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Full text of "La Géographie"

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'^4- 



LA GÉOGRAPHIE 



BULLETIN 



DE LA 



SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 

XVIII 



COULOMMIERS 
Imprimerie Paul Brodard. 



LA GÉOGRAPHIE 



BULLETIN 



DE LA 



^ ^ 



SOCIETE DE GEOGRAPHIE 



PUBLIÉ TOV8 LES MOIS PAR 

Le Babon HULOT 

Secrétaire général de la Société de Géographie 

KT 

M. Charles RABOT 

Membre de la commission centrale de la Société de Géographie 
Secrétaire de la Rédaction. 



TOME XVllI 

12« h^EMESTHE 1 OOH 



PARIS 

MASSON ET C", ÉDITEURS 

120, BOVLETAIID •Ai:iT-CI>ll4ia 
1908 



Européens et Malgaches 

Leurs relations aux siècles passés 



Les Européens sont, avec juste raison, fiers de leur rivilisation et se font 
gloire (le Tavoir portée aux quatre coins rlu monde. Ils ne doutent pas d*avoir 
ainsi renduàThumanité le plusprrand des services en inculquant ou cherchant 
à inculquer, de force ou de gré, leurs croyances et leurs mœurs aux barbares 
et aux sauvages qui peuplent le reste de la terre. Nous n'avons pas la préten- 
tion d^aborder ici la discussfon de ce grand problème historique et philan- 
thropique dans sa généralité : une telle étude exigerait un long temps et des 
recherches très ardues et remplirait un grand nombre de volumes. Mais si on 
se limite i Texamen des tentatives de colonisation faites par diverses nations 
européennes dans l'un de ces pays d'outre-mer, on a un champ restreint sur 
lequel il est possible de manœuvrer, et les conclusions iPune semblable 
enquête, toute particulariste qu'elle sera, ne jetteront pas moins un certain 
jour sur les résultats obtenus par les c civilisateurs • et montreront combien, 
à ce sujet, l'orgueil inconsidéré des races supérieures est peu justifié : car, 
loin d'être toujours bienfaisante, comme elle se le figurent, leur action a sou- 
vent été néfaste; non pas, certes, pour les intérêts matériels des conquérants, 
mais pour les pauvres indigènes auxquels elle a apporté avec beaucoup de 
vices toutes sortes de misères. 

Autrefcns, on a fait partout de la colonisation économique, appuyée manu 
militari^ mais la colonisation intellectuelle et civilisatrice*, qu'on a tentée 
simultanément, a souvent échoué, étant forcément en lutte avec l'autre qui 
était le principal, sinon l'unique souci de la plupart des intéressés.T^hi peut 
M» demander, du reste, si les dévoués et souvent admirables missionnaires 
chrétiens eussent mi'né à bien leur œuvre, même si les intérêts matériels de 
leurs compatriotes ne l'eussent pas dans une certaine mesure entravée et 
contrecarrée; leur sainte ardeur les poussait â des croisades actives, souvent 
violentes; ils voulaient et espéraient écraser de suite l'idolâtrie, quand, pour 
réussir, il eût fallu procéder avec patience par une infiltration lente, les 
peuples barbares ayant rintelli;:ence obscurcie par des préjugés séculaires 
auxquels ils sont fortement attachés et qui, à leurs yeux, sont autant de 

Là OéooMArait. - T. XVni, 100m. I 



iii6840 



2 G. GRANDIDIER. 

Tentés incontestables. Or, nous savons combien les Européens ont eu et ont 
eocore de peioe à se libérer d'antiques superstitions; comment pourrait-on 
eo quelques années affranchir ces prosélytes plus ou moins volontaires de 
leurs fausses croyances et leur imposer des dogmes nouveaux, ouvrir leur 
esprit à la raison, raodiQer leur moralité traditionnelle! 

Prenons Madagascar comme champ d'études, cette ile étant depuis long- 
temps, et en ce moment plus que jamais, Tobjet de nos préoccupations. 

Quand on lit les récits des premiers marins et des premiers voyageurs qui 
Font visitée, on esl surpris et embarrassé de voir que des auteurs, qui sont 
tous dignes de foi, expriment des opinions complètement opposées sur le 
caractère de ses habitants. Suivant les uns, ils étaient d'un naturel doux et 
|»acilique, honnêtes, hospitaliers, curieux d'apprendre et doués d'une intelli- 
gence vive, en somme des gens de sens, sympathiques, de relations faciles 
et. comme dit le général de Beaulieu, « gaillards et nullement brutaux » ; 
suivant d'autres, ils avaient tous les vices et étaient capables de tous les 
crimes, ils étaient traitres, menteurs, voleurs, débauchés, vils et humbles 
avec leurs supérieurs, arrogants et cruels avec feurs inférieurs, en un mot de 
vraies brutes qui « n'avaient pas leurs pareilles au monde )>. 

Dans toute agglomération humaine, il y a des bons et des méchants; il 
suffit de jeter un rapide coup d'œil autour de soi pour se convaincre de l'exis- 
tence dans nos nations, toutes supérieures qu'elles soient à tant d'égards, de 
ce triste et regrettable mélange de bien et de mal qui est partout et contre 
lequel les religions, comme les civilisations, restent impuissantes. Mais ce 
ne sont pas des individualités isolées, des groupes particuliers que certains 
voyageurs incriminent, c'est la race entière qu'ils prennent à parti et mau- 
ilissent, c'est la race entière à laquelle ils attribuent les vices qu'ils énumèrent 
avec mépris et colère. 

Or, la race malgache ne mérite pas et surtout ne méritait pas avant la 
venue des Européens qu'on l'accablât de semblables anathèmes. 11 n'est pas 
douteux, en effet, que, tout en ayant les défauts et les vices inhérents à la vie 
sauvage qu'ils menaient, les habitants de Madagascar avaient beaucoup des 
qualités que leur ont reconnues et qu'ont louées divers voyageurs. Ce sont 
les étrangers qui ont peu à peu dénaturé leur caractère, vicié leur nature : 
d'abord les Indiens, les Arabes et les Malais qui, venus successivement à 
Madagascar et trouvant cette île habitée par des nègres orientaux qui vivaient 
patriarcalement <livisés en une foule de clans, leur ont imposé plus ou moins 
impérieusement leur autorité despotique; ils ont forcément accru en eux 
l'esprit d'hypocrisie et de lâcheté; puis les Européens qui, comme nous 
Talions montrer, textes en mains, ont non seulement développé dans une 
très large mesure le commerce des esclaves, en fomentant des guerres intes- 
tines qui seules pouvaient leur fournir le bétail humain qu'ils venaient ache- 



ErnOPKENS ET MALGACHES. 3 

ter, mais qui, par leur con<luite souvent cruelle et inique, ont modifié les 
mirurs du pays en chanpreant la douceur et riiospitalité traditionnelles des 
Malgaches en trahison et en perfidie : attaqués, volés, ceux-ci ont vite pris 
en haine les étrangers. Ce que disent les vieux historiens est probant à cet 
égard. 

G*est en Tan 1500, le 10 août, qu*un navigateur portugais, Diogo Diaz, 
qui se rendait aux Indes par la route nouvellement découverte par Vasco de 
Gama, ayant été séparé des autres navires de la Hotte par un ouragan, 
a|M»n;ut une lie qu*il nomma Ile de Saint-Laurent. Ainsi fut révélée à TEurope, 
par le caprice des vents, Texistence de Madagascar. 

Quatre nations européennes ont fréquenté plus ou moins longtemps Mada- 
gascar et ont cherché à fonder des établissement^ dans cette lie dont on a 
longtemps célébré les prétendues richesses naturelles, malgré les récils de la 
plupart des marins ou voyageurs qui Tont visitée. Ce sont les nations portu- 
gaise, hollandaise, anglaise et française. Nous allons successivement rappeler 
les relations plus ou moins amicales que chacune d*elles a établies avec les 
Malgaches pendant les xvi% xvn' et xviu* siècles, et, comme à tout seigneur 
tout honneur, nous commencerons par les Portugais. 



I 

PoKnoAis. — En février 150G, lamiral Fernan Soarez, en retournant de 
Cochin au Portugal, s'arrêta sur la côte sud-est pour y prendre de l'eau dont 
il manquait. C'était la première fois que des Européens y accostaient. Il s'em- 
para de force de vingt et un indigènes', dont il garda deux qu'il emmena à 
Lisbonne, et il en blessa quelques autres. 

(A'tte même année, Tristan d'Acunha, 

.... ijue nunca exiincto 
Sera seu nome en iodo o mar que lava 
As ilhas de Auslro..., * 

envoyé par le roi Dom Manoel à la tète d'une Hotte de seize vaisseaux et 
de treize cents soldats pour étendre et affermir la domination portugaise en 
Afrique et dans les Indes, visita en novembre la cote nord-ouest. Se fiant aux 
récits enthousiastes de l'un de ses capitaines, Jean Hodrigues Pereira, qui, 
avant atterri a divers ports de Madagascar, lui amenait deux indigènes pris 
de force sur la côte et affirmait qu'on pouvait s'y procurer en abondance du 
iringembre, du giroHe et toutes sortes d'épices ainsi que de l'or et de l'argent, 
il partit à la découverte de ces richesses, emmenant avec lui quatre navires. 

i. Caiiiorns, Am LusiadoM, X, 89. 



LA GÉOGRAPHIE 



BULLETIN 



DE LA 



SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 

XVIII 



i G. GRANDIDlËR. 

Arrivé en vue ile terre et apercevant une pirogue montée par deux indi- 
gènes, il lui fît donner la chasse par ses chaloupes qui eurent vite fait de 
s'en emparer; puis il entra dans une vaste baie, la baie de Boina, où les 
Arabes avaient un comptoir important. A la vue de tous ces navires, les 
habitants de la ville s'enfuirent dans la brousse ; les Portugais débarquèrent, 
et, se mettant à leur poursuite, en tuèrent plusieurs, puis ils incendièrent la 
ville, et, sans s'attarder en ce lieu, ils mirent à la voile et se dirigèrent vers 
le nord, en longeant la côte. Ils arrivèrent ainsi à la grande baie de Maha- 
jamba, où vivait, en partie sur un îlot, Tîlot de Langany ou Nosy Manja, en 
partie sur la terre ferme qui n'en était distante que de quelques centaines de 
mètres , une population nombreuse composée d'Arabes et de Malgaches 
adonnés les uns au commerce, les autres a la culture et à l'élevage du bétail. 
L'amiral envoya en avant deux embarcations armées de pierriers pour sur- 
veiller le chenal et empêcher les habitants de la ville bâtie sur l'îlot de s'en- 
fuir, puis il embossa ses quatre navires devant cette ville. Affolés, les habi- 
tants cherchèrent à gagner la terre ferme, se jetant pôle-mèle dans des pirogues 
qui, trop chargées, chavirèrent sous le choc des lames, en un instant la mer 
fut couverte de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants, plus de deux 
cents, dit l'historien Barros. L'amiral et ses marins descendirent alors à 
terre et massacrèrent la plupart de ceux qui n'avaient pu fuir et qui étaient 
mal armés : Il y eut bien, a écrit Alphonse d'Albuquerque au roi Dom Manoel, 
un millier de morts. Puis, ils saccagèrent la ville, prenant tout ce qu'ils y 
trouvèrent, étoffes, argent et or. C'est dans ce port que se faisait le principal 
commerce avec les xirabes et les Indiens qui y venaient chercher des esclaves, 
delà cire et des vivres. Les Portugais s'emparèrent en outre de 500 femmes et 
enfants dont l'amiral fit rendre une partie contre une honnête rançon, bien 
entendu, < n'ayant, disait-il, nullement Tintention de faire du mal aux habi- 
tants de ce pays, voulant seulement s'y procurer des vivres et des renseigne- 
ments sur ses productions ». 

Poursuivant sa route vers le nord, il atterrit à la baie de Sada (la baie 
actuelle de Radama). L'ancre jetée, il fit mettre toutes les embarcations à 
l'eau et s'en fut à terre avec tout son monde. Les habitants de Sada, très 
effrayés, s'enfuirent dans la montagne. Les matelots s'amusèrent à mettre le 
feu aux maisons, feu qui, dit l'historien portugais, se propagea si vite que, 
avant qu'ils fussent revenus à bord, toute la montagne était en flammes. 

Tels furent les premiers rapports des Européens avec les Malgaches. II 
n'est pas besoin de dire que celte entrée en relations n'était pas pour les leur 
rendre sym|)athiques, et, cependant, tandis que les Portugais les traitaient 
sans raison d'une façon aussi barbare, ils usaient à l'égard des quelques 
Européens abandonnés ou perdus en divers points de Madagascar de bons pro- 
cédés; par exemple Jean Gomes d'Abreu qui, ayant été abandonné à terre en 



EUROPÉENS ET MALGACHES. 5 

1507 à la suite «Kun fort raz de marée, re<;ut, ainsi que les matelots qui Tavaienl 
accompagné, une franche hospitalité; Lopes de Sequiéra, qui explora la cdte 
sudest en 1508, Louis Figueira qui atterrit }\ la côte orientale en t5ll, Jean 
de Faria qui y hiverna en 1522, un matelot dieppois venu en 1521 avec le 
premier navire fram^ais qui ait touché à Mada^rascar et ipiatre Portugais que 
recueillit en 153! Diogo da Fonseca, etc., qui tous n*eurent qu*à se louer de 
leurs relations avec les indigènes. Il en fut de même pour d'autres naufragés 
dont les navires se perdirent sur la cùte sud de Madagascar et qui prirent 
femme parmi les indigènes et eurent de nomhreux enfants, dont les descen- 
dants, reconnaissables à leur teint clair et à leurs cheveux droits, vinrent 
demander à des Hollandais qui abordèrent en 1600 dans la baie de Sainte-Luce 
des € Pères », afîn de les instruire dans la religion de leurs aïeux. 

A la fin du xvr siècle, vers 1586, le gouverneur de Mozambique, Dom 
Jorge de Meneces, lit une expédition contre les Antalaotra (musulmans) de 
Boina auxquels il reprochait d*avoir accaparé le commerce de la côte nord- 
ouest, commerce qui en réalité existait depuis le xr ou le xn' siècle. Les 
l^ortugais détruisirent leur ville et tuèrent un grand nombre (Phabitants, 
auxquels ils attribuaient, à tort probablement, la mort d*un religieux domini- 
cain, le Père de San Tomas, qui travaillait avec une grande ferveur à la 
conquête spirituelle du pays et qui mourut empoisonné, dit-on. mais plutôt 
de maladie, de lièvres. L'année suivante, les Antalaotra se vengèrent sur 
réquipage d*un navire portugais venu se ravitailler à Doina; plusieurs mate- 
lots qui étaient descendus à terre furent massacrés. 

En 1613, le vice-roi des Indes, Dom Jeronymo de Azevedo, envoya une 
caravelle, la Xossa Senhora da Esp^ranra, sous le commandement du 
capitaine Paulo Rodrigucs da Costa et avec deux Jésuites, les Pères Pedro 
Freire et Luis Mariano, pour explorer Tîle de Madagascar et en recon- 
naître les côtes. Partis de Mozambique le 1***^ avril, ils mouillèrent le 15 dans 
la baie de Boina où se trouvait la ville musulmane dont nous avons déjà 
(Mirlé plus haut et qui ne comptait pas moins de 7 k 8 000 habitants; ils y 
restèrent dix jours et signèrent avec le roi du pays, Tsimamo, un traité d*al- 
liance et d*amitié. Puis ils longèrent la côte, s*arrôtant successivement à Tem- 
bouchure du Sambao, à celle du Manambolo, dont le roi leur confia de bon 
cœur son fils pour les accompagner dans leur voyage de circumnavigation, à 
MoromU», à Manombo, dans la baie de Saint-Augustin et dans celle des 
.Masikoro; partout, ils furent accueillis avec des témoignages d*amitié, et les 
chefs de tous ces lieux signèrent avec le capitaine Da Costa des traités par 
lesquels ils s*engageaient à ne donner aucune aide aux Anglais ni aux Hollan- 
dais qui viendraient dans leurs états et a laisser les Pères y prêcher librement 
la religion catholique, y éb»ver des églises et baptiser ceux de leurs sujets qui 
se convertiraient. 



Ô G. GRÂNDIDIER. 

Doublant le cap Sud, ils jetèrent Tancre dans la baie d'Andranofotsy (non 
loin du Fort-Dauphin actuel) où ils furent accueillis par la population avec 
de grands témoignages de joie. Tous les chefs et seigneurs des environs 
accoururent voir les étrangers et leur vendre des denrées, notamment 
Tsiambany, le plus puisssant de tous, qu'accompagnaient cinq cents hommes 
vêtus de beaux pagnes de coton rayés de couleurs vives et armés de sagaies 
et de hachettes. Tous paraissaient animés des meilleures intentions et Tsiam- 
bany accepta le plus facilement du monde (parce qu'il n'y attachait pas la 
la moindre importance) les propositions que lui firent les Portugais; il signa 
une convention où il s'engageait, en outre des conditions semblables à celles 
faites avec les différents rois de la côte occidentale, à confier au capitaine Da 
Costa son fils aîné pour être conduit à Goa auprès du vice-roi et y connaître 
les usages et la grandeur des Portugais. Ce traité fut conclu et signé de la 
meilleure grâce du monde, et le roi fit spontanément donation aux Pères 
d'une île à l'embouchure du Fanjahira, pour qu'ils y construisissent une 
église, jurant que lui et ses fils seraient fidèles à ces engagements. 

Les Pères étaient enchantés de demeurer dans ce pays et de prêcher la reli- 
gion aux habitants dont beaucoup étaient des descendants de naufragés por- 
tugais et ils étaient pleins d'espérance, car la plupart portaient au cou des 
croix d'élain, non pas certainement par dévotion, mais par respect pour leurs 
ancêtres et aussi par coquetterie, et venaient en foule causer familièrement 
avec eux, n'ayant pas de cesse qu'ils ne leur eussent appris à faire le signe de 
la croix. Le roi lui-même leur témoigna tant d'amitié « qu'ils ne pouvaient 
douter qu'il désirât vivement les avoir dans son pays ». 

Mais quand, le navire étant prêt à partir, les Portugais vinrent prendre 
congé de lui et voulurent emmener son fils à bord, il nia énergiquement avoir 
jamais promis de le leur confier pour le conduire aux Indes et dit qu'il s'était 
simplement engagé à bien traiter les Pères qui resteraient dans ses états, 
jurant qu'il était toujours dans les mêmes sentiments; il leur proposa toute- 
fois d'emmener, s'ils le voulaient, un jeune Malgache « qu'il aimait à l'égal de 
son fils ». Les Portugais furent outrés dela« mauvaise foi », et, jugeant qu'ils 
ne pouvaient tolérer un semblable affront si préjudiciable à leur honneur, 
décidèrent que, puisque le roi ne voulait pas leur donner son fils de bonne 
grâce, ils l'enlèveraient de vive force. Le lendemain, en effet, ayant attiré le 
jeune prince, qui avait une douzaine d'années, auprès de leur chaloupe sous 
prétexte de lui faire un cadeau, ils le saisirent soudain à bras-le-corps, le 
jetèrent dans l'embarcation et s'éloignèrent de terre à force de rames, pendant 
que l'artillerie de la caravelle bombardait à grand bruit les Malgaches qui 
s'étaient rapidement amassés sur la plage et que la mitraille força à fuir. 

Le navire mit à la voile pour Mozambique d'où le prince fut mené par 
l'un des Pères, le P. Freire, à Goa où il arriva le 16 mai 1614. Reçu avec de 



EUROPÉENS ET MALGACHES. 7 

grands honneurs et baptisé par Tarchevêque sous le nom de Dorn André en 
présence du vice-roi, qui fut son parrain, et d'une noble assistance, il fut 
mis au séminaire de Santa-Fé pour y faire son éducation. Il avait une si 
grande vivacité d'intelligence que, < en moins de deux heures, il apprit à 
connaître et à distinguer toutes les lettres de Talphabet et qu'il sut lire et 
écrire très vite ». Il avait si bon caractère et son application était telle a qu'il 
n'y avait pas à lui dire ni à lui défendre deux fois la même chose ». Il resta à 
Goa jusqu'au 7 février 1616. Les deux navires qui le ramenèrent dans son 
pays natal emmenaient quatre missionnaires de la Compagnie de Jésus; ils 
arrivèrent en rade d'Andranofotsy le 9 avril. 

Le seigneur du lieu vint de suite à bord en toute confiance avec plusieurs 
de ses sujets, et, le lendemain, le roi Tsiambany parut avec une escorte 
nombreuse : les Portugais lui firent savoir que son fils était à bord et lui 
serait rendu dès qu'il aurait signé un traité de paix et d'amitié avec le Por- 
tugal. Le Père L. 'Mariano alla à terre pour le décider à faire ce qu'on lui 
demandait, mais, aussitôt arrivé, il fut appréhendé et gardé comme otage. 
La mère du prince, Andriafatima, vint sur le vaisseau embrasser son fils, et, 
à sa prière, le commandant les fit mener tous deux dans une embarcation 
assez près de terre pour que son père put le voir. Tsiambany se décida alors 
à venir jusqu'à cette embarcation, mais jamais il ne voulut aller à bord pour 
signer le traité. « Les afïaires étaient fort embrouillées, dit l'un des Pères, 
car, si le roi n'avait pas confiance en nous, nous n'avions de notre côté 
aucune confiance en lui et nous craignions fort que le Père Mariano fût tué par 
ces sauvages si nous les laissions aller, lui et sa femme. Heureusement, le 
Père réussit à s'embarquer et nous relâchâmes Tsiambany et Fatima. » 

Le lendemain, le commandant descendit à terre et entretint le roi du traité 
qu'il désirait lui faire signer et que celui-ci accepta sans difficultés, consentant 
à ce qu'on prêchât la religion chrétienne à ses sujets et à envoyer des otages 
à Goa, mais il n'eut pas plutôt fait cette promesse qu'il la regretta, et, 
«'emportant, il accusa les Portugais « d'être des voleurs d'enfants », qui, 
après lui en avoir déjà pris un, en voulaient prendre d'autres, ce à quoi il ne 
consentirait jamais! 

Après avoir longtemps hésité, le commandant se décida à laisser le jeune 
prince descendre à terre et aller voir son père, pensant que celui-ci, en appre- 
nant de la bouche même de son fils les» bons traitements qu'on lui avait faits 
à Goa et tous les bienfaits dont il avait été comblé, changerait de sentiment, 
et il se contenta d'un seul otage, un parent du roi nommé Andriantsambatra, 
qui fut conduit à Goa. Les Portugais n'eurent, du reste, à se louer ni du roi ni 
de son fils, qui, cependant, au début s'était montré bon chrétien, et la guerre 
fut plusieurs fois sur le point d'éclater. Nonobstant, deux des Pères restèrent 
dans le pays avec l'espoir de réussir, « les enfants y étant d'un bon naturel et 



8 G. GHANDIDIER. 

d'une grande intelligence ». Ils ne furent pas longtemps à se convaincre qu'il 
« n'y avait rien à faire pour le moment et rien à espérer pour l'avenir », 
d'autant que, d'ordre du roi, personne ne voulait les écouter et que celui-ci 
n'avait pas caché sa satisfaction lorsqu'il les avait su malades, attribuant 
les fièvres qui les minaient aux maléfices de ses sorciers, car il ne voulait 
pas d'étrangers dans son pays, et, d'autre part, il n'eût pas été fâché d'hériter 
de leurs aflaires conformément aux usages du pays. 

Ils partirent donc à bord du premier navire qui se présenta : c'était celui 
qui ramenait de Goa en mai 1617, le parent du roi qui avait été livré en otage 
l'année précédente et qu'on ne laissa pas débarquer du moment que les Pères 
quittaient le pays, et ils s'en allèrent rejoindre les deux autres Pères qui 
étaient déjà depuis un an sur la côte ouest, à l'embouchure du Manambolo, 
et qu'ils trouvèrent dans une triste situation: les habitants étaient en pleine 
guerre civile et les prédications n'avaient chez eux aucun écho; de sorte que 
tous les quatre résolurent d'abandonner ce pays ingrat su^ lequel ils avaient 
fondé au début tant et de si belles espérances. 

Les Pères Mariano et Gomes essayèrent encore en 1619 de fonder une 
mission dans la baie de Boina, mais, tout en leur faisant un bon accueil, les 
habitants ne voulurent jamais consentir à les laisser se fixer chez eux. Une 
dernière tentative, qui n'a pas réussi davantage, a eu lieu en 1630 dans la baie 
d'Anpasindava et depuis lors les Portugais ont complètement abandonné 
Madagascar. 

II 

Hollandais. — Il y avait près d'un siècle que les Portugais fréquentaient 
Madagascar dans les tristes conditions que nous venons d'exposer, lorsqu'une 
flotte hollandaise y atterrit pour la première fois, le 3 septembre 1 595. Cette flotte 
se rendait aux Indes et était sous les ordres de l'amiral Cornélis de Houtman; 
elle fit terre au cap Sainte-Marie, qui est la pointe la plus méridionale de 
l'île, et, poussée par le vent et les courants, elle alla mouiller dans la baie 
des Masikoro qui est dans le sud-ouest. Trois matelots étant descendus à 
terre furent assaillis par une troupe d'indigènes qui, après un combat à coups 
de pierre, leur prirent leurs armes et les dépouillèrent de leurs vêtements. Les 
Hollandais se tinrent dès lors sur leurs gardes et cinq autres matelots envoyés 
à la découverte, étant à leur tour attaqués, mirent facilement en fuite leurs 
agresseurs en tirant quelques coups de fusils qui en tuèrent un. 

Ils allèrent de là à la baie de Saint-Augustin où ils trafiquèrent très paisi- 
blement avec les habitants. Us mirent à terre les nombreux malades du 
scorbut qui étaient à bord et que les indigènes, voyant si faibles, vinrent 
piller; quelques-uns qui avaient des fusils se défendirent et en tuèrent trois 



EIROPKEXS ET MAUUCIIKS. 9 

f*l on blessèrent plusieurs; ces mêmes indigènes, après celle échaufourréc, 
\inrent trafiquer comme ils avaient coutume de le faire avant, portant osten- 
siblement sur eux les objets volés. Les Hollandais indignés voulurent reprendre 
plusieurs de ces objets qu'ils voyaient pendus à leur cou, ce qui amena une 
bagarre dans laquelle deux Malgaches furent lues et deux hommes et deux 
enfants furent emmenés prisonniers a bord. Cette malencontreuse querelle 
coupa court aux relations amicales qui existaient jusque-là. Les Hollandais, 
étant descendus un jour à terre pour tâcher de se procurer des vivres, se 
virent tout à coups entourés par 300 sauvages qui faisaient le simulacre de 
leur jeter leurs javelots, mais un coup de mousquet les fit fuir. Quelques-uns 
cependant revinrent, et, se tenant a distance, firent signe qu^ils portaient du lait; 
U* pilote Janssen étant allé à eux avec deux volontaires, ils les transpercèrent 
de leurs sagaies : le pilote mourut sur le coup. Pour se venger, les Hollandais 
>*emparèrent d*un indigène qu'ils sur[)rirent dans une pirogue et le passèrent 
par les armes. Tous ces faits, qui sont rapportés par les Hollandais eux- 
mêmes, ne semblent qu*à moitié véridiques, ce qui est naturel, car ils avaient 
tout intérêt à pallier leurs méfaits et à se donner le beau rôle, mais John 
Davis, le pilote du Middlehourg^ navire qui a fait en 1598 le troisième voyage 
de la Compagnie Néerlandaise des Indes, raconte que le « maître d équipage 
du navire de Houtmun avait fort malmené les indigènes de Saint-Augustin, 
qu'en ayant appréhendé un, il lavait attaché à un poteau et s'était amusé i 
tirer sur lui des coups de mousquet jusqu'à ce que la mort s'ensuivit, et qu'il 
s'était conduit ignominieusement envers beaucoup d'autres ». 

Tout commerce étant devenu impossible, l'amiral de Houtman fit rembar- 
quer les malades et leva l'ancre le 14 décembre. Le 10 janvier 1506, il atterrit 
à l'Ile de Sainte-Marie où ils trouvèrent auprès des habitants un accueil franc 
et hospitalier; ils s'y approvisionnèrent de riz, de chèvres, de moutons, de 
|M>ules, d'œufs, de Uit, de bananes, de cannes a sucre, de fèves, de 
citrouilles, etc., en échange de verroteries de couleurs variées. Le 21, ils 
mirent à la voile et arrivèrent le 23 dans la grande baie d'Antongil où ils 
complétèrent leurs provisions, y achetant notamment des bœufs. Les rela- 
tions étaient les plus cordiales et les plus franches du monde lorsqu*un 
cyclone s'abattit sur la flotte et entraîna plusieurs de ses canots à la côte ; 
quand la mer fut calmée, les Hollandais se mirent a leur recherche; ils les 
trouvèrent brisés par les Malgaches qui les avaient dépecés pour s'en appro- 
prier toutes les ferrures, jusqu'aux clous; ils en furent fort irrités et mar- 
quèrent d'une manière fort vive le grand mécontentement où les mettait cet 
acte de vandalisme qui leur était si préjudiciable. Les Malgaches prirent peur, 
i-t, mettant leurs femmes, leurs enfants et leurs bardes dans des piro;;ues, ils 
quittèrent précipitamment la ville, et, remontant le fleuve, s'allèrent cacher 
dans les bois. L'amiral résolut alors de leur deinamler quelques-unes de leurs 



10 G. GRANDIDIlilR. 

grandes pirogues pour remplacer ces canots, et, s'ils ne voulaient pas leur 
en donner, de leur faire la guerre ; il envoya à terre une compagnie de marins 
qu'une troupe d'indigènes voulut empêcher de débarquer, jetant une grêle de 
pierres sur leurs embarcations; les Hollandais tirèrent dans le las et en tuèrent 
une demi-douzaine, ce qui les fit tous s'enfuir, car, jusque-là, ils se croyaient 
parfaitement à Fabri derrière leurs énormes boucliers. Plusieurs de ces Mal- 
gaches ne tardèrent pas à revenir, priant qu'on cessât les hostilités et promet- 
tant de donner vivres et pirogues, malheureusement dans Tardeur du combat 
les matelots hollandais ne les comprirent pas et continuèrent à tirer, puis ils 
mirent le feu à la ville qui flamba tout d'un temps. Après ce bel exploit, la 
flotte, larguant ses voiles, fît route vers les Indes. 

Deux ans après, en 1598, trois navires de la flotte de l'amiral Van Neck 
atterrirent à l'île Sainte-Marie. Le premier acte de leurs capitaines fut de 
s'emparer de la personne du chef pour le forcer à leur fournir des vivres; ils 
le relâchèrent contre une rançon d'une vache et de son veau, quand ils eurent 
constaté que, comme il l'avait assuré, le pays était réellement dépourvu de 
ressources. 

Cette même année, le Middleboùrg relâcha à la baie de Saint-Augustin ; dès 
que les indigènes qui étaient accourus en grand nombre sur la plage, virent 
les Hollandais venir à terre, ils s'enfuirent, se remémorant les mauvais trai- 
tements auxquels ils avaient été en butte de la part des marins de la flotte 
d'Houtman, et ils refusèrent toute relation avec eux, qui durent reprendre la 
mer et aller se ravitailler aux Comores. 

L'amiral Van Der Hagen, qui commandait la quatrième flotte envoyée aux 
Indes par la compagnie Hollandaise, s'arrêta sur la côte orientale de Mada- 
gascar, dans les environs de Tamatave, afin d'y prendre de l'eau et des vivres 
frais. Il constate, dans son journal de bord, que les indigènes sont d'un 
€ naturel doux et facile, intelligents et curieux d'apprendre », mais, n'y ayant 
point trouvé ce qu'il était venu y chercher, il fit voile pour la baie d'Antongil 
où il mouilla le 17 novembre 1599. A la vue de ces trois vaisseaux hollandais, 
les habitants, qui n'avaient point oublié le traitement que leur avait fait subir 
Houtman, s'enfuirent tous dans les bois. Van Der Hagen eut beau leur faire toutes 
les invites possibles, semer dans les sentiers où ils avaient coutume de passer 
des miroirs, des verroteries et d'autres menus objets pour leur montrer qu'on ne 
leur voulait point de mal, rien n'y fit. Il envoya des matelots explorer le pays 
et tâcher de nouer des relations avec eux; mais, dès qu'on les apercevait, 
c'était un sauve-qui-pcut général, si bien qu'il dut lever l'ancre et continuer 
son voyage sans avoir réussi à se ravitailler comme il l'avait espéré. 

En allant au îles de la Sonde en 1619, Bontekoe s'arrêta à l'île Sainte- 
Marie, dont les habitants lui firent le meilleur accueil et s'empressèrent de lui 
fournir les vivres dont il avait grand besoin. En retournant en Europe en 1625, 



EUROPÉENS ET MALGACHES. H 

il rolàrha dans la baie de Sainte-Luco; dès qu*on connut son arrivée, les indi- 
fTt'^nes accoururent en masse, apportant toutes sortes de provisions, et le roi 
du pays vint à bord sans crainte. ■ Ils |>araissaient fort aflectionnés à notre 
nation », dit Bontekoe. Deux des matelots désertèrent et il fut impossible de 
les ravoir; dès qu'ils apercevaient leurs camarades, ils s*enfuyaieal; ils furent 
retrouvés en bonne santé en l&2i\\>arV A mslerveen. 

Dans la seconde moiti«' du xvii* et au commencement du xviu^ siècle, les 
gouverneurs soit de Tile Maurice, soit du cap de Bonne-Espérance, ont 
env(»yé presque chaque année des navires à Madagascar pour y acheter des 
esclaves. Le p:ouverneur de Maurice, Van der Stel, alla lui-même à Antongil 
en IGi2 où il en prit i05; il y laissa deux traitants chargés de préparer une 
cargaison plus importante (>our son prochain voyage. Quand il revint, en avril 
ICii, il trouva les indigènes moins bien disposés à son égard i\uh son précé- 
dent voyage, parce qu'un navire français, le Saini-Louis, capitaine Cocquet, 
y était venu dans Tintervalle et que son équipage avait ravage le pays. Pen- 
dant qu'il était sur rade, le Hoyal de Dieppe, capitaine L'Omieil, arriva, et les 
Français exercèrent une foule de vexations envers les habitants, coupant dos 
bananiers et leur causant méchamment toutes sortes de dommages. Dès qu'ils 
furent partis, les Malgaches, qui s'étaient enfuis dans l'intérieur, revinrent 
tmiter avec les Hollandais auxquels ils vendirent 97 esclaves. Van der Slel 
retourna une troisième fois à Antongil en mars i6i5 et en rapporta 95 esclaves : 
il y laissa son chef de traite avec cinq matelots et un mousse qui furent rapa- 
triés en octobre. 

C'est à partir de 1654 que le gouverneur du Cap a envoyé fréquemment des 
navires h Madagascar pour y prendre des provisions et des esclaves. Frédéric 
Verbug, (|ui est allé a Antongil en lt>5i avec le navire le Tulp, y fut bien 
accueilli par les indigènes qui lui fournirent toutes les provisions qu'il voulut, 
c Ils ont, dit-il, l'amitié pour nous autres Hollandais, mais ils ne veulent pas 
entendre parler des Français qui, quand ils viennent chez eux, s'emparent 
de tout ce qui leur tombe sous la main ». Joachim Blank, le subrécargue du 
Waaierhoen^ qui visita en 1663 plusieurs ports de la côte occidentale en quête 
de riz et d'esclaves, a trouvé les indigènes « quelque peu barbares, mais animés 
de sentiments amicaux envers les étrangers, toutefois sans loyauté », et, dans 
S4m rapport sur son .second voyage fait en I66i, il dit : € Ce sont des gens 
fourbes, mais de relations faciles et agréables ». Les Hollandais ont cependant 
éprouvé plusieurs désastres. In de leurs navires, ayant relùché sur la côte 
nord-est en 1662, fut bien accueilli par les indigènes qui lui fournirent des 
provisions, mais qui pillèrent ensuite les marchandises, tuèrent deux marins 
et en ble.ssèrent deux autres : le chef de Vohémar, auquel le capitaine alla se 
plaindre, se conduisit convenablement. 

Un peu plus tanl, en 1668, le Poehmjp du Cap ayant aussi touché dans le 



12 G. GHANDIDIER. 

nord, a eu son chirurgien et huit marins tués. En 1612, John NieuhofiT, après 
avoir fait quelque commerce sur la côte occidentale et s'être procuré quel- 
ques esclaves et un peu de bétail, s'arrêta dans la baie d'Ampasindava et alla 
voir le roi avec cinq hommes, emportant une assez grande quantité de mar- 
chandises; jamais plus on ne les revît. Enfîn l'équipage du Barneveld, qui 
relâcha en 1719 à l'embouchure du Mania, sur la côte occidentale, en grand 
besoin de vivres et qui eut d'abord des rapports convenables avec les indigènes, 
une fois les cadeaux échangés, eut beaucoup à se plaindre d'eux. Quand il 
s'agit de fixer le prix des bœufs, des esclaves, du riz, le roi se montra très 
exigeant et arrogant, et les Hollandais, par nécessité et par peur, finirent par 
consentir à tout ce qu'il voulut : aussi disent-ils dans leur < Journal de Route » 
que les « Sakalaves, du premier au dernier, sont méchants, menteurs, fourbes, 
voleurs, sans le moindre sentiment d'honneur et sans la moindre loyauté, 
vils et humbles devant leurs supérieurs, cruels et arrogants avec leurs infé- 
rieurs, en un mot les plus fieCTés coquins qu'on puisse trouver sur la terre ». 



III 

Anglais. — La première Ootte anglaise qui soit allée aux Indes et qui com- 
prenait cinq navires a relâché à l'île de Sainte-Marie le 18 décembre 1600, 
puis à la baie d'Antongil le 25, afin de se procurer des vivres frais, surtout 
des oranges et des citrons qui leur étaient fort nécessaires pour combattre le 
terrible scorbut qui sévissait à bord. Les Anglais constatèrent que les Mal- 
gaches étaient « doux et familiers et paraissaient braves ». A Antongil, ils 
furent quelque temps avant de trafiquer avec eux qui, « comme tous les 
Orientaux, sont rusés et astucieux, aussi bien pour acheter que pour vendre, 
changeant les prix à chaque instant et cherchant toujours à obtenir plus qu'on 
ne leur accorde » ; mais, dès qu'eurent été fixés d'un commun accord le 
nombre de perles de verre à donner pour une mesure de riz et le nombre de 
bananes, d'oranges, de citrons, etc., qu'on donnerait par grain de verroterie, 
le trafic devint « franc et animé » et les relations furent des plus cordiales. 

David Middleton, qui commandait le Consent, l'un des trois vaisseaux for- 
mant la troisième flotte envoyée par les Anglais aux Indes, ayant relâché dans 
la baie de Saint-Augustin, le 30 août 1607, pour y prendre de l'eau, apprit que, 
quelques mois auparavant, un navire s'était échoué dans ces parages et qu'il 
en avait débarqué une foule de gens armés qui s'étaient répandus dans le 
pays et qui, après avoir traité les indigènes avec humanité, leur avaient fait par 
la suite une guerre sanglante dans laquelle eux aussi avaient perdu beaucoup 
de monde. Quoiqu'en apprenant ce douloureux événement il supposât que les 
habitants de ce lieu devaient avoir peu d'amitié pour les Européens, il se 



KUÏUïPEENS ET MALGACHES. H 

flérida cependant a y faire de Teau dont il avait un pressant besoin. Vingt 
hommes allèrent à terre avec des barriques et furent attaqués par une troupe 
de plus de deux cents Malgaches; ils la mirent en déroute par une décharge 
de mousquets, mais jugèrent prudent de regagner le navire qui leva aussitôt 
Tancre. En longeant la cAte, ils virent venir du rivage plusieurs pirogues qui 
leur apportèrent des moutons et de la viande de bœuf; ils achetèrent le tout 
à bon marché : ces Malgaches ignoraient ce qui s*était passé chez leurs voisins. 

Les deux autres vaisseaux de la flotte a laquelle appartenait le Consent ne 
mouillèrent dans la baie de Saint-Augustin que le 17 février 1608. L amiral 
eut quelque peine à entrer en relations avec les habitants de cette baie ; toutes- 
fois, lorsqu*ils virent qu'il ne paraissait pas vouloir les attaquer, deux d*entre 
eux amenèrent un veau et un mouton qu*on leur paya à leur convenance, un 
couteau et un shilling; les autres s'empressèrent alors de ^lonner leurs mar- 
chandises au même prix. Fort satisfait de ce début et des « apparences de 
douceur > qu'il remarqua chez ces sauvages, Tamiral résolut d*attendre, sans 
montrer de hâte, qu'ils lui apportassent d'eux-mêmes des provisions ; toutefois 
il constata que, dès que la chaloupe venait, ils s'en allaient. Il acheta beaucoup 
de bétail et à bon compte, entre autres trois vaches, deux jeunes taureaux et 
quatre veaux pour la somme de 15 shillinf/s^ soit 18 fr. "o, et un veau, un 
mouton et un agneau pour 2 shillings 3 deniers, soit 2 fr. 85. La familiarité 
augmenta de jour en jour entre les Anglais et les indigènes. Les deux vais- 
seaux reprirent la mer le 28 février. 

Richard Rowles qui commandait Vl'ninn, l'un des trois navires formant la 
quatrième flotte envoyée d*Angleterre aux Indes sous les ordres d'Alexandre 
Shar|»ey, passa sans encombre, à la fin de 1608, vingt jours <lans cette même 
baie, puis, au commencement de 1609, il relâcha dans celle de Sada, qui est 
dans le nord-ouest. Les indigènes lui ayant paru c fort honnêtes », et étant 
entrés volontiers en relations avec lui, il alla sans défiance faire visite au roi* 
avec cinq marins, mais à peine furent-ils débarqués qu'une horde de sauvages 
les entraîna dans l'intérieur, pendant qu'une foule de boutres et de pirogues 
vînt entourer le navire qui fut criblé de flèches et de javelots; une décharge 
de canons coula une dcmi-douzaii)e des plus grandes de ces embarcations et 
les agresseurs, refroidis dans leur ardeur, s*en allèrent plus vile qu'ils n'étaient 
venus. Quant à Kowles et à ses compagnons, on ne les revit plus. Toutefois 
Bradshaw, qui avait pris le commandement du navire avant de quitter ce lieu 
maudit, s*approcha de la cote par un mouvement habile, et, lors(|u'il fut à 
portée, il fit faire une décharge de canons et tie mousquets qui joncha le sol 
de cadavres; a la vue de tant de morts et de blessés, les indigènes alTolés 
s'enfuirent en poussant d'affreux hurlements. 

I. n f»araU (|irun Ois de cv roi avait été quel<|iie temps auparavant cnlc\é par «les AnglaïA. 
B. P. Lui« Marianu.) 



14 G. GRANDIDIBR. 

En i64i, un armateur anglais, William CourteeD, eavoya des colons h 
Madagascar qui s'établirent à Saint- Augustin en mars 1645. Les navires 
devaient en outre explorer les côtes de File et leurs capitaines acheter des 
esclaves. Comme ils n'avaient, à cause du mauvais état des affaires de Gour- 
teen, emporté que peu de provisions et peu de marchandises de troc dont U 
plupart, du reste, n'avaient pas en ce moment cours dans le pays, le chef de 
la colonie, John Smart, eut grand'peine i s'approvisionner de vivres en quan- 
tité suffisante pour que les colons ne mourussent pas de faim. Aussi réclama- 
t-il à cor et à cris en Angleterre des envois importants; sans quoi, disait-il, « il 
ne pourrait rien faire de bon », et il ajoutait : « Du reste, le. pays ne convient 
nullement pour une colonie et ses habitants sont vils et perfides, menteurs et 
voleurs et n'ont pas leurs pareils au monde ». Les indigènes lui ayant vole 
une partie du bétail qu'il avait acheté, il envoya dans l'intérieur une compagnie 
de quarante hommes qui réussit à s'emparer par trahison du roi et de trois de 
ses fils ; il n'y eut pas de sang versé et on les conduisit à bord de l'un des 
navires sur rade; on leur rendit la liberté contre une rançon de 200 têtes de 
bétail et après que le roi eut signé un traité de paix et d'amitié. 

Smart alla explorer la côte occidentale et les îles Comores pour voir s'il 
ne trouverait pas quelque lieu plus propice à l'établissement d'une colonie 
que la baie de Saint-Augustin. Il apprit qu'on accusait M. Weddal, le capitaine 
du James, l'un des navires de W. Courteen, d'avoir enlevé de force les habi- 
tants d'un îlot de la baie d'Ampasindava ainsi que les marchandises qui y 
étaient amassées (probablement l'îlot où sont enterrés les rois du pays avec 
leurs trésors). Pendant son absence, deux des colons qui étaient allés dans 
l'intérieur chercher les bœufs que les Anglais avaient confiés à la garde d'un 
chef malgache, parce qu'il n'y avait pas de pâturage au bord de la mer, furent 
assassinés; dès que la nouvelle en arriva au camp, on s empara de deux indi- 
gènes qui s'y trouvaient en ce moment et on les passa par les armes, et il 
fut décidé qu'on en ferait autant à tous ceux qu'on attraperait. Les Malgaches 
se vengèrent en tuant trois autres colons, brûlant la chaloupe et laissant aller 
à la dérive le petit canot. « Avant mon départ, écrit John Smart, ils n'avaient 
jamais commis de semblables attentats; il^st vrai que je ne leur en avais pas 
fourni l'occasion, ayant toujours été bienveillant à leur égard et ayant entre- 
tenu avec eux des relations de bon voisinage, d'autant que j'étais obligé de 
leur confier notre bétail. Us sont cupides et veulent cependant être traités avec 
égards ». Les Anglais abandonnèrent ce lieu maudit en mai 1G46, laissant en 
partant ce conseil à ceux qui y viendraient après eux : « Ne vous fiez jamais 
aux coquins qui habitent ce pays, quelques belles promesses qu'ils vous fassent, 
ne sortez jamais sans armes, cl si vous pouvez mettre la main sur quelqu'un 
de ces chiens, exterminez-les sans pitié. » 

Aux xvu" et xviu*' siècles, les négriers venaient fréquemment à Mada- 



KLROl'ÉENS ET MALGACHES. |5 

^ascar chercher des esclaves pour les Antilles et ils y ont toujours trouvé un 
l>on accueil : ainsi, en 16r>4, deux navires en ont pris à Saint- Augustin 335 
pour laBarbade. Les nombreux pirates, pour la plupart de nationalité anglaise, 
qui ont à la (in du xvn' et au commencement du xviii' siècles choisi cette Ile 
pour centre de leurs courses maritimes, n*ont pour ainsi dire jamais eu trop à 
^e plaindre de ses habitants, mal<:ré leur conduite extravagante et leurs exac- 
tions; ils y furent non seulement craints, mais puissants : leur mariage avec 
des femmes malgaches favorisait d'ailleurs les relations cordiales qui exis- 
taient entre eux et les gens du pays. 

Nous ne parlerons pas de Drury dont le récit, qui est véridique et digne 
de foi au point de vue géographique et des mœurs des habitants, ne mérite 
guère confiance au point de vue de ses rapports avec les Malgaches, rapports 
qui sont présentés de façon à le rendre intéressant. 

En 1738 le .Sussex se mit à la cote dans le sud-ouest. Les naufragés furent 
bien traités par les indigènes, jusqu'au moment où, ayant vu qu'ils n'étaient 
qu'au nombre de seize, ceux-ci devinrent arrogants et importuns. Les Anglais 
se décidèrent i chercher un autre port, mais, leur navire s'étant échoué sur des 
hauts-fonds, plusieurs d'entre eux périrent et cinq seulement arrivèrent à 
terre, non loin de Mahabo, après dix-sept jours de souflrances. Le roi du pays 
leur fit donner tout ce dont ils avaient besoin, mais la maladie en enleva quatre 
et John Dean survécut seul. Les divers chefs de village qui lui donnèrent 
l'hospitalité le traitèrent bien; mais cène fut, toutefois, pas sans peine qu'ils 
consentirent à le laisser embarquer sur un navire anglais qui était venu cher- 
cher des esclaves dans ce pays. 

En 175i, la Qotte commandée par l'amiral Wattson fit relâche dans la 
baie de Saint-Augustin, où elle reçut le meilleur accueil du roi et des habi- 
tants; le docteur Edouard Yves, le chirurgien de cette flotte, fit mettre a terre 
les malades qui étaient nombreux et qui se rétablirent en trois semaines. 
J'ai le regret, écrit-il, < d'être obligé d*avouer que nos compatriotes fraudent 
souvent les indigènes, leur vendant des canons de fusils de mauvaise qualité 
qui éclatent et les blessent ou môme les tuent. Une semblable mauvaise foi ne 
peut manquer de nuire à notre nation et bon nombre d'Anglais sont déjà mal 
famés. Cependant, tout dupés qu'ils sont, ils nous témoignent encore, jusqu'à 
présent du moins, de l'amitié. » Les Malgaches, ajoute-t-il, sont « gens polis 
et humains, mais ils sont susceptibles et se vengent lorsqu'ils se croient 
oflensés ». 

Cette baie de S^int-Augustin était du reste très fréquentée par les Anglais; 
ainsi, en 1780, il n'y eut pas moins de douze navires, trois de guerre et neuf 
de la compagnie anglaise des Indes, qui y ont séjourné de concert pendant un 
mois et demi à la grande satisfaction des marins et des indigôncs. Makintosh, 
qui Ta visitée a cette même époque, dit : « On accuse les Malgaches tie féro<*ité. 



16 G. GRANDIDIER. 

de barbarie, d'ignorance, de stupidité, d'irréligion et de toutes sortes de vices 
et de crimes : ces imputations sont absolument fausses ». Enfin, comme 
dernier exemple, nous dirons que les naufragés du Winterton, qui ont demeuré 
sept mois à Saint-Augustin en 1792, ont été accueillis fort amicalement et 
fort hospitalièrement par le roi qui les hébergea de son mieux; s*ils eurent 
quelquefois à se plaindre de la rapacité des indigènes, ils les trouvèrent d'ordi- 
naire obligeants et honnêtes 

IV 

Français. — Les premiers Français qui ont atterri à Madagascar sont des 
Dieppois, qui y sont venus en 1527; ils y trouvèrent des gens < doux » qui 
leur firent bon accueil et commercèrent « franchement » avec eux. 

Deux années plus tard, en 1529, les frères Jean et Raoul Parmentier, éga- 
lement Dieppois, visitèrent la côte occidentale ; bien accueillis en divers points, 
ils eurent, cependant, deux de leurs gens sagayés en face des îles Stériles et 
ils se vengèrent en tirant sur les indigènes quelques coups de pierriersqui en 
blessèrent deux. 

Puis un long temps se passa pendant lequel les Français restèrent inactifs, 
laissant le champ libre aux Portugais. Ce n'est qu'en 1601 que des marchands 
de Saint-Malo, de Vitré et de Laval s'unirent pour leur disputer le commerce 
des Indes; ils formèrent une compagnie dans le but patriotique d'enrichir la 
France des « singularités » de l'Orient et équipèrent à leurs frais et à leurs 
risques et périls deux navires, le Croissanty de 400 tonneaux, et le Corbin, 
de 200, qui, ayant été démâtés par une forte tempête, entrèrent, le 19 février 
1602, dans la baie de Saint- Augustin, afin de faire les réparations urgentes. Les 
matelots construisirent à terre quelques huttes de branchages où furent trans- 
portés les malades qui étaient nombreux. Ils eurent quelque peine à entrer en 
relations avec les indigènes qui, au début, montraient de la méfiance à leur 
égard : quelques-uns, armés et accoutrés à leur mode, vinrent d'abord 
reconnaître quels étaient ces étrangers et se rendre compte s'ils paraissaient 
devoir traiter avec eux en toute franchise : ils traînaient avec eux une vache et 
un mouton. « Malgré les invites et les signes amicaux que nous leur faisions, 
disent Martin, de Vitré, et Pyrard, de Laval, et quoique nous leur montrions 
maints objets de troc, ils s'en furent sans vouloir rien entendre. S'étant proba- 
blement convaincus que nous étions des gens de bonne foi et que nous n'avions 
pas l'intention d'user de violence avec eux, puisque nous ne leur avions causé 
aucun dommage et que nous n'avions pas cherché à les suivre, ils revinrent 
peu après avec leurs deux bêtes qu'ils échangèrent contre des couteaux, des 
ciseaux et d'autres menus objets dont ils font cas. Ils lièrent dès lors amitié 
avec nous et nous amenèrent une quantité de bétail dont nous nous sommes 



EUROPÉENS ET MALGACHES. 1" 

approvisionnés abondamment et à bon compte, en échange de cuillers de 
cuivre, de jetons de métal, de verroteries, achetant un bœuf ou trois moutons 
pour une cuiller ou pour deux jetons, et ainsi du reste ». 

Le 18 mars, six matelots désertèrent et s'en furent dans la brousse pour 

vivre avec les sauvages, mais, au bout de sept jours, ils revinrent au camp 

demandant grâce, car les habitants s'enfuyaient dès qu'ils les apercevaient et 

ils n'avaient pas trouvé à se bien nourrir, comme ils l'avaient cru. Les Français 

quittèrent cette baie le 15 mai; comme, depuis leur départde France, ils avaient 

perdu le tiers de leur eflectif, par suite de la terrible mortalité qu'avaient 

occasionnée le scorbut et les fièvres, le général, sentant le besoin de compléter 

son équipage, d'autant que beaucoup des survivants étaient encore trop faibles 

pour faire un bon travail, projeta de prendre à bord des Malgaches pour leur 

venir en aide, et, comme il ne pouvait douter qu'ils ne viendraient pas de leur 

plein gré, il prépara un guet-apens pour les prendre de force. 11 fit donc 

cacher pendant la nuit des escopettes, des pistolets et des épées auprès du lieu 

où ils étaient accoutumés à se rendre chaque matin pour trafiquer de leurs 

bestiaux et des autres denrées et où ils devaient venir une dernière fois; il 

pensait que, voyant les Français sans armes, ils ne se défieraient de rien* et 

que ses gens pourraient, à un signal convenu, courir aux armes qu'il avait fait 

cacher et s'emparer d'un bon nombre d'entre eux. Ainsi, comme l'écrit Pyrard, 

de Laval, qui était à bord du Corbin : « Nous avions formé le dessein de leur 

donner un mauvais adieu et de leur faire un mauvais remerciement, mais 

Dieu n'a pas permis que nous exécutions cette perfidie, car ils ne vinrent pas 

ce jour-là et, notre général ayant changé d'avis, nous partîmes le lendemain,* 

ce qui nous fut un grand bien ». 

Le général de Beaulieu, qui relâcha pendant quinze jours avec la flotte du 
Montmorency dans cette même baie en 1620, y acheta beaucoup de bétail et 
des vivres de toutes sortes; les indigènes se montrèrent bienveillants et ne 
marquèrent aucune appréhension, quoique les Français fussent armés : 
plusieurs même vinrent sans crainte à bord; ce sont, dit Beaulieu, des gens 
€ gaillards et nullement brutaux ». 

Nous en arrivons maintenant à la main-mise de la France sur Madagascar. 

Le capitaine Cocquet, qui commandait le Saint-Louis, et le capitaine 
L'Ormeil, qui commandait le Royal, ont pris possession, en 1643 et 1644, au 
nom du roi de France, de la baie d'Antongil; ils y ont commis des exactions, 
laissant leurs matelots p^ynger les plantations de bananiers et autres, si bien 
que les habitants, pendant leur séjour sur rade, ont déserté le bord de la mer 
et se sont cachés dans les bois avec leurs femmes, leurs enfants et leurs biens. 
Nous avons dit plus haut, d'après Fr. Verburg, qui est allé dans cette baie 

l.Tout familiers qu'ils étaient avec les Français, ils montraient une grande appréhension des 
armes à feu et ne voulaient pas approcher des gens armés. 

La GéooRAPHiE. - T. XVIU 1908. 2 



18 G. GRANDIDIER. 

en 1654, que « les indigènes ne voulaient pas entendre parler des Français qui 
s^emparaienl de tout ce qui leur tombait sous la raain ». 

Pronis, qui était venu à bord du Sainl-LouiSy établit dans le sud-est, pour 
la compagnie de l'Orient, une petite colonie dont il fut le premier gouverneur. 
La compagnie ne pouvait faire un plus mauvais choix : c'était un homme 
cupide, rien moins que scrupuleux, débauché, dont 'administration a eu le 
résultat le plus déplorable pour l'honneur du nom français et l'avenir de la 
colonie. Le fait suivant suffira à la juger : en 1646 est arrivé à Fort-Dauphin 
un petit bateau hollandais de 100 tonneaux qui venait chercher des esclaves. 
Pronis et le capitaine qui commandait le Saint- Laurent^ alors sur la rade, lui 
en vendirent 73 dont ils s'emparèrent traîtreusement, quarante qu'ils atti- 
rèrent dans le fort, sous le faux prétexte de leur distribuer de la viande de 
bœuf, et, trente-trois qu'ils firent enlever de force sur les routes, ne cessant 
ces rapts odieux que lorsque Van der Meersh, le patron du bateau et gouver- 
neur de l'île Maurice, leur dit qu'il en avait assez, a Pronis, dit Flacourt, 
oublia en cette occasion son devoir, et, de ce jour-là, les Malgaches eurent 
en haine tous les Français, faisant retomber la faute du chef sur tous ses 
compatriotes », d'autant que parmi ces gens volés se trouvaient seize jeunes 
gens de bonne famille. A ce méfait, il en a ajouté peu après un autre : il 
fit assassiner deux Malgaches de grande condition, ce qui lui aliéna encore 
davantage les indigènes. Pronis, du reste, ne se conduisait pas mieux envers 
les Français qu'envers les Malgaches : ses dilapidations criminelles et ses 
mauvais procédés amenèrent la révolte de ses subordonnés qui le tinrent en 
•prison pendant six mois. 

Il n'est pas étonnant que son successeur, Flacourt, héritant de la haine 
vouée aux Français à la suite des méfaits de Pronis, ait eu à se plaindre à 
diverses reprises des Roandriana ou seigneurs du pays et de leurs sujets et 
qu'il ait dépeint les Malgaches sous des couleurs sombres; cependant il s'est 
quelquefois contredit, comme De Valgny * le fait remarquer d'une façon assez 
plaisante dans une lettre qu'il a adressée de Madagascar en 1758 aux Mânes de 
Flacourt, aux Champs Élysées : « Vous dites, illustre défunt, dans voire 
Épitre à Messire Nicolas Fouquet, que la nation malgache est sans fard et sans 
artifice et qu'elle a conservé sans interruption ce qu'elle a appris de la nature 
dans laquelle elle subsiste encore, et, plus loin, dans Y Exposé des avantages 
quon peut retirer de rétablissement d'une colonie à Madagascar que les Mal- 
gaches sont des gens humbles et soumis. Or est-ce la loi de la nature qui les 
rend tels que vous les dépeignez au xxvii^" chapitre : adonnés à la trahison, à 
la dissimulation, à la flatterie, à la cruauté, au mensonge et & la tromperie. Si 
cela est, et cela est en effet, la nature dont vous dites qu'ils suivent la loi les 

1. De Valgny cc^imaissait bien Madagascar où il a demeuré environ vingt-cinq ans; il a été 
comman<iant de l'ile Sainte-Marie en 1743. 



EUROPKENS ET MALGACHES. |f 

a bien mal diri^t^s. Et si, au contraire, ils sont, comme vous le ilites, sans fanl 
et sans artifice, pourquoi avez-vous fait graver sur une stèle représentée 
au Lxix*- ctiapitre cet avis aux voya^reurs : 

.16 incolis rave!^ 

Comment Flacourl, qui réprouvait les méfaits île son prédécesseur Pronis 
et reconnaissait qu*il avait suscité la haine des Malgaches, $*est-il plu, lui 
aussi, i fomenter des snierres et à massacrer, à piller sans pitié? Malgré les 
reproches plus ou moins réels qu*it pouvait adresser aux indi^'^ènes, avait>il 
raison d'envoyer de nuit atta(|uer et mettre à sac des villes telles que celle 
de Fanjahira, où habitait le roi, qui fut tué ainsi que son (ils : < Nos gens, 
écrit Flacourt, étant tous entrés à la file dans la ville, sous la conduite de mon 
lieutenant Angeleaume, coururent droit a la maison d*Andriandramaka, le roi, 
qui en se sauvant fut tué d*un coup de fusil ainsi qu*un de ses fils Andriantsajoa 
dont on m'apporta la tète que je fis planter sur un pieu. Tout y fut mis en 
désordre et pillé par nos Français qui y firent un butin qui les arrangea fort. 
Il Y eut des hommes et .les femmes tués et toutes les richesses du « Roan- 
driana » ou seigneur furent mises en cendres. On prit 1;>0 b<eufs et vaches ». 

Un mois et demi après, nouvelle expédition. Flacourt envoya 25 Français 
surprendre le village d*un autre « Roandriana », d'où ils ramenèrent 108 tètes 
de l>étail après avoir tué Tun des chefs. 

Du 19 septembre au 23 novembre 1651, fiendant <|ue Flacourt visitait 
Foulpointc et Tile Sainte-Marie, son lieutenant Angeleaume, a la tète de quel- 
ques Français, saecagea les environs de Fort-Dauphin, incendiant des villages, 
sVmparant des Ixciifs et faisant force prisonniers. 

Le 24 février 1652, le caporal La Forest s'en va dans Tintérieur à Man- 
trarano avec vingt-huit soldats : il revint, ayant bruIé vintrt-deux villages et 
tué sept Malgaches. 

Le li mars 1653, Angeleaume fut envoyé dans la vallée d*Ambolo dont il 
mit à sac les deux villes principales et où « il y eut bien des nègres tués ». 

Le 26 avril 1654, par ordre de Flacourt, 25 Français partent en guerre 
contre les habitants de la vallée de Tsiliva et reviennent trois jours après, 
ayant brûlé les villages, mais n*ayant pu razzier qu*une cinquantaine de bceufs. 
l*omme dît de Vaigny, « ce qui est rapporté aux chapitres viii, xl et xu de 
VHtsioire de Madagascar de Flacourt n'est pas i l'honneur de notre nation ni 
\\v Flacourt, caries Français agissaient comme des brigands, tuant et pillant! » 

Du reste, les expéditions de ce genre étaient continuelles, et si, sous lad- 
ministration de (^hampmargou et Mondevergue, qui étaient v humains et hon- 
nêtes », il y eut une paix relative, on voit encore l'amiral de La Uaye aller, en 

I. • Défiet*«oos des hnbiUnU du pii5t ! •. 



18 G. GRANDIDIER. 

en 1654, que « les indigènes ne voulaient pas entendre parler des Français qui 
s'emparaient de tout ce qui leur tombait sous la main ». 

Pronis, qui était venu à bord du Saint-Louis, établit dans le sud-est, pour 
la compagnie de l'Orient, une petite colonie dont il fut le premier gouverneur. 
La compagnie ne pouvait faire un plus mauvais choix : c'était un homme 
cupide, rien moins que scrupuleux, débauché, dont 'administration a eu le 
résultat le plus déplorable pour Thonneur du nom français et l'avenir de la 
colonie. Le fait suivant suffira à la juger : en 1646 est arrivé à Fort-Dauphin 
un petit bateau hollandais de 100 tonneaux qui venait chercher des esclaves. 
Pronis et le capitaine qui commandait le Saint-Laurent^ alors sur la rade, lui 
en vendirent 73 dont ils s'emparèrent traîtreusement, quarante qu'ils atti- 
rèrent dans le fort, sous le faux prétexte de leur distribuer de la viande de 
bœuf, et, trente-trois qu'ils firent enlever de force sur les routes, ne cessant 
ces rapts odieux que lorsque Van der Meersh, le patron du bateau et gouver- 
neur de l'île Maurice, leur dit qu'il en avait assez. « Pronis, dit Flacourt, 
oublia en cette occasion son devoir, et, de ce jour-là, les Malgaches eurent 
en haine tous les Français, faisant retomber la faute du chef sur tous ses 
compatriotes », d'autant que parmi ces gens volés se trouvaient seize jeunes 
gens de bonne famille. A ce méfait, il en a ajouté peu après un autre : il 
fit assassiner deux Malgaches de grande condition, ce qui lui aliéna encore 
davantage les indigènes. Pronis, du reste, ne se conduisait pas mieux envers 
les Français qu'envers les Malgaches : ses dilapidations criminelles et ses 
mauvais procédés amenèrent la révolte de ses subordonnés qui le tinrent en 
•prison pendant six mois. 

Il n'est pas étonnant que son successeur, Flacourt, héritant de la haine 
vouée aux Français à la suite des méfaits de Pronis, ait eu à se plaindre à 
diverses reprises des Roandriana ou seigneurs du pays et de leurs sujets et 
qu'il ait dépeint les Malgaches sous des couleurs sombres; cependant il s'est 
quelquefois contredit, comme De Valgny * le fait remarquer d'une façon assez 
plaisante dans une lettre qu'il a adressée de Madagascar en 1758 aux Mânes de 
Flacourt, aux Champs Élysées : « Vous dites, illustre défunt, dans votre 
Epitre à Messire Nicolas Fouquet, que la nation malgache est sans fard et sans 
artifice et qu'elle a conservé sans interruption ce qu'elle a appris de la nature 
dans laquelle elle subsiste encore, et, plus loin, dans Y Exposé des avantages 
quon peut retirer de rétablissement d'une colonie à Madagascar que les Mal- 
gaches sont des gens humbles et soumis. Or est-ce la loi de la nature qui les 
rend tels que vous les dépeignez au xxvu« chapitre : adonnés à la trahison, à 
la dissimulation, à la flatterie, à la cruauté, au mensonge et à la tromperie. Si 
cela est, et cela est en effet, la nature dont vous dites qu'ils suivent la loi les 

1. De Valgny connaissait bien Madagascar où il a demeuré environ vingt-cinq ans; il a été 
commandant de l'ile Sainte-Marie en 1743. 



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18 G. GRANDIDIER. 

en 1654, que < les indigènes ne voulaient pas entendre parler des Français qui 
s^emparaient de tout ce qui leur tombait sous la main ». 

Pronis, qui était venu à bord du Saini-Louis^ établit dans le sud-est, pour 
la compagnie de l'Orient, une petite colonie dont il fut le premier gouverneur. 
La compagnie ne pouvait faire un plus mauvais choix : c'était un homme 
cupide, rien moins que scrupuleux, débauché, dont 'administration a eu le 
résultat le plus déplorable pour l'honneur du nom français et l'avenir de la 
colonie. Le fait suivant suffira à la juger : en 1646 est arrivé à Fort-Dauphin 
un petit bateau hollandais de 100 tonneaux qui venait chercher des esclaves. 
Pronis et le capitaine qui commandait le Saint-Laurent ^ alors sur la rade, lui 
en vendirent 73 dont ils s'emparèrent traîtreusement, quarante qu'ils atti- 
rèrent dans le fort, sous le faux prétexte de leur distribuer de la viande de 
bœuf, et, trente-trois qu'ils firent enlever de force sur les routes, ne cessant 
ces rapts odieux que lorsque Van der Meersh, le patron du bateau et gouver- 
neur de l'île Maurice, leur dit qu'il en avait assez. « Pronis, dit Flacourt, 
oublia en cette occasion son devoir, et, de ce jour-là, les Malgaches eurent 
en haine tous les Français, faisant retomber la faute du chef sur tous ses 
compatriotes », d'autant que parmi ces gens volés se trouvaient seize jeunes 
gens de bonne famille. A ce méfait, il en a ajouté peu après un autre : il 
fit assassiner deux Malgaches de grande condition, ce qui lui aliéna encore 
davantage les indigènes. Pronis, du reste, ne se conduisait pas mieux envers 
les Français qu'envers les Malgaches : ses dilapidations criminelles et ses 
mauvais procédés amenèrent la révolte de ses subordonnés qui le tinrent en 
•prison pendant six mois. 

Il n'est pas étonnant que son successeur, Flacourt, héritant de la haine 
vouée aux Français à la suite des méfaits de Pronis, ait eu à se plaindre à 
diverses reprises des Roandriana ou seigneurs du pays et de leurs sujets et 
qu'il ait dépeint les Malgaches sous des couleurs sombres; cependant il s'est 
quelquefois contredit, comme De Valgny * le fait remarquer d'une façon assez 
plaisante dans une lettre qu'il a adressée de Madagascar en 1758 aux Mânes de 
Flacourt, aux Champs Élysées : « Vous dites, illustre défunt, dans votre 
Épitre à Messire Nicolas Fouquet, que la nation malgache est sans fard et sans 
artifice et qu'elle a conservé sans interruption ce qu'elle a appris de la nature 
dans laquelle elle subsiste encore, et, plus loin, dans Y Exposé des avantages 
qnon peut retirer de C établissement d'une colonie à Madagascar que les Mal- 
gaches sont des gens humbles et soumis. Or est-ce la loi de la nature qui les 
rend tels que vous les dépeignez au xxvii* chapitre : adonnés à la trahison, à 
la dissimulation, à la flatterie, à la cruauté, au mensonge et à la tromperie. Si 
cela est, et cela est en eflet, la nature dont vous dites qu'ils suivent la loi les 

1. De Vaigny connaissait bien Madagascar où il a demeuré environ vingt-cinq ans; il a été 
commandant de l'île Sainte-Marie en 1743. 



I 

EUROPKKNS ET MALGACHES. i% ] 

a bien mal dirigés. Et si, au contraire, ils sont, comme vous le dites, sans fard 
et sans artifice, pourquoi avez-vous fait graver sur une stèle représentée 
au Lxix<^ chapitre cet avis aux voyageurs : 

Ab incolis cavef^ 

Comment Flacourt, qui réprouvait les méfaits de son prédécesseur ProDÎs 
et reconnaissait qu'il avait suscité la haine des Malgaches, s'est-il plu, lui 
aussi, à fomenter des guerres et à massacrer, à piller sans pitié? Malgré les 
reproches plus ou moins réels qu'il pouvait adresser aux indigènes, avait-il 
raison d'envoyer de nuit attaquer et mettre à sac des villes telles que celte 
de Fanjahira, ou habitait le roi, qui fut tué ainsi que son fils : « M os gens, 
écrit Flacourt, étant tous entrés à la file dans la ville, sous la conduite de mon 
h'eutenant Angeleaume, coururent droit à la maison d'Andriandramaka, le roi, 
qui en se sauvant fut tué d'un coup de fusil ainsi qu'un de ses fils Andriantsajoa 
dont on m'apporta la tête que je fis planter sur un pieu. Tout y fut mis en 
désordre et pillé par nos Français qui y firent un butin qui les arrangea fort. 
II y eut des hommes et des femmes tués et toutes les richesses du « Roan- 
driana » ou seigneur furent mises en cendres. On prit 150 bœufs et vaches ». 

Un mois et demi après, nouvelle expédition. Flacourt envoya 25 Français 
surprendre le village d'un autre c Roandriana », d'où ils ramenèrent 108 têtes 
de bétail après avoir tué l'un des chefs. 

Du 19 septembre au 23 novembre 1651, pendant que Flacourt visitait 
Foulpointe et Tile Sainte-Marie, son lieutenant Angeleaume, à la tête de quel- 
ques Français, saccagea les environs de Fort-Dauphin, incendiant des villages, 
s'emparant des bœufs et faisant force prisonniers. 

Le 24 février 1652, le caporal La Forest s'en va dans l'intérieur à Man- 
garano avec vingt-huit soldats : il revint, ayant brûlé vingt-deux villages et 
tué sept Malgaches. 

Le 14 mars 1653, Angeleaume fut envoyé dans la vallée d'Ambolo dont il 
mît à sac les deux villes principales et où « il y eut bien des nègres tués ». 

Le 26 avril 1654, par ordre de Flacourt, 25 Français partent en guerre 
contre les habitants de la vallée de Tsiliva et reviennent trois jours après, 
ayant brûlé les villages, mais n'ayant pu razzier qu'une cinquantaine de bœufs. 
Comme dit de Valgny, « ce qui est rapporté aux chapitres vui, xl et xli de 
VHistoire de Madagascar de Flacourt n'est pas à l'honneur de notre nation ni 
de Flacourt, car les Français agissaient comme des brigands, tuant et pillant! » 

Du reste, les expéditions de ce genre étaient continuelles, et si, sous l'ad- 
ministration de Champmargou et Mondevergue, qui étaient » humains et hon- 
nêtes », il y eut une paix relative, on voit encore l'amiral de La Haye aller, en 

l. • Défiez-vous des habitants du pays ! >. 



20 G. GRANDIDIBR. 

janvier 1674, avec 700 Français et 600 Malgaches, attaquer un grand du pays 
nommé Ramosa, parce qu* « il ne venait pas lui rendre ses hommages ». 
Cette fois, les Malgaches tinrent bon et tuèrent plusieurs de leurs agresseurs, 
de sorte que de La Haye dut reprendre la route de Fort-Dauphin, sans avoir 
fait de butin, honteux et confus de cet échec, quoique Souchu de Rennefort 
qualifie sa retraite de « belle ». Son gouvernement, qui était « rude et 
fâcheux », ne fut pas pour lui rallier les indigènes, qui, peu après son départ 
pour rinde et relui de nombreux Français qui, désespérant de la colonie de 
Fort-Dauphin, l'y suivirent, massacrèrent, à la fin de 1672, tous ceux qui res- 
taient. « Il n'est pas étonnant, écrit de Valgny, qu'ils aient fini par égorger 
ceux qui les volaient et les assassinaient sous le couvert de la civilisation et 
de l'amitié. ». Il faut avouer que tous ces gouverneurs qui gouvernaient par 
la terreur, et qui, en toutes circonstances, recouraient aux châtiments les plus 
sévères, parce que, disaient-ils, ce sont des « gens sans cœur et sans foi qu'il 
faut mener par la rigueur et châtier sans pardon, grands et petits, quand on 
les trouve en faute », avaient une manière bien singulière de comprendre la 
colonisation et de faire goûter les bienfaits de la civilisation aux indigènes, 
quelles que soient les raisons qu'ils aient mis en avant pour excuser leurs 
pillages et leurs tueries, voulant, disaient-ils, punir des vols de bétail, arrêter 
des complots, etc. Elles n'empêchent pas de penser qu'il y avait d'autres 
moyens, et de meilleurs, pour arriver à leurs fins. Ces expéditions accompa- 
gnées de meurtres et de brigandages, et qui en réalité avaient pour but prin- 
cipal le butin qu'on en rapportait, ne sont pas sans révolter nos sentiments de 
justice et d'honnêteté, même en tenant compte des idées et des mœurs de 
l'époque lointaine à laquelle ces faits se sont passés, et ce n'étaient certaine- 
ment pas des actes de bon gouvernement, ni de sage politique. Les événements 
ultérieurs l'ont prouvé. 

Il est toutefois juste de dire que l'insuccès des opérations commerciales de 
la « Compagnie Orientale » a tenu à ce que les richesses naturelles de Mada- 
gascar n'étaient pas telles qu'on le croyait. On était, en effet, plein d'illusions 
à ce sujet. Il y a certes dans cette île des richesses, mais pas si naturelles et pas 
en tel nombre qu'on l'a si souvent redit depuis : pour les mettre à jour, un 
travail persévérant et intelligent est nécessaire. Flacourt vantait fort les avan- 
tages qu'on pouvait retirer de l'établissement d'une colonie à Madagascar. Il 
faut avouer que, hors la traite des esclaves qui y était malheureusement trop 
florissante, un peu de scepticisme est de mise à l'égard de ces avantages tels 
qu'on les représentait à cette époque, car, si la science et la civilisation moderne 
ont placé entre nos mains les moyens, avec l'aide d'un gouvernement sage et 
éclairé, de mettre cette île en bonne valeur, je doute fort qu'il eût été possible 
autrefois d'en retirer tout ce qu'on en espérait 

Si les diverses nations européennes dont nous venons de résumer les ten- 



EUROPÉENS ET MALGACHES. 21 

latives de colonisation pendant les xvi*, xvii* et xvm* siècles n'ont pas réussi 
dans leurs entreprises successives, autant à cause d*une mauvaise administration 
et d'une politique néfaste que par suite, comme nous venons de le dire, de la 
pauvreté relative du pays, elles n*en n'ont pas moins eu une influence sur les 
habitants. Quelle a été cette influence? L'impression qui ressort de tous les 
faits exposés d'après leurs auteurs mêmes, qui certainement n'ont pas cherché 
à se noircir, est bien nette. Avant leur venue, la masse des indigènes était 
d'un naturel doux et hospitalier, honnête, de relations faciles et agréables, et 
avait le germe de qualités qu'une culture appropriée eût vite développées; par- 
tout, au début, ils ont accueilli les étrangers, quelle que fût leur nationalité, 
avec respect et bienveillance, et ils se sont plu à leur fournir tous les vivres 
dont ils pouvaient avoir besoin. Comme les mœurs des femmes malgaches 
sont très libres, et que chez eux la jalousie est un sentiment à peu près 
inconnu, il n'y avait pas à craindre que les relations fussent entravées ou 
refroidies de ce chef. Il n'est pas douteux par contre qu'ils avaient beaucoup 
des vices et des défauts inhérents aux peuples sauvages et que, dès avant 1500, 
les petits rois entre lesquels le pays était divisé s'adonnaient à la guerre et au 
pillage dans le but surtout de faire des prisonniers qu'ils vendaient comme 
esclaves aux Arabes de la côte nord-ouest; néanmoins, tout triste qu'en soit 
l'aveu, il faut confesser que les Européens ont amené à leur suite à Mada- 
gascar, ainsi que dans tous les pays qu'ils ont découverts, beaucoup de maux, 
et aucune des nations qui ont pris part à ces découvertes n'est exempte de 
reproches; toutes ont commis de nombreuses injustices envers les peuples 
sauvages et ont infligé à des millions d'innocents une foule de calamités. 

Si tant de marins et de colons ont eu à se plaindre de la perfidie des Mal- 
gaches et leur ont reproché d'être cruels et vicieux, à qui la faute? Ne leur 
en ont-ils pas trop souvent donné l'exemple? Qu'y a-t-il d'étonnant à ce que 
ces Malgaches aient pris en haine et cherché à se venger de ces étrangers, 
qui, sans provocation, sans raison, comme les découvreurs portugais, ont mis 
leurs villes à sac et ont tué ou enlevé de nombreux indigènes, quelquefois de 
hauts personnages; qui, comme les Hollandais, les Anglais et les Français, 
ne se sont pas fait faute, sous des prétextes plus ou moins plausibles pour 
nous, mais en tout cas incompréhensibles pour les Malgaches, de brûler leurs 
villages, de razzier leurs bœufs, de réduire les vaincus en esclavage et quelque- 
fois de voler des hommes libres attirés par trahison et venus en toute con- 
fiance soit à bord de leurs navires, soit dans leur camp. Incendies, attaques et 
rapts d'hommes inoflensifs, meurtres sans raisons sérieuses, vols à main 
armée, ce sont des exploits dont certes les Européens n'ont pas lieu d'être 
fiers. 

Enfin, ils n'ont cessé pendant deux siècles, à l'instar des Arabes, de 
fomenter des guerres civiles qui seules pouvaient leur fournir les esclaves 



22 G. GRANDlDfBR. 

qu'ils venaient y chercher pour leurs colonies des îles de la Sonde, des 
Antilles, du cap de Bonne-Espérance, de Tlle Maurice, etc., et qui ont été la 
plus grande plaie dont ait souffert Madagascar et dont elle souffre encore. 
« Pauvres êtres, écrit Tun des naufragés du Winterion en 1792, brutalement 
arrachés à leur famille et à leur pays natal où ils vivaient heureux, jetés dans 
des navires où Texistence était extrêmement pénible à cause de leur entasse- 
ment et de la chaleur, et, à leur arrivée, assujettis i un dur labeur et au fouet 
de gardes-chiourme cruels ; Tesclavage ne faisant pas de distinction entre ses 
victimes, il y en avait qui appartenaient aux hautes classes et tombaient au 
même degré de misère que les autres ». On trouve dans les Archives du Cap 
des récits qui montrent la manière de voir qu'on avait i cette époque au 
sujet des esclaves : un capitaine négrier y raconte les péripéties d'un voyage 
qu'il qualifie de « désastreux » et pendant lequel, ayant surpris au départ de 
Madagascar des symptômes de mécontentement dans sa cargaison d'esclaves, 
il jugea bon, pour couper court à une révolte possible, de jeter par-dessus bord 
les plus mutins; il en parle tout comme si c'étaient des ballots de toile. 

En somme, à Madagascar jusqu'à la fin du xviii* siècle, les Européens, 
sans esprit politique et sans clairvoyance, li'ayant pas conscience des fautes 
— nous dirions aujourd'hui des crimes — qu'ils commettaient, entourés de 
la haine que leurs méfaits avaient suscitée non sans raison, ont fait une mau- 
vaise besogne pour leurs intérêts matériels comme pour les intérêts supérieurs 
de la morale et de la civilisation; les événements qui se sont succédé pendant 
les derniers siècles, et dont nous venons de donner un aperçu, sont la juste 
conséquence de leurs actes inconsidérés. Très heureusement, à l'inQuence 
néfaste dont nous venons de parler s'en est substituée, depuis le commence- 
ment du XIX* siècle, une autre toute bienfaisante et civilisatrice, dont l'hon- 
neur revient pour une grande part aux missionnaires qui ne cessent depuis 
près d'un siècle de prêcher aux Malgaches les grands principes de morale et 
d'humanité; aujourd'hui, leurs leçons portent leurs fruits et, depuis quelques 
années, la civilisation a fait des progrès remarquables dont il y a lieu de se 
féliciter. Dieu veuille que de nouveaux errements ne compromettent pas 
l'œuvre accomplie si péniblement. 

G. Grandidier. 



La toponymie morvandelle 



La toponymie qui a fait dans ces derniers temps, et ici même*, l'objet de 
nombreuses études géographiques, permet d'apprécier la progression de Tac- 
tivité humaine sur l'ensemble d'une région. Le Morvan offre un exemple frap- 
pant des ressources que présente cette science pour établir les relations entre 
le sol et l'homme. Longtemps sans importance économique, en dehors de ses 
bois, pénétrée d'humidité, placée loin de la route des peuples et récemment 
encore isolée des voies ferrées qui en faisaient le tour sans oser la pénétrer, 
cette ancienne contrée est un de ces pays dont Fustel de Coulanges a dit : 
< Les souvenirs et les affections du peuple des campagnes y restent obstiné- 
ment attachés... (Rien) n'a détruit ces unités vivaces dont les noms mômes ont 
traversé les âges jusqu'à nous *. > 

Tout voyageur venu des bas pays et qui grimpe sur le massif ancien est 
frappé, en examinant la toponymie des communes, du vocable en Morvan qui 
s'accole aux noms de plusieurs d'entre elles'. C'est à la limite des marges, 
dans la zone bordière du Lias et près du < plat pays de Saulieu » que cette 
appellation s'est surtout conservée de nos jours. La carte de l'État-Major porte 
cinq communes et un hameau à l'est de la Selle et du Cousin, trois communes 
à l'ouest de l'Yonne et du Chalaux qui se réclament de cette épithète. Elle 
s'applique indifféremment à tous les terrains, au Lias de Dompierre-en-Morvan, 
aux schistes et aux quartzites calcaires de Chissey-en-Morvan, aux gneiss de 
Saint- André-en-Morvan, aux granités de Saint-Hilaire-en-Morvan, à la gra- 
nulite de Montigny-en-Morvan. Le vocable en Morvan ne s'applique donc point 
à une roche spéciale, mais désigne le faciès général d'un pays^ d'un mauvais 
pays, nettement différencié des bons pays, des bas pays. 

Il y a un demi-siècle, celte nomenclature était encore plus riche. L'abbé 
Baudiau signale dans sa monographie sur le terrain houiller* : Rouvray-en- 
Morvan; dans la cuvette permienne d'Autun : Tavernay-en-Morvan ^ ; sur les 

!. H. Dehérain, La toponymie de la Colonie du Cap de Bonne-Kspérance au XYUP siêclcj m La 
Géographie, t. IV, 9, 15 sept. 1901, p. 162. 

2. Pastel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de Vancienne France, I, p. 12. 

3. Ârdouin-Dumazet, Voyage en France. Paris, Berger- Levrault, 25" série, p. 94. 

4. Abbé Baudiau, Le Morvan, 2 vol. in-8". Nevers, Foy, 1854, vol. 11, p. 281. 

5. W., vol. II, p. 164. 

La GiooRAPHiE. - T. XVIII, 1908. 



24. LEVAINVILLE. 

rebords de la faille — limite du Bazois : Mouron-en-Morvan et Sainte-Péreuse- 
en-Morvan'. Le docteur Bogros' note : Villiers-en-Morvan près de TAuxcis. 
M. Roy, dans une monographie de la forêt', parle de Planchez-du-Morvan. Les 
Cahiers des États-Généraux relatent les desiderata de Roussillon-en-Morvan 
et de Chàteau-Chinon-en-Morvan*. Enfin l'usage s'est conservé longtemps dans 
le pays, des dénominations de Saint-Didier-en-Morvan, la Selle-en-Morvan, 
Bazoches-du-Morvan. 

Ces appellations ont disparu des documents officiels; mais leur difTusion, 
même à l'intérieur du massif où la confusion n'existait pas, montre combien, 
de tout temps, le Morvan fut considéré comme une unité naturelle. 

Après avoir délimité le massif des terrains anciens et des roches éruptives 
qui caractérise la contrée, la toponymie morvandelle s'est aidée du vocabulaire 
topographique pour fixer les différents aspects du pays. Par comparaison avec 
les environs calcaires, où les mots qui désignent la fontaine sont si fréquents 
(principalement au nord et à l'est) % la pauvreté des termes hydrographiques 
peut surprendre. A peine peut-on citer le hameau de Belle-Fontaine sur les 
tufs porphyriques. Mais en Morvan, l'eau sourd de toutes parts, et, par ailleurs, 
les actions de l'eau sur le sol sont ici de première importance pour l'économie 
rurale. 

Les vallées jouent pour l'élevage le premier rôle ; elles ont donné leur nom 
à une quantité de hameaux ou de communes. Ce terme est caractéristique 
des roches éruptives : qu'il soit accolé au nom du propriétaire (Vaumery, 
Vaucorniau, Lavault de Farrière); qu'il désigne une agglomération de peu 
d'importance, ce qui est la forme la plus courante (Levault, Leveau, Lavault, 
Lavau); qu'il indique un château (Veau, château de V^eaux); des peuplements 
tendant à se rejoindre (Veaux-près-Étang, Veaux-en-Nelle, les Lavaux), ou 
même le bourg principal (Vauclaix, Lavault de Frétoy); qu'il marque une 
forme propre de topographie (les Valettes, les petites Valattes, la Velle), un 
élargissement de la vallée (le Granvau) ou sa fermeture (Vauclaix). Il 
existe rarement sur h» gneiss et la zone bordière du Lias où la roche est plus 
tendre et plus ruiniformo. On peut cependant distinguer un exemplaire sur le 
gneiss granitisé au sud de Saint-Léger-de-Fougeret. Généralement celte agglo- 
mération est située au point le plus bas et le plus resserré de la vallée, mais 
parfois aussi elle monte à l'assaut des pentes avec les eaux qui l'avoisinent et 
qui tendent à donner de plus en plus au massif ancien un caractère de péné- 
plaine. L'extension géographique des noms formés de vallée ne parait pas 

1. Abbé Baudiau, Loc, cil. vol. I, p. 307. 

•2. Docteur E. Bogros, A travers le Morvan, Chàteau-Chinon, Dubagne-Bordel, 1883, p. 153. 

3. A. Roy, Comple rendu de ^excursion foreslière faite en Morvan par la section forestière de la 
Société des Agriculteurs de France. Nevers, Vallière, 1901, p. 78. 

4. Archives parlementaires. 1" série, 1787-1799. Paris, Paul Dupont. 

5. Belgrand, Lu Seine. Paris, 1873, p. 176. 



LA TOPONYMIE MORVANDELLE. 25 

dépasser à Test le Temin, et ces noms sont les plus fréquents dans Tarrondis- 
sement de Chàteau-Chinon. 

C'est également à Touest du Morvan que se retrouve dans les noms de lieux 
le préOxe Mont. Au sud-ouest, les populations se sont fixées autour des pitons 
qui dominent les formes douces du granité, tels le Mont-Dore, le Mont-Dardon, 
le Mont-Touffin; au nord-ouest, elles se sont agglomérées sur les dénivella- 
tions de la zone des gneiss à topographie plus molle, par analogie peut-être 
avec les oppida des régions liasiques voisines. Dans les deux cas, les localités 
ont pris les noms des formes qui les abritaient des mauvais vents. Le terme 
s'applique à toutes les habitations : au château (Montmartin); au hameau 
(Monllouè, Montmardelin, Mont-Charbon, Mont-Julien); au bourg même (Mon- 
tigny, Montsauche, Montreuillon) ; tantôt entrant dans la composition de 
Tappellation, tantôt seul sous sa forme la plus fréquente : le Mont. 

Enfin Tétat de pénéplaine (qui fut celui du Morvan aux différentes époques 
de sa structure géologique) n'est indiqué que dans deux vocables dont Tun, 
Plainefort, dénomme un hameau au nord-ouest de Brassy, et l'autre, Bierre- 
les-Semur, autrefois Bierre-en-Morvan, rappelle un pays plat, d'étendue quel- 
conque*. 

Le souci d'affecter chaque parcelle du sol au mode d'exploitation agricole 
qui lui convient le mieux se révèle dans l'étude de la carie du Morvan. Cepen- 
dant l'élevage, qui est un des soins de cette rude population, y a laissé peu de 
traces. Si les communes de Villapourçon et de Préporché, sur la zone occiden- 
tale des porphyres, indiquent l'importance de l'élevage des porcs, les bovidés 
ne sont représentés que par le hameau de Franvache, et rien ne rappelle les 
troupeaux de moutons. 

Pour ces raisons, les noms de lieux provenant des prés sont rares, à peine 
peut-on citer : La Prée au nord-ouest de Chissey et près d'Alligny ; Grand- 
Pré au nord de Lormes; Pré-Coulon de Chène-Rocroi au sud de Gouloux. Les 
mots en Chaume, qui tendent à disparaître depuis les bienfaits du chaulage, se 
rencontrent encore au sud et au sud-est du Morvan « au milieu d'un désert 
complètement aride. Pas un arbre, pas un rocher pour se mettre à l'abri ^ » 
C'est le domaine des moutons. On rencontre ce vocable sous les formes : le 
Chaume, les Chaumes, la Chaume, la Chaumelle, Chaumont, Chaumey, Chau- 
mier, rarementavec le nom du propriétaire (Chaume-Martin, Chaume-Cotentin), 
car la transhumance des ovidés demande des espaces étendus et généralement 
impersonnels. 

Les champs ont donné une nomenclature plus riche et })lus variée, générale- 

1. L. Berthoud et L. Matruchot, Essai hislorique et étymologique des noms (te lieux habités, 
villes, villages et principaux hameaux du département de ta Câte-d'Or^ in Bulletin de ta Société des 
Sciences de Semur, 1905, p. 50. 

2. Dupin, Le Mo7Tani Scènes morvandelles, Paris, Pion, 1853, p. 4D; et L. Berthoud et Matru- 
chol, Loc. cil,, p. 289. 



26 LEVAINVILLE. 

ment suivie du nom du possesseur. On peut noter : Cbamp-Chameau, Champ- 
Gomeau, Champ-Martin (les plus nombreux), Champ-des-BIoods, Champ-Fous- 
sier, Champ-Robert, Champ-Denot. Ailleurs, Tépithète indique seulement le 
mode d'exploitation du sol : Les Champs, Champy, Champagne; — la forme 
du terrain : Champ-Creux, Champ-Vé, Champ du Couloir; — la qualité de la 
terre : Champ-Coulant; ou une culture exceptionnelle : Champ de la Vigne. 
Ces dénominations se concentrent principalement dans Farrondissemeni de 
Chàteau-Chinon, face aux riches terres du Bazois. Elles sont pins rares à Test, 
dans les cantons de Saulieu et de Liernais;car les terres, proches de TAuxois, 
y sont plus fertiles et, par conséquent, plus souvent livrées à la grande 
culture. Dans cette région se trouvent quelques noms de lîeox dérivés de 
granges. Encore qu'ils ne soient pas fréquents, ils sont cependant plus 
nombreux que les vocables, ouches, qui désignent les meilleures terres 
morvandelles. A peine pourrait-on remarquer : Les Ouches, La Grande- 
Ouche. 

De même, on retrouve dans la forêt de Glaine et le Mont-Glaine, piton de 
quartz dans ces mêmes bois, — un nom local réservé au district très agreste, 
mais composé de mauvaises terres, sol « à la fois granitique, porphyrique et 
dévonien qui comprend les sommités du Morvan * ». On trouve encore dans la 
monographie de Tabbé Baudiau *le souvenir de Glux-en-Glaine et de Verrières- 
sous-Glaine, deux bourgs assez importants. Aux Archives Nationales', dans 
un dossier relatif aux propriétaires du sol, il est fait mention de la terre et 
seigneurie de Glennes, près La Rochemillay. 

Par contre, Tétude des noms de lieux forestiers nous montre le rôle qu'à 
joué, de tout temps, la forêt dans la vie économique des habitants. Les grands 
bois se reconnaissent, noms de Cottets, Quincize, Cuzy, Cussy, dénominations 
qui dépassent rarement au nord la ligne des granités; les taillis sont repré- 
sentés par Breuil, Brenot, Brenet; les fourrés par la forêt de Brénil, la Roche- 
en-Brénil sur les granulites. Ailleurs, les termes de Mouille-Forêt et la riche 
collection des Vœvre marquent, bien qu'au milieu de territoires agricoles, 
l'existence passée d'anciennes contrées humides et boisées \ La forme Veevre 
avec les orthographes les plus variées : Vèvre (la plus nombreuse), Vaivre, 
Vesne (le long des marges calcaires), Vouavre, Wouavre (dans le haut Morvan 
des granités), s'applique indifféremment à une usine, à des granges, des bois, 
des hameaux, à un bourg même. La toponymie forestière indique encore d'an- 
ciens cantonnements de bûcherons devenus permanents ^ : Vente Italienne, les 
Ventes; — l'emplacement de l'exploitation : Vente en dessous; — l'utilisation 

1. A. de Lapparent, La géologie en chemin de fer. Paris, Masson, p. tl3. 

2. Loc. ciL, vol. I, p. 279, et vol. II, p. 365. 

3. Q., 823. 

4. L. Gallois, La Voëvre et la Haifie, in Annales de Géographie^ 1904, p. 123v 

5. Abbé Baudiau, Loc. cit., vol. II, p. 111. 



LA TOPONYMIE MORVANDELLE. V» 

<los bois : Bucherotte, Bouchot, Feuillée; — son défrichement : les Ichards, 
qui est la forme morvandelle des Essarts. 




Échâlle \ BQOÙOQ 






VM, 



rio. I. — exTCM»ioM dk» foumbs TupONTMigict en mobvan. 

Les nombreuses essences de la sylve médiévale, qui couvrait plus de 2S p. 
KH) du territoire, ont abondamment fourni au vocabulaire populaire. Les sous- 



28 LEVAINVILLE. 

bois ont donné : Genêts, Genièvres, l'Airelle, le Pouriau. Les buis ont 
laissé : Buissotte, les Buis, Bussy et surtout Bussière. Les bruyères ont donné 
le nom au hameau des Bruyères et aux communes de Saint-Léger-de-Fourche 
et de Saint-Léger-du-Fougeret*. 

Les sapins, plantés dans la dernière moitié du xix" siècle, ne sont représentés 
que par une forme : les Sapins; les châtaigniers sont localisés au sud-ouest 
avec Châtaigniers, Châtaigneraie. Le Frêne a donné : Fragnot, les Mouilles-de- 
Frêne; Torme a fixé le nom d'un chef-lieu de canton, ancien fief de Segiunus ab 
ulmo*. Le chêne a une nomenclature plus riche, soit seul : Enchône,la Grande- 
Chêne, soit accouplé : Chêne-Bouton, Chêne-Cougnard, Chêne-Rocroy. Ces 
dénominations sont plus fréquentes sur les tufs porphyriques dont la richesse 
en apatite porte les plus beaux spécimens. Par contre, le hêtre, l'arbre du 
Morvan granitique, si important par le commerce de la moulée, ne se signale 
que par la Faye, Faye dérivé de Fayard, son nom populaire. Le tilleul' a 
fourni : Tillot, Thil-sur-Arroux, Précy-sous-Thil, Vic-sous-Thil, Aisy-sous- 
Thil, localités qui voisinent avec les calcaires plus secs de FAuxois. Les 
essences qui se plaisent dans l'humidité du sol ont naturellement donné aux 
habitats humains le plus grand nombre de vocables. Les saules sont repré- 
sentés par Saulières. Les aulnes qui tapissent le marais ou vernis', résultat 
des innombrables petites sources qui imbibent les vallons et les creux, ont par 
leurs dérivés, une grande extension. On les rencontre sur tous les massifs 
anciens, plus rarement près des gneiss granitisés et des calcaires de la zone 
bordière. Ces dénominations aux orthographes les plus variées : Verne, Vernée, 
Vernes, Vernage, Vernais, Vernets, Vernoi, Vernois, Vernoy, s'appliquent 
également aux étangs, aux ruisseaux, aux bois, aux groupements humains. 
Par ailleurs, ces appellations tirées du sol ou de la forêt ont été empruntées 
pour qualifier les personnes : de Léchenault, du Verne, des Essarts, de la Forêt, 
la particule étant jointe ou séparée du nom propre, abstraction faite de toute 
idée nobiliaire. 

Les formes les plus riches de la toponymie morvandelle sont celles qui ont 
pour origine les noms des propriétaires du sol. De tout temps, le Morvandeau 
fut un rural d'autant plus opiniâtre à fixer ses droits qu'il avait eu plus de peine 
à arracher à la terre ce qui était nécessaire à sa rude existence. Sans discuter 
les théories très douteuses qui attribuent aux invasions certains des peuplements 
de la lisière occidentale, Sarmages aux Sarmales, Chaumard aux Chaumarois % 
il est certain que les Romains pénétrèrent sur le massif. Le réseau routier fut 

1. Berthoud et L. Malruchol, Loc. et., 1905, p. 63. Fourche, Fougeret viennent de Fulchis. 
Fourche, qui désignent la bruyère dans la région morvandelle. 

2. Armand Biilaud, (Jn coin du Morvan. Clamecy, Dervignes, 190i, p. 15. 

3. Berthoud et L. Matruchot, Loc. cit., 1005. p. 11. 

4. Vidal de la Blache, Tableau de la Géographie de la France, in Lavisse, Histoire de France. 
Paris, Hachette, 1903, p. 113. 

5. D' E. Bogros, loc. cit., p. «2. 



LA TOPONYMIE MQUVANDELLE. 29 

leur œuvre. Les noms en Y de là Nièvre (plus de S50, si on compte les iiamoaux) 
viennent des gentilices gallo-romains en ius auxquels on a ajouté le suffixe acus. 
Corancy, Chassy, Pi'écy, Marigny, Montigny, AUigny, Issy, ont eu ces origines *. 
Par contre, le suffixe ville qui termine tant de noms propres en France, prin- 
cipalement en Normandie, serait complètement inconnu en Morvan, si on ne 
pouvait citer, Lautreville (commune de Sain t-Germain-des Champs). On le 
rencontre parfois en préfixe : Villurbain (commune de Saint-André). Un bourg 
et plusieurs hameaux portent le nom de Villiers. 

Les traces du christianisme sont plus certaines. Le dictionnaire de Joanne' 
a relevé en France un nom de saint pour huit communes; le Morvan en 
compte un pour six. Saint-Léger y est représenté trois fois, Saint-Didier et 
Saint-Germain deux fois chacun. On trouve, en outre, Dammartin, Lucenay- 
rÉvêque, Issy-l'Évèque qui sont de la môme époque. Cette toponymie ne 
pénétra pas dans le haut Morvan. Sans, doute, la conquête chrétienne fut- 
elle arrêtée « dans ce pays de démons et de loups' » par Tabsence de routes 
au milieu de la forêt accaparante. C'est des contrées plus riches, du calcaire 
oriental et des schistes permiens que devait venir le christianisme. Aujour- 
d'hui les noms de saint sont particulièrement importants, près des gneiss, sur 
la zone bordière du Lias et en bordure de la cuvette d'Autun. Us y furent 
implantés au iv* et au v* siècle par saint Prix venu de Flavigny, saint Martin 
parti d'Autun, saint Andoche, de Saulieu. Un faubourg d'Autun, l'église de 
Saulieu sont placés sous ce patronage. « Autrefois le nom d'Andoche rayon- 
nait jusqu'au delà de la plaine de Saulieu... va donc espèce d'Andoche! quel 
Andoche l Ainsi être un Andoche pour le Bourguignon de la côte, c'est être un 
Morvandeau de terre béotienne. Cela, il faut le dire, devait être la gloire pour 
un sainte » 

Des positions premières qu'ils avaient assurées, les évêques devaient 
pousser en avant leurs immenses ressources en argent et en hommes. Ils les 
employèrent à des défrichements qui leur acquirent la popularité. « Les gens 
d'église sont de bonnes mœurs dans cette élection (de Vézelay), écrit Vauban^ 
Ils vivent régulièrement. » C'est à ces travaux qu'il faut attribuer ces nombreux 
prieurés qui sillonnent le Morvan, et dont le nom par la suite s'attache à des 
hameaux entiers (communes de Luzy et de Moulins-Engilbert). Les formes 
telles que Dommartin, Dompière-en-Morvan, Villiers-les-Nonains, Saint-Aubin- 
Brancher, le Bois-aux-Moines, etc., peuvent se réclamer de cette époque. 

1. Bullelia de Géographie historique et descriptive, 1906, n" 2, p. 16 i. 

2. P- Joanne, Dictionnaire géographique et administratif de la France, Paris, Hachelte, 1906. 
Article : Saint. 

3. Deviledreau, Le Morvan. Paris. Chaudron, 1903, p. 8; et aussi V. Petit, Description des villes 
et campagnes du département de l'Yonne. Auxerre, 1870, p. 18. 

4. Morton FuUerton, Terres françaises, in Revue de Paris, 1905, p. 808. 

5. Vauban, Description géographique de Vélection de Vézelay, 1696. Réimprimé en 1881 à Paris, 
Imprimerie Nationale, p. 104. 



30 LEYAINVILLË. 

Les nombreux hameaux à noms collectifs qui sillonnent le Horvan, tels 
que les Gros, les Guénifets, les Amands, les Pompons, les Ichards, les Dues, 
les Blandins, les Lamberts, etc., ont la même origine. C'est vers 1136 que 
les moines de Saint-Aignan et de Saint-Léger du Fougeret trouvant < des 
colons laborieux, leur donnèrent des terres à défricher, moyennant une rente 
annuelle de deux sous par journal et la dime de toutes les céréales à raison 
d'une gerbe sur vingt. Ces gens travaillèrent avec activité, défrichèrent les 
landes et bâtirent des chaumières, auxquelles ils donnèrent leurs noms' ». 
Plus tard, les grands seigneurs suivirent cet exemple. < Les hameaux situés 
dans les bois de Chastellux n'étaient encore au xvii* siècle qu'un lieu désert 
et couvert de broussailles... En 1612, Olivier de Chastellux ayant mené une 
colonie de Picards de la Thiérarche, pays ruiné par les guerres, — leur 
distribua les terrains incultes à chaîne de les défricher, de s'y bâtir des 
maisons et de lui payer une livre d^ belle main par argent en tierce.... C'est 
ainsi qu'ont été fondés les Mathieux, les Lavaux, les Champs deBournoux* ». 
Par la suite, < selon l'ancien établissement du ménage des champs en ce 
pays de Nivernais, plusieurs personnes s'assemblèrent en une famille pour 
démener un ménage qui est fort laborieux et consiste en plusieurs fonctions en 
ce pays qui de soi est de culture malaisée' ». L'unité de culture ne fut pas la 
ferme, mais le hameau^. La communauté taisible, qui disparut avec le Code 
civil, fut la conséquence de ces conditions économiques. Aujourd'hui encore, 
le hameau des Paquelins (commune d'Arleux) n'est habité que par des familles 
portant le nom de Paquelins. lien est de même des Bariauts, des Robins, des 
Bouchoux, des Barbauds, autour de la commune de Roussillon-en-Horvan. 
L'extension géographique de cette forme se trouve par le fait même de ses 
origines, dans l'aire des noms en saint et dans le voisinage des châteaux. 
S'appliquant uniquement à des groupements humains, elle se trouve limitée 
au nord par le château de Chastellux et la commune de Saint-Aignan; au sud 
le long de la cuvette permienne entre Luzy et Saint-Didier-sur-Arroux ; à 
l'ouest, aux environs de Préporché ; à l'est, par le ruisseau de la Selle. Mais 
c'est surtout dans le haut Morvan, que la grande forêt du Moyen Age devait 
permettre aux colons les peuplements qui convenaient le mieux à leur activité. 
Arleux, Montsauche, Roussillon-en-Morvan, La Rochemillay, Saint-Léger 
sont les centres autour desquels ces dénominations sont les plus prospères et 
les plus nombreuses. 

La forme la plus récente de la toponymie morvandelle est constituée par 
le terme Amw, suivi du nom du propriétaire. < Comme en Normandie, villa 

i. Abbé Baudîau, Loc. cil, vol. H, p. 115. 

2. Abbé Baudiau, loc. cit. vol. II, p. 145. 

3. Journal des Économhtes, Paris, 1859, p. 49. 

4. V. un article du GeographicalJournal , ian^fie^ 1907. Sur les champs en commun dans TAngle- 
terre. 



LA TOPONYMIE MORVANDELLE. 31 

forme la terminaison d une foule de localités, Thuis, c'est une métonymie, la 
partie pour le tout, Thuis la porte pour la maison : THuis-au-Page, THuis- 
Bréchard, THuis-au-Fiot, THuis-Dupin, sont autant de hameaux fondés par 
Lepage, Bréchard, le Fiot, Dupin * ». C'est une appellation toute morvandelle. 
Le dictionnaire de Soultrait* en compte 13i pour le département de la Nièvre 
seul. Le Dictionnaire des Postes n'en indique point hors du Morvan. A part 
trois huis sur le calcaire du Bazois, à proximité de la faille-limite, la grosse 
majorité est sise sur les rochers granitiques. La commune de Brassy en 
compte, pour sa part, plus de 13 spécimens. Le gneiss, près de Saint-André- 
en-Morvan, le gneiss granitisé près de Saulieu et de Brassy-en-Morvan en 
supportent quelques exemples. Cette dénomination assimilable au hofen-court 
allemand est certainement post-carolingienne'. D'après certains auteurs* elle 
est contemporaine de l'incendie de Chàteau-Chinon par Charles le Téméraire 
qui distribua à ses compagnons les territoires conquis. Soultrait, dans son 
Dictionnaire topographique de la Nièvre, a retrouvé certaines formes remontant 
au xvii* siècle; on écrivait alors Lhuye; Lhuis est du xvm* siècle, c'est 
l'orthographe de Cassini ; la carte de l'Etat-Major porte huis. Cette toponymie 
s'applique généralement à un groupe de trois ou quatre maisons; elle est 
exclusive de la région des fermes. Dans toute la série, nous n'avons trouvé 
que quelques exemplaires qui ne soient pas suivis d'un nom d'homme; tels 
sont : l'Huis-au-Rué, l'Huis-des-Brosses, l'Huis-des-Meuniers, l'Huis-des-Rats : 
ce sont les dénominations les plus récentes. Elles ne sont plus usitées; par 
contre on désigne souvent une maison par le nom de son propriétaire, précédé 
de chez : chez Duverdier, chez les gens du Fond, chez Jacques Claix. 

De la même époque date la forme hâle, synonyme de champ ^. Elle 
désigne aussi bien un pré, un bois, mais le plus souvent un hameau plus 
grand qu'un huis. Aussi est-elle rarement suivie d'un nom humain : l'Hàte-au- 
sergent, l'Hàte-Perrault. L'extension de l'Hâte ou mieux de les Hâtes, est 
plus orientale que la forme huis. Elle se confond à l'est avec la région du 
Lias, la contrée des Fermes. 

Telles sont les formes les plus fréquentes de la toponymie du Morvan. L'ex- 
plication de leur emplacement se trouve presque toujours dans la topographie 
du sol, sa mise en valeur ou dans l'histoire de sa propriété. Un coup d'œil 
sur la carte jointe à cette étude suffit pour se rendre compte de la façon dont 
les saints^ qui nous font remonter à l'époque de la colonisation la plus ancienne, 
sont répartis à la périphérie du haut pays, tandis que les huis s'allongent le 

i. Dupin, Loc. cit., p. 31. 

2. De Soultrait, Dictionnaire topographique de la Nièore, Paris, 1863. 

3. Mettzen, Siedelung und Agrauvesen der WesL-Germanen utid Ost-Gi^rmanen, etc. Berlin, W. 
Hertz, 3 vol., vol. I, p. 450. 

4. A. Billaud, Loc. cit., p. 121. 

5. Belgrand, Loc cit., p. 25, et L. Matruchol, Sotes sur les voies romaines du département de la 
Côte-cTOr, in Bulletin des Sciences de Semur, 1905. 



32 LEVAINVILLE. 

long des terres riches du Bazois, et que les groupements collectifs occupent 
le centre même du Morvan, la contrée plus récemment occupée, la région 
des sources et des grands bois. 

La multiplicité des vocables dont Tagriculture est la base, contraste parti- 
culièrement avec le petit nombre de termes dont l'industrie ou le commerce 
ont pu être l'origine. Cependant, éloigné des grandes routes du royaume, 
isolé au milieu de ses bois, le Morvandeau a été longtemps réduit à fabriquer 
lui-même et pour lui-même les objets de première nécessité. 

Les noms des communes de Grande- Verrière, de Petite- Verrière, celui du 
hameau de la Verrerie (commune de Roussillon-en-Morvan) rappellent les 
anciennes exploitations fondées au xv® siècle, sur TYonne, par les comtes de 
Château-Chinon; sur la Selle, par les comtes de la Tourville. Le hameau de 
FouIon-de-la-Boche, près de Château-Chinon, ceux de Foulon, près de Kouvrav 
et de la Roche-en-Brénil, sont les souvenirs d'une industrie qui tissait exclu- 
sivement pour les habitants du sol un drap grossier, mais épais et solide. Au 
nord ouest, aux confins du Morvan, les métiers disparurent rapidement. Us 
ne pouvaient lutter avec les produits du centre de la France, importés par la 
grande route de Dijon à Paris. Les fabriques de Chàteau-Chinon plus éloignées 
des grands centres durèrent plus longtemps. Elles fermèrent leurs portes au 
commencement du xvui* siècle '. 

Le déveIopi)ement du réseau routier, des voies ferrées, ne causa pas, comme 
ailleurs en France, la chute de l'industrie locale. Mais en introduisant sur le 
massif ancien, la chaux, des engrais, des charrues plus perfectionnées, les 
grandes inventions du xix* siècle confirmèrent le Morvandeau dans sa destina- 
tion première. 11 était et il est resté un rural dans toute la force du, terme. Ce 
mode presque exclusif de son activité, l'exploitation du sol, se révèle dans la 
toponymie. \ ce point de vue, elle constitue une des caractéristiques les plus 
évidentes de la géographie morvandelle. 

Levain VILLE. 

1. De SouUrail, Loc. cil. 



Les récentes explorations du D** Stein 
en Asie centrale' 



Le dernier voyage accompli parle D^ Slcin dan9 l'Asie ccntntle ne préseiile pas 
moins d'intérêt que les précédents. Les régions qu'a parcourues Tinfatigable archéo- 
logue anglais sont le sud du Turkestan oriental, de Yarkend au LobNor, puis la 
partie du désert, si peu connue encore, qui s'étend entre ce lac et Toasis du Cha* 
tcheoQ ou Stt-tcheou, enfin le Nan-chan central et ses confins septentrionaux*. 

I^rti de Kachgar en automne 1906, le D^ Stein se rencontra à Ynrkend avec le 
topographe hindou Rai Ram Singh, qui venait d'exécuter le levé a la planchette et 
au théodolite de la partie encore inexplorée du Tach-kourgan et du versant oriental 
(If U chaîne du Moustagh-Ata, dans le sud-ouest du Turkestan chinois. De Yarkend, 
IfH» deux voyageurs se dirigèrent vers le sud p«r une route nouvelle, a Test de la 
rivière de Tiznaf et parvinrent dans la région montagneuse qu'habitent les Pakhpo, 
proches parenU des (laltchas du Pamir; plusieurs fois leur itinéraire croise ici 
celui du voyageur russe Grombtchevsky. 

.\rrivé au village de Kokyar, le D' Stein prit la direction do Khotan, tandis 
«juc le topographe hindou levait le massif dans lc<]ucl s'ouvre le col de Karlik- 
llavan, que jadis Dauvergne avait traversé, et explorait les montagnes, entière- 
ment inconnues, qui s'élèvent entre la haute vallée du Kara-kach et celle du You* 
ri»ung*kach. 

Le voyageur anglais, s'étant trouvé retenu à Khotan par la mauvaise saison, 
utilisa son temps à collectionner les objets intéressants que venaient lui présenter 
les chercheurs de trésors indigènes, puis, en compagnie de Ram Singh, il alla faire 
une excureion dans les glaciers imposants de la vallée de Niya et dans le massif 
du Karangha-tagh. Il fit également des fouilles, à l'est de Khotan, entre la fameuse 
tiupa de Rawak qui, de plus en plus, s'enfonce dans le sable, et le temple de llan- 
ffuya-Tati II fut assez heureux pour découvrir de nombreux objets de style grmi- 
bouddhique, dont quelques-uns dorés. Comme beaucoup d'autres voyageurs, il 

I. £>* Sietm*$ expédition in Central A$ia^ in The Geofjrapliical Journal^ XXIX, I, janv. luoT, 
p. 31): XXX. I, juillet 1007, p. 11 el \ nov. llMn, p. 303: XXXI, 5, mai 1908. p. 509. 

t. On peut ftoivre la première partie du voyage sur let» carU'» de S\en lledin (Ergtinzyngshrft 
o 131. in FetermannM MitteUungen, IttOU): la «econtle sur U> caries de Litlledale ou dan» VAnnte 
^rtoçrapMi4fM^ pour 1893 el sur les cartes des ■ Travaux • de rexpèdiliun en Asie l>ntnile <en 
ni««e» de Rotmrovaky de 1893 à 1*95 (Saint-Péter!<lH>urg. 1900-1901), qui peuvent servir au^i |KMir 
It IrrdMeme, aver la carte n* 9 de l'ouvrage d'Obroulchen'. Tsentralnata Asita, elc. (I/A«ic centrale 
ri k Nao-clian) (âaini Pélerslwurg, lorae II, 1902, en rus?e); el VAnnfc cartographuiue jM>ur 19ul. 

U Oioaiura». * T. XVIII. 1908. 3 



34 J. DENIKËR. 

constate le développement qu'ont pris les cultures dans le Turkestan oriental et les 
progrès des oasis par rapport à la zone désertique. 

Les ruines que Tarchéologue anglais a visitées près des villages de Domoko et 
de Khadalik lui ont fourni de nombreux manuscrits sur papier, en sanscrit, en 
chinois et dans la langue « inconnue » du vieux Khotan, ainsi que des planchettes 
de bois portant des inscriptions dans cettaméme langue et en tibétain. La plupart 
de ces manuscrits sont des extraits des textes bouddhiques, déposés comme 
offrandes. Ces ruines, dont les murs sont couverts de fresques, paraissent, d*après 
les monnaies qui y ont été trouvées, remonter à la fin du viii« siècle de notre ère, 
c'est-à-dire à l'époque où la domination chinoise, sous laquelle le Turkestan avait 
connu la prospérité, fut brusquement remplacée par la domination tibétaine. Tou- 
tefois on y a découvert un manuscrit sanscrit sur écorce de bouleau, qui est certai- 
nement de date plus ancienne. La trouvaille la plus importante est celle d'un 
rouleau portant au recto un texte chinois et au verso une inscription dans cette 
langue inconnue dont nous avons parlé. Si, comme on peut le supposer, cette 
inscription se trouve être la traduction du texte chinois, on peut espérer que Ton 
parviendra à découvrir la clef de cette écriture en langue « inconnue ». Les ruines 
de Khadalik, qui sont contemporaines de celles de Dandan-Ouilik, fouillées parle 
D** Stein en 1900, sont situées à 190 kilomètres environ au sud de ces dernières. 

Après un court séjour à Keria, le D*" Stein se rendit au nord de Niva (Niya ?) où 
il trouva une trentaine de villages en ruines. Les nombreux objets usuels qu'il y 
découvrit permettent de reconstituer la vie journalière des populations qui habi- 
taient ces pays il y a dix-sept siècles. L'architecture et les sculptures sur bois sont 
d*un pur style gréco-bouddhique; les sculptures sont dans un état de conservation 
parfaite. Des cordes retenant certains joints sont même restées intactes. Les manu- 
scrits, en kharochti, sont des comptes ou des correspondances officielles ou privées. 
Dans les ruines d'une maison qui devait être celle d'un fonctionnaire, M. Stein a 
trouvé, sous un pan de mur, toute une collection de manuscrits qui semblait con- 
stituer des archives officielles. 

L'atmosphère, exceptionnellement pure et claire, a permis à Rai Ram Singh de 
viser certains pics du Kouen-loun et même de l'Altyn-tagh, bien qu'ils fussent 
éloignés de 225 kilomètres dans le sud ; il a pu ainsi rattacher la position de Niva 
(Nîya) aux anciens levés qu'il avait faits dans la chaîne du Sourghak (dans 
rAttyti-4agli) et prolonger, par conséquent, le système trigonométrique de l'Inde de 
toute Fèiendue du pays compris entre la haute vallée de la rivière de Keria et les 
montagrtea <fuî ûe dressent entre les méridiens de Tchertchen et de Tcharhhalik. 11 
a aussi levé à la planchette le versant nord de cette haute région et en a dressé la 
carte à Féchelle du 253464'. 

Entre Niva et Tchertchen, le D' Sein a découvert les ruines dont Hiouen-tsang 
signalait, en 645, Texistence près de la rivière d'Eudzine, et qui datent de la fin du 
uV siècle. Les fouilles qu'il y fit en 1901 ne lui procurèrent que des manuscrits 
du vni« siècle, antérieurs cependant encore à l'invasion tibétaine. 

La ville et l'oasis de Tchertchen fournissent un exemple frappant des vicissitudes 
que subissent les centres de population dans le Turkestan oriental. En 519, un pèlerin 



LES RKCENTES EXPLORATIONS DU D' STEIN EN ASIE CENTRALE. 35 

lioiHidhiste signalait Tchertchen comme une oasis pauvre, habitée par une centaine 
(lo familles seulement. Environ un »\Me plus tard, Hiouen-tsang trouva de uom- 
hreusoji habitations dans cette loralité, mais il n'y avait plus d'habitants. IMus 
tnrd, après le rétablissement de la domination chinoise, Tciiertchen est signalée 
comme une ville importante; Marco Polo, (fui décrit la province portant ce nom, y 
compte plusieurs villes et de nombreux villages. Puis, au xvnr siècle, on constate la 
disparition, déjà ancienne probablement, de toute culture dans loasis. Reconstituée 
de nouveau par les Chinois, il y a de cela soixante-dix à quatre-vingts ans, sous 
la ft>rtne d*une colonie pénitentiaire, elle a pris aujourd'hui un vigoureux essor 
et est de%*enue l'une des plus prospères de la région. 

1^ I)^ Stein a fouillé, entre Tchertchen et Tcharkhalik, des ruines que Sven 
lledin avait signalées en 1895, près de la nouvelle oasis de Vachchahri. 11 a fait 
également des fouilles près de Miran ' où il a trouve un millier de manuscrits 
tibétains sur papier et sur tablettes de bois, des objets d'équipement militaire, de 
nombreux ustensiles de ménage, enfin de remarquables œuvres d*ari. Ces der* 
nières consistent en fresques et en bas-reliefs représentant des scènes bouddhiques 
avec des personnages dont le costume et les attitudes rappellent ceux de Part grec 
classique. Toutes cen reliques antiques datent du vnr siècle, c'est-à-dire de l'époque 
de Poccupation tit^étaine. 

A son arrivée à .\bdal, sur le Lob-Nor. le IK Stein équipa, non sans peine, une 
caravane pour explorer les ruines découvertes par Sven Hedin, en 1900, à sept 
journées au nord di^ cette localité. 

Les petites lagunes portées sur la carte du voyageur suédois et dans lesquelles 
se devenaient les eaux du Tarim lors de son passage, étaient presque toutes com- 
plètement desséchées; à peine quelques-unes avaient-elles conservé un peu d eau. 
Cette eau est tellement salée qu'elle ne gèle pas, même par les plus grands froids. 

Le long de la route, le D' Stein trouva de nombreux outils en silex, les premiers 
fieut-etre qu'on ait signalé dans celte région, ainsi que des débris de poteries très 
irrossières. A 15 kilomètres au sud du site des ruines, dont l'emplacement est très 
exactement marqué sur la carte de Sven Hedin, il découvrit des monnaies chinoises 
datant des premiers siècles de Père chrétienne. Des fouilles faites sur ce point 
fiendant onze jours amenèrent la découverte de nombreux manuscrits tant chinois 
que kharochti. ce qui prouve que la civilisation indienne a pénétré jusqu'aux 
extrêmes limites du Turkestan, à l'est. D'après les monnaies qui y ont été trouvées, 
ce% ruines dateraient de la fin du in' siècle. 

Après avoir congédié ses ouvriers, le D*' Stein prit, avec quelques porteurs, la 
direction du sud-ouest a travers le désert; il poussa ainsi jusqu'au Tarim sur les 
liords duquel il put recueillir de nombreux outils de Page de la pierre. 

Iji partie du %'oyage du D' Stein qui porte sur le pays compris entre le Lob-Nor 
et le Sa-tcheou offre cet intérêt particulier que depuis les voyages de ISiouen-tsang 
K dr Marco Polo jusqu'à ces dernières années la région n'avait jamais été explorée. 
.\ujoord*hui, la route, longue de 500 kilomètres, qui traverse cette région de Pest à 

I. Mirsn lioil élre l.i m^me locnlité que Mian de la carte de Sven Hedin, pvèn de laqueUe 
Fr)#'%«l»l(>, Mfaaiait au^si. en 1817, des mines situées sur la rivière de Tctiagoun-Sai (J. 0.). 



36 J. DENIKER. 

Toucst, est parcourue par de nombreuses caravanes transportant des objets de 
fabrication anglaise venus par le Cachemir. Notons que le D' Stein a couvert cette 
route. en dix-sept jours, avec deux journées en plus pour des haltes prolongées, 
tandis qu'il avait fallu à Marco Polo, au mois de janvier, vingt étapes pour effec- 
tuer ce trajet. 

Durant le premier tiers de la route, on se ressent encore du voisinage du Lob- 
Nor : on traverse un ancien fond de lac salé. Mais plus loin, comme Tont 
montré les levés de Rai Ram Singh, l'espace étroit qui sépare le Kourouk-tagh et 
TAltyn-tagh a servi de passage aux eaux du Sou-lai-ho, ou rivière de Toun-houang 
ou de Sa-tcheou, qui s'écoulaient vers le Lob-Nor. Serrée entre des rangées de dunes 
très élevées au sud et le versant stérile formé de graviers du Kourouk-tagh, au 
nord, cette région apparait comme un long bassin où s'alignent des chapelets de 
lacs salés, aujourd'hui desséchés, que séparent et entourent des terrasses argileuses 
très nettes et très abruptes. 

Plus tard, les voyageurs purent découvrir qu'au printemps et en été une rivière 
assez considérable s'échappe du Khara-Nor, marqué sur les cartes, par 40^10' Lat. X. 
et 91° de Long. E. de Paris, comme le déversoir du Bouloundzir ou rivière du 
Sa-tcheou. Cette rivière roule ses eaux jusqu'à une centaine de kilomètres à l'ouest, 
puis se perd dans les sables, tout près des mares salées et des fonds de lacs des- 
séchés qui prolongent à Test le Lob-Nor ^ 

A la sortie de ce défilé, le D"" Stein a rencontré, à cinq journées de marche et à 
environ 100 kilomètres dans l'ouest de Sa-tcheou, les ruines de tours de guet reliées 
entre elles par une muraille et, de place en place, des magasins, des casernes et 
d'autres constructions. Ces ruines se prolongent tout le long de la route jusqu'à 
Ngan-Si (An-shi). Il n'y a pas de doute que c'est là la continuation de l'ancienne 
muraille de la Chine qui, on le sait, s'arrête aujourd'hui à une vingtaine de kilo- 
mètres à l'ouest delà porte dite Kia-yu-Kouan (Piassélsky), c'est-à-dire à peu près à 
150 kilomètres au sud-est de Ngan-Si. 

Le fait que ce pays fut presque inhabité pendant plusieurs siècles explique la 
conservation de ces ruines. On y a trouvé environ 2000 planchettes couvertes 
d'inscriptions chinoises ; elles nous apprennent que cette muraille a été construite 
vers la fin du ii* siècle avant J.-C, sous l'empereur Wou-li, probablement pour 
protéger la Chine contre l'envahissement des hordes des Hioung-nou. Les tours et 
les casernes paraissent avoir été occupées par des garnisons chinoises jusqu'au 
milieu du n' siècle de l'ère chrétienne. Les documents sont surtout nombreux pour 
la période comprise entre l'an 98 avant J.-C. et l'an 73 de notre ère; ce sont des 
pièces officielles et aussi des lettres privées, écrites aux fonctionnaires et aux ofO- 
ciers. Ces lettres nous fournissent les données les plus intéressantes sur la vie chi- 
noise à cette époque reculée. Le pays entretenait alors des rapports suivis avec l'Inde, 
comme l'ont prouvé les fragments d'étoffe de soie trouvés dans les ruines dont les 
murs sont couverts d'inscriptions en brahmi et en karochti, et aussi les textes écrits 
en anciens caractères araméens, mais dans une langue qui est peut-être iranienne. 

' 1. Il est donc probable que le Bouloundzir, qui est formé de plusieurs ruisseaux descendus du 
Nan^han entre les méridiens de Ngan-Si et de Sa-tcheou, fut jadis tributaire du Lob-Nor (J. D.)- 



LBS RÉCENTKS EXPLORATIONS DC D' ST£IN BM ASIB CENTRALE. 31 

L(^ motériaux qui ont servi à la construction de la muraille, — elle consiste en 
un rempart d'argile consolidé par des couches régulières de fascines — montrent 
«|u1l y avait alors de la végétation dans le pays à la place du désert actuel. Ces 
murs sont toujours plus effrités du côté de Test et du nord-est; les vents dominants 
riaient donc, au n* siècle avant J.-C, les mêmes qu'aujourd'hui. 

Le D' Stein a exploré, au sud de Toasis de Sa-tcheou, les grottes signalées par 
Frjévalsky lors de son troisième voyage, en 1879-1880, et qui sont connues sous 
lo nom des « Halles aux mille Bouddhas ». II y a découvert de nombreuses fresques 
ilatant du vnr au \* siècle de notre ère. 

Le voyageur anglais a ensuite exploré les monts Nan-chan, entre les méridiens 
iW Ngan-si et de Yu-kun-hsien. 

Partant de Ngan*si avec son topographe hindou, M. Stein se dirigea 
<i aliord droit au sud vers la chaîne qui forme la ligne de partage des eaux entre 
les bassins du Sou-lai-ho et la rivière de Toun-houang^ 11 coupa ritinéraire 
4rtlbroutcheff et de Koziov au pied de la première chaîne du Nan-chan, près 
du village de Kiao-tsu, et, visita les ruines d*une ville qui remontent au 
\ir siècle. 

Dans le défilé creusé par la rivière de Ta-chi* dans la deuxième rangée du Nan- 
< linn, M. Stein a trouvé une u série intéressante de temples bouddhistes creusés 
(linn le roc, servant encore aujourd'hui de lieux de pèlerinage et ressemblant comme 
«].ite et comme caractère à la Halle aux mille Bouddhas, mais moins grands ». 
l^ frejM|ues qui couvrent les parois de ces grottes, sont d'origine hindoue et 
n^vèlent les caractères de l'art bouddhique qui florissait dans Tlnde entre les vur et 
m' siècles. 

.\près avoir visité ces deux chaînes désertes et couronnées de glaciers, qui 
!^V(endent & l'ouest du Sou-lai-ho, M. Stein se dirigea vers la fameuse porte de la 
«rrande muraille, le Kia*yu-Kouan. Dans son opinion cette porte serait le point 
«il* rencontre de deux tronçons de murailles, construits à des époques différentes 
e\ dans des buts également différents. Le premier, qlii remonte au n** siècle avant 
J.-C. et»t le prolongement de la grande muraille vers l'ouest, parallèlement à la 
première chaîne du Nan-chan et jusqu'au delà de Sa-tclieou. Les anciennes annales 
mpiiurtent que ce rempart était destiné à protéger la route du Turkestan ainsi que 
ItH» oasis de ce pays, contre les incursions des nomades du nord. Le second tronçon, 
<|ui date probablement du xv** ou du xvi* siècle, se dirigeait vers le nord, presque 
Krftendiculairement au premier, et devait au contraire séparer le Turkestan de la 
^Ihine, qui tendait à cette époque à s'isoler de plus en plus. 

Ia* D^ Stein explora le Nanchan central en partant de Sou-tcheou, situé au sud 
d«* Cha-tcheou. Par delà le versant sud delà chaîne de Richthofen, il entrait en pays 
t4italement inconnu. Les guides chinois ne dépassèrent pas la vallée qui s'ouvre 
•*ntre cette chaîne et celle de Tolaî, située plus au sud. Dans cette direction on ne 
rencontre d'habitants, même temporaires, dans aucune des quatre chaînes qui 

I. Ce»! U riTÎère dr Tang-ho, de la en rie de Rciborovsky el Koziov. 

t. C>«t U rivière de Chi-bao-lcheng (Clii-pno-lclieng) qui arroM* le village de Takbclii. de la 
r%T\t de lloliorov»lcy-Kotlo% . 



38 J. DENIKER. 

s'étendent du nord-ouest au sud-est, entre Tolaï et la dépression où gisent le 
Koukou-Nor et, plus h l'ouest, le Kara-Nor*. 

Cette partie du Nan-Chan diffère complètement de celle de Touest. Au lieu de 
rochers dénudés, on y trouve, même à 3500 et 4000 mètres d'altitude, de vastes 
pâturages que parcourent de nombreux troupeaux de yacks, d'antilopes et d'ânes 
sauvages. 

Les trois chaînes les plus septentrionales du Nan-chan, dont les sommets 
atteignent de 5500 à 5800 mètres, ont été explorées. M. Slein rapporte 650 kilo- 
mètres d'itinéraires levés entre les méridiens de Sa-tcheou et de Kan-tcheou. Tous 
les cours d'eau qui aboutissent à ces deux oasis, ainsi que le Soulai-ho, ont été 
visités jusqu'aux glaciers dont ils sortent. Autant que possible, les routes suivies 
ont[été choisies en dehors des itinéraires des explorateurs russes Roborovsky, Koslov 
et Obroutcheff. La belle chaîne S couronnée de neiges éternelles, qui forme la ligne 
de partage des eaux entre les bassins du Soulai-ho et ceux du Kara-Nor et du 
Koukou-Nor, a été également reconnue, sur son versant nord. Elle parait plus 
élevée encore que les chaînes précédentes. 

De ces montagnes," on arrive à la région des sources du fleuve Ta-toung qui 
appartient au versant du Paciflque par le Hoeï-ho, tributaire du Hoang-ho. 

Le retour dans la plaine, à Kan-tcheou, se fît à travers les trois rangées du Xan 
chan oriental qui sont couvertes d'épaisses forêts. 

Un des résultats les plus intéressants du voyage de M. Stein est, h notre avis, 
la constatation des aspects divers qui caractérisent les trois parties du Nan-chan : 
roches nues à l'ouest, prairies au centre, forêts h lest. On voit par là que raction 
des moussons se fait sentir jusqu'à ce point de l'Asie centrale et qu'on peut localiser 
l'endroit où les vents chargés d'humidité viennent entrer en lutte avec la sécheresse 
désertique. 

La région montagneuse levée pendant tout le voyage par Rai Ram Singli dépasse 
une étendue de 62 160 kil. carrés. 

M. Stein quitta Kan-tche8u en septembre 1907. A Ngan-si, il rencontra le 
nouveau topographe qui lui était adjoint, Rai Lai Singh, avec lequel il partit, en 
octobre, pour Karachar, en passantparHami etTourfan. 11 visita en route des ruines 
déjà fouillées par Grunwedel et de Lecoq. L'hiver 1907-1908 devait être consacré 
à l'exploration archéologique du bord septentrional du fameux désert de Takla- 
Makan. 

J. Denirer. 



1. Deux de ces chaînes, celles (KAIexandre III et de Ghioii-ssou ou Chogholin-kam-tcheoii, ont 
été traversées \h\t ObroutchelT et Kozlov; mais celles qui se trouvent plus au sud étaient incon- 
nues. L'une d'elles est peut-élre le prolongement vers Test de la chaîne de Uumboldt (J. D.)- 

2. C'est probablement le Chogolin-Naindjin de Kozlov ou Ghiou-ssou d'ObroutcbelT (J. I).). 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

EUROPE 

Sur un cas rare de visibilité du Mont Blanc à longue distance. — Le 18 octobre 
1907, vers trois heures de raprès-midi, les voyageurs du rapide de Marseille purent 
observer au sortir de la gare de Dijon le Mont Blanc visible avec une grande net- 
teté par-dessus la chaîne du Jura. Il flottait comme suspendu dans les airs, la 
partie neigeuse émergeant seule. Il resta visible jusqu'au delà de Màcon; l'observa- 
teur eut la bonne fortune de pouvoir foire constater le fait par M. Joseph Vallot 
qui se trouvait dans le train. C'était pourtant par un jour sans soleil et par un 
ciel bas, mais l'atmosphère était d'une limpidité extraordinaire, balayée par les 
pluies qui n'avaient pas discontinué de tout le mois d'octobre. Le Mont Blanc se 
voit normalement en toute saison et par temps clair depuis tout un cercle de villes 
telles que Lyon (160 km.), Mûcon (165 km.), Chalon-sur-Saône (185 km.), Fribourg 
^112 km.), mais il est extrêmement rare qu'on le voie depuis Dijon à une distance 
de 220 kilomètres et surtout du niveau de la ligne de chemin de fer. Le fait n'est 
pas sans précédent : le Mont Blanc a été vu de Dijon, mais des hauteurs qui 
entourent la ville, et l'observateur a jugé son observation assez rare pour la publier 
et dessiner la silhouette de la montagne ^ 

C'est ici le lieu d'indiquer deux observations de visibilité à longue distance, 
scientifiquement contrôlées^ non plus depuis la plaine à une montagne (Dijon est 
a 243 mètres d'altitude seulement), mais d'un sommet à un autre sommet, de sorte 
que les deux altitudes s'ajoutent l'une à l'autre et que les limites de la visibilité sont 
reculées d'autant, le rayon visuel étant surélevé par ses deux extrémités par rapport 
à la courbure terrestre. La première est la visibilité du Canigou (2 785 m.) et de son 
voisin, le pic des Treize-Vents (2763 m.)i non depuis Marseille même, mais depuis 
les hauteurs qui dominent la ville, Notre-Dame de la Garde (161 m. 50), à 253 kilo- 
mètres de distance, et le vieux sémaphore de Marseilleveyre (440 m.) *. Les Pyrénées 
ne peuvent être aperçues, d'ailleurs, que lorsqu'elles se projettent sous forme de 
tache sur le disque du soleil couchant, circonstance favoroble qui ne se reproduit 
que deux fois par an, pour Notre-Dame de la Garde, vers le 10 février et le 25 octobre, 

i. Lf Mont Blanc et les Alpes vus de Dijon, 3S p. et pL, Dijon, 1901 (sans nom d'auteur). — Voir 
aussi H. Duhamel, Ae Mont Blanc reconnu de Lyon au XVI l' siècle, in Hevue aluine^ !•' février 4905, 
p. 55, et la note : « On peut attirer Taltention des voyageurs en chemin de fer sur ce fait peu 
connu encore, qu'on voit très nettement le Mont Blanc, depuis Màcon jusqu*à Lyon et de Lyon 
jusqu'au delà de Saint-André-le-Gaz sur la ligne de Grenoble -. Consulter également Jays, De la 
visibilité des Alpes considérée comme pronostic du temps. Lyon, 1880, 36 p. 

2. On remarquera que cette altitude du sommet de Marseilleveyre difTère de celle que portent 
les cartes offlcielles (397 m.), et qui est notoirement trop faible, en particulier d'après M,' Fabry. 



40 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

pour Marseilleveyre vers le 13 février et le 28 octobre. L'image est assez nette pour 
être photographiée, du moins depuis Marseilleveyre : nous en possédons une 
épreuve du 13 février 1898, communiquée par M. L. Fabry * à M. Lefrançois. 

Il faut remarquer que les conditions de visibilité ne sont pas les mêmes pour 
Marseilleveyre et pour Notre-Dame de la Garde. Depuis le premier point de vue la 
visibilité des Pyrénées est un phénomène normal, non seulement aux dates indiquées, 
mais aussi quand elles sont couvertes de neige, parce que le sommet est assez haut 
pour que le rayon visuel se tienne légèrement au-dessus de la ligne d'horizon formée 
par la mer, et ce phénomène se calcule. Depuis Notre-Dame de la Garde, ce n'est 
qu'un fait d'observation, et c'est pourquoi sa possibilité en avait été niée avant 
qu'il eût été observé à nouveau par M. L. Fabry. Une ligne droite unissant Notre- 
Dame dé la Garde au Canigou passerait à 120 mètres au-dessous de la surface de la 
mer, mais ici intervient le phénomène de la réfraction atmosphérique, qui foit 
que la lumière se propage dans l'atmosphère suivant une ligne légèrement courbe : 
comme la distance est ici très grande, le rayon visuel n'a besoin que d'être légère- 
ment courbe pour se maintenir au-dessus de la mer. 

Cette observation a une importance capitale pour la détermination de la valeur 
vraie de la réfraction. Delambre avait adopté, à la fin du xvin* siècle, le coefficient 
0,08, valeur que quelques géodésiens estiment trop forte. Or, ce fait d'observation, 
le Canigou vu depuis Notre-Dame de la Garde, ne permet pas de le diminuer. On 
sait, d'autre part, que la valeur 0,0665 pour cet indice de réfraction est celle de 
1 000 coefficients résultant des nivellements géodésiques de la carte de France. Ces 
divergences prouvent simplement combien le phénomène est variable. 

. Il y a plus. L'altitude vraie des montagnes est susceptible de varier avec le 
coefficient adopté, et le colonel Burrard a soutenu que les altitudes dès hauts 
sommets de l'Himalaya seraient entachées d'erreur, par suite de l'adoption dans le 
calcul de coefficients simplement estimés *. 

Le second cas, également contrôlé, — cette deuxième observation est de M. Plu- 
mandon, comme la première est de M. Fabry, — est relatif à la visibilité du Mont 
Blanc depuis le Puy de Dôme (1 465 m.), à 303 kilomètres de distance. La Nature a 
consacré trois mentions à cette observation*, qui n'est possible que grâce à une 
circonstance topographique favorable, la présence d'une échancrure à travers les 
monts du Forez, juste sur le passage du rayon visuel, et à la distance où celui-ci se 
rapproche le plus du plan de comparaison, la surface de la terre supposée régulière- 
ment courbe. Si l'on désigne par A, cette hauteur du rayon visuel au-dessus du 
plan de comparaison, on calculerait que ce point de trouve à 71 kilomètres du Puy 
de Dôme, et à Faltitudc de 1 120 mètres. Or^ le rayon visuel passe juste par le coi de 
Noirétable, dépression qui s'abaisse à 754 mètres, entre Pierre-sur-Haute au sud 
(1 640 m.) et la Madeleine au nord (1 160 m.), et à 66 kilomètres du Puy de Dôme. 

1. Voir L. Fabry, Les Pyrénées vues de Marseille, in Bull, de la Soc. de Géog. de Marseille^ 
l. XI, el La visiOililé géographique. Calcul de la hauteur apparente d'un lieu éloigné {ibid,^ 
XIX et, XX, 1893). 

'2. Colonel Burrard, cité par Cli. Rabot, La Géographie, XVII, 2, 15 février 1908, p. 139. 

3. J.-R. Plumandon, Le Mont Blanc vu du sommet du Puy de Dame, in La Nature, 22* année, 
n* 1090, 21 avril 1894, p. 333-i, 3 fig. Voir, sur le môme sujet, La Sature, n** 713, 12 février 1887, 
p. 173, el n« 719. 12 mars 1887, p. 226. 



EUROPE. 41 

L*êchancrure s'abaisse donc à 365 mètres au-dessous du rayon visuel, et ainsi 
•i explique que non seulement le sommet du Mont Blanc soit visible, mais tout 
ce qui dans le massif dépasse 3800 mètres. 

Cest là, à notre connaissance, la plus grande extension de la visibilité sous nos 
climats. 

La visibilité en montagne jouit des mêmes privilèges qu*en pays méditerranéens. 
IK's 1858 on publiait un « Catalogue bypsométrique de mille sommités dépassant 
"i^MM pieds dans la chaîne des Alpes, entre le Mont Blanc et le GrossGlockner, 
visibles du haut du Languard ». Or, le Piz I^nguard est à £îO kilomètres du Mont 
Blanc *. 

IHins les pays méditerranéens, les limites de la visibilité sont reculées à des dis- 
tances ou le seul obstacle qui borne la vision n*est plus la puissance de l'œil, avec 
ou sans l'aide des instruments, mais la sphéricité de la terre qui aplatit les monta- 
gnes et rend nécessaire ce qu'on appelle en topographie la correction de niveau 
apparent. Des nombreuses observations faites, il faut retenir, surtout à cause de 
leur caractère indiscutable, les triangulations dont les cAtés relient des points 
giV)désiques à travers la mer. Citons, à ce point de vue, trois exemples classiques : 
I* le rattachement des Baléares par Arago et Biot; 2"* le rattachement direct de la 
Corse à la méridienne de France en 18:27 par le capitaine Durand, qui établit ses 
•stations tout le long dé la côte provençale entre le phare de Villefranche et la Sau- 
Vf>lte, et même dans la haute Provence, sur le Cheiron et le Mourre de Chanier, ce 
<|ui donnait à ces triangles des côtés de 235 à 265 kilomètres. Le troisième est la 
jonction mémorable de l'.Algérie à l'Espagne par le général Perrier en septembre 1879, 
dont le plus long côté atteignait 270 kilomètres, en utilisant comme sommet 
principal le Mulacen, dans la Sierra Nevada. A ces distances, on a intérêt h opérer 
de nuit« à cause de la réfraction moindre, et la lumière est émise par des projec- 
teurs lenticulaires à flamme d'oxy-acétylène. Ces dernières observations étaient faites 
avec le théodolite, mais, â fœH nu, cette lumière est aperçue à des distances dépas- 
sant 2S0 kilomètres. 

Quelle serait la limite théorique de la visibilité, à Tœil nu ou à Taide d'instru- 
ments? 

M. L. Fabr>' a dressé des tables de visibilité, donnant la hauteur apparente d'un 
p<iint quelconque. Jusqu'à la distance de «)60 kilomètres, qui parait un maximum 
difficile à dépasser, ainsi que la dépression de l'horizon et le rayon de visibilité 
«iur mer. Mais le regretté Ch. Dufour, de Lausanne, a donné une formule très 
Mmple et facile à retenir, qui ré<luit le calcul à une extraction de racine, en 
•«apposant le diamètre île la terre égal à 12 500 kilomètres. On exprime Taltitude A 
en décimètres, on l'augmente du quart de sa valeur, et on prend la racine carrée. 

I. La qurslion des limilCH Uiéorif}ues de la vUibililv a été traitée, nu poinl de vue de Talpi* 
ni «me, dans les annuaires <it*!i difTérenirs société». Le D' Prompt a donné, clans V Annuaire du 
* luh Afpim français de 1H8I, une formule où il a omis de tenir rompte tie la réfraction. 
^ ^"«Iniojrairhi, dans le Bollettinodu Club Alpino IhtHano^ 1003 (t. XXXVl. n* r.V), en tient compte. 
*nii* |p coefficient italien n'est pas tout à fait le même que le coefficient français. Knfin le vicomte 
y de Salmnac-Pcnelon vient de publier, dans le liuUelin pyrénéen (mtvembre et décembre 1907», 
iii.f \oU fur téchelU pholographitfue H utértoscopique du ciel et la JHeture par Us angles de la din 
tnnce et de t altitude des montagnes. 



42 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Le résultat obtenu est à peu près égal au rayon de visibilité géométrique, d, en 
kilomètres. Pour avoir une valeur plus rigoureuse de d, on augmente le résultat 
du centième de sa valeur. Il s'agit ici de la visibilité géométrique, en tenant compte 
seulement de la courbure de la terre; si l'on tient compte aussi de la réfraction, 
pour avoir le rayon de visibilité D, on augmente le résultat, après avoir pris la 
racine carrée, du diicième de sa valeur. 

Application : pour h = 5000 mètres, cette formule donne, pour d, 252,5 kilo- 
mètres, juste la valeur donnée par les tables, et pour Z>, 275 kilomètres (Tables, 
275,5), soit un écart de 500 mètres; or, la réfraction est trop mal connue pour que 
l'on puisse dire qui a raison, des tables ou de la formule. 

Voici pour un géographe, une application de ces tables : elles permettent de 
calculer' qùé, pour quelques montagnes que nous avons choisies proches de la mer, 

le rayon dfe visibilité est le suivant : 

D. 
Vésuve (1 303 m.) avant la dernière éruption. .... 140 kilomètres. 

Ventoux (1 911 m.) 170 — 

Canigou(2 785 m.) 206 — 

Etna (3 274 m.) ' 222 — 

Pic deTeyde [TénériffeJ (3 730 m.) 238 — 

Fuji-yama(3 780 m.) 240 — 

Kameroun (4 055 m.) 248 — 

Chimborazo (6 254 ra.), à 200 kilomètres de la côte. .308 — 
Aconcapua (6 953 m.; Schrader) à 150 kilomètres. . . 325 — 

On se rend compte ainsi que la plupart des géants de la Cordillère andine sont 
visibles depuis la haute mer. 

Ainsi s'explique le rôle de montagnes sacrées qu'ont joué les montagnes de 
l'Hellade et des îles visibles depuis la haute mer et couvertes de neige en hiver, pour 
ce peuple de navigateurs qu'étaient les Grecs : le Taygète, l'Olympe, l'Ida, etc., et 
les Colonnes d'Hercule pour les Phéniciens. On se tromperait grandement en y 
voyant le sentiment ou le pressentiment de la montagne. 

En effet, ce n'est pas le rivage qu'aperçoivent de la haute mer les marins, mais 
les sommets des montagnes, fussent-elles loin dans l'intérieur. C'est le mont 
Ventoux (1 911 m.) qui signalait l'accès des côtes de Provence, puis les sanctuaires 
qui bordaient la mer : Notre-Dame de la Garde de Marseille (162 m.), et celle du 
cap Sicié (359 m.); le sommet du mont des Pradelles dans les Maures; Notre- 
Dame de Laghet près de Nice. On sait le rôle qu'ont eu les sanctuaires dans les 
navigations phéniciennes et dans la géographie de l'Odyssée. 

M. H. Vallot a donné dans son Manurl de Topographie alpine (p. H2) une for- 
mule également simple pour trouver la correction de niveau apparent, c'est-à-dire le 
nombre de mètres à ajouter à l'altitude obtenue par des visées régulières pour avoir 
l'altitude vraie. Le niveau apparent n'est autre chose, en effet, que la dépression 
de l'horizon. Cette correction est égale au carré de la distance, exprimé en kilomètres, 
divisé par le coefficient de sphéricité et de réfraction, 15. Cette valeur, en mètres, est 
toujours à ajouter. On obtient un résultat plus approché avec le coefficient 14,7. 

Xr D^•* V Dit' 

lo 14,7 



ELROPB. 



U 



Avec le coefficient 15, on voit que la dépression de Thorizon, à lOi) kilomètres de 
distance, est de 6ti6 mètres, à SOO kilomètres, de 2666 mètres, c'est-à-dire qu'un 
sommet de 666 mètres est visible jusqu'à 100 kilomètres, un sommet de 2666 mètres 
jusqu'à 900 kilomètres. Ces valeurs concordent exactement avec les tables de 
M. Fabry, qui donnent pour 

A= 650 mètres />= 99,4 kilomètres 

/i=2KJ0 - A = 200,5 — 

()n voit que, dans une atmosphère parfaitement pure, seule la rotondité de 
In terre impose pratiquement une limite à la visibilité. Paul Girardin. 



La capture de la Sambre supérieure par TOise'. — D'après M. A. Briquet, 
le tracé actuel du cours de l'Oise est la conséquence d'une capture effectuée par 



MAUBEUGE 




iLAFERE 

ru. i« ^ CARTt on niSKAUX aTDBOORAPHIQrBA DE LA SAMBBI BT DB L*0I8B, AVANT LA CAPTIRC 



^ cours d*eau au détriment de la Sambre, et qui s'est produite près de Vadencourl, 
au coude de l'Oise. 

Pendant Fère quaternaire le réseau hydrographique de cette partie de l'Ardenne 
avait la disposition représentée sur la fig. 2, que la Société géologique du Nord a 

I* A. BriqoeU Sambre ei Oiêê : une capture^ in Société géulofdque du Nord. AnnaUs^ XXXVII, 
iW. I- Hfr. p. U. 



44 



MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE. 



eu robligeance de nous communiquer ainsi que la fig. 3. A cette époque l'Oise supé- 
rieure rejoignait la Sambre. L'étude du terrain. et des alluvions ne laisse à M. A. Bri- 
quet aucun doute à cet égard. En effet, entre l'Ancienne Sambre et le Noirieu on 
observe une large vallée sèche qui porte des traces évidentes d'un ancien passage des 




FIG. 3. 



RÉPARTITION DES ALLUVIONS ANCIENNES DANS LES VALLÉES ANCIENNES ET ACTUELLES 
DE LA SAMBRE ET DR L'OISE. 



I. AUuvioDS du cours d'eau primitif et do ses affluents. 
*2. Prolongement de ces alluvions vers l'aval sous les 
limons de la vallée 

3. Alluvions les plus anciennes de l'Oise postérieurement 

à la capture (terrasses de 30 mètres au-dessus de 
l'Oise actuelle et deux méandres abandonnés). 

4. Alluvions d'un méandre abandonné plus récemment 

(^ mètres au-dessus de l'Oise actuelle). 

5. Alluvions de la terrasse do 10 mètres dans la vallée 

de l'Oise. 



6. Alluvions de la terrasse de 5 mètres dans la vallée 

de l'Oise. 
1. Alluvions du lit majeur actuel de l'Oise et de ses 

affluents. , 

8. Cours de l'Oise à l'époque des alluvions les plus 

anciennes postérieures à la capture. 

9. Cours naturel de l'Ancienne Sambre avant 1684. 

10. Cours artificiel do l'Ancienne Sambre après 
168-4. 



eaux. D'autre part, un horizon d'alluvions anciennes situées à 40 mètres au-dessous 
du niveau actuel de l'Oise supérieure sétend depuis en amont de Guise jusqu'au Gard, 



BUROPE. 49 

(Jans le bassin de la Sombre, lequel est caractérisé dans cette dernière région par la 
présence de roches ardennaises (flg. 3). 

1^ capture, qui fut déterminée par la différence d'altitude des talwegs des deux 
tMissins, engendra un rajeunissement de rérosion et par suite un surcreusement 
tlcH vallées conquises par l'Oise. Ces phénomènes sont indiquées par trois terrasses 
situées respectivement à 3() mètres, iO mètres et 3 mètres au-dessus de TOise supé 
rieure actuelle. D'après M. A. Briquet, le niveau de 30 mètres observé près de Guise 
et qui correspond à celui des plus hautes terrasses sises plus en aval aux environs 
de la Fère et de Cbauny marque le lit de TOise postérieurement a la capture. De cet 
ancien lit subsistent encore plusieurs méandres qui furent ultérieurement coupés 
par les progrès de Térosion. 

Celte capture a eu pour résultat de transporter la ligne de partage des eaux à 
li kilomètres au nord de Vadencourt jusqu'au (iard, et de transformer le Noirieu en 
cours d'eau en partie obséquent. 

Dans Topinion de M. Briquet, Tétat d'équilibre n'est pas encore atteint et la 
Sambre supérieure est menacée de décapitation par les progrès de l'érosion régres- 
"tive. L'homme a même devancé Tieuvre de la nature, rapporte notre confrère, en 
détournant de leur cours naturel les eaux de TAncienne Sambre. En 168i, sim- 
plement en élevant un barrage, il a déversé ce cours d'eau du bassin de la Sambre 
ot l'a amené vers Étreux et vers l'Oise. 

A quelle époque s'est produite la capture de la Sambre supérieure par l'Oise? 
1^ hrss se rencontre a un niveau notablement inférieur h celui de la terrasse de 
•)fl mètres. De plus, <( les alluvions du lit abandonné sont couvertes d'un limon 
dans lequel on peut voir l'équivalent du lœss ». Aussi M. Briquet <( place-t-il l'évé- 
nement à la dernière époque interglaciaire )>. Ce qui, à notre avis, est assez vague. 
AjfHitons que la terrasse de K) mètres renferme, à Vadencourt même, des débris de 
mammouth. Cuarles Rabot. 



Las types d'habitations en Allemagne. — Vue vaste enquête a été effectuée par 
une société d'ingénieurs et d'architectes sur les types d'habitations des paysans 
allemands*. Dans un article très documenté, M. W. Pessler* en résume les 
Ti'sultats. 

L'.\llemagne a subi l'influence des peuples qui l'entourent, et en même temps, 
malgré son unification au Moyen-Age, les différences des peuples qui la constituent 
ont persisté, et se traduisent encore aujourd'hui dans le mode de construction des 
maisons villageoises. La maison allemande la plus primitive est celle des Saxons. 
Elle se caractérise par la réunion de toutes les dépendances de la ferme sous un 
même toit. II n'y a pas d'étages; le développement de la construction est purement 
horiiontal. Le bétail est logé dans les parties latérales et les écuries s'ouvrent sous 

I. tkiÊ Bauermhaus im deutschen Ileiche und in seinm Grenzgebielen lierau!»gegelM>n vom Ver- 
Un«le «koUcber Arrhitekten- und Ingcoior-Vereine. Mil hisiorisch-gi'ographisoher Einleitung von 
l'Hic. tNririch SchAfer. Dresde, Kâhtmann, 1906. (Texte 331 p. et 318 lig., Atlas 120 PI.) 

2 WilU Fessier, Oie HauêiypengeOifte im deutschen Heiche^ in DiuUcUe Krde. Vol. VII, 1908. 
P- U et p. 15 (10 ng. et une carte). 



46 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

le pignon. Il y a iin couloir médian très large qui s'oilvre également sous lé pignon, 
et qui conduit aux appartements situés au fond de la maison. Ce type est repré- 
senté surtout dans les landes du Hanovre et de Lûnebourg; il occupe presque tout 
le nord-oué^t de l'Allemagne, le Rhin inférieur jusqu'à Krefeld au sud, le nord de 
la Westphalie et le territoire de la Ruhr. Ses limites concordent en général avec 
celle des dialectes. 

Le type frison abrite également toutes les dépendances sous un seul toit. Mais 
les chambres sont situées sur un des côtés longs, tandis que les écuries se groupent 
autour d'une halle carrée atteignant jusqu'au sommet du toit et qui renferme toutes 
les récoltes. Ce type, répandu en Hollande, n'occupe en Allemagne que la Frise et 
une partie du Schleswig et du Holstein. Dans la presqu'île d'Angeln (golfe de Kiel), 
Frisons, Saxoiis et Danois entrent en contact et les habitations présentent un type 
mixte. La maison danoise est encore plus allongée que la maison frisonne, et elle 
\ présente souvent des bâtiments d'exploitation isolés du corps de logis. On. la ren- 

t contre au nord du Schleswig-Holstein, tandis que le sud est occupé par le type saxon. 

A l'est de l'Elbe le type saxon subit quelques modifications, qui consistent surtout 
! en rétrécissement du couloir médian ; les écuries et les chambres sont situées sur 

1 les côtés de ce couloir. Ce type occupe le Brandebourg, une partie des provinces de 

! Posen et de Prasse occidentale ; il va de l'Elbe à la Warte et à la Netze. Dans la 

I Prusse orientale la aiaison typique comprend une chambre, une entrée transver- 

! sale avec cuisine, et récurie. Le foyer occupe le milieu de Thabitation. Chez les 

paysans aisés l'écurie se trouve dans un bâtiment particulier et remplacée dans la 
maison par des chambres. 
i En Lîthuanie la maison primitive est formée d'une seule pièce. Elle s'agrandit 

I par construction de bâtiments nouveaux : une maison d'habitation, avec cuisine et 

' chambre, une grange, une écurie; la maison primitive devient le grenier.. Tous ce$ 

bâtiments sont disposés sans ordre. Il est à noter que ce type de construction s'étend 
bien au-delà de la limite linguistique actuelle, et que sa distribution indique l'exten- 
sion ancienne des Lithuaniens. 
I L'Allemagne moyenne présente un type de construction très uniforme, qui s'étend 

en une large bande de la Belgique à la frontièrq de Russie. C'est une maison en 
charpente, dont l'entrée occupé le milieu d'un côté long. Le foyer se trouve dans 
l'entrée ou dans une cuisine séparée. H y en a un deuxième dans la chambre située 
sous le pignon de façade. De Tautre côté de l'entrée se trouve Técurie, qui peut 
d'ailleurs être dans une construction spéciale. L^ grange et les autres bâtiments 
d'exploitation sont toujours séparés de la maison et forment avec elle les trois côtés 
d'une cour. Ce type ne subit que des variations sans importance dans Timmense 
territoire qui s'étend de la Meuse et de la Moselle à la Vistule. Cependant les Wendes 
ont un type de construction spécial ; mais les Polonais de la province de Posen ont 
le type moyen-allemand. Ce type règne également dans le Palatinat; mais en 
général l'écurie est placée au rez-de-chaussée, et l'étage est consacré aux chambres 
d'habitation. 

En Lorraine, les maisons ont leur côté long parallèle à la rue. Elles sont très 
rapprochées et s'étendent en profondeur. L'entrée conduite la. cuisine, qui occupe 



EUROPE. n 

avec la chambre tout le côté du fond. A gauche du corridor on trouve deux autres 
chambres et h droite l'écurie. Le plan ressemble à celui des maisons saxonnes de lest 
lie TEIbe, avec leur long corridor, \fais le type est cependant tout différent à cause 
tio la situation de l'entrée sur un cùté long, tandis que dans la maison saxonne elle 
(*>t sous un pignon. 

I^ type alaroan des Vosges, de la Forét-Noire et de la Souabe, réunit, en général, 
toutes les dépendances sous un seul toit, et se distingue nettement du type franc 
ou moyen-allemand. Des différences linguistiques correspondent à la répartition de 
ces deux types. 

En Bavière* on trouve, dans les montagnes, des constructions à toit unique. La 
maison, 1res allongée, se compose de trois parties parallèles rangées de gauche à 
droite, et non, comme dans le type moyen-allemand, d'avant en arrière. L'entrée se 
trouve sous le pignon. A gauche du corridor se trouvent une chambre et la cuisine, 
à droite une chambre et un cabinet. .\ la suite de la maison, mais sans communica- 
tion avec elle, viennent les écuries, et au-dessus d'elles les granges. Un toit qui 
déborde beaucoup recouvre le tout. La façade est ornée de balcons de bois. 

Lorsque Taltitude descend à moins de SOO mètres, ce type bavarois est remplacé 
l>ar un type à bâtiments séparés. La maison est située au fond de la cour, elle a 
loujoun; ses galeries de bois et son. grand toit plat. Sur les côtés se trouvent les 
UUiments d exploitation. Dans les parties franques de la Bavière règne le type 
moyen-allemand. 

En résumé, les types de construction occupent en Allemagne trois bandes orien- 
ttVs du sud-ouest au nord-est. La bande moyenne (type moyen-allemandj tend à 
refouler les deux autres. Au nord-est règne le type saxon, dont le territoire corres- 
(tond à celui oh on parle le plat-allemand. Au sud, les diverses variétés du type 
bavarois correspondent aussi à des différences dialectales. 

D' L. Laloy. 

Las formations post-glaciaires en Ecosse *• — Trois grandes extensions gla- 
ciaires ont marqué leurs traces en Ecosse. La plus ancienne a recouvert le pays tout 
entier et y a laissé des dépcUs connus sous le nom de boulder-clay inférieur; cette 
glaciation descendait jusqu'à la vallée de la Tamise. La seconde, tout en recou- 
vrant toute rÈcosse, où elle a déposé le boulder-clmj supérieur, ne s'étendait pas si 
loin vers le sud. Enfln la troisième phase est caractérisée par des glaciers situés 
lians les vallées des montagnes; elle est représentée par des accumulations locales 
de bùuUerrlay^ par des moraines terminales et des graviers torrentiels. Les dép4Ms 
post-glaciaires les plus remarquables de l'Ecosse sont les plages soulevées, les 
tirrasses des fleuves et des estuaires, les alluvions lacustres et les tourbières. 

On observe, sur les côtes de l'Ecosse, au moins trois lignes de rivages successives ; 
la plus ancienne se présente à une altitude de 30 à 40 mètres et appartient visible- 
ment à la série glaciaire. Dans les grandes vallées du Forth et du Tay, par 

1. Jaate* Geikie, On ihe «o called • positglacial formations • of Seotiand, in Journal of Oeolof/y^ 
('hicafo ei New-York« roi. XIV. VJ06, p. 06H, et iMie Qualenianj Fonnation* of :^cotland^ io 
Iniieknft fir OiêUcherkunde, Berlin. I. 1. mai 1906, p. 21. 



48 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

exemple, elle forme de longues terrasses, qui s'élèvent de plus en plus vers Tinlé- 
rieur et finissent par se perdre dans les cailloutis fluvio-glaciaires, et les moraines 
terminales de la dernière extension. A cette époque, les fjords et les lacs étaient 
couverts de glace, une calotte de neige couvrait les Highlands et il en descendait de 
grands glaciers. A cet épisode M. James Geikie a donné le nom de District ice-sheets 
and large valley -glaciers. Dans les plaines il y avait une flore polaire (Salix polarvs, 
S. herbacea, S. reticulata, Di^yas octopetala, etc.). Les dépôts lacustres renferment 
un Crustacé, Apus glacialis, qui ne se rencontre plus actuellement qu'au Grônland 
et au Spitsberg. 

La terrasse suivante est à une altitude de 15 à 18 mètres; elle est, comme la 
précédente, développée surtout dans les grands estuaires, tels que ceux du Tay, 
du Forth et de la Clyde. Elle est d'ordinaire formée de dépôts de graviers, de 
sables et de vases; sur les côtes elle est parfois représentée par une slrandlinie^ 
Après la formation de la première terrasse, la mer recula et son niveau devint 
plus bas qu'à présent. Les rivières se creusèrent leur route à travers les maté- 
riaux de cette première terrasse, et déposèrent des alluvions qui se couvrirent 
de végétation; celle-ci indique un climat aussi tempéré que le climat actuel. 
Ces anciennes alluvions sont maintenant recouvertes d'une épaisse couche de 
tourbe. Les racines des plantes de la tourbe pénètrent dans les dépôts fîuviatiles 
sous-jacents. 

Les dépôts de la terrasse de 15 mètres renferment dans leurs couches inférieures 
des rameaux des arbres (chêne, aune, noisetier, bouleau) qui croissaient dans 
la tourbière. Souvent cette terrasse, bien marquée dans la partie inférieure de^ 
fjords, disparaît totalement dans leur partie supérieure, qui devait être occupée 
par des glaciers. A l'extrémité supérieure du Loch Torridon, elle est surmontée^ 
par une moraine terminale. Ces faits prouvent que les phénomènes caractéris- 
tiques de la terrasse de 30 mètres se sont réitérés, sur une moindre échelle, lorsque 
s'est constituée celle de 15 mètres; en d'autres termes, des glaciers existaient 
encore dans les Highlands. 

La dernière terrasse est à l'altitude de 8 à 10 mètres. Nulle part elle n'est en 
relation avec des graviers fluvio-glaciaires, ni avec des moraines ; en divers endroits, 
elles repose sur la tourbe. 

Un fait frappe dès qu'on étudie les tourbières d'Ecosse : en beaucoup d'endroits, 
la tourbe recouvre deux anciennes forêts. L'une est située à la base, l'autre repose 
sur de la tourbe et est recouverte par une épaisseur variable de cette substance. H 
y a là l'indice d'une remarquable modiflcation du climat, les forêts correspondante 
un climat relativement sec, la tourbe à une période humide. Le fait que ces dépôts 
se rencontrent un peu partout, aussi bien dans la montagne qu'en plaine, prouve, 
en effet, qu'il ne s'agit pas de variations locales dues par exemple à un drainage 
plus ou moins parfait des vallées. Dès lors on peut se représenter la succession des 
événements de la façon suivante. 

1° Pendant l'épisode qui est caractérisé par l'existence de calottes glaciaires 
locales et de grands glaciers de vallée (District ice-sheets and large valley-glaciers}. 
submersion de l'Ecosse jusqu'à la cote 30 à 40 mètres et climat arctique. 



EUROPE. 49 

±* Émersioii du imyn, la mer recule, le climat devient tempéré et le sol ae couvre 
d'une véf(étation forestière. 

•i^ Submersion, et bient(^t le froid reparait; il y a de nouveau des glaciers 
dan^ \on montagnes qui s*étendent jusi|u*à la mer, les forêts cèdent la place aux 
li»urbicn's; c*est à cet épisode quMI convient d*assigner la terrasse de 15 mètres, 
«vrtaines moraines et des dépots iluvio-glaciaires. 

\" Nouvelle émersion. Les neiges et les glaces fondent, le climat redevient plus 
'Ms*. les foréU rcfNiraissent, et recouvrent les tourbières du stade précédent. 

.*»' Nouvelle incursion marine. Le climat redevient froid et humide, sans qu'on 
pui^^sc afiirmer qu'il se n»forme des glaciers. Les forets diminuent et sont en partie 
remplao^es par des tourbières. La ligne de rivage de tO mètres est synchrone avec 
rrlte couche supérieure des tourbières. 

«>' La mer rentre dans ses limites actuelles. Le climat devient plus sec, les tour- 
hièrt^s cessent de s'accroître, elles sont détruites par l'érosion et remplacées par 
unr végétation d'un type plus xérophile. 

ties données sont confirmées par les recherches botaniques de M. Fr. J. Lewis '. 
Kii étudiant spécialement les tourbières des Southern Uplands, il a pu se convaincre 
qu'il y a dans la tourbe une succession de plantes caractéristiques. La couche infé- 
rieure, qui a succédé au retrait de la glace, renferme Betula aiha, Calluna vulgaris 
el Snitr i#»/h»ii*; elle est surmontée par une couche formée uniquement de sphai- 
Kiie^: ce qui indique une augmentation des précipitations atmosphériques. Ces 
*»phai»rnes cèdent graduellement la place a Eriophorum vaginatum et à des scirpes. 
l'ui'i le climat se refroidit : on voit apparaître Empetrum nigrum et des arbustes 
nnMiques Stilix hn^bncea, S. m^ticulain pi /jnseleuria prorumbeas . 

Le retour d'un climat plus chaud est marqué dans la tourbe par la disparition 
df'* opiVes arctiques et leur remplacement par Eviophurum d'abord, Sphaguum 
oii<i»uîle. A ces tourbières succèdent des forêts de pins et de bouleaux. Celles-ci, à leur 
tour, sont remplacées dans la zone su|)érieure par de la tourlie formée essentielle- 
ment de sphaignes, de scirpes et d'Enophomm. 

l-e^ tourbières du noni de TÉcosse sont, d'après M. Lewis, d'un Age plus récent 
que relies des Cplands. Dans les Highiands on ne trouve aucune des couches sous- 
JK-eiites n la zone des plantes arctiques, parce qu'à ce moment cette région était 
rouverte de neige et de glace. \\cc le retrait des glaciers on voit apparaître des 
«nules fiolaires, le bouleau nain. Ces arbustes sont remplacés bientôt par de la 
ï»»urlie à sphaignes. .\u-dessus on rencontre une forêt de pins avec sous-bois de 
l>ru\ereA. C<>tte forêt, située entre I 'Mf() et i (MN) mètres au-dessus du niveau actuel 
<l«* la mer, ci'de à son tour la place à de la tourbe à sphaignes et à scirpes, qui est en 
yw de destruction à l'éiNx^ue actuelle. 

En <M>mroe, on ne saurait tracer de limite précise entre les temps glaciaires et 
lr|MM|ue actuelle. Il y a eu depuis la fin du Pliocène une série d'oscillations dont 
uiir étude attentive fM*ut seule dégager l'amplitude et l'extension. 

ir. L. Lalov. 

!. Pr. J. Lewi». The plant rt mains of ihe S-ylliik peal -masse», in Transaction 9 uf the R, Society 
^'ki,Hbmtyfh. Vol. XLI. IM5, p. 6W. 

U Otam»r«ii. ~ T. XVIII. l'JUS. 4 



50 MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE. 

La végétation des Fœrôer'. — La lloro des Fonroer porte la marque des con 




FIG. i. — t'N > RII> » A KVALKO (SYDF.Ro). — SUR DR LARGES ESPACES I.K SOL A ÉTÉ ABRA8É PAR 
VENT, TANDIS QIE LES PORTIONS PROTÉGÉES PAR LN TAPIS VÉGÉTAL SONT DEMEirilÉES EN RELIEF 
CONSTITUENT DES TÉMOINS DE L*ANCIEN NIVEAU DU TERRAIN. 

RoprodiK'tioQ «l'iino plioto^'raphie «lu professeur \Varmiii^'. 




FIG. "i. — LANDK DE HltUYÉRUS iCallUfiO) A SAND SANIM»). DES AFFLEIREMFNTS ROCIIECX «lOIVFRTS 
LICHENS ET DES HLOCS ÉMERGENT DU TAPIS VÉGÉTAL. DANS LE LOINTAIN. LE S\NDSVATN. 

Koproduciioii •l'iiii«; pliuio^rapliie *lo M. C'.-II. Ostom't'M. 

lions climatiques sprciales qui résultent de la position géographique de ces lies. 

I. (i. 11. Oslenfold, Tfi^ Land-Vet/ptation of the F.trnor. irîifi spécial re ferrure io tfu' IiIq 
plants. Hotany of tlu.' FaM-niT, l*arl Hl. Copenliageii, l'JOS. 



EUROPE. 



51 



climat est caractérisé par des étés frais et par Tabsence de grands froids en liiver; 
les précipitations atmosphériques sont très abondantes et le sol est très humide. 
La température moyenne de Tannée est de 6°,o C. — Elle varie de 3°,2, en 




FIO. 6. — VÉOKTATIO.f St R L« VBRSAlfT d'uN RAVIN DE VB8TMANHAVN. DARS LE HAUT, FOUGÈRES, 

DAtirn LB BAS, TRiNCiPALEMENT Géranium sylvalicum et Angelica, 
Reproduction d'une photographie de M. F. Btirgcsen. 

janvier et février, à 10^,8, en juillet et août. Le nombre des jours de gelée n*est que 
de 8 par an. La température la plus basse observée à Thorshavn est — 11°,6; en 
été elle s élève rarement au-dessus de 20\ Les changements de temps sont rapides. 
La pluie atteint 1570 millimètres par an; elle est abondante surtout en décembre 



52 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

et janvier, moins fréquente au printemps et en été. L'humidité relative de l'atmos- 
phère atteint 82 p. 100 en moyenne. Les chutes de neige sont assez rares, et la neige 
ne couvre jamais le sol pendant longtemps. Aussi n'offre-t-elle pas ^o protection 
aux plantes contre le froid. Le vent est presque constant aux Fœrôer; il est 
souvent très violent, et souffle avec une fréquence presque égale de tous les points 
de rhorizon. Cependant les vents d'ouest et de sud-ouest, qui apportent de la cha- 
leur et de rhumîdité, sont un peu plus fréquents. L'influence du vent sur la végé 
tation est marquée surtout dans les dépressions qui découpent les îles et qui dans 
les langues Scandinaves portent le nom d*eider (fig. 4). Sur ces seuils telle est la 
violence des coups de vent qu'il est parfois difficile de garder la station verticale. 
Aussi bien les plantes y revêtent-elles des formes naines et leurs fleurs s'ouvrent- 
elles au milieu des feuilles, au lieu d'être portées sur des pédoncules. Sur les pla- 
teaux la force de la brise donne également aux plantes des dimensions naines. 

Il n'y a pas de forêts aux Fœrôer et les plantes herbacées reçoivent toute la 
lumière disponible. Mais celle-ci est souvent assez peu abondante, tant à cause de 
la fréquence du brouillard que des nuages. 

Le sol de ces îles est très uniforme. Il est formé exclusivement de couches hori- 
zontales de basalte séparées par des lits minces de tuf et d'argile. Ce basalte subit 
une désagrégation rapide du fait de la pluie et des alternatives de gel et de dégel. 
Les petits cours d'eau et les lacs de toutes dimensions sont extrêmement abondants. 
L4iumidité constante produit une rapide décomposition des matières organiques et 
par suite la formation d'une couche profonde d'humus. 

L'influence de l'homme sur la végétation s'est fait sentir par l'immigration de 
quelques espèces nouvelles, surtout dans les champs d'orge et de pommes de 
terre, et, à un degré bien supérieur, par la destruction causée par le pâturage. En 
effet, pour 15000 habitants les Fœrôer n'ont pas moins de 100 OQO moutons. Aussi 
les plantes n'acquièrent-elles leur entier développement que dans les endroits 
inaccessibles à ces animaux. 

Les associations végétales sont mal définies aux Fœrôer, en raison du climat 
insulaire; c'est que l'abondance des précipitations assure partout une humidité suffi- 
sante du sol. On peut cependant distinguer les formations suivantes, quoiqu'il 
existe de nombreux passages de l'une à l'autre. 

l.' Fof^mations lialophiles, — La plus grande partie des rivages des Fœrôer est 
formée de falaises; mais au fond des baies et des fjords on rencontre des plages de 
sable présentant une flore typique. Les espèces les plus importantes sont : Honcke- 
neya peploides, Cakile maritima, Malricaria inodora var. phaiocephala^ Atriplex 
Babingtonii, Elymus arenarius et Poteniilla ansmna. En un seul point des Fœrôer, 
à Sand-bugt, dans Sandô, le sable a été accumulé sous forme de dune. La plante 
dominante est la même que sur les dunes de l'Europe occidentale, Psammaarenaria, 
graminée particulièrement adaptée à vivre dans le sable. On rencontre en outre 
Agropyrum repens, Agrostis stolonifera et les plantes des plages. 

Il y a de petits marais h eau saumâtre dans le fond des fjords. Les plantes carac- 
téristiques sont Glyeeria marïtirna, Plantago mantima^ Festuca rubra, Triglochin 
palustre, Agrostis stolonifera et Armeria elongata. Sur ce tapis s'élèvent des touffes de 



EUROPE. 



53 



Carfx %al\na et Heleockaris palustnt. Dans les flaques d'eau vivent des Entero- 
morpha. 

Les plantes des rochers et falaises sont soit des Cryptogames (Mousses et 
Lichens) qui vivent à la surface même de la pierre, soit des Phanérogames qui en 
fiouplent les fentes, où de la terre végétale a pu s'accumuler. Parmi ces dernières, il 
convient de citer .trwim^i, Cera$tium letrandrum^ Cochlenrxa officinalis^ Matricaria 
phiporephala, Haloscins, IHantngo marilima. Toutes ces plantes sont succulentes et 
ont des feuilles charnues, 
ce qui leur permet do 
n^ister à la sécheresse. 

II. Formations subal- 
pines. — La zone allant 
jus(|u'â 21)0 à iOO mètres 
d'altitude mérite le nom de 
subalpine par comparaison 
de sa flore avec celle de 
l'Angleterre et de la Scan- 
dinavie, tandis que les 
plateaux et sommets des 
montagnes renferment une 
flore alpine. On peut dis- 
tinguer d*al)ord les asso- 
ciations hydrophiles. Dans 
les lacs, la végétation est 
(*ii général assez pauvre. 
Oii y trouve, à partir du 
Uird jum|u'à m. 50 de 
pn)fondeur, Litortlln^ hoê- 
Wt^ Suhularia aquatica, 
Jumrus supinus, Callitriche 
hamuiaia. De m. 50 à 
1 m. .'îO de profondeur se 
rf*nc4>ntre une association 
formée de Sparganium af- 
l^ne et divers Potamogeion, 

Dans les cours d'eau 
«>n rencontre les mêmes 

plnntes que dans les lacs, sauf Isoëirs. Parnji les Mousses il faut citer Fontinalis 
'tntipy retira. Près des sources et des ruis^seaux poussent Montia lamprosperma, 
Sarifraga steilans^ Kpilohium alsinifolium^eic. Les marais renferment soit une 
«•»^>ciation formée de Heleockaris palustris, iùpiisetum^ Carex salinn et /lanunrulu» 
fl'immula^ soit une autre où dominent Memjanthes et Potamogeton polijgonifoliitx. 

Les tourbières renferment dans leurs parties humides des Cypéracées et des 
^phaignes, dans leur»» [Uirties sèches .Varrf»/*, Juncus squarrosus, Srirpus cœspitosus. 




no. 



' ESCARPEMENT ROCUEIX DU STIGAFJ.KI D (»TR«)Xo) AVEC ÉTA6».S 
COI VKNTS DR GRAlli:«ÉE9. 

Rcprodaction d'anc photographie de M. K. Rinic%tad. 



54 MOUVEMENT GÉOÏSRAPHIQUE. 

auxquels se mêlent des mousses du genre ffylocomium. On passe- par une transition 
insensible de la tourbière à la lande caractérisée par C a lluna et Erica tefralix (fig. 5). 

Les pâturages se présentent sur un sol modérément humide, en général en pente. 
Us renferment Agrostis vulfjm^^ Anthoxanthum, Festuca ovlria^ Brunella vulgaru^ 
Leoniodon, Tiifolium repens, etc. 

Sur les rochers on rencontre des Mousses et des Lichens; dans les crevasses et 
les ravins vivent des I^hanérogames très variées, q.ui dépendent surtout de Torien- 
tation et du degré d'humidité (fig. 6). On y trouve Cocklearia officinalis. Epi- 
lobiuvi alsimfolium, diverses saxifrages, Sedum rhodiola^ Oxyria digijna^ etc. 

III. Formations alpines. — Les reliefs des Fœrôer sont constitués en général 
par des plateaux à A'ersants plus ou moins abrupts. Ces plateaux se trouvent à des 
altitudes de 300 à 800 mètres. Ils sont couverts de graviers et de rocailles, et les 
vents violents qui y régnent rendent la flore très peu abondante. Il y a des Mousses, 
notamment du genre Grimmia (flg. 8); les Lichens couvrent les rochers, mais les 
graviers sont trop mobiles pour porter aucune plante. Dans les endroits où de la 
terre végétale a pu s'accumuler, on rencontre des Phanérogames. Ce sont Cerasiium 
Ëdmondstoniiy Silène acaulis^ Armeria^ Arabis petrœa, Cochleariaofficinalis, Thymux 
serpyllum, Kœmgia islandica, Hanunculus pumilus et R, glacialis, Alchemilla alpina, 
Sedum villosum, diverses saxifrages, Salix kerhacea. etc. Toutes ces plantes ont des 
racines profondes et sont adaptées pour résister au vent. Les organes aériens sont 
bas et la plante prend une apparence naine. 

Sur les plataux les plus élevés, on trouve un tapis de Grimmia hypnoides mêlé 
de quelques autres Mousses et de«Lichens. Un certain nombre de Phanérogames 
percent ce lapis. Cette formation est surtout développée dans les îles du nord. 

Entre 200 et 400 mètres d'altitude, en rencontre une formation de transition, 
avec Gnmmia et .Xardus, tandis que plus bas apparaissent les pâturages, où prédo- 
mine Nardus, 

IV. Il faut considérer enfin une dernière association végétale, c'est celle des 
falaises où nichent d'innombrables colonies d*oiseaux marins. Leurs excréments 
accumulés forment un milieu favorable à certaines plantes au détriment des 
autres. L'Angélique, Archangelica officinalis, se rencontre presque exclusivement 
dans ces conditions. 

Pour terminer, il convient de dire quelques mots des associations culturales. 
Lorsque le sol est très humide, on donne au champ la forme d'une terrasse à 
une seule pente, et on sépare chaque champ par un fossé. On cultive pendant 
deux ans des pommes de terre, et la troisième année on laisse le champ en friche. 
Les Graminées dominent dans les pâturages. On y trouve aussi des Renoncules, des 
Marguerites, le Trèfle rampant, des Myosotis. 

La plupart des maisons des Fœroer sont recouvertes de tourbe, où croit une 
végétation luxuriante. On y trouve surtout Agrostis vulgaris et Fesluca rubra, 
auxquels se mêlent parfois Holcus mollis, Anthoxanthum et Poa pratensis. Les 
plantes à fleurs apparentes sont absentes. 

Outre les pommes de terre on cultive Torge, un peu d'avoine et de turneps. 
Dans les champs poussent Galeopsis tetrahit, Brassica campestns^ Ijimium purpu- 



ASIE. 



55 



reum^ L, intemiedium et L, dissectum, Anchusa arvensis, Senecio vulgarisy Spergula 
arvensis et Cirsium aroense. Dans les jardins on rencontre, en outre de ces plantes, 
Capsella hursapastoris, Cerastium glomeratum, Poa annua, Polygonum aviculare. 
Lorsque des terres précédemment cultivées sont abandonnées à elles-mêmes, elles 

sont envahies par Stellaria média, Galeopsis, Rauunctilus repens, Poa annva, Poa 

trivi'dh, Alopecurus geniculatus et Cardamine hirsvta. Ces plantes peuvent être 

considérées comme les pionniers de la végétation naturelle. 

Ce résumé montrera, nous Tcspérons du moins, tout l'intérêt que 1 étude très 

consciencieuse consacrée par le D"* C. H. Ostenfeld à la végétation des Fœrôer pré- 




no. 8. — PLATEAU AU-DESSUS DC VELBESTAD (STBÔilÔ). — LA SUMFACB DÉ5U0KE EST CONSTITUKB PAR UKE 
KAPPK DE OHAVIERS PARSEMÉE DE PIERRES DE PLUS OROS CALIBRE. — A GAUCHE, TAPIS DE MOCSSE. 
Reproduction duno photographie do M. F Borgcsen. 

sente pour les géographes. I^s nombreuses illustrations documentaires qui accom- 
P^grnent ce mémoire et dont nous donnons ici plusieurs spécimens ajoutent a la 
valeur de ce travail. D' L. Laloy. 

ASIE 

Noavelle exploration de H. P.-K. Kozlov en Mongolie et dans le Sseu-tch'ouan^ 
— • M. Kozlov a entrepris, comme nous l'avons annoncé, une nouvelle expédition en 
A^sîe Centrale, accompagné de MM. A. Tchernov, géologue, et Napalkov, topographe, 
d'^n préparateur et de dix cosaques transbaïkaliens, dont trois Bouriates destinés à 
servir d'interprètes. 

Quittant Kiakhta le 10 janvier, la mission s'est acheminée vers Ourga, en 
suivant un itinéraire à l'est de celui d'Obroutchev. Durant cette marche le froid a 
cté très intense; le thermomètre est descendu jusqu'à — 47°,3. 

*• Viesli iz Mongolo-Souitchouan cxpeilitzii pod nalchalslvom P.-K. Kozlova. 1. Iz pismak 
*^^'eiariou obtchesva ot iO ianouaria i89S p. iz Ourgoui. II. A. Tcliernov, Ot Kiakhloui do Ourgoui 
iP^tivaritelnouï geologiskii otcherk potitù proidennova expedUzii, in Isveslija imper, roiisskova geo- 
9^^^lcheskona obtchesva, Sai n t-Pé le rs bourg. XLIV. 1908, III; Viesti iz Mongolo-Souitchouan Expe- 
<iitzii pod nalchalotvom P.-K. Koziova. I. P.-K. Koziova, Iz pisma k secrelariou obtchesva ot 97 fcbra- 
lia 1^08 g. — Il A. Tchernov. Ot Ourgoui do tnassiva Gourboun-^aïklian (predvaritelnoiù geoiogit- 
«^«fcii otchet), in Ibid., XLIV, 1908, V. 



1 



56 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Les.observalîons de M. Tchernov complètent très heureusement celles d'Obront- 
chev concernant la géologie de la région traversée. La présence de deux horizons 
d'âges très différents a été reconnu. Le premier, le plus ancien, est constitué par des 
gneiss aux environs de Kiakhta, et, plus au sud, par des gneiss granitoïdes: le 
second comprend des grès, des schistes micacés, probablement antérieurs aux 
argillites, aux grès et aux conglomérats qui s'observent en couches régulièrement 
superposées au mont Chora-Khada, et qui paraissent devoir être rapportés au 
Dévonien inférieur. Dans cette localité, M . Tchernov a recueilli de nombreux fossiles : 
bryozoaires, brachiopodes, etc., qui ont été expédiés à Saint-Pétersbourg pour être 
déterminés par le professeur Tchernichev. Au sud du Chora-Khada ces mêmes 
couches, fortement plissées et disloquées, forment de nombreuses collines et la 
chaîne assez élevée de Tologoïtou. 

Les roches éruptives (granité et granité porphyroïde) sont particulièrement 
développées dans la partie nord de l'itinéraire. Près de la frontière russe les reliefs 
sont constitués de nappes de mélaphyres et de porphyrites; plus au sud, la diorile 
domine. Les relations entre ces roches éruptives et les formations sédimentaires 
n'ont pu être observées qu'en deux localités : 1'' aux environs de Kiakhta, où des 
granités traversent des gneiss; 2® prèsd'Ourga, à la colline Mafousa, où le porphyre 
quartzifère recoupe les argillites et les grès. 

Les terrains récents sont représentés par des nappes très puissantes de graviers 
offrant une grande ressemblance avec notre diluvium. Dans cette région le lœss se 
rencontre entre ces graviers et l'humus superficiel; il renferme de petits lits et des 
poches de graviers; ce qui indique qu'il a dû être formé avec le concours des eaux 
courantes. 

Entre Kiakhta et Ourga, le relief du terrain, très confus, n'offre généralement 
aucune ligne directrice; bien plus, les quelques alignements que Ton relève sont 
indépendants de la direction des assises qui constituent ces collines. Le modelé 
actuel du pays est le résultat des actions exercées par les agents de dénudation. 

A partir d'Ourga Kozlov suivit d'abord la route de Prjévalsky vers l'Alachan 
pendant lOO kilomètres environ, puis, tournant à l'ouest-sud-ouest, il est parvenu 
au Toukhoumnor. Ce lac n'est plus représenté aujourd'hui que par une croûte de sel 
épaisse de quelques centimètres et s'étendant sur une distance de 5 kilomètres. De 
là, la mission traversa le Gobi dans la direction nord-sud, en suivant le lit à sec de 
rOnghiin-gol, visita le couvent lamaïte d'Oughiin-Doghen ou Kochoum-oubou- 
goum-khit qui renferme deux cents moines, et arriva finalement aux monts Gour- 
boun-Saïkhan, portion de l'Altaï mongol située sous le 4i° de Lat. N,, entre le i()3" 
et le lOV^ de Long. E. de Gr. — Cette chaîne franchie, les voyageurs russes arrivèrent 
au camp du prince mongol Baldyn-lzasak, situé au lieudit d'Ougoldzen-ToloKO^ 
près d'un couvent. 

Dans cette région au sud d'Ourga comme dans celle traversée au nord d'Ourga, 
le relief est complètement indépendant des influences tectoniques et estle résultatdela 
dénudation. Dans cette œuvre les actions exercées par la mer du Han-haï tiennent 
une large place. Les dépôts torrentiels postérieurs à cet épisode sont très étendus et 
atteignent parfois une puissance de 3 mètres. Le lœss est, par contre, peu développé 



ASIE. M 

H ^e présente mélangé de sables, de gros cailloux et de graviers. Les particules ténues 
lie ce dépôt doivent avoir été emportées par les vents dominants d'ouest. Les dépôts 
(lu Han-Haî formés d'assises horizontales, très puissantes par endroits, de sables, 
lie ronglomérats et de calcaires marneux, commencent seulement dans la vallée de 
rOngliiin-gol. Dans la cuvette de BoulyklenTala, large de 50 kilomètres délimités, 
au nord, par les rameaux occidentaux de la chaîne d*Ounegcte et, au sud, par les 
monts GhourlMn-Saîkhan ; ces couches ont une épaisseur de i(K) mètres. Leur base 
««e trouvée la cote So() mètres et leur partie culminante a 1 OiO mètres. 

1^ long de la route suivie par l'expédition, la végétation est très maigre et a la 
f«iis désertique (tamaris, Lasiagrastis splend^ns). La faune se compose de mar- 
mottes {Lagnmifs oijoiono), de renards, de loups et d'antilope» (Gazelia guttarota); 
ck*M dernières vivent au milieu des troupeaux des indigènes. 

Du camp du prince mongol établi à Ougoldzine-Tologoî, M. Kozlov comptait se 
dirigiT au sud-ouest vers les lacs où se jette TEdzine-gol, et gagner ensuite IWla-chanr 
en marchant dans le sud-est. C'est un voyage eu zigzags de 1 i(M) kilomètres à 
travers une région désertique complètement inconnue, qui donnera, sans aucun 
doute, d'importants résultats. J. Denikeh. 

Hittion d'OUone. — Le lieutenant de Fleurelle, de la mission d*Ollone, a adressé 
k la SoiMété de Géographie la lettre suivante : 

Song Pan Tinp, le 13 avril IttOH. 

V C'est au moment de notre départ de Tch*en-tou que le capitaine d'OlIone ma 
demandé d'interrompre le travail que j'avais entrepris, pour faire un croquis succint 
«les itinéraires de la mission, qu'il désirait vous envoyer. \ la dernière heure j'ai du 
ajouter a ce qui était fait l'itinéraire Yun-nan-Sen à Koang Tsao Pa et retour. Je n'ai 
pas eu le temps de rechercher le tracé exact dans mes cantines déjà prêtes, et je crois 
devoir vous signaler les erreurs assez fortes de cette partie d'itinéraire ajoutée au 
ralque qui vous a été envoyé : je tiens à les rectifier autant que cela m'est possible. 

M Oîj erreurs proviennent de la position fort inexacte de Koang Tsao Fa sur la 
<*arte du major Davies dont je me suis servi : la forme du tracé d'une ville à l'autre, 
priîM» d'après mes levés au SOOCH)" que j'avais sous la main, est exacte; mais la |K)si- 
tion respective des villes, prise en partie sur la carte anglaise, est assez éloignée de 
leur situation réelle provenant de mon levé, auquel j'ai mis beaucoup de soin; je 
di^irc donc vivement rectifier celte partie de notre itinéraire qui m'intéresse person- 
nellement et je profite de notre premier arrêt pour vous envoyer les éléments qui 
fiermetlent d'avoir la position géographique d'un point quelconque de mon parcours. 

*< Trois positions seulement ont été obtenues par des observations astrono- 
miques : Yunnan-Sen, Toudza et Hing-Yi-Fou; si pour les autres points j ai indiqué 
d<^ fractions de minutes dans la désignation de la latitude et de la longitude, il ne 
faut \ voir aucune prétention a une exactitude que mon théodolite ne |>ourniit me 
donner, mais seulement le besoin de fixer d'une manière précise la position relative 
«le% villes les unes par rapport aux aulnes. 

M Ci-joint donc les longitudes et latitudes qui permettraient, au cas où le calque 



58 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

envoyé par le capitaine d'OUone serait destiné h être publié, de remettre à leur place 
les points dont la position a été faussée par celle de Koang Tsao Pa. » 

Dans cette lettre, M. de Fleurelle fait aussi observer que l'orthographe des noms 
chinois figurant sur sa carte n'est pas définitive. Il a écrit comme on prononce, 
sans recourir, en cours de route, à l'orthographe conventionnelle. 

Il désire également attirer Tattention sur ce fait qu*avant lui M. Brenier a fait 
sur les u Miaotze, dits indépendants », une étude aboutissant à des conclusions 
semblables aux siennes, mais qui ont sur les siennes, comme il le constate, le mérite 
de la priorité. 

Le lever topographîque d'une route difficile, peu suivie par les explorateurs et en 
grande partie nouvelle, n'en reste pas moins acquis pour la mission d'OUone. 

Ces déclarations, qui sont tout à l'honneur de M. de Fleurelle, sont une preuve 
de plus de la conscience avec laquelle il poursuit ses travaux dans la mission 
d'OUone et le cas qu'il fait de la vérité scientifique. 

Nous donnons ci-dessous la position géographique de quelques points du voyage 
du lieutenant de Fleurelle au Yun-nan et au Koei-tch'eou. 

Ville. Altitude. Latitade. Loogitudo. 

YunnanSen 2 000 mètres. 25^ .V 100» 21' 

Yeleang Hien 1 560 — 24" Ttl' 100«> 4 V 20" 

Makai 1900 — 24'>58'45" i04<>18'30' 

Toudza 2130 — 24*» 51' 101«22'10' 

Che TsongUien. ... 1925 — 24^49' 54" — 32' 18" 

Lo PingTcheou. ... 1530 — —53' 30' — 46' 18* 

Pan Kiao 1 480 — — 56' 55' — 7' 30* 

KiangTi 1300 — 25« l'40'' 102«16'45* 

HoangTsaoPa .... 1 360 — 25» 2' 30* — 31' 30* 

(Hing-Yi'Fou) 1450 — — 0'30' 103o 5' 30* 

UoangGuiHo 1380 — —16' 48* 102^20' 30* 

Ytso Hien 2 060 — —21' 18" — 4' 57* 

lofong 2 060 — —22' 15* 101«58' 0' 

Tou Mou 2 030 — — 20* 42* — 44' 0' 

Kouang Tou Tsiang . . 2 070 — —21' 18" — 36' 45* 

San Pai Hou 1 930 — — 27*5^ — 2736'' 

Kiûtsing-Fou 1935 — 23'^ 31' 48" 101«250'40 

Nota, — Seules les villes dont le nom est en italiques ont leur position géographique 
obtenue par des observations au théodolite; les autres coordonnées sont obtenues par le 
tracé topographique qui fixe la position relative des villes les unes par rapport aux autres. 

H. 

AFRIQUE 

La longitude d'El-Oued. — La Société de Géographie a reçu l'intéressante note 
suivante : 

« Le Service géographique de TArmée a entrepris, en 1908, l'exécution d'une 
triangulation destinée à relier la chaîne méridienne de Biskra au réseau tunisien. 
Cette triangulation comprend El-Oued comme point géodésique. 



AMÊRIQDB. 



5» 



M Bien que l'on ne soit encore en possession que de la triangulation graphique qui 
fait suite à la reconnaissance des sommets de station, la prMsion de cette triangu- 
Lition, dont les angles sont mesurés au petit théodolite, permet de flxcr à 4<* 32' la 
longitude d'EI-Oued, k une minute près environ. Cette valeur concorde avec les 
•Itlerminations du capitaine Vuillemot (1856-1837), de Roudaire [iHlH] et de Tingé- 
nieur Bayol 1898); elle est en désaccord complet avec celle de Duveyrier (1860) 
«j après les observations duquel cette longitude serait i"" 57'. 

« Les conclusions de larticle de M. P. Pclet, publié dans /m Géographie en 
juillet 1905, sont donc entièrement exactes et la position d*EI-Oued donnée par la 
iMrte au 800000' du Service géographique est bonne sur Tédition de 1876 et erronée 
^ur t^elle de 1895. » Lieutenant-colonel R. Bourgeois. 

AMÉRIQUE 

Le résean ferré dn Canada*. — Le réseau ferré du Canada offre actuelle- 
mont une longueur de .')61i7 kilomètres. Il se répartit ainsi par provinces (1907) : 



nnurio 42 297 kilom. 

^U'in-c IjCtmfi — 

Manitoba 4 949,7 — 

SKkatchewan . . . ., 3 2ri9,9 — 

<'.>lurobie britannique. 2 713,3 — 



Nouveau Brunswick. . 2 419,3 kilom. 

Nouvelle Scolia 2 140,3 — 

Aiberta 2 130 

Ile du Prince Edouard. 430,6 — 
Youkon 145,8 — 



Proportionnellement à la population, le Canada est un des pays qui possèdent 
le plus de voies ferrées. Par kilomètre de chemin fer, on compte en Angleterre 
1 131 habitants, en France 987, aux Etats-Unis f.%, au Canada 179. (^est encore 
au Dt>minion que le coût d'établissement des voies est le moins élevé; tandis qu'il 
atteint en Angleterre 879 oOi) francs par kilomètre, aux États-Unis 218600 francs, 
il n'est au Canada que de 18i300 francs, sensiblement égal a celui des Indes 
anfclaises. 

Kn 1907, le trafic accusait 3i millions de voyageurs et 57,8 millions de tonnes 
de marchandises; en 1875, il n'était que de 5 millions de voyageurs et autant de 
tonnes de marchandises. En 1907. les recettes annuelles atteignent 760 millions de 
francs et les dépenses 537 millions; 26,7 p. 100 des recettes proviennent du trans- 
|M»rt des voyageurs et 6i,9 p. 1(K). du transport des marchandises. 

Les chemins do fer canadiens appartiennent à 9i compagnies. Le Granti Trunk 
P'irt/fr, dont la section occidentale est en construction, compte déjà 8047 kilo- 
mètres. Il possède 3i,811 wagons, 929 locomotives; il a transporté plus de 10 mil 
li^ns de voyageurs et son tonnage atteint 17 millions de tonnes. Le Canadum 
l'nnfir a une longueur de 7 132 kilomètres; son matériel comprend i0 405 wagons, 
I 2Slt» locomotives; le mouvement des voyageurs est de 8 millions et demi et celui 
<i«^ marchandises de 15 millions de tonnes. Les chemins de fer de l'Ktat forment* 
un réseau de 2814 kilomètres; ils ont en service II 160 wagons et 397 locomo- 



I. M. J. Butler, Raiitray StatUlict of the Oominion of Canada for the yenr endcd jnne .70, 1907 



60 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE, 

tives; le nombre des voyageurs transportés est de 2,9 millions et le tonnage des 
marchandises atteint 3,7 millions. Pierre Clerget. 



Explorations dans Textrême-nord pémvien. — Le colonel Pedro Portillo, qui 
a été préfet du département de Loreto, l'immense territoire péruvien qu'arrose le 
Maranôn et ses grands affluents, à la base orientale des Andes, a fait entreprendre 
un levé général de la région qu'il était chargé d'administrer. Par ses soins, de> 
officiers de la marine péruvienne ont relevé exactement le cours de tous les grands 
rios du Loreto. De cette série d'itinéraires font partie les rios Napo et Putamayo 
dont le Bulletin de la Société de Géographie de Lima * a publié tout récemment 
le tracé, à l'échelle du 1000 000*', en même temps que celui d'un certain nombre 
de tributaires intermédiaires. La carte des rîos Napo et Putumayo - est une impor- 
tante contribution à la cartographie sud-américaine et continue la série des très 
intéressantes et précieuses cartes péruviennes que nous avons signalées au fur et 
à mesure de leur apparition. L excellente publication de Lima, dont on ne saurait 
trop louer le zèle et le mérite, nous promet, pour une date prochaine, une carie 
générale de tout le département de Loreto. V. Huot. 



Cartographie colombienne. — Les fascicules de V Allas complelo de Geografia 
colombiana •, dont nous avons déjà parlé, continuent à paraître régulièrement. <<fl 
sait que la Société de Géographie de Paris, heureuse de consacrer Tœuvre géogra- 
phique de Fr. Javier Vergara y Velasco, a fait cette année du géographe colombien, 
un de ses lauréats. 

La cinquième livraison de son œuvre actuelle comprend : 1** le territoire de San 
Martin, entre Meta et Guaviare; 2** la région du platine, entre Atrato et rio S. Juan 
(rameau occidental des Andes colombiennes) ; 3° le plateau de Tûquerres, que Ver 
gara appelle le Tibet colombien; 4" le Quindiô, grand passage du rameau central 
des Andes de Colombie, entre Ibagué et Cartago, au-dessous du volcan Tolima; 
5** le cours détaillé du rio Magdalena, entre Honda et Barranquilla; 6** les pnramos 
de Sumapaz (branche orientale des Andes colombiennes); 7° une carte historiciue 
avec une notice sur la conquête espagnole et les origines de la Colombie, etc., (^i^- 
VAnnée cartographique, qui eut autrefois la faveur de posséder quelques dessin^ 
manuscrits de M. Vergara y Velasco, avait publié des fragments * que nous revoyons 
aujourd'hui dans l'Atlas complet de Colombie. V. Huot. 



t. Boletin de la Sociedad geogràfica de Lima, Afio XVU, Tomo XXI. Trimestre segundo. 
Lima, 1907. 

2. Croquis de los rios Napo y Putamayo, segi'in dalos traidos por el Coronel D. P^^ 
Portillo; 1000 000^ 

3. Fr. Javier Vergara y Velasco. Atlas completo de Geografia colombiana, Ëntrega qu»"^* 
(11 cartas). Bogatâ. Imprenta eléctrica. Avril 1908. 

4. Montagnes du Quindiô et les grands nevados d'après Cod^zzi,Fernandez, Faulhaber, Vergara 
y Velasco, etc., 1894, — Montagnes de Balsillas et Bombaz, d'après Vergara y Valasco, 189*. i" 
Année cartographique (cinquième année), 1894. Paris, Hachette et C*. 



BIBLIOGRAPHIE 



l.G.-P. Martin. — Le$ Oasis sahariennes. Paris, Chûllamel, iîK)8. In vol. in 8* de 
W>4 pp. avec une carte. 

O livre est une véritable monograpliic des Oasis sahariennes. On le lira avec beaucoup 
«It» plaisir el de facilité. II débute par l*histoire du pays, depuis l(*s temps préhistoriques 
iu<M|u*à la conquête française; celle-ci est contée de très curieuse façon, par un mélange 
.!«* rérit d^ Fauteur et de documents arabes que M. Martin, offlcier interprète, a su recueillir 
«t inti>rraler de façon très habile au milieu de son propre texte. Tne seconde partie cons- 
titu** rîDventaire du |)ays, avee des données sur les habitants, les eaux, les productions, 
I industrie, le commerce, les possibilités d'avenir. On note surtout les documents (nouveaux 
.p(Nirtés sur lu baisse inquiétante des euux dans ces régions etPintéressante comparaison 
4«j recensement des eaux en 1906 et de celui effectué en 1670 par le caïd Moulaï-Rachid ; 
t tuteur ayant pu identilier un grand nombre des .sources, mentionnées dans les deux 
r riisements. Paul I.emoine. 

G. Baanregard et L. de Fouchier. — Voijatje en PortufjaL Paris, Hachette et C'% 
IINIH. Tn vol. in-16 de ii8 p. avec 32 planches hors texte. Prix : i francs. 

"^1 la littérature de voyages est abondante pour rEsftagne, elle est, au contraire, d*une 
tUf indigence concernant le Portugal. Aussi bien, le livre de MM. (■. Beauregard et de 
I. Je Fouchier est-il assuré d*un bon accueil, et cela d*autant plus que les auteurs ont 
fut «ru^n* utile et pratique. Sous une forme descriptive très agréable ils apprennent tout 
f qu'il importe à un touriste intelligent de savoir sur le Portugal, et donnent en même 
t*mps tous les renseignements essentiels pour voyager dans ce magnitique pays, trop 
;*u vÎMié par les Français et qui renferme des merveilles d'art. Après avoir lu le Voyage 
m Portugal de MM. Reauregard et de Fouchier. on est pris par un irrésistible désir de voir 
•- |wi\5si bien décrit. Ch\ru>s Rabot. 

ih itnunaire manuel-illustré de (lêotjraphie. Nomenclature des noms de lieux, des 
voyageurs, explorateurs et géographes. Déflnitions de physique terrestre, de 
météorologie, de morphologie, de g<^ographie botanique, zoologique et humaine, 
de géographie industrielle, commerciale, maritime et politique. Définitions de 
cartographie; par Albert Demangeon, avec la collaboration de MM. J. Blayac, 
U. Gallaid, J. Sioif, A. Vacucr. Paris, A. Colin, 1907. Un vol. in-16^ de 
>^jO p. Prix : t> francs. 

1^ soa!»-titre explicatif de cet excellent petit volume énumère les innombrables et pré- 
•-11X ft'Tvices qu'il est appelé a rendre. C'est un dictionnaire géographique et en même 
i'-nip«on répertoire explicatif des prinripaux termes des diverses branchies de la géogra- 
I J.e- On y trouve, par exemple, des articles consacrés aux charriages avec ligures à lappui, 
■l'ix feheryn, k l'assolement, etc., à coté d*autres relatives aux principales compagnies de 
naMatioo, aux industries minières les plus importantes. Toutes ces notes, remarquables 
'1' pitèciftion, permettent d*apprendre et de comprendre. Par cett*' publication M. Deman- 
-"••n a rendu un nouveau service à la géographie. <'.uarles Rabot. 



62 BIBLIOGRAPHIE. 

Encyclopédie scientifique, publiée sous la direction du D** Toulouse. — Lieutenant- 
colonel Bourgeois. — Géodésie élémpntatre. Doin, Paris, 1908. 1 vol. in-16 de 
448 p. avec 153 fig, dans le texte. Prix : 5 francs. 

L^exploratioD des pays neufs se perfectionne et se précise au fur et à mesure que se 
multiplient les missions qui les parcourent ; leur cartographie devant évolutionner daos 
le même sens, une tendance toute naturelle se manifeste aujourd'hui vers un accroisse- 
ment de la précision qu'on peut demander aux procédés classiques de Tastronomie de 
position. 

Il semble que la géodésie, appliquée sous une forme qu'on pourrait peut-être, sans 
trop de hardiesse, appeler expédiée, offrirait aux explorateurs, dans un certain nombre 
de cas, des ressources précieuses déjà signalées, du reste, par d'excellents auteurs*. 

Mais, tandis que les problèmes de l'astronomie de campagne, abstraction faite des cir- 
constances climatiques ou atmosphériques, se posent toujours à peu près de la même 
façon, et n'exigent de la part de l'explorateur, pour fournir des résultats acceptables, 
qu'une initiation scientifique relativementmodeste, la géodésie, au contraire, surtout sous 
sa forme expédiée, offre au débutant des difficultés d'ordres très divers, et qui lui semblent 
souvent insurmontables; c'est qu'en elTet elle demande, en tout état de cause, une saga- 
cité, une ingéniosité, un coup d'œil qui exigent, non seulement de Texpérience, mais 
encore un fond scientifique des plus sérieux. 

L'explorateur désireux d'utiliser les ressources que la géodésie met à sa disposition 
devra donc tout d'abord faire de cette science une étude raisonnée et suffisamment appro- 
fondie; elle lui sera grandement facilitée par la Géodésie éUmeniaire^ due à la plume auto- 
risée du colonel Bourgeois. Ce volume premier, d'une série du même auteur, qui com- 
prendra également la Géodésie sphéroidique^ la Géodésie supérieure et la Topographie^ est 
présenté avec une simplicité d'exposition et une clarté qui le rend accessible à tous les 
spécialistes possédant les notions mathématiques indispensables, et l'on peut dire que 
c'est le cas de la plupart des explorateurs aujourd'hui. 

Nous ne doutons pas que cet excellent ouvrage ne contribue à développer, pour le plus 
grand bien de la cartographie des pays neufs, les applications encore restreintes de la 
géodésie à l'exploration. Henri Vallot. 

Higeon (Gaston). — Au Japon. Promenades aux sanctuaires de l'art. Paris, Hachette, 
1908. Un vol. in-16 de 295 p. avec 68 gravures et 1 carte. Prix : 4 francs. 

Nous nous contenterons de signaler cet ouvrage, qui sort un peu du cadre de nos 
études. L'auteur ne décrit pas seulement des monuments et des musées, mais il nous 
promène à travers la campagne, nous fait goûter le charme des paysages, nous montre 
les théâtres, les fêtes et les jardins. A propos des musées, notons une organisation dont 
l'Europe pourrait faire son profit. En vertu d'une loi, les temples et les monastères sont 
obligés de faire le dépôt provisoire, surtout dans les musées de Kyoto et de Nara, de tous 
les trésors qu'ils renferment, de sorte que, par un roulement continu, ces deux musées 
peuvent en quelques années révéler au public des merveilles qui demeureraient 
autrement ignorées du plus grand nombre. Les expositions spéciales y sont également 
fréquentes, soit qu'il s'agisse de commémorer la naissance ou la mort d'un maître, dont 
on fait connaître l'œuvre ancienne, soit qu'elles correspondent au symbole sous lequel 
l'année est placée : si bien que l'année du cheval, du pin ou de la grue voit immédia- 
tement s'ouvrir une exposition d'œuvres d'art, peintures, laques et poteries, dans lesquelles 
ces représentations apparaissent. Ce qu'il y a enftn de remarquable au Japon, c'est que 
l'art y est partout : dans la nature que le Japonais a pliée à son caprice ou à son goût; 

l. Lieutenant-colonel Lubanski, ïmtruction pratique dC astronomie de campagne^ W partie. — 
Général Berthaut, Topor/rapfiie (f exploration^ cahier n** 27 du Service géographique de rArmée. 



BIBLIOGRAPHIE. 03 

tl.ins la maison m^iiie la plus humble, au cachet profondément artistique, dans les objets 
Itn plus asuelf , toujours empreints d*une fantaisie exquise. On peut se demander si les 
Japonais conserveront ces goûts artistiques, alors qu'ils veulent s'eumpéaniser ou 
^ amt^ricaniser à outrance. îk L. Lau». 

Fanny Ballock Workman and William Hunier Workman. — he-Ootuui H^ighh 
of the Mustafjk. An account of two seasons of pioneer exploration and higit 
climbinir in the Baltistan Himalaya. Un vol. in-H'' de i2i p. avec deux cartes et 
170 illustrations. Londres, Archibald Constable and C**, 190^. 

i.e nouveau livre de M. et M*"' Workman rencontrera, nous n'en doutons pas, un tr**s 
iif^urcAs. Tous les alpinistes tiendrontàlire le rérit d(*s expl<»its des voyageurs américains 
«tir len glaciers du Karakorum, leur ascencion à un pic de 7(HH) m**tres et leur pénibh' 
marche k travers le glacier Tchogo-Lougma, un superbe glacier de 4(» kilomètres de long! 
i.«* urand public lui-même prendra plaisir à ce n'cit vif et anim^, avec des descriptions sobres 
ri précises qui font clairement apparaître Taspect de ce mc»nde glacé. Le livre de M. et 
dr îl** Workman plaira d*autant plus qu'il n'est point, comme la plupart des relations des 
touristes anglais, surchargé du récit de tous les menus incidents de route qui sont générale- 
ment sans intérêt |K>ur le lecteur. Nul, d'ailleurs, resterait indifférent à la lutte entreprise 
î»ar une femme contre les forces aveugles de la nature, aux exemples de son inébran- 
I dde énergie et de son courage indomptable. La sympathie que .M"^" Workman a déjA con- 
•]ui<«^<*n France s*accroltra tn*s certainement à la lecture de la relation très simple de ses 
t iplmts. 

M. el M"** Workman, slls sont, avant tout, des alpinistes préoccupés de se siunaler par 
■IfH virioires s|»ortives, n*en ont pas moins été attentifs à Tobservation des formes du 
virain comme des phénomènes actuels, et au passage ils notent une foule de rensei- 
gnements utiles aux géographes. Ajoutons que les illustrations de leur livre, au nombre 
de cent soixante-dix et toutes d'une excellente exécution, complètent très heureusement 
k texte. Telle, page 16, la flgure représentant une paroi rocheuse taraudée de marmites 
^^^ itéants observés par les voyageurs dans la vallée de Tlndus entre Kargil et Skardo, à 
une grande hauteur au-dessus du niveau actuel du torrent. Dans toute cette section de 
• 'Ue longue vallée des traces d*érosion très fraîches sont partout visibles jusqu'à plu- 
sieurs milliers de pieds, au-dessus de Tlndus, particulièrement sur la rive ouest. La 
tu'ure de la page 35 est, d*autre part, un excellent exemple de desquamation du granité. 
«ur les hauts sommets. Concernant la topographie glaciaire, les moraines, les lacs épars 
*iir le ffiacier, le texte et illustrations apportent d'intéress^mtes observations. Pour per- 
mettre au lecteur de se repr«*senter Taspect tie cette partie du Karakorun ajoutons que 
%ar les bords du Tchogo-Loungma la végétation forestière s'élève jusqu'à 3 8(K) mètres; 
•|ue, lUns cette région, la limite topographique des neiges oscille entre iHOO et 5 20<l mètres 
«•I parfois s'abaisse jusqu'à 3C0O mètres dans les localités particulièrement f«ivori<é»>s. 

L#- livre de M. et de M"** Workman est accompagné d'une carte au i:i(M)W de la réj;ion 
^ p »-e explort'*e |»ar eux; et c'est un intéressant do<*ument de topographie glaciaire. 

1^-* taillants explorateurs sont actuellement de nouveau sur les ciuv*H du Karakorum 
I ' ompagnén de MM. (^Iciati et de Koncxa, deux excellents élèves de notre ami. le prtifes- 
w-ur Bruohes. Dans ces conditions la nouvelle campagne de M. et M'"" Workman sera 
-1 'Q moins brillante et non moins féconde (]ue leurs précédentes expéditions et nous 
«auitra certainement de nouvelles lumières sur le monde glacé des Himalayas. 

Charles Uaiiot. 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 



Séance du 22 mai 1908 

Présidence de M. F. SCHRADER 

En ouvrant la séance, le président prie MM. le gouverneur de Lamothe, le colonel 
Bourgeois, le commandaut Moll, le capitaine Cottes de prendre place au bureau; puis il 
rend un éloquent hommage à la mémoire de MM. Paul Mirabaud, ancien trésorier de la 
Société, et Lanen, ministre plénipotentiaire (Voir Nécrologie), 

Avant de donner la parole au secrétaire général, M. Schrader adresse à M. Henri 
Gordier, qui vient d'être élu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, les 
chaleureuses félicitations de tous ses collègues. 



La sylve éqaatoriale et les anthropophages : Pahoniiui et Pygmées, par le capitam 
Cottes. — Après avoir rappelé qu'il fit, il y a trois ans, dans cette même salle, un 
compte rendu de son exploration de la chaîne annamitique, le chef de la section 
française de la Commission de délimitation Sud-Cameroun entretint, en ces termes, 
Tassistance, de ses itinéraires, du pays parcouru, de ses habitants et des résultats de ses 
travaux. 

« Mes collaborateurs, qui s'embarquaient pour le Congo à Anvers en septembre et 
octobre 1905, comprenaient MM. Tingénieur Michel, deuxième commissaire, le médecin- 
major Gravot, le capitaine Boisotetlofficierd'administration d'artillerie Guérin, des troupes 
coloniales, avec les sous-officiers Lepoix, du génie, CeiToni, Ducatez, Genty et Ciirond 
de l'infanterie coloniale. Dans les premiers jours de décembre 1905, cette mission se 
rencontrait avec la mission allemande sur le Ngoko. Une première reconnaissance 
générale de la frontière à délimiter entre la Sangha et les possessions espagnoles du 
golfe de Guinée, m*amenait, en janvier 1906, avec MM. Michel et Boisot, le sergent 
Lepoix et l'escorte de tirailleurs sénégalais, dans la contrée située entre Missoum- 
Missoum et le grand coude de l'Aïna (Ivindo), qui représentait alors la limite orientale de 
l'inconnu, pour les Français du moins. A Ntam, ce terminus, j'installais un poste provi- 
soire et, pendant que M. Boisot, laissant en ce point le sergent Blanchet qui s'y 
dépensa beaucoup, rentrait vers le Ngoko, en faisant une boucle sensible vers le sud, 
par Moassi, la Koudou et Ngoila, dans le but de rechercher une voie d'accès à Suangué 
moins mauvaise que le méchant sentier de Ndongo, je ralliais la Sangha, avec M. Michel 
et le sergent Lepoix, par un grand crochet dans le sud-est du Cameroun, au nord de 
notre précédent itinéraire. 

« La mise en œuvre des travaux techniques, qui, dirigés méthodiquement de l'ouest 
vers l'est, absorbait spécialement M. Michel et les sergents Lepoix et Cervoni parallè- 
lement à la section étrangère, m'amena alors à battre le triangle compris entre la 
frontière théorique, le bas Ngoko et la moyenne Sangha. 



ACTBS DB LA SOCIÉTÉ DE GÊOGRAPIIIB. «S 

• En février, le ronclionnement normal des opérations de ra\i (aille ment, de délimi- 
tidon et do protertion (à la iéXe desquelles se trouvaient resperli veinent MM. Gu^rin, 
Mi> li**l et itoisot) ^(ant assuré* sur le théâtre oriental de la TrontiAre, de la Sangha à 
riiri.i. j>nianiais un grand parcours circulaire, seul do ma pei^onno pour ne contrarier 
••n rn'n le servie • organisé, par Brazzaville et Libreville, d'où je comptais partir pour 
• ludior ta frontière occidentale, entre TAÎna et la ttuinée espagnole, f*^ y préparer la 
d**utirme partie de notn* délimitation. 

M Lo poste administratif d*Agononzork, sur te bas Coniû, flguruit alors la limite de 
linronnu vers le nord du Gabon, comme Ntam, la représenLiit vers Tonest, dans la 
r kMon entre Ngoko et Aïna. Entre ces deux points, Agonenz(»rk et Ntam, le Gabon 
!H«ptontnonat nous était alors complètement fermé et le mystère planait sur tout cot 
hiHi4*riamd dt la Guinée espagnole. Crampel «1888) et Fourneau {{HH9) y avaient bien fait 
il«*ux percées, allant de l'Ogooué vers le Cameroun: plus récemmont encore la mission 
Trillos-l.e5ioor y avait relevé fort consciencieusement des itinéraires; malheureusement 
1 1 ri>ntînuité des elTorts si pénibles dans ces contrées n*avait Jamais été assurée et les 
troaéo?i, qui avaient coAté tant de sacrifices, sVtaient refermées, laissant Padministration 
Inrale ronllnée & Testuaire du Com4 et h la vallée de TOgooué. 

•• Ile mars à juin 1006 j*eflTectuaiSt dans des conditions dures mais heureuses, la 
f'•.*<>nuai<^ance générale de la région pn*citée, entre le (^omO et le grand coude de TAïna 
\*^<^%n du ComA, de TAbangha. du Wolou ou Béttito, du Ntem et du haut Aîna>. A 
l.ibrovillo. M. le gouverneur Fourneau, le plus glorieux pionnier du Gabon, m*avait 
f.c-ilité de son mieux cette tâche, en aidant & la constitution rapide du petit groupe 
nutonoiue de vingt miliciens sénégalais et de soixante porteurs loangus, qui nie permirent 
dVffoctaer ce raid. 

• Fin juin, je trouvais au camp de IWfna, sensiblement à Tinlersection de la rive 
cinrhe et do parallole-fronttère, toute ma mission groupée, déjà bien fatiguéo par le 
ffn>!i effort fourni pendant la délimitation orientale. Les renseignements acquis au 
murs de Texploration personnelle, que je venais d'accomplir, me permettaient dos lors 
•le prondre avec la section allemande les dispositions de circonstance pour assurer, dans 
do bonnes conditions, la préparation de la deuxième partie du travail qui restait à 
i^^urer. Cest alors que fut exécutée, au sud et en aval du camp do TAîna, une série de 
i«*. unnoissances pénibles, auxquelles s*employércnl aver leur dévouement habituel 
M Boisiol, les sergents l«epoix et Cenront et le caporal Girond. Ces mouvements avaient 
|Htiir but de pré|tarer la mission délicate que je conflais alors au sergent Coi*vout, de se 
livrer & une étude hydrographique du cours de Tlvindo entre la frontière allemande et 
> p4»««te de Boue : il s'agissait de faire la liaision enti*e notre zone d'opérations et la 
««ll«*e Je rOgooué, où s'était jusqu'ici cantonnée l'action administrative de la colonie. 1^ 
ri%ioro était complètement inconnue entre le camp de l'Aîna et Kandjama, et c'estavec des 
rooyeo« bien pn'caires que ce remarquable sous-ofllcior entreprit cette exploration, avec 
d«-ii« pirogues de fortune et des radeaux : le ca|>oral Girond et sept miliciens yakomas 
r4ocf»inpagoai€nt. 

« Au commeneement de juillet, alors que mon personnel franchissait l'Aîna et 
•-ontinvait vers l'ouest les opérations de délimitation, qui suivaient leur cours métho- 
«h'fve ^t nomal, je prolltais de ce que ma présence auprès du gros n*était pas iodis- 
pofiMhIe pour exécuter à nouveau un deuxième voyage circulaire, qui allait me 
l>^rmottro de renseigner aussitAI la haute administration locale à Brazzaville et à 
I ibr^viUe de nos progrès dans le Gabon septentrional, dont il importait e^^entiellement 
4^ tirer parti sans tarder. Au cours de ce périple par le .Ngoko, la Sangha, le Congo et lo 
littoral, j'avais l'houDour de profiter à Banane (à l'embouchure du grand fleuve , eu 
altondani le passage d'un vapeur, de Thospitalité très large dont m'y gratiflatt M. lo 
«tiOTemour général de l'Ktat Indépendant. A l'osoale de CapLopez, j'avais Theureuso 
•urpnsa de recueillir mon bnive Cervoni, qui terminait avec succès à Tembouchure de 
PhtooQé sa périUeose descente fluviale : quand je le >is émerger à la coupée d« 



66 ACTES DE LA SOaÉTÉ DB GÉOGRAPHIE; 

Paraguay f deux mois après l'avoir engagé à l'autre extrémité du Gabon, dans celte 
audacieuse entreprise qui n'avait pas manqué de me préoccuper, je poussais un légilime 
soupir de satisfaction. 

« Au poste de Bénito, où nous arrêtait quelques heures Vi/enrieUe Woermann. qui 
nous (le sergent Cervoni m'accompagnait) transportait de IJbrevilie au port le plus méri- 
dional du Cameroun, à Kribi, le lieutenant espagnol Cazarès nous faisait un accueil cha- 
leureux. C'est alors, à la vue de ce bel estuaire du fleuve qui a donné son nom au poste, 
que prenait naissance dans mon esprit le plan d'exploration du Bénito, depuis sa source 
(en territoire français). Quatre mois plus tard, Cervoni réalisait avec plein succès ce 
plan, puis fut reçu bien épuisé par ce même très hospitalier lieutenant. 

« Il y aurait bien des choses intéressantes à dire sur ce voyage dans le Sud- Cameroun, 
que nous sillonnâmes, de Kribi à Akoninji par le chemin d*écolier qui nous amena à 
Lolodorf, Ebolowa et Mimvoul. Ces confortables et coquets postes militaires allemands, 
qui forment un constraste si choquant avec nos pitoyables installations du Gabon, me 
rappelaient ce que nous avons fait d'analogue bien loin de là, sur cette frontière sioo- 
annamite du haut Tonkin où j'ai jadis monté la garde. U faudrait aussi parler de celte 
belle route d''. Kribi à Lolodorf, en continuation vers l'est, où, sur une superbe chaussée 
de six mètres de large et par-dessus des ouvrages d'art, rouleront prochainement des auto- 
mobiles de transport. . mais je serais entraîné trop loin. 

« Nous voici à Akoninji, en septembre 1906. Les travaux de délimitation y étaient 
clôturés le 11 octobre. Eu égard à l'approche des très grandes pluies, je hâtais la consti- 
tution de cinq colonnes de dislocation, en m'inspirant des considérations suivantes. Il 
s'agissait de tirer le parti maximum du merveilleux outil que j'avais en main : un per- 
sonnel admirablement entraîné qui, de la position où nous nous trouvions, à l'angle nord- 
est de la Guinée espagnole, pouvait en ralliant la côte se livrer à l'exploration des régions 
les plus intéressantes à connaître pour la mise en valeur éventuelle du Gabon septen- 
trional, que la mission venait de tirer enfin de sa léthargie. Les grandes voies naturelles 
pouvant donner accès, en partant de la mer, vers cet hinterland de la Guinée espagnole, 
me paraissant les plus urgentes à connaître, c'est dans le sens de leur étude géné- 
rale et comparative que je constituais en cinq colonnes les groupes de dislocation. 

« Colonne n° 1 : offlcier d'administration Guérin, avec le convoi encombrant et les 
éclopés, devait rentrer par les bonqes routes de la colonie allemande. 

« Colonne n^ Z : capitaine Cottes, avec une troupe très légère, reconnut la vallée du 
Campo (Ntem). 

« Colonne n* 3 : D' Gravot, sergent Lepoix et vingt Sénégalais suivirent la voie du 
Bimvilen et une route commerciale entre Campo et Bénito. 

« Colonne n^ 4 : sergent Cervoni, caporal Genly et une troupe légère exécutèrent l'élude 
hydrographique du Woleu (Bénito). 

u Colonne n° 5 : capitaine Boisot et ingénieur Michel, avec trente tirailleurs, longèrent 
la frontière orientale de la colonie espagnole et étudièrent la voie fluviale de l'Abangba. 

tt Les groupes n*^* 1, 2, 3 et 4 atteignirent la côte successivement à Kribi, Campo, Bala, 
et Bénito. Arrivées sur le littoral dans un état d'épuisement complet, après avoir reçu 
l'hospitalité la plus large et la plus touchante à l'hôpital espagnol de Bâta, elles s'em- 
barquèrent pour le Gabon et arrivèrent à Libreville vers la fin de novembre, en même 
temps que le groupe n'' 5 y parvenait par le bas Comô et l'estuaire du Gabon. Fin décembre, 
la mission Sud-Cameroum quittait le Congo français pour rentrer en Europe. 



a Quelle est la nature générale de la contrée, comprise entre la Sangha et le golfe de 
Guinée, dont nous venons de parler? 

« C'est la sylve équatoriale qui, en toute saison et presque journellement, est novéo 
sous l'énorme quantité de pluies qu'elle reçoit. Stanley a déjà décrit magistralement, a*^<^ 




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68 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

bien d'autres, cet océan de verdure qui couvre toute l'Afrique centrale d'un océan à 
l'autre. Nos projections peuvent donner quelque idée de ces masses étouffantes de vég«^- 
tation à travers lesquelles le voyageur doit s'ouvrir un tunnel, en faisant constamment 
tailler sa roule. Son excessive humidité, qui n'a d'égale que celle de la forêt du ba&sin 
de l'Amazone, sous la même latitude, donne à la flore une fougue d'expansion impres- 
sionnante. Le ciel et le soleil sont masqués derrière cet enchevêtrement inextricable de 
lianes, de rotins, d'arbustes aux mille variétés qui — mêlés aux énormes et anti(|ues 
fûts — envahissent tout jusqu'au domaine de l'eau, gagné par ses rejetons. Quelle éma- 
nation de sa vitalité ne trouve-t-on pas dans les relents putrides qui se dégagent notam- 
ment après les pluies d'hivernage : cette résultante de mille senteurs enivrantes monte 
au cerveau et alourdit la têle. La majesté de la forêt silencieuse rend le calme ù l'esprit: 
l'absence continue de grande lumière du ciel et la lueur tamisée du soleil augmentent 
étrangement la sensation de solitude qu'y ressent l'être humain, dont la vie minuscule 
se sent écrasée en présence de cette vie végétale imposante et massive. 

« La caractéristique de la forêt gabonaise est le potopoto, ou marais peu profond, 
mais fort étendu, où l'on patauge dans une boue noirâtre empestée par l'épais matelas de 
détritus végétaux qui en tapisse le fond; le palmier d'eau est prédominant dans cette 
flore aquatique. 

(( Nous sommes dans l'habitat de prédilection de la liane à caoutchouc comme aussi 
dans celui de l'éléphant, dont l'ivoire, si âprement recherché, constitue avec le précédent 
produit la grande richesse de ces contrées, qui sont encore le paradis des singes et spé- 
cialement des chimpanzés et des énormes gorilles .une de ces bêtes, tuée dans la vallée 
du Ngoko, mesurait 2 m. 05 et posait 210 kgr.). Les grosses bêtes que l'on rencontre 
encore sont le phacocère ou sanglier, le bœuf sauvage, l'antilope, et, dans les rivières, 
l'hippopotame et le caïman. 

« Les territoires dont il s'agit ont tous ce caractère commun, d'être impropres à. Ten- 
tretien du bétail domestique et h la culture. Les causes de ces phénomènes sont, d'une 
part la présence de la mouche tsétsé, qui fait disparaître les grands auxiliaires de l'homme 
ne laissant que quelques chèvres de petite taille; des cabris, et une sorte de mouton 
à poil lisse avec quelques volailles. D'autre part, une difficulté considérable naît de 
l'absence de saison sèche, c'est la pousse continuelle des hautes et fortes graminées qui 
— si l'on ne peut les détruire par le sarclage — ont bientôt fait d'étouffer les plantes à 
croissance plus lente que l'homme viendrait confier à la terre en concurrence avec elles. 
Aussi, dans cette région forestière, le principal aliment tiré du règne végétal est fourni 
par une essence arborescente, la banane. 

« Nous sommes dans un pays de chasse et on sait combien rapidement diminue le 
gibier dans le domaine des chasseurs. Et c'est ainsi que la culture du manioc s'est peu à 
peu implantée pour subvenir aux besoins d'une population, dont la densité surprend dans 
une zone forestière. Ce genre de culture, plus laborieux qu'ailleurs, sans le secours des 
animaux domestiques proscrits par la tséts^, a témoigné d'un effort particulier que pou> 
vait seule fournir une race de vitalité et d'essence supérieure, qui est venue se superposer 
à la couche première des populations chasseresses, en vertu d'une organisation sociale 
plus solide. 



€ A quels habitants avons-nous affaire? 

c< Les races que nous avons rencontrées entre le Sud-Cameroun, le nord du (labon, la 
Sangha (rive droite) et la mer, le long du 2p de Lat. N., forment deux groupes absolument 
différents : 

€ 1» Les populations supposées d'origine bantou : Sangha-Sangha, Dzem, Dzimou, 
Mfang (ou Pahouin). 

< 2P Les populations d'origine non bantou : Bayaga (ou Pygmées). 



ACTES DE LA BOCIÊTE DE GÉOGRAPHIE. «9 

« Araot d'aborder Télude de ces popalatious, il est nécessaire de ra|)pclcr brièvement 
U*^ priori paux cai'actères du groupe bantou^ l*un des plus importants du domaine de 
Tdothropologie, de le déterminer nettement et de le préciser d*une façon aussi distincte 
«|ue possible, aUn de pouvoir plus facilement lui comparer les caractères des races exo- 
inint*e». 

• Domaine tlu groupe Bantou. — Le groupe bantou comprend les nombreux peuples 
«le TAfrique centrale et australe, dont les idiomes forment une famille linguistique sans 
aucune analogie avec les autres langues du territoire africain. 

« Ces idi4>mes ont la structure agglutinante et sont surtout caractérisés par remploi 
rxclusif de prélixes, chacun des préfixes principaux indiquant toute une catégorie d'idées 
ou d'objets. 

« L'oriisine de la race est assez obscure. D'après des travaux récents, les Ban tous 
renient des métis nés de ta fusion des Négrilles pygmées, nains & peau brune, qui 
habitaient autrefois la forêt du centre africain, avec les h^thiopiens au nord et les Hotten- 
tots- Bosch imans au sud. 

« Les rejetons nés des Négrilles primitifs et des Ethiopiens forment un groupe tout 
à fait différent des Banlous, beaucoup plus nombreux, provenant du croisement des 
.V'k'iilles avec les liottentots-Boschimans. La distinction ne réside |>as seulement dans les 
caractères «inthropclogiques proprement dits, quoique les premiers soient d'une taille 
l>i«*n plus élevée et d'une coloration plus claire, elle se manifeste encore au point de vue 
lininiiHtique, psychique et social. 

« Le domaine des premiers peut être assez nettement déterminé. Il comprend un 
quadrilatère limité, au nord, par (e r»** de Lat. N., au sud, par le 3*' de Lat. S., à Test par la 
moyen Coneo, les aflluents du moyen Oubnnghi rive droite , à l'ouehl par l'Océan. 

« Les principales peuplades de Ban tous, ou supposées telles, appartenant au premier 
i{roup«' sont, en allant de l'est à l'ouest, les Bombassa, et les Sangha-.^angha de la 
moynne Sangha et du .Ngoko, les Dzem ou Dzimou, les I)zem-D/em de la Ngoko et de 
1 Ivindo rive gauche , enfin les Mfang (ou Pabouinsi dont les groupements les plus impor- 
tants sont les Yaoudé et les Boulé du Canieroum, les Ntoum. les Way, les Mazouna, les 
Makina« les Mavouna. tes Ossyéba du C'.ongo français. 

•• L'étude des Bantous du deuxième groupe, métis des Négrilles primitifs et des 
Hotte ntots-Boschimans, disséminés sur la plus grande partie du territoire de l'Afrique 
centrale et australe n'habitant pas les confins qui nous intéressent, nous en citerons 
»imptement les principaux groupements et les régions où ils sont fixés. 

• r .\u Camer<»un, les Djouala, les Batanga, les Goumba, les Mabea, les Subn. 

•• â* .^ufiabon et dans ta (luinée espagnole, les Mpongoué i<;abonais^,les Boulou ou Séké, 
i^ Combé, les Loango. 

• Toutes ces populations du Cameroun du (iabon et de la Guinée e>pagnole vivaient 
jjdis dans Vkititerland de l'duest africain; elles ont été refoulées vers la cAle et les 
«•«tuaire« de< crands fleuves, où elles se sont fixées depuis l'occupation européenne par 
\^% in^.iHions successives des hordes pahouincs venant de l'Afrique oiientale. 

« 1. ifRoiPi: Mfwg. — Les Sangha-Sangha ou Missangha, les Dzem ou Dzimou doivent 
^tr«* rattachés & la grande famille des Mfan», dont ils ont absolument les caractères 
pb^^ique» et sociaux et dont ils ne dilTèrent que par quelques coutumes ou usages datant 
d** la s^pararation iU*> différents éléments du groupe primitif. 

Ongin^, domaine primitif des Mpnuj, — Comme nous l'avons déjà vu, les Mfang appar* 
li*'nnfnt au premier groupe bantou, celui des métis nés de la fusion des Négrilles primitifs 
av^r les Koucbitos-Chamites ou Ethiopiens. 

• Il e»l absolument impossible, dans l'état «u tuel de nos connais^ances ethnogra* 
pkiqu*^ et linguistiques, de déterminer d'une farou absolue la réifion où celte fusion a 
po **op^rer, ni l'époque à laquelle elle s'est faite, néanmoins la plupart des anthropolo- 
tfi^tr» qui ont étudié cette question s'accordent à dire que le berceau de la race mfang 
vrail le vaste territoire ompris entre h»s soumis de Nil, de l'Oubanglii et du Congo. 



70 ACTES DE LA SOCIETE DE GÉOGRAPHIE. 

(c Les Mfang ont-ils séjourné longtemps dans leur pays d'origine, autre question 
encore plus ardue que la première et qui ne pourra être élucidée que par une longue 
étude de dialectes africains, par une comparaison méthodique des récits, des traditions 
et des coutumes. 

« Invasion des Mfang. — La marche des hordes mfang vers l'ouest a dû s'opérer très 
lentement à travers la forêt africaine, loin des rivières navigables, et le Pahouin, homme 
des bois, semble toujours avoir été un piètre navigateur; même de nos jours quelques 
familles mfang, les Dzem et .les Dzimou ont absolument peur de Teau et ne s'établissent 
que rarement sur le bord des rivières. 

« Les raisons de cette migration ainsi que les difQcultés rencontrées nons sont 
inconnues. 

M Une seule chose est bien établie, c'est la terreur que les Mfang ont semée sur leur 
passage et aux environs des villages où ils se sont fixés. Leurs clans massacraient et 
pillaient tout sur leur passage, repoussant vers la côte la plupart des populations de 
VhinterUind. On retrouve encore près du littoral du Cameroun, à l'est de Kribi, quelques 
familles épargnées par cette invasion, les Goumba, qui ignorent l'exislence des Dzem et 
cependant parlent une langue à peu près semblable. Ce fait tendrait à démontrer que les 
deux peuples furent jadis voisins. 

« L'arrivée des premières tribus mfang aux estuaires des grands fleuves cùtiers. puis sur 
le littoral, est relativement récente et ne date pas de plus de soixante à quatre-vingts ans. 

« Les vieux Gabonnais et surtout les Boulou ont encore gardé le souvenir de ce qu'ils 
avaient à subir de la part de leurs envahisseurs, et il est fort probable que toutes ces 
races eussent été complètement anéanties si la France et TEspagne n'étaient venues les 
protéger aussi bien contre les Européens qui pratiquaient la traite que contre les Pahouins 
qui leur faisaient une guerre continue et acharnée^. 

« Tandis que le principal groupe des .Mfang continuait sa marche envahissante vers 
Toccident, les Sangha-Sangha, les Dzem, les Dzimou, les Dzem-Dzem se Axaient définiti- 
vement dans les régions de la moyenne Sangha, du Ngoko et de Tlvindo (rive gauche). 

« 11 y a environ trois générations, raconte le vieux chef Choko, d'Ouesso, les Sangha- 
Sangha habitaient une région montagneuse et n'avaient jamais « vu Teau «, c'est-à-dire 
n'avaient jamais navigué sur les fleuves. Ils vivaient ainsi bien tranquilles depuis de 
nombreuses années, quand les Goundis, race venue de Test, leur firent la guerre. Fuyant 
devant leurs ennemis, ils traversèrent deux grandes rivières, descendirent la Sangha et, 
pour se mettre en sûreté, ils s'établirt»nt dans les nombreuses îles de ce fleuve, d'où leur 
nom de Sangha-Sangha (lie insulaire). 

« Après quelques années passées dans ces îles, leurs ennemis semblant les avoir 
oubliés, ils vinrent s'établir sur les rives de la Sangha, aux environs de Bomassa, Ikélemba, 
Ouesso. 

« Alors survinrent les Dzimou, peuplade guerrière venue de la montagne Guik au 
nord-est de Ndongo, dont le chef s'appelait Gogothuro. Cette peuplade fuyait devant une 
puissante tribu, probablement les Bombassa, dont le chef, qui s'appelait Liboum, fit une 
guerre acharnée aux Sangha-Sangha jusqu'au jour où les blancs arrivèrent pour n-etlre 
fin à ces luttes. Les Dzem occupaient encore il y a vingt ans le pays boulé, c'est-à-dire la 
région montagneuse travert^ée par l'Aïna, au moment où son cours ouest-est change 
brusquement de direction pour couler vers le sud. Ils étaient en bonne intelligence avec 
les Pahouins et faisaient avec eux des échanges commerciaux, quand survint une époque 
où ces derniers, ayant acheté à la côte, directement ou par intermédiaires, des fusils et 
de la poudre en quantité, déclarèrent la guerre aux Dzem, qui n'eurent d'autre ressource 
que la fuite loin de leurs ennemis vers les affluents de gauche du moyen Aïna. 

« En somme, les grandes familles mfang (Sangha-Sangha, Dzem, Dzimou, Dzem-Dzem) 
n'ont renoncé à leur marche envahissante vers l'ouest, derrière les Mfang proprement 
dits, que parce que ces derniers, les plus avancés parmi les envahisseurs, se trouvèrent 
subitement arrêtés par la mer. Un contre-coup s'ensuivit, et c'est à la suite de ce choc 



ACTES DB LA 8OGI6TÉ D^ GÊOGIUPHIE. 11 

•|u«» \vs I>zfm furent obligés de fuir vers Test, comme les Dzem-Dxem, tandis que Ii>h 
"^«nicha-Sanpha bataillaient contre les Dzimou pourchassés par les Ronibas«»a. 

•• fJomitintf achifL Disirikutian géographique des grandies famiiles mfang : i*' Sangha- 

S rmgka. — Celte race était jadis florissante; elle a presque disparu actuellement & la suite 

*\*^ irai^rr«*s incessantes contre les Dzimou, les (ioundi et des alTections qui ont ravagé 

1*^<« tribus : maladie du sommeil {gomô ou makangn^ la variole dahali)^ enfln le paludismi» 

tnokosM). Les Dximou les ont refoulés sur le Ngoko. 

• Le territoire occupé par les Sangha-Sangha comprend quelques points de la moyenne 
^.lOffha et son aflluent, le Ngoko (jusque Ngolla^. Il s*étend entre les !• et 2" de LaL N. 
et les 1^*5' et t3<^r/ de Long. E. de Paris. Leurs villages principaux sont Ngali, Mbeida 
«*t Tibundi. 

« l«e chiffre actuel de la population Sangha-Sangha atteint à peine :2 000 individus. 

" Les Sangha-Sangha sont des gens rien moins que guerriers, vivant essentiellement 
du produit de leur chasse et de la pèche, bien qu*ils soient très inexperls 5 manœuvrer 
|f ^ pimgues et qu*ils craignent l'eau. 

« f Dùmou, — Les Dzimou sont presque tous en territoire allemand; leur habitat 
«^t ruropris entre la limite nord du bassin du .Ngoko, le 2* de Lat. .>'., la Sangha et le 
II* d<» Long. E. de Paris. Ils sont : en territoire français, un millier environ; en territoire 
aiti^mand, environ âOOOOO. 

• Les Dzimou ont Tintelligence plus développée que les Sangha-Sangha; ils sont aussi 
un peu moins paresseux. Agriculteurs comme les Pahouins, ils utilis<*nt les ressauts de 
terrain pour la construction de leurs villages, ménageant les bas- fonds environnants 
p*»ur leurs plantations de manioc et de mais ainsi que pour les bananeraies. 

• L'anthropophagie y est très répandue ainsi que chez les Sangha et chez les Dzem. 

« 3" Ùzem, — Les Dzem occupaient la région qui chevauche sur le parallèle frontière, 
<«ur 1<* bas et le moyen Ngoko. Ils comprendraient environ 5 000 représentants. 

• i« Les Dzem-ùzem. — Le pays Dzem-Dzem couvre le bassin des affluents de gauche 
de TAîna entre le i* de LaL N., les abords de Kandjama, et le bassin de la Koudou (affluent 
de droite da .Ngoko). Cette famille comprendrait environ KO 000 individus. 

- :t' Ufang \Pahouin» . ^ L*immense territoire occupé actuellement par les Mfang sVtend 
du V de LaL N. au 3' de Lat. S et du 7* au 13* Long. E. de Paris. Dans le nord, ils 
^•mt les seuls habitants, les arborigénes ayant fui devant eux. Au sud, ils constituent la 
ra* e dominante et ils ne tarderont pas à faire le vide autour d eux. Le chiffre approxi- 
matif de la population Mfang atteindrait environ 2 à 3 millions de sujets. 

- IL PfGiiÉes. — Ces peuplades de petits hommes à grosse tête, dont Stanley et 
Srhweinfùrth avaient déjà signale la présence vei*» Téquateur. « d'une mer à Taulre •», 
à travers TAfrique, sont disséminés un peu partout de la Sangha à Tocéan Atlantique. 

•« Peuple timide et fugitif, ces nains ne vivent que de chasse dans ces forêts inextri- 
cables h travers lesquelles ils se meuvent avec une agilité de singe ; ils ne possèdent que de 
altérables campements; leurs huttes de branchages, basses et exiguës, sont dissimulées 
dan» les rochers et les fourrés, tellement qu'on peut passer à cAté, sans les apercevoir. 

• lu sont tributaires des autres races à cAté desquelles ils vivent, qui les considèrent 
■ omme des pourvoyeurs de chasse de gibier et d*i voire en échange d'une maigre rétri- 
batifin en produits du sol. Les Dximou et les Dzem ont les leurs, dits «« Kabinga •», les 
Fan« ont les ** Bayaga <»; les gens de la cote ont les « Békué », d'autres les « Akoa ». 

« Les Négrilles, ou petites populations du continent africain, comme les Néeritos d'Asie 
et d't>réanie, présentent, partout où on les rencontre, les mêmes caractères généraux : 
^i>aleur foncée mais non absolument noire- de la peau, aspect laineux de la chevelure, 
mirurs douces, crainte de verser le sang humain, conception de la vie ramenée au 
minimum des besoins* existence eirante, habitations teniptuaires et misérables. Ne 
rrroarant ni à l'élevage ni à la culture, sans industrie, ils ont des notions religieuses et 
«me moralité bien plus élevée qu'on ne l'avait supposé. Ils sont considérés et se consi- 
•iT^nt comme la race aborigène. 



72 ACTES D£ LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

« Résuitats scientifiques de la mission Sud-Cameroun. 

{^ Au point de vue cartographique : neuf feuilles au 100000® (frontière franco-al]e> 
mande); une feuille au 500 000" (région entre la Sanglia et la mer); deux feuilles au 
200 000* (Guinée espagnole). 

« Ces documents ont été dressés d'après les observations astronomiques de M. Tingé- 
nieur Michel, dont le Bureau des Longitudes, après vérification de ses calculs, a bien voulu 
reconnaître la haute conscience, et d'après les levés topographiques des autres membres, 
notamment des sergents Lepoix et Cervoni. 

ce 2° Au point de vue histoire naturelle, des coHeciions ont été réunies avec la coopéra- 
tion des divers membres et plus spécialement du docteur Gravot. Le Muséum en pour- 
suit le dépouillement. Ces documents se répartissent ainsi : Minéralogie (à re]tamen\ — 
Botanique : échantillons de plantes à caoutchouc (une première élude a été rédigée par 
M. Hua). — . Zoologie : insectes parasitaires véhicules des maladies, comme la Ué-i$é 
(à Texamen). — Anthropologie : série de mensurations relevées sur les Dzem, Fang, 
Babinga, Loango, Bakongo. Les fiches sont garnies de bonnes épreuves photographiques, 
prises de face et de proÛl. Une notice ethnographique est en préparation. 

3° Au point de vue de l'exploration proprement dite, les groupes chargés de missions 
spéciales dans le Gabon septentrional comptent à leur actif les reconnaissances sui- 
vantes : 

Etude hydrographique de l!Aïna. Celte rivière, pendant 120 kilomètres, du Cameroun 
à la Mouniangui, est navigable en pirogue et permettrait le passage d'une chaloupe à 
vapeur de faible tonnage (groupe Cervoni-Girond). 

< Étude des voies allemandes du Sud-Cameroun : route Kribi-Lolodorf-Ebol6wa-Mimvoul 
et cours du Ntem jusqu'au Kom (groupe Cottes-Cervoni), route Akoninji-Ebolowa (groupe 
Guérin). 

€ Étude de la vallée du Campo. D'Akoninji (angle nord-est de la Guinée espagnole) j\ii 
personnellement suivi la route qui longe la frontière hispano-allemande et court alterna- 
tivement sur les deux rives du Campo jusqu'à son embouchure. La rivière est inutilisable. 

« Étude de la voie commerciale d'Akoninji à Bâta, par le Bimvilen. Le groupe Gravot 
Lepoix, qui l'a suivie, a rapporté des renseignements complets sur toute la région nord 
de la Guinée continentale (géographie, ethnographie, ressources). 

« Étude hydrographique du Woleu (Benito). Ce cours d'eau ouvre la meilleure voie 
d accès^ de la mer vers Vhinterland de la colonie espagnole, c'est-à-dire vers notre nouvelle 
circonscription Woleu-Ntem. Le Woleu est navigable sans transbordement pendant 
105 kilomètres d'Akoulaban, en territoire gabonais, à Fen. qui se trouve sensiblement à 
mi-dist<ince entre la mer et la frontière orientale. De Fen à Sendjé, point où le fleuve est 
accessible aux chaloupes à vapeur, un portage de quatre joure s'imposerait pour franchir 
les monts de Cristal (groupe Cervoni-Genty). 

t Étude de l'Abangha. MM. Boisot et Michel, qui ont rejoint le Gabon par celle voie, 
ont constaté que cette rivière n'ouvre aucune voie pratique pas plus dans sa vallée que 
par son cours impraticable. J'étais arrivé h une conclusion analogue en ce qui concerne 
le Comô, que j'avais antérieurement remonté jusque près de son entrée sur le territoire 
espagnol. » 

En terminant cette communication substantielle et forcément concise, le capitaine 
Cottes rend, aux applaudissements de l'assistance, un cordial hommage à ses collabora- 
teurs, qui ont uni la compétence à l'énergie et au dévouement, sans oublier ces braves 
noirs,- tirailleurs, miliciens, porteurs, qui peinent encore sous le rude climat du Congo. 

M. Schrader, s'associant à ces marques de gratitude, salue les membres de la mission 
Cottes, mais tient aussi à rappeler les qualités d'initiative, d'endurance et de courage du 
chef, qui reçut déjà pour ses travaux antérieurs, notamment en Extrême-Orient, une 
flatteuse distinction. Offlcier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique, il a, avec 
son second, M. Michel, dont M. Schrader a pu apprécier la compétence, reçu les félici- 



ACTES DB LA SOa&TÉ DB GËOGRAPHIB. 73 

talions dtt Bureau des Longitudes. La Société de Topographie a décerné au rhef de 
nission sa grande médaille d*honneur et lu Société de Géographie une de s<»s médailles 
d'or. Ces distinctions témoignent des services rendus à la géographie comme à la colonie 
du Congo français au cours de cette rade exploration et nous font espérer que d'autres 
ri^rompenses consacieront avant peu les travaux du capitaine Cottes et de ses vaillants 
rolUboraleurs. 



Tlrags daa obligations de la Société. — Les numéros sortis sont : 73, 397, 817, 931. 

Membres admit. 
H. MrrtisGER . PauNean-RoberO. | M. Landais (Albert). 

Candidats présentés. 

IIM. Kli>tz vll^nri), présenté par MM. le baron Hvun et Franz SaiRADER. 

C^WAXNES (Edouard), membre de Tlnstitut, présenté par .MM. le D*" IIamy et 

Henri Cordibr. 
SciiMinr (Gomelio), ingénieur, présenté par MM. Ch. Lali.eiiand et le baron HrioT. 



Séance du 5 juin 1908 

Présidence de M. F. S Cil R A DE R 

Aux ciMés du président prennent place, MM. Le Myrc de Vilers, le général Rarry, le 
comte de Dalmas, Durhesne-Fournet, etc. 

Après la lecture de la C(»rrespondance, qui contient d'intéressantes nouvelles des 
missions Pelliot, d*011one, Tilho, publiées d'autre part, le secrétaire général annonce que 
MM. le docteur Hamy et Gabriel Marcel, dont lautorité scientiûque est sans cesse invoquée 
k l'étranger autant qu'en France, viennent d'être nommés membres d'honneur de la 
V(»riéié de géographie de Berlin. Il rappelle que des souscriptions sont ouvertes pour élever 
diNi monuments à Montcalm, en France et à Ouébec et qu*un comité constitué |»ar le syn- 
dii*4t de la pres<ic du département de Constnntinc se propose également de perpétuer, 
par nn monument, non loin de la Ueden;a dont il fui le directeur, le souvenir de 
M. de Calassanli-Motylinski, officier interprète principal de Tarmée d'Afrique. Le secn'^ta- 
nat ferait parvenir à destination toulc^s sommes qui lui seraient adressées pour cet objet. 

Ivp prt»rhain congrès de r.\s<oriation fran(:ais«* pour TAvancement des Sciences se 
n^aniraà CIrrmont-Ferrand du 3 au tu août prochain. La .\V<* section ((Géographie sera 
présidée par M. Paul Labbé. 

M. Alexandre Ivtschenko adri'<>e à la Société une élude, extraite de T Annuaire gi*olo* 
^•|oe el minéralogiqoe de la Russie, sur la stratification tlan% Us dépôts éoliens, 

M. le Myre de Vilers présente un ouvraire de M. Georges Deherme ; L Afrique occiden- 
UU ff^nçmite tPans, Bloud et O, I908<. dont il fait Téloue. L'auteur y aborde les questions 
• ruoomiqor, politique et sociale qui se pos4*nt dans cette importante portion de notre 
eai|Mre eolooial. 



14 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

« Une mission des États-Unis dans rAmériqne dn sud. — Le A^^ rapport annuel du 
Peabody Muséum (Harvard University) contient quelques renseignements intéressants 
sur les travaux de l'expédition américaine envoyée par cet Institut dans le sud Amérique, 
expédition dont le n<* de mai de Tannée dernière de La Géographie a signalé Tarrivée à 
Aréquipa. 

« Le rapport s'exprime ainsi : * La plus importante expédition ethnologique organisée 
par notre Muséum, le fut sous le patronage d'un de nos récents gradués (le comte Louis 
J. de Milhan), ainsi que nous l'avons signalé Tan dernier. 

< Le chef d'expédition était le D' Farabee, accompagné de Mme Farabee, ayant pour 
adjoints MM. de Milhau, Hastings, ethnologistes, le D^ Horr, médecin. L'expédition 
atteignit Aréquipa (Pérou) au début de février 1907. Après* quelques reconnaissances aux 
environs, l'expédition quitta Aréquipa, le 8 mars, et traversa les Andes jusqu'à la rivière de 
Tambopata, où elle arriva au milieu d'août. Elle reviat h Aréquipa par une route difTérent^ 
au commencement de septembre. De ce point, M. Hastings retourna à Cambridge, pendant 
que les trois autres membres de l'expédition partaient pour Cuzco. Celte première 
randonnée de six mois dans une contrée très peu connue fournit des occasions 
multiples d'étudier plusicjrs tribus indiennes et de rapporter des collections importantes 
de documents ethnologiques et d'autre caractère scientifique. M. de Milhau est rentré, en 
janvier 1908, à New- York, tandis que les docteurs Farabee et Horr ont entrepris après leur 
retour de la vallée de Cuzco une autre, campagne dans l'intérieur ». 

Signé : Putnam, directeur du Peabody Muséum. 

€ D'une longue lettre de M. Louis de Milhau narrant son expédition, nous croyons 
intéressant d'extraire quelques passages montrant que, si la moisson scientifique de 
l'expédition a été abondante, les difficultés de toutes sortes, mais tenant principalment à 
la nature des régions traversées, ne furent pas sans soumettre l'endurance des voyageurs 
à de dures épreuves. 

« Ma dernière lettre, si je me souviens bien, était datée d'Aréquipa au moment de notre 
départ pour l'intérieur. Si vous prenez une carte vous pouvez tracer notre route droit 
au nord d'Aréquipa, car la chaîne des Andes court est ouest. Quoique Aréquipa fût 
notre quartier général, notre départ réel fut de Tirapata, petite station du chemin de fer 
de Juliaca à Cuzco, environ au tiers de la distance de cette dernière place, où se trouve 
la station d'une puissante compagnie américaine qui exploite une mine d'or, sur le versant 
oriental des Andes, et d'autre part exploite le caoutchouc aux sources de la rivière Madré 
de Dios. Les concessions forestières de la compagnie passent par-dessus la chaîne pour 
descendre jusqu'à la contrée du caoutchouc. 

c Les Andes, comme vous savez, s'élancent de la côte du Pacifique en une haute chaîne 
qui se continue par un plateau, sur lequel s'élève une deuxième chaîne de montagnes. Si 
bien que lorsqu'on a traversé la première chaîne en chemin de fer, à une altitude de 
14666 pieds, on parcourt le plateau d'une altitude variant de 12 000 à 14 000 pieds, pour 
enfin aborder la chaîne orientale par une de ses parties les plus basses, d'environ 
16 500 pieds; on descend alors rapidement sur le versant oriental des Andes. 

« L'expédition partie de Tirapata, le 8 mars, accompagnée d'agents de la mine des 
Incas porteurs de 20 000 dollars en or pour le paiement des travailleurs de la mine, 
employa trois jours pour traverser le plateau et arriver à la passe d'Aracoma 
(5 500 mètres). 

« De ce point la vue était admirable, dit M. Louis de Milhau, nous étions h 16000 pieds; 
le lac d'Aracoma scintillait bien loin au-dessous de nous, tandis qu'en arrière, à pic 
au-dessus du lac, s'élevaient les glaciers d'Aracoma jusqu'à la hauteur de 20 000 pieds. 
Partout autour de nous de gigantesques pics se superposaient les uns aux autres. Nous 
étions en vérité sur le « toit du Monde ». 

« La passe fut traversée le lendemain; puis commença la descente du versant 
oriental des Andes. Les membres de l'expédition, à cheval, furent assaillis par une tem- 
pête de neige, qui se changea bientôt en une pluie diluvienne. Quatre jours furent 



ACTBS DB LA SOCIETE DE GÉOGRAPHIE. 75 

Drct^Mairesi poar atteindre les collines de 5000 pieds où se trouve la mine des Inras. 
Nous avions tu, dit le narrateur, en celte marche tous les changements possibles de 
U nature. Sortis de la région des neiges éternelles, au travers des mornes montagnes 
auv lianes dénudés, nous avions atteint la zone des plantations de caféiers. » 

'• Apres une semaine de repos a la mine, au travers d*une brousse difficile et tes 
danfrt«r4 dus aux pluies qui détrempaient le sol et le faisaient h effondrer sur de grands 
^!%|wices, la mission atteignit la rivière Tambopata. En ce point l'expédition subit un 
*>«^j«»ar forcé de six semaines à cause de Timpraticabilité absolue de la région enti«*rement 
«lé%astée par les pluies. I^s voyageurs y connurent toutes les privations; manque de 
sucre, de sel, de farine et, >« |e pire de tout, manque de tabac >*. Pour comble de 
matcbance la petite vérole se mit dans les indigènes de Tescorte. 

- La route se déroule désormais sous les tropiques, avec son corli^^ge obligé de 
mouches, moustiques et vampires, pendant la nuit. La chaleur est accablante et brusque- 
ment lui succède un froid humide, pénétrant. » 

M Par canot Texpédition descend la Tambopata Jusqu'à sa jonction avec la Madré de 
Dios, Ilans cette n*gion la mission reste un mois, étudiant les tribus indigt'^nes, en 
l»articulier les Juarayos, .\mahuacas, Shipibos, Conibos et (Campas. 

« Sur un vapeur Texpédilion descendit le cours de la Madré de Dios jusqu*à sa jonction 
4 Iliva Alta avec le Béni. De ce point par terre, au prix de mille difOcultés, les voyageurs 
atteignirent Juayaramerin, à la tête des rapides de la Madeira, sur la rivière Marmore. La 
mi^Mon, au cours de la descente de la Madré de Dios, était entrée en Bolivie. De Juayara- 
merin par la rivière Marmore les voyageurs gagnèrent laTrinitad, et, de lu, en pirogue, aver 
de4 équipes d'Indiens Majos, après une navigation de quinze jours sur la Marmore 
d'alM)»!, puis sur le Chirpare, ils arrivèrent à Santa Bosa. De ce point une marche de 
dix jours les conduisit à Cochcbamba en Bolivie. Enfin de Coohebamba au travers du 
plateau des Andes, par Oruro et La Paz, puis traversant le lac de Tilieaca, IVxpédition Ht 
retour à Tirapala, le 31 août 1907. 

•• M. de Milhau, après une nouvelle excursion à Cuzoo, quittait Arétfuipa à la lin de 
vptembre pour gagner Lima, où il s'embarqua sur un steamer, h bord duquel il Qt retour 
k Nev-Ycirk visitant le Chili, la République Argentine, le Brésil et les Antilles. 

M. de Milhau, qui est un jeune homme descendant d*une vieille famille française, u 
dtinné le très bel exemple de mettre partie de sa grande fortune ù la disposition d'une 
expédition qu'il a subventionnée, et avec laquelle il a, au prix de périls sérieux, conquis 
^'« premiers lauriers scientifiques. Les succès de la mission relatés dans le rapport 
n dessus, et sa maturité d'esprit, ont valu à M. de Milhau Thonneur insigne d'être élu 
membre du Peabody Muséum, Lieutenant-colonel MtivTEiL. 



Hiaskm an Afrique Occidentale Française par M. P. Duchcine-Fournct. — Après 
tto«» aimable allusion h Tappui que lui ont prêté la Société de (Géographie et M. Le Myre 
(i«> \ilep% pour l'organisation de sa mission, M. Pierre Duchesne-Fournet arrive au récit 
J«» !uin voyage. 

En sept jours il se rend de Bordeaux (lin décembre) à Dakar, où il trouve une 
t'^mpératore agréable. Il note les travaux du port africain, décrit la ville construite sur 
an promonloire! Les environs sont peu peuplés et complètement désolés. Le Cayor 
*loQiie, an contraire, l'impression de richesse. Sur le sable des palmiers, beaucoup de 
«erdurr, des champs de mil et surtout d'arachides, culture merveilleusement appnqtriée 
m climat et aux habitudes de la population. Au Sénégal, sur 45 millious tl'exptirtation en 
l9i»T, les arachides entrent pour â5 millions. 

A Tbirsi, on travaille au nouveau t ron <;on du chemin de fer qui se tliriise sur Diourbel 
•■t *rra continué jusqu'à Knyes. 



76 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DB GÉOGRAPHIE. 

M. Duchesne-Fournet a trouvé Saint-Louis une ville d'aspect européen, sale et peu 
plaisante. 

De Saint-Louis à Kayes, qui est un centre commercial important, il y a 900 kilo- 
mètres de fleuve, seule route, encore très défectueuse, pour monter au Soudan, car, sauf 
pendant deux mois, les gros bateaux ne peuvent atteindre ce centre. Tou'# le commerce 
se fait donc aux hautes eaux et le fret de Bordeaux à Kayes coûte à peu près 60 francs la 
tonne, chiffre qui parfois s^élève à 150 francs et même 200 francs aux balises eaux. 
L'intermittence dans les moyens de communication explique Tabsence d'une banque 
commerciale au Soudan. Cela s'améliorera, quand le service des transports sera régularisé. 

A Bakel, la mission quitta le bateau, que la baisse des eaux empêchait de continuer 
sur Kayes. Elle comprenait alors, à côté de M. Duchesne-Fournet, un médecin améri- 
cain, M. PeiTcil, et le baron Jean d'Ideville, avec qui le conférencier n'avait pas tardé à 
se lier. 

Dans ta vallée de Valémé, — Les voyageurs s'organisèrent pour entrer dans la brousse, 
achetant des chevaux et recrutant des porteurs. Ainsi équipés, ils traversèrent des pays à 
peine connus, du moment qu'on s'était écarté des passages fréquentés. Ils faisaient ainsi 
30 à 40 kilomètres par jour, campant en plein air, près d'un village, partant de bonne 
heure, arrivant à l'étape avant midi, chassant le soir. 

M. le professeur F. Lemoine résume ainsi dans son compte*rendu du Journal Officiel la 
suite de cette intéressante causerie que nous regrettons de n'être pas en mesure de 
publier m extenso : 

u Le pays, à partir de Bakel, est boisé, mais la végétation peu dense et déjà sèclie. La 
siccité de l'air, à cause de la saison, est déjà telle qu'on fait jaillir de très longues 
étincelles en froissant un vêlement de laine. Seuls, les bords de la rivière et des marigots 
sont cultivés. La rivière est toujours guéable en saison sèche ; près de Senedebou, la 
végétation y est dense : le gibier abonde et les lions viennent la nuit chercher les bœufs 
jusque dans les villages. De Senedebou à Mirsira, le long de la Falén^é, la brousse est 
épaisse; les sentiers ombragés. Le coton se trouve à l'état sauvage partout. I^ population 
des villages est gaie et s'adonne à la danse. Ensuite les voyageurs parcoururent le 
Banbook, riche brousse à palmiers que le chemin de fer de Thiès à Kayes traversera et où 
l'on trouve des sables aurifères. Cet or s'exporte déjà partout. Les bijoutiers de 
Saint-Louis et de Kayes en font, en Oligranes, des bijoux très intéressants. Après cette 
excursion, les explorateurs revinrent à Kayes, gagnèrent Bammako, où ils organisèrent 
leur caravane pour se diriger vers le sud. 

a La région au sud de Bommako. — La plaine du Niger, qui constitue la plus grande 
partie de cette région, a peu de verdure et seulement une verdure sombre, qui parait terne 
sous le grand soleil, et puis de grandes herbes jaunes. Quelques bosquets épars égayent 
le paysage. Mais le sol est partout pauvre, formé de débris de latérite. Il est constitué de 
plateaux, couverts parfois de termitières en forme de champignons d'aspect étrange. A 
Kangaba, village fortifié, les Malinkés, non musulmans, s'adonnent à la boisson et 
s'enivrent avec le po/o, qui n'est qu'un produit de mil fermenté. 

« C'est à ce village qu'on quitte la vallée du Niger pour gagner la montagne, constituée 
de terrasses où la végétation arborescente et les lianes à caoutchouc sont plus abon- 
dantes. Les arbres sont beaux; les villages assez confortables; la région deyient d'ailleurs 
très accidentée. L'eau abonde parce qu'on touche a la région tropicale humide. On arrive 
ainsi au Kokoro qui forme la limite du Soudan et de la haute Guinée. 

(( Puis on entre dans le Bouré, région aurifère exploitée par les indigènes à l'aide de 
puits profonds de 8 à 10 mètres. A Siguiri, un poste, la caravane refait ses approvision- 
nements et change de porteurs pour suivre le long du Tinkisso. 

« La région du Tinkisso se rapproche économiquement beaucoup plus du Soudan que 
de la Guinée. Le Tinkisso est une très belle rivière où, même à la saison sèche, les chevaux 
n'ont pas pied. A Béléba, on trouve des dragues d'une société aurifère. Quittant les rives 
de la rivière, on gagne Didi, où il y a également une mission de prospection. C'est dans 



ACTIÎS DE LA SOCIÉTË DE GËOGHAPHIE. 7: 

lM4(»oviron9 que M. Duche^ne-Fournet eut la douleur de perdre, d*un accident do chasso, 
M. d'Ideville qu*il avait rencontré dans son voyage, qui s'était joint à lui et qu*il apprit k 
Afr«»«*(i(*nner. <> jeune explorateur mourut, alors que le docteur Parveil, occupé à des 
n*rhen-hes trt^ologiques, se trouvait «'loigné do plusieurs jours do marche des chasseurs. 
i', ♦•ni à Iro que pt^ril lo joune ol vaillant d'Ideville et qu'il repose '. 

«• O* malheur fut suivi d'un second. In porteur tomba et mourut dans un pr«''cipico: 
ati^^^i ses compagnons voulurent-ils abandonner IVxploratour. La situation devint alor:) 
aut.*nt plus critique que le pays n'est qu'un désert, aux collines boisées, aux plateaux 
r* M* houx, aux plaines basses et marécageuses. Pour regagner le Sénégal, il fallut péniblo- 
ni*-nt Iraversor ces régions désolées et peu habitées. M. DuchesneFournet arriva ainsi au 
iiillna quVntoure un massif montagneux où so trouve le poste de Timbo;et de là, par 
I- • •»! de Koumi, qui sépare ce versant du Sénégal de celui de la (•uinée, il parvint au 
« hvmin de fer, lequel monte jusqu'à Mamou, point très voisin de celui de Koumi. à 
I (NN> métrés d'altitude. La descente du chemin de fer est tros pittoresque. Par ses 
circuits elle rappelle le (lOtliard, puis elle traverse la brousse de la basse Guinée, dont le 
^rul commerce est celui du caoutchouc. On arrive ainsi h Konakry, où M. Duchesne- 
Foumet 8*emban|ua pour Dakar et la France, après avoir de cette façon parcouru les 
i «>i(»nies du Sénégal, du Soudan et de la Guinée, portions d'un très beau domaine colonial, 
d->til la France cherche déjà a tirer parti. •» 

Otto conférence, illustrée par de nombreuses projections photographiques, a 
pinuvé une fois de plus aux auditeurs la réelle valeur de notre Afrique occidentale. En 
r»«m«»rciant le jeune orateur, M. le président Ta félicité d'avoir, par ce voyage, suivi les 
trarr» de son frère aîné et montré que ses brillantes études scientifiques, faites à TKcole 
normale supérieure, le prédisposaient à devenir un de ces explorateurs avisés à qui 
incotoberft plus que jamais la mission de faire connaître, après I avoir étudié, notre riche 
domaine colonial. M. le Président a tenu en terminant à mettre eu relief la vaillance, 
1 endurance et le courage du jeune savant, si cruellement éprouvé par la mort de s<m 
aimable et brillant compagnon, .M. d'Ideville, dont la tin le laissa aux prises avec les pires 
diftlcttllés. Po«r avoir fait preuve, au cours de sa mission, d'esprit d'initiative, de sang- 
rn>id, d>ndurance et de science, M. DucliesneFournet mérite d'être inscrit au nombre 
«t«*s ttoDs serviteurs de la cause coloniale française. 

F. LSMOtNE. 



ca Méditerraaée, par U comte A. de Dalma$, — C'est d'une promenade 
drtj<«ti<iue et non d'une exploration qu'il s*agit ici. Le comte de Dolmas, voyageur 
ei|»«^n mente autant qu'instruit, se contente de faire passer une série de vues en couleurs 
•>ur plaques autochromes Lumière, prises au cours d'une croisière organisée par la Rnve 
'jfnftaie de% S-iencet, au mots d'avril dernier. L'itinéraire, partant de Marseille, comprenait 
I*» périple de Tarchipol, avec escales en Sicile, Rhodes, Smyrne, Constantinople, Brousse, 
1" mont Atlios, Athènes et arrêt au retour h l'Ilo de Malte. £n terminant, il a montré un 
«•-rUm nombre de photographies de Menton faites au mois de mars av.int son départ. 
t>« projections de photographies en couleurs, qui étaient les premières représentées h la 
S.^-iéié de Géographie, ont obtenu un succès considérable. Pour l'assistance, ce fut une 
véritable révélation. 

M. Schrnder a eu peu de peine à se faire l'interprète du sentiment unanime pour 
Mi'iter et remercier le causeur qui a su retenir, en dépit de l'heure tardive, l'attention 
«1«* tous les spectateurs. M. de Dalmas, sans aucune prétention, malgré sa science, et avec 
beaucoup d'humour, a parfaitement dégagé tout l'attrait de sa promenade en Méditerranée. 
I'^* *'Mé artistique en était merveilleux. Sites ot monuments, marines et tableaux, ont justifié 

1. U Céogm^hie, 15 mai 190S, p. 411. 4â3-2i. 



78 ACTES Dis LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPillE. 

cette définition qu'adopta, après Platon, M. Schrader : « Le beau n'est que la splendeur 
du vrai ». Il est juste d'ajouter que cette charmante croisère ne fut pour le conférencier 
qu'un nouveau voyage dans des contrées déjà connues de lui. Aussi noué parût-il moins 
un curieux qui s'instruit qu'un guide très sûr, doué d'un sens critique très avisé, vraiment 
capable d'enseigner les autres. 

Membres admis. 

MM. Klotz (Henri). I M. Schmidt (Cornelio). 

Chavaxnes (Edouard), de l'Institut I 

Candidats présentés. 

MM. QuELLEXNEC (Édouard), ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, présenté par 
MM. le lieutenant-colonel Bourgeois et F. Schrader. 
Rodes (Jean), présenté par MM. le baron Hdlot et Henri Cordier. 
Le général DODi)S(Alfrcd-Amédée), présenté par MM. le général de Beylié et le baron 

HULOT. 



Séance du 19 juin 1908 

Présidence de M. F. SCHRADER 

Le président présente le commandant Lemaire à l'assistance et le prie de prendre 
place au bureau, puis il donne la parole au secrétaire général, qui entretient ses 
collègues des missions nouvelles dont s'occupe la Société. 

Le lieutenant Corlier partira au début de juillet pour les oasis sahariennes, afin de 
poursuivre dans le Sahara central, l'Air, l'oasis de Qilma, et chei les Oulliminden 
ses reconnaissances et ses déterminations astronomique^. 

M. et M™*^ AUuaud consacreront une année à l'Arique orientale, où ils comptent visiter 
les trois sommets à neiges éternelles de ce continent : le Kenin, le Kilimandjaro, le 
Ruwenzori, dont ils étudieront la flore aux différentes altitudes. 

Les travaux déjà accomplis par ces explorateurs sont le gage des services qu'ils 
rendront dans leur prochaine campagne scientifique. 

D'autres missions se préparent sur h^squelles nous reviendrons ultérieurement. 

De la corrresponJance, nous détachons les nouvelles suivantes : 

Mission Dcsplagnes, — Le président de la Société, M. le D' Hamy, communique des 
nouvelles reçues tout dernièrement de la mission du lieutenant Desplagnes. 

Un télégramme de Jougou nous apprend que ce persévérant explorateur vient de 
visiter le Mossi et les monts Altakora et qu'il y a étudié une population de Noirs 
métallurgistes, qui construisent de curieuses habitations à étages. Le lieutenant 
Desplagnes redescend sur Kotonou en poursuivant ses études ethnographiques. 

Fouilles dans le Saloum. — Le D' Hamy nous annonce en même temps qu'il a reçu, 
par l'entremise du D"" Maclaud, des renseignements encore vagues sur les fouilles 
exécutées dans des lumuli du Saloum par M. l'administrateur Filliastre. Ces nécropoles 
semblent bien appartenir au groupe funéraire décrit autrefois par le D' Corre, qui les 
attribuait aux ancêtres dos Sérères. 



La séance a été presque entièrement consacrée à la savante et très brillante confé- 
rence de M. le commandant Lemaire, qui avait pris pour sujet : Le Yé-Yi, affinent du 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGiUPUIE. :« 

Wû. >- LVspace nous manque pour donner, ici, une analyse dtMailIéo de cette communi- 
cation, que nous reproduirons ultérieurement dans ses imrties essentielles. Bornons-nous 
aujourd'hui À en constater le succès. 

Membres admis. 

MM. Ut'CLLENNEC ^Êdouard . 1 M. le gt^néral Dodds. 

KoPEs iJean). I 

Candidats présentés et admit. 

MM. Cacmn.\cci Paul-Mario-Forluné , présenté par MM. le baron lltxoTel Henri Froidcvaix. 
DiN.a\ (Jean-Marie-Benjamin), chef de bataillon d'infunterie, présenté par MM. le 

baron llrtoT et Fr. Schrider. 
K. de Bersis, sous-lieutenanl au 14*' hussards, présenté par MM. le baron IIilot et 

Edouard Bl.\nc. 
MiRTiN ^.V.-G.-P.), officier interprète de 2* classe, présenté par MM. le D' Hamy et le 

baron Hi'UiT. 
de GtRONCot RT (Geoi^*?s}, ingénieur agronome, présenté par MM. Le Myre db Yilers et 

le baron llru^T. 
itiuxr (Emile , industriel, présenté par MM. le général Famin et le baron Hulot. 
Gros ,(>eo rges- Pierre 't capitaine d'artillerie coloniale, présenté par MM. le général 

ÏKUis et le lieutenant-colonel Bourgeois. 

Cnc^llet vPauh, industriel, présenté par MM. F. Sciir\i>er et le baron Hulot. 

C%GMNACCi .Hubert), présenté par MM. Paul Cag.mnacci et le baron HixoT. 

T.%RKNTE i prince de , député, i . ., «»• t ». ». ^ ,\ .. .. 

«r /• u I * . . i présentés par MM. Le Myre de Vilers et Emile Gextiu 

Noi'LENS (Joseph . députe, ) ^ * 

kcRG4»RuiY (Armand, comte de), présenté par MM. le comte i«ouis de Kergorlvy et 

le baron HrioT. 



NÉCROLOGIE 

Faal Mirabaad- — La Société vient d'avoir la douleur de perdre M. Paul Mirabaud, 
membre de la Commission centrale. Né à Versailles, le 29 juin 1848, notre éminent collègue 
% ^ISLti pavûonné dès son enfance pour les voyages lointains et les choses de la mer. 

ile4;a au Bort/a, il se vit Torré de renoncer à y entrer par suite de son. état de santé 
•|ui l'empêcha également d'arriver à l'École Polytechnique pour laquelle il s'était préparé 
avec l'idée de devenir ofHcier de marine par celte voie. Il entra en 1868 dans la maison 
d<* banque de son père, et. Tannée suivante, se fît recevoir membre de la Société. 

Apn*s la guerre de 18*0 pendant laquelle il servit comme sous lieutenant au bataillon 
d'artillerie dé mobiles, aiïeclé au fort du mont Valérien, il continua à s'intéressera toutes 
:• « qu«-stJon$ maritimes et géographiques et devint trésorier de notre association. Sa haute 
intrUit:**nce, qu'il appliquait avec la même facilité aux affaires les plus diverses, se 
|M>rUit cep4*ndantde préférence sur celles qui pouvaient accroître au loin le r^>le de la 
France: comme président des Chargt*urs réunis ou d'autres sociétés, il avait toujours 
|M»(ir but de faire appréciera Tétranger les qualités de droiture et de loyauté de IVspril 
français. 

Malffré S4>s nombreuses occupations, il suivait avec le plus grand soin la gestion de 
n<>9 finances et nous devons, à ce point de vue, le considérer comme le conseiller le plus 
ftur et le mieux avis*', qui nous facilita dans pluhieurs circonstances l'organisation d*im- 
p«>riuites missions. 



80 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

Malheureusement, depuis quelques mois, son état de santé s'était aggravé et il aTsit 
dû résigner Tan dernier ses fonctions de trésorier. 

Si nous avons la satisfaction de voir ses fonctions reprises par son neveu et associé, 
M. d'Eichthal, nous ne pouvons oublier une active collaboration de près de quarante ans, 
qui engage notre reconnaissance et motive nos regrets. G*est de tout cœur que nous 
adressons à la famille de M. Paul Mirabaud l'expression de notre douloureuse sympathie. 



Arthur Lanen. — M. Arthur Lanen, ancien ministre plénipotentiaire, ancien consul 
général de France, vient de mourir, léguant généreusement une somme de cent mille 
francs à la Société. 

Ce n'était pas son premier titre & notre gratitude. M. Lanen, après avoir débuté comme 
élève consul à New- York avant la guerre de Sécession, suivit les opérations de cette 
guerre dans les villes de la côte durant leur blocus par Tarmée confédérée. Il résida 
ensuite à Hong-Kong, puis au Cap, d'où il envoya à la Société plusieurs communications 
profondément étudiées et dont les événements ultérieurs ont prouvé la justesse. Durant 
la guerre des Boers, il tint également la Société au courant des circonstances de la lutte. 
Du Cap, il fut nommé à Glasgow, puis à Santa Fé de Bogota, et enfin à Santiago du Chili, 
avec le grade de ministre plénipotentiaire. 

Dans ces divers postes, il ne cessa jamais de se tenir en rapport avec notre société, 
îi laquelle il appartenait depuis 1870; notre bulletin est le dernier ouvrage qu'on ait trouvé 
ouvert sur sa table de travail. 

Cette fidélité s'est traduite par un don généreux, plus généreux encore, pourrait-on 
dire, par la confiance absolue qui a fait écarter au donateur toute pensée de renommée 
personnelle et toute recommandation spéciale. C'est uniquement la géographie qu'il a 
voulu servir, laissant à la Société le soin de choisir l'utilisation qui lui paraîtrait la 
meilleure. Son nom et son souvenir n'en resteront pas moins attachés aux œuvres que 
sa munificence aura rendues réalisables. F. S. 

La Société est encore éprouvée par la perte de M'"'^ A. Hartmann et de MM. le général 
Amourel, G. Bethemont, C. Dumaine, de Fefrand-Puginier, F. Hottinguer, Emile Roussel, 
Léon Rennes. 

Le Sccrètaiic général Je ta Société. 



Le gérant : P. Bouchez. 



Coalommien. — Imp. Paul BRODAHD. 



X VIII. - N' 2. iS Août i908. 



L'état actuel de la Chine 



Depuis 1905, à la suite de la guerre russo-japonaise, la Chine paraissait 
être sérieusement entrée dans la voie du progrès et de la civilisation occiden- 
taUs L#a manifestation la plus éclatante de cette orientation nouvelle avait été 
IVdvoî, aux États-Unis et en Europe, de deux missions extraordinaires 
ctiar)rées d*étudier les divers systèmes de gouvernement des grandes nations 
élrangères. Peu après, des dépèches d*Extréme- Orient annonçaient des 
projets de réformes et faisaient connaître des décrets, relatifs notamment à 
rétablissement d*une constitution parlementaire qui, s*ils étaient réalisés, 
devaient bouleverser les séculaires institutions chinoises. On était en somme 
au début d'une formidable décristallisation qui allait transformer la plus vieille 
société du monde. 

Qu*y avait-il derrière cet engouement soudain pour des innovations 
auxquelles les fils de Han paraissaient jusqu*ici violemment réfractaires? 
Quelles réalités correspondaient exactement à tous ces décrets qui prétendaient 
faire, en si peu de temps, du Céleste Empire, une nation moderne? Il impor- 
tail d'autant plus d*étre fixé à cet égard que Ton sent bien quelles 
conséquences incalculables ne tarderait pas à avoir cette évolution d'une si 
notable part de Thumanité. C'est dans le but de recueillir, sur cette question 
passionnante, des renseignements précis, que la Société de Géographie a bien 
voulu me charger d'une mission spéciale. 

Je suis d abord allé a Pékin où j*ai étudié les milieux gouvernementaux. 
Cela était nécessaire pour connaître le point de vue réformiste officiel et la 
vraie qualité de l'impulsion donnée à ce vaste mouvement de modernisation. 
Je me suis ensuite rendu dans les provinces, pour me rendre compte de ce 
qui avait été réellement fait. J'ai pu aussi, au cours de cette enquête, prendre 
connaissance des changements qui se sont opérés dans l'esprit des populations. 
Et cela m'a amené à m'occuper tout particulièrement du mouvement révolu- 
tifinnaire et des sociétés secrètes. Je me propose de publier, en un volume, 
les résultats de ce long travail, la place très restreinte tlont je dispose ici nt* 
me permettant d'en donner dès à présent que ce résumé succinct : 

U 04oo«A»«ic. - T. XVIII. 10u«<. fi 



'\'' 



82 JEAN RODES. 

Le gouvernement. — Quand on veut savoir où en sont les affaires d'un 
peuple, une des premières questions à se poser est celle-ci : t Que vaut son 
gouvernement? » Le gouvernement chinois a Tavantage de reposer sur une 
armature millénaire et d'exercer son pouvoir sur des populations dont la 
nature inerte est impropre aux grands bouleversements. Par contre, il est 
entre des mains séniles ou dégénérées et le personnel qu'il emploie est le plus 
corrompu qui soit an monde. 

On sait que l'impératrice douairière, Tseu Hi, ancienne concubine de 
l'empereur Hien Fong, est, depuis un demi-siècle, le véritable souverain du 
Céleste Empire. Elle s'est emparée de cette situation suprême au mépris de 
toutes les lois et s'y est maintenue grâce à une énergie, a une audace, et à 
une cruauté qui font d'elle une égale des plus fameuses impératrices de 
l'histoire d'Occident. Elle était, par tendances personnelles, traditionaliste, 
elle a compris la nécessité de devenir réformiste après 1900 et surtout au 
moment de la guerre russo-japonaise. Mais cette femme supérieure, déjà 
affaiblie par l'âge — elle a soixante-seize ans — a eu, en 1906, une maladie 
grave, paralysie de la face, qui Ta laissée dans le plus grand désordre mental. 
Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, affirment ceux qui l'ont récemment 
approchée. Et il faut bien dire que, depuis quelques mois, ses décisions 
incohérentes, les à-coups de sa politique, une versatilité inouïe qui la laisse 
flottante au gré des influences les plus diverses et des moindres incidents, 
justifient cette dure appréciation. C'est néanmoins elle qui continue à 
gouverner et de la manière la plus absolue. 

Le neveu de l'impératrice douairière, l'empereur Kouang-Siu, dont on 
connaissait déjà, par des indiscrétions médicales, la faiblesse physique, 
semble être aussi, au moral, complètement incapable d'assurer la charge du 
pouvoir. La facilité avec laquelle il s'est laissé séquestrer et maintenir en 
tutelle depuis sa tentative d'indépendance de 1898, en est une preuve très 
sufQsante. Tous ceux qui l'ont vu d'ailleurs ont gardé, de lui, le souvenir d'un 
être effacé, craintif, sans caractère viril. Son aspect est même, à cet égard, 
des plus curieux. Près de la quarantaine, il a la physionomie d'un adolescent. 

Il y a certainement, parmi les hauts mandarins, des hommes de volonté 
et de talent. Les plus remarquables sont Yuan Chi-k'aï, Tchoug Che-toung, 
Tsen tchouen hien, Touan Fang et quelques jaunes Cantonais qu'un passage 
en Amérique a mis au courant des idées et des affaires du monde occidental. 
Mais ces personnages, dont l'union serait à coup sûr profitable à la Chine, 
sont divisés par des rivalités et d'irréductibles compétitions personnelles. Loin 
d'unir leurs efforts, ils s'annihilent mutuellement par des accusations réci- 
proques et des intrigues qui trouvent, à la cour, un accueil d'autant plus 
empressé qu'elles sont de nature à maintenir le vieil état de choses si profi- 
table à l'entourage mandchou des souverains. 



L'ÉTAT ACTtfiL DB LA CHINE. U 

Pluftieui» partis soot de U sorte en i^réseoce auteur du trône : les 
• Mandchous traditionalistes » qui, pressés autour du vieux K*ing, sont 
hostiles aux réformes. Oa couipte» parmi eux, des roiaistres eu cliai^ comme 
Tcfaaog Pie, qui dir^e ktf cookaiiMiicatioQs, et Tié Liaog, jnt&îstre de la 
fTuerre; les « Mancbous progressistes », comme le prince Soa, le doc Tsai Tsé^ 
Tvan Fang, qui veulent moderniser la Chine, maïs ea rasiatenant la «taatioa 
privilégiée des Mandchous ; enfin, les « Chiooîs néformistes », au premier rang 
desquels il faut mettre les vice-rois dtés plus haut. Mais le iermer parti «et 
!(iogttlier, car ses membres ue manquent pas de faire cause commune avec 
1rs parties adverses, contre celui d'entre eux dont rinfluence leur porte aoadaîii 
omhBage. Yuan Chi-k'aï, celui qui a d*ailleurs le plus fait pour k rénovation 
de la Chine, a eu particulièrement i souffrir de cette f4cbeuae disyoMJion 
d'esfrit* Et c*est ce qui permet de dire que les plus grands obstacles qu^ont 
reacooirés jasqu'ici les réformes, ont été ainsi, 4e la plus illogique iaçon, 
sosctiés par les réformistes eux-mêmes. 

Im politiçae de la eoar. — Ces luttes d'inOaences ont la plus déplorable 
répcircuaaion sur la politique générale de TEmpire. Celle-ci, aniqueaMat 
déterminée par des niobiles particuliers, étrangers au bien de la nation^ subit 
toulea les flactuations, tous les caprices des intrigues <de cour et est de la aoiie 
Tooée i la stérilité la plus complète. Un examen de cette politique «durant les 
trois dernières années est, à cet égard, très convaincant. 

A U suite des vicloires japonaises, J^anoée t90S voit naître na Bftoavement 
général en faveur des réformes. Le gouvernement envoie, au mois de 
décembre, les 4eux grandes missions d*études i 1 étranger. On commence à 
parltf des lois caostitutionoelles. Cet état d esprit nouveau se maniie&ie aussi 
par des modiflcations de la pénalité, par la suppresaioB de 1 opium et louver- 
tare de nombreuses écoles. Les grandes manœuvres militaires d*aulonine ont 
donné une forme encore plus tangible i cette transformation ée la vieille 



L engouement, loin de faiblir, parait s*accentuer en f906. Mais les 
conservateurs qui, avec la ruse naturelle aux Célestes, ont feint, an début, 
un grand entboasiasme, n ont pas manqué de réagir sournoisement auprès du 
In'me. En sorte que, lorsque le duc Tsai Tsé et Tvan Fang rentrent d'Eurofie, 
au aM>is d*août, un mouvement de recul, qui se cache sous des prétextes 
detndes préalables et d*atlente du moment opportun, triomphe à la cour. En 
drpit des apparences et du fameux décret de septembre relatif à la préparation 
des lois constitutionnelles, cette réaction devient de plus en plus forte et elle 
>*aflirnie entin brutalement, eu décembre, |iar la défaveur de Yuan -Chi-k aï. 
(l'est non seulement Firuvre du frère cadet de rempereur, du prince Tsing et 
de Tié Liang, chefs du parti mandchou, mais encore de (Chinois soi disant 



84 JEAN RODES. 

progressistes, comme le célèbre lettré Tcheng Che-toung, vice-roi des deux 
Hou, rival de Yuan Chi-k'aï. 

A partir de cet instant, les réformes les plus essentielles, notamment c^Ile 
de la bureaucratie, sont abandonnées. Les règlements édictés sur la pénalité, 
la vente des filles, etc., deviennent caducs et n'ont du reste jamais été mis 
en vigueur. La suppression de Topium, seule, survit à cette faillite générale, 
sans doute parce qu'elle permet rétablissement d'une taxe nouvelle, le peuple 
conservant, en effet, le droit de fumer en payant une redevance à l'état cl 
parce que les mandarins sont édifiés sur la valeur exacte de telles lois en 
Chine et sur leur traditionnelle inapplication. 

Cette situation dure jusqu'au mois de mai, époque à laquelle l'arrivée à 
Pékin de Tsen tchouen bien, vice-roi de Canton, vient changer la face des 
choses. C'est lui qui, en 1900, recueillit, au Chan-si, l'impératrice en fuite. 
*I1 avait, de ce fait, gardé, sur la vieille souveraine, une action certaine. 
Acquis aux réformes, doué d'un caractère impétueux et brutal, il use aussitôt 
de son influence pour lancer toute une série d'accusations contre lès hauts 
personnages hostiles aux idées novatrices. De nouveau, la cour, apeurée, 
redevient réformiste. Mais Tsen étant tombé malade, tous ceux qu'il avait 
attaqués, le prince K'ing en tête, appuyé, cette fois, par Yuan Chi-k'aî, se 
liguent contre le fâcheux, et quand celui-ci reparaît au palais, son règne est 
terminé; il reçoit, lui-même, l'ordre de regagner Canton. Sa faveur n'avait 
pas dépassé vingt jours! 

La réaction triomphe une deuxième fois. Elle aurait même réussi sans 
doute à faire écarter définitivement tout programme moderniste, si les 
progrès du parti révolutionnaire, exagérés encore par les informations 
tendancieuses de la presse, n'avaient profondément troublé l'impératrice 
douairière. On n'abandonne donc pas complètement les réformes, mais on 
déclare qu'on les expérimentera d'abord en Mandchourie, afin de faire de cette 
province celle sur laquelle se modèleront ensuite les autres parties de 
l'Empire. On sent tout ce qu'un tel projet avait d'insincère. Il contenait toute 
la dissimulation puérile du Chinois qui espère calmer les exigences de la 
révolution, de même qu'il détourne la colère des esprits ou tente de fléchir 
ses Boudhas, avec des cadeaux factices, monnaies de papier et atours de 
carton. 

La cour reprenait ainsi confiance grâce à cet ingénieux artifice destiné à 
calmer les mécontents et les impatients, lorsque éclata au mois de juillet le 
drame de Nganking. Un gouverneur de province tué à coups de revolver par 
un mandarin, un laotai directeur d'une école de police, par conséquent un 
haut fonctionnaire qui se |)roclamait hautement partisan de la révolution. 
L'émotion, à Pékin, fut considérable. Elle fut avivée encore par toutes sortes 
de rumeurs et de nouvelles publiées |)ar les journaux et qui annonçaient 



LKTAT ACTUEL DE LA CHINE. «5 

IVntrée, dans la capitale, de très nombreux révolutionnaires. L'impératrice, 
afr<»h'»e, o*osait plus sortir de ses appartements. Un épais cordon de troupes 
fut disposé autour du I^alais d*Été. 

Dans un tel désarroi, les souverains firent appel à Yuan Ciii-k*aï comme 
au seul homme capable de sauver une situation si critique. Voulant réunir 
autour d*eux tous les personnages susceptibles d*avoir de l'influence sur la 
« Jeune Chine », ils firent également venir, à Pékin, le vice roi des deux Hou, 
Trheng Chetoung, qu'ils réconcilièrent avec Yuan Chi-k'aî. C'était un éclatant 
retour au programme réformiste. Un décret ne tarda pas à paraître créant 
une Cour de contrôle admistralif, chargée de rélaboraiion des lois constitu- 
tionnelles et bureaucratiques. On décida, en outre, l'envoi d'une nouvelle 
mission d'études auprès des nations étrangères. Enfin, au commencement de 
or mois de décembre, un édit retentissant annonçait de nouveau l'établisse* 
ment prochain d'une constitution. Pour la deuxième fois, la comédie de la 
miMlernisation de la Chine se jouait à la face du monde. 

Pour que la répétition des événements de 1906 soit plus complète encore, 
voilà qu'au moment précis où l'Europe et TAmérique accueillaient, avec la 
nième crédulité qu'il y a deux ans, des nouvelles de transformation moder- 
niste, on apprend que Yuan Chi-k'aî, découragé par tous les obstacles que la 
rour oppose à la réalisation des réformes promises, demande i démissionner 
et il devient de plus en plus certain que l'étoile du vice-roi novateur recom- 
inenro à pâlir. Le parti conservateur a de nouveau le dessus. La simple 
(*inniiération de ces faits donne une idée très exacte des véritables tendances 
<lu gouvernement chinois et du crédit qu'il faut désormais accorder à toutes 
l<*N ilépcVhes sensationnelles relatives à la rénovation du Céleste Empire. 

Ob en sont les réformes? — Le.s réformes souffrent naturellement d'une 
«^« inblable variabilité politique. Les plus anciennes même, celles qui étaient 
••ri meilleure voie, comme l'organisation d'une armée moderne, n'ont pu 
»*r|iapper aux conséquences d'une telle anarchie j^^ouvernemenlale. 

t)n sait que les premières troupes modernes furent organisées, après 
1H95, c'est-à-dire i la suite de la guerre sino-japonaise, avec l'aide d'instruc- 
t«'urs étrangers à Nanking et à Ou-tchang, par Tcheng Che-toung, et, dans le 
nonl. par Yuan Chi-k*al. Les divisions ainsi créées furent le noyau de l'armée 
nationale dont l'organisation définitive et l'unification ne datent que de 

Les troupes qui manœuvrèrent à l'automne de 1905 et de 1906 firent & 
l<ius ceux qui les virent sur le terrain une bonne impression au point de vue 
«l«* la parfaite exécution des mouvements. Sans doute il y avait de grandes 
n-^rves à faire au sujet du commandement qui se montra tout i fait inca- 
pable de faire face i des situations imprévues, mais l'ensemble provoqua une 



K JEAN RODES. 

TéritaUe surprise et on eommen^ à envisager la possibilité, pour la Chine, 
d*avoîr, dans un délai de rpielqaes années, ane puissante armée moéeme. 

D'après le décret d'organisation, cette armée devait compter, vers 1920, 
40 dîvisioifô de 12000 hommes chacune, c'est-à-dire une force imposante de 
SOOfMIO hommes avec un contingent annuel d'environ IftOOOO hommes, 
d'aolanl plus facile à réunir qu'il est inférieur au dixième d'une classe de 
Chinois de vingt et un ans. 

Au début de 1907, il existait, dans tout l'Empire, 25 br^ades dont f6 
étaient endivisionnées et 19 pourvues de leurs accessoires de cavalerie et 
d'artillerie. Les six divisions du nord, dites armée du Peyang, passaient pour 
les meilleures. J'en ai vu deux au camp de Paoting-fou qui m'ont paru trt^s 
bien dressées. Celle que j'ai vue ensuite à Wou-tch'ang, sur le Yang-tseu, 
m'a semblé d'ailleurs les valoir. La isitualion de l'armée était donc, à ce 
moment:, bonne. 

La disgrâce de Yuan Chi-k'aï et le triomphe de la coterie mandchoue ont, 
en |>eu de temps, changé tout cela. 

En l'absence de tout budget nettement établi — ce qui est déjà une grande 
faiMesse — les dépenses de ces troupes sont assurées par les vice-royautés 
sur le territoire desquelles elles sont casemées. Les divisions du nord, seules, 
considérées comme le plus sûr soutien de la dynastie, sont entretenues grâce 
à des sommes prélevées dans toutes les provinces ; tant que Yuan Chi-k'aï a 
eu la direction snpérieure, l'argent est allé à sa destination. Mais lorsqu'il a 
dû passer la main au ministre de la Guerre, son ennemi Tié Liang, il n'en a 
plus été de même. La solde n'a presque plus été payée et le haut commande- 
ment a été confié à des hommes incapables, mais complaisants. Le décourage- 
ment a été général parmi les officiers et les élèves des écoles militaires. 

Mais le pis a été que la classe étant partie h la fin du printemps, l'appel 
de la classe nouvelle a été retardé de plusieurs mois sous le prétexte de 
manque d'argent. De plus, les deux divisions de Paoting-fou ayant, à ce 
moment, reçu l'ordre d'aller en Mandchourie, on a dû les compléter en 
prélevant des hommes sur toutes les autres divisions du Peyang. En sorte 
qn'en peu de temps celte armée dont la Chine était fière n'existait presque 
plus et qu'actuellement on peut dire que tout est à recommencer. 

La situation de l'enseignement n'est guère meilleure. De même que 
l'organisation des premières troupes dressées à l'européenne, les premiers 
projets de modernisation de l'enseignement sont antérieurs au mouvement 
réformiste actuel. Ils furent la conséquence des défaites de 1893' et de 1900. 
Le grand lettré Tcheng Che-toung en fut le promoteur. Les premières idées 
de ce genre avaient été en effet formulées dans son livre de Y Exhortnùon 
à létude qui avait eu un vif succès parmi la jeunesse cultivée chinoise. 
Après l'équipée boxer, l'impératrice, acquise au principe de rénovation de 



L'ÉTAT ACTUEL DB LA CHINE. 87 

I empire « avait chargé ce vice-roi Je rédiger les nouveaux règlements 
srtilaires dont la publication coïncida avec les débuts de la guerre russo- 
ja|K>naise et de Factuel mouvement réformiste. 

On était alors dans le premier feu de la nt^^vre moderniste puérilement 
rxagéré à la manière chinoise. Par déi-ret, toutes les écoles primaires, 
moyennes, supérieures, prévues par ces règlements, furent aussitôt orga- 
nisées. Les vice-rois, pris de zèle et d*émulation, en créèrent sur-le-champ 
un nombre invraisemblable. C*était à qui en ouvrirait le plus. Yuan Chi- 
k'ai notamment, pour le seul Petchili, en annonçait 4 Tîtii), dont 4 i62 d*ensei- 
tmement primaire! 

On se doute de ce que pouvaient valoir toutes ces écoles pareillement 
improvisées. Les élèves furent de suite assez nombreux, mais les maîtres 
manquèrent totalement. 11 suffisait d'avoir eu quelques rapports avec les 
étrangers, d'avoir séjourné hors de la Chine ou de parler une langue euro- 
péenne pour avoir la charge de professeur. Je puis citer le cas d'un infirmier 
chinois de la mission médicale française de Canton qui devint ainsi professeur 
de médecine à Fécole officielle de cette ville. Le choix de ces modernes 
pédagogues fut presque partout si ridicule que le ministre de l'Instruction 
publique dut donner des ordres exprès pour que les professeurs ne fussent 
plu8 pris désormais parmi les anciens domestiques d'Européens. J*ai visité 
quelques-unes des nouvelles écoles supérieures, et la vue des cabinets de 
physique et chimie m'a confirmé dans cette opinion que l'étude des sciences 
\ était extrêmement rudimentaire sinon inexistante. J'y ai constaté, en effet, 
un manque absolu de classification, et, dans certains m(*me, un désonlre et 
une malpropreté qui révélaient un abandon complet. On ne connaît le 
véritable enseignement scientifique en Chine que dans les écoles anglaises 
de Hong Kong et dans les établissements que les Jésuites français possèdent 
aux envinms do Shanghaï. 

Enfin, il faut ajouter que les progrès du parti révolutionnaire et la preuve 
que l'on a eue de la participation d'étudiants chinois aux diverses rébellions 
K'^reates ont provoqué une vive réaction contre l'enseignement nouveau. 
Ainsi, apK's le meurtre du gouverneur de Ngan-houei, le vice-roi de Nankin, 
T«>uan-Fang, celui-là même qui avait dirigé Tune des deux grandes missions 
dVîudes à l'étranger, a fait fermer toutes les écoles supérieures de sa vice- 
niyauté. Des décrets ont paru restreiirnant l'enseignement des filles et le 
limitant à l'âge de douze ans. De plus, les étudiants sont suspects et soumis 
i une surveillance policière extrêmement dangereuse, car il y en a en 
auxquels on a tranché la tète et qui n'avaient commis d'autre crime que de 
M» coap4*r la natte et de s'habiller à l'européenne. Fin certains endroits 
même, par exemple à Wou-tchang et Hank'eou, à la suite du soulèvement 
«le Ping Cbang, les hôteliers refusaient de les recevoir chez eux à cause des 



88 JEAN RODES. 

ennuis que leur présence leur attirait. On comprend que tout cela rende 
encore plus précaire la situation de renseignement moderniste dans le 
Céleste Empire. 

Quant aux fameuses lois constitutionnelles dont le trône annonce* de 
temps à autre rétablissement et dans lesquelles la cour voit surtout un 
moyen de calmer Timpatience des milieux réformistes tangents au parti de 
la révolution, il convient de rester très sceptique à leur endroit. On a fait 
récemment, à Tien-Tsin, un essai très significatif. Pour préparer les popu- 
lations à ce nouveau régime, Yuan Chi-k'aï a voulu instituer, dans celle 
ville, siège de sa vice-royauté, une assemblée municipale. Il s*agissait de 
faire élire une commission qui, présidée par les mandarins, ne devrait 
d'ailleurs pouvoir qu'émettre des vœux. Afin d'établir les listes électorales, 
le vice-roi a fait distribuer 300 000 bullelins assez analogues à nos feuilles 
de recensement. 3 000 seulement ont été remplis et renvoyés aux autorités. 
On a recommencé l'épreuve en rayant de la liste des indications à fournir 
celle qui avait trait au chiffre de fortune et qui pouvait porter ombrage aux 
Chinois. Le résultat de cette deuxième expérience n'a pas dépassé celui de 
la première. 

Cet insuccès est dû entièrement à la méfiance incoercible du peuple à 
l'égard des mandarins. Et tant que le fossé qui les sépare ainsi subsistera, 
il ne pourra être question d'établir, en Chine, un régime à base de repré- 
sentation nationale. 

La vérité est qu'on ne fera rien de sérieux tant qu'on n'aura pas réalisé 
les réformes essentielles, celles-là même qui rencontrent l'opposition la 
plus tenace parce qu*elles heurtent le plus fortement les intérêts particuliers, 
la réforme bureaucratique et celle des finances. Elles sont du reste intime- 
ment liées l'une à l'autre, car la seconde ne peut être effectuée que par 
l'exécution de la première. 

Il y a bien eu des décrets élevant le traitement des fonctionnaires, mais 
cela ne suffit pas à modifier les mœurs traditionnelles des mandarins, 
surtout en matière de prélèvement d'impôts. En réalité, les fonctionnaires 
continuent à acheter leurs charges. Je pourrais en citer de nombreux cas 
très récents. Des banques existent qui font surtout des opérations de prêts 
destinés à ces achats. Et il est de tradition qu'un haut mandarin, dans les 
trois années que dure sa charge, peut non seulement rembourser les avances 
qui lui ont été faites, mais enrichir en outre sa famille pour trois générations. 

Les abus auxquels donne lieu un tel système sont difficilement croyables 
pour les habitants de pays normalement organisés. Loin de disparaître en 
Chine, ils s'aggravent, au contraire, par les prétextes que les réformes 
donnent aux fonctionnaires d'établir toutes sortes de taxes nouvelles. Les 
soulèvements du sud, en juin dernier, et celui de Kin-tchéou, au Kouang-si, 



L'KTAT ACTUEL DE LA CIILNE. 8V 

dont la répression s*achève en ce moment, ont eu pour cause Tarcroissement 
rxlraonlinaire des impôts sur toutes les denrées, |H)ur faire soi-disant face 
aux dépenses des écoles et de Tarmée. Le nombre des taxes payées à Kin- 
trhéou est monté au chinVe fantastique de 72! 

Tonte une refonte de la bureaucratie sMmpose donc. On Ta promise à 
liiverses reprises, mais elle rencontre une opposition si puissante, non 
>fiilement dans la caste mandchoue, mais auprès d*hommes prétendus 
m^formistes comme Tchang* Che-t*oung, qu*il ne faut guère s'attendre, à cet 
•*iranl, à une réalisation sérieuse. Pourtant, tant que cela ne sera pas fait, 
la modernisation si vantée de la Chine ne sera qu*un leurre. 

Ce qui est vrai pour les finances Test également pour la justice. Avec 
l'actuel mandarinat, cruel, cupide, corrompu, on ne peut espérer une réforme 
judiciaire. On a très peu tenté, du reste, dans cette voie. On n'a pas créé une 
magistrature spéciale et il n'est pas davantage question d'adopter, à l'exemple 
du Japon, un code inspiré des codes européens. On a seulement supprimé 
la torture et la gradation de la peine de mort. VA encore cela est-il resté à 
IVlat platonique comme la plupart des décrets impériaux. Sauf dans deux ou 
trois centres où les Chinois se sentent sous l'œil des étrangers, la torture et 
1rs divers modes de donner la mort ccfhtinuent à être pratiqués. Les ^gouver- 
neurs ont d'ailleurs fait savoir qu'avec cette nouvelle pénalité, ils ne 
répondaient plus de l'ordre. La cour n'en demandait pas tant pour fermer 
les yeux. 

L'interdiction de Topium semble, elle, avoir tous les soins du gouverne- 
ment céleste. C'est qu'il ne s'agit pas, comme on Ta cru, de supprimer l'usage 
lie la drogue, mais d'en transformer la vente en monopole d'état. Les fume- 
ries, les magasins ont été fermés, mais, moyennant le paiement d'une taxe, on 
|>eut fumer chez soi. L'interdiction absolue n'existe que pour les fonction- 
naires et les officiers. La cour a annoncé la volonté formelle d'arriver à 
la suppression complète dans un délai de dix ans. Il faut attendre pour en 
juger. Cependant, ce que l'on sait des résultats présents permet de craindre 
que cette défense ait le même sort que celle loi ancienne qui interdisait 
déjà l'usage de l'opium sous peine de mort. Car c'est en Chine surtout que 
les lois sont faites pour être violées. 

Le but que poursuit le gouvernement est, en somme, beaucoup moins de 
transformer la Chine selon le mode rationnel du progrès occidental que de 
donner, aux nouvelles aspirations chinoises, un semblant de satisfaction et 
JVnrayer ainsi le mouvement révolutionnaire. Une des dernières mesures qui 
aifnt été prises dans ce but a été le décret ordonnant la suppression de la 
barrière qui séparait les Mandchous des Chinois. Désormais, les Mandchous 
qui restaient toute leur vie à la disposition du trune comme soldats, bien 
i|u*ils ne fissent en réalité aucun service, ne toucheront lus la solde qui leur 



90 JEAN RODES. 

était versée et devront gagner leur vie en travaillant. De plus, les mariages 
ne seront plus interdits entre les deux races. C'est là assurément une décision 
heureuse, mais qui, pour être tout à fait efficace, ne devrait pas atteindre 
seulement la classe pauvre des Mandchous. Malheureusement les hauts 
fonctionnaires de cette origine ont toujours la direction à la cour et dans les 
ministères, dans une proportion par trop exagérée. Cela n'a pas pour seule 
conséquence de consacrer une inégalité dont les Chinois se plaignent ajuste 
titre, mais encore crée le plus sérieux obstacle à l'exécution du programme de 
réformes, les Mandchous ayant intérêt à ce que rien ne soit changé dans un 
régime dont ils tirent tous les avantages. 

Les faits nouveaux. — Il ne faudrait pas croire cependant qu'il n'y ait rien 
de modifié dans le Céleste Empire. La mentalité du peuple chinois, du moins 
parmi les lettrés et la classe innombrable des commerçants, a subi une évo- 
lution considérable durant ces dernières années. Autrefois, les Célestes, 
convaincus de la supériorité de leur antique civilisation et dominés aussi par 
toutes sortes de superstitions, ne voulaient systématiquement rien connaître 
de notre progrès utilitaire. Le soulèvement boxer a été la dernière manifes- 
tation de cette hostilité qui semblait irréductible. Aujourd'hui, le télégraphe 
avec fil ou sans fil, le téléphone, les chemins de fer, l'exploitation scientifique 
des mines, toutes diableries d'Occident, auxquelles s'opposait la croyance 
aux esprits et au dragon national, sont non seulement admis en Chine, mais 
suscitent une émulation générale. Des sociétés s'organisent de toutes paris 
pour la construction des voies ferrées et la fondation d'entreprises indus- 
trielles. Les souscriptions affluent pour la constitution des capitaux. Car le 
vieux particularisme des fils de Han n'a pas disparu, il n'a fait que changer 
de forme. Les Chinois adoptent la civilisation européenne, ses sciences et ses 
méthodes, mais ils entendent en faire eux-mômes l'application chez eux. Ils 
ne veulent pas de notre tutelle et cette tendance très nettement marquée a son 
expression dans la formule de la Chine aux Chinois^ qui est devenue le mot 
d'ordre de toute la jeune génération. On en trouve un exemple éclatant dans 
le mouvement qui soulève, à l'heure actuelle, le Tché-kiang contre une con- 
cession de chemin de fer accordée aux Anglais. Les habitants de cette 
province ont immédiatement organisé une société et réuni les capitaux 
nécessaires pour assurer celte construction par des moyens uniquement 
nationaux. 

Il y a, du reste, au fond de ce nouveau genre d'opposition à toutes les tenta- 
tives étrangères, autre chose qu'une transformation de l'ancienne xénophobie; 
il y a un sentiment qui vient de naître et qui est déjà tout-puissant, celui Ju 
patriotisme. Anatole France dit, dans une page de son livre Sur la pierre 
blanche : « Il faudra du temps pour apprendre à la Chine qu'il y a une Chine. 



L'KTAT ACTin-X K LA CIIIMÛ ^ 

Car elle ne le sait pas; et tant qu'elle ne le saura pas, il n'y aura pas de 
#Ibine. Un pevple n'existe que par le sentiment qu'il a de son existence. » La 
?uerre sioo-japonaise, les spoliations de territoires dont elle a souffert depuis 
f 8!IM, l'aventore désastreuse de 1900 onl appris à la Chine qu'elle existait. 
Klle en a pris, dès cette époque, par la compréhension de sa faiblesse, une 
r«»nscîence humiliée. La récente victoire des Japonais sur les Russes, & 
l4ii|ue||e l'Asie entière a vibré comme à un formidable coup de ^ong, en 
rhaofreant cette humiliation en espérance, a mis au cœur de tous les c jeunes- 
rhiiiois 9 le patriotisme. Cela leur est venu avec Tidée et le goût de la 
victoire. Et la meilleure preuve en est qu'à ce sentiment s'ajoute un milita- 
rJMne à outrance, bien curieux dans ce pays séculairement pacifiste. Le 
mtHier des arme», naguère si décrié et réservé à la fripouille, est maintenant 
rerlierrhé par les fils des plus importantes familles. Toute la jeunesse scolaire 
de l'immense empire jaune ne marche plus qu'au pas de paraile, et j'ai vu 
cette manière d'être nouvelle se manifester pour la fête anniversaire de 
Confucius, qui a été célébrée militairement par toute la jeunesse scolaire de 
(Canton. 

L'évolution de la mentalité chinoise ne se manifeste pas seulement par 
radoption de notre progrès utilitaire et par cette apparition du sentiment 
palricilique. Elle est plus profonde encore, car elle touche déjà aux croyances 
H h l'ensemble des rites qui depuis tant de siècles règlent la vie céleste. On 
%ait combien les antiques coutumes de la Chine restreignent Tindiviilu et lui 
••nItWenI toute personnalité au bénéfice du chef de famille. On sait aussi que 
retle conception de la vie, qui fut d*ailleurs celle du monde gréco-latin à son 
oriffîne, repose sur le culte des ancêtres et les maximes de Confucius, t|uo 
1 4»n vénère dans tout l'empire du Milieu à l'égal il'un évangile. La nouvelle 
;rrnéralion, qni prend le goût de Tindépendance dans la connaissance du 
rnon«le extérieur et qui puise dans Tétude de nos sciences l'esprit critique et 
•le libre examen, ne craint pas de discuter ouvertement ces assises sacrées de 
Il plu« vieille des civilisations. On a pu lire dans les journaux des article> 
bafouant la croyance aux esprits et montrant combien a été nuisible à la Chint* 
ci*tte rrédolité, grâce à laquelle les morts exercent une véritalile tyrannie sur 
Ie4 vivants. La doctrine de Ctmfucius subit les mêmes assauts. J'ai eu sous les 
veux un rapport tendant à démontrer la fausseté des sciences de ce philosoplu* 
•'t le rendant responsable de Timmobilité stérile aussi bien que de la faibless«^ 
actuelle du Céleste Empire. De grands personnages n'ont pas craint de favo- 
ris«T ces idées subversives. En 1906, le vice-roi de Canton, Tseii Tchouen- 
bien, ayant reçu d'un lettré de Singapour nommé Hou Kouo-lien un mémoin* 
(*tt il éUil expliqué qu'il était mauvais de croire aux dieux, Vapprouva, le lit 
imprimer à 30000 exemplaires et afficher dans la province, afin, dit-il, que 
le peuple devienne réformateur. 



92 JEAN R0D:S. 

La cour, qui ne voit pas sans appréhension se produire ces tendances 
anti-traditionalistes, et qui craint avec juste raison qu'elles portent atteinte 
à Tautorité absolue et quasi divine du Fils du Ciel, a voulu réagir contre 
elles. Et c'est dans ce but qu'un décret récent élevait à la première classe le 
culte de Confucius. Mesure bien impuissante, du reste, à enrayer un mouve- 
ment intellectuel qui par son irrespect systématique ne manque pas d'ana- 
logie avec celui de nos encyclopédistes du xviii* siècle. Il n'est d'ailleurs pas 
inutile de signaler à ce sujet que, parmi les ouvrages européens traduits en 
langue chinoise, ceux qui ont été accueillis avec le plus de faveur dans les 
milieux lettrés sont le Contrat social de Rousseau et YEsprit des lois de 
Montesquieu. 

La conséquence naturelle de cette libération de la pensée est raflranchis- 
sement de l'individu. Sans doute, la masse grouillante des fils de Han est 
toujours étroitement soumise à la dure loi rituelle du patef^familias, d'après 
laquelle le fils, quel que soit son âge, appartient littéralement à son père, dans 
ses pensées, dans ses actes, dans son gain et dans sa vie même. Mais, dans 
beaucoup de familles de mandarins, de notables et jusque chez les commer- 
çants des villes ouvertes, où la longue fréquentation des Européens a 
grandement atténué la rigueur des coutumes chinoises, les enfants, du moins 
les garçons, ont acquis quelque indépendance. Beaucoup aujourd'hui ne 
craignent pas — ce qui, il n'y a pas longtemps encore, eût été une incorrec- 
tion très grave — de soutenir un avis contraire à celui de leurs parents. 
Beaucoup choisissent leur carrière en dépit même de la volonté paternelle, et 
d'autres s'émancipent financièrement, montent des affaires autonomes, 
possèdent. Tout cela va à l'encontre de la vieille collectivité familiale, dont 
le chef régnait en autocrate, seul maître, seul propriétaire. Et il est bien 
certain que ce joug ne sera pas définitivement secoué sans qu'il soit sérieuse- 
ment porté atteinte à l'institution qui, depuis des temps si lointains, maintient, 
immuable et identique, la société chinoise : la famille. 

Les vertus que la race devait à cette rude discipline, et dont on peut cons- 
tater déjà l'affaiblissement, disparaîtront sans doute; en revanche, l'individua- 
lisme nouveau les remplacera par des qualités essentielles qui manquaient à 
l'àme invertébrée de la Chine : l'énergie et l'esprit d'initiative grâce auxquels 
un peuple de quatre cent cinquante millions d'habitants doit pouvoir faire de 
formidables choses. 

Le parti révolutionnaire. — Le mouvement révolutionnaire est né, en 
Chine, de ces aspirations nouvelles qui font apparaître de plus en plus intolé- 
rables les vices de l'administration impériale. Chez les « jeunes-chinois », le 
vieux sentiment anti-mandchou s'est aggravé de la conviction que le gouverne- 
ment actuel est tout à fait incapable, par son insuffisance autant que par sa 



LÉTAT Ai:TrEL DE LA CHINE. 93 

rorrupiion, iie procéder au relèvement de TEmpire du Milieu. C*e.st donc un 
vif senliment national que Ion trouve i Torigine de ce parti que les Chinois 
ap|)elent AVmm//» mot qui si^fnifie « renversement ». 

I^s hommes de ce « renversement •, les Kémingtangs^ sont surtout des 
étudiants retour du Japon. Ils furent endoctrinés, i Tokio, par la propafrandc 
qu y fit, il y a deux ans, le chef de la révolution chinoise, Sun Yat-sen, dont 
le nom de guerre est Seng Weng. 

J*ai eu la bonne fortune de voir Sun Yat-sen dès le début ae mon voyage, 
à la (in du mois de mai. Je ne Tai pas rencontré à Hong Kong, comme je Tai 
dit à ce moment-là, dans le Temps, mais à Hanoï, où il résidait alors dans le 
plus strict incognito. On comprend que la discrétion la plus élémentaire 
minterdisait de révéler le lieu de celle retaite, qui nY'tait d*ailleurs que 
momentanée. Je passai toute une soirée avec lui, et les déclarations qu*il me 
lit, au cours de cette longue conversation, peuvent se résumer ainsi : 

Le but des révolutionnaires est de renverser la dynastie mandchoue qui, 
a^cc son administration corrompue, a amené TEmpire du Milieu h son état 
pn*stMil de faiblesse; proclamer la République, tout au moins dans les 
pn>\inres méridionales; relever et organiser la Chine, dont la décomposition 
actuelle est une menace pour la paix générale, par les convoitises 4|u*elle fait 
uallte chez les peuples forts; procéder à ce relèvement sans faire appel au.x 
sentiments xénophobes et en établissant au contraire les meilleures relations 
avec les puissances étrangères. 

Pendant mon séjour en Chine, j*ai voulu me rendre compte si une orga«- 
nl^tion vraiment sérieuse répondait à cet ambitieux programme, et j*ai |iu 
constater qu*il n*en était rien. Il y a bien des cadres, si on veut, et ils sont 
justement formés par ces étudiants qui ont puisé au Japon, dans Tatmosphére 
(1rs victoires de Mandchourie, un patriotisme vivace et un grand orgueil de 
rare. Un grand nombre dVlèves des écoles militaires, mus par les mémos 
^t^ntiments, seraient aussi tout prêts à se joindre à eux. Mais ce sont des 
«atires à peu près sans troupes. La seule force sur laquelle la révolution puisse 
un peu compter est celle des sociétés secrètes, et nous verrons plus loin com- 
bien elle est inconsistante et précaire. Du reste, tous les Kéminglangs avec 
If^uels je me suis entretenu renient cette entente. 

Ils ne veulent pas admettre que leur cause, noble et désintéressée, puisse 
Uiri' ap|»el à ce qu*ils considèrent comme dos bandes d*aventuriers et de 
|»illanls Mais j*ai là-dessus le témoignage de Sun Yat-sen lui-même, qui m*a 
formellement déclaré qu*il s*appuyait surtout sur ces fameuses sociétés. Et il 
faut bien reconnaître que, sans leur concours, le Krming, réduit à quelques 
lettrés et étudiants disséminés dans Timmense empire, n*aura jamais Timpor- 
tiiice d*un parti. 

Voici d'ailleurs ce qui a été réellement fait dans ce sens : 



94 JEAN B&MS. 

Les deuxgraiHlefi associations dusudetdu eeutre^ les Triades (Sarnbo-houei) 
répandus dam le Kouang-tonng; le Kouang-jsi, le Fou-kien et le Xcb&4ia]ig, 
et les Viei(x Frères (Kolao-bouei) du Hau-«an et des provinces d« Yang-tseu, 
ont fait alliance enl9(^. Elles se sontréuaîesen une seu4esoGiéié4kisC4ua/i^o 
houei et se sont placées sous J'umqitie direction de Sun Yat-aen (Seng Woqg), 
qui était <]*aillenrs déjà le chef des Triade»^ Le chef des liteux Frères^ Ouang 
Cheng, véritable homme de combat, s'est, comme il le dit kû-mème à b 
personne de qui je tiens ces détails, effacé devant Sun, parce que oeini-ci, 
ayant beaucoup de relations à Tétranger, pouvait trouver des appuis et de 
Targent. 

Cette tentative d'organisation, «qi^i n'estipasjiicontte des autorités .chinoises 
puisqu'elle a fait l'objet d'un rapport de T^hang Ghe-toui^^ était inléressank 
à signaler, car elle est la seule machine de guerre de la révolution oontre la 
dynastie. 

Ulaiii; ajouter qu'en dépit de la surveillaBee des douaokes, iHie assez grande 
quantité d'armes a pu pénétrer dans ces provinces. Siuit le Yang-tsé, elles 
arrivent dissimulées dans toutes sortes de marchandises et on «en a pris jusque 
dans dies cercueils. Dans le sud, elles pénètrent par Hoog-Jkong et Macao. 

Il est en outre indéniable que, depuis quelque temps, la propagande révo- 
lutionnaire est devenue plus active. Les étudiants rentrés du Japon, et dont 
beaucoup sont animés d'une sorte d'ardeur mystique qui les apparente aux 
nihilistes russes, s'y emploient dans toutes les provinces de l'empire. Le mou- 
vement modenniste, grâce auquel un assez grand nombre ont trouvé des 
situations dans les milieux officiels, leur facilite ce prosélytisme. On sait par 
exemple qu'au cours de la tournée que le prince Sou a faite, l'an dernier, eu 
Mongolie, des adeptes du Kéming, qui se trouvaient dans son entourage 
même, ont pu propager leurs idées dans cette région. Quant à l'argent, il 
provient de souscriptions de riches notables du sud et des pays d'immigratiaD 
où les Chinois possèdent de puissantes maisons de banque et de commerce. 
Il provient aussi d'une somme de trois millions de taëls (42 raillions de francs) 
que Sun Yat-sen a recueillie dans son voyage à Paris et à Londres et qui, 
déposée à la Hong Kong and Shanghai Bank, passe pour .être actuellement 
presque épuisée. 

Toutes ces apparences de préparation à la lutte ne doivent d'ailleurs pas 
faire illusion, car derrière cette façade on ne trouve qu'impuissance et absence 
d'une réelle combativité. Pour peu que Ton s'enquière, on constate en effet 
que l'entente et l'entrain font complètement défaut. Il n'est pas dans la nature 
du Chinois de rien risquer sans la certitude du succès ou de tirer du moins sud 
épingle du jeu. Chacun — et chacun, dans l'espèce, c'est le groupe révolu- 
tionnaire de telle ou telle ville — attend que le voisin commence et triomphe 
pour se joindre à lui. 



LÉTAT ACTUEL DE LA CHINE. 95 

Les faits ooi démontré surabondamment la réalité de cette faiblesse d*Ame 
chez les adrersaires de la dynastie. Alors que depuis trois ans, le mouvement 
doit avoir lieu i lautomne — Sun Yat-sen me Ta annoncé lui-même pour la 
fin de 4907 — rien de sérieux n*a encore été tenté dans ce sens. Les seuls 
sottlèremenls graves qui se soient produits ont eu une cause économique» 
et si les révolutionnaires locaux se sont joints aux émeutiers, toutes les orga- 
nisations voisines sont restées dans Texpectative, tandis que leur action 
combinée avait les plus grandes chances de succès. Ainsi se sont passées les 
choses pour la rébellion de Ping Chang (Hounan) en décembre 1906 et celle 
de Kin4eliéoa (Kouang-si) qui vient à peine d*être réprimée. 

H ressort bien de tous ces faits que les révolutionnaires chinois» propres i 
concevoir de grands desseins, sont inaptes à Taction, stérilisés par le manque 
d'initiative et d*énergie qui est la caractéristique profonde de Time négative 
de la race. Ceux qui font exception sont des mystiques illuminés qui, armés 
d'un orgueil morbide, se croyant destinés i régénérer la Chine, partent, tout 
seuls, en guerre contre Ténorme machine mandarinale. Par exemple, le 
meurtrier du gouverneur du Ngan-houei, le (aolaî révolutionnaire Sin Sié Ling* 

Si Ton ne constate de la sorte que des insurrections locales, des con- 
vulsions sporadiques qui n*ont aucun rapport avec un vaste mouvement 
d ensemble, il faut cependant noter qu*il existe, i Theure actuelle, dans tout 
I empire, un état d esprit singulièrement favorable à la rébellion. Les popu- 
lations, qui ces dernières années ont souffert de mauvaises récoltes, de 
famines, d'une alimentation constante du prix des denrées essentielles et de 
raccroisaement également continu des impôts, rendent de plus en plus 
responsables de leur misère les mandarins et la dynastie. Le sentiment anti- 
mandchou a fait partout des progrès considérables. Il n est pas un consul, pas 
an missionnaire qui ne le signalent, et il est bien certain qu'il pourrait y 
avoir la, pour la révolution, une chance de premier ordre, pour peu que de 
fTTOS événements amènent lexplosion de cette animosité populaire. Et c*est 
justement ce qui donne une idée exacte de la valeur de ce Kéming^ qui attend 
tcnit du hasard et de contingences qu'il est incapable lui-même de provoquer. 
On entrevoit, en effet, pour lui, la possibilité d'agir qu'à la faveur de cata- 
clysmes, dans lesquels il sombrerait i coup sûr avec la dynastie dont il 
poursuit, jusqu'à présent vainement, la ruine. 

Les aociétéa aacrètea. — Que sont donc ces fameuses associations qui, 
aprrs avoir joué un grand rôle dans tous les soulèvements antérieurs, antidy- 
nastiques comme celui des Taï-p'in^s ou simplement xénophobes comme celui 
df» 1900. semblent devoir prendre encore une part considérable dans les évé- 
oements futurs? On sait combien les lois, les m<rurs, les rites asservissent 
dorcment l'individu aux diverses puissances sociales et suppriment, pour ainsi 



96 JHAN RODES. 

dire, sa personnalité. Appàrtenirà un groupe cimenté par des besoins communs 
apparaît donc, au Chinois, comme une condition essentielle de son existence. 
En s'unissant de la sorte, il obéit à une fatalité biologique presque aussi 
impérative que celle qui agglomère certaines espèces inférieures. Celle 
nécessité absolue de s*unir est la cause première des multiples associations 
qui existent en Chine. C*est le besoin impérieux qu'ont notamment les 
Célestes de se défendre contre ladministration mandarinale, la plus cor- 
rompue et la plus oppressive qui soit au monde, qui a donné naissance aux 
sociétés secrètes. 

On n'est guère d*accord sur Torigine de ces associations. Les uns la font 
remonter aux Bonnets Jaunes qui, au ii' siècle de notre ère, se seraient 
soulevés contre l'empereur Lien Ti. Pour les autres, la plus ancienne de ces 
sociétés serait celle des Triades, qui aurait été formée, au Fou-kien, au cours 
du xvn« siècle, sous le règne de K'ang Hi, deuxième empereur de la 
dynastie mandchoue. Ce qu'il y a de certain, c'est que le but de ces associations 
a toujours été de lutter contre la tyrannie gouvernementale. Il est à croire 
néanmoins que les premières organisations de ce genre doivent être très 
lointaines, car l'armature de la société chinoise, si hostile à Tindividu, ayant 
toujours été la même, le besoin de s'unir mentionné plus haut a dû exister 
de tout temps. L'hypothèse qui a été faite, d'une société très ancienne qui 
se serait peu à peu répandue à travers la Chine, en changeant de nom, est 
donc très plausible. Elle est vérifiée, dans tous les cas, par les observations 
que Ton peut faire sur les associations actuellement existantes. 

Il est certainement très difficile d'apporter des précisions et de délimiter 
nettement toutes ces sectes qui sont pour ainsi dire enchevêtrées dans une 
origine et des pratiques communes. Pourtant on finit par voir assez clair dans 
ce chaos, quand on a compris que l'on se trouve en présence d'un très petit 
nombre d'associations, toujours les mêmes, mais qui apparaissent sous des 
noms dilTérents selon les lieux et les circonstances. Ainsi le Ciel et la Terre 
(Tien ti houei) n'est autre chose que la Triade (San-hohouei), mais avec le nom 
particulier que lui donnent les Chinois immigrés de Hong Kong, de l'Indo- 
Chine, de Singapour et des îles malaises. De môme, les Sociétés du nord, les 
Tyraïli, les Grands et les Pelils Couteaux, les Vieilles Lanternes, les Vieux 
Frères, qui ont à peu près absorbé les Nénuphars, ont une commune origine. 
Formées au Chantoung, où les populations sont très combatives, elles ont les 
mômes pratiques et se livrent notamment aux mêmes exercices de force pour 
accroître la vigueur physique. Elles se sont diversifiées par les régions et 
surtout par la classe différente de leurs adeptes. Ce sont elles qui, réunies, 
ont formé, en 1900, la secte des Boxers. C'est l'un des cas qui confirment le 
mieux la facilité de métamorphose nominale et la plasticité protéiforme de ces 
associations. La nouvelle société des Chuango-houei, constituée par Talliance 



L'BTAT ACTUEL DE LA CIIINB. $7 

des Triades et des Vieux Frères (Kolao-houei), en vue de la révolulion, en 
est un autre exemple. 

Presque toutes ces sociétés secrètes sont antidynastiques. L*une d'elles, la 
Pao-Àcan-houei^ fondée par les amis de K'ang Yeou-wei, le réformateur 
de 1898, a ceci d'original qu'elle se propose de défendre l'empereur contre 
rim|)ératrice douairière. Toutes sont considérées comme séditieuses. 

On |>eut dire également qu'en dépit des sympathies européennes de Sun 
Yat-sen, chef de la révolution et des Triades, elles sont toutes anti-étran- 
gères. 

En vertu de cette répugnance pour tout ce qui est extérieur, elle étaient 
autrefois étroitement traditionalistes et opposées i toutes les innovations 
occidentales. Le soulèvement boxer en a été une éclatante manifestation. 
Elles sont en grande partie devenues réformistes grâce à l'influence qu'ont 
prise, dans leur sein, les anciens étudiants du Japon, partisans du Kéming. 
Cependant l'unanimité, sur ce point, est loin d'être complète. Certaines 
fractions, surexcitées par l'accroissement des impôts et de la misère, qui 
coïncide avec l'application des réformes, ont formé une société nouvelle dite 
de Y Etoffe blanche, avec pour but la destruction des écoles et la mise à mort 
•le tous les jeunes lettrés modernistes. Et il est assez curieux de constater que 
ce mouvement a été accompagné d'un renouveau boxer dans la province du 
Kiang-si. 

C'est précisément un des caractères de ces associations que celte éciosion 
s|»ontanée ou cette transformation au gré de circonstances auxquelles elles ne 
survivent généralement pas. Ainsi, en ce moment, dans tous les coios de 
Tempire surgissent des groupements de ce genre qui se proposent surtout de 
lutter contre les entreprises industrielles étrangères et de réaliser les grands 
travaux de voies ferrées et de mines par des moyens purement chinois. On 
l^ut citer les Amis de la \ation, au Kouang-toung, la Mori complète au Yun- 
oan et au Chan-si, les Jen-cho^houei, au Se-tch'ouan, etc. 

Parmi celles qui sont susceptibles de jouer un rôle politique important, il 
faut retenir les Triade» et les Vieux Frères. J'ai dit plus haut qu'elles s'étaient 
unies pour faire triompher le Kéming, Mais j'ai indiqué aussi combien cette 
organisation était faible par suite du manque d'entente et d'entrain de la part 
lies affiliés. Un s'explique parfaitement cette inertie, quand on connaît le 
HH^canisme intérieur de ces associations. En effet, dans les loges, qui, bien 
rntendu, avec la manie de multiplicité d'appellations des Chinois, ont, 
chacune, leur nom particulier, le chef seul est en relations avec les dirigeants 
de la société et connaît le but que celle-ci poursuit, alors que la masse des 
««leptes l'ignorent. On ne peut, dans ces conditions, attendre d*eux un grand 
enthousiasme. 

Ce défaut de préparation, qui provient de l'ignorance des fins à atteindre, 

U OtMftAniiB. — T. XVIII. )90rt. 7 



98 JEAN RODES. 

peut être, un jour ou Tautre, suppléé par des circonstances exceptionnellemeDt 
favorables, comme la mort de Timpératrice ou un soulèvement général 
provoqué par une misère excessive. Mais il est à craindre que cette dernière 
éventualité, avec les foules ignorantes qu'elle mettrait en jeu, ne profile 
surtout aux vieux éléments boxers restés xénophobes et antimodernistes. 

Cette absence d'un courant très net et très fort dans les sociétés secrèles, 
jointe à ce que nous savons de la versatilité et de la faiblesse du gouvernement 
et du peu de consistance du mouvement révolutionnaire, contribue à nous 
maintenir dans la plus grande incertitude quant à l'avenir immédiat de la 
Chine. On ne peut vraiment savoir de quoi sera fait demain. Ce sera peut- 
être, malgré les périodes de réaction, la marche lente et continue du progrès 
et de la réformisation, mais ce pourra être aussi un nouveau i900. Le 
problème est trop complexe et les données trop incertaines pour qu'on puisse 
même en entrevoir la solution. 

Jea^ Rodes. 



Résultats actuels des travaux biologiques 

de 

la Mission d'Études de la Maladie du sommeil 



Tandis que les recherches d'ordre purement médical, sur le traitement de 
la maladie du sommeil, se poursuivent à Brazzaville d'une façon méthodique 
et sûre qui permet d'en attendre les meilleurs résultats, les acquisitions 
récentes, réalisées par notre mission dans le domaine biologique, voDt per- 
mettre dès maintenant d'organiser sur des bases sérieuses et des données 
scientifiques nouvelles la lutte prophylactique contre la redoutable affection. 

Le programme des recherches biologiques à effectuer par la mission 
comportait deux parties : la première ayant trait au parasite spécifique, au 
trypanosome, dont il s'agissait de définir l'évolution particnlière dans le 
corps de la mouche qui le convoie, les relations possibles avec telle ou telle 
espèce d'insecte piqueur capable également de servir d'agent d*infection; la 
seconde visant spécialement le mode de vie et la reproduction de ces recteurs 
du virus, notamment de la mouche tsé-tsé. 

On savait déjà, par des expériences antérieures, que cette mouche, la 
Glossina palpalis des zoologistes, était ca|]iable de transmettre la maladie par 
ses piqûres, douze, vingt-quatre, quarante-huit heures, après s'être gorgée 
du sang d'un malade. Mais il restait à voir comment et par quelle propriété 
spéciale de l'insecte cette transmission pouvait s'opérer après un laps de 
temps semblable. 

Les premiers observateurs, en particulier Druce, R. Koch, Minchin, Gray 
et Tulloch, avaient tous été frappés d'une multiplication intense des Irypano- 
somes, qui se produit dans l'intestin de la mouche, lorsqu'elle en absorbe au 
cours de ses repas. Les parasites se reproduisent activement au sein du 
liquide de digestion du sang, mais ils finissent par disparaître au bout de 
quelques jours; on pouvait, cependant, admettre qu'ils remontaient dans l'in- 
tervalle le tube digestif de la mouche pour être ensuite évacués au dehors au 
moment où celle-ci se gorgeait à nouveau. 

Les recherches effectuées à Brazzaville ont mis en présence de faits très 

La GéooRAPeiE. — T. XVm, 1908. l : :\y.' ]'. 



leo E. ROUBAUD. 

différents, et qui prouvent que la (sé-tsé joue réellement un rôle tout à fait 
particulier dans la transmission du virus. En effet, c*est dans la trompe de 
cette mouche, et d*elle seule, que les phénomènes importants se passent*. 

Pendant que Tinsecte aspire le sang de sa victime, quelques trypanosomes 
peuvent rester collés aux parois intérieures du canal si délié de la trompe. Ils 
se fixent, dans une position très curieuse, par leur prolongement filiforme ou 
flagelle, et. là, baignant dans le liquide salivaire, ils se reproduisent en très 
grand nombre, de façon à remplir par de véritables bouquets, tout l'intérieur 
de la fine canule que représente Tappareil vulnérant de la tsé-tsé. On conçoii 
donc beaucoup mieux comment la transmission du parasite peut s'effectuer. 
Les trypanosomes qui, par suite de cette curieuse fixation, ont perdu le mouve- 
ment propre qu'ils ont dans le sang, attendent dans la trompe de la mouche, 
où ils peuvent rester en vie jusqu'à quatre et cinq jours, le moment d'un 
nouveau repas du sanguinaire insecte. Au cours de cette longue période de 
latence, celui-ci pourra, en se déplaçant, les transporter à une certaine distance, 
d'un village à un autre par exemple. Cela explique au mieux comment, par 
suite de la présence des Glossines, la maladie du sommeil se maintient à l'état 
endémique, le plus souvent par cas isolés qui apparaissent de ci, de là, dans 
les agglomérations indigènes du bord des fleuves, dans toute une vaste r^îon. 
Cette propriété de culture du parasite dans la trompe n'appartient qu'aux 
tsé-tsé^ et encore n'est-elle dévolue fort heureusement qu'à un petit nombre 
de ces mouches, une sur dix seulement environ, bien qu'il soit difficile d'en 
expliquer les raisons, qui tiennent certainement à des différences dans la 
constitution du suc salivaire. Si l'on ajoute que, même au laboratoire, il faut 
un nombre considérable de Glossines, plusieurs centaines parfois, pour réussir 
à transmettre l'infection aux animaux d'expérience, on comprendra pourquoi 
dans certaines contrées, où, au bord des fleuves, les mouches sont très abon- 
dantes, la maladie peut ne causer qu'une mortalité proportionnellement assez 
faible. 



Il existe, par contre, des points, au voisinage de petits cours d'eau qui 
s'assèchent une partie de l'année, de marigots, de petites rivières, où les Glos- 
sines sont peu abondantes, où l'affection prend une allure épidémique très 
menaçante, détruisant des familles entières, parfois même les villages entiers 
jusqu'au dernier homme. 

Celte forme épidémique prise par le fléau dans certains territoires a beau- 
coup attiré l'attention des membres de la mission*, et suscité de leur part des 

!. C. fl. des séances de VAc. des Science*. Paris, GXLVI, n" 8, 24 février 1908. 
2. BulL Soc. Pathologie Eaotiqve, février 1908. 



TR.%VAUX BIOLOGIQUES DB LA MISSION DÉTUDBS DE LA MALADIE DU SOMMEIL. 101 

observations, des recherchée et des expériences multiples. Les principales cens- 
UlatioDs faites à ce sujet montrent que très souvent la maladie se manifeste 
par cases, ou par familles, faisant disparaître successivement, par exemple, 
l<»us les indigènes habitant la même case, ou tous les membres d*une même 
famille logés sous le même toit. Le plus souvent, ce sont les enfants qui 
contractent la maladie au contact de leur mère; d*autres fois, la femme au 
contact du mari, et inversement. Cette dernière constatation, d'ailleurs, faite 
par le professeur Koch dans TAfrique Orientale allemande, Ta récemment 
amené à incriminer les rapports conjugaux comme cause probable et fréquente 
de contamination. Mais ce n*est là qu'un cas particulier de la contagion par 
rases, et la cause en doit être cherchée dans un facteur beaucoup plus général. 

Or, d ordinaire, chez Tindigène, Thomnie, la femme, les enfants, ont un 
mode de vie très diflerent, et ne se trouvent guère réunis dans leur case que la 
nuit. On est donc amené à incriminer tout spécialement comme propagateur 
du mal, et comme auxiliaire de la Isé-tsé, qui ne pique pas la nuit, un insecte 
n(K*turne qui porte de Tun i Tautre le hasard de ses piqûres. Les moustiques, de 
préférence les Stegomyia^ et les Mansonia, si fréquents au Congo, s'indi- 
quent tout naturellement dans ce sens. En fait, au cours de ses explorations, 
notre mission a maintes fois relevé la coïncidence des zones de marais où 
les moustiques abondent avec les gros foyers épidémiques de maladie du 
M>mroeil. C'est ainsi, par exemple, (|u'au cœur de l'ancienne c roule des cara- 
Tanes » de Loango à Brazzaville, la région de Buanza-Madingou, habitée par 
les indigènes bakambas, qui occupaient naguère de puissants villages, est 
aujounrhui cruellement décimée par la terrible affection. Des agglomérations 
importantes, qui comptaient, il y a dix ans, de cinq cents à mille cases, se 
trouvent à l'heure actuelle réduites à une vingtaine. Or, toute cette région 
abonde en marécages qui s'étendent pour ainsi dire en chapelet continu dans 
la saison des pluies, entre le cours actuel du Niari et les premiers contreforts 
montagneux du sud qui limitent son ancien talweg. 

Il en est de même dans la riche région cuprifère de Mindouli, à l'ouest de 
Brazzaville, où des villages batékés, édifiés en plein marais, viennent tout 
rrreroroent de voir disparaître jusqu'à leur dernier homme. De même encore, 
dans la K'^rion dite « des Dilumboa », non loin de Brazzaville, où d'impor- 
tantes agglomérations bafoumous ont été anéanties, et où de nouveaux 
villages, édîGés de toutes pièces récemment, sur les ruines des anciens, com- 
mencent également à soufTrir cruellement du fléau. 

Tous ces faits sont actuellement assez nombreux, assez démonstratifs, pour 
qu'on puisse et qu'on doive chercher à orienter un peu de ce cAlé la tâche 
prophylactique, en faisant dépi%icer les villa^^es situés dans les marais, en 
imp^>sant l'isolement des malades et l'usage de la moustiquaire. 



102 E. UOUBAUD. 



En même temps qu'il lui fallait définir biologiquement le rôle de la Glos- 
sifie dans la transmission du virus, la mission devait s'attacher à Tétude 
complète de celle mouche piqueuse, dans ses allures, dans ses lieux de retraite, 
dans soo mode et ses habitudes de reproduction. Il y a, en eflet, un gros 
intérêt pratique à connaître les ipœurs détaillées de cet insecte, afin d'être 
fixé sur les moyens d action qu'on peut avoir sur lui : de ce côté les recherches 
sont actueUement terminées. 

La Glossina paljHilis ne se rencontre qu'au bord des eaux courantes 
sous le couvert de l'épaisse végétation qui s'y développe. Il est exceptionnel 
qu'elle quitte son abri naturel, pour s'élancer à l'extérieur, soit a l'attaque 
des troupeaux paissant en régions découvertes, soit à la poursuite des voya- 
geurs. D'ordinaire elle attend sa proie en place, pour foncer sur elle au pas- 
sage. Iiorsqu'on suit les rivières en vapeur ou en pirogue, on en est conti- 
nuellement harcelé, depuis le petit jour jusqu'au coucher du soleil. Il est 
difficile de se préserver de ses atteintes, car sa trompe longue et acérée 
pénètre à travers les vêtements jusqu'à la peau. 

Cd;te mouehe sanguinaire a besoin pour vivre d'une humidité atmosphé- 
rique constamment élevée. Les expériences ont montré que la sécheresse de 
l'air la tue beaucoup plus sûrement que le froid. Ainsi s'explique sa présence 
exclusive dans la zone très ombragée riveraine des cours d'eau. Le rôle de 
l'humidité dans sa vie se manifeste nettement, par exemple, pendant la saison 
sèche. A cette époque, en effet, la Glossine disparait complètement des petits 
cours d'eau qui tarissent, pour n'y reparaître que lorsque les pluies ont à 
nouveau rétabli les conditions d'humidité favorables \ 

C'est la nécessité d'une humidité intense, jointe à celle d'une température 
relativement fraîche, n'excédant guère en moyenne, à l'ombre d'une végétation 
épaisse, 30** C, qui fait que la G. palpalis^ au Congo français, est surtout 
répandue dans les contrées équatoriales du Gabon et du Moyen-Congo, là où 
les fleuves et les rivières, jusqu'aux moindres ruisseaux, ont leur cours bordé 
d'un rideau boisé irès épais. Dans l'arrière-pays, les hautes régions de l'Ou- 
banghi, le bassin du Gribingui et du Chari, au contraire, où le régime sou- 
daaien commence à s'accuser nettement, les berges des cours d'eau sont 
en général dénudées, et la G. palpalis se fait plus rare, plus localisée, 
tandis que d'autres espèces de mouches tsé-tsé, G. nwrsilanSy G. tachi- 
noîdeSy apparaissent et pullulent; mais celles-ci relativement peu redou- 
tables pour l'homme, car elles vivent surtout aux dépens des troupeaux 

1. Bull, Soc. Pathologie Exotique^ 13 mai 1908. 



Tn%VAlX BtDLOGlgUES DE LA MISSION D'ÉTUDES DE UK MALADIE DC SOMMEIL. iOS 

«ioiiieAli<|iie5 ou sauvages. La maladie du sommeil suit d'ailleurs nettement 
l>r(* de distribution géographique de la (/. palpalis et disparaît avec elle 
d.ms Ws hautes régions de la colonie. 

Ia* rôle spécial exercé par cette mouche dans la transmission de la trypa* 
iiosomiase humaine, et le maintien endémique de cette redoutable affection, 
^'<\\pli(|ue très bien d*après le mode de vie et les habitudes de cette Glossine. 
Habitant au liord des eaux, elle pullule surtout aux points choisis par ses hôtes 
naturels, pour s*y rendre : là, elle attend sa proie, sans s*écarter, certaine 
•le H*iilimenler aux heures convenables; ce sont là les gites de la filossina 
. 'fp'iiijt^ c'est-â-dire les lieux d'élection, où, la nourriture étant assurée, la 
nitiuche stationne '. Tantôt les gites se rencontrent aux points où les bétes 
^.luvaces, les buffles, les antilopes, les éléphants, vont a la rivière. Tantôt, 
••l rVst le cas où la mouche devient surtout dangereuse, les gîtes se forment 
.ni voi>inage île Thomme, à proximité des villages, aux endroits où les indi- 
L'»* iif*«i vcint chercher de l'eau, préparer leur manioc, abriter leurs pirogues, au 
p.iH^^ai'e d«'s rours d'eau, aux lieux de campement. Dans bien dos régions où 
\r jjibior est trop rare pour assurer la vie de la tsé-tsê^ celle-ci s'alimente 
aux dépens exclusifs de l'homme, et les chances de contamination deviennent 
.1 uis te cas, comme on le conçoit aisément, beaucoup plus grandes. 

Le mode de reproduction de l'insecte a pu être complètement étudié au 
hboratoire de Brazzaville *. Les femelles donnent naissance non pas à des 
*i>iif>, mais à de grosses larves, qui ont acquis dans l'utérus môme de leur 
îînTf toute leur croissance. Les l$f'*tsr sont donc larvipares. Elles ne pro- 
!iji<>ent jamais à chaque portée (|u'une seule larve à la fois, mais les pontes 
I «Mivent se surréderau nombre maximum d'une dizaine, environ, tous les neuf 
. ilix jours. Les larves, <|ui ont l'aspect d'un gros ver blanchâtre, terminé 
I ir deux callosités arromlies d*un noir de jais, sont capables de s'enfouir dans 
î I ti'rn» ou d.ins les anfractuosités des écorces, et là, aussitôt qu'elles ont 
.«•iironlré une place favorable, elles se transforment en pupe ou nymphe. 

La pU|M? a Taspert d'un petit tonnelet dur, immobile, d'un brun noirAlre, 
•I on la mouche adulte sort, après un peu plus d'un mois de vie ralentie. 

Lvs facultés reproductrices de la (sr-fsê sont, comme on le voit, relative- 
i...nl faibles, si on les compare à celles des mouches ordinaires, et Ton 
"♦•xpliquerait mal la fréquence et l'abondance des adultes, si l'on ne tenait 
• MinnU» de la perfection même de ce mode de reproduction. La vie larvaire a 
i l'ial libre ne dun* qu'un temps très court, et la progéniture de l'insecte 
••rhapp«» trt*s vite, à l'état de nymphe, aux attaques de ses ennemis. Scub»s les 
^ iriations dans les conditi<»ns physiques du milieu où elles sont déposées ont 
; rîv sur elles d*une façon radicale. 

I Bmit. S^»c. Pathchgtf Exotique, niai lyn.s. 



104 e; roubaud. 

Les expériences ont montré que, pour Thabitat des adultes, la condition 
capitale, au point de vue physique, est une humidité atmosphérique très 
élevée. Pour les nymphes, si la grande humidité ne paraît plus jouer un rôle 
considérable, ce qu'il faut avant tout, c'est une température constante, infé- 
rieure à 30"^ C. — Tandis que le froid, même l'action de la glace, ne les tuent 
pas, elles périssent infailliblement lorsque, pendant quelques après-midi, la 
température de leur abri s'élève à 35**. On conçoit que le moindre rayon de 
soleil pouvant pénétrer dans le gîte réalisera facilement cette condition, et 
cela nous donne en mains une arme excellente pour combattre la Glossine. 



Mesures prophylactiques. — Le résultat de ces recherches biologiques peut 
être immédiatement appliqué à la grande tâche prophylactique dont dépend 
en somme le salut de la main-d'œuvre au Congo français. 

Sans insister sur des mesures préservatrices directes, telles que l'usage de 
moustiquaires, de fenêtres grillagées aux habitations, le port de vêtements 
flottants, de couvre-nuques, de jambières, mesures qui s'indiquent naturelle- 
ment pour l'Européen en voyage, mais qui ne sauraient être applicables aux 
indigènes, il faut s'efforcer de détruire la mouche elle-même, de la faire dispa- 
raître des zones qu'elle infeste. 

Sans doute, étant donnée l'immense étendue de ces zones, la tâche a priori 
parait impraticable. Il serait enfantin de chercher à assainir, au moins actuel- 
lement, la totalité du cours des fleuves et des rivières. Aussi bien la tâche 
utile n'est-elle pas celle-là. Ce qu'il faut avant tout, d'après ce que nous 
apprend la biologie de la tsé-tsé^ c'est lui interdire l'accès des points où jour- 
nellement et à poste flxe elle peut se gorger du sang des indigènes; en un mot 
c'est porter atteinte aux gîtes de la mouche situés au voisinage de l'homme. 
Ce sont là, en effet, les endroits dangereux, ceux où se créent les foyers épi- 
démiques, où les mouches iront s'infecter à coup sûr, et pourront ensuite col- 
porter le mal aussi bien dans le voisinage immédiat du gîte qu'à une certaine 
distance, en suivant les rives des cours d'eau. Dans les régions giboyeuses, 
au contraire, même lorsque les Glossina palpalis pullulent, les dangers d'infec- 
tion pour l'homme seront moindres; les mouches contaminées pourront perdre 
leur pouvoir infectant en se gorgeant sur les gros animaux avant d'atteindre 
par hasard un homme. Il faudra donc agir directement de préférence aux 
points où la mouche stationne, au voisinage des villages, aux passages des 
rivières, attendant l'arrivée des indigènes pour se gorger de leur sang. 

Pour empêcher le dangereux insecte d'élire son gîte au voisinage de 
l'homme, il suffira de débroussailler, aux endroits convenables, la grande 



TR%VAUX BIOLOGIQUES DB LA MISSION DÊTUDBS DB LA MALADIE DU SOMMEIL. 105 

végétation impénétrable qui lui donne asile. Le débroussaillemenl consistera 
à éclairrir ces fourrés épais par des abatis d*arbres, par Tarrachage et Fin- 
rendie des lianes, de manière i permettre à Tair et au soleil d*y pénétrer 
plu^ librement : par ce simple moyen on assurera la mort des mouches, à 
Tétai dr nymphes, et Ton écartera les adultes, qui ne trouveront plus Tom- 
brafre intense et Thumidité qui leur plaisent. 

Le débroussaillement ou mieux le déboisement partiel est une mesure 
prophylactique relativement facile à réaliser, même dans la forêt éqiialoriale, 
5ur le bord des grands fleuves, si on le limite à quelques centaines de mètres 
aux endroits utiles. Bien plus, il existe au Congo des étendues de territoires 
considérables qui sont irrigués par un réseau de petits cours d*eau, de petites 
rivières, coulant entre des mamelons dénudés et dont la grande végétation 
riveraine se limite à un cordon de faible épaisseur. Ainsi le pays de la haute 
Sanffha, les plateaux batékés, la région côtière de Loango à Brazzaville, à 
Tesl de la bordure forestière du Mayumbe, où la trypanosomiase humaine 
••xerre des ravages particulièrement cruels, et où cependant la forêt propre- 
ment dite n*existe pas, où Tépaisse futaie qui abrite les Glossines ne se déve- 
loppe qu'en minces traînées, au creux des marigots, au fond des plis et dos 
ravins creusés par le ruissellement, et toujours au bord immédiat des eaux 
<N)urantes. 

Dans des territoires de configuration physique semblable, la lutte contre 
la (sé-Ué aux endroits habités paraît, sinon facile en raison du peu de péné- 
tration et de civilisation du pays, au moins pratiquement réalisable. Le plus 
M)uvent les villages ne sont même pis édifiés tout à fait dans les zones basses; 
iU s élèvent k mi-hauteur des collines, à quelque distance des cours d'eau en 
«l«*hors de leur rideau boisé. Il nVst donc point nécessaire de les déplacer. 
Il suftirait d'opérer un déboisement convenable aux points où les indigènes 
S4' rendent journellement pour se baigner, pour puiser de Teau, où les 
ft*nimes préparent les tubercules de manioc, où les hommes amarrent leurs 
|»iro;rue8. 

L'assainissement des sentiers indigènes, des routes de caravanes, est une 
<|uestion tout particulièrement importante à envisager : il est manifeste, en 
<*nel, aujourd'hui, que, d'une part, beaucoup de porteurs se contaminent au 
rours de leurs voyages, que, d'autre part, l'introduction d'indigènes atteints 
dans des régions où l'afleclion ne sévissait pas encore, a été la principale cause 
•l** l'extension progressive du fléau au cours de la pénétration européenne 
dans TAfrique centrale. Toutes les régions traversées sur plus de 600 kilo- 
mètres de longueur, par la € route des caravanes » autrefois si fréquentée, de 
b^ango à Brazzaville, sont extrêmement contaminées et cela depuis une époque 
rf'Iativement récente. On y doit voir la trace du passage réitéré d'indigènes 
loan^'os voyageant au service des Européens, soit comme porteurs, soit 



06 , E. ttODEAIID. 

comme serviteurs, qui ont semé les germes de la maladie si meurtrière parmi 
eux, partout au cours de leur route, comme il est avéré qu'ils Font également 
introduite pour la même raison, dans beaucoup de points de Tarrière-pays où 
elle n'existait pas. De même chez les Bakongos des races manyanga et banza- 
baca, qui vivent en dehors de cette route, raffection est des plus fréquentes 
chez les hommes, qui voyagent constamment par terre pour leur commerce à 
des distances considérables. 

Ici encore, les mesures à prévoir pour faire cesser le danger continuel 
d'infection, soit du pays, soit des voyageurs, sont relativement faciles, l-es 
routes indigènes suivent le plus souvent la crête ou les flancs des hauteurs 
déboisées. Elles n'accèdent aux cours d'eau que par intervalles, pour franchir 
les ravins et les dépressions, et se relever à nouveau en région découverte où 
la marche est moins difficile. Il suffira donc de débroussailler soigneusement 
tous les points de traversée des parties basses, soit aux gués, soit aux ponts, 
les lieux de campements qui sont toujours choisis le plus près possible de l'eau, 
partout enfin où les voyageurs se trouvent exposés, même pour quelques 
instants, à pénétrer dans le repaire de la mouche qui les attend au passage. 

Il va sans dire que pour de telles mesures d'intérêt général, le concours 
absolu des chefs de poste est indispensable. Ce sont eux qui pourront instruire 
les indigènes des dangers qu'ils courent, leur apprendre la nécessité des 
déboisements locaux pour les protéger des piqûres des Glossines, exercer un 
contrôle actif sur l'état d'entretien, au point de vue hygiène, des villages et 
des routes. Il serait désirable que des ordres précis fussent donnés dans ce 
sens aux administrateurs commandants de cercles et aux chefs de poste de 
nos colonies de l'Afrique Occidentale et du Congo; que tous soient mis nette- 
ment au courant de ces mesures prophylactiques essentielles, dans lesquelles 
on pourra certainement fonder le plus d'espoir pour enrayer la marche de ce 
fléau terrible; il y a là une question vitale pour l'avenir économique de nos 
possessions d'Afrique, lequel est intimement lié à la protection et à la conser- 
vation de la main-d'œuvre. 

E. ROUBAUD, 

Membre de la Mission française 
de la Maladie du sommeil. 



La quatrième excursion 

géographique interuniversitaire 

(5-10 Juin 1908). 



Cesl dans le nord de la France — Flandre et Boulonnais en particulier — que 
-»o m, sous la conduite de M. Demangeon, professeur à la Faculté des Lettres de 
Ullo, la quatrième excursion géographique interuniversitaire- Elle réunissait, le 
I juin, a rinstitut de géographie de celte ville, douze étudiants de Tuniversité de 
Tari^, cinq de Lyon, quatre de Lille, trois de Rennes, un de Bordeaux, un de 
Nancy; leurs professeurs MM. (tnllois, de Paris, Comena d'Almeida. de Bordeaux, 
lit' Martonne, de Lyon, Vacher, de Rennes; le capitaine Levainville, et trois agrégés 
«rtiistoire et de gtM>graphie, MM. Boutry, Legaret et Musset. Par sa présence parmi 
nous fiendant deux jours, M. Vidal de la Blache voulut témoigner de rintérèt qu*il 
attachait à notre voyage d études. 

Partie de Lille le 5, notre caravane débarquait à Bailleul. La plaine flamande 
ii«»us apparaissait dans la brume, avec ses lignes d'arbres, ses |Nktures, ses houblon- 
^lIt•n*^ et m»s fermes coiffées de chaume, disséminées derrière les fossés et les haies. 
.M. Ilemange«)n nous décrit l'agriculture de cette plaine, son évolution, ses variétés 
cit* Pouest, plus argileux, h Pest, plus sableux. A Saint-Jans-Cappel, nous visitons 
une de ces « hofstede » typiques, si différentes des censés wallonnes ou picardes, 
leurs vtÛMues, et dont le plan révèle moins une exacte adaptation aux exigences de 
In culture qu'une innnence ethnique. Puis commence Tascension des monts de 
Flandre. Du haut de Pun d'eux, le mont des Cats, M. Demangeon nous explit|ue 
r«>riiôue de ces collines, restes démantelés d'une « cuesta » très vieillie, dont le 
|i»rd a nvulé vers le nord. Il nous en fait suivre les princifmux alignements, cor- 
n*<>fiondant aux directions maîtresses des cours d'eau. Avec leur sol maigre et sec, 
Ifur* Imiis, leurs restes de landes, leurs maisonnettes qu'habitent de pauvres gens, 
vi\ant de |ielite culture, de tissage à domicile et de contrebande, ces « montagnes » 
f(»nni*nt bien dans la plaine un paysage h part. 

IK» Saint Orner nous alxmlions, Paprès-midi, les hauteurs de l'Artois, pays de 
limon et de craie, où leau est rare, les villages groupés, où le sol est entre les mains 
dt* moyenn et |»etits cultivateurs. Mais ici, au voisinage des centres industriels et 
dt- mines, de grosses propriétés rurales se sont constituées, que les lK>urgeois, les 
inda«»trie|s, les com[>agnie8 minières, font exploiter par des fermiers. C'est Tune de 

U <téo<«ii«rfiic. - T. XVIII. VAM. 



E^^^* 



4: 



ï^ 



i'^ 



108 L. BOUTRY. 



ces propriétés, forte de 240 hectares que nous étudions à Longuenesse. Ce n'est 
^ plus la petite ferme flamande à l'outillage encore rudimentaire, mais une véritable 

usine agricole, aux bâtiments immenses, avec son laboratoire, ses machines, ses 
comptables, ses ouvriers; engrais, nourriture des bêtes, assolements, tout y est 
scientifiquement mesuré en vue du meilleur rendement, et, à côté de la culture 
intensive des céréales et de la betterave à sucre, la production laitière s'y est orga 
nisée en grand. — Du plateau qui s'étend en arrière, nous découvrons un paysage 
singulièrement instructif : longeant le pied des hauteurs, du sudest au nord- 
ouest — s'étranglant vers Wattcn, avant d'aboutir à la plaine maritime — une 
large dépression creusée dans les sables landéniens, où s'alignent routes, canaux, 
[^. voies ferrées, où se groupent, dans la région de Saint-Omer, à demi noyée sous 

^y, les eaux qui ont filtré par la craie, les cultures maraîchères. Plus au nord, le 

rebord, souvent boisé, de l'argile yprésienne, puis les monts de Flandre. Vers le 
sud-est, enfin, encaissée dans le plateau de craie, la haute vallée de l'Aa qui, par 
un brusque coude d'est à nord-ouest, tombe à Arques dans la plaine. Ce coude est 
le résultat d'une capture que M. Demangeon nous fait, pour ainsi dire, toucher 
du doigt, nous montrant, dominant de 20 mètres la rivière actuelle, et descendant 
doucement vers Test une vallée sèche bien dessinée dont la pente et les cailloulis 
se raccordent parfaitement avec ceux des terrasses de TAa supérieure. C*est égale- 
ment par une capture, d'une autre origine, qu'on peut rendre compte d*un premier 
coude de l'Aa, plus en amont, vers Lumbres. 

Le second jour fut consacré à l'étude du Bas-Boulon nais et de son enveloppe; 
nous en traversions le matin le coin oriental; laprès-midi, nous passions dans la 
dépression de Licques, Boulonnais en miniature. Le soir, sous la conduite de 
M. Douxamî, maître de conférences de géologie à la Faculté des sciences de Lille, 
nous recoupions les affleurements primaires de Caffiers à Rinxent. Du signal de 
Lottinghem, point de départ de la course, nous dominons merveilleusement la 
« Fosse du Boulonnais », verdoyante et boisée, encadrée par les escarpemeals 
chauves de la craie, et au milieu de laquelle émergent les couches plus dures du 
Jurassique et du Primaire. Nous sommes là, comme hier au sommet des monts de 
Flandre, comme plus tard au Ventu d'Alembon et aux Noires Mottes, sur un frag- 
ment d'une pénéplaine d'âge pliocène supérieur, antérieure au cycle d'érosion actuel. 
M. . Demangeon nous en fait voir, dans la tranchée de la route, les « sédiments 
pauvres » : galets de silex très usés, à rapprocher des graviers de quartz ramassés la 
veille près du mont des Cats. Gauchie vers la fin du Pliocène, cette pénéplaine a 
été reprise par Térosion. Le Boulonnais, fortement soulevé, a été particulièrement 
attaqué : de là les formes topographiques qui se déroulent sous nos yeux. Il s'en 
faut d'ailleurs que notre pénéplaine ait été, même à la fin de son évolution, d'une 
horizontalité parfaite. La boutonnière du Bas-Boulonnais devait s'y dessiner encore^ 
plus faiblement qu'aujourd'hui, il est vrai. Durant toute la journée, M. Demangeon 
devait nous faire suivre et retrouver, au pied de la « cuesta », une série de hauts 
niveaux, de 100 à 120 mètres d'altitude, traces certaines d'un premier cycle d'éro- 
sion. — Humide, éparpillant partout ses maisons, le Bas-Boulonnais est un pays 
d'élevage, en particulier d'élevage du cheval, dont il fournit les régions voisines, 



LA QUATRIEME EXCURSION GÉOGRAPHIQUE INTERUMVERSITAIRE. |09 

qui lui envoient en échange leurs céréales. La 'visite d'une ferme de 32 hectares 
pn^s de Lottinghem nous fit vérifier par nous-mêmes, les traits essentiels de l'éco- 
nomie rurale de ce pays si nettement individualisé. C'est également vers l'élevage 
que s'oriente de plus en plus le Haut-Boulonnais maritime, comme nous devions le 
constater le surlendemain h Framzelle, derrière le Gris-Nez, dans une exploitation 
cir M) hectares. Le Boulonnais primaire, enfin, avec ses carrières de marbre, ses 
petites vallées encaissées et sombres nous donna, h la tombée du jour, une brève 
viMoo d*Ardenne. 

Le dimanche nous ramenait en Flandre, pour étudier, cette (ois, lo région litlo- 
ra!e« la plaine maritime à Touest de Dunkerque. La côte, à la hauteur de Saint*Pol, 
ent en voie d'accroissement. Ses progrès nous sont attestés par les lignes paral- 
lèles de dunes auxquelles s'appuient les digues, et qui s'échelonnent de l'intérieur 
Ti*ni le littoral. .\ leur abri, les eaux marines se sont décantées, déposant une argile 
frrtile. La ferme Standar, où nous attend un charmant accueil, s'est établie, il y a 
feulement trois quarts de siècle, sur un sol vierge et riche, à peine exondé. Son 
propriétaire nous décrit les étapes de la mise en valeur du sol, les menaces de la 
mer, qui reprend parfois son ancien domaine. Ces vastes exploitations ^a ferme 
Standar a 138 hectares, dont 80 utilisables) sont la règle dans la plaine maritime; 
Irii dunes voisines, au contraire, abritent une population de très petits propiié- 
taires, vivant de pèche et de culture maraîchère. — Le long de la plage^de Saint- 
Pol. qui s'étend à TinOni, jusqu'à la rade de Dunkerque, nous saisissons sur le vif 
la formation, en petit, de a schorres », de « polders » : entre des bancs de sable, 
dc< dépôts d'argile verte craquelée, où commencent à se fixer des salicornes. Toute 
une hiérarchie de plantes s observent d'ailleurs, depuis les vases du rivage jus- 
qu'aux dunes intérieures. 

Le programme de Taprès midi comportait la visite du port de Dunkerque; nous 
la fîmes de façon très méthodique, aidés par une série de plans de l'ancien havre, 
flu port actuel, et des agrandissements projetés. Nous pûmes nous rendre compte 
de Theureuse disposition des t>assins, très aisément desservis par de nombreuses 
^oies ferrées, bien reliés aussi aux canaux de l'arrière- pays. Chaque darse, chaque 
mMc a sa spécialité que nous annoncent les vapeurs amarrés, que nous détaille 
notre guide. Et nous prenons ainsi, pas à pas, une idée d'ensemble du port 
flamand, l'un des mieux outillés, des plus commodes de France, à coup sûr; port 
rr^nonal, avant tout, approvisionnant le nord industriel; à qui il manque detre 
un port d'entrepôt et de posséder de grosses industries capables d'assurer aux 
navires un fret de retour. Nous arrivions enfin au chenal où de constants dragages 
>»ont nécessaires, et au fond duquel débouchent par des écluses, dont le bon fonc- 
tionnement est chose capitale pour l'arrière pays, les eaux de l'intérieur. 

Le port de Boulogne, que nous vîmes le surlendemain, était d'un choix heureux, 
par son contraste presque parfait avec Dunkerque. Sans relations avec un réseau 
fluvial intérieur, mal desservi par ses voies ferrées, c'est un port de grande vitesse 
pour voyageurs, colis postaux, primeurs à destination de l'Angleterre; c'est un 
piûnt d*escale pour les transatlantiques; mais ce qui fait sa fortune, c*e.st avant tout 
la pAche. Celle*ci s'y est industrialisée depuis quinze ans. Chalutiers et cordiers à 



110 L. BOUTRY. 

vapeur se sont multipliés, évinçant peu à peu les anciens bateaux. Boulogne est 
maintenant le premier port de pêche du continent, entrant pour un cinquième 
dans la production totale française, et dépassé seulement en Europe par quelques 
ports anglais. M. Cligny, directeur de la station aquicole, notre guide pour Bou- 
logne, nous fournit, outre ces détails, de précieux renseignements sur les migrations 
des poissons, les courants, la faune et la flore du littoral de la Manche. 

Les trois derniers jours, nous explorâmes la côte, de Sangatte à Boulogne, de 
Saint Valéry au Tréport, côte variée s'il en fût, le long de laquelle nous pûmes 
étudier de près des types très divers de falaises, de cordons littoraux, de dunes, 
des séries complètes de ces curieuses vallées suspendues, « crans » du Boulonnais. 
« valleuses » de Normandie. Partout, en somme, nous assistons à un travail de 
régularisation du littoral : attaque des parties en saillie, ou mal protégées, comme 
à Sangatte, à Strouanne, où des tourbes, des forêts submergées témoignent du 
recul de la terre, comme à Ault, où les falaises se démolissent rapidement; col- 
matage des anses avec formation de petites plaines maritimes, comme à l'ouest de 
Wissant et à Ambleteuse. Mais c'est surtout la baie de Somme, étudiée à loisir la 
matinée du 8, qui nous offrit le plus bel exemple de comblement d'estuaire. A l'abri 
des cordons de galets qui s'allongent du Hourdel à Onival, adossés à une ancienne 
falaise au profil émoussé s'étendent les Bas-Champs, dont les molières rappellent 
les schorres de Flandre. M. Demangeon, à qui ce pays est particulièrement familier 
nous explique l'évolution récente de la topographie et de l'hydrographie de celte 
petite région naturelle. Des reproductions d'anciennes cartes qu'il nous fait passer 
sous les yeux illustrent sa démonstration. 

Bien qu'il ne soit donc nullement nécessaire d'invoquer la tectonique pour 
comprendre les modifications actuelles du littoral, il n'en est pas moins vrai que 
cette côte de la Manche a subi, dans un passé encore peu lointain, des alternatives 
d'exhaussement et d'affaissement. Un peu à l'ouest de Sangatte nous pûmes observer, 
appuyé à une ancienne falaise, un cordon littoral soulevé, presque perpendicu- 
laire à la côte et qui s'étendait peut-être, à travers le Pas-de-Calais, Jusqu'en 
Angleterre. Près de Wimereux, un haut banc de galets domine la mer de 7 mètres. 
Il y aurait donc eu, depuis la formation de ces plages, un affaissement du niveau 
de base, jalonné dans ses étapes, dans l'intérieur par des terrasses fluviatiles 
comme celles de TAa, sur la côte par des cordons littoraux d'altitudes différentes. 
Ainsi ne cessèrent de se relier, au cours de ces six journées, des observations faites 
en des points très divers. 

Il serait superflu d'insister longuement sur l'intérêt que présentait, pour la 
formation de jeunes géographes, pareille excursion. Sous la conduite d'un maître qui 
connaissait à merveille cette pointe nord ouest de la France, ils ont appris beaucoup 
de choses; ils ont surtout appris à voir les choses, à relier entre eux les faits étu- 
diés. Ils ont reçu une excellente leçon de géographie physique et humaine. Et les 
acclamations qui saluèrent au départ l'infatigable directeur de la caravane prou- 
vèrent que cette leçon, suivie d'un bout à l'autre avec la plus grande attention, 
avait été parfaitement goûtée. 

L. BOUTRT. 



Nouveaux ouvrages d'Océanographie 



L*anntH^ \WI aura vu, en Allemagne et en Franco, rapparîlion de deux impor- 
f\nU ouvrais d'océanof^aphîe : en Allemagne, le premier volume du Handbuch der 
nz^'inngntphie An professeurKrfimmel de Tuniversité deKiel ',en France, Z.'Or^ano- 
h'iphi^ du D' lUchard, directeur du Musée océanographique de Monaco, le dévoué 
••t siavant roilaborateur de S. A. S. le Prince de Monaco dans ses croisières scienlî- 
lîques *. 

Le premier de ces deux livres, bien que se présentant modestement comme une 
riMMlition du manuel publié en i88i par le professeur von Boguslawski, est bien 
r<ruvre personnelle de M. Krûmmel. Le plan primitif en a été remanié; les maté- 
ri.iux en sont entièrement nouveaux. C'est un véritable traité de la géographie de 
la mer. 

U»s espaces maritimes couvrent 70,8 p. 100 de la surface du globe*. Us se divi- 
*4»nl en deux catégories : les et les mers dépendantes *. Les océans (Pacîflque, 
\tlantii|ue. océan Indien) sont des unités « autonomes par leur grandeur, par leur 
«.ilinilé originelle, par leur système propre et puissant de marées et de courants. Ils 
•* instituent de profondes et immenses dépressions (fui existent a peu près depuis 
\f^ temps mésozoïques »». Les mers dépendantes sont des unités (( subordonnées 
;>^ir leurs humbles dimensions, par leurs eaux empruntées, soumis(*s aux influences 
i^intinenlales, par leurs faibles courants et leurs modestes marées, dues le plus 
««»uTeut à Faction océanique. Elles remplissent des dépressions peu étendues, peu 
profondes, géologiquement éphémères, d'origine généralement récente et souvent 
l-»sti?lariaire ». Elles comprennent le groupe des méditerranées [Baltique, etc.: et 
<v|ij| de^ mers de bordure ou ftandmeere (mer du Japon, golfe de Californie, etc), 
l*artant de ces définitions, le professeur Krfimmel établit une classification morpho- 
m«'triqae et morphologique des mers. Il représente en chiffres leur degré d'insula- 
rité, d'accessibilité, de richesse en articulations littorales, etc. Au point de vue 
moqihoi?énlque, il les divise en deux catégories : les mers dingrcssion (/ngrrssions 
•!'• rr , comme la Baltique, la mer d'Hudson, la mer de Tasman, et les mers d'effon- 

f. !>• Ollo Kniniinel« llandhuch d^r Ozeanotjmphie^ BanJ. I, Die mamlichen un'i phy^ikuliwhi'n 
%rrkâitmtê»t dtt Jtf «errt <Deuii(*ine édition du 1*' vot. du Mandburh di^r Ozeanoffraphic publié en 
i«%* |«r le prof. Georg von Rogu!»la\V9ki), âlullKart, Bngoihorn. 1901. l'n vol. in•8^ de xvi f 527 |». 
M«>«> v> flir. — l^ris : Si M. 

i. J. IlirhariJ. L'Oa'anotjraphie, Paris, Vutlwrl el Nony J90:;. in-l*. 398 p. 

). D'tpret des calculs méthodiques repo<«ant sur les dernières dunnec^ de la science géogra- 
phique, licmiann Wagner esUmait celte prof>ortion 71.7 p. 100. 

1. 4:'est ain«i que M. Thouict traduit le mol Seb^nmeere (Océanographie Statique, Paris, I81H), 
p»rfe »7i. 

La UiMUFiin. - T. XVUI, llo8. 



412 L. PERRUCHOT. 

drement {Einbruchmeere). Celles-ci comprennent trois groupes : 1* les cuvettes 
marines établies dans une région plissée (Faltenbruchmeere) , comme la mer 
d'Okhotsk ; 2^ les cuvettes formées dans une masse tabulaire qui n'a pas subi de 
plissements récents (Schollenbruchmeere), comme la mer Rouge; 3" le groupe mixte 
des cuvettes situées entre un plissement et une masse tabulaire {Aombimerten 
Brxtchmeere), Ces dernières sont des Vormeere, quand elles occupent le côté convexe 
d'un arc plissé (golfe Persique), et des Rûckmeere, quand elles en occupent le côté 
concave (mer des Caraïbes). 

Sur les questions d'inégalité du niveau de la mer et de ses variations, M. Krûmmel 
adopte les vues de Mohn. Si ce niveau est plus élevé près des côtes qu'au large, cela 
tient à ce que là s'accumulent les eaux plus légères apportées par les fleuves. Ce fait 
rendrait compte d'un étrange phénomène constaté sur nos côtes. Des nivellements 
fronçais sembleraient prouver que le niveau de la Méditerranée est légèrement 
supérieur à celui de l'océan. Il n en est rien, dit M. Krûmmel. La Méditerranée est 
certainement, comme on le croyait avant ces observations, plus basse que l'Atlan- 
tique. Mois sur les côtes, sur la Côte d'Azur en particulier, son niveau est relevé par 
la présence d'eaux plus douces et moins denses provenant des cours d'eau. — Les 
variations périodiques du niveau de la Baltique s'expliquent par des influences 
météorologiques. Le professeur Otto Pettersson ne partage pas cette opinion 
régnante. Dans un remarquable mémoire récent (SlrOmstudier vid ÔstersjOns portar 
dont La Géographie publiera prochainement une analyse, l'éminent océanographe, 
montre que les variations du niveau de la Baltique ne sont point déterminées 
par des variations météorologiques, comme on le croyait jusqu'ici, mais sont la 
conséquence d'oscillations de même ordre qui se produisent dans l'océan et qui 
se propagent dans la Baltique. 

Si nous passons maintenant à la morphologie du fond des mers M. Krûmmel 
montre ingénieusement combien le sol sous-marin est aplani en comparaison du 
sol terrestre. L* a angle d'inclinaison » (Boschungswinkel) du fond des océans, ou 
angle formé par le fond et un plan horizontal idéal, est presque toujours inférieur 
à 0° 17'. Or, ce chiffre correspond à une pente de 1/200, qui est la plus faible déviation 
de l'horizontale perceptible pour l'œil humain. Si les grands océans se vidaient, leur 
fond apparaîtrait donc comme une immense plaine s'étendant à perte de vue'. 
Exceptionnellement, près du socle des îles et de certains dômes sous-marins géné- 
ralement volcaniques' et près de certaines régions continentales, la pente s'accuse. 

Un savant calcul de la profondeur moyenne et du volume des masses océaniques 
conduit M. Krûmmel aux conclusions suivantes' : la profondeur moyenne de tout 
l'ensemble { Weltmeer) est de 3 682 mètres \ la surface mesure 361 millions de 
kilomètres carrés, le volume atteint le chiffre de 1 329 millions de kilomètres cubes, 

1. Des fosses profondes ont eUes-mèmes des pentes très faibles. L'angle moyen d'inclinaison de 
la fosse des Tonga n'atteindrait, selon M. Krûmmel, que 0'*i0'33\ 

2. Page 98, Fauteur donne la liste des 37 dômes volcaniques sous-marins connus, a^ec leurs 
principales dimensions. 

3. Sa méthode, qui est celle de G. Peschel renouvelée, consiste à chercher d'abord les dimensions 
pour des aires déterminées comprenant n degrés de latitude et à opérer ensuite sur les résultats 
ainsi trouvés. 

\, Ce chiffre est, d'après de Lapparent, 4 260, d'après Murray, 3 797, d'après Supan, 3630. 



NOUVEAUX OUVRAGES D'OG&ANOGRAPUIB. tl3 

c'est-à-dire treize fois le volume des terres émergeant des eaux. Notons le contraste 
entre les grands océans et les simples mers : les premiers représentent 96 p. 100 du 
volume et 89 p. 100 de la surface de Tensemblc; ils mesurent en moyenne 
3997 mètres de profondeur, au lieu que les méditerranées ne dépassent pas 
1 ta mètres et tes mers de bordure 971 . 

Les dépôts marins doivent être classés d*aprcs une base géographique. Ils se 
différencient, en effet, selon la distance à laquelle ils se trouvent des continents et 
la profondeur qu'ils occupent '. Ils se divisent en : 1* formations littorales^ compre- 
nant les dépôts de rivage et ceux qui gisent sur le socle continental ; 2^ formations 
kémip^lagiijues; 3* formations eupèlatjiques. (]ellos-ci embrassent deux groupes : 
relui des dépôts épilophiques (vases à globigérines, vases à ptéropodes, vases à 
diatomées) et celui des dépôts abyssaux (argile rouge et vases à radiolaires). — LfCs 
minéraux d'origine volcanique trouvés dans l'argile rouge, tels que pierre ponce, 
Minidine, plagioclase, hornblende, etc., proviennent, vraisemblablement, non seule- 
ment d'éruptions continentales, mais aussi d*éruptions sous-marines. Les volcans 
sont nombreux dans la région de largile rouge et il est probable que les phéno- 
mènes volcaniques sous-marins sont plus fréquents qu'on ne le croit. La grande 
pression exercée sur le fond des océans par les eaux doit provoquer une sortie très 
violente des gaz*. Ce volcanisme expliquerait aussi la présence dans l'argile rouge de 
res nodules manganésiens sur l'origine desquels on a beaucoup discuté. — Les 
tlonnêes que nous avons sur la stratification des sols sous-marins permettent 
d'affirmer qu'il doit se produire, au centre même des océans, des dislocations très 
lentes, affectant des dômes et des cuvettes d'un très grand rayon. 

L*étude de la distribution de la cbloruration revient à l'étude de la distribution 
des diverses espèces d'eaux qui remplissent les cuvettes. La grande masse des 
«K^éans, au-dessous de — 2000 à — 3000 mètres, n'aurait pas une salinité supé- 
rieure à 34,8 p. 1000. Quant aux mers, — trnit caractéristique — leur salinité esr 
ou supérieure, ou inférieure à celle des océans'. — Parmi les facteurs qui font varier 
la teneur en sels à la surface des eaux marines, la pluie en est un qui est générale- 
ment mal apprécié. Les observateurs ont le tort de négliger une circonstance 
importante: le déplacement de l'eau de mer. Pour déterminer la variation do sali- 
nité produite dans une masse donnée d'eau par une pluie, il faut suivre celte masse 
même qui est mobile et ne pas faire porter sur le même point géographique des 
ei|iêriences faites à des moments différents. L'influence de la pluie n'est facilement 
• »t*^ervablc que dans la zone é(|uatoriale, parce que là elle n'est pas contrariée pa. 
•*f|]e de IVvaporation. C'est elle qui explique la faible salinité du courant de Guinéet 
Schott attribue le fait à Tarrivée à la surface d'eaux de fond; c'est à tort, dit 
M. KrùmmeLcar, s'il en était ainsi, ces eaux seraient relativement froides. Or, c'est 
\v contraire que l'on constate. Du reste, ce phénomène n'est pas unique en son 

t. Lm courtntt marins n'ont aucune influence directe i>ur la répartition de:» dé^MM^ marins; du 
r.i M'i*. ivtal actuel des connaissances ne permet pas d'afUrmer l*exi!«tence de cette influence. 

i. i> virait a des et)oulemenls sixis-marin» causés par de> trembieiiitiiil> de terre que 5eraient 
dus co partie les détritus grossiers que Ton ren^'onlre dans les dép<Ms h e m i pela criques. 

1 La reitle comporte deui e&ceptions qui sont la mer de TA<«man et la nicdacrranee américaine* 
(>e« mfff% sont sous la dépendance des courants des océans voisina. 

Là GtooaAriiiK. - T. X\lll. IVuA. H 



Lt 



& 






114 L. PERHUCHOT. 

genre; on en trouve d'analogues dans les autres océans. Dans la zone du contrc- 
*l^> coupant équatorialde l'océan Indien, la salinité diminue de l'ouest à l'est, signe évi- 

dent de l'action progressive de la pluie. Dans le Pacifique, entre 10*' et 15^ de Lat. N., 
il en est de même. Dans l'Atlantique, entre les Açores et le nord-ouest de Flrlande. 
la salinité passe de 35,5 à 35,25 pour la même raison. Cette action des pluies est 
Indirectement renforcée par celle des glaces fondantes dans les hautes latitudes 
et par celle de k montée des eaux de fond dans les latitudes basses. Dans les deux 
cas, les eaux froides provoquent des condensations, et, par suite, des précipitations 
qui co&tribuent à affaiblir la salinité. En dernière analyse, la répartition de la 
chloruration à la surface de la mer s'explique par des conditions météorologiques. 
Ce qnî le. démontre d'une manière claire et originale, c'est la courbe de la répar- 
k. tition de la salinité suivant la latitude établie par l'auteur*. Cette courbe rappelle 

par ses inflexions celle de la limite des neiges : comme elle, elle s'élève progressi- 
vement des pôles vers les tropiques et s'abaisse légèrement sous I equateur. Elle 
en diffère, cependant, sous les hautes latitudes, pour des raisons que la météore 
logie laisse deviner. 

Les questions de thermique occupent la partie la plus considérable du Manuel. 
Un tableau et un graphique montrent la distribution des températures de surface 
suivant la latitude. Ils révèlent que l'équateur thermique des océans se trouve sous 
le 7' de Lat. N., c'est-à-dire trois degrés plus au sud que celui des couches infé- 
rieures de l'atmosphère. Ils accusent la supériorité thermique de l'hémisphère boréal 
sur rhémisphèrc austral, supériorité qui est maxima entre le oO*" et le 60° de Lat., où 
la différence atteint 4^.5. A quoi tient ce phénomène? Non pas, comme on l'a dît, à 
l'extension plus grande des terres dans le premier des deux hémisphères, mais à la 
forme même des rivages océaniques. Dans l'hémisphère nord, les eaux des courants 
chauds sont contraintes de demeurer plus ramassées, dans l'autre hémisphère, au 
contraire, elles s'étalent sur de grands espaees et sont obligées de parcourir 
d'immenses étendues glacées avant de retourner aux tropiques. — La température 
moyenne de la surface des trois océans est 17**,37^ L'Atlantique a 16°,9, le Paci 
fiqoe 19^,1; ce dernier est l'océan « tropical » par excellence. — A propos des ano- 
malies thermiques, nous trouvons une carte fort nouvelle des isanomales à la 
surface des océans'. Sur la question du retard des extrêmes annuelles, Krûmmel 
fait observer qu'il faut tenir compte des courants : quand ceux-ci deviennent 
plus rapides, ils provoquent un afflux d'eaux de fond qui refroidissent les couches 
supérieures et retardent le maximum *. — L'étude des amplitudes moyennes nous 
conduit au calcul de la « variation individuelle » de la température [Individuelb: 
Temperaiurschtvankung). Cette expression désigne la variation thermique que subit 
une même molécule d'eau suivie dans tous ses déplacements. Par exemple, cette 

1. Page 334. 

2. I^ température moyenne des couches inférieures de Tair est de 14'',3S. La différence entre 
les deux valeurs serait donc de 3** et s'élèverait même à 4*>, si on négligeait de réduire les tempé- 
ratures de Tatmosptière au niveau de la mer. 

3. Celle dressée par Kôppen s'appuyait sur des moyennes calculées avec les chiffres moyens de 
février et d'août seulement. 

4. Il en est ainsi à Touest des Galapagos, au mois de novembre. 



NOrVEALX OUVRAGES IVOCÉANO(;RAPIIIE. 



îi^ 



«fiiantitê est de 30" pour les eaux du Gulf Stream qui vont de la Floride à l*ocêan 

iilactnl ArctiqtM*. On voit en quoi celle 
fiiitioii dillrrr de (*elle d'amplitude qui 
i9ti|ipntït* dos observa tiont» toutes 
(fi\U'^ au même endroit. Règle 
isfij^-nile : ces variaiiona ne 
!i'arromplissent (ju'avec une 
trt's grande lenteur. Excep- 
tionnellement, un refroi- 
dissement rapide de la 
masse d'eau con- 
S . sidérée peut se 
I I pr(xluire dans le 
^ I cas de montée 
« ]^ d*eaux de fond; 
^ § mais un subit 
^ i échaulTemeni ne 
S 2 i peut jamais avoir 
I H ^ lieu . — Aussi 
? 3 1" Schott commet-il 
«^ 1" une erreur quand 
^ ^ .^ il représente le 

a * C 

i w w courant des ila- 

^ — -i 

i c ^ naries se prolon- 

r ^iJ géant en mai, au 

i:| sud, puis au sud- 

-• t est, sous la forme 

c 

1 du courant de 
^ Guinée. Il est 

o 

c obligé d'admettre 

•^ qu'un échauffr- 

2 ment de 5* s'est 
^ produit en deux 

ou trois semaines 

nu plus, 3ur un parcours 

lie 2i)i) milles. Or, une élé 

vnlitin de température aussi 

r^ipiJr rsl impossible; les obscr- 

vnlioiis montrent qu'il faut trois 

iiiuii II II m* molécule d'eau qui par- 

rotirt 1 l»»H milles pour gagner V'. 

La répûrliliun verticale des temiRTn- 

1()0 mètre3, le dessin des isothermes 




lur*T* présente la physionomie suivante. A 



1. s boit aurait commis une erreur analogue [our les cournnls a rouent de Galaïap);*. 



il6 . PERRUCHOT. 

a encore une ressemblance générale avec celui des isothermes superficielles. Mais à 
partir de — 200 mètres, des changements importants se manifestent. M. Krûmmel 
nous donne, pour la cote — 400 mètres, une carte inédite d'isothermes (fig. 10) '. 
Le trait caractéristique de la répartition à cette profondeur est que les domaines 
des plus hautes températures no se trouvent plus, comme à la surface, tout près de 
l'Equateur, mais à une certaine distance au nord et au sud, près des tropiques et 
contre les rivages occidentaux des océans. Cette disposition s'explique ainsi : 
1* Les grands courants tropicaux emportent les eaux réchauffées par le soleil vers 
l'ouest et les accumulent contre les continents. Là se produisent des courants des- 
cendants. 2** Les zones correspondant aux contre-courants équatoriaux sont rela- 
tivement froides, parce qu'il se produit là une ascension d'eaux de fond. Ainsi 
la carte du professeur Krûmmel reproduite ci-contre nous laisse deviner les grands 
traits de la circulation au centre des océans *. A — 600 et à — 800 mètres la 
même physionomie se retrouve, mais plus effacée. A — 1500, la température est 
presque partout uniforme; seules, quelques influences exceptionnelles, comme celle 
du courant méditerranéen de Gibraltar dans TAtlantique boréal, celle du courant 
de la mer Rouge dans le golfe d'Oman, se traduisent par des chiffres plus élevés. 
Enfin, a — 4000 et au-dessous, c'est-à-dire au fond même des cuvettes océaniques, 
les différences constatées ne s'expliquent plus par l'action des courants, mais par 
la présence de seuils sous-marins, chaque fosse, vallée ou compartiment isolé gar- 
dant sa température propre. Cette influence de la topographie est si remarquable 
que certaines anomalies des températures de fond permettent d'inférer l'existence 
de certaines formes de relief pour des régions où elles sont encore mal connues'. 

Des océans, passons aux mers. Pour chacune, l'auteur donne la physionomie 
de sa stratification thermique. La mer Blanche a des températures de fond très 
basses ( — 1*^,9). Cette situation est due à la congélation hivernale de la surface, qui a 
pour effet de sursaturer de sels les eaux de la tranche supérieure, d'élever leur den- 
sité et de provoquer ainsi leur chute sur le fond et, par suite, le refroidissement de 
toute la masse. Les trois méditerranées sont très différentes. Celle d'Amérique est 
sous l'influence exclusive des courants de l'Atlantique. La méditerranée australa 
siatique est moins dépendante des grands courants généraux; le relief y joue un 
rôle important et détermine plusieurs fosses qui possèdent des températures diffé- 
rentes. Enfin, dans la méditerranée latine, qui subit très peu l'influence de TAtlan 
tique, tout s*explique par les conditions locales, les courants restant au second 
plan. Le rôle des vents y est fort remarquable. Sur la côte espagnole, ils provo 
quent des afflux d'eaux de fond; dans la méditerranée orientale ils amènent des 
accumulations locales d*eaux de surface qui se traduisent par une température rela 



t. Pour l*Allantlque et Tocéan Indien, les travaux de Schott ont été utilisés. 

2. M. Krûmmel com[>are ingénieusement la répartition de la température à — 400 mètres à celle 
de ta pression atmosptiérique au-dessus des océans. Les maxima sont sous tes latitudes moyennes, 
comme les liantes pressions; sous Téquateur régnent des température»«l des pressions plus basses: 
enfin, sous les latitudes basses, se trouvent les cliifTres les plus Taibles. Seulement, les températures 
tes plus élevées sont plus à l'ouest que les centres de hautes pressions. 

3. Les parties des océans situées au delà du SO** de Lat. N. présentent une stratiûcation ther- 
mique spéciale décrite par M. 0. Petterson. V. la Géographie^ Xil, 3, 1906, p. 173. 



NOUVEAUX OU\RAGES D'OCÉANOGIIAPHIE. 117 

Uvement élevée des couches inférieures *. La mer Rouge, la plus chaude des mers, 
présente un caractère frappant : c*est la présence sur toute son étendue, à 
partir de — 700 mètres jusqu'au fond même, d'une masse d*eau homohatine et 
hnmothrrme. Cette eau, qui a 21%5, d'où provient-elle? Nécessairement, dit 
M. Krûmmel, de la région de la mer Rouge où la température n'est jamais infé- 
rieure à 21*,5, par conséquent du nord. Pour les mers les mieux étudiées, la 
Baltique et la mer du Nord, M. Krûmmel nous donne deux descriptions de leur 
stratification thermique aux quatre époques typiques de l'année : en février, en mai, 
en août et en novembre. Ce sont des modèles d'études du « régime thermique » 
de mers. 

i^uelle est maintenant la température moyenne des diverses masses océaniques 
ronsidérées dans toute leur épaisseur? — Celle de la méditcrranée arctique est la 
plus basse ,' — 0'\66); celle du golfe Persique, la plus élevée [24''). Celles des trois 
(icêans (Atlantique 4'',02, oc*éan Indien, 3'',82, Pacifique, 3<»,73) sont voisines de 
c«*lle de la Baltique (S^'fBl). Celle de la Welimeer est très basse; elle ne dépasse pas 
«'t\S3. En somme, les eaux relativement chaudes ne forment qu'une pellicule très 
mince recouvrant une masse épaisse d'eaux froides. 

L'étude du rùle de la glace dans la mer occupe le dernier chapitre. Comment ces 
énormes Ilots de glace, qu'on a rencontrés parfois dans l'hémisphère austral jusque 
jK>us le 40* de latitude, se sont-ils détachés des terres antarctiques? M. Krûmmel 
pense que c'est à la suite de tremblements de terre. — Le calcul des quantités de 
clace débite^ dans l'océan Glacial Arctique et amenées dans l'Atlantique nord 
donne les résultats suivants. Le volume des glaces qui sortent annuellement de 
r<xvan («larial par le passage entre Gr^nland et Spitzberg atteindrait 12 700 kilo- 
mètres cut)es; celle qui arriverait par le détroit de Davis, 5000 kilomètres cubes ; 
celle qui prendrait la route entre le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble, 2000. En 
tout, 20 (XX) kilomètres cubes de glace seraient emportés chaque année vers les 
latitudes basses de l'hémisphère nord et fondus. Une pareille masse ne peut pas 
^tre sans influence sur les conditions de la circulation océanique. 

Nous avons insisté sur les points qui nous ont paru le plus dignes d'intérêt 
dann le livre de M. Krûmmel. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce volume qui, 
par la méthode scientifique qui l'anime, par l'abondance des observations et des 
travaux qui y sont condensés et par le grand nombre des vues originales, se place 
ao premier rang des ouvrages de ce genre. C'est incontestablement le meilleur 
manuel d'<M*éanographie qui existe. 

Le livre du l> J. Richard a un caractère tout différent. Ce n'est pas un traité, 
r e»t un ouvrage de haute vulgarisation scientifique, a l'usage de personnes déjà 
familiariM'>es avec l'océanographie. Sur les moyens et los méthodes de cette science, 
l'auteur, depuis vingt ans associé aux tra%'aux de S. A. S. le prince de Monaco, 
fournil d amples développements. Aucup ouvrage du même genre ne donne une 
ilev*ription aussi complète et aussi claire des instruments d'observation. En cette 



1. Le chiffre de I3*,7, relaUvement éleTé, trou Té au fond de la Méditerranée orientale au sud 
4e Cbvpre* s'expliquerait ainsi. 



118 L. PERRDCHOT. 

matière, rauteur, lui-même inventeur de divers appareils ^ possède une eompétenœ 
«xœptionnelle. 

La partie relative à la biologie marine, qui occupe la moitié du livre, traite 
surtout de la faune bathypélagique. Les trois plus importants facteurs de différen- 
^ation biologique dans les grandes profondeurs sont la grande pression, la basse 
température et Tobscurité. La pression, contrairement à Topinion générale, ne joue 
pas un rôle décisif. Le D"" Richard a pu constater qu'une crevette (Acantkephyra 
pvlchra) ramenée de — 1 674 mètres et un poisson [Cenirophorus squamosus) péché à 
— 1 350 mètres avaient pu vivre encore plusieurs jours en eau peu profonde, malgré 
la forte décompression subie. La température paraît avoir plus dlmportanœ. Dans 
une mer, comme la Méditerranée, où les différences thermiques dans le sens ver- 
tical sont minimes, les limites entre les faunes des diverses profondeurs seraient 
moins marquées que dans les autres cuvettes marines. Quant à Tobscurité, elle a 
pour effet un développement remarquablement varié des organes phosphorescents 
chez la plupart des animaux de toutes les zones de la région bathypélagique, à 
Texception peut-être de ceux formant le benihos. Si la lumière solaire ne parait 
guère pénétrer très au delà de — 350 mètres ', en revanche, la lumière vivante peut 
se rencontrer depuis la surface jusqu'au fond. Ce développement des appareils 
photogènes a pour conséquence celui des organes optiques. 

La faune bathypélagique, dont tant d'espèces ont été découvertes grâce aui 
expéditions du Prince de Monaco ', a donc une physionomie spéciale. Toutefois, 
il n'y a pas absolue séparation entre les anormaux de la tranche supérieure de la 
mer et ceux de la profondeur. Certains groupes qu'on considérait comme vivant 
seulement à la surface ont été trouvés dans les régions profondes. Actinies, cténo- 
phores, ostracodes, ophiures, stellerides ont été rencontrés par la Princesse Alice 
h toutes les profondeurs ^. D autre part, des espèces qui paraissaient spéciales aux 
grandes profondeurs, comme les Nemertiens, ont été capturées à la surface. Oa 
croyait que la Pdagolhuria, genre d'holothurie pélagique, ne quittait pas le fond 
de la mer. En 1905, la Princesse Alice en a découvert une espèce particulière (A 
Bouvieri) à la surface de la mer des Sargasses. Enfin, on est porté à s'imaginer que 
la faune bathypélagique est toujours de petite taille. Mais le Prince de Monaco a 
capturé à plus de 4000 mètres un Coryphœnoides gigas de 80 centimètres et un 
Aphanopus carbo de 1 m. 50. 

Parmi' les animaux appartenant au plankton pélagique, ceux de l'ordre des 
copépodes sont les plus intéressants. Ces crustacés minuscules forment le plus sou- 
vent des bancs immenses et épais, parfois colorés en jaune ou en rouge, et consti- 
tuent la nourriture de beaucoup de poissons utiles à l'homme. C'est le cas, en parti- 
culier, du Calanus finmarchicus, qui sert d'aliment même aux baleines ft est 

1. La bouteille Richard, servant à prendre des échanlilloiifi d'eau de mer; la bouteille à 
mercure Richard, recueillant les gaz dissous dans Peau marine; le staloscope enregistreur Richard, 
qui mesure la hauteur des vagues; le dispositif Richard pour l'examen rapide du plankton. 

'2. A celte profondeur des plaques photographiques immergées par le prince de Monaco ont 
pu encore être impressionnées. 

3. Surtout les espèces de l'ordre des Schizopodes et de celui des Amphipodes. 

4. Une étoile de mer a été péchée à — 6035 mètresL 



Nnr VEAUX OrVRA<iKS DOCÉANOCinAPIIIE. MV 

l»irii connu des l>nloiniers ammcnins. LVlude des copêpodeH a donc un grand 
inlên»l pratique; elle a élê mise au programme des recherches du Conseil perma- 
iirtil international pour l'exploration de la mer, et déjà MM. Paulsen et Schmidi 
«•ut ohnorvé que la pèche du hareng est fructueuse là où le» coi)épode8 abondent. 
Hr, ceux-ci sont amenés pnr les courants. Cest donc, en iléduilive, la connaissance 

• Ir-i courants marins qui est la base de la pratique scientifique des pêcheries. 

(> livre est éclairé par de nombreux dessins ou phototypie». 

OU'Mssant à un juste sentiment de reconnaissance que partagent tous les oeét* 
n'»tfraplies, le D' Richard a dédié ce beau volume à S. A. S. le Prince de Monaco. 

Parlant «1 ouvrages d'océanographie, il nous est impossible de passer sous 
-ilence rim|K)rtant livre du D' Léon \V. Collet sur les dépôts marins, tout rëoero 
uiont édité \ C'e>t un excellent manuel qui synthétise les résultats d un grand 
nombre de travaux, en particulier de ceux de M.M. Murray et Renard sur les 
«Iragago du Ch*til**tt(jt'i\ Il contient des développements étendus sur des sujets q«i 
i»nt fait l'objet de recherches récentes : les dépôts de manganèse, les concrélioDS 
phosphatées, la glauconie, les formations coralligènes. Le géographe y trouvera des 
vues» intéressantes. Parmi les facteurs qui font varier la nature des dépôts, c'est la 
profondeur qui explique la différence entre le fond de TAtlantique, occupé snrtout 
|iar le»« vas4's à globigérines et celui du Pacifique, recouvert par Targile rouge. Dans 
ît*^ deux i>c«'*ans, les globigérines abondent à la surface et leurs enveloppes calcaires 

• b'MYndent, apri*s la mort, h travers les profondeurs marines; mats tandis que daas 
IWtbntiqw* elles atteignent le fond où elles se déposent, dans le Pacifique, qui 
•-^t trop profond, elles sont dissoutes en chemin, l-ne cause géographkrae 
imfiortante de modifications des dépôts marins est la variabilité plus ou moins 
^'rande de la temjMTature des eaux de surface. 11 est remaniuable que toutes les 
hicalit4*^. où Ton a dragué des concrétions phosphatt^s, sont le siège de grandes 
\ahali<ui< thermiques résultant généralement de la rencontre d*un courant chaud 
aviv un courant froid. Les dépouilles de quantité d'organismes marins, tués par 
Il <* iVart- de température, s'accumulent sur le fond de la mer et fournissent, en se 
•l'composant, de Tammoniaque et du phosphate de chaux, qui donnent naissance à 
•l»s riincn*tions phosphatées. 

Tue carte planisphérique, établie d'après les données les plus récentes, montre 
1.1 di«»tribution des différents dépôts marins au fond des océans. 

L. Perhucbot. 



1 D' Léon \V. Colki. Les hép^h marine (Blhliothèqiie d 'océanographie physique). Paris, Ooin, 
«.fv I «ol. în«li je^u^. 31T» p., 35 tlg., 1 rarle. Prix : 5 fr. 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

EUROPE 

La pénéplaine du nord de la France. — Continuant et étendant ses études de géo- 
graphie physique sur les fleuves de la région franco-beige, M. Briquet vient, sous 
ce titre*, de publier un travail aux idées extrêmement originales et neuves dans 
lequel il essaie de reconstituer la pénéplaine qui s'est étendue sur toute la région 
parisienne avant le cycle actuel d'érosion, et de montrer comment l'existence de cette 
pénéplaine ancienne permet d'expliquer un grand nombre des particularités du 
relief actuel. 

Cette pénéplaine fut l'œuvre d'un cycle plus ancien parvenu à une maturité 
extrême ; elle devint à son tour la proie de l'érosion, quand de nouveaux mouvements 
du sol rélevèrent au-dessus du niveau de base; à la suite de cette érosion, elle dis- 
parut presque entièrement et il n'en subsiste plus que les parties résistantes qui 
suffisent à témoigner de son existence antérieure. Déjà, d'ailleurs, MM. de la Noc et 
de Margerie* avaient montré que les crêtes des rides périphériques de la région 
parisienne représentaient les lambeaux d'une ancienne pénéplaine; mais, cette fois, 
c'est presque une monographie de cette pénéplaine que nous donne M. Briquet. 

Il essaye d'abord de dater cette pénéplaine et il croit pouvoir montrer qu'elle est 
très récente, datant au plus tôt de l'époque pliocène supérieure. Puis il expose le 
rôle de la pénéplaine dans la gepèse des conditions morphologiques de la région 
parisienne; il montre comment la nature géologique des différentes portions de la 
pénéplaine explique leur érosion plus ou moins profonde au cours du cycle actuel. 
C'est ainsi que, sur le pays de Bray, la pénéplanntion avait mis à nu les couches 
meubles du Crétacé inférieur, relevées par l'accident anticlinal; l'érosion actuelle 
y creusa facilement la cuvette dont la coïncidence avec l'anticlinal s'explique ainsi 
facilement'. 

L'existence des rides périphériques du Bassin de Paris, des a falaises », auxquelles 
M. Briquet applique le nom américain de cuestas, s'interprète de la même façon. 

L'étude des niveaux divers auxquels se trouvent les lambeaux actuellement 
conservés de cette pénéplaine montre, d'autre part, que postérieurement à son éta- 
blissement la région a subi une nouvelle phase de mouvements tectoniques; une 
carte très parlante exprime ce que fut ce gauchissement, qui se traduit par la pré- 
sence d'un certain nombre de soulèvements en formes de dômes très larges. 

«.A. Briquet, La pénéplaine du Nord de la France, in Ann. de Géographie, XVII, 1908, pp. 205-223. 

2. G. de la Noë et Enim. de Margerie, Les formes du terrain^ Paris, 1888, p. 123, pi. XXXiV. 

3. A Texemple des géographes américains qui désignenl par le nom propre d'un exemple typi- 
que les formes lopographiques les plus remarquables, l'auteur propose le nom générique de Bray 
pour les dépressions topographiques anticlinales. 



EUROPE. 121 

(>s moaTemeoU ont* chose qui intéresse tout spécialement les géographes, exercé 
une influence directrice prépondérante sur les traits du réseau hydrographique corres- 
|Miiidant au cycle actuel d'érosion. Ainsi ta dépression de la basse Seine, celle de la 
ÏM^M* Somme correspondent à une série de flexures dans la surface de la pénéplaine ; 
la Manche parait prolonger ces dépressions et correspondrait ainsi à une zone de la 
fiënêplaine déprimée au-dessous du niveau de la mer, tandis que les autres étaient 
releviVs au-dessus de ce niveau. 

L'existence de mouvements du sol, postérieurs à la formation de la pénéplaine, 
e^t donc révélée ici par l'analyse géographique; l'intervention des mouvements tecto- 
fiiques est aussi bien décelco par les déformations des surfaces topographiques que 
|wir celles des nappes sédimentaires. 

Bien plus, ces données ont permis à M. Briquet d'étudier les relations réciproques 
«W deux séries de déformations subies par la région, les unes avant la pénéplanation, 
\*^ autres après. On voit alors confirmée la continuité, déjà proclamée *, du phéno- 
mène de plissement, mais, dans une certaine mesure seulement; entre les déforma- 
lionA des deux systèmes, il n'y a pas identité absolue d'emplacement, dallure et 
ilamplitude. LfCs ondulations postérieures ont un proBl plus large et plus calme; 
une <euie d*entre elles paraît souvent embrasser Taire où s'étaient entassées plusieurs 
<li» celles du système précédent*. 

De cette étude géographique de la région parisienne découle cette conclusion, 

analogue à celle qu'on peut tirer de l'étude de la terrasse de la Meuse, c'est que, dans 

IVnjiemble de causes qui ont concouru à la formation du réseau hydrographique telles 

que nous les connaissons aujourd'hui, les changements du niveau de base n'ont 

|»a*i l'importance prépondérante qu'on leur a accordée, et qu'au contraire les gauchis- 

M*ment< de la surface continentale, les mouvements épcirogéniques doivent être 

considén^ comme des facteurs de première importance. 

Paul Lemoimr. 

Lliydrdogie souterraine dans la vallée de la Vesle. — La vallée de la Vesle en 
amont de Reims fournit un nouvel exemple de rabaissement de la nappe d'eau 
«Miuterraine depuis une époque toute récente. Sur cette question deux mémoires de 
M. Eugène Mathieu 'apportent une première contribution. 

Au-dessus de Reims cette vallée est remplie par deux couches d'alluvions d'âge 
•liflérents : h la surface, des alluvions récentes, composées de terre, de tourbe et 
dargile, dont la puissance atteint 3 m. 60, près de Tusine des Fontaines ^voir fig. 11), 
l>ut< en dessous, des alluvions anciennes composées de graviers et de cailloutis, 

I. Marcel Bertrand, Sur la continuité du phénomène de plît*ement dam le bastin de la Seine ^ 
ta BmlL Sotf. OéoL Fr, [3], XX, i89i. pp. 118-1(>5; G.-F. DoUrus. Recherches ëur le$ ondulattont, 
des couche» tertiaires aans le bassin de Parix, in Bull. Sert. Carte géol. France, II. n* 14, 1890. 
(1> 1^1, pi. I. 

i. A. Biffol, Lé massif ancien de la Basse- S'ormandie et sa bordure, in Bull, Soc. (iéol. France 
* . IV, 1901, pp. 90^953 pi. XX-XXY. Ce savant a montré que los synclinaux jura>i>ique!i se mou- 
Uirnl parfoU aur le« anticlinaux de la pénéplaine primaire. 

3. AMoeiaUon dea Propriétaires et Locataires de la Ville de Reims et de sa banlieue. Contami- 
nalMêH Astéckemtnl rapide à hrève échéance des Saux potables de la Ville de Reims er traites de 
i4 nappe souterraine de la Vallée de la Vesle. Congrès de Reims (1907) de TAssociation française 
ptHir l'Avancement des Sciences. Reims. 1907. (Renferme les deux mémoires de M. Eugène Mathieu.) 



122 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 



épaisses de 4 m. 75, lesquelles reposent directement sur la craie. A la surface 



yj^^Jf/fil/O/Û^ 



'TU^i^iJOJ 







M 



^^ipg 



de la première de ces couches coule la Vesle dans un lit d'argile, tandis que dans 



EL-nOPE. 123 

rrpai>sieor de la seconde circule une nappe alimentée par les eaux d'infiltration 
l«t>venant dett collines crayeuses riveraines. Tellement abondante est cette nappe 
que la langue populaire lui a donné le nom de V^esle souterraine; mais, comme le 
fait observer M. Matliieu, ce nom ne saurait être pris au pied de la lettre; il ne 
na^t. en effet, ici nullement d'une rivière souterraine, mais simplement d'une nappe 
d*inliitration, particulièrement abondante dans certaines parties de la vallée. Celle 
abondanoe des eaux souterraines semble correspondre à un ancien lit quaternaire 
de la Vesie possédant un traoé, différent de celui du CQurs d'eau actuel et dont 
I existence a été révélée par des sondages. En effet, le long de la ligne V 1 (Hg. li) 
on rencontre, avant d'atteindre la craie, une épaisseur d'alluvions beaucoup plus 
grande que de part et d'autre de cette ligne. En V la craie se trouve à 17 mètres de 
profondeur, puis en remontant vers 1 on la rencontre successivement à 9,15 mètres, 
X/M mètres, 8,10 mètres. Un sillon d'érosion parait donc bien exister suivant la 
licnr V 1 et sa profondeur maxima s'observe à un étranglement de la vallée. 

Au delà de ce resserrement, sur l'emplacement (fu'occupe Reims, s étend un delta 
torrentiel engendré par la Vesle quaternaire et qui est recouvert par des alluvions 
nventes. 

La couche argileuse des alluvions récentes présente des solutions de continuité. 
Par suite, lorsque la nappe d'infiltration est gonflée après des pluies abondantes, se 
(ait elle jour à travers ces dépôts superficiels et vient-ellc les recouvrir, comme le cas 
»*esi produit en 1897 dans le faubourg Saint-Charles, à la limite du cône de 
déjection torrentiel. Pareillement dans la vallée de la Vesle, les mêmes circon- 
stances déterminent de nombreux et fréquents phénomènes d'émergence. 

Sur l'abaissement progressif de cette nappe durant ces deux derniers siècles 
M. Eugène Mathieu a recueilli des documents qui paraissent probant. 

Sur l'emplacement de l'usine dite des .Fontaines, située en amont de Reims, et 
qui paise les eaux d'alimentation de la ville dans les alluvions anciennes, exis- 
Client au xvir et au xvnr siècle des marais engendrés par l'émergence de la 
iiAppe souterraine. L'altitude du terrain autour des puits actuels est de 79 m. SU. 
Vers 17<N) le plan d'eau devait donc être au moins à cette altitude. En 1877, alors 
que l'usine des Fontaines n'avait pas encore commencé à fonctionner, le niveau 
supérieur île la nappe, à l'étiage, n était plus qu'à 78 m. 10; douze ans après, en 
iHSli, il descend à 77 m. 70, puis à la fin de 1906 a 77 m. 45. Il est vrai qu'à partir 
de 1877 on a puisé d'abord 500<l mètres cubes, puis 13000 mètres cubes d'eau 
par jour dans la nappe souterraine et qu'actuellement cette extraction s'élève 
a 180U0 mètres cubes. 

Les faits signalés par M. E. Mathieu montrent qu'il y a eu d'alK)rd un appau- 
vrissement de la nappe souterraine naturel, suite de phénomènes naturels, puisque 
rrtte Mtuation a été aggravée par une cause industrielle. Charles Rabot. 

Lai noiatiOBs récentes dn delta dn Pô. — Depuis un siiVIc seulement nous 
«ommes en mesure de suivre avec une précision suffisante les variations du delta du 
P«>. En effet, seulement depuis 1800 les levers efTectués possèdent une exactitude et 
une échelle suffisantes pour permettre les comparaisons. Eu 1898, mettant en œuvre 



124 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

les documents cartographiques alors existant, mon père, Giovanni MarinellL 
reconnut dans leurs lignes principales les vicissitudes éprouvées par le delta padan 
durant lexix* siècle '. La carte la plus récente utilisée pour ce travail fut le 25 000* 
de l'Institut géographique militaire italien levé vers 1893. 

Depuis, de nombreux et importants travaux cartographiques ont été exécutés, les 
uns par les services du Génie civil de Rovigo et de Ferrare, les autres par les hydro- 
graphes de la marine royale, principalement en vue d'étudier les conditions de la 
navigabilité du Pô, question qui depuis quelques années préoccupe vivement 
l'opinion publique, comme le gouvernement. Grâce à ces travaux on possède de 
précieux éléments topographique, et bathymétriques qui nous permettent de juger 
de l'état de tout le delta padan, comme de celui de son talus immergé, pour les 
années 1896 et 1904. A part les publications officielles du Comité technique et exé- 
cutif de la Commission royale de la navigation intérieure, ces travaux sont acces- 
sibles aux géographes, grâce à la carte de l'Office hydrographique de la Marine 
royale, offerte aux membres du VI* congrès géographique italien {Venise, mai 1907) % 
et mieux encore par un article du D' Mario Baratta, paru récemment dans la Rivisia 
Geografica italiana^. 

Pendant onze ans, de 1893 à 1904, aucun déplacement notable ne s*est manifesté 
dans les cours des différentes branches du Pô. Celle du milieu, dite de Toile, resta 
toujours la plus importante (elle débite 87 p. 100 du débit total du Pô pendant 
la période d'étiage et 75 p. 100 en hautes eaux). La plus grande partie de ce volume 
d'eau n'arrive pas à la mer par la partie inférieure de cette branche (10 p. 100 du 
débit total pendant la période d'étiage et 8 p. 100 en hautes eaux), mais par les 
diramations de Pila (53 p. 100 pendant la période d'étiage et 47 p. 100 en hautes 
eaux toujours par rapport au débit total du Pô) et du Basimento (24 p. 100 pendant 
la période d'étiage et 20 p. 100 en hautes eaux), tandis que les branches méridio- 
nales de Goro (0,1 p. 100 pendant la période d etiage, 7 p. 100 en hautes eaux), de 
la Grocca (12 p. 100 pendant la période d'étiage et 13 p. 100 en hautes eaux), et, la 
plus septentrionale, celle de Maestra (1 p. 100 pendant la période d'étiage et 5 p. 100 
en hautes eaux) restent toute fait secondaires. 

A l'activité prépondérante de l'embouchure de la Pila, qui débite environ la 
moitié de l'eau du Pô, correspond la conquête la plus importante de la terre ferme 
sur la mer; le terrain s'étend progressivemement, formant, pour ainsi dire, un 
nouveau petit delta dépassant l'ancien de 1 600 mètres, ce qui donne une valeur 
maximum d'accroissement annuel de 136 mètres. Les isobathes de 5 et de 10 mètres 
tracées d'après des sondages effectués en 1896 et 1904 montrent une modification 
correspondante des fonds marins sur une longueur de côte encore plus étendue 
que le pourtour extérieur du delta de formation nouvelle. 

i. Rivista Geografica Ualiana, i898, t. III. Ce mémoire a été traduit en français sous le titre : 
^accroissement du delta du Pô au XIX' siècle. Université nouvelle. Institut géographique de 
Bruxelles. Publication n* 6, Bruxelles. 1901. 

2. Le Bocche del Po da Chioggia a Magnavacca. Rilievi délie navi ■ Tridano • e - Siaffella •• 
Feuille 226 des cartes de la Marine royale, indiquant en couleurs les limites du delta en 1300, 
1603, 1786, 1868, 1886, 1896 et 1905. 

3. Suite récente trasformazioni del delta del Po {1893-1904), in Riv. Geogr, II., 1907, fasc. X. 



EUROPE. 125 

I)es allavionnements, moins importants, se remarquent devant les branches 
du Fdde Toile, de la Gnocca et de Goro, tandis qu'au contraire, à lembouchure du 
IV) de Maestra et dans toutes les autres parties extérieures au nord et au sud du 
lobe deltaïque principal (Pila), la c^te a reculé de façon inégale. Ce recul, souvent 
considérable, ne se manifeste pas seulement sur la terre ferme, mais encore par un 
approfondissement du talus immergé jusqu'à 10 mètres de profondeur et même 
davantage. 

Il nous manque encore une analyse détaillée expliquant les causes des diverses 
variations, quelquefois de sens contraire, subies par les limites successives du 
delta du Pô, et exposant en quelle mesure interviennent, d'une part, la quantité 
% ariable de matière débitée par les bouches, et la puissance accumulatrice du mou- 
vement des ondes; de l'autre, le retrait naturel du sol alluvionnaire, l'action des- 
tructrice des flots et celle de la marée. Pour le moment, nous devons nous contenter 
•le cf>nstater que les variations sont beaucoup plus irrégulières qu'on ne le croit 
ir*'-néralement. Quand les géographes et les hydrographes vont répétant que la 
limite générale du delta du Pd s'avance en moyenne de 70 à 80 mètres par an, 
iN affirment un fait qui ne correspond pas aux conditions actuelles et qui 
iloit, de quelque façon quon l'entend, être accepté avec circonspection. Si Ion con- 
«litière la variation de la limite entière, on observe qu elle subit de point en point 
ih'< modifications trop diverses pour être résumées en une évaluation moyenne, 
t.in<lis que. pour donner une idée de la quantité de matière accumulée à l'embou- 
rhure du Pô, il serait nécessaire d'avoir des éléments qui exprimeraient en volume 
r.iugmentation de son delta. Les matériaux recueillis en Italie dans ces dernières 
<l*rades permettent à coup sâr do faire des recherches comme celle que vient de 
l'ublier le D' Mario Baratta. Ce mémoire n'est en quelque sorte qu'une prise de date; 
•tans un nouveau travail en préparation, aussi complet que possible, notre confrère 

«-tudiera les variations du delta du Pô au xix" siècle. 

OUNTO Marinblu. 

La fégttation de Gotland^ — L'ile de (iotland est constituée par des roches 
ap(Mirienant au Silurien supérieur. Ce sont surtout des calcaires, des schistes, et, à 
un moindre degré, des grès. Le calcaire émerge en bien des points, et, en 1907, une 
«*nqoète a été faite par M. H. Ib'sselmann pour savoir si le déboisement de ces 
r«irher4 calcaires iroffrait pas de dongrr et pour rechercher les causes de la dénu- 
•i'itioades surfaces calcaires. Tantôt on a affaire à des roches sans terre végétale, 
maÎH où des fentes verticales permettent aux plantes d'enfoncer leurs racines; tantôt 
h rocbr e>t recouverte d'une faible couche de terre. Dans les deux cas les conditions 
«.ffertes h la végiMation sont fort différentes. D'autre part, ces couches calcaires sont 
rn général tre:« plates et l'écoulement des eaux se fait difficilement, de sorte qu'il 
faut distinguer le cas où le drainage est l>on et celui où il n'existe pas. 

Sur la roche nue on rencontre des plantes exclusivement calcicoles et adaptées 
1 la «érheresse (xérophiles). Si les fentes sont larges et profondes, elles peuvent même 

I. Henrik llr»»elinano, Vegetaiionen och skwjstàxten pa Goilands hâUmarker, in Skofj^vanti 
' minytnt lidakrift, Stockholm, 1*J08 (.ivec une carie et un résumé en allemand). 



126 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

donner asile à une flore ombrophile {Anémone hepaiica). Ce n'est que dans ces 
fentes qu'ont pu s'implanter des arbres, surtout des pins. Us sont rabougris et ne 
dépassent pas 3 à 4 mètres de hauteur. 

Lorsque la roche est recouverte d'une couche de terre végétale bien drainée, il j 
a en général une forêt composée essentiellement de pins. La hauteur de ceax-d 
varie suivant l'épaisseur de la couche d'hnmus. Si celle-ci atteint m. 25 à m. SO 
et que la roche sous-jacente soit fendillée, la forêt devient assez compacte, sans 
jamais atteindre une grande hauteur. Sur les rivages, formés de cailloux calcaires, 
il y a parfois d'assez belles forêts de pins. 

Sur les roches recouvertes de terre végétale à drainage insufGsant, la végétation 
est toute différente. Il y a excès d'eau au printemps et en automne, tandis qu'en été 
le sol se dessèche fortement. De plus, la gelée exerce sur ce sol des modifications 
profondes et peut même briser les racines. Les surfaces ainsi constituées ne sont pas 
favorables à la végétation arborescente : elles portent des genévTiers et des plantes 
herboicées {Galeopsis ladanum, forme globosa, Circiumarvenset. ferox^ Dauctts earota 
f. contracta), dont les fortes racines sont constituées de façon à résister à la gelée. 
C'est dans le sud de l'île que cette formation est surtout développée, tandis qu'ailleurs 
elle ne se présente qu'à l'état sporadique. Dans les landes marécageuses du nord de 
l'île, le drainage est assez insuffisant, et la végétation arborescente se limite à des 
pins rabougris. 

Dans les parties basses, le carbonate de chaux se présente à l'état pulvérulent. 
Ces bas-fonds se remplissent d'eau au printemps et en automne et se dessèchent 
entièrement en été. Les arbres y font totalement défaut. 

Parmi les causes qui ont contribué au déboisement de Gotland il convient de 
citer en première ligne les fours à chaux, très nombreux, et chauffés au bois. 
Cependant, malgré les coupes à blanc, la forêt repousse toujours, lorsque le sol se 
prête à la végétation arborescente. Il y a cependant des territoires qui ont été aotr^ 
fois boisés et qui sont maintenant entièrement dénudés. Mais la cause du phénomène 
doit être recherchée dans l'élevage du mouton, qui avait autrefois une importance 
encore plus grande qu'aujourd'hui. Le terrain de pâturage était un bien commun et 
les moutons y vivaient toute l'année en liberté ; chaque paysan en possédait environ 
400 tètes. Actuellement ces biens communaux ont été répartis entre les habitants, 
l'élevage du mouton a diminué d'importance et la forêt regagne une partie du terrain 
perdu. 

En somme, l'enquête a démontré que la situation forestière de Gotland n'est pas 
mauvaise, et que ses territoires calcaires n'ont pas besoin d'être protégés contre le 
déboisement par une loi spéciale. D' L. Lalot. 

L'accroissement du delta du Danube ^ — Dans son cours inférieur, le Danube 
a, d'après M. Semenov Tian-Ghanski, une grande analogie avec l'Amour. A partir 
de Sofiisk, ce dernier se dirige brusquement vers le nord, en contournant les der- 
nières ramifications du Sikhota-Aline, puis se divise en un grand nombre de bras. 

1. Semenov Tian-Chanski Véniamine, K voprosou o naroatanii detty Dounaia^ in IsveHia 
rousskavo geografitcheikavo obstehestva^ XLIV, 1908, p. 461 (deux caries). 



ASIB. 127 

IH* même le Danube forme, à partir de Silistrie, des bras nombreux, se eoude brus- 
•lut'inciil verH le nord, près dt» Tchcrnavoda, |K>ur contourner les hauteurs de bi 
l>*bnmdja. sur une longueur de liO kilomètres. Il se dirige ensuite vers Test sur 
une luuguiuir égale et se jette dans la mer. Mais i^î 1 Amour ne fait pas de delta, 

• t*lui du Uaaube est, au contraire, très dévelop(>é. Sa surface est de i6()0 kilomètres 
< arre^, sa «^nliguration très ré^culièn' et son accroissement rapide. 

Ue même que des deux cotés du delta du Fo se trouvent des lagunes (celle de 
Vfui^a au nord, celle de Comaccbio au sud), le delta du Danube s'accompagne 

• v'Alement de lagunes. Au nord on trouve une série d'étangs reliés entre eux, 
SA»iuk, Chagany, .\libei et Bournass, puis la lagune isolée de Boudak près de la 
liA^une du Dniestr. Au sud il y a également un groupe de lacs réunis entre eux : 
lUaelin, (îoiovitza, Zméitsa, Sinoe et de petites lagunes isolées, qui conduisent 
ju>4u au voisinage de Constantia. (les lacunes se sont formées sous T influence des 
«L*|iôts du Danube, (|ui ont forcé la mer a reculer. 

Ou constate, à Tintérieur du delta, une série de levées de terre perpendiculaires 
lUY bras principaux du fleuve. Klles indiquent les différentes phases de Taccrois- 
•<'iDt*nt du delta; celui-ci s<> fait d'une façon générale dans la direction du nord est. 
Au*'>i est il beaucoup plus rapide dans la branche de Kilio, qui est la plus seplen- 
triouale. On possède |K>ur celle ci des levés datant de 1828, 18H4 et i90i. En 73 ans 
•vit** partie du delta a avancé dons la mer d*un peu plus de «> 'HM mètres, l'accrois 
Mnif*rit annuel est donc de 72 mètres. L'accroissement de la branche de Soulina, 
m1u<*«* plus au sud, n'est que de i mètres par an. La progression du delta de la branche 
<it> KUia n'est pas régulière. Dans les 55 premières années (de 1829 à I88'i) il a été de 
\ i.*Vi» mètn^, soit de 77 mètres par an. Dans les 18 dernières années (de I88i à 11N)2) 
il tombe ii 5.'î-6<> mètres par an, chiffre <|U on peut rapprocher de celui du delta du 
Hliooe (58 mètres). 

L'act*roiiiseaient des diverses parties du delta de in branche de Kilia ne se fait pas 
ifii plu< d'une façon uniforme. Ij& front oriental s'avance assez régulièrement vers 
î • >l. \jt> angles nord et sud ont* au contraire, de temps en temps tendance h former 
uu i^tiiAire de 2 à 3 kilomètres de largeur, que les sétliments du fleuve viennent 
«'u^uiti' combler. Il y avait en 188 'i un pareil estuaire aux deux angles nord et sud; 
-u rjii2, à l'angle nord seulement. D' L. Laloy. 

ASIE 

L'agricaltare a& TnuMcaacaak ^ — Région de transition entre la zone tem- 
i^rtèt et la zone subtropicale, la Transcaucasie est à la fois favorable aux cultures 
mfiilerram^nnes, comme la vigne, l'olivier et le mûrier, et à des plantes tropicales 
tcUn que le colon, la canne à sucre, le thé; elle possède, enfin, dans sa partie nord, 
l'lu« humide, une immense étendue forestière. Ces remarquables aptitudes natu- 
rrlU-9 tout malheufeasement entravées par les luttes de races, entre Tatares et 
.Vméaitna, qui ont été particulièrement vives en 1905. 

I. WtriKkaftitcf^e Verhûliniise in Transkaukasien, in Ùslerreichische Monats^chnft fiit den 



|j8 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Malgré rapparition du mildcw et du phylloxéra et les difficultés de la vente du 
vin, la culture de la vigne se développe rapidement; elle s'étend, d'une part, vers 
le nord, jusque dans la région d'Astrakan qui a produit, en 1906, 2880000 kilo- 
grammes de raisins frais, et, d'autre part, à l'est, en plein Turkestan, autour de 
Samarkand, Khodjent, Kattakourgane, sur une surper&cie de 44 645 hectares, en 
augmentation de 8 p. 100 sur celle de 1905. La production a dépassé 100000 tonnes 
de raisins frais, que Ton emploie partiellement pour la fabrication du vin et de 
Teau-de-vie. Les exportations sont destinées aux grands centres russes, Saint- 
Pétersbourg, Moscou, Varsovie. 

L'arboriculture prend une importance croissante, favorisée par les débouchés 
qu'offre l'immense empire russe et par le développement des voies ferrées. Les 
plantations de pommiers prennent notamment une très grande extension. En 1906, 
le gouvernement d'Astrakan a expédié dans les grandes villes de la Russie 
480000 kilogrammes de pommes. Des quantités considérables de fruits sont éga- 
lement exportées du Turkestan, le prix du transport jusqu'à Saint-Pétersbourg est 
de 3 fr. 90 par 16 kilogrammes. Dans la région de Batoum, c'est également la 
pomme qui domine; les récoltes annuelles varient entre 10 et 16 millions de kilo- 
grammes. 

La plante à glu est cultivée dans toute la Transcaucasie, notamment dans la 
partie nord du gouvernement d'Elisabethpol et dans celui de Bakou. Sa racine 
fournit un brillant pour la chaussure. 

La culture du tabac se fait principalement dans la zone de Samarkand et dans 
le cercle de Kattakourgane, où elle occupe une superficie de 375 hectares ; la produc- 
tion est évaluée à 364 528 kilogrammes. 

Le coton ne cesse de se répandre en Asie centrale principalement. Son exten- 
sion est cependant ralentie par l'augmentation des salaires qui se sont élevés de 
70 à 80 p. 100 pendant les dernières années et qui varient de 3 fr. 10 à 4 fr. 13 par 
jour. Aussi, emploie-t-on de plus en plus les machines, jusque dans les irrigations 
qui sont une des conditions essentielles de la culture dans ces régions arides. C'est 
la zone du Fergana qui possède la plus vaste superficie (191 000 hectares), avec 
Margelan, Andidjan, Kokand, Namangan, Och, comme centres. La région du Syr- 
Daria (Tachkend) compte 17 500 hectares, celle de Samarkand, 12000 hectares, 
celle de Bokhara, 19 620 hectares, les bords de la Caspienne, 27 250 hectares. Sur 
288 millions de kilogrammes de coton brut, traités par les manufactures russes, 
160 millions proviennent de la Transcaucasie et de l'Asie centrale, soit 88 millions 
du Fergana, 8 millions de la région du Syr-Daria, 12,8 millions de Samarkand et 
des bords de la Caspienne, 16 millions de la Transcaucasie et 32 millions de Khiva, 
Bokhara et des frontières de la Perse. 

La betterave sucrière est surtout plantée dans la région de Tachkend; en 1906, 
la production du sucre a atteint 48 000 tonnes. 

La culture du mûrier rencontre des conditions très favorables en Transcaucasie; 
elle s'étend même au nord du Caucase. La production des cocons se répartit de la 
manière suivante : 96000 kilogrammes dans le gouvernement de la mer Noire, 
1 280000 kilogrammes dans celui de Koutaïs, 1 600000, dans celui d'Elisabethpol, 



ASIE. 129 

.ViiiOflO kilogrammes dans celui de Tiflis, 192 009 kilogrammes dans celui 
d'Krivan. iSlMNX) kilogrammes dans celui de Bakou, soit un total de 4336000 kilo- 
trramroes pour la Transcaucasie entière. En Asie centrale, c'est principalement 
d.in:» le Fergana, autour de Kokand et d'Andijan, que Ion élève le ver à soie. La 
Transu^aucasie possinle actuellement 84 usines avec 2940 dévidoirs qui mettent en 
«iMirre 2960(NHI kilogrammes de cocons frais, donnant 224000 kilogrommes de 
vnif> fn^*ge« qui est, en grande partie, moulinée sur place. Le plus grand nombre des 
usines de dévidage ont des moteurs à vapeur, dont la France fournit la plus large 
fvart; quelques-unes seulement utilisent des moteurs hydrauliques. Comme com- 
bustible, on emploie tantôt le bols, tantôt le mazout, résidu de la distillation du 
l-'lnile. \jo prix de la main-d'œuvre est relativement élevé; le salaire d'une ouvrière 
\orie de 2 fr. 10 à 2 fr. 35 par jour. Les frais de production de 16 kilogrammes de 
^**\c gn^ge oscillent autour de 220 francs. Les produits de Tindustrie de la soie 
tptuvent des dét)Ouchés sur les marchés suivants : les fils se vendent aux fabriques 
ilr S4»ieries dans la région de Moscou et une quantité de fil, peu importante 
<1 'ulleurH. est expédiée h Tétranger. Mais la plus grande partie de l'industrie 
s«*ncirole, sous la forme de cocons, frisons et déchets de toute nature, est exportée 
ji Marseille. Elle revient ensuite, transformée en produits fabriqués. La production 
<lf* la Transcaucasie est susceptible d'une forte augmentation par rex.tension de la 

I ulture du mûrier et surtout par l'amélioration de la qualité des graines de ver-à* 
Miif>, dont le rendement n'est pas même la moitié de celui que l'on obtient en France. 

LVIevojfe de la chèvre d'Angora est pratiqué dans la région de Kars; le nombre 
i\f^ Wios ne dépas"<e pas quelques milliers, et la production annuelle est de deux 
Lilotrrammes de laine brute par tète. 

L'apiculture est répandue dans toute la Transcaucasie; on compte un million 
«1«* riirhes; la production du miel atteint 3200000 kilogrammes et celle de la cire, 
ITiiMNiO kilogrammes. Le miel est en grande partie consommé sur place, mais la 
rifr osi exportée. 

I«a chasse des phoques de la mer (^spienne a son siège à Astrakan; elle com 

m«*iif*e à l'automne et occupe 70 grands bateaux et d'autres embarcations plus 

l-tites. Pendant la campagne d'(H!lobre I90«'î à mars 1906, la production totale en 

cni^neet peau a atteint 2192000 kilogrammes, représentant une valeur brute de 

<1-' 6:»7S(|IN) francs. Le traitement de ces produits en augmente beaucoup la valeur; 

!• craisse est expédiée a Xijni-Xovgorod et les peaux sont transformées en four- 

riire< qui se vendent de 9 h 12 francs la pièce. 

PiKRRi: Clehget. 

Le présent et Tavenir du Kamtchatka. — Depuis que la Russie a cédé au Japon 

II |»artie méridionale, la meilleure, de Tile de Sakhniine, elle cherche h tirer parti 
«!••* trrrit«»ires formant rextrémité nord-est de la SilM'»rie, qui jus(|u*iri étaient 
[•r»--jue complètement déloisM'»s. A cet effet, plusieurs missions ont, clé réicmmenl 
in\ii>éetf au Kamtchatka. L'une d'elles, confirme à M. (î. Kramarenko\ a été chargée 

I. ^ \, Kraman'nko, Pouiécheâtrié na Kamtchathju i ob%Ufdovnnié ft/a v touifwi<)vnfjm oino» 
rhémi t 1907 7., in ItrttHa imp. routakuvt tjeoyrafUcfir^'jova obtiheiwa^ Sjint-lVier!>l>ourK. XLIV, 
», !"V S>. «l'>-iOT. aver flg. 

Là OirMAAmiA. - T. XVIII. 11««. 1) 



130 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

(le l'étude des'pécheries dans cette régkm lointaine, que nous ne connaissons guère 
qne par les (fescriptions, vieilles de plus d'un siècle, de Kracheninnikoff et de de 
Leaseps. 

Parti de Pétropavlosk, M. Kramarenko a visité, à bord d'un bâtiment de la 
marine rosse, toute la côte occidentale du Kamtchatka, depuis le cap Lopatka jus- 
qu'à l'embouchure de la rivière de Tighil (oS"* de Lat. N. environ), faisant escale 
aux embouchures des rivières Kambalnaya, Ozernaya, Bolchaîa, Kolpakova, Krouto- 
gorovo, etc. Arrivé au village de Tighil, au fond de l'estuaire de la rivière du 
même nom, le voyageur continua sa route par terre le long de la côte, jusqu'au 
village de Liessnovskoîé, d où il traversa la presqu'île, large de 150 kilomètres 
environ, pour arriver au havre de Karaga, sur la côte est. De là, il revint par mer 
à Pétropavlosk, ayant visité le havre d'Oust-Kamtchatsk et Tile de Bering. 

D*aprcs M. Kramarenko, toutes les rivières du Kamtchatka sont très poisson- 
neuses — les salmonidés y sont particulièrement abondants — et les pâturages de 
rintcrieur des terres excellents ; malheureusement la population est très pauvre et 
très apathique. 

Le voyageur russe signale la pénétration des Japonais dans cette région. 
Contrairement aux stipulations des traités, ils viennent pêcher le saumon dans 
les estuaires et même remontent les rivières. La surveillance dans ces parages 
lointains est insuffisante; d'ailleurs leâ Japonais tournent les difficultés adminis* 
traiives en fondant des établissements de pêche avec le concours de Russes qui 
servent dé personnes interposées ; ils traitent d'ailleurs bien les indigènes et les 
payent largement. Au nombre des pêcheurs nippons venus dans ces parages, 
M. Kramarenko rencontra un botaniste chargé de Tétude de la flore du pays. A 
Tighil élait installé un médecin japonais, dont les services étaient d'autant plus 
appréciés que, sur un territoire grand comme la moitié de la France, il n y a qa'un 
seul médecin russe établi à Pétropavlosk et, à Tighil, un officier de santé. Ajou- 
tons que les maladies contagieuses exercent des ravages d'autant plus grands que 
la population habite des huttes misérables. Dans les principales localités, à Pétrov- 
pavlosk notamment, on trouve cependant des maisons, lesquelles ont été cons- 
truites par des ouvriers japonais et avec des bois importés du Japon, la végéta- 
tion forestière du Kamtchatka étant trop rabougrie pour fournir les matériaux 
nécessaires. 

Le village Nikolskoé, dans l'île de Bering, contraste singulièrement avec ceux 
du Kamtchatka. Peuplé presque entièrement d'Aléoutes, il comprend des groupes 
de maisonnettes propres et spacieuses, toutes peintes en couleur brune, au milieu 
desquelles s'élèvent l'église, l'école et quelques maisons à deux étages occupées par 
Tâdministration locale et de grands bâtiments appartenant à la compagnie des 
fourrures. Ce village a été construit par cette société commerciale pour ses ouvriers 
et ses chasseurs aléoutes chargés de capturer pour son compte le phoque àforirrare 
et le renard bleu. 

M. Kramarenko propose, comme remède à la situation déplorable des pêcheries 
du Kamtchatka, loctroi d'une plus grande liberté d'action aux compagnies russes 
et la construction d'un chemin de fer le long de la côte ouest, la plus poissonneuse. 



ATMQCE. 131 

ri Aboutissant à Pétrovpaviosk, le seul boo port de la région. Les autres mouillages 
«ont presque tous obstrués à leur entrée par des bancs qui no laissent passer que 
«le< narires de 100 à 155 tonnes. Si ces conditions n'arrêtent pas les petits voiliers 
j.iftonais. en revanche elles s*opposent a l'emploi de grands vapeurs munis d'oppa- 
n-il^ frigorifiques qui pourraient transporter les saumons en Europe. 

Mieux entretenus, les pâturages pourraient procurer des ressources à la popula- 
tion. En même temps les gisements aurifères et houillers signalés par Bogdanovitcb 
talent la peine d'une prospection plus détaillée. J. Dsnubr. 

Ub document photographique sur les Kouen-loun. — Au cours du remarquable 
xovagequ'ila accompli en 1900 dans le Turkestan chinois, M. A. Stein, avecle 
««>ii«v>urs du topographe indou Ram Singh, a pris dans les Kouen-loun et dans les 
PnmirH une série de panoramas au moyen d'un photo-théodolite. 

itrAce aux soins de .M. W. Simpson, de la Société de Géographie de Londres, une 
notable partie de ces vues a pu être reproduite. L'entreprise n était pas facile, en 
mi<9on des défectuosités des documents qu'expliquent les circonstances particulières 
•liins lesquelles ils avaient été recueillis. A des altitudes de 5 000 et 6 000 m. on n'ob- 
tii-nt |tfis toujours de bons clichés et, en exploration, il n'est pas toujours possible 
«1 effectuer les développements à temps. Quoi qu'il en soit, une reproduction parfaite 
.1 pu être obtenue, et toutes les personnes qui s'intéressent à la géographie de l'Asie 
.^rntrale et des régions montagneuses feuilletteront avec intérêt le superbe album, 
r* rifermant ces vues, que la Société de Géographie de I^ndres vient de publier*. 

i^ies panoramas reproduits se rapportent à deux régions différentes : 1* au Sarikol, 
« •• massif qui sépare le Pamir du Turkestan orientaK et que dominent les neiges et 
lt*« dacier» du Moostagh 8 294 m.); â* la partie de la première chaîne des Kouen- 
loun* située au sud de Khotan, entre les 79* et 81* de Long. E. de Gr. — Cette der- 
iii*Te réirion comprend les montagnes dominant les vallées du Karakach, du 
^ oiiroung-Kacb et du Chira, et s étend au sud jusquau 35*30' de Lat. N. — Dans 
'rite sone l'horizon se trouve toujours barré par des chaînes, qui se dressent, 
l'une derrière l'autre, à perte de vue et qui culminent en pics neigeux de 7 000 

.1 M (MM) m. 

Les points d'où ont été pris les panoramas sont tous portés sur une belle carte 
d <*n«embie au 764) (NH)* ; il est ainsi possible de situer chacun d'eux. L'examen de ces 
\nr* d'ensembli* est du plus haut intérêt; les énormes rangées de pics gigantesques 
pre^ique deux fois plus hauts que les cimes de nos Alpes, avec leurs contours 
.im»ndis. ont quelque chose de grave, de lourd et de tigé en même temps. 

J. Désirer. 

AFRIQUE 

Les incendies de brousse dans TAlrique tropicale. — Tous les ans, vers la fin 
•le la saison sèche, on voit s'allumer, dans la plus grande partie de l'Afrique, 

I. R«>\aI ii*-o|rr«phir<.il SiK-iety. Exlra Publication — Mountain Panoramas from the Patnitsand 
« 'en lien. With Introiluclion ând Descriptions hy D' M. \iirel Stem. Londres l\io<) ('29 pi. en 
• .•ocTwTore, avrr 3S p. de tetlc explicntir cl une cnrie aa 7ft*nMMr». Prix :p<)iir IfS ineiitbre< de 
.& ^.»?»*-l- Ro>4le d»* Gfo»raphie. il f.x pour le:J èlrangor* 1 /. 



!32 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

d'immenses incendies. Si ce phénomène a frappé tous les observateurs, on esl 
cependant loin d'être d'accord sur l'intensité de ses effets et sur leur degré d'utilité 
ou de nocuité. C'est pour Rxer les idées à ce sujet que M. Busse ^ a étudié les 
incendies de brousse sous leurs aspects les plus divers, notamment dans le Togo 
et l'Afrique orientale allemande. 

Ces incendies sont une nécessité pour le nègre qui pratique la culture extensive. 
C'est, en effet, le moyen le plus expéditif de déboisement, lui permettant d'accroître 
la surface des terres mises en culture. La méthode employée est la suivante. On 
tue les grands arbres en découpant un anneau dans l'écorce, et on coupe le sous- 
bois à la hache; lorsque le tout est sec, on y met le feu. L'incendie ne suffit pas en 
général pour faire tomber immédiatement les gros troncs ; mais, en attendant que le 
vent et les termites les renversent, le nègre cultive dans les intervalles. 

Lorsque les indigènes pratiquent une culture moins extensive, l'incendie pério- 
dique ne leur est pas moins nécessaire, car il leur fournit, sous forme de cendres, 
l'engrais nécessaire. Souvent aussi on met le feu à la steppe, dans le but de chasser 
le gibier dans une direction déterminée et de le tuer plus aisément. C'est ainsi que 
dans le Togo, les Evhes profitent des incendies qui fertilisent leurs champs, pour 
faire de grandes chasses. 

Dans l'est du continent la récolte du miel est aussi une cause fréquente d'incendies. 
On suspend dans la cime des arbres des récipients cylindriques en écorce, où les 
abeilles vont se loger. Pour récolter le miel on cherche à les en chasser en allumant 
du feu au pied de l'arbre ; souvent ces feux sont l'origine de vastes incendies. 

Il y a en Afrique des steppes primaires, qui existent de toute antiquité, parce 
que le sol est impropre à la croissance des arbres, et des steppes secondaires pro 
venant de l'activité de l'homme. Elles renferment en général, dans les parties 
humides, des restes de la végétation arborescente primitive. Ces steppes causées 
par le déboisement sont beaucoup plus étendues qu'on pourrait le supposer. En 
effet, après incendie ou après abandon des cultures, la forêt primitive ne se 
reconstitue presque jamais. On observe l'apparition d'associations végétales xéro- 
phiics, constituées d'abord par des arbustes, puis, si ceux-ci sont détruits à leur tour, 
par des graminées (Pennisetum BenlhaviiSiend, divers 4 nrfro^opo«). Si, cependant, 
la foret doit se reconstituer, on voit apparaître d'abord unelégumineuse en buisson 
(Eriosema ellipticum) à l'ombre de laquelle les graines d'arbres peuvent germer. II 
va de soi que ce phénomène devient impossible lorsque l'incendie est périodique. 

Quand un territoire a été déboisé, des facteurs naturels agissent dans le mènoe 
sens que l'homme, pour empêcher la végétation arborescente de reprendre sa place. 
Le sol se dessèche, les jeunes plantes qui pourraient s'établir ne sont pas abritées 
du vent ni du soleil, enfin le sol perd ses qualités, parce qu'il ne se forme plus 
d'humus. Quant à la végétation herbacée, loin d'être endommagée par les incendies 
périodiques, elle prend une vigueur nouvelle. 

Les effets de l'incendie sont très variables, suivant la hauteur des herbes. 

1. Waltcr Bu5se, Die periodischen Grasbrànde im tropischen Afrika, ihr Ein/luss aufdie Vegeia- 
iion^ und ihre Bedeutung fur die LandeskuHui\ in Mitieilungen ans den deulschen Schutzgebieten. 
Berlin, XXI, 2, 1008 (4 PI.) 



AFRIQUE. 133 

l^>»que celles ci sont basses, le feu se propage de touffe en touffe, sans mettre en 
danger la vie des voyageurs et en n*étant que relativement peu nuisible aux arbres. 
Il en e^i autrement lorsque, comme il arrive souvent, les herbes ont 3 k 4 mètres 
do hauteur; il se produit alors de grandes flammes et on ne peut se protéger contre 
rt*^ incendies qu'en allumant des contre-feux. Dans ce cas les flammes atteignent 
«souvent la cime d'arbres élevés et les détruisent entièrement. Mais même lorsque des 
art>res soumis à des incendies périodiques ne périssent pas, ils changent de forme : 
au lieu d'avoir un tronc élevé et droit, ils deviennent buissonnants, parce que les 
InMirireons terminaux détruits par le feu sont remplacés par des bourgeons latéraux. 
IVir «uite les essences forestières qui subissent ces incendies deviennent inutilisables 
fHMir la menuiserie ou la charpente. 

1^^ primitifs eux-mêmes se rendent compte des effets des incendies de brousse. 
Ain>i autrefois les fiochimans du Kalahari brûlaient rcgulièrement les herbes pour 
t-|ia*«ser le gibier. Maintenant que celui-ci a à peu près disparu, et que ces indigènes 
rn M>nt réiluits à une nourriture végétale, ils se gardent bien de brûler les herbes. 
l>*s arbres des steppes ont souvent des moyens de protection contre le feu, sous 
forme d'un revêtement de liège. Il en est surtout ainsi des mxjombo (genres Brachy- 
t'f» f et It^rtinia). Ces arbres n*ont, en général, qu'une écorce assez mince; mais 
Ii>rw|u*il8 poussent isolés au milieu des herbes et que, par suite, ils sont exposés à 
I .'irtion des flammes, il se développe une épaisse couche de liège qui protège l'arbre 
iu<M haut que les flammes peuvent atteindre. 

L Afrique orientale allemande et le Togo étaient autrefois occupés sur de vastes 
enfances par des forêts tropicales humides, qui, sous l'action du déboisement et des 
in<'endies, ont cédé la place à la steppe. Pour l'Afrique orientale allemande, son 
rlimat était autrefois plus humide et, cette région s est trouvée sous l'influence 
li une iKTÎode pluviale correspondant a notre époque glaciaire. D'après Stuhlmann 
ft Volkens, elle subit encore actuellement un dessèchement progressif. Il faut tenir 
compte de ce fait que dans les steppes il est impossible de faire renaître des forêts 
à e^si»nces hydrophiles; si l'on veut reboiser, il faut essayer de faire croître des 
foréU tt arbres xérophiles. Mais, comme, dans le cas le plus favorable, on i^ peut 
r«|M*rer ret>oiser que des parcelles d'assez faible étendue, il faut renoncer à amé- 
U»rer le climat par ce procédé. On doit donc se contenter de conserver et de protéger 
l«*«i fon'UH existantes. 

ije œsultat sera très difflcile à atteindre, parce qu'il va à rencontre des 
irit»*ri^ts des indigènes. Ceux-ci cultivent une parcelle de terrain, puis la laissent en 
fri«*hp pendant quelques années. Ils brûlent alors les herbes, de façon à enrichir le 
»•>! avec leurs cendres. Mais les forêts de la lisière sont entamées et reculent peu è 
(>«*u devant ces incendies répétés. D autre part, en brûlant les herbes on jierd toutes 
1-iir» «ulfstances organiques et Thumus ne peut pas se former. 

M«-me lorsqu'on veut faire de l'élevage, il est nécessaire de brûler les herbes, 
f^irre (|u'elles sont trop dures pour être consommées par le bétail, et que l'incendie 
f-iv<iri«e la croissance des pousses tendres. Un autre avantage de ces incendies serait 
U destruction des insectes et notamment de la mouche tsé-tsé. 

Piiur protéger les forêts il faudrait les entourer de haies, d'espaces dégarnis 



181 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

d'iierbes, ou de champs cultivés. (Test ce qu'on a fait à Java; on a en outre intéressé 
les indigènes au reboisement, en les obligeant à semer des fruits de teak fournis 
par le gouvernement et à soigner les jeunes plantes. En revanche ils ont le droit de 
cultiver dans les intervalles pour leur propre compte. Peut-être pourrait-on preadre 
des mesures de même ordre en Afrique. En tout cas, il était bon de signaler que le 
péril du déboisement existe pour ce continent comme pour les autres, et mérite 
toute Tattentiou des gouvernements intéressés. D' L. Laloy. 

AUSTRALASIE 

Étude géographique et géologique des îles de la mer de Banda K — Depuis qua- 
rante ans, M. Verbeck se consacre à des études géographiques et géologiques dans 
les possessions néerlandaises des îles de la Sonde et c'est à lui que Ton doit la 
majeure partie de nos connaissances sur ces régions. Ses efforts ont été univer- 
sellement appréciés; ils l'ont été tout particulièrement en France où en 1896 l'Aca- 
iïémie des Sciences lui décernait le prix Tchihatcheff pour sa monographie de Java 
et de Madoura^. 

Terminant Tœuvre de toute sa vie, M. Verbeck vient de publier un mémoire tout 
à fait capital sur la partie orientale de Tarchipel des Indes néerlandaises, sur cette 
multitude de petites îles disséminées dans la mer de Banda. On sait que la plupart 
d'entre elles n'ont aucune communication avec le monde extérieur; quelques loca- 
lités seulement sont visitées toutes les deux, quatre ou huit semaines par les 
bateaux à vapeur de la K.-^'eierlandsche Paketvaartmaafschappij (Soc. royale des 
paquebots néerlandais) ; d'autre part, le voyage en pirogues ou en petits bateaux à 
voiles est trop dangereux dans la mer de Banda, avec ses vents souvent violents et 
ses fortes lames. Fort heureusement, le savant géologue a pu avoir, toutes les fois 
que cela était possible, la disposition des vapeurs de Tétat néerlandais. 

D'autre part, il n'existe pas pour ces régions de bonnes cartes topographiques, 
pouvant servir de base à des levers géologiques détaillés. Il ne s'agit donc que d'une 
reconnaissance préliminaire, mais les résultats ont dépassé toutes les espérances. 

Laiecture du rapport permet de se faire dans ses grandes lignes une idée de la 
géologie de cet archipel; de plus l'auteur a reconnu que la plupart des données géo 
logiques antérieures, d'ailleurs peu nombreuses, sont inexactes; le mémoire actuel 
renouvelle donc toutes nos connaissances sur la région. 

Les principaux terrains reconnus sont des schistes anciens, sans fossiles, d'âge 
indéterminé, traversés par des roches éruptives basiques. Les roches granitiques sont 
plus récentes que ces éruptions basiques; mais elles sont plus anciennes que le Pcr- 
mîen. Le Permien est représenté par des calcaires dont les fossiles appartiennent à 
la même province paléozoologique que ceux du Salt-Range, dans les Indes brilanni- 

i. Verbeck, Molukken-Vênlag^ in Jaarùoek v, k. Mijnwesen nederL 0. Ind., XXXYUl, 4908. 
pp. i-XLVi pp. 1-826, 10 pi. et allas de 18 pi. et 2 cartes géol. [Édition française du texte : rap- 
port sur les Moluques, pp. i-xu, pp. i-844, Batavia, 1908]. 

2. Verbeck et Fenoenia, Description géologique de Java et Madoura. Amsterdam, 1896, 2 vol. — 
Voir en particulier : Verbeck, Geotogische Beschrivjing von Ambon, in Jaarboek v, h. Mijnwesen, 
nederL 0. Ind., XXXIV, 1905, pp. i-xzi, pp. 1-308, 42 pi. et atlas de 6 pi. et 4 cartes «éoi. [ÉdttioD 
française du texte : Description géologique de Tile d'Ambon, pp. i-xxi, i-323; Batavia, 190o] et 
de très nombreux autres travaux. 



AUSTOAUSIB. 132 

(|iic*^ Le Trian ca( oonsUiué par des schistes, à faciès alpin, coaieDant des moUus* 
iju«*^ {/lalobia, Oaoneiht et des radiolaires. Le Rhétien est représenté par des schistes 
mnmctix à rentes de plantes et de poissons attribués jusqu'à présenta rÊucciie,inais 
«|uî. par analogie avec les couches analogues des Indes britanni^ines, contenant des 
.V7««/#A«fri<i, doivent être rangés dans le Rhétien. Le Jurassique et le Crétacé sont 
lentement représentés par des couches fossihfcres; des roches érupUves (mélapbyrc», 
:in Jé»ttfs« dficites, etc., seraient de même âge. 

Ijn roches éocènes coneistont en calcaires quartzifères et calcaires marneux à 
\ummuMes^ Orlftophragniina, Alveolitia; Tétage gréseux à bouille, que l'on connaît 
1 H«»rnéo, Java, Sumatra, n apparaît pas dans la partie orientale de 1 archipel, sauf 
'\ Cc1rbe5; ces courbes ont une grande analogie avec celles récemment décrites de la 
Nnuvelle-OMonie par J. Deprat'. 

\ji*^ roches miocènes sont des grès, marnes et calcaires, associés à des coaglo- 
mcrals et h des brt»ches ëruptive«; on y trouve, à la place de Nummuliiet^ Oriho- 
yhrt9gmm(t^ Aheolina, des /j^pidocijctina^ AmphUtegina, Gloù'tgerina. Ces couches 
«ont !(oavent redressées, quelquefois jusqu'à 90^; les roches éniptives associées sont 
d«-v andésites, des roches h leucites, et des basaltes, qui se sont épanchées à diverses 
«•jKiqiies de Miocène. 

Enfin, dans la plupart des Iles de cet archipel oriental, sauf dans les Mes vdca- 
ni-|np« n^entes, on trouve des calcaires disposés en terrasses ; les uns renferment des 
IrpidftnjrKun et sont miocènes; d'autres sont plus nk*eots et forment une série de 
•le^<. étages entre et SOO mètres; ils sont caractérisés par Tabsence de Lepido-- 
' w/in/j et par leur disposition quasi horizontale. 

\a* mas^^if principal des volcans récents s est édifié à l'époque quaternaire; mais 
li*ur« bases sont plus anciennes; les montagnes volcaniques se sont donc formées 
(N>u h peu depuis l'époque néo* tertiaire et à travers le quaternaire jusqu'à l'époque 
m«Hlcme; quelques-uns sont encore actifs; d'autres sont éteints, mais on ae doit 
nurunement considérer comme impossibles des éruptions futures chez ceux de ces 
>o|ransqni sont actnellement éteints. 

l 'ne carte géologique schématique de ces Iles à l'échelle du 3 000 000* accompagne 
r»uTraire; elle présente de nombreuses lacunes que les explorations futures comble- 
ront |ieu à peu. La carte bathymétrique est également très expressive; elle montre 
t'irn le caractère de la mer de Banda; c'est un bassin elliptique^ environné d'une 
(-•rdure dites, consistant principalement en roches anciennes, recouvertes çà et là 
■1<* HK-hes plus jeunes, crétacées ou tertiaires: A cette n>ne, qui figure sur la carte, 
appartiennent les fies Bourou. Ceram, Kasiwoni, Teor, Kour, Bal>ary Sermaiadéli^ 
Ki«arrt Weter; la partie occidentale s'est totalement effondrée sous U^ eaux; elle 
• ^t (uni^lituée par les fies Toekang-Besi et par le prolongement sud-est de CélèlKs. 
Li m<T de Banda se continue, au nord t)uest, vers la mer de Bourou, profonde de 
r»ni«» mètrt*« environ, à l'ouest, par la mer d'Alor (env. 4(XK) m.), la mer de Florès 
^\. r»0(M) m.), le golfe de Boni (env. tvm m.). 

Otte Z4>ne de roches anciennes se partage en deux autres, à Kisar, et, la branche 

1. 1. DrpriL Uê dépâtM éocènes néocaU'doniens, in Butt. Sor. Oéol, /V., M], V. I9S5, fp. 4S5-516, 
?» XVl-XIX. 



136 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

sud-ouest comprend les îles de Timor, Roté, Savoe, Rendjonwa et Soumba, où 
affleurent également des roches anciennes. 

Entre ces deux zones de roches anciennes se trouve la mer de Savoe, profonde 
d environ 5000 mètres. 

Au milieu de la mer de Banda se trouve 1' « arête du Siboga », qui s'élève à 
2000 mètres dans un bassin marin de 4000 à 6500 mètres; deux de ses sommets 
émergent de quelques mètres au-dessus des eaux (île des Tortues, île Lucipara). 

L'un des faits les plus curieux, mis en évidence par les explorations de M. Ver- 
beck, est Talignement presque rigoureux des petits volcans récents sur une ellipse 
sensiblement parallèle aux limites de la mer de Banda. 

Une autre série d'îles, consistant en roches éruptives plus anciennes, se trouveot 
sur une ellipse, à peu près concentrique et plus éloignée du centre de la mer de Banda. 

Une autre constatation remarquable ressort de Texamen des courbes bathymé- 
triques; une baisse minime (400 m.) du niveau de la mer unirait l'Asie à Sumatra, 
Java, Bornéo; elle unirait également l'Australie à la Nouvelle-Guinée et à quelques 
îles voisines. Par contre, la région intermédiaire conserverait son caractère même 
avec une baisse de niveau d'un millier de mètres ; les îles principales, comme Célèbes, 
à peine accrues, resteraient des îles, et, tous les îlots de la mer de Banda continue- 
raient à y former un archipel, tout à fait analogue à l'archipel actuel. 

11 résulte de ces observations, et l'étude géologique amène à le penser, que les 
bassins et les mers de grande profondeur des Moluques ne sont pas le résidu d'une 
mer plus ancienne, mais qu'ils ont pris naissance par des affaissements de terres 
fermes; ces terres fermes auraient persisté jusqu'après l'époque miocène; les affais- 
sements principaux ne datent que du commencement du Pliocène. 

Il est très curieux de constater que les calcaires coralliens en terrasse qui se 
trouvent à des altitudes de plusieurs centaines de mètres sont surtout développés 
dans les îles situées dans les mers profondes (îles de la mer de Banda; Antilles, 
comme la Barbade). Par contre, on ne rencontre pas ces hautes terrasses calcaires 
dans les îles situées dans les mers peu profondes (Sumatra, Java) et qui, depuis le 
commencement de l'époque pliocène, forment pour ainsi dire le prolongement sud- 
est de l'Asie; on ne les rencontre pas non plus à la Nouvelle-Guinée qui n'est séparée 
de l'Australie que par une mer peu déprimée. 

On ne saurait donc nier qu'il existe un rapport très net entre l'édification de ces 
calcaires coralliens récents en terrasses très élevées et l'effondrement qui a déterminé 
la formation de mers profondes comme la mer de Banda. 

On voit ainsi quels documents précieux les études si patiemment poursuivies de 
M. Verbeck apportent à notre connaissance des mouvements de l'écorce terrestre 
et au mode de formation du relief actuel des continents et des mers. 

Paul Lemoine. 

GÉOGRAPHIE BOTANIQUE 

Travaux du deuxième Congrès des jardins alpins. — Les jardins alpins sont 
pour la montagne ce que les champs d'expériences sont pour les plaines agricoles. 



GEOGRAPHIE BOTANIQUE. IU7 

Il rri existe déjà un assez graïul nombre aux allitudos les plus diverses; mais ces 
eiïorLs. isolés les uns des autres, ne portaient pas tous les fruits possibles et du 
U-soin de coordonner ces efforts est né le congrès des jardins alpins. 

Sim but principal est de formuler un programme de travaux et d'études à 
rt*aliser dès maintenant par tous les jardins de montagne. Je résume brièvement 
«•t» programme : A. Partie srieniifique : !• Faire le catalogue dos espèces spon- 
tanées et donner une description phytogéographique des environs; 2"* établir un 
plan du jardin et faire l'analyse des divers sols; S"" noter les limites extrêmes 
«les plantes les plus vulgaires de la station; 4"" étudier le climat (température de 
Tair et du sol, pluviosité, enneigement, lumière, vents; y noter les époques des 
phases de végétation des diverses espèces; G** cultiver et multiplier les espèces 
remarquables de la région; V recueillir des notes précises sur la biologie des 
«^l>êccs ligneuses. — B. Partie écofwmique : S" étudier, éprouver et propager les 
ftlantes pastorales les plus rechercliét»s par les différents animaux; 9** provoquer à 
différentes altitudes la création méthodique d*arborclums; 10* chercher à améliorer 
par la culture les espèces susceptibles de donner des variétés fruitières ou maraî- 
chères et de devenir utiles à l'homme. 

Le compte rendu du deuxième congrès tenu à Pont-de-Nant (Suisse), le 
t» août 1906, renferme quatre mémoires : 

Le premier est consacré à la mesure de la lumière^ par le D' E. Rûbel. L'unité 
de mesure a été établie par Bunsen et Roscoe de la manière suivante : un ton dit 
l(»ii normal est obtenu par le mélange de 1 de noir de fumée et 1000 d'oxyde de 
zinc, et on observe le temps que le papier au chlorure d'argent, exposé à la lumière, 
int*t à passer à ce ton normal; l'intensité lumineuse est alors exprimée par une 
frortion dont le numérateur est KKK) et dont le dénominateur est le nombre de 
%<vondes nécessaire h l'obtention du ton normal. Il faut distinguer : 1° la lumière 
totale, i^ la lumière directe, 3"* la lumière diffuse. 

La lumière totale s'obtient par la mesure en plein soleil; la lumière diffuse 
par la mesure après interposition d'un écran arrêtant la lumière directe, dont la 
mesure est donnée par la différence entre les deux premières. Lorsque le soleil est 
raché derrière les nuages et que les objets ne projettent aucune ombre, la lumière 
«tiffuse est égale à la lumière totale et la lumière directe est nulle. 

La comparaison des résultats des observations faites h Kremsmûnster (384 m. 
d'altitude; 48* de Lat. N.) par Wiesner, et à l'hospice du Bernina (2309 m. d'alti- 
tude; i&'lW de Lat. N.) par Schwab, permet déjà de formuler une loi : à mesure 
<|ue l'on s'élève sur le penchant des montagnes, l'intensité de la lumière totale et 
rrlle de la lumière directe croissent, tandis que la lumière diffuse diminue. Les 
plantes des plaines vivent donc surtout de la lumière diffuse, tandis (|ue celles des 
hautes montagnes bénéficient surtout de la lumière directe. 

Les plantes arctiques et les plantes alpines, qui présentent un haut degré de 
(Mirentr, vivent dans des conditions qui, sur beaucoup de points, sont analogues, 
mais qui diffèrent profondément à l'égard de la lumière. La n*gion arctique, en 
effet, a une atmosphère dense et reçoit un éclairage oblique, circonstances qui 
réduisent la lumière directe. Les cimes alfiestres, au contraire, culminent dans un 



138 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

air raréfié et jouissent d'un éclairement beaucoup plus vertical, ce qui lavoriae la 
lumière directe; les plantes alpines sont donc les vraies plantes de soleil. 

11 y aurait donc le plus grand intérêt à voir se généraliser, dans les jardins 
alpins, les observations sur l'action de la lumière. 

Le second mémoire, Les groupements de végétaux^ par le D' H. Brockmann- 
Jerosch, qui est un extrait du mémoire consacré par ce botaniste à la végétation du 
Val de Poschiavo, a été résumé par M. Ch. Flahault dans La Géographie *. 

Dans un troisième mémoire j'ai essayé de mettre en évidence les services que 
les jardins et parcs de montagne peuvent rendre aux intérêts forestiers. Une plante, 
introduite dans un pays où elle n existe pas à lëtat spontané, peut, soit prospérer 
par là culture (acclimatée), soit se maintenir temporairement, sans avoir besoin.de 
culture, à la faveur de conditions particulières (adventice), soit enfin, ce qui est 
très rare sans être impossible, croître et se multiplier sans le secours de rhomme et 
s'installer d'une manière paraissant définitive (naturalisée). 

Une espèce peut manquer dans une région dont le climat est cependant à peu 
près le même que celui de son pays d'origine, soit qu'elle en ait été chassée autrefois 
par des phénomènes d'ordre géologique et que la lenteur des migrations passives 
ou Icxistence d'obstacles géographiques (océans, massifs montagneux ou vastes 
plaines) ne lui ait pas permis de le reconquérir entièrement, soit qu'une modification 
du climat lui ouvre ce domaine pour la première fois. Si on introduit cette espèce 
dans cette région, il n'est pas douteux qu'elle s'y conduira à l'égal des espèct^s 
indigènes et même il n'est pas nécessaire, pour que le résultat soit positif au point 
de vue économique, que l'espèce introduite se maintienne sans aucun soin de cul- 
ture. En effet, le forestier ne doit pas se contenter de récolter les produits de la 
forêt; son art consiste à intervenir constamment dans la lutte que les diverses 
essences soutiennent entre elles dans le massif, pour protéger des espèces précieuses 
qui souvent sans cela resteraient subordonnées ou même disparaîtraient. 

On pourra le plus souvent préjuger de la réussite de l'introduction d'une essence 
par rétude comparative du climat de son pays d'origine et de celui de la région 
dans laquelle on veut l'introduire. On devra avoir préalablement noté les stalioos 
qu'occupe et que préfère l'espèce dans sa zone, ses exigences eu égard à l'exposition 
et au sol, les plantes qui lui forment cortège et surtout celles qui sont les réactifs 
locaux de sa présence. On s'armera de la sorte d'une documentation qui, dans la 
plupart des cas, permettra de supprimer presque tout aléa. 

Le pâtvrage boisé en montagne, par M. Pillichody, forme le quatrième mémoire. 
— Le pâturage en montagne a besoin de la forêt, du moins de l'arbre. D'autre 
part, la forêt ne pourrait prétendre à occuper, à elle seule, tout le soi disponible, 
vu son rendement insignifiant. Il en résulte que le pâturage boisé est la solution 
normale du problème de l'exploitation des terrains agricoles delà liaute montagne. 

En outre des mémoires insérés au compte rendu du congrès, il faut mentionner 
IMmportant ouvrage : Inchiesla sui giardini alpini in relazione al miglioramento délia 
flora foraggera délie montagne, par MM. Lino Vaccari et Bruttini. Signalons enfin 

1. La végétation du Val de Poschiavo, in La Géographie, XVf, 4, 45 ocl. iWl, p. 236. 



OCÉANOGRAPHIE. m 

unr note, Ubtervalion* faiten nu jardin botanique alpin de C observatoire du Pic du 
Vtdi, par MM. Marchant cl Boiiget. Elle montre les services que peuvent rendre k 
U liiolofrie les jardins alpinn de haute montagne. Los vents violents sont toujours 
ascendants en haute montagne. Des graines sont ainsi portées au-dessus de la zone 
«rhnMtation habituelle des espm-s-mères. Ces graines donnent parfois naissance à 
•le<9 individus que la rigueur du climat rend stériles et qui, pour se reproduire, 
M» raccrochent à quelque mécanisme exceptionnel, comme ces Sedums du Pic du 
Midi iSedmm alpestre), dont les tiges, hrisées sous le poids des neiges et disséminées 
fiar les eaax de fusion de ces neiges, se bouturent automatiquement. 

L.-F. Tbssikb. 

OCÉANOGRAPHIE 

Les migrations du hareng. — La question des migrations du hareng préoccupe 
a juste raison les océanographes du nord de TËurope, et, sur ce sujet dont Tintérét 
»t onumîque est capital pour les riverains de la mer du Nord, de nombreux mémoires 
ont été publiés. Le plus récent, dû à M. Hjalmar Broch \ rend compte des recher- 
.•hi> {>oursuivies par ce naturaliste sur les cotes de Norvège, concernant la bio- 
Io^cmIu hareng. 

Les pécheurs savent depuis longtemps reconnaître les harengs provenant des 
♦liverses régions, et il Cbl maintenant hors de doute que le Clupea harengus L. com- 
l»n*nd une série de formes parfaitement caractérisées. Ainsi, dans la mer du Nord, 
«•n rencontre, au sud, le hareng dit du Doggerbank; à Test, vers le Skagerrak, le 
li'ireng ilu Bobuslan ; au nord-ouest, dans le voisinogc des Orcades et des Shetlands, 
I»» hareng dit des Shetlands. Sur les cotes de Norvôgc on trouve une forme caracté- 
n<*e par le grand nombre de ses vertèbres .08 au lieu de 5G), et qui comprend ce 
qu'un appelle le grand hareng, le hareng gras et le hareng de printemps, enfin une 
•i*rnière forme rencontrée par M. Droch dans le fjord de Trondhjem et qui est le 
hareng du Beitstadfjord. 

Si Ton veut se rendre un compte exact des migrations du hareng, il faut étudier 
It ^ déplacements de chacune de ces formes considérée en elle-même. Tandis que le 
)ian*ng de printemps et le grand horeng parcourent de vastes espaces, le hareng du 
R<*itstadfjord ne fait que de (>etits déplacements. Il semble que chaque forme possède 
une aire déterminée^à Tiulérieur de laquelle se font ses migrations; les formes 
Il arrivent au contact les unes des autres qu*à la limite de ces aires. Il est impossible 
Je décider si ces caractères de race sont héréditaires, ou bien s*ils sont déterminés 
|tar les conditions biologi(|ucs des lieux de ponte. On sait seulement que les divers 
lieux de ponte sont fré(|uentôs par des formes déterminées qu'on peut en général 
•li* inguer même en dehors de ceux ci. 

Il serait très important fNMir le pécheur de savoir où et à quelle date il peut 
'*aplun»r chaque espèce de hareng aux divers stades de sa vie : ceci lui permettrait 
de ne prendre que des harengs gras et chargés de laitance. Nos connaissances sont 
f bien IncompIMes h ce sujet. Les recherches de M. Broc*h ont ce|>endant montré 



I. Iijalm«r Broch, i'n$ere Herintjs^tiimme und ihre Wanderutnjetu in Ucrgens Muséums .lar6o^, 
S^rirrn, I998, r«»c. I (3 C4rteB el lo planche>). 



**0 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

que le hareng des côtes de Norvège (hareng de printemps) a ses lieux de ponte au 
nord du fjord de Trondhjem, le long des côtes sud-ouest et sud-est de la Norvège. Il 
est fréquent surtout près de Karmo et du Bremanger. II gagne ensuite la haute 
mer; on ne sait où il passe les mois d'avril et mai. De juin à novembre on le trouve 
dans le mer du Nord entre Iq banc de Ling et Tampen, avec un maximum de fré- 
quence sur le banc du Viking. A partir de décembre il regagne les lieux de ponk. 
et prend le nom de grand hareng. 

Dans la région du banc du Viking, le hareng de printemps rencontre le hareng 
des Shetlands. Celui-ci fraie en août et septembre près des Shetlands et des Orcades. 
En octobre il refoule le hareng de printemps vers Touest et Ton trouve celui-ci dans 
la fosse de Norvège. Mais en novembre le hareng de printemps réoccupe le banc du 
Viking. Quant au hareng du Beitstadfjord, c'est une forme locale, qui paraît passer 
toute sa vie dans le fjord de Trondhjem. 

On constate de temps en temps la présence de harengs en haute mer, mais on 
ne sait à quelles formes ils appartiennent. Il semble qu'il y ait des régions où ils se 
rassemblent de préférence à certaines époques de l'année. Ce sont surtout les versants 
raîdes du plateau continental. C'est en ces points que la mer est la plus riche en 
plankton et surtout en petits crustacés du genre Euphausia, qui sont la principale 
nourriture du hareng. 

Au contraire, d après M. A. Cligny *, directeur de la station aquicole de Boulogne- 
sur Mer, les migrations lointaines du hareng ne sauraient plus être admises aujour- 
d'hui. D'après ce naturaliste, il y aurait des races régionales distinctes, que l'on 
pèche toujours dans les mêmes eaux, habituellement au moment où elles se ras 
semblent pour pondre. « Il est vrai, dit-il, qu'après cette époque, on perd leur trace 
pendant près d'une année, en sorte que leur cycle, quel qu'il soit, demeure inconnu 
et jalonné seulement par le retour aux lieux qui les ont vus naître ». Nous avons 
vu que les recherches entreprises sur les côtes de Norvège ont déterminé, tout au 
moins pour certaines formes, une partie importante de ce cycle vital. 

Le jeune hareng est sédentaire pendant toute sa première année, jusqu'à la taille 
de m. 10 à m. 12; il l'est probablement aussi pendant sa seconde année jusqu'à 
la taille de m. 20 à m. 22 ; toutefois, à cet ôge déjà, on ne le voit que d'une façon 
intermittente et sporadique. Les migrations ont commencé. Pour M. Cligny ces 
migrations se font plutôt en profondeur. Il signale notamment des cas où des cha- 
lutiers ont rencontré près du fond d'énormes quantités de harengs. Il semble 
d'ailleurs que les deux théories ne sont pas inconciliables : il est possible que les 
migrations des harengs se fassent partie en surface, partie en profondeur. Les lieux 
de stationnements qu'ils choisissent dépendent seulement de la nourriture et des 
autres conditions biologiques qu'ils y rencontrent. D' L. Laloy. 

ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE 

L'excursion géographique du professeur Davis dans le nord de l'Italie et dans 
les Alpes. — M. W. M. Davis, le célèbre professeur de géographie à runiversilé 

1. A. Cligny, Les prétendues migrations du hareng, ^ 



ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE. «U 

Harvard, a consacre une grande partie des mois de juin et de juillet à étudier 
iliver» pr«>t)lèmes de géographie dans le nord de l'Italie et dans les Alpes. Il a bien 
voulu associera son excursion un certain nombre de géographes qui l'ont suivi sur 
la totalité ou une partie de son itinéraire, il a ainsi étudié successivement : 

!• le bord nord-est des Apennins, près d'Ancône, les vallées des environs de 
Kaonza qui fournissent une preuve d'une élévation générale du sol dans cette région ; 

t* le bassin de Florence; la région méditerranéenne entre Pise, La Spezia et 
(trnes, et la méthode générale pour observer le processus géomorphogéniquc dan^^ 
l«'^ région^ littorales. 

3* les phénomènes de capture dans les hautes vallées du Pô et du Tanaro. 

i" les vallées glaciaires et les lacs du bord des Alpes (lac de C(\me. lac de 
Lu^no, lac .Majeur); les vallées latérales suspendues; les moraines terminales des 
niiriens glaciers. 

5* les vallées glaciaires, sans lacs de la Doire Baltée et Tamphithéâtre morainique 
dlvrw. 

M. W. M. Davis s'est ensuite rendu en France, où il a fait une série d excursions 
i|.Tns les Alpes des environs de Grenoble, le Vercors et les Cévennes, accompagné 
•i.iiis cette n*gion par M. W. Kilian, professeur à Tuniversité de Grenoble, M. Emm. 
de Martonne, professeur îi l'université de Lyon, leurs élèves et la Société de Géogra- 
phie de Lyon. 

L'éminent professeur américain a étudié sur le terrain, avec ses compagnons, 
|«>H divers problèmes qui se présentaient en s'inspirani de la méthode générale qu^il 
pn^nmÎM» pour les recherches géographiques, c'est-à-dire, en considérant, dans 
<-)i ifl|ue cas particulier, la struciure d'une forme géographique, le procéda* qui lui 
A donné naissance, le stage évolutif auquel elle est arrivé, et, s'il y a lieu, le cycle 
'i f't»*tinn auquel elle appartient. 

Chaque forme géographique doit pouvoir être considérée en ellcmémc, et, pour 
ainsi dire, abstraite de son milieu, de façon h ce qu'elle puisse être facilement 
p-^N^nnueailleurs. Un nom expressif lui sera donné qui devra rappeler le procédé qui 
tiii a donné naissance: M. >V. M. Davis en a déjà donné de bons exemples; mais il 
ri %ti* à flxer une nomenclature générald dans les différentes langues internationales. 

Entin, |>our Tétudedu procédé, M. Davis, se souvenant des méthodes de lastro- 
nitmie qu'il a pratiquées jadis, cherche à orienter la géographie dans une voie de 
f>lu« on plus scientiflque; il voudrait que l'on ne s'arrêtât pas, comme on le fait trop 
<^»uvrnl, à une hypothèse quelconque; on doit, au contraire, examiner d'abord tous 
1*^ faits ol>S4>r^'és, puis toutes les hypothèses possibles, tirer ensuite toutes les consé 
qu«-nrcM qui doivent déi^ouler de ces hypothèses et n'adopter l'une ou l'autre de res 
lh«H,rirH qu'après avoir vérifié avec soin si les consiMfuenccs de l'hypotlièsc sont 
r> ili**ées. Ce sont là de> méthodes que chacun cherche à appliquer indistinctement, 
maU qu'il e^t intéressant de vouloir systématiser pour les rendre plus fé'*ondcs. 

pALL Lemoine. 



Ouvrages reçus par la Société de Géographie 



MÉDECINE, HYGIÈNE 

CiiouBL (C.)' — ^û pathologie vétérinaire colo- 
niale (Afrique occidentale, Madagascar, Indo- 
Chiae) [épreuves d'études]. 

(Aatavr.) 

Layet (ÂtEXANDHK). — La Santé des Européens 
entre les tropiques. Leçons d'hygiène et de 
médecine sanitaire coloniale. Paris, Alcan. — 
Première partie : Le climat, le sol, les agents 
vivants d'agression morbide, 1906, in-8 de 
364 p., grav., diagr., 7 fr. 

(Autoar.) 

MAhTEL (E.-A.). — XI* oongrè'S international 
d'hygiène et de démographie. Bruxelles, 2-8 sep- 
tembre 1903. Hygiène. Troiâiëme section, troi- 
sième question. Établir y au point de vue des 
exigences de Chygiène^ les conditions que doivent 
remplir les eaux issues des terrains calcaires. 
Rapport. Bruxelles, Weissenbruch, 1903, in-8 de 
12 p. 

(Autour.) 

Traité d'hygiène... sous la direction de MM. 
P. Brodardbl et E. Mosny. II. Le sol et l'eau par 
B. DB Launat, E.-A. Martel, Ed. Bonjean, 
J. OoiER. Paris, Baillièrc, 1906, in-S de 400 p., 
grav., 10 fr. 

/K.-A. Martel.) 



GÉOGRAPHIE POLITIQUE 
ET ÉCONOMIQUE 

BiROT (Jean). — Statistique annuelle de géogra- 
phie comparée, 1905 (Population, aliments, tex- 
tiles). Paris, Hachette, in-8 de 32 p., Id, pour 
19J6, 32 p., fr. 90 (chaque). 

Bha?«iff (Edw. a.). — The détermination of 
timber values (Yearbook of the Département of 
Agriculture, 1904, p. 453-460), in-8 (s. L). 

Congrès du commerce et de l'industrie, orga- 
nisé par • Le Matin -. Groupe VI. Développe- 
ment de nos exportations aux colonies. Rapport 
présenté par M. Georges Pellbrin. Paris, imp. 
Bouillot, in-4 de 68 p., carte. 

Deville (Victor). — Manuel de géographie 
commerciale. Etude économique des différentes 
parties du monde et particulièrement de la 
France. Paris, Berger-Levrault, 2' éd., 190i, 
in-8 de viu-514 et 571 p., 10 fr. 



Du Plbssis de GmnAdah. — Géographie agri- 
cole de la France et du monde, Paris, MassoD. 
1903, in-8 de xx-424 p., 111 fig. et cartes. 

(Editear.; 

[Cf. la Géographie, t. VIII, p. 248.J 

Établissements belges à Vétranger. Annexe au 
Bulletin de la Société d'études coloniales, juin 

1905, in-8 de 92 p., 2 fr. 

Exposition coloniale de Marseille, 1906. - 
Histoire de ^expansion coloniale de la France 
depuis 1870 jusqu'en 1903, par P. Gapfarbl, 
426 p., carte. — Les colonies françaises au début 
du XX* siècle^ Cinq ans de progrès (1900-1905). 
Par P. Masson, Nicollet, Valran, ToniY, 

L60TARD, TeISSEIRE. RaMPAL, Guélll.X-RlCJillD. 

Gasquet, Samat, RouiAOD, Bardou, A. de 

DUKANTY, GiRBAL, P. ROLLANO, H. BaRRÉ, H. PB- 

LissiBR, R. DE Bkvottb, G. Darboux, in-8 de 
497, 566, 454 p. — Marseille et la colonisation 
française, par P. Masson, 592 p. — Voyageurs 
et explorateurs provençaux, par H. Barré. 
M. Clerc, P. Gaffarel, G. j>e Lagst, H. Pius- 
siER, £. Pebribr, R. Teisskire, 341 p. — Orga- 
nisation sanitaire des colonies. Progrès réatkts, 
pitres à faire, par le D' G. Treille, 141 p. - 
Nos richesses coloniales. L'industrie des péchtf 
aux colonies, par G. Darboux, P. Stephah, 
J. Cotte, F. va> Graver, 263 et 518 p. Marseille, 
Barlatier, 1906. 

(Conité dorgaoïsation. 
;Cf. la Géographie, t. XIII, p. 393-395.] 

JUiXO (Eugèse). — Les puissances devant la 
révolte arabe. La crise mondiale de demain. 
Paris, Hachette, 1906, in-46 de 230 p., carte, 
3 fr. 50. 

MlMSrÈBE DES COLONIES. OffICE COLOHIAL. StO- 

tis tiques coloniales pour Tannée 1904.Coi?ii»ieref, 
in-S de 1210 p.; navigation, 336 p. Melun, inip. 
administrative, 1906. 

(Office coloDÎaL; 

Reclus (O.'vésime). — Le partage du monde. 
Paris, Libr. universelle (1906), in-8 de 307 p.. 
3 fr. 50. 

Spetbr (H.). — La constitution juridique dt 
tempire colonial britannique. Paris, Rousseau, 

1906, in-8 de vin-338 p., 6 fr. 

SuNoBAUG (Gi'STAV). — Apcrçus statistiqye» 
internationaux. Dixième année. Stockholm, 
Norstcdl, 1900, in-8 de xi-340 p. 



OtVIUGES REÇUS PAR L\ SOCIÉTÉ DB GÉOGRAPHIE. 



143 



H18TOIRB DB LA GÉOGRAPHIE 

l»K<à <Vtci3iT« AuitiD*). — Algunas eartas 
n- ttima iio Vb<;ood« M SAXTàniM. Linboa, Soc. 
k cr«j«rrM»hia« l»06, ïn-i de 135 p. 

(Échange., 

FiB^AS» (H.). — Uê aiias pnmçaù (C. fl. 
%*%<ir. fr pour TArancenienl de» Se,, Congrès 
Ir urrtiohie. !9«4), in-« de 10 p. 

- Ln carte • Sabaudia Dueaius •. ia date et 

I atL'tmr {ihtd.\ în-ft de 5 p. 

Aateur.) 

Friiii4«» (Htnni). — l^f tinfluenre des idées 

*irm^ 9ur les Mitions de PtolimAk {HuU. Soc, 

.'#• itéituttqyt de Vh^re). li renoble, l»05, in-8 

Ar \t p. 

— Us cartes alpines de Vatlas de Mibcator 

'■rf.-. I9«'. in-H de 18 p., croq, 

' Aoteor.) 

FKmB%iiD flItimO. — Us destinées dune carte 
.' <rroie. L'irHrre de Touam RoKOOnio {BulL 
.. ., hisior, et descript., n* 2. l\»Oi, el Revtœ 
i-' Alpes Dauphinoises^ n* 9» I90r>). Grenoble, 
. .|.. Vallier. IIH», in-8 de 18 p.» croq. 

Aateur. y 

Hl^WOOO <E0WAIiD>. r- GL4RBA(lt!«. HîS GcO- 

tphv and maps {tieùgr. Journal, Junc 1903, 
î . ^r ft'*, carte). London, in-«. 

'Autear.i 

lettres am^rieaines d Alerandrr de tlumbotdt, 

• • ti-I^OT. Précédée* d'une notice de J.-C. Delà- 
M YMVRis et 9uiTie« d'un choix de documents 
rn partie inedila. Publiés avec une introduc- 

• n et dr» notes par le D' E.-T. II»«t. Paris, 
(. .ilmoto (190i, in-8 de \xxix-309 p., carlo, 

: rr. :*. 

{W K.-T. llmmy.' 
Mam». (Gamuil'. ~ Ut très inédites du car- 
'i i4l Pmsaiomei à «fAntille {Bull, géoçr., histfn\ 
>' .ieter., n* 3, l»Oi, pp. il8-438), Paris, 1905. 

ir. H lie 23 p. 

• Autear; 

Vfrniiaa (H.K - Us mémoires de Ul Blottière 

w U B»uêsel {Kevuê dês Pyvinees, t. XYl, I90ii. 

1i*ulo<tM, 10-9 de 19 p. 

Aut«or.> 

r^^;<rttnia/o^JoN:«JouaDAUi, f SOS- 1617, desaib- 

., ' I expériences in Aratta. tndia, and the 

»i w iieSrp^tagn. Edîted by \V, Fostih. Vaux- 

! 'i.ltfr. |lalila>t Soci.'ly (^fcond séries n' XVI», 

t - . in-H de Lxiin-391 p. 

(At»ODoetnrnt. 

Vt<.%fti» «Hi^at). ~ Études critiques sur la 
r.^ 4e Colomb nrant set découvertes, les ori- 
.' 0*% de sa fkmille. le» deux <>)lombs. ses pré- 
: '..itt-^ |«r«ots... Pars, Weller. TJor., in» de 

i%i-Ml p., 10 fr. 

• Aoteur.) 

• U *.'*fr*^tt, t. XII. IVu'». |>. UV. 

BIOGRAPHIE 

\ ftit M SAurt-ATHora. — Julien Girard de 
i . e, l9»MvOi. Pariî», I90r,, in-H de 3t» p., por- 
•rwl (fjnihewic (urard Je Kialh*.) 



Dai t A Vmoota (G.).— Cammemoraiionedei sozio 
strantero FcaoïiCAMbO von RicimiorBJi {Bendiconli 
délia R. Accad, dei Lincci, cl. di se. flsiche... 
vol. XIV, sér. 5, 2 sem.. faac 11, p. 619-634). 
Roina, 1905. 

(Auteur., 

1)\LLA VeoovA (G.). — Commemorazione di 
Cn. Colombo {Bendiconti delta B. Accad. dei 
lAncei, cl. di se. llsirhc... vol. XV, sér. 5, 
1'* sem.. fasc. H, sedula dei 2 giugno 1006, 
[ip. t;:i9-66i). Uorna, 1966. 

iAut«ar.) 

n« Gacar «G.). — Discours.... Eloges d'Elisée 
Beclus el de Kellès-Krauz. Université nouvelle. 
B/uxelles, Gand, 1906, in-8 de 56 p., portraits. 

'Auteur.) 

De llAOïsTais (L.F.) — A7ueo Aec/ui (1830-1905). 
Coiumemorazione letla ai soci dei Club Bscur- 
sionisli di lesi.,.. Icsi, Tipogr. Flori, 190*1, io-8 

de 39 p. 

I Auteur..) 

De Magisthis (L.-F.). — Uttera al Prof. P. Sen- 
sini {Opinione geografica^ anno I, maggio 1905, 
n*> 5). Prato, 1905, in-lO de 9 p. 

f Auteur.) 

De Stidart. — Documentos para a llisloria de 
Martim Soares Moreno. Geara, 1005, in-8 de 

x-llOp. 

^.\ut«Qr.; 
De Swarte (Vir.TOH). — Cn intendant, sccré- 
Inire d'Klat au xviii* siècle. Claude U Blanc. 
Sa vie, sa correspondance (1669-1728). Dnn- 
korque, 1900, in-8 de 25 i p., portraits. 

(Auteur.^ 
Edouard Pielte, 182"-I90G. Rcnnei«, imp. Ober 
thur, in-8 de 3i p., portrait. 

\ Familla. > 

FioioBVAia (Henri). — Un épisode ignoré de 

la vie du P. Ilennepin {Journal de la Sor, des 

Américanisles de Paris^ nouv. série, t. Il, n" 2). 

in-8 de 1 p. 

( Auteur 1 

Gedëchtnisfner fur Adolt Basuar am U. 
mArz 1905 (Zeff/«c/ir. CMcn. f. Brdk. Jahrg. 1905, 
n* 3, pp. 156-183, portraits 

Hi'LOT. — Bratza et son œuvre {Becue hetfdoma- 
daire, n* 48, 28 ocl. 190.";, pp. 385-410, cartes, 
ffrav.). Parii, Pion, in-12. 

Aotrar.) 

Jot^iiRT iJodMPn). — Pedro Savorgnan de Brasza 

{erplorador fiancez) {Portugal em Africa). Lis- 

t)oa, 1906, in-8 de 21 p. 

Vuteur.) 

Julius Bien. Issued by order of the Kxeculive 
(A>mmîttee of the indépendant Order B*Ne 
BUilh. Ncw-Vork (20 p.), in.8. 

U lieutenant Grillières du 4* zouaves (1868- 
I905\. in-8 de 23 p. 

Mahimeu.i (0ii5To). — L'opéra geografica di 
Ed. Htchter {Hirtsta qeofjr. il al., Xll, fa^c. V cl 
VI, !9ii' . Firenze, iyo5, in-8 <le 28 p. 

■ Auteur. 

Solire\ sur Us (ruraux scientifiques de M. Pierre 

TKHMich. Paris, (iaiilhier-Villar», l*JU3, in-4 de 

*l p., Mii»i»lem«*nl, 12 p. 

I». Icrm.cr 



K^'^^^ 



iU 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIETE DE GÉOGRAPHIE. 






Notice sur M, Edouard Piette. Vannes, imp. 
Lafolye, 1903, in-10 de 8 p., portrait. 

(Familio.) 

Tabdieu (Aiibboisb). — Leé voyages û travers 
VEurope et V Afrique d'un archéologue-historio- 
graphe, suivis des souvenirs de la vie de Vauteur. 
Clermont-Ferrand, imp. Raclot, 1906, in-12 de 
lo9 p„ grav. 

(Anteur.j 

Terrieb (Auo.). — Le capitaine Baud {Revue 
savoisienne), Annecy, 1906, in-8 de 53 p., carie, 
portrait. 

(Auteur.) 

ToRRBs (Louis-Maria). — Les études géogra- 
phiques et historiques de Félix d'Azara. Buenos- 
Aires, Coni, 1905, in-8 de 20 p. 

Welle (Karl). — Friedrich Ralzel {Milt. Ver. 
f. Erdk. Leipzig). Leipzig, in-8 de 29 p., portrait • 

(Auteur.) 

PÉDAGOGIE 

André (A.-E.). — Les voyages et leur tUllilé 
dans l'éducation. L'œuvre des voyages sco- 
laires. Reims, Matot, 1898, in-8, de 100 p. 

Arctowski (H.). — L^ enseignement supérieur de 
la géographie et Vexpansion civilisatrice. Rap- 
port (Congrès internat, d'erpansion économique 
mondiale, Mons, 1905), in-8 de 4 p. 

(Auteur.) 

Bertrand (Jean). — La géographie à récoU' 
et les bases d'un système rationel d'enseignement. 
Bruxelles, y^^ Larcier et Lebègue, 1906, in-8 de 
vi-122 p. 

(Éditeurs.) 

Gulliver (P.- P.). — Out-of-door class work in 
geography (Proc, nat, Educat. Assoc., 190}, 
p. 837-858, in-8). 

(Auteur.) 

Mi.^isTÊRE DB l'Intérieur et de l'Instrucuon 
publique (Belgique). — Organisation des éludes 
dans les écoles moyennes de VÈtal. Programmes 
et méthodes. Organisation de l'enseignement 
des langues anciennes, de la langue françaii^c, 
de l'histoire et de la géographie. — Organisation 
de Fenseignement des mathématiques, des 
sciences naturelles... — Organisation de l'en- 
seignement des langues germaniques... — 
Cours d'agronomie. Cours de notions maritimes. 
Bruxelles, 1905, in-8 de "2, 3ô, 44, 18 et 15 p. 

GÉNÉRALITÉS 

Annales du Misés Giimet. Bibliothèque de 
vulgarisation. T. XX. Conférences faites au Musée 
par MM, H, Parmentier, Paul Pibrret, Victo» 
Henry, M"^ Menant, MM. Ph. Beroer et A. Moret. 
Paris, Ernest Leroux, 1906, hi-12 de 282 p. — 



T. XXI. Les Religions de la Gaule avant le chris- 
tianisme, par Ch. Renel, 1906. in- là de 419 p., 
grav. — T. XXUI. La religion des anciens 
Egyptiens. Six conférences faites au Collège de 
France en 1905, par Ed. Navillb. 1906, in-12 de 
iv-274 p. — T. XXIV. Les Religions orientales 
dans le paganisme romain. Conférences failes 
au Collège de France en 1905 par PranzCchokt. 
1907, in-12 de xxii-334 p. — Bibliothèque d^études, 
t. XXIII, UHisloire des idées théosophiques dont 
llnde, par P. Oltramare. T. 1. La Théosophie 
brahmanique. Paris, 1907, in-8 de xii-382 p. 
(Mioistère do T Instruction publique.) 

CiiOMEL (C). — Les Actualités médicales et 
vétérinaires en 1906 {Répertoire de police sani- 
taire vétérinaire et d'hygiène publique. Chro- 
niques scientifiques, 5" série). Tbooars, imp. 
thouarsaise, in-8 de 107 p. 

(Auteur.;. 

Croobes (WiLLiAu). Diamonds. A lecture dil!- 
vered before the Brilish Association, at Kiir- 
berley, sept. 5, 1903. London, 1905, io-8 de 
40 p., grav. 

(H. Cordier. 

Demangbon (Albert). Dictionnaire-manuel t'- 
lustré de géographie. Nomenclature des nanis 
de lieux, des voyageurs, explorateurs et gèc- 
graphes. Dédnition de physique terrestre, <ie 
météorologie, de morphologie... Paris, Colio, 
s. d., in-12 de viii-860 p., 6 fr. 

(Auteur.. 

De Rey-Pailhade (J.). — La montre décimale 
à Vusage des astronomes, des ingénieurs el dn 
sportsmen. Description, avantages, usages. Paria. 
Gauthier- Villars, 1907, in-8 de v-H p., grav. 

(Auteur., 

Desiderata in Exploration, 1907. I. Asia. liy 
N. ËUAs, Colonel Sir T. H. Holdicd and Sir 
Francis Younghusband. — II. South America. By 
Colonel George Earl Cuurcu. London, Royal 
Geographical Society, 1907, in-8 de 15 p. 

(Soc. r. de géographie.- 

Doudou (Ernest). — Preuves indiscutables que 
toutes les sources des terrains calcaires sorI 
sujettes à la contamination et peuvent susciter 
des épidémies de fièvre typhoïde , cholérine, etc. 
{Mouvement hygiénique, juin 1906). Bruges, in-S 
de 7 p. 

Doudou (Ernest). — Etude sur un orthoptèft 
changeant de couleur dans tous les milieux, in4 
de p. {s. a. a. /.). 

(Auteur.) 

Frobenius (Léo). — Geographische Kultur- 
kunde. Eine Dars tel long der Beziehungen zwi- 
schen der Erde und der Kultur nacb altereo und 
neueren Reiseberichten zur Belebung des geo- 
graphischen Unterrichts. Leipzig, Brandslctler, 
190i, in-8 de xiv-923 p., cartes, grav. 



L'archiviste-bibliothécaire : Henri Froidev.aux 



Le gérant : P. Bouchez. 



Coulonimicrs. — Imp. Paul BRODâRD. 



XV m. — N^ 3. iS Septembre 1908. 



L'Australie pastorale 

Le milieu géographique. L'élevage du mouton mérinos. 
L'industrie de la laine. 



L'Australie, comme la plupart des pays neufs, est fort riche. Bien que le 
recensement de 1901 n*accuse que 3 771 715 habitants, répartis surFénormc 
surface de 7 699 8X8 kilomètres carrés, le continent australien et File de 
Ta^roanie fournissent pour 670 millions de francs de produits agricoles, et 
|>our 1 221 millions de produits industriels, bruts ou manufacturés (390 mil- 
lions d*or, 30 millions d*argent, 59 millions de charbon, etc. en 1905). Mais 
c'est rélevage qui tient le premier rang. Il est vrai que son produit (bétail sur 
pied, viande fraîche et congelée', toisons, peaux, cornes, suif, lait, beurre, 
<rufs, fromage) ne dépasse pas 930 millions. Mais c*est là une richesse 
durable, tandis que les industries extractives , représentant aujourd*hui 
r»l2 millions, sont appelées, dans un temps plus ou moins long, à disparaître; 
au reste les mines d*or ue font vivre que 70 000 ouvriers, nombre insignifiant 
eu regard de la population pastorale. L*élevage , d^autre part , remporte de 
beaucoup sur Tagriculture : sur les 360 millions d*hectares de terres vendues 
ou louées, 3600000 seulement (1 p. 100) sont cultivées; tout le reste est 
K^servé à Tclevage. 

L'Australie et la Tasmanie nourrissent 1 625 000 chevaux, destinés en 
|iartie à la remonte de Tarmée anglo-indienne, 8 500 000 têtes de gros bétail 
et KO millions de moutons (1906) ; le nombre de ces derniers a même atteint, 
<*n 1891, le total formidable de 106 260 000. L'Australie a été longtemps a cet 
«nranl le premier pays du monde. Elle n*est aujourd'hui dépassée que par la 
llrpoblique argentine (101 millions do moutons]'. 

L*élevage du mouton en vue de la production de la laine est vraiment 
riodustrie nationale en Australie. C'est lui qui donne au pays son type 
êfonomique propre ; c'est lui qui lui a assuré et qui lui conservera la richesse. 

I. V. Paal PrÎTat-Descbanel, V industrie de la viande congtUe en Australie in Le Génie ciciL 
T. XUX« o- Si, 29 teptembre 1906. p. 3i5-3ie. 

t. ïjk RépubUque argeoUne est beaucoup moinii spécialisée que t'Auslralie dans la produclion 
lU la laine cl parUcolie rement de la laine fine. Au:^si, malgré le nombre supérieur de ses moutons, 
se» produits sonlrils loia de valoir, en quantité comme en qualité, ceux de TAustralie. 

L* OéMaA^u*. > T. XVIIl. 1906. 10 



146 PAUL PRIVAT-DESGHANEL. 

Aussi les Australiens célèbrent-ils avec raison la « toison d'or » {golden fleece) 
de leurs mérinos et citent-ils volontiers le vieux dicton : sheep hâve golden feet 
and whatever the print of them appears^ the soil is turned to gold (les moutoos 
ont des pieds d'or; partout où ils les posent, le sol est changé en or). 



I 

L'importance de la race ovine dans le continent austral et le dévelop- 
pement de l'industrie connexe de la laine — développement plus rapide même 
que celui de l'industrie cotonnière aux Etals-Unis — sont le résultat des 
conditions géographiques locales. Ace résultat concourent la latitude, la nature 
du climat et la composition du sol. 

C'est un fait que les territoires situés entre certaines latitudes (du 26" 
au 44° environ dans l'hémisphère sud) conviennent particulièrement à la pro- 
duction de la laine longue, fine et souple. En dehors de ces limites, la fibre de 
laine tend plus ou moins vers deux défauts contraires : ou bien elle est gros- 
sière, droite, allongée et ressemble à du crin, ou bien elle s'épaissit et devient 
courte. L'Australie, comme d'ailleurs la République Argentine \ est remarqua- 
blement bien située. La région d'élevage s'étend du Queensland au nord à 
nie de Tasmanie au sud, de 26U0' à 38° 30' Lat. S. — 

Le climat détermine nettement dans le continent austral trois régions : 
région agricole, région d'élevage, désert. La première qui, sur la côte orien- 
tale, s'étend entre la mer et le Dividing Range, est la seule où l'humidité 
soit suffisante pour les plantes cultivées : les précipitations moyennes y 
atteignent SO centimètres à Adélaïde, 62 centimètres à Melbourne, 1 m. 25 à 
Sydney et à Brisbane et jusqu'à 3 m. 73 à Geraldton (Queensland) où 
tombent les pluies tropicales. Ce territoire propre à l'agriculture n'est qu'une 
bande de 100 kilomètres de largeur en Queensland et en Nouvelle Galles du 
Sud, un peu plus large en Victoria, un peu moins dans l'Australie méridio- 
nale, à peu près nulle dans l'Australie occidentale. 

Dans l'intérieur même du continent règne le désert, inutilisable pour 
l'agriculture comme pour l'art pastoral. Ce n'est qu'une succession de cordons 
de dunes et de fourrés de brousse épineuse, constitués par l'horrible et 
impénétrable spinife:v, V « herbe porc-épic » des Australiens (Porcupine grass, 
Triodia irritans). 

C'est entre le littoral agricole et le désert impropre à tout que s'étend 
l'immense district pastoral, centre de la richesse du pays, le vrai cœur de 
l'Australie. Il couvre une superficie au moins cinq fois égale à celle de la 
France. En Queensland, en Nouvelle Galles du Sud et en Victoria, c'est une 

1. Le district d'élevage de rArgenlina est compris entre 34* et 38^ de Lat. S. — 



L'AUSTRALIE PASTOIULE. 147 

plaine» ancien fond des mers secondaires, parcourue par de très longues rivières : 
Murray (2700 km.) ; Hurrumbidgee (2 160); Lachian (1 120); Darling (3 12i). 
Elles sont utilisées normalement comme voies do transport économique pour 
la laine et leurs rives sont jalonnées par de grands entrepôts, Collarindabri, 
Walfretl, Brewarrina, Bourke, Louth, Wilcannia. Malheureusement ces cours 
deau, dont la longueur totale n*est pas moindre de 910i kilomètres, 
affectent dans leur régime l'irrégularité qui caractérise les creekê australiens. 
Leurs crues sont formidables : le Darling roule alors 40 000 mètres cubes 
deau à b seconde, le quadruple du volume de la Loire en temps d*inonda- 
lion ; il lui arrive de s*étendre dans la plaine sur plus de 50 kilomètres de 
largeur. Mais en général, pendant la plus grande partie de Tannée, parfois 
pendant une année entière, le courant s'arrête ; la rivière n'est plus qu'un 
chapelet de mares croupissantes et pestilentielles, dont les eaux sombres et 
épaisses dorment lourdement à l'ombre des gommiers. 

Ces cours d'eau si variables et souvent presque asséchés rendent sensible 
aux youx la sécheresse, qui est la caractéristique de l'intérieur australien. 
Les pn'^cipita lions y sont i la fois peu abondantes et irrégulières. Dans le 
ba5sin du Murray-Darling, que le Dividing Range, met, pour ainsi dire, à 
Tombre des pluies, il tombe en moyenne 50 centimètres d'eau i Test du 146* 
l^mg. E. de Gr., et, à l'ouest, 25 centimètres seulement. Sur le Darling les 
niinima descendent souvent au-dessous de 10 centimètres, le minimum absolu 
i^tant è Kallidiwarr}* de 3,5 centimètres. Les pluies tombent en hiver, mais 
Ir nombre des jours pluvieux est peu considérable (70 en moyenne dans 
rintérieur, 43 à Ilungerford, 34 à Thargomindah, 18 à Tenapera, lia 
lonaminka). Plusieurs mois se passent parfois sans pluies : trois mois 
<-n 1902, trois mois en 1900, cinq mois en 1888. Nous avons vu à Womboin 
N^Mivelle (lalles du Sud) la campagne absolument brûlée par quarante-neuf 
jourt sans une seule goutte d'eau, en plein été torride. 

1^ sécheresse produit naturellement de grands écarts de température. L'inté- 
rieur australien possède — le Tait est capital pour l'élevage — un climat conti- 
nental i tendance chaude. Les étés sont brûlants; les vents chauds {hot tvinds) 
vrnus du désert, dessèchent en quelques heures la végétation et font éclater 
U*4 pierres des chemins. Le thermomètre monte alors à 48"" à Dubbo et à Bourke, 
t i9 à Milparinka, à 50* à Deniliquin. Par contre l'hiver est remarquablement 
doux. Sans doute, il gèle quelquefois et on a noté — i"* à Bourke et a Milpa- 
rinka, — 5* à Deniliquin, — 8" i Dubbo. Mais ces périodes froides sont très 
nres et «le très courte durée (un jour ou deux). Pendant trois mois d'hiver nous 
n'tTons pas vu une seule fois allumer du feu. En général l'hiver est celui de 
Palerme. Sauf dans les montagnes la neige est totalement inconnue. 

La chaleur et la sécheresse de Tété et la douceur de l'hiver favorisent éga- 
lement I élevage du mouton. Les premières donnent à la laine une merveiU 



fis PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

)0ttâe finesse, la seconde permet aux éleveurs, sauf dans la montagne, de faire 
réeonomie des bergeries. Autrefois les moutons étaient enfermés chaque 
soir; le jour ils étaient surveillés (shepperded ou, en langage moderne des 
stations, tailed) par des bergers. Bergeries et personnel coûtaient fort cher. 
Depuis i850 environ, on élève les moutons librement dans de vastes pad- 
docks, encerclés de barrières en fil de fer. 

La douceur de Thiver est une nécessité pour l'élevage en grand des bêles 
à laine. Les mêmes caractères climatiques se retrouvent dans les grands 
pays d'élevage, comme le Cap et la République argentine. C'est la rigueur des 
hivers qui a empêché les États-Unis de prendre une place prépondérante dans 
l'industrie pastorale et qui a rendu l'élevage très précaire sur nos hauts pla- 
teaux algériens. 

Dans les limites de la région d'élevage, le terrain est assez varié. Mais, 
pour BOUS borner à la surface même du sol, qui seule a de l'influence sur la 
pousse des herbes, on y remarque quatre types distincts : les claypans, les 
sàndhills, le red soil et le black soil. Les claypans sont des dépressions ai^i- 
leuses dépourvues de toute végétation et les sa7idhills des lignes de dunes peu 
élevées, à peine recouvertes de quelques maigres broussailles épineuses de 
type désertique. Les unes et les autres sont également impropres à l'élevage. 
11 n'en est pas de même des pays de red ou de hiack soil, recouverts d'un 
limon sablo-argileux par les débordements des rivières. Terre rouge et terre 
noire, avec un peu d'eau, sont fertiles ; on leur a par l'irrigation fait produire 
de riches moissons; à la suite des pluies Therbe y pousse en quantité. Après 
la grande sécheresse de 1903, nous avons vu, dans le bassin du Namoi (Nouvelle 
Galles du Sud) la campagne, desséchée et brûlée, reverdir en deux jours et 
présenter, comme dans nos pays de l'ouest, d'admirables teintes d'un vert 
franc, singulièrement rares dans l'Australie grise et poussiéreuse. Ces régions 
sont le centre de l'élevage du mouton mérinos. 

La forêt d'eucalyptus et la prairie découverte se partagent le territoire. 
Pour rendre à l'herbe l'eau, toujours trop rare et qu'absorbent avidement les 
arbres, les éleveurs font autant que possible disparaître ceux-ci. Or, déraciner 
ces arbres centenaires est diFficile et coûteux; c'est pourquoi on se contente 
d'ordinaire de pratiquer l'opération appelée ring-barking [ring, anneau; bark, 
écorce). Elle consiste à entailler le bois jusqu'aux vaisseaux et à détacher 
l'anneau ainsi délimité. Alors Tarbre se dessèche, perd ses feuilles et son 
écorce, et meurt. Le voyageur n'oublie pas le spectacle de ces immenses 
étendues de l'intérieur, étendues mortes, forêts sans ombre, troncs blancs et 
luisants sous le soleil comme des squelettes. 

Quand l'arbre est absent ou morL, le sol constitue un herbage. Si l'on met 
à part la côte et quelques rares districts suffisamment humides, où l'on élève 



L'AUSTRALIE PASTORALE. 119 

les vaches, les bœufs et les chevaux et où se développe Tinduslrie lailière, 
tout l'intérieur des trois colonies orientales, tout le Far Wesi comme «n 
dit, du Queensland, de la Nouvelle Galles du Sud et de Victoria, n^est qu*uB 
immense pâturage i moutons. 

Trois sortes de végétaux constituent les pâturages australiens : les herbes 
ordinaires, les herbes et buissons salés, les arbustes et même les arbres dont 
les feuilles et les branchettes servent au moins accidentellement à la nourri- 
ture des troupeaux. 

Rien que dans la Nouvelle Galles du Sud, on trouve 198 espèces et 33 variétés 
d*herbes indigènes; 16 espèces ou variétés acquièrent en vieillissant de longs 
épis pointus ou bien des graines ou des feuilles aux pointes acérées. Elles sont 
la terreur des éleveurs; mais ce danger ne se présente que pendant la saison ou 
elles montent en graine; jeunes, elles sont bonnes. 

Les meilleures herbes appartiennent aux genres suivants : Andropogon 
(huit espères), Anthristiria (trois espèces), Aslrehla (trois espèces), Chloris 
(trois espèces), Danthonia (dix espèces), Deyeuxia (neuf espèces), Eragrostit 
(treize espèces', Panicum (trente espèces), Sorghumy Daucus^ Telragnia^ Tri- 
gonrUa^ Agrostis^ Polinia, Eriochla^ Microlœna^ Setaria^ Neurachne^ Poa^ 
Agropgrum^ Erodium^ Géranium^ lioerhaavia^ Lavalera^ Blennodia^ Plantage^ 
Apium, Marsilea, Portulaca» 

La plupart de ces herbes poussent avec une grande force; beaucoup attei- 
gnent un mètre de hauteur. Leur résistance à la sécheresse est souvent extraor- 
dinaire et constitue, sous un climat semi-désertique, une précieuse propriété. 
Elles vi%'ent sur les terrains les plus arides, même parfois sur les SandhilU^ 
et peuvent se passer d*eau pendant plusieurs mois. Au cours des sécheresses 
prolongées, elles sauvent la vie de nombreux animaux. Sans elles, une partie 
de l'Australie intérieure serait dépourvue de toute valeur. 

Parmi les plantes les plus réfractaires à la sécheresse et par cela même les 
plus répandues dans Tintérieur, se distinguent les espèces suivantes qui con- 
Alituent Télémcnt essentiel des pâturages : I^ve grass (Eragrostis Drownii 
Naes), que les éleveurs appellent never /atï (qui ne manque jamais); JUiichell 
grass {Asirebla iriiicoides F. v. M.); Béni grass {Agrostis scabra Wild); Elue 
grass (Andropogon a f finis R. Br.); Salin heads {A. erianlhotdes F. v. M.); 
Kangaroo grass {Anthrisiiria ciliala Lin.; Star grass ou windmiU grass {Chlo- 
ris Irmncaia R. Br.); Oa/ grass {Danthonia robusta F. v. M.); Wallaby grass 
{D. seminnnularis R. Br. Suyar grass {Polinia fulva Benth.); Wild Sorghum 
{Sorghutn plumosum Beauv.); \ative carrot [Daucus brachiatus Sieb.); War^ 
rigat cabbaye [Tetragnia expensa Murr.); Darling cloorr (Trigonella suacis- 
sima Lidl. ; Crotcs foot{Erodium cycnorum Nacs.); \ative plantain [Plantago 
varia R. Br.; ; Native pmsUtf (Apium leptophyllnm F. \\ M.). 



150 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

A défaut des herbes, dans certaines régions normalement, et partout en 
temps de sécheresse, on se sert, pour nourrir les troupeaux, d*arbres et d'ar- 
bustes résistants, dont on coupe les feuilles et les branchettes. Ce sont : 
Hop-bush [Dodonoe attenuata A. Cunn.) dont sont couverts les monticules de 
sable de Tintérieur. Berrigan ou emu-bush {Erernophila longifolia F. v. M.) 
Kurrajong [Sterculia diversifolia G. Don), arbre d'une quinzaine de mètres de 
hauteur, Léopard tree ou Spotled tree {Flindef^sia maculosa F. v. M.), haut de 
10 mètres et dont le tronc, couvert de petites taches blanches causées par la 
chute de Técorce, ressenible à une peau de léopard. 

Toutefois la véritable richesse des pâturages australiens, et ce qui assure 
leur persistance pendant les longues périodes sèches, c'est un ensemble de 
plantes salées, herbes et buissons, que les Anglais désignent sous le nom 
collectif de sall-bushes. Leur valeur pour la nourriture et l'hygiène des trou- 
peaux est fort justement appréciée. Si l'on excepte quelques rares espèces 
pernicieuses, on peut dire que les moutons nourris avec le salt-bush sont 
presque indemnes de maladies. Tous les salt-bushes résistent merveilleusement 
i la sécheresse, grâce aux propriétés hygrométriques du sel, et on les trouve 
jusque sur les dunes les plus arides. Tous, herbes ou arbrisseaux, se recon- 
naissent facilement à leur couleur vert bleu, due à la présence de petits cris- 
taux de sel. 

Dans la Nouvelle Galles du Sud, on en compte quatre-vingt-six espèces, 
réparties en treize genres: A triplex (seize espèces), Kochia (quatorze espèces), 
Rhagodia (sept espèces), Chenopodinmy Chenoleaj Scleroloena^ Enchyloena^ 
Anisacantha^ etc. Les quatre premiers genres sont particulièrement appréciés; 
ils renferment de 63 p. 100 {Kochia pyramidaiay Benth.) à 90 p. 100 {Airiplex 
nummularia Lindl.) de matières nutritives. Outre ces deux espèces, les sali- 
bushes les plus répandus sont : Kochia aphylla R. Br. {CoUon-bush), A triplex 
ijesicaria Hev. (Bladder salt-bush), Chenopodium antriplicinum F. v. M. 
{Antriplex-like goose'foot)^ Rhagodia hastata R. Br. (Comtnon salt-bush) et 
R. parabolica R. Br. {old man salt-bush). Cette dernière plante pousse jusque 
sur les plages saturées de sel des lacs du désert intérieur. 

Pourquoi nos colons algériens et tunisiens ne se mettraient-ils point à 
l'école de l'Australie et ne profiteraient-ils pas des expériences généreusement 
instituées par la nature? Il existe, en Algérie et en Tunisie, particulièrement 
sur les hauts plateaux, d'immenses étendues de terrain salé et partout impro- 
ductif; les lacs salés, complètement inutilisables, y abondent. L'administration 
a songé à dessécher ces marécages, notamment le lac Fezzara, près de Bône et 
le lac Sedjoumi en Tunisie et à planter partout des eucalyptus, arbres préci- 
sément originaires d'Australie. Mais l'expérience n'a guère réussi : les arbres, 
même les eucalyptus, périssent dans les sols salins. On a songé alors i se 
servir d'une herbe indigène, le guetaf, très abondante dans le sud tunisien, et 



L'AUSTRALIK PASTORALE. i&l 

i]ut correspond à dilTérentes espèces du genre A triplex. VA triplex, un des 
SaMfysItes australiens, se trouve fréquemment dans le nord de l'Afrique el 
uvsi pas inconnu même en France, où on le désigne sous le nom d\frroche. 
i>n a essayé dans les terrains salés Atriplex similaceatum el -1. septocarpum. 
Il ne semble pas que les résultats obtenus soient bien brillants et nous ne nous 
en étonnons point; car les Atriplex australiens ne prospèrent point sur les 
sols salés. Il vaudrait mieux, à notre avis, tenter Texpérience avec le genre 
IthttQudirt et particulièrement avec //. parahoUca et //. hastata. Ces plantes se 
trouvent naturellement en Australie sur les rivages, découverts en été, des 
lacs désertiques; elles supportent un sol extrêmement salé. D^autre part, elles 
se cultivent bien : à la ferme expérimentale de Coolabah (Nouvelle Galles du 
Sud}, nous les avons vues atteindre 1 m. 50 à 2 mètres de hauteur. L'Algérie 
et la Tunisie devraient s'inspirer sur ce point de l'exemple des Australiens, qui 
^ont actuellement et qui resteront longtemps encore les maîtres en matière 
d'utilisation des terrains salés '. 



II 

C'est en 1187 que le gouvernement anglais, ayant fait choix de TAustralie 
comme lieu de déportation pour les convicts, y envoya le capitaine .Vrthur 
Phillip, de la marine royale, avec onze navires. La flotte relâcha au Cap 
|K>ur embarquer des provisions et du bétail sur pied. Phillip débarqua sur la 
plage où devait plus tard s'élever Sydney au mois de février 1188. 11 avait avec 
lui seulement vingt-neuf animaux de race ovine. Leur nombre fut un peu 
augmenté trois ans après par l'importation de soixante-huit animaux du Cap. 
La reproduction se faisait au moyen d*un seul bélier. 

Un mouton se vendait alors 164 francs. Nul ne songeait alors à la laine. 
Les moutons étaient des Leicester et des South-downs et aussi des moutons du 
Cap à grosse queue {flat tailed sheep). On comptait en 1792, 105 moutons, en 
171Cs 1531, en 1797. 3 902. 

L*aonée 1797 est l'année décisive, le premier de ces brusques tournants de 
l'histoire, au delà desquels l'Australie a entrevu de nouveaux horizons. En 
1792, un troupeau s'était échappé; on le retrouva en 1797 considérablement 
augmenté. Ce fait montrait aux observateurs combien les conditions naturelles 
du pays étaient favorables à la race ovine, puisque des animaux livrés à eux- 
mêmes, sans défense, sans gardiens, sans bergeries, avaient si remarquable-^ 
ment prospéré. On ne pouvait songer à utiliser ces qualités de l'Australie pour 
Télevagedu mouton de boucherie; le marché local était insuffisant et le marché 

f. V. ?*uî PriYftt-Dr4Ch«oel, let terrains salés et te Satlttush en Australie, in La Salure {n" 1817, 
il nar» IWM), p. SU-âi3). 



152 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

anglais était impraticable, vu la dislance. Macarthur devina alors que les des- 
tinées futures de TAustralie étaient liées à la production en grand de la laine. 

John Macarthur, né à Plymouth (Devonshire) en 1767, était venu en Aus- 
tralie avec Phillip et avait rempli les fonctions de capitaine et d'officier payeur 
au New South Wales Corps. Le gouverneur se préoccupait beaucoup dans les 
premières années de l'occupation, de développer Tagriculture; les approvi- 
sionnements venus d'Angleterre étaient rares et irréguliers et les prix étaient 
toujours très élevés; plus d'une fois on put craindre la famine. Aussi eut-il 
l'idée de distribuer aux officiers et aux fonctionnaires civils des concessions 
de terre et de les établir colons, en leur accordant gratuitement le libre usage 
de la main-d'œuvre pénale. C'est ainsi que Macarihur devint propriétaire 
d'Elizabeth Farm, près de Parramatta. Or, en 1797, le gouverneur envoya au 
Cap, pour en rapporter des approvisionnements, les deux navires, la Reliance, 
capitaine Waterhouse, et le Supply, capitaine Kent. Macarihur engagea Wa- 
terhouse à ramener du Cap des moutons à laine fine. 

Waterhouse suivit ce conseil. Le roi d'Espagne avait quelque temps aupa- 
ravant offert au gouvernement hollandais quelques béliers et quelques brebis 
mérinos pur sang, issus du célèbre troupeau de l'Escurial. Ce troupeau, dont 
on ne savait que faire en Hollande, avait été envoyé au Cap et donné au 
colonel Gordon, commandant des forces hollandaises dans la colonie. Gordon 
mort, sa veuve offrit les animaux comme viande de boucherie, au commissaire 
chargé de l'achat des approvisionnements pour l'Australie. Naturellement il 
refusa; mais Waterhouse acheta le troupeau, comptant vingt-six bêtes, au 
prix extraordinaire de bon marché de 100 francs pièce. Ce ne fut pas sans 
mal qu'il le ramena en Australie; le fourrage manquait et les animaux 
faillirent périr, a Pendant plusieurs jours, dit Waterhouse dans sa relation, 
ils ne vécurent que d'air pur. » A ce régime, ils ne vécurent pas tous; plu- 
sieurs moururent; mais d'autre ])art des brebis mirent bas, de sorte qu'une 
vingtaine de bêles (le nombre exact est inconnu) arrivèrent à Sydney. Mais 
là, nouveaux déboires. Waterhouse offrit ses élèves au gouverneur, qui les 
refusa; il dut alors, pour rentrer dans ses frais, les vendre non sans peine aux 
colons, scepliques et hésitants. Seul, Macarihur acheta de bon cœur, à 
390 francs pièce, trois béliers et cinq brebis. Waterhouse fit une fructueuse 
aflaire; Macarthur fit la fortune d'un continent. Les colons croisèrent au 
hasard leurs pur sang, mais Macarthur conserva soigneusement la race et 
fonda le célèbre troupeau de Camden qui, depuis, pendant bien des années, a 
fourni aux éleveurs australiens des brebis et des béliers mérinos, aussi purs 
de race que ceux du roi iKEspagne*. 11 faut admirer à quoi tinrent les deslins 
de l'Australie et quel concours extraordinaire de circonstances heureuses 

i. En 1804 Macarthur ajouta à son troupeau des mérinos anglais de la ferme royale de Rew, 
connus sous le nom de troupeau de George lit. 



LAUSTRALIE PASTORALE. 153 

roniiit possible, malgré l'aveuglement général, le développement ilu Continent 
aiistmi comme pays producteur de laines riches. 

LVlevage fut d*abord limité à la région tôlière, plus accessible. Mais 
<]uand, en 1813, Wentworth, Blaxiand et Lawson eurent franchi les 
Montagnes Bleues et découvert les immenses plaines du Murray et du Dar- 
ling, un champ presque sans limites s'ouvrit à Tinitiative et à l'activité des 
éleveurs. Beaucoup allèrent s'établir au delà des montagnes. On ne tarda pas 
à les désigner du terme américain de Squalter^. Favorisé par ces circon- 
stances nouvelles, le troupeau prospéra rapidement. De 1813 à 1817, il passa 
dt» 65121 tètes à 170920. C'était en quatre années un accroissement de 
ir.2 p. 100. 

Depuis les progrès de l'Australie ont été à la fois rapides et continus, à 
IVxceptîon des quelques années qui ont suivi la découverte de l'or (1851). 
La lièvre de l'or a marqué un temps d'arrêt dans le développement de 
l'élevage et pendant quelque temps le règne des mineurs a succédé au règne 
des squatters. Mais cet arrêt n'a été que momentané. Depuis les éleveurs ont 
rt'prts le rang que leur promettaient les conditions du milieu local et ils ont 
considérablement amélioré leur troupeau par l'introduclion de béliers et de 
brebis Je choix, mérinos anglais, mérinos saxons, rambouillels et, à partir 
d** 1866 et surtout de 1883, mérinos américains. 

La race ovine en Australie a fait, au cours du xix' siècle, des progrès mer- 
veilleux. Il suffit d'en rappeler les étapes principales. En 1788 il n'y avait sur 
le continent austral que 29 moutons. Leur nombre devint successivement, 
rn ISOI, 6757; en 1821, 138 753; en 1861, 23 millions, en 1871, 19 millions; 
en 1881, 78 millions. Enfin, en 1891, il atteignit le maximum avec 106 260000 
.r»| OOOIMO en Nouvelles Galles du Sud, 20 300000 en Queensland, 13 000000 
fu Victoria, 7 600000 dans l'Australie du sud, 1960 000 dans l'Australie de 
I ouest, 160 000 en Tasmanie). Il faut ajouter le troupeau de la Nouvelle 
Z«*lande, dont le développement rappelle celui de l'Australie, et qui montait 
alors a 18026000 tètes. Au total, en 1891, l'Auslralasie anglaise possédait 
le nombre sans égal dans le monde de 12i 286 000 moutons. 

Depuis une quinzaine d'années, des périodes de sécheresse, exception- 
nelles par leur fréquence comme par leur durée, ont considérablement réduit 
l*> troupeau australien (50 millions en 1903), sans alTerler d'ailleurs sensible- 
ment la Nouvelle Zélande, pays bien arrosé. En 1901 et en 1905 de bonnes 
saisons ont fait remonter le chilTre des animaux à 80 millions (1906) valant 
I millianl de francs. L'Argentine seule |H)ssède un troupeau plus considérable 

t r« t^m^i i€ <)il d*un a ni in ni et signifie s'accroupir, te bloiiir. Le terme de squatter rn 
Xm*'Tïi\nr fIrMvne le cultivateur d'un petit domaine. En Australie 1<* mot a changé de sens. Un 
<; i i//^r e«t Telrveur établi, eomme propriéuire ou comme locnlaire. »ur un domaine 1res étendu* 
\jt% êfuatteri constituent l'aristocratie terrienne de la democrali4|uc Austnilie. 



134 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

(101 millions). Mais TxVuslralasie dans son ensemble l'égale presque 
(100 millions). 

Après rAustralie viennent la Russie (1904) avec 65 millions, FAngle- 
terre (1904) avec 54 millions, les États-Unis (1905) avec 50 millions, la 
Nouvelle Zélande (1906) avec 20 millions, l'Uruguay (1906) avec 18 millions, 
la France (1905) avec 17 millions, l'Espagne (1901) avec 13 millions, l'Alle- 
magne (1904) avec 8 millions ^ 

Quant à la répartition des moutons entre les différentes colonies austra- 
liennes, nous pouvons nous en faire une idée par les chiffres de 1905 (pour 
1906 nous ne possédons que la statistique globale). En 1905, l'Australie 
comptait 65 millions de moutons : 34 dans la Nouvelle Galles du Sud, 11 en 
Queensland, 10 en Victoria, 6 dans l'Australie du Sud, 3 en Tasmanie, 1 dans 
l'Australie de l'Ouest. Nouvelle Galles du Sud représente ainsi 51,3 p. 100 
et Nouvelle Galles du Sud, Queensland et Victoria réunis 84,6 p. 100. Les 
autres colonies ont peu d'importance (15,4 p. 100). L'Australie du Sud et 
l'Australie de l'Ouest parce qu'elles sont trop arides, la Tasmanie au contraire 
parce que le développement des forêts ne laisse encore à l'élevage qu'un 
champ très exigu. 



III 



L'élevage se fait en grand en Australie. Sans doute les farmers, petits 
propriétaires ou tenanciers dont le but principal est la culture, possèdent 
quelques moutons en même temps que quelques vaches. Mais ces petites 
exploitations représentent peu de chose. 

La nécessité de grands capitaux pour acquérir et garder un troupeau 
important, pour parer aux pertes effroyables causées par des sécheresses 
presque périodiques, pour faire l'avance des frais de transport de la laine par- 
fois sur des milliers de kilomètres, a maintenu l'industrie pastorale dans les 
mains de quelques riches particuliers ou de sociétés financières. Le caractère 
ultra-extensif de l'élevage, nécessité par la nature du sol et par le climat, 
rend du reste obligatoire l'usage d'immenses espaces. On estime en Australie 
que, pour nourrir un mouton pendant une année, il faut en Victoria 40 ares, 
en Tasmanie 60, en Nouvelle Galles du Sud 86, en Queensland 1 ha. 28, en 
Australie du Sud 3 ha. 50, en Australie de l'Ouest 10 hectares. Moyenne- 



1. G. Birot, Satislique de 1907, Paris, Hachette, 1907, p. 10. — L'Angleterre (3! millions en 
1895) et la Russie (49 millions en 1888) sont en progrès. Au contraire, la France (22 millions en 
1891) et TAllemagne (19 en 1883) montrent une décadence marquée. Les États-Unis restent à peu 
près stalionnaîres. Somme toute, le champ d'avenir pour le mouton n'est plus l'Europe, mais bien 
les pays neufs de TAmérique et de l'Australasie. 



lacstralie pastoralk. r->5 

ment |iarlanly il ne. faut pas compter sur le continent austral plus d*un 
mouton par hectare *. 

Les domaines pastoraux, qne Ton appelle stations ou runs, sont donc 
immenses. Dans le l\ estern Division de la Nouvelle Galles du Sud, IG millions 
d'hectan^s sont occupés par trois cent neuf squatters; la part de chacun d'eux 
r^t en moyenne de 500U0 hectares. Dix ou douze de ces domaines, compa- 
rables chacun au département de la Seine, équivaudraient à un de nos 
départements moyens'. La station de Buckiinguy (Nouvelle Galles du Sud), 
i»ur laquelle nous avons longtemps résidé, compte 64000 hectares. Sur le 
Larhlan, une station a 120000 et deux autres chacune 160 000 hectares. Une 
autre encore sur le Darling est évaluée à 200 000 hectares. Nous con- 
naissons en Victoria deux runs^ dont les superficies sont 663 34 i et 
tî72 812 hectares. Enfin, dans TÂustralie du Sud, une société financière possède 
une propriété qui s*étend du lac Torrens à la frontière du Queensland sur 
*»00 kilomètres et dont la surface nest pas moindre de 700 000 hectares, 
rVst-ÀMlîre qu'elle égale les trois quarts du département de la Gironde, le plus 
vaste de France. 

Le nombre des moutons est naturellement en rapport avec la superficie des 
exploitations pastorales. Le domaine de Buckiinguy nourrissait, avant 1903, 
120 000 bétes ovines. Les trois stations situées sur le Lachlan et citées 
précédemment possédaient à la même époque respectivement 160000 moutons 
|M»ur la première et 2S0000 pour chacune des deux autres. Dans TAustralie du 
Sud quelques troupeaux dépassent 200 000. Dans la Nouvelle Galles cent quatre- 
Tifi|rt-six squatters possèdent plus de 50 000 moutons, cinquante-cinq plus de 
ItiOOOO, huit plus de 150 000, quatre plus de 200000, trois plus de 300000; 
un en a plus de 400000 et un autre plus de 600 000. Enfin en Queensland, 
on compte deux cent soixante-quatorze troupeaux d'environ 100000 bètes, 
*^oi.\ante-huit de 100000 à 300 000, un de liOOOOO, un de 531000, un de 
nTU UOO, un de 750000 et un de 8i2 000, le plus nombreux de toute TAustralie. 

Il but toutefois remarquer qu'une transformation est en train de 
^accomplir. La laine cesse peu i peu d'être presque monopolisée et les c rois 
du mouton », les merino kinys deviennent rares. Dans la Nouvelle Galles du 
Sud la grande majorité des éleveurs (15000) est formée par ceux qui ne pos- 
v-deotpasplusde 2000 bétes*. 

Nous avons vu de près un de ces grands éleveurs qui ont ressuscité la vie 
|»atriarcale des temps bibliques. M. Samuel Mac Caughey est le plus gros 

I. Eo youveUc Zètande, U moyenne esl <tc 47 nres; mais ^crlaines pro|»riétés nourri>senl 15 
I .omoolika* ptr bccUre. CeUe supériorité de la Nouvelle Zélande par rapport h l'Australie e$t 
.1 ■•io«r«)uenc« de ion rlinul plus humide et de l'absence des M.*chei-es«es. 

^ La Mperflcie moyenne d*un département franrnis e«t de CISOiio hectares. 

1. Biard d'AuneL LAurort australe, Paris, Pion, 1907. p. â80. — Il nous piralt utile de faire 
'' lurqoer que. comme les moutons vivent libremenl et sans surveillance sur li>s runs^ leur 
rrr/n«emenl est dîflicile el que les chilTres qui les concernent sont toujours très incertains. 



io6 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

propriétaire de terres et de moutons du continent austral. Il est essentielle- 
ment ce que les Australiens appellent un représentative man^ le type le plus 
caractérisé de ces hommes d'action, dont Tactivité, le sens pratique, Taudace 
conquérante et la foi inébranlable dans le succès définitif ont fait la gran- 
deur et la richesse de TAustralie. Irlandais de naissance, il débarqua dans la 
colonie en 185G, et, comme tant de ses compatriotes, il fut pendant plusieurs 
années simple employé sur une station, dans le but d'apprendre le métier 
d'éleveur. Riche d'expérience, il ne craignit pas, avec de l'argent emprunté 
à un ami, de tenter lui-même la fortune et il réussit, malgré bien des déboires 
surmontés par son énergie, au delà de toutes ses espérances. Un des pre- 
miers, il entreprit la conquête du désert au moyen des eaux artésiennes : six 
puits artésiens, creusés à ses frais, débitent journellement 1469 236 litres 
d'eau. Il a transformé le désert; il a été un créateur. Ses diverses stations 
sont célèbres par leur installation toute moderne; sur l'une d*elles, le hangar 
à tonte, que l'on vient visiter de très loin, est un véritable palais; en 
1903, 153 hommes y opéraient la tonte au moyen d'une machine à vapeur 
et travaillaient même la nuit à la lumière de lampes électriques. Aujourd'hui 
Mr. Samuel Mac Caughey possède 1200 000 hectares et 1250 000 moutons, 
chiffre sans égal dans le monde. On l'appelle le « Roi des moulons », le Sheep 
king of A us traita. 

Les domaines pastoraux ont été, pour quelques-uns, concédés jadis par 
l'État, possesseur de droit de toutes les terres coloniales vacantes. Aujourd'hui 
le régime des concessions a été supprimé et les terres sont vendues ou louées. 
Fréquemment, dans la Nouvelle Galles du Sud, la vente se fait sur le pied 
de H 2,5 (62 fr. 50) l'hectare; quant à la location, dont la durée est le plus 
souvent de vingt-huit ans avec bail renouvelable, elle se traite en général, 
dans la région de Darling, à 25 centimes l'hectare. 

La législation des terres, question capitale dans un pays neuf, porte 
l'empreinte des conditions géographiques locales. On s'en convaincra en 
examinant les lois néo-galloises sur la matière {Croun lands Acts de 1884, 
1889 et 1885), lois plus ou moins copiées par les autres colonies australiennes; 
le régime des terres n'est pas encore fédéralisé. 

En Nouvelle Galles jusqu'en 1884, toutes les terres non vendues étaient 
occupées en vertu de baux pastoraux, qui n'offraient aucune garantie de 
durée; le gouvernement pouvait toujours reprendre les terrés et les aliéner. 
Pour donner aux éleveurs la sécurité indispensable dans une industrie où de 
grosses avances do fonds sont nécessaires, on fit des terres, en 1884, deux 
classes : une moitié, dite territoire des terres à bail, fut louée pour un temps 
défini; l'autre moitié, dite territoire repris^ fut laissée aux squatters en \erïu 
d'une simple licence d'occupation renouvelable chaque année. 



I/AUSTRALIE PASTORALE. 



157 



Poslérieurement, les lois de 1889 et de 1895 ont classé les terres en 
tmift Divisions : Division de lest, Division centrale et Division de Toucst. 
Dans chacune d'elles la législation est dilTérenlc. 

Dans la Division de Test, la mieux arrosée et la plus fertile, des baux de 
cinq ans ont été concédés en 1885 et ont expiré en 1890. Aujourd*hui on 
n'accorde plus que des licences d'occupation. La colonisation agricole 8*y 
d«'*veloppe rapidement. 

Dans la Division centrale, moins fertile que la précédente, les liaux de 
dix ans, ayant commencé en 1885, ont expiré en 1895. Le régime actuel est 
criui des licences d'occupation. 

Dans la Division de Touest, enfin, presque inutilisable pour Tagricullure, 
le jTouvernement s*est montré plus libéral. Les baux sont de vingt-huit ans à 
dater de 1890. Il est prévu qu'en 1918 ils pourront être renouvelés. 

Par ces moyens, l'État a empêché l'appropriation rapide des terres par les 
éleveurs. 

La colonie la plus libérale est rAuslralie occidentale. Elle vend et elle loue, 
à des conditions extrêmement avantageuses, les Terres de la Couronne. On 
l»eut acheter jusqu'à 3 000 acres (1 213 ha. 80) au moyen de soixante paiements 
M*mestriels de fr. 32 par hectare. Pour louer, il faut prendre au moins 
20 000 acres (8 092 ha.); le loyer dans l'intérieur n'est que de fr. 015 par 
iM-clare. 

I^s locations sont naturellement beaucoup plus fréquentes que les ventes. 
(IV»t d'ailleurs là un fait général, caractéristique des pays où l'art pastoral 
iVmporte sur l'agriculture. En louant, les éleveurs évitent d'immobiliser un 
rapital considérable, beaucoup mieux employé à l'achat et à l'entretien d'un 
(n»upeau. La terre au reste ne réclame aucune avance et le troupeau s'accroît 
»ans frais de lui-même. 

D*après une statistique de 1898, 7 p. 100 des terres sont possédées à litre 
de propriétés, 40 p. 100 sont louées, 58 p. 100 sont encore inoccupées. 



NOMS DES COLONIES 


st'iirACi 

TOTAL! 


TERRES DOMANIALES 


VENHUSS 


LOtiBS 


i.foccrpÊKS 


Xonrellp Galles du Sud ... . 
\icu»nd 


80,6 

22,7 

173,0 

234,0 

263,0 

G.8 


18,9 

• 9,4 

6,3 

5,9 

2,6 


51,8 

5,2 

113,5 

10G,0 

38,8 
0,4 


9,9 

8,1 » 
53,2 
132,1 
t211,6 j 

4.5 ; 


ttufrn^land 


Aa%tralie du Sud 

Aa^tfalie de rOuest 




780,1 


45,0 


315,7 


419,4 



La surface louée l'emporte, on le voit, de beaucoup sur la surface vendue 



158 PAUL PRIVAT-DBSCHANEL. 

excepté en Victoria et en Tasmanie. C'est que Victoria doit à son sol et à son 
climat d'être surtout agricole. Quant à la Tasmanie, ses forêts épaisses ont 
arrêté le développement de Tindustrie pastorale, qui exige de vastes espaces 
découverts. Ces deux colonies ressemblent moins au reste de l'Australie qu'à 
la Nouvelle Zélande où, sur 27 millions d'hectares de terres domaniales, 
9,5 sont vendues, 6,1 louées et 11,5 inoccupées. 



Les moutons vivent librement sur les runs. Les bergeries sont inutiles 
en raison de la douceur des hivers et presque partout, depuis vingt-cinq ou 
trente ans, on a remplacé les bergers par des barrières en fils de fer soutenus 
par des poteaux d'eucalyptus. De la sorte 50O0O à 80000 moutons n'exigent 
qu'un personnel de quinze à vingt personnes. A Buckiinguy, le service de Ja 
station, malgré ses 120 000 bêtes, était assuré, en 1903, par vingt employés. 

Pour rendre la surveillance plus facile, les domaines pastoraux sont divisés 
en un certain nombre de paddocks, cerclés d'une barrière continue en fil de 
fer. Des portes à bascule permettent, le long des chemins, de passer d'un 
paddock à l'autre. Une disposition ingénieuse prévient, en outre, la fuite des 
troupeaux par les lignes de chemins de fer, qui ne sont pas clôturées; il suffit 
pour cela de creuser sous la ligne, à la limite des paddocks, un fossé que les 
rails franchissent sans support. 

Sauf à répoque de la tonte, les gardiens {boundary riders) ont peu à s'oc- 
cuper des animaux; mais ils doivent inspecter fréquemment le domaine. 
Toujours à cheval, ils parcourent incessamment la propriété, réparant les 
barrières endommagées par les kangouroos et les lapins, et donnant la chasse 
aux aigles, qu'ils empoisonnent en plaçant des substances vénéneuses dans 
le cadavre éventré d'un mouton. Ils ne manquent pas non plus de lenir le 
compte des animaux morts, dont les carcasses jonchent la plaine. 

Le chef de la station est le squatter. Rarement il réside toute l'année sur 
sa propriété. La plupart habitent dans les grandes capitales, Sydney, 
Melbourne, Brisbane, Adélaïde, ou même en Angleterre; dans ce cas, la 
station est dirigée par un régisseur appointé [manager). 

La maison d'habitation, le hômeslead, simplement et économiquement 
construite, est toujours bien adaptée aux conditions du climat local. Des 
planches de pin en constituent les murs; ce bois a la propriété de résister aux 
attaques des fourmis blanches. Le toit est en tôle ondulée. La construction 
est basse et ne comprend qu'un rez-de-chaussée, un peu surélevé et autour 
duquel court une véranda de bois, qui maintient dans les appartements une 
ombre fraîche. L'air circule librement à travers des portes grillagées, défense 



LAUSTRALIE PASTORALE. 199 

roQtre rinvasion des moustiques. A côté de la maison, un vaste résen^oir 
n^rueille leau du toit, ressource parfois précieuse. 

Aux alentours du homesiead sont éparpillées sans ordre les dépendances de 
la propriété : logements du personnel, remises et hangars, cliarronnerie, 
janlin potager, ainsi que de nombreux yards^ c*est-à-dire des cours entourées 
de barrières d*eucalyptus et où errent librement les chevaux et les vaches. 

Quant i Taccessoire essentiel, le hangar pour la tonte, il est toujours i 
une certaine distance. On évite ainsi que Tincessant piétinement des moutons, 
quand ils sont rassemblés par milliers au moment de la tonte, ne détruise les 
p^lturages voisins de la station et réservés aux chevaux et au gros bétail. 



IV 

La vie des éleveurs ne manquerait pas de charme, s'ils n'étaient obli<rés 
de lutter contre bien des difllcultés, causes de ruines fréquentes et d'un 
marasme persistant depuis plusieurs années. 

SVtablir comme éleveur coûte cher : les premiers frais dévorent d'avance 
If s bénéfices de plusieurs années; qu'il survienne alors deux ou trois saisons 
il'*favorabIes et l'échec est certain. Il faut d'abord défricher la propriété, 
«••MjpiT les eucalyptus ceotenairos, déchausser et brûler les racines, débrous- 
'^ûlb'rle terrain. Les entrepreneurs spéciaux prennent pour ces diverses opéra- 
tions d«^ 9 a 10 francs par hectare. Alin d'éviter ces frais considérables, la 
|>lu|Kirtd«*s éleveurs se contentent de faire pratiquer l'opération du ringharking^ 
q»n» nous avons décrite précédemment. 

Il faut ensuite clôturer le domaine, délimiter les pvidocks et les ijards. 
b'H barrières (poteaux d'eucalyptus et cinq fils île fer) coûtent 500 francs le 
kilomètre. Or, la plupart des stations ont besoin de dizaines de kilomètres de 
rl«Mures; c<>IIes-ci dépassent assez souvent 100 kilomètres. 

En outre, il faut faire construire une maison d'habitation, des logements 
|M»ur le personnel, des hangars pour les voitures, pour la tonte, pour la 
Uiof*. une écurie, un réservoir, une pompe à vent, à chevaux ou à vapeur, etc. 
Il fNt rare île dépenser de ce chef moins de 23 000 francs. 

.\joulvz l'achat du bétail. On peut juger du capital nécessaire par l'aperçu 
•Ifs prix sui%*ant. Dans la régions du Darling. un taureau coûte moyenne- 
tn^fïi 125 francs, une vache ou un bieuf de 10 à 65 francs, un cheval de selle 
<!•* 15 à 200 francs, un cheval de trait de 250 à 500 francs, un bélier de iO à 
5*) franrs, une brebis 150 francs environ. Nous ne parlons, bien entendu, que 
«les animaux communs. Les animaux de luxe, destinés à la reproduction, 
f tûtont beaucoup plus cher et atteignent parfois des prix fantastiques. Un 
magnifique bélier mérinos américain a été vendu 125 000 francs. Mais peu 



160 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

d'éleveurs font de la reproduction de choix; ils préfèrent s'approvisionner 
dans les troupeaux connus et réputés. 

Reste enfin le personnel qu'il faut s'assurer^ non sans quelques difficultés ^ 
Son entretien (logement et nourriture) est naturellement à la chaîne du 
squatter. Voici un aperçu des salaires annuels. Un managef* coûte 5 000 francs 
(sans compter un tant pour cent sur les bénéfices), un assistant^manager 
2 500 francs, un charpentier 1 500 francs, un charretier ou un conducteur de 
froupeaux 1 300 francs, un berger 1 250 francs, un boundarg-rider ou un 
hommoà tout faire, 1 000 francs chacun. 

Les frais de premier établissement et les dépenses courantes sont, on le 
voit, très élevés. 



Quand le squatter a son troupeau, il est encore exposé à le perdre ou tout 
au moins à en perdre une partie par suite des maladies. Certaines ont opéré 
de grands ravages. Sans doute le bétail australien en général est relativement 
exempt de maladies contagieuses et épidémiques (morve, farcin, rage, clavelée) 
grâce à la distance qui sépare TAustralic de l'Europe, à la longueur du voyage 
et aussi à la sévérité des règlements sanitaires : aucun animal domestique ne 
peut être introduit s'il ne vient des Iles britanniques et s'il n'a subi, avant son 
départ, un sévère examen constaté par un certificat. Sans doute aussi plusieurs 
maladies, qui ont régné jadis, ont aujourd'hui disparu, comme la gale et la 
roguc. Mais les affections qui se développent encore parmi les troupeaux sont 
la cause de grandes pertes. 

Les principales sont le fourchet, la fasciole, que l'on combat en faisant 
écouler les eaux stagnantes et en brûlant les pâturages infectés, la péripneu- 
monie et le charbon. Celui-ci, en raison du mal qu'il a fait et qu'il fait 
encore, mérite une mention spéciale. Le charbon ou anthrax a apparu 
brusquement en 1847 dans le comté de Cumberland, d'où il a tiré son nom 
australien de maladie de Cumberland {Cumberland disease). La nature vraie 
de cette grave affection a été longtemps méconnue ; elle n'a été établie 
qu*en 1888 par la mission envoyée par Pasteur et dirigée par le D'Adrien Loir. 
Celui-ci a trouvé dans le sang des animaux malades le Bacillus anthracis. Le 
charbon a été la cause d'énormes pertes pour les éleveurs : pendant plusieurs 
années le bétail perdit annuellement 200 000 têtes. De nombreux troupeaux 
ont été réduits de 10 à 12 p. 100, quelques-uns de 30 à 40 p. 100. Aujourd'hui 

1. Dans certaines colonies, notamment le Queenslaud, le gouvernement se charge de fournir 
la main-d'œuvre aux éleveurs. Un service, le Labour Bureau, tient note desoflTres et des demandes 
et met en rapport employeurs et employés. Dans un ptys peu peuplé et où les communications 
sont difficiles, ce système consUtue une très heureuse application du socialisme d'État. 



L*AUSTRALIB PASTORALE. 161 

le charbon est combattu par la vaccination pastorienne, introduite par 
M. Momont, élève de Pasteur; il est devenu rare*. 

Une circonstance rend très difficile en Australie la lutte contre les maladies 
conlaffienses. Cest que les moutons vivent librement sur les run$; ils y 
vivent, ils y meurent, sans que nul s*inquiëte d'eux. Les cadavres jonchent 
le sol et infectent les pâturages. Il faut ajouter que les troupeaux, obligés k 
lie longues marches, «ont souvent surmenés et deviennent ainsi plus sensibles 
aux diverses affections. 



En dehors du cas spécial des maladies, il est indiscutable que, depuis une 
trentaine d'années, le troupeau australien a subi un commencement de dégé- 
nérescence, qui a diminué et qui diminuera sans doute encore la valeur de la 
laine. Le fait est grave; quelles en sont les causes? A notre avis on doit les 
chercher dans Tabus des croisements entre parents et dans Tintroduclion des 
mérinos américains. 

On s'est engoué un moment en Australie de la doctrine qui consiste i 
rrotser toujours les meilleurs animaux, quelle que so!t leur parenté; et il faut 
reconnaitre que ce procédé a donné à certains éleveurs d^xcellents résultats. 
Les troupeaux formés ainsi par M. Baies sont justement réputés. Mais pour 
n*ussir il faut une prudence, un tact, une habileté, une faculté d'observation, 
une science du dosage, pour ainsi dire, dont sont dépourvus la plupart des 
éleveurs. Aussi les échecs ont-ils été très nombreux. 

Quant aux mérinos américains, leur influence a été vivement discutée 
depuis leur introduction en 1866. Ici encore, certains ont bien réussi, grâce 
a leur habileté et à dos soins attentifs; mais la plupart ont obtenu des produits 
médiocres. On allègue, il est vrai, que les croisés américains ont une toison 
plus lourde (en moyenne elle pèse une livre de plus que celle des autres 
moutons). Mais par contre la qualité de la laine est relativement inférieure; 
file forme des plis et des replis, elle est rude au toucher et elle ressemble i 
des cheveux. D*une manière générale et quelques heureuses exceptions mises 
à part, les pratiques suivies ont diminué la valeur de l'espèce ovine. 

Cette question des croisements est primordiale. C'est que la laine est 
comme le vin; la nature de celui-ci est liée à la fois au .sol, au climat et aux 
ré|)ages choisis; la laine de son côté dépond du sol, du climat et de la race. 
Sans modifier Tune ou l'autre de ces conditions, on ne peut produire à volonté 
ti-lle ou telle qualité de laine. Or, i de certains moments, il y a une mode qui 
préilomine pour une qualité donnée de laine. Les acheteurs la réclament et 
nVn veulent pas d'autres. Il faut alors que le? éleveurs transforment leurs 

i. ty .%«lrien L.«»ir. tji microbiologie en AuMiralie, Paris, Steinhoil, IhO?. 




182 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

troupeaux i grands frais. Malheureusement, au bout de quelque temps, la 
mode change. Il faudrait une nouvelle transformation. Mais il est 1res difû- 
cile et très long de faire disparaître le type précédemment créé. Sur ce 
point les études du professeur J.-L. Leconde et de M. J.-J. Woodeward, de 
Washington, sont fort démonstratives ^ Ces deux savants ont établi que le 
mérinos pur possède de 7 à 8 000 fibres par centimètre carré, alors que les 
races grossières n*en ont pas plus de 800 à 1 000. Le vingtième croisement 
d*un pur bélier mérinos avec une race commune fait tomber le nombre des 
fibres à 4 000. On voit combien il peut être long de faire disparaître les eflels 
d*un mauvais croisement et dans quels embarras se trouvent les éleveurs, aux 
prises avec les exigences variables de l'industrie. 



En présence de tant de difficultés, d'incertitudes et de pertes, les squatters 
auraient eu besoin de Tappui, tout au moins de la neutralité de TÉtat. Or, 
c'est un fait que les pouvoirs publics sont aujourd'hui hostiles aux pastora- 
listes. Par suite de la concentration des habitants dans les grandes villes, qui 
renferment parfois un tiers, parfois même presque la moitié de la population 
totale de chaque colonie*, le pouvoir est passé, sinon aux mains, du moins 
sous le contrôle, comme disent les Australiens, du p^vli ouvrier {labour party)^. 
Or, les intérêts de la classe ouvrière sont opposés à ceux de la classe pasto- 
rale. Ce sont les ouvriers qui, pour maintenir les hauts salaires, ont fait voter 
des droits de douane très élevés et aujourd'hui généralisés : car le dernier Etat 
libre-échangiste, la Nouvelle Galles du Sud, a cessé de l'être en 1901. Les 
prix de la plupart des objets ont considérablement haussé et cet inconvénient 
se fait surtout sentir dans l'intérieur où les prix sont encore majorés de frais de 
transports onéreux (0 fr. 54 par tonne et par kilomètre pour gagner la gare, 
distante parfois de plusieurs centaines de kilomètres). Plusieurs pays ont usé 
de réciprocité à l'égard de l'Australie, en élevant des barrières douanières 
contre les produits australiens. Les éleveurs, exportateurs de laine et de 
viande, souffrent beaucoup de cette situation; c'est ainsi que le commerce de 
la laine avec les Etats-Unis est absolument paralysé par les tarifs américains. 

Sous la pression du parti ouvrier, plusieurs colonies ont imposé des 
limites dans le temps et dans l'espace aux grandes propriétés et aux grandes 

• 

{. Voir The National Association ofwool growers. Vol. Il, n* 7. Washington, 4875. 

2« Les nombres suivants indiquent, pour chaque capitale, le rappoil entre sa population et 
celle de la colonie correspondante : Perth 19,70 p. 100, Brisbane 23,73 p, 100, Sydney 35,90 p. ÎOO, 
Melbourne 41,13 p. 100, Adélaïde 44,75 (162 261 habitants sur une population coloniale de 962 604). 
A ce taux, Paris aurait près de 18 millions d'habitants. 

3. Sur le socialisme en Australie, voir Pierre Leroy-Beaulîeu, Les nouvelles sociétés anglo-saxonnet. 
Nouvelle édition. Paris, Colin, 1901. — Albert Métin, Le socialisme sans doctrines. Paris, Alcan, 1901. 
Louis Vigouroux, Uévolution sociale en Ausiralasie. Paris, Colin, 1902. — Biard d*Aunet, U Aurore 
australe. Paris, Pion, 1907. — Voir aussi une très intéressante conférence de M. Gaston Bordât à 
la Société de Géographie commerciale (1904). Tous ces travaux sont, à des titres divei*s, des plus 
remarquables. 



LAtSTRALIE PASTORALE. 163 

locatHins. Lia raison invoquée est la nécessité de peupler davantage l*intérieur 
du pays. Les terres occupées en trop par les sf/naUerM leur sont reprises, puis 
M>nl alloties et livrées à la colonisation. C'est une véritable campagne qui a 
clé entreprise contre les latifundia. En certains cas même TEtat exproprie, 
pour cause d*utilité publique, les grands domaines ^ Les éleveurs se plaignent 
virement de toutes ces difficultés qui leur sont suscitées par les pouvoirs 
publics et font valoir, non sans raison, qu'à cause des sécheresses ils ont 
besoin de beaucoup d'espace et que, par suite des avances qu'ils sont obligés 
de faire, il leur faudrait pouvoir disposer avec certitude d'un long laps de 
temps. 

Le parti ouvrier a fait surcharger d'impôts les terres possédées ou louées 
par les éleveurs. Dans la Nouvelle (lalles du Sud, par exemple, ils ont à payer: 
1* les licences dWcupation, baux pastoraux, etc. ; 2* la taxe de capitation sur 
le gros bétail (25 francs par 100 tôles); 3* la (axe sur les moutons (10 francs 
par mille); 4* l'impôt foncier (0 fr. 10 par 25 francs de revenu au-dessus de 
6000 francs); 5* l'impôt sur le revenu (0 fr. 63 par 25 francs de revenu 
au*dessus de 5000 francs); 6"* l'impôt sur la valeur primitive des terres, c'est- 
à-dire sur la valeur des terres évaluées h l'état inculte, le propriétaire ou le 
locataire bénéficiant sans rien payer des améliorations qu'il a introduites. Cet 
impôt est une nouveauté socialiste. La base en est vague et les difficultés 
d'application en sont nombreuses. La taxe est de fr. 10 par 25 francs. 

1^ Nouvelle Galles du Sud est encore assez conservatrice et les squatters 
néo-gallois sont privilégiés par rapport à ceux de Victoria et surtout à ceux 
de l'Australie du Sud. Le Premier de cette colonie, M. Kingston, a fait voter 
en 1893, un lourd impôt progressif sur les propriétés foncières et sur les 
n'%enus de tout genre. C'est la première application du principe de la pro- 
gression en Australie. Sous l'inlluence des théories de Henry (leorge, la loi 
dislingue la plus-value créée par le travail et la plus-value imméritée. Seule 
la seconde, déterminée par une enquête périodique, est atteinte par la taxe. 
L'Australie du Sud est même allée plus loin. Elle frappe d'un impôt de 20 p. 100 
«ur le revenu toutes les terres dont le propriétaire ne vit pas dans la colonie. 
hf^ pastoralistes sont traités en étrangers ou, pour mieux dire, en ennemis. 

Une conséquence, facile à prévoir, de la politique du parti ouvrier a 
été la fréquence des grèves parmi les travailleurs de l'industrie pastorale. 
Les principaux sont les tondeurs, ouvriers nomades et très imlépendants. 
Presque tous sont syndiqués et leurs divers syndicats sont groupés en une puis- 
sante fédération. Depuis 1890, trois grandes grèves ont édité en Nouvelle 
Galles du Sud et en Queensland dans le but d'obliger les patrons à n'employer 

I. tM iiiémr poUliquf* te pratique aujourd'hui <!an< la Répul»liquc nrci-nliiie (Voir P. Schrader, 
Et Artfrmitme^ in ta G^'offraphie, XVI, 2, 15 août V^O*!, |i. V3-9i). Le rachat obligatoire. éUbli par 
k* Ctoêer Seiltemtnt .Irl*, existe en Au«>traiie ilniiî» les Imi»» cidonic» de Qurensland, Victoria et 
Att«trabe du S ad. 



161 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

que des ouvriers syndiqués et à payer les salaires fixés par les syndicats. 
Ces tentatives ont échoué, mais elles ont causé beaucoup de ruines. 

A la suite des grèves et d^une crise des banques en i893, le prix de la 
laine subit une baisse considérable. Les prix ont, il est vrai, remonté en 
1898 et 1899; mais la sécheresse a empêché les squatters de profiter de la 
hausse et beaucoup de stations ont disparu. 



On pourrait croire qu'en payant de si lourdes charges, les éleveurs ont 
au moins acheté le droit de vivre en sécurité sur une terre bien à eux pour 
un temps donné. Il n*en est rien : après le politicien, ils ont un autre 
ennemi, le sélecteur. Le sélecteur est un produit spécial à l'Australie; il est 
né du désir des gouvernements de peupler les solitudes de l'intérieur. 
Diverses lois, dont la première date de 1860, ont créé ce qu'on appelle en 
Australie le libre choix des terres avant l'allotissement {free sélection before 
survey). Chacun peut prendre dans les terres publiques, même dans celles 
louées aux squatters^ jusqu'à plusieurs centaines d'acres' au prix de 25 francs 
l'acre, payés un quart comptant et le reste en annuités. Le sélecteur doit 
enclore son terrain et y élever une maison. 

C'est fort bien en théorie; mais, dans la pratique, que se passe-t-il? 
Beaucoup de sélecteurs n'ont aucune intention de cultiver la terre; se 
procurer, en versant une somme minime, un lot de terre n'est pour eux 
qu'un moyen de le revendre à bon prix, avant d'avoir commencé à payer ' 

les annuités convenues et d'avoir fait aucun frais. Le moyen est très simple : 
il consiste à faire chanter le squattei\ i 

Un beau matin, celui-ci voit, sur son domaine, une hutte et quelques | 

poteaux indicateurs. C'est un sélecteur qui est venu s'installer et toujours | 

en un point dont le squatter a besoin, près d'une mare ou d'une source par I 

exemple, de sorte que les troupeaux ne peuvent plus s'abreuver. Le squatter j 

attend d'abord; il sait que l'autre n'a pas d'argent. Mais celui-ci corrompt 
les employés du run au moyen du whisky et |du gin; il vit tranquillement 
en volant les animaux; certains possèdent des chiens dressés à rabattre les 
troupeaux. Le squatter est à la fin obligé de céder et de racheter chèrement 
le lopin de terre. 

Telle est la lutte de l'éleveur et du sélecteur, du cacatois comme on 
l'appelle. L'éleveur, dans cette lutte, est toujours vaincu et sa défaite 
engendre d'autres défaites; car les sélecteurs se donnent le mot et viennent 
à tour de rôle faire chanter le malheureux pastoraliste. Il a payé; il paiera 
encore et il rachètera plusieurs fois le même terrain sans le posséder jamais. 

1. L'acre est une mesure agraire valant 40 ares 4671. 



L'AISTRALIB PASTORALE. IC5 

La sélection libre, restreinte aujourJ*hui, mais qui n*a pas entièrement 
disparu, a été un véritable fléau pour Fart pastoral. 



De plus grands malheurs encore ont été le résultat du développement des* 
lapins. On les a introduits pour servir de gibier, en môme temps que les 
moineaux : on voulait des animaux très proliGques. L*Australie a été 
servie à souhait et mieux qu*ellc ne Teût voulu : les deux lapins, amenés 
en 1K62, sont devenus des milliards. 

Le lapin australien est plus petit que son con^rénère d*Europe; mais il 
n*est pas moins vorace, bien au contraire. De plus il s*est adapté aux 
conditions locales : il sait traverser une rivière à la nage et grimper aux 
arbres pour ronger Técorce et les feuilles. 

Les dé^Ats causés par les lapins sont incalculables : on les évalue à plus 
d*un milliard. Ils ont envahi les districts entiers et partout où passent ces 
nouveaux fléaiw de Diea^ Therbe ne repousse plus. Cinq lapins mangent 
autant qu*un mouton; les pâluragres disparaissent avec une effrayante rapidité. 

d'est en 1876 que le désastre a été signalé officiellement et, dès 1878, 
la loi a classé les lapins comme aniniaux nuisibles. On a employé contre 
eux tous les moyens : pièces fixes, mobiles, à rabattement, poisons, chiens 
dressés, feu, famine, destruction méthodique des terriers. Rien n*a réussi. 
On a institue aussi des primes pour leur destruction (jusqu'à fr. 60 par 
t(Me) et rÉtat a dépensé de ce chef en six ans (t878-188i) la somme énorme 
de 29 4i0075 francs. Le massacre a été elTrayant : en une seule année en 
Nouvelle Galles on a tué 23 millions de rongeurs; sur certaines stations 
un million, 1250000 même ont péri. Rien n*a paru changé dans le pays 
et on a alors supprimé les primes, qui coûtaient trop cher. Mais en compen* 
sation le gouvernement se chargeait d*unc partie des frais de destruction : 
ce système a coûté i TEtat en trois ans (i88i-l8K6) 11 millions de francs 
|Niur la protection de deux cent cinq propriétés. Le résultat a été loin d*étre 
en rapport avec de pareilles dépenses. 

En Australie, pays de socialisme d*État, tout finit par des modifications 
— on n*ose dire des réformes — administratives et des créations de fonctions 
publiques. Dans Timpossibilité de détruire les lapins, on s*est résigné à vivre 
deux. En 1883, une direction générale pour la guerre aux rongeurs a été 
créée au ministère des Mines et de TAgriculture; le pays a été divisé en 
districts spéciaux {raùttU-dislricLs) et un corps d'inspecteurs a été reformé. 
Os ins|>ecteurs ont beaucoup inspecté, beaucoup observé et ont rédigé de très 
intéressants et très instructifs rapports. Mais les lapins n*en ont que pullulé 
davantage sous la surveillance, presque sous la protection, de Tadroinistration. 



166 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

En désespoir de cause, on s*est adressé à la science et on a soliicilé Taide 
de Pasteur. Une récompense nationale de 625 000 francs (£ 25 000) lui fut 
promise, s'il réussissait à débarrasser TAustralie du fléau qui la désolait. 
Pasteur avait précisément étudié le choléra des poules, maladie connmuni- 
cable aux lapins. Il pensa qu'en répandant aux alentours des terriers du 
fourrage empoisonné par le germe morbide, Tépidémie se développerait de 
proche en proche parmi les rongeurs et que la race maudite s'éteindrait 
rapidement. Il envoya donc en Australie une mission sous la direclioQ de 
son neveu, le D' Adrien Loir. 

La missiçn demeura en Australie de 1888 à 1891. Mais, contrairement 
à ce qu'elle espérait, elle ne reçut qu'un accueil assez réservé- C'est que les 
squatters avaient changé d'idée; ce qu'ils demandaient alors, ce n'était plus 
la destruction des lapins, mais une diminution du loyer des terres. Aussi 
mirent-ils toutes sortes d'entraves à l'œuvre de la mission, qui fît d'inté- 
ressants travaux, mais, somme toute, n'aboutit à aucun résultat pratique. On 
aflecta de croire qu'elle pourrait infester de microbes le sol australien et on 
la relégua dans une petite île couverte d'une immense cloche métallique. 
On lui interdit de pénétrer dans l'intérieur du pays, sous prétexte qu'elle 
pourrait communiquer des maladies contagieuses au bétail. Enfîn on fît 
juger son procédé par une commission présidée précisément par le principal 
importateur des barrières en fît de fer destinées à combattre l'invasion des 
rongeurs : cet homme, qui vivait des lapins, ne craignait rien tant que leur 
destruction. Dans ces conditions, l'échec était certain*. 

Dans la suite, pendant une longue période de sécheresse, on oublia un peu 
les lapins, dont le manque d'eau et d'herbe faisait d'ailleurs chaque année et 
fort économiquement des hécatombes. C'est le moment où l'on songea surtout 
à préserver les régions encore indemnes. Le procédé employé consiste à 
entourer les propriétés ou les districts à protéger de barrières en treillage de 
fil de fer, enfoncées de 30 centimètres dans le sol. Les travaux exécutés sont 
considérables. Le gouvernement de la Nouvelle Galles du Sud, par exemple, a 
fait établir 1 130 kilomètres de barrières au prix de 900 francs le kilomètre; de 
leur côté les particuliers en ont fait construire 22 000 kilomètres. Les Rabbit- 
Doards du Queensland ont aussi contribué à la défense commune par un mur 
continu de 3 400 kilomètres. Si remarquable que soit ce travail, il ne vise qu a 
la préservation de certaines régions; il ne détruit pas la cause du fléau; bien 
plus, il voue à une ruine certaine les districts non protégés. 

Depuis 1903-1904, c'est-à-dire depuis la fin de la sécheresse, on se préoc- 
cupe à nouveau des lapins. Le gouvernement de la Nouvelle Galles du Sud s'est 
adressé à l'Institut Pasteur, et, en 1906, une mission, dirigée par le D' Danisz 

i. V. D' Adrien Loir, La microbiologie en Australie. Paris, Steinhel, 1892. 



L'AUSTaiLIfi PASTORALK. |«7 

s'est rendue à Sydney. BHe y poursuit ses éludes ; mais elle a à lutter contre 
rhosiilitê du parti ouvrier, intéressé à défendre les quelques milliers derabbii- 
t^rt qui vivent, sur les stations, de la destruction des rongeurs. 

Dans ces dernières années la lutte contre les lapins a pris une forme 
ori^nale et rémunératrice. On s*est mis à exporter à Londres les peaux et la 
viande congelée de ces animaux. Ils se vendent sur le marché anglais de 
I fr. à 1 fr. 25 pièce et, en 1905, Texportation a atteint 17 millions de francs. 
Mais les bénéfices produits par cette nouvelle utilisation des rongeurs ne sont 
qu*Qne maigre compensation aux ruines qu'ils ont causées. 

Somme toute, à Theure actuelle, la rabbii-pest est le principal obstacle i 
IVxtension de Tart pastoral dans les districts pauvres de Tintérieur*. 



C'est encore la sécheresse qui a été et qui est toujours le fléau le plus 
redoutable pour les éleveurs. Après les frais énormes d^iastallalion et d'entre- 
tii*n, les maladies du bétail» la dégénérescence du troupeau, le chantage des 
sélecteurs, l'hostilité des pouvoirs publics, la voracité des lapins, la sécheresse 
est pour les iquallers la septième plaie (fÉgi/ple^ comme disent les Austra- 
liens, imbus de souvenirs bibliques. 

La sécheresse est le malheur de rAustralic. C*est elle qui l'empêche de 
devenir un pays de grande culture et d'activé colonisation et qui la voue pour 
toujours a Télevage extensif. Chaque année, il y a plusieurs mois secs, au 
printemps et en été principalement (octobre-mars). Mais parfois les périodes 
sèches se prolongent pendant une année entière, comme en 1878, ou même 
pendant plusieurs années, comme de 1823 à 1829 (trois ans). La sécheresse la 
plus épouvantable est celle qui a désolé l'Australie de 1897 i 1903, pendant 
sept années. Nous avons, précisément en 1903, parcouru le bassin du Murray- 
Darling et n'oublierons jamais l'aspect lamentable du pays, les arbres, 
dépouillés de leurs feuilles et leur écorce et dressant sous le ciel bleu leurs 
mélancoliques squelettes blanchis, la terre jaunie et pelée enveloppée d*un 
voile de poussière, le sol parsemé josqu*à Thorizon de milliers de cadavres de 
moutons et de chevaux. L'Australie intérieure n'était plus qu'un vaste cime- 
tirro où, avec tant de richesses évanouies, dormaient les grands espoirs 
dautrefois. 

Les pertes subies par les éleveurs ont été elTroyables. Le commerce de la 
laine, en grande partie transportée par eau, a été paralysé par l'arrêt des 
rivières : le Murrumbidgee et le .Murray par exemple ont cessé de couler pendant 

1. Voir Paul Prival-Deschanel, La question des lapins en Au>ttalif^ in Ui Sature (n* 1810, 
I* février I90S, p. iS»-143). 



168 PAUL PmVAT-DESGHANEL. 

plus d*un an (1902-1903). Le bétail a péri en masse — non de soif comme on 
pourrait croire, — mais de faim, faute d^herbe : à Jemalong les deux tiers du 
troupeau sont morts; à Mercadool nous avons vu le nombre des animaux 
réduit de 100 000 à 5000. Le troupeau queenslandais sur 14 341 438 tètes, eo 
a perdu 4 107 658; c*estune réduction de 29 p. 100. La Nouvelle Galles a perdu 
la moitié de son bétail. Les pertes subies se chiffrent par milliards. Un grand 
nombre de petits éleveurs ont été complètement ruinés et Tessor deTAustralie 
a été arrêté pour bien des années. 

Pourtant la lutte contre la sécheresse se poursuit activement grâce à un 
admirable ensemble de travaux hydrauliques. On a commencé à barrer les 
rivières pour emmagasiner les eaux abondantes de Thiver et les distribuer en 
été. Les réservoirs de Wotton, sur le Macquarie, de Cowra et du lac Cudgel- 
lico sur le Lachlan, de Barren Jack sur le Murrumbidgee et de Talmalmo 
sur le Murray, donneront annuellement, quand ils seront terminés, 
2280254460 mètres cubes d*eau. En outre, depuis 1880, on fore des puits 
artésiens. Les résultats obtenus ont été assez médiocres en Victoria, dans 
r.Australie du Sud et dans TAustralie de TOuest; mais dans la Nouvelle Galles 
et le Queensland, toutes les espérances conçues à l'origine se sont largement 
réalisées. Ces deux colonies renferment 1118 puits, dont le plus profond atteint 
1539 mètres et dont le plus abondant donne par jour 1 945 000 litres. Au total, 
les puits artésiens queenslandais et néo-gallois ont un débit annuel de 
909 254 458 mètres cubes. 

L'eau sert particulièrement à irriguer des champs de luzerne, avec laquelle 
on nourrit les animaux pendant la saison sèche. La culture de la luzerne irri- 
guée est actuellement Tespoir des pastoralistes australiens ^ 

Paul Privat-Descuanel. 
(La fin au prochain numéro,) 



1. Sur la question de Teau en Australie, on trouvera, dans le Journal officiel du 26 novem- 
bre 1905 et dans La Géographie du 15 décembre 1905, le résumé, dû à M. Frédéric Lemoine, d'une 
communication que nous avons faite sur ce sujet à la Société de Géographie de Paris. Voir aussi 
Paul PrivatrDeschanel in la Nature (n<* 1714, 31 mars 1906, p. 279-283), in Le Génie civil (t. XLIX, 
n" 20, p. 309) et in Annales Ge géographie, 15 mars, 15 mai et 15 juillet 1908, t. XVII. 



L'expédition Mylius-Erichsen 

dans le Grôniand nord-oriental' 



Dans le domaine de lexploration arctique le Danemark vienl de remporter un 
macnifiquc succès. L'expédition Mylius-Erichsen a réussi à reconnaître toute la 
I^irtie de la rôte nord est du GrOnland, comprise entre le cap Bismarck (76* 46' de 
L-il. X. et la Imîc de l'Indépendance, et, qui était demeurée jusqu'ici inconnue. Elle 
n ainsi comblé le dernier grand blanc existant sur la carte du GK^nland et réalisé 
un des principaux desiderata de la géographie polaire. Malheureusement cette belle 
\ictoire a été achetée au prix d'un lourd sacrifice, Mylius-Erichsen et deux de ses 
(umiMi^nons ont succoml)é à la plus atroce des morts dans la région même qu'ils 
niaient dtVou verte. 

.\pK's avoir accompli une fructueuse exploration dans le nord du Grôniand occi- 
di^ntal, Mylius-Erichsen était parti en 1906 pour reconnaître l'angle nord-est de 
cotte terre, et achever ainsi Tœuvre admirable accomplie par le Danemark sur la 
i'^te orientale. Son expédition était parfaitement organisée, montée sur un solide 
ijAvire, le Danmark, commandé par le capitaine Trolle, de la marine royale, et 
•li'«|N>sait d'un grand nombre de chiens. Le personnel comptait en tout vingt-huit 
l.**mmcs, dont deux peintres, et, comme dans toutes les missions de ce genre, plu- 
«»iour» naturalistes. 

Le :!i juillet 1906, Texpédition quittait l'Islande, et, le 7 août, arrivait on vue de 
nie Koldewey (76* 20' de Lat. N.), sur la côte orientale du GrOnland. Cinq jours 
plus lard, un débarquement sur cette Ile était o|)éré. Avançant à travers un canal 
('••lier libre, le Danmark doublait ensuite le cap Bismarck, et parvenait jusqu'au 
77* DO', où. entre le cap Marie A^aldemar et Tile d'Orléans, il était arrêté par un pack 
impénétrable. Devant cet obstacle on bat en retraite et on va s'établir (tour l'hiver 
il.in% un excellent mouillage, à quelques milles à l'ouest du cap Bismarck, qui fut 
Uiptisédu nom de Port-Danemark (76" 46 17" de Lat. N. et 18« 37' de Long. 0. deCîr. ) — 

La fin de l'été et l'automne furent employés à des reconnaissances à grand 

I. ijiriXr rrUlion a été rédigée iPaprès le rapport adressé au comité ilircctetir île Tcxpédilion 
|»tr le rommaOfUot Trolle, de U marine myale danoise, rhef de l'expédition après la di^pantion 
•i' ll>liut-Erich»en, r( publié dans le Sat tonal Ttàende^ de Copenhague (n* du soir du 18 aotU (UO^. 
r.* du malin et du soir du 19 août, n* du matin du 20 août). Nous nous sommes é^alement servis 
'J uo rapport tie M\Uus-Erichsen, contenu dans le n* du soir du 20 août du Sali mal Tidende. 

<>» loléressaots documents, nous les devons a M. l'amiral Wandel; nous tenons à lui exprimer 
1' . tous nos remercieroenti de cette communication. 

La GAocftAra». - T. XVIII. IMS. 



170 CHARLES RABOT. 

royon autourde la station. Mylius-Erichsen explora ainsi la baie Dove, tandis qu'une 
autre groupe exécutait des levers jusqu'au 78° 15' de Lat. N. — Pendant l'arrière- 
saison et Thiver des dépôts de vivres furent en outre établis jusqu'au 78<*15', en 
vue de la grande expédition projetée au printemps. 

Le 28 mars 1906, cette expédition se mit en marche pour entreprendre l'explora- 
tion du Grônland nord-oriental, qui constituait l'objet principal de la mission. Elle 
était divisée en quatre escouades. L'une .commandée par Mylius-Erichjsen et com- 
posée de Hagen, topographe, et, du GrOnlandais Broulund, devait pousser jusqu'au 
cap Glacier, dans le canal de Peary (81° 40' de Lat. N. et SS** de Long. 0. environ). 
La seconde escouade, formée du lieutenant d'infanterie Koch, du peintre Bertelsen 
et d'un GrOnlandais, avait pour mission d'atteindre la côte est de la terre Pearj , 
tandis que la troisième, qui ne comptait que deux hommes, s'avancerait jusqu'à la 
baie de l'Indépendance, et, au retour, exécuterait le lever de la côte entre cette baie 
et le port d'hivernage. La quatrième escouade, composée également de deux hommes, 
devait suivre le même itinéraire que le troisième groupe et au retour relever la 
chained'îles située en avant de la côte*. En tout, l'expédition comptait dix trainceui 
et quatre-vingt-six chiens- 

Le 22 avril, après avoir franchi au prix de grandes difficultés le bord inférieur 
d'une portion de Vinlandsis, large de 225 kilomètres, qui déborde en mer, celle 
nombreuse caravane parvenait au mont Mallemuk, situé sur un promontoire par 
80M3'deLat. N. — 

Là, la quatrième escouade battit en retraite, l'archipel côtier qu'elle avait mission 
de relever ne s'étendant pas au nord du cap. En ce point un dépôt fut établi et 
le reste de la troupe poursuivit vers le nord. Le passage devant le Mallemuk pré- 
senta d'énormes diffîcultés, en raison de la présence de larges nappes d'eau libre qui 
s'étendaient jusqu'à la côte. Comme, d'autre part, la terre ferme n'offrait aucune 
piste praticable, on dut cheminer sur une glace très mince qui à chaque pas mena 
çait de se rompre sous le poids des traîneaux. 

Le 27 avril, les explorateurs arrivaient à la terre Âmdrup (80' 43' de Lat. N.). La 
troisième escouade révint alors en arrière pour relever deux complexes fjordiens 
situés entre 79*» et 80'' 40'. 

Après quoi les deux groupes commandés par Mylîus-Erîchsen et Koch conti- 
nuèrent vers le nord avec six traîneaux et cinquante- trois chiens. Deux jours plus 
tard, le 29 avril, ils doublaient l'extrémité nord-est du Grônland (81** 30' de Lat. N). 
Ce promontoire s'avance dans l'est jusqu'au 12*» de Long. 0. de Gr. environ, c'est-à- 
dire beaucoup plus loin dans cette direction qu'on ne le supposait. 
' A cette date les approvisionnements étaient déjà réduits, et il ne fut possible 
d'établir sur ce promontoire qu'un dépôt peu important. 

Dans dé telles conditions la continuation de la marche entraînait de grands 
risques et constituait une très grosse imprudence. Néanmoins les membres des deux 

1. Le banc de la Belgica par 78** 10' est probablement le prolongement méridional de cet archipel 
côtier découvert par l'expédition Mylius-Brichsen (Voir Expédition arctique du duc d*OrIéao$. 
Itinéraire de la « Belgica ». Carte dressée par le commandant de Gerlache, in La Géographie, XIV, 
3, 15, PI. I. 



LA CtOCRAPHIC 
^ 




ttttvor 



rMé. it, — CAKTi pmovuoim dc Gnô^L.i:vD ^ioro-oriintal, diaprés lks levers de l'cxpéoitio.x 

11YLII'S-ER1CHSE>'. 
krf r<^lactioo d ooe cMrUi poMuV par lo A'n/iona/ Tiifn'le, «le ropcnha^uc d* <1u matm «lu VJ août V,tv^ . 



n2 CHARLES RABOT. 

escouades entraînés par l'espoir de grandes découvertes, prirent à runanimité la 
résolution de pousser en avant. Us étaient d'ailleurs en droit de conapter sur un 
ravitaillement aux dépens des bœufs musqués qui fréquentent ces parages Lors 
de ses deux expéditions à la baie de l'Indépendance, Peary n'avait-il pas tué plu- 
sieurs de ces bovidés sur les bords de ce fjord. Mylius-Erichsen et Koch suivirent 
de conserve la côte nord du Grônland, puis le 1" mai se séparèrent, le premier 
pour poursuivre vers l'ouest, le second pour se diriger vers la terre Peary. A celle 
date les explorateurs n'avaient plus que quatorze jours de vivres!! Et ce qui était 
non moins grave, leurs chiens nourris depuis le départ avec un mélange de suif et 
de viande de baleine donnaient des signes évidents de faiblesse. Autant ces ani- 
maux sont capables d'efforts, lorsqu'ils sont nourris de viande fraîche, autant ils 
perdent rapidement leurs forces, s'ils sont soumis à une alimentation de conserves. 

Quelques jours plus tard Mylius-Erichsen trouva sa route barrée par un large et 
long fjord, ouvert vers le sud-ouest, le fjord Danemark, qu'il prit d'abord pour le 
canal Peary. Seulement lorsqu'il fut parvenu à l'extrémité supérieure de ce goulet, 
l'erreur, très facilement explicable d'ailleurs, fut reconnue; elle avait eu toutefois 
pour conséquence d entraîner la caravane à 150 kilomètres en dehors de son itiné- 
raire. A quelque chose malheur est bon. Dans ces parages l'expédition réussit à 
tuer vingt et un bœufs musqués et put ainsi se procurer un abondant approvi- 
sionnement en viande fraîche. 

Seulement le 28 mai, Mylius Erichsen, après avoir contourné le fjord Danemark, 
parvenaitau cap qui marque l'entréeoucst dece canal, le cap du Riksdag *, et, là avait 
la bonne fortune de rencontrer Koch, retour de son expédition à la terre Peary. La 
seconde escouade avait, elle aussi, tué des bœufs musqués; grâce seulement à cette 
aubaine, elle avait pu accomplir son programme d'exploration, sur la terre 
Peary, et parvenir jusqu'au cap Bridgemam (83* 30' de Lat. N.), en suivant la 
côte orientale de cette île. 

La situation des deux groupes n'était pas précisément brillante. Dans ces con- 
ditions la retraite s'imposait. Sur l'ordre de Mylius-Erichsen, Koch s'achemina 
vers le navire, tandis que lui s'entêta à continuer dans l'ouest, vers le cap Glacier. 
Dans son enthousiasme scientifique le vaillant chef de mission pensait qu'il n'aurait 
rien fait s'il ne parvenait pas à relier ses levers aux itinéraires de Peary. H se 
croyait d'ailleurs à quelques jours seulement du cap, but de ses efforts. 

Mylius n'avait plus alors que huit à neuf jours de vivres, onze jours pour ses 
chiens et une petite quantité de pétrole tout juste suffisante pour la cuisson d'une 
vingtaine de repas. L'escouade de Koch n'était pas mieux approvisionnée. Et, 
le plus prochain dépôt, celui de la terre Amdrup, était éloigné de 340 kilo- 
mètres 1 



Au delà du cap du Riksdag, Mylius-Erichsen rencontra un nouveau fjord trans- 
versal (fjord Hagen). Cette fois encore croyant se trouver devant le canal Peary, il 

1. Le parlemenl danois. 



L'EXPÉDITION MYLIUS-ERICIISEN DANS LE (ilioNLAND NOUD-OniENTAL. 173 

«suivit lo côte de ce bras de mer et accomplit ainsi un nouveau crochet vers le sud. 
Av(H* tous les détours auxquels ces fjords avaient oblige les explorateurs, la distance 
entre le havre d'hivernage de Texpédition et le cap Glacier sVIevait maintenant h 
1 l£t kilomètres, alors que dans rétablissement du programme elle avait été estimée 
a :ï£1 seulement. 

Toigours point de gros gibier, seulement quelques lagopèdes, un maigre butin 
|K>ur trois hommes et vingt-trois chiens afTamci^. Le i juin, les derniers vivres 
^mi consommés. Désormais c'est donc la disette; Mylius-Erichsen et ses deux 
compagnons n*en persistent pas moins dans leur résolution de pousser jusqu'au 
cap (ilacier. S'ils ne rencontrent pas de ba^ufs musqués, c'est la marche & la mort. 

Le 11 juin enfln, les héroïques explorateurs atteignent le but de leur expédition, 
le fameux cap, achevant ainsi la reconnaissance des côtes du GrOnland. (irAce à leur 
folie héroïque une des principales lacunes dans la connaissance de l'Arctique se 
trouve remplie. Ce magniRque succès ne satisfait cependant pas encore Mylius- 
Erichsen. Il passe sur la côte sud de la terre de Feary ou il découvre un fjord 
'fjord JtVrgeu Brôniund), puis le 13 juin rallie le fjord de Danemark. 

I.^es attelages sont épuisés par le manque de nourriture, la neige ramollie par la 
«'haleuf ne porte plus; dans ces conditions la retraite vers le navire devient impos- 
sible. Il faut donc passer l'été sur les bords du fjord Danemark et attendre (|ue 
1"^ premiers froids aient raffermi la piste. Autour de cette baie quelques bœufs mus- 
•|urs ont été tués à l'aller ; peut-être en rencontrera-t-on d'autres et pourra-ton 
aiii-i subsister jusqu'à l'automne? 

Vain espoir! La situation devient bientôt désespérée par suite de la rareté du 
•ribtiT. Seulement de temps à autre on réussit h tuer un bœuf musqué, c'est alors 
(K'ndant plusieurs jours l'abondance, puis la disette recommence, jusqu'à ce qu'une 
rha<se heureuse vienne de nouveau rendre quelque force aux malheureux cxplora- 
tiMirs défaillants. Parfois ils n'ont d'autre ressource que de manger un de leurs 
.•riiens. Ces braves ont fait le sacriflce de leur vie, mais pourvu cfue les résultats 
ip If'ur magnifique exploration soient sauvés, pourvu qu'ils puissent mourir près 
•l'un dê(M*>t où l'expédition de secours trouvera leurs bagages et leurs papiers. 

•I Plus de vivres! Impossible de faire route, et. nous sommes à plus de 900 kilo- 
mètres du navire », écrit le 7 août TEskimo Bn'Wilund dans son journal retrouvé plus 
t.inl à côté de son cadavre. 

Le lendemain, dans l'espérance de trouver des bœufs musqués, Mylius-Erichson 
-t ^e^ deux compagnons s'acheminent vers l'extrémité supérieure du fjord 
Danemark. 

1^ tmnquise qui rec<Mivre ce bras de mer est maintenant toute trouée de clai- 
f i'Tr^ d eau. Les explorateurs traversent ces nap|)es sur des glaçons en dérive, puis, 
! 'r^que au prix d'efforts épuisants ils croient avoir atteint la glace fixe, de nouveau 
lU << tn»uvent arrêtés par une nappe d'eau infranchissable et pendant seize jours, 
.!) H au ±\ août, ils demeurent campés sur un glaçon au milieu du fjord, comme 
« ir une Ile Hottante. 

• Nous a%'ons encore quatorze chiens, mais plus de vivres, écrit Bnuilund. Nous 
tuons un de ces animaux, et en mangeons la moitié; le reste sera notre ration de 



171 CHARLES RABOT. 

demain. La moitié d'un chien pour trois hommes et treize chiens, cela n*est pas 
lourd, et, après Tavoir dévorée, nous sommes aussi affamés qu^auparavant. n 

Le 26 août on abat sept lièvres et treize lagopèdes. 

Concernant la période comprise entre le 31 août et le 19 octobre le jottraal d£ 
Brônlund ne contient pas un mot. A cette dernière date, au lieu de s achemioer 
vers le navire le long de la côte comme à l'aller, la caravane commença Tescalade 
de Vinlandsis qui s'étend entre l'extrémité supérieure du fjord Danemark et la 
terre Lambert ; Mylius-Erichsen espérait abréger le trajet en coupant à travers la 
saillie nord-est du Grônland. La situation des explorateurs est alors terrible; ils n'ont 
plus que quatre chiens épuisés et quelques vivres, potir abri une tente et des sacs 
de couchage usés; enfin leurs chaussures sont on lambeaux. Le froid est devenu 
très vif; avec cela le glacier qu'ils se proposent de traverser leur est complètement 
inconnu et ils vont l'attaquer dans l'obscurité de la nuit hivernale déjà commencée! 
La catastrophe finale est imminente, mais ces vaillants tiennent tète vigoureuse* 
ment à la mort, suivant l'expression du commandant TroUe dans son rapport si 
intéressant et si émouvant. Quoique épuisés par six mois de jeûne, ils trouvent 
encore la force d'accomplir une étape de 7,5 kilomètres! 

Avant de raconter le dénouement de cette effrayante agonie vécue, il est néces- 
saire de résumer la marche des autres escouades et la situation à la station d'hiver- 
nage de l'expédition. 



Le 13 mai et le 31 mai 1907, les deux groupes chargés du lever de la côte et de 
l'archipel entre le cap Bismarck et la terre Amdrup [étaient rentrés à bord du Dati- 
mark. Le 24 juin, Koch avait à son tour rallié le navire, après avoir éprouvé celle 
fois encore les plus grandes difficultés à doubler le mont Mallemuk, en raison de 
la présence de nappes d'eau libre devant ce promontoire. 

Les jours s'écoulaient et jamais Mylius-Erichsen n'apparaissait. Ce retard était 
préoccupant, sans être toutefois encore inquiétant. Il pouvait, en effet, être expliqué 
par la présence d'eaux libres fermant le passage devant le Mallemuk. Au dépôt de 
la terre Amdrup Koch avait laissé le cadavre presque entier d'un morse, afin qu'au 
retour Mylîus pût rassasier ses cliiens; d'autre part la mer étant libre dans ces 
parages, les phoques devaient y être abondants. Il n'y avait donc pas lieu de craindre 
la famine pour les retardataires. 

Néanmoins le commandant Trolle, chef de l'expédition en l'absence de Mylius- 
Erichsen, prépara une expédition de secours. Avant de se remettre en campagne il 
fallait d'abord tuer des morses afin d'assurer aux chiens une copieuse alimenlaticn 
pendant le voyage. L'expérience avait prouvé que nourris avec de la viande de 
baleine pulvérisée et mélangée à du suif, ces animaux s'affaiblissaient brusque- 
ment après un effort tant soit peu prolongé. La malchance semble s'être acharnte 
sur l'expédition danoise; pendant l'été 1907, autour du Port-Danemark, comme 
dans rextrême-nord du Grônland, le gibier fit pour ainsi diredéfauL Les morses, 



L*EXPEniTION MYLII'S'ERICHSEN DANS LE GRÔNLAND NORD-OniENTAL. 115 

HatiTeoieat abondants la saison précédente autour de la station d*hivernagc, 
rtaienl devenus rares; de plus Tétat des glaces en rendait la chasse très difficile. Au 
prix des plus grands efforts on réussit a capturer seulement sept de ces amphibies, 
tout juste de quoi nourrir les attelages pendant I été et fabriquer les rations néces- 
saires a lexpédition de secours. 

(lette expédition, commandée par G. Thostrup, se mit en route le ii septembre 
nvoc six traîneaux tirés chacun par huit chiens. Auparavant la banquise n'aurait 
rtr ni assez solide, ni assez continue pour permettre le passage. Au moment du 
ilf^rt, en plusieurs endroits, des clairières d'eau libre s'étendaient encore jusqu'à 
ia c«\te même et à différentes reprises en cours de route la caravane dut cheminer 
<ur de minces nappes de glace qui menaçaient de se rompre sous son poids. 

Le 7 octobre, Thostrup parvint au dépôt établi sur la terre Lambert. Il était intact. 
A relui du mont Mallemuk où Ton arriva le 15 octobre, rien non plus n'avait été 
touché. Il était donc certain que Mylius-Erichsen était resté plus au nord. De suite 
le chef de l'expédition de secours résolut de poursuivre dans cette direction; mais 
bientôl il (ut arrêté par la nappe d'eau libre qui parait exister en toute saison 
autour du mont Mallemuk. D'autre part le passage par terre était impraticable par 
«uite de Tabsence de neige. Au large, au contraire la banquise en portait une couche 
trra épaisse. Celte circonstance singulière tient à ce que dans cette région, les chutes 
dr oeige sont accompagnées ou suivies de coups de vent qui débarrassent le solde la 
nappe tombée et la rejettent sur la glace côtière. Cette observation est à rapprocher 
lie celles (ailes par le D' Westmann sur la côte nord du Spitsberg et démontre une 
fuis de plus le rôle prépondérant du vent dans l'alimentation des glaciers. 

Si à cette date Thostrup avait poursuivi vers le nord, ses efforts eussent d'ail- 
leurs été inutiles. Le 18 octobre, jour où il battit en retraite, Mylius-Brichscn com- 
mefiçait, en effet, l'ascension de Pinlandtis pour essayerd'atteindrc la terre Lambert. 
Iwe i novembre, l'expédition de secours rentra abord. Elle n'avait pas été inutile; 
.n*.V*e à elle les dépôts de vivres échelonnés le long de la côte avaient été complétés; 
«i Mylius Erichsen réussissait à les atteindre, il était assuré d'un copieux ravitail- 
lement- 

Aprèft le retour de Thostrup, l'hivernage 1907-1908 se passa dans lo tristesse et 
ilan!( lanxiété. 

Le principal événement fut une longue excursion en tralnoou au Bass Rock et à 
l'Ile Sbannon pour y prendre un chargement de biscuits de chien dans les dépôts 
ctnblis sur ces Iles par les Américains, afin d'être en mesure de continuer les 
r*rherches au printemps. 

Le 10 mars 1908, une nouvelle expédition de secours partit de Port-Danemark 
\tT« le nord, composée du lieutenant Koch et d'un (îronlandais. Neuf jours plus 
tard, après une marche extraordinairemcnt rapide, elle arrivait à la terre Lambert. 
Prrs du dépôt laissé sur cette terre elle découvrit la clef de rangoissante énigme 
qui depuis tant de mois étreignait les membres de l'expédition. Dans une grotte 
\iiiMne du ^atVa gisait lo cadavre de Bronlund, le compagnon de Mylius-Erichscn. 
Son journal de route soigneusement enfermé dans une caisse pris de lui rocontait 
m quelques lignes 1 épilogue de la lugubre tragédie. 



476 CHARLES RABOT. 

La malheureuse escouade, défaillante et épuisée, était parvenue à gagner le grand 
golfe ouvert au nord de la terre Lambert. Là, le 15 novembre, Hagen avait succombé 
et le 23, Mylius-Erichsen. Mourant de faim et les pieds à moitié gelés, le vailiaot 
BrOnlund avait eu encore la force de se traîner, à travers l'obscurité de la nuit hiver- 
nale, jusqu'au dépôt de la terre Lambert. Là, ces approvisionnements lui avaient 
apporté un léger réconfort pendant ses derniers jours, mais ce brave Grônlandais 
était trop affaibli pour pouvoir se rétablir, et, tapi dans un creux de rocher, il 
attendit froidement la mort. 

Le mois de février avait été très neigeux et très calme. Aussi bien une épaisse 
nappe recouvrait tous les accidents du sol; des collines hautes de 400 mètres étaient 
en quelque sorte enfouies sous la neige. Dans ces conditions la recherche des corps 
de Mylius-Erichsen et de Hagen devenait impossible, et, après avoir rendu les 
derniers devoirs au malheureux Brônlund, Koch s'achemina vers le navire, rappor- 
tant le journal de Brônlund et les cartes levées par Hagen au cours du raid vers 
le nord et qui avaient été trouvées enfermées dans une bouteille à côté du cadavre 
du vaillant Eskimo. Les principaux résultats de la folie héroïque de Mylius-Erichsen 
ont été ainsi sauvés. 

Le 26 mars Koch et son compagnon étaient de retour à bord. 

Dans le courant de juillet le Danmark parvenait à quitter le mouillage où pen- 
dant près de deux ans il avait été retenu prisonnier, et le 22 août il rentrait à 
Copenhague. 

La nouvelle de la mort de Mylius-Erichsen a causé dans tout le Danemark une 
émotion profonde. Le pays entier a été remué par la disparition de l'audacieux explo 
rateur qui, on peut le dire, s'est volontairement sacrifié pour assurer à sa patrie 
l'honneur de grandes découvertes géographiques et pour donner au glorieux « Danne- 
brog » un nouveau lustre dans le domaine des conquêtes scientifiques. 

Cdarles Rabot. 



Le commerce extérieur de la Chine en 1906 



L'administration des douanes impériales chinoises publie chaque année les sta- 
tistiques du commerce extérieur de la Chine. Avant d'analyser son dernier rapport, 
il esl utile de pré<*iscr la valeur des chiffres qui nous sont ainsi fournis. Ces chiffres 
n'oDt trait qu*au commerce fait par les ports ouverts, c'est-à-dire & une toute petite 
paKie d'un immense pays, ils ne donnent donc pas une idée juste des ressources 
et des besoins de la Chine. La difficulté des communications à l'intérieur, les likins^ 
ftéagCÂ, droits divers et exactions des fonctionnaires, prélevés sur les produits euro- 
péens, malgré la passe de transit, mettent obstacle à la concentration des marchan- 
dises dans les villes ouvertes. Les chiffres mêmes des douanes impériales ne nous 
apportent pas des renseignements suffisamment précis *. En effet, l'attribution des 
marchandises au pays où elles ont été chargées ou à celui où on les débarque est 
une première cause d'erreur. Tne seconde, non moins considérable, provient da 
fait de considérer Hong-Kong comme un port étranger pour lequel les frets sont 
définitivement établis, alors qu'il n'est en réalité qu'un entrepôt. Il n'y a donc aucune 
raison de démarquer la marchandise qui s'y arrête; c'est cependant ce que fait la 
douane qui considère comme originaire de Hong-Kong môme les produits chinois 
qui ont passé par ce port. 

L'année 1906 a été très défavorable à la Chine. En été et en automne, des pluies 
considérables sont tombées en Mandchourie, suivies de brusques variations de tem- 
p«'*ratare. Au printemps et au début de l'été, la Chine septentrionale a souffert de la 
jtécberesse qui a entravé la récolte du blé. Le riche bassin du Yang-tseu a connu de 
nouveau les désastres de l'inondation, paralysant les transports et réduisant son 
|M>uvoir de production et de consommation. La sécheresse, au contraire, affectait les 
rvroltes du Yun-nan, tandis qu'un violent typhon dévastait Hong-Kong, le 10 sep- 
tembre. A la suite de tous ces accidents climatiques, le prix du riz, qui est la mar- 
chandise type, a haussé considérablement, pendant que ceux de la soie, du thé et du 
roton étaient infiuencés en sens contraire. Des circonstances économiques défavo- 

1. The Boiird of Trnde Journal. Foreign Trade and Shipptng of China in 490fi, N*^ rri3 et 5SI. 
4 ri 11 Jal% I90T. — Rapports commerriaui <los ii^rnU diploinaliques et con<ulairei de France, 
!»î. V 60S. Ckt^. — Diplomatie and Consular nop<»rts. Forciyn Tradf of China for ihe year 
r9 M. Foreigo Office, november 1907. 

S. M. Morse a dn^^-té un tablenu comparatif des exportitions et importations de la Chine, en 
r>)3. d'après les statistiques chinoises et celles des autres pny.>. Le< données chintiises fournisseal 
)^»9I0 Wt laêU, V»0 pour les importations, et 191 hfiS 85V laels, pour les exportations, tandis que 
i* • doeunenU européens donnent respectivement 3C0 ÔOO luu et 253 IfVj uoo. En prenant pour 
1 *U>ur du taël 3 frmnca, cela ferait pour les données rhinoi^e^. umo 130 530 fraiiCA et .h» 006 .ViO francs, 
• 1 i-»ir le* d »eumenls européens ! 081 520 lOO franrs et 761 307 uoo fran»s. 

U c.«.icft4r«iK. - T. XVIII. 190». i2 



i-18 PIBRRE CLERGET. 

rablcs : surimporta lion, en 1905, élévation du change, circulation irrégulière de la 
monnaie de cuivre, conditions anormales créées par la guerre de Maodcbourie, se 
sont encore jointes à ces causes naturelles pour entraver l'essor du commerce 
chinois pendant l'année 1906. 

Le total des importations et des exportations s'est élevé, en 1906, h 2 392 889238 fr., 
soit une diminution de 4 p. 100 sur le chiiïre de 1905. La disproportion entre les 
iinpor talions et les exportations reste encore considérable; le rapport entre les expor- 
tations et les importations qui était de 76 p. 100 en 1903, de 70 p. 100 en 1904, et 
de 50,9 p. 100 en 1905, est remonté à 57,6 p. 100 en 1906. 

La valeur nette des importations, après déduction des réexportations aux pays 
étrangers, a été de 1 517 999 304 francs en 1906, accusant une diminution de 8,2 p. 100 
sur 1905. La part de Chang-haï est de 52,6 p. 100. Les cotonnades forment le prin- 
cipal article, pour une valeur de 565093027 francs, en décroissance de 16 p. 100 
sur 1905. L'Angleterre fournit 53,3 p. 100 de ces tissus, les États-Unis 42,2 p. 100, 
et le Japon 3,6 p. 100. C'est la surimportation de 1905 qui a été cause de la dimiau- 
tîon des achats en 1906; Tannée 1907 verra, sans doute encore, ce mouvement 
s'accentuer; car, sur la seule place de Chaog-haï, on comptait, au 31 décembre 1906, 
nn stock de 11225869 pièces de colonnades. Les filés de coton ont été importés pour 
une somme égale à celle de 1905; les Indes en fournissent plus de la moitié, et le 
Japon, le quart. L'industrie indigène se développe d'ailleurs : on compte actuelle- 
ment, en Chine, 28 filatures, employant 750 000 broches; Chang-haï en possède 12; 
le coton indigène est à fibres plus courtes que celui des Indes ou du Japon, mais il 
est plus blanc et plus lisse. 

Depuis trente ans, les importations de lainage restent stationnaires; à l'excep- 
tion des populations des hauts plateaux de la Mongolie et du Tibet, qui portent 
constamment des étoffes de laine, le Chinois préfère le vêtement de coton qu'il peut 
garder toute l'année, en lui ajoutant, pendant l'hiver dans la Chine du nord et dans 
là Mandchourie, les fourrures du pays, qui tiennent plus chaud et coûtent moins 
eher que les lainages. 

L'importation du cuivre, destiné au monnayage de la sapèque, a baissé dans de 
grandes proportions, de 58 408 320 kilogranjmes, en 1905, à 3031 080 kilogrommes, 
en 1906. Le fer est. au contraire, en augmentation de 17 p. 100. L'étain importé 
est, en grande partie, de provenance indigène; il est exporté du Yunnan, à travers 
lé Tonkin, à destination de Hong Kong où il est raffiné, et d'où il revient en Chine. 

Les mesures prises contre l'usage de l'opium ont certainement produit une dimi- 
nution de la consommation, mais elle n'apparaît pas encore dans les statistiques; 
les importations de l'Inde sont même en léger accroissement. 

Depuis dix ans, l'importation du sucre a quadruplé : elle s'est élevée, en 1906, 
à 390000 tonnes; ce produit vient en grande partie de Hong-Kong, et, pour une 
plus faible part, de Java. 

En 1906, l'importa lion du charbon a dépassé un million et demi de tonnes, dont 
plus d'un million venait du Japon. Les mauvaises récoltes de l'intérieur ont fait 
monter les achats de riz de 1 337 000 quintaux, en 1905, à 2 812000, en 1906. 

Parmi les matières colorantes, il faut souligner les progrès remarquables de 



LK COMMERCE EXTÉRIBUR DE LA CHINE EN I9M. 179 

riodiffo artificiel qui, même eu Chine, arrive à supplanter le bleu naturel. L'impor- 
tation a doublé de 1905 a 1906 (i3 957 quintaux i ; les deux grands pays fournisseurs 
Mint la Belgique et l'Allemagne. 

Les farines témoignent d'un accroissement presque aussi considérable que celui 
du fil et pour les mêmes raisons. Il y a deux ans, cet article venait en presque 
totalité des États Unis; aujourd'hui, l'Australie prend une part de plus en plus 
grande, masquée par le passage à Hong-Kong; de plus, Chang-hai compte déjà 
«ept minoteries qui Irailent des blés indigènes et des blés étrangers. 

L'importation des cigarettes et cigares augmente toujours, concurremment avec 
la fabrication indigène. Ces produits viennent principalement des États-Unis 
'M p. 100), d'Angleterre (ai p. 100) et du Japon (20 p. 100 . La Chine possède déjà 
dix-sept manufactures de cigarettes; la plupart, établies a Chang-haî, peuvent en 
fabriquer 8 millions par jour. Les allumettes sont fournies en presque totalité par 
le Japon, contre lequel ne peuvent pas lutter les fabriques indigènes. 

La Chine est un pays en grande partie déboisé, par le fait de la forte densité de 
population; aussi, constate-ton un énorme accroissement dans l'importation des 
bois, qui a presque doublé de 1905 à 1906. Il en vient notamment d'Australie. 

L'importation du papier est également en notable augmentation, %0 p. 100 sont 
fournis par le Japon. 

i«a valeur nette des exportations a été de 87488993i francs, en 1906, en accrois- 
MrmtMit de 3,6 p. 100 sur les chiffres de 1905. La part de Chang-haî s'est élevée 
a .10.3 p. 100. C'est la soie qui vient au premier rang des exportations. Nul produit 
u'cst mieux adapté au pays : climat favorable au mûrier, main-d'œuvre abondante 
ri lion marché pour l'éducation des verset la préparation de la soie. Et, cependant, 
Li production est en baisse et la qualité du produit diminue. C'est que les vers sont 
malades, que la propreté fait défaut dans les chambres d'élevage et que les supersti- 
tions locales empêchent la sélection des meilleurs cocons. Beaucoup de soies étran- 
iréres sont maintenant supérieures à la soie chinoise, autrefois la meilleure. Le ren- 
dement même diminue; pour obtenir un picul de fil (60 kilogr.), il fallait trois ou 
quatre piculsdecocons, il en faut maintenant de quatre à six. La^ sériciculture est pra- 
tiqu«v dans toutes les provinces, mais c'est dans le nord que se rencontrent les meil- 
lf*un*s races de vers» le meilleur mûrier, et que l'on obtient la plus grande quantité 
(le belle soie. La part de la Chine représentait encore, pendant Ja période 190il904, 
il p. lOil de l'approvisionnement mondial (Chine du nord, 18 p. 100, Chine du 
«ud, 9 p. 100) ; pendant la même période, la part du Japon était de tH p. 100, celle de 
ritalie, 25 p. 100, et celle des autres pays producteurs 20 p. 100. L'exportation de la 
viie de Chine s'est élevée, en 1906, à 263793 ii3 francs, en léger accroissement sur 
\[Wk Les deux grands marchés sont Chang-haî et Canton. La France vient au pre- 
mier rang des acheteurs; les États-Unis ont pris la seconde place, occupée jusqu'à 
lao dernier par l'Italie, qui est aujourd'hui au troisième rang. On compte actuelle- 
ment une centaine de filatures à vafK^ur dans la province de Canton, vingt-sept à 
Cliang-haî et quatre dans le nord delà Chine. Les vingt-sept filatures de Chang-haî 
p(H4«deat 9021 bassines et emploient environ 23000 ouvrières et un millier de 
cuulies. Les salaires journaliers des femmes varient de 30 à 90 centimes. 



F^^ 



i'' 



180 PIERRE CLERGET. 

Le thé est le deuxième article d'exportation. Le climat de 1906 ne lui a pas été 
plus favorable qu'au mûrier. Le thé de Chine, comme la soie, est le meilleur dn 
monde au point de vue hygiénique, il renferme notamment moins de tanin que 
ceux des autres pays. Mais, là encore, sa culture et sa préparation laissent beaucoup 
à désirer et sont en train d'affaiblir sa réputation. Au cours de 1905, une mission 
chinoise a visité les districts à thé de l'Inde et de Ceylan, mais il faudra attendre 
longtemps, sans doute, avant de voir employer les méthodes anglaises. La produc- 
tion est en diminution constante et régulière depuis 1886, année qui enregistra le 
maximum des exportations. C'est que la concurrence des provenances de l'Inde 
et de Ceylan a réduit singulièrement la part du thé chinois sur le marché anglais 
(4,3 p. 105, en 1904, 2,5 p. 100, en 1905, et 2,1 p. 100, en 1906). En particulier, du 
fait des taxes intérieures, son prix est resté plus élevé que celui des thés concur- 
rents. Hankéou et Fou-tcheou sont les deux principaux marchés. L'exportation da 
thé chinois s'est élevée, en 1906, à une valeur de 98529 631 francs, en légère reprise 
sur 1905, comme quantité surtout. La Russie est le grand pays consommateur 
(deux tiers du total) sous forme de briques et de tablettes. Les États-Unis viennent 
au second rang, mais leurs achats diminuent; les chiffres de Hong-Kong masquent 
une partie de la quantité qui nous arrive et qui ne peut être déterminée que par les 
statistiques françaises. 

La Chine est en train de devenir un des principaux pays producteurs de coton; 
cet article garde la troisième place parmi les exportations, pour une valeur de 
43035210 francs. C'est le Japon qui le reçoit en presque totalité. Les filatures 
î indigènes en emploient chaque année davantage; il s'est fondé, en outre, à Chang- 

hai, des huileries qui traitent les graines, dont le prix a triplé en quelques années. 
Les huiles, produites en Chine, sont, d'ailleurs, très nombreuses. La plus impor- 
tante, au point de vue commercial, est l'huile de bois qui s*cxporte d'une façon 
croissante aux États-Unis et en Australie, comme huile à peindre et à vernir. 
L'arbre qui la fournit est très répandu dans les bassins supérieurs du Yang-tseu et 
de la rivière de l'Ouest. Après le coton, la ramie vient au premier rang des fibres 
végétales exportées. Ce sont les provinces du Yang-tseu qui forment le principal 
centre de production. Étant donné la grande valeur de ce textile et Timportance 
qu'il ne cesse de prendre au point de vue industriel, la production et l'exportation 
sont certainement appelées à grandir. Les laines sont en diminution, mais les expor- 
tations de minerais ne cessent de s'accroître. A Texception du fer qui vient du Houpé, 
les autres métaux : antimoine, plomb, mercure, étain et zinc sont extraits des pro- 
vinces de Touest et du sud -ouest de la Chine, principalement du Sseu-tcb'ouan et 
du Yun-nan. La plus grande partie du minerai de fer est expédiée directement de 
Hankéou au Japon. Depuis la perte de Formose, qui est le grand centre de production 
du camphre, ce produit a été exploité, notamment, dans la province de Fo-Kien, qui 
a comme débouché le port de Fou-Tcheou. Cette industrie est actuellement prospère, 
mais les camphriers en rapport disparaissent rapidement, et on n'en replante pas. 
Les deux tableaux suivants renseignent sur la part du commerce chinois qui 
revient aux principaux pays en relations, pour les années de 1899 à 1904, et sur les 
chiffres des importations et des exportations en 1905 et 1906. 



LE COMMERCE EXTÉBIEUR DE LA CHINE EN 10d«. Itl 

Tableai' I. 

Total dac 
ExporutioDt. Imporuitioitf. ImporUtioAi 

^ ^ ^ ^1 0t dM 

Moy«ooe. Mojrenao. Exportattooi. 

1899-1003 1904 1899-1903 1904 1904 

p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. |p 100. 

Empire britanniqur 22,58 20,01 48,46 50,46 37,47 

Japon 12,70 15,51 18,26 10,06 16,98 

ÉUtsCnis et Philippines. . . . 16,59 18,19 14.70 12,43 14,88 

Francr et Indo-Chine 19,35 17,49 3,86 2,94 9,14 

Empire russe 13,59 13,24 2,54 4,31 8,11 

Allemagne 3,39 4,05 5,50 5,90 5,11 

Italie 7,50 7,10 0,31 0,24 3,16 

Pays-Bas et Indes néerlandaises. 1,30 1,05 4,06 3,32 2,36 

Belgique 0,60 0,83 1,67 1,80 1,39 

Tableau II (en millions de francs). 

Imporuttons. Kxporutions. TotAl. 

1905 1906 1903 1906 1905 1906 

Empire briUnnique. 1 051 1 099,2 403,9 424,6 1 454,9 1 523,8 

Japon 232,5 253 134,3 138,1 366,6 391,1 

États-Unis 294,5 194 102,9 107,1 397,4 301,1 

France 20,7 30,7 80,1 117,2 100,8 147,9 

Allemagne 56.2 71,8 20,3 23,8 76,5 95,6 

llussie 7,6 2,3 35,7 77,8 43,3 80,1 

Belgique 36 52,1 8,5 11,6 4^.5 63,7 

L'Angleterre conserve toujours sa forte avance sur les autres pays, mais pour 
les raisons que nous avons indiquées plus haut, le chiffre de son commerce se trouve 
exBgéré par les statistiques, au détriment des autres nations d*Europc. La part du 
Japon est appelée à grandir encore; il est passé au second rang, en 1906, en profi- 
tant du recul considérable qu*ont subi les importations des États-Unis. Nous 
venons au quatrième rang, suivis par TAIIemagne qui fait de grands progrès. Ce qui 
frappe, dans notre cas, c'est la faiblesse du chiffre de nos ventes, comparé è celui de 
nos achats, alors que notre voisine présente justement une situation inverse, plus 
favorable. La Russie continue de regagner le terrain perdu pendont la guerre avec 
le Japon et passe au sixième rang. 

Le tableau suivant donne les statistiques de la navigation maritime, entrées et 
«orties comprises. 

Navi^'AU-'O à \a|>ciir. Navigation à \uilc. ToUl. 

Nombre Noaibro Nombre 

«le bateiui. Ton nos. tJc batoaux. Tuonos. do batraut. Toddc». 

190;. , . 75 338 57 052 4SI 1 J8 iOT 6I:>2 225 223 835 63 77^706 
1905. . . 88 362 06 372 621 135 5U7 6 382 023 223 059 72 755 547 
IWe. . . «7 949 70 117 6:8 120 508 5 702 260 208 547 75 810 888 

Le tonnage de la navigation au long cours et du cabotage se répartit, par pavil- 



182 



PIERRE CLERGET. 



Ions, de la manière suivante : Enopire britannique, 44,12 p. 100; Chine, 21,35 p. 100; 
Japon, 15,01 p. 100; Allemagne, 9,86 p. 100; France, 4,12 p. 100; Norvège, 
2,13 p. 100; États-Unis, 1,78 p. 100, Hollande, 0,44 p. 100 et Russie, 0,38 p. 100. 

La navigation intérieure accuse un chiffre de 857 vapeurs, dont 262 bateaux 
étrangers et 595 portant le pavillon chinoiis. Chang-hai en a reçu 314, Canton, 244, 
Kongmoon, 51, Hankéou, 44, Chinkiang, 37, Fou-Tcheou, 31, Amoy, 28, Kiou- 
kiang, 26, Ningpo, 14, Tien-Tsîn, 13, etc. 

Au point de vue de la valeur des exportations et des importations — importa- 
tions indigènes comprises, — les principaux ports chinois se rangent dans Tordre 
suivant : 



Chang-hai 17,8 p. 100. 

Tien-Tsin 11,8 — 

Hankéou 10.2 — 



Canton . . 
Niou-tchang 
Swatow . . 



100. 



iO, p 
4.7 - 
4,6 - 



Les Chinois semblent revenus définitivement de leur première répulsion pour les 
voies ferrées, celles-ci sont en train de se multiplier rapidement; pas moins de 
vingt-deux concessions de voie ferrée sont actuellement demandées par des sociétés 
indigènes. Le (( Grand Tronc chinois », qui réunit Pékin à Hankéou, est déjà une 
voie très fréquentée, aussi bien par les voyageurs que par les marchandises. Tandis 
qu'à l'ouverture, en décembre 1905, les trains ordinaires mettaient de trois et demi 
à quatre jours pour effectuer le trajet, un express hebdomadaire, depuis mai 1906, 
accomplit le voyage en trente-six heures. Le réseau impérial a enregistré une nou- 
velle bonne année avec 31 696906 francs de recettes au 30 septembre 1906! 

Le réseau télégraphique chinois atteignait à fin 1906 une longueur de 
36072 kilomètres, avec 55 467 kilomètres de fils terrestres et 1 522 kilomètres de fils 
marins ; il comptait 373 bureaux, dont 62 ouverts nuit et jour, avec un personnel 
de 2400 employés. Beaucoup d'autres lignes fonctionnent, en outre, pour le compte 
des autorités provinciales. 

Pierre Clerget. 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

EUROPE 

Le mooTemani du port de Paris*. — Le port de Paris est, au point de vue du 
mouvement de la navigation, le plus actif de France. En 1906, la dernière année 
pour le<iuel le ministère des Travaux publics ait public une statistique, le traflc du 
|M»rt de Paris 8*est élevé à 10525136 tonnes de marchandises, alors que la même 
année celui de Marseille n a pas dépassé 6745 800 tonnes. Os dix millions et denrii 
de tonnes qui ont été trans|)ortécs par 5090i bateaux, se décomposent ainsi : expé- 
dilions : 2 4902:)8 tonnes; arrivages : 6273610 tonnes; transit : 1390280; trafic 
local : 371 OOS tonnes. En 1906, i7 p. 100 des marchandises débaniuécs et embar- 
quées à Paris ont emprunté les voies fluviales. Cette statistique ne s'applique qu'aux 
v«>ies de navigation comprises dans l'intérieur des fortifications, c'est-a-dire, la Seine 
dans sa traversée de Paris, les portions des canaux de TOurcq et de Saint-Denis 
titira muros, le canal Saint Martin et le bassin de la Villette. 

L'artère la plus fréquentée est la Seine : en 1906 elle a transporté 8 401 580 tonnes 
«ur 36696 bateaux, et, en 1907, 8773 135 tonnes sur 36654 bateaux. 

Les arrivages par eau les plus importants sont fournis par les matériaux de con- 
fitruction et par les combustibles minéraux. Dans la statistique de 1906 les premiers 
figurent en tète pour 2917126 tonnes et les seconds pour 1459343 tonnes. Les 
matériaux de construction tiennent également la première place dans les expéditions 
avec 1 625 467 tonnes; la seconde est occupée par les engrais, 259 481 tonnes. 

Paris n*est pas seulement un port de navigation intérieure, mais encore un port 
maritime. Qui, en franchissant le pont des Saints-Pères, n*a regardé charger et 
dt'charger, sur le port Saint-Nicolas, les vapeurs anglais qui entretiennent un service 
direct entre Paris et Londres. Ces steamers, au nombre de trois, exportent principa- 
lement du sucre en pains, des chiffons, du minium en poudre, et, importent des 
lingots de plomb, des vieux papiers, du sumac pour la tannerie et des appareils 
«^niiain's en poterie. 

Le mouvement de la navigation du port de Paris est en accroissement constant et 
rt^gulier. En deux ans, de 1904 à 1906, il a augmenté de pas moins de 500 000 tonnes. 

Ch. R. 

Le creneement de la Tallée de la Meuse. -- Létude détaillée des terrasses 
floriales de la Meuse en aval de Liège, dont M. Briquet* vient de publier les résultats, 

I. 4. Nomuml. Le f'ori de Paris, in VÈcomomi^U français. Pari». 36* année, T vol., n* X\ 
r.aoH IMS, p. 235. 

t. A. Briquel. la valUede la Meute en avil de Lié je, in Butl. Soc, belge de Gé-jL PaL Hydr., I9U7, 
p. 3iV3ii li cartct dans le Uxie). 



f84 MOUVEMEiNT GÉOGRAPHIQUE. 

Fa amené à des conclusions très intéressantes*. Il a pa suivre un très grand 
■ombre de ces terrasses (environ 16 mètres) qui s'étagent depuis le niveau de la 
Meuse, jusqu'à une hauteur de 190 mètres au-dessus du fleuve. 

Quelques-unes sont d'ailleurs datées avec précision, grâce à la trouvaille d'osse- 
ments. 

Un fait intéressant, que mettent d'ailleurs de plus en plus en évidence les études 
détaillées', est que dans l'ensemble ces terrasses ne restent pas parallèles; elles 
ont une tendance manifeste à converger vers l'aval et à se confondre. Cette conver- 
gence, M. Briquet l'a constatée, non seulement sur les terrasses de la Meuse, mais 
aussi sur celles de la plupart des autres rivières de la région franco-belge. 

Ce phénomène de convergence s'explique mal dans l'hypothèse qui cherche 
l'origine des terrasses dans des oscillations du niveau de base, dans des mouvement 
généraux des mers; dans cette théorie, en effet, les nappes d'alluvions successives, 
loin de converger vers l'aval, devraient présenter leur maximum de différence de 
niveau dans la région de l'embouchure, puisque c'est là qu'aurait agi leur cause 
déterminante. 

Celte convergence s'accorde bien, au contraire, avec la théorie qui voit l'origine 
des systèmes des terrasses dans des alternances de périodes de transport abondant 
de matériaux, correspondant à la formation des nappes d'alluvions et de périodes 
où, ce transport étant presque nul, le fleuve poursuit son travail d'approfondis- 
sement. 

Mais ce n'est là que reculer le problème; il faut chercher la cause même de ces 
alternances de périodes de transport et de creusement. 

Or, M. Briquet a constaté que les terrasses de la vallée de la Meuse, très faciles 
à suivre, de Liège à Sittard, par leur allure régulière, s'interrompaient brusquement 
à hauteur de cette localité; elles sont affectées par des failles qui les ont enfoncées 
considérablement vers le nord. 

Il apparaît donc que les failles ont joué après la formation de ces terrasses 
fluviales et que leur mouvement s'est même continué jusqu'à une époque récente; 
Vune d'elles se serait accentuée de 15 à 20 mètres depuis le dépôt de la plus récente 
des nappes d'alluvions, celle qui se trouve immédiatement au-desus du lit majeur 
de la rivière. 

Ces failles limitent d'ailleurs une fosse d'effondrement, un graben, qui coïncide 
approximativement comme emplacement avec celui où s'étaient formés et affaissés 
antérieurement les terrains tertiaires. 

Le fait que les alluvions des rivières ont été affectées par les failles n'est d'ailleurs 
pas limité à la Meuse; il a été signalé, en particulier, pour le Rhin'; il porte à 
penser que ce ne sont pas tant des changements du niveau de base qui amènent le 

i. II a paru déjà, sur riiistoire de la vallée de la Meuse, un très grand nombre de travaux. Voir 
en parliculier : Max Lohest, De Vorigine de la vallée de la Meuse entre Namur et Liège, in Ann. 
Soc. belge GéoL, XXVll, Bull. !899-ia00. — X. Stainier, Le cours de la Meuse depuis Vére tertiaire, 
in Bull, Soc, belge Géol,, VIII, 1894, p. 83. — J. Cornet, Études sur Vévolulion des rivières belges, 
in Ann, Soc. Ge'ol, Belgique, XXXI, 1904, Mém., p. 261-500; J. Cornet, La Meuse ardennaise, in 
Bull. Soc. belge Ge'ol., XVIU, 1904, pp. 21-27. 

2. Voir les travaux de J. Savernin sur TAriège. . 

3. G. l^liegel, Dû* linksrheinische Vorgebirge, in Zeitsch, deutsch. geoL Gesellschaft, LVlIl,!*^^- 



EUROPE. «S5 

crruaemenl des vallées que des mouvements tectoniques du sol dans les régions 
traversées par les fleuves. 

C'est également à cette conclusion qu'est arrivé, par d'autres considérations, 
M. Fourmarier* en étudiant la Meuse dans une région tout à fait différente située 
beaucoup plus en amont ; il a noté que la formation des terrasses a été suivie pres- 
que immédiatement par le raccourcissement des méandres de la rivière. Comme ce 
phénomène s*observe, non seulement sur la Meuse, mais aussi sur ses principaux 
affluents, on ne peut Texpliquerpar des variations dans le débit du fleuve; il faut y 
voir rinfluencc d'un mouvement du sol eu relation avec les phénomènes tectoniques 
de Test do la Belgique et de la vallée du Rhin. 

Il résulte de toutes ces observations que la cause du creusement des vallées ne 
peut pas être toujours expliquée par des mouvements du niveau de base, communs 
a toutes les mers d*un même bassin. Il faut invoquer bien souventdes causes locales 
qu'il est nécessaire de déterminer et d'étudier dans chaque cas particulier, et qui ont 
pour effet de relever ou d'abaisser certaines portions du cours du fleuve et d'aug- 
menter par suite son pouvoir de creusement. Paul Lemoine. 

Le commerce extérieur et les productions de la Crète en 1907 *. — En 1907 le 
commerce extérieur de la Crète s'est élevé à 36,5 millions de francs, se décomposant 
en 19,2 millions à Timportation et 17,3 millions à l'exportation. Le montant des 
transactions accuse une augmentation constante, et, d'année en année la différence 
entre la valeur des importations et celle des exportations s'atténue; en 1907 elle 
n'était plus que de 1,8 million, soit en diminution de moitié sur 1906. 

En 1907 le mouvement de la navigation clans les ports crétois (I^ Canée, la Sude, 
Ointlie, et Rethymo) a été de 2679 navires jaugeant 1 247 223 tonnes. Le premier 
rang appartient au pavillon austro-hongrois (323 navires et 447 975 tonnes); 
ensuite Tiennent le pavillon grec (933 navires et 320 851 tonnes), le pavillon italien 
ilHi) navires et 215 471 tonnes). Le pavillon français ne figure que pour 29 navires 
jaugeant 55613 tonnes. 

Les seuls produits de l'Ile dérivent de lagriculture. En première ligne se place 
Tolive; de sa récolte dépend la situation économique des Crétois et leur capacité 
(l'achat. Actuellement on compte dans toute File environ 10 millions d'oliviers 
proiluisant de 14 à 18000 tonnes; durant l'insurrection de 1896 1898 il a été 
aliattu environ 1 200000 de ces arbres. Pour le traitement des olives les indigènes 
emploient généralement de primitives presses en bois trop faibles, qui n'extraient 
^ère que 75 p. 100 de l'huile; les résidus sont achetés par des maisons étrangères 
qui les soumettent à un traitement par l'acide sulfurique et obtiennent ainsi une 
quantité relativement considérable d'huile. 

La vigne est cultivée dans un grand nombre de districts, particulièrement dans 
ceux de Maloisie et de Kissamos. La production moyenne annuelle dans le départe- 

!. P, Fourmamr. Le cours de la Meuse aux environs de Huy, in Annales Soc. Géolog, de Belgû^ue, 
XXXIV. 1907. |i. 219-236. pi. XVUl. 

2 Diplontlic and Cnnsular Reports. N" 4 05r>. Ann. Scr. — Turkev. Trade ofCrele for Ihe yeaf 
«»^. Loodrei. joillct 1907. 



186 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

ment de la Canée est de 14 732 tonnes. En 1906 il a été expédié pour 575000 francs 
de vin en Egypte, en Grèce, en Turquie, à Tripoli et à Malte. Le raisin sec est un 
article beaucoup plus important ; en 1906 il en a été exporté pour 1 .8 million de francs. 

L'orange et la mandarine proviennent principalement des districts occidentaux. 
En 1907 le district de la Canée a produit respectivement de ces deux fruits 12000 et 
10000 tonnes. 

Les cédrats et surtout les caroubes figurent dans le tableau des exportations ea 
1907, les premiers pour 1 ,6 million, les seconds pour 1,3. Les caroubiers trouvent un 
terrain particulièrement favorable dans les départements de Lassithi et de Rethymo. 

L'apiculture est toujours en honneur en Crète. L'ile produit des quantités consi- 
dérables d'excellent miel. 

La population de la Crète est estimée à 330000 âmes. Depuis les troubles de 
1897 se produit une émigration constante de musulmans; en 1907, 1 454 ont quitté 
l'ile probablement sans esprit de retour. Charles Rabot. 

ASIE 

Mission archéologique de H. de la Jonquiére au Cambodge. — La Socictc de 
Géographie a reçu de M. de la Jonquiére, chargé d'une mission archéologique, l'in- 
téressante lettre suivante : 

• Bangkok, le 15 juin. 

« Ma dernière lettre était datée de Siemréap. Je me disposais alors à me nïellre 
en route pour visiter les provinces rétrocédées au Cambodge par le traité de 1907. 
Les recherches archéologiques qui sont le but principal de la mission qu'on a bien 
voulu me confier m'ont retenu jusqu'en fin mars dans la région nord, celle qui 
est comprise entre le grand Lac, la rivière de Sisophon, et la chaîne des Dang 
Rek de l'autre. Je me réserve de faire à mon retour une description complète 
de cette nouvelle acquisition de notre domaine colonial et de rectifier quelques 
erreurs des cartes actuelles, erreurs qui portent surtout sur les cours deau. 
Ceux-ci, qui sont presque tous intermittents et ne formant que des chapelets de 
mares à la saison sèche se perdent dans les blancs-d'eau qui couvrent à la saison 
des pluies ces plaines, à peine ondulées, se rejoignent les uns les autres, et, per- 
mettent les communications les plus imprévues. De là le manque de concordance 
des divers documents cartographiques que j'ai eus en main. 

« C'est d'ailleurs un pays triste et monotone, forêts noyées au bord du lac, 
savanes nues, puis, après la zone des rizières, l'immensité déserte des forêts-clai- 
rières, qui se soude aux forêts plus épaisses de la chaîne des Dang Rek. 

« Le sud de la rivière de Sisophon^ malgré les grandes plaines noyées en été qui 
s étendent entre Mong-Kol-Borey et Battambang, produit une impression meilleure, 
à cause de la ligne ininterrompue de cases et de vergers qui couvre les deux rives 
du Sang Ké, la rivière de Battambang, jusqu'aux soulèvements calcaires du sud où 
commence la végétation tropicale. 

(( Que le voyageur amoureux de pittoresque ne s'éloigne pas des centres 



AFRIQUE. IS7 

il'Anickor ei de Battainbang, il ne trouverait partout ailleurs qu'une décovante 
monotonie. 

H Au point de vue archéologique, les résultats de mon voyage dans cette région ont 
r{ê a^scz heureux; j*ai pu reconnaître près de quatre cents emplacements de temples 
«le 1 epo(|ue brahmanique*, dont plus de la moitié n'avaient pas encore été signalés. 
I^'ur grtHipement sur la carie donne une impression très noUc de la densité des 
(N)piiIniion*t à I époque déjà lointaine des Kambudjas. Ost là tout ce que je pouvais 
«*^[H^rer; aprt's les explorations antérieures des Moura et des Aymonnier on ne pou- 
vait iruère compter sur des trouvailles retentissantes. 

M J*ai quitté le Cambodge en avril par la route Battambang-Pai Lin Chantaboun ; 
t<uit alors y était tranquille et rien ne faisait prévoir les incidents qui se sont 
pntduits depuis mon départ. Je crois, du reste, qu'il ne faut pas en exagérer 
rimp«»rtance; ce sont des troubles momentanés qui n'ont aucune relation avec la 
situation politique du pays et qui montrent seulement qu'on a eu tort de laisser, 
.ipn^ une occupation si récente, la plus grande partie du territoire sans poste armé 
«l'Aucune sorte. 

H Arrivé à Bangkok en fin avril, j'ai été fort aimablement reçu par les autorités 
*iimoi<os et j'ai commencé aussitôt une série de voyages dans les provinces de 
1 t^t Pachine et Chantaboun. 

<( Je reviens en ce moment du nord, de Phitsemiala, ayant essayé de pénétrer 
•Uns la vnllée du Menam Sak, mais les pluies très précoces et très abondantes cette 
AnniV m'ont obligea renoncer pour le moment à cette tournée. 

•' La saison étant favorable, d'autre part, pour parcourir la presqu'île malaise, 
j** vais partir incessamment pour Selangor et consacrerai à la visite des provinces 
r!inlai<es du Siam les mois de juillet, août et septembre. 

« E. DE LA JONOtIÈRB. » 

Le chamin de fer du Siam septentrional*. — Le chemin do fer de Bangkok vers 
II* Siam septentrional est ouvert au trafic jusqu'à Paknampho. Mais, par suite de 
I rlêvatlon des tarifs et d'une mauvaise exploitation, cette voie ne rend pas aux com- 
morvants de Tchiengmai les services qu'ils en attendaient. Les négociants chinois 
'i^ cette ville ont même renoncé à se servir de la voie ferrée pour leurs marchan* 
ili«^, et ils sont revenus à l'ancien mode de transport par eau, de Bangkok à 
Trhienirmai. 

Avant la fin de 1908 le rail atteindra Outaradit. Cn. R. 

AFRIQUE 

Lee Bonet de ▼égélation dans la Kabylie dn Djnrjara. — L'ossature de la Kabylie 
do Djordjura est formée par une chaîne est-ouest, à peu près parallèle au rivage de 
la Méditerranée. Cette barrière montagneuse, longue environ d'une centaine de 
kilométrée, s'étend de Voued Isser à la coupure de Voued Sahel; à l'est de cette 

I. Dtpiomatk and Contular Report*. N* 4105. Ann. Ser. ~ Siam. Bêpori for the year 1907 on 
»ké irwde amH €om m ^rtt of tfie con$ular district of Chimgmai. Londres, 1908, p. " et 9. 



188 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

dernière rivière, elle a pour prolongement le massif des Babors, la patrie du Sapin 
de Numidie. Elle atteint, dans sa partie centrale, l'altitude de 2 000 mètres, puis 
s'abaisse peu à peu à ses deux extrémités, aussi bien à l'est vers Bougie qu'à Touest 
vers Palestro. Entre cette arête principale et le rivage de la mer courent parallèle- 
ment deux massifs rectilignes beaucoup moins élevés (moins de 900 m.)- 

D après M. G. Lapie ', qui a étudié la répartition des zones de végétation dans ce 
massif, la nature gréseuse du sol (grès de Numidie et grès dellysiens) contribue à 
atténuer le caractère xérophile de la végétation ; l'humidité de l'air est en outre 
toujours plus grande au bord de la mer; pour ces motifs le Chêne-liège forme, sur 
les chaînes littorales, des forêts luxuriantes avec sous-bois de Myrte, de Bruyère 
arborescente, d'Arbousier, de Lentisque et de Lavande [L, Stœchas), 

A mesure qu'on s'éloigne de la côte, le Chêne-liège se montre moins exubérant, 
et, sur le versant nord de la chaîne principale, il est, dès la base, remplacé par le 
Chêne-vert. Dans cette zone du Chêne-vert on rencontre encore quelques colonies 
disjointes de Chêne-liège jusqu'à Taltitude de 1 200 mètres, mais, de ses compa- 
gnons habituels, la Lavande Staechas, seule, l'accompagne jusque-là. Plus on s'ap- 
proche des hauts sommets et plus l'exposition est franchement nord, plus la lipe 
séparative des zones du Chêne-liège et du Chêne-vert s'abaisse. 

La zone du Chêne-vert s'élève jusqu'à 1 500 mètres d'altitude et comprend deui 
horizons : l'horizon inférieur est caractérisé par la présence de l'Olivier qui disparait 
vers 900 mètres; on y trouve le Figuier, le Pistachier Térébinthe et l'Érable de 
Montpellier. 

La zone du Cèdre couronne la montagne. 

Le versant méridional offre la très intéressante particularité que le Chêne-liège 
y est remplacé par le Pin d'Alep à la base des versants dont la crête dépasse 
1 800 mètres. Cela est dû à ce que l'arête principale intercepte l'humidité des vents 
marins avec d'autant plus d'efficacité que son altitude est plus grande. Dans la 
partie médiane (là où la crête atteint et dépasse 1800 m.), la forêt de Pin d'Alep 
occupe donc le pied du versant (avec le Lentisque et le Romarin); aux deui extré- 
mités, les crêtes moins élevées laissent passer plus de vapeur d'eau et la substitu- 
tion du Chêne-liège au Pin d'Alep souligne ce phénomène; néanmoins la quantité 
de vapeur d'eau qui atteint ainsi le bas du versant sud ne suffît pas au Myrte. 

Au-dessus de cette étroite bande inférieure de Pin d'Alep et de Chêne-liège, il 
existe une large zone de Chêne-vert, à la limite supérieure de laquelle, vers 

I 400 mètres, apparaît le Cèdre. 

Du travail de M. Lapie il semble permis de tirer quelques considération^ suscep- 
tibles de présenter un certain intérêt pratique : 

Le Chêne-liège peut prospérer môme après la disparition du Myrte lequel est, 
partout autour de la Méditerranée, étroitement lié au littoral. 

La fidélité avec laquelle le Romarin accompagne le Pin d'Alep dans la Kabylie 

i. G. Lapie, Sur les caractères écologiques de la végétation dans la région accidetttaU de la 
Kabylie du Djurdjtira, in Compt. Rend, des Séances de VAcad. des Sciences, Paris, CXLIV, 10. 

II mars 1907; Sur la phytécologie de la région orientale de la Kabylie, du Djurdjura in Ibid., 
CXLVI, 12, 23 mars 1908^ Ae» caractères écologiques de la région méridionale de la Kabylie du 
Djurdjura, in Ibid,, CXLVI, 18, 4 mai 1908. 



AFRIQUE. 189 

du bjurdjura confirme ce qui a été observé antériearement dans le massif du Ven- 
(oux et dans les montagnes du Languedoc. 

Les dÎTeraes limites de zones de végétation dans le Djurdjura (Olivier, Pin d'Alep 
et Romarin, environ 900 m. — Chéne-verl, 1 400 à 1 500 m.) sont d'environ 
oUO oièties au-dessus de celles qui ont été observées au Ventoux. Le Cèdre descen- 
dant dans le Djurdjura à 1 400 mètres d'altitude, au contact des derniers Chênes- 
veria, il était permis d*en déduire la prévision qu'il trouvera au Ventoux des stations 
favorables vers 900 mètres. Or, les faits confirment cette considération, au premier 
abord un peu bien théorique. L. F. T. 

Raoonnaisaanoa du capitaine Boaay dana le Grand Erg oriental. — En janvier 
ti février 1907, le capitaine Bussy commandant l'annexe d'El-Oued, accompagné de 
7tl cavaliers, a accompli une intéressante reconnaissance dans le Grand JS'r^ oriental. 
Partant d'El-Oued, la petite troupe a passé par Béréçof, Bir Zougab el Baguel, Bir 
Aouîn, Bir Zcbbech, Bir Montesser et Bir el Uaouiya; arrivée à Hass! Imoulay, à 
quarante et quelques kilomètres dans le sud ouest de Ghadamès, elle a regagné son 
point de départ par une route plus occidentale. L'itinéraire suivi par le capitaine 
Bus<^y a traversé trois régions différentes : 1"* le Grand Erg^ entre El-Oued et Zemlat 
(*l Monga 20 km. environ au sud-ouest de Bir Aouîn], puis, entre Voued El Haouiya 
et U*< environs de Ghadamès, enfin, pendant le parcours de retour presque en entier ; 
T un large couloir ouvert entre les sables de V£rg et le Dahar où viennent se 
iH-nln' les oueds descendus de ce dernier relief; 3^ une hammada^ aux environs de 
lîhadaroès, qui de ce côté limite VErg. 

En plein Erg les dunes sont orientées nord-ouest-sud-est, tandis qu'aux envi- 
ri»!i!% du couloir elles sont dirigées nord-sud. Perpendiculairement h la direction de 
rrs chaînes principales se sont formés des massifs dunaires moins élevés, qui don- 
nent aux vallées l'aspect de cirques allongés. 

Le rapport du capitaine Bussy publié dans le Bulletin du Comité de t Afrique 
f ant»ù$e ' est accompagné d'un itinéraire. 11 est regrettable qu'aucun renseignement 
lie «oit donné sur les conditions de son établissement, en raison des déplacements 
•iu*îl fait subira Bir Aouîn. 

liombien il serait à souhaiter que le Comité de l'Afrique française qui a contribué 
«i heureusement à l'exploration du Sahara et qui manifeste en toute occasion une 
%rlivité éclairée, prit l'initiative de publier un manuel abrégé de géographie déser- 
ti<)uc. Grèce à ce guide, nos officiers, toujours pleins de volonté et de zèle pour les 
iaU'rvU scientifiques, pourraient faire de très utiles observations et les rattacher aux 
faits déjà connus et signalés dans d'autres déserts de sable. Nous avons pour oinsi 
\m inauguré l'étude des dunes continentales par les mémoires classiques de 
M. Tirvirges Rolland; il serait du plus haut intérêt de poursuivre ces études en pre* 
oant pour modèle les travaux de notre savant collègue. 

Charles Rabot. 

I. La régtoH entre Béréç if et ta Tripolitaine, Rapport du capitaine Bussy, in Comité do 
I Afnqae franr.ûse, Hutletin mensuel^ jmWti 1908. Renseignements coloniaux et Duruments, n* 7. 



190 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

AMÉRIQUE 

Les productions et le commerce des États-Unis en 4907 * — Si les premiers mois 
de 1907 ont présenté une remarquable activité industrielle, la fin de l'année a enre- 
gistré une dépression profonde. Bien que la crise ait été principalement d'ordre 
financier, sa répercussion s'est étendue aux différentes branches économiques. 

L'agriculture a enregistré une année moyenne, inférieure à 1906, mais elle a 
bénéficié de prix plus élevés. Les tableaux suivants donnent les estimatioQs 
pour 1907. 



Quantités. Valeur en millions de fnacs. 



l 2 794,1 



Maïs 933 235 200 hectolitres. 6 755,6 

Blé d'hiver 147 399120. — 

Blé de printemps 80 872 200 — 

Avoine 228 271320 — 1686.1 

Orge 55 194120 — 514,3 

Seigle • 11363 760 — 116,1 

Sarrasin 5 144 400 — 50,1 

Graine de lin 9 306 360 — 124,4 

Pommes de terre 107 259 120 — 926,6 

Foin 64 695 832 tonnes mélriques. 3 747,2 

Sucre 1563 624 — 

Tabac 317 330 000 kilogrammes. 384,0 

Houblon 181 968 100 — 

Riz 6 745 680 hectolitres. 80,8 

Laine brute 13$ 588 000 kilogrammes. 

Coton là 000 000 balles. 3 276,0 

Nombre de tètes de bétal^ au 1^' janvier 1908. 

Valeur en millions de francs. 

Chevaux 19 992 000 9 723,1 

Mulets 3 869 004 2 170,7 

Vaches laitières 21914 000 3 499,7 

Autres bêtes à cornes. .... 50 073 000 . 4 400,6 

Moutons 54 631000 1099,7 

Porcs 56 084 000 1766,5 

L'industrie minière a donné des résultats satisfaisants, bien que l'extraction des 
derniers mois ait été ralentie par la dépression financière. La statistique suivante 
est extraite de VEngineering and Mining Journal, 

Valcnr do la prodnrtloo it ïi» 
1806 1B07 eu millloof de fnno. 

Houille 309 000000 tonnes. 352 000 000 tonnes. 2 298,4 

Anthracite 65 000 000 — 77 000 000 — 832. 

Minerai de fer. . . . 50 000 000 — 53 000 000 — 572. 

Phosphate de chaux . 2 080 000 — 1 950 000 — 69,6 

Fonte de fer 25 700 000 — 26 300 000 — 3 078,4 

1. Diplomatie and Consular Reports. N** 3 969. Trade of the United States for year i907. Londres, 
Foreign OfGce, avril 1908. 



AMERlQUIi. 191 

1009 1007 rn «ilMloat «le rr«««« 

r.uivrc 41G000 tonnes. 405 000 lonnos. 961 

IMomb 313 000 — 326 000 — 198,6 

Zinc 20:i000 — ÎÎ23 00O — i:i2,8 

Alumiiiiuin 500 — 11300 — 58,2 

Pélrolo 132 00 J 000 barils. IGG 000 000 barils. 615,6 

Or fin lUBOOkilogr. 132 300 kilogr. 465,9 

Argent lin 1714000 — 1735000 — 193,4 

L'or est produit dans dix-neuf états et trois territoires. Le Colorado fournit, à 
lui seul, presque le quart delà production, TAlaska et la Californie, chacun un cin* 
quième, le Nevada, un peu moins du sixième. Le Montana, le Colorado et ITtah 
livrent plus des quatre septièmes de la production de Targcnt.'Les deux tiers de 
lextraclion du cuivre viennent de TÂrizona, du Michigan et du Montana. Le Kansas 
fournil plus de la moitié du zinc. 

C*e»t la Pennsylvanie qui produit la plus grande partie de la houille (38 p. 100) 
et la presque totalité de Tanthracite. Viennent ensuite Tlllinois, la Virginie occiden- 
tale, rOliio, IWlabama et Tlndiana. 

L'extraction du pétrole est en train de se déplacer vers l'ouest et le sud-ouest. 
.\ux anciens bassins des Appalaches (Pennsylvanie) et de Lima (Ohio et Indiana) 
»4int %'enus se joindre celui de Californie et le bassin Mid. Continental (Kansas et 
Okiahoma), qui représentent déjà plus de la moitié de la production totale et com- 
|M'n»cnt la diminution du bassin du Texas. 

Ce sont les mines du Lac Supérieur qui fournissent toujours la majorité des 
minerais de fer (79 p. 100), dont le transport est grandement facilité parTutilisalion 
des voie« d'eau. La Pennsylvanie produit 4i p. 100 de la fonte, TOhio, iO p. 100; 
tiennent ensuite Tlllinois, TAlabama, Tétat de New-York. 

Les industries textiles, en grande prospérité au commencement de l'année, ont été 
tri*?» durement atteintes par la crise, au cours des derniers mois. 263 nouvelles manu- 
facturer ont été créés, en 1907, contre 303, en 1906. Ces nouvelles installations con- 
cernent principalement la soie; le coton, la laine et les fabriques de tricot n'ont pas 
dtinnê lieu a une extension aussi grande que dans les années précédentes. La fabri- 
que américaine se plaint de la rareté des bons ouvriers, qui sont justement ceux que 
1 rmi^ntition ne fournit pas. Sur 65 nouvelles manufactures de coton, 43 ont été 
MU%ertes dans les états du sud, là dans ceux de la Nouvelle Angleterre, 10 dans les 
rint*» du centre et de Touest. Il est intéressant de souligner l'extension de la fabrica- 
tion vers les régions productrices de matière première. Les nouvelles filatures de soie 
f't k< ateliers de tissage se sont installés dans le New- Jersey (2i), la Pennsylvanie (1 i). 
I rtat de New- York (9), le Connecticut (3) et le Massachusetts (1). L'industrie de la 
•oie est une des plus centralisées; ce qui vient, en partie, du fait que la matière 
première est entièrement importée; la main>d*œuvre est trop chère pour que les 
Etats-Unis puissent se livrer avec succès à la sériciculture. Les deux tableaux 
•oivants montrent le développement pris par l'industrie textile pendant les huit 
dernières années. 



192 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

I. — Tableau des nouvelles manufactures. 

1900 1901 1900 10O3 1904 1905 1906 1907 



Coton. . 
Laine. . . 
Tricot. . . 
Soies. . 
Divers. . 


171 
48 

109 
43 
29 


59 68 
53 46 
93 82 
29 45 
21 21 


81 48 
65 45 
105 111 
58 49 
25 37 


33 
38 
79 
•53 
42 


74 65 
56 25 
103 83 
36 5( 
34 39 


Total. 


400 


255 262 


334 290 


245 


303 263 


IL — 


Nombre des broches dans les nouvelles filatures de 


coton. 






Noavolle- 
Angletorro. 


États da 
sud. 


États du centro 
ot de l'ouest. 


Total, 


1900 . . . 

1901 . . . 

1902 . . 


.... 


. . 185 700 
. . 30000 ' 
. . 347 320 


1 109 584 
259 360 
490 256 
281 752 
155 472 
97 920 

. 294 956 
294 745 


11500 

2 064 

25 000 

» 

27 040 
10 250 


1306 784 
291 424 
862 576 


1903 . . . 




135 000 


416 752 


1904 . . . 




. . 61184 


216 656 


1905 . . 




100 800 


198 720 


1906 . . 




. . 171000 


492 996 


1907 . . . 




. . 113 000 


417 995 



Cette seconde statistique confirme la remarque que nous faisions précédemment 
sur l'attraction exercée par les états du sud. L'avantage de trouver sur place la 
matière première s'ajoute à l'emploi de l'électricité provenant de la force hydraulique 
des rivières du voisinage. 

Le rapport consulaire que nous analysons donne quelques détails statistiques 
sur rélevage du mouton et la production de la laine. Le nombre des moutons pro- 
pres à la tonte s'est élevé de 36 818643, en 1897, à 42184122, en 1902, pour tomber 
à 39284000, en 1903, et à 38864 932, en 1907. Il est stationnaire depuis 1904. 
La production de la laine a suivi les mêmes fluctuations; elle s'est élevée à 
135 millions de kilogrammes, en 1907. 

Les 102 395 balles de soie, importées en 1907, venaient principalement du 
Japon (61 173), d'Europe (16140), de Chine (20027). 

Sur 1115 manufactures de soie (filature et tissage) existant au l'"* janvier 1908, 
311 appartenaient au New-Jersey (inclus Paterson), 299 à la Pennsylvanie, 258 à 
l'état de New-York, 236 à Paterson (comptées dans le New-Jersey), 74 au Connec- 
ticut et 67 au Massachusetts. 

L'énorme développement des chemins de fer a donné une vive impulsion a 
l'industrie de la construction du matériel de transport et de traction. En 1907, 
36 fabriques ont construit, aux États-Unis et au Canada, 289 645 wagons, dont 
284 188 pour marchandises et 5 457 pour voyageurs, soit un accroissement de 
19 p. 100 sur 1906. En 1899, le total des wagons construits ne s'élevait qu'à 
121 191. En 1907, les 12 fabriques de locomotives des États Unis et du Canada ont 
livré 7 362 machines, dont 885 ont été exportées, soit un accroissement de 6 p. 100 
sur 1906. Ces chiffres ne comprennent pas les locomotives construites dans les 
ateliers des compagnies. La production de 1907 comprenait 330 locomotives éleclri- 



AMÉRIQUE. tu3 

ques f I iM locomotives compound. Le coût moyen d'un wagon de marchandises 
était de 55()t) francs, et celai d*une locomotive, de 8()0()U francs. 

9168 kilomètres de nouvelles voies ferrées ont été construits en 19()7, soit 
s |i. 100 de moins que Tannée précédente. Fendant Tannée flnanciere terminée au 
')0 juin 1907, 5000 personnes ont été tuées et 7(>i86 ont été blessées, par suite 
(Taccidents de chemins de fer. 

Le tonnage net des navires américains (entrées et sorties comprises) qui ont 
fnK)uenté les ports des États-Unis pendant Tannée flnanciere i!K)7 a été de 
ta (69918, el celui des navires étrangers, de5i9oi 136. 

bepuis 1890, Taccroissement de tonnage des navires américains a été de 
V±Stî li9 tonnes, et celui des navires étrangers, de li 370 809 tonnes. 

I^ trafic de la navigation sur les lacs a augmenté de 12,5 p. 100 sur le fret net de 
PJOti; celui-ci était de 17 p. 100 en accroissement sur 1905. Le nombre de tonnes 
transportées a passé de 39527393, en 1905, à 51 979 055, en 1907. La saison du 
ranal américain du Sault-Sainte-Marie s*est ouverte le 23 avril et a été close le 
Il décembre, elle a duré 233 jours. Le prix de transport du minerai de fer de Duluth 
aux ports du lac Erié a été le même quen 11K)6, soit 3 fr. 95 par tonne de 1 016 kilo- 
tcrammes, pour une distance de i 408 kilomètres. 

Le liital des importations américaines s>st élevé, en 1907, à 7 ilO millions de 
francs, en accroissement de 7,8 p. 100 sur 1906, et de 20,7 p. 100 sur 1!K)5. La valeur 
des ex|N»rtations a été de 9 808 millions de francs, en augmentation de 6,9 p. 100 
-ur r.NHi. et de 18,5 p. 100 sur 1905. 

Sur les importations, 51,8 p. 100 venaient d'Europe, 18,8 p. 100, de TAmérique 
«lu nord, 10,3 p. 100, de TAmérique du sud, 15,2 p. 100, d'Asie, 2,3 p. KM), d Océa- 
u'u\ et 1,6 p. M) d'Afrique. Les importations européennes sont en augmentation 
le ."1,3 p. 100 sur 1906, el de 27 p. 100 sur lî)05. Les trois grands pays fournisseurs 
.1.- Élnls-rnis sont : l'Angleterre (17,5 p. 100 en ItMKJ, 16,8 p. 100 en 1907), 
r Allemagne < 11, i p. 100 en lî»06, 13,2 p. 100 en 1907) et la France (9,1 p. 100 en 
r.nnî, S,7 p. 100 en 1ÎK)7). 

Ijt^ exportations se décom|x>sent comme suit : 68.4 p. 100 vont en Europe, 
l\H p. 100 dans TAmérique du nord, 4,4 p. KK) dans T.Xmérique du sud, 
T^A p. liK) en .\sie, 2,3 p. lOn en Océanie, et 1 p. 100 en Afrique. Les principales 
min^handises exportées sont : le colon (2 446 millions de francs), le fer et Tacier 
manufacturé M 02.5 millions), le cuivre manufacturé (525 millions), le pétrole 
y(6 millions), le blé (448 millions), la farine CXiS millions). 

Rien que le port de New-York soit de beaucoup le plus important des États- 
I niH, JUKI trafic n'augmente pas aussi rapidement que celui de la Nouvelle-Orléans, 
Jr Cîalvi^ton, de Savannah. En 1897, New-York recevait 47,2 p. 100 du total des 
im(M>rtation*^ et des exportations réunies; en I1N)7, cette proportion tombe à 
Wi.2 p. 100. Boston enregistre une décroissance encore plus sensible, son trafic passe 
It' H>,3 p. Mï du total, en IS97, à 6,8 p. |(>0; celui de San Francisco, de 4,4 p. 100 
a 3.5 p. 100. Ce sont les ports du sud qui bénéficient d'un large acrroi ««sèment : 
(talveston augmente de 3,4 p. 100 à 6,1 p. KM), pendant la même période, la 
N«»uveile-( Orléans, de 6,2 p. 100 h 6,3 p. 100, Savannah, de 1.4 p. 100 h 1,9 p. 100. 

La OAooaArati. - T. XVIll, I90M. I •) 



19 i MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

L'amélioration des voies fluviales, et spécialement celle du Mississipi, ne manquera 
pas d'améliorer encore la situation des ports du golfe du Mexique. 

Pierre Clerget. 

RÉGIONS POLAIRES 

Nouvelles contributions & la géographie du Spitsberg. — Deux importantes 
contributions à la géographie et à la cartographie de Spitsberg viennent d'être 
apportées. 

La première est due à M. Helge Backlund et concerne le massif compris entre 
la Klaas Billen bay (Isfjord) et le Storfjord *. 

Au cours des opérations de la mission russo- suédoise pour la mesure d'un arc 
de méridien au Spitsberg (1899-1901), des géodésiens et des naturalistes russes 
ont exploré cette partie de l'archipel. Après avoir pris part à ces excursions, 
M. Helge Backlund vient de publier une description de cette région, accompagnée 
d'une carte au 168 000* établie d'après les levers du professeur de Geer pour la partie 
ouest du massif et d'après ceux du capitaine Siegel et les siens pour le reste. 

La région considérée comprend, au nord, le massif Chydenius, le relief culmi- 
nant du Spitsberg, et, au sud, le glacier Nordcnskiôld qui se déverse dans la Klaas 
Billen bay et Timmense glacier Negri sur le versant du Storfjord. Entre ces deux 
fjords le relief atteint laltitude de 1 000 mètres environ et présente un profil est-ouest 
dissymétrique. La coupe en travers de ce massif peut être comparée à celle d'une 
vague qui, partie du Storfjord, serait sur le point de déferler dans la Klaas Billen bay. 
Sur le versant est le glacier Ncgri est remarquablement plat; sa pente moyenne ne 
dépasse pas i'^22'S, tandis qu'à l'ouest, celle du glacier Nordcnskiôld atteint 3* 47'. 

La séparation entre les deux versants est formée par un plateau large de 10 kilo- 
mètres et qui se prolonge au nord sur une distance de 20 kilomètres vers le mon! 
Chydenius. Cette haute plaine est recouverte de couches de neige sèche et farineuse 
superposées et séparées par de minces strates de glace (leur épaisseur est deO m. 015 
environ) produites par un commencement de fusion de la couche superliciclh' 
pendant les journées chaudes de l'été. La surface du plateau est accidentée de 
saslrougi orientés nord-sud et qui s'étendent sur des distances de 1 à 2 kilomètres. 

M. Helge Backlund considère ce massif glaciaire comme un inlandsis. A notre 
avis, l'abondance des pointements rocheux et la faible largeur du plateau supérieur 
n'autorisent guère cette définition; il est vrai que les glaciéristes ne sont pas 
d'accord sur la valeur de ce terme. 

Dans diverses publications nous nous sommes efforcés de mettre en lumière le 
rôle important des eaux de fusion, soit comme agents d érosion sous-glaciaire, soit 
comme agents de transport et de remaniement des dépôts glaciaires; en même 
temps nous avons signalé la fréquence des évacuations brusques de réservoirs 
formés par ces eaux (débâcles) et la puissance de leurs actions. Toutes les explora- 

i. Mission scienliAque pour la luesurt' d'un arc de méridien au Spitzberg entreprise en iW- 
1901 sous les auspices des gouvernements russe et suédois. — Mission russe, l. Il, IX* section. 
B. Géologie, 2. Observations dans le Spitz'terrj central par Helge Hacklund (avec 4 p!.), Saini- 
erabourg, 1908. 



RÉGIONS POLAIRES. IM 

lions entreprises récemment dans les grands massifs glacés conflrroent notre 
manière de voir. Ainsi le grand glacier Negri est dans sa partie inférieure tout 
Mllonné de torrents. M. Backlund en a rencontré un de 50 mètres de large en 
certains endroits et dont la profondeur était parfois de m. 30. Dans la zone de 
fusion ces cours d'eau coulent dans des canyons de glace, creux de 25 a 30 mètres, 
pour disparaître généralement ensuite dans des crevasses après un parcours peu 
ctendu. Quelquefois ils reviennent ensuite au jour en jaillissant. Au cours de son 
oiploration sur V inlandsis du Grônland en 1870, A.-E. Nordenskiôld a observé un 
ôuorme jet d eau au milieu du glacier produit par le siphonement d*un torrent 
intraglaciaire ou sous-glaciaire. .M. H. Backlund signale également sur le Negri 
une n fontaine de tioue »; « d*un orifice rond s*élançait a 1 m. 5 un jet d*eau noire 
avec i^alets et petites pierres. .Vutourde la fontaine s'était formé un bassin rempli de 
lM»ue demi-liquide mêlée de galets et de cailloutis ». Ainsi sur le glacier lui-môme, 
M>us Toction des eaux courantes les matériaux d'origine glaciaire perdent leur 
tàcii*i^ particulier et sont transformés on matériaux torrentiels. IMus Tétude des 
glacien actuels s'étend, plus la distinction entre les dépôts glaciaires et torrentiels 
apparaît presque inextricable, lorsque Ton ne se trouve pas en présence de for- 
mations nettement caractérisées telles que les moraines. 

La carte du glacier Negri publiée par M. U. Backlund indique sur cet appareil pas 
moins de buit lacs dont quelques-uns très étendus. Les uns sont des lacs de bor* 
duru remplissant des espaces libres entre les nunalalis et la glace, et dont la profon- 
deur |ieut atteindre 50 mètres ; les autres occupent à la surface du glacier des dépres- 
sions. Os derniers ressemblent h des élargissements marécageux de rivières et 
sVtendent parfois sur des dizaines de kilomètres. Toutes ces nappes engendrent 
i\vs dél>âcles. comme M. Backlund a pu le constater. Une fois les tacs de bordure 
vides, on voit apparaître sur leurs rives, à hauteur de Tancien niveau des eaux, 
dtM lerrassi*s, réduction des issjoten-asser des géologues Scandinaves. 

L'atK>ndance des eaux superficielles dans la région terminale du glacier est une 
i'auM> trt*s efficace de fusion, ces torrents entraînant les boues qui couvrent la glace 
et fiar suite la laissant complètement ex})Osée aux infiuences thermiques. 

Le^ formations morainiques situées sur la rive nord du glacier Negri et devant 
l'appareil issu du plateau du mont Edlund présentent un très grand intérêt. Dans 
la zâme toute voisine de la mer, elles affectent l'aspect de dépots marins avec des 
galets et des bois Hottes; plus loin elles sont constituées de matériaux provenant 
de la moraine profonde et présentent la stratification inclinée caractéristique des 
drl(a< torrentiels avec des accumulations accidentelles de galets et des débris 
de Jlitjfi arenaria; seulement au delà de cette zone, près du glacier, le^ malcriatix 
moraini«|ues ont l'aspect caractéristique des dépots de cette espèce. 

Ln partie sud du front du glacier Negri donne naissance à des icebergs tabu- 
hire«. On sait que le mode de formation de ces énormes glaçons reste une question 
tr«*<« ronln>vers<H}; aussi bien, les observations de M. Backlund qui a été témoin d'un 
\el.itfr empruntent-elles une grande importance. Devant la partie du front du gla- 
1 l'T Negri qui engendre des irehenjs la mer est très profomle. et. mit son fond, 
(I apri"^ le giMilogue russe, la glace se trouverait «omprimée. l)/in>ers conditions la 



f96 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

pression hydrostatique vient-ejle à être supérieure à la cohésion de la glaœ, ane 
crevasse s'ouvre de bas en haut dans toute l'épaisseur du front glaciaire; le bloc 
ainsi mis en liberté s'élève ensuite de 8 à 10 mètres au-dessus du niveau de la 
falaise de glace qui l'a produit. Si Viceberg est suffisamment large et volumineux 
pour garder son assiette, il reste tabulaire, tandis que, s'il est plus haut que large, 
il bascule de 90"* autour de son axe. 

La seconde contribution apportée à la géographie du Spitsberg est la carte do 
Prince Charles Foreland au 250 000* levée par M. W.-S. Bruce*. Cette grande île 
était restée jusqu'ici absolument inconnue. En permettant à M. Bruce d'accomplir 
sur cette terre deux campagnes topographiques, le prince de Monaco a rendu on 
nouveau service à la géographie et sa libéralité a permis de combler une lacune 
importante dans la cartographie du Spitsberg. Charles -Rabot. 

Nouvelle expédition du commandant Peary*. — Le 16 juillet, le commandant 
Peary a quitté Sydney (cap Breton), à bord de son navire, le Roosevelt, pour entre- 
prendre une nouvelle campagne dans Textrème nord. L'expédition a fait route vers 
le cap York; elle relâchera ensuite à État pour y embarquer des chiens et des auxi- 
liaires eskimos et pour y établir une station de charbon avec le combustible apporté 
par un tender. Par le bassin de Kane et par les canaux Kennedy et Robeson, Peary 
compte atteindre, vers le 15 septembre, le cap Sheridan, sur la côte nord de la terre 
Grant, où il s'établira pour Thiver. De là, en février 1909, l'infatigable explorateur 
américain s'avancera vers le pôle sur la banquise qui recouvre le bassin arctique. 

Charles Rabot. 

La végétation de Tile Kerguelen. — Après avoir fait connaître dans un livre de 
vulgarisation^ les résultats généraux de l'expédition antarctique allemande, le chef 
de cette importante mission, le professeur Erich von Drygalski, poursuit la publi- 
cation des résultats scientifiques dans un magnifique ouvrage *. Cet ouvrage, publié 
aux frais du ministère de l'Intérieur de l'empire et édité par la maison G. Reimer. 
de Berlin, ne comprendra pas moins de dix volumes in-4* accompagnés de nom- 
breuses cartes et figures. Un des fascicules récemment parus renferme une étude 
particulièrement intéressante due à M. E. Werth, botaniste de l'expédition sur la 
géographie botanique des terres subantarctiques, Kerguelen, île de la Possession, et 
île Heards ^ On sait qu'une station permanente avait été établie à Kerguelen pen- 
dant le séjour de l'expédition allemande dans l'Antarctique. 

L'île Kerguelen est située entre 48° et 50° Lat. S. ; ses côtes sont très décou- 
pées, sa forme générale est triangulaire. Du nord au sud et de l'est à l'ouest son 
plus grand diamètre atteint 120 kilomètres. Une chaîne de montagnes d'une hau- 

1. William S. Bruce, The exploration of Prince Charles Foreland, 1906- 1 907, in The Geogra- 
phical Journal^ XXXII, 2, août i90S, p. 139 (avec une carte). 

2. Science, n" du 14 août 1908, p. 206. 

3. Erich von Drygalski, Zum Kontinent des eisigen Siidens, Berlin, Georg Reimer, 1904. 

4. Deutsche Sudpolar-Expedition 4901-1903. Im Âuftrage des Reichsamtes des Innern. HerauS' 
gegeben von Erich von Drygalski, Leiter der Expédition. Berlin, Georg Reimer. 

5. Deutsche Sudpolar-Expedition, herausgcgeben von Erich von Drygalski, Band VIIÏ. BoUnik. 
Berlin, Reimer, 1906 (20 PL). 



RÉGIONS POLAIRES. 197 

tfor moyenne de I 000 mètres forme le noyau de l'Ile; au sud le plus haut sommet 
e^t le mont Ross (1900 m.); au nord la chaîne se termine par le mont Richards 

IdN) m.'. Les sommets sont couverts de névés, fl en descend des glaciers dont 
(juelqaes-uns atteignent le niveau de la mer. La ligne des neiges se tient h 
m) 700 mètres d'alUtude. 

A part les dépôts glaciaires, qui n'atteignent jamais une grande épaisseur, le sol 
de Kerguelen est formé presque exclusivement de roches volcaniques; ce sont sur- 
tout des basaltes, où sont intercalés des bancs de tuf et de conglomérats. Les 
ruchers qui dépassent les névés semblent également formés de basalte; seul le 
mont Ross a un autre aspect et parait être un ancien cratère. Au nord, on trouve 
dc5 lits de charbon intercalés entre les basaltes, ils renferment des conifères 
fi>s$iles tAraucariies ou Cupressoxylon), Celte formation basaltique parait tertiaire; 
en tout cas elle est plus ancienne que la dernière grande glaciation, dont les 
dêptVts la recouvrent partout. 

La rudesse du climat et la violence du vent empêchent, sauf dans les dépressions, 
le dépôt de produits de désagrégation, de sorte que, avec ses rochers dénudés, le 
pavMffe a un.aspect désertique. 

L*Ile Heard, située au sud-est de Kerguelen, sur la même plate-forme, a 46 sur 
16 kilomètres d'étendue. Elle est formée presque exclusivement par le mont 
Emp^Teur-Guillaume, dont Taltitude est de 1800 mètres, et qui est couvert de 
^aciers jusqu'au niveau de la mer. Il est séparé, par une petite vallée sablonneuse, 
il une montagne plus basse située au nord-ouest. Au nord se trouve une presqu'île 
-Duverte de formations volcaniques récentes. 

L1le de la Possession, la plus grande du groupe Crozet, est presque carrée et 
1 3ri sur 18 kilomètres. Elle renferme une crête montagneuse d'une altitude 
•li^ 1 TiiN) mètres. La partie sudest de File, visitée par l'expédition, se compose de 
t«i<altes et de conglomérats. On y trouve un cratère récent. 11 n'y a pas de traces 
«Haciaires, ce qui indique peut-être que les formations volcaniques de l'ile sont pos- 
térieures à la grande extension des glaces. 

Le climat de Kerguelen est franchement marin. La différence entre les tempéra* 
lurt*% moyennes du mois le plus chaud (février) et du mois le plus froid (juillet) ne 
i'^passe pas 6*,5. Le minimum absolu est de — 10^; le maximum absolu, -4- 20^. La 
température moyenne de l'année est de 3*,1. L'humidité relative est grande et les 
[•r^i^tpttations sont abondantes, surtout en hiver. L'expédition a obser\'é des chutes 
'\f neige pendant tous les mois de Tannée; mais la neige ne persiste toute Tannée 
•{u^ sur les hauteurs. Le ciel n a été vu entièrement dégagé de nuages que pendant 
«^pt jours par an. 

Les tempêtes sont fréquentes, surtout au printemps et en été. Les vents domi- 
fi\tk\3 viennent de Toucst et du nord-ouest. Les deux facteurs qui influencent le 
(4u4 la géographie botanique de Kerguelen sont le vent et la basse température de 

IVlr. 

i»n rencontre k Kerguelen les trois formations végétales suivantes : le désert, 
«vet quelques plantes isolées; la toundra avec une couverture végétale régulière 
in«i« lacanaire; enfin la lande, dont le tapis végétal est presque continu. 



198 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Le désert se trouve dans les localités les plus exposées au vent, sur les versants 
de Touest et du nord-ouest couverts de dépôts glaciaires, sur les plateaux à détritus 
mobiles, et sur les bords sablonneux des lacs. 

Dans les endroits plus abrités et a sol plus profond on rencontre la toundra ou 
là lande. Deux végétaux caractérisent la flore de Kerguelen : une Rosacée, Acœna 
cucendens Vahl. et une Ombcllifère, A zorella selago Hook. Elles arrivent à former des 
tapis continus, dans les endroits les mieux ensoleillés et les mieux abrités du vent. 
Les touffes à'Azoreiia atteignent m. 30 à 1 mètre de diamètre et sont plus ou 
moins espacées. Lorsque le sol est profond, elles peuvent avoir plusieurs mètres 
de diamètre et devenir à peu près contiguês. Sur les versants des montagnes, les 
détritus s'accumulent en arrière de ces touffes de façon à former de petites terrasses, 
au les marches d'un escalier. 

Cette forme en touffes est particulièrement convenable pour s'opposer à l'action 
mécanique et desséchante du vent. On la rencontre chez les plantes des hautes lati 
tildes, des montagnes et des rivages maritimes. Une Caryophyllée, Lyallia kergue- 
lensis Hook, forme des touffes de la grosseur de la tête, et se rencontre avec j4:oreWa; 
mais elle est assez rare, de même qu'une autre Caryophyllée, Colobanthus kergue- 
lensis, dont les touffes sont encore plus petites. 

Dans le désert et la toundra on rencontre deux Graminées, Poa kerguelensis Sleudel 
et Festuca erecia d'Urv. — La première constitue des touffes de m. 04 de hau- 
teur, surmontées par les épis; la seconde, beaucoup plus haute, ne forme pas de 
touffes denses. Elle a des feuilles rudes comme les herbes xérophiles des steppes. 
Une petite Graminée, Agrostis antarciica Hook, s'établit souvent sur les grandes 
touffes d'Azorella, On trouve également deux Lycopodes, Lycopodium saururus 
Lamck. et L. magellanicum Hook. 

Une autre plante caractéristique de la formation à Azorella est une Crucifère, le 
ehou de Kerguelen, Pringlea antUcorhutica R. Br. — Ce sont des rosettes de feuilles, 
portées sur une tige élevée souvent de plus de 1 mètre. Cette plante affectionne 
l'humidité et ne se rencontre en abondance que dans le voisinage des lacs ou de 
la mer. 

La plante qui accompagne toujours A zorella est un arbuste rampant, Acxna ascen- 
dens Vahl. — U n'a que m. 01 à m. 05 de hauteur, mais il peut atteindre m. 30 
dans les endroits abrités du vent. Au milieu d'Asore//aet d*Acœna on trouve ifbn/ia 
fontana L., Banunculus biternatus Sm., Galium aniarcticum Hook. Le Cerastium 
triviale Link. paraît avoir été importé. Beaucoup de ces plantes croissent à l'abri 
des grandes touffes A'Azorelln. 

Les Mousses constituent une part importante de la flore de Kerguelen. Dans la 
toundra, elles forment des tapis qui recouvrent le sol entre les Phanérogames. Les 
Lichens jouent un rôle surtout dans les parties désertiques, où ils recouvrent les 
rochers. 

La distribution d'Acœna est remarquable : cette plante apparaît partout en 
compagnie d' Azorella et s'établit même sur les touffes de celle ci. Mais, sur la côteel 
ijusqu'à un kilomètre dans Tintérieurdes terres, Acœna remplace presque entièrement 
Azorella, Or, dans les îlots, même les plus rapprochés de Kerguelen, il en est tout 



RÉGIONS POLAIRES. U9 

autmnenl : Aiorella est toujours la plante dominante et Acœna joue, comme dans 
rintérieur de la grande terre, un rôle subordonne. Il est, d'autre part, h noter que, 
«ur les rivages de Kerguelen, on rencontre, sous les Ac:ena, les restes d*un tapis 
iWizoreUa transformé en tourbe; c'est préci^tément dans cette tourbe que certains 
oisoaax creusent leurs nids. 

Vu pareil changement dans la végétation est donc tout récent et ne peut avoir 
une cause climatique. D'après M. Werth, ce seraient les lapins débarqués en 1874 par 
l'expédition de la Vénus qui auraient causé cette dissémination de VAcœna. Le 
fruit de cette plante porte, en effet, quatre crochets qui se fixent facilement dans la 
fourrure des mammifères et qui permettent ainsi son transport. Or, les lapins 
<e sont multipliés surtout dans le voisinage de la mer. Ils se nourrissent principa- 
lement de Graminées et du chou de Kerguclen, ce qui rend le champ libre au 
développement de VAcapna, En hiver les Algues {Macrocyslis) rejetées sur le rivage 
forment le fond de leur alimentation ; c'est ce qui les empêche de s'éloigner de In 
mer. Sur les ilôts, où les lapins n'ont pas accès, on rencontre souvent une formation 
Vi^lale caractérisée surtout par Pringlea anliscorbutica, et, en seconde ligne, por 
une Graminée, Poa Cookii. Le sol de ces ilots est fertilisé par les excréments des 
Otaries et des oiseaux de mer. 

En somme, avant l'introduction des lapins, sur les côtes où l'humidité est plus 
inunde, à la lande à Azorelia se mêlaient de nombreuses Pringlea, comme dans 
le:^ Ilots. Cette association a ensuite été refoulée parles Aaena, tandis qu'à l'intérieur 
on trouve toujoura la formation à Azorelia, avec ses trois degrés typiques, désert, 
toundra et lande. 

Bien entendu les associations végétales subissent des modifications dues au 
!»»l. et à ce point de vue on peut distinguer les rochers, les marais et les rivages 
maritimes. Mais ce serait sortir de notre cadre que de donner les listes des plantes 
«lui croissent dans ces trois stations. 

Dans une excursion à l'Ile de la Possession, M. .Werth a trouvé la même flore 
*iu*à Kerguclen, notamment Azovella, Ac/rna^ Ranunculus bitematus^ Galium 
inlurr/tViim, Poa Cookii et Pringlea antiscorbutica, 

A nie Ueard, règne également la formation à .t:ore//a; mais Acxna fait défaut. 
OtteatMence ne peut guère être attribuée au climat; car, dans la Géorgie du sud, où 
la température annuelle n'est que de i'^fi, on trouve, outre Acœna ascendens^ encore 
une autre espèce de la même famille. A l'Ile Heard, Azorelia est occompagnée sur- 
t'»ul dr Poa Cookii; Pringlea, Colobanthus et Poa kerguelensis sont disséminés 
filtre ces deux plantes. lY L. Laloy. 

Départ de rezpédilion antarctiqne française. — L'expédition antarctique fran 
Cai^, commandée par le D' Jean Charcot et montée sur le Pourquoi-Pas? a appa- 
reillé du Havre le 15 août. 

De nomtireuses personnalités avaient tenu à apporter tous leurs vœux ou 
rhef de l'expédition et à ses collaborateurs. Le ministre de la Marine était repré- 
^nté par un délégué, et, M. Doumer auquel revient l'honneur d'avoir ossuré l'orgo- 
ni^tion matérielle de l'expédition, avait tenu à assister au départ. Le baron Jules 



900 



M0UVEMI2NT GÉOGRAPHIQUE. 



de Guerne a apporté au D' Charcot ot à ses compagnons les vœux de la Société de 
Géographie et le commandeur Guido Cora, ceux de la Société de Géographie d'Italie. 
Plusieurs membres de la Commission centrale dont M. Jules Girard, toujours 
si dévoué aux expéditions polaires et océanographiques, étaient également venus 
serrer la main des explorateurs. 




FiG. 13. — LE Pourquoi-Pas? 

Cliché offert par M. Jules Girard. 

La veille, un punch avait été offert par la municipalité du Havre à Vétài-t^^'P^ 
et à l'équipage de Texpédition. 

Du Havre le Pourquoi-Pas? a fait route vers Cherbourg pour embarquer le charbon 
mis libéralement à la disposition de l'expédition par décision du ministre de la 
Marine. Malheureusement deux jours après, s'établissait le régime de coups de 
vent d'ouest et de sud-ouest qui a caractérisé la seconde moitié d'août et pendant 
quinze jours l'expédition fut retenue au mouillage. C'est qu'avec l'énorme gréement 
qu'ils portent les navires destinés à la navigation dans les glaces ne peuvent 
avancer à la vapeur contre les vents violents. 



OGÊANOGRAPBiB. 901 

Le iMromètre 8*étaDt relevé le 31 août, Texpédition appareilla, et, le lendemain 
elle était assaillie par l'ouragan qui a balayé toutes les côtes de louest. 

Le Pourquoi-PoM? a réussi à se réfugier à Guemçsey. Cette sortie par la 
tempête a eu le boa résultat de prouver à Texpédition qu'elle possédait un bateau 
très marin. 

Le 5 septembre l'expédition a quitté Guernesey, à destination de Madère, où 
elle est heureusement arrivée le ii septembre. 

CaARLES Rabot. 

OCÉANOGRAPHIE 

Hydrographia da la partie nord-est de Tocéan Atlantique*. — M. Nielsen 
n*9ume et coordonne les observations faites par le Thor dans les trois cam- 
pagne d'été de 1903 à 1905 au sud de la ligne Islande- Faeruer et à l'ouest des ties 
Britanniques. Au sud de l'Islande une couche d*eau de surface épaisse de 
^X) mètres présente une salinité constante de 35,25 p. 1 000. A l'exception de la 
couche la plus superficielle, qui se réchauffe pendant l'été, la température varie 
fort peu dans le sens vertical et reste comprise entre 8* et 7^. Dans le sens 
hortxontal ses variations sont extrêmement faibles. On peut en conclure qu'il y a 
tisns cette couche d'eau, durant l'hiver, des courants de convection qui entre- 
ti«'nnent la constance de sa température et de sa salinité. Si les mesures anciennes 
n'indiquent pas des températures aussi constantes, le fait peut être dû à ce qu'elles 
ont été prises à un moment où les courants de convection avaient cessé, et où 
Tarrivée d eau provenant de latitudes plus basses avait provoqué un relèvement de 
Li température dans les couches superficielles. 

\ la surface, la température qui est de V à 8"* durant l'hiver, s'élève à 12* en 
«*ti* ; en même temps les eaux moins salées qu'on rencontrée l'ouest du courant 
l'haud se répandent en couche mince à la surface et se mêlent graduellement aux 
«*aux salées. Par suite, jusqu'à la profondeur de 100 mètres, la salinité décroît 
It^cèrement; mais cette diminution n'est que de 0,1 à 0,2 p. 1 000. Ce phénomène 
^'oliserve en septembre et octobre sur la ligne Islande-Fierôer. 

Kntre cette couche a faibles variations de température et celle du fond, où les 
variations sont de nouveau faibles, il y a une couche où la température s'abaisse 
il<» 7' à 4». Son épaisseur varie suivant la profondeur. Lorsque celle-ci est de 
1<NKI mètres, l'épaisseur de la couche intermédiaire est de 500-600 mètres; mais 
dans les parties peu profondes de l'est du bassin, son épaisseur est très faible. 

Le tond a une température de 3" et une salinité de 35 p. 1 000. La température 
«^'abai^^HC a l'ouest du seuil Islande- Fa*rocr, et, comme cette même température (l*-2«) 
«<* retrouve à une profondeur relativement faible, on peut en conclure qu'un 
courant froid venu du nord se déverse par-dessus ce seuil. 

Les bancs des Fierôer séparent les masses d'eau qui coulent à l'est et à l'ouest du 
haut-fond de RockalL Des deux côtés de ces bancs il y a, en effet, des différences 

I. J '^. Nielfien, Contribution to thf hijdrogtaphy of the north-eastern part of the Atlantic 
ttr^anAn Mmêdetêtâer fina Komminionenforhavundertôf/els^, SorieHyiIro^raft. B. I» n*9. Copenhague, 



202 MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE. 

marquées dans la température et la salinité, ce qui indique qull n'y a pas de 
courant important dans le détroit situé entre Rockall et ces bancs. L*cau qui circule 
entre Rockall et TÉcosse passe par-dessus le seuil Wyville-Thomson, à l'est des 
Fœrôer ; tandis que l'eau qui vient de l'ouest de Rockall s'écoule en partie sur le haut- 
fond des Fœrôer, en partie sur le seuil des Fœrôer, et de là vers lest, au nord de 
l'archipel. 

Au sud des bancs des Fœrôer, dans le canal de Rockall, la salinité est un peu 
plus forte, et la température plus élevée qu'au nord de ces bancs. Les isothermes 
sont situées 200 à 300 mètres plus profondément, et même vers le fond Teau est de 
1°,2 plus chaude au sud de Rockall qu'au sud de l'Islande, à la même profondeur. 
La salinité et la température restent à peu près constantes dans le sens horizontal, 
vers rirlande. 

Mais, au sud du haut-fond qui s'étend vers l'ouest à partir de cette île, on 
observe un changement analogue à celui du banc des Fœrôer : les isothermes 
descendent de nouveau de 200 à 300 mètres plus bas que dans le canal de Rockall. 
La salinité augmente également, et a maintenant un maximum marqué vers 

I 000 mètres de profondeur. Comme, d'après les observations du Challenger, des 
conditions semblables dans la distribution de la salinité ont été constatées dans 
l'Atlantique, au large de Gibraltar, la cause de ce fait doit être cherchée dans le 
sous-courant d'eau chaude et salée qui s'écoule à travers le détroit, de la 
Méditerranée vers l'Océan. C'est aussi ce qui explique la température élevée de celte 
partie de l'Atlantique, qui n a d'analogue, en mer libre, que celle de l'océan Indien. 

II est probable que la couche d'eau chaude du canal de Rockall doit ses propriétés à 
un mélange avec l'eau venue de la Méditerranée. Mais ce mélange est assez avancé 
pour que le maximum de salinité ait disparu. 

Sur le haut-fond du sud de l'Irlande, on trouve en juin, jusqu'à 35 mètres de 
profondeur, une couche chaude nettement séparée de l'eau du fond dont la tempé- 
rature est constante et inférieure à 10®. Il semble probable que le courant, qui se 
dirige vers le nord, à l'ouest de l'Irlande, envoie une branche qui contourne le nord 
de l'île et redescend par le canal d'Irlande. L'Ile aurait donc un courant côlier de 
direction anticyclonique, comme l'Islande et l'Ecosse. D' L. Laloy. 

Observations effectuées au fond de la mer ^ — Au cours de plongées effectuées 
pour relever un torpilleur échoué dans la baie de Torbay, par 46 mètres de profon- 
deur, le lieutenant Damant a observé des rippelmarks très nettes, entre 15 et 
18 mètres de fond. Cet officier a, en outre, remarqué que jusqu'à une profondeur de 
20 mètres les objets légers flottant dans l'eau, rameaux d'organismes marins fixés 
sur le roc, ou tentacules de vers, exécutent des oscillations rythmiques dans le sens 
vertical. La marée ne se fait pas sentir sur le fond comme un déplacement hori 
2ontal continu; mais elle arrive par ondes successives. Autour du torpilleur, coulé 
par 45 mètres de fond, le sable ne présentait pas trace de rides. En revanche, U y 

1. Arthur Hunt, Facts ohservedby lieid. Damant^ at the sea-bollom, in The Geologieal Magasine, 
Londres. n° 523, 1908, p. 31. 



NKCROLOGIE. S03 

avait des blocs de pierre volumineux déposés sur le sable. Ces blocs sont communs 
dans la Manche, au large de la côte du South-Devon. D' L. Laloy. 

NÉCROLOGIE 

Le eapitaine Georges Mangin. — Le li juin dernier, à El Moînan, & 80 kilomè- 
trvs au nord-ouest de Tidjikja (Mauritanie), le capitaine Georges Mangin, h la tête 
d'un détachement de trente méharistos, a été tué, dans un violent combat contro les 
Maures. 

(■eorges Mangin comptait de nombreuses et brillantes campagnes en Afrique. 
Ap(»elé, pendant son avant-dernier séjour colonial, au commandement d*un 
fN*loton de méharistes du Kanem, il avait accompli une remarquable reconnais- 
sance au Borkou, qui nous avait valu de précieux renseignements sur cette région 
(|u*aucun Européen n'avait visitée depuis Nachtigal. Sur cette entreprise hordie il 
avait adressé à la Société de Géographie une communication qui fut particulière- 
ment apprécie^. L«a carte de ses itinéraires au Borkou publiée ici même constitue 
un document très intéressant. 

Par sa bravoure, |>ar son audace, par son allant, le capitaine Georges Mangin 
nppc*lait les brillants cavaliers des guerres de la Révolution et de l'Empire dont les 
eiplotts en matière de reconnaissance sont demeurés légendaires. Ces qualités de 
pn^mier ordre lui avaient valu d'exercer sur les troupes un ascendant irrésistible, et 
M)us ses ordres* le soldot, comme fanatisé, serait allé n'importe où. Il suffisait d'ail- 
U*uré <le s'entretenir quelques instants avec ce vaillant officier pour éprouver le 
même sentiment et sentir naître en soi à son égard une profonde sympathie et une 
dmitié spontanée. Et, ce héros de maintes aventures périlleuses étoit d'une modestie 
admirable. 

\ trente-cinq ans, le capitaine Georges Mangin était officier de la Légion d'hon- 
neur, et sans métaphore, on pouvait dire qu'il avait gagné cette haute distinction 

à la pointe de l'épée. 

Charles Rabot. 



Ouvrages reçus par la Société de Géographie 



GÉNÉRALITÉS {suite) 

IntemationaUr Meteorologischer Kodex. Im 
Auftrage der Internationalen Mcteorologischen 
KomiLees bearbeitet von G. Hbllmann und 
H. H. HiLDBBRANossosi. Doutsche Ausgabe be- 
sopgt Ton dem Kôn. Preussischen Meleorolo- 
gischen Institut. Berlin, Behrend, 1907, in-8 de 
81 p., tableaux. 

(lostitQt météorologique de Prusse.) 
Laboratoire colonial des hautes études près le 
muséum national d'histoire naturelle. Rapport à 
M. le Ministre des Colonies sur le fonctionnement 
du Laboratoire pendant le premier exercice (no- 
vembre 1905-décembre 1906). Paris, Maloine, 
1906, in-8 de 29 p. 

(Ministère des Colonies.) 
Maistre (Joles). — L'Europe et le Sahara. 
Montpellier, 1907, in-12 de 16 p. 

(Autour.) 
Miller (\V.). — Instrumentenkunde fur For- 
schungS'Reisende. Unter Mitwirkung von Ingé- 
nieur G. Sbidel. Hannover, Jânecke, 1906, in-8 
de viii-200 p., grav., M. 4,40. 

(Éditeur.) 
MuRAT (Louis et Paul). — Les Voyages de 
santé sur mer. Cure marine de la tuberculose 
pulmonaire, de la neurasthénie, des suites de 
surmenage, de l'anémie, de la faiblesse consti- 
tutionnelle, des convalescences traînantes(Vade- 
mecum hygiénique et médical de la vie en mer). 
Paris, Jouve, 1906, in-8 de xvi.533 p., grav., 
7 fr. 50. 

(Auteurs.) 
NiBDiECK (Paul). — Mes chasses dans les cinq 
parties du monde. Traduit de l'allemand par 
L. RousTAN. Paris, Pion, 1907, in-8 de 438 p., grav. 

(Auteur.) 
PoLLACCfli (P.). — Les échelles métriques des 
cartes géographiques, topographiques et marines 
et règle graduée supprimant les calculs de ces 
échelles, Paris, Chapelot, 1906, in-8 de 32 p. 

(Auteur.) 
PoLLAcr.Bi (P.). — Lecture des cartes russes. 
Indications linguistiques, géographiques et to- 
pographiques. Paris, Chapelot. 1907, in-4 de 
x-90 p., tableaux. 

(Auteur.) 



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publiées par le Service okocrapuiqub des Colo- 



nies, 1907. Paris, imp. A. Gentil, in-S de 26 pi. 
avec texte. 

(Ministère des Colooies.) 

ANNUAIRES, PÉRIODIQUES 

Db Montessus de Ballovb (F.). — Ephéméride$ 
sismiques et volcaniques. N" 36-42 (novembre 
1905-mai 1906). Ciel et terre. BraxeUes, vm, 
1906, 3 à 7 p. 

(Antenr.) 

Journal de statistique suisse, 43* année, 1907. 
I. Bd. Bern, Frank, in-4 de 88 p. 

(AbonnemeDt.j 

Meteorologische Zeitschrifl. Hapw — Banda^m 
vierzigjâhrigen Redaktions-jubil&um J. Hakx's 
von Freunden und KoUegen gewidmet. Redi- 
girt von Dr. J. M. Perntbr und Dr. G. Hellmajo. 
Braunschweig, Vieweg, 1906, in-8 de 404 p., 
portrait, pi. 

(Achat.) 

Mondo sotterraneo, Revista per lo studio délie 
grotte e dei fenomeni carsici. Pubblicazione 
bimestrale del Circolo Speleologico ed Idrologico 
Friulano. Direttore : Prof. F. Musori. Addo 1, 
n*" 1-2, 4-6 (luglio 1904-giugno 1905). Il, o" 1-6. 
luglio 1903-giugno 1906), 111, n*'* 1-2 (lugtio^tl. 
1906). Udine, in-8. 

(Abonnement.) 

Revista historica. Organo del Instituto hislo- 
rico del Perù. Lima, 1906. T. I, trim. I, II, in-8 
de 287 p. 

(Direction.) 

SoaÉTÉ oÉOLOOiQUB OU NoRD. Annales, xxx^ 
1906. 1" livraison, feuilles l à 7, juillet 1906, 
in-8 de viii-il2 p. 

(Abonnement.) 

Travaux de la société des naturalistes et det 
amis des sciences naturelles de Bessarabie. T. I, 
fasc. 1, 1904-1905/1905-1906. Kichinev, 1906, in-S 
de xviii-70 p. (en russe). 

(Bureau de la Société.) 

Zeitschrifl fur Gletscherkunde, fur Eisirit- 
forschung und Geschichte des Klimas {AnnaleJ 
de glaciologie). Organ der internationalen GIcl- 
scherkommission, heraurgg. von Eduard Brlci- 
RBR. Berlin, Borntraeger. Bd. I. H. 1, 2, 3 (mai, 
juli, sept. 1906), in-8 de 80 p. chaque fasc. 
cartes, grav., le vol. 16 m. 

(Abonnement.) 

CONGRÈS 

Association ixter^ationalb permaiib.xte des 
Congrès de hayigation. X* congrès international 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIETE DE GÉOGRAPHIE. 



205 



</# mMri^aiiom. MUan^ 190S. Compte rendu dei 
tt iritifx dm Congrès. Milan, 1906, in-8 de 4S0 p. 

BcrfAiLT (Pttimi). -- le ÏV congrès du sud- 
' ueti nawigabte {Rerue des Eaux et Forêts^ n* 16. 

1' août 1906. p. 4S5>493). 

(Anieor.) 

r offimônoii de topographie du Club alpin 
f- tmçais. Proeès-verbaujc des séances des quatre 
f.rrmiéres annéts. Paris, 1907, in-8 de "6 p. 

.ÊchaoKO.) 

Congrès international tP agriculture, tenu à 

Bu Upr»t du 17 au iO septembre 1896, sous la 

pr^idence de M. I. de Dabanti, ministre royal 

hnrurroi^ de l'agHcullure. Comptas rendus ré- 

•iiire^ par le D' Eio. di Rodiczky. Budapest, 

ivi:. in-8 de 536 et 686 p. 

(G. L..JArmy.) 

*^'mgrès international pour tétude des régions 
f- Antres tenu à Bruxelles du 7 au 11 septembre 
i994i. sous le haut patronage du Gouvernement 
l-f-lce. Happort d'ensemble. Documents prélimi- 
nnirts et compte rendu des séances. BruxelleSi 
t «J(. in-K de 311 p., avec suppléments. 

• CoBité d'organisation.) 

Di CHASsscotr-LAuaAT. — Rapport général 

tur Us congrès de VBxposition, (Ministère du 

<>onimerce, de Tlndustrie, des Postes et des 

Tilnrraphes. Exposition universelle internatio- 

nile de 1900 à Paris). Paris, impr. nat. 1906, in-8 

dr ^10 p. 

{Ministère da Commcrco.) 

U ctntfuième Congrès du Sud-Ouest navigable, 

v-iu a Bergerac les 6, 7, 8 et 9 juillet 1906. 

' -mf»tr rendu des travaux. Actes et résolutions 

'u rontjrès. Bergerac, 1906, in-8 de 4R0 p., gra- 

l tii()u^%, plans. 

(Anonyme.) 

Ministère de Tlnstruction publique et des 
BrAuiArU. Covnt osa travacx ntSToniQCSS at 
• imvKtiBa- Comptes rendus du Congrès des 
•• - "/^f êawtntes de Paris et des départements 
.Vi.u a Parts en 190$. Section des sciences. Parisi, 
lap. oaL, 1906, in-8 de 407 p., cartes. 

Mmifttèrt' dr rinstruction pablique.) 

TOPOORAPHIB 

MtaiT ir.H*Rtis^ — Topographie. Applications 
tx^^-xnlet à V agriculture. Arpentage^ ntvellement^ 

liittre (Encyclopédie agricole). Paris, Bail* 
. »r^ et Ois, 1906, in-12 de 499 p., grav. 

(Aatcur.) 

Valiot (Hnai et Joseph). — Application de la 
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(Aotoor.) 

Dalt (Rtoi?(ALD A.). ^ The limeless océan of 
Precatnbrian Time {American journal of Science^ 
4'^ ser., vol. XXIII, n* 134. Pebr. 1007, p. 931 15). 

(Autmr.) 
De Lappaebxt (Albert). — Leçons de géogra- 
phie physique. 3' édition revue et augmentée. 
Paris, Masson, 1907, in-8 de zvi-728 p., pi., grav., 
12 fr. 

(Anteor.) 

FrCm (J.). — Veber Fomi und Grosse der gla- 
zialen Brosiott. Vortrag... (Verhandl. der Schwei" 
zer. Satwforschenden Gesellschaft in St-Gallen^ 
1906). St-Oallen, 1907. in-8 de 48 p., cartes. 

(Autour.) 

Hakîi (J.). — Der tâgliche Gang der Tempera* 
tur in der Aussern Tropenzone. A. Das àmerika- 
nische und Afrikanische Tropengebiet (Denkschr. 
mathemat.-naturwiss. ktasse d. k. Akad. der 
Wissensch., Bd. LXXX. p. 317-404). Wien, 1907, 
in-4 de 88 p. 

^Aatear.) 

1Ib.^riese?i (G.). •— Sundry Geological Pro- 
blème. Christiania, Grondahl, 1906, in-12 de 
18 p. 

Hbbxan (Orro). — Bectnsio critica automa- 
tica of the Doctrine of Birdmigraticn. With 
one map. (Hungrian Central Office of Ornitho- 
logy). Budapest, printed by order of the Hun- 
grian Minister of Agriculture, 1903, gr. in-8 de 
ix-7i p. 

l\vTsaiE?iE0 (A.). — La dénudation de ta 
steppe [Annuaire géolog. et minéral, de la 
Russie, vol. VU, VIII), avec pi. (texte russe). 

Labat (A.). — Le volcanisme. Souvenirs des 
leçons de ses maîtres, Dacbrkb, Hebbrt, S. Meu- 
mbb. Paris. Bailli^re, 1907, in-8 de 79 p. 

Maillet (Eomo?id). — Mécanique et physique 
du globe. Essais d'hydraulique souterraine et 
fluviale. Paris, Hermann, 1905, in-8 de 218 p., 
tableaux, 1 1 fr. 

(.\utcur.^ 

MoMACO (H. s. H. the Prince of). — Meteoro- 
logical rrsearches in the high atmosphère {The 
>cott. Geogr. Magazine, March 1907, p. 113-122, 
grav.). 

(Auteur.) 

Partiot (N.-L.) — Étude sur les rivières à 
mar^e et sur les estuaires. Paris, 1892, in-8 de 
viiil29 p., cartes. 

(J. (firmrd.) 

RicciARDi (Lbo^ardo). — Vunilà délie énergie 
cosmiche. Torino, Roma, Vigliardi- Para via, 1907, 
in-H de 55 p., |. 2. 

(Anteor.) 

ScniTT (B.). — Die Haupt station fur Erdbeben- 
forsrhung am Physikalischen Staatslattorato- 
rium zu Hamburtf {IHe Erdhehenwarte, 1905-6, 
n. 2, 9-12, V. Jahrg). Leibach, 1906, in-8 de 
5 p., grav. 

(Aatenr.) 



2C6 



OLTVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE 

Adams (Cyrus C). — A Text'Book of Commer- 
cial Geograpky, New-York, Appleton (Twen- 
lieth Century, Texl-Rook), 1901, in-8 de xvi- 
505 p., carte, grav. 

(Éditeur.) 

BiROT (Jean). — Statistique annuelle de géo^ 
graphie comparée, 1906. Paris, Hachette, 1906, 
in-8 de 32 p. 

EcKBiiT (Max). — Leitfaden der llandeh Geo- 
graphie. Leipzig, Goschen, 1905, in-8 de 248 p. 

(Éditoar.) 
ViLLAiN (Gborgbs). — Lc fer, la houille et la 
métallurgie à la fin du XIX* siècle, Paris, Colin. 
1901, in-12 de xiv-3i2 p., 3 fr. 50. 

(Achat.) 

COLONISATION 

Bibliothèque coloniale internationale, 8* série. 
Les lois organiques des colonies. Documents 
officiels précédés de notices historiques. Tome I, 
Colonies britanniques; l. H, Colonies fran- 
çaises ; t. III, Colonies françaises (suite), néerlan- 
daises, allemandes, Congo. Bruxelles, Institut 
colonial international (Paris, Challamel), 1906, 
in-8 de 778, 618 et 564 p., le vol- 20 fr. 

(Échange.) 

Bordât (Gaston). — La France coloniale au 
début du XX* siècle (Revue pour les Français, 
novembre 1906, 1" année, n* 11), p. 403-i40. 

(Auteur.) 

Dbpont (Octavb). — Mutualité coloniale. Mu- 
tualité musulmane. Lc congrès d*Alger-Tunis, 
1905. Les œuvres de solidarité sociale dans nos 
possessions d'outre-mer. Bordeaux (Paris, Rous- 
tan), l'JOO, in-12 Je 210 p. 

DoucET (Robert). — Doit-on aller aux coio- 
niesîf Enquête du Comité Dupleix auprès des 
gouverneurs, commerçants, colons, etc. Paris, 
Comité Dupleix, in-8 de 196 p., 2 fr. 50. 

(Comité Dupleix.) 

GoBLBT iY,-M,),—Vœuvre coloniale de VUnion 
des associations des anciens élèves des écoles 
supérieures de commerce. Bulletin de VUnion, 
8" année, n* 158 bis, in-8 de 16 p. 

(Autour.) 

MiMSTéRB DBS CoLOUiES. OpFiCB COLONIAL. Sta- 
tistiques coloniales pour Tannée 1905. Industrie 
minière, Melun, in-8 de 108 et de 238 p., 2 fr. 
et 3 fr. 50. 

(Ministère dos Colonies.) 

Moi LIN ET Clabaux. — Annuaire et livre d'or 
des administrateurs coloniaux, 1905 . Paris, 
Charles-Lavauzelle, in-8 de 214 p., grav., 5 fr. 

(Achat.) 

Xotices sur les colonies françaises, pu- 
bliées à Toccasion de l'Exposition universelle 
de 1900 : 

La Côte d'Ivoire, par P. Mille. Paris, Firmin- 
Didol, in-8 de 32 p., carte. 

Le Dahomey, sous la direction de M. P. Pas- 
cal, par J. FoNss.AORivES, in-8 de 408 p.. carte, 
prnv. 



Guadeloupe et dépendances, par L. Goisog' 
in-8 de 35 p., grav. 

Guyane française, par E. Bassines, in-8 ût 
iv-240 p., carte, grav. 

Indo-Chine, in-8 de 320 p., carte, grat. 

Établissements français de Vfnde. Paris, Leré. 
1900, in-8 de 82 p., carte, gr^v. 

Madagascar. Paris, in-8 de 206 p., grav. 

Ln Martinique, par G. Landes, in-8 de 150 p., 
grav. 

Mayolte et Comores, in-8 de £00 p., grav. 

Houvelte-Calédonie, par l'Union agricole calé- 
donienne. Paris, Ollendorir, in-8 de su-210 p. 

Établissements français de VOcéanie, M de 
127 p., carte, grav. 

Saint-Pierre et Miquelon, par M. Capew.i, 
in-S de 32 p., grav. 

Côte française des Somalie, par S. Vioxeba». 
Paris, Dupont, in-8 de 87 p., carte, grav. 
(H. Froidevaai.) 

SUPA.N (ALEXA.NDKR). — Die fC' riioriale Etittctck- 
lung der EuropâUchen kolonien. Mit einem kolo- 
nialgeschichtlichen Atlas von 12 karten und 
40 kàrtchen in Text. Gotha, Pcrlhcs, 1906, inS 
de xii-344 p., 12 m. 

(Éditear.) 

OCÉANOGRAPHIE 

Albert I" (de Monaco). — Expériences (T^b- 
lèvement tVun hélicoptère (C, /?, Acad, aes Se, 
t. CXL, p. 1311, séance du 15 mai 1905), ini 
de 2 p. 

— Sur la campagne de la Pklncbssb Auci 
(ibid., séance du 23 mai 1905), in -4 de 4 p. 

{Auteur.} 

ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL DE LA Marine. Service bv- 
drographique. — Instructions nautiques, n" 867 
(océan Atlantique est, côtes nord et oue^t 
d'Espagne), 1905, xxix-490-ll p., 7 fr.; annexe 
(vues des côtes), 1 fr.; 869 (océan Pacifique 
Cbt, côtes ouest de l'Amérique du Nord), 1903, 
xxx-508-1 1 p., 7 fr. — 870 (observations, élude 
et prédiction des marées, par M. Rollel de 
l'isle), 287 p., grav., pi., 4 fr. — 871 (océan 
Atlantique ouest, côte S.-E. de la Nourelle- 
Écosse et Baie de Fundy), 1906, xix-32i-ll p. 
5 fr. 

(Ministère de la Marine.) 

KoHLSCHiJTTER (E.). — Vorschlag eûtes submn- 
rinen Pendelapparetes zur Messung der Schuxr- 
kraft an den vom Meere bedeckten Teilen 'Jer 
Erdoberflache (Annalen der Ilydrogr. u. marif. 
météorologie, Juli, 1906, p. 339-341). 

(Auteur.- 

NoRTH Sea FisHEniEs InvESTiuATiox CovsinLC. 
— Report on Fishery and hydrograpfiical inves- 
tigations in the North Sea and adjacent waters, 
190i'i903, London, 1905 (Cd 2612), in-4 de viii- 
618 p., 8 A\ d. — Report (n* 2. Southern Arae), 
1906 (Cd 2G70), in.4 de ix-377 p., pi., 8 s. 9rf. - 
Reports oflhe Dritinh Delegates attending the in- 
ternational council for the exploration of the tea 
in 190S, 190A and 1905, and Reports and carres- 
pondence relating thereto. Vol. L London, 1906 
(Cd 2966), in-4 de 248 p., cartes, grav. 2 s. 2 d. 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



201 



liiccMMii Xtivufn). — Terminologia morfo- 
/' tphica dri fondi oeeanici. ConsiderazioDÎ e 
{»ro{io^le (Htvtêta gtagr. Haliana, anno XIII, 
U^, \\\\ e t.\« 11106). Kirenze, iUOO, in-8 de 

^ I». 

(Aotaur.) 

TiiiKXgTtJ.). — Carie bathymétriqut ffénéraU 
U§ itream (Bull. soc. géogr. de TEsl, 1** trinu 

t»:K Nancy, 1907, in-Sde 16 p. 

(Anuttr.) 

HISTOIRE DK LA GÉOGRAPHIE 

V'> e^ntenarin de BiLrro de Gois (1607-1007). 
Il *wu^a*j^m da SoaiDAD Di Gboonapiiica de 
l.i«Ua. — I. BcTTODK GoiSfPorAuoosTO Ribiiro; 
U. O ihnerano de Bcrro db Gob», por Er.nb!<to 
•»• \ Asci>?icBLU)s. LiHboa (Socied. de geogr.). 
I ^iT. io>« de 23 p., carte, grav. 

{K. do Vascoocellos.) 

The Eoil and West Indian Mirroir, being an 
.Kl' ou ni of Junu Va?i Speilbbbob.Vs voyage 
r.unH ihe tcorld (ir»U.|6l7) and Ihe Auelralian 
\ i't*^tt tons ot jAcon LbMairb. Tran»lalcd, wttb 
r.otr 9 and an introduction, by J. A. J. db Vil- 
L I «V London, llakluyl Soc. (Mcond séries, 
u' i%iii)« 1UM>, in-8 de Lil-272 p., cartes, grav. 

^AbonooiDooi.) 

BIOGRAPHIE 

t)'*'omrs prononcée aux obfè^ues de Émilb 
lt<»iT«>. membre de l'InsLitiit, fonJateur-direc- 
*.r jr lie l'Kcnle libre des sciences politiques, 
.« » Janvier riU6, inip. Brodard, 28 p. 

(BaroQ llalot.) 

<;%ii^%t'LT Kbilb). — La térité sur ma démis- 
•I >% tU secrêlaire de ta Chambre de commerce 
if 1^ HocheliCt moUvée par les accusations pot*- 
*f'i c*n%trr mot par M, WOriÀgny» La Rochelle, 
t»' .. in-> de 16 p. 

.11. FroiJovaux. 

TAHMti* lAvsaouB). — Les voyages à trnoers 
.' iLHrttpe et l'Afrique d'un archéologue-hislorio- 
.rt^ftt. >ut«i9 tlet Soucenirs de la vie de fau- 
tt flvrmont-Ferrand, 1006, in'8 de 1*8 p., 
•:r4v dunt 13 dessins manuscrits). 

(AaUar.. 

EUROPE 

iU^'/e.Meiner Bericht und Chronik der im Jahvf 

'fr»j 1^ «f-tfiretch iteobachteten Erdbcben. Furt- 

tiuiitf dc*r Kl*'irbnainigen Publication drr 

) <ltM(wn-Koinmi^»iun der Kaisfrl. .\k.ii| finie 

' W 1%^4-nv haften. V ILUflUielle Publikalion 

. riu^itt'i:. run der Direklion der K. K. Zenlral- 

•' iiit fur Meteorolugie und Geodynaniik. 

^\ . n. Bi4umullrr, 1907, in>H de 220 p. 

1» \t.vt«^i (AxDiii.). — Le* Hautes Chaumes 

/ ■'rz,ou Chtstotre des bois et des montagnes 

;•' 'raltê df cette province à Ventour de l'tet re- 

'•*■ H tuie, AM'i' des ronMderations botanique», 

. . '.'tquf^. historique»... MoDlbri^n (Pari», 

I ."J . VJ*i', in-8 de 77 p., gi-av., 20 soh, 

Autrur.t 
\' -His-lHniZBT. — Voyage en France. S.rit-s 



48, 49, 50. Les Province!^ peixiues : I. ttaute^ 
Alsace; — II. Basse- Alsace; — III. Lorraine, 
Paris. Bergei^-Levrault, 1907, in-8 de 440, 484 
et 413 p., eartCH, 3 fr. 50 chaque. 

'Auteur et fidileon.) 
Ahnaud (Framçois). — Héponse au.r • Erreurs 
de la Carte de France «du général Bcfiai Bbn- 
THAUT. Baivelonnetle, chez l'auteur, 1907, in-8 
de 43 p., grav. 

• Aoteor.- 
Association des Intérêts maritimes de Gand, 
Bapport annuel, 1906. Gand, imp. Van Uoo^se- 
laere, 1907, in-8 de 148 p. 

.Comité de rAMociatioo.; 
Bkhaldi (HBSm).— BalaUous et l*etvoux. Notes 
sur les ofiiciers de la carte de France. Paris, 
imp. Lahure, 1907. in-8 de 265 p., pi. 

(Aoteor.^ 

BkAXcnAAD (Raoul). — Im Flandre. Étude 
géographique de la plaine flamande en France, 
Belgique et Hollande. Paris, Colin, 1906, in-8 
de vu 1-530 p., carte, grav., 12 fr. 

BocaCAET (F.-E.). — l^es lacs alpins suisxes. 
Étude chimique et physique. Genève, Georg, 
1V06, in-4 de 130 p., grav. 

Bncrhet (Jbam) et Girahuix (Paul). — Les grou- 
pes d'habitations du Val d'Anniviers comme 
types d'établissements humains {Annales de 
Géographie, t. XV, 1906, n* 82 du 15 juillet 
1906, p. 329*352). Paris, Colin, 1906, in-8 de 
28 p., grav. 

(Aatear.) 

Catalogue of the $-ineh and iS-inch County 
maps and town l*lans of Englund and Wales 
and the Isle of Man, and the one-inch and smal- 
1er scale maps, atul olher l*ublicalions of the 
Okuxakcb StHVBY ofthe United Ktngdom. To Isl 
Jan. 1906. Col. R. C. IIbllaho, 11. E., direclor- 
general... Southamplon. London, Darling, 19.6, 
in-l de 187 p., cartes, 2 s. 6 d. 

Ordoanco Sttrvey.» 

CiiAATRK (ER!icsT)et Savoyb (Cl.). — IsC dépar^ 
tetiient du Jut^a prénistot ique. Répertoire et 
carte paleoethnologique (C, B, Assoc, fr, pour 
VAvane. des «c.. Congrès «le Grenoble, 1904). 
Paris, in-8 de 3S p. 

CoouoGB (W.-A.-B.). — Les colonies vallai- 
sannes de l'Oberland bernois {Blâtter f. Ter- 
nische Geschichtc, 1900), in-8 du 15 p. 

Aotcar.) 

CooLiiHSB (W.-A.-B.). — tjeSirae dans Vhittoire 
alpine (Bévue des Alpes dauphinoises, mars 
VjOù), Grenoble, in-8 de 16 p., grav. 

Coolidcb (W.-A.-B ). — Autour du Vanestrel 
{Bévue alpine, juin 190G). Lyon, 1906. in-8 de 
5 p., grav. 

CoouooB (W.-A.-B.). — CiiARLLS thc greaVs 
Passage of the Alps m 773 {Engltïh Hi^torical 
/(erteus july lUOn, p. 49J-508.) London, in-8. 

Auteur. 

Db Jo?(Oh ((i.-J.). — Le port de Botterdam, 
avec planche. V édition. Rotterdam, 19o<'». in-4 
do 31 p. 

At%oc internat. pc*rtnanentc Jos C4>u;;reft 
Uo oavi^atiun. 



208 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



Dbpbrhiérb (Gillbs). — Le cadastre et son 
amélioration. Proposition formulée au Conseil 
d'arrondissement d'Angers, session de 1005 et 
4906, première partie, et vœu du Conseil, suivi 
d'un rapport de M. le Préfet de Maine-et-Loire 
au Conseil général. (Extr. de la Revue de Viti- 
culture), Paris, 1907, in-8 de 8 p., croq. 

(J. Joûb6rt.) 

DiicoELSTBDT (V.). -- A little-knowu Russian 
People : tke Setukesed or Esths of Pskoo (Scott, 
geogr. Magaz., sept. 1906), in-8 de 4 p. 

(Auteur.) 

DoHMANGET (Mauricb). — La rivièrc d'Ourcq 
et ses affluents. Étude historique et hydrogra- 
phique. Compiègne, Decelle, 1906, in-8 de 130 p. 

Fbrhassb (Euoéhe). — Hydrographie des bas- 
sins de la Cesse et de VOgnon {Minervois) dans 
ses rapports avec la structure géologique. Mont- 
pellier, imp. Firmin, Montane, 1906,... in-8 de 
166 p., cartes, grav. 

. (Auteur.) 

Gotthardbalin. Distanienzeiger in Metern, 
eiTektiven kilomelern und Tarifkilometern... 
Luzern, 1897, in-8 de 28 p., 1 fr. 

GuÉBHARD (A.). — Sotes présentées au //• con- 
grès préhistorique de France (Vannes, 1906). {Le 
vrai problème des enceintes préhistoriques. — 
Deux mots à propos du Caslelar du Mont-Bas- 
tide{X. M.). — Première revision de V inventaire 
des Enceintes préhistoriques du déparlement du 
Var). Le Mans, imp. Monnoyer, 1907, in-8, 
p. 137-184, grav. 

(Auteur.) 

GcEffH.\RD (Adribn). — Rapport préparatoire 
sur la question des camps retranchés pour la 
XI* section (anthropologie) du XXXVl* congrès 
(Reims, 1907) de l'Association française pour 
l'Avancement des sciences. Paris, in-8 de 8 p. 

(Auteur.) 

IXf^TITUT MÉTÉOROI.OGIQCR DB DANEMARK. AnnalCS 

de Vi)bservatoire magnétique de Copenhague, 
publiées par Adam Paulsen. Variations du 
champ magnétique horizontal (années 1892- 
1900). Copenhague, (irad, 1906, gr. in-8 de 28 p., 
pi. — Rapport sur les travaux du service maréo- 
graphique. Copenhague, 1906, in-4 de 30 p., 
grav. 

KiLiAX. — Les dislocations de la montagne de 
la Badille près Grenoble {C. R. Assoc, fr. pour 
l'Avanc. des Se, Congrès de Grenoble, 1904, 
p. (>30-637). Paris, in-8. 

(Auteur.) 

Larue (Pierre). — Le Quercy. Aperçus agro- 
nomiques sur le déparlement du Loi (Progrès 
agricole et viticole]. Toulouse (chez l'auteur), 
1906, in-8 de 22 p., grav., \ fr. 

(Auteur.) 



Lefort (Alfred). — Histoire du déparlemenl 
des forêts (le duché de Luxembourg de 1793 s 
1810), d'après les archives du gouvernemeDi 
grand-ducal et des documents français inédits. 
Préface du professeur G. Kurth. (Extrait des 
publications de la section historique de l'Ins- 
titut grand-ducal). Tome I. Luxembourg (ParU, 
Picard), 1905, in-8 de viii-SSO p., cartes, plans, 
7 fr. 50. 

(Auteur.) 

MiifiSTÈRB DBS Travaux publics. Ports marilimes 
de la France. Notice sur le port de Fécamp, par 
M. Renaud, complétée et mise à jour par 
MM. VéTiLLART, DucROCQ et Daumas. Paris, imp. 
naL, 1906, in-8 de 111 p., plans. 

(Ministère des Travaux publics.) 

Norrbt (Robert). — Ydre harads gârdnamn, 
Akademisk avbandling... Stockholm, 1905, in-fl 
de 20-212 p. 

Rabot (Ch.). — Les variations des glaciers de 
VIslande méridionale de i89S-iS94 à f90S-im 
d'après la nouvelle carte d'Islande (Zeitschrift 
fur Gletscherkunde, I Ed., 1906, p. 132-138, 
Berlin, in-8. 

(Antenr.^ 

Résultats scientifiques de V expédition organisét 
par V Académie imp. des sciences (de Russie) pour 
V excavation du Mammouth découvert à laririère 
Berezovka en 190i. T. L Saint-Pétersbourg. 
1903, in-4 de 124 p., av. 33 pi., 10 r. 

(Académie des sciences, .Saint-Pëtersboarg.) 

Sadlbb (Fernande). — Grès-sur-Loing. Notica 
historique. Avec six gravures de l'auteur. 
Fontainebleau, imp. Bourges, 1906, in-8 de 
viii-5i6 p. 

Sweden. A short handhook on Sweden's his- 
tory, industries, social Systems, sport, art, 
scenery, etc. Edited by the swedish Tourisl 
Traffic Society, Stockholm, 1906, in-l6 de 
178 p., carte, grav. 

(Touring Club suédois.) 

Teriibr (Pierre). — La synthèse géoiogigue 
des Alpes. Conférence faite, le 26 janvier 1906, 
à Liège, dans l'amphithéâtre de Tlnstitut Mon- 
tifiore, à la demande de l'Association des élèves 
des Écoles spéciales. Liège, Imp. moderoe. 
1906, in-8 de 29 p. 

(Autear.) 

Testament de madame la marquise de Bloc- 
QUKViLLE. Le phare (TEckmuhl, sur la pointe dt 
Penmarch. Paris, Quantin, 1893, in-8 de 40 p., 
grav. 

(I^ Myre de Vilers.) 

ViBBRT (Théodore). — L'Allemagne tentacu- 
laire. Foix. Gadrat, 1906, in-16 de 154 p., ! fr. 

(Auteur.) 



L archiviste-bibliothécaire : Henri Froidkv.4UX. 



Le gérant : P. Bouchez. 



Coulommiers. — Imp. Pacl BRODARD. 



XVIII. - JV» 4. IB Octobre i908. 



Deux contre-rezzous 
dans rOuaddaï, TEnndi et le Borkou 



Malgré le très beau voyage d*ex|)loration île rAllenmnd Nachtigal en 
l^72 et la pointe auJacieusedu capitaine Mangin sur Toasis deWounen 1905, 
If Borkou est demeuré une des contrées les plus mystérieuses de TAfrique 
« «Mitrale. L*Ëundi n*avait jamais été entrevu, môme de loin par aucun Euro- 
iMcii. Quant au Ouaddaï, Nachli^'^al est le seul voyageur des temps modernes 
•|ui ait pu traverser le pays sans y laisser la vie. Mais obligé de suivre un 
liAut «lii^nilain* ouaddaïen qui craignait lui-mî^me la peine capitale pour avoir 
inlnnluit un Blanc dans le royaume, on s*arrangea pour gêner le plus possible 
H«>H observations. Malgré sa ténacité et sa magnifique énergie il ne put prendre 
•pu* «les notes rapides et incomplètes qu*une mort prématurée rem|)écha 
tnénie de mettre en ordre, de sorte que la carte du Ouaddaï dressée après son 
•'\plt>r.ition est loin d*oflrir toute la précision désirable. 

lieux contre-rezzous exécutés dans TOuaddaï (octobre-novembre 19(J6) et 
*\m\> rEnndi-liorkou (mars-mai lOOl) ont permis en pénétrant ces régions 
d .irquérir sur elles des renseignements nouveaux ou de compléter ceux qiû 
i\ai«*fit été antérieurement recueillis. 

I. — Contre-rezzou au Ouaddaï. 

l^H /iahr-ri'dazal an liM-ed-Deren. — En vue de punir des incursions 
•» laddalennes récentes et de prévenir dans la mesure du possible de nouvelles 
\iuUlions de notre territoire, le liiMitenant-colonel Largeau, commandant le 
!#-rritoin» militaire du Tchad, prescrivait en octobre 1906 la mise sur pied d'un 
<-*»ntre-rczzou destiné à poursuivre dans Test les fauteurs de tiésordres. 

Une petite colonne est aussitôt constituée à Fanntrassou, dans le Balir-el- 
tiazal, sous les ordres du capitaine Bordeaux : elle compren^l le peloton de 
nirharistes du Kanem (lieutenant Cornet, sergent Erhardt), un pcdoton de 
«l»afiis (lieutenant Godard), un convoi fortement protégé (adjudant Henry) et 

U tifooRAmift. - T. XVin. lOuK i'* 



2[0 COMMANDANT BORDEAUX. 

un cerlain nombre de partisans, en tout 169 hommes armés, dont 83 réguliers, 
tirailleurs soudanais ou spahis. 

Le départ donné le 24 octobre au matin nous conduit, le 24 au soir, à la 
mare de Safé. A partir de ce moment la direction à suivre quitte le lit du 
Soro * pour s'incliner vers l'est-sud-est et Ton entre en plein inconnu. On sait 
seulement que les tribus à atteindre se tiennent ordinairement à six jours de 
marche du Bahr-el-Gazal, que le pays à traverser est absolument désert, mais 
que néanmoins on a des chances, en cette fin d'hivernage, d'y trouver de 
Teau de deux en deux jours. Malgré celte promesse du guide Issa, le seul qu'il 
ail été possible de se procurer, les tonnelets sont vides dès le 27, et, les mares 
de Guolly où l'on comptait faire aiguade sont déjà asséchés. La situation est 
critique et il faut une étape de nuit de 80 kilomètres pour gagner le 28 octobre, 
à une heure de l'après-midi, la mare d'Am-Razad, oii hommes et bêtes peuvent 
enVin se reposer et se désaltérer. 

Le pays traversé jusqu'ici est une steppe herbeuse semée de quelques 
mai«>res épineux. Aucune ondulation, aucune trace de vie animale ne viennent 
rompre la monotomie de cette zone désolée où, suivant l'expression indigène, 
« la terre ne garde jamais l'eau ». 

Le 29 au soir on repart, et, après un crochet vers le nord pour contourner Ir 
Dar-Gorann habité par des populations krédas proches parentes de nos Krèilas 
du Bahr-el-Gazal, deux nouvelles marches de nuit dans un pays très légère- 
ment ondulé et boisé nous amènent, le 31 octobre, à deux heures du matin, 
devant la zeriba^ de Tagaga où sont campés des Arabes Demis du chef Khâlil, 
un de nos ennemis avérés. Après un combat assez violent, mais très bref, qui 
nous coûte. un spahis tué et un blessé, l'ennemi prend la fuite, abandonnant 
ses troupeaux, et, notre campement est établi sur les lieux mêmes. 

Tagaga est situé dans le Bled-el-Ouadi, région quelque peu plissée, où 
l'argile affleure à la surface du sol et permet, à la saison des pluies, la forma- 
tion de nombreuses mares. La plus vaste est celle de Kossako, large étendue 
d'eau entourée de pâturages verdoyants et de grands arbres du plus bel effet. 
Celte mare tire un appoint sérieux de YouadI Rimé, torrent d'été qui prend sa 
source près d'Abéché, et qui, coulant de l'est à l'ouest, va se perdre dans les 
marécages d'Al Lodé, après un cours de 300 kilomètres environ. 

Tout ce que l'on savait jusqu'ici sur le pays se réduit à rien. Force est donr 
pour aller plus loin de s'en rapporter aux renseignements fournis par les pri- 
sonniers faits dans la précédente affaire, qui signalent, à un jour de marche 
dans l'est-nord-est, des agglomérations de villages ennemis Demis et Ralanis. 
Après une nouvelle marche de nuit, on arrive, le l*"* novembre au matin, dans 

t. Talweg actueUement desséché qui traverse la région du Bahr-el-Gazal. 
2. Enceinte plus ou moins fortifiée au milieu de laquelle les nomades campent avec leur? 
troupeaux. 



UtVK i:ONTUK-HEZZors DANS L'OUADDAK l/ENNDI ET LE noRKor. 2ll 

l**«i 'jrtfHjfioments «lo Kainadji, rentre «le cultures de frros mil situé dans le Bled- 
(*«l*beron, où l'on ne rencontre (|u*une résistance insigniliante et où l'on 
'•'iirn^lo pour la journée. 

1^ but militaire de l'opération est alors atteint. Nous avons traversé une 
/•»n<* désertique, réputée infranchissalde faute d'eau, et détruit la confiance que 
1 1 nnemi avait dans cet alri : nous avons infligé à cet ennemi une leçon sévère 
ipii. il faut l'espérer, portera ses fruits. Mais les dures fatigues déjà supportées 
«onduisent a rechercher des résultats proportionnés et l'intérêt politique et 
L'éo<rrapliique d*uue nouvelle [lointe en avant parait tel que le mouvement est 
aii><itot tlécidé. Outre les renseii^nements de tous ^a*nres que doit procurer 
une nHM>nnai^sance dans un pays ignoré, quoique très peuplé, on peut, en 
effet, e>sayer «le nouer avec les populations arabes opprimées par leurs maîtres 
nuaddaiens des relations amicales qui pourront être utiles au jour plus ou moins 
npprocbé où l'occupation du Ouaddai s'imposera absolument. 

La colonne est donc partagée en deux groupes. Pendant que les spahis 
pr*i|é<:eant le convoi et les prises se replieront sur Tagaga, les méharistes, sous 
la riinduite du capitaine Bordeaux et du lieutenant ('^ornet, pousseront aussi 
l<»in t*t aussi rapidement que possible dans la direction d'Abéché, la capitale 
«lu Ouaddat, profilant de ce que Ton se trouve en plein Rhamadan, mois 
<^.uTé |»endanl lequel toutes les troupes ouaddaïennes restent en général con- 
• •»nln'es sous les murs mêmes d'Abéché.' 

Pointe rei'ii A/fêchê. — Depuis le 21 octobre le contre-rezzou n'a eu qu'une 
nuit de repos h la mare «l'Am-Razad. Mais plus que jamais la rapidité s'im- 
|HiM». Aussi la marche reprend-elle le soir même, monotone et harassante, 
«iMip«'*e seulement de haltes lorsque les hommes exténués de fatigue s'endor- 
nH*nt et tombent de chameau, risquant d'endommager le fusil qu'ils portent 
t-n bandoulière et qui est notre seule sauvegarde. 

On traverse ainsi de nuit le Bled-ed-Deren, pays relativement peuplé au 
M»| plat, mi-argileux, mi-sableux, et qui parait fertile et bien cultivé. La dent 
irrinitique de Diombo s'aperçoit le matin à une dizaine de kilomètres au 
nord, dressant son sommet à 100 ou 150 mètres de hauteur; c'est, en raison 
dr *^on éloignement île tout autre accident rocheux, un repère précieux. 

Le 2 novembre, à sept heures du matin, arrêt d'une demi-heure à Baïné, 
jros villaire d'Arabes Kapgas, où Ton nous réserve un accueil empressé. Ici, 
roinnie dans tous les autres villages qui seront traversés et où nous cherchons 
•»»'ulement à nouer des relations, les femmes et les enfants viennent à nous 
vins crainte, ap|iortant en signe de paix des poulets blancs et des «rufs, tandis 
i|ue le^ hommes s'inquiètent vivement de savoir si nous venons pour occuper 
•bliuitivement le pays. Ils s'extasient littéralement sur la conduite de nos 
tiniilleurs auxquels défense formelle a été faite de circuler dans le village; 
lU ont d'ailleurs un terme de comparaison facile, la conduite des soldats 



212 COMMANDANT BOUDE AUX. 

ouaddaïens, qui dans les mêmes conditions ne se gêneraient pas pour piller ou 
violer ce qu'ils trouveraient à leur convenance. Tous ces gens, à part de très 
rares individus venus chez nous pour leurs affaires, voient des Blancs pour 
la première fois; ils s'étonnent surtout de notre bonhomie. Notre appareil 
guerrier grossi par la peur doit, en effet, leur paraître formidable, et, cepen- 
dant nous consentons à causer amicalement avec eux, sans même les forcer 
à se découvrir Tépaule droite, ce que ne manquerait pas de faire le moindre 
agent ouaddaïen. Ils ont déjà entendu parler par leurs voyageurs de noire 
esprit de justice et du montant relativement peu élevé de l'impôt perçu sur nos 
territoires. Et, le palabre se termine ici, comme il se terminera partout 
ailleurs, par des vœux ardents de nous voir revenir bientôt pour chasser leurs 
tyrans et occuper définitivement le pays. 

Le coucher se fait le soir, à dix heures, à la mare d'Okla. Le carré à peine 
formé et les sentinelles placées, les hommes fourbus s'allongent auprès do 

^; leurs chameaux et cèdent au sommeil; mais presque aussitôt des voix nom- 

breuses se font entendre à 300 mètres à peine à l'est du camp ; la nuit sans 

%. lune ne laisse rien distinguer. L'alarme heureusement est vite dissipée : ce 

sont, en effet, les habitants des villages voisins qui, avertis de notre passage, 
viennent palabrer et apporter les poulets d'usage. 

La politesse la plus élémentaire oblige à les recevoir, non sans qu'on les 
maudisse intérieurement pour la delni-heure de repos qu'ils vont nous voler. 
Le cérémonial s'en trouve écourté, et, après quelques bonnes paroles, ils sont 
priés de revenir le lendemain. 

Le 3 novembre au matin, la marche est poussée vers le sud-est à travers 
le Dar-Ouara, région très peuplée dont la densité de population n'atteint pas 
cependant celle du Dar-Ziiid laissé au sud. Tout le monde ici connaît noire 
venue, qui est accueillie avec beaucoup plus de sympathie que de surprise ou 
de peur. Les indigènes du Dar-Ouara, comme ceux du Bled-ed-Deren et du 
Bled-el-Ouadi, sont, en effet, tous ou à peu près tous de race arabe et par 
conséquent opprimés sans compensations. Relativement civilisés et intelli- 
gents, comptant une proportion notable de lettrés, ils habitent des villages de 
paille très proprement tenus et dont les cases sont toujours, régulièrement 
disposées autour d'une place centrale ronde ou carrée. Le» esclaves y sont 
très rares, aussi bien que la grande propriété. Chaque famille cultive son 
lopin de terre ; les plus riches ont quelques bœufs et une centaine de moutons '. 
Il en est résulté des mœurs tranquilles et laborieuses et il n'est pas étonnant 
que notre domination qu'on sait équitable y soit vivement souhaitée. 

1. Le manque d'eau est pour quelque chose dans ceUe pénurie de bétail. Pendant sii moi» 
de Tannée, après l'assèchement des mares créées par les pluies annuelles, on ne la trouve plus 
qu'au fond des saniés, pulls de 80 à 90 mètres de profondeur, où elle est d'ailleurs peu abon- 
dante. 



DEIX CoNTnK-REZZorS DANS LH)UAD1)A1, L'ENNI)! ET LE BonK(»r. 213 

Nos TÎsiteura de la %*eille, augmcnlés de nombreux autres villageois, forment 
autour de nous un véritable cortège au-dessus duquel émergent nos méha- 
rt&les et les lètes hargneuses et étonnées de leurs chameaux. Après avoir 
|»assé le grand village de Toudgà et traversé le lit desséché el très fourré de 
Voundi Rimé, on débouche, à neuf heures, dans une plaine dérouverte, 
lK>riiée au nord-est par les rochers de Néry et au milieu tie laquelle se pré- 
M*nte le village d*Om-Loubia, grosse agglomération appartenant en propre à 
Vngmid ' Magguené, chef des Missiriyès. 

Notre arrivée met en fuite une trentaine de cavaliers qui caracolaient i 
Test du village et qui en nous apercevant galopent à bride abattue et dispa- 
raissent bientAt dans le taillis. Cï'tait, comme on Ta su plus tard, une 
patrouille de guerriers Missiriyès peu désireuse de prendre le contact. Leur 
brillante conduite fut récompensée, comme il convenait, par le sultan du 
Ouaddaî qui lit trancher la tête au commandant de la patrouille et à cinq de 
M*s membres. C'est, d ailleurs, le moment d'ajouter que, pour punir les habi- 
tants du Bled-ed-Deren et du Dar-Ouara de Taccueil qu'ils nous avaient fait, 
Uuudmourrah leur lit quelque temps après razzier la totalité de leurs bœufs : 
1h*1 exemple de justice ouaddaïenne. 

Quoi qu'il en soit, il nous faut maintenant redoubler de précautions. Nous 
M>mmes à plus de 500 kilomètres de Mao, à 70 kilomètres tout au plus 
d'Abéché et nous avons en tout 40 bons fusils à opposer aux forces entières 
du Ouaddal concentrées dans la capitale. L'avant-garde, qui a mis pied à terre, 
fi»uille Om-Loubia qu'elle trouve évacué; à l'arrivée du gros, le village est 
incendié, pour |K>rter atteinte au prestige de nos ennemis. 

Il apparaît dès lors qu'aller plus loin serait de la témérité et la retraite est 
onlonnée. (Commencée le 3 novembre, à dix heures du matin, elle s'eflectue 
5ans incidents notables, el, le 5 novembre à une heure du matin, après deux 
fortes marches de nuit, on rejoint à Tagaga le deuxième groupe qui y était 
«tabli. 

Le peloton de méharistes venait de parcourir dans son raid près de 
*ls\S kilomètres en trois jours, et, depuis Fanntrassou, opérations comprises, 
pn»^ de 600 kilomètres en moins de douze jours. 

Retour au Kanem. — Après vingt heures de repos, le 3 novembre, à 
onze heures, la colonne est remise en marche vers le sud et tente, sans succès 

I. l'ii 47irr<f au OuadiUi est un chef territorial et militnire o»rre<|>on<lanl, toutes pro|N)rtion> 
••\rtlerf . a un commamlnnl «le corp» «l'armée doublé «l'un préfet. Il > a six grands aguuis qui >nnl 
, .r ordre d'imporlanc** l»a«o ^ur le nombre de fu^ilâ à tir rapide qu'ils po^>eMlfnl : hj<*rma Al khi- 
"««kim. environ roo fusil»: ARuid Mahamids, toO fuî-ils: Agui«l Snlamat, Hiofn^ih: Aiîuid l)i.«iéné>; 
i^-i fuMla; AffuMt lliasiri>e». 300 fu»iU: Aguid-el-Bobr. loU fu>ils. Kn tmit envirtm *i uno fusih 
iiixqu^U il faudrait jouter de 6 OUO a 8 OOD U\%\\> à pierre ou a piston sans valeur aux di^lanceit 
« i^'^rirurts k 200 mètres. 



212 



COMMANDANT lUf\ 



ouaddaïens, qui dans les mêmes condilioii> 
violer ce qu'ils trouveraient à leur conv. . 
rares individus venus chez nous pour li • 
la première fois; ils s'étonnent surlom 
guerrier grossi par la peur doit, en ( ii 
dant nous consentons à causer aini«M. 
à se découvrir Tépaule droite, ce i|i 
agent ouaddaïen. Ils ont déjà eiilr., 
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territoires. Et, le palabre se (« . 
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tyrans et occuper définitiveiiKi: 

Le coucher se fait le soir, i 
formé et les sentinelles pla( . 
leurs chameaux et cèdent ;r: 
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lune ne laisse rien distini 
sont, en effet, les habilan' 
viennent palabrer et ap[M. 

La politesse la plus < 
maudisse intérieuremen' 
Le cérémonial s'en tro. 
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le Dar-Ouara, réj^ion 
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•MKK-UEZZOUS DANS L'OUADDAI, L'ENNDl ET LE BORKOU. 215 

Idritoirc du Tchad, elle nen avait pas moins excité chez nos 

!ii Kiinem, et principalement chez les nomades Ouled-Sliman et 

M <■( rtain étonnement pour ne pas dire plus; Tidée n'était pas loin 

.1' r clirz eux que la peur seule nous empêchait de punir ce méfait. 

• <N actes d'hostilité avaient été inspirés par la secte senoussiste qui 

«il nous pardonner d'avoir été évincée par nous du Kanem, après les 

lit» -s alTaires de Bir-Allali (1901-1903). Ils avaient été perpétrés par des 

I- ' ai«lôs de Nakazzas et de Toubbous de TEnndi et du Borkou dont les 

<•< uu nts principaux étaient alors signalés à Woï, dans TEnndi. 

Il f'all.ut à la fois châtier les coupables et rétablir notre prestige. En pays 

•r [dus encore que partout alleurs la force seule inspire le respect. Le lieu- 

u.ml-colonel Largeau donna en conséquence en mars 1907 Tordre de former 

i.i Ivanein un contre-rezzou. Placé sous les ordres du capitaine Bordeaux, il 

< Mii)|u*enait le peloton de méharistes sénégalais de la 4"* compagnie du Tchad 

ih'ulenant Cornet, sergent Erhardt), un peloton de spahis (lieutenant Godard), 

•m fort convoi (sergent Berthier), des partisans Ouled-Sliman (chefs Cheikh- 

Alnnet et Maïouf), des partisans Tédas Djaggadas (chef Mahmadi Kougou), 

un certain nombre d'auxiliaires, boys armés, etc., en tout 257 fusils, 

tlonl 82 réguliers, 60 chevaux et 400 chameaux. Un canon de 37 millimètres 

porté à dos de chameau nous était attribué. 

Concentré à Zigueï (Kanem, 90 kim. au nord-est de Mao), le eontre-rezzou 
s'ébranlait le 22 mars, à midi. Après avoir franchi les hautes dunes boisées et 
escarpées du Manga, il entrait bientôt dans un pays de sable absolument plat, 
où les arbres d'abord, puis toute trace de végétation diminuent peu à peu 
pour disparaître complètement à une demi-journée de marche de l'Egueï. 

L'Egueï lui-même coupé le 25 à Abou-Magueur est une région légèrement 
ondulée, où une argile blanche ou grise qui émerge dans les bas-fonds dénote, 
avec des vertèbres de poissons fossiles, la présence antérieure de l'eau. Les 
tempêtes violentes qui s'élèvent souvent ont affouîllé les sables en dessous 
même du lit d'argile, formant un véritable chaos d'aspect fort différent 
sans doute des formes anciennes du pays qu'il est dans ces conditions très dif- 
ficile de reconstituer. 

La nappe d'eau souterraine se trouve actuellement dans les dépressions, à 
un mètre environ de la surface du sol. Elle est plus ou moins natronnée, sui- 
vant les aiguades, et, passe à juste titre pour avoir sur les chameaux des effets 
curalifs excellents. 

De l'Egueï, trois dures étapes (170 kilomètres) nous amènent à lékia, 

t. Les Zouïas sont des Arabes blancs originaires de Toasis de RouFra. Ils eotreliennent dans 

le centre africain et principalement sur la route des caravanes de Ben-Ghâzi à Abéché de vérita- 

'-'«s postes avec une relève périodique analogue à notre relève coloniale. Leur chef Sidi el Màhdi 

en même temps le chef de la secte senoussiste autrefois très puissante, maintenant bien déchue, 

s qui n'en a pas moins encore une grosse influence au Tibesti, au Darfour et au Ouaddaï. 



IV 



214 COMMANDANT BORDEAUX. 

d'ailleurs, faute de renseignements, de couper la route à ïaguid el-Bahrqui 
vient de razzier au Bahr-el-Gazal. Ce mouvement, qui nous mène à Abouklios, 
permet d'explorer le Dar-Ouled-Rachid et de relever ïouadi Oudeï-Sakaïr 
fléjà à sec à cette époque de Tannée, mais qui, en août et septembre après 
les pluies annuelles, sort de la Batha à Am-Charma et vient, après avoir 
rempli les mares de la naga * d'Amberkeï, former les vastes marais de Rouhout 
où il se perd. 

D'Aboukhos, après avoir envoyé un détachement léger reconnaître le Dar- 
Gorann, la colonne fait route sur les marécages de Rouhout. Ceux-ci, situés 
dans le Dar-Khozzam, sont une agglomération de mares plus ou moins pro- 
fondes dont quelques-unes seraient même permanentes. Après une journée 
entière de repos suivie de petites étapes, on arrive le 10 novembre à Argana, 
dernier village de Touest qui soit soumis à l'influence ouaddaïenne. 

Nous ne sommes plus séparés du Bahr-el-Gazal que par une distance de 
200 kilomètres environ. Mais il reste à traverser la région appelée par les 
indigènes Al Har, la « brousse mauvaise », absolument privée d'eau et dans 
laquelle les chasseurs d'autruche les plus audacieux ne s'aventurent pas 
volontiers. 

Personne ne consentant à nous servir de guide, les spahis avec leurs che- 
vaux, tous les indigènes du convoi et les bœufs sont dirigés vers le Fillri, 
route plus longue, mais où l'eau est assurée, tandis que les méharistes seuls 
forceront le passage dans la direction de l'ouest. Ces derniers atteignent le 
Soro, le 19 novembre, à la mare de Deula, et rentrent, le 24 novembre, à Bir- 
Allali, leur point d'attache, tandis que le reste du contre-rezzou est disloqué le 
29 novembre à son arrivée à N'Goury. 

Plus de mille kilomètres d'itinéraires absolument nouveaux avaient élé 
relevés au cours de cette opération, dont la moitié dans une région couverte 
de villages qui nous étaient inconnus même de nom. 

II. — Contre-rezzou dans TEnndi et le Borkou. 

Du Kanem vers VEnndi. — Nos nomades du Kanem avaient élé fort 
inquiétés pendant l'hiver 190S1906 par plusieurs rezzous qui leur avaient tué 
des hommes, enlevé des femmes et des enfants et razzié un certain nombre do 
chameaux. De plus, une harka senoussite nombreuse et bien armée avait en 
octobre 1906 razzié sur la route d'Agadès à Bilma près de 2000 chameaux, 
tuant ou blessant 75 de nos protégés, et n'avait pu sur le moment être pour- 
suivie comme il convenait. Bien que cette dernière affaire n'intéressât quin- 

1. Une uaffa est une étendue de terrain où l'argile rouge qui forme le sol interdit toute végéta- 
tion . Celle d'Amherkeï, la plus grande du Ouaddaï, doit avoir une trentaine de kilomètres »ie 
l'est à l'ouest et une vingtaine du nord au sud. 



DKIX OONTRE-RBZZOCS DANS LOUADDAI, UENNIM ET LE RoRKOU. StS 

liiivctrment le Territoire du Trhad, elle n*en avait pas moins excité chez nos 
administrés du Kanem, et principalement chez les nomades Ouled-Sliman et 
Toubbous, un certain élonnement pour ne pas dire plus; Tidée nV*tait pas loin 
de s'implanter chez eux que la peur seule nous empêchait de punir ce méfait. 

Tous ces actes d'hostilité avaient été inspirés par la secte senoussisle (|ui 
ne |iouvail nous pardonner d*avoir été évincée par nous du Kanem, après les 
>an^lantes affaires de Bir-Allali (1901-1903). Ils avaient été perpétrés par des 
Zouïas * aidés de Nakazzas et de Touhbous de TEnndi et du Oorkou dont les 
«*am|HMnenls principaux étaient alors signalés à Woï, dans TEnndi* 

Il fallait à la fois châtier les coupables et rétablir notre prestige. En pays 
nuir plus encore que partout alleurs la force seule inspire le respect. Le lieu- 
tenant-crdonel Largeau donna en conséiiuence en mars 1907 Tordre de former 
au Kanem un contre-rezzou. Placé sous les ordres du capitaine Bordeaux, il 
comprenait le peloton de méharistcs sénégalais de la 4' compagnie du Tchad 
1 lieutenant Cornet, sergent Erhardt), un peloton de spahis (lieutenant Godard), 
un fort convoi (sergent Berthicr), des partisans Ouled-Sliman (chefs Cheikh- 
Ahmel et Maiouf), des partisans Tédas Djaggadas (chef Mahmadi Kougou), 
un certain nombre d'auxiliaires, boys armés, etc., en tout 257 fusils, 
ilont 82 réguliers, CO chevaux et iOO chameaux. Un canon de 37 millimètres 
|M>rté à dos de chameau nous était attribué. 

<«onrentré a Zigneï (Kanem, 90 kim. au nord-est de Mao), le contre-rezzou 
> ébranlait le 22 mars, à midi. Après avoir franchi les hautes dunes boisées et 
eM*ar|NVs du Manga, il entrait bientôt dans un pays de sable absolument plat, 
où les arbres d'abord, puis toute trace de végétation diminuent peu à peu 
|Nfur disparaître complètement à une demi-journée de marche de TEguei. 

L'Élue! lui-même coupé le 25 à Abou-Magueur est une région légèrement 
ondulée, où une argile blanche ou grise qui émerge dans les bas-fonds dénote, 
avec de> vertèbres de poissons fossiles, la présence antérieure de l'eau. Les 
tfMn|MHes violentes qui s*élèvent souvent ont afTouillé les sables en dessous 
ni«*me du lit d'argile, formant un véritable chaos d*aspect fort diiïérent 
^ns doute des formes anciennes du pays qu'il est dans ces conditions très dif- 
lirilf de reconstituer. 

La nappe d'eau souterraine se trouve actuellement dans les dépressions, à 
un m«*lre environ de la surface du sol. Elle est plus ou moins natronnée, sui- 
\ant les aiguades, et, passe a juste titre pour avoir sur les chameaux des elTets 
ruratifs excellents. 

De l'ÉjTueî, trois dures étapes (170 kilomètres' nous amènent à lékia, 

1 t>*« Zottia^ Minl «les Arat>c«* hlanrs ori^iiiaircM dr ^oa^it» tie Koufra. Ils eolreticnnenl dan» 
r rrntrr africain et princi|ialemrnt 5ur li n>ule des caravanp> tle B«'n-(îliA7i a Abethc de vrrita- 
( \r% ^o*U^ Atrc une relevé |»értodique analogue a notre relève coloniale. Leur clief Sidi el \l«^lidi 
• «t m mèmt l4*mp« le chef de ta secte seiiou^M^h* aulreroi» très puissante, nininlenant bien déchue, 
-.•I* qui a*en a pa» moins encore une ttrosse inlluence au Til^csti, au Darfour et au Ouaddai. 



210 COMMANDANT BORDEAUX. 

aîguade du Toro, à travers la région d'El-Moji, plateau désertique sans eau 
où des cailloux de grès noir rompent par places la monotonie des sables. 
Dans le Toro qui offre à peu près les mômes caractères que l'Éguei avec des 
eaux plus natronnées, se rencontrent les premières dunes mobiles. Elles ont 
toutes la forme d\m croissant, dont le dos est tourné vers le nord-est, direc- 
tion des tempêtes de sable; tantôt elles sont isolées, tantôt enchevêtrées par 
paquets qui se recoupent bizarrement. Certaines atteignent 25 à 30 mètres de 
haut; les dunes isolées se déplacent sous Faction du vent, et, peuvent, d'après 
les indigènes, avancer de leur largeur, soit de 100 à 150 mètres en un mois; 
quand elles rencontrent un massif, elle sV agrègent et deviennent à peu près 
immobiles. 

Nos Tédas nous donnent là un aperçu des distractions du désert : se lais- 
sant glisser à deux ou trois à la fois dans la partie concave de la dune qui est 
à la pente des terres croulantes, ils entraînent avec eux une grande quantité de 
sable dont le frottement met toute la dune en vibrations, et celle-ci rend alors 
un son grave analogue à celui du sifflet d'un gros steamer, son qui s'enten- 
drait à plus de 20 kilomètres. 

Puis, on fait quatre étapes dans le Djourab, région uniformément plate, 
parsemée de massifs de dunes et dans laquelle Teau est relativement douce 
et peu profonde. Le hâd et Va/crech sont fréquents, offrant d'excellents pâturages 
aux chameaux et aux chevaux. On quitte enfln,le3 avril, l'aiguade de Melhéma, 
laissant àpartir de co moment à l'ouest la route suivie par le capitaine Mangin, 
lors de sa pointe sur Woun (juin 1906). 

Nous voici de nouveau en plein inconnu, dans l'aride plaine de sable, sans 
un arbre pour arrêter la vue, sans parfois, pendant des journées entières, une 
toufle d'herbe sèche pour le fourrage des chevaux. 

Nos guides tédas, vrais éoumeursdu désert, sont merveilleux. Sans jamais 
un instant d'hésitation , sans l'aide d'aucun repère apparent, ils nous mènent 
au lieu indiqué et dans les délais qu'ils ont eux-mêmes fixés. Aussi est-ce 
pleins de confiance qu'on s'enfonce vers l'est, passant, le 4 avril, à l'aiguade 
de Bakalia, et, arrivant, le 7, à Ouashi-Koshomanga, pâturage sans eau où 
quelques arbres, les premiers depuis le Kanem, nous offrent leur abri. Depuis 
Bokalia où finit le Djourab les cailloux, d'abord, puis les rochers deviennent 
de plus en plus fréquents. Ousai-Koshomanga, entouré de tous côtés de rocs 
desséchés, est pour les indigènes le premier point de l'Eï ou Enndi. Nous 
sommes donc dès maintenant dans une des régions les plus mystérieuses du 
continent noir et où jamais Européen n'a jusqu'ici pénétré. 

Dans V Enndi. — Eï en langue toubbou, Enndi en langue anna, sont deux 
mois signifiant « la montagne ». 

Le 8 avril au matin, après une marche très difficile dans une région très 
rocheuse envahie de hautes dunes de sable, les éclaireurs arabes préviennent 



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218 COMMAiNDANT BORDEAUX. 

que des tentes nombreuses sont lormées en campement auprès des mares de 
Oueyta où nous devons trouver de Teau. Nous sommes sans aucun rensei^e- 
ment précis, n'ayant pas rencontré âme qui vive depuis le départ du Kanein. 

La formation de combat est donc prise, et, à peine dépassons-nous le 
sommet d'une crête, à 800 mètres environ des mares, que nous sommes 
accueillis par une vive fusillade. Un violent combat s'engage; au bout d'une 
heure, bien que mollement aidés par nos partisans, nous sommes maîtres du 
terrain. L'ennemi, brave et bien armé, nous avait tué ou blessé cinq tirailleurs. 

En pénétrant dans le camp, nous trouvons couchés par terre, transis de 
peur au milieu des cadavres ennemis, une centaine de jeunes femmes et 
d'enfants. 

Nous venons d'enlever, sans nous en douter, une caravane d'esclaves 
razziés quelques mois auparavant par les Ouaddaïens sur notre propre terri- 
toire et convoyés par des Zouias et des Medjabrés du Ouaddaï en Trîpolilaine 
pour y être vendus. Leurs fers sont aussitôt rompus et promesse est faite à ces 
malheureux de les ramener chez eux. 

L'affaire est donc excellente en soi ; mais elle présente, par contre, pour 
nous de graves inconvénients. Outre nos blessés, voici cent têtes que l'huma- 
nité nous interdit d'abandonner et qu'il va falloir nourrir, abreuver et trans- 
porter. 

Puis, que peut être devenu le secret de notre marche rapide qui avait 
été jusqu'ici si bien gardé? 

On campe le soir à Oueyta (en Toubbou, Ouidi) dans l'intention de 
reprendre le lendemain la route de Woï. Des mares permanentes entourées 
de pâturages excellents font de ce point une aiguade très fréquentée, d'autant 
plus qu'il se trouve sur la route directe d'Abéché à Ben-Ghazi et Tripoli dite 
« route de Bàr » et qu'il est visité par conséquent par de nombreuses cara- 
vanes. Celles-ci, ordinairement mensuelles, sont exclusivement composées de 
Zouias de Koufra et de Medjabrés originaires de Djebado. Ces deux tribus 
affiliées au Senoussisme exercent jalousement un véritable monopole du 
commerce à travers le désert, en se protégeant par de véritables postes pério- 
diquement relevés. 

Les importations au Ouaddaï consistent en étoffes et surtout en armes, la 
plupart du modèle 1874, qu'on y échange contre un peu d'ivoire et principa- 
lement contre des esclaves. Une jeune femme qui vaut de 3 à 4thalersà 
Abéché (9 à 12 fr.) se vend couramment 3 à 400 francs à Tripoli. L'entreprise 
est évidemment pleine d'aléas, la route à travers les sables, longue, pénible, 
dangereuse; une grosse partie du bétail humain meurt avant d'arriver à desti- 
nation. Les bénéfices, néanmoins, sont tels qu'il faudra pas mal d'exemples, 
comme celui que nous venons d'infiiger, pour mettre fin à ce hideux 
commerce. 



UKrX CoNTRE-liEZZOLS DANS L'cU'ADDAI» l/BNNDI ET LE BORKOU. 11^ 

Le 9 avril, au moment du rassemblement des chameaux pour le départ, 
leurs franliens sont subitement assaillis à coups de fusil; il faut livrer un 
MM^ooJ combat qui nous coûte encore deux blessés et un tué. Nos agresseurs 
mi> on déroute faisaient partie d*une caravane des Zouias et des Touaregs, 
tnins|K>rtant à Abéché du sel gemme d*Arouclle et des munitions pour fusils 
Martini. C*est un nouveau succès, mais aussi une nouvelle journée de perdue : 
r<i|iération sur Woï s*en trouve bien compromise. 

La route n>n nVst pas moins reprise le 10 mai vers le sud-est, a travers 
lies sables et des rochers élevés curieusement découpés. Les grès, assez 
l«*nJres. qui les constituent, érodés par les venis violents, aflectent un curieux 
faries miniforme : c'est une suite ininterrompue de vieux burgs et de cathé- 
<l raies elTondrées. La coloration des grès qui va du blanc au noir, en pas- 
sant par toutes les gammes des bleus, des rouges et des violets, ajoute encore 
lu pittoresque des formes. 

Un arrive a une heure aux puits de Woï situés dans un ouadi fourré au 
pied de l'Ëi-Tiggui, vasle montagne tabulaire de 200 mètres de hauteur. Ces 
puits, creusés dans Targile, ont une dizaine de mètres de profondeur; de gros 
rampements qui se trouvent auprès d'eux portent les traces d*un abandon pré- 
ripité. Nos Tédas disent que Tabandon date de quarante-huit heures déjà. En 
fouillant dans FEi-Tiggui, ils découvrent d'ailleurs trois Gaèdas de Woï qui 
nous apprennent que, sur le bruit du premier combat de Oueyta, tout le 
monde sVst réfugié dans Vouadl Arche, en pleine montagne, à deux jours de 
niarrhe dans le sud-est. Nous sommes trop alourdis et nos animaux sont trop 
fatigués pour commencer, dans nn pays inconnu et très difficile, une poursuite 
qui serait probablement vaine, car toute surprise est maintenant impossible. 
Maign* les résultats obtenus, le but principal de l'opération n'a donc pu être 
4tt«*int ici ; les Senoussistes n*ont pas été frappés comme ils le méritaient. 
r/c*st en conséquence au Borkou qu'il faut maintenant agir; là on peut 
t*«»|H*rer qu'ils nous attendront à l'abri de leurs murs, comptant sur l'aide 
d'Allah et sur la force de leurs fusils. 

Le contre-rezzou, devenu une véritable smala, reprend donc le chemin de 
l'ouest, et, évitant la route trop fréquentée (|ui passe par Babel et Ediké, il 
irai;ne le I i avril par de dures marches en montagne l'aiguade de Mosso, dernier 
|MMnt d'eau de l'Ënndi. 

i/Enndi est une vaste région rocheuse à limites mal déterminées, dont 
h- diajnètre doit atteindre de 250 à 300 kilomètres. Partagé en deux par des 
nochers élevés et escarpés, il se divise ethniqucment et politiquement en deux 
l»arties bien distinctes ; l'une, à l'ouest, est peuplée de gens de rare et de langue 
l4»ubl>ou placés sous la suzeraineté plus nominale que réelle du Ouaddaï 
auquel ils paient un impôt annuel; l'autre, à l'est, peuplée d'Annas ou 
N«nkazzas« parlant une langue spéciale, subit la domination du Darfour. 



220 COMMANDANT BORDEAUX. 

Le pays est fort pauvre; les Toubbous font surtout de Télevage du cha- 
meau et du mouton et vivent dans des camps de nattes. Les Annas seraient 
plutôt sédentaires et feraient un peu de culture; les renseignements obteausà 
leur sujet sont vagues et incomplets, ils occupent d'ailleurs un pays placé dans 
la zone d'influence anglaise. 

En ce qui concerne plus particulièrement les gens de race toubbou, les 
groupes de campements les plus importants nomadisent généralement dans la 
région d'Om-Chalouba, dans celle de Woï et dans celle du N'Kaoulé. Plus au 
nord se trouvent les deux villages d'Ounyanga, dont la population ne doit pas 
dépasser un millier d'habitants; bien qu'on y parle une langue spéciale se 
rapprochant plus de l'Anna que du Toubbou, ces villages sont sous la dépen- 
dance du chef du N'Kaoulé auquel ils paient annuellement un léger tribut de 
dattes. 

Le seul produit minéral qui soit exploité dans TEnndi est le sel gemme dont 
il existe deux gisements à ciel ouvert, l'un à Deï ou Dimi, à deux jours à Test 
d'Ounyanga, l'autre à Arouellé, à deux jours à l'ouest du même point. Ce 
dernier sel, dont il a été prélevé des échantillons dans la caravane saisie à 
Oueyta, paraît assez pur, bien qu'il contienne un peu de matières terreuses qui 
lui donnent une coloration rouge. 

Il serait étonnant que dans un pays aussi tourmenté il n'existât pas d'autres 
minéraux, mais il ne paraît pas que les indigènes les connaissent : en tout cas 
ils ne les exploitent pas. 

Le Horkou. — Deux étapes conduisent le contre-rezzou de Mosso à Faya, 
où il arrive le 16. Faya situé au milieu de la grande oasis de Woun possède 
une zaoma^ enlevée par le capitaine Mangin en 1906 et reconstruite depuis 
plus solidement. Occupée ordinairement par une dizaine de Khoans Senous- 
sistes, elle a été évacuée à notre approche et est de nouveau détruite. 

Là, une sorte de grand conseil est tenu. Faut-il s'attaquer à la grande 
zaouki d'Aïn-Galakka, à soixante kilomètres dans l'ouest-nord-ouesl, ou 
doit-on, au contraire, rentrer directement au Kanem. La question vaut la 
peine d'être mûrement pesée, car l'affaire promet d'être chaude. Barrani, 
notre vieil ennemi de Bir-Allali, commande la place; il a avec lui au moins 
60 fusils à tir rapide, dont 20 entre les mains d'Arabes blancs. Tous ses gens 
ont été fanatisés par un marabout vénéré, Sidi-Chériff, qui se trouve dans la 
zaoma et qui a promis que les fusils des Blancs ne porteraient pas contre de 
purs Musulmans. 

Défalcation faite de nos malades et blessés, nous n'avons pas plus de fusils 
que l'ennemi et nous n'aurons pas comme lui des murs pour nous protéger. 
Vu la distance d'au moins 500 kilomètres qui nous sépare de nos postes, un 

1. Forlin. 



DKIX r.oNTRE-REZZors n\NS L'Ol ADDAI, L*ENNDI ET LE RORKor. iil 

iii^urcès iftourrait élre la mort ou la captivité pour le conire-rczzou tout entier. 

Les partisans consultés les premiers conseillent vivement et à l'unanimité 
le retour immédiat. Les Européens sont (l*un avis contraire; quant aux tirail- 
leurs el aux spahis, ils sont pleins (Fardeur et veulent venf^er les tués et les 
blessés des précédentes aiTaires; ce serait pour eux une déception que d^avoir 
i*nduré ilepuis un mois tant de fatigues et de misères, sans avoir pour de bon 
l'iKTasicHi de « faire bataille ». Puis, nos malheureux convo>és ont épuisé la 
plus grande partie de nos ressources en vivres : on n*a pas trouvé de blé à 
Fa\a, où la récolte n*est pas encore fuite, et il y en a, parait-il. beaucoup à 
rtaiakka. 

L'action est donc décidée, et, après avoir traversé les oasis de Woun, 
dEllékoê et de N*Gour, perdues au milieu de vastes déserts rocheux, on 
ilélniuche, le 20 avril, à sept heures du matin, dans une plaine d*argile blanche 
ui milieu de laquelle, près d*un massif de petites dunes, se profilent les murs 
de la zaoHui d*Ain-Galakka, point antérieurement reconnu par Nachtigal. 

LVnnemi, qui avait préparé sur notre route des tranchées fort bien déli- 
lérs, déconcerté par un mouvement tournant de notre part, sort a notre ren- 
contre et le combat commence à sept heures trente dans les dunes, pour être 
( onlinué sous les murs de la zaouhty où les Khoàns sont peu à peu refoulés. 
Malgn^ la mort de Karrani et de Sidi-ChérilT, tués dès les premières déchar^res, 
.lurun découragement ne se manifeste chez les assiégés. La fusillade, sou- 
b-nue |iar notre canon, continue toute la journée et ce n est que le lenilemain 
au point du jour, au moment de tenter Tassant, (|u'on aperçoit que le fortin 
\ient d'être évacué. 

NoH Té<las se mettent aussitôt en chasse, et, en vrais chacals du désert, 
iN ont vite fait de relever la piste des fugitifs. La poursuite commence aus- 
sitôt et ne cesse qu'après un nouveau combat a Ntiour-Di^rré, où l'ennemi se 
bat encore avec un acharnement désespéré. 

IjI' 21 avril nous sommes donc maîtres incontestés du terrain, grâce à la 
bravoure merveilleuse de nos Sénégalais-Soudanais. Les auxiliaires Ouled- 
Slimaii, par contre, ici comme à Uueyta, ont été paralysés par la peur et 
n'ont rendu aucun service; on peut les considérer comme absolument impro- 
pres à servir de goumiers. 

Cinq tirailleurs tués et trois blessés, dont le sergent Erhardt très griève- 
ment, viennent s'ajouter à nos perles antérieures. Mais nous avons enlevé la 
|Mi^ition la plus importante des Senoussistes au Borkou, tué parmi d'autres 
un KhoAn renommé, pris sa bannière et 22 fusils à tir rapide. Le retentisse- 
ment de cette aflaire ' sera considérable dans toute l'Afrique du Nonl et le 
prestige senoussiste ne peut que s'en trouver atteint. Quant à nos protégés, 

I. Li nouveUe en eut parveniii* a Tripoli \<\t la voie in<ligcnc« hi(>n .iNanl de pancnir en Eiirufie 
\^r U voie t^léirraphique. 



222 COMMANDANT BORDEAUX. 

ils reprendront à notre égard les sentiments de confiance et de respect que 
les événements antérieurs avaient quelque peu ébranlés. 

Bien qu'un peu plus peuplé que TEnndi, le Borkou n'en est pas moins 
<lans son ensemble une région aride et désolée. Elle est, comme les régions 
voisines, constituée de sables parsemés de rochers; dans les fonds se trouvent 
parfois des nappes étendues et épaisses d'argile blanche ou grise qu'on ne 
rencontre pas dans l'Enndi. 

Le climat excessivement sec (il s'y passe parfois des sept ou huit années 
<le suite sans pluie) empêche toute végétation, excepté dans certains endroits 
où la nappe d'eau souterraine est très près de la surface et où elle a créé 
quelques oasis, dont la plus étendue est celle de Woun. A Aïn-Galakka même, 
l'eau sourd en deux endroits à travers la croûte d'argile, formant deux ruis- 
«elets qui disparaissent bientôt, ingénieusement captés pour l'arrosage arti- 
ficiel des champs de blé. 

Rien plantées et cultivées, les oasis fournissent des dattes estimées qui 
^constituent, avec un peu de blé, les deux seuls objets d'exportation : encore 
le blé n'est'il guère expédié qu'à Koufra pour les besoins des Khoàns qui y 
vivent. — Les animaux domestiques sont rares, du moins les chameaux et 
les bœufs, faute de pâturages suffisants; il y a cependant d'assez nombreux 
cabris et surtout une grande quantité d'ànes dont certains sont retournés à 
l'état sauvage et vivent en troupeaux, loin de toute habitation. 

Il n'y a aucune trace d'industrie autre que celle des nattes pour faire les lentes. 

Les populations sédentaires appartiennent à des races assez diverses. 
Tandis que celles de Woun se disent Kammadias et seraient d'anciens serfs 
libérés et devenus propriétaires, celles des oasis de l'ouest sont, sans hésita- 
tion possible, de race toubbou, ïôdas Djaggadas et Kokordas. Mais beau- 
coup des possesseurs de dattiers ne vivent pas ordinairement dans le pays et 
n'y entretiennent que des esclaves dans leurs plantations. En automne chacun 
accourt pour faire sa récolte, qui de l'Enndi, qui du Tibesti, qui même du 
Kanem. C'est le moment des palabres, celui où se complotent et se préparent 
les actes de grande piraterie. 

Les Khoàns senoussistes de Koufra entretiennent dans le pays des postes 
militaires et s'occupent d'administration indigène, tout comme nous le faisons 
<lans les territoires du Tchad. Le plus fort de ces postes était Aïn-Galakka; 
ensuite viennent, par ordre d'importance, Goûro, Paya et Yarda comportant 
des garnisons d'une vingtaine d'hommes. Leur domination n'est pas aimée, 
mais comme elle est peu tracassière, elle est patiemment supportée. 

L'impôt qu'ils perçoivent en nature est léger, en moyenne trois calebasses 
de (lattes par case. Les Khoàns, bien qu'Arabes blancs, vivent d'ailleurs 
misérablement et la saleté de leurs maisons à Galakka était telle qu'elle 
/rappa nos protégés noirs eux-mêmes. 



DEIX r.ii.NTRK-RKZZtirS I)\NS L'orADDAI. L'ENNDI ET LK RORRor. 223 

lUtoHr au Kanem. — Trois jours sont nécessaires pour remlre les derniers 
«lf\oirA aux morts, confectionner des brancards pour les blessés, refaire et 
rr|Mirlir les cliarpes, enfin pour donner à tous, animaux compris, un peu de 
n^pos bien {i^agné. 

Le 23 avril au soir, la marche est reprise vers le Kanem par Kirdinpa où 
li*s puits creusés dans Tai^ile ont 15 mètres de profondeur et sont trouvés 
tMi^ablés jusqu'au bord. Il faut une journée de travail avant de les remettre 
pn état. Ot incident n*esl rien pour une force comme la notre oii les bras ne 
nitinquent pas; pour une petite troupe, c'était la mort par lu soif. La région 
***>{ toujours stérile; il faut atteindre (^hicha pour retrouver les bons pâtu- 
raires du Djourab. 

Contrairement à Tidée répandue, Djourab n>st pas le nom d*un ancien 
fliMive, mais le nom arabe d'une contrée que les Toubbous appellent Tiour- 
;:otirhi. D'après les Tétlas qui l'habitaient autrefois, celte contrée fut ver- 
doyante et fertile, traversée par un ^rand cours d'eau, appelé le Sar-Sar (le 
(••rrent), qui venait du Korkou et de TEnndi et passait par Alo et Broulkoung 
pour continuer vers le sud-ouest. 

Un coup d'iril sur une carte suffit pour qu'on soit amené à parler ici des 
n-lalions de ce fleuve avec le lac Tchad; on s'est, en elTel, depuis longtemps 
di'uiandé si l'ancien lit de fleuve qui se distingue très nettement encore bor- 
n.int le Kanem au sud et à l'est et remontant ensuite vers le nord-est pour 
• iirn^spondre avec l'Iigueï et le Toro et par conséquent avec le Sar-Sar, était 
un efOuent ou un affluent du grand lac. 

Narhtigal, s'appuyant sur des observations barométriques, a affirmé que 
< «-tait un effluent, puisque l'altitude de l'Egueï et du Toro était inférieure à 
«••♦Ile du Tchad et cette idée a souvent été reprise après lui. Il semble, à pre- 
inirre vue, téméraire d'asseoir une opinion sur des observations aussi précaires 
qu'ont pu l'ôtre celles relevées à des semaines d'intervalle sur un anéroïde de 
|M>rhe, alors qu'elles portaient sur des dilTérences de niveau de moins de 
r.'i mètre> et qu'elles étaient relatives à des points situés à plusieurs centaines 
dt* kilomètres les uns des autres. Il serait [dus sage, semble-t-il, de s'en rap- 
porti'r à ce sujet à la chronique indigène, en l'étayant ou en la combattant par 
b'*^ indires qu'il est encore possible de relever. 

Or. qu*on interroge les Krédas du Bahr-el-GazaI ou les Tédas, anciens 
habitants du Toro et du Djourab, Ton arrive aux conclusions suivantes : 

Le Sar-Sar, dont il a été question plus haut, se partageait à Broulkoung en 
d«'ux branches, l'une directe, descendant vers le sud-ouest, par Yoummado et 
Kinnlnsaou, Tautre empruntant la légère dépression du Toro pour rejoindre 
Il dépression de l'Eguei, à Sekhab. Là cette seconde branche se divisait elle- 
uii'me en deux bras : h* premier, filant vers l'ouest par Siltou, allait se perdre 
d.ins les l;tgunes au nord du Tchad, l'autre, suivant TE^uei jusqu'à Hacha, 



1 



22i COMMANDANT BORDEAUX. 

descendait ensuite par Aourak et venait rejoindre à Fanntrassou la branche 
directe. 

De Fanntrassou le fleuve reconstitué traversait du nord au sud sous le nom 
de Soro la région du Bah r-el -Gazai*, puis faisant un crochet vers Touesl, 
venait se jeter dans le Tchad vers Doum-Doum. 

Cet état de choses se serait transformé à une époque peu éloignée. Depuis 
six générations seulement (150 à 200 ans), le Sar-Sar aurait cesser de couler; 
il y eut ensuite une période transitoire au cours de laquelle le Tchad encore 
très élevé se déversa à son tour par le bas Soro dans les lagunes de Roup et 
de Lodja, mais sans que jamais le contre-courant ait dépassé Fanntrassou. 
Pendant ce temps le Tchad, réduit à son seul affluent, le Chari, vit son niveau 
baisser peu à peu et bientôt on en arriva à Tétat actuel, l'assèchement complet 
du Soro lui-même auquel il ne pouvait plus fournir d*eau. 

II n'y a rien d'illogique dans ces allégations que des observations de détail 
viennent corroborer. Pour ne parler que des plus importantes, on notera 
d'abord que le lit du bas Soro est exclusivement argileux; à mesure quoo 
remonte vers le nord, on y rencontre, comme dans tout fleuve qui se rap- 
proche de ses sources, du sable, puis des graviers de plus en plus gros, et, 
même dans TEguei et dans la dépression de Broulkoung, des cailloux roulés. 
— De plus, si Ton admet Thypothèse du Soro effluent du Tchad, il faut 
admettre en même temps que le Chari roulait autrefois un volume d'eau beau- 
coup plus grand que maintenant, capable non seulement d'élever le niveau du 
lac, mais encore de lui fournir un trop-plein considérable : rien ne permet de 
croire qu'il en ait jamais été ainsi. Une objection subsiste, il est vrai, la pro- 
fondeur de l'eau dans les puits qui est plus grande à Fanntrassou et Youramado 
que dans l'Égueï et le Toro. Mais même en admettant l'existence d'une seule 
nappe d'eau dans toute l'Afrique centrale, hypothèse improbable, l'objection 
n'aurait aucune valeur, l'eau se trouvant dans le Soro dès qu'on atteint la 
couche de sable, immédiatement au-dessous de la croûte d'aiçile imperméable 
qui forme partout la surface du sol. 

La conclusion qui semble s'imposer est que le Sar-Sar, improprement 
appelé Djourab, après avoir, sous le nom de Soro, traversé le Bahr-el-Gazal, 
venait autrefois se jeter dans le Tchad dont il constituait avec le Chari le 
principal affluent. 

Cette disgression terminée, il ne reste qu'à mentionner la rentrée du 
contre-rezzouau Kanem que nous touchions le 11 mai au puits de Boufouinine, 
pour atteindre le 14 le poste de Bir-Allali. 

Malgré les longues marches de retour de Woï au Kanem en passant par 

1. Bahr-el-GazaI, comme Djourab, n'est pas le nom d'un fleuve, mais celui d'une région. Les 
Arabes blancs Ouled-Sliman qui renseignaient Nachtigal et qui sont les gens les plus ignareis 
qu'il soit possible de trouver ont dû accréditer cette erreur qui s'est depuis perpétuée et répandue. 



DBrX CoNTRB-REZZOtS DANS LWADDAI, fEXNDI ET LE BORKolT. 2i5 

Aiu*Ci«lakka, qui représentent un millier de kilomètre», nous ramenions tous 
nos bieaaés en vie ettous les esclaves délivrés, à Texception de deux fillettes déjà 
Irrs malades quand elles étaient tombées entre nos mains. 

Conchisiont. — Sans entrer maintenant dans des considérations sur les 
n^Miltats obtenus, le moment semble venu d'examiner Tœuvre qui nous reste 
a arromplir dans le centre africain. 

La question ne se pose plus de savoir, s'il valait mieux occuper le Tchad ou 
1<* laisser à l'abandon. Notre occupation, qui parait d'ailleurs oiïrir plus 
«i avantajres que d'inconvénients, est maintenant un fait acconipli sur lequel 
noua n'avons plus le droit de revenir, car ce serait porter la plus grave atteinte 
a notre puissance morale en Afrique, et, d'autre part, ce serait exposer les 
populations qui nous ont loyalement acceptés et servis à une anarchie terrilde 
<*l m des représailles sanglantes. 

liais l'œuvre entreprise est inachevée et le restera, tant que notre domi- 
nation eflective ne se sera pas étendue sur la totalité des zones reconnues 
d'influence française par la convention franco-anglaise de 190i de manière à 
•supprimer un maquis où les pirates et les hors-la-loi trouvent un refuge 
:iN>uré. 

Posons d'abord en principe qu'il est illusoire d'envisager la possibilité 
•l'une conquête ou d'une pénétration pacifique, lorsqu'il s'agit de musulmans 
aussi guerrriers que ceux qui sont encore insoumis. En admettant que la 
conquête pacifique ait jamais donné de résultats heureux *, il n'y faut pas 
i-ompter avec des gens imbus de cette idée qu'il « n'y a aucun déshonneur h 
M- v»Qmettre à la force, mais que le lÂche seul obéit, sans avoir combattu ». 

D'autre part, à moins de dépenses exagérées en hommes et en argent, il 
faudra se borner à une action progressive, de manière à se limiter comme 
moyens à ceux que nous avons actuellement à notre disposition dans le Terri- 
trtire militaire du Tchad et dans la région de Zinder. 

Dans ces conditions, où doit se porter notre premier effort ? L'Enndi mis 
•le cMé comme trop éloigné et trop pauvre, est-ce sur le Ouaddaï ou sur le 
li4»rkou? 

La réponse semble aisée. Le Borkou, pays pauvre, séparé de nos postrs 
U ^ plus avancés par plus de 500 kilomètres de désert inhabitable, est une 
pri>e facile: avec une compasrnie de tirailleurs on peut en chasser jusqu'au 
d**mier les Khoàns qui l'occupent et tenir ensuite le pays *, les populations 
uilochtones ne feront aucune résistance. Mais quelles diffirultéA pres(|ue 

I. '>iin parer 1^ dé Te loppe ment du Soudan franrais cl du Dahomey, d'une porU avec relui de la 
■• d I TOI rr «>u du (>>nKo, d'autre [>a ri. exemple^ l\pii|uej» de conqutMe année el de e4»n<^uèle 

iriliqae. 

i. Daprcîi des renM'if^neiiicnts récents. .\in-(îalakka aurait été réocnipe (lar deiiK renl?* fusils 
k'i •m*. <> rhi(Tre doit être exai^éré: un pareil elTorl sur un point aussi ex. mtrujin' pirai^^nt 
•r» de pri>|iorlion aTPC U puissance actuelle <les Scnoussistes. 

UCftooKArniK. — T. WHI. VJtwi, 15 



226 COMMANDANT BORDEAUX. 

insurmontables faudra-t-il vaincre pour la relève et le ravitaillement des 
troupes de garde et quels avantages tirera-t-^n actuellement de cette conquête, 
sinon encore un peu de < sable à gratter ». 

Le Ouaddaï, au contraire, pays peuplé et relativement riche, sera d'une 
conquête plus difficile. On peut cependant avancer que toutes les populations 
du Ouaddaï occidental garderont tout au moins une neutralité bienveillante 
pendant nos marches d*approche et se rallieront sans arrière-pensée après la 
prise d'Abéché. Quant à la chute de la capitale qui n est pas fortifiée, ce sera, 
de Tavis unanime des indigènes, TafTaire d'une bataille en rase campagne 
dans laquelle nous aurons peut-être en face de nous 6 000 à 8000 hommes, 
mais au maximum 1500 à 2000 bons fusils (et cela sans faire état de cer- 
taines défections qui se produiraient certainement dans les rangs ennemis). 
En mettant les choses au pis, c'est donc, avec un peu d'artillerie, 500 tirail- 
leurs qu'il nous faudrait aligner, à condition qu'ils fussent tous Sénégalais 
ou Soudanais et non Djermas Haoussas ou Yacomas, races de valeur infé- 
rieure. Le bataillon du Tchad peut fournir seul cet effort : la tâche lui serait 
singulièrement facilitée par l'envoi momentané d'une compagnie de la région 
de Zinder, ce qui n'entraînerait pas de gros frais. C'est donc au Ouaddaï qu'il 
faut agir et agir le plus prochainement possible. Nous y gagnerons une con- 
trée intéressante à tous les points de vue et aussi la paix de nos confins trop 
souvent troublée par les incursions de ses habitants. Nous mettrons fin aussi 
à ce crime de lèse-humanité qui s'appelle la traite des esclaves et dont ce pays 
est le dernier refuge. 

Mais la chose est urgente car des centaines de fusils 74 entrent annuelle- 
ment à Abéché avec les munitions correspondantes et si les difficultés pré- 
sentes doivent être déjà sérieuses, tout retard ne peut que les augmenter. 11 
faut envisager le moment, si notre inaction se prolonge, où nous serons 
attaqués nous-mêmes et où nous aurons à subir pour nous défendre une 
guerre infiniment plus dangereuse et plus meurtrière que celle que nous 
engagerions actuellement pour notre propre intérêt et pour l'intérêt de la 
civilisation. 

Commandant Bordeaux. 
15 juin 1908. 



Le Yucatan inconnu' 



Entre les riches forêts du Peten et la plaine rocailleuse plantée d'henequen 
«lu Yucatan septentrional se trouve un vaste territoire inexploré où Ton ne 
connaît jusqu'à présent aucun monument important. C est pourquoi Ton ne 
peut pas affirmer un rapport entre ces deux foyers de civilisation dont les 
ruines de Tical et de Nacun et celles d*Uxmal et de Chichen Itza sont les 
plus remarquables manifestations. Aussi, durant ma première exploration dans 
le Peten ,1905) qui m'amena à découvrir les ruines de Nacun, j*avais formé le 
projet de couper droit à travers la forêt et de me rendre à Santa Clara de 
Yraiclu*, puis de là vers le nord-est de la péninsule. Des circonstances spé- 
ciales m*ayant empêché de mettre ce projet à exécution je repris cette 
id«'*e en 1906-1907 et me rendis directement sur le Rio Hondo, dans le but 
dVxplorer toute cette région inconnue. 

Arrivé à Payo Obispo, petite ville fondée, i! y a sept ans, à Tembouchure 
do Rio Hondo, j*y reste deux jours et m*embarque sur le Pttcté, bateau plat 
•le rÎTÎère mis aimablement à ma disposition par le chef de la flottille. Le Kio 
Hondo qui sert de limite entre le Mexique et la colonie anglaise de Bclize 
(Honduras britannique) est large, profond, d'un cours paisible. Ses bords sont 
joliment p^rnis de manyles laissant nonchalamment leurs branches traîner 
«lins Teau et se mêler aux multiples racines qui s\ forment. De temps à autre 
au-dessus de cette haie de verdure surgit la lige fine et droite d'un palmier 
ru\al avec son panache de feuilles découpées. 

Tout le long du fleuve se trouvent des compagnies adonnées à Texploita- 
tion du rhiciti (pâte à chiquer) ou à celles des bois de construction. A 37 milles 
i|f IVrabouchure est établi lecampd*une importante société américaine, Men- 
;;ell Brothers. Elle a obtenu une très importante concession de terrains et sort 
chaque année des profondeurs de ces forêts unequantité considérable de caohfts 
et de c<Nlres magnifiques. Ces bois sont très recherchés, spécialement aux 
KtatvUnis, et atteignent des prix fort élevés. Plus loin, àXcopen, la (Joi/t- 
ffftnia Colonizivîor vient de s*établir pour rex|doitation du chiclê et à Ajiiia 
Itlanca la compagnie américaine Stanford. 

I. (1 iiinaunicatinQ .idresi^c** h la .Soriet/* di' <i'*ograpliie tlao^ si scaiice <lii t\ avril V^m^, 
U (*t<K>aAvaiB. - T. XVIII. 19U8. 



228 COMTE MAURICE DE PÉRIGNY. 

Vers le milieu de son cours le fleuve change d*aspect; aux mangles succè- 
dent des arbres plus hauts chargés de fleurs et de fruits, les Sania Maria\ sur 
des troncs sortant à moitié de Teau sont perchées de grosses tortues et sur 
les bords des crocodiles somnolent, souillés de vase, horribles. Le fleuve 
reste large, profond, paisible jusqu'à Blue Creek, où il se divise en Rio Bravo 
et Rio Azul et n'est plus désormais navigable qu'en cayuco à cause de nom- 
breux bas fonds et rapides. A quelques mètres de là, en territoire mexicain 
et se déversant dans le Rio Hondo, est un tout petit lac d'un bleu limpide, au 
pied d'une immense falaise calcaire. Au milieu de la falaise se trouve une 
grotte dans laquelle la légende place un crocodile d'or. Mais l'accès en est 
presque impossible, le seul moyen d'y arriver étant d'y aller à la force des 
poignets accroché à un mince rebord à 12 mètres au-dessus du lac. 

A quelques kilomètres en aval est situé Yoo-Creek ou Esperanza, le point 
le plus proche d'Ycaiché et où habite Don Teodoro Alvarado, le secrétaire du 
général Tun, chef de ce village. Nous partons achevai par un chemin coupé 
dans la forêt vierge à travers les palmiers, et, le soir, après un trajet de 
18 lieues, nous arrivons à Santa Clara d'Ycaiché. Cari Sapper est le seul en 
1894 qui se soit aventuré dans ces régions et encore n'y est-il resté que quel- 
ques jours, continuant de suite son voyage vers Ixhanha. Sans doute le renom 
(le férocité de ces Indiens en a-t-il écarté les explorateurs. C'est là, en effet, 
que sont réfugiés les débris des terribles Mayas qui ont mis à feu et à sani' 
toute cette péninsule du Yucatan et dont un grand nombre, concentrés au nord, 
luttent encore contre les troupes mexicaines. L'histoire nous apprend que la 
conquête du Yucatan par les Espagnols fut particulièrement difficile et que 
tes Indiens mayas secouèrent de temps à autre leur joug par de sanglantes 
insurrections, spécialement en 1761 et en 1847. Cette dernière surtout fut ter- 
rible et eut une influence considérable sur le développement politique de la 
péninsule. 

Réunis aux Indiens de l'est commandés par Jacinto Pat, les Mayas du 
sud, sous José Maria Tzuc, mirent le siège devant Bacalar, mais, au bout de 
deux ans (1851), à l'arrivée du général Don Romulo Diaz de la Véga, ils firent 
leur soumission. Les Indiens de Test, furieux de cet acte, se tournèrent contre 
eux, attaquèrent leur ville principale, Chichanha, et, la détruisirent complète- 
ment. En 1853, leurs chefs José Maria Tzuc, Andrès Tzima et Juan José Cal 
conclurent un traité avec les agents du gouvernement mexicain, le D' Canton 
et le colonel Lopez. Ils reconnaissaient la suzeraineté du Mexique, mais conser- 
vaient l'indépendance complète pour l'administration civile et judiciaire. 

Ces tribus du sud sont partagées sur deux états, dont l'un, au centre, a pour 
chef-lieu Ixhanha et l'autre, au sud, Ycaiché. Chez ces Indiens d'Ycaiché qui 
(lurent se retirer là après la destruction de Chichanha, l'esprit guerrier ne 
s'apaisa pas de suite et il se manifesta par de nombreuses incursions sur le 



LE YrCATAN IXCONNC. SiU 

territoire du Ilotuloras britannique. Depuis 1872, après la mort de leur chef 
Marros <!lanul, ils n*ont plus tenté aucune exptMlition. 

La phtisie, Talrool, les iiè>res paluJéenncs, et, on 1892, une terrible épi- 
démie de petite vérole, ont décimé rapidement ces pauvres Indiens qui ne sont 
maintenant plusquerinq cents à peine, dont cent utiles. EnelTet Ycaiché, comme 
MHi nom rindique, est entouré d'akalchésy bas fonds où Teau croupit et 
pnMiuit des miasmes délétères; de plus la diiïérence considérable de tempéra- 
ture entre la nuit et le jour y est très dangereuse. 

Les Indiens d* Ycaiché sont nvaintenant pacifiques, mais ils se tiennent tou- 
jours sur la défensive contre les Indiens révoltés de Test venant de Chansanta- 
rrux ou des criminels fuyant le Guatemala. Leur chef, le général Tun, a le 
litre de suOpir/erto et reçoit un salaire fixe du «rouvernemenl. Il a pour le 
seconder un commandant, des capitaines, lieutenants, sergents et caporaux, et 
le^ hommes enrégimentés comme soldats doivent um* semaine de garde toutes 
le> cinq semaines. Leur discipline est très remai^quable, et, sur un mot du 
::énéral, .souvent envoyé la veille, ils quittent leurs travaux, leurs parents 
m«flades pour venir se mettre à sa disposition. Un très ^rand respect existe 
«H!alement entre su|>érieurs et inférieurs, pères et enfants. Ils ne se saluent pas; 
l'inférieur s*approche, se penche, baise le pouce du supérieur placé en croix 
Mir rindex, et. suivant le rang de l'inférieur, le su|»érieur porte parfois après 
MHi |K>uce à ses lèvres. 

IK sont tous très propres, chaussés de sandales en cuir, a/targains, vêtus 
de blanc, de taille moyenne, mais bien proportionnés. Ils ont la figure 
arrondie, le front large, le nez épaté, les yeux légèrement bridés, les cheveux 
noirs et durs, le poil rare sur le visage; beaucoup même sont complètement 
imlierbes. Les femmes, en général petites, sont développées de très bonne 
beun*; elles portent le costume propre et coquet des Mayas, un jupon en toile 
blanche et par-dessus un péplum en toile à manches courtes, ouvert en carré 
sur la gorge, bordé par une bande de toile imprimée de dessins divers, parfois 
brodée à la main. Tout le jour elles moulent du maïs sur leurs pierres i tré- 
pie<l itneitiif) pour les tortillas et le totopoxtle. Le matin et le soir au crépus- 
cule on les voit passer avec un petit tonneau dans le dos retenu sur le front 
|iar une lanière jMiur aller chercher l'eau à Vayuada située près du village. 

Il est très pittoresque, ce village composé de maisons en forme dVllipse, 
dif^séminées à une certaine distance les unes des autres panni «les bosquets de 
*#*nlure, construites d'une façon sommaire avec des piquets et de la boue; 
rllfs sont blanchies a la chaux à Tintérieur comme à l'extérieur et recou- 
vertes d'épaisses toitures en feuilles de palmier. Sur la grande place 
••n gaxon entretenue avec soin par les prisonniers, se trouvent le poste de 
;;arde, un grand hangar avec quelques bancs et des hamars; l'église, toute 
simple, a |H>ur autel une table sur laquelle est placée une collection de croix 



230 COMTE MAURICE DE PÉRIGNY. 

bizarrement vêtues et une châsse renfermant la statue de Santa Clara, patronne 
du village. Il n'y a pas de prêtre; il n'en vient un qu'à Pâques pour une ou 
deux semaines. 

Je profite de ces quelques jours à Ycaiché pour retenir des porteurs, chose 
difficile que je n'ai pu obtenir que grâce à la lettre officielle que j'avais pour 
le général; je commande les vivres à envoyer d'Esperanza, riz, sucre et café; 
puis je pars visiter deux pyramides que m'a indiquées Don Téodoro. Elles 
sont situées un peu à l'ouest de la route d'Ycaiché à Esperanza, dont on se 
détache à quelque distance avant d'arriver ap milieu. Sur le chemin Tod ren- 
contre plusieurs vestiges des anciens Mayas, monticules éboulés de pierres et 
de terre servant sans doute de base à des édifices, mais que les arbres ont 
envahis. Je trouve deux groupes, dont un assez important avec deux pyramides, 
à quelque distance d'une aguada contenant d'après les Indiens une source 
d'eau chaude et appelée pour cela Agua Caliente. La fraîcheur de l'eau que 
j'y trouvai ne m'a pas expliqué le bien fondé de cette appellation. 

Ruines de Chocoha. — C'est de l'autre côté de cette aguada^ à un kilonaètre 
environ, que sont les deux pyramides dont on m'avait parlé. Mais les indications 
données par les indigènes me faisaient croire ces ruines moins importantes et 
je vois de suite que je ne pourrai jamais faire le travail de défrichement seul 
avec mon Indien. Je me décide donc à le renvoyer & Ycaiché me quérir 
d'autres compagnons. Trois jours je suis resté seul, au milieu de la forêt, avec 
comme nourriture un peu de totopoxtle (galette de maïs) et de l'eau fraîche. 
C'était peut-être imprudente cause des rôdeurs venant du Peten ou dunorddu 
Quitana Roo, mais à ce moment-là je n'y songeais guère, trop content d'avoir 
trouvé quelque chose d'intéressant surtout dans cette région où aucun récit, 
aucun livre ne laissait soupçonner l'existence de ruines. Quand mes Indiens 
vinrent enfin me rejoindre, nous pûmes mettre à découvert un ensemble d'édi- 
fices construits sur un terre-plein et groupés en demi-cercle. Malheureusement 
les pluies continuelles et abondantes ont achevé l'œuvre fatale des guerres et 
du temps. L'on ne trouve sur la pyramide principale aucune trace d'escalier 
ni de temple au sommet, les autres monuments sont complètement éboulés et 
ce n'est que dans l'édifice à deux plateformes que j'ai découvert quelques 
marches de 2 m. 30 de large formées de blocs de pierre posés l'un à côté de 
l'autre. A cause de l'intérêt qu'a cette découverte comme indication pour 
l'histoire des anciens mayas, j'ai no.nmé ces ruines les ruines de Chocoha, 
qui en maya signifie eau chaude. 

Je me rends ensuite sur le fleuve à Cocoyol, à Xcopen. pour prendre des 
indications auprès d'Indiens, persuadé qu'il doit exister d'autres ruines dans 
cette région et décidé à les trouver. L'on me donne quelques renseignements, 
très vagues, il est vrai, pour des ruines existant autour de la laguna de Hon. 



LE YUCATAN INCONNU. 531 

Je rccrulo donc des hommes à Cocoyol et i Cacao, des mules & Xcopen 
vi nous |Mirlons aussitôt pour me diriger vers Ycaiché en passant par ce lac. 
Ah! Ces dc'parts! — il faut d*abord des heures avant que les hommes soient 
réunis, puis c*est la question des bagages à partager et ce n*est pas une petite 
aiTaire, car Vaffuardietite prise avant de quitter le village rend chaque opération 
a^sez difficile. Nous pénétrons dans la forêt par un chemin bien ouvert, mais 
qui est presque impraticable durant la saison des pluies, et, arrivons à un camp 
de rhtHt^ros nouvellement organisé, Noscaca, qui est sans doute Taltération des 
miils mayas Xoli-Cacab, grand village. Il est juché sur une petite colline, tout 
près d*un étang et se trouve ainsi délicieusement situé pour les fièvres. A 
t)<N» mitres de là je trouve des ruines très importantes, quatre édifices cons- 
truits en carré avec une cour intérieure. Les façades, malheureusement très 
abîmées, laissent voir des chambres avec Tarche triangulaire. 

Nous |K>ursuivons notre chemin à travers la forôt superbe avec ses arbres 
irÎLMntesques et son sous-bois verdoyant de palmiers. Tout le long du sentier 
re ne sont que monticules isolés plus ou moins considérables, murailles 
élevées sur les sommets des collines. Près d une aguada se trouve un groupe 
plus important, les restes sans doute d*une petite ville, puis plus rien pendant 
«les lieues. Au bout de 30 kilomètres nous rencontrons une autre agtiada et 
.ipW^s un immense édifice très élevé, avec des chambres superposées» mais 
malheureusement les arbres en ont pris possession et il est complètement en 
ruines. 

Nous continuons vers la laguna de Hon. De nouveau des ruines à foison; 
on |>asse à chaque instant près de monticules, on longe ou Ton traverse des 
murailles qui se perdent dans la forêt, épaisses de 2 m. 50 à 3 mètres. De 
plus en plus convaincu qu*il doit exister d*autres ruines plus considérables, je 
(K»rsisle dans mes recherches, malgré un premier accès de fièvre; enfin je 
dénmvre une grande ruine magnifique avec une large façade bien conser>'ée 
et ile nombreuses chambres superposées avec Tarche triangulaire. Toutes ces 
ruines rapprochées indiquent clairement que cette région fut très abondam- 
ment pi'uplée jadis et ce fait est expliqué par Texcellence de la terre, la quan- 
tité lïaguftdns avec une eau fraîche et saine; car les anciens pour remplace- 
ment de leurs villes recherchaient deux choses, de la terre arable, pour cultiver 
b'urs wilpa$, et une réser\*e dVau, mais, plus prudents ou moins paresseux que 
h»* gi'uérations actuelles, ils s'établissaient toujours à une certaine distance de 
rt»* aguada:f, parfois à dix minutes de marche. 

Les taons s'ajoutent aux moustiques et rendent le voyage très pénible. 11 
f.Tut traverser plusieurs bas fonds (akalchrs) où les caobas et les cèdres 
^u|»crl>es ont fait place à des petits arbres rabougris a travers lesquels darde 
un soleil de plomb. C'est dans ces bas fonds, (inial^ que se trouve le bois de 
r.ampèche (pah (iuto); il s'y trouve en grande ifuantité, mais n'est pas encore 



232 COMTE MAURICE DE PÉRIGNY. 

exploité et la longueur du trajet jusqu'à la rivière à travers des chemins 
défoncés en rendra sans doute Fexploitation difficile et onéreuse. 

La marche est pénible, il faut s'arrêter souvent pour s'ouvrir le chemin 
à coups de machete. Enfin nous arrivons au bord du lac. Il est long de près 
de 2 kilomètres et réuni par un petit cours d'eau à un autre lac situé à une 
lieue au nord, la laguna de Chacambacan. Les renseignements que l'on m'avait 
donnés sont erronés, car une inspection minutieuse des bords du lac me prouve 
qu'il n*y a pas de ruines intéressantes. C'est près de ce lac, au point où j'avais 
établi mon camp, au parage San-Mauricio, que passe le vieux chemin du 
Yucatan partant d'Ycaiché pour traverser, à 40 lieues de là, Ixhanha, village 
maya assez important où réside un général indien ayant sous ses ordres cin- 
quante hommes de garde, et aboutir à Tekak. Il est complètement délaissé 
maintenant et n'est plus qu'un sentier. Nous le suivons pour aller à Ycaiché 
et arrivons à Chichanha, jadis un grand village de plus de 1000 habitants. 
Il a été entièrement détruit pendant la guerre de castes en 1849, et il nen 
reste plus que des murs marquant les rues, l'église, une maison et un puits 
de près de dOO mètres de profondeur. Mais il n'y a pas d'eau et cela n'agré- 
mente pas la halte que nous sommes obligés d'y faire, car il reste 8 lieues 
pour atteindre Ycaiché. 

Je ne reste qu'un jour dans ce village et pars à la recherche d'autres ruines 
que des Indiens disent avoir aperçues dans la forêt en chassant, à quatre 
jours de marche environ au nord. Devant repasser par Ycaiché, j'y laisse une 
partie de mes bagages pour aller plus vite, car c'est là toujours la grosse 
difficulté. La. charge d'un cargador est de deux arobas^ c'est-à-dire 25 kik)- 
grammes, mais ils font toujours des manières pour la porter et comme chacun 
prend avec lui son fusil, ses vivres, son hamac, du linge de rechange, il ne 
reste guère à ajouter de mes propres propres bagages pour compléter le poids. 
Nous prenons au sud-est afin d'éviter un akalché, puis tournons vers Test 
pour marcher, après quatre lieues, directement vers le nord. C'est la marche 
lassante dans le sentier monotone, de la boue, des montées, des descentes. 
Naturellement je fais le voyage à pied et il faut regarder par terre pour ne 
pas tomber, en l'air pour ne pas se cogner ou se balafrer le visage. Il faut se 
méfier aussi de petites vipères brunes cachées sous les feuilles, et dont les 
piqûres sont mortelles. Le soir on s'installe à proximité d'une aguada. Ton 
déblaie de son mieux l'espace compris entre deux arbres auxquels on suspend 
son hamac et son pavillon. Mais que de moustiques, de rodadores^ de gara- 
palaSy de fourmis! A peine arrivé, au lieu de se reposer, il faut entrer en 
lutte avec toutes ces bêtes. La forêt est moins belle, la végétation moins 
luxuriante; la terre, moins bonne, est semée d'immenses blocs calcaires; 
cependant, l'on rencontre encore, quoique rarement, des vestiges d'anciennes 
habitations. Après quatre jours de marche exténuante, à 20 lieues d'Ycaiché, 



LK U'CVTAN INCONM*. 233 

je dtM^ouvre les ruines du Itio Becque, ainsi nommées du fleuve qui passe 
a une demi-Hcue de là. 

RiiMkS Dr Rio Becuce. — Pendant que les Indiens élablisscnl le camp à 
4]uelque distance des ruines, je pars avec Fun d*eux pour cherrher de Teau; ils 
nie disent qu*il faut aller jusqu'au fleuve, mais cela me parait impossible, car 
!•*% anciens Mayas n'auraient jamais construit d'édifice aussi important aussi 
loin d'une réserve d'eau. En eiTet, au bout de dix minutes de man-he, nous 
trouvons une agnada couverte de petites feuilles vertes qui conservent l'eau 
Irt- ^ fraîche. 

I^* soir même, malgré les murmures de mes r(>n))ia^nons qui ne travaillent 
«'«Miéralement que le matin jusqu'à une heure, nous nous mettons à déblayer ces 
mines. Que d'arbres! Plus on en coupe, plus il faut en couper! Il y en a d'im- 
menses dont on ne vient à bout qu*à coups de hache ou avec une scie après 
une heun* d'efl'orts. Je donne l'exemple et en coupe un certain nombre avec 
ma hache, principalement sur lo sommet des ruines où les Indiens refusent de 
me suivre par peur. Four bien nettoyer les tours qui se trouvent à chaque 
«*\tremité et enlever les plantes crasses qui retombaient sur leurs façades, j'ai 
•hi me coucher complètement et me faire retenir par les jambes. Et cela natu- 
n^lleinent sous un soleil torride contre lequel rien ne nous abritait! Quant 
.1 nie» compa^Mions, ils sont terriblement paresseux, le chef surtout qui les 
c*nrourage à ne rien faire. Mais il ne servirait a rien de s'emporter sinon à 
^usiMter une haine qui pourrait devenir dangereuse. Il faut cacher son humeur, 
Miurire et continuer son travail. 

Il re>te debout un édifice immense construit en longueur de l'est à l'ouest 
t*t i^«'^ difTérent, comme architecture, des ruines du Yucatan septentrional, très 
Miiiple. mais de li^^nes très pures. La façade principale, tournée vers le nord et 
mesurant 10 mètres de lar^reur, est flanquée, à chaque extrémité, d'une tour 
« on^truite en pierres et terre et recouverte d'un revêtement formé de blocs 
ralraires. Les angles en sont arrondis, chose que je n'ai remarquée dans 
lurune des ruines que j'ai visitées au Peten et au Yucatan, et ornés de mou- 
itires. Elles ont 8 m. SU de haut dans l'état actuel d'éboulement, 8 mètres de 
larve sur la façade principale et 6 sur la façade de côté. Dans chacune de ces 
(ours se tniuvent deux chambres intérieures auxquelles on accède par un 
••MTiilier très étroit en blocs de pierre, dont l'entrée se trouve au sommet. 

Dans la tour de l'extrémité est, au milieu de la façade nord, existe un 
|»«»lit <*«^alier très bien conservé avec des marches de 10 centimètres de large 
qui donne sans doute accès dans des appartements intérieurs. Chose bizarre 
• t dont on ne saisit pas immédiatement la sifrniflcation, il commence à 2 mètres 
du sol. Sur la façade ouest se trouve une petite cour en retrait de 8 m. 30 de 
riMé avec une petite porte basse. 



234 COMTE MAURICE DE PÉRIGNY. 

La façade sud, éboulée en majeure partie, laisse voir, cependant, que de ce 
côté l'architecture était fort simple et n'avait rien de semblable à celle de la 
façade nord dont la partie comprise entre les deux tours est malheureuse- 
ment dans le même état. Il est vraiment regrettable que tout le milieu de 
cette façade soit éboulé, car, d'après les débris amoncelés au pied, elle devait 
être fort belle et intéressante. En effet, parmi les décombres j'ai trouvé des 
blocs calcaires carrés de 52 centimètres de côté avec des signes sculptés, 
très simples, donnant Tidée plutôt d'ornementation que d'écriture hiérogly- 
phique. Malgré toutes mes recherches, je n'ai pu en découvrir que trois et 
en bien mauvais état. De plus, j'ai retrouvé un de ces blocs resté sur la 
façade; quoique très abîmé. Ton pouvait voir la trace des signes pareils aux 
autres; il est probable qu'une partie au moins de cette façade avait été décorée 
de cette manière. 

Par ce trou béant on aperçoit d^immenses chambres intérieures. Ces 
chambres sont sur un même plan placées parallèlement par trois et partageant 
la façade en trois parties symétriques. Comme je l'ai dit, elles sont très grandes, 
la longueur de chacune d'elles étant de iO m. 80, la largeur 2 m. 60 et la hau- 
teur 4 m. 20, le côté du triangle de l'arche ayant 1 m. 80. La largeur totale 
de l'édifice, prise sur les trois chambres parallèles, est de 11 mètres. 

Mon travail terminé, je quitte à regret ces ruines grandioses, ignorées 
jusqu'à présent, preuve frappante de la haute culture des anciens Mayas, de 
la diversité de leurs connaissances architecturales, et reprends le chemin 
d'Ycaiché. 

La fatigue très grande occasionnée par le surmenage des jours passés aux 
ruines jointe aux privations de toutes sortes ont rendu le retour très pénible. 
Les aliments les plus propres à donner des forces nous avaient fait défaut à 
cause de la négligence des gens qui devaient les envoyer d'Esperanza et qui, 
quoique payés d'avance, n'avaient pas tenu leur parole pour le jour fixé. A 
cela il faut ajouter la monotonie du chemin déjà parcouru, la certitude de 
retrouver un mauvais sentier, la très grande variation diurne de la tempéra- 
ture qui constitue un véritable danger. 

Puis, la mauvaise volonté du chef de mes hommes se manifeste de nouveau. 
Avant de partir d'Ycaiché le général Tun m'avait bien recommandé de visiter 
en revenant les ruines de Conconcal et avait spécifié à mes compagnons de m'y 
conduire. Voulant éviter ce détour, pourtant très court, le chef me dit que 
nous ne pouvons pas y aller, que personne ne connaît le chemin. Or, à l'aller 
l'un des Indiens m'avait indiqué le sentier qui y conduisait. Je ne me laisse 
donc nullement intimider par ses murmures, lui dis ma volonté formelle d'aller 
à ces ruines et lui intime Tordre de m'y mener et de se conformer ainsi aux 
recommandations personnelles du général. Nous y sommes allés en effet, mais 
arrivé là, je m'aperçois que ce que les Indiens prenaient pour des ruines était 



LE YUCATAN INCONNU. 235 

simplement un immense bloc calcaire taillé à pic dans le genre de celui de 
Blue Creek avec, au pied, une aguada contenant une eau saumâtre. C est 
rette falaise toute blanche surgissant au-dessus des forêts qui de loin avait 
tn^mpê les Indiens d'Yraiché et leur avait semblé la Façade d*un édifice. 

Ce point archéologique éclairci, nous repartons, et, comme nous sommes en 
pleine saison sèche, nous coupons court à travers un akalchè. Nous faisons 
dfux lieues en plein soleil, tour à tour glissant sur un sol durci ou pataugeant 
dans la boue, écorchés par de hautes herbes tranchantes, dévorés par les 
garapaten; enfin, à cinq heures du soir, nous arrivons exténués à Santa Clara 
d'Yraiché. 

J*avaîs pris soin dVnvoyer en avant un homme avec une lettre pour le 
L'ênéral Tun, le priant de m*obtenir d'autres hommes pour ma nouvelle expé* 
dition ainsi que des mules pour mes bagages. Ceci n'alla pas non plus sans 
difficultés, il fallut beaucoup de commentaires renforcés par des offres 
d'argent assez importantes. Je finis par avoir les hommes avec un bon chef que 
j'avais déjà connu i Esperanza, qui parle un peu l'espagnol, et, des mules. Un 
moment j*ai vu mon départ compromis. L'un des mulets que j'avais retenus 
i*t payés ne voulait pas se laisser prendre; h dix heures du matin il n'était pas 
encore là! Le général alors agit avec beaucoup de bon sens, il fit dire au 
propriétaire que, s'il n'arrivait pas a attraper sa béte, il devrait porter lui- 
même la charge de son mulet. Cette menace eut un heureux effet et notre 
d«'*part s'effectua avec rapidité et beaucoup d'ordre, ce qui m'avait donné 
bon espoir, car pour un voyage d'exploration dans ce pays, « Tout va bien qui 
r«imroence bien. » 

Nous repassons à la laguna de Hon, au parage San Mauricio où je reste 
quelque temps pour continuer mes recherches dans les environs. Une seconde 
in^|>ection me renforce dans mon idée qu'aucune ville d'une certaine impor- 
tance ait été jamais construite sur les bords de ce lac. En effet, je ne trouve 
qu'une petite ruine isolée que je mets à découvert : une pyramide avec, au 
*M»mmet, un pan de mur, et, par derrière, deux chambres intérieures, dont 
un côté resté intact montre encore la forme de l'arche triangulaire. A part 
«-fia je ne rencontre sur le c<Mé sud que quelques monticules; j'en ouvre 
dt*ux pour me rendre compte de la manière dont ils étaient faits, de ce à quoi 
lU {mouvaient servir. Construits en terre et pierres, ils ne renfermaient aucun 
objet précieux, aucune idole, seulement quelques débris de poterie très 
vulcaire. 

Je ne m'attarde donc pas et nous nous rendons à cet édifice important que 
j'avais découvert à l'aller. Comme il n'existait aucun nom pour désigner ces 
ruines, même pas pour Vaguada qui se trouve à sept minutes de là, je les ai 
appelées Nohochna, ce qui en maya signifie grande maison. Ce qu'il y a de plus 
fripfiant dans cette partie du chemin, c'est le nombre considérable de murailles 



236 COMTE MAURICE DE PÊRIGNY. 

que Ton y rencontre, quelquefois par séries de 6 ou 8 à 10 mètres et 40 mètres 
d'intervalle. Il est indubitable que ce devaient être des œuvres de défense, car 
elles commencent à environ deux lieues de Nohochna et sont toujours placées 
suivant les mouvements de terrain. 

Rl'lnes de Nohochna. — Très différentes des ruines du nord du Yucatan, 
elles ressemblent un peu à celles du Rio Becque pour la conception et la cons- 
truction, mais elles ne forment pas un tout aussi homogène. On retrouve 
cependant la même ampleur et la même simplicité de lignes dans la façade 
principale, qui ici est tournée vers Test. 

Cette façade est imposante avec sa muraille nue de 15 mètres de haut sur 
18 de large, faite de blocs calcaires, ornée à des distances irrégulières de 
pilastres variant entreO m. 40 et m. 50 et accusant une saillie de m. 10. La 
façade sud, large de 7 m. 50, construite également en blocs de pierre calcaire, 
a sa muraille complètement nue et bien conservée. La façade nord, au con- 
traire, de 10 mètres de large, est entièrement éboulée. J*ai noté dans cette 
partie, au ras du sol, une ouverture déporte avec Tarche triangulaire donnant 
accès dans une chambre isolée en parfait état. 

La façade ouest également éboulée laisse voir de nombreuses chambres 
superposées. Il doit en exister beaucoup d*autres à Tintérieur de TédiGce dans 
lesquelles je n'ai pu pénétrer, mais j'ai retrouvé d'étroits corridors avec des 
portes très basses qui y conduisent. Toutes ces chambres sont situées dans la 
partie correspondante à la muraille ornée de pilastres de la façade est et au 
milieu de laquelle se trouve un avancement de 2 m. 50 de large et de 4 mètres 
de haut. Dans toutes ces pièces existe l'arche triangulaire ; les portes basses 
qui les font communiquer ont souvent aussi cette forme. Dans Tune d'elles, 
large de 1 m. 18 et longue de 5 m. 70, j'ai noté une forme de mur inté- 
rieur que je n'avais pas encore rencontrée : une partie plane de 1 m. 53, 
puis une légère saillie de 25 centimètres, un retrait profond de 50 centimètres 
et de 1 m. 50 de long, puis une saillie comme la précédente et une partie 
plane de 1 m. 73 de long. Dans la partie éboulée de l'extrémité sud j*ai trouvé 
encore deux chambres, assez bien conservées, parallèles, de longueur et de 
hauteur identiques, 10 m. 70 et 4 m. 40. La largeur de l'une est de 1 m. 50, 
de l'autre 2 m. 25 et la distance entre les deux est de 1 m. 75. 

La longueur totale de l'édifice est de 42 mètres. De plus, perpendiculaire à 
la façade est, dans le prolongement de la façade sud, est élevée une large 
muraille de 1 m. 50 de hauteur, 5 m. 40 de largeur et de 14 mètres de lon- 
gueur. 

Ruines de Uoltlmch. — A côté, à 500 mètres, se trouve un autre groupe 
de ruines importantes et très abîmées. La façade principale est également la 



LE YrCATAM INiX)XM\ ni 

f<ir«de est, mais elle est complètement détruite. L*on trouve pourtant à mi- 
hauleur de TédiCce un motif de pierres arrondies de m. 70 de haut rappelant 
relui de la Casa de las Tortugas, à Uxmal, et que Ton voit dans plusieurs 
ruioos du Yucatan. C*est ce motif qui m*a fait nommer ces ruines les ruines 
d«* Loltunich (pierre arrondie). 

En tenant compte de Téboulement produit à la hase, la façade est mesure 
IH mètres, tandis que la façade nord a 17 mètres. Tout autour se trouvent des 
monticules assez importants, hases crédifîces groupés autour de ce que Ton 
|H-ut supposer avoir été un temple. 

RtLNcs De Yaabichna. — Nous nous dirigeons d*abord vers Fouest, puis 
vers le sud. De nouveau on laisse à droite et à gauche du sentier de nom* 
l»reux monticules, certains groupés en rectangle. 

Après trois lieues de marche lassante, nous arrivons a un autre immense 
«MlUice. Celui-ci, malheureusement, est aussi complètement en ruines; je 
nrarhame pourtant à le défricher et mets à découvert une pyramide très 
élevée ayant a son sommet un édifice, ou plutôt les restes d*un édifice. La 
seule particularité qui ma fourni d*ailleurs le nom de ces ruines (Yaah ichna, 
beaucoup de chambres) est le nombre d*appartements intérieurs superposés 
«lu se croisant sans ordre apparent. C*est sur la paroi d*un mur d*une de ces 
chambres complètement obscures que j*ai décalqué des signes très curieux où 
d«>mine le serpent que Ton retrouve partout au Yucatan. J'ai eu beaucoup de 
{M'ioe il les relever. Ces signes se trouvant placés à une hauteur de 2 mètres 
«*nviron, il me fallut improviser avec les matériaux que j'avais à ma disposi- 
tion uo échafaudage dont Téquilibre plutôt instable ne facilitait guère mon 
travail qui a duré plus de deux heures, étant dans Tobligation de m'érlairer 
d une main et de relever les signes de Tautre. 

Rci.^es D£ NoHCACAB. — Uue pénible marche de huit lieues nous amène au 
premier groupe de ruines que j'avais découvert à l'aller et qui m'avait semblé 
intéressant- Je ne m'étais pas trompé dans mes prévisions; Nohcacab a dû 
•*tre jadis une ville importante. 

Une large avenue de près de 200 mètres de long, nivelée par un remblai, 
«-««nduit i une pyramide qui sans aucun doute devait être un temple et qui 
me>ure 15 mètres à la base, 5 au sommet, avec une arôte de 18 mètres de 
l«*ng. Cette avenue est dirigée du nord au sud et bordée de trois monticules, 
i>i«es probables de temples moins importants, le premier placé au bout de 
I avenue, les autres, de 4 mètres de haut, situés respectivement à 50 et 70 mètres 
•!•• la pyramide. Presque perpendiculaire à cette pyramide et absolument droite 
sur le côté remblayé, elle mesure tO mètres de large, à la hauteur des premiers 
|*tits temples, puis s'élargit jusqu'à 50 mètres. 



238 COMTE MAURICE DE PÉRIGNY. 

D^raalre côté de la pyramide, a une distance de 16 mètres, se trouve la 
cité btli» «I cvnrà avec une cour intérieure. Ces monuments ont subi le même 
sort que les antras rdMft de cette région par suite des pluies diluviennes qui 
durent cinq ou six nioift aaa» discontinuer. Les façades extérieures et inté- 
rieures des quatre édifices poftMt las marques des durs assauts des guerres, 
du temps et des éléments. Solidemaftl tMistruîtes elles sont restées debout: 
entre les amas de terre et de pierres ébouléaa smrgissent des pans de mur, des 
portes, des appartements, donnent une idée de la piussaace du chef, et des 
prêtres de cette ville, et du nombre des sujets. Les façadaa 1m plus importantes 
sont celles du nord et de Test; elles ont 24 mètres de loQgamyr et leurs hau- 
teurs, que Ton ne peut donner qu'approximativement, sont extéfiaonmeot de 
14 mètres et intérieurement de 8 mètres. 

A Tangle nord-ouest dans le prolongement de Tédifice ouest est une pjlt- 
mide de base rectangulaire allongée dans la direction de la grande pyramide. 
Il ne reste aucun vestige de construction au sommet, peut être était-ce sim- 
plement une plateforme d*où le cacique et les seigneurs pouvaient assister aux 
sacrifices célébrés dans le temple? 

Des Indiens me parlaient d'autres ruines dans les environs, mais j'ai dà 
renoncer à les mettre à découvert à cause de la violence et de la fréquence 
d'accès de fièvre et j'ai dû quitter Nôhcacab et me rendre à Xcopen pour 
retourner à Payo Obispo et de là gagner Mexico. 

Telles sont donc ces ruines dans cette partie inconnue du Yucatan. Elles 
sont certes moins bien conservées, moins importantes et surtout moins char- 
gées d'ornements que celle du Chiapas et du Yucatan septentrional, mais elles 
sont intéressantes pour fixer un point obscur de la migration des Indiens. En 
outre le genre spécial d'architecture, très simple, aux dimensions vastes, aux 
grandes lignes pures, marque sûrement une époque, époque primitive selon 
toute probabilité. L'existence de ces ruines, surtout si nombreuses et si raj>- 
prochées, indique que cette région fut abondamment peuplée par des tribus 
de race maya et permet d'affirmer maintenant qu'il existe une relation cer- 
taine entre les ruines du Peten et celles du nord du Yucatan. 

Comte Maurice de Périgny, 



L'Australie pastorale 

Le milieu géographique. L'élevage du mouton mérinos. 
L'industrie de la laine. 

{Suite el fin ^). 



Les troupeaux, avons-nous dit, vivent librement sur les runSj sans aucune 
sur%'eillance. Le seul moment où on les rassemble est celui de la tonte. Celle- 
«t a toujours lieu en hiver, de juillet i septembre, suivant la latitude. Elle 
t'ofnmeuce dans le Queensland, continue par la Nouvelle Galles du Sud, 
TAustralie du Sud et Victoria, et, finit en Tasmanie et dans Tlle sud de la 
Nouvelle-Zélande. 

La première opération est le lavage des animaux; il a pour but à la fois 
le nettoyajre de la laine et la destruction des parasites qui endommagent les 
tMiM>ns. Souvent on se contente de faire traverser aux moutons un cours d*eau 
oiï un bassin spécial. Mais, dans les stations bien organisées, ce bassin, très 
allongé, est bordé de murs réguliers en pierre; conduites par un bélier, les. 
In-tes desrendent à Peau par une pente très rapide, qui ne leur permet pas de 
M* «lérober; chacune passe a son tour, et, des hommes, placés sur les murs et 
armés de perches, Tobligent à plonger à plusieurs reprises sa tête dans Teau. 
4 In ;;agne beaucoup de temps en disposant plusieurs de ces bassins les uns 
h côté des autres. 

1^ tonte se fait dans un hangar spécial. Les moutons sont rassemblés 
dans do %*astes paddocks^ entourés de barrières d*eucalyptus; ils passent dans 
drs paddocks de plus en plus petits où on les groupe par dix; Fégalité des 
groupes facilite le contrôle du travail des tondeurs, payés à la tâche. Les 
moutons, pénétrant alors dans le hangar par un couloir central, sont 
«•nfermés, toujours par dix, dans des hoxes entourés de barrières à claire-voie 
•'l s'ouvrent d*une part sur le couloir central, et d*autre part sur Tun des 
«l«*ux couloirs latéraux. Le long de ceux-ci opèrent les tondeurs; ils tirent les 
mouloDs un à un des boxes^ les tondent et les rejettent au dehors dans des 
f^tddtpckt^ où Ton reforme les troupeaux. 

1. Voir La Géographie, XVUI, 3» 15 5ept. 1908. p. 14r>. 
1^ GiooAArBiB. - T. XVni. 1%*^. 



2i0 PAUL PRIVAT-DESGHANEL. 

Autrefois la tonte était toujours faite à la main, et c'est encore le procèlé 
usité dans les petites stations. Nu jusqu'à la ceinture, debout et courbé en 
avant, le tondeur maintient Tanimal de la main gauche, et, de la droite manie 
une paire de grands ciseaux, analogues aux ciseaux des tailleurs, mais muais 
d'un ressort qui les maintient ouverts. De la sorte, la fatigue est moins grande 
pour l'opérateur. 

Dans les stations bien aménagées, on pratique la tonte mécanique au 
moyen d'un appareil mû par la vapeur ou l'air comprimé. Dans les couloirs 
latéraux du hangar se trouvent deux arbres qui actionnent, par courroies, 
les tondeuses. La tondeuse mécanique a été inventée par Wolseley en 1874. 
Aujourd'hui la machine la plus usitée en Australie est celle de MM. Bui^on 
et Bail, de Sheffield. On se sert aussi quelquefois de locomobiles, qui vont 
de station en station, conduites par une compagnie de tondeurs nomades. 

L'avantage des machines est indiscutable. Sans doute des tondeurs très 
habiles et très expérimentés opèrent avec les ciseaux aussi vite et aussi bien 
qu'avec la machine. Mais à la main il est difficile de tondre cent moutons f«r 
jour; la moyenne obtenue est notablement inférieure. Or, on a fait une expé- 
rience suivie avec des machines à la station de Cambridge Downs (Queenslandi. 
La moyenne fut de 95 moutons par homme et par jour. Les plus fortes tailles 
en une journée ont été de 160, 163, 170, 174, 182, 183 et 207 moutons*. 

Les tondeurs constituent en Australie une catégorie d'ouvriers intéres- 
sante et originale ^ Ils sont nomades. Groupés en bandes de 10 à 20 personnes, 
sous la direction d'un chef, ils parcourent au moment de la saison les immen- 
sités de l'intérieur. Ils vont à pied, portant sur le dos un sac {stoag) ren- 
fermant un habit de rechange et à la main le billy, petite marmite en fer 
qui sert à faire le thé. Leur sac leur a fait donner le nom de swagsmeiij les 
gens au baluchon. Le soir ils couchent à la belle étoile ou dans la hutte d'un 
surveillant des troupeaux, qui leur donne du pain, un mouton, du thé et du 
sucre. Ils se louent pour un temps dans les diverses stations. Certains com- 
mencent leur saison dans le Queensland, la continuent dans la Nouvelle Galles 
du Sud et la terminent en Victoria ou en Australie du Sud, après avoir par- 
couru plus 2 000 kilomètres. 

Pendant toute la durée du travail, qui dure fréquemment un mois et même 
davantage, ils sont logés et nourris à la station, moyennant une légère retenue 
sur leur salaire. Ils sont payés à raison de 25 francs par 100 moutons (50 fr. 
par 100 béliers). Pour les habiles, cela ne représente qu'une journée de travail. 
Dans ces conditions, un bon ouvrier peut gagner, en un mois, sur une station, 

1. Certains tondeurs ont une merveilleuse habileté et le nombre des animaux qu'ils opèrent 
en un jour tient du prodige. A h station de Barcaldine (Queenslaud), M. John Howe a tondu aux 
ciseaux une fois 267 moutons et une autre fois 321 agneaux de 9 mois! 

2. Les mœurs pittoresques des tondeurs ont été peintes par un écrivain australien, HcnrT 
Lawson, dans divers ouvrages : While the billy boils. On ihe tracky Over the sliprailSy etc. 



LUUSTRALIB PASTOHALE. 241 

environ 800 francs, en ne dépensant pour son entrelien qu*une somme minime. 
En comptant dans la saison deux mois à deux mois et demi de travail efTectif, 
CD voit qu'un tondeur expérimenté peut avoir un bénéfice net de i 500 i 
2000 francs^ toujours payés en chèques sur les banques des grandes villes. 
Malheureusement les tondeurs gaspillent rapidement leurs gains, et, en atten- 
dant la saison suivante, ils doivent travailler à un métier quelconque. Leurs 
lioùts indépendants et nomades les portent en général à se faire chercheurs 
d\ir. Munis de la pelle, du pic, de la bâtée ou du craddle (berceuse à sables 
aurifères), ils s*en vont, par groupes de deux ou trois, fouiller les alluvions 
d«'S anciennes rivières. 

En Victoria, dans TAustralie du Sud et en Nouvelle-Zélande, le type du 
tiimieur nomade tend à disparaître. Les nouveaux tondeurs, profitant des lois 
rt'^rontes facilitant Tacquisition de la petite propriété, possèdent une ferme et 
\\v font la tonte que dans le voisinage. Il y à la le signe d'une transforma- 
tion heureuse pour TAustralie, dont le principal besoin est celui d'une popu- 
lation stable et attachée au sol. 



VI 



Le mérinos australien appartient à la catégorie des moutons à laine fine. 
L<* poil est doux, élastique, brillant, remarquablement souple et propre au 
tis»a^e. Un distinguait soigneusement autrefois les deux variétés dites de pei- 
^'nsige et de tissage. Aujourd'hui, avec les progrès de la technique industrielle, 
cette distinction tend a s effacer. 

Par contre, on distingue toujours la laine graisseuse et la laine lavée, cette 
dernière étant naturellement moins lourde, plus homogène, plus facile à appré- 
riff et à travailler, donc plus chère. Comme le lavage facilite la tonte, on fait, 
en général, comme nous Pavons vu, baigner les moutonsavant de les remettre 
aux tondeurs; mais l'opération salit toujours la toison, et il faut lui donner 
ensuite un second lavage, plus complet que le premier. 

La laine n*est pas spécialement et uniquement la toison du mouton. Beau- 
riiup d'herbivores et même de carnivores sont laineux; c*est le cas de Tours 
et lie certaines races de chiens. Le plus gros porteur de laine est le bison, dont 
lr% Indiens savaient autrefois très bien filer et tisser la toison. Mais le mouton 
|M»!isède la laine la plus propre aux usages industriels. 

D'après le professeur Owen, la laine est une modification du poil, consis- 
tint en lignes transverses ou obliques (800 a 1 600 par centimètre , signe 
«fune surface finement écailleuse et imbriquée. CVst à cette structure que la 
Uine doit son merveilleux pouvoir de feutrage, très supérieur à celui du poil. 

L* 04ooftAr«it. » T. XYIII, r.O) Kî 



242 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

Les lignes d'imbrication ont une épaisseur variant de 0"",00625 à 0*",0125'. 

La valeur industrielle des différentes espèces de moutons s*établit d*après 
trois ordres de faits : le nombre des imbrications, l'épaisseur de la fibre, le 
nombre des flbres par centimètre carré. 

Chez les animaux à laine plus ou moins commune, comme les Leicesters 
et les Lincolns australiens, on compte moyennement 700 lignes d'imbrication 
par centimètre; au contraire, chez les mérinos australiens, on en trouve de 
880 à 4 120. 

Le diamètre des fibres de laine est très variable et peut aller de 0'"°,25 
à 0""',0125. Des mesures précises ont été prises par Youatt et Powel (1856, 
et plus récemment par le D' H. A. Culting. Ils ont trouvé le^ moyennes 
suivantes : Cotswold, 0°^",0554; Leicester, 0'"'",0513; Southdown, O"",0350; 
mérinos australien commun, 0'"™,026l; mérinos moyen, 0°"",0191; mérinos 
fin, 0"™,0132; mérinos espagnol du Cap, 0°'",0112. 

Le trait le plus remarquable et le plus caractéristique des races supérieures 
est le nombre de leurs fibres. Les calculs faits jadis par Youatt (1840) et par 
le professeur Miles, du Michigan agricuUural Collège (1864-186S), ont été refaits 
plus récemment, et avec une technique plus perfectionnée, par le professeur 
J. L. Leconde, Mr. J. J. Woodeward et le D' H. A. Cutting*. Ces observa- 
teurs se sont servis d'un microscope donnant un agrandissement de 310 dia- 
mètres (100000 fois). Ils ont trouvé qu'en général les races grossières possé- 
daient de 800 à 1 000 fibres par centimètre carré et les mérinos de 6 600 à 8000. 
Certains béliers de choix présentent à cet égard une merveilleuse supériorité. 
Le D*^ H. A. Cutting a eu l'occasion d'étudier un de ces animaux. La toison 
d'une année pesait 10 kgs. 885 non lavée et 2 kgs. 721 lavée. Le nombre des 
fibres sur un centimètre carré était de 37 000, c'est-à-dire environ 37 fois ce 
que possède un mouton de race commune. De pareils animaux sont de véri- 
tables chefs-d'œuvre, à la fois de la nature et de l'industrie humaine, et il ne 
faut pas s'étonner que leur prix atteigne et parfois dépasse 100 000 francs. 



VII 

• 
Sitôt après la tonte, on procède au triage de la laine, opération qui 
s'effectue dans une partie spéciale du shearing-shed. Les toisons cou- 
pées sont posées sur une vaste table et triées très rapidement par des 
ouvriers habiles, les wool rollers et les wool classers, payés à raison de 

{, Voici ladéHnition donnée par le professeur Owen ■ Wool is a peculiar modification ofliair, 
cliaracterized by fine transverse or oblique Unes, from 2.000 to. 4.000 lo an Inch, indicative of a 
rainutely imbricated scaly surface when viewed under the microscope. On ils carved or Iwisicd 
form dépends ils reraarkable felting property ». 

2. The National Association of Wool Growers, Vol. II. n" 7. 1875. 



LAUSTRALIB PASTORALE. 241 

31 fr. 50 par semaine. Les difTérentes qualités sont alors jetées dans des 
casiers. 

CVst après le triage que se fait le lavage, en général dans un hangar 
particulier [fcashing-shed). Le séchage se fait souvent dans des essoreuses 
mécaniques, mues par la vapeur. 

La laine, lavée et essorée, est mise en balles dans des enveloppes gros- 
sières, mais solides, de jute indien. Les balles mesurent 1 m.xOm. 70 
XO m. 70 et pèsent 357 livres anglaises (162 kilogrammes). On conçoit que, 
pour obtenir un pareil poids sous un volume d'environ un demi-mètre cube, 
il faille fortement comprimer la laine. L'opération se fait au moyen de la 
presse à laine, maniée par deux ouvriers, les wool-pressers^ dont le travail est 
très fatigant et qui sont payés à raison de i fr. 50 par balle. Quelquefois 
le pressage se fait en employant la vapeur ou la force hydraulique. 

La presse à laine se compose essentiellement de deux bottes superposées, 
dont rinférieure peut s'ouvrir sur le côté et dont la supérieure peut se 
rabattre. On les remplit toutes deux de la quantité de laine destinée à faire 
une balle; puis une presse mue par un levier fait descendre la charge de la 
caisse supérieure dans la caisse inférieure, préalablement tapissée de l'enve- 
loppe de jute. On fait alors sortir la balle par le côté et on la coud. 
L'opération comprend ainsi trois parties : le remplissage, le pressage et la 
couture. 

l/es balles sont ensuite pesées, marquées par le bale-brander^ puis char- 
gi-es au moyen d'un plan incliné sur des chariots. Les véhicules employés 
au transport de la laine sont des sortes de grands camions très solides. Par 
suite du mauvais état des chemins, on les attelle de 6, 8, parfois 10 paires de 
chevaux et de boeufs. Encore, après les pluies, restent-ils souvent embourbés. 

La laine est ainsi transportée à une station de chemin de fer * ou à un port 
fluvial. Le transport par eau est très économique; malheureusement il est 
intf^rrompu chaque année pendant plusieurs mois et les laines arrivées en 
retard doivent séjourner longtemps dans les entrepôts de Bourke, Brewarrina, 
Walgett et autres villes. Mais, pendant la bonne saison, la navigation est 
active, et, le Murray, le Murrumbidgee, le Warrego, le Darling surtout, sont 
>illonnés de remorqueurs munis d'une roue postérieure, et traînant des barges 
rhar^ées de balles. I^e principal centre des expéditions est Bourke, qui reçoit 
ifs laines du haut Darling et du Warrego, et qui les envoie par bateaux à 
Adélaïde ou par chemin de fer à Sydney. En arrivant dans les grands ports, 
la laine est entreposée dans de vastes magasins, les Wool-storeSy dont cer- 
tains, les Morfs sioreSy les /////, Clark and Co's êtores à Sydney, par exemple, 
atteignent des dimensions grandioses. 

I. V»iir Paal Privoi-Dcî*chancI, i>» ehemint de fer australiens, io Le Génie Civil, n"* 19, 20 «l 
il ; :. i; et 21 Mplembre rJOl, l. Ll, p. 305-310, 32;>*32T, 34â-343. 



â44 PAUL PRIVAT-DESCHANBL. 

Autrefois les laines étaient envoyées en consignation à Londres, où, 
depuis 1820, la coutume était de les vendre aux enchères publiques. Ce vieux 
système commercial présentait de graves désavantages. Le vendeur ne 
pouvait surveiller la vente de ses produits; celle-ci étant faite à crédit, il 
devait attendre près d*une année le résultat de l'opération. 

Ces inconvénients amenèrent peu à peu vendeurs et acheteurs à adopter 
une méthode nouvelle. Celle-ci fut inaugurée en 1843 par T. S. Mort, qui fil 
à Sydney la première vente aux enchères, avec paiement au comptant avant 
livraison. Les Français, les Allemands et les Américains, prirent l'habitude 
d aller faire directement leurs achats en Australie; les Anglais finirent par les 
imiter, et aujourd'hui les trois quarts des laines sont vendues sur place. Au 
mois d'août, on commence à voir arriver les acheteurs européens. Quand la 
saison lainière bat son plein, ils vont, le matin, visiter les laines exposées 
dan^ les Wool stores et l'après-midi ils prennent part aux ventes négociées à 
la Bourse. Les ventes se succèdent, à Brisbane et à Sydney d'abord, puis à 
Melbourne et à Geelong, enfin à Adélaïde pendant plusieurs mois. La saison 
est terminée en janvier. 

La quantité de laine produite par l'Australie varie — mais non pas 
proportionnellement — avec le nombre des moutons, lequel est, nous l'avons 
vu, excessivement variable lui-même. Le maximum a été atteint en 1891 
(568 millions de kilogrammes), le minimum en 1902 (289 millions seule- 
ment). En onze ans la diminution a donc été de près de 50 p. 100. Depuis 
1902 les quantités ont régulièrement augmenté : le chiffre de 1904 est de 
380 millions. 

Quant à la valeur de la production, il est difficile de la préciser; les prix, 
en effet, varient considérablement, influencés qu'ils sont, non pas seulement 
par les conditions spéciales de l'Australasie, mais encore par l'état du marché 
mondial, les demandes de l'industrie en laine fine ou commune et les caprices 
de la mode. On estime qu'un mouton donne de 5 fr. 25 a 6 fr. 50 de laine. 
La production de 1904, la plus forte de ces dernières années, a été évaluée à 
environ 907 millions de francs. La baisse des cours a été très forte après la 
crise financière de 1893; mais ils ont ensuite remonté et la hausse a été con- 
sidérable de 1901 à 1906 (20 p. 100 pour beaucoup de qualités, 50 p. 100 pour 
certaines). On peut s'étonner au premier abord que le prix des tissus n'ait pas 
haussé parallèlement. Cela tient à la pratique des mélanges et à l'art de faire, 
avec des déchets, avec du coton et en général avec toutes sortes de matières, 
de la laine artificielle destinée aux lainages dits occasions. 

La première exportation sur l'Angleterre est de 1807; elle ne montait qu'à 
111 kilogrammes, pas même une balle. Depuis les choses ont bien changé, et, 
en 1891, l'Australie envoyait au dehors 628 000 balles. Aujourd'hui l'exporta- 
tion de la laine représente à peu près la moitié de la valeur des exportations 



L AUSTRALIE PASTORALE. 3iS 

totales du continent austral. La valeur des laines exportées a été en 1904 de 
855 millions de francs (358 milliers de kilogrammes). 

L*ex|>ortation ne se faisait autrefois que sur Londres; elle a pris enraie- 
ment aujourd'hui le chemin de Manchester, depuis que Touvcrture du canal 
maritime Liverpool- Manchester a amené une forte réduction du fret (60 p. 100). 
L'Angleterre n'a plus d'ailleurs le monopole des achats; la France, l'Alle- 
magne, les États-Unis, même l'Inde, la Chine, le Japon, sont devenus des 
États importateurs de laine australasienne. A l'heure actuelle les exportations 
peuvent se classer ainsi : 

Pour le ronlinenl europtVn 57 p. 100 ,63 p. 100 en 100*. 

Pour les Iles Britanniques 30 — 2V — ) 

Pour les ÉUtsUnis 10 — 7 — ) 

Pour rinde, la Chine el le Japon. . . 1 — (1 — ) 

98 p. 100 (95 p. 100 en 190i. 

Il reste donc 2 p. 100 qu'achètent les manufacturiers et peigneurs locaux 
(5 p. 100 en lOOi, soit 22 millions de kilogrammes). L'Australie s'eiTorce 
actuellement, i l'abri de ses tarifs douaniers, de développer ses filatures et 
$es tissages: mais elle n'y a encore que médiocrement réussi. 

Il convient de dire quelques mots de la part que la France prend à ce 
commerce. Elle est considérable, mais il est difficile de l'apprécier exacte- 
ment, parce que beaucoup de nos industriels du nord ont gardé l'habitude 
de faire leurs achats à Londres; le chiflre donné pour les envois directs 
d'Australie en France est donc sensiblement au-dessous de la vérité. En 1901 , 
la France a importé 256 160 500 kilogrammes de laine, valant 323 S70 700 francs. 
Li-dessus, la République Argentine, dont la France est le principal client, a 
fourni 136 652000 kilogrammes, l'Australie 40 300000 kilogrammes, l'Angle- 
terre 39 400 000 kilogrammes, l'Uruguay 9 300000 kilogrammes, l'Espagne, 
la Turquie, TAlgérie, etc., 31 108 500 kilogrammes. Mais une bonne partie 
des laines venant d'Angleterre sont parties de TAustralic. En tenant compte 
de ce fait, on peut estimer que l'Australie fournit approximativement à la 
France, directement ou indirectement, 65 à 70 millions de kilogrammes de 
laine, soit environ 21 p. 100 de l'ensemble de l'importation. Il serait à sou- 
haiter que ce commerce s'accrût. Mais il faudrait pour cela que nos né^'^ociants 
et nos industriels développent nos relations directes avec l'Australie et aussi 
que nous perfectionnions nos moyens de transport et que nous abaissions nos 
tarifs, tant sur les Messageries Maritimes que sur les chemins de fer français. 

Ouel est l'avenir de l'Australie comme pays producteur de laine? 
La consommation^^de la laine dans le monde augmente régulièrement, et 
de longtemps les débouchés ne manqueront pas. Le problème se réduit donc 



246 PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

à savoir quelle est la stock-cairying capaciiy de TAustralie, c'est-à-dire à 
déterminer jusqu'à quel chiffre pourra s'accroître le troupeau australien. 
Officiellement on admet le nombre de 300 millions de moutons. Hais 
l'optimisme australien n*a pas de rival dans le monde et il nous est impossible 
d'accepter de pareilles prévisions. 

Les moutons en Australie sont actuellement au nombre de 80 millions; 
mais en 1891 ils étaient 106 millions. L'Australie nourrissait facilement cet 
énorme troupeau. Nous pouvons donc prendre ce chiffre de 106 millions 
comme base de notre argumentation. Or, dans ces dernières années, on a, 
nous l'avons dit, amélioré considérablement les conditions de l'élevage. Tout 
un outillage a été créé contre les sécheresses : travaux hydrauliques, réserves 
de fourrages, ingénieuses et économiques combinaisons pour les transports. 

L'aménagement des eaux fluviales et le forage des puits artésiens ont 
transformé en pâturages bien des régions semi-désertiques. Les ingénieurs 
australiens espèrent fermement que cette transformation s'effectuera sur 
270 000 à 280 000 kilomètres carrés. Nous avons démontré ailleurs ^ combien 
cet espoir est exagéré. Admettons pourtant qu'un territoire nouveau d'environ 
280 000 kilomètres, c'est-à-dire une superQcie comparable à celle de l'Italie, 
pourra dans l'avenir être utilisé pour l'élevage. Alors, en tenant compte de ce 
qu'il faut de terrain pour nourrir un mouton (un hectare en moyenne dans 
l'ensemble du continent), on peut s'attendre à ce que l'irrigation augmente le 
troupeau d'une trentaine de millions de têtes, en plus de la stockr-carrying 
capaciiy de 1891. Il est donc permis de prévoir pour plus tard un nombre 
d'environ 140 millions de moutons*. Mais ce chiffre est un maximum. Du 
côté de l'intérieur, en effet, le développement de l'élevage se heurte aux 
limites immuables du désert; du côté de la côte l'art pastoral recule devant les 
progrès de la culture, favorisée précisément par l'irrigation et aussi par la 
demande constante des pays qui ne se suffisent pas en céréales. 

Quoi qu'il en soit, le chiffre de 140 millions de moutons est un beau chiffre. 
Les Australiens de demain pourront légitimement en être fiers ; et nous 
pourrons nous aussi nous en réjouir, car il y aura tout avantage pour dos 
pays à ce que la quantité des laines australiennes augmente. La demande des 
tissus de laine va toujours en croissant, alors que le nombre des moutons à 
laine diminue dans toute l'Europe, en présence de la concurrence extra- 
européenne, favorisée par le bas prix de revient, et en présence aussi des 
progrès de la culture. 

Comme pays lainier, l'Australie a donc devant elle un bel avenir, si 

1. V. Paul Privat-Deschanel, La question de Peau dans le bassin du Murray, in Annales de Géo- 
graphie, 15 juillet 1908. 

2. C'est à peu près le nombre auquel arrive M. Biard d'Âunet {VAurore australe, Paris, 
P4on, 1907). n admet comme maximum 150 à 160 millions de moutons. Nous sommes heureux de 
nous trouver d'accord avec cet observateur bien informé. 



L'AUSTRALIB PASTORALK. 2^1 

toutefois elle sait administrer sagement les richesses que lui a prodiguées la 
nature. Mais le saura-t-elle ? Ici nous touchons à un point particulièrement 
intéressant pour les géographes, à la question des formes inéluctables 
imposées par la nature i la vie économique. On distingue deux types 
principaux de laine : la laine fine et la laine lourde ou forte. La première a 
('*tc longtemps la spécialité de TAustralie; mais, depuis quelque temps, les 
(•loveurs l'abandonnent en faveur de la seconde ; ils cherchent le poids au 
lieu de la iinesse. Depuis une quinzaine d'années le poids moyen de la toison 
si^A accru de près de 25 p. 100. Cette transformation d'une pratique presque 
M'culaire est une des conséquences de la grande sécheresse de 1897 à 1903. 
t)n avait peur de manquer de laine de mérinos ou de la payer trop cher, 
r/esl pourquoi on se tourna vers les variétés plus grossières et l'Angleterre, 
Nurtout jusqu'en 1905, demanda surtout des laines fortes. 

Cette évolution, commencée sous la pression des circonstances, puis 
systématiquement voulue par les éleveurs, est un danger pour l'avenir. 
L*.\ngleterre reviendra à ses anciennes habitudes, un instant abandonnées 
seulement à cause de la sécheresse. D'autre part, les États-Unis produisent 
assez de laines fortes pour n'avoir pas besoin d'en faire venir du dehors. 
Eafin le continent européen demande surtout des laines fines. Or, ce sont les 
irheteun continentaux qui font avec l'Australie le plus gros chiffre d'affaires; 
«iaris la campagne lainière 1903*1904, ils ont pris 63 p. 100 de la laine vendue 
^ur les marchés australiens, alors que les acheteurs anglais n'en ont pris 
que 21 p. 100. 

Ainsi l'Australie s'engage dans une voie dangereuse. Sa spécialité et sa 
raiM)n d'être étaient la productions de la laine fine, pour laquelle elle était 
incom|>arable, en raison de la nature de son sol et de son climat. Aujourd'hui 
l'Australie méconnaît les conditions du milieu géographique. Cette attitude 
lui a déji fait perdre son rang exceptionnel dans le monde comme pays 
lainier ; ses laines lourdes n'ont aucune espèce de supériorité sur celles de la 
plupart des autres pays. Dans cette lutte contre la géographie, elle sera 
nécessairement vaincue. 

Le continent austral court d'ailleurs, s'il s'obstine a vouloir forcer la 
nature, un autre danger. Les Australiens, fort aimables pour les voyageurs 
J«^intéressé8, sont aujourd'hui peu accueillants pour les hommes d'affaires, 
K»s colons, les ouvriers, les commerçants. La prépondérance du Uihonr pnrttj 
a mis à Tordre du jour l'exclusivisme, le nationalisme à outrance et le 
principe, si faux pour un pays neuf, de V Australie aux Australiens. L'éléva- 
tion des droits de douane depuis 1901 a considérablement ^éné le commerce 
européen, même celui de l'Angleterre, que sa colonie a traitée avec une 
singulière désinvolture. Nos négociants ont beaucoup souffert de cette situation 
«t nous nous rappelons avoir été à Syd ney le témoin attristé de la crise subie par 



248 • PAUL PRIVAT-DESCHANEL. 

nos agences d'importation de vins de Bordeaux et de Champagne. Mais que 
pouvait faire TEurope? Il lui fallait tout supporter parce que l'Australie seule 
était capable de l'approvisionner en laines fines. Aujourd'hui tout est changé. 
En abandonnant sa spécialité, l'Australie nous fournit elle-même une arme 
contre elle. Des laines fortes, nous en trouverons partout; et, pour les laines 
fines, nous nous adresserons, si nous voulons, à d'autres pays, par exemple 
à l'Argentine. Sans doute celle-ci n'est pas actuellement spécialisée dans la 
production de la laine fine ; mais, plus logique que l'Australie, elle développe 
cette production, conformément aux indications de la géographie. Il peut en 
coûter cher au continent austral d'avoir perdu un véritable monopole. 

Ce sont là au reste des faits économiques qui n'intéressent pas seulement 
l'Australie. Ils intéressent aussi, ou plutôt ils devraient intéresser la France. 
Nous ne suivons pas d'assez près les transformations du marché mondial, 
non plus que la marche, irrégulière et parfois confuse, des grands courants 
commerciaux. C'est surtout en matière de commerce que le mot du poète est 
vrai : rien de ce qui est humain ne nous est étranger. Nous avons indiqué 
quelles conséquences pourrait avoir pour l'Australie la transformation voulue 
de la nature de la laine. Nous voudrions, en terminant, suggérer au moins 
l'idée quejla France pourrait profiter de cette transformation. Il appartient à 
nos industriels du nord de créer un courant direct entre l'Australie et la 
France. Nous savons qu'une de nos chambres de commerce du nord étudie 
en ce moment la question. Nous signalerons, le moment venu, le résultat de 
ses études. 

Paul Privat-Deschanel. 



La nouvelle exploration 

du D** Sven Hedin au Tibet 



l'ne fois de plus, le D' Sven Hedin vient do terminer heureusement une 
remarquable expédition dans le Tibet inconnu. Bien que les renseignements 
parvenus jusqu'ici sur ce voyage soient très sommaires, ils sufRsent cependant 
|M>ur montrer l'intérêt de premier ordre que présente la nouvelle entreprise du 
savant voyageur suédois. 

Otte expédition, qui a duré pas moins de deux ans, se partage en trois 
campagnes. 

Dans la première que M. Deniker a résumée ici même avec sa com|)étence 
lU^ choses dWsie *, Sven Hedin a tracé du Ladak à Chigatsé un long itinéraire 
d'(»uest en est, à travers une région jusqu'ici complètement ignorée. Le principal 
ri*^nltat de ce voyage a été, rappelons-le, la découverte, au nord du Brahmapoutre, 
d*un(' colossale chaîne de montagnes parallèle au grand fleuve tibétain. Cette 
chaîne, le .Nintchen-tang-la, forme un des reliefs les plus saillants de la terre. Son 
altitude est supérieure à 5 700 mètres et sa longueur dépasse 3000 kilomètres. Celte 
dtkrouverte apporte à l'orographie du Tibet une profonde modification, qui, comme 
le dit i>\en Hedin avec une juste fierté, apparaîtra même sur les atlas scolaires. 
iV-'iormais parallèlement à THimalaya, et, au nord du Brahmapoutre, il faut porter 
ïiur les cartes une grande chaîne comparable à l'Himalaya, au Karakorum, au 
Koueu loun. 

Si Taltitudc moyenne des cols du Nintchen-tang-la est supérieure à celle des 
p.is^ages de l'Himalaya, ce relief ne renferme pas de cimes aussi élevées que cette 
dernière chaîne; il contient toutefois plusieurs massifs de glaciers; ses sommets les 
plus hauts se dressent sur des contreforts. Le Nintchen-tang-la se compose d'une 
*^ule crête sur laquelle se greffent des rameaux très puissants s'étendant au sud 
juM|u'au Brahmapoutre et au nord se prolongeant en un labyrinthe de chaînons 
enferrant de grands lacs tels que le Chourou-tso, au sud du Dangra-youm-tso. 
G)mme ligne de partage des eaux, cette chaîne poss^Ie une importance supérieure 
à civile de l'Himalaya; c'est elle, en effet, qui divise les bassins des plus grands 
fleuves de cette partie de l'Asie centrale ; dans sa partie ouest, elle sépare le Salouen 
du Brahroa|M)utre, dans sa partie centrale ce dernier fleuve du réseau de lacs sans 
t^mi««^ire qui parsèment le plateau til)étain, tandis qu a l'ouest elle isole les deux 
hmnches su|HTieures de l'Indus. puis ce fleuve du Pangong-tso, et finalement 
rinduH de son affluent, le Cheyok. Peut-être même la chaîne entre l'Indus et le 
Pândj est-elle le prolongement du Xintchen-tang-la et l'Hindou-Kouch se rattache-t-il 
à ce relief*? 

1. La O^o^raphie, XVI, 3, 15 septembre 1907, p. 17t. 

1 G^ rrn»4'ignenienU concernant le Nintchen-tang-la sont empruntés au ménioiix: adresf^é à 

U CccMiiArMB. — T. XVIII. V/0^. 



250 CHARLES RABOT. 

A Chigatsé, où il arrivait le 11 février 1907, les mandarins chinois représentant 
le protectorat du Céleste Empire sur le royaume de DalaMama déclarèrent aa 
D' Sven Hedin qu'il ne pouvait demeurer au Tibet et qu'il devait reprendre le plus 
tôt possible la route des Indes. Le voyageur réussit à transiger. Il accepta de rentrer 
sur le territoire britannique, mais en prenant la route la plus longue, celle du Ladak, 
de manière à pouvoir parcourir à travers le Tibet inconnu un nouvel itinéraire 
est-ouest. 

Cette seconde campagne nous a été révélée dans ses traits principaux par un 
long mémoire adressé par le D*" Sven Hedin à VHluslration et daté de Gartok 
10 octobre 1907, lequel nous avons résumé dans le n" de ce journal du 25 juillet 1908. 
Nous nous bornerons donc à indiquer ici les principales étapes du voyageur en 
faisant connaître, avec rautorisation de la direction de V Illustration, plusieurs obser- 
vations géographiques contenues dans le mémoire du D*" Hedin et qui, en raison de 
leur nature technique, n'avaient pu être utilisés. 

De Chigatsé Texplorateur fit d'abord un crochet au nord-ouest pour recouper le 
Nintchentang-la et parvint sur le versant nord de cette chaîne jusqu'aux environs 
du Dangra-youm-tso *. Arrêté de nouveau par les Tibétains, il retraversa le Nintchen- 
tang-la- et revint sur le Brahmapoutre, après avoir découvert, sur le versant nord, 
un lac immense, le Tchourou-tso, et, relevé le réseau hydrographique du Mu-tiou, 
affluent du Brahmapoutre. 

Hedin visita ensuite le confluent du Tcharta-tsanpo *, le plus gros tributaire du 
Brahmapoutre, puis Tradum, sur ce fleuve. De là il fit une pointe vers l'Himalaya 
qu'il franchit au Kore la ^ et pénétra par ce col sur le territoire népalais. Entre le 
sommet de cette passe et le Brahmapoutre il n'existe qu'une différence de niveau 
de 100 m. environ; il serait donc aisé, ajoute l'explorateur suédois, de détourner le 
Brahmapoutre vers le bassin du Gange. 

Après cette excursion Hedin poursuivit sa route vers le nord est, le long du 
versant septentrional de l'Himalaya, et aboutit au Mansarovar. 

Son itinéaire de Chigatsé à ce lac fameux est presque entièrement nouveau; il 
se confond seulement pendant deux étapes et demie sur les cent trente-cinq qu'il a 
comptées avec les routes du pundit Nain Singh (1865) et des majors Rawling et 
Ryder (1903 et 1904). 

D'après Sven Hedin, la source du Brahmapoutre serait, non pas le Marioum- 
tchou issu du Marioum-la, comme l'ont affirmé les voyageurs anglais, mais le 
Koubi-tsanpo sorti du puissant massif glaciaire himalayen du Koubi-Tengri. 

Pendant son séjour d'un mois sur les bords du Manasarovar, le voyageur suédois 
a, d'autre part, élucidé la question de la source. du Satledj. D'après ses observations, 
la branche originaire de ce puissant affluent de l'Indus serait le Tage-tsanpo, tribu- 
taire du Manasarovar. A l'époque du passage de l'explorateur, ce torrent versait 
dans ce bassin 11 mètres cubes à la seconde, tandis que les apports réunis de tous 
les autres affluents du lac ne dépassaient pas 21 mètres cubes. Quelque intense que 
soit l'évaporation, elle n.'absorbe pas 31 mètres oubes par seconde; par suite, comme 
le niveau du lac ne s'élève pas, c'est qu'il existe un émissaire souterrain vers le 
Rakas-tal situé à 13 m. 20 en contre-bas à l'ouest, comme d'ailleurs Sven Hedin a 
pu le constater. A une époque antérieure le Satledj s'écoulait de ce dernier lac; le 
lit de son ancien canal de sortie est encore nettement tracé. Aujourd'hui, quoi qu'il 

1. Tso, lac. — 2. Tsanpo, rivière. — 1. La, col. 



L\ NiJUVBLLB EXPLORATION DU D' SVEN HEDIN AU TIBET. S51 

rn M>it (les apparences, le Rakas-tal n'est pas un bassin fermé. Ses eaux, d'ailleurs, 
M>iit douces, caractère physique qu'elles ne pourraient posséder s'il était dépourvu 
i'^mii^saire; de plus, dans les parties de l'ancien lit situé en dessous du niveau 
.irluel du Rakas-tal, sourdent des sources très abondantes, et, plus on avanre vers 
TavaK plus leur nombre et leur débit aufçmentent. Hedin considère ces sources comme 
•i(^ émergences de Témissaire souterrain du Rakas-tal. Pour toutes ces raisons, le 
Ta^re-tsanpo doit être considéré comme la source du Satledj, a%'ec cette particularité 
)ij(* ses eaux coulent souterrainement entre les deux lacs, et à la sorliedu Rakns-tal. 

Otte disposition hydrographique n'est qu'un épisode dans la vie do ces lacs. 
(>«mme tous les bassins du Tibet, ils sont en voie de régression, et, un jour arri- 
vera où leur nappe diminuant de plus en plus se trouvera au niveau d*argiles qui 
<*'op|ioseront à l'écoulement souterrain des eaux; dès lors le Mansarovar et le 
K^kas-tal subiront le sort du Pangong-tso voisin et deviendront des lacs sans émis- 
^Mtf et par suite amers. 

Sven lltHlIn a exploré en détail le Manasarovar, dont la largeur n'est pas inférieure 
a i-*» kilomètres. Il y a exécuté cinq lignes transversales de sondages comportant 
\tJ stations; il pourra ainsi établir une carte avec courbes isobathes du fameux lac 
Mrn*. La plus grande profondeur sondée a été Si m. 8. 

Après celte étude limnologique, l'explorateur fit un nouveau crochet au nord 
pour reconnaître les sources de l'Indus, et, après s'être dirigé au nord-est jus- 
•lu'au 3i* de L.at. N. à travers une région en partie inconnue, il rallia dartok le 
i»» septembre IÎK)7. Son voyage depuis Chigatsé avait duré six mois. 

Depuis on ignorait ce qu'était devenu Sven Hedin. On savait seulement qu'il 
avait rejoint Leh, puisqu'il était parti de là vers le col de Karakorum, se proposant, 
•li^itt-il. de gagner Khotan et ensuite Féking. 

L annonce bruyante de ce projet n'était qu'une feinte destinée à dépister les 
TiUtains et à endormir leur vigilance sur la frontière, et, arrivé à deux jours de la 
piH<t'du Karakorum, le voyageur tournait brusquement à Test pour entreprendre 
nui* troisième campagne au Tibet. 

Sur cette expédition on ne possède jusqu'ici que deux télégrammes adressés de 
>imla au Jvne$ et publiés dans les numéros des 16 et 17 septembre, lesquels per- 
mettent de connaître les lignes générales de Titinéraire suivi par la caravane. 

En janvier iîKKS Hedin arrivait dans TAk-saï-tchin, après avoir atrocement 
' «uffert du froid et d épouvantables tempêtes. Pendant ce mois le thermomètre 
«>.iUi«sa h — JW*,H! Il se dirigea ensuite vers leTchemen-tso sur les bords duquel 
• '.ttt installé un campement de chasseurs. Pendant deux mois la caravane n'avait 
F'î< rencontré âme qui vive. 

Le lac Lemchang (Lenchung-tso, de la carte du capitaine Deasy), atteint vingt- 
<i**ux jour< plus tard, marque la troisième étape. Entre le Tchemen-tso et le Lemchang 
^' rencontrent des gîtes aurifères exploités seulement en été en raison de la rigueur 
î" la température à ces altitudes de 3000 à i (MK) mètres. L'extraction doit être 
n-monératrice et très active, à en juger d'après les travaux relativement considé- 
nbl« qui ont été entrepris. 

Du Lemchang l'itinéraire va ensuite a lest-sud-est, vers le Tonsr-ts<>. Craignant 

1 «tre à son tour dépisté et arrêté s'il était reconnu, Sven Hedin se déguisa alors en 

iravanier ladaki, conduisant une béte de somme, comme les autres hommes du 

« 'iivoi; en même temps il fut décidé que la troupe se présenterait dorénavant comme 

irifcaravane de paisibles marchands allant acheter de la laine aux pasteurs tibétains. 



252 CHARLES RABOT. 

Du Tong-tso Hedin fit route droit au sud à travers ie grand blanc que les cartes 
portent entre le 32** et le 30° de Lat. N. — Après avoir escaladé plusieurs chaînes de 
montagnes dont un grand massif de glaciers, il arrivait dans la province de Bongba, 
une terre complètement vierge. Aucun Européen n'avait auparavant réussi à péné- 
trer dans cette partie du Tibet. Mais la situation commence à devenir délicate. U 
caravane éveille des soupçons; ses mouvements sont épiés et les autorités tibé- 
taines Tobservcnt. Le voyageur n'en continue pas moins vers le sud; il découvre 
un grand lac, le Chouni-tso, recueille des informations sur une seconde nappe im 
étendue, le Tabia Tsaka, qui approvisionne de sel une partie du Tibet, puis, fran 
chissant deux crôtes, il arrive de nouveau au pied du Tcheng-tang-la. Sven Hediu 
a pu ainsi déterminer de visu Textension de ce colossal relief jusque vers le 82* de 
Long. E. de Gr. — et c'est là un point d'une très grande importance. L'explora- 
teur escalade cette chaîne par un col de 5400 m. et explore ensuite sur son veraiDl 
méridional le cours supérieur du Tcharta-tsanpo, dont il avait relevé le confluent 
dans sa précédente campagne. 

Sur ces entrefaites, aux environs de ce fleuve apparaît une force tibétaine. Sven 
Hedin est reconnu et obligé de suspendre sa marche. Alors commencent de longs 
palabres qui se terminent par un compromis, comme Tannée précédente à Chigatsé. 
Il est convenu que l'explorateur battra en retraite sous la surveillance d'une escorte 
chargée de son ravitaillement, mais qu'il aura la liberté d'effectuer son retour par 
la province de Bongba et d'explorer cette région. 

Traversant encore une fois le Tcheng-tang-la, à l'altitude de 5 700 m., Hedin 
atteint, au nord de ce relief, le Tercnam-tso, un très long lac amer, puis tournant à 
l'ouest, étudie la vallée du Soma-tsanpo, le plus Important cours d'eau des bassins 
fermés du Tibet. Après avoir escaladé un contrefort du Tcheng-tang-la, il arrive sur 
les bords du Galaring-tso, et, pour la dixième fois recoupant le Tcheng-tang-la. il 
parvient le 26 juillet, sur les bords du Manasarovar, d'où il gagnait ensuite l'Inde 
par les routes connues. 

Cette troisième campagne a une importance considérable : Sven Hedin a bouché 
un des blancs les plus étendus que renferme encore la carte du Tibet et cette recon- 
naissance d'une portion de la terre demeurée complètement inconnue emprunte un 
intérêt de premier ordre à la personne même du voyageur. Tout le monde sait avec 
quel soin et quelle intelligence il travaille ; aussi de cette nouvelle expédition sortira, 
sans nul doute, une œuvre capitale pour la géographie physique, qui constituera un 
nouveau titre d'honneur, non seulement pour son auteur, mais encore pour la Suède, 
toujours à l'avant-garde de l'exploration scientifique. 

En même temps que le télégraphe annonçait l'heureux retour du D"^ Sven Hedin 
aux Indes, il apportait la nouvelle d'un événement politique considérable qui aura 
sans nul doute d'importantes conséquences géographiques : l'arrivée du DalaMama 
à Péking. Le 28 septembre, le souverain pontife du bouddhisme lamaïte a fait une 
entrée solennelle dans la capitale de son suzerain, l'empereur de Chine, reçuavecles 
plus grands honneurs, au milieu d'une foule curieuse et étonnée. Cet événement 
d'une importance capitale est la confirmation éclatante des vues si judicieuses que 
Sven Hedin exposait, il y a un an, sur la situation de l'Asie centrale. 

Charles Rabot. 



Le Journal de voyage en Chine 
de F. de Richthofen' 



Fcnlinand voii Richthofen, le célèbre explorateur de la Chine, l'illustre fondateur 
lie la pN)graphie scientiflque moderne, n*a publié aucune description, ni relation de 
«"*> nombreux voyages, destinée au grand public. Un seul de ses ouvrages, la des- 
iTipti4>n de la province chinoise de Chantoung, peut à la rigueur rentrer dans cette 
•••i».i:orie'. Encore ce livre, publié à Toccasion de l'occupation du Kiaou-tchéou 
^'l'irtv^tio-t il plutôt à des spc'cialisles qu*à des lecteurs ordinaires. 

Rarement un explorateur ayant une éducation scientifique aussi complète a fait 
•!t« plus grands voyages dans des régions peu connues ou inconnues que von Rich- 
thofcD de l^(o7 à 1872, et, jamais aucun voyageur n'a rassemblé une telle abondance 
«i observations précises. La quantité de documents de toute nature recueillis par 
•vt explorateur fut tellement considérable qu'une vie d*unc activité aussi continue 
•]ije In sienne ne put suffire à leur complète mise en œuvre. Ainsi Téminent géo- 
jr.iphe n*a pas trouvé le temps d'écrire une relation de ses explorations pour le 
irriiid public, non plus que de consigner ses impressions de route. Il avait, 
• f |M*ndant, l'intention de publier ses notes de voyage après l'achèvement de ses 
trivaux scientifiques. Malheureusement, seulement après sa mort ce projet a pu 
•*tn* exê«'uté. En 1K86, lors d'une visite que je lui fis à Leipzig, von Richthofen me 
;«irla de son journal de voyage et me montra une belle carte générale de la Chine à 
Iii|uelle il travaillait. 

Il faut grandement louer M. E. Tiesson d'avoir publié les Ttujebucher aus Chhta^ 
'i le monde géographique doit être particulièrement reconnaissant à la baronne 
%.»n Richthofen d'avoir très gracieusement misa la disposition de l'éditeur, non 
•4-ulf»ment 1rs notes de voyage de Tillustre explorateur, mais encore les lettres qu'il 
i>ln*«*<a en cours de route à ses parents. 

I-es Ttvjetffirher ans China forment deux magnifiques volumes, illustrés de plu- 
•>i*urs fars-similés. Cette belle publication concerne uniquement les voyages en 

f. <Ffrttin.in«l von Richlhofen's) Tatfei/tichet' aus China Au!i»ro\\âhU un<l heraii%goffrl>t*n von 
E Ttr*«rn. Viil. i. «HS p.. une carte el U pl«n<'lies lilhoftraphie. dont 13 d'aprcH le<« dr^sinM ori- 
»f.iiii (le Hichlhofen; — vol. Il, 375 p. et 7 planche» dont 6 d'après les ilesMns originaux de 

^iSiir. ik^rlin, Oictrioh Rcimer ^Krnil Voh-^cn), lUuT. 

J. Ki«*blhof''niFmherr Ferdinand von), Schantung und sfinf Etngantj*p forte Kiauts'-hou. Berlin, 
;» ' 'n- Il Rrim^r ^Ernsl Vohsen), «8^3. 

L* itciMikArsiK. — T. XVIII, lV<c^. 



25i L. DE LÔCZY. 

Chine de Richthofen ; mais il est certain que les papiers laissés par le maître ren- 
ferment des notes sur la Hongrie, l'Amérique du Nord et le Japon, et il serait à 
désirer que ces notes, apanage de tous, fussent livrées à la publicité. 

Le principal champ de travail de von Richthofen a été la Chine où il fit, de 1868 
à 1872, sept grands voyages. Il est le premier géographe scientifique qui ait visité 
plusieurs parties de l'empire du Milieu, et cela précisément à une époque où la dynastie 
mandchoue réprimait les révoltes dans l'ouest et le sud*ouest de l'empire. C'est à 
cette dernière circonstance qu'il faut attribuer sa riche moisson d'obserralions 
concernant la situation dans laquelle se trouvait la Chine immédiatement araDt 
la grande invasion de la civilisation occidentale et de ses pionniers. Aussi, à coté 
d'observations concernant les sciences naturelles, le a journal de voyage » pré- 
sente-t-il un excellent tableau de l'état de l'empire chinois, il y a quarante à qua- 
rante-cinq ans. A ce moment-là il n'y avait ni télégraphe, ni chemin de fer, et, Fal- 
titude de la population vis-à-vis des Européens était encore pacifique. 

Les relations de Richthofen sont dépourvues d'aventures et d'épisodes drama- 
tiques. Il voyageait en simple particulier, muni, il est vrai, d'un a grand passe- 
port » du Tsung-li-Yamen qui enjoignait aux autorités de pourvoir le porteur des 
choses requises par le voyage; mais Richthofen n'en fit usage que très rarement et 
dans les cas d'extrême nécessité. Par suite, il demeura en relation immédiate avec 
la population ; son journal y gagne un charme particulier. 

Comme presque tous les Européens qui arrivent en Chine, von RichthofeD 
éprouva, lui aussi, une certaine antipathie contre les Chinois. Les habitants des 
provinces de la côte, hostiles et méprisants à l'égard de l'étranger, ne pouvaient 
naturellement faire bonne impression sur le célèbre explorateur. La saleté et la 
misère, conséquence de la surpopulation et des rébellions des T'aip'ings et de Nien 
feis, qui venaient d'être réprimées, n'étaient certainement pas de nature à rendre les 
Chinois sympathiques. Mais, à mesure que von Richthofen pénétra dans l'intérieur 
de l'Empire et prit contact avec une population qui n'avait jamais eu relation avec 
des Européens, le tableau que le « journal de voyage » présente des Chinois change, 
et cela à leur avantage. Finalement, les provinces occidentales de Chansi et de 
Sseu tch'ouan ainsi que leurs habitants sont présentés comme particulièrement 
sympathiques. Là régnent Tordre, la propreté, le respect de l'étranger. 

Sur les fonctionnaires chinois, les Tagebûcher renferment des appréciations 
généralement favorables. Nous y rencontrons, aussi pour la première fois, des 
comparaisons entre les différentes parties de la Chine proprement dite au point de 
vue des sciences naturelles, aussi bien qu'au point de vue anthropologique et eth- 
nique. Très souvent von Richthofen relève les différences considérables, radicales 
même, qui existent entre les populations de provinces limitrophes. Ses notes de voyage 
nous montrent également combien la vie des indigènes et leurs sources de revenu dif- 
fèrent d'une province à l'autre; aussi bien peut-on dire que dans leur ensemble ces 
régions offrent l'image des États-Unis de l'Amérique du Nord. 

La manière dont sont présentées les observations climatologiques, biologiques cl 
sociologiques, très abondantes dans le récit de voyage, en rend la lecture attrayante 
et attachante; je ne pourrais mieux comparer ce livre qu'au Voyage du Beagle àe 



LE JOrnNAL DE VOYAGE EN CHINE DE P. DB RICHTHOFEN. SS5 

Clinrle» Darwin ou à The Malay Archipelago de A. R. Wallace. Parmi loules le» 
ivlationsde voyage que je connais, seuls ces deux ouvrages peuvent être mis sur 
Ir mi^me rang que les Tafjebùcher. 

Plusieurs chapitres sont complétés par des lettres de von RIchthofen à ses 
parenU; elles résument les sujets traités dans ces chapitres; en même temps, elles 
montrent les difflcultés qu'avait à surmonter Tauteur sur le théâtre de son activité 
romme, dans son propre pays, pour atteindre le but qu'il s'était proposé. 

Von Richthofen a lui-même divisé ses voyages en Chine en sept grandes sections. 

En iH68, il arrivait en Chine, venant de Californie par le Japon où il avait déjà 
fait un court séjour en 1860, comme membre de la mission commerciale et diplo- 
matique envoyée par le roi de Prusse. 

U9l\\< tous ses voyages, von Richthofen fut accompagné de son fldële interprète, 
le tWIge Paul Splingaert, qui occupa par la suite et jusqu'à sa mort survenue en 
llMITi, peu de temps après celle de von Richthofen, un poste élevé en Chine. Le pre- 
mier voyage eut pour théâtre les environs de Ning-po et le cours inférieur du Yang- 
t**e kiang (4 novembre 1868 au i\ février 1869) ; le second fut dirigé le long du canal 
impérial, vers la province de Chan<toung et la t)aie de Kiaou-tchéou dont les Alle- 
mands connurent ainsi la grande importance et qu'ils devaient occuper par la 
«uite; il dura du 2i septembre au 31 octobre 1869. Dans son troisième voyage, 
• H mars-ii avril 1869), von Richthofen explora la Mandchourie et les environs de 
IVkin, puis poussa jusqu'aux frontières de la Corée. Pendant une foire qui se tenait 
.1 la limite du territoire neutre, l'explorateur fut à même d étudier la population de 
rc pays, alors herméti(|ucment fermé. Dans son journal, il s exprime très favo- 
rablement sur le peuple coréen; il signale, en termes sympathiques, ses qualités 
morales et physif|ues, et compare ces Orientaux aux paysans hongrois. 

Le quatrième voyage (ai septembre au 31 octobre 1869; fut consacré aux pro- 
unces de Kiang si, Ngan-houei et Tcliekiang, c'esl-a dire aux provinces moyennes 
*ur le Yang-tse kiang inférieur. 

Dans son cinquième voyage, von Richthofen traversa la Chine du sud au nord 
<!e Canton à Pékin (1«' au 30 mai 1870). Pendant cette expédition, les monts de la 
«Ihine méridionale ;Nan-ling), le Siang-kiang, et le lac de Toung-ting, les régions 
in<iu«*trielles de Hounan, les régions du l*»es$ dans le Ho-nan, le Chensi et le Chan-si, 
furent explorés pour la première fois au point de vue scientifique. CVst pendant 
(V viiyage qu'il élalM)ra la théorie généralement admise aujourd'hui de la forma- 
tion du loess et qu'il re<*onnut les différences profondes existant entre la Chine 
mtridionale et septentrionale. 

ApK's ce voyage se produisirent les massacres de T'ientsin (±t juin 1870) à la 
«uitr des<|uels une nouvelle réglementation des rapports des puissances étrangères 
•i^et* la Chine entra en vigueur. 

.\u moment de ces troubles et pendant une année ensuite von Richthofen 
nplura le Ja|)on. Revenu en Chine, il entreprit, le 12 juin lS7i,dans les provinces 
•I'" Tche-kiang, Ngan-hoei et Kiang-sou, son sixième voyage qui dura jusqu'au 
** .lout. 

Pendant son septième et dernier grand voyage, Richthofen se rendit de Pékin 



256 L. DE LÔCZY. 

par le Tche-li et le Chansi, après une pointe en Mongolie, vers le Sseu-tch'ouar.; 
malheureusement, déjà sur les premières pentes du plateau tibétain, un conflit se 
produisit entre ses gens et des indigènes du Hou-nan portant le cercueil de la 
femme d'un haut fonctionnaire; et il fallut renoncer à continuer le voyage. 

Dans cette région du Sseu-tch'ouan, la plus riche de la Chine, von Richthofen 
arriva au Yang-tse-kiang, et, de Kia-ting-fou par le Min-kiang et le grand fleuve 
poussa jusqu'à I tchang-fou. Ce dernier voyage dura du 25 octobre 1871 au 
21 mai 1872. 

Les croquis topographiques, les profils et les dessins pris durant cette expédition 
€tqui se trouvent joints à son journal, mettent en évidence le soin avec lequelle 
célèbre explorateur avait Thabitude de prendre des notes. 

Les Tagebûcher constituent un monument durable, élevé à la mémoire du fonda- 
teur de la géographie moderne. Cet ouvrage permet de comprendre ce que^t 
l'exploration d'un grand continent; en même temps il nous montre l'évolution subie 
par maintes idées vieillies. Les voyages de Richthofen sont des modèles du genre; 
ils ont eu, d'autre part, pour résultat l'organisation de nouvelles explorations en 
Chine. 

Lors de l'expédition du comte Széchenyi, j'ai eu Thonneur de continuer l'œuvre 
commencée et de poursuivre des recherches dans l'ouest de la Chine, suivant la 
méthode inaugurée par Richthofen ; j'éprouve une noble fierté en affirmant que mon 
travail fut exécuté suivant les principes scientifiques posés par ce grand savant. 

A personne peut-être la lecture du « journal de voyage » n'a procuré une joie 
aussi vive qu'à l'auteur de ce compte rendu, et, c'est rempli d'une pieuse vénération 
envers le maître que je les ai lues et que je les présente aux géographes français. 

L. DE L6aY. 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

EUROPE 

m 

TrtTaiiz ezécatés par le Senrice da Hiyellement général de la France en i907 ^ 
— \jp% travaux du Service du Nivellement général de la France, créé et dirigé depuis 
SA fondation par M. Charles Lallemand, ingénieur en clief des Mines, avec un rare 
esprit d'initiative scientifique, ont présenté en 1907 un intérêt particulier pour la 
fn.*ojn^phie. 

Deux jonclions des réseaux des nivellements français et italien ont été effectuées 
Tune k Thospice du Petit Saint-Bernard (borne-frontière), I autre au col de Larcbe *. 
\a^ Cittes obtenues pour ces deux points par le service français sont respectivement 
«le 2 liom. 5 et 1 997 m. 09, lesquelles ne diffèrent que de m. 15 et de m. 20 
(tts valeurs obtenues par les ingénieurs italiens. La carte de TÊtat-Major français 
N}00ir) donne i 157 mètres, soit li mètres de plus que le Nivellement général pour 
I altitude de l'hospice du Petit Saint-Bernard (point situé sur le bord de la route, 
tn fA(*edu coin sud de Thospice). Sur la nouvelle carte de France au 50 000" en 
(Duleuf!*. qui est en cours d'exécution, Taltitude portée sera ilïï mètres pour le 
pleil de la borne-frontière, c'est-à-dire pour le point même où a opéré le Nivelle- 
ment K<^Miérnl. La concordance est donc pour ainsi dire parfaite. Rappelons que ces 
ri»U*s se réfèrent à l'hospice et non au sommet du col situé a environ un kilomètre 
plu< loin, en territoire italien. 

Au col de Larche le 80000' français donne Taltitude de 1 995 mètres, soit une 
«li(î<*ronce en moins de seulement 2 mètres avec la cote du Nivellement général. 

On sait que dans la région houillère du nord de la France des affaissements 
V* manifestent par suite du déhouillage. Pour mesurer la valeur de ces tassements 
un nivellement a été entrepris dans la région comprise entre Orchies et Cambrai. 
U'* n^ultats obtenus comparés à ceux du nivellement de Bourdalouê effectué en 1860 
ont rt*vélé des affaissements qui, en certains points, atteignent 1 m. 20 pour une 
|iériode de quarante-sept ans ((860-1907). Ces intéressantes opérations vont être 
|M>ur^uivies par les soins de M. Charles Lallemand ; il annonce une étude détaillée 
«lu phénomène et de ses manifestations. 

I. L4 Satura, n' do 6 juin IU08. Cf. Rapport de Tingi^nieur en chef de^ Mint**, dirrcleur du 
^iv^llemrnl général de U France, sur les travaux exéculé* par le Service pendant l'année 1907. 

t. SiirnaloDft que TlnsUtul géographique militaire d'Italie a opère la jonction du réseau du 
nivellement italien a celui d'Autriche au col du SleWio.la plu* liaut<- n>ulc carn>'»sahle dci* Ali»e<*. 
*>tie opération a donné comme résultat 2 758 m. pour l'altitude du point culminant du col, au 
•:'tj de 2 754 porté sur la carte italienne {Hioisia geoyrafica iialtanti, ann, XI, fasc. VI, juin 1U08, 

L4 Oio«*«%rHis. ~ T. XVIll 1^M4. i* 



258 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

La longueur totale des itinéraires nivelés en 1907 s'élève à 4918 kilomètres. 
Dans ce nombre les nouveaux itinéraires comptent pour 3 266 kilomètres. 

A la demande du directeur de l'Hydraulique et des Améliorations agricoles, le 
service du Nivellement prête son concours à la mission d'Études des Grandes Forces 
hydrauliques dans la région des Alpes. Par ses soins des nivellements ont été 
effectués dans les vallées des Alpes abondantes en forces hydrauliques, afin de 
mesurer les hauteurs de chute. Un cheminement a été également poussé jusqu'aux 
fronts de trois glaciers des Grandes Rousses et jusqu'à plusieurs petits lacs de ce 
massif, à des altitudes comprises entre 2 048 mètres et 2 722 mètres. — En outre. 
.dans les bassins de la Durance et de Tlsère, le profll en long de cours d*eau et de sec- 
tions de cours d'eau a été relevé sur une longueur de 522 kilomètres. Avecles 126 kilo 
mètres de profils relevés en 1906, on atteint ainsi un total de 648 kilomètres. 

Dans ses précédents rapports, M. Charles Lallemand avait, pour la période 1890- 
1900, signalé, dans le niveau moyen des mers qui baignent nos côtes, un exhausse- 
ment progressif, suivi d'un abaissement depuis cette époque. Cet abaissement s'est 
poursuivi en 1907. (( D'autre part, ajoute M. Charles Lallemand, à Marseille ie 
niveau moyen de la Méditerranée calculé depuis l'origine (1885) d'après les résultats 
fournis par le marégraphe, coïncidait, en 1895, avec le zéro normal du nivellement 
général de la France. Il s'était relevé progressivement depuis jusqu'en 1906, oùii 
a atteint l'altitude de -h 22 millimètres. Aujourd'hui l'écart n'est plus que de-f-2i 
millimètres; il semble donc de nouveau en voie de décroissance. » Il serait curieux 
de rechercher si les variations du niveau de TOcéan ne sont pas en relation avec 
celles de la salinité, en d autres termes avec l'afflux au large d'eaux dites du 
Gulf-Stream pressant les eaux côtières contre la terre. Quant aux variations du 
niveau de la Méditerranée à Marseille, peut-être dérivent-elles de variations dans 
le volume des eaux côtières à faible salinité dues aux apports des fleuves et aux 
phénomènes météorologiques? A ce sujet M. Charles Lallemand nous informe que 
d'après le nouveau nivellement général l'Océan et la Méditerranée sont, aux erreur? 
d'observation et de nivellement près, de môme niveau. Cbakles Rabot. 

Le climat des Iles de la Héditerranée *. — Dans toutes les grandes îles de la 
Méditerranée situées à quelque distance de la côte, on observe un fait au premier 
abord paradoxal. C'est que leur rivage septentrional jouit d*un climat plus doux 
que leur côte sud. L'archiduc Louis Salvator d*Autriche, l'auteur apprécié de si nom- 
breuses et si magnifiques monographies sur les Iles de la Méditerranée, donne de a' 
phénomène l'explication suivante. La direction des vents régnants joue un rôle 
primordial dans les conditions climatiques des diverses localités. D'une façon géné- 
rale, dans la Méditerranée ils convergent vers Tltalie. Dans le bassin occidental 
règne un vent de nord-ouest, le mistral ; dans la Méditerranée orientale, un vent 
de nord-est, la bora. De même pour les vents de sud; un vent humide, venant du 
sud-ouest, souffle du détroit de Gibraltar vers le golfe de Gênes; tandis que dans le 

1. Erzherzog Ludwig Salvator, Warum die Nordseile der MUtelmeerinseln die mildet^ »«/, in 
Miiteilungen der k. k, geographischen Gesellschaft in Wie», Bd II, p. 237, Vienne, 1908. 



ASI& S5f 

[làniin oriental, le sirocco vient du sud-est, c'est-à-dire, des côtes d'Afrique et de 
Syrie. 

Les fn^ndes Iles situées en divers points de la Méditerranée sont naturellement 
fiposées à ces vents, et, au premier alK>rd, on serait porté à penser que les c<>tes 
<<»iiroise5 à Tinfluence des vents de nord doivent être les plus froides. Or, c'est le 
miitraire qui a lieu. C'est que la plupart de ces lies renferment de liantes clialnes 
dv montagnes, qui se couvrent de neige en hiver, ou qui tout au moins conservent 
une almoHphrre froide et humide. 

Les vents venus du nord ont passé sur une vaste étendue de mer avant 
(l'firriver jusqu'aux Iles. Par suite leur température s'est adoucie. Mais avant 
il Atteindre la cAte sud, ils traversent la chaîne de montagnes et s'y refroidissent ù 
nouveau, tl'est ce qui explique pourquoi les parties méridionales de ces îles ont un 
rlimat moins doux. 

Si l'on considère les deux grandes Iles de (lorse et de Sardaigne, spécialement 
rf tte dernière, on constate que la cùte ouest, exposée aux vents de nord-ouest a le 
climat le plus chaud, comme en témoignent les grandes plantations d'orangers 
•rurif^tano. De même la rôte nord de la Sicile est très tempérée et présente des 
pLintatioiis d'orangers à Termini et à Patti. Au contraire, la cote sud à, près de 
<uririMiti, un climat plus rude, parce que le vent qui y arrive a passé sur les 
hniiteurs de Caltanisetta et de TEtna. Si la cùte sud-est, de Messine à Syracuse, 
jouit également d*un climat doux, elle le doit surtout aux vents dominants de 
^ud esjt. 

fies différences sont encore plus frappantes à Majorque : sur la côte nord, où 
n^^nent les vents de nord-ouest, il y a des plantations d'orangers à SoUer, tandis 
<]ue sur lo côte sud, près de (lampos et de Sandagny, les hivers sont assez rudes 
pour rendre difficile même la culture du figuier. 

A Chypre les belles orangeraies de Kerinya et de Bellapaîs sont situées du côté 
iiord, alors que les rives sud sont plutôt froides. Les différences climatiques sont 
moins marquées en Crète; elles sont plutôt sous rinfluence de conditions orogra- 
phiques IcKales. D' L. Laloy. 

ASIE 

Géologie et géographie de la partie japonaise de Tile de Sakhaline. — L'Ile de 
s tkhaline, au nord de l'archipel japonais, a 900 kilomètres de longueur et 600 de lar- 
.:t-ur maxima. La partie méridionale appartient maintenant au Japon et les savants 
•le (V pays viennent d'en entreprendre Tétude. L'un d'eux, M. Kawasaki, a déjà 
publié en 1907, sur cette Ile, un mémoire de li7 pages, accompagné d'une carte géo- 
^•^1•{ue^ écrit en japonais, par suite malheureusement peu accessible. Tn autre, 
M. KotoraJimlM), auquel on doit déjà beaucoup de travaux sur la géologie du Japon, 
>ieiit de fournir sur l'Ile de Sakhaline quelques documents nouveaux, écrits en 
.iTicIai?» et par suite tout à fait à la portée des géologues et des géographes européens *. 

t. Kolorm rimtw, Prttiminary Soles on the Geology of Japanese Sa^/ia/in, in Trans, Sappot-o S'aL 
U.U, Vie.. II. I90S, pp. t-30 en anglais! ; pp. 26-30 texte japonais. 



260 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Sakhaline consiste en deux chaînes longitudinales séparées par une dépression 
médiane où coulent les rivières Susuya et Takoi au nord, Poronai ou Plyi elTymi 
au sud; cette dépression est occupée par de vastes plaines qui ont souvent le carac- 
tère de toundras, en particulier, sur le bord de la rivière Poronai. 

La chaîne externe, à l'est de la dépression, est constituée par des roches cristal- 
lines et des terrains paléozoïques ; on y trouve, en outre, des terrains crétacés et 
tertiaires peu développés et des roches éruptives. On y rencontre de nombreux lacs, 
Tunnaicha, Chipesani, etc., qui jalonneraient une zone déprimée se terminant au 
cap Patience. 

La chaîne interne, à Touest, est formée de terrains crétacés et tertiaires et 
de roches volcaniques récentes; elle renferme également des roches éruptives 
anciennes. 

Un grand nombre de terrains reconnus par M. Kotora Jimbo dans l'île de 
Sakhaline, en particulier les terrains crétacés, sont tout à fait analogues à ceui 
qu'il a décrits d'une façon magistrale, au Japon, dans Tile d'Hokkaido. 

Les questions de géographie physique n'ont pas laissé non plus M. Kotora 
Jimbo indifférent; les considérations géologiques qu'il a écrites sur les caractères 
topographiques des différentes subdivisions de Sakhaline sont fort intéressantes. 

La rivière Poronaï est très importante ; elle a, vers son embouchure, 230 mètre? 
de large et elle garde cette largeur sur une très grande distance; elle 'est navigable 
pour les petits vapeurs ne tirant pas plus de 1 m. 50. Son cours présente de nom- 
breux méandres, qui sont souvent barrés et se transforment en lacs. Les bords delà 
rivière sont généralement plats; on y trouve de la tourbe, quelquefois sur une 
épaisseur de plus de 6 mètres. Les forêts sont constituées surtout par des peupliers 
(Populus suaveolens), des mélèzes (Larix dahurica), des bouleaux (Beiula alha, 
B. Ermanni), de très beaux conifères {Picea ajanensis, Aôies sacchalinensis). 

Les toundras constituent une région, plate, humide, où l'homme à pied s'en- 
fonce au moins d'une trentaine de centimètres; elles sont couvertes de lichens (Cla- 
donia, etc.), de mousses et sphaignes; on y trouve çà et là des bouleaux (Beiuk 
nana) et des mélèzes. 

La partie méridionale de la dépression, occupée par les rivières Susuya et Takoi. 
a des caractères très différents de ceux de la région du Poronaï; c'est une plaine avec 
des lignes de terrasses basses ; elle est cultivée et contraste avec la vallée stérile du 
Poronaï. C'est surtout dans cette zone qu'on a cherché à introduire des immigrants 
japonais. 

Les montagnes situées des deux côtés de la dépression médiane sont couvertes 
de forêts épaisses au milieu desquelles se trouvent des vallées herbeuses. Les arbres 
ayant généralement des racines peu profondes, tombent facilement sous l'action 
du vent, créant ainsi des obstacles qui rendent difficile laj pénétration des explo 
rateurs dans l'intérieur de la montagne. Cette pénétration est gênée aussi par la 
présence de moustiques et d'au moins quatre autres groupes d'insectes dangereux; 
des reptiles venimeux se trouvent également dans ces régions. 

Au point de vue topographique, les montagnes de Sakhaline sont caractérisées 
par leurs pentes douces; les cascades y sont rares; mais il y a de nombreux rapides. 
Il faut faire exception cependant pour la région des roches anciennes; on y 



ASIB. S6t 

trouve des pics dénudés, des sommets de quartzite, des déserts de pierre sur les 
fMMite^, des torrents descendant des falaises presque verticales, ayant plus de 
KM) mètres de haut. 

L*altitude de ces montagnes a pu être établie avec assez de précision : la chaîne 
•le lest parait avoir son point culminant à 90() mètres, près de Okimiyama; 
tvlle de Touest atteint i 100 mètres à TAimiyana, 1 200 mètres au Ninkutnupuri, 
1 (MM) mètres au mont Spanberg. Aucune des montagnes de Sakhalinc ne semble 
atteindre la limite des neiges permanentes ; dans tous les points où M. Kotara Jimbo 
.1 vu de la neige en été, elle a disparu à la fin de la saison. 

Les plantes alpines ne se trouvent pas seulement sur les crêtes des hautes mon- 
t.it;nes, on les rencontre aussi dans les toundras et sur les côtes. 

L'industrie minérale de Sakhaline est encore dans Tenfance. Avant la guerre 
ru<-i4>'ja|M)naise, les seules mines exploitées étaient quatre houillères, situées près 
«l'Alezandrowski, qui n'auraient fourni que 30 000 tonnes environ par an. l^s 
^'i^ements d'huile minérale des lagunes de Nabil, mentionnées dans toutes les 
('Xploralions, sont restées inutilisées. Les charbonnages de Serutonai ont été 
rxploités à une certaine époque, puis abandonnés. 

Depuis Tannexion de Sakhaline parle Japon, l'île a été visitée par des géologues 
officiels, qui, en plusieurs points, ont découvert des gisements de charbon et des 
placers aurifères. Il est probable que dans l'avenir on trouvera de nombreuses 
rirliesses) minérales, dans cette lie qui, sous le gouvernement russe, n'était guère 
]u'un bagne, et était par suite complètement abandonnée au point de vue scien- 
tifique. 

I.^es couches de charbon se trouvent dans les terrains tertiaires et atteignent une 
f (iai«-seur de plus de 3 mètres; M. Kotara Jimbo en signale en de nombreux points 
•Ir l'île. t)n y a trouvé des fossiles analogues, d'ailleurs, à ceux des chart)onnages 
«ji* nie d'Hokkaido, qui ne laissent aucun doute sur leur Age tertiaire. Les couches 
•i.uis lesquelles ils se trouvent sont redressées presque verticalement. 

L»^ gi*iements aurifères se rencontrent dans les roches paléozoîquos, dans des 
r>.u«iîti(Uis qui rappellent celles des gisements d'Hokkaido. 

Il ne H*agit d'ailleurs là que de renseignements tout à fait préliminaires; il y a 
li>ut lieu dV<{>érer que M. Kotara Jimbo pourra h bref délai compléter ces données 
«i intéressantes, et, soit seul, soit avec le concours d'autres savants japonais, nous 
donnera une monographie détaillée de cette nouvelle possession de l'empire japonais. 

Paix Lemoine. 



HooTellet publications du Service géographique de ^Indo-Chine^ — Le Service 
■Tf-^ttrFaphique de l'Indo-Chine vient de publier les feuilles suivantes de la carte des 
!.'llas de l'Annam au i3 0(Kr : Fai-fo n* 40, demi-feuille ; Cu-lao Cham n« il , demi- 
frutlle.i; Tourane (n" 38) et Phuoc-thuong (n* 37) en une demi-feuille. 

Cfl. R. 

U Jcmm'il ''ffeei de tindo^Chme française, n* du 15 juin |y>»î<. p. 1072. 



262 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Le commerce du bois de teck dans le Siam septentrionale — L'exploitation 
du bois de teck est la principale industrie du Siam septentrional. En 1907 il est 
descendu sur le Salouen 13 210 mètres cubes de ce bois, représentant une valeur de 
2 millions de francs, et, à Paknampho, il est passé par le Mé-Ping et par le Mé- 
Yom 108398 souches. 

La production paraît se ralentir ; le flottage sur le Salouen a été, en 1907, inférieur 
de 2038 tonnes à celui de 1906 et la quantité de bois arrivée à Paknampho, quoique 
supérieure à celle reçue l'année précédente, est inférieure à la moyenne des arri- 
vages pendant la période quinquennale 1903-1907. 

En 1907, l'exportation du teck sur Moulmein par le Salouen a été de 10 280 tonnes 
cubiques, valant 2,1 millions de francs. Charles Rabot. 



Exploration de M. et M™'' Workman dans le Karakorum. — Le D"^ et M"' Wor- 
kman viennent d'accomplir dans le Karakorum une nouvelle campagne, accompa- 
gnés de deux élèves du professeur Jean Brunhes, de l'Université de Fribourg, 
MM. Calciati et de Koncza, chargés des levés topographiques. Une lettre que 
M"" Workman nous adresse de Curais (Cachemire) sous la date du 25 septembre 
annonce que lexpédition a eu un plein succès et d'importants résultats. La 
caravane a remonté le glacier d'Hispar et descendu ensuite celui de Biafo, pour 
arriver à Askole le 26 août. Elle a accompli très lentement ce trajet, faisant de 
nombreuses et fréquentes stations pour permettre aux topographes d'effectuer un 
levé précis de ces immenses appareils glaciaires, tandis que M. et M™' Workman 
gravissaient des pics remarquables situés aux environs. Les explorateurs ont ainsi 
séjourné cinq semaines sur l'Hispar, entre les altitudes de 4 800 et 5850 mètres. 

Les résultatsgéographîquesdecettecampagnequifaitle plus grandhonneuràM.ei 
M"'" Workman consistent en un levé de l'Hispar et de ses affluents par MM. Calciati et 
de Koncza ; il complétera la carte établie par Sir Martin Conway, qui, comme on le 
sait, a effectué la première traversée de l'Hispar et du Biafo. La partie inférieure de 
THispar, sur une longueur de 10 à 12 kilomètres, a été levée par les topographes de 
l'expédition Workman à une très forte échelle pour permettre la représentation de 
tous les accidents intéressants de cette région. De plus MM. Calciati et de Koncza 
ont appliqué tous leurs efforts à l'étude des grandioses phénomènes glaciaires dont 
cette région est le siège. C'est, croyons-nous, la première fois que les glaciers de 
l'Himalaya ont été examinés par des spécialistes formés à cette étude dans les 
Alpes, et il est permis d'attendre de l'expédition Workman d'importantes observa- 
tions. M™*' Bullock Workman fait un grand éloge du zèle de MM. Calciati et de 
Koncza et avec juste raison rapporte le succès de leur travaux à renseignement 
si suggestif de leur brillant maître, le professeur Jean Brunhes. 

Charles Rabot. 

1. Diplomatie and Consular Reports, n'4 105, Ann. Ser. — Siam. Report for the year 1907 wi 
the trade and commerce of the consular district of Chiengmai. Londres, août 1908. 



AFRIQUE. S6S 

AFRIQUE 

Ratoar de la mission Tilho. — Après avoir quitté le Tchad dans les premiers 
jours de juin, le capitaine Tilho a rapidement traversé le nord du Cameroun et les 
Jeux Nigerias, et, le 7 septembre, il débarquait à Bordeaux, accompagné de quatre 
de ses collaborateurs : MM. Landeroin, Mercadier, Richard et Brocard. Les autres 
membres de Texpédition, au nombre de neuf, qui rentrent par la route de Zinder et 
le Dahomey sous la direction du lieutenant de vaisseau Audoin, second de la mis- 
»ion, n^arriveront à Kotonou qu'en novembre. 

Réservant, comme cela est naturel, au ministre des Colonies, le premier compte 
rendu de ses travaux, et ne voulant publier que, sur son autorisation, leurs résultats, 
le capitaine Tilho n*a communiqué aucune note sur son expédition. Il nous a été 
toutefois possible de connaître la liste des principaux travaux accomplis par la 
mission. 

Le capitaine Tilho et ses collaborateurs ont dressé la carte de la zone française 
habitée entre Niger et Tchad, et celle des parties nord et est de la cuvette tcha- 
dienne Chilati, Kanem, Eguci, GhazaI, Fittri), en même temps ils ont étudié les 
modifications survenues depuis 1904 dans la répartition des eaux du Tchad. En 
outre de ces travaux topographiques, la mission a poursuivi toute une série d études 
{Spéciales que nous énumérons ci après en indiquant les noms des membres de 
Texpédition qui les ont effectuées : 

1* Détermination de l'altitude absolue du Tchad et de Taltitude relative de plu- 
sieurs localités particulièrement intéressantes de la cuvette tchadienne (iMuzanne 
ei Vignon); 

2* Élude géologique des régions parcourues (Garde); 

.V Étude du magnétisme terrestre depuis la côte du Dahomey jusqu'au Kanem 
{Audoin); 

\* Étude de la région de la Nigeria septentrionale limitrophe du territoire français 
Mn'cadier) : 

5"* Établissement d*un dictionnaire et d'une grammaire baoussas (Landeroin) ; 

6* Étude anthropologique, ethnographique et historique des diverses tribua, 
\Gaillnrd et Ijanderoin); 

7* Collection de poissons et étude de la salinité des eaux du Tchad (Gaillard):^ 

H** Étude des mares salées et natronnés (Gaillard et Phillipot); 

11" (k>llections entomologi<|ues et microbiologiques (Gaillard); 

1(>* Étude botanique des régions traversées (Gaillard); 

11* Observations météorologiques (Vignon et Lauzanne). 

Cette énumération suffit pour montrer l'importance des résultats scientifiques 
acquis parla mission Tilho. A cet officier on doit la première carie exacte du Tchad, 
D*en déplaise à Sir Harry Johnston; sa nouvelle expédition ajoutera de précieux et 
nouveaux documents à la connaissance de cette région et des curieux phénomènes 
dont elle est le théâtre. Cuarles Rabot. 



264 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Document cartographique sur l'Angola septentrional ^ — La Rev. Thomas 
Lewis, missionnaire baptiste, qui a voyagé en compagnie de sa femme dans les 
régions portugaises de l'Afrique occidentale pendant près d'un quart de siècle', 
vient de publier, avec une intéressante notice sur le pays, une carte de la partie 
septentrionale de l'Angola qui est une précieuse contribution à la connaissance 
graphique, si imparfaite jusqu'ici, de ces contrées explorées pourtant, dès le 
XV' siècle, par les voyageurs portugais. Cette carte au 500 000% avec les itinéraires de 
Fauteur (de 1899 à 1907), est basée sur vingt-deux latitudes déterminées aslrono- 
miquement et sur la longitude de Kibokolo déduite de nombreuses observations 
d'éclipsés du premier satellite de Jupiter. Les altitudes proviennent de lectures 
hypsométriques. 

La région relevée par le Rev. Th. Lewis a été reconnue pour la première fois en 
1482 par Diogo Câo, qui remonta le cours du Congo avec une flottille envoyée par le 
roi de Portugal Dom Joam II, ainsi qu'en témoigne une inscription portugaise, 
gravée sur un rocher situé au confluent de la Mpozo et du Congo. Cette inscription, 
dont M. Lewis a rapporté pour la première fois une photographie faite huit ans 
auparavant par un missionnaire de ses amis, était demeurée inaperçue pendant 
quatre cents ans ! 

A l'époque de l'arrivée des Portugais dans le royaume du Congo, la capitale da 
pays se nommait Ambassa ; l'emplacement de cette localité correspondait exactement 
à celui de la ville d'Ekongo des indigènes actuels, appelée San Salvador par les 
Portugais. Les commerçants et les prêtres qui s'installèrent bientôt dans cette ville 
ne tardèrent pas à se livrer à la traite des noirs et ce sont des esclaves qui bâtirent 
les dix ou onze églises que renferme la ville. L'ancien royaume du Congo était divisé 
en six provinces : Sonyo, Soundi, Mpangou, Mbate, Mpemba et Mbamba. Cette 
dernière était la plus riche. 

Les indigènes du Soundi sont actuellement connus sous le nom de Bakongo; ils 
habitent la région des cataractes. Sonyo est sans doute une corruption du nom por- 
tugais San Antonio. Grâce à sa situation sur la côte et aux relations fréquentes qu'il 
entretenait par ce fait avec les négociants anglais et hollandais, le chef du Sonyo 
put créer une espèce de royaume indépendant qui lutta constamment contre la 
domination du royaume du Congo et des Portugais. Le Sonyo ne fut jamais long- 
temps soumis. C'est sans doute pour cela que l'on ne trouve pas dans ce pays des 
murs de pierre et des monuments semblables à ceux qui ont été construits à San 
Salvador et à Mbembé. Les églises ne sont que des constructions en bois et 
en terre. La position de la capitale du Sonyo n'a jamais été fixée par aucun voya- 
geur ou résident. 

Le quartier général du Rev. Th. Lewis se trouvait à Kibokolo, à 160 kilomètres 
environ à l'est de San Salvador et à une trentaine de kilomètres au sud du poste 



1. Rev. Thomas Lewis, The Old Kingdom of Kongo^ in The Geographical Journal, XXI, 6, 
juin 4908, avec une carte hors texte. 

2. Voir du même auteur, The ancient Kingdom of Kongo, Us présent position and possibilUies, 
in The Geographical Journal, XIX, 5, mai 1902, avec une carte hors texte. 



AFRIQUE. 265 

roromorcial portugais de Makila, d'où le gouvernement a fait construire une 
Inrf^e route jusqu'à Noki, sur le Congo. Cette route, qui est surtout destinée au tram- 
part du caoutchouc, permettra aux négociants angolais de lutter plus efficacement 
contre la concurrence de TÉtat du (^ongo. 

Une grande partie des itinéraires de M. Lewis sillonnent les districts de Ndamba, 
Nkoussou et Mbamba. 

Ndamba, sur le plateau, à l'ouest de la rivière Nkisi, est maintenant une région 
••ù viennent se concentrer les arrivages de caoutchouc de l'intérieur. Ce caoutchouc 
ist dirigé de la en grande partie sur Ambrizette et Mokoulla. On a essayé de déve- 
lop{)er dans le Ndamba le commerce du bétail, mais les ravages causés par la mouche 
tH*ts4N surtout dans les vallées, ont découragé les essais tentés dans ce sens. 

Le district de Nkousou, à Touest du précédent, est le plus populeux et le mieux 
i*ultivê de l'Angola septentrionaL Les villages y sont nombreux et les habitants tra- 
v.iilleurs et industrieux. Quoique principalement adonnée à la culture (manioc, maïs, 
haricots, patates), ils s'occupent aussi beaucoup du commerce du caoutchouc. La plus 
h'iute altitude observée sur le plateau, dans ce district, atteint 1098 mètres. 

Vers le sud-ouest du Nkousou, le plateau s'abaisse brusquement et on se trouve 
dans les terres basses du Madimba, où serpentent la rivière Mbididzi et ses affluents, 
i(* Loufoundé et la Loukounga. Cette dernière rivière, qui ne figurait, jusqu'à pré- 
**»'nt, sur aucune carte, roule plus d'eau, à son confinent, que les deux autres cours 
•l*«iu ensemble. 

Les villages de cette région sont petits et peu nombreux. Les cochons sauvages 
vi différentes espèces d antilopes se rencontrent en grande quantité dans le pays. 

1^ ville de Mbembé, entre la Loukounga et la Loukeyé, est célèbre par ses riches 
mine« de cuivre et les ruines de la mission portugaise fondée, il y a trois cents ans. 
(>< ruines, qui sont maintenant recouvertes par la végétation tropicale, sont peu 
iutért'ssantes. 

Mbemt)é a beaucoup perdu depuis que le trafic du caoutchouc s*est porté vers 
Makila et le .Ndamba. Entre 1850 et 1860, les Portugais essayèrent d'exploiter, d'une 
faron plus rationnelle que les indigènes, les mines de cuivre de Mbembé. Ils firent 
\<*nir plusieurs mineurs de Cornouaille, mais ceux-ci ne tardèrent pas h mourir, 
Jivimés par le climat, et les travaux furent complètement almndonnés. 

M. CUESNKAU. 

Le pUtMQ de TÉthiopie méridionale ^ — Du mois d'avril au mois d'août 1905 
(^ iMiron von Mylius et M. Friedrich J. Bieber, son collaborateur scientifique, ont 
pxi'ruté une exploration des plus intéressantes dans l'ouest du pays des Gallas et 
•ians le Kaffa, resté depuis si longtemps fermé à l'investigation europt'^enne. 

Partis d*.\ddis-Ababa, MM. von Mylius et Bieber se dirigèrent d^abord vers le 
«uil, à travers le pays des Soddo-Gallas, dans les contreforts septentrionaux du pla- 
ti-nu de (îouragué, puis vers l'ouest, à travers les pays d*Amaya et de Nonno, d'où ils 

I. Friedrich J. Bieber, Iku Uochland von SùdàthioDifn, in Peter manns Mittniungen, I et V, I90K. 



266 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

visitèrent les ruines de la ville de Daouro, située sur le mont Djibatt, déjà exploré 
par d'Abbadie en 1843. 

Franchissant ensuite le Guibé, puis les montagnes des Botor, TexpéditioD 
s'achemina, en remontant la vallée du Guibé Inarea, à travers le Limmou (ou 
Inarea), jusqu a Kossa-Katama, la capitale actuelle du pays, pour gagner, après 
une courte excursion jusqu'aux confins du Gomma et du Gouma, la rivière Aviéiou, 
limite septentrionale du royaume galla de Djimma-Kaka. Au delà de TAviétou et 
jusqu'à Djîren la route, fort bonne, traverse un magnifique pays, ondulé, riche et 
bien cultivé, parsemé de nombreuses fermes, et, où des rangées d'arbres bordent le 
chemin et entourent les champs. Dans cette région, l'Islam paraît avoir été un 
important agent de civilisation. 

Un peu au-dessus de Djiren, la capitale du Djimma-Kaka, se trouve le palais 
(massera) du roi ou moii Abba Djiffar. Cette résidence, entourée de palissades, est 
beaucoup plus imposante que le guébi du Négous, à Addis-Ababa. 

Le Djimma-Kaka est divisé en vingt-deux districts placés chacun sous les ordres 
d'un gouverneur. Le Djindjéro, depuis 1885, et le Guéra, depuis 1901, se trouvent 
également sous la domination du moti Abba Djifar. 

Les habitants du Djimma Kaka sont exclusivement des Gallas de la branche des 
Meta. 

Le Djimma est le principal marché pour le café et le coton. Sa position à la 
limite des pays gallas et des états peuplés de races mêlées situés au sud du Godjeb 
et de rOuro, comme le Kaffa, le Daouro, le Ouallamo, le Kambata d'une part, 
et des pays nègres du haut Nil de Tautrc, a amené depuis longtemps les Gallas do 
Djimma à servir d'intermédiaires entre ces différentes contrées et à monopoliser le 
commerce de toute la région. La conquête des contrées avoisinantes, en tuant 
toute concurrence, a singulièrement favorisé, du reste, Tessor commercial du pays 
Djimma. Les travaux agricoles sont abandonnés aux femmes et aux esclaves. Les 
hommes trafiquent au loin et poussent leurs voyages d'affaires jusqu'à Aden, 
Djibouti, Harar et même jusque dans l'Afrique orientale anglaise et les pays du Nil- 
Une ligne téléphonique reliant Addis-Ababa au Kaffa traverse le Djimma. 

De Djiren, l'expédition se dirigea au sud-ouest, remontant la vallée du Guibé- 
Djimma d'abord, puis celle de son petit affluent, le Gouloufa, pour franchir bientôt, 
entre les monts Sadero et Beleta, à 2 340 mètres d'altitude, un col d'où les explora- 
teurs virent pour la première fois se dérouler, dans le lointain sud-ouest, la région 
montagneuse dominée par les hautes cimes du Kaffa. 

L'ascension des monts Choucha pour atteindre Charada, la résidence du fias 
Wolde Giorgis, gouverneur du Kaffa, étant impossible pour les bêtes de charge, 
MM. von Mylius et Bieber se dirigèrent vers l'ancienne ville impériale d'Andératcha. 
Après avoir traversé tout d'abord un pays ondulé, bien cultivé, parsemé, sur les 
éminences herbeuses, de fermes entourées de jardins, ils entrèrent dans une contrée 
inhabitée qui s'étend loin au delà de la rivière Godjeb. Cette rivière, large d'en- 
viron 12 mètres, est rapide et coupée de tourbillons ; ses rives sont bordées de bou- 
quets d'arbres que dominent de hauts palmiers. 

Le sol, qui depuis l'Amaya était rouge, devient ici noir et humide, plein de 



AFRIQUE. M7 

tlôpressions bourbeuses. La chaleur est dans cette région très élevée : à deux heures» 
IM'S h 1 ombre. 

Le Kaffa, qui fait maintenant partie de Fempire éthiopien, a été conquis après 
une guerre de huit mois, en 1897; aussi, malgré la richesse de son sol et Tabon- 
dance de» eaux — les Kafitcho peuvent faire trois récoltes par an — le pays, sauf 
aux approches d*Andératcha, est à peu près désert et les cultures délaissée^) ont été 
r<x*onquises peu à peu par la forêt et la végétation folle. 

Bonga, l'ancienne ville impériale du KafTa, a été détruite en 1897. Quelques 
vfsliges pourtant sont encore reconnaissables parmi les champs et les broussailles 
qui recouvrent ses ruines. 

Andératcha, Tancienne capitale, située à (fuelques kilomètres au sud de Bonga, 
au-dessus d'un ravin où coule le Tincha, a beaucoup perdu de son importance; 
prrsque tous ses anciens habitants ont été tués ou se sont enfuis et les Amharas 
font abandonnée en grand nombre pour se porter vers Charada, la nouvelle capi- 
tale du Ras. 

Le Kaffa, qui compte environ 5;î0000 âmes, est habité par les Kaffitcho<« (les 
Sidama des Galles), qui se divisent en quatre groupes : les Kaffitchos proprement 
dits ou Gongas, probablement de race hamite, les premiers immigrants du pays venus 
du nord vers 1300; les Amaros, venus deux cents ans plus tard; les Nagados, immi- 
grants mahométans, venus également du nord vers 1600; enfln les Mandjos, faible 
reste de la population autochtone, identiques aux Ouatos des Amharas. A ces 
quatre divisions des Kaflitchos on peut ajouter les Chés ou les Chévos, appelés aussi 
Cîuimiras par les Gallas. 

Quittant Andératcha, les voyageurs se dirigèrent vers le sud-est, franchirent le 
Ttouma ou Mechi, campèrent à Bouna (2010 m.); puis, après avoir traversé péni- 
blement une forêt luxuriante, ils parvinrent au sommet du Dourra, montagne de 
i i90 mètres, qui fait partie de la chaîne du Boutta et d où Ion découvre une vue 
merveilleuse sur tout le pays kaffa. 

(I«>ntinuant vers Test à travers une région boisée, ils franchissaient le Bittino et 
rampaient, à il65 mètres d'altitude, à Chadda, autrefois la première et la plus 
ancienne ville du pays et le lieu de couronnement des empereurs du Kaffa. Non 
loin de« ruines de celte antique cité, brûlée par les .Amharas en 1897, se trouve, sur 
la colline de Chocha, le lieu de sépulture de ces mêmes empereurs. 

De Chadda, Texpédition reprit la route du nord, et, après avoir de nouveau 
franchi le Bittino, elle recoupait la chaîne de Boutta pour parvenir aux rives 
du (îouma et à la limite du pays tcharra. De là, elle escaladait les monts Chomero, 
du sommet desquels se découvre, au nord, sur les monts Choucha Sousa, de Cecchi 
et de Krapf), Charada, la nouvelle capitale du Kaffa, que la ligne téléphonique relie 
il Addis'.\baba. Après avoir traversé un pays semblable à un parc, MM. Mylîus et 
Bii'lier arrivaient à i^tle capitale, à i ."kîO mètres d'altitude, sise au milieu d'un pays 
magnifique parsemé de fermes, d'habitations et de bouquets d'arbres. Les explora- 
teurs se dirigèrent ensuite vers l'est, et, franchissant de nouveau l'.Vddi, affluent du 
(k)djeb, atteignirent bientôt la région de TAddio, une des plus fertiles du Kaffa, 
mais presque inhabitée. Cette belle contrée, agréablement boisée, serait peut-être 



1^68 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

une des plus favorables au point de vue d'une colonisation future du Kaffa. Au 
nord, de l'autre côté du Godjeb, . s'élève le massif montagneux de Marti, tandis 
qu'au sud se dressent, jusqu'à près de 3 000 mètres d'altitude, les monts Addio, 
Kao et Yama, dominés, plus loin, par le sommet culminant du Kafla, le mont 
Boutta (le Hotta d'Abbadie), qui atteint 3 686 mètres. 

La rivière Tchafitcha, affluent du Godjeb, forme la frontière orientale du Kaffa. 
Au delà, dans le Kouta, se trouvent les districts montagneux et bien peuplés d'Ella, 
d'Aba et de Guenna. Poussant de nouveau une pointe vers le sud, rexpédition 
remonta les pentes de la montagne de Guentchi, que couronne le bourg de Guenlchi- 
Katama, composé de vingt groupes de maisons; Guentchi, où passe le fil télépho- 
nique qui aboutit à 25 kilomètres environ plus à l'est, à DotchaKatama. 

Le Kouta est divisé en sept districts : Ella, Agarri, Behe, Guimbatcha, Baki, 
Djoutchoura et Mangala. Au sud-est de Guentchi, dans un cirque magnifique, les 
deux explorateurs découvrirent deux petits lacs qulls baptisèrent de leurs noms. 

La rivière Chachala constitue la limite entre le Kouta et le Daouro à l'est. 

Une marche à travers une contrée extrêmement pittoresque conduisit l'expédi- 
tion, par Ouata, Gabarro et Bouba, à Woïssi. Après avoir fait Tascension du mont 
Issera (2 520 m.), les voyageurs gagnèrent, par Denga et Oukki, le district de Menta. 

Le Daouro est divisé en huit districts; chacun d'eux était administré autrefois 
par un bouchaha (duc) et comprenait sept comtés. La population, assez homogène, 
est estimée à 450000 habitants. C'était, au milieu du xix" siècle, un état vassal 
du Kaffa. Il fut soumis en 1889 par le Choa. 

Comme les Kafiitchos, les Daouros sont de religion hekkoïste et vivent de l'agri- 
culture — notamment de la culture du coton — et de l'élevage. 

A Tchogga, dans le district de Menta, les maisons sont entourées de caféiers et 
l'on voit beaucoup de métiers à tisser. 

Le Godjéb forme la frontière méridionale du Djimma. Après avoir franchi cette 
rivière, MM. von Mylius et Bieber se trouvèrent dans un pays magnifique et fertile, 
mais cependant entièrement inhabité. Un excellent chemin, à travers une contrée 
charmante, ramena les voyageurs à Djirren. 

Reprenant la route du retour vers le nord- nord-est, l'expédition franchis- 
sait les monts Guéché et Bonga, la rivière Ouadessa, frontière septentrionale du 
Djimma, puis le Guibé, pour se retrouver dans le pays de Nonno qu'elle avait tra- 
versé quatre mois auparavant. Le 12 août elle était de retour à AddisAbaba. 

Une concession pour la culture du coton et l'établissement de manufactures étaient 
le résultat pratique du voyage; quant au résultat scientifique, il consiste en un levé 
cartographique d'une région des plus intéressantes couvrant environ 180000 kilo- 
mètres de superficie, en un vocabulaire de la langue kaffitcho, comprenant environ 
trois mille mots, et en de nombreuses et riches collections ethnographiques. Les 
travaux cartographiques ont été résumés en une magnifique carte en trois feuilles 
tirée en plusieurs couleurs et dessinée à l'échelle du 250 000*. Il est regrettable, 
cependant, que l'auteur n'ait cru devoir donner aucune indication sur la méthode 
employée pour les travaux exécutés sur le terrain, ni sur la construction de sa 
carte, qui ne porte malheureusement aucune projection. M. Cbesneau. 



AMÉRIQUE. 169 

AMÉRIQUE 

L'action du Tent sur les plateaux da Colorado. — L action du vent dans la dénu- 
datiou est bien connue désormais. Le grand plateau du Colorado, dans Touest des 
EtatA-rnis, est une des régions où cette action s'est exercée avec le plus d énergie; 
elle vient d*étre étudiée par M. Whitmann Cross *. 

Ces régions renferment, en effet, des sois d*origine éolienne, très fins, sableux, 
ruageàtres, qui se trouvent à la surface de dépôts graveleux d*origine glaciaire; 
leur c|Miis9cur n'est généralement que de quelques centimètres; mais elle peut 
atteindre soixante centimètres. 

L'action du vent s'est manifestée également sur les collines de la région et 
cela d'une façon très curieuse ; elle s est exercée avec beaucoup plus d'intensité 
(*t d'activité qu'elle ne le fait généralement, même dans les pays désertiques. 
M. Wli. Cross en donne de très intéressantes photographies. La roche qui con- 
stitue ces collines est un grès, à grain fin, très friable, s'effritant facilement sous 
le marteau; cette roche est unie et creusée par le vent partout où la croûte pro- 
tectrice, le r^rntx du désert, fait défaut; il en résulte la formation de grottes et 
de cavernes. 

L'une d'elles est plus particulièrement frappante; cest la roche de Looking 
Glass; le monticule de grès jurassique qui la forme est entièrement creusé et occu{)é 
par une grotte, de sorte que, comme l'indique son nom, il a tout a fait l'aspect 
d'une coupole d observatoire astronomique. En d'autres points, on observe de 
lictits creux, disposés tantôt régulièrement, tantôt irrégulièrement. 

Tne autre manifestation de l'action éolienne dans ce pays est la présence de 
bl<)rs subangulcux, partiellement arrondis, de silex, de grès ou de calcaire, qui ne 
<4>nt |Mis assez abondants pour constituer une véritable couche, mais qui sont si 
nombreux qu'il est rare de trouver un intervalle de plus de iOO mètres où il n'y en 
ait pas. Beaucoup d'entre eux sont polis et gravés par les grains de sable trans- 
portée par le vent; de plus, aucun d'entre eux n*est suffisamment arrondi pour 
pouvoir être comparé aux blocs transportés par l'eau. Ils sont probablement le 
ri'->idu de roches dures, appartenant aux couches sédimentaires dans lesquels la 
vallée a été creusée par l'action du vent, parla dôllation. 

Ce travail fort intéressant l'est d'autant plus que Tauleur, quand il a fait ses 
observations sur le terrain, n'avait pas connaissance des travaux de Walther', qui 
•^nt capitaux au point de vue de l'action du vent; tout ce qu'il a vu, en pleine 
indéfiendance d'esprit, vient confirmer les vues du savant allemand. 

Il est possible d'ailleurs que le vent ne soit [>as le seul agent qui ait agi dans 
cette n'*gion, et, que, à une époque antérieure, les grandes lignes de la topographie 
de la n*gion aient été déterminées et pour ainsi dire préparées par laction d'autres 

I. Whitmann Cross, Wind ero<hn in the Plateau Countnj^ in BuU, of tht Gtol, Soc. America^ 
XI\. w>. '»3-«i. pi. 3.4, mars PJUïi. 

• J. Walther. O.u Gesti der WUnlenbildun'f. — J. WaUher, Dif norda'uerikanisçhen WHi^erip 
in %'frk. tits.f.Erd. lié Berlin, XL\, 1892, p. 52. 



270 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

agents atmosphériques dont Davis * ne veut pas qu*on néglige l'importance dans cette 
région. Paul Lemoine. 



Le commerce extérieur et les voies ferrées du Guatemala et du Costa-Rica*. — 

Le commerce extérieur du Guatemala s'est élevé à 87,4 millions de francs, se 
décomposant en 50,8 millions à l'exportation et en 36,5 millions à l'importation. 

Les principaux articles d'exportation sont le café (45 millions), les peaux de 
vache (1,4 million), les bois (1,1 million), le caoutchouc (980400 fr.), les bananes 
(899 525 fr.). L'Allemagne est de beaucoup le principal client du Guatemala; sa 
part dans les exportations est de 52,2 p. 100; ensuite viennent les États-Unis 
(33,55 p. 100), la Grande-Bretagne et le Honduras britannique (10,53 p. 100). 

Les importations consistent en objets manufacturés. Les cotonnades tiennent le 
premier rang pour une valeur de 7,3 millions. Les principaux importateurs au 
Guatemala sont les États Unis (14,5 millions de francs, représentant 39,7 p. 100 de 
ce commerce); ensuite viennent la Grande-Bretagne (7,9 millions, soit 21,7 p. 100), 
l'Allemagne (7,8 millions, soit 21,5 p. 100), la France (2,2 millions, soit 6,1 p. 100). 

Le chemin de fer reliant Guatemala à Puerto-Barrîos, long de 312 kilomètres, a 
été ouvert au trafic en janvier 1908. Avec la ligne de San José-Guatemala, elle con- 
stitue une voie ferrée interocéanique. 

Une convention a été récemment signée, sous les auspices du Comité du chemin 
de fer panaméricain, pour établir une jonction entre le réseau de Guatemala et celui 
du Salvador. D'autre part, également, sous l'impulsion de ce même comité pan- 
américain, une ligne reliant Mexico au Guatemala est en construction; elle approche 
de la frontière; lorsqu'elle sera achevée, on pourra effectuer en une semaine le trajet 
par voie ferrée du Guatemala au Canada. 

En 1907, le commerce extérieur du Costa-Rica s'est élevé à 84,5 millions de francs, 
se décomposant en 36,9 millions à l'importation et 46,7 à l'exportation. Dans les 
importations, qui consistent en objets manufacturés et en bétail, la part des États- 
Unis est de 44 p. 100, celle de la Grande-Bretagne de 23,1, celle de l'Allemagne de 
10,8. La France ne figure dans ce tableau que pour 5 p. 100. 

Le principal article d'exportation est la banane. En 1907 plus de 7 millions de 
régimes ont été expédiés aux États-Unis (Nouvelle-Orléans [4 millions de régimes], 
New- York, Boston [1,2 million de régimes dans chacun de ces ports]. Mobile [400000], 
Philadelphie [59 000]); d'autre part, 3,1 millions de régimes ont été exportés sur Man 
chester et Bristol. Cette exportation représente une valeur de 24,3 millions de francs. 
Dans le tableau des ventes, après les bananes, se place le café, pour une valeur de 
17 millions. La surface occupée par les caféiers est de près de 38000 hectares. 

1. W.-M. Davis, An excunion to ihe Grand Canyon of the Colorado, in Bull, Mus. Comp, /.ooL, 
XXXVllI, 1901, pp. 187-192, et, W.-M. Davis, An excursion to the Plateau province of Uiah and 
Arizona, in Jbid., XLIÏ, 1903, p. 34. 

2. Diplomatie and Gonsular Reports, n« 4 101. Ann. Ser. — Guatemala. Report for the year 1907 
on the (rade of Guatemala. Londres, août 1908; n° 4090. Ann. Ser. — Costa Rica. Report for the 
year 1907 on the trade and commerce of Costa Rica. Londres, aoàt 1907. 



AMÉRIQUE* 271 

La longueur du réseau (erré construit pour faciliter lexploitation des banane- 
nies et qui a sa tète de ligne à Port Limon, est de 530 kilomètres. 

La population du Costa-Rica était estimée à 351 176 individus à la fin de 1907. 

CflARLRS Rabot. 



Exploration da rio Ribelra de Iguape ^ — L'active Commission géographique 
«•( gi'H>logique de l'état de S&o Paulo vient de publier un nouvel cl important 
(.i^mMcuIc faisant suite à ceux que nous avons déjà analysés ^ Il est consacré h 
IVxploration du rio Ribeira de Igunpe. 

II ne s*agit pas cette fois de louesl presque inexploré et encore vierge de popu- 
lation de cet état brésilien, mais de la région côtière, tout à l'extrémité frontière de 
1 rtat de Paranà. 

Le rio Ribeira de Iguape est le principal collecteur des eaux (|ui descendent des 
Mcrras Paranapiacaba ou do Mar, chaînes qui traversent le Sfto Paulo parallèlement 
a h mer. Formé des deux rios Ribeirinhaet Assungny, il déroule son cours sinueux 
<ian^ un terrain sain, ondulé et fertile, qu'arrosent de nombreux et importants 
.iffluents, parmi lesquels le rio Juquiâ, venu à sa rencontre d'une direction diamé 
tralemeni opposée, et se termine par deux bras, lun directement tributaire de TOcéan, 
l'autre canalisé et aboutissant à une lagune côtière, le Mar Pequeno, sur laquelle 
r^t Mti le |K)rt d'Iguape. 

1^ rio Ribeira, fleuve considérable, ses affluents également d'un débit abondant, 
et le Mar Pe<]ueno forment un ensemble navigable tout à fait propre au dévolop- 
[Moment économique d'une région agricole, riche d'avenir, où actuellement abondent 
ili*^ fon'ts founiissant les bois de construction. 

La zone supérieure du Ribeira est une région minière, qui contient aussi de 
rurit'UscH grottes calcaires, notamment dans les environs de la localité nommée 
lp«>ningn. 

Pour rivaliser l'exploration de cette partie du S. Paulo, un groupe d'ingénieurs, 
|iartiH dMguape, remonta le Ribeira jusqu'à Tembouchure du Juquià, et, là, se 
•iivisa. Les uns poursuivirentleurvoyage jusqu'à Xiririca, en continuant de remonter 
If fleuve principal, tandis que les autres commençaient le levé des rio JuquiÀ et 
*\f SCS importants affluents, le Sâo Lourenço, Tltariry, etc. 

Au delà de Xiririca, les topographes allaient au-devant do la partie la plus 
«iiflirile de leur mission, vers la région frontière de l'état de Paranà, dans les 
piraireK du Serro Azul. 

Le point initial des travaux de levé du fleuve fut au confluent du rio Itapirn 
puan, affluent de la rive gauche. 

Iporanga, sur le cours moyen du Ribeira, deviendra une cité florisssante, lors(]ue 
It^ idsements métallifères de ses environs pourront être exploités industriellement. 

t. Commi^sdo gcographicA f geologira do Eslado de Silo Paulo, Exploramo do Hio lUbeira dt» 
h^^V*' ^^^ Faulo, 1908. Tn fasc. in-fol. de v t*l 3i p., avec 13 cartes hors texte. 

i. IC^pionUion du Rio Tiéié, in La Oéoqraphie, XVl, 1, 1 S juillet 190:. — Exploration dans U 
f^it'tm occtdemtaie de VHal de 6lo Paulo, tn La Gr^tgraphie, XVII, I, 15 janvier 1908. — Expton;' 
ttom du Hio do Peixt, in La Gtographie, XVU, 4, 15 avril 1908. 



272 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

En aval d'Iporanga jusqu'à la rencontre du rio Batatal, le Ribeira offre 
quelques obstacles à la navigation, mais au delà, on peut affirmer que le fleuve est 
parfaitement navigable. 

Xiririca, bâti au sommet d'une colline, sur la rive droite du fleuve, dans un 
paysage fort beau, au milieu d'un rideau d'arbres fruitiers, est actuellement le point 
terminus de la navigation à vapeur provenant d'Iguape et se trouve, en même 
temps, le centre naturel de l'activité commerciale de ce bassin. En amont, la navi- 
gation se poursuit en canots, jusqu'à et au delà d'Iporanga. 

A partir de Xiririca, les rives du Ribeira sont parsemées de groupes de pitto- 
resques habitations, quelques-unes appartenant à de riches fermiers. On y voit, çà 
et là, des plantations de canne et de riz. 

Après le confluent de son tributaire majeur, le rio Juquià, qui double le volume 
de ses eaux, on rencontre sur la rive droite un autre important affluent, le rio 
Jacupiranga. Puis, le sol va de plus en plus en s'aplanissant jusqu'à la mer. 

Les travaux sur le rio Juquià ont été poursuivis jusqu'à San Antonio, où la 
rivière a 112 mètres de largeur et une profondeur maxima de 3 m. 50, puis jusqu'à 
Prainlia, autre bourg bâti sur l'affluent principal, le rio Sào Lourenço, prolonge- 
ment dans la même direction de la vallée de l'Iguape. 

Le Sào Lourenço, à Prainha, mesure 48 mètres de largeur et un mètre de 
profondeur. La topographie des environs de ce bourg florissant a été poussée avec 
beaucoup de détail. Puis le groupe topographique a continué en amont jusqu'au 
confluent du rio Itarary, au delà duquel le Sâo Lourenço n'est plus que le Sào 
Lourencinho. Toute la conque de ces deux cours d'eau, avec leur rameau de tribu- 
taires, a été l'objet d'une étude minutieuse sur le terrain, tant au point de vue 
topographique qu'à celui du régime et des conditions de navigabilité. 

A Barra de Icaparra, c'est-à-dire au goulet qui fait communiquer le Mar Pequeno 
avec l'océan, la profondeur minima est de 3 m. 50. 

Au total, les levés exécutés sur le Ribeira et ses affluents s'étendent sur 
1 201 kilomètres. Les coordonnées géographiques des points suivants ont été 
déterminées avec rigueur : 

Long. O. de Paris. Altitude. 

SerroAzul Lat. S. 24»49'2r — 51° 33' 14" 300 mètres. 

Itapirapuàn »> 24° 42' 26" —51° 30' 58* 205 » 

Capella do Ribeira .. . ... » 24° 40' 05" — olMS'So" 145 » 

Porto do Apiahy ...... » 24° 41' 07" — ol*» 6' 24" 96 » 

Iporanga » 24° 35' 41" —50° 53' 37" 63 » 

Xiririca » 2ΰ31'28" —50° 25' 46" 29 »• 

Barra do rio Juquid » i:4°24'30" —50° 7' 20" 21 » 

Prainha » 24° 17' 12" —49° 45' 22" 32 >• 

Iguape >» 24° 42' 38' —49° 53' 00" — >» 

Cananéa » 25° 00' 59" — 50^15' 50' — » 

Pharol do Abrigo » 25° 06' 43" —50° 11' 48" tl2 » 

La relation de l'exploration du rio Ribeira de Iguape est accompagnée d'une 
carte d'ensemble au 500 000* de la région étudiée et de douze remarquables planches 
au 30000* du réseau hydrographique, sur lesquelles figurent le relief du lerraiQ 



RIStilONS POLAIRES. 



273 



en courbes de niveau et de nombreux proflU en travers des cours d*eau. 
Vue très intéressante étude ethnographique, complète la mémoire que la ilom- 
misiMon de Sâo Pauto vient de consacrera Tétude du bassin du rio Riboira. 

V. HuoT. 

La popalation da Brésil. — Le recensement effectué au Brésil en 1900 et dont 
\e^ résultats ont été publiés seulement en mai dernier, évalue, d'après le Glohu%\ 
la population de cette république, à 17318556 âmes (8825636 hommes et 
s iM9M femmes). Ces 17318556 habitants se répartissent ainsi par état, en allant 
du nord au sud : 



Amaxooas 

Para 

MaranhÂo 459 508 

l'iaahy 334 328 

t>ar» 849127 

ttio <;rando do Norte. 274 317 

Pdrahyba 490 734 

l*''mambuco 1 178 150 

AldicoaH 649 243 

vrcip^ 356 254 

Bahu 2 117 956 



249 756 habitants. 
445 356 - 



Espiritu Santo. . . 
Minas (leraos . . . 
Rio de Janeiro. . • 
District fédéral . . 

Sào Paulo 

Parana 

Santa Catarina. . 
Rio Grande do Sul. 

Goyaz 

Matto Grosso . . . 



849 127 

3 594 471 

926 035 

730 951 

2 282 279 

327 130 

320 289 

1 149 070 

255 284 

118 525 



habitants. 



.\britraction faite des états de Tintérieur, dont la population est pour ainsi 
•lin* insigniflante, on voit que le principal groupe de population se trouve au sud 
•lu li'^de Lat. S. — Les sept états de Minas Geraes, Espiritu Santo, Rio do Janeiro, 
avec le district fédéral, de Sâo Paolo, de Parana, de Santa (^atarina et du Rio 
(trande do Sul renferment à eux seuls 10,1 millions d'habitants. 

Le taux de 1 accroissement annuel de la population au Brésil est de 2 p. 100; 
au«^si bien le nombre des habitants de la grande république sud-américaine doit-il, 
à rheure actuelle, d'après le G i obus, dépasser 20 millions. Cu. R. 



RÉGIONS POLAIRES 

Une liste des expéditions polaires depuis 1800. — II existe, à Bruxelles, un 
« Institut polaire international », lequel est composé uniquement de trois Belges : 
M. Lecointe, directeur scientifique à l'Observatoire royal de Belgique; M. Denucé, 
•locteur en philosophie et lettres; M. Vincent, docteur en sciences. 

Le programme de cet établissement, fondé au moyen de subventions du gouver- 
nement et de donations provenant de Tinitiative privée, est vaste. II comporte : 
i* la constitution d'une bibliothèque, de collection de cartes et de photographies: 
•' la compilation d'une bibliographie polaire; 3* l'organisation d'une encyclo[)édie ; 
4* la publication d'une revue internationale polaire; 5"" la création d'un musée. 

L' « Institut polaire international » vient d'inaugurer ses travaux par la publi- 
cation d'une noUoe intitulée : Composition des états-majors scientifiques et maritimes 



1. Vol. XCIV, D* 8, 27 aoâC 1908« p. 130. 
U GiooftA»iiiK. — T. XVIII. IWW. 



18 



274 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

des expéditions arctiques et antarctiques entreprises depuis Vannée i SOO, par 
J. Denucé, notice annexée aux Procès verbaux des séances de la Commission 
polaire internationale, session de 1908 ^ L^avant-propos annonce que la liste eo 
question doit être considérée comme provisoire. Quoi qu'il en soit de cette réserve, 
le livre a été distribué, et, comme on ne mettra pas au pilon les exemplaires dis- 
tribués, lorsque la liste sera rectifiée, il peut arriver que l'un d'eux vienne à tomber 
entre les mains d'une personne qui cherche à se documenter, et, que, trompée par 
le titre pompeux de Commission polaire internationale que porte la couverture du 
volume, cette personne croit pouvoir se servir de cet imprimé. Aussi bien est-il de 
notre devoir de mettre en garde contre remploi de ce texte. C'est la collection d*erreurs 
les plus formidables que l'on puisse imaginer. L'auteur ne connaît ni Thistoire des 
explorations polaires, ni les mouvements habituels des navires dans l'Arctique, ni 
enfin la géographie des régions polaires ; ne lui arrive-t-il pas, en effet, de prendre 
le Pirée pour un homme. Page cxxxvn, on trouve la composition suivante de l'élat- 
major des « Stations internationales à Mosselbay et à l'Is-f jord (1882-1883) » : 

Nils Gustaf Ekholm (Chef, D'^-Prof.); 

Thorsden (Capitaine), etc., etc. 

Aucun capitaine du nom de Thorsden n'a fait partie de . TexpéditioD (Voir 
Explor. intern., etc., 4882-1883. Observations faites au cap Thordsen, Spitzberg. 
T. I, p. 4 et 35.) Thorsden est une faute d'impression pour Thordsen. On a pris 
tout simplement pour un capitaine le cap Thordsen où l'expédition avait installé 
sa station. 

La rubrique concernant cette expédition renferme une seconde erreur. Le 
D^ Denucé indique deux stations circumpolaires internationales établies par la 
Suède en 1882-1883, Tune à la Mosselbay, l'autre dans l'Isfjord. Cette puissance 
n'en avait qu'une ; primitivement elle devait être à la Mosselbay, mais les glaces 
ayant interdit l'approche de ce mouillage, les météorologistes suédois allèrent 
s'installer dans Tlsfjord, au cap Thordsen où existaient de spacieux baraquements. 

Il ne saurait être question de relever ici toutes les erreurs dont fourmille le 
travail de M. Denucé. A titre d'exemple, en feuilletant dans les rubriques relatives 
à la Suède et au Danemark, nous trouvons les extraordinaires mentions suivantes 
s'appliquant à des explorations très connues : 

La célèbre expédition de A. E. Nordenskiôld au Grônland en 1883, qui a accompli 
une des premières reconnaissances à grand rayon sur Vinlandsis^ exploré les gise- 
ments fossilifères des bords du Vajgatt, etc., poussé une reconnaissance jusqu'en 
vne du cap York, enfin réussi pour la première fois à aborder sur la côte orientale 
au sud du cercle polaire, cette célèbre expédition, dis-je, figure dans la liste élaborée 
par r (( Institut polaire international » sous la simple mention : Expédition à Egedes- 

1. La session de 1908 de la commission polaire internationale, qui s'est tenue à Bruxelles les S9 
et 30 mai dernier, n'a réuni que neuf explorateurs polaires, quatre Belges : MM. de Gerlache, 
Lècointe, Arctowski et Melaert, et cinq étrangers : le commandant Holm et le professeur 
K.-J.-V. Steenstrup (Danemark), M. H.-L. Bridgman (États-Unis d'Amérique), le commandant Cagni 
(Italie), le professeur 0. Nordenskjôld (Suède). Ni TAllemagne, ni la France, ni la Grande-Bretagne 
ni la Norvège n'avaient envoyé de représentants à cette réunion. D'autre part les deux délégués 
russes, les généraux Wilkitsky, et de Schokalsky, n'ont pas assisté aux séances. 



BÉGIONS POLAIRBS. r5 

miiidc Ef?C(le9ininde, une a colonie » installée sur un llol grnnd comme la main, où 
la misision a simplement relâché! 

I>*aalre part en 1889-1890 A. E. NordenskitWd n*a accompli aucune mission 
ctNKli^ique au Spitsberg, comme le raconte M. Denucé. 

Le chapitre Danemark n'est pas moins curieux. L expédition d^Hovgoard sur la 
Ojimpkna en 1882 est portée comme station du réseau international d^observatoires 
météorologiques et magnétiques! Celle dllolm et de Th. V. Garde à la côte orientale 
du TirOnland jusqu'à Angmagsalik est dénommée « expédition à Nanortalik »! Or, 
Nnnortalik est tout simplement une petite station de la côte sud-ouest du Grôniand 
qui servit de base à la mission dans son exploration vers l'est. L'auteur n'a évi- 
demment jamais lu une relation de ce voyage, ni examiné une carte du Gronland. 

Le chapitre Norvège mentionne en 1893 le voyage du baleinier ffertha h Ang- 
mntrsalik. Ce voyage n est ni une exploration, ni une expédition de chasse. En 1895 
re baleinier fut affrété par le gouvernement danois pour ravitailler la station 
«lAngmagsalik. Tous les ans pareil voyage est effectué par un navire appartenant 
au icou vcmement danois ou affrété par lui, et il n'y a pas plus de raison de citer celui 
ilr |M1K> que tous ceux accomplis chaque année sur la côte occidentale ou à 
An^magKalik par la raison que ce sont des services réguliers. 

La France n'a accompli qu'un très petit nombre d'expéditions polaires. M. Denucé 
tn>uve le moyen de n'en donner qu'une liste erronée et incomplète. 

Enfin le titre de cette publication extraordinaire annonce qu'elle se réfère aux 
\>i}age8 entrepris dans les régions arctiques et antarctiques, c'est-à-dire dans les 
/•»iies situées au dein des cercles polaires. Or, elle mentionne un certain nombre 
ilVx|)éditions dans des régions situées totalement ou en très grande partie en dehors 
•le ct^ cercles : Terre de Feu, Islande, Alaska; en revanche d'importantes expédi- 
tion!» dans les zones arctiques des continents ne sont pas mentionnées. 

O^ exemples, qu'il serait facile de multiplier, suffisent, croyons-nous, à éclairer 
)•• public sur la valeur de l'œuvre en question. Si l'a Institut polaire international » 
.1 It* «4>uri de travailler au développement de la géographie des régions arctiques et 
.iiitarctiques, nous nous permettrons de lui donner le conseil de ne rien publier. 

Cqarles Rabot. 



RoaTeUes de rezpédition Charcot. — Le l± octobre rex[)édition antarctique 
franvaiï^, commandée par le IV Jean Chan*ot, est arrivée à Rio de Janeiro. Tout 
«liait bien à boni. 

Le chef de la mission annonce la haute satisfaction que lui donnent son navire 
K fe* collaborateurs, état-major comme équipage. Cii. R. 



Ouvrages reçus par la Société de Géographie 



EU OPE 

BiRGER (Selim). — Die Végétation einiger 4882- 
i886 entstandenen $chwedischen Insein {Engler's 
Botanisches Jahrb. 38 Bd., 3 IL, 4906, p. 212- 
232). Leipzig, Engelmann, in-S. 

(Antenr.) 

BiROER (Sbum). — Ueber endozoische Sammen- 
verbreilung durch Vôgel {Svensk Botanisk TidS' 
krift, 1907, Bd. 1). Stockholm, 4907, in-8 de 
31 p. 

(Antenr.) 

Blazquez (Antonio). — La Maneha en iiempo 
de Cervantes. Gonferencia leida el dia 3 de Mayo 
de 4905 en la velada que la Real Sociedad 
geogràfica dedicô & conmemorar la publicaciôn 
del Quifote de la Maneha, Madrid, 4903, in-8 de 
34 p., carte, grav. 

(Antenr.) 

'BlAzquez (Antonio). — La Hitadôn de Wamba, 
Etudio historico-geografico. Madrid, 4907, in-8 
de 96 p., carte. 

BoARD OF Agriculture and Fishbribs. Report 
on the Décline in the Agricultural population of 
Great Britain i 88 1 -1906, Presented to both 
Housesof Parliament... London, 4906 (Gd. 3273), 
in-8 de 443 p., carte, 8 d. 

Bonnard (L.). — Im Gaule thermale. Sources 
et stations thermales et minérales de la Gaule 
à l'époque gallo-romaine (avec la collaboration 
médicale du docteur Percbpibd). Paris, Pion, 
Nourrit et C'% 1908. in-8 de xu-522 p., plans, 
grav. 

BouRDETTE (Jean). — La noblesse des sept Val- 
lées du Labéda {H, P.). 45* notice nobiliaire. 
Notice des seigneurs du Castet-Naou d'Arras 
en Labéda (H. P.)* Toulouse, chez l'auteur, 
4907, in-8 de 468 p., 2 fr. 

(Antenr.) 

Brbsson (Henri). — La houille verte. Mise en 
valeur des moyennes et basses chutes d'eau en 
France. Paris, Dunod et Pinat, 4906, in-8 de 
xviii-278 p., cartes, grav., 7 fr. 50. — Allas de 
40 feuilles (forces hydrauliques de la région 
normande). 

(Auteur.) 

Chambre de commerce de Boulognb-sur-Mbr. 
Compte rendu analytique de ses travaux;, 1900- 
1904 et 1904-1906 (385-23 et 174 p.). — Rensei- 
gnements statistiques, 4900 à 1907, Boulogne, 

in-8. 

(D' E. T. Hamy.) 



Chemins de fbr d'Orl^anb et du Midi. Bretagne^ 
Touraine^ Auvergne, Pyrénées (albums, avec 
texte, in-4). 

(Compagnie des ch. de fer d'Orléans.) 

Von Choijioky (Jenô). — Ueber die Lageverûn- 
derungen des Tiszabettes{Fôldrajzi Kôzteményck^ 
Jahrg. 4907. Bd. zxzv, H. x), in-8 de 45 p., 
carte, grav. 

(Antenr.) 

Contribution à Vétude des tapies en Camiole 
et au Steinemes Meer, par Emile Chaix-Du-Bois et 
Andr^ Ghaix, avec une notice sur la Terra Rossa 
par Alfred Mornibr {Le Globe^ t. XLVI), Genève, 
1904, in-8 de 53 p., grav. 

(E. Chaix.) 

Davis (W. M.). — A Day in the Cévennes {Appa- 
lachiay vol. XI, n" 2, p. 140-444, grav.) 

(Auteur.) 

DiRBCnoN oénéralb de l'oroanibation agraire 
ET de l'agriculture. Les richesses forestières de 
la Russie. Bordeaux. Exposition maritime inter- 
nationale, 4907, in-8 de 87 p. 

DouxAMi (H.). — La grotte des Fées (Les Con- 
tamines-Saint-Gervais, Haute-Savoie) (Extrait. 
6 p.). 

(Auteur.) 

De Fblice (Raoul). — La Basse- Normandie. 
Étude de géographie régionale. Paris, Hachette, 
4907, in-8 de 596 p., cartes. 

(Antenr.) 

Finnlândische hydrographisch-biologische Un- 
tersuchungen. N" 1. Hydrographische Untersu- 
chungen im nôrdlichen Teile der Ostsee, im Both- 
nischen und Finnischen Meerbusen, in den Jahren 
1898-1904, Helsingfors (Finnische Gesellschaft 
der Wissenschaften), 1907, in-4 de 46 -f 444 p., 
cartes. 

(Société scientifique finnoise.) 

Girardin (A.). - Le modelé du Plateau suisse 
à travers les quatre glaciations {Revue de Géo- 
graphie, annuelle, t. l., 4906-1907, pp. 339-371). 
Paris, Delagrave, in-8. 

(Auteur.) 

Glangeaud (Ph.). — La chaîne des Pays el la 
petite chaîne des Puys. — Les divers modes de 
l'activité volcanique dans la chaîne des Puys. — 
Les laves et les minéraux des volcans de la chaîne 
des Puys. Age et cause des éruptions (C. R. Acad. 
des Se, 4, 18 févr., 4 mars 1907, in-4 de 3, 3, 3 p.). 

(Auteur.) 

GuÉRiN-GANiviiT (J.). — Sotc préliminaire sur 
les gisements de mollusques comestibles des côtes 
de France, — L'embouchure de la Loire, la baie 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



277 



de Bourgneufet les côtes de Vendée (Bull, de 
rinstitui océanographique, n"" 105, 25 nov. 1907)> 
Monaco, ia-8 de 40 p., carte, grav. 

(Auteur.) 
GuiLLOTBL (F.-M.). — Le progrès géographique 
en Angleterre, L'enseignement et les livres (Revue 
de géographie, annuelle, t. I, 1906-1907, p. 
373-410). Paris, Delagrave, in-4. 

(Auteur.) 

JAH4NDIEZ (Emile). — Les tles eTUyères, Pres- 
qu'île de Giens, PorqueroUes, Port-Gros, Iles du 
Levant. — Histoire, description, géologie, flore, 
faune. Illustrations d'Albert Jahandiez. C^rquei- 
ranne (Var), chez Tau leur- imprimeur, 1903, 
in-8 de iu-284 p., grav. 12 fr. 

(Auteur.) 

KousNETZOFF (J.-D.). — Péches de la Russie 
(aperçu sommaire). Direction générale de l'Orga- 
nisation agraire et de l'Agriculture. Départe- 
ment de l'Agriculture. Bordeaux, imp. Four- 
geau, 1907, in-8 de 73 p. 

(Section russe àrExpositiou maritime de Bordeaux.) 

Lbyst (Ernest). — Hôfe um Sonne und Mond 
inRussland (Bulletin des naturalistes de Moscou, 
1906, n" 182), in-8 de 110 p. — Meteorologische 
Beobachtungen in Moskau imJahre 490$ \ — tW., 
1906 (ibid.^ n*» 4, 1905, n"* 3 et 4, 1906), in-8 de 
4i et 41 p.). — Ueber das Erdbehen von San- 
Francisco nach den Aufzeichnungen der Seismo- 
graphen in Moskau (ibid,, n** 1 et 2, 1906), in-8 de 
6 p*. — Luftelectrische Zerstreuung und Radio- 
activitàt in der Hôhle Bin-Basch-Choba in der 
Krim (ibid., in-8 de 9 p.). — Ueber Schâtzung der 
Bewôlkungsgrade (ibid,, n~ 3-4, in-8 de 53 p.) — 
Observations faites à l* Observatoire de l'Université 
impériale de Moscou, 1903, 1904. Moscou, 1907, 
in-8 de 108 et 110 p. (en russe). 

(Auteur.) 

Meddelelser om Danmarks Anlropologi. Udg. af 
denantropolog. Komité, ved D' Ph. H. P. Stbbnsby. 
Witb English Summary. 1. Bind. 1. afdeling. 
Kjobenhavn, 1907, in-8 de 172 p. 

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Martin (David). — Prétendus lacs alpins (Bull, 
de la Société d'Études, 2» Irim. 1907, n° 22). Gap, 
imp. Jean et Peyrot, 1907, in-8 de 20 p. 

(Auteur.) 
Db Martonnb (Emm.). — Notice sur les reliefs 
du Paringu et de Soarbele (Karpates méridio- 
nales), Bucarest, Socec, 1906, in-8 de 27 p., 
grav. 

(Auteur.) 

MiNiSTftRB DB l'Intbribiîr. — Dénombrement de 
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et de l'Yonne. Un canal de Cosne à Clamecy. 
Paris, H. Paulin, 1907, in-8 de 132 p., cartes. 

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graphiques les plus usités dans le Sud-Est de 
la France et les Alpes occidentales (Bibliothèque 
scientillque du Daupbiné). Grenoble, Drevet, 
in-8 de 124 p. 

(Auteur.) 



MuLLNBR (Johann). Die Seen des untern !nn taies 
in der Umgebung von Rattenberg und Kufslcin. 
Mit 4 Tafeln (Ferdinandeums Zeitschrift, III. 
Folge, 49. Heft). Innsbruck, 1905, in-8 de 126 p., 
cartes. 

(Auteur.) 

NoRTu Sba Fisrbbibb Investigation Goxhittbb. 
Second Report (Northern Area) on Fishery and 
Hydrographical Investigations in the North Sea 
and Adjacent Waters. 1904-1905. Pastl. Hydro- 
graphy. Presented to both Housesof Parliament 
by Command of His Majesty (Gd. 3358). London, 
Darling, 1907, in-4 de 210 p., cartes, 4 ^ . 2d. 

(Achat.) 

Pbon dbl Yalle (José). — Terre nihiliste. Sou- 
venirs de Russie, "rraduction de G. Truan. Paris, 
Darragon, 1908, in-16 de 200 p., gmv., 2 fr. 50. 

(Editeur.) 

Pervinquiére. -- Maténaux d'étude topologique 
pour la Finance. !'• série (cahiers du Service 
géographique de l'Armée, n" 24). Paris, Service 
géogr. de l'Armée, 1906, in-8 de 39 p., xx pi. 

(Auteur.) 

Publications du Dictionnaire géographique de 
la Suisse : Atlas géographique, économique, his- 
torique de la Suisse. Livraison r« (8 cartes). — 
La Suisse. Etude géographique, démographique, 
politique, économique et historique, lllust^-ée 
de nombreuses vignettes, plans et diagrammes 
dans le texte (par une réunion de savatïts). 
Fasc. 1", pp. 1-48. Neuchatel et Paris, gr. in-8. 

(Direction.) 

Ramond (G.). — Dérivation des sources du 
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duc (Préfecture de la Seine. Service technique 
des eaux et de l'assainissement), novembre 1906. 
Echelles : longueurs, 1/25000^; hauteurs^ 1/500, 
1 file (4 m./0,28), 4 p. de texte. 

Ramond (G.). — Notes de géologie parisienne. 
111. La transformation du canal de VOurcq (C. R. 
du Congrès des Sociétés savantes en i904, Scien- 
ces), Paris, 1905, in-8 de 14 p. — IV. Le qua- 
druplement des voies du chemin de fer du Nord 
(ligne de Paris à Greil, par Chantilly), par 
G. Ramond, Auo. Dollot et Paul Combes fils 
(i6ic?,, année 1906, t. XXXI, p. 392-397). Paris, 
in-8 de 8 p. 

Ramond (G.), Dollot (Aug.) et Combbs (Paul). 
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ligne de Paris à Creil, par Chantilly ; section de 
Saint-Denis à la forêt <CQrry {Bull. soc. géol. de 
France (i), VI, 1906, pp. 561-575, pi. xiv, xv, xvi). 
Paris, 1907, in-8. 

Ramond (G.) et Combes (Paul). — Intéressant 
phénomène de ■ capture » aux environs de Paris 
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du recensement général de la population effec- 
tué le 24 mars 1901. Paris, imp. nat., 1904-1907, 
in-4 de xxiv-879, xvi-802, xvi-890, xvi-998 et 
176 p. 



278 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



République française. MiirisTftRB du Travail 
ET DB LA PiiÉvoYANCKsociALB. Direction du Tra- 
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de XL-430-n6 p. 

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RiciiTBR. — Der Ausbau des Kônigsberger 
Innenhafens. Mit 12 Tafeln. Im Auftrage des 
Magistrats. Konigsbergi. Pr., 1906/07 (Hartung. 
Buchdr.) in-4 de 42 p. 

De RoQUBTTB-BuissoN. — Statistique de la prO' 
priété communale dans la zone montagneuse du 
département des Basses-Pyrénées {Bull. mens, de 
l'Office de renseignements agricoles ^ nov. 1907). 
Paris, imp. nat., 1907, in-8 de 16 p. 

(Auteur.) 

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phyres microgranuli tiques des monts Tararais et 
Lyonnais et du Plateau Central en général. Lyon, 
Rey, 1905, in-8 de 56 p., cartes. 

Roux (Cl.). — ,Le domaine et la vie du sapin au- 
trefois et aujourd'hui^ et principalement dans la 
région lyonnaise. Essai de monographie den- 
drecologiquc (Annales de la Soc. botanique de 
Lyon, XXX, 1905). Lyon, 1905, in-8 de 14i p., 
cartes, dessins. 

Roux (Claudius). — Monographie du vignoble 
de Côte-Rôtie à Ampuis {lihône). Étude de géo- 
graphie économique. Lyon (Soc. d'agricult., 
sciences et industrie), Rey, 1907, in-8 de 116 p. 

(Autour.) 

ScHARDT (H.). — Véboulement du Grugnay^ 
près Chamoson, Valais {Bull. soc. Murithienne 
des se. nat. du Valais, t. XXXVI, 1907. pp. 206- 
223). Sion, 1907, in-8. 

ScHARDT (H.). — Les vues modernes sur la 
tectonique et Vorigine de la chaîne des Alpes 
{Arch. des Se. phys. et natur., 4* pér, i. XXVII, 
avr. et mai 1907). Genève, 1907, in-8 de 43 p., 
carte. 

(Autour.) 

Société de groorapbib commbrcialb. Saint- 
Nazaire. — Saint-Nazaire. Son port, son com- 
merce. Notice. Saint-Nazaire, 1907, in-8 de 76 p., 
grav., plan. 
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Statistique générale de la Belgique. Exposé 
de la situation du royaume de i876 à !900, rédigé 
sous la direction de la commission centrale de 
statistique en exécution de Tarrété royal du 
29 mai 1902. T. I, Bruxelles, impr. Becquart- 
Arien, 1907, in-8 de xii-604 p., carte. 

SuNDBARQ (Gustave). — Bevôlkerungsstatistik 
Schwedens , 1750-1900. Einige Uauptresultale 
(XIV internat. Kongress fiir Hygiène und Démo- 
graphie, Berlin, sept. 1907). Stockholm, Noi*s- 
tedt, 1907, in-8 de 170 p. 

(Autour.) 

Sthpher, TmÉLE, Block. — Untersuchungen 
iibei" den Schiffahrtsbetriebaufdem Rhein-Weser- 
Kanal (Zeitschr. fur Bauv;esen, Jahrg. 1907). 
JJerlin, W. Ernst, 1907, in-8 de 88 p., pi. 

Table de récapitulation des principaux résul- 
tats des observations hydrométriques pour Van- 



née i891, Bern, 1904, io-4 de 42 p. — TahUaux 
graphiques des observations hydromélriqu*ti et 
des températures de Vair et des hauteurs plu- 
viales pour Vannée 1903. Bern, 1904, in-4 de 44 pi. 
Publié par la section bydrométrique de l'iDS- 
pectorat fédéral des travaux publics. 

Transcription des noms propres russes adoptée 
par TAgadémib impériale dis sciences de Sainl- 
Pétei*sbourg. Imprimé par ordre de TAci- 
demie imp. des Sciences, Saint-Pétersbourg, 
avril 1907, 1 p. 

(Académio imp. des sciences.) 

Vallaux (Camille). — La Basse-Bretagne. 
Étude de géographie humaine. Paris, CorDély. 
1907, in-8 de 320 p., pi., Og., 7 fr. 50. 

(Auteur et ôditetu".' 
Vidal de la B lâche. — La France. Tableau 
géographique. Paris, Hachette, 1908, in-4 de 
viii-365 p., cartes, grav., 25 fr. 

(Auteur.) 

BASSIN MÉDITERRANÉEN 

A.NTAR (Michel). — Chevauchées d'un futur 
Saint-Cyrien à travers les ksour et oasis oranai*. 
Illustrations par L. Benett. Paris, Hctzel, in$de 
252 p., 4 fr. 50. 

(Éditeur.] 

Baedbker (Karl). — Egypte et Soudan. Va- 
nuel du voyageur, Leipzig (Paris, OlIendorlT), 
3" édition, 1908, in-16 de clxxx-430 p., carU», 
grav., 15 marcs. 

(Auteur-éditear, 

Boderbau (Pierre). — La Capsa ancienne. 
La Gafsa moderne. Paris, Challamel, 1907, in-i^ 
de 238 p., carte, grav. 

CnozET (Jean). — Étude sur V Agriculture en 
Tunisie. La situation actuelle, les progrès a réa- 
liser... Paris, LiCrose, 1906, in-12 de 384 p. 

(Éditeur.; 

De Baudicour (Louis). — La colonisation de 
VAlgérie. Ses éléments. Paris, Challamel. 1^50. 
in-8 de 588 p. 

Db Baudicour (L.). — Histoire de la colonisa- 
tion de VAlgérie. Les débuts, les constructions 
urbaines, les villages... Paris, Challamel, 1S60* 

io-8 de ? p. 

(Achat.) 

Delorme (P.). — Le commerce algérien (Expo- 
sition coloniale de Marseille. Gouvernemf'nt 
général de TAlgérie). Alger, 1906, in-8 de vii-491 
et 46i-LXiv p., tableaux. 

De Marchi (Luigi). — Vidrografia dei coin 
Euganei nei suoi rapporti colla geologia e la 
morfologia delta régions. Présenta la ncU'adu- 
nanza ordinaria del 9 lugli 1005 del R. Islitoto 
veneto di scienze, leltere ed arli. Venezia, Fer- 
rari, 1905, in-4 de 76 p. 

Fischer (Teobaldo). — Fenomeni di abrasione 
suite coste dei paesi delVAtlanle {Rendiconti 
delta R. Accad. dei Lincei, cl. se. fis., matema- 
tische e naturali, vol. XVI, 1" sem., ser. 3, 
fasc. 8, seduta del 21 aprile 1907, pp. 571-575) 

Borna, 1907, in-8. 

(Aaieor.) 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



219 



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(Ani«Qr.) 

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!••:. in>H de S2p. 

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n 'Uteau dolmen prés Cabris, arrondissement de 
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i.ii'tnque de France, sess. de Périgueur, 1905). 
Lr Man«, imp. Monnoyer. 1900, in-8 de 19 p., 
fr»v. 

(«it «lantMiiiT oftNtAAL Di l'Aloihic. ~ Bul- 
it-'irt ilu »rrvice de la carie géologique de l'Al- 
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r .-»»nali^. 3. Le Djebel Amour et les monts des 
f'.:î,i.Sa»jl, par K. Rirrn, 1902, in-8 de 102 p., 
ciTiet. — i. Etude géologique du bassin de la 
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(OoQveraeineDt général.) 

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<<«(>iurr-Schweiiichke, 1904, in-8 de tu-312 p., 
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4e Cherbourg. 1905, p. 340-358). Paris, in-8. 

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1 Aui'icbf'). — Zantt. Allgemeiner Theil. Prag, 
^'^T'}. 1904. io-4 de zjy-688 p., grav. 

(Antaiir.) 

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'• p., r«rtp«, grav. — W., m 490$^ 50 p., cartes, 
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<•> lie et Institut, meteorol. al Romani^i, t. XYIII, 
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Autoar.) 

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^u.i»n >ia \\90*), io-8 de 360 p., " fr. r»o. 

M-ro«irts de TObscrvaloire de l'Kbre sis à 
K<»')ucla« d<' pendant du Collège d*étudcs supé- 
n^'àut de la G* de Jésus, de Tortosa, n* 1. — 
^ '' r* $mr CObservatoire et sur quelques obser- 
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R. CiaïKA. Edition française, traduction par le 
P. E. Merveille. Birrclone, G. Gili, 1906, in-4 de 
59 p., grav. 

Mrmorir ffroffra fiche piihbticatf> rome supplf^ 
mcnto alla Hivista grograficu ifaliana da l>utt. 
G. DAnKiLi. N" l. Anno 1907. Studt nopra i 
limite altimrtriet. 1. 1 liniiti altlmetrici in Oune- 
lico. Ricerrhe «li (Iukto .MAniJ<itLU. Firen/e, 1907, 
in-8 de 100 pp., cartes, grav. 

(ÉrbaoKO.) 

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de la Tunisie en 4905, Statistique générale de la 
Tunisie (1905). Tunis, 1906, in-8 de 661-vui p., 

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315-318). 

(Aou^ar.) 

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velle édition, Paris, 1787, in-12 de xxiv-399 et 

383 p. 

(P. Deffarge.) 

PsBVifCQiMiiRi (L.)- — La Tunisie centrale. 
Esquisse de géographie physique. {Annales de 
géographie, t. IX, 1900, n* 48, du 15 novembre 
1900, p. 434-455). Paris, Colin, in-8 de 24 p., 
cartes, grav. 

PtRTiiioriÉRi (L.). — Géologie de la Tunisie. 
(Extr. de 1^ Tunisie au début du XX' siècle). 
Paris, Rudeval, 1904, in-8 de 36 p., grav. 

^Aateur) 

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Notes et documents publiés par la Dikictio!< drs 
AirriQUiTts et des Abts. L Le temple d'Apollon 
ù Rulla Regia, par A. MiauH. Paris, Leroux, 
1908, in-8 de 28 p., VII pi. 

(Direction dot Aotiqaités.) 

RooMiAU (RoHKT). ^ La plaine de Bougie» 
Torrent divagant et cultures (BulL ioe, géogr. 
ér Alger...) Alger, 1906, in-8 de 7 p. 

(Aatear.) 

Sk||V16e CCOLOOIQUE DBS TtEElTOmES DU SUD DE 

L'ALCtaiB. Compte Rendu de la Campagne 490€- 
1907, Alger, 1907, in-8 de 40 p. 

Voisin Est. *- Le canal de Suez. Paris, Dunod 
et Pinat, in-8 de 3i6, 322, 334, 412, 522, 462, 
296 p., et in-4 de xL pi. 

WiLLCOCàs (WiLUAE). — Lc SU Blonc et la 

récolte du colon. Conférence tenue à la Société 

khêdiviale de géograpliie le 21 décembre 1907. 

Traduit de l'anglnis par G%%to5 Lborasid. Le 

Ciire, 1907, in-4 de 21 p. 

rAatoar.i 

Zur Kundc dcr Balkanhalbinsel. Reisen und 
Beobachtungen, herauspe^. von Dr. Caiil Patscr. 
Heft 4. Adolpb SrarcE; Makedonische Fahrten. 
I. Chalkidike. Mit 12 Abbild., 3 kArUhen im 
Texl und eincr Roulenkarte. Wien und Leipzig. 
A. Hartleben, 1907, in-8 de M p., 2 m. 25. 

(Kdiiear.) 



280 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



AFRIQUE 

A ilha de S. Thomé e o irabalho indigena 
(Separata da « Revista Portugueza Coloniale Ma- 
riiima ■). Lisboa, Ferin. 1907, in-8 de xix-99 p. 
(Direclion de la Revista.) 

D'Anfrbville (L.). — La maladie du sommeil au 
Sénégal et son mode de transmission à Vhomme. 
La Presse médicale, Paris, Nasson, n 16, 
22 févr. 1908) — • La lutte contre la lèpre au 
Sénégal {Revue de médecine et (Thygiène tropi- 
cales, t. IV, 1907, n» 4 p. 175-177. Paris, Masson, 
in-8). 

(Auteur.) 

AvBLOT (R.). — Recherches sur Vhistoire des 
migrations dans le bassin de VOgooué et la ré- 
gion littorale adjacente {Bull, géogr. histor. et 
descr.y n° 3, 1905, p. 357-412). Paris, imp. nat., 
1906, in-8 de 60 p., cartes. 

(Autour.) 

Chautard (Jban). — Etude géophysique et géo- 
logique sur le Fouta-Djallon (Guinée et Soudan 
français). Paris, Jouve, 1905, in-8 de 210 p., 
cartes, grav. 

Ghautahd (J.). — Sur les dépôts de Véocène 
moyen du Sénégal (C. A. Académie des Se, mars 
1905), in-4, 2 p. 

Chautard (J.). — Note sur les formations éo- 
eènes du Sénégal {Bull, soc, géolog. de France, 
4* sér., t. V, p. 141, année 1905). 

Chautard (J.). — Note sur quelques roches 
éruptives acides de la Guinée française {Bull, 
soc, géolog, de France, 4* sér., t. 1, p. 642, année 
1903). Paris, 1905, in-8. 

(Auteur.) 

Chbvalier (AuG.). — Mission Ctiari-lac Tchad, 
1902-1904. L Afrique centrale française. Récit du 
voyage de la mission. Appendice par MM. Pellb- 
GRiN, Germain, Couhtet... Paris, Challamel, 
1908, in-8 de xvi-776 p., cartes, grav., 20 fr. 

(Autour.) 

CuRVANS (Hbnry). — La mise en valeur de 
VAfrique occidentale française. Préface de M. 
Chautbmps. Paris, Alcan, 1907, in-8 de xiir280 p., 
6fr. 

Clozel (F. J.). — Dix ans à la Côte d'Ivoire. 
Paris, Challamel, 1906, in-8 de 350 p., cartes, 
plans, grav. 

(Auteur.) 

CoHNBT. — Notes sur la Cale d'ivoire {Revue 
des Troupes coloniales), Paris, Charles-Lavau- 
zelle, in-8 de 37 p. 

(Auteur.) 

Courtel (H.). — Le chemin de fer transsaha- 
rien de la Méditerranée au lac Tchad, Son iwi- 



possibilité au point de vue commercial {BuU. 
soc, nat. d^ acclimatation de France^ 1906). Paris, 

1906, in-8 de 30 p. 

(Aatev.) 

Davis (W. M.). — The Mountains ofSoulhfrn- 
most Africa {Bull. Amer. Geogr. Soc., vol. 
XXXVllI, cet. 1906, p. 593-623). 

(Auteur.) 

Drcorsb (J.). — Médications indigènes {Reçue 
de médecine et d*hygiène tropicales, t. IV, 1901. 
n» 3, pp. 119-128), in-8. 

(Anonyme.) 

De Espinoza (Alonso). — ^ The Guanches of 
Tenerife. The Holy Image of oiir Lady of Candt- 
laria and tfte Spanish conquest and Settlemeni 
(1594). Translated and edited with notes and ao 
Introduction by Sir Clbmbtits R. Mariham. Lon- 
don, Hakluyt Society (second séries, o* 21), 

1907, in-8 de xxziv-221 p., cartes, grav. 

(Abonoement.) 

Dbsplagres (Louis). — Le plateau central 
Nigérien. Une mission archéologique et ethno- 
graphique au Soudan français. Illustré de 
236 reproductions photographiques, prises par 
Fauteur et accompagné d'une carte en couleurs: 
contenant une étude anthropologique de M. le 
D' Hamy..., une étude minéralogique de M. 6- 
Lacroix, et une note de M. 0. Boudas, Paris, 
Larose, 1907, in-8 de 504 p., 12 fr. 

(Auteur.) 

DuROT (Victor). — Varmée d'Afrique résem 
de Varmée coloniale. Publication du « Comilf 
de l'Afrique française », 1906, in-B de 64 p. 

Flamand (G.-B.-M.). — Note sur quelques sta- 
tions nouvelles ou peu connues de pierres écrites 
du Sahara,.. {Bull, géogr. histor. et deserifU., 
n" 2, 1905). Paris, imp. nat., 1906, in-8 de 27 p., fig. 

(Auteur.) 

Gallieni. — Neuf ans à Madagascar. Paris, 
Hachette, 1908, in-8 de xv-372 p., caries, grav., 

portrait. 

(Auteur.) 

Gouvbrnbmbnt oâMftRAL i»B l'Apriqub OCaDES- 
TALB FRANÇAISE. Matériaux pour la géologie et la 
minéralogie de VAfrique occidentale française. I. 
Etat actuel de nos connaissances sur les forma- 
tions sédimenlaires de VAfrique occidentale tro- 
picale, par J. Chautard. Corée, 1906, in-« de 15 p. 

(Auteur.) 

Gouvbrmbmb.it général db l'Afriqdb occiDwr- 
talb française. Colonie du Sénégal. Rapport 
d'ensemble sitr la situation politique, adminis- 
trative, financière et économique et sur le fonc- 
tionnement des divers services pendant Vannée 
1904. Saint-Louis, 1906, in-8 de 164 p. 

(Gouvernement général.) 



L'archiviste-hibliothécaire : Henri Froidevaux. 



Le gérant : P. Bouchez. 



Goulommiers. — Imp. Paul BRODARD. 



XVIII. - N^ S. iS Novembre 1908. 



Les derniers jours d'Herculanum 
et de Pompéi 

Interprétés à l'aide de quelques phénomènes récents du volcanisme \ 



Deux retentissantes catastrophes, qui se sont succédé à peu d'années 
il inten'alle aux Antilles et en Italie, ont appelé Tattention de tous sur les 
L'rands phénomènes du volcanisme, posé quelques problèmes nouveaux, per- 
nii5 d*approcher de la solution de plusieurs autres depuis longtemps discutés. 

Klles ont en outre rajeuni une question, qui intéresse les historiens, les 
arrhéolnîrues, les artistes, presque autant que les géoloprues, je veux parler de 
Il destruction dllerculanum et de Pompéi. 

Après avoir, pendant de longs mois, suivi sur le vif les diverses étapes des 
^♦•r«•nte^ éruptions de la Montagne Pelée el du Vésuve, je me suis proposé de 
n-rhenHier dans quelle mesure elles peuvent éclairer Thistoire des derniers 
jours lies villes mortes de la (^ampanie. 

Tne éruption volcanique consiste dans l'émission, ordinairement violente, 
<le s;az, de vapeurs, de matériaux fondus venant de la profondeur et s'échap- 
p.mt d'une tissure ouverte dans le sol, dont les débris sont eux-mêmes 
riilrainés. 

LVruption du Vésuve en 1906' a fourni un exemple remarquable de la 
réunion des phénomènes destructeurs les plus habituels du volcanisme, ceux 
Jus à une effusion de lave et ceux produits par de violentes explosions. 

L«' 7 avril, vers le soir, une fissure s'ouvre à la base du cône, livrant 
|M<^$a:;e à un afflux considérable de lave qui, après avoir franchi rapidement 
b-«* hauteurs désertes du volcan, arrive dans la zone des cultures, puis pénètre 
dans le l»ourg de Boscotrecase, renversant ou envahissant les maisons, faisant 

1 L'^liiit' faitt* p.'tr M. A. Lacroix, comme ctélt*)2iie di* TAcadcmie des Scicmcsa 1a Rriinion 
t'-n j»Ur «|i'<* . in«) A ailemù'H de TlnHlitul île France (ii octul>rt'). 

i <>Ur rnipiion. du mi^me lype que celle de lHT2. a termine un lon^ cjrle d'activité molén'e 
;• •♦lur rontmue, commencé en decembr** iM75. J'en ai donne la dcM-riplion tiétaillee dan« la 
ft" *' numérale dei Science* du 30 octobre et du 15 novenibn* VJi)6 {L'éruption du VeAUve en 

•irr;/ rf««). 

U Oiou^APmiu - T. XVni. lyW. 1*J 



2S2 



A. LACROIX. 



en quelques heures un vaste désert noir et scoriacé d'une vei 
populeuse contrée. Presque tous les habitants avaient eu le tem 
s'enfuir. 

Dans la même soirée, après de violentes détonatioûs, des projectic 
matières incandescentes s'élèvent du cratère à de si brefs intervalles, qi 
semblent continues et forment de monstrueuses fontaines de feu; le se 

de la montagne est entier 
embrasé. Vers onze heure 
volcan se calme pendant qui 
minutes, mais bientôt les < 
sions reprennent avec une vi( 
sans cesse grandissante ; le spe 
est changé. Le jet lumineu: 
place à une énorme coloni 
sombres volutes (fig. 15),quezê 
d'immenses éclairs. 

Passé minuit, un mouv( 
du sol ébranle toutes les 
munes vésuviennes. Depuis 
ques heures, des lapilli toml 
sur les flancs nord et nord-e 
volcan, menaçant les petites 
d'Ottajano et de San-Gius 
Cette chute de pierres dévie 
plus en plus intense. Les ma 
reux habitants s'affolent; da 
nuit épaisse, à la seule lueu 
éclairs, les plus prudents aba 
nent leurs demeures; sous 
grêle de projectiles, ils cher 
et trouvent leur salut dans la fuite; les hésitants, les craintifs, les m€ 
s'enferment au contraire dans leurs maisons ; d'autres, plus malavisés er 
courent se réfugier dans les églises. 

Sous le choc des lapilli, les vitres volent en éclats, les toitures, surcha 
par les matériaux qui s'y accumulent, fléchissent, puis s'effondrent (fig 
entraînant avec elles les étages inférieurs ou des pans de murs, enseveli 
sous leurs débris 200 malheureux; 94 d'entre eux sont écrasés dans la 
église de San-Giuseppe. 

1. Les explosions vulcaniennes sont celles qui entrainent des matériaux entièrement ou p 
entièrement consolidés, tandis que les explosions stromboliennes rejettent du magma fli 
par suite incandescent. 




FIG. 13. 



EXPLOSION VULGANIENNB * DU CRATÈRE 
DU VÉSUVE, AVRIL 1906. 



LES DERNIERS JOURS DHERCCLANCM KT DE POMPEI. 



2K3 



Vers Taube, les lapilli sont remplaces partie la poussière fine, qui tombe 
<iî\s trêve pendant de nombreux jours encore. 

Au cours de l'éruption, le sol a éiè recouvert par près d'un mètre de petites 
>cories noires, dont la structure chaotique contraste avec celle de la cendre 
Une, régulièrement stratifiée, qui la recouvre. Le volcan a projeté dans les 
airs 150 mètres de son sommet; ses parois se sont effondrées dans un f^ouffre 
larue et profond. La cendre fine n'est autre chose que le produit de leur pul- 
véri'iation par les explosions successives. 

JusquVn 1902, ce type de phénomène destructeur paraissait être le seul à 
retlouter d'une explo- 
sion volcanique. A 
rrltedate. la Montagne 
Pflée en a brutale- 
ment introduit dans la 
^rience * un nouveau 
il plus redoutable 
rnrore. 

(lelte montagne 
liait considérée comme 
un volcan à peu près 
tliint. A son pied était 
li'iti, dans un site 
♦•nchanteur, Saint- 
l*i«Tre, ville iralTaires 

♦ l de plaisir, Saint-Pierre, dont parlent en termes enthousiastes et émus tous 
t»Mix qui ont visité jadis le beau pays qu'est la Martinique. 

Au début d'avril, des signes précurseurs d'activité se manifestent dans le 
^ieux cratère de TÉtang-Sec; des projections de cendres fines ne tardent pas 

* se produire, elles deviennent bient^U plus intenses. D'objet de curiosité 
qu'il était tout d'abord, le réveil du volcan commence à se transformer en sujet 
«l'inquiétude; des symptômes plus graves se précipitent. Nous sommes à la 
vieille de la catastrophe. 

Le soir du 8 mai, un navire étrange entrait dans le port de Sainte-Lucie, 
|K?tite Ile située au sud de la Martinique ; c'était une coque de fer, dépouillée 
de si*s mâts, fumant de toutes parts, bien que paraissant revêtue d'un manteau 
de neige. Sur son pont, encombré de débris, se traînaient avec peine quelques 
b»ques humaines. 

« Qui êtes- vous et d'où venez-vous? » cria-t-on de la foule anxieuse, 
4massée sur les quais. 

1. \. L^croii. La Montagne PeUe et set éruptions. I \o\. in-i" »'»62 p., avrc 31 planches. Mns>on. 
I*in%. 1904. fl La Montagne Pelée après ses éruptions, l vol. in-i, Ma^^on, Paris, I^OS. Les fiKures 
àr ct\ article «ont empnintées à ces ouvrages. 




no. [i\. — MAISONS CFKO.NDRKKS A OTT.\J\NO. 



2KÎ 



A. LACRnlX. 



« Ne nous rccoiiiiaissez-vous pas, répoiulil une voix angoissée, sortant de 
ce vaisseau fîuilome?Nous venons des |»ortes <le Tenfer. Vous pouvez télégra- 
phier au monde que Saint-Pierre n'existe plus! » 

Ce n'est point là un conte d'Edgar Por; (r'esl une histoire véridique, celle 
du commandant du Roddamy ramenant du port de Saint-Pierre son équipage 
réduit à (|uelques mourants, derniers témoins d'un drame invraisemblable, 
mais cependant vrai. 

Le matin de ce même jour, vers huit heures, alors qu'une haute colonne 




vu\. 17. 



F. OlUF-MAiniN l)i: L\ DF.STIU »:TI0N I>ANS lus ItllNKS DE SAINr-PIEHKC. 



de va[»eur.s cl de cendres s'élevait dans un ciel pur, un formiflahle grondement 
s'était fait subitement entench'e, et du cratère était partie, ilans la «lirection de 
la plaine, une masse énorme, grise, à aspect moutonné, sillonnée «l'éclairs. 
Elle bondit sur la ville; sous son choc, tous b»s navires en rade furent coulés 
ou donnèrent de la bande; puis ce fut une obscurité brûlante. Celte étrange 
nuée balaya la vilb^ (b^ son souflle embrasé pour s'arrêter à quelques kilomètres 
plus loin, repoussée par un violent vent de retour. 

On a raconté qu'un matelot précipité à la mer, après avoir plongé à plu- 
sieurs reprises [)0ur échapper aux brûlures de la cendre, constata avec stupeur, 
une fois revenu à lui, que la ville n'existait plus. Ce récit est à peine exagéré. 

La nué(» n'avait pas mis une minute pour elïectuer sa course et exercer ses 
ravages; la majeure partie» de la cilé, la plus rapprochée du volcan, avait 
complètement disparu; elle était transformée <»n une plaine ondulée, couverte 



BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE 

TABLE DES MATJÈRES 

(Séries 5-6-7; 1861-1899; 60 volumes in -8.) 



Le Bulletin de la Société de Géographie a élé, pendant près d'un siècle, le principal, 
sinon l'unique organe géographique existant en FVance. A côté de récits de voyage el d'études de 
géographie pure, cette revue publiait des communications et des rapports émanés d'agents consu- 
laires, de fonctionnaires coloniaux, etc., c'est-à-dire des documents disséminés, de nos jours, daiw 
des revues spéciales appartenant à différents ministères, 

Une telle multiplicité d'informations fait du Bulletin de la Société de Géographie, à de nom- 
breux points de vue, un précieux instrument de travail. Mais comment pouvoir s'en servir ulilenienl 
sans table des matières ? Aussi, pour donner satisfaction à une demande qui lui avait élé mainl».'> 
fois adressée, la Commission centrale a-t-elle fait paraître, pour les 5», 6« et 7« séries du BulîeOn 
(deux tables de matières existaient déjà pour les quatre premières séries) une table succincte, mais 
cependant très précise, et susceptible de répondre aux exigences? des travailleuis. 

Cette Table des Matières contient le dépouillement des documents de toute nature insérés dan> 
le Bulletin de la Société de GéograjMe entre les années 1861 et 1899, c'est-à-dire durant la partie 
du xix« siècle la plus active et la plus féconde au point de vue géojiraphique et colonial: lettres, 
relations et conférences dues à des voyageurs français et constituant les sources de Thistciire d»» 
l'exploration française durant les quarante dernières années du xix* siècle ; comptes rendus, rédij:»'- 
le plus souvent par leui*s auteurs mém€»s, de nombreuses expéditions géographiques étrangères. Le 
Bulletin renferme en outre un grand nombre d'études d'oiilre technique (instructions aux voyageur^, 
vocabulaires, coordonnées géographiques, notions d'hygiène), ainsi qu'un millier de cartes, de 
plans et d'itinéraires. 

Cette table est donc appelée à rendre de réels services à tous ceux qui font de la géographie 
leur étude particulière, comme & tous les amis de la science géographique. 



BULLETIN DE SOUSCKIPTION 



Le soiissKjné , membre de la Soc.Géogr.^' . 

demeurant à J'. 

prie le Secrétaire général de ta Société de Géographie de vouloir bien lui faire 
parvenir exemplaire de la Table des Matières du Bulletin de 

la Société de Géographie, séries V, VJ, VU (i 86 1-1899). 

Ci-inclus la somme de^^^ francs, en mandat-poste, bon de poste ^^K 

Signature, 



(i) Biffer pour les non-membres. 

(2) Nom et adresse lisiblement écrits. 

(3; 5 francs ou 6 francs par exemplaire selon que le soiiscrip- 

teur fait ou ne fait pas partie de la Société. 
ik) Biffer le mode non choisi. 



LES DERNIERS JOURS D'HRRCLLANUM KT DE POMPKI. 285 

de iK'hris volcanic|ue.H. Le reste de Saint-Pierre était en ruines et ne formait 
plus qn*iin vaste brasier. 

28000 cadavres, ceux de la population tout entière, étaient couchés sous 
les décombres ou achevaient de se consumer à la surface. Si bien délimitée 
avait été l'action de la nuée destructrice et si mortelle son étreinte, qu*i peine 
160 blesst'^s ont été recueillis sur sa lisière et deux seulement dans la ville 
même! 

I^a nuée avait laissé sa trace enregistrée dans les décombres, en respectant 
en partie les murs parallèles à sa trajectoire (fig. 17). Celles des infortunées 
victimes, qui n*avaient pas été écrasées ou mutilées, avaient été asphyxiées 
sur rheure par les vapeurs et les cendres brûlantes. 

r«e terriliant phénomène, nouveau pour le volcanisme ou plutôt pour la 
première fois constaté, devait rester énigmatique jusqu'à ce que, quelques 
mois plus lard, sa réapparition m'ait permis d'en faire une étude approfondie. 

Je ne puis, à six ans de distance, me souvenir sans émotion d'un épisode, 
parmi beaucoup d'autres, de cette campagne si riche en spectacles tragiques 
ri en impressions violentes. C'était à la tombée «lu jour, un soir de janvier'; 
l«* dtime de lave, «|ui s'éditiait lentement dans le cratère, présentait des signes 
d*acti\ité plus grande; sa haute aiguille en voie d'ascension, semblable à un 
riocher de cathédrale, commençait à rougeoyer, se transformant ainsi en 
un phare aux |»roportions gigantesques. Montés sur le toit de la casemate qui 
devait nous servir de refuge en cas de danger, nous étions. M"' Lacroix, 
mon collaborateur, le capitaine Perney, et moi, attentifs à tout ce qui se 
passait au volcan. Brusquement, d'un point du dôme, bien connu de nous, 
nous vîmes sunrir un globe moutonné, grisâtre, qui se précipita sur les pentes 
avec une prodigieuse rapidité. Paraissant d'abord aussi compact que de la 
pierre, il se gonfla aussitôt; les volutes serrées, dont il était formé, roulant 
les unes sur les autres h la surface du sol, se dilataient dans tous les sens. 
l'ne minute à peine s'était écoulée et le globe minuscule était devenu une 
muraille (lig. IK), marchant avec la vitesse d'un train rapide, une muraille de 
plus de 3000 mètres de hauteur, qui s'allongeait et s'élevait toujours, prenant 
dans l'obscurité naissante des contours fantastiques, jusqu'à ce que, arrivée 
sur la mer, à plus de sept kilomètres de son point de départ, elle fut entamée 
|iar le vent, lentement dissociée et transformée en une vague chute de cendre, 
bientôt confondue avec la nuit. 

C*élait une nuée ardente^ une de ces nuées, que nous connaissions bien pour 
en a%*oir vu beaucoup déjà et souvent de fort près. Nous savions ce que ren- 
fermaient ses lianes : des gaz, de la va|>eur d'eau, de la cendre, des pierres 
menues et des blocs cychqtéens; nous connaissions sa haute température, les 

I EtAClrmrnl le Sr» janvi«'r 1)K)3. Voir planchrs XI à XIV <li* mon livrr df I9<U; In figure 18 
^•1 U rrtlucUoo lie Tune «relies. 



286 A. LACROIX. 

actions mécaniques dont elle était capable et nous mesurions sa vitesse. Nous 
étions loin de son atteinte et cependant, comme si tout cela élait nouveau pour 
nous, étreints par la même impression, nous restions silencieux dans le silence 
qui nous enveloppait, silence seulement interrompu par les lointains hurle- 
ments de terreur de quelques nègres, revenus dans la campagne désertée. Nous 
ne pouvions arracher nos regards et notre pensée, à la fois de la plaine grise de 
Saint-Pierre s'étendant à nos pieds, et de cette nuée qui, dans sa marche 
majestueuse, synthétisait pour nous l'image de la mort implacable et portait 




FIG. 18. — NUÉE ARDENTE DESCENDANT A LA MER DANS LA VALLÉE DE LA RIVIÈRE BLANCHE. 

en elle la solution déQnitive du redoutable problème, dont Tétude m'attachait 
à la Martinique. 

Nous voici en possession de la caractéristique des deux formes que peut 
revêtir Faction destructrice des explosions volcaniques. A laquelle des deux 
faut-il recourir pour interpréter l'ensevelissement de Pompéi? Telle est la 
question que je me propose de discuter*. 

Elle peut être éclairée par des observations géologiques et par un docu- 
ment contemporain, les deux célèbres lettres de Pline à Tacite. 

Le 5 février de l'an 63 de notre ère ^ un violent tremblement ébranla la 
Campanie, dévasta notamment Herculanum et détruisit presque entièrement 
Pompéi. L'éruption du Vésuve, en l'an 79, la première des temps historiques, 
vint interrompre les travaux de reconstruction de ces deux villes. 

1. Je l'ai traitée en détail dans une conférence : Pompéi, Saint-Pierre, OUajano, qui a été 
publiée par la Revue scientifique des 20 et 27 octobre et 3 novembre 1906. 

2. Celte date est celle donnée par Sénèque : M. S. Ghaberl après la discussion d'un texte de 
Tacite, proix)se d*adopter Tan 62. {Mélanges Boissier. Paris, 1903, 115.) 



LES DBIINIËIIS JOCRS DIIËR :UL\NUM ET DE PmMPEI. 



2H7 




Pom|RM était placé au pied du volcan ((ig. 19), dans une situation presque 
identique i celle de Saint-Pierre par rapport a la Monta^me Pelée '. A la suite 
de Téniption, son sol a été caché par près de trois mètres de petites ponces 
blanches, recouvertes elles-mêmes par une alternance de lits minces, hien 
ftiratiliés, de cendre et de lapilli. (Vest la disposition des matériaux rejetés 
sur (Htajano; les ponces sont Téquivalent des scories' de la nuit du 7 au 
H avril 1906; leur accumulation possède la même structure chaotique. Les lits 
de rendre et de lapilli correspon- 
•lent à la cendre fine des explo- 
sions consécutives au même pa- 
mxysme. Il n'est pas douteux que 
le mode de formation de ces dépots 
n'ait été identique dans les deux 
ras \ 

Pas plus a Pompéi qu'à Otta- 
jano, il n'est possible de distin- 
V'uer, au milieu des ruines, de 
>ymétrie dans la destruction 
(lig. 20); TeiTondrement de haut 
en bas est manifeste partout où 
Ton ne [»eut invoquer l'action du 
tremblement de terre. Pas plus 
c]u'à Ottajano, i! n*existe de traces généralisées d'actions calorifiques; 
quelques cas limités d*incendie seulement ont été relevés, malgré l'abondance 
des matières, susceptibles d*être brûlées ou altérées par le feu. Il est donc 
incontestable qu*au moment de leur chute sur la ville, les produits volcaniques 
étaient froids ou tout au moins ne possédaient qu'une température peu élevée. 

Toutes ces observations conduisent à paralléliser les conséquences des 
phénomènes explosifs de Tan 79 et de ceux de 1906 et par suite h identifier 
leur cause. L'étude des restes humains, trouvés i Pompéi, vient encore 
renfoncer cette conclusion. On peut estimer à deux mille environ le nombre 
des victimes; c*est un dixième de la population, dont la plus grande partie a 
pu s'enfuir. 

Les squelettes exhumés des ponces sont ceux de gens écrasés par le même 

I. Pumpri ne trouve a 10 kilomètre» en ligne dnûtc du sommet du Vésuve. 

i. La ct»mp«»^ition minéralogi(|ue et chimit|ue de ces diverses roches e^t différente. Les ponces 
tHtnche« de Pompei appartiennent à une phonotite leueitique, leucocrate; les scories noires 
d otLijafHi A une Uucitiéphritr mé^ocrate. J'ai traité cette question mineralo^ique dans un 
rerent mémoire. Les produits iUicatés de l'éruption dm Vésuve en avril 190€, in Som files Archives 
dm Mu*émm. V «erie, IX, lOOT. 

3. Lr» lapilli et les cendres n'ont pas l'uniformité de composition des (Minces blanches; ils 
•<»nt omititue'* par des rra(.rments ou de la |>oussiere des très nombreux t>pes («étro^raphiques 
iontenu9 dan» les tufs de la Somma; on y remarque en particulier bt-aucoup de debri» de leu- 
rittepbntcs tiasiques, de calcaire» et de n»ches métamorphiques. 



Fia. 19. — fOMFfcl Al' IMEb Dl VKHIVE. 



288 A. LACROIX. 

procédé qu'à Ottajano; mais la comparaison ne peut être poursuivie pour 
ceux trouvés dans la cendre, puisqu'en 1906 aucune mort d'homme n a été 
constatée pendant la dernière phase de Téruption. Beaucoup de ces moulages 
du Musée de Pompéi, qui nous ont restitué avec une si admirable perfection la 
forme et jusqu'aux jeux de physionomie des victimes, portent le stigmate 
de l'asphyxie, vraisemblablement déterminée par aspiration de poussière fine 
(fig. 21). 

Quant à la plupart des attitudes violentes de quelques autres, devant 




FiG. 20. — LES RUINES UE POMPÉI. 



lesquels s'émeuvent les âmes sensibles, pas plus que celles de beaucoup des 
morts de Saint-Pierre, elles n'ont la signification dramatique qui leur est 
prêtée d'ordinaire: elles sont dues à des contractions /jos/ morlem. 

Voyons maintenant le récit d'un témoin de marque*; dans sa première 
lettre, Pline le Jeune raconte la mort de son oncle, l'illustre naturaliste, Pline 
l'Ancien. En voici le résumé, interprété à l'aide des observations géologiques 
qui précèdent. 

Le 24 août, vers 1 h. 15 du soir, une colonne de vapeurs et de cendres 

1. J'ai longuement discuté ces deux lettres de Pline dans un chapitre de La Montagne PeUe 
après ses éiuptions (pape 104 à 133), en éclairant le texte de l'auteur latin par des photographies 
prises au cours de l'éruption de 1906. 



LES DERNIERS JOURS D'IlERCLLANrM ET DE PliMPI-^I. 



289 



il'uDo hauteur et (J*une forme extraordinain^s, sY'lrve du volcan. Pline la 
décrit d*une façon saisissante ; sa comparaison si heureuse avec le pin d*Italie 
a fait fortune et les Napolitains appellent encore < i7 pino » le panache des 
éruptions du Vésuve. 

Pline TAncien veut étudier de près ce phénomène. H quitte Misène et fait 
Toile dans la direction du volcan: mais il ne peut aborder. Poussé par le vent 
du nord, il se dirige alors vers Stabies et y débarque. Dans la soirée, les 
lapilli tomt)ent en telle abondance, qu^ils menacent de bloquer les habitants 




rii>. :îl. — VICLQIRH MOlLAGfS DE CAD.WRtS UC POMPti. 

dans leurs maisons, et cette grêle de petites pierres se prolonge jusque dans 
la matinée du 25; Pline se rend alors sur le rivage, avec Tintention de fuir 
l»ar mer, mais le vent est toujours contraire; il se couche à terre pour prendre 
ilu re|»os. LÏTuption augmentant alors d*intensité, ses serviteurs sVnfuient, à 
l'exception de deux; soutenu par ces derniers, le vieillard se dresse, puis 
retombe aussitôt sans vie. Son corps, retrouvé trois jours plus tard, présen- 
tait l'attitude du sommeil, si frappante dans plusieurs des moulages de 
P<»m[iéi. 

Il est vraisemblable que cette mort tragique survint au cours d'un paro- 
xysme explosif, analogue à celui qui, le K avril lUOr>, a substitué la cendre 
aux' lapilli. Elle coïncide, en eflet, comme temps, avec Tapparition du grand 



290 A. LACROIX. 

nuage noir, sillonné d'éclairs, qui vint envelopper Misène et que Pline décrit 
dans sa seconde lettre. Quelques géologues ont voulu y voir Téqui valent d'une 
nuée ardente, mais il est facile d'y reconnaître un nuage ordinaire de cendre, 
entraîné dans les hautes régions de l'atmosphère et ne laissant tomber sa 
poussière qu'une fois arrivé à une certaine dislance du volcan (fig. 22). 

Cette rapide analyse démontre à l'aide d'arguments multiples que Pompéi 
n'a pas subi la destruction foudroyante de Saint-Pierre sous le souffle brûlant 
d'une nuée ardente. Le Vésuve, en refaisant, il y a deux ans, une page de sa 
vieille histoire, a fourni la démonstration expérimentale des déductions qu'il 
est légitime de tirer aussi bien de l'étude géologique des ruines que des récits 
de Pline. La mort de Pompéi, longue à venir, a été due à un ensevelissement 
progressif par des matériaux lancés dans l'espace et retombés sur le sol à la 
façon de la grêle ou de la pluie. 

Ainsi, d'une part, presque instantanéité de Tanéantissement sous le choc 
de matériaux brûlants, violentes actions mécaniques s'exergant suivant une 
trajectoire presque horizontale, sans aucun mouvement du sol et, d'une autre, 
écrasement, étouflement lent sous des matériaux froids ou tièdes, actions 
mécaniques se développant de haut en bas, secondées par des tremblements 
de terre; telles sont les formules, par lesquelles on peut résumer l'action 
destructrice des deux types principaux d'explosions volcaniques, illustrés, 
hélas! l'un et l'autre, par deux des plus mortels cataclysmes qu'ait à enregis- 
trer l'histoire de la Physique du Globe. 

Si le mécanisme destructeur des éruptions du Vésuve et de la Montagne 
Pelée n'a pas été le même, on peut, au point de vue humain, relever de frap- 
pantes analogies entre ces dramatiques événements. Dans ses lettres, Pline 
s'est montré aussi bon observateur des hommes que des choses. En lisant le 
récit de sa fuite de Misène, il me semble revivre des heures que j'ai moi- 
même vécues; il me semble que, dans l'obscurité d'une chute épaisse de 
cendre, à peine éclairée par un soleil blafard, je vois s'agiter devant moi des 
ombres, déjà vues aux Antilles ou sur les flancs du Vésuve, je crois recon- 
naître des cris d'angoisse ou de détresse, des prières et des imprécations déjà 
entendues. A dix-huit siècles de distance, en face des mêmes dangers, Tàme 
des hommes est restée la même, alors qu'autour d'eux tant de choses ont 
changé. Ils sont secoués par les mêmes terreurs et ils ne trouvent que les 
mêmes termes pour les exprimer! 

Les conclusions qui viennent d'être formulées au sujet de Pompéi ne 
peuvent s'appliquer à Herculanum *, dont les ruines sont ensevelies à quel- 

i. La bibliographie des mémoires concernant Herculanum est loin d'être aussi touffue que 
celle qui concerne Pompéi. M. le professeur Hughes a publié récemment un intéressant travail, 



LES DKR.MBKS JOIKS D IIBRCrLAMM ET DE PdMPÉI. 



291 



(|ues kilomètres de distance, sous remplacement de l'actuelle Résina. La ville 
antique se trouvait au pied occidental du Vésuve, bâtie près de la mer, sur 
une pente creusée de plusieurs ravins. 

Aucun document historique contemporain ne peut être utilisé pour la 
recherche qui nous occupe; à peine peut-on se demander si une phrase de la 
première lettre de Pline n*y fait pas allusion. 

L^opinion, longtemps admise, qu'HercuIanum a été noyé dans un flot de 
lave« était basée sur une méprise géologique. La surface du sol à Hésina est 




riG. 22^— IH Nl'AGB DB CENDRES SAVANÇAXT SUR LES RUIflBS DE BOSCOTRECASE 
ENVELOPPÉES PAR LA LAVE RÉCENTE. (AVRIL 1906). 

bien constituée par des coulées de roches massives, mais celles-ci datent des 
éruptions de 1631 et de 1792; elles se trouvent à quelque trente mètres au- 
dt'ssus des ruines. La structure des matériaux, qui enveloppent ces dernières, 
conduit à éliminer, avec non moins de certitude, Thypothèse d*un ensevelis- 
^ement sous des matériaux transportés par une voie aérienne quelconque. 

Aucun des procédés destructeurs directs ne peut donc être invoqué, et Ton 
doit faire appel a Tun des phénomènes secondaires du volcanisme, aux 
tnrrrnis de boue. 

Dans toute éruption, Torigine de ceux-ci peut être diverse, cratérienne ou 
|KTiphérique ; mais toujours, la source de Teau doit être cherchée dans 
l'atmosphère et non dans la profondeur '. 

Dans le premier cas, elle s*accumule avant Téruption dans un ancien 



•l«n* lrf|url il a Uou compte da résultat des observations sur la Montof?ne Pelée, rappelées plus 
haut et plu^ loin Cambridge Antiquarian Soriety't Communications^ XII, 190H, 2ji. 

I. l>tle opinion e^t relie à laquelle j'ai été conduit par mes observations pers<»nnelle* aux 
\ritillr^ et au Ve-tuve et par la diî»cu«»sion d'observations antérieures faites |wir plusieurs auteurs 
•or divers volcans. De nombreux géologues ont formulé parfois à cet égani un avis dilTerent. 
«lonnant à l'eau une origine profonde ou la faisant venir de la mer. Je ne pense pas que de sem- 
bUble4 opinions puissent aujourd'hui rési>ter a un examen sérieux. 



292 A. LACROIX. 

cratère; les premières explosions rejettent cette eau pluviale, transformée en 
boue par son mélange avec des débris du vieux sol et de la cendre récenle. 
J'ai eu Theureuse chance d'assister de près à un phénomène de ce genre, 
précurseur d'une grande éruption de la Soufrière de Saint-Vincent. J'étais 
sur le bord même du cratère, dont le fond était occupé alors par un petit lac. 
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, celui ci fut soulevé, puis 
projeté tout entier par une subite et formidable explosion. La colonne 
boueuse, chargée de vapeurs, haute de plus de mille mètres, que j'ai vue 
alors passer devant mes yeux', constituait un spectacle que je recommande 
aux amateurs de sensations fortes et rares. 

En réalité, ces émissions cratériennes de boue impliquent des conditions 
fort spéciales, très exceptionnellement réalisées; la plupart des torrents 
boueux sont dus à d'autres causes. 

La plus générale, la seule qui soit applicable au Vésuve \ résulte de l'action 
directe des pluies torrentielles, si fréquentes au cours des éruptions, sur la 
masse énorme de matériaux incohérents, accumulés sur les flancs du volcan 
par les grandes explosions ^ 

Quelle que soit du reste l'origine du phénomène, celui-ci conduit à la 
production de coulées d'une boue épaisse, pouvant charrier d'énormes quar- 
tiers de roches, qui semblent flotter à sa surface. Les matériaux ainsi trans- 
portés s'étalent et s'accumulent à la base de la montagne, produisant, suivant 
leurs dimensions, des conglomérats ou des tufs, à structure chaotique. 

Ce sont des dépôts de ce genre, des tufs, formés essentiellement de menus 
fragments de ponces, de débris de roches compactes ou cristallines et de (ine 
poussière, qui ont enseveli Herculanum. Par places, notamment dans le 
théâtre, ils sont fortement consolidés \ alors qu'ailleurs ils sont pres(|ue 
incohérents. A ces tufs de structure chaotique sont associés des lits stratifiés, 
œuvre des ondes plus liquides, qui suivent parfois et ravinent la boue épaisse. 

Des courants boueux successifs ont envahi la ville, rempli ceux de ses 
édifices et celles de ses maisons qui ont résisté à leur choc, moulé leurs 
cavités; ils ont enveloppé sur place tous les objets que renfermaient ces 

1. Les planches XXI et XXU de La Montagne Pelée sonl la reproduction de deux photographies 
que j'ai pu faire au cours de cette explosion. 

2. 11 ne saurait être question, en ciret. ici de la fonte brusque de la neige ou de la glace sous 
rinHuence de matériaux incandescents. Cette cause est souvent en œuvre dans les volcans des 
régions polaires et dans ceux de très haute altitude. On connaît des exemples de son intervention 
à l'Etna (éruption de 1755, par exemple). 

3. J'ai discuté le mécanisme de formation de seml)lnl)les torrents h l'aide de mes observalioos 
aux Antilles en i902, et en utilisant aussi les constatations faites depuis longtemps dans les 4lpes 
sur des phénomènes tout à fait identiques, bien que ne mettant pas en œuvre des matériaux vol- 
caniques {La Montagne Pelée, p. 421-459). 

4. On peut comparer ces tufs à certains types de cinérites, remaniées du massif du Mont-Don». 
J'ai traité en. détail la question de la structure et de Toriginc de ces formations dans un mémoire 
récent, Conlribnlion à Vètude des brèches et des conglomérats volcaniques, in Bull. Soc.géoL France, 
VK 1906, 635-683, pi. XIX à XXII. 



LES DEUNIEUS JOURS D IIEUGULANUM ET DE POMPÉI. 



203 





constructions, en ont entraîné d'autres*. L'étuJe minéralogique du tuf ne 
laisse aucun doute sur son mode de formation et fournit par suite une 
démonstration sans répli- 
que de la façon dont la ville 
a été anéantie. Au cours 
de l 'éruption de la Mon- 
tagne Pelée , d'ailleurs , 
des faits du même genre se 
sont reproduits (Jlg. 23 el 
24) et ont pu être suivie 
pas à pas -. 

Ces données étant ac- 
ijtiises, on peut essayer 
d'aller jilus loin, discuter 
sur Torigine de ces tor- 
rents boueux, et rechercht^r 



quelle liaison de temps a 
existé entre leur produc- 
lion et l'enstnelissement 
ile Pompéi. 

Deux 11 y po thèses peu- 
vent èlve fnitcs, qui d'ail- 
leurs <loiv**nt sans doute 
se superposer, L*éruptiuii 
s est produite après un 
repos séculaîro du vol- 
can; il est donc fort pos- 
sible que des eaux plu- 
viales se soient amassées 
tout d'abord dans le fond de l'antique cratère et qu'elles en aient été chas- 
sées au début du paroxysme. Une phrase de la première lettre de Pline est 



FIO. 24. — LA VILLE DE BASSE-POINTE ENLIZÉE 
PAR LEâ TORKENTS BOl'EUX. 



1. C'est ainsi que des débris de constructions : briques, tuiles, morillons, Tragnients de bois, etc., 
«t même des objets d'art, jouent dans ce tuf boueux le rôle d'éléments constituante, au même titre 
Que les fragments de ponces ou d'autres roches volcaniques. 

2. Tels sont en particulier ceux constatés à Basse-Pointe, où les maisons situées dans le bas- 
fond, à Tembouchure de la rivière, ont été ensevelies Jusqu'à la toiture (Jig. 2H et 24). Le cas de 
^tte petite ville peut être très exactement comparé à celui «l'Herculanum, car elle se trouvait 
fu dehors de la zone afTectée par le phénomène destructeur «le Saint-Pierre. Son enlizement>i 
^^ l'œuvre d'une série de crues boueuses, dont la première a commencé peu d'heures avant la 
^lAstrophe du 8 mai, alors que les autres se sont succédé au cours de plusieurs mois. 



294 A. LACROIX. 

favorable à cette interprétation. Lorsque son oncle s'est approché de la côte, 
Téruption durait depuis quelques heures seulement. 

< Déjà le fond de la mer s'était subitement élevé et la montagne eo 
s'écroulant rendait le rivage inabordable », a écrit Pline le Jeune. 

Ne s'était-il pas alors produit un fait analogue à celui constaté au début 
de l'éruption de la Montagne Pelée? Le 5 mai 1902, une violente explosion 
rejeta de TÉtang Sec * un flot de boue, qui détruisit les usines, situées à 
l'embouchure de la vallée de la Rivière Blanche, dans une position topogra- 
phîque comparable à celle d'Herculanum ; elle accunf^ula sur leur emplace- 
ment un conglomérat de plusieurs mètres d'épaisseur (fig. 25) et fit gagner 
une trentaine de mètres au rivage. 

Une semblable explication ne semble pas suffisante à elle seule ; il faut 
quelque chose de plus : des torrents boueux d'origine non cratérienne. 
L'abondance et les grandes dimensions des moulages de gouttes de pluie que 
l'on rencontre dans les cendres de Pompéi fournissent d'ailleurs la preuve que 
d'importantes précipitations atmosphériques se sont produites au cours de 
l'éruption ^. 

Les ponces de Pompéi sont recouvertes par des lits de cendre et «le 
lapilli, équivalents des cendres du paroxysme de 1906, qui résultent de la muti- 
lation du sommet du cône par lesgrandes explosions. 11 est donc légitime de 
conclure que l'éruption plinienne a, elle aussi, été caractérisée par un événe- 
ment analogue. 11 importe peu de prendre parti dans la discussion, encore 
ouverte', sur la forme du sommet du volcan au temps de Strabon. Que 
l'égueulement de la grande caldeira de la Somma date de cette époque ou soif 
plus ancien, il n'en est pas moins évident que la Somma a subi des lésions 
formidables en 79, car c'est d'elle que provient la plus grande partie*, sinon la 
totalité, des éléments des tufs d'Herculanum. 

Les torrents boueux ont donc emprunté leurs éléments à ces débris du 
vieux sol ^ ; ils sont par suite nécessairement postérieurs à la fin de l'enseve- 

t. Celui-ci se trouvait au fond ci*une vieille caldeira. Ainsi que son nom l'indique, il était géné- 
ralement vide, mais il s^était rempli d'eau pluviale pendant les quelques semaines qui ont précédé 
l'éruption. 

2. J'ai suivi à la Martinique le mode de formation de ces moulages de gouttes de pluie 
{La Montagne Pelée^ flg. 181, p. 420), qui se sont produites aussi en abondance au Vésuve en 1906. 

3. Cf. Pasquale Frano. Accad. Pontaniana, XVil, 1887; G. de Lorenzo. Zeiisch, d. d. GeoL 
Geaellsch., XLIX, 1897, et Bollet. geoL italiana, XVII, 1898; Enrico Cocchia. AU, R. Accad, Archeol. 
Lettre e Belle Arte., Sapoli, XXI, 1900-1901. 

4. Cette proposition s'appuie sur l'élude minéralogique et chimique des ponces à laquelle j'ai 
fait allusion page 287 (notes 2 et 3). J'ai montré, en effet, que les ponces de Pompéi appartiennent 
à une phonolile leucilique et que des roches semblables n'existent nulle part en place dans les 
assises de la Somma ou tout au moins que je n'ai pu les y trouver. Les ponces d'un gris un peu 
verdàtre, dont les couches abondent dans cette montagne, correspondent à une leucittépbrite 
leucocrate d'un type très spécial, ce sont elles que l'on reconnaît dans les tufs d'Herculanum. 
quand les éléments de ceux-ci sont assez frais pour pouvoir être déterminés. Elles y sont accom- 
pagnées de leuciltéphrites basiques et de tous les types de roches métamorphiques de la Somma, 
qui se rencontrent d'ailleurs aussi à Pompéi. 

5. J'ai décrit sous le nom d'avalanche sache un phénomène, qui s'est répété à la suite du 



LES DKHMKHS JOIIIS DIIKHCULAMM KT DR POMPKI. 



295 



lissement «le Pompri. Les éruptions rérenies ont montré tlu resle que des 
torrents semblables peuvent exercer encore leurs ravages longtemps apr^s la 
re'^salîon des paroxysmes'. 

LVniption de 79 ayant été d'une intensité exceptionnelle, il est naturel 
que des torrents boueux s'y soient produits avec une ampleur particulièrement 
;:rande. L'ensevelissement et l'enlizement simultanés ou consécutifs des 
ilrux villes antiques, bien que résultant de phénomènes distincts, nous appa- 
raissent donc en dépendance logique l'un de l'autre. 

Ia'S didérences de structure des matériaux envelopjiant Pompéi et Hercu- 




CO>GIX>MLn%T CHAOTI^flB b'«»RIGI!>IE BOt RI <iR KUIFIÉ SIR L*EMPL\CE\JENr DE L'I'SINE 
«•r^RIN A L'EMBiilCHtHE DE LA RIVIÈRE BLANCHE. 



Unum font comprendre la diversité d'état de conservation des objets que Ton 
ou extrait. A Pompéi, ni les ponces, ni les cendres, transportées par voie 
aérienne, ne sont agglomérées; elles constituent un milieu perméable, 
qui a rendu facile la pénétration de l'oxygène et de l'acide carbonique 
de l'air, entraînés par l'eau pluviale. Aussi, les débris organiques y 
ont-ils en gramle partie disparu; les objets métalliques se sont aisément 



;orfi\}fme de 1906 et qui. en c<>n:'entranl une grande quantité de niatérinuY incoht'Tents h la 
l i*r du c<^De tfHuvien, a facilité l'aMivre postérieure dr> l«irn'nt> houeux. Les récit»* de léruplion 
•'.' I^ii fuurni*i>senl la preuve de sa production à cette é|MK|u<*; il s'e^l pnd»aldement aus^î mani- 
''«te en 1631 et en .M2. \\ e*»t vrai>emblahle que des avalanches sèches se >ont produites dans 
Uauroup. »inon dans tous les grands i»ar«»x\>mes explosiN du Vésuve et f»ar <uile dans celui de 10. 
I. Tel a été le <a«* pour le«» éruption*^ de Saint-Vincent et de la Mnrtini<)ue en 1^02. du Vésuve 
fn I«i6 et depuis il s'en e<it produit de de>a*<treux, notamment il y a peu de jours, le ir^ oc- 



296 A. LACIIOIX. 

oxydés; tous ceux contenant du cuivre notamment se sont couverts de celle 
caractéristique patine, verte ou bleue, à surface souvent verruqueuse, qui esl 
constituée par des carbonates basiques. 

AHercuianum, au contraire, le tuf s*est immédiatement durci, grâce à une 
prise de la boue, comparable à celle du ciment; la consolidation a été rendue 
plus complète dans la suite des temps par des inliltrations de carbonate de 
chaux. La roche résistante ainsi formée peut être travaillée à la façon d'une 
pierre de taille ; elle a protégé tout ce qu'elle enveloppait, aussi les objets de 
bronze sont-ils moins oxydés et possèdent-ils la belle patine foncée, à surface 
lisse, qui permet de les distinguer de ceux provenant de Pompéi. Pour la 
même raison, les débris de bois carbonisés par oxydation et non par le feu y 
abondent, et de précieux papyrus ont pu parvenir jusqu'à nous. 

Je termine par une réflexion, qui est venue bien souvent à mon esprit, 
quand je parcourais, à quelques mois d'intervalle, les ruines fumantes de 
Saint-Pierre, puis les fouilles d'Herculanum et de Pompéi. 

La catastrophe de l'an "9 a été un désastre pour leaCampaniens, mais du 
moins leur mort n'a-t-elle pas été inutile; elle a eu des conséquences fruc- 
tueuses pour l'humanité toute entière. Le Vésuve n'a pas seulement sauvé 
des merveilles de Tart d'une époque où les moindres besoins de l'existence 
courante se manifestaient sous une forme élégante et raffinée; grâce aux pré- 
cieuses matières que. sont le bronze et le marbre, les produits volcaniques ont 
pour ainsi dire fixé la vie antique, surprise en pleine activité, nous réservant 
ainsi des trésors d'observation de tout genre, que l'on chercherait vainement 
ailleurs. A peine a-t-on le droit de parler de destruction, quand il s'agit 
d'Herculanum et de Pompéi î 

Par contre, rien ne rachètera pour l'avenir la mort des infortunés habitants 
de Saint-Pierre. Si, au lendemain du désastre, les ruihes étaient restées 
inviolées sous leur gris linceul, si, par impossible, l'amour du sol, l'oubli 
d'un récent et terrible passé ne rappelaient pas les Martiniquais sur l'empla- 
cement de la ville détruite, un explorateur, qui viendrait dans quelques 
milliers d'années remuer ces cendres, n'y trouverait pas grand'chose qui lui 
permît de juger notre époque, plus utilitaire qu'artistique. La rouille aurait 
depuis longtemps rongé les dernières traces du génie du siècle du fer, et avec 
le reste... on ne ferait pas un second musée de Naplesl 

A. Lacroix, 

Membre de Tlnstitut. 
Professeur au Muséum d'histoire naturelle. 



Le Sine-Saioum 



I. Ij6 pays. — Il s'en faut que le Sénégal réponde à une unité géogra- 
phique déterminée. Rien de plus diiïérent que les divers pays qui constituent 
rens(>mble de cette colonie au point qu*il est impossible de s*expliquer les 
conventions politiques qui en ont fixé les limites. Si le Cayor et la rive gauche 
«lu fleuve sont habités par des populations de même origine, présentent sensi- 
blement le même aspect et tirent leurs ressources de la même culture, déjà 
les pays sérères donnent une autre impression tant par Taspect général des 
|ia\ sages que par la manière d*ètre des habitants. 

Le Sine-Salouro, pourtant voisin, est encore une autre chose; le Miani- 
Oulé une troisième, car il ressemble beaucoup plus aux régions soudaniennes 
i|u*au Sénégal dont il fait partie. Enfin, comment s'expliquer que la Gaza- 
mance située à quinze heures de mer de Dakar, coupée du Saloum par toute 
la lar]f:eur de la Gambie anglaise, ait été incorporée au Sénégal dont elle n'a 
ni le climat, ni la végétation, ni les coutumes, au point qu'il Tant presque 
toujours, dans toute réglementation, prévoir une exception pour elle, alors 
qu'elle confine à la Guinée française, dont ne la distingue qu*une frontière 
factice et avec laquelle elle a, de par sa situation tropicale, les mômes intérêts 
«Vonomiques. 

L'absence de toute voie de communication rapide (le chemin de fer du 
Cayor date de 1887; et la rareté des pistes dans l'intérieur du pays ont permis 
aux différentes provinces de s'ignorer longtemps les unes des autres et de 
conserver leur originalité. Mais depuis dix ans un mouvement d'ensemble 
tend à unifier le Sénégal proprement dit, et, le chemin de fer de Thiès au 
.Niger détruira bien vite les derniers vestiges d'une organisation curieuse et 
originale, mais qui n'a plus de raison d'être. Le moment est donc venn 
dVtudier ces régions si curieuses, et, en somme, si peu connues. Parmi les 
plus intéressantes, il faut citer le Sine-Saloum. 

Bien que divisés historiquement en deux royaumes distincts et souvent 
ennemis, on peut direque le Sine et le Saloum sont un seul et même ensemble 
f!é4»graphique dont les caractères géolo^riques et la flore les distinguent nettement 
du Baol et même, bien qu'à un mf)indre degré, des provinres sérères. C'est 

. La QéoamAPmm. - T. XVIII. IWv 20 



298 CAMILLE GUY. 

la vallée du S'aloum qui constitue Taxe et comme la colonne vertébrale de cet 
organisme géographique. Rien n'est, d'ailleurs, plus impropre que de donner 
à cette masse d'eau le nom de rivière. Comme tous les cours d'eau de cette 
côte, comme la Gazamance, comme le Rio Gacheo, probablement môme comme 
la Gambie, ce n'est qu'un bras de mer qui s'enfonce profondément dans les terres, 
qui s'irradie en un nombre infini de marigots, ^t, dont les eaux restent salées, 
sauf pendant les deux mois où tombent les pluies de l'hivernage. Ge serait même 
une admirable route de pénétration vers l'intérieur, si les eaux n*arrachaient à 
ces terrains essentiellement meubles et de nature alluvionnaire assez de sable 
pour constituer, à son débouché à la mer, une barre dangereuse par ses inces- 
santes modifications et que redoutent les navigateurs les plus expérimentés, 
d'autant plus que les mouvements delà pointe Sangomar qui ferme le chenal à 
moitié multiplient encore les chances d'erreur. Ge phénomène, tout le monde 
le sait, n'est pas spécial au Saloum et au Sénégal. La Gazamance et les 
rivières portugaises présentent les mêmes difficultés et opposent aux navires 
les mêmes obstacles. Sans doute, les bateaux de mer d'un millier de tonnes 
se risquent quand même; le profit, s'ils réussissent, étant supérieur à la perte 
s'ils échouent; mais avec quelles précautions, avec quelle prudence s'enga- 
gent-ils dans la passe. Il ne suffit pas d'un bon pilote, il faut encore sonder 
de minute en minute, et, malgré tout, je n'ai jamais pénétré dans une de ces 
rivières, sans y rencontrer un navire échoué sur la barre et attendant du secours 
ou, comme à la barre de Saint-Louis, des carcasses de bateaux attestant de 
peu lointains sinistres. Ge sont comme autant de vastes et profonds corridors 
dont on aurait muré la porte donnant sur la rue. Qui dira de combien d'années 
notre pénétration en Afrique occidentale a été retardée par ces barrières 
sablonneuses? Qui dira ce que serait aujourd'hui la Gazamance, pays riche 
entre tous, si l'accès en avait été facile? Et, par une mauvaise chance assez 
fréquente dans notre histoire coloniale, un seul des cours d'eau de cette cote 
est assez large, assez rapide comme courant, pour que l'accès en soit ouvert 
aux navires sans aucune difficulté. Gette rivière, c'est la Gambie anglaise. 

G'est d'une vaste plaine qui se transforme en véritable lac durant l'hiver- 
nage que sort le Saloum. Formé de centaines de filets d'eau, il ne prend en 
réalité figure de rivière que lorsque la marée vient à son secours, à 60 milles 
de la pointe Sangomar, en face du village de Kahone. Son cours a une ten- 
dance à s'infléchir vers l'est; après Kaolack, son lit s'encombre de dépôts 
vaseux dans lesquels il est possible à la rigueur d'ouvrir un chenal, mais bien 
difficile de le maintenir ouvert. Des travaux entrepris cette année même don- 
neront-ils le résultat cherché? Il faut le désirer, car Kaolack, grand centre 
commercial et croisement de routes, prendrait une grosse importance, la plu- 
part des navires s'arrêtant aujourd'hui à Foundiougne, qui a le grave incon- 
vénient de ne mener nulle part. G'est aux environs de Foundiougne que vient 



LE SINE-SALOUM. 299 

aboutir le marigot de Falick, qui est né à quarante kilomètres à peu prés de 
là, dans la direction du nord-est, au milieu d'une grande plaine analogue à celle 
d*où s'échappe le Saloum. Bien d'autres marigots s'embranchent ainsi sur le 
tronc principal, tantôt afQuents, tantôt effluents, suivant le va-et-vient de la 
mer et constituant un réseau délicat de veines et d'artères, véritable orga- 
nisme du Sine-Saloum. 

Le sol lui-même, dans la majeure partie du pays, est, lui aussi, un produit 
de l'océan et des rivières. C'est le thann, mélange du limon arraché des collines 
de Gambie par le Saloum ou des ondulations des pays sérères par le Sine et 
du sel que laisse le retrait de la mer. Sur ces vastes espaces desséchés par le 
soleil brûlant et impropres à toute culture, chevauchent à perte de vue les 
cavaliers indigènes et circulent, pendant la période de la traite, les ânes et les 
chameaux favorisés par cette piste naturelle. Mais que les premières pluies 
de l'hivernage viennent à tomber, et cette terre ferme devient un marécage 
boueux, le tameux poto-poto dont les enlisements, sans être aussi redoutables 
que ceux du mont Saint-Michel, sont justement redoutés des voyageurs î Région 
étrange, en vérité, où l'eau et la terre se confondent et créent une sorte de 
zone mixte où l'eau est remplie de terre et où la terre est gonflée d'eau. 

Si de cet immense fossé on se dirige vers l'est, on trouve bien vite la fin 
du Saloum avec les collines qui furent les berges d'anciens affluents du fleuve 
Gambie, Ces cours d'eau sont presque tous desséchés et ont laissé à leur place 
des ravins parfois très profonds (comme dans le Mandakh) où la végétation 
reste active et verdoyante, même en pleine période de vents d'est. Si, au con- 
traire, on s'élève par une pente insensible vers le Baol oriental, au thann et à 
l'argile succède la latérite, cette roche qui constitue le squelette de la 
presqu'île du Cap Vert et de la majeure partie du Cayor. C'est également la 
même transition en allant vers Fissel, en plein pays sérère, avec cette 
différence que l'argile persiste beaucoup plus longtemps et que la latérite 
n'apparaît que déjà bien loin du Saloum. Enfin, si on suit le bord de la mer 
apparaissent les calcaires de la petite côte, dont les lambeaux affleurent pro- 
fondément à l'intérieur, de Fadiouth h Dakar. Mais latérite, grès, calcaires 
ne sont que les rebords d'une cuvette au fond de laquelle l'argile, le thann et 
le limon constituent cette région hybride du Sine-Saloum. Que les conquêtes 
des chefs indigènes, que nos conventions politiques aient donné au Sine- 
Saloum d'autres limites que ces limites naturelles, il se peut, mais rien n'est 
mieux déterminé, rien n'est plus exactement circonscrit que cette région, à 
s'en tenir à ses caractères géographiques. 

Cette unité, nous la retrouvons plus évidente encore si nous étudions le 
climat. Et ceci a une grosse importance, car je ne connais pas de colonie où 
les différences de climat soient plus essentielles, plus profondes, plus surpre- 
nantes même que dans celle du Sénégal. 



300 CAMILLE GUY. 

D'un fonctionnaire ou d'un commerçant qui rentre en France on dit 
simplement qu'il vient de faire un séjour de deux ou trois ans au Sénégal, 
sans jamais songer à dire s'il était à Dakar ou à Saint-Louis, dans le Cayor 
(à Thiès, par exemple) ou sur les bords du fleuve, dans une escale comme 
Podor, dans le Sine-Saloum à Kaolack ou à Kédougou dans la haute Gambie. 
Or, là est toute la question. Le fonctionnaire, dont le séjour s'est écoulé sur 
la côte, n'a guère pu s'apercevoir, sauf pendant les trois mois de chaude 
saison (hivernage), qu'il vit sous les tropiques. L'habitant de Thiès connaît des 
sensations un peu plus nettes, mais bien atténuées aussi. Les autres ont vécu 
d'une existence cruelle, avec des chaleurs torrides pendant quatre mois de 
l'année et des chaleurs humides pendant quatre autres; à peine si les mois de 
novembre à février ont apporté quelque répit à son organisme débilité et 
miné par la fièvre. Il y a là une injustice inconsciente qui, en mesurant les 
services rendus à une commune mesure inexacte, ne permet pas de récom- 
penser certains dévouements. 

Or, parmi les climats mauvais du Sénégal, celui de Sine-Saloura est un 
des plus mauvais. Cette large plaine, ou plutôt ce vaste corridor reçoit du 
désert les terribles vents d'est, sans que leurs minuscules collines du Niani 
Ouli puissent leur opposer un obstacle quelconque. Or, ces vents d'est qui 
arrivent très atténués à Saint-Louis et n'atteignent jamais Dakar soufflent 
quotidiennement du mois de février au mois de juin. Le rythme en est 
mathémathique. Au petit jour, l'atmosphère est calme, le temps est frais, 
quelquefois en janvier et février froid; mais vers neuf heures le vent d'est se 
lève. En un bond, le thermomètre qui marquait un quart d'heure auparavant 
de 14° à 16° atteint 35° à 36° et cette montée continuera jusqu'à deux heures 
pour atteindre assez souvent 47° et 49°. Vers trois heures le vent tombe et les 
soirées sont bonnes, traîtresses même et parfois complices des fièvres malignes. 

J'ai fait, en 1905, une tournée dans le Sine-Saloum vers la fin du mois de 
février. Quand j'arrivai à Kaolack vers midi, le thermomètre marquait 47' 
(un vrai temps de patron, disent plaisamment les subordonnés qui sont 
satisfaits que leurs supérieurs connaissent leurs souffrances autrement que 
par les rapports). Le lendemain matin, à six heures et demie, nous nous 
mettions une couverture sur les jambes en frissonnant au souffle très frais de 
cette fin de nuit. A huit heures, nous abandonnions la pèlerine, un peu plus 
tard la couverture, puis le dolman blanc remplaçait l'uniforme en drap, et 
quand à dix heures nous mettions pied à terre devant la principale maison de 
Fatick, nous étions baignés de sueur. Ce fut une rude journée que d'aller 
ainsi sous le soleil brûlant de réceptions en visites, mais quand la nuit venue 
il me fut permis de me reposer, je ramenai satisfait sur moi-même les deux 
couvertures dont m'avait gratifié mon hôte. Ce dont il faut se défendre avant 
tout dans des régions à climats excessifs et à variations brutales, ce n'est pas 



LE SINESALOUH. 301 

lit* la chaleur mais du froid, et, au changement des saisons, c>st toujours au 
froid qu'il faut attribuer les fièvres bilieuses hématuriques qui font encore des 
victimes. 

Dès le début du mois de juin les vents d*est ont disparu, mais Thivernage 
commence. La température beaucoup moins élevée est cependant beaucoup 
plus dure à supporter parce que dans la période précédente l'air était très sec 
oi sans humidité, tandis qu*avec la saison des pluies Tair se sature de vapeur 
au |K>int qu'il n'est pas rare de constater 100 pour rent à Thygromètre. La con- 
séquence est qu'avec dix ou quinze degrés de moins, la température est beau- 
rctup plus accablante en juillet qu'en février. Nous avons expliqué ailleurs le 
mécanisme du régime des pluies en Afrique occidentale* et le régime des 
tornades. Rien ne permet de prévoir, à quelques heures de distance, sauf 
[M'ut-ètre à une certaine lourdeur de l'atmosphère, l'approche de l'orage. 
Brusquement le ciel se couvre de gros nuages noirs ou cuivrés et un vent, 
il'une violence extrême, mais de courte durée, fait voler les feuilles des arbres 
ri souvent le toit des paillotes. Le vent cesse aux premiers coups de tonnerre. 
La foudre gronde sans interruption et le ciel est comme illuminé d'éclairs. 
Puis, la pluie tombe drue, serrée, comme si on la jetait par seaux. Le phéno* 
mène dure de deux i trois heures et cesse sans transition, comme il a commencé. 
IVndant toute la durée de l'orage, il souffle un vent rafraîchissant qui donne 
une sensation délicieuse, mais le soleil parait et toute l'eau tombée remonte 
«•n vapeurs épaisses et étoufTantes. 

Tels sont les orages dans le Sine-Saloum; mais comme les comptoirs et 
b»s villages sont construits au fond de la cuvette déjà décrite, au niveau même 
«lu sol, sans aucune pente, les eaux s'amassent, entourent les maisons et for- 
nif»nt autant de lacs et d'étangs marécageux. C'est souvent à l'aide de barques 
«pjc les Européens et indigènes communiquent entre eux. Inutile d'ajouter que 
••'f>l la période des fièvres, des maladies de foie ou des troubles intestinaux 
• t même une sévère hygiène n'en préserve pas toujours l'Européen. 

I>*s rigueurs de l'hivernage ne s'atténuont guère qu'en novembre et les 
«b'ux mois les plus chauds et les plus malsains sont ceux de septemlire et 
•lortobre. A donner des moyennes thermoméiriques, on risquerait, comme 
^•»uvenl, de tromper le lecteur. 

Si on additionna*, en elTel, au mois de mars h»s VO" de chaleur du jour avec 
l»'^ 16* de refroidissement nocturne, on obtient ainsi, pour les vingl-qualre heures, 
■irir moyenne de 28" qui est certes élevée, mais qui n'a aucun rapp<»rt avec la 
n'alité. Le mieux est de dresser un tableau donnant les maxima de jour et de 
nuit en chaque saison et quelques chiffres indiquant les variations quotidiennes 
1 >ix, deux et dix heures. (>Vst ce que nous avons tenté de faire, mais les 

I. Voir BulUiin dé tAfriffue française, isy7. 



3U2 CAMILLE GUY. 

instruments dont on se sert sont encore bien imparfaits et les chiffres dont il 
s'agit ne sont qu'approximativement exacts. 

En dépit de ces conditions dont quelques-unes apparaissent comme défa- 
vorables, le Sine-Saloum n'en est pas moins une des parties les plus boisées 
et les plus touffues du Sénégal. Dès qu'on quitte les bords des marigots où ne 
verdissent que des palétuviers aux racines entremêlées et Tespace dénudé du 
ihann^ on traverse, par des pistes à peine frayées, une région couverte non 
pas d'épaisses forêts, comme on le dit emphatiquement dans le pays, mais 
d'arbustes nombreux, variés et donnant une ombre très suffisante. Parfois 
même de grands arbres aux troncs colossaux, aux branches dirigées horizon- 
talement et à angle droit, donnent l'impression fugitive, mais réelle, de la 
grande nature.. Les essences varient suivant la nature du sol, et, pendant 
que dans le Sine au terrain sablonneux ou argileux, on rencontre des 
essences telles que le cadé^ arbre gigantesque de la famille des aubépines, 
qui pendant la saison sèche donne beaucoup d'ombrage et laisse tomber ses 
feuilles au début de l'hivernage, ou encore des sortes de mimosas à bois très 
dur, dont les fleurs odorantes sont d'un jaune éclatant, le Saloum produit Je 
préférence le mi-beb ou arbre-gomme et des bois durs tels que le guédj\ le 
vénéy Vahatif le hire et surtout l'admirable et majestueux caïcedrat, ou encore 
le fromager dont les racines extérieures ont un tel développement que les 
mendiants et les voyageurs peuvent s'y abriter et y disparaître, et dont les 
dimensions sont telles que trois cents personnes peuvent facilement s'abriter 
sous son ombre. Il reste bien entendu que toutes ces essences poussent indif- 
féremment dans le Sine et dans le Saloum, dont la flore est identique et que, 
seule, la composition du sol donne la prédominance suivant les cas aux uns 
sur les autres. 

Ces terres sont certes légères, mais les indigènes en tirent cependant parti, 
et, dans l'intervalle des clairières ou même quand l'espace manque, en brûlant 
les arbustes et au besoin les grands arbres, ils cultivent leurs louganny ils se 
montrent même cultivateurs très expérimentés. Les champs de riz sont 
ensemencés après les premières pluies, vers le mois de juillet, et la récolle a 
lieu après celle du petit mil, en octobre. 

Les troupeaux sont parqués sur les terrains destinés à la culture du miL 
puis, une fois bien fumés, ils sont ensemencés après les premières pluies et 
sarclés avec soin, jusqu'à ce que les plants soient vigoureux. Quand le mil 
est près d'atteindre sa maturité, on sème le coton qui commence à mûrir en 
décembre. Les champs sont méthodiquement défrichés et défendus contre les 
incursions des animaux par des haies épineuses. Les pieds de cotonnier ne 
sont renouvelés qu'après plusieurs années. 

Les récoltes de mil suffiraient à la nourriture des habitants si trop souvent 
la plante n'était détruite par un puceron blanc, à peine perceptible, qui, en 



LB SLNE-SALOUM. 303 

quelques semaines, détruit toute la récolte et force les malheureux novices à 
man^rer Técorcedes arbres*. Quant a la production des arachides, elle pourrait 
t^tre trois ou quatre fois plus importante, mais c*est là une question de voie de 
roinmunication que nous traiterons en sa place. 

Si laspoct général du pays est bien carastéristique, la faune, au contraire, 
ne M distinfrue en rien des contrées voisines. Ce sont dans les arbres ou sur 
If bord des marigots les mêmes oiseaux que ceux qui vivent dans le Cayor et 
même dans la Cazamance, merles métalliques, geais, diverses sortes de 
|»erruches et, à la bonne saison, Télégante bergeronnette. Tous ont pendant 
la |iérioile sèche une livrée grise qu'ils échangent, Thivernage venu, contre des 
plumages aux couleurs éclatantes. C'est également dans les taillis, au cœur de 
la brousse, les biches, les antilopes aux flancs rayés, les véritables troupeaux 
de robas qui n*hésitent pas a charger Tinconnu, tête baissée et redoutables 
romes en avant. Plus près de la rivière Gambie et des régions du Niani-Ouli 
la faune devient plus intéressante; on rencontre assez fréquemment des 
«lutruches; Téléphant n'y est pas rare et les amateurs de beaux coups de fusil 
{Meuvent tuer des hippopotames'. Inutile d'ajouter que tous les marigots sont 
infestés de caïmans et que les poissons de tout genre y sont assez nombreux pour 
<|ue dans certains villages bâtis sur pilotis les indigènes vivent exclusivement 
t|e la pèche. Dans le Sine-Saloum comme dans le Cayor ou sur les bords du 
S«*n<'*^al le bœuf iqu'il s'agisse du bœuf ordinaire ou du bœuf à bosse, zébu) 
ri>nstitue une sorte d'unité monétaire et le signe extérieur de la richesse le plus 
prÎM*. Les ânes, petits et d'une extrême entiurance, sont les vrais animaux de 
transport, car les chameaux qui arrivent en longues files avec leur charge 
d'arachides dans les cours des factoreries de Kaolack et de Patick appartiennent 
;:<*néralement aux Maures, qui sont les véritables rouliers du Sénégal et qui 
Mint les intermédiaires presque nécessaires entre les lieux de production et les 
romploirs de vente. 

Tel est le pays connu sous le nom de Sine-Saloum. Quels en sont main- 
li*nani les habitants? 

II. ]>• hommes. — Quels furent les premiers habitants du Sine-Saloum? 
t^esl ce qu'il est bien difficile, en l'absence de tout document, de savoir d'une 
façon même approximative. Les légendes merveilleuses et chantées par les 
;:nots en dehors de toute information historique ne peuvent que rendre im|H*- 
nrtrable l'origine nébuleuse de ces populations. Toutefois une notice fort bien 

\, Kd ivii.'i et en 1'^(h'>. detii annce^^ de suite, ce puceron a transfornK^ les rh.iiup«« cullivrî: en 
i^nUble(lév;rt, e(, pour arracher les indigènes, parUciiliereinenl ceux du ha-^ >aloum,a une mort 
iii'^iUble, l'admini^lraliftn a dil leur procurer gratuitement du riz et tlu mais pour une somme 
aniitiHle de cenl mille francs. 

i. tlcui ch4s»eurs. curieux de nouveau, ont l»attu en l^Jo^i le haut >.iloum et ont assuré qu'en 
plu^ du ftibier qu'il <» rapportaient, iU avaient alialtu dix-sepi hippo|>otames. Cela CAt, sans doute. 
vni : mais toul de même cela fait beaucoup d'hippo(H>tames. 



3W CAMILLE GUY. 

faite du colonel Pinet-Laprade écrite en 1865 a permis d'entrevoir la vérité, et 
la connaissance de plus en plus exacte des autres habitants qui peuplent le 
Sénégal a complété, par déduction, ce que nous savions déjà. 

Il semble donc qu'à une époque indéterminée les Mandingues qui avaient 
traversé la Gambie et le Saloum occupèrent quelques points de la côte, plus 
particulièrement les villages de Dakar et de Portudal; mais ils étaient là beau- 
coup plus en commerçants qu'en conquérants et il semble bien qu'ils ne songèrent 
pas à pénétrer dans l'intérieur du pays qui n'était, du reste, qu'une vaste soli- 
tude couverte d'épaisses forêts qui le coupaient du royaume ouoloff et de la 
presqu'île du Cap-Vert. La situation aurait pu durer longtemps si, vers le 
XIV* siècle environ, et, dans tous les cas, avant le démembrement de l'empire 
ouoloff et celui du Lbéou dans le Cap- Vert, les Sérères, captifs des Man- 
dingues de la haute Cazamance, ne s'étaient révoltés, et, fuyant l'autorité de 
leurs maîtres séculaires, n'avaient franchi la Gambie et n'étaient venus créer 
un royaume dans la région du Sine-Saloum et dans celle appelée aujourd'hui 
« Pays Sérères ». Ils fondèrent un premier établissement à Joal, puis 
s'étendirent à la fois vers l'est et vers le sud. D'autres Sérères occupèrent 
de leur côté les pays inhabités qui s'étendent jusqu'à trois lieues environ de la 
baie d'Yof et la contrée comprise entre la baie de Corée et la Tamna. Ce furent 
les Sérères Nones, tandis que les autres prirent le nom de Sérères Sine. 

Très travailleurs et très industrieux, les Sérèses Sine mirent en valeur le 
pays et des relations suivies ne tardèrent pas à s'engager entre eux et les 
Ouoloffs auxquels ils empruntèrent leurs instruments et leurs procédés plus 
habiles de culture. Plusieurs tribus ouoloffs vinrent même s'installera côté des 
Sérères, mais ils ne furent jamais et ils ne sont encore qu'une minoritd vivant 
en dehors de la communauté. Les Peulhs, à leur tour, arrivèrent du fleuve pour 
établir plusieurs campements dans un pays si favorable à l'élevage des 
troupeaux; enfin les Laobès, dont l'industrie consiste à couper le bois, furent 
aussi attirés par les forêts du Sine-Saloum. Tels furent les apports successifs 
des races dans le pays. Mais tous ces peuples, d'origine diverse, ne créèrent 
pas de race nouvelle, et, à part quelques croisements moins fréquents qu'on 
te pourrait penser, chaque race est restée intacte, non mélangée d'éléments 
hétérogènes. Elles vivent côte à côte, ayant conservé chacune leurs mœurs, 
teurs coutumes, leur organisation politique, et, non parfois sans grosses diffi- 
cultés entre le Sérère cultivateur, le Ouoloff marchand, le Peulh pasteur et le 
Laobé bûcheron. 

Quand on s'éloigne du Cayor, soit de Thiès par Soussoun et Fissel, soit de 
Tivaouaune par Toul et Durrbell, on a brusquement l'impression qu'on a en 
face de soi d'autres hommes. Au Ouoloff, amoureux du clinquant, vêtu de 
houhous éclatants, propre, tout au moins dans sa mise, succèdent sans transition 
les Sérères vêtus de haillons, aux cheveux hirsutes, donnant une impression 



Le SINE-SALOUM. 305 

LM'nérmIe de saleté et de dégradation. Après le OuolofT, bon enfant, riant de 
tfiiileft ses dents blanches et dont le visage ne trahit aucune arrière-pensée, 
\oiri venir le Sérère au visage cauteleux, aux yeux fuyants et troubles et i la 
dt*marche hésitante. Intelligent certes, son visage le dit, mais dangereux aussi 
fl amoureux de son indépendance. Ce mendiant drapé dans ses guenilles 
rvuarde passer Tadministrateur ou le gouverneur en égal, et, s'il se rend au 
(lalabre, ce n>st pas pour se répandre comme le OuolofT en salamalecs de 
ronvenlion, mais pour discuter froidement et habilement de ses intérêts. Le 
raractère des Sérères se ressent, du reste, de la nature sauvage d(»s contrées 
qu'ils habitent et de leur état d'isolement. S'ils ont été capables de défendre avec 
une sauvage énergie leurs familles et leurs biens, ils ne savent pas oi^niser 
un«* expédition sérieuse. Pendant longtemps ils se sont embusqués dans les pas- 
nares difficiles pour surprendre et piller les voyageurs isolés ou une petite cara- 
^ane, mais, s'ils se trouvaient en face d'un adversaire sérieux, ils s'enfuyaient 
préripitamment. Au reste, depuis longtemps, ils ont renoncé aux brigandages 
• du moins collectifs) et au pillage à main armée, et la courte lance sur laquelle 
iU s'appuient volontiers n'est plus guère pour eux que la preuve de leur qua- 
lité d*h<»mmes libres et de leur indépendance. Ils ont môme opposé & la domi- 
nation française beaucoup moins de résistance que les noirs du Cayor, peut- 
l'Ire h cause de leur nonchalance naturelle, peut-être aussi parce que plus intel- 
Ibf^nts, ils étaient plus aptes i comprendre les profits qui pouvaient résulter 
|M>ur eux de ce contact. Quoi qu'il en soit, ils ont tourné aujourd'hui toute leur 
.«ttivité du côté de l'agriculture, car, au contraire de tous les autres indigènes 
du S«»néî:al, ils sont extrêmement laborieux et entendus aux choses des champs *. 
C'est avec leur coton tissé par leurs femmes qu'ils fabriquent les boubous 
uTossîers qui les habillent, c'est de leur mil ou de leurriz qu'ils se nourrissent; 
V i'si avec leurs arachides, leur sel ou leurs bois qu'ils se procurent l'argent 
niWssaire à la satisfaction de leur vice. 11 n'est pas démontré, en effet, que 
\r% Sérères aient, plus que leurs compatriotes, le goût du travail; mais ils ont 
un lH*soin impérieux qui domine chez eux le goût du repos. Les Sérères ont, 
en rffet, et sans exception, un penchant à l'ivrognerie, penchant qu'ils entre- 
tit*nnent et satisfont avec amour. Avant l'arrivée des Français, ils ne con- 
n.iis^ient que le vin de palmes, a peu près inoffensîf, mais les relations 
< ommerciales leur ont appris à connaître l'abominable eau-do-vie de traite, 
plii^ connue sous le nom de mnffartt. Tout Sérère est un ivrogne capable de 
ti»ut, même d'un crime, pour se procurer le poison désiré. Il e^^l triste- de 
«onstater qu*au début de nos relations avec eux, les Europé(»ns abusèrent de 
• <* moyen de séduction au point que le commandant de Gorée fit prévenir qu'il 
n»» protégerait pas les marchands qui usaient de ce moyen et qu'il les con- 

I • Il î\\ a pas lie noir» qui cullivent la lerre aver autant il'arl que )«•«» S^'r^re•<. • P. Lil»al, 



306 CAMILLE GUY. 

sidérerait, si un accident se produisait, comme en dehors de rautorité 
française. Il est plus triste encore d'avouer que les missions catholiques qui 
ne disposent pas, il faut le reconnaître, de beaucoup de moyens d^action, 
n'ont pas suffisamment méprisé ce procédé commode de conversion. Depuis 
quelques années, l'administration tente bien de réagir, mais comment? Avec 
la facilité relative des voies de communication, avec les escales ouvertes à tous 
les bateaux, avec les transactions quotidiennes entre indigènes, et petits 
traitants, comment pourrait-on empêcher Teau-de-vie de circuler et de se vendre? 

Et si les Ouoloffs, les Peulhs, et, d'une façon générale, toutes les autres 
peuplades du Sénégal ont échappé à ce terrible danger, c'est qu'ils sout 
devenus musulmans, tandis que les Sérères sont restés fétichistes. Ce n'est pas 
ici le lieu de nous demander si vraiment l'islamisme a été un bienfait pour 
les populations qui l'ont adopté et s'il a donné les heureux résultats qu'on lui 
attribue. Pour ma part, je défendrais volontiers la thèse contraire, et, il ne 
serait pas difficile, je crois, de démontrer que ni l'islamisme, ni même le 
christianisme n'ont pas eu sur ces populations primitives qui n'ont pas com- 
pris ces religions une bienheureuse influence. Il n'en est pas moins vrai que 
les musulmans de l'Afrique occidentale, qui sont loin d'être aussi fanatiques 
que leurs frères de l'Afrique du Nord et qui font assez bon marché des pres- 
criptions de Mahomet, respectent, au contraire, avec un scrupule religieux et 
farouche l'interdiction relative aux boissons alcooliques. Les Sérères sont au 
contraire fétichistes, ce qui leur permet de boire, mais ne les empêche pas 
d'acheter aux marabouts renommés des grisgris auxquels ils attribuent une 
puissance magique. En tout cas, ils adorent les forces de la nature, font des 
libations au pied de certains arbres consacrés et mettent au-dessus de tous les 
autres le dieu de la justice {Takhar) et la source de tous les biens (Trourack). 
C'est au premier qu'incombe le soin de résoudre, par l'intermédiaire des vieil- 
lards, toutes les affaires de vol et de sorcellerie au moyen des épreuves qui sont 
identiques aux pratiques du moyen-âge (épreuves du poison, épreuves du feu). 

Le mariage, c'est affaire aux parents et non aux jeunes gens de le traiter. 
Quand le prétendant a payé la dot convenue, il doitencore enlever sa femme que 
défendent les mâles de la famille, mais le rapt une fois accompli, les festins 
et les fêtes (car tout est prétexte à manger et à boire) durent encore plus de 
huit jours. Si la femme reste stérile, elle a la possibilité d'adopter un enfant 
et de le subroger dans tous les droits et dans tous les devoirs qu'aurait eus 
l'enfant légitime. 

L'acte suprême de la vie est encore une occasion d'orgies. Le Sérère mort 
est exposé dans sa case et plus les regrets qu'il laisse sont grands ou plus la 
famille est riche, plus nombreux sont les bœufs immolés offerts d'abord aux 
mânes du défunt, puis piotrtagés entre les survivants. Les Sérères n'ont pas de 
cimetières; ils élèvent leurs tombeaux auxquels ils travaillent pendant leur vie 



LE SINESALOUM. 307 

oi i]ui sont quelquefois de véritables monuments <le terre et de branchajros, à 
Tombre des grands arbres ou au croisement des routes; et ce tombeau devient 
«*n quelque sorte, pour les parents, une sorte d*autel familial. Du jour où le 
St*rère est mort ses femmes deviennent les femmes de son frère qui est tenu 
a radmioistration des biens jusqu'à la majoritt^ des enfants mAles. S*il n*y a ni 
frère ni enfant mile, toutes les femmes ont des droits é^aux à la succession. 

Cette succession se compose généralement de quelques lonynm et surtout 
lie tètes de bétail. La fortune, chez les Sérères, comme d'ailleurs chez tous les 
noirs du Sénéjral, consistant dans le nombre des troupeaux, il est bien ran* 
i|uo dans les richesses léguées, il soit fait mention d'esclavc^s, non pas que ce 
pruple ait été elTrayé par les mesures prises dans les dernières années pour la 
répression de la traite, mais parce que Tesclavage a toujours été chez lui une 
rxreptitin. Le Sérère aime l'indépendance pour lui-même, à ce point qu'il 
comprend mal qu'on attente a la liberté d'autrui, et cVst a peine si Ton pour- 
rait découvrir une organisation qui rappelle la captivité de case dans la culture 
r<dlective et à part inéjrale de certains loutjnns. Toutefois Télat de captivité, 
m.iis d'une captivité qui n'est autre que le servage du moyen-ûge, ou mieux le 
métayage pratiqué dans le midi de la France, existait encore il y a quelques 
années dans certains villages, mais exclusivement dans ceux qui avaient avec 
Irs OuolofTs des rapports suivis. 

A côté des Sérères qui très certainement dominent le pays et se considèrent 
«-ofiime supérieurs aux autres noirs, vivent des groupements de OuololTs qu'on 
^'étonne île trouver si peu nombreux et qui ont transporté dans le Sine-Saloum 
li'urs mœurs, leurs coutumes et leur organisation. Mais isolés les uns des 
iiutrt's. ils n'y exercent aucune influence et campent dans le pays, sans avoir 
pii rntamer l'autonomie des Sérères. On peut en dire autant des Peulhs, qui 
vivant dans l'isolement ne fraient pas avec leurs voisins et sont d'ailleurs 
universellement détestés et craints, car la nécessité pour eux de trouver, coûte 
«pjf coûte, des pâturages pour leurs trou|>eaux et d'occuper les points d'eau 
IrKrontraint a des empiétements i\\i\ provoipient souvent des rixes sanglantes. 
Lrurs chefs ou ardo^ n'étant pas reconnus par l'administration française, 
n'ont aucune autorité pour régler ces incessantes contestations, et c'est ainsi 
que les Peulhs, race pourtant plus affinée et plus intelligente que les abori- 
L'fnes du Sénégal, s'épuisent en disputes intérieures et n'ont pu, pas plus au 
Sine-Salouin que sur les bonis i\\x fleuve Sénégal, reconstituer un groupe- 
ment ethnique digne de ce nom. Il en est de même fatalement de leurs 
|«*irents les Laobés, plus dispersés encore s'il est possible et à qui leur métier 
dr bûcheron interdit toute installation fixe*. Ils occupent d'ailleurs, dans la 

I \jt^ Laolirf. comme nous TaTon:} expliqué, se consarrcnl e\<'Uisivrinent a la coupe de» l>oi» 
'1 4 leur vente. On voit toul «le Miile le danci^r «le ce métier daii^ un pa)» qui *c dcboise pour 
'U* raison'» diver^> de jour en jour, au point que lc< conditions atmosphériques en ont é\é déjà 
n iMliii«^«. Le dan«rer est d'autant pluu grand qu'iU eierccnl leur me lier ave<' une stupidité rare. 



308 CAMILLE GUY. 

considération publique, un rang supérieur sans doute, mais bien voisin de 
celui des griots. Aussi, Peulhs et Laobés sont-ils condamnés à disparaître. Il 
en serait de même des Sérères que Talcoolisme, la syphilis et toutes les 
misères physiologiques déciment rapidement, si une active natalité ne venait 
compenser en partie cet effrayant déchet. Aussi la population n'augmente- 
t-elle pas, mais il ne paraît pas, d'après les recensements faits, qu'elle diminue 
sensiblement. Il faut toutefois prévoir que les apports de population venant 
du Cayor finiront par donner aux Ouolofls, dans le Sine-Saloum, une place 
prépondérante. 



Les Sérères ont donc conservé toute Tautorité et cette autorité a été de 
tout temps reconnue des autres peuplades du Sine-Saloum, comme le prou- 
vait l'existence, auprès du bour ou roi des Sérères, d'un fonctionnaire spécial, 
le diaraff ouoloff chargé de représenter ou défendre les intérêts des hommes 
de sa race. Bien que Tautorité française ait depuis longtemps brisé les cadres 
de Tancienne organisation sociale et refusé aux dignitaires indigènes toute con- 
sécration officielle, il n'en reste pas moins que, sous le contrôle de l'adminis- 
trateur et de nos autres fonctionnaires, très respectés, ce mécanisme politique 
a conservé, pour les indigènes, toute sa valeur. 

Le chef nominal, descendant de la famille conquérante des Guelowar, qui 
règne et gouverne, mais sous un contrôle permanent et terrible, c'est le bour. 
« 11 est, disent les chants officiels, le chef très noble de la famille des 
Guelowar, le haut allié des nobles, le monarque naturel des esclaves de la 
couronne, le maître des corps et des biens de ceux-ci, enfin le grand seigneur 
des classes libres. » 

11 nomme à toutes les fonctions, confère toutes les dignités et révoque 
ceux qui lui déplaisent, sauf toutefois deux fonctionnaires qui restent, malgré 
lui et en dehors de lui, inamovibles : le grand diaraff et le grand farba. 

Sans avoir de pouvoirs propres, le premier de ces dignitaires est, en réa- 
lité, plus puissant que le roi lui-môme. 11 n'est pas seulement le président du 
conseil des ministres, mais il est armé d'un pouvoir qui rappelle celui du 
tribun romain. C'est le droit de bannir, au nom de l'opinion publique, le 
souverain dont la conduite ou la politique lui déplaît ou déplaît à son peuple. 
En retour, pour que des pouvoirs aussi étendus ne lui suggèrent l'idée qui 
serait, en somme, naturelle, de se substituer au roi légitime, le grand diaraff 

n'hésitant pas à détruire des arbres centenaires pour fabriquer une marmite à couscous ou une 
petite pirogue. Le pis est qu'il est impossible, j'en ai fait l'expérience, de leur faire comprendre que 
l'administration ne peut tolérer un pareil état de choses. A tous les arguments, ils répondent 
qu'ils coupent du bois, parce que leurs aïeux en coupaient pour eux. Cela suffit à tout. Dans ces 
'conditions, ils considèrent de bonne foi comme un déni de justice les mesures sévères qu*il a 
fallu prendre contre eux. 



LE SINE-SAKOl'M. 300 

doit ^tre choisi parmi les esclaves de la couronne, cVsl-à-dire appartenir à 
une caste inférieure qui Texclut à tout jamais des honneurs souverains. 

Le deuxième dignitaire, sur lequel ne peut s*étendre davantage la main du 
rui, c*esl le farfni ou ministre de la guerre. Il est, lui aussi, esclave de la 
counmne, partant incapable de prétendre à cette couronne, mais il est le chef 
Je> ;;uerriers et responsable des expéditions à entreprendre. Autrefois, il était la 
terreur de toutes les contrées avoisinantes, <|uand il pouvait pousser à Taven- 
lun' des farouches tiMoa au pillage des villages ouoloiïs, et à la capture des 
esclaves; mais ses tiédos ont été décimés ou vaincus; ils ne constituent plus 
une caste à part et ces détrousseurs de grande route ne seront bientôt plus 
qu'un souvenir. De même le grade de farba n'est plus, même pour les Sérères, 
qu'une dignité sans initiative et sans responsabilité, et sa fameuse maxime : 
« Quand on veut se battre avec un lion, il ne faut pas considérer si ses yeux 
M>nt enflammés par la colère », n*est plus qu*une vantardise sans conséquence. 

Il n'entre pas dans notre intention d*étudier avec autant de détails les 
attributions des nombreux fonctionnaires de la couronne et même d*énumérer 
pir le détail les titres sonores du farba birkem ^ministre de la cour); du 
snndiijHè (chargé des remontrances officielles); du nar (porte-parole du roi, 
< t. qui, chose curieuse et difficile à s*expliquer, doit être d'origine maure , etc. 

Au-dessous des ministres et des grands dignitaires de la couronne, les 
Séréres se classent en une hiérarchie très stricte et trtîs fermée. Aux Guelowars, 
aux nobles et aux castes non entachées d'esclavage à Torigine appartient le 
L'ouvernement des provinces; viennent ensuite les membres de la famille des 
Nars et des Diamay-Bour ou esclaves de la couronne. Puis, au-dessous encore, 
foule inconnue et modeste, le Badolo, le cultivateur qui n*a d*autre souci que 
le travail de ses champs et Télevage de son petit troupeau. Il est cependant 
«rorigine libre et n'a d'autres obligations que de payer annuellement et dans 
certains ras exceptionnels au roi les redevances prévues par la coutume. 
IxinfTtemps en butte aux incursions redoutables des /<></o^^ il vit maintenant 
[paisible, exclusivement préoccupé de récolter son mil ou de soigner son bétail. 

Enfin, objet de dérision, de mépris, mais inspirant cependant la crainte 
par le pouvoir qu'on leur attribue, circule le caste maudite des griots. Très 
«'liarlatans, un peu médecins, porteurs de maléfices, les griots chantent, 
uiuyi>nnant juste rémunération, les louanges des riches et des gens en place. 
.Ni le roi, ni les ministres ne se déplacent, sans élre accompagnés d'une 
tnMj|»e de ces troubadours nomades que nVfi'raient ni les hyperboles les plus 
audarieu.ses ni les mensonges les plus grossiers. Ces isriols ont étudié l'histoire 
Ak-% temps passés; ils connaissent, pour en avoir fait une étude spériale, la 
.r(*néah>gie souvent obscure des races royales, et. en mêlant habilement le nom 
de relui <|u'ils veulent exploiter avec ceux des plus antiques aïeux, ils stimulent 
la trénérosité de leurs auditeurs. Au combat, ils marchent à l'avant, et. 



310 CAMILLE GUY. 

nouveaux Tyrtées, ils enivrent les guerriers de leur parole ardente et les 
amènent à mépriser la mort et à se jeter follement dans la mêlée. Dans les 
fêtes solennelles et les réjouissances publiques, ils battent sur un petit tara-tam 
appelé lama ou s'accompagnent sur une sorte de guitare. Malgré tout, ils sont 
comme les parias de l'Afrique occidentale; on ne saurait se passer deux, 
mais on les considère et ils se considèrent eux-mêmes comme d'une race 
méprisable. Jamais un griot ne mettra la main au plat en même temps qu qd 
individu libre. Généralemeni, il mange à la porte assis par terre. Jamais il ne 
trouvera à se marier en dehors de sa caste et quand vient la mort, on le jelle 
sans aucune cérémonie, la tète en bas, dans le tronc d'un baobab, et pourlanl 
ils mériteraient un meilleur sort, car certains de leurs chants, que nous a 
transmis la tradition et qui sont, au sens propre du mot, des chants nationaux, 
sont d'une belle inspiration et d'une poésie puissante *. 

III. L'histoire. — Si nous manquons de renseignements sur l'histoire de 
certains royaumes ou de certaines familles du Sénégal, il n'en est pas de même 
du Sine-Saloum dont les origines ont été eitibellies par les traditions orales et 
par la poésie, au point qu'il est extrêmement difficile de distinguer avec préci- 
sion ce qui est la part de la légende et ce qui constitue l'histoire. 

Nous avons déjà dit que ces deux royautés indigènes avaient été fondées 
par une famille mandingue originaire de Gabon (Guinée portugaise). Le 

1. Voici une des chansons nationales dues à rimagination des griots : 

Lb rêvkil du hqur. 

Bour, réveille-toi; le soleil enflamme déjà l'horizon! Les Dioundiougnes résonnent avec fracas; 
le Mabo valeureux crie : • Aux armes »; le gouvanki plus impatient : ■ A la charge ». 

En avant! voici déjà Thorrible vautour revenant du gandiolais avec la becquée de sel. Il 
s'élance! Déjà sur le poitrail d'un coursier de guerre abattu et sur la poitrine d'un guerrier issu 
de belles il commence son lugubre repas. 

Nobles coursiers, ne revenez pas auprès de vos maîtres qui vous ont payés d'un monceau de 
métal ! 

Cavaliers destinés au trépas, retenez vos coursiers haletants de peur qu'ils ne retourneDten 
pays maure, leur patrie. 

Bour, réveille-toi ! réveille-toi ! Le soleil enflamme déjà l'horizon. La hyène et le vautour sodI 
impatients d'être conviés au festin de la mort. 

Bour, il faut à l'homme de la gloire comme aux braves des aventures. 

Tu aimes à être couvert de blessures, comme l'étaient tes aïeux. 

Tu es l'admiration du monde entier de l'Orient à l'Occident. 

Tu es le pasteur du Saloum, que ne laisses-tu tes troupeaux se désaltérer! 

Allons! à l'homme de la gloire! Que ne laisses-tu tes hommes marcher! Au lion et au léopard, 
il faut de la chair palpitante et au vautour des cadavres! 

Bour, réveille-toi. Le soleil enflamme déjà l'horizon ! 

Quand la désolation règne dans les bois, le lion afTamé pousse son rugissement terrible, cri 
avant-coureur de la mort. 

N'Dianave est un oiseau de mer, sous son vol impétueux l'herbe se dessèche et ne reverdit 
qu'avec le torrent de la pluie. 

Dawali, Dawali, quand un de nos frères rentre en fureur, il met le feu à tout, s'exile ou 
gravit les marches du trône. 

Bour, réveille-toi donc ! Il est temps que les braves aillent rejoindre leurs valeureux aicus 
dans leur royaume des morts, en poursuivant l'ennemi de leur vieille patrie. 

Alors le Bour se réveille, et tambours de guerre résonnent et font retentir la marche goe^ 
rière. Leur bruit couvre les cris des vivants, en se mêlant au cliquetis des armes. Us ne cesseront 
de résonner que quand ils seront crevés ou lorsque l'ennemi sera en déroute. 



LE SINE-SALOUM. 311 

priiire Cioria et trois de ses sœurs Guélawares fondèrent le villafre «le 
Baiitanding, et, à la mort du chef de famille, deux des sœurs s'installèrent 
:i M'BisseK Après Thivernage, les indigènes du pays célébrèrent, suivant un 
riU* traditionnel, de grandes fêtes en Thonneur de la récolte, et, de nombreux 
lutteurs (c'est encore Thabitude chez le chef supérieur actuel du pays, Coumba 
M'Doiïen Uiouf) y furent conviés. Une des deux sœurs distingua entre tous 
1rs autres un des combattants et, malgré l'opposition de ses parents, Pépousa. 
t!Vst de ce ménage que naquit le grand Vagane Paye qui conquit, les uns 
q.rrs 1rs autres, les roitelets du Sine et assura Funité de ce royaume. Puis 
il *U*una en mariage sa sœur à un noble nommé Niari-Rour, qui accomplit, 
•lit la lé^'^onde, un grand nombre d'exploits et fonda le royaume de Saloum, 
•l<»iit les limites étaient des plus restreintes. 

A partir de ce moment, les rois se succèdent, se combattent, disparaissent 
|'r(*S4|ue tous de façon tragique. Tantôt les deux royaumes sont unis sous une 
iu('*mi* autorité, tantôt des luttes sanglantes mettent aux prises le roi du Sine 
»*t celui du Saloum. 

(r«»st à ce moment que la France intervient. Déjà nous avions drt, pour 
prntêt^er nos nationaux goréens, qui trafiquaient sur la ciMe, donner quelques 
Wons assez dures aux rois du pays; déjà aussi plusieurs traités, dont le plus 
Aucivn datait de 1785 et le dernier de 1859, avaient stipulé, en échange de cer 
l.iin«*s riMlevanci^s, la liberté du commerce, mais, nos troupes une fois parties, 
l'> traités restaient lettre morte et il ne se passait pas d'année où les Goréens, 
•pji ni' cessaient d'assiéger tie leurs doléances le gouvernement de Saint-Louis, 
n«' fussent molestés et quelquefois même tués. La mort «Pun des agents tIe 
Il maison Maurel, attiré dans une embuscade, détermina le commandant 
> la (suinée, M. Pinet-Laprade, à intervenir en personne. La construction 
•lu ff»rtin de Kaolack, l'obligation pour le roi du Saloum de conduire lui-même 
.1 iKikar une amemle de guerre de sept cents bœufs, amenèrent quelque 
m-ilmie. Mais bientôt la traite des captifs était reprise avec une activité 
n<>'ivi*||o. Un marabout fanatisé, Maba, soulevait le pays et groupait autour 
'!•• lui des band(»s retloutables de tiétios, dévastait le |iays, et menaçait même 
! «nvahir le Cayor. 

Il fallut plusieurs expéditions dont la principale fut dirigée par le com- 
nnnilant Flîze, et plusieurs combats pour venir a bout de ces fous furieux; 
Mirure lo pays ne fut-il débarrassé de Maba qu'en 1867, grâce à la corn- 
yVinii du roi de Sine inquiet pour son autorité et ilonl les sujets, amis de 
l*Mir tranquillité, ne demandaient qu'à se placer sous la protection de la 
Knnro. Aussi, quand M. Bayol fut chargé d*une mission auprès des chefs 
■t«i Sine-Saloum, il fut accueilli comme un libérateur par tous, sauf par un 
ii"mnié Saèr-Laty, que deux expéditions, dirigées par le colonel Coronat, 
rt'luisirent à s'enfuir en Gambie. 



312 CA.MILLK GUY. 

La période héroïque était terminée. Dès 1898 rétablissement de la 
ligne télégraphique s'effectuait sans incident et sans qu'aucune opération cri- 
minelle ne fût tentée contre cet instrument de la civilisation, qui mettait ce 
pays, jusqu'alors isolé, à quelques heures de Saint-Louis. 

Les royaumes du Sine et du Saloum disparaissaient dans le cercle unifié du 
Sine-Saloum et, par un choix dont on pourrait discuter la sagesse politique 
et l'opportunité, le dernier descendant des Guelowar était reconnu par nous 
comme chef supérieur. En principe, j'avoue que je trouve imprudent Je 
confier l'administration indigène aux descendants des anciennes familles 
royales, car ni leurs sujets, ni eux ne se rendent compte, les premiers qu'ils 
n'ont plus les mêmes droits, les seconds qu'ils n'ont plus les mêmes devoirs. 
Pour tous, l'histoire continue; la hiérarchie féodale est consolidée et Tadrai- 
nistration française n'a plus d'action directe. Et pourtant c'est une conception 
qui a toujours été en faveur au Sénégal, en dépit d'exactions, dont quelques- 
unes assez récentes, qui nous ont contraints d'intervenir. Hâtons-nous toute- 
fois de reconnaître que Coumba-DolTen semble, soit par intérêt, soit par non- 
chalance naturelle, avoir compris le sens étroit de ses attributions, et, quand 
au mois de février 1905, une troupe de 1 200 cavaliers, dernier vestige des 
liédos révoltés et des antiques détrousseurs, vinrent derrière Coumba-Doffen 
saluer dans le gouverneur le représentant de la France, l'impression était 
très nette que le pays était non pas dompté, mais apaisé. 

IV. Situation actuelle. Avenir. — Une preuve de richesse du pays, de 
l'intelligence et de l'activité des habitants est le développement économique 
qu'en moins de dix ans, c'est-à-dire du jour oii il a connu la sécurité du len- 
demain et la protection de ses droits, a su prendre le Sine-Saloum. 

Non seulement les espaces consacrés à la culture augmentent chaque 
année, non seulement un grand nombre d'habitants, qui jadis avaient émigré 
en Gambie, reviennent dans leurs anciens villages, mais encore grâce aux 
routes dont l'administrateur Noirot avait activement poussé l'établissement el 
dont l'administrateur actuel, M. LefiUiâtre, a, pour ainsi dire, achevé le réseau 
avec les moyens de fortune dont il disposait, le Sine-Saloum a été étroitement 
uni aux régions du Baol et des pays sérères, et une route, à la rigueur 
carrossable, relie, à travers bois, l'escale de Kaolack à celle de Fatick. Sur 
ces routes improvisées qui traversent des contrées naguère à peu près 
désertes, circule une caravane ininterrompue dé chamaux, d'ànes, de petits 
chariots, de piétons conduisant leurs bœufs et de femmes portant sur leur 
tête les marchandises qu'elles vont vendre sur les marchés lointains. Les 
bateaux de commerce, des navires de 900 tonnes venus de France, d'Alle- 
magne, de Norvège et même de Grèce ont appris le chemin des escales, 
malgré les dangers de la passe, débarquent assez de marchandises pour que 



I.E SINESALOIM. :M:i 

FouQiIioufirnc soit devenue un des centres douaniers les plus importants. 
|tiiisqu>n 1906 elle a donné fîlOGOO francs de recettes douanières contre 
io:;T(N) en Tannée 1905. S'il est regrettable que ces bateaux et surtout les 
lMti*au\ étrangers apportent la fameuse eau-de-vie indispensable aux Sérères, 
tl «l«*s ffuinées étran^rères de préférence à des tissus français, ils im|)orlent 
nn<* grande quantité d*aracliides (31 003 tonnes en 1906), des peaux brutes, 
<lo^ |»eaux travaillées (19 000 tonnes) et d^autres produits du pays. Ce sont 
•Itj.i des cbilTres respectables, mais qui paraissent nies(|uins lorsqu'on son^a* 
•|ije celle production pourrait facilement quintupler et même davantage. Il 
f.iudrail, pour cela, que les producteurs fussent assurés de la vente de leurs 
l^niduits à un prix rémunérateur, qu'ils fussent, autant que possible, afTran* 
«lus des intermédiaires qui gardent pour eux le plus clair des bénéfices, et 
l*iii<«vent compter sur ime recette moyenne exempte des aléas de la spéculation. 

Tout cela est-il possible? Sans doute. Mais on ne saurait croire à quels 
intérêts complexes, à quels raisonnements personnels, à quels obstacles inat- 
t*'iidu< on se heurte quand on veut prendre une mesure d'intérêt général. 
Vt»ici l«* Sine-Saloum, par exemple, qui soulTre de son isolement et de son 
riian(|ue de liaison avec un port facilement accessible d'une part, et avec 
I intérieur du pays d'autre part. %^urce point tout le monde est d*accord, mais 
•pjon veuille passer a l'exécution, les difficultés commencent. 

I>epiii> quelques mois ont commencé les travaux du chemin de fer qui, 
(•irtant df' Thies, doit se dirijrer, par étapes successives, vers le Ferlo, puis 
w»r> le Soudan et dont les liO premiers kilomètres desserv^iront une partie 
•In Kaol et effleurera les ré*:ions du Sine. 

Aujourd'hui, les deux escales les plus importantes du Sine-Saloum sont 

• •m ontestablement Kaolack et Falick : la première, sur le Saloum même, compte 
l.h»n, à la périole île la traite, une cini|uantaine d'Européens et plusieurs des 

• •»niploirs d<* cette place sont de belles et grandes maisons, qui dénotent que 
1rs commerçants ne se considèrent pas là comme de passage, mais comme 
*t.iblis à demeure et en vue d'opérations à longue échéance. Et pourtant 
K.iolack, ci>u|M» de la mer par les seuils vasrux difficiles à franchir, est condamné 
I «bM-roitre et décroît déjà au profit de Fatick, situé sur les bords du Sine, à 
1 fntréo de l'immense plaine du thann, Fatick com|)te aujourd'hui plus de 
■jualre-vingts commerçants européens ou mulâtres. Son accès facile, au 
. iMiM^ment de routes fréquentées, y attire, de préférence à Kaolack, les cara- 
\ ifM»s v\ les convois; si ;\(»re est la concurrence que les maisons vont, pour 
lio'-i dire, au-devant des vendeurs, et que, dans une course de vitesse à 
!r.i\«T*^ le Thoum, elles ont fondé, en avant de Falick, une nouvelle escale, 
I f^r,»Ie df N'Dout, qui sera un jour dépasséi» à son tour par un nouveau 
^'roiip«*ment des comptoirs. Orles, les conilili(»ns ne sont point bonnes : 
i • iij potable est un problème, la nourriture, pour b's bestiaux, en est un 

Va OiooaArmi. - T. XVII I. l'.«**. 2| 



314 CAMILLE GUY. 

autre, mais les cultures se développant, les centres commerciaux se déve- 
loppent aussi, et c'est ainsi qu'on voit surgir, de la boue et du désert, de 
véritables villes, là où quelques misérables paillotes attestaient, seules, il va 
dix ans, l'existence d'un groupement. 

Quant à Foundiougne, située sur le Saloum, à peu de distance de la mer, 
elle ne doit son importance qu'au fait d'être la porte de sortie de tout le 
Sine-Saloum. Petite escale, certes, en comparaison des deux autres, elle étage 
ses comptoirs parallèlement au fleuve, chacun s'efTorçant de garder pour lui, 
aux dépens de concurrents moins favorisés, l'accès de la rivière. Mais Foun- 
diougne n'est pas en voie de développement et le maintien du bureau des 
douanes, ainsi que sa situation à l'extrémité de la route de dix-huit kilo- 
mètres qui vient de Fatick, expliquent seuls qu'elle maintienne sa situation. 

L'établissement d'une voie ferrée, même si elle passe à une certaine 
distance des régions du Sine-Saloum, l'ouverture de nouvelles routes, l'amélio- 
ration des passages du Saloum et l'installation d'un poste permanent de 
pilotes à la pointe de Sangomar, la disparition progressive des petits inter- 
médiaires dont l'intervention modifie souvent sans raison les prix de vente et 
d'achat, tous ces facteurs peuvent et doivent modifier la situation de ce pays. 
Tous les centres commerciaux naissent, se développent et meurent sous 
l'empire des lois économiques inéluctables et contre lesquelles il n'y a pas à 
lutter. Mais il n'en reste pas moins que le Sine-Saloum est un pays riche, 
qui pourrait donner beaucoup plus qu'il ne donne, que depuis dix ans il est 
entré dans une ère de prospérité qui s'accentue d'année en année, et qu aui 
dépens du pittoresque et de l'original il est devenu une région du Sénégal 
pour laquelle l'avenir est plein de promesses, dont quelques-unes sont en voie 
de réalisation et dont les autres sont incalculables. 

Camille Gly. 



Exploration dans les régions nord-est du Tibet 



La Société de Géographie a reçu du capitaine lïi Hlone les deux documents 
•suivants : 

Lan Tcheou >en, le 20 juin 1908. 

c J*ai riionneur de vous rendre compte de Texploration que nous venons de 
faire dans la partie nord-est du Tibet. Cette exploration a été plus fertile que 
nous ne pouvions Tespérer en résultats scientifiques; mais elle a été difficile 
«*t mouvementée. Le lieutenant Lepage et le maréchal des logis de Boyve, 
assaillis et blessés, n*oal échappé à la mort que par miracle et leur salut a 
M'ul assuré celui de la mission tout entière, resiée fort compromise. 

« J*ai établi sur ces faits, dont j'ai saisi notre ministre à Pékin et dont les 
autorités chinoises, après avoir reconnu officiellement et par écrit Texactitude, 
|M)ursuivent actuellement la sanction par le châtiment des coupables de 
Ltiabrang, seuls à la portée, un rapport spécial (|ue je vous prie de vouloir 
bien transmettre à M. le ministre de la (juerre. Je me contenterai donc 
iri d'indiquer Fintérét scientifique de notre entreprise. 

• Je comptais gagner le sommet de la boucle du Houang-ho, en adoptant 
— |»arce qu'aucune autre route ne m'était indiquée — le même itinéaire que 
MX mois plus tôt avait suivi M. Tafel et que dix ans auparavant deux Anglais 
a\aient déjà suivi pn^sque entièrement ^ Mais j'ai eu la bonne fortune de 
riinstater Texislence d'une autre route, un peu plus difficile et moins pratique 
p«'ut-étre, mais au moins aussi intéressante et entièrement nouvelle, sauf 
|»endant une journée où elle se confond avec la précédente. C'est cette route 
que nous avons adoptée. Au lieu de rejoindre directement le Mai-tcheu ou 
EuMao Houang-ho (deuxième Houang-ho), elle remonte la rivière Min jusqu'à 
•^a naissance, puis coupe à leur origine les rivière:» ile Pao-ning-fou (affluent 
du Yan;;-tM!u nommé Pe-choui-ho sur les cartes). En franchissant trois cols 
•l'fnviron 4 000 mètres d'altitude* à peine plus hauts de 400 mètres que le^ 

I. Le« r<*n<»«itfneinenU que j'ai re<Hi»'illis m: pennelteiil d'iilenlilier Tud «Je ceux-ci : ce doit 
^'.r<^ le CApilainr PoUinger, explorateur et Keo^raphe i-eniar>|u llil(^ <lont nous avons fri'quttmmont 
r'-'.'».iTe It»» tra'*^^ aa Yun-nan et au S-.eu-t«irou.iii. tué au CIh<'n»»i p»»u aprt*- >a >ortie du Tibet 
*t -î jit pir 4uit** l'exploration dan^ ct^iif re^'ion e>l resti-c, je crois, ignorer. 

Là, itfx.AArniff. — T. XVIlf, r.fjh. 



316 CAPITAINE D'OLLONE. 

vallées dans lesquelles nous circulions, nous avons atteint la vaste plaine de 
3 800 mètres d'altitude environ au milieu de laquelle le Houang-ho et le 
Eul-tao Houang-ho dessinent paresseusement leurs méandres. Nous avons 
reconnu et déterminé astronomiquement leur confluent et longé pendant plu- 
sieurs jours la grande boucle du fleuve. Celle-ci n'est point du tout où la 
placent les cartes : son sommet doit être reporté de près de 100 kilomètres 
vers le sud-est. Un tel déplacement ne va pas sans bouleverser tout le tracé 
des montagnes et des fleuves, et les cartes actuelles, dessinées d'après des 
cartes chinoises, elles-mêmes faites à peu près uniquement d'après des ren- 
seignements sans précision, ont besoin d'être complètement modifiées. Les 
itinéraires de MM. Filchner et Tafel et le nôtre fourniront du nouveau tracé 
un canevas sérieux ; nous avons en outre pu recueillir des renseignements 
abondants qui permettront sur ses bases exactes de construire une carte plus 
satisfaisante. 

« A partir du sommet Houang-ho, notre route a été absolument difl'érente 
de celle de M. Tafel. Celui-ci, parvenu au sommet de la boucle, s'est dirigé 
ensuite vers Tao-tcheou, centre chinois le plus proche, dont l'accès est relali- 
vement facile, où ont abouti les deux Anglais mentionnés plus haut où les 
mandarins de Sông-pan-ting, en désespoir de cause, consentaient à nous laisser 
aller. C'est à Ho-tcheou que nous voulions arriver tant pour lever une région 
absolument nouvelle et beaucoup plus longue en pays tibétain, que pour passer 
à la lamaserie de Lhabrang, la plus considérable et la plus vénérée après 
Lhassa, et qui, à ma connaissance, n'avait encore été visitée que par Potanine. 
tf Malgré les difficultés que nous avons rencontrées et où la mission a failli 
périr, je m'applaudis d'avoir choisi celte route qui nous a permis de mieux 
préciser la courbe du Houang-ho, de débrouiller le chaos de montagnes et de 
rivièreè qui forment le bassin du Houang-ho propre et des rivières de Tao- 
tcheou et de Ho-tcheou. En outre nous avons pu constater la part d'erreur et 
de vérité des renseignements qui plaçaient des Mongols dans cette région, 
qualifiée par la carte du Service géographique de l'armée française comme 
« Pâturages du roi mongol de Koukou noor ». Nous avons efleclivemenl 
trouvé une bande mongole établie au milieu des Tibétains et nous avons 
recueilli sur son origine d'intéressantes données circulant sur une terre qui 
est propriété de la lamaserie de Lhabrang et couverte de monastères, nous 
avons pu apprécier l'organisation de ces vastes fiefs ecclésiastiques et com- 
ment le pouvoir religieux s'accorde avec l'humeur indépendante et guerrière 
des habitants. Nous avons pu faire d'intéressantes comparaisons entre les 
pratiques des Lamas jaunes (Gelouppa) et celles des Peunbo ou Ponbo qui 
peuplent la région est. 

« D'une façon générale la région que nous avons parcourue difl^re au plus 
haut point et quant à la configuration du sol et quant aux mœurs des hahi- 



EXPLtUUTloN DANS LES nKGIOSS NORD- EST OU TIBET, 



317 



Unis fie celles décrited par les précéilents explorateurs du Tibet. Ceux-ci onl 
traversé les chaînes abruptes qui entourent Lhassa et le vaste désert qui 
>Vtend jusqu'au Koukou-norV La contrée que nous avons parcourue, de 
I mn^ métrés d altitude en moyenne, est une plaine sillonnée de rides monta- 



S»o*.Ta ptoto<»HAi»Nit. 



'^^»- ITINéRAXKE 

Tibet no^o-est 



l<wt>« i: ««M 




Via. 2rt. 



«neuses peu élevées, herbeuses et partout franchissablos par les chevaux : il 
en résulte quelle |>eul nourrir de grands troupeaux et quVlle est habitée par 
un peuple de pasteurs toujours à chevaL Ces n<»made> n'ont ni les mœurs 

I SruI a |»cu prc*» Prji-%aNki a tra\t'r»e Ic:» lrihu> septenlrionalr^ ilc o«*$ iioiiiaile»; mais la 
maii:rre tlont il %t>yat2«*ail, a^ec une forli* e*>cortc qui tenait W* iiiili»;'>nes a i)i:«tanc<*, n'a giièrt* 
pa lu& p«rQirUre «l<* W* oli«t>rv<>r 



318 (UPITAINE DOLLUNE. 

ni Taspect physique des Tibétains sédentaires : les photographies que nous 
rapporterons montreront un type fin et noble, proche de TAryen ou peut- 
être du Peau rouge, mais très éloigné du Chinois, du Mongol et du Turc. 
Quant aux mœurs, qu'il me suffise d'indiquer qu'au lieu du régime communau- 
t aire avec ses conséquences partout décrites, notamment la polyandrie, c'est 
le partage des biens qui est la règle : chacun a son foyer, sa ou ses femmes» 
ses enfants propres. Cette diflerence capitale suffit à montrer l'intérêt de 
l'étude de ces nomades, ni Tibétains malgré leur langue, ni Mongols malgré 
leurs mœurs et auxquels il serait bon de conserver spécialement le nom que 
les Chinois leur donnent : Si-fan, nom peu précis en soi et appliqué à tous les 
indigènes de l'ouest, mais qu'on peut convenir de réserver à ceux-ci qui n'ont 
point de nom particulier tandis que tous les autres en ont un. 

« Arrivés à la lamaserie de Lhabrang, après les épreuves que j'ai racontées, 
nous avons eu le désappointement d'apprendre que : 1° le docteur Tafel, 
après avoir regagné le pays chinois, y était venu par la grande route qui 
relie cette lamaserie à Tao-tcheou et à Ho-tcheou; 2° le baron de Manne- 
rheim, voyageur russe venu du Turkestan où il a rencontré la mission Pel- 
liot, s'y est également rendu en février 1908, par la même grande route. 

« La lamaserie est d'ailleurs magnifique, d'une richesse extrême, et en 
pleine prospérité. Autant que j'en puis juger par les descriptions et par les 
photographies de Koumboum, elle l'emporte de beaucoup sur ce monastère si 
vanté par le nombre, le style et la splendeur de ses monuments, comme par 
le nombre de ses moines (5000). C'est là qu'habite la principale incarnation 
de Bodhisatva, après le Dalaï-lama et le « Buddha vivant » d'Ourga. Bref, 
ce couvent joue un rôle très considérable dans le bouddhisme et mérite 
d'être connu mieux encore que celui de Koumboum. 

• Malgré la résistance des Tibétains à se laisser photographier, résistance 
qui parfois a risqué de soulever des conflits, nous avons réussi à prendre plus 
de deux cents photographies. Le lieutenant de Fleurelle a levé l'itinéaire avec 
une précision extraordinaire, car, ce levé, appuyé sur la position réelle de 
Song-pan-ting que ses observations astronomiques remontent d'environ sept 
minutes vers le nord, nous a amené à Lan-tcheou avec une erreur de deux 
kilomètres seulement. C'est donc en connaissance de cause que nous avons 
placé sur le croquis ci-joint (fig. 26), Song-pan-ting, le Houang-ho, Lhabrang, 
Ho-tcheou, en d'autres positions que celles jusqu'à présent adoptées ; par suite 
il a fallu modifier la position de Tao-tcheou. M. de Fleurelle a également fait une 
observation du confluent du Houang-ho et du Eul-tao Houang-ho, mais par suite 
de la perte de la Connaissance des temps ^ il n'a pu encore la calculer. Jusqu'à ce 
calcul, le croquis que je vous adresse, bien que fort exact dans son ensemble, 
ne pourra être considéré que comme provisoire. l\ va sans dire aussi, que je 
ne donne que comme renseignements sujets à rectification, tout ce que nous 



KXPLORATION DANS LES RKCilONS NORD-EST Dr TIBET. 3!« 

n'avons pu voir par nous-mêmes et que je m*en rapporte aux travaux de 
M. Tafel pour toute la partie visitée par lui; mais j'ai cru bon <rindiquer 
n<*aomoins les renseignements que nous avons pu acquérir par nous-mêmes, 
avec tous les soins à la minutie possibles'. 

« A llo-lcheou, centre actif de propagande musulmane et foyer de la dernière 
rt^volte de 189«^, nous avons pu faire d'intéressantes constatations sur les 
iU%*erses sectes rivales répandues dans tout Tempirc et qui ont là leur berceau. 

€ Pendant que nous elTeotuions cette traversée, nous avions mis en sécurité 
nos objets les plus précieux et notamment le fruit de nos travaux antérieurs, 
on leur faisant suivre la route chinoise de Song-pan-ting à Lan-tcheou qui fait 
un ;rrand détour pour éviter les Tibétains. Ils étaient accompagnés de notre 
interprète chinois, trop malade pour nous suivre, et, qui, sur nos indications, 
a trouvé et estampé plus de quarante inscriptions chinoises et tibétaines ayant 
un«* valeur historique. 

« I/impossibilité dVmmener cet interprète, tombé malade la veille même 
de notre départ, nous avait mis dans un grand embarras, car le lieutenant 
Lopage ne pouvait sufGre aux besognes multiples qu'impose le travail simui- 
tant'- de plusieurs observateurs. Nous fûmes donc excessivement heureux 
d'obtenir le concours du Père Dury, missionnaire français en résidence à 
Song-pan4ing, qui sans hésiter accepta de partager nos périls et nos dangers. 
Xuus ne saurions trop vanter ses services. 

« Capitaine d'Olu)ne. 



« P. S. — Au moment d'expédier ce rapport, je reçois communication d'une 
dô|KThe de M. Pelliot annonçant son arrivée à Sou-toheou et demandant où 
nous sommes. Nous allons donc nous rencontrer a Léang-tcheou, à huit jours 
.lu noni de Lan-tcheou, et cette jonction au centre de l'Asie de deux missions 
françaises parties de deux extrémités du continent, sera de nature, je pense, à 
témoigner de l'activité déployée par la France dans le domaine de l'explora- 
tion scientifique et de la réussite de ses représentants qui, sans avoir pu avoir 
de communications depuis près de deux ans et ayant traversé des régions 
passablement difficiles, se rejoignent néanmoins a point nommé. J'espère 
que cette noavidie fera plaisir à la Société de Géographie et aux diverses 
Sociétés telles que l'Académiedes Inscriptions et Belles-Lettresjo (kimité de 
\ \w française, etc., qui ont bien voulu nous honorer de leur rontiance et 
d«* leur appui. » 

I. To gnml nombre de ces rt*n$cjgneinent> n'onl pas été portes sur le croqui<«, faille de temps. 



320 CAPITAINE D'OLLONE. 



II 



Rapport à M. le ministre de la Guerre du capitaine d'Oilonei chef de mission 
dans la Chine occidentalei sur les événements survenus durant la tra- 
versée du pays des Sifan indépendants. 

Lan Tcheou sen, le 18 juin 1908. 

« Le 10 avril 1908, ma mission arrivait à Song-pan-ting, place forte qui sur- 
veille l'accès du pays tibétaia par le nord-ouest du Sseu-tch'ouan. Mon projet 
était de gagner de là la grande boucle que le haut Houang-ho décrit vers Test, 
puis de nous diriger sur Ho-tcheou (Kan-sou), où nous rentrerions en pays 
chinois. Cette région habitée par des tribus nomades très guerrières qui ont 
réussi à rejeter l'autorité chinoise, n'avait jamais été explorée jusqu'à notre 
départ de France, en raison même des difficultés qu'elle présente : nous avons 
eu le désappointement d'apprendre en arrivant à Song-pan-ting, qu'un voya- 
geur allemand, le docteur Tafel, venait, cinq mois auparavant, de la traverser 
en courant d'ailleurs les plus grands dangers, car il a été attaqué et pillé. 
Mais l'intérêt de notre exploration n'en restait pas moins grand. M. Tafel 
n'avait d'ailleurs traversé qu'une partie du pays et la route que nous allions 
suivre restait vierge; enfin l'importance des problèmes géographiques que 
soulève la boucle singulière attribuée, par renseignements seulement, au gran<l 
fleuve, méritait le contrôle de plusieurs observateurs. 

« C'est ce qui explique pourquoi je n'hésitai pas à risquer dans cette tenta- 
tive et nos propres vies et le fruit de près de deux ans d'exploration. Car 
nous savions les périls de cette traversée, non seulement par les récits des 
explorateurs qui ont contourné cette région (on peut lire dans Grenanl 
notamment tout ce qui concerne les Ngolog, une des tribus qui l'occupent), 
mais encore par les avis formels des autorités chinoises. Celles-ci s'opposè- 
rent résolument à notre dessein. Dans trois pièces officielles, le préfet et le 
général de Song-pan-ting affirment que les tribus à traverser ne sont pas sous 
l'autorité impériale, qu'ils ne peuvent nous protéger comme ils ont le devoir 
de le faire en territoire d'empire et qu'ils s'opposent à notre départ. Ils n ont 
enfin cédé que devant notre volonté formelle de partir quand même et la 
crainte de s'opposer aux ordres de notre gouvernement — nos instructions, 
approuvées par les ministères de la Guerre, de l'Instruction publique et Jes 
AlTaires étrangères, spécifiant que nous devions nous efforcer d'aller chez les 
Ngolog — ; mais ont exigé de nous une lettre reconnaissant que nous partions 
malgré eux et qu'ils déclinaient toute responsabilité. C'était là une pièce dan- 
gereuse, car, en cas de mauvaise foi de la part des mandarins et d'accidents 



KXPLORATION DANS LES RÉGIONS NOKO-EST Dr TIBET. ?2l 

Nusoités par eux-mêmes, cas qui 8*est souvent %'u, elle 'lésarmaii notre pou- 
vcmement contre toute réclamation; mais nous n*avons pu autrement fain* 
Inmber leur opposition qui nous a immobilisés pendant quatorze jours à 
Song-pan-ting (lU-23 avril). Je mVmprosse irajouler qu'ils ont agi d'ailleurs 
avec la plus parfaite loyauté et qu'une fois admis que leur responsabilité 
iiVlait plus en jeu, ils ont fait pour faciliter notre entreprise précisément 
lout ce que nous désirions. Us nous ont aidé à engager une caravane de 
yaks; pour rassurer les conducteurs de ces yaks, qui n*osaient nous suivre, 
iU nous ont donné une petite escorte composée d'un sous-officier et de sept 
NoMats montés, tous parlant chinois et tibétain, laquelle, si elle était impuis- 
sante à nous défendre en cas d*attaque, indiquait du moins aux nomades que 
nous étions des voyageurs recommandés par le grand empire voisin. En 
même temps ils faisaient escorter nos bagages les plus précieux sur Lan-tcheou 
<Kan sou. par la grande roule chinoise qui fait un vaste détour pour éviter 
!«• pays des Nomades. 

« Partis le 24 avril, nous pénétrions le 25 au soir dans le pays insoumis et 
rampions à dix kilomètres environ de la Barrière de TEmpire (muraille qui 
barre la route et la vallée contre les incursions des barbares et marque la 
limite de Tautorité chinoise). Le soir même nos trois meilleurs chevaux nous 
<*tai(*nt enlevés pendant la nuit à l'intérieur de notre petit camp, malgré la 
:.Mnle des sentinelles. Une lettre adressée aux mandarins pour signaler le 
M}\ nous valait un nouvel et pressant engagement de revenir en arriére. Jus- 
qu'au 5 mai il ne se proiluisit aucun incident sérieux : nous n*cùmes à souf- 
frir que du froid très vif, marchant constamment dans la neige et la glace, à 
t\rs altitudes qui variaient entre 3*700 et i.'JOO mètres et où le combustible 
manque : nous perdîmes deux chevaux morts d'épuisement et tous nf>s 
hommes étaient malades. Le 5 mai nous recevions par des cavaliers tibétains 
mu* Ifltre oîi M. Bons d'Anty, consul général à Tch'engtou, nrexhortait de 
f.iron pressante à renoncer à mon entreprise — qu'il ne croyait pas encore 
rommencée — en raison des nouvelles reçues du Tibet par le vice-roi et par 
lui-même. Mais déjà nous étions à un jour à peine du Houang-ho, dont le cours 
«'^t tout difTérent de celui porté sur les cartes; la contrée et les habitants pré- 
M*ntaient le plus vif intérêt, et nous avions le droit d'espérer que nous nous 
tirrrions des périls du pays tibétain comme précédemment de ceux, au moins 
iiiHM redoutés, des pays lolos et miao-lzé. Nous continuâmes dcmc notre route. 

« Mais à partir de ce moment, les inciilents ne ces'^èrent. Le \) mai nous 
diMOuvrions, au moment même d'y tomber, une embuscade dressée par la 
tribu des Samsa, ennemie des gens de Song-pan ting. Nous l'évitions par un 
dt'tour de plusieurs jours dans des marécages difficiles. Le 13 mai on nous 
Volait deux yaks; notre chef de caravane, inquiet des mauvaises dispositions 
des indigènes, refusait d^aller plus loin, malgré ses engagements. Force nous 



322 CAPITAINE D'OLLONE. 

était d'affréter une nouvelle caravane fournie par les nomades du lieu, cepen- 
dant suspects, car déjà nous étions sur les terres de la grande lamaserie de 
Lhabrang, la plus considérable après Lhassa, et nous entendions courir le 
bruit que le monastère s'opposerait à notre passage. Par suite nous prîmes 
une route peu visitée et diffîcile, par des altitudes atteignant 4 400 mètres et 
constamment dans la neige, qui nous permit d'arriver le 19 mai au villajre 
de Kortsès, à 100 kilomètres environ de Lhabrang. Là un groupe de cavaliers 
vint signifier à nos conducteurs défense d'aller plus loin, et telle était la 
crainte de ceux-ci d'avoir mécontenté Lhabrang, qu'ils déposèrent aussitôt nos 
bagages et disparurent avec leurs yaks. 

« Nous nous trouvions ainsi, à la fois sans moyen d'avancer et assurés de 
rhostilitc de toutes les peuplades environnantes. La plupart de nos montures 
étaient dans un tel état de fatigue que nous ne pouvions songer à un raid : 
les Tibétains nous eussent rejoints en un instant. Je ne vis qu'une solution : 
camper dans une situation assez forte en faisant bonne garde; envoyer le lieu- 
tenant Lepage (notre interprète) avec quelques hommes montés de notre 
mieux, sans aucun bagage, tâcher de gagner Lhabrang en faisant force de 
vitesse, afin de prévenir le fonctionnaire chinois que nous savions y résider 
et par lui exiger que la lamaserie nous fît ouvrir le passage. Je ne me dissi- 
mulais pas le danger d'une telle mission, mais je pensais qu'une petite troupe 
sans impedimenta, bien montée, bien armée, réussirait à passer là où, tous, 
nous serions, avec nos serviteurs à pied et désarmés, infailliblement entourés 
et probablement massacrés. 

« Le lieutenant Lepage, accompagné, sur la demande de celui-ci, du maré- 
chal des logis de Boyve, du sous-officier chinois et de trois hommes, partit à 
la tombée du jour. Chaque nuit nous fûmes entourés de rôdeurs qui éner- 
vaient par les alertes notre personnel. Trois jours plus tard arrivait une cara- 
vane de yaks que M. Lepage avait rencontrée en route et embauchée pour 
notre service; un billet de lui m'indiquait que des rencontres fâcheuses lui 
avaient fait perdre vingt-quatre heures, mais qu'il espérait atteindre Lhabrang 
le troisième jour. 

« Nous partions aussitôt. Mais deux heures plus tard des cris de guerre 
retentissaient en arrière et nous voyions arriver sur nous, en deux pelotons 
déployés l'un derrière l'autre, la lance en avant, 50 cavaliers au galop de 
charge. Je n'eus que le temps de faire serrer tout mon monde en avant de 
nos yaks, le fusil à la main, mais en défendant de tirer. En arrivant sur 
les yaks, les cavaliers durent s'arrêter et devant notre attitude assurée, 
ils ne parurent pas désirer le combat : ils se contentèrent d'intimer à notre 
caravane l'ordre de nous abandonner sur-le-champ, puis ils se retirèrent à 
quelque distance pour en surveiller l'exécution. Confiant dans le succès de la 
mission du lieutenant Lepage, je ne voulais pas le compromettre par un 



EXPLORATION lUNi? LES REGIONS NORD-KST DC TIBET. 32.1 

roiip de forre, vraiseniblablement impuissant «railleurs, car nous n*ctions 
que neuf hommes armés; nos conducteurs de yaks nous abandonnèrent donc 
romme les précédents. 

c Le lendemain 24 mai, un courrier m'apportait une lettre d*un des Chinois 
•le Tescorte du lieutenant Lepago m*apprenant que celui-ci et le maréchal 
d»*s lopis de Boyve, restés près de Lhabran pendant que leurs hommes 
allaient leur ménager un bon accueil, avaient été assaillis par la populace qui 
hélait emparée de leurs chevaux et de leurs armes; qu'eux-mêmes avaient 
disparu sans qu'on pût rien connaître de leur sort. 

« Le sens de cette lettre était évidemment que nos deux envoyés étaient 
tués et que Lhabrang, qui n'avait pas reculé devant un tel forfait, ne nous 
réservait pas un sort meilleur : une attaque imminente était donc probable 
et je combinais par quels procédés désespérés nous allions tâcher de sortir 
de cette impasse, lorsque, interrogeant le messa<rer jusque-la silencieux, 
j'appris qu'en route il avait aperçu les deux Français vivants et escortés par 
une troupe de Chinois. Leur salut faisait espérer le nôtre : et en elTet, le len- 
d«*main paraissaient une vingtaine de Chinois et Tibétains, un lama en tète, 
qui venaient nous escorter et nous amener des yaks. 11 nous fallut encore 
pn*ndre beaucoup de précautions, car les tribus averties des mauvaises dispo- 
sitions de Lhabrang et qui se disposaient — nous le sûmes alors avec certitude 
— à nous attaquer, pouvaient n'avoir pas reçu le contre-ordre, et de fait 
nous aperçâmes plusieurs troupes de cavaliers suspectes, sur lesquelles le 
Lima qui nous escortait fit ouvrir le feu par ses hommes, a grande distance, 
comme sommation d'avoir à s'écarter de notre route. Le 2 mai nous arri- 
vions à Lhabrang, où nous retrouvions le lieutenant Lepage et le maréchal 
des logis de Boyve ; le premier souffrait encore des blessures qu'il avait reçues. 

• Des rapports qui m'ont été remis par cet officier, par les divers Chinois 
i|ui Teseorlaient, des lettres officielles des autorités locales et de l'enquête que 
j'ai faite, les faits suivants ressortent sans aucune contestation. 

« I>a petite troupe avait eu une marche très difficile; elle avait trouvé les 
vallées barrées par des troupes de cavaliers qui évidemment attendaient notre 
[la^sage; elle avait dû faire des détours incessants et avait marché de suite 
quarante-huit heures, n'ayant plus de vivres au bout de vingt-quatre. 

• Arrivé en vue de la lamaserie, le lieutenant Lepage, laissant trois de ses 
hommes partir en avance pour lui ménager un bon accueil, s'était arrêté avec 
!•• man*chal des logis de Boyve et un Chinois. Au bout de quatre heures, ne 
voyant revenir personne, et la nuit arrivant, il avait envoyé ce dernier 
homme aux nouvelles. Restés seuls les deux Français avaient été entourés 
^de quelques Tibétains d'allures amicales. L'un d'eux avait demandé, ainsi que 
l'avaient fait infailliblement tous ceux que nous avions rencontrés, à examiner 
le fusil de M. Lepage; mais aussitôt qu'il eut Tanne dans la main, il .se jeta 



324 CAPITAINE D'OLLONE. 

derrière ses compagnons, qui eux-mêmes s'étaient interposés entre les Fran- 
çais et leurs chevaux auxquels étaient suspendues leurs carabines; aux appels 
poussés, une foule considérable, amassée sans doute au préalable et dissi- 
mulée jusque-là, accourut en un instant et lapida les deux Français à bout por- 
tant : ceux-ci essayaient en vain d'approcher de leurs chevaux et de leurs 
armes. Assommés, le visage en sang, ils semblaient perdus; ils essayèrent 
d'échapper, mais le lieutenant Lepage, plus fortement blessé parce qu'il n avait 
point de casque, perdait ses forces ; il demanda au maréchal des logis de 
Boyve son revolver de poche et fit feu : la balle, nous avons depuis vu les 
blessures, traversa le bras d'un homme et le genou d'un second ; mais le 
revolver eut un enrayage et ne fonctionna plus. Les deux Français jetèrent à 
la lètè de leurs agresseurs une certaine somme en lingots d'argent qu'ils 
portaient. La stupeur causée par l'cfTet du coup de revolver d'hommes qu'on 
croyait désarmés, puis la ruée des plus proches agresseurs sur l'argent, cau- 
sèrent un instant d'arrêt, pendant lequel MM. Lepage et de Boyve, celui-ci 
portant presque le premier qui lui intima vainement l'ordre de l'abandonner 
et d'échapper pour sauver la mission, gagnèrent un peu de terrain et se 
jetèrent dans un ravin, où l'obscurité sans cesse croissante, il était huit heures 
du soir, les dissimula. Il est hors de doute que si les Tibétains, dont un grand 
nombre étaient armés de fusils n'ont pas tiré, c'est par crainte de se blesser 
eux-mêmes, car ils entouraient de près leurs deux adversaires, qu'ils se 
gênaient mutuellement pour tirer et pour les frapper. 

« Pour avoir échappé à une mort imminente, les deux Français ne s'en trou- 
vaient pas moins dans la situation la plus critique. Il paraissait certain que 
la population qui avait préparé l'attentat allait les poursuivre, sachant qu'ils 
ne pouvaient être loin et que tout indigène qui les apercevrait leur courrait 
dessus. De plus, ils n'avaient pas mangé depuis vingt-quatre heures; impos- 
sible cependant d'aller nulle part demander un peu de nourriture. Dans cette 
situation quasi désespérée, ils n'eurent qu'une pensée : empêcher la mission, 
qu'ils croyaient en marche avec l'aide de la caravane par eux louée en route, 
de tomber dans le même guet-apens. Ils essayèrent donc de gagner le sommet 
d'un piton qu'ils avaient remarqué le jour comme dominant de loin la roule 
et d'où ils pourraient nous voir venir. Mais le lieutenant Lepage se voyait 
dans l'impossibilité de gravir la côte : l'altitude (3 200 mètres), la fatigue et 
les privations des jours précédents s'ajoutant à la faiblesse causée par la 
perte du sang coulant de ses quatre blessures à la tête. Il lui fallut toute la 
nuit et le secours du maréchal des logis de Boyve pour parvenir au sommet. 
Ils passèrent là toute la journée; au soir seulement, des gens envoyés à leur 
recherche les découvrirent et les conduisirent à Lhabran. C'étaient leur* 
hommes d'escorte qui avaient amené ce revirement : arrivés sur le lieu de 
l'agression peu après l'attentat, ils avaient été eux-mêmes entourés et menacés 



KXPUiRATlciN DANS LES RÉGIONS NOUU-EST 01* TIBET, :i: . 

•lo mort comme complices des Européens et avaient eu grand'peine à sVnfuir. 
Inquiets a juste litre du sort des deux Européens qui leur avaient été confiés, 
iU avaient si instamment réclamé Fassistance d'un prince Mon^^ol qui réside 
.1 Llialiran^ que celui-ci était intervenu : la lamaserie, feig^nant d*i^norer ce qui 
> riait passé jusqu'alors, s*était décidée à ordonner des recherches et protéger 
l«^s doux Français, puis sur la requête de ceux-ci une fois retrouvés, h nous 
Tairt» ouvrir la route ainsi qu*on l'a vu. 

€ Ce récit sommaire pleinement confirmé par le témoignage officiel des 
.uilorités chinoises que j'ai entre les mains, font suffisamment ressortir les 
dangers qu'a courus la mission. Elle n'eût pu en sortir sans le courage avec 
Irqucl le lieutenant Lepage et le maréchal des logis de Boyve se sont exposés 
\Hmr aller pour ainsi dire seuls, à travers les tribus ennemies qui nous entou- 
raient, |>énétrer jusqu'au foyer même de l'hostilité pour chercher h l'éteindre. 
C'est miracle qu'ils aient échappé à lu mort; ils le doivent a leur sang-froid 
et à leur imperturhable présence d'esprit, dont témoignent le coup de re%'olver 
tiré par le lieutenant Lepage et l'ingénieuse idée d'arrêter leurs agresseurs 
•»n leur jetant de l'argent. Le maréchal des logis de Boyve s'est particulière- 
ment distingué en sauvant son chef, hors d'état de marcher; pendant la nuit 
idaciale qui suivit (plusieurs degrés au-dessous de 0*), il se dépouilla de ses 
vêtements pour réchauiïer M. Lepage en proie à la fièvre et au ilélire; il 
ii'e^ |ias douteux que cet officier lui doive la vie et par suite toute la mission. 
Le lieutenant de Fleurelle, resté avec moi, m'a secondé avec calme et sang- 
fniid dans les circonstances critiques que nous avons traversées sans négliger 
un instant son alisorhante tdche de topographe. 

« Capitaine d'Old)ne. » 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

EUROPE 

Une carte géologique d'ensemble du Monran et des montagnes de la Loire et 
du Forez. — Si le récent travail que M. Albert Michel-Lévy vient de présenter à la 
Faculté des Sciences de Paris, comme thèse de doctorat \ intéresse surtout les 
stratigraphes et les pétrographes par les résultats nouveaux et d'une très grande 
portée qu'il renferme, la grande carte géologique hors texte, en couleurs, qui 
accompagne ce livre sera étudiée avec fruit par les géographes. 

C'est, en effet, la première fois que Ton a, à une échelle aussi détaillée que le 
320 000% une carte d'ensemble, embrassant tout le Morvan et toutes les montagnes 
entre la Loire et TAllier et entre la Saône et la Loire, jusqu'au delà de Lyon. Elle 
est extrêmement instructive par sa clarté; une seule couleur ayant été adoptée 
pour tous les niveaux du Jurassique et du Lias, il en résulte que les massifs mon- 
tagneux, constitués par les roches anciennes, ressortent de la façon la plus nette. 
De plus, cette carte, est un assemblage de portions appartenant à quatre feuilles au 
320000-^ (n° 18, Bourges; n° 19, Dijon; n^ !22, Clermont; n° 23, Lyon); elle offre 
donc sur ces feuilles, qui d'ailleurs ne sont pas encore parues géologiquemenl, 
l'avantage de ne pas couper des régions naturelles. 

On s*y rend compte admirablement, non seulement de la structure générale des 
massifs montagneux, mais encore des petites digitations de roches anciennes qui, 
au delà des massifs, apparaissent çà et là dans le fond des vallées, y déterminant 
chaque fois l'apparition d'un paysage caractéristique. 

Nous n'avons, à cet égard, qu'un vœu à émettre, c'est que l'auteur de ce travail 
géologique nous donne bientôt une description géographique de ce pays qu'il a par 
couru en tous sens et qu'il connaît si bien. Elle constituera le développement des 
articles, si intéressants, que M. Aug. Michel-Lévy et M. Gallois ont donné jadis sur 
la constitution de ces régions. 

Au point de vue de la division de ces massifs géologiques en régions, l'étude lec 
tonique détaillée du Morvan et de la Loire a conduit M. Albert Michel-Lévy à dis- 
tinguer trois faisceaux paléozoïqucs : 

1. Albert Michel-Lévy, Les terrains primaires du Morvan et de la Loire^ in Bull. Serv. Carte 
géol. France, 1908, et, Thèmes présentées à la Faa. des Se. de Paris, Déranger, 1908: 297 pp., 4 pi. de 
fossiles en phototypie, une feuille de coupes et deux feuilles de caries en couleurs hors texte. 

2. A[ug.]. Michel-Lévy. Le Morvan et ses attaches arec le Massif Central, in Ann. de Géogr., 
vil, 1898, pp. 40i-i25, et VII, 189.), pp. 

L. Gallois, Maçonnais, CharoUais, Beaujolais et Lyo'inaiSj in Ann. de Géogr., 111, 18^2-l^^3, 
pp. 201-212, 428-4i9, et IV, 18"Jï-1895, pp. 287-309. 



KUROPE. 32T 

1 ' celui du Morvan, qui comprend cinq synclinaux hercyniens; 

ir celui de Blanzy-Bert, en grande partie caché sous un vaste synclinal houiller 
el |>i*rmien; 

•1" celui de la Loire, comprenant quatre synclinaux hercyniens. 

ilcs trois faisceaux sont séparés par des massifs granitiques, correspondant h des 
nires anticlinales hercyniennes que l'érosion a aujourd'hui complètement décapés. 
Vjl* sont, du nord au sud, le granité de Luzy, celui du Charolais et celui du Beaujo- 
lais, prolongement de la chaîne du Pellerat. 

I«e faisceau de la Loire, comparé à ce faisceau du Morvan, présente une particu- 
larité qui frap|ie au premier regard jeté sur une carte synthétique. Les décroche- 
ments nord-ouest, dus principalement aux mouvements cpirogéni({ues posthercy- 
niens, qui ont joué à nouveau lors des mouvements alpins, y apparaissent très 
c4Hisidérables, de sorte que les bandes paléozoîques présentent sur la carte des con- 
tours» brusquement zigzagues. 

1^ faisceau du Morvan, au contraire, quoique traversé par de nombreuses failles 
nonl ouest, montredes bandes paléozoîques très continues dans le sens deleurallon- 
icement; les contre-coups des mouvements alpins n'y sont arrivés que très atténués, 
t*omme si le petit bassin synclinal de Blanzy-Bert, avec ses dépots houillers et per- 
miens, si puissants, en avait arrêté la transmission. 

L'intérêt géographique de ce travoil réside aussi dans l'étude que M. Albert 
Michel Lévy a foit des prolongations des faisceaux synclinaux de Blanzy-Bert et de 
la Ixiire dans TArmorique, d'une part, et, dans les Vosges, de l'autre. Ainsi les plis du 
faisceau synclinal delà Loire se poursuivent avec évidence vers le bassin d'Ancenis. 

IVautre part, le faisceau Blanzy-Bert se suit vers Test par les affleurements de la 
S«Tre et de Ronchamp. 

Si on ajoute au nord à ces lignes directrices, celles des bassins houillers franco- 
ti^'lges et anglais, on aura énuméré les seules assimilations certaines. 

Mai*, par interpolation, on est amené à considérer que le Morvan doit se pro- 
lonirer vers l'ouest par le bassin de Laval, vers l'est par un des synclinaux trans- 
vi»r*aux des Vosges. 

Ainsi, se précise peu h peu, par une série d'études détaillées, parmi les(|uelles 
•vile de M. .\lbert Michel-Lévy se place et restera au premier rang, la connaissance 
di^ grandes lignes directrices du sous-sol du bassin de Paris et de sa bordure. 

Paix Lbmoine. 

Géographie physique et géologie du département du Puy-de-Dôme. - 
M. Ph. (ilangeaud, le distingué professeur de l'université (le Clermont-Ferrand, vienl 
de publier, dans l'ouvrage Cit^nnoiU-F^^rrand et h bépartnnent du Puii-dt*ih\m*\ 
distribué aux membres du Congrès de l'Association française pour l'Avancement des 
Sciences tenu en lîHIH à Clermont-Ferrand, une mise au point très cloire de Tétai 
A'^tuel de nos connaissances sur cette région *. Ce travail complète donc, à l)eaucoup 

I. Ph. GUn|?eAtid. 'î«*V/^"/''"^ ph'fiVfue rt mubnjie tin l*'*pnrlenu'nt du Putf"l'-lh\.tt\ m (7»*»- 
m ynt-Fetranfi rt le D^pnrtftneni fin l*t4*j'fU-lh',mr, |»ul>Ii** à l'occasion t\n (lonu're^ i\r rA>*"Ciiti"U 
fr»n{4iMr \nmr l A*anc<'mt»nl île* S« icii»»- a ('.liîrnioril-Fonuiid. Cleniionl-K» rr.in»!. I'.mi^. 



32S 



MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE. 



d'égards, le remarquable mémoire que M. Marcellin Boule a publié ici même sur 
l'âge des derniers volcans de la France * et résume les résultats des efforts de toute 
une pléiade de savants qui ont étudié ce pays : MM. Boule, Giraud, Michel-Lévy, 
Munier Chalmas et M. Glangeaud lui-même, pour ne citer que les plus récents. 

M. Ph. Glangeaud esquisse d'abord Thistoire géologique de la région du 
Puy de Dôme; il montre qu'au début de l'époque tertiaire, l'ancien massif central 
hercynien devait former une région très aplanie, un Plateau Central^ dont le sol était 
profondément rubéfié et altéré par les agents atmosphériques, comme Test aujour- 
d'hui celui de certaines contrées de l'Inde el 
de TAmérique.' 

Les dépressions oligocènes. — Mais, au 
moment où les Pyrénées subissent uue 
dernière crise d'élévation, le sol du Massif 
Central se gondole et se creuse de multiples 
dépressions dont l'une, particulièrement 
importante, communiquait avec le bassin 
du Rhône, sur l'emplacement actuel des 
Cévennes; elle devait constituer sur le trajet 
du futur Allier comme une sorte de chenal 
de fjord, dans lequel s'établissait un mélange 
plus ou moins grand des eaux douces et des 
eaux marines (fig. 27). Ainsi s*esquissait, 
vers l'époque sannoisienne, la première 
ébauche de la dépression qui allait devenir 
la Limagnc. 

La communication de ces lagunes avec 
le bassin du Rhône ne fut pas de longue 
durée; elle cesse à l'époque suivante (époque 
stampienne) par suite d'un exhaussement 
du sol vers le sud, dans la région des Cévennes, pendant que la dépression s'accen- 
tuait, au contraire, vers le nord dans la direction du bassin de Paris. 

Toute la région médiane du département formait alors un grand pli concave, 
nord-sud, de 40 kilomètres de largeur, dont le fond se comblait au fur et à mesure 
qu'il s'approfondissait, par resserrement de ses bords; il s'y forma ainsi des cal- 
caires, épais de plus de oOO mètres, mais dont chaque couche s'est déposée sous une 
épaisseur d'eau extrêmement faible. Cette dépression s'étendait d'ailleurs assez loin 
vers l'est et vers l'ouest communiquant avec la région du Cantal, d'une part, s'éten- 
dant jusqu'au Livrndois, de l'autre; c'est. la plus importante, et c'était là seule connue 
jusqu'ici. 

Une seconde dépression s'étendait sur l'emplacement du versant nord du massif 




FIG. 27. — LE FJORD OLIGOCÈNE (SANNOISIEN}. 
i'REMlKHE ESQUISSE DB LA LIMAT.NE, COMMU* 
MyUANT AVEC LA MÉDITEHUANÉE SUIl L'eM- 
PLACEMBNT DES CÉVENNES. 

'.D'après do Lapparcnt.) 



1. L'dge des derniers volcans fie la France^ in La Géographie, XIII, 3, 13 mars 1906, 4, 15 avril 
IJOG, 5, 15 mai 1906. 

2. Cette ligure et les suivantes, empruntées à l'ouvraKe, Clermont el le Dèpartemenl du Puy- 
dp-Dôtne, nous ont été aimablement communiquées par M. Ph. Glangeaud. 



EUROPE. 



2iO 



du Mon(-I)ore, communiquant peut-être 
avtx* la Limagne, et se prolongeait vers le 
nortJ dans la direction^dc la vallée de la 
Sioule. 

Enfin une troisième dépression, coïn- 
cidant comme emplacement avec Tan- 
ctenne dépression houillère, se couvrit 
aus>i de lacs sur toute son étendue; elle 
*e prolongeait |)eut-étre plus au nord et 
prolMiblement aussi vers le sud, allant 
rejoindre le bassin de TAquitaine. 

Puis à l'époque suivante (épo(|ue 
aquitanienne), la lagune se transforma 
(K.*u è fteu en lacs où se déposèrent des 
calcaires et des marnes dans lesquelles on 
a trouvé des fossiles admirablement con- 
*4»rvés, de nombreux mammifères, des 
(>oi^sons, des tortues, des crocodiles, toute 
une population d*oiseaux divers, dont on 
retrouve les squelettes, les plumes, les 
<i*ufs, peut-être même jusqu'aux nids où 
Ton obser\'e plusieurs «vufs recouverts 
d'un oiseau mort qui les couvait sans 
doute, et qui est mort pour une cause 
encore inconnue. Les insectes de cette 
t'fHique sont également bien connus; ce 
«^ont surtout des Diptères, ayant un 
cnchet méditerranéen et africain. La 
i]t>re enfin a pu être reconstitue^; elle 
comprenait des palmiers, des saules, des 
chi'nes h feuilles persistantes, des lau- 
rifrs-ro>es, etc.; elle est très voisine de 
cflle que Ion rencontre aujourd'hui dans 
i«»^ n*gions tropicales et australes et elle 
rap|H*l|p celle de Manos(|ue, Céresle et 
i^-t»lM*n. 

/, emrrsitm du territoire. — Avec la 
Un de cette ép<M|ue aquitanienne et avec 
U* début de la i^riode miocène se pro- 
tïuWii remer>ion générale du territoire 
qui \eiinit d être recouvert par les eaux 
v-ium/itres et lacustres. Sur ce nouveau 
|m\Hexundé va s établir un rt'seau hydro- 
;:rnphi(|ue d al>ord à faible jHMile, (|ui sera 

La 0<oo»ArHi&. — T. XVIU. 1V(1k. 




eiisuili' profondément modilié lors de 



330 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 



rapparition des premiers volcans. Les principaux collecteurs qui devaient entraîner 
à Tocéan les eaux de tout ce territoire étaient les précurseurs des rivières actuelles, 
Loire, Allier, Sioule; ils épousent, d'une façon générale, la direction des dépres- 
sions oligocènes. 

L'Allier miocène apporta d'abord dans la Limagne des alluvions sans éléments 
volcaniques, mais renfermant de nombreuses chailles jurassiques, provenant d'une 
région où les lambeaux de Jurassique, plus ou moins décalcifiés, existaient encore; il 

aurait eu, d'après M. Glan- 
geaud, une pente cinq fois 
plus forte que celle de l'Allier 
actuel. 

Les fractures, — La con- 
tinuation de l'efîort orogé 
nique, qui avait, au début 
du Miocène, amené la surrec- 
tion du territoire, détermina, 
au milieu de cette même 
époque, la surélévation des 
anticlinaux et les dépôts oli- 
gocènes, primitivement hori- 
zontaux, furent ainsi dans 
leur ensemble plissés en fond 
de bateau et redressés sur 
leurs bords à plus de KKM) 
mètres d'altitude. 

Ces efforts successifs con- 
duisirent à la formation de 
longues fractures nord-sud. 
le long desquelles se tasse 
rent les sédiments vers le 
centre du bassin; certaines 
de ces fractures sont aujour- 
d'hui bien visibles; il en est 
deux surtout qui sont remar- 
quables; elles ont amené, en cfTet, la formation des deux escarpements cristallinsde 
plus de deux cents mètres de haut et de 60 kilomètres de long qui limitent la 
Limagne; les autres sont souvent jalonnées par des veines éruptives et des sources 
minérales. Elles ont donc, pour la plupart, une importance considérable au point 
de vue géographique. 

Volcans miocènes, — Aux points où les dislocations, les tassements du sol furent 
assez considérables et assez profonds pour atteindre le magma interne fondu, 
des sorties de laves se produisirent, donnant naissance à des séries de volcans 
aujourd'hui démantelés. Les éruptions miocènes du Puy de Dôme édifièrent à cette 
époque : 




FIU. 2'.». — LE IMG ni] SANCY, ME PUISE DU SUD-EST. 

Reproduction duno photograi)hie du M. Ch. Vélain. 



EUROPE. 



331 



1"* Tne grande partie des collines basaltiques de la Limagnc qui sont de cinq 
hges différents; 

:^ Tne chaîne volcanique le long de la dépression de la Sioule; 

3* Tne chaîne volcanique, jalonnant le synclinal oligocî^ne qui coïncidait lui- 
même avec la grande dislocation houillère du Massif Central ; 

i* Une série de volcans sur le (ulur emplacement du Mont- Dore. 

Volcans pliocènes. — Au Pliocène, la continuité des efforts orogéniques et di^s 
tn«sements du sol se traduisit par la formation de nouvelles fractures et la réouver- 




llG. ii). 



VIE UINB l'ARTie DE iJi CHAINE bKM PlYil, FRIhR Dl: L\ 4f%UE IlF. NAITHIVL. 



Ou m;»»'r«i».* de ^'au«-)ii< À <ir.»it.« ■ \c l'uy Chopino ontnun" «in Pm\ «i.-s (l.uitirs. lo Viiy .Ir h nu»'. 

rt. à dn>tio. lo Pu\ <!•• l'ouu' avrr le prolil dr so^ »l«*ii\ rni'rrrs iMiiboiios 

Kopnxluciioa d nno photographie «Ir M, (imlrau-l. 



lun* des anciennes. L'activité volcani<|ue atteignit, à celle épo(|ue, son maximum, 
«*ar elle wlifia : 

!" Le ma*»<<if du Monl-Dore (fîg. 28), avec trois centres éruptifs : le volcan du 
Sanc\ !SS6 m.), ((\g. 29), le volcan de la Banne d'Ordanche (ilAly m.) et le volcan 
dt' l'Aiguiller '!."ii7 m.}; 

t' Le Ozallier; 

3' Tn certain nombre de volcans de la Limagne et du Livradois; 

V* Tne chaîne de huit volcans, situés au bord ouest de la Limagne; 

.V Les volcans domitiques de la chaîne des Puys. 

Au Mont-Dore et au Cézallier, l'activité volcnniïjne se rencontra en (|uelques 
(M»iiits et accumula des épaisseurs considérables de laves et de projections différentes, 
formant de véritables massifs montagneux. 

Volcans plns(ort'ne%, — Enfin, au Pléislocène, toujours sous Taclion des mt'mes 
influences, eut lieu un nouveau et dernier réveil des activités volcanique<«. .Mors 
* rtîifirrcnt : 

t* 1^ chaîne des Puys (lig. '30); 



332 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

2** La petite chaîne des Puys; 

S'' Une dizaine de cônes volcaniques qui se greffèrent sur les flaiics à demi ruinés 
du massif du Mont-Dore et dont l'état de fraîcheur contraste avec l'usure du massif 
sur lequel ils reposent. 

Ce fut là la fin d'une éruptivité remarquable qui s'était continuée durant trois 
grandes époques géologiques *, et n'avait pas constitué moins de douze régions vol- 
caniques différentes, ayant chacune leur individualité géographique. 

L'activité volcanique n'a dailleurs pas disparu complètement dans le Puy- 
de-Dôme; elle se manifeste encore actuellement sous la forme de nombreux déga- 
gements d'eaux thermales et de mofettes. D'ailleurs le sous-sol a encore, dans le 
Puy-de-Dôme, une température deux fois et demie plus élevée que dans les autres 
régions françaises, ainsi que l'a montré un sondage de plus de 1200 mètres, 
effectué en Limagne et dont les résultats ont été publiés par M. Michel-Lévy. 

Le travail de M. Glangeaud se termine par une description géologique de chacun 
des massifs volcaniques ainsi individualisés; il y aurait beaucoup à glaner encore 
au point de vue géographique dans cet ouvrage; mais peut être vaut-il mieux 
attendre pour cela le mémoire détaillé que l'auteur promet et qui doit accompagner 
la nouvelle édition de la feuille géologique de Clermont-Ferrand au 80000'. 

Paul Lemoine. 

La faune de l'Europe centrale à l'époque glaciaire ^ — Quoiqu'on admette géné- 
ralement l'existence de plusieurs grandes extensions glaciaires (quatre, d'après Penck 
et Brûckner), il n'y a cependant pas lieu de tenir compte de cette division, lorsqu'on 
étudie la répartition de la faune. En effet, si les périodes interglaciaires ont eu une 
grande importance pour la distribution et les mélanges des espèces, il n'en est pas 
moins vrai qu'en l'absence de restes fossiles, il est la plupart du temps difficile de 
décider quelle était l'aire de répartition des formes pendant les périodes intergla- 
ciaires. Comme la plupart de ces formes ont été refoulées ou détruites par les exten- 
sions glaciaires subséquentes, il y a lieu de considérer l'époque glaciaire en bloc. Au 
point de vue des faunes et des flores, son résultat principal a été un mélange des 
organismes dans la bande étroite de l'Europe centrale, située entre le grand glacier 
du nord et le front des glaciers des Alpes. 

Pendant les périodes d'extension, il est hors de doute que les sommets rocheux 
qui dépassaient le niveau des glaces, et les bassins remplis par les eaux de fusion 
ont servi de refuge à une faune très pauvre formée essentiellement de petites espèces. 
C'est ce que l'on constate encore actuellement sur les nunniaksAM Grônland et dans 
les lacs glaciaires des Alpes. 11 est possible qu'une partie de cette faune ait survécu 
à la période glaciaire; en tout cas elle n'a pas eu une influence sensible sur la cons- 
titution de la faune postglaciaire. 

1. Et même pendant quatre; les récentes recherches de M. Lauby, un élève do M. Glangeaud, 
ont mis en évidence l'existence de volcans aquitaniens dans l'Aubrac. Voir Ant. Laul>>, 
Découverte de plantes fossiles dans les terrains volcaniques de l'AttbraCy in C. H. Acad. ^\•.. 
n"du 13 Juillet 1908. 

2. F. Zschokke, Die Beziehunqen dcr mitteleuropàischen Tierwelt zur Eiszeil, in Verhandlungcn 
der deutschen zoolofjischen G^sellschaft, 1908, p. 21 {ù. pi.). 



EUROPE. 333 

Il ircn est pas dr môme de la faune qui put s'établir sur la bande librede glaces, 
à caractères de toundra. Elle comprenait à la fois des formes descendues de la mon- 
tn:;neou venues du nord et les restes les plus résistants de la faune préglaciaire. Il 
e^i *K)uvent difficile de distinguer ces éléments, mais dans son ensemble cette faune 
«ivait un caractère arcto-alpin correspondant à son habitat, la toundra. 

.\u milieu de la faune presque cosmopolite qui peuple l'Europe centrale, on ren- 
('t»ntre des Ilots où ont persisté des espèces alpines et arctitfues. Celles-ci peuplent 
tr< «k>mmets dos montagnes de moyenne altitude, les marais, les dunes, les landes. 
Vn'Mléricq a décrit récemment un pareil refuge de végétaux et d'animaux glaciaires sur 
le plateau des Ardennes, au sud-est de Spa. On trouve d'autres colonies analogues 
dans les montagnes de TAllemagne centrale, dans les Vosges et la Forét-.Noire. On y 
rencontre des papillons caractéristiques : Arf^ijunis^ Paniassius^ Colins paUenn^ une 
mouche, Pogonota hirrus Zett. — Les cours d'eau renferment un mollusque polaire, 
Vnrgantana marynritifera, et une planaire, Planaria aipina. Les Mammifères gla- 
ciaires ont émigré vers le nord; il en est de même de la plupart des Oiseaux. Mais 
c«»ux-ci ont subi h un autre point de vue rinfluence de l'époque glaciaire. On peut 
admettre, en effet, que c'est sous l'influence de la diminution de la quantité de nour- 
riture disponible, que les oiseaux ont pris l'habitude d'émigrer périodiquement vers 
le sud. 

Les restes de la faune glaciaire sont plus abondants dans les eaux douces que 
sur la terre ferme. Ils y trouvent, en effet, des habitats appropriés dans les eaux 
froides des montagnes et des cavernes, ainsi que dans le fond des lacs. Certaines 
espèces se rencontrent dans plusieurs de ces stations, très éloignées les unes des 
autres. Les torrents présentent des conditions très spéciales, qui en interdisent 
Taccès à la plupart des espèces cosmopolites. Aussi des formes glaciaires particulier 
remenl adaptées à la vie dans les eaux agitées ont-elles pu s'y maintenir. Il en est 
ainsi notamment de certains Hydrachnides et Crustacés. Vn turbellarié, Planaria 
nlpina^ est la plus caractéristique de ces espèces glaciaires. Ce ver ne vit que dans les 
eaux dont la température ne s élève jamais au-dessus de li*. On le rencontre dans 
les .\lpes jusqu'à laltitude de i 800 mètres, dans les Pyrénées, et, dans les montagnes 
de rCurope centrale, d'autre part en Irlande, en Ecosse et en Scandinavie. 

Le caractère arctique des lacs alpins ressort de l'examen de la distribution de 
quelques espèces : Pisidium lovent vit dans un lac des .\lpes de Claris et dans le 
nord de la Scandinavie; certains Coléoptères aquatiques des Alpes, du Tatra et des 
Pyrénées, font défaut dans les eaux de l'Europe centrale, mais se retrouvent près du 
cercle polaire. Les Diaptomides des Alpes pullulent dans les eaux de fusion des glaces 
de lextréme Nord. Parmi les Poissons, les corégons habitent à la fois les pays sep- 
tentrionaux et la bordure nord des.\Ipes. Dans les profondeurs dos lacs on trouve 
des Rbizopodes, des Cythérides et des Turbellariés, qui n'ont d'analogues que dans 
le nord. Il est à noter que certaines de ces espèces perdent la faculté de se perpétuer 
par des (Pufs capables d'être transportés d'un lac à l'autre. Elles sont vouées à la 
parthénogenèse; par suite, dans chacun des bassins qu'elles habitent, on constate 
des formes nouvelles dues à l'isolement. 

En résumé, la période glaciaire n'a pas seulement amené la destruction d'espives 



334 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

vivantes. Elle a forcé les animaux à des migrations actives et passives, elle a modlGé 
leur distribution sur la terre ferme et dans les eaux. Lorsque les glaces se retirèrent, 
les espèces glaciaires furent en majeure partie remplacées par des espèces nouvelles; 
cette immigration n'a pas encore pris fin aujourd'hui. Les eaux de fusion des 
glaces adoucirent Teau de la mer dans un rayon très vaste et permirent ainsi à des 
formes marines de venir peupler les eaux des continents. Il en est ainsi des Sal- 
monidés, des Cythérides et des Turbellariés, dont les plus proches parents se trou- 
vent dans les mers septentrionales. A mesure que le climat se radoucissait, ces ani- 
maux trouvaient un refuge dans des stations particulièrement favorisées. 

A la phase de la toundra arctique a succédé, avec le retrait des glaciers, une 
période où les steppes se sont étendues sur l'Europe centrale, puis après celle ci 
s'ouvre le régime forestier qui comprend l'époque actuelle. La phase des steppes a 
ouverte de nombreuses espèces orientales Taccès de l'Europe centrale. Il s'agit sur- 
tout de formes adaptées à la sécheresse. Beaucoup d'entre elles survivent encore 
dans des stations où le régime steppien a persisté. Avec l'augmentation de Thumi- 
dite, les forêts ont gagné déplus en plus de terrain et de nouveaux éléments sont 
venus s'ajouter à la faune. Prise en gros, la faune de l'Europe centrale actuelle est une 
faune forestière; on y trouve comme témoins de l'état de choses passé des colonies 
d'espèces glaciaires, steppiennes et méridionales. D' L. Laloy. 



La chaîne de rArrabida. — L'Arrabida est la chaîne, ou plutôt les débris d'ane 
chaîne qui forme le bord méridional de la -presqu'île de Setubal entre la baie du 
même nom au sud et celle de Lisbonne au nord. Ce nom d'Arrabida s'applique 
spécialement à un ancien couvent de moines franciscains situé sur le versant 
méridional du sommet le plus élevé du relief (le Formosinho, 499 mètres); mais 
cette dénomination s'étend, soit à la montagne du Formosinho, soit à l'ensemble 
de la chaîne Serra da Arrabida, un des rares massifs montagneux du Portugal 
qui ait un nom d'ensemble. 

La Serra da Arrabida s'étend depuis Palmella jusqu'au cap Espichel suivant 
une direction générale est-nord-est, ouest-sud-ouest; elle n'a guère que 33 kilo- 
mètres de long et sa largeur moyenne n'est que de 6 kilomètres ; mais, malgré ses 
dimensions restreintes, elle présente tout un traité de géologie, tant à cause de sa 
structure que des nombreux changements de faciès des strates qui la composent; 
aussi M. Choffat vient-il de lui consacrer un très important et très intéressant 
mémoire *. 

Ce massif est resté en grande partie boisé ; ce qui rend difficile les investigations 
géologiques, mais ce qui permet de se rendre compte de ce qu'était la végétation 
forestière autochtone de la partie médiane du Portugal. 

Sur le noyau de la montagne, exclusivement calcaire, se trouvent des forêts 
séculaires où la sélection ne paraît jouer aucun rôle et qui disparaîtraient à jamais 
si on en permettait l'exploitation ; elles sont surtout formées d'énormes Phillyrea 

1. Paul ChofTat. Essai sur la tectonique de la chaîne de l' Arrabida. Commission du service géo- 
logique (lu Portugal. Lisbonne, Imprimerie nalionale, 1908, 89 pp., 10 planches. 



BUKOPK. 335 

ialifolia) dont le tronc atteint souvent m. lU) de cirrontérence, de iouricr-tin 
{Vibumum /tntii), d^oliviers sauxagos (OUa silvestris)^ de chênes kernu^n (Quercus 
cornfera),de chênes h feuilles caduques (Q. lusHanica , d'nrlK)usicrs (Arbutus Cnedo)^ 
de bruyères arborescentes iErica arborea^ E, lusUanica), etc; les parties les plus 
riches contiennent principalement Tarbousier, un genévrier (Juniperus phwnira) et 
le caroubier {Ceratonin siliqua). On y a signalé également quelques exemplaires de 
palmier nain. 

Sur les collines de matériaux détritiques, généralement très argileuses, qui bor- 
dent la chaîne au nord et à lest, Tessence principale est le pin Pinus Pinasies et 
/*. Pinra). On y trouve également un certain nombre des espèces précéden tes ; c'est pro- 
bablement à cause de rinducnce de Thomme qu'elles n'y sont pas plus abondantes. 

Le mémoire de M. ChofTat contient quatre caries géologiques, dont le fond topo- 
graphique est très soigné, empruntées à la carte de TÉtat-Major portugais au 20 0(X)% 
ou réduites de cette carte. Ce sont une carte tectonique d'ensemble de la chaîne au 
NMUJIK, une carte de l'extrémité orientale au io(MK)% les environs île Cezimba au 
dMNiO', les environs du cap Espichel au iOUOQ". On y trouvera également de nom- 
breux profils géologiques en couleur et de fort belles photographies, dont quelques- 
unes ont été, partiellement, coloriées géologiquement. Une bibliographie complète 
des cartes topographiques de la région et des ouvrages géologiques est annexée au 
travail. 

La chaîne de l'Arrabida est coupée abruptement par l'océan à Touest et au sud; 
les lignes bathymétriques montrent de grandes profondeurs qui courent parallè- 
lement au pied de ces escarpements et contournent brusquement le cap Espichel. 
Il semble donc que l'on se trouve en présence du bord nord-est d'une chaine plus 
étendue, effondrée dans l'océan. Elle est formée par trois lignes de dislocations 
orientées à peu près de l'ouest à Test et se succédant en retrait du sud-ouest au 
oord-est: deux de ces dislocations sont des plis renversés vers le sud. 

Les accidents transversaux sont très fréquents; ils sont généralement en rela- 
tion avec les émissions de roches éruptives. 

On peut se demander pourquoi la chaîne de l'Arrabida présente des plissements 
ausHi accentués, tandis que les plis de la région au nord du Tage ne sont que de faibles 
ondulations. Cela tient vraisemblablement à ce que les poussées tangentielles sont 
renues se briser contre un obstacle, aujourd'hui re<*ouvert par l'océan, mais dont il 
ri»«terait des témoins dans les îlots situés entre Palina et Santa-Suzanna. Ces îlots. 
rimstitués par du Dévonien entouré d'Oligocène et de Miocène renversé, se trouvent 
^ur le prolongement d'une ligne de hauteurs relatives, traversant la pénéplaine de 
rAlerotejo jusqu'à Elvas; peut-être même, y a-t-il une connexion entre cette ligne 
et la ligne de hauts-fonds s'étendant entre cette partie de la côte et l'île de Madère. 

PAtL LCMOlNIi;. 

Anthropologia de Bornholm ^ — L'île de Bornholm a une surface de .iS3 kilo- 
mètres carrés, avec 41 031 habitants. Au point de vue géologique, elle se rattache 

I. L. Ribbing, Remarks on the Anthropolofftf of Bornhoim, in MeddrleUer om hanmarka 
Amikmfpotogi udffivti af den anthropologis '.e komiU, I B. 2 Afdrlinff. Copenhasue. T^oH. 



336 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

plutôt, par ses formations anciennes, à la péninsule Scandinave qu'au reste du 
Danemark. Le granit, les grès et les schistes cambriens et siluriens qui la consti- 
tuent sont en général couverts de dépôts glaciaires très favorables à la végétation; 
la partie la moins fertile de Tîle est la région marécageuse qui en occupe le centre. 
C'est ce qui explique pourquoi les parties habitées forment une bande circulaire le 
long de la côte. 

Au Moyen -Age et même dès Tépoque préhistorique, Bornholm a eu une grande 
importance pour le commerce et la navigation de la Baltique. A la fin de Tàge du 
bronze Tîle était presque aussi peuplée qu'au milieu du xix° siècle. On y trouve 
même des restes datant de Tâge de la pierre. Mais il est impossible de dire si l'île a 
reçu toute sa population de la Scanie, ou bien s'il s'y est mêlé des éléments venus 
du sud. 

En 1907, M. Ribbing a fait des recherches anthropologiques à Bornholm qui ont 
porté sur 288 hommes et 112 femmes.. Dans la note préliminaire que nous avons 
sous les yeux, il ne s'occupe que de l'indice céphalique, de la taille, de la couleur 
des yeux et des cheveux. L'indice céphalique moyen est 80,3 dans le sexe mas 
culin, 80,6 dans le sexe féminin. La taille moyenne des hommes est 1 m. 697, 
celle des femmes 1 m. 588. Les cheveux sont de couleur foncée dans 30,5 p. 100 
des cas chez les hommes, et dans 35,2 chez les femmes. 

Ces résultats indiquent que Bornholm ne se rattache pas anthropologiquement 
aux provinces suédoises. Cette population a plutôt des traits de ressemblance avec 
celle de la Scanie et de Gotland. Elle se compose essentiellement de deux types : l'un 
de haute laille et à pigmentation foncée, l'autre plus petit et de couleur claire. 
Ce dernier correspond probablement au type brachycéphale blond décrit par Arbo. 

D' L. Laloy. 

Actions exercées par les glaces flottantes sur les bords du golfe de Bothnie. 
— Tandis que dans les massifs montagneux de la zone tempérée les agents de la 
torrentialité travaillent sans cesse à oblitérer et à remanier les dépôts glaciaires 
pleistocènes et que leurs actions viennent compliquer singulièrement l'étude de ces 
dépôts, dans les régions du nord qui ont été recouvertes par des inlandsis les 
débâcles annuelles des lacs, des fleuves et de la mer concourent au même résultat. 

Il y a longtemps déjà, nous avons signalé les entassements de blocs accumulés 
par la poussée des glaces sur les rives des lacs et des estuaires de la Laponie. 
et qui ont tout l'air d'accumulations de blocs erratiques. L'estuaire du Pasvig 
(Norvège) que nous avons décrit jadis offre un exemple illustratif de ces dépôts'. 
Ces dépôts ne sont pas particuliers aux lacs du nord Scandinave, et se rencontrent 
sur les bords de toutes les nappes qui se congèlent en hiver. On a signalé ces 
curieuses murettes sur les bords d'un lac d'Allemagne et le professeur G. K. Gilbert 
a observé cette formation autour de lacs des massifs montagneux de la Californie*. 

Sur les bords du golfe de Bothnie qui gèle tous les ans les glaces exercent des 

1. Charles ïlahot. Exploration dans ta Laponie russe ou presqu'île de Kola, in Bull, de la Société 
de Géographie, t. X, 4* trimestre 1889, Paris. 

2. Sierra Club Bulletin, janv. 1908. 



ECROPE. 337 

notions de ce genre, parlicuHcremenI puissantes, que M. I. Leiviski ' a étudiées aver 
une très ^^ande saKQcilé. 




riti. ni. — MIIIETTI Dl BLOCS RKJETÉ8 SIR LA RIVE PAR LA IlKBAOLE. AV NORD DE L*EMBOtClll'RE 

DU 8IIPOJORI (nSTERBOTIINIE, FINLANDE). 

Reproduction d'une phototrraphic do M. Ix»i\i&Ua '. 




no. 32. - ILOT rORSIÉ par des M^TCItlAt X REPOl-*iS»S PAR LES GI.ACK> rLOTTANTF.!*. 

1. I. Leivi«ikA, Vbrr die Kùslenhildungen der Hotlnischrn Mi^erbus^n* zuitrhen Tontio uud 
k'.kkoln, iii Ftmma, lleisingfon^, 190.*». 23, n* !; Uie durch das Trfif^it hTronjerufenm Schrnm- 
men und der Transftort der Riorke, in M»V/.. 23. n* I; C^/rr die Oherftnchrnhildungen Mittel- 
nith-ÀlnieiîM, in lhid.,'V>, 2. IÎM)7 («lislrihué en luos». 

2- i>\it ligure cl ks suivante», emprunl»'»-** aux ménioin*s «le M. Lcivisk.i publiés dans Fennta, 
nous ont de obligeamment prvtées par la Sucietr de (Géographie de Finlande. 



338 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Dans les régions peu profondes l'eau, en se congelant, incorpore à sa masse 
solide les cailloux et les blocs qui en jonchent le fond. Vienne la débâcle, si le vent 
souffle de la pleine mer, les glaçons se trouvent pressés contre la côte et s'y amon- 
cellent en masses énormes; puis, la pression continuant à se manifester, ils enva- 
hissent la terre en repoussant contre et sur les rives tous les blocs du fond, en même 
temps qu'ils déposent les matériaux dont ils sont chargés. Ainsi se forment des 
ceintures de blocs autour des côtes accores et des monceaux de pierres sur les iles 
basses comme sur les rives peu élevées [Vig, 31, 32 et 33). La paroisse de Lohtaja 
renferme une prairie riveraine de la Baltique couverte sur le bord de la mer de 
quartiers de roche apportés par la débâcle et qui ont tout Tair de blocs erratiques 
déposés là par les anciens glaciers *. 

Dans les estuaires du golfe de Bothnie les transports par les glaces flottantes 
sont particulièrement actifs. Beaucoup de cours d'eau qui se jettent dans ce bras 
de mer ont leurs berges constituées par des terrasses de graviers parsemées de 
blocs; par suite leurs glaces arrivent à l'embouchure chargées de matériaux, et les 
déchargent ensuite sur les côtes des îles de l'estuaire tournées vers lamont. Ainsi 
les îlots de l'estuaire du Kemijoki et du Torniojoki sont couverts de blocs et 
entourés de levées de graviers apportés par les glaces du fleuve. 

I^s amoncellements de glaçons contre les côtes atteignent parfois une hauteur 
de 20 mètres; on voit quelle puissante action ils peuvent exercer. 

La côte de la Bothnie orientale étudiée par M. Leiviska. est en voie d emersion 
rapide. Aussi bien, dans les territoires exondés depuis une époque récente, notam- 
ment à la surface et dans les couches superflcielles de nappes de sable situées à 
une certaine distance de la côte actuelle, trouve-t-on des blocs qui y ont été déposés 
par les glaces flottantes (flg. 34), alors que la mer recouvrait ces territoires et qui 
n'ont nullement été apportés là par les anciens glaciers, comme on pourrait tout 
d'abord le supposer. 

Lorsque les glaces pressent contre la côte, non seulement elles accumulent les 
matériaux sur la terre ferme, mais encore elles déplacent des blocs précédemment 
immergés ou laissent tombera l'eau une partie des pierres dont elles sont chargées. 
Ainsi chaque printemps de nouveaux hauts-fonds se forment dans les régions 
littorales peu profondes et des « cailloux » précédemment repérés se trouvent 
déplacés. Tous les ans, après la débâcle, un bloc immergé à l'embouchure du 
Kalajoki change de place et en même temps d'axe. Certaines années, le sommet 
de recueil est une partie lisse de rocher, tandis que d'autres le bloc ayant été 
retourné par les glaces présente une face rugueuse, hérissée d'aspérités. Les actions 
géologiques des débâcles créent donc de gros dangers pour les navigateurs. 

Les phénomènes de transport par les glaces flottantes ne s'exercent générale- 
ment que sur une faible distance; toutefois il y a des exceptions, et, dans la partie 
nord de la Bothnie orientale, souvent les glaces amènent de la côte suédoise des 
calcaires que les indigènes recueillent avec soin pour les transformer en chaux. 

Les matériaux apportés par les débâcles sont de calibre très différent : des 

1. I. Leiviska, Uber die Oberflàchenbildungen Mittel-Osibotinicnsy p. 107. 



EUROPE. 339 

fcTniviers, des cailloux, des blocs, parfois des quartiers de roche. Sur l'Ile Le|>anen 




riQ. 3J. — BLOCS POISSES SUR LA RIVB PAR LIS DÉBACLtS. 

(PRBSQC'lLK SALUA PRRS DK l'eMBOICHURC DU SIIPOJOKI. FINLANDB.) 

Reproduction d'oDo photof^raphie de M. I^iviskA. 

MM montre un énorme bloc déposé, il y a un siè(*le environ; un autre mesure 
10 mètres de long et 6 de haut et pèse à Testime pas moins de 1 000 tonnes. 




no. 34. - BLOCS niivta sm mt plaine de sable et qii ont trÉ dép<)««»:s 

P%R LIS OLACKH rLOTTA.NTES A l'VE tPOOt'E ANTÉRIEl'RE. (O^TERBOTHNIE. FINLANDE). 

Rt^priHluiMion «I ui»«* photugrapltic «lo M. Leivisk.-t. 

Sur les bords du golfe de Bothnie, la plus grande réserve s'impose donc dans le 
tJi.iArnostic de Torigine de blocs erratiques. 



340 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Les glaces flottantes exercent dans cette région d autres actions non moins 
troublantes pour l'étude du glaciaire pleistocène. A côté des stries dirigées nord- 
ouest sud-est qui, elles, sont l'œuvre des anciens glaciers, on en observe d'autres 
orientées entre N. oO\ W et N. 80°. W; S. 63° W; E-W; enfin N. E. — D'aprè? 
M. Leiviskil, toutes ces stries sont dues aux glaces llottantes, et sont burinées par 
les cailloux encastrés dans la partie inférieure des glaçons, lorsque dans les pres- 
sions, ils montent sur les rives rocheuses basses. 

On voit par les observations de M. Leiviskil quel haut intérêt présentent les 
débâcles dans le golfe de Bothnie, et on ne saurait trop souhaiter que ces phéno- 
mènes soient observés méthodiquement par les géologues finlandais. 

Cbarles Rabot. 

Les chemins de fer russes à la fin de 1907. — A la date du 31 décembre 1007 
le réseau ferré de l'empire russe atteignait une longueur de 68 326 kilomètres dont 
3314 pour le Grand-Duché de Finlande. A ce total il faut ajouter 1 714 kilomètres 
pour TEst Chinois. 

En 1907 le nombre des voyageurs transportés s'est élevé à 93800353, en progres- 
sion de 9322364 sur 1906, et le trafic des marchandises à 102802933 tonnes, en 
•accroissement de 4399371 tonnes sur Tannée précédente. 

Dans le courant de 1907, 1 703 kilomètres de lignes nouvelles ont été ouverts à 
la circulation, et sur les lignes préexistantes une seconde voie a été posée sur une 
distance de 981 kilomètres. Les principales lignes nouvelles sont celles de Bologoé 
(station dé la ligne Pétersbourg-Moscou) à Volkovysk dans le gouvernement de 
Grodno (894 kilomètres), avec embranchements de Mosti sur Grodno (61 kilomètres); 
de Krasnyi-Kout (station de la ligne de Saratov-Alexandrof Gaï) à Bouzane, dans le 
delta de la Volga ; de Navlia (station de la ligne de Brîansk à Igov) à Terechtchinskaya 
(124 kiloniètres) ; de Terechtchinskaya à Pirogovka (27 kilomètres) et à Konotop 
(70 kilomètres); de Kherson à Nicolaïev (61 kilomètres) dans la Russie septentrio- 
nale. 

Les deux lignes nouvellement ouvertes de Bologoé à Volkovysk et de Krasny- 
Kout à Bouzane ont une importance toute spéciale. La première crée une nouvelle 
voie entre la Pologne et Saint-Pétersbourg et Moscou, située à égale distance des 
lignes reliant directement Varsovie aux deux capitales de l'empire. La seconde 
amène le rail à proximité d*Astrakan et assure aux pêcheries de la Caspienne un 
débouché rapide vers l'intérieur de fempire russe ^ Ca. R. 

Levés exécutés en Crète par les officiers français du corps doccupation. — 
Il existe pour file de Crète une carte générale au 40000** dessinée et héliogravée au 
Service géographique de l'Armée. 

Pendant l'été 1907, le capitaine Eydoux, du bataillon français d'occupation, a 
dressé une carte du secteur français (quart de l'île, département de San Nicole , 

i. Diplomatie and Consiilar Reports, n* 4li0. Ann. Ser. — Russia. Report for the year 4907 on 
the foreign commerce of Russia and trade of the consular district of Saint-Pétersburg, Londres, 
août 1908. 



EUROPE. 341 

reproduite au 100 (MM>- par le Service géographique de l'Armée. S'appuyant sur le 
•leiisin des côtes et Torographie de la carte anglaise de Spratt, reconnus suf/isam- 
ment exacts, cet officier a pu, au moyen de nombreux levers d*itinéraires au cours 
d'une exploration complète du secteur, établir une carte portant toute l'hydrogra- 
phie et toute la planimétrie, et recueillir des renseignements sur chaqne centre de 
iHipulatJon, sur l'état des chemins et les durées de parcours. 

A la suite d'un accord entre le gouvernement crétois et les puissances chargées 
ôc 1 occupation de l'île, le Service géographique de l'Armée a entrepris l'exécution 
«if la carte régulière du secteur occupé par le détachement français, travail qui sera 
IK'ut-étre étendu h l'ile entière. Des officiers géodésiens du Service géographique 
ont procédé de novembre 1907 à février 1908 à la mesure d'une base dans la plaine 
tie Kavousi, à la détermination astronomique des coordonnées géographiques des 
termes de la base et à la triangulation régulière des secteurs anglais et français. 

En 19()9, une brigade topographique sera envoyée en Crète par le même Service 
|Mmr faire au 1(X)000" le levé du secteur français. 

Dans le but de favoriser leurs exercices militaires en terrain varié autour de la 
Canée capitale de l'ile et chef-lieu du secteur italien), les officiers italiens ont levé 
BU 250(NK les environs de cette ville, sur un rayon de 10 à M kilomètres*. Dans 
leurs secteurs respectifs, les Russes et les Anglais ont porté sur la carte de Spratt 
une partie de la planimétrie qu'ils ont relevée. R. 

AFRIQUE 

Obsenrations nouTelles sur la géographie de la République de Libéria*. ~ 
M. ParkinsonMonrovia,au(iuel on doit déjà de nombreuses et importantes données 
<»ur la géologie de la Nigeria, vient de publier sur celle de la République de Libéria 
une note fort intéressante, accompagnée d'une carte schématique en noir, faite en 
utilisant surtout les levés de Johnston. I^ carte paraît modifier d'une façon sensible 
1(-^ données, assez rares d'ailleurs, sur la géographie du Lil)eria, surtout en ce 
qui concerne la rivière Snint-Paul qui se jette dans locéan un \)eu au nord de 
Monrovia. 

Ijc |»rincipal caractère de la géographie physi(|ue de Lil)eria est d être une région 
l>a*«»e qui s'élève graduellement vers le nord, depuis le niveau de la mer jusqu'à au 
moins la latitude de Marakorri (7i«T Lnt. \. ; ce fait est en relation avec l'étal de 
maturité dans lequel se trouvent les principales rivières du pays, qui s(»nt du nord- 
ouest vers le sud est, la Lofa, la rivière Saint-Paul ou Ding. ovec son affluent de 
droite, la Maho, le Junk et son tronc d'amonl le Burror. 

1^ rivière Saint Paul a une pente d environ i p. ifXK entre Milloburg, à son 
emliouchure. et Burukai, à environ lia km. en amont; dan*? ce parcours les cas- 
c.iilvH, sinon les ropiden >ont rares. Les tributaires sont pn»Mjiie nii»jsi importants 

I. C*"* |r%«*«» uni vU' |Mililn*^ ««n tl«Mii f»*uill«"» au 23 Omr imr riii^liliil utM,j|-.i|,in,|ue militaire 
italieo. 

*. Joho Pirl*inî»on, .1 m"/*' ••/i th^ V^tr*tl vy an'l i'ht^ytn ;ra, hi^ of UV*6t/i l.t>>»'ft West Cofttt 
Af A frira), in f^uart, Joumtt heoi, S<m\ h>it'l>tn, LXIV, IVOh, p. 3i:i-:HG. pi. .\.\\V. 



342 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 

que la rivière principale; on peut voir les traces d'une vallée suspendue à rem- 
bouchure de la Tuma, dans la rivière Saint-Paul. Des alljivions s'observent dans 
plusieurs vallées au-dessus du niveau de la rivière. 

La région montagneuse est limitée par une ligne qui passe par Boporo (sur la 
rivière Saint-Paul) et par un village au nord de Degbe (sur la rivière Burror) ; cette 
ligne est approximativement orientée comme la ligne de rivage. Dans la région moo 
tagneuse, se trouvent des lignes de hauteurs, plates à leur sommet, et des collines 
isolées dont la direction est parallèle à la foliation des gneiss, et qui sont très carac- 
téristiques du pays qui environne Boporo et Sanoyei. Elles sont parallèles aui 
collines du Po qui séparent les hauts bassins des rivières Saint-Paul et Lofa. 

Au point de vue géologique, M. Parkinson a observé dans la région sud des gneiss 
grenatifères, des schistes à trémolite, etc. Ces roches sont remplacées dans la région 
nord par des gneiss à mica noir et des schistes à amphibole, dont la direction remar- 
quablement constante est celle des collines signalées plus haut, c'est-à-dire sensi- 
blement N.E.-S.W. — Toutes ces roches sont traversées par des dykes de basalte et de 
diorite ophitique, si analogues aux dykes de la Nigeria du sud que M. Parkinson 
pense à leur attribuer le même âge. 

Ces données nouvelles sur la République de Libéria sont d'un très grand inténH. 
Au moins, au point de vue géologique, ce sont, à ma connaissance, les premiers 
documents précis que Ton possède sur l'intérieur de ce pays. 

Paul Lemoine. 

AMÉRIQUE 

La carte topographique de l'état de Sâo Paulo. — En même temps que l'active 
Commission géographique et géologique du Sào Paulo conduit l'exploration de 
la moitié occidentale de cet État, elle poursuit la triangulation de la moitié orien- 
tale, qui a pris, comme on sait, un si heureux développement agricole. Depuis 
quelques années, grâce aux efforts du chef actuel de la commission, M. J.-P. Cardoso. 
la carte topographique de cette région au 100 000*" a rapidement avancé. Dix-sept 
feuilles dites Edicào preiiminar et portant la date de 1907 et de 1908 viennent 
d'être publiées. 

Ce document est le travail topographique le plus parfait qui existe dans toute 
l'Amérique du sud. Jusqu'à présent un seul état, également au Brésil, celui de 
Minas Geraes, avait entrepris la publication d'une carte à échelle topographîque; 
mais par suite de difficultés financières son travail est resté inachevé. Neuf planches 
comprenant la partie méridionale de Tétat, entre Valença et S. Joâo del Rey, 
avaient été publiées depuis 1895 par les soins de la Commission géographique el 
géologique de Minas Geraes. Le Sào Paulo a maintenant pris la tête de l'œuvre 
topographique brésilienne et cette œuvre s'affirme comme tout à fait supérieure. 

L'aspect de ces planches au 100000^ rappelle celui de la carte du Geoloffml 
Surveij des États-Unis. Mais les dimensions des feuilles sont plus grandes. Chacune 
d'elles représente un quadrilatère d'un demi-degré, en longitude comme en lati- 
tude. Les courbes de niveau, imprimées en bistre, sont à équidistance de 25 mètres : 



AMÉRIQUE. 343 

elles paraissent étudiées avec beaucoup de soin. Regrettons cependant l'absence 
d'altitudes inscrites aux sommets et dans les vallées; souhaitons que cette lacune 
soit comblée dans les éditions ultérieures. 

Les dix-sept feuilles publiées comprennent la partie la plus importante de letat 
pauliste au point de vue économique, celle aujourd'hui sillonnée de nombreuses 
voies ferrées depuis Santos, S. Paulo, et la vallée supérieure du Parahyba dans la 
partie oôtière, jusque vers le Rio Grande au nord. Le tableau d'assemblage, qui 
Arcom(mgne les feuilles au 100000", nous montre en effet que la triangulation 
atteint cette limite du S. Paulo, pour se raccorder avec le travail analogue entrepris 
dans rétat voisin de Minas. 

Tne magnilique carte d'ensemble de l'état de Sâo Paulo ', mérite de retenir 
lAttention. Dressée à lechelledu 1 000000" imprimée en six couleurs, elle est remar- 
quablement claire et bien gravée. Ce précieux document d'ensemble, daté de 1908, 
porte la marque de rexcellente organisation de la Commission géographique pau- 
li<te et donne la mesure de son activité et de sa valeur, sous la direction de Témi- 
nent ingénieur Jodo P. Cardoso. Vu plan de la ville de S. Paulo et une liste des 
Altitudes des principales localités de l'état, complètent l'intérêt documentaire de 
rt»tle carte, utile aussi h consulter pour les voies ferrées dont le développement est 
*i rapide dans cette région brésilienne. 

V. Ht'OT. 

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE 

FonDation de la glace dans les rivières. — On se rappelle les recherches de la 
Siciété russe de géographie, sur la formation de la glace de fond dans les eaux 
«jouces de Russie, qui ont été résumées ici même (t. Xlll, 1906, p. 38")). M. W. I^kh- 
tine * rend compte des travaux qu'il a effectués sur ce sujet dans la Neva, au cours de 
l'hiver Il^>i-I90.*). Des stations d'observations avaient été organisées tant sur In Neva 
que^ur se** affluents, la Tosna, l'Ijora et la Korlchinkn. On y étudiait la température 
d<' Teau et les ccmditions de formation et d'entassement de la glace, tant dans le fleuve 
qu'à la surface des objets plongés dans l'eau. On lit également des expériences de labo- 
ratoire sur la congélation de l'eau, ainsi que sur la formation des cristaux de glace. 

Il existe au fond de certains fleuves, pendant la gelée, des amoncellements de 
irlace friable d'une espèce particulière, se composant de menues parcelles et se collant 
aux ot>jeU qui se trouvent dans le fleuve. Cette glace spongieuse peut former des 
amaH de grandes dimensions. 

Lu méthode employer» par M. Lokhtine consiste à descendre au fond du fleuve 
un *etku fermant hermétiquement et renfermant de l'eau qu*on avait d'abord fait 
tit^lir de façon à la priver des cristaux de glace qu'elle pouvait renfermer. Le seau 
»*Uit laissé i\ heures en place. On plongeait en même temps des bouteilles, des 

\ Ctirta ff^xtf do Ettath tU S. Paulo ortfiniM't.! ï^»!.! Coinis>Ao RHographici e geolofrica. Enjt* 
J*Mo P^ilro «:anlo^> ch»*fe. KscNila. l : l ooo m«)0. I*i>^. — Scco.io carUitcraphiro do Hstablecimento 
mphi^'o \Vci*/flotf Iriiiâos. — S. Pauïo. 

i >V. l»k|iline. Phenom^nen tie la contfélatinn th» rivières. Cau^et df la formation de la fflaee 
nltr^urt flurtùU. P.irU. Bt» ranger. J'JOT, 40 p. 



3» MUUVEMKNT GÉOGRAPHIQUE. 

théières, des boîtes remplies d*eau préalablement tiédie. Ces expériences ont été 
répétées dans les conditions atmosphériques les plus variées : elles ont toujours 
donné un résultat identique. 11 ne s'est jamais formé de glace à l'intérieur des réci- 
pients; en revanche la face externe des objets se couvrait d'une couche de glace plus 
ou moins épaisse. Si, au contraire, on remplissait les récipients avec de Tcau prise 
directement dans la rivière, dans le voisinage du fond, on trouvait sur les copeauxt 
les pierres ou les rameaux de sapins placés au préalable dans les vases, des dépôts 
caractéristiques de glace spongieuse. De même, en plongeant directement dans le 
fleuve des branches de sapin, on les retirait couvertes du même dépôt de glace. 

Ce phénomène prouve que Teau courante apporte des cristaux de glace qui se 
déposent sur les objets qui y sont plongés. Presqu'en aucun cas il ne s'agit de blocs 
de neige qui auraient coulé à fond. Ce fait n'a été observé qu'une fois, après une forte 
chute de neige; mais alors la masse formée avait un aspect tout différent, et, 
ressemblait à de la neige mouillée. 

Les expériences de laboratoire ont donné des résultats identiques. La glace dite 
de fond, et à laquelle le nom de glace alluvionnaire conviendrait mieux, ne se forme 
dans le récipient que lorsque la surface de celui-ci est en contact direct avec l'air 
ayant une température inférieure à 0°. C'est donc à la surface que se forme cette 
gl^ce, dans les sections des cours d'eau non recouvertes de glace, et par suite sou- 
mises à l'action de l'air froid. Ces cristaux sont entraînés par les courants vers le 
fond du fleuve et se collent aux objets qu'ils y rencontrent, une fois que leur quan- 
tité est suffisante pour refroidir toute la masse de l'eau. On constate que sur les 
objets plongés dans l'eau, l'alluvion glaciaire est toujours fixée du côté tourné 
vers le courant, tandis que le côté opposé reste libre. 

11 est à remarquer que pendant les fortes gelées, surtout lorsque le temps est 
calme, la quantité d'alluvion glaciaire diminue, au lieu d'augmenter. C'est que ces 
conditions météorologiques favorisent la formation de plaques de glace à la surface; 
par suite, la surface de l'eau en contact direct avec l'atmosphère diminue, et la masse 
d'eau est préservée d'une réfrigération trop rapide. 

Comme l'alluvion glaciaire ne peut atteindre le fond que si elle y est portée par 
les courants, on doit s'attendre à ce qu'elle ne se forme pas en eau calme, et quelle 
soit au contraire abondante dans les eaux à mouvements irréguliers. C'est précisé- 
ment ce que l'observation confirme. Quant aux souillures, boue, sable, cailloux, 
que la glace dite de fond renferme en si grande abondance, elles ne proviennent 
pas du lit de la rivière, comme on l'a cru. Ces matériaux étaient en suspension dans 
l'eau et ont été englobés par la glace au moment de sa formation. 

Le dépôt de l'alluvion glaciaire dépend des particularités du lit de la rivière et de 
son courant. On comprend par suite pourquoi toutes les rivières soumises aux 
mêmes conditions climatiques ne renferment pas de glace de fond. Au point de 
vue de l'hydrologie générale, ces observations montrent avec quelle vitesse se 
mélangent les couches superficielles et profondes de l'eau, dans les rivières à cours 
quelque peu rapide, puisque les cristaux de glace formés à la surface ont le temps 
d'atteindre le fond malgré leur légèreté spécifique. 

Au point de vue pratique, les études de M. Lokhtine ont un résultat important. 



GËOiiRAPHlK PllYSigrE. 345 

Pour lutter contre les entassements de glare qui entravent la navigation, il ne con- 
vient pas de les détruire avec des explosifs ou des brise-glaces ; en le faisant, on met 
:i nu la surface de Teau et on favorise une nouvelle production de glace de fond. Il faut, 
.lu contraire, aider h la formation de la glace de surface en plaçant dans le courant 
.!i>s radeaux de branches de sapins : la surface étant couverte déglace, la production 
•le la glace de fond sera entravée. 

On peut rapprocher de ce travail celui de M. T. Barnes * qui a plus particulière- 
ment étudié le Saint' Laurent. Ses conclusions sont h peu près identiques. Dans 
toutes les parties calmes du fleuve, la glace forme h la surface une couche qui pro- 
trice Teau contre la déperdition de chaleur. Lorsque le courant est trop rapide pour 
|ue celte couche se produise, Teau est exposée au froid, les cristaux de glace sont 
«entraînés jusque dans les parties où Teau est calme et vont se fixer à la face infé- 
rieure des plaques de glace, où ils forment d'immenses agglomérations, qui peuvent 
ntleindre le fond de la rivière. Dans d*autres cas ces cristaux se fixent sur les objets 
qu'ils rencontrent en cours de route, pierres, bronches d'arbres, turbines, etc. l*ne 
tK*s faible élévation de température suffit à les détacher. Pour éviter l'arrêt des 
machines il y a donc lieu de protéger les turbines contre le refroidissement et de 
faciliter le passage de la glace. D*" L. Laloy. 

GÉNÉRALITÉS 

Fondation d une Société de Géographie à Gothembourg. — Vue Société de 
•♦••»icraphie vient d'être fondée à (îothcmbourg. Le 7 novembre, elle a tenu sa prc- 
nûrre séance sous la présidence du professeur Otto Nordcnskj"ld . 

\jk nouvelle Société a été organisée à la demande des étudiants de l'Kcole d'ensei- 
KMiement supérieur de (iothembourg, avec le concours des professeurs de cet étoblis- 
*fment. Elle aura donc des préoccupations essentiellement sci(Miliflques; en même 
1. mps elle trouvera très certainement un appui actif dans toutes les classes de la 
ixipulation de cette ville qui est le principal port de la Suède, d'autant que dans 
riii^toin» de l'exploration suédoise, (îothcmbourg occupe un rang éminent. C'est, 
•»ii effet, dans cette ville qu'habitait le regretté Oscar Dickson, le Méccne éclairé dont 
\*^^ litMTalitésont permis à A. K. Nordenskj^vW d'accomplir sa grande cvuvre polaire. 

Charles Rabot. 

I. Il.-T. nann»«». Formation of Ground or Anchor Ice awl oth^r naturai Ice, in Salure (Lonûrer^u 
. »î :h, n" 2«iU, i juin IUOh. p. |o2 (3 (Ig.). 



U OÉooAAPttit. - T. xvni, 190«. -^ 



CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 



LE IX' CONGRÈS INTERNATIONAL DE GÉOGRAPHIE 

Tenu à Genève du 27 juillet au 6 août, le IX" Congrès international de Géographie a 
réuni plus de sept cents adhésions. La plupart des états de l'Europe, plusieurs de TAmé- 
rique, TAustralie et le Japon y furent représentés et pendant dix journées de séances 1«* 
travail s'est poursuivi dans les quatorze sections qui se l'étaient réparti. 

Il fut fructueux, provoqua des discussions serrées et aboutit à des résolutions inté- 
ressantes. C'est, en somme, un succès, dont il faut féliciter les organisateurs d'abord, et 
parmi ceux-ci M. de Claparède, qui s'est multiplié comme président et comme hôte. 
L'accueil a été parfait, digne en tous points de la grande ville qu'est Genève et, comme 
on Fa dit, « do cette Suisse sereine, assise près du ciel et dont la blanche liberté s'adossi» 
au firmament ». 

Le Congrès a eu son prologue, le 26 juillet, dans les salons et les jardins du palais 
Eynard, où le conseil administratif reçut les premiers arrivés. Le lendemain matin,* 
séance d'ouverture : discours du président de la Confédération helvétique, M. Brenoer, 
du président du Conseil d'État, M. H. Fazy, du président du Congrès, M. A. de Claparède, 
tous empreints de la plus franche cordialité, — et réponse très applaudie du prince 
Roland Bonaparte, vice-président d'honneur du Congrès, qui parlait au nom de toutes 
les Sociétés de Géographie représentées. Un hommage unanime fut rendu à la mémoire 
des grands savants, Albert de Lapparent, Elisée Reclus, de Richthofen, morts depuis le 
congrès de Washington, comme aussi fut évoqué le souvenir des deux Genevois : 
Horace-Benedict de Saussure, qui mit en honneur l'étude des Alpes, et Guillaume-Henri 
Dufour, auquel est due la carte topographique de la Suisse. 

Toutes les matinées furent prises par des séances générales; peut-être aurait-on pu 
en diminuer le nombre au profit des sections; peut-être aussi eût-il été avantageux de 
fondre en une quelques sections pour permettre à leurs membres de traiter en commun 
certains sujets. Bien que cette fusion se soit faite parfois, que les sections aient alterné 
entre elles et n'aient tenu séance qu'un jour sur deux, i^ n'a pas été toujours possible de 
s'assurer le concours des congressistes les plus compétents, précisément parce qu'ils 
tUaient occupés ailleurs. Ce sont là simples observations de détail, et nous savons par 
expérience qu'un programme très étudié se heurte souvent, dans la pratique, à des diffi- 
cultés inattendues. 

Point n'est question de résumer à cette place les mémoires présentés au Congrès. 
Sur deux cent trente-cinq communications annoncées, une bonne moitié n'a été que 
l'objet d'une simple mention. Celles qui ont retenu l'attention sont néanmoins trop nom- 
breuses pour être énumérées. Une vue d'ensemble suffira. 

La plus large part a été faite à la géographie physique, et c'est justice dans un pays 
qui constitue un champ d'études merveilleux pour les géomorphologistes, dont le nombre, 
d'ailleurs, égalait la qualité. 

Le débat sur les glaciers a donné lieu à de beaux tournois. M. Penck, le savant direc- 
teur de l'Institut météorologique de Berlin, a parlé de la limite inférieure des neiges 



CHIIOMIQUE DB LA SOGIÊTK DE GEOGRAPIIIB. 347 

êiemelleji a l'époque glaciaire dans les Alpes et son aperçu sur les causes de l'extension 
glaciaire de cette période a amené le professeur Forel A noter, pour les glaciers actuels, 
•|ar leurs variations ont un < parallélisme étonnant avec les variations thermiques 
i^b^i'rvées pendant les trois mois d'été ». De telles recherches, en se généralisant, appor- 
li'iont une aide sérieuse & Fétude de la période glaciaire. CVst donc, suivant la formule 
^»av«*nl citée de M Mackinder d*Oxford, à la iumièrr du prHent que $ éclaire le passé, ce qui 
Il ein|»érh«* pas d'ajouter avec W. M. Davis et de Lapparent que P étude du présent s'éclaire, 
tlU au%ù, n la lueur dttpa<sé. Après une discussion nourrie, notre collègue, M. J. Brunhes, 
.1 fait un exposé du processus du creusement glaciaire. Le lit glaciaire est caractérisé par 
Il forme en l' avec profil en escalier, tandis que te lit torrentiel revêt la forme d*un Y 
i%»*r profil régulier. Des projections venant à l'appui de rette thèse brillamment exposer 
Miii montiv éualem^nl l«* sillon laissé par le double écoulement torrentiel et l«'s trace;» du 
iiiou%ement tourbillonnaire de l'eau circulant sous la glace. Sans nous attarder aux 
» .»iitr»tver*»»s, rependant dignes d'être signalées, notons l'élude de 11. Vallot sur les varia- 
tions de la Mer de glace au siècle dernier, étude présentée par M. Schrader. (> glacier 
. rru fort lentement et l'époque glaciaire ne semble pas l'avoir poussé très haut. Il est, 
*-:i somme. p«*rinis de conclure que les effets de la période glaciaire sont moindres qu'on 
11-* l av.iit supposé jusqu'ici. Il faut citer encore les communications de M. Cvijié (Bel- 
^r.id<- sur la glaciation dans les Balkans, de II. Mercanton (I^usanne sur les travaux 
r>-r»-ntH ctmrernant les glaciers, de M. de Loczy (Budapest h) sur les relations entre les 
). tutn uradins ulaciaires et les trois terrasses fluviales de la plaine du moyen Danuln*, 
«1** M tiamberg L'psab sur la structure de la glace. MM. Brûckner, Davis, de Margerie, 
^upan, van Baren, Sederhoiro, Friih, tîirardin, de Martonne, Jacob, Arctowski et d'antre^ 
odI pri^ une part active à la discussion de ces questions. 

La XfdranoliHjie i*t la sismologie n'ont pas été sacrifiées. .MM. Johnston a traité du méca* 
Tii%me de l'activité volcanique, Itudolph des relations entre les conditions tectoniques et 
•»i^miqu«*s de l'Asie occidentale, Niermeyer des volcans des Indes Néerlandaises, Platania 
du Str«imboli. M. Vêlai n, dans une revue des théories volcaniques, a comparé les phéno- 
in*-nf<s de ci-t ordre aux dislocations de la croûte terrestre et conclu par une distincti<»n 
II'-* nette entre les tremblements de terre et le volcanisme. Après lui M. Forel a résumé 
l«*% tr.ivaux de IWssociation sîsmologique internationale fondée par le docteur (lerland. 

A 1 hydrographie Ipoîamoloijie et limnologie\ se rapportent les recherches du docteur 
lUdkt sur les lacs d'Ecosse, effectuées sous la direction de Sir John Murray; l'élude sur 
1 oriiriiie d<*s poissons du Léman, qui a conduit M. Forel à considérer que dans les temps 
(Mi^Uislaciaires une communication existiit entre ce lac et celui de NeucliAlel. La tempé- 
rature des lacs de haute altitude, la limnologie du Balaton, une comparaison entre les 
I n's évjporateurs tels que le Tchad et les lacs condensateurs tels que le Baîkal ont tour 
.1 tour amené à la tribune MM. Brtlckncr, Wcpikof. Hellmann, Forel et de Loczy. 

La section à'oce*inogrûqihie a entendu les rapports du professeur (). Petlerson sur les 
travaux du Bureau du Conseil international pour l'exidoration delà mer, dont le siège est 
1 Harlem, ceux thi professeur <•. Schott sur l'importance qu*aurait pour la physique et la 
UioloiTi'* l'rxploration internationale de l'.Atlantique et sur les récents travaux océanogra- 
phique^ d»* la marine allemande. Parmi les océanographes, l'amiral Chesler représentait 
!•-• f.t.its I nis, le professeur Vinciguerra l'Italie, le docteur Collet lienève, les docleur> 
kri'imm«*t et Brennecke, avec le professeur Schott, l'.Vllemagnc. Nous n'en avons regretté 
qu*- d.1 vantas** l'absence de M. Thoult»t, dont la participation au Congrès de Wa>hinirtoii 
iv4il été justement appréciée. 

la météorologie et le magnétisme terr€>trc n'ont occupé que deux séances. M. Hellmann 
A etp«>««'« une méthode nouvelle pour préciser le régime de la pluie dans une localité, l'ne 
nouvelle carte pluviométrique de la Sui^^se, a été présentée par M. Maurer, un traité de 
météorologie nautique par M. Vasconcellos, deux globes météorologiques sur l'enseigne 
ment |wir M. Ka^^sner. Des notes sur le magnéiisine terrestre et les effets de la foudre 
yjkr M. Platania, sur la climatologie du grand Saint-Bernard par M. R. Gautier, sur 



348 CURONIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

l'étude des courants de la haute atmosphère au moyen de ballons-pilotes par le docteur 
de Quervain appartiennent encore à cette section. 

La géographie mathématique et la cartographie ont pris une place importante tant dans 
les réunions plénières que dans les séances de section. 11 a été parlé de la triangulation 
de TEIgypte par le capitaine H. G. Lyons, du méridien de Greenwich comme base des 
fuseaux horaires, des déterminations de longitude et de latitude d'Athènes, de la mesure 
des angles et de l'établissement d'un méridien universel, des levés topographiques, des 
courbes de niveau applicables aux plans des villes, du nivellement des chemins de fer de 
la Russie d'Europe, etc. * ; mais la communication la plus nouvelle et la plus curieuse, 
encore que très savante, dans ce domaine, est celle de M. l'ingénieur en chef Lalleniand 
sur « la respiration de la Terre ». La croûte terrestre a, comme la masse liquide, des mou- 
vements périodiques, qui sont liés, ainsi que les fnarées, à la rotation de nolro planète, 
aux phases de la lune, à la translation autour du soleil. Cette « marée terrestre >» se dis- 
cerne par la déviation du pendule, déviation qui serait nulle si la surface de la terre était 
lluide, donc horizontale, ou qui répondrait au calcul de toutes les influences solaires et 
autres si la croûte terrestre était absolument rigide. Or, le pendule dévie sur le sol et cette 
déviation ne répond pas au calcul. Cette oscillation n'étant que d'un dixième de micron 
(0 m. 0001), le difficile fut de l'enregistrer. C'est tout dernièrement, à l'Institut geodésique 
de Potsdam, que le professeur Eckert, après cinq ans d'observations, a résolu le pro- 
blème, grâce à la perfection d'instruments nouveaux et d'une méthode, dont M. Lalle- 
mand a fait un exposé magistral. 

Ce serait le cas, à propos de la cartographie, de nous arrêter aux rapports du professeur 
Penck sur la carte de la terre au 1000 000'», du président de notre Commission centrale, 
M. Schrader, et du général de Schokalsky sur la formation d'une association cartogra- 
phique internationale et la publication d'un répertoire graphique, de M. Nicolle sur les 
fuseaux horaires et l'heure légale; mais, ces travaux importants ayant provoqué l'adop- 
tion de vœux très détaillés, dont la publication sera faite à la fin de ce compte renda, 
ainsi qu'il a été décidé, il serait superflu d'insister ici. 

A la géographie pédagogique se rattache la belle conférence de M. le conseiller d'Étal 
Rosier sur « le domaine propre de la géographie con.sidérée comme branche d'enseigne- 
ment ». Ainsi comprise, « elle a pour objet la lecture des cartes et la description scienti- 
fique de la Terre, c'est-à-dire des éléments divers, physiques et vivants, dont la combinai- 
son et l'enchaînement déterminent la physionomie actuelle du globe. Elle se divise eu 
géographie mathématique, physique, biologique et humaine, cette dernière se subdivi- 
sant elle-même en géographie historique, politique et économique. Son domaine propi*e est 
l'étude des relations entre le monde inorganique et les êtres vivants et plus particulièrement 
entre la Terre et le monde ». Cette définition qui, dans ta pensée de son auteur, devait 
prendre la forme d'une résolution du congrès a été très applaudie en séance générale et 
commentée en section, où elle a provoqué une intéressante discussion, à laquelle MM. Vidal 
de la Blache, Chodat, Chisholm, Davis, Silva Telles et Ricchieri ont pris part. Le débat 
s'est encore ouvert sur une revue des cartes scolaires suisses, les voyages scolaires, 
les cours géographiques internationaux à tenir pendant les vacances, renseignement delà 
géographie en Belgique. 

La géographie biologique (botanique et zoogéographie d'une part, anthropologie et ethno- 
graphie d'autre part) a formé deux groupes d'études. Au premier se rapporte le brillant 
exposé que fit en séance générale. M. Flahault du <« Devoir des botanistes en matière de 
géographie humaine ». C'est la question du reboisement et de l'amélioration dusol.snr 
laquelle viennent se greffer des considérations sociales. Le déboisement occupe aussi 
MM. Cuénot et Descombes, qui signalent ses dangers sur le terrain en pente. M. Jaccard 
aborde la distribution des espèces végétales suivant leur degré de fréquence; M. Tanfilief 
montre l'influence de la température du sol sur la limitr» naturelle des espèces. La flore 

1. MM. Raoul Gautier, le colonel Becker,' Patlienhauscn, Schule, Oberhuromer, Held, Henry 
Barrère, Wagner, ont pris une part active à ces débals. 



CHRONIQUE DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. 3iu 

4u Paraguay, celle de Madagascar fournissent à MM.(>hodat el Hochreulinerd intéressants 
»ujels, tandis que la faune est l'objet des communications de MM. Candolle, Keller. 

(Vest d anthropologie et d*ethnographie que traitent M. le professeur Oscar Lenz dans 
sa coDft^rence trAs écoutée sur les Juifs d'Abyssinio et du Maroc, MM. de Maday, Silva 
T«Ue», Blondcl à propos des Tziganes, et Mme We^ner en abordant avec beaucoup de 
4'barme la question de lart chinois et en appuyant son expost^ sur un choix très heureux 
4ie peintures chinoises de di (Té rentes époques. 

Sous la rubrique géographie économique et sociale ligure la communication de M. Vidal 
de la Blache sur Tinterprétation géographi^iue des paysages. On sait comment dans ses 
Ubleaax g<H>graphtques de la France le maître a su marquer (es rapports qui existent 
«•otre le site et les établissements humains. 

M. P. Girardin a nettement détini le rôle des conditi<ins topo>;ra|»hiques dans le déve- 
loppement des villf>s suisses et M. le professeur E. Oberhummer s'est fait applaudir en 
demandant que la géographie des grandes villes soit effectivement entreprise et que dans 
« es monographies le sol, sa structure, le climat soient envisagés non moins que les con- 
ditions éctimuniques ou les catégories sociales. Il a été parlé de la Finlande fhir M. Sederholm. 
du Br^'sil et de ses progrès économiques par MM. le marquis Oliveira et (ieorletli,dcs gise- 
ments pétrolifères du monde par M. le professeur Day, souvent applaudi dans de brillantes im - 
provisations, de la population des États-Unis par M. P. Rrigham. M. Blondel a fait avec com- 
|N*ieDce un exposé de la question des ports francs ; il a établi que si la France n'a pas de fret 
abondant, » il faut aussi tenir compte du commerce de transit et des manipulations qu'on 
fait ^ubir aux produits à leur arrivée au port. Or, la France est admirablement placée pour 
^tre le siège de cette activité et ce rôle serait puissamment aidé par le port franc. 
Cvs^i le manque d'institutions de ce genre qui a détourné de chez nous le courant com- 
mercial. M Le n^^ime fluvial du Danube et les travaux de la Commission internationale ont 
r'U* précisés par .M. Porumbaru, dont nous retrouverons le vœu plus loin. De même la 
naviKutiondu Khône par M. Clerget et la jonction de tienève à Mai-seille ont retenu Tatten- 
tiou. M. de Givenchy a présenté un mémoire sur la Tunisie et ses transformations écono 
miques depuis l'établissement de notre protectorat. L'idée de créer un bureau interna- 
tional de consultation g'''Ographii]ne pour les commerçants prit corps dans ce groupe sur 
I initiative du commandant Honca^li. 

La section de géographie historique a été présidée par M. le professeur Cordier, de 
rinstitut« délégué du gouvernement et de la Société de (léographie et qui en cette double- 
«tualité représenta effectivement la France dans les réceptions solennelles de ce IX* (-ou- 
vres international. M. Cordier a fait hommage de ses travaux sur Le consulat de France 
41 C4ini(m au XVIII'' xiecle et Ui corrcspond'tnce générale de h Cockinchine {1185-4791). 
puis il a exponé les récents voyages accomplis par des Français dans l'Asie centrale et 
orientale. Il a cité MM. le comte de Lesdains, te commandant de [^coste, Claudius 
Modrolle, Bons d'Anty, en marquant la caractéristique de leurs travaux; il a insisté sur 
U mission d'Olbine en cours de route et dont les résultats déjà connus .^mt importants, 
rappelé les voyages de MM. Bon in t de Vaulserre, Leclère, le comte de Marsay, le docteur 
L«* gendre, Jacques BacoL II a noté encore le beau voyai:e de M. Ed. Chavannes, grande 
exploration archéologique faite systématiquement dans la partie historique de l'Empire 
du Milieu, l ne pa«e également est consacrée à la mission Pelliot, riche d'une foule de 
doraments archéologiques et linguistiques. tA'tte savante communication s'est terminée 
par one appréciation élogieuse des travaux de l'observatoire de Zi-Ka-Wei. 

Nutre collèt;ue présente ensuite un manuscrit dudocleur Hamy, de rin>titul, président 
de nolie Socicté, sur le voyaue d'André Michaux en Syrie el en Per>e .17H2 s.»-, et deux 
«>UTra«es de M. H. Vignaux, premier secrétaire des États-Unis à Paris, ^ur Toscanelli et 
iJiristophe Colomb. M. de Oliveira Lima, ministre du Brésil à Bruxelles, a rendu compte 
de» négociations passées par son pays aver les pays voisins pour en déterminer les fron- 
tière^. M. Edouard Navillc a fait connaître les rapports comnien iaux d'* l'ancienne Kgypte 
iv^îc U-s peupb'S voisins. I.a prit)ril'- de hitléoouverte de la Corée est ré»iain«*»' pour le> EspaunoU 



3â0 CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ BE GÉOGRAPHIE. 

par don Alfredo Gumma y Marti ; le comte Teleki présente une intéressante collection d^ 
cartes espagnoles et portugaises du Japon qui seront publiées prochainement à Budapest 
et M. de Luigi une mappemonde chinoise du xvii^ siècle trouvée à la Bibliothèque ambroi- 
sienne à Milan. Dans cette section M. Scott Keltie, le savant secrétaire de la Société royaW 
de Géographie de Londres, a donné connaissance des progrès accomplis dans le domaim* 
de la géographie et de son enseignement en Angleterre depuis vingt ans. 

A noter encore dans la section historique le compte rendu, par le professeur hollan- 
dais Niermeyer, des explorations récentes du docteur Lorenz et du capitaine Gosseus en 
Xouvelle-Guinée, prouvant Texistence de montagnes neigeuses sous ce climat équatorial. 
Ainsi nous arrivons h l'avant-dernière série des travaux dont le Congrès a eu à s'oc- 
cuper : les explorations, qu'on a parfois désignées sous la dénomination de « géographie 
militante ». 

Bien que Tabsence du commandant R. E. Peary et du docteur Jean Charcot fùl 
vivement regrettée, les explorateurs polaires se trouvèrent relativement nombreux au 
Congrès et les questions arctiques et antarctiques y furent Tobjet de discussions animées 
tant dans les séances de section qu'en assemblée générale. M. Otto XordenskjOld, qai 
avait pris pour sujet la conquête du pôle sud, a parlé de V « Antarctide occidentale » et, 
d'a.prèsses observations personnelles, de Tanalogie existant entre les formations volcani- 
ques des régions visitées par lui et celles de la Patagonie. La faune y est surtout marine el 
la flore se réduit à une cinquantaine d'espèces, rencontrées déjà dans les régions boréales. 
La température en hiver y est moins froide qu'à la baie d'Hudson, plus froide qu'au Grôn- 
land, mais en été le thermomètre reste en dessous des degrés atteints dans les régions 
arctiques. M. de Frezalsa rappelé l'expédition argentine et M. Arctowski a dressé le bilandes 
explorations antarctiques. C'est d'un projet d'expédition dans le nord-sibérien pour lOtO 
que'M. Tolmatchef entretient ses collègues. Un relevé topographique de la presqu'île Taî- 
mour et du cap Tchéliouskine est d'ores et déjà décidé. On sait que l'extrémité nord de la 
Sibérie n'a été visité que trois fois, dont une par Nansen. Sous la présidence du comman- 
dant Cagni, qui s'est approché le plus près du pôle dans le vieux monde, M. Lecointe, 
ancien second de La Belgica, a parlé de la commission polaire internationale el de son 
organisation. 

Avec M. Filchner, officier allemand qu'accompagnait sa vaillante femme, nous avons 
exploré dans le Tibet oriental, sur le cours supérieur du Hoang-ho. A son travail topo- 
graphique, qui s'est effectué non sans péril dans des régions nouvelles, sest ajouti^e 
une abondante moisson de documents ethnographiques, zoologiques et météorologiques. 
Nous connaissons, pour les avoir appréciés à Paris, les résultats obtenus par le capi- 
taine Harfeld, de l'armée belge, dans son voyage au Hou-nan, et pour la même raison 
nous ne reviendrons pas sur la conférence, très applaudie, faite par M. Bertrand, vice- 
président du Congrès : « Le pays, des Ba-Rotsi, au nord du Zambèze »>. Sur la demande de 
la Société de Géographie nous avons donné un aperçu des travaux accomplis depuis ie 
commencement du xx" siècle par nos explorateurs dans l'Afrique française. C'est une 
récapitulation qu'il serait, sans doute, superflu de reprendre dans ce recueil qui tient h* 
public au courant des progrès géographiques comme du mouvement des explorations. Par 
contre, nous réserverons ultérieurement une place à une note très substantielle et très 
exacte sur les travaux géodésiques effectués de 1904 à 1908 par le Service géographique 
de l'Armée, note que nous devons à l'obligeance du lieutenant-colonel Bourgeois, vice- 
président de notre Société et chef de la section géodésique de ce grand établissement 
scientifique. 

Si les séances consacrées aux règles et à la nomenclature ont été peu nombreuses, en 
revanche elles ont été particulièrement animées. Certains vœux s'y rapportant, nous ne 
ferons que citer ici les débats sur la transcription des noms géographiques, sur le réta- 
blissement des noms primitivement portés sur les caries, sur la dénomination du Léman 
ou lac de Genève, débats auxquels ont pris part MM. Ricchieri, Cordier, Chisholm, 
de Cholnoky, de Saussure, Siéger, Matzuoka, Barton, Crotta, de Fleurieu, etc. M. Olufscn 



CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE GEOGRAPHIE. 351 

a fifiiposé une uoion plus étroite entre les socitHés de géographie et la constitution d'un 
t limité chargé de cettf* organisation. Le général de Schokalsky a enlln attiré l'attention 
•l** la 54'olion sur la nécessité de Taire compulser dans les travaux des Congrès tous les 
\u*ux ayant une portée scientiflque et d'inviter les sociétés de géographie à en assurer la 
l>ublication dans leurs bulletins. 

Hépondant donc à ct*t appel, nous publions ci-dessous dans l'ordre et dans la forme 
.uU«ptés les propositions retenues par l'assemblée des délégués qui clôtura la session. 

Résolationfl et Vœux. 

L Lu carte du monU à /VcAW/c de i 000 000* , 

Attendu que les ofllces cartographiques de difTérentes nations ont commencé la cons- 
truction de caries destinées à être publiées à l'échelle uniforme de I OOOOOO' avec con- 
v-ntion<i uniformes pour les limites des feuilles, etc., il est désirable (]u'une série uni- 
f>Tme «le symboles et de signes conventionnels soit adoptée par toutes les nations pour 
•'•lie employée sur les dites caries, qu'un Comité international soit ncmimé pour étudier 
la question, et, que. alln do fournir une base pour la discussion, chaque gouvernement ou 
tiiut établissement producteur de cartes soit invité à envoyer au comité, dans le délai de 
«b*uze mois, des spécimens des caries au 1 000 000' quMl a produites. 

Le r.umité nommé par le président s'est assemblé et a émis a runanimité le vteu .sui- 
\.int : que les remerciements du Congrès soient exprimés aux gouvernements Allemagne, 
I t.it.s-l'iii<, France et Grande-Bretagne i qui ont commencé l'exécution de cette wuvre 
iiiiiMirtante, et que les résultats de leurs efforts soient communiqués par le Congrès aux 
mil es i{ouvt;rneroents intéressés dans la cartographie. 

Sur la proposition de ce Comité b^ Congrès international adopte les dispositions sui* 
t iules : 

1. t«ouforménient auv<eu émis par le t^^ongrès international géographique tenu à Lon* 
■u.-»., en tHlC, chaque feuille de la carte devrait embra.sser une superficie de 4 degrés en 
.ititude sur A deurés en longitude. Les méridiens limitant les feuilles devraient être à 
int«-rvall*'S successifs de 6 tlegrés comptés depuis Greenwich et les parallèles-limites, 

• omptés à partir de rK<|uateur. devraient être à intervalles successifs de k degrés. Les 
m*-ii.iiens et parallèb*s, de degré en tleyré, devraient être tracés visiblement sur la feuille. 

2. Li projection devrait être, suivant le vœu de 1895, une projection polyconique, 

• hi jur feuille devant être construite indépen<Ianiment sur son méridien central. 

3. Tue échelle en kilomètres serait reportée sur chaque feuille. Une échelle addition- 
n»-!!** en milles pourrait y être facultativement ajoutée. 

». |ji*H altitudes au-dessus du ni\«*au de la mer .seraient cotées en mètres. Les hauteurs 
«Ml pieds pourraient être ajoutées, si on le désirait. 

r». Dt»s courbes de niveau seraient tracées à l'équid balance verticale de 200 mètres à 
îMitir du niveau moyen de la mer; mais dans les districts très montu«>ux les inter- 
> illfs vetticaux pourraient êtr«* plu-^ grands, à condition de demeurer des multiples de 
JiNi mètres. Dans les pays très plats, des courbes additionnelles pourraient être ajoutées, 
I ««urru que leurs intervalles fussent des fractions de 200 mètres. Les courbes de niveau 
^-•i.iit'nl indiquées en couleur brune. Les mouvements de détail qui ne pourraient pas 

• ir«* rév»*b''S par les courbes de niveau seraient indiqués par un relief ombré. Comme 

• •imptéroent, il est désirable que les zones d'altitudes successives soient indiquées par un 
^\^ièine de teintes. L'échelle détinitive des teintes ne serait choisie qu'après la prépa- 
; iin»n de feuilles spécimens construites d'après les lianes générales indiquérs ci-di'ssus. 

6. L***» eaux seraient imprimées en bleu, mais une distinction devrait être faite entre 
>^ • ours d'eau permanents et les cours d'eau temporaires. Les profondeurs des mers «ui 
•b>^ lac.4 Mraiont indiquées par des courbes de niveau bleues, b's intervalles v*Tticaux 
•l>-«aot êire des multiples ou des fractions de 200 mètres. Les traits qui ne seraient pas 
(«•ndu4 visibles par les courbes de niveau pourraient être indiqués par un tracé bleu. Le 



352 CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

niveau initial des profondeurs dans chaque carte serait celui de la surface de la mer ou 
du lac. Pour les rivières, les rapides ou autres obstructions de la navigation seraient 
indiqués dans la limite du possible. 

7. Les routes et chemins seraient divisés en deux classes : ceux qui permettent le 
trafic carrossable et ceux qui ne le permettent pas. 

8. Les noms seraient inscrits suivant les formes variées de Talphabet latin. Une dis- 
tinction devrait être faite entre les caractères employés pour les traits naturels et pour 
les objels artificiels. Pour les cas où les caractères latins ne seraient pas en usage dans 
les pays représentés sur la feuille, deux éditions pourraient être publiées, Tune natio- 
nale, Tautre internationale. 

9. Une distinction nette devrait être faite entre la représentation des traits provenanl 
de levés d'une précision suffisante pour rendre improbable dans l'avenir tout changement 
notable, et la représentation de ceux provenant d'études incomplètes ou d'explorations 
générales. 

IL Association cartographique internationale et répertoire graphique. 
Dans la séance du 29 juillet 1908, M. le général de Schokalsky, de Saint-Pétersbourg, 
a proposé la formation d'une Association internationale cartographique, déjà proposée 
aux Congrès précédents de Berlin et de Washington, laquelle aurait pour principal objet 
la concentration de documents cartographiques, l'unification des signes conventionnels 
sur les cartes, et autres objets analogues. Dans la même séance, M. F. Schrader, de Paris, 
a présenté un « répertoire graphique » qui indique d'une manière simple et claire ie 
progrès continu de l'exploration du monde entier. 11 a indiqué à la section le moyen de 
se servir de ce « répertoire >», lequel peut être maintenu à jour par l'action commune des 
sociétés de géographie et de géographes de divers pays, et a proposé au Congrès l'adop- 
tion de ce moyen pratique d'investigation géographique. 

La Commission chargée d'examiner ces propositions a fait adopter les vœux suivants : 
1° Que la proposition de M. Schrader, relative au Répertoire graphique, soit adoptée. 
2« Que la Commission soit constituée comme comité permanent du Congrès, avec Ir 
droit de prendre des mesures tendant à la publication du « Répertoire graphique ». 

30 Que l'action proposée par cette Commission, unie à celle proposée par la Com- 
mission de la carte du monde au 1 000 000*^, soit considérée comme constituant le 
premier et le plus pratique acheminement vers l'œuvre de l'Association cartographique 
internationale. 

Il conviendra de procéder comme suit : 

a) Préparer un plan pour la publication générale du Répertoire graphique; faire l'es- 
timation du coût de la publication d'éditions successives du répertoire sous la responsa- 
bilité de plusieurs éditeurs de cartes géographiques; déterminer ainsi le prix auquelle 
répertoire pourrait être livré aux souscripteurs. 6) Inviter les principales sociétés de géo- 
graphie à publier dans leur « Journal » une feuille spécimen, choisie par la commissioD. 
du répertoire tel qu'il a été préparé par M. Schrader; en y joignant un texte explicatif 
préparé par la commission, et l'indication des conditions auxquelles le répertoire pour- 
rait être fourni aux souscripteurs, c) Publier éventuellement le répertoire, si, d'après 
l'avis du Comité, les souscriptions sont recueillies en nombre suffisant pour garantir 
l'entreprise, d) Provoquer des collaborations dans le but de tenir le répertoire continuel 
lement à jour. 

m. Sur la proposition du commandant Roncagli, délégué de la Société géographique 
italienne, le président du Congrès a nommé une commission internationale chargée 
d'étudier d'une façon organique le projet d'un bureau international de consultation géo 
graphique au profit du commerce. 

IV. Sur la proposition de M. Georges Lecointe (Relgique) : 

Les gouvernements intéressés sont priés d'examiner avec la plus grande bienveil- 
lance la demande d'adhésion à la Commission polaire internationale qui leur sera inces 
samment adressée par le Bureau provisoire de cette commission. 



CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE GEOGRAPHIE. 3r>3 

V. M. Arctowski, reprenant la motion du Congrus de Washington, d(*mande qu'on 
.!« tivc IVxploration des régions antarctiques et qu'un comit/* sy6l<^inatique soit désien** 

.1 Cf i »»fr»'t. 

VI. i-t»s Sociétés de géographie sont invitées à intéresser le gouvernemt^nt d<» leurs 
pa>s resp«M lifs u la réfection des monuments cartographiques anciens, que le temps 
iiienare d»» détruire. 

VII. Maintien de la Commission européenne du Danube Jusqu'à ce que la liberté de la 
na%ik'ation sur ce lleuve soit devenue un fait accompli. 

Mil. l tilité pour la France de se rallier au système des fuseaux horaires généralement 
.idi(ptê et reconnaître comme heure légale celle du temps moyen de Paris, retaniée de 
y roinut**s 21 secondes; établir la numérotation des heures du jour de à '24, de minuit à 
minuit. Ilégler sur Theurt» légale les horloges des gares et toutes celles destinées au publi< . 

I\. T«»ule carte devra porter indication de son <« échelle moyenne •». 

\- Prier les divers gouvernements de se mettre d'accord pour réaliser et compléter le 
projet d«* l'Académie des Sciences et du Bureau des Longitudes de Pari<, pour la trans* 
mi>MMn de Theure et la détermination des différences de longitude par la télégra[»hir 
sans lil. 

XI. Il c<invient que sur les plans de villes, le tt^rrain soit représenté comme sur les 
I .irte^ lopo^raphiques par des courbes de niveau ou des hachures. 

XII. l'n comité international sera chargé de créer une collection de vues des formes 
•lu reli«»f terrestre. 

XIIK l/éiud»* détaillée et minutieu*^e du collecteur glaciaire s'im|»ose dés main- 
iijianl c«>mm«» une nécessité de premier ordre pour la glaciologie. Il conviendra île 
p-rffcti«>nner la technique, tout particulièrement celle des forages et de la nivomélrie. 
- L«*< étiidt's nivoraétriques au collecteur seront complétées par Tinstilution d'observa- 
l.<*ns thrimométriques, hygrométriques et aclinouié(riques suivies, au voisinage du dissi- 
I>il4*ur. Il > aura lieu de faire un levé topographique détaillé de la portion du lit des 
•ri.!' lers, à présent découverte et qu'un |»eut s'attendre à voir envahie par la crue. — Enfin 
ii CiMMiendra de poursuivre la recherche de la stratifiiation à partir du collecteur pour 
«n démontrer définitivement la pirsistance ou la non persistance pendant le voyag** du 
k'i.ic ter jusqu'au front du dissipateur. 

XIV t»t XV. I>eux commissions techniques sont nommées pour aviser aux moyens de 
•l'-\eloppt'r l'exploration océanographique de Tocéan Atlantique et de la Médilt-rianée. 

XVI. Il est désirable que, sur les cartes, Tappellation de lac de (ienève figure au même 
lilr»* qui* celle de Léman. 

.Wll. l'ne commission de .sept membres est chargée d'éludier la t|uebtion de la tiau- 
M riplion des noms i;éographi(|ues snus tous ses a.spects, et de préparer un rapport 
• «>nipl*-t, de telle sorte que le prochain Congrès puisse prentlre une «lécision définitive 
sur cette imptt riante question. Le mandat de la Commission expirera un an avant la 
l'Unitin du Congrès >uivant el s«»n rapport sera publié à ce l<'rm«». 

X\IIL Le Congrès est «i'avi< : 

!• Oue les Soci»''tés de liéu^raphi»* ilu monde entier entrent en relations plus intimes 
••olie elle>; 

*i* UU'*f dans ce but, il soit formé un comité ctimposé de> secrétaires génriaux 
d» * >.».'iétés pour proposer un pro;:ramme permettant de réaliser relie union: 

3' «Jue les se» r»'* la ires L'»'*néraux de«i Sociétés île («éouiaphie de Berlin, r.openhague. 
lusUinn**, lienève, Londie>, Madiitl, New -York, Paris, Bi)me, SaintPétersbourK et Vienne 
^tuenl chargés île préparei la conslilulion de ce c»»niilè. 

.\IX. Il eotivifut »!♦• conserver ou de rétablir sur le^ cart<'> les noms primilif> là ou 
iK ont été valablement donnés. 

Nous ne reviendrons pas sur le vu*u XX de M. le uénéral ile S*h«»kilsky concernant 
Il publication des résidutions du r.oiiurès. 

Le \\|' ••! dernier V4I-U adopi--, d-ail .M. t^fidier e-»! lauleur, esi ainsi fui mule : 



35 i CHRONIQUE DE LA SOCIETE DE GÉOGRAPHIE. 

c La commission executive du IX*' Congrès est transformée en commission de perma- 
nence, dont Tattribution sera de veiller à l'exécution des vœux émis par ce congrès; elle 
ne devra remettre ses fonctions qu'à la commission executive du X« Congrès sitôt que 
celle-ci sera constituée. • 

Une première assemblée des délégués avait eu lieu, le 3 août, à l'effet de fixer la date et 
le siège du prochain congrès, (^inq propositions avaient été présentées par les sociétés 
de géographie de Budapest, Lisbonne, Dresde, Rome et Brisbane. Rome a fait valoir 
qu'en 1911 l'Italie fêterait le cinquantième anniversaire de son unification et cette con- 
sidération a décidé du choix des délégués. Non sans humour le commandant Rocogli a 
invité les congressistes à monter au Capitole, où il leur a donné rendez-vous en 1911. 

A la séance de clôture, M. Schrader s'est fait, avec un rare bonheur d'expression, l'in- 
terprète de ses collègues en adressant aux organisateurs du IX« Congrès, à Genève, elau 
peuple Suisse de chaleureux remerciements. 

Si le travail a été soutenu, les réjouissances ont été nombreuses. La journée passée 
sur le lac et à Montreux, la fête du cinquantenaire de la Société de Genève, les banquets, 
des réceptions magnifiques et cordiales, parmi lesquelles on ne peut omettre celles de 
Mmes de Claparède, Bertrand et Gautier, laisseront à tous le plus agréable souvenir. Le 
colonel du Bocage l'a fort bien dit; nous ne pouvons que joindre nos remerciements 
aux siens. 

Des excursions scientifiques ont permis aux spécialistes d'étudier sur place certains 
phénomènes morphologiques des Alpes et à bon nombre de congressistes de prendn^ 
part à la tournée encyclopédique qui de Chamonix les a conduits à Zermatt et, par In 
vallée du Rhône et Gletsch, à l'Oberland bernois. 

HULOT. 



Ouvrages reçus par la Société de Géographie 



AFRIQUE isuite), 

lit BLi.T OIK'^kv)- — Sur les roches érupiivcs 
r if^portets par ia mixniun Siffcr-Benoue- Tchad 
.«*. B. Acad. des Se., r'ûoùl m4ï. in-4 de 2 p. 

(Auteur.) 
llrMMT (ili5iiT). ^ Esifuiase prélimimUre de 
fa v^o/c^ir du Dahometf. — Sur un massif de 
','imts alcalins au Ihthomey (C. H. .laïc/, des 
>'., 21 o<l., 4 nov. IVOTK in-l de 4 ol de 3 p. 

<, Autour.) 
Hi »t»r (lIcJiKY). — Sur la présence de gneiss 
j scftfHjltle el de cifH>lins au Dahomry^C. H, Acad. 
■/'•« >'•.. (evr. I»08), tn-l de 3 p. 

(Autrur.) 

Joe SE «T (JosKPN). — La nomenclaiura geogra^ 
/i'4 deiiê eoête africane {Doll, Soc. Africana (f /> 
îalia, anno XXV, fasc. iv, v e vu. 190«). Napoli, 
l»06, ia«« de 34 p. 

(Autoor.) 

KonLcK (J.) el Suosi (H. Viit). — Dte Land- 
tind Derf'Gêrechisamê der Deutsehen Colonial* 
;t*tlUckafi far SUdwest-Afrika, Zwei GuU- 
'-h'.^Q... sowie Urkunden-Material. Berlio, K. 
Vohfcn, I9M, in>4 de f 48 p. 

(Editeor.) 

l,K»i.i'9t> (M «Rit s- Art). — La grande Ue de 
V • la>ja»car. Paris, Delagravo, iy07, in-8 de 
y**t p., carte, grav. 

^Édilrur.) 

t.atAni«tu.t iJ). -^ Xr< Irvglodyles du Mal- 
fLtta. .Noie» de voyage, prinleinptt i'jOT {Bull, 
N>-. normande de géoi^r., 3* rallier de 1907, 
IP iVJ'iit). Houen» «907, in-i de 2rt p., grav. 

(Autcur.y 

MiCBATtJ.). — Guinée française. Les rivières 
dti <mdei te Foula- DJallon» Géographie physique 
<l cirihsaUoof indigènes. Paris, Cballajnel, 
\jit€, iaê de 325 p.« cartes. 

'Aatcar.^ 

y4CiACD. — Élude sur la duiribulion géogra- 
phique des races à la eôie occidentale d* Afrique, 
de ta Gambie à la Mellacorée (fin//, géogr. histor. 
fi descript,, n* I, 1906, p. 83-120). Paris, imp. 
oai.. I90<i, in-S de 40 p., carie. 

Autoor.) 

I>i M«aro^!fc lEo.). — Itinéraire de Manan- 
j'try tf Ftanamnttoa {Bévue de Btadagairar.) 
Pin«. 1907. in-S de 27 p. 

Autour. 

Miontii jA.î. — Per la colon ta Krilrea [nisre- 
.«'•u. »• 13, 30 mano 1007). Trcviso. ivuT, in> 
1'' de 7 p. .Voccur.i 



PAPTBivuEitt (HauptgrafcuV ^Madagascar. Slu- 
dlen, schilderungen. Berlin, Heimer (E. Voh»enK 
lOOe, io-8 de xii-356 p., certes, grar. 

Editeur. • 

PtHiwi (RurriLio). — ùi qua dal Maréh {Ma- 
rtthmellàsc"), Gon duc carte dimoslrative. Fi- 
rcnze, Upogr. cooperativa, 1905, in-8 de i63 p.. 
grav. L. 6. 

(V. La Géographir, t. XV, 1907, y. 79 

Dr Rbparaz ((îonzalo). — Poli tira de Kspana 
en Africa. Barcflona, M/idrid, V. Suarez, 1907. 
in-8 de 407 p.. 5 po>. 

. Vuteur.' 

RoriRl. — L'Afrique aux Européens. — Le*» 
colonies de PEiirope en Afrique. La conquête, 
le partage, l'avenir. Paris, Hachette. 1907, in-i 
de 336 p., cartes, grav. 

Autour. ' 

SvAUDiRA (V.). — Le Congo ^ouvrage en langue 
tchèque (avec réHumé en françaii»), publié par 
rinstitut géographique de TUniversité tchèque). 
Prague, 190t-i905, io-8 de 386 p. 

(Autear.) 
[V. La Geographif, t. XIV. 1906, p. 2J8 *».«. 

Tuinotx (A.) el u'Asprc ville. -^ La »>aladie 
du sommeil au Sénégal. Trois cas traités, gué- 
rison pruluible dans un cas {.innales d^hgqiène 
el de médecine coloniales, I90~). Paris, imp. nal., 
1907, in-8 de 15 p. 

TaiRoux (A.) et D*A!iifne ville (L.). — Le palu- 
disme au Sénégal pendant le% années t^9:*'liàOB 
(Gouvernement général de l'Afrique occidentale 
française). Paris, Bail Itère, 190^, in-8 de 50 
p.. pi. 

'.Kuteurt. 

l'gancla Protcclorate. Brporl on a Manical 
mission Ihowjh Ihe foresl dis! r tels of Buddu 
and the Western and Stic Provinces of Ihe 
Uganda Protectorale; hy M. T. DiwE. I*re- 
sented to Boih llouses of P.iriiainent 1»\ roin- 
maiid of lli^ Maje>ly, april ivor». Londiin, lit n. 
(Cd. 2yOl), in-V de a p . carte, li»:.. I. .«. 6. d. 

Vertf la suppression du porlage. Le chemin 
de fer du C'^ngo suf-fticur de Stanlegpiiie à 
t*onthierrille. Bruxelles (Fédération pour la 
défense dos inlérét>% tM*tges ^ TélraPK^r), 190A, 
in-8 de 58 p., carte, grav. 

(I^ FéJ'^ra'MiD.» 

Weisorrber. — /-e.t Ch.t ,uia. Pari«», r.oniite du 
Maroc. t907, ïn-^ «le fc*i p.. en rie, jrr.iv., 2 fr 

.\a'eaf • 



356 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



ASIE 

Annales de la Société de géographie commer- 
ciale {section indO'Chinoise)^ novembre 1907, 
fasc. 1. Les Provinces cambodgiennes rétrocédées 
(notes et aperçus), par P. db la Brossb. Avec 
une carie. Hanoï, Schneider, 1907, in-8 de 56 p. 
(Soc. do Géogr. commorciale. Section indo-chinoiso.) 

Aus den wissenschaftlichen Ergebnissen der 

Merzbacher schen Tian-Schan-Expedition. Fin 

Profil durch den nordlichen Teil des zenlralen 

Tian-Schan^ von H. Kbioel und P. St. Richarz 

{Abhandl. k. Bayer. Akad,, der Wiss., H. Kl., 

XXni. Bd., 1. Abt., pp. 91-211 pl.)Munchen, 1906, 

in-4. 

(D' G. Morzbachor.) 

Bagachakff (In.). — Sources minérales de la 
Transbaïkalie. Publié par M. D. Boutisb (sup- 
plément aux Mém. section préamourienne de la 
Soc. imp, russe de géogr.), Moscou, 1905, in-8 de 
157 p., carte, tableaux (en langue russe). 

(Échange.) 

Cassou. — Souvenirs d'Extrême-Orient. Paris, 
André, 1898, in-l2 de 171 p., 2 fr. 

(E. Gallois.) 

Ceusus of the Philippine Islands. Taken under 
thc Direction of the Philippine Commission in 
the Year 1903. In four volumes. Compiled and 
publishcd by the U. S. Bureau of the Census. 
Washington, 1905, in-8 de 619, 1048, 740 et 638 
p., cartes, grav. 

(Bureau of the Census.) 

Chine occidentale. Voyage du comte de Mar" 
SAY et du comte Louis de Las-Casbs (féviier-juillet 
1906). Itinéraires levés par le comte de Marsay. 
Paris, Delagrave, 3 p. de texte, 3 carie (chemin 
de fer de Lao-Kay à Yun nan-sen, 1 : 500 OOOo ; 
itinéraire de Yun-nan-sen à Houei-li-tcheou, 
1 : 250 000; reconnaissance de la boucle du 
Yang-lsé et du Yalou-kiang, 1 : 250 000), sur 
deux feuilles de 0,70 X 0,53 et 0,76 X 0,5*. 

(Autours.) 

Cordier (Henri). — Les Lolos. État actuel de 
la question (Toung-pao, sér. ii, vol. VI II, n" 5, 
pp. 597-686.) Leide, Brill, 1907, in-8 de 92 p., 
grav. 

(Autour.) 

DiGUET (E.). — Annam et Indo-Chine française. 
I. Esquisse de l'histoire annamite. — II. Rôle 
de la France en Indo-Chine. Paris, Challamel, 

1908, in>8 de vii-184 p. 

(Autour.) 

FiLCHNEH ( Wilhblm). — Dus Mtscl des Matchu. 
Meine Tibet-Expedition. Berlin, Mittler, 1907, 
in-8 de xvii-438 p., caries, grav. 

(Auteur.) 

Harpeld (F.). — Itinéraires dans le Hou Sann 
nord occidental et dans le Kiang-sî occidental 
(Bull. Soc. belge de géogr., 1907, n°* 4 et 5) 
Bruxelles, Vanderauwcrs, 1907, in-8 de 64 p., 

carte, grav. 

(Autour.) 

Keidel (Hans). — Geologische Untersuchungen 
im SUdlichen Tian-Schan nebst Beschreibung einer 
oberearbonischen Brachiopodenfauna aus dem 



Kukurluk'Tal {SeuerJahrb.fUr Minéralogie, Géo- 
logie und Palâontologie, Beilage-Band XXII, p. 
266-384). Stuttgart, Schweizerbart, 1905, in-8. 
{V G. Merzbacher.) 

Lebon. — Les origines de Varmée japonain 
{Revue d'Artillerie, décembre 1897. — Tirage 

de 1906). Paris, in-8 de 32 p. 

(Auteur.) 

Lu!fET DE Lajonquiésrb (E.). — Inventaire des- 
criptif des monuments du Cambodge. PublicalioD 
de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Paris, 
Leroux, 1902, in-8 de cv-430 elXLv-355 p., grav. 

(15 fr. le vol.). 

(Autour.) 

LïMAïf (Benjamin Smith). — The Philippines; a 
Ictter. Privately printed. Philadelphia, 1907, 
in-8 de 20 p., grav. 

Pantoussov (N.). — Bakchis Tarantchis (Jeux et 
médication chez les Tarantchis). Extr. du t. 
VI du Bull de la section de Tachkenl de la Soc. 
imp. russe de géogr. Tachkent, 1907, in-8 de 
88 p., notes de musique (en langue russe). 

(Autear.j 

RuNHART (Susie Carson). — Wilh the Tibeluns 

in Tent and Temple. Narrative of four yean»' 

résidence on the Tibelan Border, and of a jour- 

ney into the Far Interior. Edimburgh, OlipUant, 

Anderson Ferrier, 1901, in-8 de 406 p., croquis. 

grav., 6 s. 

(Ëditeors.) 

RouiRE. — La rivalité anglo-russe au XIX' siècle 
en Asie. Golfe Persique. — Frontières de l'Inde. 
Paris, Colin, 1908, in-8 de vui-298 p., carie, 

3 fr. 50. 

(Editeurs.) 

Siiob«fbld (E. Dagobbrt). — Die Ilalbinsel der 
Sinai in ihrer Bedeutung nach Erdkunde und 
Geschichte auf Grund eigener Forschung an Ort 
und Stelle. Berlin, Reimer, 1907, ih-8 de viii- 

196 p., carte, grav., M. 8. 

(Editeur.) 

Sherrino (Charles A.). — Western Tibet and 

the British bordertand. The sacred counlry of 

Hindus and Buddhists. With an account of Ihc 

governmcnt, religion, and customs of ils 

peoples. With a chapter by T. G. Loxgstaff, 

describing an attempt to climb Gurla Mandhata. 

London, E. Arnold, 1906, in-8 de xvi-316 p., 

cartes, grav. 

(EJiiciir.i 

Sibiriakokf (A. M.). — Les voies de communi- 
cation de la Sibérie et ses relations par mer avec 
les autres pays. Saint-Pétersbourg, typ. Su>- 
sioulevitch, 1907, in-8 de x-200 p. (en russe). 

Sybes. — A travers la Perse orientale. Paris, 
Hachette, 1907, in-16 de 214 p., carie, grav., 

4fr. 

(Auteur. I 

Tabel (J.-B.). — La résidence de la côte est de 
Sumatra. Déli. Les cultures riches de U Malai- 
sie. Tabac, Hevea, Cocotier, Nipa, Aréquier, 
Canne à sucre... Vals-les-Bains, imp. Aberkn. 
Mazel et Plancher, 1907, in-4 de 32 p., grav. 

Webrli (Hans J.). — Zur mirtschafls-uml>iti- 
lungs-Geographie von Ober- Burma und den 



OrVRAf.ES BEi;US PAR LA SOCIÉTÉ DB GKOCRAPIIIE. 



:j3T 



u^.nfhrkên ShanSlaaten (Scpaniiabilr. au« Wis- 
tttch'BeUage lum Jahreibericht der fjfof/r, 
0tknogr, GeuUicKaP, l905-0«). Zurich, in-8 iU 

no p., ciirtri», pray. 

Auteur.! 

W'iwiucha/ïliche ErgrbnUse der Expédition 

fxuMJin nach China und Tibet, 1903-t90S. X. 

lUml, I. Tril. I. AbschniU : Zoologische Samm- 

lunqem, Ton C. Attexs. M. Birr. A. PoiEL...; 1. 

AI»^hniU : Bolaniiche Sammlungen, von Prof. 

\y Ihiut. Berlin, MilUrr. TJiW, in-8<!e xii-2XHp.. 

fart»», Rrav. 

K. Filthoer., 

OCÉANIE 

B%i ER t. A.>, — The irork in th* Pacific Océan 

'.f the Maqnetic Survr:^ Yacht • Galilée • (Va(. 

<>o7r. Jllrtyrtî., Sepl. IW7, p. 601-6! t). Washing- 

Ion, îO):. in-8. 

,Autcar. • 

OrESEMA?! (T. F.). — Manual of ihe Sew Z^a- 
..inH ftora, Piil»U»he«! by Anlhorily of Ihc Govern- 
ni«-nl of New Zcalaml. Wellinglon. l'JOr», in-8 ilc 
xiT|.|200 p. 

iMtnimt^ro lie l'instmrtion publique do la 
Noa\elle-Zi4«ntio. 

CiriMi LriGi). — Im questione délie Suave 
Ef.nd.{Ha»stffna itnliana, fn-ic. v, annoXV-lW)7). 
Nipitli, in-fi «le 8 p. 



NOnVEAUMONDE 

%nvario del Obtertaiorto a^h'onomico nacional 

U >anhaq0 pnra el ano de rJO*>. Santiago de 

• .ï.il^. 1906, in-8 «le Hl p., pL. 1 V'^- 

A. Olirorht iMrctiouf. 

B«t-Bii L. A.>. — Seifmoijraph and magnéto- 
,rnph rreirds oftheSan Frantcisco garthffuake 
t'^puhti- Science Motdhly, Aiig. !y«>f,. p. II.V 
! •: . inh 
B«ifii (l-.A.). — Heporinf ffte DefMirlment of 
tt^anh i/i tetrtitrial magn^iism Fifth Year 
b<H»k of Ihe Cimrgi*' Insliltilion nf Washington, 
p. i3»v-2ii). WaOïinglon. 19ol. in-s ilf H p.. i pi. 

\utour.> 

BhiitrT iP.». — MoUuvfttes de Clsla del Coco 
|UMitlAWiriinccx|MMlilion faite en janvier tao2. 
•tu 11 au 16 mai. *ou8 Wi au>pi«'<'s du goiivcr- 
nrment «le r^>^la Ricai.San José, (:o>ta lli«a, 
\j^r., in-4 de 3« p.. carte. 

Bo!ftim colonial eagricfda do Kftndo dn Pavana. 
Ihrertor : Jriio Prn!*ETrA (Pul»lira«;;*i«Mla Com- 
mi»ao de coloni*yicâo). Anno 1. \ol. I. Agosto 
*!*• ivo:. in-S de Sl^ p.. portrait'», tahhaux. 
M. Fraurfori. <onHal «Ir Kraïuc. 

Campana agricola lUOf-1%7. t:c»nlol»a, Direr- 
I i..n gen-rnl de EîiUdisliea y Agricultiira. 1^07. 

n-«* de niiv-l'i p. 

(MiOTcmerocni Ari?t'nt»n- 

CiKHtMio (i;amiei.\ — El erenmiento de la 
p^taev,n de la Republica A>qrntina tsn:*'t'JOB, 
Btteno* Aires. lUOT, in-K de 1 » p. — los progre- 
w.% demojraficoi y $anHano§ de In ciudad del 



notariode 5an//i-Fe (Rep. Argentina) IMK7-1906. 
Henéfiea infiueneia de la$ obra* de Salubridad, 
1907, in-8 de 27 p. — El valor monetario de la 
higiene pitbUca. Los millones ahorradot en un a 
gran ciudad por el perfecionamienlo de 9U* 
obrai sanitarias, Buenos Ait^es en 190i, in-8 de 
26 p. (IralMJos preseniado* al Tcixer congreso 
medico latino amerirano de Montevideo). 

■ Auteur.) 

Chb$«i>o {Lvxs s.». Indtcariones .utmariat 

para el Inmigrante à Bolivia. La Pa7, Minislerio 
de (>)lonizaci6n y Agricullura, 1907. in-8 de vi- 
160 p., cartes, portrait. 

MiDÏti^re dr* O*! •iiiNation.) 

Davis (\V. M.). — The slream contrat along Ihe 
Blue Ridge (Bull. G^ogr. Soc. of Philadetphia, 
vol. III, n* 5. Apr. 190), pp. 2ia-2li. grav.). 

^Vutrur.i 

Davis (W. H.). —Glacial Erosion in Ihe Sawalch 

Hange, Colorado {Appalachia, vol. X. n*' 1, p. 

392-V04^ in-S. 

Autruri 

DELEBKcgrB (J.). — A travers C.imêrigue du 

^nd. 2* é«l. Paris, Pion. 1907. in-16 de vni-3U p.. 

cartes, grav., 4 fr. 

■ •Vchat.^ 

El Servizio Meleorologieo de la Bepubliea 
Mexicana. Mexico, 1906. in-8 d^ 138 p., irrav. 
Sorelaria do Koiiieiiu». .Mexico. • 

Gallois ( Kl t.KNK). — En Amérique du Sud. Notes 

et impressions. Pari», Librairie .\fricaine el 

Coloniale, in-s «le 3oo p. 

.Kutear.) 

(lARCiA Cai.okron (F«*ît«iCiHfo>. — U PêroH ron- 
iemporain. Ktu«le sociale. Paris, |)iijarri«\ 1907, 

in-8 de 337 p., 5 fr. 

tjlitrur.r 

GfU'VERNEMRNT DE l'Etat DU Paraîia. StMTctarial 
«les Travaux publics, hecrel n" HA du 11 juin 
1901 règlement de colonisalton). 

M. Francfort. Consul ili» France.) 

G( ABtNi (Ejiilb). — U Pérou d'aujourd'hui et 
le Pérou de demain. Paris, Diinod et Pin al, in-8 

de 16 p., 1 fr. 

K'iitrurs. 

I|kr!(a.m>ez (FoETCriATo). — las Hazas indigena» 
de Sonora g la guerra del Yaqui. Mexico. 1902. 
in-1 de xix-295 p.. cartes, grav. 

.Vutour.) 

Hehrmaii^i (Wiliiblm). — />»> deutsche Piloi- 
mivffExpedtlion. Vortrag (SonntagNl>l. der Veul- 
schen La Plal'% Zeitung, Bueno> .Vires, n" lt»9. 

17:i, 21 et28 juin, f 907). 

.\utrur.t 

Hiitory of Ihe Incaa, by Pedho Sariiie!«to de 
Gavboa, and Ihe Ereculion of Ihe Inca Tupae 
Amaru, by CapUiin Baltas^r de OjA^ro. Tran»- 
laled and edited wllh Notes and Introduction, 
by Sir Clehe.%tsR. Mareham. Cambridge. Ilakluyt 
Society ser. ii, vol. XXIh. in-^ «le ieii-3% p., 

caries, grav. 

• Abunnoini^nt.) 

Jai» (Alfredo). — Contrilmcioncs a la geografla 
fiMca de Venexuela. L Ohêeit ic^ones al piano 
militardela Repub'tca (Bxtr. d«l n* 2, t. VIII de 



3o8 



OUVRAGES IIEÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



los « Anales de la Universidad centml de Vene- 
zuela*. Caracas, itM^7, in-8 de 17 p. 

(Aatoar.) 
Laroe (Gunaroo). — Rio Pileom^o detde la 
Desembocadura en el Rio Paraguay hatta ai Pare- 
ielo 2î^ sud. Con un mapa en siete hojaa y un 
croquis de ilinerarios. Buenos Aires, 1906, in-S 
de 122 p., grav. el carte (en carton, in-4). 

(Autear.) 
Merz (Alfhbd). — Beilrage zur Klimalologie 
und Hydrographie Mittelamerikas. Leipzig, Nau- 
mann, in-8 de 96 p., carte, diagr. 

(Autear.) 

Notices et guides illustrés (Panorama of the 
Hudson. — Summer Days on the Détroit and 
Ste-Claire Rivers. — Descriptive Counlry conli- 
guous to the Northern Pacific Railway, — - Guide 
of Québec, — Canadian Pacifie Railway. Anno- 
tated time table). 

(E. Gallois.) 

D*OnBiGNY (Alcidbs). — Estudios sobre la geo- 
logia de Boliuia. Traducidos y acompailados de 
algunas notas y un mapa geolôgico de Bolivia 
par Victor E. Marchant Y. La Paz, Ministerio 
de Goionizaciôn y Agricultura, 1907, in-8 de 
xix-262-lOt-n p., portrait. 

(Ministère de Colonisation.) 

Perrier. — La mission française de VEquateur 
(Bull. Soc, géogr. commerciale de Paris, juill.- 
août 1907). Paris, 1907, in-8 de 39 p., carte. 
» (Aatoar.) 

Report on the Foreign Trade and Commerce of 
Sewfoundlandy 1905-06. Saint-John's, 1907, in-4 
de 45 -f- 29 p., tableaux. 

Republica de CUile. OnciNA db mensoba ue 
TiERRAS. Reglamenlo interne e Instrucciones téc- 
nicas. — Instrucciones para el reconocimiento 
trigonométrico destinado a ubitjar tas triangu- 
laciones i bases jeodésicas, Santiago, 1907, in-8 
de 109 et 63 p., caries. 

Rivet (P.). — Vindustrie du chapeau en Equa- 
teur et au Pérou. Paris, Guilmoto (1907), in-8 de 
39 p., grav., tableaux. 

(Éditour.) 
RoBucuoN (EuoBNio). — En el Putumayo y sus 
afiuentes. Edicion oficial. Lima, 1907, in-8 de 
xvni-98 p., carie, grav. 

(GoovornomcDt péruvien.) 
Salonk (Emile). — ha colonisation de la Sou- 
velle-France. Étude sur l'origine de la nation 
canadienne française, 2« édition. Paris, Guil- 
moto, in-8 de xii-i67 p. 7 fr. 50. 

(Auteur.) 
Tavera-Acosta (B.). — En el Sur (Dialectos 
Indigenas de Venezuela). Bolivar, 1907, in-8 de 
414 p., portrait. 

(Autour.) 
Universidad nacional de La Plata. Observa- 
torio aslronomico. Comunicaciones elevadas à 
la Universidad. con motivo del viaje hecho à 
Europa por el Director, D' Frakgieco Pohro 
de Somenzi. Diciembre 1906. La Plata, 1907, 
in-4 de 108 p. 

(Direction.) 
U. S. Departmb.vt or Agriculture. — Bulletin I 



oftheUount Wealher Observatory, Yo\. I, pari. I 
(W B. n° 381). Pi-epared uoder Ihe Direction 
of W. L. MooRE. Washington, 1908, in-8 de 
63 p., diagr., grav. 

(Department of Agricuituro, Washington.) 
Walle (Paul). — Le Pérou économique. Paris 
Goilmoto, 1907, in-8 de xvi-388 p.. carte, grav.,' 
V rr. 

(Éditeur > 
YouKG (M- RosAUNDE Watsor). — A Geogra^ 
phy of Brilish Coltanhia. Toronto, Gage (19061, 
in-8 de 48 p., carte, grav. 

(Auteur.) 

RÉGIONS POLAIRES 

Arctowsbi (Hbnryk). — Programme scientifi- 
que de la seconde Expédition antarctique Belge 
Bruxelles, Vve F. Larcier, 1907, in-8 de 16 p. 

(Auteur.) 

Breitfuss (L.). — Kurzer Ueberbiick ùber die 
Tâtigkeit der wissenschafl lichen Murmanerpe- 
dition, 1898-1904 {^fitteU. d. D. SeefischereiSe- 
reins, n» 7/8, 1905) in-8 de 20 p., grav. 
. [Id. édition française : Aperçu sur Veipédi- 
lion scientifique pour l'exploration des pêcheries 
de la côte Mourmane et résumé des résultais 
acquis pendant la pétHode de i89S à 1905. (Comité 
d'assistance aux pêcheurs russes de la cAte 
Mourmane). Mareeille, typ. Barlalier, 1906, in-4 
de 47 p., grav. 

(Autoar.) 

Institut de France. Ac ;déinie des sciences. 
Instructions pour l'expédition organisée par le 
D' Jean Ch.\rcot. Paris. Gauthier-Villars, 1907, 
in-16 de 48 p. 

Leclercq (Jules). — Les premiers explora- 
teurs du Spitzberg {Acad, r. de Belgique, 1907, 
p. 631-635) in-8. 

Leclercq (Jules). — Le Record du Pôle. in-S 
de 3 p. {s. a. a. /.). 

(Auteur.) 

Missions scientifiques pour la mesure d'un aix 
de méridien au Spitzberg, entreprises en Iê99' 
i90i sous les auspices des gouvernements russe 
et suédois. Mission 7Hisse. T. L Géodésie. Saint- 
Pétersbourg, impr. de TAcadémie des sciences. 
1904, 1905 (5 fasc), in-4. 

(Échange.) 

Duc d*Orléans. — A travers la Banquise, du 
Spitzberg au Cap Philippe. Mai-août 1905. Paris. 
Pion, 1907, in-8 de 350 p., cartes, grav. 

(Éditeurs ) 

Peary (Robert E.). — Nearest the Norlh PoU. 
First complète Report of the Peary .Arctic Club's 
latest Expédition {Harper's Monîhly Magasine, 
Febr., March, 1907), in-S. 

The ZiEOLBR Polar Expédition, 4903-1905, 
Anfronv Fial.*, Commander. Scientific ResuJIs 
obtained under ttie Direction of Wiluam J. 
Pbtsrs représentative of the National (Géogra- 
phie Society in charge of ScientiOc Work, 
adited by John Flbmiiio. Published uader the 
Auspices of the National Géographie Socicly, by 



OUVRAGB:^ RErxS PAR LA S0G1I%TK DB GEOGRAPHIE. 



359 



ih^ E^UU of WilliAm Ziegler. Waifhington. 
1907. in-i de 630 p., cartes, grav. 

I Kstato of William Zioglcr.) 

ZiMmsA^i (Machich). — Soê idées nouvelles 
tmr le bassin polaire diaprés Us réntUals sden- 
h/ique$ de rexpédilion Naii«efi(f 893-t896). Revue 
Hr ijfo^aphie omin,, 1. 1, 1006-1907, pp. 519-%86. 

P«n«. DeUgreve, in-8. 

(Antottr.) 



CARTES BT ATLAS 

Année earlogt^phique, supplément annuel à 
toutes les publication» de géographie et de car- 
loirraptûf*. dressé et rédigé sous la direction de 
K NHiiADBR, 17* année. Paris, Hachette. 1907» 

3 ff tiilles doubles, 3 fr. 

Ait*ts nniverêel rf#» fféoffraphie <Vivikx ob SâiST- 
MiHTix et ScMaAMn). Feuille n* 68 {Afrique aus- 
tniUi, I90H, 1/5000 000. Paris, Hachette. 

(ÉUiteurs.) 

t'tirie du Bas-Dahomey, I/IOO OOO . Édition 
(.M»M>4)ire. Piililiée par ordre de M. le gouver- 
n. ur (Tcncral Roimi, d'après les levés de la 
IurvNtion du chemin de fer(col.Gt'YOS) exécutés 
il-- |sn3 a |90(» par le capitaine de cavalerie 
Foin» et |K)ursuiTis sous la direction du Serv. 
fi^ 'sr. du Gouvernement général (en 6 ff.) 
F. uille n* I »(irand-Pi»po). 0,65 X 0.52. 

f'irle ffênlwjique de la presquUle du Cap Verl 
i<'mréfitl). Publiée par le gouvernement général 
Mr 1 Afrique Occidentale Française. 1/100 000, 
I feuille (O.To ^ o. 63) avec notice explicative. 

I f. Pari^, Barrere, nov. 1906, 5 fr. (avec la 

I. -lirri. 

flouvtTncment général de l'A. O. P.; 

tmrironj fie Chamonir, Extraits de la carte 

II Ma^Mf «tu Mont Blanc a Téchelle de 1/200 000 
<ir<iilre par H»ai et Jo^Kni Vallot d*après 
!r-ir- triangulation» et levés sur le terrain. 
Kfiiille provisoire dn*ssêe et dessinée |>ar 
Hi«M V*i.u>T. 1907, 1.20000. Paris, Barrère. 
1 fruille (0.43 < 0.4O). 

.Auteurs.) 

Fr.tqmrntt de la carte dr BellingHausen (pho- 
I •jraphie^t : Carte de la c<Uc Alexandre 1"; 
lti<*t H"* ile* Macquarie. Pierre 1". Alexandre 1*'. 
'1. do SchokaUk}.' 

r»«tnDo (E:«aigiB Vacas). — Mapa geogrâ fico- 

f*i'h.neo de In Hepûblica del Ecuador, \'\ 500 Ooo. 

«j 11 U»< Paris. II. Barrère, éditeur), 1906, i feuilles 

^' '.i < 0,':5i. 

(II. Barrer». > 

r»' n unsL (F. M.) — American Railroads. A 
r.»mpl**te.«*riginal map showing ail the Systems 

4 minor lines in the United States, Canada 
\u\ Northern Mexico. Paris (1908), 1 feuille 

P; i M.70). 

' Aateur.i 

Kitrtat (lUnai). — Souvelle carte générale 
'let PrHirincfff osialiques de temptre ottoman 
^D« 1 \rabie). 6 feuilles (0, 54 > 0.47) à Téchalle 
d^ 1 t V>0 ooo, avec une feuille séparée indi- 
ijuint la division administrative. Berlin, Reimer. 



188i (chemins de fer d'après l'élat de 1899). 
12 fr. 50. 

wVchat.1 

KovciisKi (B. A). — Carte de l'empire russe et 
des pays limitrophes, dressée à Toccasion du 
10* anniversaire du Comité du chemin de fer 
li-anssihérien, I89:î-1902, 1,3 400 000 (en G feuilles 
aver teiteet illustration», en rusv). 

;Ed. Blanc ) 

Mavks (Bow. p.). — Mapa de la Hepûblica de 
Honduras, scale aliout 8 1/i miles to the inch. 
New-Yorkand Chicago. Rand,.Mac .Nallvand(k>., 
(1907). 1 f. (1.22. 0.41), pliéc et carUmnée, S 3.00. 

', Éditeur».! 

MfCiiRLoT et Brkvoxd. — {Atlas des ciUes de la 
Méditerranée : Côtes d'Espagne, de Provenc»*, 
pays barbaresque^. Iles de la Méditerranée; — 
plans de navire et de galère. — Titre manque), 
in-f«. 

Ministère de Tlnstrurtion publique. Mission 
G. oB CaEori-MoNT^oaT et E. Se^ifccuAL ni i.a 
Grange, 1903. Régions des llautt-PUiteaus de 
r Amérique du Sud (Bolivie, Argentine. Chili. 
Pérou) parcourues par la mission française. 
Carte dres:»èe par V. H cor. d'après les tnivau!i 
des membres <le la mission, les sources origi- 
nales inédites et les documents les plus réceiUs 
1/750 000, 6 feuilles (0,63 ^. 0,53). 

:K. deCréqui-Montfort.^ 

Photographie (fune carte manusrritc de la 
Sibérie, attribuée à S. Rkmbzov. d'environ lfi90. 
conservée à la Société imp. iiisse de géogra- 
phie, 1 feuille (0,t6 < 0,7:i), avec notice extr. 
des hvicitia de la Soc. inip. russi* de >^eo>;r., 
1907. p. 374-3^1, par M. A. Giiir.oRibv. in-s. 

{\. Griu''»rio\.- 

RoMBR. — Atlas geografizny, Lwowir, 19UH. 
in-4. 10 pi. 

.\wonr 
Voc.EL (C). — Ail /7e des deutsrhen /(^i'7**-<. 
27 Bl. in Kupfer.<tich. im Ma»:»»!, von t .".un ooO. 
Unulruck-.\u<pa!»e. Gotha, J. Perthcs. I'.m»7, in- 
f-, M. 12, 

\chat. 

PHOTOGRAPHIES 

Leuiet (L>«»>). — Vues d'Italie (Sorrenle, 
Palerme. cratère du Vésuve avant réniptioii de 
1906. cratère de l'Etna). Il pi. 

I Auteur. I 

Mission MoLL. 190*»-1907. Confjo-C'tmcroun. 
Album de 293 phologi-aphi^n. 

.<" M.Ȕl. 

Photographiai du Soudan Oriental (Khartoum. 
Kordofan, Nil. t)p«*>, payna^'f», H«en.'>. ^-s 2t. 
t3;2U. 15 10. 'J U. cartes postales... llo ;i«;ces). 
(Hunncl »lc Mr.icre^ 

Portraits de MM, : 
Capitaine A. t>)rT£s: 
I. EYssk.Ric; 

E. Lr^RT DK Lajomoi'ikbb ; 
C. Ja?imbii ; 



3fi0 



OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 



D' Raphabl Blancbard ; 
A. H. Savage Landor; 
J. Lucien Lambr. 



GENERALITES 



Annales du musée Guimet. Bibliothèque de 
vulgarisation, t. xxii {Bouddhisme^ par L. de 
MiLLOuÉ, 11-204 p.)î — XXV, XXVI, xxvii {Con- 
férences au Musée Guimet, 1901-1906, par L. de 
MiLLOLÉ, R. Cagnat, D' E.-T. Hamy, s. Rei- 
NACii, E. Sesart, A. Gaybt, S. Lévi, (162, 182, 
221 p. grav.), Paris, Leroux, Ï907, in- 12, 

(Ministère do rinstruction publique.) 

CuAPOT (Victor). — La frontière de VEu- 
phrale de Pompi^e à la conquête arabe (Bibliotb. 
des Écoles fr. d'Athènes el de Rome, fasc. 99), 
Paris, Fonlomoing, 1907, in-8 de xv-408 p., 

caries. 

(Ministère do l'Instruction publique.) 

Die Deutsche Kolonialgesellschafi, 18Si-t907, 
Im Auftrape des Ausschusses der Deulsch. Ko- 
lonialges.dargestclll. Berlin, Reimer. 1908, in-4 
de 233 p. 

(Kchangc.) 

Dubois (Charles). — Pouzzoles antitfue (His- 
loire et géographie). (Bibliothèque des Écoles fr. 
d'Alhènes et de Rome, fasc. 98). Paris, Fonte- 
moing, 190", in-8 de xr-ioO p., carte, grav. 

(Minis'iTe do rinstruciion publique.) 

Dyé (L.). — De l'emploi des verres jaunes en 
ophtalmologie el particulièrement dans les pays 
chauds (Revue de médecine et d'hygiène tropi- 
cales). Paris, Vigot, 1907, in-8 de i p. 

(Autour.) 
L'École d'anthropologie de Paris, 1876-1906. 
Paris, Alcan, 1907, in-8 de 212 p., portrait 
(de P. Broca). 

(Écolo d'anthropologie.) 

Haiin (Ed.). — Die Entstehung der wirtschat- 
lÀclien ArLeit. Heidei!)erg, 1908, in-12 de iv- 
110 p. 

(Autour.) 

IssEL (Arturo). — Vapprezzamento dei colori 
nelle scienze naturali, Relazione (Congresso dei 
naturalisti italiani, Milano, 15-19 Selt. 1906). 
Extr. dagli Atti dei Congresso, .Milano, 1907, 
in-8 de 8 p. 

(Auteur.) 

Joudert (Joseph). — Le monument commémo- 
raiifde la bataille des Eperons d'or à Courtrai. 
(11 juillet 1902-5 aoiU 1906). Angers, Germain 
et Grassin, 1907, in-8 de 46 p. 

(.\uteur.) 

Leclercq (Jules). — Une ygislation colo- 



niale {Bull. Acad, r. de Belgique^ cl. des Letlrô>, 
n" 4, avr. 1908). Bruxelles, 1908, in-8 de 3î p. 

(Auteur. 

Miscellanées biologiques dédiées au professeur 
Alfred Giard à l'occasion du XXV anniver- 
saire de la fondation de la station zoologique 
de NVimereux, 1874-1899. Paris, 1899, in-4 de 
626 p., pi. 

(J, Girard.) 

Nicolas (Ad). — La langue internationale mi 
point de vue mnémotechnique. Note présentéf 
au Congrès de Reims (1907) de rAssocialion 
française pour {'.Avancement des Sciences. 
Angers, in-8 de 11 p. 

(Auteur.) 

Observatoire hoyal db Belgique, les obser- 
vations astronomiques et les astronomes^ \at 
P. Stroobant, j. Delvosal, h. Philippot. 
E. Delaporte et E. Merlin. Bruxelles, 1907. 
in-8 de vi-310 p., carte. 

(Échange.) 

Pen.nesi (G.). — / monti délia Luna {Atiiâxïï 
Acad. scient, veneto-trentino-istriano, cl. Il, 
anni III-IV (1906-07), fasc. 1). Padova, 1907. 

in-8 de 16 p. 

r Auteur.) 

Péroz. — Hors des chemins battus. Vie cl 
aventures <run soldat de fortune, 1896-!89y. 
Paris, Calmann-Lévy (1908), in-8 de 4*0 p., 

3 fr. 50. 

(Anioar.) 

Petrucci (R.). — Essai sur une théorie de la 
vie. Paris, Steinheil, 1908, in-8 de xni-166 p. 

(Antear.) 

Racovitza (Emile G). — Biospeologica. Essai 
sur les problèmes biospéologiques {Archives df 
zoologie expérimentale et générale, iv* sér., 
t. VI, p. 371-536, 13 mai 1907). Paris, Schlei- 

cher, in-8. 

(Antcnr.) 

Reclus (O.nésime). — La Géographie vivante, 
apprise par l'image, l'observation, la carte. (Col- 
laboration pédagogique de M. R. Versim. Paris. 
Quantin, 1907-1908, pet. in-4 de 124 p. 

(Auteur.) 

RiccHiERi (E.). — Per la geonomastica italiana 
e per la trascrizione dei nomi geografici (VI. 
Congresso. Geogr. Italiano, Venezia, 26 31 Mag- 

gio, 1907, 13 p.). 

(Auteur.) 

De Rothschild (A.) et Neuville (H). — Sur 
une dent d'origine énigma tique. Paris, Schleicher, 

1907, in-8 de 63 p., grav. 

(Autour.) 

Wenz (Emile). — La photographie aérienne 
par cerf-volant {Bull. Soc. fr. de photogr., fjuill. 

1907, p. 288-301, grav.). Paris, in-8. 

(Auteur.) 



Uarchiviste-bibliothécaire : Hesri Froidevaux. 



Le gérant : P. Bouchez. 



Coulommieri. — Imp. Paul BRODARD. 



Wlll. - Jir« 6. 16 Décembre 1908, 



Les observatoires de montagne' 



i 

I^ iléveloppcMni'iil de rastroiiomio a produit, dans la suite des âges, de 
miuds chans:cmonls dans les moyens d'observation, dans la vie même des 
•i^lronomes. L*étude patiente des astres visibles à Tœil nu, faite au moyen 
«I in>truments ingénieux et fort simples, a conduit les anciens à la connaissance 
•l'*» lois du mouvement diurne de la sphère étoilée, du mouvement annuel du 
Ndeil sur cette sphère, suivant un grand cercle, récliptique, incliné de 
2'r I 2 sur Téquateur; Ilippanpic, cent trente ans avant notre ère, savait que 
l«-^ équinoxes, c'est-à-dire les points où Técliptique coupe réi{uateur, se 
Meuvent lentement sur IVquateur, dans le sens du mouvement diurne des 

• loilet, faisant le tour complet en vingt-six mille ans. Les anciens avaient 
l'«Mjssê très loin Tétude du mouvement de la Lune, bien plus complexe que 
««lui du Soleil, Tétude des mouvements des planètes, en y comprenant Mer- 
cure, que bien des astronomes dans les villes, aujourd'hui, n'ont jamais eu 
l'occasion de voir a l'iril nu. C'est sur l'ensemble de ces connaissances 
•• quises que Ptolémée, au second siècle de notre ère, édifia sa cosmogcmie. 
I^Mjr lui. la Terre est au centre du monde, les étoiles tournent autour d'elle 
*l un mouvement d'ensemble, le Soleil, la Lune, les planètes Mercure, 
Vi'uus, Mars, Jupiter, Saturne décrivent autour de la Terre des ftrbîtes de 
f«'rme> compliquées. Cettr cosmogonie s'est transmise en Eurofw d'âge en 
!•'«* jusqu'au xvii' Niède, sans que, dans une période de plus de treize siècles, 

I i^tronomie ait fait de sensibles progrès. 

A partir du xvi' siècle le ^énie des (Copernic, des Kepler, des GalikV, 

• tiblil une cosmogonie nouvelle faisant du Soleil le centre des mouvements 
•N> planètes, lesquelles, comme le Soleil lui-même, tournent uniformément 
Ktlour de leurs centres de ligure. Le mouvement de rotation de la Terre vhi 

II cause vraie de l'apparence du mouvement diurne de la sphère étoilée. 

Puis, |iar les immortelles découvertes de Huyghens, de Newton, d'une 

t (loniiatintr«iit>n afIro$M.M* a la Sooirtr <k* Gc"Krn|ilii<' il.iii^ «>a Mviiiio tlii ù mars l'-Ki». 
I.A (.. t*.»«riiii -T \MII. I'.«-n 24 



362 B. BAILLAUD. 



i part les observations se perfectionnent et, d'autre part, le système de Copernir 

i trouve sa synthèse définitive dans la grande loi de Tattraclion universelle qui 

1 aujourd'hui encore domine la science et en demeure Ténigme la plus myslé- 

I rieuse. 

I Dans le cours des xviif et xix*" siècles les progrès prodigieux de Tanalyso 

î mathématique permettent, en partant de la loi de Newton, d'expliquer les 

mouvements des astres du système solaire dans les moindres détails et avec 
une précision presque absolue, ne laissant d'incertitude qu'aux limitx}s mêmes 
I auxquelles les déductions mathématiques permettent d'atteindre. Pratique- 

ment, les problèmes que l'astronomie avait offerts aux anciens étaient plei- 
nement résolus. Les grands noms de Clairaut, d'Alembert, Lagrange, Gauss. 
Laplace, Le Verrier et tant d'autres, sans parler des géomètres contemporains, 
sont attachés à ces admirables travaux. 

Mais l'esprit humain est inlassable et la solution d'un problème ramène 
nécessairement à en poser de nouveaux dont la solution pourra d'ailleurs 
être facilitée par celle du premier. Depuis l'invention de la lunette astron<>- 
mique, du télescope à miroir, le domaine des observateurs s'était singulière- 
ment élargi. Les planètes principales, Jupiter, Saturne, s'étaient montrées 
escortées de satellites; Saturne môme d'un anneau dont la nature laissait les 
aslronomes rêveurs. La loi de Newton s'était appliquée à ces systèmes 
comme au système de la Terre et de la Lune; leur étude avait permis, fait 
inespéré, de connaître avec une grande précision les masses rapportées à celle 
du Soleil des planètes Terre, Jupiter, Saturne elles-mêmes. 

C'est surtout à la fin du xvni" siècle que le génie d'Herschel, le plus grandi 
sans doute des observateurs, ouvrit à l'aslronomie des horizons nouveaux. 
W. Herschel, au moyen d'instruments construits par lui-même, d'une dimen- 
sion inconnue jusqu'alors et il'unc grande perfection, accumulant avec l'aigle 
«le sa sœur Caroline des observations d'étoiles doubles, de nébuleuses el 
d'amas d'étoiles, multi|)liant avec une patience prodigieuse ses jauges stellain*>, 
posa tous les problèmes de la cosmogonie moderne et donna des solutions 
souvent définitives. En particulier il indiqua le mouvement du système solaire 
à travers l'ensemble des étoiles. Nous ne pouvons nous dispenser de rappeler 
qu'il découvrait <!ans un <le ses télescopes la planète Uranus située au delà 
de Saturne dans le système solaire. 

Puis, au milieu du xix*^ siècle, Fraunhofer, KirchhotT et Bunsen et leurs 
continuateurs créèrent la speclroscopie stellaire, science entièrement nouvelle, 
doonant des rcnseigncmenis certains sur la nature même des astres, permettant 
de distinguer les amas d'étoiles des nébuleuses, de classer les étoiles ellcî»- 
mémes, el, pni* les découvertes de Doppler et Fizeau, de mesurer les déplace- 
ments des étoiles suivant les droites qui les joignent à nous. 

('ependant la découverte, par Plazzi, le premier jour du xix* siècle, do U 



IK< OHSEnVATiHUKS OK MuNTlGNE. 3n:i 

plaiit*t** <-éi*i»s ouvrait la voie à «les recheiTlios (|ut oui. plus tani, révélt* loul 
iiii l'N'iaiin «rasli'roïiles ilonl les orhîles sont situées entre les orbites de Mars 
l't «le Jupiter. L*a|i|)lieatioii par Le Verrier tles méthodes île la mécanii|ue 
< «teste le conduisait à annoncer Texistence d*une planète au delà de Torbile 
«rfranus, et, peu de semaines après, Neptune élait trouvée par (îalle près de 
la portion iiiili«|uée par Le Verrier. 

Knlin la photographie est venue rem|darer en (|ueh|ue sorte l'u'il dr 
l'islrononie: par racrumulation de Timpression des ima^'^es avec raccroisM»- 
iiient du temps de p«>se, elle en au!;mente en quelque sorte h volonté IVrlal ; 
•'ll«» a même permis d*ohtenir des imai^es d*astres tpii, par la nature di*s 
r.idiations qu'ils émettent, seraient demeuré(»s éternellement invisibles à To-il 
humain. On sait comment, tiepuis les admirables travaux de Paul et Prosper 
Ilenrv et l'initiative hanlie de Tamiral .Mouchez, la pholo^MMphie domine 
1 .istronnmie tout entière. Dans vinjî^t ans le nombre di^s étoiles cataloguées 
.i\»'c précision aura plus que ilécujdé. 



II 

Le ilomaine d«»s astronomes sVst donc depuis trois siècles extraonlinaire- 
uuMit élargi. I^e nombre des astres qu'ils élmlient sVsl accru en quelque sorte 
>ans limite; la solution des questions posées est devenue de plus en plus 
difficile; Part instrumenlal s'est perfectionné m même temps. L'œil humain, 
lion aidé, ilistin;rue, îi un mètre de distance, un trait d'un tiers de millimètre 
ui S4IUS un an;:le d'une minute; cet an^le était la limite de la précision des 
•diser\atioiiH de Tycho-Brahé. C'est la connaissance exacte de cette limite 
d'i*rreur qui a uuidé et soutenu Kepler dans la recherche des lois qui ont 
iiiimortalisé son nom. Jusqu'au commencement du xix" siècle, par l'emploi 
d««s lunettes, la précision, devenue soixante fois plus grande, était limitée a 
l.t s»*contle iParc. Vers la lin du xix* siècle elle avait à peu prf»s doublé, les 
«tl)M*rvations pouvant donner la demi siM*onde. La photoprraphie l'a doublée 
«nron* l't les positions déduites des mesures di»s clichés ne sont pas en erreur 
dr plus di- 2 à :\ dixièmes «le seconde. Si. d'autre part, on se borne à comparer 
d«*<% autres très voisins, visibles en même temps flans le champ d'une lunetlr, 
1 1 pn>rision est plus jrrande t»ncore. 

Mais ce «lixième de secomle qui apparaît comme la limite actuelle de la 
provision des observati«uis est bien fugitif. Dans le plan focal d'une lunette de 
tiois mètres de bm^ueur, il correspond à un déplacement d'un six-ci*ntième 
•!•• millimètn». L'expérience prouve que l'art du ccmstrucleur peut atteindri' 
«»*lte limite; mais tf jtriuri il semblerait que ce soit vraiment im|»ossible. 

Seulement il y a un élément avec lequel il faut cmnpter et ilevaat leqiM'l 



364 B. BAILLAID. 

le constructeur le plus habile et Topticien le plus ingénieux sont impuissants 
La lunette astronomique nous donne Timage d'un astre. Cette image csl 
formée par le rassemblement, en un même point du plan focal, des rayons 
parallèles qui, émanés de l'astre, ont traversé l'objectif. Elle n'est pas un poinl 
fi^éométrique, mais une tache de quelque étendue d'autant plus étroite que 
l'ouverture de l'objectif de la lunette est plus grande. Ces rayons, avant 
d'arriver a l'objectif, ont traversé l'atmosphère, qui n'est pas un Quide homo- 
gène en équilibre. Par suite des variations de température et de pression qui se 
produisent en quelque sorte constamment en tous points de celte atmosphère, 
la direction des rayons émanés d'un même astre, qui rencontrent l'objectif, 
change d'un instant à l'autre; l'œil de Tobservateur n'a pas une sensibilité 
instantanée; par suite de la persistance des impressions lumineuses la rétine 
confond les images successives en une tache de dimensions sensibles; les 
images apparaissent floues; la précision des mesures est diminuée; dans de 
mauvaises conditions, l'incertitude peut atteindre plusieurs secondes. La 
précision dépend donc non seulement de l'observateur et de l'instrument, 
mais de l'état, même d'équilibre de l'atmosphère. C'est Newton qui, en 1711, 
paraît avoir signalé le premier la nécessité de s'alTranchir autant que possilde 
du trouble de l'air; il indique que l'on trouvera sans doute un air calme et 
serein dans les hautes montagnes, au-dessus de la zone des nuages. En 1182 
llerscliel insiste sur la nécessité de considérer l'œil de l'observateur et l'atmo- 
sphère elle-même comme faisant partie de l'instrument; il veut que l'obser- 
vateur, l'instrument et l'atmosphère dans le voisinage immédiat soient en 
équilibre de température. En 1794, réobservant les anneaux de Saturne après 
leur disparition, il dit s'être etîorcé de recevoir leur image au même point de 
la rétine, en raison de ce que la sensibilité du diamètre vertical de la rélinc 
peut n'être pas la même que celle du diamètre horizontal. Herschel annonçait 
ainsi l'astigmatisme. 

m 

Longtemps demeurèrent très rares les déplacements des astronomes avcx* 
de grands instruments dans le but d'avoir de meilleures conditions atmo- 
sphériques. Nous commencerons par exposer d'après Hadau et d'après llolden 
les tentatives principales faites à l'étranger. 

En 18î)l, a[)ros avoir observé une éclipse de soleil en Norvège, le directeur 
Hond, de l'observatoire dé Harvard Collège, décida d'essayer de voir la cou- 
ronne en Suisse en dehors de toute éclipse. 

En 1852, Lassell emmena h Malte un réflecteur de deux pieds pour obtenir 
des vues des planètes; de 1861 à 1865 il y employa un télescope de quatre pied> 
construit par lui. 



LES onSEHVATOiRES UK MnMArîNK. 3ti:i 

Eii 18.16, Pîazzi Smytli iMablit un instrument de pcuivoir suftisanl à Tém*- 
rifTe aux altitutlcs de 2670 mètres et *t200 mètres. Il étudia minutieusement 
1rs conditions des images. Ses conclusions furent tout à fait Tavoraides. 
l,Vx|MTienee de Lassell montre qu'on peut aussi nvoir de bonnes eondilions 
.1IJ bord lie la mer. 

l'ne lettre de Draper à Rond, de 1864, suir^rère que la nieilb*ure place peut 
♦Mre la cote ouest de TAmérique du sud, près île IVtpiatiMir, à une srraïKlc alti- 
tude. Nous retrouverons cette indication une .::énération plus tanl. 

Eu 1871, J. Lick [iropose de fonder un observatoin* de montasrne. C'est en 
1ST*.I que Rurnliam compara les diverses stations possibles : la construction dr 
l'observatoire Lick au mont Hamilton était déji\ commencce. Les premièrcN 
<>liM*rvations furent faites en 1881 et 1882. L'observatoire est à l'altitude tb* 
! 2S:{ mètres. On va installé un des plus grands équatoriaux existants; Barnard 
) a ilécouvert le ;>' satellite de Jupiter le 1) septembre 1892. Le iV et le 7** ont 
«•lé trouvés le l\ décfMubre IllOi et le !"' janvier iî)Or> par Perrine au télescope 
t'nt'^Nley du même observatoire sur des clicliés pbt>tograpliiques. 

Ile IS71 à ISSS une série ininterrompue iTobscrviitions météondogiques 
fut faite au s«>mmi*t du Pike's IVak, à l'altitude de i- 2'iO mètrt*s, dans le Colo- 
n«b». La tenipérature moyenne y est — 6", la plus basse o]>scrvée — 16". Le 
*^«<iiiiiH*|<»>t accessible en cbemin de fer. En I87H, Lantriex j observa une éclipse 
'I'' vdeil; en I81KL (î. Hab», .Mrs Ilale et Keeler allènMil y pbotograpbier la 
• oiironne solaire; tous ont conclu ipie les conditions astronomiques seraient 
iH*ttemenl mauraises. 

En 1881, un équatorial fut installé au sommet de TEtna, h '(000 mètres, 
«'••l tdiservatoire est une annexe tle celui de Catane qui a un éi|uatorial ideii- 
ti'pie. les deux n'ayant qu'un même objectif île 3r> centimètres d'ouverture. 
<hi ne travaille h l'Etna qu'en été. Taccbini écrivant à lloblen dit que les 
Hii'illeure.s conditions d'observation y sont moins fréquentes tpi'on ne peut le 
*n>ire. La transparence du ciel est diminuée par les poussières du cratèn». 
.NiMjs |N>uvons citer encore : 

l'observatoire Lowe, au mont Ecbo, à 1 O'JO mèlri»s seulement, avec un très 
.'(•ind nombre d<^ belles nuits; 

rob>er%'atoire météorologique du Siititis, à 2 500 mètres; 

la .station mé|éorolo;:ique du Sonnblick, à 2 800 mètres. 

hans l'Amérique du sud, Ed. Pickerinç. rillusire directeur de l'obser- 
>.itiMre iKllarvard (collège, établit, près d'Aréquipa, sur les lianes du mont 
Miarbani, lequel atteint 6 000 mètres, une station météoroloirique à 
♦"» HK) mètres, pourvue d'instruments enregistreurs. L'astronome américain 
S«li,eberle, qui s'y rendit, conclut qu'il sera toujours impossible d'y vivre et 
d ) travailler. 

Pickering installa une autre stati<»n au sommet d'EI Misti, à ."800 mètres. 



3(»C 



n. UAILLAUD. 



L'astronome W. II. Pickcriog, frère d'Etl., atteignit le sommet avec tlesL^uidos 
indiens. Un observateur, Waterburg, se proposa do faire des ascensions tous 
les dix jours et réussit à en faire cinquante-deux. 

Un résultat de la plus haute importance de la campag-ne do W. H. Picke- 
ringf au Pérou fut rétablissement d'un observatoire bien outillé à Aréquipa, à 
2ioO mètres. On y installa en 1891 un équatorial de 3G centimètres d'ouver- 
ture. Le ciel est toujours clair dans la saison sèche et généralement le soir 
dans la saison pluvieuse. On a pu, le jour, employer des grossissements de 
onze cent quarante fois sur Vénus; on a pu voir des étoiles de troisième gran- 
<leur à rhorizon; on a pu compter dix à douze anneaux de diffraction bien 
(ixes autour des étoiles brillantes; c'est sur des clichés d'Aréquipa que Picke- 
ring a trouvé le neuvième satellite de Saturne, Phébé, et le dixième Thémis. 
Ces clichés ont élé obtenus l\ un grand télescope photographique de m. CI 

____^ d'ouverture du à la 

libéralité de miss Hrn- 
co. I^es imagos y sont 
généralement bonnes 
le soir, fréquemment 








Flïi. 33. — OnSEIiVATOIRE DE MCE. 



mauvaises le matin. 

En 1892, M. l»er- 

cival I^owell étabht à 

FUigstalT, dans Télal 

d'Arizona, à 2 210 niè 

très d'altitude, un ol»- 

servaloire pourvu d'un grand équatorial qui a été consacré surtout à de très 

beaux dessins de Mars, et a récemnîont donné de magnifiques spectrogrammes 

des planètes et de la Lune. 

Au mont Wilson un grand observatoire a été édifié récemment pour les 
observations du Soleil à 2 500 mètres, sous la direction de rilluslre spectrus- 
copisto américain George Ilale. Pourvu de très grands télescopes et speclro- 
graphes, cet observatoire, sous la direction d'un astronome de cette valeur, 
promet d'apporter des contributions de première importance à la connaissance 
de l'astre qui nous éclaire, nous échauffe et nous assure la vie. 

11 nous reste à dire ce quia été fait en France pour les grandes altitudes, à 
indiquer ce qu'il reste à faire. 

\ice. — Etabli en 1879, aux frais de R. BischofTsheim, au mont Gros, à 
378 mètres d'altitude, l'observatoire de Nice a généralement des images 
stellaires assez bonnes, une fois sur cinq bonnes, passables une fois sur dix. 
Dans do bonnes conditions le ciel y est remarquablement transparent et pur. 
Thollon y vit en plein jour la grande comète de 1882. Cet observatoire est un 
des mieux outillés de France; il possède notamment un grand équatorial de 



LES OnSKRVATOlHKS DE M0NTA<;NE. 



367 




nu. :U'.. 



i/onsr.HTAToim: m l'iv i>c dAmr. 



M m. "lî il'oiivcTlun* et 18 mèlres de foyer; il est assez près de Nice pour que 
|i>< astronomes ne vivent pas dans la solitude. Il est, par donation de 
liisrlioiïsheim, propriété de l'université «le Paris (lîg. SH . 

Puij de Df'nne fig. .16). — On sait que r'est sur cette montagne d'Auvergne 
•|iH* fut faite par Pé- 
ii«T, le 19 septembre 
HilH, la grande expé- 
rience de l'équililire 
dfs liqueurs, ile Pas- 
( .il, démontrant la pe- 
«'.inteur de Tair. Deux 
lu lies de verre fermés 
l*ir un liout étant 
remplis de mercure 
«l chacun d'i'ux re- 
loiirné sur une cuve 
a mercure, Tun fut 
lai>sé à (llermoni, 

lautre porté au sommet du Puy de hume; le niveau du mercure ilans ce 
Mcond tul»e s'aliaissa de 10 centimètres et cela continûment à mesure (|ue 
Ion s'élevait davantage. 

En 1869, Alluard, professeur de physique à la faculté des sciences de 

(*lermont, demanda à Du- 
ruy, ministre de l'Instruc- 
tion publique, la création 
d'un observatoire au som- 
met. Une visite tie Fau* 
en mai 1869 eut raison 
d'oppositions fondées sur 
la tlifficullé d'accès en 
hiver, sur les dangers 
qu'offraient les orages en 
été. lu crédit de 50 000 
francs fut voté au budget 
de l'état en 1810 et main 
tenu en 1871 ; il fut doublé 
par le conseil général du 
Pu\-de-Dôme et la ville de Clermont. Les travaux de terrassement comniencè- 
r**nt en 1873 et mirent à nu les fondations d'un temple romain, le plus inqior- 
tant pculnMre des sanctuaires de l'époque gallo-romaine, ('et obser\aloire vient 
d être agrandi sur la demande de M. Bernard Brunhes, son «lirecteur actuel. 




riG. Sk oii«»r.R% \roinr. r»L mom vf^toi \. 



368 B. BAILLAUD. 

Au Mont Venioux un observatoire météorolofrique a clé construit en 188:î 
par 1 administration des Ponts et Chaussées, à 2000 mètres d'altitude; on y 
accède par une magnifique route cheminant à travers des pentes toutes parfu- 
mées de lavande et bordées de part et d'autre de milliers de ruches. On sait 
que sur cette route ont eu lieu récemment des concours d'automobiles (fig. Xi), 
Aigoual. — Un autre observatoire météorologique a été construit an 
sommet de FAigoual, à la limite du Gard, de l'Hérault et de la Lozère, aux 
frais de l'administration des Eaux et Forêts, par les soins d'un niétéorologislc 
de premier ordre, M. Fabre, conservateur à Nîmes. On accède à TAigoual par 
une route forestière des plus pittoresques. L'observatoire, situé a { 500 mètres 
4raltitude, possède un beau jardin botanique entretenu sous la tlirection d** 
M. Flahaut, professeur à la faculté des sciences do Montpellier (fig. 38). 

•Les observatoires du Venioux et de TAigoual sont des stations méléonh 
logiques. Le directeur si actif de l'observatoire du Puy de Dôme, M. Bernard 
Brunhes, physicien de grande valeur, a fait dans ces dernières années dans 
la région du Puy de Dùme des études magnétiques de la plus haute impor- 
tance; il a introduit dans, le programme de son observatoire toutes les 
questions intéressant la physique terrestre. 

Pic du Midi, — Je m'étendrai un peu sur l'observatoire du Pic du Midi, 
<|ui n'est pas seulement un observatoire météorologique, mais un établisse- 
ment ouvert à tous les savants dont les recherches peuvent profiter d'une 
grande altitude. 

C'est vers 1867 qu'un médecin de Bagnères-de-Bigorre, le docteur 
Costallat, détermina la Société Ramond de cette ville à entreprendre rétablis- 
sement d'une station météorologique au pic qui domine Bagnères à une 
vingtaine de kilomètres de distance. 

Dès 1832 une société par actions avait créé, au pied de la partie supérieure 
du pic, une hôtellerie qui fut emportée, l'hiver suivant, par une avalanche. 
L'année suivante, cette hôtellerie fut reconstruite au col de Sencours, sur le 
revers méridional du mamelon où mourut subitement en 1118 l'astronome 
de Montpellier, Plantade, ûgé de soixante-dix ans. Cette hôtellerie un peu 
sommaire a coûté jusqu'ici une vingtaine de mille francs. Dans un mémoire 
de J867 Costallat écrivait : 

« Je voudrais qu'il s'organisât à Paris une commission de savants, 
s'adjoignant peu à peu un certain nombre de savants étrangers et se consti- 
tuant en commission internationale pour l'établissement au Pic-du-Midi-de- 
Bigorre d'un observatoire permanent au moyen d'une souscription interna 
tionale. » 

Costallat, mort en 1871, n'a pas vu le commencement de la réalisation de 
son projet. D'autres membres de la Société Ramond l'ont repris après lui e( 
l'ont mené à bonne fin. 



LES onSRRVATOIRES DE MONTAGNE. 



3(.J 



IK\s 1873, une rommission composée de Frossard, présidenl, du f^éiiéral de 
Nansouty, de J.-J. Uumoret, président du tribunal civil, de Tin^^'^nieur Vaus- 
M'uat, d'accord avec Charles Sainte-Claire Deville, décida <|u'un premier essai 
serait tenté pendant Tété à Thotellerie où des instruments seraient établis et 
id^ervés |>endant trois mois. En I87i, les observations furent n»prises par 
de Xansouty, par Bayluc, l'observateur de 1873, et Brau, un montagnard, 
hôtelier à Gripp. Si intrépides qu'ils fussent les trois observateurs durent 
redescendre le 15 décembre, la porte et la fenêtre ayant été enfoncées par la 
nei*re, le poêle mis hors 
•le service et le combus- 
tible étant épuisé. 

A la suite tie cette 
<\im|iagne, le fjrénéral 
«onclut à la construction 
*Vun observatoire au 
^iMumi*!. Ce fut l'œuvre 
.lt•^ années 1875 à 1880 
pendant lescpiellesle gé- 
néral séjourna à Thotel 
U'VH* été et hiver, tandis 
<pje Vaussenat parcou- 
rait la France, faisant 
«'iinnaitri' dans d'innom- 
liraldes conférences le 

haut intérêt de l'entreprise, rt recueillant «les souscriptions dont le total 
épas>a 230000 francs. 

Le 8 S(»ptembre 1882 la Société Hamond céda Tobservaloin* h l'Etat, le 
général de Xansouty, fatijrué par un séjour de sept anné(»s au pic, de soixante 
1 M>i\antesept ans, fut nommé directeur honoraire; Vaussenat «levint 
diivdeur. 

De cette é|MMpje date la période d'activité .scientili<|ur si féconde de 
lobservatoirc du Pic. Vaussenat crée un personnel ; il s'adjoint comme 
MbMTvaleur dés 1882 Ginet, ancien sous-oflicier du L'énii* ; <|uel(|ues années 
plus tard Latreille, habile photo^^raphe, «les hommes île st»rvicr, «les transpor- 
t«»urH des plus «lévoués. Vaussenat était av«»c «mix, é«rit Dumon^t après sa 
mort, en 181)2, veillant à tout, continuant ra«*hèv<Mn«'nt il<* Tiruvre, « essayant 
d<» réaliser l'idée «le Planta«le repri'i«* parCostallat, pr«Vonis«'«» p.ir Jfdm llerschid 
«•l Babinet, soutenue par Janss«Mi, et c'est «lans c«» but «|u«» Vauss«»nat é<linait 
«•«^ terrasses, bAtissait ces abris, minait ces r«)cliers, «réait ces chemins 
couverU qui font «le cette station une véritabb» m«»neill«' srieiilifi«pje ap|M*lée à 
rendre les plus grands servic«*s ». 




riG. :Js. — oiisFnv\Toini: ui mont .\i«;oi \«.. 



370 B. UAILLAL'D. 

Vaiissenal, (lès 1890, se savait conJamné; il n'en conlinuait pas moins son 
œuvre. Le 8 décembre 1892, il fallait le descendre *le Tobservaloire à 
Bairnères, et le 16 il succombait. Nansoutv mourut en 181ir». 

On ne saurait dire trop haut ce qu'ont été ces deux hommes, ces vaillanls. 
ces héros de la science, à laquelle ils ont sacrifié tant d'années de leur vie. 
Leurs bustes sur la façade de la maison d'habitation du Pic du Midi, à droite et 
à gauche d'une pla(|ue commémorative, rappellent leur énergie et leur dévon- 
ment. Leur œuvre a été continuée avec une persévérance inlassable par leur 
successeur, M. Marchand, dont l'activité scientifique a été si féconde, qu'il 
s'agisse des taches et facules solaires, du magnétisme terrestre et des courants 
telluri^ues, de la lumière zodiacale, du crépuscule, du mode de formation des 
nuages, du rôle de l'écran pyrénéen dans les mouvements de l'atmosphère, dr 
l'enregistrement des mouvements sismiques, de l'annonce des fortes pluies 
et des inondations, etc. M. Marchand a encore pour collaboi-aleurs Ginet et 
Lalreille, ces hommes modestes, consciencieux, courageux, intrépides jusqu'au 
bout. 

En 1900, M. le ministre de l'instruction publique ayant demandé à l'auteur 
de cet article d'étudier au sommet les conditions dos images astronomiques, il 
établit rapidement, sous une coupole provisoire, grûce au concours et aux 
conseils de M. Marchand, qu'il ne saurait trop remercier, un télescope de 
Foucault, et, pendant trois ans, en été, MM. Bourget, Rossard, astronomes à 
Toulouse, et lui, y firent des séjours prolongés tjui leur permirent de constater 
l'excellence des images. On gagne deux grandeurs d'étoiles, comme l'avaienl 
déjà constaté P. et Pr. Henry. A l'encontre de ce qui se passe à Aréquipa, les 
images s'améliorent depuis le soir jusqu'au matin. 

A la suite de ces constatations un grand instrument de 6 mètres de foyer, à 
deux lunettes, un télescope de Newton de m. oO d'ouverture et un réfracteur 
de m. 25 à monture de forme anglaise, furent commandés par l'université au 
célèbre constructeur français P. Gautier. M. (lautier consentit des conditions 
excejdionnellement libérales qui le mirent de fait à l'un des premiers rangs 
parmi les souscripteurs. 

Une grande coupole de 8 mètres fut construite par M. Carrère, mécani- 
cien, fonctionnaire de l'observatoire de Toulouse, dans l'atelier de cet établis- 
sement. 

Dans les étés de 1906 et 1907, au milieu des plus grands dangers, l'instru- 
ment a été transporté au sommet sur l'ordre de M. le ministre de la Guerre 
par des artilleurs de Tarbes, sous les ordres du commandant Lallemand. d" 
Service géographique, un des membres de la mission qui mesura, dans ce^ 
dernières années, l'arc du méridien de l'équateur. 

L'instrument a été en 1907 mis en place par Lelièvre, l'habile mon- 
teur de M. Gautier, les parties optiques placées et réglées en 1908, et. 



LKS (>BSERVATnllu:S l)K MnNTAiiNK. 



3:1 



il 110 reste plus à faire que le moliilier môme île la coupole. La 
lii:ure 39 donne la vue actuelle des maisons d*hal)itation et de la coup<de 
;i*«tronomi(|ue. On y voit les bustes de Nansouty et de Vaussenat, et la placpie 
rnmmt*morative indir|uant les noms des principaux donateurs et la prise de 
posM*ssion par Télat. A droite, au sommet môme du Pic, on voit le signal 
i:i**ndésique, un des points de premier ordre de la carte de France. Le cliché 
.1 rtô pris d'une terrasse élevée de 7 mètre» au-^lessus de la terrasse princi|)ale. 
t!«»tle terrasse, cpie ne montre pas la fiirure, porte les instruments météoro- 




riii. 39. 



OU9CRVATOIIIK DU NC l>i; MIUI. 



loL'iqnrs; un bâtiment important qui lui est adossé renferme les enrejçistreurs 
•lu ma^nétismo terrestre et de Télectricilé atmosphériipie. 



Mont'lilanc, — IMiis élevé de 2 0tU) mètres ipie le ISc du Midi est le sommet 
•lu .Mont-Blanc. Jan>sin a fait connaître dans VAnininire du liunuin de» Loti- 
'i»htde$ pour 1902 comment, en 1888, il porta aux (irands-Mulets, à 
•HMIO mètre», un spectroMope approprié à la recherche de Toxy^ène dans Irs 
• fixidoppes extérieures du Soleil et obtint le résultat né^'alif qu*il prévoyait. 
M. Joseph Vallot qui. en 1886, 1887, 1888, avait fait divcrM»s ascensi(»n> 
«*t conçu le projet d'établir vers le sommet un observatoire, en commença 
Inexécution en 1890 sur un rocher des Bossons, l'agrandit «lans les années 
suivantes et en lit. à l 'U>r> mètres d'altitude, une station netlcMuent ciuifortabb* 
couiprenant huit pières, atelier, cuisine, chambre>. Les travaux M*ientiliques 
*<«roinplis ont été publiés par M. J. Vallot dans cin(| beaux volumes dM;M*///^».s. 
lu <;ont relatifs à la météorologie, à l'élude des glaciers, à la carte du Mont- 
Blanc, au mal de nn»nlagne, à Tactincimétrie, à la vilessï» de circulation de 



372 B. DAILLAUD. 

l'eau dans les torrents et sous les glaciers, aux variations de la Mer de (ilare. 

La plupart des travaux contenus dans ces cinq volumes sont Je 
MM. J. Vallot, H. Vallot et de M"* (iabrielle Vallot. MM. Imfeld, Du Boys, 
D"* Egli-Sinclair, D"* Andresen ont donné quelques contributions. L'observa- 
toire Vallot a été visité par nombre d'autres savants parmi lesquels nous 
mentionnerons le D'' Franz Schrader et le D** Kùss qui y a fait de belles 
recherches physiologiques. 

Janssen ayant, en 1890, visité l'observatoire des Bossons, et de là s'élanl 
fait porter au sommet, résolut de demander à l'Académie et aux amis «le 
la science de l'aider à construire un observatoire au sommet à 4 800 mètres. 
On sait que plusieurs généreux mécènes réunirent un capital d'environ 
300 000 francs. L'observatoire, à sa base, a 10 métros sur '»; il afTecle la 
forme d'une pyramide tronquée; il comprend deux étages, dont l'un entièn'- 
ment enfoui dans la neige, une terrasse et une tourelle (lig. iO). Knlièreraonl 
construit à Meudon sous la direction de l'architecte Vaudromer, il fut démonté, 
transporté et monté au sommet en 1893. Le transport nécessita sept cents à 
huit cents voyages do porteurs chargés de 20 à 30 kilogrammes. Aucun 
accident de personne ne se produisit. 

L'observatoire possède un é(iuatorial monté en forme de sidéroslat polair»» 
et un grand météorographc enregistreur. J'ai dit les travaux importants «le 
MM. J. et H. V^allol. L'énuméralion des recherches faites à l'observatoire du 
sommet ne serait pas moins longue. M. Bigourdan, en 189." et 189C, y étudie la 
pesanteur; M. Houdaille aux Grands-Mulets en 1896, MM. Crova et Ilansky 
en 1897 ont fait, de Chamonix au sommet, des mesures aGtinométri(|ues. 
M. Hansky, en 1898, a mesuré l'intensité de la pesanteur; M. le comte de la 
Baume-Pluvinelafaiten 1899 des recherches sur le spectre solaire; M.Maurice 
de Thierry, la môme année, y dose l'acide carbonique; M. Nordmann, en 1902, 
recherche les ondes hertziennes émanées du soleil; M. lîinot fait des études 
bactériologiques. M. Le Cadet, en 1903, étudia Télectricité atmosphérique; 
en 1903 aussi M. Millochau fait des essais astronomiques, M. Bayeux, des 
observations biologiques; en 1905, M. Hansky observe la lumière zodiacale el 
mesure* la constante solaire'; M. Millochau détermine la hauteur de la couche 
renversante de l'atmosphère solaire au moyen de la grande lunette. MM. Guil- 
lemard et Moog font des recherches physiologiques. En 190r>, MM. Millochau 
etFéry étudient l'émission calorifique du soleil; M. Stéfanik fait des recherches 
sur les raies telluriques; en 1906 et en 1907, M. Senouque étudie la diminu- 
tion du champ magnétique terrestre. D'autres encore ont travaillé au Monl- 
Blanc et les services que les deux stations peuvent rendre ne paraissent pa'* 
près de se ralentir. 

L'avenir de l'astronomie en France est intimement lié pour une bonne 
part au développement des observatoires de montagne. Le Pic du Midi el les 



LKS ORSERVATOIRKS DK MONTAGNE. 



373 



^(.liions du M(»iil-lilunr doivent prendre d*année en annôe une im|>ortanre plus 
iTimle. Le Pie est une station pi'rmanente où des hommes c|ui, dans uni» 
lar^e mesure, M»nl des héros de la science ont passé leur vie. Il serait hien 
«hriirile pt»ul-ôtre de les remplacer ddns les mêmes rondili(»ns; mais le Pic 
niiiimo le Monl-Klanc sera visité par des savants en mission temporaire et le 
MJour on est possilde en toute saison. 

Les missions au Pic du Midi peuvent durer des mois, des années; au Mont- 
hlanc seulement une ou deux semaines. De la plaine au Pic on ^^afrne 




f\r,. ;n. -- oitsciiVAioiHF. hi siOMMcr m hovt-ul^nc. 



.*MM)0 mrtres, du Pic au Mont-Blanc 2 000, et heaucoup d'expériences essayées 
«I alionl au Pic donneront au Mont-Blanc leur résultat définitif. 

Ces deux statitms sont dues à Tinitiative privée, elles doivent être toujours 
• iHoura^'ées par olle. li'université de Toulouse, en tant que personne civile, a 
apporté au Pic um» conlrihution consiilérahle; «pjelques autres universités, 
Hordi^aux, Montpellier, (Irenohle, Clermont, Rennes, ont voté îles subven- 
tions; un Toulousain, M. le vicomte de Salignac-Fénelon, sVsl joint à elles; 
l'université de Paris s'i»sl inscrite pour 10 000 Trancs. Les corps savanls de 
tout ordre, les «rénéreux mécènes des sciences voudront les imiter. Il est 
iiéressaire d'introduire un peu de bien-être dans cette station où mani|uent 
«iirore à beaucoup d^V^''*'^^ '**^ choses les plus indispensables à la vie; il faut 
.iusî>i développer le matériel scientifique. I/université de Toulouse et ses obser- 
\atoires météondivjiipie et astronomique se cliarjrent des dépenses annuelles; 
ils «ifTrent pratuitemenl le vivre et le couvert aux savants de tous pays qui 
\iendroiit y travailler. 

Il est inutile d'insister sur les stations du Mont-Blanr. L'un fies princi- 
paux «binateurs de la station du sommet a habitué b* monde savant à ses lar- 



3U B. HAILLAUI). 

jjresses ; rAcadéinie des Sciences, dont il est membre, vient encore, réccmmenl. 
d'y applaudir. H'autres se sont joints au prince Roland Bonaparte et ne son 
sépareront pas. Joseph Vallot s'intéresse de plus en plus à son œuvre. 

Cependant quelques hommes isolés ne peuvent suffire à tout et nous 
sommes loin d'avoir les ressources dont disposent les Pickering, les G. Haie. 
Dans la société moderne le nombre des hommes (jui, de leurs bons deniers, 
encouragent la science doit augmenter. La science a des besoins trop variables 
paur que les ressources officielles puissent lui suffire. Des hommes jeunes 
encore verront les mcpurs américaines, en ce qui concerne les donations, 
s'implanter cbez nous. Je l'écris sans liésitation, siir «Kèlre prophète. Noire 
France ne peut être à la veille de cesser de marcher à la tète de la science et 
de la civilisation, 

B. Baillacd 

(«le rinslitut). 



Le détournement 
de Voued Saoura au Foum-el-Kreneg 

(Algérie du Sud) 



Le 2rai)(I oited formé par la réunion du Guir ot <le la Zonsfana, à i kilo- 
inMros au nonl ilu poste d'Igli, a son cours partagé en deux sections île lon- 
:;ueur à peu près éi*ale. par le défilé de Foum-el-Kreneg, large de 20O mètres, 
où il p«»rce la chaîne d*Ougarta qui ne présente plus, h cet endroit, «pi'une 
faillie élévation. 

La section septentrionale — Votted Saoura — court dans un talweg 
unique et Iden marqué, orienté nord-ouest sud-est, et est bordée à Touest par 
\v chainon oriental ilu massif d*Ougarta sur une longueur de 1 10 kilomètres 
i*n\iron. 

La seroinle sertion — Vonetl Mcssaoud — se dirige au sud, puis se 
riTourbo vi>rs Touest du Touat à llassi Rezegallali, point extrême où Ton a 
«onslaté son existence. 

Le Foum-el-Kreneg marque un changement radical dans le régime du 
iVuve. Tandis (prau nonl la vallée ilc la Saoura est parcourue |>res(iue chaque 
année par les crurs venant du liuir et de la Zousfana, qu*elle est parsemée 
•Ir sources, lie palmerai(*s et de villages — il s'en échelonne plus de trente 
•Milre l;rli et le Fouin -, la partie sud de Voiiftl premi entièrement le raraclère 
vdiarien et ne trahit plus sa présence que par quelques puits fort esjKirés, et 
•I |i4*ine suflisants pour alimenter de maigres pAturages. 

Cette situation est sans aucun doute récente. Il subsiste, en elTet, sur les 
100 kilomètres qui séparent le Foum du Bouda, ta |ireniière oasis du Touat, 
l»*s restes d'une vé:;étation qui fut très brillante: il n^^\iste plus que h*s par- 
li»*s li^neus«*s di's plantes et le pays siMiible avoir été dévasté par un irii^an- 
t«'sque incrndie*. 

Ca* phénomène nesi explicable <|ue par un chani:<*ment brusque dans le 
ré::init» J^s eau\. 

I. Lirutfiianl Martin. nAp|K>rl iiiiiiu^trit. 
I.k «t&.iciii»>.tti. — l. X\III. \\^^. 



376 R. DE FLOTTE DE HOQUEVAIRE. 

M. le lieutenant Martin, de la compagnie saharienne du Touat, a fait une 
étude détaillée de la topographie du Foum qui nous renseigne complètement 
sur l'origine de ce dessèchement. 

Au sortir du défilé de Foum-el-Kreneg, les eaux des crues de la Saoura 
tombent dans la vaste dépression qui existe a l'ouest du fleuve et dont il est 
jusque-là séparé par la chaîne d'Ougarta. Cette dépression est limitée à Test 
par la chaîne et à l'ouest par l'Erg el-Atchane. Il existe là un immense bassin 
de 130 kilomètres de longueur, d'Aïn Dhob, à la latitude de Kerzaz, à Merkeb 
Bouda. Les points les plus bas de cette zone sont placés au nord et au sud du 
Foum. Ce sont, au nord, la Sebkra el-Melah ou de Timmoudi, sans issue, dont 
l'altitude est de 55 mètres environ * inférieure à celle de la Saoura à Kerzaz: 
au sud, la daïa de Zouarz qui se déverse vers le Touat par la trouée de 
Merkeb Bouda. 

A une époque récente, au dire des indigènes, la Sebkra de Timmoudi 
étant encore pleine d'eau, la Saoura, en aval du Foum, n'avait d'issue qu'au 
sud. Le courant forma peu à peu un cône de déjection qui finit par séparer la 
masse d'eau en deux bras dont l'un gagnait la Sebkra en voie de dessèchement, 
et l'autre le sud. Le volume des eaux diminuant, les apports alluvionnaires 
s'augmentèrent des sables de l'Erg et le cône de déjection se doubla d'une 
barrière de sable d'une dizaine de mètres de hauteur formant, en aval du 
Foum, une espèce de bassin fermé. 

Aux crues suivantes les eaux s'accumulèrent derrière le cordon de dunes 
et le crevèrent au point de moindre résistance. Selon l'emplacement de la 
rupture, les eaux, également sollicitées par la pente, s'épanchèrent soit vers le 
sud en direction normale, soit vers le nord-ouest vers la Sebkra de Timmoudi. 
Après chaque crue, le cordon de dunes se reforma. 

Les difl'érentes traces du passage de Voued indiquent que le phénomène 
s'est montré fort souvent. Mais, d'après les indigènes, depuis une vingtaine 
d'années, les eaux prennent régulièrement la direction du nord à travers un 
pays désolé où elles se perdent sans profit. 

Il est intéressant de rapprocher ces constatations d'un passage de l'ouvrage 
de M. E.-F. Gautier, Le Sahara Algérien^, où ce géographe observe avec 
raison que le cours de l'oued Messaoud était beaucoup mieux représenté sur 
les anciennes cartes dressées par renseignements que sur les plus récentes^ 
comme celle du lieutenant Niéger^ qui ne se croit pas le droit de porter 
Voued sur sa carte et en met même l'existence en doute. M. Gautier conclut 
ainsi : « Il est beaucoup plus difficile qu'il y a vingt ans de se renseigner sur 

\. E.-F. Gaulier, U Sahara algérien, p. V.)9; diiTéPcnce lue sur un amiroïdc : 5 millimètres. 

2. /6îrf., p. 21. 

3. Jusqu'à la publication des itinéraires do M. li. F. Gautier. 

4. Mthiic observation pour la carte du même auteur intitulée Sahara occidental, in La Géogra- 
phie, décembre 1U07, 



LE DKTorRNKMEXT DE L'tfUKD S.VOL'RA AU FOr.\l-ELKUENE<;. 377 

VoaetI Mesânoiid. » Et cependant Voucd Mcssaouil a tHv un oued véritalilc 
|Miisi|uo les hommes àpcs du Reggan ont souvenir d'avoir vu rertains rrues 
«le V'mH Saoura rouler dans le lit de Vftued Messaoud jusque Hassi itoura\ 

Ainsi donc la capture fortuite de la Saoura par la dépression fermée de 
Timmoudi avait fini par elTacer presque entièrement d(> la mémoire df*s 
hommes le souvenir du fleuve vivant qu'avait été le Messaoud. 

Il importait d'exécuter au plus tôt à la sortie du Foum-el-Krenes les Ira- 







'Ç^i«-. > 



^••A 



-^^*-* .i« «'<,:. XX . Va .--' 



X 



OeTOURNCMENT DE L'OUED SAOURA 



r^'^<,X ï ;u.'^ 



foum-el-KKen«s 

— • — 






ri<i. W. 



vaux nécessaires pour restituer à Voucd sa direction normale vers le sud, et 
revivifier sa vallée ainsi que Toasis île Decheira, où Ton peut tenter la culture 
•!e% céréales. 

Un projet présenté par M. le capitonne Flye-Sainte-Marie, commandant 
de la compiignie saharienne du Touat, fut approuvé par >l. le GouvenuMir 
;:énéral de TAIgérie. Il consistait dans l'édification d'une «li;rue en maronnerie 
df 60 métrés île lonfrueur sur 2 mètres de hauteur et 1 métro de lar;*eur 
•liN|M»sée on direction nord-ouest sud-est au coude du lit parasite, de manière à 
n»jeti»r h»s eaux ilans un chenal de 3 320 mètres de lonerueur percé à travers 
la dune et les conduisant à leur ancien lit. 

Le«* travaux ilirigés par M. le lieutenant Martin, as-^islé du siM^ent Navarre 



L K.-K. (aiiti'T, Lo-', c*/.. p. 2i. — Voir au«*'»i le». In-s inlerr-»-*.!!!!* piriu'iMplio* L'O, Mei^'fmd 
tr'tfWcl Lu, Meêsaoud histarùfue, iV/., pp. 3i-H. 

L4 Oiocuâi-nii. — T. XV lU, ly>«. *♦» 



378 R. DE FLOTTE DE llOQUEVAmE. 

et du soldat Crocq, furent commencés le V^ mars 1907 et terminés le 3 juillet 
suivant avec un plein succès. 

La main-d'œuvre fut fournie par les Ksouriens du Bouda et du noni ilu 
Timmi, directement intéressés au rétablissement de l'ancien cours du fleuve. 

Deux crues importantes retardèrent de six semaines la fin des travaux, 
mais prouvèrent du moins Texcellence de l'œuvre entreprise. Dès lors on pul 
être assuré que tout danger de voir Voued se perdre vers le nord était con- 
juré. 

La réussite de ces travaux, qui font honneur au Gouvernement général et à 
ceux qui les ont préconisés et habilement exécutés, a eu dans tout le Toual 
un grand retentissement. C'est une nouvelle région de culture qui s'ouvre 
pour les céréales, par conséquent la fortune du pays solidement affermie. 

Les Ksouriens ont pu constater que nous leur avons déjà donné la paix: 
grâce à nous désormais leurs richesses s'augmentent : nulle politique ne peut 
être plus favorable à notre influence. 

R. DE Flotte de Rochevauie. 



La géographie et la géologie 

de l'Himalaya et du Tibet 

d'après le colonel Burrard et M. Hayden 



l/Himaloya elle Tiliel ont été, comme on lésait, très activement explorés dans ces 
•ItTiiières années, mais jus(prici les résultats de ces recherches étaient demeurt»s 
iliHM'minés dans un ^^rand nombres d'ouvrage»». Aussi bien la nécessité d'une syn- 
Hir^e et d'une coordination s'imposait-elle. C'est à ce travail que viennent de 
^'npptii|uer le colonel .^. G. Kurrard. chef du Service triKonométrique de l'Inde, et 
M. H. H. Hayden, nuper'wiendant au Service géologique de ce pays. Leurs elTorls 

• •m nlmuti à la publication d'une étude du plus haut intérêt, qui |M>ur celte partie 
ili* l'Asie e«»t appekn* à rendre les mêmes services i|ue le classique ouvrage de RichU 
In.fen |N)ur la Chine (r/iina, t. I, IH77). Notons que cette description d'ensemble de 
I Himalaya parait juste un siècle après l'envoi de la première ex|)édition gé(Klési(|uc 
•I.iiis cette chaîne (I8()7). 

1^ première |)arlie de Touvrage renferme une classincation des pics les plus 
I li'\és <le TAsie. établie par ordre de grandeur comme les catalogues d étoiles. Trois 
)»ii« sont de première grandeur. Deux sont situés dans l'Himalaya, tout pn's l'un 
ilr l'autre, aux environs du iS" de Lat. X. et du KS" Long. K. de (îr. : ce sont 
I Kvere'.t (iOOt)i pieds, ss'iO m. et le Kinchinjunga (2Slir> pieds, 8577 m.). Le 
irot<«ième grand pic, désigné sur les cartes |>ar la leltre K' etipii alleint i8i3() pieds 
s ffîOO m.< se trouve lieaucoup plus au nord-ouest («%^ de Lat. N., 7()" de Long. E. 
.h* Ur). Deux pic< de deuxième grandeur (i7(N)Oà28(N»0pied<, soit 82:i0a8 53im.| 
«'rlevenldans le voisinage de l'Everest et du Kinchinjunga, et on7.e pics de troisième 
jnindeur (16001) à 28 (MM) pieds, 7 \)£M\ 8 i^M) m. sont disséminés à Touest de ceux 

• I vi autour du pic K*. \a*s sommets de quatrième et de cinquième grandeur 
iHlOO a i600f) pieds, soit 7 3l«î à 7!)io m.K au n<imbn* de .7,), s'tH^helonnent 

■•'i«<i pres<|ue exclusivement à Touest nord-ouest des groupes pnrédents (lig. ii). 

H exisU* ainsi trois grands grou|M's {riuxtn-s) de pic»* élevé»*. C> -^ont, de lest à 

' Miest, ceux du Kinchinjunga, de l'Kverest et du Dhaoulaghiri-Karakoram. L'ou- 

I. s. 11. Bunar.l. ol n.-ll. na)<lcii. A >Letrh of ihe Gro*fiai»ifi ami ^Vo/o//»/ i,f tlttttaltiy«i 

HmiatM» aiui Tibet Pari. 1. The liigli |>tMk^ uf .\<«ia: Pari. 11. Tlir priiinp.!! timiinltiiii rangi*^ of 

\«ia; Pari. m. Th(> river:» or Ihe nimaia%a .111. i Ttbel. PiiMi«*h«Ml |i\ 4ini«>r nt Uie liovernmenl of 

i xjia. IjilculU, 1907. n. *J3*.t I».. a\. 3K rarloH el |>lu«i. plnncli«'<: 31 cm: |oi\ :• ri»u|>io«». Ln i' partir 

» m prenant U i?éolo;;ir Tn |»arillre proclminemf>ri(. 

La GéooiiArHiK. -T. XVIll. l<Jin« 



380 J. DENIKEH. 

vrage de Burrard et Ha\ den renferme la liste complète de 75 pics de cinq premières 
grandeurs dont 19 seulement portent des noms indigènes. Le reste est indiqué par 
des lettres, suivant le système en usage dans les publications du Service géographique 
des Indes, soit d après les groupes de montagnes (par exemple la lettre K pour 
Karakoram), soit d'après les noms des observateurs (T., Tanner) avec les exposants 
déjà existant pour chaque pic, ou bien par des cliiffres romains d'après le rawA 
occupe par les pics suivant leur hauteur dans le catalogue de M. Burrard. Danscett*» 
liste les pics d'égale altitude sont différenciés en ajoutant à Tun ou à Tautre un ou 
deux pieds; ce qui est absolument permis, étant donné que Tallitude des pics les 
plus exactement observés ne peut être déterminée qu'avec une approximation de 
10 pieds (3 mètres). Les erreurs dans l'altitude des stations d'observation s'ajoutent 
à cette erreur de l'observation et peuvent atteindre de 10 à ITi pieds 3 à 4 m. 50 
dans les Himalayas, 30 pieds (9 mètres) dans les chaînes du Karakoram et du Ladak, 
70 pieds (21 mètres) dans l'Hindou-Kouch, et même .*W)0 pieds (90 m.) et plus dans 
les chaînes de la Kachgaric. II faut tenir compte aussi des variations d'épaisseur 
plus ou moins grande de la calotte de neige qui recouvre les sommets, ainsi que 
l'attraction subie par le niveau d'eau sous Tinlluence des grandes masses monLi- 
gneuses. Cette déviation peut atteindre une amplitude de 51", comme par exemple à 
Kurseing. Elle est de 35" à Darjeeling et de 37" à Dehra Dum, point central de la 
triangulation de Tlndoustan et quartier général du service topographie |ue deTIndi*. 
Les erreurs dues à ces causes, ainsi que la déviation de la verticale, n*ont jamais 
été prises en considération dans le calcul des altitudes des pics de rHimala3*a, ni, à 
plus forte raison, des autres montagnes de l'Asie. Il s'ensuit que toutes les cotes 
des pics de l'Asie sont de W à 100 pieds (12 à 30 mètres) inférieurs à leur altitude 
vraie. 

Enfin des erreurs proviennent du choix arbitraire du coefficient de réfraction de 
l'atmosphère. Le coefficient adopté jusc^u'en ces derniers temps est trop élevé, surtout 
pour l'Himalaya; il abaisse les sommets de 150 pieds {V6 mètres) environ. 

Toutes ces corrections sont bonnes et utiles, mais il serait puéril de changer à 
tout instant l'altitude des pics et il vaut mieux, quand il n'y a pas de raisons 
sérieuses, se tenir aux chiffres déjà admis, car ils servent surtout pour identifier 
les pics. Ainsi la hauteur de TEverest varie de 29141 à 29002 pieds suivant les 
différentes observations et les différents coefficients de réfraction adoptés; il est 
préférable de s*en tenir au dernier de ces chiffres déjà consacré par sa figuration sur 
toutes les cartes. 

On a prétendu depuis longtemps que l'Himalaya subit un mouvement continu 
de surreclion. Aucune observation précise n'a été faite jus(|u'à présent à ce 
sujet. Pour cela il faudrait observer plusieurs sommets dans- les mêmes condi- 
tions, de la même station, et, aux mêmes dates chaque année [Mandant une longue 
période. Dans ce but IcSurvei/a construit une haute tour d'obser\'ation à NojIi,prè^ 
lloorke, dans les hautes plaines de l'Inde, et on a commencé à observer régulièn»- 
ment les monts Siwalik, (ju'on a des raisons de croire plus mobiles que la crête 
principale de l'Himalaya. De plus, on a Vikv près de Dehra Dun un pilier dont la 
hauteur a été rigoureusement déterminée à l'aide d'un niveau à alcool. Espcronsque 



U GK<HaiAritlK KT LA GÉOUMilE UE L'IilMlLAYA ET UV TIIIKT. 



3M 



il'id un demi-HÎtVle, ou |>eul-t»trc même moins, nous aurons le fin mol sur In rroissnnoe 
tii* rHimaloyn. 

I^ seconili* partie de Touvragc de Burrard cl Hayden e>l fonsnrnV » IVlude des 
|>rinci|ftiiles clinines de montagnes de l'Asie. Apres avoir monlrê que le relief actuel 
de TAsîe centrale est le résultat d'un plissement de IcVoree terre*»tre prcMluit par 
une pression venue du nord, ils examinent sueressivement les hypotlirse^ rmises 



"?r- 



Un pic du Tian-Chan 



<K/* 






w 






PICS DE PREMIÈRE ORANOEUR 

deuxième « 

troisième « 

_ » «quatrième ^ 

^ Cinquième 






?52 



• Un pic du Kbuen-Lun 



Shyok-NubraPH.' 



Kemek. ^^}^% 



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GROUPE OU V.^^ 



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> •*. \t. ^Hf.\l\ Hri>HI>E:«TA.Nr LA Dl^rHIUI TION OÉO(2HAPH1QI I. DCM |>HI\<:tl'\l & l*ll> HE l/lllU\L\V\. 



|M»ur expliquer ce nu Hivernent orotfrnif|ue : eon traction de In Terre, « isoslnsie >• de 
Ihitlon I8H1I). enfin changement dans la vitesse de rotation de In Terre. Aucune de 
n'«4 hypotheM's ne donne une explication satisfaisante. Par contre, certains (ails 
|M»>itifs |>euvent e\pli(|uernu moins quelques détails de In structure orographique. 
XiuM la différence dnns lindinaison de la verticale et dans l'amplitude des mouve- 
ments du p«Midule obseM*viH» à Dehra l)un (.'i7' et à Kniinna (!>> . situtv seulement 
• *-^^ kilomètre^ nu sn<l île Dehra Uun, ne peut s explii|uer que par In présence, muis 



382 J. DKMKKR. 

la plaine de rinde septentrionale, d'une immense chaîne arrasée, d'un plissement 
peut être parallèle à l'Himalaya, enfoui sous les alluvions, et dont l'attraction 
contrebalance celle de THimalaya. Les observations du pendule faites sur d'autres 
points le long de la chaîne corroborent cette hypothèse. Ainsi donc, tandis qu'on nr 
voit qu'une chaîne au nord, l'Himalaya, et une plaine au sud, celle de l'Inde septen- 
trionale, l'observateur muni d'un pendule trouve trois zones parallèles : au nord, 
le relief himalayen; au centre, une zone de forte attraction vers ces montagnes, l.i 
plaine d'alluvions comblant un synclinal, et une zone de faible attraction, la partit* 
de la plaine recouvrant une chaîne. 

Jusqu'à présent on représentait sur les cartes les chaînes de l'Asie en comblant 
par des hachures les espaces entre les cours d'eau, tout en sachant que la ligne de 
partage des eaux ne coïncide que rarement avec la ligne de plus grande hauteur. 
I^ véritable direction des chaînes n'est révélée que jïnr leurs conditions géologique^ 
et leur structure; mais comme ces connaissances ne sont encore que très fra^; 
mentaires ot très incomplètes dans presque toute l'Asie, il faut se contenter de< 
observations hypsométriques pour le tracé de ces chaînes, tout en les corrigeant, 
chaque fois qu'il est possible, d'après les renseignements géologiques. C'est tv 
qu'on fait MM. Burrard et Hayden. Sans entrer dans des détails, on peut résumer 
ainsi leur schéma des directions des chaînes de la partie centrale de l'Asie, liraitri' 
par l'Himalaya au sud, le Tian chan au nord, le Pamir à l'ouest, le Gobi et ledédal»* 
montagneux du Tibet oriental et du nord-ouest de l'Indo-Chineà Test (fîg. 'i3>. 

L'immense « fer à cheval » formé par rilimalaya-Pamir-Tian-chan ensem*, 
comme on le sait, le haut plateau du Tibet au sud, et la dépression du Tarira ou 
Turkestan oriental) au nord, ces deux régions étant séparées par les Kouen-lun. 
Nous avons donc à examiner à première vue au moins quatre régions montagneusi^ 
en allant du sud au nord : Himalaya, Tibet, Kouenlun et Tian-chan; mais si l'on 
procède par la méthode de MM. Burrard et Hayden, il faut considérer cinq group»** 
orographiques principaux, formés chacun de plusieurs chaînes plus ou mo\u< 
parallèles entre elles. Ces groupes sont, en allant du sud au nord : l'Himalaya, Ie> 
chaînes du Tibet méridional, le Karakoram avec l'Hindou-Kouch, les rangées du 
Tibet intérieur ou central, les montagnes du Tibet septentrional (Kouen-lun et 
celles du Turkestan. 

Examinons rapidement chacun de ces groupes. 

I. Himalaya. — L'immense arc de cercle tendu vers le sud entre l'indus et !<• 
Brahmapoutre est fractionné transversalement par les cours du Satledj (affluent do 
rindus), du Kali (affluent du Gange) et de la Tista (affluent du Brahmapoutn' 
en quatre tronçons qui ont reyu respectivement les noms, de l'ouest à Test, d«' 
r « Himalaya » du Pendjab, du Kumaon, du Nopal et de l'Assam. Au point de vin 
orographique cet ensemble montagneux doit être envisagé comme formé de tri»N 
chaînes principales et presque parallèles : le grand « Himalaya », couronné de neige- 
le petit (( Himalaya » qui lui est intimement lié au sud, et les monts Si>valik qui 
bordent immédiatement les plaines de l'Inde. Le grand Himalaya ne doit p* 
s'arrêtera l'ïndus à l'ouest, ni au Brahmapoutre a l'est. Les rares connaissances qiK 
nous possédons concernant l'orographie et la géologie des régions avoisinant'- 



LA*S£OGRAPHIE. 



1906 










î i* 

I = 



3«i J. DENIKER. 

de rAtglianîslan et de l'Indo-Chine font supposer que la chaîne se prolonge au delà 
des deux grands fleuves en s'incurvant parallèlement à i'Hindou-kouch, à l'ouest, ft 
à la chaîne deNinchin-Thang-La à l'est. A ce sujet, il faut noter l'analogie qu'il va 
entre le cours du fleuve Kahoul, qui débouche perpendiculairement dans Tlndus, ot 
Je Zayoul, qui se jette dans le Brahmapoutre après avoir suivi une ligne presque 
parallèle à celle du cours du Kaboul. 

IL Chaines ffn Tibet méridional , — Au nombre de trois, elles peuvent rln» 
dénommées ainsi (du sud au nord) : chaines de Zaskar, du Ladak et de Kaîlnï. 
La première paraît se détacher du grand Himalaya près du mont Nampa 
(81" de Long. E. de Gr.); elle se dirige au nord-ouest et culmine au pic Kamet 
(25 \M pieds ou 77()tS m.). La seconde commence au delà de Tlndus, se dirige paral- 
lèlement au Zaskar, passe au sud du lac Manasarowar et se continue presque en 
ligne parallèle à Tllimalaya jusqu'au cours du Brahmapoutre. Elle constitue la lijrnc 
de partage des eaux entre la partie tibétaine et la partie assamaise de ce fleuvr. Li 
chaîne du Kaïlas court parallèlement et à 80 kilomètres environ de celle du Ladak: 
son pic le plus élevé, le mont Kaïlas, vénéré à la fois par les Bouddhistes el par les 
Brahmanistes (22028 pieds ou 6715 m.), se dresse au nord du lac de Manasarowar, 
juste en face du Ciurla Mandata, point culminant de la chaîne du Ladak. Arrivé au 
85° de Long. E. de Gr., la chaîne se bifurque, interceptant la vallée du Ka^a. 
affluent du Brahmapoutre; sa branche méridionale paraît se souder à la chaîne ilu 
I^dak, près du lac Vamdok (chaîne de Karola, de Ryder), tandis que la branche 
septentrionale se soude, comme l'ont démontré les récentes levées Irigonomé- 
triques, avec la chaîné tibétaine de Xinchin-Thang-La, venue du nord-est el se 
prolonge jusqu'au 02'' de Long. E. — On n'en connaît rien au delà de ce méridien. 
A l'ouest, au contraire, on a constaté que la chaîne, après avoir atteint son point 
culminant (mont Rakapochi , tourne brusquement au sud-ouest, tout comme le 
Karakoram. 

III. Chahip dn Karakoram. — Ce relief se prolonge dans la direction du sud- 
ouest sous le nom d'Hindou-Kouch. M. Burrard propose de tracer la limite con 
ventionnelle entre ces deux chaînes au faîte de partage entre les eaux du Hounza 
et celles du Ghilghit, à une quinzaine de kilomètres à lest du 74° de Loiifr. E. 
de Gr. — Si l'on peut préciser ainsi la limite ouest de la chaîne, on ignore abso- 
lument la position de sa limite est. On suppose que le massif d'Aling Kangri. silui* 
dans le Tibet, près de la branche-mère orientale de llndus, se rattache au Kara- 
koram, mais la région située entre ce massif et le point extrême connu vers lest du 
Karokoramest encore inexplorée ^ De même, il est encore impossible de dire avec 
certitude si le Karakoram se compose de deux chaînes, quoique le fait paraisso 
probable, puisque rilindou-Kouch, qui n'est, en somme, que le prolongemcnl 
occidental du Karakoram, est une chaîne double. 

IV. /tan'jées niontaijat^uses du Tibet seplenlrional et du Tarkestan, — Ce 
sont, du sud au nord : Aghil, Kouen-lun et Altyn-Tagh. La première, découverte 
par Younghusbond près des sources du Yarkend-Daria, n'est connue que sur une 

\. Les dernières (féconverlps «le Sven Hedin nous rcnseigneronl probablement sur ce p«>iot. 
ainsi que sur la partie nord-oue>t de la chaîne de Kaïlas. 



LA «iKiHiUAIMIIE ET LA liKOLOlîlK DK LIILMALWA KT Dr TIIJKT. 3sr» 

faible êteiiduo; son prolongement o TesU dans le Tibet eenIrnL ninsi que mi 
jonction ov(t les monts du Sarikol qui limitent i\ Test le plateau |>amirien. ne 
peuvent être indiqués sur les cartes que d'une fnvon oonjeeturule. 

Le Kouen-lun est mieux connu, surtout dans sn partie ouest <'liassins du 
Yarfcend- et du KacliKorDaria). C'est une murailb* dressée on-dessus de la dépres- 
sion du Tarini, eomme celle de rilimainya au-dessus des plaines de i*lnde, mais 
nvei' ii?tle différence (|ue le Kouen-lun n'est formé que d'une chaîne unique, du 
nii»ins depuis son origine h Touest 70" de Long. E. jusqu'au s;j' de Long. E. où il 
détache rAltyn-Togh qui continue à former le reUml montagneux de la dépression 
du Tartm. tandis que la chaîne moîtresse de Kouen-lun continue droit h l'est sous 
Ir nom d'.Vrka-Tagli. du moins à partir du 8(J" de Long. E.,doniinantou sud le pla 
Iran monVageux du Tsaïdam. Aussi, contrairement h ce (|ui existe dans l'Himalaya, 
où dominent les longues vallées longitudinales, dans le Kouenlun les vallées sont 
r»»urtes et transversale**. M. Burrard est tn*s sobre de détails sur le Kouenlun et 
parait admettre à Test du 81" de Long. E. l'existence d'une deuxième chaîne i\{\\ se 
«Irtaeherait de la principale au sud et qui correspondrait à la chaîne de (Ihiriga de 
Prjévalski. I^* .savant colonel anglais ne dit presque rien des ramifications du 
Kouen-lun en Chine. En somme il n'admet qu'une chaîne unique avec deux 
branches, au lieu du « système du Kouen-lun » tel que le comprennent Richthofen 
l'I plusieurs autres géographes, en y englobant les chaînes d'AghiL de Karokorom 
l't même celle de Kaïlas. 

1^ chaîne de la Kachgarie et celle de SarikoK qui lK>rdent le Pamir h l'est, soni, 
d'apri'H Burrard. dirigées du sud sud-est au nord-nord-oucst. Ainsi se trouve 
n**i*iuscitê le fameux h Bolor » de llumboldU malgré les travaux de tous les 
\«»yageur8 et des géographes modernes (|ui paraissaient l'avoir définitivement 
••n terré. 

L4>s chainrs du Tian-Chan ne sont traitées que subsidiaircment dans l'ouvrage. 
tlomme ses devancirrs, M. Burrard y reconnaît deux directions (nord-ouest et nord* 
r^{ so coupant h angle droit. 

(^hantes du Tiùri central. - - Leur dessin est très difficile à établir, car il (»st impr»s- 
sil»|eile raccorder les fragments très éloigni's les uns des autres signalés parlesdivers 
\o\ai:curs. Il n'y a qu'un fait positif : c'est lexistence, entre le Kouenlun, au nord* 
«■! le Kaïlas au sud, de deux chaînes dans Toucst du Tibet (Karakoram et .Aghil et 
ilf cinq chaînes dans lest de ce pays (par 02" l^ong. E.); ces dernières sont, du 
«utl au nord : l«ami. Ninchin-Thang-La, Tangla, Doungboura et Kokochili. Comment 
b*s deux chaînes île l'ouest sont devenues cinq dans lest, et en général quelh* 
relation existe entre les unes et les autn*s? On ne pourra n*pondre à ces questi<ui> 
.|u'npri's une exploration sérieuse» du Tiln'l central. Tout i*e que l'on |>eut supposrr 
r'rst que le Ninchin Thang- La est i)eut-étre en conntrtion avcH- le Karakoram et le 
KokfM*hili avei' le Kouenlun. 

Lo troisième partie de l'ouvrage de Burrard et Hayden. consacrée* à l'hydrogra- 
phie, est plutôt descriptive et par conséH|uent se prèle mal à un n'*<uméen quehiues 
liirnes. (>|>endant. on peut en tirer cette conclusion intére"i<ante(voir la carte XX.W 
tU* r<»uvrage). c'est i|ue presque partout la rm'iie de partage des rnux ne coïncide 



;J8G J. DENIKEK. 

pas avec la ligiio des crêtes les plus élevées. La seule exception est offerte par lo 
Tian-chan occidental el la partie orientale du Kouen-lun. Dans le Kouen luu 
occidental la ligne de partage est bien plus au sud que celle de la crête, tandis qiic 
dans THimalaya et le Karakoram-Hindoukouch elle se trouve au nord de la crAlo. 
Pour les autres montagnes on n'a pas de données suffisantes. 

Vn autre renseignement d'ordre général, qui mérite d'être noté, est le classcmenl 
des fleuves qui prennant naissance dans TAsie centrale, d'après leur importance, 
indiqué par les numéros, eu égard à l'étendue de leur bassin, à leur quantité d'eau 
et à limporlance de la population (|ui habile le bassin. Voici ces renseignements 
sous la forme d'un tablenu. 

riHNHK d'importance 1>'aI»KÈî» 

iivssiN lt«toudu<'. la c|iiantitv d'eau la population. 

Y;inîç-tseu 1 1 1 

lloang-ho 2 2 2 

«iange :\ 3 :\ 

Mckopi: 7 !i V 

Inilus r» 7 .*'• 

nralimapoutrc 8 Ci 

Irawady 9 i- 7 

Tarim 4 \0 U 

Oxus ou Amou-Darya 10 8 8 

Hivières qui s'ccoulonl dans l(?s Lus lilu'lalns. ii 11 13 

Salouen 11 12 

llelmend 12 12 11 

Yaxartcs ou Syr-Darya 13 i:j K» 

L'ouvrage de MM. Burrard et llayden renferme une fouie de renseignements en 
dehors de ceux qui viennent d'être analysés; il y a, entre autres, des notes fort 
intéressantes sur la limite des neiges et sur les glaciers des différentes chaînes, sur 
les lacs du Tibet, etc. C'est en somme une mine de renseignements coordonnés, 
puisés aux meilleures sources et passés au crible d'une critique serrée. 

J. Deniker. 



MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE 



ASIE 

Exploration du professeur Obroutcheff dans le Djair, l'Ourkachar et le 
Semistai*. — Le professeur V. A. ObroutcheU a parcouru en lOïKî ol I9IHî le 
TnriMigatnîorieiilnl.lo Mnnnik, le Snoiir, le .Mnïli, le Djaïr, l'Ourkachar, le KtHijour 
• l le Semistaî. 

Le Djnîr, TOurkaciiar el le Semislaï, (|uoM|ue tout voisins delà frontière russe, 
*oiil encore très p<ni connus. Premières étapes vers iIcs eonlriVs plus lointaines, 
lU ne retenaient pas l'attention des voyageurs qui les traversaient. Matoussovsky 
!c premier (IS7ti a fourni quelt|ues rensiMgnements sur la région entre Zaîsansk 
SibiTÎe et Manas Mongidîe), le long de la vallée de TEmil *. C'est iKaprès ses levés 
HiVj»! représenté-e sur les rartes la route postale de Dourlniuldjin à Chi-Ho, à Ira- 
\ith le Djaîr. Quelques années plus tard, le capitaine Sosnovsky passait au nord 
■lu Semistaï pour gagner Bouloun-Toklioï, sur le lac Ouloungour^ En IH7i5, 
IVvIm>1I • devait suivre, h travers la plaine du Kobouk, le même itinéraire. Prjé- 
\aNky n étudié le pays d*une manière très complète. .Malheureusement le récit de 
'Ite |)artie de son voyage n'a pas encore été publié et nous ne possédons (|ue son 
itinéraire reporté sur la carte d'ensemble de ses deuxième et troisième voyages en 
\^'u^ itMi traie*. 

Kn IHÎN) le colonel Pevtsoff, chef de lexpiMlition russe au TilK»t, a effleun», lors 
U* son retour, la |iartie orientale de la région et en a donné une description 
IrtnilléoV Kn IHlKî. Roliorovsky, en revenant de TAsie centrale, a suivi la vaille 
•lu Kol)ouk jusqu'à la lamaserie de Maténi, mais son récit est sobre en renseigne- 
nii'ntii gi'*ographiques*. Kn IIMX), le Djaïr a été visite |>ar Tinspecteur des mines 
Koulibine. chargé d*une mis>ion par une sœiélé russo-chinoise nouvellement cnV'C. 
l/.irticle qu'il a publié a son retour dans une revue russe" contient les premières 

I Vrtftmn»*n9 itiitftlungen, ji. l'JUS, M, i>. i'* avoc iinc<art4M. 
i. îitrthii imperaiorsLtiyo ttniitkitf/o ffrof/rafitrhe.sLaffO oh'hl^'ftrslra. I. VM. |». IV.». 
1. Idtpmkt imperrtiorsktv/'j rouukitfjo ffoffrafitrheskatjo of rhtchentva^ tST."!, I. V, p. .*»il. 
» Z*tpt9ki zapafiH»t^ihirskaffO oidirla imp. t*ms»k. *ff^t»fi\ ofàchtrhextttt^ 18TK, t. 1. 
'• l'rj^vnlfkv, Iz /fiitaanft (eherrz Kftamt r TiftW i na verkhovia J^-itot Ui^kt illo Z.ii^^.in \ i.i 
K 11*11 .lu TilM^i 1*1 Aii\ M>iir«'OH (lu nctiYi* Jaiiiiei. Sainl-Pélt-i-sboinx. l'^*^:^. 

».. Pr%l^»ir. Ttotid*/ Tifft^k'ti E$ftrtlit»it Ifis"9'l.'i9it Qodor <Tra%aii\ «le IV\fM*ditii»ii hlM'Liiiir), 
|.»riu». S.iinl-PH«T^|M>iir;r, |h*j:;, p. 371. 

* Tnmdtf tlxpedttfii imp. i'uu*n. *fCOffr. ohrhivftt'x/va /»*} Is^nlrahi >t Azti hnvei chf»nu* t v lAlfS-itJ 
0'-ikh ifwi natrHahtr*fUi I. /. Hi>intvor»kfVf'» (Travaux «le l'expotlilinn en Asie «'f iitralo *ou* U*s 
•.-pM-e^ «le 1.1 S>riel^ imp. «Ir iifok'rnphio «le Uu«»ie>. 1'* p.irlif, p. :>'•(, "^.tiiiMV-tt i^UMiru'. Tmio. 
« «toiMyi JoMiviff/ (JiMirii.il •le'» iiiinr^ . r.»iH^ n" In, S.iin(-lNI«'r*"l»«»urf. 



388 MOUVEMENT CÉOCRAPIIIQL'K. 

données géologiques sur le Djaïr. Le récit de l'ingénieur Bogdanovitcli, géologue do 
l'expédition Pevtsolî, a la même valeur pour le Semistaï. 

Avant M. Oljroutcheff, donc, le Semistaï et le Djaïr avaient déjà été visités; mais 
rOurkachar et le Kodjour restaient complètement inexplorés. 

Les points extrêmes des itinéraires de M. ObroutcheIT sont : h l'ouest, Tcliou 
goutchak (46'^ 44' de Lat. N ; 80^ 38' de Long. E. de Paris) ; à lest, la vallée du Kobouk 
et les lacs dans lesquels se déverse le Diam (env. 83" 40 de Long. E. de P.) ; au nord, 
les contreforts du Tarbngataï et du Saour (47° de Lat. N.), et, au sud, TAïran Koiil 
(45^34' de Lat. N.). 

Si l'on excopte la position de la lamaserie de Mateni au nord, et celle de la route 
de Dourbouldjin h Clii-Ho à l'ouest, la carte, jointe au récit d'Obroutcheff, dîffm* 
complètement de la feuille Xll de la carte russe du général Bolcheff, dite de la zoiir 
frontière, à l'échelle du 1680000''. Au sud-est, un grand lac, le Telli-Nor, de 
Bolcheff, s'appelle Aïran-Koul. Telli-Nor serait le nom de deux petits lacs situés an 
nord-est de TAïran Koul. Le Manas, qui se jette dans ce dernier bassin d'après les 
deux cartes, a, selon Obroutcheff, un autre bras qui passe à l'ouest de celui qui est 
porté sur la carte de Bolcheff. Ce nouveau bras passe à travers les lacs Sary-Koul 
et Tas-Outkel. Pendant les crues du printemps, TAïran-Koul reçoit les eaux de 
TAïryk-Nor ((ui se remplit à son tour des eaux du Diam venant du Kodjour (le 
Diam porte sur la carte de Bolcheff le nom d'Orkhor). Le trop-plein de l'Aïran-KouI 
se déverse, toute l'année durant, par la rivière Khôl ou Koupyrqui coulerait, d'après 
les Mongols, vers Test-nord-est et se perdrait dans un lac, au fond d'une dépres- 
sion à laquelle a'boutlt la vallée du Kobouk. Ce dernier n'arrive pas jusqu'à cette 
dépression même en temps de crue. Pourtant, Boborovsky, qui en lS9o a visité In 
dépression du Kobouk, n'y a pas constaté l'existence du lac dont parlent les Mong(ds. 
Outre le Manas, l'Aïran-Koul reçoit du nord le Darbouty (jui naît dans le Djaïr et 
qui n'est pas marqué sur la carte de Bolcheff. 

I^ système orographique du Djaïr et de l'Ourkachar est très compli((ué. Disons 
seulement (fue seul le Djaïr s'étend du sud-ouest au nord-est, tandis que les troi> 
autres reliefs se dirigent de l'ouest à l'est. 

Au point de vue géologique, la région explorée par M. Obroutcheff est formée 
de terrains sédimentaireset déroches éruptives. Le Primaire, du Silurien (Ordovicien 
moyen) au Carboniférieii moyen, domine dans la zone montagneuse (Dévonieii 
au Djaïr et dans le Barlyk; Dévonien et Carboniférien dans lOurkachar et le 
Semistaï; Dévonien dans le Kara-Arat). Le Secondaire se rencontre dans les 
vallées : grès et schistes argileux avec, par endroits, d'importantes couches de 
charbon (série de l'Angara). 

Le Tertiaire a le faciès caractéristique du Tertiaire de l'Asie centrale : feTès 
argileux passant aux conglomérats, schisles argileux. On le trouve au pied des 
chaînes de montagnes, dans les vallées; en plus d*un point l'érosion Ta fait 
disparaître, ou bien il est masqué par des dépots postérieurs. Il repose en 
discordance sur le Secondaire. Le Quaternaire, enfin, présente des formalions 
marines et d'onu douce, et aussi des dépôts détritiques d'origine désertique: sable, 
lehm, cailloutis, hvss typique même, tapissant aussi bien les fonds de valkVs 



ASIK. 389 

•|iit» 1rs liniitour*^, rommi» le platenu de l'Ourkachar, sans, «Inilleiirs, être jamais 1res 

h<»s r<H*lies êniplives sont représentées par des granités en massifs pins ou 
fnoiiis étemlus, entourés de seliistes cristallins, et dont dépendent eertainemcnt 
!«•?» liions do quartz aurifère du Djaïr et du Kara-Arat; des porphyres en filons et 
plu> mrfMnenl en p<'tits massifs; desdioritesel des diabases en (lions dans le ^ranile 
t*t le iK-vonien; des mélaphyres très répandus, suivant généralement les li^nett de 
ra*i«4uros sur le |>ourtour des montagnes. Toutes ces roches sont tIVigedévonicn, car- 
honiférien, permien. La période des grandes éruptions était close avant le Jurassique. 
Li*s sédiments primaires ont été fortement disloqués. Ils présentent des plisse- 
ments dans des tlirections différentes, tantôt parallèles, tantôt perpendiculaires par 
rap|iort aux chaînes de montagnes. Le Secondaire est aussi disloqué, mais h un 
moindre degré, et point partout. Plus ou moins redressé au voisinage des hautes 
montagnes, il se rapproche, vers les plaines, de riiorizontale. Le Tertiaire a été, en 
cenéral, |)eu dérangé. 

Le relief octuel de la région n'est pas le résultat de plissements, mais de dislo- 
<\itions : la plupart des chaînes de montagnes sont des horsts et la plupart des 
vallées «les fosses. En partant du nord, nous avons une première fosse dans la 
vallétMlu KolK>uk, que limite au nord lo ligne de cassure du .Mouz-Taou-Saour; h 
Touest. la large vallée de la rivière Emil, entre le Tarbagataî et le Barlyk, est aussi 
unefoss4>; entre» les deux s'élève le Kodjour, dont le Kaîkan, le grand et le petit 
DjilanteL et le plateau d*Ak Djibouga sont comme les gradins. L'ensemble constitue 
la K*gion septentrionale de la masse des horsts de r()urkachar. Le Semistaï est 
•'Hi>.si un liorst, abrupt vers le nord, limité de ce côté par la fosse du Koliouk. Les 
montagnes |)eu élevées du Kara-Adryk, qui se trouvent dans la vallée du Koliouk, 
forment prot>ablement la |)artie septentrionale de ce horst. La chaîne du Kara-Serké, 
'iu «»ud du Semistaï. parait être un petit compartiment indépendant. Le massif du 
hjair e^t é^calement un horst, à pente raide vers l'ouest, douce vers le nord. Knfin 
IVtnMte vallée, entre Tt^urkachar-Semistaî d'une part, le l)jaîr-Kara-.\rat, de 
ruutns est évidemment une fosse entre deux compartiments surélevés. 

Beaucoup de ces horsts, dans la succession de leurs terrasses étagées, présentent 
nue «urface uniforme de pénéplaine qui contraste avec la variété de relief des 
rccions qui les entourent. 

Lnlirasion de ces pénéplaines a dû s'accomplir ovant la formation des horsts, 
<*t ij une faible hauteur au-dessus des mers d'alors : d'où cette conclusion que 
♦•e S4inl les liorsl*i qui ont élé soulevés et non les vallées-fosses qui se sont 
«*n foncées. 

t>H mouvements \erticau.\, accompagnés par endnûts d'éruptions de|M)rpliyre 
(t de mélaphyre. se sont produits à la fin du Primaire ou au début du Seccmdaire, 
t*ar les roches méso/oîques ne prennent aucune part dans la construction des horsts 
t*t ne forment que dt»s petites collines aux pieds de ceux-ci. Klles ont cependant été 
•tffectiH>, il leur tour, tle mouvements tangentiels. (|ui se réjHHèrent plus faiblement 
nu Tertiaire. L'intensité de ces mouvements varia suivant les points; elle atteignit 
^*m maximum au pied sud du massif d'Ourkachar-Semistaï. Des enux douces, [leu 



390 MOUVEMENT GÊOGRAPllIQrE. 

profondes, baignaient les horsts, lors du Secondaire, et, par endroits, pénétraient 
profondément dans l'intérieur des massifs, inondant les grandes vallées. 

Les mouvements tângentiels de la fin du Tertiaire ne se sont pas fait sentir, eux 
aussi, également partout. Tandis que, par exemple, dans la vallée du Diam, au sud 
du Salkentaï, les couches tertiaires plongent h 4'»" S., en d'autres points le plisse- 
ment est plus faible. 

Des traces de glaciation ont été découvertes dans l'Ourkachar et le Semistaï. 
moins nettes, il est vrai, que celles qu'on releva dans le Saour, lors de Texcursion de 
i90o. 11 parait vraisemblable que les larges plateaux ondulés des terrasses dr 
rOurkachar, de même que les parties les plus élevées du Semistaï, suppor- 
taient autrefois de grands névés d'où les glaciers descendaient dans les vallées. 
En deux points, M. Obroutclief! a trouvé de vieilles moraines indiscutables dans 
la vallée qui mène sur le plateau Sary-Yourok, et sur le plateau Taktaï. La rareté 
des traces d'ancienne glaciation dans l'Ourkachar s'explique d'abord par les petites 
dimensions des anciens glaciers, ensuite par la forte érosion qu'ont subie les flancs 
abrupts des vallées. C'est seulement vers les tètes de ces vallées que le relief glaciaire 
s'est conservé. A ce point de vue, le Djaïr est encore moins bien partagé; on peut, 
tout au plus, supposer l'existence de névés. et de glaciers anciens sur les points les 
plus élevés et les plus septentrionaux de la chaîne de Katou. Au cours de ce voyap* 
à travers des déserts d'altitude et de sol très différents, M. Obroulcheff a eu l'occa- 
sion de faire des observations très variées sur les phénomènes de décomposition des 
roches. Le pays d'Orkhou est, à cet égard, particulièrement intéressant. On y trouve, 
outre de puissantes couches probablement du Secondaire supérieur, les grès, marnes 
et argiles gris clair, jaune, rouge pâle du Tertiaire. La diversité des formes du relief 
y est incomparable. On se croirait devant les ruines d'une grande ville orientale. 

L'or se rencontre dans le Djaïr; le charbon, dans les terrains secondaires du 
Temirtam, au pied nord du Djaïr, et de l'Ak-Djar. L'Ak-Djar possède aussi des 
gîtes d'asphalte ainsi que la vallée de l'Orkhou. H forme, en ce dernier point, des 
liions de 2 à 20 centimètres d'épaisseur (50 h 70 centimètres en un endroit) dans lo 
Secondaire. Sur le flanc oriental des montagnes Karaserké, au puits Tchourtchout, 
M. Obroutchett a trouvé un petit morceau d'asphalte, mais il n'a pas eu le temps 
d'en rechercher, dans les alentours, les gîtes probables. 

D. AîTOFF. 

Le commerce extérieur de l'Inde par voie de terre en 1907-1908 \ — Le com- 
merce extérieur de l'Inde, à travers ses frontières terrestres, ne représente qut* 
4,3 p. 100 du commerce extérieur total, pour autant que son évaluation, encori' 
diflicile et défectueuse, permette de le chiffrer approximativement. Il est cependant 
caractérise par un progrès constant, ayant passé notamment de 22(5225000 frano, 
en iî)0fil907, h 2'*8G56 000 francs, en 11)07-1908. 

1. The Board of Trade Journal, I" octobre lOOS, p|». 11-17. La sUtislique totale fournie 
pour 1907-1908 (Rs, 15. 54. 10. 102) ne ("oncorde pas avec le détail dt; la distribution géogra- 
phique dont rensemble donne : Rs. 13. 04. 91. 000. Ce dernier nombre doil être lu» d'après la 
notation indienne; 13 crores 4 Iakhs 91 000 roupies. Nous avons réduit eu francs, d'après la valeur 
stabilisée de la roupie, 10 i»cnce = 1,C0 fr. 



ASIK. 3*.»l 

S:i tlistrihuticiii p'Mi^rnpIiiqiio npparnît dans le tableau suivant : 

Valeur vu itiiilirr'^ «Ir rninr%. 
1907-1908 

t nmlivre nortioue*'l : 

Afghanistan niri-i<lK>nal el orcidrnlal IHT.lTj; 

— seplrntrinnal et orionï.'il ITiTTO.:* 

Iiir. >wa(, UaJ.iur 2()72k>i 

IVrîi»' I liHW.t, 

Ladak t TrilKti 

t'roniirre norti ci ttord-e^t : 

Tiboi <; t:w,r. 

>V|ial iHHtïi.s 

Sikkim et lllioulaii ar»;;,;; 

Frontière orientale : 

Chine occidcnUili* '.> 275,i 

Klats Shan du nonl -jiï :\0ï 

— du sud Î9:i53.r. 

Karonni a:«20,i 

>iam seplrntrioiial OCKîr» 

Dans le rommiTre de l'Inde avec TAfghanistan, les importations représentent 
M* p. M^ du total et les exportations «>5 p. KKK Kaboul expédie prineipalement des 
fruits et des noix, des drogues et protluits médieinaux, des animaux. I^es importa- 
tii*ii*( de Kandahar sont formées de laine brute, pour plus de la moitié de leur valeur. 
I/Inde exporte surtout des cotonnades, des filés, du tlié et des objets en euir. 

Uu Népal, rinde re4;oit de grandes quantités de ri/, du tH'*tail. des graine> de 
nidutarde et deeotza, du jute brute; elle y exporte des eotonnades. des filés, des 
nit*taux, du sel, des épiées et du sucre. 

Tandis que le eoinmerce de Tliide avec le Sikkim est en augmentation, celui du 
Klioutan décline rapidement : les importations de bois de cette dernière région i*ont 
pre^iue tombées eimiplètemcnt. 

Bien que le commerce avec le Tibet ait h lutter c(uitrela tlifficulté des commun!- 
«'.liions, on constate depuis deux ans un accroissement continu, l/rxportation se 
«Mm pot<e principalement de cotonnades et de fili's, puis viennent le*< grains, le corail. 
!• * lainages et les métaux. Les articles importés comprennent la laine — en aug- 
iiM-nlation de 4i p. I(N) cmi (piantité. — le borax, le sel, les chevaux et les mulets. 

Lr commerce avec la Chine occidentale est formé par les échanges qui ont lieu 

« litre Bhamo et le Vunnan. Os chiffres sont intéressants au point de vue du pntjet 

d«» relier par voie ferrée Bhamo avec T'eng-vue-t'ing et Ta li-f(ui. Le** importations 

<*piuin. cuirs, orpiment diminuent, mais les exportations cotonnades et filé^. 

• ••Ion brut, jade, «^rl, iN^trcde) sont, au contraire, en augmentation. 

I^*s Ktats Shan. qui sont placés sous la suzeraineté britanniqur. ont vu leurs 

• t-hanges s'accroître <le i% p. If>^> sur Tannée précédente. L'ln<le leur envoie des 

• •dounades, du sel, du fer, desépices. de la soie; elle en reroit <lu llié, du ri/. île la 
^'••mmc laque, des Imù*^ de Itvk. 

Le commerce avw le Siam sVffirtue |)ar les routes de Thingannyinaung. K v anbi. 



392 AJOLVKMKNT GÈOGlUPIlIQUli. 

l^a-an et Papnn. L'importation se romposc ilc teck, de bétail, de soie; rexporlnlioii 
comprend surtout les colonnades qui proviennent de plus en plus des manufactures 
indiennes. Puchme Clerget. 

Exploration archéologique du D' Stein en Asie Centrale. — Une lettre du 
D*" A, Stein, datée de Khotan, 15 juillet 1908, et publiée dans le GeogmphicalJourml 
(XXXll, n" 4, octobre 1908, p. 347», annonce son retour prochain dans Tlnde, et 
fournit d'intéressants renseignements sur la dernière partie de son voyaire 
commencé il y a plus de deux ans ^ 

En décembre 1907, M. Stein a exploré la région qui s'étend au nord du Lu* 
Bagratch. H n'y a trouvé rien de reman|uable au point de vue archéologique; te 
qui s'explique par la nature marécageuse du sol et le climat relativement humide, 
deux conditions peu favorables à la conservation des ruines. Les monnaies chinoist"^ 
trouvées dans les quelques ruines moins attaquées que les autres par les agents 
atmosphériques, indiquent (ju'il existait dans cette région des établissemenLs 
humains jusqu'au iV siècle de notre ère. Des trouvailles beaucoup plusimportanlo< 
ont été faites à Ming-oï (« les mille maisons »), série de sarcophages bouddhistes élevas 
sur une terrasse rocheuse, au pied des montagnes qui dominent le Bagratch-Koul 
au sud, sur la route de Karachar à Korla. Ces ruines ont été signalées dès iS!)!l 
par M. Bonin* et fouillées plus tard par M. Grunwedel. Néanmoins le D' Stein y 
a découvert des sculptures en pierre, des bas-reliefs et des fresques, ainsi que i\(^ 
objets sculptés en bois doré et des ex-voto, le tout démontrant l'influence mani- 
feste de l'art gréco-bactrien. Malgré les ravages causés par l'humidité et rincemlie 
<(ui a partiellement détruit ce site, on a pu y recueillir de nombreux manuscrits eu 
écriture hindoue et ouïgoure. Pas de traces de cellules de moines. Le site parait avoir 
été une nécropole et rien (|ue cela. A deux journées de marche, au-dessus tie 
Ming-oï, M. Stein a trouvé des ruines bouddhistes qui n'ont encore été jamais 
signalées et qui paraissaient être celles d'un couvent. C'est une série d'babitations 
adossées aux rochers a pic qui dominent la rivière de Karachar. 

A Ming-oï, le D** Stein rencontra son topographe Hai Lai Singh. Ce dernier avait 

1. Voy. J. Drniker, les récenU^a r.rfiloraliotis du D' Slein en Asie cenlrale. in La Géograph'^'. 
t. XVIII, 1, 15 juillet 1908, p. :53. Je saisis celle occasion pour compléter mon récit, en signalant !•' 
fait qu'une parlie ile la roule de M. Slein. à louest de Cha-tcheou, a été parcourue avant lui en ISV'J 
par noire compatriote M. Cli. Bonin qui a ê^'alement sij;nalé la continuation rie In Grande Muraille 
i^eaucoup plus loin à l'ouest qu'on ne le pensait jusqu'alors (voy. Aa Géographie^ Ul, 1901, p.- i«J8). 

2. Voy. La Géof/rafjftie, IPOI, III, p. 177. M. Bonin a bien voulu me communiquer les renseigne- 
ments complêmcnlaires cl inédits sur ces rnint.'S. que je reproduis ici : - Ming-uy (Mingoï se lroii^<' 
il 80 li au nord-est «le Karachar. Il y a d'abord, dans le lit d'une rivière desséchée coulant vors 
l'est, une douzaini; de grottes laillées dans la falaise formant la berffc nord, comme les groUo- 
des Mille Bouddhas «le Tonj,'-lloang; deux d'entre elles ont encore leur plafond peint rcprésenlanl 
des Bouddhas auréolés, de style hindou, comme ceux de Tong-Hoang; les peintures des murs laté- 
raux ont disparu; des statues brisées, placées contre les murs de fond, paraissent plus moderne^. 
Nous y avons trouvé en fouillant deux cercueils avec squelettes, des sapèques anciennes, un fras- 
mcnt d'écriture mongole sur enduit provenant d'une plus longue inscription aujoui*d'hui brisée. 
A un li à l'est est un groupe très imporlant d'anciennes habitations (?) en briques crues, forract-^ 
d'une coupole surélevée sur un piédestal, des tours ornées de lignes en relief et des chapelles 
bouddhistes avec couloirs, ornées de peintures effacées, le tout disposé circulairement autour d'un» 
place et paraissant avoir été renferme <lans une enceinte. On y aurait trouvé des livres de 
prières en caractères mongols (?) cl «les sapèques portant des caractères inconnus des indigènes.» 



ASIB. 393 

f^n^nv le bassin du Bagrach Koul, après avoir fait le levé de la chaîne du Kourouk- 
Int^h» qui u*avait été auparavant visitée qu'en deux points par Koziov et Roborovsky. 
r^*s monts paraissent moins dénudés à Touest qu*à Test. Ce travail achevé, le lopo- 
(craphe avait levé ensuite le relief qui sépare la vallée de Karachar de la dépression 
du Tartro (monts Borohatan et Bougour des cartes russes). 

Les indigènes signalant I existence de ruines dans le désert au sud de Korla, 
le IV Slein explora la région comprise entre la rivière de Tchartchak (qui descend 
du Borohatan) et le bras du Tarim connu sous le nom d'Intchike ou Chahyar. 
Si. au point de vue géographique, cette exploration a donné quelques résultats 
«urtout relativement à la position d'anciens lits de cours d*eau), elle a été négative 
au point de vue archéologique; seule la présence de quelques tombes musulmanes 
I»rt^s4|ue modernes a pu donner naissance au bruit de rexislence des ruines. Les 
indigènes du Turkestan oriental s'étant rendu compte de Tintérêt matériel cfue pré- 
NMitent pour eux les ruines, il leur suffit d*enlrevoir une pierre pour qu'ils annoncent 
l'existence de ruines considérables. 

Des bords de Tlntchike, le D*^ Stein se dirigea au nord-ouest, vers Koutchar, h 
travers une région inexplorée, tandis que son topographe. Lai Sing, relevait ce 
cours d*eau jusqu*à ses sources (au col de Mouzart, près du massif de Khan Tengri 
et de la frontière russe). 

Les nombreuses ruines autour de Koutchar, explorées une première fois par 
M. Stein en 19()1, ont été depuis fouillées par plusieurs savants russes, allemands et 
japonais et en dernier lieu par notre compatriote M. Pelliot, qui, comme le dit 
M. Stein, a fini d'épuiser avec un soin méthodique » cette mine archéologique » \ 

De Koutchar, le voyageur anglais se rendit è Khotan, en traversant du nord au sud 
ti>ut le désert de Takla-Makhan, ensuite en suivant une route parallèle à celle de ^ven 
lletlin pour aboutir dans la vallée du Kerya«Daria. Ce fleuve a changé de cours 
depuis qu*il a été levé parle célèbre explorateur suétlois. Ayant rencontré dans sa 
vallw des « chercheurs de trésors », M. Stein continua la route avec eux vers le 
<ud-est, à travers un pays inexploré, jusqu'à Toasis de Domoko (Damakul de la 
carte lie Sven Hedin ,?j. Dans celte région il rencontra de nombreuses ruines d'habi- 
tations, ainsi que des tombes bouddhistes, qui ont été abandonnées vers la fin du 
%iir siècle de notre ère. Le village de Domoko, abandonné il y a soixante ans, 
par suite du manque d*eau, est de nouveau occupé depuis quelque temps, grâce à 
une Irrigation plus rationnelle de la région. 

En avril 1908, M. Stein exécuta des fouilles au nord de Khotan, entre les 
rivières de Youroung-Kach et de Kara-Kach, et trouva dans cette région des ruines 
qui rt*montent probablement au premier siècle de notre ère, mais dont l'état de 
omservation laisse à désirer. Il entreprit ensuite une seconde traversée du Takla* 
Makhan, du sud au nord, en suivant d'abord la vallée du Khotan Dnria, puis en 
|N>ussant droit au nord sur Ak Sou. Durantcepi'*nib!e voyage, il visita leMnzar-Taft^li, 
colline située sur la rive gauche du Khotan Daria (par 3S' il)' de Lat. .N. environ). 
IJi l'attendaient deux surprises. L'une, d'ordre arcliéologique, consiste dans 

I. Vo) La iiè'Kjraphie, XVII. 5, 15 mti 190 S, p. HO, ri Paul Pclliol, Sotr* mi^xton en A*t^ r^n- 
tfitU, in i/>i«/., XVll, 6. 15 juin i*J08. 

L4 <iior.iiAM«t- - T. XVni. l«te 26 



SM MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

la découverte des ruines d'un fort avec une tour d'observation, où furent trouvés 
des manuscrits chinois, tibétains et hindous, et cela à une si grande distance au 
nord de Kholan. L'autre surprise, d'ordre géographique, c'est que le Mazar-Tagh 
n'est pas une colline isolée, mais un relief orienté vers le nord-est et qui se 
rattache, très probablement, à un autre Mazar-Tagh, signalé par Prjévalsky, aux 
environs de Maral-Bachi (39°45' de Lat. N.) et levé par Sven Hedin '. 

Quelques semaines plus tard le D** Stein a pu reconnaître le prolongement de cette 
chaîne au delà de Maral-Bachi, dans des rangées parallèles qui s'étendent au delà 
des collines de Toumchouk. L'archéologue anglais a atteint ce dernier massif après 
des fouilles dans l'oasis de Kalpin (40^ 22' de Lat. N., et 79« de Long. E. de Gr.) 
qu'il avait atteint en venant d'Aksou et en traversant un pays entièrement inexploré 
au nord de la chaîne du Kalpin-Tagh (3 600 à 4 000 mètres) '. 

En juin, le savant voyageur arrivait à Khotan où il séjournait jusqu'au l''août, 
penâii&t que son topographe relevait la base septentrionale de la partie du Kouen- 
lun, à l'ouest de cette oasis. 

Le 1" août, tandis qu'il acheminait vers la passe du Karakoram ses précieuses 
oollections chargées sur cinquante chameaux, M. Stein, toujours accompagne.de son 
topographe, entreprenait l'exploration géographique du bassin supérieur du You- 
roung-Kach'. Son itinéraire suit les gorges de Polou, le bord septentrional du 
plateau du Kouen-lun, puis la profonde vallée de Zailik, tributaire du Youroung- 
Kaeh. L*explorateur arriva ainsi dans le bassin glacé ou naît la branche la plus 
orientale et la plus importante de cette puissante rivière. Pendant cette marche la 
plus grande partie des montagnes qui enceignent le Youroung Kach a été levée; en 
même temps, au sud et à une distance d'une centaine de kilomètres, a été décou- 
verte une magnifique chaîne glacée, dont l'altitude dépasse 6900 mètres. Ce relief 
renferme les plus puissants glaciers que M. Stein ait vus dans le Kouen-lun. Sur 
tous les appareils glaciaires rencontrés par ce voyageur se manifestent des signes 
évidents d'une diminution considérable survenue à une époque relativement récente. 
A ce sujet il ajoute : cette constatation présente un intérêt pour l'archéologie; elle 
sert à expliquer la diminution dans l'étendue des territoires irrigués par les eaux du 
Youroung-Kach en aval dans l'oasis de Khotan qui s'est évidemment produite pen- 
dant la période historique. 

Après cela M. Stein explora le versant sud de la haute chaîne voisine des sources 
du Youroung-Kach et reconnut que le relief glacé d'où sort le Kérya daria en forme 
Feixtrémité orientale. L'Aksai-Chin, traversé au cours de cette expédition, n'est point 
du tout un haut plateau, comme on le croyait, mais une série de hauts contreforts 
neigeux détachés de la grande chaîne située au nord, et que séparent de larges vallées, 
lesquelles aboutissent à des dépressions est-ouest occupées par des lacs et des marais. 

î. Sven Hedin, Die geographisch-wissenschaftlichen Ergehnisse meiner Reisen in Zentraltuira, 
1894-1897, in Pel. JUitt,, Ergftnzungaheft, n** 131, 1900, carte I. 

2. 11 est inléressanl de noter que cette chaîne court dans une direction opposée à ceUe dt* 
Mmiz-Tagh et des collines de Toumchouk ; elle doit couper ces deux reliefs quelque part au sud-e<( 
de Toasis de Kalpin à l'endroit où les cartes de Sven Hedin signalent les monts Tchili-Tagh. 

3. A. Stein» W Stein's Expédition in Central Asia, in The Geogr, Journal., XXXII, 6, déc. 1908. 
p. 598. 



ASIE. 3«S 

r«oromc tous les voyageurs au Tibet, M. Sleiii a relevé des preuves indiscutables 
de la dessiccation rapide qui se manifeste sur cette haute terre. Ainsi, au nord de la 
piste conduisant de Polou au Ladak qu*il a suivie pour pénétrer dans TAksai- 
Ohin, h la place d'un grand lac salé aperçu de loin il y a une quarantaine d'années 
par des pundits, il n'a trouvé qu'un marais salé, presque à sec Poursuivant son 
chemin au nord-ouest, la mission rencontra les vestiges de la roule que Hadji 
llabiboullah, le khan de Khotan lors de la dernière rébellion du Turkestan, avait voulu 
ouvrir entre cette oasis et le Ladak. Cet itinéraire, fréquenté seulement pendant 
quelques anntH^s, est aujourd'hui oublié; les cairns élevés pour jalonner cette piste 
sont cependant encore debout. Après avoir suivi celte route pendant quelques jours, 
le IV Slein arriva le IH septembre dans la haute vallée de la branche la plus orientale 
du Kara-Kach. Après quoi, reprenant la route d'Hadji Habiljoullah, il reconnut le 
seuil qu'elle empruntait pour franchir la créle du Kouen-lun. En ce point uuf* 
progression des glaces et des neiges a oblitéré l'ancienne piste. Pour relier ses 
levers h ceux effectués sur le versant nord de la chaîne, le D' Stein gravit un pic 
irlacé de plus de 6000 mètres dominant la vallée de Nissa qu*il avait cartographiée 
en 11106. Descendant ensuite la vallée du Kara-Kach, le savant et actif explorateur 
anglais prit la route du Karakoram pour rentrer aux Indes. 

Au point de vue géographique, cette mission est aussi fructueuse qu'au point de 
vue archéologique. J. Demker. 



Szploration du D' Legendre dans les massifs des Oua-pao-chan. — La Société 
de Cfëographie a reçu du D^ Legendre l'intéressante lettre suivante, datée de 
Tch'eng-tou, le 12 aoiU 1908. 

t« J*ai proOlé des vacances d'été pour retourner explorer le massif montagneux, 
en blanc sur la dernière carte anglaise ', qui s'étend entre le bassin du Ya ho, celui 
du Ta-touho (ou T'ong ho et la grande route de Va-tcheou à Foulin. Je rap|)ellerai 
massif des Oua-pao-chan. 

M L*an dernier, parti de Ya tchcou et faisant du sud-ouest, je gagnai, en deux 
jours, un petit marché appelé Ping-ling-se, au bord d'un important cours d'eau, le 
r.ha ping ho, qui se jette dans le Ya ho, rive droite, à deux kilomètres en aval de 
Ya-tcheou. 

u Pinglin-se est par 1200 mètres d'altitude. C'est un relai, un point de ravi- 
taillement iK)ur tous les peiize (porteurs) qui, de Ya-tcheou, Hong va, Kiakiang et 
Oml-hien, gagnent, par les sentiers du massif, Hoang-mou-tchang. Foulin et de 
\h la grandi' route de Tatsienlou. 

M be Ping-linse. je m'engageai, le deuxième jour, dans une forêt vierge où des 
arbres géants, tombés de vétusté, barraient, à chaque instant, le sentier. Je 
franchis la ligne de partage des eaux entre les deux bassins |>ar 2 9«)0 mètres pres- 

I. Ce bUnr se tr«>uve rouvert sur la carte de M. \V. .N. Fergu^^on levée en l*.*û(; et 1907 et 
publiée au I (HH) OOI)* dans le Geotjraphical Journal^ X\.\, 6 décembre VMi"^, di>cument dont le 
1»* Legendrt* n*a pu voir ronnai^saiicc, lors de la rodacUon de la lellre qu'il nou> adres»**. (.Vv/e 
dm frrsétairt tU la Hédaction,) 



3«6 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

sion barométrique, 540 mm. ; thermomètre, 14"*) et débouchai à Len-tchou-ping, 
sur la petite route d'Orai-fou-lin, entre Hou-ang-mou-tchang et Kin-keou-ho. 

« Cette année, j'ai coupé deux fois le massif, d'abord du nord-est au sud-ou^t 
comme Tan dernier, mais plus dans Touest, puis du sud au nord-nord-est pour 
déboucher en un point connu, Yung king-hien. 

(* Parti de Tch'eng-tou, je gagnai le Ya ho par Tan-ling et Hong-ya, relevant 
soigneusement les talwegs et lignes de grand changement de pentes. En paren- 
thèse, je dois mentionner que Hong-ya est placé, à tort, dans la dernière carie 
anglaise sur la rive droite du Ya-ho. Cette sous-préfecture s'élève, au contraire, sur 
la rive gauche a 500 mètres du talweg. 

(( De Hong-ya, je remontai le Ya-ho jusqu'à Tche-ho-kai et de là m'enfonçai 
dans le massif pour gagner, de nouveau, Ping-iin-se par une autre route. Je fus 
étonné en quittant Tche-ho-kai d'avoir à traverser, deux kilomètres plus en amont, 
un gros affluent du Ya-ho qui ne figure sur aucune carte. Dans la journée, je le 
retrouvai à plusieurs reprises et le relevai avec soin. Pour atteindre Ping-lin-se. je 
franchis deux arêtes de 1 600 mètres sur les pentes desquelles je rencontrai d'inté- 
ressantes plantes et essences qui feront l'objet d'une communication à part. 

(( Ayant été abandonné, à deux reprises, par mes porteurs de la plaine qu'effraie 
toujours un voyage, je recrutai à Ping-lin-se des peilze et m'enfonçai dans le 
« Lao lin » (forêt séculaire, forêt vierge). Je ne vous décrirai pas pour le moment 
le fouillis de plantes, d'arbustes et de grands arbres à travers lequel il fallut se 
frayer un passage, je n'essayerai pas, non plus, de vous dire toute la beauté, la 
sauvage et troublante grandeur de ces monts dont les pentes, les cimes sont cou- 
vertes de toutes les splendeurs de la forêt vierge. Sur le vert des feuilles, sur les 
verts sombres ou clairs, sur les verts glauques, les verts miroitants, resplendissaient 
dans une belle lumière, une atmosphère très pure, les corymbes roses ou mauves, 
les corymbes azur de milliers, de myriades d'hortensias sauvages. A les con- 
templer, j'oubliais l'abominable sente et trébuchais contre les racines des arbres ou 
me faisais enlacer par le Ribes flagelliflorum au long tentacule piqueté de jolies 
petites fleurs roses. Si je regardais vers les cimes, je voyais se dresser en une ligne 
ininterrompue de colonnes verdoyantes le majestueux pin argenté (len-cha) des 
Chinois, c'est-à-dire le pin des régions glacées, des grandes altitudes. 

(( Je franchis la ligne de partage des eaux plus haut que Tan dernier, au Ta-pa- 
chan, lequel constitue, non une arête coupée d'un col, mais un beau plateau herbeux 
à l'altitude de 3150 mètres (Bar., 526 mm. ; T., 17*,o). Ce plateau est toutefois bordé 
au sud par une chaîne plus élevée : 3500 mètres (Bar., 504 mm.; T., IS^^S) au col. 

« Je débouchai sur l'autre versant, à Ma-li, à 12 kilomètres de Foulin, ayant 
mis sept jours et demi pour effectuer la traversée complète du massif. 

(( Après un jour et demi de repos à Foulin, j'allai à Hou-ang-mou-tchang, pour 
faire quelques mensurations sur les rares Lolos qu'on trouve encore dans ce district 
et afin de reconnaître aussi le point où le T'ong-ho commence son coude à l'est. 
pour contourner les Ouachan. J'allai pour cela à Ouan-li-tsen, à 15 kilomètres de 
Hou ang-mou-tchang. Je l'aperçus du haut d'une terrasse le dominant de plus de 
200 mètres : il coulait nord-est, au fond d'une fosse à parois à pic. Mais pour voir 



ASIB. 397 

SOU coude, je dus oller le lendemain à Len-ichou-ping, plus dans l'est, et do la à 
Fang ma-ping, li kilomètres plus loin, village de quelques huttes qui domine le 
roude même. Il ma été impossible de descendre dans le talweg et d'en prendre la 
rote : la gorge, où en été rugit le fleuve torrentueux, est eiïrayante et la plus 
impressionnante que j'aie encore vue. 

« 1^ lendemain je quittai, à T*a-t*ien-tché, la route connue d'Omi-liien, pour 
gagner Yong-king-hien, à travers le massif. J'eus deux journées excessivement 
pénibles, h travers une forêt vierge, francinssant ainsi une arête de 2i)()0 mètres 
.Bar., IM^Vi mm.;T., 23**). J'atteignis Ping lin-se le troisième jour, au soir, et, de ce 
point, débouchai, sans encombre, sur la grande route Ya-tcheou-Tsin-kio-hien, à 
Yong kinghien môme, ayant eu encore à franchir une chaîne de 1 Toi) mètres 
\Bar.,Wl,H;T..^). 

a Rentrant à Tch'eng-tou, j'abandonnai la grande route h Aling-chan et tra- 
versai la superbe vallée de Pou-kianghien jus(|u*à Tsin-sin. 

a Autant que je puis m'en rendre compte avant d'avoir tracé sur le papier mon 
itinéraire, l'hydrographie de cette vallée diffère assez sensiblement de ce que je vois 
sur la dernière carte anglaise. 

«t En résumé, j*ai traversé trois fois par des sentes différentes le massif monta- 
trneux s'étendant entre le Ya-ho et le Tong-ho, ayant relevé la route à la boussole, 
coté, de distance en distance, le niveau des talwegs, les confluents, les lignes de 
grand changement de pentes. J'ai noté le degré de pente dos chaînes suivies et, 
l»our celles que je n'ai pas franchies, estimé seulement leur hauteur, car en aucun 
lieu, en pareille région, je n'ai pu mesurer une base au pas. Mais, comme l'an der- 
nier au Kîen-tch'ang j'avais beaucoup fait usage du clisimètre (joulier avec d'excel- 
lents résultats, j'arrive assez facilement, maintenant, à déterminer, sans grosse 
erreur, l'altitude d'une chaîne moyenne, aidé que je suis par les cotes déjà relevées 
le long de la route. 

u Tout le long du chemin, j'ai recueilli des échantillons de roches, des calcaires, 
des schistes, des quarzites, généralement très foncés, puis des marbres. J'ai rap- 
[lorté également dos marbres à couches alternativement blanches et grises, des 
marbres bnVhoïdes, dont une variété très belle par ses tons rouge groseille et vert 
sombre. Toujours dans les nuances moins foncées, j ai encore observé des grès et 
de^ phyllades. Je dois aussi signaler des gros psammites carlionifères, dont certains 
exploités et des conglomérats au bord des talwegs. 

u L'allure des couches est très tourmentée; tri's fK^quemment les strates pre- 
ssentent un pendage de ±*>', o<r, 70 " et même 90", puis quel<|ues centaines de mètres 
plus loin affectent une parfaite horizontalité. (l'est donc une région de pli*«soments. 

u J'ai donc rencontré, surtout, des roches sédimentain\s. En doux endroits 
oef>endant, au pied du Ta-pa-chnn et du So >''-ling, j'ai pu observer dos pointemonts 
de |K)rphyre. 

(f .\u f)oint de vue botanique, j'ai constitué un htTbier de iOO plantes environ, 
dont certaines, je ros|K?re, sont encore inconnues. En tous cas, cotte collection nous 
lierroettra d'étendre la sphère de distribution gintgraphique des plantes connues et de 
fixer p<iur cette région leur zone de croissance favorite et même de façon très 



398 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

précise, car j'ai pris la précaution de noter Taltitude d'apparition et de disparition 
pour chaque espèce importante. 

« Parmi ces plantes, j'en rapporte trois qui sont comestibles et constituent en 
partie l'alimentation végétale des bûcherons qui habitent ces montagnes. 

(( (]omme arbres, j'ai noté plusieurs variété de chênes, des rhododendrons et des 
hydrfingea, arbres d'une taille gigantesque, si on les compare à ce que nous avons 
l'habitude de voir, des liiùes, aussi, d'un développement considérable, au bord des 
torrents, des Megasoa dont la feuille est trois à quatre fois plus grande que dans nos 
régions. Les plus beaux arbres rencontrés ont été le pin argenté [Abies Delavayi), 
auquel j'ai déjà fait allusion, et le Séquoia de Chine, le Cunninghiama sinensisy qui 
constituent de vraies forêts en certains endroits, entre 1000 et 2000 mètres d'alti- 
tude. Je dois également mentionner plusieurs variétés d'érable, dont une forte belle 
jusqu'ici inconnue, un hêtre et un [Nan-mou, Machylus Lauracei) également nou- 
veaux dans la région. 

« J'ai rencontré aussi, au-dessus de 3000 mètres, de délicieuses Pedicularia, des 
aconits, des orchidées à foison, notre cresson commun (Nasiurlium officinale), 
beaucoup de graminées fort tendres constituant d'excellents pâturages. 

(( Cette magnifique région recèle, dans ses forêts, une faune très abondante et 
très variée : bœufs sauvages, chèvres sauvages, dites chan-yang, le chevrotin 
porte-musc, VOois Amman, des ours, des panthères, des sangliers, des ceraos {gailu,, 
des singes en si grand nombre que j'en voyais tout le long de la route par bandes de 
trente à cinquante. 

« Cette magnifique région d'exploitation forestière et d'élevage, avec d'importants 
cours d'eau et des précipitations atmosphériques suffisamment abondantes, serait 
très productive, si judicieusement exploitée, d'autant plus qu'elle est située d'un côté 
à la bordure même du Bassin Rouge, h deux pas de centres comme Ya-tcheou et Kia- 
ting. Le climat y est aussi très sain et fort sec, en particulier sur le versant sud. 
De tout ce territoire les Chinois ne tirent rien ou presque rien : ils y vivent, très 
clairsemés, le plus misérablement du monde, le plus souvent à peine abrités contre 
les intempéries et les neiges d'hiver. En dehors de certaines petites bourgades des 
vallées peu élevées, le paysan ou bûcheron en est réduit à défendre une maigre 
récolte de maïs, sarrazin ou pommes de terre contre les ours, sangliers et surtout les 
singes, animaux dévastateurs par excellence. 

(( Le massif que je viens de traverser est occupé par des Chinois. Les Lolos ont 
été entièrement refoulés au sud, sur la rive droite du T'ong-Ho; seulement à Hou- 
ang-mou-tchang quelques rares métis ou « oua tze » vivent côte à côte avec la 
population des villages chinois. Quant aux Hé-Y, il y a plus de cinquante ans 
qu'ils se sont fixés au sud du grand fleuve. 

A. Legendre. 

L'émigration chinoise par le port de Swatow K — Le Fou-kien et le Kouang-tong 
fournissent chaque année un grand nombre de coolies qui vont s'embarquer à 

1. Diplomatie and (-onsular Reports. Report for the year 1907 on the irade of Swalow, n* 4125. 
London, Foreign Office, 1908. 



AFRIQUE. 3«» 

Swatow Cl à Amoy. Le premier de ces ports a enregistré en 1907 1«>3 825 départs. 
Depuis 1903, où l'on avait compté 13i421 émigrants, les districts voisina n'avaient 
(MIS encore enregistre un te! exode. La moyenne annuelle de 1900 1902 était de 100000, 
ot celle de 1901-1906. 107000. Les chiffres de 1906 1907 se répartissent de k manière 
suivante : 

Payti do da«tjnation. 1906 1907 1906 1907 

PorU de la côlo 4 G24 7 653 5 843 9 246 

Hongkong 12 742 14 336 61196 58 930 

Bangkok 42 568 65 227 29 9i3 40 376 

Saigon 4 790 6 289 163 476 

Établissements du Détroit. . 43 241 49 239 » • 

Sumatra et Billiton 8 9.')1 10 224 1402 1873 

Apia 369 » » » 

Nauri Samoa » 857 » 220 

117 285 153 825 98 187 111121 

Ces chiffres sont intéressants à commenter. L'accroissement des déparla pour 
Bangkok a été encouragé par la lutte de tarifs qui a eu lieu, de mai 1906 h fln 1907, 
entre le Morddeutscher Lloyd et la Nippon Y'usen Kaisha, la plus puissante des 
compagnies japonaises. Cette dernière a dû finalement abandonner ce service. En 
1907, un agent allemand a recruté 857 coolies pour Texploitation des dépôts de 
phosphates de Nauri ''Pleasant Island), dans le voisinage des Samoa. Des difflcollés 
de contrat se sont produites à l'arrivée et 2:20 émigrants sont revenus par le méiae 
bateau qui les avait amenés. Ces chiffres soulignent encore le caractère temporaire 
de 1 émigration chinoise, mais ce caractère dépend surtout du pays de destination, 
r'est ainsi qu'aucun retour n'est signalé pour les établissements du Détroit. I^s 
arrivées de Hong Kong doivent masquer des retours de TAfrique du sud, oîi 
Tindustrie aurifère abandonne la main-d'œuvre chinoise. 

Pierre Clergbt. 

AFRIQUE 

Trarauz acientifiqaes allemands en Algérie et en Tunisie. — Les travaux des 
«avants de langue allemande dans nos possessions de l'Afrique du nord se multi- 
plient d'une façon qui ferait presque croire que nous nous désintéressons de la 
«-onquète scientifique de ces annexes de notre pays. 

Il y en a encore deux, tout récents, à signaler. 

Le premier est une note du D' S. Passarge *, bien connu par ses recherches sur 
laoti<m désertique dans l'Afrique méridionale. M. S. Passarge a fait récemment le 
v(»\age classique de Philippeville à Biskra, que font maintenant tous les hivernants 
de l'Afrique du nord : mais il en a rapporté les matériaux d'un travail intéressant dont 
il nous promet l'apparition prochaine. Sa relation actuelle est surtout une œuvre 

I. s. Passarge, Morphologiseht Skizze den AUa$ ^wUchen PhilippeviUe und Biskra^ in GMui^ 
\«:IV. 17 »«pl. IVOS; pp. l«»-17k. 



400 MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE. 

de polémique dans laquelle S. Passarge s'élève contre les idées émises par A. Grund * 
dans un ouvrage récent. 

On sait que A. Grund a étudié la région comprise entre Batna et Biskra; 
il a cru pouvoir démontrer que, dans cette région, les rivières côtières à écou- 
lement direct vers la mer, comme Voued bou Merzoug, auraient été décapitées 
par les rivières ayant un écoulement vers les choits. Il s'est appuyé sur l'empla- 
cement de la ligne actuelle de partage des eaux en pleine région de comblement 
détritique et sur l'absence de terrasses successives dans le chott Melghir et dans 
d'autres. 11 pense que ces changements correspondent à une modification dans le 
climat et que le modelé ancien était dû à un climat plus humide, synchronique 
de la dernière période glaciaire. Enfin, il admet que le Sahara, autour de 
Biskra, est une région d'accumulations éoliennes, analogues au lœss. Ce travail, 
appuyé surtout sur des considérations d'ordre topographique, est une appli- 
cation des méthodes des professeurs A. Penck, dont A. Grund fut Télève, et 
W. M. Davis. 

S. Passarge s'élève, et assez violemment, à la fois contre les résultats d'A. Grund 
et contre les méthodes de ses maîtres auxquelles il fait porter la responsabilité des 
erreurs qu'il reproche à A. Grund. 

En ce qui concerne l'absence de terrasses des cholis, il fait remarquer qu'une 
certaine portion des cliotts n'a effectivement pas de terrasses et que la plaine argi- 
leuse s'abaisse graduellement vers le chott, mais que précisément les deux lacs 
salés, sur lesquels s'appuie l'argumentation de Grund, possèdent des terrasses, 
hautes de quatre à cinq mètres, constituées par des marnes et des croûtes calcaires. 
La différence frappante dans les paysages est, d'après Passarge, due unique- 
ment à des changements de la nature géologique du sol. 

Quant aux dépôts tertiaires ou quaternaires de la région, leurs caractères varia- 
bles lui font prévoir une histoire extrêmement compliquée; et c'est bien là aussi 
l'avis de tous les géologues français qui ont étudié à fond toutes ces régions et dont 
aucun d'ailleurs n'est cité. Plus on se rapproche du Sahara, plus les dépôts détriti- 
ques deviennent puissants; ils se composent à la base de matériaux grossiers, au 
sommet de sédiments plus fins; cela signifie, d'après Passarge, qu'il y a eu, jadis, 
une période d'érosion considérable dans ces montagnes; mais partout, aussi bien 
entre El-Kantara et Biskra que jusque vers les grand chotts du sud, ces dépôts 
montrent nettement des traces d'une érosion moderne. 

Le géologe allemand insiste sur le manque presque complet des caractéristiques 
de l'action désertique; il n'y a ni déflation, ni corrosion par le sable. A. Grund 
signale bien près d'El Kantara des rochers en champignons, c'est à-dire des 
rochers usés à leur base par le sable que soulève le vent; S. Passarge n'en connaît 
aucun dans le Sahara algérien jusqu'à Ghardaïa et Ouargla et il ne croit pas à leur 
existence dans la région d'El-Kantara. 

Les géologues algériens, qui connaissent admirablement leur pays et 1 étudient à 
fond, donneront très vite la clef de ce différend entre les deux savants allemands. — 

{. A. Grund, Die Problème der Géomorphologie am Rande von Trockengebielen, in Sifzàer. 
d, k. k. Akad. d. Wiss. zu Wien, LXV, 1906, pp. 525-543. 



AFRIQUE. Wl 

Tout le imysogc des sables de l*Aurès est, d'après S. Passarge, dû à raclion de l'eau, 
la poussière du Sahara n'aurait pënélré que faiblement dans celle portion de l'Atlas, 
jMirce que les vents' du nord y 8ont prédominants; il pense qu'A. (îrund a pris 
|K)ur du Krss des dépots limoneux et argileux déposés par l'eau, qui no sont même 
pas les défMMs les plus jeunes. 

Il ne nous appartient pas de trancher une question sur laquelle deux savants, 
aussi autorisés qu'A, (irund et S. Passarge, apportent des données conlradicloires. 
Peut-être, seulement, peut-on penser que cette activité scientifique allemande en 
Aljrérie esl un peu factice; ses produits sont certainement supcrliciels, comme 
tend a le mettre en évidence cette discussion; ils n'auront jamais la valeur que 
donne à ceux des géologues français, et particulièremenl des géologues algériens, 
l'étude approfondie du terrain que nécessite le levé de la carte géologi(]ue. 

Le second travail est consacré à la géomorphologie de la Tunisie*; il est accom- 
IMgné d'une carie en couleurs représentant les différentes zones d'altitude de la 
Tunisie. Cette carte, à l'échelle du i 000 000', est très expressive et donne une bonne 
idée du relief de ce pays. 

Le travail débute par des considéralions générales sur la position et l'importance 
mondiale de la Tunisie, empruntées d'ailleurs en grande partie aux travaux de 
Th. Fischer*. La Tunisie est la pointe la plus septentrionale de l'Afrique; elle 
s'avance comme un coin vers la Sicile et sa position lui permet d'avoir avec tous les 
pays méditerranéens des relations faciles et rapides. De plus, le commerce 
entre la Médilerranée orientale et la Méditerranée occidentale passe presque entière- 
ment' dans le bras de mer large de 150 kilomètres (]ui forme le détroit de Pantel- 
iaria. (>>mme, depuis l'ouverture du canal de Suez, ces relations méditerranéennes 
MKit devenues des relations mondiales, on saisit Ilmporlance qu'a la Tunisie, 
platV-e sur le grand axe de la Médilerranée. 

Indéfiendamment de celte position exceptionnelle au point de vue des relations 
mondiales, la Tunisie présente cet avantage délre un pays riche avec des vallées et 
des plaines très fertiles et des richesses minérales, comme le fer, les phosphates et 
d'excellents matériaux de construction. 

.\ussi, |M>ur le peuple (|ui veut dominer la Méditerranée et son commerce, la 
Tunisie est-elle une possession, non seulement précieuse, mais encore indispensable, 
et a telle été, dans tous les temps, une pomme de discorde entre les peuples les 
plus puissants de la Médilerranée. 

O s(»nt Ih des considérations qui nous sont familières, mais que M. Barlenstein 
a cm devoir rappeler à ses lecteurs. En même temps il donne un résumé de l'his 
toire de la Tunisie; car« dilil, parmi les facteurs qui influent sur le développement 

I. RudofT Barienslein, Grandzuge zur Sodenptaêitk v*jn Tunin^n, in Jahrestcr. d. Frank f. 
VrrrtnÊ fur Gfogr, u Sladslik, r.»08, pp. .-sy, l carte en couleurs hors lexlr. 

i. Th. FiM*her, HiiiielmeerbiUer, I, Leip/ip und Berlin. Il^or». 

3. Je ferai remarquer, cependant, que la plus grande (»arlic du trafic ><> fait encore par Génen 
et |«r Marseille et pa» seulement par les tuiteaux venant directement du nord de l'Kumpe |iar 
(•ibraUar. Or, ce traflc qui passe principalement par le détroit de Messine échappe a la suneillance 
de la Tunisie. 



402 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE.' 

historique d'un pays, la géomorphologie et les formes topographiques viennent en 
premier lieu. 

Il expose ensuite les grands traits de la géologie de la Tunisie; ils sont 
empruntés, comme il le dit d'ailleurs, au travail de M. Pervinquière. Les éludes 
géologiques et géographiques * de notre compatriote sur la Tunisie centrale ont 
servi de base à l'article allemand. 

M. Bartenstein montre quelle est la structure des différentes chaînes de TAtlas 
en s'inspirant d^s recherches de Pervinquière en Tunisie et de Ficheur en Algérie; 
quelques courtes pages sont consacrées à l'étude de l'action des facteurs dynamiques 
externes et à la comparaison de la Tunisie avec l'Algérie. 

Les conclusions du mémoire sont sans grande nouveauté. La Tunisie est un 
pays de montagnes et de collines; la majorité des sommets atteint 1 000 mètres; 
un très petit nombre s'élève à 1 400 mètres. En général, les chaînes montagneuses 
ont une direction nord-ouest et l'on peut distinguer dans leur désordre la chaîne 
côtière du nord de la Tunisie et celle du centre du pays. On est ainsi amené à diviser 
la Tunisie en trois régions naturelles : la Tunisie du nord, pays montagneux, limité 
par la dépression de la Medjerda, pays de culture depuis un temps immémorial; la 
Tunisie centrale, caractérisée par la multitude de ses plissements et par le déve* 
loppement de ses dômes; le sud et le sud-ouest de la Tunisie, avec des pays plats 
constituant des terrasses. 

Ce travail, assez long, résume bien ce que nous connaissons de la géographie de 
la Tunisie; mais il n'y apporte guère de contributions nouvelles; nous devons seu- 
lement nous féliciter de voir tant de pages consacrées, en somme, à vulgariser en 
Allemagne des connaissances sur la Tunisie qui sont l'œuvre presque exclusive de 
savants français. Paul Lemoine. 

Cartographie du Gouvernement général de T Algérie. — Le Service des Cartes 
et Plans du Gouvernement général de l'Algérie, dirigé par M. de Flotte de Roque- 
vaire, vient de publier plusieurs documents qui méritent une mention toute spé 
ciale. 

C'est d'abord une nouvelle carte de l'Algérie au 200000' en dix-sept feuilles dont 
trois seulement ont vu le jour jusqu'à présent : n° 3, Miliana; n° 4, Alger, et, n" 5, 
Djurjura*. Tirée en plusieurs couleurs, noir et rouge pour la planimétrie, bleu pour 
l'hydrographie, vert pour les bois, et bistre pour les montagnes représentées par des 
courbes ombrées équidistantes de 100 mètres, cette nouvelle carte, rendra de nom- 
breux services. Elle sera également sûrement appréciée par les touristes. Sur les 
routes nationales et départementales ont été indiquées les pentes égales ou supé- 
rieures à S p. 100 et les distances en kilomètres entre les lieux habités ou les embran- 
chements de route. 

1. L. Pervinquière, Étude géologique de la Tunisie centrale, Paris, 1903, et L. Pervinquière» 
La Tunisie Centrale, Esquisse de géogmphie physique, in Ann. de Géogr,, IX, 1900, pp. 434-455, 
1 carte tectonique avec calque en couleur (pi. xi), photogr. (pi. 0, P, Q, R). 

2. Carte de C Algérie, dressée par ordre de M. Jonnart, Gouverneur général de TAlgérie, au Ser- 
vice des Caries et Plans du Gouvernement de TAlgérie. Adolphe Jourdan, éditeur, Alger. 



AFRIQUE. 40) 

Mentionnons ensuite une carte rouUorc* du département d'Oran au iO()()00. 
Klle donne, pour cette circonscription, les voies ferrées et les routei construites, 
rrlles en construction ou projetées avec un kilométrage de 10 en 10 sur les roules 
iintionoles et les chemins de fer. 

Pour terminer, signalons enfin une Esffuisse du Sahara algén^n dresnt*e par 
ordre de M, C, Jonnari, Gouverneur gMt^ral de r Algérie, au 250000'. Cette carte, qui 
rmbrnsse iO degrt's en longitude, de Mogador à Rhat, et li degrés en latitude, do 
Kiiruig h Tin-Zaouaten (20* . est un essai des plus heureux pour synthétiser en une 
imairc dVnsemble toutes nos connaissances cartographiques en 1907 sur le Sahara 
•ij^rrrien. Elle fait grand honneur h son auteur, M. de Flotte de Roquevaire. Ol 
♦•\collenl travail est la meilleure carte générale que nous possédons sur ces régions 
^i activement explorées en ces derniers temps. Toutefois une nouvelle édition de 
folte carte si utile se fera rapidement sentir, car l'exploration de ces contrées ne se 
r.ilentit pas et de récents itinéraires pourraient déjà modifier quelques détails dans 
In physionomie d'ensemble du poys. 

M. CllESNEAU. 

Récentes explorations au Cameroun. — L'élude géologique et géographique des 
|M»sscssions allemandes dans rAfricfue occidentale a fait dans ces dernières années 
diw progrès considérables. Déjà les travaux du D*^ S. Passarge* lui ont apporté une 
rontribution importante; une mise au point des connaissances acquises a pu être 
ins<*Tée par Stromer von Reichenbach' dans sa géologie des possessions alle- 
mandes, acompagnée d'une carte géologique, schématique mais très précieuse. 
IMus nVemment, et pour ne citer que les ouvrages les plus importants, les explora- 
tions d'Esch * et l'étude de ses matériaux faites par diiïérenls savants ont apporté 
.!*» lK*s pKvieuses contributions à la géologie du Cameroun, en particulier à celle 
•l**^ terrains sédimentaires que renferment cette colonie. 

Deux missions récentes ont publié leurs résultats préliminaires; on en trouvera 
l'exposé dans le très précieux recueil scientifique colonial allemand (3/i^/ei7uH<//»n aus 
d^'n d^utti'h^n Schntzgebiete) qui publie tant de documents intéressants sur les 
l»ays de protectorat allemand et tant de cartes lo|>ographiques si détaillées et si 
prmses. 

Tout d*alK)rd, M. (luillemain ■ y a exposé les derniers résultats de son voyage 
ACi'fdogique au Cameroun, principalement les résultats d'ordre pratique', les résuN 
t.-ils d'ordre théorique étant réservés |)our des notes ultérieures. 



I. GoUTcrnemenl général de rAI»i»»ric. DiracUon tie rAgricuUurc, «lu Comiiicri-c el il«» h O»lo- 
riiMlioo. Srrvirrn lie» Carton cl Planr l)e|ïnrleiiirnl d'Oran. CnrU d^» tntet de Communication^ 
•1rf*%éc ptr ordre de II. Jonnart, fioiiverneiir générât. 4i)0 oo.)\ t^OK. 

l, Vi>ir en |>arUcunt*r S. Pa»««ar^e, Adamaoua^ Berlin, l9oD. 

1. Strifiner Ton Heirlienbarh. />i> H^olt^gte de»- deutsch^n Schuzu^hirten in Afrika (3 rarle-«, 
HuMeur* proflU;. Munich el Lrip/it:. ls%, 204 pp.; Kamerun. pp. l.v»-iyy (carie ueol. m coulcuniK 

I. B*rh. S«dKer. Op(>enheini, Jakel, Beitritje sur Géologie v\jn Kamerun, 19» ». 

5. Guillemain, Ergehniste ffeoiofjttcher Forte hung in deuUchen Scfiuizgrbiet kamerun^ in Jli7. 
<iMf den deutêchen SchutitftbieUn^ .\XI. 1, iVOn, pp. tV33. 

•. On en trouvera le ixsiume dans : Paul Lemoine. Vélude d(% nchesies minérales du Cameroun 
nlUmand, In La Quinzaine coioniuie, 25 mai 190H. 



404 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Les lettres envoyées à ce périodique par MM. Hassert et Thorbecke' sont beau- 
coup plus intéressantes au point de vue géographique; les cartes schématiques qui 
raccompagnent sont également très instructives, elles se rapportent à la région 
comprise entre Johann Albrechtshôhe et Bamenda, suivant une ligne approxima- 
tivement nord-sud, qui coïncide grossièrement avec le 10" de Long. 0. de Gr. 

Cette région est particulièrement intéressante, parce qu'elle est sur le prolonge- 
ment de la côte du Gabon qui, depuis Libreville jusqu'à Kribi, court à peu près 
nord-sud pour contourner ensuite le massif du Cameroun et devenir est-ouest dans 
la Nigeria du sud. Or, cette ligne côtière nord-sud a tous les caractères d'une ligne 
d'effrondrement; car elle est constituée sur son bord africain par des roches 
anciennes, sur son bord côtier par des dépôts crétacés que Ion connaît en plusieurs 
points du littoral. Cette ligne, importante au point de vue de la structure du conti- 
nent, se prolonge-t-elle dans le Kameroun, et comment s'y poursuit-elle? C'est 
là une question sur laquelle les deux explorateurs allemands pouvaient espérer 
apporter des données nouvelles et sur laquelle leur note préliminaire en donpe, en 
effet, quelques unes. Ces savants pensent que, vers Johann Albrechlshôhe, la 
dépression du Bakilndu, qui borde à Test le massif du Cameroun, se divise en 
deux branches. L'une se dirige par les dépressions de Fontem et de Tinto vers la 
Benoué. L'autre est jalonnée par les vallées du Mungo et de la Kiddi; elle passe 
entre les horst du Barafami et du Kupe constitués par des roches anciennes, laisse 
à l'est le volcan du Manenguba et le massif granitique du Nlonaka, et détermine la 
grande plaine d'effondrement du Mbo, bordée vers l'ouest par les pittoresques 
abrupts du mont Mbo constitué par des granités et des roches primitives et pro- 
longement du mont Barafami. Au delà, il n'y a plus à proprement parler de 
graben. 

Une grande série de dômes volcaniques, surtout basaltiques, souvent démantelés 
d'ailleurs, se trouve sur la route de Dschang à Bambouloué; à ce point se trouve 
un grand volcan, le Muti (ou cratère Delbrûck), qui atteint environ 3000 mètres 
d'altitude; à côté se trouve le cratère-lac de Bambouloué où de nombreux sondages 
ont permis de trouver une profondeur de 58 mètres et la dépression de Bambouloué. 

Avec ce volcan du mont Muti, il faut signaler un très important massif éruptif, 
celui de Manenguba. C'est un véritable volcan, ayant la forme d'un bouclier aplati; 
il est essentiellement constitué par du trachyte et du basalte, et se termine par une 
crête très déchi(|uetée, formée par d'énormes cratères, les cratères de TÉpocha, qui 
ne mesurent pas moins de 2 à 3 kilomètres de diamètre. Son bord sud est très 
abrupt et couvert de forêts vierges ; dans les autres directions, les pentes ne sont 
pas boisées, et sont constitués par des régions herbeuses qui montent jusqu'aux 
cratères du sommet. MM. Hassert et Thorbecke ont parcouru cette montagne sur 
presque tout son pourtour, sauf sur le trajet Ninong-Manena déjà vu par Esch; 
ils ont fait trois fois l'ascension de la chaîne déchiquetée d'Elengnun et quatre fois 
celle des sommets à cratères. Là ils ont étudié avec soin les lacs qui s'y trouvent : 

3. Benchte iiher die landeskundliche Expédition der Herren Professor D' M, Hassert und Pro- 
f essor D' F. Thorbecke in Kamerun, in Mit t. ans den deuischen Schutzgehieten^ XXÏ, 3, 1908. 
pp. 157-163(2 cartes en noir dans le texte). 



AFRIQUE. 405 

lac Clara ou Edeb Eboga (lac des hommes, le plus grand), lac Nina ou Edeb Ewna 
Uac dos femmes, le plus petit). 

Le Manenguba se prolonge sur le nord par quelques volcans isolés. 

A lest de ce massif volcanique, se trouve le mont Nlonako. Bien que le pays ne 
fut jMis encore pacifitS Hassert et Thorbecke ont pu en faire l'ascension ; c'est, d'après 
f*ux, un horst typique, constitué par des granités et d'autres roches anciennes. 

Au nord de ces deux massifs si différents de structure se trouve la plaine du Mbo; 
elle représente une ancienne région lacustre, qui s'assécha lorsque le Nkam, qui la 
draine aujourd'hui, se fut ouvert un passage dans les gorges d'aval; mais elle se 
rt>mplit encore partiellement d'eau aux épo(jues de pluie. Ces marécages sont le 
rendez- vous des buffles et des éléphants; naturellement ils sont très fiévreux; mais 
il e>t |M)ssible que, dans l'avenir, cette plaine présente une grande importance pour 
la culture du riz. 

.\u delà de cette plaine de Mbo s'étend un pays très distinct, avec des carac- 
lères tupographiques tout à fait différents, des manières de construire les habi 
tatit>ns tout autres, des cultures et une organisation politique s|H»ciale. Ce pays est 
K^IKiré du précédent par un abrupt assez net qui serait, comme je l'ai dit, le prolon- 
gement du grand graben de l'ouest de l'Afrique. 

Aux dernières nouvelles, Hassert et Thorbecke n'avaient pas déjMissé Bamenda. 
Itahs l'intérieur du pays, d'autres massifs éruptifs récents sont connus ((luil- 
lemain, i9i)M) près de Bamenda et dans le Bamun, à Test de Bamenda; ils attei- 
gnent plus de 2000 mètres; on y trouve de nombreux cratères-lacs, des cratères 
a%*ec cendres, coulées de laves, tufs, bombes, etc. Le substratum qu'on aperçoit, 
irrâtT h des accidents tectoniques et à l'érosion puissante des rivières, y est cons- 
titué par des gneiss et des granités. 

La seconde branche du graben, la plus septentrionale, n'a pas été suivie par 
Hassert et Thorbecke; mais Hassert est parti seul de Dschang, et, traversant les 
monts Bambuto, est allé recouper la dépression de Tinto. Les monts Bambuto 
Miraient un horst découpé (>ar des failles en escalier et recouvert de produits érup- 
lif!% : basaltes et trachyles. l'ne faille bordière, abrupte, le sépare de la cuvette de 
Tinli» et serait le prolongement du graben dont j'ai parlé précédemment. 

Au cours de ses itinéraires l'expédition a exploré au moyen du sondeur Belloc 
touti^ les napfies qu'elle a rencontrées'. La liste suivante donne les profondeurs 
maxima observtVs dans ces différents lac-* : Soden, SO m. î); Elefanten, lil m.; 
Hi«>hard, G m. i; GrandEpopa, 168 m. i; Petit Epopa, 9i m. 9; Bambouloué, 
VtS m. 5; Grand Ndou, 208 m. (pas de fond); Manoua, l\i m. i. 

Toutes ces nappes sont des lacs de cratère ou des maares, sauf le Soilen qui 
fiarait être d'origine tectonique. 

TcN *^ont les principaux résultats exposés dans les notes préliminaires des deux 
exphirateurs allemands; ils comptent pousser leur voyage jus(]ue dans IWdamaoua 
et il n'y a nul doute que leurs lettres ultérieures et ensuite le travail définitif qu'ils 
publieront sur leur mission n'apportent sur cette région des documents cartogra- 

1. ll4lU%>. in GlobuJi, Xr.lV. 2n, 26 nov. 1008, p. 321. 



406 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

phiques très nombreux et intéressants. Le 5 août dernier ils avaient déjà dessiné 
202 feuilles topograpbiques représentant 1 000 à 1 500 kilomètres d'itinéraire à peu 
près nouveaux; en outre» les renseignements géologiques qu'ils donneront pourront 
être d'une importance tout h fait générale. Paul Lemoine. 



AMÉRIQUE 

La colonie allemande de Sâo Lourenço, dans Tétat de Rio Grande do Sul '. — 

Le 18 janvier 1908, la colonie allemande de Sâo Lourenço fêtait le cinquantième 
anniversaire de sa création. En 1858, Jacob Rheingantz achetait à l'état un terri- 
toire de 63 kilomètres carrés, qui fut ensuite doublé par Tacquisition de propriétés 
privées. Située à 350 mètres d'altitude, dans la Sierra dos Tapes, cette zone est bien 
arrosée; mais, recouverte par la forêt vierge, sa mise eu valeur fut particulière- 
ment pénible. Aujourd'hui, la colonie compte 20 000 à 25 000 Allemands, dont beau- 
coup sont des émigrants de la première heure. Depuis vingt ans les nouveaux 
venus sont rares et Taccroissement rapide de la population est du à l'excédent des 
naissances sur les décès, favorisé par un climat très sain et de larges conditions de 
vie. Aucun émigrant ne possède moins de 85 hectares, beaucoup le double et Je 
triple. Le plan de la colonie, publié par la Deutsche Erde, montre une extension 
continue vers le sud ouest. Depuis 1887, la superficie a doublé et l'ensemble actuel 
équivaut approximativement au Grand Duché de Mecklembourg-Strelitz. 

Dans cette région Teau est très abondante, de nombreuses rivières vont se jeter 
dans la lagune dos Patos (300 km. de long, 66 km. de large); quelques-unes sont 
navigables dans leur cours inférieur; sur le plateau, elles servent à des usages 
industriels et actionnent des forges et des moulins. Les plus importantes sont le 
Rio Pelotas, l'Arroio-Grande et le Rio Sào Lourenço. Le nombre annuel des jours 
de pluie ne dépasse pas 80 à 90. 

La faune et la flore sont particulièrement riches. Parmi les animaux, les singes 
sont nombreux; on rencontre au nord de la colonie le puma, le tapir, deux variétés 
d'ours, la loutre, le tatou, le chevreuil, la moufettç, etc. On ne compte pas moins 
de 350 espèces d*oiseaux. Signalons encore les lézards, dont quelques-uns attei- 
gnent jusqu'à 1 mètre de longueur, les papillons, les termites et les fourmis. 

Les richesses forestières sont considérables, surtout en bois d'œuvre comme le 
cèdre, le pin, Taraucaria; on trouve aussi l'arbre à maté dont les feuilles servent à 
préparer une boisson dont l'usage est très répandu dans toute l'Amérique du sud. 

Le développement de la colonie de Sâo Lourenço est intimement lié à celui de 
la ville de Pelotas qui, située sur la lagune dos Patos, compte environ 40000 habi- 
tants. La colonie est le centre d'approvisionnement de la ville, et sur les routes qui 
les relient, c'est une suite ininterrompue de chariots apportant les pommes de terre, 
les légumes, les céréales, le fourrage, la volaille, le beurre, les œufs, le miel et le 
bétail de boucherie. La création d'un nouveau port. Villa Sâo Lourenço, au nord 

1. Frilz Kôhling, Die Kolonie Sâo Lourenço im Staate Rio Grande do Sul nach fUnfzigjâhrigem 
Desiand, in Deutsche Erde. Vierles Heft, 1908, p. U5-147, avec une carte. 



REGIONS POLAIRES. 407 

de Pelotas, contribuera à fournir de nouveaux débouchés aux produits de la colonie. 
D*après Tarticle que nous analysons, les éniigrants allemands formeraient un 
septi^me de la population totale de Tétat. et posséderaient un cinquième des pro- 
priétéi*. Parmi les Tk) à60 écoles, une demi-douzaine seulement ont un caractère ofH- 
ciel, toutes les autres sont des institutions privées ou communales, la plupart con- 
fe^<ionnelles. Bien que les colons allemands de Sfto Lourenço aient gardé fidèlement 
la langue et les mœurs de leur pays d'origine, la loi brésilienne a fait f)erdre h la 
plupart leur nationalité primitive. 

Pierre Clerget. 

RÉGIONS POLAIRES 

Expédition suédoise au SpiUberg*. — Le baron de Geer, Tauteur de tant de 
travaux si remarquables sur la géologie de la Scandinavie et du Spitsberg, a entre- 
pris une nouvelle exi>édition scientifique dans cet archipel polaire. 

Cette mission avait pour objet de compléter au point de vue topographique et 
géologique la carie de l'Isfjord au 100000*' levée par ce naturaliste en IHlKi. de 
{poursuivre l'étude de la géographie physique de ce bassin, de recueillir notamment 
des observations précises sur les variations de longueur éprouvées par plusieurs des 
crands glaciers de la région depuis 1896 et 1882, dates auxquelles leurs fronts 
avaient été l'objet de levers régulier^. Le baron de (leer se proposait en outre de 
préparer par la recherche de localités typiques Texcursion que le Congrès interno- 
tional de géologie doit entreprendre au Spitsberg en 1910. 

Outn' son chef, la mission comprenait quatre géologues, MM. C. Wiman, 
H. Hngboro, E. Jansson, S. de (leer, un photographe et trois zoologistes, MM. N. 
von Hofsten, S. Bock, et F. Henschen. Cette mission était embarquée sur la canon- 
nière Svenksund, 

Apres avoir visité sur les bords du Hornsund un grand lac de barrage glaciaire 
dét^ouvert en 1899, l'expédition se rendit dans l'Isfjord. Pendant leur séjour de 
deux mois dans cette baie, le baron de Geer et ses compagnons en achevèrent la 
carte topographtque et géologique, et prirent des centaines de photographies admi- 
rat>lemeni réussies destinées à illustrer l'histoire de la genèse de ce fjord et des 
\icissitudes par lesquelles il a passé. Pendant <|ue les géologues travaillaient a terre 
les officiers du Svf*nsk$un4 exécutaient dans Tlsfjord 3 600 sondages qui permet- 
tront de dresser une carte bathymétrique de ce bassin très détaillée. Les plus 
grandes profondeurs trouvées dans l'intérieur de ce bassin ont été rencontrées le 
long des falaises de la cote sud-est; contrairement à cx^ que Ton observe généra- 
lement dans les fjords, les fonds sont plus creux à Tembouchure qu'en amont; 
alors que dans Tintérieur de la baie ils ne dépassent pas 200 mètres, ils atteignent 
i30 mètres h sa sortie. Cette étude détaillée de l'Isfjord sera présentée au dm- 
grin^ international tie géologie de 1910 et constituera un des attraits de cette réu- 
nion scientifique. 

1. 0'«prè« Ir4 trUri*s publiées par le baron G. de Gcor dant les Dagens Syheter, de Stockhotm, 
0-* du 13 juillet, du 12 el 23 août et du 10 septembre 1908. 



408 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Les levers des fronts glaciaires montrent que ces appareils sont soumis à des 
variations de longueurs atteignant de 5 à 10 kilomètres. Depuis 1896 le glacier 
Wahlenberg, qui débouche sur la rive nord-ouest de l'Isfjord, a fait une poussée 
en avant de plusieurs kilomètres. Les nappes de glace qui bordent la rive nord- 
ouest de risfjord engendrent des glaces flottantes qui peuvent atteindre une hau- 
teur de 30 mètres au-dessus de la mer. Cqarles Rabot. 



Expédition norvégienne au Spitsberg. — Eln même temps que le baron de Geer 
explorait le bassin de l'Isfjord, un géologue norvégien M. Adolf Hoel, assisté de 
M. Holmsen, poursuivait dans la même région d'intéressantes recherches, sur ie;*- 
quelles il a bien voulu nous adresser la note suivante : 

(( Au cours de l'expédition de S. A. S. le prince de Monaco au Spitsberg en 1907, 
à laquelle j'étais attaché, j'avais découvert dans les grès dévoniens de la Wood bay 
des très belles empreintes de poisson appartenant au genre Pteraspis; malheureuse- 
ment les glaces menaçant de bloquer le navire, je ne pus pousser mes recherches. 
L'année précédente, le capitaine Isachsen, pendant la mission dont l'avait chargé le 
prince de Monaco, avait également rencontré des débris de ganoïdes à rextrémité 
supérieure de la Liefde bay. Pour poursuivre l'étude des formations dévoniennes 
du nord-ouest du Spitsberg, je m'acheminai ^ers la Wood bay, à bord d'un petit 
vapeur en fer, VHolmengraa, que j'avais affrété pour cette campagne. Le 13 juillet 
nous arrivons à l'île des Danois, mais au delà impossible d'avancer, la banquise 
fermant complètement le passage à hauteur de l'île d'Amsterdam. 

A l'île des Danois nous rencontrons le lieutenant Hjalmar Johansen, l'ancien 
compagnon de Nansen, qui, avec le journaliste allemand Lerner, avait hiverne au 
cap Boheman. En mai tous les deux avaient ensuite traversé les massifs de glaciers 
de l'intérieur et étaient parvenus ainsi jusqu'à la côte nord du Spitsberg, à la 
Liefde bay. Hjalmar Johansen se joignit à nous et revint avec nous en xVorvège. 

Avec notre navire en fer, je ne pouvais songer à forcer la banquise. En consé- 
quence je revins dans le sud. Nous visitâmes d'abord la Cross bay et la King's bay. 
Les glaciers de ces deux baies, dont les fronts ont été levés par le capitaine Isachsen en 
1906 et 1907, ont continué à reculer en 1907-1908, comme presque tous les appareils 
de l'archipel. Puis nous nous rendîmes dans l'Isfjord pour y recueillir des collec- 
tions paléontologiques. Les séries que nous avons rapportées appartiennent au 
Carboniférien, au Trias, au Jurassique, au Tertiaire; notre collection de plantes 
fossiles sera étudiée par l'éminent paléontologiste suédois A. G. Nathorst. 

Le 20 juillet, une nouvelle tentative fut faite pour arriver à la Wood bay, mais 
sans plus de succès que la première. A hauteur de la Red bay une banquise s'étendait 
compacte dans le nord comme dans Test. Nous revînmes alors dans l'Isfjord où 
nous continuâmes à travailler jusqu'au 28 juillet. Le l**' août l'expédition était de 
retour à Tromso. . Adolf Hoel. 

Projet d expédition du capitaine Roald Amundsen. — Dans une séance de 
la Société de Géographie de Norvège, tenue le 10 novembre dernier, le capitaine 



RKGION'S POLAinES. 409 

Roald Aroundscn a exposé le plan d*une nouvelle exploration polaire qu'il compte 
entreprendre prochainement 

Il s agit d'exécuter avec le fameux Fram une nouvelle dérive à travers le ba!>8in 
fKilaîre, comme celle si mémorable accomplie par Nansen. Dans la conclusion de 
«on l)eau livre, Vrrs le Pôle\ le célèbre explorateur a lui-même, il y a douze ans, 
exposé le programme de l'expédition. « L'œuvre, disait-il, après avoir résumé les 
résultats de son voyage, est simplement ébauchée. Il reste encore de nombreuses et 
intéressantes recherches à poursuivre, qui ne pourront être menées a bien que par 
de longues années d'observation et par un nouveau voyage accompli dans les 
mêmes conditions que le nôtre. Tne semblable expédition, sera, je l'espère, prochai- 
nement organisée. Si elle part du détroit de Bering et se dirige vers le nord, ou 
plutôt vers le nord-ouest, je serais très surpris si elle ne rapportait pas des obser- 
vations t)eaucoup plus importantes que les nôtres. » 

C'est & cette grande entreprise que le capitaine R. Amundsen va appliquer sou 
énergie et son expérience. 

D'après le programme exposé devant la Société de Géographie de Norvège et 
auquel Nansen a apporté avec chaleur le concours de son autorité, l'expédition 
doublerait le cap Horn, puis remonterait tout le Pacifique, pour gagner la pointe 
Barrow, sur la côte nord de l'Alaska. De là elle se lancerait dans la banquise et s'y 
ferait prendre pour dériver ensuite avec elle à travers le bassin arctique, sous la 
l>ouss4^ du grand courant polaire qui charrie lentement les glaces vers le nord- 
ouest. Le Fram sortirait de la banquise suivant les circonstances, au nord du 
Spit>tierg ou devant le nord-est du (irôniand. 

La durée du voyage serait de cinq ans au moins; pour parer à toute éventualité 
on emporterait des vivres pour sept ans. 

L'expédition aura pour objet Télude océanographique du bassin polaire bril- 
lamment inaugurée par Nansen. Les résultats si importants obtenus au cours du 
n*lèt)re voyage du Fram fournissent la preuve du haut intérêt de la nouvelle entre- 
prise. L'habileté dont le capitaine Amundsen a fait preuve dans l'accomplissement 
du passage du Nord-Oue^t est un sûr garant que sous ses ordres le Fram accomplira 
de nouveaux exploits pour le plus grand profit de la science. 

CiiAHLEs Rarot. 

Contribation à la cartographie du SpiUberg. — Pendant Tété i9t)7 une exp^'^ 
«iition au Spîtsberg a été organisée par M. Theodor Lerner pour assister au départ 
derexfiédition aéronautique de Wellmann. A ce voyage ont pris part le lieutenant- 
colonel comte Poninski et le capitaine F. K. von Bock, de la section to|N>graphique 
du Grand Ktat-Major allemand, afin d'expérimenter les méthodes de lever par la 
photogrammétrie. 

G» officiers ont choisi comme champ d'ex|M'»ricnce la Liefde bay et la Wood bay 
«loni les contours sont jusqu'ici restés dans le vague le plus absolu D'excellents 
travaux topographiques ont bien été déjà effectués dans ces baies; la Wood bay 

I. P. *n. 

La Oio«iiAr«ii. - T. XVUt, lOuS -'^ 



410 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

a été levée avec précision par le lieutenant Ringertz pendant Texpédition sué- 
doise de 1899 pour la mesure d'un arc de méridien au Spitsberg*; d autre part, 
l'extrémité supérieure de cette baie et celle de la Liefde bay se trouvent com- 
prises dans les levers effectués par le capitaine Isachsen au cours des missions que 
lui a confiées en 190G et 1907 S. A. S. le prince de Monaco, mais ces deux cartes ne 
sont pas encore publiées. En tout cas les opérations accomplies par le lieutenant- 
colonel Poninski et le capitaine von Bock ont abouti à l'établissement d'une 
carte au 200000® du bassin Liefde bay-Wood bay que publie la Zeitschrift d^r 
Gesellschaft fin* Erdkunde zu Berlin (1908, n** 8) *. Comme l'ont annoncé M. Jâderin, 
chef de la mission suédoise de 1899, et le capitaine Isachsen, ce bassin fjordien a un 
aspect complètement différent de celui sous lequel il est représenté jusqu'ici. Au 
lieu d'une baie largement ouverte et partagée dans sa partie supérieure en deux 
branches également très larges, on a là un fjord dirigé nord-sud, avec, vers l'ouest, 
un golfe évasé, la Liefde bay, qui est terminé lui-même en fourche, comme les 
grands fjords voisins, la Red bay, la Wijde bay. 

11 y a lieu de remarquer que le trocéde l'extrémité supérieure fourni par le colo- 
nel Poninski et le capitoine von Bock ne concorde ni avec la description de celle 
région donnée par M. Jaderin ', ni avec les positions fournies par ce savant suédois. 
La carte allemande arrête l'extrémité sud-est de la Woodboy au 79**14' de Lai. N., 
alors que M. Jaderin donne 79°15' pour la latitude d'une île de ce bassin (Tanta- 
liholm) et ajoute que la branche sud-est s'étend probablement jusqu'au 79° environ. 

Charles Rabot. 

Dérive des glaciers dans TAtlantique sud. — Le D"^ Jean Charcol, chef de 
Texpédition antarctique française, nous signale dans l'Atlantique sud un afflux 
extraordinaire de glaces antarctiques, semblables à ceux que le capitaine Dinklage 
a décrits en 1892, 1893, 1894 *. 

La dérive des glaces est formidable, nous écrit notre collègue de Buenos-Ayres, 
sous la date du 4 novembre. A chaque instant des bateaux rentrent avec des 
avaries, ou rapportant des récits extraordinaires. Un des navires de Larsen * 
(Géorgie du Sud) a rencontré par 42° de Lat. S. un iceberg tabulaire haut de 
30 mètrcâ et long de 12 milles! 

D'autre part, sur ce phénomène, notre collègue M. Lucien Rudaux a robligeancc 
de nous communiquer le passage suivant du rapport du capitaine J.-B. Pierre, com- 
mandant le quatre-môts français Valparaiso, qui a été déposé à la marine à Dun- 

1. Rapporter tillKongl. Kommillén fôr gradmâininrf pà Spetsbergen ôfcer den svenska f/raclmûl- 
nings expedilionens arbelen 1899-1900^ Stockholm, 1900, p. 9. 

2. Die Liefde-Buchl stereophologrammetrisch aufgenommen im JiiH 1907 durch Oberleuienant 
Oraf Poninski und von Bock, Bitdmessung und Konslruclion : Seliger, Topographe Berlin^ 
nooember 4907, in Zeit, f. Ges. far Erdkunde zu Berlin, 1908, Tafel 8 et 9. 

3. Rapporter tilt Kongl. Kommitteen, p. 10. 

4. L.-E. Dinklage, Eistritten in stidlichen Breiten in den letzen SO Jakren, in Ann. d. Hydro- 
graphie und maritimen Météorologie, 1902, 2, Berlin. (Cf. La Géographie, V, 4, 15avril 1902, p. 30â). 
Les recherches du capitaine Dinklage embrassent la période 1880-1900. Depuis cette dernière 
date des débâcles se sont-elles produites dans TAtlantique sud? Nous Tignorons complètement. 

5. Le capitaine Lai*sen, commandant VAnlarclic qui portait l'expédition Otto Nordenskjôld, a 
installé un établissement de chasse à la baleine à la Géorgie du sud. 



RK(ilONS POLAIRES. il| 

kerquc. « Le 18 septembre, par l'A^ de Lat. S. et 49* de Long. 0., j*ai rencontré don 
glaces. Le 19, elles sont devenues plus nombreuses. Louvoyé et (ait le plus de route 
possible à Touest. Le vent était nord. A midi, le vent était nord-est. Je barrais tri- 
tiord amures, lorsque j'aperçois devant une énorme banquise qui s'étend du nord 
au sud a perte de vue à l'horizon. J'étais environ au milieu. J*ai laissé cap au sud- 
ouest pour la contourner. J'ai couru Touest dans le sens de Tépaisseur, pendant 
trois heures, à 8 mruds, soit iiî milles, dans la diret*tion est et ouest. J estime que 
i*elte banquise a au moins 72 milles dans le sens nord et sud, et ii milles dans le 
sens est et ouest. Sa position moyenne est oO"* de latitude et 50* de longitude. J'ai 
navigué à environ 6 milles de distance, et j'ai rencontré quelques épaves : une 
irallote de panneau et diverses planches peintes en blanc. 

« La mer s*engouffrait dans les nombreuses crevasses et grottes découpées dans Irs 
pourtours, faisant un bruit sourd qui ressemblait à celui d'un coup de canon 
éloigné, s'entendant très distinctement à 7 ou 8 milles de distance. 

« Il m*a été facile d'en reconnaître la cause lorsque j'ai été à proximité. Je l'ai 
entendu une partie de la nuit. De plus, le temps était couvert et au-dessus de la 
vlace j'ai aperyu au moins à 10 milles de distance une clarté immense d*un blanc 
bleuâtre semblable h celle qu'on aperçoit de loin au-dessus d'une ville éclairée à Télec 
Iricité*. 

« Tels sont les phénomènes qui peuvent avertir de rapproche de cette énorme 
lianquise si dangereusement placée. Les 20 et 21 septembre, j'ai encore rencontré 
des glaces dans la partie comprise entre 50"* 4i' de Lat. S. et 48** 19' de Long. (). — n 

D'apK's le capitaine J.-B. Pierre, des nappes considérables de glaces se trouvaient 
donc, en septembre dernier, dans lest et lest-nordest des Falklands, dans une posi- 
tion analogue à celle c|ue les banquises antarctiques ont occupée lors des grandes 
délMcles de 1H93 et de 1894. 

Cet afflux extraordinaire de glaces flottantes est*il de nature a gêner l'exiMuli- 
(ion Charcot'.' Nous ne le pensons pas. I^ mission française se propose d'attariuer 
IWntarctique dans le Pacifique et non dans l'Atlantique où se produit actuellement 
la débâcle en question. Si le même phénomène se produit dans la première do ces 
régions «Mvaniques, peut être Charcol et ses compagnons auront-ils a percer quelque 
heii compact d'icebergs, mais au delà l'approche des terres se trouvera évidemment 
•< décongestionné ». 

En tout cas la présence d'une expédition scientifique dans ces parages au moment 
oîi se produit ce grandiose phénomène nous vaudra d'intéressantes observations 
Hur sa genèse et ses modalités. Peut-être ces énormes afflux de glaces flottantes sont- 
ils la cons4M|uence de dislocations affectant les « piedmont-glaciers » h Ilot, comme la 
IfVi/ /$ de la terre de l'Kmpereur Guillaume IL la « (îrande Barrière » de la terre 
Victoria et la « terrasse inférieure » de la terre du Roi Oscar? 

Charles Rabot. 

I. Il s'agit tie Vhe^jhiik, iTile trainec jajridtre produite par h tvflevion drs glacée» sur le riol. 



»12 MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. 

Nouvelles de Texpédition Charcot. — Deux télcgrammes annoncent Tarrivée de 
Texpédîtion Charcot à Punta-Arenas, son départ pour l'Antarctique à la date du 
17 décembre. Tout allait bien à bord du Pourquoi-Pas. 

Cu. R. 

GÉNÉRALITÉS 

Nouveaux ouvrages généraux de géographie. — La mise en vente de la Biblio- 
graphie géographique annuelle des Annales de Géographie * est un véritable événe- 
ment pour les géographes français et nous ne saurions omettre de mentionner 
l'apparition de cet ouvrage. Le volume de 1907, le dix-septième de la série, a été 
préparé, comme les précédents, par M. Louis Raveneau avec la sûreté d'informa- 
tion que notre collègue apporte dans ses travaux. 

Signalons ensuite le premier fascicule d'un Traité de Géographie physique dû à 
M. Emmanuel de Martonne^ Depuis longtemps le besoin d'un tel manuel était 
vivement ressenti non seulement dans les milieux universitaires, mais encore dans 
le monde des explorateurs, et nul ne pouvait récrire avec plus d'autorité et plus de 
clarté que le sagace professeur de géographie à l'université de Lyon. Le premier 
fascicule est consacré principalement à la climatologie. Kn guise de préface M. de 
Martonne a présenté un tableau de l'évolution de la géographie remarquable par 
la précision cl la vigueur de ses traits. Peut-être, cependant, n*accorde-t-il pas à 
l'œuvre d'Elisée Reclus la très grande importance qu'elle mérite et l'influence <iu'elle 
a réellement exercée, non seulement en France, mais encore à l'étranger. Mais c'est 
là question d'appréciation personnelle. Lorsque le TraUé de Géographie physique 
sera achevé, nous lui consacrerons une étude approfondie. Aujourd'hui nous nous 
bornons à appeler l'attention de nos collègues sur un ouvrage qui ne saurait laisser 
indifférent aucun géographe. Charles Rabot.- 

ERRATUM 

Dans le n° de novembre de La Géographie, p. 290, ligne 28, au lieu de « l'amour du 
sol », lire « Tamour du soi natal ». 

1. Un vol. in-8'' de 336 p. — Prix, 5 fr. 

2. Emmanuel de Martonne, TraUé de Géographie physique. Climat. Hydrographie. Relief du 
sol. — Biogéographie. Fasc. I. Paris, Librairie Armand Colin. Prix, 5 fr. — L'ouvrage complet 
comprendra quatre fascicules. 



ACTES DE LÀ SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 



Séance du 6 novembre 1908 

Présidence de M. F. SCHRADER 

\ji st'Miice ouverte, le président innUllo à s«»s cAlés M. le colonel Bourgeois, vice- 
présitlcnt do la Société, M. Girard, le capitaine Parlier, M. E. (Gallois, puis il donne la 
parole au secrétaire général pour rendre compte des travaux dt* la Société pendant les 
varanros et dépouiller la correspondance. 

La IX** Congrès intemational de Géographie, dont il a été publié un compte-rendu 
détaillé dans le numéro précédent du bulletin, mentionnait une note très substantielle 
sur les travaux géodésiques efTectués par le Service géographique de l'Armée depuis le 
congrès de Washington. Nous la devons à Tobligeance de M. le lieutenant-colonel Bour- 
tfeois, auquel nous adressons nos remerciements. 

Travaux géodésiqnes du Service géographique de rArmée .1904-1908). — Depuis le 
dernier congrès des Sciences géographiques ^États-Unis, 100 'i, VIII* congrus), le Servir e 
géographi(]ue de l'Armée a exécuté les travaux suivants : 

Frince. — C,co'it*$ie de l*-' ordre, — ParallMe moyen du cAté Puy-de-Dôme-Luguet jus- 
qu'aux environs de Belley. 

Méridienne de Lyon, depuis le parallèle de Paris icAté Moncel-Essey, à hauteur de 
Mirecourt^ jusqu'à la rencontre avec le parallèle moyen, prés de Belley. Cette méridienne 
doit se prolonger cette année jus(iu*au Pelvoux et au Taillefer. 

fiéotUùc cadastrale ou de 3'' ordre. — De nombreux foyers d'activité entre Blois, Orléans, 
Boaruen, ChiUeauroux; dans la Somme, entre Montdidier et .\rras; au nord de Paris 
étendue d'environ un arrondissement ; entre Sens, Provins et la Marne; environs de 
Langres: entre Mirecourt, le Donon et le ballon d*.\lsace; dans TAllier, entre Montiuron 
«•l la rivière 1 Allier. 

A%ironomie. — Station de Sainte- Adresse près du Havre et du Ban de Sapl ( Vosges». 

fi stations astronomiques dans le Plateau central ayant pour but Tétude des dévia- 
tions de la verticale dans le massif central ide (iannat au sud d'Aurillao. 

.\u.KRii-:. — 1*^ ordre, — Parai lèh* du nord, dans la partie qui va d'Oran à Alirer. 

PeuUies de .?• ordre. — Du Kheyder, ElAricha, Choit el-l'ibarbi, Brezina. environs 
d'Oran (Oran ; Messad. Lashouat Aluer : Oued Djedi, Negrine, Oued-Hhir Jusqu'à T^uu- 
Kourt Constantine ; frontière tripolilaine. Tireur, région au sud du Chott el-Djerid 
Tuni<iie . 

ÉTR\N(iER. - Triangulation du se. leur français en Crète. 

Triangulation et levé topotcraphique des îles de Délos, de Rhenée et d'une partie de 
nie de Mikonos pour TÉcole fran<;aise dWthèneï»}. 

En Equateur, lin des opérations de ta mission des mesures de Tare méridien, triangu- 



414 ACTES DE LK SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

lation de Cuenca à Payta (sur la côte du Pacifique), latitude de Machala, 2 longitudes, 
Cuenca-Payta et Cuenca-Machala, 5 stations de pendule. 

Au Maroc, triangulation du massif de Beni-Snassen et autour de Casablanca. 

Sur la frontière algéro-marocaine, triangulation autour des postes de Forthassa, Ber- 
guent, BouDenid (récenament occupé), chaîne de Djenien Bou-Rezg, à Toued Guir. 

En dehors du Service Géographique, travaux géodésiques et astronomiques faits par ses 
procédés et avec ses méthodes : 

Lieutenant Nieger, dans le Sahara, de Beni-Abbès à Timmimoun et Adghar (sur Poued 
Saoura). 

Lieutenant Mussel de Beni-Abbès à Timmimoun par un itinéraire. 

Capitaine Périquet, mission du Haut-Logone (1906-1907), travaux astronomiques et 
topographiques dans les bassins supérieurs du Logone, du Ouharae et de la Sangha 
(Oubanghi), non loin de la frontière du Cameroun. 

Services géographiques coloniaux. Afrique occidentale française. — Chaîne de 80 kilo- 
mètres de Saint-Louis à Richard Toll, le long du Sénégal. 

Chaîne de Konakry à Kouroussa, qui doit se prolonger jusqu'au Niger inférieur. 

Tonkin, — 1° Prolongement de la chaîne annamitique ou côtière, du cap Varella au 
cap Saint-Jacques. 

2° Chaîne quittant le parallèle de Vinh à Xieng-Khouang pour descendre le long du 
Mékong. 

Z^ Chaîne allant du cap Saint-Jacques vers Pnon-Penh pour remonter vers le nord le 
long du Mékong et rejoindre la chaîne n<> 2. 

Congrôs international des Orientalistes. — Peu de jours après la clôture du IX^ Con- 
grès international de Géographie, le 14 août, s'ouvrait, à Copenhague, la XV<^ Session du 
Congrès international des Orientalistes sous le patronage de Sa Majesté le roi Frédérik VIII. 
Le prince Roland Bonaparte, de Tlnstitut, qui avait à Genève porté la parole au nom de 
toutes les Sociétés représentées, fut à Copenhague le délégué de notre compagnie. Pen- 
dant son séjour en Danemark, le prince a assisté à la réception magnifique faite par le 
gouvernement et le pays tout entier aux survivants de la grande et malheureuse expé- 
dition Erichseu^ 

L'Association française pour PAYancement des Sciences a tenu son congrès du 3 au 
10 août à Clermont-Ferrand. La XV« section, concernant la géographie, a été présidée 
par M. Paul Labbé« membre de la Commission centrale et secrétaire général de la Société 
de Géographie commerciale. 

En octobre, un groupement nouveau, sur lequel il convient de s'arrêter, s*est réuni 
tantôt à rÉcole libre des Sciences politiques, tantôt dans la grande salle de notre Société. 

Le Congrès de rAlriqae dn Nord. — Jusqu'ici, les congrès coloniaux avaient abordé 
des sujets extrêmement variés et quoique quelques-uns se soient efforcés de sérier les 
questions, le nombre de celles-ci restait excessif. Le congrès de TAfrique du nord, dont le 
principe avait été décidé lors de l'exposition de Marseille, ne s'est occupé que de TAlgérie- 
Tunisie et du Maroc et, pour ces pays, il s'est confiné dans la question indigène, les ques- 
tions économiques, les questions politiques et administratives. La tâche néanmoins, était 
singulièrement lourde, mais dirigée par des hommes comme MM. Jonnart, Guillain, 
P. Leroy-Beaulieu, R. Millet, de PeyerimhofT, sous la présidence de M. Chailley rempla- 
çant M. Etienne, non encore remis de l'accident grave qui nous avait alarmé, le débat a 
été aussi intéressant qu'animé. Deux gi^andes séances ont réuni dans la salle de notre 

1. Voir La Géographie^ 15 sept. 1908, p. 69 et seq. 



ACTES DB LA SOCIETE DK (.KOOR.VPIUE. (IN 

M>riélt* le monde colooial pour y entendre M. René Blillel sur la compatibilité de rislani 
avec la civilisation moderne et M. Chailley sur la politique coloniale de la France. 

Le travail méthodiquement n^parti par M. Depincé, secrétaire g/*nérnl du Congrès, pré- 
vu\aîlla constitution de trois sections, correspondant aux trois séries de questions men- 
tionnées ci-dessus. 

MM. ttsell et Marchai ont rapproché la colonisation antique de la colonisation moderne; 
cette dernière, en ce qui touche TAIgéric a été traitée par M. Démontés. In débat sur la 
c olunisation offîcielle s*cst ouvert sur Tinitiative de M. de Lamothe, et, après discussion, le 
congrès adopta un vœu tendant à ce que les gouvernements d'Algérie et de Tunisie, per- 
sévérant dans la voie où ils se sont engagés, favorisent par des moyens équitables et 
légaux le peuplement de ces pays par des colons français. 

1^ régime foncier dans TAlgérie et la Tunisie, laménagement des eaux, ont ensuite 
retenu lattention du congrès, puis les cultures de la Tunisie, l'élevage du mouton, les 
richesses minérales, la pèche ont donné lieu à des études précises, de même que le crédit 
agricole, les banques, la mutualité, la question douanière. 

La question indigène provoqua de brillants débats, auxquels prirent part MM. Messimy 
et de Gistries, en ce qui concerne le service militaire. Le système des engageiiienU volon- 
taires tel qu*il est appliqué, « mais développé par tous les moyens nécessaires de façon 
à fournir k notie armée nationale le complément nécessaire », a rallié la majorité des 
^ulTrages. Nous mentionnons aussi une discussion sur l'accession des indigènes a Télec- 
torat, rendue très animée par la présence des délégués indigènes. D autres rapports 
portent sur les réformes h. introduire dans la justice et Tassistance publique indigène et 
sur le contrôle des biens habous. 

Enfin les questions marocaines ont amené à lu tribune de nombreux orateurs. Il faut 
surtout nommer MM. René Leclerc, Guiot, Augustin Bernard, André Tardieu, qui avaient 
qualité pour parler de la Banque d'État, des domaines marocains, de la situation reli- 
gieuse, de Fimpôt, ou encore de la politique à suivre au Maroc» politique nettement algé- 
ri**nne dont la France recueillerait tôt ou tard les fruits, car il ne faut pas oublier qu*ù 
l'expiration du réuime installé par Tacte d^Algésiras chaque puissance reprendra sa 
liberté d'action, l-n banquet a clôturé ce congrès qui peut être considéré comme le pre- 
mier d'une série de congrès annuels qui, en cinq années, auront passé en revue toutes les 
fractions de notre domaine colonial. 



Victor Jacquemont. — Le 7 septembre dernier, une petite ville du Pas-de- 
<Ulais, llesdin, inaugurait un monument élevé en l'honneur du fameux voyageur Victor 
Jacquemont, mort à Bombay en 183â. Le docteur Hamy, de Tlnstitut, représentait la 
Société de Géographie h cette cérémonie. Notre président, qui s'est donné pour tâche de 
d^^fendi^ contre l'oubli la mémoire de nos grands voyageurs et de rendre ài l'exploration 
française la place qui lui appartient dans conquête du monde, a fait revivre cet ancien 
dl^<*iple de Jussieu, chargé en 1H28 d'aller dans l'Inde recueillir des collections pour le 
Muséum, et dont le voyage de quatre années a été décrit avec autant d'esprit que de 
savoir dans sa Corresjumdance avec sa fnmilk d j>es amis et dans son ouvrage posthume *. 

Dons. — Sur Tinitiative de M. Le Myre de Vilers, qui pn^side la commission d'étude 
de la maladie du sommeil, M. le ministre des Finances a bien voulu prélever sur le legs 
tiiITard la somme de I9 5(M) francs applicables à cet objet. Voici les tenues dans lesquels 
s'exprime M. le ministre des Colonies, en faisant part à notre ancien président de cette 
détermination le 26 août : 

- J'ai l'honneur de tous faire connaître que, par décret du 7 août dernier pris sur la 
proposition du ministre des Finances, il a été attribué à votre compagnie, sur les dispo- 

1. Voyage dam t inde pendant Uê années ItifH-ISii '6 vol. in-'»^ Paris,! 83 t-V3. publiés aux frtU 
du gouverne ment). 



416 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

nibililés du legs GifTard, une somme de 19 500 francs deslinôe à contribuer aux frais 
d'établissement, à Brazzaville et h Bangui, de deux hôpitaux pour les indigènes atteints de 
la maladie du sommeil. 

« H m'a été agréable d avoir pu, dans la circonstance, seconder les efforts de la Société 
de Géographie, dans Tœuvre si intéressante qu'elle poursuit. » 

D autre part M. Pcrnand Foureau, auquel la Société de Géographie avait offert, à titre 
de droits d'auteur, une somme de 2500 francs provenant de la vente des « Documents 
scientifiques de la Mission Saharienne », lui a remis 2000 francs h affecter à la publica- 
tion d'une carte intéressant les régions sahariennes. 

Grâce à de larges libéralités émanant toutes de l'initiative privée, il a été possible k la 
Société, d'accord avec un groupe d'industriels et de commerçants parisiens représentés 
par nos collègues MM. Chollet, Giliet et Ménétrier, d'organiser et de mettre en route une 
mission géodésique et forestière à la CcMe d'Ivoire. 

Mission géodésique et forestiôre à la Côte d'Ivoire. — Le capitaine Gros, de l'artillerie 
coloniale, est chargé par la S6ci(Hé de Géographie, avec l'agrément du ministre des Colo- 
nies et du gouverneur général Ponty, de parcourir les contrées boisées que traverse le 
tracé du chemin de fer d'Abidjan vers le Baoulé et qu'arrosent les bassins du Comoé, du 
Bandama, de la Sassandra et du San Pedro entre 5*> et 8^ de Lat. N., en appuyant ses 
levers sur un réseau d'observations astronomiques. Au point de vue forestier, M. Cheva- 
lier a fourni des renseignements circonstanciés. Les échantillons qu'il a recueillis per- 
mettent d'espérer qu'il sera possible de déterminer les essences utilisables et leur répar- 
tition. En outre, la mission devra rapporter des collections de plantes, d'insectes et réunir 
des documents concernant la zoologie, l'anthropologie et l'ethnographie. Au médecin 
incombera spécialement l'étude des maladies parasitaires. La durée probable de la mis- 
sion est de huit mois. Partie le 25 octobre de Bordeaux, elle se compose, en dehors du 
chef de mission, de MM. Lasaulce, inspecteur des Eaux et Forêts, Rousseau, médecin 
aide-major de !''« classe des troupes coloniales, Cervoni, sergent d'infanterie coloniale, 
Lepoix, sergent du Génie, mis en activité hors cadres, et M. Gruenwald, ingénieur civil 
forestier. Au retour, un rapport d'ensemble sera remis par le capitaine Gros à la Société 
de Géographie, pour être inséré, s'il y a lieu, dans son bulletin et communiqué au 
ministre des Colonies, qui pourra en donner la substance dans ses publications officielles. 
Les fonds recueillis pour faire face aux frais de cette mission d'études s'élèvent au chiffre 
de 120 000 francs. Grâce aux généreux concours que la Société s'est assurés, des résul- 
tats pourront être obtenus, qui n'intéresseront pas moins la métropole que la colonie 
tant dans le domaine scientifique que dans Tordre économique. 

D'autres missions, dont la Société de Géographie s'est occupée, ont quitté la France 
pour l'Afrique depuis le commencement des vacances. 

Mission de Gironcoart. — M. de Gironcourt, ingénieur agronome, titulaire d'une 
bourse de voyage Georges Hachette, débarquait le 23 août à Dakar et le 7 septem'bre 
nous écrivait de Bamako-Koulabo, Haut Sénégal-Niger, où il reçut le meilleur accueil. 

En cours de route il a reçu des télégrammes du commandant Laverdure, lui confir- 
mant l'occasion exceptionnelle qui s'offrait à lui d'étudier la région dite des mares au 
sommet de la boucle du Niger, u H m'a été confirmé au gouvernement du Haut-Sénégal, 
ajoute M. de Gironcourt, combien celle région est encore peu connue. Je n'ai pu, en 
effet, sur la région comprise entre le Niger, llombori et Gao, relever qu'un itinéraire 
allant de Bamba à la mare de Gossi, tous les autres renseignements que nous possédons 
sur ce pays étant de nature indigène. Une colonne volante vient d'être formée à la tête 
de laquelle est placé le commandant de la région de Tombouctou. C'est la première 
fois qu'une pénétration complète des populations touaregs de la boucle aura lieu et tout 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 411 

fait espérer qu'elle aura lieu sans coup f<^iir... C'est vous dire combien je serai heureux, 
par la faveur d*y être adjoint, de pouvoir rapporter à la Société' de («éograpliie une 
moisson de documents nouveaux. » 

Tn ii''t^gramme du 2 octobre, transrois par poste à parlir de Dakar, annonce Tarrivi'e 
df M. df Tiironcourt h Tombouctou, d'où il comptai! se rendre dans la boucle du Nigf»r. 

Miition Cortiar. — Le lieutenant Cortier nous écrivait d'In-Salah le âtî août qu*il a 
n-juint le Tidikelt par la route Alger- Biskra-Tougjîourt-Ouargla. C'est en ce dernier posl«» 
qu'il a monté sa caravane de méhari. 

A In-Salah, le lieutenant Corlior a trouvé le colonel Laperrine qui rentrait d*une 
magnifique tournée dans le Tassili des Azdjers. Après avoir visité Timassinin et le nou- 
v«au bordj Fort Polignac qu'il fait constiniire dans le pays des Aidjers, un peu à Touesl 
du 6* de Long. E., il est rentré à in-Salah par TAhaggar et le Mouydir. 

M. Curtier comptait partir du 5 au 10 septembre avec la tournée que dirige le capitaine 
Niéger. inn-Salah ils ont dû gagner Temassinin (ou Fort Flatters), puis atteindre le fv de 
Long. E. et le suivre jusque vers Dider et Fort Polignac. Ce que le lieutenant («ortier fera 
rnsuite dépendra des circonstances et des instructions qui lui seront parvenues. Suivant 
If cas il passera dans l'Afrique occidentale française soit par la région de Rilma, soit par 
In Azaoua ou Izitek. Dans ces dt'ux dernières hypothèses il remonterait au Ahaggar avant 
d«» prendre la route d'Iférouane. 

Le travail concerté en commun par deux ofliciers compétents, le capitaine Niéuer et 
k lieutenant Cor lier, sera certainement fructueux. Le plan adopté leur permettra de se 
joindre astronomiquement le plus souvent possible par-dessus la frontière algéro-s<mda- 
nai^e et de faire concorder leurs observations. 

Mission Louis Gentil. — De Casablanca, 24 septembre, sont parvenus au président de 
la Société, M. le docteur Ifamy, les nouvelles suivantes de M. Louis Gentil : 

« Ua mission au Maroc se poursuit sans difticultés. Grûce à l'extrême bienveillance du 
irrnéral dWniade, à Tobligeant accueil de ses officiers, j'ai pu parcourir déjà en grande 
fiartie la Cbaouïa, sortant même des limites de la zone pacifiée chaque fois que les cir* 
constantes et les relations indigènes me le permettaient avec des garanties suffisantes 
de sécurité. 

•' Je suis très satisfait de mes observations, car elles m'apportent soit des faits nou- 
veaux trt's intéressants pour la géologie et la géographie du Maroc, soit la confirmation 
•le mes observations antérieures. C'est ainsi que j'ai pu suivre, dans le pays plat qui 
< oostitue la Chaoula, des vestiges très nets de la chaîne primaire, armoricaine ou varis* 
que, qui apparaît plus au sud notamment dans le Haut Atlas et la plaine de Marrakeck. 
Le démantellement de cette chaîne a abouti à la formation d'une pénéplaine sur laquelle 
«»*• Mmi déposés, en couches demeurées horizontales, les sédiments secondaires et ter- 
liaiie*». Et depuis cette époque reculée la région n'a subi que des oscillations tanl«>t 
nt'*icative«i, tantôt positives, qui l'ont immergée, puis porté successivement à des hauteurs 
dilTérentes les depuis miocènes et pliocènes. 

•• 1^ A sont bornés les mouvements du sol de la Chaouïa depuis la fin des temps pri- 
maints; je n'ai encore vu, nulle pari, les traces de plissements secondaires ou tertiaires. 

•• Au iK>inl de vue strat {graphique, la découverte d'un Carbonifère et peut être d'un 
héfonien très fossilifères niart|uant l'une dos étapes de la géologie niaroraine. 

» Il résulte de ces observations que le pays oITre, au point de vue de la «♦'•okMaphie 
ph>Mque, le plus vif intérêt. Ht l'étude de la formation de la pénéplaine primaire, - avec 
sf's témoins saillants, ses « Sokhrat « (fui témoignent de la résistance offerte à l'éniMon 
par les roches les plus dures, comme les quart/ites siluriens, — a longuement retenu 
mon attention. La région pittoresque des Mdakra m'a ainsi particulièrement intéressé. 

•« J'ai trouvé quelques stations préliistoriques, dont je rapporterai quelques mat«'riaux. 

•• Ilans un autre ordre d'idées, la question des zi»nes agricoles et celle de Thydro- 



418 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

logie du pays ont ('gaiement fait Tobjet de mes recherches. C'est ainsi que Tinterprétatiou 
que j'ai donnée antérieurement de la formation des « tirs» ou terres noires se confirme et 
s^étend à de vastes régions jusqu'à plus de 80 kilomètres des côtes. J'ai acquis la certi- 
tude qu'il fallait renoncer à tout forage artésien à cause de la quasi horizontalité des 
dépôls secondaires ou tertiaires, susceptibles de renfermer une nappe souterraine. 

<( Par contre, il existe des nappes peu profondes, très importantes, comme celle qui 
se trouve sous la plaine des tirs par exemple. 

« Je vais poursuivre aussi, durant quelques semaines, mes recherches en dehors du 
pays pacifié. Mon but serait de rejoindre Rabat à Mazagan par la Chaouia, car au delà de 
Mtazagan (vei^ le sud) j'ai accumulé, dans mes missions antérieures; de nombreust^s 
observations. • 

Le docteur Wagon, qui s'embarquait, le 8 mai dernier, à destination de la Guint'*e, 
où il a pris la direction de l'Institut vaccinogène de Kindia, nous adressait, le 24 juillet, 
de ce poste des nouvelles de son voyage. 11 n'avait sur son parcours visité que des i>oinU 
connus, étudiés scientitiquement par les offlciers du génie que dirige M. Salesses (che- 
min de fer de Conakry au Niger) et aussi par le D' Gustave Martin, chef de notre mission 
d'étude de la maladie du sommeil. A cette époque de pluies torrentielles les routes sont 
détruites et, d'ailleurs, la présence d'un médecin au poste est particulièrement utile, 
l'hivernage n'étant pas sans danger pour les Européens sous les tropiques. 

M Kindia, sur la ligne ferrée, est un joli coin des contreforts du Fouta Djallon. Ce 
poste est bâti sur un plateau en pente assez rapide, grâce à quoi les eaux s'écoulent avec 
facilité vers deux ruisselets qui l'entourent et convergent en une vallée près de laquelle 
se trouve la gare. Le so argilo-sablonneux est très perméable, en sorte que nous n'avons 
que très peu d'eaux stagnantes, et que les moustiques, cette plaie des pays intertropicaux, 
se font ici très rares. Les mesures d'hygiène prises à Kindia en auront vite fait un séjour 
charmant très désirable et très désiré. A cette époque de l'année, nous avons des minima 
de 18* et des maxima qui parfois ne dépassent pas 23» sans aller au-dessous de 27". Je 
crois que beaucoup de Parisiens pourraient en ce moment envier la clémence de notre 
climat. La végétation s'affirme vigoureuse et splendide. Le colonial, qui a souffert de 
l'aspect désolé des rives sénégalaises, se récrée agréablement les yeux en ce pays acci- 
denté, aux montagnes bizarrement découpées, où s'échappent, de partout, des cascades 
grandioses ou jolies comme un saut d'antilope. 

« Les indigènes, les Soussous, sont d'un caractère doux et facile. Ils viennent à nous 
très volontiers. Chaque matin, j'ai une trentaine de consultants à ma visite. 11 en vient de 
très loin et qui mettent jusqu'à 15 jours pour faire la route. 

« Les postes de l'assistance médicale indigène, créés par M. Roume, constituent bien 
des centres d'attraction et d'influence progressive; la parole du médecin fait loi. C'est 
ainsi que beaucoup d'indigènes, dans un but propitiatoire, déposaient à la porte de leur 
case un vase contenant des petits galets et de l'eau, excellents gîtes à moustiques. Il 
nous a suffi d'indiquer l'inutilité et le danger de cette pratique superstitieuse pour In 
faire disparaître. 

€ La vaccination de nos indigènes constitue un excellent moyen d'extensioâ de notre 
influence. Je ne sais encore ce qu'elle donne exactement, obligé par la force des choses 
de rester Vixé à mon centre; mais j'espère, lorsque j'aurai un aide, faire des tournées qui 
ne manqueront pas d'intérêt. » 

Mission Desplagnes. — Le paquebot Magellan, des Messagiers maritimes, arrivé à 
Bordeaux le 17 octobre, a ramené en France M. le lieutenant Desplagnes qui, chargé 
de mission par le gouvernement général de l'Afrique occidentale française et par la 
Société de Géographie, vient de terminer un voyage de deux années. 

Parti de Conakry en novembre 1906, avec le baron Jean d'Ideville et le docteur Cha- 
gnolleau, le voyageur visita le Fouta Djallon, la haute Guinée, les régions minières du 



ACTES DB LA SOCIÊrÊ DE GÊOGRAPIIIB. 419 

haut Niger el le $4»udan. De celle première parlic da voyage une abondante récoUe de 
•I rament» fut rapportée en France, en sepleiubre 1907, par MM. dMd«*ville el Chagnolleau. 

Pendant ce temps M. Desplagnes continuait son voyage par ks r^^gious que traverse 
1 1 V€>ltA, le l^bi, le Kipirsi et la haute C6te d^Ivoire. Il parrourut ensuite, en compagnie 
•lu docteur B4>urt, de rinslitut Pasteur, en mission d'iHudes pour la maladie du sommeil, 
I*> («oun^umni, le Mossi el le Gourma, longeant les frontières de la Gold Coast anglaise et 
du Togo allemand, puis il rentrait par le Dahomt^y et Cotonou, après un séjour cbei les 
p«>pulation8 primitives de TAltakora 

C est pendant la deuxième partie de cette seconde campagne scientifique que M. Des- 
l'Uinies apprit le malheureux accident de chasse dont M. d'ideville fut victime au cours 
d un sec«>nd voyage qu'il avait entrepris avec M. Duchesne-Fournet. 

De sa mission le lieutenant Desplagnes rapporte de nombreuses collections ethnoera- 
î'Iiiques et des documents géographiques et autres qui seront étudiés avec un véritable 
iiil»^rAl si on juge par la qualité des précédentes recherches de ce voyageur expérimenté. 



I Tilho. — Celte mission de délimitation entre Niger el Tchad, qui a continué la 
mtvsioD Moll, aélé Tobjelde plusieurs notes dans La (iéoi/raphie ei fournira, dans la suite, 
l.i matière d^articles plus étendus. Nous nous contenterons donc de signaler le retour du 
<*4pitaine Tilho, rentré depuis deux mois par L'Afrique en compagnie de MM. Lande- 
roin, ofllcier interprète, ancien membre de la mission Marchand, le lieutenant Mercadier, 
dont la correspondance intéressante el variée se retrouve dans notre bulletin, le sous- 
li«*uteDant Richard de rinlanlerie coloniale el le sergent Brocard, frère de Tadministrateur 
qui fat« au Foula Djallon, le second du docteur Maclaud. — A Tarrivée de ces voyageurs 
M. Schrader, président de la Commission centrale, a pu leur souhaiter la bienvenue au 
nt»ro de la .Société de Géographie et aussi les féliciter de la tâche accomplie. 

Les autres membres de la mission Tilho, encore en Afrique et qui comptent rentrer 
par 7.inder à la fin de celte année, sont MM. le lieutenant de vaisseau Audoin, second de 
1) mission, les lieutenants Ijiuzanne et VIgnon, le géologue Garde, le docteur Guillard, 
!♦•< Mius-offlciers Thibaut, sergent- major, Treille, sergent, Schneider, maréchal des logis, 
auifti que le caporal Porcon. Tous ont droit h nos remerciements. La Oeographir du 
l!> octobre dernier contient un premier aperçu des travaux entrepris par chacun d'eux '. 

Parmi ceux de nos collègues qui sont récemment partis pour l'Afrique et dont il n'a 
pa^ Hé fait mention jusqu'ici, quelques-uns nous ont annoncé leur départ. Ainsi M. Dela- 
f*'HSe, administrateur des Colonies, qui s>sl rendu à Bingerville, auprès de M. Angoul- 
vADt, lieutenant souverneurde la Côte d'Ivoire, MM. le capitaine Faure et l'ingénieur Bastet, 
• ♦* d<*mierancien membre de la mission Lenfant, qui se sont dirigés vers le territoire du 
Trhad. 

\j^ capitaine Périquet, second de cette mission, dont on n'a pas oublié les excellenl> 
If'tt^s |ias**s sur un réseau astronomique, est reparti pour le Congo en même temps que la 
(ni<h%ion géodésique et forestière, organisée par la Société de Géographie, se rendant à la 
< '«le d'Ivoin*. 



Les nouvelles qui nous sont parvenu*'< d'.Asie pendant les vacances ont trait plus 
^|>«^<ial«*ment aux missions Pelliol, dOllone, Sven Hedin et aux voyages de .Mme Massieu, 
d«* M. Toussaint et de M. t^ervaisCourlellemont. 



PtlUoi. — De M. Paul Pelliol nous avons publié, dans le numéro de juin, la 
l-ttre qu il nous adressait de Cha-ts'iuanlse le 3 février. Dans un post-scriptum il annon- 
•ut l'arrivée de sa mission à Touen-houang. 11 v«*nail de faire une première visite aux 

i. XVIll, D* (, p. 263. 



420 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

« Grottes des mille Bouddha » et il estimait qu'il au l'ait bien là pour un mois de travail. 
D'autres sites non moins importants restaient à reconnaître. Son attente n'a pas été dérue 
et les fouilles fructueuses qu'il a accomplies dans la dernière partie de son exploration 
justifieront dans la plus large mesure la confiance mise en lui. Bien que nous n'ayons pas 
reçu directement de nouvelles récentes de M. Pelliot, nous savons le cas fait de ses décou- 
vertes par les spécialistes. D'autre part, le commandant d'OUone, qui a fait sa jonction 
avec la mission Pelliot, nous a télégraphié cet événement, puis nous a écrit de Leàngtcheou 
le 9 juillet : « Pelliot et ses compagnons sont en excellente santé. Nous n'avons pas vu 
le docteur Vaillant, qui va h Sining par une autre route. Pelliot est enchanté des résultats 
obtenus, surtout de sa dernière trouvaille à Touen-houang, où il passait cependant après 
Stein et où il a découvert une merveilleuse bibliothèque ouigour, sanscrite, tibétaine, etc., 
cachée depuis le .\i<^ siècle. Et son photographe a pris des photographies admirables des 
peintures murales. Pelliot revient à Pékin par la grande route de Singan-fou afin de pho- 
tographier les bas et hauts reliefs de Pin-tcheou. Il restera à Pékin jusqu'au milieu de 
1909. » 

Mission d'OUone. — La Géographie a publié avec cartes h Tappui le voyage de la mission 
d'Ollone de Yun-nan-sen à Tcheng-tou* et les deux documents relatifs à son exploration 
du nord-est du Tibet. Nous ne reviendrons pas sur la traversée des pays des Sifans 
indépendants ni sur les événement» de Labran, dont le lieutenant Lepage et le maréchal 
des logis de Boyve faillirent être victimes; mais il faut féliciter nos collègues d'avoir 
échappé à ce danger et, par une nouvelle exploration, complété les résultats géogra- 
phiques et autres qui marquèrent la traversée du pays lolo et la première partie du 
voyage. Le capitaine d'Ollone, que le grade de commandant a récompensé des premiers 
résultats de sa mission au moment où il nous annonçait sa jonction avec M. Pelliot, ne 
se rendit pas directement à Pékin avec ses collaborateurs. Sa lettre, datée de Tchong-oueî 
le 10 juillet, prévenait la Société que MM. de Fleurelle et de Boyve partiraient en avant 
et seraient à Paris dans le courant d'octobfe. 

Effectivement MM. de Fleurelle et de Boyve nous sont revenus à la fin d'octobre, à 
quelques jours d'intervalle, et nous devons ici exprimer notre gratitude h M. le ministre de 
la Guerre qui a bien voulu envoyer le maréchal des logis de Boyve à Saumur comme 
élève officier. M. le ministre des Affaires étrangères nous a informé, d'autre part, que 
M. le commandant d'Ollone venait de quitter Pékin le 22 octobre pour se rendre à 
Hankeou, puis Changhaï et de là en Indo-Chine et à Batavia. 

Ces renseignements sont complétés par une lettre du chef de mission, datée de Pékin le 
28 septembre dernier. Dans cette lettre il annonce qu'après le départ de ses officiers, il 
est allé visiter le roi Mongol d'Alachan et qu'il a effectué des fouilles entre le Hoang-ho 
et les monts llolan-chan, dont les archéologues seront à même de juger les résultats 
(poteries, monnaies, débris d'armes, tombeaux, etc.). Après une descente d'une partie du 
lloang-ho, entre San Sao Ho et Hokeou, il a visité les merveilleuses grottes de Yong-kang, 
près Tatong-fou, étudiées par M. Chavannes. Il a terminé par une visite au Dalaï Lama à 
Outaichan, lequel l'a fort bien reçu au milieu de ses préparatifs de départ pour Pékin. 

Dans cette ville, le commandant à retrouvé M. Lepage qui a commencé le travail de 
déchiffrement d'une partie des documents. 

Sven Hedin et le voyage de Mme Hassieu. — De la nouvelle exploration du Dr Sven 
Hedin nous ne parlerions pas ici, La Géographie d'octobre * ayant déjà résumé les princi- 
paux résultats du voyage, si les renseignements qui s'y rapportent ne nous étaient 
adressés des confins du Tibet par une Française qui les a recueillis de la bouche même 
de l'explorateur. 

1. XVH, 6, 15 juin 1908. 

2. T. XVlll, 1908, p. 249-252. 



AGTB8 DB LA SOGlftTÉ DE GÉOGRAPHIE. 421 

Min<^ Massieu, dont personne n*a oublié la traversée des ÉlaU Shuns, effectuée au 
« (»urs d*un voyage de quinie mois (1896-97), visite, depuis le milieu d août, Tlnde et le 
.\<^pal. l'ne lettre, f]u*ellc nous adressait de Sarahan, le 14 septembre, nous donne, d'une 
plume alerte, les renseignements suivants sur son trajet et sur la rencontre quVIIe fU du 
f.imeux voyageur suédois. 

- Je ne reviens pas du Tibet, m*en étant arrêtée à cinq étapes de distance et ne Taisant 
d«* rt* cdté qu*uDe simple excursion de trois semaines. J*al remonté la vallée du Satledj 
•|tti s*est creusé une des plus profondes coupures qu on puisse voir. Les effets de profon-- 
df*ar et de hauteur sont stupéfiants de la tumultueuse rivière aux grands sommets du 
TibeL 

• Cest par cette route que j*ai rencontré Sven Hedin, le 7 septembre. Nous avons eu la 
4 liane o de nous rencontrer à Télape. Il est enchanté do son voyage et dit que jamais il 
n'.i obtenu plus de résultats. Une grande chaîne plus massive, plus importante, aux 
crands pics pr^s, que l'Himalaya et qu'il veut appeler Transhimalaya ; étude du r«>lief et 
d«* la s^rie des lacs qui s'étendent du Tengri Norau lac sacré de Manasarowar et dontplu- 
Meurs étaient inconnus. Il m*a fait voir tout cela sur carte — une carte blanche remplie 
par lui de Chigatzé à (nirlok. Véritables sources du Brahmapoutre et de Tlndus trouvées. 
haos ce voyage en zigzag, sept fois traversé le Brahmapoutre avec son bateau. Lne pointe 
dans le Népal. > 

«Vest au Népal que comptait se rendre Mme Massieu après son retour h. Simia. Son 
Ti»yage dans ce pays indépendant ne devait être que de quelques semaines. Elle espérait 
••tre au Sikkim vers le 15 octobre puis entreprendre sa tournée. On sait qu«* le Népal 
renferme les grands géants de THimalaya, notamment le Gaourisankar, le rui des monts, 
dont la rime atteint 8 8iO mètres. 

▼oyageda M. Gerrais-Coartallemont. — r/est de Médino, le 31 août, que nous écrivait 
II. (•<-rvais-t«ourtellemont. Il a pu visiter cette ville sainte, faire un certain nombre de 
t'ht»togniphies en noir et en couleur de la mosquée du tombeau du Prophète, de la chaire 
•Ml Mahomet prérha. La température était tn'^s élevée, 43<^ ù Tombre; mais on peut 
< ompter que Tartiste qu*est M. (lervaisCourtellemont aura su sauvegarder ses plaques 
aulo«*hroiiies et nous réserver de merveilleux eiïets. On accède à Médine par le chemin 
d«* f#»r. Ainsi le rail lravei*se le désert de TArabie Pétrée et par cette voie le progrès scien- 
tilique pénétrera. Le tombeau du Prophète était éclairé à la lumière électrique* le 
J«) avnl, jour de Tarrivée de M. (lervais-Courtellemont. 

Tojage de M. G.-Ch. Tonitaint aa lac Pang-Kong. — Sur ce voyage, M. Henri Cordier, 
d** rinstilut, a bien voulu nous adresser la note suivante : 

Parti de Tananarivo le 13 juin 1907, M. Gustave-tiharles Toussaint gagnait Tlnde et 
>rinagar, d*où, le 27 juillet, il se mettait en route pour le Ladag. 

Entre Tashgan et Kargil, il observait divers dessins rupestres, analogues à ceux déjà 
d*> riU par Francke dans Vlntiian Antiquary vol. XXXl, pp. 398 ss.!, mais présentant 
il«*4 suj«*ts nouveaux, notamment un personnage en palanquin. A Leh, il recueillait des 
ir-xt*^ tibétains, dont le tome vingt-huitième du Mdo et un hymne a la déesse Sgrolma, 
rt il assistait à Shé à une fête de rite an té-bouddhique célébrée chaque année au temps 
d«* la moisson. Il se dirigeait alors, en visitant les lamaseries rouges de la région, vers 
Tank^ et le Pang-Kong-Tso. Après avoir suivi la rive méridionale du lac jusqu*â Shushol, 
li rei- on naissait le 25 août, au nord-est de ce village, la frontière du territoir«* de Rudok, 
puis revenait à Tanksé par le Kongla-La et la vallée Burma, dont la faune variée montre 
toar à tour Thémione, la marmotte et la panthère des neiges. A Tentrée de Tanksé, le 
vtivatft'ur relevait sur un rocher une inscription nestorienne, non encore signalée, 
ar« oropaienéf* de cn»ix caractéristiques et paraissant de langue ouigour. 

ll«*gaKnant ensuite Kargil, M. Toussaint remontait la rivière de .^uru et, durant plus 
d'une journée de marche, rencontrait encore des dessins rupestres, nombreux surtout 



422 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

avant Tsalishkut. Il remarquait dans le dialecte tibétain de Suru la persistance de la pro- 
nonciation de lettres initiales qui ne se prononcent plus au f^adak. Poar rejoindre 
ensuite la vallée de Wardwan, il laissait sur sa gauche la passe Bhot-Kol et franchissait 
le col Panisal, passage difflcile où il perdait un cheval. Le 14 septembre, il atteignait 
Islamabad. 

Enfin, avant de rallier Paris, il se rendait en Birmanie, et voyait à Mogok, «connu par 
ses mines de rubis, des mdtitagnards Palaung et Licho de la contrée environnante. 

Le pétrole an Mexique. — Le comt^ de Pottier, vice-consul de France à Tampico, a 
adressé sur ce sujet, le 15 août, un intéressait rapport à M. le ministre des Affaires étran- 
gères que nous remercions de cette communication. 

Le sous-sol mexicain est maintenant sondé en vue de l'exploitation du pétrole par 
plusieurs compagnies dont Tune est la société Pearson and Sons. Les sources déjà trouvées 
par cette compagnie sont situées dans six cantons différents de Tétat de Vera Cruz et 
les travaux se poursuivent dans les états de Tabasco et de Tamaulipas. Entre Tampico 
et Tuxpam différents puits très abondants ont été creusés; mais un incendie vient 
d'éclater dans une nouvelle source qu'on mettait à jour, dite Dos Bocas, non loin du 
confluent du Tamesi et du Panaco. Le pays est pittoresque mais peu habitable; sur la 
lagune, hérons, canards, pélicans abondent; entre la lagune et la mer une bande de 
terre basse, terminée par quelques monticules boisés, est fréquentée par les tigres. Des 
travaux importants vont transformer la navigation sur ces nappes et rivières et per- 
mettra Tusage de petits vapeurs. En deçà de la lagune la plaine nourrit de nombreux 
troupeaux de bétail. C'est dans ce pays que s'étendent les ravages de l'incendie, qui 
consomme, dit-on, mille barils de pétrole par jour et se voit à 80 milles en mer. Do 
craint que le feu ne gagne la lagune, ce qui augmenterait le désastre contre lequel le 
gouvernement fédéral et la compagnie luttent énergiquement. De l'autre côté du Panaco. 
à environ 50 kilomètres de Tampico et sur la ligne du chemin de fer qui va à San- 
Luis-Potosi, se trouve un autre établissement, la pétrolerie d'El-Ebano. Toutes les terres 
pétrolifères sont situées dans les parties basses du pays, près des côtes. D'autres exploita- 
tions s'organisèrent dans l'État de Vera Cruz, dans l'État de Chiapas, ou encore dans 
celui de Chinahua et en basse Californie. 

Sitaation économique de Saint-Domingue. — De curieuses indications nous sont 
envoyées de Santo-Domingo le 15 septembre 1908, sur les ressources de ce pays. Il 
n'existe sur le territoire dominicain, dont la superficie est de 60 000 kilomètres carrés et 
la. population de 600 000 âmes, que deux tronçons du chemin de fer, l'un de 82 kilo- 
mètres desservant Sanchez, La Vega et San Francisco de Macoris, l'autre de 86 kilomètres 
unissant Puerto-Plata à Santiago. Un petit tronçon de Santiago à Moca e.st en construc- 
tion. Les ponts sont à faire; les chutes d'eau restent inutilisées. Et cependant les res- 
sources ne sont pas négligeables. 

A l'exportation, en 1907, la canne à sucre ligure pour 54 000 tonnes. Le cacao a produit 
plus de 22 millions de livres, le tabac 21 802 982 livres et pourrait se développer beau- 
coup plus, le café 3 376 970. Les bananes, exportées cette même année 1907. représentent 
seulement 640 000 régimes. Sur les ressources minières, notre correspondant est beau- 
coup moins précis et s'il est vrai que le sol dominicain contient des traces d'or, de 
cuivre, de nickel, de chrome, de fer, de sel gemme et de pétrole, ce ne sont là que de 
simples indications. 

Nous reviendrons ultérieurement sur les travaux accomplis en Patagonie et dans le 
détroit de Magellan par le capitaine de frégate de la marine chilienne. I. Gajardo, d*aprè§ 
une lettlre qu'il nous écrivait de Valparaiso le 10 août dernier en nous envoyant le tomo 
XXV de l'Annuaire hydrographique du Chili. Nous remettons, d'ailleurs, à l'un des pro- 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÊOGHAPHIE. 4i3 

< liainii numéros de La OéoQraphic la présentation de plusieurs publications* caries et 
Inres, ofTerts par les auteurs à la bibliothèque do notre Société. 

Régions polaires. — O n*est que pour mémoire que nous rappelons ici lo départ de la 
deuxième expédition Charoot vers les régions antarctiques, et le retour de Texpédition 
Knchsen qui acheva Texploration du (irônland, ces deux missions étant Tobjet de 
plusieurs notes ou articles dans le bulletin. Toutefois nous |K>uvons annoncer que, si les 
projets du docteur Jean Charcot se réalisent, il quittera Punta Arenos le 23 de ce mois 
pour entreprendre, dans la direction de la Terre I.oubet, découverte par lui, une explora- 
tit»n pour laquelle il s'est pourvu de trois traîneaux à pétrole. Nou^i formons des virux 
pour l«* succès de cette entreprise scientifique française à laquelle notre collègue, son 
»-tat-major et son équipage, composé d'une vingtaine de marins éprouvt'*s, consiicreront 
l^ur mdle énergie. 

Si incomplète que soit cette revue des voyages, dont la correspondance de ces derniers 
mois relate les étapes, les péripéties et les résultats, elle atteste cependant que l'activité 
«!•• DOS compatriotes, loin de se ralentir, reçoit une impulsion nouvelle. En Asie notre 
«*(Tort a ét4^ particulièrement fructueux dans le domaine scientifique. 

lalomuiUoiis. — A cdté de l'exploration et des missions scientifiques, les voyages 
ittirenl de plus en plus les Français. Pour s'en rendre compte, il suffit de feuilleter les 
pr«>speclus qui nous parviennent de différents côtés et qui spécifient les conditions dans 
li-!M|uelles doivent s'elTectuer des tournées de touristes qui ne sont plus de simples pro- 
menades d*amateurs. Plusieurs de nos collègues nous ayant demandé de les renseigner 
^ur ces sortes dVntreprises. nous fournirons, au sujet des plus récentes, quelques détails 
à titre de simples indications. 

L Agence Luhin a organisé un grand voyage d'hiver aux Indes, h Oylan et en Birmanie 
qui doit durer du 6 novembre 1908 au 5 mars 1909. Tn autre voyage doit comprendre 
une croisière en Orient dont les grandes lignes seraient : Marseille, Alexandrie et une 
t-x< ursion aux Pyramides, JalTa, Jérusalem, excursion à Jéricho, la mer Morte, le mont 
^ijrmel, Naxarelh, Tibériade, Beyrouth, Damas, Balbeck, Beyrouth et retour à Marseille 
avfc escales à Chypre et à Malte. 

Lt$ Voyatjes (CEludes, organisés sous la direction de M. A. Ponsit^non, nous signalent 
"ifalemenl pour cet hiver deux excursions au continent noir, l/une, partant de Mai-seille, 
' <*mprendra r.Vbyssinie, le Soudan et l'Egypte; l'autre visitera h* Sénégal, le haut Nieer 
**l la Guinée française. 

LeSymdicat méditerranéen de propatjaMie et d^ hivernage organise, de son côté, des voyages 
l»ériodiques en Méditerranée : i^.ùte d'Azur, Corse, Algérie, Tunisie, Maroe. 

l>s entreprises, qui [paraissent s'inspirer, dans une certaine mesure, de l'organisation 
idoptée par la Revue tjénérak des Sciences, dont les croi^^ières offrent le double avantage 
d un délassement et d'un enseignement, sont en elles-mêmes, si elles >ont bien c<m- 
duites, des tentatives intéressantes et dignes d'être encourat^ées. Sans prétendre engager 
**n quoi que ce soit la responsabilité de la Société de (téoi^raphie, nous ne pouvons qu • 
^luhaiter le succès d'essais qui peuvent contribuer à développer le goût des voyag« s. 
t^ailleurs, le fait seul que de tels programmes s'élaborent témoigne de Tattrait croi^- 
sant qu'exercent .sur le public français les promenades lointain«'s et parliculièremetit 
dan.H les contrées qui forment noire domaine colonial ou sur lesquelle> sVlend raclion 
d«* notre pays. 



L'eMeignement pratique delà géographie scolaire par croquis simplifié, pir M. U 
otpttaitfe Parlier. — .\près .s'être défendu d'être un savant et d'avoir fait un»» «lécouvert* 
•^nsalionnelle, le capitaine Parlier, professeur à l'Ècide «rarlilleri»* et du k'»'nie d** Ver- 



424 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

sailles, qui s'exprime d'une voix forte avec beaucoup de clarté, affirme qu'il n*a d'autre 
dessein que d'aider, par l'enseignement, à la diffusion des connaissances géographiques. 
C'est sans aucun doute par la carte que ces connaissances se précisent et prennent toute 
valeur. Aussi tracer rapidement et commodément un croquis suffisamment exact devit^nt 
une des exigences de l'enseignement pratique de la géographie. 

Les principes généraux. — Toutefois, l'enseignement par la carte, partout préconisé, 
n'a pas de technique qui lui soit appropriée; il est même loin d'être précisé dans son 
objet essentiel. La première raison est dans la difficulté de généraliser la forme des 
lignes reconnues les plus nécessaires, la seconde dans les moyens graphiques d'en 
assurer la très rapide reproduction. 

Le doubje problème technique pédagogique qui s'impose est donc : 
1° La généralisation ou simplification des lignes géographiques arrêtées à un certain 
ensemble essentiellement caractéristique de la structure générale du globe. 

20 L'établissement des proportions nécessaires à la mise en place générale du croquis 
de chaque contrée ainsi que des règles méthodiques conduisant à l'achèvement complet 
du tracé, en se proposant d'aider et de guider l'élève tout en lui laissant le maximum de 
liberté d'action. 

Simplification des lignes. — Cette première étude, qui permet de saisir les ensembles, 
les grandes directions caractéristiques des lignes, relève surtout de l'observation 
visuelle. Mais on ne saurait la borner à l'examen purement superficiel du sol eu se 
désintéressant de sa structure profonde. 

La forme abrégée de la carte, pour être sa forme essentielle, devant relever directement 
de la structure physique des contrées qu'elle représente, c'est à cette structure qu'il 
convient d'abord de s'intéresser. 

Dessin général de Vécorcc terrestre. — Ce qui frappe au premier abord, lorsqu'on 
regarde un planisphère mondial, c'est le vigoureux et simple dessin de ses grands traits 
attestant, en cela, la puissance des dislocations qui leur ont donné naissance. 

Le relief extérieur du globe porte, en effet, l'empreinte grandiose de mouvements 
{généraux du sol manifestés par des soulèvements montagneux et des effondrements 
d'ensemble de très grande amplitude. 

Ce relief n'est pas immuable; on sait aujourd'hui qu'il évolue, et que son évolution est 
marquée dans le passé par de très notables déformations de l'écorce. 

L'étude rationnelle de la carte implique donc la connaissance des notions élémentaires 
qui permettent de suivre cette évolution et de comprendre les hypothèses générales 
auxquelles on la rattache. 

Cette élude ne saurait exclusivement porter sur la carte physique si précieuse pour 
fixer les formes superficielles du sol. On la doit compléter par les données géologiques 
relatives à la constitution des terrains aussi bien en surface qu'en profondeur. 

Et c'est grâce à ces deux ordres d'informations, l'information topographique et l'infor- 
mation géologique, s'éclairant et se complétant mutuellement, que les savants ont pu 
entreprendre l'histoire de la terre, édifiant en peu d'années une science, tardivement 
apparue peut-être, mais aujourd'hui prodigieusement en progrès, la tectonique. 

La tectonique, — Cette science coordonne l'œuvre accomplie à la surface de la terre au 
cours des périodes géologiques, et qui consiste en plissements et affaissements multiples. 

Ce vaste ensemble de plissements et d'affaissements, aux proportions grandioses, se 
poursuivant parfois d'un seul trait sur toute une circonférence terrestre, ne suffit-il pas à 
démontrer la très grande unité du relief mondial? 

Cette disposition des formes extérieures de la terre, si simple et si franchement accusée 
dans ses lignes très générales, n'était-elle pas précieuse à relever pour rinterprélation à 
grands traits de sa structure 1 

Mais c'est surtout dans une section de chaîne de montagnes jeune que l'on trouvera ce 
dessin très accusé de longues et profondes dépressions longitudinales correspondant aux 
sillons creux ou synclinaux des grands plissements orogéniques ainsi que les fractures 



ACTES DE LA S0aÉT6 DE GÉOGRAPHIE. i» 

trmDsrersdes qui les coupent souvent normalement à leur direction générale, et cela, aux 
points principaux d'incurvation de la chaîne. 

Application de ces principes à la France. — Sous le bénéfice de ces considérations, on 
verra, assure l'orateur, qu'il est facile d'efTectuer le tracé d'une région dont les lignes 
obéissent à des directions très difficiles à bien établir & cause de Téqui libre général de 
la forme. 

La région française, en effet, en raison de la symétrie relative de ses lignes littorales 
atlantiques d'une part, et, d'autre part, de la vallée du Rhin, prolongée au sud par le 
faite principal des Alpes, prend une physionomie générale dont on ne saurait altérer le 
caractère. Lu proportion devra donc être rigidement observée. La construction graphique 
du croquis sera, dans ce cas, la grosse difficulté en raison de la très grande précision 
que va nécessiter l'établissement des repères généraux. Cependant la base de départ, le 
cadre initial qui est le tout de la construction, va se réduire — à cause même de la dispo- 
sition très heurtée et très continûment rectiligne des vallées ou des lignes entières — à 
une figure toute simple et de construction presque enfantine. 

Et, en effet, si nous jetons les yeux sur une carte de France et si nous procédons par 
alignements, nous remarquons que les alignements les plus étendus et en même temps 
les plus propres à permettre le raccordement des linéaments rectilignes secondaires beau- 
coup plus nombreux ressortent très nettement sur la carte. 

Le plus étendu est l'alignement général constitué par le sillon Saône-Rhône, de Chalon 
à la mer, prolongé au nord par la section de la Meuse de Mézières à Namur et arrêté enfin 
au point d'intersection du littoral de la mer du Nord et du bas Rhin. 

Comme alignement isolé, cet alignement est déjà par lui-même fort important. Le seul 
fait de l'observer permet déjà d'équilibrer bien des points du croquis. Ainsi il passe parla 
source de la Seine, et, d'autre part, il est l'origine graphique de la ligne faîtière du plateau 
de Langres, tandis que Taxe de la Loire, de Cosne à l'embouchure du fleuve, vient y con- 
verger par son prolongement. 

Enfin la section du Rhin moyen (BAle-Mayence) à Test, le cap Griz-Nez et la pointe occi- 
dentale de la Bretagne au nord et au nord-ouest, la courbe très adoucie du littoral atlan- 
tique" 'de TAdour à la Loire) à l'ouest et au sud, la lisière nord des Pyrénées, prolongée 
virtuellement à l'Est jusqu'à la presqu'île de Giens, et à l'ouest par le littoral espagnol du 
golfe de Gascogne si continûment rectiligne, tels sont, avec le coude du Rhône à Marti- 
^ny, les lignes et points dominants du tracé. 

Conconiafiof graphique des points du tracé général. — Comment assurer leur concordance 
graphique? Ce ne saurait être là une raison de pure sympathie. 

Cette concordance est conditionnée par la disposition même de ces lignes directrices. 

En effet, le sillon de la Loire de Cosne à Nantes, le sillon Saône-Rhône (de Chalon à la 
mer), la lisière nord des Pyrénées prolongée par la dépression de l'Aude inférieure, et la 
côte atlantique française au sud de la Loire déterminent par leur ensemble un carré 
construit sur une ligne horizontale, choisie elle-même arbitrairement comme ligne unité 
du dessin que Ton se propose de construire suivant les dimensions plus ou moins grandes 
qu on veut lui donner. 

Cùnclusion. — Une telle méthode où le cadre gt^néral, carré ou triangle, s'obtenant 
pour tout croquis par des rapports ne faisant appel qu'à la construction d'une perpendicu- 
laire, de longueurs moitié ou tiers d'une longueur donnée, et ne faisant appel en outre 
qu'à des parallélismes ou à des convergences, ne saurait être taxée de difficile. 

Elle a été appliquée pendant sept ans à Técole de Versailles, ou tous les élèves officiers 
ont franchi tous les obstacles cartographiques sans aucune chute (qu'il s agisse d'un con- 
tinent ou d'une contrée). Bien des écoles primaires Font expérimentée, aussi depuis, avec 
succès. Frédéric Lemoi.nb. 

La supériorité de la méthode du capitaine Parlier sur celles qui l'ont précédée réside 
en ce lait qu*il a appuyé sa théorie sur une base rationnelle et pour en revenir à l'appré* 
U 0«ooaAraii. - T. XVtlI. lOUS. 28 



426 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

ciation si juste du grand savant que fut M. de Lapparent : « Sa méthode repose sur la 
substitution, aux contours réels, de tracés rectilignes dont les éléments offrent entre eux, 
au double point de vue de la longueur et de l'inclinaison naturelle, des rapports très 
simples. Mais cette substitution, au lieu d*étre arbitraire, s*appuie sur une étude appro- 
fondie de Torogénie, de sorte que, loin de défigurer l'hydrographie terrestre, elle fait 
ressortir, au contraire, d'une manière parfois tout à fait frappante, les grands traits des 
dislocations auquelles notre planète doit les formes de sa surface. » Pour concevoir cette 
méthode et l'adapter aux besoins de l'enseignement il fallait des connaissances étendues. 
M. le capitaine Parlier, qui est un convaincu, a fait œuvre scieuUnqûe; c'est à ce titre 
qu'il a su retenir l'attention de la commission des prix qui, en avril dernier, lui décernait 
la médaille d'argent du prix Charles Grad. 



Les Mascareignes, la Réanion, Tile Maurice, par M. Eugène Gallois, — Perdu dans 
un coin de l'océan Indien, vers le 20*> de Lat. S., situé en dehors des grandes routes 
mondiales et par conséquent rarement visité, tel est le groupe des Mascareignes. 

Les Mascareignes doivent leur nom à un hardi marin, le Portugais Don Pedro de Masca- 
renhas, lequel les révéla au monde au début du \vi^ siècle. Son nom est resté à ces lies 
sœurs, qui se disputent le surnom de « perles de l'océan Indien ». 

Elles furent bien aperçues ou même visitées après, par d'autres marins, mais ce furent les 
Hollandais qui les premiers s'y installèrent. Il est vrai qu'ils devaient nous céder la place 
au wir siècle, et depuis lors ces lies restèrent françaises jusqu'au début du xix* siècle, 
en ce qui touche l'île Maurice, puisqu'elle fût attribuée à l'Angleterre par les traités de 
1815, alors que l'ancienne île Bourbon, la Réunion, tombée également au pouvoir des 
Anglais, nous était restituée. 

La colonisation française se porta d'abord vers la plus importante, la Réunion, que 
Ton s'efforça de mettre en valeur. Des gouverneurs habiles s'y succédèrent : Pronis, de 
Flacourt, Jacob de La Haye, Mahé de La Bourdonnais surtout. 

Après les époques troublées du début du \i\^ siècle, le calme ramena la prospérité, 
puis vint l'abolition de l'esclavage, en 1848; enfln les habitants de la Réunion furent assi- 
milés aux citoyens français delà métropole; ils devinrent électeurs. 

Aapcct géographique de file de la Réunion. — Géographiquement, l'île de la Réunion est 
une terre haute et fort pittoresque, de constitution volcanique. Vaste de plus de 2 600 kilo- 
mètres carrés, elle est longue d'environ 70 kilomètres sur 50 et offre un pourtour d'au 
moins 230 kilomètres. Elle présente un aspect curieux avec son massif central de mon- 
tagnes, dont certaines dépassent 2 000, 2 500 et même 3 000 mètres, comme le fameux 
i< Piton des Neiges », ainsi désigné parce qu'il se couvre parfois, à la saison froide, d'un 
peu de givre plus que de neige, et qu'on y trouve de la glace. Ce massif central offre ceci 
de bizarre, c'est qu'il est comme craquelé, fendillé, et qu'il constitue une série de pla- 
teaux (plaine des Cafres, plaine des Palmistes) et surtout des cirques, plus originaux les 
uns que les autres (cirque de Cilaos, cirque de Salazie, cirque de Mafatte), pour ne citer 
que les principaux. De ces hauteurs, aux aspects grandioses et parfois étranges, s'échap- 
pent des torrents qui se sont creusé leur lit dans la masse, passant par des gorges sévères, 
resserrées, coulant entre des escarpements rocheux imposants, offrant des sites sauvages 
qui évoquent le souvenir de certains paysages alpestres ou pyrénéens; car c'est par ces 
voies naturelles qu'il a fallu que l'homme se faufile et grimpe pour atteindre les hauteurs. 
Parfois on traverse jusqu'à dix-huit reprises le torrent, comme pour atteindre Mafatte, 
où l'on gravit de véritables escaliers, comme pour se hisser à Cilaos; mais il est vrai que 
par ailleurs on peut suivre des routes, telle celle de Salazie. 

Bref, l'île est pittoresque avec des beautés naturelles de toutes sortes : falaises, 
grottes, cascades, etc., que font ressortir de belles projections photographiques. 



ACTBS DB LA SOCIÉTÉ DB GÉOGRAPHIE. in 

L'Ile de la Réunion possède un port creusé de main d*homnie, sur une pointe de terre, 
dite la pointe des Galets; malheureusement il est peu facile d*accès, au dire des marins. 
cl plutAt incommode, nécessitant des manœuvres fort délicates et parfois dangeri'uses 
pour les navires d*un certain tonnage; c*cst ainsi que les paquebots dos Messageries 
maritimes manquent souvent de 8*échouer et ont de grandes difflcullés pour virer de bord. 
Le bassin est également trop exigu, vu la dimension des bateaux modernes qui le fré- 
quentent. Un peu au sud se présente la baie sûre de Saint-Paul, au fond de laquelle on 
aurait pu, sans doute, utiliser une sorte d*étang tout voisin du littoral, pour y créer un 
port dont rétablissement eût été moins onéreux que colui de la pointe des (lalets. Mais 
des considérations dordrcs divers militaient pour le premier choix. 

Le port de la pointe des Galets se trouvant à plus de cinq lieues de la capitale de 
rUe, Saint- Denis, qu*il fallait desservir, on s*esl vu dans la nt'^cessité de construire une 
ligne ferrée et dans de mauvaises conditions, car le tracé est presque tout entier en 
tunnel, vu la configuration du littoral. On a aussi prolongé cette voie ferrite dans le nord 
et le sud, mais sans lui faire faire le tour complet de Tlle. Elle mesure 127 kilomètres 
au total et a nécessité quelques travaux d*art, mais il est fdcheux quVlle n'atteigne pas 
certaines parties riches et cultivées de TUe comme celles situées au delà des terminus 
Saint-Benoist et Saint-Pierre, seconde ville de TUe, dont le port n*est pas accessible aux 
gros navires. 

Éiai économique, — La situation économique du pays laisse fort à désirer, et quelqut*s 
chiffres le prouvant surabondamment. 

Le commerce général de File est, en effet, tombé au-dessous de 25 millions de francs, 
après avoir dépassé 60 millions. Il est vrai que la crise sucrière est venue, il y u un 
quart de siècle, jeter le désarroi, puisque la production de plus de 150 000 tonnes a baissé 
k moins de 50000 tonnes; les rhums ont suivi le mouvement. Beaucoup d'usines ont 
fermé: nombreuses même sont celles en ruines aujourd'hui, et bien entendu des plan- 
talions de cannes à sucre ont été abandonnées. Néanmoins, il y en aurait encore aujour- 
d'hui une trentaine de milliers d'hectares mis en valeur, auxquels il convient d'ajouter, 
au point de vue agricole, un certain nombre de milliers d'hectares plantés en café, 
manioc, maïs, plantes diverses et (leurs pour la distillation, sans parler de la vanille. Ce 
sont là des sources de profit sur lesquelles il faut souhaiter que Ton puisse fonder quelques 
eupérances. La main-d'œuvre ne comporte pas une quarantaine de milliers de travailleurs 
»ur les 176 000 ou 17N000 habitants de rilc. Les salaires des ouvriers des champs se main 
tiennent autour du prix de 1 fr. 25 à la jtmrnée. 

lie !^auricc, — \ji sœur et voisine l'Ile Maurice est moins vaste et plutôt mo ins pillo 
resque; n'ayant qu'une surface d'environ 1 800 kilomètres carrés et ne possédant que des 
montagnes dont les plus grandes ne dépassent pas un millier de mètres. Par contre, ces 
derni«Tes sont tr«'*s variées et parfois même très originales d'aspect, ainsi se présentent : 
le pic Pointu, surnommé le Pouce; l'étrange dent qui semble porter un rocher en équi- 
libre sur son faite et qui est désignée sous le nom de Peter- Boot, en souvenir d'un gouver- 
neur des Indes néei landaises: le Rempart, aux imposants escarpements et qui, vu sous 
un cerUin angle, rappellerait un peu le Cervin ; les Trois-Mamelles, trois pics bizarrement 
(Troupes; le mont Ory; le Corps- de-Garde; le Pilon de la Rivière-Noire à la fantastique 
silhouette qui passe pour le point culminant de l'ile. A res montagnes isolées ou tenant à 
quf'lque chaînon, il faut ajouter des beautés ou curiosités naturelles, comme des cas- 
cades, et certaines sont fort belles, des grottes, des la* s. anciens cratt'res. Knfin. vers le 
centre de TUe, s'étend encore une assez vaste zone forestière où les chasseurs poursuivent 
le cerf. 

Mais les surfaces cultivées à Maurice sont considérables; il est vrai que erande est la 
densité de la population si l'on compte qu'elle comporte pn-s de 400 0m> habitants, com- 
postas, il faut le reconnaître, pour la majeure partie d'Hindous, que l'administration 
anglaise a attirés dans le pays au mieux de son dt'veloppement. La culture presque exclu- 
sive est la canne à sucre, dont le produit trouve un débouché surtout aux Indes, et son 



428 ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

importance est telle que pour Tannée présente l'exportation sucrière se sera élevée à près 
de 200 000 tonnes. 

Faut-il ajouter que le commerce total de Tlle, dont le budget dépasse 20 millions de 
francs, atteint presque 150 millions de francs. 

Port-Louis, la capitale de Maurice, est une cité de certaine importance, bien située au 
pied de vertes montagnes et munie d'un port naturel, sufGsamment vaste où viennent 
mouiller par an plus d'un millier de navires représentant un tonnage autrement fort que 
celui du port de la Pointe-des-Galets. 

Un petit réseau ferré couvre Tîle en desservant toutes les parties, facilitant les com- 
munications et aidant à la mise en valeur du sol. 

Et cependant dans leur prospérité sous le régime anglais les Mauriciens n'oublient pas 
qu'ils ont été Français, ils s'en vantent même. Ils ont aussi conservé nos mœurs et cou- 
tumes, certains côtés de notre caractère et surtout notre langue. Frédéric Lemoine. 

En remerciant M. Gallois de sa charmante causerie, le président l'a félicité d'être tou- 
jours le globbe-trotter infatigable qui sait se distraire en s'instruisant, puis instruire lui- 
même le public en lui faisant part des résultats de ses pérégrinations. Il ne se contente 
pas, en effet, de communiquer à ses collègues les impressions pittoresques et artistiques 
ressenties, il note les faits économiques, compare l'état de nos colonies à celui des colo- 
nies étrangères, remonte dans le passé et prend à tâche de faire connaître et mieux 
apprécier nos possessions d'outre-mer en dessinant dans l'opinion un courant en leur 
faveur. C'est là ce qui rend attrayantes et utiles les conférences pleines d'humour de 
M. Gallois. 

A propos de l'île de la Réunion, c'est le cas de signaler les deux discours prononcés 
par le gouverneur de l'île, M. Camille Guy, l'un du 8 août à l'ouverture de la session du 
Conseil général, l'autre le 23 du même mois à la distribution des prix du lycée Leconte 
de Lisle. Si le dernier se résume en une saine leçon d'histoire et de patriotisme, le pre- 
mier contient, sur les réductions à opérer sur certains chapitres du budget, des indications 
à retenir. Le service de l'immigration tend à être supprimé, mais celui de l'hygiène et de 
^ l'assistance doit être maintenu et, si c'est possible, élargi; des jardins d'essais seront créés. 
Il reste beaucoup à faire » pour rendre à ce pays, à défaut de son ancienne prospérité, 
son équilibre moral. Ce sera pour le conseil général de la Réunion un grand honneur de 
s'y employer et pour le gouverneur une grande joie de s'associer à cette œuvre de résur- 
rection. » 



Candidats présentés. 

MM. Merlin (Martial-Henry), gouverneur général du Congo français, présenté par MM. le 
baron Hulot et Le Myre de Vilers. 

MÉNÉTRIER (Emile), conseiller du Commerce extérieur, juge au Tribunal de commerce 
de la Seine, présenté par MM. le baron IIulot et F. Sciirader. 

Layeillon (Edmond-Bertrand), officier d'administration, présenté par MM. le général 
Famin et le capitaine Gros. 

Vicié (Georges- Aman), industriel, présenté par MM. le capitaine Gros et Emile Gillet. 

Teisserenc (Ernest), industriel, présenté par MM. le général Famin et le baron Hulot* 

Ehrmann (Léon), directeur des Sociétés forestières, présenté par MM. le baron Hulot 
et le général Famin. 

Glandu (Pierre-Jacques), capitaine d'artillerie coloniale, présenté par MM. le général 
Famin et le capitaine Gros. 

Charignon (A.-J.-H.), ingénieur civil, conseiller technique du ministère des Commu- 
nications chinoises, présenté par MM. E. Tanant et le colonel Valuère. 



ACTBS DE LA SOaÉTÈ DB GÉOGRAPHIE. 4» 

IIM. BcMA (Conrad- W.- Antoine), présenté par MM. le comte Jean de Panob et le baron Hclot. 
Blonokl (Maurice-François), ingénieur des Travaux publics de Tlndo-Chine, présenté 

par MM. le baron Hulot et F. Schradbr. 
Tavbrnier (Antoine-Joseph-Léopold-Henri), lieutenant d*Infanterie coloniale, présenté 

par MM. le baron Hulot et le lieutenant Cortier. 
PoNStONON (André), attaché au ministère des Affaires étrangères, directeur des « Voyages 

d*Études », présenté par MM. le baron Hulot et Maurice Hxm. 
DuCKE (A.}, assistant au Musée d*Ilistoire naturelle de Para, présenté par 

MM. Auguste Ghevauer et le baron Hulot. 
Bell.\nger (François- Louis), président de la Société de propagande coloniale « L^Afri- 

caine », présent*^ par M"^ Kuntz-Follio et M. F. Sciirader. 
BiSNiER (Julien-Serge), lieutenant h Tescadron de cavalerie indigène du Tchad, présent<^ 

par MM. le baron HrLOT et F. Schraoer. 
Fxiull.\tre (Paul), présenté par MM. le baron Hulot et H. Cordier. 
Lb Conte (René), présente^ par MM. Urbain de la Croix et Paul Durandin. 



NÉCROLOGIE 



LB DOCTEUR HAMY 

Le docteur B. Haroy, président de la Société de Géographie, succombait à soixante- 
six ans, le 18 novembre, après une très courte maladie, et sa mort, qui met en deuil notre 
compagnie, a causé partout une douloureuse surprise. 

On sait tout ce que la science doit a Tanthropologiste, à Tethnographe, à Tarchéologue, 
à rhistorien et au géographe qu*il a été à un degré éminent. l/lnstitul et les sociétés 
savantes ont rendu hommage au savoir de cet infatigable chercheur, à ce cerveau puis- 
sant servi par une mémoire impeccable, à ce travailleur acharné dont les productions 
forment une bibliothèque et dont la plume ne s'est jamais ralentie. Membre de TAcadémie 
des Inscriptions et Belles- Lettres et de l'Académie de Médecine, fondateur du Musée du 
Trocadéro, professeur au Muséum, il déploya une activité incessante dans la (Commission 
des missions et dans le Comité des travaux historiques et scientifiques du ministère de 
rinstmction publique, à la présidence de la Société des American istes, dans nombre de 
congrès et au cours de missions à l'étranger comme dans nos colonies de l'Afrique du 
nord. Animé par le patriotisme le plus élevé, il se plaisait à ressusciter les grands explo- 
rateurs d'autrefois, trop souvent ignorés, enrichissant par ses trouvailles le patrimoine 
de gloire de la France, suivant avec passion le travail de reconstitution de notre empire 
colonial, suscitant des vocations, appuyant de son inlluence les voyageurs, l<*s guidant 
dans leurs recherches et ne les abandonnant jamais. Nous l'avons vu dans ce rôle d'édu- 
cateur où il excellait et nous n'avons pas assez d*admiration pour ce maître dont l'autorité 
n«* se discute pas, pour ce fldèle de la Société de Cit'ouraphie qui, pendant plus de trente 
ans, se dépensa sans compter à son sen'ice, pour ce président qui se faisait d«* la science 
une idée si haute, pour cet ami si chaud qui se donnait tout entier à ceux qu'il avait 
choisis et qui nous adressait sa dernière lettre, dictée par son ctrur et par sa raison, la 
veille de sa mort. M. Cordier, son collègue de l'Académie des Inscriptions et li**||rs- 
Letires, qui fut son ami le plus intime, dira, dans un prochain numéro de Li Geo'jraphir, 
ce que fut le docteur Hamy el ce qu'est son œuvre; mais nous n'avons pas voulu, nous h* 
collaborateur de ses derniers jours, le laisser disparaître sans apporter à sa mémoire k* 
témoignage de notre aff^ection et l'hommage de notre respect. 



430 ACTES DE LÀ SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 

Les obsèques du docteur Hamy ont été célébrées le 21 novembre, en Téglîse Saint- 
Médard, et Tabsouie a été donnée par Mgr Leroy, supérieur des pères du Saint-Esprit. 

Les honneurs militaires ont été rendus à la maison mortuaire — la maison de BuffoD, 
— où des discours ont été prononcés par MM. Babelon, président de TAcadémie des 
Inscriptions et Belles-Lettres, le professeur Vaillant au nom du Muséum, le docteur Ker- 
morgant, membre de l'Académie de Médecine, Schrader, président de la Commission cen- 
trale de la Société de Géographie, le docteur Capilan, membre de la Société des America- 
nistes, Halair, président de la Société des a Rosati », le docteur Yerneau, du laboratoire 
d'Anthropologie, le docteur Paul Richer, de l'Institut et de la Société d'Histoire de la 
Médecine, le docteur Manouvrier, membre de la Société d'Anthropologie. 

M. F. Schrader, président de la Commission centrale, s'est exprimé en ces termes : 

« Au nom de la Société de Géographie de Paris, je remplis le triste devoir de dire un 
dernier adieu au savant éminent et à l'homme profondément bon que nous venons de 
perdre. 

« Le D' Hamy n'avait que soixante-six ans. Sa constitution robuste et son esprit per- 
pétuellement jeune lui eussent permis encore de longues années de fructueuse activité, 
sans l'ennemi qui le minait depuis longtemps et qui nous l'a brusquement enlevé. 

« La perte sera douloureusement ressentie dans les milieux géographiques, les seuls 
au nom desquels j'ai mission de parler. 

« A toutes les branches de son activité scientifique s'est, en effet, mêlée la préoccupa- 
tion des choses géographiques, à l'étude de l'homme celle de la Terre. 

« Lorsque M. Duruy organisa l'enseignement supérieur libre à la salle Gerson. le 
D"" Hamy fut chargé d'un cours sur l'histoire naturelle des races humaines. Ce cours, 
professé en 1869 et 1870, fut interrompu par la guerre. 

c( En 1875, il commença au Muséum d'Histoire Naturelle une longue série de confé- 
rences destinées aux voyageurs du Service des Missions scientifiques du ministère de 
l'Instruction publique. 

« Dès l'année 1867, il avait pris une part active aux travaux de la Société d'Anthropo- 
logie et dressé son premier catalogue. Après lé siège de Paris, il reconstitua et classa les 
galeries anthropologiques du Muséum, où il fut plus tard nommé professeur, après avoir 
plusieurs fois suppléé notre ancien président, M. de Quatrefages. 

« Son activité était inlassable. Il trouvait, en outre de ses nombreux travaux person- 
nels, le temps de s'occuper activement de l'œuvre de diverses grandes commissions, 
comme celle de la Topographie des Gaules et de la Géographie de l'ancienne France. 
Membi'e du Comité des Travaux historiques et scientifiques, il devint en 1886 secrétaire 
de la Section de Géographie historique et descriptive; dans ce poste laborieux, il a rendu 
aux explorateurs et aux voyageurs des services qu'il serait impossible de dénombrer. Il 
en fut de même au Comité des Missions scientifiques. Quand il s'était une fois intéressé 
à une mission, il ne l'oubliait plus, suivait d'une sollicitude constante le voyageur et son 
œuvre, restait en correspondance avec lui à travers le temps et la distance. 

« Il voyagea lui-même. Le ministère de l'Instruction publique le chargea plus d'une 
fois d'étudier à l'étranger les grandes collections d'ethnographie. En 1887, il se rendit en 
Tunisie pour y étudier tout spécialement l'archéologie et l'ethnographie berbères. En 1880 
il avait accepté d'organiser le musée spécial d'Ethnographie auquel furent affectées plu- 
sieurs salles du Trocadéro. 

u En outre de ses multiples occupations, il publia de nombreux travaux ou mémoires, 
comportant près de 300 titres et relatifs à la géographie, à l'anthropologie, à Tanatomie, 
à l'ethnographie. 

« La Société de Géographie l'appela en 1876 au sein de sa Commission centrale, et il 
ne cessa de prendre à la vie de notre Société une part des plus actives. Deux fois prési- 
dent de la Commission Centrale, on 1888 et 1896, il avait été élu, cette année, à la prési- 
dence officielle do la Société. Nous espérions qu'il pourrait succéder longtemps et fruc. 
tueusement à son éminent prédécesseur, M. Le Myre de Vilers. 



ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 43t 

M Membre de rinstitul, savant (^minent dans toutes les branches de la science dont il 
ftVtait occupa, notre très regretté collt'gue ne se d<*partit jamais de cette charmante sim- 
plicitr* et de cette bonté parfaite qui lui gagnaient les cœurs. Nous reverrons souvent, 
dans nos souvenirs. TexpresMon douce et bienveillante qui animait ses traits dans tous 
l«*s actes de sa vie, et sa mémoire, comme homme, comme ami, comme savant, sera 
piteusement conservée par la Société de Géographie. » 

ApK'S la cérémonie religieuse, le corps du docteur llamy a été transporté à Roulogne- 
*ur-Mer pour être déposé dans un caveau de famille. I^ Société de Géographie adresse à 
la tiile et au gendre de son regretté président, M«« et M. Marcel Dubard-Hamy, Texpres- 
Moo de sa profonde sympathie. 



Des vides nombreux et considérables se sont faits parmi les membres de la Société 
pendant les vacances. C*est le capitaine Mangin, Fexploratcur du Oorkou, qui, le 14 juin, 
tombait, Tépée à la main, à El-Moïnan en repoussant à la tète d*une poignée de braves une 
violente attaque des Maures*. Ost aussi le sous-lieutenant de PerrandPuijinier du 1*^ spahis, 
blessé mortellement pendant nos opérations dans Test marocain. 

Nous avons perdu le vice-amiral RegnauU de PrémenU, le général Moulin^ mort & 
cinquante-six ans, attaché militaire de France en Russie, où il lit une carrière aussi utile 
que brillante; le colonel Toussaint du Service géographique de TArmée, le commandant 
iiarreau^ le comte de Bourmonty ancien capitaine de frégate, le commandant Bonamy de 
ViHemereuil, capitaine de vaisseau en retraite, Tancien collaborateur de Doudart de 
Lagrée, qui, inscrit sur nos listes dès 4867, comptait parmi les doyens de notre compa- 
gnie et ne se désintéressa jamais de l'exploration de Tlndo-Chine; des savants tels que 
Mascari et Alfred Giard; TwretUni, qui prenait en août dernier une part active au Congrès 
de Genève; IIM. Bonnaud, le comte Chandon de Briailles^ Jouet-Pastréy H"* Lefèxre^ 
MM. Pottier et Uon Rennes. 

Nous ne pouvons oublier M. Louis-Edouard Desbuissons, qui pendant plus de trente ans 
occupa le poste de Géographe du ministère des Affaires étrangères. Né k Paris le 3 juin 1827, 
il pnl ses fonctions en 1865 après la mort de M. Buisson. Les événements de 1870-71 et les 
négociations qui suivirent avaient mis en relief son activité; puis les explorations, qui 
préparèrent notre renaissance coloniale, lui imposèrent un labeur incessant. En 1879, il 
participa aux travaux de la conférence de Rerlin, en 1885 a ceux de la commission franco- 
portugaise de délimitation dans l'Afrique occidentale. 11 s'occupa plus lard de la commission 
franco-espagnole concernant le cap Blanc et la rivière Muni, des commissions du chemin 
de fer Transsibérien et du Contesté franco-brésilien. Sa compétence et ses qualités de 
cartographe lui valurent d'être nommé, en 1891, membre de la Commission centrale des 
travaux géographiques au ministère de la Guerre. En 1900, après trente-cinq années de 
services administratifs, il prit sa retraite et fut remplacé comme chef du Service géogra- 
phique du ministère des Affaires étrangères par son neveu, M. Léon Desbuissons, digne 
cuntinateur de son œuvre. 

Le Secrétaire général de la Société, 
I. La Géotjraphif, 15 sept. 190K, p. âu3. 



Ouvrages reçus par la Société de Géographie 



ANNUAIRES, REVUES 

Annuaire du commerce extérieur français, 1908, 
Les grandes industries françaises, la commis- 
sion et le commerce d'exportation. Les repré- 
sentants, les commissaires et importateurs 
étrangers. Tarifs des douanes françaises et 
étrangères. Paris, in-8 de 1640 p. 

(L. Haichais, directeur.) 

Annuaire pour Van 1908, publié par le bu- 
reau DES LONGITUDES. Âvec des notices scien- 
tifiques. Paris, Gauthier- Vinars,in-16 de vi-760 p., 
avec annexes, 1 fr. 50. 

(Éditear.) 

Antkropos, Revue internationale d'ethnologie 
et de linguistique. Im Auftrage der ôsterrei- 
chischen Leo-Gesellschaft mit Unterstûtzung 
der deutschen Gôrres-Gesellschaft, herausge- 
geben, unter Mitarbeit zahlreicher Missionare, 
von P. W. ScHMioT. Salzburg, Zaurinth, t. I, 
fasc. 1 (in-8 de 163 p., grav.); t. Il, fasc. 1, 

1907, 180 p. 

(Rédaction.) 

Bulletin of the Impérial Earlhquake investi- 
gation Committee. Tokyo, Japan. Vol. I, n*^ 1, 2, 
Jan, Marcb 1907, io-8, p. M24, pi. 

L'Expansion commerciale. Revue bi^menauelle 
du commerrce fançais cTexportation et d'impor- 
tation. Paris (Administrateur : Ch. Kapp; 
chargé de la Rédaction : L. Haigbais). N* 1, 
15 cet. 1907, in-i de 32 p. (abonnement, 12 fr.; 
le n», 1 fr.). 

(DirectioD.) 

Ministère des colonies. Bulletin de l'Office 
colonial (Parait une fois par mois) . Melun , 
imp. administrative, 1** année, n** 1, janvier 

1908, in-S de 34 p., supplément, p. i-zii. 

(Ministère des Colonies.) 
Revue de géographie annuelle. Publiée sous la 
direction de M. Cu. Vblain, t. I, année 1906- 
1907. Paris, Delagrave, in-4 de xxi-600 p., cartes, 
grav.. 12 fr. 

(Direction.) 

Revue indigène. Organe des intérêts indigènes 
aux colonies. Paraissant le 30 de chaque mois, 
Directeur : Paul Bourdarie. Secrétaire de la 
rédaction : Robert Dougbt. Paris (abonne- 
ment, 10 fr. ; le n' 1 fr.), in-8. 

(Directeur.) 

Revue pour les Français, politique et litté- 
raire. Paraissant tous les mois. Paris, in-8, 
abonnement 10 fr . 1" année 1906, 2* année 1907. 
(P. de Conbertin et G. Bordât, directeurs.) 

The Statesman's Year^book. Statistical and 
historical annual of the States of the world for 



the year 1907. Edited by J. Scott Kbltie... wilh 
the assistance of 1. P. A. Rknwick. 44** anaual 
publication. London, Macmillan et Go., 1907, 
in-12 de xctx-1672 p., cartes, 10 s. 6 d. 

(Aoteor.) 

CONGRÈS, EXPOSITIONS 

Bureau central MftTtoROLOoiQUE. — Rapport 
de la conférence météorologique internationale. 
Réunion d'Innsàruck, 1903. Paris, imp. nal, 
1907, in-8 de 16 p., grav. 

(Bnrean central météorologique.) 

Camena d'Almeida (P.). — Le centenaire de la 
navigation à vapeur et l'Exposition maritime de 
Bordeaux {Le Correspondant, 23 août 1907). 
Bordeaux, Institut colonial, in-8 de 35 p. 

(Aateor.) 

Congrès géologique international. Compte 
rendu de la X* session, Mexico, 190$. Mexico, 
1907, in-8 de x-1358 p., cartes, grav. 

(Comité d'organisatioo.) 

Congrès international d^ expansion économique 
mondiale, tenu à Mons, du 24 au 28 septembre 
1905. Bruxelles, Goemaere, 1905. DocumenU 
préliminaires et compte rendu des séances (in-8 
de cxiTn-317 p.) et Rapports (en 8 vol.). 

(Baron Holot.) 

CoNOREsso della sogibta italiana pee il no* 
GREsso delle 8GIENZE. Parma, setlembfe 1907. 
Esposizione di cartogra/ia parmigiana e piacen- 
tina, Caialogo, compilato dal Prof. Doit. U. Bt- 
NASsi. Parma, 1907, in-1.6 de 43 p. 

Inventario dei manoscrili, geografici della R. 
biblioteca palatina di Parma. Parma, 1907, in-S 
de 24 p. 

Atlanlie carte nautiche dal secolo XIV al XVII 
conservati nella biblioteca e neWarchivie di 
Parma. Note di Mario Lonobena {Archivio sto- 
rico per lo Provincie Parmensi, nuova ser., 
vol. VII, anno 1907). Parma, 1907, iii-8 de 46 p.. 
grav. 

DÉMT (Adolphe). — Essai historique sur les 
expositions universelles de Paris. Paris, Picard, 
1907, in-8 de II-1096 p. 

GuMMA Y Marti (Alfredo). — La exposicicn 
colonial y los congresos colonial y de las soeie- 
dades geogrdficas de Marsella. Madrid, 1907, 
in-8 de 58 p. 

(Anteor.) 

De Mas (F. B.). — Souvenirs de neuf congrès 
de navigation. Bruxelles, Vienne, Francforl-sur- 
le-Mein, Paris, La Haye, Bruxelles, Paris, 
Dusseldorf, 1885-1902. Bruxelles, 1907, in-8 de 
267 p. 



Varchiviste-bibliothécaire : Hbnri Froidevaux. 



Le gérant : P. Bouchez. 



GoolommierB. — Impé Paul BRODARD. 



TABLE DES MATIÈRES DU TOME XVIII (r semestre 1908) 



MÉMOIRES ORIGINAUX 

G. Onmdidier. — Européens el Malgaches. Leurs relations aux sii*cles passés ... 1 

LeTaiiiTille —La toponymiiMiiorvandelle (atec une /S{/ure r/'f»s /e fe'xlf' 23 

J. Deniker. — Les n'-cenles explorations du D' Stein en Asie centrale 33 

Jean Rodei. — L'fHat actuel de la Chine 8t 

B. Rouband. — Résullatà actuels des travaux biologiques de la Mission d'études de 

la Maladie du Sommeil 99 

L. Boutrj. -• La quatrième excursion géographique interuniversitaire 107 

L PoTUchot. — Nouveaux ouvrages d'Océanographie iarec une figure danx le U,rtc . M\ 

Paol PriTat-Desohanel. — 1/ Australie pastorale 145 

Charles Rabot. — L*expédition MyliusErichsen dans le Grûniand nord-oriental iurcc 

une fiyurt* dans le lexU" 169 

Pierre Clerget. — Le commerce extérieur de la Chine en 1906 177 

Commandant Bordeaux. — Deux contre-rezzous dans l'Ouaddaï, TEundi et le 

Borkou (avec ufie carte d'uis le texte 209 

Comte Maoriee de Périgny. — Le Yucatan inconnu 227 

Paol PriTat-DeichaneL — L'Australie pastorale i^suite et fin) 239 

ChArlet Rabot. — La nouvelle exploration du D' Sven Hedin au Tibet 2i9 

L. de Ldcsy. - Le Journal de voyage fn Chine de F. de Richthofen 253 

A. L^eroix (de Unstitut). — Les derniers jours d'Ilcrculanum et de Pompai inter* 
prêtés à Taide de quelques phénomènes récents du volcanisme avec onze figures 
tUins le ti'Xte) 2H1 

Camille Quj. — Le Sine-Saloum 297 

Capitaine d*OUone. — Exploration dans l(*s régions nord-est du Tibet avec une 

figure dam le texte) 313 

B. Bnillaod. — Les observatoires de montagne [avec $ix figures dans le texte . . . 361 
R. de Flotte de Roquevaire. — Le détournement de Voued Saoura au Foum-el- 

Kn.*neg Algérie du Sud ai ec une figure dans le texte) 375 

J Deniker. — La géographie et la géologie de l'Himalaya el du Tibet, d*après le 

colonel Burrard el M. Hayden .^arec deux fi jures dans le texte ^ 379 



U OiounArnir. - T. XVIII. l'.w 



29 



TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE 



EUROPE 

F.EnôER. — Un « eid » à KvalbO (SyderO) :\i) 

Lande de bruyère (Calluna) à Sand (Sandô) r»-.» 

Végétation sur le versant d'un ravin de Vestmanhavn r»l 

Escarpement rociieux du Stigafjaeld (StrOmo) avec étages couverts de gra- 
minées :..i 

Plateau au-dessus (Je Velbestad (StrOmôj r»:> 

Finlande. — Murette de blocs rejetés sur la rive par la débâcle des glaces 337 

Ile formée par des matériaux repoussés par les glaces flottantes 337 

Blocs poussés sur la rive par les débâcles 330 

Blocs situés sur une plaine de sable et qui ont été déposés par les glaces ilot- 

I tantes à une époque antérieure 331» 

France. — Diagramme de la coupe géologique de la vallée de la Vcsle en amont de 

l'usine des Fontaines, de Heims, dressé par M. E. Mathieu 1-2 

Panorama du massif volcanique du Mont-Dore, pris de la gare d'Eygurande, 

d'après un croquis de M. Glangeaud 320 

Le pic du Sancy, vue prise du sud-est 33o 

Vue d'une partie de la chaîne des Puys, prise de la gare de Vautrial .... 331 

Observatoire de Nice 300 

Observatoire du Puy de Dôme 307 

Observatoire du mont Ventoux 307 

Observatoire du mont Aigoual 300 

Observatoire du pic du Midi 371 

Observatoire du sommet du mont Blanc 373 

Italie. — Explosion vulcanienne du cratère du Vésuve, avril 1906 2^2 

Maisons effondrées à Ottajano 283 

Pompéi au pied du Vésuve 287 

Les ruines de Pompéi 2ss 

Quelques moulages de cadavres de Pompéi 28'J 

Un nuage de cendres s'avançant sur les ruines de Boscotrecase enveloppées 

par la lave récente (avril 1906) i91 

AMÉRIQUE 

Martlnique. —- L'orientation de la destruction dans les ruines de Saint-Pierre . . . 2s4 

Nuée ardente descendant à la mer dans la vallée de la rivière Blanche . . . 28»» 

La ville de Basse-Pointe enlizée par les torrents boueux 293 

Conglomérat chaotique d'origine boueuse édifié sur l'emplacement de l'usine 

Guérin, à l'embouchure de la rivière Blanche 295 

ANTARCTIQUE 

Expédition antarctique Charcot : le PoMrgwoi Pas? 200 



TABLE DES CARTES 



EUROPE 

Krvnce. — Extension des formes toponymiques en Morvan, par Levatnville (Kchelle 

I :50000(K) 2: 

Carte des réseaux hydrographiques de lu Sambre et de l'Oise avant la capture, 
par A. Briquet i3 

Répartition des alluvions anciennes dans les vallées anciennes et actuelles 
de la Sambre et de l'Oise 44 

l.e fjord oligocène (sannoisien), première esquisse de la Limagne, communi- 
quant avec la Méditerranée sur remplacement des Cévennes 328 

AFRIQUE 

Ai.i>ÊRiE. — Détournement de l'oued Saoura au Foumel-Kreneg 377 

4 • M.o. -- Mission Cottes. Délimitation Congo -Cameroun. Frontière méridionale. 

Croquis communiqué par la mission Cottes 67 

>•»! i)A.\. — négion nord-est du lac Tchad, carte dressée par le cummandunt Bor- 
deaux, d'après les itinéraires du capitaine Mangin, du capitaine Bordeaux 
etdulieutenantGauckler(Échellel : 4000 000'') 216 

ASIE 

\^\r. ciiNTRU.!. — Schéma représentant la distribution géographique des principaux 

pics deniimalaya.ÈchcUe 1:17000000') 381 

Srhéma représentant la direction des chaînes de l'Asie (t^cheile i : i7(M)0 0(Kr), 
daprès Burrard et llayden 3H3 

TiiiCT. — Itinéraire suivi par la mission d'Ollone dans le Tibet nord-est lEclielle 

1: 1000000*) 317 

AMÉRIQUE 

i.i. NL-^ND. — Carte provisoire du GrOnland nord-oriental, d'après les levés de 

Pexpédition Mylius-Erichseu (Échelle : 5 300000'} 171 

OCÉANOORAPHIE 

Carte montrant la distribution des isothermes, dans les océans à la profondeur 
de 400 mètres, extraite de O. Krummel, Handbw'h tler OzeaHOffmphie . . 115 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE 



Aa, 108. 

Abdal, 35. 

Abéché, 211. 

Accroissement da delta du Danube, par S. Venla- 

mine» 12^. 
Afrique du nord (Congrès de T), iU. 
Afrique occidentale française, par G. Deherme 

(bibliogr.), 73. 
Afrique occidentale française, Mission Des- 

plagnes, 418. 
Afrique occidentale française (Mission en), par 

P. Ducliesne-Fournel, 75. 
Afrique orientale allemande, 133. 
Afrique tropicale (Les incendies de brousse 

dans D, par W. Busse, 131. 
Aghil. 384. 

Agriculture (L') en Transcaucasie. 127. 
Aigoual (Observatoire de V), 368. 
Aîn-Galakka, 221. 
Aîna, 65. 
Aîran-koul, 388. 
Ak-Djar, 390. 
Akoa, 71. 
Aksaî-Chin, 394. 
Algérie (Cartographie du gouvernement général 

de V), 402. 
Algérie, le détournement de Toued Saoura au 

Foum-el-Kreneg, par R. de Flotle de Roque- 

vaire, 375. 
Algérie (Travaux scientifiques allemands en), 

399. 
Al Har. 2U. 
Allemagne (Les types d'habitation en), par 

W. Fessier, 45. 
Allier, 530. 
Alluaud, 78. 

Alpes (L'excursion géographique du profes- 
seur Davis dans le nord de Tltalic et dans 

les), 140. 
Altyn-Tagh, 385. 
Amaros, 267. 
Ambassa, 264. 
Amérique du Sud (Une mission des États-Unis 

dans T), 74. 
Amunusen (Roald), 408. 
Andératcha, 267. 
Anglais à Madagascar (Les), 12. ' 
Angola septentrional (Document cartographique 

sur T) par Th. Lewis, 264. 
Annas, 220. 



Antarctique. Départ de l'expédition Charcoi, 

199. 
Anthropologie de Bornholro, par L. Ribbing,33S. 
Arabie. Voyage de M. Gervais-Courtellemoni, 

421. 
Arctique (Océan glacial). Nouvelle expédition 

du commandant Peary, 196. 
ArctowsaI, 353. 

Aréquipa (Observatoire d'), 366. 
Arrabida (La chaîne de T), par Paul ChofTat, 334. 
Artois, 107. 
Asie centrale. Un document photographi(]i)c 

sur les Rouenloun, par A. Stein, 131. 
Asie centrale (Exploration archéologique du 

D' Stein en), 392. 
Asie centrale (Les récentes explorations du 

D' Stein en), par J. Deniker, 33. 
Association cartographique internationale et 

répertoire graphique, 352. 
Association française pour Tavancement des 

sciences, 414. 
Atlantique (Hydrographie de la partie nord-e^t 

de T), par J.-N. Nielsen, 201. 
Atlantique sud (La dérive des glaces dans l'i. 

410. 
Aurés. 401. 
Australie pastorale, par P. Privat-Descbanel, 

145, 239. 
AuTMiCHE (Archiduc Louis Salvator d*), 258. 
Babinga, 71. 
Backlund (Hcige), 19i. 
Bahr-el-Gaxal, 224. 
Baillaud (B). Les observatoires de montagne. 

361. 
Bainé, 211. 
Bakongo, 264. 

Bakundu (Dépression du), 404. 
Bambouloué, 404. 
Bammako, 76. 
Banda (Étude géographique et géologique <le> 

Iles de la mer de), par Vcrbeck, 13i. 
Bantou, 69. 
Barvtta (Mario). 124. 
Babsbs (T.), 345. 
Bartenstbh (Rudolf)» 401. 
Bastet, 419. 
Bbaurboard (G.) et Fodchiek (L. de). Voyage en 

Portugal (bibl.), 61. 
Becque (Rio), 233. 
Békué, 71. 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



W7 



B«l9iqii«. Le creusement de la vallée de la 
M«*u»e« (Mir A. Bri.]iif*t, 1^3. 

lU^riiAXD, 3r>0. 

/. '^.'i'v/rap/<ie, Ut, 4t2. 

It Ut'Mj'aphie géographique annuelle des An- 
na 1«^ de Géographie, par L. liaveneau, 412. 

HiiBKii (Friedr. J.), 265. 

Blanc iSur un caii rare de visibilité du mont) À 
l«>nffue distance, par P. Girardin. 39. 

Blanc (Oliservaioire du mont), 371. 

BUnsyBari. 327. 

ri.*t\i»iL. 3i<j. 

H. <a yV. K. von), W9. 

Bologoé (<:hemin de f^r de) à Volkovysk, 310. 

Bonga. 2i»:. 

Bongba» 2:>i. 

K Hf>K%ix (tk>mniandanl). Deux c«)nlrere7JEous 
d.int rOuaddai, TEnndi et le Dorkou, 209. 

BorkoQ. 220. 

Borko« (Deux contre-renous dans l'Ouaddal, 
rKnndi et le), par le commandant Bordeaux, 

Bomholm (anthropologie de), par L. Ribbing, 

Ji->. 

Botcotrecaaa, 28t. 

Bothnie (\cUons exercées par les glares flot- 

Unt<*s sur les bords du golfe de), par J. Lei- 

w*ka. 33ft. 

li<tii.KT. %oir MARCtU\T, 139. 

Boalogaa (Port de). 109. 

Boulonnais. 108. 

Bonloandiir. 30. 

Boaljkt«n-Tala. 57. 

Booré. 7n. 

lu», fi..M»is (Lieutenant-colonel). 5s, 350. 

!'«»( n.aoïs (Lifutenant-rolonel). (iéodésie élé- 
mentaire (bibl.)« 62. 

Bourka. 2U. 

Bouroa «Merde), 135. 

H<*i TUT (L.). La quatrième excursion géogra- 
phique inter-universitaire, 107. 

Bonsana ^Chemin de fer de) a Krasny-Kout, 3(0. 

HonK,|>«.). 322. 

Brabmapontra. 250. 

Bray iPa>a de), 120. 

Brésil. La carte topographique de l'État de S;lo- 
l*4iil<». par J.-P. Cardnso, 3i2. 

Brésil. La eolonte allemande de Sâo-Lourenro, 
l^r P. Kfdiling, 406. 

Brésil. Eiploratiun du rio Ribeira de Iguapc, 271. 

Brésil (La population du), 273. 

HMi<i<CT<A.), 43, 120, 183. 

Hm.hh (Hjalmar), 139. 

H^KiiiiiA^fi-Jeaoscii il.>, I3h. 

»»Mc* tW.S.), 196. 

H»iMiK<((J.), 347. 

Bf.itfijii. voir Vaccasi, LIH. 

Buansa-Madin^on, 101. 

B(iiii%iiD (cohinel 9Mt.\ et IIaim'i (H.-It.). Geo- 
irriphie et gt^ohigie de rilimalava et du 
Tibet, 379. 

Iti^^Y.Opitaine), 189. 

K.TULII ,J.), 59. 

Cambodge (MIsyton archéologique de M. de Jon- 
•piiere au), 186. 

Caaeitmn, 66. 



Cameroon (Récentes explorations au), i03. 
Canada (Le réseau ferré du), par J. Butler, 59. 
Canigou, 39. 
Caplurt de la Sambre fU[>éricure par l'Oise, i>ar 

A. Briquet, i3. 
Carooso (J.-P.), 3(2. 
CarU géologit^ue du Mor^an et des montaftncs 

de la Loire et du Fore/, par A. Michel-Lévy. 326. 
CaWe du monde à Téchelle de 11 000 000*. 351. 
Carte topographique de TEtat de SAo-Paulo, par 

J.-P. Cardoso, 342. 
Cartographie colombienne, CO. 
Cartographie du gouvcrnenienl général de l'Al- 

gérie, 402. 
Castiiies (De), 415. 
Casamance, 298. 
Césalier, 331. 
Chacambacan (Lac), 232. 
Cbachala. 268. 
Chadda. 267. 
Cbaonia, 417. 
CnAftC0T(J.). Nouvelles «le Texpédition, 27.*», 199, 

410, 412, 423. 
Chemin de fer du Siam septentrional, 187. 
Chemins de fer du Canada, 59. 
Chemins de fer du (>uatemala et du Costa- Rica, 

270. 
Chemins fie fer russes à la lin de 1907, 340. 
Chemin de fer du Sénégal, 313. 
Chichanha, 232. 
Chine (Le commerce extérieur de la) en 1906, 

l>ar P. Clerget, 177. 
Chine. L'émigration par le port de Swatow, 398. 
Chine (L'état actuel de la), par Jean Rodes, 81. 
Chine (Le journal de voyage de P. de Richthofen 

en), par L. de Loczy, 253. 
Chine. E.\ploratton du D' Legendre dann les 

mas>ifs des Onn-pao-chan, 395. 
Chine. Mi^sion d'Ollone, 57, 420. 
Chine. Mission Pelliot, 419. 
Chine. Nouvelle exploration de M. Kozlov en 

Mongolie et dans le Sseu-tch*ouan, 55. 
Chine occidentale (Rapport du capitaine d*OU 

lone, chef de mission dans la), 320. 
Chocoha (Ruines de), 230. 
Ciiorr.\T (Paul), 334. 
Chora-Khada, 56. 
Chydenios (.Massif), 194. 
Chypre, 259. 
Clkholt (Pierre). Le commerce extérieur de la 

Chine en 1906, 177. 
Cliunv (A.), UO. 
Cttmat des ile!> de la Méditerranée, i»ar Par- 

chiduc Louis Salvator d'Autriche, 258. 
CoLLiT (L.-W.). Les dépôts marina (bibl.), 119. 
Colombie (Cartographie de la), 60. 
Co/onie allemande de SAi»-Lourenço, par F. Koh- 

ting, 406. 
Colorado J/aclion du vmt sur les plateaux du), 

par W. Cro>s. 269, 
Comtherce (Le) du Iwi** de teck dans le Siam 

septentrional, 202. 
Commerce des Klats-l*nis en 1907, 190. 
Commerce ej teneur (Le) de ta Chine rn t906, 

l»ar P. Clerget, 177. 
Comthet ce ej ft'rieur\Lv) de la Cn-tc en 1907. 1^3. 



438 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



Commerce extérieur de Tlnde par voie de terre 
en 19ÛM908, 390. 

Commerce extérieur et voies ferrées du Guale- 
mala et du Costa-Rica, 270. 

Commission tPétudes de la maladie du sommeil 
(Don à la), 415. 

Gonconcal, 234. 

Congo (Ancien royaume du)« par Th. Lewis, 264. 

Congo français. Résultais des travaux biolo- 
giques de la mission d'études de la maladie 
du sommeil, par E. Roubaud, 9U. 

Congo français. La sylve équatoriale et les 
anthropophages, par le capitaine Cottes, 64. 

Congrès de l'Afrique du Nord, 414. 

Congrès international de géographie (Le IX'), 
3iG, 413. 

Congrès international des orientalistes, 414. 

Congrès (Travaux du deuxième) des jardins 
alpins, 136. 

Contre-rezzous (Deux) dans l'Ouaddaï, l'Enndi 
et le Borkou, par le commandant Bordeaux, 
209. 

Corse, 259. 

ConoiER, 349. 

CoRTiBR. Mission au Sahara, 78, 417. 

Co8ta-Rica(Le commerce extérieur et les voies 
ferrées du), 270. 

Côte d'Ivoire (Mission géodésique et forestière 
à la), 416. 

Cottes (Capitaine). La sylve équatoriale et les 
anthropophages, Pahouins et Pygmées, 64. 

Crète, 259. 

Crète (Le commerce extérieur et les produc- 
tions de 11) en 1907, 185. 

Croie (Levés exécutés en) par les officiei-s fran- 
çais du corps d'occupation, 340. 

Creusement (Le) de la vallée de la Meuse, par 
A. Briquet, 183. 

Cross (Whitmann), 269. 

Daluas (R. de). Promenade en Méditerranée, 77. 

DAUA^T (Lieutenant), 202. 

« Danmark • (Expédition du) au GrÔnland, 169. 

Danube (L'accroissement du delta du), par 
S. Veniamine, 126. 

Daouro, 268. 

Dar-Ouara, 212. 

Darling, 147. 

Davis (W.-M.), 140. 

Déboisement en Afrique, 132. 

Dbhbrme (G.). L'Afrique occidentale française 
(bibl.), 73. 

Dblafosse, 419. 

Demaroeon (Albert). Dictionnaire-manuel illus- 
tré de géographie (bibl.), 61. 

Dexiker (J.). La géographie et la géologie de 
l'Himalaya et du Tibet, d'après le colonel 
Burrard et M. Hayden, 379. 

Dkniker (J.). Les récentes explorations du 
D' Stein en Asie centrale, 33. 

Dbnucé (J.), 274. 

Dépôts marin* (Les), par L.-W. Collet (bibl.), 119. 

Dbsbuissons (L.-E.), Nécrologie, 431. 

Despl AGNES (Lieutenant). Mission en Afrique 
occidentale française, 78, 418. 

Détournement de l'oued Saoura au Foum-el- 
Kreneg, par R. de Flotte de Roquevaire, 375. 



Dhaonlaghiri-Karakoram, 379. 
Dictionnaire-manuel illustré de géographie, jur 

A. Demangeon (bibl.), 61. 
Diombo, 211. 
Djaïr (Exploration du professeur Obroutchelî 

dans le), 387. 
Djimma-Kaka, 266. 
Djourab, 216, 223. 
Djurdjura (Les zones de végétation dans le), par 

G. Lapie, 187. 
Domoko, 393. 
Doungbourra, 385. 
Bourra, 267. 

Drygalski (Erich von), 196. 
DuciiKS>E-FouRNET(P.). Missioo en Afrique occi- 
dentale française, 75. 
Duhamel (IL), 39. 
Dunkerque, 109. 
Dzem, 69. 
Diimon, 71. 
Ecosse (Les formations post-glaciaires eu), [var 

J. Geikie, 47. 
Eî, 216. 
EguéS, 215. 

El-Oued (La longitude d'), 58. 
Élevage du mouton mérinos en Australie, par 

P. Privat-Deschanel, 145, 239. 
Émigration chinoise par le port de Svvatow, Z%. 
Enndi, 216. 
Enndi (Deux contre-rezzous dans T), l'Ouaddâl. 

et le Borkou, par le commandant Boi*deaui. 

209. 
Enseignement de la géographie par croquis sim- 

pliGés, par le capitaine Parlier, 423. 
Epocha (Cratères de 1'), 404. 
Erg oriental (Reconnaissance du capitaine 

Bussy dans le grand), 189. 
Erichsen. Voir Mylius-Erichsen, 169. 
État actuel de la Chine, par J. Rodes, 81. 
Ëtats-Unis. L'action du vent sur les plateaux 

du Colorado, par \V. Cross, 269. 
États-Unis (Une mission des) dans TAmérique 

du Sud, H. 
Ëtats-Unis (Les productions et le commerce d «.à i 

en 1907, 190. 
Ethiopie méridionale (Le plateau de l). par 

F.-J. Bieber, 265. 
Etna (Observatoire de 1'), 365. 
Elude géographique et géologique des lies de la 

mer de Banda, par Verbeck, 134. 
Europe centrale (Faune de T), à l'époque gla- 
ciaire, par F. Zschokke, 332. 
Européens et Malgaches, leurs relations aui 

siècles passés, par G. Grandidier, 1. 
Everest (Mont), 379. 
Excursion géographique du professeur Daris 

dans le nord de l'Italie et dans les Alpes, lîU. 
Excursion (La quatrième) géographique inler- 

universilairc, par L. Boutry, 107. 
Expédition antarctique française (Départ de i'>. 

199, 275. 
Expédition (L'). Mylius-Erischcn dans le Grôn- 

land nord-oriental, par Ch. RaBot, 169. 
Expédition (Nouvelle) du commandant Peary, 

196. 
Expédition norvégienne au Spitsberg, 408. 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



43V 



Brffédiiion suédoise au Spitsberg, 407. 
Kipédiiion (Projet d*) du capitaine Roald 

AmuDdaen, 40i. 
Expéditions polaires tlopuis ISOO (Liste des), 

par J. Denucé, 273. 
Erpioraiion archéologique du D' Stcin en Asie 

centrale, 392. 
Expioraiton du D' Legcndrc dans les massifs 

des ()ua-|>ao-ctian, 3V5. 
Erpioration du professeur OhroulcheIT dans le 

Djalr* rOurkachar et le Scmistaï, 3^7. 
Exploration dans les régions nord-est du Tibet, 

par le capitaine d'Ollone, 315. 
Exploration du rio Ribeira de Iguapc, 271. 
Exploration de M. et M"* Work m an dans le 

Karakorum, 262. 
Exploration (La nouvelle) du D' Sven Hedin au 

Tibet, par Ch. Rabot. 2tl». 
Explorations récentes au Cameroun, i03. 
Bydoaz (Capilanc), UO. 
Famiy (L.), tO. 
F««r6ar (Bancs des . 2UI. 
Faarôar (La végétation des), par C. H. Ostc^n- 

fpld, 50. 
Fatémé, 76. 
Fatick, 2^,313. 
Faune de l'Europe centrale ii ré|K)que glaciaire, 

par F. Zschokke, 332. 
Favm (CapiUioe), Ul). 
Faya. 220. 
Piu:ii?(cn. 350. 
FUndr* (Monts dej, 107. 
Flicaclli (Lieutenant do). 37. 
Plotti diRoqlbvaihk iH. dfi. Le détournement 

de Toued Saoura au Foum-cl-Kreneg (Algérie 

du su<l), 375. 
PORCL, 3i7. 
Formations posl-;{laciaires en Kcossc, par 

J. Gfikie, 47. 
PorcuiEM (L. de). Voir Diairccaro (G.). Cl. 
Fona elKraaeg (Le détournement de l'oued 

Saoura au). \tar R. de Flotte de Roquevaire, 

375. 
Fonndiougne. 2'J8, 313. 3U. 
Foc a EAU (Fornandi. Don à la Société, tU>. 
ForKMAaim (P.), 1^5. 

• Fram • .Projet d'expédition avec le), 40'j. 
Français a Madagascar, in. 
France, («artc géologique du Mor\an cl des 

monlairnes de la Loire et du Forer, par A. Mi- 

chcl-Levy. 326. 
Fraaca. Sur un caa rare de visibilité du mont 

Blanc h longue distance, par P. Girardin, 

30. 
France. Géographie physi'juc et géologique du 

Put de IMmc, r»ar Pli. (îlangeaud, 327. 
Flrance. L'hydrologie souterraine dan«« l.i vallée 

de la Ve^^l'e, par B. Mathieu, 121. 
France. Le mouvement du port de Pans, par 

J. Normand, \^Z. 
France (La pénept.iine du nord <lc lui, \tnr 

A. Briquet, 120. 
France. La quatrième excursion c« ographiqtie 

interuniverMtaire, par L. Boulry, 107. 
FnAce. La toponymie morvandelle, par Le- 

vainTille, 23. 



France. Travaux exécutés par le service du 
nivellement en r.m7, 257. 

Gabon. 6a. 

Gajahio (Ij, (22. 

Gallai. '2M. 

Gallois (Eugène). Les Mascareit^ne**, la Réu- 
nion, nie Maurice, 120. 

Gambie. 2US. 

(lEER (Baron G. de), (07. 

GEiKie(Jame> , i7. 

Ge?itii. (Louis). Mission au Maror, W7. 

G^Wéaie elémonlnire. par Bourgetùs (bibl.). l'.i. 

Géographie et j:éolojrie de rilimati>a cl du 
TilHît, d'après le colonel Burrard cl M.lla)- 
den. par J. Deniker, 37y. 

Géographie physique (Traité «le), par E. de Mar- 
tonne (bibliogr.), it2. 

Géologie et géo^rapliic de la partie japonaise «le 
ri le de Sakhaline, par Kotora Jimiio. 25'.*. 

Géologie de PI lima In} a el du Tibet d*après le 
colonel Burrard et M. lla\ilen, par J. Deni- 
ker. 37',». 

Gkrvais-Couriellruont. Yovago en Arabie, 121. 

GtLBBltT (G.-K.), 33»». 
GlIlARDIX (P.), 3l*J. 

GÉR0>corftT (di'). Mission au >i;:ei*, ll»i. 

Giacf (Formation «le la) «tans le*i lisières, j.nr 

W. Lokhtine. 3V3. 
Glaces (Dérive de») «lans IWlIan tique Su<I, 41». 
Glaces flottanlef (Actions cxcrré«'4 par le*) sur 

les b>rds du golfe de Bothnie, par I. Leivi^k.i, 

336. 
Glaciaire (Faune «le rEiin)pc eenlrale à IVpo- 

que), par F. Zsrhnkke, X\'2. 
Glacier (Cap). t73. 
GLANGEiin yPh.). 327. 
Glosiina palpali<, 102. 
Godjeb, -jns. 
Gothembourg (Fon<lation d'une s.cirto «le g<'o- 

graphie a). 3i5. 
GoUand (La végétation de), par H. H(*^soI- 

mann, 125. 
Gonndis. 70. 
Gourboun-SalUian, 5'k 
GiiA.M'inicR iG.). Européens et .Malgaches, leur» 

relations aux sièrle?» pa5«»é;i, I. 
GrOnlaud nord-oriental ( L'cxpe<lition M>lius- 

Erichs**n dans le\ part^li. Babd, !«v,^. 
Gros. Mission a lu C^^le d'Ivoire, iliV. 
(;i«iNo(A.K 4MU. 
(■SE1.L, 415. 

Gnatemala (Le commerce extérieur el 1rs xoies 
ferrées du). 270. 

Gl'ILLEJiAl^C. (1)3. 

Guinée, Mis>ion du D' Wagon, (IS. 
GniritMied). 37.'». 

Gi'v (tlainille . Le Sine-Salounm, 2V7. 
Habitations (Les l>pe^ d ) en Allemagne, par 

W. Pe-isler. 4.». ' 
Hagen (Fj«)nh. 1:2. 

Hamilton ^ observatoire «lu mont). 3''>r>. 
Hamv(E.). Nerroloirie, 12'.». 
Han-hal (OeiMiU ilu). :>"». 

Hareng (Les inik*ration«* «lu», par II. Brorh. 13». 
— (Le* prelenilut»s migration^ du), par \. (*li- 

ffny, IIO. 



440 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



IIarfkld, 350. 

Hassert (M.), 40i. 

HAYnKS(H.-H.). Voir Burrahd (colonel), 379. 

Heard (He), 197. 

Hedlm (Sven), 420. 

Hedi.n (Nouvelle exploration du D' Sven) au 

Tibet, par Ch. Rabot, 249. 
Hercnlanum (Les derniers jours d*), par A. La- 
croix, 281. 
llESSEi.MANiN (Heorik), 125. 
Himalaya, 249, 262. 
Himalaya, explorations de F. et W. Workman 

(bibl.), 63. 
flimalaya (Géographie et géologie de 1'), d'après 
le colonel Burrard et M. Hayden, par J. De- 
niker, 379. 
Hispar (Glacier), 262. 
HoEL (Adolf), 408. 
Hollandais à Madagascar, 8. 
• Holmengtaa » (Expédition du) au Spilsberg, 

408. 
Hon (Lac de), 235. 
Hondo (Rio), 227. 
Hong-ya. 396. 
Houang-ho, 316. 
HuhT iArthur), 202. 
Hydrographie de la partie norJ-est de l'Océan 

Atlantique, par J.-N. Nielsen,201. 
Hydrologie souterraine dans la vallée de la 

Vesle, par E. Mathieu, 121. 
Incendies de brousse (Les) dans l'Afrique tro- 
picale, par W. Busse, 131. 
Inde (Le commerce extérieur de V) par voie 

de terre en 1907-1908, 390. 
Indo-Chine (Nouvelles publications du service 

géographique de T), 261. 
Institut pof aire international, 273. 
Iporanga, 271. 
Isfjord, 407. 
Italie (L'excursion géographique du professeur 

Davis dans le nord de V). 140. 
Italie. Les variations récentes du delta du Pi5, 

par M. Baratta, 123. 
Jacquemont (Victor), 415. 
Japon (.\u), par G. Migeon,62. 
Jardins alpins (Travaux du deuxième congrès 

des), 136. 
Java (Le reboisement à), 134. 
JiMBo (Kotora), 259. 
Joinmal de voyage en Chine de F. de Richtho- 

:en, par L. de Loczy, 253. 

Jour* (Les derniers) d'Herculanum et de Pompéi 

interprétés à l'aide de quelques phénomènes 

récents du volcanisme, par A. Lacroix, 281. 

Juquia, 271. 

Kabylie du Djurdjura (Les zones de végétation 

dans la), par G. Lnpie, 187. 
£affa, 207. 
Kaffitchos, 207. 
Kaîlas (Chaîne de), 384. 
Kamadji, 211. 
Kamtchatka (Le présent et l'avenir du), par 

S.-A. Kramarenko, 129. 
Saolack, 298,313. 
£ara-Kach, 395. 
farakoram, 384. 



Karakorum (Exploration de M. et M"* Workman 
dans le), 262. 

Kergiielen( La végétation de rile),par E.Wcrtli, 
196. 

KenraDaria. 393. 

Khadalik, 34. 

Khoàns, 222. 

KhoUn, 393, 

KiakhU, 56. 

Kia-yu-Kouan, 37. 

Kibokolo, 264. 

Kinchinjnnga, 379. 

Kindia, 418. 

Kobouk (Vallée de), 389. 

KoHLiKO (Fritz), 406. 

Kokochili. 385. 

Kossako, 210. 

Kouen-lun, 385. 

Kouén-loun (Un document photographique sur 
les), par A. Stein, 131. 

Kouta, 268. 

Koutchar, 393. 

KozLOv (P. K.), 55. 

Khamarekko (S. A.), 129. 

Krasny-Kout (Chemin de fer de) à Bouzane, 3(0. 

Rrumiiel (Otlo), Handbuch der Océanographie 
(bibliogr.) 111. 

Lacroix (A.), Les derniers jours d'Herculanum 
et de Pompéi interprétés a l'aide de quelques 
phénomènes récents du volcanisme, 281. 

Ladak (Chaîne du), 3S4. 

La Jonquièbe (De). Mission archéologique au 
Cambodge, 186. 

Lalleuakd (Charles), 257, 348. 

Lami, 385. 

Lanbk (Arthur). Nécrologie, 80. 

Laobès. 304, 307. 

Lapib (G.), 187. 

Larche (Col de), 257. 

Lecoiktk (G.), 352. 

Leoendre (D' A.), 395. 

Leivisxa (1.) 336. 

Lemaire. Le Yé-Yi, affluent du Nil, 78. 

Lemoinb (F.), 76. 

Lepagb (Lieutenant), 322. 

Levainville. La toponymie morvandelle, 23. 

Levés exécutés en Crète par les officiers fran- 
çais du corps d'occupation, 3J0. 
Lewis (Thomas), 264. 
Lhabrang, 318, 322. 

Libéria (Observations nouvelles sur la géogra- 
phie de la république de), par J. Parkinson, 
341. 
Liefdebay, 409. 
Limagne, 328, 331. 
Lob-Nor, 36. 
Loczy (L. de). Le journal de voyage en Chine 

de F. de Richthofen, 253. 
LohUja, 338. 

Loire (Carte géologique du Morvan et des mon- 
tagnes de la), par A. Michel-Lévy, 326. 
LOKHTINB (W.), 343. 

Longuenesse, 108. 
Loreto, 60. 
Loukounga, 265. 
LuBiN, 423. 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



i(t 



lumièrt (Mesure de la), par E. RUbel. 137. 
Madagascar. Européens et Malgaches, leur» 

rcUtinns aui siècles (missôs, par G. Grandi- 

dicr. I. 
Madimba, 263. 
Maiorque, 259. 
Maladie du êommeil (Don à la commission 

dVtudes de la), U^>. 
Maladie du sommeil (Résullal des travaux de 

la mission d'éludcs de la), par E. Houbaud, 

Malgaches (Européens et), leura relations aux 

7*î(Vles passés, par G. Grandidicr, 1. 
MaUemnk (Mont), 175. 
Manas, 33^^. 
Manasarovar, 2r»o. 
Mandingues, 30». 
Mandjos, 267. 
Mananguba, 40 i. 
M.%%ci:i (Le capitaine Georges). Nécrologie, 203, 

431. 
M4iirnAL, 413. 
M%aciiiiT et BoHiET. Observations faites au 

jardin botanique alpin du Pic du Midi, 139. 
Maroc .Mission Louis Gentil nu). 417. 
MiiiTix (Lieutenant), 37(i. 
MAHin (A.-G.-P.). Le< oasis sahariennes (bi- 

bliogr.).6l. 
Martinique, 283. 
M%iiTO?i!iB (E. de). Traité de géographie physique 

(bibliogr.), 412. 
Mascareignes, par E. Gallois, 426. 
M%»MU (M-), 421. 
.ViTtiitu (Eugène), 121. 
Maurice (lie), par E. Gillois, 420. 
Mayas, 22K. 
Masar-Tagh, 394. 
Mbembé, 265. 
Mbo (Plaine du). 403. 
Méditerranée (Le climat des Iles de la), par 

Tarrhiduc Louis Salvador d'Autriche, 258. 
Méditerranée (Promenade en), par R. de Dalmas, 

Medierda, 402. 

Messaond (Oued), 373. 

MsKsiar, 415. 

Meose (Le creusement de la vallée de la), par 

A. Briquet, 183. 
Mexique Le pétrole au), par le comte de Pot- 

a<«r. 422. 
Mfang. 69. 

Michil-Llvy (Albert), 326. 
Midi .Observations faites au jardin botanique 

du pic du), 130. 
Midi (Observatoire du pic du). 308. 
Mk*co!% (Gaston). Au Japon (bibl.), 62. 
Mtgratiofn du harentr, par H. Broch, 139. 
MiLMAC (L. de). Mission dans l'Amérique du 

Sud. 7i. 
Mindonli, 101. 
Ming ol, 392. 

MiKABACO (Paul). Nécrologie. 79. 
Mtran, 33. 
Mnêton archéoloffique de M. de la Jonquière au 

Cambodge, 186. 
MiMsinn d'études de la maladie du sommeil 



(Résultats actuels des travaux biolo^iquei de 

la), par E. Roubaud, 99. 
Âlission géodésiqut et fore>lière h la Cùle- 

d'Ivoire. 416. 
Mission Tilho (Retour de la), 263. 
Mongolie (Nouvelle exploration de M. P.K. 

Koziov en) et dans le Sseu-tch'ouan. 55. 
Mont Dore (.Massif du), 331. 
Monument Victor Jacquemont, i!5. 
Morvan (tlarte gêoloKique du), par A. .Mich^^l* 

Lévy, 326. 
Moryan. La toponymie morvandelle, par Levain- 

ville. 23. 
Mouvement du port de Paris, par J. Normand, 

183. 
Murray, 1 i7. 
MusUgh, 63. 
Muti, 404. 
Myliis (Von), 203. 
MyLiCB-EBicusE.>'. Expédition dans le Grnniand 

nord-oriental, par Ch. Rabot, 169. 
Nagados, 267. 
Nan-chan, 37. 
Napo (Rio), 60. 
Ndamba, 2ti3. 
N'Dout, 313. 
Sécrologie : P. Mirabaud, 79; A. Lanen, 80; 

a. Mangin, 203, 431; D' Ham>, i29: Desbuis- 
sons, 431. 
Negri (Glacier), 195. 
Négrilies, 69. 
HéTa, 343. 
Ngan-si, 36. 
Ngolog. 320. 

Nice (Observatoire de). 36'.. 
NlBLSE-N (J.-N.). 201. 
Niger, 76. 
Nikolskoié, 130. 
Nincbin-tbang-la. 2<\. 
Nintcben-tang-la, 2V9. 
Niva, 3ft. 
Siveilemenl de la France (Tra\aux exécutés en 

1907 par le service dui. 237. 
Nkousou, 265. 
Nlonako, 405. 
Nohcacab (Ruines de), 2.17. 
Nohochna (Ruines de , iar.. 

NonOR.N^iKJÔLD (Oll'j), 3'>o. 

NoRMANn (J.), 1H3. 

Nouvelles Galles du Sud, 13 ;. 

OBBRHlVMCfl (R.), 319. 

OBiOt'TClIBfF (V.-A.), 387. 

Observations elTeclures au fond *W la mer par 
A. Hunt, 202. 

Observatoires (Les) de monli^'nr. par B. Hiil- 
laud, 361. 

Océanofjraphi'* (L*), par J. Rirharil (bibl.», 117. 

Océano'jvaphie (Nouveaux (Mivrafr<*<» d*» . p-ir 
L. Pcrruchot, lit. 

Oise (tiaplure de la Sambre supérieure par 1'), 
par A. Briquet, 43. 

Olione (capitaine d*). Kiploration dan^ \v< ré- 
gions nord-«*vi (lu Tibet, 315. 

Oi.LO\E (.Mission d*j, 57, 42^. 

Om-Lottbia. 213. 

Orkbou, 3<io. 



A\2 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



OSTERFELD (G.-H.). 50. 

OtUiano, 282. 

Ouaddai (Deux contre-rezzous dans T), l'Enndi 
et le Borkoii, par le commandant Bordeaux, 
209. 

Oua-pao-chan (Exploration du D' Legendre 
dans les massifs des), 395. 

Oudel-Sakaîr (Oued), 214. 

Oueyta. 218. 

Ouolofis, 304, 307. 

Ourkachar (Exploration du professeur Obrou- 
tclieiï dans T), 381. 

Pabouins, 68. 

Pang-Kong (Lac), Voyage de M. G.-Ch. Tous- 
saint, 42t. 

Paris (Le mouvement du port de), par J. Nor- 
mand, 483. 

Parkinson (John), 341. 

Paulier (Capitaine). L'enseignement pratique 
de la géographie scolaire par croquis simpli- 
fié, 423. 

PASSAnoK (S.), 309. 

Pâturage boise en montagne, par Pillichody, 138. 

Peauy (Commandant), 190. 

Peary (Canal), i"ï2. 

Pelée (Montagne), 281. 

Peluot (Paul). Mission en Chine, il 9. 

PeloUs. 406. 

Penck, 346. 

Pénéplaine (La) du nord de la France, par 
A. Briquet, 120. 

Périoxy (Comte Maurice de). Le YucaUin in- 
connu, 227. 

PÊRiQiET (Capitaine), 419. 

Pérou. Explorations dans l'Extrdmc-nord péru- 
vien, 60. 

Peiirugiiot (L.). Nouveaux ouvrages d'océano- 
graphie, 111. 

PfissLKn (W.), 45. 

PéltoleOLU Mexique, par le comte de Potlier, 422. 

Petropavlovsk, 130. 

Peulhs, 304, 307. 

Pierre (J.-B.), 410. 

Pikes Peak, 365. 

Pillichody, 138. 

Ping-lin-se, 395. 

Plateau (Le) de TÈthiopie méridionale, par 
F.-J. Bieher, 265. 

Plumasdon (J.-U.), 40. 

Pô (Les variations récentes du delta du), par 
M. Baratta, 123. 

Polaires (Liste dos expéditions) depuis ISOO. 
par J. Denucé, 273. 

Pompéi (Les dorniers jours dc\ i)ar A. Lacroix. 
281. 

POMNSKT, 409. 

PossiGXox (A.), 423. 

Population du Brésil, 273. 

Poronaï (Rivière), 260. 

Port-Louis, 428. 

Portili.o (Pedro), 60. 

Portugais à .Madagascar, 3. 

Portugal. La chaîne de l'Arrabida, par Paul 

Choiïat, 33t. 
Portugal (Voyage en), par G. Bcauregard et 

L. de Fouchier (bibl.), 61. 



Possession (lie de la), 197. 

PoTTusn (Comte de). Le pétrole au Mexique, 
42. • 

• Pourquoi-Pas? • navire de Texpèdition antarc- 
tique française, 199. 

Présent (Le) et Ta venir du Kamtchatka, par 
S.-A. Kramarenko, 129. 

Prince Charles Foreland, 196. 

Privat-Dbscoaxel (Paul). L'Australie pastorale, 
145, 239. 

Productions (Les) de la Crète en 1907, 185. 

— des États-Unis en 1907, 190. 
Publications (Nouvelles) du Service géographique 

de rindo-Chine, 261. 
Putumayo (Rio), 60. 
Puy-de-Dôme (Géographie physique cl géologie 

du département du), par Ph. Glangeaud, 327. 
Puy de Dôme (Observatoire du), 367. 
Puys (Chaîne des), 331. 
Pygmées, 68. 
Babot (Ch.), 336. 
Rabot (Ch.). L'Expédition 5iylius-Erichsen dans 

le Grônland nord -oriental, 169. 
Rabot (Ch.). La nouvelle exploration du D' Sven 

Hedinau Tibet, 219. 
Rakas-tal, 251. 

Rapport ix M. le ministre de la Guerre, du capi- 
taine d'Ollone, chef <lc mission dans la Chine 

occidentale, 320. 
Ravensau (L.), 412. 
Reconnaissance du capitaine Bussy dans le grand 

Erg oriental, 189. 
Répertoire graphique^ 352. 
Réseau /e/ré du Canada, par J. Butler, 59. 
Résultats actuels des travaux biologiques de la 

mission d'études de la maladie du sommeil, 

par Ë. Roubaud, 99. 
Réunion, par E. Gallois, 426. 
RiBDiNG (L.), 335. 

Ribeira de Iguape (Exploraton du rio), 271. 
RiCHAHD (J.). L'Océanographie (bibliogr.), 117. 
RiciiTHOFE.N (Le journal de voyage en Chine de 

F. de), par L. de Loczy, 253. 
Riksdag (Cnp du), 172. 
Rimé (Ouadi), 210. 
Rio Grande do Sul (La colonie allemande de 

Silo-Lourenço, dans Tétat de), par F. Kôhling, 

406. 
Rockall, 201. 

RoDE4 (Jean). L'état actuel de la Chine, 81. 
UoscAOLi, 352. 
RosiEn, 3i8. 
liouBAL'D (E.). Résultats actuels des travaux 

biologiques de la mission d'études de la 

maladie du sommeil, 99. 
Rouhout (Marais de), 214. 
Rlbel (E.), 137. 
Russie. Les chemins de fer à la fin de 1907, 

340. 
Russie d'Asie. L'agriculture en Transcaucasie, 

127. 

— Le présent et l'avenir du Kamtchatka» par 
S.-A. Kramarenko, 129. 

3ahara. Mission Cortter, 417. 
Sahara Les oasis sahariennes, par A.-G.-P. Mar- 
tin (bibl.), 61. 



INOBX ALPHABÉTIQUE BT ANALYTIQUE. 



&43 



Sahan. Reconnaisisance du capitaine Bussy 

<lan« le grand Erg oriental, 189. 
Saint-B^nurd (Petit), 257. 
SaiBt-Doaingu* (Situation économique de), U2. 
Saint-Laurent, fleuve, 3i5. 
Saint-Panl, rivière. 3il. 
SaintPiam (Martinique), 283. 
Sakhalina ((«éologic et gtM>gra|»liie de la partie 

jafH>nai»e de Tile de), par Kotora Jimbo, 259. 
Saloaa. 291. 

Saloaa (Fouilles dans te), 18. 
Saabra supérieure (Capture de la) par TOise, 

par \. Briquet, 43. 
San Gintappe, 282. 
Sangha-Sangha, 69. 
SâO'Louranço (La colonie allemande de) dans 

rf:tal de Kio Grande do Sul, |>ar F. KohUng, 

4<m. 
Sao-Panlo(La carte topographique de TElat de), 

|iar J.-P. Cardoso, 342. 
Saonra (Le détournement de Toued) au Foum- 

rl-Kreneg, par R. de Flotte do Roquevaire. 

375. 
Savoa (Merde), 136. 
Sao-Lonranço (Rio), 272. 
Sao-Paulo (Etat de), 271. 
Sar-Sar, 223. 
Sardaigne. 259. 
Satladj. 250. 

<CH0iAL»iY (Général de), 352. 
SCNRiDER (P.)« 352. 
SaiRADEN (F.). Allocution aux ohst^ques de 

M. lianiy, 430. 
Samtatal (Exploration du professeur Ohrou- 

tclielT dans le), 387. 
SénégaL Le Sinc>Saloum, par Camille Guy, 297. 
Sérérat, 30i. 
Service qéofiraphique de Tarméo (Travaux gco- 

dé>ique5 du), 413. 
Service géographique de rind<>-Chine (Nouvelles 

putdiralions du), 2P»1. 
Sfmceê que les jardins et parcs do montagne, 

(Meurent rendre aux intérêts forestiers, par 

L.-F. Tessier, 138. 
Siam Le commerce du hois de teck dans le), 

Siam «rptentrional (Le chemin de for du). 187. 
Siboga (\réte du), 13^. 
Sicile. 2:><.). 
Sifan. 318, 320. 

Sine-SalonnKLet, (lar Camille Guy, 297. 
Siaophon (Rivière de), 186. 
Siwalik i Monts), 382. 

S*f lèU de (iéoffr aphte. Séances du 22 mai 1908. 
61; r. juin, 73; 19 juin, 78; 6 nn\eml)re. 413. 

— Chronique, 346. 

- Don*, 415. 

< Tirage des oldigations, 73. 
Sf/rié// de Géographie (Fonf talion d*une) à Go- 

thrml>«»urg. 315. 
Somma <Baie de). 110. 
Sonyo, 26 k 
Soro, 22$. 
Soodan. Deui contre-rczzous dans rt)imdda(, 

TEondi et le Borkou, par le cumniHndant 

Bortleaui. 209. 



Sondan. Mission de Gironcourt. U*». 

Sondan. Mission Tilho, 263, 419. 

Soondi, 261. 

Sonstoua, 418. 

Spitabarg (Contribution à in cartographie «lu) 

i09. 
Spitabarg (Nouvelles coniribuliuns à lagro;;ra- 

phie du), 19k 
Spitabarg (Expédition norvégienne nu). 408. 
Spitabarg (Kxpéilition suéd(ûiie au). (07. 
'Sseutchouan (Nouvelle exploration de M. P.K. 

KozIoT en Mongolie et dans lo), r>:'>. 
Stkin (A.), 131, 392. 
Stein (Les récentes explorations du I)') ou 

Asie centrale, par J, Deniker, 33. 
Sttsuya (Rivière), 260. 
■ Svensksund ■ (Ex[»édition du) au Spii-^hori?, 

407. 
SwatOW (LVmigration chinoise par lo ïM>rt don 

398. 
Sylve étfuatoriale et anthropophages, par looapi- 

laine Cottes. Gi. 
Tagaga, 210. 
Taga-taanpo, 250. 
Tako! (Rivière), 260. 
Tambopata, 73. 
Tangla, 385. 

Tarim (Dépression du), 382. 
Tcbad (Lac), 224. 
Tcbafitcba, 2f)S. 

TCUERNOV (.\.), 55. 

Tcbartcban, 34. 

Tédai. 216. 

Telli-Nor, 388. 

Tessuh (L.-F.), 138. 

TUORRRCKB (F.), 404. 

Tibet (Exploration dans les régions nord v^\ 

du), par le capitaine d'Ollone. H15. 
Tibet (Nouvelle exploration du W .^vrn llnlin 

au), par Ch. Rabot, 2Ui. 
Tibet (Géographie et (léologio du). d'apro> le 

colonel Burrard et .M. Ilaydon. par J. Deni- 

ker. 379. 
Tibet. Voyage de .M.*Ch. Toussaint. 421. 
Tibsse:< (E.). 253. 

TiLiio (capitaine). Mission au Soudan. VIO. 
Tiuio (Rolour do la mission), 203. 
Timmoudi (Sebkhn do). 37t]. 
Tinkiaao, 76. 
Togo, 133. 

Toponymie morvan<lelle, par Lcvainvillo. 25. 
Torbay (Baie de), 202. 
Toro, 216. 
Tottbboui, 220. 
Toakhonm-nor, 5». 
TorssAnT (G.-Ch.). Voya^o au lac Pang-Kong. 

421. 
Transcaucaaia (L'agriculture en). 127. 
Travaux exécuté^» parle >ervir(Mlu nivellement 

général de la France en r.^07. i.,"». 
Travaux biologiques de U mi^^ion d'études do 

la maladie du sommeil, par K. Roulmud, 99. 
Travaux du douzième r.ongn'*s dos jnrilin«» 

alpins, 136. 
Travaux géodésiquet du Seririce géographique de 

l'armée (1904*190^». 413. 



4i'i 



INDEX ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE. 



Travaux scientifiques allemands en Algérie et en 

Tunisie, 399. 
Trolle (Commandant). L'expédition Mylius- 

Erichsen dans le Grônland nord-oriental 169. 
Tunisie (Travaux scientifiques allemands en), 

399. 
Turkestan oriental. Voyage de M. Stein, 33. 
Uoltunich (Ruines de), 236. 
Vaccari et Brit:im. Inchieslasui giardini alpini, 

138. 
Variations récentes du delta du Po par M. Ba- 

ratU, 123. 
Vallot, 347. 

Végétation des Faerôer, par G. H. Ostenfeld, 50. 
Végétation de Gotland, par H. Hesselmann, 123. 
Végétation de IMle Kerguelen, par E. W'erth, 196. 
Végétation (Les zones de) de la Kabylie du 

bjurdjura, par G. Lapie, 181. 
Végétaux (Les groupements de)^ par IL Brock- 

mann-Jerosch, 138. 
Vb.mamine (Semenov Tian-Chanski), 120. 
Vent (L*action du) sur les plateaux du Colorado, 

par W. Cross, 269. 
Ventoux (Observatoire du mont), 368. 
Verbbck, 13'ft. 

Veroara y Vklasco (P. J.), 60. 
Vesle (L'hydrologie souterraine dans la vallée 

de la), par E. Mathieu, 121. 



Vésuve, 281, 

Viking (Banc du), 140. 

Visibilité (Sur un cas rare de) du mont Blanc à 

longue distance, par P. Girardin, 39. 
Vokovysk (Chemin de fer de Bologoé à), 340. 
Volcanisme (Les derniers jours d*Herculaoain et 

de Pompéi interprétés à l'aide de quelques 

phénomènes récents du), par A. Lacroix, 281. 
Voyages organisés par diverses agences, 423. 
Waoon (D'). Mission en Guinée, 418. 
Wahlenberg (Glacier), iU8. 
Wertii (E.), 196. 

Wilson (Observation du mont), 366. 
Woï, 219. 
Wood-bay, 410. 
Worksian, 262. 
Workman (F. et W.), Ice-bound heights ofl he 

Mustagh (bibl.), 63. 
Xiririca, 272. 

Taabichna (Ruines de), 237. 
Ta-ho, 396. 
Tcaiché, 228. 
Youroung-Kach, 394. 
Tucatan (Le) inconnu, par le comte Maurice de 

Périgny, 227. 
Zaskar (Chaîne de), 384. 
Zousfana, 375. 
ZscuoKKE (F.) 332. 



Coalommiers. — laip. Paul BRODAHD. 



XVIII. — NO 6.— Année 1908. iS Décembre. 



La Géographie 



RFNFRAL LIBRARY} 

UNIV.OFMKIL 



BULLETIN 



DB LA 



Société de Géographie 

FUBLIÉ TOUS LIS MOIS PAft 

Le Baron HULOT 

SecréUirs général de U Société d« GéogrsplHt 
»T 

M. Charles RABOT 

Membre de U Gommiieion oenlrale de la Société de Géo|^«pbie, 



Secrétaire de la Rédaction 



SOMMAIRE 



361 



375 
379 



B. Bamaad. — Les observatoires âo montag^ne (avec tir figures dans U tfxU). . . . 

B. da Flotta da Roqnaralra. — Le dciourn«inenl de Voued Suoura ou Foum-el-KreneK 
'Algérie du Sud) {avec une figure dans U terte) 

J. Daalkar. — La géorropbie et la géologie de rUiinalnja et du Tibet, d après le 
colonel Borrard et n. Hayden (avec deux figures dans le texte^ 

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE. — Eiuloration du professeur Obroutcheff dans le 
D}aEr, l'Oarkorber et le Semistaï. — Le commerce extérieur de lindo par roie de 
terre en 1007-1908. — Explorotion arcbéologiqne du D* Stein en Asie Contrôle. ^ — 
Exj»loration du D' Lerendre dans les massifs des Ona-pno-rhnn. — L émigrotion 
chinoise par le port «« Swatow. — Travaux scientifiques allemands en Algérie et 
en Tnntste. ^ Cartographie du GoaTernement général de T Algérie. — Récentes 
explorations au Cameroon. — La colonie allemande de Sào Lourenyo« dans l'état 
de Rio Grande do SuJ. — Ex|>édition suédoise au Spitsberg. — Expédition norvé* 

E'eane au Spitsberg. — Projet d'expédition du capitaine Rnold Amundsen. — 
Mitribution à la cartographie du Spitsberg. — Dérive de^ glures dons TAtlan- 
tîqoe sud. — Nouvelles de l'expédition Charcot. — Nouveaux ouvrages généreux 
de fféographie. -t.. ,....•. 

ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. — Séance du 6 novembre. -^ Trévoux 
géodésiques du Service géogrophique de l'Année (1V04-190A). — Le Congrès de 
rAfrique du Nord. — Monument Victor Jac<|aemont. — Dons. — Mis«ion géode- 
sîqoeet forestière à la Côte d'Ivoire. — Mission de Gironcourl. — Mission Louis 
Gentil. — Mission Desplagnes. — Mission Tilho. — Mission Pelliot. — Mission 
d'OUone. — S\en Hedin et le voyage de M" Massiea. — Voyage de M. Gervai^our- 
lellemont. — Voyage de M. G.-Ch. Toussaint au lac Pang-Kong. — Le pétrole au 
Mexique. — Situation économique de Saint-Domingue. — Information». — L'ensei- 
gnement pratique de la géographie scolaire par croquis simplifié, unr M. le capi- 
taine Portier. — Les Moscareignes, par M. Efugène Gollois. — Canaidots prési^nte^. 
— Nécrologie : le D' Hamy *I3 

OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE «33 



38: 



▲BONNEICEirF 



Paris, S4 fr. — Dbpartbmbnts, 96 fr. — Étranger, 28 fr. 
I«e Numéro : 8 fr. 50. 



PARIS 
MASSON ET C'«. ÉDITEURS 



130, BOOLBTARD SAlNT*OBBIIAtH (6*) 

1908 



3 



</ 



Société de Géographie 



FONDES EN 



1821, RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE 
i84, BOULEVARD SÂ1NT->GERMAIN, A PARIS 



EN isaT 



BUREAU DE U SOCIÉTÉ POUR 1908-1909 



Président. 



MM. 



Vice-présidents, 

Secrétaire . 
Scrutateurs. 



■A 



L'-Colonel R. BOURGEOIS. 
Ernest ROUME, Gouverneur 

général des Colonies. 
Commandant MOLL. 
Gaston BORDAT. 
Jean HACHETTE. 



BUREAU DE U COMIIISSION CENTRALE POUR 1908 



Président. 



Vice-présidents . . j 

Sea-é taire générât . 
Seeyéta ire adjoint . 



MM. 
Frakz SCHRADER. 
Edmond PERRIER, de riastiUiU 
Générai BARRY. 
Le baron HULOT. 
Chaules RABOT. 



Trésorier William d'EICHTHAL. 

Archiv,'bibtiothée, . Henli FROIDEVAUX. 



MEMBRES DE LA COMMISSION CENTRALE 



MM. 
Henri CORDIER, de Tlns- 

titut. 
Casimir DELAMARRE. 
Général DERRÉCAGAIX. 
Henri DESLANDRES, de 

rinstituL 
Vice-amiral DIEULOUARD 
William d^EICHTHAL. 
Henri FROIDEVAUX. 
Jolbs GIRARD. 
M. Henri COUTURIER, notaire de la Société. - 
M. Charles AUBRY, agent de la Société de 



MM 

EDOUARD ANTHOINE. 
Général BARRY. 
Louis BINGER. 
EDOUARD BLANC. 
Prince R. BONAPARTE, 

de rinstituL 
BOUQUET DE LA GRYE, 

de rinstitut. 
EDOUARD CASPARl. 
CHEYSSON, de rinstitut. 



MM. 

Alfred GRANDIDlBR, de 
rinslituL 

Guillaume GRANDIDIËR. 

Baron Jules de GUERNE. 

Jules H ARMAND. 

Baron HULOT. 

Vice-amiral HUMANN. 

Paul LABBE. 

Cii. Le MYUEdeVILERS. 

LEVASSEUR, de TlnstituL 
- M. Emile BERTONE, architecte de la Société 
Géographie, 18 i, boulevard Saint-Germain. 



MM. 

Gabriel MARCEL. 
EllHANUEL DE MARGBRIB. 
Edouard-Alfred MARTEL. 
AuousTB PAVIE. 
PERRIER, de rinstiluU 
Charles RABOT. 
Georges ROLLAND. 
Franz SCHRADER. 
JoRsrH VALLOT. 



DONS ET LEGS FAITS A LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE 



1869. 

1810. 

1881. 

1881. 

1883. 

1884. 

1885. 

1886. 

1888. 

1890. 

1893. • 

1893. • 



• Impératrice EuoiNis. 

M. Ferdinand de Lbsseps. 
M. Alexandre Renouard. 
M. J.-B.-AUi. Dbsrozibrs. 

- M. Léon Poirier. 

M. Edmond Raqubt. 

- M. L,-G.-Alphonse Pichard. 

• M. Arthur-J:-Ph. Grasset. 
■ M. Alph. de Monthbrot. 

- M. M.-A.-Chàrleâ GrAd: 

M. le D' Alfred Dembrsay. 
M. le M" Gustave-Edmond 

J. R. de TURENNE d'ATNAC. 



1894. — M. Renoust des Orgebibs. 

1895. — M- William Huber. 

1896. — M. Fr. -Joseph Audiffred. 
iS\fi. — M. Henri-René Dumont. 
1899. — M. le C- H. de Bizbmoht. 
1899. — M. Alex.-Â. Boutroue. 

1899. — M. Alexandre Durassier. 

1900. — M"* veuve Billrt. 

1900. — M. P.-AIex. de Balasgbopf. 
1900. — M.Alph. Milne-Edwards. 

1900. — M. Fromentin-Dupeuz. 

1901. — M. Pierre-Ernest Lamt. 

1902. — M. Eugène Buissonnbt. 



1903. — M. Paul Hambun. 

1903. — M"* Charles Maunoir. 

1904. — M. Jacques Drlamalli. 

1904. — M. Louis-Eugène Jocbbh. 

1905. — M. Louis- Alexandre Rigbé. 
1905. — M** veuve Francmbtembb. 

1905. — M. Christian-Heni7 Rirkbm. 

1906. — M. Eugène Lbgom^b. 

1906. — M. Léonce de QuiTREFAon 

DE Br^au. 

1907. — M. Joseph-Jules CÎottih. 

1907. — M.leC»*LouiSDBTURKNNB. 

1908. — M. Louis -Charles -Arthur 

LANEN. 



FONDATION DE PRIX ET BOURSES DE VOYAGE 



1870. — M. A. de La Roquette. 
1878. — M. Auguste Logerot. 
1881. — MM. Georges, Henri et 

Eugène Eruard. 
1884. — M. Pierre-Félix Fourrier. 
1884. — M. Jean-Baptiste Morot; - 
1889. — M. Victor-A. Malte-Brun 
(Prix Conrad M altb-Brun). 
1891. — M. Léon Dewez. 
1891. — M"* Hbrbkt (Prix Herbbt- 

Fourhkt). 



1891. — M" la M"- de Phbaulx (Prix 
Bardi& du Bocage). 

1891. — M" L. BOURBONNAL'D. 

1894. — M. Charles Maunoir (Prix 
Henri Duveyrier). 

1894. — M; Jules- Ducros-Aubert. • . • 

1895. — M. Jules-César Jarssen. 

1900. — M. A. MOLTENI. 

1901. — M"* Georges Hachette. 
1901. — M. Jules Girard. 
1901. — Prix Francis Garribr. 



La Société décerne également depuis l'année 1882 le prix Jomard. Ce 

des Monuments de ta Géographie. 



1902. — M"* J. Dbssaign^ (Prix Ju- 

vénal DessaionJ»). 
1902. — M" le duc de Chartrcs (en 

mémoire du prince Henri 

d*Orléans). [ 
1902. — Prix Armand RopssBAC. 
1904. — M. Charles-Eugène Potron. 
1904. — M. Duciiesne-Fournet et ses 

enfants (Prix Jean Dn> 

CHESRB-FOURNE'^. 

1904. — M** veuve Edobard Foa 
(Prix Edouard Foa). 
prix se compose d'un exemplaire 



EXTRAIT J>MS STATUTS 

Pour être membre de ïa, Société, il suffit : 

1** D'être présenté par deux membres de la Société et reçu par la commission centrale. 

2" D'acquitter une cotisation annuelle de 36 francs, qui peut être rachetée par le versement d'une somme 
de 400 francs payable en une fois ou par fractions annuelles de 100 francs. La remise du diplôme,, qui est 
facultative, entraine l'acquittement d'un droit statutaire de 23 francs. 

Le titre de membre bienfaiteur est acquis aux membres qui ont effectué le versement d'une somme une 
fois payée, dont le minimum est Cixé à 1 000 francs. 

Tout membre à vie peut obtenir le titre et les prérogatives des membres bienfaiteurs en portant à 
1000 francs son premier versement. 

Les membres de la Société ont droit gratuitement au service de L& Géographie^ journal 
mensuel publié par la Société. Ils reçoiyent des cartes d'entrée à toutes les Béancei et ont U 
faculté de travailler à la bibliothèque ou d'emprunter des ouvrages. 

Tableau des Jour» de séance pour 1909. 

JANVIER. FEVRIER. MARS. AVRIL. MAI. JUIN. NOVEMBRE. DSCBMBRX 

8 5 5274 5 3 

22 19 19 23 -21 18 19 17 



m 



La Géographie 



BULLETIN DK LA 



Société de Géographie 



PARAISSANT A LA LIBRAIRIE MASSON ET c'* DEPUIS LE 1 5 JANVIER 1 900 



COMITÉ DE RÉDACTION 



MM. 



Baron HULOT, secrétaire général de la Société de Géographie. 
Charles RABOT, secrétaire adjoint de la Commission centrale, secrétaire de la rédaction. 

Franz SCHRADER, président de la Commission centrale. 

Prince Roland BONAPARTE, président de la Section de publication. 

HENRI COROIER. derinsUtut. - J. DENIKER. — Henri FROIDEVAUX. — P. BOUCHEZ. 

CONDITIONS DE LA. PUBLICATION 

La OéoEraphie, Journal maiisoei publié par Im Société de Géographie, forme la 
8* Mérie du Bulletin de la Société, Il parait le i S de chaque mois, dans le format 
grand in-S. Chaque numéro, qui contient 80 pages environ, comprend des mémoires 
originaux^ un bulletin donnant le mouvement géographique, un index bibliograf 
phique et le compte rendu des séances de la Société. Il est accompagné de cartes 
en noir ou en couleurs et de âgures dans le texte. 

PRIX DE L'ABOHRBMEHT AMHUBL 

Paris : 24 francs. ^ Départements : 26 francs. — Étranger : 28 francs. 

Prix du numéro : 2 fr. 50. 

On s*abonne à la librairie Masson et G'*, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. 
Tous les manuscrits, cartes, photographies destinés au recueil doivent être adressés 
aa Secrétaire général de la Société de Géographie, 184, boulevard Saint-Germain. 

La rtprodueiion sans indication de source ni de nom d^auteur des articlei publiés par La 
Géographie est interdite. La reproduction des illutlrations est interdite, à moins ttentente spéciale 
te leê éditeurs, 
La Soolété <U Oéogniphl* a* pr«iid monm m r— ponihfltté aaoïuM ém opinions tmliti par 1m 



A. CONZA 

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IV 



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I20, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS Vf® ARR. 



Ce qu'il faut = 
savoir d'Hygiène 



PAR 



R. WURTZ 

Professeur agrégé & la Faculté de Médecine 
de Paris, Médecin des Hôpitaux. 



H. BOURGES 

Ancien chef du Laboratoire d'hygiène 
de la Faculté de Médecine de Paris. 



1 volume petit in-S*" de \i'333 pages, avec figures dans le texte. 4 /r. 



Bien que le mot d'hygiène soit prononcé à tout propos en France, il est 
aisé de constater que l'éducation générale, en cette matière, est encore très 
incomplète, même sur les points les plus élémentaires. Cependant il existe en 
France, depuis le 15 février 1902, une loi destinée à protéger la santé publique. 
Mais l'application de cette loi demeurera pratiquement vaine tant que le public 
n'en aura pas saisi l'utilité et ne sera convaincu qu'il doit en retirer un béné- 
fice considérable. Le moment est donc bien choisi pour faire connaître ce 
petit livre destiné à mettre les notions fondamentales de l'hygiène à la portée 
de tous, en les exposant avec clarté et précision. 

Les auteurs ont écarté systématiquement les termes par trop scientifiques 
ou techniques et multiplié les figures et croquis afin d'abréger les descriptions. 
Enfin ce sont seulement les questions d'hygiène qui se posent chaque jour, 
dans la vie courante, que ce livre s'elTorce de rendre accessibles au public : 
les conditions hygiéniques du milieu naturel (atmosphère et sol), la façon de 
rendre une habitation salubre, de régler rationnellement l'alimentation, 
d'assurer le développement physique du corps, de mettre l'organisme à l'abri 
des maladies transmissibles. Les auteurs de ce petit ouvrage sauront intéresser 
leurs lecteurs à l'observation des règles qui sauvegardent la santé : ils auront 
ainsi atteint un but utile. 



Ponthus et Therrode (A. et M.) ^ 



Constructeurs d'Instruments de prêci 
6, rue Viotor-Conaidérant, Paria 

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du Service géoerraphique de l'armée 

du Service hydrographique de la marine 



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MASSON ET C'% ÉDITEURS 

LIBRAIRES DB L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 

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Vient de paraître 



La Montagne Pelée 

après ses éruptions 

avec observations sur les éruptions du Vésuve en 79 et en 1906 

par A. LACROIX 

Membre de l'Institut. Professeur au Muséum d'histoire naturelle. 
Ouvrage publié par TAcadéinie des Sciences. 

I \olaine grand in-4"^ de viii-136 papes, avec 83 lîpurtia ilaris h» lexl»* 10 fr. 



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La Montagne Pelée et ses éruptions 

par A. LACROIX 

Membre de rioautot. ProrcMcur au Maséani dlustoirc naturrilo. Cli.'iMc la :niN*...ri xjm'.rl ^ .r !«• la Martiniqo*». 

Ouvraife publié par l'Académie des Sciences 
sous les auspices de^ Ministères de rinstmcUon publique et des Colonies. 
ran5, I9<)5. 1 fort vol. in-4^ de \.\ii-6(i2 pam'^. brillainiinni lilu^lr.- ,|h 2.iS Wm. dans 

\v i#»xle et de 31 planches hoi-s lexU* en héli«ura\un! «i tn pli.jl»>i o:i..^raphi»*. 60 fr.