent dans les plaines et les lieux bas. Hors la saison des 
amours, ils sont presque toujours à terre, et ne se perchent guère que 
pour passer la nuit, ou lorsque quelque bruit les fait lever. Ils se nour- 
rissent des fruits et des somimités des pins, des sapins, des bouleaux et 
d'autres arbres et arbustes, et de baies de plusieurs plantes. Ils mangent 
aussi des graines, des vers, des insectes. Ils avalent de petites pierres, de 
même que les Poules, et grattent, la terre avec leurs pieds. C’est le matin 
et le soir qu'ils vont dans les taillis pour chercher leur pâture; ils se 
retirent, pendant la journée, dans les endroits les plus fourrés de la 
forêt. SC) 

Ces oiseaux entrent en amour à l’époque où les feuilles des arbres com- 
mencent à pousser; les mâles deviennent alors, dans toute l’étendue du 
terme , ivres d'amour; on les voit, soit à terre, soit sur le tronc d’un 
arbre tombé, les plumes de la tête relevées, les ailes traînantes, la queue 
étalée, se promener en prenant toutes sortes de postures extraordinaires, 
et exprimant le besoin qui les tourmente par un cri très-fort, et qui se fait 
entendre de loin. Ce temps d’ardeur et d'abandon dure jusqu’au mois de 
juin. 

Les femelles font leur ponte à l'écart dans des taillis épais et peu élevés, 


TÉTRAS. 5e 


et sur la terre même. Cette ponte, la seule qu’elles font dans l’année, se 
compose de huit jusqu'à seize œufs; elles les couvent comme la Poule, 
et elles élèvent leurs petits de la même manière ; ceux-ci restent pendant 
l’automne et l'hiver avec leur mère, mais au printemps ils se séparent ; 
c’est alors seulement que les mâles recherchent la compagnie des femelles. 
Toutes les espèces de cette division sont polygames. 


LE TÉTRAS CUPIDON, Zetrao cupido. 
PI. CCXIX. 


Alis fuscenturiatis cervicalibus ; corpore spadiceo ; nigro alboque 
undulato. Mas. Minor; alis fuscenturiatis nullis. Femina. 

Coq des bois d'Amérique, Catesby, car. 3, pag. x, pl. 1. 

La Gélinote huppée d'Amérique, Briss., Ornith., tom. 1 pag. 212, 
n° IO. 

Tetrao cupido, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 5, 

Idem, Lath., Index, n° 8. 

Pinnated grous, Lath., Synopsis , tom. 2, pag. 740, n° 0. 

Idem, Wilson, Amer. Ornith., pl. 27, fig. 1. 

La Gélinote cupidon ou à cou ailé, deuxième édit. du nouv. Dict. 
d'histoire nat., tom. 33, pag. 448. 

Montbeillard s’est mépris en rapportant cet oiseau à la grosse Gélinote 
du Canada ( Tetrao umbellus); car il en diffère essentiellement, d’abord 
par ses couleurs, ensuite par les touffes de longues plumes qui partent 
des côtés du haut du cou, et qui sont en forme d’aile. Cette espèce se 
trouve dans les États-Unis, et est connue dans Longisland sous le nom de 
heat-hen, ainsi que dans les plaines de New-Jersey, dans la contrée de 
Burlington, dans les bois de pins et de chênes nains de Pacano, dans le 
pays de Nortampton en Pensylvanie, dans tous les lieux stériles du Ken- 
tuky, et dans les vastes plaines qu'arrcse la rivière de Columbia. 

Cette Gélinote entre en amour au mois de mars; alors le chant du mâle 


%+ 


56 : TÉTRAS- 

a cela de particulier, qu’en gonflant sa gorge et son cou , il se fait entendre 
à plusieurs milles de distance. L'espèce de son qu'il rend ressemble au 
bruit que font les ventriloques , et quelqu'un qui l’entendrait de près, n’en 
aurait point l’oreille assez frappée pour ne pas croire qu'il en est éloigné 
de plus d’une demi-lieue. Les Anglais expriment cette voix par le mot 
tooting', à cause du rapport qu'ils lui trouvent avee le son du cor entendu 
de fort loin. C’est par le moyen de deux poches composées d’une peau 
jaune, que le mâle seul porte sur le cou, qu'est produit le bruit extraordi- 
naire dont il vient d’être question, bruit qu'il est facile d’imiter, mais dont 
on ne peut donner une juste idée par écrit ; il est composé de trois notes 
sur le même ton, semblables à celles des Æouhous du chat-huant , mais 
beaucoup plus basses; chacune de ces notes est fortement accentuée, et 
la dernière est prolongée autant que les deux autres. Quand plusieurs de 
ces oiseaux roucoulent à la fois, il est impossible que l'oreille saisisse et 
distingue ces. triples notes; on n'entend plus qu’un bourdonnement conti- 
nuel , désagréable et fatigant surtout, parce qu'il est difficile de saisir le 
point d’où il part, et la distance qui en sépare. C’est en chantant ainsi 
que le mâle déploie toutes ses grâces ; il se pavane comme le Dindon , se- 
coue le cou, hérisse les plumes qui le couvrent, et fait la roue en passant 
devant la femelle, et près des autres mâles qu'il a l'air de défier. On 
entend de temps en temps quelques éclats assez semblables à ceux que 
ferait une personne qu'on chatouillerait vivement, en sorte que, par sym- 
pathie, on se sent disposé à rire. C’est lorsque les mâles sont dans l’action 
du combat, qu'ils font entendre ces éclats; ils sautent alors l’un contre 
l’autre, comme font les Dindons mâles, mais avec plus de malice et sans 
se faire beaucoup de mal. Tout ce bruit commence un peu avant le point 
du jour et dure jusqu'à huit et neuf heures du matin, époque où les 
combattans se séparent pour chercher leur nourriture. 

Dans la saison des amours, et lorsque les femelles couvent, les mâles ont 
l'habitude de s’assembler entre eux, et de se rendre, des différens endroits 
qu'ils habitent, sur un terrain choisi, central et peu couvert; rendez-vous 
que les Américains ont nommé Seratching place (place grattée). Ils y arri- 


vent ordinairement au lever de l'aurore, et, à peine le jour commence à 


TÉTRAS, b7 


poindre, qu'ils s’y trouvent quelquefois au nombre de quarante à cinquante. 
Alors l’un d’eux fait entendre un chant faible; un second lui répond, et 
ils sortent l’un après l’autre des buissons en se pavanant avec toute l’os- 
tentation dont ils sont capables. Ils portent alors leur cou recourbé en 
arrière, redressent leurs longues plumes en forme de collerette, déploient 
celles de la queue en éventail; et, dans cette attitude, ils piétinent en 
tournant de la même manière et avec la même affectation que le Dindon : 
il semble s'établir entre eux une espèce de lutte pour prendre l'air le plus 
gracieux et le plus majestueux. En passant l’un à côté de l’autre, ils se 
jettent un regard insolent, et se provoquent de la voix. Tels sont les pré- 
ludes du combat qu'ils vont se livrer. Ils s’attaquent avec beaucoup de 
courage et de fierté, et, pendant l’action, ils sautent à un ou deux pieds 
de terre en jetant un eri glapissant et discordant. On est porté à croire 
qu'ils se rassemblent en partie pendant la nuit, puisqu'on en a trouvé 
déjà de réunis long-temps avant que le jour commence à paraître. 

Ces Gallinacées vivent ordinairement en famille jusqu'à l’époque de 
l'accouplement ; quelquefois deux couvées se réunissent ; ils s'élèvent et 
s’envolent si difficilement qu’un chasseur, aidé d’un chien, pourrait pres- 
que détruire la compagnie entière, en les tirant l’un après l’autre, sans 
que la vue de leurs compagnons morts, ou que le bruit du fusil les force 
à s'envoler. On a même observé que lorsqu'une troupe de ces oiseaux se 
trouve cernée par les chasseurs, leur premier mouvement était plutôt de 
fuir en courant, jusqu'à ce que passant près d’un des chasseurs, ils par- 
tissent d’un vol extrêmement rapide. Ils sont tout-à-fait solitaires. Dans 
la saison des neiges et dans les matinées froides de l'hiver, ils se tiennent 
perchés sur les branches les plus élevées des sapins; mais ils évitent les 
lieux humides et marécageux, et ils adoptent toujours de préférence les 
terrains secs. Ils se plaisent surtout dans des bruyères peu élevées et dé- 
couvertes , plutôt dans les taillis que dans les bois fourrés, où ils ne se 
retirent que lorsqu'ils sont inquiétés ou serrés de trop près par les chas- 
seurs, dont ils évitent aisément la poursuite et celle des chiens, en s’enfer- 
mant dans la partie des forêts la plus épaisse et la plus mpénétrable. Le vol 


du Cupidon est court, mais prompt et rapide, et fait entendre un son aigu; 
GALERIE DES O1SEAUx. 111° PARTIE. 8 


58 TÉTRAS. 

La femelle fait son nid sur la terre dans des endroits retirés, où les 
hommes parviennent rarement. Sa ponte est ordinairement composée de 
dix à douze œufs d’une couleur brunâtre. Elle seule soigne ses petits, et, 
lorsqu'elle en est entourée, elle a les allures de la Poule domestique. Dès 
qu'on lui porte ombrage, elle jette un cri d'alarme; aussitôt sa jeune fa- 
mille se disperse, et se hâte de gagner les buissons, où ils se cachent. 
Pendant ce temps, la mère, mquiète, cherche à attirer sur elle seule l'at- 
tention de celui qui la surprend, en traînant une aile, en allongeant un 
pied de manière à boiter tout le long d’un sentier, trébuchant dans la vase 
et affectant de ne pouvoir ni voler ni marcher. 

Le mâle a le cou garni, sur chaque côté, d’un faisceau composé de huit 
plumes, dont cinq noires et longues d'environ trois pouces, de trois plus 
courtes et inégales entre elles, de la même couleur et striées longitudima- 
lement de brun; celles du dessous sont tachetées, et toutes sont pendantes 
le long du cou, quand l'oiseau est en repos ou qu'il vole, et elles se dé- 
ploient en forme d’éventail, lorsqu'il est agité par la colère ou l’amour. Il a 
deux poches extraordinaires composées d’une peau jaune, fait dont aucun 
auteur n’a fait mention jusqu’à ce jour; elles sont formées par la dilatation 
du gosier, ainsi que de la peau extérieure du cou. Quand l'oiseau n’est agité 
d'aucune passion, elles tombent en plis allongés et ridés de chaque côté 
du cou, et ne sont nullement visibles chez les individus empaillés ; quand 
ces poches sont remplies d'air, elles égalent en masse, en couleur et en 
surface la moitié d’une orange en pleine maturité; les plumes de la tête 
ont assez de longueur pour la faire paraître huppée, lorsqu'elles sont re- 
dressées ; les sourcils sont pectinés, demi-cireulaires et d’une couleur 
orangée ; le menton est d’un jaunâtre pâle; un rang de petites raies d'n 
brun foncé se fait remarquer sous l’œil; toutes les parties supérieures ont 
des taches transversales brunes, rougeâtres et blanches; la gorge, le devant 
du cou et le haut de la poitrine sont colorés de brun rougeâtre, de blanc 
et de noir ; le bas de la poitrine et le ventre d’un brun pâle, rayé de blane 
en travers; les couvertures inférieures des ailes blanchâtres; les pieds cou- 
verts d’un duvet brun jusqu'aux doigts qui sont pectinés et d’un jaune 


rembruni ; la queue est d’un fuligineux uniforme; le bec couleur de corne 


GANGAS. 59 


brunûtre; l'iris rougeâtre. Longueur totale, 17 pouces et demi. La femelle 
est plus petite que le mâle; ses couleurs sont plus claires; elle n’a point 
les sourcils orangés, ni aucune place nue, ni un faisceau de plumes sur 
chaque côté du cou. Le gosier de ces oiseaux est extrêmement musculeux, 
et il a la dureté d’une pierre; leur cœur est d’une largeur remarquable. 


2ème Division. GANGA, Œnas. 


Bec emplumé à sa base, convexe en dessus ; mandibule supérieure voü- 
tée, courbée vers le bout et plus longue que l’inférieure. 

INarines couvertes d’une membrane, cachées sous les plumes du ca- 
pistrum et ouvertes en dessous. 

Langue charnue, entière. 

Tarses vêtus sur leur partie antérieure. 

Doigts au nombreëde quatre; trois devant, unis à leur base par une 
petite membrane; un derrière très-court, fléchi, et ne portant pas à terre, 
PI. DD, n° 5. 

Ailes longues, étroites, pointues ; première rémige la plus longue de 
toutes. 

Queue à seize rectrices. i 

Les espèces, qui composent cette division, ont été classées par La- 
tham, Gmelin, etc., dans celle des T'étras; mais nous avons cru pou- 
voir les placer dans un groupe distinct, puisqu'elles diffèrent essentielle- 
ment de ceux-c1 et des Gélinotes par la forme et la longueur des ailes 
dont la première rémige est la plus longue de toutes ; tandis que ceux-ci 
portent des ailes courtes, arrondies, concaves, dont la première rémige 
est moins longue que la sixième et la septième. De plus , les Gangas ont 
le pouce articulé si haut qu’il ne peut toucher la terre, dans quelque po- 
sition que soit l'oiseau. 

Si on consulte l'instinct, le genre de vie et le vol des Gangas, on y 
trouve encore des disparités très-tranchées. Leur ponte, bien loin d’être 
nombreuse, se compose tout au plus de quatre ou cinq œufs, et plus sou- 
vent de moins; les petits sont nourris dans le nid, naissent sans plumes, 


6o GANGAS. 


et ne le quittent qu'en état de voltiger. Ces oiseaux fuient les terrains 
cultivés, ne se plaisent que dans les lieux pierreux et sablonneux; ils 
volent en troupes plus où moins nombreuses, et si haut que l’on ne peut 
alors les tirer au fusil. Ils habitent l'Afrique, les contrées chaudes de l’Asie 
et de l'Europe, et dans les déserts sablonneux qui avoisinent la mer Cas- 
pienne; c’est là où Pallas à rencontré le Ganga des steppes. 


LE GANGA À DOUBLE COLLIER, CEnas brcincta. 


PI. CCXX. 


Capite rufescente nigricanteque; superciliis albis et nigris ; genis, 
collo, peciore flavicante-rufis ; collari duplice albo et nigro ; ventre 
abdomineque sordidè albis, fusco-striatis. 

Pterocles bicinctus, T'hemm. , Histoïre des lnicces. 

Le Ganga à double collier, deuxième édit. du nouveau Dict. d'hist. 
nat., {om. 12, pag. 21. À 

M. Le Vaillant a rencontré ce Ganga en Afrique, dans le pays des 
grands Namaquois, sur les bords et au-delà de la grande rivière des Pois- 
sons; il n’est point connu au cap de Bonne-Espérance. Il se tient en fa- 
mille composée du père, de la mère et des petits, jusqu’à l’époque des 
amours, époque à laquelle chaque couple s’isole. 

Le mäle a une petite tache blanche à la base du bec, une large bande 
noire qui va d’un œil à l’autre, laquelle est coupée au-dessus des yeux par 
denx grandes taches blanches; les plumes du dessus de la tête et de loc- 
ciput sont d’un roux jaunâtre sur les bords, et noirâtres dans le milieu ; 
les joues, le cou, la poitrine et les petites couvertures alaires d’un cendré 
jaunätre; les autres tectrices, les pennes secondaires de l'aile et le dos 
d'un cendré brun, avec des raies et des taches rousses; le croupion, les 
tectrices de la queue et ses pennes sont rayés transversalement de brun et de 
roux jaunâtre, avec une tache de la dernière teinte à l'extrémité des rec- 
trices; les rémiges ont leur tige brune sur un fond noir. Au collier blanc 
qu'on remarque au-dessus de la poitrine, en succède un autre de couleur 


LA GOPÈDES. Gr 


noire; tous les deux se terminent sur les parties latérales du dos; le reste 
des parties inférieures est rayé finement de brun sur un fond blanc terne, 
qui occupe aussi les plumes des tarses; les doigts, les ongles et le bec 
sont jaunâtres. Longueur totale, 9 pouces et demi. 

La femelle n’a ni bandes à la tête, m1 colliers. Le vertex est d'un roux 
Jjaunâtre, varié de taches longitudinales noirâtres; les joues et la gorge 
sont pointillées de brun ; le cou et la poitrine tachetés longitudinaleniént 
de brun et de jaunätre; les plumes du dos et des ailes rayées de brun et 
de jaune; les moyennes et les grandes couvertures alaires terminées par 
une zone blanche; les rémiges d’un brun noirûtre, et liserées de blanc à 
leur extrémité ; le bec et les ongles bruns; la queue très-étagée, mais les 
deux pennes intermédiaires ne sont ni allongées ni tubulées. 


3ème nrvrsron. LAGOPÈDE, Lagopus. 


Bec garni de plumes à sa base, robuste, court; convexe en dessus, 
voûté; mandibule supérieure couvrant les bords de l'inférieure ; celle-ci 
plus courte. 

Narines oblongues, couvertes par les plumes du capistrum. 

Langue charnue, entière. 

Sourcils papillionacés, glabres. * 

Tarses et doigts vêtus. 

Pouce articulé sur la partie interne du tarse, très-court, ne portant à 
terre que sur l’ongle. PL. DD, no 4. 

Ongles larges, un peu aplatis, arrondis à la pointe, courbés vers le 
bout; le postérieur deux fois plus long que le doigt. 

Ailes concaves, arrondies; première rémige plus courte que la sixième, 
troisième et quatrième les plus longues de toutes. 


Queue à seize rectrices. 
Les trois espèces de cette division se trouvent dans les régions glacées 


: Ds 
du continent, les unes en Europe, en Asie, et les autres en Amérique; 
et, si on voit des Lagopèdes dans des contrées tempérées, ils n’y habitent 


que la cime des plus hautes montagnes, dont le climat est analogue à 


62 * LAGOPÈDES. 


celui des régions boréales. 1ls s’y tiennent cachés dans les broussailles, les 
halliers, des touffes de bouleau et de saules nains. Ils se réunissent en 
grandes troupes composées de plusieurs familles, depuis les couvées jus- 
qu'au printemps, époque où on ne les rencontre plus que par couples. 
Leur nourriture se compose de baies, de bourgeons de diverses plantes et 
d'arbustes. Ils nichent à terre et font une ponte nombreuse. Les petits cou- 


ref dès leur naissance, et prennent eux-mêmes la nourriture que la mère 
leur indique. 


LE LAGOPÈDE D'ÉCOSSE , Lagopus scoticus. 


PI. COXXI. 


Rufo et nigricante transversèm striatus ; rectricibus utrinque exte- 
rioribus nigricantibus. 

La Gélinote d'Écosse, Brisson, Ornithol., tom. 1, Pag. 199, #5, 
pl. 29, fig. +. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 2,pag. 242. 

Tetrao Lagopus, Far. y, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 4. 

Tetrao scoticus, Lath. , Index, n° 15. 

Red grous, Lath. , Synopsis tom. 2, pag. 746, n° 13. 

On rencontre cette espèce dans l'Écosse et le nord de la Grande-Bre- 
tagne; elle est très-nombreuse sur les montagnes de plusieurs provinces. 
Sa ponte est de six à dix œufs; les petits ne quittent pas leur mère pendant 
tout l'été; mais, aux approches de l'hiver, ils se réunissent avec d’autres 
pour former des bandes de quarante à cinquante individus. Ces Gallina- 
cées se tiennent en tout temps à la cime des montagnes, rarement sur 
les côtés, et ne se trouvent jamais dans les plaines. Jusqu'à présent on. 
ne dit pas en avoir vu dans d’autres contrées que celles indiquées ci-dessus. 

Ce Lagopède diffère de ses congénères en ce qu'il porte, en hiver, les 
mêmes couleurs qu’en été ; c’est donc une erreur d’en faire une variété 
du Logopède proprement dit, dont le plumage est blanc pendant toute 
la mauvaise saison. Il a les narines couvertes de plumes rougeâtres et 


SYRRHAPTES. 63 


noires ; une membrane rouge élevée et dentelée au-dessus de l'œil; une 
tache blanche sur le menton, près de la mandibule inférieure; la gorge 
rougeâtre , la tête et le cou d’un rouge pâle de tan; chaque plume de ces 
parties avec plus ou moins de lignes noires ; le dos, les scapulaires d'un 
rougeñtre foncé , varié de grandes taches noirâtres; la poitrine et le 
ventre d’un brun pourpré terne, traversé par un grand nombre de lignes 
étroites et noires ; les pennes des ailes noirâtres; les intermédiaires de 
la queue barrées de rougeâtre, et les latérales noires ; les tarses et les 
doigts couverts de plumes duveteuses, blanchâtres ; les ongles gris; le bec 
noir; l'iris couleur de noisette. Longueur totale, 15 pouces et demi envi- 
ron. Cette description ne convient pas en entier à tous les mâles; la cou- 
leur rougeâtre est moins foncée chez les uns, elle tire plus au roux orangé 
chez d’autres, et chez quelques-uns on remarque moins de lignes noires. 
La femelle est plus petite que le mâle , ses couleurs sont plus ternes, et la 
membrane rouge des sourcils est moins apparente. 


4°" pivision. SYRRHAPTE, Syrrhaptes :. 


Bec court, couvert de plumes à sa base, un peu grêle, comprimé la- 
téralement, pointu ; mandibule supérieure un peu courbée, avec une 
rainure sur chaque côté de son arête , fléchie à sa pointe. 

Narines cachées sous les plumes du capistrum. 

Langue... 

Tarses courts, vêtus. 

Trois doigts couverts de duvet, dirigés en avant, distincts seulement 
vers leur extrémité, et raboteux en dessous; pouce nul. PI. DD, n° 5. 

Ongles aplatis; l'intermédiaire sillonné. 


* Dans les deux éditions de mon Analise, et dans la deuxième édition du nouveau 
Dictionnaire d’histoire naturelle, j’avais pris dans cette division leemot hétéroclite pour 
son nom; mais, comme l’a fort bien remarqué M. Dumont, dans le Dictionnaire des 
sciences naturelles , un adjectif n’est pas admissible pour une pareille dénomination. 
Je l'ai en conséquence remplacée par celle qu’on lui a nouvellement imposée. 


64 SYRRHAPTES. 


Ailes allongées ; première rémige la plus longue de toutes, effilée vers 
le bout, ainsi que la deuxième. 

Queue étagée; les deux rectrices intermédiaires les plus longues, et 
subulées : 

La seule espèce que contient cette division a été découverte, dans les 
déserts de Tartarie, par le savant voyageur Pallas. 


LE SYRRHAPTE HÉTÉROCLITE, Syrrhaptes hete. 


roclita. 
PI. CCXXIL. 


Capite colloque canescentibus ; guld-fulvescente ; dorso griseo nt 
groque squamalo ; pectore cinereo-rubescente; abdomine atro; alis 
maximè elongatis, acuminatrs. 

Tetrao paradoxus, Pallas, Voy. 2, pag. 712, n° 25, pl. 5. 

Idem, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 30. 

Idem, Lath., Index, n 90. 

Heteroclitous grous, Lath., Synopsis, tom. 2, pag. 753, n° 18. 

Syrrhaptes Pallasi, Temm., Hist. des Gallinacees. 

L'Hétéroclite de Tartarie, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire 
nat,, tom. 14, pag. 453. 

Sadscha est le nom que les Russes ont imposé à cet oiseau que‘Pallas 
a rencontré vers le lac Baiïkal. Il a le dessus de la tête d’un cendré clair; 
la nuque, la gorge et le haut du devant du cou d’un orangé foncé ; le bas 
de cette partie et la poitrine cendrés, avec un croissant noir à l'extrémité 
des plumes pectorales, ce qui donne lieu à une bandelette transversale, 
laquelle s'étend d’une aile à l'antre ; le ventre est d’un cendré jaunûtre, 
avec une large bande noire vers le bas, prenant une forme demi-circulaire 
en remontant jusque près des côtés du dos; le reste des parties inférieures, 
le duvet des tarsés et des doigts sont d’un blanchâtre teint de fauve; les 
parties supérieures d’un cendré jaunâtre, avec une lunule noire sur le 
bout des plumes du dos, et des taches de la même couleur sur les petites 


SYRRHAPTES. 65 


couvertures alaires; une teinte pourprée borde et termine les moyennes; 
les pennes secondaires ont leur milieu noirâtre et leur bord extérieur 
d'un brun jaunâtre; les autres pennes sont d’un cendré très-sombre, et 
terminées de blanc; les deux plus longues noires sur la partie qui excède 
les autres; la queue est très-étagée, d’un cendré foncé, et terminée de 
blanc, avec quelques taches rousses sur le côté intérieur des pennes; les 
deux rectrices latérales sont bordees de blanc; les deux intermédiaires ter- 
minées de noir; les ongles de cette couleur et très-aplatis; celui du milieu 
est le plus fort de tous. Longueur jusqu’à l’extrémité des pennes latérales 
de la queue, 8 pouces 10 lignes, et jusqu’au bout des deux intermédiaires, 
12 pouces. Le bec est long de cinq lignes, et le doigt du milieu avec 
l’ongle, de huit. 


GALERIE DES OISEAUX. [11° PARTIE. 9 


66 ÉCHASSIERS. 


fève onpre. ÉCHASSIERS, Grallatores. Grallæ. Linnée. 


Pieds longs ou médiocres , robustes ou grêles. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure , ou le genou seul 
à demi-nu. 

Tarses glabres, réticulés ou annelés, le plus souvent arrondis. 

Doigts au nombre de deux, de trois ou de quatre; deux ou trois diri- 
gés en avant, fendus, rarement à palme entière, quelquefois pennés sur 
les bords; un ou point derrière. 

Ongles de diverses formes, courts, médiocres, longs, tantôt comprimés 
latéralement , tantôt un peu aplatis, émoussés chez les uns, pointus chez 
les autres; l'intermédiaire quelquefois déprimé sur le bord interne. 

Queue à douze rectrices au moins, seize au plus. 

Bec de diverses formes. 

La dénomination de cet ordre vient de ce que presque tous les oiseaux 
dont il se compose ont les tarses élevés, ce qui les fait paraître comme 
montés sur des échasses. Nous avons, à l'exemple de plusieurs savans or- 
nithologistes, rangé dans cet ordre l’Æutruche, le Nandu, le Casoar, 
l'Émou et les Outardes ; parce qu'ils nous ont paru y être plus convena- 
blement placés que parmi les Gallinacées, où Linnée les a classés; Latham 
s’est écarté de l’arrangement de l’illustre naturaliste suédois, en faisant 
avec les quatre premiers un ordre particulier sous le nom de l4utruche. 
Tous ces oiseaux diffèrent des Gallinacées par leurs jambes à demi-nues et 
par leurs tarses élevés. Nous y avons placé le Secrétaire, d’après la lon- 
gueur de ses pieds, la maigreur du bas des jambes, quoique totalement 
couvertes de plumes; ce dernier attribut n’est pas étranger à quelques 
oiseaux aquatiques (les Bécasses et les Blongies d'Europe). Ces Echas- 
siers se rapprochent des oiseaux nageurs, et semblent remplir l'intervalle 
de ces deux ordres; en effet, les Foulques, les Phalaropes ont, de même 
que les Grèbes, les doigts lobés, et ils nagent et plongent comme eux ; les 
Phenicoptères et les Ævocettes tiennent aux nageurs palmés par leurs 
doigts antérieurs qui sont engagés dans une membrane entière; mais ils 


ÉCHASSIERS. 67 


s'en éloignent par leurs longues jambes; de plus, les premiers ne peuvent 
entrer dans l’eau qu’autant que le leur permet la longueur de leurs pieds, 
et les derniers nagent quelquefois et n’ont pas la faculté de plonger. 

Les Autruches, les Casoars, les Outardes, les Agamis, les Secrétaires 
et les Cariamas se tiennent toujours éloignés des eaux; tous les autres 
Echassiers sont des oiseaux de rivages; la plupart sont demi-nocturnes , 
faculté relative à leur subsistance, puisque c’est pendant les crépuscules et 
la nuit que les vers sortent de terre, que les insectes aquatiques et les pois- 
sons sont en mouvement. Les Pluviers, les Faneaux, les Barges, les 
Bécasses, les Bécassines, les Truigas, les Chevaliers, les Jacanas , etc., 
cherchent alors les terrains humides qui recèlent les animalcules, les ver- 
misseaux, leur principale nourriture. Les Butors, les Hérons , les Br 
horeaux, les Cicognes, les Blongios, les Spatules rôdent dans les ma- 
rais, pénètrent dans l’eau où ils peuvent marcher à gué, sans souiller 
leurs plumes, pour saisir les poissons et les reptiles aquatiques. Les T'ourne- 
pierres , les Courlis, les Ibis, les T'antales, les Huitriers fréquentent 
les bords de la mer et des fleuves, pour se nourrir des vers maritimes, des 
petits testacées et crustacées qui se tiennent dans le sable et sous les pierres. 
Les Grues se réclament encore au haut des airs, lorsque leur demeure est 
déjà couverte de ténèbres. 

Les Echassiers qui font leur ponte à terre sont presque tous polygames, 
leurs petits quittent le nid peu de temps après leur naissance, et prennent 
d'eux-mêmes les alimens que leur présente ou que leur indique la mère, 
Ceux qui nichent sur les arbres ou dans des endroits élevés, sont monoga- 
mes, et nourrissent leur jeune famille dans son berceau, que celle-ci n’a- 
bandonne qu’en état de voler. 


68 AUTRUCHES. 


1 FAMILLE. MÉGISTHANES, Megisthanes. 


Doigts au nombre de deux ou trois dirigés en avant. 
Ailes nulles pour le vol. 


A. Deux doigts. 


; iére pivisioN. AUTRUCHE, Struthio. 


Bec droit, médiocre, déprimé, à pointe arrondie et onguiculée; man- 
dibules égales. PI. R, n° 7. 

Narines oblongues, couvertes d’une membrane, ouvertes vers le mi- 
lieu du bec. 

Langue courte, épaisse, charnue, un peu échancrée à sa pointe. 


Téte un peu aplatie, chauve, calleuse en dessus. 

Pieds robustes, très-longs. 

Jambes charnues jusqu'au genou. 

Doigts au nombre de deux, dirigés en avant, point derrière; l’externe 
a cinq phalanges , l’ongle nul; l’interne quatre phalanges, avec un ongle 
large, oblong, obtus. PI. EE, n° 1. 

Ailes à double éperon, privées de rémiges, et garnies de plumes molles; 
effilées et très-flexibles. 

Queue à plumes pareilles. 

Nous ajouterons à ces caractères que les Autruches ont, comme le dit 
M. Cuvier (Règne animal d’après son organisation), un énorme jabot, 
un ventricule considérable entre cette partie et le gésier, des intestins 
volumineux, de longs cœcums, et un vaste cloaque où l'urine s’accumule 
comme dans une vessie; aussi ce sont les seuls oiseaux qui urinent. Leurs 
muscles pectoraux sont fort minces, leurs postérieurs ont repris en force 
ce que leurs ailes ont perdu; les muscles de leurs cuisses et surtout de 
leurs jambes ont une épaisseur énorme. Ta tête est aplatie, fort petite, si 


on la compare au volume du corps, et presque nue, de même que la plus 


AUTRUCHES. 69 


grande partie du cou, qui est mince et long de trois pieds. L'orifice des 
oreilles est à découvert, et seulement garni de poils dans le canal auditif; 
la paupière supérieure est mobile et bordée de longs cils, les yeux grands, 
vifs, et ont plus de rapports avec les yeux humains qu'avec ceux d’un 
oiseau : ils sont disposés de manière qu'ils peuvent voir tous deux à la fois 
le même objet; les jambes sont dénuées de plumes et très-grosses; les 
tarses nerveux, charnus et renforcés en devant par un rang d'écailles gros- 
ses, épaisses , et qui s'étendent jusqu’à l’ongle du grand doigt ont beaucoup 
de ressemblance avec les pieds du Chameau. Ce n’est pas la seule confor- 
mité qu'on remarque entre ces deux animaux; l’Autruche a, comme ce 
quadrupède, une callosité à la poitrine et une autre à l'endroit des os 
pubis. Son sternum n’est pas saillant comme ceux des autres oiseaux, mais 
il est aplati et arrondi, en forme de bouclier; son dos est arqué , mais non 
pas néanmoins chargé d’une bosse, et lorsqu'elle veut se coucher, elle le 
fait en trois temps , à la manière du Chameau, en pliant d’abord le genou, 
et s'appuyant ensuite sur le sternum, enfin sur toute la partie inférieure 
du corps. Il faut que ces rapports de ressemblance entre deux animaux, 
qu'au premier coup d'œil on juge fort éloignés l’un de l’autre, soient bien 
frappans, puisque tous les peuples de l'Orient, qui connaissent l’Autruche, 
la nomment chacun dans leur langue orseau chameau. 

L'organe de la génération, dans le mâle, est assez considérable et com- 
posé de deux ligamens blancs, solides et nerveux, ayant quatre lignes de 
diamètre, revêtus d’une membrane épaisse, et qui ne s’unissent qu'à deux 
doigts près de l’extrémité. Le tout est renfermé dans une membrane com- 
mune, de mème substance que les ligamens, quoique cependant moins 
épaisse et moins dure. Cette verge n’a ni gland ni prépuce; elle sort de 
plusieurs pouces, lorsque l'animal fiente , et dans l'érection elle a la forme 
d’une langue de bœuf. La femelle a aussi une sorte de clitoris. 

L’Autruche a la puissance de multiplier ses jouissances, et de répéter 
fréquemment, et avec la même ardeur, l'acte de sa reproduction. Dans 
l’accouplement, le mäle, un pied sur la terre, pose l’autre sur le dos de la 
femelle accroupie, dont il saisit quelques plumes pour se soutenir. Tous 
deux, par des sons sourds et entrecoupés, des murmures, des mouveniens de 


70 AUTRUCHES. 


leur tête et de leur cou qu'ils avancent et retirent successivement, ainsi que 
par de fréquentes trépidations, annoncent les sensations les plus vives. 
D'après ce qu'on a dit ci-dessus de la conformation des parties sexuelles, 
on conviendra que ces accouplemens ne se passent point en simples com- 
pressions , comme dans presque tous les oiseaux; aussi durent-ils plus 
long-temps. 


L’AUTRUCHE CHAMEAU, Struthio camelus. 
PI. CCXXIIT. 


Corpore nigro, griseo, albo. Mas. Corpore fusco cinereoque. Fe- 
mina. 

L’Autruche, Briss., Ornith., tom. b, pag. 3, pl. x, fig. «1. 

Idem, Buf]., Hist. nat. des Ois., tom. 1, pag. 308, pl. enl. , n° 453. 

Struthio camelus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° x. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Black ostrich , Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 6, n° x, pl. mr. 

L’Autruche court avec beaucoup de rapidité, et déploie dans sa course 
les plumes de ses ailes et de sa queue, non pas, dit-on, qu’elle en tire 
aucun secours pour aller plus vite, mais par un effet très-ordinaire de la 
correspondance des muscles. Les lieux les plus arides et les plus déserts 
de la terre sont ceux qu’elle habite et qu’elle parcourt en tout sens avec 
une vitesse inconcevable. On la trouve dans les sables et les solitudes de 
l'Afrique , depuis l'Égypte et la Barbarie jusqu'au cap de Bonne-Espérance, 
dans les îles voisines et les parties de l’Asie qui confinent à ce continent, 
elle est moins commune aux environs de Goa qu'en Arabie, et elle ne 
paraît plus au-delà du Gange, quoiqu'au rapport des anciens, elle y ait 
existé autrefois. On voit souvent les Autruches réunies en grandes troupes; 
c'est ce qui a fait croire qu’elles ne s’assortissent point par paires. Cepen- 
dant il paraît certain que chaque mâle n’a qu’une femelle, malgré les récits 
des voyageurs. Ces oiseaux ont l’ouie fine et la vue perçante, mais, en 


même temps, les sens du goût et de l’odorat extrêmement obtus et pres- 


AUTRUCHES. D 
que nuls; aussi ils apportent peu de discernement dans le choix de leur 
nourriture. En effet, quoiqu'ils soient, à proprement parler, herbivores, 
et qu’on les voie souvent , au midi de l’Afrique, paître de compagnie avec 
le Zèbre et le Couaggha, ils avalent néanmoins non-seulement toutes les 
substances végétales et animales, mais encore les matières minérales, 
celles mêmes qui sont les plus pernicieuses , du fer, du cuivre, du plomb, 
des pierres, de la chaux ,.du plâtre, du verre, du bois, enfin tout ce qui se 
présente, jusqu’à ce que leurs grands estomacs soient entièrement pleins. 
Il est certain que celui de l’Autruche digère ou dissout en partie les corps 
durs , principalement par l’action d’un suce dissolvant et par celles des chocs 
et frottemens qui peuvent aider à cette action principale; mais elle est sou- 
vent victime de son aveugle et insatiable gloutonnerie; car on en a vu 
périr pour avoir dévoré une grande quantité de chaux vive, d’autres em- 
poisonnées par une trop grande quantité de cuivre, et d’autres dont les 
intestins étaient percés par des clous avalés , du verre, ete., etc. 

Cet animal, quoique doué d’une grande force, conserve les mœurs pai- 
sibles des Gallinacées ; il n’attaque point les animaux plus faibles, rare- 
ment même se met-il en défense contre ceux qui l’attaquent. La rapidité 
d’une prompte fuite est le seul moyen qu'il emploie pour se soustraire aux 
plus pressans dangers. Dans les pays cultivés ces oiseaux dévastent les 
moissons ; ils viennent par bandes dévorer les épis et ne laissent que la tige; 
leurs corps étant à peu près de niveau avec l’épi, ils baissent le cou pour 
anger, en sorte qu'on ne les aperçoit pas; mais au moindre bruit ils 
lèvent la tête et prennent la fuite avant que le chasseur soit à portée de 
les tirer. ù 

Le cri de l’Autruche est comparé, dans les écrivae sacrés, à un gé- 
missement ; ils lui donnent le nom de ænath, qui en hébreu signifie le 
cri plaintif et entrecoupé que les Latins nommaient u/ulatus (hurlement). 
La voix du mâle est plus forte que celle de la femelle, et tous deux souf- 
flent comme les oies, quand on les irrite. 

La ponte de l’Autruche se compose ordinairement de quinze œufs envi- 
ron, dont elle en couve dix, les autres étant épars à quelque distance, 
vraisemblablement parce que le nid en contient plus qu’elle n’en peut 


72 5 AUTRUCHES. 


couver. Ce nid est un enfoncement formé par l’oiseau en grattant dans le 
sable fin; mais elle le cache soigneusement dans les lieux les plus solitaires 
et les plus retirés. Il a quelques pouces d’élévation et trois pieds de diamètre ; 
à l’entour règne une rigole dans laquelle l’eau de la pluie se rassemble. 
La durée ordinaire de l’incubation est de six semaines; c'est du moins 
ce qui à lieu dans les contrées où les Autruches couvent à la manière des 
autres oiseaux, et particulièrement dans les terres méridionales de l’A- 
frique. Sous la zone torride, elles se contentent de déposer leurs œufs 
dans le sable; pendant le jour la seule chaleur du soleil suffit pour les faire 
éclore , et la mère les couve pendant la nuit. Dans ces climats il s’en faut 
beaucoup qu'elle abandonne ses œufs pendant le jour, comme on pourrait 
le croire; elle veille assidûment à leur conservation , et ne les perd guère 
de vue. Alors, quoique surprise par les hommes, elle ne s'éloigne pas de 
l’objet de sa sollicitude; elle se contente de courir en faisant des circuits 
et déployant ses grandes plumes. Cette allure est un indice que le nid est 
dans le voisinage, car, quand elle n’en a point, elle fuit quelque temps en 
ligne directe. 

Le plumage du mäle est noir, et varié de blanc et de gris sur le corps; 
les grandes plumes des ailes et de la queue sont blanches et noires ; la 
peau presque nue du cou est couleur de chair, et prend , de même que celle 
des cuisses, une teinte de rouge vif dans le temps du rut; l'iris est cou- 
leur de noisette. Il atteint jusqu'à sept ou huit pieds de hauteur, et a 
environ quatre-vingts livres de poids. La femelle est brune et d'un gris 
cendré, partout où le mâle est d’un noir éclatant ; elle n’a de plumes noires 
qu'à la queue et aux ailes. Les jeunes sont d’un gris cendré la première 
année; ils ont alors des plumes sur la tête, le cou et les cuisses ; mais elles 


tombent bientôt pour ne plus revenir sur ces parties. 


NANDUS. D) 


2°"e prvision. NANDU, ans 


Bec garni d’une membrane oblitérée à sa base, déprimé, robuste, mé- 
diocre, à pointe arrondie; mandibule supérieure à arète distincte et un 
peu élevée, plus longue que l’inférieure, onguniculée, échancrée et fléchie 
vers le bout. PI. R, n° 8. 

Narines ovales, ouvertes, situées sur les côtés et vers le ‘milieu du bec. 

Langue courte, grosse, charnue et formant une demi-ellipse allongée. 

Veux recouverts par un os saillant. 

».Téte parfaitement emplumée. 

Pieds robustes, très-longs. 

Jambes charnues et couvertes de plumes seulement sur leur partie 
supérieure. 

Tarses réticulés. 

Doigts au nombre de trois; postérieur nul. PI. DD, n° 8. 


Ongles presque égaux, un peu comprimés latéralement, arrondis, 
obtus. | 


Ailes armées d’un éperon très-court, sans véritables rémiges, et im- 
propres au vol. | 

Queue nulle. 

La seule espèce de cette division se trouve dans l'Amérique australe, 
dont les naturels lui ont imposé les noms de Nandu et de Chart; mais 
les Espagnols de ces contrées l’appellent Ævestruz (Autruche), et les 
Portugais du Brésil la nomment Ema, dénomination qui est consacrée 
au Casoar. Des naturalistes ont confondu cet oiseau avec le Touyou. Ge 
dernier est le Jabiru du Brésil, qui fréquente les rivages, vole aussi bien 
que le Héron, et n’a d'autre rapport avec le Nandu que par sa grande 
taille. On nomme aussi cette espèce, Autruche de Magellan , Autruche 
d'Occident, Autruche de la Guyane, Autruche bätarde , etc. 

Si le Nandu est privé de voler, il est remarquable par la légèreté de sa 
course, pendant laquelle on le voit déployer ses ailes; les chiens les plus 
vites ne peuvent l’attemdre, et les sauvages, qui le recherchent pour faire, 

GALERIE DES oIsEAaUx. 1W° PARTIE. 10 


74 NANDUS._ 


avec ses grandes plumes, des parasols, des panaches et d'autres ornemens, 
sont réduits à user de ruse et à lui tendre des piéges pour le prendre; 
il n’y a que de bons chevaux montés par de bons cavaliers qui puissent 
l’atteindre. Lies chasseurs, pour le prendre, lui lancent au cou une espèce 
de collet, formé de trois pierres, grosses comme le poing, et attachées 
par des cordes à un centre commun. Quand les Nandus se trouvent ar- 
rêtés dans leur course par ce collet, on ne doit les approcher qu'avec 
précaution, car ils détachent des ruades capables de briser une pierre. 
ïls avalent tout ce qu’on leur présente , même le fer; ce qui prouve que 
son organisation extérieure doit être à peu près la même que celle de 
l’Autruche d'Afrique. Ces oiseaux se trouvent au Pérou, mais seulement 
dans les régions froides des Cordilières ; au Chili, dans les vallées qui 
séparent les hautes montagnes des Andes; au Brésil et principalement 
aux terres magellaniques ; mais on ne les voit point à la Guyane, pays 
qui ne leur convient nullement, puisqu'ils ne se plaisent que dans les con- 
trées les moins chaudes de l'Amérique australe. 


LE NANDU OÙ L’AUTRUCHE DE MAGELLAN, Rhea 


americanda. 


PI. CCXXIV. 


Corpore albo ; dorso plumbeo ; pennis alarum decompositis , pin- 
nulis disjunctis. 

Le Thouou, Briss., Ornith., tom. 5, pag. 8, n° x. 

L'Autruche de Magellan, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 1. 

Struthio rhea, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 3. 

Rhea americana, Lath., Index, n° 1. ‘ 

American Rhea, Lath., Synopsis, 2 Suppl., pag. 292, pl. 137. 

Cette espèce est présentement rare au Paraguay, mais elle est plus 
commune dans les plaines de Montevideo, dans les Missions et dans les 
campagnes de Buenos-Ayres. Elle ne pénètre jamais dans les bois, elle 
reste toujours dans les plaines découvertes, soit par paires, soit par troupes 


NANDUS. 75 
qui excèdent quelquefois trente individus. Dans les contrées où l’on ne 
fait point la chasse à ces Autruches, elles s’'approchent des habitations 
champêtres, et elles ne se dérangent pas à la vue des Hommes à pied; mais 
dans les pays où l’on a coutume de les poursuivre, elles fuient de loin, et 
elles sont toujours en défiance. Si elles s’apercoivent qu’on cherche à les 
surprendre, elles se mettent à courir de très-loin , étendent leurs ailes en 
arrière, ce qui est sans doute l'effet du vent, et, pour tourner et faire de 
fréquens crochets, elles ouvrent une aile, et le vent les aide à exécuter 
très-rapidement ces voltes qui mettent le chasseur en défaut. Si elles sont 
tranquilles, leur démarche est grave et majestueuse; elles tiennent la tête 
et le cou élevés et leur dos arrondi; pour paître elles baissent le cou et la 
tête, et elles coupent l’herbe dont elles se nourrissent. Ce sont d’excel- 
lens nageurs , qui traversent les rivières et les lagunes, même sans être 
poursuivis. 

Le mois de juillet est l'époque des amours du Nandu ; on entend alors 
les mâles pousser des gémissemens assez semblables à ceux d'une vache. 
Les femelles commencent à pondre à la fin d'août, et les premiers petits 
paraïssent en novembre. Leurs œufs ont leur surface très-lisse, d’un blanc 
mêlé de jaune, également gros et un peu pointus aux deux bouts. Le 
nid ne consiste qu'en un creux large, un peu profond , fait naturellement 
dans la terre; quelquefois ces oiseaux le façonnent avec de la paille; ils 
ne cherchent point à le cacher, de sorte qu'on aperçoit de loin les œufs et 
loiseau. Le nombre des œufs de chaque ponte m'est pas connu, On en voit 
quelquefois soixante-dix à quatre-vingts dans un seul nid, et c’est sans 
doute le produit de la ponte de plusieurs femelles. En effet, on dit dans 
le pays que toutes les femelles du canton déposent leurs œufs dans le même 
nid, et qu’un seul mâle se charge de les couver. Ilest certain , d’après les 
observations de M. de Azara à qui on doit les détails dans lesquels nous 
venons d'entrer, qu’un seul individu fait éclore les œufs, conduit et pro- 
tége les petits sans l’aide d'aucun autre. C'est une opinion générale que le 
mâle sépare avec soin quelques œufs qu'il casse, quand les petits éelosent, 
afin qu'ils trouvent à leur naissance de la pâture dans la multitude de 
mouches qui sy rassemblent. 


à 


76 CASOARS. 


Les Nandus ont la jambe fort grosse en devant, le tarse très-robuste et 
revêtu de grandes écailles; l'œil arrondi; le croupion conique et pointu; 
les plumes du corps longues, faibles et décomposées ; celles de la tête 
serrées et rudes comme des crins; le bout de l'aile terminé par un éperon 
long de six lignes ; les plumes du corps blanches, à l'exception de celles 
du dos, qui sont de la couleur de plomb ; celles du dessus et du derrière 
de la tête sont noirâtres; une bande noire commence à la nuque, descend 
sur la partie postérieure du cou, et s’élargit jusqu’à entourer le cou en 
entier, à son insertion dans le corps; le reste du cou et de la tête est 
blanchâtre ; les épaules et les plumes scapulaires sont cendrées; les 
plumes des ailes ont à peu près la même teinte, mais les grandes sont 
blanches à l’origine et noirâtres dans le milieu; parmi celles du dessous 
de l’aile, quelques-unes sont entièrement blanches, et les autres n’ont de 
cette couleur que jusqu'au tiers de leur longueur, le reste est noirûtre. 
Longueur totale, 57 pouces et demi. La femelle ne diffère du mâle qu’en 
ce qu'elle est un peu plus petite, et qu’elle a moins de noir à l’origine du 


cou, distinction qu'on ne peut saisir, si on ne les voit ensemble. 


3ème prviston. CASOAR, Casuarius. 


: 


Bec droit, à dos caréné, arrondi et fléchi à sa pointe ; mandibule supe- 
rieure à bords déprimés et finement entaillés vers le bout; l’inférieure un 
peu anguleuse vers son extrémité. PI. R, n° o. 

INarines grandes, un peu arrondies, couvertes d’une membrane, ou- 
vertes au-delà du milieu du bec. 

Langue courte, dentelée sur les bords. 

Bouche très-fendue. 

T'éte casquée. 

Cou nu, garni de deux fanons. 

Pieds robustes, longs, charnus jusqu'aux genoux. 

T'arses nus, réticulés. 

Doigts à peu près séparés dès la base, l'interne un peu grêle, plus 


court que l’externe; le postérieur nul. PL DD, n°6... 


CASOARS. 77 


Ongles très-robustes, convexes, l'intermédiaire et l’externe un peu ob- 


-tus; l’interne du double plus long que les autres, un peu arrondi, acuminé. 


Ailes à cinq rémiges semblablesà des tiges de plumes sans barbe. 

Rectrices nulles. 

Le Casoar, la seule espèce de cette division, ne peut, de même que 
l’Autruche, le Nandu et l’Emou, s'élever dans les airs, et ses ailes, en- 
core plus petites que celles des deux premiers, sont tout aussi inutiles 
pour le vol. Elles ne consistent qu’en cinq tiges ou tuyaux de plumes, 
creux dans toute leur longueur, sans barbe, luisans, un peu courbés et 
rouges à leur extrémité. Cet oiseau, vu de quelque distance, semble être 
un animal velu et du même poil que l’Ours, d’une nature équivoque , qui 
n'est propremen ni oiseau, ni quadrupède ; il court très-vite, mais son 
allure est bizarre, et sa démarche à mauvaise grâce. Sa nourriture con- 
siste en fruits, racines de plantes, et il les mange fort goulument. Son na- 
turel est farouche et méchant, et il le conserve même dans l’état de 
domesticité; il frappe également du bec et du pied, et les coups de cette 
dernière partie sont bien plus rudes et plus dangereux que les atteintes 
du bec. On le trouve dans la partie orientale de l'Asie, aux îles Moluques, 


à Banda, à Java et à Sumatra; partout il est rare. L'on n’elève guère le 


Casoar qu'à cause de ses attributs singuliers, car il est à peu près inu- 


tile, sa chair étant dure, noire et peu succulente. 
* 


LE CASOAR CASQUÉ, Casuarius galeatus. 


PI. CCXXV. 


= L < 
Niger; galed palearibusque nudis. j 


Le Casoar, Buff., Hist. nat. des Ois. ; tom. 1, pag. 464, pl. enl:, 
n° 313. | MR 

Struthio casuarius, Linn., Gin., Syst. nat., édit. 13, n° 9. 

Casuarius Emou, Lath., Index, n° 11. 

Galeated cassowary, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 10, n° 1, pl. 71. 

Le Casoar, dont la conformation est fort singulière, porte sur la tête 


78 CASO ARS. 


une espèce de casque conique, brun par devant et jaune dans le reste; il 


s'étend depuis la base du bec jusqu’au delà du sommet de la tête ; c’est à° 


peu près un cône tronqué qui a troisspouces de haut, un pouce de dia- 
mètre à sa base et trois lignes à son sommet; il est formé par le renfle- 
ment des os du crâne, et recouvert par des couches concentriques d’une 
substance analogue à la corne. La tête est presque nue, et sa peau porte 
des poils noirs et clair-semés; cette peau est bleuâtre sur les côtés, d’un 
violet ardoisé sur la gorge et rouge par derrière en plusieurs places, mais 
principalement vers le milieu; ces places rouges sont un peu plus relevées 
que le reste, par des espèces de rides ou de hachures obliques dont le dessus 
du cou est sillonné. Les trous des oreilles sont grands, découverts et envi- 
ronnés de petits poils noirs; des poils semblables composent un sourcil au- 
dessus de la paupière supérieure. L'œil est fort petit, et l'iris est de couleur 
de la topase. Deux barbillons charnus , mi-partie rouges et bleus, arrondis 
par le bout, longs d’un pouce et demi, et larges de neuf lignes, se font 
remarquer sur le devant du cou, au-dessus de l’endroit où il commence à 
être garni de plumes. A la partie intérieure du sternum est une callosité 
nue et décolorée , comme chez l’Autruche. Bes plumes du croupion sont 
pendantes et longues de quatorze pouces; les plus courtes sont au bas du 
‘cou, ensuite elles augmentent en longueur jusqu'à l'extrémité du corps; 
elles ne ressemblent point à celles -des autres oiseaux; la plupart sont 
doubles, c’est-à-dire que chaque tuyau donne ordinairement naissance à 
deux tiges plus on moins longues, souvent inégales entre elles, aplaties, 
noires, luisantes et divisées par nœuds en dessous, dont chacun produit 
une barbe ou filet : les barbes sont désunies et sans adhérence entre elles, 
depuis leur origine jusqu'au milieu de la tige; elles sont courtes, souples, 
branchues et d’un gris tanné, ensuite elles deviennent plus longues, plus 
dures et noires. Les pieds sont très-gros, leur couleur, de"même que celle 
du bee, est noire; les ongles tres-durs, noirs en dehors et blancs en dedans. 
Longueur totale, 5 pieds et demi. Les parties de la génération sont assez 
semblables à celles de l'Autruche. Les œufs sont plus étroits et plus al- 
longés que ceux de cette dernière, et d’un cendré verdâtre , semé d’une 


multitude de petits tubercules de couleur verte. 


EMOUS. 79 


3 


4% prviston. EMOU, Dromaius. 


Bec droit, à bords très-déprimés; un peu carené en-dessus, arrondi à 
la pointe. PI. R, n° 10. 

Narines grandes, couvertes d’une membrane, ouvertes sur le milieu 
du bec. 

Langue... 

Téte simple et emplumée jusqu'à un certain âge. 

Gorge nue. 

Pieds robustes, très-longs. 

Jambes charnues jusqu’au talon. 

Turses nus, réticulés. 

Doigts au nombre de trois, dirigés en avant; latéraux, d’égale lon- 
gueur ; postérieur nul. 

Ongles presque égaux, un peu obtus. PI. DD, n° 5. 

Rémiges et rectrices nulles. 

Cette division n’est composée que d’une seule espèce, que Latham à 
classée avec le Casoar; mais en comparant les:attributs de ces deux 
oiseaux, on saisira facilement les caractères qui les distinguent essentiel- 
lement. Cette espèce est polygame; les petits quittent le nid, courent et 


mangent seuls dès leur naissance. On ne la trouve qu'à la Nouvelle- 
Hollande. 


L'ÉMOU NOIR, Dromaius ater. 


PI. CCXXVI. 


Migricans ; vertice plano ; corpore setoso ; capite colloque pinna- 
ceis; tibiis posticè serratis. 

Casuarius Novæ Hollandiæ, Lath., Index, n° 2. 

New-Holland Cassovary , idem, Synopsis , deuxième Suppl. , p. 290, 
Whitts Journal, pl. pag. 129. 


80 ÉMOUS. 


L'Émou noir, deuxième édit. du nouveawDictionnairé d'hist. nal., 
om. 10, pag. 212. 2 

Parmi les oiseaux curieux qu'on découvre à la Nouvelle-Hollande , V'É- 
mou se distingue par sa haute stature et par des caractères particuliers ; 
plus grand que le Casoar, quand il est parvenu à son état parfait, il n’a 
guère moins de six pieds de haut; il est plus élevé sur ses jambes, et son 
cou est plus allongé ; mais ce qui le sépare plus distinctement du Ca- 
soar, C’est que sa tête n’est point chargée d’un casque osseux, ni le devant 
de son cou garni de deux caroncules charnues; ses ailes sont plus courtes, 
à peine apparentes, et n’ont point de piquans; elles sont revêtues de 
plumes semblables à celles du corps. Il en diffère encore en ce que le 
doigt intérieur n'est point sensiblement plus court que l'externe, et que 
l’ongle de ce doigt n’est pas, comme dans le Casoar, acuminé et du double 
plus long que les autres. 

L'Émou, dans l'état de liberté, est d’un naturel très-farouche et plus 
léger à la course que le lévrier le plus alerte. Sa nourriture consiste en 
végétaux , et sa chair se rapproche par le goût de celle du Bœuf. 

Toutes ses plumes sont soyeuses et ont leur extrémité recourbée ; elles 
s'étendent jusque près de la gorge; la peau, à peu près nue, du haut du 
cou est d’une couleur bleue , mais sans rides ni hachures. On aperçoit sur 
la tête des plumes clair-semées assez semblables à des poils, et variées de 
gris et de brun, aussi-bien que celles du bas du cou et de toutes les par- 
ties supérieures; mais à mesure que cet oiseau avance en âge, les plumes 
de la tête et du haut du cou disparaissent et laissent à découvert la peau 
qui est bleue ; les plumes du dessous du corps ont une teinte blanchâtre ; 
le bec est noir; les pieds sont bruns, avec des dentelures saillantes le long 
de leur face postérieure. 

1 paraît que l'Émou est long-temps à parvenir à toute sa croissance; 
car les individus qu’on conservait vivans à la mévagerie du Muséum, où 
ils ont vécu plusieurs années, étaient encore bien loin d’avoir atteint la 
hauteur que nous avons indiquée ci-dessus. Les jeunes, dans leurs premières 


années, sont totalement couverts de plumes grises, brunes et d’un blanc 


sale. 


OUTARDES. 81 


ame FAMILLE. PÉDIONOMES, Pedionomi. 


Bec droit, un peu voûté. 
Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Doigts au nombre de trois, dirigés en avant. 


ière prvision. OUTARDE, Oxis. 


Bec médiocre, un peu conique, comprimé latéralement, courbé vers 
le bout; mandibule supérieure convexe, un peu voûtée, plus longue que 
l'inférieure , et couvrant ses bords. PI. S, n° 1. 

ÎNarines ovales, grandes, ouvertes, situées vers le milieu du bec. 

Langue cartilagineuse en dedans, charnue en dehors , frangée vers le 
bout, à pointe dure, aiguë. 

Tarses nus, annelés. 

Doigts réunis à leur base par une membrane; pouce nul. 

Ongles courts, convexes et d’une médiocre longueur. 

Ailes moyennes; première rémige courte; deuxième et troisième les 
plus longues de toutes. 

Queue à dix-huit ou vingt rectrices. 

On compte douze espèces d'Outardes dont deux habitent en Europe et 
les autres en Afrique et dans l'Asie méridionale; mais il ne s’en trouve 
point en Amérique; les oiseaux auxquels on a donné leur nom dans le nord 
de cette partie du monde sont des Oies, et l'individu, appelé Outarde 
par Molina, ne peut faire partie de cette division, puisqu'il a quatre doigts 
tandis que les véritables Outardes n’en ont que trois ; ainsi donc Latham 
a eu tort de l’y classer: 

Cet auteur et Linnée ont placé ces oiseaux dans l’ordre des Gallinacées ; 
en effet, ils ont le corps massif; Illiger les comprend dans celui de ses 
Cursores (Coureurs) avec les Autruches, Casoars, Pluviers > Huîtriers, 
d'après le nombre de leurs doigts; M. Cuvier en fait des Echassiers, 
d’après la nudité du bas de leurs jambes, la hauteur de leurs tarses et 
leur anatomie. 

GALERIE DES OISEAUX. 1° PARTIE. 11 


02 OUTARDES. 


Les plaines sablonneuses et rocailleuses sont les endroits où se plaisent 
les Outardes ; elles ne se perchent jamais, ce que ne leur permet pas la 
position de leurs doigts. Ce sont des animaux très-craintifs, défians et 
qu'on approche difficilement. Elles sont polygames, nichent à terre, et 
les petits quittent le nid, courent et prennent eux-mêmes, dès leur nais- 
sance, leurs alimens qui consistent en herbes, graines, insectes et vers. 


L'OUTARDE HOUBARA, Otis houbara. 
PI. CCXX VII. 


Flavicans; colli pennis albidis, nigro striatis longissimis ; remigibus 
magnis nigris, propè mediurn macul& alb& notatis. 

Hubara, Shaw , Voy. pag. 252, pl. opp., fig. 1. 

Houbara ou petite Outarde huppée d'Afrique, Buff., Hist. nat. des 
Ois., tom. 2, pag. 59. 

Otis houbara, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 6. 

Idem, Lath., Index, n° 8. 

Buffed bustard,; Lath., Synopsis , tom. 2, pag. 80h, n° 7. 

On rencontre cette Outarde en Barbarie sur les confins du désert, ainsi 
qu'en Numidie dans les mêmes endroits, où elle vit, comme celles d'Eu- 
rope, d'insectes et de jeunes pousses des plantes : elle n’est pas moins 
rusée ni moins défiante que celles-ci. Une belle huppe renversée et incli- 
née en arrière, une fraise non moins belle, formée de longues plumes 
qui naissent du cou, se relèvent et s’enflent , font de cette Outarde un 
oiseau très-remarquable. Le dessus du corps est d’une couleur jaunätre, 
parsemé de petites taches brunes; les longues plumes du cou sont blan- 
châtres et striées de noir ; les grandes pennes des ailes noires et marquées 
de blanc près du milieu; le front et les côtés de la tête d’un cendré roux, 
pointillé de brun; les plumes de la huppe blanches; l’occiput et le haut 
du cou blanchâtres, variés de brun et de cendré; la poitrine et les parties 
postérieures d’un blane pur; la queue est jaunâtre, avec trois larges bandes 
transversales noirâtres. Le bec est de cette couleur, et les pieds sont ver- 
dâtres. 


OŒDICNÈMES. 83 


Cet oiseau, qu'on a vu vivant dans la ménagerie du Jardin des Plantes, 
est probablement le même que le prétendu Ægami d'Afrique ; dont on 
voit la figure dans le Voyage de Jacq., pag. 24, n° 18, pl. 9, et qui est 
décrit dans Gmelin sous le nom de Psophia urdulata. On rencontre 
aussi cetle espèce en France, mais très-rarement. 


3°me ramILze. ÆGIALITES, Ægialites. 


Bec long ou médiocre, obtus chez les uns, pointu chez les autres, 


quelquefois terminé en forme de coin. me 
Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Doigis au nombre de trois, dirigés en avant, point derrière; deux au 
moins réunis à leur base par une membrane, ou tous les trois séparés dès 


leur base. 


1 prvisron. OEDICNÈMES, OEdicnemes. 


Bec entouré d’une membrane jusqu’au-delà du milieu, plus long que la 
tête, droit, fendu jusqu'aux yeux, comprimé depuis les narines , caréné 
en dessus, renflé vers le bout, un peu obtus. PI. S, n° 2. 

Narines de la forme d’un S, longitudinales, ouvertes, situées vers'le 
milieu du bec. à 

Langue un peu charnue, entière. 

Tarses épais, renflés par derrière, près du talon, chez l'oiseau vivant, 
nus, réticulés. 

Doigts bordés, courts, calleux en dessous, réunis à leur base par une 
membrane; pouce nul. PI. EE, nc 2. 

Ongle intermédiaire plus grand et plus épais que les autres, à bord 
interne dilaté, tranchant et creusé en dessous. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division contient trois espèces, dont, deux se trouvent dans l’Aus- 
tralasie, et l’autre en Europe et en Afrique. Ce n’est que de celle-ci dont 
on connaît le genre de vie. Elle se tient de préférence sur le plateau des 


à 


84 OŒDICNÈMES. 
collines, dans les terrains secs et pierreux , ét sur les dunes sablonneuses. 
Cette habitude et divers caractères extérieurs, qu’on saisira facilement en 
les comparant, distinguent très-bien les OEdicnèmes des Pluviers, avec 
lesquels Linnée, Latham et d’autres naturalistes les ont classés. Ces 
oiseaux nichent à terre et sont polygames; les petits quittent le nid dès leur 
naissance. Îls se nourrissent d'insectes, scarabées et grillons, de petits 
limaçons, de tous les coquillages de terre, même de lézards et de petites 


couleuvres. 


L'OEDIGNÈME A LONGS PIEDS, Œdicnemus longipes. 


PI. CCXXVIIL. 


Dorso plumisque auricularibus fuscis albo maculatis ; corpore 
subiüs albo nigro maculato ; vertice, occipite nucäque cinereis , 
Jfusco lineatis. 

L'’OEdicnème à longs pieds, Geoffroy-Saint-Hilaire , mémoires. 

Idem , deuxième édit. du nous. Dict. d’hist. nat., tom. 23, pag. 232. 

Cette espèce, qui a été apportée de la Nouvelle-Hollande par les natu- 
ralistes qui ont accompagné le capitaine Baudin dans son voyage aux 
terres australes , a le capistrum, les sourcils, la gorge, le ventre, les par- 
ties postérieures, le pli de aile et le milieu de ses premières pennes d’un 
blanc pur; le devant du cou, la poitrine, le haut du ventre et une pattie 
des couvertures intermédiaires du dessus de l’aile de la même couleur; mais 
tachetée de noir le long de la tige de chaque plume; le reste de ces cou- 
vertures, les oreilles, les côtés du cou et le dos bruns, avec quelques taches 
blanches; le sommet de la tête, l’occiput, la nuque et le dessus du cou 
d'un gris cendré clair, varié de petites lignes rembrunies; le reste des 
rémiges primaires noir; la queue étagée, ses pennes latérales blanches et 
noires, ses intermédiaires d’un gris clair, et traversées par des bandelettes 
irrégulières d’un gris sombre; le bec noir; les pieds brunâtres chez loiseau 
mort. Longueur totale, 19 à 20 pouces. 


ÉCHASSES. 85 


ème prvisrox. ÉCHASSE, Himautopus. 


Bec long, grêle arrondi, un peu fléchi dans le milieu, aigu. PI. S, n°3. 

Narines linéaires, situées dans une rainure. 

Langue courte, grêle, pointue. 

Tarses très-longs, flexibles , nus, réticulés. 

Doigts réunis à leur base par une membrane ; postérieur nul. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division, qui est composée de trois ou quatre espèces, fait dans 
Linnée et d’autres auteurs partie des Pluviers; cependant on voit qu’elles 
ont des caractères particuliers et distincts qui permettent de les classer 
isolément , ainsi que l’a fait Brisson. Quoiqu’elles semblent au premier 
aperçu devoir courir avée célérité, il en est néanmoins tout autrement ; 
leur marche est lente et pénible; elles sont forcées, pour s’avancer, de se 
tenir à moitié courbées, ce qu’on peut attribuer à la grande disproportion 
des pieds et du corps, à la faiblesse de leurs tarses grêles et ployans. Leurs 
doigts aussi plats en dessous que ceux des oiseaux nageurs, et l'étendue 
de la membrane qui unit l'extérieur à celui du milieu, sont un indice 
qu’elles n’habitent que les terrains humides. Elles vivent d'insectes et de 
vermisseaux qu'elles saisissent à terre et dans la vase, à l’aide de leur long 
cou, dé la courbure de leur corps et de leurs pieds. 


L'ÉCHASSE A COU BLANC ET NOIR, Himautopus 
nigricollis. 
PI. CCXXIX. 


Corpore-suprà nigro ; subtüs Jronteque albis ; caudf cinered. Mas. 
Minor ; scapularüs , dorso, remigibus tertialibus Juscis. Femina. 

Long legged ‘avoset, Wilson, Ornithol. americ., tom. 7, pl. 58, 
Jig. 2. : None 


86 ÉCHASSES. 


L'Échasse à cou blanc et noir, deuxième édit. du nouveau Dict. 
d'histoire nat., tom. 10, pag. 41. 

On a jusqu'à présent confondu cette Échasse avec celle d'Europe; mais 
nous ne doutons pas que ce soit une espèce distincte qui ne se trouve que 
dans l'Amérique septentrionale. Elle construit son nid dans les marais 
salés avec une petite quantité d'herbes sèches, mais suffisante pour mettre 
les œufs à l'abri de l'humidité; et afin d'éviter la crue des eaux, elle élève 
cette couche avec des branches d’arbrisseaux marécageux, des tiges d’herbe 
salée, des algues et divers autres matériaux. La ponte est composée de 
quatre œufs d’une couleur d'argile jaunâtre, obscure , très-chargée de 
grandes taches noires. Sept ou huit couples nichent à une distance de 
cinquante à soixante pieds parmi des touffes épaisses d'herbes, et semblent 
former une espèce d'association qui dure pendant toute la belle saison. 
Quand on les inquiète, les mâles, dispersés dans les marais voisins, pen- 
dant l’incubation, se réunissent aussitôt, s'élèvent dans les airs, où ils 
semblent converser ensemble, en exprimant d’une voix criarde les syllabes 
chick, chick, chick, chick; alors ils descendent fréquemment sur le 
terrain sec des marais, laissent pendre leurs ailes, se tiennent sur leurs 
pieds à moitié étendus, et chancelant comme s'ils ne pouvaient garder 
leur équilibre et soutenir le poids de leurs corps. Ils restent dans cette 
position pendant plusieurs minutes, et font entendre une espèce de son 
qui correspond avec lé tremblement de leurs ailes et de leurs pieds. 

Le mäle a le front, une tache en arrière de l'œil, la gorge, les côtés et 
le devant du cou, la poitrine et les parties postérieures d’un beau blanc ; 
le reste du plumage noir avec les couvertures supérieures et les pennes 
de la queue d’un gris clair; le bec noir; les pieds rouges. Longueur to- 
tale, 15 pouces. La femelle en diffère par une taille un peu moins longue, 
et par la couleur d’un brun foncé du dos, des scapulaires et des rémiges 


tertiales. 


HUITRIERS. 5 


SI 


3°% prvisiox. HUITRIER, /æœmatopus 


Bec droit, plus long que la tête, comprimé latéralement, terminé en 
forme de coin; mandibule supérieure à dos déprimé sur le milieu. PLS, 


o 


n° 4. 

INVarines oblongues, ouvertes, situées dans une rainure. 

Langue très-courte, entière. 

Paupières glabres. 

T'arses robustes, nus, réticulés. 

Doigts bordés d’une callosité, unis à leur base par une membrane , 
moyens, forts, raboteux en dessous ; postérieur nul. 

Ailes moyennes ; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des trois espèces de cette division, l’une habite en Europe, et les autres 
en Amérique et dans l’Australasie. Quoique la première se trouve sur une 
grande partie du globe, on ne doit pas en conclure avec Buffon qu’elle 
s’y est répandue sans avoir subi aucune altération; car il en existe deux 
autres en Amérique. Ces trois races ont le même genre de vie; elles se 
tiennent pendant toute l’année sur les bords de la mer, et vivent de vers 
marins, d'huîtres, d'étoiles, de crabes et d’autres crustacées, Elles restent 
constamment sur les bancs, les récifs découverts et les grèves, ne s’éloi- 
gnent de la plaine liquide qu'en reculant devant le flot, à mesure quil 
s’'avance, et se portent aussitôt dans les endroits que le reflux met à dé- 
couverts, pour chercher dans le sable humide la pâture pour laquelle elles 
ont un appétit de préférence. 

Elles jettent souvent des cris aigus et courts; lorsqu'elles sont en 
troupes, ou qu’elles volent, et les redoublent à l'aspect de l’homme. Ces 
oiseaux ne font point de nid; les uns pondent sur le sable, hors la portée 
des eaux; d’autres préfèrent des rochers creux, mais toujours à proximité 
de la mer. Leur ponte est de quatre ou cinq œufs, dont l’incubation dure 
vingt ou vingt-un jours. Les petits naissent couverts d’un duvet noirâtre, 
et courent peu de jours après leur naissance. 


83 ÉROLIES. 


La bordure épaisse, étroite et calleuse des doigts leur facilite les moyens 
de se reposer sur l’eau et de nager d’une manière passive, comme si elles 
se laissaient aller à tous les mouvemens de la mer, sans s’en donner au- 
cuns. Leurs mandibules comprimées sur les côtés et terminées en forme 
de coin tranchant leur ont valu le nom de bec de hache , que leur ont 
imposé les Français de la Louisiane. 


L'HUITRIER NOIR, Zæmatopus ater. - 


PI. CCXXX. 


Totus niger. 

L’huîtrier noir, Buff., édit. de Sonnini, tom. 59, pag. 55. 

On ne peut se dispenser de regarder cet Huîtrier comme une espèce 
distincte des autres, mais beaucoup plus rare. En effet, il est plus haut 
monté, et ila le bec plus long et plus grêle. Tout son plumage est d'un 
beau noir sans aucun vestige de blanc; le bec et l'iris sont d’un rouge 
orangé ; les pieds cendrés. 

On rencontre cette espèce dans le nord-ouest de l'Amérique septen- 
trionale, où l’ont vue La Pérouse et Vancouver; à l’île de Curaco, selon 
les observations de Feuillé ; au détroit de Magellan, à la Nouvelle-Zélande 


et à la Nouvelle-Hollande, d'où l'ont rapportée des voyageurs modernes. 
fe prvision, ÉROLIE, Ærolia. 


Bec arrondi à sa base, plus long que la tête, arqué, un peu obtus; 
mandibule supérieure sillonnée sur les côtés. 

INarines linéaires, situées dans une rainure à la base du bec. 

Langue courte, pointue. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts extérieurs unis à leur base par une membrane; l’interne libre ; 
le postérieur nul. 


COURE-VITES. 89 


Aile moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division n’est composée que d’une seule espèce qui se trouve, 
dit-on, en France; on n’en connaît que la dépouille. 


L'ÉROLIE VARIÉE, Ærolia varia. 
PI. CCXXXI. 


Corpore suprà cinereo alboque. maculato ; pectore fusco lineato ; 
alis caudäque nigricantibus. 


Érolié variée, deuxième édit. du now. Dict d'histoire naturelle, 
tom. 10, pag. 409. 

Cet oiseau est tacheté de gris et de blanc en dessus; de la dernière cou- 
leur , avec des lignes brunes sur le devant du cou et sur la poitrine; une 
bandelette blanche est entre le bec et l'œil; les pennes des ailes et de la 
queue sont noirâtres; le bec et Les pieds noirs. Il ressemble beaucoup à 


l’Alouette de mer ; mais, outre qu'il n’a que trois doigts, il est plus haut 
monté. ” 


5°" piviston. COURE-VITE, Tachydromus. 


Bec presque cylindrique, médiocre, grêle, courbé vers le bout, pointu 
PIS n° 5. 


IVarines ovales. . 

Langue pointue. 

Bouche ample. 

Tarses nus, réticulés. 

Doists totalement séparés ; l’intermédiaige très-long; le pouce nul. 
PI. DD, n° 8. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des trois espèces qui composent cette division, une seule se rencontre en 


GALERIE DES OISEAUX. 1e PARTIE. 12 


90 COURE-VITES. 


France, mais fort rarement , ainsi qu’en Afrique où se trouvent les deux 
autres. Leur partie historique est encore très-imparfaite; on sait seule- 
ment qu'elles se tiennent sur les bords de la mer, et qu’elles courent fort 
vite. Quoique Gmelin et Latham les ayent classées dans le genre des 
Pluviers, nous croyons qu’on peut les en exclure pour en composer une 
nouvelle division , puisqu'elles n’ont ni le bec ni les pieds conformés de’ 
même que ceux-Ci. 


LE COURE-VITE DE COROMANDEL, Tachydromus 


asiaticus. 
P. CCXXXII. 


Vertice et gutture spadiceis; mento albido ; corpore suprà fusCo ; 
subiüs obscuro; remigibus fascidque oculart nigris ; uropygio cau- 
dæque apice albis. 

Le Coure-vite de Coromandel, Pupons Histoire nat. des Oiseaux , 
pl. enl., n° 892. .5 

Chad us coromandelicus, Libn: > GR ni nat. , édit. 13, n° 28. 

Cursarius asiaticus, Laïh., Index, n 

Coromandel ès. Las Shnonst tont. 3, pag. 217» n°26: 

Cet oiseau, qu'on trouve dans l’Asie orientale sur la côte de Coroman- 
del, a le sommet de la tête roux; le devant du cou et la poitrine d'un 
beau roux marron; le dessus du cou, le dos, les ailes et la queue bruns; 
le haut du ventre noirätre; l'abdomen, le croupion, les couvertures su- 
périeures de la queue et les extrémités de ses pennes blancs; les rémiges 
noires; les pieds d’un blanc jaunûâtre. 


ORTYXÈLES. g1 


. 
6°" prvisron. ORTYXÈLE, Ortyxelos. 


Bec glabre à sa base, très-grêle, court, droit, un peu fléchi à son ex- 
trémité. 

Narines couvertes d’une membrane. 

Langue... 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Tarses longs, réticulés. 

Doists totalement séparés. 

Ailes allongées ; première et deuxième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue moyenne. 

Nous n'avons point de renseignemens positifs sur l'instinct et les habi- 
tudes de l’espèce unique que renferme cette division; nous savons seule- 
ment qu'elle se trouve au Sénégal. Nous remarquons en elle quelques 
rapports avec les T'urnix, d'après lesquels nous l'avons présentée, dans la 
deuxième édition du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, comme 
un de leurs congénères ; mais l'ayant depuis examinée avec la plus grande 
attention, nous nous sommes assuré qu'elle y était mal classée, puisqu'elle 
en diffère essentiellement par son bec autrement conformé, par la lon- 
gueur de ses pieds, et surtout par ses jambes à demi nues. 

Ces deux derniers attributs la rapprochent beaucoup plus des Échas- 
sters que des Gallinacées , qui tous ont toujours les jambes totalement 
couvertes de plumes; et nous soupçonnons, d'après ces caractères, que 
l'Ortyxèle habite les marais que ne fréquentent point les Turnix, à ce que 
je sache. C’est d’après ce soupçon , que nous lui avons imposé le nom 
générique sous lequel nous la décrivons. Si nous sommes dans l'erreur, 


1, à 5 Ÿ “ 
c'est au naturaliste qui l’observera dans la nature vivante à nous rectifier. 


92 \ ORTYXÈLES 


L'ORTYXÈLE MEIF REN, Ortyxelos meifren. 
Pl. CEC : 


Corpore supra rufo alboque vario , subtüs albo ; remigibus primariis 
nigricantibus flavicante - albo extüs marginatis ; caud& ruf&, albo 
transversim striaté. 

Le Turnix meifren, deuxième édition du nouv. Dictionnaire d’hist. 
nat. , tom. 39, pag. A9. 

Le nom que nous avons imposé à cet oiseau est celui de l'amateur 
distingué qui le premier l’a possédé dans sa riche et précieuse collection. 
Nous engageons le lecteur à consulter ci-dessus les motifs qui nous ont 
décidés à le placer parmi les Echassiers. 

Une bandelette d’un beau blanc part du bec, passe au-dessus de l'œil et 
s'étend jusqu’à la nuque. Le capistrum , le menton, la poitrine, toutes les 
parties postérieures et le dessous de l'aile sont de la même couleur, la- 
quelle est lavée de roussâtre sur la gorge; une tache rousse se fait remar- 
quer au-dessous des yeux, qu'elle outre-passe en avant et en arrière : le 
dessus de la tête est d’un roux sombre; le cou en dessus et sur les côtés, 
le dos, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, celles de la 
partie intérieure de l’aile et ses pennes secondaires portent sur un fond 
roux des taches blanches, de même qu’un collier situé au bas de la gorge, 
lequel est un peu lavé de roussätre; les rémiges primaires sont noirâtres 
et bordées en dehors d’un blanc jaunâtre, à l'exception de la première 
dont la bordure est blanche. Cette couleur couvre en entier le haut de 
l'aile et ses couvertures extérieures, de manière qu’elle forme une large 
bande longitudinale qui part du pli et s'étend sur les deux tiers de sa 
longueur ; la queue est rousse , et ses deux pennes intermédiaires portent 
trois marques transversales d’un blanc un peu roussâtre;*et sont bordées 
par le bas d’un liseré noir ; la queue est arrondie, le bec blanchätre dans 
le milieu , et d’une teinte sombre dans le reste; les pieds sont d’une cou- 
leur de chair terne, les ongles blanchâtres et très-courts. Longueur totale, 


4 pouces. 


PLUVIANS. 9 
79% prvison. PLUVIAN, Pluvianus. 


Bec épais à sa base, comprimé vers le milieu, pointu ; mnadibule su- 
périeure un peu arquée; l’inférieure droite. PI. S, n° 6 


INarines oblongues, couvertes d’une membrane. 

Langue... 

Turses nus, réticulés. 

Doists grêles, unis à leur base par une petite membrane; pouce nul. 

Ongle intermédiaire à bord interne dilaté et finement dentelé. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les deux espèces de cette division se trouvent en Afrique, l’une au 
Sénégal, l'autre en Égypte, où l’a vue un savant voyageur naturaliste, 
Sonnini. Elle paraît, dit-il, sur les bords du Nil, quand ses eaux se sont 
retirées dans leur lit, vit presque toujours par couples, se rencontre rare- 
ment en troupes, et ces réunions ne s'étendent pas au-delà de sept à huit 
individus. Elle ne pose jamais sur les terres limoneuses , et ne fréquente 
que les endroits couverts de sable. Quand ces Pluvians prennent leur vo- 
lée, ils répètent plusieurs fois de suite un petit cri aigu; ils ne sont point 
craintifs, et on peut les approcher tant que l’on veut. On ne connaît pas 
le genre de vie de l’espèce sénégalaise ; mais il est à présumer qu'il a une 
grande analogie avec celui du Pluvian à tête verte, dont il vient d’être 
question. Gmelin et Latham ont classé ces Échassiers dans leur genre 
Charadrins ; mais, si lon compare le bec des Pluvians et du Pluvier, on 
voit qu'ils présentent des différences qui ne permettent pas cette réunion. 


LE PLUVIAN* À TÉTE NOIRE, Pluviunus melanoce- 
phalus. 


PI. CCXXXIII. 


Cuapite, cervice dorsoque nigris ; corpore subtüs rufescente ; alis , 
uropygio caud& cinereis ; fronte flavicante. 


94 © SANDERLINGS. 


Le Pluvian, Buff., Hist. nat. des Oiseaux, tom. 8, pag. 104, pl. 
enl., n° 918. 

Charadrius melanocephalus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 26. 

Idem, Lath., Index, n° 20. 

Black-headed plover, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 217, n° 24. 

Cette espèce, qui n’est pas rare au Sénégal, a le dessus de la tête, du 
cou et le dos noirs; un trait de cette couleur passe au-dessus des yeux, 
lequel s'étend jusque derrière l’occiput ; une bande pareille traverse l'œil 
et suit la même direction; un collier noir se fait remarquer sur le haut de 
la poitrine; cette couleur est mélangée de blanc sur les grandes pennes 
des ailes, dont les autres rémiges, ainsi que leurs couvertures supérieures, 
sont d’un joli gris; le devant du cou et toutes les parties postérieures d’un 
blanc roussâtre ; les rectrices pareilles au croupion, lequel est gris; toutes, 
à l'exception des deux intermédiaires, ont une bande transversale noirâtre 
vers leur pointe qui est blanche ; le bec est noir; les pieds sont d’un gris 


cendré. Longueur totale, 8 pouces au moins. 


8°" prvisron. SANDERLING, Calidris. 


Bec médiocre, droit, un peu grêle, presque rond, à pointe lisse, di- 
latée et un peu obtuse ; mandibule supérieure sillonnée en dessus et 
plus longue que l’inférieure. PL. S, n° 7. 

ÎVarines oblongues, couvertes d’une membrane, situées dans une rainure. 

Langue grêle, médiocre, pointue. 

T'arses nus, réticulés. 

Doigts totalement séparés; postérieur nul. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue, à douze rectrices. 

Brisson et d’autres ornithologistes ont classé l’espèce qui constitue cette 
division dans celle de la Maubéche où du Tringa. Latham et Gmelin 
en font un Pluvier, sans doute d'après le nombre de ses doigts; car son 
bec est autrement conformé , et totalement pareil à celui des Tringas; en 
l'isolant génériquement, nous avons suivi l'exemple de MM. Méÿer et 


SANDERLINS. 0 


d'Illiger : cependant peut-être serait-elle mieux placée avec les Tringas, 
dont elle a tous les caractères, mais dans une section particulière, d’après 
le nombre de ses doigts, ainsi qu’on l’a fait pour les Pics et les Martin- 
Pêcheurs à trois doigts, d'autant plus qu’elle a le même genre de vie. 


LE SANDERLING CURWILETTE, Calidris tringoïdes. 


PI. CCXXXIV. 


Ruber n19TO maculatus et albo conspersus ; rectricibus duabus in- 
termediüis fuscis, margine ferruginets ; reliquis exalbidis. Adultus. Ca- 
pite, colo supra griseis, nigro variis ; corpore suprà griseo ; fronte, 
genis, gul&, collo, corpore subtüs albis. Hiemalis. 

La petite Maubêche grise, Brisson, Ornithol., tom. 5, pag. 236, 
n° 17, pl. 20, fig. 2. 

Le Sanderling, Buff., Hist. nat. des Oùis. ; tom. 7, pag. 53. 

Charadrius calidris, Lénn., Gm., Syst. nat., édit. 13 , n° 9 et 21. 

Idem, Lath., Index, n° 4. 

Sanderling, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 197, n° 4. 

On rencontre le Sanderling non-seulement en Europe, mais encore 
dans le nord de l'Amérique et de l'Asie. On l'appelle dans les États-Unis 
Sea or shore lark (Alouette de mer ou des rivages). Les aborigènes de la 
baie d'Hudson le nomment Xrstchayche, Kiskaweshisch ; mais là il n’est 
connu que sous son habit d'été, ce qui a donné lieu de le présenter comme 
une espèce particulière. Les dénominations de S'anderline et de Curwil- 
lette sont celles qu'il porte en Angleterre, et c’est sous la première qu'il 
est connu en France. 

Le Sanderling se présentant dans la même année sous diverses livrées, 
qui peuvent donner lieu à des méprises, nous avons cru devoir en donner 
plusieurs signalemens. Il à, après la mue et pendant l'hiver, le dessus de 
la tête cendré et varié de taches effacées ; une petite bande grise entre le 
bec et l'œil; le dos, les plumes scapulaires pareilles à la tête; le front, 
les joues, les sourcils, la gorge, le devant du cou et les parties pèsté- 
rieures blanc ; le bord de l'aile, un peu au-dessus du pli, varié de noir et 


96 SANDERLINGS. 


de blanc; les petites couvertures des ailes noirâtres; les moyennes et les 
grandes de cette teinte dans le milieu, et blanches sur les bords; les ré- 
miges plus ou moins variées de cette couleur; les trois plus proches du 
corps brunes et frangées de blanc; les rectrices bordées de blanchâtre; les 
deux intermédiaires brunes sur lé milieu; les latérales grises ; le bec et les 
pieds noirs. Longueur totale, 7 pouces 3 lignes. - 

Cet oiseau porte, dans la saison des amours , une livrée très- déc 
de la précédente, sous laquelle nous ne le voyons guère en France. C'est 
d’après cette livrée qu’on en a fait une espèce particulière. Il a la tête, le 
cou, la poitrine et les plumes scapulaires d’une teinte rougeûtre tachetée 
de noir, et comme poudrée de blanc; ces trois couleurs sont distribuées 
sur les plumes de manière que la première occupe les bords, la seconde 
est au centre, et la troisième à l'extérieur, ce qui fait paraître l'oiseau 
couvert d'un vêtement très-bigarré; le ventre et les parties postérieures 
sont d’un blanc pur; les petites a. des ailes blanchâtres et d’un 
olive pâle; les autres noires, de même que les deux pennes intermédiaires 
de la queue; les rémiges primaires de cette couleur à l'extérieur, et blan- 
ches en dedans; les pennes latérales de la queue d’un cendré pâle et bor- 
dées de blanc. Des individus ont les plumes du dos d’une couleur uniforme: 
chez d'autres le noir est la teinte dominante. Enfin, on en voit dont les 
parties supérieures sont roussätres où rousses , et quelques-unes d’un fer- 
rugineux brillant et tacheté de noir; la tête, le cou, les joues et la gorge 
roux, avec des petites raies noires; les plumes du dos et les scapulaires 
ferrugineuses, avec de larges taches noires sur leur milieu; quelquefois le 
noir est coupé par une bandelette ferrugineuse; elles sont terminées de 
blanc; le croupion est pareil au dos ; les pennes primaires sont noirâtres ; 
les secondaires semblables, avec plus ou moins de blanc vers leur base ; les’ 
petites couvertures d'un brun sombre; les pennes du milieu de la queue 
noirâtres et bordées de roux; les autres cendrées en dehors et blanches en 
dedans ; les deux plus extérieures presque totalement de la dernière cou- 
leur, et les autres devenant graduellement plus pâles, à mesure qu’elles 
approchent de celles du centre; enfin, à l’époque des mues, le plumage 
des Sanderlings présente beaucoup de variétés; mais la couleur grise indique 


toujours la livrée d'hiver, et la teinte rousse ou rougeâtre celle de l'été. 


UVIERS. 
; PLUV 97 


9°"° mvisron. PLUVIER, Charadrius. 


Bec droit, médiocre, presque rond, un peu grêle, à pointe obtuse et 
un peu renflée. PI. S, n° 8. 


Narines concaves, linéaires, couvertes d’une membrane, situées dans 
une rainure longitudinale. 


Laïgue entière, un peu cylindrique à sa pointe. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts extérieurs réunis à leur base par une membrane; l'intérieur 
totalement libre; le postérieur nul. PL ÉE, n°3. 

Ailes simples on éperonnées; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les trente-sept espèces de cette division se distinguent par leur tête 
grosse et arrondie, par leur front élevé perpendiculairement au-dessus du 
bec, et ne diffèrent des Vanneaux qu’en ce qu'ils n’ont point de doigt 
postérieur. Toutes ont le pli de l'aile muni d’un tubercule osseux ou d’un 
éperon, ainsi que l'a fort bien remarqué le savant naturaliste prussien , 
Illiger; mais le tubercule est arrondi, et souvent si peu prononcé, que ce 
n'est qu'en tâtant avec le doigt qu’on peut s'assurer de son existence. Linnée, 
Gmelin et Latham ont classé dans leur genre Charadrius des Echassiers, 
qu’à l'exemple de plusieurs méthodistes nous avons cru pouvoir en dis- 
traire, puisqu'ils ont des caractères particuliers, distincts et étrangers aux 
vrais Pluviers ; tels sont les C’haradrius œdicnemus, Himantopus , We- 
pal Calidris , Coromandelicus et Curonicus. En effet, le 
premier Qi OEdicnème) diffère principalement des véritables Pluviers par 
la membrane qui couvre son bec depuis son origine jusqu’à son milieu, 
et par la petite palme qui réunit les trois doigts à leur base; le second 
(l'Æchasse), par son bec un peu fléchi dans le milieu, par ses tarses 
très-longs, flexibles, et par ses doigts réunis comme chez le précédent ; le 
troisième (le Pluvian), par son bec pointu, dont la partie supérieure est 
un peu arquée, et par son ongle intermédiaire dilaté et finement dentelé 
sur son bord interne; les dissemblances que présente le quatrième (le 


S'anderling) consistent dans son bec à pointe dilatée, et dans ses doigts 
GALERIE DEs oseaux. 1e PARTIE. 15 


08 PLUVIERS. 


totalement séparés : les disparités qui distinguent les deux derniers (les 
Courevites) se font remarquer dans la courbure du bec et la séparation 
totale de ses doigts. 

Les Pluviers n’ont pas tous les mêmes habitudes, les uns préfèrent les 
fonds humides et les terres limoneuses ; d’autres ne se plaisent que sur les 
plages sablonneuses et pierreuses des bords de la mer. Des espèces vivent 
isolément pendant toute l’année, tandis que d’autres se réunissent à l’au- 
tomne, voyagent et restent jusqu’à la saison des amours en troupes nom- 
breuses. Tous vivent d'insectes, de vers de terre et de vermisseaux ; tous 
nichent à terre, et leur ponte est composée de quatre à einq œufs. On 
trouve des Pluviers dans toutes les parties du monde, et le Pluvier doré 
est l'espèce la plus répandue, puisqu'on le rencontre en Europe, en Afri- 
que , en Asie et en Amérique. 


LE PLUVIER A FACE NOIRE, Charadrius melanops. 


PI. CCXXXV. 


Fronte et nucd nigris; dorso griseo, tectricibus alarum superiori- 
bus albo extùs marginatis ; ventre albo. 

Le Pluvier à face noire, deuxième edit. du nouv. Dict. ‘histoire 
nat. , tom. 27, pag. 139. 

Ce Pluvier, dont on doit la connaissance aux naturalistes qui ont ac- 
compagné le capitaine Baudin dans son voyage aux terres australes, a le 
front noir, de même qu’une bande qui traverse l'œil et passe sur la nuque, 
où elle s’élargit et prend la forme d’un collier;une autre bande de la même 
couleur est sur la poitrine, et vient rejoindre la première en s’élevant au- 
dessus de l'œil; une troisième, mais blanche, part du front, s'étend au- 
dessus de l’œil et encadre l’occiput. Le ventre et les parties inférieures sont 
de la même couleur; les pennes alaires et une partie de la queue noires; 
le dos est gris; la bordure extérieure des couvertures alaires large et blan- 
che, ce qui les fait paraître rayées longitudinalement à l'extérieur; elles 
sont grises dans le reste; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale, 
6 pouces environ. 


VANNEAUX, 


Le] 
We) 


{ème ramizze. HÉLONOMES, Æelonomi. 


Bec droit ou arqué, presque cylindrique, à pointe dilatée ou arrondie. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure, mais vêtues jus- 
qu’au talon, chez les Bécasses proprement dites. 

Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière articulé plus 
haut que les doigts antérieurs. 


1 prvisIoN. VANNEAU, Z’anellus. 


Bec médiocre, droit, arrondi, à pointe un peu renflée et obtuse. 

Narines linéaires, concaves, situées dans une raïnure, couvertes d’une 
membrane. ‘4 

Langue courte, grêle, un peu cylindrique à son extrémité. 

T'arses nus, réticulés. à 

Doigts extérieurs unis à leur base par une membrane; l’interne tota- 
lement libre; le postérieur très-court, composé d’une seule phalange, 
élevé de terre. PI. EE, n° 4. 

Ailes simples ou armées d’un éperon; première rémige la plus longue 
de toutes chez les uns; les troisième et quatrième chez les autres. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division est composée de dix espèces dispersées dans deux sections; 
celles de la première se distinguent des autres en ce qu’elles ont un éperon 
visible au pli de l'aile; aucunes de celles-ci n’habitent l'Europe. Tous les 
Vanneaux ont, dans leurs caractères génériques, la forme générale de 
leur corps et le genre de vie, de très-grands rapports avec les Pluviers ; 
mais ceux-ci n'ont que trois doigts, et les autres en ont quatre. Cette dif- 
férence a paru suffisante pour les séparer génériquement. Parmi les Van- 
neaux il n’y en a point qui ait plus d’analogie avec les Pluviers que le 
Wanneau suisse et social; car il n’en diffère qu’en ce qu'il porte un 
doigt postérieur, mais si court que ce n’est qu'une sorte de tronçon, 
tandis que chez les autres il a toute la forme d’un véritable doigt. Les 


100 VANNEAUX 


espèces que nous avons placées dans ces sections sont celles dont Brisson 
a fait un genre particulier sous le nom de F’anellus, qui toutes portent 
un bec de Pluvier. Linnée a classé dans son genre Parra les Vanneaux 
armés, et les autres parmi ses T'ringa avec les Chevaliers, les Alloueties 
de mer, les Maubéches, les Bécasseaux , les Combattans , les Tourne- 
pierres , les Phalaropes ; mais aucuns de ceux-ci n'ayant le bee conformé 
de même que les Vanneaux, et en différant encore par un doigt posté- 
rieur plus long et portant à terre, nous avons cru devoir, à l’exemple de 
plusieurs ornithologistes, les isoler génériquement. 

La famille des Vanneaux est répandue dans les trois continens; partout 
ils fréquentent les terrains humides, et se nourrissent d'insectes, de vers 
et de vermisseaux. Ils nichent à terre dans les herbes; leur ponte est de 
quatre à six œufs; les petits quittent le nid immédiatement après leur 
naissance, où peu de jours après, et prennent d'eux-mêmes les alimens 


que leur indiquent le père et la mère. 


LE VANNEAU ARMÉ A CALOTTE BLANCHE, 'a- 


nellus albicapillus. 
PI. CCXXXVI. 


Cinereus ; vertice albo ; genis, lateribus colli nigro et albo longitu- 
dinaliter striatis ; remigibus primaris rectricibusque nigris. 

Le Vanneau armé à calotte blanche, deuxième édit. du nouv. Dict. 
d'hist. nat., tom. 35, pag. 20b. 

Nous ne connaissons pas la contrée dont eet oiseau a été apporté au 
Muséum d'histoire naturelle. Il a une caroncule jaune et plate sur les 
lorums, divisée en deux parties, dont l’une s'élève plus haut que le front, 
tandis que l’autre est pendante et descend au niveau de l'origine de la 
mandibule inférieure ; une grande tache blanche couvre le milieu du som- 
met de la tête qui, dans le reste, est grise, de même que le capistrum, 
l’occiput , le milieu du dessus du cou, le dos, les couvertures supérieures 
des ailes, la poitrine et le ventre; des raies longitudinales, blanches et 


ARÉNARIES. TOI 


noires parcourent les joues; les côtés de la gorge et du cou, les grandes 
pennes des ailes et les rectrices sont noires ; les moyennes couvertures 
alaires ont leur bord extérieur blane; les inférieures de la queue et l’ex- 
trémité de ses pennes sont de cette couleur; les pieds d’un jaune orangé, 
ainsi que le bec; si ce n’est vers le bout de sa partie supérieure qui est 
noire. Longueur totale, 8 pouces et demi. 


ame pivision. ARENARIE, ÆArenaria. 


Bec épais à sa base, robuste, plus court que la tête, comprimé latéra- 
. lement, un peu aplati en-dessus, à pointe presque tronquée ; mandibule 
supérieure droite, un peu fléchie dans son milieu; l’inférieure retroussée 
vers le bout. PL. S , n° o. 

Nürines situées dans une rainure, allongées, ouvertes, à demi cachées 
sous une membrane. 

Langue courte, canaliculée, comprimée et pointue. 

T'arses un peu forts, de la longueur du doigt intermédiaire, nus, réticulés. 

Doigts totalement séparés ; postérieur portant à terré sur son bout, 

Ongles courbés, pointus; l'intermédiaire dilaté sur son bord interne. 

Ailes longues ; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

La seule espèce que renferme cette division se trouve dans les deux 
continens, où elle se tient sur les bords de la mer. Le nom qu'on lui a 
imposé, vient de l’habitude singulière qu’elle a de retourner les pierres 
au bord de l’eau, pour saisir les vers et les insectes qu’elles couvrent, et 
dont elle fait sa nourriture. La forme de son bec lui facilite cette re- 
cherche, qu’elle fait avec adresse et beaucoup de vitesse. Un oiseau aussi 
petit, qui tourne des pierres de plus de trois livres de pesanteur, doit avoir 
une force et une dextérité particulières; aussi le bec, qui est grêle et mou 
dans les petits oiseaux de rivage, est d’une substance plus dure et plus 
cornée chez le Tourne-Pierre, et un peu plus courbé en haut. Il niche 
dans un trou sur le sable. Sa’ ponte est de quatre œufs; les petits quittent 
le nid dès leur naissance, courent et saisissent eux-mêmes la nourriture 
que leur indiquent le père et la mère. 


102 ARÉNARIES. 


L'ARÉNARIE TOURNE-PIERRE, {renaria interpres. 
PL COXXXVIL. 


Corpore nigro, albo Jerrugineoque vario; pectore abdomineque 
albis. Adultus. Corpore griseo ; pectore fusco alboque variegato. 
Junior. 

Le Coulon-chaud, Brisson, Ornith., tom. 5, pag. 132, n° 1. 

Le Coulon-chaud cendré, idem , pag. 157, pl. 11, fig. 2. 

Le Touvne-Pierre, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, pag. 130, 
pl. enl., n° 850 , sous le nom de Coulon-chaud. 

Coulon-chaud de Cayenne, idem, pl. enl., n° 340. Jeunes. 

Coulon-chaud gris de Cayenne, idem, pl. ent. , n° 857. Jeunes. 

Tringa interpres, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 4. 

Morinellus, dem, War. B. 

Tringa interpres, Lath., Index, no 45. 

Turn turnstone, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 188, n° 37. 

Cette espèce porte en Picardie le nom de Bure, et se trouve en Amé- 
rique depuis la baie d'Hudson, où elle est connue des indigènes par les 
dénominations de Gega-washuc et de Misher quioqua ropa schish. On 
l'appelle sur la côte du cap May Æorsefoot, parce qu'aux mois de mai et 
de juin elle se nourrit principalement des œufs et du frai d’une grande 
espèce de crustacée (r2onoculus polyphemus). On la rencontre encore 
dans les îles du grand Océan boréal, où Lapeyrouse à pris des individus 
à cent vingt lieues de la terre la plus proche. Les Coulon-chauds variés 
et gris, dont on à fait des variétés, appartiennent à cette même espèce ; 
mais ils sont sous la livrée d'hiver ou du jeune âge. Les jeunes ne pren- 
nent leurs couleurs distinctives qu'au printemps; aussi voit-on alors des 
individus avec un plumage plus ou moins mélangé des teintes de la jeu- 
nesse et des couleurs de l’âge avancé. Sur la livrée parfaite de cet oiseau 
elles sont distribuées par masses uniformes, sans aucun mélange, si ce 


ARÉNARIES. 103 


n'est sur le dos et les ailes. La femelle porte des teintes moins pures, moins 
vives et d’un ton plus terne. 

Le Tourne-pierre adulte a la tête, le derrière du cou, le bas du dos, 
le croupion, le ventre et les parties postérieures blancs; une tache de 
cette couleur entre le bec et l'œil; l’occiput, les joues, les côtés et le de- 
vant du cou, la poitrine, les pennes alaires et caudales noirs ; celles-ci 
terminées de blanc, le haut du dos varié de noir, de brun sombre et de 
ferrugineux; les couvertures des ailes d’un brun cendré; les moyennes bor- 
dées de blanc, ainsi que quelques-unes des rémiges, dont la troisième est 
variée de ferrugineux; le bec noir; les pieds orangés et les ongles noi- 
râtres. Longueur totale, 8 pouces et demi. 

Le même, en hiver, a la tête et le dessus du cou d’un gris brun; le haut 
du dos et les plumes scapulaires pareilles, avec du blanchâtre sur le bord 
des plumes; les couvertures des ailes semblables; le bas du cou en devant 
et la poitrine d’un brun foncé, variés sur les côtés de cette dernière teinte 
et d’un peu de blanchâtre , quelques-unes des pennes alaires brunes , bor- 
dées de blanc en dehors, et de cette couleur à.leur origine; d’autres le sont 
de gris du côté interne, et d’autres n’ont qu’une tache brune à leur ex- 
trémité, la queue est variée de blanc et de brun, cette dernière couleur 
occupe d'autant moins de place que la penne est plus extérieure; le reste 
du dessous du corps est blanc. 

D’autres, tels que les Coulon-chauds de Cayenne, pl. enl. de Buffon, 
numéros 340 et 357, que nous regardons comme des jeunes, présentent 
des différences. L’un a tontes ces parties supérieures variées de brun et de 
blanc; une bande oblique de la dernière couleur sur les ailes et une se: 
conde transversale sur les grandes couvertures ; les pennes des ailes et de 
la queue d’un brun sombre; le reste du plumage blanc. L'autre a plus de 
blanc sur les côtés de la tête ; une strie brune sous les yeux; la poitrine 


parsemée de petites taches. 


104 TRINGAS. 
3% prvistoN. TRINGA, Trinou. 


Bec aussi long ou plus long que la tête, arrondi, grêle, sillonné en 
dessus, droit où un peu fléchi en arc, à pointe lisse, un peu dilatée et 
obtuse. 

IVarines linéaires, situées dans une rainure. 

Langue filiforme, médiocre, pointue. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs le plus souvent séparés à leur base; postérieur 
grêle et portant à terre sur le bout. 

Ailes médiocres; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

À l'exemple de plusieurs savans ornithologistes, nous avons distrait de 
cette division composée de vingt-quatre espèces, les anneaux, les 
T'ourne-pierres , les Phalaropes et plusieurs Chevaliers ; en effet, tous 
ceux-ci ont des caractères assez distinctifs pour former des groupes par- 
ticuliers. 

Les Tringas quittent leur pays natal aux approches des grands froids, 
se transportent alors dans le sud, voyagent en troupes plus ou moins 
nombreuses, habitent de préférence dans les marais, sur les bords des 
lacs, des étangs et des rivières où ils cherchent leur nourriture dans le 
Jimon. Leur pâture se compose de vermisseaux et d'insectes aquatiques ; 
des espèces semblent préférer se tenir sur le gravier des rivages maritimes. 
Celles, dont on connaît le nid, le font dans les herbes au bord des eaux ; 
les petits le quittent dès leur naissance, et suivent leur mère qui leur 
indique les alimens qui leur conviennent. Tous où presque tous les oiseaux 
de cette division subissent ordinairement deux mues dans l’année; il en 
résulte un changement dans les couleurs tel que le plumage d'été est 
souvent très-différent de celui d'hiver et du premier âge. Ce changement 


a donné lieu à des espèces purement nominales. 


TRINGAS. 105 


LE TRINGA ROUSSATRE, 7ringa rufescens. 
PI. CCXXX VII. 


Supra fuscescente-rufescens, nigro maculata; alis caudäque ver- 
sùs apicem nigris albisque ; tectricibus alarum inferioribus versüs 
apicem albis, nigro variis ; remigibus subtüs albis nigro guttatis punc- 
tatisque ; gulé juguloque rufescentibus ; abdomine rufescente-albo. 

Le Tringa roussâtre, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat. , 
tom. 34, pag. 470. 

Idem , Encyclopédie méth., pag. 1090 de l'Ornith. 

Cette espèce, qu’on trouve à la Louisiane, a le bec grêle, noirâtre et 
long de neuf lignes; le dessus de la tête et du cou, le dos, le croupion, 
le dessus des ailes et de la queue d’un roussâtre rembruni, avec des taches 
noires sur le milieu de chaque plume; ces taches sont petites sur la tête et 
sur le cou, et grandes sur les autres parties ; les couvertures des ailes, leurs 
pennes’, à l'exception des secondaires les plus proches du dos, sont, ainsi 
que la queue , noires vers le bout, et terminées de blanc; les moyennes 
couvertures inférieures des ailes blanches et variées de noir; les pennes 
sont en dessous de la première couleur, mouchetées, pointillées et ter- 
minées de noir avec une petite frange blanche sur le bout ; les côtés de la 
tête, la gorge, le devant du cou roussâtres; toutes les parties inférieures 
sont rousses, avec quelques taches arrondies et noires sur les côtés du 
cou et de la poitrine; les plumes de l’estomac et du ventre sont blanches 
vers le bout; le bas-ventre et les parties postérieures d’un blane roussâtre ; 
les deux rectrices intermédiaires brunes ; les deux suivantes de la même 
couleur, bordées de blanc et noires à leur extrémité ; les autres d’une 
nuance plus claire et terminées desmême; toutes sont en dessous d'un gris 
blane , avec une tache noire vers le bout qui est blanc; la queue est étagée, 


les pieds sont rouges et les ongles noirs. Longueur totale 7 pouces 3 lignes. 


+ 


GALERIE DES oiseaux. 1W* PARTIE. 14 


Ve 
% 


106 CHEVALIERS. 


fève pivision. CHEVALIER, Totanus. 


Bec aussi long ou plus long que la tête, quelquefois assez robuste, 
presque rond, un peu bäillant vers la pointe chez plusieurs, mandibule 
supérieure sillonnée latéralement, à pointe lisse, étroite et courbée; l’infé- 
rieure plus courte, droite, ou quelquefois un peu retroussée vers le bout. 
PL°S; n° r@: 

Narines linéaires, situées dans un sillon. 

Langue filiforme, médiocre, pointue. 

Tarses allongés, nus, réticulés. 

Doigts grêles, lisses en dessous ; les antérieurs chez les uns, les deux 
extérieurs seuls chez les autres réunis à leur base par une membrane ; le 
postérieur mince, portant à terre sur le bout. PI. EE, n° 5. É 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. : 

Cette division est composée d'environ quarante espèces, que Brisson 
a isolées génériquement ; mais il leur a joint des oiseaux qui n’en ont pas 
les caractères, tels que les Maubéches et les Allouettes de mer. On re- 
marque dans les genres Tringa et Scolopas de Gmelin et de Latham, une 
telle confusion qu'il est difficile de s’y reconnaître; en effet, on trouve dans 
ces genres des Chevaliers accolés dans le second avec les Bécasses, les 
Barges, les Courlis; et dans le premier avec les Maubêches, les Allouettes 
de mer, les Tourne-pierres, les Phalaropes et les Vanneaux. Deux espèces 
de Chevaliers ont été données mal à propos pour des Barges. Telles sont le 
Chevalier brun et le Chevalier aux pieds verts sous les noms de Scolopax 
glottis, fusca. Tous les Chevaliers n’ont pas le bec de la même force, il 
est grêle et faible chez les uns, robuste et dur chez les autres, mais tous 
ont la mandibule supérieure plus ou moins courbée à son extrémité , et 
chez plusieurs la pointe de l’inférieure se retrousse en haut, de manière 
que le bec reste un peu entr'ouvert versle bout (voyez pl. S, n° 10); il 
en est encore quelques-uns dont la mandibule supérieure forme dans le 
milieu une sorte d’enfoncement ; mais la courbure du bec à sa pointe suffit 


CHEVALIERS. 107 
pour qu'on ne puisse confondre les Chevaliers avec les Barges, les Bé- 
casses , les Bécassines et les Tringas. ; ‘ 

Il est très difficile de distinguer avec exactitude les espèces de cette di- 
vision, à moins qu'on ne les ait étudiées dans là nature vivante, aux 
différentes époques de leur vie; attendu qu’elles se ressemblent presque 
toutes par la distribution et les nuances de leurs couleurs; que les teintes 
du bec, des pieds et du plumage ne sont pas toujours lesmêmes en hiver 
et en été, chez les adultes, avant et après la première mue, chez les jeunes, 
outre ce qui résulte de la diversité des sexes: Les distinguer parfaitement , 
c’est pour les nomenclateurs les plus exercés un écueil qu'il leur est très- 
rarement permis de franchir. 

Chez les Chevaliers le mâle et la femelle ne présentent aucune différence 
dans la grosseur et la taille, il n’en est pas de même chez les Barges. La 

. plupart se tiennent de préférence dans les marais, sur les rivages, et tous 
. mchent à terre dans les herbes; leurs petits quittent le nid aussitôt qu'ils 
sont éclos. Je ne sache pas qu'il y en ait qui soient polygames. Ils vivent 
par paires à l’époque de la ponte; les uns se réunissent en troupes à l’au- 
tomne , et y restent jusqu'au printemps; d’autres, mais en moindre nom- 
bre, vivent solitaires après la saison des amours. Tous ou presque tous 


voyagent. et ne sont que de passage dans les pays tempérés de l’Europe 
- et de l'Amérique. 


LE CHEVALIER BARIOLÉ, Totanus variegatus. 


PI. CCXXXIX. 


Suprà sordidè griseus , Jusco rigricanteque DATLUS ; uropy g10 in 
medio nigricante, lateraliter albo; loris rufescentibus ; gul&, collo 
anteriore pectoreque pallidè albis, nigro striatis ; ventre albo. 

Le Chevalier bariolé, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire 
nat., tom. 6, pag. 317. | 


-Ge Chevalier, qu’on rencontre dans l'Amérique septentrionale et les îles 
Antilles, a le dessus de la tête et du cou, le dos, les plumes scapulaires, 


æ 


2 


108 RHYNCHÉES. 


les couvertures supérieures des ailes et leurs pennes secondaires variés de 
brun et de roussâtre sur un fond gris sale, plus pur, plus clair et rayé 
transversalement de noir sur les deux dernières parties ; les rémiges pri- 
maires d’un brun sombre; le croupion noirâtre sur le milieu et blanc sur 
les côtés ; les pennes intermédiaires de la queue brunes; cette couleur 
s’éclaircit par gradation sur les latérales jusqu’à la plus extérieure; toutes 
ont en dessus des taches et des raies transversales noires; elles sont blan- 
ches en dessous; les /orums sont roussâtres ; la gorge, le devant du cou 
et la poitrine d’un blanc terne, avec des raies longitudinales sur le devant 
du cou, transversales sur les côtés de la poitrine et sur les flancs ; le ventre 
et les parties postérieures d’un blanc pur; le bec est noir en dessus , cou- 


leur de corne en dessous; les pieds sont jaunâtres. Longueur totale, 


- 9 pouces 9 lignes. 


Dème pivision. RHYNCHÉE, RAynchæa. 


Bec plus long que la tête, un peu grêle , un peu renflé vers le bout ; 
mandibule supérieure sillonnée latéralement , à pointe lisse et courbée; 
l'inférieure plus courte, droite, et déprimée à son extrémité. PI. T, ne 1. 

INarines linéaires, situées dans une rainure à la base du bec. 

Langue médiocre, fiiforme, pointue. , 

T'arses nus, réticulés. 


Fe 


Doigts extérieurs unis à la base par une très-petite membrane ; lin-. 


terne totalement libre. 


Ailes courtes, un peu concaves ; deuxième et troisième rémiges les plus 


longues de toutes. 


Queue à douze rectrices. 

Cette division est composée de trois ou quatre espèces, dont on ne con- 
naît pas la partie historique; cependant , d’après leur grande analogie avec 
les Bécassines, il est vraisemblable qu’elles ont à peu près le même genre 
de vie. On les trouve en Afrique et dans les Grandes-Indes. En effet, les 
Rhynchées se tiennent sur les bords des marais et souvent dans l’eau, ét 


‘se font chasser comme les Rales, en courant avec vitesse devant les chiens; 


leur vol est court , pesant et peu soutenu. 


% 


BÉCASSINES. 109 


LE RHYNCHÉE JASPÉ , Rhynchæa cal, 


ES 


ji PI. CCXL.. 


Cœrulescente, fusco nigroque variegata; supercilis, lined verticis, 
rufescentibus ; gul&, abdomineque albis. 

La Bécassine de la Chine, Buff., tom. 7, pag. 49b , p. enl., ne 88x. 

Scolopax capensis, Linn., Gm., Syst: nat., édit. 13, n° 14. 

Cap snipe, Var. B., Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 139, n° 9. 


Cet oiseau, qu'on trouve à la Chine, a le dessus de la tête d’un brun 


mélangé de noir, coupé sur le sommet d’une bandelette longitudinale et 


roussâtre; deux taches, l’une en avant et l’autre derrière l'œil de cette 
couleur; le reste de la tête et le cou mélangés de gris et de brun päle; le 
devant du cou strié perpendiculairement, le devant et le tour transversa- 
lement ; le dessus du corps et les ailes mélangés délicatement et tachetés 
de gris bleuâtre, de brun, de roux et de noir; la poitrine et les parties 
postérieures blanches ; les rémiges noirâtres marquées d’une tache ovale 
couleur de crème; la queue bleue, grise et noirâtre, avec trois ou quatre 
taches arrondies et orangées , entourées de noir; le bec jaune et noirâtre 


à sa pointe; les pieds d’un rouge brun. Longueur totale, 9 pouces. 
6°" pivisron. BECASSINE, Scolopax. 


Bec plus long que la tête, droit , un peu grêle, presque rond, à pointe 
obtuse, dilatée, ridée dessus et dessous chez l’oiseau mort ; mandibule 
supérieure sillonnée latéralement ; l’inférieure un peu plus courte avec un 
seul sillon en dessous. PI. T, n° ». 

Narines linéaires, situées à la base du bec dans une rainure, couvertes 
d’une membrane. 

Langue médiocre, filiforme, pointue. 

Téte un peu angulaire. 

Tarses allongés, réticulés. 


110 à BÉCASSINES. 


Doigts extérieurs unis à leur base par une très-petite membrane, 
presque imperceptible chez les Bécassines d'Europe; l’intérieur totalement 
libre ; le postérieur mince, ne portant à terre que sur le bout. us 

Ongle postérieur plus long que le doigt. ‘ 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les huit espèces, dont se compose cette division, se tiennent dans les 
prairies marécageuses, dans les herbages et les osiers qui sont sur le bord 
des rivières, où la plupart vivent isolées les unes des autres. Celles qui 
habitent les contrées septentrionales les quittent ordinairement pendant 
l'hiver, et vont passer cette saison sous un climat moins froid. Toutes ni- 
chent à terre sous quelques grosses racines d'arbres aquatiques et dans les 
herbages où lé bétail ne peut troubler leur tranquillité. Les petits quittent 
le nid aussitôt qu’ils sont éclos, et la mère ne les abandonne que lorsqu'ils 
peuvent se suffire à eux-mêmes. La ponte est ordinairement de cinq à 
huit œufs. On trouve des Bécassines dans diverses parties du globe, parti- 


culièrement en Europe, en Afrique et en Amérique. 


LA BÉCASSINE GRISE, Scolopax leucophæ a. 


PI. CCXLI. 


Supra albo-cinereo, nigricante maculata ; collo anteriore pectoreque 
dilute rufis, maculis migricantibus ; ventre albo. 

La Bécassine grise, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat., 
tom. 3, pag. 358. 

Cette espèce, très-commune dans les États-Unis, surtout dans celui de 
New-York où elle se tient sur les bords marécageux de la mer, à l’em- 
bouchure des rivières et dans les marais salés, diffère de ses congénères 
en ce qu’elle a le doigt intermédiaire uni à l'extérieur par une membrane 
qui s'étend jusqu’au tiers de leur longueur, et uni au doigt intérieur par 


une plus petite et seulement à la base. 


BÉCASSES. na 


Le dessus de la tête et du cou, le haut du dos, les couvertures supé- 


rieures des ailes, les plumes scapulaires sont d’un gris blanc tacheté de 


noirâtre; les taches sont petites sur la tête, peu prononcées sur le cou, 
larges sur le dos et les grandes tectrices alaires ; le haut de laile est d’un 
roux rembruni ; les rémiges sont noirâtres ; le bas du dos et le croupion 
d'un blanc moucheté de noir; les rectrices blanches et tachetées de brun; 
les sourcils, la gorge, le devant du cou et la poitrine d’un roux très-clair; 
parsemé de petites taches noirâtres sur les deux dernières parties, sur les 
flancs et sur les couvertures inférieures de la queue; le ventre est blanc; 
le bec noir; les pieds sont bruns. Longueur totale, 9 pouces et demi. 


ge piviston. BÉCASSE , Rusticola. 


Bec plus long que la tête, droit, à pointe ridée latéralement chez l’oi- 
seau mort, lisse en dessus et arrondie ; mandibule supérieure sillonnée sur 
les côtés et terminée paf un bourrelet intérieur; l’inférieure plus courte, 
sillonnée sur le milieu, canaliculée et tronquée à son extrémité. 

Marines linéaires, situées à la base du bec dans une rainure. 

Langue médiocre, filiforme, pointue. 

T'éle un peu angulaire. 

Jambes totalement emplumées. 

T'arses médiocres, nus, réticulés. 

Doigts entièrement séparés ; antérieurs raboteux en dessous ; pouce 
grêle, ne portant à terre que sur le bout. PI. EE, n° 6. ; 

Ongles antérieurs falculaires ; l'intermédiaire creusé en dessous ; le 
postérieur arrondi à la pointe et ne débordant pas le doigt. PI. EE, ne 2. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. . 

Des deux espèces, qui composent cette division , l’une se trouve en 
Europe et l’autre en Amérique, dans les États-Unis. Elles diffèrent prin- 
cipalement des Bécassines en ce que leurs jambes sont totalement cou- 
vertes de plumes, et que leur ongle postérieur est plus court que le doigt, 
et arrondi à sa pointe, et ne le débordant pas. Si l’on consulte leur genre de 


FRERES. 


112 BÉCASSES. 


vie, on y trouve aussi des dissemblances; en effet, elles se tiennent pendant 
l'été dans les bois des lieux élevés, ne fréquentent guère en hiver les 
marécages, et se plaisent plus volontiers dans les taillis, le long des haies, 
que partout ailleurs. Elles nichent dans les forêts au pied d’un arbre, et 
leur ponte se compose de quatre ou cinq œufs. Comme chez les Bécassi- 
nes, les petits quittent le nid et courent dès leur naisance. 


LA BÉCASSE DES ÉTATS-UNIS, Rusticola RO r. 


P. CCXLIT. g 


Fronte cinere& ; occipite nigro , lineis 4 transversis flavicantibus ; 


mento albo; corpore suprà nigro fulvescente undulato; subtüs flavo. 


Scolopax minor, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 34. 

Idem, Lath., Index, n° 2. 

Snipe woodeock Lath., Synopsis, pag. 131, n° 2. 

La Bécasse des États-Unis, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire 
nat, tom.3, pag. 351. 

On a quelquefois confondu cette Bécasse avec celle d'Europe à laquelle 
elle ressemble effectivement par ses formes et sa physionomie; mais elle 
est plus petite, et son plumage présente quelques différences. Elle aurait 
un attribut singulier et bien extraordinaire dans les oiseaux aquatiques, 
si, comme on l’assure, le mâle est doué d’un ramage agréable et mélo- 
dieux, qu'il ne fait entendre que pendant l’incubation et en volant d’une 
manière particulière. À cet effet, il s'élève, vers le coucher du soleil , à 
une grande hauteur, par un vol perpendiculaire, descend en décrivant 
une spirale, et ne cesse de chanter que lorsqu'il est à terre; cet exercice, 
répété plusieurs fois de suite, dure jusqu’à la nuit. Quoique j'aie rencon- 
tré plusieurs mâles dans la saison des amours, je ne puis certifier cette 
assertion; cependant je ne prétends pas la révoquer en doute, puisque 
d’autres voyageurs et que Villiam Bertrand (travers) lui donnent un ga- 
zouillement doux et flatteur. Il en est autrement des moyens que le père 
et la mère emploient pour soustraire au danger leurs petits hors d'état 


? 
BÉCASSES 113 


de voler dès qu'ils ont de l'inquiétude pour eux; car je puis assurer qu'ils 

les enlèvent l’un après l’autre, en les posant sur leur dos, et les trans- 

portent d’un vol rapide dans un endroit éloigné. Cette action, répétée 

plusieurs fois sous mes yeux, était à la connaissance de plusieurs chas- 
seurs américains auxquels j’en ai fait part. 

On trouve le nid de cette espèce au pied d’un arbre ou sous une grosse 
racine ; il est composé de feuilles et d'herbes sèches, arrangées assez né- 
gligemment. La ponte est de six à huit œufs d’un gris roux, tacheté de 
brun. Elle ne fait qu’une couvée dans les contrées septentrionales. Sa chair 
est blanche et d’un goût très-délicat. Son vol est pareil à celui de la nôtre. 
On la rencontre quelquefois au Canada, et elle est commune dans le pays 
des Illinois. On la voit à la fin d'avril dans les états de New-York, de 
New-Jersey et de la Pensylvanie, où elle reste jusqu’au mois de septembre, 
époque où elle se montre dans les Carolines ; elle revient vers le mois 
d'octobre au centre des États-Unis, et s’en éloigne de nouveau, à l’arrivée 
des frimas, pour n’y reparaître qu'avec les beaux jours. Elle a la tête, le 
dessus du cou et le dos gris, avec quatre bandes transversales jaunâtres 
sur l’occiput et sur la nuque, et de grandes marques longitudinales grises 
et terminées de jaune sale sur le manteau; le croupion et les couvertures 
supérieures de la queue roux; les rectrices noires, rousses et terminées 
de blanc; la gorge blanche; les côtés et le devant du cou, la poitrine et. 
les parties postérieures pareilles au croupion; les tectrices et les pennes 
secondaires des ailes brunes et traversées par des petites lignes d’une 
nuance plus foncée ; les pennes primaires d’un blanc tirant au violet; le 
bec brun; les pieds jaunâtres et l'iris couleur de noisette. Longueur totale, 
9 pouces et demi. La femelle ressemble au mâle. 


GALERIE DES OISEAUX. [VW PARTIE. 15 


114 BARGES. 


8°" pivision. BARGE, Limicula. 


Bec très-long, épais à sa base, flexible, presque rond, un peu retroussé, 
presque grêle, obtus et lisse à sa pointe; mandibule supérieure sillonnée 
latéralement, terminée par un bourrelet interne et plus longue que l'in- 
férieure. PI. T, n° 3. | 

Narines linéaires, couvertes d’une membrane, situées dans une rainure. 

Langue médiocre, fiiforme, pointue. 

T'arses longs, nus , réticulés. 

Doigts un peu raboteux en dessous; l'intermédiaire réuni à la base 
avec l'extérieur par une membrane; linterne totalement libre; le posté- 
rieur mince et portant à terre sur le bout. 

Ongles falculaires ; l'intermédiaire avec une tranche saillante, creusée 
en dessous sur son bord intérieur. 

Ailes allongées; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des quatre espèces de cette division, deux se trouvent en Europe, et 
les autres en Amérique et dans lAustralasie. Des ornithologistes en ont 
décrit un plus grand nombre, parce qu'ils ont isolé spécifiquement des 
variétés de saison , ces ‘oiseaux portant en été un plumage très-différent de 
celui d'hiver; et de plus ils ont donné des Chevaliers pour des Barges; 
telles que les Barges brunes, de Carnbridge, grises, variées. Chez toutes 
les véritables Barges , le mâle est constamment plus petit que la femelle, ce 
qui n'a pas lieu chez les Chevaliers ; et c’est la seule différence qui dis- 
tingue les sexes. 

Ces oiseaux se plaisent à l’entour des marécages, des terres fangeuses, 
sur les grèves limoneuses de la mer; ils aiment la boue et y plongent con- 
tinuellement leur long bec pour y chercher des vermisseaux et les petites 
plantes qu’elle contient; et comme ils ne pourraient pas apercevoir leu 
proie dans la fange épaisse, la nature à donné à leur bec une sensibilité 
particulière, une faculté de goûter tout ce qu'il saisit. Les Barges ont, 
pour ainsi dire, la langue au bout de leur bec; des rameaux nerveux 


BARGES. 115 


viennent s’y distribuer et apporter le sentiment. Leur voix est grêle et 
chevrotante comme le bêlement étouffé d’une chèvre. Ce sont des oiseaux 
timides et soupçonneux qui se laissent difficilement approcher, qui pren- 
nent rapidement la fuite au travers des roseaux, dans les clavières des 
bois marécageux; ils se tiennent, pendant le jour, tranquilles et cachés 
dans les herbes humides. Leur vue est faible et basse, aussi ne peuvent-ils 
pas supporter la grande clarté du soleil, et ne sortent de leur retraite que 
dans le crépuscule du soir ou vers l'aube matinale. On ne les rencontre 
qu’en bande, et, dans les contrées septentrionales , seulement en automne 
et au printemps. Ils passent l'été sous un climat froid et humide ÿ et les. 
rigueurs de l’hiver les ramènent dans les pays tempérés. Le moindre 
bruit les déconcerte; ils partent avec des cris de frayeur et s'élèvent dans 
les airs, surtout pendant les nuits d'automne; on les entend, au clair de 
la lune, s’abattre en troupes an bord des marécages ; rarement ils séjour- 
nent long-temps dans le même lieu, et s'écartent rarement des bords de 
la mer, pour s’avancer dans l’intérieur des terres. 


LA BARGE MARBRÉE, Limicula marmorata. 
à | 


PI. CCXLIIT. 


Nigricante et pallidè rufo maculata et varia; abdomine super- 
ciliis guld rufescentibus ; pectore fusco:undulato; remigibus fuscescen- 
tibus ; primis extüs apiceque mgris. 

- Scolopax marmorata, Lath., Index, n° 10. 
Marbled gotwit , idem, Synopsis, premier Suppl., pag. 245, n° 33. 
La Barge marbrée, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat., 


tom. 3, pag. 248. . 

Nous soupconnons que cet individu est la Barge à. sa livrée 
d'hiver ; cependant Latham qui le premier l’a décrit le présente comme 
une espèce distincte, qui se trouve ainsi que l’autre dans l'Amérique sep- 
tentrionale. Il a toutes les parties supérieures noirâtres plus ou moins 


rayées et tachetées de roussâtre; les sourcils et le menton blanc roussâtres; 


116 CAURALES. 


les plumes du dos d’un roux pâle, avec cinq ou six bandelettes transver- 
sales sur les bords des plumes; les couvertures supérieures des ailes bru- 
nes; leurs pennes de couleur de crème sale, avec des petites taches brunes; 
les quatre premières d’un noir sombre à l'extérieur; les couvertures in- 
férieures d’un roux clair; la poitrine d’une nuance plus pâle et rayée 
transversalement de noirâtre; le ventre et les parties postérieures d’un 
roux uniforme, plus clair sur l'abdomen ; la queue rousse, avec six ou 
sept bandelettes sur chaque penne, et irrégulières sur les plus extérieures; 
le bec jaunâtre, noir à sa pointe; les pieds de cette couleur. Longueur 
totale, r7 pouces. 


9°" Division. CAURALE,, Æelias. 


Bec un peu épais, plus long que la tête, fendu jusqu'aux yeux, droit, 
presque rond, pointu; mandibule supérieure sillonnée sur les côtés, fléchie 
et échancrée vers le bout. PL T, n° 4. 

Narines linéaires, situées dans une rainure, garnies en dessus d’une 
membrane et ouvertes. 

Langue filiforme , entière, pointue. 


é. 


Doists allongés, étroits ; les extérieurs unis à leur base par une mem- 


Tarses nus, réticulés. 


brane ; l’interne totalement libre; le postérieur portant à terre sur le bout. 

Ongles courts, courbés, un peu aigus. 

Ailes moyennes; première et quatrième rémiges égales; troisième la 
plus longue de toutes. 

Queue large, étalée, à douze rectrices égales. 

La seule espèce que contient cette division a été classée par Latham 
dans son genre$go/opax , et par Gmelin dans celui de l'Ærdea ; mais, 
n'ayant n1 le béc”du premier, ni les doigts conformés comme ceux du der- 
nier, nous avons cru devoir l’isoler. Sa partie historique est encore très- 
imparfaite; l’on sait seulement qu’elle setient dans l’intérieur dela Guyane, 
sur le bord des rivières, où elle vit solitaire. Elle fait entendre un sifle- 
ment lent et plaintif, que les chasseurs imitent pour la faire approcher. 


COURLIS. 117 


LE CAURALE PHALÉNOÏDE, Æelias phalenoides. 


PI. CCXLIV. 


Corpore supra nigro, lineis transversis ferruginosis undulato; subtüs 
albido ; remigum rectricumque fasciis Jerrugineis. 

Le Caurale ou le petit Paon des roses, Buffon, Hist. nat. des Ois., 
tom. 8 ; pag. 169, pl. enl., rm 702. 

Ardea helias, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 60. 

Scolopax helias, Lath., Index, n° 38. 

Caurale snipe, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 156, n° 32. 

Buffon a nommé cet oiseau Caurdle (Râle à queue), parce qu'il lui 
trouve des rapports avec le Râle dans la forme du bec et des pieds. C’est 
probablement d’après ses couleurs moelleuses et douces, riches, quoique 
sombres, que les créoles de Cayenne l’appellent petit Paon des roses ou 
Paon des Palétuviers ; cependant il ne relève ni n’étend les pennes de 
sa queue comme fait le Paon. 

Il porte sur la tête une coiffe noire avec des lignes blanches dessus et 
dessous l'œil ; les teintes de son plumage sont da brun, du roux, du fauve 
et du gris blanc, distribuées en taches, en ondes, en zones et en zigs- 
zags; le bec est noir en dessus et d’un blanc de corne en dessous; les 
pieds sont de jaune rembruni chez les uns, de jaune orangé chez les 
autres. Longueur totale 5 pouces. 


LOP DIVISION. COURLIS, Vumenius. 


Bec très-long, un peu grêle, presque rond, fléchi en arc, un peu ob- 
tus; mandibule supérieure munie, sur chaque côté, d'un sillon plus ou 
moins prolongé, à pointe lisse et dilatée; l’inférieure un peu plus courte. 
PL T, n° 5. 

Narines longitudinales, oblongues, situées dans un sillon à la base du 
bec. 

Langue très-courte, pointue. 


118 COURLIS. ‘* 


Face et gorge parfaitement emplumées. 

Tarses longs, nus, réticulés. 

Doïgts courts, un peu rudes en dessous ; antérieurs unis à leur base 
par une membrane; postérieur ne portant à terre que sur le bout. Pl. EE, 
n° 9. 

Ailes longues; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices, 

Les quinze espèces de cette division font partie du genre Scolopax de 
Linnée; mais Latham, à l'exemple de Brisson, les en a distraites pour en 
faire un genre particulier sous le nom de Nurmenius.On trouve des Courlis 
dans toutes les parties du monde; partout ils habitent dans les marais, 
les prairies humides, sur les bords de la mer et des fleuves. Ils s’avancent 
souvent dans l’intérieur des terres, surtout à l’époque des couvées. Leur 
nourriture consiste en vers, insectes, petits poissons et petits coquillages 
qu'ils cherchent sur le sable et dans la vase. Comme tous les Échassiers 
dont le pouce ne pose point ou ne porte à terre que sur le bout, ils ne 
se perchent pas et ils nichent à terre et dans le sable. Ils sont monogames ; 
leurs petits quittent le nid et cherchent leur nourriture dès leur naissance. 


LE COURLIS ROUSSATRE , VNumenius rufus. 


PI. CCXLYV. 


V’ertice fusco, strid rufescente diviso; corpore suprà atro rufoque; 
subtüs fusco et rufescente. 

Scolopax arquata, Var. B. Linn., Gim., Syst. nat., édit. 13, n° 3. 

Numenius arquatus, Var. B. , Lath., Index, n°7. 

Common curlew. Var., Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 119, ne 1. 

Long-bellied curlew, Wilson, Ornith. amer. , tom. 8, pl. 64, fie. 4. 

Le Courlis roussâtre, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire 


nat., tom. 8, pag. 306. 
Ce Courlis que j'ai rencontré dans les États-Unis, aux environs de 


COURLIS. 119 


New-York, étend ses courses dans la mer Pacifique, jusqu'à l’île d'Her- 
vey, et se trouve à la baie d'Hudson au mois de mai. Il s’y tient sur les 
bords de la mer et dans les marais salés, lorsque les rivières sont gelées, 
ensuite il va nicher dans l’intérieur du pays. Des feuilles et des herbes 
sèches composent la couche sur laquelle la femelle dépose trois ou quatre 
œufs d’un bleu clair et tacheté de noir. 

Le dessus de la tête est brun, avec une raie roussâtre sur le milieu : 
les sourcils sont blancs; les joues, le cou et la poitrine d’un brun pâle 
avec des lignes noirâtres; le manteau est tacheté de noir et de roussâtre 
terne, inclinant au ferrugineux sur le croupion; le ventre , les jambes et 
les couvertures inférieures de la queue sont d’un blane roussätre, avec 
des taches brunes sur la dernière partie et sur les flancs; les premières 
pennes des ailes portent une tige blanche sur ün fond brun et des taches 
roussâtres à l’intérieur; les suivantes sont marquées de même sur les deux 
côtés ; les pennes caudales d’un brun clair et traversées par sept ou huit 
bandes noirâtres et larges d'environ trois lignes; le bec est noirâtre; les 
pieds sont d’un noir bleuätre. Longueur totale, 16 pouces. L'individu, 
décrit par Latham, a deux pouces de plus de longueur; le bec plus long 
que celui du précédent; le dessus de la tête noir, de même que les quatre 
premières rémiges ; le cou, le dos, les scapulaires et les couvertures supé- 
rieures des ailes roussâtres avec des stries noires; les pieds sont de cette 
couleur ; la poitrine est d’un brun roussâtre très-päle ou couleur de crème, 
Je pense que cet individu est plus avancé en âge que le précédent. 


5°%e FAMILLE. FALCIROSTRES, Falcirostres. 


Bec plus long que la tête, épais à son origine, courbé en forme de 
faux. 

Face nue. ni Se 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Quatre doigts, trois devant, un derrière; antérieurs réunis à leur base 
par une membrane; postérieur articulé, sur le tarse, au niveau des au- 
tres, portant à terre sur toute sa longueur. Pl. EE, no 7. 


120 IBIS. 


iere pivision. IBIS, Zbzs. 


Bec plus long que la tête, épais, presque tétragone à sa base, ensuite 
un peu plus grêle, presque cylindrique, arqué, à pointe lisse, arrondie 
et obtuse; mandibules supérieures sillonnées , garnies de deux crenelures 
jusqu’à son bout. PI. T, n° 6. 

Narines linéaires , situées dans un sillon. 

Langue triangulaire, très-courte, enfoncée dans le gosier, lisse, épaisse, 
cartilagineuse et frangée à son origine. 

Lorums dénués de plumes. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts allongés, réunis comme il est dit ci-dessus. 

Ongles courts, un peu courbés, presque obtus; l'intermédiaire quel- 
quefois pectiné sur son bord interne. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des vingt espèces de cette division, une seule se trouve en Europe; on 
rencontre les autres en Afrique, en Asie et en Amérique. Jusqu'à présent 
on n’en a pas encore découvert en Australasie, Les Ibis vivent de vers, de 
petits poissons, de petits coquillages, d'insectes aquatiques et terrestres, 
que quelques-uns vont chercher jusque dans les charognes. La plupart ni- 
chent sur les grands arbres;'tous sont monogames, nourrissent leurs petits 
dans le nid; ceux-ci ne le quittent qu’en état de voler : c’est dans cette 
tribu quese trouve l’Jbis sacré, qui, parmi cette foule ‘de divinités qui 
pullulaient sur le sol de l’ancienne Égypte, avait obtenu un culte univer- 
sel; c'était l'espèce sacrée ‘par excellence; quiconque tuait un de ces 
oiseaux , même involontairement, ne pouvait éviter le dernier supplice. 
Si les dieux daignaient se manifester sous une forme sensible, ce devait 
être sous la figure ‘de cet Ibis. Presque tous les voyageurs modernes, en 
visitant les débris de la splendeur d’une contrée jadis si célèbre, mirent 
un grand empressement à connaître un oiseau qui avait figuré avec tant 
d'éclat dans les légendes sacrées de ses anciens habitans. Presque tous se 


4 


IBIS. 121 


sont mépris sur la vraie nature de cet Ibis que les uns ont confondu avec 
la Cigogne, d’autres avec quelques espèces de Hérons, quelques - uns avec 
un Vautour ; on s’est même trompé sur les planches enluminées de Buffon, 
en donnant à l'individu représenté sous le n° 415 le nom d'Ibis blanc; 
car cette figure est l’image d'un Tantale. C'est à un illustre voyageur 
anglais (le chevalier Bruce) qu’on doit la connaissance exacte d’un oiseau 
sur lequel on n'était pas d'accord, et à M. Savigny, un des savans de 
l'expédition d'Egypte, que nous devons les détails les plus intéressans sur 
cet oiseau. 

Hérodote, qui a écrit le premier sur cet oiseau sacré, prétend avoir vu 
dans l'Arabie une quantité prodigieuse d'os et d’épines du dos de serpens 
ailés qui, lui dit-on, avaient été détruits par les Ibis, ces oiseaux allant 
dès le commencement du printemps à leur rencontre pour les tuer et les 
manger ; il ajoute que c'est par cette raison que les Égyptiens honorent 
ces oiseaux ‘. Malgré tout l'intérêt et l'air de vérité qui règne dans le récit 
de ce voyageur, il ne paraît pas qu'il ait inspiré grande confiance aux 
Grecs; au moins est-il certain que leur premier naturaliste à passé-sous 
silence l’antipathie des Ibis pour les serpens, et à plus forte raison leurs 
combats qu’il aura sans doute considérés comme de pures fictions ; car les 
voyages d'Hérodote étaient alors célèbres, et d’ailleurs M. Camus prouve 
très-bien * qu'Aristote y a puisé , relativement à l'Ibis, tout ce qu'il a mis 
dans son /listoire des animaux. Quelques anciens, depuis Hérodote , 
nous ont laissé des relations plus ou moins conformes à la sienne; Cicé- 
ron, Pomponius Mela, Jolin, Elien,,Ammien Marcellin, tour-à-tour cités 
par M. Savigny, rapportent la même tradition, que les Ibis combattent et 
dévorent les serpens ailés. 

Mais le serpent ailé est un être idéal, il n’est dans aucune collection de 
l’Europe, on ne l’a jamais rapporté dou contrée, les Ég gyptiens n’ont 
aucune idée de ce fléau si redoutable; tous les faits dans lesquels on le 
considère comme un être réel sont donc impossibles, et sa destruction par 
l’Ibis ne peut avoir provoqué la vénération des Égyptiens pour cet oiseau. 


: Herod. Hist. Euterp. cap. 75. 
2 Notes sur les animaux d’Aristote, pages 446, 447. 
GALERIE DES GIsEAUx. IVe PARTIE. 16 


122 IBIS. 


D'ailleurs , la structure de son bec s'oppose à ce’qu'il puisse faire sa nour- 
riture de reptiles venimeux; ce bec, comme on l’a déjà pu voir, quoique 
assez épais; est d’une substance peu compacte, les bords émoussés ne 
pourraient les couper, surtout lorsqu'il agit si faiblement qu’à peine fait-il 
impression sur le doigt; son extrémité ne pourrait les percer, puisqu'elle 
est arrondié. 

En prouvant ainsi, d'après la conformation même de lIbis, qu'il ne 
pouvait dévorer de serpens, il est indispensable de chercher autre part 
l’origine du respect que les Égyptiens avaient pour llbis. M. Savigny le 
trouve dans les grands phénomènes de la nature dont l'Égypte était témoin, 
et son raisonnement à cet égard peut satisfaire l'esprit le plus exigeant. 

L'Égypte jouissait d’une douce température; la terre y était garnie de 
plantes vigoureuses, de verdure, de fleurs ; les champs couverts de riches 
moissons, et les lacs peuplés d'oiseaux. Cependant le Nil est rentré dans 
son lit, et vers le printemps les vents du midi viennent échauffer l’atmo- 
sphère. D'abord légers, ces vents ont augmenté de violence et soufflent 
parfois des jours entiers sans interruption ; traversant les déserts avec rapi- 
dité, ils en agitent le sable brülant, le soulèvent en tourbillons et chassent 
au loin des flots d’une poussière subtile et malfaisante. L’horizon s’obscur- 
cit ,alors les plantes se dessèchent, les animaux fuient et l’homme languit; 
des maladies contagieuses se développent; elles s'étendent et frappent de 
terreur l'esprit humain. 

Au milieu de l’aridité et de la contagion, fléaux de tous temps redouta- 
bles aux Égyptiens, ceux-ci s'étant aperçus qu'une terre rendue féconde 
et salubre par des eaux douces était incontinent habitée par l'Ibis, de sorte 
que la présence de l’une indiquait toujours celle de l’autre (autant que si 
ces deux choses fussent inséparables), leur crurent une existence simul- 
tanée, et supposèrent entre elles des rapports surnaturels et secrets. Cette 
idée se liant intimement au phénomène général duquel dépendait leur 
conservation, aux épanchemens périodiques du fleuve, fut le premier mouif 
de leur vénération pour l'Ibis, et devint le fondement de tous les hom- 
mages qui constituèrent ensuite le culte de cet oiseau de passage. 

Plus qu'aucun. des animaux connus dans ces contrées, l’Ibis fut l’objet 


IBIS. 123 


dés attentions religieuses des Égyptiens; Mercure, disaient-ils, avait pris sa 
forme pour venir les instruire et pour se dérober à la fureur de Typhon, 
lorsque les Dieux se saüvèrent métamorphosés en animaux. Quelques-uns 
prétendaient que lorsqu'il retirait latête et le cou dans son plumage, il 
ressemblait au cœur humain; d’autres avançaient qu'il représentait la lune 
dont il semblait imiter les phases par le blanc et le noir de son plumage, 
tandis que l'Épervier était le symbole du soleil. Sur tous les monumens 
on le retrouve sous mille aspects différens, mais souvent inexplicables. 
En général, dans tout ce qui touche aux croyances des hommes, à leur 
superstition , comme il est fort difficile de parvenir à la vérité, il est plus 
sage de présenter les explications que lon donne comme des conjectures 
raisonnables que comme des réalités. 
Les Ibis ont, au premier aperçu, une grande ressemblance avec les 
Courlis; aussi Brisson et Buffon les ont réunis les uns et les autres sous 
cette dénomination. Gmelin et Latham les ont séparés, et l’on a continué 
à agir de la même manière. En effet, les Courlis diffèrent essentiellement 
des Ibis en ce qu'ils n’ont ni à la tête, ni à la gorge aucune partie nue; en 
ce que leurs doigts sont plus courts et que les deux extérieurs sont les seuls 
qui soient réunis par une membrane, l’interne étant totalement libre; en ce 
que leur pouce, étant articulé plus haut sur le tarse, ne porte à terre que 
sur le bout; aussi n'ont-ils pas le pouvoir de se percher comme font les Ibis. 


L'IBIS À AILES CUIVRÉES, Jbis chalcoptera. 
Pl. CCXLYI. 


Capite, collo, pectore ventreque griseis; dorso, tectricibus alarum 
majortbus fusco-griseo æneis ; minoribus viridibus nitentibus , viola- 
ceo mutantibus. 

L’Ibis à ailes dorées , 2° édit. du nouv. Dict. d'hist. nat., tom. 16, p.09. 

Cette espèce qu'on trouve en Afrique, a les yeux entourés d’une peau 
ue d’un rouge sanguin ; la tête d'un gris uniforme; le cou, la poitrine et 
le ventre de deux nuances grises; une raie blanche et étroite part de 
l'oreille et déscend sur une partie du cou; le dos, les grandes couvertures 


124 TANTALES. 


des ailes sont d’un gris bronzé; les petites couvertures d’un vert lustré, 
changeant en violet clair; l'extérieur des moyennes d’une couleur de cuivre 
bronzé; le croupion et les tectrices supérieures de la queue d’un gris à 
reflets verdâtres; ses pennes et les primaires des aïles d’un beau bleu 
changeant en violet foncé; le bec est d’un rouge sanguin sur son arète; 
la partie nue de la jambe brune; les tarses et les doigts sont rouges. 


Longueur totale, 2 pieds 4 pouces. 
2ème prviston. TANTALE, Z'antalus. 


Bec à base aussi large que la tête, très-long, un peu comprimé latéra- 
lement, lisse, à bords tranchans, courbé vers le bout et obtus à son extré- 
mité;, mandibule supérieure trigone à l’origine, ensuite un peu arrondie 
en dessus, échancrée vers la pointe. PL T, n° 7. 

Narines longitudinales ouvertes, situées près du front. 

Langue très-courte, enfoncée dans le gosier. 

Gorge garnie d’une poche membraneuse. 

Tête en partie et quelquefois le cou dénués de plumes et couverts d’une 
peau rude et verrucueuse. 

Tarses très-longs, nus, réticulés. 

Doigts allongés; antérieurs réunis à leur base par une membrane; pos- 
térieur portant à terre sur toute sa longueur. 

Ongles un peu aplatis, courts, presque obtus. 

Ailes longues ; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division n’est composée que de trois espèces, dont l’une habite 
l'Afrique, l’autre l’Asie orientale, et la troisième l'Amérique et l’Austra- 
lasie. Les Tantales sont dans Gmelin et d’autres auteurs en plus grand 
nombre; mais nous en avons distrait les /bis d'après des caractères qui 
leur sont particuliers. Ces oiseaux se plaisent dans les lieux inondés, s’y 
nourrissent de poissons et de reptiles; une fois rassasiés, ils se retirent 
sur les arbres les plus élevés, s'y tiennent dans une attitude droite et re- 
posent leur bec pesant sur la poitrine. Ils sont, dit-on, stupides, et ils ne 


TANTALES. 19 


s’'épouvantent guère, aussi les tire-t-on à son aise. Ils nichent sur les ar- 
bres ; leur ponte est de deux ou trois œufs; les petits sont nourris dans 
le nid , etils ne le quittent que lorsqu'ils sont en état de voler. 


LE TANTALE JAUNGHILL, Zantalus leucocephalus. 
“PI. COXLVIL 


Capite, collo et corpore albis : facie flavd ; uropygü pennis roseis , 
longissimis. Mas. Tectricibus alarum superioribus pectoreque fusco mix- 
tis.Fem. Cinerescente albus; tectricibus alarum albo marginatis. Junior. 

White headed Ibis, /nd. Zool., pl. 10. 

Idem, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 1 16, n° 15. 

Tantalus leucocephalus , Linn., Gm., Syst. nat., édit. 18, no 10. 

Idem, Lath., Index, n° 10. 

Le Couricaca jaunghill, deuxième édit. du nouv. Dict. d'hist. nat. 
tom. 8, pag. 208. 

Le nom, conservé à ce Tantale, est celui sous lequel il est connu aux 
environs du Gange, où il est très-commun. Forster, qui est le premier qui 
l'ait fait connaitre, l’a trouvé dans l’île de Ceylan; il l'indique pour le 
même oiseau que l'Ibis blanc de la pl. enl., n° 359; mais Latham nous 
paraît fondé à le présenter comme une espèce distincte; en effet, il en dif- 
fère par quelques parties de son plumage, et surtout par la longueur et la 
couleur des couvertures supérieures de la queue. 

Ce Tantale a une partie de la tête nue et jaune; le reste de la tête, le 
cou , le Gos, le ventre et les pennes secondaires des ailes d’un beau blanc ; 
les autres pennes, leurs tectrices et les rectrices noires; une large bande 
transversale de la même couleur sur la poitrine, les couvertures supérieures 
de la queue très-longues et d’une couleur d’œillet, qui disparaît dans la 
saison des pluiés. Le bec est fort long et jaune; les pieds sont couleur de 
chair. Taille supérieure à celle du Héron. La femelle diffère du mâle en 
ce que les couvertures des ailes et que la bande de la poitrine sont mélan- 
gées de brun. Le jeune porte un plumage d’un blanc grisâtre, avec du 
blanc pur sur les bords des tectrices alaires. 


126 SPATULES. 


6ème ramizce. LATIROSTRES , Latirostres. 


Bec plus long que la tête, déprimé, large, caréné ou plat en dessus. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière; pouce portant 
à terre sur toute sa longueur. 


1% Division. SPATULE, Platalea. 


Bec très-long, droit, aplati dessus et dessous, couvert d’une peau ri- 
dée à sa base, flexible; l’intérieur des mandibules muni dans le milieu 
d'une canelure bordée de dentelures aiguës et saillantes; la supérieure 
sillonnée en dessus vers les bords et terminée par un onglet crochu. 
Pl ne. : 

INarines situées à la base du bec, dans un sillon, à ouverture étroite, 
oblongue et bordée d’une peau membranense. 

Langue très-courte, triangulaire, pointue. 

Face nue chez les adultes. 

Gorge susceptible de se dilater en forme de sac. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs réunis par une membrane dans une partie de leur 
étendue, ensuite frangés d’une petite palme jusqu’à leur extrémité. PI. EE, 
n° 8. 

Ongles étroits, courts, peu courbés et aigus. 

Ailes moyennes; deuxième rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des quatre espèces de cette division trois ne se trouvent pas en Europe, 
desquelles l’une habite l'Amérique, et les autres, l'Afrique et les Grandes- 
Indes. Le long bec des Spatules, arrondi et aplati à son bout en lames 
minces, a fourni peut-être à certains arts Pidée de l’ustensile très-simple 
qui porte le nom de ces oiseaux; ce bec ressemble en effet à deux spatules 
appliquées l’une contre l’autre. Cette conformation a valu aux m'émes oi- 


seaux quelques autres dénominations, comme celles de pale où palette, 


a 


SPATULES. 127 
et celle beaucoup moins convenable, de cuiller ou de bec à cuiller, 
qui doit être réservée pour les Savacous dont le bec représente réelle- 
ment une cuiller renversée. Les Spatules ont très-peu de force dans le 
bec, avec lequel elles ne serrent que mollement; mais en faisant mouvoir 

“les deux mandibules avec précipitation , elles produisent, lorsque ces oi- 
seaux sont animés par la colère ou par la crainte, le même bruit de cla- 
quement que les Cigognes. Elles se tiennent ordinairement sur les bords 
marécageux de la mer, pour être à portée d'attraper les poissons et les 

“autres animaux aquatiques, dont elles font leur nourriture. Elles cons- 
truisent leur nid avec des buchettes au haut des grands arbres. Leur ponte 
consiste en trois ou quatre œufs. Ce sont en général des oiseaux voya- 
geurs , et qui ne refusent pas de vivre en captivité. 

e 


LA SPATULE AJAJA, Platalea ajaja. 


PI. CCXLVIIL. 


Corpore sangurneo. Senior. Roseo. Adultus. Migricantebadio. Junior. 

La Spatule rose, Briss., Ornith., tom. 5, pag. 356, n° >, pl. 30. 

La Spatule couleur de rose, Buff., Hist. nat. des Oùis., pl. enl., 
n° 165. 

Platalea ajaja, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13 , no ». 

Idem, Lath., Index, n° 2. 

Roseate spoonbill, Lath., Synopsis, tom.3, pag. 16, n° 2, pl. 73. 

Cette Spatule a une manière de pêcher assez singulière; elle fait autour 
d'elle, de côté et d'autre, un demi-cercle avec son bec, et s’en sert avec tant 
d'adresse, qu'aucun petit poisson, vers lequel elle se dirige, ne peut lui 
échapper. Cette espèce est particulière aux climats chauds de l'Amérique, 
depuis la Louisiane jusqu'aux côtes des Patagons. On la trouve aussi sur 
quelques côtes orientales, et principalement au Pérou. Elle porte au 
Brésil le nom d’Æjaja ; elle n’est pas rare au Paraguay, dont les naturels 
l'appellent Guirapita (oiseau rouge), d’autres Guirati, lorsqu'elle est 
adulte. On la rencontre seule, quelquefois par couples et quelquefois en 


128 SAVACOUS. 


troupes nombreuses. Elle est assez farouche et se perche sur les arbres. 


On trouve souvent cet oiseau dans les lagunes, enfoncé dans l’eau jusqu’au 
genou, balançant son bec entièrement plongé dans cet élément. 

Cette Spatule est, dans sa vieillesse, totalement rouge; mais, dans un 
âge moins avancé, son plumage est d’un rose pâle, avec le haut de l'aile et 
les couvertures de la queue d’un rouge vif, et les pennes caudales jaunes ; 
enfin, dans sa jeunesse, elle est blanche sans aucune apparence de rouge; 
la partie nue de la tête est jaune en dessus, orangée sur les côtés, noire 


sur locciput et les oreilles; celle de la gorge est blanchâtre; l'iris rouge ; 


les pieds sont d’un noirâtre nuancé de rose; taille un peu inférieure à 


celle d'Europe. 


2ème prviston. SAVACOU, Cancroma. 


Bec plus long que la tête, très-large, à bords tranchans, carené en 
dessus, sillonné depuis les narines jusqu’à la pointe; mandibule supérieure 
en forme de cuiller renversée, arrondie et garnie d’un crochet à son ex- 
trémité; l’inférieure membraneuse dans le milieu et terminée brusque- 
ment par une pointe aiguë. PI. T , n° 9. 

INarines obliques, longitudinales, situées dans une rainure et couvertes 
d’une membrane à demi-voûtée. 

Langue très-courte. 

Poche membraneuse sous la gorge. 

Lorums glabres. 

T'arses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs unis à leur base par une membrane; le postérieur 
articulé sur le côté du tarse, près de l’interne et portant à terre sur toute 
sa longueur. PI. FF, n° 1. 

Ongles courts, étroits, peu crochus, pointus; l'intermédiaire pectiné 
sur son bord intérieur. 

Ailes moyennes ; première et sixième rémiges égales ; deuxième, troi- 
sième, quatrième, cinquième les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 


% 


SAVACOUS. È 129 


La seule espèce que renferme cette division, se trouve dans là Guyane 
et au Brésil ; elle habite les savanes noyées et se tient le long des rivières 
où la marée ne monte pas. C'est là que, perchée sur les arbres aquatiques, 


elle attend le passage des poissons , dont elle fait sa proie, et sur lesquels 


elle tombe en plongeant et se relevant sans s'arrêter sur l’eau. 

Le Savacou se présentant dans ses différens âges sous un plumage dis- 
semblable, il en est résulté plusieurs espèces purement nominales, tels 
sont la Cuiller où le Savacou de Cayenne, la Cuiller tachetée, mais la 
Cuiller brune ou le Savacou huppé de Cayenne est l’oiseau parfait, et 


probablement le mâle. 


LE SAVACOU HUPPÉ, Cancroma cochlearia. 


PI. CCXLIX. 


Cristata ; fronte alb&; corpore suprà cœrulescente-cinereo ; subitus 
cœrulescente-albo ; ventre rufescente. | 

La Cuillère, Briss , Ornith., tom. 5, pag. 506, n° x. 

La Cuillère brune, idem, pag. og, n° 2. 

La Cuillère tachetée, idem, pag. 5o, n° 1: 

Le Savacou de Cayenne, Buff., Hist. nat."des Oiseaux, tom. 7, 
pag. 443, plenl., no 38. 

Le Savacou huppé de Cayenne, idem, pag. 443, pl. enl., n° 860. 

Cancroma cochlearia, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 1. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Cancroma cancrophaga, Linn., Gm., n° 2. 

Crested boatbill, Lath., Synopsis , tom. 3, pag. 26, n° 1, pl. 76. 

Les plumes longues de la #. se redressent à la volonté de l'oiseau, 
surtout lorsqu'il est irrité; elles se redressent en forme de capuchon; c’est 
alors qu'il s’élance avec fureur sur l’objet qui excite sa colère, en frappant 
vivement ses mandibules l’une contre l’autre, de même que la Cigogne. 
C’est à quoi se borne ce que l’on sait de la partie historique de cet oiseau. 

Le Savacou huppé, regardé comme le mâle, a le dessus de la tête noir; 

GALEBIE DES o15EAUx. 1W* PARTIE. 17 


se 


130 SAVACOUS. 


cette couleur descend sur le derrière du cou; les plumes de locciput sont 
longues et forment une huppe assez grande, qui, lorsqu'elles ne sont pas 
relevées, tombent sur le dos; elles ont sept ou huit pouces de longueur ; 


quelques-unes ont huit lignes de largeur et sont fort petites; dans des in. 


dividus ces plumes sont noires, molles, sans consistance et assez larges. 
Le bas du cou en arrière, le dos et tout le reste du dessus du corps 


sont d’un gris plus ou moins clair, plus ou moins bleuâtre; le front, les 


joues blancs; le haut du dos est, chez des individus, d’un cendré foncé; 
chez d’autres noir; la poitrine et le dessous du corps sont blancs, avec une 
plaque d’un beau noir sur chaque côté de l’estomac; le bord de l’aile est 
blanc; les rémiges et les rectrices sont d’un gris blanc; la mandibule su- 
périeure est noirâtre ; l’inférieure blanchâtre ; le bas des jambes et les 
tarses sont d’un vert jaunâtre; les ongles gris. Longueur totale, 17 pouces. 

Des individus, qu’on croit être des femelles, ont tout le manteau d’un 
gris blanc bleuâtre, avec une petite zône noire sur le haut du dos; le des- 
sous du corps est d’un noir mêlé de roux ; le devant du cou et le front 
sont blancs; le panache est d’un noir bleuatre. 

Sonnini en a vu un entièrement roussâtre , excepté sur la tête qui est 
noire. Enfin, le Savacou tacheté de Brisson diffère des autres en ce que 
son plumage est tacheté de brun ; c’est probablement un jeune. 


2 


7% FAMILLE. HERODIONS, Z/erodiones. 


Bec épais, quelquefois entier, plus long que la tête, rarement entr'ou- 
vert, droit ou fléchi à sa pointe. 

Jambes nues sur leur partie inférieure (totalement emplumées chez le 
Blongios d'Europe ). 

Doigts au nombre de quatre, trois dévant , un derrière ; antérieurs 
réunis à leur base par une membrane chez les uns, les extérieurs seuls 
chez d’autres; totalement séparés chez une seule espèce. 


+ 


ne 


OMBRETTES. 131 


1% vision. OMBRETTE , Scopus. 


Bec épais à sa base, très-comprimé latéralement, carené en dessus et 
en dessous, plus long que la tête; mandibule supérieure sillonnée sur les 
côtés, courbée à sa pointe; l’inférieure plus courte, plus étroite vers le 
bout et un peu tronquée. PI. U, n° 1. 

Narines linéaires, longitudinales, couvertes d’une membrane, situées 
dans la rainure , à la base du bec. 

Langue... 

Face totalement emplumée. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane ; postérieur 
portant à terre sur toute sa longueur. 

Ongles petits, courbés, pointus. 

Ailes moyennes; troisième, quatrième, cinquième rémiges les plus 
longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Le genre de vie de l'espèce, dont se compose cette division, n’est pas 


connu. On la trouve en Afrique: 


L'OMBRETTE DU SÉNÉGAL, Scopus umbretta. 


PI. CCL. 


Cristatus; corpore fusco, terræ umbriæ æmulo. Mas. Crist& nulld. 
Femina. 

L'Ombrette, Brisson, Ornith., tom. 5, pag. 503, n° 1. 

L'Ombrette du Sénégal, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 7, pag. 4ho, 
plenl 14706 

Scopus umbretta, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 1. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Tufted umbre, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 30, n° 1, pl. 77. 


132 ANASTOMES. 


Chez cette espèce, qu'Adanson a fait connaître le premier, le mâle seul 
a la tête décorée d’une aigrette composée d’une touffe de plumes étroites 
et molles qui, chez des individus, retombent jusque sur le dos; tout son 
plumage est d’un brun couleur de terre d'ombre , avec des bandelettes 
d’une teinte plus sombre sur la queue. Sa grosseur est à peu près celle de 
la Corneille, et sa longueur totale d'environ 18 pouces. 


ame prvisIoN. ANASTOME,, Ænastomus. 


Bec plus long que la tête, comprimé latéralement, entr'ouvert vers le 
milieu; mandibule supérieure dentelée sur les bords, ou seulement échan- 
crée vers le bout; l’inférieure entière. PI. U, ne 2. 

INarines linéaires , longues. 

Langue... 

us nue ou emplumée, 

Tarses longs, glabres, annelés. 

Doigts ones les extérieurs unis à la base par une membrane; pos- 
térieur portant à terre sur toute sa longueur. 

Ongles courbés, pointus; emdeqaie dilaté et entier sur son bord 
interne; le postérieur court. 

Ailes allongées; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

On ne connaît guère que l'extérieur des deux ou trois espèces que ren- 
ferme cette division ; on sait seulement qu’elles habitent dans les Indes 
orientales et en Afrique, qu’elles se tiennent dans les marais et sur le bord 
des rivières. 


# 


COURLIRIS. £ 133 


L'ANASTOME DU COROMANDEL , Anastomus coro- 


mandelianus. 


PI. CCI. 


Albus ; dorso, remigibus cauddque nigris; mandibul& superiore 
medio ad apicem serratd. 

- Le Bec-ouvért des Indes, Sonnerat, Voy. 2, pag. 210, pl. r2. 
Ardea coromandeliana , Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 86. 
Idem, Lath., Index, n° 94 
Coromandel heron, Lath., Synopsis, tom.3, pag. 102, n° 78. 
On doit la connaissance de cet oiseau au savant naturaliste Sonnerat 

qui l’a trouvé au Coromandel, où il paraît à l’automne sur les bords des 
fleuves et des étangs. Il s’y nourrit de poissons et de reptiles. 

Il a la partie supérieure du bec dentelée sur ses bords depuis le milieu 
jusqu’à la pointe sur laquelle on remarque une échancrure; la gorge nue, 
les Zorums noirs; les plumes de la tête ‘un peu plus longues que les au- 
tres, se relevant souvent à la volonté de l'oiseau; ces plumes, le croupion, 
le ventre, les ailes et le haut de la queue blancs; le dos, les rémiges et 
les rectrices noirs ; des traits de cette couleur sur le haut de la tête, ainsi 
qu’une bande qui descend sur chaque côté du cou; l'iris rouge; le bec et 
les pieds d’un jaune roussitre. Longueur totale, 13 à 14 pouces. Nous 
soupconnons que l’Anastome de Pondichéry ( 4rdea pondiceriana, 
Lath.) est un jeune de cette espèce. Son bec n’est point dentelé, et seu- 
lement échancré : les /orums sont couverts de plumes; le plumage est 
d'un gris cendré; les ailes sont noires; le bec et les pieds jaunes. 


3°% prvision. COURLIRI, Æramus. 


Bec plus long que la tête, épais, fendu jusqu'aux yeux, comprimé la- 
téralement, courbé vers le bout; mandibule supérieure un peu sillonnée; 
linférieure droite, presque anguleuse en dessous. 


134 COURLIRIS. 


INarines linéaires, situées dans une rainure. 

Langue courte, étroite, pointue. 

Lorums nus. 

Tarses longs, nus, réticulés. 

Doigts totalement libres, longs, grêles, lisses en dessous; pouce por- 
tant à terre sur plusieurs phalanges. 

Ongles médiocres, courbés, pointus; l'intermédiaire dilaté et entier 
sur son bord interne; postérieur le plus fort et le plus long de tous. 

Ailes moyennes; première rémige courte, troisième la plus longue de 
toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les deux espèces de cette division se trouvent dans l’Amérique méri- 
dionale, où elles se tiennent dans les lieux aquatiques, et nichent dans 
les marais. Les Courliris vivent solitaires, seuls ou par couples; leur dé- 


+ 


marche est aisée et légère; leur instinct tranquille et non inquiet; ils se 
perchent au haut des arbres et fréquentent de préférence les terrains ar- 
gileux; ils n’entrent pas dans l’eau et ne mangent ni serpens, ni poissons. 
La ponte est de deux œufs , et les petits suivent leur mère aussitôt après 


leur naissance. 


LE COURLIRI COURLAN, Æramus scolopaceus. 
PI. CCLIT. 


Fuscus ; gutture et pectore albo striatis; mento albo ; rectricibus re- 
migibusque œneo-nitentibus. 

Courliri, Buff., His. nat. des Ois. , tom. 7, pag. 442, pl. enl., n°848. 

Ardea scolopacea, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 87. 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Scolopaceous Heron, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 102, n° 70. 

Le plumage de cet oiseau est généralement d’un brun qui devient rou- 
geûtre et cuivreux sur les ailes et la queue; on remarque un trait blanc 
sur chaque plume du cou; le menton est de cette couleur; le bec rougeñtre 
et bleuâtre à sa pointe. Longueur totale, 25 pouces. 


ji HÉRONS. 136 


A? prvisron. HÉRON, Ardeu. 


Bec plus long que la tête, robuste, fendu jusqu'aux yeux, finement 
dentelé chez plusieurs, comprimé latéralement, acuminé, droit ou un peu 
courbé ; mandibule supérieure sillonnée, échancrée vers le bout chez la 
plupart. PI U, n° 3. 

INarines linéaires, longitudinales, couvertes d’une membrane en arrière, 
situées dans un sillon. 

Langue médiocre, membraneuse, plate; pointue. 

Orbites et lorums dénués de plumes. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts allongés, étroits, aplatis en dessous ; les extérieurs unis à leur 
base par une membrane ; l’interne libre; le pouce articulé au bas du 
tarse, uni avec l’interne à l’origine par une petite palme, portant à terre 
sur toute sa longueur. PI. FF, n° ». 

Ongles médiocres, Pure , pointus; l’intermédiaire dilaté et dentelé 
en peigne sur le bord interne; le postérieur le plus long de tous, très- 
arqué, aigu. 

Ailes longues ; les trois premières rémiges à peu près égales entre elles 
et les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division composée de plus de quatre-vingt-dix espèces serait 
susceptible de deux sections : la première contiendrait les Hérons pro- 
prement dits, les Aïgrettes, les Crabiers et les Blongios, qui tous ont le 
bec droit, le cou très-long, très-grêle et garni sur sa partie inférieure de 
plumes pendantes et effilées ; le corps étroit, efflanqué et, chez la plupart, 
élevé sur de hautes échasses. Dans la seconde se trouveraient les Butors 
et les Bihoreaux qui ont la mandibule supérieure un peu inclinée en 
bas, le cou plus court à proportion; le corps plus épais et moins haut sur 
jambes. Au reste, tous ont de grands rapports dans leur genre de vie ; 
ils habitent dans les marais, sur les bords des lacs et des rivières, vivent 
de poissons, de reptiles et d'insectes aquatiques. La plupart nichent sur 


LA 


136 CIGOGNES. 


les arbres et souvent en famille; leurs petits sont nourris dans le nid et 
ne le quittent qu’en état de voleP; tous ou presque tous sont demi-noc- | 
turnes. On trouve des Hérons dans toutes les parties du monde. 


LE HÉRON BLEU À GORGE. BLANCHE, 4rdea albi- 


collis. 
P. CCLIIL 


Migro-cœrulea ; gutture albo. 

Le Héron bleu à gorge blanche, deuxième édit. du nouveau Dict. 
d'histoire nat., tom. 14, pag. 409. A 

Le plumage de ce Héron, qu’on trouve au Sénégal, est généralement 
d’un bleu noir, à l'exception de la gorge qui est blanche. Il porte une. 
huppe composée de plumes effilées; celles du dos ont la même forme et 
se réunissent en un faisceau épais qui s'étend presque jusqu’à l’extrémité 
de la queue; le bec et les parties nues des côtés de la tête sont bruns; 
les pieds noirs. 

La femelle, ou du moins l'individu que nous soupçonnons telle, est 
totalement d’une couleur d’ardoise, et n’a point sur le dos des plumes 
longues et effilées comme le précédent; le bec, la peau nue des côtés de 


la tête et les pieds sont noirs. 


5ème prvision. CIGOGNE, Crconia. 


Bec très-long, gros, droit, entier, peu fendu, comprimé latéralement, 


pointu; mandibule supérieure à sillons oblitérés. PI. U, n° 4. 


Narines longitudinales, linéaires et situées près du front. 

Langue membraneuse , très-courte, plate, triangulaire. 

Tarses longs, nus, réticulés. 

Doists allongés ; antérieurs unis à la base par une membrane; posté- 


rieur portant à terre sur plusieurs phalanges. PI. FF, n° 0. 


% 


CIGOGNES. | 137 


Ongles courts, un peu aplatis, obtus; l'intermédiaire à bords entiers ; 
le postérieur presque droit et le plus court. 

Ailes longues; troisième et quatrième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les trois espèces, que contient cette division, ont été classées par 
Linhée et Latham dans leur genre {rdea ; Bron les en a exclues pour 
en faire un groupe particulier, et nous croyons qu'il est fondé dans cet 
isolement; car les Hérons diffèrent des Cigognes par leur bec fendu jus- 
qu'aux yeux, et sillonné sur sa partie supérieure, par les /orums tota- 
lement nus, par la tranche dentelée du bord interne de l’ongle intermé- 
diaire, par le doigt postérieur, qui est comme attaché à la base du doigt 
interne, et enfin en ce que celui-ci est totalement séparé de l’intermédiaire. 
Les Cigognes ont le gésier peu musculeux, les cœcums si petits qu'on 
les aperçoit à peine, le larynx inférieur sans muscle propre, les bronches 
plus longues et composées d’anneaux plus entiers que dans les Hérons; 
leurs mandibules légères et larges, en frappant l’une contre l’autre, 
produisent un claquement, presque le seul bruit que ces oiseaux font 
entendre. 

Les uns nichent à la cime des arbres, les autres dans les rochers et au 
haut des édifices. Leur ponte .est ordinairement de deux ou trois œufs; 
les petits-sont nourris dans le nid et ne le quittent que lorsqu'ils sont en 
état de voler. La nourriture des Cigognes se compose de reptiles, de 
poissons et d'insectes. On trouve des Cigognes en Europe, en Asie, en 
Afrique et en Amérique , sur les rivages, dans les prairies et les marais. 
Celles qui habitent dans les climats tempérés, les quittent vers l'automne 
et vont passer l'hiver dans des régions plus chaudes. Les mœurs et les ha- 
bitudes de notre Cigogne blanche présentent un contraste parfait avec 
celles de la Cigogne noire; celle-ci est farouche et sauvage, recherche les 
déserts et les marais éloignés de toute habitation, cache son nid dans 
l'épaisseur des forêts, et ne se plaît que sur le sommet des plus hautes 
montagnes. L'autre, au contraire , semble née l’amie de l’homme , par- 


tage son séjour, fixe son domicile sur sa maison, place son nid sur les 
GALERIE DES OISEAUX. 1Ÿ* PARTIE. 18 


138 CIGOGNES. 


toits et les cheminées, cherche sa pâture sur le bord des rivières les plus 
fréquentées, chasse dans nos champs et presque dans nos jardins, ne s’ef- 
fraye point du tumulte des villes, se place au milieu, s'établit sur les tours, 
aussi partout est-elle respectée et bien venue. 


LA CIGOGNE MAGUARI, Ciconia maguart. 
PI. CCLIV. | 


Alba ; orbitis rubris ; tectricibus caudæ superioribus et alarum 
majoribus , remigibus pennisque scapularibus nigris. 

La Cigogne d'Amérique, Briss., Ornith., tom.5, pag. 369, n° 3. 

Le Maguari, Bufjon, Hist. nat., tom. 7, pag. 275. 

Ardea Maguari, Linn., Gm., Syst. nat.; édit. 13, n° 29. 

Idem, Lath., Index, n° ro. 

American stork, idem, Synopsis, tom. 3, pag. bo, n° 10. 

Cette Cigogne, qu'on soupçonne se trouver quelquefois en Europe et 
même en France, peut-être parce qu'on l’aura confondue avec notre Ci- 
gogne blanche, habite l'Amérique, où elle fréquente, tantôt seule, tantôt 
par paires, ou en troupe de cinquante et plus, les marais et les lagunes. 
Elle n’est ni défiante ni farouche; son vol est quelquefois très-élevé ; elle 
se perche sur les arbres; mais elle $e tient communément à terre, cher- 
chant sa nourriture, non-seulement dans les lieux humides, sur le bord 
des rivières et des lacs, maïs encore dans les terrains secs. 

A l'exception des rémiges primaires, des scapulaires des grandes cou- 
vertures et de celles qui recouvrent la queue en dessus, qui sont noires, 
tout le reste du plumage est d’un beau blanc; le bec est bleu-de-ciel à sa base 
et noirâtre dans le reste; l'iris d’un blanc d'ivoire; les orbites sont rouges ; 
cette teinte est couleur de sang sur les pieds. Longueur totale, 43 pouces. 
Les jeunes, dans leur premier âge, sont d’un brun noirâtre, avec le ventre 
blanc; ils conservent cette livrée jusqu’à leur première mue, et ils pa- 
raissent à cette époque comme marbrés de brun et de blanc. 


JABIRUS 139 


G°% prvision. JABIRU, Mycteria. 


Bec très-long , épais, conique, lisse, comprimé latéralement, pointu; 
mandibule supérieure trigone, droite; l’inférieure plus épaisse, retroussée. 
PU nv. 

Narines étroites, longitudinales. 

Langue très-courte, enfoncée dans le gosier. 

Téte et cou plus ou moins dénués et totalement couverts de plumes. 

T'arses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs unis à la base par une membrané; pouce portant 
à terre sur toute sa longueur. 

Ongles larges, courts, obtus; le postérieur le plus court de tous. 

Ailes longues ; troisième, quatrième , cinquième rémiges les plus 
longues. 

Queue à douze rectrices. 

Des quatre espèces dont se compose cette division, aucune ne se trouve 
en Europe; une habite l'Amérique, une autre l’Afrique, et deux l'Asie 
orientale et l’Australasie. Elles ont déigrands rapports avec les Cigognes; 
aussi Illiger les réunit sous la même dénomination générique : cependant 
les Jabirus diffèrent de celles-ci par leur bec parfaitement lisse, et dont la 
partie inférieure est légèrement recourbée en haut. Ils ont le même genre 
de vie et, comme elles, la faculté de se percher. Ils sont monogames, 
construisent leur nid sur les arbres élevés , nourrissent leurs petits dans 
leur berceau , et ceux-ci ne le quittent qu’en état de voler. 


LE JABIRU DU SÉNÉGAL, Mycteria senegalensis. 


PI. COLV. 


Alba; fascid nigrd maculd utrinque senestratd. 
Mycteria senegalensis, Lath., Index, n° 4. 
Senegal Jabiru, idem , Synopsis , deuxième Suppl., pag. 296. 


1/40 GRUES. 


Le Jabiru du Sénégal, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire 
nat., tom. 26, pag. 44o. 

Cet oiseau, dans son état parfait, a le corps blanc; les plumes scapu- 
laires, le cou et les pieds noirs; le bec rouge vers sa pointe, blanchâtre 
dans le reste, avec une bande noire vers le milieu et une tache de chaque 
côté chez le jeune; la tête, le cou, les ailes et la queue d’un gris brun, 
mélangé de blanc sur le dos et le bas du cou en devant; les parties infé- 
rieures blanches. 


8ème ramizce. AÉROPHONES, Aerophoni. 


Bec épais, droit, comprimé latéralement, convexe, pointu. 
Téte quelquefois caronculée. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Quatre doigts, trois devant, un derrière. 


gère prvision. GRUE, Grus. 


Bec très-long, droit, épais, comprimé latéralement, pointu, à bords 
entiers ou à demi dentelés; mandibule supérieure sillonnée sur les côtés, 
convexe. 

Marines situées dans un sillon ; concaves, elliptiques, couvertes d’une 
membrane en arrière et ouvertes vers le milieu du bec. PI. U, n° 6. 

Langue charnue, large, pointue. : 

Orbites nues ou emplumées. 

T'arses très-longs, nus, réticulés. 

Doists extérieurs unis à leur base par une membrane; l’interne tota- 
lement libre. 

Ongles un peu larges, courts, presque obtus; postérieur le plus long. 

Ailes à rémiges secondaires plus larges et plus longues que les pri- 
maires; première et cinquième égales ; deuxième, troisième, quatrième les 
plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

On compte huit espèces dans cette division; mais nous soupconnons 


bit. 


GRUES. 141 


qu'il en est parmi elles qui sont des variétés d'âge ou de sexe, comme la 
Grue brune ( Ærdea canadensis, Lath.), qui est la Grue blanche d’A- 
mérique. Dans leur première année, ainsi que l’a remarqué l’ornithologiste 
américain Wilson. 

Les Grues différent principalement des Cigognes parmi lesquelles les 
ont classées Latham , Gmelin, etc. , en ce que la membrane qui, dans 
celles-ci, engage les trois doigts antérieurs, ne lie que les deux extérieurs 
chez les Grues; en ce que le pouce qui pose à terre sur plusieurs ar- 
ticulations chez les Cigognes et les Hérons , n’y porte que sur le bout 
chez celles-là ; enfin, les Grues diffèrent encore des Hérons en ce qu’elles 
n’ont pas, comme ceux-ci, l’ongle intermédiaire dentelé en scie sur son 
bord interne; en ce qu’elles ont un double cœcum , et que les Hérons 
n’en ont qu'un. Cette division serait susceptible de trois sections : la Grue 
caronculée en composerait la première, en ce qu’elle a la base de la 
mandibule inférieure munie de deux fanons allongés et pendans, la tête 
parfaitement emplumée et les orbites nues. La seconde aurait pour type la 
Grue blanche de Sibérie, dont le bec est à demi dentelé, l'occiput chauve, 
papillonacé, et dont les orbites sont couvertes de plumes. La troisième, qui 
comprend les autres Grues, a pour caractères distinctifs la tête chauve et 
le bec sans dentelures. 

Les Grues des zones tempérées émigrent régulièrement du nord au midi 
et du midi au nord, ainsi que l’ont remarqué les anciens qui appelaient 
la Grue d'Europe, oiseau de Libye et oiseau de Scythie, qui étaient 
alors les extrémités du monde. Ces oiseaux, qui s'élèvent fort haut dans 
leurs voyages, et qui, pour se soutenir dans l'air et le fendre avec plus de 
facilité, forment un triangle à peu près isocèle; mais, pour résister à un 
vent trop fort, ils se resserrent en rond; c’est aussi de cette manière qu'ils 
se mettent en défense, quand l'aigle les attaque; ainsi qué‘tous les grands 
oiseaux , ils ont quelque difficulté à s'élever. Pour cela ils sont forcés de 
courir quelques pas, ouvrant les ailes, rasant la terre jusqu’au moment 
que leurs ailes puissantes se soient totalement déployées. Alors ils décri- 


vent des spirales régulières et gagnent le haut des airs, d’où ils descen- 
dent en ligne verticale. 


1/42 ANTHROPOÏDES. 


Les Grues vivent non-seulement d'insectes , de vers, de petits reptiles, 
de grenouilles, de petits poissons, mais encore de grains nouvellement 
semés. Elles choisissent, pour placer leur nid, de petites buttes de terre, 
des éminences de gazon, dans les marais et les roseaux qu’elles élèvent à 
leur hauteur avec des herbes et des jones nattés ensemble. C’est au sommet 
qu’elles placent le berceau de leur géniture; elles le composent d'herbes 
fines et douces; la femelle y dépose deux œufs, dont le mâle partage l’in- 
cubation; ils se tiennent debout pour les couver, de manière que leur corps 


pose dessus. 


LA GRUE À COLLIER, Grus torquata. 
PI. CCLVI. 


Capite nudo collarique papilloso rubris ; corpore cinereo ; remisibus 
primoribus rectricibusque rigris. 

Ardea antigone, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 6. 

Ardea torquata, Lath., Index, n° 4. 

La Grue à collier, Buff., Histoire nat. des Ois. , tom. 7, pag. 107, 
pl. enl. 865. 

Cette Grue qu'on trouve aux Indes orientales, a le haut du cou orné 
d'un collier rouge, bordé de brun dans sa partie inférieure; la tête nue 
et d’un gris rougeâtre; les pennes des ailes, celles de la queue noires; le 
reste du plumage d'un gris bleuâtre; le bec noir; les pieds noirâtres. Lon- 


gueur totale, 4 pieds 3 pouces. 


DjÈRe Dans ANTHROPOÏDE, Anthropoides *. 


Bec à peine plus long que la tête, comprimé latéralement , entier, épais, 
convexe , sillonné en dessus, pointu. 

INarines situées dans un sillon, concaves, elliptiques, ouvertes , closes 
en arrière par une membrane. 

Langue charnue, large, pointue. 


: Cet oiseau est figuré dans l’une des six premières livraisons de cet ouvrage. 


, 


ANTHROPOIDES. ; I 


LES 
CS 


Téte totalement emplumée ou seulement les tempes nues. 

Turses glabres, longs, réticulés. ] 

Doists extérieurs réunis à leur base par une membrane; l’interne libre. 

Ongles courts, un peu obtus. 

Ailes longues; première, deuxième, troisième, quatrième rémiges les 
plus longues de toutes ; les secondaires plus prolongées que les primaires. 

Queue à douze rectrices. 

Les deux espèces que renferme cette division se trouvent en Afrique. 
Le nom, qu'on leur a donné, est celui que les Grecs ont imposé à celle 
qu'on a décrite sous la dénomination de demoiselle de Numidie , d'après 
les gestes mimes qu'on la voit affecter. Cet oiseau, que les anciens ont 
appelé comédien ; d'après ses jeux et son adresse, doit la dénomination 
de demoiselle à son élégance, à sa parure, à la manière de s’incliner par 
plusieurs révérences, à sa marche qu’elle semble faire avec ostentation, à 
la gaîté qu'il manifeste par des sauts et des bonds, comme s'il voulait 
danser. Athenée l'appelle copiste de l'homme, et si, comme dit Buffon, 
cet oiseau à pris de ce modèle quelque faible talent, il paraît aussi avoir 
pris ses défauts; car il a de la vanité, il aime à s’étaler, il cherche à se 
donner en spectacle et se met en jeu dès qu'on le regarde ; il semble pré- 
férer le plaisir de se montrer à celui même de manger, et suivre, quand 
on le quitte, comme pour solliciter encore un eoup d'œil. On compare sa 
marche, ses postures et ses gestes aux danses des Bohémiennes. 

L'autre Anthropoide, qu'on appelle Oiseau royal, est doux et paisible 
en captivité, na de défense que dans la hauteur de sa taille, la rapidité de 
sa course et la vitesse de son vol, qui est élevé, puissant et soutenu; il 
craint moins l’homme que ses autres ennemis, et semble même s'approcher 
de lui avec confiance, avec plaisir; il s'ennuie dès qu’on le laisse seul trop 
long-temps ; il aime qu'on lui rende visite, et , lorsqu’après l'avoir consi- 
déré, on se promène indifféremment, sans prendre garde à lui, il suit les 
personnes, ou marche à côté d'elles, et fait plusieurs tours de promenade ; 


et si quelque chose l’ennuie et qu'il reste en arrière , 1l se hâte de rejoindre 
la compagnie. 


144 ANTHROPOIDES. 


L'ANTHROPOÏDE ROYAL, Anthropoides pavonina. 


PI. CCLVII. (Jeune) :. 


Crista setosa erecta ; temporibus palearibusque binis nudis. 
L'oiseau royal, Briss., Ornith., tom. 5, pag. Six , n° AA 
L'oiseau royal, Buff., Hist. nat. des Oiseaux, pl. enl., n° 1. 
Crowned african ram, Edwards, Ois., pl. 10. 

Ardea pavonica, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 1. 

‘Idem, Lath., Index, n 1. 

Crowned heron, Lath., Synopsis, tom: 3, pag. 34, no 1. 

Ainsi que le Paon cet oiseau se perche en plein aïr pour dormir; on 
prétend même qu'il imite son cri, ce qui, joint à l’analogie de leur aigrette, 
lui a fait donner le nom de Paon marin ou de Paon à queue courte. Son 
cri ressemble beaucoup à celui de la Grue; son ton, qu'on explique par 
le mot claugor, est assez semblable aux aceens rauques d’une trompette 
ou d’un cor; ce cri est bref et réitéré, lorsqu'il a besoin de nourriture, et 
exprime son inquiétude et son ennui. Il le fait aussi entendre le soir, lors- 
qu'il cherche à se gîter; il a encore une autre sorte de voix, comme un 
grognement ou gloussement intérieur, coque, cloque , assez semblable à 
celui d’une Poule couveuse, mais plus rude. Il se nourrit d'insectes, de 
vers de terre et de poissons. On le trouve sur la côte d'Afrique, au Séné- 
gal et en Guinée dans les environs de la rivière de Pounny. Les Africains 
le révèrent et personne n'ose tirer dessus; c’est un de leurs fêtis; lorsque 
les nègres le voient voler, ils crient après lui; ils l’appellent le Léraut des 
Jétis , parce qu'il fait avec ses ailes un certain bruit désagréable, comme 
s’il donnait du cor. 

Un bouquet de soies épanouies sur le sommet de la tête distingue très- 
bien cet oiseau d'Afrique, qui doit à sa couronne le nom d’Orseau royal. 
Un large oreillon d’une peau membraneuse, blanche sur 1 tempe, d’un 
rouge vif sur la joue, enveloppe la face, descend presque jusque sous le 


: L’adulte est figuré dans l’une des premières livraisons sous le nom d'Oiseau Royal. 


CHIONIS. 145 


bec, et se termine en un fanon pendant sur la gorge. Le front est cou- 
vert d’un duvet noir, fin, serré comme du velours ; des brins touffus, de 
couleur isabelle, aplatis et filés en spirale composent son aigrette; chaque 
brin est hérissé de très-petits filets à pointe noire et terminé par un 
petit pinceau de la même couleur; un cendré clair bleuâtre colore le cou 
et tout le corps; les plumes du cou sont longues et étroites; celles du 
dos larges, pointues; les pennes primaires des ailes et les rectrices noires; 
les secondaires sont d’un roux brun et s'étendent au-delà du croupion; 
les couvertures blanches, et celles qui recouvrent les pennes primaires 
d’un jaune pâle; le bec et les pieds sont noirs; l'iris est d’un blanc pur. 
Longueur totale, 2 pieds 9 pouces. 

La femelle se distingue du mäle par des oreillons fort petits et par la 
couleur noire qui partout remplace la teinte bleuâtre du mâle. Chez le 
jeune , avant sa première mue, la huppe, la tête et le cou jusqu'au milieu 
sont couverts d’un duvet roux; les yeux entourés d’une grande marque 
blanche et duveteuse; la gorge est de cette couleur; le reste du cou, la 
poitrine et le ventre sont noirâtres avec toutes leurs plumes terminées de 
roux ; les couvertures inférieures de la queue mélangées de roux et de 
blanc ; les rectrices etles grandes rémiges noires; les secondaires de la 
même couleur et bordées de roux; les couvertures supérieures des ailes 
rousses et blanches, mais la dernière couleur est dominante; le bec est 


brun clair; les pieds sont d’une nuance plus foncée. 
; P 


Of" FAMILLE. COLEORAMPHES , Coleoramphi. 


Bec couvert à sa base d’un fourreau corné. 
Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Doigts au nombre de quatre. 


” 


1% prviston. CHIONIS, Chiois 


Bec plus long que la tête, conico-convexe, droit, robuste, épais, 
comprimé latéralement, à pointe courbée; mandibule supérieure couverte 
GALERIE DES OISEAUX. 1W® PARTIE. 19 


I 46 CHIONIS. 
d’une gaîne cornée, mobile, échancrée, lacérée à son extrémité; l’inférieure 
anguleuse en dessous, plus courte, pointue. PI. U, ne 7. 

Narines en partie couvertes par la gaîne, petites, obliques , ouvertes. 

Langue cartilagineuse, arrondie en dessus, aplatie en dessous, à pointe 
acuminée. 

Face nue, verruqueuse chez les adultes. 

Tarses courts, robustes, réticulés. : 

Doigis antérieurs calleux en dessous; les extérieurs unis à leur base 
par une membrane; l’intérieur libre; le postérieur élevé de terre. 

Ailes munies d’un bourrelet obtus sur leurs plis. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division ne contient qu'une espèce, qui se trouve dans lAustra- 
lasie, où elle se tient sur les bords de la mer. Sa nourriture consiste en 
coquillages et animaux marins que les flots apportent morts sur la plage. 
Sa chair est de mauvais goût et dédaignée par les hommes. 


LE CHIONIS NECROPHAGE , Chionis necrophagus. 


PI. CCLVIIT. 


Albus ; rostri vaginä& mobile. 

Chionis, Forster Euchir., Hist. nat. 

Vaginalis alba, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, no 5. 

Vaginalis Chionis, Lath., Index, n° 1. 

White shcathbill, idem , Synopsis , tom. 3, pag. 268, n° 1, pl. 89. 

Cet oiseau, qui vit en troupes sur les bords des mers australes, est to- 
talement d’un blanc de neige, et a les joues nues avec des petites verrues 
blanches ou de couleur orangée; une autre verrue plus grosse et brune 
surmonte les yeux; toutés ne sont apparentes que chez les adultes; le 
bouton osseux du pli de l’aile est noirâtre; la gaîne cornée du bec tantôt 
jaune , tantôt noire; la couleur des pieds varie selon l’âge; les uns les ont 
bruns, d’autres roussâtres ; l'iris est d’une teinte plombée. Longueur to- 
tale, 15 à 18 pouces. 


Le 


ES 


CARIAMAS. 147 


. 


10°% FAMILLE. UNCIROSTRES,, Uncirostri. 


Bec robuste, très-rarement plus long que la tête, courbé ou crochu à 
sa pointe. 


Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure *. 

Doigts au nombre de quatre; les antérieurs ou seulement les deux ex- 
térieurs réunis à leur base par une membrane; l’interne libre ; le posté- 
rieur ne portant à terre que sur le bout, ou élevé de terre. 


1% prvision. CARIAMA, Cariama. 


Bec plus long que la tête, arrondi, garni à sa racine de plumes longues 
et à barbes désunies, fendu jusque sous les yeux; mandibule supérieure 
crochue à sa pointe. PI. U, n° 8. 

INarines petites, situées vers le milieu du bec. 

Langue entière, charnue. 


Paupières garnies de cils longs sur leur partie supérieure. 

Orbites nues. 

Tarses glabres, allongés, réticulés. 

Doigts épais, courts, robustes ; antérieurs unis à la base par une mem- 
brane ; postérieur élevé de terre. PL. FF, no 3. 

, Ongles courts, forts; l'intermédiaire muni d’un rebord tranchant sur 
le côté interne et un peu obtus; les autres crochus. 

Aîles moyennes; première rémige la plus courte de toutes ; cinquième, 
sixième et septième les plus longues. 

Queue à douze rectrices. 

Brisson a isolé génériquement l'espèce que contient cette division; et 
nous croyons que Latham et Gmelin ont eu tort de la classer dans leur 
genre Palamedea , attendu qu’elle n’en a pas les caractères. Ces auteurs 
n'avaient que très-peu de notions sur sa partie historique; mais nous de- 


1 Exception. SecRÉTAIRE. 


148 CARIAMAS. 


vons à M. de Azara des détails très-nombreux et très“intéressans sur son 
genre de vie, détails qui prouvent que cet oiseau ne fréquente point les 
marais et ne vit pas de poissons et de reptiles aquatiques; au contraire, il 
s'éloigne des eaux et même des lieux bas; 1l se plait sur la lisière des forêts 
claires, sèches et élevées, et de préférence sur les collines pierreuses. Sa 
nourriture se compose de reptiles terrestres et d'insectes. M. de Azara est 
persuadé qu’il ne boit jamais et qu'il ne mange point de graines. Les Ca- 
rlamas se tiennent par paires ou en petites troupes; ils fuient l’homme de 
très-loin, et ils ne prennent leur vol qu'à la dernière extrémité. Ceux 
qu'on est parvenu à rendre domestiques, portent le cou droit, vertical, 
et la tête toujours levée. Leur regard est fier et dédaigneux ; leur démar- 
che grave et mesurée; et, quand ils soupconnent quelque sujet de crainte, 
ils examinent avec attention autour d'eux, avant de se décider à demeurer 
ou à press leur course. C’est leur ue défense , et ils n’inquiètent ja- 
mais aucun autre oiseau. On les trouve au Brésil et au Paraguay. 


LE CARIAMA LOPHORHYNQUE, Cariama saurophaga. 


PI. CCLIX. 


Corpore griseo, rufo et fusco mixto; fasciculo pennarum supra 
basim rostri. 

Cariama, Marcgr., bras. 203. & 

Idem, Briss , Ornith., tom. 5, pag. 516, nm 1 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 7, pag. 325. 

Palamedea cristata, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, ne ». 

Idem, Lath., Index, n° 2. . 

Crested sereamer, idem, Synopsis, tom. 3, pazg. 20, n° 2. 

Saria, de Azara, apuntamientos para la hist. de passaros del Pa- 
raguay y rio de la Plata ,tom.3, pag. 101. 

Cariama est le nom que les Brésiliens ont imposé à cet oiseau; mais 
les naturels du Paraguay l’'appellent Saria ; ces deux dénominations ont 
rapport à son cri aigu, assez semblable à celui d’un jeune Dindon; mais 


DE. 


CARIAMAS. 149 


il est si fort qu'on l’entend à un mille de distance. Les Espagnols le nom- 
ment Faisan, probablement d’après sa chair qu'on dit délicate et savou- 
reuse. Cette espèce est rare au Paraguay et ne se trouve point vers la 
rivière de la Plata. 

Chez l'individu dont nous publions la figure, il règne depuis les narines 
jusque près l’angle antérieur de l'œil, une rangée de plumes en éventail, 
longues de deux pouces au moins, fermes et à barbes désunies. Celles 
de locciput et du cou sont longues de trois pouces environ, roussâtres et 
chacune est traversée par douze ou quinze lignes très-étroiles et comme 
formées par de petites taches isolées et d’une teinte sombre; les plumes 
qui recouvrent le dessus des ailes et du corps sont pareilles ; mais la cou- 
leur des lignes est plus prononcée et le fond tire au cendré; la gorge, le 
devant du cou et les parties postérieures sont d’un roux très-clair, avec 
une raie longitudinale d’un roussätre presque blanc sur le milieu de chaque 
plume; les grandes pennes des aïles et celles de la queue sont noirâtres et 
ont leur bord extérieur roux; ces dernières ont à leur extrémité une tache 
blanche; le bec est noirâtre en dessus et orangé en dessous ; l'iris jaune ; 
le tour de Pœil bleuâtre; la partie nue des jambes et les tarses sont oran- 
gés; les ongles et les cils des paupières noirs. Longueur totale, 30 pouces. 
La femelle ne diffère pas du mâle, si ce n’est qu’elle a le bec rouge. 

Il paraît que le plumage n’est pas coloré de même chez tous les indivi- 
dus ; car celui que décrit M. de Azara, diffère du précédent en ce qu'il a 
les plumes du corps et du dessus de la tête blanches; celles du cou, de la 
gorge et de la poitrine d’un brun blanchâtre ; une ligne blanche au-dessus 
de l'œil; les pennes des ailes noires, avec des lignes transversales blanches 
et piquetées de noir; les huit pennes du milieu de la queue brunes; les 
autres, avec une large bande noire sur le milieu. Dans la description qu’on 
a faite du Cariama du Brésil, d’après Marcgrave ou plutôt d’après la 
mauvaise figure qu'il en a publiée, il y a plusieurs erreurs qu'on doit re- 
lever ; en effet on lui donne un bec court, des doigts longs et des ailes qui 
ne s'étendent guère, étant pliées, au delà de l’origine .de la queue, tandis 
que le bec est plus long que la tête, que les doigts sont courts, propor- 
tionnellement à la taille de l’oiseau , et que les ailes aboutissent à peu près 


150 SECRÉTAIRES. 


au milieu de la queue; ces deux rangées de plumes forment, en se joignant 
l’une à l'autre, une espèce de toupet étalé, qui se saine sur le bec et le 
couvre; ces plumes et le front sont noirâtres. 


oème pivision. SECRÉTAIRE, Ophiotheres.- 


Bec robuste, plus court que la tête, à base droite et garnie d’une cire, 
épais, comprimé latéralement, crochu vers le bout de sa partie supé- 
rieure. PI. U, n° o. 

Narines oblongues, obliques, ouvertes. 

Langue charnue, pointue. 

Bouche très-fendue. 

Lorums et orbites glabres. 

Sourcils saillans. 

Gorge extensible. 

Jambes et devant des talons garnis de plumes. 

Tarses très-longs, nus, réticulés. 

Doigts courts, verrucueux sous leurs phalanges; antérieurs réunis à 
leur base par une membrane; latéraux, égaux; le postérieur court, arti- 
culé un peu plus haut que les autres et ne portant à terre que sur le 
bout. PI. FF, n° 4. 

Ailes armées de trois éperons obtus; les cinq premières rémiges les 
plus longues de toutes et presque égales entre elles. 

Queue à douze rectrices. 

L'espèce, qui fait le type de cette division, a été placée par Latham 
dans son genre Vultur ; Gmelin en fait un Falco ; Iliger l’isole sous le 
nom de Gypogeranes ; ainsi que M. Cuvier sous LE de Messager ou 
Secrétaire , et le place à la suite des oiseaux de proie diurnes, d’après 
ses jambes entièrement couvertes de plumes, son bec crochu et fendu, ses 
sourcils saillans et tous les détails de son anatomie. Quant à nous, nous 
avons suivi l'exemple de plusieurs naturalistes en le plaçant parmi les 
Échassiers d’après la grande longueur de ses tarses. Joyez ci-après sa 


partie historique. 


Œœ 
= 


SÉCRÉTAIRES. I 


LE SECRÉTAIRE HUPPÉ, Ophiothcres cristatus. 
PI. CCELX. 


Alter; occipite cristato; rectricum apice albo ; duabus intermediis 
longissimis. 

Le messager du cap de Bonne-Espérance, Buff., Hist. nat. des Ois., 
pl. en£., n° 7e: : 

Falco serpentarius, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 33. 

Vultur serpentarius, Lath., Index ,.n° 21. 

Secretary of sagittarius, Lath., Synopsis, tom. 1, pag. 20, n° 17; 
Ta. De 

C'est d’après Le Vaillant, que nous allons entrer dans les détails his- 
toriques de cet oiseau, lorsqu'il est en état de liberté. L'amour excite entre 
les mâles des combats longs et opimitres; ils se frappent naturellement 
de leurs ailes, pour se disputer une femelle qui est toujours le partage du 
vainqueur. Il construit son nid en forme d’aire, plat comme celui de l’Ai- 
gle, de trois pieds de diamètre et garni en dedans de laine et de plumes ; 
il le place dans un buisson très-haut et très-touffu, et quelquefois sur de 
grands arbres. Le même nid sert très-long-temps au même couple, qui, 
comme les Aigles, habite seul un domaine très-étendu. La ponte est de 
deux ou trois œufs blancs, pointillés de roussâtre et de la forme de ceux 
de l’Oie, mais un peu moins allongés. Les petits sont long-temps avant 
de prendre leur essor; ils ne peuvent même bien courir qu'à l’âge de 
quatre ou cinq mois. En revanche, lorsqu'ils ont pris tout leur accroisse- 
ment, ils courent d’une vitesse extrême; quand ils se voient poursuivis, 
ils préfèrent la course au vol , et ils font des pas d’une grandeur démesu- 
rée; lorsque rien ne les effraye, leur démarche est lente et grave. Ils sont 
défians et rusés; on les approche difficilement; le mâle et la femelle se 
séparent rarement. Ils se trouvent dans toutes les plaines arides du cap 
de Bonne-Espérance et particulièrement dans le Swartland. On les ren- 
contre aussi très-fréquemment sur toute la côte de l'Est, même jusque 


152 SECRÉTAIRES. 


chez les Cafres et dans l’intérieur des terres. Lorsque le Secrétaire ren- 
contre où découvre un serpent , il l'attaque d’abord à coup d'ailes pour le 
fatiguer ; il le saisit ensuite par la queue, l’enlève à une grande hauteur en 
l'air et le laisse retomber ; ce qu'il répète jusqu'à ce que le serpent soit 
mort. Lorsqu'on l’inquiète, il fait entendre un eroassement sourd; il n’est 
ni dangereux ni méchant; son naturel est doux ; il fuit au lieu d’attaquer, 
évite l'approche, et pour échapper à son ennemi, même faible , on lui voit 
faire des sauts de sept ou huit pieds de hauteur. Il préfère les animaux 
vivans à ceux qui sont morts, ce qui le distingue des Vautours, et la chair 
au poisson, ce qui léloigne des oiseaux d’eau. Il mange aussi de petites 
tortues qu'il avale tout entières après les avoir. brisées; il détruit une 
grande quantité de sauterelles et d’autres insectes. Son eri est assez ana- 
logue à celui de l’Aïgle. 

Le mâle, dans son état parfait, a la tête, le cou, tout le manteau d’un 
gris bleuâtre; les couvertures des ailes noires, de même que les pennes, 
plus ou moins nuancées de brun roux ; la gorge et la poitrine nuancées de 
blanc; et les couvertures inférieures de la queue, de roussâtre très-clair ; 
le bas-ventre d’un noir mêlé et comme rayé de roux et de blanc ; les jambes 
d’un beau noir, rayé imperceptiblement de brun; les pennes de la queue 
sont noires en partie, grises ensuite et terminées par du brun; les deux 
du milieu d’un gris bleuâtre , nué de brun vers le bout qui est blanc, avec 
une tache noire, et du double plus longues que les deux suivantes; elles 
traînent à terre pour peu que l'oiseau les tienne obliquement; le tour de 
l'œil et la cire sont plus ou moins orangés; le bec est noir; l'iris d’un 
gris pâle. Longueur totale, 3 pieds deux pouces. 

La femelle diffère du mâle par sa couleur grise, moins nuancée de brun; 
par sa huppe moins longue et plus mêlée de gris; par les plumes du ventre 
et des jambes qui portent un plus grand nombre de rayures brunes et blan- 
ches, et par moins de longueur dans les deux rectrices intermédiaires. Dans 
le premier âge la couleur grise est nuancée d’une forte teinte de roussâtre; 
chaque plume des jambes est terminée par un liseré blanc; le bas-ventre 
est entièrement de cette couleur; la huppe est courte et d’un gris roussâtre; 
les deux pennes du milieu de la queue ne sont pas plus longues que les autres. - 


KAMICHY. 153 


3°% pivisron. KAMICHY, Palamedea. 


Bec plus court que la tête, garni de plumes à sa base, conico-convexe; 
mandibule supérieure un peu voûtée, crochue à sa pointe; l’inférieure plus 
courte, presque obtuse à son extrémité. 

IVarines ovales, ouvertes, situées vers le milieu du bec. 

Langue... 

Front garni d’une corne longue, grêle, cylindrique, droite et pointue. 

Tarses nus, annelés. 

Doigts épais; les extérieurs unis à leur base par une membrane; l’in- 
terne libre ; le postérieur ne portant à terre que sur le bout. PL. FF, n° 5. 

Ongles médiocres, pointus, canaliculés en dessous; le postérieur pres- 
que droit et le plus long de tous. 

Ailes longues, garnies de deux éperons robustes, pointus ; première 
rémige la plus courte de toutes; troisième et quatrième les plus longues. 

Queue à douze rectrices. 

La seule espèce que renferme ce genre, se trouve au Brésil et à la 
Guyane , où elle se tient dans les marécages ; quoique munie d'armes très- 
offensibles qui la rendraïent formidable au combat, elle n’attaque point 
les autres oiseaux et ne fait la guerre qu'aux reptiles. La nature lui à 
donné des mœurs douces et une sensibilité profonde. Sa nourriture. ordi- 
naire consiste en herbe tendre qu’elle pâture à la manière des Oies ; elle 
mange aussi les graines de plusieurs espèces de plantes, mais elle ne 
touche pas à la proie vivante. Il n’est qu’une occasion où les éperons des 
ailes deviennent des armes offensives ; mais c’est à l'espèce même du Ka- 
michy qu’elles deviennent funestes. Lorsque dans la saison des amours , 
plusieurs mâles se rencontrent, la possession d’une femelle est un sujet 
de combat, de vigoureux coups d'ailes, soit à terre, soit au vol, sont asse- 
nés et rendus avec acharnement, jusqu'à ce que le plus fort ou le plus 
adroit ait mis ses rivaux en fuite et soit resté maître du champ de ba- 
taille, souvent ensanglanté, et du prix de la victoire. L'amour alors dé- 
pose ses füreurs , il n’existe plus que tendresse et fidélité; et ces sentimens 

GALERIE DES oiseaux. 1W° PARTIE. 20 


154 KAMICHY. 


out tant de vivacité que les deux époux ne se séparent plus, et que, si 
l’un vient à mourir, l’autre ne cesse d’errer en poussant des sons plaintifs 
autour des lieux où la mort l’a privé de ce qu'il aime, se consume et finit 
par périr victime de ses regrets. 


LE KAMICHY CORNU, Palamedea cornuta. 


PI CCEXI. 


Anulis bispinosis ; fronte cornulé ; corpore Suprà nigro; subtus 
albo. 

Anhima, Briss., Ois., tom. 5, pag. 518, n° 

Le Kamichy, Buff., Hist. nat. des Ois., tom 7, pag. 335, pl. enl., 
n° 451. 

Palamedea eornuta, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13 , n° 

Idem, Lath., Index, n° 1. 

Horned screamer, Lath., Synopsis, tom. 3 , pag. ROC le Le 

Partout le Kamichy paraît rare, soit parce qu'il est peu fécond, soit 
parce qu'il ne fréquente que les lieux reculés et solitaires. Il se plaît dans 
les savanes à demi noyées, où il est bien difficile de l’atteindre. Sa ponte, 
qui n’a lieu qu'une fois par an, dans les mois de janvier et de février, con- 
siste en deux œufs de la grosseur de ceux de lOie. Cet oiseau se perche 
très-rarement, se tient ordinairement à terre et n'entre point dans les fo- 
rêts. Sa démarche est grave; il porte le cou droit et la tête haute. Sa voix 
est si forte que son cri retentit au loin et a quelque chose d’effrayant ; 
Marcgrave lui donne l’épithète de terrible et l’exprime par vyhouvyhou. 
C’est d'après ce cri que les Indiens des bords de l’Amazone l'ont nommé 
Cahuitahu ; ceux de la Guyane française l'appellent Kamouchi, d’où 
les créoles ont formé la dénomination de Camoucle. À Surinan on le 
nomme Æ/rend, au Brésil, Anhima; enfin quelques naturalistes l’ont 
désigné sous le nom d’Æigle d’eau cornu. Cette désignation est fautive, 
car le Kamichy s'éloigne autant des Aïgles par sa conformation que par 
ses mœurs et ses habitudes. 


CHAVARIAS. 155 


L’arme menaçante, qui s'élève sur la tête du Kamichy, ‘est une corne 
pointue, longue de trois à quatre pouces et dont la base a deux ou trois 
lignes de diamètre ; elle est droite dans toute sa longueur, excepté à sa 
pointe qui se courbe un peu en avant; sa base est revêtue d’un fourreau 
semblable au tuyau d’une plume. Les deux forts éperons dont chaque 
aileron est armé sont triangulaires,etse dirigent en avant lorsque l’aile est 
pliée ; le supérieur est plus gros et plus long que l'inférieur : ce sont des 
apophyses de los du métacarpe et leur base est entourée d’un étui sem- 
blable à celui de la corne. La couleur générale, est d'un noir d’ardoise; de 
petites taches grisâtres se font remarquer sur le cou, le dos, le jabot, une 
partie de la poitrine, les ailes et la queue; le ventre est blanc; le dessous 
des ailes d’un gris teinté de roux; les plumes de la tête sont douces au tou- 
cher, semblables à du duvet et mêlées de blanc et de noir; l'iris, le bec et 
les pieds sont noirs. Longueur totale, 2 pieds 4 pouces. Le jabot et l’esto- 
mac ont une ampleur considérable ; la membrane externe de ce dernier 
est très-musculeuse; l’interne est velouté, de même que dans la plupart 
des quadrupèdes;les intestins sont longs et leurs tuniques sont très-fortes. 


fève nrviston. CHAVARIA, Opistholophus. 


Bec moins long que la tête, garni à sa base de plumes très-courtes, 
conico-convexe; mandibule supérieure un peu voûtée, plus longue que 
l'inférieure. PI. V, n° r. 

INarines glabres, ouvertes. 

Langue... 

Lorums nus. 

Tarses robustes, épais, réticulés. 

Doigts allongés; l'intermédiaire réuni à la base avec l'extérieur par une 
membrane; l’interne libre; le postérieur portant à terre sur le bout. 

Ongles pointus, carênés, canaliculés en dessous; celui du milieu pres- 
que droit; les latéraux un peu crochus; le postérieur droit. 

Ailes longues, garnies de deux éperons, robustes, un peu courbés en 


110) MEN CHAVARIAS. 


haut, pointus; troisième, quatrième, cinquième rémiges les plus longues 
de toutes. 

Queue à quatorze rectrices. 

Cet oiseau est le seul qui puisse entrer dans cette division, On le trouve 
dans les contrées sauvages et peu habitées de l'Amérique méridionale , 
au Brésil, au Paraguay, dans le pays de Cartagène près des bords du 
fleuve Sinu, où il fréquente les savanes noyées. Si on le tient en esclavage, 
il se familiarise avec l’homme, et, investi pour ainsi dire de sa confiance, 
il devient un domestique fidèle, actif et intelligent, un gardien vigilant et 
incorruptible. Nourri dans les basses-cours, il est l'ami et le protecteur 
de la volaille, il demeure constamment au milieu d'elle, la suit dans ses 
courses journalières, l'empêche de s'égarer et la ramène soigneusement à 
l'entrée de la nuit. Aucun oiseau de proie ne peut approcher du petit 
troupeau que le Chavaria s’est chargé de défendre. Si un de ces oiseaux 
paraît à portée de la basse-cour, le vigilant gardien s’élance vers lui, dé- 
ploie ses longues et fortes ailes, porte à son ennemi les coups les plus 
rudes et le met bientôt en fuite. Tel est, d’après le voyageur Jacquin , le 
Chavaria dans l’état domestique; mais nous devons à M. de Azara des dé- 
tails intéressans sur son genre de vie dans l’état sauvage. ( Voyez ci-après.) 


LE CHAVARIA FIDÈLE, Opistholophus fidelis. 


PI. CCLXIL. 


Parra Chavaria, Linn., Gm., Syst. nat , édit. 13. 

Idem, Lath., Index’, n° 9. 

Faithfull jacana, idem, Synopsis, tom.3, pag. 246, n° 9. 

Chaja, de Azara, apuntamientos para la hist. del paxaros del 
Paraguay y rio de la Plata, tom. 3, pag. 106. 

Le Chavaria fidèle, deuxième édit. du nous. Dict, d'histoire nat., 
tom. 6, pag. 206. 


CHAVARIAS. 197 


Le mâle de cette espèce porte au Paraguay le nom de Chaja et la 
femelle celui de Chajali, d'après leur cri, qui est très-fort, aigu et clair; 
ils le jettent assez souvent non-seulement pendant le jour, mais encore 
dans la nuit, pour peu qu'ils entendent quelque bruit, et ils se répondent 
alternativement. Ces oiseaux se tiennent tantôt seuls, tantôt par paires, 
tantôt en troupes nombreuses : ils ne fréquentent que les marécages, et 
si quelquefois on les rencontre sur le bord des rivières , c’est dans les en- 
droits où l’eau est basse et peu courante; ils ne nagent point, mais ils 
entrent dans l’eau comme les Hérons, non pas pour manger les poissons, 
les grenouilles, etc.; car ils ne se nourrissent que de plantes aquatiques. 
Le Cariama ou Chaja se perche à la cime des plus grands arbres; à terre, 
sa démarche est grave. Il tient le corps horizontal, les jambes fort ouvertes, 
la tête et le cou en ligne verticale, le bec un peu baissé. Il s'élève quel- 
. quefois dans les airs, en faisant de longs circuits, jusqu’à ce qu’on le perde 
de vue. Cette espèce, dit-on, fait un nid spacieux avec des petites bran- 
ches sur les buissons ou dans les jones entourés d’eau. La ponte est de 
deux œufs, et les petits suivent le père et la mère, quoique revêtus d’un 
simple duvet. 

À plusieurs attributs particuliers à cet oiseau, il faut encore ajouter 
celui d’avoir la peau du corps séparée de la chair par un intervalle d’une 
ligne et demie, rempli par une infinité de petites cellules qui contiennent 
du vent ; les tarses et les doigts participent à cette même disposition de la 
chair, ensorte qu'il paraît démesurément gros, et qu’en le pressant du 
doigt, la peau prête et s'enfonce pour revenir sur elle-même, dès que la 
compression cesse. Les longues plumes de locciput sont décomposées, 
étroites et dirigées de manière à passer entre l’œil et les narines, de sorte 
qu’elles forment une sorte de diadème immobile. Les plumes de la tête et 
du haut du cou sont courtes , cotonneuses et d’une teinte plombée claire; 
deux colliers larges de neuf lignes se font remarquer autour du cou, au- 
dessous de cette teinte; le supérieur est sans plumes et d’un blanc rous- 
sâtre, les plumes de l’autre sont noires; le reste du cou, toutes les parties 
supérieures et inférieures d’un plombé blanchâtre ; la queue, les plumes 
scapulaires, les grandes couvertures et les pennes des ailes noirâtre , les 


155 GLARÉOLES. 


autres tectrices brunes, noirâtres, blanches ou de couleur de plomb; celles 
du dessous des ailes blanches; la partie nue de la jambe et les tarses cou- 
leur de rose; les ongles noirs; la peau nue du lorum et le tour de l'œil 
d’un rouge sanguin ; l'iris est d’un brun noirâtre. Longueur totale, 3 r pouces. 

Cette description ne peut pas entièrement convenir à tous-les individus; 
caril en est dont le plumage est sombre et presque uniforme; il est gé- 
néralement d’un noir nuancé de gris, à l’exception du cou, qui est d’un 
noir pur et la huppe qui est noirâtre; les pieds et les doigts sont d’un jaune 
rougeñtre. 


bème prviston. GLARÉOLE, Glareola. 


Bec plus court que la tête, robuste, convexe en dessus, un peu com- 
primé vers le bout, très-fendu; mandibule supérieure un peu voûtée, . 
crochue à sa pointe; l’inférieure plus courte, droite. PI. V, n° 2. 

Narines elliptiques, obliques, couvertes d’une membrane à leur base. 

Langue... 

T'arses courts, nus, réticulés. 

Doigts grèles, rudes en dessous; les extérieurs réunis à leur base par 
une membrane; l'interne libre; le postérieur ne portant à terre que sur le 
bout. 

Ongles très-courts, grêles, étroits, un peu aigus. 

Ailes longues, pointues; première rémige la plus longue de toutes. 

ueue à douze rectrices. 

On ne connaît que deux espèces qui puissent entrer dans cette division 
dont l’une à la queue très-fourchue et l’autre à peu près carrée à son ex- 
trémité. La première se trouve en Europe, en Afrique et en Asie; l’autre 
habite dans l’Australasie. Des auteurs en décrivent un plus grand nombre; 
tels sont les Glareola, Torquata, Nœvia , Senegalensis, qui sont des 
variétés d'âge de l'espèce européenne. Les Glaréoles volent en troupes “si 
ce n'est dans le temps des amours, se tiennent au bord dés eaux, se nour- 
rissent d'insectes et de vers aquatiques. Elles nichent à terre; leur ponte 


est de cinq à sept œufs. 


GLARÉOLES. 159 


LA GLARÉOLE ISABELLE, Glareola isabella. 


PI. CCLXIIT 


Corpore supra flavescente, subtüs albo; remigibus rectricibusque 
intermediis nigris ; hypochondriis rufis ; caud& æquale. Adultus. Cor- 
pore cinereo-fusco maculato. Junior. 

La Glaréole isabelle, deuxième édit. du nouveau Dict. d’hist. nat. , 
tom. 13, pag. 221. 

Cette espèce, qu'on rencontre dans l’Australasie, a la queue carrée et 
est de la taille de celle d'Europe. Une teinte isabelle domine sur son plu- 
mage supérieur; la gorge, le devant du cou, le croupion, le milieu du 
ventre, toutes les couvertures de la queue et plusieurs de ses pennes laté- 
rales sont blancs, de même que le bord des ailes qui, à l'extérieur, est 
surmonté d’une bandelette longitudinale noire; les pennes des ailes et les 
intermédiaires de la queue sont de cette couleur; les flancs d’un roux mar- 
ron très-foncé ; quelques taches isolées et d'un gris très-pâle sont répan- 
dues sur les côtés de la gorge, du devant du cou et du haut de la poitrine 
où elles semblent indiquer une sorte de collier; le bec est d’un roux orangé 
x sa base et noir dans le reste; les pieds sont rouges. L’aile de cette Gla- 
réole est remarquable par la longueur excessive de sa première penne 
qui est très-grêle et subulée dans la partie qui dépasse les autres. 

Le jeune diffère de l’adulte en ce qu'il a des couleurs plus ternes et 
qu'il est en dessus et en dessous tacheté de gris brun; ces taches for- 
ment des mouchetures sur le sommet de la tête, et les flancs sont d’un 
roux clair. 


160 AGAMIS. 


sève ramirre. HYLÉBATE, Hy lebates. 


Bec ün peu voûté, pointu. 
Doigts antérieurs réunis à leur base; postérieur ne portant à terre 


que sur le bout. 


1ère prvision. AGAMI, Psophia. 


Bec plus court que la tête, un peu voûté, presque conique, comprimé 
latéralement pointu; mandibule supérieure fléchie vers le bout, plus lon- 
gue que l’inférieure. PI. V, no 3. £ 

Narines concaves, couvertes d'une membrane, ouvertes obliquement , 
elliptiques, situées vers le milieu du bec. 

Langue cartilagineuse, plate, lacérée à sa pointe. 

Tarses nus, annelés. 

Doigts rudes en dessous; les antérieurs unis à la base par une mem- 
brane; postérieur ne portant à terre que sur le bout. 

Ailes courtes, concaves, arrondies; première rémige la plus courte; 
troisième et huitième égales ; quatrième, cinquième, sixième les plus 
longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

La seule espèce que cette division renferme se trouve à la Guyane, où 


elle forme pour l'ordinaire des troupes assez nombreuses, qui fuient à 
peine à l'aspect des chasseurs; aussi toute la bande est souvent victime 
d'un naturel si peu défiant. Cependant cette insouciance pour sa propre 
conservation n’est point l'effet de la stupidité, car aucun oïseau n’a plus 
de penchant à vivre dans la société de l’homme, aucun n’y apporte plus 
de sensibilité et plus d'intelligence; lAgami est à peu près parmi les 
oiseaux ce que le Chien est parmi les quadrupèdes. Comme celui-ci, il est 
docile à la voix de son maître; il le suit ou le précède, le quitte avec re 
gret et le retrouve avec les plus vives démonstrations de la joie. Sen- 
sible aux caresses , il les rend avec tous les signes de l'affection et de la 
reconnaissance , il paraît même jaloux; car il se jette souvent sur les 


AGAMIS. 161 


jambes des personnes qui approchent son maître de trop près. Son grand 
plaisir est de se faire gratter-la tête et le cou, et lorsqu'il est une fois a- 
coutumé à ces complaisances , il importune pour qu’on les renouvelle: son 
courage égale celui du chien; il attaque avec un acharnement singulier 
des animaux plus grands’et plus armés que lui, et ne les quitte pas 
qu’il ne les ait mis en fuite. C’est à Sonnini que nous devons ces détails in- 
téressans; d’autres observateurs ajoutent qu’on emploie l'Agami, dans plu- 
sieurs parties de PAmérique, à des fonctions domestiques, et qu’on lui 
confie la garde et la conduite de plusieurs jeunes oiseaux de basse-cour, et 
même des troupeaux de moutons, qu’il accompagne dans les pâturages et 
qu’il ramène le soir à l’habitation. 

L’Agami, que ses qualités sociales rendent si intéressant, fait souvent 
entendre un son profond et sourd, indépendamment d'un cri ordinaire, 
semblable au cri aigu du Dindon. C’est à ce bruit que sont dues les di- 
verses dénominations par lesquelles on a désigné cet oiseau, telles que 
cèlles de psophia (du verbe grec psopheos , faire du bruit), d'oiseau trom- 
pette , de Poule peteuse, etc.; mais cette dernière dénomination est très- 
faussement appliquée, puisque le son sourd que l’Agami fait entendre 
n’a pas plus son issue par l'anus que par le bec. Quoique produit dans 
l'intérieur du corps, il ne perce au dehors qu'à travers les membranes et 
les chairs, comme le grouillement des intestins, la parole profonde des 
ventriloques, et le son grave que rendent le Hocco, le Coq-d’Inde et quel- 
ques autres oiseaux, Ce bruit singulier paraît être, dans cette espèce, un 
signal de rappel, un cri de ralliement; car, en limitant, les chasseurs le 
font approcher. 

La course de l’Agami est vive à la manière des Perdrix, son vol est 
lourd, et lorsqu'il est obligé de prendre son essor, il ne s'élève que de 
quelques pieds, pour se reposer à une petite distance sur la terre ou sur 
quelque branche. [a femelle pond dans un creux qu’elle fait en grattant la 
terre au pied d’un arbre et n’amasse aucune matière pour en tapissér l'in- 
térieur ; elle en fait deux outrois par an, chacune de dix jusqu'à seize œufs 
presque sphériques un peu plus gros que ceux de la Poule commune et 


d’un vert clair. 
GALERIE DES olSEAUX. IVe PARTIE. 21 


162  .AGIARMIS: 


L’AGAMI TROMPETTE, Psophia crepitans. 


Nota: Cet oiseau est figuré dans les six premières livraisons. 


C'apite et pectore viridi-nitente lævibus.. 

Le Faisan des Antilles, Briss., Ornith., tom. 1, pag. 269, n° », 

La grande Perdrix du Brésil, idem, pag. 227, n° à. 

L’Agami, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 4, pag. 487, pl. enl., 
n° 169. 

Psophia crepitans, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° x. 

Idem, Lath., Index, nr x. 

Gold-breasted trumpeter, idem, Synopsis, tom. 2, pag. 703, n° 1. 

Des plumes courtes, serrées et semblables au duvet couvrent la tête 
et la moitié supérieure du cou de cet oiseau : le dessus du corps est re- 
vêtu de plumes longues, douces au toucher, et à barbes, qui ont peu 
d’adhérence entre elles; une belle plaque de près de quatre pouces d’é- 
tendue se fait remarquer sur lebas du cou et sur la poitrine. Ses couleurs 
varient entre le vert et le doré, le bleu et le violet ; le reste du cou, la 
tête, le bas de la poitrine, le ventre, les flancs, les jambes, le haut du 
dos, les ailes et la queue sont de couleur noire; le milieu du dos prend 
une teinte de roux brûlé; les couvertures supérieures de la queue en dé- 
passent les pennes et sont, de même que le croupion, d’un cendré clair; 
le bec et les pieds sont verdâtres; l'iris est d’un brun jaunâtre. Longueur 


totale, 22 pouces. 


rome FAMILLE. MACRONICHES, Macrosoies. 


Bec médiocre, un peu renflé vers sa pointe. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Quatre doigts ; trois devant, un derrière, totalement séparés ; posté- 
rieur articulé presqu'au niveau des antérieurs, 

Ongles longs, presque droits, aigus. 


JACANAS. 163 


ré prvisIon. JACANA, Parra. 


Bec glabre ou caronculé à sa base, droit, comprimé latéralement, un 
peu renflé vers le bout. 

INarines un peu ovales, situées vers le milieu du bec, couvertes d’une 
membrane en dessus, ouvertes en dessous. 

Langue... 

T'arses nus, réticulés. 

*  Doigts grêles; postérieur portant à terre sur plusieurs articulations. 
BIFE n°6: 

Ongles longs, cannelés en dessous; le postérieur moitié plus long que 
les antérieurs. 

Ailes courtes, armées d’un éperon pointu; deuxième, troisième ré- 
miges les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les dix espèces decette division sont partagées en deux sections, dont 
l’une contient les Jacanas à bec caronculé et l’autre ceux à bec glabre à sa 
base. Parmi ces oiseäux, les uns se trouvent en Asie, en Afrique et les 
autres dans l’Amérique-méridionale. Ils se rapprochent des Gallinules par 
leur naturel, leurs habitudes , la forme de leur corps raccourci, la figure 
du bec et la petitesse de leur tête; mais ils en diffèrent en ce qu'ils portent 
des éperons aux aïles et la plupart en ce qu’ils ont des lambeaux de mem- 
brane sur le devant de la tête : ils en diffèrent encore par leurs doigts 
sans membrane, totalement séparés, par leurs ongles excessivement longs, 
droits, ronds et effilés comme des aiguilles, surtout celui du pouce, ce 
qui probablement les a fait nommer chirurgiens ; ou peut-être c’est de 
l'épéron du pli de cette aïle que vient cette dénomination vulgaire, parce 
qu'on l’a comparé à une lancette. Le nom qu’on leur a conservé est celui 
qu'ils portent au Brésil. 

Ce sont des oiseaux criards et querelleurs qui vivent dans les marais des 
pays chauds, et qui marchent aisément sur les herbes aquatiques, au 
moyen de leurs longs doigts; mais ils n’ont pas le pouvoir de nager, quoi- 


164 JACANAS. 


qu'on ait hasardé le contraire. Ils s’enfoncent dans l’eau jusqu'au genou 
et marchent avec légèreté sur les nénufars et autres plantes à feuilles 
larges que les naturels du Paraguay appellent aguapé; c’est de là qu'ils 
ont donné à ces oiseaux le nom d’#ouapeazo, c'est-à-dire vers d’aguapé. 
Ils ne se cachent jamais, marchent plus pendant le jour que le soir et le 
matin, volent mieux que les Gallinules et plus souvent, mais droit et 
horizontalement. Les Jacanas sont monogames ; ils nichent à terre sur les 
herbes aquatiques : leur ponte est de quatre ou cinq œufs; les petits sui- 
vent leurs père et mère dès qu'ils sont nés. 


A. Bec ou front caronculé. 


LE JACANA VERT ET NOIR, Parra melanoviridis. 


F PI. CCLXIV. 


Capite, collo, partibus inferioribus remigibusque primartis nigris ; 
dorso , tectricibus alarum superioribus ; remigibus secundartis nitente 
viridibus. 

Ce Jacana, qu’on trouve dans les Grandes-Indes, a la tête, le cou, 
toutes les parties inférieures, les pennes prunaïres des ailes, le croupion 
et les couvertures supérieures de la queue noirs; le dos, les tectrices alaires 
supérieures et les pennes secondaires d’un vert brillant; une bandelette 
blanche partant du dessus de l'œil et descendant sur les côtés du cou; le 
front couvert d’une caroncule rouge; le bec bleu jusqu'au milieu, ensuite 
jaune ; les pieds d’un rouge rembruni; l’éperon court et obtus. Longueur 
totale, o pouces. 

Le Jacana Coudey (Parra indica), qu’on rencontre dans les mêmes 
contrées, présente des rapports avec le précédent ; mais il en diffère es- 
sentiellement en ce qu'il a le dos et les ailes d’un brun cendré, inclinant 
au violet sur les pennes primaires; cependant ces deux Échassiers présen- 
tent dans le reste une analogie qui ferait soupçonner qu'ils appartiennent 
à la même espèce, si l’on n’assurait que le mâle et la femelle Coudey se 
ressemblent. 


JACANAS. 165 


B. Bec glabre à sa base. 


LE JACANA VUPPI-PI, Parra sinensis. 


PI. CCLX V. 


Corpore vinaceo; occipite nigro ; cervice flav&, Uine& nigré utrin- 
que circumscriplé. 

Parra sinensis, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, ne 15. 

Idem, Lath., Index. 

Chinese Jacana, Lath., Synopsis , tom.3, pag. 246, n° 8, pl. 117 
du premier Supplément. 

Le Jacana Vuppi-pi, deuxième édit. du nouveau Dict. d'lustoire 
nat., tom. 16,pag. 45r. 

Le Chirurgien de l’île de Lucon, Sonnerat, Voyage à la Nouvelle- 
Guince, pl. 45. (Jeune. ) 

Parra luzoniensis, Lath., Index, n° 6. ( Jeune.) 

Luzonia Jacana, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 45, n° 6. (Jeune.) 

Vuppi-pi est le nom que ce Jacana porte dans l'Inde, et on l'appelle 
Sohna dans certains cantons. Il est remarquable par la longueur des 
deux pennes intermédiaires de la queue qui présentent la courbure élé- 
gante des grandes plumes de la queue des Veuves; il a encore une particu- 
larité qui le distingue de ces congénères, c’est d'avoir deux des grandes 
pennes de l'aile beaucoup plus longues que les autres. Une coiffe blanche, 
liserée de noir, couvre le front, le dessus, les côtés de la tête et le devant 
du cou; les ailes portent une grande plaque de cette couleur; leurs pennes 
primaires sont brunes, et les secondaires bordées de blanc; l’occiput est 
noir; le derrière du cou d’un jaune marron; une bande de brun doré sé- 
pare le cou du dos qui est d’un brun rougeûtre, ainsi que les scapulaires; 
une teinte d’un pourpre foncé règne sur tout le dessous du corps, de même 
que les pennes de la queue dont les deux plus longues ont une tache blanche 


166 RALES. 


à leur extrémité; le bec est bleuâtre; les pieds sont verts. Longueur to- 
tale, 20 pouces environ. ‘ 

Le jeune a le dessus de la tête d'un brun foncé; les sourcils blancs: 
une bande blanche qui descend le long du cou jusqu’à l'aile, où elle prend 
une teinte jaune de citron; cette raie est bordée de brun dans toute sa 
longueur; le dos est d’un brun clair; la gorge et le ventre blancs; une 
large tache d’un brun clair, ondé de raies transversales noirâtres sur le 
haut de la poitrine; les plus longues des pennes alaires noires et les plus 
courtes blanches; le bec grisâtre; les pieds d’un noir lavé. 


13°" FAMILLE. MACRODACTYLES, Macrodactyl. 


Bec un peu épais à sa base, droit ou incliné à sa pointe. 
Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière, longs, lisses 


où bordés ; le postérieur articulé presque au niveau des autres. 


1% DIVISION. RALE, Rallus. 


Bec plus ou moins long que la tête, épais à sa base, le plus souvent 
droit, comprimé latéralement; mandibule supérieure avec un sillon nasal 
sur chaque côté de son arète, un peu voûtée et inclinée, à sa pointe, sur 
l'inférieure. PI. V, n° 5. 

Narines oblongues"on longitudinales, situées dans un sillon, couvertes 
à leur origine par une membrane, ouvertes et percées à jour en dessous 
vers le milieu. 

Langue entière, pointue. 

Front emplumé. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigis antérieurs totalement séparés; postérieur articulé sur le tarse 
un peu plus haut que les autres et portant à terre sur le bout. PI. FF, n° . 

Ongles falculaires et peu pointus. 


RALES. 167 


Ailes concaves, arrondies; première rémige plus courte que les cinq 
suivantes; deuxième, troisième, quatrième les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Corps comprimé par les côtés. 

Parmi les quarante-six espèces de cette division, plusieurs ont été 
classées par Linnée avec ses Fulica , et par Latham avec ses Gallinula ; 
mais les Rales diffèrent essentiellement des uns et des autres en ce qu'ils 
n’ont point le front chauve; de plus, chez eux, les doigts ne sont point 
bordés d’une membrane comme ceux des Gallinules , ni festennés comme 
chez les Fulica ; enfin ils ne diffèrent guère des Porphyrions qu’en .ce 
que leur front est couvert de plumes. Du reste, tous ces oiseaux présen- 
tent de grands rapports dans leur genre de vie,et tous ont la tête petite, 
le vol court, les ailes fort concaves, et ils volent les pieds pendans. 

La famille des Râles est réparidue sur les trois continens, et partout ils 
ont les mêmes habitudes. Ils fuient de loin, marchent avec agilité , la tête 
haute et les pieds levés, courent avec une extrême rapidité, se tiennent 
cachés sous l’herbe pendant le jour, et cherchent leur nourriture le soir 
et le matin sur le bord des eaux stagnantes et des lagunes, où croissent 
les plantes, sans entrer trop avant dans l’eau, ni se laisser voir sur les 
rives sablonneuses ou unies. Ils se fourrent dans les endroits les plus em- 
barrassés, dans les joncs, les broussailles et dans l'épaisseur des herbes 
des marais et des prairies, et quelquefois dans les bois aquatiques. Ils ne 
se réunissent jamais en familles ni en troupes, et vivent toujours isolés. 
Ces oiseaux se perchent quelquefois sur les branches basses des buissons 
et jamais sur les arbres, à moins qu'ils ne soient poursuivis par quelque 
quadrupède carnassier. Tous sont remarquables par la grâce et l’agilité de 
leurs mouvemens , et ils lèvent le cou comme les Poules, lorsqu'ils sont 
inquiets, d'où leur est venu le nom de Poulette que leur donnent les 
Espagnols. Les Râles nichent à terre dans les herbes; leur ponte n’est pas 
très-nombreuse. Les petits quittent le nid dès leur naissance, suivent leur 
mère et saisissent eux-mêmes la nourriture qu’elle leur indique. 

On peut composer cette division de deux sections, si l’on met de l’im- 
portance à l'étendue du bec; car chez les unsilest plus long que la tête, 


168 RALES. 


et chez les autres de sa longueur et même plus court; c’est parmi ces der- 
niers que se trouvent les espèces que Linnée a classées avec ses Fulica et 
Latham avec ses Gallinula, comme je l'ai dit ci-dessus en indiquant leurs 


caractères distinctifs. 


LE RALE VARIÉ A GORGE ROUSSE, Ralus ruficollis. 


PI. CCLX VI. 


Vertice et cervice olivaceis, albo maculatis ; gul& rufä ; pectore 
rufo, nigro alboque transversè striato. Masculus. 

Fronte genisque rufis ; gul& ventrisque medio rufescente albis ; collo 
anteriore et pectore rufis, fusco transversè striatis. Femina. 

Capite corporeque suprà olivaceo fuscis, albo maculatis ; pectore 
sordidèe flavo. Junior. 

Fulica noveboracensis, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, ne 15. 

Gallinula noveboracensis, Lath., Index, n° 16. 

Yellow breasted Gallinule, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 262, n° 15. 

Le Râle varié à gorge rousse, deuxième édit. du nouv. Dict. d’hist. 
nat. tom. 28, pag. 556. 

Le mâle de cette espèce, que j'ai rencontré dans l'Amérique septen- 
trionale, aux environs de New-York, a le dessus de la tête noir et poin- 
tillé de blanc; les plumes du cou, du dos, des scapulaires et du croupion 
variées de roux, de noir, et terminées par un trait blanc et transversal ; 
les couvertures supérieures des ailes ei leurs grandes pennes secon- 
daires pareilles au dos; les moyennes blanches sur leur côté interne; les 
primaires brunes; les couvertures supérieures de la queue noires et rayées 
de blanc; la gorge roussâtre ; les plumes du devant du cou et du milieu 
du ventre roussâtres et terminées de brun; celles de la poitrine et des 
flancs tachetées en travers de noir et de blanc sur un fond roux ; les pieds 
bruns. Longueur totale, 4 pouces un quart. 

La femelle a le front et les joues de couleur rousse; la gorge et le 
milieu du ventre d’un blanc roussitre; le devant du cou, les côtés et la 


PORPHYRIONS. 169 


poitrine roux, avec des taches transversales brunes , le dessus du corps 
et les flancs, comme chez le mâle, mais d’une teinte moins vive. 

Chez le jeune, la tête et le dessus du corps sont d’un brun olivâtre 
foncé et tacheté de blanc; les scapulaires bordées de blanc jaunâtre pâle; 
la poitrine d’un jaune sale; le dos brun. C’est ce jeune oiseau que les 
ornithologistes ont donné comme le type de l’espèce. 


2° pivision. PORPHYRION, Porphyrio. 


Bec médiocre, robuste, droit, conico-convexe, comprimé par les côtés, 
un peu renflé en dessous vers le bout, pointu; mandibule supérieure 
voûtée sur l’inférieure, un peu inclinée à sa pointe. 

IVarines oblongues, situées dans une rainure percée à jour, couvertes 
d’une membrane gonflée, ouvertes en dessous, vers le milieu du bec. 

Langue comprimée latéralement , entière. 

Front ou seulement le capistrum dénué de plumes. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts totalement libres, lisses; postérieur portant à terre sur une 
grande partie de sa longueur. | 

Ailes concaves, arrondies; deuxième et troisième rémiges les plus lon- 
gues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Les douze espèces de cette division pourraient être séparées en deux 
sections, d’après le plus ou le moins d’étendue de la plaque frontale : la 
première contiendrait celles dont le front est couvert d’une peau glabre 
et colorée jusqu’au sinciput, comme les Gallinules et les Foulques ; la 
deuxième se composerait des Porphyrions qui ont le front emplumé , mais 
dont la base de la partie supérieure du bec se prolonge en s’élargissant 
et en s'arrondissant sur le capistrum et ne dépasse pas les bords du 
front. Ces derniers se rapprochent plus des Räles que les autres; mais 
tous y tiennent par leurs doigts lisses, et s’éloignent des Gallinules et des 
Foulques qui les ont bordés d’une membrane entière ou découpée. Il ré- 

GALERIE DES OISEAUX. 1V° PARTIE. 22 


170 PORPHYRIONS. 


sulte de ces faits, que les Porphyrions remplissent l'intervalle qui sépare 
les Rales et les Gallinules. 

On ne trouve en Europe des Porphyrions que dans sa partie méridio- 
nale, encore y sont-ils très-rares ; ils sont plus nombreux en Afrique, en 
Asie, en Amérique et dans l’Australasie. Partout ces oiseaux habitent le 
bord des eaux; ils sont d’un naturel très-doux et très-timide, ne se plaisent 
que dans la solitude, et recherchent les lieux écartés. Les fruits et les 
racines, surtout celles de la chicorée, sont les alimens pour lesquels ils 
marquent de la préférence: ils se nourrissent aussi de graines ; mais leur 
nourriture favorite parait être le poisson. Les individus qu’on a conservés 
en domesticité, mangeaient du riz en paille, détachaïent le grain de son 
enveloppe, et s’aidaient de leurs pieds pour le porter à leur bec et le briser. 
Dès qu'ils avaient mangé un grain de riz, ils couraient à chaque fois à 
leur provision d’eau, et en buvant ils paraissaient le mordre et le mächer. 
Un couple de Porphyrions d'Europe a niché en domesticité ; le mâle et la 
femelle travaillèrent de concert à la construction du nid. Le lieu qu'ils 
choisirent était à une certaine hauteur, sur l'avance d’un mur; ils y firent 
un amas assez considérable de buchettes et de paille : la ponte fut de six 
œufs blancs, à coque rude, exactement ronds, et de la grosseur d’une demi- 
bille de billard. Les Grecs et les Romains savaient apprivoiser ces oiseaux ; 
ils les nourrissaient et les plaçaient dans les palais et dans les temples, 
où on les laissait en liberté, comme des hôtes dignes de ces lieux, par la 
noblesse de leur port, par la douceur de leur naturel et par la beauté de 


leur plumage. 


LE PORPHYRION TAVOUA , Porphyric tavoua. 
PI. CCLX VIE. 


Fronte cœruled; armillis concoloribus ; corpore violaceo. Adultus. 
Vertice fusco ; corpore suprà fusco mixto , subtùs albo et rigro. 
Junior. 

La petite Poule Sultane, Briss., Ornith., tom. 5, pag. 526, n°2, 

pl, 42, fig. 2. 


GALLINULES. 
Idem, Buff., Hist. nat. des Ois. , tom. 8, pag. 206. 


Fulica martinica, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° y. 

Gallinula martinica, Lath., Index, n° 0. : 

Martinico Gallinule, Lath., Synopsis, tom.3, pag. 255, n° 7, pl. 88. 

Les naturels de la Guyane appellent cet oiseau Tavoua-Tavoua ,nom 
que nous lui avons conservé. On le trouve non-seulement à Cayenne, mais 
encore à la Martinique et dans l'Amérique septentrionale. Sa plaque du 
front est rouge , le plumage en général d’un vert brillant, changeant en 
bleu sur la tête , le cou et le dessous du corps; les couvertures inférieures 
de la queue sont blanches, les pennes et celles des ailes noirâtres et bor- 
dées de vert, le bec est rouge à sa base, ensuite jaune , les pieds sont 


171 


de la dernière couleur, et les yeux rouges. Longueur totale, 11 pouces. 

Le jeune est en dessus nuancé de brun, entièrement de cette couleur 
sur la tête, blanc en dessous, avec un mélange noir sur le devant du 
cou jusqu'à la poitrine et sur le ventre; les pieds sont bruns. 


3ème piston. GALLINULE, Gallinula. 


Bec plus court que la tête chez la plupart, droit, épais à sa base, 
convexe en dessus, comprimé latéralement, un peu renflé en dessous vers 
le bout; mandibule supérieure inclinée à sa pointe et couvrant les bords 
de l’inférieure. PI. V,n° 6. 

INarines oblongues, couvertes d’une membrane gonflée. 

Langue comprimée, entière. 


14 
HA 


Front. chauve. 

Tarses allongés, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs très-longs, aplatis en dessous et bordés d une mem- 
brane étroite; postérieur portant à terre sur plusieurs phalanges. PLFF, 
HONG 

Ongles presque arqués, comprimés sur les côtés, un peu pointus. 

Ailes concaves, arrondies; première rémige plus courte que la cin- 
quième ; deuxième et troisième les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 


172 , GALLINULES. 


On ne connaît pas au juste le nombre d'espèces que contient cette di- 
vision; plusieurs Gallinules où Poules d'eau ont été présentées pour 
telles, et depuis on a reconnu que ce n’était que des variétés d’âge. J'en 
ai distrait un certain nombre, parce qu'ils m'ont paru mieux placés avec 
les Râles , attendu qu’ils n’ont point de plaque nue sur le front , ni les doigts 
bordés d’une membrane. Ces oiseaux sont répandus en Europe, en Afri- 
que, en Asie et en Amérique. Ils habitent le bord des rivières et des 
étangs, et fréquentent quelquefois les marais; ils nagent facilement , mais 
ils n’usent guère de cette faculté que par nécessité, comme pour passer 
d'une rive à l’autre, ou pour chercher leur nourriture, qui consiste en 
petits poissons, linsectes et plantes aquatiques. Ils se tiennent pendant la 
plus grande partie du jour dans les roseaux, se cachent sous les racines 
et n’en sortent guère que le soir, époque à laquelle on les voit se pro- 
mener soit à terre, soit sur l'eau; leur manière de nager a cela de parti- 
culier, qu'ils frappent sans cesse l’eau de leur queue. Dans les pays froids, 
les Gallinules quittent en octobre leur résidence d'été, pour passer la 
mauvaise saison dans des lieux tempérés, où elles recherchent les sources 
et les eaux vives. Ce sont les seuls voyages qu’elles se permettent, et , dans 
ce changement de demeure, elles suivent régulièrement la même route, 
et reviennent toujours faire leur ponte aux mêmes lieux. Elles placent 
leur nid au bord des eaux, et le construisent d’un grand amas de débris 
de roseaux et de jones entrelacés. Les petits naissent couverts de duvet, 
et dès qu'ils sont éclos, ils abandonnent le nid et souvent leur mère; mais 
elle les cache si bien, qu'il est difficile de les lui enlever. Toujours ils la 
quittent de bonne heure; car, en peu de temps, ils deviennent assez forts 
pour se suffire à eux-mêmes. 


GALLINULES. 173 


LA GALLINULE ARDOISÉE, Gallinula ardosiacea, 


PI, CCLXVIIL. 


Capite , gulé rigrescentibus ; collo ardosiaceo ; dorso uropygioque 
olivaceo-viridibus ; remigibus fuscesentibus ; corpore subtüs, ar- 
dosiaceo-cinereo. 

Quoique nous distinguions cette Gallinule de celle qu’on trouve en Eu- 
rope, par une épithète différente, nous devons convenir que les dissem- 
blances sont si faibles , qu'on ne peut guère les séparer que comme deux 
races, dont l’une habite l’Europe et l’autre l’Asie méridionale. L’individu, 
dont nous publions la figure, a été apporté de l’île de Java par M. Lesche- 
nault, à qui le Muséum d'Histoire naturelle doit la connaissance d’un grand 
nombre d'oiseaux des Indes orieñtales. On ne doit pas s'étonner d'y ren- 
contrer notre Poule d’eau, puisque c’est peut-être l'espèce la plus répandue 
sur le globe : on la rencontre non-seulement en Europe, mais encore en 
Afrique, en Asie et en Amérique. La Gallinule de cet article a le bec 
rouge à la base et jaune vers le bout; la membrane du front de la première 
couleur ; les pieds verts; la tête, la gorge noirâtres; le devant du cou et 
le haut du dos d’un noir ardoisé; le bas du dos, le croupion et les cou- 
vertures supérieures de la queue d’un vert olive foncé; les tectrices des 
ailes pareilles au haut du dos; les pennes brunes et noires; toutes les 
parties inférieures d’un gris ardoisé, à l'exception des couvertures infé- 
rieures de la queue qui sont blanches; les pennes noires. Longueur totale, 
10 pouces. 


17/ FOULQUES. 


14ème FAMILLE. PINNATIPÈDES, Pinnatipedes. 


Bec médiocre, entier, incliné à sa pointe. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière; antérieurs 
lobés sur leurs bords; postérieur portant à terre sur le bout, pinné ou 
lisse. 


I DIVISION. FOULQUE, Fulica. 


Bec plus court que la tête, épais à sa base, droit, conico-convexe, 
comprimé latéralement ; mandibule supérieure couvrant les bords de l'in- 
férieure, inclinée vers le bout; celle-ci un peu gibbeuse vers sa pointe. 

Narines oblongues, couvertes d’une membrane gonflée. 

Langue comprimée, entière. 

Front chauve. : 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs allongés, bordés d’une membrane découpée; posté- 
rieur pinné, portant à terre sur le bout. PI. GG, n° 1. 

Ongles courts, falculaires, un peu pointus. 

Ailes concaves , arrondies; première et cinquième rémiges égales; 
deuxième et troisième les plus longues de toutes. 

Queue à douze ou quatorze rectrices. 

Parmi les quatre espèces de cette division, l’une se trouve en Europe 
et les autres dans l'Amérique méridionale. Quoique les Foulques n'aient 
pas les doigts entièrement palmés, elles ne le cèdent à aucun oiseau nageur, 
et restent même plus constamment sous l’eau que la plupart de ceux-ci. On 
les voit rarement à terre ; elles y paraissent si dépaysées, que souvent elles se 
laissent prendre à la main. Si elles y mettent le pied, c’est pour passer d’un 
étang à l’autre, car elles les préfèrent aux rivières; et si la traversée est 
un peu longue, elles la font en volant : ordinairement elles ne voyagent 
que pendant la nuit. On les voit souvent s'élever sur l’eau, y déployer leurs 
ailes et en raser la surface en courant. Dans le jour, elles ne s'élèvent en 


FOULQ UES. 175 


l'air que pour éviter le chasseur, encore il semble qu'il leur en coûte 
pour se déterminer ; car elles se cachent et s’enfoncent même dans la vase 
plutôt que de s’envoler. Comme elles voient très-bien pendant la nuit, 
c'est dans ce temps que les vieilles sortent et cherchent leur nourriture ; 
_ les jeunes Foulques, moins défiantes, paraissent à toutes les heures du 
jour, et se jouent entre elles, en s’élevant droit vis-à-vis l’une de l’autre, 
s’élançant hors de l’eau, et y retombent par petits bonds. On les approche 
plus facilement; elles regardent, fixent le chasseur, et plongent si pres- 
tement à l'instant qu’elles aperçoivent le feu que souvent elles échappent 
au plomb meurtrier. 

Ces oiseaux nichent à terre dans les roseaux, les jones, les halliers 
aquatiques. Leur ponte est nombreuse. Les petits quittent le nid et na- 
gent aussitôt qu'ils sont éclos. Elles vivent d'insectes aquatiques , de petits 
poissons, de sangsues, de graines, etc. 


LA FOULQUE A CRÊTE, Fulica cristata. 


PI. CCLXIX. 

Cœruleo-atra , fronte verticeque calvis, rubris; caroncul&@ bifida 
ruberrimd. 

La grande Foulque à crête, Buff., Hist. nat. des Oùs., tom. 8, pag. 
222, pl enl., n° 707, sous le nom de Foulque de Madagascar. 

Fulica cristata, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 25. 

Gallinula cristata, Lath., Index, no 23. 

Crested coot; idem, Synopsis, tom. 3, pag. 278, n 3, pl. 00. 

Cette espèce, remarquable par la plaque charnue du front, relevée et 
détachée en deux lambeaux qui forment une véritable crête, se trouve à 
Madagascar et à la Chine, où elle porte le nom de Tzing Kige. Tout 
son plumage est d’un noir bleu; le bec rouge à sa base, et blanchâtre dans 
le reste;" la plaque d’un rouge foncé et le tarse noirâtre. Longueur to- 
tale, 16 pouces. 


176 CRYMOPHILES, 


2% prvision. CRYMOPHILE, Crymophilus. 


Bec un peu trigone à sa base, médiocre, sillonné en dessus, droit, à 
pointe dilatée, arrondie et fléchie. PI. V, n° 7. 

Narines linéaires, situées dans une rainure. 

Langue... 

Tarses nus, réticulés. 


+ 


Doigts grêles, totalement séparés; les antérieurs bordés d’une mem- 
brane découpée en forme de lobes; postérieur lisse, ne portant à terre 
que sur l’ongle. 

Ongles courts, arqués, pointus. 

Ailes moyennes, première et deuxième rémiges presque égales et les 
plus longues de toutes. 

Queue à douze: rectrices. 

La seule espèce que renferme cette division, ne se plait guère que sur 
les mers glaciales du pôle arctique, d’où elle émigre à l'automne; elle 
niche à terre sur les rivages ; sa ponte est de quatre à six œufs. Les petits 
quittent le nid dès leur naissance. Sa nourriture consiste en vers, ver- 
misseaux, animalcules et insectes aquatiques. 


LE CRYMOPHILE ROUX, Crymophilus rufus. 
PI. CCEXX. 


Capite, collo et corpore suprà nigrescente-fuscis ; subtùs rufes- 
cente ; urop ygio albo, nigro maculato. Adultus æstivus. 

Capite nuchdäque cinereis; corpore suprà cinereo-cærulescente ; sub- 
ts albo. Idem hiemalis. 

Occipite nigricante maculato; corpore suprà cinereo lituris lon- 
gitudinalibus flavescentibus. Junior. 

Le Phalarope, Briss., Ornith. , tom. 6, pag. 18, n° r. 

Le Phalarope à festons dentelés, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, 
pag. 226. 


CRYMOPHILES. 177 


Tringa lobata, Linn., Gm., Syst. nat , édit. 13, n° 6. 

Phalaropus lobatus, Lath., Index , n° 2. 

Grey coot footed tringa, Edivards glean., pl. 308. 

Grey Phalarope, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 272, n° 2. 

Cet oiseau, qu’on voit quelquefois en France, a, pendant l'été, la tête, 
le dessus du cou, le dos et les couvertures supérieures de la queue d’un brun 
noirâtre, entouré d'un rouge vif; les sourcils jaunâtres; les couvertures 
supérieures des ailes noirâtres et terminées de blanc; le croupion de cette 
couleur avec des taches noires; le devant du cou et toutes les parties 
postérieures roussätres; le bec jaunâtre à sa base et brun vers la pointe; 
les pieds d’un noir vert. Longueur totale, 8 pouces et demi environ. 

Le même, pendant l'hiver, est cendré sur la tête et la nuque, d'une 
nuance qui tire au bleuâtre sur les bords des plumes du dos, du crou- 
pion, des scapulaires et des côtés de la poitrine, dont le fond est noirâtre ; 
quelques scapulaires sont terminées de blanc ; une bande de cette couleur 
traverse l'aile; les pennes de la queue sont brunes et bordées de cendré; 
le front, les côtés du cou, le milieu de la poitrine et les parties pos- 
térieures sont d'un blane pur; les pieds couleur de plomb ; le bec est 
noirâtre. + 

D'autres, à la même époque, ont le front blanc ; le sommet de la tête 
avec des taches obscures et longitudinales ; les plumes scapulaires bordées 
de jaune; les couvertures des ailes et des pennes primaires noirâtres; les 
premières bordées de blanc; les plumes de la poitrine et du ventre blan- 
ches et bordées de cendré. 

Chez le jeune, avant sa première mue, une tache noirâtre en forme de 
fer à cheval se fait remarquer sur l’occiput; une bande de cette couleur. 
traverse l'œil ; les couvertures supérieures et les pennes latérales de la 
queue sont d’un brun cendré ; les plumes du dos, les scapulaires et les 
rectrices intermédiaires largement bordées de jaunâtre; le croupion est 
blanc et varié de brun; les couvertures supérieures des ailes sont bordées 
et terminées de blanc jaunâtre ; toutes les parties inférieures et le front 
d'un blanc pur; les pieds d’un jaune verdâtre. 


GALERIE DES OISEAUx. 1We PARTIE. 23 


178 PHALAROPES. 
3°®e prvision. PHALAROPE,  Phalaropus. 


Bec droit, presque rond, sillonné en dessus, grêle, pointu, un peu 
incliné à l'extrémité de sa partie supérieure. PI. V, n° 8. 

Narines linéaires, situées dans un sillon. 

Langue filiforme, pointue. , 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts séparés dès leur origine; les antérieurs bordés d’une membrane 
découpée; le postérieur court, lisse, ne portant à terre que sur l’ongle. 
PI. GG, n° 0. : à 

Ailes allongées; première et deuxième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue à douze rectrices. 

On ne connaît qu’une ou deux espèces de Phalaropes : cependant leur 
nombre serait plus grand, si réellement tous ceux qu’on a décrits pour 
telles, l’étaient réellement ; mais on ne les doit qu’à la variété de leur plu- 
mage, occasionée soit par l’âge, soit par les saisons. Ces oiseaux se plai- 
sent sur les mers boréales de l’Europe et de l'Amérique, et en émigrent 
pendant l'hiver ; c’est alors qu'on en voit quelquefois sur les côtes mari- 
times de nos provinces septentrionales et de l'Angleterre. Ils nichent à 


terre, et leur ponte est de quatre œufs. 


LE PHALAROPE BRIDÉ, Phalaropus frenatus. 


PL. CCLXXI. 
% 

Capite colloque suprà cinereis ; fasciaid nigrd ad oculos usque 
humeros ; corpore subtüs albo ; alis nigris. 

Grey Phalarope, Wilson’, am. ornith., pl. 73, fig. 3. 

Wilson, célèbre ornithologiste américain, est le premier qui ait fait 
connaître cette nouvelle espèce dont il a vu un individu dans une collec- 
tion à Albani (état de New-Yorck); mais la figure qu’il a publiée manque 


AVOCETTES. 179 


d’exactitude quant au bec qui présente plutôt celui d’un Pluvier que celui 
du Phalarope; ce qu'on doit attribuer au dessin, qui étant fait avec de la 
mine de plomb, était presque effacé. De plus, la synonymie, portant à 
faux, peut encore induire en érreur; car cet oiseau n’est point celui 
qu'elle indique. La figure que nous publions est d’après un individu 
apporté nouvellement de New-Yorck, et que M. le comte de Riocour con- 
serve dans 5a riche et nombreuse collection. 

Il à la tête, le dessus du cou et le dos d’un cendré clair, mais plus 
foncé sur le milieu de la dernière partie; une bande noire sétend en 
forme de bride depuis l’angle intérieur de l'œil, et parcourt les côtés du 
cou jusqu'aux épaules; les ailes, le bec et les pieds sont de la même cou- 
leur; toutes les parties inférieures sont d’un blanc pur. Longueur totale, 


7 pouces environ. 
1bème pamiize. PALMIPÈDES, Palmipedes. 


Bec plus long que la tête, ou grêle et entier, ou épais et dentelé en. 
lame. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière. 


zère DIVISION. AVOCETTE, Recurvirostra. 


Bec lons 


5? 
/ \ . . N . Fe . 
retroussé, à pointe flexible, membraneuse, très-aiguë ; mandibule supé- 


subulé, un peu aplati en dessus, comprimé latéralement, 


rieure sillonnée à sa base sur chaque côté. PI. V, n° 0. 

Narines étroites, longitudinales , ouvertes, situées dans un sillon. 

Langue courte, entière. 

Tarses longs, nus, réticulés. s 

Doists antérieurs réunis par une membrane échancrée dans le mi- 
lieu ; pouce très-court et élevé de terre. PI. GG, n° 3. / 

Ongles courts , en forme de faux. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes, 

Queue à douze rectrices. 


130 AVOCETTES. 


Des quatre espèces de cette division, lune se trouve en Europe, une 
autre dans lPAmérique septentrionale, et les deux autres dans lAustra- 
lasie. On ne connaît pas bien encore le parti que ces oiseaux peuvent 
tirer d’un instrument aussi faible que leur bec, qui n’a pas la force de 
béqueter ni de saisir des corps un peu durs. On n’a presque jamais trouvé 
dans leurs viscères qu'une matière glutineuse, grasse au toucher, d’une 
couleur-tirant sur le jaune orangé , dans laquelle on reconnaît encore le 
frai de poisson et des débris d’insectes aquatiques. Les Avocettes sillon- 
nent et- retournent avec leur bec flexible la vase la plus molle et l’écume 
des flots, pour y chercher quelque proie sans consistance, telles que les 
substances indiquées ci-dessus, qu’elles avalent avec de petites pierres 
qui s’y trouvent mêlées. Ayant un bec sans solidité, ne leur servant à 
rien pour leur propre défense, encore moins pour attaquer, elles con- 
naissent toute leur faiblesse, et n’ont pour leur sûreté que la triste res- 
source d’une défiance continuelle. Leur vie est sans cesse agitée par les 
inquiétudes qui les tiennent dans une surveillance active. Elles ne restent 
pas long-temps dans le même lieu, et il est fort difficile de les approcher, 
plus encore de les surprendre. 

Habituées à fuir à la moindre apparence du danger, elles ont acquis 
une grande vivacité et beaucoup de prestesse dans leurs mouvemens; elles 
courent avec légèreté sur les rivages, et même, à l’aide de leurs longues 
jambes, sur des fonds couverts de cinq à six pouces d’eau: dans des eaux 
plus profondes elles nagent aussi vivement et avec une égale agilité. 
Ces oiseaux voyagent d'une contrée à une autre, préfèrent les pays froids 
aux tempérés, et ne se montrent pas dans les climats chauds. On les 
trouve plutôt sur les plages de la mer que près des eaux de l'intérieur des 
terres, et de préférence aux embouchures des fleuves et des rivières. 
Leur ponte est de deux œufs, rarement trois, qu’elles déposent dans un 
petit trou entouré d'herbes ou seulement dans le sable. 


PHÉNICOPTÈRES. 181 


L'AVOCETTE A TÉTE BLANCHE, Recurvirostra leu- 


cocephala. 
PI. CCLXXIT. 


Mivea ; remigibus nigris. 
L’Avocetteà tête blanche, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire 
nat., tom. 3, pag. 103. 
. Cette espèce qu'on a rapportée des terres australes, est totalement 
d’un blanc de neige, avec les ailes noires ; le bec est de cette couleur, et 
les pieds sont bruns. Longueur totale, 15 pouces environ. 


gème mrvisron. PHÉNICOPTÈRE, PAænicopterus. 


Bec garni d’une membrane à sa base, épais, plus haut que large, 
plus long que la tête , cellulaire, étroit vers son extrémité, à bords fine- 
ment dentelés en lame ; mandibule supérieure convexe à sa base, courbée 
en travers dans son milieu, ensuite aplatie et inclinée à sa pointe; l’infé- 
rieure plus épaisse, ovale, canaliculée en dedans. PI. V, n° 10. 

Narines étroites, garnies d’une membrane en dessus, qui les couvre 
entièrement à la volonté de oiseau, longitudinales, situées dans un sillon. 

Langue glanduleuse à sa base, épaisse, charnue, garnie de papilles 
recourbées en arrière, cartilagineuse et aiguë à sa pointe. 

T'arses très-longs , nus, réticulés. 

Doists antérieurs engagés dans une membrane échancrée dans le mi- 
lieu ; postérieur court, portant à terre sur le bout. 

Ailes longues ; deuxième rémige la plus prolongée de toutes. 

Queue à seize rectrices. 

Les trois espèces, dont se compose cette division, sont susceptibles de 
deux sections ; la première renferme les grands Phénicoptères qui ont 
la surface interne de la mandibule supérieure partagée en deux , 
vers son milieu, par une arète assez mince; les bords internes de la 


” 182 PHÉNICOPTÈRES. 


mandibule inferieure étroits. Chez le petit, dont nous publions la figure, 
la surface interne de la mandibule supérieure est verticale , très- 
haute, aussi large à sa base que le demi-bec lui-méme , et dont le 
bord se termine en tranchant très-acéré ; les bords internes de la 
mandibule inférieure sont très-larges. 

Les Phénicoptères habitent en Europe, en Afrique et dans l'Amérique ; 
partout ils vivent en famille, fréquentent les bords de la mer, les marais 
qui l’avoisinent, les lacs salés et les lagunes. Ils se rangent#en file, pour 
pècher, ce qui de loin les ferait prendre pour un escadron rangé en ba- 
taille ; ce goût de s'aligner leur reste même lorsqu'ils se reposent sur la 
plage. Cependant le goût pour la société paraît dépendre des localités ; 
car Sonnini les a vus en Egypte presque toujours isolés, surtout lors- 
qu'ils s’avancent dans l’intérieur des terres. Soit qu'ils se reposent, soit 
qu'ils pêchent, ils établissent des sentinelles, qui font alors une espèce 
de garde, et si quelque chose alarme celui qui est en vedette , ïl jette un 
cri bruyant, qui s'entend de très-loin , et qui est assez semblable au son 
d'une trompette : dès lors il s'envole le premier ; tous les autres le sui- 
vent et observent dans leur vol un ordre semblable à celui des Grues. Ils 
ont Pouïe et l’odorat si subtils, qu'ils éventent de loin les chasseurs et les 
armes à feu; et, pour éviter toute surprise, ils se posent le plus souvent 
dans les lieux découverts et au milieu des marécages. Partout ils fuient 
les lieux habités et ne fréquentent que les rivages solitaires. On les trouve 
souvent sur la vase molle, que le reflux laisse ‘à découvert; ils y enfoncent 
leur gros et singulier bec pour en tirer de petits poissons : ils se nourris- 
sent aussi de petits coquillages, d'œufs de poissons et d'insectes aquati- 
ques, qu'ils cherchent dans la vase, en y plongeant une partie de la tête, 
et en même temps ils remuent continuellement les pieds de bas en haut, 
pour porter la proie avec le limon dans leur bec, dont la dentelure sert 
à la retenir; c’est pourquoi l’on trouve aussi dans leur estomac de la 
vase et du sable fin. Lorsque ces oiseaux veulent manger, ils tournent 
la tête et le cou, de façon que la partie plate de la mandibule supérieure 
touche la terre, ensuite ils remuent la tête de côté et d’autre : c’est ainsi 
qu'ils saisissent leur proie. Lorsqu'ils dorment, ils ne s’accouvent point, ils 


ét 


PHÉNICOPTÈRES. 183 


retirent un de leurs pieds sous eux, restent debout sur l'autre, posent 
leur cou sur le dos, se cachent la tête entre le bout de leur aile et leur 
corps, mais toujours du côté opposé à la jambe qui est pliée. Ils font 
leur nid à terre; mais comme ils ne peuvent ni s’accroupir ni reployer 
leurs grandes jambes, la nature leur a donné l'instinct de le construire 
de manière à pouvoir couver leurs œufs sans les endommager. Ils le font 
dans les marais où il y a beaucoup de fanges, qu'ils amoncellent avec 
leurs pieds, et en font de petites hauteurs qui ressemblent à de petites 
iles , et qui paraissent hors de l’eau d’un pied et demi d’élévation ; ils don- 
nent à la base de ce nid beaucoup de largeur, l'élèvent toujours en dimi- 
nuant jusqu'au sommet, où ils laissent un petit trou dans lequel la femelle 
dépose ses œufs et qu'elle couve en se tenant debout, les jambes à terre 
et dans l’eau, se reposant contre le nid et le couvrant du bas-ventre et de 
la queue. La ponte est de deux ou trois œufs au plus; les petits courent 
avec une vitesse singulière peu de jours après leur naissance, et ne com- 
mencent à voler que lorsqu'ils ont acquis presque toute leur grandeur. 


LE PETIT PHÉNICOPTÈRE , Phœnicopterus minor. 
PI. CELXXIIT. 


Ruber, Senior, albus ; tectricibus alarum superioribus rubro ni- 
groque transversim striatis ; collo cinereo-fusco maculato. Junior. 
Le petit Phénicoptère, Geofroy Saint-Hilaire, bulletin des sciences 
de la Société phitomathique ; tom. ‘1, pag. 97, n° 13. 
Idem, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire nat., tom. 25, 
pag. 320. 2 
Cet oiseau , qu'on trouve au Sénégal, est moitié plus petit et moitié 
moins gros que le Flammant. Il porte, dit-on, dans l’âge avancé, un plu- 
mage rouge avec des bandes alternativement de cette couleur, et noires sur 
8 8 ) 
les couvertures supérieures des ailes , dont les pennes sont de la première 
teinte, de même que le bec ; les pieds sont rouges. Dans sa jeunesse il est 
> Gi ; P 5 
blanc, avec des bandes gris brun sur le cou, rases et plus grandes sur le 
; $ ? Pas 
dos et sur les couvertures des ailes; le bec est brun , et les pieds sont gris. 


184 NAGEURS. 
CINQUIÈME ORDRE. NAGEURS, Vatatores. 


Pieds tri-tétradactyles, courts, posés à l'équilibre ou à l’arrière du 
corps. 
Jambes nues sur leur partie inférieure, couvertes de plumes chez les 
Frégates, Cormorans, Manchots. 

Tarses plus ou moins comprimés latéralement, réticulés, glabres à 
demi emplumés chez les Frégates. 

Doigts palmés ou lobés, disposés 3-1-3-0-4-0; pouce allongé et por- 
tant à terre sur toute sa longueur chez quelques-uns; court, élevé de 
terre ou n’y posant que sur le bout chez les autres; simple ou pinné, le 
plus souvent libre, quelquefois réuni au doigt interne seulement à la 
base, ou totalement engagé dans la même membrane que les autres, et 
tourné presque en devant. 

Ongles ordinairement courts, comprimés et un peu pointus ou apla- 
tis, larges et arrondis ; l'intermédiaire pectiné sur le bord interne chez 
quelques-uns. 

Bec de diverses formes. 

Les oiseaux que renferme cet ordre se distinguent de tous les autres 
en ce qu'ils ont les tarses courts et des doigts lobés ou palmés, à l'exception 
des Foulques, Crymophiles, Phalaropes , Avocettes et Phénicoptères 
que leurs longues jambes placent naturellement parmi les Échassiers. Le 
corps des Nageurs est arqué et bombé comme la carène d’un vaisseau ; leur 
plumage serré, lustré , est imbibé d'huile et garni d’un duvet épais qui les 
garantit de l'humidité, et les fait flotter plus légèrement sur l’eau, que la 
nature leur a assignée pour leur demeure la plus habituelle. Ce sont aussi 
les seuls où le cou dépasse , et quelquefois de beaucoup, la longueur du pied. 
parce qu’en nageant à la surface de l’eau ,ils ont souvent à chercher leur 
nourriture dans sa profondeur. Leur sternum est très-long, garantissant 
bien la plus grande partie de leurs viscères, et n'ayant de chaque côté 
qu'une échancrure où un trou ovale, garni de membranes; ils ont géné- 
ralement le gésier musculeux, et le larynx inférieur simple. Tous se 


FRÉGATES. ù 185 


nourrissent plus ou moins de poissons ; les uns nichent à terre dans les 
herbes marécageuses ou dans les roseaux , les autres sur les arbres ou sur 
les rochers. On trouve parmi eux des monogames et des polygames. 


1e pamiLze. SYNDACTILES, Syndactili. 


Pieds à l'équilibre du corps ou à peu près. - 
Jambes nues ou emplumées sur leur partie inférieure. 
Doigts au nombre de quatre; postérieur dirigé en avant. 
Bec plus long que la tête et de diverses formes. 


1 miviston. FRÉGATE, Tachypetes. 


Bec plus long que la tête, robuste, entier, suturé en dessus; mandi- 
bules très-crochues et acuminées à la pointe. PI, X, n° r. 

INuarines situées dans une rainure. 

Langue très-courte, lancéolée. 

Orbites nues. 

Bouche très-ample. 

Gorge extensible. 

Tarses demi-emplumés. 

Doigts engagés dans la même membrane et dirigés en devant. PI. GG, 
n° 4. + 

Ongles aigus. 

Ailes très-longues; première et deuxième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue fourchue, à douze rectrices. 

On reconnait facilement en mer, les deux espèces qui composent cette 
division, à la longueur démesurée de leurs ailes et à leur queue très- 
fourchue. Elles doivent leur nom de Frégate à la rapidité de leur vol et 
à leur taille allongée. De tous les oiseaux de mer, ce sont ceux qui ont le 


plus de rapport avec lAïole, ils semblent le remplacer sur cet élément. 
GALERIE DES oiseaux. We ET DERNIÈRE PARTIE. 24 


ei 


186 FRÉGATES. 


Armés d’un bec terminé par un croc aigu, de pieds courts, robustes et 
en partie couverts de plumes, de serres aiguës, servis par une vue très- 
perçante et un vol des plus rapides, ils possèdent tous les attributs qui 
caractérisent un tyran de l'air. Si le paisible poisson volant en s’élevant 
hors de l'eau, évite la poursuite des Dorades et des Bonites, il 
devient souvent la proie de la Frégate ; celles-ci même n’échappent pas 
toujours à leur voracité; elle les saisit adroitement , lorsqu'elles se jouent 
sur la surface des flots ou qu’elles s’élancent après leurs faibles victimes. 
Mais ce n’est pas sur des poissons. seuls que ces oiseaux exercent leur 
empire, ils forcent les Fous d'être leurs pourvoyeurs et leur font à 
coups d'ailes et de bec dégorger le poisson qu'ils ont pêché, et le saisis- 
sent avec adresse avant qu'il soit tombé à la mer. On assure qu'ils font 
aussi la guerre au Pélican, et qu'ils usent des mêmes moyens pour lui 
faire lâcher sa proie. 

Favorisée d’un vol fort étendu et très-puissant , la Frégate est de tous 
les oiseaux de mer, celui qui pousse le plus loin ses courses. Elle brave 


. 


le vent et les tempêtes, s'élève au-dessus des orages , se porte au large - 


à plus de quatre cents lieues de toute terre, parcourt du même vol ces 
traites immenses; et comme la durée du jour ne suffit pas, elle est forcée 
de continuer sa route pendant la nuit, n'ayant pas”la faculté de se re- 
poser long-temps sur l’eau, où elle périrait, puisque le dessous de son 
corps n’est pas revêtu d’un duvet assez épais pour le rendre impénétrable 
à l’eau. À l’aide de sa vue perçante elle discerne très-bien du plus haut 
des airs les bandes de poissons volans, fond'sur elles avec la rapidité de 
la foudre et ne manque guère d’en saisir avec son bec et ses griffes; mais 
on assure qu’elle ne peut les prendre dans l’eau; ses pieds, dit-on, ne 
leur permettent pas de nager; cependant ils sont palmés et plus large- 
ment que ceux de certains oiseaux de mer. On trouve un second obstacle 
dans la longueur de ses ailes, qui, privées d’un espace assez grand, ne 
peuvent prendre les mouvemens nécessaires, pour qu’elle puisse s'élever 
de dessus l’eau. Lorsqu'elle se précipite du haut des airs, elle s'arrête à 
une certaine élévation, fait un mouvement dirigé avec adresse , relève 
ses ailes, et, les fixant l’une contre l’autre au-dessus de son dos, fond sur 


FRÉGATES. 187 


sa proie et la saisit à la superficie des flots : d’autres fois elle les effleure 
en rasant leur surface par un vol rapide, mais toujours mesuré sur la 
distance des victimes qu’elle saisit alors avec son bec et ses griffes. 

Si elle doit la domination sur les mers à la puissance de ses ailes, leur 
longueur l’expose à plus d’un danger, lorsqu'elle est posée à terre; car 
elles l’embarrassent, et ne pouvant s’en servir pour prendre son essor, on 
l’âssomme alors aussi aisément que les Fous; 1l lui faut, pour pouvoir 
s'élever, une pointe de rocher ou la cime d’un arbre; aussi c’est sur les 
écueils élevés et dans les îles boisées , que les Frégates se retirent pour se 
reposer. Elles placent leur nid sur les arbres dans les lieux solitaires et 
voisins de la mer, ou dans les creux qui se trouvent sur les rochers à une 
certaine élévation. La ponte n’est que d’un œuf ou de deux. Les petits 
sont nourris dans le nidyét ne le quittent que lorsqu'ils sont en état de 
voler. On rencontre ordinairement les Frégates entre les deux tropiques, 
rarement elles s’avancent au-delà , soit vers le nord, soit vers le sud. 


LA GRANDE FREGATE, Tachypetes Aquila. 
PI. CCLXXIV. 


Corpore orbitisque nigris; rostro rubro. Mas. Ventre albo. Femina. 

La Frégate, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 506, no 6, pl. 43, fig. 2. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Oùs., tom. 8, pag. 381, pl. enl., m9 
bis, sous lenom de grande Frégate de Cayenne. 

Pelicanus aquilus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 9. 

Idem, Lath., Index, n 10. né 

Frégate, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 587. 

Tout le plumage de cette Frégate est noir avec de faibles reflets bleuûtres; 
les Zorums sont dénués de plumes et noirs; le bec est rouge, les pieds et 
l'iris noirs; les orbites d’un noir bleuâtre. Longueur totale, 3 pieds. Le mâle, 
dans l’âge avancé , a sous la gorge deux grandes membranes charnues , d’un 
rouge vif, plus ou moins renflées et pendantes. La femelle diffère du mâle en 


188 CORMORANS. 


ce qu'elle a le ventre blanc. Les jeunes, dans leur premier âge , sont cou- 
verts d’un duvet gris blanc, ont les pieds de la même couleur et le bec 
presque blanc. La ponte est d’un ou deux œufs d’un blanc teint de cou- 
leur de chair, avec des petits points d’un rouge cramoisi. On remarque 
quelques variétés, peut-être d'âge, les uns ont le dessus du corps et les 
ailes d’un brun foncé ; d’autres ont la tête et le ventre blancs. 


ème piviston. CORMORAN , Xydrocorax. 


Bec long, robuste, un peu épais, droit, un peu comprimé, arrondi en 
dessus, édenté; mandibule supérieure sillonnée , à pointe courbée et un 
peu obtuse. PI. X, n° 2. 

INarines très-étroites, oblitérées dans un sillon, situées à la base du bec. 

Langue cartilagineuse, très-courte, carénée en dessus, mamelonnée 
en dessous, obtuse. 

Face en partie nue. 

Gorge dilatable. 

Jambes couvertes de plumes sur leur partie inférieure. 

T'arses nus, réticulés. - 

Doigts engagés dans la même membrane; l'extérieur le plus long de 
tous. 

Ongle du second doigt pectiné sur le bord interne. 

Ailes moyennes; deuxième et troisième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue composée de douze ou quatorze rectrices: 

Les Cormorans dont on compte 18 espèces, ont été classés dans le 
genre Pelicanus de Liñnée et de Latham, avec les Fous et les Frégates ; 
mais à l'exemple de plusieurs naturalistes, nous les en avons distraits, 
pour les isoler génériquement, d’après les attributs qui leur sont parti- 
culiers. Parmi les oiseaux pêcheurs les Cormorans sont au nombre des 
plus adroits et de ceux qui peuvent plonger plus long-temps et nager 
sous l’eau avec la rapidité d’un trait; aussi dans quelques pays, comme à 
la Chine, et autrefois en Angleterre, on a su mettre à profit leurs telens 


C1 


CORMORANS. 189 


pour la pêche et en faire pour ainsi dire des pêcheurs domestiques en 
leur bouclant d’un anneau le bas du cou, pour les empêcher d’avaler leur 
proie, et les accoutumer à revenir à leur maître en rapportant le poisson 
qu'ils tiennent dans leur bec. Ces oiseaux, qu'on frouve dans toutes les 
parties du monde, se perchent sur les arbres : la plupart y nichent; d’au- 
tres établissent leur nid dans les rochers ou dans les joncs. Leur ponte 
est de trois ou quatre œufs, et les petits ne quittent leur berceau qu’en 
état de voleter. 6 


LE CORMORAN DILOPHE, Æydrocorax dilophus. 


PL. CCLXXY. 


Niger; orbitis nudis, obscure rubris ; fronte et occipite cristatis ; 
linet curv& albé ab oculis ad alas product ; dorsi pennis apice nigrä 
guttalis. Î 

Pelecanus nœvius, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 24. 

Pelecanus punctatus', Lath., Index, n° 10. : 

Spotted Shag, Lath., Synopsis , tom. 3, pag. 602, n° 18, pl. 104. 

Le Carmoran dilophe, deuxième édit. du nouv. Dict. d'hist. nat. , 
tom. 8, pag. 85. 

Les habitans de la Nouvelle-Zélande , où se trouve le Cormoran, lap- 
pellent Pa-desga-degsu. C'est peut-être à cette espèce qu’il faut rapporter 
ce que dit Cook, en parlant de ces oiseaux, qu'il les a vus nicher par 
grosses troupes dans des petits creux, qu'ils semblent avoir agrandi eux- 
mêmes dans les roches feuilletées, dont les coupes escarpées bordent la 
Nouvelle-Zélande. 

La peau nue, qui entoure les yeux de ce Cormoran, est d’un rouge 
sombre; l’occiput, la gorge , le cou et le haut du dos sont noirs, de même 
que les deux touffes de plumes qui s'élèvent sur la tête, dont l’une occupe 
le front, et l’autre l’occiput; mais sur la dernière partie, elles sont plus 
longues que sur l’autre; quelques-unes ont près d’un pouce et demi de 
longueur; une bande blanche part de l’angle postérieur de l'œil, laquelle 


2 


190 PÉLICANS. 

descend sur les'@ôtés du cou et s'étend, en s’élargissant, sur la poitrine, 
jusqu'au-dessous du pli de l'aile; le milieu du dos et les couvertures supé- 
rieures des ailes sont d’un cendré brunâtre et portent une tache ronde et 
noire à l'extrémité de chaque plume; les pennes de la queue et des ailes 
sont de cette même teinte, ainsi que le reste du plumage, qui jette des 
reflets verts; le bec est d’une couleur de plomb bleuûtre; les pieds sont 
d’un brun noirûtre. 

Des individus, dit Latham, ont le bec rougeätre, les pieds d’un jaune 
sale, la tête sans huppe, le haut de la gorge blanc, la bande blanche peu 
apparente, les plumes des flancs rayées de cette couleur; d’autres por- 
tent une huppe, mais ils n’ont point la peau extensible de la gorges dé- 
nuée de plumes, et sur quelques-uns la bande ne dépasse point la moitié 
du cou. Est-ce bien des oiseaux d’une même espèce? 


3ème pryision. PÉLICAN, Pelecanus. 


Bec très-long, aplati horizontalement, large, à bords entiers ou den- 
telés en scie, mandibule supérieure sillonnée, crochue et onguiculée à sa 
pointe; l’inférieure à branches flexibles, membraneuse dans le milieu. 
PI. X, n° 3. 

Narines très-étroites , longitudinales, oblitérées dans un sillon et situées 
à la base du bec. 

Langue cartilagineuse , très-courte, obtuse et arquée à sa pointe. 

Face nue. 

Poche de la gorge dilatable en un sac très-volumineux. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Tarses courts, nus, réticulés. 

Doigts réunis dans une même membrane; postérieur dirigé presque 
en avant. 

Ailes médiocres, première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à vingt rectrices. 

Les Pélicans, au nombre de trois ou quatre espèces, composent cette 
division. Ils sont en bien plus grand nombre dans Linnée, Latham, etc. :' 


Pl » PÉLICANS. ti 
mais nous en avons distrait les Cormorans , les Frégates et les Fous, 
qui à la vérité ont les doigts disposés de la même manière, mais qui en 
diffèrent essentiellement par plusieurs caractères génériques ( consultez 
leurs divisions), et de plus par leurs mœurs, leurs habitudes et leur ins- 
tinct. Les Pélicans sont d’une si grande voracité, qu’un seul engloutit dans 
une seule pêche autant de poissons qu'il en faudrait pour le repas de six 
hommes. Tantôt ils s'élèvent à une très-grande hauteur, tantôt ils rasent 
la surface de l’eau, ou se balancent à une médiocre élévation, pour de là, 
se précipiter d’a-plomb sur leur proie. La chute violente d'animaux aussi 
puissans, dont il en est qui surpassent le Cygne en grosseur, le tournoie- 
ment, le bouillonnement de l’eau qu’occasione la grande étendue de 
leurs ailes, étourdissent les poissons au point que peu leur échappent ; se 
relevant ensuite et tombant de même, ils continuent ce manége jusqu'à ce 
qu'ils aient rempli leur poche. Le matin et le soir sont les époques du jour 
où ces oiseaux font leur pêche, et ils savent choisir les lieux où le poisson 
est plus abondant. A leur chasse du matin, quand leur sac est plein, ils 
se retirent sur quelque pointe de rocher; là ils mangent, disèrent à leur 
aise et restent en repos jusqu’au soir où ils recommencent le même ma- 
nége. Quand ils veulent faire regorger le poisson de leur poche, ils la 
pressent contre leur poitrine, ce qui a sans doute donné lieu à la fable 
qui les représente se déchirant le sein pour en nourrir leurs petits. 

Cette poche, susceptible de s'étendre au point de contenir vingt pintes 
d’eau, est compOsée de deux peaux: l’interne est contiguë à la membrane 
de l’œsophage; l’externe n’est qu’un prolongement de la peau du cou, et les 
rides qui la plissent sérvent à retirer le sac, qui , étant vide, devient flasque; 
et afin que l’oiseau ne soit point suffoqué, quand il ouvre à l’eau ce sac 
tout entier, la trachée-artère quitte alors les vertèbres du cou, se jette en 
devant, et, en s’attachant sous la poche, y cause un gonflement très-sen- 
sible ; en même temps deux muscles en anneaux resserrent l’œsophage de 
manière à le fermer tout entier à l’eau. | 

Les Pélicans font leur nid dans les rochers au bord des eaux, le cons- 
truisent à plate-terre, lui donnent de la profondeur et le garnissent entiè- 
rement d'herbes molles. La ponte est de deux à quatre œufs; les petits 
sont nourris dans leur berceau. 


à SR 
LE PÉLICAN BRUN, Pelecanus fuscus. 


PI CCLXXVI. 


Cinereo-fuscus ; capite colloque cinereo et albo varüs, remigibus 
Primoribus nigris. 

Le Pélican brun, Briss., Ofnith., tom. 6, pag. 524, n° à. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, pag. 306, pl. ent. , n° 957. 

Pelecanus fuscus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 10. 

Idem, Lath., [ndex., n°3. 

Brown Pelican, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 580, n° 3. 

Cette espèce, qu'on rencontre dans les grands îles Antilles et à la Caro- 
line du sud, à une taille inférieure à celle du Pélican commun ; la tête et 
le cou variés de blanc et de cendré; le corps d’un brun gris, marqué de 
blanchâtre sur le milieu de chaque plume des parties supérieures; les 
grandes pennes des ailes noires; les secondaires brunes; le bec verdâtre à 
sa base, bleuâtre dans le milieu et rouge à son extrémité; la poche 
d’un bleu cendré et rayé de rougeâtre; l'iris bleuâtre; les pieds couleur 


de plomb. 
ème pivistox. FOU, Sula. 


€ 

Bec plus long que la tête, robuste, un peu épais, dt... un peu com- 
primé latéralement, arrondi en dessus, finement dentelé en scie sur les 
bords; mandibule supérieure suturée, fléchie à sa pointe. PI. X, n° 4. 

INarines linéaires , très-étroites, oblitérées dans une rainure et très-pro- 
longées. 

Langue très-courte, ovale. 

Face nue. 

Gorge extensible. 

Tuarses nus, réticulés. 

Doigts engagés dans la même membrane; les deux extérieurs les plus 
longs; l’externe bordé en dehors d’une petite membrane. 


FOUS. 193 


Deuxième ongle pectiné sur son bord interne. 

Ailes longues; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. L 

On a présenté plus d'espèces dans cette division qu'il n’en existe; ce 
qu'on doit attribuer à la variation de leur plumage dont les couleurs 
changent depuis le premier âge jusqu'à l’âge avancé. Quant à nous, nous 
croyons qu'il y en a tout au plus quatre. La nature a donné aux Fous la 
force , la grandeur et une arme redoutable dans leur bec robuste, de lon- 
gues ailes, des pieds entièrement et largement palmés, tout ce qu'il faut 
enfin pour agir et vivre dans l'air et dans l’eau ; mais elle semble ne leur 
avoir accordé que la moitié de linstinet qui sert au maintien de leur 
existence, puisqu'ils ne savent ni prévoir ni éviter ce qui peut les dé- 
truire, en fuyant, comme les autres oiseaux, à l'aspect de l'homme, leur 
plus dangereux ennemi. Cette indifférence au péril ne vient ni de fermeté, 
ni de courage, puisqu'ils n’attaquent ni ne se défendent, quoiqu'ils en 
aient tous les moyens. Leur insouciance est telle qu'ils se laissent prendre 
à la main sur les vergues des navires qui sont en mer, leur élément natu- 
rel, qu’on les tue à coups de bâton sur les îles ou les côtes, qu'ils ne se 
détournent ni ne prennent leur essor devant le chasseur, qui les assomme 
tous , les uns après les autres, sans qu'ils cherchent à éviter ses coups. Ils 
ne savent pas même défendre ni conserver leur proie, vis-à-vis un autre 
ennemi (l'oiseau Frégate ); celui-ci les suit ou les attend sur les rochers 
où ils nichent, fond sur eux aussitôt qu'ils paraissent, se moque de leurs 
cris, et à coups d'ailes et de bec les force de regorger leur pêche, qu'il 
saisit à l'instant. « Dès que ce pirate, dit Catesby, s'aperçoit que le Fou 
a pris un poisson, il vole vers lui avec fureur et l’oblige de plonger sous 
l’eau pour se mettre en sûreté; le pirate ne pouvant le suivre, plane sur 
l’eau jusqu’à ce que le Fou ne puisse plus respirer; alors il l'attaque de 
nouveau, jusqu'à ce que celui-ci, las et hors d’haleine, soit obligé d’a- 
bandonner son poisson. » # 

C'est d’après cette espèce de stupidité que les marins et les voyageurs 
de toutes les nations se sont accordés à leur donner les noms de Boubie, 


Booby en anglais, Bobos en portugais, Sula en latin moderne ou de 
GALERIE DES oiseaux. Ve ET DERNIÈRE PARTIE. 25 


104 FOUS. | ; 


nomenclature, qui tous signifient fous, niais, Stuprdes. On rencontre des 
Fous sur toutes les mers, et partout äls ont le même naturel ; ; ils pêchent 
en planant les ailes presque immobiles , et tombent sur le poisson à l’ins- 
tant qu'il paraît près de la surface de Es ils volent le cou tendu et la 
queue étalée ; ils ne peuvent prendre leur vol que de quelque point élevé, 
aussi se perchent-ils comme les Cormorans, les Frégates et plusieurs au- 
tres palmipèdes syndactyles. La rencontre de ces oiseaux en mer an- 
nonce assez sûrement aux navigateurs le voisinage de quelque terre, ce- 
perdant on en voit en mer à plusieurs centaines de lieues, ce que je puis 
assurer; donc on ne peut pas les regarder, dans certaines circonstances, 
comme des avant-coureurs de terre sur lesquels on doive toujours se fier. 
C’est aux îles les plus lointaines et les plus isolées au milieu de la mer, 
qu'on trouve ces oiseaux en plus grande abondance; ils ÿ habitent par 
peuplades avec les Mouettes, les oiseaux des tropiques et les Frégates. 
C’est là qu'ils se retirent pour nicher. Les îles qu'ils préfèrent sont celles 
qui se trouvent d’un tropique à l’autre; cependant quelques espèces re- 
montent au nord jusqu'au Kamitschatka, et il y en a même aux îles Fer- 
roË; mais elles n’y restent que pendant l'été, et elles retournent au sud, 
avec leurs petits aux approches de l'hiver. Les Fous nichent sur les arbres 
dans l’île d’Aves, ailleurs dans les rochers ou à terre, et toujours en grand 
nombre, dans un même quartier. Leur ponte est au plus de deux œufs; 
les petits restent long-temps couverts d’un duvet très-doux et très-blane 
dans la plupart. 


LE FOU BRUN, Sula fusca. 


- PL CCLXXVIL. 


Facie rubré ; corpore suprà cinereo-fusco ; subtàs albo.. 
‘Le Fou, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 495, n° x. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, pag. 368. 
Booby, Catesby, car. 1, pl. 87. 

Idém, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 612, ne 27. 


ANHINGAS. 109 

Pelecanus Sula, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 7. 

Idem, Lath., Index, n° 28. 

On rencontre ce Fou aux îles Antilles, en grande dhentie sur l'ile 
d’Aves, sur le roc du grand Connétable près de Cayenne, sur les côtes de 
la Nouvelle-Espagne, aux îles de Bahama et à la Caroline pendant l'été seu- 
lement, ainsi qu'à l’île de Ferroë et même à la Nouvelle-Guinée. Il paraît 
que, de toutes les espèces de Fous, c’est la plus répandue sur le globe. La 
peau nue, qui entoure les yeux de ce Fou, est jaune; le ventre est blanc, 
et tout le reste du plumage d’un cendré brun; le bec est jaune à sa base 
et brun à sa pointe; les pieds sont d’un jaune päle. Longueur totale, deux 
pieds cingpouces. La distribution des deux couleurs brune et blanche ne 
sont pas constantes chez tous les individus; les uns ont la poitrine 
blanche comme le ventre ; chez d’autres le ventre seul est blanc et le dos 


brun; et plusieurs sont totalement bruns. 


5ème prvision. ANHINGA, Plotus. 


Bec plus long que la tête, droit, aigu, robuste, un peu cylindrique, 
dentelé cut sur les bords. PI. X, n° 5. 
Narines longitudinales, oblitérées, dans une rainure, à la base du bec. 
Langue très-courte. < 
Face et gorge nues. 
Tarses nus, annelés. 
2 
-Doigts engagés dans une membrane entière; l’externe le plus long. 
PI. GG, n° 5. d 
7 \ - 2. / 1°: Ier. 
Ongles robustes, courbés et très-aigus; l'intermédiaire pectiné sur son 
bord interne. 
Ailes moyennes ; deuxième ettroisième rémiges les plus longues de toutes. 
A e, LA / 2/2 Le 4 
Queue à douze rectrices, étalées, striées profondément et comme gaufrées. 
On trouve des Anhingas dans les contrées les plus chaudes de l’Afrique 
el de l'Amérique; mais on n’est pas certain qu'ils composent deux espèces 
ete o Da \ Ses. 
distinctes et particulières. Ils fréquentent les eaux douces à quelque dis- 
tance des côtes et font leur pâture ordinaire de poissons , qu'ils saisissent 


196 ANHINGAS. 


avec beaucoup d'adresse en étendant brusquement le cou et lançant, 
comme un dard, leur bec aigu; ils les retiennent ensuite avec leurs doigts 
et leurs ongles pour les dévorer. On ne les voit point marcher sur la terre 
ni dans les marais; ils ne quittent leur arbre que pour se jeter à l’eau; ils y 
plongent de manière que leur tête seule paraît à la surface, et ils la retirent 
bien vite et se submergent en entier au moindre soupçon du danger. Ces, 
oiseaux forment de petites sociétés et se rassemblent sur les branches des- 
séchées qui s'avancent au-dessus de l’eau. Si dans ces momens on approche 
d'eux , ils se laissent, comme morts, tomber dans Peau, disparaissent pen- 
dant une ou deux minutes, et tout à coup on voit sortir hors de l’eau leur 
pette tête et leur long cou. La pettesse de la première partie, qui est 
cylindrique, roulée en fuseau, et la longueur excessive et grêle de l'au- 
tre , donnent à ces oiseaux l'apparence d’un serpent enté sur le corps d’un 
_ oiseau. Ils établissent leur nid sur les arbres; mais on ne connaît pas le 


nombre d'œufs dont leur ponte se compose. 


L’ANHINGA À VENTRE NOIR, Plotus melanogaster. 


PI. CCLXX VII. 


.Capite , collo pectorisque superiore parte pallidissime fuscis ; ventre 
et caudé atris. Adultus. entre albo. Femina et junior. 

L’Anhinga, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 476, n°. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Oùis., tom. 8, pag..h48. 

L’Anhinga de Cayenne, Buff:, pl. enl. , n° 959. 

L’Anhinga noir de Cayenne, p/. en. , n° 960. 

Plotus Anhinga, Linn., Gm., Syst. nat, édit. 13, n 1. 

Plotus melanogaster, idem, n° 2. 

Plotus Anhinga et melanogaster, Lath., Index, n° x et 2. 

Black-bellied darter, Lath., Synopsis, tom.2, pag. 624, n° 2. 

White-bellied darter, idem, pag. 622, n° 1. 

L’Anhinga, dont nous publions la figure, et qui se trouve*au Brésil et 
à Cayenne, est regardé par des auteurs comme le mâle et par d’autres 


PHAÉTONS. - ; 197 


comme une espèce particulière. Les premiers indiquent comme des fe- 
melles ou des jeunes les individus à ventre blanc, tandis que les derniers 
les isolent spécifiquement ; quant à nous, nous les regardons comme mâle 
et femelle. L'un a la tête, le cou et le haut de la poitrine d’un brun pâle; 
un large trait blanc sur les côtés de la tête et du cou; le dos, les plumes 
scapulaires ét :les couvertures supérieures des ailes rayées de blanc, sur 
un fond noir; le ventre de cette couleur; le bec d’un vert bléuâtre en 
dessus et sur la moitié de sa partie inférieure, d’un violet foncé dans le 
reste ; l'iris d’une belle couleur d’or; les pieds jaunes en dedans, noir- 
tres en dehors et par derrière. Longueur totale, 34 pouces. 

Chez la femelle toutes les parties supérieures, l'abdomen et les cuisses 
sont noirs; la poitrine. et la partie supérieure du ventre d’un blanc de 
lait; la queue d’un noir foncé et mouchetée de blanc. 

Le jeune est d’un gris roussâtre sur la tête, le cou et le dessous du 
corps ;blanchâtre sur le ventre. Le même, avant sa sortie du nid, est revêtu 
d'un duvet blanc et très-épais, à l'exception d’un collier blanc bleuâtre 
sur la nuque. La tête est totalement dégarnie de plumes et d’une couleur 
de rose pâle, avec le tour de l'œil d’un noir qui s’étend en longueur jus- 
qu’à l’oreille. 


6° prvison. PHAÉTON, Phaeton. 


Bec allongé, un peu robuste, comprimé par les côtés, convexe en 
dessus, droit, à bords dentelés, incliné vers le bout, pointu. PI. X, n° 6. 

INarines concaves, étroites, à demi-closes en dessus par une membrane. 

Langue très-courte. 

Tête parfaitement emplumée. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts engagés dans une membrane; le deuxième le plus long de tous; 
l’externe bordé d’une petite palme en dehors; le postérieur dirigé presque 
en avant. PL GG, n° tr. 


Ailes allongées ; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 


198 PHAÉTONS. 


Queue à douze rectrices; les deux intermédiaires étroites et très-lon- 
ques. 

Les trois espèces de cette division sont fixées sur les mers de la zone 
torride, dont elles dépassent rarement les limites, d'où leur est venu le 
nom d'oiseaux des tropiques. On les connaît encore sous celui de 
Paille-en-queue , d'après la forme que présentent les deux pennes inter- 
médiaires de la queue. Quand les navigateurs arrivent sous les tropiques, 
soit par le côté nord, soit parle côté sud, l'apparition de ces oiseaux est 
pour eux un signe certain qu'ils entrent sous la zone torride; mais elle 
ne doit pas toujours être un indice de la proximité des tepres , puisqu'à 
la faveur d’un vol puissant et rapide, les Phaétons s’avancent au large à 
une prodigieuse distance et souvent à plusieurs centaines de lieues. Indé- 
pendamment de cette faculté, ils ont, pour fournir ees longues traites, la 
facihté de se reposer sur l’eau, au moyen de leurs pieds entièrement pal- 
més, et d'y passer la nuit, quandils sont trop éloignés de terre , fait dont 
je me suis assuré dans mes voyages en Amérique; souvent à cette époque 
ils voltigent à la cime des mâts et se reposent sur les vergues. Ayant les 
jambes ‘courtes et placées presqu'à l'arrière du corps, ils ont une dé- 
marche pesante et sont aussi gênés dans leurs mouvemens, qu'ils sont 
lestes et agiles dans leur vor; aussi se posent-ils rarement à terre. Les 
trous, au sommet des rochers, les arbres les plus élevés sont les positions 
qui leur conviennent le mieux. Les poissons volans font leur principale 
nourriture, eb c’est en rasant la surface de la mer qu'ils leur font la 
chasse. Les uns placent leur nid dans des creux d'arbre, les autres re- 
cherchent les rochers les plus escarpés pour y faire leur ponte, et tous 
habitent de préférence les îles peu fréquentées et isolées au milieu des 
mers qui baignent les deux continens. 


PHAÉTONS. . 109 


LE PHAÉTON A BRINS ROUGES, Phaeton,phænicurus. 


PI. CCLXXIX. 


Pallidissimè roseus » rectricibus duabus intermediis rubris. 

Le Paille-en-queue à brins rouges, Buff., Hist. nat. des Ois., tom, 5, 
pag. 357, pl. enl., n° 970, sous le nom de Puille-en-queue de l'Ile 
de France. 

Phaeton phœnicurus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 3. 

Idem, Lath., Index, n°3. ’ 

Red-Tailled tropic bird, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 619, n° 3, 
pl. 10b. 

On rencontre ce Phaéton dans les mers indiennes et australes, et sur- 
tout à l'Ile-de-France, où il niche dans des trous de rocher des petites 
îles qui sont dans le voisinage. Sa ponte est de deux œufs d’un blanc jau- 
nâtre, marqué de taches rousses. Il porte un plumage blanc, teinté de 
rouge rosé; l'œil est entouré d’un croissant noir; les scapulaires présen- 
tent cette couleur à leur extrémité, ainsi que leurs deux longs brins de la 
queue à leur origine; ils sont rouges dans le reste ; le bec est de cette 
teinte; les pieds sont noirs. Longueur totale, 2 pieds 6 pouces. 


20e FAMILLE. PLONGEURS, Urinatores. 


Bec presque cylindrique, subulé, entier. 

Pieds à l'équilibre ou à l'arrière du corps. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 

Quatre doigts ; trois devant, un derrière; les antérieurs garnis d’une 
membrane entière ou découpée. : 


200 HÉLIORNES. 


1ère prvistoN. HELIORNE, Æeliornis. 


Bec un peu incliné vers le bout, subulé, cylindrique, entier, à bords 
tranchans, aigu. PI. X, n° 7. 

Narines longitudinales, couvertes d’une membrane, situées vers le mi- 
lieu du bec. 

Langue... 

Pieds à l'équilibre du corps. 

Tarses un peu arrondis, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs bordés d’une membrane lobée; postérieur lisse , 
portant à terre sur le bout. PI. GG, n° 6. 

Ongles comprimés latéralement, arqués, pointus. 

Ailes moyennes ; deuxième et troisième rémiges les plus longues de 
toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des deux espèces de cette division , l’une se trouve au Sénégal et l’autre 
dans l’Amérique méridionale. Ces oiseaux se tiennent sur les rivières et 
sur les criques , se nourrissent d’insectes aquatiques et de poissons qu’ils 
saisissent souvent en volant, et si adroitement qu'ils ne manquent jamais 
leur coup. « La nature, dit l'illustre Buffon, trace des traits d'union 
presque partout où nous voudrions marquer des intervalles et faire des 
coupures, sans qu’elle quitte brusquement une forme pour passer à une 
autre; elle emprunte de toutes deux et compose un être mi-parti qui réu- 
nit les deux extrêmes et remplit jusqu'au moindre vide de l’ensemble d’un 
tout où rien n’est isolé. » En effet, ces traits se rencontrent dans les deux 
espèces d'Héliornes ; celle d'Amérique (le Grèbe-Foulque de Buffon) a 
les doigtset le bec du Grèbe, une queue comme la Foulque, mais plus 
large, la tête petite et le cou grêle de lAnhinga. L’Héliorne d'Afrique porte 
une tête, un cou et une queue d’Anhinga , un bec de Grèbe et des pieds de 
Foulque, c'est-à-dire que ses doigts antérieurs sont bordés de lobes très- 
distincts, les extérieurs unis seulement à leur base, et que l’interne est 
totalement libre; mais le pouce n’est pas pinné comme dans la Foulque. 


GRÈBES. 201 


L'HÉLIORNE D'AFRIQUE, Æeliornis senegalensis. 


PI CCLXXX. 


Corpore suprà fusco ; subtüs albo; colli lateribus et dorso nigro 
maculatis ; caudé& rigidé , angust&. 

L’Héliorne d'Afrique, deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat., 
tom. 14, pag. 277. 

Cette espèce, nouvellement découverte au Sénégal, a la tête, la partie 
supérieure du cou, le dessus du corps, les ailes et la queue bruns; cette 
couleur prend un ton noir sur la tête et le dessus du cou, dont les côtés 
ont, ainsi que le dos et les flancs, des mouchetures noires; une raie blan- 
che part du bec, passe au-dessus de l'œil et descend sur les côtés de la 
gorge et du cou, dont le devant est blanc, de même que toutes les parties 
postérieures; les pennes de la queue sont étagées, roides, un peu étroites 
et couleur d’orange sur les tiges. Le bec et les pieds sont rouges. 


aie nrvision. GRÈBE, Podiceps. 


Bec ordinairement plus long que la tête, robuste, entier, comprimé 
latéralement , ou presque cylindrique ; mandibule supérieure droite, ou 
courbée à sa pointe, ordinairement subulée. 

[Narines situées vers le milieu du bec, oblongues, concaves, closes à 
l'arrière par une membrane, ensuite quelquefois ouvertes. 

Langue légèrement échancrée à son extrémité. 

Pieds à l'arrière du corps. 

T'arses très-comprimés par les côtés, carénés en devant et en arrière. 

Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane , ensuite lo- 
bès; l’externe le plus long de tous ; le postérieur penné et portant à terre 
seulement sur le bout. PI. GG, n° 7. 

Ailes moyennes; première, deuxième, troisième rémiges les plus lon- 
gues de toutes. | 

GALERIE DES o1SEAUx. 1We PARTIE. 26 


202 GRÈBES. 


Queue nulle. 

Les neuf espèces de cette division doivent former deux sections, d’a- 
près les formes du bec, qui est presque cylindrique et à pointe droite 
chez les uns, comprimé latéralement et courbé à son extrémité chez les 
autres. 

On trouve des Grèbes dans les quatre parties du monde; tous ont le 
dessous du corps, particulièrement la poitrine, couvert d’un duvet très- 
serré, très-ferme et lustré. Le vêtement, dont la surface est telle que ni 
le froid ni l’eau ne peuvent le pénétrer, est nécessaire à des oiseaux, qui, 
dans les hivers les plus rigoureux, se tiennent constamment sur les eaux, 
plongent , nagent avec la plus grande aisance et poursuivent le poisson 
jusqu’à une très-grande profondeur. C’est à leur conformation qu'ils doi- 
vent la rapidité surprenante avec laquelle ils fendent l’onde à sa surface, et 
leurs mouvemens encore plus vifs, lorsqu'ils sont sous l’eau : leurs jambes, 
placées à l'arrière du corps, ne laissent paraître que des pieds en forme 
de rames , dont la position et le mouvement naturel portent à se jeter en 
dehors; mais cette position les force, lorsqu'ils sont à terre, de se tenir 
droit à plomb. Comme la terre n’est pas leur élément, ils l'évitent autant 
qu'ils peuvent, et, pour n’y être point poussés , ils nagent contre le vent. 
Si quelquefois la vague porte un Grèbe sur le rivage, il y reste en se 
débattant des ailes et des pieds, soit pour s'élever dans les airs, soit pour 
retourner à l'eau, et long-temps inutilement ; alors il est facile de le 
prendre à la main, malgré les violens coups de bec dont 1lse défend. 

Quoique ces oiseaux soient privés de queue, ils ont cependant au 
croupion les tubercules d’où sortent ordinairement les pennes; mais ces 
tubercules sont moindres que dans les autres, et il n’en sort qu’un bou- 
quet de petites plumes et non de véritables pennes. Ils sont ordinaire- 
ment fort gras et vivent de petits poissons, d'algues et d’autres herbes 
aquatiques. Les uns déposent leurs œufs dans des creux de rocher; les 
autres construisent leur nid près des étangs avec des roseaux et - des 
joncs entrelacés, de manière que quoiqu'à demi plongé et comme flot- 
tant, il ne peut être emporté par l’eau. La ponte est ordinairement de 
deux ou trois œufs, rarement de plus grand nombre. 


NL 


GRÈBES. 203 
A. Bec presque cylindrique à pointe droite. PI. X, n° 8. 
LE GRÈBE CORNU, Podiceps cornutus. 


PI. CCLXXXI. 


Capie viridi-nittente; fasci& oculari flavd posterius in cristæ 
speciem elongatd. 

Petit Grèbe cornu, Briss., Ornith., tom. 6, pag. bo. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, pag. 237, pl. enl., 
no 140 bis, fiv: 2, sous le nom de Grèbe d'Esclavome. 

Eared or horned dobihick, Edivards, Oùis., pl. 143. 

Horned Grèbe, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 287, n° 6, pl ox. 

Colymbus cornutus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 19. 

Podiceps cornutus, Lath., Index, no 5. 

On trouve cette espèce dans la plus grande partie de l’Europe et même 
en Amérique. Elle se nourrit de petits poissons, et quelquefois de végé- 
taux. Elle fait son nid dans les roseaux, le pose de manière qu'il flotte 
sur l’eau, et emploie à sa construction diverses plantes aquatiques. La 
ponte est de quatre œufs d’un vert blanchâtre, marbré de brun. 

La huppe noire, que ce Grèbe porte sur la tête, est partagée en ar- 
rière et divisée en forme de deux- cornes; les plumes du cou sont longues, 
rousses à leur base et noires vers leur extrémité; elles présentent l’appa- 
rence d’une sorte de crénaux, coupée en rond autour du cou; ce qui 
donne à cet oiseau une physionomie toute particulière ; le cou et les flancs 
sont roux; tout le dessus du corps est brun noirâtre, avec du blanc sur 
les ailes; la poitrine, le ventre et les parties postérieures sont d’un blanc 
argenté; les pieds noirâtres ; le bec est de cette teinte en dessus et jaune 
en dessous vers sa base ; la peau nue, qui couvre les côtés de la tête entre 
le bec et l'œil, est d’un roux incarnat. Longueur totale, deux pieds en- 
viron. Tel est le mâle. 


La femelle en diffère en ce que sa tête est peu huppée. Le Grèbe pro- 


204 GRÈBES.. 


prement dit ( Podiceps r7inulus) est un jeune dans sa première année; , 

le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) est l'adulte à l’âge de deux ans, et 

lindividu , dont nous publions la figure, est âgé de trois ans et a tout 
? Le] ? D 


son plumage parfait. 


B. Bec comprimé latéralement, courbé vers le bout. PI. X, n° 0. 
LE GRÊBE A BEC CERCLÉ, Podiceps carolinensis. 


Corpore fusco ; rostro fascit sesquialiterd. Adultus. Capite cor- 
poreque Juscis ; lateribus Jerrugineis ; pectoris medio albo. Junior. ? 

Le Grèbe de la Caroline, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 63, n° 10. 

Castagneux à bec cerclé, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 8, pas. 247. 

Pied-bill dobchick, Catesby, car. 1, pl. gr. 

Colymbus Podiceps, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 13. 

Podiceps carolinensis, Lath., Index., n° 19. 

Pied-bill Grebe, zdem., SmpE tom. 3, pag. 202, n° 13. 

Le Grèbe de la Louisiane, Buff., Histoire nat, des Ois., tom. 8, 
pag. ho, pl. ent. , nr 043. Jeune. 

Colymbus ludovicianus, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 29. 

Idem. 

Podiceps Indovicianus, Lath., Index, n° 13. 

Louisiane Grebe, idem, Synopsis, tom. 3, pag. 289, n° 0. Idem. 

Ce Grèbe se trouve dans l'Amérique septentrionale depuis le Canada 
jusqu'à la Louisiane et probablement plus au sud, car nous soupconnons 
que le Grèbe à bec crochu du Paraguay, décrit par M. de Azara sous le 
nom de.…., fait partie de la même espèce, mais sous un plumage plus 
parfait que celui dont on à publié la figure. 

L’adulte a le bec entouré d’un cercle noir, la tête, le dessus du corps, à 
les couvertures et les pennes des ailes bruns; la gorge noire; le ventre , 
d'un blanc sale; les yeux entourés de blanc; le bec brun à sa base, en- 
suite olivâtre ; l'iris blanc; les pieds gris. Longueur totale ; 14 pouces. 


Le jeune est d’un brun foncé sur la tête et sur le dessus du corps; d’une 


PLONGEONS. 20 


couleur ferrugineuse sur les côtés du cou, le ventre et le croupion; d’un 
blanc sale sur le milieu de la poitrine, avec une tache noire transversale 
sur le dessus du corps; le bec n’est pas cerclé; les pieds sont noirûtres. 
L’individu du Paraguay dont il est parlé précédemment, a le dessus de 
la tête, du cou et du corps noirâtre; les ailes brunes ; une tache d’un 
noir velouté s'étend depuis l'angle antérieur de l'œil jusqu’au bec, et des- 
cend sur le haut de la gorge; les côtés de la tête sont d'un brun blanchäâtre 
de même que les côtés et le devant du cou sur la moitié de sa longueur; 
le reste des parties inférieures est d’une teinte d'argent bruni; le tarse 
d'un plombé noirâtre; le bord de la paupière très-blanc; le bec bleuâtre 
et ceint dans son milieu par un petit anneau d’un noir velouté et large de 


trois lignes. 


3ève prvisron. PLONGEON , Colymbus. 


Bec plus long que la tête, droit, entier, robuste, presque cylindrique, 
un peu rétréci sur les cotés, lisse, subulé, aigu; mandibule supérieure 
plus longue que l’inférieure. 

Narines situées à la base du bec, concaves, à demi-closes par une 
membrane, et à ouverture oblongue. 

Langue en forme de lancette, dentelée sur les bords à son origine. 

Pieds à l'arrière du corps. 

Tarses comprimés par les cotés, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs totalement palmés; postérieur petit, pinné, joint à 
la base avec le doigt interne par une petite membrane et portant à terre 
sur le bout. PI. HH, n° r. : 

Ongles un peu aplatis, courts; le postérieur pointu. 

Ailes moyennes; deuxième , troisième rémiges les plus longues de. 
toutes. 

Queue courte, à vingt rectrices. 

Des quatre espèces de cette division trois se trouvent en Europe et dans 
l'Amérique septentrionale, et la quatrième à la Chine. Des auteurs en 
décrivent un plus grand nombre, mais les Colymbus stellatus et striatus 


266 PLONGEONS. 


sont regardés comme des jeunes du Plongeon Cat-Marin, ainsi que le 
petit Plongeon de Buffon; le Colymbus immer et le grand Plongeon pour 
ceux du Plongeon imbrin. 

On pourrait appliquer le nom générique de ces piscivores aux Grèbes 
et à plusieurs autres oiseaux d’eau, qui ont, comme eux, l'habitude de 
plonger, en poursuivant leur proie, même jusqu'au fond de l’eau; mais 
on l’a réservé pour cette petite famille, qui en diffère par les caractères 
principaux que nous indiquons ci-dessus. Ces excellens nageurs plongent 
avec une telle promptitude, qu'ils évitent le plomb à l'éclair du feu, au 
même instant que le coup part, ce qui lui a fait donner en Picardie et à 
la Louisiane le nom de mangeur de plomb. Mais si ces oiseaux se meuvent 
avec tant de facilité dans l’eau, ils marchent sur terre avec beaucoup de 
difficulté, d’après la position de leurs jambes qui les force de se tenir de- 
bout, dans une situation droite presque perpendiculaire et tellement gê- 
nante, qu'ils peuvent à peine faire quelques pas et maintenir l’équilibre 
de leurs mouvemens ; aussi passent-ls la plus grande partie de leur vie dans 
l'eau , et ce n’est guère qu’en volant qu'ils passent d’une contrée à une autre. 
Lorsqu'ils nagent et plongent, c’est toujours avec bruit et avec un mou- 
vement très-vif des ailes et de la queue ; celui de leurs pieds se dirige non 
d'avant en arrière, mais de côté et se croisant en diagonale. Leur habita- 
tion favorite est le bord des rivières, des lacs et des étangs dans les cli- 
mats tempérés et froids. Leur nourriture consiste uniquement en poissons. 
Ils nichent sur le bord des eaux : leur ponte est de quatre ou cmq œufs. 
Quand on approche du nid, la mère se précipite et plonge; et les petits , 
tout nouvellement éclos, se jettent à l’eau pour la suivre. 


LE PLONGEON CAT-MARIN, Colymbus septentrionalis. 


PI. CCLXXXIL. 


Collo subiùs macula scutiformi ferruginea ; corpore suprà nigri- 
cante, subiùs albo. Adultus. 


Capite colloque dilecte cinereis , nigro striatis ; dorso, remigibus 


PLONGEONS- 207 


primariis caudäque obscuris. Junior. Occipite remigibusque obscuris ; 
jugulo pallide cinereo ; dorso, hypochondriis , uropygio et caudé 
albo maculatis. Idem. 

Le Plongeon à gorge rouge, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 11, 
RAS pl Eos 

Petit Plongeon de la mer du Nord, Buff., Hist. nat. des Oiseaux , 
tom. 8, pag. 261, pl. enl. , n° 308, sous le nom de Plongeon de la mer 
du Nord. 

Colymbus septentrionalis, Linn., Gin., Syst. nat , édit. 13, n° 5. 

Idem, Lath., Index, n° 5. 

Red-throated diver, Lath., Synopsis, tom.3, pag. 344,n° b. 

Striped diver, idem, pag. 345 , n° 6. 

Speckled diver, idem, pag. 341, n° 3. 

Colymbus striatus et stellatus, Linn., Gm., n° 16 et 17. 

Le petit Plongeon, Briss., pag. 108, n° 2,pl. 10, Jig. 2. 

Idem, Buff:, pag. 254, pl. enl., 992. 

Ce Plongeon, connu sur les côtes maritimes de la Picardie sous le nom 
que nous lui avons conservé, y arrive avec les Macreuses; il s'en éloigne 
pendant l'été, et niche, au rapport des navigateurs, dans les Sorlingues sur 
les rochers. Ce grand destructeur de frai de poisson, entre avec la marée 
dans l'embouchure des rivières où il se nourrit de préférence de petits 
Merlans, du frai de l’'Esturgeon et du Congre. Les jeunes, moins adroits 
et moins exercés que les vieux, ne mangent que des Crevettes. 

L’adulte a la gorge, les côtés de la tête et du cou d'un gris de souris; 
le sommet de la tête tacheté de noir, le devant du cou d’un rouge marron 
très-vif; une bande transversale, composée de raies longitudinales blan- 
ches et noires sur la partie inférieure du cou; la poitrine et les parties 
postérieures blanches; les flancs et le manteau noirâtres, tachetés de 
blanchâtre chez les uns et sans tache chez les autres ; les pennes des ailes 
et de la queue roussâtres ; les pieds d’un noir verdâtre; le bee noir; l'iris 
dun brun orangé. Longueur totale, 22 à 24 pouces. 

Le jeune (petit Plongeon de Buffon) est d’abord d'un brun noirâtre 
sur les parties supérieures et blanchätre sur les inférieures; mais après 


es 


208 HARLES. 


la mue il a les lorums, la gorge et toutes les parties postérieures blanes ; 
le sommet de la tête et la nuque d’un cendré sombre, varié de blanc ; 
les scapulaires, le croupion d’un brun noirâtre, parsemé de petites taches 
blanches ; les couvertures supérieures des ailes bordées de cette couleur ; 
le bec cendré; l'iris et les pieds bruns. 


3ème FAMILLE. DERMORHYNQUES, Dermorhynchi. 


Bec couvert d’un épiderme, dentelé en scie ou en lames, onguiculé à 
sa pointe. 

Pieds le plus souvent hors l'équilibre du corps. 

Jambes nues sur leur partie inférieure. 

Doigts, trois devant, un derrière; postérieur lisse ou pinné. 


1ère prvision. HARLE, Mergus. 


Bec un peu déprimé à sa base, droit, subulé, cylindrique, garni sur 
les bords de dentelures en scie, dirigées en arrière; mandibule supérieure 
crochue et onguiculée à sa pointe; l’inférieure plus courte, droite et ob- 
tuse. PI. Y, n° 1. 

INarines très-petites, ovales, couvertes par une membrane, situées vers 
le milieu du bec. , 

Langue épaisse, charnue, hérissée de papilles dures et tournées en 
‘arrière. 

Pieds hors l’équilibre du corps. 

T'arses nus, réticulés. 

, Doigts antérieurs engagés dans une membrane entière; l’externe le 
plus long de tous; le postérieur pinné, portant à terre sur le bout. PI. HH, 
n°2. 

Ailes moyennes; première rémige la plus longue de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Nous ne comprenons dans cette division que cinq espèces, quoique des 
ornithologistes en aient décrit un plus grand nombre; mais nous avons 


= YANN à 
PR |: . 
HARLES: À 209 


remarqué que plusieurs de celles-ci n'étaient que des variétés d'âge ou de 
sexe : tels sont le Æarle cendrée de Brisson, qui est la femelle du Harle 
proprement dit, le Æarle étoilé que Buffon soupçonne avec raison être 
une femelle de l'espèce du Harle-Piette ; les Æarles à manteau noir, 
noër et blanc et le Harle noir de Brisson que Buffon réunit dans une 
même espèce , et que Latham présente comme des variétés du Harle huppé. 
Quant au ÆJarle impérial de Cetti et celui à queue fourchue de Latham, 
le premier nous paraît être le Harle étoilé et l’autre une espèce très- 


distincte. 


5 


Les Harles sont de grands destructeurs de poissons ; aussi les a-t-on 
comparés aux, Loutres, d’après le dégât qu'ils font dans Îles étangs. Leur 
bec garni de dentelures dirigées en arrière, leur langue hérissée de pa- 
Piles dures et tournées de même que les dentelures, servent à retenir le 
poisson glissant, et même à le conduire dans leur gosier. Ils sont d’une 
telle voracité, qu'ils avalent souvent un poisson beaucoup trop gros pour 
entrer tout entier dans leur estomac. Alors la tête se loge la première 
dans l’œsophage et se digère avant que le corps puisse y descendre. Ces 
oiseaux nagent, avec tout le corps submergé et la tête seulement hors de 
l’eau ; ils plongent profondément, restent long-temps sous l'onde et en 
parcourent un grand espäce avant de reparaître. Les espèces des régions 
septentrionales voyagent à l’automne du nord au midi, et reviennent au 
printemps nicher dans des contrées plus où moins boréales. Chez les unes, 
les mâles se séparent des femelles, lorsque les petits sont nés; ils se réu- 
nissent , et celles-ci, avec leur jeune famille, forment des bandes à part. 
Les Harles nichent dans les herbes et les halliers qui bordent les rivières 


et les lacs. La ponte est de huit à quatorze œufs. 


LE HARLE DU BRÉSIL, Mergus brasilianus. 


PI. CCLXXXIIT. 


æ 


Cristatus ; corpore suprà ardosiaceo , subtüs albo ; lateribus ma- 
culatis. 
GALERIE DES oiseaux. Ve ET DERNIÈRE PARTIE. 27 


h 


si 


T0 | CÉRÉOPSIS. 


Le Harle à huit brins, deuxième edit. du nouveau Dict. histoire 
nat.,1om. 14, pag. 222. ï 

La huppe de lindividu que j'ai décrit dans l'ouvrage cité ci-dessus, 1é- 
tait composée que de huit plumes, mais en ayant vu un autre depuis chez 
qui elles étaient plus nombreuses, j'ai dû en changer le nom pour ne pas 
induire en erreur. Ces plumes sont longues de deux pouces, étroites et 
à barbes désunies; elles sont posées sur l’occiput de la même manière 
que celles du Bihoreau ; mais ce faisceau est fixe et vertical. Toutes les 
parties supérieures sont d’une couleur brunâtre; les inférieures blanches, 
avec des taches sur leurs côtés ; le bec et les pieds noirâtres. La femelle ne 
diffère du mâle qu’en ce que sa huppe est plus courte. On trouve cette 
espèce au Brésil. " 
% 


pv prvisron. CÉRÉOPSIS, Cercopsis. 


Bec plus court que la tête, robuste, convexe en dessns, fléchi à sa 
pointe. PI. Y, n° 2. 

INarines situées à la base du bec, cachées sous une membrane ou cire. 

Langue... ï 

Téte couverte en grande partie, d'une cire ridée. 

Tarses robustes. 
- Doiets antérieurs engagés dans une membrane échancrée ; postérieur 
très-court et élevé de terre. PL. HH, n° 5. 

‘Ongles forts, crochus. 

Ailes armées d’un éperon obtus. 

Queue à seize rectrices. 
_ Latham a classé l'espèce, qui compose cette division, dans son ordre 
Grallæ ; mais ayant eu occasion de la voir en nature, nous nous sommes 
décidés à la placer dans celui des Nageurs , attendu que tout son ensemble 
présente de grands rapports avec les Oies; elle en diffère néanmoins par 
la forme de son bec, par la membrane échancrée qui réunit les doigts; 
par le postérieur qui n’appuie pas à terre, et par les ongles qui sont ro- 
bustes et crochus. Elle se trouve à la Nouvelle-Hollande. 


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OIES. Ù é DITS 
: DA e 


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LE CÉRÉOPSIS GRIS, Cereopsis cinereus. 


PI. CCLXXXIV. 


Cinereus; alis caudäque obscure fuscis ; capite nudo , Jlavo. 

Cereopsis Novæ-Hollandiæ, Lath., Index, n° 1. 

New-Hollande Gereopsis, idem, Synopsis, deuxième Supplément, 
pag. 32, pl. 138. | 

Le Céréopsis gris, deuxième édit, du nouv. Dict. d'histoire nat. , 
tom. D, pag. bu6. 
La tête de cet oiseau est couverte d’une peau nue, ridée et jaune, de- 
puis la base du bec jusqu'au delà des yeux; un gris cendré domine sur 
tout son plumage; mais il incline au brun sur les parties supérieures, et 
il est plus clair sur le cou et toutes les parties inférieures ; les couvertures 
et les pennes des ailes ont une tache noirâtre vers leur extrémité; toutes 
ces dernières et les rectrices sont d’un brun obscur; la partie nue des 
jambes et les tarses presqu'en entier d'une belle couleur orangée; le bec 
et les doigts sont noirs. Longueur totale... 


3° prvrsion. OIE, ÆAnser. 


Bec court ou médiocre, plus haut que large à sa base, couvert d’un 
épiderme, droit, à bords dentelés en lames coniques et pointues , rétréci 
et arrondi à son extrémité; mandibule supérieure, quelquefois tuberculée 
à son origine, onguiculée et courbée vers le bout; l'inférieure plate. 
PI 10 2 

Narines latérales, situées vers le milieu du bec et couvertes par une 
membrane commune , elliptiques, longitudinales, amples et ouvertes. 

Langue épaisse, charnue, frangée sur les cotés. 

Lorums emplumés. 

Pieds avancés vers l'équilibre du corps. * 

Tarses nus, réticulés. 


# 


. 


OIES. 


212 
CE 


Doigts antérieurs réunis par une membrane entière ; postérieur sim- 
ple, portant à terre sur le bout. 

Ongles falculaires. 

Ailesmoyennes; première et deuxième rémigesles plus longues æ toutes, 

Queue à douze rectrices. 

Cette division est composée de trente Se environ , que des auteurs 
ont isolées génériquement et que d’autres ont réunies avec les Canards : en 
effet, les Oies présentent de grands rapports avec ceux-ci; mais elles en 
diffèrent par leur bec plus haut que large à sa base, par leurs pieds plus 
élevés et plus rapprochés du milieu du corps; aussi marchent-elles avec 
plus de grâce et plus de facilité. Si l’on avait égard à quelques attributs 
particuliers à plusieurs autres espèces, on pourrait les diviser en deux 
sections , dont la première contiendrait celles dont les ailes sont armées 
d’un éperon , et la seconde serait consacrée aux Oies dont l’aile est simple. 

On trouve des Oies dans les quatre parties du monde; mais elles sont 
plus nombreuses dans les contrées boréales et tempérées que dans les pays 
chauds. La plupart vivent d'herbes, de racines et de graines ; d’autres 
accordent la préférence aux insectes, poissons, reptiles et vers aquatiques. 
Celles qui habitent les parties boréales voyagent à l'automne pour se 
rendre du nord dans le midi, et elles retournent au printemps dans leur 
pays natal. Ces oiseaux, surtout l'espèce commune , que nous appelons 
sauvage , font dans leurs divers passages de grands dommages dans les 
plaines découvertes et ensemencées, en coupant le bled et même en l’ar- 
rachant, si la terre est humide. Dans les cantons, où ils ont coutume de 

shine les cultivateurs sont obligés de garder leurs bleds et de les éloi- 
gner par des cris. Le soir ils se rendent sur les rivières et les étangs pour 
y passer la nuit; et leur rassemblement est marqué par des clameurs très- 
vives et très-répétées. Ils ne quittent les eaux qu’au grand jour, au con- 
traire des Canards qui ne pâturent que la nuit, et ne s’abattent sur les 
rivières, les étangs, les fontaines que pendant la journée. Une pareille 
opposition dans les habitudes des Oies et des Canards vient à l'appui des 
motifs qui ont décidé les naturalistes à les séparer génériquement. Soit que 
les Oies päturent dans les campagnes, soit qu’elles se reposent sur les 


LE 


CC 


N', 


OIES. 213 


eaux, elles sont très-difficiles à approcher et encore plus à surprendre; 
leur vigilance , parfaitement secondée par une bonne vue et par la finesse 
de l'ouieshn’est jamais en défaut. On ne les voit point manger ni dormir 
toutes à la fois; elles ont une sentinelle attentive à donner le signal, et 
toute la bande s’envole et s'élève d’abord, afin de se mettre bientôt à l’abri 
du péril. La plupart des Oïes sont polygames ; toutes nichent à terre, et 
leurs petits quittent le nid, prennent eux-mêmes leur nourriture ,mar- 
chent et nagent dès leur naissance. 


OR BRONZÉR nsc melanotes. 
PI. CCLXXX V. 


Candidus; rostro carunculäque ad ejus basim nigris ; capite collo- 
que nigro maculatis ; dorso , caudä alisque nigris ; remigum prima- 
rium apicibus speculo viridi. 

L’Oie bronzée, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 9, pag. 97, pl. ent., 
n° 937, sous le nom d’Oie de la côte de Coromandel.. 

Anas melanotos, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° bo. 

Idem, Lath., Index, n° 18. 

Black-backed goose, idem, Synopsis , tom. 3, pag. 449, n° 13. 

On trouve cette espèce à la côte de Coromandel et au nord du Gange; 
elle est assez rare dans cette partie de l'Inde, mais elle est fort commune 
dans les îles de Ceylan et à Madagascar. + 

L’épithète bronzée appliquée à cette Oie vient de ce que le dessus de 
son corps porte une couleur noire, dont les reflets sont métalliques d’or, 
de bronze et d'acier; la tête et la moitié supérieure du cou sont mouche- 
tées de noir dans du blanc par petites plumes retroussées et comme bou- 
clées sur le derrière du cou; tout le devant du corps est d’un blanc teint 
de gris sur les flancs ; une large excroïissance charnue, en forme de crête, 
surmonte le bec à sa base et à la longueur de la tête; le tout est noir 
ainsi que les pieds. Longueur totale, 33 pouces. Les ailes sont armées 
d'un long et fort éperon. 


La femelle porte un tubercule beaucoup plus petit que celui du mâle. 


sit 


+, 


214 CYGNES. 


4° pivisron. CYGNE, Cygnus. 

Bec à base plus haute que large (garnie d’un bourrelet charnu et renflé 
chez les Cygnes domestiques), un peu cylindrique en dessus, dentelé en 
lames sur les bords, obtus vers le bout; mandibule supérieure onguicu- 
lée et courbée à sa pointe, l'inférieure plus courte, aplatie. 

INarines ovales, couvertes d’une membrane, situées vers le milieu du 
bec. + s 

Langue épaisse, charnue, large, frangée sur les bords et obtuse. 

Lorums nus. 

Cou très-long. 

Pieds hors l'équilibre du corps. 

T'arses glabres, réticulés. 

Doists antérieurs réunis par une membrane entière; postérieur ne 
portant à terre que sur le bout. 

Ailes allongées; première et quatrième rémiges égales; deuxième et 
troisième Îles plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des quatre espèces, dont cette division se compose, l’une se trouve en 
Europe et dans le nord de l'Amérique , une autre habite la Nouvelle-Hol- 
lande, la troisième, dans la partie australe de l'Amérique , et la quatrième 
est domestique. Les Cygnes se tiennent sur les fleuves , les lacs , les étangs, 
et sont monogames. Ils nichent à terre sur le bord des eaux. Leurs petits 
quittent le nid, mangent et nagent dès leur naissance. Ces oiseaux cher- 
chent leur subsistance dans les eaux qu'ils fréquentent, ils la composent 
principalement d'herbes marécageuses et d’autres plantes aquatiques. Ts 
dévorent aussi les sangsues, les reptiles et les petits animaux qui vivent 
dans la vase, leur long cou leur donnant la facilité de les atteindre au fond 
des eaux peu profondes. Ils sont surtout très-friands de Grenouilles qu’ils 
recherchent avec avidité. L'opinion commune est que ces oiseaux sont 
encore grands destructeurs de poissons ; cependant quelques observateurs 
assurent que cette opinion est erronée ; ils vont même jusqu'à dire qu’au 


“ 


CYGNES: 21) 


lieu de détruire le poisson, comme on le pense généralement, 1lsen sont 
plutôt les protecteurs en éloignant des étangs les Hérons très-patiens, 
mais craignant les Cygnes qui ne peuvent les souffrir : en effet, nous 
voyons tous les jours ces palmipèdes sur des rivières et des réservoirs 
d’eau très-poissonneux, sans qu'ils y fassent le moindre dégât. 

Le Cygne est des plus grands entre les oiseaux d’eau; mais aucune 
espèce ne possède autant de grâce, aucune ne se distingue par autant 
d'élégance dans les formes et de noblesse dans le port et les habitudes. 
«A sa noble aisance, dit l’immortel Buffon, à la facilité, à la liberté de 
ses mouvemens sur l’eau, on doit le reconnaître comme le premier des 
navigateurs ailés. Son cou élevé et sa poitrine relevée et arrondie semblent 
en effet figurer la proue d’un navire, fendant l'onde, son large estomac 
en représenter la carène; son corps penché en avant, pour cingler, se 
redresse à l'arrière et se relève en poupe; la queue est un vrai gouver- 
nail, les pieds sont de larges rames, et ses grandes ailes à demi-ouvertes 
au vent et doucement enflées sont les voiles qui poussent le vaisseau vi- 


ant, navire et pilote à la fois. » 


LE CYGNE NOIR, Cyonus atratus. 


PI. CCLXXX VI. 


Atratus ; remigibus primartüs albis. 

Anas atratus, Lath., Index, n° 

Idem, Synopsis, t0m. , pag. , 720 

Le Cygne noir, deuxième édit. du nouveau Dict. d'Histoire nat. 5 
tom. 9, pag. 30. 

Cette espèce, qu'on trouve à la Nouvelle-Hollande , est totalement 
noire , à l'exception des six premières pennes, des ailes qui sont blanches, 
le bec, la peau nue de sa base et les"pieds sont rouges. Chez le jeune, le 
bec est noirâtre, le plumage généralement cendré; les pieds sont légère- 
ment colorés en rouge. Taille inférieure à celle du Cygne domestique. 


216 CA NARDS. 


5ème prviston. CANARD, Anas. 


Bec plus large qu'épais à sa base, quelquefois gibbeux, droit, un peu 
aplati, dentelé en lames sur les bords, déprimé vers le bout, obtus à son 
extrémité; mandibule supérieure convexe , onguiculée et courbée à sa 
pointe ; l'inférieure plate et plus étroite. PI. Y, n° 4. 

Narines ovales, couvertes d’une membrane, situées à la base du bec. 

Langue charnue, épaisse, large, frangée sur les côtés, obtuse. 

Lorums emplumés. 

Pieds un peu à l'arrière du corps. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigis antérieurs réunis dans une membrane entière; pouce lisse ou 
pinné, portant à terre sur le bout. PL. HH, n° 4. 

Ailes moyennes; première et deuxième rémiges à peu près égales et les 
plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division contient au moins cent espèces, auxquelles on a appliqué 
les noms de Canard et de Sarcelle. Cependant il ne résulte pas de ces 
deux dénominations qu’elles aient des caractères différens; car les uns et 
les autres ne diffèrent qu'en ce qu'on a appelé Canard, les plus forts et 
les plus gros. De la position de leurs pieds, il s'ensuit que ces oiseaux ont 
de la difficulté à marcher et à garder l'équilibre; mais dans l’eau leurs 
mouvemens sont vifs et très-aisés. Ils nichent dans les herbes, à terre et 
quelquefois dans des arbres creux, à une certaine élévation , et font une 
ponte nombreuse; les uns sont polygames, les autres monogames ; leurs 
petits quittent le nid et nagent dès leur naissance. Toutes les espèces qui 
habitent les contrées boréales sont voyageuses; les unes s’en éloignent à 
l'automne en troupes nombreuses, d’autres seulement en familles et quel- 
ques-unes par paires. Toutes reviennent au printemps dans les lieux de 
leur naissance et y passent la belle saison. Leurs allures sont plus de nuit 
que de jour, et c’est ordinairement dans l'obscurité qu’elles voyagent et 
qu’elles paissent. Quand les eaux stagnantes commencent à se couvrir de 


CANARDS. 217 


glaces, elles se rabattent sur les rivières encore coulantes ou près des 
sources. Parmi elles, il en est, comme les Macreuses , qui ne quittent pas 
les bords de la mer, volent toujours bas en rasant sa surface et plongent 
profondément. Leur nourriture consiste en vers, insectes, poissons, ver- 
misseaux aquatiques et graines de plantes marécageuses. On trouve des 
Canards dans toutes les parties du monde, mais en plus grand nombre 
dans les contrées septentrionales et boréales. 


LE CANARD DIT SARCELLE DE LA CHINE, Anas 


galericul ata. 
PI. CCLXXX VII 


Crisié dependente, dorsoque postico utrinque penné recurvaté , 
compressé, elevatt ; vertice virescente atro ; collo inferiore pectore- 
que superiore badiis ; pennis scapularibus nigris, margine albis ; 
abdomine albo. Mas. Fusca ; alarum strigis duabus ; pectore fusce ne- 
buloso , maculis rotundis. Femina. 

La Sarcelle de la Chine, Briss., Ornithi: , tom. 6, pag. 4bo, n° 34. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois. ,tom,0, pag. 276, pl. enl. , n° 805 
et 806. 

Anas et Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 42. 

Idem, Lath., Index, n 98. 

Chinese duck, idem , Synopsis , tom. 3, pag. 548, n° 86. 

Cette très-belle espèce, qui se vend à haut prix à la Chine, se trouve 
dans la province de Nankin, ce qui le fait nommer par quelques Euro- 
péens Canard de Nankin. Elle habite aussi le Japon , où elle est connue 
sous le nom de Xzmnodsui. Les Chinois la nourrissent dans les cours ou 
jardins qui partagent leur habitation, la recherchent non-seulement par 
sa beauté, mais parce qu’elle passe chez ce peuple, ami des emblèmes , 
pour le symbole de la fidelité conjugale; la veille d'un mariage les com- 
pagnes de la nouvelle é ice lui offrent une paire de Sarcelles ornée de 
rubans. 

GALERIE DES OISEAUX. pr ET DERNIÈRE P ARTIE. 28 


AS CANARDS. 


Un magnifique panache vert et pourpre ombrage la tête du mâle jus- 
qu'au delà de la nuque; à cette élégante parure il joint une singularité 
non moins remarquable : ce sont deux plumes, une de chaque côté entre 
celles de l'aile les plus proches du corps, lesquelles sont coupées carré- 
ment à leur bout, prennent la forme d'un triangle, et portent du côté 
extérieur de leur tige, des barbes d’une très-srande longueur, coloriées 
d’un beau roux orangé, liseré de noir et de blanc sur le bord, ce qui 
forme comme deux larges ailes de papillon relevées au-dessus du dos ; le 
front et le dessus de la tête sont d’un vert foncé; les joues blanches en 
haut, d’un roux clair et blanchâtre en bas; les plumes du côté du cou 
sont longues, étroites, d’un roux marron et dirigées en arrière ; le devant 
du cou et le haut de la poitrine d’un marron pourpré; les parties posté- 
rieures d’un beau blanc, avec quatre raies transversales d’un noir velouté 
sur le bas de la poitrine et sur les côtés ; les flancs sont ondés de raies 
transversales très-fines et noirâtres sur un fond gris de noisette ; les cou- 
vertures des ailes terminées par une raie blanche et une raie transversale 
noire; le dos est d’un marron pourpré; les grandes couvertures alaires 
sont blanches à l'extérieur et terminées obliquement de noir, ce qui forme 
deux bandes transversales de ces couleurs sur le milieu de laile, dont les 
pennes sont d'un gris brun, bordé de blanchätre à l'extrémité et en 
dehors ; la queue est brunâtre; le bec et les pieds sont couleur de chair. 
Longueur totale, 15 pouces. ; 

La femelle a toutes les parties supérieures brunes; des traits blancs 
derrière l'œil, et un autre transversal sur les joues; la gorge, le ventre 
et les couvertures inférieures de la queue d’un beau blanc ; la poitrine et 
les côtés marqués de larges taches ovales d’un roux clair sur un fond brun; 
les plumes de l’occiput un peu plus longues que les autres; les ailes bru- 
nâtres et privées des deux plumes qui distinguent le mâle. 


STERCORAIRES. 210 


4ème ramizze. PÉLAGIENS , Pelagii. 


Bec entier, comprimé par les côtés, quelquefois en forme de lame, 
droit ou courbé. 

Pieds à l'équilibre du corps. 

Jambes à demi-nues. 

Doigts au nombre de quatre, trois devant, un derrière. 


Ailes longues. 


rèe prvision. STERCORAIRE, Siercorarius. 
à 


Bec médiocre, robuste, couvert d’une membrane depuis sa base jus- 
qu'aux narines, presque cylindrique, entier ; mandibule supérieure arti- 
culée, crochue vers le bout ; l’inférieure arrondie à sa pointe. PI. Y, n° 5. 

Narines linéaires, perforées, latérales, situées au delà du milieu du 
bec. 

Langue cannelée, pointue, un peu bifide à son extrémité. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs réunis dans une membrañe ; latéraux bordés en de- 
hors par une petite palme; postérieur lisse, portant à terre sur le bout. 

Ongles crochus. i | 

Ailes longues; première et deuxième rémiges les plus prolongées de 
toutes, et à peu près égales entre elles. 

Queue à douze rectrices inégales. 

Les espèces de cette division sont au nombre de trois ou quatre, peut- 
être plus, peut-être moins, car le plumage des Stercoraires varie telle- 
ment depuis le premier âge jusqu’à l’âge avancé, qu’il en est résulté des 
espèces purement nominales. Au reste, Latham range ces oiseaux dans 
une section particulière du genre Mouette ( Larus.) Gmelin ne leur a 
point assigné de caractères distinctifs ; Brisson en fait un genre distinct, 
qui a été adopté par Illiger sous le nom de Lestris, Ils diffèrent des 
Mouettes et Goélands en ce que leur bec est presque cylindrique et 


220 STERCORAIRES. 


couvert à la base de sa partie supérieure d’une membrane qui s'étend jus- 
qu'aux narines, et leur queue inégale, tandis que les Mouettes ont le bec 
uni à sa base et comprimé latéralement, et les pennes de la queue d'égale 
longueur. à 
Si on consulte le genre de vie et les mœurs des uns et des autres,on 

voit qu'ils sont dissemblables ; en effet, les Mouettes passent pour des oi- 
seaux lâches ; au contraire, les Stercoraires sont courageux, les poursui- 
vent avec acharnement pour leur enlever leur pâture, les forcent de la 
dégorger, pour s’en emparer aussitôt. Quelques-uns disent, mais mal à 
propos, qu'ils dévorent leur fiente; de là leur nom de Stercoraire ; on 
les appelle aussi lestris, prædatrix, parasiticus, noms tirés de leur vo- 
racité, On rencontre les Stercoraires sous les latitudes élevées des deux 
pôles, mais ils s’en écartent ordinairement xers l'automne et pendant Fhi- 
ver; c’est alors qu’on en voit quelquefois sur les côtes maritimes de la 
Picardie, de la Normandie et de la Bretagne. On dit qu’on les trouve 
plus communément sur celles de l'Angleterre et particulièrement aux Or- 
cades et aux Hébrides. Ces oiseaux ont le vol très-vif et balancé comme 
celui de l’Autour ; le vent le plus fort ne les empêche pas de se diriger 
assez juste pour saisir en l'air les poissons que regorgent les Mouettes , ni 
ceux que les pêcheurs leur jettent. Ces tyrans de la mer ont dans le port 
et l'air de la tête, surtout le Lobbe, quelque chose de loiseau de proie ; 
ils marchent le corps droit, vivent isolés les uns des autres, et rarement 
on en voit plusieurs ensemble. Ils placent leur nid sur les petits tertres 
qui s'élèvent au-dessus des marais et les construisent d'herbes. Leur ponte 
est d’un ou deux œufs. 


LE STERCORAIRE POMARIN, Siercorarius pomarinus. 


PI. CCLXXX VIII. 


Capite corporeque suprà rubescente-fuscis ; subtùs dilate fusco; 
remigibus bast interno albis, deindè nigrescentibus. Adultus. 
Capite fusco; loris nigris; dorso, scapularüs , tectricibus alarum 


. 


MOUETTES. 221 
superioribus fuscis et rufis ; pectore , ventre fusco-griseis, rufo-vartis. 
Junior. 

Le Stercoraire pomarin, deuxième édit. du nouveau Dict. d Histoire 
nat., tom. 32, pag. 158. 

Le Stercoraire rayé, Brisson, Ornith., tom. 6, pag. 152, pl. 13, 
no 2. (Jeune.) 

Cette espèce habite les régions boréales des deux continens et se montre 
quelquefois sur les côtes maritimes de la Picardie. L’adulte a toutes les 
parties supérieures d’un rouge brun; les inférieures d’un brun plus clair ; 
les pennes alaires blanches à leur base, sur leur bord intérieur, ensuite 
du même brun noirâtre qui couvre la queue; le bec est bleuâtre; l'iris 
jaune ; les pieds sont couleur de plomb. Longueur totale, 18 à 19 pouces. 

Chez le jeune les plumes de la tête et du cou sont d’un brun terne et 
terminées par un brun plus clair; les /orums noirs; le dos, les plumes 
scapulaires et les couvertures supérieures des ailes d’un brun foncé, avec 
une lunule rousse à l’extrémité de chaque plume; celles de la poitrine, 
du ventre et des flancs d’un gris rembruni, varié de roux sur leur milieu; 
le bas-ventre, les tectrices inférieures de la queue et le croupion rayés de 
noirâtre et de roux; la base du bec est verdâtre, et sa pointe noire. 


2°% prviston. MOUETTE, Larus. 


Bec nu à sa base, médiocre ou allongé, robuste, convexe en dessus, 
comprimé latéralement, entier; mandibule supérieure crochue vers le 
bout; l’inférieure renflée et anguleuse en dessous. PI. Y, n° 6. 

IVarines linéaires, larges en devant, percées à jour, situées vers le 
milieu du bec. 

Langue un peu fendue et aiguë à son extrémité. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts antérieurs entièrement palmes; latéraux bordés à l'extérieur 
par une petite membrane étroite ; postérieur élevé de terre. 

Ongles falculaires. | 

Ailes longues; première et deuxième rémiges à peu près égales, et les 
plus longues de toutes. 


222 MOUETTES. 


Queue à douze rectrices. 

Cette division contient seize espèces sous les noms de Mouette et de 
Goéland, dont quatre sont douteuses. (Ÿ’oyez l’article Mouette dans la 
deuxième édition du nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. ) 

Ces vautours de mer, aussi lâches, aussi voraces que les terrestres, 
n’osent attaquer que les animaux faibles et ne s’acharnent que sur les ca- 
davres qui flottent à la surface des eaux ou que la mer jette sur les ri- 
vages. Avides et gourmands, ils se battent avec füreur pour s’arracher leur 
proie ; ennemis les uus des autres, ils s’attaquent même sans motif appa- 
rent; mais malheur à celui qui est blessé: ainsi que le tigre, la vue du 
sang redouble leur humeur féroce, et le blessé devient une victime qu'ils 
immolent à leur voracité; espions les uns des autres, ils sont sans cesse 
occupés à se guetter pour se dérober réciproquement leur nourriture ou 
leur proie. Tout convient à leur gloutonnerie, poissons frais ou gâtés, 
chair sanglante ou corrompue, écailles, os, plumes, tout s’engloutit dans 
leur gosier, se digère et se consomme dans leur estomac; mais ils rejettent 
ces dernières substances, lorsqu'ils ont en abondance des plus à leur 
goût. Ils supportent la faim patiemment, car on en a, vu vivre huit à neuf 
jours sans prendre aucune nourriture. Ils fondent sur leur proie avec une 
telle violence, qu'ils s’enferrent eux-mêmes sur la pointe que le pêcheur 
place sous un poisson qu'il leur offre en appât. Dans les mers glaciales 
on les voit en grand nombre sur les cadavres des baleines , où ils peuvent 
assouvir à l'aise leur voracité, et trouver une ample pâture pour leur gé- 
niture , dont la gourmandise est innée. 

Ces oiseaux , répandus sur toutes les mers du globe, se tiennent sur 
leurs rivages , et couvrent par leur multitude les plages, les écueils et les 
rochers, qu'ils font retentir de leurs cris et de leurs clameurs. On en voit 
sur toutes les côtes, mais beaucoup plus dans les lieux abondans en pois- 
sons ; ils s’éloignent en mer jusqu’à plus de cent lieues de distance de Ja 
terre, et on les rencontre sous tous les climats. Ce sont les îles désertes 
des deux zones polaires que le plus grand nombre préfère pour nicher, 
surtout celles où ils ne sont point inquiétés par les hommes ou les qua- 
drupèdes. Là ils ne font point de nid : un trou simplement creusé dans le 


MOUETTES. 223 


sable, leur suffit pour faire leur ponte; dans les pays peuplés, ils recher- 
chent les rivages de la mer ou des étangs, couverts d'herbes maritimes, 
mais plus souvent les creux et les fentes des rochers. On trouve dans leur 
nid depuis deux jusqu’à quatre œufs. 

Le plumage des Mouettes et des Goélands varie tellement depuis leur 
naissance jusqu'à l’âge avancé, qu'il en est résulté un certain nombre 
d'espèces purement nominales ; cependant nous croyons qu’en les suppri- 
mant on peut en compter douze à quatorze réelles. 


LA MOUETTE A TÊTE CENDRÉE, Larus cirrocephalus. 


PI. CCLXXXIX. 


, 

Capite, gulé, collo dorsoque cœrulescente-cinereis ; corpore subtüs 
niveo ; rectricibus primartüs nigris et albis. 

La Mouette à tête cendrée, deuxième édit. du nouv. Dict. d’ Histoire 
nat. , tom. 21, pag. 502. 

Cette espèce, qui a été apportée du Brésil, a la tête, la gorge, le haut 
du cou, dessus et dessous, le dos, les scapulaires , les couvertures supé- 
rieures de l'aile, le dessus des pennes intermédiaires et secondaires d’un 
joli cendré bleuätre , qui devient presque blanc sur le front et le capis- 
trum ; le reste du cou, la poitrine, les parties postérieures, le croupion, 
toutes les couvertures et les pennes de la queue d’un blanc de neige; les 
sept rémiges primaires noires et blanches; cette dernière couleur n’est 
qu’à la base et vers la pointe de la première, et occupe d'autant plus d’es- 
pace sur les autres qu'elles en sont plus éloignées, de manière que. la 
septième n’est noire qu'à son extrémité : ces sept pennes sont noirâtres en 
dessous et toutes les autres de la couleur du dos, mais plus foncée; les ailes 
en repos dépassent la queue de deux pouces; Piris est d’un blanc d'ivoire ; 
le bec et les pieds sont d’un rouge de corail. Longueur totale, 13 à 15 
pouces. La Mouette cendrée de Buenos-Ayres, décrite par M. de Azara 
sous le nom de Gabiota cinicienta, nous semble appartenir à cette es- 
pèce; peut-être n’est-ce qu’une variété d'âge , ainsi qu'un individu à tête d’un 
blanc pur qu’on voit dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle. 


22/ STERNES. 


3°me prvision. STERNE, Sterna. 


Bec plus long que la tête, entier, robuste, subulé, comprimé latéra- 
lement, pointu, droit ou un peu courbé à son extrémité. PI. Y, n° 7. 

Narines oblongues, étroites, percées à jour, situées vers la base du bec, 

Langue grêle, fendue et pointue. 

Tarses un peu comprimés sur les côtés, nus, réticulés. 

Doigts antérieurs réunis par une membrane échancrée dans son mi- 
lieu; latéraux bordés en dehors; postérieur portant à terre sur le bout. 
PI. HH, n° 5. 

Ongles falculaires. 

Ailes longues; première rémige la plus prolongée de toutes. 

Queue fourchue , très-rarement carrée, à douze rectrices. 

Cette division est composée de vingt-six espèces qu'on appelle Æiron- 
delle de mer ; cette dénomination , transportée d'oiseaux terrestres à des 
oiseaux de mer, quoiqu'ils diffèrent par leurs mœurs et essentiellement 
par les conformations du bec et des pieds, paraît indiquer des rapproche- 
mens entre les deux familles; en effet , les Hirondelles de mer ont, comme 
les Hirondelles de terre, l’aile très-longue, échancrée, et chez presque 
toutes la queue est fourchue; ainsi que celles-ci, elles volent constam- 
ment; tantôt elles s'élèvent très-haut dans les airs, les coupent de mille 
manières , tantôt elles se rabaïssent à la surface de l’eau, la rasent avec 
rapidité et saisissent leur proie au vol. Les Sternes jettent, en volant, des 
cris aigus et perçans, surtout lorsque, par un temps calme, ils s'élèvent 
à une grande hauteur, et qu’ils s’attroupent pour faire de grandes courses. 
On a remarqué qu'ils ne sont jamais si criards ni si inquiets, et qu'ils ne 
se donnent jamais autant de mouvement que dans le temps des nichées. 
Ainsi que les Hirondelles de terre, celles de mer arrivent au printemps, 
époque où elles fréquentent nos côtes maritimes. Au commencement de 
mai on les y voit en grand nombre; la plupart y restent pendant l'été et 
les autres se dispersent sur les lacs et les grands étangs; partout elles vi- 
vent de petits poissons , qu’elles pêchent ouen volant, ou en se laissant 


STERNES. 295 


tomber comme une balle, de vingt à trente pieds. de hauteur, ou en se 
posant un instant sur l’eau sans les poursuivre à la nage, car elles n’ai- 
ment point à naviguer. Elles mangent aussi les insectes qu’elles saisissent, 
en volant, à la surface des herbes. Elles déposent ordinairement leurs œufs 
sur les rochers ou à terre dans une petite cavité sans apparence de nid. 

La famille des Sternes est répandue dans les deux continens, au nord, 
au midi et dans les parties intermédiaires; on la retrouve encore aux 


terres australes et dans les îles de la mer Pacifique. 


LE STERNE ROSÉ, Sterna dongalii. 


PI. COXC. 


Vertice nuchäâque nigris ; corpore suprà cœrulescente - cinereo ; 
subtüs rosaceo-albo; remige primé nigro marginatd; rectricibus duabus 
exterioribus longissimis angustis , (enUISSIMIS. 

Le Sterne ou l’Hirondelle de mer rosée, deuxième édit. du nouv. Dict. 
d'histoire nat., tom. 32, pag. 174. 

On rencontre cette rare espèce non-seulement sur les côtes de l’An- 
gleterre, mais encore dans les îles de la Bretagne , surtout celle qu'on 
appelle l’île aux Dames, où l’a trouvée M. Jules de la Motte, naturaliste 
très-distingué et excellent observateur. Elle place son nid à la cime des 
rochers ; ses œufs sont plus petits que ceux du Sterne Pierre-garrin ; 
son cri a beaucoup de rapport avec celui de ce dernier. 

La couleur noire, qui couvre le dessus de la tête jusqu'aux yeux, s'étend 
sur les longues plumes de l’occiput et de la nuque, lesquelles sont blan- 
ches à leur base; un blanc éclatant règne sur les lorums , les côtés de la 
tête, au-dessous des yeux, la gorge, le cou en entier, toutes les parties 
postérieures, le dessous des ailes, les couvertures et les pennes de la queue; 
cette couleur est rosée sur le devant du cou et sur le dessous du corps; 
elle est remplacée par un joli gris très-clair et un peu bleuâtre vers le bas 
du cou, en dessus, sur le dos, les couvertures supérieures et les pennes 
alaires; elle prend un ton plus foncé sur les rémiges primaires, dont la 

GALERIE DES oiseaux. Ÿ © ET DERNIÈRE PARTIE, 29 


06 RHYNCHOPS. 


première est bordée de noir à l'extrémité et seulement le long de la tige 
du côté interne qui est, ainsi que celui des autres, d’un beau blanc; les 
deux pennes les plus extérieures de la queue ont sept pouces de plus que 
les deux intermédiaires; elles sont étroites, très-grêles dans la partie qui 
excède les deux plus proches d'elles; le bec est orangé à sa base, ensuite 
noir; l'iris de cette couleur , ainsi que les ongles; les pieds sont d’un rouge 
de cerise clair. Longueur totale, 9 pouces 10 lignes. 


4% prvision. RHYNCHOPS OÙ BEC EN CISEAUX, 
Rhynchops. 


Bec pluslong que la tête, droit, aplati sur les côtés, tronqué et en 
forme de lame; mandibule supérieure à bords très-rapprochés, creusés en 
gouttière ; l’inférieure plus longue à bords distincts, seulement à sa base, 
ensuite taillée en une seule lame, tombant entre les bords de la supé- 
rieure, à peu près comme le rasoir tombe sur son manche. PI. Y, n°8. 

Narines longitudinales, étroites, concaves, ouvertes, situées à la base 
du bec. 

Langue très-courte, étroite, pointue. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigis antérieurs unis par une membrane échancrée dans le milieu ; 
postérieur lisse portant à terre sur le bout. 

Ailes très-longues; première rémige la plus prolongée de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Des deux espèces qui composent cette division , l’une se trouve en Afri- 
que et l’autre en Amérique. Avec un bec, qui paraît si défectueux, ces 
oiseaux sont contraints de raser, en volant, la surface de la mer et de tenir 
presque toujours dans l’eau sa pièce inférieure , afin d'attraper en dessous 
le poisson, ainsi que différens vers marins, et les serrer entre les deux 
lames de leur espèce de ciseaux ; aussi les voit-on sans cesse au vol, qu'ils 
ralentissent beaucoup , afin d’avoir le temps de découvrir leur proie qu'ils 
ne peuvent attraper qu'en passant. C’est de cette habitude singulière, 
mais forcée, qu'on les a nommés coupeurs d’eau. Lorsqu'ils pêchent, ils 


NE 


RHYNCHOPS. 227 


tiennent toujours la bouche ouverte et la ferment quand leur proie tou- 
che la mandibule inférieure, et qu’ils font la même chose, quand ils vo- 
lent à fleur d’eau : leur cou court les force de voler la tête baissée vers 
l'eau. On trouve le Rhynchops tantôt seul, tantôt par couples, tantôt en 
petites troupes. Ils se reposent sur les bords des rivières et des lagunes; 
ils marchent de mauvaise grâce. Ils entrent un peu dans Peau , maïs on ne 
les a point vus nager. Ils portent leurs corps horizontalement. Leur cri 
exprime gua , d’une voix désagréable. Une espèce fréquente les côtes de 
l'Amérique et l’autre celles de l’Afrique où elle remonte les grandes ri- 
vières fort avant dans les terres. On trouve leur nid sur les écueils qui 
avoisinent ces côtes. 

On doit indiquer une erreur échappée à Buffon, puisqu'elle a été co- 
piée et répétée par d’autres auteurs. Il dit que la mandibule inférieure, 
creusée en gouttière et relevée de deux bords tranchans , reçoit celle d’en 
haut, qui est taillée en lame; mais c’est tout le contraire dans la nature. 


LE RHYNCHOPS À BEC JAUNE, Raynchops flavirostris. 


PI. CCXCI. 


Corpore suprà fuscescente-griseo, subis albo. 

Le bec en ciseaux, ou le Rhynchops à bec jaune, deuxième édit. du 
nouv. Dict. d'Histoire nat., tom. 29, pag. 283. 

On s’est trompé dans l'ouvrage que nous venons de citer, en donnant 
à cette espèce l’Australasie pour patrie; car elle se trouve en Afrique sur. 
la rivière du Sénégal, où elle s’avance fort loin dans les terres. Elle a le 
front, la gorge, toutes les parties postérieures, le bout des couvertures 
des ailes et de ses pennes secondaires d’un beau blanc; les pennes de la 
queue grises en dedans, blanches en dehors et en dessous; le reste du 
plumage d’un gris un peu rembruni; le bec et les piéds jaunes. Longueur 
totale, 16 pouces environ. 


228 PÉTRELS. 


5ère FAMILLE. SIPHORHINS , Siphorhini. 


Bec composé, sillonné en dessus, entier, crochu à sa pointe. 

IVarines tubulées , souvent jumelles. ; 

Pieds presqu’à l'équilibre du corps. 

Jambes demi-nues. 

Doigts au nombre de trois dirigés en avant; pouce nul, quelquefois un 
ongle au lieu de ce doigt. PI. GG, n° 7. 


rèe prvision. PÉTREL, Procellaria. 


Bec élargi ou comprimé latéralement à sa base, composé, un peu cy- 
lindrique, à bords rarement pectinés, crochu et aigu au bout de ses deux 
parties chez les uns ou seulement à la pointe dela mandibule supérieure ; 
tronqué, droit et creusé en gouttière à l'extrémité de l’inférieure chez 
d’autres. 

INarines réunies dans un tube tronqué et couché sur le dos du bec, 
quelquefois à ouverture distincte. 

Langue médiocre, entière, conique, ou terminée en forme de spatule. 

Tarses nus, réticulés. 

Doisits engagés dans la même membrane. PI. HH, n° 6. 

Ongle aigu tenant lieu de pouce, quelquefois nul. 

Ailes longues; première et deuxième rémiges les plus prolongées de 
toutes. 

Queue à douze rectrices. 

Cette division est composée de vingt-six espèces dispersées dans quatre 
sections. Brisson les à distribuées dans deux genres et Buffon dans deux 
tribus, sous les noms de Pétrel et Puffin. Ces naturalistes donnent aux 
Pétrels pour caractère distinctif , la mandibule inférieure droite et tron- 
quée à son extrémité, et aux autres, cette même partie crochue et aiguë. 
Linnée les réunit toutes dans un seul genre, que Latham divise en deux 
sections, d'après la forme des narines qui sont réunies dans la première 


PÉTRELS. 229 


et distinctes dans l’autre. M. de Lacépède a distrait de ce groupe quel- 
ques espèces pour en faire deux groupes particuliers; ce savant appelle 
Pélécanoïdes celles qui ont la gorge dilatable comme les Frégates, et 
qui manquent dongle postérieur; il donne le nom de Prions aux es- 
pèces qui ont le bec élargi à sa base, à bords intérieurs pectinés, et les 
narines à ouverture séparée. M. Cuvier ( Règne animal) a dispersé toutes 
les espèces dans quatre groupes; ses Pétrels proprement dits sont ceux qui 
ont la mandibule inférieure tronquée ; chez les Puffins, cette partie est 
recourbée vers le bout, et les narines sont ouvertes par deux trous dis- 
tincts; ses troisième et quatrième groupes sont les Pélécanoïdes et Prions 
de M. de Lacépède. Puisque chacune de ces divisions présente des carac- 
tères particuliers et très-distinets, nous ne balançons pas à les adopter. 

Les Pétrels et les Puffins, du moins ceux dont on connaït le genre de 
vie, ont le même instinet, les mêmes habitudes, n’habitent la terre que 
pendant la nuit, et à l’époque des couvées s’enfoncent dans des trous de 
rochers, se cachent sous terre, y placent leur nid et font entendre du 
fond de leur refuge des cris qui souvent sont pris pour le croassement des 
grenouilles. Tous nourrissent leurs petits en leur dégorgeant dans le bec 
la substance à demi digérée et déjà réduite en huile, des poissons qui pa- 
raissent être leur unique nourriture. Si on les attaque dans leur retraite, 
si même on veut s'emparer de leur jeune famille, on doit agir avec pré- 
caution ; car ils lancent cette huile dont leur estomac est rempli, aux yeux 
du chasseur : leur nid étant placé dans des rochers très-élevés et très-escar- 
pés, l’ignorance de ce fait a coûté la vie à quelques observateurs, qui, 
aveuglés par cette huile, se sont laissé tomber dans Les précipices ou dans 
la mer. ù 

De tous les oiseaux de mer, les Pétrels sont ceux qui se portent plus 
au loin sur le vaste océan; mouvement des flots, agitation des vents, 
orages , tempêtes, rien ne peut arrêter leur audace et diminuer leur 
confiance. Les navigateurs en rencontrent sous toutes les zones et jusque 
près les poles; ils bravent avec sécurité la fureur de la mer et semblent 
se jouer de cet élément. Volant avec aisance et nageant avec facilité, ils 
ont encore la faculté de se soutenir sur l'onde et même d'y courir en frap- 


230 PÉTRELS. 


pant de leurs pieds, avec une extrême vitesse, la surface de l’eau. C’est 
de cette sorte de marche sur l’onde que vient le nom de Pétrel formé de 
Peter où Peterill que les matelots anglais leur ont. imposé en les voyant 
marcher sur l’eau comme Saint-Pierre. 


À. Mandibule inférieure tronquée. PI. Y, n° 0. 
LE PÉTREL MARITIME, Procellaria marina. a 


PI. CCXCII. 


Dorso , tectricibus alarum fuscis; cervice et vertice eœrulescenti- 
cinereis ; uropygio cœrulescenti ; genis corporeque toto: albis. 

Procellaria fregata, Linn., Syst. 1,pag. 212, n° 3. 

Procellaria marina, Lath., Endex., n° 18. 

Frégate Petrel, idem., Synopsis , tom. 3, pag. 420, n° 17. 

Petrel marin, deuxième édit. du nouv. Dict. d'Hist. nat., tom. 55, 
pag. 4x0. | 

Ceïte espèce, qu'on rencontre sous le trente-septième degré de latitude 
sud , a le bee menu et pas trop crochu à son extrémité; le dessus de la 
tête et du cou, jusqu'aux épaules, d’un cendré bleuâtre; le dos et les 
couvertures supérieures des ailes bruns; le croupion d’un bleu grisâtre ; 
une marque d’un cendré bleuâtre au-dessous de l'œil; les côtés de la tête, 
les sourcils et toutes les parties inférieures blancs ; les pieds noirs, grêles 
et longs; la membrane des doigts avec une marque jaunâtre. Longueur 


totale, 7 pouces trois quarts. 


Li 


B. Mandibule inférieure recourbée vers le bout. PI. X, n° 1. 
LE PÉTREL-PUFFIN OBSCUR, Procellaria obscura. 
PI. CCCI. 


Corpore suprà obscure nigro; subtüs albo ; coll lateribus fusco 


alboque nixtis. 


PÉTRELS. 231 


Le Pétrel-Puffin obscur, deuxième édit. du nouveau Dict. d'histoire 
nat., tom. 25, pag. 423. 

On rencontre ce Pétrel à l’île de Noël, à la baie du roi Georges, sur 
les côtes de l'Amérique septentrionale, sur celles de la Bretagne et de la 
Picardie, où il a été trouvé par M. Baillon. 

Il a le dessus du corps d’un noir sombre; le dessous blanc, les côtés 
du cou mélangés de brun et de blanc; les bords des couvertures inter- 
médiaires de l'aile blanchâtres; le bec de couleur de corne sur les côtés, 
noir dans le reste; deux petites ouvertures servant de narines; les pieds 
tout-à-fait à l’arrière du corps, noirs, avec leurs côtés d’une teinte pâle 
dans toute leur longueur; les deux doigts extérieur et intérieur jaunâtres; 
les membranes digitales d’une couleur orangée; les ongles noirs. Longueur 
totale, 12 pouces. 


C. Gorge dilatable ; ongle postérieur nul. 


LE PÉTREL-PÉLÉCANOÏDE PLONGEUR, Procellaria 


urinaiTix. 


Atro-fusca ; subtüs alba; mento nigTO. 

Procellaria urinatrix, Linn., Gm., S 'yst. nat., édit. 13, n° tr. 

Idem, Lath., Index, n 20. 

Diving Petrel, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 413, n° 10. 

Le Pétrel pélécanoïde obscur, deuxième édit. du nouv. Dict. d'hst. 
nat., tom. 25, pag. {20. 

Ce Pétrel des mers pacifiques et australes porte à la Nouvelle-Zélande 
le nom de Tec-Tec. Son plumage est d’un brun'noir en dessus, blanc en 
dessous, excepté sur le haut de la gorge qui est de la première couleur. Le 
bec est blanc vers le milieu, sur les côtés de la mandibule inférieure, et 

- noir dans le reste; l'iris d'un bleu sombre; les pieds sont d’un vert bleuä- 
tre; les membranes noires, Il n’a point d’ongle postérieur. Longueur to- 
tale, 8 pouces. Comme nous ne connaissons pas ce Pétrel en nature, nous 
ne pouvons en publier la figure. 


230 ALBATROS. 


D. Bec élargi à sa base et à bords intérieurs pectinés ; narines à 
ouverture séparée. 


LE PÉTREL-PION BLEU, Procellaria cœrulea. 


Cœruleo-cinerea; subtüs alba. 

Procellaria cœrulea, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 0. 

Idem, Lath., Index. 

Blue Petrel, Forst. it. 1. pag. 01. Lath,, Synopsis, tom. 3, pag. 
415, n° 27. 

Le Pétrel-Pion bleu, deuxième édit. du nouveau Dict. d'Histoire 
nat., tom. 25, pag. 425. 

Cette espèce, dont on doit la connaissance au savant naturaliste Fors- 
ter, est très-nombreuse sur la mer, depuis le quarante-septième degré jus- 
qu’au cinquante-huitième de latitude australe. Toutes les parties supérieures 
sont d’un gris bleu; les inférieures blanches; une marque noirâtre se fait 
remarquer au-dessous des yeux et une bande de la même teinte sur la 
poitrine; les grandes pennes des ailes sont d’un bleu cendré, plus foncé 
que celui du manteau et presque blanches à l’intérieur ; la queue est de la 
couleur du dos, avec les pennes les plus extérieures de chaque côté, 
blanche en dehors; toutes les autres, à l’exception de la deuxième, sont 
terminées de blanc; le bec est jaune dans le milieu , noir à sa pointe et 
bleu dans le reste ; les pieds sont de la dernière couleur et la membrane 
des doigts d’une nuance plus pâle. Longueur totale, 11 pouces. Nous ne 
connaissons cette espèce que d’après la description de Forster. 


gène prvision. ALBATROS, Diomedea. 


Bec très-long , suturé, robuste , épais, droit, comprimé latéralement ; 
. 128 . , $ APD, A e) e 12 
mandibule supérieure sillonnée sur les côtés, crochue à sa pointe; l’infé- 
rieure tronquée. PI. Z, n° 2. 
Narines tubulées , latérales , situées dans un sillon. 


ALBATROS: 233 
Langue... 


Tarses nus, annelés. 

Doigts unis par une membrane entière; latéraux bordés à l'extérieur; 
postérieur nul. 

Ongles obtus. 

Ailes très-longues; étroites, à rémiges courtes; les secondaires dépas- 
sant à peine les couvertures. 

Queue à douze rectrices. 

Les deux espèces dont se compose cette division se trouvent sur les 
mers australes et boréales. Les Albatros étant les plus gros des oiseaux 
d’eau, leur corpulence leur a fait donner, par nos navigateurs, le nom de 
Mouton. Cependant , avec cette force de corps ce ne sont point des 
guerriers , ils n’attaquent point les autres oiséâux, ni même les grands 
poissons ; ils se contentent de faire leur pâture dé petits animaux marins 
et de zoophytes mucilagineux. Ils ne savent pas Même se défendre contre_ 
les oiseaux de proie, qui leur font une guerre tréSactive ; mais ils sont 
extrêmement voraces, et ils cherchent à dévorer leur proie avec tant de 
gloutonnerie, que souvent un poisson reste en dehors dé èur bec jusqu’à 
ce que la partie avalée, dissoute par la digestion, laisse le piSsage libre 
à l’autre partie. Il leur arrive fréquemment de se gorger de nouriure | 
au point de ne pouvoir plus voler, ni fuir à l'approche des barques qu 
poursuivent ; leur unique ressource dans le danger, est de rejeter, avec 


grands efforts, les alimens dont leur estomac est surchargé. Ce n’est point 
la chair de ces oiseaux qui engage les Kamtschadales à leur faire la chasse, 
elle est en effet trop dure et de mauvais goût; mais les os de l'aile leur 
servent à différens ouvrages domestiques. 

Ces oiseaux effleurent , en volant, la surface de la mer , et ne prennent 
un vol élevé que dans le gros temps et par la force du vent; ils se por- 
tent àfune grande distance des terres, se reposent, dorment sur l’eau, et 
se perchent quelquefois sur les agrès des vaisseaux. Leur voix ressemble à 
celle du Pélican et leur cri a du rapport avéc le braïment d’un âne. +Lors- 
qu'ils sont pris, ils s’agitent fortement et cherchent à frapper de leur bec. 


Les œufs, que les femelles pondent en grand nombre, sont plus gros que 
GALERIE DES oiseaux. Ve ET DERNIÈRE PARTIE. 30 


234 ALBATROS. 


ceux de l’Oie et longs de quatre pouces et demi. On les mange; maïs on a 
remarqué qu'ils ne se durcissaient point à l’ébullition. 

On trouve les Albatros au cap de Bonne-Espérance et au milieu des 
îles de glaces des mers australes. Ils se portent aussi par milliers, vers la 
fin de juin, sur les côtes du Kamtschatka, où ils sont les précurseurs des 
bandes de poissons voyageurs ; ils se tiennent surtout en grand nombre 
dans la mer d'Ochotok, dans l’Archipel des îles Kuriles et à l’île de Bering. 
Ils abandonnent ces parages à la fin de juillet et toujours avant la mi-août. 


L’ALBATROS COMMUN,, Diomedea exulans. 
PI. CCXCIIT. 


Alba; dorso alisque nigro-lineatis ; remigibus nigTLs 5 caudé plum- 
bed, rotundatd&. Adultus. Supra in nigrum colorem vergens. Junior. 
Fusca, capite, caud& , remig BUuS 7500 -atris ; arct: oculorum albd. 
Idem. 

L'Albatros, Briss., tom. 6, pag. 126, n° x. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 9, pag. 339, pl. enl. , n° 235. 

Diomedea exulans, Linn., Gm., Syst, nat., édit. 13, no x. 

Idem, Lath., Index. 

Diomedea fuliginosa, Linn., Gm., n° 4. 

Idem, Laith., Index, n x. 

Wandering Albatros, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 304, ne 1. 

Sooty or brown Albatros, idem, pag. 309, n° 4. 

Les Anglais donnent à cet oiseau le nom d’Orie de la mer-carey. On 
le trouve dans les mers du cap de Bonne-Espérance , australes et boréales. 
Sa ponte a lieu vers la fin de septembre sur la côte de l'Amérique méri- 
dionale, dans un nid construit avec de l'argile, de forme rondeét de la 
hauteur de deux à trois pieds. 

Lorsqu'il est sous son plumage parfait, il a le manteau d’un gris brun 
avec des hachures noires au dos et aux ailes; le croupion et le dessous du 
corps blancs; les rémiges noires avec leur tige jaune ; le bec jaune; les 


GUILLEMOTS. 235 


pieds incarnats, aïnsi que les doigts dont la membrane est brune. Lon- 
gueur totale, trois pieds 6 pouces à quatre pieds. À toute autre époque 
les uns sont bruns, et cette couleur tend au noir, sur la tête, le bec, la 
queue, les rémiges et les ongles, avec un arc blanc autour des yeux; d’au- 
tres sont blancs avec les interscapulaires ; les rémiges et les rectrices d’un 
brun noirûtre ; la mandibule supérieure blanche ou D: linférieure 


rouge avec sa carène blanche. 
Gème rawrrre. BRACHYPTÈRES , Brachypteri. 


Pieds à l'arrière du corps. 

Jambes dénuées de plumes sur leur partie inférieure. 
Ailes courtes. 

Trois doigts dirigés en avant; postérieur nul. 

Bec de ‘diverses formes. 


1ère pryisron. GUILLEMOT,, Uria: 


Bec couvert à sa base de plumes veloutées, droit, allongé, convexe 
en dessus, comprimé latéralement, subulé, pointu; les deux mandibules 
échancrées vers le bout. PI. Z, no 3. 

Narines à demi couvertes par les plumes du capistrum, linéaires, si- 

tuées dans une fossette, vers le milieu du bec. 

Langue médiocre, entière, grêle, pointue. 

Tarses nus, carénés, réticulés. 

Doigts réunis dans une même membrane; pouce nul. Pl. HH, n° 7. 

Ongles faleulaires, pointus. 

Ailes courtes, étroites ; première et deuxième rémiges presque égales et 
les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. j 

Les trois espèces de cette division se trouvent dans les contrées bo- 
réales de l’Europe, de lAsie et de l'Amérique; elles se plaisent sur les 
mers du nord; cependant, quoiqu’elles se tiennent volontiers sur les 


236 GUILLEMOTS. 


glaçons flottans, elles sont forcées de quitter ces mers, dès qu’elles se 
glacent en entier, et de se retirer dans des contrées tempérées ; c’est alors 
qu'on les rencontre sur nos côtes maritimes. Ayant des ailes étroites et 
courtes, elles peuvent à peine fournir un vol faible au-dessus de la mer, 
et ce vol ressemble à celui de la Perdrix, lorsqu'elle rase la terre. Les 
Guillemots sont 


ncore plus mauvais marcheurs; mais ce sont d'habiles 
plongeurs , etflSfnagent sous l’eau et même sous la glace avec la plus 
grande vitesse. Ils nichent dans les rochers, et c’est en sautant sur le 
rocher de pointe en pointe qu'ils parviennent à leur nid. La ponte n’est 


que d’un ou deux œufs. Leur nourriture ne consiste qu’en poissons. 


LE GUILLEMOT GRYLLE, Uria grylle. 


PI. CCXCIV. 


tra; tectricibus alarum albis. Adultus. Corpore striato aut mar- 
morato. Junior. À 

Petit Guillemot noir, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 76, n° 3. 

Colymbus grylle, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, no x. 

Uria grylle, Lath., Index, n° 2. 

Black Guillemot, Lath., Synopsis, tom.3, pag. 332, n° 3. 

Le petit Guillemot rayé, idem, pag. 78, n° 4. (Jeune.) 

Spotted Greenland dove, Edwards, Ois., pl. bo. Idem. 

Colymbus marmoratus, Linn., n° 12. Idem. 

Uria marmorata, Lath., Index, Idem. 

Marbled Guillemot, Lath., Synopsis , tom. 2, pag. 336, ne 5, pl. 06. 
Idem. 

Cette espèce, qui n’est que de passage en France , habite le Nord, où 
elle niche dans les rochers. Sa ponte est, dit-on, de deux œufs d’un cen- 
dré clair, tacheté de noir. La tête, la gorge, le cou, le corps, les plumes 
scapulaires , toutes les tectrices de la queue sont noirs; plusieurs des 
grandes couvertures supérieures et inférieures de l'aile blanches; ses dix 
premières pennes brunes et blanches dans une grande partie de leur bord 


MERGULES. 237 


interne ; Les rectrices noirâtres; les pieds rouges; le bec est noir. Longueur 
totale, 12 à 13 pouces. Le jeune a la gorge, la poitrine et toutes les parties 
postérieures blanches; le sommet de la tête, la nuque, le devant du cou 
et les côtés de la poitrine mélangés de noirâtre, de gris et de blanc; le 
dos et le croupion noirs; la marque blanche des ailes tachetée de noirâtre. 


2ème mivision. MERGULE, Mergulus. 


Bec plus court que la tête, couvert à sa base de plumes veloutées, un 
peu arqué, conico-convexe, échancré vers le bout de ses deux parties; 
mandibule supérieure courbée vers sa pointe, plus longue que l’inférieure. 
PI. Z, n° 4. 

Narines arrondies, à demi couvertes par les plumes du capistrum. 

Langue... 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts réunis dans la même membrane. 

Pouce nul. j 

Ongles falculaires, pointus. 

Ailes courtes; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue à douze rectrices. 

La seule espèce que renferme cette division a le même genre de vie 
que les Guillemots et habite les mêmes contrées. 


LE MERGULE NOIR ET BLANC, Mergulus alle. 


PI. CCXCVY. 


Niger; abdomine toto subtùs ; remigumque posticarum apicibus 
albis. 

Le petit Guillemot, Briss., Ornith., tom. 6, pag. 73, n° 2. 

Idem, Buff., Hist. nat. des Ois.,tom,0, pag. 354, pl. enl., n° 917. 


( Jeune.) 
Alca alle, Linn., Gm., Syst. nat , édit. 13, n° 5. 


238 MACAREUX. 


Alca alle, Lath. , Index, n° ro. 

Small black and white diver, Edwards , Où. > pl. 91. 

Little auk, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 327, n° 11. 

La tête, la gorge, le cou, le déssus du corps, les couvertures supé- 
rieures des ailes et de la queue sont noirs; la poitrine et les parties posté- 
rieures blanches ; les pennes secondaires terminées de blanc, à l'exception 
des quatre les plus proches du dos, qui sont noirâtres de même que les 
autres pennes ; la queue est de cette couleur; le bec est noir; la mem- 
brane des doigts noirâtre ; les tarses et les doigts d’un rougeâtre sombre. 
La femelle ressemble au mâle. 

Le jeune a le sommet de la tête, la région des yeux, la nuque, les 
côtés de la poitrine et toutes les parties supérieures d’un noir profond; 
les pennes secondaires terminées de blanc ; trois ou quatre bandes longi- 
tudinales d’un blanc pur sur les couvertures les plus proches du corps ; 
la gorge, le devant, les côtés du cou, toutes les parties postérieures blancs ; 
les côtés de la tête de cette couleur variée de petits traits noirâtres sur une 
bande très-étroite et peu apparente, qui se dirige vers l’occiput ; les tarses 
et les doigts d’un brun jaunâtre; la membrane digitale d’un brun ver- 
dâtre ; le bec est noir. 

Selon Brisson, la femelle diffère du mâle en ce qu’elle a la gorge blan- 
che et que cette couleur remonte de chaque côté jusque vers l’occiput; 
que la partie inférieure du cou est d’un cendré obscur qui s’éclaircit de 
plus en plus en approchant de la poitrine ; et que toutes les couvertures 
des ailes sont d’un cendré brun. 


3ème prviston. MACAREUX , Fratercula. 


Bec garni d’un bourrelet et aussi élevé que le front à sa base, très- 
comprimé latéralement, robuste, sillonné transversalement , plus court que 
la tête, aussi haut que long; mandibule supérieure crochue à sa pointe; 
l'inférieure anguleuse en dessous. PI. Z, n° 5. 

INarines situées près du capistrum , oblongues, latérales, ouvertes en 
en bas, à peine apparentes. d 


MACAREUX. 239 


Langue étroite, entière, D. 
Orbites élabe. 


. V2 4 
Tarses carénés devant et derriere, nus, réticulés. 


o 


Trois doigts devant , engagés dans une membrane entière. 

Pouce nul. 

Ongles falculaires, aigus. 

A ee courtes; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue à seize rectrices. 

Cette division est composée de deux espèces qui se trouvent dans le 
nord de l’Europe, de l'Amérique et de l'Asie. Leur bec a la figure de deux 
lames de couteau très-courtes et appliquées l’une contre l’autre; les deux 
mandibules forment un triangle à peu près isocèle ; la supérieure est, près 
de la tête sbordée dans son contour et comme ourlée d’un rebord de 
substance membraneuse ou calleuse , criblée de petits trous, d’où il sort 
de quelques-uns de fort petites plumes ; les narines , placées assez près de 
la tranche du bec, ne paraissent que comme deux fentes oblongues; la 
bouche est armée, vers le palais, de plusieurs rangées de pointes char- 
nues, dont l'extrémité est transparente et paraît un peu plus dure que le 
reste; ces pointes sont dirigées vers l'entrée du gosier. 

Ces oïseaux, d’une marche chancelante, et qui semblent se bercer, ne 
vivent sur terre que retirés dans les cavernes ou dans des trous ereusés 
dans les rivages, où ils peuvent toujours être à portée de se jeter dans 
l'eau , leur élément natnrel ; maïs on a remarqué qu'ils ne peuvent tenir 
la mer, si elle n’est calme, et que, surpris au large par la tempête, ils 
périssent, ce qui leur arrive quelquefois à leur départ à l'automne et à 
leur retour au printemps. Leur vol est court et rasant l’eau ordinaire- 
ment; mais ils peuvent s'élever à une certaine hauteur et s'y soutenir avec 
aisance. Ils s’aident du mouvement de leurs pieds avec lesquels ils ne font 
qu'effleurer la surface de la mer, ce qui à fait croire que pour s’y soute- 
nir, ils la frappaient sans cesse des ailes et s’en servaient comme de rames. 
Leur nourriture consiste en langoustes, crevètes, étoiles, araignées de mer, 
coquillages et en tous autres poissons qu'ils saisissent en plongeant dans 
l'eau, qui ordinairement leur sert d’abri dans le danger. Les Macareux 


18 


EL 


240 MACAREUX. 
ne font point de nid, ils pondent à plate-terre dans des trous qu'ils creu- 
sent eux-mêmes ou dans des anfractuosités de rochers. 


LE MACAREUX MITCHAGATCHI, Fratercula cirrhata. 


PI. CCXCVI. 


Tota nigra; rostri sulcis quatuor ; capitis lateribus , arcä oculorum 
anguloque gulæ albis ; cirrho à superciliis ad nucham longitudinal: 
flavescente. | 

Le Macareux du Kamtschatka, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. 9, 
pag. 368, pl..en£., n° 761. 

Alca cirrhata, Linn., Gm., Syst. nat., édit, 15,n° 10 

Idem, Lath. Index, n° 2. 

Tufted auk, idem, Synopsis , tom.3, pag: 313, n° 2. pl. 06, fig. 1. 

On rencontre ce Macareux au Kamtschatka , où il est connu sous le nom 
de Mitchagatchi où Monichagasta ; les Koriaques l’appellent Xutschu- 
guigalli : on le trouve aussi sur les mers d’autres contrées du nord de 
l'Asie et de PAmérique. Il ne s'éloigne jamais de terre, de plus de cinq à six 
lieues ; aussiles navigateurs qui les rencontrent, quand le temps est bru- 
meux , peuvent être à peu près certains qu'ils n’en sont qu’à cette distance. 
Les naturels se font un ornement du bec de cet oiseau, le portent même 
comme amulettes et cousent plusieurs de leurs peaux pour s’en revêtir. 

On remarque au-dessus des yeux de cet oiseau une sorte de parure, com- 
posée de plumes effilées, longues de plus de quatre pouces, et qui tombent 
sur chaque côté du cou; elles sont blanches à leur origine et d’un brun 
jaune dans le reste de leur longueur; le front, les côtés de la tête et le 
haut de la gorge sont blancs; le reste du plumage est d’un noir tendant 
au cendré sur les parties inférieures; les tiges des pennes alaires sont 
blanches ; les pieds d’un orangé bleuâtre; les membranes rouges, les on- 
gles noirs; l'iris est d’un brun jaunâtre. L’individu, donné pour femelle, 
et que nous soupconnons être plutôt un jeune, est plus petit que le mâle; 
son bec n’a que deux sillons et ses aigrettes ont moins de longueur. 


ALQUES OÙ PINGOUINS. 2/41 


4è"e pryrsion. ALQUE ou PINGOUIN, Ælca. 


# 5 
Bec plus court que la tête; conico-convexe, comprimé latéralement, 


ordinairement sillonné en travers, à bords anguleux; mandibule pé- 
rieure courbée à sa pointe @ 
courte. PI. Z, n° 6. 

INarines oblongues, situées vers le milieu du Bec. 


inférieure gibbeuse devant sa base, plus 


Langue épaisse, entière, pointue. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts engagés dans une même membrane. 

Pouce nul. 5 

Ongles falculaires, pointus. . Li 

Ailes courtes; première et deuxième rémiges les plus longues de toutes. 

Queue de douze à seize rectrices. 

On à réuni dans cette division quatre ou cinq espèces dont on serait 
forcé de faire presquéautant de genres, si on voulait les classer stricte- 
ment d’après la forme de leur bec. 4/k ou Ælque est le nom que les 
habitans de l’île de Feroé et du nord de l’Ecosse ont donné à un Pingouin 
et que les ornithologistes ont généralisé à tous les autres. On a aussi ap- 
pliqué la dénomination de Pingouin aux Manchots, parce que les uns et 
les autres ont.une graisse huileuse ; mais Buffon l’a consacrée uniquement 
aux Pingouins des mers du Nord. Les Alques et les Manchots diffèrent 
les uns des autres par des caractères physiques. En effet, les premiers 
n’ont que trois doigts et nul vestige de doigt postérieur ; leurs ailes sont 
pourvues de rémiges; leurs corps est reyêtu de véritables plumes, courtes 
à la vérité, mais elles en offrent toutes les apparences. Les Manchots 
possèdent des différences très-prononcées : 1°ils ont le corps revêtu d’un 
duvet pressé, représentant à l'œil un poil serré et ras, sortant par pin- 
ceaux courts de petits tuyaux luisans ; cependant on reconnaît, en y re- 
gardant de près, que ces sortes de poils ont la structure de la plume, 
c’est-à-dire qu'ils sont composés de tiges et de barbes; 2° leurs ailes n’ont, 
point de rémiges et sont couvertes de plumes roides, pressées, qu'au 

GALERIE DES oiseaux. Ÿ° ET DERNIÈRE PARTIE. 31 


242 d ALQUES OÙ PINGOUINS. 


premier aperçu l'on prendrait pour des écailles; 3° ils ont un doigt pos- 
térieur isolé des trois autres et qui se dirige presque en devant. 

Les Alques habitent les mers glaciales du pôle arctique , peuvent tout 
au plus Voleter, et quoïque leurs pieds soient placés un peu moins à l’ar- 
rière du corps que ceux des Manchots, ils ne marchent pas mieux ; la 
position debout leur est également péniblé® du reste , ils n’en diffèrent 


nullement par leur naturel, leur nourriture et leur genre de vie. 
os 


L'ALQUE HUPPÉ, Ælca cristatella. 


PI. COXCVII. 


Crist& pennis reflexis minoribluribus » sex mediis longissimis 
revolutis; dorso lituris lates ferrugineo-fuscis vario; corpore subiès 
longitudinaliter fusco-canescente ; uropygio cano; rostro subadscen- 
dente ; mandibulæ inferioris sulco utrinque à gul& procurrente. 

Alca cristatella, Pallas Spic. 5, pag. 20, pl. Set 5, fig. 7-0. 

Crested auk, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 222, n° 7, pl. ob, fig. 4. 

Alca cristatella, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 5. 

Idem, Lath., Index, n° 6. 

L’Alque huppé, deuxième édit. du nouveau Dict. d'Histoire nat., 
lomm. 1, pag. 382. 1 

On rencontre communément cette espèce vers les îles des extrémités de 
la Laponie, ainsi qu'au Kamtschatka , où elle est connue sous le nom de 
Startkr. 

Sa tête est parée d’une huppe posée sur le front et composée de plu- 
sieurs plumes courtes, du milieu desquelles s’en élèvent six grandes effi- 
lées, soyeuses, qui se recourbent vers le bec. Celui-ci représente une masse 
courte et à peu près en cône, d’un rouge écarlate et blanc à son bout; 
sa partie supérieure est convexe; les lames sont arrondies vers la pointe 
et s’abaissent insensiblement en approchant du front; l’inférieure est plus 

» aplatie, tronquée obliquement et marquée de chaque côté par un sillon 
qui prend naissance à sa base et forme des espèces d’abajoues triangu- 


GORFOUS. 243 


y près de l’angle de la bouche. Au-dessus de cet angle st une excrois- 
sance charnue d’une belle couleur rouge, ayant la forme d’un cœur, et 
aplatie en dessous. Get oiseau, qui n’est pas plus gros que la Grive 
Draine, a un trait blanc de chaque côté du cou; quelques plumes soyeuses, 
très-déliées et de la même couleumprès de la tête, qui est noire, de même 
que le dessus du cou et le dos; cette dernière partie est variée de lignes 
larges et éparses d’un brun roussâtre ; le croupion est d’un gris blanchä- 
tre, et tout le corps cendré; les couvertures et les pennes des ailes sont 
d’une couleur de suie; celles de la queue noires; les pieds d’un brun clair. 


give ramice. MANCHOTS, Sphenisor. 


Bec comprimé latéralement et crochu à sa pointe, ou presque cylin- 
drique et incliné seulement vers son extrémité. 

Pieds à l'arrière du corps. 

Tarses en très-grande partie couverts de plumes. 

Doigts au nombre de quatre dirigés en avant, trois palmés ; postérieur 
isolé, court, joint par sa base au doigt interne. PI. HH, n° 8. 

Ailes en forme de nageoires et sans pennes. 


1ère prvistoN. GORFOU, Catarrhactes. 


Bec droit, comprimé latéralement , sillonné obliquement ; mandibule 
supérieure crochue à sa pointe; l’inférieure arrondie où tronquée à son 
extrémité. PL. Z, no 7. 

INarines linéaires, situées dans un sillon, soit à la base, soit vers le 
milieu du bec. 

Langue pointue, conique, couverte d’épines recourbées en arrière. 

Pieds , tarses et doigts. ( Voyez ci-dessus. ) 

Ongles médiocres , falculaires. 

Rérniges et rectrices nulles. 

Faisceau de plumes roïdes et courtes tenant lieu de queue. 

Les sept ou huit espèces que renferme cette division sont remarquables 


ES 


244 GORFOUS. 

par leurs ailélen forme de nageoires qui tombent de chaque côté colline 
de petits bras et qui sont couverts de plumes très-courtes, roides et ser- 
rées ; ces petits bras, selon le voyageur D. Pagès, leur servent de temps 
en temps de pates de devant, et elles marchent alors comme à quatre et 
vont plus vite. Les plumes du corps sont pareilles à un duvet à large 
tige, couché comme des écailles de poisson. Le cou est gros et court, et 
leur peau est dure et épaisse comme le cuir du cochon. On rencontre ces 
singuliers oiseaux dans les mers australes, depuis l’équateur jusqu’au 
delà du cercle polaire. D’après la position de leurs pieds, ils se tiennent 
droits et sont comme assis sur le croupion, ce qui paraît être leur atti- 
tude de nécessité à terre, et c’est ainsi qu'ils marchent. Ils se logent dans 
les glayeuls et se terrent dans des tanières comme certains quadrupèdes. 
Ils ne craignent point l’homme, se laissant au contraire approcher de fort 
près et le regardent en penchant la tête à droite et à gauche. Ils montrent 
un certain courage ; s'ils sont surpris et qu’on les attaque, ils courent sur 
l'agresseur et ce de se défendre, en lui donnant des coups de bec 
aux jambes; quoique stupides, ils savent ruser pour réussir; car en fei- 
gnant de fuir d’un côté, ils se retournent prestement et pincent tellement 
qu'ils emportent la peau, quand on a les jambes nues. 

Les Manchots sont très-nombreux dans l’ile de la Madeleineée situ dans 
le fond à environ trois lieues du mouillage. Ils se tiennent sur le sol du 
haut de l'ile où ils nichent; leur‘ponte est rarement de trois œufs et le 
plus souvent de deux et jamais d’un seul. Les petits se tiennent dans leur 
berceau rangés tête à queue comme les pigeonneaux. Leur duvet est ex- 
trêmement long et fourré en facon de laine. Les vieux marchent lente. 
mént et cherchent à se tapir contre le rocher. Autrement ils sont posés 
sur leurs pates, ayant les ailes pendantes en avant et la tête élevée. 


a 


APTÉNODYTES. 245 
# 


LE GORFOU SAUTEUR, Catarrhactes chrysocome. 


PI CCXCVIIL. 


Cristé frontali atr&, erect&; auriculari deflexä , sulphured. 

Le Manchot sauteur, Buff., Hist. nat. des Ois., tom. Oo, pag. 409; 
pl. enl., n° 084, sous le nom de Manchot huppé de Sibérie. 

Aptenodytes chrysocome, Linn., Gm., Syst. nat. édit. 13, n° x. 

Crested Pinguin, Lath., Synopsis , tom. 3, pag. 561, n° 1. 

Le nom de Sauteur, donné à cet oiseau, vient de ce qu'il ne marche 
que par sauts et par bonds. On le trouve aux terres magellaniques et a 
cap de Bonne-Espérance. Une ligne d’un blanc teinté de jaune se fait 
remarquer au-dessus des yeux ; elle s’épanouit en arrière en deux petites 
touffes de filets hérissés, lesquels se relèvent sur les deux côtés du sommet 
de la tête qui est noire, de même que la face, la gorge, le devant du cou, 
le dos et les ailes; le dessous du cou est d’un blanc de neige; le bec 
rouge, tronqué à l’extrémité de sa partie inférieure; les narines sont 
glabres et situées vers le milieu du bec, l'iris est rouge, les pieds sont 

. Longueur totale, 18 pouces. 


2°%€ DIVISION. APTÉNODYTES, Aptenodrytes. 


Bec plus long que la tête, lisse, droit, subulé, grêle, cylindrique, 
pointu ; mandibule supérieure inclinée à sa pointe ; l’inférieure plus courte 
et pointue. PI. Z, n°8. S 

Narines linéaires. 

Langue pointue, munie d’épines recourbées en arrière. 

Tarses nus, réticulés. 

Doigts comme les précédens. 

Ailes sans réfhiges. 

Queue composée d’un faisceau de plumes roides et courtes. 

La seule espèce que cette division renferme fait partie des Apténodrytes, 


246 APTÉNODYTES. 

de Linnée; mais, ayant un bec conformé autrement de celui des autres, 
nous avons cru devoir isoler. Elle a le même genre de vie et les mœurs 
des Gorfous ; on la trouve dans l’île des Papous. 


L'APTÉNODYTE PAPOU, Aptenodytes Papas 
PI. CCIXC. 


Macul& occipitalis alb& ; capite et collo fusco-nigris ; dorso cau- 
däque nigris ; pectore, abdomine et crisso sericeo-candidis. 
e Manchot papou, Sonnerat, Voÿ., pag. 140, pl. 115. 

Aptenodytes papua, Linn., Gm., Syst. nat., édit. 13, n° 3. 

Idem, Lath., Index , n°3. 

Papuan pinguin, Lath., Synopsis, tom. 3, pag. 565, n° 3. 

L’apténodyte papou , deuxième édit. du nouv. Dict. d'histoire nat. , 
tom. 2, pag. 2047. 

Cette espèce, qu’on trouve à la Nouvelle-Guinée, aux îles des Papous 
et de Falkland, a la tête et le cou d’un noir sombre et inclinant au bleu ; 
une grande marque blanche au-dessus de l'œil, laquelle s'étend en arrière 
jusqu’à l’occiput et se réunit sur le sommet de la tête, par une raie étroite 
de la même couleur ; les parties inférieures sont blanches ; le dessus du cou 
et le dos d’un noir bleuâtre ; les rémiges noires, bordées et terminées de 
blanc; l'iris est jaune ou d’un roux pâle ; le bec et les pieds sont rouges; 
les membranes des doigts noirâtres ; les ongles noirs. Longueur totale, 


2 pieds 4 pouces. 


FIN. 


Se, 
ZE 


TROISIÈME PARTIE. 
TROISIÈME ORDRE. 
Gallinacés, Gallinacei. . . . . . Page 


FAMILLES. 


Nudipèdes , Vudipedes 
Plumipèdes, Plumipedes. 


ESPÈCES. 


Hocco pauxi, Crax pauxi. { 
Hocco noir ou piranga, Crax D lecton 
Dindon sauvage, Meleagris fera . 
Paon spicifère, Date spiciferus. Ù 
Éperonnier pr oprementdit, Diplectron 
Dicalcaruttis RNONERSRRERRS SE 
Argus luen, Argus pavonius. 
Faisan Co Phasianus versico- 
lor . 
Faisan napaul, Phasianus satyrus . 
Coq Sonnerat, Gallus Sonnerati . . . 
Monaulimpeyan, Monaulusimpeyanus. 
Pintade huppée, INumida cristata. 
Rouloul sicrin, Liponix cristata. 
Tocro roux, Odontophor us rufus. 
Perdrix Dannels Perdix fusca. . . . . 
Francolin perlé, Perdix perlata . : . 
Colin ho-oui, Perdix borealis . . . 


Caille de la Nouvelle-Hollande , Per 


dix australis 
Tinamou rayé, Cryptura sylvicola. . 
Turnix moucheté, Turnix maculatus. 
Turnix à frontnoir, T'urnix nigrifrons. 
Tétras cupidon, T'etrao cupido. . . 
Ganga à double collier, OEnas bi- 

cincla. . . NO le 
Lagopède d Ecosse, ‘Lagopus scoticus. 
Syrrhapte “hétér oclites Syrr RE he- 


ra NE eo DMEMONRENS 
4° PARTIE. 
. 4* ORDRE. > 
Échassiers, Grallatores. 
FAMILLES. 
Mégisthanes , Megisthanes . . . « . 
Pédionomes, Pedionomi. . . : . » é 
Ægialites, Ægialites. . . . . . . . . 
Hélonomes, Helonomi . . . . . . . . 


52 


eo 


TABLE DES MATIÈRES. 


Falcirostres, Falcirostres. . : . . ie 
Latirostres, Latirostres. : 4, , , . 
Hérodions , Herodiones. . . : . . . . 


Aérophones, Æerophoni . . . . . . . 
Coléoramphes, Coleoramphi : . . . . 
Uncirosires, Uncirostri. 
Hylébates, Hylebates. . . . . . . .. 
Macroniches, Macroniches. . . . .. 
Macrodact les , Macrodactyli. . . 
Pinnatipèdes, Pinnatipedes. 
Palmipèdes, Palmipedes. . 


ESPÈCES. 


Autruche chameau, Siruthio camelus. 
Nandu ou Autrache de Magellan, 
Rhea americana. . . . . . 
Casoar casqué, Casuarius galeatus. . 
Emou noir, Dromaius ater. : . . . . 
Outarde houbara, Otis houbara . . . 
OEdicnème à longs pee OEdicnemus 
longipes. DUO 
Echasse à cou blanc et noir, Himanto- 
pus nigricollis. 
Huitrier noir, Haœmatopus ater. : . . 
Erolie variée, Ærolia varia . . . 
Coure-vite de Coromandel, Tachdeo- 
mus asialicus. 
Ortyxèle meifren, Or. tyxelos meifrenti. 
Pluvian à tête noire , Pluviañnus mela- 
nocephalus 
Sanderling curwillette, Galidres Fo 
goïdes. 3 
Pluvier à face ie Chain Races 
RLOPS SEM 
Vannean armé à calotte blanche, 7a- 
nellus albicapillus ue 
Arénarie tourne-pierre, Pre in- 
terpres Pole 
Tringa roussâtre, Tringa rufescens. . 
Chevalier bariolé, Totanus variega- 
dus à 
Rhynchée jaspé, Rhynchæa variegata. 
Bécassine grise, Scolopax leucophæa. 
Bécasse des Etats-Unis, Rusticola mi- 
nor. 
Barge marbrée, Limicula nn 
Caurale phalénoïde, Helias phalenoï- 
ESS 16: 0 taie te 
Courlis roussätre, Vumenius rufus, . 
This à ailes cuivrées, Zbis chalcoptera. 
Tantale jaunghill, Tantalus leucoce- 
phalus. . . ... 


.. ee + 


_... 


. . 


"FE à 


TABLE DES MATIÈRES. 


Spatule ajaja, Platalea ajaja. 1127 
Savacou huppé, Cancroma cochlearia. 1t9 
Ombrette du Sénégal, Scopus umbret- 
17 OBS PT RC PARMI OR DU 1 0 222 PAS De Mit te 151 
Anastome du ‘Coromandel, Anasto- 
mus coromandelianus. . . . . . .. 135 


Courliri courlan, 4ramus scolopaceus. 
Héron bleu à gorge blanche, 4rdea al- 


Bieollis NE RENAN EN van 156 
Cigogne maguari, Ciconia maguart. 138 
Jabiru du Sénégal, Mycteria senèga- 

lensis. SCD EU SNS EUR ANNE 139 
Grue à collier, Grus torquata. . . . . 142 


Anthropoïde-royal, Anthropoïdes pa- 


DOTÉ I EME Nr ENT SNA ER 144 
Chionis nécrophage, Chionis necro- 
IDRAQUSRNENNE RENNES * 146 
Cariama lophorhynque, Cariama sau- 
rophaga) 0 4 000 A NO 
Secrétaire huppé, Ophiotheres cris- 
LOLUS RON NE NE DAMAER GaDe 151 
Kamichy cornu , Palameda cornuta. . 194 
Chavaria fidèle, Opistholophus fidelis. 156 
Glaréole isabelle, Glareola'isabella. . 159 
Agami trompette, Psophia crepitans 162 
Jacama vert et noir, Parra melanovi- 
PUCLS EE MAN Pa EE EU RAR | 2 164 
Jacana vuppi-pi, Parra sinensis.. . + . 165 
Palle varié à gorge rousse, Rallus ru- a 
I 


COINS NET DEAN ONE 
Porphyrion tavoua, Porphyrio tavoua. 
Gallinule ardoisée , Gallinula ardo- 


SLACEAN NON MIO RE ME ENT 173 
Foulque à crête, Fulica cristata. . . 175 
Crymophile roux , Crymophilus ru- 

AUS NANTES ET RSR CERN ER 176 
Phalarope bridé, Phalaropus frena- 

LUS NE RE TRE SRE MIN AIRE EURE 178 


Avocette à tête blanche, Recurvirostra 


leLCOCEp ha la NV ANR AÈTE 181 
Petit Phénicoptère ,. Phæœnicopterus 
. o 
MROTE MUR à monte le de ES 9 
5e PARTIE. 
5° ORDRE. 
Nageurs, Matatores . . . . . . . .. 184 
FAMILLES. 
Syndactiles, Syndactili. . 4... .. 185 
Plongeurs , Urinatores : . +... . . 199 


Dermorhynques, Dermorhynchi . . . 208 
Pélagiens, Pelagii. . . ... 21 
Siphorbins, Siphorhini. . . . . ... 22 
Brachyptères, Brachypteri. . . . .. 235 
Manchots, Sphenisci . . ... ... 245 


s ESPÈCES. 


Grande Frégate, Tachypetes Aquila. 187 
Cormoran dilophe, Æydrocorax dilo- 


PAUSE A ANA RE 189 
Pélican brun, Pelecanus fuscus . . . 192 
Fou brun, Sula fusca . . . . . . .. 194 
Anbinga à ventre noir, Plotus mela- 

TLOSUASLERN NE ENTREE MEME +199 
Phaéton à brins rouges, Phaeion phæ- 

PALCUTUES DATE LE RTN A ANUS LUE FE 106 

éliorne d’Afrique, Heliornis sene- 

SAlENSIS ER EU NORME NE AE 201 
Grèbe cornu, Podiceps cornutus. . . 203 
Grèbe à bec cerclé, Podiceps caroli- 

TLCTISES TR EN ART SR EN 204 

Plongeon cat-marin , Colymbus sep- 
DTen Iron AIS NN A ONE ETES 206 
Harle du Brésil, Mergus brasilianus . 209 
Céréopsis gris, Cereopsis cinereus. . 211 
Oie bronzée, Anser melanotos. . . . 213 
Cygne noir, Cygnus atratus. . . . . . 215 
Canard dit Sarcelle de la Chine, {nas 

SLETRLC LAN UOTE CAIN 217 
Stercoraire pomarin, Stercorarius po- È 

MATINUS: 2 Æ Ne A EN 220 
Mouette à tête cendrée, Larus cirro- 

COPRAILS IRSC NE RCR 1299 
Sterne rosé, Sterna dongalii . . . . . 225 
Rhynchops à bec jaune, Rhynchops 

HAPURO SUIS ME IE D CUS 221 
Pétrel maritime, Procellaria marina . 250 
Pétrel-Puffin obscur, Procellaria obs- 

CPE DD ACER SL AN RE 230 
Pétrel-pelécanoïde plongeur, Procel- 

OR A MO OL GENE GORE 251 
Pétrel-Pion bleu, Procellaria cœru- 

Tea sus a METRE AR RATS 7e 
Albatros commun, Diomedea exulans. 234 
Guillemot grylle, Uria grylle . . . . 236 
Mergule noir, Mergulus alle. . . .. 237 
Macareux mitchagatchi, Fratercula 

CAL NOR GORE HU EI On 240 
Alque huppé, Ælca cristatella. . + . 242 
Gorfou sauteur, Catarrhactes chryso- 

come. SPRINT +. 245 
Apténodyte papou, Aptenodytes pa- He 


pua. 


Fin de la Table des matières. 


11.190. 


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