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Full text of "La géométrie analytique"

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TYPOGRAPHIE 

SDMOND     MONNOYKR 


LE  HAKS  (Sartbe) 


© 


LA 


GÊOMËTRi  ANMTIOll 


D'AUGUSTE    COMTE 


NOUVELLE      ÉDITION       PRÉCÉDÉE 


DE  LA 


Q 


GEOMETRIE  DE   DESCARTES 


PARIS 


UBRAIRS 


44,  Rue  Chauveau-Lagarde 


RTO-DE-JANEIRO 
F.    BRIGUIET    A  Ci* 


LIVRARIA  INTERNACIONAL 


16<&18,RuA  Nova  do  Ouvidor 


1894 


iu 


LA 


GÉOMÉTRIE  mumm 


D'AUGUSTE    COMTE 


•^^  -   ^ 


NOUVELLE       EDITION       PRECEDEE 


DE  LA 


A  > 


GEOMETRIE  DE   DESCARTES 


PARIS 


LTBRAIRE 


14,  Rue  Chauveau-Lagarde 


RIO-DE-JANEÏRO 
F.    BRIGUIET    &   G'» 


LIVRARIA  INTEFINACIONAL 


i6&18,RrANovADoOuviDOK 


1894 


LA  GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE 


D'AUGUSTE  COMTE 


»  _       ^ 


Précédée   de   la   GEOMETRIE    DE    DESGA.11TES 


LA   ISÉOHËTHIi;. 

e  deux  autres,  en  trouver  une  quatrième  qui  soit  à  l'une 
i  deux  comme  l'autre  est  &  Tuoité,  ce  qui  est  le  même 
i  multiplication  ;  ou  bien  en  trouver  une  quatrième  qui 

l'une  de  ces  deux  comme  l'unité  est  k  l'autre,  ce  qui  est 
me  que  la  division  ;  ou  enPm  trouver  une  ou  deux,  ou 
!urs  moyennes  proportiomielles  entre  l'unité  el  quelque 

ligne,  ce  qui  est  le  même  que  tirer  la  racine  carrée,  ou 
ne,  etc.  Et  je  ne  craindrai  pas  d'introduire  ces  termes 
imétique  en  la  géométrie,  afin  de  me  rendre  plus  intel- 


La  M taUpliuUon. 

Soit, par  exemple,  AB  (/î^./)  l'unité, 

et  qu'il  faille  multiplier   BD  par  BC, 

je  n'ai  qu'à  joindre  les  points  A  et  C, 

^  puis  tirer  DE  parallèle  à  CA,  et  BE  est 

^  le  produit  de  cette  multiplication. 


La  DItUIou, 

bien,  s'il  faut  diviser  B  E  par  BD,  ayant  joint  les  points 
»,  je  tire  AC  parallèle  k  DE,  et  BC  est  le  produit  de  cette 
m. 

L'Extmotlon  d»  1«  raoins  oairto. 

s'il  faut  tirer  la  racine  carrée  de  GH  {fig.  S),i6lm 

I  en  ligne  droite  FG,  qui  est  l'unilé.  el  divisant  FH  en 
deux  parties  égales  au  point  K,  du 
centre  K  je  tire  le  cercle  -FIH,  puis 
élevant  du  point  G  une  ligne  droite 
jusques  à  1  à  angles  droits  sur  FH, 
''■»■  *■  c'est  GI  la  racine  cherchée.  Je  ne 

en  ici  de  la  racine  cubique,  ni  des  autres,  à  cause  que 

u-lerai  plus  commodément  ci-après. 


LIVRE  rRBMlKR. 


Gomment  on  p«at  user  de  ohiffres  en  géométrie. 

Mais  souvent  on  n'a  pa&besoifi  .de  tracer  aiiis\ces  lignes 
sur  le  papier,  et  il  suffi l  de  les  désigner  par  quelques  lettres, 
chacune  par  une  seule.  Comme  pour  ajouter  la  JigneBD  à.QH, 
je  nomme  l'une  a  et  Tautre  6,  et  écris  a  +  4  ;  et  a —  b  pour 
soustraire  b  de  a;  et  ab  pour  les  multiplierTunè  par  l'autre  ; 

et  -T  pour  diviser  a  par  6  ;  et  aa  ou  a*  pour  multiplier  a  par 

soi-même  ;  et  a*  pour  le  multiplier  encore  une  fois  par  a,  et 
ainsi  à  l'infini  ;  et  \/  «*  -j-  6»,  pour  tirer  la  racine  carrée  de 

a*  -f-  **;  ©t  ^C.a?  —  6*  +  «è*,  pour  tirer  la  racine  cubique 
de  «•  —  fr'  4"  «62^  et  ainsi  des  autres. 

Où  il  est  à  remarquer  que  par  a',  ou  6',  ou  semblables,  je  t 
ne  conçois  ordinairement  que  des  lignes  toutes  simples, 
encore  que  pour  me  servir  des  noms  usités  en  l'algèbre  je  les 
nomme  des  carrés  ou  des  cubes,  etc. 

U  est  aussi  à  remarquer  que  toutes  les  parties  d^une  même 
ligne  se  doivent  ordinairement  exprimer  par  autant  de  dimen- 1 
sions  Tune  que  l'autre,  lorsque  l'unité  n'est  point  déterminée  \ 
en  la  question,  comme  ici  a^  en  contient  autant  que  ab^  ou 
b*  dont  se  compose  la  ligne  que  j'ai  nommée 


mais  que  ce  n'est  pas  de  même  lorsque  l'unité  est  déterminée, 
à  cause  qu'elle  peut  être  sous-entendue  partout  où  il  y  a  trop 
ou  trop  peu  de  dimensions  :  comme  s'il  faut  tirer  la  racine 
cubique  de  a^b^  —  ft,  il  faut  penser  que  la  quantité  a*6*  est 
divisée  une  fois  par  l'unité,  et  que  l'autre  quantité  b  est  multi- 
pliée deux  fois  par  la  même. 

Au  reste,  afin  de  ne  pas  manquer  à  se  souvenir  des  noms 
de  ces  lignes,  il  en  faut  toujours  taire  un  registre  séparé  à 


< 


4  LA  GÊOMÉTUE. 

mesure  qu'on  les  pose  oa  qo'on  les  change,  écriTint  par 
exemple: 
AB  =  i,  e'esi-à-dire  AB  égal  à  i . 

BD  »  6,  etc. 


SI  ÊÊCtA  ▼anlr  anx  é^natiaiia  tpsA 


Ainsi,  Tonlant  résoudre  quelque  problème,  on  doit  d'abord 
le  considérer  comme  déjà  fait,  et  donner  des  noms  à  toutes 
les  lignes  qui  semblent  nécessaires  pour  le  construire,  aussi 
bien  à  celles  qui  sont  inconnues  qu'aux  autres.  Puis,  sans 
considérer   aucune  différence  entre  ces  lignes  connues  et 

^  inconnues,  on  doit  parcourir  la  difBculté  selon  Tordre  qui 
montre  le  plus  naturellement  de  tous  en  queUe  sorte  elles 

I  dépendent  mutuellement  les  unes  des  autres,  jusques  à  ce 
qu'on  ait  trouvé  moyen  d'exprimer  une  même  quantité  en 
deux  façons,  ce  qui  se  nomme  une  équation;  car  les  termes 
de  Tune  de  ces  deux  façons  sont  égaux  à  ceux  de  l'autre.  Et 
on  doit  trouver  autant  de  telles  équations  qu'on  a  supposé  de 
lignes  qui  étoient  inconnues.  Ou  bien,  s'il  ne  s'en  trouve  pas 
tant,  et  que  nonobstant  on  n'omette  rien  de  ce  qui  est  désiré 
en  la  question,  cela  témoigne  qu'elle  n'est  pas  entièrement 
déterminée.  Et  lors  on  peut  prendre  à  discrétion  des  lignes 
connues  pour  toutes  les  inconnues  auxquelles  ne  correspond 
aucune  équation.  Après  cela,  s'il  en  reste  encore  plusieurs,  il 
se  faut  servir  par  ordre  de  chacune  des  équations  qui  restent 
aussi,  soit  en  la  considérant  toute  seule,  soit  en  la  comparant 
avec  les  autres,  pour  expliquer  chacune  de  ces  lignes  incon- 
nues, et  faire  ainsi,  en  les  démêlant,  qu'il  n'en  demeure 
qu'une  seule  égale  à  quelque  autre  qui  soit  connue,  ou  bien 
dont  le  carrée  ou  le  cube,  ou  le  carré  de  carré,  ou  le  sursolide, 


LIVRE  PREMIER.  5 

OU  le  carré  de  cube,  etc.,  soit  égal  à  ce  qui  se  produit  par 
l'addition  ou  soustraction  de  deux  ou  plusieurs  autres  quan- 
tités, dont  Tune  soit  connue,  et  les  autres  soient  composées 
de  quelques  moyennes  proportionnelles  entre  Tunité  et  ce 
carré,  ou  cube,  ou  carré  de  carré,  etc.,  multipliées  par  d*au- 
très  connues.  Ce  que  j'écris  en  cette  sorte  : 

ou  2^  =  —  a«  +  **» 
ou  z'  «»  +  a%^  +  *'^  —  <?'» 
ou  2*  «=»  fl^  —  c^z  +  rf*,  etc.; 
c*est-à-dire  z,  que  je  prends  pour  la  quantité  inconnue,  est 
égale  à  h;  ou  le  carré  de  z  est  égal  au  carré  de  b  moins  a 
multiplié  par  z  ;  ou  le  cube  de  z  est  égal  à  a  multiplié  par  le 
carré  de  z  plus  le  carré  de  b  multiplié  par  z  moins  le  cube 
de  c;  et  ainsi  des  autres. 

Et  on  peut  toujours  réduire  ainsi  toutes  les  quantités 
inconnues  à  une  seule,  lorsque  le  problème  se  peut  construire 
par  des  cercles  et  des  lignes  droites,  ou  aussi  par  des  sections 
coniques,  ou  même  par  quelque  autre  ligne  qui  ne  soit  que 
d*un  ou  deux  degrés  plus  composée.  Mais  je  ne  m'arrête  point 
à  expliquer  ceci  plus  en  détail,  à  cause  que  je  vous  ôterois  le 
plaisir  de  l'apprendre  de  vous-même,  et  l'utilité  de  cultiver 
votre  esprit  en  vous  y  exerçant,  qui  est,  à  mon  avis,  la  prin- 
cipale qu'on  puisse  tirer  de  cette  science.  Aussi  que  je  n'y 
remarque  rien  de  si  difScile  que  ceux  qui  seront  un  peu  ver- 
sés en  la  géométrie  commune  et  en  l'algèbre,  et  qui  prendront 
garde  à  tout  ce  qui  est  en  ce  traité,  ne  puissent  trouver. 

C'est  pourquoi  je  me  contenterai  ici  de  vous  avertir  que, 
pourvu  qu'en  démêlant  ces  équations,  on  ne  manque  point  à 
se  servir  de  toutes  les  divisions  qui  seront  possibles,  on  aura 
infailliblement  les  plus  simples  termes  auxquels  la  question 
puisse  être  réduite. 


LA    GKOXKTRie. 

Qaal*  sont  !«■  problënuB  plu». 

1  elle  peut  être  résolue  par  la  géométrie  ordinaire, 
i  en  ne  se  serrant  que  de  lignes  droites  et  circu* 
Jes  sur  uoe  superficie  plate,  lorsque  la  dernière 
ira  été  entièrement  démêlée,  il  n'y  restera  tout  au 
carré  inconnu,  égal  à  ce  qui  se  produit  de  l'addi- 
)ustraction  de  sa  racine  multipliée  par  quelque 
maue,  et  de  quelque  autre  quantité  ausd  connue. 

GomiMat  lia  ma  résolTent. 
ette  racine,  ou  ligne  inconnue,  se  trouve  aisément; 
lar  exemple 

a'  —  oa  4.  i», 

iangle  rectangle  NLM  {fig.  3)  dont  le  côté  LH  est 

idne  carrée  de  la  quantité  connue  b*,  et  l'autre  LN 

moitié  de  l'autre  quantité  connue  qui  étoit  mulU- 

pliée  par  z,   que  je  suppose  Être  la 

ligne  inconnue  ;  puis  prolongeant  HN, 

la  base  de  ce  triangle,  jusques  à  0, 

en  sorte  que  NO  soit  égale  à  NL,  la 

toute  OM  est  2,  la  ligne    cherchée; 

"et  elle  s'exprime  en  cette  sorte  : 

ai  y^  =>  —  ay  -\-  £*,  et  que  t/  soit  la  quantité  qu'il 
ir.  Je  fais  le  même  triangle  rectangle  NLM,  et  de' 
S  j'ûleNPégaleàNL,  et  le  reste  P M  est  y,  la 
chée.  De  façon  que  j'ai 


y— l«+y  !«•+»;. 


LIVRE  PREMIER. 


2b/7       £t  tout  de  même  si  j*aTois 

a:^  Bs  —  as?  +  6«, 

PM  seroit  a:*,  çl  j'aurois 


a:-y-|a+y|7+7; 


et  ainsi  des  autres. 
3      Enfin,  si  j*ai 


«»=aj5  — 6^ 


je  fais  NL  {fig.  4)  égale  à  5  a,  et  LM  égale  à  J,  comme 

devant  ;  puis,  au  lieu  de  joindre  les  points  MN, 
je  tire  MQR  parallèle  à  LN,  et  du  centre  N, 
par  L,  ayant  décrit  un  cercle  qui  la  coupe  aux 
points  Q  et  R,  la  ligne  cherchée  z  est  MQ, 
ou  bien  MR  ;  car  en  ce  cas  elle  s'exprime  en 
deux  façons,  à  savoir 


FtV.  4. 


2     ^ 


et 


\l\  «*  -  *'. 


Et  si  le  cercle,  qui  ayant  son  centre  au  point  N  passe  par 
le  point  L,  ne  coupe  ni  ne  touche  la  ligne  droite  MQR,  il  n'y 
a  aucune  racine  en  l'équation,  de  façon  qu'on  peut  aàlsurer  I 
que  la  construction  du  problème  proposé  est  impossible.  < 

Au  reste,  ces  mêmes  racines  se  peuvent  trouver  par  une 
infinité  d'autres  moyens,  et  j'ai  seulement  voulu  mettre  ceux- 
ci,  comme  fort  simples,  afin  de  faire  voir  qu'on  peut  cons- 
truire tous  les  problèmes  de  la  géométrie  ordinaire  sans  faire 
autre  chose  que  lé  peu  qui  est  compris  dans  les  quatre  figures 


aumtff'WiirffTié:  ^nr  aatreneat  is  leoaiBit  »s  pis  la  pêne 

iiâM#  SôOft  Sût  cffoiiûfiTe  qa'îls  anxt  pont  ta 
ttétlwt^  p0«r  ks  trsnrver  rûotes.  ■ois  çl  li^ 


El  M  pMt  k  TOir  an»  f«>ft  claîremaii  et  ce  foe  P^fj  a 
flM  an  eomamteinetit  de  son  Mpdèiiie  lîTre,  ocu  après  s*èlre 
arrêta  qn^^u  fempt  à  dénombrer  toat  ce  qoi  aToîi  été  écril 
en  géométrie  par  ceox  qm  Faroîent  précédé,  il  parle  enfin 
d'orne  qaeili/>a  qnH  dit  qoe  ni  £oclide«  ni  ApoDooins,  ni 
aiuron  anire,  n'aroieni  sn  entièrement  résoudre  ;  et  voici  ses 
fliota^l)  : 

Quem  autem  dicit  (Apollonius  in  ienio  tibro  locum  ad 
tre$  et  quatuor  lineas  ab  Euclide  perfeetum  non  esse^ 
mque  ipse  perfkere  poterat,  neqtte  aliquis  alius;  sed 
neque  paululum  quid  addere  iis,  qux  Euelides  scripsit, 
per  va  tantum  conica,  qtœ  usque  ad  Euclidis  tempora 
prsemomtrata  sunt,  etc. 

Et  un  peu  aprë»  il  explique  ainsi  quelle  est  cette  question  : 

At  locuH  ad  très  et  quatuor  lineas,  in  quo  {Apollonius) 
magnifiée  se  jactat,  et  ostentat,  nulla  habita  gratia  ei, 
qui  prius  ncripserat^  est  hujusmodi.  Si  positione  datis 
tribun  rcctis  lineis  ab  uno  et  eodem  ptincto,  ad  très  lineas 
in  datis  angulis  recta  linese  ducantur,  et  data  sit  pro- 
portio  rcctanguli  contenti  duabus  ductis  ad  quadratum 
reliquêS  :  punctum  contingit  positione  datum  solidum 

{\)  }$  «lU  |»)ttlAI  II  voriilon  UUn«  qw  le  tfxte  frer,  ttn  que  ehacan  l'entende  jHns 
•iiImMl. 


LIVRE  PREMIER.  9 

locum,  hoc  est  unam  ex  tribus  conicis  sectionibus.  Et  si 
ad  quatuor  rectos  lineas  positione  datas  in  datis  angulis  ■ 
lineâs  ducantur;  et  rectanguli  duabus  ductis  contenti  ad 
contentum  duabus  reliquis  proportio  data  sit  :  similiter 
punctum  datam  coni  sectionem  positione  continget.  Si 
çuidem  igiiur  ad  duas  tantum  locus  planus  ostensus  est, 
Quod  si  ad  plures  quam  quatuor^  punctum  continget 
locos  non  adhuc  cognitosj  sed  lineas  tantum  dictas; 
qnales  autem  sinty  vel  quam  habeant  proprietatem,  non 
constat  :  earum  unam^  neque  primam,  et  quse  manifes- 
tissima  videtur,  composuerunt  ostendentes  utilem  esse, 
Propositiones  autem  ipsarum  Aa?  sunt. 

Si  ab  aliquo  puncto  ad  positione  datas  rectas  lineas 
qiiinque  ducantur  rectse  lineas  in  datis  angulis,  et  data 
sit  proportio  solidi  parallelepipedi  rectanguli^  quod  tribus 
ductis  lineis  continetur  ad  solidum  parallelepipedum 
rectangulum^  quod  continetur  reliquis  duabus,  et  data 
quapiam  linea,  punctum  positione  datam  lineam  con- 
tinget. Si  autem  ad  sex,  et  data  sit  proportio  solidi  tribus 
lineis  contenti  ad  solidmn,  quod  tribut  reliquis  contine- 
tur; rursus  punctum  continget  positione  datam  lineam. 
Quod  si  ad  pluresyuam  sex,  non  adhuc  habent  dicere, 
an  data  sit  proportio  cujuspiam  contenti  quatuor  lineis 
ad  id  quod  reliquis  continetur,  quoniam  non  est  aliquid 
contentum  pluribus  quam  tribus  dimensionibus. 

Où  je  vous  prie  de  remarquer  en  passant  que  le  scrupule  ^  ^ 
que  faisoient  les  anciens  d'user  des  termes  de  Tarithmétique 
en  la  géométrie,  qui  ne  pouvoit  procéder  que  de  ce  qu'ils  ne 
voyoient  pas  assez  clairement  leur  rapport,  causoit  beaucoup 
d'obscurité  et  d'embarras  en  la  façon  dont  ils  s'expliquoient  ; 
car  Pappus  poursuit  en  cette  sorte  : 

Acquiescunt  autem  his,  qui  paulo  ante  talia  interpre^ 


10  LA  GÉoménuE. 

taii  sunt;  neque  tmum  aliquo  paeto  eomprehensibile 
sêgnifieantes  quodhis  eantmetur.  Lkebii  autem  ptr  con- 
JtmeUu  frmpoTiUmes  hxe,  et  dieere^  et  denumstrare  uni^ 
verse  in  dietis  proportiamiiMs^  atque  his  m  bwÊC  modum. 
Si  aà  aliquo  puncto  ad  positione  datas  reetas  Bneas 
dueaniur  rectm  Hneœ  in  datis  angulis,  et  data  sitpropor^ 
tio  conjttncta  ex  ea,  quam  habet  una  duetarwn  ad  tmam, 
et  altéra  ad  alteram,  et  alia  ad  aliam,  et  reliçua  ad 
datam  lineam^  si  sint  septem;  si  vero  octo,  et  reliqua  ad 
reliquam  :  punctum  continget  positione  datas  Kneas.  Et 
similiter  quotcumque  sint  impares  vel  pares  muititu- 
dine,  cum  hœc^  ut  dixi^  loco  ad  quatuor  lineas  respon- 
deant^  nullum  igitur  postterunt  ita  ut  linea  nota  sit^  etc. 
La  ([aesUoD  donc  qui  avoit  été  commencée  à  résoudre  par 
Euclide  et  poursuivie  par  Apollonius,  sans  avoir  été  achevée 
par  personne,  étoit  telle  :  Ayant  trois  ou  quatre,  ou  plus 
grand  nombre  de  lignes  droites  données  par  position  ;  pre- 
mièrement on  demande  un  point  duquel  on  puisse  tirer  autant 
d'autres  lignes  droites,  une  sur  chacune  des  données,  qui 
fassent  avec  elles  des  angles  donnés,  et  que  le  rectangle  con- 
tenu en  deux  de  celles  qui  seront  ainsi  tirées  d'un  même 
point,  ait  la  proportion  donnée  avec  le  carré  de  la  troisième, 
s*il  n*y  en  a  que  trois;  ou  bien  avec  le  rectangle  des  deux 
autres,  s'il  y  en  a  quatre;  ou  bien,  s'il  y  en  a  cinq,  que  le 
parallélipipède  composé  de  trois  ait  la  proportion  donnée  avec 
le  parallélipipède  composé  des  deux  qui  restent,  et  d'une 
autre  ligne  donnée;  ou  s'il  y  en  a  six,  que  le  parallélipipède 
composé  de  trois  ait  la  proportion  donnée  avec  le  parallélipi- 
pède des  trois  autres  ;  ou  s'il  y  en  a  sept,  que  ce  qui  se  pro- 
duit lorsqu'on  en  multiplie  quatre  Tune  par  l'autre,  ait  là 
raison  donnée  avec  ce  qui  se  produit  par  la  multiplication  des 
troi^  autres,  et  encore  d'une  autre  ligne  donnée;  ou  s'il  y  en 


LIVRK   PREMIER.  il 

a  hint,  que  le  produit  de  la  muIUplîcation  de  quatre  ait  la 
proportion  donnée  avec  le  produit  des  quatre  autres;  et  ainsi 
cette  question  se  peut  étendre  à  tout  autre  nombre  de  lignes  « 
Pais  à  cause  qu'il  y  a  toujours  une  infinité  de  divers  points 
qui  peuvent  satisfaire  à  ce  qui  est  ici  demandé,  il  est  aussi 
requis  de  connoître  et  de  tracer  la  ligne  dans  laquelle  ils  doi- 
vent tous  se  trouver.  Et  Pappus  dit  que  lorsqu'il  n*y  a  que 
trois  ou  quatre  lignes  droites  données,  c'est  en  une  des  trois 
sections  coniques  ;  mais  il  n'entreprend  point  de  la  déterminer 
ni  de  la  décrire,  non  plus  que  d'expliquer  celletf  où  tous  ces 
points  se  doivent  trouver,  lorsque  la  question  est  proposée 
en  un  plus  grand  nombre  de  lignes.  Seulement  il  ajoute  que 
les  anciens  en  avoient  imaginé  une  qu'Us  montroient  y  être 
utile,  mais  qui  sembloit  la  plus  manifeste,  et  qui  n'étoit  pas 
toutefois  la  première.  Ce  qui  m'a  donné  occasion  d'essayer 
si,  par  la  méthode  dont  je  me  sers,  on  peut  aller  aussi  loin 
qu'ils  ont  été. 

Réponse  à  la  question  de  Pappus. 

Et  premièrement  j'ai  connu  que  cette  question  n'étant  pro- 
posée qu'en  trois,  ou  quatre^  ou  cinq  lignes,  on  peut  toujours 
trouver  les  points  cherchés  par  la  géométrie  simple,  c'est-k- 
dire  en  ne  se  servant  que  de  la  règle  et  du  compas,  ni  ne  fai- 
sant autre  chose  que  ce  qui  a  déjà  été  dit;  excepté  seulement 
lorsqu'il  y  a  cinq  lignes  données,  si  elles  sont  toutes  paral- 
lèles :  auquel  cas,  comme  aussi  lorsque  la  question  est  pro- 
posée en  6,  ou  7,  ou  8^  ou  9  lignes,  on  peut  toujours  trouver 
les  points  cherchés  par  la  géométrie  des  solides,  c'est-à-dire 
en  y  employant  quelqu'une  des  trois  sections  coniques; 
excepté  seulement  lorsqu'il  y  a  neuf  lignes  données,  si  elles 
sont  toutes  parallèles  :  auquel  cas,  derechef ,  et  encore  en  10« 


12  LA  GÉOMÉTRIE. 

il,  12  OU  13  lignes,  on  peut  trouver  les  points  cherchés  par 
le  moyen  d'une  ligne  courbe  qui  soit  d'un  degré  plus  com- 
posée que  les  sections  coniques;  excepté  en  treize,  si  elles 
sont  toutes  parallèles  :  auquel  cas,  et  en  14, 15, 16  et  17,  il  y 

faudra  employer  une  ligne  courbe  encore  d'un  degré  plus 
composée  que  la  précédente,  et  ainsi  à  Tinfîni. 

Puis  j'ai  trouvé  aussi  que  lorsqu'il  n'y  a  que  trois  ou  quatre 
lignes  données,  les  points  cherchés  se  rencontrent  tous,  non 
seulement  en  l'une  des  trois  sections  coniques,  mais  quelque* 
fois  aussi  en  la  circonférence  d'un  cercle  ou  en  une  ligne 
droite;  et  que  lorsqu'il  y  en  a  cinq,  ou  six,  ou  sept,  ou  huit, 
tous  ces  points  se  rencontrent  en  quelqu'une  des  lignes  qui 
sont  d'un  degré  plus  composées  que  les  sections  coniques,  et 
il  est  impossible  d'en  imaginer  aucune  qui  ne  soit  utile  à  cette 
question  ;  mais  ils  peuvent  aussi  derechef  se  rencontrer  en 
une  section  conique,  ou  en  un  cercle,  ou  en  une  ligne  droite. 
Et  s'il  y  en  a  9,  ou  10,  ou  11,  ou  12,  ces  points  se  rencontrent 
en  une  ligne  qui  ne  peut  être  que  d'un  degré  plus  composée 
que  les  précédentes  ;  mais  toutes  celles  qui  sont  d'un  degré 
plus  composées  y  peuvent  servir,  et  ainsi  à  l'infini. 

Au  reste,  la  première  et  la  plus  simple  de  toutes,  après  les 
sections  coniques,  est  celle  qu'on  peut  décrire  par  l'intersec* 
tion  d'une  parabole  et  d'une  ligne  droite,  en  la  façon  qui  sera 
tantôt  expliquée.  En  sorte  que  je  pense  avoir  entièrement 
satisfait  à  ce  que  Pappus  nous  dit  avoir  été  cherché  en  ceci 
par  les  anciens  ;  et  je  tâcherai  d'en  mettre  la  démonstration 
en  peu  de  mots,  car  il  m'ennuie  déjà  d'en  tant  écrire. 

Soient  {fig.  ô)  AB,  AD,  EF,  GH,  etc.,  plusieurs  lignes  don- 
nées par  position,  et  qu'il  faille  trouver  un  point,  comme  C, 
duquel  ayant  tiré  d'autres  lignes  droites  sur  les  données, 
comme  CB,  CD,  CF  et  CH,  en  sorte  que  les  angles  CBA,  CDA, 
CFE,  CHG,  etc.,  soient  donnés,  et  que  ce  qui  est  produit  par 


LIVRE  PREMIER. 


13 


la  multiplication  d'une  partie  de  ces  lignes  soit  égal  à  ce  qui 
est  produit  par  la  multiplication  des  autres,  ou  bien  qu!ils 
aient  quelque  autre  proportion  donnée,  car  cela  ne  rend  point 
la  question  plus  difficile. 


Gonunmit  on  doit  poser  les  tormea  pour  vonir  à  l'éiiaatioa 

de  cet  exemple. 

Premièrement,  je  suppose  la  chose  comme  déjà  faite,  et 


Fig,  5. 

pour  me  démêler  de  la  confusion  de  toutes  ces  lignes  je 
considère  l'une  des  données,  et  Tune  de  celles  qu'il  faut 
trouver,  par  exemple  AB  et  CB,  comme  les  principales  et 
auxquelles  je  tâche  de  rapporter  ainsi  toutes  les  autres.  Que 
le  segment  de  la  ligne  AB,  qui  est  entre  les  points  A  et  B,  soit 
nommée  x  ;  et  que  BC  soit  nommé  y  ;  et  que  toutes  les 
autres  lignes  données  soient  prolongées  jusques  à  ce  qu'elles 
coupent  ces  deux  aussi  prolongées,  s'il  est  besoin,  et  si  elles 
né  leur  sont  point  parallèles  ;  comme  vous  voyez  ici  qu'elles 
coupent  la  ligne  AB  aux  points  A,  E,  6,  et  BC  aux  points 
R,  S,  T.  Puis  à  cause  que  tous  les  angles  du  triangle  ARB 
sont  donnés,  la  proportion  qui  est  entre  les  dotés  AB  et  BR 

est  aussi  donnée,  et  je  la  pose  comme  i^  zkb^  de  façon  que 

hx                                       hx 
AB  {fig.  6)  étant  x,  BR  sera  —,  et  la  toute  GR  sera  y  -j , 


14 


LA'  GEOMETRIE. 


à  cause  que  le  point  B  tombe  entre  G  et  R.;  car  si  R  tomboit 

bx 
entre  G  et  B,CR  seroit  y  — —  ;  et  si  G  tiJmbort  entre  Bet  R, 

bx 
GR  seroit  —  y  +  — .  Tout  de  mèiM  lés  trois  angles  du 

triangle  DRC  sont  donnés,  et  par  conséquent  aussi  la  pro- 
portion qni  est  entre  les  côtés  CR  et  CD,  que  je  pose  comme 

—  ,  CD  sera  -^  A : 

z  z         z' 

Après  cela,  pource  que  les  lignés  AB,  AD  et  ËF  sont  données 
par  position,  la  distance  qui  est  entre  les  points  A  et  E  est 
aussi  donnée,  et  si  on  la  nomme  Zr,  on  aura  EB  égal  k  k-^-x; 
mais  ce  seroit  k  —  â:  si  le  point  B  tomboit  entre  E  et  A  ; 
et  —  A  +  a:  si  E  tomboit  entre  A  et  B.  Et  pource  que  les 
angles  du  triangle  ESB  sont  tous  donnés,  la  proportion  de 


WJSW: 

de  js  à  c,  de  façon  que  CR  étant  y  +  '-j-,  CD  sera  ~  +    ^^ 


Fig.  6. 


BE  à  BS  est  aussi  donnée,  et  je  la  pose  comme  de  z  à  £f,  si 

1 .            T^o     ,  dk  +  dx     ^ ,    ,     ,    -_       zy  4-  dk  4-  dx 
bien  que  BS  est ■ ,  et  la  toute  CS  est  -^-^ = ; 

z  z 

zt/  ■"""  dk  "—  dx 
mais  ce  seroit  -^ ,  si  le  point  S  tomboit  entre 

B  et  G;  et  ce  seroit ^^^ "^ — ,  si  G  tomboit  entrç 

z 

B  et  S.  De  plus  les  trois  angles  du  triangle  FSG  sont  donnés, 
et  ensuite  la  proportion  de  CS  à  CF,  qui  soit  comme  de  zke. 


UYRE  PREMIER.  i 


w 


et  la  toute  GF  sera   -^-^ — -r — • .  En  même  façon  AG 

que  je  nomme  /  est  donnée,  et  BG  est  /  —  or,  et  à  cause  du 
triangle  BGT,  la  proportion  de  BG  à  BT  est  aussi  donnée^  qui 

soit  comme  de  z  à  /,  et  BT  sera —,  et  CT  =  ^-^ '—, 

'  z  z 

Puis  derechef  la  proportion  de  CT  à  CH  est  donnée  à  cause 
du  triangle  TCH,  et  la  posant  comme  de  :^  à  g,  on  aura 


^3 

4« 


Et  ain^i  vous  voyez  qu*en  tel  nombre  de  lignes  données  par 
position  qu'on  puisse  avoir,  toutes  les  lignes  tirées  dessus  du 
point  G  à  angles  donnés,  suivant  la  teneur  de  la  question,  se 
peuvent  toujours  exprimer  chacune  par  trois  termes,  dont    i^.  </<'  /ct 
Tun  est  composé  de  la  quantité  inconnue  y  y  multipliée  ou    t  y/tv  J^  - 
divisée  par  quelque  autre  connue  ;  et  l'autre  de  la  quantité 
inconnue  a:,  aussi  multipliée  ou  divisée  par  quelque  autre 
connue  ;  et  le  troisième  d'une  quantité  toute  connue  ;  excepté 
seulement  si  elles  sont  parallèles,  ou  bien  à  la  ligne  AB, 
auquel  cas  le  terme  composé  de  la  quantité  x  sera  nul ,  ou 
bien  à  la  ligne  GB,  auquel  cas  celui  qui  est  composé  de  la 
quantité  y  sera  nul,  ainsi  qu'il  est  trop  manifeste  pour  que  je 
m'arrête  à  l'expliquer.  Et  pour  les  signes  +  et  —  qui  se  joi-  , 
gnent  à  ces  termes,  ils  peuvent  être  changés  en  toutes  les 
façons  imaginables.  

Puis  vous  voyez  aussi  que,  multipliant  plusieurs  de  ces 
lignes  Tune  par  l'autre,  les  quantités  x  et  y  qui  se  trouvent 
dans  le  produit  n'y  peuvent  avoir  que  chacune  autant  de 
dimensions  qu'il  y  a  eu  de  lignes  à  l'explication  desquelles 
elles  servent^  qui  ont  été  ainsi  multipliées  ;  en  sorte  qu'elles 
n'auront  jamais  plus  de  deux  dimensions  en  ce  qui  ne  sera 
produit  que  par  la  multiplication  de  deux  lignes  ;  ni  plus  de 


16  LA   «ÉOMÉTRIE. 

trois,  en  ce  qui  ne  sera  produit  que  par  la  molIlplîcaUoii  de 
trois,  et  ainsi  à  l'iaflni. 


Gommuit  oa  tronv*  tpam  ce  problèms  «st  plsu,  lorwpi'il 
a'Mt  point  prapM4  «n  pins  d«  cinq  lignas. 

De  ptosvàcaase  que  poar  déterminer  le  point  C,  il  n'y  a 
qu'une  seule  conditiou  qui  soit  requise,  h  savoir  que  ce  qui 
est  produit  par  la  multiplication  d'un  certain  nombre  de  ces 
lignes  soit  égal,  ou,  ce  qui  n'est  de  rien  plus  malaisé,  ait  la 
proportion  donnée  i  ce  qui  est  produit  par  la  multiplication 
des  autres  ;  on  peut  prendre  à  discrétion  l'une  des  deux  quan- 
titéa  inconnues  x  ou  y,  et  chercher  l'autre  par  cette  équation, 
en  laquelle  il  est  évident  que,  lorsque  la  question  n'est  point 
I  proposée  en  plus  de  cinq  lignes,  la  quantité  x,  qui  ne  sert  point 
!  à  l'expression  de  la  première,  peut  toujours  n'y  avoir  que 
[  deux  dimensions;  de  façon  que,  prenant  une  quantité  connue 
pour  y,  il  ne  restera  que  x'  =  +  ou  —  ax  -{-  ou  —  6';  et 
ainsi  ou  pourra  trouver  la  quantité  x  avec  la  règle  et  le  com- 
pas, en  la  façon  tantât  expliquée .  Mf  me,  prenant  successive- 
ment inriuies  diverses  grandeurs  pour  la  ligne  y,  on  en  trou- 
vera aussi  iniinies  pour  la  ligne  x,  et  ainsi  on  aura  une  inlt- 
nité  de  divers  points,  tels  que  celui  qui  est  marqué  C,  par  le 
moyen  desquels  on  décrira  la  ligne  courbe  demandée. 

Il  se  peut  faire  aussi,  ta  question  étant  proposée  en  six  ou 
plus  grand  nombre  de  lignes,  s'il  y  en  a  entre  les  données  qui 
soient  parallèles  à  AB  ou  BC,  que  l'une  des  deux  quantités  x 
ou  y  n'ait  que  deux  dimensions  en  l'équation,  et  ainsi  qu'on 
puisse  trouver  le  point  C  avec  la  r^gle  oL  le  compas.  Mais  au 
contraire  si  elles  sont  toutes  parallèles,  encore  que  la  question 
ne  soit  proposée  qu'en  cinq  lignes,  ce  point  C  ne  pourra  ainsi 
être  trouvé,  à  cause  que  la  quantité  x  ne  se  trouvant  point  en 


LIYRB  PREMIER.  17 

toute  réquation,  il  ne  sera  plus  permis  de  prendre  une  quan- 
tité connue  pour  celle  qui  est  nommée  y^  mois  ce  sera  elle 
qu'il  faudra  chercher.  El  pource  qu'elle  aura  trois  dimensions, 
on  ne  le  pourra  trouver  qu'en  tirant  la  racine  d'une  équation 
cubique,  ce  qui  ne  se  peut  généralement  faire  sans  qu'on  y 
emploie  pour  le  moins  une  section  conique.  Et  encore  qu'il  y 
ait  jusques  à  neuf  lignes  données,  pourvu  qu'elles  ne  soient 
point  toutes  parallèles,  on  peut  toujours  faire  que  l'équation 
ne  monte  que  jusques  au  carré  de  carré  ;  au  moyen  de  quoi  on 
la  peut  aussi  toujours  résoudre  par  les  sections  coniques,  en 
la  façon  que  j'expliquerai  ci-après.  Et  encore  qu'il  y  en  ait 
jusques  à  treize,  on  peut  toujours  faire  qu'elle  ne  monte  que 
jusques  au  carré  de  cube;  ensuite  de  quoi  on  la  peut  résoudre 
par  le  moyen  d'une  ligne,  qui  n'est  que  d'un  degré  plus  com- 
posée que  les  sections  coniques,  en  la  façon  que  j'expliquerai 
aussi  ci-après.  Et  ceci  est  la  première  partie  de  ce  que  j 'a vois 
ici  à  démontrer;  mais  avant  que  je  passe  à  la  seconde,  il  est 
besoin  que  je  dise  quelque  chose  en  général  de  la  nature  des 
lignes  courbes. 


DBfiGARTBs.  —  Géomitrie,  3 


18  LA   GÉOMÉTRIE. 


LIVRE  SECOND. 


DE  LA  NATURE  DES  LIGNES  COURBES. 


Quelles  sont  les  lignes  eoarbes  qu'on  peut  recevoir  en 

géométrie. 

Les  anciens  ont  fort  bien  remarqué  qu'entre  les  problèmes 
de  géométrie,  les  uns  sont  plans,  les  autres  solides  et  les 
autres  linéaires,  c'est-à-dire  que  les  uns  peuvent  être  cons- 
truits en  ne  traçant  que  des  lignes  droites  et  des  cercles;  au 
lieu  que  les  autres  ne  le  peuvent  être,  qu*on  n'y  emploie  pour 
le  moins  quelque  section  conique  ;  ni  enfin  les  autres,  qu'on 
r  ; ..  n'y  emploie  quelque  autre  ligne  plus  composée.  Mais  je  m'é- 
.  '      tonne  de  ce  qu'ils  n'ont  point  outre  cela  distingué   divers 

[  degrés  entre  ces  lignes  plus  composées,  et  je  ne  saurois  com- 

prendre pourquoi  il  les  ont  nommées  mécaniques  plutôt  que 
géométriques .  Car  de  dire  que  c'ait  été  à  cause  qu'il  est  besoin 
■  de  se  servir  de  quelque  machine  pour  les  décrire,  il  faudroit 

;  rejeter  par  môme  raison  les  cercles  et  les  lignes  droites,  vu 

I  qu'on  ne  les  décrit  sur  le  papier  qu'avec  un  compas  et  une 

[  règle,  qu'on  peut  aussi  nommer  des  machines .  Ce  n'est  pas 

\  non  plus  à  cause  que  les  instruments  qui  servent  à  les  tracer, 

étant  plus  composés  que  la  règle  et  le  compas,  ne  peuvent 
'  être  si  justes;  car  il  faudroit  pour  cette  raison  les  rejeter  des 
I  mécaniques,  où  la  justesse  des  ouvrages  qui  sortent  de  la  main 
j  est  désirée,  plutôt  que  de  la  géométrie,  où  c'est  seulement  la 


LIVRE  SECOND.  19 

justesse  du  raisonnement  qu*on  recherche,  et  qui  peut  sans  j 
doute  être  aussi  parfaite  touchant  ces  lignes  que  touchant  les) 
autres.  Je  ne  dirai  pas  aussi  que  ce  soit  à  cause  qu'ils  n'ont 
pas  voulu  augmenter  le  nombre  de  leurs  demandes,  et  qu'ils 
se  sont  contentés  qu'on  leur  accordât  qu'ils  pussent  joindre 
deux  points  donnés  par  une  ligne  droite,  et  décrire  un  cercle 
d'un  centre  donné  qui  passât  par  un  point  donné  ;  car  ils  n'ont 
point  fait  de  scrupule  de  supposer  outre  cela,  pour  traiter  des 
sections  coniques,  qu'on  pût  couper  tout  cône  donné  par  un 
plan  donné.  Et  U  n'est  besoin  de  rien  supposer  pour  tracer 
toutes  les  lignes  courbes  que  je  prétends  ici  d'introduire, 
sinon  que  deux  ou  plusieurs  lignes  puissent  être  mues  l'une 
par  l'autre,  et  que  leurs  intersections  en  marquent  d'autres; 
ce  qui  ne  me  parolt  en  rien  plus  difficile.  Il  est  vrai  qu'ils 
n'ont  pas  aussi  entièrement  reçu  les  sections  coniques  en  leur 
géométrie,  et  je  ne  veux  pas  entreprendre  de  changer  les 
noms  qui  ont  été  approuvés  par  l'usage  ;  mais  il  est,  ce  me 
semble,  très  clair  que,  prenant  comme  on  fait  pour  géométri- 
que ce  qui  est  précis  et  exact,  et  pour  mécanique  ce  qui  ne 
l'est  pas,  et  considérant  la  géométrie  comme  une  science  qui 
enseigne  généralement  à  connoître  les  mesures  de  tous  les 
corps,  on  n'en  doit  pas  plutôt  exclure  les  lignes  les  plus  com- 
posées que  les  plus  simples,  pourvu  qu'on  les  puisse  imaginer 
être  décrites  par  un  mouvement  continu,  ou  par  plusieurs  qui  ) 
s'entre-suivent,  et  dont  les  derniers  soient  entièrement  réglés  * 
par  ceux  qui  les  précèdent;  car  par  ce  moyen  on  peut  tou-^ 
jours  avoir  une  connoissance  exacte  de  leur  mesure.  Mais 
peut-être  que  ce  qui  a  empêché  les  anciens  géomètres  de  rece- 
voir celles  qui  étoient  plus  composées  que  les  sections  coni- 
ques, c'est  que  les  premières  qu'ils  ont  considérées,  ayant  par 
hasard  été  la  spirale,  la  quadratrice  et  semblables,  qui  n'ap*  ' 
partiennent  véritablement  qu'aux   mécaniques,  et  ne  sont  • 


\ 


'i  r 


20  LA   GÉOMÉTRIE. 

•  point  du  nombre  de  celles  que  je  pense  devoir  ici  être  reçnes, 
à  cause  qu'on  les  imagine  décrites  par  deux  mouvements 
séparés,  et  qui  n'ont  entre  eux  aucun  rapport  qu'on  puisse 

■  mesurer  exactement;  bien  qu'ils  aient  après  examiné  la  con- 
cbolde,  la  cissolde,  et  quelque  peu  d'autres  qui  en  sont,  tou- 
tefois à  cause  qu'ils  n'ont  peut-être  pas  assez  remarqué  leurs 
propriétés,  ils  n'en  ont  pas  fait  plus  d'état  que  des  premières  ; 
ou  bien  c'est  que,  voyant  qu'ils  ne  connoîssoient  encore  que 
peu  de  cboses  toucbant  les  sections  coniques,  et  qu'il  leur  en 
restoit  même  beaucoup,  touchant  ce  qui  se  peut  Taire  avec  la 
règle  et  le  compas,  qu'ils  ignoroient,  ils  ont  cru  ne  devoir 
point  entamer  de  matière  plus  difOcile.  Hais  pource  que  j'es- 
père que  dorénavant  ceux  qui  auront  l'adresse  de  se  servir  du 
calcul  géométrique  ici  proposé,  ne  trouveront  pas  assez  de 
quoi  s'arrêter  toucbant  les  problèmes  plans  ou  solides,  je 
crois  qu'il  est  à  propos  que  je  les  invite  h  d'autres  recherches, 
où  ils  ne  manqueront  jamais  d'exercice. 

Voyez  les  lignes  AB,  AD,  AF  et  semblables  (fig.  7),  que  je 
suppose  avoir  été  décrites  par  l'aide  de  l'instrument  YZ,qni  est 
composé  de  plusieurs  règles  tellement  jointes  que  celle  qui  est 


marquée  YZ  étant  arrêtéesur  la  ligne  AN,  on  peut  ouvrir  et 
fermer  l'angle  XYZ,  et  que  lorsqu'il  est  tout  fermé,  les  points 


UVRE  SECOND.  21 

B,  C,  D,  E,  F,  G,  H  sont  tous'  assemblés  au  point  A  ;  mais 
qu'à  mesure  qu'on  Touvre,  la  règle  BC,  qui  est  jointe  à  angles 
droits  avec  XY  au  point  B,  pousse  vers  Z  la  règle  CD,  qui 
coule  sur  YZ  en  faisant  toujours  des  angles  droits  avec  elle  ; 
et  CD  pousse  DE,  qui  coule  tout  de  même  sur  YX  en  demeu- 
rant parallèle  à  BC  ;  DE  pousse  EF,  EF  pousse  FO,  celle-ci 
pousse  GH,  et  on  en  peut  concevoir  une  infinité  d'autres  qui 
se  poussent  consécutivement  en  même  façon,  et  dont  les  unes 
fassent  toujours  les  mêmes  angles  avec  YX  et  les  autres  avec 
YZ.  Or,  pendant  qu'on  ouvre  ainsi  Tangle  XYZ,  le  point  B 
décrit  la  ligne  AB,  qui  est  un  cercle  ;  et  les  autres  points  D, 
F,  H,  où  se  font  les  intersections  des  autres  règles,  décrivent 
d'autres  lignes  courbes  AD,  AF/AH,  dont  les  dernières  sont 
par  ordre  plus  composées  que  la  première,  et  celle-ci  plus 
que  le  cercle  ;  mais  je  ne  vois  pas  ce  qui  peut  empêcher  qu'on 
ne  conçoive  aussi  nettement  et  aussi  distinctement  la  descrip- 
tion de  cette  première  que  du  cercle,  ou  du  moins  que  des 
sections  coniques  ;  ni  ce  qui  peut  empêcher  qu'on  ne  con- 
çoive la  seconde,  et  la  troisième,  et  toutes  les  autres  qu'on 
peut  décrire,  aussi  bien  que  la  première  ;  ni  par  conséquent 
qu'on  ne  les  reçoive  toutes  en  même  façon  pour  servir  aux 
spéculations  de  géométrie . 

La  façon  de  distinguer  tontes  les  lignes  courbes  en 
certains  genres,  et  de  connoître  le  rapport  q[n'ont  tons 
lenrs  points  à  cens  des  lignes  droites. 

Je  pourrois  mettre  ici  plusieurs  autres  moyens  pour  tracer 
et  concevoir  des  lignes  courbes  qui  seroient  de  plus  en  plus 
composées  par  degrés  à  l'infini  ;  mais  pour  comprendre  en- 
semble toutes  celles  qui  sont  en  la  nature,  et  les  distinguer 
par  ordre  en  certains  genres,  je  ne  sache  rien  de  meilleur 
que  de  dire  que  tous  les  points  de  celles  qu'on  peut  nommer 


fi  LA   GÉOMÉTRIE. 

géométriques,  c*est-à-dire  qni  tombent  sous  qnelqne  mesure 
précise  etexacte,  ont  nécessairement  qnelqae  rai4>ort  à  tous  les 
points  d*nne  ligne  droite,  qui  peut  être  exprimée  par  quelque 
équation,  en  tous  par  une  même  ;  et  que,  lorsque  cette  équa- 
tion ne  monte  que  jusqu'au  rectangle  de  deux  quantités  indé- 
terminées, ou  bien  au  carré  d'une  même,  la  ligne  courbe  est 
du  premier  et  plus  simple  genre,  dans  lequel  il  n'y  a  que  le 
cercle,  la  parabole,  l'hyperbole  et  l'ellipse  qui  soient  com- 
prises ;  mais  que  lorsque  l'équation  monte  jusqu'à  la  troi- 
sième ou  quatrième  dimension  des  deux,  ou  de  l'une  des 
deux  quantités  indéterminées  (car  il  en  faut  deux  pour  expli- 
quer ici  le  rapport  d'un  point  à  un  autre),  elle  est  du  second  ; 
et  que  lorsque  l'équation  monte  jusqu'à  la  cinquième  ou 
sixième  dimension,  elle  est  du  troisième  ;  et  ainsi  des  autres 
à  llnfini. 
Comme  si  je  veux  savoir  de  quel  genre  est  la  ligne  EC  (fig.8). 

que  j'imagine  être  décrite  par  l'intersec- 
tion de  la  règle  GL  et  du  plan  recti- 
ligne  CNKL,  dont  le  côté  KN  est  indé- 
finiment prolongé  vers  C,  et  qui,  étant 
mu  sur  le  plan  de  dessous  en  ligne 
droite,  c'est-à-dire  en  telle  sorte  que 
son  diamètre  KL  se  trouve  toujours  ap- 
pliqué sur  quelque  endroit  de  la  ligne  B  A 
prolongée  de  part  et  dautre,  fait  mouvoir  circulairement 
cette  règle  GL  autour  du  point  G,  à  cause  qu'elle  lui  est 
tellement  jointe  qu'elle  passe  toujours  par  le  point  L.  Je 
choisis  une  ligne  droite  comme  AB,  pour  rapporter  à  ses 
divers  points  tous  ceux  de  cette  ligne  courbe  EC  ;  et  en  cette 
ligne  AB  je  choisis  un  point  comme  A,  pour  commencer  par 
lui  ce  calcul.  Je  dis  que  je  choisis  et  l'un  et  l'autre,  à  cause 
qu'il  est  libre  de  les  prendre  tels  qu'on  veut;  car  encore  qu'il 


L 


LIVRE  SECOND.  23 

y  ait  beaucoup  de  choix  pour  rendre  Téquation  plus  courte 
et  plus  aisée,  toutefois  eu  quelle  façon  qu'on  les  prenne,  on 
peut  toujours  faire  que  la  ligne  paroisse  de  même  genre,  ainsi 
qu'il  est  aisé  à  démontrer.  Apr^s  cela  prenant  un  point  à 
discrétion  dans  la  courbe,  comme  C,  sur  lequel  je  suppose 
que  Tinstrument  qui  sert  à  la  décrire  est  appliqué,  je  tire  de 
ce  point  C  la  ligne  CB  parallèle  à  GA,  et  pource  que  CB  et  BA 
sont  deux  quantités  indéterminées  et  inconnues,  je  les  nomme 
Tune  y  et  Tautre  x\  mais  afin  de  trouver  le  rapport  de  Tune 
à  Tautre,  je  considère  aussi  les  quantités  connues  qui  déter- 
minent la  description  de  cette  ligne  courbe,  comme  GA,  que 
je  nomme  a,  KL  que  je  nomme  ô,  et  NL,  parallèle  à  GA,  que 
je  nomme  c  ;  puis  je  dis,  comme  NL  est  à  LK,  ou  o  à  6,  ainsi 

CB  ou  y  est  à  BK,  qui  est  par  conséquent  -  y\  et  BL  est 
•y  —  6,  et  AL  est  a:  -f-  "^  y  —  *•  ^^  plï^s,  comme  CB  est  à 

LB,  ou  ^  à  -  y  —  6,  ainsi  AG  ou  âf  est  à  LA  ou  a:  +  -  y  —  ô; 
c  c 

de  façon  que,  multipliant  la  seconde  par  la  troisième  on 

produit  —  y  —  a6  qui  est  égale  à  a:y  +  -  y*  —  ^,  qui  se 
c  c 

produit  en  multipliant  la  première  par  la  dernière  :  et  ainsi 
Véquation  qu'il  falloit  trouver  est 

ex 
y«  ™  cy  —  -  y  +  ay  —  ac, 

de  laquelle  on  connoit  que  la  ligne  EC  est  du  premier  genre, 
comme  en  effet  elle  n'est  autre  qu'une  hyperbole. 

Que  si,  en  Tinstrument  qui  sert  à  la  décrire,  on  fait  qu'au 
lieu  de  la  ligne  droite  CNK,ce  soit  cette  hyperbole,  ou  quelque 
autre  ligne  courbe  du  premier  genre,  qui  termine  le  plan 
CNKL,  l'intersection  de  cette  ligne  et  de  la  règle  GL  décrira, 


24  lA  ctonÉniB. 

an  lien  de  Thyperibole  EC,  une  aatre  ligne  cooriie  qui  sera 
d'un  second  genre.  Comme  si  CSK  est  nn  cercle  dont  L  soit 
le  centre,  on  décrira  la  première  conchoîde  des  anciens  ;  et 
si  c*est  nne  parabole  dont  le  diamètre  soit  KB,  on  décrira  la 
ligne  conrbe  qne  j'^  tantôt  dit  être  la  première  et  la  plus 
simple  ponr  la  question  de  Pappus,  lorsqu'il  n*y  a  que  cinq 
lignes  droites  données  par  position  ;  mais  si  au  lieu  d*une 
de  ces  lignes  courbes  du  premier  genre,  c'en  est  une  du  se- 
cond qui  termine  le  plan  CNKL,  on  en  décrira,  par  son 
moyen,  une  du  troisième,  ou  si  c'en  est  une  du  troisième, 
on  en  décrira  une  du  quatrième,  et  ainsi  à  TinOni,  comme  il 
est  fort  aisé  à  connoltre  par  le  calcul.  Et  en  quelque  autre 
façon  qu'on  imagine  la  description  d'une  ligne  conrbe,pourvu 
qu'elle  soit  du  nombre  de  celles  que  je  nomme  géométriques, 
on  pourra  toujours  trouver  une  équation  pour  déterminer 
tous  ses  points  en  cette  sorte. 

Au  reste,  je  mets  les  lignes  courbes  qui  font  monter  celte 
équation  jusqu'au  carré  de  carré,  au  même  genre  que  celles  qui 
ne  la  font  monter  que  jusqu'au  cube;  et  celles  dont  l'çquation 
monte  au  carré  de  cube,  au  même  genre  que  celles  dont  elle 
ne  monte  qu'au  sursolide,  et  ainsi  des  autres  :  dont  la  raison 
est  qu'il  y  a  règle  générale  pour  réduire  au  cube  toutes  les 
difficultés  qui  vont  au  carré  de  carré,  et  au  sursolide  toutes 
celles  qui  vont  au  carré  du  cube  ;  de  façon  qu'on  ne  les  doit 
point  estimer  plus  composées. 

Mais  il  est  à  remarquer  qu'entre  les  lignes  de  chaque  genre, 
encore  que  la  plupart  soient  également  composées,  en  sorte 
qu'elles  peuvent  servir  à  déterminer  les  mêmes  points  et 
construire  les  mêmes  problème8,il  y  en  a  toutefois  aussi  quel- 
ques-unes qui  sont  plus  simples,  et  qui  n'ont  pas  tant  d'éten- 
due en  leur  puissance  ;  comme  entre  celles  du  premier  genre, 
outre  l'ellipse,  l'hyperbole  et  la  parabole,  qui  sont  également 


UVRE  SECOND.  25 

composées,  le  cercle  y  est  aussi  compris,  qui  maaifeslement 
est  plus  simple  ;  et  entre  celles  du  second  genre,  il  y  a  la 
conchoîde  vulgaire,  qui  a  son  origine  du  cercle  ;  et  il  y  en  a 
encore  quelques  autres  qui,  bien  qu'elles  n'aient  pas  tant  d'é- 
tendue que  la  plupart  de  celles  du  même  genre,  ne  peuvent 
toutefois  être  mises  dans  le  premier. 

Suite  de  rexpUcation  de  la  question  de  Pappu^  miee  au 

livre  précédent. 

Or,  après  avoir  ainsi  réduit  toutes  les  lignes  courbes  à  cer- 
tains genres,  il  m'est  aisé  de  poursuivre  en  la  démonstration 
de  la  réponse  que  j*ai  tantôt  faite  à  la  question  de  Pappus  ; 
car  premièrement,  ayant  fait  voir  ci*dessus  que,  lorsqu'il  n'y 
a  que  trois  ou  quatre  lignes  droites  données,  l'équation  qui 
sert  à  déterminer  les  points  cherchés  ne  monte  que  jusqu'au 
carré,  il  est  évident  que  la  ligne  courbe  où  se  trouvent  ces 
points  est  nécessairement  quelqu'une  de  celles  du  premier 
genre,  à  cause  que  cette  même  équation  explique  le  rapport 
qu'ont  tous  les  points  des  lignes  du  premier  genre  à  ceux 
d*une  ligne  droite  ;  et  que  lorsqu'il  n'y  a  point  plus  de  huit 
lignes  droites  données,  cette  équation  ne  monte  que  jusqu'au 
carré  de  carré  tout  au  plus,  et  que  par  conséquent  la  ligne 
cherchée  ne  peut  être  que  du  second  genre,  ou  au-dessous  ; 
et  que  lorsqu'il  n'y  a  point  plus  de  douze  lignes  données, 
l'équation  ne  monte  que  jusqu'au  carré  de  cube,  et  que  par 
conséquent  la  ligne  cherchée  n'est  que  du  troisième  genre, 
ou  au-dessous  ;  et  ainsi  des  autres.  £t  même  à  cause  que  la 
position  des  lignes  droites  données  peut  varier  en  toutes 
sortes,  et  par  conséquent  faire  changer  tant  les  quantités 
connues  que  les  signes  +  et  —  de  l'équation,  en  toutes  les 
façons  imaginables,  il  est  évident  qu'il  n'y  a  aucune  ligne 


26 


LA  GEOMETRIE. 


courbe  du  premier  genre  qui  ne  soit  utile  à  cette  question, 
quand  elle  est  proposée  en  quatre  lignes  droites  ;  ni  aucune 
du  second  qui  n*y  soit  utile,  quand  elle  est  proposée  en  huit  ; 
ni  du  troisième,quand  elle  est  proposée  en  douze  ;  et  ainsi  des 
autres  :  en  sorte  qu^il  n'y  a  pas  une  ligne  courbe  qui  tombe 
sous  le  calcul  et  puisse  être  reçue  en  géométrie,  qui  n'y  soit 
utile  pour  quelque  nomi>re  de  lignes. 

Solution  de  cette  question  quand  elle  n'est  proposée  qu'en 

trois  ou  quatre  lignes. 

Mais  il  faut  ici  plus  particulièrement  que  je  détermine  et 
donne  la  façon  de  trouver  la  ligne  cherchée  qui  sert  en  cha- 
que cas,  lorsqu'il  n'y  a  que  trois  ou  quatre  lignes  droites 
données  ;  et  on  verra,  par  même  moyen,  que  le  premier 
genre  des  lignes  courbes  n'en  contient  aucunes  autres  que 
les  trois  sections  coniques  et  le  cercle. 


Fig.  9, 


Reprenons  les  quatre  lignes  AB,  AD,  EF  et  GH  {fig.  9)  don- 
nées ci-dessus^  et  qu'il  faille  trou  ver  une  autre  ligne  en  laquelle 
il  se  recontre  une  infinité  de  points  tels  que  C,  duquel  ayant 
tiré  les  quatre  lignes  CB,  CD,  CF  et  CH,  à  angles  donnés  sur 


UVRE  SECOND.  27 

les  données,  GB  multipliée  par  CF  produit  une  somme  égale 
à  CD  multipliée  par  CH  ;  c'est-à-dire,  ayant  fait 

CB-y.    CD  »,  "y  +  ^"^,    cf^m±Ë^±Jf^, 

et    rji  -  y^y  +  /W  -  fy^ 
réquation  est 

ez^  —  cgz*  * 

au  moins  en  supposant  ez  plus  grand  que  cg^  car  s'il  éloit 
moindre  il  faudroit  changer  tous  les  signes  +  et  — .  Et  si  la 
quantité  y  se  trouvoit  nulle  ou  moindre  que  rien  en  cette 
équation,  lorsqu'on  a  supposé  le  point  G  en  l'angle  DAG,  il 
faudroit  le  supposer  aussi  en  Tangle  DAE,  ou  EAR,  ou  RAG, 
en  changeant  les  signes  -j-  et  —  selon  qu'il  seroit  requis  à  cet 
effet.  Et  si  en  toutes  ces  quatre  positions  la  valeur  de  y  se 
trouvoit  nulle,  la  question  seroit  impossible  au  cas  proposé. 
Mais  supposons-la  ici  être  possible,  et  pour  en  abréger  les 

termes,  au  lieu  des  quantités  >   ^  f  "" — — -,  écrivons  £m' 

ez*  —  cgz'^  * 

,.      ,    cfejs^  +  cfgz  —  bcgz   ,    .         2n 

et  au  lieu  de = ,  écrivons  — ;  et  ainsi  nous 

esr  —  cgz^  z 

aurons 

y>  =  ^my  -  ^  xy  +  *£^fe^*£^, 
*  ^        z     ''^       ez»  —  cgz^     ' 

dont  la  racine  est 


y^tn-!îf  +  l/^a_^i^  .  ^'  I    bcfglx-bcfgz^ 

2  ^V  2      ^  z^   ^     ez^  —  cgz" 

et  derechef  pour  abréger,  au  lieu  de  —  ^î^  A *£/£f_ 

z     ^  ez""  —  cgz^' 

écrivons  o  ;  et  au  lieu  de  — _ ^  ^'^     ■,  écrivons ^ ;  car 

«8       ez^  —  CQz^  m 


28  .     LA  GÉOMÉTRIE. 

ces  quantités  étant  toutes  données,  nous  les  pouvons  nommer 
comme  il  nous  plaît  :  et  ainsi  nous  avons 


z         y  m         ' 

qui  doit  être  la  longueur  de  la  ligne  BC,  en  laissant  AB  ou  x 
indéterminée.  Et  il  est  évident  que  la  question  n*étant  pro- 
posée qu'en  trois  ou  quatre  lignes,  on  peut  toujours  avoir  de 
tels  termes,  excepté  que  quelques-uns  d'eux  peuvent  être  nuls, 
et  que  les  signes  -f  et  —  peuvent  diversement  être  changés. 
Après  cela  je  fais  Kl  égale  et  parallèle  à  BA,  en  sorte 
qu'elle  coupe  de  BC  la  partie  BK  égale  à  m,  à  cause  qu'il  y  a 
ici  +  ^  ;  et  je  Taurois  ajoutée  en  tirant  cette  ligne  IK  de 
l'autre  côté,  s'il  y  avoit  eu  —  m  ;  et  je  ne  l'aurois  point  du 
tout  tirée,  si  la  quantité  m  eût  été  nulle.  Puis  je  tire  aussi  IL, 
en  sorte  que  la  ligne  IK  est  à  KL  comme  z  est  à  n  ;  c'est-à-dire 

Tl 

que  IK  étant  ar,  KL  est  -  x.  Et  par  même  moyen  je  connois 

z 

aussi  la  proportion  qui  est  entre  KL  et  IL,  que  je  pose  comme 

Tl  d 

entre  n  et  a  ;  si  bien  que  KL  étant  -  x,  IL  est  -  x.  Et  je  fais 

z  z 

que  le  point  K  soit  entre  L  et  C,  à  cause  qu'il  y  a  ici a:  ; 

z 

au  lieu  que  j'aurois  mis  L  entre  K  et  C,  si  j'eusse  eu 

Tl  Ti 

+  -  ^  ;  et  je  n'eusse  point  tiré  cette  ligne  IL,  si  -  a:  eût  été 

z  z 

nulle. 

Or,  cela  fait,  il  ne  me  reste  plus  pour  la  ligne  LC  que  ces 
termes 

LC-ym«  +  oa:  +  |^a:«, 

d'où  je  vois  que  s'ils  étoient  nuls,  ce  point  C  se  trouveroit  en 
la  ligne  droite  IL  ;  et  que  s'ils  étoient  tels  que  la  racine  s'en 


M 


LIVRE  SECOND.  29 

pût  tirer,  c'est-à-dire  que  m^  et  -  x^  étant  marqués  d*un 

même  signe  -f-  ou  — ,  o*  fût  égal  à  4pm^  ou  bien  que  les 

termes  m*  et  ox^  ou  ox  et  -  2:'  fussent  nuls,  ce  point  C  se 

m 

trouveroit  en  une  autre  ligne  droite  qui  ne  seroit  pas  plus 
malaisée  à  trouver  que  IL.  Mais  lorsque  cela  n'est  pas,  ce 
point  C  est  toujours  en  Tune  des  trois  sections  ou  en  un 
cercle  dont  Tun  des  diamètres  est  en  la  ligne  IL,  et  la  ligne  LC 
est  Tune  de  celles  qui  s'appliquent  par  ordre  à  ce  diamètre  ; 
ou  au  contraire  LC  est  parallèle  au  diamètre,  auquel  celle  qui 
est  en  la  ligne  IL  est  appliquée  par  ordre  ;  à  savoir  si  le  terme 

-  x^  est  nul,  cette  section  conique  est  une  parabole  ;  et  s'il 

est  marqué  du  signe  -|-,  c'est  une  hyperbole  ;  et  enfln  s'il  est 

marqué  du  signe  — ,  c'est  une  ellipse,  excepté  seulement  si  la 

quantité  a^m  est  égale  à  pz^^  et  que  l'angle  ILC  soit  droit, 

auquel  cas  on  a  un  cercle  au  lieu  d'une  ellipse.  Que  si  cette 

oz 
section  est  une  parabole,  son  côté  droit  est  égal  à  —,  et  son 

diamètre   est  toujours  en  la  ligne  IL  ;  et  pour  trouver  le 

point  N,  qui  en  est  le  sommet,  il  faut  faire  IN  égale  à  —  :  et 

oz 

que  le  point  I  soit  entre  L  et  N,  si  les  termes  sont  -^m^-^-ox  ; 

ou  bien  que  le  point  L  soit  entre  1  et  N,  s'ils  sont  +  m' — ox\ 

ou  bien  il  faudroit  que  N  fût  entre  I  et  L,  s'il  y  avoit — m'  +  ox. 

Mais  il  ne  peut  jamais  y  avoir  •—  m^,  en  la  façon  que  les 

termes  ont  ici  été  posés.  Et  enfin  le  point  N  seroit  le  même 

que  le  point  I  si  la  quantité  w?  étoit  nulle  ;  au  moyen  de  quoi 

il  est  aisé  de  trouver  cette  parabole  par  le  premier  problème 

du  premier  livre  d'Apollonius. 

Que  si  la  ligne  demandée  est  un  cercle,  ou  une  ellipse,  ou 

one  hyperbole,  il  faut  premièrement  chercher  le  point  M  qui 


30  LA  GÉoxénoB. 

en  est  le  centre,  et  qni  est  tonjoors  en  la  ligne  droite  IL;  on 

,  ûom  ^, 

on  le  trouve  en  prenant  -^ —  pour  W,  en  sorte  que  si  la 

quantité  o  est  nulle,  ce  centre  esl  justement  au  point  L  Et  si 
la  ligne  cherchée  est  un  cercle  ou  une  ellipse,  on  doit  prendre 
le  point  M  du  môme  côté  que  le  point  L,  au  respect  du  point  I, 
lorsqu'on  a  +  oar;  et  lorsqu'on  a  —  ox,  on  le  doit  prendre 
de  l'autre.  Mais  tout  au  contraire,  en  Thyperbole,  si  on  a  —  ox^ 
ce  centre  M  doit  être  vers  L  ;  et  si  on  a  -|-  ox^  il  doit  être  de 
l'autre  coté .  Après  cela  le  côté  droit  de  la  figure  doit  être 

4mpz^ 


V    a'  ^     a' 


lorsqu'on  a  -j-  m»,  et  que  la  ligne  cherchée  est  un  cercle  ou 
une  ellipse;  ou  bien  lorsqu'on  a  —  m^,  el  que  c'est  une 
hyperbole.  Et  il  doit  être 

4mps^ 


lo'^z'^      4mji 
\  1^  ai 


si  la  ligne  cherchée,  étant  un  cercle  ou  une  ellipse,  on 
a  — m»;  ou  bien  si  étant  une  hyperbole,  et  la  quantité  o^ 
étant  plus  grande  que  4mp,  on  a  +  m^.  Que  si  la  quantité 

oz 
m»  est  nulle,  ce  côté  droit  est  —  ;  et  si  ox  est  nulle,  il  est 

^   a  ' 


v^ 


4mpz^ 


Puis,  pour  le^cuté  traversant,  il  faut  trouver  une  ligne  qui 
soit  à  ce  côté  droit  comme  a^m  est  kpz^]  à  savoir  si  ce  côté 


droit  est 


le  traversant  est 


lo^z^      4mpz^ 


LIVRE  SECOND 


31 


Et  en  tous  ces  cas  le  diamètre  de  la  section  est  en  la  ligne 
IH,  et  LC  est  l'une  de  celles  qui  Ini  est  appliquée  par  ordre. 
Si  bien  que,  faisant  MN  égale  à  la  moitié  du  côté  traversant, 
et  le  prenant  du  même  côté  du  point  M  qu'est  le  point  L,  on 
a  le  point  N  pour  le  sommet  de  ce  diamètre  ;  ensuite  de  quoi 
il  est  aisé  de  trouver  la  section  par  les  second  et  troisième 
problèmes  du  premier  livre  d'Apollonius. 

Mais  quand  celte  section  étant  une  hyperbole,  on  a  4-  m', 
et  que  la  quantité  o^  est  nulle  ou  plus  petite  que  Apm,  on 
doit  tirer  du  centre  M  la  ligne  MOP  parallèle  à  LC,  et  CP 
parallèle  à  LM,  et  faire  MO  égale  à 


^w 


i 


4p 


Fig.  40^ 

OU  bien  la  faire  égale  à  m  si  la  quantité  ox  est  nulle  ;  puis 
considérer  le  point  0  comme  le  sommet  de  cette  hyperbole, 
dont  le  diamètre  est  OP,  et  CP  la  ligne  qui  lui  est  appliquée 
par  ordre,  et  son  côté  droit  est 


\/ 


4a^m^      a^o^vn?  , 


>as* 


et  son  côté  traversant  est 


si 


4m^  — 


p^z" 


o^m 


P 


32  Là 

eicepté  qoand  oz  est  siiHe,  car  alors  le  cûlé  droit  est r- , 

et  le  trarenant  est  2m  ;  et  ainsi  il  est  aisé  de  la  tronTor  par 
le  troifième  problème  da  premier  lirre  d'Âpolloniiis. 


de  toot  ee  qoi  ▼icnt  f  êtra 

Et  les  démonstrations  de  toot  ceci  sont  éridenles;  car 
composant  un  espace  des  quantités  qae  j'ai  assignées  pour  le 
côté  droit,  et  le  IraTersant,  et  pour  le  segment  dn  diamètre  >X 
ou  OP,  sui%'ant  la  teneur  du  ii%  du  iâ*  et  dn  13*  théorème 
du  premier  livre  d*Apollonitts,  on  trouvera  tous  les  mêmes 
termes  dont  est  composé  le  carré  de  la  ligne  CP,  ou  CL,  qui 
est  appliquée  par  ordre  à  ce  diamètre.  Comme  en  cet  exemple, 

ôtant  IM  qui  est  - — ,  de  NM  qui  est 

^  2pz  ^ 


am 


^V  o^  +  4mp. 


j'ai  IN,  à  laquelle  ajoutant  IL  qui  est  -  x,  j'ai  NL  qui  est 


a         com  .    am 


i^+i)5^V^''*+^»'P; 


et  ceci  étant  multiplié  par  -  V^  o'  -f  4mp^  qui  est  le  côté 

Cv 

droit  de  la  figure,  il  vient 

X  y  o«  +  4mp  —  ^^  1/  0^  +  4mp  +  ^"  +  ^  m», 

pour  le  rectangle,  duquel  il  faut  ôter  un  espace  qui  soit  au 
carré  de  NL  comme  le  côté  droit  est  au  traversant,  et  ce 
carré  de  NL  est 

x«  pz^       ^    pz^     ^        '       ^  ^   2p^z^  ^   pz^ 

a^om^y^  ^  ,    ^ 


LIVRE  SECOND.  33 

qu*il  faut  diviser  par  a*fn  et  multiplier  par  pz^^  à  cause  que 
ces  termes  expliquent  la  proportion  qui  est  entre  le  côté  tra- 
versant et  le  droit,  et  il  vient 


ohn      om 


ce  qu'il  faut  6ter  du  rectangle  précédent,  et  on  trouve 

m^-^-  ox  —  i^  x^ 

m 

pour  le  carré  de  CL,  qui  par  conséquent  est  une  ligne  appli- 
quée par  ordre  dans  une  eUipse,  ou  dans  un  cercle,  au  seg- 
ment du  diamètre  NL. 

Et  si  on  veut  expliquer  toutes  les  quantités  données  par 
nombres^  en  faisant  par  exemple  EA  b  3,  AG  ss  5^  AB  «^  BR> 

ES  =  i  BE,  GB  =  BT,  CD  =  |  CR,  CF  =  2CS,  CH  =  |  CT, 

z  z  «> 

et  que  Tangle  ABR  soit  de  60  degrés,  et  enfin  que  le  rectangle 
des  deux  CB  et  CF  soit  égal  au  rectangle  des  deux  autres  CD 
et  CH  ;  car  il  faut  avoir  toutes  ces  choses  a6n  que  la  question 
soit  entièrement  déterminée;  et  avec  cela, supposant  AB  =  2:, 
et  CB  sa  y,  on  trouve  par  la  façon  ci-dessus  expliquée 

y  ^  «s  2y  —  ^  +  ^  —  ^f 


1  /  3 

y  =  i  —  2^+y*  +  ^  —  4  ^*v 

si  bien  que  BK  doit  être  1,  KL  doit  être  la  moitié  de  Kl;  et 
pource  que  Tangle  IKL  ou  ABR  est  de  60  degrés,  et  KIL  qui 
est  la  moitié  de  KIB  ou  IKL,  de  30,  ILK  est  droit.  Et  pource 

1  /3 

que  IK  ou  AB  est  nommée  x,  KL  est  -  a:,  et  I L  est  a:  W  - 

et  la  quantité  qui  étoit  tantôt  nommée  z  est  1^  celle  qui 

/3 

étoit  a  est  t  /  -,  celle  qui' étoit  m  est  1,  celle  qui  étoit  o.est  4, 


34  Là 

\  3  /Î6 

et  celle  qui  étoit  p  est  -,  de  façon  qa*oii  a  w  ~  pour  IM, 

/Î9  3 

et  W  _  pour  NM  :  et  poorte  qae  àhn^  qui  est  ^  est  ici  égal 

à  pz*,  et  qae  Tangle  ILC  est  droiU  on  trouve  que  la  ligne 
courbe  NC  est  un  cercle.  Et  on  peut  facilement  examiner 
tous  les  autres  cas  en  même  sorte. 

Qaals  «ont  les  lieiur  plans  et  solides,  et  Is  façon  de  les 


An  reste,  à  cause  que  les  équations  qui  ne  montent  que 
ja0qu*au  carré  sont  toutes  comprises  en  ce  que  je  viens  d'ex- 
pliquer, non  seulement  le  problème  des  anciens  en  trois  et 
quatre  lignes  est  ici  entièrement  achevé,  mais  aussi  tout  ce 
qui  appartient  à  ce  qu'ils  nommoient  la  composition  des  lieux 
solides,  et  par  conséquent  aussi  à  celle  des  lieux  plans,  à 
cause  qu'ils  sont  compris  dans  les  solides  :  car  ces  lieux  ne 
sont  autre  chose,  sinon  que,  lorsqu'il  est  question  de  trouver 
quelque  point  auquel  il  manque  une  condition  pour  être 
entièrement  déterminé,  ainsi  qu'il  arrive  en  cet  exemple, 
tous  les  points  d'une  même  ligne  peuvent  être  pris  pour 
celui  qui  est  demandé  :  et  si  cette  ligne  est  droite  ou  circu- 
laire, on  la  nomme  un  lieu  plan  ;  mais  si  c'est  une  parabole, 
ou  une  hyperbole,  ou  une  ellipse,  on  la  nomme  un  lieu  so- 
lide :  et  toutefois  et  quantes  que  cela  est,  on  peut  venir  à  une 
équation  qui  contient  deux  quantités  inconnues,  et  est  pa- 
reille à  quelqu'une  de  celles  que  je  viens  de  résoudre.  Que 
si  la  ligne  qui  détermine  ainsi  le  point  cherché  est  d'un  degré 
plu»  composée  que  les  sections  coniques,  on  la  peut  nommer, 
en  même  façon,  un  lieu  sursolide,  et  ainsi  des  autres.  Et  s'il 
manque  deux  conditions  à  la  détermination  de  ce  point,  le 
lieu  où  il  se  trouve  est  une  superficie,  laquelle  peut  être  tout 


LIVBE   SECOND.  35 

de  même  ou  plate,  ou*  spfaérique,  ou  plus  composée.  Mais  le  1 
plus  haut  but  qu'aient  eu  les  anciens  en  cette  matière  a  été 
de  parvenir  à  la  composition  des  lieux  solides  ;  et  il  semble 
que  tout  ce  qu'Apollonius  a  écrit  des  sections  coniques  n*a 
été  qu'à  dessein  de  la  chercher. 

De  plus,  on  voit  ici  que  ce  que  j'ai  pris  pour  le  premier 
genre  des  lignes  courbes  n'en  peut  comprendre  aucunes  autres 
que  le  cercle,  la  parabole^  l'hyperbole  et  l'ellipse,  qui  est  tout 
ce  que  j'avois  entrepris  de  prouver. 

Qaelleest  la  première  et  la  plue  simple  de  toutes  les  lignes 
courbes  qui  servent  en  la  question  des  anciens  quand 
elle  est  proposée  en  cinq  lignes. 

Que  si  la  question  des  anciens  est  proposée  en' cinq  lignes 
qui  soient  toutes  parallèles,  il  est  évident  que  le  point  cherché 
sera  toujours  en  une  ligne  droite;  mais  si  elle  est  proposée  en 
cinq  lignes,  dont  il  y  en  ait  quatre  qui  soient  parallèles,  et 
que  la  cinquième  les  coupe  à  angles  droits,  et  même  que 
toutes  les  lignes  tirées  du  point  cherché  les  rencontrent  aussi 
à  angles  droits,  et  enfin  que  le  parallélipipède  composé  de 
trois  des  lignes  ainsi  tirées  sur  trois  de  celles  qui  sont  paral- 
lèles soit  égal  au  parallélipipède  composé  des  deux  lignes 
tirées,  l'une  sur  la  quatrième  de  celles  qui  sont  parallèles,  et 
l'autre  sur  celle  qui  les  coupe  à  angles  droits,  et  d'une  troi- 
sième ligne  donnée,  ce  qui  est,  ce  semble,  le  plus  simple  cas 
qu'on  puisse  imaginer  après  le  précédent,  le  point  cherché 
sera  en  là  ligne  courbe  qui  est  décrite  par  le  mouvement 
d'une  parabole,  en  la  façon  ci-dessus  expliquée. 

Soient  par  exemple  les  lignes  données  AB,  IH,  ED,  GF, 
et  GA  {fig,  il),  et  qu'on  demande  le  point  C^  en  sorte  que 
tirant  CB,  CF^  CD^  CH  et  CM  h  angles  droits  sur  les  données, 
le  parallélipipède  des  trois  CF,  CD. et  CH  soit  égal  à  celui  des 


36 

den  astres  CB  M  CM,  el  d'iiBC  trobièiiw  qui  soit  AI.  Je 

pose  CB  »  y,  CM  B  X,  Al  OD  AE  «a  GE  a  a:  de  bcon  qae 


Fif.  n. 

le  point  G  étant  entre  les  lignes  AB  et  DE,  j'ai  CF»  2a  —y, 

CD— a  — y,  etCHay+  a;  el  multipliant  ces  trois  l'une  par 

l'autre,  j'ai  y'  —  îcy*  —  c'y  +  2û*  égal  au  produit  des  trois 

autres,  qui  est  (L^.  Après  cela  je  considère  la  ligue  courbe  CEG, 

I  que  j'imagine  être  décrite  par  l'inlersectiou  de  laparaboleCKN, 

qu'on  fait  mouvoir  en  telle  sort«  que  son  diamètre  KL  est 

t  toujours  sur  la  ligne  droite  AB,  et  de  la  règle  GL  qui  tourne 

1  cependant  autour  du  point  G  en  telle  sorte  qu'elle  passe 

]  toujours  dans  le  pUn  de  cette  parabole  par  le  point  L.  Et  je 

fais  KL  B-  a,  et  le  cAté  droit  principal,  c'est-k-dire  celui  qui 

se  rapporte  k  l'essieu  de  celte  parabole,  aussi  égal  à  a, 

et  GA  ■»  ia,  et  CB  ou  MA  =  y,  el  CM  ou  AB  —  x.  Puis  à 

cause  des  Iriaogles  semblables  GMC  et  CBL,  GM  qui  est 

ia  —  y,  est  à  MO  qui  est  x,  comme  CB  qui  est  y,  est  &  BL 

qui  est  par  conséquent  ■■■  Et  pource  que  KL  est  a, 

BK  est  a  —  - — i_  ou  bien —    y  —  xy  ^^  ^^^^  pource 

%a—y  "ia  —  y 


LIVRE  SECOND.  37 

que  ce  même  BK,  étant  un  segment  du  diamètre  de  la 
parabole,  est  à  BC  qui  lui  est  appliquée  par  ordre,  comme 
celle-ci  est  au  côté  droit  qui  est  a,  le  calcul  montre  que 
y*  —  2ay'  —  «^  +  2a*  est  égal  à  axy  ;  et  par  conséquent 
que  le  point  C  est  celui  qui  étoit  demandé.  Et  il  peut  être  pris 
en  tel  endroit  de  la  ligne  CEG  quon  veuille  choisir,  ou  aussi 
en  son  adjointe  cEGCy  qui  se  décrit  en  même  façon,  excepté 
que  le  sommet  de  la  parabole  est  tourné  vers  Fautre  côté,  ou 
enfin  en  leurs  contreposées  NIo,  nIO,  qui  sont  décrites  par 
rintersection  que  fait  la  ligne  6L  en  l'autre  côté  de  la  para- 
bole KN. 

Or^  encore  que  les  parallèles  données  AB,  IH,  ED  et  GF,  ne 
fussent  point  également  distantes,  et  que  GA  ne  les  coup&t 
point  à  angles  droits,  ni  aussi  les  lignes  tirées  du  point  C  vers 
elles,  ce  point  C  ne  laisseroit  pas  de  se  trouver  toujours  en 
une  ligne  courbe  qui  seroit  de  même  nature  :  et  il  s'y  peut 
aussi  trouver  quelquefois,  encore  qu'aucune  des  lignes  don- 
nées ne  soient  parallèles.  Mais  si  lorsqu'il  y  en  a  quatre  ainsi 
parallèles,  et  une  cinquième  qui  les  traverse,  et  que  le  parai- 
lélipipède  de  trois  des  lignes  tirées  du  point  cherché,  l'une 
sur  cette  cinquième,  et  les  deux  autres  sur  deux  de  celles  qui 
sont  parallèles,  soit  égal  à  celui  des  deux  tirées  sur  les  deux 
autres  parallèles,  et  d'une  autre  ligne  donnée  :  ce  point  cher- 
ché est  en  une  ligne  courbe  d'une  autre  nature,  à  savoir  en 
une  qui  est  telle,  que  toutes  les  lignes  droites  appliquées  par 
ordre  à  son  diamètre  étant  égales  à  celles  d'une  section  coni- 
que, les  segments  de  ce  diamètre  qui  sont  entre  le  sommet  et 
ces  lignes  ont  même  proportion  à  une  certaine  ligne  donnée, 
^lue  cette  ligne  donnée  a  aux  segments  du  diamètre  de  la  sec- 
tion conique,  auxquels  les  pareilles  lignes  sont  appliquées  par 
ordre.  Et  je  ne  saurois  véritablement  dire  que  cette  ligne  soit 
moins  simple  que  la  précédente,  laquelle  j'ai  cru  toutefois 


38  LA  GÉOMÉTRIE. 

devoir  prendre  pour  la  première,  à  cause  que  la  descripiion 
et  le  calcul  en  sont  en  quelque  façon  plus  faciles. 

Pour  les  lignes  qui  servent  aux  autres  cas,  je  ne  m'arrêterai 
point  à  les  distinguer  par  espèces,  car  je  n'ai  pas  entrepris  de 
.  dire  tout  ;  et,  ayant  expliqué  la  façon  de  trouver  une  infinité 
de  points  par  où  elles  passent,  je  pense  avoir  assez  donné  le 
moyen  de  les  décrire. 

Quelles  sont  les  lignes  courbes  qu'on  décrit  en  trouvant 
plusieurs  de  leurs  points,  qui  peuvent  être  reçues  en 
géométrie. 

Même  il  est  à  propos  de  remarquer  qu'il  y  a  grande  diffé- 
rence entre  cette  façon  de  trouver  plusieurs  points  pour  tra- 
jcer  une  ligne  courbe,  et  celle  dont  on  se  sert  pour  la  spirale 
P  ^  let  ses  semblables;  car  par  cette  dernière  on  ne  trouve  pas 
indifféremment  tous  les  points  de  la  ligne  qu'on  cherche, 
mais  seulement  ceux  qui  peuvent  être  déterminés  par  quelque 
mesure  plus  simple  que  celle  qui  est  requise  pour  la  compo- 
ser; et  ainsi,  à  proprement  parler,  on  ne  trouve  pas  un  de  ses 
points,  c'est-à-dire  pas  un  de  ceux  qui  lui  sont  tellement 
propres  qu'ils  ne  puissent  être  trouvés  que  par  elle  ;  au  lieu 
qu'il  n'y  a  aucun  point  dans  les  lignes  qui  servent  à  la  ques- 
tion proposée,  qui  ne  se  puisse  rencontrer  entre  ceux  qui  se 
déterminent  par  la  façon  tantôt  expliquée.  Et  pource  que  cette 
façon  de  tracer  une  ligne  courbe,  en  trouvant  indifféremment 
plusieurs  de  ses  points,  ne  s'étend  qu'à  celles  qui  peuvent 
aussi  être  décrites  par  un  mouvement  régulier  et  continu,  on 
ne  la  doit  pas  entièrement  rejeter  de  la  géométrie. 

Quelles  sont  aussi  celles  qu'on  décrit  avec  une  corde,  tpjd 

peuvent  y  être  reçues. 

Et  on  n'en  doit  pas  rejeter  non  plus  celle  où  on  se  sert  d'un 
fil  ou  d'une  corde  repliée  pour  déterminer  l'égalité  ou  la  dif- 


UYRE   SECOND.  39 

férence  de  deux  ou  plusieurs  lignes  droites  qui  peuvent  être 
tirées  de  chaque  point  de  la  courbe  qu'on  cherche,  à  certains 
autres  points,  ou  sur  certaines  autres  lignes  à  certains  angles, 
ainsi  que  nous  avons  fait  en  la  Dioptrique  pour  expliquer 
Tellipse  et  Thyperbole;  car  encore  qu'on  n'y  puisse  recevoir 
aucunes  lignes  qui  semblent  à  des  cordes,  c'est-à-dire  qui 
deviennent  tantôt  droites  et  tantôt  courbes,  à  cause  que 
la  proportion  qui  est  entre  les  droites  et  les  courbes  n'étant 
pas  connue,  et  même,  je  crois,  ne  le  pouvant  être  par  les 
hommes,  on  ne  pourroit  rien  conclure  de  là  qui  fût  exact  et 
assuré.  Toutefois  à  cause  qu'on  ne  se  sert  de  cordes  en  ces 
constructions  que  pour  déterminer  des  lignes  droites  dont  on 
connolt  parfaitement  la  loQgueur,  cela  né  doit  point  faire 
qu'on  les  rejette. 

Que  pour  troaver  toates  les  propriétés  des  lignes  courbas 
il  saint  de  savoir  le  rapport  qu*ont  tons  leurs  points  à 
oeux  des  lignes  droites,  et  la  façon  de  tirer  d'autres 
lignes  qui  les  coupent  en  tous  œs  points  à  angles  droits. 

Or  de  cela  seul  qu'on  sait  le  rapport  qu'ont  tous  les  points 
d'une  ligne  courbe  à  tous  ceux  d'une  ligne  droite,  en  la  façon 
que  j'ai  expliquée,  il  est  aisé  de  trouver  aussi  le  rapport  qu'ils 
ont  à  tous  les  autres  points  et  lignes  données  ;  et  ensuite  de 
connoître  les  diamètres,  les  essieux,  les  centres  et  autres 
lignes  ou  points  à  qui  chaque  ligne  courbe  aura  quelque  rap- 
port plus  particulier  ou  plus  simple  qu'aux  autres;  et  ainsi 
d'imaginer  divers  moyens  pour  les  décrire,  et  d'en  choisir  les 
plus  faciles  ;  et  même  on  peut  aussi,  par  cela  seul,  trouver 
quasi  tout  ce  qui  peut  être  déterminé  touchant  la  grandeur 
de  l'espace  qu'elles  comprennent,  sans  qu'il  soit  besoin  que 
j'en  donne  plus  d'ouverture.  Et  enfin  pour  ce  qui  est  de  toutes 
les  autres  propriétés  qu'on  peut  attribuer  aux  lignes  courbes, 


eu  tff- 


40 


dles  ne  dépendoil  que  delagnndeiir  des  an^es  qo^eUes  font 

avee  quelques  antres  lignes.  Hais  lorsqu*on  peut  tirer  des 

lignes  droites  qui  les  coupent  à  an^es  droits,  aux  points  où 

elles  sont  rencontrées  parcelles  avec  qui  eUes  font  les  angles 

qu*on  vent  mesurer,  ou,  ce  qne  je  prends  ici  pour  le  même, 

qui  coupent  lenrs  contingentes,  la  grandeur  de  ces  angles  n^est 

pas  plus  malaisée  à  trouTer  qne  s'ils  étoient  compris  entre 

denx  lignes  droites.  C'est  pourquoi  je  croirai  avoir  mis  ici 

tout  ce  qui  est  requis  pour  les  éléments  des  lignes  courbes, 

I  lorsque  j'aurai  .généralement  donné  la  façon  de  tirer  des 

'•  lignes  droites  qui  tombent  à  angles  droits  sur  tels  de  leurs 

j  points  qu'on  voudra  choisir.  El  j'ose  dire  que  c'est  ceci  le 

I   problème  le  plus  utile  et  le  plus  général,  non  seulement  que 

i  je  sache,  mais  même  que  j'aie  jamais  désiré  de  savoir  en 

I  géométrie. 

Façon  générale  pour  trouTar  des  lignes  droites,  qui  cou- 
pant lea  courbes  données  ou  lenrs  oontingentas,  à  angles 
droits. 

Soit  CE  {fig.  i2)  la  ligne  courbe,  et  qu'il  faille  tirer  une 


Aj  M  .-^P 
Fig,  m, 

m 

ligne  droite  par  le  point  C,  qui  fasse  avec  elle  des  angles 
droits.  Je  suppose  la  chose  déjà  faite,  et  que  la  ligne  cher- 
chée est  CP,  laquelle  je  prolonge  jusqu'au  point  P,  où  elle 
rencontre  la  ligne  droite  6A,  que  je  suppose  être  celle  aux 
points  de  laquelle  on  rapporte  tous  ceux  de  la  ligne  CE  ;  en 
sorte  que  faisant  MA  ou  CB  e»  y,  et  CM  ou  BA  *»  a:,  j'ai  quel- 


tlYRE  SECOND.  41 

que  équation  qui  explique  le  rapport  qui  est  enlre  x  eiy;  puis 
je  fais  PC  =»  5,  et  PA  =  r,  ou  PM  =  t;  —  y;  et  à  cause  du 
triangle  rectangle  PMC,  j*ai  5',  qui  est  le  carré  de  la  base, 
égal  à  j:>  +  ^^  —  2t;y  +  y  *,  qui  sont  les  carrés  des  deux 
côtés  ;  c'est-à-dire  j'ai 

ou  bien 


et  par  le  moyen  de  cette  équation,  j'ùte  de  l'autre  équation, 
qui  m'explique  le  rapport  qu'ont  tous  les  points  de  la  courbe 
CE  à  ceux  de  la  droite  GA,  Tune  des  deux  quantités  indéter- 
minées x  ou  y;  ce  qui  est  aisé  à  faire  en  mettant  partout 


au  lieu  de  x,  et  le  carré  de  cette  somme  au  lieu  de  a:*,  et  son 
cube  au  lieu  de  x*j  et  ainsi  des  autres,  si  c'est  x  que  je  veuille 
ôter  ;  ou  bien  si  c'est  y,  en  mettant  en  son  lieu 


et  le  carré  ou  le  cube,  etc.,  de  cette  somme  au  lieu  de  y^  ou 
y*,  etc.  De  façon  quïl  reste  toujours  après  cela  une  équation 
en  laquelle  il  n'y  a  plus  qu'une  seule  quantité  indéterminée 
X  ou  y. 

Comme  si  ce  CE  est  une  ellipse,  et  que  MA  soit  le  segment 
de  son  diamètre,  auquel  CM  soit  appliquée  par  ordre,  et  qui 
ait  r  pour  son  côté  droit  et  g  pour  le  traversant^  on  a,  par  le 
treizième  théorème  du  premier  livre  d'ApoUoniuS; 

x^^sary y',  d'où  ôtant  a:*,' il  reste 

^  —  t;*  4-  2t?y  —  y*  =  ry y\ 

on  bien 

«t  .  qry^iqvy+qv^^qs^ 


' 


42 


LA  GÉOMÉTRIE. 


car  il  est  mieux  en  cet  endroit  de  considérer  ainsi  ensemble 
tonte  la  somme  que  d'en  faire  une  partie  égale  à  Tautre. 
^^\    [Tout  de  même  si  CE  {/ig.  iS)  est  la  ligne  courbe  décrite 

par  le  mouvement  d*une  parabole  ea  la 
façon  ci-dessus  expliquée  (page  22),  et 
qu'on  ait  posé  b  pour  GA,  c  pour  KL, 
et  d  pour  le  côté  droit  du  diamètre  KL 
en  la  parabole,  Téquation  qui  explique 
le  rapport  qui  est  entre  x  ^iy  est 

Fig.  13.  • 

y3  —  ôy*  —  cdy  +  àcd  +  dxy  =  0, 
d*où  ôtant  :iron  a 


y3  —  Jy2  —  cdy  -j-  bcd  +  dy  y/s^  —  v*  +  %vy  —  y*  «==  0; 

et  remettant  en  ordre  ces  termes  par  le  moyen  de  la  multi- 
plication, il  vient 

ye  _  2dy«  +  (6»  —  2crf  +  rf«)  y*  +  (4icrf  —  2ePt))  y» 
+  (c»d^  —  d}s^  +  rfV  —  2i'crf)  y»  —  2dc»cPy  +  i*c«rf*=0, 

et  ainsi  des  autres? 

r     '         ■ 
l^:dL  1  Même,  encore  .que  les  points  de  la  ligne  courbe  ne  se  rap- 
portassent pas  en  la  façon  que  j'ai  dit  à  ceux  d'une  ligne 

droite^  mais  en  toute  autre  qu'on  sauroit  imaginer,  on  ne 

•     •  •     .» 

laisse  pas  dç.  pouvoir  toujours  avoir  une  telle  équation. 
Gomme  si  CE  [fig,  i4)  est  une  ligne  qui  ait  tel  rapport  aux 


trois  points  F,  G  et  A,  que  les  lignes  droites  tirées  de  chacun 
de  ses  points  comme  C  jusques  au  point  F,  surpassent  la 


UYQE  SECOND.  43 

ligne  FA  d'une  quantité  qui  ait  certaine  proportion  ilon- 
née  à  une  autre  quantité  dont  OA  surpasee  les  lignes 
tirées  des  mêmes  points  jusques  à  G.  Faisons  &A  sa  i, 
AF  B=3  c,  et  prenant  à  discrétion  le  point  C  dans  la 
courbe,  que  la  quantité  dont  CF  surpasse  FA,  soit  à  celle 
dont  GA  surpasse  GC,  comme  (f  à  e;  en  sorte  que  si  cette 
quantité  qui  est  indéterminée  se  nomme  z,  CF  est  c  -f-  z, 

et  GC  est  é  —  -  z.  Puis  posant  MA  =  y,  GM  est  b  —  y,  et 

FM  est  c  '\-y,^ih  cause  du  triangle  rectangle  CMG,  ôtant  le 
carré  de  GM  du  carré  de  GC,  on  a  le  carré  de  CM,  qui  est 

puis  ôtant  le  carré  de  FM  du  carré  de  CF,  on  a  encore  1q  carré 

de  CM  en  d^autres  termes^  à  savoir  z^  +  ^z  —  2cy  -^y* ; 

et  ces  termes  étant  égaux  aux  précédents,  ils  font  connoitre  y 

ou  MA,  qui  est 

dH^  +  2cePz  —  eH^  +  "ibdez 

26ûP  +  2ccP 

et  substituant  cette  somme  au  lieu  de  y  dans  le  carré  de  CM, 
on  trouve  qu*il  s*exprime  en  ces  termes  : 

bd^z^  +  gg^g'  +  Sferf^i?  —  ^bcdez        , 

bd^  +  crf*  ^  ^  • 

Puis  supposant  que  la  ligne  droite  PC  rencontre  la  courbe 
à  angles  droits  au  point  C,  et  faisai^t  PC  =»  ^  et  PA  ea  t; 
comme  devant,  PM  est  v  —  y\  et  à  cause  du  triangle  rectan- 
gle PCM,  on  a  ^*  —  v*  +  2uy  —  y*  pour  le  carré  de  CM,  ou 
derechef,  ayant  au  lieu  de  y  substitué  la  somme  qui  lui  est 
égale,  il  vient 

I*+    ■  3 , 1 1 =  0 


Ort»-t-  ce»H-  c*tf- 

pour  Féquation  que  nous  cherchions. 


' 


44  LA  GÉOMÉTRIE. 

Or^près  qu'on  a  trouvé  une  telle  équation,  au  lieu  de  s'en 
servir,  pour  connoltre  les  quantités  x,  ou  y,  ou  z^  qui  sont 
déjà  données,  puisque  le  point  C  est  donné,  on  la  doit  em- 
ployer à  trouver  v  ou  ^,  qui  déterminent  le  point  P  qui  est 
demandé.  Et  à  cet  effet  il  faut  considérer  que  si  ce  point  P 
est  tel  qu'on  le  désire,  le  cercle  dont  il  sera  le  centre,  et  qui 
passera  par  le  point  C,  y  touchera  la  ligne  courbe  CE  sans  la 
couper;  mais  que  si  ce  point  P  est  tant  soit  peu  plus  proche 
ou  plus  éloigné  du  point  A  qu*il  ne  doit,  ce  cercle  coupera  la 
courbe,  non  seulement  au  point  C,  mais  aussi  nécessairement 
en  quelque  autre.  Puis  il  faut  aussi  considérer  que  lorsque  ce 
cercle  coupe  la  ligne  courbe  CE,  Téquation  par  laquelle  on 
cherche  la  quantité  x  ou  y,  ou  quelque  autre  semblable,  en 
supposant  PA  et  PC  être  connues,  contient  nécessairement 
(  deux  racines  qui  sont  inégales.  Car  par  exemple,  si  ce  cercle 
coupe  la  courbe  aux  points  C  et  E  (fig.  iô),  ayant  tiré  EQ 


parallèle  à  CM,  les  noms  des  quantités  indéterminées  xeXy 
conviendront  aussi  bien  aux  lignes  EQ  et  QA  qu'à  CM  et  MA; 
puis  PE  est  égale  à  PC  à  cause  du  cercle,  si  bien  que  cher- 
chant les  lignes  EQ  et  Q  A,  par  PE  et  PA  qu'on  suppose  comme 
données,  on  aura  la  même  équation  que  si  on  cherchoit  CM 
et  MA  par  PC,  PA;  d'où  il  suit  évidemment  que  la  valeur 
de  X  ou  de  y,  ou  de  telle  autre  quantité  qu'on  aura  supposée, 


LIVRE   SECOND.  43 

sera  double  en  cette  équation,  c'est-à-dire  qu*il  y  aura  deux 
racines  inégales  entre  elles,  et  dont  Tune  sera  CM,  l'autre  EQ, 
si  c'est  X  qu'on  cherche,  on  bien  Tune  sera  MA  et  l'autre  QA, 
si  c'est  y\  et  ainsi  des  autres.  II  est  vrai  que  si  le  point  E  ne 
se  trouve  pas  du  même  côté  de  la  courbe  que  le  point  C,  il 
n'y  aura  que  Tune  de  ces  deux  racines  qui  soit  vraie,  et  l'au- 
tre sera  renversée  ou  moindre  que  rien  :  mais  plus  ces  deux 
points  G  et  E  sont  proches  l'un  de  l'autre,  moins  il  y  a  de 
différence  entre  ces  deux  racines;  et  enfin  elles  sont  entière-* 
ment  égales,  s'ils  sont  tous  deux  joints  en  un,  c'est-à-dire  si 
le  cercle  qui  passe  par  C  y  touche  la  courbe  CE  sans  la 
couper. 

De  plus  il  faut  considérer  que  lorsqu'il  y  a  deux  racines 
égales  en  une  équation,  elle  a  nécessairement  la  même  forme  1 
que  si  on  multiplie  par  soi-mème/la  quantité'^qu'on  y  suppose 
être  inconnue,  moins  la  quantité  connue^qui  lui  est  égal^ 
et  qu'après  cela,  si  cette  dernière  somme  n'a  pas  tant  de 
dimensions  que  la  précédente,  on  la  multiplie  par  une  autre 
somme  qui  en  ait  autant  qu'il  lui  en  manque,  afin  qu'il  puisse 
y  avoir  séparément  équation  entre  chacun  des  termes  de 
l'une  et  chacun  des  termes  de  l'autre. 

Comme  par  exemple,  je  dis  que  la  première  équation  trou- 
vée ci-dessus,  à  savoir 

doit  avoir  la  même  forme  que  celle  qui  se  produit  en  faisant 
t  égal  à  y,  et  multipliant  y  —  e  par  soi-même,  d'où  il  vient 
y*  —  2^  -}-  ^1  en  sorte  qu'on  peut  comparer  séparément 
chacun  de  leurs  termes,  et  dire  que  puisque  le  premier  qui 
est  jf^  est  tout  le  même  en  l'une  qu'en  l'autre,  le  second  qui 

est  en  Tune  2l£ L4,  est  égal  au  second  de  l'autre  qui 


LA   GÉOMÉTRIE. 

;  d'où  cherchant  Id  quanlilé  v  qui  est  la  U^e  PA, 


^al  k  y,  oa  A  V  =  y  —  -  y  -i-  ^  r.  "El  ainsi  on 

rouvep  s  par  le  troisième  terme  e'  = —: 

*"  q-r 

ce  que  la  quantité  «  délenmDe  assez  le  point  P^  qui 

que  noas  cherchiouB,  onaa  pa&besoin  de  passer 

i  même  la  seconde  équation  trouvée  ci-dessus,  à 


'  4-  (i*  —  2cd  +  (P)  y'  +  {ibcd  —  id^v)  y* 

ctd* — tb*cd + rf*v'  —  rf»sï)  y»  —  26c»rf*y  +  *  Vrf* , 

moitié'  forme  que  la  somme  qui  se'  produit  lorsqu'on 

-iey  -\-é*  par  y*  +  /y*  +  ff»y*  +  A'y  +  ** 

(A*  —  2f  A*  -f-  c'ff»)  y»  +  (e'A*  —  2ffA*)  y  +  e*A*  ; 
[ue  de  ces  deux  équations  j'en  tire  six  autres  qui 
connottre  les  six  quantités  f,  g,  A,  ;t,  v  et  s.  D'où  il 
se  à  entendre  que,  de  quelque  genre  que  puisse  être 
lurbe  proposée,  il  vient  toujours  par  cette  façon  de 
lutant  d'équations  qu'on  est  obligé  de  supposer  de 
qui  sont  inconnues.  Hais  pour  démCler  par  ordre  ces 
,  et  trouver  enfin  la  quantité  v,  qui  est  la  seule  dont 
in,  et  k  l'occasion  de  laquelle  on  cherche  les  autres, 
miërement  par  le  second,  terme  chercher  f,  la  pre- 

quantités  inconnues  de  la  dernière  somme,  et  on 

/•=2e— 2è. 


UYRE  SECOND.  47 

Puis  par  le  dernier,  il  faut  chercher  k^  la  dernière  des  quan« 
tités  inconnues  de  la  même  somme,  et  on  trouve 

Puis  par  le  troisième  terme,  il  faut  chercher  g^  la  seconde 
quantité,  et  on  a 

^2  =  3<?*  —  4d(?  —  tcd  +  b^  +  df^ 

Puis  par  la  pénultième,  il  faut  chercher  A,  la  pénultième 
quantité,  qui  est 


A*  = 


««  e* 


Et  ainsi  il  faudroit  continuer  suivant  ce  même  ordre  jusques 
à  la  dernière,  s'il  y  en  avoit  davantage  en  cette  somme  ;  car 
c'est  chose  qu'on  peut  toujours  faire  en  même  façon. 

Puis,  par  le  terme  qui  suit  en  ce  même  ordre,  qui  est  ici 
le  quatrième,  il  faut  chercher  la  quantité  v,  et  on  a 

^~~dP        rf^  "^   rf*        "rf  "^  ^  "^  "rf    ^  e^  ■"  e'  ' 
ou  mettant  y  au  lieu  de  e  qui  lui  est  égal,  on  a 

^^  cP~   d^    ^  d^         d'^^'^T^y^       y' 

pour  la  ligne  AP. 
Et  ainsi  la  troisième  équation,  qui  est 

a  la  même  forme  que 


48  LA   GÉOKÊTnte, 

en  supposaat  f  égal  \  z^  si  bien  qu'il  y  a  derechef  équation 
entre  —  2/  ou  —  2a,  et 

■ibcd*  —  "ibcde  —  SctPu  —  2&rfet) 
irf*  +  Cf*  +  «*«  —  rf*»  ' 

d'où  on  connolt  que  la  quantité  v  est 

bcd^  —  bcde  +  bfPz  +  ce*z 
cd*  +  ôrfe  —  e'z  +  d»s    ' 
C'est  pourquoi,  composant  la  ligne  KV  [fig.  /6)  de  «ette 


Fig.  f6_ 

Gomme  égale  \  v,  dont  toutes  les  quantités  sont  connues,  et 
tirant  du  point  P  ainsi  trouvé,  une  ligne  droite  vers  C.  elle  y 
coupe  la  courbe  CE  à  angles  droits  ;  qui  est  ce  qu'il  falloit 
faire.  Et  je  ne  vois  rien  qui  empêche  qu'on  n'étende  ce  pro- 
blème en  mCme  façon  à  toutes  les  lignes  courbes  qui  tombent 
sous  quelque  calcul  géométrique. 

Même  il  est  h.  remarquer,  touchant  la  dernière  somme, 
qu'on  prend  à  discrétion  pour  remplir  le  nombre  des  dimen- 
sions de  l'autre  somme  lorsqu'il  y  en  manque,  comme  nous 
avons  pris  tantôt  y*  +  f\^  +  j'y*  +  A*y  +  A*,  que  les 
signes  +  et  —  y  peuvent  être  supposés  tels  qu'on  veut,  sans 
que  la  ligne  v  ou  AP  se  trouve  diverse  pour  ceta.comroe  vous 
pourrez  aisément  voir  par  expérience  ;  car  s'il  falloit  que  je 
m'arrêtasse  à  démontrer  tous  les  théorèmes  dont  je  fais  quel- 
que mention,  je  serois  contraint  d'écrire  un  volume  beaucoup 
plus  gros  que  je  ne  désire.  Mais  je  veux  bien  en  passant  vous 


LIVRE  SECOND. 


49 


avertir  que  l'invention  de  supposer  deux  équations  de 
même  forme,  pour  comparer  séparément  tous  les  termes  de 
Tune  à  ceux  de  Tautre,  et  ainsi  en  faire  naître  plusieurs  d'une 
seule,  dont  vous  avez  vu  ici  un  exemple,  peut  servir  à  une 
infinité  d'autres  problèmes,  et  n'est  pas  l'une  des  moindres 
de  la  méthode  dont  je  me  sers. 

Je  n'ajoute  point  les  constructions  par  lesquelles  on  peut 
décrire  les  contingentes  ou  les  perpendiculaires  cherchées^ 
ensuite  du  calcul  que  je  viens  d'expliquer,  à  cause  qu'il  est 
toujours  aisé  de  les  trouver,  bien  que  souvent  on  ait  besoin 
d'un  peu  d'adresse  pour  les  rendre  courtes  et  simples» 


Exemple  de  la  constmotion  de  oe  problème  en  la  eon- 

ohoïde. 

Comme  par  exemple,  si  DC  (fig.  /  7)  est  la  première  con- 


choide  des  anciens,  dont  A  soit  le  pôle  et  BH  la  règle,  en 
sorte  que  toutes  les  lignes  droites  qui  regardent  vers  A,  et 
sont  comprises  entre  la  courbe  CD  et  la  droite  BH,  comme 
DB  et  CE,  soient  égales,  et  qu'on  veuille  trouver  la  ligne  CG 
qui  la  coupe  au  point  C  à  angles  droits,  on  pourroit,  en  cher- 
chant dans  la  ligne  BH  le  point  par  où  cette  ligne  CG  doit 
passer,  selon  la  méthode  ici  expliquée,  s'engager  dans  un 
calcul  autant  ou  plus  long  qu'aucun  des  précédents  :  et  tou- 

DucàRTBs.  —  Géométrie,  4 


90  LA  eco: 


tefeb  la  eoustractioii  qniderroitaiirts  en  ètredédnte  est  fort 
nmple;  car  il  ne  fant  çne  prendre  CF en  la  ligne  droite  CA,  et 
la  laire  égale  à  CH  qni  est  perpendinilaire  sor  HB  ;  pois  da 
point  F  tirer  FG  parallèle  à  BA  et  fcale  à  EA;  an  moyen  de  quoi 
on  a  le  point  G,  par  leqnd  doit  passer  GG  la  ligne  cherchée. 


TtWfiîtwthmt    do    qostro   miwfooiii     jawras    dTomlen    ^pii 

àrqpUqae. 


An  reste,  afin  qne  toqs  sachiez  que  la  considération  des 
lignes  courbes  ici  proposée  n'est  pas  sans  nsage,  et  qu'elles 
ont  diverses  propriétés  qni  ne  cèdent  en  rien  à  celles  des 
sections  coniques,  je  veux  encore  ajouter  ici  l'explication  de 
certaines  ovales  que  vous  verrez  être  très  utiles  pour  la  théo- 
rie de  la  catoptrique  et  de  la  dioptrique.  Voici  la  façon  dont 
je  les  décris  : 

Premièrement,  ayant  tiré  les  lignes  droites  FA  et  AR 
{fig.  /j),  qui  s'entrecoupent  au  point  A,  sans  qu'il  importe 


Fig.  48, 


à  quels  angles,  je  prends  en  Tune  le  point  F  à  discrétion, 
c*eBt*à-dire  plus  ou  moins  éloigné  du  point  A,  selon  que  je 
veux  faire  ces  ovales  plus  ou  moins  grandes,  et  de  ce  point 


LIVRE  SECOND. 


51 


F,  comme  centre,  je  décris  un  cercle  qui  passe  (pielque  peu 
au  delà  du  point  A,  comme  par  le  point  5  ;  puis  de  ce  point 
5  je  tire  la  ligne  droite  56,  qui  coupe  Tautre  au  point  6, 
en  sorte  que  A6  soit  moindre  que  A5  selon  telle  proportion 
donnée  qu*on  veut,  à  savoir  selon  celle  qui  mesure  les  réfrac- 
tions si  on  s'en  veut  servir  pour  la  dioptrique.  Après  cela  je 
prends  aussi  le  point  6  en  la  ligne  FA  du  côté  où  est  le  point 
5,  à  discrétion,  c'est-à-dire  en  faisant  que  les  lignes  AF  et  GA 
ont  entre  elles  telle  proportion  donnée  qu'on  veut.  Puis  je 
fais  RA  égale  à  GA  en  la  ligne  A6,  et  du  centre  G  décrivant 
un  cercle  dont  le  rayon  soit  égal  à  R6,  il  coupe  Tautre  cer- 
cle de  part  et  d'autre  au  point  i,  qui  est  Tun  de  ceux  par  où 

doit  passer  la  première  des  ovales  cherchées.  Puis  derechef 

• 

du  centre  F  je  décris  un  cercle  qui  passe  un  peu  au-deçà  ou 
ou  au  delà  du  point  5,  comme  par  le  point  7,  et  ayant  tiré  la 
ligne  droite  78  parallèle  à  56,  du  centre  G  je  décris  un  autre 
cercle  dont  le  rayon  est  égal  à  la  ligne  R8,  et  ce  cercle  coupe 
celui  qui  passe  par  le  point  7  au  point  1,  qui  est  encore  Tun 
de  ceux  de  la  même  ovale  ;  et  ainsi  on  en  peut  trouver  au- 
tant d'autres  qu'on  voudra,  en  tirant  derechef  d'autres  lignes 
parallèles  à  78,  et  d'autres  cercles  des  centres  F  et  G. 

Pour  la  seconde  ovale  il  n'y  a  point  de  différence,  sinon 
qu'au  lieu  de  AR  {fig.  19)  il  faut  de  l'autre  côté  du  point  A 


Fig,  19. 


LA  &ËOKÉTRIE. 

dre  AS  égal  à  AG,et  que  le  rayon  du  cercle  décrit  ducen- 
r,  pour  couper  celui  qui  est  décrit  du  centre  F  et  qui  passe 
le  point  S,  eoit  égal  à  la  ligne  S6,  ou  qu'il  soil  égal  k  S8, 
Bsl  pour  couper  celui  qui  passe  par  le  point  7,  et  aïusi 
ïulres  ;  au  moyen  de  quoi  ces  cercles  s'entre-coupenl 
points  marqués  2,  2,  qui  sont  ceux  de  cette  seconde 
B  A2X. 

mr  la  troisième  et  la  quatrième,  au  lieu  de  la  ligne  AG  il 
prendre  AH  {fig.  2  i  et  Si)  de  l'autre  côté  du  point  A, 
Lvoir  du  même  qu'est  le  point  F  ;  et  il  y  a  ici  de  plus  à 
rver  que  cette  ligne  AH  doit  être  plus  grande  que  AF, 
elle  peut  même  fitre  nulle,  en  sorte  que  le  point  F  se 
ontre  où  est  le  point  A  en  la  description  de  toutes  ces 
BS.  Après  cela  les  lignes  Ait  et  AS  étant  égales  à  AH, 

■  décrire  la  troisième  ovale  A3Y,  je  fois  un  cercle  du 
re  H,  dont  le  rayon  est  égal  à  S6,  qui  coupe  au  point  3 
i  du  centre  F,  qui  passe  par  le  point  5  ;  el  un  autre 
,  le  rayon  est  égal  \  S8,  qui  coupe  celui  qui  passe  par  le 
t  7  au  point  aussi  marqué  3,  et  ainsi  des  autres.  Enfin, 

■  la  dernière  ovale,  je  fais  des  cercles  du  centre  H,  dont 
ayons  sont  égaux  aux  lignes  R6,  US,  et  semblables,  qui 
lent  les  autres  cercles  aux  points  marqués  A. 

)  pourroit  encore  trouver  une  infmité  d'autres  moyens 

■  décrire  ces  mftmes  ovales  ;  comme  par  exemple,  on 
tracer  la  première  W  {fîg.  20),  lorsqu'on  suppose  les 


•     •  •» 


LIVRE  SECOND.  53 

lignes  FA  et  AG  être  égales,  si  on  divise  la  toute  FG  au  point 
L,  en  sorte  que  FL  soit  à  LG  comme  A5  à  A6,  c'est-à-dire 
qn*eUes  aient  la  proportion  qui  mesure  les  réfractions.  Puis 
ayant  divisé  AL  en  deux  parties  égales  au  point  K,  qu'on 
fasse  tourner  une  règle  comme  EF  autour  du  point  F,  en 
pressant  du  doigt  C  la  corde  EC,  qui  étant  attachée  au  bout 
de  cette  règle  vers  E,  se  replie  de  C  vers  K,  puis  de*  K  de  re- 
chef vers  C,  et  de  C  vers  6,  où  son  autre  bout  soit  attaché, 
en  sorte  que  la  longueur  de  cette  corde  soit  composée  de  celle 
des  lignes  6A,plus  AL, plus  FE, moins  AF  ;  et  ce  sera  le  mou- 
vement du  point  C  qui  décrira  cette  ovale,  à  Timitation  de  ce 
qui  a  été  dit  en  la  dioptrique  de  Tellipse  et  de  Thyperbole  ; 
mais  je  ne  veux  point  m'arrèter  plus  longtemps  sur  ce 
sujet. 

Or,  encore  que  toutes  ces  ovales  semblent  être  quasi  de 
même  nature,  elles  sont  néanmoins  de  quatre  divers  genres, 
chacun  desquels  contient  sous  soi  une  infinité  d'autres  genres, 
qui  derechef  contiennent  chacun  autant  de  diverses  espèces 
que  fait  le  genre  des  ellipses  ou  celui  des  hyperboles  ;  car 
selon  que  la  proportion  qui  est  entre  les  lignes  A5,  A6,  ou 
semblables,  est  différente,  le  genre  subalterne  de  ces  ovales 
est  diSérent  ;  puis  selon  que  la  proportion  qui  est  entre  les 
lignes  AF  et  AG  ou  AH  est  changée,  les  ovales  de  chaque 
genre  subalterne  changent  d'espèce  ;  et  selon  que  AG  ou  AH 
est  plus  ou  moins  grande,  elles  sont  diverses  en  grandeur  ; 
et  si  les  lignes  A5  et  A6  sont  égales,  au  lieu  des  ovales  du 
premier  genre  ou  du  troisième,  on  ne  décrit  que  des  lignes 
droites  ;  mais  au~iieu  de  celles  du  second  on  a  toutes  les  hy- 
perboles possibles,  et  au  lieu  de  celles  du  dernier  toutes  les 
ellipses. 


54  LA  GtOMÉTBIB. 


ptvprIéAte  de  cêb  vwmlham  tondunt  las  rèflwriima  «i  1 


Outre  cela,  en  chacune  de  ces  ovales,  il  faot  considérer 
denx  parties  qui  ont  diverses  propriétés  ;  à  savoir  en  la  pre- 
mière, la  partie  qni  est  vers  A  'Jig.  1  S] ,  fail  qoe  les  rayons 
qoi  étant  jdans  Tair  viennent  dn  point  F,  se  retournent  tous 
vers  le  point  G.  lorsqu'ils  rencontrent  la  superficie  convexe 
d'un  verre  dont  la  superficie  est  iAI,etdans  lequel  les  ré- 
fractions se  font  telles  que^suivant  ce  qui  a  été  dit  en  la  diop- 
trique,  elles  peuvent  toutes  être  mesurées  par  la  proportion 
qui  est  entre  les  lignes  A3  et  A6  ou  semblables,  par  Taide 
desquelles  on  a  décrit  celte  ovale. 

Mais  la  partie  qui  est  vers  V  fait  que  les  rayons  qui  vien- 
nent du  point  G  se  réfléchiroient  tous  vers  F,  s*ils  y  rencon- 
troient  la  superficie  concave  d'un  miroir  dont  la  figure  fût 
iVi,  et  qui  fut  de  telle  matière  qu*il  diminuât  la  force  de  ces 
rayons  selon  la  proportion  qui  est  entre  les  Ugnes  A5  et  A6  ; 
car  de  ce  qui  a  été  démontré  en  la  dioptrique,  il  est  évident 
que,  cela  posé,  les  angles  de  la  réflexion  seroient  inégaux, 
aussi  bien  que  sont  ceux  de  la  réfraction^  et  pourroient  être 
mesurés  en  même  sorte. 

En  la  seconde  ovale  la  partie  2A2  {fig.  i9)  sert  encore  pour 
les  réflexions  dont  on  suppose  les  angles  être  inégaux  ;  car 
étant  en  la  superficie  d'un  miroir  composé  de  même  matière 
que  le  précédent,  elle  feroit  tellement  réfléchir  tous  les  rayons 
qui  viendroient  du  point  G,  qu'ils  sembleroient  après  être 
réfléchis  venir  du  point  F.  Et  il  est  à  remarquer  qu'ayant  fait 
la  ligne  AG  beaucoup  plus  grande  que  AF,  ce  miroir  seroit 
convexe  au  milieu  vers  A,  et  concave  aux  extrémités;  car 
telle  est  la  figure  de  cette  ligne,  qui  en  cela  représenté  plutôt 
un  cœur  qu'une  ovale. 


^^' 


LIVRE  SECOND. 


55 


Mais  son  autre  partie  X2  sert  pour  les  réfractions,  et  fait 
que  ]es  rayons  qui  étant  dans  Tair  tendent  vers  F,  se  détour- 
nent vers  G  en  traversant  la  superficie  d'un  verre  qui  en  ait 
la  figure. 

La  troisième  ovale  sert  toute  aux  réfraetions,  et  fait  que 
les  rayons  qui  étant  dans  Tair  tendent  vers  F  {fig.  21),  se 


vont  rendre  vers  H  dans  le  verre,  après  qu'ils  ont  traversé  sa 
superficie  dont  la  figure  est  A3Y3,  qui  est  convexe  partout, 
excepté  vers  A  où  elle  est  un  peu  concave,  en  sorte  qu'elle  a 
la  figure  d'un  cœur  aussi  bien  que  la  précédente  ;  et  la  diffé- 
rence qui  est  entre  les  deux  parties  de  cette  ovale  consiste  en 
ce  que  le  point  F  est  plus  proche  de  Tune  que  n'est  le  point  H, 
et  qu'il  est  plus  éloigné  de  l'autre  que  ce  même  point  H. 

En  même  façon  la  dernière  ovale  sert  toute  aux  réflexions, 
et  fait  que  si  les  rayons  qui  viennent  du  point  H  (fig.  22) 


Fig.  Si 


LA  GÉoaÉmB. 

reneontroient  la  superficie  concaTe  d*im  miroir  de  même 
matière  que  les  précéd^its,  et  dont  la  figure  fût  A4Z4,  ils  se 
réfléehiroient  tons  rers  F. 

De  façon  qn*on  peut  nommer  les  p<Hnts  F  et  G  on  H  les 
points  brûlants  de  ces  orales,  à  Texemple  de  ceux  dés  ellipses 
et  des  hyperboles,  qui  ont  été  ainsi  nommés  en  la  Dioptri- 
qne. 


IMmoaatmtioB  des  prapriétkm  de  eea  orales  toiioàant  les 

réflazioBS  st  réfractions» 

J'omets  quantité  d*autres  réfractions  et  réflexions  qui  sont 
réglées  par  ces  mêmes  ovales,  car  n'étant  que  les  converses 
ou  les  contraires  de  celles-ci,  elles  en  peuvent  facilement  être 
déduites.  Mais  il  ne  faut  pas  que  j'omette  la  démonstration  de 
ce  que  j*ai  dit  ;  et  à  cet  effet  prenons,  par  exemple,  le  point  C 
(fig.  /6)  à  discrétion  en  la  première  partie  de  la  première  de 
ces  ovales  ;  puis  tirons  la  ligne  droite  CP  qui  coupe  la  courbe 
au  pointe  à  angles  droits,  ce  quiôslfacile  par  le  problème  précé- 
dent ;  car  prenant  b  pour  AG,c  pour  AF,  c  +  z  pour  GF,et  sup- 
posant que  la  proportion  qui  est  entre  d  et  e,  que  je  prendrai  ici 
toujours  pour  celle  qui  mesure  les  réfractions  du  verre  pro- 
posé, désigne  aussi  celle  qui  est  entre  les  lignes  A?  et  A6  ou 
semblables,  qui  ont  servi  pour  décrire  cette  ovale,  ce  qui  donne 

b  -^  j^z  pour  CG,  on  trouve  que  la  ligne  AP  est 

bccP  —  bcde  +  bcPz  +  ce^z 
cdP  +  bde  —  eH  +  d^z    ^ 

ainsi  qu'il  a  été  montré  ci-dessus  (p.  48).  De  plus,  du  point  P 
ayant  tiré  PQ  à  angles  droits  sur  la  droite  CF,  et  PN  aussi  à 
angles  droits  sur  CG,  considérons  que  si  PQ  est  à  PN  comme 
d  est  à  et  c'est-à-dire  comme  les  lignes  qui  mesurent  les 


LIVRE  SECOND.  57 

réfractions  du  verre  convexe  AC,  le  rayon  qui  vient  du  point 
F  au  point  C,  doit  tellement  s  y  courber  en  entrant  dans  ce 
verre,  qu'il  s'aille  rendre  après  vers  G,  ainsi  qu'il  est  très 
évident  de  ce  qui  a  été  dit  en  la  Dioptrique.  Puis  enfin  voyons 
par  le  calcul  s'il  est  vrai  que  PQ  soit  à  PN  comme  d  esike. 
Les  triangles  rectangles  PQF  et  CMF  sont  semblables  ;  d'où  il 
suit  que  GF  est  à  CM  comme  FP  est  à  PQ,  et  par  conséquent 
que  PF  étant  multipliée  par  CM  et  divisée  par  CF  est  égale  à 
PQ.  Tout  de  même  les  triangles  rectangles  PNG  et  CMG  sont 
.  semblables  ;  d'où  il  suit  que  GP  multipliée  par  CM  et  divisée 
par  CG  est  égale  à  PN.  Puis  à  cause  que  les  multiplications 
ou  divisions  qtii  se  font  de  deux  quantités  par  une  même  ne 
changent  point  la  proportion  qui  est  entre  elles,  si  PF  multi- 
pliée par  CM  et  divisée  par  CF  est  &  GP  multipliée  aussi  par  CM 
et  divisée  par  CG,  comme  d  est  à  ^,  en  divisant  l'une 
et  lautre  de  ces  deux  sommes  par  CM,  puis  les  multi- 
lipliant  toutes  deux  par  CF  et  derechef  par  CG,  il  reste  FP 
multipliée  par  CG  qui  doit  être  à  GP  multipliée  par  CF, 
comme  d  est  à  e.  Or  par  la  construction  FP  est 

bcd*  —  bcde  +  bdPz  +  ce^z 


c  + 


ou  bien 


PP 


cd^  +  bde  —  é^z  +  d^z    ' 
bcd?  +  c^d^  +  bd^z  +  cd^ 


cd^  -f  bde  —  eH  +  d^z  ' 
et  CG  est  *  —  ^«5  si  bien  que,  multipliant  FP  par  CG,  il  vient 

IM^  -f  hcVP  +  b^d^z  +  bcd^z — bcdez  —  cHez  —  bdez^  —  cdeii^ 

cd^  +  bde'^eH  +  d^z  ' 

puis  GP  est 

.       bcdî^  —  bcde  +  bd^z  +  c^z 

ccP  +  bde  —  e^z  +  cPz    ' 
ou  bien 

b^de  +  bcde  —  be^z  —  c^z 

rrf"  +  bde  —  e^z  +  (Pz    ' 


l 


58  LA  GÉOMÉTRIE. 

et  CF  e%i  c  +  z;  à  bien  qu'en  multipliant  6P  par  CF  il 
vient 

b?cde+  bc^e  +  Mez  +  bcdez  —  beé^z  —  c^e^z  —  be^z*  —  ce^z^ 

cd^  +  bde  —  e^z  +  dPz 

Et  pource  que  la  première  de  ces  sommes  divisée  par  d  est 
la  même  que  la  seconde  divisée  par  e^  il  est  manifeste  que 
FP  multipliée  par  CG,  est  à  GP  multipliée  par  CF,  c'est-à-dire 
que  PQ  est  à  PN  comme  d  est  à  e^  qui  est  tout  ce  qu'il  falloit 
démontrer. 

Et  sachez  que  cette  même  démonstration  s'étend  à  tout  ce 
qui  a  été  dit  des  autres  réfractions  ou  réflexions  qui  se  font 
dans  les  ovales  proposées,  sans  qu'il  y  faille  changer  aucune 
chose  que  les  signes  +  et  — -  du  calcul  ;  c'est  pourquoi  cha- 
cun les  peut  aisément  examiner  de  soi-même,  sans  qu'il  soit 
besoin  que  je  m'y  arrête. 

Mais  il  faut  maintenant  que  je  satisfasse  à  ce  que  j'ai  omis 
en  la  Dioptrique,  lorsqu'après  avoir  remarqué  qu'il  peut  y 
avoir  des  verres  de  plusieurs  diverses  figures  qui  fassent  aussi 
bien  l'un  que  l'autre  que  les  rayons  venant  d'un  même  point 
de  Tobjet  s'assemblent  tous  en  un  autre  point  après  les  avoir 
traversés  ;  et  qu'entre  ces  verres,  ceux  qui  sont  fort  convexes 
d'un  côté  et  concaves  de  l'autre  ont  plus  de  force  pour  brûler 
que  ceux  qui  sont  également  convexes  des  deux  côtés;  au  lieu 
que  tout  au  contraire  ces  derniers  sont  les  meilleurs  pour  les 
lunettes.  Je  me  suis  contenté  d'expliquer  ceux  que  j'ai  cru 
être  les  meilleurs  pour  la  pratique,  en  supposant  la  difficulté 
que  les  artisans  peuvent  avoir  à  les  tailler.  C'est  pourquoi, 
afin  qu'il  ne  reste  rien  à  souhaiter  touchant  la  théorie  de  cette 
science,  je  dois  expliquer  encore  ici  la  figure  des  verres  qui, 
ayant  l'une  de  leurs  superficies  autant  convexe  ou  concave 
qu'on  voudra,  ne  laissent  pas  de  faire  que  tous  les  rayons  qui 


".-wT^p.-r    -"    i~ 


UVRE  SECOND. 


59 


viennent  vers  eux  d'un  même  point,  ou  parallèles,  s'assem- 
blent après  en  un  môme  point;  et  celles  des  verres  qui  font 
le  semblable,  étant  également  convexes  des  deux  côtés,  ou 
bien  la  convexité  de  Tune  de  leurs  superficies  ayant  la  propor- 
tion donnée  à  celle  de  l'autre . 


Gommant  on  p^ut  faire  un  Terre  entant  convexe  ou  conoaTO, 
en  l'une  de  ses  superfloies,  qu'on  voudra  qui  rassemble  à 
un  point  donné  tous  les  rayons  qui  viennent  d'un  autre 
point  donné. 

Posons  pour  le  premier  cas,  que  les  points  G,  Y,  G  et  F 
{fig.  2S  et  24)  étant  donnés,  les  rayons  qui  viennent  du 


Fig.  23, 

C 

^ 

Ç5s-- 

A\M 

)y^~i'        h 

N 
c 

F 

■ 
• 

point  G\>u  bien  qui  sont  parallèles  à  6A  se  doivent  assembler 
au  point  F,  après  avoir  traversé  un  verre  si  concave,  que  Y 
étant  le  milieu  de  sa  superficie  intérieure,  Textrémité  en  soit 
an  point  G,  en  sorte  que  la  corde  GMG  et  la  flèche  YM  de  Tare 
CYG  sont  données.  La  question  va  là,  que  premièrement  il 
faut  considérer  de  laquelle  des  ovales  expliquées  la  superficie 


60  LA  GéOKÉTRIE. 

du  verre  YG  doit  avoir  la  figure,  pour  faire  que  tous  les  rayons 
qui  étant  dedans  tendent  vers  un  même  point,  comme  vers  H, 
qui  n*est  pas  encore  connu,  s*aillent  rendre  vers  un  autre,  à 
savoir  vers  F,  après  en  être  sortis.  Car  il  n'y  a  aucun  effet 
touchant  le  rapport  des  rayons,  changé  par  réflexion  ou  réfrac- 
tion d*un  point  à  un  autre,  qui  ne  puisse  être  causé  par  quel- 
qu'une de  ces  ovales;  et  on  voit  aisément  que  celui-ci  le  peut 
être  par  la  partie  de  la  troisième  ovale  qui  a  tantôt  été  mar- 
quée 3A3  [fig.  ^/),  ou  par  celle  de  la  même  qui  a  été  mar- 
quée 3Y3,  ou  enfin  par  la  partie  de  la  seconde  qui  a  été  mar- 
quée 2X2  {fig.  19).  Et  pource  que  ces  trois  tombent  ici  sous 
même  calcul,  on  doit,  tant  pour  Tune  que  pour  l'autre,  pren- 
dre Y  {fig.  25  et  24)  pour  leur  sommet,  G  pour  l'un  des 
points  de  leur  circonférence,  et  F  pour  l'un  de  leurs  points 
brûlants;  après  quoi  il  ne  reste  plus  à  chercher  que  le  point 
H  qui  doit  être  l'autre  point  brûlant.  Et  on  le  trouve  en  con- 
sidérant que  la  différence  qui  est  entre  les  lignes  FY  et  FG 
doit  être  à  celle  qui  est  entre  les  lignes  H  Y  et  HG  comme  dest 
à  ^,  c'est-à-dire  comme  la  plus  grande  des  lignes  qui  mesu- 
rent les  réfractions  du  verre  proposé  est  à  la  moindre,  ainsi 
qu'on  peut  voir  manifestement  de  la  description  de  ces  ovales. 
Et  pource  que  les  lignes  FY  et  FG  sont  données,  leur  différence 
l'est  aussi,  et  ensuite  celle  qui  est  entre  H  Y  et  HG,  pource  que 
la  proportion  qui  est  entre  ces  deux  différences  est  donnée. 
Et  de  plus,  à  cause  que  YM  est  donnée,  la  différence  qui  est 
entre  HH  et  HG  l'est  aussi  ;  et  enfin  pource  que  GM  est  donnée, 
il  ne  reste  plus  qu'à  trouver  MH  le  côté  du  triangle  rectangle 
GMH  dont  on  a  l'autre  côté  GM,  et  on  a  aussi  la  différence  qui 
est  entre  GH  la  base  et  MH  le  côté  demandé  ;  d'où  il  est  aisé 

de  le  trouver  :  car  si  on  prend  k  pour  l'excès  de  GH  sur  HH, 

n*         i 

et  n  pour  la  longueur  de  la  ligne  GM,  on  aura  —,    —  -  k 


.     -^Tv — «-r 


"» 


LIVRK  SECOND.  61 

pour  MH.  Et  après  avoir  ainsi  le  point  H,  s'il  se  trouve  plus  loin 
du  point  Y  {fig.  24)  que  n'en  est  le  point  F,  la  ligne  CY  doit 
être  la  première  partie  de  Tovale  du  troisième  genre,  qui  a 
lantùt été  nommée  3A3  [fig.  2i),  Mais  si  HY  (fig,  25)  est 
moindre  que  FY  :  ou  bien  elle  surpasse  HF  de  tant,  que  leur 
différence  est  plus  grande  à  raison  de  la  toute  FY  que  n'est  e 
la  moindre  des  lignes  qui  mesurent  les  réfractions  comparée 
avec  d  la  plus  grande,  c'est-à-dire  que  faisant  HF  sa  c,  et 
HY  =  c  +  A,  dh  est  plus  grande  que  ^ce  +  eh,  et  lors  CY 
doit  être  la  seconde  partie  de  la  même  ovale  du  troisième 
genre,  qui  a  tantôt  été  nommée  3Y3  [fig.  21)  :  ou  bien  dh 
est  égale  ou  moindre  que  2ce  +  eh,  et  lors  CY  (Jig,  23)  doit 
être  la  seconde  partie  de  l'ovale  du  second  genre,  qui  a  ci- 
dessus  été  nommée  2X2  {fig.  i9)  :  et  enfin  si  le  point  H 
(fig.  25)  est  le  même  que  le  point  F,  ce  qui  n'arrive  que 
lorsque  FY  et  FC  sont  égales,  cette  ligne  YC  est  un  cercle. 

Après  cela  il  faut  chercher  CAC  l'autre  superficie  de  ce 
verre,  qui  doit  être  une  ellipse  dont  H  soit  le  point  brûlant,  si 
on  suppose  que  les  rayons  qui  tombent  dessus  soient  paral- 
lèles; et  lors  il  est  aisé  de  la  trouver.  Mais  si  on  suppose 
qa'ils  viennent  du  point  6,  ce  doit  être  la  première  partie  d'une 
ovale  du  premier  genre  dont  les  deux  points  brûlants  soient  G 
et  H,  et  qui  passe  par  le  point  C  ;  d'où  on  trouve  le  point  A 
pour  le  sommet  de  cette  ovale,  en  considérant  que  GC  doit 
être  plus  grande  que  GA  d'une  quantité  qui  soit  à  celle  dont 
HA  surpasse  HC,  comme  dke;  car  ayant  pris  k  pour  la  diffé- 
rence qui  est  entre  CH  et  HM,  si  on  suppose  x  pour  AM,  on 
aura  x  —  k  pour  la  différence  qui  est  entre  AH  et  CH  ;  puis  si 
on  prend  g  pour  celle  qui  est  entre  GC  et  GH  qui  sont  données, 
on  aura  g  +  x  pour  celle  qui  est  entre  GC  et  GA  ;  et  pource 
que  cette  dernière  ^  +  a;  est  à  l'autre  x  —  k  comme  (/est  à  e, 
on  a  ge  +  ea;=  dx  —  dk. 


62  LA  GÉOMÉTRIE. 

oo  bien  =^= pour  la  ligne  x  ou  AU,  par  laquelle  on 

a  —  t 

détermine  le  point  A  qui  étoit  cherché. 


Gomment  on  pont  faire  nn  Terre  qni  ait  le  même  effet  que 
le  précédent,  et  qne  la  eonvezité  de  l'une  de  aea  auperfll- 
eiea  ait  la  proportion  donnée  avec  celle  de  l'antre. 

Posons  maintenant  ponr  l'autre  cas,  qu'on  ne  donne  que  les 
points  G,  C  et  F  ifig.  24)^  avec  la  proportion  qui  est  entre  les 
lignes  AM  et  YM,  et  qu'il  faille  trouver  la  figure  du  verre  ACY 
qui  fasse  que  tous  les  rayons  qui  viennent  du  point  G  s'as- 
semblent au  point  F. 

On  peut  derechef  ici  se  servir  de  deux  ovales  dont  Tune  AC 
ait  G  et  H  pour  ses  points  brûlants,  et  l'autre  CY  ait  F  et  H 
pour  les  siens.  Et  pour  les  trouver,  premièrement,  supposant 
le  point  H,  qui  est  commun  à  toutes  deux,  être  connu,  je 
cherche  AM  par  les  trois  points  G,  C,  H,  en  la  façon  tout 
maintenant  expliquée,  à  savoir,  prenant  k  pour  la  différence 
qui  est  entre  CH  et  HM,  et  g  pour  celle  qui  est  entre  GC  et  GM, 
et  AC  étant  la  première  partie  de  Tovale  du  premier  genre, 

j'ai  ^    —  pour  AM  ;  puis  je  cherche  aussi  MY  par  les  trois 

points  F,  G,  H,  en  sorte  que  CY  soit  la  première  partie  d'une 
ovale  du  troisième  genre  ;  et  prenant  y  pour  MY,  et  f  pour  la 
différence  qui  est  entre  CF  et  FM,  j'ai  f  -\-y  pour  celle  qui  est 
entre  CF  et  FY;  puis  ayant  déjà  k  pour  celle  qui  est  entre  CH 
et  HM,  j'ai  k  +  y  pour  celle  qui  est  entre  CH  et  HY,  que  je 

sais  devoir  être  k  f  +  y  comme  e  est  à  rf,  à  cause  de  Tovale 

f^ d^ 

du  troisième  genre,  d'où  je  trouve  que  y  ou  MY  est  '--z ; 

puis  joignant  ensemble  les  deux  quantités  trouvées  pour  AM 

Qg   m1»    f^ 

et  MY,  je  trouve  '  ^      pour  la  toute  AY  :  d'où  il  suit  que. 


UVRE  SECOND.  63 

de  quelque  C4)té  que  soit  supposé  le  point  H,  cette  ligne  AY 
est  toujours  composée  d*une  quantité  qui  est  à  celle  dont  les 
deux  ensemble  GG  et  CF  surpassent  la  toute  GF,  comme  e,  la 
moindre  des  deux  lignes  qui  servent  à  mesurer  les  réfractions 
du  verre  proposé,  est  à  rf  —  e  la  différence  qui  est  entre  ces 
deux  lignes,  ce  qui  est  un  assez  beau  théorème.  Or,  ayant 
ûnsi  la  toute  AY,  il  la  faut  couper  selon  la  proportion  que 
doivent  avoir  ses  parties  AM  et  MY  ;  au  moyen  de  quoi,  pource 
qu'on  a  déjà  le  point  M,  on  trouve  aussi  les  points  A  et  Y,  et 
ensuite  le  point  H  par  le  problème  précédent.  Mais  auparavant 
il  faut  regarder  si  la  ligne  AM  ainsi  trouvée  est  plus  grande 

que  -^ — ,  ou  plus  petite,  ou  égale.  Gar  si  elle  est  plus 
a  —  e  ^ 

grande,  on  apprend  de  là  que  la  courbe  AG  doit  être  la 
première  partie  d'une  ovale  du  premier  genre,  et  GY  la  pre- 
mière d'une  du  troisième,  ainsi  qu'elles  ont  été  ici  supposées  ; 
au  lieu  que  si  elle  est  plus  petite,  cela  montre  que  c'est  GY 
qui  doit  être  la  première  partie  d'une  ovale  du  premier 
genre,  et  qqe  AG  doit  être  la  première  d'une  du  troisième; 

enfin  si  AM  est  égale  à  -y^ — ,  les  deux  courbes  AG  et  G  Y 

a  —  e 

doivent  ^tre  deux  hyperboles. 

On  pourroit  étendre  ces  deux  problèmes  à  une  infinité  d'au- 
tres cas  que  je  ne  m'arrête  pas  à  déduire,  à  cause  qu'ils  n'ont 
eu  aucun  usage  en  la  dioptrique. 

On  pourroit  aussi  passer  outre  et  dire  (lorsque  l'une  des 
superficies  du  verre  est  donnée,  pourvu  qu'elle  ne  soit  que 
toute  plate,  ou  composée  de  sections  coniques  ou  de  cercles) 
comment  on  doit  faire  son  autre  superficie,  afin  qu'il  trans- 
mette tous  les  rayons  d'un  point  donné  à  un  autre  point  aussi 
donné  ;  car  ce  n'est  rien  de  plus  difficile  que  ce  que  je  viens 
d'expliquer,  ou  plutôt  c'est  chose  beaucoup  plus  facile  à  cause 


64  LA  GÉOMÉTRIE. 

que  le  chemin  en  est  ouvert.  Mais  j'aime  mieux  que  d'autres 
le  cherchent,  afin  que  s'ils  ont  encore  un  peu  de  peine  à  le 
trouver,  cela  leur  fasse  d'autant  plus  estimer  l'invention  des 
choses  qui  sont  ici  démontrées. 

Gomment  on  peut  appliquer  oe  qui  a  été  dit  ici  des  lignes 
courbes,  décrites  sur  une  superficie  plate,  à  celles  qui  se 
décrivent  dans  un  espace  qui  a  trois  dimensions. 

Au  reste  je  n'ai  parlé  en  tout  ceci  que  des  lignes  courbes 
qu'on  peut  décrire  sur  une  superficie  plate  ;  mais  il  est  aisé 
de  rapporter  ce  que  j'en  ai  dit  à  toutes  celles  qu'on  sauroit 
imaginer  être  formées  par  le  mouvement  régulier  des  points 
de  quelque  corps  dans  un  espace  qui  a  trois  dimensions  :  à 
savoir,  en  tirant  deux  perpendiculaires  de  chacun  des  points 
de  la  ligne  courbe  qu'on  veut  considérer,  sur  deux  plans  'qui 
s'entre-coupent  à  angles  droits,  l'une  sur  Tun  et  l'autre  sur 
l'autre  ;  car  les  extrémités  de  ces  perpendiculaires  décrivent 
deux  autres  lignes  courbes,  une  sur  chacun  de  ces  plans, 
desquelles  on  peut  en  la  façon  ci-dessus  expliquée  déterminer 
tous  les  points  et  les  rapporter  à  ceux  de  la  lignS  droite  qui 
est  commune  à  ces  deux  plans,  au  moyen  de  quoi  ceux  de  la 
courbe  qui  a  trois  dimensions  sont  entièrement  déterminés. 
Même  si  on  veut  tirer  une  ligne  droite  qui  coupe  cette  courbe 
au  point  donné  à  angles  droits,  il  faut  seulement  tirer  deux 
autres  lignes  droites  dans  les  deux  plans,  une  en  chacun^  qui 
coupent  à  angles  droits  les  deux  lignes  courbes  qui  y  sont  aux 
deux  points  où  tombent  les  perpendiculaires  qui  viennent  de  ce 
point  donné  ;  car  ayant  élevé  deux  autres  plans,  un  sur  chacune 
de  ces  lignes  droites,  qui  coupe  à  angles  droits  le  plan  où  elle 
est,  on  aura  l'intersection  de  ces  deux  plans  pour  la  ligne  droite 
cherchée.  Et  ainsi  je  pense  n'avoir  rien  omis  des  éléments 
qui  sont  nécessaires  pour  la  connoissance  des  lignes  courbes. 


LIVRE  TROISIÈME.  65 


LIVRE  TROISIÈME 


DE  LA   CONSTRUCTION  DES  PROBLÉMSS  QUI  SONT  SOUDES 

OU  PLUS   QUE   SOUDES. 


De  qa^lles  lignes  conrbes  on  pent  se  servir  en  la  cens- 

traction  de  chaque  problème. 

Encore  que  toutes  les  lignes  courbes  qui  peuvent  être 
décrites  par  quelque  mouvement  régulier  doivent  être  reçues 
en  la  géométrie,  ce  n'est  pas  k  dire  qu'il  soit  permis  de  se 
servir  indifféremment  de  la  première  qui  se  rencontre  pour 
la  construction  de  chaque  problème,  mais  il  faut  avoir  soin 
de  choisir  toujours  la  plus  simple  par  laquelle  il  soit  possible 
de  le  résoudre.  Et  même  il  est  à  remarquer"que  par  les  plus 
simples  on  ne  doit  pas  seulement  entendre  celles  qui  peuvent 
le  plus  aisément  être  décrites,  ni  celles  qui  rendent  ]a  cons- 
truction ou  la  démonstration  du  problème  proposé  plus  facile, 
mais  principalement  celles  qui  sont  du  plus  simple  genre  qui 
puisse  servir  à  déterminer  la  quantité  qui  est  cherchée. 

Exemple  touchant  l'invention  de  plusieurs  moyennes 

proportionnelles. 

Comme,  par  exemple,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  aucune 
façon  plus  facile  pour  trouver  autant  de  moyennes  propor- 
tionnelles qu'on  veut,  ni  dont  la  démonstration  soit  plus  évi- 
dente, que  d'y  employer  les  lignes  courbes  qui  se  décrivent 

DucAKTis.  —  Géométrie.  5 


par  l'instrumenl  XYZ  (Jig.  S5)  ci-dessns  expliqué.  Car,  vou- 
lant trouver  deux  moyennes  proportionnées  entre  YA  et  YE, 


Fig.  is. 

H  ne  faut  que  décrire  un  cercle  dont  le  diamètre  soit  YE,  et 
pource  que  ce  cercle  coupe  la  courbe  AD  au  point  D,  YD  est 
l'une  des  moyennes  proportionnelles  ctiercliées,  dont  la 
démonstration  se  voit  h  l'œil  par  la  seule  application  de  cet 
instrument  sur  la  ligne  YD;  car,  comme  YA  ou  YB,  qui  loi 
est  égale,  est  à  YC,  ainsi  YG  est  à  YD,  et  YD  à  YE. 

Tout  de  même  pour  trouver  quatre  moyennes  proportion- 
nelles entre  YA  et  YG,ou  pour  en  trouver  six  entre  YA  et  YN, 
il  ne  Tant  que  tracer  le  cercle  YFti  qui,  coupant  AF  au  point 
P,  détermine  la  ligne  droite  YF  qui  est  l'une  de  ces  quatre 
proportionnelles;  ou  YHN  qui,  coupant  AH  au  point  H, 
détermine  YH  l'une  des  six;  et  ainsi  des  autres. 

Mais  pource  que  la  ligne  courbe  AD  est  du  second  genre,  et 
qu'on  peut  trouver  deux  moyennes  proporlionnellea  par  les 
sections  coniques  qui  sont  du  premier;  et  aussi  pource  qu'on 
peut  trouver  quatre  ou  six  moyennes  proportionnelles  par  des 
lignes  qui  ne  sont  pas  de  genres  si  composés  que  sont  AF  et 
AH,  ce  seroit  une  faute  en  géométrie  que  de  les  y  employer. 
Et  c'est  une  faute  aussi,  d'autre  côté,  de  se  travailler  inutile- 
ment i  vouloir  construire  quelque  problème  par  un  genre  de 
lignes  plus  simple  que  sa  nature  ne  permet. 


LIVRE   TROISIÈME.  67 

D«  la  nature  des  éqaatiloiia. 

Or,  afin  que  je  puisse  ici  donner  quelques  règles  pour  évi- 
ter Tune  et  Vautre  de  ces  deux  fautes,  il  faut  que  je  dise 
quelque  chose  en  général  de  la  nature  des  équations^  c'estrà- 
dire  des  sommes  composées  de  plusieurs  termes  partie  con- 
nus et  partie  inconnus  dont  les  uns  sont  égaux  aux  autres,  ou 
plutôt  qui,  considérés  tous  ensemble,  sont  égaux  à  rien  :  car 
ce  sera  souvent  le  meilleur  de  les  considérer  en  cette  sorte. 

Combien  il  peat  y  avoir  de  racines  en  chaque  é<|natipi{. 

Sachez  donc  qu'en  chaque  équation,  autant  que  la  quantité 
inconnue  a  de  dimensions,  autant  peut-il  y  avoir  de  diverses 
racines,  c'est-à-dire  de  valeurs  de  cette  quantité  ;  car,  par 
exemple,  si  on  suppose  x  égale  à  2,  ou  bien  x^ —  2  égal  à  rien  ; 
et  derechef  x  =:  3,  ou  bien  x  —  3  =  0;  en  multipliant  ces 
deux  équations 

a:  ^  2  —  0,    et    a:  —  3  =  0, 

Tune  par  l'autre,  on  aura 

x»  —  5a:  +  6  =  0, 
ou  bien 

ara  =  5j:  — .  g, 

qui  est  une  équation  en  laquelle  la  quantité  x  vaut  2  et  tout 
ensemble  vaut  3.  Que  si  derechef  on  fait 

ar  —  4  =  0, 
et  qu'on  multiplie  cette  somme  par 

a:"  —  Sar  +  6  =  0, 

on  aura 

a^-'9x^  +  26a:  —  24  =  0, 

qui  est  une  autre  équation  en  laquelle  x,  ayant  trois  dimen- 
sions, a  aussi  trois  valeurs,  qui  sont  2,  3  et  4. 


68  LA  GÉOUÉTRIE. 

QutUes  sont  les  fausses  racines. 

Hais  souvent  il  arrive  que  quelques-unes  de  ces  racines 
sont  fausses  ou  moindres  que  rien  ;  comme  si  on  suppose  que 
X  désigne  aussi  le  défaut  d'une  quantité  qui  soit  5,  on  a 

a:  +  5  =  0, 

qui,  étant  multiplié  par 

a:*  —  9a:"  +  2&C  —  24  =  0, 
fait 

X*  —  4a:»  —  19a:*  +  106x  — 120  «  0 

pour  une  équation  en  laquelle  il  y  a  quatre  racines,  à  savoir 
trois  vraies  qui  sont  2,  3,  4,  et  une  fausse  qui  est  5. 

Goxnment  on  peut  diminner  le  nombre  des  dimensions 
d'nne  équation  lorsqu'on  connolt  quelqu'une  de  ses 
racines. 

Et  on  voit  évidemment  de  ceci  que  la  somme  d'une  équa- 
tion qui  contient  plusieurs  racines  peut  toujours  être  divisée 
par  un  binôme  composé  de  la  quantité  inconnue  moins  la 
valeur  de  l'une  des  vraies  racines,  laquelle  que  ce  soit,  ou 
plus  la  valeur  de  Tune  des  fausses;  au  moyen  de  quoi  on 
diminue  d'autant  ses  dimensions. 

CSomment  on  peut  examiner  si  quelque  quantité  donnée 

est  la  valeur  d^une  racine. 

Et  réciproquement  que  si  la  somme  d'une  équation  ne  peut 

être  divisée  par  un  binôme  composé  de  la  quantité  inconnue 

+  ou  —  quelque  autre  quantité,  cela  témoigne  que  cette  autre 

quantité  n*est  la  valeur  d'aucune  de  ses  racines.  Comme  cette 

dernière 

a:*  —  4a:*  —  19a:a  +  106a:  —  120  «  0 


^T'S-^ 


^r  ««  J 


LIVRE  TROISIÈME.  69 

peut  bien  être  divisée  par  x  —  2,  et  par  x  —  3,  et  par  x  —  4, 
et  par  x  +  5,  mais  non  point  par  â?  +  on  —  aucune  autre 
quantité  ;  ce  qui  montre  qu'elle  ne  peut  avoir  que  les  quatre 
racines  2,  3, 4  et  5. 

Combien  il  peut  y  avoir  de  Traiee  racines  en  cha<iae 

équation. 

On  connoit  aussi  de  ceci  combien  il  peut  y  avoir  de  vraies 
racines  et  combien  de  fausses  en  chaque  équation  :  à  savoir 
a  y  en  peut  avoir  autant  de  vraies  que  les  signes  +  et  —  s'y^  V^^v  i^  ./- 
trouvent  de  fois  être  changés,  et  autant  de  fausses  qu*il  s'y  |  u  <r 
trouve  de  fois  deux  signes  +  ou  deux  signes  —  qui  s'entre- j 
suivent.  Comme  en  la  dernière,  à  cause  qu'après  +  ^^  il  y  a 
—  Ax^,  qui  est  un  changement  du  signe  +  en  — ,  et  après  — 
19ar2  il  y  a  +  i06x,  et  après  +  106x  il  y  a  —  120,  qui  sont 
encore  deux  autres  changements,  on  connott  qu'il  y  a  trois 
vraies  racines;  et  une  fausse,  à  cause  que  les  deux  signes  — 
de  4J!:'  et  i9a^  s'entre-suivent. 

Comment  on  iait  que  les  fanasse  racines  d'une  é<{nation 
deviennent  vraies,  et  les  vraies  fausses. 

De  plus,  il  est  aisé  de  faire  en  une  même  équation  que 
toutes  les'  racines  qui  étoient  fausses  deviennent  vraies,  et 
par  même  moyen  que  toutes  celles  qui  étoient  vraies  devien- 
nent fausses,  à  savoir  en  changeant  tous  les  signes  +  ou  — 
qui  sont  en  la  seconde,  en  la  quatrième,  en  la  sixième,  ou 
autres  places  qui  se  désignent  par  les  nombres  pairs,  sans 
changer  ceux  de  la  première,  de  la  troisième,  de  la  cinquième, 
et  semblables  qui  se  désignent  par  les  nombres  impairs. 
Gomme  si,  au  lieu  de 

4-  a:^  —  4r'  —  19:r*  +  106.r  —  120*=  0, 
on  écrit 

+  jr*  +  4a:'  —  19ar«  —  106a:  —  120  =  0, 


on  a  une  équation  en  laquelle  il  n'y  a  qu'âne  vraie  racine  qai 
est  5,  et  trois  faasses  qui  sont  2, 3  et  4. 

"        isnt  on  pevt  kagmsntar  ou  diminuer  !•■  raolnaa 
d'ane  éqURtlea  nuu  los  oonnoltro. 

,  sans  connottre  la  valeur  des  racines  d'une  équation, 

eut  augmenter  ou  diminuer  de  quelque  quantité 
il  ne  faut  qu'au  lieu  du  terme  incoDun  en  supposer 
qui  soit  plus  ou  moins  grand  de  cette  même  quan- 

e  substituer  partout  en  la  place  du  premier. 

le  si  on  veut  augmenter  de  3  la  racine  de  cette  équa- 

x*  +  Ar»  —  19x»  ~  106x  —  120  —  0, 
•endre  y  au  lieu  de  x,  et  penser  que  cette  quantité  t/ 
grande  que  x  de  3,  en  sorte  que  y  —  3  est  égal  h  x; 
a  de  a:*  il  faut  mettre  le  carré  de  y  —  3,  qui  est  y*  — 
et  au  lieu  de  x*  il  faut  mettre  son  cube  qui  est  y*  — 
ly  —  27  ;  et  enRn,  au  lieu  de  x^  il  faut  mettre  son 
carré  qui  est  y*  —  12y*  +  54;/'  —  108y  +  81.  Et 
crivaot  la  somme  précédente  en  substituant  partout 
1  de  x,  on  a 

y^  -  12y»  +  54y*  -  108y  +    81 

+    4y»  —  36y*  +  lOSy  —  108 

—  IV  +  my  —  m 

—  106y  +  318 

—  120 


yt_    8y»-     y*+     8y  =0, 

y  — 8y»— y  +  8=0, 
de  racine  qui  étoit   5  est  maintenant  8,  à  cause  du 


3  qui  lui  est  ajouté. 


LIVRE  TROISIÈME.  71 

Que  si  on  veut  au  contraire  diminuer  de  trois  la  racine  de 
cette  même  équation,  il  faut  faire  y  +  3  =■  a:,  et  y*  +  6y  + 
9  sa  x^,  et  ainsi  des  autres,  de  façon  qu*au  lieu  de 

x^  +  lx^  —  i9x«  —  106a:  —  120  —  0, 
on  met 

y*  +  12y»  +  5V  +  108y  +    81 

+    4y»  +  36y«  +  108y  +  108 

—  19y*  —  114y  —  171 

—  106y  —  318 

—  120 

y*  +  16y»+  71y^—     4y— 420  =  0. 

Qu'en  augmentant  les  vraies  racines  on  diminue  les 

fausses,  et  au  contraire. 

Et  il  est  à  remarquer  qu'en  augmentant  les  vraies  racines 
d^une  équation  on  diminue  les  fausses  de  la  même  quantité, 
ou  an  contraire  en  diminuant  les  vraies  on  augmente  les 
fausses;  et  que  si  on  diminue,  soit  les  unes,  soit  les  autres, 
d'une  quantité  qui  leur  soit  égale,  elles  deviennent  nulles;  et 
que  si  c'est  d'une  quantité  qui  les  surpasse,  de  vraies  elles 
deviennent  fausses,  ou  de  fausses  vraies.  Comme  ici,  en  aug- 
mentant de  3  la  vraie  racine  qui  étoit  5,  on  a  diminué  de  3 
chacune  des  fausses,  en  sorte  que  celle  qui  étoit  4  n'est  plus 
que  1,  et  celle  qui  étoit  3  est  nulle,  et  celle  qui  étoit  2  est 
devenue  vraie  et  est  1,  à  cause  que  —  2  +  3  fait  +  1  :  c'est 
pourquoi  en  cette  équation 

y»  —  8y*  —  y  +  8  =  0 

il  n'y  a  plus  que  trois  racines,  entre  lesquelles  il  y  en  a  deux 

qui  sont  vraies,  1  et  8,  et  une  fausse  qui  est  aussi  1  ;  et  en 

cette  autre 

y*  +  16y»  +  71y»  —  4y  —  420  —  0, 


72  LA  GÉOMÉTRIE. 

il  n'y  en  a  qu'une  vraie  qui  est  2,  à  cause  que  +  5—3  fait 
+  2,  et  trois  fausses  qui  sont  5,  6  et  7. 

Gomment  on  pont  6ter  le  seoond  terme  d'une  équation. 

Or,  par  cette  façon  de  changer  la  valeur  des  racines  Bans 
les  connottre,  on  peut  faire  deux  choses  qui  auront  ci-aprèâ 
quelque  usage.  La  première  est  qu'on  peut  toujours  ôter  le 
second  terme  de  l'équation  qu'on  examine,  à  savoir  en  dimi- 
nuant les  vraies  racines  de  la  quantité  connue  de  ce  second 
terme  divisée  par  le  nombre  des  dimensions  du  premier,  si 
l'un  de  ces  deux  termes  étant  marqué  du  signe  +,  l'autre  est 
marqué  du  signe  —  ;  ou  bien  en  l'augmentant  de  la  même 
quantité,  s'ils  ont  tous  deux  le  signe  +  ou  tous  deux  le 
signe  — .  Comme  pour  ôter  le  second  terme  de  la  dernière 
équation  qui  est 

y^  +  16y»  +  7iy»  —  4y  —  420  =  0, 

ayant  divisé  16  par  4,  à  cause  des  quatre  dimensions  du 
terme  y*,  il  vient  derechef  4;  c'est  pourquoi  je  fais  z  —  4  => 
y,  et  j'écris 

j5*  — 16^1+    962J>  — 256^+    256 

+  i6z»  —  192z«  +  768z  —  1024 

^    71JK«  —  568z  +  1136 

-     4z+      16 

—   420 


z^  —25^*—    60«—     36—0 

où  la  vraie  racine  qui  étoit  2  est  6,  à  cause  qu'elle  est  aug- 
mentée de  4;  et  les  fausses,  qui  étoient  5,  6  et  7,  ne  sont 
plus  que  1,  2  et  3,  à  cause  qu'elles  sont  diminuées  chacune 
de  4. 


UVRE  TROISIÈME.  73 

Tout  de  même  si  on  veut  A  ter  le  second  terme  de 

a*  —  2ax*  +  (2a^  —  c^)  x^  —  2a*x  +  a*  «  0, 

i 

pour  ce  que  divisant  2a  par  4  il  vient  -  a,  il  faut  faire 

i 

«  -f  -  a  =  ar,  et  écrire 

z 

z^  +  2^5»  +  .  «2^3  +  -.a»z  +  ^-  a* 

—  2az'  —  3  a^z»  —  ?  a'js  —  1  a* 

2  4 

+  2a>^«  +  2a»z  +  ^  a' 

1 

•4 

—  2a*z  —      a* 

t  i     • 

et  si  on  trouve  après  la  valeur  de  z,  en  lui  ajoutan  ^a  on 

aura  celle  de  x. 


Comment  on  peut  faire  cpie  tontes  les  fausses  racines  d*nnè 
équation  deviennent  irraies  sans  que  les  vraies  devlen- 
nant  fausses. 

La  seconde  chose  qni  aura  ci-après  quelque  usage  est  qu'on 
peuttoujours,en  augmentant  la  valeur  des  vraies  racines  d'une 
quantité  qui  soit  plus  grande  que  n*est  celle  d'aucune  des 
fausses,  faire  qu'elles  deviennent  toutes  vraies,  en  sorte  qu'il 
n'y  ait  point  deux  signes  +  ou  deux  signes  —  qui  s'entre- 
snivent^  et  outre  cela  que  la  quantité  connue  du  troisième 
terme  soit  plus  grande  que  le  carré  de  la  moitié  de  celle  du 
second.  Car  encore  que  cela  se  fasse  lorsque  ces  fausses 


74  LA   GÉOMÉTRIE. 

racines  sont  inconnues,  il  est  aisé  néanmoins  de  juger  à  peu 
près  de  leur  grandeur  et  de  prendre  une  quantité  qui  les  sur- 
passe d'autant  ou  de  plus  qu'il  n'est  requis  à  cet  effet.Coinnie 
si  on  a 

ar*+  /w;»-  Ùn^x* + 36n»ar«— 2i6n*a:>+  1296n»x—  7776n«=«0, 
en  faisant  y  —  6n  =  a;  on  trouvera 


+ 


n\    —  30naJ    4.  360n3/    -  2160nV    +  648an»)  —  7776n« 

—    6n«ï    +  144n»     -  1296n*      +  5184n»(  —  7776n« 

+    36n».    —    648nA     +  3888n*(  —  7776n« 


—  648nA     +  3888n*(  —  7776n« 

—  2i6n^^    +•  2592n»l  —  7776n« 
+  1296nV  —  7776n« 

—  7776n« 


y«-35ny»  +504nV  -3780nV  +\b\20n*y^  — 27216n»y  =  0. 

Où  il  est  manifeste  que  504  n^,  qui  est  la  quantité  connue  du 

35 

troisième  terme,  est  plus  grande  que  le  carré  de  -  n,  qui  est  la 

moitié  de  celle  du  second.  Et  il  n'y  a  point  de  cas  pour  lequel 
la  quantité  dont  on  augmente  les  vraies  racines  ait  besoin  à 
cet  effet  d'être  plus  grande,  à  proportion  de  celles  qui  sont 
données,  que  pour  celui-ci. 

Gomment  on  lait  que  toutes  les  places  d'ans  éq[i&ation 

soient  remplies. 

Mais  à  cause  que  le  dernier  terme  s'y  trouve  nul,  si  on  ne 
désire  pas  que  cela  soit  il  faut  encore  augmenter  tant  soit 
peu  la  valeur  des  racines,  et  ce  ne  sauroit  être  de  si  peu  que 
ce  ne  soit  assez  pour  cet  effet  ;  non  plus  que  lorsqu'on  veut 
accroître  le  nombre  des  dimensions  de  quelque  équation,  et 
faire  que  toutes  les  places  de  ces  termes  soient  remplies, 
comme  si,  au  lieu  de  j:*  —  ic»  0,  on  veut  avoir  une  équa- 
tion en  laquelle  la  quantité  inconnue  ait  six  dimensions  et 


LIVRE   TROISIÈME.  75 

dont  aucun  des  termes  ne  soit  nul,  il  faut  premièrement 
pour 

écrire 

a*  —  6x^.0  ; 

puis,  ayant  fait  y  —  a  «a  âr,  on  aura 

où  il  est  manifeste  que,  tant  petite  que  la  quantité  a  soit 
supposée,  toutes  les  places  de  Téquation  ne  laissent  pas  d*ètre 
remplies. 

Gomment  on  pant  mnltiplier  on  diviser  les  racines  sens 

les  connoître. 

De  plus  on  peut,  sans  connoître  la  valeur  des  vraies  racines 
d'une  équation,  les  multiplier  ou  diviser  toutes  par  telle  quan- 
tité connue  qu*on  veut  ;  ce  qui  se  fait  en  supposant  que  la 
quantité  inconnue  étant  multipliée  ou  divisée  par  celle  qui 
doit  multiplier  ou  diviser  les  racines  est  égale  à  quelque  au- 
tre ;  puis  multipliant  ou  divisant  la  quantité  connue  du  se- 
cond terme  par  cette  môme  qui  doit  multiplier  ou  diviser 
les  racines,  et  par  son  carré  celle  du  troisième,  et  par  son 
cube  celle  du  quatrième,  et  ainsi  jusques  au  dernier. 

Gomment  on  réduit  les  nombres  rompus  d'une  équation 

à  des  entiers. 

Ce  qui  peut  servir  pour  réduire  à  des  nombres  entiers  et  ra- 
tionnaux  les  fractions,  ou  souvent  aussi  les  nombres  sourds 

qui  se  trouvent  dans  les  termes  des  équations.  Gomme  si 

on  a 

V  ^   -r  27  -^        27  ^3         ' 


76  LA  GÉOMÉTRIE. 

et  qu*on  veuille  en  avoir  une  autre  en  sa  place^  dont  tous  les 
termes  s'expriment  par  des  nombres  rationnaux,  il  faut  sup- 
poser y  ==  a:  \/  3,  et  multiplier  par  V/  3  la  quantité  connue 
du  second  terme  qui  est  aussi  ^3i  et  par  son  carré  qui  est  3 

26 
celle  du  troisième  qui  est   —,  et  par  son  cube  qui  est  3  V/3 

celle  du  dernier  qui  est ce  qui  fait 

27i/3' 

9        r»  •    •    26  8        ^ 

Puis  si  on  en  veut  avoir  encore  une  autre  en  la  place  de 
celle-ci,  dont  les  quantités  connues  ne  s'expriment  que  par 

des  nombres  entiers^  il  faut  supposer  z  &=  3y,  et  multipliant 

26  8 

3  par  3,  —  par  9  et  -  par  27,  on  trouve 
*7  y 


a»  —  9sï  4-  26«  —  24  =  0, 
où  les  racines  étant  2,  3  et  4,  on  connolt  de  là  que  celles  de 

3'  *  ''  l 


2  4 

l'autre  d'auparavant  étoient  -,  i  et  -,  et  que-  celles  de  la 


première  étoient 


?v/3,     ^v/3     et    g  v/3. 


Gomment  on  rend  la  quantité  connue   de  l'un  des  termes 
d'une  équation  égale  à  telle  autre  qu'on  veut. 

Cette  opération  peut  aussi  servir  pour  rendre  la  quantité 
connue  de  quelqu'un  des  termes  de  l'équation  égale  à  quelque 
autre  donnée,  comme  si  ayant 

x^  —  b^x  +  c'  =  0, 

on  veut  avoir  en  sa  place  une  autre  équation  en  laquelle  la 


LIVRE  TROISIÈME.  77 

quantité  connue  du  terme  qui  occupe  la  troisième  place,  à 
savoir  celle  qui  est  ici  b^  soit  3a'»  il  faut  supposer 


V  "ôT'  P^^ 


puis  écrire 


Que  les  racines  tant  vraies  que  fausses  peuvent  être 

réelles  ou  imaginaires. 

Au  reste,  tant  les  vraies  racines  que  les  fausses  ne  sont  pas 
toujours  réelles,  mais  quelquefois  seulement  imaginaires, 
c'est-à-dire  qu'on  peut  bien  toujours  en  imaginer  autant  que 
j'ai  dit  en  chaque  équation,  mais  qu'il  n'y  a  quelquefois 
aucune  quantité  qui  corresponde  àcelles  qu'on  imagine;'comme 
encore  qu'on  en  puisse  imaginer  trois  en  celle-ci, 

a:»  —  ar»  -f  13a:  —  10  =  0, 

il  n'y  en  a  toutefois  qu'une  réelle  qui  est  2,  et  pour  les  deux 
autres,  quoiqu'on  les  augmente  ou  diminue,  ou  multiplie  en 
la  façon  que  je  viens  d'expliquer,  on  ne  sauroit  les  rendre 
autres  qu'imaginaires. 

La  rédaction  des  équations  cubiques,  lorsque  le  problème 

est  plan. 

Or  quand,  pour  trouver  la  construction  de  quelque  pro- 
blème, on  vient  à  une  équation  en  laquelle  la  quantité  in- 
connue a  trois  dimensions,  premièrement,  si  les  quantités 
connues  qui  y  sont  contiennent  quelques  nombres  rompus, 
il  les  faut  réduire  à  d'autres  entiers  par  la  multiplication 
tantôt  expliquée  ;  et  s'ils  en  contiennent  de  sourds,  il  faut 
aussi  les  réduire  à  d'autres  rationnaux  autant  qu'il  sera  pos- 


LA   GÉOMÉTRIE. 

e,  tant  par  cette  même  multiplication  que  par  dirers  an* 
:  moyens  qui  sont  assez  faciles  k  trouver.  Puis  examinant  par 
re  toutes  les  quantités  qui  peuvent  diviser  sans  fractioa  le 
lier  terme,  il  faut  voir  si  quelqu'une  d'elles,  jointe  avec  la 
ntité  inconnue  par  le  signe  -|-  ou  — ,  peut  composer  un  bi- 
le qui  divise  toute  la  somme  ;  et  si  cela  est,le  problème  est 
1,  c'est-à-dire  il  peut-être  construit  avec  la  règle  et  le 
ipas  ;  car,  ou  bien  la  quantité  connue  de  ce  binôme  est  la 
ne  cherchée,  ou  bien  l'équation  étant  divisée  par  lui  se 
lit  à  deux  dimensions,  en  sorte  qu'on  en  peut  trouver 
ïs  la  racine  par  ce  qui  a  été  dit  au  premier  livre, 
ar  exemple,  si  on  a 

y*  _  8y'  —  124y»  —  64  =»  0, 

ernier  terme  qui  est  64  peut  être  divisé  sans  fraction  par 
:,  4,  8,  16,  32,  64  ;  c'est  pourquoi  il  faut  examiner  par 
re  si  cette  équation  ne  peut  point  Être  divisée  par  quel- 
m  des  binômes  if  —  1  ou  y*  +  1,  y*  —  2  ou  y'  +  2, 
-  4,  etc.  ;  et  on  trouve  qu'elle  peut  l'être  par  y'  —  16  en 
e  sorte  : 

-*-  ï'  —  %'  —  124î/*  —  64  =  0 


-j'-Sj'-     kf- 

-16 

0  — 16j/<_428i/' 

—  16     —   16 

B  commence  par  le  dernier  terme.et  divise  —  64  par  — 16, 
|ui  fait  4-  4  que  j'écri^  dans  le  quotient  ;  puis  je  multiplie 
par  +  y*,  ce  qui  fait  +  4y*  ;  c'est  pourquoi  j'écris  —  4^* 


UVRK  TROISIÈME.  79  ! 

I 
I 


en  la  somme  qu'il  faut  diviser,  car  il  y  faut  toujours  écrire 
le  signe  +  ou  —  tout  contraire  à  celui  que  produit  la  multi- 
plication ;  et  joignant  —  i24y*  avec  —  4y*,  j'ai  —  i28y*  que 
je  divise  derechef  par  —  16,  et  j'ai  +  8y*  pour  mettre  dans 
le  quotient  ;  et  en  le  multipliant  par  y^,  j'ai  — -  Sy*  pour 
joindre  avec  le  terme  qu'il  faut  diviser,  qui  est  aussi  —  9y*  ; 
et  ces  deux  ensemble  font  —  16y*  que  je  divise  par  —  16,  ce 
qui  fait  4-  y*  pour  le  quotient  et  —  y*  pour  joindre 
avec  +  y*,  ce  qui  fait  0  et  montre  que  la  division  est  ache- 
vée. Mais  s'il  étoit  resté  quelque  quantité,  ou  bien  qu'on 
n'eût  pu  diviser  sans  fraction  quelqu'un  des  termes  précé- 
dents,  on  eût  par  là  reconnu  qu'elle  ne  pouvoit  être  faite. 
Tout  de  même  si  on  a 

y«  4-    a*  1  y*  —  a*  j  y*  —  a^     ] 
—  2cM       +  c*  )       —  2aV»    =  0, 

—   aV.^ 

le  dernier  terme  se  peut  diviser  sans  fraction  par  a,  a*,  a*+  c\ 
a'  +  oc*,  et  semblables  ;  mais  il  n'y  en  a  que  deux  qu'on  ait 
besoin  de  considérer,  à  savoir  a^  et  a^  +  c*,  car  les  autres, 
donnant  plus  ou  moins  de  dimensions  dans  le  quotient  qu'il 
n'y  en  a  en  la  quantité  connue  du  pénultième  terme,  empê- 
cberoient  que  la  division  ne  s'y  pût  faire.  Et  notez  que  je  ne 
compte  ici  les  dimensions  de  y*  que  pour  trois,  à  cause  qu'il 
n'y  a  point  de  y*,  ni  de  y',  ni  de  y  en  toute  la  somme.  Or  en 
examinant  le  binôme  y^  -^  a^  —  c^  =  0,  on  trouve  que  la 
division  se  peut  faire  par  lui  en  cette  sorte  : 

—  y«  —  2cH  y 


0  —  2ûM 


|r_«a,»  ru 


«  i  if     n^fA  {  n    rA  /.a 


c»  i  *»    —  arc  ^   —    or  —  c 


—  a«  —  c«  ^  a«  —  c* 


4- y*  +2a^  j    .+    a^    .  _^ 


80  LA  GÉOMÉTRIE. 

ce  qui  montre  que  la  racine  cherchée  est  «*  +  c*,   et  la 
preuve  en  est  aisée  à  faire  par  la  multiplication. 


Oaels  proUèmes   sont  solides  lorsque  réqaation    est 

cnbiqae. 

Mais  lorsqu'on  ne  trouve  aucun  binôme  qui  puisse  ainsi 
diviser  toute  la  somme  de  Téquation  proposée,  il  est  certain 
que  le  problème  qui  en  dépend  est  solide  ;  et  ce  n'est  pas 
une  moindre  faute  après  cela  de  tâcher  à  le  construire  sans 
y  employer  que  des  cercles  et  des  lignes  droites,  que  ce  seroit 
d^employer  des  sections  coniques  à  construire  ceux  auxquels 
on  n'a  besoin  que  de  cercles  :  car  enfln  tout  ce  qui  témoigne 
quelque  ignorance  s'appelle  faute. 

La  réduction  des  équations  qui  ont  quatre  dimensions, 
lorsque  le  problème  est  plan.  Et  quels  sont  ceux  qui  sont 
solides. 

Que  si  on  a  une  équation  dont  la  quantité  inconnue  ait 
quatre  dimensions,  il  faut  en  même  façon,  après  en  avoir  ôté 
les  nombres  sourds  et  rompus,  s'il  y  en  a,  voir  si  on  pourra 
trouver  quelque  binôme  qui  divise  toute  la  somme  en  le 
composant  de  Tune  des  quantités  qui  divisent  sans  fraction  le 
dernier  terme.  Et  si  on  en  trouve  un,  ou  bien  la  quantité  con- 
nue de  ce  binôme  est  la  racine  cherchée,  ou  du  moins, 
après  celte  division,  il  ne  reste  en  Téquation  que  trois  di- 
mensions, ensuite  de  quoi  il  faut  derechef  l'examiner  en  la 
même  sorte.  Mais  lorsqu'il  ne  se  trouve  point  de  tel  binôme, 
il  faut,  en  augmentant  ou  diminuant  la  valeur  de  la  racine, 
ôter  le  second  terme  de  la  somme  en  la  façon  tantôt  expliquée, 


LIVRE  TROISIÈME.  81 

et  après  la  réduire  à  une  autre  qui  ne  contienne  que  trois  di- 
mensions ;  ce  qui  se  fait  en  cette  sorte  :  au  lieu  de 

-f-  a:*  ...  px"^  ...  qX  ...  f  es3  0, 

il  faut  écrire 

+  y« ...  2py*  +  (pa  ...  4r)  ya  —  g»  ««  0. 

Et  pour  les  signes  +  ou  —  que  j^ai  omis,  s'il  y  a  eu  +  p 
en  la  précédente  équation,  il  faut  mettre  en  celle-ci  +  2p, 
ou  s'il  y  a  eu  — jp,  U  faut  mettre  —  2p  ;  et  au  contraire  s'U  y 
a  eu  4-  r,  il  faut  mettre  —  4r,  ou  s'il  y  a  eu  —  r,  il  faut 
mettre  +  4r  ;  et  soit  qu'il  y  ait  eu  +  5^  ou  —  ç,  il  faut  tou- 
jours mettre  —  ;^  et  +  p^,  au  moins  si  on  suppose  que  x^ 
et  y^  sont  marqués  du  signe  +,  car  ce  seroit  tout  le  con- 
traire si  on  y  supposoit  le  signe  — . 

Par  exemple,  si  on  a 

-}-  a:*  —  4^:»  —  ar  -f-  35  =  0, 

il  faut  écrire  en  son  lieu 

y«  —  8y*  —  124ya  —  64  —  0, 

car  la  quantité  que  j'ai  nommée  p  étant  —  4,  il  faut  mettre  — 
8y^  pour  %py*  ;  et  celle  que  j'ai  nommée  r  étant  35,  il  faut 
mettre  (16  —  140)  y^,  c'est-à-dire  —  124y«  au  lieu  de  (p»  — 
4r)  y»  ;  et  enfin  q  étant  8,  il  faut  mettre  —  64  pour  —  y*. 
Tout  de  même,  au  lieu  de 

+  x^^  Vla^  —  20a:  —  6  =  0, 
il  faut  écrire 

+  y«_34y*  +  313y«— 400=  0; 

car  34  est  double  de  17,  et  313  en  est  le  carré  joint  au  qua- 
druple de  6,  et  400  est  le  carré  de  20. 
Tout  de  même  aussi  au  lieu  de 

4. 2*  4.  /l  a2  —  A  z^  —  (a«  H-  ac^)  ^  +  fg  «*  —  |  ^^^^  ^  ^- 

DitcAKTBS.  —  Gé4fméirie.  G 


LA   CÉOM^Rie. 

it  écrire 

[a^  —  2c*}  y*  4-  {c*  —  a*)  y*  —  a< 
DeBt 

—  c*,  et/)*  est  2  a*  —  aV  4 

ifln  —  }*  est  —  a*  —  îaV  —  o'c*. 

près  que  l'équaltOQ  est  ainsi  réduite  à  trois  dinieiisioDS, 
ut  chercher  la  valeur  de  y*  par  la  méthode  déjà  expli- 
!  ;  et  si  elle  ne  peut  èlre  trouvée,  on  D'à  point  besoin  de 
;er  outre,  car  U  suit  de  là  inrailliblement  que  le  problj^me 
solide.  Mais  si  on  la  trouve,  on  peut  diviser  par  son 
en  la  précédente  équation  en  deux  autres,  en  cbacune 
[uelles  la  quantité  inconnue  n'aura  que  deux  dimensions 
ont  les  racines  seront  les  mfimes  que  les  siennes  ;  \  sa- 
,  au  lieu  de 

+  ar'  ...  pj:* ...  jx...  r  =  0, 

ut  écrire  ces  deux  autres 

+  x»  +  yx+-ï»...-p...  1  =  0. 
t  pour  les  signes  +  et  —  que  j'ai  omis,  s'il  y  a  +  p  en 
lation  précédente,  il  faut  mettre  +  -p  en  chacune  de 
3S-ci,  et  —  =p  s'il  y  a  en  l'autre — p\  mais  il  faut  mettre 

'-  en  celle  où  il  y  a  —  yz,  et  —  J^  en  celle  où  il  y  a  +  yx, 
qu'il  y  a  4-  y  en  la  première  ;  cl  au  conli-aire,  s'il  y  a  —  ç, 
ut  mettre  - 


'   ." 


UVRE  TROISlàME.  83 

OÙ  il  y  a  +  yx.  Ensuite  de  quoi  il  est  aisé  de  connoiire  toutes 
les  racines  de  Téquation  proposée,  et  par  conséquent  de 
construire  le  problème  dont  elle  contient  la  solution,  sans  y 
employer  que  des  cercles  et  des  lignes  droites. 
Par  exemple,  à  cause  que  faisant 

y*  —  34y*  -t-  3i3y«  —  400  —  0 

pour 

x*  —  17a:*  —  ÎQar  —  6  =  0, 

on  trouve  que  y^  est  16,  on  doit,  au  lieu  de  cette  équation 

4- ^  —  Ho:*  —  20a:  —  6  =0. 

écrire  ces  deux  autres 

4-  a:*  —  4a:  —  3  —  0, 

et 

4-  a:^  4-  4a:  -f  ^  =  0, 

1 

car  y  est  4,  ^  y*  est  8,  p  est  17,  et  y  est  20,  de  façon  que 

Et  tirant  les  racines  de  ces  deux  équations,  on  trouve  toutes 
les  mêmes  que  si  on  les  tiroit  de  celle  où  est  a:*,  à  savoir,  on^ 
en  trouve  une  vraie  qui  est  v/7  4-  2,  et  trois  fausses  qui  sont 

v/7  —  2,      2  +  /l,      et      2  —  v^2. 

Ainsi  ayant 

a:*^lx^—Sx+  35  =  0, 

pource  que  la  racine  de 

y6  __  gy*  _  424y«  —  64  =  0 

est  derechef  16,  il  faut  écrire 

a:3  -  4a:  +  5  =  0 

et 

a:*  +  4a:  -f  7  =  0  i 


2y 

lonree qa'on  De  troare  ancone  racine,  ni  vraie  ai  fausse, en 
deux  dernières  é^nations,  on  coonoit  de  là  que  les  quatre 
réqnation  dont  elles  procèdent  sont  imagioaires,  et 
le  problème  pour  lequel  on  l'a  trouvée  est  plan  de  sa  na- 
,  mais  qu'il  ne  sauroit  en  aucone  façon  £tre  construit,  i. 
le  que  les  quantités  données  ne  peuvent  se  joindre. 
oui  de  mfime  ayant 

+  ([  a'  -  c»)  **  -  (a»  +  flc»)  2  +  ^  «*  -  I  «"c»  =  0, 

rce  qu'on  trouve  a'  +  c*  pour  y',  il  faut  écrire 


s*  +  v'a*  4-  c*2  +  2  a*  +  X  o  'i/a*  +  c*  =■  0, 


t  -  a  /o»  +  c\ 


1  on  connott  que  la  valeur  de  z  est 


*/a»  +  c'- y/^ 


i 


1 


lource  que  nous  avions  fait  ci-dessus  s  +  -  a  =-  x,  nous 


UYRE  TROISIÈME. 


85 


apprenons  que  la  quantité  Xy  pour  la  connoissance  de  laquelle 
ndus  avons  fait  toutes  ces  opérations,  est 


+  ia  +  V^j77ï7~v/jc»-|a»  +  |av/^'T?. 


Exemple  de  Taeage  de  ces  rédnctioiie. 

Hais  afin  qu*on  puisse  mieux  connottre  Tutilité  de  cette 
règle  il  faut  que  je  rapplique  à  quelque  problème. 
Si  le  carré  AD  [fig.  ^6)  et  la  ligne  BN  étant  donnés,  il  faut 


prolonger  le  côté  ÀC  jusques  à  E,  en  sorte  que  EF,  tirée  dé 
E  vers  B,  soit  égale  à  NB  :  on  apprend  de  Pappus,  qu'ayant 
premièrement  prolongé  BD  jusques  à  6,  en  sorte  que  DG  soit 
égale  à  DN,  et  ayant  décrit  un  cercle  dont  le  diamètre  soit  B6, 
si  on  prolonge  là  ligne  droite  AC,  elle  rencontrera  la  circon- 
férence de  ce  cercle  au  point  E  qu'on  demandoit.  Mais  pour 
ceux  qui  ne  sauroient  point  cette  construction,  elle  seroit 
assez  difficile  à  rencontrer;  et^  en  la  cherchant  par  la  méthode 
ici  proposée,  ils  ne  s*aviseroient  jamais  de  prendre  DG  pour 
la  quantité  inconnue^  mais  plutôt  CF  ou  FD,  à  cause  que  ce 
sont  elles  qui  conduisent  le  plus  aisément  à  Téquation  ;  et 
lors  ils  en  trouveroient  une  qui  ne  seroit  pas  facile  à  démêler 
sans  la  règle  que  je  viens  d'expliquer.  Car  posant  a  pour  BD 
ou  CD,  et  c  pour  EF,  et  x  pour  DF,  on  a  CF  =  a  —  ar,  et 


LA    GÉOMÉTRIE. 

ima  CF  on  a  —  x  eet  à  FE  ou  c,  ainsi  FD  ou  j:  esl  à  BK, 
par  conséquent  est ,  Puis  \  cause  du  triangle  réc- 
rie BDF  dont  les  cdtés  sont  l'an  x  eL  l'autre  a,  leurs 
rés,  qui  sont  x*  +  a*,  sont  égaux  à  celui  de  la  base,  qui 

-j ■,;  de  Taçon  que.   multipliant  le  tout   par 

-  tax  +  a*,  on  trouve  que  l'équation  est 

X*  —  tax'  +  2a*a;*  —  ïa*x  +  a*  =  c*  a;*, 
bien 

j*  —  'iaa*  -^  (%a*—  c*)  a?  ~'ia*x  +  a*  — 0; 

)n  connolt  par  les  règles  précédentes  que  sa  racine,  qui 
la  longueur  de  la  ligne  DF,  est 


•„  +  v'l'.'  +  r'-v'l«'-î«'-t 


)ue  si  on  posoît  BF,  ou  CE,  ou  BE,  pour  la  quantité  incon- 
s,  OD  viendroit  derecbef  à  une  équation  en  laquelle  il  y 
'oit  quatre  dimensions,  mais  qui  seroit  plus  aisée  à  démè- 
,  et  on  y  viendroit  assez  aisément;  au  lieu  que  si  c'éloit  DG 
on  supposât,  on  viendroit  beaucoup  plus  dinicilemeot  à 
[uatiOD,  mais  aussi  elle  seroit  très  simple.  Ce  que  je  mets 
pour  vous  avertir  que,  lorsque  le  problème  proposé  n'est 
nt  solide,  si  en  le  cherchant  par  un  chemin  on  vient  à  une 
latioa  fort  composée,  on  peut  ordinairement-  venir  !i  une 
s  simple  en  le  cherchant  par  un  autre. 
le  pourrois  encore  ajouter  diverses  règles  pour  démêler  les 
lations  qui  vont  au  cube  ou  an  carré  de  carré,  mais  elles 
oient  superflues  ;  car  lorsque  les  problèmes  sont  plans  on 
peut  toujours  trouver  la  construction  par  celles-ci. 


LrVRE  TROISIÈME.  87 

Règle  générale  pour  rédnire  les  équations  qni  passent  le 

carré  de  carré. 

Je  pourrois  aussi  en  ajouter  d'autres  pour  les  équations  qui 
montent  jusques  au  sursolide^  ou  au  carré  de  cube,  ou  au 
delà,  mais  j'aime  mieux  les  comprendre  toutes  en  une,  et  dire 
en  général  que,  lorsqu'on  a  tâché  de  les  réduire  à  même 
forme  que  celles  d'autant  de  dimensions  qui  viennent  de  la 
multiplication  de  deux  autres  qui  en  ont  moins,  et  qu'ayant 
dénombré  tous  les  moyens  par  lesquels  cette  multiplication 
est  possible^  la  chose  n'a  pu  succéder  par  aucun,  on  doit  s'as- 
surer qu'elles  ne  sauroient  être  réduites  à  de  plus  simples; 
en  sorte  que  si  la  quantité  inconnue  a  trois  ou  quatre  dimen- 
sions, le  problème  pour  lequel  on  la  cherche  est  solide,  et  si 
elle  en  a  cinq  ou  six,  il  est  d'un  degré  plus  composé,  et  ainsi 
des  autres. 

Au  reste,  j'ai  omis  ici  les  démonstrations  de  la  plupart  de 
ce  que  j'ai  dit,  à  cause  qu'elles  m'ont  semblé  si  faciles  que, 
pourvu  que  vous  preniez  la  peine  d'examiner  méthodiquement 
si  j'ai  failli,  elles  se  présenteront  à  vous  d'elles-mêmes;  et  il 
sera  plus  utile  de  les  apprendre  en  celte  façon  qu'en  les 
lisant. 

Façon  générale  pour  construire  tons  les  problèmes  solides 
«réduits  à  une  équation  de  trois  ou  quatre  dimensions. 

Or,  quand  on  est  assuré  que  le  problème  proposé  est  solide, 
soit  que  l'équation  par  laquelle  on  le  cherche  monte  au  carré 
de  carré,  soit  qu'elle  ne  monte  que  jusques  au  cube,  on  peut 
toujours  en  trouver  la  racine  par  l'une  des  trois  sections  coni- 
ques, laquelle  que  ce  soit,  ou  même  par  quelque  partie  de 
l'une  d'elles,  tant  petite  qu'elle  puisse  être,  en  ne  se  servant 


I  reste  qoe  de  lignes  droites  et  de  cercles.  Hais  je  me  con- 
Dterai  ici  de  donoer  une  r^le  générale  pour  les  trouver 
ntes  parle  moyen  d'une  parabole,  à  cause  ({u'elle  est  en 
lelqne  façon  la  pins  simple. 

Premièrement,  il  faut  Ater  le  second  terme  de  l'équation 
oposée,  s'il  n'est  déjà  nul,  et  ainsi  la  réduire  à  telle  forme 

«*■■  ...  eqtz  ...  a*q, 
la  quantité  inconnue  n'a  que  trois  dimensions  ;  ou  bien  à 
Ue 

«*  —  ...  apz* ...  tfqz  ...  0*r, 

elle  en  a  quatre;  on  bien,  en  prenant  a  pour  t'onité,  à  telle 

2»=z...pz...5,  ( 

àteUe 

î*^  ...p3?  ...  qz  ...  r. 

Apris  cela,  supposant  que  la  parabole  FAG  [fig.  S7)  est 
jà  décrite,  et  que  son  essieu  est  ACDKL,  et  que  son  cdté 
oit  est  a  ou  1  dont  AC  est  la  moitié,  et  enfin  que  le  point  C 


t  an  dedans  de  cette  parabole,  et  que  A  en  est  le  sommet  ; 
faut  faire  CD  — >  -  p,  et  la  prendre  du  mCme  côté  qu'est  le 
int  A  au  regard  du  point  C,  s'il  y  a  +  jd  en  l'équation;  mais 


LIVRE  TROISIÈME. 


89 


s'il  y  a  — jD,  il  faut  la  prendre  de  Taulre  côté.  Et  du  point  D, 
ou  bien,  si  la  quantité  p  étoit  nulle,  du  point  C  [fig,  28)  il 

faut  élever  une  ligne  à  angles  droits  jusques  à  E,  en  sorte 

1 

qu'elle  soit  égale  à  -  g.  Et  enfin  du  centre  E  il  faut  décrire 

le  cercle  FG  dont  le  demi-diamètre  soit  AE  si  Téquation  n'est 
que  cubique,  en  sorte  que  la  quantité  r  soit  nulle. 


tl; 


'•                 / 

^ 

■■•  /    • 

• 

/   ^ 
/       ^ 

y 

f        "" 

t>^ 

Fig.  98. 


Fig.  %9, 


Mais  quand  il  y  a  -f  r  û  faut  dans  cette  ligne  AE  [fig.  27) 
prolongée  prendre  d'un  côté  AR  égale  à  r,  et  de  l'autre  AS 
égale  au  côté  droit  de  la  parabole  qui  est  1  ;  et  ayant  décrit 
un  cercle  dont  le  diamètre  soit  RS,  il  faut  faire  AH  perpendi- 
culaire sur  AE,  laquelle  AH  rencontre  ce  cercle  RHS  au  point 
H  qui  est  celui  par  où  l'autre  cercle  FHG  doit  passer.  Et  quand 
il  y  a  —  r,  il  faut,  après  avoir  ainsi  trouvé  la  ligne  AH  {fig,29)^ 
inscrire  AI  qui  lui'*5oit  égale,  dans  un  autre  cercle  dont  AE 
soit  le  diamètre,  et  lors  c'est  par  le  point  I  que  doit  passer 
FIG  le  premier  cercle  cherché.  Or  ce  cercle  FGpeut  couper  ou 
toucher  la  parabole  en  un,  ou  deux,  ou  trois,  ou  quatre  points, 
desquels  tirant  des  perpendiculaires  sur  l'essieu,  on  a  toutes 
les  racines  de  l'équation  tant  vraies  que  fausses.  A  savoir  si 
la  quantité  g  est  marquée  du   signe  -f,  les  vraies  racines 


LA   GÉOMÉTntE. 

'ont  celles  de  ces  perpendiculaires  qui  se  trouveponl  du 
ime  côté  de  la  parabole  que  E  le  centre  du  cercle,  comme 
■  ;  et  les  autres,  comme  GK,  seront  fausses.  Hais  au  con- 
lire,  si  cette  quantité  q  est  marquée  du  signe  —,  les  vraies 
ronl  celles  de  l'autre  cùlé,  et  les  fausses  ou  moindres  que 
m  seront  du  cAlé  où  est  E  le  centre  du  cercle.  Et  enfin  si  ce 
rcle  ne  coupe  ni  ne  tourbe  la  parabole  en  aucun  point,  cela 
noigne  qu'il  n'y  a  aucune  racine  ni  vraie  ni  fausse  en  l'équa- 
n,  et  qu'elles  sont  toutes  imaginaires.  En  sorte  que  cette 
;le  est  la  plus  générale  et  la  plus  accomplie  qu'il  soit  possi- 
I  de  souhaiter. 

Et  la  démonstration  en  est  fort  aisée;  car  si  la  ligne  GK 
g.  27),  trouvée  par  cette  construction,  se  nomme  z,  AK 
:a  z',  à  cause  de  la  parabole  en  laquelle  GK  doit  élre 
>yenne  proportionnelle  entre  AK  et  le  C(>lé  droit  qui  est  1  ; 


EM  qui  est  s*  —  :  p  —  -,  dont  le  carré  est 

à  cause  que  DE  ou  KM  est  -  q,  la  toute  GM  est  s  -f     g, 
nt  le  carré  est 

:;»  +  yz  +  -  ç"; 
assemblant  ces  deux  carrés  on  a 

,  ,  1,1,1         1 

ur  le  carré  de  la  ligne  GE,  à  cause  qu'elle  est  la  base  du 

angle  rectangle  EMG. 

Mais  à  cause  que  cette  même  ligne  GE  est  le  demi-diam^re 


^x'":"^" 


^ 


UVRE  TROISIÈME.  91 

du  cercle  PG,  elle  se  peat  encore  expliquer  en  d'autres  termes, 

1  il 

à  savoir  ED  étant  r  y,  et  AD  étant  5  p  4-  -,  AE-est 


\/ 


1,1,1     1 


à  cause  de  Tangle  droit  ADE  ;  puis  HA  étant  moyenne  pro- 
portionnelle entre  AS  qui  esl  1  et  AR  qui  est  r,  elle  est  \/r  ; 
et  à  cause  de  Tangle  droit  EAH,  le  carré  de  HE  ou  EG  est 

1,1,1     1 

si  bien  qu'il  y  a  équation  entre  cette  somme  et  la  précédente, 
ce  qui  est  le  même  que 

et  par  conséquent  la  ligne  trouvée  GK  qui  a  été  nommée  z 
est  la  racine  de  cette  équation,  ainsi  qu^il  falloit  démontrer. 
Et  si  vous  appliquez  ce  même  calcul  à  tous  les  autres  cas  de 
cette  règle  en  changeant  les  signes  +  et  —  selon  Toccasion, 
vous  y  trouverez  votre  compte  en  même  sorte,  sans  qu'il  soit 
besoin  que  je  m'y  arrête. 

# 

L'invention  de  deux  moyennes  proportionnelles. 

Si  on  veut  donc,  suivant  cette  règle,  trouver  deux  moyennes 
proportionnelles  entre  les  lignes  a  et  q  {fig.  ^^),  chacun  sait 

que  posant  z  pour  Tune,  comme  a  est  à  z,  ainsi  z  h-, 

z*    z^  z^ 

et  -  à  —;  de  façon  qu'il  y  a  équation  entre  g  et  —,  c'est-à-dire 

Et  la  parabole  FAG  étant  décrite,  avec  la  partie  de  son 


9â 


LA   GÉOMÉTRIE. 


essieu  ÂC  qui  est  ^  a  la  moitié  du  côté  droit,  il  faut  du  point  C 

élever  la  perpendiculaire  CE  égale  à  -  ç,  et  du  centre  E  par  A, 

décrivant  le  cercle  AF,  on  trouve  FL  et  LA  pour  les  deux 
moyennes  cherchées. 

lia  façon  de  diviser  on  angle  en  trois. 

Tout  de  même  si  on  veut  diviser  Tangle  NOP  {fig.  30),  ou 
bien  Tare  ou  portion  de  cercle  NQPT  en  trois  parties  égales. 


Fig.  30. 

faisant  NO  =  1  pour  le  rayon  du  cercle,  el  NP  c=  y  pour  la 
subtendue  de  Tare  donné,  et  NQ  =  z  pour  la  subtendue  du 
tiers  de  cet  arc,  l'équation  vient 

z^  =  3z  —  q. 

Car  ayant  tiré  les  lignes  NQ,  OQ,  OT,  et  faisant  QS  parallèle  à 
TO,  on  voit  que  comme  NO  est  à  NQ,  ainsi  NQ  à  QR,  et  QR  à 
RS;  en  sorte  que  NO  étant  1,  et  NQ  étant  z,  QR  est  z\  et  RS 


N 


UVRE  TROISIÈME.  93 

est  z';  et  à  cause  qu^il  s'en  faut  seulement  RS  ou  z^  que  la 
ligne  NP  qui  est  q  ne  soit  triple  de  NQ  qui  est  z,  on  a 

q  =  3z  —  i', 
ou  bien  ' 

z»  =  3;5  — y. 

Puis  la  parabole  FAG  étant  décrite,  et  CA  la  moitié  de  son 

1  3 

côté  droit  principal  étant  -,  si  on  prend  CD  =-,et la  perpen- 

1 

diculaire  DE  =  5  Îî  6t  que  du  centre  E  par  A  on  décrive  le 

cercle  FkgG,  il  coupe  cette  parabole  aux  trois  points  F,  g  et  G, 

sans  compter  le  point  A  qui  en  est  le  sommet;  ce  qui  montre 
qu'il  y  a  trois  racines  en  cette  équation,  à  savoir  les  deux  GK 

et  gk  qui  sont  vraies,  et  la  troisième  qui  est  fausse^  à  sa- 
voir FL.  Et  de  ces  deux  vraies  c'est  gk  la  plus  petite  qu'il  faut 
prendre  pour  la  ligne  NQ  qui  étoit  cherchée  ;  car  l'autre  GK 
est  égale  à  NV  la  subtendue  de  la  troisième  partie  de  l'arc  NVP, 
qui  avec  l'autre  arc  NQP  achève  le  cercle.  Et  la  fausse  FL  est 
égale  à  ces  deux  ensembles  QN  et  NV,  ainsi  qu'il  est  aisé  à 
Yoir  par  le  calcul. 

Ctae  tous  leq  problèmes  solides  se  peuvent  réduire  'à  ces 

deux  constructions. 

Il  seroit  superflu  que  je  m'arrêtasse  à  donner  ici  d'autres 
exemples,  car  tous  les  problèmes  qui  ne  sont  que  solides  se 
peuvent  réduire  à  tel  point  qu'on  n'a  aucun  besoin  de  celte 
règle  pour  les  construire,  sinon  en  tant  qu'elle  sert  à  trouver 
deux  moyennes  proportionnelles,  ou  bien  à  diviser  un  angle 
en  trois  parties  égales,  ainsi  que  vous  connoîtrez  en  considé- 
rant que  leurs  difficultés  peuvent  toujours  être  comprises  en 
des  équations  qui  ne  montent  que  jusques  au  carré  de  carré 
ou  au  cube,  et  que  toutes  celles  qui  montent  au  carré  de  carré 


94  LA  GÉOMÉTRIE. 

se  réduisent  au  carré  par  le  moyen  de  quelques  autres  qui  ne 
montent  que  jusques  au  cube,  et  enfin  qu'on  peut  6ter  le 
second  terme  de  celles-ci  ;  en  sorte  qu'il  n'y  en  a  point  qui  ne 

se  puisse  réduire  à  quelqu'une  de  ces  trois  formes  : 

z'—  — jDz  +  y, 
«»  =-  +  pz  +  q. 

Or  si  on  a  z'  =  —  pz  -{-  y,  la  règle  dont  Cardan  attribue 
l'invention  à  un  nommé  Scipio  Ferreus  nous  apprend  que  la 
racine  est 


Gomme  aussi  lorsqu'on  a  z'  =  4-  pz  4-  ç',  et  que  le 
carré  de  là  moitié  du  dernier  terme  est  plus  grand  que  le  cube 
du  tiers  de  la  quantité  connue  du  pénultième,  une  pareille 
règle  nous  apprend  que  la  racine  est 


D'où  il  paroit  qu'on  peut  construire  tous  les  problèmes  dont 
les  difficultés  se  réduisent  à  Tune  de  ces  deux  formes,  sans 
avoir  besoin  des  sections  coniques  pour  autre  chose  que  pour 
tirer  les  racines  cubiques  de  quelques  quantités  données, 
c'est-à-dire  pour  trouver  deux  moyennes  proportionelles  entre 
ces  quantités  et  l'unité. 

Puis,  si  on  a  z*  e=»  +  joz  H-  q,  et  que  le  carré  de  la  moitié 
du  dernier  terme  ne  soit  point  plus  grand  que  le  cube  du  tiers 
de  la  quantité  connue  du  pénultième^  en  supposant  le  cercle 

NQPV  dont  le  demi-diamètre  NO  soit  \  ^p,  c'est-à-dire  la 


«^ 


LIVRB  TROISIÈME.  95 

moyenne  proportionnelle  entre  le  tiers  de  la  quantité  donnéep 
et  Tunité,  et  supposant  aussi  la  ligne  NP  inscrite  dans  ce 

cercle  qui  soit  -^,  c'est-à-dire  qui  soit  à  l'autre  quantité  don- 
née q  comme  Tunité  est  au  tiers  de  p,  il  ne  faut  que  diviser 
chacun  des  deux  arcs  NQP  et  NYP  en  trois  parties  égales,  et 
on  aura  NQ  la  subtendue  du  tiers  de  Tun^  et  NV  la  subtendue 
du  tiers  de  Tautre,  qui  jointes  ensemble  composeront  la 
racine  cherchée. 
Enfin  si  on  a  2*  =  /)z  —  q,  en  supposant  derechef  le  cercle 


►it  ^Ip>  et  i''«™-*-  ^^  -=*  ^^ 


NQPV  dont  le  rayon  NO  soit  \  ^p,  et  Tinscrite  NP  soit  — , 

NQ  la  subtendue  du  tiers  de  Tare  NQP  sera  Tune  des  racines 
cherchées,  et  NV  la  subtendue  du  tiers  de  l'autre  ai*c  sera 
Tautre.  Au  moins,  si  le  carré  de  la  moitié  du  dernier  terme 
a'est  point  plus  grand  que  le  cube  du  tiers  de  la  quantité 
connue  du  pénultième;  car  s'il  étoit  plus  grande  la  ligne  NP 
ue  pourroit  être  inscrite  dans  le  cercle,  à  cause  qu'elle  seroit 
plus  longue  que  son  diamètre,  ce  qui  seroit  cause  que  les  deux 
vraies  racines  de  cette  équation  ne  seroient  qu'imaginaires,  et 
qu'il  n'y  en  auroit  de  réelle  que  la  fausse^  qui,  suivant  la  règle 
de  Cardan^  seroit 


V^c.  1  y+  V'iy.-ip»  +  \/g.  iy-V-?^-- 

2^       ^  4^       27^  2^        ^4^       27 


^nP' 


La  façon  d'exprimer  la  valeur  de  toutea  les  racines  des 
équations  cnblques,  et  ensuite  de  toutes  celles  qui  ne 
montent  que  Jusques  au  oarré  de  carré. 

Au  reste,  il  est  à  remarquer  que  cette  façon  d'exprimer  la 
valeur  des  racines  par  le  ri^port  qu'elles  ont  aux  côtés  de 
certains  cubes  dont  il  n'y  a  que  le  contenu  qu'on  connoisse, 


96  LA   GÉOMÉTRIE. 

n'est  en  rien  plus  intelligible  ni  plus  simple  que  de  les  expri- 
mer par  le  rapport  qu'elles  ont  aux  subtendues  de  certains 
arcs  ou  portions  de  cercles  dont  le  triple  est  donné;  en  sorte 
que  toutes  celles  des  équations  cubiques  qui  ne  peuvent  être 
exprimées  par  les  règles  de  Cardan,  le  peuvent  être  autant  ou 
plus  clairement  par  la  façon  ici  proposée. 

Car  si,  par  exemple,  on  pense  connoître  la  racine  de  cette 
équation 

JS3  =  —  yjS  4.  p, 

à  cause  qu'on  sait  qu'elle  est  composée  de  deux  lignes  dont 

i 

l'une  est  le  côté  d'un  cube  duquel  Je  contenu  est  -  q^  ajouté 

IL 
1  1 

au  côté  d'un  carré  duquel  derechef  le  contenu  est  -q^  —  ô^-P^ 

et  l'autre  est  le  côté  d'un  autre  cube  dont  le  contenu  est  la 

1 

différence  qui  est  entre  5  y  et  le  côté  de  ce  carré  dont  le  con- 

1  i 

tenu  est  -  y*  —  sâ-P*^  ?^^  ^^^  ^^^^  ^®  qu'on  en  apprend  par 

la  règle  de  Cardan.  Il  n'y  a  point  de  doute  qu'on  ne  connoisse 
autant  ou  plus  distinctement  la  racine  de  celle-ci 

en  la  considérant  inscrite  dans  un  cercle  dont  le  demi-dia- 
mètre est  V  r  p,  et  sachant  qu'elle  est  la  sublendue  d'un  arc 

3(7 

dont  le  triple  a  pour  sa  subtendue  —  .  Même  ces  termes  sont 

V 

beaucoup  moins  embarrassés  que  les  autres,  et  ils  se  trou- 
veront beaucoup  plus  courts  si  on  veut  user  de  quelque  chiffre 
particulier  pour  exprimer  ces  subtendues,  ainsi  qu'on  fait  du 
chiffre  v/C.  pour  exprimer  le  Côté  des  cubes. 

Et  on  peut  aussi  ensuite  de  ceci  exprimer  les  racines  de 
toutes  les  équations  qui  montent  jusques  au  carré  de  carré 


\ 


LIVRE  TROISIÈME.  97 

par  les  règles  ci-dessus  expliquées  ;  en  sorte  que  je  ne  sache 
rien  de  plus  à  désirer  en  cette  matière  :  car  enfin  la  nature  de 
ces  racines  ne  permet  pas  qu'on  les  exprime  en  termes  plus 
simples,  ni  qu'on  les  détermine  par  aucune  construction  qui 
soit  ensemble  plus  générale  et  plus  facile. 

Poiirc[uoi  les  problèmes  solides  ne  peavent  être  constmits 
sans  les  sections  coniques,  ni  cens  qui  sont  plus  composés 
sans  quelques  autres  lignes  plus  composées. 

11  est  vrai  que  je  n'ai  pas  encore  dit  sur  quelles  raisons  je 
me  fonde  pour  oser  ainsi  assurer  si  une  chose  est  possible  ou 
ne  lest  pas.  Mais  si  on  prend  garde  comment,  parla  méthode 
dont  je  me  sers,  tout  ce  qui  tombe  sous  la  considération  des 
géomètres  se  réduit  à  un  même  genre  de  problèmes,  qui  est 
de  chercher  la  valeur  des  racines  de  quelque  équation,  on 
jugera  bien  qu'il  n'est  pas  malaisé  de  faire  un  dénombrement* 
de  toutes  les  voies  par  lesquelles  on  les  peut  trouver,  qui  soit 
suffisant  pour  démontlrer  qu'on  a  choisi  la  plus  générale  et  la 
plus  simple.  Et  particulièrement  pour  ce  qui  est  des  problèmes 
solides,  que  j'ai  dit  ne  pouvoir  être  construits  sans  qu'on  y 
emploie  quelque  ligne  plus  composée  que  la  circulaire,  c'est 
chose  qu'on  peut  assez  trouver  de  ce  qu'ils  se  réduisent  tous 
à  deux  constructions,  en  l'une  desquelles  il  faut  avoir  tout 
ensemble  les  deux  points  qui  déterminent  deux  moyennes 
proportionnelles  entre  deux  lignes  données,  et  en  l'autre  les 
deux  points  qui  divisent  en  trois  parties  égales  un  arc  donné  ; 
car  d'autant  que  la  courbure  du  cercle  ne  dépend  que  d'un 
simple  rapport  de  toutes  ses  parties  au  point  qui  en  est  le 
centre,  on  ne  peut  aussi  s'en  servir  qu'à  déterminer  un  seul 
point  entre  deux  extrêmes,  comme  à  trouver  une  moyenne 
proportionnelle  entre  deux  lignes  droites  données,  ou  diviser 

DucAiTis.  —  Géoméirie.  7 


98  LA  GÉOMÉTRIE. 

en  deux  un  arc  donné;  au  lieu  que  la  courbure  des  sections 
coniques,  dépendant  toujours  de  deux  diverses  choses,  peut 
aussi  servir  à  déterminer  deux  points  différents. 

Hais  pour  cette  même  raison  il  est  impossible  qu'aucun  des 
problèmes  qui  sont  d'un  degré  plus  composés  que  les  solides, 
et  qui  présupposent  Tinvention  de  quatre  moyennes  propor- 
tionnelles, ou  la  division  d'un  angle  en  cinq  parties  égales, 
puissent  être  construits  par  aucune  des  sections  coniques  « 
C'est  pourquoi  je  croirai  faire  en  ceci  tout  le  mieux  qui  se 
puisse,  si  je  donne  une  règle  générale  pour  les  construire,  en 
y  employant  la  ligne  courbe  qui  se  décrit  par  l'intersection 
d'une  parabole  et  d'une  ligne  droite  en  la  façon  ci-dessus 
expliquée;  car  j'ose  assurer  qu'il  n'y  en  a  point  de  plus  simple 
en  la  nature  qui  puisse  servir  à  ce  même  effet,  et  vous  avez 
vu  comme  elle  suit  immédiatement  les  sections  coniques  en 
cette  question  tant  cherchée  par  les  anciens,  dont  la  solution 
enseigne  par  ordre  toutes  les  lignes  courbes  qui  doivent  être 
reçues  en  géométrie. 

■ 

Façon  générale  pour  oonstmire  tous  les  problèmos  réduits 
à  une  éq[aation  qni  n'a  point  plus  de  six  dimensions. 

Vous  savez  déjà  comment,  lorsqu'on  cherche  les  quantités 
qui  sont  requises  pour  la  construction  de  ces  problèmes,  ou 
les  peut  toujours  réduire  à  quelque  équation  qui  ne  monte 
que  jusques  au  carré  de  cube  ou  au  sursolide.  Puis  vous  savez 
aussi  comment,  en  augmentant  la  valeur  des  racines  de  cette 
équation,  on  peut  toujours  faire  qu'elles  deviennent  toutes 
vraies,  et  avec  cela  que  la  quantité  connue  du  troisième  terme 
soit  plus  grande  que  le  carré  de  la  moitié  de  colle  du  second  ; 
et  enfin  comment,  si  elle  ne  monte  que  jusques  au  sursolide, 
on  la  peut  hausser  jusques  au  carré  de  cube,  et  faire  que  la 


LIVRE  TROISIÈME. 


99 


place  d'aucun  de  ces  tennes  ne  manque  d'être  remplie.  Or, 
afin  que  toutes  les  difficultés  dont  il  est  ici  question  puissent 
être  résolues  par  une  même  règle,  je  désire  qu'on  fasse  toutes 
ces  choses,  et  par  ce  moyen  qu'on  les  réduise  toujours  à  une 
équation  de  telle  forme, 

et  en  laquelle  la  quantité  nommée  q  soit  plus  grande  que  le 
carré  de  la  moitié  de  celle  qui  est  nommée  p.  Puis  ayant  fait 
la  ligne  BK  {fig.  Si)  indéfiniment  longue  des  deux  ct^tés,  et 


Fig.  SI. 


du  point  B  ayant  tiré  la  perpendiculaire  AB  dont  la  longueur 

^^^  â  P^  ^  '^^^  ^^^^  ^^  P^^^  séparé  décrire  une  parabole, 
comme  CDF,  dont  le  côté  droit  principal  soit 


^, 


y/u  ^ 


que  je  nommerai  n  pour  abréger.  Après  cela,  il  faut  poser  le 
plan  dans  lequel  est  cette  parabole  sur  celui  où  sont  les 


1 


100  LA  GÉOMÉTRIE. 

lignes  AB  et  BK,  en  sorte  que  son  essieu  DE  se  rencontre 
justement  au-dessus  de  la  ligne  droite  BK;  et  ayant  pris  la 
partife  de  cet  essieu  qui  est  entre  les  points  £  et  D  égale  à 

,  il  faut  appliquer  sur  ce  point  E  une  longue  règle  en 

telle  façon  qu'étant  aussi  appliquée  sur  le  point  A  du  plan  de 
dessous^  elle  demeure  toujours  jointe  à  ces  deux  points  pen- 
dant qu'on  haussera  ou  baissera  la  parabole  tout  le  long  de  la 
ligne  BK  sur  laquelle  son  essieu  est  appliqué  ;  au  moyen  de 
quoi  Tintersection  de  cette  parabole  et  de  cette  règle,  qui  se 
fera  au  point  C,  décrira  la  ligne  courbe  ACN,  qui  e^t  celle 
dont  nous  avons  besoin  de  nous  servir  pour  la  construction 
du  problème  proposé.  Car  après  qu'elle  est  ainsi  décrite,  si  on 
prend  le  point  L  en  la  ligne  BK,  du  côté  vers  lequel  est  tourné 
le  sommet  de  la  parabole,  et  qu'on  fasse  BL  égale  à  DE,  c'est- 

à-dire  à  — —  ;  puis  du  point  L  vers  B  qu'on  prenne  en  la 

t 
même  ligne  BK  la  ligne  LH  égale  à 1,  et  que  du  point  H 

^n  y]  u 

ainsi  trouvé  on  tire  à  angles  droits  du  côté  qu'est  la  courbe  ACN 
la  ligne  HI  dont  la  longueur  soit  <r-  H +  -       _    qui 

pour  abréger  sera  nommé  —  ;  et  après,  ayant  joint  les  points  L 

et  I,  qu'on  décrive  le  cercle  LPI  dont  IL  soit  le  diamètre,  et 
qu'on  inscrive  en  ce  cercle  la  ligne  LP  dont  la  longueur  soit 


\/ 


s  -hp  y  ^ ;  puis  enfin  du  centre  I,  par  le  point  F  ainsi 


n* 


trouvé,  qu'on  décrive  le  cercle  PCN. 

Ce  cercle  coupera  ou  touchera  la  ligne  courbe  ACN  en  au- 
tant de  points  qu'il  y  aura  de  racines  en  l'équation,  en  sorte 
que  les  perpendiculaires  tirées  de  ces  points  sur  la  ligne  BK, 


—  »  r-     :- 


LIVRE  TROISIÈME. 


iOi 


comme  CG,  NR,  QO,  et  semblables,  seront  les  racines  cher- 
chées, sans  qu'il  y  ait  aucune  exception  ni  aucun  défaut  en 
cette  règle. Car  si  la  quantité  s  étoit  si  grande  à  proportion  des 
autres  jo,  y,  r,  /,  et  w,  que  la  ligne  LP  se  trouvât  plus  grande 
que  le  diamètre  du  cercle  LI,  en  sorte  qu'elle  n'y  pût  être 
inscrite,  il  n'y  auroit  aucune  racine  en  l'équation  proposée 
qui  ne  fût  imaginaire  ;  non  plus  que  si  le  cercle  IP  étoit  si 
petit  qu'il  ne  coupât  la  courbe  ÂGN  en  aucun  point.  Et  il  la 
peut  couper  en  six  différents,  ainsi  qu'il  peut  y  avoir  six 
diverses  racines  en  l'équation.  Mais  lorsqu'il  la  coupe  en 
moins,  cela  témoigne  qu'il  y  a  quelques-unes  de  ces  racines 
qui  sont  égales  entre  elles,  ou  bien  qui  ne  sont  qu'imagi- 
naires. 

Que  si  la  façon  de  tracer  la  ligne  AGN  par  le  mouvement 
d'une  parabole  vous  semble  incommode,  il  est  aisé  de  trou- 
ver plusieurs  autres  moyens  pour  la  décrire  :  comme  si, 
ayant  les  mêmes  quantités  que  devant  pour  AB  et  BL  {fig.  3^), 


Fig-  st. 


et  la  même  pour  BK  qu'on  avoit  posée  pour  le  côté  droit  prin- 
cipal de  Ta  parabole,  on  décrit  le  demi-cercle  KST  dont  le 


102  LA  GÉOMÉTRIE. 

centre  soit  pris  à  discrétion  dans  la  ligne  BK,  en  sorte  qu'il 
coupe  quelque  part  la  ligne  AB  comme  au  point  S  ;  et  que  du 
point  T  où  il  finit  on  prenne  rers  K  la  ligne  TV  égale  à  BL  ; 
puis  ayant  tiré  la  ligne  SV,  qu'on  en  tire  une  autre  qui  lui 
soit  parallèle  par  le  point  Â,  comme  AC,  et  qu'on  en  tire 
aussi  une  autre  par  S  qui  soit  parallèle  à  BK,  comme  SC,  le 
point  C  où  ces  deux  parallèles  se  rencontrent  sera  Tun  de 
ceux  de  la  ligne  courbe  cherchée.  Et  on  en  peut  trouver  en 
même  sorte  autant  d'autres  qu'on  en  désire. 

Or  la  démonstration  de  tout  ceci  est  assez  facUe  ;  car, 
appliquant  la  règle  AE  (Jig.  SI)  avec  la  parabole  FD  sur  le 
point  C,  comme  il  est  certain  qu'elles  peuvent  y  être  appli- 
quées ensemble,  puisque  ce  point  G  est  en  la  courbe  AGN 
qui  est  décrite  par  leur  intersection,  si  CG  se  nomme  y, 

6D  sera  ^^  à  cause  que  le  côté  droit  qui  est  n  est  à  CG 

comme  CG  à  GD  ;  et  ôtant  DE  qui  est  — —  ,  de  GD ,  on  a 

pn 

2 1 —  pour  GE.  Pms,  à  cause  que  AB  est  à  BE  comme 

n         pn 

CE  est  à  GE,  AB  étant  \  »,  BE  est^^  —  î— . 

2^'  2n  .     ny 

Et  tout  de  même  en  supposant  que  le  point  C  {fig.  32)  de 
la  courbe  a  été  trouvé  par  l'intersection  des  lignes  droites  SC 
parallèle  à  BK,  et  AC  parallèle  à  SV,  SB  qui  est  égale  à  CG 
est  y\  et  BK  étant  égale  au  côté  droit  de  la  parabole  que  j'ai 

nommé  n.  BT  est  ^ ,  car  comme  KB  est  à  BS,  ainsi  BS  est 

à  BT.  Et  TV  étant  la  même  que  BL,  c'est-à-dire      ^    ^, 

pn 

v*      2  Vu 

BV  est  ^ !- —  ;  et  comme  SB  est  à  BV,  ainsi  AB  est  à  BE, 

n         pn 


LIVRE  TROISlàME.  103 

py        \/ U  ,  , 

qui  est  par  conséquent  ^  —  - —  comme  devant,  d'où  on 

zfi         fiy 

voit  que  c'est  une  même  ligne  courbe  qui  se  décrit  en  ces 

deux  façons. 

Après  cela,  pource  que  BL  et  DE  {fig.  31)  sont  égales,  DL 
et  BE  le  sont  aussi;  de  façon  qu'ajoutant  LH  qui  est      ..  -, 

py     Vu 

kDL  qui  est  ^^  —  - —  t  on  a  la  toute  DH  qui  est 

py     Vu         t 

2n       >iy;^2nV/w' 

«/* 
et  en  ôtant  6D  qui  est  ^ ,  on  a  GH  qui  est 

py     Vu  t      _y« 

2n       ny  "^2nV^w      ^' 

ce  que  j'écris  par  ordre  en  cette  sorte, 

—  y'  +  9  py*  +  -77=  —  Vu 

GH 1 ^VJL ^ 

ny 

et  le  carré  de  GH  est 

Et  en  quelque  autre  endroit  de  cette  ligne  courbe  qu'on 
yeuille  imaginer  le  point  G,  comme  vers  N  ou  vers  Q,  on 
trouvera  toujours  que  le  carré  de  la  ligne  droite  qui  est 
entre  le  point  H  et  celui  où  tombe  la  perpendiculaire  du  point. 
C  sur  BH,  peut  être  exprimé  en  ces  mêmes  termes  et  avec  les 
mêmes  signes  +  et  — . 


104  LA  GÉOMÉTRIE. 

Wl  t 

De  plus,  HI  étant  -,  et  LH  étant l  IL  est 

w  2/1  \/u 


s/ 


n*        4n'M 
à  cause  de  Tangle  droit  IHL  ;  et  LP  étant 


\/ 


IP  ou  IC  est 


sJ 


m?   .     t^  s       p  v/w 


71*  ''^  4n'M      n*  n 


8    ' 


à  cause  aussi  de  Tangle  droit  I^L.  Puis  ayant  fait  CM  perpen- 
diculaire sur  IH,  IM  est  la  différence  qui  est  entre  HI  et  H  M 

ou  CG,  c'est-à-dire  entre  —  et  y,  en  sorte  que  son  carré 

toujours 

7?  ~   n»    +  ^  ' 
qui  étant  6 té  du  carré  de  IC,  il  reste 

An*u      n*         n*  n^       ^ 

pour  le  carré  de  CM,  qui  est  égal  au  carré  de  GH  déjà  trouvé. 
Ou  bien  en  faisant  que  cette  somme  soit  divisée  comme 
Tautre  par  rA/\  on  a 

—  nY  +  2my'  -—  p  vuy*  —sy^+  —  y' 

AU 

puis  remettant 

— =•  y*  +  yy*  —  7  P^*  pour  n^y\  et  ry»  +  2  v/wy*  -f  -^^— -y» 
v/w  ^  2  v/w 

pour  im  y'  ;  et  multipliant  Tune  et  l'autre  somme  par  nV^n  a 


LITRE   TROISIÈME.  105 

égala 

c'est-à-dire  qu'on  a 

y^  —  py^  +  qy'  —  rf  +  sy^  —  ty  +  u^  0. 

D'où  il  paroît  que  les  lignes  CG,  NR,  QO,  et  semblables, 
sont  les  racines  de  cette  équation  qui  est  ce  qu'il  falloit  dé- 
montrer. 

L'invention  de  quatre  moyennes  proportionnelles. 

Ainsi  donc  si  on  veut  trouver  quatre  moyennes  propor- 
tionnelles entre  les  lignes  aei  b  ayant  posé  x  pour  la  pre- 
mière, r  équation  est 

afi  —  a^b  =  0,     ou  bien     x^  —  a^bx  =  0. 

Et  faisant  y  —  a  =  a:,  il  vient 

y'  —  6ay*  -[-  i5ay  —  20a'y»  -|-  15ay  —  (6a»  -f  a*b)y 

+  ei»  -1-  a*6  =  0  ; 

c'est  pourquoi  il  faut  prendre  3a  pour  la  ligne  AB,  et 


v/ 


««•  +  «'*  ^  6«. 


y/ a*  +  ab 

pour  BKoule  côté  droit  de  la  parabole,  que  j'ai  nommé  n,  et 
r-  \/a*  +  ab  pour  DE  ou  BL.  Et  après  avoir  décrit  la  ligne 
nourbe  ACN  sur  la  mesure  de  ces  trois,  il  faut  faire 

2n  \/a*  -t-  ab 


106 

LÀ  GÉOMÉTRIE. 

et 

10/1          n^ 

et 

. 

I8a*  +  3a»6 


2n«  y/a^  +  ah' 


"LP  =  -  i/lSa»  +  6a  /û«  +  ab  ; 

car  le  cercle,  qui  ayant  son  centre  au  point  I  passera  par  le 
point  P  ainsi  trouvé,  coupera  la  courbe  aux  deux  points  G  et 
N,  desquels  ayant  tiré  les  perpendiculaires  NR  et  CG,  si  la 
moindre  NR  est  ôtée  de  la  plus  grande  CG,  le  reste  sera  x^ 
la  première  des  quatre  moyennes  proportionnelles  cherchées. 

Il  est  aisé  en  même  façon  de  diviser  un  angle  en  cinq  par- 
ties égales,  et  d'inscrire  une  figure  de  onze  ou  treize  côtés 
égaux  dans  un  cercle,  et  de  trouver  une  infinité  d'autres 
exemples  de  cette  règle. 

Toutefois  il  est  à  remarquer  qu'en  plusieurs  de  ces  exemples 
il  peut  arriver  que  le  cercle  coupe  si  obliquement  la  parabole 
du  second  genre^  que  le  point  de  leur  intersection  soit  difficile 
à  reconnoitre,  et  ainsi  que  cette  construction  ne  soit  pas 
commode  pour  la  pratique  ;  à  quoi  il  seroit  aisé  de  remédier 
en  composant  d'autres  règles  à  l'imitation  de  celle-ci,  comme 
on  en  peut  composer  de  mille  sortes. 

Mais  mon  dessein  n'est  pas  de  faire  un  gros  livre,  et  je 
tâche  plutôt  de  comprendre  beaucoup  en  peu  de  mots,  comme 
on  jugera  peut-être  que  j'ai  fait,  si  on  considère  qu'ayant 
réduit  à  une  même  construction  tous  les  problèmes  d'un  même 
genre,  j'ai  tout  ensemble  donné  la  façon  de  lesréduire  à  une 
infinité  d'autres  diverses,  et  ainsi  de  résoudre  chacun  d'eux 
en  une  infinité  de  façons  ;  puis  outre  cela,  qu'ayant  construit 
tous  ceux  qui  sont  plans  en  coupant  d'un  cercle  une  ligne  droite, 
et  tous  ceux  qui  sont  solides  en  coupant  aussi  d'un  cercle  une 
parabole,  et  enfin  tous  ceux  qui  sont  d'un  degré  plus  com- 


LI7HE  TftOISIÈlfE.  107 

posés  en  coupant  tout  de  même  d'un  cercle  une  ligne  qui  n*est 
q[ue  d'un  degré  plus  composée  que  la  parabole,  il  ne  faut  que 
suivre  la  même  voie  pour  construire  tous  ceux  qui  sont  plus 
composés  à  Tinfini  :  car,en  matière  de  progressions  mathéma- 
tiques^lorsqu'on  a  les  deux  ou  trois  premiers  termes,il  n'est  pas 
malaisé  de  trouver  les  autres.  Et  j'espère  que  nos  neveux  me 
sauront  gré,  non  seulement  des  choses  que  j'ai  ici  expliquées, 
mais  aussi  de  celles  que  j'ai  omises  volontairement,  afin  de 
leur  laisser  le  plaisir  de  les  inventer. 


FIN. 


-^w^  ^        *      .     ., 


TABLE    DES    MATIÈRES 


LIVRE  PREMIER 

DES  PROBLÈMES  QU'ON  PEUT  CONSTRUIRE  SANS   T   EMPLOYER   QUE 
DES  CERCLES  ET   DES  LIGNES  DROITES 

Comment  le  calcul  d'arithmétique  se  rapporte  aux  opérations  de 

géométrie 1 

Comment  se  font  géométriquement  la  multiplication,  la  division  et 

rextraction  de  la  racine  carrée 2 

Conlment  on  peut  user  de  chiflires  en  géométrie • 3 

Gomment  il  faut  venir  aux  équations  qui  senent  à  résoudre  les 

problèmes 4 

Quels  sont  les  problèmes  plans,  et  comment  ils  se  résolvent 6 

Exemple  tiré  de  Pappus 8 

Réponse  à  la  question  de  Pappus. 11 

Comment  on  doit  poser  les  termes  pour  venir  à  l'équation  en  cet 

exemple 13 

Comment  on  trouve  que  ce  problème  est  plan  lorsqu'il  n'est  point 

proposé  en  plus  de  cinq  lignes lô 


LIVRE  SECOND 

DE  LA  NATURE  DES  LIGNES  COURBES. 

Quelles  sont  les  lignes  courbes  qu'on  peut  recevoir  en  géométrie..    18 

La  façon  de  distinguer  toutes  ces  lignes  courbes  en  certains  genres, 
et  de  connoUre  le  rapport  qu'ont  tous  leurs  points  à  ceux  des 
lignes  droites 21 

Suite  de  l'explication  de  la  question  de  Pappus  mise  au  livre  pré- 
cédent      25 

Solution  de  cette  question  quand  elle  n'est  proposée  qu'en  trois  ou 
quatre  lignes 26 

Démonstration  de  celte  solution 32 

Quels  sont  les  lieux  plans  et  solides,  et  la  façon  de  les  trouver 
tous 34 

Quelle  est  la  première  et  la  plus  simple  de  toutes  les  lignes  courbes 
qui  servent  à  la  question  des  anciens  quand  elle  est  proposée  en 
cmq  lignes .*. 35 


110  TABLE   DES  MATIÈRES. 

Quelles  sont  les  lignes  courbes  qu'on  décrit  en  trouvant  plusieurs 
de  leurs  points  qui  peuvent  être  reçus  en  géométrie.. —  .     38 

Quelles  sont  aussi  celles  qu'on  décrit  avec  une  corde  qui  peuvent 
y  être  reçues 38 

Que,  pour  trouver  toutes  les  propriétés  des  lignes  courbes,  il  safiit 
de  savoir  le  rapport  qu'ont  tous  leurs  points  à  ceux  des  lignes 
droites  ;  et  la  façon  de  tirer  d'autres  lignes  qui  les  coupent  en  tous 
ces  points  à  angles  droits 39 

Façon  générale  pour  trouver  des  lignes  droites  qui  coupent  les 
courbes  données  ou  leurs  contingentes  à  angles  droits 40 

Exemple  de  cette  opération  en  une  ellipse  et  en  une  parabole  du 
second  genre 41 

Autre  exemple  en  un  ovale  du  second  genre 43 

Exemple  de  la  construction  de  ce  problème  en  la  conchoïde 49 

Explication  de  quatre  nouveaux  genres  d'ovales  qui  servent  à 
l'optique 50 

Les  propriétés  de  ces  ovales  touchant  les  réflexions  et  les  réfrac- 
tions      54 

Démonstration  de  ces  propriétés S6 

Gomment  on  peut  faire  un  verre  autant  convexe  ou  concave  en 
Tune  de  ses  superficies  qu'on  voudra,  qui  rassemble  à  un  point 
donné  tous  les  rayons  qui  viennent  d'un  autre  point  donné 59 

Gomment  on  en  peut  faire  un  qui  fasse  le  même,  et  que  la  con- 
vexité de  l'une  de  ses  superticies  ait  la  proportion  donnée  avec 
la  convexité  ou  concavité  de  l'autre 6i 

Gomment  on  peut  rapporter  tout  ce  qui  a  été  dit  des  lignes  courbes 
décrites  sur  une  superficie  plate,  à  celles  qui  se  décrivent  dans 
un  espace  qui  a  trois  dimensions,  ou  bien  sur  une  superficie 
courbe 64 


LIVRE  TROISIÈME 

DE  LA  CONSTRUCTION  DES  PROBLÈMES  SOLIDES  OU  PLUS 

QUE  SOLIDES. 

De  quelles  lignes  courbes  on  peut  se  servir  en  la  construction  de 

chaque  problème 65 

Exemple  louchant  l'invention  de  plusieurs   moyennes  proportion- 
nelles  ,65 

De  la  nature  des  équations 67 

Combien  il  peut  y  avoir  de  racines  en  chaque  équation 67 

Quelles  sont  les  fausses  racines 68 

Comment  on  peut  diminuer  le  nombre  des  dimensions  d'une  équa- 
tion, lorsqu'on  connoît  quelqu'une  de  ses  racines 68 


TABLE  DBS  MATIÈRES.  iil 

Gomment  on  pent  examiner  si  quelque  quantité  donnée  est  la  valeur 

d'une  racine 68 

Combien  il  peut  y  avoir  de  vraies  racines  dans  chaque  équation. . .    09 
Comment  on  fait  que  les  fausses  racines  deviennent  vraies,  et  les 

vraies  fausses 69 

Comment  on  peut  augmenter  ou  diminuer  les  racines  d'une  équa- 
tion     70 

Qu'en  augmentant  ainsi  les  vraies  racines  on  diminue  les  fausses, 

ou  au  contraire 71 

Comment  on  peut  ôter  le  second  terme  d'une  équation 72 

Comment  on  fait  que  les  fausses  racines  deviennent  vraies  sans  que 

les  vraies  deviennent  fausses 73 

Comment   on  fait  que  toutes   les  places  d'une  équation    soient 

remplies 74 

Comment  on  peut  multiplier  ou  diviser  les  racines  d'une  équation.    75 

Comment  on  6te  les  nombres  rompus  d'une  équation 75 

Comment  on  rend  la  quantité  connue  de  l'uti  des  termes  d'une 

équation  égale  à  telle  autre  qu'on  veut 76 

Que  les  racines,  tant  vraies  que  fausses,  peuvent  être  réelles  ou^ 

imaginaires 77 

La  réduction  des  équations  cubiques  lorsque  le  problème  est  plan.    77 
La  façon  de  diviser  une  équation  par  un  binôme  qui  contient  sa 

racine 78 

Quels  problèmes  sont  solides  lorsque  l'équation  est  cubique 80 

La  réduction  des  équations  qui  ont  quatre  dimensions  lorsque  le 

problème  est  plan  ;  et  quels  sont  ceux  qui  sont  solides 80 

Exemple  de  l'usage  de  ces  réductions 85 

Règle  générale  pour  réduire   toutes  les  équations  qui  passent  le 

carré  de  carré 87 

Façon  générale  pour  construire  tous  les^problèmes  solides  réduits 

à  une  équation  de  trois  ou  quatre  dimensions 87 

L'invention  de  deux  moyennes  proportionnelles 91 

La  division  de  l'angle  en  trois 92 

Que  tous  les  problèmes  solides  se  peuvent  réduire  à  ces  deux 

constructions 93 

La  façon  d'exprimer  la  valeur  de  toutes  les  racines  des  équations 

cubiques,  et  ensuite  de  toutes  celles  qui  ne  montent  que  jusques 

au  carré  de  carré 95 

Pourquoi  les  problèmes  solides  ne  peuvent  être  construits  sans  les 

sections  coniques,  ni  ceux  qui  sont  plus  composés  sans  quelques 

autres  lignes  plus  composées 97 

Façon  générale  pour  construire  tous  les  problèmes  réduits  à  une 

équation  qui  n'a  point  plus  de  six  dimensions .  ^ 98 

L'invention  de  quatre  moyennes  proportionnelles 105 

FIN  DE  LA  TABLE. 


TRAITÉ   ÉLÉMENTAIRE 


DE 


GÉOMÉTRIE    ANALYTIQUE 


A  DEUX    ET    A    TROIS    DIMENSIONS. 


8 


La  présente  édition  est  entièrement  conforme  à 
Védition  de  1843,  sauf  certaines  corrections  néces- 
saires  de  calcul. 

4  894. 


PARIS.— IMPRIMERIE  DE  FAIN  ET  THUNOT, 

IMPRIMEURS    DE    L'UNIVERSITÉ    ROYALE   DE    FRANCE, 

Rue  Racine,  28,  près  de  l'Odéon. 


r  w 


TRAITE  ELEMENTAIRE 


DE 


GËONËTBIE  ANALYTlOUfi 


A  DEUX  ET  A  TROIS  DIMENSIONS, 

COHTBIlAirr 
TOUTES    LES    THÉORIES    GÉNÉRALES    DE    GÉOMÉTRIE    ACCESSIBLES 

A  l'analyse  ordinaire, 

PAR  M.  AUGUSTE  COMTE, 

aoci£D  élèTC  de  l'École  polytechnique,  répétitear  d'analyse  transcendante  et  de  méeaniqve 
rationnelle  à  cette  École,  et  examinatetr  des  candidats  qui  s'y  destinent, 

autenr  du  Système  de  Philosophie  positive. 


PARIS. 

CARILIAN-GCEURY  et  V<«  DALMONT,  ÉDITEURS, 

LIBRAIRES  DES  CORPS  ROYAUX  DES  PONTS  ET  CHAUSSÉES  ET  DES  MINES, 

Quai  des  Augusllns,  n<»  30  et  41. 
MARS  1843. 


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^  Jî 


\ 


^^' 


AVERTISSEMENT  DE  L'AUTEUR 


L*ensemble   de    ce   traité   n'exige  strictement    d'autres 
connaissances  préalables  que    celles   qu^bn  peul  aisément 
acquérir  en  une  première  année   d'études  mathématiques 
convenablement    dirigées ,    comprenant    successivement  : 
1^    quinze  leçons   environ   sur  Tarithmétique   proprement 
dite;    ^   trente  leçons  sur  la  partie  vraiment  usuelle  de 
Falgèbre,  composée   de  Texamen  complet   des   deux   pre- 
miers  degrés,   de  la  formule   du  binôme,   du  calcul   des 
radicaux,    de  la  théorie    des    deux    progressions  les  plus 
simples,  et  de  la  théorie  des  logarithmes^  complétée  par  la 
résolution   des  équations  exponentielles   correspondantes  ; 
3^  trente  leçons  sur  la  géométrie  élémentaire,  judicieuse- 
ment assistée  du  calcul  algébrique  dans  les  cas  qui  le  récla- 
ment naturellement;  A^  quinze  leçons  sur  la  trigonométrie 
complète^  sans  excepter  la  résolution  des  triangles  sphé- 
riques;    5"*    dix   leçons  sur  les  éléments  de  la  géométrie 
descriptive;  6*  enfin,  vingt  leçons  sur  la  statique  élémen- 
taire.  Ces  deux  dernières  parties  ne  sont  même  ici  qu'ac- 
cessoirement supposées  :  Tune,  soit  pour  certaines  formules 
de  langage  qui  m'ont  paru  propres  à  éclaircir  le  discours, 
soit,  surtout,    par   l'aptitude  qu'elle  développe  à  spéculer 
nettement  dans  l'espace;  l'autre,  envers  quelques   notions 
accessoires,  encore  moins   indispensables.   Une  très-active 
pratique  journalière  de  l'ensemble  de  l'enseignement  ma- 
thématique,  individuel   ou  collectif,  continuée   sans   inter- 
ruption depuis  Tannée  1816,  m'autorise  à  prononcer  qu'un 
tel  préambule  sufBt   pleinement  à  une  étude  satisfaisante 
de  la  géométrie  analytique,  quand  on  s'y  borne  aux  théo- 
ries vraiment    accessibles    à    l'analyse   ordinaire.  Chaque 
nouvelle  année  d'expérience  me  confirme  davantage  dans 
la  conviction  qu'il  y  a  beaucoup  plus  d'utilité  didactique  à 
retirer  d'une  lumineuse  application  de  cette  étude  géomé- 


TI  ATERTISSEMEXT  DE  L  AUTEUR. 

tiîque  à  celle  de  l'algèbre  supérieure,  que  de  la  réaction 
seeondalre  de  celle-ci  sur  certaines  parties  de  la  première, 
réaction  qni  doit  d^aillenrs  finalement  résulter  d*une  judi- 
cieuse révision  générale,  dont  aucun  mode  d'enseignement 
ne  saurait  dispenser.  Non  seulement,  les  intelligences  ordi- 
naires n*ont  pas,  à  •  mes  yeux,  besoin  d  une  préparation 
plus  étendue  que  celle  ci-dessus  définie,  afin  de  suivre 
avec  fruit  les  leçons  des  professeurs  qui  me  feraient  Thon- 
neur  de  prendre  ce  traité  pour  guide;  mais  j'ose  même 
assurer  que  cette  initiation  sufBrait  aussi  aux  esprits 
heureusement  organisés  qui  voudraient  isolément  étudier 
ici  la  géométrie  analytique,  sans  aucun  secours  étranger. 

Ce  petit  ouvrage  résulte  d'une  sorte  de  loisir  très-passager 
dû  à  Tintermittence  philosophique  qui  devait  naturellement 
avoir  lieu  chez  moi  entre  la  récente  terminaison  de  mon 
système  fondamental  de  philosophie  positive  et  le  prochain 
début  des  gi*ands  travaux  dont  j'y  ai  posé  les  bases.  Tous 
ceux  qui  savent  combien  je  me  suis  activement  occupé, 
pendant  un  quart  de  siècle,  à  régénérer  l'ensemble  de 
l'enseignement  mathématique,  en  connexité  spontanée  avec 
l'élaboration  générale  à  laquelle  j'ai  consacré  ma  vie, 
m'avaient  depuis  longtemps  sollicité  de  publier  au  moins 
la  partie  de  mes  leçons  qui  se  rapporte  aux  éléments  de  la 
géométrie  analytique,  comme  relative  au  degré  le  plus 
important,  le  plus  difficile,  et  le  plus  imparfait  de  Tinitia- 
tion  mathématique,  où  l'on  peut  dire,  en  effet,  sans  au- 
cune exagération,  que,  après  deux  siècles  entiers,  l'ad- 
mirable conception  de  Descartes  n'a  pas  encore  suffisamment 
pénétré,  puisqu'il  semble  toujours  destiné  essentiellement 
à  l'étude  spéciale  des  sections  coniques.  Mais,  quelque 
honorable  que  dût  me  sembler  un  tel  vœu,  les  exigences 
supérieures  de  ma  grande  entreprise  philosophique  m'a- 
vaient constamment  interdit  jusqu'ici  la  possU)ilité  d'y  sa- 
tisfaire. Je  viens  de  profiter,  à  cet  effet,  d'un  premier 
intervalle  disponible,  qui  peut-être  ne  se  reproduira  ja- 
mais, pour  écrire  ce  traité  élémentaire  pendant  les  trois 
mois  que  dure  annuellement  mon  cours  oral  de  géométrie 
analytique  dans  l'un  des  principaux  établissements  destinés 


AVERTISSEMENT  DE  L  AUTEUR.  VII 

à  la  préparation  polytechnique,  l'institution  spéciale  fondée 
à  Paris  par  M.  Laville. 

Outre   d^inévitables  communications   partielles,  sponta- 
nées ou  provoquées,  qui,  depuis  plusieurs  années,  ont  fait 
indirectement  pénétrer,  dans  renseignement  ordinaire  de 
la  géométrie  analytique^   quelques-unes    de    mes   innova- 
tions,  et  indépendamment  des   indications   formelles   que 
contient,  à  ce  sujet,  le  tome  premier  de  ma  Philosophie 
positive,  publié  en  1830,  le  plan/et  même  Tesprit  de  mon 
système   didactique   ont  été    directement    caractérisés,    en 
1836,  par   un  programme  spécial    de  Tensemble  de   mes 
leçons  annuelles,  alors  lithograp)iié  pour  Tusage  journalier 
de  mes  élèves,  et  dont  j'ai  toujours  facilité  la  propagation 
extérieure.  La  première  moitié  de  ce  programme  est  natu- 
rellement   devenue,    avec    quelques  améliorations    secon- 
daires, la   table  raisonnée  des  matières  de  ce  traité,  où  elle 
peut  utilement  diriger  une  rapide  révision  générale,  puis- 
que la  filiation  de  toutes  les  idées  s'y  trouve  sufOsammenl 
indiquée,   ainsi  que  Tobjet  propre  de  chacun  des  168  para- 
graphes dont  ce  volume  est  composé.  J'ai  pensé  qu'il  ne 
serait  point  inutile,  même  pour  ceux  qui  ne  connaissent  pas 
mon   enseignement  oral,   de   joindre  à  cette  table  la  se- 
conde   moitié  d'un  tel  progi'amme,    relative  à  des  leçons 
que  je  n'aurai  peut-être  jamais  la  faculté  de  publier.  Cette 
indication  caractéristique  peut  surtout  acquérir  une  véri- 
table importance  envers  l'enseignement  du  calcul  différen- 
tiel, qui    constitue   certainement,  après  la  géométrie  ana- 
lytique,  la   partie   la   plus    décisive    et  jusqu'ici    la  plus 
imparraite  de  l'initiation  mathématique  :  le  plan  et  l'esprit 
des  leçons  que  je  fis,  sur  ce  sujet,  à  l'École  polytechnique, 
en  1836,   se  trouvent  ainsi  suffisamment  appréciables.  On 
peut,  en  un  mot,  regarder  l'ensemble  de   ce   progi'amme 
comme  donnant  une  juste  idée  générale  de  la  destination 
propre  à  chacune  des  cent  vingt  leçons  que  je  fais  annuel- 
lement, du  1"  novembre  au  1"  mai,  dans  l'établissement 
ci-dessus  désigné. 

La  publication  actuelle   comportera,  j'espère,  une  cer- 
taine efficacité  individuelle,  soit  pour  offrir  une  direction 


Tin  AVERTISSEMENT  DE  L* AUTEUR. 

systématique  à  la  tendance  instinctive  de  quelques  jeunes 
intelligences  à  se  dégager  suffisamment  d*une  désastreuse 
routine    scolastique,   soit  aussi   pour  seconder  les  efforts 
spontanés    de   quelques  judicieux  professeurs  qui  sentent 
dignement  la  nécessité  de  régénérer  un  ordre  d*études  où, 
malgré  tous  ses  inconvénients  naturels  et  ses  vices  acciden- 
telSy  il  faut  certainement  voir,  sous  le  double  aspect  logi- 
que et  scientifique,  le  premier  degré  indispensable  de  toute 
initiation  graduelle  à  une  saine  philosophie  générale.  Mais, 
à  cela  près,  mon  appréciation  approfondie  de  noire  situa- 
tion intellectuelle  ne   me    permet  aucunement  de   penser 
que   cette  tentative    partielle  et  isolée  puisse  aujourd'hui 
suffire  à  neutraliser  les  déplorables  influences  didactiques 
inhérentes  à  tout  notre  régime  scientifique,  dont  les  dan- 
gers se  trouvent  naturellement  plus  prononcés  en  mathé- 
matique que  partout  ailleurs,  en  vertu  de  rindépendance 
plus  complète  qui  caractérise  ces  spéculations  préliminaires, 
où  Tempirisme  dispersif  et  Taversion  des  vues  d'ensemble 
devaient,  eu  ce  siècle,  plus  spécialement  prévaloir,  comme 
je  l'ai  pleinement  établi  dans  mon  grand  ouvrage.  Quel- 
que  nécessaire    que   soit    donc   devenue  déjà,   aux    yeux 
d'un  grand  nombre  de  bons  esprits,  surtout  en  France,  la 
rénovation  radicale  de  cette  phase  initiale  de  l'éducation 
positive,  qui  réalise   si   rarement  jusqu'ici   son  éminente 
aptitude  logique,  je  connais  mieux  que  personne  llntime 
solidarité  qui  rattache  désormais  une  telle  régénération  à 
tous  les  autres  besoins  essentiels  de  la  raison  humaine,  de 
manière    à  ne   pouvoir   Atre  suflisamment    accomplie  que 
sous  l'ascendant  ultérieur  d'une   nouvelle  philosophie  gé- 
nérale, émanée  enfin   de  la  science   elle-même,  conformé- 
ment au  bul  invariable  de  tous  mes  travaux  quelconques. 
C'est  seulement  ainsi  que  pourra  graduellement  prévaloir 
le  véritable  esprit  d'ensemble,  sans  lequel  aucun  enseigne- 
ment ne  saurait  être  convenablement  dirigé. 


GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE 


A  DEUX  DIMENSIONS. 


PREMIÈRE    PARTIE. 


*      ^ 


INTRODUCTION  GENERALE. 


CHAPITRE    PREMIER. 

Notions  fondamenlales. 

1.  La  géométrie  analytique^  telle  que  Descaries  Ta  fondée, 
est  essentiellemeat  destinée  à  généraliser  le  plus  possible  les 
diverses  théories  géométriques,  d'après  leur  intime  subordina- 
tion à  des  conceptions  analytiques,  en  soumettant  les  différentes 
questions  à  autant  de  méthodes  uniformes,  nécessairement 
applicables  à  toutes  les  figures  convenablement  définies  ;  soit 
qu'on  se  borne  à  la  géométrie  plane,  qui  doit  ici  constituer 
T\olre  première  et  principale  étude,  soit  que  Ton  considère, 
comme  nous  le  ferons  ensuite,  des  surfaces  quelconques. 
Pour  mieux  apprécier  cette  destination  caractéristique,  il  faut 
d'abord  reconnaître  que  la  plupart  des  recherches  géomé- 
triques, et  surtout  les  plus  importantes,  quoique  le  plus  sou- 
vent limitées  primitivement  &  certaines  figures,  conviennent 
également,  par  leur  nature,  à  toutes  les  formes  imaginables 
de  ligne  ou  de  surface.  Telle  est  évidemment,  par  exemple, 
la  détermination  des  tangentes^  pareillement  essentielle  envers 


2  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

toutes  les  courbes,  comme  servant  de  base  à  leur  comparaison 
avec  un  système  convenable  de  droites.  Il  en  est  certainement 
de  même  à  regard  des  questions  directement  relatives  à  la  me- 
sure de  retendue,  et  qui  constituent  Tobjet  final  desspéculations 
géométriques  ;  soit  qu'il  s'agisse  d'estimer  la  longueur  d'une 
courbe,  ou  l'aire  qu'elle  termine,  ou  le  volume  qu'engendre 
sa  rotation,  etc.,  il  n'y  a  pas  de  forme  qui  ne  doive  donner  lieu 
à  une  semblable  recherche.  Les  questions  vraiment  limitées  à 
certaines  figures,  et  qui  ne  comportent  pas  de  généralisation 
réelle,  n'offrent  presque  jamais  qu'un  intérêt  très-secondaire, 
à  moins  qu'elles  ne  constituent,  comme  il  arrive  souvent,  de 
simples  modifications  particulières  d'une  considération  pleine- 
ment générale  {*).  Cette  généralité  spontanée  des  principales 
recherches  géométriques  étant  ainsi  nettement  reconnue,  elle 
doit  naturellement  faire  désirer  une  équivalente  généralité 
dans  les  méthodes  correspondantes.  Or,  telle  est  surtout  Tim- 
mense  supériorité  de  la  géométrie  moderne,  constituée  à  l'état 
analytique  par  la  conception  fondamentale  de  Descartes.  Avant 
cette  rénovation  décisive,  les  questions  géométriques  ne  com- 
portaient, en  effet,  que  des  solutions  spéciales,  où  le  même 
problème  devait  être  résolu  de  nouveau  dans  tous  les  cas 
connus,  sans  qu'on  pût  utiliser  en  aucune  manière,  faute  d'une 
appréciation  directe  et  abstraite,  ce  qui  leur  était  nécessaire- 
ment commun.  Par  exemple,  les  moyens  qu'employait  la  géo- 
métrie ancienne  pour  mener  les  tangentes  aux  sections  coniques 


(*)  Dans  l'état  présent  de  la  géométrie,  cette  remarque  ne  rencontre 
peut-être  d'exception  importante  qu'envers  la  seule  théorie  des  foyers, 
que  nous  reconnaîtrons  être  vraiment  bornée  aux  sections  coniques, 
sans  admettre,  à  l'égard  de  toute  autre  courbe,  aucun  équivalent  effectif. 
Mais,  même  en  ce  cas,  malgré  la  spécialité  naturelle  d'un  tel  sujet,  son 
extension  directe  à  trois  courbes  d'ailleurs  fort  distinctes  y  doit  faire 
attacher  presque  autant  de  prix  à  une  convenable  généralité  de  méthode, 
que  si  cette  recherche  pouvait  s'étendre  à  des  lignes  quelconques. 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  3 

ne  servaient  nullement,  Bi  ce  n'est  comme  exercice  logique, 
à  faciliter  cette  recherche  envers  la  cis8o!de,  la  spirale,  la 
cycloïde,  etc.,  dont  chacune  a  ultérieurement  exigé,  à  cet 
égard,  de  nouveaux  efforts  toujours  particuliers,  jusqu'à  ce 
que  Tanalyse  cartésienne  ait  enfla  élevé  le  système  des  spécu- 
lations géométriques  à  son  véritable  état  philosophique,  en  y 
instituant  une  harmonie  durable  entre  retendue  des  méthodes 
et  celle  des  questions. 

Cette  grande  conception  ayant  jusqu'ici  trop  peu  pénétré  dans 
l'enseignement  ordinaire,  la  géométrie  analytique  n'y  est  com- 
munément appréciée  que  comme  propre  à  présenter  l'étude  des 
sections  coniques  sous  une  nouvelle  forme,  dont  la  supériorité 
effective,  si  on  devait  se  borner  à  un  tel  cas,  serait  assurément 
très-contestable.  Mais,  quelque  vicieuse  que  soit  une  exposition 
où  les  méthodes  géométriques  adhèrent  trop  étroitement  aux 
cas  particuliers  qu'on  y  a  eus  trop  exclusivement  en  vue,  elle 
ne  saurait  altérer  l'entière  généralité  qui  caractérise  sponta- 
nément les  théories  analytiques,  et  que  je  m'efforcerai  ici  de 
faire  directement  ressortir,  comme  constituant  leur  principale 
valeur,  à  la  fois  scientifique  et  logique.  Dans  l'ancienne  géomé- 
trie, aucune  question  ne  pouvait  jamais  être  vraiment  épuisée, 
puisqu'il  restait  toujours  à  y  traiter  une  infinité  de  nouveaux 
cas,  exigeant  souvent  d'aussi  grands  efforts  que  pour  l'institu- 
tion d'un  nouvel  ordre  de  recherches.  La  géométrie  cartésienne, 
au  contraire,  instituant  une  meilleure  économie  de  nos  forces 
spéculatives,  ne  regarde  comme  vraiment  importante  que  la 
création  de  nouvelles  méthodes  générales,  applicables  à  des 
sujets  encore  intacts,  et  dont  la  spécialisation  envers  certaines 
formes  ne  peut  plus  offrir  que  des  diflicultés  secondaires. 

2.  Suivant  une  telle  appréciation,  ce  système  final  de  la 
science  géométrique  devrait  être  rationnellement  désigné  par 
la  dénomination  de  géométrie  générale,  comme  je  l'ai  proposé. 


4  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

depuis  longtemps,  dans  le  tome  premier  de  mon  Système  de 
philosophie  positive.  Mais,  vu  la  haute  importance  qu'on  doit 
toujours  attacher,  surtout  pour  renseignement  élémentaire,  à 
conserver,  autant  que  possible,  les  expressions  consacrées,  à 
moins  qu'elles  ne  soient  radicalement  impropres,  je  crois  de- 
voir ici  employer  habituellement  la  qualification  ordinaire  de 
géométrie  analytique,  en  écartant  Xoutefois  avec  soin  le  titre 
trop  imparfait,  et  malheureusement  encore  plus  usité,  d'appli^ 
cation  de  f  algèbre  à  la  géométrie.  En  expliquant  convenable- 
ment cette  dénomination  d'analytique^  on  y  peut  voir,  en  effet, 
le  résumé  de  Tensemble  des  attributs  qui  caractérisent  la  nou- 
velle géométrie,  quoique  une  telle  désignation  ne  ée  rapporte 
spontanément  qu'à  la  nature  des  moyens  employés,  sans  rap- 
peler suffisamment  l'appréciation  du  but,  qui  n'est  ainsi  indi- 
qué que  d'une  manière  indirecte,  d'après  son  harmonie  intime 
et  nécessaire  avec  la  marche  annoncée.  L'espèce  d'équivoque 
qui  s'attache  naturellement  au  mot  analyse  et  à  ses  divers  déri- 
vés, suivant  qu'on  l'envisage  dans  sa  spéciale  acception  mathé- 
matique ou  dans  son  universelle  signification  logique,  ne  sau- 
rait même  empêcher  une  semblable  destination  ;  car  il  est  aisé  de 
reconnaître,  en  principe,  comme  le  développement  de  la  science 
nous  le  fera  de  plus  en  plus  sentir,  que  les  méthodes  propres 
à  cette  généralisation  finale  des  théories  géométriques  doivent 
tire  éminemmenianaly  tiques,  selon  les  deux  sens  de  ce  terme. 
En  considérant  d'abord  le  sens  spécial,  qui  s'étend  à  l'en- 
semble de  la  mathématique  abstraite,  il  est  certain  que  les 
théories  géométriques  ne  peuvent  être  convenablement  généra- 
lisées que  d'après  des  conceptions  analytiques,  puisque  la  par- 
tie abstraite  de  chaque  question  est,  au  fond,  la  seule  qui  soit 
susceptible,  à  l'aide  d'un  judicieux  isolement,  d'une  solution 
vraiment  uniforme,  en  tant  que  seule  réellement  commune  à 
toutes  les  figures  imaginables.  Soit  qu'on  envisage  la  détermi- 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  5 

nation  des  tangentes  ou  celle  des  quadratures,  etc.,  on  recon- 
naît aisément  que,  les  résultats  devant  nécessairement  différer 
dans  les  diverses  courbes,  aucune  autre  voie  que  celle  de  l'a- 
nalyse ne  pourrait  suffisamment  séparer  et  convenablement 
traiter  ce  que  le  sujet  offre  d'essentiellement  uniforme  au  milieu 
d'une  inévitable  diversité.  Cette  aptitude  naturelle  des  concep- 
tions analytiques  peut  même  s'étendre  jusqu'à  indiquer  de  pré* 
cieux  rapprochements  entre  des  questions  générales  vraiment 
distinctes  ;  ce  qui  constitue  assurément  la  plus  haute  généralisa- 
tion possible,  que  nulle  autre  marche  ne  saurait  permettre.  Les 
géomètres  ont  ainsi  découvert,  par  exemple,  dès  l'origine  de 
la  géométrie  analyffque,  comme  je  l'expliquerai  en  son  lieu, 
l'identité  fondamentale  des  diverses  recherches  relatives  à  la 
mesure  de  retendue,  et  qui  peuvent  désormais  se  transformer 
les  unes  dans  les  autres,  soit  qu'il  s'agisse  de  rectifications  ou 
de  quadratures,  ou  même  de  cubatures  ;  c^est  d'après  une  com- 
mune appréciation  analytique  que  pouvaient  seulement  être 
saisies  des  relations  aussi  remarquables,  très-propres  au  perfec* 
tionnement  mutuel  de  ces  différentes  études.  Sous  ce  premier 
aspect  fondamental,  la  géométrie  générale  est  donc  très-juste- 
ment qualifiée  d'analytique. 

Mais  il  ne  faut  pas  que,  suivant  une  tendance  trop  com* 
tnune,  cet  usage  pleinement  légitime  conduise,  en  prenant  la 
forme  pour  le  fond,  à  incorporer  vicieusement  à  la  vraie  géo-> 
métrie  analytique  des  spéculations  qui  ne  sauraient  lui  appar-* 
tenir,  parce  qu'elles  n'offrent  point  la  généralité  qui  seule  la 
caractérise  essentiellement,  quelque  étendu  et  même  indispen- 
sable que  puisse  y  être  d'ailleurs  l'emploi  du  calcul  algébrique. 
C'est  ainsi  que  tant  de  géomètres  ont  si  vainement  contesté  à  | 
Descartes  l'originalité  de  sa  grande  rénovation,  sous  prétexte  j 
que,  longtemps*  avant  lui,  l'algèbre  avait  déjà  fourni  certaines  ' 
solutions  géométriques.  On  voit  aussi,  d'après  la  même  mé- 


6  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

prise,  annexer  trop  souvent  encore  à  la  géométrie  analytique 
la  simple  trigonométrie,  malgré  le  judicieux  exemple   de 
Legendre,  qui,  suivant  une  irrécusable  indication  historique, 
Tavait  laissée  à  la  suite  de  la  géométrie  élémentaire,  dont  elle 
constitue  évidemment  Tinséparable  complément,  en  tant  que 
pareillement  relative  à  un  problème  purement  spécial,  quoique 
d'ailleurs  d*une  importance  capitale.  Une  telle  confusion,  qui 
semble  dogmatiquement  consacrée  encore  d'après  une  vicieuse 
division  scolastique  entre  les  problèmes  déterminés  et  les  pro- 
blèmes indéterminés  (comme  si  toutes  les  questions  géométri- 
ques n'étaient  pas,  chacune  selon  son  genre,  nécessairement  dé- 
terminées, soit  qu'on  y  cherche  un  point,  use  ligne  ou  même  une 
surface),  s'oppose  radicalementà  toute  saine  appréciationdu  vé- 
ritable esprit  de  lagéométrieanalytique.  II  serait  même  impossi- 
bledela  distinguer  ainsi  deranciennegéométne,oti  l'on  emploie 
aussi,  presque  dès  les  premiers  pas,  le  calcul  algébrique,  quoi- 
que son  ofQce  y  soit  ordinairement  moins  étendu,  et  qu'il  y  soit 
surtout  appliqué  sous  des  formes  beaucoup  moins  convenables, 
/  d'après  la  théorie  des  proportions,  qui  y  constitue,  comme  pro- 
cédé logique,  l'équivalent  très-imparfait  de  notre  algèbre  ac- 
tuelle. Nous  aurons  fréquemment  occasion  de  reconnaître,  con** 
trairement  à  cette  grossière  opinion,  que  des  théories  géométri* 
ques  peuvent  être  éminemment  analytiques  malgré  que  le  calcul 
y  intervienne  fort  peu,  tandis  que  d'autres  spéculations,  où  il  a 
beaucoup  de  part,ne  méritent  nullement  une  telle  qualification. 
Si  l'on  passe  maintenant  à  la  seconde  acception  scientifique 
du  mot  analyse  et  de  ses  dérivés,  conformément  à  l'usage  uni- 
versel et  M'explication  étymologique,  une  appréciation  encore 
trop  méconnue  peut  faire  aisément  sentir  que,  à  ce  nouveau 
titre,  la  géométrie  générale  doit  èti*e  éminemment  analytique, 
c'est-à-dire  procéder  par  décomposition.  Car  les  questions  n'y 
étant  presque  jamais  composées  que  d'un  très^petit  nombre 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  7 

d^éléments  uniformes,  dont  les  diverses  combinaisons  effectives 
sont,  au  contraire,  extrêmement  multipliées,  la  généralité  des 
solutions  ne  peut  y  être  obtenue  que  d'après  la  séparation  abs- 
traite des  différentes  conditions  élémentaires,  seules  suscep- 
tibles d'être  traitées,  chacune  à  part,  sous  un  point  de  vue  gé- 
néral. Au  contraire,  Tesprit  de  la  géométrie  ancienne  était 
toujours  essentiellement  synthétique,  et  par  suite  spécial,  puis- 
que les  diverses  conditions  de  chaque  problème  y  restaient  en- 
visagées surtout  dans  leur  ensemble,  malgré  Tusage  accessoire 
de  ce  qu'on  avait  nommé  Y  analyse  géométrique^  qui  toutefois 
doit  être  historiquement  envisagée  comme  un  premier  achemi- 
nement logique  vers  le  système  moderne,  quoique  l'absence 
des  conceptions  algébriques,  qui  seules  permettent  de  fixer  une 
telle  séparation  et  d'en  poursuivre  les  conséquences,  dût  pri- 
ver cette  marche,  plus  prônée  que  pratiquée  chez  les  géomètres 
grecs,  de  sa  principale  efficacité. 

Cette  double  appréciation  conduit  à  sentir  que  la  nouvelle 
méthode  géométrique  instituée  par  Descartes  a  pour  caractère 
essentiel,  en  isolant  chaque  condition  d'un  problème,  de  l'assu- 
jettir à  une  solution  pleinement  générale,  d'après  une  conve- 
nable réduction  du  concret  à  l'abstrait*  La  qualification  à' ana- 
lytique a  surtout  le  mérile  de  rappeler,  à  ceux  du  moins  qui 
s'en  forment  une  juste  idée,  un  tel  esprit  fondamental,  que 
je  ferai  soigneusement  ressortir  en  toute  occasion  opportune. 
3.  D'après  les  indications  précédentes,  la  révolution  radicale 
opérée  dans  le  système  des  études  géométriques  par  l'avéne^- 
ment  de  la  géométrie  analytique  doit  être  regardée  comme  Té^ 
poque  la  plus  décisive  pour  le  développement  total  de  cette 
science,  dont  la  constitution  philosophique  était  jusqu'alors  si 
insuffisante  et  si  précaire,  malgré  d'admirables  découvertes  spé<^ 
ciales.  Mais,  en  outre,  il  y  faut  même  reconnaître  le  pas  le  plus 
décisif  que  pût  jamais  faire  l'ensemble  des  spéculations  mathé- 


8  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

matiques,  aussi  bien  abstraites  que  concrètes.  Car,  suivant  une 
réaction  nécessaire,  ce  rapprochement  fondamental  entre  les 
notions  géométriques  et  les  conceptions  algébriques,  quoique 
n'ayant  été  d'abord  institué  qu'en  yue  de  perfectionner  la  géo- 
métrie, qui  a  fait  ainsi,  depuis  deux  siècles,  plus  de  progrès 
réels  que  pendant  la  longue  suite  de  tous  les  siècles  antérieurs, 
a  été  peut-être  encore  plus  favorable  au  perfectionnement  de 
l'analyse  mathématique,  dont  les  plus  puissantes  créations 
sont,  en  effet,  dues  à  cette  heureuse  influence  logique.  Non- 
seulement  les  recherches  analytiques  ont  ainsi  trouvé  spontané- 
ment à  la  fois  une  alimentation  inépuisable  et  une  intéressante 
destination,  sans  lesquelles  la  répugnance  naturelle  de  Fesprit 
humain  pour  les  abstractions  trop  indéterminées  en  eût  rendu 
le  progrès  extrêmement  lent  et  d'ailleurs  presque  stérile  ;  mais, 
de  plus,  suivant  une  influence  plus  spéciale  et  plus  profonde, 
l'intervention  des  considérations  géométriques  parmi  les  spécu- 
lations analytiques  y  a  souvent  suggéré  directement  d'heureuses 
inspirations  fondamen  tales,comme  l'ensemble  des  saines  études 
mathématiques  le  constate  si  hautement  aujourd'hui.  Une  telle 
réaction  scientifique  est  essentiellement  propre  à  la  géométrie, 
qui,  à  ce  titre,  ne  cessera  jamais  de  constituer  la  principale 
partie  de  la  science  mathématique.  La  mécanique  rationnelle, 
quoique  aussi  éminemment  analytique  que  la  géométrie,  est 
d*une  nature  trop  compliquée  pour  comporter  une  semblable 
influence»  Elle  a,  sans  doute,  pareillement  fourni  à  l'analyse  un 
nouveau  champ  et  une  nouvelle  destination,  mais  non  pas  de 
nouvelles  lumières.  Bien  que  les  équations  abstraites  puissent 
être  conçues,  sans  doute,  comme  représentées  par  des  mouve- 
ments tout  autant  que  par  des  figures,  cette  interprétation  trop 
pénible  ne  saurait  devenir  la  source  d'aucune  véritable  indica- 
tion analytique. 
Conformément  à  la  similitude  nécessaire  qui,  pour  l'esprit 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE   PREMIER.  9 

humain,  doit  évidemment  exister,  en  tous  genres,  entre  la 
marche  essentielle  de  Téducation  individuelle  et  celle  de  révo- 
lution collective,  Tétude  de  la  géométrie  analytique  doit  aussi 
constituer  naturellement  la  phase  la  plus  décisive,  et  par 
suite  la  plus  difficile,  de  chaque  initiation  mathématique.  Les 
notions  élémentaires  de  la  géométrie  et  les  conceptions  rudi- 
mentaires  de  l'algèbre,  qui  jusqu'alors  avaient  dû  sembler 
tout  à  fait  indépendantes  les  unes  des  autres,  et  même  radica- 
lement hétérogènes,  malgré  quelques  relations  spéciales,  con^ 
tractent,  défi  ce  moment,  une  alliance  intime  et  indissoluble, 
première  base  de  leur  commune  extension,  et  qui  tend  de  plus 
en  plus  à  faire  concevoir  l'ensemble,  autrement  incohérent, 
des  spéculations  mathématiques  comme  susceptible  d'une  véri- 
table unité.  Aucune  autre  partie  de  l'enseignement  mathéma- 
tique ne  saurait  donc  mériter  autant  la  sollicitude  rationnelle 
des  professeurs  et  l'active  attention  des  élèves. 

4.  Pour  procéder  convenablement  à  l'exposition  directe  de 
la  conception  fondamentale  d'après  laquelle  Descartes  a  consti- 
tué la  géométrie  analytique,  il  faut  d'abord  expliquer  une 
méthode  préliminaire,  où  ce  grand  philosophe  n'a  eu  essen- 
tiellement qu'à  systématiser  les  inspirations  spontanées  de 
la  raison  commune,  et  sans  laquelle  la  transformation  radicale 
des  considérations  géométriques  en  considérations  analytiques 
n'eût  jamais  été  possible. 

L'analyse  mathématique  ne  peut  spéculer  que  sur  des  idées 
de  grandeur  ;  cependant  il  existe,  en  outre,  dans  la  géométrie, 
deux  autres  catégories  logiques,  non  moins  naturelles  que  la 
première,  l'une  relative  à  la  forme,  l'autre  à  la  position  :  il 
est  donc  préalablement  indispensable,  en  géométrie  analytique, 
de  ramener  les  pensées  de  forme  et  de  situation  à  de  simples  ' 
notions  de  grandeur,  seules  immédiatement  susceptibles  de 
devenir  numériques.  Or,  la  solution  générale  de  cette  difficulté 


e 


iO  GÉOICÉTRK  PLA!fE. 

préliminaire  exige  d*abord  qu'on  la  réduise  autant  que  pos- 
sible, en  ne  s'y  occupant  que  des  idées  de  situation,  dans 
lesquelles  on  peut  évidemment  faire  toujours  rentrer  les  idées 
de  forme;  puisque  la  forme  d'un  corps  quelconque,  pouvant 
résulter  constamment  de  la  disposition  mutuelle  de  ses  parties, 
sera  nécessairement  définie  d'après  la  situation  de  tous  ses 
points.  C'est  ainsi  que,  dans  notre  système  de  géométrie  analy- 
tique, la  position  est  seule  immédiatement  formulée  par  nos 
équations,  d'où  la  forme  peut  ensuite  ressortir  indirectement, 
à  l'aide  des  combinaisons  convenables.  Une  telle  marche  doit, 
sans  doute,  offrir,  comme  nous  le  reconnaîtrons  bientôt, 
quelques  véritables  inconvénients,  puisque  la  forme  d'un  objet 
est,  en  elle-même,  indépendante  de  sa  situation;  mais  cette 
manière  de  procéder  n'en  est  pas  moins  inévitable  en  géométrie 
analytique,  sous  l'indispensable  réserve  des  moyens  généraux 
destinés  à  permettre,  suivant  nos  explications  ultérieures,  de 
dégager  les  diverses  indications  relatives  à  la  forme  des  cir- 
constances étrangères  propres  à  la  seule  situation. 

Toutes  les  idées  élémentaires  de  situation  étant  naturelle- 
ment réductibles  à  la  simple  position  d'un  point,  il  suffit  donc 
d'expliquer,  à  ce  sujet,  comment  ce  dernier  cas  peut  être 
ramené  à  de  pures  considérations  de  grandeur.  On  y  parvient 
aisément,  sous  beaucoup  de  modes  divers,  d'après  ce  qu'on 
appelle  des  systèmes  de  coordonnées,  c'est-à-dire  à  l'aide 
des  deux  grandeurs  géométriques,  soit  linéaires,  soit  angu- 
laires, etc.,  qui,  sur  un  plan,  déterminent,  par  leur  combi- 
naison, le  point  correspondant^  relativement  à  certains  repères- 
flxes  et  communs. 

Afin  de  mieux  apprécier  cet  indispensable  artifice  élémen- 
taire, il  y  faut  voir  la  simple  généralisation  philosophique  du 
procédé  spontanément  suggéré  à  tout  bon  esprit  par  la  néces- 
site  de  définir  la  situation  d'un  point  sans  pouvoir  le  montrer, 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  il 

nécessité  qui  conduil  toujours  à  l'inévitable  emploi  des  rensei- 
gnements numériques.  Si  le  point  proposé  doit  appartenir  à 
une  ligne  connue  d'avance  des  deux  intelligences  entre  les- 
quelles s'opère  une  telle  communication,  un  seul  de  ces  ren- 
seignements sufDt  évidemment  à  remplir  cette  indication,  par 
exemple  en  assignant  la  distance  plus  ou  moins  grande  du 
point  variable  à  un  point  fixe  de  la  même  ligne.  Ce  cas  est 
nécessairement  le  plus  simple  de  tous  ceux  que  peut  offrir  la 
réduction  des  idées  de  position  aux  idées  de  grandeur  :  mais  il 
importe  de  le  concevoir  distinctement;  car  il  est  la  base  de 
tous  les  autres  plus  compliqués.  Quand  le  point  cherché  doit 
seulement  .faire  partie  d'une  surface  donnée,  ce  qui  arrive 
toujours  en  géométrie  plane,  la  combinaison  de  deux  rensei- 
gnements de  ce  genre  devient  alors  indispensable,  Tun  pour 
indiquer  la  ligne  qui  doit  le  contenir,  et  l'autre  pour  l'y  distin- 
guer de  tout  le  reste  de  sa  circonférence  :  la  dénomination  de 
coordonnées  rappelle  heureusement  l'insuffisance  isolée  de 
chacun  des  deux  éléments  de  détermination,  qui  ne  deviennent 
efficaces  que  par  leur  concours.  Enfin,  dans  le  cas  le  plus 
étendu  et  le  plus  difficile,  lorsque  le  point  peut  indifféremment 
appartenir  à  toutes  les  régions  de  l'espace,  sa  situation  ne  peut 
être  ainsi  caractérisée  qu'en  combinant  trois  de  ces  conditions 
de  grandeur,  comme  nous  le  reconnaîtrons  spécialement  en 
géométrie  à  trois  dimensions. 

Les  couples  de  coordonnées  employés,  à  cet  effet,  pour  la 
géométrie  plane,  peuvent  être  tirés  d'une  foule  de  construc- 
tions différentes,  dont  il  importe  ici  de  concevoir  nettement  les 
principales.  Celle  de  toutes  qui,  sans  être,  sous  divers  aspects, 
la  plus  naturelle,  mérite  certainement,  à  tous  égards,  la  pré- 
férence universelle  qu'elle  a  empiriquement  obtenue  dès  l'ori* 
gine  de  la  géométrie  analytique,  consiste  à  déterminer  la  ^' 
position  d'un  point  par  ses  distances  à  deux  droites  fixes,  le 


12  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

[plus  souvent  reclangulaires.  Si  le  point  M  (fig.  1)  doit  être  sur 
un  plan,  à  des  distances  données  a^ib  des  deu^axes  OY,OXf 
il  sera  évidemment  placé  à  Tunique  rencontre  des  deux  paral- 
lèles menées  à  ces  axes  selon  ces  distances  respectives,  et  dont 
chacune  le  contiendrait  indifféremmentd'aprèsla  considération 
isolée  de  la  condition  correspondante  .L'une  de  ces  coordonnées^ 
MP,  qu'on  peut  utilement  supposer  verticale,  porte -habituelle- 
ment le  nom  d'ordonnée^  tandis  que  l'autre,  MQ,  qu'on  se 
figtfrerait  alors  horizontale,  est  communément  qualifiée  d'aô- 
scisse^  sans  que  cette  diversité  soit  d'ailleurs  aucunement  moti- 
vée entre  des  éléments  homogènes.  On  facilitera  beaucoup  la 
comparaison  de  ces  distances  variables  selon  les  diverses  posi- 
tions du  point,  en  comptant  chacune,  en  OQ  ou  OP,  sur  l'axe 
correspondant,  toujours  à  partir  de  l'intersection  fixe  0,  ainsi 
justement  nommée  Yorigine  commune  des  deux  coordonnées. 
Enfin,  quant  au  discours  algébrique,  un  usage  très  convenable 
fait  désigner  constamment  chacune  d'elles  par  la  petite  lettre 
analogue  à  la  grande  qui  marque  l'extrémité  de  son  axe,  lequel 
}  réciproquement  prend  souvent,  à  ce  titre,  le  nom  familier 
[  d'axe  des  x  ou  des  y,  selon  la  coordonnée  variable  qui  s'y  rap- 
porte. Si,  comme  il  arrive  quelquefois,  les  deux  droites  fixes 
n'étaient  pas  rectangulaires,  les  deux  distances  resteraient  tou- 
jours mesurées,  pour  chaque  axe,  parallèlement  à  l'autre,  et 
dès  lors  sous  une  obliquité  égale  à  leur  inclinaison  mutuelle, 
sans  que  l'opération  subît  d'ailleurs  aucune  autre  modification. 
A  la  vérité,  d'après  ce  premier  système  de  coordonnées,  les 
idées  de  grandeur  semblent  d'abord  ne  pouvoir  pas  suffire 
entièrement  à  remplacer  les  idées  de  situation.  Car,  si  lé  point 
proposé  peut  se  trouver,  suivant  le  cas  le  plus  ordinaire,  in- 
différemment placé,  sur  le  plan,  dans  les  quatre  régions  que 
séparent  les  deux  axes,  il  pourra  certainement,  avec  les  mêmes 
coordonnées,  occuper,  outre  la  position  primitive  M,  les  trois 


PREMIÈRE   PARTIE^  GUAPITRE  PREMIER.  13 

autres  positions  symétriques  M',  M", ou  M"  ',  que  rien  ne  parait 
pouvoir  numériquement  en  distinguer.  Mais^  comme  Tune  ou 
l'autre  de  ces  coordonnées  se  trouve  alors  comptée,  sur  son 
axe,  à  l'inverse  du  sens  primordial,  cette  difficulté  préalable, 
qui  eût  radicalement  entravé  Tessor  de  la  géométrie  analytique, 
en  obligeant,  pour  éviter  une  inextricable  confusion,  à  y  re- 
noncer au  système  le  plus  favorable,  a  été  complètement  sur- 
montée, par  l'incomparable  fondateur  de  la  nouvelle  constitu- 
tion géométrique,  d'après  un  beureux  usage  général  de  sa 
grande  découverte  en  philosophie  mathématique  sur  la  repré-  I 
sentation  spontanée  de  l'opposition  de  sens  par  l'opposition  des 
signes  -}-  et  —  dans  toute  relation  de  l'abstrait  au  concret, 
pour  chaque  grandeur  qui,  comptée  suivant  une  direction  fixe, 
comporte  une  inversion  nettement  caractérisée.  J'aurai  ci-des- 
sous l'occasion  d'indiquer  expressément  le  véritable  esprit  de 
cette  notion  fondamentale,  presque  toujours  vicieusement  en- 
seignée. En  se  bornant  ici  à  l'appliquer  convenablement,  elle 
fait  aussitôt  disparaître  notre  ambiguïté  élémentaire  :  pourvu 
qu'on  ait  toujours  égard  au  signe  -{■•  ou  —  de  chaque  coor- 
donnée aussi  bien  qu'à  sa  valeur,  il  n'y  aura  jamais  la  moindre 
incertitude  sur  la  région  correspondante  au  point  proposé  ;  elle 
sera  dès  lors  distinguée  des  trois  autres  par  une  combinaison 
propre  des  deux  signes  simultanés. 

Le  seul  système  de  coordonnées  qui  soit  quelquefois  usité,  à 
défaut  du  précédent,  en  géométrie  analytique,  est  peut-être, 
quoique  beaucoup  moins  convenable  que  celui-ci,  le  plus  na- 
turel de  tous,  comme  offrant  la  plus  simple  combinaison  des 
deux  idées  primordiales  de  longueur  et  de  direction.  C'est  celui 
que  l'on  qualifie  habituellement  de  jDo/afre,  par  contraste  au 
premier,  communément  appelé  rectiligne^  en  spécifiant  ainsi 
désormais  deux  dénominations  trop  vagues  en  elles-mêmes.  II 
consiste  à  déterminer  la  position  d'un  point  sur  un  plan  d'après 


14  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

sa  distance  à  un  point  fixe  et  Tangle  qu'elle  y  forme  avec  une 
droite  fixe  :  la  coordonnée  linéaire  porte  ordinairement,  sui- 
vant Tusage  astronomique,  le  nom  de  rayon  vecteur^  la  coor- 
donnée angulaire  n'a  pas  reçu  de  titre  spécial.  Emprunté  à  la 
géométrie  céleste,  ce  système  émane  primitivement  d'une  ten- 
dance universelle,  dans  les  plus  simples  considérations  géogra- 
phiques, à  comparer  spontanément  les  divers  lieux  leiTestres 
d'après  la  combinaison  de  leurs  distances  avec  leurs  directions. 
Un  point  M  (fig,  2)  y  est  déterminé  par  Tin tersection  d'un  cer- 
cle  variable,  ayant  pour  centre  fixe  le  pôle  0,  et  d'une  droite 
mobile  autour  de  ce  pôle  :  les  coordonnées  corre6pondantes,que 
nous  noterons  habituellement  u  et  o,  déterminent,  pour  chaque 
position.  Tune  le  rayon  de  ce  cercle,  l'autre  l'inclinaison  de 
cette  droite  sur  Taxe  0^.  On  doit  remarquer   que  la  seule 
grandeur  des  deux  coordonnées  suffit  ici  à  l'entière  détermina- 
tion du  point,   sans  qu'il  faille  leur  attribuer  aucun  signe, 
même  pour  distinguer  suffisamment  la  position  M  de  son  op- 
posée M', où  l'angle  ç,  toujours  compté  en  pareil  sens, comme 
en  trigonométrie,  a  certainement  changé  de  valeur,  par  un  ac- 
croissement de  180*.  Mais  nous  reconnaîtrons  bientôt  que,  loin 
de  constituer  un  motif  de  préférence,  cette  propriété  du  sys- 
tème polaire  devient  au  contraire  très-défavorable  à  sa  des- 
tination analytique. 

Outre  ces  deux  systèmes, seuls  usités,il  en  existe  évidemment 
une  infinité  d'autres,  mais  dont  l'office  est  purement  provisoire 
I  ou  accidentel.  Leur  considération  n'a  d'importance  logique 
qu'afin  d'éviter  de  trop  restreindre,  suivant  la  tendance  sco- 
lastique,  cette  première  notion  fondamentale.  C'est  ainsi  que, 
par  exemple,  on  déterminerait  la  position  d'un  point  sur  un 

plan  d'après  ses  distances  à  deux  points  fixes,  par  l'intersection 

• 

de  deux  cercles  à  centres  fixes,  dont  les  rayons  variables  con- 
stitueraient les  coordonnées  correspondantes.  De  même,  on  y 


PREMIÈRE    PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  15 

pourrait  employer  les  directions  combinées  des  droites  qui,  de 
deux  points  fixes,  aboutiraient  au  point  cherché,  alors  résulté 
d'une  intersection  rectiligne,  suivant  deux  coordonnées  angu- 
laires, mesurant  les  angles  de  chacune  de  ces  lignes  mobiles 
avec  Taxe  qui  joint  les  deux  pôles.  En  un  mot,  il  n*y  a  pres« 
que  aucune  construction  plane  qui,  convenablement  envisa- 
gée, ne  puisse  donner  lieu  à  quelque  système  de  coordonnées, 
et  souvent  à  plusieurs,  en  y  considérant  les  divers  éléments 
linéaires,  angulaires,  ou  même  superficiels,  qu*elle  peut  rat^ 
tacher  à  la  position  d'un  point,  et  dont  toute  combinaison 
binaire  serait  réciproquement  susceptible  de  le  déterminer. 

Dans  un  système  quelconque,  le  point  mobile  est  toujours 
nécessairement  placé  à  la  rencontre  de  deux  lignes,  droites  ou 
courbes,  dont  toutes  les  conditions  déterminantes  sont  fixes, 
exeepté  une  seule  qui,  en  variant,  indique  la  coordonnée  cor- 
respondante. Ainsi,  les  divers  systèmes  doivent  d'abord  être 
distingués  entre  eux  par  la  nature  des  lignes  qu'ils  emploient. 
Mais  cette  appréciation  ne  saurait  suffire,  puisque  des  systè- 
mes très  différents  peuvent  souvent  introduire  des  lignes  pa- 
reilles :  il  y  aurait,  par  exemple,  une  infinité  de  systèmes  mé- 
ritant  d'être  appelés  rectilignes,  si  Ton  donnait  ce  nom  à  tous 
ceux  oîi  un  point  résulte  de  Tin tersection  de  deux  droites; 
comme  l'indique,  entre  autres,  outre  le  système  rectiligne  or- 
dinaire, décrit  en  premier  lieu,  le  système,  doublement  angu* 
laire,  qui  a  terminé  notre  énumération  sommaire.  On  doit 
donc,  en  outre,  soigneusement  considérer  le  mode  de  variation 
de  chacune  des  deux  lignes  élémentaires,  et  ne  regarder  comme 
vraiment  identiques  que  les  systèmes  de  coordonnées  qui,  em- 
ployant les  mêmes  lignes,  les  font  aussi  varier  suivant  la  même 
loi,  en  sorte  que  toutes  les  conditions  fixes  de  détermination 
soient  exactement  communes  aux  deux  cas  comparés. 
5.  Cet  indispensable  préambule,  sans  lequel  les  idées  géomé- 


16  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

triques  ne  sauraient  devenir  réductibles  à  des  idées  numéri-'* 
ques,  nous  permet  de  procéder  maintenant  à  l'exposition  di- 
recte de  la  conception  fondamentale  d'après  laquelle  Descartes 
a  constitué  la  géométrie  analytique,  en  établissant  une  intime 
harmonie  mutuelle  entre  les  lignes  et  les  équations. 

Quand  un  point  se  déplace  arbitrairement  sur  un  plan, 
ses  deux  coordonnées  changent  indépendamment  Tune  de 
Taulre.  Mais  si,  dans  son  mouvement,  il  suit  un  trajet  ri- 
goureusement déterminé,  de  forme  d'ailleurs  quelconque,  ces 
deux  variables  ne  sauraient  plus  être  envisagées  comme  indé- 
pendantes entre  elles.  L'une  d'elles,  en  effet,  suffit  alors  pour 
déterminer  le  point,  à  l'égard  duquel  la  ligne  proposée  tient 
lieu  de  celle  qui  correspondrait  à  l'autre  coordonnée.  Celle-ci 
ne  peut  donc  prendre,  en  ce  cas,  que  des  valeurs  subordonnées 
à  celles  de  la  première,  dont  elle  devient  ainsi  analytiquement, 
suivant  le  langage  des  géomètres,  une  véritable  fonction^  d'ail- 
leurs assignable  ou  inassignable,  caractérisée  par  une  équation 
convenable  entre  ces  deux  variables.  Or,  comme  cette  équation 
traduit  exactement  la  condition  d'un  tel  trajet,  elle  est  juste- 
ment nommée  équation  de  la  ligne  correspondante,puisqu'elle 
en  constitue  une  rigoureuse  définition  analytique,  qui  ne  sau- 
rait convenir  à  aucune  autre  figure,  où,  la  même  valeur  de 
Tabscisse  devant  procurer  une  valeur  différente  à  l'ordonnée, 
leur  relation  doit  nécessairement  changer  aussi.Cette  inévitable 
correspondance  entre  la  ligne  et  l'équation  est  même,  à  certains 
égards,  trop  intime,  en  tant  qu'affectée  par  la  situation  comme 
par  la  forme  :  car,  d'apnès  ce  principe,  l'équation  doit  évi- 
demment subir  un  changement  quelconque  quand  la  ligne  ne 
fait  que  se* déplacer  sans  changer  de  forme  ni  de  grandeur; 
d'où  résulte  la  nécessité  de  règles  analytiques  expressément  des- 
tinées ci-dessous  à  dissiper  une  telle  confusion,  d'ailleurs  né- 
cessairement résultée  de  ce  que  les  idées  de  position  sont  seules 


PREmÉRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  17 

immédiatement  susceptibles  d^expression  algébrique.  Ainsi,  Té- 
quation  d'une  ligne,  en  tout  système,  n'est  autre  chose  que  la 
relation  constante  qui  existe  nécessairement  entre  les  coordon- 
nées variables  du  point  décrivant,  par  cela  seul  que  la  ligne  est 
rigoureusement  définie  d'après  une  propriété  commune  à  tous 
ses  points. 

Le  principe  général  d'une  telle  correspondance  ne  saurait 
être  convenablement  apprécié,  si  on  n'envisage  les  idées  d'^- 
quation  ou  de  fonction  de  la  manière  la  plus  étendue,  et  si  on 
n'évite  soigneusement  de  confondre  la  conception,  toujours 
possible,  de  chaque  équation  avec  sa  formation  effective^  sou- 
vent très  difficile,  et  quelquefois  inaccessible.  Il  existe,  sous  ce 
dernier  aspect,  une  très  grande  différence  entre  les  diverses 
définitions  dont  une  même  ligne  est  susceptible.  Par  exemple, 
la  définition  élémentaire  du  cercle,  comme  lieu  des  points 
équidistants  d'un  point  fixe,  se  traduit  aussitôt,  d'après  le 
simple  théorème  de  Pythagore,  en  l'équation y^+a:'=r',  entre 
les  coordonnées  rectilignes  de  l'un  quelconque  de  ses  points, 
relativement  à  deux  axes  rectangulaires  menés  de  son  centre. 
Au  contraire,  la  définition  transcendante  de  cette  même  courbe, 
comme  ékint  celle  qui,  sous  le  même  contour,  renferme  la 
plus  grande  aire,  exige  l'intervention  de  la  plus  haute  analyse 
pour  faire  obtenir  l'équation.  L'ensemble  de  la  géométrie  pré- 
sente, même  aujourd'hui,  beacoup  d'exemples  de  courbes  dont 
Téquation  proprement  dite  n'a  pu  encore  être  formée,  et  à  l'é- 
gard desquelles  on  peut,  en  outre,  quelquefois  assurer  que 
cette  formation  exigerait  nécessairement  l'introduction  de  nou- 
velles fonctions  analytiques. 

Il  importe  de  remarquer  déjà  que  cette  correspondance  fon- 
damentale entre  les  lignes  et  les  équations  ne  saurait,  par  sa 
Mlure,  offrir  aucun  caractère  absolu,  qui  affectât  exclusive- 
ment, dans  tous  les  cas,  certaines  relations  analytiques  à  cer- 


18  GÉOMÉTRIE  PUNE. 

laines  formes  géométriques.  Car,  une  telle  harmonie  est  éTÎ- 
demment  subordonnée  au  système  de  coordonnées  que  Ton  a 
choisi.  Si  donc  une  habitude  invétérée  conduit^  par  exemple, 
à  lier  intimement  entre  elles  les  idées  de  ligne  droite  et  d'équa- 
tion du  premier  degré  ou  de  section  conique  et  d'équation  du 
second  degré,  cela  tient  uniquement  à  l'emploi  trop  exclusif  du 
système  rectiligne,  auquel  se  rapportent  ces  liaisons.  Dans 
d'autres  systèmes,  ces  mêmes  lignes  prendraient  évidemment 
de  nouvelles  équations,  dont  la  composition  analytique  sem- 
blerait  souvent  dépourvue  de  toute  analogie  avec  les  premiè- 
res, quoiqu'il  dût  pourtant  exister  entre  elles,  malgré  toutes 
les  variations  possibles,  une  certaine  affinité  algébrique  plus 
ou  moins  difficile  à  discerner,  d'après  leur  commune  source 
géométrique. 

Nous  devons  enfin  soigneusement  signaler  ici^  en  principe, 
comme  propriété  essentielle  de  cette  correspondance  de  l'équa- 
tion à  la  ligne,  pour  chaque  système  de  coordonnées,  son  in* 
dépendance  nécessaire  de  la  diversité  des  définitions  propres  à 
une  même  figure.  Quoique  l'équation  résulte  inévitablement 
de  la  définition,  elle  n'est  cependant  pas  susceptible  de  varier 
avec  elle,  si  la  ligne  n'éprouve  aucun  changement  réel  ;  puis- 
que les  mômes  abscisses  devront  toujours  correspondre  aux 
mômes  ordonnées,  tant  que  la  succession  des  points  n'aura  pas 
effectivement  changé,  sous  quelque  nouvel  aspect  qu'elle 
puisse  6tre  envisagée.  Rien  n'est  plus  propre  que  ce  remarqua- 
ble privilège  à  faire  dignement  ressortir  combien  l'équation 
caractérise  profondément  la  vraie  nature  invariable  de  la  ligne 
correspondante,  au  milieu  de  la  variété  presque  indéfinie  de 
ses  attributs  géométriques.  En  même  temps,  cette  identité  né- 
cessaire de  l'équation,  de  quelque  définition  qu'elle  provienne, 
doit  présenter,  en  géométrie  analytique,  une  importante  desti- 
nation habituelle,  en  y  permettant  de  reconnaître  ainsi,  d'une 


-  I  -•. 


PRBBaÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  19 

manière  sûre  et  uniforme,  l'équivalence  effective  des  déOnitions 
qui  auront  conduit  à  la  même  équation,  et  qui^  sans  cet  heu- 
reux  intermédiaire,  auraient  souvent  offert  beaucoup  d' obsta- 
cles à  un  rapprochement  décisif. 

6.  Après  avoir  ainsi  caractérisé,  en  sens  direct,  la  concep- 
tion fondamentale  de  la  géométrie  analytique,  il  faut  maintenant, 
pour  achever  <}e  s'en  faire  une  juste  idée  générale.,  Tapprécier 
aussi  en  sens  inverse,  quant  à  la  représentation  des  équations 
a  deux  variables  par  les  lignes  planes  correspondantes. 

Cette  peinture  des  équations  résulte  de  la  construction  facul- 
tative de  chacune  de  leurs  solutions.  Que,  dans  une  équation 
quelconque, résolue  ou  non  résolue,  y  =  if{œ)  ou/'{a:,y)  =  0, 

lAf  \        ,,,\y  etc.,  comme  exprimant  les  coordonnées 

d  un  point  dans  un  système  quelconque,  par  exemple  rectili- 
gne  :  ces  diverses  solutions  pourront  dès  lors  être  géométri- 
quement représentées  par  autant  de  points  M,  M',  M'\  etc. 
(A?*  3),  dont  la  succession  resterait  arbitraire  si  ces  couples 
n'avaient  aucun  caractère  commun,  mais  qui,  au  contraire, 
formeront  une  ligne  nettement  déterminée  en  vertu  de  leur 
uniforme  propriété  de  convenir. à  une  même  équation,  qui  con- 
stituera spontanément  la  définition  algébrique  de  cette  ligne, 
de  manière  à  la  distinguer  rigoureusement  d'avec  toute  autre. 
Envisagée  quant  à  Téquation  d'où  elle  provient, une  telle  ligne 
en  constituera  ce  qu'onnommele/t^t/^^om^/rt^t/^, dont  l'étude 
ultérieure  fera  nécessairement  découvrir  d'autres  propriétés 
spéciales,  susceptibles  de  lui  fournir  divers  modes  de  généra- 
lion,  plus  ou  moins  éloignés  de  celle  source  analytique.  La 
plupart  des  courbes  aujourd'hui  considérées  n'ont  pas  effecti- 
vement d'autre  origine  ;  aussi  sont-elles  habituellement  nom- 


20  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

mées  par  leurs  équations  mêmes,  sauf  le  très-petit  nombre  de 
celles  que  divers  motifs  ont  conduit  à  désigner  sous  des  déno* 
minations  particulières.  On  conçoit,  en  effet,  avec  quelle  ex- 
trême facilité  on  a  pu  dès  lors  imaginer  une  infinité  de  courbes 
nouvelles,  assujetties  à  des  définitions  rigoureuses,  tandis  que 
Tancien  régime  géométrique  ne  comportait,  à  cet  égard,  que 
des  ressources  fort  limitées,  même  pour  la  plus^ féconde  imagi- 
nation. 

Sous  ce  second  aspect  général,  encore  plus  évidemment  que 
sous  le  premier,  la  correspondance  fondamentale  des  lignes  aux 
équations  est  nécessairement  relative  à  la  nature  du  système  de 
coordonnées  adopté.  De  la  même  équation,  on  pourrait  certai- 
nement tirer  une  infinité  de  lignes  difl'érentes,  en  se  bornant  à 
changer  convenablement  ce  système.  Ainsi,  par  exemple,  Té- 
quation  y  =  ax^  qui,  en  coordonnées  rectilignes,  représepte 
une  ligne  droite,  produirait,  au  contraire,  en  coordonnées 
polaires,  une  spirale  composée  d'une  infinité  de  circonvolu- 
tions croissantes,  comme  le  lecteur  peut  le  constater  aisément. 
Toutefois,  quelque  variées  que  puissent  être  de  telles  peintu- 
res^ il  faut  sans  doute  que  ces  diverses  figures  conservent  entre 
elles  une  certaine  analogie  intime,  jusqu'ici  peu  appréciée, 
d'après  leur  commune  origine  algébrique. 

Quant  à  Tindépendance,  ci-dessus  signalée,  de  chaque  équa- 
tion relativement  à  la  diversité  des  définitions  propres  à  la  ligne 
correspondante,  elle  est  ici  remplacée,  en  quelque  sorte,  par 
Tindépendance  équivalente  de  chaque  lieu  géométrique  envers 
les  différentes  formes,  souvent  très-distinctes  et  fort  multipliées, 
que  comporte  son  équation.  Cette  seconde  propriété  générale, 
quoique  moins  sentie  que  la  première,  n'a  pas,  au  fond,  moins 
d'importance.  Elle  devient  surtout  la  base  essentielle  de  la  haute 
destination  logique  dont  la  géométrie  analytique  est  susceptible 
pourleperfectionnementdesspéculationsalgébriques.Lacourbe 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE   PREMIER.  21 

d'une  équation  présente,  en  effet,  rineslimable  avantage  de 
constituer  spontanément  un  résumé  très-expressif  de  l'ensem- 
ble des  comparaisons  auxquelles  peut  donner  lieu  la  marche 
générale  des  solutions  de  cette  équation:  or,  cette  marche,  qui 
caractériseessentiellementréquation  correspondante,  au  milieu 
des  innombrables  transformations  dont  elle  est  susceptible,  ne 
saurait  être  indiquée  par  aucun  signe  analytique,  et  se  trouve- 
rait même,  sans  cette  lumineuse  peinture,  profondément  dis- 
simulée sous  les  détails  algébriques  que  rappelle  directement 
la  composition  de  Féquation.  Telle  est  la  source  élémentaire 
des  indications  fondamentales  d'après  lesquelles  l'heureux  em- 
ploi des  considérations  géométriques  a  tant  concouru,  depuis 
deux  siècles,  &  perfectionner  les  conceptions  analytiques. 

7.  Cette  double  explication  générale  de  Tintime  harmonie 
naturelle  que  la  grande  conception  de  Descartes  a  définitive- 
ment organisée  entre  les  idées  de  ligne  et  les  idées  d'équation, 
caractérise  déjà  le  véritable  esprit  et  la  principale  difficulté  de 
la  géométrie  analytique.  Toutes  les  lignes  qui  peuvent  être  le 
sujet  des  recherches  de  la  géométrie  plane  étant  ainsi  repré-» 
sentées,  dans  un  système  convenable,  par  autant  d'équations, 
chaque  phénomène  géométrique  qui  s'y  rapporte  devient  dès 
lors  susceptible  d'expression  analytique,  soit  qu'il  concerne  les 
affections  isolées  de  chacune  des  lignes  proposées  ou  leurs  rela-» 
lions  mutuelles*  Sous  ce  premier  aspect,  il  s'agit  surtout,  en 
géométrie  analytique,  de  découvrir  l'équivalent  analytique  de 
chaque  considération  géométrique.  Réciproquement,  toute 
équation  abstraite,  du  moins  à  deux  variables,  étant  aussi  re-^ 
présentée  de  la  même  manière  par  une  courbe  correspondante, 
il  n'y  a  pas  de  modification  algébrique  qui  ne  doive  comporter 
une  certaine  interprétation  géométrique,  dont  la  découverte 
constituera  habituellement,  sous  ce  second  aspect,  la  difficulté 
essentielle  de  la  géométrie  analytique.  On  voit  donc  que  tous 


22  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

les  efforts  y  doivent  principalement  consister  à  développer  et  à 
perfectionner  sans  cesse  cette  double  relation  alternative  entre 
Tabstrait  et  le  concret,  dont  la  pensée  cartésienne  constitue  le 
principe  fondamental. 

8.  Quels  que  soient  les  éminents  avantages,  à  la  fois  logiques 
et  scientiflques,  propres  à  cette  admirable  conception,  dont  ce 
traité  fera  de  plus  en  plus  ressortir  la  puissance  et  la  fécondité, 
il  importe  maintenant,  pour  en  avoir  pleinement  ébauché  l'ap- 
préciation générale,  de  signaler  ici  sommairement  ses  imperfec- 
tions essentielles,maissansnousoccuperd*yremédier,en  évitant 
toutefois  de  les  concevoir  comme  nécessairement  irréparables. 

Sous  le  premier  des  deux  aspects  fondamentaux  ci-dessus 
expliqués,  la  représentation  analytique  des  lignes  est  actuelle- 
ment imparfaite,  en  ce  sens  que  l'équation,  excédant  quelque- 
fois la  stricte  définition,  convient  à  tout  Tensemble  de  chaque 
ligne,  lors  même  que  la  génération  proposée  est  restreinte  à 
une  portion  déterminée.  En  cherchant,  par  exemple,  Téquation 
rectiligne  ou  polaire  du  lieu  du  sommet  d'un  angle  invariable 
dont  chaque  côté  passe  en  un  point  fixe,  elle  se  trouvera  vi- 
cieusement convenir  à  la  totalité  du  cercle  correspondant,  quoi'^ 
que  la  définition  ne  convienne  cependant  qu'àunarclimité,  qui 
pourra  même  être  fort  petit,  si  l'angle  est  très-obtus  :  la  plupart 
des  solutions  de  l'équation  ne  se  rapporteraient  point  alors  à 
l'angle  proposé,  mais  à  son  supplément.  De  même,  pour  citer 
un  cas  encore  plus  sensible,  en  considérant  le  lieu  du  sommet 
d'un  triangle  rectangle  dont  l'hypoténuse  glisse  entre  deux 
axes  rectangulaires,  l'équation  indiquera  deux  droites  indéfini- 
ment prolongées,  tandis  que  cette  génération  ne  saurait  évi- 
demment s'appliquer  qu'à  une  portion  déterminée  de  chacune 
d'elles.  Cette  altération  par  excès  est,  sans  doute,  beaucoup 
moins  vicieuse  que  ne  le  serait  une  altération  par  défaut,  la- 
quelle est  nécessairement  impossible  ici;  mais  elle  n'en  consti- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  23 

tue  pas  moins  un  grave  inconvénient  de  noire  système  actuel  de 
géométrie  analytique,  puisque  certaines  définitions  géomé- 
triques n'y  sont  pas  algébriquement  traduites  avec  une  scrupu- 
leuse fidélité,  faute  de  savoir  prendre  en  considération  analy- 
tique les  restrictions  qui  leur  sont  inhérentes.  C'est  sm*to  ut  dans 
Tapplication  de  l'analyse  aux  phénomènes  thermologiques  que  \ 
cette  imperfection  a  dû  se  faire  sentir,  en  y  entravant  l'étude  | 
spéciale  des  lois  de  réchauffement  et  du  refroidissement  pour 
les  cas  linéaires  où,  comme  il  arrive  très-souvent,  on  ne  doit 
considérer  qu'une  partie  limitée  de  chaque  ligne.  Aussi  est-ce  à 
rimmorlel  fondateur  de  cette  nouvelle  théorie,  principale  créa- 
tion mathématique  propre  au  siècle  actuel,  que  la  géométrie 
doit  la  solution  effective  de  cette  difficulté  fondamentale,  qu'on 
avait  jusqu'alors  jugée  insurmontable.  Mais,  quoique Fourier  ait 
ainsi  introduitdeséquations  qui  ne  représentent  réellement  que 
des  parties  assignables  de  chaque  ligne,  cette  importante  modi- 
fication a  exigé  des  complications  analytiques  qui  doivent  em- 
pêcher jusqu'ici,  et  peut-être  toujours,  de  la  rendre  vraiment 
usuelle  et  surtout  élémentaire.  Nous  devons  donc  nous  résigner 
finalement  à  l'acceptation  actuelle  d'une  telle  imperfection, 
sans  nous  enquérir  ici  du  remède,  sauf  les  précautions  spéciales 
qui,  en  chaque  cas  opportun,  pourront  nous  garantir  des  fausses 
indications  qu'elle  susciterait. 

Une  de  ses  conséquences  générales  consiste  à  ne  savoir  pas  ^ 
non  plus  représenter  analytiquement  un  contour  discontinu,  par 
exemple,  le  périmètre  d'un  triangle  ou  d'un  autre  polygone.  En 
géométrie  analytique,  la  composition  des  lieux  se  traduit  natu- 
rellementpar  la  multiplication  de  leurs  équations,  pourvu  qu'on 
ait  d'abord  pris  la  précaution  indispensable  d'y  tout  réunir  en 
un  seul  membre,  sous  la  forme  usitée/(x,y)=0:  car  un  produit 
étant  nul  par  cela  même  qu'un  de  ses  facteurs  l'est,  à  moins 
que  l'autre  ne  devint  accidentellement  infini,  et  ne  pouvant 


24  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

d'ailleurs  être  autrement  annulé,  il  est  évident  que  le  lieu  géo- 
métrique de  Téquation  /  {x,y)  X  ?  0^,^)  =  0  consiste  dans 
Tassemblage  des  deux  lignes  séparément  issues  des  équations 
f  [x^y)  =  0,  <p  [x^y]  =  0.  D'après  cela,  si  des  équations  repré- 
sentaient des  portions  de  ligne,  on  pourrait,  par  leur  produit, 
représenter  le  contour  discontinu  qui  résulterait  de  leur  juxta- 
position. MaiS;  dans  le  système  actuel,  on  ne  pourrait,  au  con- 
traire, en  multipliant  ensemble,  par  exemple,  les  équations  des 
trois  côtés  d'un  triangle,  nullement  former  une  équation  qui 
fût  restreinte  à  son  périmètre  ;  elle  conviendrait  aussi  à  tous  les 
points  situés  sur  les  prolongements  indéfinis  des  divers  côtés. 
Ainsi  la  lacune  de  notre  géométrie  analytique,  relativement  aux 
parties  de  ligne,  s'aggrave  beaucoup  d'après  ses  suites  néces* 
saires  envers  les  contours  composés,  dont  la  considération  doit 
naturellement  s'offrir  en  divers  cas  importants,  surtout  en  ther- 
mologie  mathématique.  La  conception  analytique  de  Fourier  a 
remédié  au  second  inconvénient  de  la  même  manière  qu'au  pre- 
mier, et  d'ailleurs  indépendamment  du  principe  de  la  multipli- 
cation, mais  toujours  par  des  procédés  trop  pénibles  pour  être 
admis  dans  l'enseignement  élémentaire  de  la  géométrie  géné- 
rale, que  nous  continuerons  à  concevoir  grevée  de  cette  double 
imperfection  naturelle. 

Sous  le  second  aspect  fondamental,  la  représentation  des 
équations  par  les  lignes  correspondantes  doit  être  jugée  babi" 
!  tuellement  imparfaite,  en  ce  sens  qu'on  n'y  tient  compte  que 
des  seules  solutions  réelles,  sans  aucun  égard  aux  solutions  ima- 
ginaires, qui  néanmoins  en  restent  abstraitement  inséparables, 
et  qui  souvent  sont  bien  plus  nombreuses^  au  point  de  consti- 
tuer quelquefois  l 'unique  réponse  que  comporte  l'équation, 
même  en  n'attribuant  que  des  valeurs  réelles  à  la  variable  in- 
dépendante, suivant  un  usage  d'ailleurs  déjà  contraire  à  l'en- 
tière généralité  analytique.  11  ne  faut  pas  croire  cependant  que 


«        PREMIERE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  *io 

rimagiaarité  de  ces  solutions  doive,  en  principe,  leur  interdire 
nécessairement  toute  interprétation  géométrique,  puisqu'elles 
ont  entre  elles  des  relations  très-appréciables,  aussi  bien  géo- 
métriquement qu'algébriquement  ;  sauf  la  précaution  très-fa- 
cile de  tracer  différemment  la  partie  du  tableau  total  qui  les  con- 
cerne, par  exemple  en  la  ponctuant.  C'est  ainsi  que  l'équation 
X*  -f-  y*  =3  1  qui,  dans  le  mode  ordinaire,  n'est  représentée 
qu'entre  a:  =  —  1  etx  =  -}-l,  par  le  cercle  0  A  (fig.  4),  pro- 
duirait, en  outre,  l'hyperbole  BCB'C,  si  l'on  convenait  de 
construire,  abstraction  faite  du  facteur  commun  v/ — 1,  les  or- 
données imaginaires  qui  correspondent  à  toutes  les  autres  ab- 
scisses réelles.  Mais  une  semblable  peinture  des  solutions  ima- 
ginaires ne  saurait  convenir  jusqu'ici  qu'à  un  petit  nombre  de 
cas  suffisamment  simples,  en  dehors  desquels  l'imperfection  né- 
cessaire de  l'analyse  mathématique  empêchera  probablement 
toujours  de  compléter  convenablement  la  représentation  géo- 
métrique des  équations  (*).  Nous  regarderons  donc  aussi  cette 
seconde  lacune  générale  comme  inhérente  à  notre  système  ac- 
tuel de  géométrie  analytique,  et  nous  en  subirons  les  consé- 
quences naturelles,  sans  nous  occuper  ici  du  remède. 

Celle  de  ces  conséquences  qu'il  importe  le  plus  de  prévoir 
déjà  consiste  dans  l'altération  que  reçoit  ainsi,  en  certains  cas, 
le  principe  fondamental  posé  ci-dessus  sur  la  représentation 
nécessaire  de  tout&  équation  par  une  ligne.  En  effet,  si  l'équa- 
tion n'admet  qu'une  seule  solution  réelle,  comme  par  exemple, 
X*  -}-  y'«=0,  qui  n'est  satisfaite  que  par  x^=^0,y  =  0,  ou  si  elle 


(*)  Un  jeune  géomètre,  M.  Marie,  ancien  élève  de  TÉcoIe  polytechnique^ 
vient  de  concevoir  celte  peinture  des  solutions  imaginaires  d^une  manière 
plus  profonde  et  plus  générale  que  dans  aucune  des  tentatives  antérieures) 
de  façon  à  obtenir  quelquefois  d'heureux  rapprochements  inattendus,  et 
sans  se  faire  d'ailleurs  aucune  grave  illusion  sur  la  réalisation  usuelle 
d'un  tel  perfectionnement. 

10 


26  GÉOMÉTHIË   PLANE. 

n'en  comporte  qu'un  nombre  limité,  elle  ne  produira  géomé- 
Iriquemenl  qu'un  pareil  nombre  de  points,  qui  pourraient  même 
provenir  aussi  d'une  infinité  d'autres  équations,  en  sorte  que 
la  figure  sera  loin  dès  lors  de  caractériser  effectivement  l'équa- 
tion correspondante.  Quand  l'équation  ne  comportera  aucune 
solution  réelle,  elle  n'aura  plus  aucune  sorte  de  lieu  géomé- 
trique, et  cette  commune  fin  de  non-reccvoir,  relative  non  à  la 
nécessité  mais  à  notre  impuissance,  enveloppera  confusément 
une  foule  d'équations  qui,  analytiquement^  sont  très-distinctes 
entre  elles,  comme  a:'-f  y'-^-i=O,x*+y*+^==0,x*-f-y*^-l=0, 
y*-|-^s=0,  etc.  D'après  une  telle  lacune,  certaines  modifica- 
tions analytiques  ne  comporteront  aucune  interprétation  géo- 
métrique ;  c'est  ainsi  qu'on  ne  changerait  nullement  le  lieu 
d'une  équation  en  la  multipliant  par  Tune  quelconque  des  pré- 
cédentes, quoiqu'elle  fût  alors  algébriquement  dénaturée. 

9.  Pour  achever  d'éclaîrcir  autant  que  possible  cette  exposi- 
tion élémentaire  de  la  conception  fondamentale  propre  à  l'en- 
semble de  la  géométrie  analytique,  il  reste  maintenant  à  indi- 
quer une  importante  considération  générale,  trop  méconnue 
jusqu'ici,  qui  mettra  dans  un  plus  grand  jour  la  correspon- 
dance nécessaire  entre  les  idées  de  ligne  et  les  idées  d'équation, 
en  faisant  sentir  que  non-seulement  chaque  définition  rigou- 
reuse d'une  courbe  doit  pouvoir  donner  lieu  à  une  équation 
correspondante  entre  telles  coordonnées  qu'on  voudra,  mais 
qu'elle-même  constitue  '  déjà  une  première  équation  de  la 
courbe,  relativement  à  un  certain  système  de  coordonnées, 
en  harmonie  convenable  avec  cette  définition.  Toutefois,  afin 
d'éviter,  à  cet  égard,  toute  confusion  et  toute  exagération,  il 
faut  d'abord  restreindre  une  telle  remarque  aux  seules  défini- 
tions qui  indiquent  une  génération  de  la  ligne  proposée,  de 
manière  à  fournir  aussitôt  une  description  par  points  ou  par 
un  mouvement  continu,  restriction  qui  n'altère  point  la  gêné- 


r-*  -  « 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  27 

ralité  intrinsèque  d'une  telle  observation,  puisqu'une  courbe 
quelconquecomportenécessairementdesemblables  définitions, 
lors  même  qu'elle  ne  serait  d'abord  définie  que  d'après  une 
propriété    caractéristique   qui  ne   serait  point   explicative, 
comme,  par  exemple,   la  propriété  isopérimètre  du  cercle, 
ci-dessus  rappelée.  Sauf  cette  unique  réserve,  il  est  aisé  de 
comprendre  qu'on  ne  peut  spécifier  la  génération  d'une  courbe 
que  suivant  quelque  relation  immédiate,  ordinairement  très- 
shnple,  entre  certaines  coordonnées  naturelles  qui  s'y  rap- 
portent :  les  difficultés  qu'on  éprouverait  d'abord  à  sentii*  cette 
évidente  nécessité  ne  pourraient  tenir  essentiellement  qu'à 
une  manière  trop  étroite  d'envisager  la  notion  générale  des 
systèmes  de  coordonnées,  et  cesseraient  dès  qu'on  attribuerait 
communémentà  cette  conception  préliminaire  toute  l'extension 
philosophique  que  nous  lui  avons  donnée  précédemment.  Par 
exemple,  la  définition  élémentaire  du  cercle  constitue  sponta- 
nément l'équation  polaire  de  cette  courbe  t^=ar,  en  prenant  le 
pôle  au  centre  ;  sa  définition  comme  lieu  du  sommet  d'un  angle 
invariable  v  dont  chaque  côté  passe  par  un  point  fixe,  se  traduit 
immédiatement  par  l'équation  «p  —  ^^  =  «,  entre  les  coordon- 
nées angulaires  qui  mesurent  les  inclinaisons  variables  des 
côtés  mobiles  sur  l'axe  fixe  ;  la  définition  de  l'ellipse  ou  de 
l'hyperbole  comme  lieux  d'un  point  dont  la  somme  ou  la  diffé- 
rence des  distances  à  deux  points  fixes  demeure  constante, 
donne  aussitôt  l'équation  u  ±:  t=c^  dans  le  système  de  coor- 
données qui  détermine  la  position  d'un  point  d'après  ses 
distances  aux  deux  points  fixes  proposés  ;  la  génération  com- 
mune des  trois  sections  coniques  par  le  mouvement  d'un  point 
dont  les  distances  à  un  point  fixe  et  à  une  droite  fixe  sont 
constamment  proportionnelles,  fournit  sur-le-champ  l'équa- 
Uon  w*«=wi/,  dans  le  système,  moitié  rectiligne,  moitié  polaire, 
qui  correspond  à  cette  définition  :  il  en  est  de  même  envere  les 


28  (;ÉOMÉTRIE   PLANE. 

courbes  Iransceiidanles,  ainsi  que  nous  aurons  lieu  de  le  consta- 
ter spécialement  sur  la  définition  ordinaire  de  lacycloïde,  et  en 
plusieurs  autres  cas.  Userait  maintenant  superflu  de  multiplier 
davantage  de  telles  vérifications,  que  j'aurai  soin  de  signaler 
ensuite  en  chaque  cas  opportun.  On  conçoit  aisément,  en  prin- 
cipe, que  la  génération  d'une  ligne  ne  saurait  être  définie 
qu'en  spécifiant  la  loi  du  mouvement  du  point  décrivant  :  or, 
cette  loi  ne  comporte  de  définition  précise  que  d'aprèfs  une  cer- 
taine relation  entre*  les  deux  mouvements  quelconques,  soit  de 
translation,  soit  de  rotation,  dans  lesquels  on  décompose  le 
mouvement  proposé  ;  cette  relation,  envisagée  sous  un  autre 
aspect,  constituera  donc  l'équation  naturelle  de  la  ligne  consi- 
dérée, par  rapport  au  système  de  coordonnées  correspondant, 
qui  variera  avec  la  ligne,  et  surtout  avec  la  définition.  Cette 
considération  générale,  inconnue  avant  moi,  rend  plus  évi- 
dente l'harmoniefondamentale  entre  les  lignes  et  les  équations, 
en  dégageant  spontanément  sa  notion  philosophique  de  toute 
difficulté  relative  à  la  formation  effective  de  chaque  équation 
cherchée  :  car,  si,  d'après  ce  principe,  toute  courbe  a  directe- 
ment une  équation  en  un  certain  système  de  coordonnées,  on 
ne  saurait  plus  douter  qu'elle  ne  doive  également  en  comporter 
d'équivalentes  en  tous  les  autres  systèmes,  sauf  les  obstacles 
que  pourra  présenter  l'accomplissement  de  la  transition. 

En  même  temps,  on  apprécie  ainsi  en  quoi  consiste  essentiel- 
lement l'embarras  .qu'offre  souvent  l'établissement  des  équa- 
tions. Il  ne  pourrait  jamais  susciter  aucune  grave  difficulté,  si 
l'on  avaittoujours  le  choix  du  système  de  coordonnées,  puisque 
l'équation  s'obtiendrait  aussitôt  en  adoptant  celui  qui  convien- 
drait à  la  définition  proposée.  Mais,  par  des  motifs  qui  vont 
être  ci-dessous  indiqués,  on  doit  communément  s'astreindre  à 
un  système  uniforme  prescrit  d'avance,  et  surtout  au  système 
rectiligne  proprement  dit,  qui  n*estpas  constamment,  ni  même 


PREMIÈRE   PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  29 

habituellement,  le  mieux  adapté  à  la  formation  des  équations. 
On  voit  donc  que  la  principale  difficulté  qui  soit  propre  à  cette 
formation  doit  consister,  en  général,  dans  le  passage  du 
système  primitif  et  naturel  à  ce  système  définitif  et  artificiel. 
Cette  appréciation  comporte  une  grande  utilité  pratique  dans 
loute  la  géométrie  analytique,  en  foiirnissant  Tunique  conseil 
efficace  que  puisse  admettre  cet  inévitable  préambule,  qui,  de 
sa  nature,  ne  saurait  ôtre  assujetti  à  aucune  méthode  systéma- 
tique. Il  faut,  en  effet,  diaprés  cela,  toujours  partir  de  cette 
équation  spontanée  inhérente  à  chaque  définition,  et  diriger 
ensuite  tous  les  efforts  spéciaux  vers  Télimination  de  ces  coor- 
données primitives,  à  l'aide  des  deux  relations  que  Ton  décou- 
vrira entre  elles  et  les  coordonnées  définitives  ;  en  employant 
d'ailleurs  quelquefois,  à  titre  d'auxiliaire,  suivant  l'esprit 
ordinaire  des  recherches  mathématiques,  un  système  intermé- 
diaire, ou  même  plusieurs,  n'ayant  alors  d'autre  destination 
que  de  faciliter  cette  indispensable  transition.  Une  judicieuse 
application  de  ce  conseil  général,  sans  dissiper  la  difficulté, 
souvent  très-grande,  que  présente  la  formation  des  équations, 
tendra  du  moins  à  prévenir  la  vicieuse  déperdition  de  forces 
qui  résulte  si  fréquemment,  à  cet  égard,  de  tentatives  empi* 
riques  et  désordonnées,  dont  le  succès  serait  presque  impos- 
sible. 

10.  La  considération  précédente  nous  conduit  naturellement 
à  compléter  enfin  notre  exposition  fondamentale,  par  Tappré- 
ciation  générale  des  motifs  qui  ont  mérité,  en  géométrie  analy- 
tique, au  système  rectiligne  proprement  dit,  la  préférence 
universelle  que  lui  a  justement  accordée  jusqu'ici  un  usage 
essentiellement  spontané,  mais  qui  doit  désormais  résulter 
d'une  comparaison  rationnelle. 

Pour  que  cette  discussion  soit  lumineuse  et  décisive,  il  im- 
porte d'y  séparer  d'abord  les  deux  aspects  élémentaires  dont  la 


30  GÉOMÉTRIE  PLANE, 

nouvelle  géométrie  présente  la  combinaison  permanente  ;  car 
le  choix  proposé  doit  être  fort  différent  selon  qu'on  envisage 
la  représentation  analytique  des  lignes  ou  la  peinture  géomé- 
trique des  équations. 

Sous  le  premier  aspect,  provisoirement  isolé,  aucun  système 
de  coordonnées  ne  saurait,  évidemment,  mériter  une  préfé- 
rence invariable,  soit  quant  à  la  facilité  de  former  Téquation 
de  chaque  ligne,  soit  quant  à  la  simplicité  de  Téquation  obte- 
nue :  puisque,  d'après  le  numéro  précédent,  c'est  tantôt  dans 
un  système  et  tantôt  dans  un  autre  que  chaque  définition  four- 
nit aussitôt  une  équation  très-simple.  L'usage  prépondérant  du 
système  rectiligne  ne  saurait  donc  résulter  nullement  de  ce 
premier  ordre  de  motifs,  qui  conduirait  à  choisir  successive- 
ment chacun  des  autres  systèmes  imaginables,  pour  les  cas 
auxquels  leur  nature  les  adapterait. 

Mais  il  n'en  est  plus  ainsi  sous  le  second  aspect,  qui  mani- 
feste clairement  une  supériorité  constante  et  nécessaire  de  ce 
système  envers  tout  autre,  en  ce  qui  concerne  la  représenta- 
tion géométrique  des  équations,  quant  à  la  facilité  et  h  la 
netteté  d'une  telle  peinture,  et,  par  suite,  quant  à  sa  princi- 
pale efficacité  logique.  Cet  avantage  résulte  d'abord  de  la 
nature  des  lignes  employées,  puisque  les  points  y  sont  évidem- 

• 

ment  déterminés  par  l'intersection  des  plus  simples  lignes 
possibles.  Toutefois,  cetle  première  explication  serait  insuffi- 
sante ;  car  il  existe,  comme  nous  l'avons  déjà  reconnu,  une 
infinité  d'autres  systèmes  de  coordonnées  où  Ton  n'introduit 
également  que  des  lignes  droites.  Il  faut  donc,  pour  préciser 
convenablement  une  telle  discussion,  avoir  aussi  égard  au 
mode  de  variation  de  ces  lignes  ;  ce  qui  achève  de  mettre  en 
évidence  cette  supériorité  générale  du  système  ordinaire  :  en 
effet,  le  déplacement  d'une  droite,  par  une  pure  translation, 
parallèlement  à  un  axe  fixe,  constitue  certainement  la  plus 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  31 

grande  simplicité  possible  dans  une  image  géométrique  qui^ 
par  sa  destination,  doit  toujours  contenir  quelque  élément 
variable.  On  peut  donc  regarder  ce  système  comme  étant 
nécessairement  celui  où  Ton  se  représente  le  mieux  la  cor- 
respondance élémentaire  entre  le  mouvement  du  point  et  la 
variation  numérique  de  ses  coordonnées  ;  d*où  Ton  doit  con- 
clure son  aptitude  supérieure  à  l'interprétation  géométrique 
de  toutes  les  considérations  analytiques. 

En  prolongeant  davantage  cette  appréciation,  on  peut  mémo 
expliquer  la  préférence  habituellement  accordée,  dans  Tusagc 
du  système  rectiligne,  à  l'emploi  d'axes  rectangulaires.  Ce 
choix  ne  tient  point  essentiellement  à  la  notion  plus  familière 
d'une  telle  inclinaison,  ni  d'ailleurs  aux  simpliflcations  analy- 
tiques qu'elle  comporte  souvent,  mais  qui,  en  certains  cas, 
appartiendraient^  au  contraire,  à  d'autres  angles.  Suivant  un 
motif  à  la  fois  plus  constant  et  plus  profond,  cette  disposition 
des  axes  doit  être  envisagée  comme  la  plus  convenable  à  la 
représentation  géométrique,  qui  ne  pourrait  autrement  s'ac- 
complir ordinairement  d'une  manière  aussi  fidèle.  En  effet, 
des  axes  rectangulaires  partagent  le  plan  en  quatre  régions 
exactement  identiques,  entre  lesquelles  le  lieu  géométrique, 
qui  presque  toujours  en  occupe  plusieurs,  ne  pourra  présenter 
de  diversités  graphiques  que  celles  qui  proviendront  des  solu- 
tions correspondantes  de  l'équation  proposée.  Au  contraire, 
avec  des  axes  obliques,  chacune  de  ces  régions  n'est  égale  qu'à 
son  opposée  et  diffère  de  son  adjacente,  où  la  peinture  de 
l'équation  sera  altérée  par  l'emploi  d'une  nouvelle  obliquité, 
indépendamment  de  toute  source  analytique.  Si  l'on  considère, 
par  exemple ,  une  équation  où  le  changement  de  signe  de 
Tabscisse  n'influe  point  sur  l'ordonnée,  comme  a:^4-y*e=l, 
^  +  y*  =  li  c'C'ï  la  courbe,  alors  étendue  dans  les  quatre 
rt*gions,    devrait   naturellement,    pour    peindre    fidèlement 


32  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

réquation,  y  offrir  quatre  parties  symétriques,  susceptibles 
d'une  parfaite  coïncidence  :  or,  cette  condition,  spontanément 
remplie  avec  des  axes  rectangulaires,  ne  saurait  Têtre  suffisam- 
ment avec  des  axes  obliques,  qui,  n'égalant  ces  quatre  por- 
tions que  deux  à  deux,  indiqueront  une  vicieuse  diversité  là  où 
l'équation  prescrit  une  entière  identité  ;  un  tel  tableau  serait 
alors  peu  propre  à  faciliter  les  spéculations  analytiques,  sui- 
vant sa  principale  destination  logique,  puisqu'on  ne  pourrait 
l'employer  qu'en  s'y  tenant  sans  cesse  en  garde  contre  une  sem- 
blable discordance. 

L'ensemble  de  l'appréciation  précédente  explique  suffisam- 
ment l'usage  qui  s'est  conservé,  depuis  Torigine  de  la  géométrie 
analytique,  de  préférer  habituellement,  à  tout  autre  système  de 
coordonnées,  le  système  rectiligne  et  rectangulaire,  le  seul 
dans  lequel  seront  ici  construites  nos  diverses  théories  géné- 
rales. Mais  on  conçoit  aussi  que,  malgré  sa  supériorité  con- 
stante pour  la  discussion  géométrique  des  équations,  il  doive 
être  quelquefois  abandonné  envers  certaines  courbes,  afin  d'é- 
viter la  trop  grande  complication  des  équations  correspon- 
dantes. Dans  les  applications  concrètes  de  la  géométrie  ab- 
straite, on  peut  d'ailleurs  employer  spécialement  d'autres 
coordonnées  sans  avoir  même  en  vue  la  simplification  des 
équations,  et  uniquement  comme  susceptibles  d'une  meilleure 
interprétation  physique  :  c'est  ainsi  que  les  astronomes  ont  été 
conduits  à  préférer  habituellement  les  équations  polaires,  à 
l'égard  de  courbes  dont  les  équations  rectilignes  seraient  pour- 
tant plus  simples, 

11.  Le  système  polaire  étant  jusqu'ici  le  seul  réellement 
usité  quand  on  renonce  au  système  rectiligne,  il  importe  de 
spécifier  envers  lui  la  comparaison  générale  que  nous  venons 
d'établir,  en  faisant  ressortir  les  imperfections  élémentaires  qui 
le  rendent  très  peu  propre  à  une  convenable  peinture  des 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  33 

équations,  outre  la  moindre  facilité,  et  par  suite  la  moindre 
netteté  que  présente,  à  cet  égard,  sa  nature  opposée  à  celle  de 
l'autre  système,  d'après  les  motifs  ci-dessus  indiqués.  On  doit 
reconnaître,  en  effet,  que,,  sous  deux  aspects  essentiels,  il 
ne  comporte  pas  même  une  entière  fidélité,  en  ce  sens  que  des 
solutions  analytiquement  distinctes  y  sont  quelquefois  repré- 
sentées par  un  même  point,  sans  que  le  tableau  géométrique 
puisse  alors  tenir  aucun  compte  de  leurs  différences  numéri- 
ques. Cette  confusion  élémentaire  a  d'abord  lieu  quand  une 
même  valeur  de  l'ordonnée  linéaire  correspond  à  deux  valeurs 
de  l'ordonnée  angulaire  qui  diffèrent  entre  elles  de  quatre  an- 
gles droits,  ou  de  tout  multiple  entier  de  36(y,  ce  qui  peut 
souvent  survenir,  et,  par  exemple,  toutes  les  fois  que  l'équa- 
tion proposée  contient  seulement  des  fonctions  trigonométriques 
de  l'angle-:  en  de  tels  cas,  la  nature  du  système  polaire  em- 
pêche certainement  la  représentation  géométrique  de  ces  di- 
versités numériques  ;  ce  qui  ne  peut  jamais  exister  avec  des 
coordonnées  rectilignes,  ni  même  d'après  beaucoup  d'autres 
systèmes.  Aussi  le  système  polaire  est-il  justement  réservé, 
d^ordinaire,  pour  les  équations  qui  contiennent  l'angle  algébri- 
quement, comme  celles  des  spirales,  et  doit-il  être  spéciale- 
ment évité  envers  celles  qui  n'en  renferment  que  des  fonctions 
périodiques.  Mais  une  semblable  confusion  se  manifeste,  d'une 
manière  encore  plus  grave,  sous  un  autre  aspect  plus  universel, 
d'après  l'impuissance  nécessaire  du  système  polaire  pour  re- 
présenter géométriquement  les  différences  de  signe  -f-  ou  — , 
quand  elles  n'affectent  que  le  rayon  vecteur.  Le  besoin,  propre 
au.système  rectiligne,  d'attribuer  des  signes  aux  coordonnées, 
afin  d'y  compléter  les  déterminations  élémentaires,  a  été  heu- 
reusement converti,  par  Descaries,  en  une  précieuse  aptitude  à 
peindre  géométriquement  ce  genre  important  de  diversités 
analytiques.  Au  contraire,  l'indépendance  même  d  une  telle 


34  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

obligation,  qui  semble  d'abord  devoir  constituer  un  avantage 
du  système  polaire,  y  est  réciproquement  devenue  la  source 
nécessaire  d'une  imperfection  capitale,  en  y  empêchant  essen- 
tiellement une  telle  représentation.  Toutefois,  la  vraie  nature 
de  cette  grande  loi  de  Descartes  y  permet  encore  la  peinture  du 
signe  envers  celle  des  deux  variables  que  Tangle  représente, 
puisqu'il  suffit  alors  de  compter  Tangle  en  sens  contraire  de 
celui  qu'on  a  affecté  à  ses  valeurs  positives.  Mais  si  le  change- 
ment de  signe  se  rapporte  au  rayon  vecteur,  la  construction 
polaire  n'en  pourra  certainement  tenir  aucun  compte,  une  telle 
longueur,  dont  la  direction  change  continuellement,  n'étant 
pas  susceptible  d'une  véritable  opposition  de  sens.  C'est  à  tort 
que  Ton  croit  quelquefois  l'avoir  représenté,  en  portant  les  va- 
leurs négatives  de  chaque  rayon  vecteur  à  l'opposé  de  la  di- 
rection qu'on  leur  eût  attribuée,  d'après  l'angle  correspon- 
dant, si  elles  eussent  été  positives,  comme  OM'  comparé  à 
OM  (Jig,  2).  11  est  clair,  en  effet,  que  OM'  ne  correspond  pas 
réellement  à  l'angle  ®,  mais  à  la  valeur  180°  -}-  cp,  qui,  suivant 
ce  mode,  ne  pourrait  plus  trouver,  sur  la  ligure,  aucune  place 
distincte.  Une  telle  erreur  provient  sans  doute  de  l'habitude 
trop  exclusive  d'équations  polaires  où  cette  opposition  de  va- 
leurs n'est  point  assez  marquée^  à  cause  de  fonctions  purement 
trigonométriques  de  <p.  Mais  il  suffirait  de  considérer,  par 
exemple,  les  équations  des  spirales  t/=â(p,  2/^  =  ^9, 1/9»=  âr, 
w=a?,  etc.,  pour  sentir  aussitôt  l'inconvenance  générale  d'une 
telle  interprétation. 

Comme    cette    dernière   explication,  quelque    rationnelle 
qu'elle  soit  spontanément,  se  trouve  néanmoins  directement 
contraire  à  un  usage  scolastique  devenu  très-commun,  il  im- 
porte de  rappeler  incidemment,  à  ce  sujet,  le  véritable  esprit, 
>'  aujourd'hui  trop  méconnu,  de  la  grande  loi  découverte  par 
\  Descartes  sur  la  destination  concrète  du  signe  +  ou  — ■  dans  les 


PREMIÈRE   PARTIE,    CMAPiTRË   PREBUER.  35 

relations  analytiques.  U  faut  d'abord  reconnaître  que  cette  pro- 
position capitale  de  philosophie  mathématique  n'est  réellement 
démontrée  encore  que  d'après  desimplesvérifications spéciales, 
sans  aucune  appréciation  directe  et  générale  :  seulement  ces  vé- 
rifications sont  maintenant  beaucoup  plus  multipliées,  et  sur- 
tout plus  variées,  qu'elles  ne  pouvaient  l'être  pour  Descartes, 
dont  le  génie  analogique  fit  surgir  cette  admirable  induction  de 
l'heureux  rapprochement  d'un  très-petit  nombre  de  cas.  Les 
géomètres  actuels  se  montrent  même  quelquefois,  il  faut  l'a- 
vouer, moins  avancés,  à  certains  égards,  sous  ce  rapport,  que 
ceux  du  dix-septième  siècle;  en  ce  que,  répugnant  trop  à  une 
logique  purement  inductive,  ils  prennent  souvent,  à  ce  sujet, 
des  vérifications  très-bornées  pour  de  vraies  démonstrations. 
Peut-être  faut-il  penser  d'ailleurs  qu'une  telle  proposition  ne 
comporte  pas  d'explication  à  priori,  et  doit  toujours  rester 
fondée  sur  de  pures  inductions,  sans  que  sa  certitude  en  soit 
toutefois  affectée  :  du  moins  l'impuissance  radicale  des  efforts 
tentés,  à  cette  fin,  depuis  deux  siècles,  et  quelquefois  par  des 
esprits  supérieurs,  autorise  beaucoup  une  semblable  opinion. 
Quoique  la  science  mathématique  soit  celle  de  toutes  où  l'ex- 
trême simplicité  du  sujet  comporte  le  plus  l'emploi  prépondé- 
rant des  déductions,  il  n'y  saurait  pourtant  être  tout  à  fait  ex- 
clusif, et  quelques  notions  capitales  y  doivent  sans  doute 
demeurer,  comme  celle-ci,  purement  induclives.  En  accep- 
tant, du  moins  quant  à  présent,  cette  irrécusable  nécessité,  il 
faut  s'attacher  surtout  à  bien  reconnaître  le  vrai  sens  général, 
ordinairement  très-confus,  de  cette  grande  loi  cartésienne,  qui 
consiste  en  ce  que  toute  véritable  inversion,  dans  les  grandeurs  [ 
concrètes  qui  en  sont  susceptibles,  se  traduit  analytiquement  ' 
par  le  changement  de  signe  des  valeurs  abstraites  correspon-'. 
dantes  :  c'est  à  dire  que,  l'équation  d'un  phénomène  quelconque 
avant  été  formée  pour  un  seul  état  de  ces  diverses  grandeurs, 


36  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

toutes  les  autres  dispositions^  souvent  très  multipliées  (selon  la 
puissance  de  2  qu'indique  leur  nombre),  qui  pourront  résulter 
de  leurs  inversions  combinées,  se  trouveront  exactement  corres- 
pondre à  des  équations  déduites  de  la  première  d'après  les  seuls 
changements  de  signe  convenables,  en  sorte  que  Tuned^elles, 
suffisamment  interprétée,  pourra  condenser  toutes  les  au- 
tres. Sans  insister  ici  sur  les  avantages,  aussi  évidents  qu'émi- 
nents,  de  cette  découverte  fondamentale,  surtout  entièrement 
indispensable  à  Tcxistence  de  la  géométrie  analytique,  on  doit 
sentir  que  cette  loi  interdit  Tinterprétalion  concrète  du  signe 
envers  les  grandeurs  qui,  comptées  suivant  des  directions  va- 
riables, ne  sauraient  comporter  une  véritable  opposition  de 
sens  ;  car,  dès  que  le  changement  de  signe  est  reconnu  expri- 
mer Tinversion,  il  ne  peut  plus  comporter  aucune  autre  attri- 
bution,  sous  peine  de  n'avoir  qu'une  destination  vague  et  même 
arbitraire.  Que  signifie,  par  exemple,  la  prétendue  différence 
de  signe  entre  les  rayons  vecteurs  OM,  OM'  appliquée  à  l'en- 
semble des  directions  ?  Elle  revient  évidemment  à  supposer  po- 
sitifs les  rayons  au-dessus  de  l'axe  0®,  et  négatifs  ceux  au-des- 
sous :  or,  la  distinction  ainsi  établie  entre  ces  deux  classes  est 
factice  et  illusoire,  comme  ne  tenant  qu*à  l'interposition  de  cet 
axe  ;  concevons  supprimée  cette  vaine  séparation,  et  il  n'y  aura 
certainement  pas  plus  de  différence  réelle  entre  OM  et  ON,  qu'on 
affecte  alors  de  signes  contraires,  qu'entre  OM  et  OK,  auxquels 
on  donne  pourtant  le  même  signe;  ce  qui  fait  aussitôt  ressortir 
combien  un  tel  usage  est  radicalement  contraire  à  toute  judi- 
cieuse interprétation  de  la  loi  du  signe  concret. 

12.  Après  avoir  entièrement  exposé  la  conception  fondamen- 
tale propre  à  Tensemble  de  la  géométrie  analytique,  il  reste  à 
compléter  ce  chapitre  préliminaire  par  deux  explications  indis- 
pensables, d'ailleurs  spontanément  corrélatives,  d'abord  sur 
la  vraie  théorie  de  l'homogénéité  géométrique ,  et  ensuite 


PREMIÈRE   PARTIE,    CHAPITRE   PREMIER.  37 

sur  la  consiruction  élémentaire   des  formules  algébriques. 
La  grande  loi  de  rhomogénéité,  la  plus  étendue  de  toutes 
celles  que  comporte  jusqu'ici  la  philosophie  mathématique, 
puisqu'elle  s'applique  nécessairement  à  toute  relation  quelcon- 
que de  l'abstrait  au  concret,  reste  encore  très  mal  conçue 
ordinairement,  quoique  j'en  aie  suffisamment  établi,  il  y  a 
treize  ans,  dans  le  tome  premier  de  ma  Philosophie  positive, 
le  véritable  esprit  général.   Pour  expliquer  ce  fait  remar- 
quable que  toute  équation  ayant  un  sens  géométrique,  et  spé-  j 
cialetnent  linéaire,  est  constamment  homogène^  c'est-à-dire, 
dans  le  cas  le  plus  usuel,  que  tous  les  termes  y  sont  naturelle- 
ment du  même  degré  algébrique,  on  se  borne  presque  toujours 
à  remarquer  cette  circonstance  évidente  envers  les  relations 
initiales  que  l'on  regarde  avec  raison  comme  la  source,  plus  ou 
moins  éloignée,  de  toutes  les  relations  possibles  entre  lignes, 
et  qui  sont  essentiellement  réductibles  au  théorème  de  Pytha- 
gore  sur  le  triangle  rectangle  et  à  celui  de  Thaïes  sur  la  pro- 
portionnalité des  côtés  entre  deux  triangles  équiangles,  propo- 
sition qui,  d'ailleurs,  comprend  logiquement  l'autre.  D'après 
cette  remarque  incontestable  sur  l'homogénéité  des  équations 
primitives^  et  en  admettant  que  ni  les  transformations  ul- 
térieures de  chacune  d'elles  ni  leurs  combinaisons  mutuelles 
ne  peuvent  jamais  altérer  un  tel  caractère,  on  aurait  suffi- 
samment démontré  qu'U  doit  s'étendre   aussi  aux  déduc- 
tions les  plus  lointaines.  Mais  cette  supposition  très^gratuite 
est  certainement  vicieuse;  sinon  quant  aux  transformations,  du 
moins  quant  à  certaines  combinaisons;  par  exemple,  lorsqu'on 
ajoute  deux  équations  homogènes  de  degrés  différents,  leur 
somme  ne  constitue  nullement  une  équation  homogène.  Il  res- 
terait donc  à  expliquer  pourquoi  les  déductions  géométriques 
ne  conduisent  jamais  à  de  tels  assemblages;  ce  qui  serait  assu- 
Irément  plus  difBcile  que  d'établir  directement  la  loi  générale  de 


38  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

riiomogénéité.  Ceux  qui  ont  senti  ce  vice  radical  de  Texplica- 
tion  la  plus  usitée,  mais  sans  remonter  pourtant  jusqu'au  vrai 
principe  philosophique  de  toute  cette  théorie, ont  été  conduits 
à  altérer  essentiellement  la  loi  elle-même,  pour  l'adapter  à 
rinsufiisance  de  leur  démonstration,  en  y  introduisant  une  al- 
ternative qui,  au  fond,  détruirait  radicalement  le  sens  effectif 
de  la  proposition.  On  fait  ainsi  consister  maintenant  le  théo- 
rème de  rhomogénéité  en  ce  que  toute  équation  géométrique 
est  nécessairement  homogène,  ou^  du  moins,  la  somme  de 
plusieurs  équations  homogènes.  Avec  un  pai*eil  énoncé,  la  pro- 
position devient  évidemment  insignifiante  :  car,  quelle  est  Té- 
quation,  écrite  au  hasard  par  un  algébriste,  qui  ne  puisse  être 
conçue  décomposée  en  équations  homogènes,  d'après  la  seule 
précaution  d'y  grouper  convenablement  les  termes  ?  11  est  cer- 
tainement impossible  que  ceux  qui  entendent  ainsi  la  loi  de 
l'homogénéité  fassent  aucun  usage  réel  des  précieux  moyens  de 
vérification  continue  qu'elle  est  surtout  destinée  à  fournir  spon- 
tanément dans  toutes  les  applications  possibles  de  l'analyse  ma- 
thématique. 

13.  Sans  nous  arrêter  davantage  à  cette  vicieuse  doctrine, 
procédons  directement  à  la  véritable  explication.  Elle  repose 
tout  entière  sur  cet  unique  principe,  aussi  général  qu'évident  : 
Texactitude  de  toute  relation  concrète,  soit  géométrique,  soit 
même  mécanique,  ou  physique,  etc.,  étant  nécessairement  in- 
dépendante de  la  grandeur  de  l'unité  ou  des  unités  qu'on  a  in- 
troduites pour  l'évaluation  numérique,  l'équation  correspon- 
dante doit  rester  inaltérable  quand  on  y  fait  subir,  à  chacune 
des  quantités  élémentaires,  la  variation  résultée  du  changement 
d'unité,  et  qui  consiste  à  les  multiplier  toutes  par  un  môme  fac- 
teur arbitraire.  Afin  de  mieux  apprécier  les  conséquences  ana- 
lytiques d'une  telle  propriété  envers  les  équations  algébriques 
proprement  dites,  où  il  faut  surtout  la  spécifier,  il  importe  de 


PREMIÈRE   PARTIE,    CHAPITRE    PREMIER.  39 

distinguer  deux  casgénéraux,  selon  que  la  relation  ne  contient 
que  des  grandeurs  d'une  seule  espèce,  ou  qu'elle  en  renferme 
à  la  fois  de  plusieurs  sortes  distinctes. 

Dans  le  premier  cas,  le  plus  commun  en  géométrie  analyti- 
que, en  supposant,  pour  fixei;^  les  idées,  qu'il  s'agisse,  par 
exemple,  d'une  relation  entre  lignes,  tout  se  réduit  à  bien  ap- 
précier l'effet  isolé  du  changement  proposé  sur  chaque  terme  de 
l'équation.  Or,  en  rendant  m  fois  plus  grands  tous  les  facteurs 
qui  expriment  les  lignes  considérées,  il  est  aisé  de  reconnaître 
d'ahord  que  tout  terme  du  premier  degré  se  trouvera  aussi  mul- 
tiplié par  m,  quelle  que  soit  sa  forme  algébrique,  non-seulement 

quand  il  est  rationnel  et  entier,  comme  3a,  -  a^na^  etc.,  mais 

o 

.  1  »i      1  r     i-         •  ^^    abcd     ^ 

aussi  lorsqu  il  est  fractionnaire,  comme  — ,  — :?— ,  etc.,  ou 

môme  irrationnel,  comme 

V  «*^    V/   f  ;  '    V/ >  \/abcde,  etc., 

en  estimant  toujours  le  degré  suivant  les  règles  ordinaires  de 
l'algèbre  ;  sauf  l'indispensable  précaution  de  n'y  jamais  compter 
que  les  facteurs  vraiment  linéaires,  sans  aucune  participation 
de  ceux  qui,  à  divers  titres,  ne  sont  pas  altérables  par  le  chan- 
gement d'unité.  Cela  posé,  chacun  des  termes  de  degré  supérieur 
deviendra  ainsi,  avec  une  forme  quelconque,  m*,  m%  m*,  etc., 
fois  plus  grand,  selon  qu'il  sera  du  2"",  3"%  4'»%  etc.,  degré,  en 
tant  que  produit  d'un  pareil  nombre  de  facteurs  du  premier  de- 
gré. En  résumé^  tous  les  termes  d'un  même  degré,  quelle  que  soit 
leur  dissemblance  algébrique,  varieront  alors  en  même  raison, 
et  tous  ceux  de  degrés  différents,  quelque  similitude  que  puisse 
offrir  leur  composition,  se  trouveront  inégalement  multipliés. 
On  voit  parla  que  l'équation  ne  pourra  supporter  sans  altération 
la  modification  proposée,  que  d'après  une  exacte  parité  de  degré 


40  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

en  Ire  tous  ses  termes  :  ce  qui  constitue  la  partie  la  plu  s  usuelle  de 
laloi  d'homogénéité  ,en  ce  qui  concerne  les  équations  algébriques 
proprement  dites.  Quant  aux  équations  dites  transcendantes, 
c'est-à-dire exponentielles,iogarithmiques,  etc.,  le  même  prin- 
cipe fondamental  y  fournirait  d'équivalentes  conditions  analyti- 
ques,  sous  des  formes  variables  avec  la  nature  des  fonctions,  et 
qu'il  serait  superflu,  surtout  en  ce  traité,  de  spécifler  d'avance. 
En  considérant  maintenantlesecond  cas  général, il  peut  offrir 
deux  modes  très-distincts,  selon  que  les  diverses  unités  hétéro- 
gènes sont  indépendantes  entre  elles  ou  subordonnées  Tune  à 
l'autre.  Si  elles  n'ont  aucune  liaison  nécessaire,  comme  il  ar- 
rive, en  géométrie,  pour  les  relations  à  la  fois  linéaires  et  an- 
gulaires,  la  loi  d^homogénéité  conservera  évidemmentle  môme 
sens  fondamental,  mais  avec  une  plus  grande  variété  de  pres- 
criptions que  dans  le  premier  cas,  puisque  tous  les  termes  de- 
vront alorsprésenter  le  môme  degré,  soit  qu'on  y  compte  uni- 
quement les  facteurs  linéaires,  ou  seulement  les  facteurs  angu- 
laires, ou  simultanément  les  deux  sortes,  en  vertu  du  change- 
ment correspondant  de  chacune  ou  de  plusieurs  de  ces  unités 
indépendantes.  Mais  quand,  au  contraire,  les  unités  doivent, 
quoique  hétérogènes,  conserver  une  subordination  déterminée, 
la  loi  se  trouve  nécessairement  modifiée,  en  ce  que  l'on  n'y 
peut  plus  estimer  le  degré  de  chaque  terme,  suivant  l'usage 
purement  algébrique,  d'après  la  simple  énumération  uniforme 
des  facteurs  convenables  :  il  faut  alors  apprécier  ces  divers 
facteurS)  selon  leurs  sources  respectives,  en  leur  appliquant 
une  certaine  pondération  analytique,  dérivée  de  la  liaison  pri- 
mitive des  unités.  Pour  formuler  cette  pondération  dans  les 
équations  géométriques,  où  peuvent  coexister  des  longueurs, 
des  aires,  et  des  volumes,  il  suffit  de  reconnaître  que  l'enchaî- 
nement des  trois  unités  s'y  trouve  nécessairement  tel  que,  la 
première  devenant  m  fois  plus  petite,  la  seconde  le  devient  m* 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  41 

fois,  et  Taulre  rr?  fois.  D'après  cela,  Phomogénéilé  doit  alors 
exister  en  comptant  chaque  facteur  superficiel  comme  deux,  et 
chaque  facteur  solide  comme  trois,  facteurs  linéaires.  Quoique 
.  ce  mode  diffère  essentiellement  du  précédent,  sa  nature  égale- 
ment déterminée  le  rend  tout  aussi  propre  à  fournir  spontané- 
ment, en  géométrie,  d'utiles  vérifications  algébriques. 

Dans  le  cas  le  plus  usuel,  celui  des  relations  entre  lignes, 
il  reste  à  comprendre  comment  l'homogénéité  peut  quelquefois 
cesser  effectivement,  ainsi  que  les  formules  trigonométriques 
en  offrent  beaucoup  d'exemples.  Or,  cette  cessation  ne  provient 
jamais,  comme  en  trigonométrie,  que  d'avoir  choisi  pour 
unité  l'une  même  des  lignes  à  considérer,  qui,  dès  lors  expri- 
mée par  le  nombre  1,  ne  compte  plus  parmi  les  facteurs  qui 
participent  à  l'estimation  du  degré,  d'après  l'usage  naturel  de 
négliger  toujours  numériquement  le  facteur  1,  soit  en  multi- 
plicateur, soit  en  diviseur.  Le  degré  de  chaque  terme  qui  ren- 

» 

ferme  cette  ligne  se  trouvant  ainsi  altéré,  tandis  que  celui  des 
termes  où  elle  n'entre  pas  n'a  point  changé,  on  conçoit  que 
l'homogénéité  algébrique  n'existera  plus.  Elle  continuerait  à 
subsister,  si  on  tenait  compte  convenablement  du  facteur  1  ; 
mais  alors  on  perdrait  évidemment  tout  l'avantage  analytique 
que  comporte  un  tel  choix  de  l'unité,  toujours  destiné  à  sim- 
plifier les  formules,  et  il  serait  préférable  d'adopter  une  unité 
nettement  distincte  des  lignes  en  relation. 

Suivant  une  telle  appréciation,  il  est  aisé  de  sentir,  récipro- 
quement, que  si,  en  partant  d'une  équation  ainsi  altérée,  on 
désire  la  rétablir  dans  son  état  primitif,  il  sufQt,  d'après  la 
loi  d'homogénéité,  d'user  du  droit  numérique  d'introduire  à  ^./^.^  ,-^ 
volonté  le  multiplicateur  ou  le  diviseur  1,  de  manière  à  rame- 
ner tous  les  termes,  en  comptant  ces  facteurs  1,  à  tel  degré 
commun  qu'on  voudra  :  en  y  remplaçant  ensuite,  pour  plus  de 

clarté,  ce  signe  1  par  une  lettre  indéterminée,  l'équation  sera 

11 


42  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

nécessairement  revenue  à  la  forme  qu'elle  aurait  eue  d'abord, 
relativement  à  une  unité  indépendante  des  lignes  considérées. 
L'usage  ordinaire  équivaut,  sans  doute,  à  la  règle  précédente, 
mais  surchargée  d'un  circuit  très-superflu  et  souvent  pénible, 
tenant  àla  notion  trop  imparfaite  qu'on  se  forme  communément 
de  la  loi  d'homogénéité.  En  général,  je  ne  crains  pas  d'assurer 
que  toute  difficulté  relative,  soit  à  la  conception  de  cette  loi, 
soit  à  son  application,  sera  spontanément  dissipée,  par  tout 
lecteur  intelligent,  en  remontant  convenablement  jusqu'au  prin- 
cipe fondamental  qui  domine  l'ensemble  de  cette  théorie^  sans 
qu'il  faille  ici  insister  davantage  sur  de  semblables  explications. 

14.  Après  avoir  suffisamment  établi  la  loi  d'homogénéité,  il 
faut  terminer  enfin  cet  indispensable  préambule  général,  en 
indiquant  sommairement  les  règles  élémentaires  de  la  construc- 
tion des  formules  algébriques,  rendues  préalablement  homo- 
gènes, suivant  le  mode  précédent. 

La  construction  d'une  formule  consiste  à  remplacer  les  opé- 
rations numériques  qu'elle  prescrit,  pourl'évaluation  de  l'incon- 
nue correspondante,  par  un  système  équivalent  d'opérations 
graphiques,  qui,  en  assemblant  convenablement  les  lignes 
proportionnelles  aux  nombres  donnés,  fasse  sortir  de  cette , 
figure  une  ligne  proportionnelle  au  nombre  cherché.  Il  im- 
porte, dès  ce  moment,  d'éviter  de  confondre  cette  construction 
des  formules  avec  la  construction  des  équations^  qui  constitue 
une  question  beaucoup  plus  difBcile  et  plus  importante, 
laquelle  serait  actuellement  prématurée,  et  se  trouvera  soi- 
gneusement traitée  à  la  fin  de  notre  étude.  Dans  la  construction 
des  équations,  il  s'agirait,  en  effet,  de  substituer  des  équiva- 
lents graphiques,  non  seulement  aux  évaluations  numériques, 
mais  aussi  et  surtout  aux  transformations  algébriques,  souvent 
impossibles,  qu'exigerait  la  résolution  analytique  des  équations 
correspondantes  :  tandis  que  nous  regardons  ici  toutes  les 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  43 

équations  possibles  comme  résolues,  et  ne  laissant  plus  à 
accomplir  qu'une  simple  détermination  arithmétique,  que  nous 
voulons  remplacer  par  une  détermination  géométrique.  Une 
telle  substitution,  quand  elle  n'exige  pas  des  figures  trop  com- 
pliquées, doit  être,  sans  doute,  très-convenable,  en  géométrie 
analytique,  pour  y  faciliter  et  y  perfectionner  Tinterprétation 
finale  des  résultats  algébriques.  Mais,  envers  les  formules  un 
peu  composées,  elle  exigerait  un  tel  assemblage  de  lignes  que 
la  solution  s'en  trouverait  plutôt  obscurcie  qu'éclaîrcie  :  aussi 
se  dispense-t-on  souvent  d'exécuter  ces  constructions,  même 
quand  elles  seraient  strictement  possibles,  et  se  borne-t-on  à 
concevoir,  en  général,  la  ligne  cherchée  d'après  l'évaluation 
numérique,  accomplie  ou  môme  seulement  projetée,  de  la  for- 
mule correspondante.  Néanmoins,  il  est  indispensable  de  con- 
naître les  règles,  d'ailleurs  très-simples,  de  cette  opération 
élémentaire,  sauf  à  en  diriger  toujours  l'usage  d'après  une 
judicieuse  appréciation  des  convenances  de  chaque  cas. 

15.  Si,  dans  ces  figures  artificielles,  on  pouvait  admettre 
indifféremment  toutes  les  lignes,  il  ne  saurait  exister  aucune 
formule  qui  ne  fût  évidemment  susceptible  d'une  construction 
quelconque,  soit  avec  les  lignes  déjà  usitées,  soit  à  l'aide  de 
lignes  nouvelles,  expressément  imaginées  à  cette  seule  fin 
comme  les  anciens  Tout  souvent  fait.  Mais,  suivant  un  antiq 
usage,  qui  mérite  d'être  soigneusement  respecté,  on  ne  juge, 
d'ordinaire,  pleinement  satisfaisantes  que  les  constructions  où 
entrent  seulement  des  lignes  droites  et  des  cercles  ;  aucune 
autre  courbe  n'étant,  en  effet,  assez  facile  à  décrire  pour  y 
devenir  vraiment  usuelle,  excepté  en  quelques  occasions  spé- 
ciales, dont  la  plupart  appartiennent  même  davantage  à  la 
construction  des  équations  qu'à  celle  des  formules  proprement 
dites,  suivant  nos  explications  ultérieures.  Or,  ainsi  conçue,  la 
construction  des  formules  est  nécessairement  restreinte,  par 


iqu4  '""  •■ 


44  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

cette  obligation  géométrique,  à  des  cas  peu  variés,  tous  rela- 
tifs aux  fonctions  purement  algébriques,  qui  môme,  quand  elles 
sont  irrationnelles,  ne  doivent  pas  contenir  de  radicaux  autres 
que  ceux  du  second  degré  ou  leurs  dérivés.  Le  point  de  vue 
général  où  nous  place  la  géométrie  analytique  explique  aussi- 
tôt une  telle  nécessité,  dont  les  anciens  avaient  péniblement 
senti  le  poids  naturel,  sans  pouvoir  en  comprendre  la  source 
rationnelle.  Elle  résulte,  en  effet,  de  ce  que,  par  la  nature  des 
équations  propres  à  la  ligne  droite  et  au  cercle,  comme  on  le 
verra  ci-après,  la  combinaison  de  ces  deu\  sortes  de  lignes  ne 
peut  jamais  correspondre  à  d'autres  fonctions  que  celles-là. 

Conformément  à  une  telle  condition  générale,  examinons 
maintenant  les  modes  élémentaires  de  construction  propres  aux 
divers  cas  algébriques  de  cette  dernière  espèce,  et  d'abord  en  ce 
qui  concerne  les  formules  rationnelles. 

Quand  elles  sont  entières,  et,  par  conséquent,  du  premier 

3  p 

degré, leurs  termes  étant  de  la  forme  2a,  5a,  -  a,  na,  -  a,  etc. 

peuvent  être  aisément  construits,  soit  immédiatement,  soit  par 
répétition,  soit  d'après  le  théorème  deslignes  proportionnelles: 
ensuite;leur  addition  et  leur  soustraction  se  transformeront  fa- 
cilement en  juxtaposition  et  superposition  des  longueurs  cor- 
respondantes. 

S'il  s'agit  de  formules  fractionnaires,  et  que  le  numérateur 
comme  le  dénominateur  en  soient  d'abord  monômes,  la  con- 
struction élémentaire  d'une  quatrième  proportionnelle  suffira 

spontanément  pour  le  cas  le  plus  simple,  a:  =  — ,  où  l'as- 

semblage  convenable  des  lignes  c,  a,  é,  suivant  la  règle 
connue,  déterminera  aussitôt  la  ligne  x  {fig.  5).  Or,  toute  au- 
tre fraction  de  ce  genre  est  réductible  à  celle-là,  à  l'aide  de  quan- 
tités auxiliaires,  susceptibles  chacune  d'une  semblable  con- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER  45 

,.       ^  abcd  ab      cd 

slruction.  Car  si  j:  =  — r:-  ,  on  pourra  poser  a:  ■=  —  X  -7-  ; 

dès  lors,  une  quatrième  proportionnelle  permettant  de  substi- 
tuer au  premier  facteur  —  une  ligne  auxiliaire  e',  la  formule 

e'cd 
deviendra  x  =  -r— ,  avec  diminution  d'une  unité  dans  le 

fg 

nombre  des  facteurs,  de  part  et  d'autre.  Dès  lors,  la  répéti- 
tion convenable  de  cette  réduction  produira  un  nouvel  abais- 
sement de  degré,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  le  dénomina- 
teur soit  ramené  au  premier  degré,  comme  dans  le  cas  élémen- 
taire, sans  jamais  exiger  d'autres  constructions  que  celles  de 
quatrièmes  proportionnelles,  en  nombre  total  égal  au  degré 
primitif  du  dénominateur. 

Quand  le  numérateur  et  le  dénominateur  sont  polynômes,  il 

faut  les  rendre  monômes  à  l'aide  de  certaines  lignes  auxiliaires, 

destinées  adonner  à  toutes  les  parties  du  numérateur  les  mêmes 

facteurs  qu'à  l'une  d'entre  elles,  sauf  un  seul  convenablement 

choisi,   et  pareillement  envers   le    dénominateur;    d'après 

quoi,  leur  composition  géométrique  ne  dépendra  finalement 

que  de  juxtapositions  ou  superpositions.  Soit,  par  exemple, 

abcde  +  fghik  —  Imnpq 

X  = -^ r =-2.  ;  on  posera 

rstu  —  noch 

fghih==^bcde\lmrvpq==abcde'  '  ^rstu;==abcd'  ynoch^=»abçd  " , 

chacune  des  lignes  auxiliaires  e\e'\d\d'\  étant  évidemment 
déterminable  par  une  suite  de  quatrièmes  proportionnelles  :  dès 

lors,  écartant  les  facteurs  communs,  on  aura  j:s=-^7{ — -771—  1 

a  — « 

dont  la  construction  ne  présente  plus  aucune  difficulté.  Le 

nombre  total  des  quatrièmes  proportionnelles  dépendra  tout  àla 

fois  du  nombre  des  termes  et  du  degré  de  chaque  polynôme^  de 


46  GÉOMÉTRIE  PLANE 

manière  à  devenir  très-considérable  dans  les  cas  un  peu  com- 
pliqués. 
Passant  maintenant  aux  formules  irrationnelles  du  second 

degré,  on  doit  regarder  la  formule  x  =  \/ab  comme  seule  sus- 
ceptible de  construction  immédiate,  diaprés  la  figure  élémen- 
taire destinée  à  tracer  une  moyenne  proportionnelle  ;  on  rem- 
placera ainsi  la  multiplication  et  Textraction  indiquées  par  des 
équivalents  graphiques,  d'où  résultera  (fig,  6)  la  ligne  x.  Or, 
tous  les  autres  cas  de  ce  genre,  quelque  compliqués  qu'ils  puis- 
sent ôtre,  sont  nécessairement  réductibles  à  celui-ci,  à  l'aide 
des  deux  sortes  de  transformations  qui  viennent  d'être  expli- 
quées, soit  quant  à  l'abaissement  du  degré  dans  les  fractions, 
soit  pour  la  composition  des  polynômes.  Toutes  les  formules  ir- 
rationnelles du  second  degré  pourraient  ainsi  être  construites 
finalement  d'après  des  quatrièmes  proportionnelles  relativesàla 
fonction  placée  sous  chaque  radical,  en  les  faisant  suivre  d'une 
moyenne  proportionnelle  relative  au  radical  lui-même.  L'em- 
ploi du  théorème  de  Py  thagore  serait  donc,  à  la  rigueur,  con- 
stamment évitable.  Cependant  son  judicieux  usage  conduira 
quelquefois,  pour  la  composition  des  polynômes,  à  des  con- 
structions plus  simples. 

Afin  de  condenser  sur  un  seul  exemple  l'application  des  di- 
verses règles  ainsi  relatives  à  la  construction  élémentaire  des 


formules  algébriques,  soit  à  construire  a:  =  V/  ^   . 

^   c—y/d 
On     commencera      par     rétablir      l'homogénéité,      d'où 


4  /af*  +  e^  \/bi 


a:  =  y }z=-y  î  désignant  l'unité.Construisant  ensuite 

c  —  y/di 

les  deux  radicaux  partiels  \/biy  \/di  par  autant  de  moyennes 

proportionnelles  h  et  A*,  et  remarquant  qu'ici  les  termes  du 

numérateur  ont  déjà  naturellement  deux  facteurs  communs, 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈME.  47 

on  aura  x  =1/  «  X  ,    ■  Dès  lors,  après  avoir  formé  a+A 

par  juxtaposition  et  c — k  par  superposition,  puis  tracé  une  qua- 
trième proportionnelle  m  à  c  —  A,  î,  et  a -f  A,  ar  résultera  fina- 
lement d*ui^e  moyenne  proportionnelle  entre  i  et  m. 

J'engage  les  commençants  à  s'exercer  spontanément  sur 
d'autres  exemples,  sans  toutefois  y  perdre  trop  de  temps. 


CHAPITRE   IL 

Principaux  exemples  préliminaires  de  la  formation  des  équations  de 
diverses  lignes  d'après  leur  génération^  et  première  ébauche  de  la 
discussion  géométrique  de  ces  équations. 

16.  La  conception  fondamentale  de  la  géométrie  analytique, 
quoique  directement  établie  dans  le  chapitre  précédent,  ne  se- 
rait pas  suffisamment  comprise,  si,  après  cette  indispensable 
exposition  générale,  nous  ne  consacrions  pas  soigneusement  le 
chapitre  actuel  àrendre  spécialement  familière  cette  intime  har- 
monie mutuelle  entre  les  lignes  et  les  équations,  par  une  con- 
venable gradation  d'exemples  caractéristiques .  Us  seront  d'ail- 
leurs choisis  de  manière  à  faire  déjà  connaître  au  lecteur  les 
principales  courbes  auxquelles  nous  devrons  ensuite  appliquer 
les  théories  essentielles  de  la  géométrie  analytique. 

Avant  tout,  il  importe  d'établir  une  formule  élémentaire  ex- 
trêmement usuelle  pour  déterminer  la  distance  de  deux  points 
d'après  leurs  coordonnées,  d'abord  et  surtout  rectilîgnes,  puis 
même  aussi  polaires.  Une  telle  considération  doit  naturellement 
être  si  fréquente  dans  la  plupart  des  opérations  de  géométrie 
analytique,  que,  en  la  formulant  ici  isolément,  on  évitera 
ensuite  de  nombreuses  et  fastidieuses  répétitions  incidentes. 

En  coordonnées  rectilignes,  il  suffira  de  mener,  par  le  point 


48  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

le  plus  bas  M'  [fig.  7),  une  parallèle  à  Taxe  des  x  jusqu'à  la 
rencontre  N  de  l'ordonnée  du  point  le  plus  élevé  M'  ',  pour  con- 
cevoir aussitôt  la  distance  cherchée  (/comme  le  troisième  côté 
d'un  triangle  M' NM",  dont  les  deux  autres  M"  N,  M'N,  sont 
respectivement  égaux  aux  différences,  y" —  y' ,x*'—x\  des 
coordonnées  correspondantes,  et  forment  un  angle  N  supplé- 
mentaire de  celui  des  axes.  Dès  lors,  si  les  axes  sont  rectangu- 
laires, ce  qui  est  le  seul  cas  vraiment  usuel,  le  théorème  de  Py- 
thagore  fournira  aussitôt  cette  formule  :  la  distance  de  deux 
points  équivaut  à  la  racine  quarrée  de  la  somme  des  quarrés 
des  différences  de  leurs  coordonnées  respectives^  ou,  en  style 

algébrique, 

Quand  les  axes  sont  obliques,  il  faut  évidemment,  d'après  la 
règle  trigonomé trique  convenable,  ajouter  sous  le  radical  le 
double  produit  des  deux  différences  parle  cosinus  de  l'angle  des 
axes,  ou  2  (y'  ' —  y  ')  [x'  ' —  x')  cos  6. 

Au  sujet  de  cette  formule  indispensable,  le  lecteur  devra 
soigneusement  vérifier,  mais  seulement  pour  les  axes  rectan- 
gulaires, comment  la  loi  du  signe  permet  de  condenser  en  une 
expression  unique  les  quatre  cas  qui  résulteraient  naturelle- 
ment, comme  l'indique  la  figure,  des  trois  autres  dispositions 
que  pourraient  offrir  les  deux  points.  Puisque  cette  grande  loi 
générale  ne  repose  vraiment  jusqu'ici  que  sur  de  simples  véri- 
fications spéciales,  il  importe  de  ne  point  les  négliger  dans  tous 
les  cas  caractéristiques  et  très-usuels,  quoiqu'il  ne  convienne 
pas  cependant  de  les  trop  multiplier,  ce  qui  finirait  par  altérer 
notablement  l'utilité  réelle  d'une  telle  règle. 

En  coordonnées  polaires,  on  voit  aussitôt  {fig.  8)  que  la 
distance  cherchée  constitue  le  troisième  côté  d'un  triangle,  où 
les  deux  autres  côtés  sont  naturellement  les  deux  rayons  vec- 
teurs u'\  u\  et  comprennent  un  angle  égal  à  la  différence  des 


PREinèRE   PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  49 

coordonnées  angulaires  9",«p':  d'où  résulte  immédiatement  la 
formule 


d  =  \/u"^+  w'a—  2m"w'  cos  (<p"  —  9'), 

où  le  sens  de  la  soustraction  angulaire  est  évidemment  indiffé- 
rent, d*aprës  la  nature  des  cosinus,  tout  comme  pour  les 
soustractions  linéaires  propres  à  la  formule  rectiligne,  quoique 
par  un  autre  motif  analytique. 

Cette  double  formule  préliminaire  étant  maintenant  établie, 
procédons  d'abord  à  la  plus  simple  formation  des  équations, 

« 

soit  rectilignes,  soit  polaires,  qui  conviennent  aux  deux  seules 
lignes  déjà  'étudiées  en  géométrie  élémentaire,  et  dont  la 
discussion  devra,  en  conséquence^  nous  arrêter  peu. 

17.  1*'  EXEMPLE.  Équations  de  la  ligne  droite.  Les  coor- 
données rectilignes  doivent  être,  par  leur  nature,  éminemment 
favorables  à  la  recherche  de  Téquation  générale  de  la  ligne 
droite.  Il  suffit  alors  d'envisager  cette  ligne  comme  le  lieu  des 
points  dont  les  distances  à  deux  axes  fixes  sont  en  raison 
constante,  soit  que  ces  distances  se  mesurent  perpendiculaire- 
ment ou  sous  toute  autre  inclinaison  commune. Une  telle  pro- 
priété donne  aussitôt  Téquation  rectiligne  de  toute  droite  pas- 
sant à  l'origine.  Quand  elle  n'y  passe  pas,  coftime  DD'  {fig.  9), 
qui  coupe  Taxe  des  y  en  B,  à  la  distance  b  de  l'origine,  il  est 
aisé  de  ramener  ce  cas  général  au  précédent,  en  comptant  les 
ordonnées  à  partir  de  l'horizontale  BK,  ce  qui  revient  à  les 
diminuer  toutes  de  b.  Alors,  pour  un  point  quelconque  M  de 

la  droite,  le  rapport  ^ est  constant.  En  le  nommant  a,  et 

résolvant  Téquation  par  rapport  à  y,  l'équation  générale  de  la 

ligne  droite  sera 

y:=zax  +  by 

qui  coïncide  évidemment  avec  l'équation  complète  du  premier 
degré  à  deux  variables.  La  constante  a,  égale  au  rapport  de 


50  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

MQ  à  BQ,  dépendra  de  la  direction  de  la  droite,  d'après 
Tangle  a  qu'elle  forme  avec  Taxe  des  x.  Elle  sera,  suivant  le 
principe  fondamental  de  la  résolution  des  triangles,  égale  à  la 
tangente  trigonométrique  de  cet  angle, .  dans  le  cas  le  plus 
usuel,  où  les  axes  sont  rectangulaires.  Mais,  s'ils  sont 
obliques,  le  même  principe  indiquera  a  comme  exprimant, 
en  général,  le  rapport  des  sinus  des  deux  angles  formés  par  la 

droite  avec  les  deux  axes  des  x  et  des  y,  ou  -: — ; r. 

^         sm(ô--a) 

Le  lecteur  devra  se  rendre  extrêmement  familière,  par  un 
exercice  fréquent  et  varié,  la  signification  géométrique  de 
toutes  les  circonstances  algébriques  propres  à  cette  équation 
fondamentale,  qui  représentera  successivement  toutes  les 
droites  du  plan,  en  y  attribuant  aux  constantes  arbitraires 
a  et  6  les  valeurs  convenables.  D'abord,  le  nombre,  nulle- 
ment accidentel,  de  ces  constantes  correspond  géométrique- 
ment au  nombre  de  points  par  où  doit  passer  une  droite  pour 
que  son  cours  entier  soit  déterminé.  Ensuite,  la  loi  de  l'homo- 
généité indiquerait  seule,  indépendamment  de  la  figure,  que 
la  constante  b  doit  être  linéaire  et  a  angulaire  (*) 

Réciproquement,  si  l'on  examine,  en  coordonnées  recti- 
lignes,   abstraction  faite  des  notions  précédentes,  le   lieu 


(*)  Si  a  était  envisagé  comme  linéaire,  en  tant  qu'une  tangente  trigono- 
métrique l'est  en  effet,  l'équation  ne  serait  plus  homogène;  mais  cela  pro- 
viendrait évidemment  d'avoir  pris  pour  unité  le  rayon  trigonométrique. 
Il  faudrait  alors  rétablir  riiomogénéité,  en  écrivant,  suivant  la  règle, 

a 
y  =  —  X  ■\-  b. 
r 

On  doit  donc  préférer  habituellement  de  concevoir  a  comme  une  simple 
fonction  abstraite  de  l'angle  a;  c'est  pourquoi  je  lui  ai,  depuis  longtemps, 
appliqué  la  dénomination  caractéristique  de  coefficient  angulaire,  qui 
commence  maintenant  à  devenir  spontanément  d'un  usage  universel. 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME  51 

géométrique  de  réquation  générale  du  premier  degré  h  deux 
variables,  on  en  fera  aisément  surgir  la  ligne  droite.  En  y 
dégageant  p,  sous  la  forme  y  =^  ax  +  b^  cette  équation 
indique  d'abord,  par  sa  composition,  une  ligne  illimitée  à 
droite  et  à  gauche,  continue^  et  d'une  seule  branche;  puisque 
toute  valeur,  positive  ou  négative,  de  la  variable  indépen- 
dante X  fournit  constamment  une  valeur  réelle,  finie,  et 
unique,  pour  la  variable  dépendante  y.  Mais  ces  caractères, 
évidemment  trop  vagues,  ne  sauraient  constater  suffisamment 
la  nature  rectiligne  (*)  du  lieu.  On  dissipe  rationnellement 
toute  incertitude  à  cet  égard  en  concevant  l'équation  sous  la 

forme =  a,  qui  indique  les  ordonnées,  préalablement 

diminuées  de  b,  par  le  transport  de  Taxe  OX  en  6K,  comme 
proportionnelles  aux  abscisses  :  ce  qui  caractérise  aussitôt  la 
ligne  droite.  La  constante  b  étant  la  valeur  de  y  pour  a:  =  0, 
représente  donc  nécessairement  la  distance  derorigine  au  point 
où  la  droite  rencontre  Taxe  vertical.  Quant  à  la  constante  a, 
évidemment  angulaire,  elle  détermine  aussitôt  l'angle  du  lieu 
avec  l'axe  horizontal,  suivant  la  loi  tang  a  «=  a,  si  les  axes 
sont  rectangulaires  :  en  les  supposant  obliques,  on  aurait 

- — sa  a,  d'où,  en  dégageant  trigonométriquement 

sm  (6  —  a) 

l'angle  a  d'après  la  formule  qui  développe  sin  (6  —  a) ,  il  est 


(*)  Quand  a  et  6  sont  spécifiés  en  nombres, celte  appréciation  finale  ressor- 
tirait matériellement  de  la  construction  correcte  d'un  grand  nombre  de  solu- 
tions particulières  exactement  évaluées  :  les  commençants  ne  doivent  pas 
dédaigner,  soit  pour  la  ligne  droite,  soit  pour  le  cercle,  ou  môme  pour  quel- 
ques autres  cas  bien  choisis,  Tusage  provisoire  de  ces  vérifications  gros- 
sières, qui,  malgré  leur  évidente  insuffisance  mathématique,  ont  llieureux 
privilège  de  mieux  familiariser  d'abord  avec  le  sentiment  élémentaire  de 
l'harmonie  fondamentale  entre  les  lignes  et  les  équations,  ainsi  réduitàune 
simple  intuition  physique,  consti  tuant  le  plus  haut  degré  possible  de  clarté . 


52  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

aisé  de  déduire  la  loi,  plus  générale,  mais  plus  compliquée, 

a  sin  0 
1  +  a  cos  6 

qui  comprend  la  précédente,  lorsqu'on  y  fait  6  =  90^. 

Si  maintenant  on  demande  Téquation  générale  de  la  ligne 
droite  en  coordonnées  polaires,  il  est  facile  de  sentir  que  la 
nature  de  ce  second  système  est  presque  aussi  favorable  à  une 
telle  recherche  que  celle  du  premier.  Car,  on  aurait  aussitôt 
Téquation  évidente  ^  =  a,  pour  une  droite  qui  passerait  au 
pôle.  Or,  quand  elle  en  passe  à  une  distance  d  sur  Taxe  0^ 
[fig,  10),  le  caractère  géométrique  est  toujours  le  môme,  c'est- 
à-dire  que  la  corde  tirée  d'un  point  quelconque  M  du  lieu  au 
point  donné  D,  où  ce  lieu  coupe  Taxe,  forme  ici  avec  cet  axe 
un  angle  constant  a,  tandis  qu'elle  aurait,  en  toute  autre  ligne, 
une  inclinaison  variable.  Seulement  cette  déQnition  se  formule 
alors  plus  péniblement  que  dans  le  premier  cas.  Mais  on  l'ex- 
prime aisément  d'après  le  principe  de  la  résolution  des  triangles, 
qui  traduit  immédiatement  cette  propriété  par  l'équation 

polaire 

d  sin  a 
u  = 


sin  (ç  —  a) 

Elle  contient,  comme  l'équation  rectiligne,  deux  constantes 
arbitraires,  à  raison  du  nombre  de  points  qu'exige  la  détermi- 
nation de  la  ligne  ;  on  sent  que  cette  circonstance  analytique  se 
reproduirait  nécessairement  en  tout  autre  système  de  coordon- 
nées. Ces  deux  constantes  sont  encore  ici.  Tune  linéaire,  l'autre 
angulaire  ;  parce  que  l'idée  générale  d'une  ligne  droite  com*- 
prend,  par  sa  nature,  à  la  fois  une  idée  de  distance  et  une  idée 
de  direction.  Quelquefois,  à  la  constante  linéaire  ef,  on  substi* 
tue  la  plus  courte  distance/)  de  la  droite  au  pôle;  ce  qui  donne 
à  l'équation  la  forme,  un  peu  plus  simple. 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  53 

P 

sin  (^  —  a) 

Outre  rinfériorîté  générale  du  système  polaire  sous  l'aspect 
géométrique,  on  voit  que  Téquation  de  la  ligne  droite  y  est 
analytiquement  beaucoup  moins  convenable,  comme  étant . 
transcendante  envers  Tune  des  variables,  quoique  algébrique 
à  regard  de  Tautre.  Aussi  cette  équation  est-elle  très-peu 
usitée. 

18.  ^  EXEMPLE.  Equations  du  cercle.  La  définition  élé- 
mentaire du  cercle,  comme  lieu  des  points  équidistants  d'un 
point  fixe,  fournit  aussitôt  son  équation,  soit  rectiligne,  soit 
polaire,  d'après  notre  formule  préliminaire  pour  la  distance  de 
deux  points  quelconques.  On  a  ainsi,  en  coordonnées  recti- 
lignes,  et  avec  des  axes  rectangulaires,  Téquation  générale 

ou,  en  développant,  ordonnant  et  transposant, 

y>  +  ar»  — 2  6y  — 2aa:+(é»  +  a"  — r»)  =  0, 

a  et  6  désignant  l'abscisse  et  l'ordonnée  du  centre,  r  le  rayon. 
Le  nombre  de  ces  constantes,  pareillement  linéaires,  confor- 
mément à  la  loi  d'homogénéité,  se  trouve  encore  ici  spontané- 
ment conforme  au  nombre  de  points  qu'exige  la  détermination 
d'un  cercle. 

Sous  chacune  de  ces  formes,  et  surtout  sous  la  seconde, 
cette  équation  constitue  un  type  extrêmement  usuel  pour  recon- 
naître le  cercle,  dans  un  tel  système  de  coordonnées,  quelle 
que  puisse  être  sa  source  géométrique,  conformément  à  Tes- 
prit  fondamental  de  la  géométrie  analytique.  On  reconnaît 
ainsi,  en  sens  inverse,  que,  afin  qu'une  équation  représente 
un  cercle,  il  ne  suffit  pas  qu'elle  soit  du  second  degré.  Il  faut, 
en  outre,  ces  deux  conditions,  indispensables  et  suffisantes  : 


54  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

i»  que  le  terme  où  les  deux  variables  sont  mêlées  y  manque; 
2®  que  les  deux  autres  termes  du  second  degré  y  aient  le  même 
coefficient.  Moyennant  cette  double  obligation,  Téquation,  qui 
ne  contiendra  plus  que  trois  coefficients  arbitraires,  deviendra 
toujours  exactement  assimilable  au  type  précédent  ;  et  le  déve- 
loppement de  cette  comparaison  déterminera  les  éléments 
algébriques  du  cercle  correspondant. 

Quand  les  axes  sont  obliques,  la  formule  des  distances  fournit 
aussitôt  Téquation  plus  compliquée 

[y  —  *)*+  [x  —  af  +  2  (y  —  6)  (ar  —  a)  cos  6  =  r>, 
ou 

y2-|-  a:*4"  2  cos  0.  a:y  —  2  (6  +  a  cos  6)  y  —  2  (a  +  é  cos  6)a:  + 

(6*+  a^+  2ab  cos  ô  —  r*)  =  0. 

La  première  des  deux  conditions  ci-dessus  formuléespour  qu'une 
équation  du  second  degré  soit  circulaire,  est  alors  seule  modi- 
fiée, sans  toutefois  changer  de  nature.  Elle  consiste  toujours 
en  ce  que  le  terme  en  xy  doit  avoir  un  coefficient  déterminé  : 
seulement  sa  valeur  fixe,  au  lieu  d*être  0,  correspond  mainte- 
nant^ en  général,  au  double  du  cosinus  de  Tangle  des  axes, 
quand  on  a  préalablement  ramené  à  Tunité  le  coefficient  com- 
mun des  deux  termes  en  y^  cix^.  Suivant  cette  relation,  prise 
en  sens  inverse,  une  équation  du  second  degré,  où  les  deux 
carrés  awaient  des  coefficients  égaux,  pourrait  représenter  un 
cercle,  quoique  les  variables  n'y  fussent  pas  séparées.  Mais 
cela  n'arriverait  que  pour  des  axes  dont  l'inclinaison  aurait  un 
cosinus  égal  à  la  moitié  du  coefficient  du  terme  où  les  variables 
sont  mêlées.  Sous  toute  autre  obliquité,  le  lieu  géométrique 
serait  une  autre  courbe  fermée,  ultérieurement  appréciée,  qui 
naturellement  devrait  ainsi  comprendre  le  cercle  comme  cas 
particulier. 

En  revenant  aux  axes  rectangulaires,  seuls  vraiment  usuels 
il  convient  de  remarquer  deux  formes  spéciales  qu'y  prend  l'é- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  55 

qnation  rectiligne  du  cercle.  Quand  le  centre  est  sur  Taxe  des  x^ 
b  étant  nul,  Téquation  devient 

Si  on  suppose,  en  outre,  que  le  cercle  passe  à  Torigine,  on 
aura  a=r,  et  le  terme  constant  disparaîtra  ;  comme  cela  doit 
avoir  lieu,  en  pareil  cas,  pour  une  courbe  quelconque,  afin 
que  son  équation  puisse  être  satisfaite  par  les  coordonnées  de 
l'origine  a:  =  0,  y  =  0,  dont  la  substitution  n'y  laisse  subsister 
que  le  terme  indépendant  des  deux  variables.  En  ayant  égard  à 
cette  nouvelle  simplification,  Téquation  prend  finalement  la 
forme  remarquable 

dont  l'interprétation  géométrique  se  vérifie  directement,  puis- 
que l'ordonnée  M  P  (/îy.  11)  devient  ainsi  une  moyenne  propor- 
tionnelle entre  l'abscisse  OP  et  le  reste  AP  du  diamètre  2  r, 
suivant  une  propriété  bien  connue  du  cercle. 

Dans  le  cas  où  le  centre  serait  à  l'origine,  a  et  6  s'annule- 
raient à  la  fois,  et  l'équation  serait  alors  > 

conformément  à  l'indication  immédiate  de  la  figure.  Cette  der- 
nière forme  est,  à  tous  égards,  la  plus  convenable  ordinaire- 
ment, lorsqu'on  a  le  libre  choix  des  axes. 

Quant  à  l'équation  polaire  du  cercle,  elle  est  évidemment, 
d'après  la  formule  des  distances, 

u^—'^au  cos  (<p— a)  +  [a^—r^)  « 0, 

en  nommant  a  et  a  les  coordonnées,  linéaire  et  angulaire,  du 
centre.  Le  seul  cas  particulier  qu'il  importe  d'y  signaler  est 
celui  où  le  cercle  passe  au  pôle  :  alors  as5=  r,  et  le  terme  indé- 
pendant de  M  disparaît,  ce  qui  doit,  à  priori,  arriver,  en  pareil 
caS;  à  toute  autre  équation  polaire,  afin  que  «^  =  Oy  satisfasse, 


56  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

quel  que  soit  ç.  On  peut  alors  abaisser  toujours  d'une  unité  le 
degré  en  u  de  cette  équation,  par  la  suppression  du  facteur 
commun  superflu.  A  Tégard  du  cercle,  si  Ton  fait^  en  outre, 
passer  Taxe  au  centre,  Téquation  devient  finalement 

w  =  2  r  cos  <p 

forme  très-simple,  dont  la  vérification  géométrique  peut  aisé- 
ment se  faire  directement,  en  considérant  que,  d'après  un 
théorème  connu,le  triangle OM A  {fig,  12)  est  ainsi  constamment 
rectangle. 

19.  3®  EXEMPLE.  I^jquation  du  lieu  d'un  point  dont  la  somme  ou 
la  différence  des  distances  à  deux  points  fixes  demeure  constante. 
Quoique  cette  définition  comprenne  deux  cas  distincts,  leur 
grande  analogie  analytique  doit  ici  les  faire  traiter  simultané- 
ment, sauf  la  juste  appréciation  de  leurs  différences  nécessaires, 
soit  géométriques,  soit  algébriques. 

Discutons  d'abord  sommairement,  autant  qu'il  convient  à  la 
nature  du  système,  l'équation  spontanée  u±:t  =  m,  entre  les 
coordonnées  primitives  du  point  décrivant  M  par  rapport  aux 
deux  pôles  F  et  F'  (fig.  13).  Il  faut,  avant  tout,  considérer  que, 
dans  un  tel  système,  chaque  solution  de  l'équation  fournit  néces- 
sairement deux  points  Met  M',  symétriquement  placés  relative- 
ment à  l'axe  FF',  d'après  la  double  intersection  des  deux  cercles 
correspondants.  Ainsi,  toute  équation  relative  à  ce  système  indi- 
quera naturellement  un  lieu  symétrique  par  rapport  à  cet  axe. 
En  outre,  l'équation  actuelle  ne  changeant  point  après  l'échange 
mutuel  des  deux  coordonnées,  il  est  aisé  d'en  conclure  que  la 
courbe  sera  pareillement  symétrique(*),  autour  de  la  perpendi- 
culaire GG' menée  au  milieu  de  FF'. 


(*)  Il  peut  être  utile,  pour  abréger  le  discours,  d'avertir,  dès  ce  mo- 
ment, que  celte  symétrie  d'une  courbe  autour  d'une  droite,  s'exprime 


PREMIÈRE  PARTIE,   CXL\PITRE  DEUXIÈME.  57 

Toute  discussion  relative  à  ce  système  doit  être  soigneuse- 
ment subordonnée  à  une  restriction  élémentaire  qui  lui  est 
propre,  et  dont  ni  le  système  rectiligne,  ni  le  système  polaire 
ne  sauraient  nullement  offrir  Téquivalent.  Elle  consiste  évidem- 
ment en  ce  que  toutes  les  solutions  réelles  de  Téquation  n*y  sau- 
raient être  géométriquement  représentées,  puisque  les  deux 
cercles  ne  se  couperaient  pas  si  leurs  rayons  étaient  ou  trop  pe- 
tits ou  trop  différents,  comparativement  à  Tintervalle^  fixe  de 
leurs  centres  :  en  le  nommante?,  la  figure  ne  pourra  admettre 
que  les  solutions  conformes  aux  deux  inégalités  u -(-/>(/, 
u — /  <(f,  ce  qui  constituerait  d'ailleurs  une  grave  imperfection 
spéciale  de  ce  système,  si  sa  nature  ne  le  rendait  déjà  radicale- 
ment impropre  à  une  heureuse  peinture  des  équations.  L'ap- 
préciation effective  de  cette  double  restriction  permanente  déter- 
mine, en  chaque  cas,  les  limites  finales  entre  lesquelles  doivent 
être  comprises  les  valeurs  admissibles  des  deux  coordonnées. 

Après  ces  notions  générales,  que  j'appliquerai  désormais 
sans  les  reproduire,  examinons  d'abord Téquation  u  +  t=zm. 
Ici,  la  condition  u  +  t>d^  sera  spontanément  satisfaite,  à 
moins  que  m  n'eût  été  pris  inférieur  à  d^  ce  qui  constituerait 
une  définitioncontradictoire.Ondoit  donc  seulementconsidérer 

la  restriction  u  —  t  <d^  qui,  en  y  rapportant  uh  t^  assigne 

1  1 

-  (m  —  d)  pour  limite  inférieure  de  /,  et,  par  suite^  â  (^  +  ^ 

pour  limite  supérieure  de  u.  En  vertu  de  la  symétrie  algébri- 
que, chacune  de  ces  limites  convient  aussi  à  l'autre  coordon- 
née. Comme,  entre  ces  limites,  toutes  les  solutions  seront  évi- 
demment admissibles,  la  courbe  sera  certainement  fermée  et 
continue. Les  points  N  et  N',  où  elle  coupera  l'axe  GG',  et  dont 


souvent  en  nommant  la  droite  axe  géométrique,  ou  axe  de  figure,  ou 
même  simplement  axe  de  la  courbe. 


19 


58  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

1 

les  coordonnées  seront  toutes  deux  égales  à  ^  m,  se  trouveront 

nécessairement  les  plus  éloignés  de  Taxe  FF'.  Quant  aux  points 
A  et  A',  où  elle  rencontrera  ce  dernier  axe,  ils  seront,  l'un  le 
plus  près,  l'autre  le  plus  loin,  de  chacun  des  pôles  F  et  F'.  En 
lui  attribuant,  suivant  une  règle  logique  (*)  qu'il  importe  de  se 
vendre  déjà  familière,  la  figure  la  plus  simple  qui  puisse  satis- 
faire à  Tensemble  des  renseignements  obtenus,  on  aura  la 
courbe  ÀNA'N',  sauf  confirmation  ou  infîrmation  ultérieure  : 
elle  porte  habituellement  le  nom  à'ellipse. 
'  Quant  à  l'équation  u  —  t^=^m^  dont  le  lieu  se  nomme  hyper* 
bole^  la  condition  u  —  t<ds'Y  trouvera,  au  contraire,  sponta- 
nément satisfaite,  à  moins  de  contradiction  entre  les  données. 
C'est  donc  de  la  restriction  w +  />  rf  que  proviendront  ici 
les  limites  de  u  et  de  /,  lesquelles,  par  conséquent,  seront  seu- 

1  i 

lementinférieures.  Leurs  valeurs  -  {d — m),  -  (rf+  ^)i  déter- 

mineront  les  points  A,  A',  où  la  courbe  rencontrera  Taxe  FF', 
et  qui  seront  alors  placés  entre  les  deux  pôles  F,  F'  (fig.  14). 
Au-dessus  de  ces  limites,  les  deux  variables  pouvant  croître 
indéfiniment  et  à  la  fois,  la  courbe  sera  nécessairement  illimitée. 


(*)  Cette  maxime,  directement  conforme  au  véritable  esprit  philoso- 
phique, est  fort  importante  pour  la  discussion  géométrique  des  équations, 
où  il  convient  de  former,  aussitôt  que  les  documents  analytiques  le  per- 
mettent, une  première  hypothèse  .sur  la  figure  générale  du  lieu  corres- 
pondant, afin  d'accélérer  sa  détermination  rigoureuse,  en  dirigeantplus 
nettement  les  comparaisons  ultérieures;  pourvu  toutefois  que  l'on  se 
Uenne  toujours  disposé  à  modifier  «ette  supposition  initiale  autant  que 
le  progrès  de  la  discussion  pourra  l'exiger,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus 
aucune  incertitude  réelle  sur  la  figure  finale.  Lors  môme  que  celle-ci  devra 
être  beaucoup  plus  compliquée  que  celle  supposée  d'abord,  la  simplicité  de 
l'hypothèse  provisoire  n'en  sera  pas  moms  propre  à  mieux  conduire  Ten- 
semble  de  la  discussion  ;  tant  que  les  motifs  de  complication  n'auront  pas 
été  suffisamment  dévoilés,  il  serait  peu  judicieux  d'introduire  une  autre 
figure,  dût-elle  être  accidentellement  plus  rapprochée  de  la  véritable. 


PREMIÈRE  PARTIE)    CHAPITRE  DEUXIÈME.  59 

en  tons  sens,  adroite  de  A  et  à  gauche  de  A'.  Mais  elle  ne  pourra 
pas  couper  son  second  axe  GG',  u  ne  pouvant  jamais  devenir 
égal  à  ^  :  et,  afin  que  ces  variables  puissent  conserver  entre 
elles  la  différence  constante  m,  il  est  clair  aussi  que  le  lieu  ne 
rencontrera  pas  non  plus  les  parallèles  à  cet  axe  qui  s'en  écar- 
teraient trop  peu,  jusqu'à  une  distance  qu'il  serait  superflu  de 
fixer  ici,  et  que  l'équation  rectiligne  indiquera  spontanément. 
En  même  temps  qu'indéfinie,  cette  courbe  sera  donc  disconti- 
nue^ de  manière  à  contraster  totalement  avec  la  forme  propre 
au  premier  cas. 

Pour  procéder  maintenant  à  la  formation  de  l'équation  rec- 
tiligne, il  suffit  évidemment  d'employer  notre  formule  préli- 
minaire des  distances,  qui  remplaceraaussitôtles coordonnées 
primitives  par  les  coordonnées  définitives,  à  quelques  axes  qu^on 
veuille  rapporter  l'une  ou  l'autre  courbe .  C'est  ici  le  lieu  de 
remarquer  que  l'ébauche  de  discussion  qui  vient  de  résulter  de 
l'équation  naturelle  indique  d'avance  les  axes  les  plus  propres 
à  simplifier  l'équation  cherchée,  d'après  l'influence  analytique 
de  la  double  symétrie  du  lieu  autour  des  droites  FF'  et  GG'. 
Si,  en  effet,  on  les  prend  pour  axes,  cette  propriété  géométri- 
que obligera  l'équation  à  supporter  sans  altération  le  change- 
ment de  signe  de  y  quant  à  la  première,  ou  de  x  quanta  la  se- 
conde :  ce  qui  exige  évidemment  l'absence  des  puissances  im- 
paires de  la  variable  correspondante  ;  tandis  que,  envers  des 
axes  dirigés  au  hasard,  lesexposants  impairs  se  seraient  mêlés 
aux  pairs.  On  a  donc  déjà  la  certitude  d'obtenir,  avec  de  tels 
axes,  une  importante  simplification  de  l'équation  demandée. 
C'est,  autant  que  possible,  en  vue  d'une  semblable  réduction 
permanente  que  les  axes  doivent  être,  en  général,  choisis,  et 
non  d'après  les  motifs  secondaires  relatifs  à  l'abréviation  passa- 
gère des  calculs  qu'exige  la  formation  de  l'équation  ;  ou,  du 
moins,  ces  derniers  ne  doivent  être  pris,  à  cet  égard,  en  con- 


60  GÉOMÉTRIE  PLAIŒ. 

8idération  décisive  que  seulement  à  défaut  des  autres,  qui,  en 
effet,  ne  sont  pas  toujours  sufDsamment  sensibles. 

En  exécutant,  envers  ces  axes  FF'  et  GG'  {fig.  13  et  14), 
d'après  la  formule  des  distances,  le  passage  des  coordonnées 
primitives  aux  coordonnées  définitives,  on  obtient  l'équation 
rectiligne 


qui,  par  la  suppression  des  radicaux,  suivant  le  mode  ordi- 
naire, sans  aucun  vain  artifice  algébrique,  devient  enfin 

4 

Les  deux  courbesy  paraissent  confondues,  puisque  la  dispa- 
rition des  radicaux  semble  avoir  ôté  toute  trace  de  la  distinction 
des  deux  cas.  Mais,  au  fond^  malgré  leur  inévitable  analogie 
analytique,  la  différence  des  deux  déflnilions  est  tout  aussi 
marquée  dans  cette  équation  rectiligne  que  dans  Téquation  na- 
turelle. Car  nous  avons  déjà  reconnu  que,  pour  Tellipse,  m 
surpasse  nécessairement  d^  tandis  que  Tin  verse  alleu  pour  Thy- 
perbole.  Ainsi,  le  coefficient  de  x^  passe  du  positif  au  négatif, 
en  substituant  la  seconde  définition  à  la  première.  11  est  aisé  de 
reconnaître  qu'un  tel  changement,  parfaitement  semblable  & 
celui  qu'éprouve  alors  l'équation  naturelle,  représente  fidèle- 
ment le  contraste  géométrique  des  deux  courbes. 

En  effet  s'il  s'agit  de  l'ellipse,  on  aura  ainsi 

Or,  le  facteur  constant  sous  le  radical  étant  positif,  y  ne  sera 
réel  qu'autant  que  le  facteur  variable  conservera  ce  même  si- 

1 

gne,  ce  qui  exige  que  x  ne  surpasse  pas  ^  m,  à  droite  ou  à 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈME.  61 

gauche  ;  en  sorte quela  courbe  esthorizontalement  compriseen- 
tre  ce  et  DD'  [fig,  13).  Comme  y  varie  d'ailleurs  en  sens  in- 
verse de  a;,  il  est  clair  que  les  points  N,  N'  où  la  courbe  cou- 
pera Taxe  des  y  seront  les  plus  éloignés  de  Taxe  des  x^  à  la 


hauteur  "V^  m^-^d^.  L'ellipse  sera  donc  renfermée  dans  le  rec- 
tangle CDD'C,  et  du  reste  continue  entre  ces  limites,  puisque 
les  valeursdey  etde^pourront  diminuer  autant  qu'on  voudra. 
Dans  le  cas  de  Thyperbole,  il  conviendra  d'écrire 


afin  que  le  facteur  constant  soit  positif,  ce  qui,  obligeant 

l'autre  à  l'être  aussi,  assignera  à  a?  la  limite  inférieure  5  m, 

sans  aucune  limite  supérieure:  ^croîtra  des  lors  avec  a:.  Ainsi, 
la  courbe,  discontinue  entre  les  verticales  CD,  CD'  [fig,  14), 
sera  d'ailleurs  indéfinie  au  delàde  chacune  d'elles,  dans  le  sens 
des  deux  axes  à  la  fois. 

On  voit  comment  l'équation  rectiligne  confirme  et  perfec- 
tionne les  indications  déjà  fournies  par  l'équation  naturelle  sur 
la  figure  générale  de  ces  deux  courbes.  Mais  elle  est  surtout 
propre  à  compléter  une  telle  détermination,  en  dissipant  l'in- 
certitude qui  nous  reste  encore  au  sujet  du  sens  effectif  de  la 
courbure.  Rien  jusqu'ici  ne  décide,  en  effet,  si  les  quatre  par- 
ties égales  dont  l'ellipse  est  composée  sont,  suivantnotre  hypo- 
thèse, concaves  vers  l'axe  des  or,  ou  convexes,  ou  même  tor- 
tueuses. Les  documents  déjà  recueillis  pourraient  convenir 
également  à  ces  diverses  figures,  et  pareillement  pour  l'hy- 
perbole. À  la  vérité,  une  considération  préjudicielle  tirée  du 
degré  de  l'équation  rectiligne  trancherait  spécialement  cette 
difficulté,  en  indiquant  que  le  lieu  actuel  ne  saurait  être  coupé 


62  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

en  plus  de  dénie  points  par  aucune  droite  :  car,  inéquation  delà 
ligne  droite  étant  toujours  du  premier  degré,  sa  combinaison 
avec  celle  d'une  courbe  quelconque  fournira  nécessairement^ 
en  général,  pour  les  abscisses  des  points  communs,  une  équa- 
tion de  même  degré  que  celle-ci;  ce  qui  indiquera  une  limite 
supérieure,  mais  souvent  trop  grande,  comme  on  le  recon- 
naîtra bientôt,  du  nombre  d'intersections.  Une  telle  notion 
dissiperait  ici  toute  incertitude,  en  excluant  évidemment  toute 
autre  figure  que  celle  déjà  supposée.  Mais  il  serait  peu  con- 
forme à  l'esprit  éminemment  général  de  la  géométrie  analy- 
tique, d'éluder  ainsi  la  difOculté  actuelle  d'après  une  considé- 
ration spéciale,  qui  deviendrait  presque  toujours  insufRsante 
envers  d'autres  courbes,  quoiqu'il  convienne,  au  reste,  de  l'u- 
tiliser dans  les  cas  qui  le  comportent.  Nous  devons  donc,  pour 
caractériser  déjà  la  discussion  géométrique  des  équations, 
écarter  ce  document  accidentel,  et  décider  la  question  proposée 
par  une  méthode  plus  ou  moins  applicable  à  une  courbe  quel- 
conque, malgré  qu'elle  ne  puisse  guère  être  maintenant  aussi 
simple  que  les  moyensultérieurement  résultés  d'une  étude  plus 
approfondie. 

Afin  de  transformer  ces  considérations  géométriques  pu- 
rement relatives  à  la  forme  en  de  simples  considérations  de 
grandeur,  seules  directement  accessibles  aux  comparaisons 
analytiques,  il  faut  ici,  comme  à  tout  autre  égard,  faire  inter- 
venir les  considérations  de  position,  toujours  naturellement 
destinées  à  ménager  de  telles  transitions.  Il  suffit  de  remarquer, 
en  effet,  que,  si  le  quart  d'ellipse  AMN  [fig,  13)  est  concave 
vers  l'origine,  il  sera  placé  au-dessus  de  sa  corde  AN,  tandis 
que,  s'il  doit  être  convexe,  il  se  trouvera,  au  contraire,  au- 
dessous:  et  enfin,  alternativement  d'un  côté  et  de  l'autre,  en  cas 
de  sinuosité.  Or,  cette  distinction  du  dessus  au  dessous  devient 
aisément  réductible  à  de  simples  idées  de  grandeur,  en  compa- 


PREMIERS  PARTIE,  GHAPITRB  DEUXIÈME.  63 

rant,  à  abscisse  égale,  rordonnée  MP  ou  y  de  la  courbe  avec 
Tordonnée  KP  oujs  delà  corde;  la  question  proposée  reviendra 
finalement  à  discerner  laquelle  de  ces  deux  variables  surpasse 
Tautre.  En  calculant  z  d'après  les  deux  triangles  semblables 
APK  et  AON,  on  trouve 


d'où 


1  .  /m*       Z, 

:  y  \:  ^m  —  X  :  y  —  ^  a?. 


wf 


Il  suffit  de  décomposer—  —  a:^  en  (|^  m — x)  (i  m-\-x\  pour 

constater  aussitôt  que  y  surpasse  z  dans  toute  l'étendue  de  la 
comparaison  proposée,  La  courbe  est  donc  certainement  con- 
cave vers  ses  axes. 

Envers  Thyperbole,  cette  méthode  a  besoin  d'une  importante 
modification,  qui  en  complique  nécessairement  Tusage,  puis- 
qu'une corde  unique  semble  ne  pouvoir  plus  suffire  à  l'appré- 
ciation du  quart  de  courbe,  alors  indéfini.  Mais  on  surmonté 
toujours  cette  nouvelle  difficulté  en  attribuant  à  la  corde  AH 
[fig,  14)  une  extrémité  indéterminée  H^  dont  Tabscisse  x'  doit 
rester  arbitraire,  coquine  fera  que  surcharger  l'expression  de 
l'ordonnée  auxiliaire  KP  ou  z\  la  comparaison,  d'ailleurs 
restreinte  à  une  abscisse  x  moindre  que  x\  décidera  laquestion 
tout  aussi  sûrement,  quoique  plus  péniblement,  que  dans  le 
premier  cas,  la  corde  AH  pouvant  ainsi,  d'après  l'indétermina- 
tion de  x\  représenter  à  la  fois  toutes  les  cordes  possibles  me- 
nées de  A.  La  similitude  des  triangles  AKP,  AHQ  assigne  à  % 
la  formule 


64  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

d'où 


:  y  ::  V^'-\rn^  (?=tS)'  V^^^^ 


m^ 


Or,  en  simplifiant  ce  rapport  autant  (][ue  possible,  on  recon- 
naîtra facilement  que  y  surpasse  z  tant  que  x  reste  moindre  que 
x\  tandis  que  ce  serait  l'inverse  pour  x  >  x\  ce  qui  constitue 
une  double  confirmation  décisive  du  sens  d*abord  supposé  à  la 
courbure  de  Thyperbole. 

A  l'égard  d'une  courbe  quelconque,  fermée  ou  indéfinie,  la 
méthode  précédente  pqurra  toujours,  sous  l'un  ou  l'autre  de 
ses  deux  modes,  dissiper  irrévocablement  une  pareille  incerti- 
tude. Mais,  quoique  le  principe  en  soit,  sans  doute,  pleine- 
ment général,  l'exécution  en  devient  souvent  impraticable  en- 
vers les  équations  un  peu  compliquées  ;  ce  qui  fera bientôtsentir 
le  prix  des  procédés  plus  perfectionnés  que  nous  trouverons 
ensuite.  On  ne  doit  pas  moins  hautement  apprécier  déjà  cette 
remarquable  transformation  d'une  question  de  forme  en  une 
pure  question  de  grandeur. 

20. 4'  EXEMPLE.  Équation  du  lieu  d'un  point  toujours  équidis* 
tant  d'un  point  fixe  et  d'une  droite  fixe.  Cette  courbe,  appelée 
parabole^  compose,  avec  les  deux  précédentes,  le  genre  de 
figures  si  célèbre,  depuis  les  Grecs,  souS"  le  nom  de  sections 
coniques^  et  qui  constituera,  dans  la  dernière  partie  de  notre 
étude,  la  principale  spécialisation  des  théories  générales  delà 
géométrie  plane. 

L'équation  naturelle,  moitié  polaire,  moitié  rectiligne,  est 
ici  Uf=Bt,  entre  les  distances  variables  du  point  décrivant  au 
pôle  Fetàl'axeBG  (fig.  15).  D'après  la  nature  d'un  tel  système 
où  chaque  point  est  déterminé  par  la  rencontre  d'un  cercle 
ayant  toujours  son  centre  en  F  avec  une  droite  MM'  toujours 
parallèle  àBG,  toute  équation  y  représentera  nécessairement 
un  lieu  symétrique  autour  de  la  perpendiculaire  DL  menée  de 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME.  65 

F  sur  BC.  En  outre,  cette  intersection  n'étant  pas  constamment 
possible,  ce  système  impose  aussi,  comme  le  précédent,  des 
conditions  restrictives,  puisque  le  rayon  variable  de  ce  cercle 
doit  surpasser  la  distance  variable  de  son  centre  à  cette  droite. 
Afin  de  mieux  apprécier  Tinfluence  actuelle  de  cette  obligation 
générale,  il  faut  d'abord  remarquer  que,  d'après  l'équation 
tt  s3  2,  elle  sera  toujours  satisfaite  à  droite  du  point  F^  et  ne 
pourra  jamais  Tètre  à  gauche  de  BC,  ou  même  du  milieu  A  de 
FD,  qui  constituera  donc  la  limite  de  notre  courbe  à  gauche  de 
F.  Mais,  à  partir  de  ce  point  A,  la  parabole  s'étendra  indéfini- 
ment vers  la  droite,  en  s'éloignant  également  de  F  et  de  BC, 
sans  aucune  discontinuité,  puisque  la  condition  de  rencontre 
sera  dès  lors  spontanément4*emplie. 

D'après*  cette  discussion  préliminaire,  il  convient,  évidem- 
ment, en  passant  à  l'équation  rectiligne,  de  prendre  la  droite 
DL  pour  Tun  des  axes  rectangulaires,  en  vertu  de  la  symétrie 
déjà  appréciée  analytiquement  au  numéro  précédent.  Quant  au 
second  axe,  il  n'existe  pas  de  semblable  motif,  et  les  documents 
les  plus  immédiats  ne  semblent  d'abord  indiquer  aucun  point  de 
DL  comme  une  origine  spécialement  susceptible  de  simplifier 
l'équation  cherchée.  En  faisant  donc  ce  choix,  d'ailleurs  peu 
important,  d'après  des  considérations  de  moindre  poids,  rela- 
tives à  la  seule  formation  de  cette  équation,  nous  prendrons 
la  droite  BC  elle-même  pour  l'axe  des  y.  Le  passage  du  système 
primitif  au  système  définitif  devient  ainsi  très-facile,  puisque 
Tune  des  coordonnées  naturelles  /  est  conservée,  avec  un  sim- 
ple changement  de  nom,  et  que  l'autre  u  s'exprime  aussitôt 
en  coordonnées  rectilignes,  suivant  la  formule  des  distances. 
On  obtient  ainsi  l'équation  rectiligne 

on  d  désigne  l'intervalle  FD  du  point  fixe  à  la  droite  fixe.  Il 


66  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

est  aisé  de  constater  que  la  discussion  générale  de  cette  équa- 
tion, où  la  variable  x  ne  peut  jamais  être  négative  ni  inférieure 

i 

à  - 1/,  mais  sans  être  assujettie  à  aucune  autre  condition,confirme 

exactement  les  indications  géométriques  de  Téquation  naturelle. 
En  outre,  son  degré  seul  suffirait,  comme  au  numéro  précé- 
dent,  pour  démontrer  spécialement  la  concavité  constante  de 
la  courbe  vers  son  axe  ÂL.  Mais  on  peut  aussi  décider  aisément 
cette  question  d'après  la  méthode  générale  déjà  appliquée  à 
l'ellipse  et  à  l^hyperbole.  Car,  en  considérant  la  corde  indéter^ 
minée  AM,  dont  l'extrémité  M  aurait  une  abscisse  arbitraire  x\ 
soû  ordonnée  KP  ou  js,  correspondante  aune  abscisse  quelcon- 
que X  moindre  que  x\  se  calculera  facilement  à  l'aide  des 
triangles  semblables  AKP,  AMH,  d'où  il  résultera  * 

2a:  — rf 


Or,  il  s'ensuit  évidemment,  en  simplifiant  le  rapport,  que  y 
surpassera  z  tant  que  x  restera  inférieur  à  x',  et  au  contraire 
en  sens  inverse  :  ce  qui  démontre  pleinement  la  justesse  de 
notre  figure. 

Au  sujet  de  cette  équation,  on  peut  remarquer,  en  l'écrivant 
sous  la  forme 


y'^^d(x^^^dy 


i 

que  le  binôme  x—'dy  deviendrait  monôme  si  on  transportait 

l'origine  en  A.  D'après  un  tel  choix,  l'équation  devient  finale- 
ment 

y^^^dx 

qui  constitue  nécessairement  l'étatle  plusconvenabledeTéqua- 
tiondelaparabole.Cemotif  de  préférence  eût  été  facile  à  pré- 
voir, en  considérant  que,  l'origine  A  étant  sur  la  courbe,  l'é- 


PRniÈRE  PABTIEy  CHAPITRE  DEUXIÈME.  67 

quafion  y  doit  perdre  son  terme  constant,  suivant  une  remar- 
que déjà  signalée  ;  mais  j'ai  cru  devoir,  pour  les  commençants, 
écarter  d'abord  cette  réilexion,comme  trop  minutieuse  eu  égard 
à  sa  faible  importance. 

Quoique  la  forme  générale  de  la  parabole  doive  sembler  ici 
fort  analogue  à  celle  d'une  demi-hyperbole,  je  dois  pourtant 
avertir  ici  que  l'on  découvrira  bientôt,  entre  ces  deux  figures, 
des  différences  d'aspect  très-appréciables  en  tout  tracé  judi- 
cieux, même  grossier. 

21.  5*  EXEMPLE.  Équation  du  lieu  tf  un  point  également  éclairé 
par  deux  lumières  données j  dont  la  clarté  iéerott  inversement 
au  carré  de  la  distance.  Si  a  et  ^  désignent  les  intensités  con- 
nues des  deux  lumières,  cette  définition  fournit  aussit<3t  l'équa- 
tion naturelle  —  =  - ,  entre  les  distances  variables  du  point 


%■ 


décrivant  M  au  deux  foyers  lumineux  Â  et  B  {fig,  16).  Il  en 

résulte  u  «=  mt^  en  nommant  m  le  rapport  constant  y -.  Les 

conditions  restrictives  propres  à  ce  système  [voy.  le  n'  19)  assi- 

d  d 

gnent  à  /  les  limites,  supérieure  et  inférieure^ ;  et  — r- 

°  '^  m— 1      m+1 

d'où  résultent  celles  de  k,  et  entre  lesquelles  toutes  les  valeurs 

sont  évidemment  admissibles.  Ainsi,  la  courbe  est  fermée  et 

continue,  d'ailleurs  symétrique  autour  de  AB,  par  la  nature 

du  système. 

En  prenant  cette  droite  pour  axe  des  x,  d'après  les  motifs 
déjà  appréciés,  et  plaçant  l'origine  en  A,  sans  prétendre  que 
cette  position  soit  la  plus  propre  à  simplifier  Téquation  recti- 
ligne,  on  trouve  aussitôt 

(a  —  é)y*  +  (a  —  ô)  a:'  —  "iadx  +  acP  =  o. 

A  l'inspection  d'une  telle  équation^  on  reconnaît  immédia- 
tement le  cercle,  d'après  le  double  caractère  établi  au  n"*  18. 


68  GÉOMÉTRIÇ  FhAjm, 

En  achevant  de  la  comparer  au  type  correspondant,  on  voit 
que  le  centre  est  sur  Taxe  des  x,  comme  la  symétrie  Texigeait, 

à  une  distance  «  =» 7;  le  rayon  r  =» jy  ab.  On  peut  dès 

lors  constater  aisément  que  la  plus  faible  des  deux  lumières  est 
toujours  intérieure  au  cercle^  et  la  plus  forte  toujours  exté- 
rieure. Je  crois  devoir  faire  ici  remarquer,  en  sens  inverse,que 
deux  lumières  quelconques  pourraient  être  constamment  pla- 
cées, Tune  en  dedans,  Tautre  au  dehors,  d'un  cercle  donné  au 
hasard,  de  manière  à  Téclairer  également  ;  car,de  ces  formules, 
on  déduirait,  réciproquement,  si  r    était    connu,    d'abord 

a  —  b  JZjf 

d  e=  .  . —  r,  et  par  suite,  a  c=  r  i  /  -  ;  ce  qui  permettrait, 
y  ab  \  b 

quel  que  fftt  r,  de  poser  les  deux  lumières  conformément  à  la 
condition  proposée. 

Dans  le  cas  ie  a^ssb,  les  valeurs  de  a  et  de  r  deviendraient 
infinies  ;  ce  qui,  au  fond,  indiquerait  la  disconvenance  spéciale 
du  type  adopté.  Si,  en  effet,  on  remonte  alors  àTéquation  du 
lieu,  on  y  voit  disparaître  les  termes  du  second  degré,  et  ia 
ligne  change  réellement  de  nature,  suivant  Téquation  du  pre- 
mier degré  —  'iadx  +  ad^  =  0,  ou  a:  =  ^  rf>  qui  indique  la 
droite  CD,  équidistante  des  deux  lumières,  comme  le  cas 
l'exigeait. 

Quoique  cette  question  nous  offre  un  premier  exemple  inté- 
ressant des  ressources  générales  que  fournissent  nécessairement 
les  équations  pour  reconnaître  les  courbes  malgré  la  diversité 
de  leurs  définitions,  il  convient  pourtant  de  remarquer  ici  que 
Tétude  spéciale  de  la  définition  actuelle  aurait  aisément  permis 
de  discerner  la  vraie  nature  du  lieu.  Car,  en  marquant,  sur 
Taxe  AB,  les  deux  points  F  et  F',  où  il  doit  couper  la  courbe 
cherchée,  et  considérant  que  la  propriété  donnée  se  réduit, 
en  écartant  toute  circonstance  physique^  à  la  proportionnalité 


PREMIÈRE  PARTIE^  CHAPITRE  DEUXIÈME.  69 

constante  des  distances  variables  MA  et  MB^  on  aurait  les  deux 

proportions 

MA  :  MB  :  :  FA  :  FB, 

MA:MB::F'A:F'B, 

qui,  d*après  un  théorème  connu,  conduisent  à  envisager  les 
deux  droites  MF,  MF'  comme  les  bissectrices  continues  des 
deux  angles  supplémentaires  AMB,  NMB  ;  d*où  il  résulte  que 
l'angle  FMF'  est  constamment  droit,  ce  qui  fait  aussitôt  recon- 
naître  le  cercle,  en  indiquant  d'ailleurs  sa  plus  simple  con- 
struction. 

Le  cercle  précédent  convenant  indistinctement  à  tousles  plans 
menés  par  les  deux  points  lumineux,  sans  jamais  changer  de 
centre  ni  de  rayon,  il  peut  être  utile  de  noter  enfin  que,  si  on 
demandait,  en  général,  le  lieu  de  tous  les  points  de  l'espace 
qui  seraient  également  éclairés,  on  trouverait  aussitôt  une  sur- 
face sphérique,  ayant  le  même  centre  et  le  même  rayon  que 
notre  lieu  plan.  Dès  lors,  Tintersection  de  cette  sphère  par  un 
plan  quelconque,  ou  par  toute  autre  surface  donnée,  déter- 
minerait la  courbe  d'égale  clarté  sur  la  surface  correspondante, 
de  manière  à  résoudre  la  question  proposée  dans  ibutes  les 
variétés  qu'elle  comporte. 

22.  6*'  Exemple.  Équation  du  lieu  (Tun  point  dont  le  produit  des 
distances  à  deux  points  fixes  demeure  constant.  Dans  le  système 
naturel,  identique  à  celui  des  n^*  19  et  21 ,  l'équation  est  ut=^m^ . 
La  nature  du  système  indique,  comme  en  tout  autre  cas,  un 
lieu  symétrique  autour  de  la  droite  qui  joint  les  deux  pôles  A 
elB  {fig,  il).  En  outre,  l'équation  ne  changeant  point  par 
réchange  mutuel  des  variables,  la  courbe  doit  être  pareillement 
symétrique  autour  de  la  perpendiculaire  CD  au  milieu  de  AB. 
On  conçoit  aussi  que  les  restrictions  propres  à  ce  système  indi- 
quent ici  une  courbe  fermée,  en  assujettissant  chaque  variable 
à  deux  limites  déterminées,  dont  l'exacte  appréciation  ressortira 


70  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

toutefois  beaucoup  plus  nettement  de  Téquation  rectiligne.La 
forme  la  plus  simple  qui  puisse  correspondre  à  l'ensemble  de 
ces  premiers  renseignements  offre  une  grossière  ressemblance 
avec  Tellipse,  au  point  d'avoir  été  même  systématiquement 
prise  pour  elle  dans  une  célèbre  aberration  astronomique. 

En  passant  au  système  rectiligne,  d'après  les  axes  AB  et  CD, 
dont  la  supériorité  analytique  est  déjà  motivée,  on  trouve  aisé- 
ment, par  la  formule  des  distances,  Téquation 

où  d  désigne  la  demi-distance  des  deux  points  fixes.  Quoique 
du  quatrième  degré,  cette  équation  peut  être  facilement  réso- 
lue, et  donne  la  formule 


dont  la  discussion,  plus  compliquée  qu'en  aucun  cas  antérieur, 
constitue  la  seule  difficulté  et  le  principal  intérêt  d'un  tel  exem- 
ple :  j'y  ai  d'ailleurs  écarté  le  second  signe  du  radical  partiel, 
comme  ne  pouvant  jamais  fournir  d'ordonnées  réelles. 

Il  est  d'abord  aisé  de  sentir  que  la  portion  négative  de  la  fonc- 
tion placée  sous  le  radical  général  finira  par  l'emporter  de  plus 
en  plus  sur  l'autre,  à  partir  d'une  abscisse  sufQsamment  grande, 
pour  laquelle,  le  terme  constant  de  chacune  d'elles  devenant 
sensiblement  négligeable  vis-à-vis  du  terme  variable,  la  pre- 
mière tend  à  varier  proportionnellement  à  x^  et  la  seconde  à 
X  seulement.La  courbe  est  donc  toujours  bornéedanslesensho- 
rizontal,  et  par  suite  aussi  dans  le  sens  vertical,  l'accroissement 
de  y  étant  subordonné  à  celui  de  x.  Pour  trouver  la  limite  su- 
périeure de  x^  il  faut  égaler  les  deux  parties  opposées  de  la 
formule,  ce  qui  déterminera,  de  chaque  côté,  l'intersection,  K 
ou  K',  de  la  courbe  avec  son  axe  horizontal^  d'après  l'équation 

(df'  -t-  a^Y  =  4rf^  x^  H-  m*. 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  71 

Mais,  cette  équation  étant  du  quatrième  degré,  sa  résolution 

fournit,  outre  le  couple  cherché  a:'  =  ±:  \/rri^  +  ^i  qui  ne 
présente  aucune  difficulté  et  ne  comporte  aucune  distinction, 

un  second  couple  ar" =±  v/cP  —  m*,  jusqu'alors  entièrement 
imprévu,  et  dont  Fappréciation  indique  aussitôt  que  la  courbe 
ne  saurait  offrir  toujours  la  même  forme  suivant  les  diverses 
relations  de  m  à  cf.  Car,  si  m  surpasse  d^  ce  couple  devra  être 
rejeté  comme  imaginaire,  et  la  fonction  sous  le  radical  général, 
ne  pouvant  s'annuler  qu'une  seule  fois  pour  x  positif,  l'or- 
donnée sera  constamment  réelle  depuis  or  «a  0,  qui  donne,  en 


effet,  y  =  ±:  \/nf^  —  rf*,  jusqu'à  la  limite  supérieure  de  a:, 
conformément  à  la  figure  17.  Mais,  quand,  au  contraire,  m 
est  inférieur  à  (f,  cette  fonction,  s'annulant  deux  fois  de  chaque 
côté,  ne  peut  être  positive  que  dans  l'intervalle  entre  x'  et  x",  en 
sorte  que  le  lieu,  qui  coupe  alors  quatre  fois  son  axe  horizontal, 
et  ne  rencontre  plus  son  axe  vertical,  devient  discontinu,  et 
se  compose  nécessairement  de  deux  ovales  égales  et  séparées 
(fig.  1 8) ,  sans  rien  préj  uger  d'ailleurs  sur  les  formes  précises.Entre 
ces  deux  cas  nettement  tranchés,se  place  naturellement  l'hypo- 
thèse moyenne  m  =  rf,  qui,  suivant  une  règle  logique  univer- 
• 

selle,  aussi  importante  que  méconnue,  ne  doit  être  conçue  que 
d'après  les  deux  extrêmes  qu'elle  doit  lier,  et  surtout  ici  d'après 
le  second,  en  y  supposant  diminué  graduellement  l'excès  de  d 
sur  m  ;  l'écartemenl  des  deux  ovales  décroît  simultanément,et, 
à  la  limite,  elles  deviennent  enfin  contiguës  (fig>  19j.  Telles 
sont  les  trois  formes  distinctes  que  comporte  le  lieu  actuel  :  le 
centre  0  de  la  courbe  s'y  trouve  placé  tantôt  en  dedans,  tantôt 
en  dehors,  ou  enfin  sur  sa  circonférence. 

Dans  les  deux  derniers  cas,  la  considération  du  degré  suffi- 
rait à  démontrer  spécialement  que  le  sens  de  la  courbure  est 
conforme  à  nos  suppositions,  sans  lesquelles  le  lieu  pourrait 
offrir  plus  de  quatre  points  en  ligne  droite.  Mais  ce  motif  de- 


72  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

viendrait  insuffisant  pour  le  premier  cas,  où  le  degré  ne  serait 
pas  incompatible  avec  une  forme  inverse  du  quart  de 
courbe  KL.  Quoique  Tanalogie  analytique  doive  alors  natu- 
rellement disposer  à  y  étendre  la  disposition  reconnue  envers 
les  deux  autres,  cette  présomption  légitime  n'y  saurait  dispen- 
ser d'une  rigoureuse  appréciation. En  y  appliquant  la  méthode 
générale  qui  nous  a  jusqu'ici  réussi  facilement,  on  confirmera 
la  figure  supposée,  mais  avec  des  embarras  algébriques  tenant 
à  la  complication  de  l'équation  actuelle,  et  très  propres  à  faire 
déjà  sentir  le  besoin  de  moyens  plus  perfectionnés. 

Afin  que  l'image  de  ces  trois  courbes  soit,  dès  ce  moment, 
aussi  nette  que  possible,  je  crois  devoir  indiquer  ici,  à  leur 
égard,  par  une  utile  anticipation,  une  propriété  qui  en  éclair- 
cira  beaucoup  la  notion,  quoique  la  démonstration  en  doive 
êti*e  renvoyée  à  la  géométrie  à  trois  dimensions.  Elle  consiste 
à  envisager  ces  courbes  comme  les  diverses  sections  planes 
d'un  tore  y  surface  facile  à  concevoir,  et  fréquemment  employée, 
d'après  sa  génération  par  un  cercle  tournant  autour  d'un  axe 
extérieur.  Si  le  plan  coupant,  contenant  d'abord  l'axe,  s'en 
éloigne  parallèlement,  il  déterminera,  en  premier  lieu,  la 
section  tracée  fig,  18,  jusqu'à  ce  qu'il  vienne  à  toucher  la  par- 
tie inférieure  du  tore,  ce  qui  donnera  la  courbe  fig,  19,  après 
quoi  la  section,  devenant  continue,  prendra  la  forme  indiquée 
fig,  17.  Ces  trois  courbes  pourront  donc  être  commodément 
qualifiées  de  sections  toriques. 

23 .  7'  EXEMPLE.  Equation  du  lieu  £  un  f  oint  dont  les  distances 
à  un  point  fixe  et  d  une  droite  fixe  sont  toujours  propor- 
tionnelles. Quand  le  rapport  constant  n  est  l'unité,  cette  défi- 
nition coïncide  avec  celle  du  n^  20,  en  sorte  que  la  parabole 
doit  ici  constituer  un  cas  particulier,  sur  lequel  il  serait  super- 
flu d'insister. 

L'équation  spontanée  u  =»  n/,  entre  les  distances  varia- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  73 

bles  MF  et  MQ  [fig,  20),  indiquera  d^abord,  comme  au  n*  20, 
par  la  nature  du  système,  un  lieu  toujours  symétrique  autour 
de  la  perpendiculaire  FD  menée  du  point  fixe  F  à  la  droite 
fixe  BC.  Pour  avoir  convenablement  égard  aux  conditions 
restrictives,  considérons  d'abord  les  valeurs  de  t  supérieures 
à  cf,  qui  correspondent  à  des  parallèles  telles  que  MM'  à  droite 
de  F:  alors  leur  distance  au  centre  F  des  cercles  de  construc* 
tion  étant  /—  d,  la  condition  d'intersection  t  —  d  <,Uy  déjà 
indistinctement  satisfaite,  quelque  grand  que  soit  /,  si  le  rap- 
port donné  n  est  égal  à  Tunité,  le  sera,  à  plus  forte  raison, 
pour  n  >  1.  Mais,  si  n  est  inférieur  à  1,  cette  inégalité  assi- 

d 

gnera,  au  contraire,  à  t  une  limite  supérieure  r ,  qui  mar- 

quera,  sur  Taxe  du  lieu,  le  point  A'  le  plus  éloigné  de  F  et 
de  BC.  Dans  ce  cas^  la  courbe  sera  donc  limitée  à  droite  de  F, 
Entre  ce  point  et  BC,  la  distance  de  la  parallèle  au  centre 
devient  d  —  ^  et  la  condition  de  rencontre,  d  —  ^  *<  m,  in- 
dique pour  t  une  limite  inférieure  j-j-- ,  évidemment  com- 
mune à  toutes  les  hypothèses,  et  qui  déterminera  en  A  Tinter- 
section  nécessaire  du  lieu  proposé,  quel  qu'en  soit  la  forme, 
avec  son  axe  naturel  FD.  Enfin,  de  l'autre  côté  de  BC,  la 
courbe,  qui  ne  pourrait  y  pénétrer  si  n  était  égal  à  1,  en  sera 
encore  plus  évidemment  exclue  pour  n  <  1  ;  mais  elle  pourra 
s'y  étendre,  et  même  indéfiniment,  dans  le  cas  de  n  >  1,  qui, 
jusqu'alors  confondu  avec  celui  de  la  parabole^  commence  ainsi 
à  s'en  distinguer  nettement.  Afin  de  mieux  apprécier  cette 
diversité,  considérons  une  de  ces  dernières  parallèles  NN'  :  sa 
distance  au  centre  des  cercles  sera  exprimée  par  t  ••{-  d^  ei  la 
condition  d'intersection  t  +d  <u  imposera,  à  èe  genre  de 

valeurs  de  /,  la  limite  inférieure  — j ,  correspondante  à  une 
seconde  rencontre  A"  du  lieu  avec  son  axe,  et  à  partir  de 

18 


74  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

laquelle  la  courbe  «  interrompue  eulre  A  et  A  ",  s'éloignera  à 
l'infini. 

D'après  l'ensemble  de  cette  discussion  préliminaire,  la  défi- 
nition actuelle  comprend  donc,  comme  la  précédente,  trois 
courbes  nettement  distinctes  :  d'abord,  pour  n  a»  1,  la  para- 
bole, limitée  à  gauche  de  F  et  illimitée  à  droite  ;  ensuite 
pourn  <  1,  une  courbe ,  fermée  et  continue,  commençant 
en  A  et  finissant  en  A'  ;  enfin^  pour  n  >  1,  une  courbe  illimi- 
mitée  et  discontinue,  dont  les  deux  parties  s'étendront  indéfini- 
ment, l'une  à  droite  de  A,  l'autre  h  gauche  de  A". 

Le  passage  à  l'équation  rectiligne  ne  présente  pas  plus  de 
difficulté  ici  qu'au  n9  20.  En  adoptant,  par  les  mêmes  motifs, 
les  mêmes  axes  FD  et  BG,  on  aura  Téquation 

yi  +  (1  —  n«)  x^—  âdir  +  d«  =  0. 

Sa  discussion  ne  ferait  que  confirmer  la  distinction  ci-dessus 
établie.  Mais,  en  écartant  le  cas  de  n  «a  1,  déjà  examiné,  son 
appréciation  peut  nous  offrir  un  nouvel  intérêt,comme  exemple 
très  remarquable  de  reconnaissance  analytique  d'une  courbe. 
En  effet,  outre  que  les  cas  de  n  <  i  et  n  >  i  nous  ont  indi- 
qué des  figures  générales  évidemment  analogues  à  celles  des 
courbes  du  même  degré  considérées  au  n°  19  sous  les  noms 
d'ellipse  et  d'hyperbole,  la  comparaison  algébrique  des  équa- 
tions correspondantes  vient  constater  l'équivalence  fondamen- 
tale des  définitions  qui  les  ont  fournies,  malgré  leur  grande 
diversité  géométrique.  Car,  l'équation  trouvée  au  n^  19  étant 
écrite  sous  la  forme 

sa  confrontation  avec  la  précédente  montre  qu'elles  ne  diffèrent 
essentiellement  que  par  la  présence  dans  celle-ci  d'un  terme 
du  premier  degré  en  x  qui  manque  à  l'autre.  Or,  comme  nous 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÉUE.  75 

savons,  en  principe,  que  Téquation  d'une  ligne  peut  changer 
par  suite  de  son  simple  déplacement,  sans  aucune  variation  de 
forme  ou  de  grandeur,  il  reste  à  décider  si  une  telle  diversité 
algébrique  ne  proviendrait  pas  uniquement  d'une  différence 
de  situation  des  axes  envers  la  courbe  commune.  Cette  diffé- 
rence ne  saurait  porter  sur  Taxe  des  x^  autour  duquel  le  lieu 
est  dans  les  deux  cas,  pareillement  symétrique  :  mais  l'autre 
axe  ne  présente  point  la  même  parité  ;  puisque  la  symétrie  qui 
existe  aussi  autour  de  lui  d'après  la  seconde  équation  est  cer- 
tainement incompatible  avec  la  première.Ilfaut  donc  examiner 
finalement  si  celle-ci  ne  pourrait  pas  perdre  sou  terme  distinc- 
tif  —  2rfar  en  déplaçant  convenablement  Forigine  le  long 
de  FD.  Un  tel  déplacement  équivaudra  algébriquement  à  y 
changer  ar  en  x'  +  A,  si  A  désigne  l'avancement  indéterminé 
de  l'origine  actuelle  D  dans  le  sens  DA\  En  opérant  c^tte 
transformation,  il  est  aisé  de  voir  que  les  deux  termes  du  pre- 
mier degré  en  x'  se  détruiront  mutuellement,  pourvu  qu'on 

d 

prenne  h  =  -j,  ce  qui  place  cette  nouvelle  origine  à  droite 

ou  à  gauche  de  BC,  selon  que  n  est  iférieur  ou  supérieur  à  i, 
en  0  ou  0  ',  toujours  au  milieu  de  AA'  ou  de  AA". L'équation 
ainsi  modifiée 

devient  rigoureusement  assimilable  à  celle  du  n^  19,  comme 
ayant  évidemment  la  même  forme,  et  offrant  d'ailleurs  une 
équivalente  généralité,  puisqu'elle  contient  un  pareil  nombre 
de  constantes  arbitraires.  On  ne  peut  donc  plus  douter  de 
l'identité  des  lieux,  et,  en  achevant  la  confrontation  algé- 
brique, de  manière  à  passer  indifféremment  d'un  système  de 
constantes  à  l'autre,  on  établira,  entre  ces  deux  définitions, 
une  exacte  transition  mutuelle,  soit  que  Ton  prenne 


76  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ou  en  sens  inverse, 

2dn                   2n'd 
^==  1 s   et   a  =  r r. 

Le  mode  de  distinction  entre  Tellipse  et  Thyperbole  qui,  au 
n®  19,  consistait  en  m>  d'  ou  m  <  rf',est  ici  maintenu,sous 
une  forme  évidemment  équivalente,  en  supposant  n  <  i 
ou  n>  1. 

Pour  utiliser  autant  que  possible  ce  rapprochement  remar- 
quable, il  convient  de  le  poursuivre,  en  particulier,  jusqu'à 
décider  si  le  point  fixe  de  la  définition  actuelle  coïncide  avec  l'un 
de  ceux  relatifs  à  Tancienne.  Or,  il  suffit,  à  cet  effet,  de  les  rap- 
porter tous  à  une  origine  qui  doive  être  nécessairement  com- 
mune aux  deux  systèmes,  telle  que  le  centre  0,  où  se  croisent 
les  axes  géométriques  du  lieu,  droites  dont  l'identité  ne  saurait 
être  douteuse.  La  difficulté  se  réduit  donc  à  comparer  OF 
ou  A  —  d  avec  i  d';  ce  qui  démontre  pleinement  la  coïncidence 
des  deux  sortes  de  points  fixes.  Dès  lors,-  la  duplicité  propre  à 
celui  du  n®  19  se  trouve  r  -voir  aussi  convenir  au  point  actuel, 
et,  par  suite,  à  la  droite  r  )rrespondante  ;  comme  Tindiquait 
d'ailleurs  la  symétrie  du  lieu  autour  du  second  axe  G6'  mené 
du  centre  0. 

Cet  exemple  de  comparaison  algébrique  entre  deux  défi- 
nitions a  plus  d'importance  que  celui  du  n^  21  relatif  au  cercle, 
soit  par  la  difficulté  beaucoup  plus  grande  de  saisir  géométri- 
quement l'équivalence  des  deux  générations,  soitd'aprèsla  mo- 
dification algébrique  qu'il  a  fallu  apporter  à  l'une  des  équations 
avant  de  les  assimiler,  suivant  une  marche  qui  sera  bientôt 
systématisée. 

La  nature,  moitié  rectillgne,  moitié  polaire,  du  système  de 
coordonnées  inhérent  à  cette  définition,  y  rend  le  passage  à 
Téquation  polaire  tout  aussi  facile  que  la  formation  de  l'équa- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  77 

lion  rectiligne.  Comme  cette  équation  polaire  des  trois  sections 
coniques  est  utile  à  connaître,  je  crois  devoir  la  déduire  ici  de 
Téquation  naturelle  u  =^nt,  en  plaça  .t  le  pôle  au  point  fixe  F 
et  comptant  les  angles  à  partir  de  FA  .  L'une  des  coordonnées 
primitives  u  est  alors  conservée  :  quant  à  Tautre  /,  il  suffit  de 
la  concevoir  en  DP  pour  reconnaître  aussitôt  qu'elle  équivaut 
à  {/-|- 1/  cos  f  ;  ce  qui  conduit  finalement  à  Téquation  polaire. 

nd 
1  -^  n  cos  cp 

Elle  indiquera  un  lieu  illimité  ou  fermé,  selon  que  la  valeur 

1 

de  uy  pourra  ou  non  devenir  infinie,  ce  qui  exige  cos  9  s»  -  ; 

il 

hypothèse  inadmissible  pour  n  <  i ,  mais  acceptable  en  tout 
autre  cas,  conformément  à  la  distinction  déjà  établie. 

24.  8«  Exemple.  Equation  de  la  conchoïde.  On  appelle  ainsi, 
depuis  les  Grecs,  le  lieu  d'un  point  dont  la  distance  à  une  droite 
fixe  BC  demeure  constante,  en  Testimant  selon  des  rayons  con- 
vergents vers  un  point  fixe  A  (/îg.  21).  Son  équation  naturelle 
est  donc  MN  onz^^c.  Elle  indique  d'abord  que  la  courbe  est 
évidemmentsymétriqueautourdelaperpendiculaire  KK'  menée 
du  point  fixe  à  la  droite  fixe.  Nous  voyons  ensuite  que  la  plus 
courte  distance  MP  du  point  décrivant  M  ou  M'  à  la  droite  BC 
devra  sans  cesse  diminuer,d'après  l'invariabilité  del'hypoténuse 
MN,  à  mesure  que  l'angle  N  deviendra  plus  aigu,  et  propor- 
tionnellement à  son  sinus,  qui  équivaudrait  toujours  à  MP  si 
la  constante  c  était  prise  pour  rayon  trigonométrique.  Ainsi, 
d'une  part,  le  maximum  de  MP  devant  se  trouver  en  K  et  K' 
sur  l'axe  AO,  les  deux  branches,  supérieure  et  inférieure,  de 
la  courbe  seront  constamment  renfermées  entre  les  horizontales 
correspondantes.  D'une  autre  part,  et  c'est  icila  plusremarqua- 
ble  singularité  d'une  telle  définition,  chacune  de  ces  branches, 
dans  son  cours  horizontal  indéfini,  se  rapprochera  continuelle- 


78  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ment  de  BC,à  tel  degré  qu'on  voudra,  mais  sans  pouvoir  cepen- 
dant l'atteindre  jamais,  car  MP  ne  saurait  s'annuler  rigoureuse- 
ment, quelque  aigu  que  devienne  l'angle  N  ;  en  sorte  que  BC  ne 
pourra  être  censé  rencontrer  la  courbe  qu'à  l'infini.  Cette  nou- 
velle relation  géométrique,  d'après  l'aquelle  la  droite  est  ordi- 
nairement qualifiée  éPasymptote  de  la  courbe,  nous  fournira 
bientôt  le  sujet  d'une  importante  théorie  générale,  comme 
très  propre  à  mieux  caractériser  la  forme  des  lignes  qui  en  sont 
susceptibles.  On  sent,  en  effet,  dès  ce  moment,  que  toute 
courbe  doit  finir  par  être  convexe  vers  son  asymptote,  sans 
quoi  elle  la  couperait  nécessairement. 

Cette  discussion  préliminaire  indique  aussitôt  les  axes  rec- 
tangulaires  les  plus  favorables  à  la  simplification  de  Téquation 
rectiligne.  Un  motif  de  symétrie,  dont  l'appréciation  algébrique 
nous  est  déjà  familière,  conduit  d'abord  à  prendre  AKK'  pour 
l'un  des  axes.  Quant  à  l'autre,  l'asymptotisme  de  BC  ne  saurait 
permettre  aucune  hésitation. Sans  doute,  l'influence  algébrique 
de  cette  nouvelle  relation  géométrique  n'est  ni  aussi  facile  à 
prévoir  ni  même  aussi  considérable  que  celle  de  la  première. 
Hais  on  conçoit  pourtant,  sauf  à  mieux  préciser  ultérieurement 
un  tel  apperçu,  que,  en  prenant  cette  asymptote  BC  pour  axe 
des  x^  l'équation,  devant  ainsi  donner  a;  =  oo  pour  y  =  0, 
devra  manquer,  à  cet  effet,  ou  de  tous  les  termes  en  x  seul,  ou, 
au  moins,  de  ceux  du  plus  haut  degré  ;  de  manière  à  devenir 
nécessairement  plus  simple  qu'avec  un  axe  quelconque. 

D'après  ce  choix  des  axes,  le  passage  de  l'équation  natu- 
relle à  l'équation  rectiligne  résulte  aussitôt  de  la  comparaison 
des  triangles  AON  et  MPN,  qui  conduit,  en  nommant  d  la 
distance  AO,  seconde  donnée  de  la  définition,  à  l'équation 


que  la  suppression  du  radical  élèverait  au  quatrième  degré.  On 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  79 

voit  que,  selon  nos  doubles  prévisions,  x  n'y  entre  point  à  des 
puissances  impaires  ni  séparé  de  y.  En  y  dégageant  x,  sous  la 
forme. 

on  retrouve  immédiatement  les  limites  verticales  de  la  courbe, 
son  cours  horizontal  indéfini,  et  son  asymptotisme  envers  Taxe 
des  X.  Le  seul  document  nouveau  que  nous  offre  cette  équa- 
tion résulte  de  ce  que  la  valeur  de  x,  déjà  annulée  pour 
y,«=3  ±:  c,  peut  Têtre  aussi  pour  y  =  d,  quel  que  soit  c;  ce 
qui  indique  le  point  A  comme  appartenant  au  lieu.  Dans  la' 
figure  actuelle,,  où  d  surpasse  c^  ce  point  se  trouve  isolé  du 
reste  de  la  courbe,  puisque  les  valeurs  de  y  intermédiaires 
entre  c  et  (f  ne  sont  pas  admissibles  :  c'est  un  accident  géomé- 
trique qui  n'a  réellement  d'étrange  que  sa  nouveauté,  et  qui 
peut  d'ailleurs  être  aisément  conçu,  soit  algébriquement,  soit 
même  graphiquement.  Quand,  au  contraire^  d  est  inférieur 
à  c,  ces  ordonnées  de  c  à  (f  donnent  des  abscisses  réelles, 
d'abord  croissantes,  puis  décroissantes,  en  tant  que  nulles  aux 
deux  extrémités  de  cet  intervalle  :  la  partie  supérieure  de  la  ^ 
courbe  est  donc  modifiée,  et  prend  alors  la  forme  indiquée 
fig,  22,  l'autre  partie  n'éprouvant  d'ailleurs  aucun  grave 
changement.  Enfin,  ixd^^c^  cette  position  fermée  addition- 
nelle AHKH',  après  un  rétrécissement  continu,  s'effacera  tota- 
lement, conformément  à  la  fig^  23.  C'est  ainsi  que  l'équation 
rectiligne  dévoile  spontanément  une  distinction  nécessaire,  que 
la  définition  primitive  était  peu  propre  à  indiquer.  Il  existe 
donCy  en  réalité,  trois  sortes  de  conchoïdes,  comme  trois  sortes 
de  sections  toriques  et  de  sections  coniques. 

Quoique  cette  équation  dût  susciter  beaucoup  d'embarras 
algébriques  à  la  seule  métHode  générale  que  nous  connaissions 
déjà  pour  déterminer  analytiquement  le  sens  de  la  courbure. 


80  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

le  lecteur  pourra  constater  aisément,  à  cet  égard,  l'exactitude 
des  suppositions  ici  figurées,  d'après  une  suffisante  combinaison 
de  la  définition,  et  surtout  de  Tasymptotisme  qui  en  dérive, 
avec  la  considération  du  degré  obtenu  :  il  sera  même  facile  de 
déterminer  spécialement,  en  chacun  des  trois  cas,  la  vraie 
direction  de  la  tangente  en  K,  ainsi  qu'en  &'  ;  ce  qui  achèvera 
de  dissiper,  à  cet  égard,  toute  incertitude. 

25.  9*  EXEMPLE.  Équation  du  lieu  du  sommet  d^un  angle 
invariable  dont  chaque  côté  passe  toujours  par  un  point  fixe. 
L'équation  naturelle  est  ici  9  —  ^  =  v,  entre  les  inclinaisons 
variables  des  deux  côtés  de  Tangle  donné  v  sur  la  droite 
qui  joint  les  deux  points  fixes  A  et  B  {fig.  24}.  Elle  indique 
aussitôt  un  lieu  limité,  puisque,  les  deux  coordonnées  an- 
gulaires ne  pouvant  ainsi  devenir  jamais  égales,  les  deux  droi- 
tes mobiles  ne  seront,  en  aucun  cas,  parallèles,  et  par  suite 
le  point  décrivant  M  ne  pourra  point  s'éloigner  indéfiniment  de 
AB.  La  courbe  doit  d'ailleurs  être  symétrique  autour  de  la 
perpendiculaire  CK  menée  au  milieu  de  AB;  car,  l'équation  ne 
change  pas  en  substituant  à  chaque  inclinaison  le  supplément 
de  l'autre,  de  manière  à  passer  de  M  en  M'.  L'équation  étant 
satisfaite  par  4/^=^0  et  9  b»  v,  le  lieu  passe  en  A,  et  pareillement 
en  B  :  il  est  aisé  de  sentir  que  cette  valeur  de  ^  y  marque  la 
direction  delà  tangente  correspondante;  puisque  l'angle  MAX 
tend  vers  cette  limite  v^  à  mesure  que  le  point  M  se  rapproche 
indéfiniment  du  point  A,  conformément  à  la  définition  générale 
des  tangentes. 

Pour  passer  à  l'équation  rectiligne,  d'après  les  axes  AB  et 
GK,  spontanément  indiqués  par  cette  discussion  préalable,  il 
convient  de  mettre  d'abord  l'équation  naturelle  sous  la  forme 
trigonométrique,  surtout  en  y  prenant  les  tangentes  des  deux 
membres,  ce  qui  donne 

i-ftangf  tang^' 


PREinÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  81 

Dès  lors,  les  triangles  rectangles  MAP  et  MBP  conduisent  ai- 

sèment  à  exprimer  ces  deux  tangentes  par  — ^  et  — j-j,  d  dé- 

signant  la  demi-distance  des  deux  points  fixes  A  et  B,  et  m  la 
tangente  de  Tangle  donné  v.  On  obtient  ainsi  Téquation  recti- 
ligne. 

où  Ton  reconnaît  aussitôt,  conformément  à  l'indication  géomé- 
trique, un  cercle  dont  le  centre  est  sur  Taxe  des  y,  en  un  point 
C  tel  que  Tangle  ACO  y  soit  égal  à  Tangle  donné,  le  rayon  étant 
d'ailleurs  égal  à  GA. 

26.  iO«  EXEMPLE.  Équation  de  la  dssùxie.  On  nomme  ainsi, 
depuis  les  Grecs,  une  courbe  dérivée  du  cercle  en  y  tirant, 
d'un  point  fixe  A  (fig.  25)  de  la  circonférence,  une  sécante  quel- 
conque, prolongée  jusqu'à  sa  rencontre  en  C  avec  la  tangente 
opposée  BK,  et  portant,  sur  cette  sécante,  à  partir  de  ce  point 
fixe,  une  distance  AM  constamment  égale  à  sa  partie  extérieure 
GN,  comprise  entre  la  tangente  et  le  cercle.  L'équation  natu- 
relle est  donc  AM=aGN,  entre  ces  deux  longueurs  variables. 
Elle  indique  d'abord  un  lieu  évidemment  symétrique  autour  de 
AB.  De  plus,  la  courbe  commence  en  A,  où  sa  tangente  est 
nécessairement  AB,  limite  irrécusable  de  la  direction  MA,  à 
mesure  que  le  point  décrivant  M  se  rapprocherait  de  A.  Inté- 
rieure d'abord  au  cercle  donné,  elle  le  coupera  vis-à-vis  son 
centre,  en  D  et  D',  et  s'en  dégagera  ensuite  de  plus  en  plus, 
quand  l'angle  variable  MAB  surpassera  45®.  Mais^  en  s'éloi- 
gnant  du  cercle,  elle  s'approchera  continuellement  de  la  tan- 
gente BK,  d'après  l'équation  MG  =  AN,  qui  indique  la  distance 
oblique  MC,  et  à  plus  forte  raison  la  distance  perpendiculaire 
MH,  comme  pouvant  diminuer  autant  qu'on  voudra,  sans 
pourtant  devenir  jamais  rigoureusement  nulle.  La  droite  BK 
est  donc  une  asymptote  de  la  courbe,  qui  d'ailleurs  ne  saurait 


82  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

la  dépasser.  Cette  discussion  conduit  évidemment  à  la  forme 
tracée  sur  la  figure,  sauf  les  chances  accoutumées  de  sinuosité 
entre  le  pôle  A  et  Tasymptote  BK. 

Le  passage  de  Téquation  naturelle  à  l'équation  rectiligne  pré- 
sente, dans  cet  exemple,  une  circonstance  nouvelle,  qu'il  im- 
porte de  remarquer,  d'après  l'utilité  notable  qu'on  y  trouvera 
à  introduire,  comme  intermédiaire,  l'équation  polaire  autour 
du  point  A,  qui  résulte  presque  immédiatement  de  la  pre- 
mière, et  qui  conduit  également  à  la  seconde.  D'abord,  l'une 
des  coordonnées  naturelles  MA,  est  précisément  le  rayon  vec- 
teur i/  du  point  M;  quant  à  l'autre,  NG,  elle  constitue,  rela- 
tivement à  l'angle  9,  une  sorte  de  ligne  trigonométrique  inusi- 
tée, égale  à  l'excès  de  sa  sécante  AC  sur  son  cosinus  AN,  eu 
égard  à  l'angle  droit  ANB,  et  en  prenant  AB  pour  rayon  tri- 
gonométrique. On  forme  ainsi  l'équation  polaire 

2r        ^  ^   sin^9 

u  =* 2r  cos  9  =  2r ^, 

coscp  cos  9 

où  r  désigne  le  rayon  du  cercle  donné.  Dès  lors  le  passage  à  Pé- 
quaUon  rectiligne  se  fera  sans  difficulté,  d'après  le  triangle  rec- 
tangle AMP,  relativement  aux  axes,  déjà  motivés,  AB  et  AY. 
Cette  équation  sera  finalement 


y». 


2r  —  x 


Il  est  aisé  d'y  retrouver  les  indications  géométriques  déjà  obte- 
nues. Quant  au  sens  de  la  courbure,  encore  indécis  pour  les 
parties  moyennes,  le  degré  seul  de  l'équation  confirmerait  suf- 
fisamment notre  hypothèse,  en  indiquant  l'absence  de  toute  in- 
flexion, afin  que  la  courbe  ne  puisse  jamais  ofTrir  plus  de  trois 
points  en  ligne  droite.  Mais,  d'ailleurs,  on  peut  ici  appliquer 
aisément  la  méthode  générale  employée  jusqu'à  présent,  en 
considérant  la  corde  indéterminée  AM  ' ,  dont  l'extrémité  a  une 


PREMIÂRE  PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME.  83 

abscisse  arbitraire  x\  L'ordonnée  LQ  ou  z  de  cette  corde,  dé- 
duite de  la  comparaison  des  triangles  ALQ  et  AMT',  sera  ex- 


primée  par  x  1/  5 ,^  en  sorte  que 

d'où  il  résulte,  conformément  à  la  forme  supposée,  que  ^  sera 
moindre  que  Zy  tant  que  x  restera  inférieur  à  x' . 

A  cette  définition  primitive  de  la  cissoïde,  il  convient  de 
joindre  ici,  d'après  Newton,  une  génération  remarquable  par 
un  mouvement  continu.  Elle  consiste,  après  avoir  prolongé  le 
diamètre  AB  [fig.  26)  d'une  longueur  AF  égale  au  rayon,  à  faire 
mouvoir  un  angle  droit,  dont  un  côté  est  de  la  longueur  AB,  de 
telle  manière  que,  son  côté  indéfini  passant  toujours  en  F, 
l'extrémité  L  de  son  côté  défini  IL  doive  décrire  la  perpendicu- 
laire DOD'  :  alors  le  milieu  M  de  ce  côté  décrit  nécessairement 
la  cissoïde.  Car,  l'égalité  des  triangles  rectangles  FLI  et  FLO, 
où,  par  construction,  FO  =  IL,  donne  FI  =  LO  ce  qui  con- 
duit à  reconnaître  l'égalité  des  triangles  FEI  et  LEO,  d'où  il 
résulte  FE  =»  LE,  et,  par  suite  AE  e=>  EM,  puisque  AF  et  ML 
sont  tous  deux  égaux  au  rayon  du  cercle.  Dès  lors,  la  droite 
AM  devenant  parallèle  à  FL,  les  triangles  ACB  et  FLO  seront 
égaux,  d'où  BC  «>  OL,  et,  par  suite,  LC,  égal  et  parallèle  à  OB 
ou  AO.  On  reconnaît  ainsi  l'égalité  constante  des  triangles  isocè- 
les AON  etCLM,  et,  en  conséquence,  des  longueurs  AN  et  CM, 
ce  qui  équivaut  à  AM  =  CN,  caractère  primordial  de  la  cissoïde. 

Cette  seconde  définition  pourrait  fournir  un  utile  exercice  de 
géométrie  analytique,  que  je  recommande  aux  commençants, 
quand  ils  seront  assez  avancés  pour  surmonter  les  difficultés 
qu'elle  offre  à  la  reproduction  directe  de  l'équation  rectiligne, 
ce  qui  deviendra  suffisamment  possible  dès  la  fin  du  chapitre 
suivant. 


84  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

27.  Userait  maintenant  superflu  de  prolonger  davantage  la 
série  d'exemples  préliminairesquej*aijugée  indispensable  pour 
rendre  déjà  convenablement  familière  la  conception  fondamen- 
tale de  la  géométrie  analytique.  Toute  la  suite  de  notre  étude 
offrira  d'ailleurs  beaucoup  d'occasions  naturelles  d'en  indiquer 
d'autres  de  plus  en  plus  difficiles.  Du  reste,  le  lecteur  peut  ici 
les  multiplier  spontanément,  avec  d'autant  moins  d'embarras 
que  la  plupart  des  définitions  ci-dessus  considérées  peuvent  en 
suggérer  aisément  de  nouvelles  ;  c'est  ainsi,  par  exemple,  que 
celles  de  la  conchoîde  et  de  la  cissoïde  pourraient  être  facilement 
généralisées  en  y  substituant,  pour  l'une  à  la  ligne  droite,  pour 
l'autre,  au  cercle  telle  courbe  qu'on  voudrait.  Je  crois  seulement 
devoir  encore  signaler  ici,  mais  sans  aucun  examen,  quelques 
définitions  propres  à  fournir  d'utiles  exercices. 

On  doit  surtout  remarquer  la  double  suite  de  courbes  que 
Descartes  a  tirées  du  cercle.  Les  unes,  fermées,  se  forment 
d'abord  en  projetant  sur  un  rayon  quelconque  la  projection 
de  son  extrémité  sur  un  diamètre  fixe  ;  en  redoublant  la  même 
construction  envers  la  courbe  ainsi  obtenue  on  en  déduit  une 
nouvelle,  et  pareillement  à  l'infini.  Quant  aux  autres,  qui  sont 
illimitées,  on formela  première  en  prenant,  sur  chaque  rayon,  le 
point  dont  la  projection  sur  le  diamètre  fixe  appartient  àla  per- 
pendiculaire menée  à  ce  rayon  de  son  extrémité  ;  chacune  des 
autres  courbes  de  cette  suite  se  déduit  de  la  précédente  selon  le 
même  mode  graphique,  indéfiniment  applicable.  Ces  deux 
séries  de  lignes  fournissent  des  exemples  intéressants  d'équa- 
tions  rectilignesde  tous  les  degrés  pairs,  les  uns  simplement,  les 
autres  doublement.  En  y  substituant  au  cercle  primitif  une 
courbe  quelconque,  on  pourra  saisir,  en  général^  le  mode  ana- 
lytique invariable  suivant  lequel  son  équation  polaire  produira 
celles  des  deux  suites  correspondantes  :  la  subordination  des 
équations  rectilignes  en  résultera  facilement. 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  85 

Je  signalerai  encore  le  lieu  des  points  dont  la  somme  des 
carrés  des  distances  à  divers  points  fixes  du  plan  demeure 
constante.  Le  lecteur  y  reconnaîtra  aisément  un  cercle  dont  le 
centre  coïncide  avec  le  centre  de  gravité  du  système  des 
points  donnés,  supposés  tous  de  même  poids. 

Enfin,  j'indiquerai  Tespëce  la  plus  simple  d'épicycloïde 
plane,  c'est-à-dire,  le  lieu  d'un  point  de  la  circonférence  d*un 
cercle  invariable  qui  roule  sur  un  cercle  fixe,  de  pareil  rayon, 
et  qui,  en  même  temps,  tourne  autour  de  son  centre  avec  une 
égale  vitesse.  Suivant  que  les  deux  mouvements  sont  contraires 
ou  conformes,  le  lieu  est  ou  un  cercle  aisé  à  vérifier,  ou  une 
courbe  remarquable  du  quatrième  degré.  Cette  équation  se 
formera  facilement  en  introduisant,  comme  variable  auxiliaire, 
la  direction  de  la  ligne  des  centres.  On  pourra  constater  ainsi, 
sans  traiter  formellement  le  cas  général,  trop  compliqué,  où  les 
deux  cercles  seraient  inégaux,  que  le  degré  de  Téquation  y  dé- 
pendrait dû  rapport  de  leurs  rayons. 


CHAPITRE  m. 

Théories  préliminaires  relatives  :  !<>  à  la  ligne  droite  ;  2*  à  la  transposition 

des  axes. 


28.  Pour  compléter  cette  indispensable  introduction  à  Ten- 
semble  de  la  géométrie  analytique,  il  ne  nous  reste  plus  qu'à 
exposer  deux  théories  préliminaires  extrêmement  usuelles,  sans 
lesquelles  Texplication  des  méthodes  générales  qui  doivent  con- 
stituer notre  principal  objet  se  trouverait  fréquemment  inter- 
rompue par  des  considérations  incidentes,  dont  la  reproduction 
superflue  y  deviendrait  bientôt  aussi  gênante  que  fastidieuse. 

Théorie  analytique  de  la  ligne  droite.  Elle  consiste  essentiel- 
lement à  trouver  les  deux  coefficients,  linéaire  et  angulaire, 


86  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

propres  &  Téquation  de  chaque  droite,  quand,  au  lieu  d'èU'e 
immédiatement  donnés,  ils  doivent  résulter  de  tout  autre  mode 
élémentaire  relatif  à  la  détermination  de  la  droite  cherchée, 
d'après  des  conditions  purement  rectilignes.  Judicieusement 
réduite  à  ce  qui  concerne  sa  vraie  destination  pour  Tensemble 
de  la  géométrie  analytique,  cette  théorie  préliminaire  se  com- 
pose seulement  de  trois  questions  essentielles,  dont  les  combi- 
naisons pourraient  ensuite  se  multiplier  beaucoup,  mais  sans 
offrir  presque  jamais  aucune  utilité  réelle. 

i^  Équation  d'une  droits  passant  par  deux  points  donnés.  Spé- 
cialement envisagée,  cette  question  ne  constitue,  au  fond, 
qu'un  simple  problème  de  trigonométrie,  où  il  s'agit,  d'après 
les  distances  de  deux  points  M'  et  M"  (fig.  27)  aux  deux  axes 
OX  et  OY,  d'obtenir  l'angle  «  formé  avec  OX  par  la  droite  qui 
les  joint,  et  la  distance  b  où  elle  coupe  OY.  En  nous  bornant, 
pour  caractériser  une  telle  solution,  à  y  considérer  ici  le  coef- 
flcient  angulaire,  qui  représente  tang  a,  si  les  axes  sont  rec- 

tangulaires,  le  triangle  M' M"  N  l'exprimera  aussitôt  par  ^^ — ^/, 

formule  qui  convient  également  au  cas  des  axes  obliques,  en 
considérant  la  signiflcation  trigonométrique  que  prend  alors  ce 
coefficient. 

Mais,  sans  insister  davantage  sur  ce  mode  spécial,  il  faut 
surtout  envisager  la  question  proposée  comme  un  simple  cas 
particulier  du  problème  général  qui  consiste  à  faire  passer  une 
ligne  d'espèce  déterminée  par  un  nombre  suffisant  de  points 
donnés.  Quoique  cette  recherche  ne  doive  pas  encore  être  for- 
mellement examinée,  il  convient  néanmoins  de  sentir  déjà  que 
la  marche  analytique  qui  va  maintenant  l'accomplir  envei*s  la 
seule  ligne  droite,  comporterait  nécessairement  la  même  effi- 
cacité si,  au.  lieu  de  l'appliquer  à  l'équation  y  =  or  -j-  ô,  on 
considérait  toute  autre  équation  générale. 


PREMIÈRE  PARTIE.,  CHAPITRE  TROISIÈME.  87 

Ce  principe  évident  consiste  en  ce  que,  lorsqu'une  ligne 
passe  eu  un  point  donné,  les  constantes  arbitraires  de  son 
équation  doivent  satisfaire  à  la  relation  fournie  par  la  substitu- 
tion des  coordonnées  propres  à  ce  point.  Ainsi,  la  condition  re- 
lative au  point  M'  assujettirait  déjà  les  constantes  inconnues  a 

et  6  à  la  relation 

y'  =  ax'  +i, 

qui  insuffisante  à  les  déterminer,  permet  de  les  subordonner 
Tune  à  Fàutre.  On  y  rapporte  communément  le  coefficient  li- 
néaire au  coefficient  angulaire,  demeuré  seul  arbitraire  dans 
l'équation  de  la  droite,  qui  devient  alors 

y—y'=a{x  —  x% 

formule  très-usuelle,  et  fort  expressive,  qu'il  importe  de  re- 
tenir. En  considérant  maintenant  le  second  point  M",  on  aura, 
entre  a  et  6,  une  seconde  relation  y'  '  =  ax'  '  -}-  6,  qui,  combinée 
avec  la  précédente,  les  déterminera  complètement,  suivant  la 

v"--v' 
nature  géométrique  du  problème.  On  trouve  ainsi  ««—  ^       ^ 


X  — X 


Le  coefficient  angulaire  d'une  droite  passant  par  deux  points 
donnés  est  donc  égal  au  rapport  entre  la  différence  de  leurs 
ordonnées  et  celle  de  leurs  abscisses,  conformément  à  la 
solution  tr|gonométrique.  Il  en  résulte  l'équation 


dont  la  seule  composition  indique  clairement  le  passage  de  la 
droite  aux  deux  points.  Dans  le  cas  particulier  où  ces  deux 
pointsseraient  simplement  ses  intersections  avec  les  deux  axes, 
on  aurait,  par  exemple,  x'  =?  a,  y'  =0,  et  a:"  «»  0,  y"=  6; 
l'équation  prendrait  la  forme 

qu'il  peut  être  utile  de  remarquer. 


88  GÉOKÉTRIE  PLANE. 

Un  troisième  point  étant  évidemment  superflu,  son  intro- 
duction ferait  naître  une  relation  conditionnelle  entre  ses  coor- 
données a:"  ' ,  y  '  ",  et  celles  des  deux  premiers,  afin  que  Téqua- 
tion  déterminée  d'après  ceux-ci  pût  lui  convenir  aussi.  On  au- 
rait ainsi,  pour  chaque  nouveau  point,  la  condition  analytique 

y  —y  _ y  —  y . 

x'"—x'  '^  x''  —  x" 

ou,  en  langue  vulgaire,  pour  que  plusieurs  points  soient  en 
ligne  droite  il  faut  que  les  diflférences  de  leurs  ordonnées  soient 
proportionnelles  à  celles  de  leurs  abscisses. 

2^  Angle  de  deux  droites,  d'après  leurs  équations.  Comme 
cette  seconde  question  est,  par  sa  nature,  particulière  à  la 
ligne  droite,  elle  ne  saurait  comporter  aucune  solution  vrai- 
ment analytique,  comparable  à  la  précédente.  En  n'y  voyant 
donc  qu'un  simple  problème  de  trigonométrie,  on  peut  d'abord 
le  résoudre  aisément  dans  le  cas,  seul  usuel,  des  axes  rectan- 
gulaires, d'après  ce  principe  évident  que  l'angle  de  deux 
droites  équivaut  à  la  différence  de  leurs  inclinaisons  sur  une 
ligne  commune.  Alors,  en  effet,'les  coefficients  angulaires  pro- 
pres aux  deux  équations  données, 

y  =  ax  -^  b,  y  ^==  a'x  +  b\ 

représentant  les  tangentes  des  angles  a  et  oc'  {fiff. 28),  celte  rela- 
tion générale  v  =  a  —  a'  donne  aussitôt 

a — a' 

tang  V  =  — ;, 

i-f- aa 

Si  les  deux  droites  doivent  être  rectangulaires,  tang  v  devra 

devenir  infinie,  ce  qui  exige  la  relation  très-usuelle  aa'-|-i=»0, 

i 

d'où  a'  = :  en  sorte  que,  dans  ce  cas,  les  deux  coeffi- 
cients angulaires  sont  réciproques  et  de  signe  contraire  ;  con- 
formément à  l'évidente  indication  spéciale  de  la  figure,  où 


PREMIÈRE  PARTIE;    CHAPITRE  TROISIÈME.  89' 

Fun  des  angles  devient  ainsi  le  supplément  du  complément  de 
l'autre. 
Avec  des  axes  obliques,  on  n'aurait  plus  tang  a  ea  a,  mais 

plus  compliquée 

{a  —  a')  sin  6 


tang  V  = 


i  +  aa'  +  (ût  +  «')  cos  ô' 

dont  il  faut  éviter  de  se  surcharger  la  mémoire,  comme  n'of- 
frant aucune  utilité  réelle. 

3®  Intersection  de  deux  droites  données.  Ce  problème  con- 
sistant à  trouver,  d'après  les  constantes  propres  aux  équations 
de  deux  droites  données, 

y  =  ew:  -}-  ô,  y'  =  a'a:  -f-  b\ 

les  coordonnées  de  leur  point  commun,  on  peut  certainement 
l'envisager  comme  une  question  trigonométrique,  relative  à 
la  résolution  de  la  figure  rectiligne  qui  résulte  de  l'assemblage 
spontané  des  diverges  grandeurs  connues.  Mais,  outre  cette 
voie  spéciale,  qu'ilsufflt  ici  d'indiquer,  cette  troisième  question 
comporte  évidemment,  comme  la  première,  une  entière  géné- 
ralisation envers  des  lignes  quelconques,  et  c'est  seulement 
ainsi  que  la  recherche  devient  vraiment  analytique.  Les  coor- 
données despoiats  d'intersection  se  distinguant  algébriquement 
de  celles  des  points  particuliers  de  chaque  lieu  par  leur  apti- 
tude exclusive  à  vérifier  simultanément  les  deux  équations, 
leur  détermination  résulte  donc,  en  général,  de  l'opération 
analytique  qui  assigne  les  solutions  communes  à  ces  équations 
simultanées.  Dans  le  cas  actuel,  ce  travail  algébrique  ne  pré- 
sente aucune  difficulté,  et  foui*nit 

b'  —  b  ab'-a'b 

^  "^z — T^y  ^~^ — :;r' 

a —  a  a  —  a 

14 


90  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

pour  les  coordonnées  du  point  cherché.  Mais,  an  lien  de  rete- 
nir ces  formules,  il  sera  plus  commode  ordinairement  d'en 
reproduire  Téquivalent  envers  chaque  système  de  droites  :  le 
principe  est  seul  important.  On  conçoit,  en  outre,  que  cette 
opération  conduira  à  formuler  la  condition  analytique  du  con- 
cours de  trois  droites  en  un  même  point,  puisqu'il  faudra  alors 
exprimer  que  les  coordonnées  du  point  d'intersection  de  deux 
d'entre  elles  conviennent  à  la  troisième. 

Tels  sont  les  seuls  éléments  essentiels  qu'il  faille  admettre 
dans  la  théorie  analytique  de  la  ligne  droite,  communément 
surchargée  de  questions  superflues,  qui  n'offrent  qu'une  com- 
binaison, rarement  utile,  de  ces  trois  problèmes  fondamentaux. 
J'y  joindrai  seulement  celle  de  ces  questions  composées,  qui, 
soit  comme  type,  soit  à  raison  de  son  utilité  ultérieure,  mérite 
une  soigneuse  appréciation . 

4®  Distance  d'un  point  donné  à  une  droite  donnée.  Cette  déter- 
mination exige  évidemment  que  l'on  forme  l'équation  de  la 
perpendiculaire  indéfinie  menée  du  point  M'  {fig.  iS),  dont  les 
coordonnées  sont  x\  y*,  à  la  droite  NA,  ayant  pour  équation 
l/tsssax-\'b^ei  qu'on  en  déduise  les  coordonnées  de  leur  inter- 
section K  :  la  formule  des  distances  conduira  dès  lors  à  l'ex- 
pression de  la  longueur  cherchée  M*K  ou  p.  D'après  la  pre- 
mière de  nos  trois  questions  élémentaires,  Téquation  de  la 
droite  M'K,  en  tant  que  passant  par  M',  est 

y  — y'  =  a'  {x  —  x'). 

En  tant  que  perpendiculaire  à  la  droite  donnée,  on  a,  suivant 

1 

le  second  problème,  a'  >=> .  Si  dès  lors,  conformément  à  la 

troisième  question,  on  calcule,  sans  aucun  vain  artifice  algé- 
brique^ les  coordonnées  du  point  de  rencontre  N,  on  en  déduira 
finalement,  pour  la  distance  demandée,  la  formule,  utile  à 
retenir. 


J 


PREKIÉRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  91 


La  solution  irigonométrique  y  conduirait  directement  avec  fa- 
cilité, d'après  le  triangle  rectangle  NKM',  où  Tangle  M'  est 
égal  à  celui  dont  a  est  la  tangente  ;  car,  Thypoténuse  de  ce 
triangle  peut  être  regardée  commela  différence  entre  l'ordonnée 
y'  du  point  donné  et  rordormée  correspondante  ax'  -{-bie  la 
droite  proposée. 

Outre  cette  question  composée^  seule  importante  à  men- 
tionner,  le  lecteur  peut  s'exercer  utilement  sur  quelques  autres 
combinaisons  plus  ou  moins  complexes.  Je  citerai  surtout  la 
formuleremarquablequi exprime  Taire  d'un  triangle  d'aprësles 
coordonnées  rectilignes  de  ses  sommets.  En  partant  de  la  règle 
géométrique  ordinaire,  on  pourra  déduire  de  ces  coordonnées, 
par  des  calculs  peu  compliqués  si  les  axes  sont  rectangulaires, 
la  base  et  la  hauteur  du  triangle,  d'où  résultera  finalement 

conformément  àllndication  géométrique  directe,  en  concevant 
le  triangle  M 7d "M"'  (Jlg.  29)  comme  la  somme  des  deux  tra- 
pèzes MT'M"P"etM"P"'M"P"diminuée  du  trapèze  M'P'M"'?'". 
Les  commençants  pourront  aussi  s*exercer,  avec  quelque 
utilité,  sur  la  théorie  analytique  de  la  ligne  droite,  en  y  véri- 
fiant algébriquement  plusieurs  théorèmes,  déjà  vulgaires  géo- 
métriquement^ sur  les  convergences  des  trois  droites  qui  peu- 
vent résulter  des  trois  côtés  d'un  triangle  de  diverses  manières  : 
i^  comme  perpendiculaires  menées  des  sommets  opposés  ; 
2^  comme  joignant  leurs  milieux  à  ces  sommets  ;  3^  comme 
leurs  perpendiculaires  en  ces  milieux  ;  4^  enfin,  comme  bissec- 
trices des  trois  angles.  Tout  le  mérite  de  ces  exercices  élémen- 
taires consistera  dans  l'heureux  choix  des  axes,  qui  simplifiera 
beaucoup  des  calculs  autrement  fastidieux.  Au  reste,  après 


92  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

avoir  calculé^  envers  des  axes  communs,  les  coordonnées,  en 
général  fort  distinctes,  de  ces  quatre  intersections,  on  pourra 
compléter  cette  opération  en  reconnaissant  ainsi  que  trois  d'en- 
tre elles  sonttoujoursen ligne  droite; proposition  géométrique 
dont  la  démonstration  directe  serait  embarrassante,  mais  qui 
d'ailleurs  est  fort  oiseuse. 

29.  Théorie  de  la  transposition  des  axes.  Cette  seconde  théorie 
préliminaire,  plus  importante  que  la  précédente,  a  pour  objet 
propre  de  déterminer  les  modifications  que  comporte  Téquation 
rectiligne  d'une  figure  quelconque  par  suite  du  changement  des 
axes  correspondants.  Il  suffit,  à  cet  effet,  d'exprimer,  en  gé- 
néral, les  coordonnées  d'un  point  arbitraire  relativement  aux 
anciens  axes  d'après  ses  coordonnées  par  rapport  aux  nouveaux 
axes.  La  substitution  ultérieure  de  ces  formules  invariables  dans 
chaque  équation  considérée  y  spécifiera  l'influence  analytique 
d'une  telle  transposition,  qui,  en  elle-même,  se  rapporte  à  un 
point  isolé,  à  quelque  ligne  qu'il  puisse  ensuite  appartenir.  Or, 
l'établissement  de  ces  formules  ne  constitue  directement  qu'un 
simple  problème  trigonométrique,  dont  la  solution  n'offre  au- 
cune difficulté  essentielle.  Mais,  avant  de  s'en  occuper^  il  im- 
porte de  caractériser  nettement  la  double  destination  générale 
de  cette  théorie  indispensable,  très-imparfaitement  appréciée 
d'ordinaire.  Il  faut,  pour  cela,  considérer  séparément  ses  deux 
relations  nécessaires  avec  la  conception  fondamentale  de  la  géo- 
métrie analytique,  soit  en  ce  qui  concerne  la  comparaison  des 
lignes  d'après  leurs  équations,  soit  quant  à  la  simplification 
algébrique  de  chaque  équation  isolée. 

Sous  le  premier  aspect,  la  théorie  de  la  transposition  des 
axes  est  directement  destinée  à  décider  si  la  diversité  actuelle 
de  deux  équations  indique  une  véritable  distinction  entre  les 
lignes  correspondantes,  ou  si  seulement  elle  tient  à  une  simple 
différence  de  situation  :  ce  qui  doit  radicalement  dissiper  une 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  93 

source  fréquente  de  confusion  que  nous  avons  reconnue, 
dès  Torigine,  naturellement  inhérente  à  notre  système  de  géo- 
métrie analytique,  où  les  idées  de  position  sont  seules  immé- 
diatement exprimables.  Car,  en  faisant  subir  à  Tun  des  deux 
lieux  comparés  une  transposition  d'axes  indéterminée,  on  réu- 
nira, dans  un  même  type  algébrique,  toutes  les  modiQcations 
que  le  déplacement  de  cetle  ligne  pourrait  apporter  à  son 
équation.  Sidonc  les  deux  lieux  coïncident  réellement,  il  faudra 
que  cette  équation,  ainsi  généralisée,  puisse  comprendre  Tautre 
comme  cas  particulier^  en  disposant  convenablement  des  con- 
stantes arbitraires  relativesàla  situation  des  nouveaux  axes  pour 
identifier  les.termes  par  lesquels  ces  deux  équations  différaient 
d'abord.  Quand,  au  contraire,  aucun  système  de  valeurs  réelles 
de  ces  diverses  constantes  ne  pourra  sufBre  à  une  telle  identifica- 
tion, on  aura  pareillementconstatéqueles  deux  lieux  sont  réel- 
lement distincts.  Les  constantes  ainsi  introduites  seront,  en 
général,  au  nombre  de  quatre,  deux  linéaires,  relatives  au 
déplacementderorigine,  et  deux  angulaires,  indiquant  la  direc- 
tion des  nouveaux  axes  :  mais,  comme,  dans  cette  comparaison, 
rinclinaison  des  axes  ne  doit  paschanger,  ces  deux  dernières  ne 
seront  pas  alors  simultanément  arbitraires  ;  en  sorte  que  les 
formules  de  tranposition  ne  renfermerontici  que  trois  données 
vraiment  disponibles. 

Relativement  àla  simplification  spéciale  d'une  équation  isolée, 
nous  avons  eu,  au  chapitre  précédent,  plusieurs  occasions  de 
reconnaître  l'influence  notable  que  peut  exercer,  à  cet  égard, 
le  choix  des  axes.  Or,  d'un  autre  côté,  les  définitions  géomé- 
triques sont  souvent  impropres  à  indiquer  directement  les  axes 
les  plus  favorables  :  les  cas  que  nous  avons  examinés  feraient 
concevoir,  à  cet  égard,  des  espérances  fort  exagérées,  si  on 
ne  les  jugeait  pas,  sous  ce  rapport,  comme  de  véritables  excep- 
tions. Il  faut  donc,  en  général,  penser  quel'équation  rectiligne 


94  GÉOMÉTRIE  PLAN£. 

d'une  courbe  pourra  fréquemment  ne  pas  avoir  d'abord  la 
forme  la  plus  simple  donleUe  soitsusceptibleà  raison  du  choix 
des  axes.  Cela  posé,  la  théorie  actuelle  fournit  un  moyen  cer- 
tain de  découvrir  toujours  les  axes  les  plus  convenables,  quel- 
que compliquée  que  puisse  être  Téquation  primitive.  En  effet, 
il  sufBt  d'y  opérer  une  transposition  totalement  indéterminée 
pour  découvrir  aussitôt  la  situation  des  axes  propres  à  y  faire 
disparaître  certains  termes  dont  les  coefficients  contiendront 
les  constantesarbitraires  ainsiintroduites.Ces  quatre  constantes 
seront  ici  pleinement  disponibles,  puisque  rien  n'oblige  alors  à 
maintenir  Tancienne  inclinaison  des  axes,  qui  peut  bien  n'être 
pas  toujoursla  plus  propre  à  simplifier  Téquation.  Néanmoins, 
l'avantage  de  conserver  des  axes  rectangulaires  ayant  ordinai- 
rement plus  de  prix  que  la  faculté  d'enlever  un  terme  de  plus 
en  disposant  de  leur  obliquité,  les  formules  de  transpositionne 
contiendront  le  plus  souvent  que  trois  constantes  arbitraires^ 
comme  dans  leur  première  destination. 

Quoique  ce  second  but  de  la  théorie  actuelle  soit,  par  sa  na- 
ture, aussi  général  que  l'autre,  il  a  réellement  une  moindre 
importance  dans  l'ensemble  de  la  géométrie  analytique.  Car, 
la  découverte  de  l'identité  des  courbes^  malgré  la  diversité  des 
équations,  est  également  précieuse  envers  toutesleslignespos- 
sibles.  Au  contraire,  la  simplification  de  chaque  équation  d'a- 
près un  choix  convenable  des  axes  ne  saur^t  offrir  le  même 
intérêt  pour  tous  les  cas  ;  puisque  la  faculté  qu'on  acquiertainsi 
d*ôter  au  plus  quatre  termes  à  toute  équation  devient  nécessai- 
rement moins  efficace  à  mesure  que  le  nombre  total  des  termes 
augmente  par  l'accroissement  du  degré.  L'appréciation  com- 
mune repose  trop  exclusivement,  à  cet  égard,  sur  la  considé- 
ration des  courbes  du  second  degré,  dont  les  équations  peuvent 
perdre  par  là  jusqu'aux  deux  tiers  de  leurs  termes,  ou  la  moitié 
en  maintenant  la  rectan^larité  des  axes  ;  tandis  que,  dès  le 


PREUÉRB  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  95 

quatrième  degré,  ou  même  le  troisième,  la  simplification  cor- 
respondante n'a  plus  qu'une  faible  importance,  du  moins  par 
rapport  à  Fensemble  des  cas,  quoique  chaque  degré  pltérieur 
présente  d'ailleurs  certaines  occasions  d'utiliser  notablement 
une  telle  faculté  analytique. 

Après  ces  explications  générales,  relatives  à  la  seule  difficulté 
essentielle  de  la  théorie  actuelle,  il  est  aisé  de  procéder  à  ré- 
tablissement direct  des  formules  de  transposition.  H  convient 
toutefois  d'y  distinguer  le  déplacement  de  Torigine  et  le  chan- 
gement de  direction  des  axes  ;  quand  ces  deux  cas  auront  été 
formulés  séparément,  le  cas  général  en  découlera  spontané- 
ment, si  l'on  conçoit  les  deux  transpositions  comme  successives 
au  lieu  d'être  simultanées.  Cette  décomposition  est  d'ailleurs 
très-conforme  à  la  nature  du  sujet,  en  ce  qu'elle  permet  d'ap- 
précier distinctement  les  modifications  analytiques  relatives  à 
la  simple  translation  des  lieux  et  celles,  plus  profondes,  qui 
résultent  de  leur  rotation. 

Supposons  donc  qu'il  s'agisse  d'abord  de  passer  des  axes  OX 
et  OY  {fig.  30)  à  un  système  parallèle  ayant  son  origine  en  0'. 
L'inspection  de  la  figure  indique  aussitôt  les  formules 

a:  =  a:'  4-  û,  y  «  y  +  6, 

où  a  et  (  désignent  les  anciennes  coordonnées  de  la  nouvelle 
origine,  en  ayant  soin  de  leur  attribuer,  en  chaque  cas,  les 
signes  convenables,  sans  lesquels  ces  formules  ne  sauraient  être 
suffisamment  générales.  On  voit,  par  leur  compositiou,  que  non- 
seulement  le  degré  d'une  équation  ne  pourra  jamais  éprouver 
ainsi  aucun  changement,  comme  il  était  aisé  de  le  prévoir,  mais, 
en  outre,  que  les  modifications  analytiques  correspondantes 
ne  pourront  jamais  affecter  les  termes  de  plus  haut  exposant. 
Considérons,  en  second  lieu,  le  passage  des  axes  OX  et  OY 
{fig.  31)  à  d'autres  axes  OX'  et  OY',  différemçQcnt  dirigés  au- 


96  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

tour  de  la  même  origine.  Pour  rapporter  les  coordonnées  an- 
ciennes MP  et  OP  aux  nouvelles  MP'  et  OP',  à  Taide  des  don- 
nées angulaires,  la  difficulté  trigonométrique  consiste  à  résou- 
dre le  quadrilatère  OPMP\  d'après  deux  côtés  et  les  angles. 
Tout  l'artifice  de  cette  solution  réside  en  une  heureuse  décom- 
position des  côtés  inconnus  MP  et  OP  en  deux  parties  plus  ai- 
sément appréciables,  par  les  parallèles  P'R  et  P*Q  qui  leur 
sont  menées  de  P',  artifice  d'autant  moins  difficile  à  retenir  qu'il 
est  essentiellement  analogue  à  celui  qu'on  emploie  communé- 
ment pour  établir  les  formules  de  sin  {a  db  b)  et  cos  (a  dz  b) . 

On  a  ainsi 

a:  =  OR  H-  P'  Q,  y  =  P'  R  -f-  MQ, 

et  dès  lors  on  est  assuré  de  la  solution^  puisque  ces  quatre  in- 
connues auxiliaires  appartiennent  à  deux  triangles  OP'R  et 
P'MQ,  dans  chacun  desquels  on  connaît  directement  un  côté 
et  les  angles.  En  exécutant  l'opération  trigonométrique,  on 
trouve  les  formules 

3:'sinr+y^sinY^  a:'8in(Y-X')4-y^sin(Y>-Y0 

^""  sin  Y  '  ^""  sin  Y 

où  les  grandes  lettres  désignent  les  angles  formés  parles  axes 
correspondants  avec  l'ancien  axe  des  ar.  Cette  notation  expres- 
sive, émanée  decelledeCarnotpourlagéométrieàtroisdimen- 
sions,  dérive,  au  fond,  de  l'universelle  notation  géométrique 
des  angles,  en  y  supprimant,  comme  inutiles,  d'abord  la  lettre 
relative  au  sommet  identique  de  tous  les  angles  considérés,  et 
ensuite  celle  qui  indique  leur  côté  commun. 

La  composition  de  ces  nouvelles  formules  montre  que  le 
changement  de  direction  des  axes  ne  peut  pas  non  plus  altérer 
le  degré  d'une  équation,  suivant  une  appréciation  naturelle 
qui  dispose  à  regarder,  en  général,  ce  degré  comme  consti- 
tuant un  caractère  essentiel  de  chaque  courbe  :  mais  on  voit 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  97 

ici  que  la  rotation  d^unecourbe  pourra  modifier  tous  les  termes 
de  son  équation,  sans  excepter  ceux  du  plus  haut  exposant, 
que  la  simple  translation  ne  pouvait  atteindre. 

Pour  changer  à  la  fois  Torigine  et  la  direction  des  axes,  il 
sufQt  d'introduire  un  système  auxiliaire,  ayant  même  origine 
que  Tun  des  deux  systèmes  comparés  et  même  direction  que 
Tautre.  En  combinant  ainsi  les  deux  sortes  de  formules,  on 
obtient  aussitôt  les  formules  de  transposition  les  plus  complètes 

_a:'sinX+y'sinY^  _3:'sin(Y-X')+  y'  sin  (Y-Y') 

sm  Y  sm  Y 

qui  circonscrivent  exactement  Tiplluence  générale  que  le  sim- 
ple déplacement  d'une  ligne  quelconque  peut  exercer  sur  son 
équation. 

Gomme  les  axes  primitifs  sont  presque  toujours  rectangu- 
laires, il  importe  de  remarquer  la  simplification  qu'éprouvent 
alors  ces  formules.  En  y  supposant  Y  =  90®,  elles  prennent  la 
ïorme  très-symétrique, 

y  =  a;'  sin  X'  4-  y'  sin  Y',  a;  =  a:*  cos  X'  +  y'  cos  Y', 

si  l'origine  n'est  pas  changée.  Les  nouveaux  axes  étant  aussi  le 
plus  souvent  rectangulaires,  on  aura,  en  outre.  Y'  —  X'  =  90**, 
d'où  Y'  =  90®  +  X'  ;  et,  par  conséquent,  les  formules  de- 
viennent 

y  =  a:'  sin  X'  -|-  y'  cos  X';  ar  =  a:'  cos  X*  —  y'  sin  X'. 

On  retient  aisément  l'opposition  de  signes  qui  altère  la  symétrie 
de  ces  dernières  formules,  d'aprèsla  considération  évidente  que 
la  fonction  y^  -f  x^  doit  alors  demeurer  invariable,  comme 
relative  à  la  distance  du  point  à  la  commune  origine,  pareille- 
ment exprimable  dans  les  deux  systèmes  rectangulaires  :  car, 
on  conçoit  ainsi  la  nécessité  d'un  tel  contraste  algébrique,  dont 
le  sens  effectif  peut  ensuite  se  spécifier  nettement,  en  ayant 


igÊrâ^  sur  la  figore,  à  Flijpotliise  pafficafiire  x' «->0.  Ces 
f6Biifif|iics  ont  d^Mtant.  pins  dlntéfèt  ^picccs  iofioMlesdoifgat 
Un,  an  fond,  lei  pins  nsndles. 

Afin  de  mienx  earactériser  déjà  la  prindpile  destinaticm 
générale  des  fonnnles  précédentes,  a^Iiqnons4es  à  la  recon- 
naissance de  l*identité  des  conrbes  refRiésenlées  par  les  daix 

équations 

y«  +  ar*  — i,y*  +  a*  +  6x»^  =  2, 

dont  la  différoice  affecte  même  les  termes  dn  plnshant  degré. 
Le  calcul  prescrit  peut  id  s^abr^r  beaucoup,  en  remarquant 
que  Torigine  est  alors  le  centre  commundes  deux  courbes,  évi- 
demment symétriques  Tune  et  Tautre  autour  des  deux  axes.  Si 
donc  les  deux  courbes  coïncident  réellement,  leurs  équations 
doivent  èite  identifiables  par  une  simple  rotation  des  axes,  sans 
déplacer  aucunement  Torigine.  On  substituera,  par  consé- 
quent, dans  la  première,  les  formules 

x^^x'  cos  X'  —  y*  sin  X*,  y^^x*  sinX'  -f-  y' cos  X', 
ce  qui  lui  fera  prendre  la  forme 


y'*+sin*X' 


sin*  X' 

+  C08*X* 

+  4  Bin»  X'  cos  X' 
—  4  cos»  X'  sin  X' 


x'*+ 12  sin»  X'  cos«  X' 


x'*y' 


-f  cos*  X' 

a:'»  y»  +  4  sin  X*  cos»  X*  |  a:'  y '»  =  1. 
—  4cosX'sin»X' 


En  la  comparant  à  la  seconde,  après  avoir  rendu  le  premier 
coefficient  égal  à  Tunité,  pour  éviter  toute  condition  superflue, 
on  voit  que  leur  identification  exige  d'abord  la  disparition  des 
deux  derniers  termes,  d'où  résulte  la  relation  unique 

4  sin  X'  cos  X'  (sin*  X'  —  cos»  X')  =  0. 

Les  facteurs  sin  X'  et  cosX'  n'y  pouvant  être  annulés,  puisque 
les  axes  ne  seraient  pas  changés,  la  valeur  de  X'  résultera  du 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  TROISIÈME.  99 

troisième^  qui  donne  X*  =»  45».  On  s'assurera  aisément  que 
cette  hypothèse  satisfait  aux  autres  conditions  d'identification. 
Ainsi  la  seconde  courbe  n*est  réellement  que  la  première  qui 
aurait  tourné  d'un  demi-angle  droit. 

30.  Quoique  le  passage  du  système  rectiligne  au  système 
polaire  constitue,  par  sa  nature,  en  géométrie  analytique,  une 
opération  très-différente  de  celle  dont  nous  venons  d'établir 
les  lois,  puisqu'il  s'y  agit  d'un  vrai  changement  de  système,  et 
non  d'une  simple  modification  de  constantes,  c'est  ici  néan- 
moins qu'il  convient  le  mieux  de  poser  les  formules,  indispen- 
sables à  connaître,  qu'exige  une  telle  transformation,  qui 
d'ailleurs  a  ordinairement  besoin  d'être  précédée  d'une  transpo- 
sition d'axes,  destinée  à  la  faciliter  autant  que  possible.  Nous 
supposerons,  en  effet,  que  les  axes  du  système  rectiligne  sont 
rectangulaires,  que  l'un  d'eux  coïncide  avec  Taxe  polaire,  et 
que  leur  origine  est  placée  au  pôle.  Quand  ces  conditions  préa- 
lables ne  seront  pas  remplies,  elles  constitueront  une  difSculté 
préliminaire,  aisément  levée,  en  chaque  cas,  d'après  les  for- 
mules précédentes.  Ce  préambule  simplifie  beaucoup,  etmème 
caractérise  mieux,  l'opération  propre  au  vrai  changement  de 
système.  Les  ancienneset  les  nouvelles  coordonnées  d'un  point 
quelconque  appartiennent  alors  &  un  même  triangle  rectangle, 
qui  fournit  aussitôt,  pour  passer  du  système  rectiligne  au 
système  polaire,  les  formules  très-simples 

X  sa  ti  cos  f ,  y  (=3 1^  sin  <p, 

ou,  en  sens  inverse, 


M  =  \/ y»  4- ar»,  tang  <p  —  ^. 

D'après  leur  nature,  on  voit  que  les  équations  qui  seront  al- 
gébriques dans  l'un  des  systèmes  deviendront  nécessairement 
transcendantes  dans  l'autre,  et  que  l'influence  réciproque  aura 


100  GéOMÉTRIE  PLANE. 

lieu  quelquefois,  ce  qui  définit  nettement  le  contraste  analjrti- 
que  de  ces  deux  systèmes,  et  caractérise  l'aptitude  spéciale  de 
chacun  d*eux  envers  certaines  courbes,  quoique  beaucoup  d'é- 
quationsdoiventd'ailleursyétrepresqueégalementcompliquées. 
31.  La  première  partie  de  notre  étude  étant  maintenant  com- 
plétée, le  lecteur  peut  désormais  en  saisir  convenablement  le 
plan  systématique,  qui  n'eût  pas  été  d'abord  suffisamment  ap- 
préciable. Ce  préambule  indispensable  constitue  une  introduc- 
tion fondamentale  à  Tensemble  total  de  la  géométrie  plane  : 
quelque  extension  analytique  qu'elle  puisse  ultérieurement  re- 
cevoir, toutes  les  notions  s'y  rapporteront  toujoursà  la  concep- 
tion générale  que  nous  avons  ici  directement  établie,  puis 
éelaircie  par  des  exemples  suffisants,  et  enfin  appuyée  des 
moyens  préliminaires  convenables.  Dès  lors,  la  formation  des 
méthodes  générales  qui  constituent  l'objet  essentiel  de  la  géo- 
métrie analytique  se  trouve  maintenant  assez  préparée  pour 
que  nous  devions  y  procéder  immédiatement,  sans  nous  préoc- 
cuper encore  d'aucune  application  spéciale  :  telle  sera  la  des- 
tination delà  seconde  partie.  Mais,  après  avoir  ainsi  appris  à 
résoudre,  envers  une  courbe  quelconque,  chacune  des  ques- 
tions analytiquement  accessibles,  il  restera  à  combiner,  dans 
la  troisième  partie,  ces  diverses  conceptions  d'abord  isolées, 
afin  d'apprécier,  en  général,  comment  leur  connexité  mu- 
tuelle peut  faire  surgir  graduellement  des  diverses  équations 
l'ensemble  des  figures  correspondantes.  Ainsi,  la  seconde  partie 
se  rapportera  surtout  à  la  géométrie  générale;  la  troisième 
sera  essentiellement  relative  à  la  géométrie  comparée.  Enfin, 
pour  achever  de  préciser  autant  que  possible  l'harmonie  fon- 
damentale entre  les  lignes  et  les  équations,  constituée  dans  la 
première  partie,  et  développée  dans  les  deux  autres,  il  faudra 
réserver  une  quatrième  et  dernière  partie  à  l'application  spé-  • 

ciale  de  ces  méthodes  universelles  envers  certaines  courbes 


PREMIÉRB  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  iOi 

choisies,  où  Tidée  mère  de  la  géométrie  analytique  devra  rece- 
voir une  élaboration  complémentaire,  destinée  à  caractériser 
sa  modification  finale  d'après  les  convenances  de  chaipie  cas. 
Tel  est  le  nouveau  plan  didactique  que  j'ai  trouvé  le  pluspro- 
pre  à  faire  dignement  ressortir  Tunité  philosophique  que  doit 
offrir  désormais  Tensemble  de  la  géométrie  plane,  en  manifes- 
tant la  participation  distincte  de  chacune  de  ses  parties  essen- 
tielles à  Tessor  continu  de  la  grande  pensée  que  Descarteslui  a 
donnée  pour  base  invariable- 

n  importe  de  sentir  que  ce  plan  rationnel  n'est,  par  sa  na- 
ture, aucunement  restreint  à  la  branche  élémentaire  delà  géo- 
métrie analytique,  quoique  nous  devions  ici  la  considérer 
exclusivement.  La  première  partie  est  nécessairement  aussi 
complète  maintenant  qu'elle  doive  jamais  Tètre,  quel  que  soit 
le  progrès  ultérieur  de  la  géométrie  plane.  Quant  à  la  seconde, 
et  par  suite  à  la  troisième,  elles  seront  actuellement  limitées 
par  l'imperfection  de  nos  connaissances  analytiques,  qui  ne 
permettent  pas  d'aborder  suffisamment  plusieurs  importante^ 
recherches  géométriques  :  mais  elles  ne  feront  plus  tard  que 
s'étendre  davantage,  quand  une  analyse  supérieure  rendra 
graduellement  accessibles  des  questions  qu'il  faut  écarter  ici. 
Il  en  sera  de  tnême  essentiellement  pour  la  quatrième  partie, 
où,  faute  des  procédés  analytiques  convenables,  nous  ne  pour- 
rions immédiatement  entreprendre  l'étude  spéciale  de  plusieurs 
courbes  intéressantes,  auxquelles  on  pourra  ultérieurement 
appliquer  les  diverses  méthodes  générales.  Notre  plan  ne  devra 
donc  jamais  subir  aucune  altération  essentielle,  quelle  que 
puisse  être  ensuite  l'extension  réelle  des  moyens  analytiques, 
d'où  résultera  seulement  son  développement  continu.  Ainsi, 
pour  convertir  cette  étude  élémentaire  de  la  géométrie  analy- 
tique, en  un  système  complet  de  géométrie,  qui  n'a  jamais  été 
institué  ni  même  conçu  jusqu'ici,  il  suffirait  d'y  joindre  couve- 


i02  GéOMÉTSIB  PLARB. 

naUement,  comme  jeFai  indiqaédans  le  tome  I"  de  ma  Phibn 
Sophie  positive^  les  diverses  classes  de  qaestions  géométriques 
qui  correspondent  anx  divers  degrés  principaux  de  Tanalyse* 
transcendante,  tandis  que  nous  devons  maintenant  nous  réduire 
aux  spéculations  suffisamment  accessiUes  à  la  seule  analyse 
ordinaire. 


SECONDE  PARTIE.  103 


SECONDE   PARTIE. 

THEORIES  GÉNÉRALES  DE  GÉOMÉTRIE  PLANE,  SUFFISAMMENT 
ACCESSIBLES  A  l' ANALYSE  ORDINAIRE. 


32.  Ces  théories  sont  au  nombre  de  sept,  savoir  : 

i^  La  théorie  du  nombre  de  points  nécessaire  à  la  détermi- 
nation de  chaque  espèce  de  courbes  ; 

2^  La  théorie  des  tangentes  ; 

3^  La  théorie  des  asymptotes  ; 

i""  La  théorie  des  diamètres  ; 

5®  La  théorie  des  centres; 

&"  La  théorie  de  la  similitude  des  courbes  ; 

7<*  La  théorie  des  quadratures,  et,  par  suite,  des  rectifica- 
tions et  des  cubatures. 

A  Texception  de  la  seconde,  de  la  troisième,  et  de  la  sep- 
tième, elles  peuvent  être  complètement  établies  par  l'analyse 
ordinaire,  sans  qu'une  analyse  supérieure  doive  réellement  y 
ajouter  jamais  rien  d'essentiel.  Quant  à  ces  trois  théories, 
l'analyse  transcendante  est  vraiment  indispensable  pour  leur 
procurer  une  entière  généralité.  Ce  n'est  qu'à  l'aide  du  calcul 
différentiel  que  la  théorie  des  tangentes,  et  par  suite  celle  des 
asymptotes,  qui  en  constitue,  au  fond,  un  appendice  naturel, 
peuvent  être  étendues  à  toutes  les  courbes  actuellement  expri- 
mables par  nos  équations.  De  même,  la  théorie  des  quadra- 
tures exige,  encore  plus  fréquemment,  l'emploi  du  calcul  inté- 
gral. Mais,  quoique  ces  trois  théories  ne  puissent,  en  effet, 


104  GÉOMÉTKIE   PLANE. 

recevoir  ici  toute  la  plénitude  dont  elles  sont  susceptibles,  il 
n'en  reste  pas  moins  indispensable  de  lesytraitersous  un  point 
de  vue  général,  sans  les  rendre  vicieusement  adhérentes  à 
aucun  des  cas  particuliers  qu'elles  pourront  actuellement  em> 
brasser.  Outre  l'avantage  philosophique  d'une  telle  exposition, 
seule  conforme  au  véritable  esprit  delà  géométrie  analytique  « 
il  est  certain  que,  même  envers  la  dernière  théorie,  la  moins 
accessible,  par  sa  nature,  à  l'analyse  ordinaire,  on  s'exagère 
communément  l'office  de  l'analyse  transcendante,  qui  n'a  pu 
réellement  que  perfectionner  des  recherches  antérieures  à  sa 
formation,  et  qui  l'ont  même  historiquement  déterminée. 
Notre  théorie  des  tangentes,  sans  rien  exiger  au  delà  des  plus 
simples  éléments  d'algèbre,  s'étendra  immédiatement  à  toutes 
les  équations  algébriques  proprement  dites,  du  moins  après 
certaines  préparations,  à  la  vérité  quelquefois  gênantes.  Sans 
comporter  une  telle  extension  directe,  notre  théorie  des  qua- 
dratures embrassera  pourtant  des  cas  assez  variés  pour  qu'il 
convienne  beaucoup  de  les  ramener  ici  aune  marche  commune, 
à  laquelle  l'analyse  transcendante  n'aurait  ultérieurement  qu'à 
fournir  des  moyens  de  formulation  et  de  développement  mieux 
adaptés  à  la  nature  du  sujet.  A  l'un  et  à  l'autre  titre,  ce  pre- 
mier état  didactique  de  la  géométrie  générale  se  trouve  histori- 
quement représenté  par  la  phase  géométrique,  très-mémo- 
rable quoique  peu  prolongée,  qui  s'est  accomplie  entre  Des- 
cartes et  Leibnitz,  sous  les  efforts  convergents  de  Fermât,  de 
Wallis,  et  d'Huyghens.  Du  reste,  autant  il  importe  d'attribuer 
ainsi  à  l'analyse  ordinaire  toute  la  portée  géométrique  dont 
elle  est  vraiment  susceptible,  autant  il  faut  éviter  de  l'exagérer 
puérilement  par  une  imitation  plus  ou  moins  déguisée  des 
méthodes  essentiellement  infinitésimales. 

Toutes  les  théories  ci-dessus  énumérées  conviennent  évidem- 
ment à  des  courbes  quelconques,  sans  aucun  mélange  de  théo- 


SBGONDE  PARTIE.  105 

ries  purement  spéciales.  J'ai  renvoyé  à  la  quatrième  partie  une 
théorie  souvent  qualifiée  indûment  de  générale,  celle  des 
foyers,  qui  est  nécessairement  particulière  aux  courbes  du 
second  degré. 

Quant  à  Tordre  que  j'ai  établi  entre  ces  diverses  théories,  j'y 
ai  d'abord  considéré  leur  dépendance,  et  ensuite  la  facilité 
ainsi  que  la  perfection  respectives.  Tous  ceux  qui  s'exerceront 
à  changer  cet  arrangement  didactique  reconnaîtront  aisément, 
j'espère,  qu'il  ne  comporte  réellement  aucune  modification 
essentielle^  ni  même  utile.  Dans  un  traité  directement  relatif 
au  système  total  de  la  géométriegénérale,tantélémentaireque 
transcendante^  il  importerait  beaucoup  de  suivre  rigoureuse- 
ment Tordre  rationnel,  que  j'ai  depuis  longtemps  établi  au 
tome  l"  de  ma  Philosophie  positive^  et  qui  résulte'  naturelle- 
ment des  diverses  sortes  de  moyens  analytiques  propres  à  Ten- 
tière  appréciation  de  chaque  théorie  géométrique,  suivant 
qu'elle  dépend  seulement  de  l'analyse  ordinaire,  ou  qu'elle 
exige  Tun  des  trois  principaux  degrés  de  complication  succes- 
sive de  l'analyse  transcendante,  bornée  d'abord  &  Temploi  du 
calcul  différentiel,  poussée  ensuite,  envers  d'autres  questions, 
jusqu'aux  différentes  branches  du  calcul  intégral  ;  et  enfin, 
quant  aux  plus  difficiles  recherches,  étendue  même  jusqu'au 
calcul  des  variations.  Mais,  ici,  où  nous  ne  considérons  que 
les  études  géométriques  plus  ou  moins  accessibles  à  la  simple 
algèbre,  il  ne  peut  exister  aucun  semblable  motif  d'assujettir 
cet  arrangement  provisoire  à  une  règle  invariable,  dont  la 
discussion  offrirait  maintenant  aussi  peu  de  consistance  que 
d'utilité. 


16 


1 
I 

i 

II 


106  GÉOMânUE  FLAJNB. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Théorie  da  nombre  de  points  nécessaire  à  Tentière  détermination  de 

chaque  espèce  de  courbes. 

33.  Quoique  le  principe  général  d'une  telle  règle  doive  être 
aussi  ancien  que  l'idée  noère  de  la  géométrie  analytique,  jepuis 
assurer  que,  quand  j'entrepris,  il  y  a  vingt-cinq  ans,  de  régé- 
nérer renseignement  mathématique,cette  théorie  n'était  encore 
ni  formulée»  ni  même  conçue,  dans  son  ensemble,  en  sorte 
que  je  dus  alors  la  construire  directement.  Malgré  sa  grande 
simplicité^  çei  important  sujet  élémentaire  continue  aujour- 
d'hui à  être  habituellement  enveloppé  de  confusion  et  d'incer- 
titude, au  point  que  des  géomètres,  d'ailleurs  habiles,  y 
commettent  <[uelquefoifl  de  graves  erreurs,  faute  d'en  avoir 
convenablement  systématisé  l'étude  fondamentale. 

Logiquement  envisagée^  cette  première  théorie  est  éminem- 
ment propre  à  fournir  le  type  spontané  de  la  perfection  que 
comportentles  méthodes  de  la  géométrie  analytique,  soit  quant 
à  leur  généralité,  qui  s'étendra  ici  à  toutes  les  équations  pos- 
sibles, soit  quant  à  leur  facilité,  le  plus  souvent  poussée,  à  cet 
égard,  jusqu'à  dispenser  presque  de  tout  calcul  effectif.  Néan- 
moins, un  tel  modèle  donnerait  une  idée  exagérée  de  ce  qui  est 
communémentréalisable,sionespéraitmalàpropospouvoirob- 
tenir  des  règles  aussi  satisfaisantes  envers  des  sujets  plus  difficiles. 

Pour  déduire,  de  l'équation  d'une  courbe  d'espèce  donnée, 
le  nombre  de  points  qu'exige  sa  détermination  totale,  à  la  fois 
de  position  et  de  grandeur,  il  faut,  avant  tout,  établir  soigneu- 
sement une  distinction  fondamentale,  ordinairement  très-mal 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRÉ  PREMIER.  1Û7 

conçue,  entre  le  cas  où  Ton  a  directement  Téipiation  la  plus 
générale  correspondante  à  la  définition  proposée  et  celui  où  l'on 
ne  connaît  d'abord  qu'une  équation  plus  ou  moins  particfdière. 
Ces  deux dénominationssontici destinées  à indiquerqueFéqua- 
tion  convient  à  toutes  les  situations  possibles  de  la  courbe,  ou 
qu'elle  est  restreinte  à  certaines  situations^  quelquefois  même 

à  une  seule.  Ainsi  les  équations  y^+a:"— 26y— 2ar+(6*-f-^* 
^r*)«BO,  et  j/'^ax-^'bj  sont  les  plus  générales  du  cercleet  delà 
ligne  droite,  tandis  que  les  équations  ya-|-x*™r*,yfe=iaa;,  sont, 
au  contraire,  particulières  envers  les  mêmes  lignes.  On  con- 
fond encore  trop  souvent  l'équation  la  plus  générale  de  chaque 
espèce  de  courbes  avec  l'équation  la  plus  étendue  du  degré  cor- 
respondant ;  ce  qui  est  presque  toujours  erroné,  même  pour  le 
second  degré,  où  l'équation  la  plus  générale  du  cercle,  aussi 
bien  que  celle  plus  compliquée  de  la  parabole,  sont  loin  de 
coïncider  avec  le  type  analytique  le  plus  complet  :  à  mesure 
que  le  degré  s'élève,  ces  cas  se  multiplient  davantage,  comme 
on  le  sentira  bientôt,  comparativement  aux  autres. 

D'après  l'explication  précédente,  l'équation  la  plus  générale 
de  chaque  espèce  de  courbes  est,  en  tout  système  de  coor- 
données, nécessairement  unique.  Mais,  au  contraire,  l'équation 
peut  être  plus  ou  moins  particulière,  selon  qu'elle  correspond 
à  des  situations  plus  ou  moins  déterminées  :  c'estainsi  que,  par 
exemple,  y*+a:*— 2ar+a*— r*=0,  constitue  évidemment  une 
équation  du  cercle  qui  n'est  ni  la  plus  générale  ni  la  plus  par- 
ticulière. Le  degré  de  particularité  s'estimera  analytiquement 
d'après  le  nombre  de  constantes  arbitraires  que  perd  alors 
l'équation  la  plus  générale  :  en  sorte  que  les  deux  équations 
aucercley*+a?*=8r3,y^=2r;r — x*,  quoique  distinctes,  sont  éga- 
lement particulières,  en  tant  que  relatives  à  des  positions  aussi 
restreintes.  On  aura  lieu  de  reconnaître  ci-dessous  que  cette 
diminution  variable  du  nombre  de  constantes  arbitraires  com- 


108  GÉOHÉTRIE  PLANE. 

porte  nécessairement  une  limite  commune  à  toutesles  courbes, 
dont  Féquation  la  plus  étenduenepeutjamais  perdre  ainsi  plus 
de  trois  constantes. 

34.  Cela  posé,  considérons  d'abord  le  cas  où  Ton  connaît 
Féquation  la  plus  générale  de  la  courbe  proposée  :  c'est  le  seul 
auquel  doive  se  rapporter  directement  une  telle  détermination; 
puisque  cette  équation  est  ici  censée,  en  chaque  occasion, 
immédiatement  donnée,  le  problème  consistant  alors  à  trouver, 
pour  les  constantes  arbitraires  qu'elle  contient,  un  système  de 

■ 

valeurs  propre  à  faire  passer  la  courbe  par  les  points  indiqués. 

Soit  donc 

/(x^y,  a,  ô,  c,  d,,.,)  =  0, 

cette  équation,  où  les  inconnues  sont  les  constantes,  quelquefois 
nommées  géométriquement  paramé^re^,  d'ailleurs  linéaires  ou 
angulaires,  etc.,  «qui  doivent  distinguer  la  courbe  demandée 
d'avec  toute  autre  de  la  même  espèce.  Tout  point  M' par  où 
cette  courbe  devra  passer  assujettira  ces  constantes  à  la  relation 

f[x\y'a,  b,  c,  rf,...)c=»o, 

résultée  de  la  substitution  de  ses  coordonnées  spéciales  x'  eiy' 
au  lieu  des  coordonnées  variables  x  et  y.  Ainsi  le  problème  ne 
sera  déterminé  qu'autant  que  le  nombre  de  ces  conditions,  ou 
des  points  qui  les  fournissent,  se  trouvera  exactement  égal  à 
celui  des  constantes  cherchées.  Néanmoins,  en  se  hâtant  de 
rédiger,  sous  cette  forme  spontanée,  notre  règle  fondamentale, 
on  risquerait  souvent  de  commettre  de  graves  erreurs,  en 
exagérant,  quelquefois  beaucoup,  le  nombre  de  points  déter- 
minant. Car,  il  peut  arriver  que  les  constantes  arbitraires  ren- 
fermées dans  l'équation  la  plus  générale  soient  plus  nombreuses 
que  les  termes  distincts  quiles  contiennent.  Outre  qu'une  telle 
circonstance  peut  fréquemment  résulter  des  transformations 
algébriques,  elle  peut  aussi  provenir  de  la  nature  même  des 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  109 

définitions.  Si,  par  exemple,  on  considère  le  cercle  comme  la 
conrbe  également  éclairée  par  deux  lumières,  et  qu'on  place 
au  hasard  les  axes  rectangulaires,  son  équation  générale  con- 
tiendra certainement  cinq  constantes  arbitraires,  qui  n'entre- 
ront pourtant  que  dans  trois  termes.  De  même,  et  à  un  plus 
haut  degré,  Téquation  générale  du  cercle  pourrait  renfermer 
un  nombre  quelconque  de  constantes,  en  cherchant  le  lieu 
d'un  point  dont  la  somme  des  carrés  des  distances  à  divers 
points  fixes,  aussi  multipliés  qu'on  voudra,  demeure  inva- 
riable. Or,  en  tous  cas  de  ce  genre,  il  est  évident  que  le  nom- 
bre des  constantes  arbitraires  indiquerait  mal  celui  des  points 
déterminants,  parce  que  les  valeurs  partieUesdeces  constantes 
ne  sont  alors  nullement  nécessaires  pour  que  la  courbe  soit 
pleinement  individualisée,  pourvu  que  l'on  connaisse  seule- 
ment les  valeurs  collectives  des  divers  groupes  algébriques 
suivant  lesquels  elles  constituent  les  coefficients  vraiment  dif- 
férents, et  dont  le  nombre  effectif  doit  ici  indiquer  la  véritable 
solution  du  problème  proposé.  Sans  cette  indispensable  restric- 
tion, les  diverses  transformations,  soit  analytiques,  soit  géo- 
métriques, pourraient  faire  indéfiniment  varier  un  caractère 
qui  doit  être  essentiellement  fixe.  La  règle  fondamentale  que 
nous  cherchions  doit  donc  finalement  consister  à  opérer,  sur 
Téquation  générale  donnée,  une  double  énumération,  en  y 
comptant  séparément  etle  nombre  de  ses  constantes  arbitraires 
et  le  nombre  des  termes  distincts  qui  les  contiennent  :  le  moin- 
dre de  cesdeux  nombres  sera  toujours  celui  des  points  qu'exige 
la  détermination  de  la  courbe  correspondante;  s'ils  étaient 
égaux,  on  adopterait  leur  valeur  commune.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  le  cercle  sera  analytiquement  reconnu  détermi- 
nable  d'après  trois  points,  de  quelque  définition  que  procède 
son  équation  générale.  11  importe  d'ailleurs  de  remarquer,  en 
principe,  au  sujet  de  cette  règle,  que,  par  la  nature  de  la 


iiO  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

question,  elle  convient  également  à  tons  les  systèmes  possibles 
de  coordonnées.  C'est  la  seule  théorie  générale  de  géométrie 
qui  comporte  un  tel  privilège,  éminemment  propre  à  en  faci- 
liter Tapplication. 

35.  Supposons  maintenant  que,  suivant  le  cas  le  plus  fré- 
quent, la  courbe  proposée  ne  soit  d'abord  caractérisée  analyti- 
quement  que  par  une  équation  plus  ou  moins  particulière  en 
coordonnées  rectilignes,  comme  la  plupart  des  courbes  intro- 
duites dans  la  première  partie  de  ce  traité.  Le  seul  moyen  uni- 
versel de  connaître  alors  le  nombre  de  points  déterminant  con- 
siste à  en  déduire  Téquation  la  plus  générale,  en  y  opérantune 
transposition  d'axes  indéterminée,  par  la  substitution  des  for- 
mules 

x^=^x'  cos.X'  — y'  sin.  X'-f-  a,  ys=x*sin.X'-}-y'cos  X +é, 
si  les  axes  sont  rectangulaires.  Quelque  particulière  que  puisse 
être  Téquation  primitive,  et  quand  même  elle  ne  conviendrait 
qu'à  une  seule  situation,  une  telle  transformation  Taura  tou- 
jours assez  généralisée,  puisque  la  position  de  la  courbe  à 
regard  des  axes  y  sera  devenue  tout  à  fait  quelconque,  pourvu 
que  Ton  compte  ay  b,  et  X'  comme  trois  nouvelles  constantes 
entièrement  arbitraires.  Cesecpndcas  étant  dès  lors  rentrédans 
le  premier,  il  suffira  d'appliquer  convenablementla  règle  fon- 
damentale, de  la  même  manière  que  si  Téquation  la  plus  géné- 
rale eût  été  directement  donnée. 

La  stricte  exécution  d'une  telle  opération  exigerait  souvent 
de  longs  calculs  pour  ledéveloppement  algébrique  de  la  substi- 
tution prescrite,  quandles  exposants  seraient  un  peu  considé- 
rables .  Mais  il  importe  de  reconnaître  que  Ton  pourra  fré- 
quemment se  dispenser  d'accomplir  cette  substitution,  en  se 
bornant  à  l'indiquer,  ou  même  à  la  concevoir.  Car,  on  n'a 
réellement  besoin  ici  de  l'effectuer  que  pour  la  double  énumé- 
ration  qu'exige  notre  règle  envers  l'équation  généralisée .  Or, 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  iil 

de  ces  deux  dénombrements,  le  premier,  celui  des  constantes 
arbitraires,  peut  évidemment  toujours  être  fait  d'avance,  puis- 
qu'il se  réduira  nécessairement  à  augmenter  de  trois  le  nombre 
indiqué  par  Téquation  particulière  donnée.  Quant  au  dénom- 
brement des  termes  distiacts,  il  ne  serait  certainement  prati- 
cable sans  incertitude  que  d'après  raccompljfssement  effectif 
d'une  telle  généralisation  analytique  ;  mais  nous  savons,  en 
principe,  qu'il  ne  devient  réellement  indispensable  qu'autant 
que  ce  nombre  de  termes  se  trouvera  inférieur  au  nombre 
total  des  constantes.  Ainsi,  la  première  énumération,  toujours 
immédiatement  facile,  indiquera  d'abord,  en  un  cas  quel- 
conque, une  limite  supérieure  du  nombre  de  points  demandé, 
cequidéjàpeutètre  quelquefois  fort  précieux:  mais,  en  outre, 
cette  indication  deviendra  souvent  définitive,  lorsque^  sans 
connaître  exactement  le  nombre  effectif  des  termes  propres  à 
Téquation  généralisée,  un  premier  aperçu  de  l'ensemble'  du 
calcul  aura  procuré  la  certitude  que  ce  nombre  ne  serait  pas 
moindre  que  celui  des  constantes,  tant  primitives  qu'intro- 
duites. 

En  appliquant  cette  explication  à  la  plupart  des  exemples 
cités  dans  notre  première  partie,  il  sera  aisé  d'y  découvrir  le 
nombre  de  points  déterminant  des  courbes  correspondantes, 
quoique  connues  seulement  par  des  équations  particulières  et 
même  uniques,  qu'il  serai)ourtant  superflu  de  généraliser  for- 
mellement. C'est  ainsi  que  l'équation  du  n^  19 

cy  +  (c^—  cP)  a?=  ^*  (c»  —  £?) 

indique  évidemment  une  courbe  exigeant  au  plus  cinq  points 
pour  sa  détermination,  et  avec  la  certitude  que  ce  nombre 
n'est  pas  trop  considérable,  puisque,  sans  exécuter  la  substi- 
tution, on  reconnaît  aussitôt  que  les  constantes  c,  cf,  eta,d,  X' 
entreraient  effectivement  dans  cinq  termes  distincts.  On  doit 


/^ 


112  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

toutefois  remarquer,  sur  ce  premier  exemple,  que  le  cas  du 
cercle  efoiO,  fait  exception  à  la  justesse  de  cet  aperçu  ;  car, 
Tune  des  constantes  étant  alors  donnée,  il  en  resterait  encore 
quatre,  ce  qui  excède  le  vrai  nombre  des  points.  L*anomalie 
tiendrait  ici  algébriquement  à  ce  que,  par  une  réduction  spé- 
ciale, que  manifesterait  seule  l'exécution  du  calcul,  les  trois 
termes  autres  que  ceux  du  second  degré  contiendraient  exclu- 
sivement les  quatre  constantes  arbitraires  ;  géométriquement^ 
l'exception  proviendrait  de  ce  que  Téquation  particulière  ne 
manque  alors  de  généralité  que  relativement  à  Torigine,  et 
non  quant  à  la  direction  des  axes  rectangulaires  qui,  en  ce  cas, 
y  pourrait  être  quelconque,  en  sorte  que  cette  équation  serait 
suffisamment  généralisée  par  un  simple  déplacement  indéter- 
miné de  Torigine,  qui  n'élèverait  qu'à  trois  le  nombre  total  des 
constantes  arbitraires.  Quelque  satisfaisante  que  soit  assuré- 
ment cette  explication  exceptionnelle,  la  nécessité  d'y  recourir 
et  l'usage  qu'on  y  fait  des  lumières  déjà  acquises  sur  une  courbe 
tant  étudiée,  doivent  faire  sentir  avec  quelle  circonspection  il 
faut  appliquer  l'abréviation  indiquée,  et  combien  il  importe, 
en  général,  de  se  résigner  à  l'exécution  du  calcul  prescrit, 
quand  les  motifs  de  dispense  ne  présentent  pas  une  parfaite  évi- 
dence. On  conçoit  d'ailleurs  que,  envers  un  grand  nombre  de 
courbes,  certaines  définitions  peuvent  quelquefois  donner  des 
équations  particulières  trop  surchargées  de  constantes  arbi- 
traires. Mais  ces  diverses  sortes  de  restrictions  propres  à  notre 
considération  abréviative  n'empêchent  nullement  qu'elle  ne 
soit^  en  beaucoup  d'autres  cas,  aussi  certaine  que  commode. 

Par  exemple,  l'équation  commune  des  trois  sections  coni- 
ques, trouvée  au  n®  23, 

y'  +  (l—n»)  ar«  —  2dx+  rf»—  0, 
indique  aussitAt,  et  sans  aucune  incertitude,  que  le  nombre  de 


SECONDE  partie;  CHAPITRE  PREMIER.  113 

points  déterminant  est  cinq  pour  l'ellipse  et  hyperbole,  mais 
seulement  quatre  pour  la  parabole,  puisqu'alors  n  <»  1. 

On  trouvera  pareillement,  et  avec  encore  plus  d*assurance, 
TU  le  degré  supérieur,  d'après  Téquation  des  sections  toriques 
(n<^),  que  ces  courbes  sont  déterminables  par  cinq  points, 
sauf  celle  que  caractérise  Tégalité  des  deux  données  linéaires, 
et  qui,  à  ce  titre,  n'en  doit  exiger  que  quatre.  Pour  la  con- 
cholde  (n®  24),  le  nombre  de  points  déterminant  sera  égale* 
ment  5,  avec  la  même  réduction  dans  le  cas  analogue  d'égalité. 
Enfin,  l'équation  de  la  cissoïde  (n'^G) 


yr 


2r — X 


montrera,  sans  plus  d'embarras,  que  cette  courbe  est  détermi» 
née  par  quatre  points. 

Il  serait  également  facile  de  constater,  sur  de  nouveaux 
exemples,comprenant  une  infinité  de  courbes  distinctes,  que 
les  équations  de  la  forme 

y^^BMoaf^^  ou  y«=a  aa^-\-  6, 

indiquent  toujours  des  courbes  exigeant,  les  unes  quatre  points, 
les  autres  cinq,  pour  leur  détermination:  le  motif  de  dispense 
algébrique  sera  d'autant  plus  évident  que  les  exposants  m  et  n 
seront  plus  élevés.  On  conçoit  d'ailleurs  que  la  théorie  actuelle 
est  déjà  aussi  complètement  applicable  aux  équations  dites 
transcendantes  qu'à  celles  qualifiées  spécialement  d'algébri- 
ques, sauf  les  difficultés  analytiques  correspondantes.  C'est 
ainsi  que  la  même  méthode,  pareillement  simplifiée,  démon- 
trerait, d'après  les  équations  particulières 

y  r=a  to*,  y  =  a  sin  te, 

quelenombredespointsdéterminant  y  estencore  égal  à5. 
Sans  multiplier  davantage  ici  de  tels  exemples,  lerapproche- 


114  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ment^àlafoisanalytiqne  et  géométrique,  de  tous  les  cas  cités 
suggère  aussitôt  cette  réflexion  générale  que  le  nombre  de 
points  nécessaire  &  la  détermination  d^une  courbe  ne  dépend 
point  essentiellement  du  degré,  ni  même  delà  nature,  de  son 
équation,  et  pas  davantage  de  sa  figure  essentielle.  Nous  trou* 
vous  surtout  une  exacte  parité,  à  cet  égard,  entre  des  courbes 
qui,  sous  tout  autre  aspect,  ne  semblent  offrir  aucun  caractère 
commun.  Cependant  une  identité  aussi  importante  ne  doit  pas, 
sans  doute,  rester  isolée.  L'ensemble  de  mes  méditations  sur  la 
géométrie  comparée^  dont  Tétude,  à  peine  ébauchée,  est  encore 
si  mal  conçue,  m*a  depuis  longtemps  conduit  à  penser  que  les 
courbes  qui  exigent  le  même  nombre  de  points  pour  leur  dé- 
termination présentent,  par  cela  même,  beaucoup  d'autres 
propriétés  communes.  Mais  Tétat  présent  de  la  science  n'a  ma- 
nifesté jusqu'ici,  à  cet  égard,  que  l'exacte  parité  ainsi  assurée 
à  ces  diverses  courbes  quelconques,  dans  la  géométrie,  trans- 
cendante, quant  aux  degrés  de  contact  ou  d'osculation  qu'elles 
comportent  envers  toute  autre  figure  :  encore  même  cette  ana- 
logie nécessaire  est-elle  communément  très-mal  appréciée. 

36.  Afin  de  compléter  notre  règle  fondamentale,  il  reste  à  y 
caractériser  l'indispensable  modification  qu'elle  doit  éprouver 
lorsque,  parmi  les  points  que  l'on  fait  concourir  à  la  détermi- 
nation de  la  courbe,  on  introduit  quelque  point  singulier;  c'est- 
à-dire,  suivant  l'acception  géométrique  la  plus  étendue,  un 
point  distinct  de  tous  les  autres  par  une  propriété  précise, 
d'ailleurs  quelconque,  à  laquelle  on  a  égard;  soit  que  ce  point 
appartienne,  en  effet,  à  la  circonférence  de  la  courbe,  comme 
un  point  d'inflexion  ou  derebroussement,  etc.,  soit  même,  en 
général,  qu'il  y  adhère,  intérieurement  ou  extérieurement, 
comme  un  centre,  ou  un  foyer,  etc.  De  quelque  manière  que 
s'opère  la  singularisation,  chaque  point  de  ce  genre  devra 
toujours  compter  pour  deux  points  ordinaires,  parce  qu'il  don- 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  115 

nera  lieu  à  deux  équations  de  condition.  S'ilestsur  la  courbe^ 
il  faudra,  outre  la  condition  commune 

/(z'y',a,*,c,d...)"=0, 

considérer  aussi  la  relation  quelconque 

qui  formulera  sa  propriété  caractéristique.  Quoique  cette  se- 
conde équation  puisse  être  fort  différente  de  la  première,  elle 
participera  tout  autant  à  la  détermination  des  inconnues  a,  6, 
r,  d,  etc.,  qui  se  trouveront  ainsi  tout  aussi  liées  que  d* après 
deux  points  ordinaires.  Lorsque  le  point  singulier  n* appartient 
pasàla  circonférence  de  la  courbe,  il  faut  concevoir,  en  gé- 
néral, que,  par  cela  même  qu'il  est  unique,  ses  propres  coordon- 
nées a,  6,  doivent  dépendre,  d'une  manière  déterminée,  des 
constantes  qui  spécifient  la  courbe,  suivant  deux  fonctions, 

a  =  ç  [a^b^c^  rf...),  6  s=5s  «j/  (a,  6, c,  rf...), 

dont  la  forme  sera,  dans  chaque  cas,  exactement  assignable^ 
d'après  Téquation  de  la  courbe,  et  le  caractère  du  point.  Donc, 
réciproquement,  Tindication  de  ces  deux  coordonnées  assu- 
jettit ces  constantes,  quand  elles  sont  inconnues,;à  deux  condi- 
tions distinctes,  qu'on  peut  envisager  comme  tenant  lieu, 
pour  leur  détermination,  de  deux  points  quelconques  de  la 
courbe. 

On  peut  aisément  vérifier  cette  loi  uniforme  sur  toutes  les 
lignes  introduites  dans  la  première  partie,  et  dont  les  définitions 
contiennent  des  points  évidemment  singuliers.  Si,  d'après  la 
découverte,  déjàaccomplie,  deleur  nombre  ordinaire  de  points 
déterminant,  on  examine,  par  contraste,  la  réduction  spéciale 
qu'il  éprouve  spontanément  quand  on  y  mêle  ces  points  excep- 
tionnels, il  sera  facile  de  constater  successivement,  suivant  les 
définitions  respectives,  que  le  centre  du  cercle,  ^ue  chacun 


116  GÉOMÉTRIE  PLAlfE. 

des  points  fixes  inhérents  à  Tnne  on  à  Tantre  génération  des 
sections  coniqnes,  que  chaque  point  analogue  propre  à  la  no- 
tion des  sections  toriques  ou  de  la  conchoïde,  ou  de  la  cis- 
soïde,  équivaut  toujours  effectivement,  pour  la  détermination 
delà  courbe,  àrobligation  de  passer  en  deux  points  arbitraires. 
La  seule  dérogation  apparente  à  Tuniformité  de  cette  loi  ad- 
ditionnelle, semble  devoir  résulter  d*abord  deTinégale  pluralité 
des  propriétés  des  divers  points  singuliers.  Ainsi,  parexemple, 
un  même  pointpeut  quelquefois  être  un  centre  et  im  pointd*in- 
flexion  :  les  sommets  de  Tellipse,  primitivementdéfinispar  sa 
rencontre  avec  ses  axes,  sont  aussi  caractérisés  parunetangente 
perpendiculaire  au  rayon  correspondant,  et  ils  se  distinguent 
également  comme  points  de  plus  grande  ou  de  moindre  courbure. 
Entouscescas,  on  peut  croire  que  Tintroduction  de  tels  points 
singuliers  fournira  de  nouvelles  équations  de  condition,  à  me- 
sure qu'on  formulera  leurs  diverses  propriétés,  en  sorte  qu'ils 
tiendraient  ainsi  lieu,  dans  la  détermination  delà  courbecher- 
chée,  tantôt  de  deux,  tantôt  de  trois,  ou  de  quatre,  etc.  points 
ordinaires.  Mais  il  est  aisé  de  sentir  que  cette  objection  géné- 
rale est  purement  spécieuse.  On  peut  d'abord  l'écarter  par  une 
considération  préjudicielle  tirée  de  l'évidente  absurdité  qu'offri- 
rait ainsi  la  variation  continue  dunombrede  points  déterminant 
propre  à  chaque  courbe  par  la  découverte,  toujours  possible, 
de  nouvelles  particularités  envers  les  points  déjà  singularisés, 
àmesure  que  l'étude  spéciale  de  la  courbe  serait  plus  avancée. 
Un  examen  direct  fait  ensuite  sentir,  en  principe,  que,  par 
quelque  caractère  précis  qu'un  point  singulier  ait  été  primiti- 
vement défini  et  formulé,  toute  autre  propriété  quelconque 
qu'on  en  découvrirait  ultérieurement  ne  saurait  fournir  aucune 
condition  vraiment  distincte;  d'après  l'enchaînement,  sensible 
ou  inaperçu,  général  ou  spécial,  qui  existerait  nécessairement 
entre  les  deux  attributs  géométriques, les  relations  analytiques 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  117 

correspondantes  se  trouveraient,  en  chaque  cas ,  essentiellement 
équivalentes  ;  en  sorte  que  la  multiplicité  de  ces  conséquences 
ne  contribuerait  pas  davantage  à  déterminer  les  constantes 
cherchées  que  Téquation  initiale  d'où  elles  pourraient  toutes 
dériver,  plus  ou  moins  péniblement. 

37.  Pour  procurer  toujours  à  la  théorie  actuelle  toute  la  per- 
fection effective  dont  elle  est  susceptible,  il  faut  enfin  expliquer 
comment  le  principe  analytique  sur  lequel  elle  repose  unifor- 
mément devient  souvent  applicable  sans  connaître  encore 
aucuneéquationrectiligne,  même  particulière,  de  la  courbe 
proposée,  et  en  consultant  uniquement  sa  définition  géomé- 
trique. On  en  concevra  la  possibilité  si  l'on  considère  que 
Téquation  ne  sert  ici  que  comme  base  d'un  dénombrement  qui 
peut  quelquefois  être  sufQsamment  accompli  d'après  la  seule 
définition.  Car,  si  le  nombre  total  des  constantes  arbitraires 
propres  à  Téquation  générale  se  détermine  toujours  aisément 
par  une  équation  particulière,  il  se  déduit  encore  mieux  de  la 
définition  même.  Il  sufQt,  pour  cela,  d'y  analyser  exactement 
les  diverses  données  géométriques  qu'elle  indique  commeindis- 
pensables  à  l'entière  détermination  de  la  courbe  :  chaque  point 
fixe  qu'elle  contiendra  introduirait  certainement,  par  ses  coor- 
données, deux  constantes  arbitraires  dans  l'équation  la  plus 
générale,  à  laquelle  il  faut  sans  cesse  se  reporter  mentalement  ; 
il  en  sera  de  même  pour  chaque  droite  fixe,  à  cause  de  ses 
deux  coefficients  angulaire  et  linéaire  ;  chaque  cercle  entière- 
ment donné  qui  s'y  trouverait  ferait  naître  ainsi  trois  cons- 
tantes ;  chaque  longueur  ou  chaque  angle  une  seule,  etc.  Cette 
nouvelle  abréviation  de  la  règle  fondamentale  aura  la  même 
légitimité  et  offrira  aussi  la  même  chance  d'erreur  que  celle 
précédemment  appréciée,  puisqu'elle  repose  sur  le  même  motif 
analytique.  On  trouvera  donc  toujours  ainsi  une  limite  supé- 
rieure du  nombre  depoints  déterminant.  Quand  elieneserapas 


^1^  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

cr^  élevéet  ce  qui  correspond  au  cas  analytique  où  le  nom- 
V^  eflécUf  des  termes  de  Téquation  générale  ne  se  trouverait 
^vait  inférieur  à  celui  des  constantes,  on  le  reconnaîtra  géo- 
ttit.Uriquement  si  la  définition  proposée  est  assez  simple  pour 
tju'on  puisse  s'y  assurer  que  les  changements  simultanés  des 
diverses  données  ne  pourraient  jamais  se  compenser  de  manière 
)i  ne  faire  aucunement  varier  la  courbe.Cette  condition  est  fa- 
cile à  vérifier  envers  les  définitions  déjà  citées  du  cercle,  des 
sections  coniques,  des  sections  toriques,  de  la  conchoïde,  et 
de  la  cissoîde,  où  Ton  connaîtrait  ainsi  le  nombre  de  points 
déterminant  indépendamment  de  toute  équation,  en  parfaite 
conformité  avec  le  résultat  analytique.  Pour  la  signaler  ici  en- 
vers une  définition  nouvelle,  où  Téquation  ne  nous  est  réelle- 
ment pas  connue  encore,  j'indiquerai  la  q/cloîde  ordinaire, 
engendrée  par  un  point  de  la  circonférence  d'un  cercle  roulant 
sur  une  droite  fixe,  à  partir  d'une  certaine  position,  et  tour- 
nantsimultanément  autourdeson  centre  avecla  mèmevitesse: 
la  méthode  précédente  conduit  aussitôt  à  reconnaître,  sans  la 
moindre  incertitude,  qu'une  telle  courbe  est  déterminable 
d'après  quatre  points.  Afin  de  mieux  apprécier  cet  extrême 
perfectionnement  de  la  théorie  actuelle,  il  faut  d'ailleurs  sentir 
que  la  définition  proposée  pourrait  n'être  pas  même  purement 
géométrique  :  pourvu  qu'elle  soit  précise,  et  que,  du  reste, 
elle  se  prête  suffisamment  àl'analyse  prescrite,  elle  conviendra 
pareillement  à  une  semblable  distinction.  Qu'il  s'agisse,  par 
exemple,  de  la  ligne  suivant  laquelle  un  poids  doit  descendre 
pour  arriver  le  plus  promptement  possible  d'un  point  donné  à 
un  autre  point  donné  :  quoique  celte  définition  transcendante 
soit  uniquement  dynamique  et  très-difficile  à  mettre  en  équa- 
tion,notre  méthodesubsidiaireyindiquedéjàclairement  quatre 
points  déterminants;  ce  qui  sera  ultérieurement  confirmé 
quand  on  y  aura  reconnu  la  cycloïde. 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.         119 

La  grande  facilité  propre  à  ce  perfectionnemeût  final  de 
notre  règle  fondamentale,  doit  ici  faire  insister  davantage  sur 
le  danger,  ci-dessus  caractérisé  en  principe,  qu'offrirait,  en 
beaucoup  de  cas,  son  intempestive   application,  quand  le 
nombre  effectif  des  termes  de  l'équation  générale  se  trouverait 
inférieur  au  nombre  ainsi  prévu  des  constantes  introduites. 
Cette  circonstance  analytique  correspondrait  géométriquement 
à  la  possibilité  de  faire  varier  à  la  fois  plusieurs  des  données 
inhérentes  à  la  définition  proposée,  sans  que  la  courbe  en  éprou* 
vàt  aucun  changement  réel,  soit  de  forme,  soit  même  de  situa- 
tion. Or,  de  tels  cas,  quoique  fréquents,  sont  difficiles  à  cons- 
tater clairement  d'après  la  seule  définition,  surtout  envers 
des  courbes  peu  étudiées  ou  très-compliquées  ;  et,  quand  une 
foison  lésa  reconnus,  il  est  presque  toujours  impossible  d'y 
réduire  convenablement  la  limite  supérieure  d'abord  obtenue 
ainsi  pour  le  nombre  de  points  déterminant.  Il  est  aisé  d'en 
citer  quelques  exemples  caractéristiques,  même  envers  le 
cercle,  la  courbe  la  plus  simple  et  la  mieux  connue:  telle  est 
sa  définition  comme  courbe  également  éclairée  par  deux  lu- 
mières, qui  indiquerait  aussitôt  cinq  points  déterminants, 
parce  que  les  deux  points  fixes,  et  le  rapport  donné,  pour- 
raient varier  conjointement,  comme  je  l'ai  montré  au  no21, 
sans  que  la  courbe  changeât  aucunement  ;  telle  est  aussi  sa  dé- 
finition comme  segment  capable,  où  les  deux  points  fixes  et 
l'angle  donné  pourraient  certainement  changer  de  manière  à  ne 
pas  affecter  du  tout  le  cercle  correspondant;  telle  est,  enfin, 
éminemment  sa  définition,  déjà  citée,  comme  lieu  d'un  point 
dont  la  somme  des  carrés  des  distances  à  divers  points  fixes 
demeure  constante.  On  peut  ainsi  juger  des  difficultés  souvent 
insurmontables  que  susciteraient  de  semblables  inconvénients 
envers  des  courbes  plus  compliquées  et  moins  connues  ;  surtout 
enconsidérantque  la  recherche  du  nombre  de  points  détermi- 


120  GÉOHÉTRIS  PLANE. 

nant  doit  être  naturellement,  à  raison  de  sa  simplicité  supé- 
rieure, le  premier  sujet  d'études  envers  la  plupart  des  lignes. 
La  règle  analytique  du  n^  34  est  donc  finalement  la  seule  qui 
comporte  une  universelle  efficacité,  et  rien  ne  saurait  dispenser 
d'y  recourir  en  général.  Mais  les  inconvénients  irrécusables 
que  présente,  en  beaucoup  d'occasions,  l'abréviation  subsidiaire 
que  je  viens  d'expliquer  n'altèrent  nullement  son  heureuse  ap- 
titude envers  les  cas  très-Aombreux  où  les  conditions  nécessaires 
de  sa  légitime  application  se  trouvent  être  suffisammentremplies. 
En  terminant  ici  l'exposition  de  cette  première  théorie  géné- 
rale, il  importe  de  remarquer  que,  quoique  nous  n'y  ayons 
considéré  d'autres  conditions  de  détermination  des  courbes  que 
celles  de  passer  par  des  points  donnés,  comme  étant  maintenant 
les  seules  que  nous  sachions  uniformément  formuler,  cepen- 
dant l'ensemble  des  règles  précédentes  s'appliquera  nécessaire- 
ment à  toute  autre  sorte  de  conditions  géométriques,  expri- 
mables chacune  par  une  seule  équation,  à  mesure  que  nous  en 
apprendrons  ultérieurement  la  représentation  analytique;  ce 
qui  devra  beaucoup  augmenter  la  portée  et  l'utilité  des  divers 
principes  que  nous  venons  d'établir. 


CHAPITRE  II. 


Théorie  des  tangentes. 


38 .  Cette  importante  théorie,  base  nécessaire  du  rapproche- 
ment  fondamental  entre  les  figures  curvilignes  et  les  figures 
rectilignes,  repose  tout  entière  sur  une  convenable  définition 
de  la  tangente.  Dans  sa  première  acception  géométrique,  ce 
terme  a  été  longtemps  limité  au  cercle,  où  il  désigne  simple- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.         121 

ment  une  droite  qui  n'a  avec  la  courbe  qu'un  seul  point  com- 
mun. Il  y  aurait  alors  un  vrai  pléonasme  à  ajouter  que  tous 
les  autres  points  de  la  droite  doivent  être  extérieurs  à  la 
courbe,  puisque  cette  circonstance  résulte  évidemment  de  la 
condition  primitive,  non-seulement  envers  le  cercle,  mais 
aussi  quant  à  toute  autre  courbe  fermée  et  non  sinueuse.  Tou- 
tefois, ce  caractère  additionnel  deviendrait,  en  d'autres  cas, 
indispensable,  afin  de  distinguer  suffisamment  la  tangente  de 
certaines  droites  ne  rencontrant,  comme  elle,  la  courbe  qu'en 
un  seul  point;  ainsi  qu'on  le  voit,  par  exemple,  dans  la  para- 
bole, pour  les  parallèles  à  Taxe.  Quoiqu'un  tel  complément 
rende  la  notion  initiale  susceptible  d'une  assez  grande  exten- 
sion, en  permettant  de  l'appliquer  à  toutes  les  courbes,  bien 
plus  nombreuses  qu'on  n'a  coutume  de  le  supposer,  qu'aucune 
droite  ne  saurait  couper  en  plus  de  deux  points,  il  est  néan- 
moins aisé  de  reconnaître  que  ce  caractère  primitif,  ne  peut 
nullement  devenir  la  base  d'une  définition  vraiment  générale. 
Car,  en  beaucoup  de  cas,  cette  unité  d'intersection  ne  constitue 
point  une  condition,  soit  nécessaire,  soit  suffisante,  tendant  à 
déterminer  la  tangente.  Dans  lacissoïde,  par  exemple  (fig,  32), 
la  tangente  en  un  point  quelconque  M  coupera  la  courbe  en  un 
second  point  N  ;  tandis  que,  au  contraire,  on  pourra  mener 
de  M  une  infinité  de  droites  différentes,  qui  n'auraient  que  ce 
seul  point  commun  avec  la  courbe,  sans  qu'aucune  d'elles 
assurément  fût  tangente  :  on  voit  même  que  cette  condition  ne 
saurait  alors  donner  lieu  à  aucune  question  précise  ;  c'est  ce 
qu'offriraient  presque  toujoursles  courbes  ayant  plus  de  deux 
points  en  ligne  droite.  Mais,  malgré  cette  évidente  impossi- 
bilité de  conserver,  en  général,  l'acception  initiale  du  mot 
tangente,  les  lois  du  langage  et  de  lapensée  imposent  l'obliga- 
tion de  ne  la  changer  que  par  une  judicieuse  extension,  qui 
reproduise  spontanément  le  caractère  primitif  pour  les  cas 

16 


122  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

particuliers  auxquels  on  Tavait  destiné  d'abord  :  cette  impor- 
tante prescription  philosophique  doit  être  soigneusement  respec- 
tée envers  toutes  les  conceptions  scientifiques  qui  dérivent  de 
notions  vulgaires,  afin  de  maintenir  toujours  la  continuité  et 
l'harmonie  logiques,  qui  seraient  gravement  troublées  par  une 
arbitraire  altération  technique  des  expressions  communes.  La 
définition  générale  de  la  tangente,  telle  qu'on  la  conçoit  main- 
tenant, satisfait  pleinement  à  cette  condition  indispensable. 
Elle  consiste  à  considérer  la  tangente  comme  la  limite  vers 
laquelle  tend  une  sécante  dont  Tun  des  points  d'intersection 
supposé  mobile  se  rapproche  indéfiniment  de  l'autre  supposé 
fixe,  jusqu'à  ce  qu'ils  se  confondent  exactement.  Si  Ton  conti- 
nuait ensuite  la  rotation,  l'intersection  mobile  passerait  au 
delà  de  l'intersection  fixe;  en  sorte  que,  en  chaque  point  d'une 
courbe  quelconque,  la  direction  tangentielle  sert  de  ligne  de 
démarcation  entre  les  directions  qui  coupent  d'un  côté  de  ce 
point  et  celles  qui  coupent  de  l'autre  côté.  Quelque  multipliées 
que  puissent  être  les  intersections,  on  n'en  doit  ici  combiner 
que  deux,  puisque  deux  points  suffisent  pour  déterminer  une 
droite  :  la  confusion  finale  des  deux  premières  ne  décide  rien 
envers  les  autres,  dont  la  coïncidence  avec  elles  ne  saurait 
être  facultative,  et  constituera,  en  effet,  dans  la  suite,  le 
caractère  propre  de  certains  points  exceptionnels. 

On  peut  maintenant  apprécier  ce  qu'une  telle  définition 
générale  conserve  spontanément  de  la  notion  initiale  :  car, 
envers  une  courbe  quelconque,  la  tangente,  ainsi  conçue, 
aura  nécessairement  un  point  commun  de  moins  que  les  droites 
qui  en  ont  le  plus  ;  par  conséquent,  pour  toutes  les  courbes 
qui  ne  sauraient  offrir  plus  de  deux  points  en  ligne  droite,  la 
tangente  se  trouvera  caractérisée,  en  effet,  par  l'unité  d'inter- 
section, suivant  la  conception  primitive,  dont  tout  le  vice 
consistait  donc  en  une  trop  grande  restriction.  Cette  généralisa- 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME.  123 

lion  s'accomplit  d'ailleurs  d'une  m  anière  parfaitement  conforme 
à  la  destination  fondamentale  de  la  théorie  des  tangentes  dans 
le  système  total  de  la  géométrie  ;  puisque  l'indispensable  rap- 
prochement entre  les  figures  curvilignes  et  les  figures  recti- 
lignes,  base  naturelle  des  principales  spéculations  géométri- 
ques, suppose  toujours  qu'on  ait  d'abord  déterminé  la  loi  sui- 
vant laquelle  varient  les  directions  des  côtés  du  polygone  que 
l'on  substitue  mentalement  à  la  courbe,  ce  qui  résulte  évidem- 
ment d'une  semblable  considération  des  tangentes. 

Mn  de  prévenir  toute  incertitude  sur  une  notion  aussi  capi- 
tale, il  importe  enfin  d'y  apprécier  spécialement  la  nécessité 
d'opérer  la  coïncidence  caractéristique  des  deux  intersections 
par  la  rotation  de  l'une  autour  de  l'autre,  et  non  d'après  leur 
commune  translation  parallèlement  à  la  position  primitive. 
Ces  deux  modes  seraient,  sans  doute,  le  plus  souvent  équiva- 
lents; mais  ils  ne  sauraient  l'être  toujours  :  ce  qui  suffit  pour 
que  leur  dictinction  doive  être  soigneusement  introduite  dans 
la  définition  générale.  Lacissoïde  en  offre  un  exemple  très-sen- 
sible, si  l'on  considère  en  particulier  le  point  de  rebrousse- 
men!  0,  où  la  tangente  OB  résulte  de  la  rotation  de  OK  jusqu'à 
ce  que  K  et  0  se  confondent;  tandis  que  les  perpendiculaires 
à  OB,  eti  se  i^pprochant  de  plus  en  plus  de  0,  y  produiraient 
aussi  là  coïncidence  de  leurs  deux  intersections,  sans  y  être 
nullement  tangentes  :  on  voit  même  que  cette  coïncidence  pro- 
venue de  la  translation  ne  déterminerait,  au  point  de  rebrous- 
sement,  aucune  direction  précise;  puisqu'un  tel  attribut  y 
appartiendrait  indifféremment  à  une  infinité  de  directions 
obliques. 

39.  La  définition  fondamentale  étant  suffisamment  établie,  il 
faut  maintenant  concevoir  la  théorie  des  tangentes  comme 
composée  d'abord  d'une  question  principale,  consistant  &  déter- 
miner, en  chaque  point  d'une  courbe,  la  direction  de  sa  tan- 


124  GÉOMéTRIE  PLANE. 

gente,  et  ensuite  de  plusieurs  questions  accessoires  qui,  quoi- 
que également  générales,  ne  constituent,  au  fond,  que  des 
conséquences  ou  des  transformations  de  la  première.  C'est  sur 
celle-ci  exclusivement  que  portera  ici  le  défaut  actuel  de  géné- 
ralité de  notre  théorie  analytique,  bornée  aux  ressources  de 
Talgèbre  élémentaire  :  mais  la  manière  dont  toutes  les  autres 
s'y  subordonnent  sera  déjà  traitée  aussi  complètement  que  pos- 
sible; en  sorte  que  l'extension  ultérieure  de  la  méthode  des 
tangentes,  à  Taide  d'une  analyse  plus  élevée,  pourra  être 
réduite  à  la  question  principale,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'y 
considérer  spécialement  les  questions  accessoires. 

D'après  notre  définition^  si  l'on  conçoit  d'abord,  par  le  point 
donné  {x'y  y'),  une  droite  qui  ccupe  la  courbe,  en  un  second 

point  (x*\  y"),  son  coefficient  angulaire  sera  ^7; — ^,  :  la  re- 
cherche proposée  consiste  donc  à  trouver  la  limite  vers  laquelle 
tend  ce  rapport  à  mesure  que  les  coordonnées  variables^:"  et  y" 
se  rapprochent  indéfiniment  des  coordonnées  fixes  x'  et  y'.  Si 
l'on  y  posait  aussitôt  l'hypothèse  extrême,  a:"= a:',  y "  =  y',  il 
deviendrait  indéterminé,  parce  qu'on  n'y  a  eu  encore  aucun 
égard  aux  conditions  qui  ôtent  l'équivoque  naturellement 
inhérente  à  cette  coïncidence,  et  qui  résultent  de  la  situation 
continuelle  des  deux  points  sur  la  courbe  donnée  f  {x^  y) =0. 
Ainsi,  la  difficulté  du  problème  se  réduit  essentiellement  à  cette 
question  purement  algébrique  :  utiliser  les  deux  équations  de 
condition,  f{x\y')*=Oeif{x'\  y")=0,  de  manière  à  trans- 

former  la  fraction  ^, — ^  en  une  autre  équivalente  qui  ne 

puisse  plus  devenir  indéterminée,  quand  on  y  supposera 
x*'^ax'  et  y"B=sy'.  Cette  transformation  une  fois  accom- 
plie, l'évaluation  de  ce  rapport,  pour  cette  hypothèse  finale, 
déterminera  immédiatement  l'expression  générale  du  coeffl- 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈHE.  125 

oient  angulaire  de  la  tangente,  propre  à  la  courbe  proposée. 
On  surmonte  cette  difficulté  algébrique,  en  retranchant  les 
deux  relations  Tune  de  l'autre,  afin  de  mettre  en  évidence,  dans 
chaque  partie  de  cette  relation  composée, 

/(^">r)-/(a:'yO  =  o, 

ou  le  facteur  y"  —  y'  ou  le  facteur  x"  —  x'^  de  manière  à  dé- 
gager ensuite  aisément  le  rapport  cherché.  Mais,  pour  expliquer 
convenablement  cette  opération,  naturellement  fondée  sur  la 
divisibilité  connue  de  a»  —  b^  par  «  —  ô,  il  faut  maintenant 
spécifier  la  composition  de  Téquation  proposée,  que  nous  sup- 
posons algébrique,  rationnelle,  et  entière,  d'ailleurs  d'un  degré 
quelconque.  En  n'y  mentionnant  qu'un  seul  terme  général  de 
chaque  espèce,  son  type  sera  : 

Ay»»  +  Bar»  +  CxPy^  +  D  =-  0, 

en  sorte  que  notre  relation  composée  devient 

A  (y"*»—  y'*»)  +  B  (ar"»—  X'»)  +  C  {x''P  y''^—x'v  yV)  =-0. 

La  transformation  proposée,  n'y  offre  quelque  difficulté  que 
relativement  au  dernier  terme,  qui  n'est  spontanément  divisible 
ni  par  y*'  —  y'  ni  par  a:"  —  x\  Or,  la  nature  algébrique  de  ce 
terme,  où  les  deux  variables  sont  mêlées,  suggère  aussitôt 
l'artifice  préparatoire  d'après  lequel  il  devient  aussi  convenable 
que  les  autres,  en  portant  à  le  regarder  comme  tenant  lieu  de 
l'ensemble  de  deux  termes  distincts^  Tun  analogue  à  ceux  en  y, 
l'autre  à  ceux  en  a:,  suivant  la  décomposition  évidente 

ar"P  y'V  —  x'P  y'V  «=  X''V  (y'V  —  y'^)  +  yV  [x''P  —  x'P), 

qui  transforme  la  relation  primitive  en 

A  (y"«  —  y'«)  +  B  (a:"«  —  a:'«)  +  C  x''v  (y"9  —  yV) 

+  C  y'9  {x''P  —  x'P)  =  0. 

Tous  les  termesyétantmaintenantdivisiblesou  par  y"  «—y'  ou 


126  GÉOMÉTRIE  PLANE, 

par  X"  —  x\  on  en  déduit  aussitôt,  d'après  les  règles  connues, 

La  transformation  proposée  étant  ainsi  accomplie,  il  suffit  de 
poser  maintenant  y"  =  y'  et  x"  ==»  x'  pour  que  cette  fraction 
détermine  immédiatement  le  coefficient  angulaire  de  la  tan- 
gente, 

tang  a  =  —  ^j^y,«_i  _,_  ycy'^-*  a:'/»' 

Au  lieu  de  .rjetenir  cette  formule,  ou  d'en  renouveler  la  recher- 
che spéciale  sur  chaque  exemple,  il  convient  d'y  saisir  algébri- 
quement le  mode  de  dérivation  de  ses  termes  envers  ceux  de 
l'équation  primitive.  Un  premier  aperçu  comparatif  montre 
d'abord  que  les  termes  en  x^  de  cette  équation  ont  seuls  influé 
sur  le  numérateur  de  ce  résultat,  et  les  termes  en  y  sur  le 
dénominateur  :  quant  aux  termes  en  a;  et  ^  ils  ont  influé  des 
deux  parts,  mais  toujours  comme  uniquement  relatifs  tantôt 
&  a:  et  tantôt  à  y.  On  voit  ensuite  que  la  dérivation  a  consisté  à 
multiplier,  en  chaque  terme  de  l'une  ou  l'autre  espèce,  le 
coefficient  par  l'exposant  et  à  diminuer  cet  exposant  d'une 
unité.  Telle  est  donc  la  loi  générale  suivant  laquelle  le  coefll- 
cient  angulaire  de  la  tangente  résulte  de  l'équation  rectillgne 
de  a  courbe  correspondante,  dans  tous  les  cas  ci-dessus  carac- 
térisés. 

On  en  simplifie,  beaucoup  l'énoncé  et  la  notation  par  l'usage 
élémentaire  d'une  grande  notion  analytique,  dont  la  haute  im- 
portance géométrique  va  être  bientôt  appréciée  directement, 
outre  sonimmédiate  efficacité  comme  moyen  d'expression:  c'est 
celle  des  dérivées  proprement  dite^.  Ce  nom,  devenu  spécial 
depuis  Lagrange,  désigne,  envers  chaque  fonction  quelconque 
d'une  seule  variable,  le  coefficient  de  la  première  puissance  de 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  127 

raccroissement  de  la  variable  dans  le  développement  de  Tac- 
croissement  de  la  fonction  selon  les  puissances  de  celui  de  la 
variable.  Quand  la  fonction  contient. deux  variables,  elle  com- 
porte naturellement  deux  dérivées  distinctes,  suivant  que  Ton 
considère  le  changement  exclusif  de  chacune  d*elles,  en  traitant 
Tautre  comme  une  simple  constante.  D'après  ces  explications, 
il  est  aisé  de  constater  que  la  loi  précédente  peut  s'énoncer 
ainsi  :  le  coefficient  angulaire  de  la  tangente  est  égal  au  rapport^ 
changé  de  signe^  entre  les  deux  dérivées  du  premier  membre  de 
r  équation  proposée  ^  relatives,  l'une  à  Vahscissey  Vautre  à  F  or- 
donnée, du  point  de  contact.  Car,  chacune  des  parties  de  notre 
formule  de  tang  a  constitue  évidemment,  d'après  la  définition 
précédente,  la  fonction  dérivée  de  la  partie  correspondante  de 
Téquation  primitive.  La  dérivée  d'une  somme  étant  d'ailleurs 
nécessairement  équivalente  à  la  somme  des  dérivées  de  ses  par- 
ties, il  est  clair  que  la  même  loi  de  formation  conviendrait 
aussi  au  cas  où  l'équation  eût  renfermé  plusieurs  termes  de 
chaque  espèce,  chacun  d'eux  ayant  séparément  participé  au 
résultat  comme  son  type  unique.  Nous  allons  bientôt  recon- 
naître que  cette  énonciation  définitive  de  la  règle  des  tangentes 
ne  constitue  pas  seulementune  commode  abréviation  usuelle  de 
la  loi  algébrique  ci-dessus  obtenue,  mais  qu'elle  exprime  déjà 
le  mode  le  plus  général  pour  la  formation  du  coefficient  angu- 
laire de  la  tangente  envers  une  courbe  quelconque,  sauf  la 
difliculté  de  trouver  les  dérivées  de  l'équation  correspondante. 
Quant  à  la  notation  analytique  de  cette  même  règle,  il  suffit 
d'y  appliquer  aussi  le  mode  éminemment  simple  et  lumineux 
que  Lagrange  a  introduit  pour  les  fonctions  dérivées,  en  modi- 
fiant seulement  par  un  accent  les  caractéristiques  des  fonctions 
primitives  ;  en  sorte  que  /"  (ar),ç'  (ar),  ^'  (x),  etc.,  désignent  suffi- 
samment lesdérivéesrespectivesde/(a:),ç(a:),iKx),  etc.  Envers 
les  fonctions  à  deux  variables,  il  convient  d'y  distinguer  les 


Ji" 


128  GÉOMÉTRIE  PLAIŒ. 

deux  dérivées,  non  d'après  le  mode  trop  incertain  que  Lagrange 
avait  déduit  du  déplacement  de  Taccent,  mais  à  Taide  d'une 
sorte  d'adjectif  analytique,  consistant  à  placer,  en  indice,  au 
bas  de  la  caractéristique^  le  nom  de  la  variable  considérée  : 

ainsi,  fx  (x,  y)  et  fy  (a:,  y)  indiqueront  les  deux  dérivées  de 

• 

f  [x^y],  relatives,  l'une  à  ar,  l'autre  à  y.  De  cette  manière, 
notre  loi  des  tangentes  pourra  être  analytîquement  formulée  par 
cette  expression,  très-concise  et  pourtant  fort  claire, 

fy[^y  y) 

où  aucune  des  indications  essentielles  n'est  réellement  omise. 
On  pourra  même,  après  une  suffisante  habitude,  augmenter 
familièrement  son  laconisme  sans  altérer  nullement  sa  netteté, 
en  faisant  seulementporter  sur  l'indice  adjectif  la  mention  spé- 
ciale du  point  de  contact^  ce  qui  permettra  de  supprimer  les 
parenthèses,  où  il  est  trop  lourdement  indiqué.  Aussi  écrirons- 
nous  souvent  cette  loi  sous  la  forme  rapide 

tang.««  — '— , 

fy 

où  rien  ne  pourrait  être  supprimé  sans  introduire  aussitôt  une 
confusion  radicale. 

40.  A  ce  mode  éminemment  élémentaire  d'établir  la  règle 
des  tangentes,  je  crois  devoir  en  joindre  un  second  qui,  sans 
excéder  d'avantage,  au  fond,  les  premières  notions  algé- 
briques^ permet  déjà  de  démontrer  suffisamment  l'entière 
généralité  de  cette  loi  géométrique,  sous  la  seule  réserve  des 
difficultés  analytiques  que  nous  offrirait  actuellement  son  appli- 
cation effective  au  delà  des  cas  que  nous  venons  de  considérer. 
Il  repose  sur  la  convenable  appréciation  d'un  artifice  envisagé 
d'oitlinaire  comme  purement  spécial,  mais  qui,  mieux  jugé, 
peut  aisément  devenir  la  base  d'une  véritable  méthode  générale. 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.         129 

C'est  celui  par  lequel  on  trouve  commodément  la  valeur  du 
coefQcient  angulaire  de  la  tangente  quand  le  point  de  contact 
est  situé  àToxigine  des  coordonnées^  en  évaluant,  dansTéqua- 

tion  de  la  courbe  donnée,  le  rapport  -  pour  are» 0,  ce  qui  est 

le  plus  souvent  très-facile.  Si,  par  exemple,  d'après  Téquation 
de  la  cissoîde 

^  "^  2r  —  a:' 

on  veut  connaître  la  direction  de  sa  tangente  à  Torigine,  on 
aura 


X       V  2r  —  a:  ' 


ainsi  la  limite  du  rapport  de  l'ordonnée  àrabscisseindéflniment 
décroissante  est  ici  0,  en  substituant  or  «>  0,  ce  qui  montre  la 
tangente  alors  confondue  avec  Taxe  de  la  courbe,  conformé- 
ment au  résultat  fourni  déjà  (n®  26)  par  la  définition. 

Une  te]}e  considération  peut  évidemment  conduire  à  trouver 
la  loi  générale  du  coefficient  angulaire  de  la  tangente  en  un 
point  quelconque  d'une  courbe  :  car,  il  suffit  de  transporter 
l'origine  en  ce  point  {x'  y'),  sans  changer  d'ailleurs  la  direc- 
tion des  axes  ;  ce  qui  oblige  à  changer  a:  en  x'  -}-  -2:  ety  eny  '-|-y 
dans  l'équation  proposée  /  (x,  y)  =  0,  qui  devient  alors 

Toute  la  difficulté,  afin  de  retrouver  ainsi  la  règle  des  tan- 
gentes, consiste  à  bien  discerner  les  seuls  termes  de  cette  nou- 
velle équation  qui  doivent  être  pris  en  considération  quand  on 

évalue  -  pour  a;  «=  0,  y  =  0,  en  écartant  avec  soin  ceux  qui,  ne 

•1/ 

pouvant  exercer  à  cet  égard  aucune  influence,  compliqueraient 
inutilement  cette  appréciation  analytique.  Or,  il  est  évident 


130  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

que,  si  on  développe  Téquation  selon  les  puissances  croissantes 
de  X  et  de  y,  sous  la  forme 

A+  Ba:  +  Cy  +  Dx^  +  Eocy  +  Fy»  +,etc.,  =  0, 

le  terme  A  indépendant  de  x  et  de  y  y  coïncidant  spontanément 
avec/  {x\  y),  se  trouvera  annulé  suivant Thypothèse  indi- 
quée, et  que,  après  avoir  ensuite  tout  divisé  par  x^  dans  la  vue 
d'introduire  le  rapport  cherché,  Téquation,  devenue 

B  +  C  ?  +  Dic  +  Ey  +  Ff?^)y  +,  etc.,  =  0, 
X  \xi 

ne  conservera,  lorsqu'on  y  posera  a:  =0,  y=0,  que  ses  deux 
premiers  termes  :  en  sorte  que,  à  îa  limite  voulue,  le  rapport 

-  sera  exprimé  par  —  =,  sans  dépendre  aucunement  des 

termes  d'un  degré  supérieur  au  premier.  Si  maintenant  on 
rapproche  ce  résultat  de  la  définition  précédente  des  dérivées, 
on  reconnaîtra  aisément,  avec  un  peu  d'attention,  surtout  en 
ayant  soin,  pour  plus  de  clarté,  de  n'opérer  que  l'une  après 
l'autre  les  deux  substitutions  primordiales  a:' +a:  ety'4-y>que 
ces  coefficients  B  et  G  des  premières  puissances  de  j;  et  de  y 
constituent  précisément  les  dérivées  respectives  du  premier 
membre  de  l'équation  primitive  relativement  à  a:  et  y,  où  l'on 
aurait,  bien  entendu^  remplacé  les  coordonnées  générales  a:,  y 
par  les  coordonnées  spéciales  a:',  y'  du  point  de  contact.  Ainsi  se 
trouve  directement  établie  la  loi  fondamentale  des  tangentes, 
qui  ci-dessus  n'était  encore  qu^in  simple  résultat  de  calcul,  alors 
limité  aux  seuls  cas  considérés,  mais  désormais  étendu,  du 
moins  en  principe,  à  toutes  les  équations  possibles,  sauf  la 
difficulté  purement  analytique  de  trouver  les  dérivées  conve- 
nables. 

41.  D't^rès  les  seules  connaissances  algébriques  qu'exige  ce 
traité,  ces  dérivées  ne  pourront  être  immédiatement  formées 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.         131 

que  pour  des  fonctions  algébriques  proprement  dites,  qui  soient 
en  outre  rationnelles,  et  même  entières,  ou,  en  d*autres  termes, 
exclusiTement  composées  de  simples  puissances  des  variables. 
La  dérivation  y  consistera  donc  toujours  à  multiplier  chaque 
coefficient  par  l'exposant  correspondant,  et  à  diminuer  celui-ci 
d'une  unité  ;  ce  qui  reproduira  textuellement  la  formule  ob- 
tenue spécialement  au  n®  précédent.  Mais,  quoique  ces  cas 
soientles  seuls  où  nous  puissions  ici  déterminer  immédiatement 
les  tangentes,  la  loi  fondamentale  de  cette  théorie  géométrique 
n'en  est  pas  moins  déjà  complètement  établie,  en  ne  laissant 
plus  à  désirer  que  Textension  ultérieure  des  notions  analytiques 
sur  la  formation  effective  des  dérivées. 

Quand  les  équations  données,  quoique  algébriques,  seront 
irrationnelles  ou  fractionnaires,  notre  règle  des  tangentes 
pourra,  même  dans  son  état  actuel,  y  devenir  finalement  ap- 
plicable, mais  seulement  après  les  préparations  plus  ou  moins 
pénibles  destinées  à  enlever  les  dénominateurs  et  les  radicaux. 
Si  Ton  a,  par  exemple,  l'équation 


*^  r 


on  ôtera  d'abord  le  dénominateur  en  écrivant 

icy  B=a  1  ±1  a;  y/il 
et  puis  le  radical  en  isolant  et  carrant,  ce  qui  donnera,  après 
avoir  développé  et  transposé,  l'équation 

x«y«  _  x»  —  2x'y  +  1  ="  0. 

C'est  uniquement  alors  que  nous  pourrons  immédiatement  ap- 
pliquer la  règle  des  tangentes,  d'où  il  résultera  ici 

3x*  —  2x1/*  +  2y 

où  l'on  pourra,  d'après  l'équation  primitive,  mettre  y  en  a: 
de  manière  &  obtenir  finalement 


132  GÉOMÉTRIE  PLANE. 


1 

tang.  «  =  — -,  + 


Dans  les  cas  semblables,  rimperfection  actuelle  de  nos  con- 
naissances analytiques  sur  Tapplication  effective  de  la  règle  des 
tangentes  consiste  à  ne  pouvoir  obtenir  directement  cette  ex- 
pression définitive,  à  laquelle  nous  n'aboutissons  que  par  un 
circuit  algébrique  plus  ou  moins  laborieux,  faute  de  savoir 
prendre  immédiatement  les  dérivées  des  fonctions  proposées.  Il 
convient  que  le  lecteur  sente  déjà,  d'après  quelques  exercices 
spontanés,  ces  divers  embarras  algébriques,  qui  caractérisè- 
rent, à  cet  égard,  Tétat  de  la  géométrie  analytique  entre  Des- 
cartes et  Leibnitz,  et  dont  Tappréciation  croissante  constitua 
Tun  des  principaux  stimulants  qui  poussèrent  àllnvention  de 
Tanalyse  transcendante.  Les  difficultés  relatives  aux  dénomi- 
nateurs sont  toujours  bientôt  surmontées  :  mais  il  n'en  est  nul- 
lement ainsi  pour  celles  que  suscitent  les  radicaux.  Si  6n  pou- 
vait partout,  comme  dans  l'exemple  précédent,  ôter  ceux-ci 
en  les  isolant  successivement  afin  d'élever  ensuite  aux  puis- 
sances correspondantes,  une  telle  préparation  ne  serait  pas 
très-gênante.  Mais  cette  marche  n'est  pleinement  efficace 
qu'envers  un  radical  unique,  et  ne  s'applique  aux  radicaux 
simultanés  qu'autant  qu'ils  sont  du  second  degré  seulement; 
encore  faut-il,  même  alors,  qu'il  n'en  coexiste  pas  plus  de 
cinq  :  en  tout  autre  cas,  la  suppression  des  radicaux  exige 
l'intervention  des  pénibles  méthodes  d'élimination  propres  aux 
équations  algébriques  d'un  degré  quelconque,  dont  l'usage  de- 
vient presque  toujours  impraticable. 

Pour  faciliter,  en  beaucoup  d'occasions,  l'application  de 
notre  règle  des  tangentes,  il  convient  enfin  d'y  remarquer  que 
si  l'équation  proposée  est  résolue  par  rapport  à  y,.sous  la  forme 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  133 

la  loi  générale  se  simplifie,  et  devient  tang.  a^a  (p'  (a:),  la  dé- 
rivée relative  à  y  étant  ici  i.  Ainsi  le  coefficient  angulaire  de  la 
tangente  est  toujours  exprimable  par  la  dérivée  de  la  fonction 
qui  représente  l'ordonnée  ;  ce  gui  nous  permettra,  dès  ce  mo- 
ment^ de  le  former  plus  aisément,  quand  cette  fonction  sera  de 
l'espèce  de  celles  dont  nous  savons  actuellement  trouver  les 
dérivées. 

Au  sujet  de  ce  principal  problème,  ainsi  qu^envers  les  re- 
cherches secondaires  qui  vont  s'y  rattacher,  il  est  presque  su- 
perflu d'avertir  expressément  que  toutes  les  solutions  relatives 
aux  tangentes  conduisent  aisément  à  celles  qui  concernent  les 
normales,  c'est-à-dire  les  perpendiculaires  qui  leur  sont  me- 
nées des  points  de  contact;  quoique  cette  nouvelle  forme  d'une 
telle  étude  puisse  d'ailleurs  en  augmenter  souvent,  sous  l'as- 
pect algébrique,  les  difficultés  spéciales,  elle  ne  saurait  exiger 
jamais  aucun  nouveau  principe  géométrique. 

42.  La  question  fondamentale  de  la  théorie  des  tangentes 
étant  désormais  suffisamment  traitée,  considérons  maintenant 
la  manière  générale  d'y  rattacher  successivement,  selon  leur 
complication  croissante,  les  diverses  questions  accessoires  qui 
peuvent  en  être  envisagées  ou  comme  des  conséquences  ou 
comme  des  transformations. 

Il  faut  d'abord  examiner  le  cas  où  l'on  demande  une  tangente 
parallèle  à  une  droite  donnée.  On  connaît  alors  la  valeur  spé- 
ciale du  coefficient  angulaire  de  la  tangente,  et  il  s'agit  d'en 
déduire  réciproquement  les  coordonnées  correspondantes  du 
point  de  contact.  Notre  règle  fondamentale,  qu'il  faut  seule- 
ment ici  appliquer  aune  destination  inverse,  fournit  aussitôt 
le  moyen  de  mettre  le  problème  en  équation.  Si  f[x^y)  =  0  est 
l'équation  de  la  courbedonnée,  et  y^=  ax+b  celle  de  la  droite 
proposée,  on  aura  donc  ainsi,  entre  les  coordonnées  inconnues 
x\  y*  du  point  du  contact  cherché,  la  relation 


134  GÉOMÉTRIE  PLANE. 


qui,  combinée  avec  la  condition  nécessaire  /  [x'  y')  «=  0,  dé- 
terminera ces  inconnues,  sans  que  la  question  puisse  jamais 
offrir  d'autres  difficultés  que  celles  de  Texécution  algébrique. 
Qu'il  s'agisse,  par  exemple,  de  la  courbe  y^  =  j;',  et  qu'on 
veuille  lui  mener  une  tangente  parallèle  à  la  droite  y  =3  x,  les 
équations  seront,  en  supprimant  les  accents  inutiles, 

4  8 

d'où  U  résultera  x  ==  -  et  y  =5;:-  pour  le  point  où  la  tangente 

est  inclinée  à  45®.  Quand  le  problème  sera  impossible,  on  le 
reconnaîtra  ainsi,  comme  de  coutume,  en  trouvant  des  coor- 
données imaginaires,  ou  tout  au  moins  infinies  si  la  direction 
donnée  appartenait  à  la  limite  des  tangentes  d'une  courbe 
indéfinie. 

Supposons,  en  second  lieu,  qu'on  demande  une  tangente 
passant  par  un  point  extérieur  donné.  En  renversant  encore  le 
problème  fondamental,  on  introduira  les  coordonnées  incon- 
nues du  point  de  contact,  d'après  lesquelles  l'équation  de  la 
tangente  serait 

4.»=  —  f'xjx',  y') 

^-^ — Mï\7r^''~*^ 

où  il  faudra  exprimer  la  condition  de  passer  au  point  donné 
(€,  a),  ce  qui  fournira  la  relation 

pour  déterminer,  conjointement  avec  la  condition  spontanée 
f  (x\y')  =  0,  les  deux  inconnues  x'  et  y'.  Dans  la  courbe 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  135 

y^z=i  3?  on  trouverait  ainsi  x\  et  par  suite  y\  d'après 
Téquation 

a:'»  —  6oca:'^  +  Qa^j:'  —  46»  =  0, 

qui  ne  peut  plus  présenter  que  des  difficultés  d'algèbre. 

43.  Considérons  maintenant  une  troisième  question  générale 
qui,  quoique  semblant  purement  préparatoire,  mérite  d'être 
soigneusement  séparée,  soit  à  raison  de  son  importance  propre, 
soit  en  vertu  du  nouvel  aspect  sous  lequel  elle  conduit  à  envi- 
sager l'ensemble  de  la  théorie  des  tangentes  :  c'est  celle  où  Ton 
se  propose  de  trouver  la  relation  constante  entre  le  coefficient 
angulaire  et  le  coefficient  linéaire  de  tonte  droite  y  =  aar  +  ô 
tangente  à  une  courbe  donnée,  indépendamment  de  la  position 
particulière  du  point  de  contact.  Une  fois  obtenue^  cette  rela- 
tion caractéristique  pourra  indifféremment  concourir  à  déter- 
miner,  suivant  les  cas,  ou  la  droite  ou  la  courbe. 

On  peut  d'abord  envisager  cette  nouvelle  recherche  comme 
une  simple  conséquence  de  la  question  fondamentale.  Car,  en 
introduisant  encore,  à  titre  d'auxiliaires  provisoires,  les  coor- 
données x'  et  %f  du  point  de  contact  indéterminé,  on  exprimera 
la  coïncidence  de  la  droite  proposée  avec  l'une  des  tangentes 
de  la  courbe  /  {x^  y)  =  0,  d'après  les  deux  formules  d'identi- 
fication 

/y  fv 

il  ne  s'agira  plus  que  d'éliminer  x'  et  y'  entre  ces  deux  équa- 
tions  et  la  condition  spontanée  f[x\  y')  =  0,  ce  qui  fournira 
la  relation  demandée  entre  a  et  6.  Soit,  par  exemple,  la  courbe 
y«  =  ar^  :  on  aura 

AX      j,  oX 


136  géométrie:  plane. 

et  l'éliminalion  donnera  aisément  6  =  —  ô^  î  ®^  sorte  que  Té- 

quation 

Ko? 

représentera  i*ensemble  des  tangentes  de  cette  courbe^  sî  a  y 
reste  arbitraire,  et  successivement  chacune  d'elles  suivant  les 
valeurs  spéciales  de  ce  coefficient  angulaire. 

Cette  manière  de  découvrir  la  condition  cherchée  est,  par  sa 
nature,  aussi  générale  que  la  méthode  des  tangentes  d'où  elle 
dérive,  et  offrira  même  le  plus  souvent,  outre  cette  pleine 
généralité  intrinsèque,  une  moindre  difficulté  d'exécution  qu'au- 
cune autre.  Mais  il  n'en  importe  pas  moins  de  caractériser  ici 
soigneusement  un  second  mode,  non  moins  général  en  prin- 
cipe, quoique  d'une  application  ordinairement  plus  pénible 
et  moins  étendue.  Indépendant  de  la  règle  primitive,  cet  autre 
mode  pourra,  réciproquement,  d'après  l'intime  connexité 
naturelle  des  deux  questions,  en  reproduire  finalement  l'équi- 
valent essentiel.  C'est  même  sous  une  telle  forme  que  la  théorie 
des  tangentes  fut  analytiquement  créée  par  Descartes.  Bien 
que  l'usage  ait  ensuite  justement  conduit  à  préférer  la  forme 
mieux  exprimable  que  nous  avons  expliquée  d'abord,  cet 
ancien  mode  conserve  encore,  en  certains  cas,  une  haute  uti- 
lité scientifique,  indépendamment  de  son  importance  histo- 
rique. 

Il  repose  sur  le  principe  des  racines  égales,  immédiatement 
dérivé  de  la  définition  des  tangentes.  Si  une  droite  y  c=  aa:  -f  6 
touche  une  courbe  /  (a:,  y)  =  0,  l'équation 

f{x,ax-\'  6)=«0 

qui  détermine  les  abscisses  des  points  communs  doit  alors  offrir, 
entre  deux  de  ses  racines,  une  égalité  caractéristique,  qui, 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  137 

algébriquement  formulée,  fournira  la  relation  deakb  propre 
à  distinguer  toute  tangente  d'avec  une  simple  sécante.L^obliga- 
tion  de  n'envisager  que  deux  racines  égales  résulte  évidemment 
de  la  vraie  notion  des  tangentes,  où  deux  points  doivent  seuls 
être  combinés  ;  on  conçoit,  au  reste,  algébriquement,  qu'un 
plus  haut  degré  de  multiplicité  établirait,  entre  a  et  6,  plu- 
sieurs relations  ;  ce  qui  est  manifestement  contraire  à  Tesprit 
de  la  question,  où  ces  constantes, quoique  liées,  doivent  rester 
chacune  indéterminée.  Quand  l'égalité  de  deux  racines  entraî- 
nera celle  d'un  plus  grand  nombre,  cette  circonstance,  néces- 
sairement exceptionnelle,  constituera  naturellement  le  carac- 
tère analytique  de  cei*tains  points  singuliers. 

Toute  la  difQculté  étant  ainsi  réduite  à  exprimer,dans  l'équa- 
tion précédente,  une  telle  égalité,  cette  question  analytique  est 
facile  à  résoudre^  indépendamment  de  toute  théorie  spéciale 
d'algèbre,  en  déterminant,  à  la  manière  de  Descartes,  la  con- 
dition de  divisibilité  du  premier  membre  de  cette  équation  en  x 
par  un  facteur  du  second  degré  carré  (x  —  A)^,  comme  on  le 
faisait  avant  la  naissance  de  la  théorie  des  racines  égales  pro- 
prement dite,  dont  l'intervention  ultérieure  sera  d'ailleurs 
ordinairement  beaucoup  moins  favorable  qu'on  n'a  coutume  de 
le  supposer  à  la  simplification  effective  des  calculs.  Le  moyen 
le  plus  naturel,  et  presque  toujours  le  plus  commode,  de  for- 
muler cette  divisibilité  caractéristique,  consiste,  comme  on 
sait,  à  accomplir  la  division,  pour  annuler  identiquement  le 
reste  du  premier  degré.  On  obtiendra  ainsi  deux  équations, 
entre  lesquelles  il  faudra  éliminer  l'indéterminée  auxiliaire  A, 
qui  représente  ici  l'abscisse  du  point  de  contact  ;  le  résultat  de 
cette  élimination  constituera  la  relation  cherchée.  En  opérant 
ainsi  sur  la  courbe  y^  «=»  a:*,  on  retrouvera,  mais  plus  pénible- 
ment, la  condition  ci-dessus  obtenue. 

Quoique  le  principe  de  cette  seconde  méthode  comporte  évi- 

n 


GÉOJléTRIE  PLANE. 

138 

Ht  une  entière  généralité,  son  expression  analytique  est 
sentiellement  bornée  aux  équations  algébriques  proprement 
rendues  même  préalablement  rationelles  et  entières, 
dans  une  équation  transcendante,  ou  simplement  irration- 
elle  on  ne  saurait  aujourd'hui  comment  découvrir  directe- 
ment la  condition  de  l'égalité  de  deux  racines.  A.insi,  la  pre- 
mière méthode,ultérieurementapplicabIeàtoutesleséquations, 
est  en  général,  préférable,  bien  que  le  lecteur  ne  puisse  ac-  • 
tuellement  l'employer  qu'avec  les  mêmes  restrictions  que  pour 
la  seconde.  Toutefois,  celle-ci  mérite  d'être  soigneusement 
étudiée,  outre  l'importance  généraledu  principe  correspondant, 
à  cause  des  facilités  analytiques  qu'elle  présente  quelquefois, 
quoiqu'elle  soit,  tout  compensé,  habituellement  plus  pénible. 
Elle  ofTre  surtout  un  grand  avantage  envers   les  courbes 
du  second  degré,  puisque  la  condition  d'égalité  s'y  exprimera 
immédiatement  d'après  une  formule  très-élémentaire,  sans 
exiger  ni  la  division,  ni  surtout  l'élimination  subséquente,  qui 
constituent  les  plus  grands  embarras  algébriques  de  cette  mé- 
thode. 

De  quelque  manière  que  soit  traitée  cette  importante  question 
du  contact  indéterminé,  elle  fournit  aussitôtle  moyen  de  mettre 
en  équation  le  problème  général  de  géométrie  qui  consiste  à 
mener  une  tangente  commune  à  deux  courbes  données  :  puisque, 
en  formulant  ainsi  chacune  des  conditions  du  problème,  on 
établira  les  deux  équations  propres  à  déterminer  le  coefBcient 
angulaire  et  le  coefficient  linéaire  de  la  droite  cherchée. Qu'on 
demande,  par  exemple,  la  tangente  commune  aux  deux  courbes, 

ya  =  a:»,  ya4-a:«  =  i, 

on  aura  d'abord,  pour  la  première,  la  condition  de  contact  déjà 

obtenue  ô= — —  ;  quant  à  l'autre,  il  convient  évidemment  de 

2 1 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  139 

préférer  la  seconde  méthode,  qui  donnera  finalement  la  condi- 
tion b^^=^a'^  +  i:  telles  sont  donc  alors  les  deux  équations  du 
problème  ;  en  y  éliminant  b^  tout  dépendra  enfin  de  Téquation 

16a«  — 729a^=729, 

réductible  au  troisième  degré,  et  qui  ne  comportera,  confor- 
mément à  la  figure,  qu'un  seul  couple  de  valeurs  réelles  de  a. 

44.  Passons  maintenant  à  la  plus  vaste  et  la  plus  difficile  de 
ces  questions  accessoires,  en  cherchant  d'abord,  par  la  géné- 
ralisation du  problème  précédent,  la  condition  analytique  d'un 
contact  indéterminé  entre  deux  courbes  quelconques.  Hais  ici 
il  faut,  avant  tout,  et  c'est  en  cela  que  consiste,  en  principe, 
la  seule  difficulté  propre  à  cette  nouvelle  recherche,  il  faut^ 
dis-je,  caractériser  soigneusement  ce  qui  constitue  le  contact 
de  deux  courbes. 

Rien  n'empêche,  sans  doute,  d'étendre  immédiatement  à  une 
ligne  quelconque  la  définition  du  n®  38  relative  à  la  tangente 
proprement  dite,  en  concevant,  par  exemple,  un  cercle  passant 
en  deux  points  distincts  de  la  courbe  donnée,  et  considérant  la 
limite  vers  laquelle  il  tend  quand  le  point  mobile  se  rapproche 
indéfiniment  du  point  fixe.  Mais  il  existe  évidemment,  entre 
les  deux  cas,  cette  différence  radicale  que ,  toute  ligne  droite  étant 
déterminée  d'après  deux  points,  tandis  qu'un  cercle  ne Fest  pas, 
une  telle  limite  sera  essentiellement  précise  envers  la  première 
ligne,  et  au  contraire  vague,  sans  être  arbitraire,  quant  à  la 
seconde  :  on  pourrait^  par  exemple,  choisir  à  volonté  le  rayon 
du  cercle,  et  alors  seulement  sa  situation  extrême  deviendrait 
aussi  déterminée  que  celle  de  la  droite.  Si,  au  lieu  d'un  cercle, 
on  considérait  une  parabole,  dont  la  détermination  exige  un 
point  de  plus,  la  limite  d'une  telle  relation  serait  encore  plus 
indéterminée  et  ainsi  progressivement  à  l'égard  de  courbes 
où  le  nombre  de  points  déterminant  croîtrait  peu  à  peu.  Ce 


140  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

mode  primordial  de  définir  le  contact  de  deux  courbes,  d'après 
une  sérvile  imitation  de  ce  qui  convient  à  la  ligne  droite, 
constitue  donc  une  notion  géométrique  nécessairement  impar- 
faite et  même  confuse,  pour  tout  autre  cas  que  celui  qui  en  a 
fourni  le  type  spontané.  Le  seul  moyen  général  de  compléter 
convenablement  une  telle  notion,  en  lui  imprimant  toujours 
un  caractère  pareillement  déterminé,  consiste,  suivant  la 
grande  conception  de  Lagrange,  à  imiter  plus  judicieusement 
la  définition  initiale,  en  y  remplaçant,  dans  chaque  cas,  le 
nombre  deux  des  points  coïncidents  par  celui  qui  correspond  à 
rentière  détermination  de  la  ligne  introduite,  trois  quant  au 
cercle,  quatre  envers  la  parabole,  etc.  C'est  ainsi  que,  comme 
toutes  les  autres  idées  scientifiques,  Tidée  de  contact,  d'abord 
absolue,  parce  qu'on  n'en  avait  apprécié  qu'un  seul  cas,  devient 
essentiellement  relative,  et  comporte  divers  degrés  de  pléni- 
tude, ordinairement  qualifiés  aujourd'hui  cC oscillations.  Mais 
cette  manière,  seule  vraiment  philosophique,  de  concevoir, 
d'après  Lagrange,  la  théorie  générale  des  contacts  des  courbes, 
ne  peut  être  convenablement  suivie  que  par  l'analyse  transcen- 
dante, sauf  l'indication  ci-dessous  du  mode  selon  lequel  l'ana- 
lyse ordinaire  pourrait,  en  certains  cas,  l'ébaucher.  Nous  de- 
vons donc,  après  en  avoir  posé  ici  le  principe  géométrique, en 
renvoyer  la  constitution  analytique  à  la  géométrie  transcen- 
dante,et  nousborner  maintenant  à  considérer  envers  les  courbes 
ce  degré  élémentaire  de  contact  déjà  familier  à  l'égard  de  la 
ligne  droite,  et  seul  pleinement  accessible  à  la  préparation  ana- 
lytique que  ce  traité  ^xige  du  lecteur. 

Ainsi  conçue,  la  recherche  de  la  relation,  alors  aussi  unique 
que  dans  le  n»  précédent,  entre  les  constantes  arbitraires  de 
deux  courbes, 

par  suite  d'un  contact  indéterminé,  devient  aussitôt  une  consé- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  141 

quence  naturelle  de  notre  question  fondamentale.  Car,  il  ré- 
sulte évidemment  des  définitions  respectives,  que  les  deux 
courbes  ont  dès  lors  en  un  même  point  une  même  tangente. 
Introduisant  donc,  comme  auxiliaires,  les  coordonnées  x  eiy 
du  point  de  contact,  elles  devront  vérifier,  outre  les  deux 
équations  proposées,  la  condition 

A     ?V 

qui  exprime,  d'après  cela,  la  coïncidence  des  deux  tangentes. 
Si  donc,  entre  ces  trois  équations,  on  élimine  ces  coordonnées, 
on  obtiendra  finalement  la  relation  demandée.  Qu*on  cherche 
par  exemple^  la  liaison  de  ah  b  propre  à  rendre  la  courbe  in- 
déterminée 

xy^=^€ix  +  fyy 

tangente  à  la  courbe  déterminée 

y'^  =  x\ 

il  faudra  donc  éliminer  xeXy  entre  ces  deux  équations  et  Té- 
quation 

2y      X  —  b' 

Celle-ci  donne  aussitôt  a?  =  ô  +  2ay —  2y*,  qui,  substitué 
dans  y^j=='  x^  fera  trouver  aisément  y,  et  par  suite  a:,  en  a  et  ô  : 

on  n'aura  donc  qu'à  porter  ces  expressions  dans  la  première 

i 

équation,  et  Ton  trouvera  finalement  la  relation  ô  =  —  -  a*. 

Ici,  comme  au  n'  précédent,  la  question  comporte  évidem-? 
ment  un  second  mode  de  solution,  d'après  le  principe  des  ra- 
cines égales.  Une  fois  y  élimiiié  entre  les  deux  équations  pro- 
posées, il  suffira  de  formuler,  de  lamême  manière  que  ci-dessus, 
l'égalité  de  deux  racines  dans  cette  équation  finale  propre  aux 
abscisses  des  points  communs.  Pour  les  courbes  qui  viennent 


142  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ax 
d'être  considérées,  on  aurait,  suivant  la  première,  y  «a    , 

et  Téquation  finale  serait 

a:a  — (a«  +  26)a:  +  6»  =  0, 

qui  reproduit  aisément  la  relation  déjà  obtenue  par  Tautre 
méthode .  L'application  habituelle  de  ce  second  mode  donnerait 
lieu  à  une  simple  extension  des  réflexions  suffisamment  indi- 
quées au  n®  précédent  envers  les  contacts  rectilignes. 

La  principale  propriété  théorique  de  cette  dernière  méthode 
consisterait  à  nous  permettre  déjà  de  caractériser  analytique- 
ment,  dans  les  cas  où  elle  est  applicable,  les  divers  degrés  de 
contact,.dont  j'ai  tout  à  l'heure  établi  l'appréciation  géomé- 
trique. Car,  le  principe  des  racines  égales  n'a  besoin,  pour 
cela,  que  d'une  suffisante  extension,  en  considérant  alors  l'é- 
galité, non  plus  seulement  entre  deux  racines  de  l'équation 
finale,  mais  entre  trois,  ou  entre  quatre,  etc.,  d'après  la  divi- 
sibilité par  [x  —  A)*  ou  [x  —  A)*,  etc,,  selon  qu'on  chercherait 
le  cercle,  ou  la  parabole,  etc. ,  susceptible  du  plus  intime  con- 
tact possible  avec  la  courbe  donnée.  Il  est  aisé  de  sentir  que 
l'on  obtiendrait  ainsi  toujours  autant  d'équations  qu'il  en  fau- 
drait pour  déterminer  la  courbe  osculatrice,  sauf  une  seule 
constante  arbitraire  qui  servirait  à  la  faire  passer  ensuite,  si  on 
le  jugeait  convenable,  par  un  point  particulier.  Mais  l'analyse 
transcendante  fournira  ultérieurement,  à  cette  fin,  des  moyens 
bien  plus  commodes,  même  envers  les  courbes  algébriques^ 
auxquelles  convient  exclusivement  le  mode  que  je  viens  d'in- 
diquer. 

En  revenant  au  simple  contact  ordinaire  formulé  par  une 
seule  relation,  on  conçoit  que  les  conditions  de  ce  genre  pour- 
ront désormais  contribuer  à  la  détermination  des  courbes  con- 
jointement avec  leur  passage  en  certains  points, unique  phéno- 
mène géométrique  donl  Texpression  analytique  nous  était  pri- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  143 

mitivement  possible  :  cette  participation  sera  d*ailleurs  toujours 
assujettie  à  la  théorie  fondamentale  du  chapitre  précédent,qui 
vient  de  recevoir  ainsi  sa  première  extension  générale.  U  sera 
maintenant  facile,  quand  le  nombre  des  contacts,  rectilignes  ou 
curvilignes,  sera  par  là  jugé  suffisant,  de  mettre  en  équation 
ce  problème  géométrique  très-étendu  et  fort  difBcile,  résultat 
définitif  de  notre  théorie  des  tangentes  :  déterminer  une  courbe 
d'espèce  donnée  tangente  à  certaines  courbes  entièrement  don- 
nées. Quoique  les  relations  ainsi  obtenues  pour  calculer  les 
paramètres  inconnus  de  la  courbe  cherchée  doivent  être  sou- 
vent inextricables,  môme  dans  le  cas  d*un  cercle  tangent  à  trois 
courbes  peu  compliquées,  une  telle  considération  n'en  est  pas 
moins  éminemment  propre  à  faire  dignement  apprécier  l'ad- 
mirable généralité  qu'ont  acquise  les  spéculations  géométriques 
sous  un  judicieux  ascendant  des  conceptions  analytiques,  d'a- 
près la  grande  rénovation  cartésienne. 

45.  Après  avoir  sufiisamment  expliqué  la  théorie  des  tan* 
gentes,  il  nous  reste  à  considérer  un  exemple  caractéristique 
qu'elle  nous  offre  spontanément  de  l'aptitude  naturelle  des 
conceptions  géométriques  à  perfectionner,  à  leur  tour,  les 
spéculations  analytiques,  en  y  facilitant,  par  une  lumineuse 
représentation,  la  découverte  des  principes  essentiels,  comme 
je  l'ai  indiquée,  en  général,  au  début  de  ce  traité.  Il  s'agit  de 
l'importante  détermination  des  moxtma  eiminima  pour  les  fonc- 
tions d'une  seule  variable,  dont  nous  aurons  d'ailleurs  besoin 
bientôt  à  divers  égards,  et  que  cette  heureuse  intervention  va 
déjà  nous  permettre  d'étendre  à  des  cas  beaucoup  plus  variés  et 
plus  difficiles  que  ne  semblent  le  comporter  les  connaissances 
analytiques  purement  élémentaires  exigées  ici  du  lecteur. 
Mais,  avant  tout,  il  faut  caractériser  soigneusement  la  nature 
générale  de  cette  recherche,  et  même  ensuite  résumer  sommai- 
rement les  moyens  préalablement  fournis,  à  ce  sujet,  par  l'a- 
nalyse ordinaire. 


144  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Les  dénominations  usitées  sont  très-propres  à  bien  rappeler 
en  quoi  consiste  ce  genre  de  questions,  car  elles  indiquent  une 
idée  de  plus  grande  ou  moindre  valeur  qui^  convenablement 
définie,  distingue,  en  effet,  ces  états  remarquables.  Une  fonc- 
tion ne  comporterait  réellement  ni  maximum  ni  minimum  si 
elle  était  toujours  croissante  ou  toujours  décroissante  à  me- 
sure que  sa  variable  augmente,  même  quand  elle  tendrait  indé- 
finiment vers  une  limite  assignable.  Mais  si,  comme  dans  la 
plupart  des  cas  réels,  la  fonction  est  tantôt  croissante  et  tantôt 
décroissante,  chaque  passage  de  Tun  à  l'autre  sens  sera  mar- 
qué par  un  état  maximum  quand  la  fonction  cessera  d'augmen- 
ter  pour  commencer  à  diminuer,  ou  par  un  minimum  au  cas 
contraire.  Ces  états  critiques  sont  donc  nécessairement  alterna- 
tifs, en  sorte  que  tout  maximum  tombe  entre  deuxminima,  et 
tout  minimum  entre  deux  maxima.  On  voit  ainsi  que  la  valeur 
maximum  d'une  fonction  est  en  effet  la  plus  grande,  non  de 
toutes  absolument,  ce  qui  est  fort  rare,  mais  seulement  depuis 
le  minimum  précédent  jusqu'au  minimum  suivant,  et  de  même 
pour  la  valeur  minimum  :  c'est  pourquoi  Tusage  a  consacré  ici 
remploi  des  dénominations  latines,  dont  la  traduction  littérale 
indiquerait  une  vicieuse  définition. 

Dès  l'origine  des  spéculations  mathématiques  abstraites  ou 
concrètes,  de  telles  recherches  se  présentent  fréquemment. 
Mais  l'analyse  ordinaire  ne  fournit,  à  ce  sujet,  que  des  res- 
sources peu  étendues.  Sa  marche  propre  consiste  alors  à  traiter 
la  question  du  maximum  ou  minimum  de  chaque  fonction/ (or) 
comme  un  cas  particulier  de  la  question  qui  consisterait  à  lui 
faire  acquérir  une  valeur  quelconque  n  :  dès  lors,  si  l'on  peut 
résoudre  algébriquement  l'équation  f  {x)  =  n,  la  discussion  de 
la  formule  x^<f{n)  indiquera  les  limités  de  n  en  deçà  ou  en 
delà  desquelles  x  cesserait  d'être  réel,  et  par  suite  on  aura 
aussi  les  valeurs  correspondantes  àef{x).  Quoique  ce  principe 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  145 

soit^  sans  doute,  pleinement  général,  Textrême  imperfection 
de  la  résolution  algébrique  des  équations  en  borne  infiniment 
Tusage,  quand  Téquation  proposée  dépasse  les  quatre  premiers 
degrés  ;  ce  moyen  élémentaire  n'est  même  vraiment  usuel 
qu*autant  qu^elle  n'excède  pas  le  second  degré,  auquel  cas  ce 
procédé  est  ordinairement  le  plus  commode. 

A  la  vérité,  l'algèbre  supérieure  perfectionne  beaucoup  cette 
méthode  primitive,  en  assignant  un  caractère  direct  et  spécial 
pour  les  valeurs  de  n  qui  séparent  ainsi,  quant  à  x^  la  réalité 
de  l'imaginarité.  Ce  caractère,  d'abord  indiqué  spontanément 
par  les  formules  du  second  degré,  consiste  dans  l'égalité  néces- 
saire des  deux  valeurs  de  x  susceptibles  de  devenir  tantôt 
réelles  et  tantôt  imaginaires.  On  peut,  en  effet,  concevoir  géné- 
ralement, d'après  la  nature  de  la  question,  que  l'état  d'égalité 
correspondant  aumaximum  ou  minimum  distingue  toujours  ce 
passage  delà  réalité  à  l'imaginarité.  Il  suffit,  pour  cela,  de 
remarquer  que  la  fonction  reprend  nécessairement,  après  le 
maximum  ou  le  minimum,  les  mêmes  valeurs  qu'auparavant, 
avec  ou  sans  symétrie  :  ainsi,  tant  que  la  valeur  n  n'est  pas  le 
maximum  ou  le  minimum,  il  lui  correspond  deux  valeurs 
distinctes  de  x  si  elle  est  possible,  et  ce  couple  devient  imagi- 
naire si  elle  est  hors  de  la  limite  ;  à  la  limite  même,  ces  deux 
valeurs  coïncident,  parce  que  l'état  de  n  est  alors  unique. 
D'après  cette  considération  fondamentale,  le  maximum  ou  le 
minimum  de  n  se  trouve  donc  caractérisé  directement  par  la 
propriété  de  faire  acquérir  deux  racines  égales  à  l'équation 
f  [x)  —  n  =  0  :  ce  qui  permet  à  l'analyse  ordinaire  de  détermi- 
ner ces  valeurs  principales  sans  avoir  nullement  besoin  de 
résoudre  cette  équation,  en  se  bornant  à  y  formuler,  comme  je 
Tai  ci-dessus  indiqué,  l'égalité  de  deux  racines.  On  divisera 
donc  son  premier  membre  par  {x — A)^,  et  le  reste,  identique- 
ment annulé,  fournira  deux  équations  tendant  à  déterminer  n 


146  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

et  en  même  temps  A,  qui,  loin  d'être  ici  un  auxiliaire  superflu, 
constitue  précisément  la  valeur  cherchée  de  x. 

Mais,  quelque  précieux  que  soit  en  lui-même  un  tel  progrès 
de  la  méthode  primitive  fournie  par  l'analyse  ordinaire  pour  la 
détermination  des  maxima  et  minima,  il  se  trouve  naturelle- 
ment borné  aux  fonctions  algébriques  à  la  fois  rationnelles  et 
entières.  Or,  Tintervention  des  courbes  va  nous  permettre 
d'aller  déjà  beaucoup  plus  loin,  outre  que  c'est  d'elle  qu'émane 
historiquement  la  première  notion  générale  du  principe  précé- 
dent, quoiqu'on  puisse  le  concevoir  aujourd'hui  d'une  manière 
purement  abstraite . 

Imaginons  donc  la  fonction /(a:)  représentée  par  l'ordonnée  y 
d'une  courbe  dont  x  est  l'abscisse  {fig,  33).  La  seule  inspection 
générale  d'un  tel  tableau  fait  aussitôt  saisir  un  caractère  propre 
à  déterminer  directement  les  points  M",  M',  M'",  etc.  où  la 
courbe^  auparavant  ascendante,  devient  descendante,  ou  réci- 
proquement, en  considérant  la  marche  correspondante  des 
tangentes.  Tant  que  la  courbe  monte,  la  tangente  fait  avec 
l'axe  un  angle  aigu  ;  cet  angle  est,  au  contraire,  obtus  quand  la 
courbe  descend  :  or,  dans  le  passage  de  l'un  à  l'autre  cours,  à 
l'instant  précis  du  maximum  ou  du  minimum,  l'angle  est 
0  ou  180^,  et  la  tangente  se  trouve  parallèle  à  l'axe.  Ainsi  la 
recherche  de  ces  points  rentre  dans  la  question,ci-dessus  trai- 
tée (n*  41),  où  il  s'agit  de  mener,  à  une  courbe  donnée,  une 
tangente  parallèle  à  une  droite  donnée.  On  obtiendra  donc  les 
valeurs  de  x  propres  au  maximum  ou  au  minimum  en  annu- 
lant le  coefficient  angulaire  de  la  tangente,  qui  est  ici  f  [x). 
Les  notions  d'algèbre  supposées  dans  ce  traité  ne  permettront 
la  formation  directe  de  cette  équation  caractéristique  /'(a:)=0 
qu'autant  que  la  fonction  proposée  sera,  d'abord  algébrique, 
et  aussi  rationnelle  et  entière.  Mais,  outre  que  la  règle  fonda- 
mentale est  ainsi  complètement  découverte,  sauf  les  connais* 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈME.  147 

sances  analytiques  qu*exigerait  son  application  totale,  nous 
pourrons  déjà  Tutiliser,  comme  la  loi  des  tangentes  d*où  elle 
dérive,  envers  les  fonctions  fractionnaires  ou  môme  irration- 
nelles, d'après  les  préparations  plus  ou  moins  pénibles  dont 
nous  y  avons  reconnu  la  nécessité  provisoire. 

Un  tel  caractère  est,  philosophiquement,  d'autant  plus  con- 
venable qu'il  constitue  l'expression  directe  d'une  remarque 
générale  fréquemment  suggérée  par  les  divers  phénomènes 
naturels  qui  présentent  des  exemples  familiers  de  maximum  ou 
de  minimum,  tels  que  les  changements  de  la  hauteur  du  soleil 
dans  le  cours  de  la  journée,  llnégale  durée  des  jours  ou  des 
nuits  aux  différentes  saisons,  etc.  En  tous  cas  semblables,  les 
observateurs  judicieux  ont  toujours  senti  que  l'état  de  maxi- 
mum ou  de  minimum  se  trouve  spontanément  distingué  des 
états  antérieurs  ou  postérieurs  par  une  sorte  de  station  spéciale, 
que  rappellent  quelquefois  les  dénominations  consacrées,  sur- 
tout quant  aux  saisons.  Or,  cette  disposition  stationnaire  est 
heureusement  exprimée  d'après  notre  méthode  géométrique, 
qui  indique  alors  la  direction  de  la  courbe  comme  parallèle  à 
Taxe. 

Quoique  ce  caractère  fondamental,  et  la  règle  analytique 
correspondante,  doivent  également  convenir  au  maximum  et 
au  minimum,  il  ne  faut  guère  craindre  que  l'on  soit  ainsi 
exposé  à  confondre  ces  deux  cas  extrêmes,  qu'on  séparera 
presque  toujours  sans  difficulté,  soit  d'après  les  indications 
suggérées  par  la  nature  de  la  question,  soit  au  plus  par  une 
sommaire  discussion  des  valeurs  voisines  :  en  sorte  que  cette 
inévitable  coexistence  ne  constitue,  en  réalité,  aucun  grave 
inconvénient  delà  méthode  précédente.  Toutefois,  en  prolon- 
geant davantage  l'appréciation  géométrique,  on  découvrirait 
aisément  un  caractère  secondaire  propre  à  distinguer  le  maxi- 
mum du  minimum.  Nous  avons  déjà  noté  que  la  marche  de 


148  GÉOMÉTUB  FLAXE. 

la  tangente  est  inverse  de  Tnn  à  Tantre  cas;  poisqne  son  incli- 
naison passe,  dans  le  premier,  de  Faign  à  Tobtns,  et  an  con- 
traire dans  le  second;  par  sniie,  son  coefficient  angulaire  passe 
dn  positif  au  négatif,  elpuis réciproquement.  Si  doncPonimagine 
la  courbe  auxiliaire  y  =  /*  (<2:),  dont  ce  coefficient  deviendrait 
l'ordonnée,  elle  traversera  Taxe  aux  divers  points  cherchés, 
mais  en  descendant  pour  le  maximum,  et  en  montant  pour  le 
minimum,  comme  l'indique  la  partie  ponctuée  de  la  figure.  La 
distinction  demandée  consistera,  par  conséquent,  en  ce  que  la 
tangente  à  cette  seconde  courbe  devra  faire  avec  Taxe  un  angle 
obtus  lors  du  maximum  et  aigu  lors  du  minimum  :  ainsi  son 
propre  coefficient  angulaire,  naturellement  exprimé  par  la  se- 
conde dérivée  delafonctionproposée,seranégatifdanslepremier 
cas  et  positif  dans  le  second.  On  pourrait  même,  en  redoublant 
remploi  de  cet  artifice  géométrique,  apprécier  aussi  Thypothèse 
intermédiaire,  où  f  [pc)  s'annulerait,  s'il  ne  convenait  pas  de 
restreindre  ici  cette  théorie  à  ce  qu'elle  offre  de  vraiment  essentiel. 
46.  Enfin,  pour  mieux  sentir,  à  ce  sujet,  combien  la  géomé- 
trie y  peut  éclairer  l'analyse,  il  faut  remarquer  que  la  considé- 
ration des  courbes  nous  indique  spontanément  la  double  im- 
perfection radicale  que  présente  nécessairement  la  méthode 
précédente,  et  qui  d'ailleurs  n'altère  aucunement  son  impor- 
tance, aux  yeux  des  bons  esprits  qui,  suivant  une  tendance 
aujourd'hui  trop  rare,  reconnaissent  l'impossibilité  nécessaire 
de  faire  jamais  acquérir  à  nos  règles  quelconques,  même  ana- 
lytiques, une  perfection  absolue.  D'abord,  le  caractère  ainsi 
indiqué  par  l'équation  fondamentale,  tang.  a  =»  0,  /^  (a:)  =  0, 
n'appartient  pas  exclusivement  aux  points  où  l'ordonnée  est 
maximum  ou  minimum  :  il  pourrait  convenir  aussi  à  des  points 
d'inflexion  tels  que  M',  M"  {jp,g.  34),  si  la  courbe  y  était  conve- 
nablement tournée.Ce  cas  est  d'autant  plus  possible  que,comme 
l'indique  la  f,g,  33,  il  existe  toujours  quelque  inflexion  entre 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.        149 

chaque  maximum  ou  minimum  et  les  minima  ou  maxima  qui 
le  comprennent,  et  rien  n'empêche  que  Taxe  ne  puisse  être 
placé  parallèlement  à  la  tangente  correspondante,  quoique  cette 
coïncidence  doive  être  exceptionnelle.  Sous  cet  aspect,  Téquation 
f  (ar)=0  peut  donc  contenir  des  racines  étrangères  àla  question 
proposée,  et  dont  le  mélange  exigera,  en  chaque  cas  semblable, 
une  discussion  spéciale  plus  ou  moins  pénible.  Mais  un  in- 
convénient beaucoup  plus  grave  de  ce  caractère  fondamental 
consiste  à  pécher  aussi  par  défaut,  comme  la  considération 
géométrique  le  dévoile  nettement,  en  supposant  une  courbe 
susceptible  de  rebroussement,  sans  que  l'ordonnée  y  soit  pour- 
tant multiple.  Dans  les  points  N'  etN"  {fig,  34), l'ordonnée  est 
certainement  maximum  ou  minimum,  tout  aussi  bien  qu'en  K' 
et  K",  et  cependant  la  tangente^  au  lieu  d'y  être  parallèle  àl'axe, 
comme  en  ceux-ci,  lui  est  perpendiculaire.  C'est  en  vain  que, 
pour  garantir  aux  méthodes  analytiques  une  perfection  absolue, 
nécessairement  interdite  à  nos  conceptions  quelconques,  on  a 
imaginé  des  distinctions  sophistiques,  d'après  lesquelles  il  n'y 
aurait  pas  maximum  ou  minimum  en  N' etN"  :  il  est  clair  que 
la  définition  abstraite  de  ces  deux  états  convient  tout  aussi  litté- 
ralement à  ces  deux  ordonnées  qu'à  celles  de  K'  ou  K";  sans  la 
figure  il  serait  impossible  de  faire  sentir  la  diversité  des  deux 
cas.  Il  est  plus  judicieux,  en  reconnaissant  avec  franchise  que 
la  méthode  établie  est,  à  cet  égard,  imparfaite,  de  remarquer 
que  les  courbes  de  ce  genre,  spéculativement  aussi  admissibles 
que  d'autres,  doivent  toutefois  s'offrir  très-rarement  dans 
Texpression  géométrique  des  lois  naturelles,parce  que  les  chan- 
gements brusques,géométriquementreprésentésparlesrebrous- 
sements,y  sont,  quoique  possibles,  éminemment  exceptionnels, 
envers  tous  les  ordres  réels  de  phénomènes  ;  ce  qui  doit  rendre^ 
au  fond,  peu  regrettable  une  telle  imperfection. 
47.  Avant  d^abandonner  l'étude  des  tangentes,  je  crois  devoir 


150  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

caractériser  sommairement  la  méthode,  historiquement  re- 
marquable, par  laquelle  Roberval,  tout  en  combattant,  avec  une 
aveugle  obstination,  la  grande  rénovation  cartésienne,  rendit, 
à  sa  manière,  un  témoignage  involontaire  du  besoin  de  géné- 
ralisation qui  préoccupait  alors  Tesprit  mathématique,  en  ten- 
tant un  effort,  plus  estimable  qu'heureux,  pour  constituer, 
sans  le  secours  des  conceptions  analytiques,  une  théorie  gé- 
nérale des  tangentes. 

Cette  méthode  consiste  à  concevoir  le  mouvement  du  point 
qui  décrit  la  courbe  proposée  comme  continuellement  décom- 
posable  en  deux  autres,  dont  les  directions  et  les  vitesses  rela- 
tives soient  exactement  assignables  :  la  tangente  devient  alors 
suivant  la  loi  des  mouvements  composés,  la  diagonale  du  pa- 
rallélogramme construit,  selon  ces  deux  directions,  avec  des 
côtés  proportionnels  à  ces  deux  vitesses.  Par  exemple,  la  pre- 
mière définition  de  Vellipse(n^  19)  montre  que  le  point  décrivant 
s'y  éloigne  autant  de  Tun  des  points  fixes  qu'il  se  rapproche  de 
l'autre  :  on  le  concevra  donc  attiré  par  l'un  d'eux  et  repoussé 
par  l'autre  avec  des  forces  égales,  et  la  règle  de  Roberval  assi- 
gnera aussitôt,  pour  la  tangente,  la  bissectrice  de  l'angle  que 
fait  l'une  des  droites  avec  le  prolongement  de  l'autre;  ce  que 
nous  trouverons  plus  tard  exactement  conforme  aux  résultats 
analytiques.  SU  s'agissait  de  Thyperbole,  cette  considération 
indiquerait  la  bissectrice  même  de  l'angle  des  deux  distances, 
puisque  celles-ci  augmenteraient  alors  ou  diminueraient  à  la 
fois,  et  d'ailleurs  toujours  également.  Quant  à  la  parabole,  la 
méthode  de  Roberval  y  conduirait  aisément,  d'après  la  défini- 
tion du  n®  20,  à  la  bissectrice  de  l'angle  formé  par  les  deux 
distance^  constamment  égales.  Enfin,  pour  citer  aussi  une 
courbe  transcendante,  à  laquelle  on  doit  d'ailleurs  s'étonner 
historiquement  que  Roberval  n'ait  pu  appliquer  convenable- 
ment sa  règle,  considérons  la  cycloîde  ordinaire  {fig,  3S),  oti, 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIEME  151 

suivant  la  génération  déjà  citée,  le  point  décrivant  M  est  natu- 
turellement  animé  de  deux  mouvements^  Fun  de  translation, 
parallèlement  à  la  base  ÂB,  l'autre  de  rotation,  dans  le  sens 
de  la  tangente  MK  au  cercle  correspondant  :  puisque  Tare  MN 
est  constamment  égal  à  la  distance  AN,  les  deux  mouvements 
élémentaires  ont  encore  ici  la  même  vitesse  ;  la  tangente  doit 
donc  coïncider  avec  MT,  bissectrice  évidente  de  Tangle  KML. 
Les  heureuses  applications  que  comporte  quelquefois  cette 
méthode  ne  doivent  faire  aucune  illusion  sur  sa  généralité 
propre,  qu'on  ne  pourrait  réaliser  qu'en  recourant  aux  con- 
ceptions analytiques,  de  façon  à  reproduire,  sous  une  autre 
forme,  notre  règle  primitive  des  tangentes,  sans  que  Tinter- 
vention  de  ces  considérations  dynamiques  en  eût  d'ailleurs  au- 
cunement amélioré  la  formation.  Car,  en  imaginant  ainsi  le 
point  décrivant  animé,  en  général,  de  deux  mouvements,  l'un 
horizontal,  l'autre  vertical,  la  difficulté  d'estimer  le  rapport 
des  vitesses  consistera  toujours  à  déterminer  abstraitement  la 
limite  du  rapport  entre  l'accroissement  de  l'ordonnée  et  celui 
de  l'abscisse,  à  mesure  que  la  seconde  position  du  mobile  se  rap- 
proche indéfiniment  de  la  première  :  puisque,  si  le  mouvement 
peut  être  supposé  uniforme  dans  un  sens,  horizontalement  par 
exemple,  il  ne  saurait  l'être  aussi  verticalement,  à  moins  que 
le  trajet  ne  fût  rectiligne;  ce  qui  obligera,  pour  mesurer  la 
vitesse  correspondante,  à  considérer  l'élévation  verticale  d'un 
point  qui  tende  à  se  confondre  avec  le  point  donné.  On  revient 
donc  ainsi  nécessairement,  et  d'après  une  conception  plus  pé- 
nible parce  qu'elle  est  moins  directe,  à  ce  problème  analytique 
qui  constituera  toujours  la  difficulté  fondamentale  de  la  théorie 
générale  des  tangentes  :  évaluer  la  limite  vers  laquelle  tend 
le  rapport  de  la  différence  des  ordonnées  à  celle  des  abscisses, 
entre  deux  points  d'une  courbe  donnée  dont  l'un  se  rapproche 
indéfiniment  de  l'autre. 


1 


152  GÉOMÉTRIE  PLANE 

Il  ne  faut  point,  au  reste,  mentionner  cette  méthode  de  Ro- 
berval  sans  signaler  soigneusement  les  graves  erreurs  que 
pourrait  déterminer  son  application  irréfléchie.  En  considé- 
rant, par  exemple,  la  définition  du  cercle  (n°  21)  comme  lieu 
d*un  point  dont  les  distances  à  deux  points  fixes  sont  en  raison 
constante,  une  telle  règle  semblerait  assigner,  pour  la  tangente, 
tout  aussi  clairement  que  dans  les  cas  déjà  cités,  la  diagonale 
du  parallélogramme  construit  sur  ces  deux  distances  :  et  ce- 
pendant il  est  aisé  de  reconnaître  que  cette  construction  serait 
entièrement  fausse.  De  môme,  la  définition  commune  aux  trois 
sections  coniques  {n9  23)  paraîtrait  aussi  indiquer  une  tangente 
dirigée  suivant  la  diagonale  du  parallélogramme  déterminé  par 
les  deux  distances  constamment  proportionnelles  :  or,  ce  ré- 
sultat, exact  pour  la  parabole,  serait  certainement  erroné  pour 
Tellipse  ou  Thyperbole.  Ces  exemples  montrent  suffisamment 
que  la  méthode  de  Roberval,  outre  son  inaptitude  évidente  à 
une  vraie  généralisation,  ne  deviendrait  même  rigoureuse 
que  d'après  certaines  précautions,  à  l'égard  desquelles  ceux 
qui  désireraient  une  plus  complète  appréciation  pourront  uti- 
lement consulter  le  travail  spécial  de  M.  Duhamel,  où  ce  sujet 
accessoire  est  essentiellement  épuisé.  11  serait  ici  superflu  d'in- 
sister davantage  sur  une  conception  qui  n'offre  réellement 
aujourd'hui  qu'un  simple  intérêt  historique. 


CHAPITRE  III. 

Théorie  des  asymptotes. 

48.  Ce  terme  est  naturellement  destiné  à  qualifier  deux 
lignes  quelconques  qui  tendent  continuellement  Tune  vers 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  153 

Tautre^  de  manière  à  se  rapprocher  autant  qu'on  voudra,  sans 
cependant  pouvoir  jamais  s'atteindre.  Mais  onl'emploie  presque 
toujours  comme  substantif,  pour  désigner  surtout  les  droites 
qui  présentent  envers  certaines  courbes  une  telle  relation.  Les 
asymptotes  reclUignes  sont,  en. effet,  les  seules  dont  la  détermi- 
nation puisse  contribuer  beaucoup  à  faire  mieux  connaître  les 
courbescorrespondantes.  Elles  sont  directement  propres  à  dissi- 
per toute  incertitude  sur  le  sens  de  la  courbure  d'une  courbe 
dans  la  majeure  partie  de  son  cours,  puisque  la  courbe  doit 
nécessairement  être  toujours  convexe  vers  son  asymptote,  à 
partir  du  point  où  la  tendance  se  caractérise,!c'est-à-dire  dès  la 
dernière  sinuosité  :  une  courbe  qui  se  rapprocherait  indéfini- 
ment d'une  droite  en  lui  tournant  sa  concavité,  ne  saurait  évi- 
ter de  la  traverser. 

Outre  ce  motif  fondamental  de  restreindre  amsi  la  recherche 
des  asymptotes,  il  faut  d'ailleurs  reconnaître  que  cette  question, 
si  on  l'envisageait  dans  toute  son  étendue,  serait  d'une  nature 
beaucoup  trop  vague  pour  comporter  jamais  aucune  solution 
vraiment  générale.  Car,  deux  lignes  asymptotes  d'une  troisième 
pouvant  toujours  l'être  aussi  l'une  de  l'autre,  toutes  les  courbes 
susceptibles  d'asymptotes  rectilignes  peuvent,  par  cela  même, 
être  disposées  de  telle  manière  que  chacune  d'elles  soit  asymp- 
tote des  autres,  en  faisant  convenablement  coïncider  leurs 
asymptotes  respectives.  H  ne  saurait  donc  exister  aucun  type 
d'équation  assez  général  pour  embrasser  réellement  toutes  les 
asymptotes  curvilignes  d'une  courbe  donnée,  puisqu'il  s'en 
trouve  nécessairement  parmi  les  courbes  algébriques  de  tous 
les  degrés  possibles,  et  pareillement  parmi  les  courbes  transcen- 
dantes de  toute  espèce.  Si  on  a  cru  quelquefois  posséder  des 
méthodes  analytiques  propres  à  une  telle  destination,  c'est  cer- 
tainement faute  d'avoir  assez  compris  l'étendue  nécessaire  de 
cette  question.  La  recherche  ne  peut  devenir  suffisamment  pré- 

18 


154  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

cise  qu'autant  que  Ton  spécifie  dans  quelle  sorte  de  courbes 
ou  dans  quelle  forme  d'équations  on  choisit  les  asymptotes.  Or, 
ainsi  conçuela  détermination  des  asymptotes  curvilignes  résulte 
naturellement,  au  moins  en  ce  qu'elle  peut  offrir  de  vraiment 
utile,  delà  théorie  des  asymptotes  rectilignes,  comme- on  le 
reconnaîtra  à  la  fin  de  ce  chapitre. 

Cette  dernière  théorie  étant  donc,  à  ce  double  titre,  la.  seule 
qui  doive  essentiellement  nous  occuper,  il  faut  maintenant 
expliquer  les  deux  méthodes  très-distinctes,  quoique  nécessai* 
rement  équivalentes,  que  comporte  son  institution,  soit  d'après 
la  théorie  des  tangentes,  soit  indépendamment.  Mais,  avant 
tout,  pour  éviter  des  discussions  superflues,  il  convient  de 
remarquer  que  les  asymptotes  parallèles  aux  axes  coordonnés 
peuvent  d'abord  être  spécialement  obtenues  sans  difficulté, 
como^çlapreinière  partie  de  ce  traité  nous  en  a  offert  quelques 
exemples  spontanés,  en  reconnaissant,  presque  à  Tinspection 
de  Téquatâon  proposée,  que  l'une  des  variables  y  devient  infinie 
d'après  une  certaine  valeur  finie  de  l'autre  ;  sous  la  réserve 
tputefoiç  des  explications  que  j'aurai  naturellement  lieu  d'indi- 
quer ci-dessous  sur  le  vrai  sens  général  d'une  telle  condition 
analytique. 

49.  En  rapprochant  convenablement  la  définition  des  asynip- 
tot^s  de  celle  des  tangentes,  il  est  aisé  de  sentir  que  toute 
asymptote  constitue  la  limite  nécessaire  d'une  suite  correspon- 
dante de  tangentes,  ou,  en  d'autres  termes,  peut  être  envisagée 
comme  une  tangente  dont  le  point  de  contact  s'est  éloigné  à 
l'infini  ;  car,  en  même  temps  que  ce  point  s'approche  ainsi  de 
l'asymptote,  la  direction  de  la  tangente,  déterminée  par  la 
coïncidence  finale  qui  la  caractérise,  tend  évidemment  h  se 
confondre  aussi  avec  celle  de  l'asymptote  ;  pourvu  d'ailleurs 
qu'on  n'applique  jamais  une  telle  comparaison  qu'à  partir  de  la 
dernière  sinuosité,  où  l'asymptotisme  commence  réellement  à 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  155 

se  mmifester.  Tel  est  le  principe,  éminemment  simple  et  géné- 
ral, de  la  première  méthode  des  asymptotes,  la  seule  pleine- 
ment universelle,  parce  qu'elle  comporte  naturellement  la 
même  extension  que  la  méthode  des  tangentes,  dont  elle  offre 
seulement  une  nouvelle  application.  On  voit  ainsi  que,  pour 
déterminer  le  coefficient  angulaire  et  le  coefficient  linéaire 
propres  à  Tasymptote,  il  suffit  de  supposer  infinies  les  coor- 
données du  point  de  contact  dans  les  deux  formules  relatives  à 
une  tangente  quelconque,  conformément  au  chapitre  précédent, 

/F  /y 

les  valeur  s  correspondantes  de  a  et  6  feront  connaître  Texistence , 

le  nombre,et  la  situation  des  asymptotes  cherchées.  Quant  au 
cas  d'impossibilité,  il  faut  bien  distinguer,  suivant  Tesprit  de 
la  question,  entre  les  courbes  fermées  et  les  courbes  indéfinies. 
Pour  les  premières,  si,  par  inadvertance,  on  y  poursuivait 
une  recherche  évidemment  contraire  à  leur  nature,  ce  calcul 
en  avertirait  machinalement  en  attribuant  à  a  et  6  des  valeurs 
imaginaires,  puisque  la  supposition  de  Tune  des  variables  infi- 
nie y  rendrait  Vautre  imaginaire.  Mais,  envers  les  courbes 
indéfinies,  qui  seules  comportent  raisonnablement  une  telle 
étude,  la  valeur  extrême  de  a  ne  saurait  être  imaginaire,  ni, 
par  suite,  celle  de  b  ;  car,  soit  que  la  courbe  ait  ou  n'ait  pas 
d'asymptotes,  il  existe  alors  une  limite  nécessaire  de  la  direc- 
tion des  tangentes,  d'ailleurs  toujours  utile  à  connaître.  L'exis* 
tence  ou  l'absence  des  asymptotes  sera  donc  annoncée  par  la 
cohérence  ou  l'incompatibilité  entre  ces  valeurs  réelles  de  a  et 
de  6  :  en  termes  plus  précis,  les  asymptotes  obliques  seront 
ainsi  indiquées  ou  interdites  suivant  que  l'on  trouvera  h  fini  ou 
infini. 

Si,  dans  l'usage  de  cette  méthode,  les  commençants  éprou- 
vaient d'abord  quelque  difficulté  à  calculer  directement  les 


156  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

hypothèses  a:  «^  qo  ,  y  eaoo ,  ils  pourraient  en  éluder  aisément 
rembarras,  d*après  la  précaution  algébrique  de  transformer 

i     1 

préalablement  ar  et  y  en  -  et  - ,  afin  de  supposer  ensuite  /  =  0, 

t/=sO,  quand  la  formule  aurait  été  ainsi  convenablement  pré- 
parée. L'habitude  d'un  tel  expédient  finira  d'ailleurs  par  indi- 
quer spontanément  le  moyen  de  s'en  dispenser,  en  faisant 
bientôt  ressortir  les  principes  relatifs  à  la  substitution  directe 
de  l'infini,  laquelle,  quoique  moins  simple  que  celle  de  zéro, 
consiste  essentiellement  à  ne  conserver,  dans  chaque  formule 
algébrique,  que  le  terme  du  plus  haut  degré. 

Cette  première  méthode  des  asymptotes  n'offre  vraiment* 
d'autre  grave  inconvénient  analytique  que  la  difficulté  très-fré- 
quente de  discerner  ainsi  les  valeurs  extrêmes  de  â;  et  de  6,  qui 
s  V  présenteront  souvent  sous  une  forme  d'abord  indéterminée, 

soit  ^,  ou  ^,  ou  tout  autre  symbole  équivalent.  A  la  vérité,  l'a- 

nalyse  transcendante  fournit  ensuite  des  procédés  propres  à 
compléter  une  telle  solution,  en  dissipant  presque  toujours  une 
semblable  équivoque.  Mais,  outre  que  l'obligation  d'y  recourir 
complique  alors  la  détermination,  les  faibles  connaissances  al- 
gébriques que  j'exige  ici  du  lecteur  nous  en  interdisent  l'usage  ; 
en  sorte  que  cette  imperfection  naturelle  doit  actuellement  en- 
traver beaucoup  l'application  d'une  telle  méthode,  d'après  le 
peu  de  portée  des  artifices  que  fournit,  à  cet  égard,  l'algèbre 
élémentaire.  Sans  doute,  il  serait  vicieux  de  regarder  cet  in- 
convénient comme  strictement  propre  à  la  question  présente  ; 
car,il  est  inhérent  à  toute  évaluation  quelconque  des  formules 
analytiques,  et  pourrait  aussi  survenir  pour 'une  situation  finie 
du  point  de  contact.  Toutefois,  il  faut  reconnaître  que,  surtout 
Buvers  les  équations  algébriques  proprement  dites,  que  nous 
considérons  ici  principalement,  des  coordonnées  infinies  occa- 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  187 

sionneront  plus  fréquemment  que  d'autres  ce  grave  embarras. 
Le  seul  conseil  général  qui,  sous  ce  rapport,  convienne  main- 
tenant au  lecteur,  consiste  à  réduire  d'abord,  dans  chaque  for- 
mule à  évaluer,  les  deux  variables  xei  j/k  une  seule,  d'après 
Téquation  proposée,  et  à  préparer  ensuite  l'expression  de  ma- 
nière que  la  variable  indépendante  n*y  entre  que  d'une  seule 
manière,  ce  qui  ne  sera  possible  que  dans  les  cas  sufQsamment 
simples  :  quand  cette  dernière  condition  aura  été  remplie, Tin- 
détermination  cessera  nécessairement. 

Soit,  par  exemple,  l'équation  commune  des  trois  sections 
coniques  (n""  23) 

y«  +  (1  —  n»)  ar«  —  2dar  -}-  di  =n  0. 

On  aura  ici 

d  +  {n^  —  i)x    ,.  x(d  +  (n*--i)x) 

Rapportant  tout  à  or,  il  vient 

d  +  (n*  — l)a:  dx  —  (P 


Il  suffît  de  diviser  par  x  les  deux  termes  de  chaque  fraction 
pour  que  cette  unique  variable  n'y  entre  plus  que  d'une  seule 
manière,  de  façon  à  dissiper  toute  indétermination;  car,  alors 


v/»'-+'i-(r  \/»-'+Kâ-{r 

comme  -  devient  nul  quand  x  est  infini,  on  trouve  enfin,  sans 
équivoque 


a  =  itv/^' — 1,   b 


Vn*  — l' 


158  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Suivant  notre  appréciation  générale,  ces  valeurs  ne  sont 
imaginaires  que  dans  Tellipse,  où  n  est  inférieur  à  i.  Pour 
rhyperbole,  où  n>  1,  elles  indiquent 'deux  asymptotes  symé- 
triquement placées  envers  Taxe  de  la  courbe  et  s'y  croisant  au 
centre,  ainsi  que  le  lecteur  peut  aisément  le  constater.  Quant  à 
la  parabole,  où  n&=«  i,  la  valeur  de  a  est  nulle,  ce  qui  assigne 
Taxe  comme  la  limite  unique  de  la  direction  des  tangentes; 
mais  b  devient  infini,  ce  qui  constate  Tabsence  d'asymptotes. 

Considérons  encore  Téquation 
On  y  trouve 

d'où 

—  a:*  .        1 

H  ■=*  T"=r,  et  6  =  — ,. 

La  seconde  formule  ne  présente  aucune  équivoque,  et  donne 
b  =0  pour  y  =  çgi .  Quant  à  la  première, il  suffît  encore  d'y  tout 
diviser  par  ar^,  en  écrivant 

a  = 


\/(à-'y 


X  n'entrant  alors  qu'une  seule  fois,  on  trouvera  aussitôt, 
d'après  ar=  oo ,  û  = — i.  Ainsi,  l'équation  de  l'asymptote  est 
finalement  y  =» —  x^  qui  indique  la  bissectrice  du  second  angle 
des  axes. 

Quoique  ces  exemples  pussent  faire  illusion  sur  la  facilité  de 
surmonter  les  inconvénients  algébriques  propres  à  cette  pre- 
mière méthode  des  asymptotes,  il  serait  superflu  de  les  multi- 
plier ici  davantage,  puisque  nos  réflexions  générales  ont  déjà 
çufB^amment  caractérisé  de  tels  embarras,  dont  la  troisième 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  TROISIÈME,  159 

partie  de  ce  traité  nous  fournira  de  fréquentes  occasions  de 
sentir  spécialement  la  granité. 

50.  C'est  surtout  comme  spontanément  dégagée  d'une  telle 
imperfection  pratique,  que  se  recommande,  envers  les  courbes 
algébriques  proprement  dites,  la  seconde  méthode  des  asymp- 
totes, qu'il  faut  maintenant  expliquer.  Directement  indépen- 
dant de  la  théorie  des  tangentes,  le  principe  de  cette  méthode 
consiste  à  voir,  dans  toute  asymptote,  une  droite  dont  dèui 
intersections  avec  la  courbe  se  sont  éloignées  à  l'infini.  Pour 
bien  apprécier  cette  conception,. il  faut  envisager  séparément 
l'influence  d'une  telle  hypothèse  envers  chaque  intersection.  Sî, 
dans  la  courbe  BG(/îg'.  36),  dont  AD  est  l'asymptote,  on  consi- 
dère une  sécante  quelconque  M'M",  tournant  autour  de  M',  de 
telle  manière  que  M"  s'en  éloigne  indéfiniment  ;  il  est  clair  qUe, 
à  la  limite  M'N,  au  delà  de  laquelle  le  second  poiiit  M"  reparaî- 
trait sur  l'autre  partie  de  la  courbe,  la  droite  sera  devenue 
parallèle  à  l'asymptote  :  quand  le  point  M"  sera  à  l'infini,  il 
appartiendra,  en  effet,  indifféremment  à  la  courlle  età  l'asymp- 
tote. Ce  premier  mouvement,  exactement  inverse  dé  celui  qui 
produit  les  tangentes,  détermine  donc,  en  chaque  point  quel- 
conque de  la  courbe,  une  direction  fixe,  parallèle  à  l'asymp- 
tote, ou,  plus  généralement,  à  la  limite  de  la  direction  des  tan- 
gentes. Or,  si  maintenant  on  fait  aussi  varier  le  point  M  ,  en 
opérant  une  pareille  rotation  en  un  point  de  plus  en  plus  éloi- 
gné sur  la  courbe,  et  par  suite  de  plus  en  plus  rapproché  de 
l'asymptote,  il  en  résultera  une  droite  qui,  toujours  parallèle  à 
celle-ci,  tendra  à  se  confondre  avec  elle,  comme  d'après  une 
translation  directe.  Ainsi,  l'asymptote  constituera  naturelle- 
ment la  limite  finale  des  sécantes  dont  deux  intersections  ont 
disparu  àl'inflni.  La  nécessité  de  se  borner  à  deux  intersections, 
sans  rien  préjuger  sur  les  autres  quelconques,  résulte  ici, 
comme  dans  la  théorie  des  tangentes,  du  nombre  de  points 


160  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

propre  à  déterminer  une  ligne  droite.  Un  seul  point  à  Tinfini 
commun  avec  la  courbe  ne  caractériserait  pas  suffisamment 
l'asymptote,  en  tant  que  pouvant  également  convenir  à  toutes 
ses  parallèles  ;  mais  trois  points  seraient  superflus,  etne  sau- 
raient même  être  facultatifs,  pas  plus  qu'envers  la  tangente  :  la 
disparition  ou  la  persistance  du  troisième  point  après  Téloigne- 
ment  des  deux  premiers  dépendra  de  ce  que,  suivant  les  cas, 
la  droite  ainsi  obtenue  serait  également  asymptote  ou  simple- 
ment sécante  envers  une  autre  partie  de  la  courbe  proposée. 
Il  suffit  de  rapprocher  une  telle  conception  de  celle  qui  sert  de 
base  à  la  première  méthode,  pour  sentir  aussitôt  l'équivalence 
nécessaire  des  deux  principes  :  puisque,  d'après  la  coïncidence 
finale  qui  définit  les  tangentes,  une  tangente  dont  le  point  de 
contacts'éloigneindéfinimentconstituenaturellementunedroite 
ayant  à  Tinfini  deux  points  communs  avecla  courbe.  Mais,  afin 
de  mieux  apprécier  ce  rapprochement  fondamental,  il  importe 
de  partir  d'abord  du  contraste  préliminaire  ci-dessus  carac- 
térisé, quand  la  première  intersection  a  seule  disparu,  et  en 
éclaircissant  d'ailleurs  le  discours  par  l'exclusive  mention  des 
courbes  qui  ne  comportent  pas  plus  de  deux  points  en  ligne 
droite.  Nous  avons  ainsi  reconnu  que,  en  chaque  point  d'une 
courbe  indéfinie,  il  existe  nécessairement  deux  directions  très- 
distinctes  selon  lesquelles  une  droite  ne  coupe  qu'une  seule  fois 
la  courbe  :  Time,  celle  de  la  tangente,  variable  d'un  point  à 
un  autre,  laisse  toute  la  courbe  adjacente  d'un  même  côté  ; 
l'autre,  parallèle  à  l'asymptote,  ou  à  la  limite  de  direction  des 
tangentes,  est  toujours  la  même  en  tous  les  points,  et  pénètre 
dans  la  concavité  de  la  courbe  :  la  première  résulte  d'une  rota- 
tion qui  rapproche  indéfiniment  l'intersection  mobile  de  l'inter- 
section fixe  ;  la  seconde  provient  d'une  rotation  inverse,  qui, 
au  contraire,  écarte  indéfiniment  l'une  de  l'autre.  Or,  ces  deux 
modes  si  différents  d'établir  l'unité  d'intersection  tendent  à  se 


'      SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  161 

confondre,  à  mesure  que  le  centre  commun  de  ces  deux  rota- 
tions opposées  s'éloigne  de  plus  en  plus  ;  et  les  deux  limites 
partielles  coïncident  nécessairement  quand  ce  point  est  à  Tin- 
fini.  Telle  est  l'explication  générale  de  Téquivalence  fonda- 
mentale de  deux  conceptions  qui,  sous  un  certain  aspect,  sem- 
blent d'abord  contradictoires. 

Quoique  cette  nouvelle  manière  d'envisager  les  asymptotes 
coïncide  géométriquement  avec  la  précédente,  la  forme  qui  lui 
est  propre  conduit  à  une  méthode  analytique  très-différente  de 
la  première,  et  ordinairement  bien  plus  commode,  mais  seule- 
ment envers  les  courbes  algébriques.  [1  suflit  ainsi,  en  effet, 
pour  déterminer  les  deux  coefficients  de  l'asymptote  cherchée 
y  =  oar  -|-  6,  d'éliminer  y  entre  cette  équation  et  celle  de  la 
courbe  donnée  /  (a:,  y)  t=3  0,  afin  de  constituer  l'équation 
finale, 

de  façon  que  deux  de  ses  racines  deviennent  infinies  ;  ce  qui 
fournira  deux  relations,  d'après  lesquelles  on  calculera  a  et  6. 
Mais,  quoique  ce  principe  soit  pleinement  général,  on  ne  sau- 
rait prescrire  aucune  règle  fixe  quant  à  la  manière  de  formuler 
une  telle  condition  analytique,  soit  à  l'égard  des  équations 
transcendantes,  soit  même  envers  les  équations  algébriques 
surchargées  de  fonctions  fractionnaires  et  surtout  irration- 
nelles. C'est  seulement  pour  les  équations  rationnelles  et  en- 
tières, d'un  degré  quelconque  d'ailleurs,  et  de  la  forme, 

Ajr«  +  Barw-i  -f  Cj:«-2  +  etc..  +  K^  -|-  L  =  0, 

que  l'on  peut  nettement  caractériser  d'avance  l'existence  de 

deux  racines  infinies,  en  y  concevant  x  remplacé  par  -,  afin 

de  ramener  ce  cas  à  celui  des  racines  nulles.  Le  lecteur  le 
moins  exercé  aux  spéculations  algébriques  pourra  ainsi  consta- 


162  GÊOMémiE  PLANE. 

ter  aisément  qa*une  première  racine  infinie  suppose  annnlé  le 
coefficient  du  plus  haut  degré,  et  que  'chacune  des  autres  exige- 
rait l'annulation  de  Tun  des  coefficients  suivants,  d'après 
Tordre  naturel  des  exposants.  En  développant  de  cette  manière 
Téquation  f{x^  aa:+  6)«=>0,  on  obtiendra  donc  les  deux  con- 
ditions 

A  =  0,        B  =  0, 

propres  à  déterminer  a  et  b.  Si  leur  accomplissement  entraîne 
exceptionnellement  l'annulation  d'un  ou  plusieurs  des  coeffi- 
cients suivants  C,  D,  etc.,  l'asymptote  obtenue  se  trouvera 
convenir  aussi  à  autant  de  nouvelles  parties  de  la  courbe. 

L'entière  appréciation  de  cette  méthode  et  sa  judicieuse  appli- 
cation exigent  également  que  l'on  s'attache  à  bien  interpréter 
chacune  de  ces  deux  conditions  algébriques.  D'après  sa  forma- 
tion, la  première,  A  =  0,  sera  naturellement  indépendante 
de  6,  tandis  que  l'autre  le  contiendra  avec  a  ;  ce  qui  pourra 
faciliter  beaucoup  l'évaluation  successive  des  deux  inconnues. 
On  voit  que  cette  circonstance  algébrique  correspond  à  l'impor- 
tante remarque  géométrique  ci-dessus  expliquée,  que  la  dispa- 
rition de  l'une  des  intersections,  en  laissant  subsister  l'autre, 
détermine  la  direction  fixe  de  la  droite,  quel  que  puisse  être 
son  coefficient  linéaire  ;en  sorte  que  l'indépendance  nécessaire 
du  coefficient  angulaire  envers  celui-ci  se  trouve  ainsi  confir- 
mée analytiquement,  outre  son  évidence  directe.  Cette  sépara- 
tion spontanée  des  deux  parties  de  l'opération  est  donc  pleine- 
ment conforme  àla  nature  de  la  question,  et  constitue  l'un  des 
principaux  avantages  de  la  méthode  actuelle.  Judicieuse- 
ment utilisée,  elle  tend  à  simplifier  extrêmement  les  cal- 
culs dans  un  grand  nombre  de  cas.  Si,  en  effet,  on  procède 
d'abord  à  l'évaluation  propre  du  coefficient  angulaire  de 
l'asymptote,  suivant  l'esprit  d'une  telle  recherche,  on  pourra 
former  l'équation  correspondante,  A  =  0,en  substituant  seule- 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  163 

ment  y  =  ax,  puisque,  b  n'y  devant  pas  entrer,  elle  sera  la 
même  que  pour  6  ^  O.  Or,  cette  substitution  monôme,  très- 
facile  à  pratiquer,  et  d'après .  laquelle  on  déterminera  a  par 
Tannulation  des  termes  du  plus  haut  degré,  équivaut  réelle- 
ment à  ce  que  renferme  d*utile  une  méthode  mal  à  propos  qua- 
lifiée de  nouvelle,  où  Ton  cherche  Ja  limite  du  rapport  -  pour 

y  eix  infinis,  sauf  à  calculer  ensuite,  quant  au  coefficient 
linéaire,  la  limite  correspondante  àey  —  o^  ;  il  est  aisé  de 
sentir  que  cette  prétendue  innovation  ne  constitue  qu'un  simple 
changement  de  forme  dans  Tancienne  méthode  ;  et  que  cette 
récente  transformation,  très-défavorable  envers  le  coefficient 
linéaire,  n'offre  véritablement,  à  Tégard  même  du  coefficient 
angulaire,  aucune  utilité  qui  mérite  une  mentionplusspéciale. 
Il  importe  d'autant  plus  de  séparer  ainsi  habituellement  les 
deux  parties  de  la  recherche  des  asymptotes,  que  la  détermi- 
nation propre  du  coefficient  angulaire  correspondant  constitue, 
par  sa  nature,  une  question  commune  à  toutes  les  courbes  in- 
définies, avec  ou  sans  asymptotes,  indiquant,  pour  chacune 
d'elles,  la  limite,  toujours  utile  à  connaître,  de  la  direction 
des  tangentes.  Enfin,  il  faut  aussi  remarquer  que  cette  pre- 
mière notion  offrira  seule,  en  beaucoup  de  cas,  une  véritable 
difficulté  ;  parce  qu'une  judicieuse  discussion  préalable  de  l'é- 
quation, ou  même  de  la  simple  définition,  imposera  souvent 
aux  asymptotes  possibles  des  restrictions  spontanées  relative- 
ment à  leur  coefficient  linéaire^  dont  il  sera  dès  lors  superflu 
de  s'occuper  distinctement.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la 
double  symétrie  de  l'hyperbole  nous  avertit  aussitôt  que,  si 
cette  courbe  a  des  asymptotes,  elles  doivent  se  croiser  symé- 
triquement au  centre  ;  en  sorte  qu'il  suffira  de  déterminerleur 
coefBcient  angulaire,  par  la  simple  substitution  de  ax  au  lieu 
d'y  dans  l'équation  ci-dessus  considérée^  ce  qui  reproduira  très- 
aisément  le  résultat  déjà  obtenu. 


164  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

En  appliquant  Tensemble  de  cette  seconde  méthode  des 
asymptotes  à  Téquation 

y'  +  x'^i. 
on  aura  l'équation  finale 

(a»  +  i)x'  +  3a^x^  +  3ab^x  +  (6»  —  1)  =  0, 

d'où 

a»  + 1  =  0,  et  3a»6  =  0  ; 

ce  qui  conduit  k  a  =  —  1,  et  6  =  0,  conformément  à  la  pre- 
mière méthode.  On  voit  ici  que  l'autre  terme  en  x  s'annule 
simultanément,  en  sorte  que  la  troisième  racine  ne  peut  alors 
éviter  d'être  pareillement  infmie  ;  ce  que  nous  reconnaîtrons 
plus  tard  spécialement  conforme  à  la  nature  de  cette  courbe, 
où  l'asymptote  s'adapte  également  aux  deux  parties. 
Soit  encore  l'équation 

'y*  +  ^  +  32ry=.i; 

on  y  trouve  les  deux  conditions 

û«  +  1  =  0,  3a^  +  3a  =  0, 

qui  donnent  «=  —  1,  6  =  1  ;  et,  par  suite,  l'asymptote  est 
y  +  ^=  1  -on  reconnaîtra  semblablement  qu'elle  convient 
aussi  à  toute  l'étendue  de  la  courbe. 

51.  Quoique  les  deux  méthodes  générales  que  nous  avons 
successivement  établies  soient  les  seules  vraiment  usuelles  que 
nous  devions  appliquer  habituellement  aux  courbes  algébri- 
ques, il  ne  sera  pas  inutile  à  l'instruction  logique  du  lecteur 
de  considérer  sommairement  une  autre  méthode  qui  semble 
d'abord  très-distincte  des  deux  précédentes,  et  qui,  mieux  ap- 
préciée, ne  constitue,  au  fond,  qu'une  transformation,  d'ail- 
leurs nullement  avantageuse,  de  notre  seconde  méthode.  Cet 
exemple  caractéristique  pourra  contribuer  à  faire  éviter  cette 
déplorable  fécondité,  qui,  portant  essentiellement  sur  le  style 


SECONDE  PARTIE,   GHAnTRE  TROISIÈME.  165 

analytique  sans  atteindre  réellement  la  pensée  géométrique,  en- 
combre trop  souvent  les  ouvrages  mathématiques  d*une  vaine 
répétition  de  la  même  notion  sous  des  formes  diverses,  dont  la 
plupart  doivent  être  écartées. 

Le  principe  de  cette  troisième  méthode  reposerait  sur  Tin- 
fluence  algébrique  de  la  coïncidence  de  Tasymptote  cherchée 
avec  Tun  des  axes  des  coordonnées.  Si  Taxe  des  x  est  asymp- 
tote, Téquation,  devant  fournir  deux  valeurs  infinies  de  ar  pour 
^  ss  0,  devra  manquer  des  deux  termes  en  x  du  plus  haut  ex- 
posant. Quand  cette  condition  ne  sera  pas  spontanément  rem- 
plie, elle  indiquera  que  Taxe  actuel  n*est  point  une  asymptote 
de  la  courbe  proposée  :  mais  on  conçoit  qu'un  tel  effet  analy- 
tique résulterait  du  choix  de  Tasymptote  pour  axe.  Donc,  en 
opérant,  dans  l'équation  donnée,  /"(x,  y)  =  0,  une  transpo- 
sition d'axes  totalement  indéterminée,  cette  substitution, 

/  {x'  cos  r  +  y'  cos  Y'+  a,  x'  sin  X'+  y'  sin  Y'+  6)  =  0, 

permettra  de  discerner  les  valeurs  des  constantes  introduites  a, 
6,  X',  Y',  propres  à  Taccomplissement  de  cette  condition,  d'a- 
près l'annulation  des  coer&cients  totaux  des  deux  plus  hautes 
puissances  de  x  seul  ;  et  l'asymptote  cherchée  se  trouvera  dé- 
terminée. 

En  considérant  l'ensemble  de  cette  opération  analytique,  on 
sent  d'abord  qu'elle  contient  d'inutiles  complications,  puis- 
qu'elle ne  fournit  que  deux  équations  pour  calculer  desincon- 
nues qui  semblent  y  être  au  nombre  de  quatre.  Cela  tient  à  ce 
que  le  caractère  adopté  exige  seulement  que  l'asymptote  soit 
prise  pour  axe  des  x^  sans  rien  prescrire  envers  l'autre  axe,  ce 
qui  permet  et  même  prescrit  de  ne  point  changer  celui-ci,  en 
sorte  que  l'on  peut  et  doit  supposer  Y'=90<*  et  a  =  0  ;  la  dispo- 
nibilité de  ces  deux  constantes  ne  saurait  faciliter  en  rien  l'ac- 
complissement effectif  des  conditions  convenables,  et  surchar- 


166  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

gérait  inutilement  les  calculs.  L'équation  précédente  se  réduit 
donc,  au  fond,  à 

/  [x'  cos  X',  X'  sin  X'  +  j^'  +  €)  =  0. 

Or,  comme  on  n'y  doit  finalement  considérer  queles  termes 
en  a:' seul,  on  pourrait  encore  faciliter  leur  formation  en  posant 
d'avance  y'  =s  0,  ce  qui  donnera,  en  dernier  lieu,  Féquation 

f  [x'  cos  X',  X'  sin  X'  -}-  6)  =  0, 

où  il  s'agit  d'annuler  les  coefficients  des  deux  termes  prépondé- 
rants, afin  de  déterminer  les  inconnues  X'  et  6,  qui  représen- 
tent le  coefficientangulaire  et  le  coefficient  linéaire  de  l'asymp- 
tote cherchée.  Ainsi  dégagée  de  toute  superfluité  algébrique, 
cette  opération  équivaut  évidemment  à  former  les  deux  équa- 
tions propres  àla  seconde  méthode,  avec  cette  unique  innova- 
tion, nullement  favorable,  que  l'angle  X'  y  entrera  mainte- 
nant par  son  sinus  et  son  cosinus,  au  lieu  de  sa  seule  tangente. 

Cette  appréciation  finale  d'une  méthode  qu'un  vain  appareil 
analytique  présente  d'abord  très- spécieusement  comme  dis- 
tincte, peut  suggérer  aux  élèves  et  auxprofesseursd'utilesrap- 
prochements  semblables  envers  plusieurs  autres  questions, 
qu'il  ne  convient  pas  de  mentionner  ici. 

52.  Aucune  de  nos  deux  méthodes  n'étant  arrêtée  par  l'in- 
détermination des  coefficients  dans  les  équations  proposées, 
pourvu  que  les  exposants  soient  spécifiés,  chacune  d'elles,  ap- 
pliquée en  sens  inverse,  conduit  aisément  à  formuler  les  con- 
ditionsanalytiquesderasymptotisme entre  une  courbe,  donnée 
seulement  d'espèce,  mais  inconnue  de  grandeur  ou  de  posi- 
tion, et  une  droite  eptièrement  donnée.  11  suffira  de  chercher, 
d'après  l'équation  proposée, 

f  [x,  y,  a,  6,  Y,  ô,  etc.)  «=  0, 

les  coefficients  angulaire  et  linéaire  de  l'asymptote  correspon- 


SECONDE  PAQTIE,    CHAPITRE   TROISIÈME.  167 

dante,  suivant  celle  des  deux  méthodes  que  Ton  croira  devoir 
préférer^  et  d'en  égaler  l'expressioa  aux  valeurs  respectivement 
indiquéespar  la  droite  donnée.  On  forfhera  ainsi  deux  relations 
tendant  à  déterminer  les  constantes  inconnues  de  la  courbe  a, 
6,  fi  etc.,  conjointement  avec  d'autres  conditions  déjà  formu- 
lées, comme  des  passages  ou  des  contacts  :  on  vérifie  ici  que 
toute  asymptote  équivaut  à  deux  points  pour  la  détermination 
d'une  courbe  quelconque,  selon  Tesprit  de  notre  première 
théorie,  qui  reçoitmaintenantune  nouvelle  extension  générale. 
L^opération  est  donc  la  même  que  lorsqu'il  s'agissait  de  trouver 
l'asymptote  :  il  n'y  a  maintenant  de  changé  que  la  destination 
ultérieure  des  deux  conditions  obtenues,  où  il  n'est  plus  indis- 
pensable alors,  si  l'on  emploie  la  seconde  méthode,  de  dégager 
les  coefficients  de  l'asymptote. 

Cette  question  conduit  naturellement  à  la  recherche  des 
asymptotes  curvilignes  d'espèce  donnée,  dans  le  cas,  seul 
vraiment  usuel,  où  les  courbes  proposées  seraient  toutes  deux 
susceptibles  d'asymptotes  rectilignes,  en  y  constituant  alors  la 
coïncidence  de  ces  asymptotes.  Il  est  d'abord  évident  que,  si  la 
courbe  donnée  a  une  asymptote,  la  courbe  cherchée  en  devra 
admettre  aussi,  sans  quoi  leur  asymptotisme  mutuel  serait  con- 
tradictoire. Gela  posé,  un  tel  asymptotisme  pourra  toujours 
être  conçu  comme  consistant  en  ce  que  les  deux  courbes  com- 
portent une  asymptote  commune,  etparconséquent  cette  ques- 
tion rentrera  dans  la  précédente,  après  avoir  d'abord  déter- 
miné l'asymptote  de  la  courbe  donnée.  Si  f{x,  t/)==>0  désigne 
son  équation,  <p  (a:,  y,  a,  ê,  y^  etc.)  =sO  celle  delà  courbe  cher- 
chée, enadoptantla  deuxième  méthode,  on  substituera  préala- 
blement  y  «==  oo:  -f-  6  dans  la  première,  afin  de  calculer,  àl'or- 
dinaire,  les  valeurs  de  a  ei  b  propres  à  l'asymptote  ;  quand 
elles  seront  obtenues,  on  fera  la  substitution  déterminée 
y  *B>aa:-|-&dans  laseconde  équation,  et  l'annulation  des  deux 


168  GÈamtnoE  pljuck. 

plus  hantes  puissances  v  formulera  les  conditions 
rasymptotisme  proposé,  qui,  ainsi  conçu,  ne  contribuera  jamais 
que  comme  deux  points  k  la  détermination  de  la  courbe  cher- 
chée. L^introductionderasymptote  commune,  ultérieurement 
éliminée,  aura  finalement  senri  à  faciliterbeaucoup  la  forma- 
tion de  ces  deux  relations. 

53.  Il  ne  reste  plus  maintenant  qu'à  considérer  les  conditions 
d*asymptolisme  entre  des  courbes  qui  ne  comportent  pas  d'a- 
symptote rectiligne,  et  qui  cependant  peuvent  être  souTent 
asymptotes  Tune  de  Tautre,  comme  il  est  aisé  de  le  faire  sentir 
par  quelques  exemples.  C'est  ainsi  que  deux  paraboles  égales, 
placées  sur  le  même  axe,  sont  nécessairement  asymptotes  l'une 
de  l'autre,  d'après  leur  seule  définition  :  la  comparaison  de 
leurs  équations  le  confirme  d'aiUeurs  très-clairement  en  mon- 
trant qu'il  existe  alors  une  différence  constante  entre  les  carrés 
de  leurs  ordonnées,  et,  par  suite,  une  différence  indéfiniment 
décroissante  entre  ces  ordonnées  elle-mêmes.  On  trouverait 
pareillement  que  les  deux  courbes 

sont  nécessairement  asymptotes  l'une  de  l'autre  ;  ce  qui  com- 
prend une  infinité  d'exemples  distincts  quoique  analogues, 
d'après  l'indétermination  des  exposants  p  et  q. 

Le  principe  fondamental  de  notre  seconde  méthode  s'adapte 
également  à  la  recherche  directe  des  asymptotes  curvilignes, 
pourvu  qu'ony  définisse convenablementPasymptotisme.  Cette 
affection  géométrique  doit,  en  effet,  autant  que  celle  du  contact^ 
dont  elle  offre,  au  fond,  une  pure  modification  générale,  être 
regardée  comme  susceptiblede  degré,  suivant  les  explications 
du  n^  44,  où  il  suffit  ici  de  remplacer  la  coïncidence  des  inter- 
sections par  leur  éloignement  à  l'infini.  Une  droite,  toujours 
déterminable  d'après  deux  points,  ne  comporte  envers  une 


SECONDE   PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  169 

courbe  quelconque,  que  le  moindre  asymptotisme,  corres- 
pondant à  deux  intersections  infinies.  Mais  une  parabole,  dé- 
terminée seulement  par  quatre  points,  serait  susceptible,  à 
l'égard  des  mêmes  courbes,  d'un  asymptotisme  plus  prononcé, 
où  quatre  intersections  disparaîtraient.  Ainsi  le  mode  ordinaire 
suivant  lequel  est  posé  le  problème  des  asymptotes  ne  saurait 
être  suffisamment  précis  qu'envers  la  seule  ligne  droite,  et 
constituera,  pour  tout  autre  genre  d'asymptotes,  une  recher- 
che nécessairement  indéterminée.  En  s'y  bornant,  il  suffira 
donc  d'éliminer  y  entre  les  équations  des  deux  courbes  con- 
sidérées, 

/(^t  y)  =  0,  9  {x,  y,  a,  €,  Y,  etc.)  =  0, 

et  d'annuler  les  deuxpremierscoefficients  de  l'équationflnale  ; 
ce  qui  fournira  deux  relations  entre  les  constantes  inconnues 
a,  6,  Yi  etc.  de  la  seconde  courbe.  Un  tel  asymptotisme  ne 
contribuera  encore  que  comme  deux  points  ordinaires  àla dé- 
termination ultérieure  de  cette  courbe. 

Quoique  ce  procédé  soit  généralement  applicable  aux  courbés 
algébriques,  on  conçoit  que  son  usage  deviendra  souvent 
impraticable,  à  cause  des  difficultés  analytiques  que  suscite 
l'élimination  fondamentale,  quand  les  deux  équations  sont 
assez  compliquées  pour  qu'on  ne  puisse  Taccomplirpar  substi- 
tution ;  ce  qui  oblige  de  recourir  aux  méthodes,  spéculative- 
ment  suffisantes,  mais  habituellement  impraticables,  que  four- 
nit, à  cet  égard,  l'algèbre  supérieure.  Tel  est  le  principal 
motif  qui  doit  faire  sentir  l'importance  de  la  solution  ci-dessus 
expliquée  envers  les  courbes  susceptibles  d'asymptotes  rectili- 
gnes  ;  et  où  cet  utile  intermédiaire  permet  d'éluder  heureuse- 
ment ces  graves  embarras  algébriques. 

Pour  que  la  recherche  des  asymptotes  curvilignes  devînt, 
en  chaque  cas,  aussi  précise  que  celle  des  asymptotes  rectili- 
gnes,  il  faudrait *y  pousser  toujours  l'asymptotisme  jusqu'au 

19 


170  '  GÉOMÉTRIE  PLANF,. 

degré  marqué  par  le  nombre  de  points  déterminant,  comme  je 
l'ai  expliqué,  au  n*  44,  à  Tégard  du  contact.  Alors,  par 
exemple,  la  parabole  asymptote  serait  celle  dont  les  quatre 
intersectionsavec  la  courbe  donnée  s'éloigneraient  simultané- 
ment àrinflni  ;  ce  qui  fournirait  quatre  conditions  nécessaires, 
d'après  l'annulation  des  quatre  premiers  coefficients  de  Téqua- 
tion  finale  correspondante,  où  quatre  racines  devraientàla  fois 
devenir  infinies.  En  rapprochant  convenablement  ces  deux 
grandes  questions  géométriques,  on  reconnaît  que  la  même 
équation  permet  de  formuler,  tantôt  chaque  degré  de  contact, 
tantôt  chaque  degré  d'asymptotisme,  en  y  exprimant  qu'un 
certain  nombre  de  racines  deviennent  tantôt  égales,  tantôt 
infinies,  la  seconde  relation  y  étant  d'ailleurs  bien  plus  facile 
à  constituer  que  la  première. 

54.  Afin  de  ne  rien  omettre  d'usuel  relativement  à  cette 
troisième  théorie  générale,  ilnous  reste  ày  considérer  sommai- 
rement, à  titre  de  méthode  subsidiaire  propre  à  certains  cas, 
un  artifice  analytique  assez  étendu  ;  quoique  son  importance 
aitété  vicieusement  exagérée,  son  judicieux  emploi  comportera 
quelquefois  une  véritable  utilité,  pour  trouver  commodément 
diverses  asymptotes,  tantôt  rectilignes,  tantôt  curvilignes.  11 
repose  sur  la  décomposition  de  la  fonction,  algébrique  ou  tran- 
scendante, qui  exprime  l'ordonnée  d'après  l'abscisse,  en  deux 
parties  dont  Tune  s'anéantisse quandl'abscisseydevientinfinie; 
l'autre  partie  représente  dès  lors  l'ordonnée  d'une  ligne  néces- 
sairement asymptote  de  la  proposée.  Si,  en  effet,  on  a 

et  qu'on  suppose  ç  (oo  )  =  0,  il  est  clair  que  la  différence  de 
cette  ordonnée  à  celle  de  la  ligne  z  =  f  (x)  ne  peut  s'annuler 
pour  X  infini  sans  devoir  finir  par  décroître  indéfiniment  pour 
des  valeurs  croissantes  de  x.  On  conçoit  qu'il  en  serait  ainsi,  à 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  171 

plus  forte  raison,  si  leséquations,  au  lieu  de  contenir  yeizkld,  \ 

première  puissance,  en  renfermaient  d'égales  puissances  quel-  » 

conques;  puisque  Tasymptotisme  existerait  alors,  d'après  une 
remarque  antérieure,  quand  même  la  différence  des  seconds 
membres,  au  lieu  de  diminuer,  resterait  constante  :  ce  qui 
pourra  augmenter  un  peu  la  portée  de  cet  artifice,  en  n'obli- 
geant pas  à  dégager  totalement  y.  Il  faut  d'ailleurs  reconnaître 
que,  si  la  fonction  7  (x)  est  composée  de  plusieurs  termes,  on 
en  pourra  joindre  telle  partie  qu'on  voudra  à  la  fonction  f(x)^ 
sans  altérer  aucunement  la  remarque  fondamentale,  et  de 
manière  à  obtenir  de  nouvelles  asymptotes.  Mais  il  est  évidem- 
ment indispensable  de  ne  laisser  dans  la  fonction  9  {x)  aucun 
terme  autre  que  ceux  qui  s'annulent  pour  x  infini. 

A  l'égard  des  équations  algébriques,  que  nous  devons  ici 
avoir  essentiellement  en  vue,  cette  fonction  9  (x)se  composera 
de  puissances  négatives,  soitentières,  soit  même  fractionnaires. 
11  n'en  pourra  point  exister  quand  l'ordonnée  sera  une  fonction 
rationnelle  et  entière  de  Tabscisse.En  tout  autre  cas, leur  intro- 
duction sera  spontanée  ou  deviendra  facultative,  en  dévelop- 
pant convenablement  les  quotients  ou  les  radicaux,  suivant 
les  règles  de  division  ou  d'extraction.  Quoique  ces  développe- 
ments doivent  ordinairement  faire  naître  une  suite  infinie  de 
pareils  termes,  cette  circonstance  ne  saurait,  évidemment, 
opposer  aucun  obstacle  à  ladéterminationdes  asymptotes  cor- 
respondantes; pourvu  qu'on  n'y  omette  aucun  des  termes  à 
exposants  positifs,  on  y  pourra  comprendre  autant  et  aussi  peu 
qu'on  voudra  des  autres.  Par  exemple,  envers  l'équation 
y»  -j-  a:3=  1 ,  considérée  ci-dessus,  on  aurait  y  =  —  \/a^  —  1 , 
et  Textraction  de  la  racine  ne  donnerait  que  le  terme  x  affecté 
d'exposant  positif;  ce  qui  reproduirait  aussitôt  l'asymptote 
y  =3  —  X,  déjà  obtenue. 
Outre  sa  restriction  évidente,  cet  expédient  analytique  est 


172  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

surtout  imparfait  en  ce  que  la  nature  des  asymptotes  n'y  sau- 
rait être  facultative,  en  sorte  que  le  plus  souvent  il  indiquerait 
des  courbes  fort  oiseuses,  sans  déterminer  les  asymptotes  rec- 
tilignes,  qui  seules  peuvent  habituellement  offrir  un  véritable 
intérêt.  Mais  iUmporte  néanmoins  de  connaître  un  tel  ai*tiQce, 
pour  en  faire  un  judicieux  emploi  dans  les  cas  qui  le  permet- 
tront, comme  nous  aurons  lieu  d'en  citer  ultérieurement  quel- 
ques exemples  remarquables,  au  delà  même  des  équations  du 
second  degré,  trop  exclusivement  considérées  à  cet  égard. 


CHAPITRE  IV. 

Théorie  des  diamètres. 

55.  Longtemps  borné  au  cercle,  pour  y  désigner  toute  droite 
passant  au  centre,  ce  nom  indique  maintenant,  envers  une 
courbe  quelconque,  la  ligne,  quelquefois  droite,  mais  ordinai- 
rement courbe,  qui  y  réunit  les  milieux  d'une  suite  de  cordes 
parallèles  ;  définition  qui,  dans  le  cas  du  cercle,  reproduit  spon- 
tanémentlanotionprimitive.  ATégard  des  courbes  susceptibles 
d'offrir  plus  de  deux  points  en  ligne  droite,  chaque  corde  ne 
joindra  jamais  que  deux  points  ;  seulement  elle  présentera  alors 
autant  de  milieux  qu'il  existera  de  combinaisonsbinaires  entre 
toutes  ses  intersections  :  ce  qui  pourra  souvent  faire  prévoir 
une  limite  inférieure  du  degré  de  Téquation  du  diamètre,  alors 
habituellement  supérieur  à  celui  de  Téquation  donnée. 

Quoique  les  divers  diamètres  relatifs  aux  différents  systèmes 
de  cordes  d'une  même  courbe  ne  soient  pas  toujours  d'une 
même  espèce  géométrique,  au  point  que  les  uns  peuvent  être 
de  simples  droites,  tandis  que  les  autres  sont  des  courbes  plus 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  173 

compliquées  que  la  première,  ils  comportent  néanmoins  une 
commune  équation,  où  le  coefDcient  angulaire  de  ces  cordes 
reste  indéterminé,  en  sorte  que  ses  valeurs  spéciales  y  pro- 
duisent tous  les  diamètres  particuliers,  quelque  distincts  qu'ils 
puissent  être,  d'après  Tinfluence  analytique  plus  ou  moins 
intime  de  cette  constante  caractéristique.  C'est  une  telle  équa- 
tion générale  qu'il  s'agit  maintenant  de  déduire  de  celle  de  la 
courbe  proposée. 

Bien  qu'il  convienne  de  traiter  ici  cette  nouvelle  théorie 
géométrique  avec  toute  la  généralité  possible,  il  faut  cependant 
reconnaître  que,  par  sa  nature,  elle  ne  saurait  offrir,  comme 
les  théories  précédentes,  et  aussi  comme  les  suivantes,  un  égal 
intérêt  envers  toutes  les  courbes.  En  effet,  l'étude  des  diamètres 
ne  contribue  réellement  à  faire  mieux  connaître  chaque  courbe 
que  quand  ces  lignes  sont  beaucoup  plus  simples  que  celle  qui 
les  engendre,  et  surtout  lorsqu'elles  sont  droites.  Or,  au  con- 
traire, les  diamètres  constituent  presque  toujours,  comme  on 
le  sentira  ci-dessous,  des  courbes  plus  compliquées  que  celle 
,  d'où  ils  proviennent;  et  c'est  seulement  envers  les  courbes  du 
second  degré  qu'ils  deviennent  indistinctement  rectilignes  (*). 
.  Cette  théorie  n'a  donc  pas,  en  général,  autant  d'importance  géo- 
métrique que  les  six  autres  traitées  dans  cette  seconde  partie. 

On  peut  l'instituer  d'après  deux  méthodes  analytiques  bien 
distinctes,  quoique  également  générales,  au  moins  envers  les 
courbes  algébriques.  Tune  très-naturelle  et  fort  directe,  mais 
d'une  application  trop  pénible,  l'autre  trop  artificielle  et  trop 
détournée,  mais  finalement  plus  usuelle. 

56.  La  première  méthode,  facile  à  concevoir,  consiste  à  for- 
muler spontanément  chacune  des  conditions  de  la  définition, 
en  introduisant,  comme  variables  auxiliaires,  sauf  leur  élimi- 
nation ultérieure,  les  coordonnées  x'y  y\  etar",  y'\  des  deux 

(*)  Voir  la  note  1  rectificative  à  la  fin  du  volume. 


174  GéOMETBIE  PLATEB. 

extrémités  d'une  qaelconquedes  cordes  conâdérées.  En  nom- 
mant  /  et  ti  les  coordonnées  indétominées  d^on  point  do  dift- 
mètre,  et  m  lecoeflirieotangnlaîre  des  cordes  coiTgai|KHidantes, 
on  ania  d*al>ord  ainsi  les  trois  équations  fixes 

^     a:  -far         y'+y'  y''— y' 

auxquelles  se  joindront  naturellement,  en  chaque  cas,  les  deux 
équations  spéciales 

exprimant  que  les  points  introduits  appartiennent  à  la  courbe 
donnée  /  [x^  y,)^='  0.  Il  suffira  donc  d'éliminer,  entre  ces 
deux  groupes  d*équations,  les  quatre  variables  auxiliaires 
x\y'yX'\  y\  pour  obtenir  aussilôlFéquation  finaleç  (/,ii,m)=0, 
propre  à  Tensemble  des  diamètres  considérés.  Quoique  le  pre- 
mier groupe  ne  se  compose  que  adéquations  du  premier  degré, 
la  double  éliminationà  laquelle  devraprésiderle  secondgroupe 
deviendra  souvent  presque  impralicable,  quand  la  courbe  don* 
née  sera  d*un  degré  un  peu  élevé,  même  avec  un  petit  nombre 
de  termes.  On  sait  d'ailleurs  que  Textrème  imperfection  de 
l'analyse  mathématique  ne  permettrait  presque  jamais  une 
pareille  opération  envers  les  courbes  transcendantes^  si  une 
semblable  recherche  y  pouvait  offrir  un  véritable  intérêt. 

Un  seul  exemple  caractérisera  sufBsamment  cette  méthode, 
sauf  ses  embarras  analytiques,  qu'il  est  aisé  de  concevoir  en 
général,  et  que  le  lecteur  devra  spécialement  sentir  par  quel- 
ques exercices  spontanés.  Soit  la  courbe  y  =  x*  ;  les  deux 
équations  variables  seront  ici  y'  =  a:'*,  y"  =a:"'  :  en  y  ayant 
égard,  les  équations  fixes  deviendront 

2/=  a:" -fa:,  ^u  =  x"^  +  x\  m^x'^+ x''x' +  x'^, 
entre  lesquelles  il  reste  à  éliminer  x'  <e).  .x"<  Or  cette  élimina- 


J 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  175 

lion  s'accomplira  aisément  par  substitution,  d'après  la  combi- 
naison des  deux  équations  extrêmes,  qui  donne 

m 

il  en  résulte  finalement,  pour  l'ensemble  des  diamètres,  l'é- 
quation 

y  =3  ZCLX  —  &r', 

en  reprenant  la  notation  habituelle  des  coordonnées,  quand 
elle  ne  comporte  plus  d'équivoque. 

Si  l'on  voulait  seulement  exécuter  un  semblable  calcul  en- 
vers les  courbes  y  =  j:*  ou  y*  =  a:',  fort  peu  différentes  de  la 
précédente,  on  éprouverait  des  difficultés  algébriques  très- 
considérables. 

57.  Tout  l'artifice  de  la  seconde  méthode  repose  sur  cette 
observation  évidente  que  les  deux  extrémités  de  chaque  corde 
acquièrent  nécessairement  des  coordonnées  égalesausigne  près 
quand  on  place  l'origine  des  axes  au  point  correspondant  du 
diamètre.  Ainsi  les  points  du  diamètre  peuvent  être  récipro- 

w 

quement  caractérisés  par  cette  aptitude  analytique,  qui  ne 
saurait  convenir  à  d'autres.  Si  donc  on  opère,  dans  l'équation 
donnée  /  (a?,  y)  «=  0,  un  déplacement  d'origine  indéterminé, 
par  la  substitution  accoutumée  à^t-{-  XQiu-^-y  hM  lieu  de  a: 
etj^,  il  faudra  chercher  la  relation  entre  t  et  m  propre  à  rendre 
la  nouvelle  équation  f[t  +  ^,  w  +  y)=  ^  susceptible  de  four- 
nir pour  a:,  et  dès  lors  pour  y^  deux  valeurs  égales  au  signe 
près,  quand  on  y  supposera  y  c=i  mx^  équation  de  la  corde 
correspondante.  En  conséquence,  la  question  consistera  fina* 
lement,  après  avoir  changé,  d'abord  a:  en  ^  -|-  a:  et  3/  en 
u  -|-  mar,  à  découvrir  la  condition  d'une  telle  opposition  algé- 
brique entre  deux  racines  de  l'équation 

f[t'\-x,U'\-  mx)  =  0, 
où  /  et  w  figureront,  à  titre  de  constantes  arbitraires,  parm^ 


176  cÉraÉnoK 

les  diren  coefSdents.  Or  poor  r^sondre  ce  problème  d*al- 
gèbre,  n  suf^de  constitoerb  dlrisibllité  du  premi^  mem- 
bre de  cette  équation  par  un  bÎDome  dn  second  degré  j^ —  c^. 
L'élimination  de  l'indéterminée  aoxîliaire  s«  çni  désigne  ki 
Tabscisse  spéciale  da  couple  de  points  considérés,  entre  les 
deux  éqnations  que  fonmira  l'annulation  accoaUunée  dn 
reste  da  premier  degré,  conduira  à  la  relation  cberchée 
f  ft,  tf,  171;  «»  0.  qui,  géométriquement  enrisagée,  constitae 
Téquation  générale  des  diamètres  de  la  combe  proposée. 

Celte  méthode,  quoique  sourent  pénible,  sera  beaucoup 
moins  laborieuse  que  la  précédente,  comme  n'exigeant  qu'une 
seule  élimination,  au  lieu  de  deux,  entre  des  équations  de  degré 
supérieur,  malgré  que  leur  composition  doire  y  être  plus 
compliquée  qu'auparayanL 

Soit,  par  exemple,  la  conri)e  y  =x*.  En  y  substituant  /+x 
et  u  +  ^^9  ^^  ^^^  ^^  ^  ^^  9)  OQ  ^  finalement  Téqnation 

a:*  +  4/j:»  +  6/*j:*  +  :4/»  —  m;  x+i7*  — ti)  =  0, 

où  fl  s*agit  d'exprimer  ladirisibilité  par  2^  —  «',  ce  qui  donne, 
en  accomplissant  la  dÎTision,  les  deux  équations 

L'élimination  de  a'  y  conduit  aisément  à  Téquation  générale 
des  diamètres 

i^xh/ =  n^  +  i6mx^  —  ^Lx*, 

beaucoup  plus  compliquée,  comme  on  Toit,  que  celle  de  la 
couri>e  primitive. 

Envers  les  combes  du  second  degré,  cette  seconde  méthode 
comporte  spontanément  une  extrême  simplification  que  nous 
devons  remarquer  déjà.  On  y  est  alors  dispensé,  en  effet,  delà 
division,  et  surtout  de  rélimination  consécutive,  qui  en  con- 
stitue le  principal  embarras  algébrique.  L*équation  en  x  étant 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  QUATRIÈME.  177 

seulement  du  second  degré,  la  condition  analytique  fondamen- 
tale V  devra  directement  consister  dans  Tabsence  des  termes 
du  premier  degré.  Tout  le  calcul  se  réduira  donc,  en  ce  cas,  à 
la  simple  substitution  préalable  de  ^  +  a:  et  w  +  mx  au  lieu  de 
X  eiy;  Téqu^tion  générale  des  diamètres  résultera  aussitôt  de 
l'annulation  du  coefficient  total  de  la  première  puissance  de  x. 

58.  Pour  *  procurer  convenablement  à  Tétude  effective  des 
diamètres  toute  Futilité  qu'elle  comporterait  dans  la  géométrie 
comparée,  il  importerait  beaucoup  de  pouvoir  suffisamment 
constituer  la  théorie  inverse  qui  nous  permettrait  de  ne 
poursuivre  une  telle  appréciation  géométrique  qu'envers 
les  courbes  dont  les  diamètres  offriraient  une  assez  grande 
simplicité,  qui  maintenant  ne  saurait  être  facultative.  Ce 
retour  de  Téquation  commune  des  diamètres  à  celle  de  la 
courbe  primitive  constituerait  donc,  en  général,  une  question 
plus  intéressante  que  la  recherche  directe.  Mais,  dans  Tétat 
présent  de  la  science,  nos  ressources  sont,  à  cet  égard,  comme 
je  vais  l'expliquer,  extrêmement  bornées,  par  suite  d'une  grave 
lacune  analytique,  d'ailleurs  très-f&cheuse  en  plusieurs  autres 
occasions. 

La  nature  éminemment  simple  et  directe  de  la  première 
méthode,  la  rend  seulepropreà  une  telle  inversion,  qui  semble 
devoir  s'y  borner  à  substituer  les  formules  fixes  dans  l'équa- 
tion donnée  ^  (^  u,  m]  =  0  pour  l'ensemble  des  diamètres. 
Mais,  quoiqu'ayant  ainsi  éliminé  les  coordonnées  du  diamètre, 
et  introduit  celles  delà  courbe,  on  ne  saurait  envisager  ce  ré- 
sultat 

n~2— '  -1—'  p— pj=0' 

comme  constituant  réellement  l'équation  de  la  courbe  primi- 
tive, parce  qu'il  s'y  trouve  à  la  fois  deux  points  indéterminés 
de  cette  courbe,  au  lieu  d'un  seul.  Néanmoins,  on  en  déduirait 


178  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

aisément  réquation  cherchée,  si  l'on  y  pouvait  séparer  ces 
points,  en  sorte  que  chaque  membre  se  rapportât  à  un  couple 
unique  de  coordonnées  :  car,  les  deux  couples  y  devant  tou- 
jours entrer  spontanément  de  la  même  manière,  cetle  équation 
prendrait  la  forme 

qui  indiquerait  qu'une  certaine  fonction  des  coordonnées  con- 
serve une  valeur  invariable  en  passant  d'un  point  quelconque 
delà  courbe  demandée  à  un  autre  point  quelconque;  l'équa- 
tion de  cette  courbe  serait  donc  finalement 

la  constante  c  y  devant  rester  naturellement  arbitraire,  puis- 
que chaque  système  de  diamètres  peut  correspondre  à  une  in- 
finité de  courbes  distinctes,  quoique  analogues. 

Toute  la  difficulté  réelle  de  la  théorie  inverse  des  diamètres 
se  réduit  donc  finalement  à  ce  problème  purement  analytique  : 
deux  groupes  de  variables  entrant  identiquement  dans  une 
équation  donnée^  transformer  cette  équation  afin  que  chaque 
membre  n'y  contienne  qu'un  seul  groupe.  Mais  l'analyse  ac- 
tuelle ne  présente  réellement  aucun  principe  propre  à  instituer 
ce  calcul  de  séparation.  On  ne  sait  jusqu'ici  séparer  les  groupes 
qu'autant  qu'ils  ne  coexistent  pas  dans  les  mêmes  termes  :  il 
suffit  alors  de  transposer  convenablement  d'un  membre  à 
l'autre,  suivant  la  règle  analytique  la  plus  élémentaire.  Il  est 
aisé  de  sentir  combien  rarement  pourront  suffire  des  ressources 
aussi  étroites. 

Pour  en  citer  un  seul  exemple  caractéristique,  proposons- 
nous  de  trouver  la  courbe  dont  tous  les  diamètres  sont  des 
lignes  droites,  perpendiculaires  aux  cordes  correspondantes, 
et  convergeant  en  un  même  point,  où  nous  placerons  l'origine. 
L'équation  des  diamètres  sera  ici 

t  -{•  mu  =  0, 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÉXE.  179 

qui  fournit,  entre  deux  points  quelconques  de  la  courbe  cher- 
chée, la  relation, 

Or,  comme  les  termes  où  les  points  seraient  mêlés  s'y  détruisent 
spontanément^  une  facile  transposition  Tamène  aussitôt  à  la 
forme 

ce  qui  donne  finalement,  pour  la  courbe  demandée,  Téquation 

a:»  4-  yi  =  c^ 

où  Ton  reconnaît,  conformément  à  la  nature  du  cas,  un  cercle 
de  rayon  arbitraire. 

59.  La  grande  complication  habituelle  des  calculs  relatifs  à 
la  formation  de  Téquation  générale  des  diamètres,  même  en 
suivant  la  meilleure  marche,  et  Tévidente  inutilité  d'une  telle 
recherche  envers  la  plupart  des  courbes,  doivent  faire  attacher 
beaucoup  de  prix  à  une  commode  détermination  spéciale  des 
diamètres  rectilignes,  seuls  ordinairement  susceptibles  d'un 
véritable  intérêt,  sans  être  obligédeles  déduire  de  cette  équa- 
tion commune,  où  ils  seraient  d'ailleurs  nécessairement  com- 
pris. Or,  il  est  facile  d'instituer  cette  importante  méthode  sub- 
sidiaire^ d'après  les  formules  relatives  à  la  transposition  des 
axes,  en  se  fondant  sur  TinQucnce  analytique  des  diamètres 
rectilignes,  quand  on  prend  chacun  d'eux  pour  axe  des  abscisses 
avec  des  ordonnées  parallèles  aux  cordes  correspondantes.  La 
seule  définition  des  diamètres  conduit  aisément  à  reconnu tre, 
comme  j'ai  eu  plusieurs  occasions  de  l'indiquer  dans  la  première 
partie  de  ce  traité,  que  l'équation  doit  alors  renfermer  seule- 
ment les  puissances  paires  de  l'ordonnée,  afin  que  les  valeurs 
de  celle-ci  puissent  être  deux  à  deux  égales  au  signe  près  pour 
chaque  valeur  de  l'abscisse,  suivant  un  caractère  essentielle- 


180  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ment  analogue  à  celui  qui  forme  la  base  de  la  seconde  méthode 
générale.  Une  telle  aptitude  analytique  pouvant  donc  suffire 
à  caractériser  les  diamètres  rectilignes,  on  les  obtiendra,  par 
une  transposition  d'axes  indéterminée,  d'après  les  formules 

a:  =  a:'cos  X'+y'cos  Y '+  a,  y  =  ar' sinX'  +  y'sin  Y'+  6, 

si  les  anciens  axes  sont  rectangulaires,  en  cherchant  à  disposer 
des  constantes  angulaires  ou  linéaires  ainsi  introduites  pour 
anéantir,  dans  Téquation  proposée,  tous  les  termes  distincts 
relatifs  aux  puissances  impaires  de  y'  résultées  de  cette  substi- 
tution. Quand  des  valeurs  réelles  et  finies  de  ces  diverses  con- 
stantes auront  pu  remplir  toutes  ces  conditions,  la  courbe 
proposée  admettra  des  diamètres  rectilignes,  envers  chacun 
desquels  on  connaîtra  ainsi  un  point,  sa  direction,  et  celle  des 
cordes  correspondantes.  Au  cas  contraire,  Tabsence  de  tels 
diamètres  sera  pareillement  constatée. 

Comme  ce  caractère  analytique  ne  dépend  aucunement  de  la 
position  de  Torigine,  pourvu  qu'elle  reste  sur  le  diamètre,  on 
pourra,  pour  abréger  les  calculs,  supprimer  Tune  des  con- 
stantes lijiéaires  a  ou  6,  sans  diminuer  réeUement  la  faculté  de 
satisfaire  aux  conditions  proposées,  puisque  cela  revient  à  placer 
Torigine  à  l'intersection  du  diamètre  cherché  avec  l'un  des 
axes  actuels.  Ainsi,  les  constantes  arbitraires  introduites  sont 
toujours  seulement  au  nombre  de  trois,  et  ne  permettront  par 
conséquent  d'annuler  à  volonté  que  trois  des  puissances  im . 
paires  de  la  nouvelle  ordonnée.  Si  donc  l'équation  donnée  en 
contient  davantage^  le  problème  sera  ordinairement  impos- 
sible. C'est  ce  qui  a  lieu  dès  le  troisième  degré,  où  les  condi- 
tions seraient  déjà  au  nombre  de  quatre,  à  cause  des  termes 
en  y\x*  y\  a:'*,  et  y'*;  cette  disproportion  se  prononce  en- 
suite de  plus  en  plus,  à  mesure  que  le  degré  s'élève.  En  consi- 
dérant, à  cet  égard,  l'ensemble  des  courbes  algébriques,  on 


SEGONDB  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  181 

voit  donc  que  l'existence  des  diamètres  rectilignes,  sans  jamais 
être  impossible  en  aucun  degré,  devient  de  plus  en  plus  excep- 
tionnelle au  delà  du  second.  Mais,  pour  celui-ci,  les  conditions 
y  étant  seulement  au  nombre  de  deux,  le  problème  est,  au 
contraire,  indéterminé,  et  il  existe  une  inûnité  de  diamètres 
rectilignes,  ou  plutôt  ils  le  sont  tous  ;  puisque,  la  direction 
des  cordes  restant  arbitraire,  on  pourra  encore  suffire  aux 
conditions  convenables  d'après  la  seule  disponibilité  des  deux 
constantes,  angulaire  et  linéaire,  propres  au  diamètre  corres- 
pondant. 

Une  telle  méthode  de  détermination  spéciale  des  diamètres 
rectilignes  conduit  aussitôt,  d'après  une  légère  modification,  à 
déterminer  aussi  les  aices  géométriques  proprement  dits,  c'est- 
à-dire,  les  droites  autour  desquelles  une  courbe  est  symétrique  ; 
car  ces  droites  constituent  évidemment  de  simples  diamètres 
rectUignes,  qui  ne  se  distinguent  des  autres  que  par  leur  per- 
pendicularité  aux  cordes  correspondantes.  On  aura  suftisa'm- 
ment  égard  à  cette  circonstance  caractéristique,  en  employant, 
dans  la  substitution  fondamentale,  les  formules 

a;  =  ar'cosX'  —  y'  sin  X'-f-a,  y  =  a:'  sin  X'+  y'cosX'-f  6, 

où  l'on  a  exprimé  la  rectangularité  des  nouveaux  axes.  Les 
conditions  ordinaii*es  ne  pourront  donc  ici  être  remplies  qu'à 
l'aide  des  deux  constantes  arbitraires  relatives  à  l'axe  cherché  : 
en  sorte  que  l'existence  de  tels  axes  sera,  en  général^  encore 
plus  exceptionnelle  que  celle  des  autres  diamètres  rectilignes  ; 
leur  situation  deviendra  même  déterminée  pour  le  second 
degré,  sauf  le  seul  cas  du  cercle,  où  cette  anomalie  analytique 
est  aisément  explicable. 

Quand  l'axe  d'une  courbe  a  été  trouvé,  et  qu'U  est  placé  de 
manière  à  la  rencontrer,  cette  intersection  constitue  une  espèce 
remarquable  de  points  singuliers,  dont  la  vraie  nature  dépend 


182  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ensuite  de  la  direction  correspondante  de  la  tangente.  D*après 
la  symétrie  supposée,  cette  direction  ne  peut  être,  évidemment, 
que  celle  de  Taxe  ou  sa  perpendiculaire,  à  moins  qu'il  n*y  ait 
deux  tangentes  symétriquement  placées  autour  de  Taxe .  Le 
point  cherché  sera  donc  un  point  de  rebroussement  dans  le  pre* 
mier  cas,  un  noefud  dans  le  dernier,  et  ce  qu'on  nomme  un 
sommet  dans  Tautre  cas. 


CHAPITRE    V. 

Théorie  des  centres. 

60.  Pour  étendre  conyenablen\,ent  cette  dénomination  géo- 
métrique, longtemps  bornée  au  cercle,  il  suffit  de  restreindre  à 
]a  seule  comparaison  binaire  des  points  directement  opposés  la 
notion  d'équidis tance,  d'abord  absolue,  qui  en  constitue  le 
caractère  essentiel  ;  en  sorte  que  le  centre  d'une  courbe  est,  en 
général,  le  milieu  de  toutes  les  cordes  qui  y  passent,  quelles 
que  soient  d'ailleurs  leurs  longueurs  relatives.  Un  tel  point  est 
nécessairement  unique  dans  les  courbes  algébriques  proprement 
dites,  que  nous  devons  ici  avoir  principalement  en  vue,  puis- 
qu'elles ne  peuvent  offrir  qu'un  nombre  limité  de  points  en  ligne 
droite.  Mais,  au  contraire,  celles  des  courbes  transcendantes 
qu'une  droite  peut  couper  en  une  infinité  de  points  présenteront 
quelquefois  une  infinité  de  centres,  comme  nous  aurons  lieu, 
par  exemple,  de  le  constater  ci-dessous  envers  les  courbes 
y  =  sin  «,  y  =  tang  x. 

Il  serait  superflu  d'insister  ici  sur  l'importance  évidente  d'une 
telle  recherche,  puisque  la  détermination  du  centre  d'une 
courbe,  ou  même  la  certitude  qu'elle  n'en  comporte  pas,  doi- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  CINQUIÈME.  183 

vent  certainement  contribuer  beaucoup  à  mieux  indiquer  sa 
figure  générale. 

Cette  question  admet,  en  général,  deux  méthodes  trës-dis- 
tinctes  ;  Tune  très-naturelle,  mais  trop  compliquée,  qui  la  rat- 
tache à  Tétude  des  diamètres  ;  Tautre  plus  indirecte,  mais  bien 
plus  simple,  et  seule  vraiment  usuelle,  qui  lui  est  spécialement 
propre. 

61.  Le  principe  de  la  première  méthode  consiste  à  regarder 
le  centre  d'une  courbe  comme  le  point  de  concours  nécessaire 
de  tous  ses  diamètres  quelconques  :  car,  en  rapprochant  les 
deux  définitions,  on  conçoit  aussitôt  que,  si  une  courbe  a  un 
centre,  chacun  de  ses  diamètres  y  devra  passer  ;  et,  réciproque- 
ment, si  tous  les  diamètres  d'une  courbe  ont  un  point  commun, 
ce  point  sera,  par  cela  même,  le  centre  de  la  courbe.  Sous  cet 
aspect^  la  théorie  analytique  des  centres  consisterait  à  juger, 
d'après  Téquation  générale  des  diamètres  delà  courbe  proposée, 
formée  suivant  les  règles  du  chapitre  précédent,  si  ces  divers 
diamètres  convergent  indistinctement  en  un  point  unique. 
Quand  cette  convergence  se  fait  à  Torigine  des  coordonnées,  la 
seule  inspection  de  Téquation  des  diamètres  Tindique  aussitôt, 
par  l'absence  constante  du  terme  indépendant  des  deux  varia- 
bles. C'est  ainsi,  par  exemple,  que,  pour  la  courbe  y  ««a:',  l'é- 
quation générale  des  diamètres,  obtenue  au  chapitre  précédent, 
y=3ma;— 8x',  montre  que  son  centre  est  à  l'origine,  puisque, 
quel  que  soit  m,  le  diamètre  y  passera  toujours.  Mais,  lorsque 
ce  concours  s'opère  en  un  point  quelconque  du  plan,  un  calcul 
spécial,  et  souvent  pénible,  devient  indispensable  à  sa  mani- 
festation. Il  faut  alors  attribuer  au  paramètre  angulaire  m.  qui, 
dans  Téquation  générale,  distingue  les  divers  diamètres,  deux 
différentes  valeurs  indéterminées  m' et  m",  et  chercher  ensuite 
les  coordonnées  du  point  commun  à  ces  deux  diamètres  quelcon- 
ques, qui  peuvent  représenter  toutes  les  combinaisons  binaires 


184  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

des  diamètres  proposés.  Si  les  valeurs  de  ces  coordonnées  comp 
munes,  simplifiées  autant  que  possible,  deviennent  finalement 
indépendantes  de  m'  et  m",  la  courbe  aura  un  centre,  dont  ces 
valeurs  détermijieront  la  position,  puisque  Tuniverselle  con- 
vergence des  diamètres  y  sera  ainsi  constatée.  Quand,  au  con- 
traire, on  aura  reconnu  que  ces  valeurs  ne  peuvent  être  ren- 
due^  indépendantes  de  m' et  m'\  comme  il  arrivera  le  plus  sou- 
vent, chaque  couple  de  diamètres  ayant  alors  son  intersection 
propre,  il  sera  certain  que  la  courbe  manque  de  centre. 

Soit,  par  exemple,  la  courbe  y*  —  j::y  -|-  ar  =  0.  En  y  appli- 
quant la  seconde  méthode  des  diamètres,  on  trouvera  aisément 

fyioc  —  1 
que  leur  équation  générale  est  y  =■ .  Or,  si  Ton  y  fait 

successivement  m  »=  m\  m^m'\  on  trouve  d'abord  que  l*ab- 

scisse  commune  est  — r,  fraction  indépendante  de  m" 

m  —  m 

et  m\  et  toujours  égale  à  2  :  mais  il  faut,  en  outre,  s'assurer 

d'un  pareil  caractère  envers  l'ordonnée  correspondante,  que 

Ton  trouve,  en  effet,  exprimée  dès  lors  par  - — ; 7.  La 

courbe  a  donc  un  centre, dont  l'abscisse  est  2  et  l'ordonnée  i. 

Considérons  encore  la  courbe  y*  —  ^xy  +  a:*  —  ar  =»  0. 

i 

L'équation  générale  des  diamètres  est  ici  y  =  a;  +  a 5-  ^* 

seule  inspection  montre  que  tous  les  diamètres  sont  des  droites 
parallèles  ;  d'où  il  suit  aussitôt  que  la  courbe  manque  de 
centre. 

Une  telle  méthode  deviendra  souvent  presque  impraticable 
au  delà  du  second  degré,  puisque,  outre  la  formation,  fré- 
quemment pénible,  de  Téquation  générale  des  diamètres,  qui 
n'a  d'ailleurs,  en  elle-même,  aucune  autre  utile  destination 
géométrique,  elle  exige  une  élimination  oi^nairement  très- 


I 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  CINQUIÈIIE.  185 

laborieuse,  entre  des  équations  qui  sont  toujours  plus  compli- 
quées que  celle  de  la  courbe  donnée.  Je  n'ai  donc  mentionné  ce 
premier  moyen  que  comme  conséquence  naturelle  de  la  théorie 
établie  au  chapitre  précédent.  C'est  uniquement  d'après  la 
seconde  méthode  qu'on  devra  procéder  habituellement  à  la 
détermination  des  centres. 

62.  De  la  seule  définition  du  centre,  il  réstdte  aussitôt  que, 
si  on  prend  ce  point  pour  origine  des  coordonnées,  quelle  que 
soit  d'ailleurs  la  direction  ou  l'inclinaison  des  axes,  tous  les 
points  de  la  courbe  auront  deux  à  deux  des  coordonnées  égales 
et  de  signe  contraire  ;  en  sorte  que  l'équation  ne  devra  pas 
changer  quand  on  y  changera  simultanément  les  signes  des 
deux  variables  :  il  est  pareillement  évident,  en  sens  inverse, 
que  la  vérification  d'un  tel  caractère  analytique  permet  d'assu- 
rer que  l'origine  correspondante  est  le  centre  delà  courbe.  Tel 
est  le  principe  général  sur  lequel  repose  la  méthode  la  plus 
propre  à  la  recherche  des  centres.  C'est  ainsi  que,  à  la  simple 
inspection  des  équations  y  =  «*,  y  =»  sin  a;,  y  =  tang  a;,  on 
reconnaît  que  ces  courbes  ont  pour  centre  l'origine  des  coor- 
données. Quand  le  changement  de  x  en  —  a:  et  y  en  —  y  altère 
l'équation  proposée,  cela  peut  tenir  ou  bien  à  ce  que  la  courbe 
manque  réellement  de  centre,  ou  bien  à  ce  qu'il  est  placé 
ailleurs  qu'à  l'origine.  Mais,  comme  une  telle  propriété  analy- 
tique est  toujours  possible  envers  une  certaine  origine  si  la 
courbe  a  effectivement  un  centre,  on  dissipera  totalement  cette 
incertitude  d'après  un  déplacement  d'origine  indéterminé,  en 
substituant  x  -^a  eit/  +  b  su  lieu  de  x  et  y,  afin  de  disposer 
des  constantes  arbitraires  a  et  6  ainsi  introduites  pour  que 
l'équation  supporte  sans  altération  le  changement  simultané  du 
signe  des  deux  variables.  Lorsqu'une  telle  condition  sera  con- 
venablement satisfaite ,  la  courbe  aura  un  centre,  dont  les 
valeurs  correspondantes  de  a  et  6  détermineront  la  position  : 

80 


■ 

( 


186  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

quand,  au  contraire,  aucun  système  de  valeurs  réelles  et  finies 
de  ces  deux  constantes  ne  rendra  Téquation  susceptible  d'une 
telle  aptitude,  on  sera  pareillement  assuré  que  la  courbe 
manque  de  centre. 

Cette  méthode,  aussi  simple  que  générale,  ne  convient  pas 
moins  aux  équations  transcendantes  qu'aux  équations  algé- 
briques. On  peut  ainsi  constater,  par  exemple,  envers  les 
courbes  y  ss*"  sin  «,  y  «=  tang  «,  que  tous  les  points,  en  nombre 
infini,  où  elles  coupent  Taxe  des  x,  constituent  autant  de  véri- 
tables centres  ;  puisque,  en  y  plaçant  Torigine,  par  la  substi- 
tution de  a;  4-  7t,  X  +  2ir,  ...  05  +  me,  au  lieu  de  x,  chacune  de 
ces  équations  continuera  à  jouir  de  la  propriété  analytique  qui 
caractérise  le  centre  :  ces  courbes  étant,  en  effet,  composées 
d'une  infinité  de  parties  identiques,  d'après  la  périodicité  des 
fonctions  correspondantes^  il  serait  géométriquement  impos- 
sible de  trouver,  à  cet  égard,  aucun  motif  de  préférer  une 
quelconque  de  ces  intersections  à  toutes  les  autres. 

En  considérant  spécialement  les  courbes  algébriques,  on  y 
peut  formuler  davantage  la  méthode  des  centres,  si  Ton  appré- 
cie d'avance  l'influence  générale  du  changement  de  signe  des 
deux  variables  sur  les  quatre  sortes  de  termes  qu'elles  peuvent 
contenir,  suivant  les  types  Ax»,  By»,  CxPyï,  D.  Les  deux  pre- 
miers changeront  de  signe  ou  resteront  inaltérables  selon  que 
l'exposant  de  leur  unique  variable  sera  impair  ou  pair.  Quant 
aux  termes  où  les  variables  coexistent,  la  règle  sera  encore  la 
même,  en  estimant  le  degré,  comme  de  coutume,  par  la  somme 
des  deux  exposants  :  car,  si  ce  degré  est  impair,  Tun  des  fac- 
teurs n'aura  pas  varié,  et  le  changement,  de  signe  de  l'autre 
entraînera  celui  du  produit  ;  si,  au  contraire,  le  degré  est  pair, 
ou  aucun  des  facteurs  n'aura  varié,  ou  ils  auront  à  la  fois 
changé  de  signe,  en  sorte  que  le  produit  ne  sera  jamais  altéré. 
Il  résulte  de  cette  appréciation  que  Téquation  ne  pourra  sup- 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  aNQUIÈME.  187 

poriersans  altération  le  changement  élémentaire  qui  caractérise 
le  centre  qu'autant  que  ses  divers  termes  seront  tous  de  degré 
impair  ou  tous  de  degré  pair,  en  comprenant  le  terme  constant 
parmi  ceux  de  degré  pair.  C'est  donc  à  faire  disparaître  les  J 

termes  de  degré  impair,  si  Téquation  est  de  degré  pair,  ou  les 
termes  de  degré  pair,  si  son  degré  est  impair,  qu'il  faudra  desti- 
ner le  déplacement  d'origine  propre  à  déterminer  le  centre, 
puisque  d'ailleurs  le  degré  de  l'équation  ne  saurait  varier. 

Si  l'on  envisage  l'ensemble  des  cas,  cette  méthode  indique 
aussitôtque  Texistence  d'uncentre  est  normale  dans  les  courbes 
du  second  degré,  où  il  faudra  enlever  ainsi  seulement  les  deux 
termes  du  premier  degré,  ce  qui  sera  ordinairement  possible  en 
disposant  convenablement  des  deux  constantes  arbitraires  aeib: 
ce  ne  sera  que  par  exception  que  la  courbe  manquera  de  centre, 
quand  les  valeurs  de  ces  constantes  deviendront  infinies.  Mais, 
au  contraire,  dès  le  troisième  degré,  et  ensuite  toujours  davan- 
tage, les  courbespourvues  de  centre  constituent  nécessaii*ement 
une  exception  de  plus  en  plus  rare  à  mesure  que  le  degré 
s'élève,  parce  que  le  nombre  croissant  des  conditions  à  remplir 
y  excède  progressivement  le  nombre  fixe  des  quantités  dispo- 
nibles. 

Quant  à  la  situation  générale  du  centre,  il  résulte  de  cette 
méthode  que,  dans  toutes  les  courbes  de  degré  impair,  le  centre 
est  inévitablement  placé  sur  la  courbe,  puisque,  en  y  transpor* 
tant  l'origine,  le  terme  indépendant  des  deux  coordonnées 
figure  alors  parmi  ceux  qui  doivent  disparaître.  La  suppression 
de  ce  terme  n'étant  pas  obligatoire  lorsque  le  degré  est  pair,  le 
centre  pourra  donc,  en  ce  cas,  ne  plus  appartenir  à  la  circon- 
férence de  la  courbe,  sans  qu'une  telle  position  y  soit  d'ailleurs 
impossible. 

63.  Tous  les  calculs  qu'exige  la  méthode  précédente  pouvant 
également  s'accomplir  malgré  l'indétermination,  non  des  ex- 


188  GÉOMÉTBIE  FLANE. 

posants,  mais  des  coefficients,  on  pourra  l'appliquer,  en  sens 
inverse,  à  formuler  les  conditions  nécessaires  pour  qu'une 
courbe,  connue  seulement  d  espèce,  ait  son  centre  en  un  point 
donné.  Si  a  et  6  désignent  les  coordonnées  de  ce  point,  il 
suffira  d'opérer,  dans  Téquation  proposée /(a:,y,ot,6,y,S,...)=^, 
la  substitution  alors  déterminée  de  x-^a  et  y  +  d  au  lieu  de 
X  et  y,  afin  d*annuler  ensuite  le  coefficient  total  de  chacun  des 
termes  qui  doivent  ainsi  disparaître  ;  ce  qui  fournira  autant  de 
relations  propres  à  spécifier,  conjointement  avec  d'autres  con- 
ditions quelconques,  les  constantes  inconnues,  a,  ^,  y,  B^  etc. 
Ces  relations  seront,  par  exemple,  au  nombre  de  quatre  dans 
une  équation  du  troisième  degré,  où  il  faudra  supprimer  les 
trois  termes  du  second  degré  et  le  terme  constant  ;  ellesde  vien- 
dront de  plus  en  plus  nombreuses  à  mesure  que  le  degré  s'é- 
lèvera. 

Au  sujet  d'un  tel  accroissement,  il  importe  de  dissiper  l'ob- 
jection très-naturelle  qu'il  semble  d'abord  présenter  contre  le 
principe  général,  établi  au  premier  chapitre  de  cette  seconde 
partie,  sur  la  manière  dont  les  points  singuliers^  quelle  que 
soitleur  nature,  contribuent  nécessairement  à  la  détermination 
des  courbes.  Selon  ce  principe,  le  centre  d'une  courbe,  en  tant 
que  point  singulier,  ne  devrait  jamais  compter  que  pour  deux 
conditions  déterminantes;  tandis  que,  suivant  notre  apprécia- 
tion spéciale,  il  paraît  devoir  en  fournir  quatre  dans  le  troi- 
sième degré,  six  dans  le  quatrième,  etc.  Mais  cette  apparente 
contradiction  ne  résulte  que  d'un  jugement  trop  confus,  où  Ton 
attribue  à  la  situation  donnée  du  centre  ce  qui  provient  uni- 
quement de  sa  simple  existence,  alors  plus  ou  moins  excep- 
tionnelle. Dans  le  troisième  degré,  par  exemple,  l'existence  du 
centre,  en  quelque  lieu  qu'il  se  trouve,  exige  deux  relations 
entre  les  coefficients  de  l'équation  générale  ;  ces  relations,  qui 
complètent  la  définition  de  la  courbe,  doivent  y  être  toujours 


SECONDE  PARTIE^  CHAPITRE   SIXIÈME.  189 

prises  eh  considération,  quand  même  son  centre  ne  serait  pas 
connu  ;  de  même  que,  en  sens  inverse,  Tabsence  de  centre  four- 
nirait une  condition  déterminante  envers  une  courbe  du  se- 
cond degré.  Si  donc  la  courbe  du  troisième  degré  que  Ton 
considère  est,  en  effet,  du  petit  nombre  de  celles  qui  ont  un 
centre,  comme  cela  doit  être  pour  qu'une  telle  question  soit 
raisonnablement  posée,  ces  deux  conditions  se  trouveront  iden- 
tiquement satisfaites,  et  la  position  du  centre  donné  ne  fournira 
véritablement  que  deux  relations  entre  les  paramètres  inconnus. 
Mais,  si,  au  contraire,  on  n'avait  pas  ainsi  spécifié  la  courbe 
proposée,  et  qu'on  se  fût  borné  à  indiquer  son  degré,  tout  en 
lui  imposant  un  centre,  ces  deux  premières  conditions,  indé- 
pendantes de  la  situation  spéciale  de  ce  centre,  quoiqu'alors 
elles  ne  fussent  plus  identiques,  ne  représenteraient  qu'un 
simple  complément  de  définition,  indispensable  à  la  nature  du 
problème,  et  servant  à  développer  suffisamment  une  circons- 
tance trop  implicitement  supposée  dans  l'énoncé.  En  un  cas 
quelconque,  la  position  particulière  assignée  au  centre  ne  four- 
nira jamais,  par  elle-même,  que  deux  relations  déterminantes, 
conformément  à  la  théorie  fondamentale  du  chapitre  premier. 


CHAPITRE   VL 

Théorie  de  la  similitude  des  courbes. 

64.  La  notion  de  similitude  convient  évidemment,  par  sa 
nature,  à  toutes  les  figures  possibles,  envers  lesquelles  les 
observateurs  les  plus  étrangers  à  la  géométrie  rationnelle 
emploient  journellement  les  qualifications  de  semblables  ou 
dissemblables,  en  y  attachant  un  sens,  vague  et  confus  peut- 


être,  WÊtM  ma  tend  ftiilî<liii»l  jvite.  Qnaid  les 
ie  foot  ^édaksBeat  emparés  de  cHIe  coQceptîoa  uûrersdk  el 
ywlaafe  pour  la  srvtéfltttîser  conraul^eiiieiit  après  FaToir 
netlétneot  anal jiée,  ils  ont  dû  coosidérer  premièranail  les 
figures  parement  reetnignes.  doQl  les  éléments  sont  directe- 
ment i^rédaLIes,  ainsi  que  les  lois  de  leur  assemblage.  Cest 
là  qne  la  similiUide  se  montre  sTec  nne  pleine  éTÎdence  comme 
consistant  dans  Tégalité  des  angles  respectifs  et  la  proportion- 
nalité des  c6tés  bomolognes  :  tonte  rélaboraticm  scientifique 
n'a  pu  confister,  à  cet  égard,  qu'à  réduire  an  moindre  nombre 
posrible  les  conditions  d'une  telle  définition  on  a^urédation, 
d'abord  enyers  les  triangles,  et  ensuite  pour  les  polygones  qud- 
conques, suivant  les  explications  de  la  géométrie  élémentaire. 
Mais  il  s'agit  maintenantd'étendrecônvenablementaux  diverses 
conrbes  planes  ces  notions  primordiales,  afin  de  découvrir, 
en  chaque  cas,  les  conditions  prédses  de  la  similitude,  on  de 
constater  que  Tidentité  d^espèce  n'exige  aucune  relation  parti- 
culière ;  question  dont  il  serait  superflu  de  faire  ici  ressortir 
expressément  la  haute  importance. 

Au  premier  aspect,  une  telle  extension  semble  ne  pouvoir 
s'opérer,  en  général,  que  d'après  l'analyse  transcendante,  qui, 
en  considérant  les  courbes  comme  des  polygones  d'une  infinité 
de  côtés  infiniment  petits,  permettrait  d'y  exprimer  distinc- 
tement l'égalité  directe  des  angles  et  la  proportionnalité  des 
cAtés,  sans  être  alors  arrêté  par  la  nature  infinitésimale  des 
uns  et  des  autres.  Hais  un  examen  plus  approfondi  de  cette 
importante  théorie  géométrique  conduit  à  reconnaître  que 
l'analyse  ordinaire  suffit  réellement  à  l'instituer  d'une  manière 
tout  aussi  générale  et  beaucoup  plus  commode.  Il  faut  seule- 
ment, pour  cela,  choisir  convenablement,  parmi  les  propriétés 
essentielles  des  polygones  semblables,  celles  qui  sont  suscepti- 
bles de  devenir  immédiatement  appréciablesenversles courbes, 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SIXIËHE.  191 

sans  exiger  la  considération  de  cAtés  infiniment  petits  et  d*an- 
gles  infiniment  obtns,  et  en  réduisant  rinéyitable  notion  de 
rinflni  &  n'influer  que  sur  le  nombre  des  sommets,  à  Tégard 
desquels  Tuniformité  de  leur  caractère  analytique  permet  aisé- 
ment de  surmonter  une  telle  difficulté,  d'après  le  simple 
examen  d'un  point  indéterminé,  propre  à  les  représenter  tous, 
suivant  un  artifice  logique  déjà  familier,  k  beaucoup  d'autres 
titres,  en  géométrie  analytique. 

On  ne  peut  d'abord  employer  à  cet  indispensable  office  la 
proposition  fondamentale,  tropexclusivementmentionnée  dans 
l'enseignement  habituel  de  la  géométrie  élémentaire,  sur  la  dé- 
composition des  polygones  semblables  en  triangles  semblables. 
Car,  en  l'étendant  aux  courbes,  cette  décomposition  offrirait, 
comme  la  définition  primitive  elle-même,  quoiqu'à  un  moindre 
degré,  l'inconvénient  capital  d'obliger  à  considérer  des  angles 
et  des  côtés  infinitésimaux.  Mais,  la  théorie  de  ta  similitude 
des  figures  rectilignes  fait'aussi  connaître,  à  leur  égard,  deux 
autres  propriétés  générales,  dont  chacune  est,  par  sa  nature, 
éminemment  propre  à  s'étendre  aux  courbes,  comme  sponta- 
nément exempte  d'un  tel  vice;  de  manière  à  pouvoir  fournir 
ensuite,  plus  ou  moins  commodément,  un  fondement  suffisant 
à  la  théorie  analytique  que  nous  voulons  constituer  ici. 

65.  D'après  la  première  de  ces  propriétés,  les  contours  sem- 
blables ont  leurs  divers  sommets  déterminés  par  des  triangles 
respectivement  semblables  ayant  tous,  dans  chaque  figure,  une 
base  commune  ;  et  réciproquement  deux  figures  ainsi  construites 
seront  nécessairement  semblables,  quel  que  soit  le  rapport  de 
ces  deux  bases  homologues.  Les  côtés  et  les  angles  de  ces  trian- 
gles artificiels,  indépendants  de  lafigureproposée,  restant  natu- 
rellement finis  quand  le  polygone  devient  infinitésimal,  rien 
n'empêche  d'étendre  aux  courbes  un  tel  caractère,  avec  la  seule 
obligationdel'y  Vérifier  envers  un  point  indéterminé,  comme  le 


192  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

permet  toujours  runiformité  de  la  définition,  géométrique  ou 
analytique,  afin  d'éviler  l'embarras  direct  d'un  nombre  infini 
de  points.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'on  démontrerait  aisé- 
ment la  similitude  constante  de  deux  cercles,  surtout  en  y  pre- 
nant pour  bases  deux  diamètres  respectifs  ;  puisque  les  triangles, 
dès  lors  constamment  rectangles,  se  trouveraient  spontané- 
ment semblables,  en  ne  comparant  entre  eux,  suivant  Tesprit 
de  ce  théorème,  que  des  points  pour  lesquels  un  des  angles  à 
la  base  offrirait,  de  part  et  d'autre,  la  même  grandeur. 

Il  ne  sera  pas  difficile  de  formuler  analytiquement  cette  pre- 
mière théorie,  quand  on  aura  d'abord  convenablement  adopté 
des  bases  homologues,  dont  le  choix  pourra  presque  toujours 
influer  beaucoup  sur  la  simplification  des  calculs.  Soient 
A  [x,  y)  =  0,  /a  (Xy  y)  =0,  les  équations  des  deux  courbes 
données,  de  même  espèce,  AMBN,  A'M'B'N',  {fig,  37),  dont 
il  faut  apprécier  la  similitude.  Après  y  avoir  choisi  deux  bases 
homologues,  AB,  A'B',  par  exemple,  on  mènera,  par  une 
extrémité  A  de  la  première  base,  une  droite  AM  formant  avec 
elle  un  angle  arbitraire,  ayant  une  tangente  indéterminée  m  ; 
ce  qui  n'offre  aucun  embarras,  suivant  la  théorie  analytique 
de  la  ligne  droite.  Calculant  ensuite  les  coordonnées  du  point 
M  où  elle  coupe  la  courbe,  on  en  déduira,  conformément  à  la 
même  théorie  préliminaire,  la  tangente  de  l'inclinaison  de  la 
base  AB  sur  la  droite  BM  qui  joint  son  autre  extrémité  B  à 
cette  intersection  :  cette  tangente  sera  finalement  une  fonction 
déterminée  de  la  constante  arbitraire  m.  Une  seconde  fonction 
analogue  de  la  même  constante  résultera  d'un  pareil  calcul 
envers  l'autre  courbe.  Dès  lors,  les  angles  en  A  et  A'  ayant  été 
pris  égaux,  la  similitude  exigera  la  coïncidence  de  ces  deux 
fonctions,  quel  que  soit  m,  afin  d'exprimer  l'égalité  nécessaire 
des  angles  en  B  et  B',et  par  suite  la  similitude  continuelle  des 
triangles  MAB,  M'A'B',  envers  un  point  quelconque  de  chaoue 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   SIXIÈME.  193 

courbe  comparé  k  son  homologue  de  Tautre.  Ainsi,  les  rela- 
tions que  pourra  exiger  une  telle  identification  entre  les  con- 
stantes des  deux  équations  proposées  constitueront  aussitôt 
les  conditions  de  similitude  propres  aux  courbes  correspon- 
dantes :  et,  si  celles-ci  devaient  être  toujours  semblables,  par 
cela  seul  qu'elles  appartiendraient  à  l'espèce  donnée,  on  le  re- 
connaîtrait aussi^  en  constatant  alors  Tidentité  spontanée  des 
deux  fonctions  obtenues. 

Supposons,  par  exemple,  qu'il  s'agisse  de  deux  ellipses  ou 
de  deux  hyperboles,  d'après  la  définition  du  n°  19.  En  prenant 
pour  bases  respectives  des  deux  séries  de  triangles  les  lignes, 
OA,  OA',  {fig.  38),  évidemment  homologues,  qui  joignent 
chaque  point  fixe  A  ou  A'  au  centre  correspondant,  et  conce- 
vant ces  lignes  superposées,  les  équations  des  deux  courbes, 
relativement  aux  axes  accoutumés,  seront 

4  4 

et  leur  parfaite  analogie  permettra  de  n'exécuter  qu'envers 
l'une  seulement  le  calcul  prescrit.  Menant  donc  de  0  une 
droite  arbritairement  inclinée  sur  la  base  OA,  son  équation 
sera  y^samx^  et  les  coordonnées  de  son  intersection  M  avec  la 
courbe  seront 


c^+^^cP 


La  tangente  de  l'inclinaison  de  la  base  sur  la  droite  qui  joint  ce 
point  M  à  sa  seconde  extrémité  A,  ne  sera  ici  que  le  coefficient 
angulaire  de  cette  ligne  MA;  et,  par  suite,  on  aura  fina- 
lement 


me  y/c^  —  ûP 
tang.9  = 


c    c>  —  *—  d  v/w>c»4-  c^  —  rf« 


194  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Diaprés  un  pareil  résultat  envers  Tautre  courbe^  il  faudra, 
pour  la  similitude,  (ja'on  ait  identiquement 


c^c^  —  dP  cy/&*—d* 


quel  que  soit  m  :  or  il  est  aisé  de  constater  qu'une  telle  iden- 

c        c' 
tité  exige  la  condition  -  =  — ,  11  n'y  a  donc  d'ellipses  ou 

d'hyperboles  semblables  que  celles  où  les  deux  dimensions  men- 
tionnées dans  cette  dé6nition  sont  respectivement  proportion- 
nelles. 

Considérons  encore  l'exemple  de  la  parabole,  d'après  la  dé- 
finition du  n*  20.  En  prenant  pour  bases  les  droites  OF,  OF' 
{fig.  39)  qui  joignent  chaque  point  fixe  au  sommet,  et  faisant 
d^ailleurs  coïncider  les  axes  et  les  sommets  des  deux  paraboles, 
on  mènera  encore,  de  l'origine  0,  une  droite  hrbitrairey=7war, 
dont  l'intersection  M  avec  la  première  parabole  y*  '=^^dx  don- 

2rf  2rf 

nera.r  e»  — j,,  y  =  — .En  joignant  ce  point  M  à  l'autre  extré- 

2rf 
mité  F  de  la  base,  on  aura  tang.  <p  =Sj ;j.  Or,  ce  résultat  ne 

771^"'    2 

saurait  changer  en  y  remplaçant  d  par  d'  pour  l'autre  para- 
bole, puisqu'il  est  évidemment  indépendant  de  d.  Donc,  deux 
paraboles  sont  toujours  semblables  entre  elles,  comme  deux 
cercles.  H  serait  aisé  de  constater  aussi,  d'après  l'équation 

y^<'=';z ,  en  choisissant  convenablement  les  bases,  qu'il  en 

est  encore  de  môme  de  deux  cissoîdes.  Au  reste^  en  rappro- 
chant ces  trois  cas  de  similitude  spontanée,  on  conçoit,  àpriori, 
qu'une  telle  relation  est  inévitable  en  toute  espèce  de  courbe 
dont  l'équation  pourra  être  réduite  à  ne  contenir  qu'une  seule 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  195 

constante  arbitraire  :  car,  s'il  y  pouvait  exister  une  condition 
quelconque  de  similitude,  elle  tendrait  alors  à  déterminer  cette 
unique  constante;  en  sorte  que  la  courbe  semblable  à  la  pro- 
posée se  trouverait  ainsi  individualisée,  ce  qui  serait  évidem- 
ment absurde. 

Une  telle  institution  analytique  de  la  théorie  générale  de  la 
similitude  des  courbes  planes  n'offre  d'autre  défaut  essentiel 
que  la  trop  grande  complication  des  calculs  qu'elle  exige,  quand 
il  s'agit  d'équations  peu  simples,  et  lorsqu'on  ne  peut  choisir 
assez  commodément  les  bases  homologues.  Aussi  adopterons- 
nous  finalement,  à  ce  sujet,  un  autre  mode,  fondé  sur  une  pro- 
priété plus  aisément  formulable. 

66.  Cette  seconde  propriété  générale  des  contours  semblables 
se  rapporte  à  la  situation  parallèle  dans  laquelle  ils  peuvent 
toujours  être  placés,  d'aprèsl'égalité  nécessaire  des  inclinaisons 
respectives  ;  puisqu'il  sufQt  de  tourner  un  seul  côté  parallèle- 
ment à  son  homologue,  pour  que  tous  les  autres  se  dirigent 
d'eux-mêmes  parallèlement  aux  leurs.  Or,  ainsi  disposées,  on  ^ 
sait  que,  vu  la  proportionnalité  des  côtés,  les  deux  figures  ofrr 
frent  aussitôt  l'universelle  convergence  des  droites  qui  y  joi- 
gnent touslespoints  homologues  enunpointunique,quelquefois 
appelé  centre  de  similitude^  quoiqu'ilfût  mieux  nommé  centre 
d'homologie.  Enfin,  les  longueurs  de  ces  droites  comptées  de* 
puis  ce  point  jusqu'à  l'une  et  à  l'autre  figure  sont  alors  entre 
elles  dans  un  rapport  constant,  égal  au  rapport  linéaire  des 
deux  contours.  Réciproquement,  deux  figures  ainsi  construites, 
&  partir  d'un  point  quelconque,  seront  nécessairement  sem- 
blables, soit  qu'on  ait  placé  les  points  homologues  en  partageant 
proportionnellement  tous  les  rayons,  soit  qu'on  les  ait  déter- 
minés successivement  d'après  le  parallélisme  des  cordes  corres- 
pondantes. La  condition  fondamentale  pour  l'extension  spon- 
tanée aux  figures  curvilignes  est  encore  ici  évidemment  remplie. 


196  GÉOKÉTRIE  PLANE. 

puisqu'on  évite  ainsi  directement  toute  considération  infinitési- 
male, autre  que  celle  relative  au  nombre  des  points  à  comparer, 
qui  ne  constitue,  car  sa  nature,  aucune  difficulté  essentielle. 
On  reconnaît,  par  exemple,  aussitôt,  d* après  ce  second  mode,  la 
similitude  constante  de  deux  cercles,commeunesuite  nécessaire 
de  la  définition  ordinaire  :  il  suffit  de  les  concevoir  concen- 
triques. 

Géométriquement  envisagée,  une  telle  propriété  offre  le  grave 
inconvénient  de  mêler  les  relations  de  situation  aux  notions 
de  similitude  qui,  en  elles-mêmes,  n'en  sauraient  dépendre. 
Mais  ce  mélange  n'est,  au  contraire,  nullement  vicieux  sous 
l'aspect  analytique.  Gomme  les  idées  de  situation  sont  seules 
immédiatement  exprimables  par  nos  équations,  suivant  les 
explications  initiales  de  ce  traité,  c'est  à  raison  même  d'une 
telle  réduction  des  conditions  de  forme  aux  relations  de  posi- 
tion que  celte  seconde  théorie  de  la  similitude  s'adapte  plus 
commodément  que  la  première  à  l'institution  analytique. 

Il  suffit  pour  cela  de  concevoir  les  deux  courbes  semblables 
AMBN,  A'M'B'N',  {fig.  40),  disposées  parallèlement,  comme 
le'constaterait,  par  exemple,  le  parallélisme  de  deux  lignes  ho- 
mologues AB,  A'B',  et  de  supposer  l'origine  des  coordonnées 
placées  au  centre  de  similitude  ou  plutôt  d'homologie  corres- 
pondant &  cette  situation.  On  voit  alors  que  les  coordonnées 
MP,  M'P',  et  DP,  O'P'  de  deux  points  homologues  quelconques 
M  et  M'  seront  nécessairement  en  raison  constante.  Si  donc 
xeiy  satisfont  à  Tune  des  équations,  mx  et  my  devront,  par 
celaméme,satisfaireàrautre,enprenantconvenablementlacon- 
stantem.Lesdeux  équations  proposées /i  (a?,  y)=0,  /'2(ic,y)=0r, 
devront  ainsi  coïncider,  en  changeant  dans  l'une  d'elles  x  en  mx 
et  y  enmy.  Tel  est  le  principe  éminemment  simple  delà  meil- 
leure théorie  analytique  de  la  similitude  des  courbes. 

A  la  vérité,  si  la  vérification  d'un  pareil  caractère  analytique 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  SIXIÈME.  197 

constate  évidemment  la  similitude  des  courbes  correspondantes, 
on  ne  saurait  toujours  assurer,  en  sens  inverse,  que  sa  non- 
vérification  démontre  leur  dissemblance  effective  ;  car  cela 
pourrait  aussi  provenir  de  ce  que  les  deux  figures  ne  seraient 
pas  actuellement  parallèles,  ou  même  seulement  de  ce  que  la 
présente  origine  des  coordonnées  ne  se  trouverait  pas  au  centre 
convenable.  Mais,  quoique  ce  mélange  primordial  entre  les  re- 
lations de  position  et  celles  de  forme  doive  exiger,  eti  général, 
comme  je  vais  l'expliquer,  de  nouvelles  opérations  analytiques 
pour  dissiper  une  telle  incertitude,  il  n'en  faut  pas  moins  re- 
connaître que,  dans  beaucoup  de  cas,  le  principe  précédent 
pourra  immédiatement  suffire,  lorsque  Tétude  préalable  de 
Tespèce  de  courbes  proposée  aura  déjà  garanti  Taccomplis- 
sement  de  cette  double  condition  préliminaire  relative  à  la 
seule  situation  ;  ce  qui  sera  presque  toujours  facile  quand  cette 
question  arrivera  en  temps  opportun. 

Si,  par  exemple,  il  s'agit  de  deux  ellipses  ou  hyperboles, 
d'après  la  définition  du  ii9  19,  il  est  évident  que  les  deux 
équations 

se  rapportent  à  deux  axes  semblablement  placés  envers  les 
deux  courbes,  dont  chacune  est  symétrique  autour  de  chacun 
d'eux  ;  en  sorte  que,  en  cas  de  similitude,  les  deux  courbes 
sont  certainement  déjà  dans  la  disposition  parallèle,  et  l'ori- 
gine au  centre  d'homologie  correspondant.  Changeant  donc, 
pour  la  première,  x  en  mx  et  y  en  wy,  et  disposant  les  équa- 
tions de  manière  à  éviter  toute  condition  superflue,  il  faut 
identifier  les  deux  équations 


198  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

d'après  une  valeur  convenable  de  la  constante  m.  Or,  on  fait 
coïncider  leurs  seconds  membres  en  prenant  m  =  1  / > 

ce  qui  détermine  le  rapport  linéaire  des  deux  courbes.  Mais  la 

comparaison  des  premiers  membres  montre  clairement  que  la 

//      //' 

relation  -  ==  -^  est  nécessaire  et  suffisante  pour  la  similitude, 
c      c 

comme  rtfVait  ci-dessus^ indiqué  la  première  méthode. 

Dans  le  cas  de  la  parabole,  en  prenant  les  équations 
yî  ss=2d!a7,  y^  «=2rf'a:,  on  est  évidemment  assuré  encore  que 
les  deux  conditions  préliminaires  relatives  à  la  situation  sont 
suffisamment  remplies,  d'après  la  coïncidence  spontanée  de 
deux  lignes  caractéristiques,  Taxe  et  la  tangente  au  sommet, 
avec  leurs  homologues.  Il  devient  alors  facile  de  constater 
ainsi,  plus  commodément  que  par  l'autre  méthode,  que  les 
deux  courbes  sont  toujours  semblables.  L'opération  ne  serait 
pas  plus  pénible  envers  deux  cissoîdes. 

67.  Il  reste  maintenant  à  compléter  analytiquement  cette 
théorie  définitive  de  la  similitude  des  courbes  envers  les  cas, 
possibles  mais  peu  usuels,  où,  faute  de  renseignements  préala- 
bles, les  deux  équations  données  ne  seraient  pas  de  nature  à 
supposer  Taccomplissement  des  conditions  préliminaires  rela- 
tives à  la  situation.  On  conçoit,  en  général,  que  l'usage  conve- 
nable des  formules  propres  à  la  transposition  des  axes  devra 
suffire  pour  ramener  ces  cas  aux  précédents. 

Supposons  d'abord,  afin  de  simplifier  cette  extension  gra- 
duelle, que  les  courbes  soient  encore  disposées  parallèlement, 
mais  que  l'origine  des  coordonnées  ne  soit  plus  placée  au  centre 
de  similitude  correspondant^  comme  dans  la  figure  41.  Il  suffit 
de  remarquer  ici  que  la  propriété  analytique  fondamentale, 
établie  au  n^  précédent,  n'exige  pas  que  les  deux  courbes 
soient  rapportées  à  la  même  origine,  et  qu'elle  aurait  néces- 


SECOKDB  PARTIE,   CHAnTRE  SIXIÉHEw  199 

Bairement  lieu,  de  la  même  manière,  envers  deux  origines 
seulement  homolognes.  Par  conséquent,  il  existera  une  cer- 
taine origine  0' ,  aisée  à  déterminer  géométriquement,  pour  la- 
quelle la  seconde  équation /a  (^,y)=aO  devra  coïncider  avec  la 
première,  d'après  le  changement  caractéristique  de  x  en  mx  et 
y  en  my.  Au  lieu  de  calculer  d'avance,  suivant  la  construction 
naturelle,  la  position  de  ce  point  placé  envers  la  seconde  courbe 
comme  Torigine  primitive  0  envers  la  première,  il  vaut  mieux 
qu'elle  ressorte  finalement  de  l'opération  analytique  elle- 
même.  On  se  bornera  donc  à  opérer,  pour  Tune  des  courbes, 
un  déplacement  d'origine  indéterminé,  et  on  tentera  ensuite  de 
faire  coïncider  les  deux  équations  f\  (ma;,  my)  =0,  ft  (x  +  «i 
y4.6)8saO,  d'après  des  valeurs  convenables  des  trois  constantes 
arbitraires  m,  a,  et  6,  qui  représentent,  d'une  part,  le  rap- 
port linéaire  des  deux  courbes,  d'une  autre  part,  les  coor- 
données du  point  homologue,  envers  la  seconde,  à  la  position 
de  l'origine  actuelle  dans  la  première.  Les  relations  nécessaires 
à  cette  identification  constitueront  les  conditions  de  similitude 
cherchées,  si  toutefois  on  est  d'avance  suffisamment  assuré  du 
parallélisme  effectif  des  deux  courbes  proposées. 

Considérons  enfin  le  cas  le  plus  général,  où  les  deux  courbes 
ne  seraient  pas  même  parallèles,  comme  dans  la  figure  42.  En 
construisant  sur  A'B',  homologue  de  AB,  un  triangle  semblable 
au  triangle  OAB,  il  déterminerait  d'abord  un  point  0'  placé 
envers  la  seconde  courbe  de  la  même  manière  que  l'origine  ae- 
tuelle  0  envers  la  première.  Si,  en  ce  point,  on  place  des  axes 
O'X',0' Y',  faisant  avec  A'B'  les  mêmes  angles  que  les  axes  pri- 
mitifs OX,  OY  font  avec  AB,  il  est  clair,  en  généralisant,  au- 
tant que  possible,  la  conception  de  la  propriété  fondamentale 
du  n^  précédent,  que  l'équation  de  la  seconde  courbe  relati- 
vement à  ce  nouveau  système  d'axes  ne  devra,  en  cas  de  simi- 
litude, différer  de  celle  de  la  première  que  par  le  changement, 


200  GÉOMÉnUB  FLAHE. 

toujours  également  caractéristique,  de  x  en  mx  et  y  en  my. 
Ainsi,  sans  chercher  d'avance  la  situation  de  ce  système,  on 
opérera,  dans  Tune  des  équations,  une  transposition  d'axes 
indéterminée,  portant  à  la  fois  sur  la  direction  et  Torigine, 
mais  en  conservant  la  même  inclinaison,  et  on  examinera  s^il 
devient  possible  d'identifier  les  deux  équations 

/î(a;cosX'— y'sinX'+a,  rc sinX -f ycosX -l-6)=0,  ft(ifix,my)=0, 

en  disposant  convenablement  des  quatre  constantes  arbitraires 
m^ay  b,  etX',  dont  les  valeurs,  nullement  étrangères  à  la 
question,  détermineront  le  rapport  linéaire  des  deux  courbes, 
et  feront  en  même  temps  connaître  exactement  en  quoi  con- 
siste la  diversité  effective  de  leurs  situations  actuelles.  Toutes 
les  relations  indispensables  à  une  telle  coïncidence  constitue- 
ront ici  des  conditions  nécessaires  pour  la  similitude  des  deux 
courbes  proposées,  dont  la  disposition  mutuelle  est  maintenant 
tout  à  fait  quelconque. 

68.  Quelque  théorie  analytique,  ou  même  géométrique,  que 
Ton  croie  devoir  employer  relativement  à  la  similitude  des 
courbes,  il  importe  de  sentir,  en  général,  qu'on  devra  surtout 
la  diriger,  en  chaque  cas,  vers  la  détermination  du  nombre 
nécessaire  des  conditions  distinctes;  car,  c'est  en  cela  que  con- 
siste réellement  la  principale  difficulté  d'une  telle  étude.  Aus- 
sitôt que  ce  nombre  est  connu,  il  ne  faut  plus  attacher  qu'une 
importance  secondaire  à  la  forme  actuelle  sous  laquelle  se  pré- 
sente ainsi  chacune  de  ces  conditions  de  simililude^  qui,  par  la 
nature  du  sujet,  comporte  nécessairement  beaucoup  de  trans- 
formations ultérieures,  toujours  assujetties  d'avance  à  un 
principe  commup.  Ce  principe,  résumé  final  de  toutes  les  pro- 
priétés relatives  aux  figures  semblables,  consiste  dans  l'uni- 
verselle proportionnalité  et  dans  l'égale  inclinaison  des  diverses 
droites  homologues  qu'on  y  peut  respectivement  considérer;  ce 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SIXIÉKE.  âOi 

qui  constitue  une  simple  extension  de  la  définition  élémentaire, 
dès  lors  indistinctement  appliquée  à  tontes  les  droites  quel- 
conques^ transversales  ou  latérales,  inhérentes  à  chaque  figure. 
Toute  condition  de  similitude  pourra  prendre  ainsi  deux  sortes 
de  formes,  Tune  linéaire,  l'autre  angulaire,  suivant  qu'on  la 
concevra  comme  relative  à  une  proportion  de  longueurs  ou  à 
une  égalité  d'angles,  chacun  de  ces  modes  comportant  d'ail- 
leurs autant  d'énoncés  distincts  que  l'on  pourra  instituer  de 
combinaisons  binaires  entre  des  droites  caractéristiques.  Mais 
ces  diverses  expressions,  de  l'une  ou  l'autre  espèce,  seront,  par 
leurnature,essentiellementéquivalentes,quoiqueplusoumoins 
convenables,  et  il  faut  s'habituer  à  les  échanger  directement, 
selon  les  convenances  propres  à  chaque  cas,  sans  jamais  se 
préoccuper,  à  cet  égard,  d'aucune  rédaction  exclusive.  Si  donc 
la  méthode  analytique  ne  présente  pas  d'abord  les  conditions  de 
similitude  sous  une  forme  suffisamment  nette,  comme  il  devra 
arriver  le  plus  souvent,  il  faudra  peu  s'en  inquiéter,  puisque 
la  nature  des  courbes  proposées  fournira  immédiatement  des 
énoncés  presque  toujours  préférables,  pour  peu  qu'elles  aient 
été  préalablement  étudiées.  Or,  cette  réflexion  générale  est 
éminemment  propre  à  simplifier  beaucoup,  dans  la  plupart  des 
cas,  l'application  effective  de  la  théorie  de  la  similitude.  Car,  en 
se  bornant  ainsi  à  en  déduire  surtout  le  nombre  des  conditions, 
on  pourra  souvent  se  contenter  du  simple  aperçu  des  calculs 
prescrits,  sans  avoir  besoin  de  les  accomplir  strictement.  Par 
exemple,  d'après  la  théorie  générale  du  n*  précédent,  il  est  aisé 
de  sentir,  envers  deux  équations  complètes  du  second  degré, 
contenant  cinq  termes  variables,  que  les  courbes  correspon- 
dantes exigeront  seulem  eut  une  con  dition  de  similitude,  puisque 
le  nombre  de  termes  à  identifier  n'excède  alors  que  d'une 
unité  le  nombre  universel  des  constantes  disponibles  pour  cette 
coïncidence.  Quant  à  la  nature  de  cette  unique  condition,  l'en- 

91 


203  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

tière  exécution  du  calcul  ne  ferait  que  la  présenter  sous  une 
forme  pénible,  qu'il  est  inutile  de  connaître  :  nous  examinerons 
plus  tard  les  divers  énoncés  spéciaux,  linéaires  ou  angulaires, 
qu'il  conviendra  d'y  appliquer  directement. 

69.  Afin  de  perfectionner  davantage  la  théorie  générale  de 
la  similitude  des  courbes  planes,  il  y  faut  maintenant  joindre 
une  importante  considération  subsidiaire,  qui,  judicieusement 
appliquée,  dispensera  souvent  de  toute  opération  analytique, 
en  permettant  de  déduire  immédiatement  la  solution  de  la  seule 
défluition  des  lignes  proposées.  Cette  méthode  auxiliaire  repose 
sur  rheureux  aperçu, indiqué  parClairaut  dans  ses  éléments  de 
géométrie,  et  suivant  lequel  deux  figures  semblables  ne  dif- 
fèrent que  d'après  l'échelle  sur  laquelle  elles  sont  construites, 
en  sorte  qu'un  simple  changement  d'échelle  pourrait  toujours 
les  rendre  superposables.  Quoique  Glairaut  n'y  eût  en  vue  que 
les  figures  rectilignes,  ce  judicieux  énoncé  convient  également, 
sans  aucune  préparation  spéciale,  aux  diverses  figures  curvî- 
lignes.  On  doit  le  regarder  comme  l'expression  la  plus  concise 
de  tousles  rapprochements  géométriques  auxquels  la  similitude 
peut  donner  lieu. 

D'après  un  tel  principe,  le  travail  à  accomplir  sur  chaque 
définition  proposée  d'une  espèce  de  courbe,  afin  d'y  découvrir 
les  conditions  de  similitude,  consistera  à  y  bien  séparer  d'abord 
les  données,  linéaires  ou  angulaires,  indispensables  à  la  gran- 
deur de  la  courbe  d'avec  celles  qui  n'affecteraient  que  sa  situa- 
tion, et  ensuite  à  réduire  les  premières  au  moindre  nombre 
possible.  Cette  double  préparation  présente  quelquefois,  surtout 
sous  le  second  aspect,  des  difficultés  insurmontables,  pour 
certaines  définitions,  envers  lesquelles  on  ne  pourra  éviter,  à 
ce  sujet,  l'emploi  ultérieur  de  la  méthode  analytique,  qui  con- 
serve donc  nécessairement  son  privilège  exclusif  d'une  entière 
généralité.  Mais,  quand  ces  deux  conditions  préliminaires  auront 


SECONDE  PARTIE,   CHAnTRE  SIXIÈME.  203 

été  suffisamment  remplies,  le  principe  de  Clairaut  fournira 
aussitôt  la  solution  demandée.  Car,  si  la  grandeur  de  la  courbe 
est  ainsi  déterminable  d'après  une  seule  dimension,  toutes  les 
courbes  de  cette  espèce  sont  nécessairement  semblables  entre 
elles,  puisque  le  simple  changement  d'échelle  pourrait  les  faire 
coïncider,  en  identifiant  leurs  dimensions  respectives.  Quand 
il  faudra  plusieurs  données  distinctes  et  indépendantes^  la  si- 
militude exigera  autant  de  conditions  qu'U  existera  de  ces  élé- 
ments moins  un,  et  chacune  d'elles  consistera  naturellement 
dans  la  proportionnalité  des  lignes  considérées,  ou  dans  l'éga- 
lité des  angles  introduits,  sauf  à  lui  attribuer  ensuite  toute  autre 
forme,  linéaire  ou  angulaire,  que  l'on  jugerait  préférable, 
suivant  la  faculté  de  transformation  expliquée  au  n*  précédent. 
Alors,  en  effet,  le  changement  d'échelle  ne  pourra  identifier 
qu'une  seule  dimension  respective,  et  les  courbes  ne  seront 
semblables  que  si  cette  première  coïncidence  entraine  ceUe  de 
tous  les  autres  éléments,  ce  qui  suppose  évidemment  l'univer- 
seUe  proportionnalité  des  longueurs  proposées  ou  l'égalité 
mutuelle  des  angles  considérés.  On  voit  qu'une  telle  marche 
revient,  en  d'autres  termes,  à  déduire  les  conditions  de  la  simi- 
litude de  celles  de  l'identité,  en  considérant,  d'une  part,quele 
nombre  des  unes  doit  toujours  être  inférieur  d'une  unité  à 
celui  des  autres,  et,  d'une  autre  part,  que  les  diverses  égalités 
linéaires  simultanément  prescrites  par  celles-ci  doivent  se 
changer  en  simples  proportionnalités  pour  celles-là. 

Cette  méthode  subsidiaire  ferait  aussitôt  découvrir  la  simili- 
tude constante,  déjà  constatée  analytiquement,  dans  les  divers 
cas  du  cercle,  de  la  parabole,  de  la  cissoïde,  etc.  :  elle  nous 
apprend,  en  outre,  que  la  même  relation  s'étendraaux  courbes 
qui  dériveraient  de  ces  premières  d'une  manière  déterminée, 
d'ailleurs  quelconque,  comme  à  l'égard  du  cercle,  la  cycloïde, 
répicycloïde,  lescourbes  de  Descartes  (n*'26),etc.  Au  contraire, 


204  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

les  ellipses  OU  hyperboles,  d'après  la  définition  dun*  19,  ne  se- 
ront semblables  qu'autant  qu'il  y  aura  proportionnalité  entre 
les  deux  longueurs,  évidemment  indépendantes  et  irréducti- 
bles, qui  y  déterminent  la  grandeur  de  la  courbe,  abstraction 
faite  de  la  situation.  La  définition  commune  des  trois  sections 
coniques  (n^  23)  exigera  ainsi,  pour  la  similitude,  Tégalité  du 
rapport  spécifique  correspondant.  Envers  les  définitions  de  la 
conchoîdeou  des  sections  toriques,  on  trouvera,  sans  plus 
d'embarras,  des  résultats  analogues. 

Les  conditions  préliminaires  propres  à  garantir  le  succès  de 
cette  méthode  subsidiaire  sont  de  la  môme  nature  que  celles 
relatives  à  la  méthode  correspondante  que  comporte  aussi  la 
théorie  du  nombre  de  points  déterminant  :  seulement,  ce 
préambule  indispensable  est  ici  plus  difficile  et  plus  incertain 
envers  quelques  définitions,  pareillement  antipathiques  à  ces 
deux  procédés  supplémentaires;  puisqu'il  faut  maintenant 
opérer,  en  outre,  une  séparation,  souvent  délicate,  et  quelque- 
fois impossible,  entre  les  idées  de  grandeur  et  les  idées  de  po- 
sition. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  les  définitions  du  cercle, 
soit  comme  segment  capable,  soit  comme  lieu  des  points  dont 
les  distances  à  deux  pôles  sont  constamment  proportionnelles, 
ne  permettraient  nullement  de  constater,  par  ce  moyen,  la  simi- 
litude nécessaire  de  tous  les  cercles,  puisqu'elles  semblent 
exiger  deux  données  distinctes  pour  déterminer  la  grandeur  de 
la  courbe,  quoiqu'une  appréciation  ultérieure,  que  l'équation 
peut  seule,  en  général,  diriger  sûrement,  doive  montrer  qu'il 
n'y  a  d'indispensable,  à  cet  égard, qu^une  certaine  combinaison 
unique  de  ces  deux  éléments  en  apparence  irréductibles.  Mais 
l'irrécusable  évidence  des  erreurs  que  pourrait  produire,  en- 
vers des  courbes  peu  étudiées  ou  trop  compliquées,  l'applica- 
tion irréfléchie  de  cette  méthode  subsidiaire  ne  saurait  altérer 
son  incontestable  efficacité  dans  les  cas  qui  s'y  adaptent  suffi- 
samment. 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   SEPTIÈME  205 


CHAPITRE   VII. 

Tlyâorie  des  quadratures. 

70.  Il  serait  ici  superflu  de  faire  expressément  ressortir  la 
haute  importance  générale  d'une  telle  théorie,  directement  re- 
lative aux  questions  sur  la  mesure  de  l'étendue,  où  réside  sur- 
tout la  destination  finale  deFensembledesétudesgéométriques, 
dont  toutes  les  autres  parties  ne  constituent,  à  cet  égard,  que 
des  préambules  indispensables,  soit  pour  préparer  la  solution 
effective,  soit  pour  diriger  l'application  ultérieure.  Outre  la 
mesure  des  aires  planes  curvilignes,  cette  théorie  comprend, 
en  général,  les  trois  ordres  de  questions  fondamentales  dési- 
gnées sous  les  dénominations  caractéristiques  de  quadratures^ 
rectifications,  et  cubatures,  expressions  très-propres  à  rappeler 
la  transformation  définitive  de  Taire  proposée  en  un  carré,  de 
la  circonférence  donnée  en  une  droite,  et  du  volume  considéré 
en  un  cube,  résultat  naturel  de  toute  mesure  géométrique. Une 
judicieuse  prépondérance  du  point  de  vue  analytique aconduit 
les  géomètres  modernes,  ainsi  que  ce  chapitre  l'expliquera,  à 
concevoir  ces  diverses  recherches  générales  comme  essentielle- 
ment équivalentes,  au  point  de  pouvoir  rentrer  à  volonté  les 
unes  dans  les  autres,  tandis  que  la  géométrie  ancienne  n'avait 
pu  saisir  entre  elles  qu'une  vague  et  insuffisante  analogie.  Mais 
le  titre  de  cette  grande  théorie  doit  cependant  rester  toujours 
tiré  du  problème  des  quadratures,  qui  constitue  la  forme  sous 
laquelle  cette  commune  question  est  le  plus  simplement  acces- 
sible aux  procédés  analytiques. 


206  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

De  tels  problèmes  sont  aujourd'hui  conçus,  d'une  manière 
trop  exclusive,  comme  ne  pouvant  être  jamais  traités  que  par 
l'analyse  transcendante.  Quoique  cette  analyse  soit,  sans  doute, 
indispensable  à  leur  solution  dans  les  cas  un  peu  compliqués, 
ce  n'est  point  d'elle  que  dérive  réellement  l'ébauche,  même 
analytique,  de  cette  théorie  générale.  On  a  maintenant  trop 
oublié  la  phase  rapide,  mais  impérissable,  que  présente  l'his- 
toire de  la  géométrie  moderne  depuis  la  fondation  de  la  géo- 
métrie analytique  par  Descartes  jusqu'à  la  découverte  de 
l'analyse  infinitésimale  par  Leibnitz.  Dans  ce  mémorable 
intervalle,  plusieurs  géomètres,  et  surtout  Wallis,  ont  heu- 
reusement concouru  à  développer  et  à  systématiser  de  plus 
en  plus  la  théorie  générale  des  quadratures  par  les  seules 
ressources  de  l'analyse  ordinaire  ;  et  c'est  principalement 
pour  perfectionner  ces  premiers  efforts  que  le  calcul  inté- 
gral a  été  ensuite  créé,  tandis  que  le  progrès  de  la  théorie 
des  tangentes  conduisait  au  calcul  différentiel.  Il  importe 
beaucoup  que  la  marche  individuelle  de  l'initiation  géomé- 
trique reste  toujours  conforme  à  cette  gradation  spontanée 
du  développement  historique,  en  caractérisant  ici  avec  soin 
les  moyens  que  comporte,  à  cet  égard,  l'analyse  élémen- 
taire, et  qui,  quoique  plus  bornés  qu'envers  toutes  les  ques- 
tions antérieures,  sont  cependant  bien  plus  étendus  qu'on 
ne  le  suppose  maintenant,  sans  altérer  d'ailleurs  cette  indis- 
pensable exposition  par  aucune  vaine  introduction  déguisée  de 
l'analyse  transcendante. 

Pour  poser  le  problème  des  quadratures  sous  la  forme  la 
mieux  accessible  à  toute  analyse,  il  faut  réduire  les  aires  à 
mesurer  au  simple  trapèze  curviligne  MPM'P'  {fig.  43),  com- 
pris entre  deux  ordonnées  quelconques  MP,  M'P'  et  les  parties 
interceptées  PP',  MM*,  tant  de  l'axe,  que  de  la  courbe  propo- 
sée. La  quadrature  d'un  tel  espace  conduira  aisément  à  celle  du 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  SEPTIÈME         207 

segment  proprement  dit,  renfermé  entre  un  arc  de  la  courbe  et 
sa  corde,  en  procédant  par  soustraction  envers  le  trapèze  rec- 
tiligne  correspondant.  Ce  segment  une  fois  mesuré,  on  pourra 
évaluer,  en  général,  Taire  de  tout  polygone  formé  arbitraire- 
ment d'arcs  de  courbes,  analogues  ou  hétérogènes  :  car,  après 
avoir  estimé  le  polygone  rectiligne  qui  résult^ait  des  cordes 
de  tous  ces  arcs  quelconques,  il  suffira  évidemment  d'y  ajouter 
les  segments  concaves  et  d'en  ôter  les  segments  convexes.  Nous 
pourrons  même  le  plus  souvent  simplifier  encore  un  peu  la 
forme  du  problème  fondamental,  en  nous  bornant  à  y  carrer  le 
triangle  rectangle  curviligne  AMP,  qui  conduira  au  trapèze 
M'P'MP,  en  retranchant  Tun  de  l'autre  les  deux  espaces  trian- 
gulaires relatifs  aux  deux  ordonnées  extrêmes. 

Gela  posé,  l'esprit  général  de  la  méthode  des  quadratures, 
spontanément  manifesté  par  le  grand  Archimède  envers  quel- 
ques cas  caractéristiques,  dès  le  premier  essor  des  hautes  spé- 
culations géométriques,  consiste  à  concevoir  l'aire  curviligne 
demandée  comme  la  limite  vers  laquelle  tend  une  certaine  aire 
rectiligne^  inscrite  ou  circonscrite,  à  mesure  que  ses  parties 
deviennent  indéfiniment  plus  nombreuses  et  plus  petites; 
puisque  les  figures  rectilignes  sont  seules  immédiatement  appré- 
ciables. Si,  par  exemple,  on  divise,  pour  plus  de  facilité,  la 
base  AP'  ou  PP'  du  segment  proposé  en  n  parties  égales,  et 
quel'on élève  les  ordonnées  correspondantes  yi,  ya,  ya,  etc.,  en 
menant  ensuite  de  l'extrémité  supérieure  de  chacune  d'elles 
une  parallèle  à  l'axe  prolongée  jusqu'à  la  suivante,  on  substi- 
tuera à  l'aire  AMT'  ou  M'P'MP  la  somme  d'un  pareil  nombre 
de   rectangles    ainsi   formés,  et  la  limite  de  cette  somme 

X 

*  (yi+y2+y3«--+y)^  quand  n  augmente  à  l'infini,  détermi- 

nera  Taire  cherchée.  Toute  la  difficulté  d'une  telle  recherche 
consiste  donc  à  découvrir,  en  chaque  cas^  Texpression  de  cette 


208  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

limite,  pour  laquelle  les  anciens  n^ont  possédé  que  des  res- 
sources purement  spéciales,  toujours  trës-bornées,  comme 
envers  leurs  autres  spéculations  géométriques.  Du  point  de 
vue  analytique,  on  congoit,  en  général,  que  cette  limite  com- 
mence constamment  par  se  présenter  sous  une  forme  entière- 

ment  indéterminée,  0  X  « ,  — ,  ou  tout  autre  symbole  équiva- 

lent,  lorsqu'on  introduit  brusquement  Thypothëse  de  n  infini, 
sans  avoir  eu  sufBsamment  égard  à  l'équation  proposée.  Ainsi, 
sous  cet  aspect,  la  question  fondamentale  des  quadratures  est 
toujours  réductible  finalement  à  un  simple  problème  d^analyse, 
consistant  à  transformer,  d'après  la  loi  des  ordonnées  envers 

les  abscisses,  la  fraction  -^ — ^ — ^^ — -  en  une  autre  équiva- 

lente,  qui  ne  devienne  pas  indéterminée  pour  n  infini  :  de 
même  que  nous  avons  vu  la  recherche  des  tangentes  se  réduire 

h  un  problème  analogue  sur  la  fraction  ^7^ — ^  ;  seulement  la 

X  — a? 

transformation  actuelle  présente,  par  sa  nature,  beaucoup  plus 

d'embarras  que  l'autre. 

L'analyse  ordinaire  ne  peut  immédiatement  surmonter  cette 
difQculté  caractéristique  qu'à  l'égard  des  seules  courbes,  dites 
paraboliques,  où  une  puissance  quelconque  de  l'ordonnée  est 
proportionnelle  à  une  autre  puissance  quelconque  de  l'abscisse. 
Nous  supposerons  même  d'abord  que  l'une  des  coordonnées  ne 
se  trouve  qu'à  la  première  puissance,  en  sorte  que  l'équation 
soit  y  =  axf^.  Toutefois,  d'après  ce  cas  primordial,  l'heureux 
principe  d'extension  posé  par  Wallis  nous  permettra  de  procé- 
der ensuite  à  l'entière  solution  du  problème  envers  beaucoup 
d'autres  courbes. 

Ce  cas  fondamental  peut  être  traité  suivant  deux  modes  très- 
différents,  qu'il  faut  ici  successivement  expliquer,  l'un  plus 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  SEPTIÈME.  209 

simple,  mais  plus  borné  au  fond,  Tautre  plus  difficile,  mais 
beaucoup  plus  étendu,  et  seul  finalement  susceptible  d'une 
vraie  généralité. 

71.  Dans  le  premier  mode,  la  fonne  de  la  solution  consiste  à 
chercher  le  rapport  entre  les  deux  segments  complémentaires 
OMP  et  OMQ  (fig,  44),  reposant  sur  les  deux  axes.  La  connais- 
sance de  ce  rapport  conduira  aussitôt  à  la  détermination  du 
segment  proposé  OMP,  puisque  la  somme  des  deux  segments 
équivaut  au  rectangle  connu  OMPQ,  formé  par  les  deux  coor- 
données extrêmes. 

Pour  trouver  ce  rapport,  concevons  substituée  à  chaque 
segment  une  suite  convenable  de  rectangles,  selon  la  construc- 
tion ci-dessus  indiquée,  mais  sans  fixer  encore  le  mode  de  suc- 
cessioii  des  sommets  intermédiaires  M*,  M",  M'",  etc.,  dont  le 
nombre  doit  seulement  toujours  rester  indéfini.  L'esprit  de 
cette  première  méthode  consiste  surtout  à  profiter  d'une  telle 
faculté  afin  de  simplifier  l'expression  du  rapport  des  deux 
suites,  de  telle  manière  que  sa  limite  devienne  distinctement 
appréciable.  En  nommant:r' et  y',  a;"  et  y",  etc.,  les  coordonnées 
intermédiaires,  R  et  r,  R'  et  r'  etc.,  les  deux  sortes  de  rectan- 
gles partiels,  le  premier  rapport  élémentaire  sera  évidemment 

exprimé  par  la  formule  -  «=  —^ L  Si,  d'après  Téquation 

proposée  y  =»  oa:»,  on  y  élimine  les  ordonnées,  elle  devient 

R      a?'**""!  [x X*) 

d'abord  —  = ^ — r-— .  Or,  la  nature  de  la  question  exige 

évidemment  la  suppression  du  facteur  commun  x  —  x\  qui, 
s*annulant  &  la  limite,  laisserait  indéterminé  le  rapport  partiel, 
et  par  suite  le  rapport  total.  Après  l'avoir  ô té,  on  a 


210  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

R'  R" 

Les  autres  rapports  partiels  -7,  -»;,  etc.,  seraient  exprimés  par 

r    r 

des  formules  analogues,  procédant  pareillement  selon  les  puis- 
sauces  de  — ,,  -^7;,  etc.   Pour  en  déduire  le  rapport  total 

X        X 

R  +  R- +  R' +  etc.  .,  , ■  ... 

— j- — r-p — „  !     ■  ' ,  il  faut  remarquer,  et  c  est  en  cela  que 

#  "y"  I  ~T~  /    ~|~  eic. 

consiste  Tartifice  fondamental  de  cette  première  méthode,  que 
sa  formation  deviendrait  très-simple  si  ces  divers  rapports  élé- 
mentaires pouvaient  devenir  égaux  entre  eux,  puisque  le  rap- 
port des  sommes  coïnciderait  alors  avec  celui  des  parties.  Or, 
cette  égalité  est  ici  pleinement  facultative,  comme  exigeant 

X        X*         x' 

seulement  la  relation  --  =9  --  =  — - ,  etc.  ;  ce  qui  revient  à 

X        X         x"  ^ 

distribuer  tellement  les  points  intermédiaires  M',  M",  M'",  etc., 
que  leurs  abscisses,  et  par  suite  leurs  ordonnées  aussi^  décrois- 
sent en  progression  géométrique,  sans  fixer  d'ailleurs  la  raison  q 
de  cette  progression,  de  manière  à  pouvoir  multiplier  indéfini- 
ment ces  sommets,  en  rapprochant  q  de  Tunité,  qui  constitue 
sa  limite.  Dans  cette  hypothèse,  on  a  donc 

R4-R'4-R"4-etc. 1 

r  +  r'  +  7'"  +  etc.       ^'«•-i+y*»— 3«j_gr«— 8,.,-j_y-|-l' 

En  passant  à  la  limite,  où  9^  =  1,  il  en  résulte  aussitôt,  pour 

le  rapport  cherché  des  deux  segments  OMP  et  OMQ,  la  for- 

S       1 
mule  -  =  -,  qui,  d'après  leur  somme  évidente,  conduit  flna- 
s      m 

1 

lement  à  la  loi  géométrique  S  =  — ;— 7  xy^  d'où  dériverait 

immédiatement  la  quadrature  graphique,  et  ensuite  à  la  loi 
analytique  S  «=  — -— ,  sur  laquelle  il  importe  davantage  d'ar- 
rêter notre  attention.  Ony  voit  que,  pour  déduire,  de  la  fonction 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE   SEPTIÈME.  211 

relative  à  rordonnée,  celle  qui  exprime  l'aire,  il  suffit  ici  d'aug- 
menter d'une  unité  Texposant  de  la  première  et  de  la  diviser 
par  cet  exposant  ainsi  augmenté.  Cette  opération  algébrique 
étant  précisément  l'inverse  de  celle  qu'exigerait  la  formation 
de  la  fonction  dérivée  proprement  dite,  on  peut  donc  finale- 
ment rédiger  celte  loi  analytique  des  quadratures  sous  cette 
forme  plus  concise  :  la  fonction  relative  à  l'ordonnée  est  la  dé- 
rivée de  celle  relative  à  l'aire.  L'analyse  transcendante  montre 
d'ailleurs  qu'un  tel  énoncé  ne  constitue  pas  seulement,  comme 
nous  devons  le  penser  d'abord,  un  mode  plus  succinct  d'exprimer 
le  résultat  algébrique  de  la  solution  actuelle,  mais  qu'il  ren- 
ferme directement  l'expression  la  plus  générale  de  la  loi  fonda- 
mentale des  quadratures,  qui,  dans  une  courbe  quelconque, 
consiste,  en  effet,  en  ce  que  l'ordonnée  est  toujours  la  dérivée 
de  l'aire. 

Tout  lecteur  judicieux  a  sans  doute  déjà  senti  spontanément, 
dans  l'exposition  précédente,  l'analogie  remarquable  que  pré- 
sente cette  première  méthode  élémentaire  des  quadratures  avec 
la  première  méthode  élémentaire  des  tangentes,  de  manière  à 
saisir  une  véritable  affinité  analytique  entre  les  deux  princi- 
pales de  nos  théories  générales,  qui,  en  effet,  ne  peuvent  l'une 
et  l'autre  être  convenablement  généralisées  que  d'après  une  in- 
tervention, essentiellement  équivalente,  quoique  très-distincte, 
del'analvse  infinitésimale.  Ou  tre  la  conformité  fondamentale,  ci- 
dessus  indiquée,  entre  les  deux  problèmes  analytiques  corres- 
pondants, on  voit  que  l'élaboration  algébrique  repose  pareille- 
ment sur  la  division  de  a"» —  b^  par  a  —  6,  et  que  les  deux  résul- 
tats s'accordent  naturellement  à  introduire  en  géométrie,  sui- 
vant deux  voies  différentes,  la  grande  considération  des  dé- 
rivées. 

Afin  d'étendre,  autant  que  possible,  cette  première  méthode, 
il  faut  maintenant  expliquer  la  mocHfication  algébrique  d'après 


212  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

laquelle  le  même  artifice  géométrique  permet  d*aborder  avec 
autant  de  succès  le  cas  plus  général  de  Téquation  .V**»:  ox",  les 
deux  exposants  y  étant  entiers  et  positifs,  mais  d'ailleurs  quel- 
conques. En  y  dégageant  l'ordonnée,  le  rapport  élémentaire 

-  devient  alors 

r 

1        n^ 

R  a^  x''^{x  —  x') 

^^  ^^i^^ -  *_      _        t.  • 

x\a^  3^  —  a^  x'^f 

La  seule  difficulté  nouvelle  consiste  ici  dans  Timpossibilité 
immédiate  d*enlever  le  facteur  qui,  à  la  limite,  annule  simul- 
tanément les  deux  termesde  cette  fraction.  Or^  un  tel  embarras 
se  dissipe  aisément  d'après  une  simple  préparation  algébrique, 
qui  consiste  à  se  défaire  des  exposants  fractionnaires,  suivant 
l'expédient  ordinaire,  en  posant  x  «=  /"•,  x'  =»  /'*»,  sa^s  qu'U 
faille  d'ailleurs  se  préoccuper  du  sens  géométrique  des  varia- 
bles auxiliaires  t  et  /',  qui  vont  prochainement  disparaître. 
Cette  transformation  donne  aussitôt  la  formule 

R  _  r»  (/»  —  t'^) 

où  l'on  peut  dès  loi^  enlever,  comme  ci-dessus,  le  facteur  vi- 
cieux t  — 1\  d'où 

R  __  t'^  (/«»~i  +  P^^  r+ -f  t'^^) 

r  ""     r«  (/«-i  -f  /«-«  /' +  ^'«-1)   ' 

Cette  expression  ne  dépend,  au  fond,  ainsi  que  dans  le  premier 


cas,  que  du  rapport 


77,  suivant  la  loi 


H      ( 


\  w— 1         /  /  \  w— 2 

)  +(?)  + +' 


r+[T+ +' 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  SEPTIÈME.  213 

D'après  une  telle  préparation,  les  rapports  partiels  deviendront 

t       t'       t" 
encore  égaux,  si  Ton  suppose  -  =  -,  =  —,  etc.,  ce  qui  re- 

It  t  V 

vient,  de  même  qu'auparavant,  à  faire  décroître  les  coordonnées 
intermédiaires  en  progression  géométrique.  On  aura  donc,  pour 
le  rapport  total,  l'expression 

R4-R'+R''+,  etc.       gw-i -f  ym-8  ^ j^i 

r  +  r'+r"+,  etc.    ™y«-i -f-j^'«-2+ ^i' 

S       fïi 
qui,  à  la  limite,  donne  -  =  — ,  d'où  il  résulte,  géométrique- 

m 
ment^  S  =      ,     xy^  ce  qui  conduit  aussi  commodément  que 

ci-dessus  à  la  quadrature  graphique,  et  ensuite  analytique- 
1     fi 

mentS= Ce  dernier  résultat  montre  clairement  que 

-+1 
m 

la  loi  de  formation  algébrique  d'abord  établie  sur  l'équation 
y  =  ax^^  pour  y  passer  de  l'ordonnée  à  l'aire,  s'étend  exacte- 
ment à  l'équation  y^  =»  oo;",  en  mettant  celle-ci  sous  la  même 
forme  à  l'aide  des  exposants  fractionnaires,  envers  lesquels  on 
opérerait  comme  s'ils  étaient  entiers.  Ainsiles  deux  cas  de  qua- 
drature auxquels  cette  première  méthode  est  immédiatement 
applicable  aboutissent  finalement  à  un  même  énoncé  analy- 
tique. 

72.  La  seconde  méthode  consiste  à  traiter  directement  la 
question  analytique  qu'introduit  naturellement  le  problème  des 

quadratures,suivantlaformulegénéraleS=a:[  '^V^'"    y\ 

(n®  70),  en  cherchant  l'expression  de  la  somme  des  valeurs  que 
prend  la  fonction  relative  à  l'ordonnée  pour  une  suite  de  va- 

X        X        X  X 

leurs  -,  2  -,  3—, n  -,  de  la  variable:  ce  qui  équivaudra, 

T*  7h  Tm  Tt> 


214  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

dans  chaque  cas,  à  la  sommation  d'une  certaine  suite  de  nom- 
bres. Sous  cet  aspect,  la  sommation  des  suites  acquiert  aussitôt 
une  haute  importance  géométrique,  puisque,  dès  qu*on  est  par- 
venu à  sommer  une  suite  quelconque,  on  en  peut  déduire 
immédiatement  la  quadrature  d'une  certaine  courbe.  Malheu- 
reusement nos  connaissances  à  ce  sujet  sont,  même  aujourd'hui, 
et  seront  nécessairement  toujours  fort  imparfaites,  d'après  la 
grande  difQculté  que  présente  ce  genre  de  spéculations  analy- 
tiques, quand  on  s'écarte  des  plus  simples  progressions.  Aussi 
le  principal  vice  de  cette  marche,  éminemment  naturelle  et 
pleinement  générale,  qui  fut  essentiellement  celle  de  Wallis  et 
de  ses  contemporains,  consiste-t-il  à  exiger  inutilement  la  re- 
cherche complète  d'une  telle  sommation,  quoique  son  expres- 
sion totale  ne  doive  pas  influer  sur  le  résultat  demandé,  puisque 
la  plupai*t  des  termes  disparaîtront  à  la  limite,  sans  que  néan- 
moins nous  puissions  actuellement  dégager  les  seuls  qui  doivent 
réellement  affecter  cette  limite,  qui  constitue  pourtant  Tunique 
objet  du  problème  des  quadratures.  Le  privilège  essentiel  de 
l'analyse  transcendante,  consiste,  à  cet  égard,  à  aborder  direc- 
tement la  détermination  exclusive  d'une  telle  limite,  abstrac- 
tion faite  de  la  sommation  effective,  qui  présente  beaucoup 
plus  de  difficultés,  et  qui  n'est  vraiment  accessible  qu'en  un 
bien  plus  petit  nombre  de  cas.  Mais  ici  nous  devons  accepter 
la  question  avec  toutes  les  complications  superflues  qu'elle  pré- 
sente naturellement,  et  apprécier  ainsi  les  ressources  que 
comporte,  à  cet  égard,  l'analyse  la  plus  élémentaire  envers  les 
courbes  de  l'espèce  y  =  ûtx"»,  où  m  est  entier  et  positif;  sauf 
toutefois  à  écarter,  dans  l'exposition,  l'inutile  développement 
des  termes  de  la  formule  sommatoire  qui  se  montreraient  évi- 
demment dépourvus  de  toute  influence  sur  la  limite  cherchée. 

Dans  ce  cas,  on  a  S  =  aar«»+'  ' ■ —  , 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SEPTIÈIR.  215 

et  la  question  consiste  à  sommer  les  m^^^  puissances  des  nom- 

bres.  naturels  1,  %  3 n;  afin  de  comparer  cette  somme  à 

n«+^  pour  prendre  la  valeur  de  ce  rapport  quand  n  est  infini. 
Quoique  cette  recherche  algébrique  n*exige  réellement  rien  au 
delà  des  premiers  éléments  d'algèbre,  on  n*a  pas  coutume  en- 
core de  Ty  traiter  ;  en  sorte  que,  si  je  ne  l'expliquais  ici  succinc- 
tement, je  craindrais  de  n'être  point  assez  compris  du  lecteur  qui 
n'aurait  strictement  reçu  que  le  degré  précis  de  préparation 
analytique  proclamé  d'abord  indispensable  à  l'étude  de  ce  traité. 
Pour  déterminer,  en  général,  la  somme  des  m^^  puissances 
d'une  suite  de  n  nombres  a^b^c^ A,  /,  en  progression  arith- 
métique, dont  la  raison  est  r,  il  suffit  d'élever  à  la  puissance 
m  +  i  chacune  des  relations  caractéristiques 

è=û5-f  r,  c  =  6  +  ''i /=  A  4-  r, 

qui  définissent  la  progression,  et  d'ajouter  ensuite  tous  ces  dé- 
veloppements. Car, en  désignant  par  Sm+ii  Sm^  Sm— i....  Ss,  Si, 
la  somme  des  termes  proposés  élevés  chacun  à  la  puissance  que 
marque  l'indice,  on  aura  ainsi,  après  avoir  ôté  SijH-ii  commun 
aux  deux  membres,  une  relation  fondamentale 

fm-hi_flm+i_(y,_i)r*«+ic=(yn-fi)r(Sm--f"')  +  ^^j"f^^ra 

1.2 

(Sm-i  —  /«-!)  +  ^    \^3 (S«-2  -  /"»-«)+ etc. 

entre  la  somme  cherchée  et  toutes  les  sommes  analogues  rela- 
tives aux  puissances  antérieures.  Si  donc  on  part  de  Si,  déjà 
connu,  ou  même  de  So,  dont  la  valeur  est  immédiate,  on  pourra 
former  ainsi  successivement  les  expressions  de  S2,S3,etc. ,  jusqu'à 
telle  puissance  qu'on  voudra.  Dans  la  progression  considérée  ici 
1,  2,  3,  4 n,  cette  relation  se  simplifie  et  devient 

(w  +  l)m(m— 1) ,_ 


âl6  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Quoique  ce  moyen  pût  certainement  conduire  à  sommer  des 
puissances  spéciales  même  très-élevées,  il  serait  difficile  d'en 
induii*e  la  loi  générale  propre  à  un  exposant  m  indéterminé. 
Mais,  en  réfléchissant  à  la  destination  actuelle  d'une  telle  som- 
mation, nous  y  pouvons  aisément  saisir  la  seule  partie  qui 
puisse  influer  sur  la  quadrature  proposée.  Car,  soit  par  la  na- 
ture de  la  question,  soit  même  d'après  la  relation  précédente, 
il  est  d'abord  facile  de  sentir  que  S^  sera  une  fonction  de  n  du 
degré  m  -}-  i.  Or,  comme  nous  devons  la  comparer  à  n»H-i,  il 
est  clair  que  le  seul  terme  de  cette  formule  qui  doive  réellement 
afTecter  la  limite  cherchée  est  celui  du  plus  haut  degré,  puis- 
que toutes  les  autres  parties  du  rapport  s'annuleront  pour  n 
infini,  en  tant  que  contenant  finalement  n  en  dénominateur. 
La  question  algébrique  étant  ainsi  réduite  à  la  recherche  de  ce 
terme  unique,  la  relation  précédente  le  montre  évidemment 

égal  à 7  ;  en  sorte  que  la  limite  du  rapport — 77  sera  cer- 

i 

tainement 7  :  d'où  il  résulte,  relativement  à  notre  auadra- 

m+i  ^ 

ture,  la  formule  S  = -,  conformément  à  la  première  mé- 

thode  (*). 

73.  Après  avoir  établi,  par  Tune  ou  l'autre  des  deux  méthodes 
précédentes,  la  quadrature  des  courbes  paraboliques,  l'analyse 
ordinaire  peut  déduire,  de  ce  cas  fondamental,  beaucoup  d'au- 
tres quadratures,  à  l'aide  du  lumineux  principe  dû  à  Wallis 
sur  la  réduction  des  polynômes  aux  monômes.  Ce  principe  évi- 
dent consiste  en  ce  que,  si  l'ordonnée  de  la  courbe  proposée 


(*)  Quelque  élémentaire  que  soit  réellementune  telle  exposition,  les  com- 
mençants auxquels  elle  offrirait  quelques  difficultés,  pourront  utilement 
réclaircir  en  se  bornant  à  y  considérer  d'abord  les  cas  particuliers  les  plus 
simples  m = 2,  m  a  3|pour  revenir  ensuite  au  cas  de  l'exposant  quelconque. 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  SEPTIÈME.         217 

est  décomposable  en  plusieurs  autres,  suivant  la  loi  constante, 

y  =  y'  +  y  "  -  y^\ 

on  aura,  envers  les  aires  correspondantes  aux  ordonnées  par- 
tielles, la  même  relation  àFaire  totale  S  =  S' +  S"  —  S" ',  pourvu 
que  tous  ces  segments  soient  d'ailleurs  estimés  entre  les  mêmes 
limites  latérales  :  en  sorte  que  quand  ces  ordonnées  auxiliaires 
appartiendront  à  des  courbes  déjà  quarrables,  il  en  résultera 
aussitôt,  sans  aucun  effort,  la  quadrature  de  la  courbe  pro- 
posée. En  effet,  les  rectangles  de  même  base  étant  proportion- 
nels à  leurs  hauteurs, on  conçoit  que  cette  subordination  existe 
d'abord  entre  les  rectangles  élémentaires,  par  suite  entre  les 
sommes  respectives  d'un  pareil  nombre  quelconque  de  ces  di- 
vers éléments,  et  enfin  entre  les  limites  correspondantes  à  ces 
sommes.  On  pourrait  dire,  plus  généralement,  que  si  la  rela- 
tion de  la  courbe  composée  aux  courbes  simples  contenait  aussi 
des  coefficients  constants,  comme  y=ay'+ôy" — cy",  la 
même  dépendance  existerait  encore  entre  les  aires  convenables 

D'après  cetimportant  principe,  évidemment  applicable  à  un 
nombre  quelconque  de  parties,  la  quadrature  des  courbes  para- 
boliques conduit  aussitôt  à  celle  de  toutes  les  courbes  où  For- 
donnée  seraitcomposéed'unesommede  puissances  deFabscisse, 
sans  excepter  d'ailleurs  le  cas  des  exposants  fractionnaires, 
auxquels  la  règle  primitive  a  été  étendue  au  n**  71.  En  attri- 
buant à  ce  principe  toute  son  extension  logique,  jusqu'à  l'ap- 
pliquer à  une  infinité  de  termes,  nous  pourrions  même  en 
déduire  déjà,  sous  une  certaine  forme,  à  la  vérité  très-impar- 
faite, la  quadrature  de  toutes  les  courbes  algébriques,  au 
moins  quand  l'ordonnée  y  peut  être  dégagée.  Car,  à  quelque 
fonction  algébrique  qu'une  telle  résolution  ait  donné  lieu,  on 
pourra  toujours,  soit  par  division  ou  par  extraction,  suivant 

ss 


218  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

qu'elle  sera  fractionnaire  ou  irrationnelle,  la  transformer  en 
une  série  indéfinie  plus  ou  moins  régulière,  procédant  selon 
les  puissances  positives,  et  même  entières,  de  l'abscisse  ;  de 
façon  à  pouvoir  ensuite,  d'après  le  principe  de  WaUis,  en 
déduire,  suivant  la  quadrature  primordiale,  une  autre  série 
relative  à  Taire  cherchée.  Les  moyens  plus  perfectionnés  que  de 
plus  complètes  connaissances  algébriques  fournissent  pour  cette 
transformation  analytiquepourrontd'ailleursfaciliterbeaucoup 
une  telle  opération,  en  faisant  mieux  saisir  la  loi  de  chaque 
série.  Enfin,  si  Ton  considère  que  les  fonctions  transcendantes 
elles-mêmes  sont  aussi  susceptibles  d'un  pareil  développement, 
on  concevra  que  l'usage  convenable  du  principe  de  Wallis  peut 
conduire^  à  cet  égard,  l'analyse  ordinaire  jusqu'à  exprimer  en 
série  Taire  d'une  courbe  quelconque.  Quoiqu'une  telle  expres- 
sion soit  sans  doute  peu  satisfaisante,  il  faut  s'accoutumer  dès 
ce  moment  à  regarder  cet  expédient  comme  souvent  indispen- 
sable, non-seulement  à  l'analyse  ordinaire,  mais  encore  à 
Tanalyse  transcendante,  qui,  en  multipliant  beaucoup  les  cas 
où  la  loi  de  quadrature  est  assignable  en  termes  finis,  ne  pourra 
cependant  jamais  aborder  que  d'après  les  séries  la  plupart  des 
questions  de  ce  genre. 

Le  plus  heureux  usage  que  puisse  comporter  cette  introduc- 
tion des  séries,  consiste  à  n'y  voir  qu'un  simple  intermédiaire 
pour  mieux  découvrir  la  formule  finie,  lorsque  la  série  obtenue 
ne  présente  que  le  développement  d'une  fonction  déjà  connue. 
Bien  que  ces  cas  doivent  être  fort  rares,  nous  en  pouvons  citer 
ici  un  exemple  important,  qui  va  procurer  une  nouvelle  exten- 
sion à  notre  règle  primordiale  de  quadrature,  et,  par  suite 
aussi,  ouvrir  de  nouvelles  voies  à  Temploi  ultérieur  des  séries, 
en  y  permettant  Tadmission  des  exposants  négatifs.  Soit  à 
quarrer  la  courbe  y=aa:— »*,  envers  laquelle  il  convient  de 
modifier  un  peu  la  position  antérieure  de  la  question,  en  évi- 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SEPTIÈME.  219 

tant  de  compter  Taire  à  partir  de  a:  =3  0,  qui  rend  alors  y 
inOni  :  nous  supposerons  donc  que  le  segment  commence,  par 
exemple,  à  a:  =  i.  Toutefois,  afin  de  ne  pas  changer  les  habi- 
tudes antérieures,  où  les  règles  algébriques  de  quadrature  se 
rapportent  toujours  à  une  aire  partant  de  Taxe  des  y,  il  faudra 
transporter  cet  axe  à  la  position  correspondante  à  cette  abscisse 
initiale  ;  ce  qui  se  réduit  à  changer,  dans  Téquation  proposée, 
X  en  i-^x.  On  a  alors  y=a  (1  +  ^)'""*;  et,  en  développant 
suivant  la  loi  du  binôme, 

y  =  a\i^mx+^-^:^x^ 1.2.3  ^^^+etc.]. 

En  opérant  la  quadrature,  d'après  le  principe  de  Wallis,  on 
trouve  la  série 

/        w    ,      m[m-\-i)    -      w(m+i)(w+2)    ^.        \ 

Or,  en  la  considérant  avec  attention,  il  est  aisé  d'y  reconnaître 
le  développement  de  (i+a:)"""'"**^,  où  Ton  aurait  ôté  le  premier 
terme  1,  et  ensuite  le  facteur  —  m  +  i-  U  en  résulte  donc  une 
expression  finie  de  Taire  cherchée,  qui,  en  revenant  à  Tan- 
cienne  origine  des  abscisses,  se  trouve  enfin  représentée  par  la 

formule 

a  (a:-»H-i  ^  i) 

—  m  +  i 

Eu  égard  àTorigine  actuelle  des  aires,  ce  résultat  consiste  évi- 
demment.à  étendre  aux  exposants  négatifs  la  règle  de  quadra- 
ture précédemment  démontrée  envers  Téquation  y  =  ac», 
quand  m  était  supposé  positif. 

74.  Telles  sont  les  ressources  essentielles  que  présente  réel- 
lement Tanalyse  ordinaire  pour  aborder,  à  un  certain  degré,  la 
théorie  des  quadratures  proprement  dites,  en  évitant  d'y  exa- 
gérer puérilement  sa  portée  effective  par  une  vaine  imitation^ 


220  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

plus  OU  moins  dissimulée,  des  procédés  vraiment  émanés  de 
l'analyse  transcendante.il  faut  maintenant  expliquer  successi- 
vement les  divers  rapprochements  fondamentaux  qui  étendent 
beaucoup  Futilité  géométrique  des  moyens  analytiques  quel- 
conques relatifs  à  la  mesure  des  aires,  en  permettant  d'y  ra- 
mener aussi  la  mesure  des  longueurs  et  celle  des  volumes. 

La  manifestation  définitive  de  ces  relations  nécessaires  con- 
stitua, vers  le  milieu  de  Tavant-dernier  siècle,  Tun  des  pre- 
miers résultats  naturels  de  Theureuse  révolution  que  Descartes 
venait  d'opérer  dans  le  système  des  spéculations  géométriques, 
en  y  faisant  convenablement  prévaloir  les  conceptions  analy- 
tiques, qui  ont  permis  une  généralisation  auparavant  impos- 
sible. Aussi  ces  importantes  relations  vont-elles  ici  s'établir  avec 
toute  la  généralité  désirable,  sans  exiger  aucunement  l'analyse 
transcendante,  qu'on  y  croit  mal  à  propos  indispensable  au- 
jourd'hui, quoique  sa  création  ait  été  historiquement  très- 
postérieure  à  leur  découverte. 

Considérons  d'abord  la  rectification  des  courbes  planes.  La 
marche  générale  de  la  solution  s'y  présente  aussitôt  comme  évi- 
demment analogue  à  celle  du  problème  des  quadratures,  puis- 
que la  difficulté  consistera  ici  à  discerner  la  limite  delà  somme 
des  éléments  rectilignes,  tels  que  m  m'  (fig.  45),  composant  le 
polygone  inscrit  que  l'on  substitue  à  l'arc  proposé,  MM, 
compris  entre  les  ordonnées  M'P'  et  MP.  Mais  un  examen  plus 
approfondi  montre  aisément  que  l'on  peut  établir,  sous  le  rap- 
port analytique,  une  véritable  identité  entre  les  deux  recher- 
ches, en  ramenant  la  rectification  d'une  courbe  quelconque  à 
la  quadrature  d'une  autre,  liée  à  la  première  suivant  une  loi 
constante.  Il  suffit  pour  cela  de  chercher  l'expression  générale 
del'élémentcurviligne  d'après  l'élément  pp' ou  mw  del'abscisse. 
En  nommant  a  l'angle  m'mji^  qui,  à  la  limite,  devient  évi- 
demment l'inclinaison  de  la  tangente  en  m  sur  l'axe,  on  aura 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  SEPTIÈME.         221 

mm'^h  séc  a.  Or,  cette  formule  permet  d'envisager  Télément 
liâéaire  proposé  comme  numériquement  équivalent  à  l'élé- 
ment superficiel  d'une  certaine  courbe  auxiliaire  K*K  dont 
l'ordonnée  serait  représentée  par  la  fonction  qui,  envers  la 
courbe  donnée,  indique  la  sécante  de  l'inclinaison  de  la  tan- 
gente, en  sorte  que  l'on  pourra  déduire  son  équation,  d'après 
la  règle  des  tangentes,  de  celle  de  la  courbe  proposée,  suivant 


la  loi  y  =  ^  i  +  (/'(x)  )',  si  j/  =?=  /"  (x)  est  l'équation  primitive. 
Une  telle  assimUation  élémentaire  détermine  la  même  relation 
entre  les  sommes  d'un  pareil  nombre  d'éléments  respectifs,  et 
par  suite  entre  les  limites  de  ces  sommes.  Ainsi  l'arc  cherché 
M'M  équivaudra  numériquement  au  segment  K'P'KP.  Si  donc 
la  quadrature  de  la  courbe  auxiliaire  est  accessible  aux  mé- 
thodes connues,  elle  fournira  aussitôt  la  rectification  de  la 
courbe  proposée. 
Qu'il  s'agisse,  par  exemple,  de  rectifier  le  cercle  y^-\-3^=r^, 

X 

On  aura  ici  tang  a  »== ,  et  dès  lors  la  courbe  auxUiaire,  sui- 

y 

vaut  laloi précédente  2==>séc  a,  aura  pour  équation  2^' 


yr^-x* 

Cette  courbe  du  quatrième  degré  n'étant  pas  actuellement 
quarrable  par  nos  méthodes,  si  ce  n'est  en  série,  la  question 
proposée  ne  comporte  maintenant  qu'une  pareille  solution. 

L'extrême  imperfection  où  nous  avons  dû  laisser  ci-dessus 
la  théorie  des  quadratures  proprement  dites  nous  permettrait 
rarement  d'accomplir  ainsi  les  rectifications,  vu  la  trop 
grande  complication  que  la  nature  de  cette  loi  de  transforma- 
tion devra  communément  introduire  dans  l'équation  de  la 
courbe  auxiliaire,  même  d'après  une  très-simple  équation  pri- 
mitive. Mais  le  problème  des  rectifications  doit  être,  en  gé- 
néral, réputé  plus  difficile  que  celui  des  quadratures,  et  beau- 
coup moins  souvent  susceptible  d'une  solution  satisfaisante, 


.\ù  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

v  ,v  quelques  moyens  analytiques  qu'on  puisse  râborder. 

;c  Jvi*  pourtant  citer  ici  un  exemple  remarquable,  où,  par 
uao  compensation  analytique  éminemment  exceptionnelle,  la 
coui'be  auxiliaire  devient  réellement  plus  simple  que  la  courbe 
proposée  :  c'est  celui  de  la  courbe  y*=x',  où  Ton  trouve,  pour 

la  courbe  auxiliaire,  Téquation  2i  =  V^  "'^i^'  î^^'  ^^^^ 

sous  la  forme  ^^==1(^  +  0)  U^dique  évidemment  une  para- 
bole aisément  quarrable  d'après  la  règle  élémentaire  dun"  71, 
assignant  au  segment  les  ^  de  Taire  du  rectangle  des  coordon- 
nées extrêmes.  On  doit  seulement  remarquer,  à  ce  sujet,  que  la 
parabole  actuelle  a  son  sommet  à-f  en  arrière  de  Taxe  des  y, 
à  partir  duquel  cette  règle  estime  Taire,  et  d'où  nous  voulons 
aussi  compter  Tare  cherché  :  il  faudra  donc,  de  l'expression 
habituelle  du  segment  variable,  retrancher  main  tenant  celle  du 
segment  fixe  qui  s'étend  de  ce  sommet  à  cet  axe  ;  ce  qui  donnera 
finalement  pour  là  rectification  proposée,  la  formule 


=  (^  +  §)v/^  +  ?-F7- 


75.  En  passant  maintenant  à  la  mesure  des  volumes,  nous 
devons  ici,  pour  ne  pas  sortir  réellement  de  la  géométrie  plane, 
considérer  seulement  les  corps  engendrés  par  la  révolution 
d'une  courbe  plane  autour  d'un  axe  situé  dans  son  plan.  Après 
les  corps  cylindriques  et  coniques,  dont  la  mesure  résulte  im- 
médiatement de  celle  des  prismes  et  des  pyramides,  ces  corps 
ronds  constituent  le  cas  le  plus  simple  et  aussi  le  plus  usuel  : 
sa  juste  appréciation  générale  suffit  d'ailleurs  à  caractériser 
nettement  le  véritable  esprit  de  la  méthode  fondamentale  des 
cubatures,  quoiqu'on  puisse  s'y  borner,  comme  envers  les 
quadratures  et  les  rectifications,  k  une  seule  décomposition 


SECONDE  PARTIE,   GHAnTRE  SEPTIÈME.        .  223 

élémentaire  ;  tandis  que  les  volumes  les  plus  compliqués  exi- 
geraient deux  décompositions  consécutives  afin  de  se  résoudre 
en  éléments  directement  évaluables. 

Proposons-nous  donc  de  mesurer  le  volume  produit  par  le 
segment  curviligne  quelconque  M'MPP'  {fig.  46),  tournant 
autour  de  Taxe  des  x.  Les  éléments  naturels  de  ce  corps  se- 
raient d'abord  les  troncs  de  cône  résultés  des  trapèzes  élémen- 
taires dont  Taire  génératrice  est  immédiatement  formée.  Mais 
de  même  que,  à  chacun  de  ces  trapèzes  mm'p'p,  on  peut 
substituer  le  rectangle  correspondant  mnp'p^  un  motif  sem- 
blable autorise  également  à  remplacer  ces  éléments  coniques 
par  les  simples  cylindres  qu^engendreraient  ces  rectangles  ; 
puisque  chaque  tronc  de  cône  est  évidemment  compris  entre 
deux  cylindres,  un  extérieur  et  Tautre  intérieur,  qui,  à  la 
limite,  coïncident  exactement,  comme  les  rectangles  généra- 
teurs m'qpp'  et  mnp'p.  D'après  cela,  l'élément  du  volume 
cherché  aura  pour  mesure  wy'A.  Or,  en  omettant  le  facteur 
constant  ir,  cette  expression  peut  être  attribuée  à  l'élément 
superficiel  d'une  courbe  auxiliaire  G  G  dont  l'ordonnée  corres- 
pondrait au  carré  de  la  fonction  de  l'abscisse  qui  représente 
l'ordonnée  de  la  courbe  donnée.  Ainsi^  en  raisonnant  comme 
au  n^  précédent,  on  reconnaîtra,  sans  aucune  difficulté,  que  la 
quadrature  de  cette  nouvelle  courbe,  entre  les  limites  propo- 
sées, représentera  numériquement  la  cubature  demandée, 
pourvu  que  le  résultat  en  soit  finalement  multiplié  par  le 
rapport  connu  de  la  circonférence  au  diamètre.  La  loi  J5=y*, 
suivant  laquelle  la  courbe  auxiliaire  dérive  ici  de  la  courbe 
donnée,  montre  clairement  que  cette  seconde  extension  fonda- 
mentale de  la  théorie  des  quadratures  est  plus  favorable  que 
la  précédente  ;  puisque  la  quadrature  finale  doit  èlre  alors  bien 
plus  souvent  accessible  à  nos  méthodes  actuelles,  d'après  la 
simplicité  comparative  de  là  nouvelle  équation. 


224  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Supposons,  par  exemple,  qu'il  s'agisse  d'obtenir  ainsi  la  me- 
sure du  segment  sphérique,en  partantderéquationy'-f"^'=^^i 
du  cercle  générateur.  Dans  ce  cas,  la  courbe  auxiliaire  est  une 
simple  parabole  z=r^ — x^,  aisément  quarrable  suivant  notre 

règle  élémentaire,  et  qui  donne  St=r*aî —  ^  ,  d'où  il  résulte, 

pour  le  volume  cherché,  la  formule  \  s^izlr^x —  -  L  où  le 

segment  est  naturellement  compté  du  centre,  et  qui  conduirait 
aisément  à  l'expression  du  segment  compté  de  la  surface.  Au 
reste,  celui-ci  s'obtiendrait  directement  en  représentant  le  cercle 
générateur  par  l'équation  y^=2rx—a;^,  d'où  la  môme  méthode 

déduirait,  sans  plus  d'embarras,  la  formule  V  =  wo:^  !?•  —  -xl 

Chacune  de  ces  formules,  d'après  Thypothèse  x^=ir,  détermi- 
nerait l'hémisphère,  de  manière  à  reproduire  spontanément, 

4 

pour  la  sphère  totale,  l'expression  élémentaire  -  tc  r*,  dont  la 

o 

démonstration  pourrait  logiquement  être  ajournée  jusqu'à  ce 
degré  actuel  de  l'initiation  mathématique,  quoiqu'il  convienne 
d'ailleurs,  à  tous  égards,  de  maintenir  l'usage  de  faire  connaître 
beaucoup  plus  tôt  un  tel  résultat  géométrique. 

Considérons  encore  le  cas  du  tore,  engendré  par  la  révolu-  " 
tion  du  cercle  ABDE  {fig.  47),  dont  le  centre  C  est  sur  l'axe 
des  y,  autour  de  l'axe  des  x.  L'équation  du  cercle  est  alors 
(y— .ô)«-|-j!:«=r*,  et  il  en  résulte,  pour  la  courbe  auxiliaire, 
l'équation 

j5  =  ^a  +  H  —  a:a±2ftV/  r^  —  x* , 
où  le  double  signe  correspond  à  la  duplicité  actuelle  des  or- 
données MP  et  M'P  relatives  à  une  même  abscisse.  Il  importe 
ici  de  sentir  que,  si  on  appliquait  aveuglément  la  règle  ordi- 
naire à  l'une  ou  à  l'autre  de  ces  deux  fonctions,  on  n'obtien- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  SEPTIÈME.         225 

drait  pas,  en  étendant  le  résultat  aux  limites  horizontales  du 
corpsproposé,  la  vraie  mesure  du  tore,  mais  celle  seulement 
ou  du  corps  produit  par  Tespace  circulaire  concave  HADBK, 
d'après  la  première,  ou  de  celui  que  produirait  Taire  convexe 
HAEBK  :  un  instant  de  réflexion  directe  sur  l'origine  de  la  re- 
lation fondamentale  suffira  pour  le  faire  bien  comprendre  au 
lecteur.  Or,  le  tore  étant  évidemment  équivalent  à  la  différence 
de  ces  deux  volumes,  on  voit  qu'il  faut  maintenant  quarrer 
séparément  les  deux  courbes  auxiliaires,  et  ensuite  retrancher 
le  second  résultat  du  premier.  Dans  cette  soustraction^  les 
termescommuns,d'ailleurs,  aisémentquarrables,  devraient  dis- 
paraître, en  sorte  qu'il  serait  superflu  de  s'en  occuper  :  au 
contraire,  les  termes  distincts  se  doubleront,  d'après  l'opposi- 
tion des  signes,  et  tout  se  réduira  finalement,  selon  le  principe 


de  Wallis,  à  quarrer  la  courbe  îs = ^  r^  —  x^^  sauf  à  multiplier 
le  résultat  par  4i_,  outre  le  facteur  habituel  ir  en  dernier  lieu. 
Nous  ne  pourrions  maintenant  opérer  qu'en  série  cette  quadra- 
ture définitive,  qui  est  évidemment  celle  du  cercle  générateur, 
s'il  s'agissait  d'un  segment  torique  quelconque.  Mais,  envers 
le  tore  entier,  le  résultat  en  est  déjà  connu,  suivant  la  règle 
élémentaire  relative  à  l'aire  du  cercle,  et  qu'il  faudra  ici  ap- 
pliquer au  demi-cercle.  On  trouvera  ainsi  la  formule  finale 
V=  âic'ir',  parfaitement  conforme  à  la  loi  générale  de  Guldin 
sur  la  mesure  de  tout  corps  rond  par  le  produit  de  Taire 
génératrice  et  de  la  circonférence  que  décrit  son  centre  de 
gravité. 

Un  tel  exemple  méritaitici  une  appréciation  spéciale,  comme 
propre  à  caractériser  la  manière  dont  il  faudra  modifier  la 
méthode  fondamentale  quand  la  figure  proposée,  au  lieu  de 
s'étendre  inférieurement  jusqu'à  Taxe,  suivant  notre  hypo- 
thèse ordinaire^  sera  circonscrite  entre  les  deux  parties  d'une 
même  courbe,  ou  d'ailleurs  entre  deux  courbes  distinctes,  dont 


2^  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

les  ordonnées,  différeraient  d'après  un  mode  analytique  quel- 
conque, au  lieu  de  n'être  distinguées  que  par  le  signe  d'un 
radical. 

76.  Procédons  enfin  Ma  dernière  extension  générale  de  notre 
théorie  des  quadratures,  en  l'appliquant  à  la  mesure  de  la  sur- 
face courbe  qui  entoure  les  corps  ronds  que  nous  venons  de 
cuber.  On  est  alors  obligé  de  conserveries  éléments  coniques 
engendrés  par  les  côtés  élémentaires  mm'{fig.  46)dela courbe 
donnée,  sans  pouvoir  aucunement  leur  substituer  les  éléments 
cylindriques  correspondants  aux  parallèles  m'n  ou  m'q^  entre 
lesquelles  l'élément  naturel  n'est  plus  compris.  Un  élément 
quelconque  de  Taire  cherchée  sera  donc  ici  mesuré  par  âwAy 
séc  a,  en  ayant  égard  à  l'expression  du  n®74  pour  le  côté  mm\ 
a  désignant  toujours  l'inclinaison  de  la  tangente  sur  l'axe. 
D'après  une  telle  formule,  une  marche  semblable  à  celle  déjà 
employée  envers  les  deux  autres  extensions  fondamentales, 
conduit  aisément  à  reconnaître  que  la  quadrature  de  la  sur- 
face courbe  proposée  se  réduit  à  celle  de  l'aire  plane  cor- 
respondante à  une  courbe  auxiliaire  dont  l'équation  se  dédui- 
rait de  celle  de  la  courbe  donnée  suivant  la  loi  ;s  =  y  séc  a  : 
il  faudra  seulement  multiplier  cette  aire  par  le  facteur  con- 
stant 2  ic. 

La  loi  de  transformation  générale  est  ici  plus  compliquée 
qu'en  aucun  autre  cas  ;  par  suite,  cette  troisième  classe  de 
recherches  doit  être  finalement  regardée  comme  la  moins  acces- 
sible à  nos  méthodes  actuelles,  et  même  aux  moyens  pluspar- 
faits  que  fournit  l'analyse  transcendante.  Je  ne  puis  guère  citer 
ici  d'autre  cas  intéressantoù  elle  devienne  complètement  appli- 
cable que  celui  de  la  sphère,  où,  par  une  compensation  émi- 
nemment exceptionnelle,  les  radicaux  propres  aux  deux 
facteurs  y  et  séc  a,  au  lieu  de  se  combiner,  comme  de  coutume, 
se  détruisent  mutuellement  ;   en  sorte  que,   contre  l'usage 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SEPTIÈME.  227 

normal,  la  ligne  auxiliaire  se  trouve  alors  plus  simple  que  la 

ligne  donnée.  En  partant  de  Téquation  y*B=  2rx  —  or*,  afin 

d'obtenir  naturellement  la  zone  à  une  seule  base,  on  trouve 

r 
séc  a  B=  -  ;  ainsi  la  ligne  auxiliaire  est  ici  z  =  r,  c'est-à-dire 

y 

une  simple  parallèle  à  Taxe  :  il  en  résulte,  suivant  nos 
règles,  la  formule  S=  2  «  rx,  parfaitement  conforme  à  la  loi 
connue. 

Dans  lecas  du  tore  (/!g.47),ontrouveraitaisément,  d'après  la 
même  équation  qu'au  numéro  précédent,  la  courbe  auxiliaire 

br       _^ 
»= —  ±:r. 

En  étendant  sa  quadrature  jusqu'aux  limites  horizontales  du 

tore  entier,  le  signe  supérieur  correspondrait  à  Taire  résultée 

de  la  demi-circonférence  concave  ADB,  et  le  signe  inférieur  à 

celle  qu'engendrerait  la  demi-circonférence  convexe  AEB .  L'aire 

cherchée  dépendra  donc  de  la  somme  des  deux  quadratures^ 

sur  laquelle  le  terme  distinct  ±r  ne  saurait  influer,  en  sorte 

que  tout  se  réduit  à  doubler  le  résultat  correspondant  à  l'équa- 

br 
tion  z  = —  .  Or,  quoiqu'elle  échappe  directement  à  nos 

méthodes  élémentaires,  sauf  le  recours  aux  séries,  il  est  aisé 
de  sentir  que,  en  y  omettant  le  facteur  6,  cette  quadrature 
coïncide  avec  celle  qu'a  exigée,  au  n*  74,  la  rectification  du 
cercle,  laquelle  nous  est  déjà  connue  envers  la  circonférence 
totale,  qui  se  rapporte  ici  à  l'ensemble  du  tore.  D'après  cet 
utile  rapprochement,  on  trouve  aisément  la  formule  finale 
S=  4  n^r  ;  conformément  à  la  seconde  partie  de  la  loi  de 
Guldin  sur  la  quadrature  de  tout  corps  rond  suivant  le  produit 
du  contour  générateur  par  la  circonférence  que  décrit  son 
centre  de  gravité. Tl  ne  faut  pas  négliger  d'ailleurs  de  remar- 


228  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

quer,  au  sujet  d'une  telle  solution,  cet  exemple  évident  de  Tef- 
ficacité  naturelle,  même  spéciale,  du  point  de  vue  analytique 
pour  le  perfectionnement  des  diverses  notions  géométriques  à 
Taide  des  nouvelles  liaisons  abstraites  qu'il  établit  entre  elles, 
et  qui  permettent  de  faire  souvent  rentrer  les  unes  dans  les 
autres  des  questions  qui  devaient  d'abord  sembler  hétérogènes. 


TROISIÈME   PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  229 


TROISIÈME   PARTIE. 

DISCUSSION     GÉOMÉTRIQUE    DES    ÉQUATIONS     ALGÉBRIQUES 

A   DEUX   VARIABLES. 


CHAPITRE    PREMIER. 

Considérations  générales. 

77.  A  la  manière  dont  jusqu'ici  on  s'est  borné  à  concevoir 
cette  j^arlie  essentielle  de  la  géométrie  plane,  elle  constitue 
seulement  Papplication  générale  de  l'ensemble  des  méthodes 
que  nous  venons  d'établir  àla  détermination  caractéristique  de 
la  vraie  figure  d'une  courbe  d'après  son  équation.  Sans  exiger 
proprement  aucun  nouveau  principe,  cette  partie  ne  se  distin- 
guera ainsi  de  la  précédente  que  par  la  combinaison  spontanée 
et  continue  des  diverses  théories  qui  ont  été  ci-dessus  consi- 
dérées séparément,  et  qu'il  faut  maintenant  faire  concourir  à 
l'appréciation  progressive  des  formes  correspondantes  aux  dif- 
férentes équations,  en  apprenant  surtout  à  perfeclionner  les 
unes  par  les  autres  ces  indications  distinctes,  qui  pourront 
souvent  se  suppléer  mutuellement.  C'est  dans  le  sentiment  fa- 
milier d'une  telle  solidarité  générale  que  consiste  la  principale 
utilité  de  cette  nouvelle  élude,  communément  très-imparfaite, 
et  à  défaut  de  laquelle  on  ne  saurait  pourtant  obtenir  qu'une 
insufQsante  manifestation  du  véritable  esprit  de  la  géométrie 
analytique. 


230  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Pour  caractériser  d'abord  convenablement  la  marche  fonda- 
mentale que  doit  toujourssuivre  la  discussion  géométrique  des 
équations,  il  y  faut  distinguerici  deux  degrés  essentiels  néces- 
sairement consécutifs,  Tun  relatif  à  l'ordonnée,  Tautre  à  la 
tangente.  Le  premier  degré,  base  indispensable  de  l'ensemble 
de  la  discussion,  consiste  surtout,  non  à  examiner  minutieuse- 
ment quelques  points  pai*ticuliers,  comme  on  a  coutume  de  le 
faire  presque  au  hasard,  mais  à  saisir  nettement  le  mode  gé- 
néral de  variation  derordonnéed^aprèsTabscisse.  Cette  appré- 
ciation se  compose  essentiellement  de  deux  parties  successives, 
l'une  où  Ton  détermine  d'abord  entre  quels  intervïdles  l'or- 
donnée sera  réelle,  l'autre  où  l'on  discute  ensuite  en  quel  sens 
et  avec  quel  signe  varie  sa  grandeur  pour  chaque  intervalle  de 
réalité,  sans  plus  s'occuper  de  ceux  où  elledevientimaginaire. 
On  connaît  ainsi,  en  premier  lieu,  si  la  courbe  e&t  limitée  ou 
illimitée,  continue  ou  discontinue  ;  en  second  lieu,  si  elle  est 
ascendante  ou  descendante,  et  si  elle  traverse  ou  non  les  axes 
coordonnés.  Chacune  de  ces  deux  parties  delà  discussion  fon- 
damentale de  l'ordonnée  donne  lieu  d'ailleurs  le  plus  souvent  à 
un  complément  naturel,  consistant  à  déterminer,  autant  que 
possible,  les  points  particuliers  où  s'opèrent  ces  différents  pas- 
sages de  la  réalité  àl'imaginarité,  de  l'ascension  à  la  descente, 
d'un  côté  de  l'axe  à  Vautre  côté.  Il  convient  alors  de  résumer 
l'ensemble  de  cette  première  appréciation  par  la  figure  la  plus 
simple  qui  puisse  convenablement  satisfaire  aux  divers  ren- 
seignements ainsi  obtenus  ;  suivant  l'important  précepte  logi- 
que, mentionné  dans  la  première  partie  de  ce  traité,  sur  la  né- 
cessité d'introduire  le  plus  promptement  possible  une  hypothèse 
propre  à  lier  tous  les  documents  déjà  recueillis,  saufà  la  mo- 
difier ensuite  d'après  de  nouvelles  informations. 

Quoique  cette  discussion  de  l'ordonnée  puisse  quelquefois 
suffire  à  caractériser  nettement  la  vraie  figure  générale  d'une 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  231 

courbe,  cependant  elle  laissera  presque  toujours,  sur  le  sens 
effectif  de  sa  courbure,  une  incertitude  radicale,  qui  ne  saurait 
être  dissipée  que  par  un  second  degré  de  discussion,  relatif  au 
mode  de  variation  de  la  tangente  dans  les  diverses  parties  de  la 
ligne.  La  méthode  naturelle  que  nous  avons  d*abord  employée 
pour  décider  si  une  courbe  est  concave  ou  convexe  vers  un  axe, 
en  comparant  son  ordonnée  à  celle  d'une  corde  convenablement 
choisie,  conduirait  le  plus  souvent  à  des  calculs  beaucoup  trop 
compliqués.  Or,  celte  comparaison  spontanée  entre  deux  fonc- 
tions distinctes  peut  être  maintenant  remplacée  par  une  com- 
paraison équivalente,  non  moins  générale,  mais  bien  plus  fa- 
cile, entre  les  valeurs  successives  d'une  même  fonction,  celle 
qui  exprime,  en  chaque  point,  le  coefficient  angulaire  de  la 
tangente  correspondante.  Car,  en  supposant,  pour  mieux  fixer 
les  idées,  que  l'ordonnée  croisse  avec  Tabscisse,  il  est  clair  que, 
si  la  courbe  est  concave  vers  Taxe,  Tinclinaison  de  la  tan- 
gente diminuera  toujours,  avec  ou  sans  limite  d'ailleurs,  à 
mesure  que  la  courbe  s'élèvera  ;  tandis  que,  si  la  courbe  est 
convexe,  cet  an|le  ira,  au  contraire,  en  augmentant.  Quand 
la  courbe  descend,  le  symptôme  se  trouve  inverse,  mais  pa- 
reillement décisif  :  l'angle,  dès  lors  obtus,  que  fait  la  tangente 
avec  l'axe  se  rapproche  ou  s'éloigne  de  l'angle  droit  à  mesure 
que  l'abscisse  augmente,  suivant  que  la  courbe  est  concave  ou 
convexe.  Ainsi,  le  mode  général  de  variation  du  coefficient 
angulaire  de  la  tangente  est  toujours  propre  à  déterminer  le 
vrai  sens  de  la  courbure,  sans  qu'il  convienne  d'ailleurs  d'ar- 
rêter d'avance,  à  cet  égard,  aucune  formule  spéciale,  qui  ne 
saurait  également  s'adapter  aux  diverses  applications. 

Ce  seconddegré  général  de  la  discussion  géométrique  des  équa- 
tions indique  d'abord  certains  points  remarquables,  qui  com- 
plètent naturellement  la  discussion  de  l'ordonnée,  en  faisant 
connaître  les  maxima  ou  minima  des  deux  variables  simulta- 


232  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

nées,  d'après  les  tangentes  parallèles  aux  axes,  comme  je  Tai 
expliqué)  en  principe,  en  exposant  Tapplication  de  la  théorie 
des  tangentes  à  cette  importante  recherche  analytique.  Mais, 
outre  ces  points,  qui  appartiennent  proprement  au  premier 
degré  de  discussion,  la  marche  des  tangentes  introduira  spon- 
tanément la  détermination  d'une  autre  sorte  de  points,  qui  s'y 
rapporte  spécialement,  ceux  où  la  courbure  change  de  sens. 
Quand  une  courbe  est  sinueuse,  chacune  de  ses  inflexions  ^^ 
trouve,  en  effet,  caractérisée,  d'aprèsTexplication  précédente, 
par  un  état  maximum  ou  minimum  de  la  fonction  qui  mesure 
rinclinaison  de  la  tangente  sur  Taxe  ;  puisque  c'est  alors  que 
cette  fonction  passe  de  Taccroissement  au  décroissement,  ou 
en  sens  inverse  selon  la  position  de  la  figure.  On  pourra  donc 
découvrir  ces  points  d'inflexion  en  appliquant  au  coefficient 
angulaire  de  la  tangente  les  méthodes  que  Ton  jugera  conve- 
nables pour  en  déterminer  les  maxima  ou  minima.  Suivant  les 
principes  que  nous  avons  établis  à  ce  sujet,  on  pourrait  consi- 
dérer le  caractère  analytique  de  ces  points  comme  consistant, 
en  général,  dans  l'annulation  de  là  seconde  dérivée  de  la  fonc- 
tion relative  à  l'ordonnée,  sous  la  réserve  habituelle  des  excep- 
tions propres  à  cette  théorie.  Mais,  soit  que  nous  puissions 
immédiatement  appliquer  un  tel  caractère,  soit  que,  comme  il 
arrivera  le  plus  souvent,  nous  soyons  forcés  de  suivre,  à  cet 
égard,  les  détours  algébriques,  déjà  expliqués,  qu'impose  la 
faible  instruction  analytique  exigée  dans  ce  traité,  ce  sera 
toujours  d'après  une  semblable  considération  géométrique  que 
nous  procéderons  ici  à  la  recherche  de  ces  points  remar- 
quables. 

A  ces  deux  degrés  essentiels  de  la  discussion  géométrique 
seule  accessible  à  l'analyse  ordinaire,  Tanîilyse  transcendante 
en  joindra  ultérieurement  un  troisième,  destiné  à  compléter  le 
second,   comme  celui-ci  aura  déjà  complété  le  premier,  en 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  233 

appréciant  le  mode  général  de  variation  de  la  courbure,  consi- 
dérée, non  plus  seulement  dans  sa  direction  concave  ou  con- 
vexe, mais  aussi  dans  son  intensité  plus  ou  moins  grande. 
Nous  ne  pourrons  ici  instituer,  à  cet  égard,  qu'une  première 
ébauche,  nécessairement  vague  et  imparfaite,  en  examinant 
les  changements  plus  ou  moins  rapides  qu'éprouve  rinclinaison 
de  la  tangente.  Là  où  cet  angle  variera  beaucoup  dans  un  petit 
intervalle,  nous  jugerons  la  courbure  très  prononcée  en  géné- 
ral ;  quand,  au  contraire,  il  changera  peu  entre  deux  sinuosités 
fort  écartées,  nous  conclurons  aune  faible  courbure.  Mais  ces 
insufBsantes  indications,  les  seules  que  fournisse,  à  ce  sujet, 
l'analyse  ordinaire,  ne  sauraient  d'ailleurs  nous  permettre 
nullement  ni  de  mesurer  ces  inégalités  de  courbure,  ni  de 
distinguer  ce  qui  s'y  rapporte  aux  divers  points  de  chaque 
branche.  C'est  Punique  aspect  sous  lequel  nos  figures  devront 
ici  rester  ordinairement  indécises,  jusqu'à  ce  que  l'analyse 
transcendante  ait  mis  le  lecteur  en  état  d'aborder  une  telle 
appréciation,  où  elle  est  essentiellement  indispensable. 

Les  diverses  indications  géométriques  relatives  à  nos  diffé- 
rentes théories  générales  viendront  d'ailleurs  se  grouper  spon- 
tanément, selon  leur  nature,  autom*  de  l'un  ou  de  l'autre  de 
ces  deux  degrés  nécessaires  que  nous  venons  de  distinguer  dans 
la  discussion  des  équations.  A  la  discussion  fondamentale  de 
l'ordonnée,  se  rattachera  naturellement,  quandil  y  aura  lieu, 
la  considération  des  diamètres  ainsi  que  celle  des  centres.  De 
même  la  discussion  complémentaire  de  la  tangente  conduira 
habituellement  à  la  détermination  des  asymptotes,  quand  l'exa- 
men de  l'ordonnée  ne  les  aura  pas  directement  indiquées. 

Suivant  ces  explications  générales  sur  la  marche  nécessaire 
de  la  saine  discussion  géométrique  des  équations,  cette  troi- 
sième partie  essentielle  de  notre  étude  doit  surtout  consister  en 
une  suite  d'exemples  convenablement  choisis,  propres  à  bien 

9S 


234  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

caractériser  rapplication  familière  de  ces  principes  incontes- 
tables, qui,  comme  tous  les  préceptes  logiques,  malgré  leur 
immédiate  évidence,  ne  sauraient  être  suffisamment  appréciés 
que  d*aprës  un  judicieux  exercice.  Toutefois,  afln  d'éviter 
d'inutiles  développements,  je  me  bornerai  ici  aux  exemples 
susceptibles  de  faire  nettement  ressortir  les  diverses  difficultés 
d'un  tel  travail,  en  les  coordonnant  d'ailleurs  de  manière  à 
permettre  aisément  la  formation  de  nouveaux  cas,  dont  je  ré- 
serverai ensuite  au  lecteur  l'examen  spontané.  Rien  n'est  plus 
propre  que  de  pareils  exercices,  bien  conçus  et  bien  dirigés, 
non-seulement  à  faire  profondément  sentir  le  vrai  génie  de  la 
géométrie  analytique,  mais  aussi  à  réaliser  directement  cette 
universelle  préparation  logique  qui  constitue,  au  fond,  la 
principale  utilité  finale  de  l'initiation  mathématique.  Car,  une 
telle  élaboration  tend  spécialement  audéveloppementrudimen- 
taire  de  l'esprit  d'ensemble,  jusqu'ici  trop  rare  chez  les  géo- 
mètres, en  habituant  à  faire  exactement  converger  toutes  les 
diverses  déterminations  analytiques  vers  un  même  résultat 
synthétique,  d'abord  confusément  entrevu,  etensuite  graduel- 
lement ébauché,  à  mesure  que  les  renseignements  s'accumu- 
lent, en  necompliquantjamais  l'hypothèse  primitive  qu'autant 
que  Pexige  la  nécessité  de  satisfaire  à  toutes  les  informations 

recueillies. 

78.  Pour  diriger  le  choix  rationnel  des  exemples  successifs 
qui  doivent  ici  caractériser  la  discussion  géométrique  des 
équations  algébriques,  il  serait  nécessaire  d'établir  des  prin- 
cipes généraux  sur  la  classification  naturelle  des  courbes  cor- 
respondantes. Or,  c'est  là  que  se  manifeste,  chez  les  esprits 
convenablement  préparés,  l'extrême  imperfection  actuelle  de 
cette  troisième  partie  essentielle  de  la  géométrie  analytique, 
qui,  sous  ce  rapport,  n'est  pas  encore  sortie  de  l'enfance  ;  à 
tel  point  que  la  plupart  des  géomètres,  même  éminents, n'ont 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  235 

pas  seulement  compris  jusqu'à  présent  quels  sont,  à  cet  égard, 
les  vrais  besoins  de  la  science,  faute  d'une  disposition  philoso- 
phique qui  ne  peut  être,  à  ce  sujet,  suffisamment  développée 
que  sous  des  inspirations  logiques  émanées  des  plus  hautes 
parties  de  Tétude  des  corps  vivants,  unique  source  spontanée 
des  véritables  principes  relatifs  à  la  théorie  universelle  des 
classifications  quelconques. 

Dès  Torigine  de  la  géométrie  analytique,  les  habitudes  algé- 
briques ontinvolon  tairement  conduit  à  classer  les  courbes  planes 
d'après  les  degrés  de  leurs  équations  rectihgnes,  sans  qu'on  ait 
jamais  examiné  directement  si  ce  classement  empirique  peut 
aucunement  satisfaire  aux  conditions  essentielles  que  la  raison 
impose  en  une  telle  opération.  Il  est  néanmoins  évident,  en 
principe,  que  les  motifs  qui,  en  algèbre,  ont  insph*é  et  main- 
tenu une  telle  classification  ne  sauraient  nullement  sufQre  pour 
la  transporter  en  géométrie.  Car,  ils  se  rapportent  essentielle- 
ment à  la  difficulté  croissante  que  doit  nécessairement  offrir,  à 
mesure  que  le  degré  s'élève,  la  résolution  des  équations,  objet 
final  des  spéculations  algébriques.  Or,  cette  distinction  ne  com- 
porte, par  sa  nature, aucune  importance  géométrique,  puisque 
le  lieu  d'une  équation  est^  comme  nous  l'avons  reconnu  au 
début  de  ce  traité,  radicalement  indépendant  de  sa  forme  ac- 
tuelle :  en  géométrie,  l'équation  est  habituellement  conçue  ré- 
-solue,  sans  qu'il  faille  s'y  enquérir  aucunement  de  l'embarras, 
.  purement  analytique,  que  peut  susciter  la  réalisation  d'un  tel 
projet.  Le  degré  d'une  équation  n'a,  par  lui-même,  d'autre 
influence  géométrique  que  d'indiquer  une  limite  supérieure  du 
nombre  de  points  en  ligne  droite  que  comporte  la  courbe  cor- 
respondante. Mais  cette  considération,  qui  pourrait  acquérir  une 
véritable  importance,  en  signalant  le  nombre  des  sinuosités,  si 
une  telle  indication  était  plus  précise,  ne  peut  nullement  de- 
venir un  principe  de  classement,  vu  son  incertitude  radicale. 


236  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Il  existe,  par  exemple,  dans  tous  les  degrés  pairs,  des  courbes 
que,  comme  les  sections  coniques,  aucune  droite  ne  saurait 
couper  en  plus  de  deux  points. 

CetteinsufQsance nécessaire  du  classement  empirique  adopté 
spontanément  par  les  géomètres  pour  les  courbes  algébriques 
est  aisément  vérifiable  en  plusieurs  cas  décisifs,  quoique  Tétude 
comparative  de  ces  diverses  figures  ne  soit  pas  encore  conve- 
nablement instituée,  ni  même  judicieusement  conçue  dans 
son  ensemble.  On  peut,  en  effet,  constater  souvent  qu'un  tel 
classement  rompt  directement  toutes  les  analogies  essentielles, 
et  qu'il  conduit  aussi  à  de  vicieux  rapprochements.  Dans  tous 
les  degrés,  et  sans  môme  excepter  le  second,  les  vrais  analo- 
gues géométriques  de  chaque  courbe  se  trouvent  fréquemment 
parmi  des  lignes  de  beaucoup  d'autres  degrés,  tandis  que  celles 
du  degré  correspondant  en  diffèrent,  au  contraire,  essentielle- 
ment :  double  confirmation,  spontanément  développée  dans 
toute  cette  troisième  partie,  de  l'inanité  radicale  d'un  tel  clas- 
sement. Malgré  l'habitude  invétérée,  transmise,  sous  de  nou- 
velles formes,  des  anciens  aux  modernes,  qui  rapproche  essen- 
tiellement l'ellipse,  d'une  part  de  la  parabole,  et  d'une  autre  part 
de  l'hyperbole,  nous  allons  spécialement  reconnaître,  au  cha- 
pitre suivant,  que,  si  l'on  considère  l'ensemble  des  rapports, 
sans  se  préoccuper  d'aucun  rapprochement  exclusif,  les  véri- 
tables affinités  géométriques  de  la  parabole  ou  de  Thyperbole 
existent  surtout  envers  certaines  courbes  dispersées  parmi  tous 
les  degrés  algébriques,  bien  davantage  qu'envers  les  courbes  du 
second  degré.  Plus  on  méditera  sur  ce  grand  sujet  de  philoso- 
phie géométrique,  à  peine  entrevu  jusqu'ici,  mieux  on  sentira- 
que  la  classification  des  courbes  planes  d'après  les  degrés  de 
leurs  équations  n'est  pas  plus  rationnelle,  au  fond,  que  ne  le 
serait.une  classification  zoologique  fondée  sur  la  couleur  ou  sur 
la  taille,  etc.,  indépendamment  de  toute  profonde  comparaison 
organique. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  237 

Malheureusement,  Tétat  présent  de  la  géométrie  ne  permet 
pas  de  remplacer  encore  ce  vain  classement  empirique  par  une 
conception  vraiment  rationnelle.  Depuis  Descartes,  on  a  dû 
s'occuper  exclusivement  de  constituer,  sous  son  inspiration 
fondamentale,  la  géométrie  générale  proprement  dite,  en 
établissant  les  méthodes  analytiques,  élémentaires  ou  transcen- 
dantes, propres  aux  différentes  recherches  auxquelles  toute 
figure  géométrique  peut  donner  lieu.  Quant  à  ce  qu'on  doit 
nommer  la  géométrie  comparée,  qai  ne  peut  résulter  que  d'une 
application  comparative  de  Tensemble  de  ces  méthodes  aux 
diverses  formes  possibles,  Fexîstence  n'en  est  pas  même  soup- 
çonnée encore  :  elle  ne  pourra  d'ailleurs  être  conçue  que  lors- 
qu'une plus  forte  éducation  philosophique  aura  suffisamment 
introduit  chez  les  géomètres  le  sentiment,  développé  jusqu'ici 
par  les  seuls  naturalistes,  du  véritable  esprit  de  la  théorie  lo- 
gique des  classifications  quelconques  ;  comme  je  Tai  établi  en 
divers  lieux  de  mon  Système  de  philosophie  post/ive.  J'explique- 
rai soigneusement,  dans  la  dernière  partie  de  ce  traité,  com- 
ment la  grande  conception  de  Monge  sur  les  familles  de  surfaces 
a  commencé  spontanément  à  ébaucher  la  constitution  directe 
de  la  géométrie  comparée.  Mais  ce  germe  fondamental,  d'ail- 
leurs si  mal  apprécié  jusqu'ici,  et  dont  Lagrange  seul  a  digne- 
ment pressenti  l'importance,  ne  convient  réellement  qu'aux  sur- 
faces, et  ne  saurait  fournir  aucune  indication  relative  aux 
courbes.  Ainsi,  sous  cet  aspect  capital,  je  ne  puis  ici  que  si- 
gnaler, dans  la  géométrie  actuelle^  une  immense  lacune  géné- 
rale, habituellement  inaperçue.  L'ordre  fondamental  de  con- 
ceptions géométriques  qui  est  naturellement  propre  à  cette 
troisième  partie  essentielle  de  notre  étude,  et  qui  pourrait  lui 
procurer  à  la  fois  tant  d'intérêt  philosophique  et  tant  d'exten- 
sion scientifique,  nous  manque  donc  encore  totalement. 

Dans  une  telle  situation,  l'impossibilité  évidente  d'adopter 


238  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

ici  le  classement  empirique  des  courbes  algébriques  suivant  les 
degrés  de  leurs  équations  rectilignes,  nous  impose  l'inévitable 
obligation  de  recourir  à  un  expédient  provisoire,  pour  coor- 
donner nos  divers  exemples  de  discussion  géométrique  d*aprës 
un  principe  analytique  qui,  sans  pouvoir  réellement  suffire, 
puisse  toutefois,  judicieusement  employé,  nous  mieux  guider 
que  cette  vaine  considération  primitive.  J'ai  cru  devoir 
adopter,  à  cet  effet,  la  distinction  fondée  sur  le  nombre  des 
termes,  mais  sans  retendre  au  delà  de  quatre,  nombre  total 
des  diverses  sortes  de  termes  propres  aux  équations  algébri- 
ques. Nous  discuterons  donc  d'abord  les  équations  binômes, 
ensuite  les  équations  trinômes,  et  enfin,  sous  le  nom  d'équa- 
tions polynômes,  toutes  celles  qui  contiennent  plus  de  trois 
termes,  quel  que  soit  d'ailleurs  leur  nombre,  qui  dès  lors  n'a 
plus,  en  général,  aucune  haute  importance  géométrique.  Mais, 
en  utilisant  une  telle  distinction,  le  lecteur  ne  devra  jamais 
oublier  qu'elle  répose  sur  un  principe  radicalement  insuffisant, 
qui  ne  peut  aucunement  dispenser  de  l'élaboration  ultérieure 
d'un  sujet  aussi  difficile  qu'important,  dont  je  voudrais  surtout 
rappeler  ainsi  la  destination  caractéristique.  Cette  classifica- 
tion provisoire  ne  sera  vraiment  satisfaisante  que  pour  notre 
premier  ordre,  où  nous  allons,  en  effet,  reconnaître  les  seuls 
exemples  bien  constatés  jusqu'ici  de  l'existence  des  familles 
pleinement  naturelles  parmi  les  courbes  planes. 


TROISIÈME  PARTIIS,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  239 


CHAPITRE   IL 

Courbes  binômes. 

79.  Cette  première  classe  comprend  nécessairement  deux 
sortes  d'équations  :  les  unes,  de  la  forme  y» = oa:»,  composées 
d'un  terme  en  y  et  d'un  terme  en  x\  les  autres,  de  la  forme 
yff>â:"B=  a,  contenant  un  terme  en  ^r  et  y  avec  un  terme  constant. 
Quoique  le  second  type  puisse  algébriquement  rentrer  dans  le 
premier,  en  supposant  négatif  l'un  des  exposants,  ladistinction, 
sous  quelque  forme  analytique  qu'on  la  conçoive,  n'en  est  pas 
moins  indispensable  sous  l'aspect  géométrique.  Il  en  résulte 
deux  familles  de  courbes  essentiellement  différentes,  qu'on 
désigne  communément  par  les  dénominations  de  paraboles  et 
d'hj/perbolesy  empruntées  aux  genres  les  plus  simples  et  les 
mieux  connus. 

Etudions  d'abord  la  première  famille,  où  la  courbe  est  en- 
gendrée par  un  point  dont  les  distances  à  deux  axes  rectangu- 
laires varient  de  telle  manière  que  deux  de  leurs  puissances 
soient  constamment  proportionnelles.  De  toutes  les  définitions 
de  courbes,  c'est  assurément  celle  qui  diffère  le  moins  de  la  dé- 
finition analytique  de  la  ligne  droite,  qui  s'y  trouverait  même 
comprise  en  cas  d'égalité  entre  les  deux  exposants.  Aussi,  en 
considérant  l'ensemble  des  aspects  géométriques,  pourra-t-on 
reconnaître  que  ce  groupe  de  courbes  planes  est,  au  fond,  le 
plus  simple  et  le  mieux  connu.  Pour  l'apprécier  convenable- 
ment, il  faut  distinguer  deux  cas  essentiels,  selon  que  les  expo- 
sants sont  tous  deux  impairs,  ou  l'un  pair  et  l'autre  impair  ; 
ils  ne  peuvent  d'ailleurs  être  simultanément  pairs. 


240  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Dans  le  premier  cas,  représenté  par  le  type  y2»H-i  4,  ax^'^^^ 
d'où  y  =  X  lax^-^^.  la  discussion   fondamentale  de  Tor- 


"V 


donnée  montre  aussitôt  que  la  courbe  est  toujours  illimitée  en 
tous  sens  et  continue,  puisque  les  racines  impaires  ne  sont  ja- 
mais susceptibles  d'imaginarité.  En  même  temps,  ces  racines 
ne  comportant  qu'une  seule  valeur  réelle,  de  même  signe  que 
la  puissance  correspondante,  la  courbe  se  composera  de  deux 
branches  opposées,  situées  dans  les  deux  régions  impaires  du 
plan  ou  dans  les  deux  régions  paires,  selon  que  le  paramètre 
a  sera  positif  ou  négatif.  Ces  deux  parties  seront,  du  reste,  par- 
faitement identiques,  puisque  le  changement  simultané  du 
signe  des  deux  coordonnées  n'altère  nullement  l'équation,  en 
sorte  que  la  courbe  aura  pour  centre  l'origine,  qui  sera  d'ailleurs 
un  point  d'inflexion  :  la  langue  géométrique  manque  ici  d'un 
terme  propre  à  qualifler  cette  identité  entre  deux  branches 
opposées,  qui  coïncideraient  d'après  un  double  repli  de  la  i)gure 
successivement  selon  chaque  axe;  tandis  que  le  mot  symétrie  y 
est  depuis  longtemps  consacré  à  désigner  l'identité  entre  deux 
branches  adjacentes,  susceptibles  de  coïncidence  par  un  seul 
pli.  Enfin,  chacune  de  ces  deux  moitiés  de  la  courbe  s'éloi- 
gnera continuellement  des  deux  axes  à  la  fois,  quoiqu'avec  une 
inégale  rapidité,  suivant  la  grandeur  relative  des  deux  expo- 
sants. Mais,  conformément  aux  réflexions  générales  du  chapitre 
précédent,  on  voit  que  cette  première  discussion  laisse  entiè- 
rement indécis  le  sens  de  la  courbure  dans  l'une  ou  l'autre 
branche,  qui  pourrait  être  indifféremment  concave  ou  convexe 
vers  l'axe  des  or,  ou  même  très-sinueuse,  sans  cesser  de  satis- 
faire à  l'ensemble  des  documents  ainsi  directement  émanés  de 
Tordonnée.  On  ne  peut  dissiper  cette  incertitude  que  d'après 
l'examen  de  la  tangente.  En  appliquant  la  règle  ordinaire,  on 

(2n  +  i)  ax^ 
trouve  ICI  tang  a  =  ^- — '.  ;,    ^  ;  mais,  comme  rr  et  y  va- 

^  (2m +  1)2/2»'  ^ 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE   DEUXIÈME.  241 

Tient  en  même  sens,  on  ne  peut  juger  la  marche  d'une  telle 
fonction  sans  y  tout  rapporter  à  la  variable  indépendante,  ce  qui 

donne  tang  a  =  ^     ,   ,  a'w+i  x  ^w+i  .  Cette  fonction  sera  évi- 

2fii-f-i 

demment  toujours  croissante  ou  toujours  décroissante,selon  que 
n  sera  supérieur  ou  inférieur  à  m.  Ainsi,  la  courbe  est  con- 
stamment convexe  vers  Taxe  correspondant  au  plus  haut  expo- 
sant, et  qui  constitue  sa  première  tangente  :  elle  n'a  jamais 
d'autre  sinuosité  que  celle  relative  à  son  centre,  conformément 
à  la  figure  48,  où  Ton  a  supposé  n^m.  La  valeur  extrême  de 
tang  a  étant  ainsi  nulle  ou  infinie,  on  conçoit  d'ailleurs  que 
cette  courbe  ne  saurait  avoir  aucune  asymptote  rectiligne;  car, 
elle  n'en  pourrait  dès  lors  admettre  que  de  parallèles  à  l'un 
des  deux  axes,  ce  qui  ne  peut  s'accorder  avec  son  extension 
indéfinie  suivant  chacun  d'eux.  Une  telle  courbe,  quel  que  soit 
son  degré,  ne  pourra  jamais  être  coupée  qu'en  un  ou  trois 
points  par  aucune  droite,  sauf  ses  tangentes  qui  auront  avec 
elle  deux  points  communs,  l'un  de  contact,  l'autre  d'intersec- 
tion. Les  valeurs  des  deux  exposants  m  et  n  ne  sauraient  évi- 
demment exercer  qu'une  influence  secondaire  sur  sa  forme 
générale,  en  sorte  que  toutes  les  courbes  ainsi  obtenues,  d'a- 
près tous  les  exposants  possibles,  constitueront  certainement 
un  même  genre  pleinement  naturel.  On  ne  pourra  point  cepen- 
dant les  concevoir  de  mtma  espèce,  si,  comme  la  raison  l'exige, 
on  définit  l'espèce,  en  géométrie  comparée,  d'après  la  simili- 
tude rigoureuse  des  figures  correspondantes.  Il  n'y  aura  donc 
une  véritable  identité  d'espèce,  entre  deux  courbes  de  ce  genre, 
qu'autant  que  les  deux  exposants  y  présenteront  les  mêmes 
valeurs  quelconques,  sans  aucune  autre  diversité  qye  celle  du 
paramètre  a. 

Considérons,  maintenant,  le  cas  où  l'un  des  exposants  est 
pair  et  l'autre  impair,  suivant  le  type  yaiwa-,  ^j^sn+i^  d'où 


^2  GÉOMÉTRIE  PLANE. 


Sm 


yB=s±^  ax^^^.  L'ordonnée  devient  alors  susceptible  d'ima- 
ginarité,  et  ne  peut  être  réelle  qu'autant  que  a:  a  le  même 
signe  que  a  :  ainsi  la  courbe  est  limitée  dans  un  sens  et 
illimitée  dans  l'autre.  En  même  temps,  ebaque  ordonnée 
réelle  a  nécessairement  deux  valeurs  égales  au  signe  près  ; 
en  sorte  que  la  courbe  se  compose  encore  de  deux  branches, 
mais  placées  dans  les  deux  régions  adjacentes,  et  d'ailleurs 
parfaitement  symétriques  autour  de  Taxe  qui  les  sépare, 
chacune  d'elles  s'éloignant,  du  reste,  continuellement  des 
deux  axes  à  la  fois.  Telles  sont  les  indications  fondamentales 
que  fournira  toujours  ici  la  marche  générale  de  l'ordonnée, 
quelles  que  soient  les  valeurs  des  deux  exposants  m  etn.  Mais 
la  discussion  de.  la  tangente  va  dévoiler  la  nécessité  de  distin- 
guer, dans  ce  cas  qui  paraît  unique,  deux  genres  vraiment 
différents,  selon  que  le  degré  de  l'équation  sera  pair  ou  impair. 
Car,  on  obtient  alors,  pour  le  coefficient  angulaire  de  la  tan- 

gente,  l'expression  finale  tang  a  =  —r —  ^**"  ^  .  Si 

donc  l'équatioû  est  de  degré  pair,  c'est-à-dire  si  2m  surpasse 
27i-}-l, l'exposant  total  de  a:  y  étant  négatif,  cette  fonction  sera 
indéfiniment  décroissante,  et  la  courbe  tournera  constamment 
sa  concavité  vers  son  axe,  qui  constituera  sa  première  normale, 
comme  dans  la  parabole  proprement  dite,  qui  appartient  évi- 
demment à  ce  genre.  Quand,  au  contraire,  le  degré  de  l'équa- 
tion sera  impair,  la  fonction  croîtra  continuellement  et  sans 
limite,  en  sorte  que  la  courbe  deviendra  toujours  convexe  vers 
son  axe  qui  lui  sera  tangent.  L'origine  sera  un  sommet  pro- 
prement dit  dans  le  premier  cas,  et  un  point  de  rebroussement 
dans  le  second.  Du  reste,  ces  deux  sortes  de  courbes  ne  sau- 
raient comporter  davantage  que  celles  du  genre  primitif, 
l'existence  d'aucune  asymptote  rectiligne:  elles  sont  d'ailleurs 
évidemment  dépourvues  de  centre.  On  aura  donc  les  deux 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈME.  243 

formes  générales  indiquées  par  les  figures  49  et  50,  selon  que 
l'exposant  pair  sera  supérieur  ou  inférieur  à  l'exposant  impair. 
La  première,  quel  que  soit  son  degré,  ne  peut  être  coupée  en 
plus  de  deux  points  par  aucune  droite,  en  sorte  que  les  tan- 
gentes n'y  rencontrent  qu'une  seule  fois  la  courbe  ;  dans  la 
seconde,  toute  droite  coupera  en  un  ou  trois  points,  et  chaque 
tangente  en  deux  points  :  ces  diversités  géométriques  sont  en 
pleine  harmonie  avec  la  notion  algébrique  relative  au  nombre 
constamment  pair  des  racines  imaginaires. 

Tels  sont  les  trois  genres  parfaitement  naturels  qui  com- 
posent la  famille  des  paraboles,  où  chaque  courbe  ressemble 
certainement  davantage,  sous  les  divers  aspects  essentiels,  à 
toutes  celles  du  même  groupe  qu'à  aucune  de  celles  d'un  autre 
groupe,  sans  nul  égard  au  degré,  dont  la  faible  influence  géomé- 
triqueestréellementbornée  àlaseule  détermination  des  espèces, 
conformément  aux  réflexions  générales  du  chapitre  précédent. 

80.  La  seconde  famille  des  courbes  binômes  ne  diffère  de  la 
première  qu'en  ce  que  la  raison  directe  des  deux  puissances 
constamment  proportionnelles  s'y  trouve  changée  en  raison  in- 
verse. Mais  ce  simple  changement  analytique  détermine,  sous 
l'aspect  géométrique,  une  diversité  très-prononcée  entre  les 
hyperboles  et  les  paraboles.  Supposons  d'abord,  comme  dans 
l'autre  cas,  que  les  deux  exposants  soient  impairs,  ce  qui 
correspond  ici  aux  hyperboles  de  degré  pair,  suivant  le  type 

ajîn+i  y2«.-hi  c=  a,  d'où  y  =  y  ^jip- 

La  discussion  fondamentale  de  l'ordonnée  sera  la  même  qu'au- 
paravant, quant  à  la  réalité  et  au  signe  ;  en  sorte  que  la  courbe 
se  composera  encore  de  deux  branches  opposées  et  identiques, 
ayant  toujours  l'origine  pour  centre.  Mais,  en  ce  qui  concerne 
la  grandeur,  la  marche  sera  évidemment  inverse;  puisque 


244  GfeOMÉTRIE  PLANE. 

Tordonnée  décroît  ici  lorsque  Tabscisse  augmente,  et  récipro- 
quement, sans  que  ces  variations  admettent  d'ailleurs  aucune 
limite  :  chacun  des  axes  est  donc  alors  une  asymptote  de  la 
courbe.  Quant  au  sens  de  la  courbure,  déjà  indiqué  par  ce 
double  asymptotisme  pour  la  majeure  partie  du  cours,  il  est 
aisé   de  reconnaître  qu'il  ne  changera  jamais  :  car,  on  a 

tang  a  =  —  - — r—  -  ;  et,  par  suite,  ce  coefficient  angulaire 

diminue  continuellement  si  x  augmente  ;  ce  qui  exclut  toute 
sinuosité,  conformément  à  la  figure  51. 

Ce  premier  genre  comprend  évidemment  Thyperbole  pro- 
prement dite,  quand  les  deux  exposants  sont  égaux,  en  sorte 
que  Téquation  soit  réductible  à  la  forme  .5cy=a,  qui  serait 
nécessairement  celle  de  l'hyperbole  ordinaire,  définie  au  n°  19, 
si  on  prenait  pour  axeè  les  deux  asymptotes  que  nous  lui  avons 
déjà  reconnues,  comme  nous  l'expliquerons  d'ailleurs  spécia- 
lement en  son  lieu.  Dans  cette  espèce  primordiale,  Téquation 
présente  une  propriété  très-remarquable,  qui  ne  saurait  au- 
trement exister,  en  vertu  de  sa  symétrie  parfaite  entre  les  deux 
variables.  Il  importe  de  remarquer  ici,  à  cette  occasion,  qu'un 
tel  caractère  analytique  indique,  en  général,  la  symétrie  géo- 
métrique de  la  courbe  correspondante  autour  de  la  bissectrice 
du  premier  angle  des  axes:  car,  tous  les  points  étant  ainsi  sus- 
ceptibles deux  à  deux  de  coordonnées  réciproques,  on  en  con- 
clut aisément  que  leurs  distances  à  l'origine  sont  deux  à  deux 
égales  et  d'ailleurs  pareillement  inclinées  sur  cette  bissectrice, 
envers  laquelle  ils  se  trouvent  donc  symétriquement  disposés. 
Comme,  en  outre,  l'équation  actuelle  ne  change  pas  non  plus 
en  changeant  y  en  —  a:  et  a:  en  —  y,  un  semblable  raison- 
nement prouve  que  la  courbe  est  aussi  symétrique  autour  de 
la  seconde  bissectrice,  conformément  à  l'identité  générale  des 
deux  branches.  On  ne  peut  douter  que  jcette  double  symétrie 


TROISIÈME   PARTIE,    CHAPITRE    DEUXIÈliE.  245 

« 

ne  soit  particulière  à  Thyperbole  du  second  degré  :  car,  d'après 
la  pai'ité  nécessaire  qui  doit  toujours  exister  entre  les  deux 
asymptotes,  ces  deux  bissectrices  sont  évidemment  les  seuls 
axes  que  puisse  comporter  aucune  hyperbole  de  degré  pair  ; 
or,  elle  ne  saurait  certainement  les  admettre  qu'en  cas  d'égalité 
des  deux  exposants..  Ainsi,  les  idées  de  symétrie  que  rappelle 
spontanément  cette  espèce  primitive  doivent  être  entièrement 
écartées  pouy  s'élever  convenablement  à  la  vraie  notion  géomé- 
trique du  genre  correspondant  (*). 

Examinons  maintenant  le  second  genre  d'hyperboles,  où  les 
deux  exposants  sont  l'un  pair  et  l'autre  impair,  en  sorte  que 
l'équation    est  alors  de  degré  toujours  impair,  suivant  le 

type  y^^  a:2«+i  ;:=  Q^  qui  donne  y  =  ±  i/  -r^,-  Comme 

dans  le  second  cas  des  équations  paraboliques,  la  courbe 
se  composera  de  deux  branches  égales  et  adjacentes,  symé- 
triquement disposées  autour  de  l'axe  des  x.  De  même  que 
ci-dessus,  chacune  d'elles  aura  encore  pour  asymptotes  les 
deux  axes.  Quant  à  la  marche  des  tangentes,  elle  n'offrira 
évidemment  aucune  diversité  essentielle,  d'après  la  formule 


{*)  Au  sujet  dé  cette  espèce  exceptionnelle,  il  convient d'éclaircir  ici  une 
contradiction  apparente,  relative  au  nombre  de  points  déterminant,  qui, 
d'après  l'équation  a;nym=a,  doit  toujours  se  borner  à  quatre  dans  toutes  les 
courbes  hyperboliques,  comme  dans  les  courbes  paraboliques,  conformé- 
ment à  )iotre  théorie  fondamentale;  tandisque,  d'une  autre  pari,  nous  l'a- 
vons spécialement  reconnu  égalàcinq  pour  Thyperbole  ordinaire.  Mais 
ce  défaut  d'accord  tient  uniquement  à  ce  que  nous  ne  considérons  ici 
que  des  hyperboles  à  asymptotes  rectangulaires  ;  et,  si  les  axes  étaient 
obliques,  l'angle  des  asymptotes  n'en  serait  pas  moins  donné  :  ce  qui 
doit  naturellement  diminuer  d'une  unité  le  nombre  des  conditions  déter- 
minantes, qui  s'élèverait,  en  effet,  à  cinq,  envers  toutes  les  hyperboles, 
si  l'on  regardait  comme  indéterminée  l'inclinaison  de  leurs  asymptotes. 

La  même  explication  dissiperait  aussi  la  contradiction  analogue  que 
semblerait  offrir  ici  la  théorie  de  la  similitude. 


246  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

2n  + 1  y 
tanga=»—  — ~ -,  qui  continue  à  exclure  toute  sinuosité, 

conformément  à  la  figure  52.  Telles  sont  les  seules  différences 
fondamentales  qui  puissent  avoir  lieu  entre  les  hyperboles  de 
degré  impair  et  celles  de  degré  pair  :  leur  distinction  peut  se 
résumer  par  Tabsence  ou  l'existence  d'un  centre. 

Nous  devons  remarquer  ici  que  ce  second  cas  des  courbes 
hyperboliques  ne  comporte  nullement  la  division  qu'a  exigée 
le  cas  analogue  des  courbes  paraboliques,  d'après  l'ordre  de 
grandeur  des  deux  exposants.  Car,  cette  distinction,  sans  au- 
cune influence  sur  la  marche  générale  de  l'ordonnée,  ne  se 
rapportait  qu'à  la  tangente,  dont  le  coefficient  angulaire 
devient  ici  toujours  décroissant,  quel  que  soit  celui  des  deux 
exposants,  pair  ou  impair,  qui  surpasse  l'autre.  Ainsi,  la  fa- 
mille des  hyperboles  ne  comprend  réellement  que  deux  genres, 
quoique  celle  des  paraboles  en  contienne  trois.  Dans  le  premier 
genre,  de  degré  pair  quelconque,  aucune  droite  ne  peut 
couper  l'hyperbole  en  plus  de  deux  points  ;  dans  le  second,  de 
degré  impair,  l'hyperbole  admet  trois  points  en  ligne  droite  : 
il  faut  d'ailleurs,  en  chaque  cas,  avoir  égard  aux  restrictions 
nécessaires  relatives,  d'une  part,  aux  tangentes,  de  l'autre, 
aux  parallèles  aux  asymptotes. 

Envers  ces  deux  genres  d'hyperboles,  il  convient,  pour  en 
mieux  concevoir  la  forme,  de  déterminer  le  point  le  plus  rap- 
proché de  l'origine  actueUe,  où  se  croisent  toujours  les  deux 
asymptotes.  Mais,  au  lieu  d'appliquer  à  la  fonction  x^-^-y^y  qui 
exprime  le  carré  de  cette  distance,  la  méthode  générale  des 
minima,  après  y  avoir  réduit  les  deux  variables  à  une  seule 
conformément  à  l'équation  donnée,  on  obtiendra  une  solution 
beaucoup  plus  simple  en  employant  ici  un  principe  géomé- 
trique de  minimum  qui,  quoique  particulier  à  ce  genre  de 
questions,  n'en  mérite  pas  moins  d'être   soigneusement  ap- 


TROISIEME  PARTIE^    CHAPITRE  DEUXIÈME.  247 

précié,  à  cause  de  son  utilité  prononcée  en  beaucoup  d'occa- 
sions. C'est  le  principe  évident  que  le  plus  court  chemin  d'un 
point  à  une  ligne  quelconque,  d'abord  droite  et  puis  courbe, 
lui  est  toujours  perpendiculaire;  ce  qui  ne  saurait  certainement 
offrir  aucune  difficulté  quand  le  point  appartient,  comme 
dans  le  cas  actuel,  à  la  convexité  de  la  courbe.  D'après  cela, 
le  caractère  analytique  du  point  cherché  consistera  simplement 
en  ce  que  le  coefOcient  angulaire  de  la  tangente  et  celui  du 
rayon  y  soient  réciproques  et  de  signe  contraire,  suivant 
la  loi  ordinaire  (n®  28).  Si  donc  x»  y»»=  «  désigne,  en  gé- 
néral, l'équation  d'une  hyperbole  quelconque,  du  premier  ou 
du  second  genre,  le  point  le  plus  rapproché  de  l'intersection 

des  asymptotes  y  sera  déterminé  par  l'équation  —  -  =3  - ,  d'où 

lit  X       y 

^=  V'"»  ^^  ^^  indique  aussitôt  la  direction  du  rayon 

correspondant,  et  dès  lors  les  coordonnées  spéciales  du  point 
cherché.  On  voit  ainsi  que  ce  point  remarquable  ne  peut 
jamais  être  équidistant  des  deux  asymptotes,  sauf  dans  l'hy- 
perbole du  second  degré,  où  m=an  :  il  sera  toujours  plus  rap* 
proche  de  l'asymptote  relative  au  plus  fort  exposant;  ce  qui 
est  pleinement  conforme  à  nos  réflexions  antérieures  sur  la 
symétrie. 

Toutes  les  courbes  de  la  famille  des  hyperboles  sont^  comme 
celles  de  la  famille  des  paraboles,  exactement  quarrables 
d'après  nos  méthodes  actuelles.  En  partant  de  l'équation  pré- 


m\x     m      — 1/ 


cédentea:«y^"=a,on  trouve  ainsi  S=a    ,  pour 

-- +1 
m 

l'aire  comptée  à  partir  de  x=^i.  Il  est  digne  de  remarque  que 

cette  aire,  étendue  jusqu'à  chacune  des  deux  asymptotes,  est 

toujours  finie  d'un  C(Mé  et  infinie  de  l'autre.  Car,  en  faisant. 


248  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

dans  cette  formule,  les  deux  hypothèses ar=0,  a: e=x,  qui 
correspondent  à  ces  limites,  le  terme  variable  y  devient  d'abord 
nul  et  puis  infini,  ou  réciproquement,  selon  que  son  exposant 
est  positif  ou  négatif,  c'est-à-dire,  suivant  que  m  est  supé- 
rieur ou  inférieur  à  n  :  d  où  il  résulte  que  Taire  indéfiniment 
prolongée  a  constamment  une  valeur  finie  versTasymptote  re- 
lative au  plus  haut  exposant,  tandis  que  sa  valeur  totale  est, 
au  contraire,  infinie  vers  Tasymptote  à  laquelle  se  rapporte  le 
moindre  exposant.  Pour  Thyperbole  ordinaire,  où  les  deux 
exposants  sont  égaux,  la  formule  devient  indéterminée,  ce  qui 
tient  à  un  changement  de  naturedela  fonction  correspondante, 
comme  je  l'expliquerai  spécialement  en  son  lieu  :  nous  recon- 
naîtrons alors  que  ces  deux  segments  soQt  pareillement  infinis. 
Cette  première  classe  de  courbes,  paraboliques  et  hyperbo- 
liques, la  seule  jusqu'ici  où  les  conditions  nécessaires  d'une 
classification  vraiment  rationnelle  se  trouvent  suffisamment 
remplies,  doit  être  envisagée  comme  offrant  le  type  le  plus 
satisfaisant  de  la  discussion  géométrique  des  équations. On  voit 
ainsi  comment  la  nature  des  termes  d'une  équation  binôme 
range  aussitôt  la  courbe  correspondante  dans  la  famille  des 
pai*aboles  ou  dans  celle  des  hyperboles,  et  comment  ensuite 
l'appréciation  comparative  des  deux  exposants  détermine  aisé- 
ment auquel  des  trois  genres  de  la  première  ou  des  deux  genres 
de  la  seconde  appartient  le  lieu  proposé.  Une  telle  ébauche 
spontanée,  quoique  bornée  au  cas  le  plus  simple,  peut  déjà 
indiquer  au  lecteur  intelligent  ce  que  deviendra  sans  doute  un 
jour  la  géométrie  comparée,  quand  cette  nouvelle  face  univer- 
selle de  la  science  géométrique,  si  méconnue  maintenant, 
aura  été  réellement  constituée  d'après  les  conceptions  générales 
qui  lui  sont  propres. 


TROISIÈHE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  249 


CHAPITRE  III. 


Courbes  trinômes. 


81.  Le  principe  provisoire  qui,  à  défaut  de  tout  autre  fina- 
lement convenable,  nous  sert  ici  à  classer  géométriquement  les 
équations  algébriques,  d'après  le  nombre  et  la  nature  de  leurs 
termes,  cesse  déjà  d'offrir  une  suffisante  rationalité  à  partir 
même  des  équations  trinômes,  où  Ton  n'a  plus  la  certitude 
qu'il  conduise  à  instituer  des  groupes  pleinement  naturels, 
comme  dans  le  chapitre  précédent.  Néanmoins^  sa  judicieuse 
application  y  est  encore  très-utile  pour  coordonner  et  varier 
les  divers  exemples  qui  doivent  y  caractériser  les  principales 
difficultés  relatives,  en  général,  à  la  discussion  géométrique 
deséquations.Trop  peu  prononcées  envers  lescourbesbinomes, 
ces  difficultés  doivent  être  surtout  étudiées  dans  cette  seconde 
classe,  dont  Texamen  complet  suffira  certainement  au  lecteur 
pour  apprendre  convenablement  à  bien  discuter  les  équations 
à  deux  variables  ;  ce  qui  constitue  maintenant  le  but  essentiel 
de  cette  troisième  partie  de  la  géométrie  plane,  puisque  l'im- 
perfection actuelle  de  la  science  nous  oblige  d'ailleurs  à  y 
renoncer  encore  aux  spéculations  supérieures  de  géométrie 
comparée  que  j'ai  dû  me  borner  à  y  faire  entrevoir. 

Gomme  les  diverses  catégoriesgéométriquessonticiàla  fois 
plus  nombreuses  et  plus  étendues  qu'à  l'égard  des  équations  à 
deux  termes,  il  ne  nous  sera  pas  possible  d'épuiser,  aussi  plei- 
nement qu'au  chapitre  précédent,  l'appréciation  détaillée  de 
chacune  d'elles.  Je  me  bornerai  à  compléter  cet  examen  pour 
la  plus  simple  catégorie,  comprenant  un  terme  relatif  à  chaque 

94 


250  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

variable  et  un  terme  constant.Quant  aux  autres  plus  compli- 
quées, où  les  cas  se  multiplieraient  davantage,  j'indiquerai 
seulement  un  petit  nombre  d'exemples  caractéristiques,  laissant 
au  lecteur  à  poursuivre  spontanément,  d'après  les  mêmes  dis- 
tinctions, de  telles  séries  d'études,  dont  les  développements 
propres  nous  entraîneraient  beaucoup  trop  loin,  sans  compor- 
ter d'ailleurs  aucune  suffisante  utilité,  soit  scientifique,  soit 
logique.  Au  reste,  tous  les  exemples  considérés  en  ce  chapitre, 
quoique  relatifs  à  des  exposants  déterminés,  afin  de  mieux  fixer 
les  idées  en  facilitant  les  calculs,  seront  toujours  traités  de 
manière  à  constituer  autant  de  types  des  cas  analogues  que 
produiraient  d'autres  exposants  quelconques  assujettis  aux 
mêmes  conditions. 

Dans  la  première  classe  des  équations  trinômes,  sous  la 
forme  y»»4-^w:*=*»l®s  deux  exposants  peuvent  d'abord  être 
simultanément  impairs,  et  alors  égaux  ou  inégaux  :  considérons 
un  exemple  de  chaque  sorte. 

Premier  exemple.  Soit  l'équation  y'4-^=*4-  Pour  rendre 
cet  exemple  plus  intéressant,  j'y  ai  supposé,  outre  l'égalité 
des  exposants,  celle  des  coefficients,  en  sorte  que  la  courbe 
devient  ainsi  symétrique  autour  de  la  première  bissectrice  ; 
mais  j'engage  d'avance  le  lecteur  à  ne  pas  attacher  trop  d'im- 
portance à  cette  particularité,  dont  l'absence  maintiendrait 
essentiellement,  à  cette  seule  symétrie  près,  la  figure  générale 
que  nous  allons  reconnaître  ;  comme  on  pourra  d^ailleurs  le 
constater  aisément  d'après  un  autre  exemple  comparatif  où  cet 
accident  n'ait  pas  lieu. 

La  formule  y  =  v/^  — ^'  montre  d'abord  que,  Pordonnée 
étant  toujours  réelle  et  unique, la  courbe  sera  illimitée  en  tous 
sensetcontinue.Quanto:  est  positif,  l'ordonnée  reste  positive 
et  décroissante  de  i  à  0,  tant  que  x  ne  dépasse  pas  la  valeur 


TROISIÈBIE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  251 

1,  après  laquelle  Tordonnée  devient  négative,  et  dès  lors 
indéfiniment  croissante  :  x  négatif  la  rend  constamment  positive 
et  la  fait  croître  sans  limite.  Ainsi  la  forme  la  plus  simple  com- 
patible avec  l'ensemble  de  la  discussion  de  l'ordonnée  serait 
ta  courbe  ponctuée  de  la  figure  53. 

D'après  le  coefB6ient  angulaire  de  la  tangente,  tang  a  = j, 

les  tangentes  en  A  et  B  sont  certainement  perpendiculaires  aux 
axes  correspondants,  en  sorte  qu'il  y  a  sinuosité  :  en  C,  sur 
la  bissectrice  qui  sert  d'axe  à  la  courbe,  on  a  tang  as= — 1, 
et  ce  point  est  par  conséquent  un  sommet.  La  courbe  est  d'ail- 
leurs toujours  concave  vers  l'origine  depuis  A  jusqu'à  B, 
puisque  cette  fonction  continue  évidemment  à  croître  entre 
ces  limites.  Au  delà,  on  n'en  peut  plus  apprécier  la  marche 
que  par  sa  réduction  à  une  seule  variable,  sous  la  forme 

tang  a  =  ,  Or,  en  divisant  les  deux  termes  par  a^, 

—1 

on  a  tang  a  =  ~>  et  l'on  reconnaît  aussitôt  que 


v/('-l.ï 


cette  fonction,  nécessairement  d'abord  décroissante,  à  partir  de 
.r=s  1,  qui  la  rendait  infinie,  ne  cesse  jamais  de  diminuer,  en 
tendant  vers  la  limite  —  1,  qui  indique  la  direction  de  la  se- 
conde bissectrice.  Il  en  est  de  même,  en  sens  inverse,  pour  x 
négatif,  en  sorte  que  cette  limite  est  commune  aux  deux  par- 
ties, qui,  après  les  inflexions  A  et  B^sont  dès  lors  indéfiniment 
convexes  vers  cette  seconde  bissectrice,  où  il  est  aisé  de  recon- 
naître l'asymptote  de  la  courbe,  comme  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  l'expliquer.  Ainsi  comprise  entre  une  tangente  et  une 
asymptote  parallèles,  cette  courbe  à  double  inflexion  est  main- 
tenant assez  caractérisée,  outre  sa  symétrie  autour  de  OC.  Sa 
courbure  est  évidemment  beaucoup  plus  prononcée  entre  les 


252  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

deux  sinuosités,  que  dans  tout  le  reste  de  son  cours;  puisque 
ce  faible  intervalle  fait  varier  de  90  degrés  la  direction  de  la 
tangente,  que  le  prolongement  indéfini  de  la  courbe  change 
ensuite  seulement  de  45®.  En  y  cherchant,  d'après  le  principe 
spécial  employé  au  chapitre  précédent,  le  point  le  plus  rappro- 
ché de  Torigine,  d'où  partent  déjà  les  trois  normales  OA,  OC, 
OB,  il  est  clair  que  les  deux  extrêmes  doivent  correspondre  à 
un  minimum  puisqu'au  delà  il  y  a  accroissement,  et  celle  du 
milieu  à  un  maximum,  comme  le  confirment  leurs  grandeurs 
respectives.  Cet  exemple  nous  offre  Toccasionnaturelle  de  com- 
pléter cet  utile  principe  géométrique,  en  y  remarquant  que  le 
chemin  normal,  toujours  minimum  quand  il  part  de  la  con- 
vexité, est, au  contraire,  tantôt  minimum  et  tantôt  maximum, 
en  partant  de  la  concavité,  suivant  la  position  du  point  de  dé- 
part sur  la  normale  correspondante  :  cette  distinction,  directe- 
ment évidente  envers  le  cercle,  présente  d'ailleurs,  à  l'égard 
d'une  courbe  quelconque,  de  véritables  difficultés  que  l'analyse 
ordinaire  est  peu  propre  à  surmonter,  et  dont  le  lecteur  doit 
ici  ajourner  la  solution  générale. 

Il  serait  superflu  d^ établir  expressément  que  l'ensemble  de 
la  discussion  précédente  convient  essentiellement  à  toutes  les 
courbes  du  genre  ^»H-i-f-  ^z«»»+i  =ai,  avec  de  simples  nuances 
secondaires  résultées  du  degré. 

Deuxième  exemple.  Supposons  maintenant  l'équation 
y6^x'=i,  où  les  deux  exposants  impairs  sont  inégaux.  Cette 
différence  ne  saurait  influer  sur  la  marche  générale  de  l'or- 

donnée.  Quant  à  la  tangente,  on  a  tang  a  =  —  — ^,  et  de  A  à 

B[fig.  54),  lafonction  procède  comme  ci-dessus,  avec  les  mêmes 
inflexions,  sauf  la  position  de  la  normale  intermédiaire.  Mais, 
au  delà  de  B,  on  a  ici 


tanga 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  253 

~  3a:*  —  3 


cette  fonction  s'annulant  pour  a;  infini,la  courbe,  constamment 
concave  vers  Taxe  des  rc,  ne  comporte  plus  d'asymptote  de  ce 
côté.  En  changeant  le  signe  de  x,  on  obtient  la  même  valeur 
extrême  :  ainsi,  après  l'inflexion  A,  où  la  tangente  est  paral- 
lèle à  cet  axe,  la  courbe,  d'abord  convexe,  finit  aussi  par  deve- 
nir concave,  et  sans  asymptote  possible.  Il  existe  donc  à  gauche 
une  nouvelle  inflexion,  correspondante  au  minimum  de  la 

fonction ■ — ^ ■ —  :  si  1  on  y  applique  la  me- 

thode  que  nous  avons  établie,  on  trouvera  sans  difficulté 

;rc=3y/5,  pour  l'abscisse  de  ce  point  remarquable.  Cette  troi- 
sième inflexion  et  l'absence  d'asymptotes  distinguent  profon- 
dément cette  courbe  d'avec  la  précédente,  en  caractérisant 
l'influence  irrécusable  de  l'inégalité  des  deux  exposants. 

Au  sujet  de  cette  première  comparaison,  je  dois  en  général, 
recommander  au  lecteur  de  ne  pas  se  borner,  comme  on  l'a 
toujours  fait  jusqu'ici,  à  discuter  isolément  chacune  des  équa- 
tions qui  lui  serviront  successivement  d'exercices,  mais  de 
comparer  ensuite  judicieusement  les  résultats  de  chaque  dis- 
cussion avec  ceux  des  cas  antérieurs  qui  seront  suflisamment 
analogues.  Cette  appréciation  Comparative  augmentera  beau- 
coup l'utilité  logique  d'une  telle  étude  géométrique,  qui,  ainsi 
conduite,  pourra,  d'après  un  petit  nombre  d'exemples  bien 
choisis,  faire  profondément  sentir  le  véritable  esprit  de  cette 
partie  essentielle  delà  géométrie  plane.  Pour  garantir  la  pleine 
efQcacité  de  semblables  comparaisons,  il  faut  toujours  les 
rendre  parfaitement  nettes,  en  s'y  assujettissant,  comme  dans 
les  expériences  physiques  bien  instituées,  à  ne  jamais  compa- 


254  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

rer  entre  eux  que  des  cas  géométriques  différant  sous  un  seul 
aspect  analytique,  dont  l'influence  finale  sera  ainsi  distincte- 
ment caractérisée. 

Troisième  exemple.  Considérons  maintenante  cas  des  deux 
exposants  pairs,  en  les  supposant  d*abord  égaux,  suivant 
l'exemple  y*+^*=^i  où  Tégalité  simultanée  des  deux  coeffi- 
cients entraine  d'ailleurs  accidentellement  la  double  symétrie 
de  la  courbe  autour  des  deux  bissectrices.  D*après  la  formule 

y  =  ±  v/i  —  ^1  la  courbe,  déjà  symétrique  autour  des 
deux  axes  coordonnés,  est  évidemment  fermée  et  continue, 
entre  les  limites  +  1  et —  1  suivant  chaque  axe;  de  manière  à 
être  contenue  dans  le  carré  ÀBA'B'  {fig.  55).  Quant  à  la  tan- 

gente,  son  coefficient  angulaire montre  clairement  que 

.y 

chacun  des  octants  identiques*  dont  la  courbe  est  composée  est 
toujours  concave  vers  son  centre,  et  que  les  huit  points  où  elle 
rencontre  ses  quatre  axes  géométriques  constituent  autant  de 
sommets; en  sorte  qu'elle  est  finalement  inscrite  dans  un  octo- 
gone quasi-régulier.  Aux  deux  extrémités  de  chaque  octant, 
la  distance  au  centre  est  évidemment,  d'après  le  principe  des 
normales,  maximum  suivant  OC  et  minimum  suivant  OB, 
puisque  d'ailleurs  on  peut  reconnaître  aisément  que  OC  sur- 
passe OB. 

Outre  la  comparaison  de  cet  exemple  avec  le  premier,  afin 
de  bien  saisir  la  grande  influence  géométrique  de  k  substitu- 
tion des  exposants  pairs  aux  exposants  impairs,  il  est  naturel 
de  comparer  la  courbe  actuelle  avec  le  cercle  y> -j- x^  =  I , 
dont  il  semble  d'abord  difficile  de  la  bien  distinguer  géométri- 
quement. Quanta  l'ordonnée,  on  reconnaît  ainsi  sans  incerti- 
tude que  la  courbe  est  circonscrite  au  cercle,  puisque  la  fonc- 
tion v/1  —  oc*  surpasse  toujours,  entre  0  et  1,  la  fonction 
v/l  —  x^  :  le  maximum  d'écartement  est  sur  les  bissectrices. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  255 

La  marche  des  tangentes  confirme  cette  diversité,  en  montrant 
que  les  huit  sommets  sont  les  seuls  pointsde  notre  courbe  où  se 
reproduise  le  caractère  constant  de  la  tangente  au  cercle,  d*ètre 
partout  perpendiculaire  au  rayon  correspondant.  On  pourrait 
donc  se  figurer  grossièrement  cette  courbe,  et  les  diverses 

courbes  analogues  y*  +  ^*  ■=  ^^  y'  +  **  =  *>  ctc«  comme 
provenues  d'une  sorte  d*uniforme  dilatation  thermométrique 
d'un  cercle  métallique  encastré  dans  un  châssis  non-dilatable 
ABA'B'  qui,  empêchant  Téloignement  des  sommets  correspon- 
dants, produirait  un  écartement  croissant  jusqu'au  milieu  de 
chaque  intervalle. 

Quatrième  exemple.  Pour  avoir  complètement  apprécié  le 
cas  des  deux  exposants  pairs  égaux  entre  eux,  il  faut  y  consi- 
dérer, comme  nouvel  exemple,  Téqualion  y^  —  fl;*  =  l,  où 
l'opposition  des  signes  détermine  une  profonde  différence  géo- 
métrique, qui  ne  pouvait  exister  envers  des  puissances  im- 
paires, susceptibles  de  changer  ainsi  par  suite  d'une  simple 
transposition  d'un  côté  à  l'autre  de  l'un  des  axes  coordonnés. 
Ce  contraste  doit  êtreessentiellement  analogue  à  celui  que  nous 
avons  vu,  dans  la  première  partie  de  ce  traité,  résulter  d'un 
pareil  motif  algébrique  entre  l'ellipse  et  l'hyperbole.  Il  consiste 
surtout  en  ce  que  la  courbe,  au  lieu  d'être  fermée  et  continue, 
devient  illimitée  et  discontinue;  les  deux  bissectrices,  au  lieu 
d'être  des  axes,  deviennent  des  asymptotes  :  la  courbure  de 
l'ensemble  de  la  courbe  est  donc,  à  tous  égards,  beaucoup 
moins  prononcée  que  ci-dessus. 

Cinquième  exemple,  Supposonsmaintenant  que  les  deux  ex- 
posants pairs  soient  inégaux,  comme  dans  l'équation  y^'\-x^=^i^ 
qu'il  faudra  naturellement  comparer  à  y'^-\-x^z=ii  et  à  y*+a;*=:l . 
L'ordonnée,  dont  la  marche  générale  y  sera  essentiellement 
conforme  à  ceUe  de  ces  deux  cas,  y  aura  d'ailleurs  une  valeur 
constamment  intermédiaire,  en  sorte  que  la  courbe  se  trouvera 


256  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

circonscrite  au  cercle  et  pourtant  inscrite  à  celle  de  Is,  figure^^. 
Quant  à  la  tangente,  elle  ne  comporte  ici  d'autre  remarque 
essentielle  que  celle  relative  à  la  normale  moyenne  entre  OA  et 
OB,  qui  cessera  dès  lors  de  coïncider  avec  la  bissectrice^  con- 
formément au  défaut  de  symétrie  selon  OC. 

Sixième  exemple.  Considérons  encore,  à  ce  sujet,  l'équation 
y«  —  a;*  =  i,  qui  devra  être  géométriquement  comparée, 
d'une  part  à  la  précédente,  d'autre  part  à  y*  — a;*  =  l.  En- 
vers celle-ci,  la  différence  consistera  surtout  dans  l'absence 
d'asymptotes  rectilignes,  d'où  résultera  une  courbure  totale 
plus  prononcée.  Il  serait  aisé  de  constater  ici  l'asymptotisme 
avec  les  deux  paraboles  f/^='±s?;  mais  il  contribuerait  peu  à 
éclaircir  la  figure  générale  de  la  courbe. 

56p/t^^^x6mpfe.Passonsenfinaucasoùlesdeux  exposants 
sont  l'un  pair  et  l'autre  impair,  en  supposant  d'abord  que 
celui-ci  l'emporte,  comme  dans  l'exemple  y'  +  «»  =  !,  qu'il 

faudra  surtout  comparer  à  y*+ a:'=  1 .  La  formule  y =±v/i  — ^ 
indique  la  limitation  de  la  courbe  à  droite  en  A  {fig.  56),  où 
d:=  i,  et  son  extension  indéfinie  à  gauche,  en  restant  d'ail- 
leurs toujours  symétrique  autour  de  OX.  D'après  le  coefQcient 

angulaire  de  la  tangente  —  9—1  la  courbe  est  évidemment 

toujours  concave  vers  l'origine  entre  A  et  B  ou  B'  :  le  principe 
des  normales  apprendra  aisément  que  le  point  de  cette  partiele 

plus  éloigné  de  l'origine  a  pour  abscisse  -  ;  cette  distance 

maximum  excède  si  peu  les  minima  égaux  OA  et  OB,  que  de 
B  en  B'  la  courbe  diffère  à  peine  d'un  demi-cercle.  Mais,  au 

—  3;r'  —3 

delà,  tang  a  = :z=  = :  or,  cette  fonc- 

/^'+^  Wi+l 

lion,  d'abord  nulle  aux  inflexions  B  etB\  augmente  continuel- 


TROISIÈUE  PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  257 

lement  et  sans  limite  à  mesure  que  x  croît  négativement.  Ainsi, 
la  partie  gauche  indéfinie,  beaucoup  moins  courbée  que  la  par- 
tie droite,  quoique  dépourvue  d*asymptote,  est  toujours  con- 
vexe vers  Taxe  des  abscisses. 

9 

Huitième  exemple.  Il  ne  reste  plus,  pour  avoir  rapidement 
apprécié  tous  les  cas  essentiels  de  cette  première  catégorie 
d'équations  trinômes,  qu'à  y  supposer  un  exposant  pair  supé- 
rieur à  un  exposant  impair,  suivant  l'exemple  y ♦-f^™*»  î^i 
devra  surtout  être  comparé  au  précédent  et  au  premier.  La 
marche  générale  de  l'ordonnée  y  est  évidemment  la  même  que 
ci-dessus.  Quant  à  la  tangente,  elle  n'offrira  non  plus  aucune 
différence  importante  du  côté  des  x  positifs.  Mais,  dans  la 
partie  gauche  indéfinie,  on  aura 

tang  a  = 


Or,  la  fonction  sous  le  radical,  d'abord  infinie  pour  a:=^0,  le 
devient  encore  pour  a;=  oo  ;  en  sorte  que,  dans  l'intervalle, 
l'angle  a  commence  par  augmenter^  mais  finit  bientôt  par  di- 
minuer continuellement  jusqu'à  zéro.  Ainsi  la  courbe,  primi- 
tivement convexe  à  gauche,  comme  dans  le  cas  précédent,  ne 
tarde  pas  à  devenir  toujours  concave,  et  enfin  parallèle  à  l'axe, 
sans  comporter  d'ailleurs  d'asymptote.  Outre  le  couple  d'in- 
flexions B  et  B',  il  en  existe  donc  un  second,  peu  éloigné  du 
premier,  et  provenu  du  degré  actuellement  pair.  Pour  trouver 
sa  position  précise,  il  faut  obtenir  le  minimum  de  la  fonction 

—-3- — ~ — -U .  En  l'égalant  à  une  ordonnée  auxiliaire  z, 
ar 

il  faudra,  suivant  notre  méthode^   chercher  une  tangente 

parallèle    à  l'axe  des  x  dans  la  courbe  correspondante; 

ce  qui  fournira,   d'après  la  règle   ordinaire,  la  condition 


I 


258  etoTKtnoE  vlaxe. 

te*  -^  IftE»  +  te*  =  Sx'z.  Ayant  ôté  la  solution  x  =  0  déjà 
connue ,    il   vient ,   en    snbstitnant    la    définition    de  z , 

9x*^  iar»  +  9=  -^-^ — ^  ■^.  Cette  éqnaUon  finale 

est  très  facfle  à  résoudre,  â  Ton  remarque  qu'elle  peut  être 

mise  sous  la  forme  9  te*  +  i)*«=  — — "T       :  car,  en  suppri- 
me* 

mant  le  facteur  commun  inutile  à  la  question,  elle  deyient 

8  fx*  +  1) 
9  = -p- — -;  d'où  résulte  aussitôt  x  =^%  et,  par  suite, 

y  =  y/3^  a  =  150^,  pour  le  point  cherché. 

82.  La  seconde  catégorie  des  équations  trinômes  comprend 
celles  où,  les  deux  variables  restant  encore  séparées,  Tune 
d'elles  entre  à  la  fois  dans  deux  termes  et  l'autre  dans  un  seul. 
Cette  coexistence  de  trois  exposants  doit  éyidemment  y  multi- 
plier bien  davantage  les  distinctions  géométriques  qu'envers  le 
groupe  précédent,  borné  à  la  comparaison  de  deux  exposants. 
Aussi  me  réduirai-je  ici  à  caractériser,  par  quelques  exemples 
choisis,  un  petit  nombre  de  ces  cas,  laissant  au  lecteur  à  dis- 
cuter spontanément  tous  les  autres;  ce  qu'il  pourra  main- 
tenant exécuter  sans  guide,  d'après  l'ensemble  des  habitudes 
déjà  contractées  sur  la  discussion  géométrique  des  équations. 

Premier  exemple.  Considérons  d'abord  la  courbe  ty^^x* — x, 
où  les  trois  exposants  sont  impairs.  Par  cela  même, l'ordonnée 
y  étant  toujours  réelle  et  unique,  le  lieu  sera  illimité  et  con- 
tinu :  ses  deux  branches  auront  d'ailleurs  l'origine  à  la  fois 
pour  centre  et  point  d'inflexion,  et  chacune  d'elles  coupera 
l'axe  des  x,  à  droite  ou  à  gauche,  à  la  distance  i.  Entre  0  et  1, 
l'ordonnée,  nulle  aux  deux  extrémités  de  cet  intervalle,  sera 
d'abord  croissante  et  puis  décroissante,  son  maximum  corres- 
pondant à  x=  i/-,  suivant  la  règle  des  dérivées,  ici  immé- 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE    TROISIÈME.  259 

diatement  applicable  sans  difficulté  :  au  delà,  Tordonnée  change 
de  signe,  et  croit  dès  lors  indéfiniment  de  part  et  d'autre,  con- 
formément à  la  figure  57.  L'examen  du  coefficient  angulaire  de  la 
tangente,  tang  a^s^Zœ^ — 1,  ne  laisse  aucun  doute  sur  le  sensainsi 
assigné  partout  à  la  courbure,  ni  sur  Tabsence  totale  d'asymp- 
totes :  la  tangente  au  centre  se  confond  évidemment  avec  la 
seconde  bissectrice  ÂA'. 

Une  comparaison  peu  approfondie  pourrait  disposer  à  con- 
fondre une  telle  forme  avec  celle  qui  convient  au  premier  genre 
des  paraboles.  Mais  un  examen  plus  attentif  fera  clairement 
ressortir  la  différence  essentielle  des  deux  cas,  d'abord  analy- 
tiquement,  puis  géométriquement.  Il  sufHt,  pour  cela,  de  rap- 
porter la  courbe  actuelle  aux  deux  bissectrices,  qui  s'y  trouvent 
évidemment  placées,  d'après  l'ensemble  de  la  discussion  pré- 
cédente, comme  les  axes  propres  à  ce  genre.  Les  formules  de 

x'+y'  y' x' 

transposition  seront  alors  x  = ir- ,  y  =  - — z— ,  ce  qui 

Y^  y/2 

donneraréquation3-'*+3a;'^y'+3a:'y'*+y''--^y'=0,dontla 
différence  très-prononcée  avec  celles  du  chapitre  précédent 
interdit  aussitôt  tout  pareil  rapprochement. 

Outre  cet  exemple,  où  l'exposant  impair  de  l'ordonnée  est 
égal  au  moindre  exposant  de  Tabscisse,  il  fitudrait,  pour  aviDir 
vraiment  apprécié  tous  les  cas  à  triple  exposant  impair,  en 
considérer  quatre  nouveaux  où  le  premier  exposant  serait  suc- 
cessivement égal  au  plus  grand  des  deux  autres,  puis  supé- 
rieur à  celui-ci,  ensuite  compris  entre  les  deux,  et  enfin  infé- 
rieur au  plus  petit. 

Deuxième  exemple.  Supposons  maintenant  que,  Tunique 
exposant  de  l'ordonnée  demeurant  impair,  les  deux  exposants 
de  l'abscisse  deviennent  pairs,  en  prenant,  comme  seul 
exemple,  parmi  tous  les  cas  divers  que  comporterait  cette 
condition,  l'équation  très-simple  y  =  a;'  —  a:*.  Après  avoir  di- 


260  GÉOUÉTRIE  PLANE. 

rectement  reconnu  Tillimitation  et  la  continuité  du  lieu,  ainsi 
que  sa  symétrie  autour  de  VaXe  des  ^,  il  est  aisé  de  constater 
que  l'ordonnée ,  nulle  poura:=Oeta:«=l,et  positive  dans  l'in- 

tervaUe,  y  atteint  son  maximum  ^  poura;=»  4  /^  •  quand  elle 

a  traversé  l'axe  des  abscisses,  la  courbe  s'en  éloigne  indéfini- 
ment. Mais  sa  vraie  figure  est  plus  compliquée  que  ne  l'indi- 
que d'abord  cette  discussion  fondamentale.  Car,  en  examinant 
la  marche  des  tangentes,  d'après  la  loi  tang  a  ==  2a;  —  Aa:^, 
on  aperçoit  que,  outre  le  maximum,  la  tangente  est  aussi  di- 
rigée suivant  l'axe  à  l'origine,  qui  est  donc  un  sommet,  et 
non  un  point  de  rebroussement  :  par  suite,  il  doit  exister  une 
inflexion  dans  l'intervalle.  On  la  déterminera  en  cherchant  le 
maximum  de  tang  «,  ce  qui  donne  immédiatement  l'équation 

2-12x2=0,  d'où  r  =  ±  y/^,  y  =^,  et  tanga=  ?  y^. 

La  courbure  éprouve  ainsi  de  fortes  variations  dans  l'inter- 
valle ACBOB'C'A'  (fig.  58),  au  delà  duquel  la  direction  de  la 
tangente  ne  subit  pas  jusqu'à  l'infini  un  changement  total  de 
30°,  puisque,  en  A  et  A',  on  a  tang  a  =  q;  2  :  il  n'existe  d'ail- 
leurs, évidemment,  aucune  asymptote. 

Troisième  exemple.  Comme  exemple  unique  du  cas  où  les 
trois  exposants  sont  pairs,  discutons  l'équation  y^  =3  a:* — a:*. 
L'ordonnée,  réelle  seulement  de  0  à  i,  atteint  son  maximum 
4  pour  la  même  abscisse  que  ci-dessus;  en  sorte  que  la  courbe, 
symétrique  autour  des  deux  axes,  et  ayant  son  centre  à  l'ori- 
gine, est  contenue  dans  le  rectangle  ABB'A'C'C   [fig.  59). 

i  —  ±x? 
Quant  à  la  tangente,  d'après  la  loi  tang  a  == — .  ,  il  est 

v/i  —  x^ 

clair  que  tous  les  C()tés  de  ce  rectangle  touchent  la  courbe,  les 
uns  une  fois,  les  autres  deux  fois.  Il  faut  surtout  remarquer, 
à  cet  égard,  ce  qui  concerne  le  centre,  où  tang  oc  »=>  ^  1  indique 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÉMB.  261 

deax  tangentes  distinctes,  dirigées  suivant  les  bissectrices; 
comme  le  confirmerait  d'ailleurs  la  considération  spéciale  du 

rapport  - .  Cette  nouvelle  propriété  a  fait  donner  le  nom  de 

nœud  à  ce  point  exceptionnel,  déjà  doublement  remarquable 
ici,  à  titre  de  centre  et  de  point  d'inflexion.  L'ensemble  d'une 
telle  discussion  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  la  figure  gé- 
nérale de  cette  courbe,  que  sa  forme  a  fait  appeler  lemniscate. 
Sa  courbure  est  évidemment  beaucoup  moins  prononcée,  en 
général,  du  nœud  0  au  maximum  B  que  de  là  au  sommet  A  ; 
puisque  le  premier  intervalle,  quoique  supérieur  au  second, 
produit  une  variation  totale  moitié  moindre  dans  la  direction 
de  la  tangente. 

En  substituant,  à  cette  équation^  l'équation  inverse 
yissx*  —  a:',  il  faudrait  surtout  remarquer,  outre  le  change- 
ment accoutumé  d'un  lieu  fermé  et  continu  en  un  autre  illi- 
mité et  interrompu,  le  nouveau  caractère  qu'y  prendrait  le 
centre,  toujours  placé  à  l'origine.  On  voit  que  ce  point,  loin 
de  réunir  plusieurs  branches  distinctes,  se  trouverait  isolé  de 
tout  le  reste  de  la  courbe,  dont  il  continuerait  cependant  à  faire 
partie,  comme  le  foini  conjugué  de  laconchoïde.  Si  l'on  géné- 
ralise davantage  un  tel  contraste  géométrique,  il  est  aisé  de 
sentir  que,  en  toute  équation  de  la  forme 

■ 

les  abscisses  propres  à  confondre  les  deux  valeurs  de  y,  non 
par  l'annulation  de  la  fonction  placée  sous  le  radical,  mais  par 
celle  du  facteur  qui  le  précède,  indiqueront  des  nœuds  ou  des 
points  isolés  selon  qu'elles  rendront  positive  ou  négative  la 
première  fonction  f  {^),  puisque  les  ordonnées  voisines  seront 
dès  lors  tantôt  réelles  et  tantôt  imaginaires.  Ainsi,  quelque 


^â  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

opposées  que  soient  géométriquement  ces  deux  sortes  de  points, 
le  même  caractère  analytique  pourra  leur  convenir,  avec  une 
simple  nuance  relative  seulement  au  sens  d'une  certaine  iné- 
galité. Leur  différence,  quant  à  la  tangente,  consistera  en  ce 
que  son  coefficient  angulaire,  toujours  double  en  TunetTautre 
cas,  restera  réel  pour  le  premier  et  deviendra  imaginaire  pour 
le  second  ;  comme  le  confirme  aisément  l'exemple  précédent. 
Quoique  le  type  analytique  que  je  viens  de  formuler  soit  loin 
d'offrir,  à  cet  égard,  toute  la  généralité  convenable,  il  est 
pourtant  propre  à  étendre  déjà  les  idées  du  lecteur  sur  l'oppo- 
sition de  ces  deux  points  singuliers,  autant  que  le  comporte  et 
l'exige  ici  notre  initiation  géométrique. 

Quatrième  exemple.  Pour  signaler  les  cas  où,  l'exposant  de 
l'ordonnée  restant  pair,  Tun  de  ceux  de  l'abscisse  devient  im- 
pair, considérons  enfin  la  seule  équation  yacsar* — a:*.  La 
courbe,  tout  entière  à  droite,  ne  s'y  étend  que  de  l'origine 
jusqu'à  â;  sa  1,  symétriquement  autour  de  Taxe,  au-dessus  di^* 
quel  sa  plus  grande  hauteur  correspond,  suivant  la  règle  des 

3  3        - 

dérivées,  à  a:  =  r,  d'où  y  =  .^  V^  3  ;  ce  qui  la  renferme  dans 

4  16 

le  rectangle  OBAB'(/îi7.60).On  a  ici  tang  a=  — ,  en  sorte 

2y 

que  les  trois  côtés  BC,  B'C  et  CC,  touchent  la  courbe  :  mais, 
quant  au  quatrième,  en  0  la  direction  de  la  tangente  semble  d'a- 
bord indéterminée.  En  la  cherchant,  soit  par  la  substitution  de 


l'ordonnée,  qui  donne  tang  a  ==  — - —  W- ,  soit  d'à- 

près  la  considération  spéciale  du  rapport  ~,  il  est  aisé  de  recon- 

naître  que  la  tangente  initiale  coïncide  avec  l'axe  des  abscisses. 
Si  donc,  des  deux  points  où  cet  axe  coupe  la  courbe,run  Â  est 
un  sommet  proprement  dit,  l'autre  0  constitue  un  point  dere- 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  .        263 

broussemeni.  Ainsi^  entre  0  et  B  ou  B\  il  doit  exister  un 
double  point  d'inflexion,  dont  Tabscisse  unique  correspondra 

au  maximum  de  tang  a,  ou  à  celui  de  la  fonction  — ^r -^ 

1  — X 

suivant  Tesprit  des  transformations  propres  à  la  théorie  des 
maxima,  où  Ton  a  toujours  le  droit  de  modifier,  pour  plus 
de  simplicité,  les  fonctions  proposé.es,  pourvu  que  les  maxima 
ou  minima  ne  cessent  point  de  correspondre  aux  mêmes  va- 
leurs de  la  variable  indépendante. 

83.  En  introduisant,  dans  les  équations  trinômes,  un  terme 
où  les  deux  variables  soient  mêlées,  on  y  forme  une  troisième 
catégorie  générale^  qui,  pouvant  comporter  jusqu'à  quatre 
exposants  simultanés,  doit  nécessairement  offrir  encore  plus 
de  diversité  que  la  précédente.  J'en  examinerai  seulement 
deux  exemples  très-simples,  Tun  de  degré  impair,  l'autre  de 
degré  pair. 

Premier  exemple.  Soit  d'abord  la  courbe  a;*  —  x  y^=  i. 

D'après  la  formule  y  =  ±:  i  /  x^ ,  elle  s'étend  indéfini- 
ment à  droite,  depuis  or  =»  i,  en  s'éloignant  sans  cesse  de  son 
axe  :  à  gauche,  l'ordonnée,  infinie  pour  a;  =  0,  ce  qui  indique 
l'asymptotisme  de  l'axe  des  y,  doit  premièrement  décroître; 
mais  elle  ne  tarde  pas  à  augmenter,  puisque  les  accroissements 
du  terme  x^  l'emporteront  bientôt  sur  les  diminutions  du  terme 

-,  et  ensuite  elle  croit  jusqu'à  l'infini.  En  considérant  de  plus 

près  la  marche  générale  de  cette  fonction,  on  aperçoit  aisé- 
.  ment,  suivant  la  méthode  subsidiaire  des  asymptotes,  que  les 

deux  bissectrices  y  =  i:  y/x'^  constituent  deux  autres  asymp- 
totes, placées  au-dessous  de  la  partie  droite  de  la  courbe  et 
au-dessus  de  sa  partie  gauche.  L'ensemble  de  ces  documents 
ne  laisse  ici,  vu  le  degré,  aucune  incertitude  sur  l'absence 


264  GÉ0MÉTRI6  PLANE. 

« 

totale  de  sinuosités  et  de  rebroussements,  sans  qu'il  soit  réel- 
lement nécessaire  de  consulter  la  tangente,  sauf  pour  le 
minimum  d*y,  ainsi  déterminé  par  l'équation  3a:* — y>a=30,qui 
le  place  sous  un  angle  de  120^  autour  de  Torigine,  au  point 

/i  /27 

j:=i/-i  y^Bsi/  ---.  Si  Ton  cherche  les  points  les  plus  rappro- 
chés de  Torigine,  où  concourent  les  trois  asymptotes,  il  est  aisé 
de  constater,  d'après  le  principe  des  normales,  et  en  écartant  la 
solution  y =0  correspondante  au  sommet  Â^  qu'ils  se  trouvent 

sur  les  rayons  dont  le  coefflcient  angulaire  est  v/5,  un  peu 
au-dessus  des  minima  B  et  B'  de  l'ordonnée.  Ainsi,  la  figure 
61  caractérise  exactement  la  forme  générale  de  la  courbe. 

Deuxième  exemple.  Considérons,  en  second  lieu,  la  courbe 
y» —  x*i/^==sx^^  OÙ  y =±:  — =z= .  Évidemment  comprise  entre 

les  asymptotes  x  »=  1 ,  eix  =  —  1 ,  elle  estillimitée  dans  le  sens 
vertical,  d'ailleurs  continue,  et  symétrique  autour  des  deux 

axes.  Au  centre,  celte  formule  indique,  d'après  le  rapport  ^, 

X 

l'existence  d'un  nœud,  où  la  courbe  touche  les  deux  bissec- 
trices; en  sorte  qu'il  serait  encore  superflu  ici  d'examiner  la 
marche  des  tangentes  pour  constater  la  justesse  delà  figure  62. 
Quant  à  la  courbure,  d'abord  croissante,  puis  décroissante,  de 
chaque  quart  de  courbe,  elle  doit  être,  en  général,  peu  pro- 
noncée, d'après  la  faible  variation  totale  qu'y  éprouve  la  direc- 
tion des  tangentes. 

84.  La  dernière  catégorie  des  courbes  trinômes,  celle  dont 
la  discussion  complète  exigerait  la  plus  grande  diversité  de 
cas,  comprend  les  équations  les  plus  compliquées,  où  les  va- 
riables sont  mêlées  dans  deux  termes,  le  troisième  étant  dès 
lors  constant.  Je  m'y  bornerai,  comme  eïivers  la  précédente. 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  TROISIEME.  265 

à  deux  exemples  choisis,  Tun  de  degré  impair,  Tautre  de  degré 
pair. 

Premier  exemple.  SoilTéqualion  rcya+y^''***^  ^^^^  symé- 
trie des  deux  variables  indique  déjà  une  courbe  symétrique 
autour  de  la  première  bissectrice.  La  discussion  de  l'ordonnée 


1  ^  /i       ,1 

^  2  V  4      ^  X 


offre  ici  une  nouvelle  circonstance  préliminaire  qu'il  importe 

1 

de  remarquer,  en  ce  que  la  partie  rationnelle  —  -  or,  qui  pré- 

cède  le  double  radical,  appartient  à  une  droite  qui,  à  raison 
d'une  telle  relation  algébrique,  doit  couper  en  leur  milieu 
toutes  les  cordes  verticales  du  lieu;  puisque,  pour  obtenir  les 
deux  points  correspondants  à  chaque  abscisse,  il  faudra  égale- 
ment porter,  de  part  et  d'autre  de  cette  droite,  la  valeur  du 
radical  commun.  Ainsi,  outre  sa  symétrie  suivant  BOB'  qui  la 


î  - 


coupe  ëïi  C  où  X  =  i/- ,  la  courbe  aura  pour  diamètre  la 

droite  OA,  qu'elle  rencontre  en  A  où  z  =  —  \/4,  et  dont  la 
considération  permettra  de  réduire  la  discussion  essentielle  de 
l'ordonnée  &  celle  du  seul  radical.  Or,  ce  radical,  infini  d'abord, 
de  manière  à  indiquer  l'asymptotisme  de  l'axe  vertical,  ne 

tarde  pas  à  devenir  croissant,  et  dès  lors  sans  limites,  puisque 

i 

Taugmentation  du  terme  -a;*  doit  bien  tôt  y  surpasser  le  décrois- 

4 

i 

sèment  du  terme  - ,  qui  influe  de  moins  en  moins  sur  la  valeur 

X 

totale.  En  négligeant  ce  dernier  terme,  suivant  l'esprit  de  la 
méthode  subsidiaire  des  asymptotes,  on  trouve,  autour  de 

1        i 

rorigine,deuxnouvellesasymptotesy= —  -x±-x,dontrune 

20 


1 


266  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

coïncide  avec  Taxe  des  abscisses^  et  l'autre  avec  la  seconde  bis- 


/l  1 

sectrice.  A  gauche,  le  radical  devient  1/  -  x^ ,  et  la  courbe 

▼  4  ar 

se  trouve  interrompue  entre  l'asymptote  OY  et  la  verticale  en 
A,  au  delà  de  laquelle  elle  s*étend  indéfiniment  et  sans  discon- 
tinuité :  mais  les  deux  valeurs  de  Tordonnée  sont  alors  égale- 
ment positives,  en  sorte  que  le  lieu  ne  pénètre  pas  dans  la 
troisième  région  du  plan,  et  se  trouve  d'ailleurs  au-dessous  de 
Tasymptote  oblique,  dont  l'ordonnée  y  surpasse  la  sienne,  qui, 
à  droite,  l'emportait.  Quoique  cet  exemple  soit  l'un  des  plus 
difficiles  que  puisse  offrir  la  discussion  géométrique  des  équa- 
tions peu  compliquées,  le  lecteur  judicieux  ne  tardera  pas  à 
sentir  que  la  figure  63  indique  la  seule  forme  générale  propre 
à  satisfaire  à  l'ensemble  de  ces  renseignements  divers.  L'exa- 
men de  la  tangente,  suivant  la  formule  tang  a  =  —  --  (  ^    ,      )  » 

X  \zy  ~p  xj 

n'est  indispensable  ici  qu'envers  quelques  points  remarquables. 
En  C,  sur  l'axe  du  lieu,  onatang  a  =  —  1 ,  ce  qui  confirme  quf^ 
ce  point  est  un  sommet;  en  A,  sur  l'autre  diamètre  rectiligne, 
la  tangente  est  verticale.  Pour  trouver  le  minimum  de  y  dans 
la  partie  droite  et  inférieure,  il  faut  poser  y  +  ^^=0,  d'où  ré- 
sulte aussitôt  la  direction  du  rayon  correspondant,  et  ensuite 


a  T 


X  =  i/^ ;  en  sorte  que  ce  point  D  est  sur  la  même  verticale 

que  le  sommet  G  de  l'autre  branche.  Quant  au  point  le  plus 
rapproché  de  l'origine,  le  principe  des  normales  fournit  aisé- 
ment l'équation 

m'  +  2m2—  2w  —  1  =  0, 

relativementau  coefficient  angulaire  de  son  rayon.  Quoiquedu 
troisième  degré,  celle  équation  est  facile  à  résoudre,  en  utili- 
sant la  connaissance  antérieure  de  l'une  des  trois  normales 
cherchées,  la  bissectrice  OC,  qui  y  indique  la  racine  m  =  1, 


TROISIÈME   PARTIE^    CHAPITRE   TROISIÈME.  267 

dont  la  vérification  algébrique  est  d'ailleurs  évidente,  en 
écrivant  (m"— l)+2m(/w— i)=o.  Après  l'avoir  ôtée,  il  reste 
l'équation  m'+3m+l=0,  qui  détermine  sans  difficulté  les 
deux  autres  directions,  OE  et  OF. 

Deuxième  exemple.  Considérons  enfin,  comme  dernière 

courbe  trinôme,  celle  qui  résulte  de  Téquation  ar'y^— ary*=l, 

1 

où  yt=-i- —  A  droite,  le  lieu  commence  à  l'asymptote 

^x[x  —1) 
a>=i,  au  delà  de  laquelle  il  s'étend  indéfiniment,  en  se  rappro- 
chant toujours  de  Taxe  des  abscisses,  qui  lui  constitue  une 
seconde  asymptote,  aussi  bien  qu'un  axe.  Vers  la  gauche,  il 
n'y  a  aucune  interruption,  et  les  deux  axes  sont  asymptotes. 
L'ensemble  de  la  courbe  est  donc  nécessairement  conforme  à  la 
figure  64,  puisque  le  degré  empêche  d'ailleurs  toute  sinuosité 
entre  les  asymptotes. 

Une  telle  discussion  conduit  naturellement  à  soupçonner 
l'entière  identité  des  quatre  parties  de  la  courbe.  Pour  s'en  as- 
surer, il  suffit  évidemment  d'examiner  si  le  point  C,  situé  au 
milieu  de  l'intervalle  où  l'axe  coupeles  deux  autres  asymptotes, 
est  réellement  le  centre  du  lieu  ;  ce  qui  se  réduit  à  y  trans- 
porter l'origine,  afin  de  voir  s'il  en  résulte  la  disparition 
spontanée  du  terme  de  degré  impair;  ce  qui  arrive  effective- 
ment. L'équation  devient  ainsi 

i 

«V— !»*■=- Il 

de  manière  à  rentrer  dans  la  catégorie  précédente.  Cette  nou- 
velle équation  serait  donc  préférable  pour  l'étude  ultérieure 
de  la  courbe.  En  l'appliquant  à  la  recherche  du  point  le  plus 
rapproché  du  centre,  le  principe  des  normales  y  donne  la  con- 

Axv         X 
diU(»n  .    '     .  =  -,  d'où,  après  avoir  ôlé  lé  facteur  superflu, 
âx^ — 1       y  '^ 


268  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

il  résulte  y«= x*  —  -,  et, par  suite,  (  ^*  —  7  )  =  1  î  ainsi,  en  ce 

i      -  1      - 

point,  on  a  ,r  ==  -  v/3, 2^  :=  1,  et  tang  a  =  —  -  v/^.  On  confir- 

merait  aisément  ce  résultat  par  la  recherche  directe  du  mini- 
mum de  x^-fy',  d'après  la  méthode  algébrique  la  plus  élé- 
mentaire, qui  serait  ici  très-praticable. 


CHAPITRE    IV. 

Courbes  polynômes 

85.  Dans  Tétat  d  enfance  où  se  trouve  aujourd'hui  la  géo- 
métrie comparée,  le  principe  provisoire  qui  nous  a  précédem- 
ment servi  à  classer  les  courbes  algébriques,  et  qui  ne  pouvait 
être  pleinement  satisfaisant  qu'envers  les  seules  équations 
binômes,  cesse  d'offrir  aucune  véritable  importance  géomé- 
trique, quand  les  équations  contiennent  plus  de  trois  termes. 
Aussi,  pour  ces  équations  plus  compliquées,  faut-il  nous  bor- 
ner ici  à  quelques  exemples  choisis  indépendamment  de  tout 
classement,  et  uniquement  destinés  à  faire  sentir  comment  le 
mode  de  discussion  géométrique  caractérisé  par  les  chapitres 
précédents  peut  s'étendre  à  toutes  les  autres  équations  algé- 
briques. 

Premier  exemple.  Considérons  d'abordlacourbey*=^2  (r^r 

D'après  la  formule  y  =  ±  x  ^1 ^,  le  lieu,  symétrique 

autour  de  l'axe  des  abscisses,  est  limité  à  droite  par  l'asymp- 
tote j:=1,  et  ne  dépasse  pas  à  gauche  son  intersection  avec 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  "269 

Taxe,  à  la  distance  1  de  Torigine.  II  se  compose  donc  de  deux 
parties  qui  se  réunissent  à  Torigine,  Tune  à  gauche,  fermée 
de  toutes  parts,  Taulre  à  droite  illimitée,  verticalement. 
Le  coefficient  angulaire  de  la  tangente  '  y  est  finalement 

tang  a  = -^ =z=  ;  il  devient  infini  pour  ar  =  ±:  1,  et 

prend,  à  l'origine,  la  double  valeur  ±:  1,  d'ailleurs  indiquée 

d'avance  par  le  rapport  -  :  ainsi,  des  deux  points  A  et  0  [fig^^o] , 

où  la  courbe  rencontre  son  axe,  le  premier  est  un  sommet, 
le  second  un  nœud,  où  elle  touche  les  deux  bissectrices,  au- 
dessus  desquelles  s'élève  ensuite  de  plus  en  plus  son  cours 
indéfini.  Quant  au  point  culminant  de  la  partie  gauche,  il 

correspond  à  l'équalion  l+a:s=a:',  quidonnea:= — qIv/^""^)» 

après  avoir  écarté  la  racine  positive,  comme  excédant  les 

limites  horizontales  du  lieu.  On  ne  peut  donc  plus  conserver 

aucun  doute  sur  la  forme  générale  de  la  courbe.  Sa  courbure, 

très-prononcée  dans  la  portion  BAB',  Test  beaucoup  moins 

dans  le  reste  de  la  partie  fermée,  etdiminueencore  davantage 

dans  la  partie  indéfinie.  Gomme  le  centre  devrait  être  sur  la 

courbe,  en  vertu  du  degré  impair,  et  en  môme  temps  sur  l'axe 

des  abscisses,  à  cause  de  la  symétrie,  il  est  clair  que  cette 

courbe  n'en  comporte  pas, puisqu'il  devrait  être  plucéenO  ou 

en  A,  contrairement  à  Tensemble  de  la  discussion. 

2x  "*  ic^ 

Deuxième  exemple.  Soit  maintenant  l'équation  y*=  — 5 r, 

X*  —  1 


/      X  (^ x) 

doù  y=dt  Kl  ', 77-: — tt;  î  cette  décomposition  en  fac- 

leurs  est  ici  destinée  à  mieux  caractériser  la  marche  générale 
de  l'ordonnée.  A  droite,  chaque  terme  de  la  fraction  renferme 
un  facteur  positif,  en  sorte  que  y  ne  sera  réel  qu'autant  que 


270  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

les  autres  facteurs  ^—x  eix — 1  auront  le  même  signe,  ce 
qui  restreint  x  entre  i  et  2,  puisque  ces  facteurs  ne  sauraient 
d'ailleurs  deyenir  simultanément  négatifs.  Cette  partie  de  la 
courbe  ne  commence  donc  qu'à  Tasymptote  CC  {fig.  66),  et 
se  termine  à  son  intersection  B  avec  son  axe.  Vers  la  gauche, 

/      X  Ix  4-2) 
on  aurait  y  =a  i  /  .,    .     .  77    — r^  ^U  par  conséquent,  la 

courbe  ne  s'étendrait  que  de  Torigine  jusqu'à  l'asymptote 
â;sa  —  1.  D'après  le  coefBcient  angulaire  de  la  tangente, 

x^—  X  +  i 

tang  a  =  "j        ..    j.^         -.  ■  ,      ^.1  il  est  aisé  de  constater 
°         (1  —  x^)  v/(2a;  —  x^)  [x^  —  1) 

que  les  points  B  et  0  sont  des  sommets  :  ainsi,  depuis  chacun 
d'eux  jusqu'à  l'asymptote  correspondante,  chaque  partie  de  la 
courbe  doit  offrir  une  inflexion,  dont  le  calcul  serait  ici  très- 
laborieux.  La  courbe  ne  saurait  d'ailleurs  avoir  de  centre, 
puisqu'il  ne  pourrait  être  qu'en  Â,  milieu  entre  ces  deux 
sommets,  ce  qui  est  évidemment  contraire  à  la  discussion. 
Toutefois  les  deux  parties,  droite  et  gauche,  du  lieu  semblent 
jusqu^à  présent  fort  analogues.  Pour  en  mieux  saisir  la  vraie 
relation,  il  faut  y  comparer  deuxordonnées  placées,  sur  chaque 
portion,  à  la  même  distance  du  sommet  correspondant,  en 
faisant  successivement  a:=2 — ^,  a;= — /;  d'où  il  résulte  dV 

^^'^  y'  -  (i-,)(3-:/r  ''  '"'^^'^  ^  ~  (î=hhï=ô-  ''^'" 

2  +  / 
traction  faite  des  facteurs  communs,  la  seconde  fraction  j—f— . 

surpasse  évidemment  la  première,  comme  ayant  à  la  fois,  pour 

/<i,  un  plus  grand  numérateur  et  un  moindre  dénominateur  : 

donc  la  partie  gauche  s'élève  davantage  que  la  partie  droite. 

Troisième  exemple.  Considérons  encore  la  courbe  y=x±: 


y/ 5x2  —  6a;  —  x^.  Le  terme  rationnel,  placé  devant  le  radical 
carré,  y  indique,  comme  au  n^précédent,  pour  lescordes  ver- 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  271 

ticales,un  diamètre  rectiligne,  coïncidant  ici  avec  la  première 
bissectrice,  qui  coupe  le  lieu  aux  trois  points  x^=0,  â:  =  2, 
3.  En  décomposant  la  fonction  irrationnelle,  afin  d'en 


mieux  juger  la  marche,  on  a  y  =  a:  dz  \/x  (x  —  2)  (3  —  x).  Dès 
lors,  la  courbe  ne  peut  s'étendre  à  droite  que  de  la  seconde  à 
la  troisième  intersection  avec  son  diamètre,  de  A  enB  {fig.  67). 
Mais  à  gauche,  les  deux  premiers  facteur*^  étant  toujours  né- 
gatifs, et  le  dernier  toujours  positif,  la  valeur  du  radical  sera 
constamment  réelle  et  croîtra  sans  limites.  Ainsi  la  courbe  se 
compose  de  deux  parties,  Tune  à  droite  fermée,  l'autre  à 
gauche  indéfinie,  séparées  par  un  intervalle  vide,  de  0  à  A. 
Le  maximum  d^écartement  delà  première  envers  son  diamètre 
se  déterminera  aisément  en  annulant  la  dérivée  de  Sar' — 6a: — x^; 

5  +  \/7 

ce  qui  donnera  z  =  — ^ — ,  l'autre  racine  se  rapportant  à 

une  ordonnée  imaginaire  :  en  construisant  la  valeur  corres- 
pondante du  radical,  on  renfermera  cette  portion  du  lieu  entre 
deux  parallèles  au  diamètre.  Quant  à  la  tangente,  on  trouve 

lOx— 6  — 3a;» 
finalement,  d'après  nos  règles,  tang  a  =  1  -f-    /^  ,      .  ,  î 

Y  OX^ —  OX  —  X* 

ce  qui  confirme  la  position  de  ces  deux  tangentes,  et  la  verti- 
calité de  celles  en  0,  A  et  B.  Cette  fonction  devenant  infinie 
pour  a:  =:  00 ,  comme  le  montre  la  division  des  deux  termes 
par  a;',  on  reconnaît  ainsi  tout  à  la  fois  l'absence  d'asymptote 
et  l'existence  d'une  double  inflexion  à  gauche,  dont  la  position 
précise  exigerait  un  trop  long  calcul,  aussi  bien  que  celle  du 
roaximunl  ou  minimum  de  l'ordonnée  adroite.  Pour  que  ces 
sinuosités  soient  conciliables  avec  le  degré,  qui  interditici  plus 
de  trois  points  en  ligne  droite,  il  suffit  que  la  tangente  s'y 
trouve  dirigée  de  manière  à  ne  pas  couper  la  partie  fermée  du 
lieu. 

Quatrième  exemple.  Soit,  en  dernier    lieu,  l'équation 


272  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

î^* — âx'y'— fl:*+l=0,  dont  la  forme  indique  aussitôt  une 
courbe  symétrique  autour  des  deux  axes,  avec  l'origine  pour 

centre.  D'après  la  formule  y  =i;  y  x^  d:  v/2ic*  — i,  il  faudra 
d'abord  s'assurer  de  la  réalité  du  radical  partiel,  ce  qui  exige 

seulement  a;  >  \/  0'»  mais  on  voit  ensuite  que,  si  le  premier 

signe  de  ce  radical  donne  toujours  une  ordonnée  réelle  et  in- 
définiment croissante,  il  n'en  saurait  être  de  môme  du  signe  in- 
férieur, qui  rendra  bientôt  y  imaginaire,  à  partir  de  la  valeur 
x=l,  correspondante  à  y=0.  Ainsi,  le  très-petit  intervalle 


4      iT 


horizontal  de  i/  ^-  à  i  exige  ici  une  appréciation  spéciale^  puis- 
que l'ordonnée  s'y  trouve  quadruple,  tandis  qu'elle  est  seule- 
ment double  dans  tout  le  reste  indéflnide  la  courbe.  En  consi- 
dérant pour  plus  de  clarté,  cette  courbe  comme  naissant  en  Â, 
à  sa  rencontre  avec  son  axe,  il  faudra  donc  concevoir  le  point 
décrivant  s'avîançant  d'abord  vers  Taxe  vertical  jusqu'en  B, 
d'où  il  s'en  éloigne  ensuite  à  l'infini,  conformément  à  la  figure 
68.  A  mesure  que  x  augmente,  la  valeur  du  radical  partiel 
tend  à  se  confondre  avec  x^v/^;  ce  qui  indique,  autour  du 
centre,  deux  asymptotes  rectUignes,  dont  le  coefficient  angu- 


laire est  rfc  \/ 1  -}-  yj\.  Quoique  leur  existence  décide  suffisam- 
ment du  sens  de  la  courbure  dans  la  majeure  partie  du  lieu, 

l'examen  de  la  tangente  est  pourtant  indispensable,  surtout 

2  (d^^  j-i  i/2\ 
enverslapartieBAB'.Or,onaicitanga=       ^  ^  ^ ^^,  donclatan- 

gente  est  verticale  en  A  où  y=0  et  enB  où  y=ir  ;  en  sorte  que, 
dans  l'intervalle,  il  existe  une  inflexion,  dont  le  calcul  serait 
d'ailleurs    trop  pénible.  En  rapportant  tout  à  x,  il  vient 

X  (2a;^  +  ^2x*  —  l) 
tang  a  ==  "~~— — —  Si  l'on  divise  les  deux 

\/2x*— 1  V^  a;2  +  v/2i*^^ 


TROISIÈME  PARTIE,    CHAPITRE   QUATRIÈME.  273 

termes  par  x^  afin  de  supposer  x  infini,  celte  formule  devient 


2  + 


tangot  = 


0-1 


0-pVW^ 


2+\/2 
sa  valeur  extrême  est ce  qui  reproduit,  sous 

une  autre  forme,  la  direction  déjà  trouvée  pour  l'asymptote, 
dont  le  coefQcient  linéaire  serait  d'ailleurs  reconnu  nul  en  com- 
plétant l'opération,  quand  même  la  symétrie  ne  Teût  pas  in- 
diqué d'avance.  Quand  au  point  le  plus  rapproché  du  centre,  le 

X  ( !X^'\'lfl\        X 

principe  des  normales  donnera  ici  la  condition  -  (  -z — ~  )=  -, 
^       ^  yW—t/J     y 

qui  n'admet  évidemment  d'autre  solutionque  y=0,  ou  le  som- 
met A,  à  partir  duquel  la  courbe  s'éloigne  donc  continuelle- 
ment de  son  centre,  même  dans  la  partie  AB,  où  elle  s'avance 
vers  l'axe  vertical  :  il  est  aisé  de  vérifier,  en  effet,  que  la  dis- 
tance OB  surpasse  un  peu  OA. 

Cet  exemple  extrême  est  propre  à  faire  sentir  la  nécessité 
d'accorder  quelquefois  une  attention  spéciale  à  de  petits  inter- 
valles pour  discuter  convenablement  certaines  équations  :  les 
principaux  accidents  géométriques  se  passent  ici  entre  A  etB; 
au  delà,  la  courbure  est  évidemment  très-faible,  puisque  la 
direction  de  la  tangente  ne  varie  pas  de  45*^  dans  tout  le  reste 
indéfini  de  la  courbe.  On  sent  toutefois  que  l'existence  de  tels 
intervalles  est  toujours  indiquée  par  une  judicieuse  apprécia- 
tion de  la  formule  qui  exprime  l'ordonnée  ;  en  sorte  que  de  pa- 
reils cas  n'autorisent  nullement  à  contracter,  en  général,  ces 
babitudesaveuglémentminutieuses  qui  s'opposent  trop  souvent 
aujourd'hui  à  toute  saine  discussion  des  courbes  algébriques. 


274  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Il  serait  ici  superflu  d'examiner  géométriquement  un  plus 
grand  nombre  d'équations  polynômes  :  je  laisse  au  lecteur  àen 
multiplier  spontanément  les  exemples,  auxquels  chacun  pourra 
maintenant  appliquer  sans  difficulté  les  principes  que  nous 
avons  désormais  assez  caractérisés.  Afin  d'éviter  les  embarras 
algébriques  trop  supérieurs  à  Tinstruction  analytique  exigée 
dans  ce  traité^  j'ai  considéré  exclusivement  des  équations  fa- 
ciles à  résoudre,  au  moins  quant  à  l'une  des  variables.  Mais, 
après  avoir  assez  étudié  la  haute  algèbre,  il  conviendra  de  pour- 
suivre, sur  quelques  exemples  bien  choisis,  la  discussion  géo- 
métrique des  équations  algébriques,  sans  y  dégager  aucune 
coordonnée.  Je  recommanderai  spécialement,  à  cet  égard,  la 
courbe  remarquable  que  Descartes  th'a  de  l'équation  j^+Zxy 
-fx^=0.  Un  très-petit  nombre  de  cas  analogues  dans  les  degrés 
supérieurs  caractérisera  suffisamment  les  nouvelles  difficultés 
géométriques  qui  résultent  alors  de  notre  impuissance  algé- 
brique, en  évitant  d'ailleurs  avec  soin  de  susciter,  à  ce  sujet, 
des  calculs  trop  compliqués,  dont  la  fastidieuse  influence  alté- 
rerait beaucoup  la  principale  utilité  logique  de  tels  exercices. 

86.  Quand  la  géométrie  comparée,  jusqu'ici  à  peine  entrevue 
par  quelques  esprits  philosophiques,  aura  été  rationnellement 
constituée  d'après  ses  véritables  principes,  on  pourra  rendre 
bien  plus  profitable  la  discussion  géométrique  des  équations 
en  y  introduisant  habituellement  les  questions  inverses,  au- 
jourd'hui trop  peu  accessibles,  qui  consistent  à  composer  des 
équations  correspondantes  à  des  formes  générales  arbitraire- 
ment données.  Ces  nouveaux  problèmes,  toujours  profondé- 
ment indéterminés,  ne  peuvent  être  maintenant  abordés  avec 
quelque  succès  que  dans  lescas  les  plus  simples.  Je  crois  pour- 
tant devoir  ici  en  indiquer  un  exemple,  afin  de  signaler  au  lec- 
teur intelligent  le  genre  d'exercices  le  plus  propre,  sans  doute, 
à  faire  promptement  approfondir  l'ensemble  de  la  géométrie 


TROISIÈME   PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  275 

analytique.  Supposons  qu'il  faille  composer  une  équation  algé- 
brique dont  lelieu  puisse  ressembler  à  la  coùrbede  la  figure  69. 
En  conceyant  Torigine. placée  au  sommet  0  et  Taxe  des  ab- 
scisses confondu  avec  Taxe  de  la  courbe,  il  sera  facile  de  former 
Téquation  de  manière  à  satisfaire  aux  conditions  de  symétrie  et 

f  ix) 
d'asymptotisme,  en  lui  donnant  la  forme  y^  =  S\  »  pourvu 

que  le  numérateur  s'annule  avec  x  et  que  le  dénominateur, 
devenant  infini  pour  :r =00 ,  soit  d'un  plus  haut  degré, la  frac- 
tion devant  d'ailleurs  conserver  toujours  le  signe  de  l'abscisse. 
Toutes  ces  indications  seraient  simultanément  remplies,  par 
exemple,  d'après  la  formule 

où  les  trois  coefficients,  supposés  toutefois  positifs,  demeurent 
encore  indéterminés.  Une  telle  fonction  assurera,  du  reste, 
l'existence  d'un  point  culminant,  analogue  à  A,  et  dès  lors 
aussi  celle  d'une  inflexion  B  entre  A  et  l'asymptote.  Ainsi,  les 
diverses  conditions  essentielles  de  la  figure  sont  simultanément 
satisfaites  par  cette  équation,  où  la  disponibilité  des  constantes 
a,  6,  c,  permettra  maintenant  de  remplir  les  indications  numé- 
riques relatives  à  la  position  et  à  la  hauteur  du  point  culmi- 
nant. Car,  l'indétermination  de  ces  coefDcients  n'empêche  pas 
d'appliquer  complètement  ici  la  règle  des  tangentes,  qui  don- 

neratanga= ^ — ,  où  Ton  voitd'ailleurs 

'i[bx^+c)}/ax[bx^+c) 

que  l'origine  est,  en  effet,  un  sommet,  suivant  l'exigence  de 

y 

la  figure,  et  comme  l'indiquait  déjà  le  rapport  -.  On  trouve 

X 

ainsi  a:  t=  *  /^     y  s=a  4  /  ^'      pour  les  coordonnées  du 

Mb'       y'ibc 

point  culminant.   Après  Tavoir    convenablement  placé,  on 


276  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

pourra  disposer  encore  d'une  conslante,  en  faveur  d'une  seule 
condition  relative  au  double  point  d'inflexion.  Si  Ton  adoptait 
l'équation  plus  compliquée 


y*' 


03? 


6a::*+ca:»+rfar*-f  C5:  +  /' 


on  pourrait,  outre  les  prescriptions  précédentes,  remplir  aussi 
toutes  les  indications  propres  à  l'inflexion  B,  B',  soit  quant  à 
ses  coordonnées,  soit  quant  à  la  tangente  correspondante  : 
Tune  de  ces  nouvelles  constantes  resterait  même  disponible 
pour  quelque  autre  intention  géométrique. 


CHAPITRE    V. 

Discussion  spéciale  des  équations  du  second  degré. 

87.  Après  avoir  suffisamment  caractérisé,  dans  les  chapitres 
précédents,  la  discussion  générale  des  équations  algébriques, 
il  faut  maintenant  compléter  cette  étude  en  indiquant  spéciale- 
ment, par  un  exemple  convenable,  la  manière  d'apprécier  tous 
les  cas  géométriques  que  peut  offrir  un  genre  particulier  d'é- 
quations, suivant  les  diverses  hypothèses  relatives  aux  coeffi- 
cients indéterminés  qui  s'y  trouvent.  Tel  est  ici  le  principal 
objet  de  la  discussion  spéciale  à  laquelle  nous  allons  soumettre 
les  équations  du  second  degré,  et  qui  d  ailleurs  formera,  pour 
l'ensemble  de  ce  traité,  une  transition  naturelle  de  cette  troi- 
sième partie  à  la  quatrième,  où  nous  devons  étudier  particuliè- 
remenl  les  courbes  de  ce  degré.  Quoiqu'une  pareille  analyse 
ait  été  aussi  opérée  par  Newton  envers  le  troisième  degré,  et 
même  par  Euler  îl  l'égard  du  quatrième,  ces  deux  cas  condui- 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   CINQUIÈME.  277 

sent  àdes  dîstinclions  tellement  compliquées^  et  surtout  si  nom- 
breuses, qu'il  ne  convient  point  de  les  introduire,  &  cette  fin, 
dans  renseignement  élémentaire,  où  le  second  degré  constitue 
sous  ce  rapport,  un  type  très-sufGsant  et  complètement  appré- 
ciable, qui  n'aurait  d'autre  inconvénient  que  de  donner  une  trop 
faible  idée  des  difficultés  propres  à  cet  examen  complémentaire, 
si  sa  facilité  exceptionnelle  n'était  pas  d'avance  aisément  ex- 
plicable. 

Cette  appréciation  spéciale  serait,  par  sa  nature,  très-peu 
propre  à  manifester,  suivant  un  vicieux  usage  scolastique,  les 
vrais  principes  généraux  de  la  discussion  géométrique  des  équa- 
tions ;  car^  les  particularités  relatives  à  ce  degré  y  aplanissent 
spontanémentpresque  tous  lesobstacles  essentiels  que  nous  ont 
offerts  ci-dessuslesautreséquationsalgébriques.Mais,ayantdéjà 
appris,  sur  des  exemples  convenables,  à  surmonter  ces  diffi- 
cultés fondamentales  nous  pourrons  maintenant  utiliser  pleine- 
ment, sans  aucun  scrupule,  ces  simplifications  exceptionnelles, 
dont  la  judicieuse  introduction,  loin  de  compromettre  une  étude 
générale  désormais  assez  caractérisée,doit  ainsi  réagir,au  con- 
traire, sur  son  perfectionnement  total,  en  y  indiquant  Theu- 
reux  emploi  des  circonstances  particulières  quiavaient  dû  être 
précédemment  écartées. 

88.  Afm  que  le  nombre  des  coefficients  de  Téquation  géné- 
rale du  second  degré  se  trouve  exactement  conforme  aux  con- 
ditions de  la  détermination,  je  supposerai  toujours  Tun  d'eux 
égal  à  Tunité,  en  faisant  toutefois  tomber  cette  particularité 
sur  le  terme  le  moins  important,  pour  diminuer  autant  que 
possible  rinconvénient  de  ne  pouvoir  ainsi  représenter  immé- 
diatement le  cas  où  ce  terme  manque,  inconvénient  d'ailleurs 
bien  moins  grave  qu'une  fausse  insinuation  habituelle  sur  le 
nombre  de  points  déterminant.  L'équation  étant  donc 

ay^+bxy+cx'^+dy+ex=i , 


t  ■-.■ 


278  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

Texpression  de  Tordonnée  y  est 

{bx+d) 


On  voit  d'abord  ici,  comme  en  plusieurs  cas  antérieurs,  que 
la  partie  rationnelle  indique  un  diamètre  rectiligne  pour  les 
cordes  parallèles  à  Taxe  des  y.  Mais  cette  indication  prélimi- 
naire acquiert  maintenant  beaucoup  plus  d'importance  qu'en 
aucun  autre  exemple,  si  Ton  réfléchit  qu'elle  correspond  à  l'é* 
quation  la  plus  générale  de  ce  degré,  tandis  que  jusqu'ici  elle 
ne  s'était  manifestée  qu'envers  des  types  algébriques  très-parti- 
culiers relativement  aux  degrés  respectifs.  Une  telle  équation 
ne  pouvant  éprouver  aucun  changement  de  forme  d'après  un 
déplacement  quelconque  du  lieu,  qui  n'y  produirait  que  de 
nouveaux  coefficients,  il  s'ensuit  que  cette  propriété  géomé- 
trique doit,  au  fond,  convenir  alors  à  tous  les  systèmes  de 
cordes,  puisque  les  ordonnées  pourront  toujours  leur  être 
supposées  parallèles  en  tournant  suffisamment  les  axes.  On 
découvre  ainsi,  dès  le  début,  indépendamment  de  toute  théorie 
des  diamètres,  le  caractère  peut-être  le  plus  remarquable  qui, 
dans  l'ensemble  delà  géométrie  comparée,  doive  distinguerles 
courbies  du  second  degré,  comme  ayant,  en  tout  sens,  des  dia- 
mètres rectilignes.  Par  un  raisonnement  inverse  convenable- 
ment approfondi,  on  poun^ait  d'ailleurs  se  convaincre  qu'une 
telle  propriété  est,  en  effet,  pleinement  caractéristique,  en  tant 
qu'exclusivement  relative  à  ces  courbes  (1). 

La  discussion  générale  de  l'ordonnée,  encore  plus  fondamen- 
tale ici  qu'envers  tout  autre  cas,  étant  ainsi  réduite  au  seul 
examen  du  radical,  qui  indique  la  distance  verticale  de  la 
courbe  au  diamètre,  on  est  aussitôt  conduit  à  y  distinguer  deux 
hypothèses  nécessairement  différentes,d'abord  an alytiquement, 

puis  géométriquement,  selon  que  ce  radical  affecte  une  fonction 
(1)  Voyez  la  noie  1  rectificative  à  la  fin  du  volume. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  279 

de  degré  impair  ou  de  degré  pair,  c'est-à-dire  suivant  que  la 
constante  composée  6* —  Aac  est  ou  n*est  pas  nulle.  Dans  la 
première  supposition,  la  courbe  ne  rencontrera  qu*une  seule 
fois  ce  diamètre^  et  par  suite  tous  les  autres  ;  puisque,  comme 
ci-dessus,  cette  remarque  doit,  au  fond,  convenir,  d'après  la 
généralité  de  Téquation  actuelle,  à  un  diamètre  quelconque  : 
dans  la  seconde,  au  contraire,  le  diamètre  rencontrera  deux 
fois  la  courbe  ou  pas  du  tout.  Il  est  clair,  àpriari,  que  la  marche 
générale  de  l'ordonnée  ne  saurait  être  la  même  en  ces  deux  cas. 
Considérons  d'abord  le  premier,  où  l'on  a 
{bx  +  d)        1 


y  =  -  —^  -  2^  v/2  [bd  -  ^ae)  x  +  {d^+  Aa). 

Le  seul  terme  variable  du  radical  devant  alors  changer  de  signe 
en  même  temps  que  x,  cette  fonction  sera  toujours  réelle  d'un 
côté  du  point  de  rencontre  de  la  courbe  avec  son  diamètre^  et 
toujours  imaginaire  de  l'autre  côté,  suivant  le  signe  du  coeffi- 
cient bd  —  2ae  :  dans  la  partie  réelle,  sa  valeur  croîtra  indéfi- 
niment en  s'éloignant  de  ce  point.  Ainsi,  ce  premier  cas  cor- 
respond à  un  lieu  limité  horizontalement  d'un  côté  et  illimité 
de  Tautre,  sans  aucune  limite  parallèle  au  diamètre.  Nous  le 
désignerons  brièvement  sous  le  nom  de  parabole^  déjà  employé, 
dès  le  deuxième  chapitre  de  cet  ouvrage,  envers  une  courbe 
qui  appartient  évidemment  à  ce  type  ;  sauf  à  démontrer  bien- 
tôt, par  la  voie  ordinaire  de  la  coïncidence  des  équations,  que, 
réciproquement,  toute  courbe  du  second  degré  bornée  dans  un 
sens  et  indéfinie  dans  l'autre  constitue  effectivement  une  para- 
bole proprement  dite,  engendrée  par  un  point  toujoui*s  équi- 
distant  d'un  point  fixe  et  d'une  droite  fixe. 

Supposons  maintenant  que  la  fonction  sous  le  radical  soit  du 
second  degré,  et  imaginons  que,  pour  faciliter  la  discussion, 
oir  l'ait  décomposée,  comme  en  divers  cas  antérieurs,  en  deux 
facteurs  du  premier  degré.  On  aura  alors 


280  GÉOMÉTRIE  PLAXE. 


{bx  +  d) 


y  -  -  '—^  ±  -  /(*=»-  Aac)  (X  -  x^)  {x  -  x"). 

x'  et  x"  désignant  les  racines  correspondantes  à  l'annulation  du 
radical^  el^  par  suite,  caractérisant  les  deux  intersections  de 
la  courbe  avec  son  diamètre.  Ici  surgit  évidemment  la  né- 
cessité d*une  nouvelle  distinction,  selon  que  le  facteur  constant 
b^ —  4ac  est  négatif  ou  positif,  ce  qui,  obligeant  les  deux  fac- 
teurs variables  à  être  tantôt  contraires,  tantôt  conformes  de 
signe,  doit  nécessairement  affecter  beaucoup  la  marche  géné- 
rale de  l'ordonnée.  Dans  le  premier  de  ces  deux  nouveaux  cas, 
la  courbe  sera  certainement  Comprise  entre  les  ordonnées  des 
points  où  elle  rencontre  le  diamètre,  et  d'ailleurs  continue, 
puisque  toute  valeur  de  x  inférieure  à  x"  et  supérieure  à  x' 
rendra  y  réel.  Son  écartement  du  diamètre  sera,  en  outre,  inévi- 
tablement  limité  ;  et  le  maximum  du  produit  (x—x')  {x* — ar), 
qui  le  détermine,  correspondra  au  milieu  de  ces  deux  inter- 
sections, d'après  un  théorème  familier  d'algèbre  élémentaire, 
relatif  aux  produits  dont  la  somme  des  facteurs  est  constante. 
Ainsi,  la  courLe  est  alors  renfermée  dans  un  parallélogramme, 
formé  par  deux  ordonnées  et  deux  parallèles  au  diamètre  : 
nous  la  qualifierons  à'ellipse,  sauf  à  justifier  ci-dessous  la  par- 
faite convenance  de  celte  dénomination,  en  ramenant  l'équa- 
tion actuelle  au  type  qu'elle  rappelle. 

Enfin,  quand  i*  —  Aac  est  positif,  la  marche  générale  du 
radicaldevientessentiellementinversedela  précédente;  puisque 
l'ordonnée  ne  sera  jamais  réelle  entre  x=x'  et.r  =  a:",  et  le 
deviendra  toujours,  au  contraire,  en  deçà  de  l'une  des  inter- 
sections ou  au  delà  de  l'autre  :  la  courbe  pourra  d'ailleurs 
maintenant  s'écarter  à  l'infini  de  son  diamètre.  Ce  lieu  sera 
donc  à  la  fois  illimité  en  tous  sens  et  discontinu,  comme  l'Ay- 
perbole  proprement  dite,  dont  nous  lui  appliquerons  déjà  le 
nom,  que  nous  reconnaîtrons  bientôt  rigoureusement  con- 
venable. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  281 

Telles  sont  les  distinclions  successives  d'après  lesquelles  la 
discussion  fondamentale  de  l'ordonnée  démontre  naturellement 
que  toute  équation  du  second  degré  représente  géométrique- 
ment une  "parabole,  une  ellipse,  ^ou  une  hyperbole,  selon 
que  la  constante  composée  b^  —  Aac  est  nulle,  négative,  ou  po- 
sitive. Ce  caractère  analytique  doit  donc  toujours  persister 
quand  la  courbe  se  déplace  arbitrairement,  quoique  les  coeffi- 
cients a,  d,  c  puissent  alors  changer.  Il  importe  de  remarquer, 
dès  l'origine,  que  le  premier  cas  s'offre  spontanément  comme 
plus  distinct  des  deux  autres  que  ceux-ci  ne  le  sont  entre  eux  : 
cette  comparaison  sera  confirmée,  dans  la  quatrième  partie  de 
ce  traité,  par  l'ensemble  des  propriétés  de  ces  trois  courbes. 

La  seule  considération  du  degré  suffit  ici,  indépendamment 
de  tout  examen  de  la  tangente,  pour  déterminer  le  sens  de  la 
courbure,  en  indiquant  que  le  lieu  doit  toujours  être  concave 
vers  son  diamètre,  afin  de  ne  jamais  présenter  plus  de  deux 
points  en  ligne  droite. 

89.  Complétons  maintenant  cette  appréciation  fondamentale, 
en  considérant  successivement  les  équations  du  second  degré 
sous  les  divers  aspects  généraux  propres  aux  théories  géomé- 
triques que  nous  avons  établies. 

Quant  au  nombre  de  points  déterminant,  notre  distinction 
principale  se  soutient  évidemment  en  indiquant  quela  détermi- 
nation de  l'ellipse  ou  de  l'hyperbole  exige  cinq  points,  tandi^^ 
que  quatre  suffisent  envers  la  par&bole,  puisque  l'une  des 
constantes  arbitraires,  a,  6,  c,  peut  alors  disparaître  de  l'équa- 
tion, d'après  sa  subordination  spéciale  aux  deux  autres. 

Relativement  aux  tangentes,  on  a  ici 

by  +  2cx  4-  e 
tang  a  =  —   '^     ,   , — r^\ 
°  2ai/  +  bx+d 

mais  la  discussion  de  cette  formule,  actuellement  inutile  pour 

9ê 


282  GÉOMÉTHIfi  PLANE. 

discerner  le  sens  de  la  courbure,  ne  présente  quelque  Intéï'èt 
qu'enver&  les  points  propres  à  annuler  son  numérateur  ou  son 
dénominateur,  en  indiquant  les  tangentes  parallèles  aux  axes. 
Encore  le  résultat  pourrait-il  même  en  être  aisément  prévu  : 
car,  les  tangentes  verticales,  par  exemple,  correspondent  à 
2ûy  +  bx  +  rf*=  0^  ce  qui  constitue  précisément  l'équation 
du  diamètre  relatif  à  des  cordes  verticales  ;  il  s'ensuit  donc  que, 
à  sa  rencontre  avec  la  courbe,  la  tangente  est  parallèle  à  ses 
cordes.  Cette  rémarque,  également  convenable  au  numérateur, 
peut  être  facilement' étendue  à  un  diamètre  quelconque,  d'après 
la  considération  lumineuse  que  nous  avons  déjà  employée  sur 
la  généralité'  géométrique  de  Téquation  actuelle.  Or,  ainsi 
agrandie,  cette  relation  constante  des  tangentes  aux  cordes 
constitue^  sous  un  autre  aspect,  une  suite  nécessaire,  de  la 
direction  de  la  courbure,'  indiquée  par  le  degré;  puisque,' -là 
où  le  lieu  coupe  un  diamètre,  la  tangente  ne  pourrait  cesser 
d'être  parallèle  aux  cordes  correspondantes,  qu'autant  qu'il  y 
aurait  rebroussement,  ce  qui  est  évidemment  impossible. 

En  appliquant  ici  Tune  quelconque  de  nos  deux  métbodes 
générales  pour  la  détermination  des  asymptotes  rectilignes,  ou 
même  la  méthode  subsidiaire,  d'aprèsTextractiond^tla  racine, 
on  trouvera,  sans  difficulté,  la  double  équation 

Les  deux  coefficients  y  sont  imaginaires  quand  ô^ —  4ac  est  né- 
gatif, comme  le  cas  l'exigeait  géométriquement.  Us  sont  réels, 
mais  incompatibles,  si  V^  —  4ac=  0;  en  sorte  que  la  parabole 
n'a  pas  non  plus  d'asymptote  :  toutefois,  la  courbe  étant  alors 
indéfinie,  la  valeur  du  coefficient  angulaire  y  indique,  suivant 
nos  principes  généraux,  la  limité  constante  de  la  direction  des 
tangentes.  L'unité  d'une  telle  limite  montre  que  les  deuxbran^ 


TROISIÈME  PARTIE!,   CHAPITRE   CINQUIÈME.  283 

ches  de  là  courbe,  autour  de  chaque  diamètre,  tendent  à  de- 
venir parallèles  entre  elles  à  mesure  qu*elless*en  écartent.  On 
doit  d'ailleurs  remarquer  que  cette  commune  direction  est  pré- 
cisément celle  du  diamètre  déjà  obtenu,  d'après  le  coefficient 

angulaire— —,  également  convenable  aux  deux  cas.  Mais  cette 

relation  pouvait  être  aisément  prévue,  puisque  les  diamètres 
ne  rencontrent  alors  qu'une  seule  fois  la  courbe,  ce  qui  est  ici 
le  caractère,  en  un  point  quelconque,  des  droites  parallèles  à 
la  limite  de  là  direction  des  tangentes.  Un  tel  rapprochement 
conduit  donc  à  penser  que  tous  lés  diamètres  de  la  parabole 
doivent  être  parallèles  entre  eux,  comme  nous  le  vérifierons 
ci-dessous. 

Quant  à  Thyperbôle,  Téquation  précédente  y  indique  évi* 
demment  deux  asymptotes  toujours  distinctes,  dont  l'intersec- 
tion correspondrait  aux  coordonnées 

2ae  —  bd  2crf  —  be 

^~b'-  Aac' ^ '^  b^  —  Aac' 

que  nous  verrons  bientôt  convenir  au  centre,  conformément 
aux  exigences  géométriques,  qui  ne  sauraient  permettre  de 
placer  ailleurs  une  telle  rencontre.  Cette  diversité  de  limite 
entre  les  directions  des  deux  parties  de  Tliyperbole  séparées 
par  chaque  diamètre  intérieur,  constitue  la  principale  diver- 
sité gi^aphique  propre  à  empêcher  de  confondre  jamais  l'aspect 
d'une  parabole  avec  celui  d'une  demi-hyperbole,  quelque 
gi'ossier  que  ][>uisse  être  leur  tracé,  pourvu  qu'il  soit  judi- 
cieux. 

Si  maintenant  on  considère  les  courbes  du  second  degré  re- 
lativement aux  diamètres,  on  y  trouvera  aisément,  d'après 
notre  seconde  méthode,  l'équation  générale 

[bm  +  2c\     _  (dm  -f-  e\ 

y~      Wm  +  b)^      Uam-l-i/' 


284  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

qui  indique,  en  tous  sens,  des  diamètres  rectilignes.  Mais  cette 
commune  propriété  essentielle  avait  été  ci-dessus  prévue,  in- 
dépendamment de  toute  théorie  des  diamètres.  Nous  avons 
aussi  déjà  reconnu  le  parallélisme  nécessaire  des  diamètres  de 
la  parabole,  que  cette  équation  confirme  facilement,  en  y  re- 
marquant que,  d'après  la  relation  è^=  4  oc,  le  coefficient  an- 
gulaire du  diamètre  devient  indépendant  de  celui  m  des  cordes 
correspondantes.  Quant  à  Tellipse  ou  Thyperbole,  on  pourrait 
ainsi  constater  la  convergence  de  tous  leurs  diamètres  en  un 
point  unique  ;  mais  elle  sera  mieux  annoncée  ci-dessous  par  la 
détermination  du  centre.  Le  plus  heureux  usage  que  Ton 
puisse  faire  ici  de  Téquation  précédente,  consiste  à  remployer 
spécialement,  d'après  la  nature  rectiligne  de  tous  les  diamètres, 
pour  trouver  les  axes  de  la  courbe,  en  évitant  la  transposition 
d'axes  indéterminée  qu'exige,  en  tout  autre  cas,  une  telle  re- 
cherche, selon  nos  explications  générales.  Il  suffit,  en  ^effet, 
de  disposer  de  m  afin  que  le  diamètre  devienne  perpendicu- 
laire à  ses  cordes,  suivant  la  condition  ordinaire 


2am  -f-  b 

tn  =  ■= ; — ;r- 


,  ou  m^  +  2  l^—r^)  m  —  i  =  0, 


qui  indique  deux  directions  rectangulaires  constamment  pos- 
sibles, et  d'où  résultent  les  deux  droites  autour  desquelles 
toute  courbe  du  second  degré  doit  être  symétrique.  Cependant, 
en  achevant  le  calcul,  on.remarquera  que,  dans  le  cas  parabo- 
lique. Tune  de  ces  valeurs  est  inadmissible,  en  tant  que  ren- 
dant infini  le  coefficient  linéaire  du  diamètre  correspondant; 
en  sorte  que  la  parabole  n'est  symétrique  qu'en  un  seul  sens, 
comme  l'exigeait  évidemment  sa  figure  générale.  On  pourra 
également  constater  ainsi  que  l'ellipse  est  rencontrée  par  ses 
deux  axes,  et  l'hyperbole  par  l'un  seulement,  conformément 
aux  conditions  géométriques  de  continuité  ou  discontinuité. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  285 

La  méthode  des  centres  conduirait  ici  aux  coordonnées  rap- 
portées ci-dessus,  qui  sont  toujours  réelles,  et  d'ailleurs  finies 
pour  Tellipse  ou  Thyperbole.  Devenant  infinies  pour  la  para- 
bole, elles  y  confirment  Tabsence  de  centre  qu'indiquait  déjà 
sa  figure  générale,  et  vérifient  en  même  temps  le  parallélisme 
précédemment  reconnu  entre  tous  ses  diamètres. 

Enfin,  si  Ton  applique  à  deux  courbes  quelconques  du  second 
degré 

ay^  +  6^  +  ca:*  +  rfy  +  ^^  =»  1 
ay  +  6'^  +  0'^  +  d'y  -f  e'a:  —  1 

notre  théorie  générale  de  la  similitude,  il  faut  substituer,  dam 
la  première  équation, 

X'  cos  X'  —  y'  sin  X'  +  a  et  x'  sin  X'  +  y'  cos  X*  +  6 

au  lieu  de  x  et  y,  afin  de  Tidentifier  avec  la  seconde,  où  Ton 
aurait  d'abord  changé  x  en  mx'  et  y  en  my\  Mais,  sans  qu'il 
soit  nécessaire  d'exécuter  ce  long  calcul,  on  voit  aussitôt  qu'il 
ne  conduira  qu'à  une  seule  relation,  comme  nous  l'avons  de- 
puis longtemps  remarqué.  Cela  posé,  la  recherche  de  cette 
unique  condition  de  similitude  pourra,  suivant  nos  principes 
généraux,  s'accomplir  directement  sous  diverses  formes  équi- 
valentes, soit  linéaires,  soit  angulaires,  dont  la  plus  conve- 
nable me  semble  être  ici  relative  à  l'égalité  d'inclinaison  des 
deux  asymptotes,  qui,  envers  chaque  lieu,  constituent  certai- 
nement deuxlignes  homologues.  L'équation  ci-dessus  rapportée 


donne,  pour  un  tel  angle,  la  formule  tang  y  ^=»       ■   . : 

a  -^  c 

ainsi  la  condition  de  similitude  est 

(6*  —  4ac)  {cC  +  cj  —  (ô'»  —  Ka'c')  {a  -f  c)«—  0. 

Elle  devient  constamment  identique  dans  le  cas  parabolique; 
en  sorte  que  deuxparabolessontnécessairement toujours  sem- 


286  6É0MÉTRIK  PLANE. 

blables.  La  similitude  spontanée  de  deux  cercles  s'y.véri&e  aussi 
aisément,  d'après  le  double  caractère  correspondant. 

Quoique  la  considération  géométrique  d'où  dérive  si  commo- 
dément cette  condition  semble  particulière  à  Thyperbole,  le 
résultat  doit  être  étendu,  sans  aucun  scrupule  raisonnable^  aux 
deux  autres  cas,  puisque  celui  qu'on  avait  d'abord  en  vue  ne 
se  distingue  analytiquement  par  aucune  relation  précise  ten- 
dant à  restreindre  la  généralité  de  Téquation.  Même  envers  les 
équations  elliptiques,  où  les  coefficients  angulaires  des  deux 
droites  considérées  deviennent  imaginaires,  si  Ton  interprète 
ces  coelBcients  en  y  changeant  le  signe  du  radical  commun^  ce 
qui  ne  saurait  altérer  la  relation  finale,  on  donnera  naissance 
à  deux  droites,  qui,  pour  n'être  plus  alors  des  asymptotes,  n'en 
constitueront  pas  moins  toujours,  envers  les  deux  courbes,  des 
lignes  certainement  homologues,  dont  la  vraie  destination  géo- 
métrique, indifférente  à  une  telle  appréciation,  sera  d'ailleurs 
ultérieurement  expliquée. 

90.  Pour  compléter  la  discussion  spéciale  des  équations  du 
second  degrés  il  nous  reste  à  considérer  les  divers  cas  singuliers, 
spontanément  écartés  ci-dessus,  où,  quoique  offrant  le  carac- 
tère analytique  de  l'une  des  lignes  précédemment  examinées, 
elles  ne  représentent  réellement  aucune  courbe.  Cette  appré- 
ciation complémentaire  estici  d'autant  plus  intéressante,  qu'elle 
pourra  indiquer  les  anomalies  relatives  à  toutes  les  autres  équa- 
tions algébriques,  envers  lesquelles  nous  n'avions  pu  nulle- 
ment ébaucher  auparavant  un  tel  examen. 

Envisageons  d'abordles  équations  paraboliques,  où,  6*  —  Aac 
s'annulant,  l'ordonnée  est  exprimée  par  la  formule 

[bx  +  d) 


Tant  que  hd  —  ^ae  n'est  pas  nul,  il  en  résulte  une  parabole. 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  GINQUTÈME.  287 

suivant  notre  discussion  fondamentale.  Les  cas  exceptionnels 
doivent  donc  s*y  rapporter  à  l'annulation  de  cette  seconde 
fonction  des  coefficients,  d'où  résulte,  en  effet,  une  formule  du 
premier  degré 


qui  ne  saurait  jamais  convenir  à  une  courbe,  et  qui  indiquera 
deux  droites  parallèles,  ou  une  seule  droite,  ou  Tabsence  to- 
tale de  lieu  géométrique,  selon  que  la  troisième  constante  com- 
posée rf*  +4  a  sera  positive,  nulle^  ou  négative.  A  ces  trois  cas 
singuliers,  correspondent,  pour  Téquation  primitive,  les 
formes    . 

qui  sont  directement  caractéristiques,  comme  rappelant  la  dé- 
composition spontanée  du  premier  membre  de  l'équation  en 
deux  facteurs  du  premier  degré,  dont  les  termes  variables 
coïncident,  et  dont  les  termes  constants  sont  tantôt  inégaux, 
tantôtégaux,  ettantôtimaginaires.  Tous  les. degrés  cpmporte- 
raient  évidemment,  par  de  semblables  motifs  analytiques,  des 
exceptions  analogues,  sauf  les  modifications  plus  variées  rela- 
tives au  nombre  des  facteurs. 

Dans  les  équations  ellipti^iues^  où  6*  — Aoeesl  négatif,  nous 
avons  discuté  la  formule 

(bx  +  d) 


■    V  =  -'     ^    '  ±-y/b^--ia€){x-x'){x:^x") 

quand  les  deux  racines  auxiliaires  x'  et  x"  sont  réelles  et  iné- 
gales, c'est-à-dire  lorsque  le  polynôme 

a  [ae^  +  crf*  —  bde  +  kac  —  b\ 

formé  de  Tensemble  des  coefficients,  est  positif  :  c'est  le  cas 
nônnal  del'elUpse.  Supposons:  donc  maintenant  que  cette  eondi- 


288  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

lion  ne  soit  pas  remplie,  et  d'abord  que  ces  deux  constantes  de- 
viennent égales,  en  vertu  de  l'annulation  de  ce  polynôme.  On 
aura  alors 

et  Téquation  ne  comportera  d'autre  solution  réelle  que  celle 
relative  à  a:*»  or',  qui  fait  disparaître  le  radical  imaginaire  :  en 
sorte  que  le  lieu  géométrique  se  réduira  au  seul  point 

(bx'  +  (t)  %ae^bd  icd—be 

Suivant  les  explications  fondamentales  placées  au  début  de 
ce  traité,  il  serait  plus  exact  de  regarder  Téquation  comme  ne 
pouvant  être  sufDsamment  représentée,  par  suite  du  défaut  de 
peinture  des  solutions  imaginaires  :  car  ce  point  unique  pourra 
d'ailleurs  conserver  la  même  position  dans  une  infinité  d'hypo- 
thèses difTérenles  sur  les  coefficients^  a,  6,  c,  rf,  ^,  ainsi  assujettis 
seulement  à  trois  relations  pour  chaque  situation  donnée  de  ce 
prétendu  lieu.  En  remontant  à  la  composition  correspondante  de 
l'équation  primitive,  on  y  reconnaît  la  forme 

{y  +  px  +  qf  +  {y  +  p'x  +  q'f  =  0, 

qui  borne  directement  les  solutions  réelles  au  seul  point  com- 
mun aux  deux  droites  y +P^  +  y  =  0  ety  +p'a;  -|-y'«=:0. 
Rien  de  pareil  ne  saurait  a  voir  lieu  dans  aucun  degré  impair, 
d'après  la  notion  algébrique  relative  à  l'existence  nécessaire 
d'une  racine  réelle  en  toute  équation  de  degré  impair  à  une 
seule  inconnue.  Mais  tous  les  degrés  pairs  comporteront  des 
accidents  analogues,  et  avec  plus  de  variété,  d'après  le  type 
général 

qui,  manifestant  l'impossibilité  de  détruire  Tun  par  l'autre  deux 


TROISIÈME  PARTIE,   GHAPITRB  CINQUIÈME.  289 

groupes  toujours  positifs,  indiquera,  comme  seules  solutions 
réelles, les  coordonnées  communes  aux  deux  lignes /(:r,  y)  =«0 
et  7  [x^  y)  c=i  0.  Dans  le  second  degré,  où  ces  lignes  doivent 
être  droites,  il  n'en  peut  résulter  qu'un  point  unique.  En  un 
degré  plus  élevé,  où  elles  pourront  devenir  courbes,  ces  points 
isolés  pourront  se  multiplier  davantage,  jusqu'à  une  limite 
toujours  déterminée  par  le  nombre  des  intersections  possibles. 
Ainsi,  par  exemple,  une  équation  du  quatrième  degré  pourrait 
ne  fournir  géométriquement  qu'un  seul  point,  ou  bien  en 
donner  deux^  trois  et  même  quatre,  suivant  les  relations  des 
deux  courbes  f(x^  y)  =  0,<p  (ar,  y)  =«0,  alors  du  second  degré, 
et  pouvant  offrir  jusqu'à  quatre  points  communs  sans  se  con- 
fondre. 

Nous  pouvons  ensuite  supposer  que,  dans  une  équation  ellip- 
tique, les  constantes  auxiliaires  x*  et  x"  soient  imaginaires, 
c'est-à-dire  que  le  polynôme  a  (ae^  +  cd^  —  àde  -\-A  ac  —  é*), 
positif  pour  le  cas  normal,  devienne  négatif.  En  reprenant  la 
formule 

y ^-^^  :t^V{à'-iac){x-a:-){œ-x"), 

on  sait,  parla  théorie  algébrique  des  équations  du  second  degré, 
que  la  fonction  [x — x')  (ar—  x")  reste  alors  constamment  po- 
sitive, quelle  que  puisse  y  être  la  valeur  de  x.  Donc,  b^  —  A  ac 
étant  négatif,  on  voit  que  maintenant  l'ordonnée  sera  toigours 
imaginaire;  en  sorte  que  l'équation  n'aura  plus  aucun  lieu 
géométrique,  mais  suivant  un  tout  autre  mode  analytique  que 
dans  les  équations  paraboliques  ci-dessus  assujetties  à  la  même 
anomalie.  Ce  cas,  géométriquement  exceptionnel,  pourra  être 
algébriquement  aussi  fréquent  que  le  cas  normal,  en  prenant 
des  coefficients  au  hasard,  puisqu'il  n'exige  entre  eux  aucune 
relation  précise,  et  qu'il  se  distingue  seulement  par  le  sens, 
d'abord  imprévu,  d'une  certaine  inégalité.  La  composition  cor- 


290  ,  .     atOKÊTRIE.  PLANE. 

refipondante  de  Téquation  primitive  est  nettement  reppésentée 
par  la  formule 

[y+px  +  q?  +  (y  +  P'x  +  ?')*+  A*  =  0, 

qni  montre  directement  Timpossibilité  d'aucune  solution  réelle, 
même  en  annulant  les  deux  parties  variables. 

Toutes  les  équations  de  degré  pair  comporteraient  évidem- 
ment une  semblable  anomalie  géométrique,  suivant  le  type 

(/{^>  y)f+  (?(^,  y)r+(+  (^, y))^+  etc...  +  **« o. 

Considérons  enfin  les  cas  singuliers  propres  aux  équations 
hyperboliques,  où  è* —  ^ac  est  positif.  D*aprèslamême  formule, 

y (i^  ^  ^V/(ô._4ac)  {X-X-)  {x-x"), 

nous  avons  reconnu  l'hyperbole  quand  les  constantes  x'  et  x" 
sont  réelles  et  inégales.  Supposons-les  maintenant  égales,  selon 
rbypothèsea(ae"  -^ctP—bde+Aac —  ^*)«=«0.  La  formule  de- 
vient, comme  ci-dessus. 


(*^±^  :±:  (£ll£l)  V/ é^ZôTc. 


^  2a       ■"       2a 

Hais  le  changement  de  signe  de  6^  —  4ac  y  produit  un  effet 
géométrique  très-différent,  quoique  pareillement  singulier  ;  car, 
l'ordonnée  est  alors,  au  contraire,  toujours  réelle  ;  en  sorte  que 
Téquation  admet  encore  un  véritable  lieu,  à  la  fois  continu  et 
indéfini.  L'anomalie  consiste  donc  ici  en  ce  que  ce  lieu,  cessant 
d'être  curviligne,  se  compose  de  deux  droites,  qui  concourent 
nécessairement,  au  point  dont  Tabscisse  esix'.  En  remontant 
à  l'état  correspondant  de  Téquation  primitive,  on  y  reconnaît 
la  forme 

{y  +  px  +  qf  ^{x+p'y  +  qj^  0, 

qui  indique  aussitôt  une  décomposition  exc^ptiomieUe , en  Aeux 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  GINQUIÊME.  ^91 

focteurs  du  premier  degré,  relatifs  à  deux  droites  non  paral- 
lèles. Tous  les  autres  degrés,  pairs  ou  impairs,  seraient  évi- 
demment susceptibles  d'accidents  analogues. 

Si  les  constantes  a:'  et  x"  deviennent  imaginaires,  en  suppo- 
sant négatif  le  polynôme  a  (ac*  4- ccP — ôcfe+4û(r — 6*),  il  est 
aisé  de  reconnaître  que  ce  cas  n'est  nullement  singulier  envers 
les  équations  hyperboliques,  quoiqu'il  ait  dû  Têtre  pour  les 
équations  elliptiques.  Car^  Tinvariabilité  du  signe  de  la  fonction 
placée  sous  le  radical  de  y  constitue  alors  l'ordonnée  en  état 
constant  de  réalité,  de  manière  à  faire  également  naître  une 
courbe  indéfinie.  On  pourrait  seulement  craindre  d'abord  que 
ce  lieu  ne  cessât  ici  d'être  discontinu,  puisque  l'interruption 
horizontale,  primitivement  constatée  entre  x  ^a  or'  et  2:  >=>  o:"^ 
disparaît  ainsi  nécessairement.  Mais  il  suffit  de  penser  à  la  si- 
gnification géométrique  des  constantes^'  et  x''  pour  reconnaître 
que  cette  diversité  n'indique  réellement  aucune  modification 
de  forme,  et  ne  tient  qu'à  un  simple  accident  de  situation.  En 
effet,  ces  racines  déterminant  les  intersections  de  la  courbe 
avec  le  diamètre  correspondant  aux  cordes  verticales,  leur 
imaginante  actuelle  montre  que  ce  diamètre,  et  par  consé- 
quent ses  parallèles  trop  rapprochées,  cessent  de  rencontrer 
le  lieu,  dont  la  discontinuité  se  retrouve  alors  suivant  les 
perpendiculaires  à  cette  droite.  Il  n'existe  donc  géométrique- 
ment aucune  différence  effective  entre  ce  cas  et  celui  qui  nous 
a  servi  de  type  fondamental.  On  voit  que  toute  leur  diversité 
consiste  en  ce  que  la  courbe  coupe  ou  ne  coupe  pas  un  certain 
diamètre.  Comme  la  forme  générale  de  l'hyperbole  indique 
évidemment  que,  du  centre  placé  dans  sa  convexité,  partent 
indifféremment  dest  diamètres  propres  à  rencontrer  la  courbe 
et  d'autres  qui  ne  sauraient  l'atteindre,  suivant  les  directions 
des  cordes  correspondantes,  il  est  clair  que  cette  distinction 
reste  purement  relative  à  la  situation  de  l'hyperbole  envers 


^2  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

les  axes  actuels.  Ainsi,  ce  troisième  cas  des  équations  hyper- 
boliques n'est  réellement  pas  plus  singulier  que  le  premier. 
Leur  distinction  est  tellement  insignifiante,  qu'ils  pourront 
aisément  coexister,  en  comparant  les  deux  modes  de  résolu- 
tion de  réquation,  où  a:  et  y  peuvent  être  alternativement 
dégagés.  Car,  dans  la  formule  analogue, 

X ^-^^  ±^V/(6'-4a<:)(y-y)(y-y), 

il  est  aisé  de  constater  que  le  polynôme  d'où  dépend  la  réalité 
ou  Timaginarité  des  nouvelles  constantes  auxiliaires  y'  et  y"  ne 
diffère  de  celui  que  nou$  avons  considéré  envers  x'  et  a:"  que 
par  le  changement  du  facteur  monôme  a  en  ^,  le  facteur  com- 
plexe n'éprouvant  aucune  modilication  :  or,  a  et  c  pourraient 
ici  être  opposés  de  signe,  en  sorte  que  l'imaginarité  de  l'un  des 
couples  coïnciderait  avec  la  réalité  de  l'autre  ;  tandis  que,  si 
l'équation  était  elliptique,  a  et  c  auraient  nécessairement  le 
même  signe,  et  ces  deux  hypothèses  ne  sauraient  coexister, 
comme  l'exigeait  d'avance  leur  incompatibilité  géométrique. 

En  résumant  l'ensemble  de  cette  discussion  complémentaire, 
on  voit  que,  selon  des  caractères  déterminés  :  1®  les  équations 
paraboliques  comportent  trois  anomales  distinctes,  où  elles 
représentent  deux  droites  parallèles,  ou  bien  une  seule  droite, 
ou  enfin  n'admettent  aucun  lieu  ;  2^  les  équations  elliptiques 
offrent  deux  cas  singuliers,  suivant  que  le  lieu  s'y  réduit  à  un 
point,  ou  disparaît  totalement;  3^  enfin,  les  équations  hyper- 
boliques ne  présentent  qu'une  seule  exception  géométrique,  où 
le  Heu  dégénère  en  deux  droites  convergentes. 

91 .  U  ne  nous  reste  maintenant  qu'à  considérer  les  équations 
du  second  degré  sous  un  dernier  aspect  général,  en  y  étudiant 
les  simplifications  qui  peuvent  y  résulter  d'un  heureux  choix 
des  axes  rectangulaires.  Nécessairement  plus  prononcées  qu'en 


TROISIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  ONQUIÊHE.  293 

aucun  autre  cas,  comme  je  Tai  indiqué,  en  principe,  au  n^  30, 
ces  réductionsconslitueront  d'ailleurs  la  préparation  immédiate 
de  Télaboration  spéciale  à  laquelle  doit  être  consacrée  la  qua- 
trième partie  de  ce  traité,  envers  les  trois  courbes  que  ce  cha- 
pitre a  caractérisées. 

Pour  mieux  apprécier  ces  modifications  analytiques,  il  faut 
les  partager  en  deux  classes  :  Tune,  relative  au  déplacement 
des  axes  rectangulaires  autour  d'une  même  origine  quelconque, 
est  essentiellement  commune  à  tous  les  cas  ;  Tautre,  qui  se 
rapporte  au  simple  changement  d'origine,  produira  des  effets 
distincts  selon  que  Téquation  sera  ou  non  parabolique. 

La  première  simplification,  qui  est  évidemment  lapins  im- 
portante^  comme  affectant  les  termes  du  plus  haut  degré,  doit 
surtout  consister  à  séparer  les  variables.  Outre  que  le  terme  où 
elles  sont  mêlées  est  ordinairement  le  plus  gênant,  il  pourra 
disparfidtre  sans  queTéquation  cesse  de  représenter  indifférem- 
ment les  trois  courbes,  tandis  que,  si  Tun  des  carrés  manquait, 
b^  —  \ac  étant  dès  lors  toujours  positif,  Téquation  ne  pourrait 
jamais  être  qu'hyperbolique.  Substituons  donc,  au  lieu  de 
X  et  y,  dans  l'équation  générale 

ay^  +  ^^  +  ^^*  +  rfy  -|-  ea;  t=»  1, 
les  formules 
x^=mx*  cos  X'  —  y'  sin  X',      y  ==»  a:'  sin  X'  +  y'  cos  X', 

afin  de  disposer  de  l'angle  X'  de  manière  à  annuler  le  coefficient 
total  du  terme  en  x'  y\  Il  en  résulte  la  condition 

2  (a  —  (î)  sin  X'cos  X'+  ô  cos'X'—  ô  sin^X'—O, 

ou,  en  introduisant  la  tangente, 

tang»  X'—  2  ^^~^^  tang  X'—  1  =  0. 
Cette  équation  montre  que  la  transformation  sera  toujours 


^4  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

possible,"  et  que  ie  système  rectnnguldre  propre  à  y  ôatisfaîre 
sera  nécessairemeilt  unique,  puisque  les  deux  valeut^  de 
tang  X'  conviendront  évidemment  à  deux  droites  p'erpeiiâicn- 
laires  entre  elles  :  il  n'y  aurait  indétermination  que  dans  lé  cas 
du  cercle,  où  le  double  caractère  6  =  0,  a  =  ^,  rendrait 
Téquàtion  totalement  identique,  conformément  àttx  exigences 
géométriques.  Si,  sans  accomplir  immédiatement  cette  réduc- 
tion, on  en  voulait  seulement  constater  la  possibilité  constante, 
on  y  pourrait  parvenir,  d'une  manière  moins  directe,  mais 
plus  commode;  en  introduisant  d'abord  Tangle  2X',  à  Tégard 
duquel  la  condition  primitive  donnerait  aussitôt     ' 


tang  2X' 


c  — a 


formule  simple,  et  facile  à  retenir,  qui  d'ailleurs  reproduirait 
aisément  celle  de  tangX',  d'après  la  règle  trigonométrique 
ordinaire. 

Au  reste,  la  seule  appréciation  géométrique  d'une  telle 
transformation  suffirait  pour  la  représenter  d'avance  comme 
possible  et  déterminée.  Car,  quand  les  variables  sont  séparées, 
les  deux  diamètres  immédiatement  résultés  delà  résolution  de 
l'équation  par  rapport  à  y  ou  à  ^,  et  qui  correspondent  à  des 
cordes  parallèles  aux  coordonnées  respectives,  devientient  né- 
cessairement parallèles  aux  axes  opposés,  et  dès  lors  perpendi- 
culaires à  leurs  propres  cordes.  Ainsi,  les  axes  rectangulaires 
susceptibles  d'une  telle  propriété  doivent  être  parallèles  aux 
axes  géométriques  de  la  courbe,  dont  l'existence  constante,  au 
moins  pour  l'un  d'eux,  et  la  détermination  unique,  sauf  envers 
le  cercle,  garantissaient  à  priori  qu'il  existerait  toujours,  au- 
tour d'une  origine  quelconque,  un  seul  système  d'axes  rectan- 
gulaires susceptible  de  permettre  la  séparation  des  variables. 


TROISIÈME  PARTHS,   CHAPITRE  CINQUIÉlfE.  295 

Toute  é<|uatiDnâti  second  degré  étant  ainsi  constamment  ré- 
ductible à  la  forme 

considérons  les  simplifications  ultérieures  que  pourra  lui  faire 
éprouver,  envers  les  termes  inférieurs,  un  changement  corn- 
venable  d'origine,  sans  altérer  désormais  la  nouvelle  direction 
des  axes.  Il  faut,  k  cet  effet,  distinguer  deux  cas,  selon  que 
Téquation  est  parabolique  ou  non  parabolique,  c'est-à-dire 
suivant  que  la  courbe  manque  de  centre  ou  eii  admet  un.  Dans 
le  premier  cas,  le  caractère  invariable  b^  —  4  ac  =  0  indique 
d'abord  que  le  terme  en  a:j/  ne  peut  s'annuler  sans  queTun  dès 
carrés  ne  doive  spontanément  disparaître.  Enversles  nouveaux 
axes  rectangulaires,  l'équation  est  donc  alors,  par  exemple, 

Le  déplacement  d'origine  n'y  peut  tendre  qu'à  supprimer  le 
terme  du  premier  degré  en  y  et  le  terme  constant,  afin  que 
les  deux  variables  continuent  à  y  coexister.  On  peut  aisément 
vérifier,  en  exécutant  cette  facile  opération  analytique,  qu'une 
telle  réduction  est,  en  effet,  toujours  possible,  à  moins  que  a 
ou  e  ne  soit  nul,  ce  qui  n'aurait  lieu  que  dans  l'un  des  cas  sin- 
guliers appréciés  au  n**  précédent.  L'interprétation  géométrique 
indique  clairement  cette  possibilité  permanente  :  puisque  la 
disparition  dû  terme  dy  suppose  qu'on  a  pris  pour  axe  des 
abscisses  l'axe  géométrique  de  la  parabole,  et  celle  du  terme 
constant  que  l'origine  est  placée  sur  la  courbe  ;  en  sorte  que 
les  deux  conditions  seront  à  la  fois  remplies  en  transportant 
l'origine  à  l'unique  sommet  que  comporte  alors  le  lieu.  C'est 
ainsi  que  toute  équation  parabolique  du  second  degré  est  fina-^ 
lement  réductible  à  la  forme 


296  GÉoxénuE  puuœ. 

en  assignant  anxaxes  rectangnlairesnne  direction  elnne  posi- 
tion convenables.  Une  telle  rédoclion  constante  ne  saorait 
maintenant  laisser  aucun  doute  sur  la  parfaite  identité  de  la 
courbe  correspondante  avec  celle  que  nous  avons  spécialement 
qualifiée  de  parabole  dans  la  première  partie  de  ce  traité. 
Quand  Téquation 

ay*  -L  ex"  -f  d'y  -f  ^x  =3  i 

sera  elliptique  ou  hyperbolique,  il  sera  facile  d'y  enlever  les 
deux  termes  du  premier  degré,  en  transportant  Torigine  au 
centre,  dont  Texistence  est  alors  reconnue  d'avance.  Ainsi, 
toute  semblable  équation  du  second  degré  pourra  prendre  fina- 
lement,envers  les  deux  droites  rectangulairesautour  desquelles 
la  courbe  est  symétrique,  la  forme 

qui  rend  désormais  irrécusable  la  coïncidence  des  lieux  géomé- 
triques correspondants  avec  les  courbes  introduites,  dès  le  dé- 
but de  notre  étude,  sous  les  noms  spéciaux  d'ellipse  et  d'hy- 
perbole. C'est  le  type  analytique  que  nous  devons  habitueUe- 
ment  préférer  pour  la  théorie  particulière  de  Tune  ou  l'autre 
figure.  Toutefois,  si  l'on  désirait  conserver  aux  équations  ellip- 
tiques ou  hyperboliques  la  faculté  de  devenir  aussi  parabo- 
liques, ce  qui,  quoique  rarement  convenable,  peut  néanmoins 
faciliter  certaines  opérations  communes  aux  trois  courbes,  U 
faudrait,  comme  ci-dessus,  transporter  l'origine  au  sommet, 
alors  tantôt  quadruple  et  tantôt  double;  ce  qui  ramènerait 
l'équation  à  la  forme 

y^z=2mz  +  na^, 

indiquant  la  parabole,  l'ellipse,  ou  l'hyperbole,  selon  que  n 
serait  nul,  négatif,  ou  positif. 
Nous  avons  toujours  supposé  jusqu'à  présent  que  les  nou- 


TROISIÈME  PARTIE,  CHARTRE  CINQUIÈME.  297 

veaux  axes  demeuraient  rectangulaires,  ainsi  que  Texige  or- 
dinairement la  simplification  de  Tétude  géométrique,  quoique 
cette  obligation  ôte  la  faculté  d'enlever  à  Téquation  un  terme 
de  plus.  Mais,  afin  de  compléter  ici  l'appréciation  générale  des 
réductions  que  comportent  les  équations  du  second  degré  d'après 
un  choix  convenable  des  axes  coordonnés^  il  faut  examiner 
enfin  les  modifications  plus  profondes  qu'y  pourrait  produire 
la  double  disponibilité  de  leurs  directions,  suivant,  les  for- 
mules 

a>=x'cos  X'+y'cosY',  y^ssor'sinX'+y'sinY', 

qui  permettraient  d'annuler  simultanément  deux  des  trois 
termes  du  second  degré.  Ces  termes  ne  sauraient  être  que  les 
deux  carrés  ;  sans  quoi  l'équation  serait  parabolique,  auquel 
cas  une  telle  réduction  aurait  déjà  été  mieux  accomplie,  avec 
des  axes  rectangulaires.  Or,  quand  les  deux  carrés  auront  dis- 
paru, l'équation  présentera  nécessairement  le  caractère  hyper- 
bolique. Ainsi,  une  telle  réduction  est  impossible  pour  l'ellipse, 
dont  l'équation  ne  peut  jamais  admettre  moins  de  trois  termes. 
Mais  elle  convient  évidemment  à  l'hyperbole,  à  cause  de  ses 
asymptotes.  Car,  en  dirigeant  l'un  des  axes  coordonnés  paral- 
lèlement à  Tune  d'elles,  on  sait  que  l'équation  doit  manquer 
du  carré  correspondant  ;  en  sorte  qu'on  éliminera  simultané- 
ment les  deux  carrés,  en  prenant,  autour  d'une  origine  quel- 
conque, des  axes  parallèles  aux  deux  asymptotes.  Il  est  aisé  de 
vérifier,  en  effet,  par  l'exécution  de  la  substitution  indiquée^ 
que  les  deux  équations,  d'ailleurs  naturellement  identiques, 
qui  détermineront  les  angles  X'  et  Y'  d'après  cette  double 
condition,  assigneront  &  leurs  tangentes  des  valeurs  exacte- 
ment égales  à  celles  ci-dessus  rapportées  quant  aux  coeffi- 
cients angulaires  des  asymptotes.  Si,  en  outre,  on  place  l'ori- 
gine au  centre,  l'équation  de  l'hyperbole  sera  finalement  ré- 
ductible à  la  forme 

S7 


29B  GÉOMÉTUE  PIA^K. 

aimoDçaiit  ansâtAt  une  conribe  asjmptotiqoe  an  deux  axes, 
qui  ne  soaieat  redangalaires  qa*aatant  qa*on  aurait  eo 
d*abord  c  «=  —  a.  Qaoiqae  leur  obliquité  ordinaire  doire  s'op- 
poser à  l'emploi  habituel  d'nne  telle  équation,  il  n  en  est  pas 
moins  très-remarqnable  qne  Thyperimle  s<Mt  sosceptihie, 
comme  la  parabole,  mais  suivant  un  tout  autre  mode  analy- 
tique ou  géométrique,  d*une  équation  simplement  binôme, 
tandis  que  l'équalion  de  l'ellipse  doit  toujours  être  au  moins 
trinôme.  Cette  différence  nécessaire,  imparfaitement  qipréciée 
jusqulci,  conduira  peutrétre  un  jour,  dans  la  constitution 
rationnelle  de  la  géométrie  comparée,  à  rapporter  l'ellipse  et 
lliypeii>oIe  à  des  familles  de  courbes  vraiment  distinctes,  mal* 
gré  la  grande  analogie  que  vont  nous  offrir,  à  beaucoup 
d'égards,  leurs  propriétés  respectives. 


QUATRIÈME  PARTIE.  299 


QUATRIÈME    PARTIE. 


ETUDE  SPÉCIALE  DES  COURBES  DU  SECOND  DEGRÉ. 


92.  La  discussion  géométrique  des  équations  n'étant,  par  sa 
nature,  qu'une  première  ébauche  fondamentale  de  Tensémble 
des  attributs  propres  aux  courbes  correspondantes,  la  troisième 
partie  de  ce  traité  vient  réellement  de  caractériser  l'application 
combinée  de  nos  diverses  théories  essentielles  àl'étude  générale 
des  courbes  algébriques.  Mais,  pour  que  notre  appréciation 
graduelle  du  véritable  esprit  de  la  géométrie  analytique  puisse 
acquérir  enfln  toute  la  netteté  et  la  précision  convenables,  il 
faut  maintenant  spécifier  davantage  cette  application^  envers 
quelques-unes  des  courbes  ainsi  considérées.  Ce  but  logique 
sera  suffisamment  atteint  par  une  étude  judicieuse  des  princi- 
pales propriétés  des  trois  courbes  remarquables  qui  résultent 
des  équations  du  second  degré;  outre  la  haute  utilité  scienti- 
fique d'une  telle  connaissance,  d'après  l'usage  capital  de  ces 
figures  dans  les  parties  élémentaires  de  la  philosophie  natu- 
relle, et  surtout  en  astronomie. 

D'après  le  nouveau  plan  qui  caractérise  cet  ouvrage,  une 
pareille  étude  ne  saurait  y  offrir  aucune  difficulté  essentielle, 
puisque  nous  n'avons  plus  qu'à  y  appliquer  spécialement  des 
principes  généraux  pleinement  établis  ;  ce  qui  permettra  ici 
d'abréger  beaucoup  ce  travail,  quoiqu'en  y  comprenant  plus  de 
propriétés  de  ces  trois  courbes  qu'on  n'a  coutume  d'en  consi- 


300  GÉOMÉTRIE  PLAHE. 

dérer.  Toute  rattention  du  lecteur  devra  s'y  concentrer  sur  la 
simplification  spontanée  de  nos  méthodes  universelles,  et  sur 
l'heureuse  interprétation  de  leurs  résultats  particuliers.  C'est 
ainsi  que  cette  dernière  partie  de  la  géométrie  plane  doit  con- 
courir, à  sa  manière,  à  développer  le  sentiment  fondamental 
de  rharmonie  nécessaire  entre  les  conceptions  analytiques  et 
lesnotions  géométriques,  qui  constitue  Tunité  philosophique  de 
notre  enseignement.  Sans  la  réaction  logique  qui  doit  résulter 
ici  de  ce  complément  spécial,  les  théories  générales,  dans 
lesquelles  consiste  surtout  la  géométrie  analytique,  resteraient 
affectées  d'une  sorte  d'uniformité  machinale,  qu'il  importe 
beaucoup  de  corriger,  en  manifestant,  sur  quelques  exemples 
caractéristiques,  le  genre  de  modifications  qu'elles  doivent 
subir  pour  s'adapter  le  mieux  possible  aux  convenances  de 
chaque  cas. 

Quelque  satisfaisant  que  soit,  à  cet  égard,  le  choix  des 
courbes  du  second  degré,  il  faut  y  reconnaître  franchement 
une  inévitable  imperfection  historique,  consistant  dans  le  dé- 
faut radical  d'originalité  d'une  telle  application  ;  puisque  les 
principales  propriétés  que  vont  nous  offrir  analytiquement  les 
sections  coniques  ont  été  réeUement  découvertes,  par  des  voies 
toutes  différentes,  vingt  siècles  avant  que  cette  élaboration 
pût  y  être  opérée.  Cette  considération  est  ici  destinée  surtout  à 
expliquer  d'avance  le  peu  de  spontanéité  que  le  lecteur  pourra 
remarquer  envers  certaines  notions,  que  le  mode  moderne  eût 
difficilement  dévoilées,  et  qu'il  a  dû  se  borner  essentiellement  à 
vérifier,  quand  l'ancienne  étude  de  ces  courbes  a  été  reprise 
d'après  les  méthodes  analytiques  introduites  par  la  grande 
rénovation  cartésienne.  Au  reste,  ce  grave  inconvénient  didac- 
tique peut  être  aujourd'hui  suffisamment  évité  envers  les  plus 
importants  théorèmes,  que  l'analyse  ferait  naturellement  décou- 
vrir, s'ils  étaient  encore  ignorés  :  il  ne  reste  vraiment  inévi- 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  301  * 

table  que  pour  quelques  propositions  accessoires,  qui,  quoique 
remarquables,  et  même  utiles,  pourraient  presque  être  écar- 
tées sans  altérer  essentiellementla  principale  destination  d*une 
telle  étude.  Toutefois,  cette  sorte  de  fausse  position  logique 
exigerait  peut-être,  afin  de  mieux  atteindre  le  but  propre  de 
cette  quatrième  partie  de  la  géométrie  plane,  qu'on  y  comprît 
aussi  Tappréciation  spéciale  de  quelques  courbes  algébriques 
assez  compliquées  pour  n'avoir  pu  être  convenablement  exami- 
nées sous  Tancien  régime  géométrique.  Un  traité  sommaire  de 
la  cissoide  me  semblerait  pouvoir  suffire  à  cet  oflice  ;  et  je  me 
réserve  de  le  joindre  à  une  autre  édition  de  cet  ouvrage,  si  ce 
nouveau  système  d'enseignement  de  la  géométrie  analytique 
obtient  Tassentiment  des  professeurs  judicieux. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Théorie  des  foyers  et  des  directrices. 

93.  Avant  de  procéder  directement  à  l'étude  spéciale  de 
chacune  des  trois  courbes  du  second  degré,  il  faut  établir,  sous 
un  aspect  commun,  la  seule  théorie  nouvelle  que  nous  n'ayons 
pas  encore  traitée,  et  qui,  étant  réellement  particulière  à  ces 
lignes,  ne  devait  point,  en  effet,  figurer  parmi  les  théories 
vraiment  générales  auxquelles  était  consacrée  la  seconde  partie 
de  cet  ouvrage.  Quand  ce  préambule  immédiat  sera  convena- 
blement construit,  Tappréciation  successive  des  principales 
propriétés  de  la  parabole,  de  Tellipse,  et  de  Thyperbole  n'exi- 
gera plus  qu'une  simple  application  judicieuse  d'un  ensemble 
de  méthodes  pleinement  élaboré. 


30â  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

f 

On  ignore  essentiellement  quelle  fut,  dans  Tétude  originale 
des  sections  coniques,  la  véritable  source  des  notions  relatives 
aux  foyers,  qui  durent  constituer  historiquement  Tune  des 
plus  anciennes  découvertes  sur  ce  sujet  et  la  base  de  la  plupart 
des  autres.  La  refonte  analytique  de  cette  étude  a  fait  sentir  aux 
géomètres  modernes  le  besoin  d*un  point  de  vue  commun  pro- 
pre à  lier  entre  elles  les  idées,  jusqu'alors  trop  diverses,  que 
présentaient,  à  cet  égard,  la  parabole  d'une  part,  Tellipse  et 
l'hyperbole  de  l'autre.  Telle  est  la  principale  destination  de  la 
définition,  d'abord  purement  algébrique,  qu'on  applique  main- 
tenant au  /bj/er  d'une  ligne  du  second  degré,  en  appelant  ainsi 
un  point  dont  la  distance  à  un  point  quelconque  de  la  courbe 
est  une  fonction  rationnelle  des  coordonnées  variables  de  celui- 
ci  {*).  Mais,  quoique  cet  artifice  puisse  immédiatement  sufQre 
pour  procéder  uniformément  à  la  détermination  des  foyers  dans 
les  trois  courbes,  il  ne  saurait  remplir  assez  les  conditions  es- 
sentielles d'une  véritable  définition,  si,  suivant  un  usage  trop 
ordinaire,  on  ne  s'attachait  pas  à  faire  convenablement  res- 
sortir l'interprétation  géométrique  de  ce  caractère  analytique. 
Gomme  cette  corelation  générale  constitue  le  nœud  principal 
de  toute  la  théorie  des  foyers,  il  importe  ici  de  l'établir  soigneu- 
sement. 


Quand  la  formule  \/  (y  —  €)*  +  (^  —  «)^i  exprimant  la  dis- 
tance du  foyer  cherché  à  un  point  quelconque  du  lieu,  sera 
devenue  une  fonction  rationnelle  des  coordonnées  variables, 
cette  fonction  ne  pourra  être  que  du  premier  degré,  envers 


n  GeUe  définition  est  souvent  altérée  par  une  restriction  vicieuse, con- 
sistant à  imposer  cette  obligation  de  rationalité  envers  Tune  des  coor- 
données seulement;  ce  qui  ne  convient,  comme  on  le  verra  ci-dessous, 
qu'à  certaines  équations  du  second  degré  :  la  distance  ne  peut  ôtre 
généralement  rationnelle  qu'en  fonction  des  deux  coordonnées  à  la  fois. 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.        303 

une  courbe  du  second,  sous  la  forme  px+qy+r.  Op,  une  telle 
expression  peut  toujours  être  envisagée  géométriquement 
comme  représentant  un  multiple  déterminé  de  la  distance  du 
point  variable  à  une  certaine  droite  ûxey=Aa:+A:.  Car,  cette 
distance  serait  exprimée,  d'après  la  règle  du  n®  29,  par  la 

fonction  ^ —  .  qui,  multipliée  par  une  constante  m, 

deviendrait  exactement  identique  à  la  précédente,  en  prenant 


en  sorte  que  l'équation  de  la  droite  ainsi  introduite,  étant  dès 
lorspa?+yy+r=0,  se  formerait  en  annulant  l'expression 
rationnelle  de  la  distance  au  foyer.  D'après  l'indispensable  in- 
troduction d'une  telle  droite,  ordinairement  nommée  dtr^c^rtce, 
la  définition  primitive  du  foyer  devient  vraiment  géométrique, 
et  consiste  à  concevoir  toute  courbe  du  second  degré  comme  le 
lieu  d'un  point  dont  les  distances  variables  à  un  point  fixe  et  à 
une  droite  fixe  demeurent  constamment  proportionnelles.  Ré- 
ciproquement, cette  notion  géométrique  reproduit  aussitôt  le 
caractère  analytique  primordial,  puisque  cette  proportionnalité 
indique  évidemment  que  la  première  de  ces  deux  distances  est 
aussi  rationnellement  exprimable  que  la  seconde. 

Une  telle  explication  fondamentale  réduit  la  détermination 
générale  des  foyers  et  des  directrices  dans  les  courbes  du 
second  degré  à  mettre  l'équation  du  lieu  sous  la  forme 


V  (j:— a)>-f-(y— 6)«  =  /)a:  +  qy  +  r, 
qui  résulte  immédiatement  de  cette  définition,  désormais  à  la 
fois  analytique  et  géométrique.  Or,  cette  transformation  n'of- 
fre aucune  difficulté  en  la  concevant  en  sens  inverse,  c'est- 
à-dire,  en  ramenant  ce  nouvel  état  de  l'équation  au  mode  or- 
dinaire 

ay^  +  bxy+€x^+dy+ex=i^ 


304  GÉOMÉTRIE  PLATfE. 

moyennant  les  cinq  conditions  de  coïncidence 

9^  —  1  2»(7  .         »«  — 1 


2(g  +  yr)    _         2(«+;?r) 


«a+ea_^2      -^'     a2  4,gi_^2 

qiii  détermineront  suffisamment  les  cinq  constantes  inconnues 
«1  ^t  Pi  ?»  ^>  relatives  au  foyer  et  à  la  directrice,  ainsi  qu'au 

rapport  ^ p^  +  y',  qui  spécifie  la  courbe  proposée.  La  distinc- 
tion primordiale  entre  les  trois  courbes  du  second  degré  oflre 
des  symptômes  équivalents  dans  les  deux  formes  de  Téquation  ; 
car,lecoefficientcomposé6'— 4acéquivauticià4  {p*+q^ — 1); 
en  sorte  que  le  lieu  sera  parabolique,  elliptique,  ou  hyper- 
bolique, selon  que  le  rapport  spécifique  \/ p^+  q^  sera  égal, 
inférieur,  ou  supérieur  à  Tunité,  conformément  à  la  discussion 
directe  et  spéciale  du  n"  23. 

94.  Outre  ce  mode  naturel  de  la  double  théorie  des  foyers  et 
des  directrices,  il  importe  d'en  concevoir  un  second,  qui, 
quoique  moins  propre  ordinairement  à  Tusage  effectif,  offrira 
ici  le  grand  avantage  logique  de  familiariser  déjà  le  lecteur  avec 
l'un  des  plus  puissants  artifices  généraux  de  l'analyse  mathéma- 
tique, communément  réservé  jusqu'à  présent  aux  plus  hautes 
spéculations  géométriques  et  surtout  mécaniques,  sous  le  nom 
à^méthodedefimultiplicateurSy^%^evL\\A\em%ïii  due  àLagrange. 

En  considérant  analy  tiquement  la  question  proposée  comme 
consistant  à  rendre  un  carré  parfait  la  fonction 

(«-.a)»+(y-6)2 

d'après  la  relation  que  l'équation  primitive 

ay^+  bxy+cx^  +  dy+ex—i^^Q 

établit  entre  les  deux  variables,  la  principale  difficulté  provient 
de  ce  qu*on'ne  saurait  avoir  ordinairement  égard  à  cette  liaison 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  PREIHER.  305 

parla  simple  substitution  de  ^  en  â;  ou  xeny  ;  puisque  la  con- 
dition proposée  ne  peut  être  remplie,  en  général,  qu'autant 
que  la  formule  de  distance  continue  à  renfermer  simultané- 
ment les  deux  variables,  ainsi  que  j'aurai  lieu  d'ailleurs  de 
l'expliquer  spécialement  ci-après.  Cependant,  une  telle  substi- 
tution semble  d'abord  le  seul  moyen  de  prendre  en  suffisante 
considération  la  subordination  fondamentale  de  ces  variables. 
Dans  cette  perplexité,  il  devient  indispensable  de  généraliser, 
à  cet  égard,  les  conceptions  ^habituelles,  en  s'élevant  à  la  no- 
tion du  mode  analytique  le  plus  étendu  que  puisse  comporter 
l'appréciation  d'une  semblable  dépendance.  Il  consiste  ici  à 
ajouter  à  la  fonction  {x — a)*+(y  —  ^)^»  î^î  doit  devenir  un 
carré  parfait,  en  prenant  convenablement  a  et  6,  un  multiple 
indéterminé  de  celle  qui  doit  être  nulle  en  vertu  de  la  liaison 
des  deux  variables,  et  à  traiter  ensuite  celles-ci  comme  si  elles 
étaient  pleinement  indépendantes,  de  manière  à  convertir  la 
question  proposée  en  ce  simple  problème  d'algèbre  :  rendre  un 
carré  parfait  le  polynôme  à  deux  indéterminées 

(x-a)^  +  {y^e)^  +  k{ay'  +  bxt/+cx^'+  dy  +  ex  •-  1), 

d'après  certaines  valeurs  des  constantes  a,  6  et  ^.  Cette  re- 
cherche algébrique  pourrait  s'opérer  de  plusieurs  manières, 
comme  dans  le  cas  analogue  très-connu  envers  un  polynôme 
en  X  seul.  Mais,  au  lieu  de  procéder  par  l'extraction  de  la  ra- 
cine, il  est  préférable  d'employer,  surtout  ici,  la  méthode  des 
indéterminées  de  Descartes,  enassimilant  le  polynôme  proposé 
à  un  carré  artificiel  (jt>a;-f-gy+^)*-  Or,  si  l'on  développe  les 
six  conditions  ordinaires  d'une  telle  coïncidence,  on  sentira 
aisément  que,  en  y  éliminant  d'abord  le  multiple  auxi- 
liaire A,  géométriquement  superflu,  on  retombe  nécessairement 
sur  les  cinq  relations  directement  établies  au  n*  précédent  pour 
la  détermination  des  constantes  a,  6,  et  />,  q,  r.  Ainsi,  ce  se- 


306  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

cond  mode  équivaut  finalement  au  premier,  sauf  un  nouveau 
circuit  analytique,  étranger  à  la  recherche  géométrique. 

Quoique,  par  ce  motif,  cette  marche  ne  doive  pas  être  ici 
employée  habituellement,  j'attache  beaucoup  de  prix  à  l'occa- 
sion  qu  elle  m'offre  de  caractériser,  en  un  cas  élémentaire  suffi- 
samment important,  le  grand  artifice  d'analyse  qui  lui  sert  de 
base.  Cet  artifice,  qui  n'a  jamais  été  conçu  directement  jusqu'ici 
dans  son  entière  généralité,  consiste  à  ramener,  en  tout  pro- 
blème analytique,  le  cas  de  la  dépendance  des  variables  à  celui 
de  leur  indépendance,  en  ajoutant,  à  la  fonction  qui  constitue 
le  sujet  de  la  condition  proposée,  un  multiple  indéterminé  de 
celle  qui  doit  s'annuler  d'après  la  liaison  des  variables  considé- 
rées. D'abord  introduite  par  Euler  danslaplus  haute  théorie  des 
maxima  et  mtnfma,  cette  conception  générale  est  ensuite  devenue , 
pour  Lagrange,  Tun  des  plus  précieux  moyens  de  la  mécanique 
analytique.  Son  légitime  usage  reposera  partout,comme  ci-des- 
sus, sur  ce  qu'une  telle  ad  jonction,  qui  alorsn'altère  pas  l'état  de 
la  fonction  proposée,  confond  en  un  seul  mode  toutes  les  ma- 
nières possibles  d'avoir  égard  à  la  relation  donnée,  et  permet, 
en  conséquence^  de  traiter  désormais  les  variables  comme  in- 
dépendantes. 

95.  Après  avoir  établi,  sous  l'une  ou  l'autre  forme  géné- 
rale, la  théorie  fondamentale  des  foyers  et  des  directrices,  il 
faut  la  concevoir,  en  sens  inverse,  comme  propre  à  formuler 
toute  condition  géométrique  relative  soit  au  foyer,  soit  k  la  di- 
rectrice, soit  à  leur  relation  mutuelle  :  ce  qui  lèvera  d'avance, 
envers  les  courbes  du  second  degré^  les  difficultés  essentielles 
que  peuvent  offrir  les  problèmes  quelconques  où  l'on  introduit 
de  telles  conditions. 

Si  la  courbe  doit  avoir  un  foyer  donné,  on  supptsera  con- 
nues les  constantes  «et  6  dans  les  cinq  équations  déterminantes 
du  D^  93,  où  Téliminationdep,  q^  r  conduira  dès  lors  aux  deux 


ODATRIÉME  PARTIE,   CHAPITRE   PREMIER.  307 

relations  cherchées  entre  les  coefOcientsa,  6,  Cj  rf,  e,  communes 
à  toutes  les  courbes  de  même  foyer,  et  propres  à  déterminer 
chacune  d'elles  conjointement  avec  d'autres  prescriptions  quel- 
conques. Mais,  au  lieu  de  formuler  distinctement  ces  condi- 
tions, on  n'aura  souvent  besoin  que  du  type  analytique  qui  leur 
correspond  pour  l'équation  du  lieu,  ainsi  réduite  à  ne  contenir 
que  trois  constantes  arbitraires.  Or,  ce  type  pourrait  être  direc- 
tement formé,  sans  ce  long  calcul,  d'après  l'équation  fonda- 
mentale 

{x  —  a)î»+  (y  —  6)»=  [px  +  ?y  +  ^)^ 

relative  à  la  propriété  focale  des  courbes  du  second  degré,  et 
où  il  suffirait  alors  d'attribuer  les  valeurs  convenables  aux 
coordonnées  a  et  5  du  foyer,  en  concevant  indéterminées  les 
autres  constantes/?,  g,  ty  propres  à  la  directrice  et  au  rapport 
spécifique. 

Quand  la  courbe  aura  une  directrice  donnée  y  =  Aa:  +  A, 
on  joindra,  aux  cinq  formules  du  n®93,  les  conditions  — ^  =  A, 

=s  A,  et  l'élimination  des  cinq  constantes  a,  6,  p,  g,  r, 

fera  découvrir  les  deux  relations  correspondantes  entre  les 
coefficients  de  l'équation  proposée.  Si  on  veut  directement 
constituer  celle-ci  d'après  cette  obligation  géométrique,  elle 
sera  naturellement 

(a;  _  a)a-f-  (y  —  6)î»=»  m^y  —  hx^kf, 

en  supposant  indéterminées  les  trois  constantes  a,  6,  m,  rela* 
tives  au  foyer  et  au  rapport  spécifique. 

Lorsque,  au  lieu  d'être  entièrement  donné,  le  foyer  devra 
seulement  appartenir  à  une  ligne  connue  /(x,  y)BaO,  il  suffira 
de  joindre  aux  cinq  égalités  fondamentales  la  condition  cor- 
respondante /(a,  6)=sO,  pour  que  l'élimination  des  cinq  con- 


308  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

stantes  a,  6,  jo,  y,r,  permette  d'obtenir  la  relation  convenable 
entre  a,  b,  c,  d^  e.  Dans  le  second  mode  de  solution,  on 
emploierait  la  liaison  proposée  entre  a  et  6  à  rapporter  l'une  de 
ces  constantes  à  Tautre  ;  ce  qui  permettrait  de  restreindre 
suffisamment  l'équation  focale,  de  manière  à  n'embrasser  que 
les  courbes  susceptibles  d'un  tel  accident. 

Pareillement,  si  la  directrice  joa;+9'y+r=0,  sans  être 
totalement  donnée,  devait  toucher  une  certaine  courbe,  ou 
remplir  telle  autre  condition  équivalente,  aboutissant  à  une 
relation  spéciale  entre  /),  y,  r,  cette  nouvelle  égalité  rendrait 
possible  l'élimination  des  cinq  constantes  ordinaires,de  manière 
à  manifester  la  liaison  correspondante  descoefQcientsprimitifs. 
Sous  la  seconde  forme,  une  telle  égalité  permettrait  de  rappor- 
ter l'une  des  constantes  p,  y,  r,  aux  deux  autres,  de  manière 
à  restreindre  convenablement  l'équation  fondamentale. 

On  procéderait  de  môme  envers  des  conditions  qui,  au  lieu 
de  se  rapporter  isolément  au  foyer  ou  à  la  directrice,  concer- 
neraient leur  disposition  mutuelle.  Quelle  que  fût  la  prescrip- 
tion géométrique,  aussitôt  qu'elle  serait  directement  formulée 
entre  les  constantes  relatives  au  foyer  et  à  la  directrice,  elle 
pourrait  être  ainsi  convertie,  soit  en  une  liaison  équivalente 
des  coefficients  primitifs,  soit  en  une  restriction  correspondante 
du  type  focal.  Il  est  superflu  d'avertir  que,  si  les  axes  sont 
disponibles,  leur  choix  judicieux  pourra  faciliter  beaucoup 
l'accomplissement  de  ces  diverses  opérations  analytiques. 

Au  sujet  de  ces  questions  composées,  qui  comportent  une 
grande  variété,  je  crois  devoir  seulement  m'arrêter  ici  à  une 
mention  spéciale  envers  celles  qui  concernent  les  conditions  de 
similitude  ou  d'égalité  des  courbes  du  second  degré.  Suivant 
nos  principes  généraux,  la  définition  focale  indique  évidem- 
ment que  deux  courbes  de  ce  genre  ne  seront  semblables  qu'au- 
tant que  le  rapport  constant  V^jo^+y'  y  aura  la  même  valeur  ; 


OUATRIÉME  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  309 

et  c'est  pourquoi  je  le  qualifie  habituellement  de  spécifique. 
L'égalité  des  deux  courbes  exigera, en  outre,  la  coïncidence  des 
distances  respectives  du  foyer  à  la  directrice,  représentées  par 

la  formule  ^  ~  .  D'après  cela,  si  on  voulait  formuler 

la  similitude  des  deux  courbes 

ay^  +  ô-^ry  +  co:'  +  rfy  +  car  =  1 
«y  +  Vxy^  c'a:a+  rf'y+  e'x^  1, 

il  faudrait  identifier  les  deux  expressions  correspondantes  de 

P*  +  y^î  préalablement  déduites  des  cinq  relations  du  n«  93,  et 

on  devrait  ainsi  reproduire  la  condition  que  nous  avons  déjà 

obtenue,  au  dernier  chapitre  de  la  troisième  partie,  par  une 

voie  beaucoup  plus  simple.  Quant  à  TégaUté  des  deux  courbes, 

il  faudrait  d'ailleurs  exprimer  aussi  Tidentité  des  deux  valeurs 

Da  -f-  û'ê  -j-  r 
correspondantes  de  la  formule^- —  ;  et  on  retrouverait, 

mais  plus  péniblement,  les  deux  relations  que  fournirait  di- 
rectement laméthode  générale  pourla  superposition  analytique 
des  courbes  quelconques,  d'après  la  coïncidence  de  leurs  équa- 
tions par  une  transposition  d'axes  convenable.  En  l'un  ou 
l'autre  cas,  cette  méthode  spéciale  conviendrait  mieux  sous  sa 
seconde  forme,  par  une  juste  restriction  immédiate  de  l'équa- 
tion focale.  Car,  en  posant  \/ />^4-  ?^=^,  et  r"T"y  JJI_  ^  ^^ 
on  formerait  aussitôt  l'équation 

relative  aux  courbes  semblables;  ou  envers  les  courbes  égales, 
Téquation  plus  particulière 

96.  Pour  compléter  suffisamment  la  théorie  des  foyers  et  des 


310 

directrices,  il  reste  à  j  apprécier  ime  méthode  subEÎfiaîre, 
qui  résulte  spontanément  d'tme  judicieuse  modi^cition  de  la 
méthode  fondamentale  envers  certaines  équations  dn  seocnd 
deçré,  d'antant  plos  importantes  à  considérer  ici  séparément 
qa^elles  comprennent  les  cas  asnels  auxquels  nous  devrons 
spécialement  appliquer  une  telle  théorie  dans  les  chantres 
suivants. 

En  considérant  Téquation  focale 

(X  —  a;  «  +  ry — e}» = (px  +  çy + r}», 

en  voit  que  le  terme  en  xy  sV  trouvera  communément  tant 
que  /i  et  7  ne  seront  pas  nuls,  c'est-à-dire,  géométriquement 
quand  la  directrice  ne  sera  parallèle  à  aucun  des  axes  coordon- 
nés. C*est  pourquoi  la  distance  au  foyer  ne  peut  être  générale- 
ment rationnelle  qu'envers  les  deux  variables  à  la  fois,  comme 
je  Tai  ci-dessus  annoncé  afin  de  prévenir  une  vicieuse  routine. 
Mais,  pour  toute  équation  du  second  degré  où  les  variables 
sont  séparées,  on  voit  ainsi  que  la  directrice  est  toujours  per- 
pendiculaire à  Tun  des  axes  géométriques  de  la  courbe,  con- 
formément à  la  discussion  directe  du  no  ^,  et  la  distance  de- 
vient rationnelle  en  fonction  d'une  seule  coordonnée.  D'aprfes 
cela,  on  pourra  procéder  alors  plus  simplement  à  la  détermi- 
nation du  foyer,  et  ensuite  de  la  directrice,  en  ayant  égard  à 
Téquation  de  la  courbe  par  la  substitution  naturelle  de  y  en  x 
ou  X  en  y  dans  la  formule 

(X  —  a)«  -f  (y  —  €)», 

qu'il  s'agira  finalement  de  rendre  un  carré  parfait,  quand  on 
Taura  convenablement  développée  par  rapport  à  Tunique  va- 
riable conservée.  Or,  celle  question  algébrique  ne  saurait  offrir 
aucune  difliculté  essentielle,  ni  exiger  aucun  calcul  péoible.La 
fonction  ainsi  formée  sera  d'abord  irrationnelle  ordinairement  : 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÊICE.  311 

il  faudra  donc  y  détruire  préalablement  un  tel  obstacle  analy- 
tique, ce  qui  tendra  à  déterminer  Tune  des  deux  constantes 
a,  S  ;  l'autre  se  déterminera  ensuite  d'après  la  condition  élé- 
mentaire  pour  les  carrés  trinômes. 

Cette  méthode  subsidiaire,  dont  nous  ferons  naturellement 
un  grand  usage,  n'a  d'autre  inconvénient  propre  que  Tincerti- 
tude  primitive  sur  le  vrai  sens  de  la  directrice,  que  Ton  sait 
seulement  devoir  être  alors  parallèle  à  Tun  des  deux  axes  coor- 
donnés. Il  en  résulte  algébriquement  Tobligation  d'exécuter 
alternativement  les  deux  substitutions  de  y  en  :z:  et  de  x  en  y, 
qui  doivent  d'abord  sembler  indifférentes,  et  dont  une  seule 
pourtant  convient  à  la  solution  actuelle^  laquelle  pourrait  donc 
échapper  à  l'adoption  arbitraire  d'une  substitution  unique. 
Hais,  malgré  cette  double  opération  algébrique,  une  telle  mé- 
thode n'en  constituera  pas  moins  habituellement,  envers  les 
cas  qui  s'y  rapportent,  une  utile  simplification  de  la  marche 
générale. 


CHAPITRE  II. 


Théorie  de  la  parabole. 


97.  L'équation  y^  =»  mx^  la  plus  simple  de  toutes  celles 
dont  la  parabole  soit  susceptible,  est  d'abord  très-propre  à  don- 
ner une  idée  fort  nette  de  la  forme  générale  de  cette  ligne.  Sa 
discussion  directe  montre  que  la  courbe,  symétrique  autour  de 
Taxe  des  a:,  s'étend  indéfiniment  dans  le  sens  des  abscisses  de 
même  signe  que  la  constante  m,  que  nous  supposerons  habi- 
tuellement positive,  sans  jamais  pénétrer  de  l'autre  côté  de 


312  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

Taxe  des  y,  et  en  s'écartant  de  plus  en  plus  des  deux  axes  à  la 
fois,  mais  moins  rapidement  du  premier  que  du  second.Outre 
que  le  degré  indique  déjà  suffisamment  la  direction  effective  de 

la  courbure,  le  coefficient  angulaire  de  la  tangente,  tanga  =  --  , 

constate  évidemment  que  la  parabole  est  toujours  concave  vers 
son  axe,  auquel  elle  tend  graduellement  à  devenir  parallèle, 
quoiqu'elle  n'y  parvienne  jamais  exactement  ;  en  sorte  que  ses 
deux  branches  divergent  de  moins  en  moins  entre  elles  tout  en 
s'écartant  de  plus  en  plus,  et  seraient  parallèles  à  Tinfini. 
Cette  tendance  continue,  et  l'absence  correspondante  d'asymp- 
totes rectilignes,  doivent  empêcher  de  jamais  confondre, même 
à  l'œil,  l'aspect  d'une  parabole  avec  celui  d'une  demi-hyper- 
bole, quelque  grossier  que  soit  leur  tracé  respectif  :  la  cour- 
bure totale  est,  par  suite,  plus  prononcée  dans  la  première 
figure  que  dans  la  seconde,  puisque  l'ensemble  de  son  cours  y 
fait  varier  davantage  la  direction  de  la  tangente. 

Si  l'on  voulait  ainsi  construire  réellement  les  divers  points 
du  lieu,  il  suffirait  de  combiner  avec  chaque  abscisse  une  or- 
donnée égale  à  la  moyenne  proportionnelle  entre  cette  abscisse 
variable  et  la  longueur  constante  m,  qui  caractérise  indivi- 
duellement chaque  parabole,  et  qui,  à  ce  titre,  est  spéciale- 
ment qualifiée  de  paramètre.  Réciproquement,  on  peut  obte- 
nir, sur  une  parabole  déjà  tracée,  la  grandeur  effective  de  son 
paramètre,  presque  aussi  facilement  qu'on  trouve  graphique- 
ment le  rayon  d'un  cercle,  en  le  concevant,  d'après  l'équation 
fondamentale  y'  =  mx,  comme  la  distance  à  l'axe  de  l'extré- 
mité de  la  corde  menée  du  sommet  sous  un  angle  de  45^.  Tout 
autre  point  du  lieu  déterminerait  également  celte  constante, 

y* 

suivant  la  loi  7n=  —  ;  mais  celui-ci  offre  l'avantage  d'une 
construction  beaucoup  plus  simple,  qui  mérite  de  devenir 


QÙATRIÈliE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  313 

amilière,  pour  que  Timage  du  paramètre  ne  se  sépare  jamais 
de  celle  de  la  courbe. 

Enfin,  la  parabole  étant,  après  le  cercle,  la  plus  simple  de 
toutes  les  courbes,  il  convient  de  remarquer,  au  sujet  de  cette 
équation,  le  mode  facile  d'après  lequel  on  pourrait  déduire 
Tune  de  l'autre,  en  se  rappelant  que  les  longueurs  des  diverses 
cordes  circulaires  menées  d'un  même  point  sont  liées  à  leurs 
projections  sur  le  diamètre  correspondant  de  la  même  manière 
que  les  ordonnéesparaboliquesdépendent  de  leurs  abscisses.  Si 
donc  on  prolongeait  les  ordonnées  NP  d'un  cercle  relative- 
ment à  un  diamètre  quelconque  OCA  (fig.  70)  de  manière  à 
les  rendre  égales  aux  cordes  correspondantes  ON,  les  points  H 
ainsi  obtenus  formeraient  une  parabole,  dont  le  paramètre 
serait  égal  au  diamètre  du  cercle,  et  qu'un  tel  tracé  étendrait 
seulement  jusqu'au  point  D,  qui,  suivant  l'indication  précé- 
dente, sert  à  marquer  commodément  le  paramètre.  On  conçoit 
d'ailleurs  qu'une  telle  relation  de  la  parabole  au  cercle,  pleine- 
ment conforme  à  la  commune  absence  de  condition  de  simili- 
tude, ne  contredit  pas  réellement  notre  notion  sur  le  nombre 
de  points  déterminant  ;  puisque  la  position  de  la  parabole  doit 
alors  exiger  une  constante  de  plus  que  celle  du  cercle,  afin  de 
fixer  le  point  d'où  procède  cette  construction. 

98.  Après  cette  interprétation  directe  de  l'équation  simplifiée 
de  la  parabole,  considérons  successivement  les  diverses  pro- 
priétés caractéristiques  qui,  suivant  nos  méthodes  générales,  en 
constituent  des  conséquences  plus  lointaines,  en  commençant 
par  les  propriétés  focales. 

Les  variables  se  trouvant  séparées  dans  l'équation y^=ma:, 
il  faut  7  appliquer  la  méthode  subsidiaire  expliquée  &  la  fin  du 
chapitre  précédent,  pour  déterminer  le  foyer  par  substitution 
de  y  en  a:  ou,  réciproquement,  dans  la  fonction  [x  —  ay 

+  (y— ^)*  ou 


314  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

d*=.a:»  +  y«— 2otx  —  26y  +  (««+6») 

qui  doit  ainsi  devenir  on  carré  parfait.  Parla  première  snbsti- 
tution,  on  a 

ce  qui  montre  d'abord  que  le  foyer  doit  être  sur  Taxe,  afin  que 
cP  soit' rationnel  par  Tannulation  de  6.  Gela  posé,  la  fonction 

devient  J!:*+(m — 2a)a:+a*;  et,  en  y  appliquant  la  condition 

i 

connue  pour  les  trinômes  carrés,  on  trouve  a  «»  j  m.  Il  existe 

donc,  en  effet,  sur  Taxe  de  la  parabole,  un  unique  foyer,  à 
une  distance  du  sommet  égale  au  quart  du  paramètre.  Sa 

distance  rationnelle  à  un  point  quelconque  de  la  courbe  devient 

1 

ainsi  d^^x  -\'  -  fn\  et^  en  Tannulant,  on  voit  que  la  direc- 

4 

trice  est  une  perpendiculaire  à  Taxe,  pareillement  éloignée  du 


sommet,  mais  en  sens  inverse  :  le  rapport  spécifique  V/ J»*+  g* 
est  ici  évidemment  égal  à  Tunité.  Tel  est  le  mode  pleinement 
naturel  suivant  lequel,  la  notion  générale  de  foyer  une  fois 
admise,  l'analyse  fait  graduellement  ressortir  de  l'équation  des 
courbes  du  second  degré  limitées  d'un  côté  et  illimitées  de 
l'autre  leur  conception  géométrique  comme  engendrées  par  un 
point  toujours  équidistant  d'un  point  fixe  et  d'une  droite 
fixe. 

Si,  an  contraire,  on  substituait  x  en  y,  on  ne  pourrait  que 
confirmer,  sous  une  autre  forme,  les  résultats  précédents.  On 
aurait  alors,  en  effet, 

Quoique  cette  fonction  soit  spontanément  rationnelle,  la  con- 
dition préalable  6  =  o  n'y  est  pas  moins  indispensable  pour 
qu'elle  puisse  devenir  carrée  :  car,  sa  racine  devant  être  du 


QUATRIÈME   PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  315 

second  degré,  doit  d'ailleurs  manquer  du  terme  du  premier 
degré,  puisque  le  polynôme  lui-même  n*en  contient  pas  du 
troisième.  D'après  cette  première  détermination,  la  fonction  se 

réduit  au  trinôme  ^^  +  (  *  —  ^  —  Vy»  -|-  a^,  qui,  en  achevant 

ropération,  reproduira,  aussi  clairement  que  ci-dessus^  la 

i 

condition  a  =»  -  m.  Ce  second  mode  algébrique  de  la  méthode 

auxiliaire  des  foyers  n'aboutit  donc,  comme  on  devait  le  pré- 
voir, qu'au  retour  du  premier  résultat,  sous  une  forme  d'ail- 
leurs peu  convenable,  puisque  la  fonction  cf,  étant  alors  du 
second  degré,  ne  comporterait  plus  directement  l'interprétation 
géométrique  qui  constitue  la  principale  base  d'une  telle 
théorie. 

Pour  se  mieux  familiariser  avec  la  position  du  foyer,  et  par 
suite  de  la  directrice,  il  faut  remarquer  que  son  abscisse  con- 
vient à  une  ordonnée  parabolique  qui  ep  est  le  double,  et 
d'ailleurs  égale  au  demi-paramètre.  De  là  résultent  de  nou- 
velles manières  d'envisager  le  paramètre  d'une  parabole,  soit 
comme  la  corde  perpendiculaire  à  l'axe  menée  du  foyer,  soit 
comme  la  double  distance  du  foyer  à  la  directrice. 

Il  serait  superflu  d'insister  ici  sur  les  facilités  évidentes  que 
procure  la  propriété  focale  de  la  parabole  pour  décrire  cette 
courbe  par  points  ou  par  un  mouvement  continu. 

99.  Parmi  les  nombreux  problèmes  relatifs  à  la  détermina- 
tion de  la  parabole  d'après  des  conditions  propres  au  foyer  ou 
à  la  directrice,  et  dont  la  solution  analytique  ne  saurait  main- 
tenant oSrir  aucune  difOculté  essentielle  aulecteur  suffisamment 
imbu  de  nos  principes  généraux,  je  me  bornerai  à  considérer 
spécialement,  soit  à  titre  d'exemple  caractéristique,  soit  à 
raison  de  son  utUité  réelle,  celui  où  l'on  donne,  avec  deux 
points  de  la  courbe,  son  foyer  ou  sa  directrice. 


316  GÉOUÉnOS  PLAKB. 

Dans  le  premier  cas,  cette  question  de  géométrie  abstraite 
comporte  une  précieuse  destination  astronomique,  ponr  déter- 
miner le  coars  d'one  comète  diaprés  deux  positions  observées, 
en  adoptant  l'henrense  approximation  paraboliqne  spéciale- 
ment appliquée  par  Newton  à  la  seule  partie  de  rori[>ite  qui 
puisse  être  habituellement  visible.  Supposons  donc  qu'il  s'agisse 
de  faire  passer  en  deux  points  donnés  une  parabole  ayant  un 
foyer  donné,  qui,  en  une  telle  application  céleste,  serait  le 
soleil.  La  propriété  focale  fera  trouver  aisément  une  solution 
graphique,  consistant  àconstruire  d'abord  la  directrice,  comme 
tangente  commune  aux  deux  cercles  qui,  ayant  leurs  centres 
respectifs  en  ces  deux  points,  se  couperaient  à  ce  foyer  :  cette 
droite  une  fois  trouvée, Taxe, le  sommet,  et  le  paramètre  delà 
parabole  en  résulteront  sans  difficulté.  On  obtiendra  ainsi  deux 
paraboles,  ordinairement  très-diflérentes  de  position  et  même 
de  grandeur,  entre  lesquelles  les  indications  astronomiques  dis- 
siperaient facilement  toute  indécision.  Cette  construction  in- 
dique d'ailleurs,  conformément  à  la  nature  du  problème,  que 
la  question  ne  saurait  offrir  d'autres  cas  d'impossibilité  que  ceux 
qui  tiendraient  à  la  coïncidence  de  l'un  des  points  donnés  avec 
le  foyer  ou  à  la  situation  des  deux  points  en  ligne  droite  avec  le 
foyer  et  du  même  côté. 

La  solution  analytique  ne  peut  présenter  aucun  embarras, 
puisqu'elle  se  rapporte  à  des  conditions  déjà  spécialement  for- 
mulées. Si  les  axes  sontdisponibles,  on  la  simplifiera  beaucoup 
en  plaçant  leur  origine  au  foyer  donné,  et  dirigeant  l'un  d'eux 
vers  l'un  des  points  donnés.  On  aura  alors  l'équation 

oùle  caractère  parabolique  donne  d'abord  lareleMonp^+qh^i, 
Quant  aux  deux  autres  conditions  propres  à  déterminer  les 
constantes  inconnues  p,  q,  r,  elles  seront,  d'après  les  deux  pas- 
sages, 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  317 

x"'=  +  (pa;"  +  r)». 

Comme  les  premiers  membres  de  ces  équations,  relatifs  aux 
distances  u'  etw"  de  ces  points  au  foyer,  sont  entièrement  con- 
nus, on  pourra  ramener  ces  deux  équations  au  premier  degré, 

sous  la  forme 

px'  +  qt/' +  r  ssu' 

et  dès  lors  ony  rapportera  facilement  peiqi.  r^  qui  se  déter- 
minera finalement  par  une  équation  du  second  degré,  résultée 
de  la  condition  primordiale  p>+  $^'  =  1. 

A  l'occasion  de  ce  problème,  je  crois  devoir  établir  sommai- 
rement une  importante  notion  de  philosophie  mathématique, 
jusqu'ici  très-confuse,  sur  la  nature  des  divers  symptômes  ana- 
lytiques de  Timpossibilité,  qu'une  aveugle  routine  algébrique 
conduit  trop  souvent  à  croire  indistinctement  annoncée  par  l'i- 
maginarité  des  inconnues,  quoique  le  mode  doive  nécessaire- 
ment varier  suivant  les  cas.  D'après  Tharmonie  fondamentale 
qui  doit  toujours  régner,  en  mathématique,  entre  les  apprécia- 
tions concrètes  et  les  indications  abstraites,  on  peut  constam- 
ment prévoir  de  quelle  manière  l'impossibilité  devra  être  ana- 
lytiquement  manifestée,  suivant  une  judicieuse  discussion 
spéciale,  destinée  à  discerner  si  les  conditions  qui  la  caractéri- 
sent sont  vagues  ou  précises;  c'est-à-dire,  en  d'autres  termes, 
si  elles  correspondent  à  une  simple  inégalité  ou  aune  véritable 
relation  d'égalité.  L'analyse  conduira  nécessairement,  dans  le 
premier  cas,  àdesvaleursimaginaires,à  moinsque  les  valeurs 
négatives  ne  fussent  pareillementinadmissibles,  ce  qui  arrive 
rarement  en  géométrie.  Quant  au  second  cas,  le  symptôme 
analytique  devra  changer  de  nature,  et  consistera  en  certaines 
valeurs  réelles  spécialement  exclues  du  sujet;  le  plus  souvent. 


318  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

cette  exclusion  déterminée' se  bornera  aux  valeurs  nulles  ou 

■ 

infinies.  Tel  est  le  principe  philosophique  qui doittoujours  do- 
miner la  discussion  effectivedes  solutions  analytiques  relatives 
à  un  ordre  quelconque  de  recherches  concrètes. 

En  rappliquant  à  la  question  actuelle,  on  reconnaît  aussitôt 
que  tous  les  cas  d'impossibilité  y  sont  dénature  précise,  et  qne, 
par  conséquent,  leur  indication  algébrique  doit  résulter  de  va- 
leurs réelles  inadmissibles.  Si  l'inconnue  principale  est  r,  qui 
désigne  géométriquement  la  distance  du  foyer  à  la  directrice,  il 
n'y  aura  d'exclusion  que  pour  les  valeurs  0  et  œ .  C'est  donc  par 

Tune  d'elles  que  l'impossibilité  sera  toujours  annoncée,et  jamais 
d'après  Hmaginarité,  quoique  l'équation  en  r  soit  du  second 
degré.  L'examen  de  la  solution  graphique  montre  d'ailleurs 
que  cette  indication  résultera  ici  de  valeurs  nulles,  et  non  de 
valeurs  infimes.  J'engage  le  lecteur  à  confirmer  algébrique- 
ment une  telle  prévision  rationnelle. 

Relativement  à  ce  premier  problème,  il  convient  de  remar- 
quer, mais  uniquement  pour  l'application  astronomique,  l'u- 
tile simpliflcation  que  recevrait  la  solution  analytique,  si  Tony 
employaitl'équation  polaire  de  la  parabole  autour  du  foyer, 
établie  au  n^23,  et  qui  dispenserait  spontanément  de  formuler 
la  condition  la  plus  diflicile.  Avec  les  notations  actuelles,  cette 

équation  serait 

\  m 

1  —  COS  ((p  +  a)' 

■ 

enla  modifiant,  suivant  l'esprit  delà  question,  de  manière  à 
diriger  arbitrairement  l'axe  polaire.  Le  passage  de  la  courbe 
aux  deux  points  donnés  fournira aisémentla  détermination  des 
deux  constantes^  linéaire  et  angulaire,  propres  à  ce  type  analy- 
tique, et  qui  fixent,  l'une  la  grandeur,  l'autre  la  direction,  de 
la  parabole  cherchée.  En  conduisant  l'axe  polaire  vers  l'un  de 
ces  points,  on  aurait  ainsi  les  deux  relations 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  319 

t/  «=  t = — rr— :,     U    — 


i  —  COS  (ç'  +  a)'  i  —  COS  «* 

d'où,  en  éliminant  m,  on  conclura,  pour  l'angle  a,  réqualion 

trigonométrique 

1  —  COS  a  ti" 


i — co8(9'+a)       w' 

dont  la  résolution  se  simplifiera  beaucoup  en  introduisant  les 
demi-angles,  et  fera  connaître  la  double  inclinaison  de  Taxe  de 
la  parabole  sur  un  tel  axe  polaire. 

Supposons  maintenant  que  le  foyer  donné  soit  remplacé  par 
la  directrice  ;  la  solution  graphique  se  renversera  facilement, 
en  construisant  le  foyer  d'après  Tintersection  des  cercles  déjà 
considérés,  et  dont  les  rayons  seront  alors  les  distances  des 
deux  points  à  la  directrice  donnée.  Il  en  résultera  encore  deux 
paraboles  inégales,  quoique  parallèles.  Quant  aux  cas  d'impos- 
sibilité, ils  y  consisteraient  d'abord  dans  le  passage  de  la 
directrice  à  l'un  des  points  donnés,  ou  dans  sa  perpendicularité 
à  la  droite  qui  les  joint';  mais,  outre  ces  hypothèses  relatives  à 
des  conditions  précises,laquestioncomporterad'autres  excep- 
tions, de  nature  vague,  lorsque,  par  exemple,  la  dii*ectricè 
tombera  entre  ces  deux  points,  ou,  en  général,  si  ceux-ci  sont 
trop  écartés. 

La  solution  analytique  sera  très-simple,  si  la  disponibilité 
des  axes  permet  de  prendre  la  directrice  donnée  pour  l'un 
d'eux,  en  dirigeant  l'autre  vers  l'un  des  points  donnés.  Dans 
cette  hypothèse,  l'équation  focale  devient 

etles  deux  passages  y  déterminerontaisément  les  coordonnées 
inconnues  du  foyer  d'après  les  relations 

«»+€«—  2aa:'—  2êy'+  y'*=0,     ol^+  62— 26y"+  y"*=0; 

dont  la  soustraction  fournirait  une  équation  du  premier  degré 


320  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

en  a  et  6,  de  manière  à  conduire  promptement  à  une  équation 
finale  du  second  degré  en  a,  par  exemple,  distance  du  foyer  à 
la  directrice.  La  première  classe  de  cas  d'impossibilité  s*y  an- 
noncerait naturellement  par  des  valeurs  nulles,  et  la  seconde 
parTimaginarité. 

En  supprimant  Tun  des  deux  points  donnés,  chacun  des  deux 
problèmes  précédents  deviendrait indéterminé,toutefois  suivant 
la  juste  mesure  qui  comporte  la  recherche  des  lieux  géométri- 
ques ;  en  assignant,  non  des  positionsfixes,  mais  d'invariables 
trajets,  aux  divers  points  inhérents  à  la  parabole.  Le  lecteur 
pourra  donc,  à  ce  sujet,  s'exercer  à  découvrir  des  lieux  plus 
ou  moins  remarquables,  surtout  ceux  du  sommet,  ou  du  point 
paramétrique. 

100.  Considérons  maintenant  les  propriétés  de  la  parabole 
quant  aux  tangentes.  En  un  point  quelconque  {x\  y')  de  la 
courbe  ^^e=3  ma:,  la  tangente  aura  pour  équation,  suivant  la 
théorie  générale. 

Pour  en  déduire  sa  construction,  il  suffit  d'y  chercher,  en 
faisant  y  =  0,  Tabscisse  du  point  où  elle  rencontre  Taxe,  et 
on  trouve  5?  =  —  x'\  en  sorte  que  ce  point  T  [fig.  71),  et  le 
pied  P  de  l'ordonnée  sont  toujours  équidistants  du  sommet.  On 
énonce  communément  ce  résultat  en  disant  que,  dans  la  para- 
bole, IdiSOUS'tangente  TP  est  constamment  double  de  Tabscisse 
du  point  de  contact.  Mais  la  forme  la  plus  remarquable  sous 
laquelle  il  puisse  être  présenté,  consiste  à  reconnaître  que  la 
sotis-nonnale  PN  est  toujours  égale  à  la  moitié  du  paramètre  : 
car,  en  toute  courbe,  le  triangle  rectangle  TMN  montre  que 
l'ordonnée  est  moyenne  proportionnelle  entre  la  sous-normale 

et  la  sous-tangente,  d'où  PN  =  ^  ;  or  ici  TP  =  2ar',  donc 


QUATRIÈHE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  321 

NP  =  ^,  ="  — .  De  là  résulte,  en  sens  inverse,  une  nouvelle 

manière  d'envisager  le  paramètre  de  la  parabole,  ainsi  rattaché 
à  une  tangente  quelconque,  comme  double  de  la  sous-normale. 

Au  sujet  de  ce  théorème,  il  convient  de  remarquer  une 
conséquence  spéciale,  relative  à  la  première  ébauche  spontanée 
d'une  importante  notion  géométrique,  que  l'analyse  transcen- 
dante peut  seule  d'ailleurs  convenablement  établir.  En  considé- 
rant une  normale  de  plus  en  plus  voisine  de  Taxe  de  la  para- 
bole, on  voit  ainsi  que  le  point  N  où  elle  le  coupe,  quoique  se 
rapprochant  toujours  du  sommet,  a  pour  limite  le  point  G, 
deux  fois  plus  éloigné  que  le  foyer  F  ;  cette  extrême  position 
deviendrait  donc  ici  le  centre  du  cercle  qui,  suivant  l'indication 
générale  du  n^^  44,  aurait  en  0  le  plus  intime  contact  avec  la 
courbe.  Sous  un  autre  aspect,  le  chemin  normal  dirigé  suivant 
Taxe,  à  partir  d'un  point  situé  dans  la  concavité  delà  parabole, 
serait  un  minimum  ou  un  maximum  selon  que  ce  point  de  dé- 
part se  trouverait  avant  ou  après  cette  limite  G. 

Le  théorème  fondamental  que  nous  venons  de  remarquer,  sous 
diverses  formes,  pour  la  tangente  à  la  parabole,  acquiert  une 
nouvelle  importance  géométrique  quand  on  le  combine  avec 
la  propriété  focale.  Car, cette  relation  OT=OP,  donne  aussitôt 

i  1 

FT  ou  OT  -f-  -  m= FM  ou  a:'  +  -  m  :  donc  les  angles  opposés 

4  4 

PMT  et  MTF  sont  constamment  égaux.  Ainsi,  la  tangente  à  la 
parabole  est  la  bissectrice  de  l'angle  formé  par  les  deux  droites 
menées  du  point  de  contact,  l'une  au  foyer,  l'autre  perpendi- 
culairement à  la  directrice.  En  remarquant  d'ailleurs  que  ces 
deux  droites  MF  et  MQ  sont  constamment  égales,  il  s'ensuit 
que  la  tangente  est  toujours  perpendiculaire  sur  le  milieu  de 
la  droite  FQ,  qui  joint  le  foyer  à  la  projection  du  point  de 
contact  sur  la  directrice  :  ce  milieu  devant  sans  cesse  tomber 


322  OÉOHÉTRIB  PLANE. 

en  K,  on  voit  aussi^comme  nouvelle  forme  de  la  même  relation, 
que  les  projections  du  foyer  sur  les  diverses  tangentes  forment 
une  ligne  droite,  qui  est  la  tangente  au  sommet. 

Physiquement  envisagée,  diaprés  la  loi  générale  de  la  ré- 
flexion de  la  lumière  ou  de  la  chaleur,  cette  importante  pro- 
priété géométrique  explique  directement  l'idée  de  concentration 
calorifique  que  rappelle  spontanément  le  nom  de  foyer.  Car, 
tout  rayon  de  lumière  ou  de  chaleur  qui  tomberait  sur  la  pa- 
rabole, parallèlement  à  son  axe,  devrait  ainsi  se  réfléchir  tou- 
jours vers  le  foyer,  pour  maintenir  Tégalité  nécessaire  entre 
les  angles  de  réflexion  et  d'incidence  formés  avec  la  tangente. 
De  la  parabole,  cette  propriété  s'étendrait  évidemment  au 
parabololde  résulté  de  sa  rotation  autour  de  son  axe  :  en  sorte 
qu'un  tel  miroir  est  propre  à  concentrer  en  un  point  unique 
la  chaleur  que  reçoit  sa  concavité  totale  dans  une  même 
direction,  sauf  l'inévitable  afFaiblissement  qu'occasionne  toute 
réflexion.  En  sens  inverse,  un  semblable  réflecteur  est  souvent 
employé,  surtout  pour  les  phares,  à  rendre  parallèles  tous  les 
rayons  qui  divergent  d'un  même  point;  ils  peuvent  d'ailleurs 
être  ultérieurement  concentrés  en  un  autre  point,  d'après  une 
seconde  réflexion  analogue,  conformément  à  une  célèbre  expé- 
rience thermologique. 

Quant  à  l'usage  purement  géométrique  d'une  telle  propriété, 
elle  offre  directement  l'avantagé  de  s'adapter  indifféremment  à 
la  construction  de  la  tangente,  dans  les  trois  cas  élémentaires 
qui  s'y  rapportent  communément,  selon  que  l'on  donne  le  point 
de  contact,  ou  la  direction,  ou  un  point  extérieur.  Pour  le 
premier  cas,  il  suffit  d'élever  une  perpendiculaire  sur  le  mi- 
lieu K  de  la  droite  FQ  précédemment  définie.  Il  est  aisé  de 
vérifier  spécialement,  à  la  manière  des  anciens^  qu'une  teUe 
perpendiculaire  aura,  en  effet,  hors  de  la  parabole  tous  ses 
points  autres  que  M;  puisque  l'un  quelconque  N  d'entre  eux. 


i 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  323 

se  trouvant  ainsi  éqoidistant  de  F  et  de  Q,  sera  nécessairement 
plus  rapproché  de  la  directrice  que  du  foyer,  et  dès  lors  exté- 
rieur à  la  courbe.La  détermination  des  tangentes  à  la  parabole 
ne  pouvait  donc,  sous  cette  forme^  offrir  aux  anciens  aucune 
difficulté  essentielle,  aussitôt  qu'ils  ont  pu  procéder  diaprés  la 
propriété  focale,  qui,  dans  leur  mode  d'étude,  a  dû  consti- 
tuer, à  tous  égards,  le  principal  obstacle  propre  à  la  théorie 
des  sections  coniques. 

Si  maintenant  on  veut  tracer  une  tangente  parallèle  à  une 
droite  donnée,  la  droite  FQ  se  trouvera  immédiatement  déter- 
minable,  et  par  suite  la  construction  précédente  s'appliquera 
également,  sans  même  que  l'intervention  graphique  de  la  pa- 
rabole soit  indispensable  pour  marquer  le  point  de  contact, 
qui  sera  sufBsamment  assignable  d'après  sa  projection  Q  sur  la 
directrice.  Quant  à  la  solution  analytique  du  même  problème, 
elle  consisterait  d'abord  à  trouver  l'ordonnée,  et  dès  lors 
l'abscisse,  du  point  de  contact,  en  renversant  la  loi  primor- 

TU 

diale  tang  a  =  — .  Mais  on  peut  aussi  traiter  directement  cette 

question,  d'après  le  principe  des  racines  égales,  en  cherchant 
la  relation  du  coefficient  linéaire  au  coefficient  angulaire  qui 
rend  la  droite  y  =3  oa:  +  6  susceptible  de  toucher  la  courbe 

772 

yî  B=i  mx  :  on  trouve  alors  6  =  --  ;  d'où  résulte  l'équation 

qu'il  importe  de  remarquer  comme  la  plus  propre  à  caractéri- 
ser une  tangente  quelconque  à  la  parabole,  quand  la  nature 
des  questions  exigera  que  cette  tangente  soit  surtout  considérée 
suivant  sa  direction  et  indépendamment  de  son  point  de  contact. 
Enfin,  lorsque  la  tangente  doit  partir  d'un  point  extérieur 
N,  la  droite  FQ  peut  encore  se  retrouver  aisément,  puisque  le 


324  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

point  Q,  toujours  situé  sur  la  directrice,  est  d'ailleurs  à  une 
distance  de  ce  point  N  égale  à  NF;  en  sorte  qu'il  résultera  de 
l'intersection  de  la  directrice  par  le  cercle  décrit  du  centre  N 
avec  le  rayon  NF.  Cette  rencontre^  nécessairement  double,  si 
le  point  donné  N  est  vraiment  en  dehors,  déterminera  donc  les 
deux  droites  sur  les  milieux  desquelles  doivent  être  perpendi- 
culaires les  tangentes  cherchées,  dont  la  construction  s'achè- 
vera dès  lors  comme  ci-dessus.  On  peut  remarquer,  à  ce  sujet, 
que  si  le  point  N  appartenait  à  la  directrice,  ces  deux  droites 
auxiliaires,  et  par  suite  les  deux  tangentes,  seraient  nécessai- 
rement rectangulaires  :  ce  qui  permet  d'envisager  la  directrice 
comme  décrite  par  le  sommet  d'un  angle  toujours  circonscrit 
à  la  parabole. 

La  solution  analytique  du  même  problème  ne  présente  aucune 
difficulté,  d'après  les  explications  générales  du  n*  41,  pour 
trouver  les  coordonnées  du  point  de  contact,  en  combinant  les 
deux  équations 

Maissi,  sans  opérer  l'élimination,  on  voulait  construire  le  ré- 
sultat en  coupant  la  parabole  donnée  parle  lieu  qui  correspon- 
drait à  la  première  équation  où  x'  et  y'  deviendraient  variables, 
il  faudrait  d'abord  la  transformer  à  l'aide  de  la  seconde,  afin 
d'éviter  le  lieu  parabolique  qu'elle  fournirait  spontanément. 
Ainsi  réduite  au  premier  degré,  cette  équatiom 

mx'  —  26y'  +  i/ia  =  0 

représenterait  la  droite  qui  joindrait  les  deux  points  de  contact 
cherchés.  Il  n'est  pas  inutile  d'y  remarquer  :  1**  que  le  point 
où  elle  rencontre  Taxe  de  la  parabole  resterait  invariable  si  le 
point  de  départ  des  deux  tangentes  se  déplaçait  perpendiculai- 
rementàcetaxe,  et  aussi  envers  une  autre  parabole  ayant  même 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.  325 

axe  et  même  sommet  ;  puisque  l'abscisse  —  a  de  ce  point  est  in- 
dépendante de  6  et  de  m  ;  2*^  que  son  intersection  avec  Taxe  des 
y  ne  changerait  pas  si  le  point  de  départ  se  déplaçait  en  ligne 
droite  avec  le  sommet  ;  3°  que  la  direction  de  cette  corde  des 
contacts  demeurerait  la  même  si  ce  point  donné  se  déplaçait 
parallèlement  à  Taxe.  Ces  petites  remarques  offrent,  intrinsè- 
quement, peu  dlntérêt,  et  encore  moins  d'importance  :  mais 
elles  peuvent  servir  à  rendre  plus  sensible  aux  commençants 
l'exacte  interprétation  géométrique  des  résultats  algébriques, 
considérés  même  relativement  aux  éléments  qui  n'y  entrent 
pas. 

Au  sujet  d'une  telle  construction  des  tangentes  menées  d'un 
point  extérieur  à  la  parabole,  je  dois  signaler  une  propriété 
plus  essentielle,  commune  aux  trois  courbes  du  second  degré, 
et  tendant  à  déterminer  directement  la  corde  des  contacts, 
d'après  deux  sécantes  quelconques  tirées  du  point  donné.  En 
joignant,  d'une  part  latéralement,  d'une  autre  part  diagonale- 
ment,  leurs  quatre  intersections  avec  la  courbe,  il  en  résultera 
deux  couples  de  droites,  qui,  par  leurs  rencontres  respec- 
tives, détermineront  ^malement  deux  points,  toujours  situés 
sur  cette  corde,  et  dès  lors  suflîsants  pour  la  tracer,  de  ma- 
nière à  en  déduire  les  tangentes  cherchées  :  ce  qui  constitue 
certainement,  à  cet  égard,  la  plus  convenable  de  toutes  les 
solutions  graphiques  où  l'on  fait  intervenir  la  courbe.  Gomme 
la  rencontre  des  lignes  transversales  ne  saurait  jamais  manquer, 
le  théorème  conserverait  toute  son  efficacité  si  les  lignes  laté- 
rales devenaient  parallèles,  puisque  la  droite  cherchée  aurait 
alors  la  même  direction.  Je  laisse  au  lecteur  l'exécution,  et 
même  l'institution,  des  calculs  un  peu  longs  qu'exige  la  dé- 
monstration analytique  de  cette  proposition  remarquable,  dont 
l'origine  effective  est  peu  connue.  Le  principal  embarras  con- 
sistera à  décider  si,  dans  le  choix  des  axes  les  plus  propres  à 


ibj^îAîIvi  4w  trol*  c^crii»  dfi  second  desré  y*=«  «ix  -i-  nx^, 
»a&f  à  r>vœf  ll^er  les  f/pallons  des  d^qx sécanUs  r":i;alfs:  os, 
as  ^/Ltrkire.  aT«>lr  essei.liel>me!:t  en  me  kssB^Gfiealkms 
nrUlh  «r«  à  c^  deci  droites,  scrtoot  en  les  prenanl  pomr  axes,  à 
la  t^ar^  d'eroployer  earers  la  courbe  l'éqnalioii  la  plus  ^ôié- 
ralç  «y*  4- 6zy  —  ca:*  +  <fy-r  »  =  i- ^ceUedâibéntkMi 
pr^a]a>/.e  eèt  bear^osement  accomplie,  ert  exercice  analjtîqiie 
d^ittkirz  pea  laborieux. 

101.  Parmi  les  nombreux  problèmes  auxquels  peat  donner 
lieu  la  coosidéralioD  des  tangentes  à  la  parabole,  je  me  bor- 
nerai à  signader  spécialement,  comme  types,  la  détermination 
d*ane  parabole  d'après  deux  tangentes,  ou  nne  seule  et  nn 
pjinl«  conjointement  avec  le  foyer  on  la  directrice.  La  solution 
graphique  consistera  surtout,  de  même  qu'au  n*  99,  à  con- 
struire d'abord  la  directrice  ou  le  foyer.  Si  la  parabole,  ayant 
un  foyer  donné,  doit  toucher  deux  droites  données,  il  est  aisé 
de  voir  que  chacune  d*elles  indiquera  un  point  de  la  directrice, 
en  prenant,  par  rapport  à  elle,  le  point  symétrique  du  foyer  ;  â 
Tune  de  ces  tangentes  était  remplacée  par  un  point,  la  direc- 
trice devrait  toucher  le  cercle  qui,  y  ayant  son  centre,passerait 
au  foyer  :  on  aura  donc,  en  l'un  ou  l'autre  cas,  la  directrice,  et 
par  suite  tout  ce  qui  concerne  la  parabole,  en  joignant  deux 
points,  ou  en  menant  d  un  point  une  tangente  à  un  cercle  ; 
rimpossibilité  proviendrait,  dans  la  première  question,de  con- 
ditions précises,  tendant  à  faire  passer  la  directrice  au  foyer, 
et,  dans  la  seconde,  elle  pourrait,  en  outre,  résulter  de  condi- 
tions vagues,  relatives  à  la  situation  du  point  intérieurement 
au  cercle.  Quand  la  parabole  devrait,  au  contraire^  admettre 
une  directrice  donnée,  chaque  tangente  indiquerait  un  lieu  du 
foyer,  savoir  la  droite  formant  avec  elle  un  angle  égal  à  celui 
qu'elle-mftme  ferait  avec  cette  directrice  ;  et  dès  lors  le  foyer 


QUATRIÉHE  PARTIE,  GHAPITRB  DEUXIÈME.  327 

résulterait  aisément  ou  delà  rencontre  de  deux  pareilles  droites, 
ou  de  rintersection  de  l'une  d'elles  par  le  cercle  tangent  à  la  di- 
rectrice qui  aurait  pour  centre  un  point  donné  de  la  courbe. 
La  solution  analytique  de  ces  problèmes  ne  saurait  mainte- 
nant offrir  aucune  difficulté  d'institution,  d'après  nos  principes 
généraux,  ni  même  aucun  embarras  d'exécution,en  choisissant 
convenablement  les  axes  :  les  indications  précédentes  y  feront 
d'ailleurs  aisément  prévoir  la  nature  algébrique  des  divers 
symptômes  d'impossibilité,que  les  commençants  pourront  uti- 
lement vérifier.  Si,  par  exemple,  la  directrice  est  donnée,  et 
qu'on  y  place  l'axe  des  y,  l'équation  de  la  pai*abole  sera,  comme 
au  n^  99, 

y«  —  2êy  —  2aa: -I- (6* -f  a»)  =  0. 

Dès  lors,  pour  y  formuler  le  contact  d'une  droite  y  r=^ax  sur 
laquelle  on  aurait  choisi  l'origine,  le  principe  des  racines  égales 
fournira  la  relation 

2a6=(a"  — l)a. 

En  écartant  toute  autre  condition,  la  parabole  serait  indéter- 
minée, mais  susceptible  de  lieux,  parmi  lesquels  cette  relation 
indique  spontanément  celui  du  foyer  :  il  est  aisé  d'y  reconnaître 
la  droite  ci-dessus  introduite.  Ce  cas  est  remarquable  par  la 
nature  uniformément  rectiligne  de  tous  ces  lieux  ;  comme  le 
lecteur  peut  facilement  le  constater  en  passant  analytiquement 
de  ce  lieu  immédiat  du  foyer  à  ceux  qui  en  dériveraient,  plus 
ou  moins  indirectement,  pour  le  sommet,  le  point  paramé- 
trique, etc.  Une  remarque  générale,  utile  à  signaler  ici,  à 
cause  de  son  efficacité  en  divers  autres  cas  analogues,explique 
aussitôt  cette  particularité,  d'après  le  principe  géométrique 
qui  sert  de  meilleure  base  à  la  théorie  analytique  de  la  simili- 
tude des  courbes  :  car,  les  courbes  ici  comparées  étant  toujours 
semblables,  d'ailleurs  placées  parallèlement  à  cause  de  la  di- 


328  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

rectrice  commune,  et  ayant,  en  outre,  pour  centre  évident  de 
similitude  ou  d'homologie  l'intersection  de  cette  directrice  avec 
la  commune  tangente,  tous  les  lieux  qui  s'y  rapporteront 
seront  nécessairement  des  droites  dirigées  vers  ce  point. 

Le  plus  intéressant,  à  tous  égards,  des  lieux  très-multipliés 
que  produirait  la  parabole  considérée  quant  à  ses  tangentes, 
consiste  dans  la  cissoîde,  résultée  de  la  projection  du  sommet 
sur  les.  tangentes.En  discutant  directement  une  telle  définition, 
il  est  d'abord  aisé  dV  reconnaître  une  courbe  nécessairement 
symétrique  autour  de  Taxe  de  la  parabole,  commençant  au 
sommet  où  elle  touche  cet  axe,  et  finissant  à  la  directrice  qui  loi 
est  asymptote  :  cette  dernière  condition  résulte  de  ce  que,  la 
projection  d'une  distance  étant  au  plus  égale  à  sa  longueur^la 
projection  du  sommet  sur  une  tangente  quelconque  ne  peut 
jamais  s'écarter  de  celle  du  foyer,  que  nous  savons  appartenir 
toujours  à  la  tangente  au  sommet,  que  d'une  quantité  au  plus 
égale  à  la  distance  du  sommet  à  la  directrice  ;  une  telle  prévi- 
sion est  d'ailleurs  en  harmonie  avec  la  notion  de  la  directrice 
comme  lieu  des  intersections  des  tangentes  rectangulaires.  Si 
maintenant  on  cherche  l'équation  du  lieu  proposé,  soit  d'après 
l'équation  de  la  tangente  relative  au  point  de  contact,  soit 
d'après  celle  qui  se  rapporte  à  sa  direction,  on  trouvera  très- 

facilement  l'équation  y*  =  , — ,  où  l'on  reconnaît  aussitôt 

*C     I  '  Â  771 

la  cissoîde  annoncée.  En  renversant  cette  importante  liaison 
entre  deux  courbes  que  l'on  croit  d'ordinaire  fort  hétérogènes, 
on  pourrait  déduire  la  parabole  de  la  cissoîde,  comme  tangente 
au  système  des  perpendiculaires  menées,  en  chaque  point  de 
celle-ci,  aux  cordes  parties  de  l'origine  :  mais  cette  inversion 
où  il. faudrait  analytiquement  revenir  de  l'équation  générale 

des  tangentes  paraboliques  y  =  ax-\-  —  k  celle  de  la  courbe 

Ad 


quatrième:  partie,  chapitre  deuxième.  329 

correspondante  exigerait  nécessairement  l'analyse  transcen- 
dante. Au  reste,  une  telle  connexité  mutuelle  doit  peu  étonner 
entre  des  courbes  qui,  au  fond,  découlent  d'une  même  source 
géométrique;  puisque  nous  avons  remarqué,  aiï  début  de  ce 
chapitre,  que  la  parabole  peut  dériver  du  cercle  tout  aussi  di- 
rectement que  la  cissolde,  quoique,  suivant  une  tout  autre 
loi. 

Quant  aux  lieux,  en  quelque  sorte  inverses,  résultés,  au 
contraire,  du  déplacement  de  la  parabole  elle-même  envers 
certaines  tangentes.  Je  me  bornerai  à  considérer,  comme  type, 
celui  qui  correspondrait  au  sommet  d'une  parabole  invariable 
mue  de  manière  à  toucher  constamment  deux  droites  fixes, 
que  je  supposerai,  pour  simplifier,  rectangulaires.  L'apprécia- 
tion directe  d'une  telle  définition  indique  aisément  une  courbe 
symétrique  autour  de  ces  deux  droites,  et  même  de  leurs  bis- 
sectrices, surtout  en  considérant  que  la  directrice  doit,  àraison 
de  la  perpendicularité  de  ces  tangentes,  passer  toujours  à  leur 
intersection  :  un  examen  plus  attentif  démontre  aussi  que  ces 
deux  droites  doivent  être  asymptotes  dulieu  cherché,  puisque, 
leur  rectangularité  ne  permet  à  chacune  de  contenir  le  sommet 
qu'autant  que  l'autre  s'en  éloigne  à  l'infini.  Pour  trouver  l'équa- 
tion du  lieu,  la  marche  la  plus  analytique  consisterait  àpartir 
de  l'équation  focale  de  la  parabole,  afin  d'y  formuler  les  deux 
contacts  et  ensuite  le  paramètre.  On  abrégera  un  peu  l'opéra- 
tion si,  plaçant  les  axes  selon  les  deux  droites  fixes,  on  re- 
marque le  passage  nécessaire  delà  directrice  à  l'origine  :  l'équa- 
tion sera  ainsi 

[x  —  ^y+{y  -  6)2  =  [px+qt/Y 

en  y  supposant  p^ + 5'*  =  1 ,  vu  le  caractère  parabolique.  Il  suf- 
fira dès  lors  d'y  exprimer  le  contact  avec  l'un  des  axes,  ce  qui 
donnera larelation(i—p*)S*=^2aa,Quantau  paramètre  donné 

89 


330  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

m,  en  le  concevant  double  de  la  distance  du  foyer  à  la  direc- 

1 

trice,  on  aura  la  nouvelle  condition  pa  +  ç^==:^j7î^  qui,  com- 

binée  avec  les  deux  précédentes,  permettra  d'éliminer/)  et  y, 
en  conservant  «  e{  ê.  Le  lieu  du  foyer  étant  ainsi  trouvé,  on 
en  déduira  celui  du  sommet,  en  regardant  ce  point  comme 
situé  à  la  fois  sur  la  courbe  et  sur  la  perpendiculaire  menée  du 
foyer  à  la  directrice. 

Un  autre  mode,  moins  complètement  analytique  que  le  pré- 
cédent, mais  plus  simple,  et  d'ailleurs  assez  général  pour  être 
imité  envers  toute  autre  courbe  invariable  mue  autour  de  deux 
droites  flxes,  consisterait  à  procéder  par  inversion,' en  suppo- 
sant la  parabole  immobile,  afin  de  chercher,  d'après  sa  plus 
simple  équation,  la  relation  constante  entre  les  distances  de 
son  sommet,  de  son  foyer,  ou  de  tout  autre  point  singulier,  à 
deux  tangentes  rectangulaires  quelconques.  En  prenant,  pour 

Tune  d'elles,  Téquation  y  ==  aar  -f-  t-i  a^ors  éminemment  con- 

venable,  celle  de  l'autre  serait  donc  y  = x --.  Leurs 

a  A 

distances  x\  y',  à  l'origine,  qui  deviendraient  finalement, 

envers  les  axes  déjà  indiqués,  les  coordonnées  du  lieu  du 

sommet,  seraient  exprimées  par  les  deux  formules 

m  ^  ma 

X  =—=:,     y  = 


entre  lesquelles  l'élimination  du  coefficient  variable  a  fourni- 
rait aisément  Téquation  cherchée. 

Cette  seconde  solution,  dont  le  principal  avantage  consiste  à 
dispenser  spontanément  de  formuler  l'invariabilité  delà  courbe 
mobile,  pourrait  ôtre  présentée  sous  une  autre  forme,  essen- 
tiellement équivalente,  d'après  les  formules  relatives  à  la 
transposition  des  axes,  en  exprimant,  dans  l'équation  y^=mx 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.        331 

ainsi  généralisée,  les  deux  conditions  de  contact  envers  les 
nouveaux  axes;  ce  qui  permettrait,  par  Télimination  des  trois 
constantes  auxiliaires,  d'obtenir  une  équation  finale  entre  les 
nouvelles  coordonnées  d'un  point  quelconque  dont  les  anciennes 
seraient  connues.  Mais  cette  transformation  analytique  du 
mode  précédent  diminuerait  sa  simplicité,  sans  pouvoir,  au 
fond,  rien  ajouter  à  sa  généralité  réelle. 
•  102.  Tous  les  problèmes  sur  les  tangentes  peuvent  suggérer 
autant  de  nouvelles  questions  enverslesnormales.  Quoique  ces 
dernières  recherches  soient  nécessairement  assujetties  aux 
mêmes  principes  que  les  premières,  ce  qui  dispense  d'y  insister 
beaucoup  ici,  leurs  résultats  seront  cependant  plus  compliqués; 
ainsi,  par  exemple,  tandis  que  le  lieu  des  intersections  des 
tangentes  rectangulaires  est,  pour  la  parabole,  une  ligne 
droite,  celui  qui  correspond  aux  normales  respectives  est  une 
courbe,  que  j'engage  le  lecteur  à  chercher.  Je  me  bornerai  à 
considérer  spécialement  le  plus  important  de  ces  nouveaux 
problèmes,  consistant  à  mener  une  normale  par  un  point  quel- 
conque du  plan.  Sa  solution  analytique  revient  à  déterminer  le 
point  correspondant  de  la  parabole,  d'après  l'équation  de  cette 

—  2y' 
courbe  combinée  avec  la  condition  y'  —  ê  = ^  {x' —  a),  qui 

exprime  le  passage  de  la  normale  au  point  donné  a,  6.  On 
trouve  ainsi,  pour  l'ordonnée  d'incidence,  l'équation  du 
troisième  degré 

qui  indique  algébriquement  l'existence  d'une  seule  normale  ou 
de  trois,  selon  les  relations  des  données  a,  €.  Ces  deux  cas  or- 
dinaires seront  séparés  par  le  cas  exceptionuel  de  deux  nor- 
males, correspondant  à  l'égalité  de  deux  des  racines  de  cette 
équation.  En  cherchant  la  relation  entre  a  et  ê  nécessaire  pour 


332  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

celle  égalilé,  soil  d'après  la  mélhode  employée  ao  n*  43,  soit 
soiyanl  tout  autre  mode  algébrique,  on  trouvera,  plus  ou 
mo'ms  commodément,  Téqualion 


27m  \  2/ 


Son  lieu  géométrique  déterminera  une  courbe  d'un  côté  de  Ia«- 
quelle  il  pourra  partir  trois  normales,  tandis  que  de  l'autre  on 
n'en  pourra  mener  qu'une  seule:  il  est  d'ailleurs  facile  d'éviter 
toute  méprise  à  cet  égard,  même  indépendamment  des  notions 
algébriques  spéciales,  en  considérant  que  si  détail  assez  petit, 
et  surtout  nul,  on  pourrait  certainement  tirer  trois  normales. 
Ainsi,  la  première  région  est  située  entre  les  deux  branches  de 
cette  courbe  auxiliaire,  et  tout  le  reste  du  plan  présentera 
l'autre  cas.  La  courbe,  aisée  à  reconnaître,  appartient  au 
troisième  genre  de  la  famille  générale  des  paraboles  (n^  79], 
puisque  l'équation  devient  binôme  en  transportant  Torigine  en 
6  {fig.  71),  où  commence  nécessairement  le  lieu  HGH'  :  il  est 
facile  de  constater  que  sa  rencontre  avec  la  parabole  correspond 
à  une  abscisse  OL  octuple  de  celle  du  foyer. 

Une  sufTisante  appréciation  de  la  définition  précédente  peut 
conduire  naturellement  à  la  plus  importante  propriété  de  celte 
courbe  auxiliaire,  consistant  en  cequ'elle  touche  toutes lesnor- 
males  de  la  parabole,  comme  l'indique  déjà  l'équation  envers 
la  première  d'entre  elles,  ou  l'axe.  Car,  si  l'une  d'elles  péné- 
trait dans  sa  concavité,  il  partirait  évidemment  plus  d'une  nor- 
male de  tous  les  points  qui  s'y  trouveraient  compris;  puisque, 
outre  celle-là,  il  en  existerait  au  moins  une  autre,  correspon- 
dante à  la  moitié  adjacente  de  la  parabole  :  or,  cette  coexis- 
tence deviendrait  directement  contraire  à  la  destination  géomé- 
trique d'un  tel  lieu,  de  la  concavité  duquel  nous  venons  de 
constater  qu'il  ne  saurait  émaner  jamais  qu^une  seule  normale. 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  333 

Au  reste,  il  serait  aisé  de  vérifier  analytiquement  une  telle 
propriété,  en  cherchant  d'abord  la  relation  entrer  et  b  propre 
à  rendre  une  droite  indéterminée  y=éw:+é  normale  à  la  pa- 
rabole y^^=^mx,  d'après  Tassimilation  à  Téquation  primitive  de 

—  22/' 

la  normale  y  —  y'  == ^  [x  —  x'j,  en  procédant  comme  au 

n**  43  pour  les  tangentes.  L'équation  générale  des  normales  à 

la  parabole  deviendrait  ainsi  finalement,  envers  Torigine  G, 

i 

y^sr^ax — 2^*^''  et  dès  lors  on  pourrait  sans  difficulté  consta- 
ter, par  les  voies  ordinaires,  que,  quel  que  soit  a,  cette  droite 

16 

touche  constamment  la  courbe  auxiliaire  y*  =  — —  x^ 

D'après  une  telle  propriété,  chaque  point  de  ce  lieu  pourrait 
être  conçu  comme  Tintersection  de  deux  normales  infiniment 
voisines,  conformémentà  ce  que  nous  savions  déjàpourle  seul 
point  initial  (n°  100),  Il  en  résulterait  donc  aussi,  envers  un 
point  quelconque  de  la  parabole,  la  détermination  du  cercle  le 
plus  tangent  possible,  précédemment  obtenu  à  l'égard  du 
sommet  seulement.  C'est  ainsi  que  l'analyse  ordinaire  peut 
ébaucher,  en  certains  cas,  une  éminente  recherche  géomé- 
trique, d'ailleurs  essentiellement  réservée,  par  sa  nature,  à 
l'analyse  transcendante,  sans  laquelle  cette  question  ne  saurait 
ordinairement  acquérir  la  netteté  et  la  précision  qu'elle  a  pu 
ici  présenter  exceptionnellement  au  sujet  de  la  parabole. 

103.  Il  faut  maintenant  apprécier  une  troisième  série  de 
propriétés  essentielles  de  la  parabole,  celles  qui  concernent  ses 
diamètres  :  les  principales  d'entre  elles  ont  déjà  été  signalées, 
dans  la  troisième  partie  de  ce  traité,  d'après Téquation  la  plus 
générale  ;  en  sorte  qu^il  suffira  d'indiquer  ici  comment  elles 
ressortent,  d'une  manière  plus  simple  et  plus  nette,  de  Téqua- 
tion  spéciale  y'^^=nix.  En  y  appliquant  notre  seconde  méthode 


334  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

des  diamèlres,  ou  même  la  première,  elle  conduit  très-aisé- 
ment à  Téquation  ^w^^m^  pour  un  diamètre  quelconque, 
correspondant  à  des  cordes  dont  le^  coefficient  angulaire  est  a. 
On  voit  ainsi  directement  que  tous  les  diamètres  de  la  parabole 
sont  des  lignes  droites,  parallèles  à  son  axe.  Réciproquement, 
toute  parallèle  à  Taxe  est  un  diamètre,  relatif  à  des  cordes  pa- 
rallèles à  la  tangente  menée  de  son  unique  intersection  avec  la 

tn 
courbe;  cara  =  ^,  indique  le  coefiîcient  angulaire  de  la 

tangente  qui  correspond  à  une  ordonnée  u.  L'axe  est  donc  le 
seul  diamètre  perpendiculaire  if  ses  cordes,  et  tous  les  autres 
sont  de  plus  en  plus  obliques  aux  leurs  à  mesure  qu'ils  s'é* 
loignent  de  lui. 

Quand  il  s'agit  de  déterminer  la  parabole  d'après  des  condi- 
tions relatives  aux  diamètres,  il  faut  considérer  que  chaque 
diamètre  donné,  isolément  de  ses  cordes,  indique  seulement  la 
direction  de  l'axe;  en  sorte  que  la  multiplicité  de  tels  diamèlres 
ne  saurait  constituer  aucune  restriction  nouvelle.  Mais  il  n'en 
est  plus  ainsi  lorsqu'on  donne  en  môme  temps  la  direction  des 
cordes  correspondantes  :  alors,  chacun  de  ces  diamètres  fournit 

une  relation  distincte  tang  a  =  ;-=■,  entre  sa  distance  A  à  Taxe 

2A 

inconnu  et  l'obliquité  a  de  ses  cordes;  une  seconde  relation 

semblable  tang  a'  =»  r-r-,  déterminerait  aisément  m,  aussi  bien 

que  h  et  h\  dont  la  différence  est  connue,  et  égale  à  la  dis- 
tance des  deux  diamèlres  donnés.  Après  avoir  ainsi  obtenuTaxe 
et  le  paramètre  de  la  parabole,  il  ne  resterait  d'arbitraire  que 
la  position  spéciale  de  son  sommet,  que  de  telles  conditions  ne 
sauraient  jamais  fixer;  puisque  toutes  les  paraboles  égales 
placées  sur  le  même  axe  ont  nécessairement  tousleurs  diamètres 
communs  envers  les  mêmes  systèmes  de  cordes:  si,  dans  ce  cas, 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   DEUXIÈME.  335 

on  donnait,  en  outre,  un^point  de  la  parabole,  ou  une  tan- 
gente, il  serait  aisé  de  compléter  sa  détermination. 

On  peut  facilement  prévoir  la  forme  que  prendrait  Téquation 
de  la  parabole,  en  choisissant  pour  axes  un  diamètre  quel- 
conque et  la  tangente  correspondante.  Car,  cette  condition 
devant  exclure  tous  les  termes  contenant  la  première  puis- 
sance de  Tordonnée,  le  caractère  parabolique  6*  —  Aac  =  0 
exigerait  d'ailleurs  que,  vu  Tabsence  des  x' t/\  lesrc'^  man- 
quassent aussi;  enfin,  la  position  de  l'origine  sur  la  courbe 
supposerait  la  disparition  du  terme  constant.  Parmi  les  six 
termes  propres  aux  équations. du  second  degré,  il  n'en  pour- 
rait donc  subsister  que  deux,  et  l'équation  conserverait  né- 
cessairement la  môme  forme  y  ^  =  m'x'  qu'à  l'égard  des  axes, 
qui  ne  se  distinguent,  à  cet  égard,  que  par  leur  rectangularité. 
Il  serait  d'ailleurs  facile  de  prolonger  cette  prévision  jusqu'à 
déterminer  d'avance  la  valeur  du  paramètre  variable  m' d'après 
la  position  du  diamètre  correspondant^  indépendamment  de 
tout  calcul  de  transposition  d'axes  :  car,  il  suffirait  ainsi  de 
connaître  les  nouvelles  coordonnées  d'un  seul  point;  or,  cela 
ne  présente  aucune  difficulté  envers  le  sommet,  à  l'égard 
duquel  la  construction  des  tangentes  donne  aussitôt  x'=a^  et 

y'  =s  y/b^-{-  Aa\  a  et  i  désignant  les  anciennes  coordonnées  de 
l'origine  actuelle  ;  d'où  m'  =  m*+  Aa.  Toutes  ces  indications 
seront  aisément  vérifiées  en  exécutant,  suivant  les  formules 
ordinaires,  le  passage  des  anciens  axes  aux  nouveaux,  dont 

l'un  donne  X'  =  0,  et  l'autre  tang  Y'  =t=  — .  La  loi  relative  à  la 

variation  du  paramètre  m'  revient  évidemment  à  le  concevoir 
toujours  comme  quadruple  de  la  distance  de  l'origine  corres- 
pondante au  foyer  ou  à  la  directrice  ;  en  sorte  que  le  para- 
mètre principal  m  est  le  moindre  de  tous,  en  tant  qu'il  corres- 
pond à  l'origine  la  plus  rapprochée  du  foyer  :  il  fallait  bien 


336  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

d'ailleurs  que  raugmentation  continue  de  ce  coefficient  com- 
pensât Tobliquité  croissante  des  axes  qui  s*y  rapportent. 

Cette  nouvelle  équation  de  la  parabole  doit  nécessairement 
conduire  aux  mêmes  résultats  que  Tancienne,  pour  toutes  les 
déterminations  qui  n'exigent  pas  la  rectangularité  des  axes.  Il 
faut  surtout  le  remarquer  envers  la  tangente^  quant  à  l'exten- 
sion qu'acquiert  ainsi  le  théorème  fondamental  :  la  sous-tan- 
gente est  double  de  l'abscisse.  La  possibilité  de  l'appliquer  dés- 
ormais à  un  diamètre  quelconque,  facilitera  la  construction  de 
la  tangente,  d'abord  quand  le  point  de  contact  est  donné,  et 
ensuite  dans  les  deux  autres  cas  élémentaires.  Mais  la  loi 
remarquable  propre  à  la  sous-normale  ne  comporte  pas  une 
pareille  généralisation,  parce  qu'elle  suppose  des  ordonnées 
perpendiculaires . 

Afin  de  résumer  commodément  l'ensemble  des  principales 
propriétés  de  la  parabole,  il  convient  de  les  appliquer  à  une 
question,  d'ailleurs  utile,  dont  toute  la  difficulté  réside  dans 
leur  judicieuse  combinaison.  Elle  consiste  à  reconstruire  tous 
les  éléments  géométriques  d'une  parabole  d^aprè^ne  portion 
tracée  de  sa  circonférence.  Quel  que  soit  cet  arc,  on  y  pourra 
toujours  mener  deux  cordes  parallèles,  dont  les  milieux  dé- 
termineront d'abord  un  diamètre,  et  par  suite  la  direction  de 
l'axe,  en  sorte  qu'il  suffirait  de  trouver  un  point  de  celui-ci. 
Or,  le  foyer  peut  être  aisément  obtenu;  car,  la  parallèle  à  ces 
cordes  menée  h  l'intersection  de  ce  diamètre  avec  l'arc  donné 
devant  être  tangente,  la  propriété  caustique  de  la  parabole  in- 
diquera aussitôt  une  droite  allant  au  foyer  cherché  :  une 
seconde  tangente,  et  dès  lors  un  second  lieu  semblable,  sera 
facile  à  construire,  soit  de  la  môme  manière,  soit  parla  sous- 
tangente.  Le  foyer  étant  ainsi  trouvé,  on  en  déduira  aisément, 
l'axe,  le  sommet,  la  directrice,  et  le  paramètre. 

104.  Pour  compléter  l'étude  de  la  parabole,  il  ne  reste  plus 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  DEUXIÈME.        337 

qu*à  y  considérer  ce  qui  concerne  sa  quadrature,  à  laquelle 
nos  méthodes  conviennent  directement.  D'après  la  règle  géné- 
rale du  n°  71,  le  segment  parabolique  OMP  (fig,  72)  sera  les 
deux  tiers  du  rectangle  OMPQ,  formé  par  les  coordonnées 
extrêmes,  et  le  segment  OMQ  en  sera  le  tiers.  Sous  cette 
dernière  forme,  ce  résultat  pourrait  être  directement  obtenu, 
sans  recourir  à  la  méthode  analytique,  à  Taide  d'une  compa- 
raison spéciale  que  je  dois  signaler.  Elle  consiste  à  remarquer 
que,  les  abscisses  croissant  ici  comme  les  carrés  des  ordonnées» 
les  éléments  rectangulaires  du  segment  OMP  suivent  la  même 
loi  que  les  éléments  prismatiques  d'une  pyramide  d'égale 
hauteur,  pareillement  décomposée  en  tranches  équidistantes.  Il 
suffit  d'étendre  cette  constante  analogie  aux  limites  respectives 
des  deux  sommes  élémentaires,  pour  en  conclure  que  la  qua- 
drature du  segment  parabolique  équivaut  numériquement  à  la 
cubature  d'une  pyramide  de  même  hauteur  et  de  base  numéri- 
quement équivalente  :  dès  lors,  la  règle  connue  sur  la  mesure 
de  la  pyramide  conduit  aussitôt  à  celle  de  ce  segment,  d'après 
le  tiers  du  produit  de  sa  base  par  sa  hauteur,  conformément  à  la 
théorie  analytique. 

Archimède  a  découvert  cet  important  résultat  sous  une  forme 
qui  mérite  d'être  conservée,  en  considérant  l'aire  ONM,  com- 
prise entre  l'arc  parabolique  OM  et  sa  corde.  Cette  aire  se  dé- 

2 
duit  aisément  du  segment  OMP  =  -  a:y,  en  retranchant  le 

i 

triangle  OMP  ou  r  xy.  Or,  au  lieu  de  comparer  le  reste 

1 

-  xy  au  rectangle  OMPQ,  Archimède  avait  été  naturellement 

conduit  à  introduire  le  triangle  NOM,  de  même  base  OM  que  le 
segment,  et  dont  le  sommet  N  était  placé  au  point  où  la  tan- 
gente est  parallèle  à  cette  base  commune,  c'est-à-dire  à  Tinter- 


338  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

section  de  la  parabole  avec  le  diamètre  correspondant  à  la 
corde  OM  ;  ce  point  N  était  alors  assez  justement  nommé  le 
sommet  propre  du  segment  parabolique  ONM.  En  opérant  cette 

comparaison,  le  lecteur  reconnaîtra  sans  difficulté  que  ce  seg- 

4 

ment  estles  -  du  triangle  correspondant.  L'utilité  permanente 

d'un  tel  énoncé  consiste  dans  son  extension  spontanée  à  Taire 
HIL  comprise  entre  un  arc  quelconque  de  parabole  et  sa  corde. 
Quelle  que  soit  Torigine  H  de  cet  arc,  il  suffit,  en  effet,  de  con- 
cevoir la  courbe  rapportée  au  diamètre  et  à  la  tangente  qui  y 
passent  :  comme  Téquation  conserve  alors  la  forme  primitive 
y^=mx^  le  rapport  déduit  de  celle-ci  reste  encore  applicable, 
puisque  la  méthode  des  quadratures  n'exige  d'ailleurs  nulle- 
ment la  rectangularité  des  axes.  Ainsi,  le  segment  parabolique 

1      4 

HIL  est  toujours  les  -  du  triangle  HIL  de  môme  base  et  de 

ô 

môme  sommet. 

Notre  théorie  des  quadratures  fournit  aisément  la  mesure  des 
principaux  volumes  produits  par  la  révolution  de  la  parabole, 
soit  que  le  segment  OMP  tourne  autour  de  OX,  ou  le  segment 
OMQ  autour  de  OY.  Suivant  la  loi  de  réduction  z=y^y  la  pre- 
mière cubature  dépend  de  la  quadrature  de  la  ligne  2=7/m:  ; 

d'où  il  résulte,  d'après  la  règle  ordinaire,  V  =  — -.  En  compa- 
rant ce  volume  à  celui  du  cylindre  produit  par  la  révolution 
du  rectangle  OMPQ,  on  énonce  géométriquement  ce  résultat 
en  disant  que  le  paraboloïde  est  la  moitié  du  cylindre  de 
même  base  et  de  môme  hauteur.  Quant  au  volume  engendré 
par  le  segment  convexe  OMQ  autour  de  la  tangente  au  sommet, 
il  convient,  afin  de  ne  pas  altérer  sans  motif  la  notation  habi- 
tuelle de  notre  règle,  où  l'axe  de  révolution  était  supposé 
coïncider  avec  celui  des  a;,  de  renverser  la  situation  et  l'équa- 


QUATRIÈME   PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME  339 

lion  de  la  parabole.  Dès  lors,  d'après  réquatlon  a:^="my,la  loi 
de  réduction  donne  ici  s  -=  — t  pour  la  courbe  auxiliaire,  dont 
la  quadrature  doit  déterminer  le  volume  cherché,  qu'on  trouve 
ainsi  exprimé  par  V  =  — ^.  Pareillement  comparé  au  cylindre 

circonscrit,  il  en  est  seulement  le  cinquième. 

De  ces  dei}xcubatures,  également  accessibles  à  nos  méthodes 
actuelles,  la  première  avait  seule  été  accomplie  par  Archimède, 
et  Ton  peut  assurer  que  la  géométrie  ancienne  ne  permettait 
pas  de  trouver  la  seconde  :  ce  qui  est  très-propre  à  faire 
sentir  la  supériorité  de  la  marche  analytique,  qui,  même  avec 
des  ressources  aussi  bornées  que  celles  ici  employées  à  cet 
égard,  comporte  spontanément  une  variété  d'application  géo- 
métrique, nécessairement  interdite  aux  plus  éminents  efforts 
du  génie  antique. 

La  combinaison  de  ces  deux  résultats  permettrait  de  déter- 
miner aisément,  d'après  la  règle  de  Guldin,  le  centre  de  gra- 

3 

vile  du  segment  OMP,  dont  les  coordonnées  seront  ainsi  ari = -  ^ , 

5 
3 


CHAPITRE   III. 

Théorie  de  Tellipse. 

405.  Une  fois  ramenée  à  la  forme/) a:^  +  yy^=l,  p  et  g^ 
étant  positifs,  l'équation  de  l'ellipse  indique  très-clairement 
la  figure  générale  de  cette  courbe,  composée  de  quatre  parties 
identiques,  s'étendant  d'un  axe  à  l'autre,  en  se  rapprochant 
du  second  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  du  premier.  Entre  ces 


340  GÉOMÉTRIE  PLA5E. 

deax  limites,  la  distance  an  centre  augmente  on  diminue  sans 
cesse;  en  sorte  que  les  sommets  de  Tellipse  sont  les  points  les 
plus  rapprochés  on  les  plus  éloignés  dn  centre,  comme  le  con- 
firme d*aillears  la  marche  des  tangentes,  d*après  le  coefficient 

angulaire  tang  «  =  —  ^ ,  nul  ou  infini  aux  extrémités  de  cha* 

que  quart.Parcemotif,les  diamètresrectangulairescorrespon* 
dants  à  ces  sommets  sont  justement  qualifiés  de  grand  axe  et 
petit  axe.  On  facilitera  habituellement  l'interprétation  géomé* 
trique  de  Téquation,  en  les  y  introduisant  comme  coefficients, 
à  la  place  des  constantes  purement  abstraites  p  et  q.  En  dési- 
gnant leurs  moitiés  par  a  et  6,  qui  indiquent  donc  les  pins 

grandes  valeurs  des  coordonnées  respectives,  on  aura  j!>=  —, 

i 

^  esB  -—,  et  Téquation  s'écrira 


z  z 

î-  -4-  1:.  =  1    ou    a^-U'  +  dV=  a*ô^ 
or      0- 


Ces  deux  dimensions  caractéristiques,  dont  le  rapport  est^le 
même  dans  toutes  les  ellipses  semblables,  sont  nécessairement 
inégales,  à  moins  que  Tellipse  ne  devienne  circulaire  :  nous 
supposerons  communément  a  >  b. 

Si  Ton  voulait  déduire  de  cette  équation  la  description  de  la 
courbe  par  points,  il  suffirait  de  dégager  y  =  -  V^  «* —  x\  pour 

CL 

construire  cette  formule  par  les  moyens  ordinaires.  Mais  cette 
construction  peut  s'accomplir  sous  une  forme  également  simple 
et  lumineuse,  qu'il  importe  d'apprécier,  en  comparant  Tor- 
donnée  de  l'ellipse,  à  abscisse  égale, avec  celle  z  du  cercle  cir- 
conscrit, dont  le  grand  axe  seraitle  diamètre.  Car,  on  aurait  ainsi 

y  :  z  ::  b  :  a; 

d'où  il  suit  que  l'ellipse  dérive  du  cercle  eny  diminuant  propor- 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE   TROISIÈME.  341 

tionnellemeat  toutes  les  ordonnées  relatives  à  un  même  diamè- 
tre. Une  telle  réduction  s'opère  spontanément  quand  on  pro- 
jette le  cercle  sur  un  plan,  que  Ton  peut  toujours  supposer, 
pour  plus  de  facilité^  mené  du  centre  :  puisque,  en  rapportant 
les  deux  courbes  au  commun  diamètre,  résulté  de  Tintersectioa 
de  leurs  plans,  les  ordonnées  de  la  seconde  seront  les  projec- 
tions de  celles  de  la  première  sous  une  même  obliquité,  dont 
le  cosinus  indiquera  le  rapport  des  deux  axes  de  Tellipse  ainsi 
produite.  Le  même  cercle  diversement  projette  peut  donc  faire 
naître  des  ellipses  de  toute  forme,  mais  non  de  toute  grandeur, 
leur  grand  axe  étant  toujours  égal  à  son  diamètre. 

Si  Ton  comparait  Fellipse  au  cercle  inscrit,  ayant  pour  dia- 
mètre le  petit  axe,  on  trouverait  également,  à  ordonnée  égale, 
un  rapport  constant  entre  les  abscisses  a:  et  t  :  en  sorte  que 
Tellipse  dérive  du  cercle  en  y  augmentant  proportionnellement 
toutes  les  ordonnées  relatives  À  un  même  diamètre,  aussi  bien 
qu'en  les  diminuant. 

D'après  cette  double  comparaison,  la  construction  de  Tellipse 
par  points,quand  ses  deux  axes  sont  donnés,  s'opère  facilement 
à  l'aide  des  deux  cercles  correspondants.  Il  suffît  de  prolonger 
chaque  parallèle  à  l'un  ou  à  l'autre  des  axes  jusqu'au  cercle  cir- 
conscrit,  et  de  projetter  ensuite  sur  elle  Tintersection  du  cercle 
inscrit  avec  le  ravon  mené  de  cette  extrémité. 

m 

Une  simple  transposition  de  la  proportion  précédente, 
y  :  \/a^—  x*  :  :  ô  :  a,  conduit  à  une  autre  description  de  l'ellipse , 
par  un  mouvement  continu  fort  simple.  Car,  en  l'écrivant 


y:  b::  y/if—- x^  :  a, 

elle  indique  directement  que,  dé  chaque  point  de  Tellipse,  où 
peut  mener,  entre  les  deux  axes,  une  droite  dont  les  deux 
parties  seraient  invariablement  égales  à  h  et  a.  Ainsi,  récipro- 
quement, quand  une  droite  invariable  glisse  entre  deux  axes 


342  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

rectangulaires,  chacun  de  ses  points  décrit  un  quart  d'ellipse, 
dont  les  demi-axes  sont  respectivement  égaux  aux  parties  oppo- 
sées de  sa  longueur  :  il  serait  aisé  de  vérifier  spécialement  que 
le  milieu  décrit,  en  effet,  un  cercle. 

Cette  ancienne  génération  de  l'ellipse  doit  être  aujourd'hui 
envisagée  comme  un  cas  particulier  d'une  description  re- 
marquable, qu'il  faut  ici  caractériser  sommairement.  Pen- 
dant qu'une  droite  invariable  glisse  entre  deux  axes  rectangu- 
laires, un  point  quelconque  qui  s'y  trouve  invariablement  lié 
décrit  aussi  bien  une  ellipse  que  les  deux  points  mêmes  de  la 
droite.  Comme  on  peut  toujours  supposer  ce  point  générateur 
déterminé  par  ses  distances  aux  deux  extrémités  de  la  droite 
mobile,  la  question  revient  à  trouver  le  lieu  d'un  sommet  d'un 
triangle  invariable  dont  les  deux  autres  sommets  décrivent  deux 
lignes  données,  que  nous  supposons  ici  consister  en  deux  droites 
rectangulaires,  afin  de  nous  borner  au  seul  cas  intéressant  d'une 
recherche  analytique,  d'ailleurs  facile  à  généraliser.  En  prenant 
pour  axes  ces  deux  droites,  d'après  l'évidente  symétrie  de  l'en- 
semble du  lieu  autour  de  chacune  d'elles,  et  introduisant, 
comme  coordonnées  naturelles,  ou  à  titre  de  variables  auxi- 
liaires, l'ordonnée  6  et  l'abscisse  a  des  extrémités  de  la  base  a 
du  triangle  donné  on  aura  pouréquation  spontanée  6*+a'sa«a', 
d'oti  il  faudra  éliminer  a  et  6  d'après  les  distances  6  et  c  du 
point  décrivant  aux  deux  extrémités  de  cette  base,  suivant  les 
conditions  évidentes  [x — a)2  +  y2=ac^,  (y— 6)^+3:^=6'.  Uen 
résulte  sans  difficulté  l'équation  rectiligne. 


dont  le  second  membre  deviendrait  monôme  en  introduisant 
l'angle  au  sommet,  suivant  la  relation  trigonométrique  ordi- 
naire. Cette  équation  prend  ainsi  la  forme  la  plus  commode 


X  v/c*  --y%  +  y  ^t^  —  a:*  =  6c  cos  A. 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  343 

La  suppression  des  radicaux  rélèverait  au  quatrième  degré  : 
mais,  comme  chacun  d'eux  n'affecte  qu'une  seule  variable,  il 
suffirait,  pour  la  discussion,  d'en  écarter  un  seul,  par  exemple 
le  premier,  ce  qui  donnerait  l'équation 


c^x'^  =  c^b^  cos^  A  -f  %2  _  2èc  cos  Ay  \/b^  —  x^, 
d'où  l'on  tire  aisément  la  formule  de  l'ordonnée 

c  cos  A  v/6^ —  x^  ±  \/c'^x^  —  d^x'^  cos^  A 
y . 

Il  importe  ici  de  remarquer  l'accident  analytique  survenu  au 
second  radical,  qui  devient  évidemment  rationnel,  et  égal  à 
ex  sin  A.  Cette  circonstance  indique  algébriquement  que  notre 
équation  du  quatrième  degré  est  réellement  décomposable, 
contre  la  nature  ordinaire  des  équations  à  deux  variables,  en 
deux  facteurs  du  second  degré  ;  d'où  résulte  géométriquement 
la  duplicité  du  lieu  cherché,  qui,  loin  de  constituer  une  véri- 
table courbe  du  quatrième  degré,  ne  se  compose  donc  que  de 
l'assemblage  de  deux  ellipses.  Un  tel  caractère,  où  réside  le 
nœud  principal  delà  question  actuelle, y  était  d'ailleurs  facile 
à  prévoir,  en  pensant  à  la  double  situation  que  peut  évidism- 
ment  prendre  le  triangle  donné  autour  de  chaque  position  de  sa 
base  :en  sorte  que  cette  indication  nécessaire  eût  suffisamment 
annoncé  un  couple  d'ellipses,  aussitôt  que  le  calcul  avait  pu 
signaler  une  équation  finale  du  quatrième  degré.  En  poursui- 
vant l'analyse  précédente,  on  trouve  facilement 

b'h/'^  +  c^a:^±  2bc  sin  kxt/  ==»  b^c^  cos^  A 

pour  la  double  équation  elliptique.  On  en  conclut^  d'après  les 
règles  établies  dans  le  dernier  chapitre  de  la  troisième  partie, 
que  ces  deux  ellipses  concentriques  sont  égales  et  symétrique- 
ment placées  autour  des  axes  coordonnés,  conformément  aux 
exigences  géométriques  d'une  telle  génération  :   la  formule 


344  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

^bc  sin  A. 
tang  2X'  =»  ±  — — —^  qui  détermine  les  directions  respec- 

tives  de  leurs  axes  principaux,  confirme  directement  celte  dis- 
position mutuelle,  en  montrant  que  les  deux  couples  de  direc- 
tions rectangulaires  qui  en  résultent  correspondent  à  des  angles 
mutuellement  complémentaires  ou  supplémentaires,  selon  le  sens 
delà  comparaison.  Le  lecteur  y  retrouvera  d'ailleurs  aisément 
les  indications  déjà  connues  relativement  aux  deux  casextrè- 
mes,oùle  triangle  devient  rectangle  ou  bien  se  réduit  à  sa  base. 
Enfin,  l'appréciation  géométrique  de  Téquation  fondamentale 
de  Tellipse  conduit,  sous  un  nouvel  aspect,  à  une  relation  très- 
remarquable,  qui  la  caractérise  essentiellement,  entre  les  di- 
rections des  deux  cordes,  dites  supplémentaires^  qui,  partant 
d'un  môme  point  quelconque  de  la  courbe,  aboutissent  à  deux 
points  diamétralement  opposés.  Leur  reclangularité  constante 
dansle  cercle  est  remplacée,  envers  une  ellipse  arbitraire,  par 
l'invariabilité  du  produit  des  tangentes  de  leurs  inclinaisons  sur 
l'un  ou  l'autre  de  ses  axes.  En  nommant  x\  y'  les  coor- 
données du  commun  point  de  départ,  et  x",  y"  celles  de  l'un 
des  points  d'arrivée,  ces  tangentes,  estimées  quant  au  grand 
axe,  et  dès  lors  égales  aux  coefficients  angulaires  des  deux 
cordes,  seront  exprimées,  suivant  la  règle  ordinaire,  par  les 

y'  .^  y'^  y-  A.   y"  y^^ |/"â 

fractions  "^ A  et  -, — ^„  dont  le  produit  est  Ss — ^o-  Or, 

X'  —  X'       X  -\-  X  x^  —  x^ 

eu  ayant  maintenant  égard  à  l'équation  de  la  courbe,  quidonne 
les  deux  relations  aY^+ à^x'^=a^b\  aY^+b^x"^=aH\  on 
reconnaît  aisément,  d'après  leur  simple  soustraction,  que  ce 

produit  tang  5  tang  6'  est  toujours  égal  à ^.  Il  y  aurait  une 

sorte  de  pléonasme,  ou  du  moins  un  défaut  réel  d'élégance,  à 
mentionner  expressément,  dans  l'énoncé  habituel  de  ce  théo- 
rème, cette  valeur  du  produit  constant;  car,  aussitôt  qu'on  le 


OUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  345 

proclame  invariable,  sa  valeur  effective  résulte  nécessairement 

d'un  couple  quelconque  de  cordes  dont  la  direction  soit/acile- 

ment  appréciable,  et  surtout  de  celles  qui  joignent  entre  eux 

les  quatre  sommets.  Quand  l'ellipse  devient  équilatère,  on  a 

tang  6  tang  ê'  =  —  1,  conformément  à  la  rectangularité  connue 

des  cordes  supplémentaires  du  cercle. 

Dans  une  ellipse  quelconque,  leur  inclinaison  varie  néces- 

.    -  .         11.        1    .       *r      tang  6  —  tang  6'   ,     , 

sairement,  suivant  la  formule  tang  V  =  -—7 -tz — ^,  dont 

l+tang6tang6 

le  dénominateur  est  constant,  sans  que  son  numérateur  puisse 
l'être.  Les  facteurs  tang  6  et  tang  6'  étant  ici  toujours  opposés 
de  signe,  .le  numérateur,  et  par  suite  tang  V,  varie  proportion- 
nellement à  la  somme  de  leurs  valeurs  numériques.  Or,  leur 
produit  étant  constant,  le  minimum  de  leur  somme  doit  corres- 
pondre à  leur  égalité,  en  renversant  un  théorème  élémentaire 
d'algèbre  sur  le  maximum  d'un  produit  de  facteurs  à  somme 
constante.  Comme  cette  égalité  convientévidemmentaux  cordes 
qui  joignent  une  extrémité  de  l'un  des  axes  aux  deux  extré- 
mités de  l'autre,  le  losange  des  quatre  sommets  indique  donc 
le  plus  grand  angle  obtus  ou  le  plus  petit  angle  aigu  que  puis- 
sent former,  dans  l'ellipse,  deux  cordes  supplémentaires  quel- 
conques, dont  l'inclinaison  peut  ainsi  varier  d'autant  plus  que 
la  courbe  s'écarte  davantage  de  la  figure  circulaire. 

106.  Appliquons  maintenant  à  l'ellipse  notre  théorie  des 
foyers,  sous  la  forme  subsidiaire  convenable  à  l'équation  ac- 
tuelle, comme  pour  la  parabole.  En  substituant  y  qtix  dans  la 
formuleflP=y*+a:^  — 2êy  +  2a3:+(62  4-a2),  elle  prend  la  forme 

d2=--  [a?--x^  +  X*  —  2ê  -  v/«*  —  X^  —  2aa;  +  (6*+  a^); 

ce  qui  exige  préalablement  6  =  0,  afin  qu'elle  soit  d'abord  ra- 
tionnelle. Ainsi  devenue 

80 


d^=  U  —  ^\  or^—  2flar  +  (6*+  a«). 


346  GÉOMÉTRIE  PLANE. 


elle  ne  sera  carrée  qu'autant  que  Ton  fera  a  =  ±:  v/«*  —  bK  II 
existe  donc,  sur  le  grand  axe  de  Tellipse,  deux  foyers  symé- 
triquement placés,  dont  la  commune  distance  au  centre,  ordi- 
nairement qualifiée  A' excentricité^  et  communément  désignée 
parc,  forme,  avec  le  demi-petitaxe,  un  triangle  rectangle  ayant 
pour  hypothénuse  le  demi-grand  axe  ;  ce  qui  permet  de  les 
marquer  aisément.  Si  Ton  eût,  au  contraire,  substitué  x  en  y, 
le  résultat  aurait  été,  par  une  évidente  analogie,  oc  «=a  0, 


6  =>  y/  6* —  a»,  qui  ne  serait  admissible  qu'autant  que  b  sur- 
passerait a  ;  en  sorte  que  les  foyers  de  l'ellipse  ne  peuvent  ja- 
mais être  situés  que  sur  son  grand  axe.  Ils  ne  coïncident  entre 
eux,  et  avec  le  centre,  que  dans  le  cas  circulaire. 

En  achevant  l'opération  précédente,  leurs  distances  ration- 
nelles à  un  point  quelconque  de  la  courbe  sont  exprimées  par 
les  deux  formules 

rf'=  a X.    d"  ^=»  a  -] —  X, 

a  a 

dont  la  confrontation  fait  aussitôt  ressortir  la  principale  pro- 
priété spéciale  de  l'ellipse,  en  montrant  l'invariabilité  de  la 
somme  de  ces  deux  distances  variables.  La  valeur  effective  de 
cette  somme  constante  est  d'ailleurs  inutile  à  mentionner  ex- 
pressément,  puisque  les  sommets  du  grand  axe,  et  même  aussi 
ceux  du  petit,  la  déterminent  immédiatement,  dès  que  sa 
constance  est  reconnue.  Il  serait,  du  reste,  superflu  de  s'ar- 
rêter ici  aux  moyens  évidents  que  fournit  spontanément  un  tel 
théorème  pourdécrire  commodément  l'ellipse,  soit  par  points, 
soit  par  un  mouvement  continu,  qui  peut  ainsi  recevoir  di- 
verses formes  géométriques. 

Quant  aux  directrices  correspondantes  à  ces  deux  foyers, 
l'annulation  de  cette  double  formule  leur  assigne,  suivant  nos 

a* 

règles  générales,  la  double  équation  ar  «  ±  — ,  qui  indique 

V 


OUATRIÈBCE   PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  347 

deux  perpendiculaires  au  grand  axe,  au  delà  des  sommets,  en 
une  position  facile  à  construire.  Le  rapport  spécifique  est  ici  - , 

et  par  conséquent  inférieur  à  i,  conformément  à  la  théorie 
fondamentale. 

On  voit  que  la  principale  différence  entre  Tellipse  et  la  pa- 
rabole relativement  aux  foyers  ou  aux  directrices  consiste  dans 
leur  dualité  actuelle  opposée  à  leur  unité  primitive;  ce  con- 
traste est  naturellement  en  harmonie  nécessaire  avec  l'existence 
ou  Tabsence  d'un  centre  ou  d'un  second  axe. 

En  étendant  à  l'ellipse  le  problème  déjà  résolu  au  n^  99 
envers  la  parabole,  et  consistant  ici  à  déterminer  une  ellipse 
d'après  un  foyer  et  trois  points,  il  y  acquiert  encore  plus  d'im- 
portance astronomique,  comme  directement  relatif  à  la  véri- 
table figure  moyenne  des  orbites  planétaires.  Sa  solution  gra- 
phique, consistant  toujours  à  construire  d'abord  la  directrice 
correspondante,  résultera  de  ce  que  les  distances  de  cette  droite 
aux  trois  points  donnés  sont  alors  proportionnelles  à  leurs  dis- 
tances connues  au  foyer  donné.  Or,  chacune  de  ces  deux  pro- 
portions, isolément  envisagée,  détermine  Tintersection  de  la 
directrice  avec  la  droite  de  jonction  des  points  respectifs  :  il  est 
aisé  de  reconnaître,  d'après  un  théorème  élémentaire,  déjà 
employé  au  n**  21,  que  cette  rencontre  se  trouve  sur  la  bissec- 
trice du  supplément  de  l'angle  des  deux  droites  qui  vont  de  ces 
points  au  foyer.  La  directrice  étant  ainsi  obtenue  d'après  deux 
.de  ses  points,  il  sera  facile  d'achever  la  construction,  en 
traçant  d'abord  l'axe  focal,  puis  ses  deux  sommets  et  le  centre, 
d'où  résulteront  aussitôt  l'autre  foyer,  l'autre  directrice,  et 
Taulre  axe.  Quant  aux  cas  d'impossibilité,  ils  ne  pourraient  ici 
tenir  qu'à  la  confusion  du  foyer  avec  l'un  des  points,  ou  à  la 
disposition  de  ceux-ci  en  ligne  droite,  soit  entre  tous  trois,  soit 
entre  deux  seulement  et  le  foyer  du  même  côté.  Cette  construc- 


348  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

tion  les  manifesterait  par  le  passage  de  la  directrice  obtenue, 
tantôt  au  foyer,  tantôt  à  l'un  des  points. 

La  solution  analytique  de  ce  problème  s'instituera  aisément, 
comme  dans  la  parabole,  d'après  Téquation  focale 

y2  4-  a:2  =  [px  +  qy  +  r)\ 

si  Ton  place  Torigine  au  foyer  donné.  En  dirigeant  d'ailleurs 
l'axe  des  x  vers  Tun  des  points,  on  aura,  pour  déterminer  les 
trois  inconnues  p,  q^  r,  les  trois  relations 

y'2  +  x'^=i  [px'  +  qy'  +  r)\  y'*  +  x"'-^-  (px"  +  qy"  H-  r)\ 

x'"^={px"-¥r)\ 

qui  pourront  aussi  être  ramenées  au  premier  degré,  sous  les 

formes 

px'  +  yy  +  r  =^  n\  px"  +  qt/  +  r :=  w",  pu"  +  r=  u'\ 

où  u\  u*\  w'"  désignent  pareillement  les  distances  dufoyer  aux 
points  donnés.  Si  Ton  choisit  comme  inconnue  principale  r, 
d'où  résultergdt  encore,  quoique  moins  directement  qu'envers 

T 

la  parabole,  la  distance  — =  du  foyer  à  la  directrice,  les 

divers  cas  d'impossibilité,  étant  tous  de  nature  précise,  ne 
pourront  également  se  manifester  que  d'après  des  valeurs 
réelles  inadmissibles,  que  l'examen  de  chacun  d'eux  ferait 
aisément  prévoir. 

J'insiste  peu  d'ailleurs  sur  la  discussion  spéciale,  soit  gra- 
phique, soit  algébrique,  d'un  tel  problème,  qui  doit  naturelle* 
ment  être  repris  et  complété  au  sujetde l'hyperbole.  C'est  alors 
seulement  que  sa  nature  deviendra  pleinement  appréciable,  en 
le  concevant  comme  nécessairement  commun  aux  trois  courbes 
du  second  degré. 

L'emploi  de  l'équation  polaire  relative  au  foyer  y  doit  pour- 
tant être  mentionné  ici,  comme  envers  la  parabole,  à  cause  de 


j 


QUATRIÈME  PARTIK,   CHAPITRE  TROISIÈME.  349 

son  importance  astronomique.  D'après  le  n®  23,  cette  équation 

sera 

«  (1  —  e^) 

1  —  €  COS  (9  +  a) 

en  comptant  les  angles  à  partir  d'un  axe  incliné  de  a  sur  Taxe 
focal  de  l'ellipse,  et  nommant  e^  selon  Tusage  astronomique, 

le  rapport  spécifique  -  :  car,  la  distance  d  (*)  du  foyer  à  la  di- 

rectrice  est  ici  — ,  en  tant  qu'égale  à  la  différence  de  leurs 

a* 
distances  respectives  -  et  c  au  centre.  Si  Ton  a  égard  aux  trois 

points  donnés,  dont  Tun  peut  être  supposé  sur  Taxe  polaire, 
cette  équation  permettra  aisément  de  déterminer  d'abord  a, 
puis  e,  et  enfin  a,  qui  caractérisent  la  direction,  la  forme,  et 
la  grandeur  de  Fellipse  cherchée,  sauf  les  embarras  de  Texé- 
cution  trigonométrique. 

En  remplaçant  le  foyer  donné  par  la  directrice,  le  problème 
précédent  ne  sera  pas  plus  difficile  à  résoudre,  soit  analytique- 
ment,  ce  qui  est  évident,  soit  même  graphiquement,  que  dans 
la  parabole.  Car,  afin  de  trouver  le  foyer  correspondant, 
chacune  des  deux  combinaisons  binaires  des  trois  points  donnés 
fournira  encore  spontanément,  quoique  d'une  autre  manière, 
un  lieu  circulaire,  d'après  la  proportionnalité  des  distances  res- 
pectives du  foyer  cherché  à  ces  divers  points,  comparées  avec 
leurs  distances  connues  à  la  directrice  donnée  :  la  construction 


{*)  Par  analogie  avecla  théorie  de  la  parabole,  le  double  de  cette  distance 
est  quelquefois  qualifié  aussi  depavamètreée  PcUipse,  comme  constituant  le 

coefficient  du  terme  du  premier  degré  dans  Téquatlon  y^  =  —  a? -.  a-^, 

a         a* 

où  l'origine  est  placée  au  sommet.  Ce  paramètre  est,  de  part  et  d*autrc, 

toujours  égal  à  la  double  ordonnée  relative  au  foyer.  Ses  deux  caractères, 

analytique  et  géométrique,  conviennent  pareillement  à  Thyperbole. 


350  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

indiquée  à  la  fin  du  n®  21  déduira  ainsi  des  deux  points  com- 
binés un  cercle  ayant  pour  diamètre  la  partie  de  la  droite  de 
jonction  comprise  entre  la  directrice  et  le  point,  aisément  as- 
signable, qui  divise  leur  intervalle  proportionnellement  à  leurs 
distances  respectives  à  cette  ligne.  Le  foyer  une  fois  obtenu  par 
la  rencontre  de  deux  pareils  cercles,  la  construction  s'achèvera 
aussi  facilement  que  ci-dessus.  Outre  les  cas  précis  d*impossi- 
bilité  tenant  au  passage  de  la  directrice  à  Tun  des  trois  points, 
ou  à  la  disposition  rectiligne  de  ceux-ci,  cette  solution  indi- 
querait d'ailleurs,  comme  dans  la  parabole,  des  cas  vagues 
correspondants  à  la  non-intersection  de  ces  cercles  :  la  solution 
analytique  devrait  reproduire  les  uns  et  les  autres,  suivant 
leur  nature  respective. 

107.  Considérons  maintenant  les  propriétés  de  Tellipsequanl 
-aux  tangentes,  d'après  Téquation 

que  notre  théorie  générale  assigne  ici  à  la  droite  qui  touche  la 

a' 
courbe  en  un  point  x\  y\  On  en  déduit  aisément  a:  ==  -7, 

X 

pour  Tabscisse  du  point  où  la  tangente  rencontre  Taxe  ;  d'où 
résulterait  une  construction  facile,  que  Ton  rendra  plus  simple 
encore,  et  surtout  plus  élégante,  si  l'on  remarque  que  ce 
résultat,  indépendant  de  b  et  de  y,  resterait  identique,  envers 
toutes  les  ellipses  de  môme  grand  axe,  en  y  considérant  des 
points  de  contact  situés  sur  la  môme  ordonnée  :  l'une  d'elles 
étant  un  cercle,  la  construction  spéciale  de  sa  tangente  con- 
duira à  celle  de  toutes  les  autres.  Ainsi,  en  prolongeant  l'or- 
donnée MP(/î</.  73)  du  point  donné  jusqu'au  cercle  circonscrit, 
et  menant  de  cette  extrémité  IS  la  perpendiculaire  NT  au  rayon 
correspondant,  le  point  T  où  elle  rencontrera  Taxe,  conviendra 


QUATRIÈME  PARTIE,   GHAnTRE  TROISIÈME.  351 

également  à  la  tangente  cherchée  MT  :  la  figure  confirme,  en 

effet,  que  la  distance  OT  équivaut  à  — ,. 

De  cette  première  détermination,  résulteront  la  sous-tan- 

gente  TP  = . —  et  la  sous-normale  PQ  =  -s  x'.  Au  lieu 

d'être  constante,  comme  dans  la  parabole,  celle-ci  est  mainte- 
nant proportionnelle  à  Tabscisse  du  point  de  contact;  sa  limite 

-  sera  toujours  la  moitié  du  paramètre  :  elle  indiquera  pareil- 
lement le  rayon  du  cercle  qui  aurait  en  A  le  plus  intime  con-  , 
tact  possible  avec  Tellipse  ;  on  trouverait  de  même  -^  pour  le 

rayon  d'un  tel  cercle  à  l'autre  sommet  B,  où  Ton  voit  ainsi  que 
la  courbure  est  moindre. 

L'appréciation  géométrique  du  coefficient  angulaire  de  la 
tangente  conduit  à  un  théorème  remarquable,  en  généralisant 
envers  une  ellipse  quelconque  la  loi  relative  au  cercle.  Car,  la 

simple  confrontation  du  coefficient  — j— p  à  celui  ^  du  rayon 

Ci  y  Ju 

correspondant  montre  aussitôt  que  leur  produit  est  toujours 
égal  à  — j-  :  ici  l'indication  de  constance  ne  suffirait  pas,  et 

il  convient  de  mentionner  habituellement  la  valeur  effective  du 
produit,  qu'aucun  cas  particulier  n'indiquerait  aisément.  Quand 
l'ellipse  est  équilatère,  ce  théorème  reproduit  spontanément  la 
perpendicularité  connue  de  la  tangente  au  rayon. 

Cette  relation  devient  à  la  fois  plus  importante  et  plus  lumi- 
neuse, si  on  la  rapproche  de  la  loi  analogue  relative  aux[cordes 
supplémentaires.  Le  produit  constant  ayant,  des  deux  parts, 
la  même  valeur,  il  s'ensuit  que  les  deux  couples  ainsi  formés, 
soit  par  deux  cordes  supplémentaires  quelconques,  soit  par  une 
tangente  et  son  rayon,  peuvent  toujours  être  rendus  parallèles. 


1 


352  GÉOMÉTRS  PLANE. 

et  doivent  offrir  d'égales  variétés  d'inclinaison.  Il  en  résulle 
aussitôt  nn  moyen  très  facile  pour  tracer  la  tangente  d'après 
le  point  de  contact  ou  d*après  sa  direction,  du  moins  en  faisant 
intervenir  Feliipse  dans  la  construction. 

Au  sujet  de  ce  rapprochement,  U  convient  de  remarquer  que 
le  théorème  propre  à  la  tangente  ne  constitue,  au  fond,  qu'un 
simple  cas  particulier  de  celui  des  cordes  supplémentaires,  qu'il 
sufBt,  en  effet,  de  pousser  jusqu'à  sa  limite  naturelle.  Que  les 
points  d'arrivée  des  deux  cordes  demeurant  fixes,  on  fasse  indé- 
finiment rapprocher  de  l'un  d'eux  leur  commun  point  de  départ; 
le  produit  des  coefficients  angulaires  devant  rester  invariable, 
sa  valeur  ne  saurait  changer  lorsque,  par  la  coïncidence  finale, 
Tune  des  cordes  se  confondra  avec  la  tangente  et  l'autre  avec 
le  rayon.  On  voit  ainsi  comment  le  théorème  des  cordes  sup- 
plémentaires, dont  l'importance  spéciale  est  communément 
trop  peu  sentie,  conduirait  sans  peine  à  l'équation  de  la  tan- 
gente à  l'ellipse,  indépendamment  de  toute  méthode  générale. 

La  relation  de  la  tangente  aux  foyers,  éminemment  natu- 
relle pour  les  anciens,  ne  ressort  pas  ici  de  l'équation  aussi 
directement,  à  beaucoup  près,  qu'envers  la  parabole;  et  si 
notre  étude  analytique  de  l'ellipse  était  historiquement  origi- 
nale, peut-être  ignorerait-on  encore  cette  propriété,  faute  d'avoir 
été  conduit  spontanément  à  la  combinaison  algébrique  corres- 
pondante, queles  modernesn'emploientréellementqu'àla  véri- 
fier. Cette  vérification  est  du  reste  aisément  exécutable,  sous 
les  trois  formes  géométriques,  essentiellement  équivalentes, 
que  comporte  un  tel  théorème.  Son  acception  la  plus  connue,  et 
la  plus  directe  chez  les  anciens,  consiste  encequela  tangenteà 
l'ellipse  est  également  inclinée  sur  lesdeux  droites  qui  joignent 
le  point  de  contact  aux  deux  foyers.  U  est  aisé  de  le  constater 
d'après  les  coefficients  angulaires  de  ces  droites  :  car,on  trouvera 
ainsi,  réduction  faite,  pour  l'une  des  inclinaisons,  l'expression 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  353 

tang  V  =  — „  qui,  changeant  de  signe  et  non  de  valeur  envers 

l'autre  foyer  par  le  changement  de  c  en  —  c,  indiquerait  très- 
naturellement  une  telle  relation,  si  un  tel  rapprochement  était 
assez  motivé.  Comme  dans  la  parabole,  ce  théorème,  physique- 
ment interprété^  explique  aussitôt,  quant  à  la  lumière  ou  à  la 
chaleur,ou  même  ici  au  son,  la  propriété  de  concentration  par 
réflexion  que  rappelle  spontanément  le  nom  de  foyer  :  les  éma- 
nations de  Tun  des  foyers  seront  ainsi  réfléchies  vers  l'autre, 
soit  sur  Tellipse,  soit  sur  l'ellipsoïde  allongé  résultant  de  sa 
rotation  autour  de  Taxe  focal. 

Sous  sa  seconde  forme,  cette  propriété  consiste  en  ce  que  le 
lieu  des  propriétés  des  foyers  d'une  ellipse  sur  ses  tangentes  est 
un  cercle.  Il  est  ai«é  de  saisir  la  filiation  géométrique  des  deux 
relations,en  considérant  que,d'après  la  notion  précédente,  une 
tangente  quelconque  MT  ifig.  74),  devant  être  la  bissectrice  de 
l'angle  NMF  formé  par  l'un  des  rayons  vecteurs  avec  le  prolon- 
gement de  l'autre,  sera  perpendiculaire  sur  le  milieu  de  FN, 
qui  joint  l'un  des  foyers  au  point  N  obtenu  en  prolongeant  le 
rayon  vecteur  MF'  d'une  longueur  égale  à  MF.  Or,  la  propriété 
mutuelle  des  deux  foyers  indique  aussitôt  que  la  projection  K  du 
foyer  F  sur  la  tangente  tombe  à  une  distance  constante  du 
centre,  puisque  cette  distance  OK  est  évidemment  la  moitié  de 
F'N,  ainsi  toujours  égale  à  2  a. 

Comme  cette  seconde  forme  constituerait,  sans  doute,  du 
point  de  vue  moderne,  la  source  la  plus  naturelle  du  théorème 
dont  il  s'agit,  je  crois  devoir  en  indiquer  distinctement  l'expli- 
cation analytique.  Il  convient  d'y  préférer,  pour  la  tangente. 


l'équation  y  ==  mx  +  \/ahn^  +  6^,  que  fournit  directement  le 
principe  des  racines  égales,  et  qui,  indépendante  du  point  de 
contact,  et  mieux  adaptée  que  notre  équation  primitive  à  toute 
spéculation  étrangère  à  la  position  spéciale  de  ce  point.  La 


ieujaire  menée  da  foyer  sera  d«ic  représeslfe  par  Té- 

ç^illony-a 't. — f.  .  çai  permettra  d'éliminer  aîstaient  ut, 

de  manière  à  former  l'équation  dn  lieo  des  projections  du  foyer 
for  les  tangenUrs.  On  la  trouvera  ainsi  dn  quatrième  degré, 
maïs  birarré«  :  en  y  <î<^?areanl  y*,  on  y  reconnaîtra,  après  les 
T^àutA'ion^  convenab>s.  le  produit  de  deux  éqiiati<Mis  dn  se- 
cond de^  y*  -!-  jr* —  «*=0,  et  y^  -  x  —  c  *  =  0;  ceDe-ci  ne 
fournissant  aumne  linieJ*anlre  indique  seule  la  courbe  cher- 
cti^e.  qui  est  évidemment  le  cercle  circonscrit  à  Tellipse. 

Enfin,  la  troisième  forme  géométriqne  de  eette  rriafkndes 
tangentes  aux  foyers  consiste  en  ce  que  les  distances  des  deux 
foyers  à  une  tangente  quelconque  sont  inversement  proportion- 
nelleSi  sans  qu*il  faille  mentionner  expressément  la  yaleur 
effective  de  leur  produit  constant,  spontanément  éridente  aux 
quatre  sommets,  surtout  à  ceux  du  petit  axe,  otTles  deux  fac- 
teurs sont  égaux.  Pour  voir  comment  ce  théorème,  d*ailleurs 
facile  à  constater  analytiquement,  dérive  du  précédent,  Q  suffit 
de  mener  du  centre  une  parallèle  01  et  une  perpendiculaire  OH 
ou  q  sur  la  tangente  ;  alors,  en  nommant p  et/?'  les  distances 
FK  et  F'K'  des  deux  foyers  à  cette  tangente,  une  proposition 
élémentaire  bien  connue,  suite  immédiate  du  théorème  de 
Pythagore,  donnera  aussitôt,  dans  le  triangle  OF'K',  envers  le 
côté  OF'  ou  c,  la  relation  4) 

puisque  le  côté  OK*  est  maintenant  reconnu  toujours  égal  à  a  : 
or,  la  distance  auxiliaire  q  étant  la  moyenne  entre/)  et;?',  cette 
relation  devient  flnalement/?/?' = a*  —  c* — 6*,  suivant  l'énoncé 
ci-desBus, 

De  ces  trois  formes  équivalentes  d'une  môme  loi,  la  première 
est  la  mieux  adaptée  à  la  construction  de  la  tangente,  soit  d'à- 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  TROISIÈME.  355 

près  le  point  de  contact,  soit  d'après  sa  direction,  soit  enfin 
d'après  un  point  extérieur.  Quant  au  premier  cas,  il  sufflt, 
comme  on  Ta  vu  plus  haut,  de  mener  du  point  donné  M  une 
perpendiculaire  sur  la  ligne  FN,  précédemment  définie.  On 
peut  aisément  constater,  à  la  manière  des  anciens,  que  tous  les 
autres  points  de  cette  droite  seront  extérieurs  &  l'ellipse,  en 
tant  qu'équidistanls  de  F  et  N  ;  puisquela  somme  de  leursdis- 
tances  aux  deux  foyers,  ainsi  équivalente,  pour  chacun  d'eux 
K',  à  K'F'  +  KN,  surpassera  évidemment  le  grand  axe,  que 
cette  construction  représente  par  F'N.  Cette  conséquence  est 
tellement  spontanée  que,  dans  l'ellipse  comme  dans  la  para- 
bole, la  découverte  d'une  pareille  propriété  des  tangentes  a  dû 
être  facile  aux  anciens,  une  fois  qu'ils  ont  connu  le  théorème 
fondamental  sur  les  foyers. 

S'il  faut  mener  une  tangente  parallèle  aune  droite  donnée,le  f 

renversement  de  cette  construction  fera  retrouver  sans  difficulté 
le  point  N  d'où  tout  découle,  comme  situé  sur  une  perpendi- 
culaire menée  à  cette  droite  et  l'un  des  foyers  et  sur  le  cercle 
décrit  de  l'autre  avec  le  rayon  2âf.  De  môme,  quand  on  donnera 
un  point  extérieurK',  ce  cercle  servira  pareillement  à  déter- 
miner ce  point  N,  par  l'intersection  d'un  autre  cercle  décrit 
de  K'avec  le  rayon  K'F.  En  ces  deux  cas,  la  construction  pourra 
s'achever,  y  compris  même  la  détermination  des  points  de  con- 
tact, sans  aucune  participation  delà  courbe. 

La  solution  analytique  de  ces  deux  problèmes  ne  mérite  pas 
de  nous  arrêter.  J'y  indiquerai  seulement,  quant  au  dernier, 
une  transformation  analogue  à  celle  déjà  remarquée  envers  la 
parabole,  et  tendant  aussi  à  déterminer  la  corde  qui  joint  les 
deux  points  de  contact  cherchés.  Si,  dans  l'équation 


/ 


356  GÉOMÉTRIE  PIANE. 

qui,  combinée  avec  c?y'^  -h  b^x'^  =  a*6*,  doit  alors  fournir  les 
coordonnées  inconnues  x' et  y'  d'après  les  coordonnées  connues 
a  et  6,  on  considérait  les  premières  comme  variables,  le  lieu 
correspondant  serait  naturellement  elliptique,  et  dès  lors  gra- 
phiquement inadmissible.  Mais,  en  ayant  égard  à  la  seconde 
condition,  la  première  peut  s'abaisser  au  premier  degré,  et 
devient,  sous  la  forme  c^y'  ■\-  b^^=a^b^^  Tutile  équation  de 
la  corde  de  contact,  dont  la  construction  conduirait  aisément 
&  la  solution  graphique  du  problème,  si  on  y  admettait  la  par- 
ticipation de  Fellipse.  La  direction  de  cette  corde  et  ses  ren- 
contres avec  les  axes  peuvent  suggérer  diverses  propositions 
secondaires,  analogues  à  celles  déjà  signalées  envers  la  para* 
bole,  et  que  le  lecteur  développera  aisément. 

108.  Parmi  les  nombreux  problèmes  relatifs  aux  tangentes 
deTellipse,  il  convient  spécialement  de  remarquer  ici  celui 
qui  concernelelieudu  sommet  d'un  angle  invariable  dont  les 
côtés  touchent  constamment  la  courbe,  surtout  quand  cet  angle 


est  droit.  L'équation  y  =  mx  +  \/  a*m*  +  6*  est  très-propre  à 
cette  recherche,  en  y  considérant  les  deux  valeurs  de  m  qui 
correspondraient  à  des  valeurs  données  de  x  et  y,  ce  qui  lui  fait 
prendre  la  forme 

x^  —  a*  X  — a^ 

Si,  d'après  ses  racines,  on  formule  llnclinaison  des  deux  tan- 

gentes,  suivant  la  loi  7-^ r,  =»  tang  V,  on  en  déduira  aisé- 

ment  l'équation  du  quatrième  degré  qui  convient  au  lieu  de- 
mandé. Dansle  cas,  seul  utile  à  spécifier,  où  les  tangentes  sont 
rectangulaires,  le  dernier  terme  de  l'équation  précédente  con- 
duit aussitôt  à  y^+  a:2  =  «2+  6S  qui  indique  un  cercle,  dont  le 
rayon  est  d'ailleurs  superflu  à  retenir,  puisque  les  tangentes 
aux  sommets  l'annoncent  spontanément. 


OUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  357 

La  considération  de  ce  lieu  circulaire  rendrait  très-facile  la 
détermination  spéciale  des  rectangles  maximum  et  minimum 
circonscriptibles  à  l'ellipse,  et  dès  lors  inscriptibles  &  un  tel 
cercle.  Car,  sous  ce  dernier  aspect,  le  maximum  correspon- 
drait évidemment  au  carré,  si  toutefois  celui-ci  peut  être  cir- 
conscrit à  Tellipse  :  pour  s'en  assurer,  il  suffit  de  remarquer 
que,  d'aprèsune  symétrie  nécessaire,  ses  côtés  doivent  être 
inclinés  de  45®  sur  les  axes;  or,  enfaisantm=±:ldans  l'équa- 
tion de  la  tangente,  son  coefficient  linéaire  coïncide,  en  effet, 
avec  le  rayon  du  cercle  précédent,  ce  qui  décide  la  convenance 
de  cette  solution.  Quant  au  minimum,  il  faut  discerner,  entre 
tous  les  rectangles  circonscrits  à  l'ellipse  et  inscrits  au  cercle, 
celui  dontlescôtés  diffèrent  le  plus, ce  qui  revient  à  combiner  les 
tangentes  les  plus  éloignées  du  centre  avec  les  plus  rapprochées; 
d'où  résulte  aussitôt  le  rectangle  construit  sur  les  deux  axes. 

Pour  résoudre  ce  double  problème  d'une  manière  vraiment 
analytique,  susceptible  d'imitation  envers  toute  autre  courbe, 
il  faudrait,  à  l'équation  y  =  mx  +  ^Z  chm^  +  b^  d'une  tan- 
gente quelconque,  joindre  les  trois  autres 


qui  représentent  celle  qui  lui  est  parallèle  et  les  deux  qui  lui 
sant  perpendiculaires.  Dès  lors,  par  un  calcul  facile,  quoi- 
qu'un peu  long,  on  formulerait,  d'abord  les  intersections  mu- 
tuelles des  quatre  côtés  du  rectangle  correspondant,  ensuite 
leurs  longuAirs,  et  enfin  l'aire  de  cette  figure,  relativement  à 
la  seule  constante  indétermmée  m.  Cette  formule  une  fois  ob- 
tenue, l'application,  sous  telle  forme  qu'on  jugera  conve- 
nable, de  la  théorie  des  maXima  et  minima  y  conduira  aisé- 


1 


358  6É0KÉTRIE  PLANE. 

ment  &  la  solution  demandée.  La  fonction  se  trouvant  être  ici 
du  quatrième  degré,  mais  bicarrée,  on  y  pourra  même  appli- 
quer la  méthode  algébrique  primordiale,  en  résolvant  d'abord 
la  question  plus  étendue  qui  consiste  à  circonscrire,  à  une 
ellipse  donnée,  un  rectangle  équivalent  à  un  carré  donné. 

Quelques  autres  lieux  intéressants  peuvent  être  déduits  de  la 
considération  des  tangentes  à  l'ellipse,  en  y  projetant,  soit 
sur  les  tangentes,  soit  aussi  sur  les  normales,  les  divers  points 
singuliers,  telsque  le  centre,  les  foyers,  les  sommets,  etc.  Je 
m'arrêterai  seulement  au  cas  de  la  projection  du  centre  sur  les 
normales.  On  y  formerait  aisément  l'équation  du  lieu,  d'après 

ah/' 
l'équation  ordinaire  de  la  normale  y  —  y '=  tj-,  te  —  x')  com- 

b^x' 
binée  avec  celle  du  rayon  perpendiculaire  y  = j-,  x,  en 

«/ 
éliminant  les  variables  auxiliaires  x'  et  y'  par  la  relation  a^y'- 

+  b^x'^^sa  a^^.  Mais  il  convient  mieux  d'y  employer  une  nou- 
velle forme  générale  de  l'équation  de  la  normale,, analogue  à 
celle  qui  vient  de  nous  servir  pour  la  tangente,  c'est-à-dire 
relative  à  son  seul  coefficient  angulaire.  En  procédant  par  assi- 
milation, comme  je  Tai  indiqué  déjà  envers  la  parabole,  on 
trouvera  aisément  que  l'équation 

y  =  mx  + 

S/  a^^-  b^m^ 

représente  ainsi  une  normale  quelconque  à  Tellipse.  Si  Ton  y 

1 

élimine  w,  d*après  l'équation  y  =* x  du  rayon  perpendicu- 

§11 

laire,  on  obtient  aussitôt,  pour  le  lieu  cherché,  l'équation  du 
sixième  degré  • 

(aV+  b^x")  (y^-f-  x^f^  c'xh/^, 

dont  la  discussion  directe  serait  embarrassante,  mais  qui 
devient  facilement  appréciable  par  l'introduction  des  coor- 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  359 

données  polaires.  On  trouve  ainsi  finalement  Téquation  po- 

laii*e 

c*  sin2<p  cos^^p 

très-propre  à  caractériser  nettement  la  forme  générale  de  cha- 
cune des  quatre  parties  symétriques  qui  composent  ce  lieu 
remarquable.  Le  rayon  vecteur,  nul  pour  (p  =a  o  et  <p  =  90^,  ce 
qui  indique  au  centre  deux  tangentes  confondues  avec  les  axes 


/?. 


de  Tellipse,  atteint  son  maximum  a — b  quand  tang  (p  = 

comme  Tindique  la  résolution  de  cette  équation  en  sens  in- 
verse. 

109.  Nous  devons  maintenant  considérer  les  propriétés  de 
Tellipse  relativement  aux  diamètres.  En  appliquant  ici  Tune  ou 
Tautre  de  nos  deux  méthodes  générales  à  ce  sujet,  on  trouve 

b^ 

aisément  Téquation  y  = r—  x,  envers  un  diamètre  quel- 

avn 

conque,  correspondant  à  des  cordes  dont  le  coefficient  angu- 
laire est  m.  Cette  équation  montre  aussitôt,  conformément  à 
nos  indications  antérieures,  que  tous  les  diamètres  d'une  ellipse 
sont  des  lignes  droites  qui  convergent  au  centre.  Mais  sa 
spéciale  appréciation  géométrique  fait,  en  outre,  découvrir 

une  propriété  remarquable,  résultée  de  la  liaison  mw'« 5, 

amsi  établie  entre  les  coefQcients  angulaires  simultanés  d'un 
diamètre  quelconque  et  de  ses  cordes.  La  symétrie  analytique 
d*une  telle  relation  indique  géométriquement  que  les  diamètres 
de  Tellipse  sont  réciproques  les  uns  des  autres,  ou,  suivant 
l'expression  usitée,  d'ailleurs  un  fenysigne^  conjugués  :  car,  si 
Ton  mène  du  centre  deux  droites  dont  les  coefficients  angulaires 
soient  ainsi  liés,  chacune  déciles  passera  aux  milieux  des  cordes 
parallèles  à  l'autre.  Cette  constante  réciprocité  constitue,  quant 


360  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

aux  diamètres,  la  principale  différence  entre  Tellipse  ou  l'hy- 
perbole et  la  parabole  :  elle  est  évidemment  en  harmonie  né- 
cessaire avec  l'existence  ou  Tabsence  d'un  centre. 

Plus  spécialement  envisagée,  cette  liaison  fondamentale  des 
diamètres  conjugués  de  l'ellipse  reproduit  de  nouveau  la  rela- 
tion d'abord  observée  quant  aux  cordes  supplémentaires,  et 
étendue  ensuite  à  la  subordination  de  chaque  tangente  à  soa 
rayon  ;  en  sorte  que,  d'après  ce  rapprociiement,  ces  trois  couples 
de  droites  peuvent  toujours  devenir  parallèles  et  comportent  les 
mômes  diversités  d'inclinaison,  déjà  appréciées  envers  le  pre- 
mier .  11  en  résulte  surtout  une  construction  fort  simple  pour 
déterminer,  à  l'aide  de  l'ellipse,  deux  diamètres  conjugués  for- 
mant un  angle  donné,  en  cherchant  des  cordes  supplémen- 
taires qui  leur  soient  parallèles,  au  moyen  d'un  cercle 
capable  de  cet  angle  et  décrit  sur  un  diamètre  quelconque. 
Son  intersection  avec  l'ellipse  donnée,  ailleurs  qu'aux  ex- 
trémités de  cette  base,  marquera  le  point  de  départ  des 
cordes  cherchées,  de  manière  à  indiquer  aisément  les  dia- 
mètres demandés.  Cette  rencontre  ne  sera  possible  qu'autant 
que  l'inclinaison  proposée  tombera  entre  les  limites  con- 
venables qui^  suivant  la  loi  précédente,  correspondent  aux 
diamètres  parallèles  aux  cordes  des  quatre  sommets,  et  dès  lors 
dirigés  selon  les  diagonales  du  rectangle  des  axes  :  l'angle  donné 
ne  pourra  donc  s'écarter  de  90*  que  jusqu'à  l'angle  aigu  ou 

obtus  dont  la  moitié  aurait  -  pour  tangente  ou  pour  cotangente. 

Dans  cet  intervalle,  la  construction  indiquera  toujours  deux 
systèmes  symétriquement  placés,  qui  ne  coïncideront  que  lors 
des  deux  cas  extrêmes,  dont  l'un  se  rapporte  aux  axes  de 
l'ellipse,  et  l'autre  à  ce  dernier  couple  de  diamètres,  offrant  le 
maximum  d'obliquité. 
La  correspondance  générale  des  diamètres  conjugués  aux 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   TROISIÈME.  361 

cordes  supplémentaires,  quoiqu'elle  ne  soit  communément  en- 
visagée que  comme  le  simple  résultat  d'un  rapprochement  algé- 
brique, n'offre  pourtant  rien  d'accidentel,  et  comporte  direc- 
tement une  explication  géométrique  qu'il  importe  d'apprécier, 
parce  qu'on  y  peut  voir  la  vraie  source  spéciale  de  l'ensemble 
des  notions  relatives  aux  diamètres  de  l'ellipse,  indépendamment 
de  toute  théorie  générale.  Il  suffit  de  remarquer,  d'après  la 
définition  des  cordes  supplémentaires,  que  la  parallèle  menée 
du  centre  à  une  corde  quelconque  passe  nécessairement  au  mi- 
lieu de  sa  conjuguée  :  or,  le  théorème  primitif  des  cordes  sup- 
plémentaires nous  apprend  que,  si  des  cordes  sont  parallèles, 
leurs  supplémentaires  doiventl'ètre  aussi;  doncladroite  menée 
du  centre  parallèlement  à  une  corde  arbitraire  passe  toujours 
aux  milieux  de  toutes  celles  qui  sont  parallèles  àsa  supplémen- 
taire ;  d'où  résulte  aussitôt  la  démonstration  simultanée  de  la 
nature  rectiligne  des  diamètres  de  l'ellipse,  de  leur  convergence 
au  centre,  et  de  leur  réciprocité  nécessaire.  Ainsi,  le  théorème 
des  cordes  supplémentaires,  qui,  sous  un  aspect,  nous  avait 
déjà  fourni  la  base  essentielle  de  la  théorie  spéciale  des  tangentes 
à  l'ellipse,  est  également  propre,  d'un  autre  point  de  vue,  à 
y  fonder  entièrement  la  théorie  des  diamètres.  Ce  double  rap- 
prochement, inaperçu  jusqu'ici,  tend  à  représenter  une  telle 
notion  comme  étant  peut-être  la  plus  fondamentale  de  toutes 
celles  qui  concernent  particulièrement  l'ellipse  :  son  office  réel, 
dans  l'ensemble  de  l'étude  de  cette  courbe,  est  au  moins  aussi 
important  que  celui  de  la  propriété  focale. 

En  rapportant  l'équation  de  l'ellipse  à  un  couple  quelconque 
de  diamètres  conjugués,  il  est  aisé  de  prévoir  qu'elle  conser- 
vera nécessairement  la  môme  forme  qu'envers  les  axes  primitifs, 
qui  ne  se  distinguent,  à  cet  égard,  que  par  leur  rectangularité 
caractéristique  ;  car,  l'équation  ne  pourra  dès  lors  contenir  la 
première  puissance  d'aucune  des  deux  coordonnées,  afin  que 

81 


dêi  GÉOMÉTRIE   PLA5ÎE. 

chacnne  d'elles  puisse  admettre  deux  râleurs  égales  et  con- 
traires pour  une  même  valeur  de  rautre,confonnémeDiilt*ur 
commun  attribut  géométrique.  On  Téiifie  effectiTemenl  cette 
prévision,  par  la  substitution  des  formules  ordinaires  de  trans- 
position, 

ar=:x'  cos  X'  -f  y'  cos  Y\    y  =  x  sin  X'  +  y*  sin  Y\ 
pourvu  qu*on  y  ait  égard  à  la  relation  nécessaire 

tang  X' tang  Y  =» -^,  ' 

sans  laquelle  les  deux  diamètres  ne  seraient  pas  conjugués,  et 
qui  annulera  spontanément  le  coefBcient  total  du  seul  terme 
contenant  à  la  fois  la  première  puissance  de  Tune  et  de  Tautre 
variable.  Quant  aux  coefficients  des  termes  restants,  ils  peuvent 
toujours  devenir  analogues  à  ceux  de  Téquation  primitive 

en  introduiî^ant  aussi  les  distances  du  centre  aux  intersections 
de  la  courbe  avec  les  nouveaux  axes,  sous  les  noms  semblables 
de  a'et  b\Ae  manière  à  former,  envers  un  système  quelconque 
de  diamètres  conjugués,  l'équation  finale  a'^'*+  ô'*a:'*=a'*é'*. 
L'exécution  du  calcul  de  transposition  déterminerait  spontané- 
ment les  expressions  de  ces  constantes  linéaires  a*  et  6'  en  fonc- 
tion des  constantes  angulaires  correspondantes, 


a*  sin^  X'  +  6*  cos^X"  a«  sin»  Y'  +  b^  cos*  Y'* 

Mais  ces  formules,  nécessairement  similaires,  peuvent  d'ail- 
leurs être  directement  obtenues,  comme  devant  coïncider,  par 
leur  nature,  avec  l'équation  polaire  de  l'ellipse  relative  au 
centre. 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   TROISIÈME.  363 

D'après  la  relation  fondamentale  tang  X'  tang  Y'  = -g, 

tandis  queTun  des  diamètres  conjugués  se  raccourcit  en  s'éloi- 
gnantdu grand  axe,  Tautre  s'allonge  en  s'écartant  du  petit  axe; 
en  sorte  qu'il  existe  une  situation  intermédiaire  où  leurs  lon- 
gueurs sont  égales  :  elle  correspond  évidemment  au  cas  où  les 
deux  angles  X'  et  Y'  sont  supplémentaires;  les  deux  diamètres 
s'y  trouvent  symétriquement  placés,  et  dès  lors  dirigés  suivant 
les  diagonales  du  rectangle  des  axes  ;  c'est-à-dire  qu'ils  coïnci- 
dent avec  ceux  où  nous  avons  déjà  reconnu  le  maximum  d'obli- 
quité. Ce  système  remarquable,  le  plus  important  de  tous  après 
celui  des  axes  proprement  dits,  présente  donc,  envers  celui-ci, 
un  parfait  contraste,  soit  quant  à  Tinclinaison,  soit  quant  au 
rapport  des  longueurs.  Sa  position  dans  l'ellipse  représente 
exactement  celle  des  asymptotes  dans  l'hyperbole,  comme  on  le 
confirmera  spécialement  au  chapitre  suivant,  quoiqu'il  n'existe 
d'ailleurs  aucune  analogie  géométrique  entre  les  deux  couples 
de  droites.  Le  seul  rapprochement  analytique  auquelils  puissent 
donner  lieu,  consiste  en  ce  quel'équation  de  la  courbe  peut^  à  leur 
égard,  être  réduite,  de  part  et  d'autre,  à  ne  plus  contenir  qu'une 
seule  constante  arbitraire  :  mais  la  diversité  nécessaire  des  deux 
équations  respectives,  dont  l'une  a  la  forme  x^  +  y^  =:  r\ 
et  l'autre  a:y =m*,  empêche  une  telle  conformité  d'avoir  aucun 
effet  géométrique  de  quelque  importance.  Néanmoins,  il  con- 
vient de  noter  ici  que  l'ellipse  est  susceptible  d'une  équation 
analogue  à  celle  du  cercle,  mais  envers  un  système  unique 
d'axes  qui  ne  peuvent  jamais  y  devenir  rectangulaires,  et  dont 
le  degré  d'obliquité  caractérise  naturellement  l'espèce  d'ellipse 
dont  il  s'agit;  celle-ci  différera  d'autant  plus  du  cercle  que  cette 
inclinaison  s'écartera  davantage  de  l'angle  droit,  en  exacte  con- 
formité avec  les  notions  antérieures  sur  la  condition  de  simili- 
tude, puisque  la  tangente  de  la  moitié  d'un  tel  angle  représente 


364  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

le  rapport  des  deux  axes  de  Tellipse.  On  peut  d^ailleurs  calculer 

b 

aisément,  parles formulesprécédentes,  en  y  faisanttaiigX'a=  -, 

la  valeur  de  Tunique  constante  r  que  contiendrait  alors  Téqua- 
tion  de  Tellipse,  et  que  l'analogie  conduirait  à  nommer  spéciale- 

ment  le  rayon  de  cette  courbe  :  on  trouve  ainsi  r*=  -  (a^  -f-  b^)  ; 

ce  qui  lie  directement  ce  rayon  à  la  corde  du  quart  d'ellipse^ 
suivant  la  même  loi  que  dans  le  cercle. 

Les  longueurs  variables  des  diamètres  conjugués  de  Tellipse, 
comparées,  soit  entre  elles,  soit  à  Tobliquité  correspondante, 
donnent  lieu  à  deux  importants  théorèmes  spéciaux,  qui  méri- 
tent de  conserver  le  nom  de  leur  immortel  auteur  Apollonius, 
le  plus  grand  géomètre  de  Tantiquité  après  Archimède.  Quant 
au  premier,  le  point  de  vue  moderne  y  conduirait  très  natu- 
rellement s'il  était  encore  ignoré.  Car,  les  longueurs  a'  et  ô", 
subordonnées,  suivant  les  formules  précédentes,  aux  angles 
X'  et  Y',  ne  sauraient  être  indépendantes  Tune  de  Tautre  qu'au- 
tant que  ces  deux  angles  le  seraient  aussi  :  mais  la  liaison  né- 
cessaire de  ceux-ci  indique  évidemment,  entre  a'  et  V  ,  une 
relation  constante,  qu'on  découvrira  aisément  en  substituant, 

dans  la  condition  angulaire  tang  X'  tang  Y'  = g,  les  exprès- 

sions  de  tang  X'  et  tang  Y'  en  a'  et  b\  L'exécution  normale  de 
ce  calcul,  sans  aucun  vain  artifice,  conduit  finalement  à 

Ainsi,  le  premier  théorème  d'Apollonius  consiste  en  ce  que, 
dans  l'ellipse,  la  somme  des  carrés  de  deux  diamètres  conju* 
gués  quelconques  est  constante.  Sous  forme  graphique,  cet 
énoncé  revient  à  dire  que,  si,  à  l'extrémité  de  chaque  demi- 
diamètre,  on  élève  une  perpendiculaire  égale  à  son  conjugué, 
le  point  correspondant  appartiendra  toujours  au  cercle  déjà  re- 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   TROISIÈME.  365 

connu  pour  être  le  lieu  des  intersections  des  tangentes  rectan- 
gulaires. 

Quant  au  second  théorème  d'Apollonius,  il  faut,  ce  me 
semble,  avouer  avec  franchise  que  la  marche  moderne  n'y 
conduirait  point  spontanément,  s'il  n'était  pas  préalablement 
découvert  :  en  sorte  que  la  démonstration  analytique  doit  ici 
consister  en  une  pure  vérification,  qu'il  convient  alors  de  sim- 
plifier le  plus  possible,  en  vue  de  la  relation  à  constater,  qui 
est  a'b'  sin  Y'X'  =  ab\  11  suffit,  pour  cela,  de  multiplier 
entre  elles  les  expressions  précédentes  de  m'*  et  6'*  afin  d'y 
transformer  ensuite  le  dénominateur  d'après  la  condition  fonda- 
it 
mentale  tang  X'  tang  Y'  == j,  mise  d'abord  sous  la  forme 

u 
a*  sin  X'  sin  Y'  +  6*  cos  X'  cos  Y'  =  0,  et  ensuite  élevée  au 
carré.  Le  théorème  ainsi  vérifié  consiste  donc  géométrique- 
ment dans  la  constance  remai*quable  de  l'aire  du  parallélo- 
gramme construit  sur  deux  diamètres  conjugués  quelconques, 
quoique  ses  angles  et  ses  côtés  varient  sans  cesse. 

Ces  deux  relations  spéciales  a'*-{-  6'*=^  «*+ 6S  a'ô'sin  V=  ai, 
peuvent  être  utilisées,  en  sens  inverse,  pour  déterminer  com- 
modément la  longueur  des  axes  de  l'ellipse  d'après  un  système 
arbitraire  de  diamètres  conjugués,  donnés  à  la  fois  de  grandeur 
et  d'inclinaison.  Il  serait  d'abord  facile  d'en  déduire  directe- 
ment a  et  ô,  en  résolvant  une  équation  bicarrée.  Mais  il 
convient  mieux,  par  un  artifice  aisément  inspiré,  d'y  prendre 
spécialement  pour  inconnues  a  -  b  et  a  ^  6,  dont  les  valeurs 
y  résulteront  de  combinaisons  très-simples,  suivant  les  formules 

(a-6)a=a'2+  ô»4-2a'6'sin V,  (a-\-b)^=:a'^-hb'^-2a'b'sïny, 

dont  la  construction  est  surtout  commode,  si  on  les  compare  à 
la  relation  connue  qui  détermine  un  côté  de  triangle  d'après  les 
deux  autres  et  l'angle  compris.  On  trouve  ainsi  a — b  comme 


366  GLOMÉTRIR   PLANE. 

constituant  le  troisième  côté  d'un  triangle  facile  à  tracer^  où 
lesdeux  côtés  a' et  6  comprennent  jin  angle  complémentaire  de 
rinclinaison  donnée  V  ;  a  +  &  s'obtient  ensuite  en  remplaçant 
cet  angle  par  son  supplément,  afm  de  changer  le  signe  du 
cosinus  correspondant. 

Une  telle  construction  dissipe  d'avance  la  seule  grave  diffi- 
culté graphique  que  pût  offrir  le  problème  essentiel  par  lequel 
nous  terminerons  Tétude  de  Tellipse  aussi  bien  que  celle  de  la 
parabole,  en  tant  que  très-propre  à  y  rappeler  le  souvenir  des 
principales  propriétés,,  dont  il  exige  uniquement  la  judicieuse 
application  collective.  Qu'il  s'agisse  donc,  comme  pour  la 
parabole,  de  reconstruire  tous  les  éléments  géométriques  d'une 
ellipse  d'après  un  arc  quelconque.  Deux  couples  distincts  de 
cordes  parallèles  y  détermineront  d'abord  le  centre  par  ^inle^ 
section  des  diamètres  correspondants,  presqu'aussi  commodé- 
ment que  dans  le  cercle.  On  pourra  ainsi  avoir  deux  diamètres 
conjugués,  dont  Tun  sera  naliircllemcnt  connu  de  longueur 
comme  de  position  d'après  sa  rencontre  spontanée  avec  l'arc 
donné;  quant  à  l'autre  b\  un  seul  point  àe  cet  arc  le  détermi- 
nera facilement,  suivant  l'équation  correspondante  de  la  courbe 

a'Y^  4-  à'^x'^  =  an'\  d'où  résulte  la  formule  b'—      ^  ^ 


facile  à  construire.  Cela  posé,  la  construction  d'Apollonius  con- 
duira, comme  ci-dessus,  à  trouver  les  longueurs  des  axes  a  été. 
Dès  lors,  la  considération  du  lieu  des  projections  des  foyers  sur 
les  tangentes  permettra  d'achever  aisément  là  solution,  d'après 
la  détermination  des  foyers  ;  puisque  le  cercle  circonscrit,  qui 
contient  toutes  ces  projections, peut  être  maintenant  décrit,  et 
qu'il  est  d'ailleurs  facile  de  tracer  les  deux  tangentes  indispen- 
sables, en  menant  de  l'extrémité  de  chaque  diamètre  une  paral- 
lèle à  son  conjugué. 
110.  Il  ne  nous  reste  plus  à  considérer  dans  l'ellipse  que  les 


QUATRIÂHE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  367 

propriétés  relatives  à  la  théorie  des  quadratures.  L'application 
directe  de  nos  méthodes  élémentaires  à  Téquation  a V+i*^==» 

a*6*,  ou  y  ï=  -  \/  a* — a^^  ne  pourrait  nous  fournir  qu'en  série 

l'expression  générale  de  Taire  du  segment  elliptique.  Mais,  en 
supposant  connue  la  mesure  du  cercle,  au  moins  en  totalité, 
cette  équation  ramène  aussitôt,  d'après  le  principe  de  Wallis, 
la  quadrature  de  T  ellipse  à  celle  du  ceixle  circonscrit  ;  puisque 
les  segments  respectivement  compris  entre  les  mêmes  limites 
auront  alors,  aussi  bien  que  les  ordonnées  correspondantes,  un 
rapport  constant,  égal  à  celui  des  axes  de  Tellipse.  Ce  rapport 
est  d'ailleurs  spécialement  conforme  ici  à  la  considération  de 
l'ellipse  comme  projection  du  cercle,  eu  égard  à  la  règle  ordi- 
naire pour  projeter  une  aire  plane  :  au  reste,  ces  deux  maniè- 
res d'établir  une  telle  comparaison  sont  essentiellement  équiva- 
lentes. Ainsi,  l'aire  du  cercle  circonscrit  étant  exprimée  par 
w  a^,  celle  de  l'ellipse  entière  se  mesurera  par  ic  ai  ;  en  sorte 
que  l'ellipse  est  moyenne  proportionnelle  entre  les  deux  cercles 
inscrit  et  circonscrit,  ou  équivaut  à  un  cercle  dont  le  diamètre 
serait  moyen  proportionnel  entre  ses  deux  axes.  Il  est  aisé  d'en 
conclure  la  détermination  d'une  ellipse  semblable  à  une  ellipse 
donnée  et  équivalente  à  un  cercle  donné. 

Notre  théorie  des  quadratures  fournit  aisément  la  mesure  des 
deux  ellipsoïdes,  l'un  allongé,  l'autre  aplati,  produits  par  la 
révolution  d'une  ellipse  autour  de  ses  axes.  Autour  du  grand 
axe,  suivant  la  loi  z  =  y',  la  courbe  auxiliaire  sera  la  para- 

bole  -2  =  -g  (a*  ■—  x^)y  dont  l'aire  S  =3  "A^^^  —  ô  )  »  donne 

aussitôt  la  formule  V  =  ic  —Aa^x — -  j,  pour  le  volume  du 

segment  d'ellipsoïde,  compris  entre  deux  plans  perpendicu- 
laires à  l'axe,  menés,  l'un  du  centre,  l'autre  à  la  distance  x. 

m 

En  y  faisant  x^^aUj  on  trouve  finalement  que  l'ellipsoïde  entier 


368  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

4 

est  mesuré  par  -  ic  V^a.  Un  calcul  semblable  conduirait  à  nn 

4 

résultat  analogue  -  tc  a^b  envers  Tautre  ellipsoïde.  On  voit 

que  Tellipsolde  allongé  est  moindre  que  Tellipsoïde  aplati,  sui- 
vant  le  rapport  du  petit  axe  au  grand.  Ces  deux  volumes  ne 
coïncideraient  que  pour  une  ellipse  équilatère^  en  reproduisant 
spontanément  la  cubature  connue  de  la  sphère. 


CHAPITRE  IV. 

Théorie  de  Thyperbole. 

111.  L'équation  simplifiée  de  Thyperbole,  pa:*+yy*  =  1,  ne 
diffère  de  celle  de  Tellipse  qu'en  ce  que  les  deux  coefficients  p 
et  ^  y  sont  nécessairement  opposés  de  signe  ;  ce  qui  correspond 
géométriquement  à  ce  que,  des  deux  droites  autour  desquelles 
la  courbe  est  symétrique,  Tune  continue  à  la  rencontrer,niais 
l'autre  ne  la  coupe  plus  ;  en  sorte  qu'il  n'existe  alors  qu'un 
&eul  couple  de  sommets,  au  lieu  de  deux.  Nous  supposerons 
habituellement  que  les  abscisses  x  se  rapportent  à  l'axe  tran^ 
verse^  et  les  ordonnées  y  à  Taxe  non  transverse.  On  pourra  in- 
troduire algébriquement,  comme  dans  l'ellipse,  la  longueur  2^ 

du  premier,  qui  désignera  pareillement  la  distance  des  deux 

i 

sommets,  en  posant/)  =  --.  Mais  c'est  seulement  par  une  pure 

analogie  algébrique,  qui  d'abord  semble  dépourvue  d'interpré- 

i 

tation  géométrique,  qu'on  fera  aussi  y  =  —  -,  de  manière  à 

donner  à  l'équation  de  l'hyperbole  la  forme  habituelle 

1/^       x^ 

•L. .  «=a  —  1,    OU  •  «V  —  ô*a;*«=i  —  aW, 


6»      d 


1 


OUATRIÈBCE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  369 

qui  ne  diffère  de  celle  de  Tellipse  que  par  le  simple  changement 
de  b^  en  —  62  :  toutefois,  on  va  reconnaître  que,  quoique 
moins  directe  que  celle  de  a,  la  signification  graphique  de  b  est 
cependant  tout  aussi  nette  et  précise. 

En  discutant  cette  équation,  on  reproduit  aisément  le  con- 
traste que  nous  a  déjà  présenté  si  souvent  une  telle  opposition 
de  signe, substituant  un  lieu  illimité  et  interrompu  aune  courbe 
fermée  et  continue.  Le  sens  de  la  courbure  y  est  indiqué, outre 
le  degré,  par  la  marche  générale  du  coefficient  angulaire  de  la 

•  b^x 

tangente  tang  a  «=  — ,  qui,  d'abord  infini  au  sommet,  diminue 

ensuite  constamment,  comme  le  montre  la  substitution  de  y 
en  Xj  suivie  de  la  commune  division  par  x.  Sa  limite  de  dimi- 
nution ±  -  annonce  la  direction  des  deux  asymptotes,  que  l'on 

sait  d'avance  assujetties  à  passer  au  centre  :  la  méthode  subsi- 
diaire le  confirme  d'ailleurs  clairement,   d'après  l'équation 


y=±:-V/x^— a*.  Cette  détermination  représente  ces  droites 

comme  coïncidant  spontanément  avec  les  diagonales  du  rec- 
tangle construit  sur  les  deux  axes  de  l'hyperbole, de  manière  à 
occuper  ici  la  place  qui,  dans  l'ellipse,  est  affectée  aux  diamè- 
tres conjugués  égaux.  Réciproquement  envisagée,  une  telle 
construction  fournit  spontanément  la  meilleure  interprétation 
géométrique  de  l'axe  non  transverse  2i,dès  lors  égal  à  la  partie 
de  la  tangente  au  sommet  comprise  entre  les  deux  asymptotes. 
Au  reste,  en  mettant  l'équation  de  l'hyperbole  sous  la  forme 

b^ 

—g  X*—  y*=  6^  on  pourrait  généraliser  cette  appréciation,  en 

regardant  b  comme  une  moyenne  proportionnelle  entre  les 

deux  distances  -  a:  +  y  et  -  x  —  y  d'un  point  quelconque  de  la 

courbe  aux  deux  asymptotes,  estimées  parallèlement  à  cet  axe 


370  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

non  transverse  :  une  pareille  détermination  conviendrait  aussi 
envers  Taxe  trànsverse,mais  sans  offrir  communément  autant 
d'utilité. 

L'angle  variable  des  asymptotes,  ainsi  dépendant  du  rap- 
port des  axes,  spécifie  la  forme  de  chaque  hyperbole.Quand  U 
est  droit,  Thyperbole  se  nomme  ^i7Ut7a/ér^,puisque  a  et  6  sont 
alors  égaux.  Cette  espèce  remarquable  remplirait,  envers  les 
autres  hyperboles,  le  môme  office  que  le  cercle  à  Tégard  des  el- 
lipses quelconques,  si  elle  pouvait  nous  être  aussi  connue  : 
mais  sa  forme,  guère  plus  facile  à  concevoir  que  celle  d'une  hy-* 
perbole  non  équilatère,  doit  aujourd'hui  faire  attacher  peu 
d'intérêt  à  son  étude  spéciale,  en  sorte  qu'il  serait  superflu 
d'insisterici  sur  Téquivalentde  la  comparaison  quinousapennis 
de  déduire  graphiquement  l'ellipse  du  cercle.  Suivant  que  l'axe 
transverse  sera  plus  grand  ou  plus  petit  que  l'axe  non  trans- 
verse, l'hyperbole  se  trouvera  comprise  dans  l'angle  aigu  ou 
dans  l'angle  obtus  des  asymptotes,  et  dès  lors,  moins  ou  plus 
ouverte  que  l'hyperbole  équilatère. 

Gomme  il  importe  de  se  familiariser  beaucoup  avec  la  notion 
des  asymptotes,  dont  l'image  doit  devenir  inséparable  de  celle 
de  l'hyperbole,  il  convient  de  les  concevoir  aussi  sous  un  autre 
aspect  géométrique,  en  tant  que  lignes  naturelles  de  démarca- 
tion entre  les  droites  qui,  tirées  du  centre,  rencontrent  la 
courbe  et  celles  qui  ne  la  coupent  pas.  Si  on  cherche  l'intersec- 
tion d'un  rayon  quelconque  y  =;?2.r  avec  rhyperbole,lescoor- 

ab  mab 

données  communes,  x  ==  — zzmzzzn  et  y  =  _  m- 

\/  b^^a^m^  V  b^-ahfïi^ 

diqueront  que  la  rencontre  aura  lieu  quand  il  sera  au-dessous 
de  l'asymptote,  et  cessera  lorsqu'il  passera  au-dessus,  après 
s'être  éloignée  à  l'infini  pour  l'asymptote  elle-même. 

Les  deux  autres  courbes  du  second  degré  ayant  été, dans  les 
deux  chapitres  précédents,  spécialement  rattachées  au  cercle, 


* 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   QUATRIÈME.  371 

il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  aussi  que  Thyperbole  en  dérive 
indirectement,  par  Tintermédiaire  de  la  parabole.  Cette  dériva- 
tionpeut  d'abord  s'établir  d'après  le  même  mode  suivant  lequel 
la  parabole  a  déjà  été  tirée  du  cercle.  Il  est  aisé  de  constater, 
en  effet,  qu'une  parabole  se  transformera  en  hyperbole,  si  on 
y  prolonge  les  ordonnées  de  manière  à  les  rendre  égales  aux 
cordes  correspondantes  menées  du  sommet.  Mais  on  ne  peut 
ainsi  produire  qu'une  hyperbole  équilatère,  dont  l'axe  serait 
égal  au  paramètre  de  la  parabole  :  il  faudrait  y  redoubler  de 
plus  en  plus  la  même  construction  pour  en  déduire  d'autres 
hyperboles,  de  moins  en  moins  équilatères  à  mesure  que  ces 
modifications  graphiques  se  multiplieraient  davantage.  A  ce 
modegéométriquetrop  restreint  ou  trop  indirect,  il  convient  de 
joindre  une  autre  génération  qui,  de  la  même  parabole,  fait 
aisémentdécouler  toutes  les  espècesd'hyperboles.EUeconsisteà 
regarder  l'hyperbole  comme  le  lieu  du  sommet  d'un  angle  inva- 
riable dont  les  deux  côtés  touchent  continuellement  une  para- 
bole fixe.  On  obtient  ainsi,  envers  les  axes  ordinaires  de  la 
parabole  y*=3  mx^  l'hyperbole 

1  m^ 

y^—  tang2  V  a:^  —  -  m  (2  +  tang^  V)  a:  =  --  tang^  V, 

À  16 

qui  convient  également  à  l'angle  V  et  à  son  supplément,  en 
sorte  que  cette  génération  permet  d'obtenir  la  totalité  de  la 
courbe.  Il  est  d'ailleui^s  facile  d'en  construireles  sommets,  soit 
d'après  son  équation,  soit  en  cherchant  les  points  de  l'axe  où 
la  tangente  à  laparabole  forme  avec  lui  un  angle  moitié  de  Vou 
de  son  supplément.  L'inclinaison  de  ses  asymptotes  sur  cet  axe 
commun  des  deux  courbes  est  évidemment  égale  à  l'angle 
donné.  On  voit  par  là,  conformément  à  la  théorie  générale  de 
la  similitude,  que  les  hyperboles  de  môme  espèce  correspon- 
dront au  mouvement  du  même  angle  autour  de  diverses  para- 
boles :  chaque  parabole,  au  contraire^  donnera  naissance  à 


372  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

toutes  les  figures  hyperboliques  en  y  faisant  mouvoir  différents 
angles,  quoique  les  axes  de  ces  hyperboles  doivent  d'ailleurs,  à 
raison  d'une  telle  communauté  d'origine,  conserver  entre  eux 
quelque  relation  constante,  inutile  à  déterminer  ici. 

Au  reste,  il  fautpeu  s'étonner  que  les  trois  courbes  du  second 
degré  puissent  ainsi,  directement  ou  indirectement,  dériver  du 
cercle,  puisqu'elles  en  sont  historiquement  issues,  sous  leur 
nom  antique  de  sections  coniques,  par  une  construction  en 
relief  il  est  vrai,  mais  pourtant  fort  simple,  comme  nous  le 
reconnaîtrons  au  chapitre  suivant  :  il  fallait  bien  que  celte 
source  primitive  trouvât  quelque  équivalent  plan. 

112.  Quoique  r^tude  de  l'hyperbole,  si  elle  était  immédiate, 
dût  naturellement  offrir  un  peu  plus  de  difficulté  que  celle  de 
rellîpse,elle  se  simplifie  beaucoup  quand  on  ne  l'aborde  qu'a- 
près celle-ci,  puisque  l'analogie  des  équations  dispense  alors 
de  reproduire  les  divers  calculs  relatifs  aux  recherches  vraiment 
communes,  ensebornant  à  en  modifier  les  résultats  parle  simple 
changement  de  i'  en — ô*,  pour  n'insister  spécialement  que  sur 
les  modifications  géométriques  correspondantes.  Appliquons 
d'abord  cette  marche  didactique  au  théorème  des  cordessupplé- 
mentaires,  dont  nous  avons  reconnu,  envers  l'ellipse,  la  haute 
importance,  et  qui  doit  ici  persister  essentiellement,  à  titre  de 
conséquence  directe  de  la  commune  équation. 

La  modification  qu'il  y  éprouve  consiste  en  ce  que  le  produit 
constant  des  deux  coefficients  angulaires  devient  alors  positif: 
comme  le  losange  des  sommets  disparait,  on  doit  maintenant 

mentionner  expressément  la  valeur  propre  —  de  ce  produit, 

qu'aucun  couple  particulier  ne  pourrait  plus  indiquer  assez 
aisément,  sicen'estàla  limite.  Ce  changement  de  signe  annonce 
que  les  deux  angles  correspondants  sont  ici  simultanément 
aigus  ou  obtus,  tandis  que,  dans  l'ellipse,  ils  étaient  toujours 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  QUATRIÈME.  373 

d'espèce  différente  :  on  voit  sans  peine  qu'une  telle  distinction 
est  en  harmonie  spontanée  avec  la  diversité  fondamentale  des 
deux  figures.  Il  enrésultequemaintenantrundesdeux  facteurs 

est  supérieur  et  l'autre  inférieur  à  -  ;  d'où  il  suit,  géomé- 
triquement, que,  de  deux  cordes  supplémentaires  quelconques. 
Tune  est  plus  oblique  à  l'axe  transverse  et  l'autre  moins  oblique 
que  les  asymptotes.  Cette  différence  est  la  suite  nécessaire  delà 
distinction  spontanément  établie  entre  les  cordes  intérieures, 
joignant  deux  points  de  la  même  branche  d'hyperbole,  ou  com- 
prises dans  la  concavité,  et  les  cordes  extérieures,  allant  d'une 
branche  à  Tautre,  ou  tracées  dans  la  convexité.  On  voit  dès 
lors  que  l'inclinaison  mutuelle  des  cordes  supplémentaires  n'est 
plus  assujettie,  pour  l'hyperbole,  à  aucune  limite  :  en  partant 
de  deux  cordes  rectangulaires,  qui  sont  parallèles  aux  axes,  on 
pourra,  sur  la  même  base,  poser  des  couples  offrant  tous  les 
degrés  d'obliquité,  jusqu'au  parallélisme  rigoureux,  relatif 
aux  cordes  parallèles  à  l'asymptote  :  il  est  facile  de  vérifier,  en 
effet,  que  le  cercle  d'après  lequel  on  obtiendrait  ici,  comme 
envers  l'ellipse,  deux  cordes  supplémentaires  formant  un  angle 
donné,  ne  pourrait  jamais  cesser  de  rencontrer  la  courbe. 

Si  l'hyperbole  devient  équilatère,  ce  théorème  subit  une 
modification,  beaucoup  moins  remarquable  qu'à  l'égard  del'el- 
lipse,  mais  pourtant  digne  de  mention  :elle  consiste  en  ce  que 
les  inclinaisons  de  deux  cordes  supplémentaires  quelconques  sur 
l'axe  de  la  courbe  sont  alors  toujours  complémentaires. 

Pour  mieux  caractériser,  envers  l'hyperbole  et  l'ellipse,  la 
vraie  nature,  trop  peu  sentie  aujourd'hui,  d'un  tel  théorème, 
il  faut  maintenant  le  convertir  en  définition  directe  de  ces 
courbes, ainsidécrites  par  un  pointdont  les  lignes  de  jonction  à 
deux  points  fixes  forment,  avec  une  droite  fixe,  deux  angles 
ayant  toujaurs  des  tangentes  inversement  proportionnelles.  En 


374  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

nommant  cp  et  ^{/  ces  deux  angles  variables,  Téquation  naturelle 
du  lieu  serait  donc  tang  <p  tang  <);  =  A.  Quel  que  soit  le  sigae  de 
ce  produit  constant,  la  discussion  préalable  indique  d'abord 
une  courbe  ayant  toujours  pour  centre  le  milieu  entre  les  deux 
points  fixes,  et  même  nécessairement  symétrique  autour  de  la 
parallèle  et  de  la  perpendiculaire  qui  y  sont  menées  à  la 
droite  fixe.  La  distinction  des  deux  cas  s'y  présente  ensuite 
spontanément,  selon  que  k  est  négatif  ou  positif.  Car,  dans  la 
première  hypothèse,  la  courbe,  qui  coupera  toujours  Tun  de 
ses  axes,  pourra  également  couper  Tautre;  les  deux  angles  ^ 
eti|;  étant  alors  d'espèce  différente,les  deux  droites  mobiles  ne 
pourront  jamais  devenir  parallèles,  et  le  lieu  sera  fermé  aussi 
bien  que  continu.  Si,  au  contraire,  k  est  positif,  ces  angles 
seront  toujours  de  même  espèce,  et  susceptibles  d'égalité  ;  en 
sorte  que  le  lieu,  nécessairement  illimité,  sera,  en  outre, 
discontinu,  comme  ne  pouvant  plus  rencontrer  à  la  fois  ses 
deux  axes.  Quant  au  passage  à  Véquation  reptiligne,  il  ne  peut 
offrir  aucune  difficulté,  surtout  envers  de  tels  axes.  En  appe- 
lant p  et  9  les  coordonnées  correspondantes  de  Tun  des  points 

y  —  Q  y  "^  Q 

fixes,  on  aura  tang  (]p  = ,      tang  ^  «=  - — -  ;  ce  qui  con- 

duit  à  Téquationy*— Aa;*=  y^—  Ap*  où  Ton  reconnaît  aussitôt 
Tellipse  ou  rhyperbole,  et  qui  d'ailleurs  indique  le  passage  du 
lieu  aux  deux  points  donnés,  déjà  géométriquement  expliqué 
au  sujet  de  l'ellipse. 

ii3.L'application  de  la  théorie  desfoyers  àréquationsimplifiée 
de  Tellipse  nous  a  fourni  les  deux  systèmes  6=0,  ac=^«* — 6*, 
et  a=0,  6=v/  b^ — a*,  dont  chacun  est  tour  à  tour  seul  accep- 
table, selon  la  grandeur  relative  des  deux  dimensions  a  et  b. 
Pour  l'hyperbole,  le  changement  de  b  en —6*  indique,  au 
contraire,  que  le  second  ne  peut  jamais  convenir,  et  que  le 
premier  subsiste  toujours,  quel  que  soit  l'ordre  de  grandeur 


QUATRIÈME  PARTIS,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  375 

des  axes.  Les  deux  foyers  sont  donc  ici  constamment  placés  sur 
Taxe  transverse  et  non  sur  le  grand  axe.  En  général,  tout  ce 
qui,  pour  l'ellipse,  s'appliquait  au  grand  axe,  convient,  pour 
riiyperbole,  à  Taxe  transverse,  et  de  même  envers  le  second 
axe  respectif.  Quand  on  a  besoin  d'une  dénomination  commune 
afin  de  désigner  la  droite  qui,  dans  l'hyperbole,  joint  les  deux 
sommets,  et,  dans  l'ellipse,  constitue  le  plus  long  diamètre, 
le  nom  d'axe  focal  se  présente  donc  naturellement,  comme  seul 
également  propre  anx  deux  cas. 
Suivant  la  modification  précédente,  l'excentricité  c  vaut 


ici  \/  a*  -f  é^,  et  représente  la  distance  du  centre  de  l'hyper- 
bole au  point  où  Tasymptote  coupe  la  tangente  au  sommet  : 
les  foyers  se  trouvent  donc  situés  au  delà  des  sommets,  tandis 
que  ceux  de  l'ellipse,  les  précédaient.  Mais  cette  diversité  ne  fait 
que  maintenir  une  conformité  plus  essentielle,  consistant  en  ce 
que,  de  part  et  d'autre,  les  foyers  tombent  toujours  dans  la 
concavité  de  la  courbe,  suivant  les  conditions  nécessaires  de  la 
notion  primitive.  Une  telle  différence  ne  constitue  donc  qu'une 
nouvelle  conséquence,  facile  à  prévoir,  du  contraste  fonda- 
mental des  deux  figures. 
En  formulant  les  distances  rationnelles, 

a= a,  a  = h«, 

a  a 

du  foyer  à  un  point  quelconque  de  la  courbe,  il  faut  ici  ren- 
verser, envers  la  première,  l'ordre  de  soustraction  convenable 
à  l'ellipse,  puisque  c  ^ix  sont  alors  supérieurs  à  a.  11  en  ré- 
sulte que  la  différence  de  ces  distances  variables  devient  main- 
tenant constante  au  lieu  de  leur  somme,  conformément  &  notre 
distinction  primordiale  des  deux  courbes.  La  position  des  di- 
rectrices est  également  déplacée,  puisque  leur  commun  écar- 

tement  du  centre  —  est  ici  moindre  que  a  ;  en  sorte  qu'elles 


376  GÉOMéTRIE  PLANE. 

tombent  entre  les  sommets,  et  non  au  delà.  Mais,  comme  en- 
vers les  foyers,  celte  modification  maintient  une  conformité 
nécessaire,  afin  que,  des  deux  paris,  les  directrices  résident 

dans  la  convexité  de  la  courbe,  qu'elles  ne  doivent  jamais  cou- 

c 

per.  Enfin,  le  rapport  spécifique  -  surpasse  désormais  runité, 

tÂf 

conformément  au  contraste  déjà  apprécié  au  n*  23. 

Si  nous  reprenons,  envers  l'hyperbole,  le  problème,  d*abord 
traité  pour  Fellipse,  qui  consiste  à  déterminer  la  courbe  d'après 
un  foyer  et  trois  points,nous  en  pourrons  maintenant  compléter 
la  solution,  soit  graphique,  soit  analytique,  toujours  assujettie 
à  la  môme  marche.  Quant  à  la  première,  la  construction  déjà 
expliquée  supposait  tacitement  que  la  directrice  cherchée  de- 
vaft  constamment  laisser  les  trois  points  donnés  d'un  même  côté, 
comme  l'exige  nécessairement  rellipse,et  aussi  la  parabole. 
Mais,  pour  l'hyperbole,  il  en  peut  être  autrement,  et  dès  lors 
ce  tracé  ne  donne  pas  toutes  les  solutions  admissibles  :  il  faut 
ici,  envers  chacun  des  points  de  la  directrice  ainsi  déterminés, 
accepter  en  outre  la  position  comprise  entre  les  deux  points 
donnés  correspondants,  et  que  marque,  sur  la  droite  de  jonc- 
tion, la  bissectrice  de  l'angle  dont  nous  avions  considéré  seu- 
lement le  supplément.  Il  en  résulte  finalement  quatre  solutions  : 
les  trois  nouvelles  ne  peuvent  jamais  convenir  qu'à  des  hyper- 
boles ;  la  première  seule  sera  hyperbolique,  elliptique,  ou  même 
parabolique,  selon  que  la  directrice  obtenue  se  trouvera  plus 
rapprochée,  plus  éloignée,  ou  aussi  écartée  des  points  donnés 
que  l'est  le  foyer. 

L'appréciation  analytique  ne  semble  pas  d'abord  susceptible 
de  reproduire  cette  inévitable  pluralité,  surtout  quand  on  ra- 
mène au  premier  degré  les  trois  équations  de  condition,  comme 
nous  avons  dû  le  faire  au  n^  106.  Mais,  avec  plus  d'attention, 
on  reconnaît  aisément  l'exacte  correspondance  nécessaire  des 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   QUATRIÈME.  377 

deux  modes  de  solution,  en  considérant  que,  dans  cette  utile 
réduction,  chacun  des  membres  connus  u\  u'%  u'"  pouvait  éga- 
lement être  pris  avec  le  signe  — ,  et  que  le  choix  spontané  du 

■ 

signe  +  n'était  nullement  motivé.  Si  donc,  sans  altérer  les  for- 
mules obtenues,on  a  convenablement  égard  à  une  telle  ambiguïté, 
il  sera  facile  de  leur  procurer  toute  Textension  convenable  à  la 
pleine  appréciation  du  problème  proposé.  On  pourrait  même 
craindre  d'obtenir  ainsi  huit  solutions  au  lieu  de  quatre,  s^il 
n'était  évident  que,  cette  ambiguïté  devant  être  essentiellement 
relative,  elle  se  trouvera  sufiJsamment  représentée  par  le  signe 
alternatif  de  deux  des  trois  distances  données,  u\  u'\  u''\  en 
attribuant  arbitrairement  à  l'autre  un  signe  fixe. 

Cette  considération  est  la  seule  qu'il  importât  ici  d'indiquer 
expressément,  au  sujet  des  divers  problèmes  relatifs  aux 
foyers,  et  qui  d'ailleurs  se  résoudront,  pour  l'hyperbole,  de 
la  même  manière  qu'envers  l'ellipse,  sans  exiger  maintenant 
aucune  nouvelle  explication,  analytique  ou  géométrique. 

114.  Relativement  aux  tangentes,  les  propriétés  de  l'hyperr 
bole  sont  essentiellement  les  mêmes  que  celles  de  Tellipse,  le 
changement  fondamental  de  ô*  en  —  b^  ne  pouvant  exercer,  à 
cet  égard,  qu'une  influence  très-secondaire.  L'équation  ordi- 

naire  de  la  tangente  est  ici  y — y'«=3  -^,  {x — x'):  il  en  résulte 

comme  dans  l'ellipse,  ar  =  — , ,  pour  son  intersection  avec  Taxe 

focal  ;  seulement  x'  étant  maintenant  supérieur  à  a,  et  pou- 
vant croître  indéfiniment,  ce  point  tombe  toujours  entre  le 
sommet  adjacent  et  le  centre,  en  se  rapprochant  continuelle- 
ment de  celui-ci,  avec  lequel  il  se  confond  quand  le  contact  a 
lieu  à  l'infini ,  conformément  aux  indications  fournies  par 
l'asymptote. 

Entre  la  direction  de  chaque  tangente  et  celle  du  rayon  cor- 
as 


378  ^GÉOMÉTRIE  PLANE. 

respondant,  il  existe  une  relation  analogue  à  celle  de  Tellipse, 

tang  a  tang  a'=  —  :  mais  les  deux  facteurs  de  ce  produit  constant 

ont  alors  le  même  signe,  et  deviennent  susceptibles  d'exacte 
coïncidence,  quand  les  deux  droites  se  confondent  avecrasymp- 
tote  ;  en  tout  autre  cas,  le  coefficient  angulaire  de  la  tangente 
est  supérieur  et  celui  du  rayon  est  inférieur  au  coefOcient  an- 
gulaire de  Tasymptote.  La  comparaison  aux  cordes  supplémen- 
taires subsiste  essentiellement,  et  comporte  la  même  prévision 
directe,  ainsi  que  des  conséquences  équivalentes,  sous  de  pa- 
reilles modifications  respectives.  À  la  distinction  de  ces  cordes 
en  intérieures  et  extérieures,  correspond  Texistence  actuelle 
de  limites,  inférieure  ou  supérieure,  pour  les  inclinaisons  de  la 
tangente  ou  du  rayon  sur  Taxe  focal:  la  tangente  ne  peut  être 
parallèle  qu'aux  cordes  intérieures  et  le  rayon  aux  autres. 
Enfin,  la  possibilité  d'une  obliquité  quelconque,  reconnue  ici 
envers  le  premier  couple,  peut  être  également  constatée  et 
expliquée  à  Tégard  du  second. 

Quant  à  la  propriété  de  la  tangente  à  Tellipse  par  rapport  aux 
foyers,  elle  n'éprouve,  sous  sa  forme  la  plus  usuelle,  d'autre 
modification  réelle,  dans  Thyperbole,  que  celle  qui  y  résulte 
nécessairement  de  la  nouvelle  figure  générale  exigeant  ici 
que  la  tangente  tombe  toujours  entre  les  deux  foyers,  au  lieu 
de  les  laisser  du  même  côté  ;  en  sorte  qu'elle  devient  alors  la 
bissectrice  de  Tangle  même  des  deux  rayons  vecteurs,  et  la 
normale  celle  de  son  supplément  ;  les  positions  de  ces  droites 
étant  ainsi  échangées,  comparativement  au  cas  primitif.  Il 
serait  superflu  de  s'arrêter  expressément  aux  conséquences 
graphiques  de  cette  propriété,  pour  tracer  la  tangente,  quand 
en  donne  successivement  son  point  de  contact,  sa  direction 
ou  un  point  extérieur  :  ces.  trois  constructions  sont  spontané- 
ment analogues  à  celles  du  chapitre  précédent.  Au  sujet  du 


QUATRIÈME   PARTIE,   CHAPITRE   QUATRIÈME.  379 

dernier  cas,  il  peut  seulement  devenir  utile  de  déduire,  soit 
d'une  telle  figure,  soit  de  la  solution  analytique,  la  distinction 
des  deux  modes  d'incidence  des  deux  tangentes  menées  du 
point  donné,  qui  tomberont  sur  la  même  branche  d'hyper- 
bole ou  sur  les  branches  opposées,  selon  que  ce  point  sera  com- 
pris dans  ceux  des  angles  des  asymptotes  qui  contiennent  la 
courbe  ou  dans  leurs  suppléments.  Enfin,  la  situation  actuelle 
de  la  tangente  entre  les  deux  foyers  modifierait  notablement 
les  suites  physiques  de  cette  propriété,  relativement  à  la.  ré- 
flexion, par  l'hyperbole  ou  par  l'hyperboloïde  correspondant, 
des  émanations  issues  de  l'un  des  foyers  ;  la  convergence  vers 
l'autre  foyer  n'affecterait  plus  alors  les  droites  elles-mêmes, 
mais  leurs  simples  prolongements:  cette  diversité,  qui  n'au- 
rait aucune  influence  quant  à  la  lumière,  ferait  disparaître  la 
concentration  caustique,  qui  exige  un  concours  réel,  et  non 
purement  géométrique. 

Sous  la  seconde  forme  essentielle,  la  plus  spontanément  ana- 
lytique, ce  théorème  ne  peut  subir  ici  aucune  modification, 
puisque  l'équation  y  2 -j- a;2=a  ^a  ^J^  ijgu  jjgg  ppQj  g^yQjjg  ^^g  fQyçpg 

sur  les  tangentes  dans  l'ellipse  ne  contient  pas  6^  Ce  lieu  est 
donc  toujours  un  cercle,  ayant  encore  pour  diamètre  l'axe 
focal  :  seulement,  au  lieu  d'être  circonscrit  à  la  courbe,  il  lui 
est  maintenant  inscrit  :  le  calcul  et  la  figure  s'accordent  à  cet 
égard.  En  considérant  les  asymptotes  comme  des  tangentes,  on 
y  peut  aisément  constater  la  confirmation  spéciale  de  leur  com- 
mune participation  à  cette  loi. 

La  troisième  forme  géométrique  de  cette  propriété  n'éprouve 
réellement  aucune  modification  dans  l'hyperbole  :  la  valeur  ef- 
fective du  produit  constant  des  distances  des  deux  foyers  aune 
tangente  quelconque  y  est  pareillement  indiquée  par  les  som- 
mets, et  en  outre  par  l'asymptote,  seule  tangente  qui  soit  alors 
équidistante  des  deux  foyers^ 


380  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

C'est  ici  le  lieu  de  mentionner  uû  problème  intéressant,  que 
j'ai  omis  envers  l'ellipse,  afin  d'éviter  toute  répétition  super- 
flue, mais  qui,  par  sa  nature,  convient  également  aux  deux 
courbes,  et  même,  en  certains  cas,  à  la  parabole.  H  consiste 
à  déterminer  une  courbe  du  second  degré  d'après  son  foyer  et 
trois  tangentes.  Sa  solution  analytique  ne  présente  aucune  dif- 
ficulté, et  n'exige  aucune  explication  nouvelle.  Quant  à  la  so- 
lution graphique,  elle  dépend  de  la  considération  des  projections 
du  foyer  donné  sur  les  tangentes.  Lorsque  ces  trois  projections 
seront  exceptionnellement  en  ligne  droite,  la  courbe  sera  une 
parabole,  dont  la  détermination  ultérieure  a  déjà  été  expli- 
quée en  son  lieu.  En  tout  autre  cas,  on  tracera  le  cercle  cor- 
respondant, et,  selon  que  le  foyerdonné  s'y  trouvera  intérieur 
on  extérieur,  on  aura  une  ellipse  ou  une  hyperbole  :  son  axe 
focal  étant  ainsi  obtenu,  de  grandeur  et  de  position,  il  sera  aisé 
d'achever  la  construction,  conformément  à  la  nature  de  la 
courbe.  Si  l'ensemble  des  données  était  disposé  de  manière  à 
faire  passer  ce  cercle  auxiliaire  pai*  le  foyer  connu,  cette  indi- 
cation se  rapporterait  évidemment  à  un  nouveau  cas  d'impos- 
sibilité, autre  que  ceux  relatifs  au  parallélisme  des  trois  tan- 
gentes, ou  à  leur  concours  en  un  mèmepoint,  ou  à  la  situation 
du  foyer  sur  l'une  d'elles. 

Au  sujet  des  lieux  plus  ou  moins  remarquables  qui  résultent 
de  la  considération  des  tangentes  à  l'ellipse,  il  faut  seulement 
noter,  envers  l'hyperbole,  la  modification  de  celui  qui  se  rap- 
porte aux  intersections  des  tangentes  rectangulaires.  Son  équa- 
tion devient  ici  x^+  y*=*  a^  —  i^,  en  sorteque  sa  naturegéomé- 
trique  reste  la  môme,  le  rayon  du  cercle  étant  seulement  changé* 
Mais  ce  changement  se  trouve  tel  que,  si  l'hyperbole  est  plus 
qu'équilatère,  ce  lieu  n'existe  plus,  après  s'être  réduit  au 
centre  pour  l'hyperbole  équilatère  elle-même.  On  peut  aisé- 
ment expliquer  ces  résultats,  en  considérant  que,  lorsque  Thy- 


QUATRIÈME  PARTIE,  CHAPITRE  QUATRIÈME.        381 

perbole  est  contenue  dans  Tangle  obtus  des  asymptotes,  aucun 
point  du  plan  ne  saurait  fournir  de  tangentes  rectangulaires  : 
puisque  les  deux  tangentes  qui  en  émanent  forment  toujours 
un  angle  supérieur  à  celui-là  ou  inférieur  à  son  supplément 
selon  la  situation  de  ce  points  d*après  laremarque  déjà  signalée 
sur  les  incidences  respectives  des  deux  tangentes  correspon- 
dantes :  rhyperbole  équilatère  ne  comporte  d'autres  tangentes 
rectangulaires  que  celles  tirées  du  centre,  c'est-à-dire  les 
asymptotes. 

115.  La  nature  des  diamètres,  et  leur  réciprocité  ou  conju- 
gaison, n'éprouvent  aucun  changement  essentiel  en  passant  de 
l'ellipse  à  l'hyperbole,  soit  qu'on  les  découvre  analytiquement, 
soit  qu'on  les  déduise spécialementduthéorèmedescordes  sup- 
plémentaires. Seulement^  la  relation  fondamentale  entre  les 
directions  de  deux  diamètres  conjugués  quelconques  subit  ici 
la  modification  que  nous  avons  déjà  appréciée  envers  les  cordes 
supplémentaires,  et  ensuite  à  l'égard  d'une  tangente  comparée 
à  son  rayon.  Par  rapport  aux  diamètres,  elle  indique  que  les 
deux  droites  de  chaque  couple,  alors  contenues  dans  la  même 
région  du  plan,  sont  toujours  situées,  l'une  au-dessous,  l'autre 
au-dessus,  des  asymptotes  :  en  sorte  que  l'une  d'elles  rencontre 
la  courbe  et  l'autre  ne  peut  la  couper,  conformément  aux 
exigences  géométriques  de  sa  figure  générale.  Les  deux  coeffi- 
cients angulaires  tendant  ainsi  versPégalité,  les  deux  diamètres 
comportent  une  obliquité  quelconque,  et  se  rapprochent  con- 
tinuellement l'un  de  l'autre  en  s'écartant  des  axes  correspon- 
dants, de  manière  à  admettre  l'asymptote  comme  leur  limite 
commune.  Il  est  d'ailleurs  évident  que  la  distinction  des 
diamètres  en  transverses  et  non-transverses  correspond  spon- 
tanément à  celle  de  leurs  cordes  en  intérieures  et  extérieures. 

D'après  les  motifs  déjà  expliqués  pour  l'ellipse,  en  rappor- 
tant l'hyperbole  à  deux  diamètres  conjugués  quelconques^  son 


382  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

équation  prendra  finalement  la  même  forme  qu'envers  ses  axes, 
a*ay»«— 6'8a;'«c=—  a'^i'Mes  constantes  a'^eti'^étant  pareil- 
lement exprimées  par  les  formules 

^^^^  6'.=  ___î!ÈL___ 

6« cos»  X'  —  a^  sin«  X"  a»  sin*  Y'  —  6^  cos*  Y' 

qui  résultent,  soit  du  calcul  de  transposition,  soit  de  Téquation 
polaire  relative  au  centre.  Le  coefficient  6',  propre  au  diamètre 
non  transverse,  n'a  d*abord,  comme  b  lui-môme,  qu'une  défi- 
nition purementabstraite:  mais  elle  devient  tout  aussi  aisément 
susceptible  d'interprétation  concrète,  à  Taide  des  asymptotes. 
Car,  leur  équation  ne  pouvant  être  affectée  par  l'obliquité  des 
axes,  sera  toujours,  envers  un  système  quelconque  de  diamè- 

très  réciproques,  ]y'=±:  — 7a:',  et  donnera  semblablement 

y'=:  ±  6',  pour  a;  =  a'  :  en  sorte  que  la  longueur  d'uu  dia- 
mètre non  transverse  équivaudra  encore  à  la  partie  de  la  tan- 
gente parallèle  qu'interceptent  les  asymptotes.  On  pourrait 
d'ailleurs  continuer  aussi  à  regarder  sa  moitié  comme  une 
moyenne  proportionnelle  entre  les  distances  d'un  point  quel- 
conque de  l'hyperbole  aux  deux  asymptotes,  estimées  parallè- 
lement au  diamètre  cherché. 

Pour  mieux  lier  les  notions  géométriques  relatives  aux  di- 
verses longueurs  des  diamètres  non  transverses,  il  convient  de 
considérer  la  courbe  résultée  de  leurs  extrémités.  La  formule 
précédente  de  b'^  en  fournit  spontanément  l'équation  polaire, 
qui,  convertie,  suivant  le  mode  ordinaire,  en  équationrectUigne, 
conduit  enfin  à  a^  y*  —  b'^a^  =  <2*6*.Cerésultatindiqueune  hy- 
perbole, nommée  quelquefois  la  conjuguée  de  la  première  ;  leurs 
axes  sont  les  mômes,  mais  en  sens  inverse,  conformément  à  la 
définition.  Elles  ont  donc  les  mômes  asymptotes,  dont  chacune 
d'elles  occupe  les  angles  interdits  à  l'autre  :  leur  figure  est  habi- 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  383 

taellement  opposée,  et  elles  ne  coïncident  que  dans  le  cas  éqni- 
latèi^e.  On  peut  aisément  constater  que  ces  deux  courbes  ont  né- 
cessairement les  mêmes  diamètres,  mais  toujours  par  contraste  : 
en  sorte  que  leur  office  spontané  pour  représenter  distinctement 
les  longueurs  des  diamètres  non  transverses  se  trouve  nécessai- 
rement mutuel.  Si  Ton  s'habitue  à  ne  pas  séparer  de  Timage 
d'une  hyperbole,  celle,  non  moins  naturelle,  de  sa  conjuguée, 
les  deux  sortes  de  diamètres  deyiendront  également  intelli- 
gibles. 

Les  longueurs  des  deux  diamètres  coujugués  étant  chacune 
illimitée  et  d'ailleurs  croissant  à  la  fois,  il  est  impossible  que  le 
premier  théorème  d'Âppollonius  ne  soit  pas  profondément  mo- 
difié envers  l'hyperbole,  où  il  devient,  en  effet,  a'^^b'^=  a*—  ô*, 
suivant  le  changement  accoutumé.  Il  en  résulte  que  jamais  a' 
et  b'  ne  peuvent  être  égaux,  à  moins  que  a  ne  soit  égal  à  6,  au- 
quel cas  a'  équivaut  toujours  à  b\  Ainsi,  en  aucun  sens,  il 
n'existe,  dans  l'hyperbole,  un  système  spécial  de  diamètres  con- 
jugués, caractérisé  par  une  égalité  de  longueur  qui  n'est  jamais 
possible  qu'autant  que  la  courbe  devient  équilatère,  et  qui  alors 
a  lieu  indifféremment.  On  sait  déjà,  en  efTet,  que  la  position 
des  diamètres  égaux  de  l'ellipse  correspond  à  celle  des  asymp- 
totes de  l'hyperbole,  lesquelles  ne  sauraient  constituer  mu- 
tuellement aucun  couple  de  diamètres  conjugués,  puisque  cha- 
cune d'elles  représente  à  la  fois  les  deux  éléments  d'un  tel 
couple. 

Quant  au  second  théorème  d'Apollonius,  a'b'  sin  V  =  aô,  il 
ne  peut  subir  ici  aucune  modification,  d'après  la  compensation 
des  changements  simultanés  qu'y  éprouvent  beib\  Cette  per- 
sistance analytique  s'explique  géométriquement,  malgré  l'illi- 
mitation  commune  des  longueurs  a'  et  b\  par  la  suppression 
nécessaire  de  toute  limite  d'obliquité  :  à  mesure  que  les  deux 
diamètres  s'allongent  à  la  fois  en  se  rapprochant  tous  deux  de 


384  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

Tasymptote,  la  diminution,  non  moins  indéfinie,  de  leur  angle 
permet  de  concevoir  qae  Taire  du  parallélogramme  correspon- 
dant demeure  invariable,  quoique  sa  constance  soit  alors  encore 
plus  remarquable  que  dans  Tellipse. 

Au  sujet  de  ces  deux  théorèmes,  il  convient  de  noter  ici  que 
la  modification  nécessaire  du  premier  y  interdit  l'emploi  de 
Tartiflce  spécial  qui,  pour  Tellipse,  nous  avait  conduits  à  sim- 
plifier beaucoup  la  détermination,  soit  algébrique,  soit  surtout 
graphique,  de  la  longueur  des  axes  d'après  deux  diamètres  con- 
jugués quelconques,  donnés  de  grandeur  et  de  position.  Mais, 
en  ajournant  un  peu  cette  solution,  de  manière  à  pouvoir  y 
employer  le  nouvel  ordre  de  propriétés,  éminemment  caracté- 
ristique, que  présente  Thyperbole  envers  ses  asymptotes,  on 
reconnaîtra  ci-dessous  que  l'ensemble  de  cette  recherche,  com- 
porte finalement  encore  plus  de  simplification  dans  Thyperbole 
que  dans  Tellipse,  quand  on  y  emploie  judicieusement,  de  part 
et  d'autre,  les  moyens  les  plus  convenables. 

116.  En  considérant  l'équation  des  asymptotes  de  l'hyper- 
bole rapportées  à  deux  diamètres  conjugués  quelconques, 

y  '=±  —,  a;',on  aperçoit  d'abord  Tentière  généralisation  de  leur 

construction  primitive,  en  reconnaissant,  d'après  l'hypothèse 
ic'=a',  qu'elles  coïncident  toujours  avec  les  diagonales  du  pa- 
rallélogramme construit  sur  ces  diamètres.  Mais,  une  plus 
complète  appréciation  géométrique  de  la  même  équation  conduit 
ensuite  à  un  théorème  très-remarquable,  qui  constitue  réelle- 
ment la  plus  importante  propriété  spéciale  de  l'hyperbole.  On  y 
voit,  en  effet,  que  chaque  valeur  de  l'une  des  coordonnées  x' 
ou  y'  donne  toujours  à  l'autre  deux  valeurs  égales  envers  les 
deux  asymptotes.  Gela  posé,  toute  transversale  tirée  au  hasard 
dans  le  plan  de  l'hyperbole  pouvant  y  être  regardée  comme  pa- 
rallèle à  quelque  diamètre,  transverse  ou  non  transverse,  le 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  QUATRIÈME.  385 

conjugué  de  celui-ci  passera  donc  constamment  au  milieu  de  la 
partie  de  cette  droite  comprise  entre  les  asymptotes  :  or,  le 
milieu  de  la  corde,  extérieure  ou  intérieure,  que  cette  même 
droite  forme  dans  l'hyperbole  étant  aussi  situé  nécessairement 
sur  ce  dernier  diamètre,  il  s'ensuit  que  les  deux  portions  de  la 
transversale  interceptées,  des  deux  parts,  entre  la  courbe  et 
Tasymptole,  telles  que  MN  et  M'N'  [fig,  75)  ou  LD  et  L'D',  ont 
sans  cesse  une  égale  longueur. 

Cette  belle  propriété  fournit  spontanément  le  moyen  le  plus 
simple  pour  décrire  par  points  une  hyperbole,  d'après  les  asymp- 
totes, et  un  point  donné  M,  d'où  il  suffira  de  mener  une  trans- 
versale quelconque  NN'  entre  les  deux  asymptotes,  afin  d'y 
reporter,  à  partir  de  l'une,  sa  portion  MN  marquée  par  l'autre, 
de  manière  à  obtenir  le  second  point  M'  de  la  courbe  qui 
s'y  trouve  situé  :  chacun  des  points  ainsi  marqués  pourra 
d'ailleurs  devenir,  à  son  tour,  le  centre  d  une  pareille  con- 
struction, pour  éviter  la  confusion  graphique  inhérente  à 
l'accumulation  d'un  trop  grand  nombre  de  lignes  autour  d'un 
même  point. 

Quoique  une  telle  description  doive,  par  sa  nature,être  jugée 
caractéristique,  il  importe  cependant  de  le  constater  expressé- 
ment, en  déduisant  l'équation  de  l'hyperbole  de  cette  seule 
propriété.  Mais,  auparavant,  il  convient  de  simplifier  ici 
l'équation  naturelle  M'N'=MN,soit  pour  sa  discussion  directe, 
soit  pour  le  passage  à  l'équation  rectiligne,  en  la  remplaçant 
parla  relation,  évidemment  équivalente,  M'E=NB,  entre 
deux  longueurs  dont  la  direction  est  invariable,  et  que  déter- 
minent les  parallèles  menées  respectivement  de  M  et  M'  aux 
asymptotes  opposées.  Sous  cette  forme  mieux  appréciable,  cette 
définition  indique  d'abord  que  la  distance  M'E  du  point  décri- 
vant M'  à  la  droite  donnée  OX  peut  diminuer  autant  qu'on 
voudra,   sans  cependant  s'annuler  autrement  qu'à  l'infini. 


: 


386  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

comme  la  longueur  NB  elle-même,  à  mesure  que  la  transYer- 
sale  NN'  tend  vers  la  direction  OX  :  ainsi,  indépendamment 
de  toute  notion  antérieure,  le  lieu  cherché  doit  être  asympto* 
tique  à  chacune  des  deux  droites  fixes.  On  voit  aussi  que  le 
point  donné  M  en  doit  faire  partie,  en  considérant  la  trans- 
versale qui  y  aurait  son  milieu,  et  qui  dès  lors  y  deviendrait 
une  tangente,  d'après  la  coïncidence  spontanée  des  deux  points 
M  et  M'. 

Pour  transformer  cette  équation  naturelle,  H'E  «=>  NB,  en 
équation  rectiligne,  il  convient  de  diriger  les  axes  suivant  les 
deux  droites  fixes  OX  et  OY,  en  vertu  de  leur  asymptotisme. 
En  désignant  par  x  et  t/\  les  coordonnées  correspondantes  du 
point  variable  M',  et  par  a  et  6  celles  du  point  donné  M,  Téqua- 
tion  de  la  transversale  sera 

et  il  faudra  exprimer  que  la  valeur  dey — €  qui  y  correspond 
à  xt=iO  équivaut  constamment  à  f/\  On  trouve  ainsi  Téqua- 
lion  a:'y*=a6,  qui  annonce  évidemment  Thyperbole. 

En  considérant  directement  la  forme  que  doit  prendre  Téqua- 
tion  de  Thyperbole  par  rapport  à  ses  deux  asymptotes,  il  est 
aisé  de  prévoir,  comme  je  Tai  indiqué  au  n®  91,  qu'elle  con- 
tiendra seulement  le  terme  en  xy  et  le  terme  constant,  puisque 
les  deux  termes  propres  à  chaque  variable  doivent  à  la  fois  dis- 
paraître, d'après  Tasymptotisme  de  Taxe  correspondant.  Cette 
équation  xt/'^m^  indique  géométriquement  que  le  parallélo- 
gramme MPOB,  construit  sur  les  coordonnées  asymptotiques 
d'un  point  quelconque  M  de  l'hyperbole, a  une  aire  invariable: 
c'est  sous  cette  forme  que  les  anciens  connaissaient,  à  leur  ma- 
nière, cette  relation  nécessaire.  Si  Ton  considère  en  particulier 
le  losange  ainsi  formé  au  sommet,  et  dont  le  côté  équivaut  évi- 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   QUATRIÈME.  387 

demment,  d'après  les  notions  anlérieures,  &  la  demi-distance  du 
foyer  au  centre,  on  reconnaît  que  cette  constante  m  représente 
ici  la  demi-excentricité.  L'ensemble  de  ces  prévisions  est  aisé- 
ment conflrmé  par  Texécution  du  calcul  de  transposition  qui, 
en  partantde  l'équation  primitive,  ch/^^b^x^'^ — a*ô^,  relative 
aux  axes  de  Thyperbolé,  fournit,  par  rapport  aux  asjrmptotes, 

a*  +  è^ 
l'équation  oay  =  — -—  ,  suivant  les  formules  ordinaires 

;t  =  ic'  cos  X'  -f  y'  cos  Y',   y  =  rc'  siii  X'  +  y '  sin  Y', 
en  ayant  égard  aux  hypothèses  actuelles, 

tang  Y'=  -,    tangX'= . 

a  a 

Cette  équation  xy=^m^  serait  plus  propre  qu'aucune  autre, 
à  raison  de  sa  simplicité  supérieure,  à  l'étude  spéciale  de  la 
courbe,  si  les  axes  correspondants  étaient  rectangulaires  :  mais 
cela  n'a  lieu,  comme  on  sait,  que  pour  l'hyperbole  équUatère, 
dont  l'étude  particulière  ne  mérite  plus  aujourd'hui  une  atten- 
tion "séparée.  Envers  tout  autre  cas,  les  inconvénients  attachés 
à  l'obliquité  de  tels  axes  font  plus  que  compenser  ordinairement 
l'aptitude  algébrique  d'une  telle  équation,  sauf  envers  les  re- 
cherches géométriques  où  larectangularitédesaxesne  constitue 
aucun  avantage  important.  On  peut  remarquer  ici  cette  excep- 
tion au  sujet  des  tangentes,  dont  le  coefficient  angulaire,  ainsi 

devenu  —  —, ,  fournira  un  résultat  fort  simple  relativement  à  la 

X 

sous-tangente  correspondante,  maintenant  égale  à  l'abscisse 
asymptotique  du  point  de  contact.  Toutefois,  il  faut  recon- 
naître que  cette  notion  ne  constitue,  au  fond,  qu'une  consé- 
quence facile  du  théorème  des  transversales,  qui,  poussé  jusqu'à 
sa  limite,  indique  aussitôt  l'égalité  constante  des  deux  parties 
de  la  tangente  comprises  entre  le  point  de  contact  et  les  deux 


388  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

asymptotes  :  en  sorle  que  cette  propriété  caractéristique  de 
rhyperbole  y  fournit  spontanément  la  meilleure  solution  spé- 
ciale du  problème  des  tangentes.  Nous  allons  bientôt  apprécier, 
pour  la  question  plus  importante  des  quadratures,  Tavantage 
essentiel  que  présente,  à  certains  égards,  la  simplicité  supé- 
rieure de  Téquation  asymptotique  de  l'hyperbole. 

Le  judicieux  emploi  des  propriétés  relatives  aux  asymptotes 
rend  plus  facile  envers  Thyperbole  qu'envers  Tellipse  la  con- 
struction  finale  suivant  laquelle  on  détermine  graphiquement 
tous  les  éléments  géométriques  de  la  courbe,  d'après  une  por- 
tion quelconque  de  sa  circonférence.  On  commencera,  comme 
dans  Tellipse,  par  tracer,  à  Taide  de  deux  couples  distincts  de 
cordes  parallèles,  un  système  de  diamètres  conjugués,  dont  la 
longueur  se  trouvera  spontanément  connue  ainsi,  quant  à  celui 
qui  sera  transverse,  et  ensuite  aisément  assignable  pour  l'autre, 
à  Taide  d'un  des  points  de  Tare  donné,  selon  nos  explications 
antérieures.  Mais,  après  ce  préambule  graphique  commun  aux 
deux  courbes,  tout  le  reste  de  la  construction  pourra  prendre 
ici  une  marche  plys  simple  que  dans  Tellipse,  en  déterminant 
aussitôt  les  asymptotes,  parles  diagonales  du  parallélogramme 
correspondant  aux  deux  diamètres  obtenus.  Cela  posé,  la  di- 
rection des  axes  de  l'hyperbole  résultera  immédiatement  de  la 
bissection  des  deux  angles  asymptoliques,  et  la  longueur  de 
chacun  se  trouvera'flnalement  sous  plusieurs  formes  commodes, 
surtout  comme  moyen  proportionnel  entre  les  distances  d'un 
point  de  l'arc  aux  deux  asymptotes,  mesurées  parallèlement 
à  l'axe  cherché,  ou  entre  la  coordonnée  correspondante  de  ce 
point  et  celle  de  l'intersection  de  sa  tangente  avec  cet  axe,  etc., 
de  manière  à  fournir  aisément  divers  modes  de  vérification 
pour  l'ensemble  du  tracé. 

117.  Parmi  les  nombreux  problèmes,  déterminés  ou  indé- 
terminés, que  suggère  naturellement  la  théorie  de  l'hyperbole, 


OUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRÉ   QUATRIÈME,  389 

il  sufQra  d'en  choisir  ici  quelques-uns,  qui  permettront  au 
lecteur  de  multiplier  spontanément  ces  utiles  exercices. 

Considérons  d'abord  la  détermination  d'une  hyperbole  d'a- 
près une  asymptote  et  trois  points.  La  loi  des  transversales  y 
indique  aussitôt  une  commode  solution  graphique,  fondée  sur 
la  construction  préalable  de  la  seconde  asymptote,  dont  ce 
théorème  fournit  aisément  deux  points,  à  Taide  des  deux  cordes 
qui  joignent  l'un  des  points  donnés  aux  deux  autres,  prolon- 
gées d'abord  jusqu'à  l'asymptote  connue.  Quant  à  la  solution 
analytique,  on  la  simplifiera  beaucoup,  si  les  axes  sont  dispo- 
nibles, en  prenant  pour  axe  des  y  l'asymptote,  et  faisant  passer 
l'axe  des  x  par  deux  des  points  :  l'obliquité  de  tels  axes  n'ap- 
portera d'ailleurs  aucun  obstacle  à  cette  recherche,  d'après  la 
nature  des  conditions  proposées.  L'équation  del'hyperbolesera 
ainsi,  en  vertu  de  l'asymptotisme. 

En  ayant  égard  aux  abscisses  j:"  et  ^'"  des  deux  premiers  points 
donnés,  lesquelles  devront  devenir  les  racines  de  l'équation 
cx^+  ex  =  1,  et  formulant  ensuite  le  passage  à  l'autre  point 
x\  y\  on  obtiendra  finalement 


'  >-."  -^'ï' 


XX  x'x'  xyx'x 

D'après  ces  formules,  tous  les  cas  d'impossibilité  seront  né- 
cessairement de  nature  précise,  conformément  aux  indications 
géométriques  ;  elles  deviendraient  infinies,  si  x"  ou  a:'"  s'an- 
nulaient, ce  qui  placerait  l'un  des  deux  premiers  points  sur 
l'asymptote;  en  outre,  la  troisième  pourrait  l'être  aussi,  d'après 
l'annulation  de  x'  ou  y\  d'où  résulterait  la  situation  de  l'autre 
point  ou  pareillement  sur  l'asymptote  ou  en  ligne  droite  avec 
les  précédents.  On  doit  enfin  remarquer  le  cas  de  6  «a  o,  qui 


390  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

n^est  pas  plus  admissible  que  ceux-là  :  il  y  faut  considérer  le 
numérateur  comme  équivalent  au  produit  (ar' — x'')  (a:' — a:'"), 
en  sorte  que  cette  hypothèse  revient  à  x't=^x"  ou  x'  =  x"\ 
c'est-à-dire  que  Tune  des  deux  cordes  menées  du  dernier  point 
aux  deux  premiers  deviendrait  parallèle  à  Tasymptote  donnée. 
Les  analogues  graphiques  de  ces  divers  symptômes  d'impossi- 
bilité sont  faciles  à  apprécier. 

Supposons  maintenant  que  deux  des  points  qui  précèdent 
soient  remplacés  par  le  sommet.  En  le  considérant  comme  équi- 
distantdes  deux  asymptotes,Iaconstruction  restera  presqu'aussi 
facile  pour  trouver  d'abord  la  seconde  asymptote,  ainsi  tangente 
à  un  cercle  aisément  assignable,  et  passant  encore  en  un  point 
connu  :  seulement,  ce  tracé  signale  ici,  outre  les  cas  précis 
d'impossibilité  déjà  remarqués,  un  cas  vague  tenant  à  la  situa- 
tion de  ce  point  dans  ce  cercle.  La  solution  analytique  devra 
maintenant  faire  préférer  des  axes  rectangulaires,  Tasymptote 
et  sa  perpendiculaire  au  sommet.  En  partant  de  la  même 
équation  que  ci-dessus,  Tabscisse  d  de  ce  dernier  point,  et  les 
coordonnées  x\  y'  du  premier,  y  fourniront  d'abord  les  deux 
conditions 

qu'il  faudra  compléter  en  caractérisant  analytiquement  le  som- 
met. Pour  cela,  le  mode  le  mieux  en  harmonie  avec  l'ensemble 
de  la  question  actuelle,  consiste  à  exprimer  Téquidistance  aux 
deux  asymptotes,  comme  dans  la  solution  graphique.  Car,  ici, 
la  méthode  subsidiaire  conduit  aussitôt,  par  une  division  mo« 

nome,  à  l'équation  de  la  seconde  asymptote  y  =  —  -  x —  -j-, 

dont  la  distance  au  sommet  donné  fournit  aisément  la  troisième 
condition  cherchée  2crf  +  e*  =  6*cP.  Les  deux  premières  per- 
mettraient sans  difficulté  la  réduction  préalable  de  c  et  e  à  la 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE   QUATRIÈME.  391 

seule  inconnue  6,  dès  lors  déterminée  par  une  équation  du 
second  degré,  que  j'engage  le  lecteur  à  discuter. 

En  supprimant,  dans  cette  question,  le  second  point  donné 
x\  y\  elle  devient  indéterminée,  mais  suivant  la  juste  mesure 
que  comporte  la  recherche  des  lieux.  Proposons-nous  de  trouver 
celui  des  foyers.  Les  axes  précédents  restent  très-convenables, 
d'après  l'évidente  symétrie  d'un  tel  lieu.  Mais,  quoique  l'équa- 
tion ci-dessus  permît,  sans  doute,  suivant  nos  principes  géné- 
raux, ou  conformément  à  la  construction  spéciale,  l'introduc- 
tion du  foyer,  il  est  préférable  d'employer  un  autre  type 
analytique,  directement  fondé  sur  l'équation  focale 

Ty  —  ^*  +  (•r  —  «)'  =  {px  +  qy  +  r)«, 

où  les  conditions  d'asymptotisme  donneraient  d'abord  q=-\.y 
r=3 — 6,  pour  la  suppression  nécessaire  des  termes  en  y  seul. 
Ainsi  devenue,  comme  précédemment, 

^pxy  -f  (jo^  —  i)  ^2  +  ^  (a  —  joê;  X  =  «2, 

le  passage  au  sommet  donné  y  fournirait  une  première  condi- 
tion {p^ —  1)  rf3  +  2  (a  — p^)  d= a*,  qu'U resterait  à  compléter 
d'après  le  caractère  d'un  tel  point.  Parmi  les  divers  modes 
qu'il  comporte,  le  plus  simple  consisterait  ici  dans  la  rectangu- 
larité entre  la  tangente  correspondante  et  la  droite  qui  va  de  ce 

mm 

point  au  centre  a3=0,  y  =  6 .  Cette  seconde  relation  étant 

V 

une  foisformée,elle  permettrait  d'éliminer  p  à  l'aide  de  la  pre- 

^  (x d) 

mière,  de  manière  à  fournir  l'équation  cherchée  y^  =  -— ^ — -r- , 

par  un  calcul  dont  je  laisse  l'exécution  au  lecteur. 

La  définition  de  ce  lieu  indique  naturellement,  en  ayant 
égard  aux  notions  spéciales,  une  description  par  points,  qui 
conduirait  plus  simplement  à  l'équation  précédente,  et  qui 
d'ailleurs  annonce  déjà  la  figure  générale  d'une  telle  courbe* 


392  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

Car,  en  considérant  Pasympto te  donnée  comme  le  lieu  spontané 
du  centre,  chaque  position  C  de  ce  point  déterminerait  la  posi- 
tion correspondante  du  foyer  F  {fig,  76)  par  l'intersection  de  la 
droite  CD  qui  le  réunirait  au  sommet  fixe  D  avec  .un  cercle 
décrit  de  C  et  passant  en  E,  où  la  perpendiculaire  DE  à  Taxe  va- 
riable de  rhyperbole  coupe  Tasymptote  OY.  D'après  cela,quand 
cet  axe  CD  tend  vers  sa  limite  horizontale  OX,  l'ordonnée  FP, 
toujours  inférieure  à  DO  ou  d,  tend  à  lui  devenir  égale,  sui- 
vant la  constante  similitude  des  triangles  FDP  et  EOD,  dont 
les  hypoténuses  tendent  alors  vers  l'égalité.  Ainsi,  la  partie 
droite  de  la  courbe  cherchée  est  symétriquement  comprise 
entre  deux  asymptotes  horizontales,  BG  et  B'G',  menées  à  la 
distance  d  de  son  axe  OX.  Une  comparaison  analogue  montrera 
en  sens  inverse,  quecesasymptotesconviennentaussiàla  partie 
gauche,  correspondante  au  second  foyer  F',  dont  Tordonnée 
F'P'  décroîtra  simultanément,  en  tendant  vers  sa  limite  infé- 
férieure  d.  Si  maintenant  on  rapproche,  au  contraire,  Taxe  va- 
riable DC  de  sa  limite  verticale  DI,  on  voit  que  le  foyer  F 
tendra  vers  le  sommet  donné  D,  tandis  que  Tautre  foyer  s'a- 
vancera continuellement  vers  la  verticale  opposée  D'L',  qu'il 
ne  cessera  pourtant  de  dépasser  qu'à  Tinfini  ;  en  sorte  que  la 
seconde  portion  du  lieu,  interrompue  de  OY  à  rL',se  trouvera 
symétriquement  comprise  entre  des  asymptotes  rectangulaires. 
Le  lecteur  reconnaîtra  facilement  la  conformité  de  l'équation 
ci-dessus  obtenue  avec  la  figure  générale  que  notre  définition 
graphique  assigneainsià  cette  courbe  remarquable  dutroisième 
degré. 

En  renversant  la  question  précédente,  on  est  conduit  à  cher- 
cher le  lieu  des  sommets  de  toutes  les  hyperboles  ayant  une 
même  asymptote  et  un  foyer  commun. Si, par  un  motif  évident 
de  symétrie,  on  rapporte  encore  l'hyperbole  à  l'asymptote 
donnée  et  à  la  perpendiculaire  menée  du  foyer  donné,  sou 


QUATRIÈME   PARTIE,   CHAPITRE   QUATRIÈME.  393 

équation  sera,  d'après  le  type  focal,  et  eu  égard  à  Tasympto- 
tisme, 

d  désignant  la  distance  du  foyer  à  l'asymptote,  et  p  le  coeffi- 
cient variable  de  la  directrice.  On  introduira  ici  le  sommet 
comme  étant  à  la  fois  sur  Thyperbole  et  sur  la  perpendiculaire 

y=  -  (x— d),  menée  du  foyer  à  la  directrice;  ce  qui,  par  Té- 

limination  de  p^  conduira  aisément  à  Téquation  cherchée 

y*=-~ ^,  déjà  discutée  dans  la  troisième  partie  de  ce  traité. 

La  description  spéciale,  dont  cette  courbe  serait  encore  plus 
facilement  susceptible  que  la  précédente,  confirmerait  claire- 
ment la  forme  résultée  de  cette  équation,  qui  pourrait  d'ail- 
leurs être  ainsi  obtenue  très-simplement. 

Si,  dans  ce  dernier  problème,  on  remplaçait  le  foyer  donné 
par  une  directrice,  il  serait  superflu  de  chercher  aucun  des 
lieux  correspondants  ;  cai*,  la  théorie  de  la  similitude  indique 
d'avance,  envers  toutes  les  hyperboles  ayant  une  asymptote 
et  une  directrice  communes,  qu'il  n'en  pourra  jamais  ré- 
sulter que  des  lieux  rectilignes,  convergeant  tous  vers  l'inter- 
section de  ces  deux  droites. 

118.  Il  ne  nous  reste  plus  maintenant  à  considérer  l'hyper- 
bole que  relativement  à  sa  quadrature.  En  partant  de  l'équa- 


tion aux  axes  y  =  -^  a?—  a*,  la  mesure  du  segment  hyper- 
bolique ne  deviendrait  accessible  à  nos  méthodes  élémentaires 
que  sous  forme  de  série  :  seulement  on  aperçoit  aussitôt, 
comme  dans  l'ellipse,  d'après  le  principe  de  Wallis,  la  réduc- 
tion spontanée  du  cas  général  à  celui  de  lliyperbole  équila- 
tère,  dont  il  sera  dès  lors  permis  de  s'occuper  exclusivement, 
quoique  celte  simplification  n'offre  ici  aucun  avantage  impor- 

S3 


394  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

tant.  Mais,  en  considérant  Téquation  asymptotique  xy  =  m', 
on  peut  y  découvrir  une  loi  très-remarquable  pour  Taire  cor- 
respondante SDMP  {fig.  77),  comptée  du  sommet.  Si  Ton 
transporte  Torigine  en  D,  conformément  à  nos  habitudes  dç 

quadrature,  cette  équation  devient  y  «=  — -r— ,  et  le  dévelop- 
pement du  quotient  en  série,  donne  aisément 

t/s=m  —  OJH 5  +  etc. 

n  en  résulte,  pour  Taire  cherchée,  la  série  très-simple 

S        X       i(x\      i(x\^ 

où  Talgèbre  apprend  à  reconnaître  le  développement  du  loga- 

rithme  népérien  de  1  +  - .  On  trouve  ainsi  finalement,  en  re- 

venant  à    Tancienne    origine   des    abscisses,    la    formule 

S  =mV  ( -  ),  d'après  laquelle  ce  segment  hyperbolique,  d'où 

tout  autre  pourrait  dériver,  croît  comme  le  logarithme  du  rap- 
port de  ses  deux  abscisses  extrêmes. 

Cet  important  résultat  peut  être  essentiellement  confirmé, 
indépendamment  de  notre  théorie  générale  des  quadratures, 
par  une  appréciation  spéciale  de  la  somme  des  rectangles  élé- 
mentaires  qu*on  substituerait  d'abord  au  segment  SDMP,  en  y 
considérant  divers  points  intermédiaires  M',  M",  etc.,  dont 
nous  ne  fixons  pas  encore  la  répartition.  Sia:',y'etx",y",  etc., 
désignent  les  coordonnées  de  ces  sommets  auxiliaires,  les  rec- 
tangles successifs  auront  pour  mesure  r  =  y'  [x*  —  m), 
r'=y''{x"—x'),  r"=y'"  (a:"  —a:"),  etc.  En  y  rapportant  les 
ordonnées  aux  abscisses,  d'après  Téquation  ay  =  m*,  on  aura 
finalement 


QUATRIÈME   PARTIE,   CHAPITRE   QUATRIÈME.  39o 

r^my-^:),  r'=m«(l-|),    r"-m«(l-|;.),  etc. 

Or,  ces  expressions  montrent  que  tous  ces  rectangles  partiels 
deviendraient  équivalents,  en  faisant  croître  les  abscisses  in- 
termédiaires, ou  décroître  les  ordonnées  correspondantes,  en 
progression  géométrique,  comme  pour  notre  première  mé- 
thode élémentaire  de  quadrature,  quelle  que  fût  d'ailleurs  la 
raison  de  cette  progression.  Dans  une  telle  hypothèse,  un 
second  segment  hyperbolique  MPNQ  équivaudrait  nécessaire- 
ment au  premier,  si  son  ordonnée  finale  NQ  était  en  progres- 
sion géométrique  avec  les  ordonnées  extrêmes  SD  et  MP  de 
celui-ci  ;  puisqu'on  y  pourrait  ainsi  inscrire  un  pareil  nombre 
de  rectangles  égaux  à  ceux  de  la  série  primitive,  en  tant  que 
leurs  hauteurs  prolongeraient  la  même  progression,  la  relation 
constante  de  ces  deux  sommes  analogues  devant  d'ailleurs 
s'étendre   jusqu'à   leurs  limites  respectives.    L'aire   SDMP 
augmente  donc  enprogression  arithmétique,  quand  son  abscisse 
finale  OP  croît  en  progression  géométrique  ;  ce  qui  est  exac- 
tement conforme  à  la  loi  analytique  obtenue  ci-dessus,  suivant 
la  correspondance  fondamentale   entre  la  marche  des  loga- 
rithmes et  celle  des  nombres.  Toutefois,  cette  considération 
spéciale  est  moins  complète  que  notre  appréciation  générale, 
en  ce  que  la  loi  de  variation  des  aires  hyperboliques  n'y 
assigne  pas  la  mesure  propre   de   chaque  segment,   mais 
seulement  son  rapport  effectif  à  un  segment  initial,  dont  la  dé- 
termination resterait  alors  inaccomplie. 

On  voit  ainsi  comment  la  quadrature  de  l'hyperbole  ordi- 
naire,  que  nous  avons  vue,  au  n®  80,  échapper,  au  moins  di- 
rectement, à  la  règle  analytique  qui  convient  à  toutes  les 
autres  hyperboles,  est  assujettie  à  une  loi  distincte,  qui  rentre 
pourtant,  à  sa  manière,  dans  cette  commune  formule,  quand 
on  y  applique  les  moyens  propres  à  l'évaluation  des  symboles 


396  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

indéterminés.  Si  Ton  considère  ]*ensemble  de  Taire  hyperbo- 
lique, depuis  le  sommet  jusqu'à  Tune  ou  à  Tautre  asymptote, 
les  deux  démonstrations  précédentes  annoncent  pareillement 
que  ces  deux  aires,  actuellement  égales,  sont  toutes  deux  in- 
finies, soit  comme  proportionnelles  au  logarithme  d'un  nombre 
infiniment  grand,  soit  comme  augmentant  indéfiniment  par 
degrés  équivalents  ;  tandis  que,  envers  toute  hyperbole  d'un 
plus  haut  degré,  nous  avons  reconnu  que  Tune  d'elles  est  finie 
et  l'autre  infinie. 

Notre  théorie  des  quadratures  fournit  aisément  la  mesure 
des  volumes  résultés  de  la  rotation  de  l'hyperbole  autour  de 
chacun  de  ses  axes.  Si  l'on  considère  d'abord  l'hyperbololde 
discontinu,  produit  autour  de  l'axe  transverse,  il  faudra,  pour 
ne  pas  troubler  nos  habitudes  analytiques,  porter  l'origine  au 
sommet,  où  seulement  commence  le  segment  générateur,  en 

adoptant  l'équation  y'»  -  {x^-\-  2ax).  D'après  la  règle  ordi- 

(i  • 

naire,  qui  ramènera  cette  cubature  à  la  quddiature  d*une  para- 
fe*    fi  \ 

bole,  on  trouvera  ainsi  la  formule  V  =  ir  -,  a:'  -  a;  +a  ,  ana- 

a*     13  / 

logue  à  celle  du  segment  sphérique.  Quant  à  1  hyp^rbololde 
continu,  correspondant  à  la  révolution  de  la  courbe  autour  de 
son  axe  non  transverse,  on  pourra  conserver  l'équation  ordi- 
naire ah/* — ô*a:^= — a^ô*,  en  y  dégageant  x  au  lieu  d'y,  puis- 
que la  rotation  se  fait  maintenant  dans  l'autre  sens.  Le  résultat, 
dépendant  encore  de  la  quadrature  de  la  parabole,  sera  dès 

lorsV'=:^^'y(^y«H-è| 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  CINQUIÈME.  397 


CHAPITRE   V. 

Appréciation  des  courbes  du  second  degré  comme  sections  coniques. 

« 

119.  Après  avoir  suffisamment  étudié  les  principales  pro- 
priétés de  la  parabole,  de  Tellipse,  et  de  Thyperbole,  il  nous 
reste  à  considérer  ces  trois  courbes  sous  un  dernier  aspect  com- 
mun^ plus  propre  qu^aucun  autre  à  faire  nettement  saisir  l'en- 
semble de  leur  figure,  en  y  voyant,  suivant  la  notion  initiale 
des  anciens,  les  sections  d*un  cône  ou  d'un  cylindre  par  un 
plan  diversement  situé.  Toute  ligne  peut  être  envisagée,  d'une 
infinité  de  manières,  comme  Tintersection  de  deux  surfaces;  et, 
quand  celles-ci  peuvent  être  facilement  conçues,  en  tant  que 
résultant  du  mouvement  de  lignes  plus  simples,  aucune  des- 
cription directe  ne  peut  aussi  clairement  caractériser  la  forme 
d*une  courbe  qu'une  telle  pénétration  :  c'est  ainsi,  entre  autres, 
que  les  courbes  du  n^  22  sont  surtout  appréciables  à  titre  de 
sections  planes  d'un  tore.  En  partant  de  la  ligne  droite  et  du 
cercle,  naturellement  indiqués  dans  une  foule  de  phénomènes 
journaliers,  les  premières  courbes  régulières  que  l'esprit  hu- 
main ait  réellement  inventées  furent,  en  effet,  imaginées 
d'après  ce  mode,  quand  les  géomètres  grecs  pensèrent  à  com- 
biner entre  elles  les  plus  simples  surfaces  engendrées  par  ces 
deux  lignes  primordiales. 

S'il  s'agissait  ici  de  considérer,  en  général,  toutes  les  inter- 
sections  de  surfaces  propres  à  produire  les  courbes  du  second 
degré,  la  question  exigerait  nécessairement  la  géométrie  à  trois 
dimensions.  Mais,  devant  nous  borner  à  la  combinaison  la  plus 


398  GÉOMÉTRIE    PLANE. 

propre  à  perfectionner  l'étude  de  ces  lignes,  cette  appréciation 
complémentaire,  sans  appartenir  spontanément  à  la  géométrie 
plane,  y  peut  aisément  rentrer,  à  Taide  d*un  artifice  spécial, 
qui,  généralisé  autant  que  possible,  s'étendrait  également  aux 
sections  planes  de  toute  surface  de  révolution.  Nous  l'appli- 
querons seulement  au  cylindre  et  au  cône  considérés  en  géomé- 
trie élémentaire,  c'est-à-dire  à  la  fois  circulaires  et  droits,  et 
qui,  comme  on  sait,  deviennent  alors  exceptionnellement  les 
plus  simples  corps  ronds.  Quoique  le  premier  cas  soit  facile- 
ment compris  dans  le  second,  et  malgré  que  le  cylindre  ne 
puisse  fournir  que  Tune  de  nos  trois  courbes,  son  image  plus 
claire  encore  et  plus  familière  doit  nous  déterminer  à  l'envi- 
sager d'abord  distinctement. 

En  concevant  un  cylindre  engendré  par  une  droite  AN 
(fig,  78),  autour  d'un  axe  parallèle  IL,  les  sections  planes  de* 
cette  surface  sont  immédiatement  connues,  comme  envers  tout 
autre  corps  rond,  quand  elles  sont  perpendiculaires  à  l'axe  : 
or,  c'est  en  partant  de  tels  cercles,  que,  par  une  méthode  spé- 
ciale, on  peut  découvrir  la  nature  ou  former  l'équation  de  la 
coupe  qui  résulterait  d'un  plan  quelconque,  sans  sortir  réel- 
lement du  domaine  de  la  géométrie  à  deux  dimensions.  Quel 
que  soit  ce  plan,  la  section  sera  nécessairement  toujours  symé- 
trique autour  de  sa  trace  AB  sur  le  plan  qui  lui  serait  mené 
perpendiculairement  par  l'axe  de  la  surface  :  quant  au  cylindre 
en  particulier,  la  courbe  aura  d'ailleurs  pour  centre  évidentle 
point  où  son  plan  coupe  cet  axe.  Plaçons  donc  en  ce  point  l'ori- 
gine de  deux  axes  rectangulaires  situés  dans  le  plan  de  cette 
courbe,  et  dont  l'un  coïncide  avec  cette  trace.  Afin  de  trouver 
la  relation  d'une  abscisse  quelconque  OP  à  l'ordonnée  corres- 
pondante, il  suffit  de  mener  par  P,  perpendiculairement  à  l'axe 
du  oylindre,  un  plan  auxiliaire,  qui  coupera  la  surface  suivant 
uii  cercle  dont  CPD  sera  le  diamètre  :  dès  lors,  cetto  ordonnée, 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  GINQUlèHE.  399 

spontanément  commune  aux  deux  courbes,  fournira,  d'après 
la  seconde,  la  relation  constante  y^=PD  X  PC,  qu'on  peut  ici 
considérer  comme  relation  naturelle  de  la  section  oblique. 
Pour  en  déduire  l'équation  déflnitive,il  ne  reste  plus  qu'à  rap- 
porter les  facteurs  PD  et  PC  à  l'abscisse  OP  ou  a:,  à  l'aide  des 
constantes  du  problème,  qui  sont  le  rayon  r  du  cylindre  et  l'in- 
clinaison «  de  son  axe  sur  le  plan  coupant.  Or,  la  somme  de  ces 
deux  lignes  étant  connue,  tout  se  réduit  à  calculer  PD,  d'après 
le  triangle  PAD,  qui  donne 

PD=APsina=(AO — a;)sina=(  -: a;  jsina=r— xsina. 

\sma       / 

Il  en  résulte  aussitôt  l'équation  de  la  courbe  cherchée 

y^  +  x'^  sin*  a  =  r*. 

Cette  section  est  donc  toujours  une  ellipse,  dont  le  petit  axe 
équivaut  constamment  au  diamètre  du  cylindre,le  rapport  des 
axes  y  étant  égal  au  sinus  de  l'inclinaison  de  son  plan  sur  l'axe 
de  la  surface.  Tel  est  le  mode  le  plus  simple  d'après  lequel  on 
puisse  nettement  se  représenter  une  ellipse.On  voit  ainsi  que, 
sur  un  même  cylindre,  on  pourra  concevoir  des  ellipses  de 
toute  forme,  en  changeant  l'obliquité  des  coupes,  mais  non  de 
toute  grandeur.  L'excentricité  est  ici  égale  à  la  projection  OE 
du  demi-grand  axe  OA  sur  l'axe  du  cylindre  ;  ce  qui  permettra 
de  marquer  aisément  les  foyers. 

120.  Considérons  maintenant  le  cas  du  cône,  principal  objet 
de  ce  chapitre,  en  concevant  cette  surface  comme  engendrée 
par  la  rotation  d'une  droite  G'SG  invariablement  liée  à  l'axe 
fixe  CSC,  qu'elle  rencontre  toujours  en  S  :  chaque  cône  sera 
suffisamment  défini  par  l'angle  constant  6  de  cette  génératrice 
avec  cet  axe.  En  supposant  que  la  figure  79  soit  tracée  dans  le 
plan  mené  par  Taxe  du  cône  perpendiculairement  il  celui  de  la 
section  cherchée,  noua  rapporterons  cett^  conrbe  à  deux  axes 


400  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

rectangulaires,  dont  l'un  AX  coïncide,  de  même  qu'envers 
le  cylindre,  avec  Tintersection  de  ces  deux  plans  :  nous  pla- 
cerons d'ailleurs,  pour  plus  d'uniformité,  l'origijie  au  point  A, 
où  l'on  peut  aisément  constater  que  la  tangente  à  la  courbe  sera 
constamment  perpendiculaire  à  son  axe  géométrique  AX.Cela 
posé,  en  menant,  comme  ci-dessus,  par  l'extrémité  P  d'une 
abscisse  quelconque,  une  section  auxiliaire,  perpendiculaire- 
ment &  l'axe  de  la  surface, on  aura  pareillement  y«=aPD  X  PE; 
sauf  à  exprimer  en  x  ces  deux  facteurs  variables,  à  l'aide  des 
données,  linéaire  et  angulaire,  qui  définissent  le  plan  coupant, 
d'après  la  distance  dàxi  sommet  de  la  courbe  au  sommet  du 
cAne  et  l'inclinaison  a  de  son  axe  géométrique  sur  la  généra- 
trice SA.  Or,  le  triangle  APD  fournit  immédiatement  l'exprès- 

sion  de  PD  =  ar -•  Quant  à  PE,  on  le  rapportera  provisoire- 

cos6 

ment  à  PB  ou  AB  —  .r,  dans  le  triangle  PBE,  qui  donne 

PE  =  (AB  —  x)  ^     ,  en  évaluant  l'angle  B  d'après  le 

^  cos  o 

triangle  BAS  :  ce  dernier  triangle  permet  ensuite  d'éliminer 

AB  ==  -T — : — ^.  Il  en  résulte  finalement,  pour  la  courbe 

sm(a+6)  ^ 

cherchée,  l'équation 

,     sin a  sin (a 4- 26)    «      a.    .       ^       ^ 

V'H 3-s '  « —  2a  sma  tang6.ac  =  0. 

cos*  b 

La  section  d'un  cône  parun  plan  est  donc  toujours  une  courbe 
du  second  degré  :  c'est  en  cela  que  consiste  ici  notre  proposi- 
tion principale  ;  car,  d'après  cette  notion,  l'inspection  directe 
de  la  figure  permet  aisément  de  caractériser  les  situations  pro- 
pres à  fournir  successivement  la  parabole,  l'ellipse  et  l'hyper- 
bole. D'après  la  règle  analytique  ordinaire,  ces  trois  cas  cor- 
respondront à  a  +  26=  180°,  a  +  26  <  180°,  a  -f  26  >  180*  ; 
ce  qui  indique  le  plan  coupant,  soit  comme  parallèle  à  la  gé- 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  CINQUIÈME.  401 

nératrice  opposée,  soit  comme  la  rencontrant  au-dessous  du 
sommet  S,  soit  enfin  comme  la  rencontrant  au-dessus  de  ce 
point  :  on  voit,  en  effet,  que  le  lieu  sera  dès  lors  limité  d'un 
côté  et  illimité  de  Tautre,  ou  fermé  de  toutes  parts,  ou  enfin 
illimité  et  discontinu  entre  les  deux  nappes  du  cône.  En  con- 
cevant ainsi  les  trois  courbes  du  second  degré,  Tellipse  se  pré- 
sente d'abord  spontanément,  puis  la  parabole,  et  ensuite  l'hy- 
perbole, en  s'écartant  graduellement  de  la  section  perpendicu- 
laire à  Taxe,  qui  constitue  ici  le  point  de  départ  naturel  :  la 
situation  parabolique  devient  alors  la  commune  limite  des  si- 
tuations elliptiques  et  des  situations  hyperboliques.  Pour  les 
anciens,  qui  ne  considéraient  habituellement  que  des  sections 
perpendiculaires  aux  génératrices,  ces  trois  lignes  exigeaient 
chacune  un  cône  différent  :  la  parabole  correspondait  au  cône 
rectangle,  où  l'angle  des  génératrices  opposées  est  droit,  l'el- 
lipse au  cône  acutangle,  et  Thyperbole  au  cône  obtusangle. 

On  peut  envisager  Téquation  précédente  comme  représentant 
aussi  les  sections  cylindriques,  en  y  supposant  nul  l'angle  du 
cône  S  ;  mais  il  faut  alors  transformer  le  dernier  coeflicient, 
afin  d'éviter  l'indétermination  qu'y  produit  d'abord  l'hypothèse 
simultanée  de  d  infini,  en  remplaçant  cette  longueur  par  une 
autre  qui  doive  rester  finie,  telle  que  la  distance  r  du  sommet 
de  la  section  à  l'axe  de  la  surface,  laquelle  équivaut  à  d  sin  6. 
En  faisant  ensuite  6=0,  on  obtient  l'équation  y* -f  sin*  fx.x^ — 
2r  sin  a.x  =  0,  qui  ne  peut  plus  représenter  qu'une  ellipse, 
conformément  au  n*  précédent,  où  l'origine,  maintenant  au 
sommet,  était  au  centre. 

Quoique  l'artifice  employé  dans  ces  deux  cas  doive  être 
bientôt  remplacé  par  les  méthodes  générales  que  fournit 
spontanément  la  géométrie  à  trois  dimensions  pour  toutes  les 
intersections  de  surfaces  quelconques,  cependant,  comme  il 
est  toujours  utile,  au  moins  logiquement,  de  généraliser 


402  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

autant  que  possible  chaque  procédé  scientifique,  il  convient 
de  sentir  que  celui-ci  est  plus  étendu  qu'on  ne  le  suppose 
ordinairement  et  qu'il  devient  essentiellement  applicable  à 
tous  les  corps  ronds,  d'après  la  connaissance  préalable  de  leur 
courbe  méridienne.  Pour  s'en  mieux  convaincre,  le  lecteur 
devra  l'appliquer  à  quelque  autre  surface  de  révolution  suffi- 
samment simple,  en  étudiant  ainsi,  par  exemple,  les  sections 
planes  du  paraboloïde. 

121.  Afin  d'éclaircir  autant  que  possible  la  notion  des  courbes 
du  second  degré  comme  sections  coniques,  il  faut  maintenant 
retrouver  sur  le  c6ne  les  principaux  éléments  géométriques 
que  nous  a  successivement  offerts  l'étude  spéciale  de  chacune 
d'elles. 

Cette  appréciation  finale  est  d'abord  très-facile  envers  la 
parabole,  dont  l'équation  est  ici  y' =  4d  sin*  S.a:,  d'après 
l'hypothèse  caractéristique  a  4*2^  =  ^S^-  ^^  cette  expression 
de  son  paramètre,  on  peut  aisément  déduire  la  construction 
conique  de  son  foyer,  où  l'on  doit  ainsi  voir  la  projection,  sur 
Taxe  de  la  parabole,  de  la  projection  du  sommet  de  cette 
courbe  sur  l'axe  du  cône.  Il  en  résulte,  réciproquement,  un 
mode  fort  simple  pour  transporter,  sur  un  cône  donné,  une 
parabole  donnée  :  car,  en  y  regardant  la  distance  du  foyer  au 
sommet  comme  la  base  d'un  triangle  rectangle  dont  l'angle 
opposé  soit  égal  à  celui  du  cône,  l'hypoténuse  de  ce  triangle 
mesurerala  distance  du  sommet  de  la  parabole  àl'axe  du  cône, 
ce  qui  permettra  de  placer  facilement  la  section. 

Quant  à  l'ellipse,  on  déterminera  ses  axes  en  comparant 
l'équation  générale  du  n**  précédent  à  celle  de  cette  courbe 
rapportée  au  sommet. 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   CINQUIÈME.  403 

ce  qui  donne 

b^       sin  a  sin  (a  -f  2ê)      6* 

-,  = )-; -,     -  =  d  sm  a  tang  6. 

a^  cos*ê  a  ° 

De  la  combinaison  de  ces  deux  relations,  il  résulte  les  formules 


d  sin  6  cos  6 

sin  (a  +  2ey 


V  Sin  (a  4-  26) 


Lapremière  .indique  que  le  grand  axe  de  Tellipse  est  toujours 
la  droite  AB,  résultant  de  l'intersection  de  son  plan  avec  celui 
qui  lui  est  mené  perpendiculairement  par  Taxe  du  cône,  sui- 
vant les  évidentes  indications  du  sujet.  Quant  à  la  seconde, 
Tinterprétation  conique  en  est  moins  directe  ;  mais  il  est  aisé 
d'y  reconnaître  le  demi-petit  axe  comme  une  moyenne  propor- 
tionnelle entre  les  distances  des  deux  extrémités  A  et  B  du  grand 
axe  à  Taxe  du  cône.  En  combinant  convenablement  ces  deux 
déterminations^  on  en  déduirait  la  construction  conique  des 
foyers  :  mais  on  peut  aussi  l'obtenir  immédiatement  avec  plus 
desimplicité,  de  manière  à  mieux  éclaircir  l'ensemble  d'une 
telle  concordance.  Il  faut  remarquer  que,  d'après  ces  notions, 
la  distance  des  foyers  est  toujours  égale  à  la  partie  AN  ou  BR 
delà  génératrice  comprise  entre  les  deux  plans  perpendiculaires 
àPaxe  du  cône,  qui  circonscrivent  l'ellipse  considérée  ;  cette 
relation  résulte  d'un  théorème  élémentaire,  peu  connu  et 
d'ailleurs  peu  utile,  constituant  une  conséquence  indirecte  du 
théorème  de  Pythagore,  et  consistant  en  ce  que,  dans  tout 
trapèze  isocèle  tel  que  ANBR,  le  carré  de  la  diagonale  équi- 
vaut au  carré  du  côté  égal  plus  le  rectangle  des  côtés  inégaux. 
Si  donc  on  jporte  sur  AB,  de  part  et  d'autre  de  son  milieu,  la 
moitié  de  AN,  on  y  marquera  les  deux  foyers  de  l'ellipse. 

En  renversant  les  relations  précédentes,  il  devient  facile, 
réciproquement,  de  placer,  sur  un  cône  donné,  une  ellipse 


404  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

donnée.  Graphiquement,  on  peut  d*abord reproduire  aisément, 
dans  le  planderellipse,les  triangles  ANB  et  BRA,  en  prenant 
pourbase  commune  la  distance  entre  les  foyers,  et  pour  angle 
adjacent  le  complément  de  Tangle  du  cône  ou  le  supplément  de 
ce  complément,  le  côté  opposé  étant  d'ailleurs  égal  au  grand 
axe:  les  troisièmes  côtés  ainsi  obtenus  indiqueront  les  doubles 
des  distances  de  Taxe  du  cône  aux  deux  sommets  À  et  B  de 
Tellipse  proposée  ;  ce  qui  permettra  de  la  placer  facilement. 
Cette  construction  montre  la  question  comme  toujourspossible 
quels  que  soient  Tellipse  et  le  cône,  puisque  ces  triangles  ne 
pourront  jamais  offrir  le  cas  d'impossibilité,  le  côté  opposé  a 
^  Tangle  donné  y  étant  constamment  supérieur  au  côté  adjacent. 
Un  même  cône  quelconque  peut  donc  fournir  toutes  les  ellipses 
imaginables:  autour  d*un  sommet  fixe  A,  il  présentera  tous 
les  degrés  d'ellipticité,  en  y  faisant  varier  Tinclinaison  a,  de- 
puis la  direction  circulaire  du  plan  coupant  jusqu'à  sa  situation 
parabolique  :  ensuite,  pour  chacun  de  ces  degrés,  les  dimen- 
sions varieront  à  volonté  en  transportant  parallèlement  la 
section  à  une  distance  convenable  du  sommet  du  cône. 

Si,  au  lieu  d'accomplir  graphiquement  cette  double  déter- 
mination^ on  veut  l'opérer  algébriquement,  il  suffira  de  ren- 
verser les  deuxrelationsfondamentales,  en  y  concevant  donnés 
a  et  6,  afin  d'y  chercher  «  et  d.  La  seconde  inconni^e  résulte- 
rait aisément  de  la  première,  qu'il  s'agit  donc  de  dégager  dans 

i»x      *•      *  •            X4  •       sina  sin  («4-26)       ^*  ^    ,     . 
1  équation  trigonométrique ^- :  ==  -- .  On  la  sim- 

plifiera  beaucoup  en  y  transformant  le  numérateur,  d'après  un 

1 

théorème  connu,  en  -  (cos*  26—  cos2  («+  6)),  ce  qui  donnera 

z 

pour  l'angle  auxiliaire  2(a+6),  le  résultat  fort  simple 


cos 


2(a  +  6)  =  2cos^6^-^]\_l, 


QUATRIÈME  PARTIS,    CHAPITRE  CINQUIÉaCE.  408 

OÙ  l'on  peut  aisément  vérifier  U  constante  possibilité  de  la 
question,  cette  formule  ayant  toujours  une  valeur,  non-seu- 
lement réelle, mais  inférieure  à  Tunité,  suivant  les  conditions 
d'un  tel  mode. 

Considérons  enfin  le  cas  de  Thyperbole,  envers  laquelle  il 
est  facile  de  constater  d'abord  la  permanence  essentielle  de 
toutes  les  notions  précédentes  au  sujet  des  divers  éléments 
géométriques  qui  lui  sont  communs  avecTellipse,  c'est-à-dire 
les  deux  axes  et  l'excentricité.  La  seule  appréciation  spéciale 
qui  doive  icinousarrèter  concerne  les  asymptotes,  dont  il  im- 
porte de  sentir  nettement  l'interprétation  conique.  On  y  est 
naturellement  conduit,  soit  par  la  figure,  soit  d'après  l'équa- 
tion, en  remarquant  que  leur  inclinaison  sur  l'axe  transverse 
de  l'hyperbole  doit  être  la  même  pour  toutes  les  sections  pa- 
rallèles, qui,  géométriquement,  seront  toujours  semblables, 
ou,  analytiquement,  auront  des  axes  proportionnels.  Dès  lors, 
en  faisant  graduellement  rapprocher  le  plan  coupant  du  sommet 
du  cône^  sans  jamais  changer  sa  direction,  on  atteindra  finale- 
ment une  limite  où  la  situation  des  asymptotes  deviendra  irré- 
cusable^ quand  la  section  se  réduira  à  ces  droites,  d'après  le 
passage  du  plan  au  sommet.  Telle  est  donc  l'origine  conique 
des  asymptotes  de  l'hyperbole,  toujours  parallèles  aux  généra- 
trices suivant  lesquelles  le  cône  est  coupé  par  un  plan  mené 
de  son  sommet  parallèlement  à  celui  de  la  section.  On  peut 
d'ailleursvérifiercetteconstruction,  en  reconnaissant,  d'après 
la  formule  ordinaire  des  angles  trièdres,  que  chacune  de  ces 
génératrices  forme  avec  l'axe  de  l'hyperbole,  un  angle  égal 

b         i     j         " 
à  celui  dont  la  tangente  est  -  ou  — jl/  sin  a  sin  («  +  26)  :  car, 

a      cos6^  ^  '        ' 

en  considérant  l'angle  trièdre  dont  les  arêtes  seraient  ces  deux 
droites  et  l'axe  du  cône,  l'un  de  ses  angles  dièdres  se  trou- 
verait droit,  et  compris  entre  deux  faces,  dont  Tune  serait 


406  GÉOMÉTRIE   PLANE. 

6  -|-  a  — 180^,  et  Tautre  coDstitaerail  rinclinaison  cherchée  ^ ,  la 
troisième  face  étant  6  ;  il  en  résulterait  donc 

cos  6  =  cos  çp  cos  (6  -L  a  —  480*»), 

d'oùTon  conclut  une  expression  detang  ^  exactement  équiva- 
lente à  la  précédente. 

Suivant  ces  notions,  il  existe,  sur  chaque  cône,  une  limite 
nécessaire  pour  le  degré  d'ouverture  des  diverses  sortes  d'hy- 
perbole qu'on  y  peut  tracer,  puisque  Técartement  des  asymp- 
totes ne  sauraitainsi  excéder  jamais  celui  des  génératrices  op- 
posées :  rhyperbole  la  plus  ouverte  correspond  donc  toujours 
à  un  plan  parallèle  à  Taxe  du  cône  ;  en  sorte  que,  en  dépassant 
cette  situation  maximum,  Thyperbole,  au  lieu  de  s'éloigner 
davantage  de  la  figure  parabolique,  qui  avait  constitué  son 
point  de  départ,  s'en  rapprocherait  nécessairement.  Cette 
prévision  directe  est  pleinement  conforme  aux  conditions  de 
possibilité  qu'exige  alors  le  problème,  déjà  résolu  envers  l'el- 
lipse, consistant  à  placer,  sur  un  cône  donné,  une  courbe 
donnée.  En  effet,  dans  la  détermination  graphique,  les  triangles 
analogues  à  ANB  etBRA  ne  seront  plus  toujours  possibles,  puis- 
que le  côté  opposé  à  l'angle  connu  s'y  trouvera  maintenant  in- 
férieur au  côté  adjacent.  Lalimileauralieu  quand  ces  triangles 

deviendront  rectangles,  ce  qui  exige  cos  6  =  -,  d'où  tang  €«=»-; 

en  sorte  que  l'angle  du  cône  doit  être  au  moins  égal  au  demi- 
angle  des  asymptotes  de  l'hyperbole,  conformément  à  la  règle 
précédente.  La  solution  trigonométrique  reproduirait,  à  sa 
manière,  la  même  condition,  en  donnant  alors,  d'après  le 
changement  accoutumé  de  6'  en  —  6^  la  formule 

cos2(«  +  6)  =  2cos*6(l  +  -j  — 1, 


QUATRIÈME  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  407 

qui,  sans  cesser  d*ètre  réelle,  peut  maintenant  acquérir  une 

d 
valeur  supérieure  à  l'unité,  si  cos  6  y  excède  -. 

Telles  sont  les  diverses  notions  essentielles  relatives  àTap- 
préciation  spéciale  des  courbes  du  second  degré  comme  sections 
ducône  circulaire  droit.  Quoiqu'ilneconvienne plus  aujourd'hui 
de  reprendre,  de  ce  point  de  vue,  suivant  le  mode  antique, 
l'étude  entière  de  ces  lignes,  il  faut  cependant  y  remarquer  . 
l'origine  très-naturelle  de  plusieurs  déterminations  impor- 
tantes. Cela  est  surtout  sensible  pour  la  théorie  de  la  simili- 
tude, d'après  la  considération  élémentaire  de  la  constante  res- 
semblance géométrique  des  diverses  sections  parallèles  d'une 
pyramide,  et  par  suite  d'un  cône  :  il  en  résulte  aussitôt  que 
deux  paraboles  sont  constamment  semblables,  comme  pouvant 
toujours  se  placer  parallèlement  sur  un  même  cône;  au  con- 
traire^ deux  ellipses  ou  deux  hyperboles  ne  le  seront  qu'autant 
que  leurs  plans  pourront  ainsi  devenir  parallèles,  ce  qui, 
d'après  les  formules  précédentes,  exige  que  leurs  axes  soient 
proportionnels  ou  leurs  asymptotes  également  iaclinées.  On 
conçoit  aussi  que,  sous  cet  aspect  conique,  la  question  des 
tangentes  ne  saurait  jamais  offrir,  envers  ces  trois  courbes, 
aucune  autre  difficulté  réelle  que  celle  de  transformer  une 
construction  dans  l'espace  en  construction  plane  ;  puisque  la 
tangente  à  la  section  se  trouve  alors  déterminée  spontanément, 
en  chaque  point,  par  l'intersection  du  plan  de  la  courbe  avec 
le  plan  tangent  à  la  surface,  aisément  assignable  d'après  la 
tangente  correspondante  à  la  base  circulaire  du  cône. 

122.  La  destination  propre  à  ce  chapitre  complémentaire  a 
dû  nous  y  réduire  à  l'examen  du  cône  droit,  comme  étant  la 
plus  simple  surface  d'où  puissent  résulter  les  trois  courbes  du 
second  degré.  Mais  U  n'est  pas  inutile  de  remarquer,  en  termi- 
nant, que  l'artifice  adopté  conviendrait  aussi  au  cône  circulaire 


408  GÉOMÉTRIE  PLANE. 

oblique,  quoique  ce  ne  soit  plus  une  surface  de  révolution,  du 
moins  en  nous  bornant  à  y  considérer  des  sections  perpendicu- 
laires au  plan  principal  du  cône,  c'esUà-dire,  à  celui  mené 
par  Taxe  perpendiculairement  au  plan  de  la  base,  et  contenant 
dès  lors  les  deux  génératrices  maximum  et  minimum.  En  pro- 
cédant exactement  comme  ci-dessus,  on  y  trouvera,  pour 
Téquation  analogue  de  la  section  qui  fait  un  angle  a  avec  Tune 
de  ces  génératrices,  d  désignant  toujours  la  distance  de  son 
,  sommet  à  celui  du  cône, 

^     sin  a  sin  (y  +  S  —  a)    ,       ,  sin  a  sin  (y  -f  ô) 
sm  Y  sm  5  sm  y  sin  B 

le  cône  étant  alors  défini  d'après  les  deux  angles  distincts  y  et  S 
que  forment  ces  génératrices  extrêmes  avec  le  plan  de  la  base.  La 
conséquence  la  plus  intéressante  que  fournisse  maintenant  une 
telle  équation,  se  rapporte  à  la  détermination  des  sections  cir- 
culaires. On  y  voit  que,  pour  obtenir  un  cercle,  il  faut  supposer 
•  sin  a  sin  (y+^  —  «)=  sîû  y  sin  S;  d'oti  résultent  les  deux  solu- 
tions a  =  Y,  a  =  5,  dont  Tune  indique,  à  Tordinaire,  un  plan 
parallèle  à  la  base,  et  Tautre  correspond,  par  exception,  à  une 
certaine  section  oblique,  que  les  anciens  qualifiaient  judicieu- 
sement d' anti-parallèle  :cesdeux  directions  ne  sauraient  coïn- 
cider qu'autant  que  le  cône  deviendrait  droit. 

Cette  proposition  remarquable,  qu'il  convient  de  noter  ici  à 
raison  de  son  utilité  spéciale  en  plusieurs  occasions,  surtout  en 
géographie,  ne  constitue  d'ailleurs,  comme  on  le  reconnaîtra 
bientôt,  qu'un  simple  cas  particulier  de  la  propriété  générale 
d'après  laquelle  toutes  les  surfaces  du  second  degré,  à  l'excep- 
tion d'une  seule,  comportent  toujours  deux  sortes  de  sections 
circulaires,  dont  les  plans  ne  se  confondent  que  quand  la  sur- 
face est  de  révolution. 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE  SIXIÈME.  409 


CHAPITRE   VI. 

Application  générale  de  l'étude  des  courbes  planes  à  la  construction  des 

équations  déterminées. 

123.  En  terminant  Tétude  élémentaire  de  la  géométrie  plane, 
d'abord  générale,  puis  spéciale,  il  importe  de  caractériser 
sommairement  rapplicalion  naturelle  de  l'ensemble  des  notions 
ainsi  acquises  à  la  construction  des  équations  à  une  seule  in- 
connue. Au  début  de  ce  traité,  nous  avons  considéré  la  con- 
struction des  formules  proprement  dites  fournies  par  la  réso- 
lution des  équations,  et  consistant  dans  la  simple  substitution 
des  opérations  graphiques  aux  calculs  arithmétiques  indiqués 
pour  l'évalua tion  de  chaque  résultat.  11  s'agit  jnaintenant d'une 
transformation,  à  la  fois  plus  difficile  et  plus  importante,  où 
la  figure  doit  suppléer  à  l'ensemble  total  de  l'élaboration  abs- 
traite, soit  numérique,  soit  surtout  analytique,  d'une  équation 
qu'on  ne  saurait  résoudre,  et  dont  les  racines  réelles  seront 
pourtant  graphiquement  assignables.  Cette  utile  conversion,  si 
souvent  destinée  à  compenser,  quoique  incomplètement,  l'ex- 
trôme  imperfection  nécessaire  de  la  résolution  des  équations, 
consiste  à  concevoir  ces  racines  comme  les  abscisses  propres 
aux  intersections  de  deux  lignes  convenablement  choisies,  d'a- 
près deux  équations  à  deux  variables  susceptibles  de  reproduire 
l'équation  proposée  /  (ar)  =  0  par  l'élimination  de  la  variable 
auxiliaire  y.  Une  telle  condition  fondamentale  peut  être,  analy- 
tiquement,  remplie  d'une  infinité  de  manières  :  puisque,  au 
couple  quelconque  d'équations  qui  y  aurait  satisfait»  on  pour- 
rait toujours  en  substituer  beaucoup  d'autres  équivalents,  dus 

84 


4f0 

à  dfr-îx  combinAL^yn*  'i">:':::::irg,nva;^  l'AlH-rors  arbitraires,  de 
ces  AjaAtîoas  prim.*J-.«.Lesl  m^me  air*^  de  «en ûr  que  cette  io- 
d^tenninatlon  scL^l-t^rait  encore  aprH  avoir  choisi  àroIoDté 
Tnne  des  d^ox  ^'ja*Jjii5  an\i.:aire5  »  >.  y  ==0:  car,  3 
$iif!:rait,  par  exemple,  de  prendre  l'autre  saiTant  le  type 
^(jr,y,  l  x,y)—fz  =0.  où  le  second  facteur  l\x.  y)  désigne 
une  fonction  loot  à  fait  quelconque:  sans  «^e  ce  mode  analr- 
tique  soit,  à  cet  égard,  le  plus  complet,  il  est  assez  étendu 
pour  faire  ici  hautement  ressortir  l'extrême  di Tersité  des  sys- 
tèmes de  construction  propres  à  chaque  cas.  Sous  l'aspect  géo- 
métriqae,  cette  variété  est  encore  mieux  évidente  ;  outre  la 
faculté  de  combiner  le»  abscisses  chercht^es  avec  des  ordonnées 
arbitraires,  il  est  clair  surtout  que,  aprf^  avoir  fixé  les  inter- 
sections proposées,  on  y  peut  faire  passer,  d'une  infinité  de 
manières,  toutes  les  sortes  de  lignes  qui  exigent  un  pins  grand 
nombre  de  points  pour  leur  détermination. 
Cette  double  a  ppréc  iation  indique  suffisamment  que  toute  la  dif- 
fie  ul  té  de  ces  constructions  consiste  essentiellement  à  y  employer 
les  lignes  les  plus  convenables  au  but  que  Ton  se  propose.  Si, 
comme  il  arrive  souvent,  la  figure  n*est  introduite  qu'à  titre  d'ar- 
tifice logique,  ce  qui  constitue,  au  fond,  la  haute  utilité  d*ttne 
telle  transformation,  on  tiendra  moins  à  simplifier  son  tracé 
effectif  qu'àrendre  sa  conception  plus  directe  et  plus  spontanée. 
Dansce  dessein,  le  meilleurmode  consiste  ordinairement  à  com- 
biner une  ligne  droite  avec  la  courbecorrespondante  à  Téquation 
donnée,  en  considérant,  par  exemple,  suivant  la  forme  la  plus 
usitée,  les  racines  réelles  de  /(x)  =0  comme  les  abscisses  des 
points  où  la  courbe  y=  f{x)  rencontre  Taxe  des  or.  Mais,  quoi- 
que ce  mode  soit  constamment  le  plus  naturel,  il  faudra  presque 
toujours  récarter  quand,  au  contraire,  il  s'agira  d'utiliser  fina- 
lement la  figure  dans  la  détermination  effective  des  racines 
considérées:  on  préfère  alors  compliquer  un  peu  Tune  des  deux 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  411 

lignes  introduites  afin  de  pouvoir  davantage  simplifier  Tautre, 
suivant  une  loi  de  compensation  nécessaire  ci-après  expliquée. 
124.  Pour  apprécier  convenablement  cette  application  fon- 
damentale de  Tensemble  de  la  géométrie  plane,  il  importe  de 
la  concevoir  habituellement  comme  également  convenable  à 
tous  les  genres  possibles  d'équations  déterminées,  aussi  bien 
transcendantes  qu'algébriques.  Soit  à  construire,  par  exemple, 
Téquation  x  tang  a:  =  l.  Au  lieu  du  mode  naturel,  qui  exige- 
raitla  considération  d'une  courbe  trop  compliquée  y =a;  tang  x, 
on  pourra  d'abord  combiner  la  courbe  trigonométrique,  facile 
à  concevoii*,  y  =  tang  a:,  avec  Thyberbole  équilatère  xy  ^=i. 
Mais  un  peu  de  réflexion  fait  aisément  sentir  que  cette  dernière 
courbe  pourrait  être  remplacée  par  une  simple  ligne  droite, 
sans  que  la  première  devînt  réellement  plus  difficile  à  tracer  : 

1 

car,  il  suffirait  de  considérer  la  courbe  y  =  ,  =  cot  a; 

tang  X 

comme  coupée  par  la  bissectrice  y  =  a:;  or,  cette  courbe  n'est 

autre,  au  fond,  que  la  précédente,  déplacée  horizontalement 

de  -,  et  tournée  en  sens  contraire.  Une  telle  ligne  étant  compo- 

séed'une  infinité  de  filets  identiques,  comprischacun  entre  deux 
asymptotes  verticales,  et  dont  les  centres  ou  infiexionsse  succè- 
dent, à  intervalles  égaux,  sur  l'axe  horizontal,  la  figure  indi- 
quera nettement  une  infinité  de  racines  réelles,  tendant  de  plus 
en  plus  à  se  confondre  avec  les  abscisses  des  asymptotes  voisines, 
conformément  à  la  discussion  abstraite  de  l'équation  proposée. 
Considérons  encore,  dans  l'autre  classe  des  équations  trans- 
cendantes, le  cas  fort  simple  x  log  x  «=  a*.  Ici  le  mode  le  plus 
convenable  consistera  à  combiner  la  logarithmique  y  =  log  x 
avec  l'hyperbole  xy^^a^  ;  si  on  remplaçait,  comme  ci-dessus, 
cette  dernière  courbe  par  la  droite  y=a;,  on  serait  alors  forcé 

d'employer  la  courbe  transcendante  y  =  ; ,  dont  la  com- 

'^    *  ''       \ogx 


412 


f; •>»;«.  il  5*ra  fi-tC^  i*  rçcoiiraître  ç:ie  l'^patoa  proposée 
adîT^frl  »:ie  =^.*Ie  ra^Li^  r^Ile. 

S<.lt  «rLin  Tr-— aiion  x-r  &iax=^.  Le  meCeor  mode  y 
c</nr]i-Urra  ^viienim*-::!  à  coaper  la  co:;rbi?  des  sinus yss^sm  x^ 
ton»yM.^  d'une  ïiLzl\^  doncTilalions  égales  et  altematiTes, 
dont  !€^  c^otnrs  ou  ii:!!euoas  sont  éqiûdbtaiits,  par  la  drnte 
y  as  a  —  x,  parallèle  à  !a  s^tondebissectrice,  et  ^déterminera 
ordiriaîrement  une  5eu>  iclersection  de  part  oo  d'antre  de  Taxe 
horizontal,  saaf  le  cas  du  contact,  qol  ne  pourrait  aroir  liea 
qu'autant  que  ie  terme  donné  a  serait  on  multiple  impair  dex. 
Cette  dernière  appréciation  résulte  aisément  de  la  considération 
spéciale  de  la  tangente  à  rorigine,  évidemment  confondue  ici 
arec  la  première  bissectrice,  d'après  la  limite  naturelle  du  rap- 
port-. 

125.  Envers  les  équations  algébriques  proprement  dites,  les 
différents  svstèmes  de  construction  sont  nécessairement  assu- 
jettis  à  une  condition  fondamentale  qu*il  importe  de  connaître, 
d'après  le  théorème  d'algèbre  qui  assigne,  comme  limite  supé- 
rieure du  degré  de  Téquation  finale,  le  produit  des  degrés  des 
équations  à  deux  inconnues  entre  lesquelles  s*accomplit  Télimi- 
nation.  Suivant  cette  notion  générale,  les  degrés  des  deux  lignes 
employées  à  construire  chaque  équation  déterminée  doivent 
donc  former  toujours  un  produit  au  moins  égal  au  degré  de 
celle-ci.  Par  conséquent,  si  l'une  de  ces  lignes  est  droite, 
Tautre  sera  nécessairement  du  même  degré  au  moins  quePéqua- 
iion  proposée.  G*est  pourquoi,  afin  d'obtenir  une  simplification 
moyenne,  à  peu  près  équivalente  à  Tégnrd  des  deux  Ugnes 
introduites,  on  doit  communément  préférer,  quand  il  s'agit 
d'une  construction  effective,  d'élever  le  degré  de  l'une  pour 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  413 

pouvoir  abaisser  celui  de  l'autre.  Appliquons  maintenant  ces 
notions  générales  aux  équations  des  quatre  premiers  degrés. 

Dans  le  premier,  les  deux  lignes  peuvent  évidemment,  sui- 
vant cette  loi,  être  de  simples  droites,  et  ce  cas  correspond,  en 
effet,  à  la  construction  des  formules  rationnelles,  d'ailleurs 
entières  ou  fractionnaires,  toujours  réductible  à  un  certain  as- 
semblage de  quatrièmes  proportionnelles,  suivant  les  explica- 
tions spéciales  du  n^  15. 

Quant  à  l'équation  du  second  degré  j:^+/}a:-fy=i=0,  l'une 
des  deuxlignes  devra  nécessairement  cesser  d'être  droite,  etde- 
venir  au  moins  une  section  conique.  Le  mode  le  plus  naturel 
consisterait  à  combiner  la  parabole  y=x^-{-px  avec  l'horizon- 
tale y  s=  —  y.  Mais  cette  courbe  peut  être  aisément  remplacée 
par  un  cercle,  que  couperait  l'axe  des  x.  Car,  en  faisant  2/=0 
dans  l'équation  générale  du  cercle  [x  —  a)*+(y— ê)*  =  r^,  elle 
devientx^— 2«ar+(a'+6*— r*)  =  0,  de  manière  à  pouvoir  re- 
présenter, d^une  infinité  de  manières,  toute  équation  du  second 

i  /ï 

degré,  en  posant  «  =  —  -p,  r=  V/sP*'~î'*"^'^  restant 

arbitraire,  et  pouvant  toujours  rendre  r  réel.  Si  l'on  place  le 
centre  sur  l'axe  horizontal,  la  construction  reproduit  spontané- 
ment la  formule  algébrique  ordinaire,  pour  le  cas  des  racines 
réelles. 

Considérons maintenantles  équations  du  troisième  et  du  qua- 
trième degré,  qui,  suivant  la  remarque  initiale  de  Descartes, 
peuvent,  sous  cetaspect,  être  simultanément  appréciées,  comme 
exigeant  naturellement  les  mêmes  moyens  graphiques.  On  ne 
pourra  plus  les  construire  par  la  combinaison  d'une  droite  et 
d'un  cercle,  ni  par  celle  de  deux  cercles^  qui,  d'après  une  ex- 
ception spéciale  fondée  sur  la  nature  algébrique  des  équations 
circulaires,  n'a  pas,  au  fond,  plus  d'étendue  analytique,  puisque 
la  soustraction  de  deux  équations  de  ce  genre  en  fournit  une  du 


fli  GÉOMtTBŒ   P1A5E. 

premier  de?r*^.  Le  mode  le  plus  simple  coosistera  donc  ici  dans 
Tinte rs^cUoD  de  denx  sections  coni«pes.  dont  Tone  poorra  être 
pri?e  arbitrairement.  Soit  l'éqnation  jc*— /wr*-»-çx=r.  On 
Y  pent  employer,  par  exemple,  la  parabole  x^^^y,  et  l'hyper- 
bole «îf  —  />y  ~  çx  =  r,  ou  l'hyperbole  plus  compliquée 
xt/  —  pj^  ^qx=^T\  en  ajoutant  ou  retranchant  entre  eUes  les 
deux  équations  primitives,  ou  leurs  multiples  quelconques,  on 
pourra  d^ailleurs  substituer  à  ces  courbes  une  infinité  d^autres 
couples  de  sections  coniques.  Il  en  serait  de  m^me  pour  Téqua- 
tion  du  quatrième  degré  x*  —  />x*  —  yx*  j^tx^=^s^  où,  en  po- 
sant d'abord  x*=y,  on  aurait  ensuite  y'  t  pxy-rçy  ■\'  rx^^s 
ou  y^-^pyx-^  qa^-^  rx=^s. 

126.  A  regard  des  équations  du  troisième  et  du  quatrième 
degré,  il  faut  maintenant  apprécier  spécialement  le  mode  très- 
remarquable  suivant  lequel  Descartes  a  finalement  constitué 
leur  construction  effective,  en  montrant  que,  du  moins  après 
quelques  préparations  faciles,  elle  peut  toujours  résulter  de  la 
combinaison  d'une  parabole  donnée  avec  un  cercle  convenable- 
ment choisi,  de  manière  à  dépendre  du  tracé  le  plus  praticable 
que  puisse,  évidemment,  comporter  un  pareil  cas.  Cette  expli- 
cation n'est  directement  relative  qu'aux  équations  du  quatrième 
degré  :  mais  il  sera  facile  ensuite  d'y  ramener  constamment 
celles  du  troisième,  en  y  introduisant  artificiellement  un  nou- 
veau facteur  arbitraire  x — a,  qu'on  prend  communément  égal 
à  X,  pour  plus  de  simplicité  :  Tinlersection  factice  ainsi  sura- 
joutée devra  être  soigneusemonl  écartée  delà  figure  défiinilive. 

Soitdoncseiilementàconstruire,  de  cette  manière,  Téquation 

00*  +  px^  4-  yx*  -{-rx  =  s. 

Comme  la  généralité  du  mode  proposé  ne  doit  évidemment, 
dépendre  que  de  la  disposition  relative  des  deux  courbes,  et 
non  de  la  situation  de  chacune  envers  les  axes  coordonnés,  on 


QUATRIÈME  PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  415 

pourra  toujours  adopter  la  forme  la  plus  simple  de  Téquatiou 
parabolique,  pourvu  que  Téquation  circulaire  reste  pleine- 
ment générale.  Toutefois,  il  faut  remarquer  que  la  parabole 
doit  pouvoir  s'étendre  horizontalement  dans  les  deux  sens,  afin 
que  toutes  les  racines  réelles  de  Téquation  proposée  puissent 
être  pareillement  construites,  quel  que  soit  leur  signe.  Il 
faudra  donc  employer,  pour  Téquation  parabolique,  la  nota- 
tion inusitée  x^  =  my.  Sa  combinaison  avec  le  type  circu- 
laire {x  —  a)^-i-  (y —  6)'e=  R*  fournit  l'équation  finale 

Or,  en  la  confrontant  à  la  proposée,  on  reconnaît  aussitôt  que 
leur  identification  ne  saurait  devenir  possible  tant  que  celle-ci 
contient  le  terme  en  x*,  qui  manque  à  Vautre.  Ce  mode  gra- 
phique exige  donc  une  certaine  préparation  algébrique,  d'ail- 
leurs peu  gênante,  consistant  à  faire  d'abord  disparaître  ce 

terme,  par  le  changement  de  a;  en  a: —  -,  qui  équivaut  géomé- 

4 

triquement  à  déplacer  Torigine  de  -  vers  la  gauche.. Ainsi,  la 

construction  relative  à  l'équation  convenablement  préparée 
conviendra  aussi  à  l'équation  primitive,  à  l'aide  d'un  égal  dé- 
placement inverse  de  l'origine  correspondante. 

En  supposant  maintenant  que  l'équation  proposée  soit  déjà 
privée  de  son  second  terme, la  comparaison  précédente  donne, 
pour  les  éléments  géométriques  du  cercle  cherché,  les  formules 

^'^ï'^-h" i'  ^^h^  »-+»,'(»««-  ?)»+4m«s. 

Les  coordonnées  du  centre  resteront  toujours  réelles  et  finies, 
quelque  soit  m  :  le  rayon  pourral'être  aussi,  quand  même  s  serait 
négatif,  sans  qu'il  en  résulte,  pour  ce  paramètre,  aucune  autre 
restriction  que  celle  relative  à  une  certaine  limite  inférieure.  A. 


iA  ;  î  .  iiiriTB.  »i.-'-T 


«  *  *  * 


Ik/?'!  «Î*:  U  p>j*  f>rL.':/>  partie  decLiiue  constracti^i  puticu- 
li*:?^  p4f  l'^rp^fonD^r  Litro^-GcûoL  d'^irie  seule  panb>>le  soi^nea- 
mffif'.ui  ex^/:»jl^e  d'avance,  et  qai.  diversement  combinée  arec 
iâ:%  CHtclh^  e</ri>eaables.  poorralt  ér^ilement  convenir  à  tontes 
h:%  ^'inHi\oTi%  hucce<^sive§  du  troisième  ou  du  quatrième  degré. 
L'irit^rM^clion  d<^  deux  courbes  aura  lieu  habitneliement  en 
un  ou  deux  couples  de  points,  ou  sera  totalement  impossible. 
On  trojj(  ca»,  pareîHement  normaux,  seront  séparés  par  deux 
•^;rie«  de  cas  exceptionnels  relatifs  au  contact,  et  comportant 
une  i^fule  rencontre  ou  trois.  Il  est  aisé  de  sentir  la  concor- 
dance f(pontanée  de  ces  diverses  indications  géométriques  avec 
la  notion  algébrique  sur  la  conjugaison  nécessaire  des  racines 
imaginaires. 

Appliquons,  par  exemple,  ce  mode  spécial  à  Téquation  de  la 

tri»^;ction  de  Tangle  x* —  i  «  +  -  =  0,  où  ft  désigne  le  sinus  de 

4         4 

l'nngle  donné,  et  x  celui  de  son  tiers.  En  relevant  au  quatrième 

(ii'^ri*,  pftr  rinlroduclion  du  facteur  x,  la  réduction  préalable 


QUATRIÈME   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  417 

s'y  trouve  spontanément  établie,  et  les  coordonnées  du  centre 

7  b 

du  cercle  sont  6=-,  a  =  —  -,  si  Ton  prend  le  paramètre  de  la 

8  o 

parabole  égal  à  Tunité, c'est-à-dire  au  rayon  trigonométrique. 
Envers  une  parabole  tracée  d'avance,  cette  relation  servira, 
au  contraire,  à  ajuster  convenablement  ce  rayon,  et,  par  suite, 
la  ligne  donnée  i,  d'après  le  mode  que  j'ai  expliqué  en  son  lieu 
pour  la  détermination  graphique  de  ce  paramètre. 

Soit  encore  Téquation  très-simple  x'  =  2a^,  qui  se  rapporte 
directement  au  problème  de  la  duplication  du  cube.  La  prépa- 
ration algébrique  y  est  pareillement  spontanée,  et  Ton  trouve 

1  a' 

alors  6  =  -  7w,  a  =  —  ;  en  sorte  que  le  cercle  sera  très-facile  à 

construire,  môme  en  laissant  m  quelconque  par  rapport  à  a. 
En  multipliant  de  tels  exercices,  le  lecteur  devra  s'attacher, 
soit  ày  comparer  judicieusement  ce  mode  spécial  avec  les  divers 
autres  systèmes  graphiques,  soit  aussi  à  y  faire  sufflsamment 
concorder  les  indications  particulières  de  la  figure  avec  celles 
que  fournit  directement  l'appréciation  algébrique  de  chaque 
cas.  Sous  ce  dernier  aspect,  il  serait  aisé,  par  exemple,  de  con- 
stater, envers  les  deux  équations  précédentes,  que  la  construc- 
tion y  confirme  l'existence  nécessaire  de  trois  racines  réelles 
dans  la  première,  et  de  deux  racines  imaginaires  dans  la  se- 
conde, quelles  que  soient  les  données  respectives. 


GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE 


A    TROIS    DIMENSIONS. 


PREMIÈRE    PARTIE. 


INTRODUCTION  QÉNÉKALB. 


CHAPITRE    PREMIER. 

Notions  fondamentales. 

127.  Notre  élude  élémentaire  de  la  géométrie  analytique  n'en 
caractériserait  point  suffisamment  le  véritable  esprit  fonda- 
mental, sinous  ne  consacrions  pas  lalîn  de  ce  traité  à  apprécier 
sommairement  son  indispensable  extension  à  la  théorie  générale 
des  surfaces  courbes,  en  tant  qu'elle  reste  accessible  à  l'analyse 
ordinaire.  Outre  sa  propre  importance  scientifique,  ce  dernier 
ordre  de  conceptions  doit  exercer  spontanément  une  heureuse 
réaction  logique  sur  l'ensemble  de  la  géométrie  plane,  dontles 
principales  notions,  ainsi  considérées  finalement  d'un  point  de 
vue  supérieur,  deviendront  à  la  fois  plus  simples  et  plus  systé- 
matiques. Quoique  cette  étude  des  surfaces  n'ait  été  méthodi- 
quementinstituéeque  depuisun  siècle  environ,  et  qu'elle  doive 
ôtre jusqu'ici  beaucoup  moins  développée  que  celle  des  lignes; 
elle  constitue  évidemment,  par  sa  nature,  un  sujet  bien  plus 


420  GÉOMÉTRIE   DANS  L*ESPAGE. 

vaste  en  même  temps  que  plus  difficile,  puisque  les  surfaces 
comportent  nécessairement  plus  de  variété  que  les  lignes. 
Celles-ci,  en  effet,  résultant  du  mouvement  d'un  simple  point, 
ne  peuvent  différer  entre  elles  que  par  la  loi  d'un  tel  déplace- 
ment; tandis  que,  outre  cette  source  de  diversité,  qui  alors 
devient  même  plus  étendue,  les  surfaces  se  distinguent  surtout 
les  unes  des  autres  d'après  la  nature  des  lignes  génératrices. 
Hais  l'essor  plus  récent  de  cette  partie  de  la  géométrie,  sous 
l'accomplissementessentiel  de  lagranderénovation  cartésienne, 
a  dû  d'abord  y  faire  ordinairement  prévaloir  de  meilleures  ha- 
bitudes logiques,  et  y  restreindre  aussi  les  études  actuelles  aux 
spéculations  les  plus  générales  ;  en  sorte  que,  malgré  sa  com- 
plication et  sa  fécondité  supérieures,  nous  pourrons  ici  la  ca- 
ractériser suffisamment  à  l'aide  d'un  développement  beaucoup 
moindre  que  celui  qu'a  exigé  la  géométrie  plane.  Ses  concep- 
tions ne  constituent  d'ailleurs,  à  divers  égards,  qu'une  simple 
extension  de  celles  qui  sont  propres  à  la  théorie  des  lignes  ;  or, 
notre  exposition  en  ayant  fait  directement  ressortir  l'esprit 
général,  le  lecteur  n'éprouvera  aucune  grave  difQculté  à  les 
modifier  spontanément  d'après  cette  nouvelle  destination.  Ainsi, 
en  vertu  des  avantages  inhérents  au  plan  qui  caractérise  ce 
traité,  cette  dernière  étude  géométrique  y  devient  naturelle- 
ment susceptible  d'une  forte  condensation,  en  nous  bornant  à 
y  indiquer  rapidement  tout  ce  qui  est  essentiellement  analogue 
aux  notions  déjà  établies,  et  réservant  nos  explications  spé- 
ciales pour  les  seules  considérations  qui  soient  vraiment  pro- 
pres à  la  géométrie  à  trois  dimensions. 

Quoiquela  théorie  des  surfaces  constitue  son  principal  objet, 
elle  est  aussi  destinée  nécessairement  à  compléter  et  à  généra- 
liser la  théorie  des  lignes,  que  nous  avons  dû  réduire  jusqu'ici 
aux  courbes  planes.  Or,  l'importance  et  la  simplicité  de  cescas 
ne  doivent  pas  empêcher  de  reconnaître  combien  il  est  parti- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREIHER.  421 

culier  dans  l'ensemble  total  des  figures  curvilignes.  Car,  si  les 
courbes  cylindriques,  par  exemple,  étaient  étudiées  aussi  spé- 
cialement que  celles  qu'on  peut  tracer  sur  un  plan,  elles 
offriraient  certainement  autant  de  diversité  au  moins  :  il  en 
serait  de  même  parmi  les  courbes  coniques,  ou  sphériques,etc. 
Toutes  ces  formes  si  variées  restent  encore  enveloppées  sous 
la  commune  dénomination  de  courbes  à  double  courbure^  rela- 
tive au  caractère  fondamental  qui  les  sépare  des  courbes 
planes  :  en  partant  de  Tétat  rectiligne  d'un  fil  parfaitement 
flexible  en  tous  sens,  celles-ci  résulteront  d'une  simple  flexion 
proprement  dite,  laissant  tous  les  éléments  du  fil  dans  un 
même  plan;  tandis  que  les  autres,  s'écartant  davantage  de  la 
figure  initiale  exigeront,  en  outre,  une  véritable  torsion^ 
changeant,  en  chaque  point,  la  direction  du  plan  de  deux 
éléments  consécutifs.  Malgré  que  l'usage  de  ce  terme  expressif 
tende  habituellement  à  dissimuler  l'extrême  diversité  naturelle 
des  lignes  correspondantes,  on  sent  néanmoins  qu'il  existe 
nécessairement  parmi  elles  bien  plus  de  variété  qu'entre  les 
courbes  planes,  quoique  les  géomètres  s'en  soient  jusqu'ici 
beaucoup  moins  occupés.  L'étude  même  des  lignes  ne  saurait 
donc  acquérir,  en  géométrie  plane,  toute  la  plénitude  et  la 
généralité  convenables,  outre  que  les  seules  figures  qu'on  y 
considère  ne  peuvent  d'ailleurs  y  être  envisagées  dans  leurs 
plus  vastes  relations  mutuelles.  Néanmoins,  l'appréciation  des 
courbes  n'est  presque  jamais  qu'accessoire  en  géométrie  à  trois 
dimensions,  où  la  plupart  des  conceptions  analytiques,  soit 
élémentaires,  soit  transcendantes,  ne  concernent  directement 
que  les  surfaces,  à  l'étude  desquelles  on  rattache  les  spécula- 
tions sur  les  lignes.  Toutefois,  on  ne  doit  pas  oublier  que,  dans 
le  développement  historique  de  la  géométrie  moderne,  ce 
dernier  ordre  de  considérations  a  constitué,  entre  la  géométrie 
plane  et  la  géométrie  à  trois  dimensions,  une  sorte  de  transition 


422  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

naturelle,  dont  la  première  ébauche  remonte  jusqu'à  Des- 
cartes, et  qui  tendrait  à  se  reproduire  spontanément  dans  la 
marche  générale  de  Tinitiation  individuelle,  si  l'essor  direct 
despluslarges  pensées  géométriques  n'y  permettait  aujourd'hui 
une  évolution  plus  rapide. 

128.  Il  faut  d'abord  établir  ici,  comme  en  géométrie  plane, 
la  conception  préliminaire  dés  systèmes  de  coordonnées,  sans 
laquelle,  de  part  ni  d'autre,  les  idées  géométriques  ne  sauraient 
devenir  réductibles  à  des  idées  numériques,  seul  sujetimmédiat 
des  spéculations  analytiques. 

Cet  indispensable  préambule  consiste  maintenant  à  déter- 
miner un  point  dans  l'espace  par  l'intersection  de  trois  surfaces, 
dont  la  nature  et  le  mode  de  variation  caractérisent  lesystème 
de  coordonnées  adopté,  etdont  une  seule  condition  restée  arbi- 
traire indique,  en  chaque  cas,  la  coordonnée  correspondante. 

Dans  le  système  rectiligne  proprement  dit,  qui,  encore  plus 
que  pour  la  géométrie  plane,  mais  d'après  de  pareils  motifs, 
doit  ici  être  presque  exclusivement  employé,  ces  trois  surfaces 
sont  toujours  des  plans  respectivement  parallèles  à  trois  plans 
fixes,  que  nous  supposerons  ordinairement  rectangulaires,  et 
qui  se  coupent  selon  trois  droites,  dès  lors  rectangulaires  aussi, 
que  l'on  désigne  également  sous  le  nom  d'axes.  Les  coordon- 
nées de  chaque  point  sont  ses  distances  à  chacun  de  ces  plans 
coordonnés,  mesurées  suivant  l'axe  extérieur,  et  le  plus  sou- 
vent sur  ce  même  axe,  où  elles  représentent  d'ailleurs  les 
projections  respectives  de  la  distance  du  point  à  Vorigine  com- 
mune des  plans  ou  axes  fixes  :  on  peut  en  outre,  les  former  par 
deux  projections  successives  du  point  proposé  M  (fig.SO)^  sur 
Tun  des  plans  coordonnés,  et  de  cette  projection  N  sur  l'un  des 
axes  de  ce  plan  ;  ce  qui  est  siu'tout  propre  à  mieux  indiquer  la 
liaison  mutuelle  des  trois  coordonnées.  Quant  à  la  manière 
dont  leurs  valeurs  combinées  déterminent  la  position  du  point 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  423 

correspondant,  elle  revient  à  concevoir  celui-ci  comme  le 
«ommet  opposé  à  Torigine  dans  le  parallélipipède  construit  sur 
les  axes  avec  des  côtés  égaux  aux  coordonnées  respectives  :  en 
s'aidant  de  la  construction  analogue  en  géométrie  plane,  on 
peut  aussi  employer  les  coordonnées  x  et  y,  que  nous  suppo- 
serons habituellement  horizontales,  à  déterminer,  suivant  le 
mode  ordinaire,  la  projection  horizontale  N  du  point  cherché, 
dont  la  hauteur  verticale  sera  indiquée  ensuite  par  la  troisième 
coordonnée  z.  Ces  trois  coordonnées  sont  évidemment  suscep- 
tibles de  signe,  et  il  est  indispensable  d'y  avoir  égard,  afln  de 
distinguer  suffisamment  les  huit  régions  dans  lesquelles  l'espace 
est  divisé  par  les  trois  plans  fixes  indéfiniment  prolongés  en 
tous  sens,  et  dont  chacune  pourrait  également  convenir  à  un 
même  groupe  de  valeurs  de  x^y^z,  si  la  considération  du  signe 
ne  dissipait  l'ambiguïté  géométrique  propre  à  chaque  distance. 
L'unique  système  qui,  à  défaut  du  précédent,  soit  quelquefois 
employé ,  comme  en  géométrie  plane,mais  encore  plus  rarement, 
sous  le  nom  dejDo/air^,  consiste  à  déterminer  unpoint,dansres- 
pace,  d'après  sa  distance  w  à  un  point  fixe  0  (fig,  81)  et  les  deux 
angles  <p  et  <J;  formés  par  cette  droite variableavecdeuxaxesfixes 
0  <p,  0  <J/,  que  nous  supposerons  communément  rectangulaires 
et  horizontaux.  Chaque  point  M  résulte  alors  de  l'intersection 
d'une  sphère,  à  centre  fixe,  dont  le  rayon  variable  est  indiqué 
par  la  valeur  de  la  coordonnée  linéaire  w,  avec  deux  cônes  cir- 
culaires droits,  ayant  respectivement  pour  axes  fixes  les  deux 
axes  polaires,  et  dont  les  angles  variables  sont  égaux  aux  va- 
leurs correspondantes  des  deux  coordonnées  angulaires  <p  et  <J/. 
On  adopte  quelquefois,  surtout  en  mécanique,  dans  la  théorie 
analytique  des  rotations,  un  système,  que  l'extrême  pénurie 
de  notre  langage  géométrique  conduit  aussi  à  qualifier  ordinai- 
rement de  polaire,  et  qui  pourtant  diffère  beaucoup  du  précé- 
dent, quoiqu'il  soit,  comme  lui,  réellement analogueausystème 


424  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACE. 

plan  ainsi  nommé.  Il  consiste  à  déterminer  d'abord  la  projec- 
tion horizontale  N  du  point  proposé  diaprés  ses  coordonnées 
polaires  planes  r  et  a,  pour  aboutir  ensuite  au  point  M  àTaide 
de  rinclinaison  0  de  son  rayon  vecteur  sur  un  axe  perpendicu- 
laire au  plan  correspondant  :  pette  troisième  coordonnée  est  la 
seule  vraiment  commune  aux  deux  systèmes,  en  tant  qu'eUe 
assujettit  aussi  le  point  à  faire  partie  d*un  cône  dont  Taxe  est 
fixe  ;  mais  les  deux  premières  correspondent  à  de  nouvelles 
surfaces,  Tune  indiquant  un  cylindre  vertical  au  lieu  d'une 
sphère,  et  Tautre  un  plan  vertical  au  lieu  d'un  cône.  Toutes  les 
difficultés  que  pourrait,  en  général,  présenter  l'exacte  appré- 
ciation comparative  des  divers  systèmes  de  coordonnées  dans 
l'espace  seront  toujours  faciles  à  dissiper  de  la  même  manière, 
par  un  judicieux  examen  respectif  de  la  nature  et  du  mode  de 
variation  des  surfaces  introduites. 

Outre  ces  systèmes  de  coordonnées,  seuls  usités,  la  géométrie 
analytique  à  trois  dimensions  en  pourrait  évidemment  adopter 
une  infinité  d'autres,  dont  la  variété  y  est  nécessairement  encore 
plus  étendue  qu'en  géométrie  plane,  vu  la  multiplicité  et  la 
complication  supérieures  des  lieux  ainsi  combinés.  Si,  par 
exemple,  on  déterminait  un  point  d'après  ses  distances  à  trois 
pôles,  il  résulterait  de  l'intersection  de  trois  sphères  à  centres 
fixes  et  à  rayons  variables.  De  môme,  en  introduisant  les  dis- 
tances de  chaque  point  à  trois  axes  donnés,  il  se  trouverait  à  la 
rencontre  des  trois  cylindres  variables  construits  autour  de  ces 
axes.  Mais  il  serait  superflu  d'insister  ici  sur  des  explications 
directement  dépourvues  de  toute  utilité  scientifique,  et  dont 
Tofficelogique  est  déjà  rempli  spontanément  par  l'entière  géné- 
ralité que  le  lecteur  a  imprimée  habituellement  aune  telle  no- 
tion en  géométrie  plane. 

129.  Cette  conception  préliminaire  permet  d'apprécier  immé- 
diatement la  correspondance  fondamentale  entre  les  surfaces 


PREMIKHE   PARTIE,    CHAPITRE    PREMIER.  425 

et  les  équations,  instituée  d'abord  par  Glairaut,  suivi  d'Euler, 
d'après  une  heureuse  extension  de  la  grande  idée  mère  que 
Descartes  avait  fondée  un  siècle  auparavant. 

Quand  un  point  se  déplace  arbitrairement  dans  Tespace,  ses 
trois  coordonnées  constituent  des  variables  entièrementindépen- 
dantes.  Mais  si,  sans  avoir  un  trajet  déterminé,  il  se  trouve 
assujetti  à  rester  sur  une  certaine  surface  quelconque,  celle-ci 
tiendra  lieu  naturellement  de  Tune  de  celles  qui  correspondent 
aux  coordonnées  adoptées,  dont  deux  seulement  suffiront  alors 
à  l'entière  détermination  de  chaque  position,  en  sorte  que  la 
troisième  résultera  nécessairement  des  autres,  suivant  une 
équation  correspondant  à  la  propriété  commune  aux  divers 
points  de  la  surface  proposée,  et  dès  lors  susceptible  de  repré- 
senter analytiquement  cette  surface,  dont  les  moindres  varia- 
tions géométriques,  mêmeles  plus  simples  déplacements,  affec- 
teront plus  ou  moins  une  telle  équation,  où  d'égales  valeurs 
des  deux  variables  indépendantes  devraient  procurer  des  valeurs 
nouvelles  à  la  variable  dépendante.  C'est  le  même  principe  fon- 
damental que  dans  la  géométrie  plane,  avec  une  innovation 
capitale,  relative  àl'indépendance  simultanée  de  deux  variables, 
qui  résulte  ici  de  l'indétermination  supérieure  des  lieux  consi- 
dérés :  l'étude  des  surfaces  constitue  habituellement  la  première 
source  historique  et  le  meilleur  type  dogmatique  d'une  telle 
pluralité,  qui  a  tant  agrandi  l'ensemble  des  spéculations  ana- 
lytiques. Toute  surface  rigoureusement  définie  d'après  une  pro- 
priété commune  à  tous  ses  points  est  donc  représentée  ana- 
lytiquement par  une  équation  à  trois  variables  entre  leurs 
coordonnées  quelconques.  Dans  le  système  rectiligne,  nous 
supposeronshabituellement,  pour  simplifier  le  discours,  de  ma- 
nière même  à  faciliter  accessoirement  la  pensée,  que  les  deux 
coordonnées  horizontales  x  eiy  soient  les  variables  indépen- 
dantes, et  que  la  fonction  proposée  se  rapporte  à  l'ordonnée 
verticale  z.  85 


426  GÉOMÉTRIE  DAXS  L*ESPACB. 

D  serait  superflu  d'expliquer  formellement,  à  ce  sujet,  qae, 
comme  eu  géométrie  plane,  Téquation  de  chaque  lieu  sera  re- 
lative à  la  nature  des  coordonnées  employées,  mais  d'ailleurs 
pleinement  indépendante,  pour  chaque  système,  de  la  diversité 
des  définitions. 

Nous  reconnaîtrons  bientôt  que,  la  géométrie  comparée  étant 
aujourd'hui  beancoupplusavancéeenverslessurfacesqu'envers 
les  courbes,  l'art  de  former  les  équations  propres  aux  diverses 
surfaces  est  déjà  susceptible  de  certaines  règles  générales,  dont 
Tétude  constituera  le  principal  objet  de  notre  élaboration  ac- 
tuelle, et  qui  ne  comportaient  aucun  équivalent  dans  la  géo- 
métrie à  deux  dimensions.  C'est  pourquoi  nous  pouvons  dé- 
gager celte  introduction  de  toute  série  d'exemples  préliminaires 
relative  à  cette  formation,  qui  doit  être  ensuite  soigneusement 
appréciée.  J'en  indiquerai  seulement  ici,  pour  fixer  lesidées,  un 
très-pelit  nombre,  directement  résultés  delà  formule  élémen- 
taire, d'ailleurs  indispensable  à  connaître,  qui  détermine  la 
distance  de  deux  points  dans  l'espace  d'après  leurs  coordonnées 
rectilignes. 

Si  les  axes  sont  rectangulaires,  ce  qui  constitue  le  seul  cas 
vraiment  usuel,  il  suffira  de  concevoir,  du  point  le  plus  bas, 
une  horizontale  menée  à  la  rencontre  de  la  verticale  de  l'autre 
point  :  le  triangle  rectangle  ainsi  construit,  et  dont  la  distance 
cherchée  sera  l'hypoténuse ,  présentera  deux  côtés  connus, 
Tun  égal  àladifférencedesordonnées  verticales  des  deux  points, 
et  l'autre  à  la  distance  de  leurs  projections  horizontales, 
préalablement  assignable  d'après  la  formule  analogue  de  géo- 
métrie plane.  Conformément  au  théorème  de  Pythagore,  la 
distance  de  deux  points  est  donc  exprimée,  dans  l'espace, 
comme  sur  un  plan,  par  la  racine  carrée  de  la  somme  des 
carrés  des  différences  de  leurs  coordonnées  respectives  :  seule- 
ment  cette  formule  se  compose  ici  de  trois  parties  au  lieu  de 


PREMIÈRE   PARTIE,    CHAPITRE   PREMIER.  427 

deux.  En  supposant  les  axes  obliques,  la  formule  devrait  être 
beaucoup  plus  compliquée,  et  deviendrait 

+  2{x"~a;')(y"— y')  cosXY  +  2(:ç"— a;')  (2^"— i ') cos XZ 

4.  2  (y"— 2^')  (z"-:j')cos  YZ, 

suivant  une  application  très-simple  du  principedes  projections, 
que  j'aurai  bientôt  lieu  d'indiquer  spécialement. 

D'après  la  formule  précédente,  on  peut  immédiatement 
former  Téquation  de  la  sphère,  si  Ton  définit  cette  surface, 
selon  sa  plus  simple  propriété,  comme  le  lieu  des  points  équi- 
distants  de  son  centre.  Il  en  résulte  aussitôt  Téquation 

{x  —  a)«  V  {y  —  bf  +  (s  —  c)«=  1^, 

envers  des  axes  rectangulaires,  par  rapport  auxquels  a,  é,  c, 
désignent  les  coordonnées  du  centre  :  tel  est  le  type  analytique 
fondamental  qui  doit  faire  invariablement  reconnaître  la 
sphère,  quelle  que  puisse  être  la  diversité  de  ses  définitions 
géométriques. 

On  pourrait  ainsi,  par  exemple,  manifester  aisément  la  na- 
ture sphérique  de  la  surface  qui  comprend  tous  les  points  de 
^'espace  éclairés  par  deux  lumières,  en  généralisant  la  re- 
cherche du  n<^  21.  En  plaçant  Torigine  à  l'un  des  points  fixes, 
et  dirigeant  Taxe  des  z  vers  l'autre,  cette  définition  fournit 
immédiatement^  d'après  la  formule  des  distances,  l'équation 

a  [x^  4-  ^2  -f-  (î5  —  rf)2)  =  ô  (x«  +  y  +  z^)^ 

qui,  comparée  à  la  précédente,  fait  aussitôt  reconnaître  la 
sphère  indiquée  à  la  fin  du  n*^  cité. 

La  même  formule  conduirait  aussi  facilement  à  l'équation  du 
quatrième  degré 


428  GÉOMÉTRIE   DANS   l'ESPACE. 

pour  le  lieu  des  points  de  l'espace  dont  les  distances  à  deux 
pôles  sont  inversement  proportionnelles,  en  généralisant  la 
dénnition  du  n''  22. 

130.  Quant  à  la  représentation  analytique  des  lignes  dans 
l'espace,  notre  principe  fondamental,  sur  Texacle  appréciation 
du  degré  d'indépendance  des  variables  propre  à  chaque  cas, 
démontre  directement  qu'elle  doit  ici  s'accomplir  suivant  un 
tout  autre  mode  qu^en  géométrie  plane.  Car,  le  trajet  du  point 
décrivant  se  trouvant  alors  fixé,  une  seule  de  ses  trois  coor- 
données reste  arbitraire,  et  les  deux  autres  en  résultent  né- 
cessairement à  la  fois,  la  ligne  donnée  suppléant  naturelle- 
ment aux  deux  surfaces  qui  leur  correspondent  ordinairement. 
Or,  une  équation  unique  ne  pouvant  jamais  déterminer  qu'une 
variable  unique,  ce  lieu  plus  restreint  ne  pourra  donc  être 
analytiquement  caractérisé  que  par  un  couple  d'équations, 
dont  chacune,  à  cet  égard,  serait  isolément  insuffisante,  et  qui 
subordonneront,  par  exemple,  les  deux  coordonnées  horizon- 
tales X  eiy  k  l'ordonnée  verticale  z,  que  nous  y  supposerons 
habituellement  indépendante.  Ce  dualisme  indispensable,  qui 
constitue  une  profonde  différence  entre  la  géométrie  à  trois  di- 
mensions et  la  géométrie  plane  relativement  à  la  théorie  ana- 
lytique des  lignes,  correspond  géométriquement  à  la  considé- 
ration de  toute  ligne  comme  llntersection  de  deux  surfaces, 
respectivement  résultées  de  l'interprétation  séparée  de  chaque 
élément  d'un  tel  couple  analytique.  Rien  n'est  plus  propre  que 
cettenotionfondamentaleàfairedéjàsentirnettementquerétude 
des  surfaces  constitue  surtout  le  sujet  naturel  de  cette  seconde 
moitié  de  la  géométrie  générale,  où  l'analyse  ne  peut  exprimer 
les  idées  de  lignes  que  d'après  une  combinaison  indirecte  et  com- 
pliquée. Si  jamais  les  divers  ordres  de  courbes  à  double  cour- 
bure, soit  cylindriques,  soit  coniques,  soit  sphériques,  etc., 
sont  aussi  spécialement  étudiés queles courbes planes,il  faudra, 


PREMIÈRE   PARTIE,    CHAPITRE  PREMIER.  429 

sans  doute,  en  revenir,  à  leur  égard,  comme  pour  celles-ci,  à 
Tusage  d'une  seule  équation  à  deux  variables,  envers  des  coor- 
données convenablement  choisies,  en  chaque  cas,  d'après  la 
nature  de  la  commune  surface  considérée  :  telles  seraient,  par 
exemple,  quant  aux  courbes  sphériques,  des  coordonnées  sphé- 
riques  analogues  à  celles  employées  en  géographie  et  en  astro- 
nomie. Mais,  tant  que  toutes  les  sortes  de  lignes  resteront  as- 
sujetties, dans  l'espace,  à  une  même  appréciation  analytique, 
on  ne  saurait  éluder  la  nécessité  de  représenter  analytiquement 
chacune  d'elles  par  la  coexistence  de  deux  équations  à  trois 
variables,  quels  que  doivent  être  évidemment  les  graves  incon- 
vénients d'un  mode  aussi  pénible  et  aussi  détourné. 

Un  tel  dualisme  analytique  comporte  nécessairement,  envers 
chaque  ligne,  une  infinité  de  formes  différentes  dans  un  même 
système  de  coordonnées;  car,  les  deux  équations  primitives 
n'étant  alors  considérées  que  relativement  à  leurs  solutions 
communes,  on  en  pourra  déduire  une  foule  de  combinaisons 
distinctes,  dont  deux  quelconques  constitueraient  un  couple 
équivalent  au  premier,  quoique  composé  d'éléments  différents. 
Géométriquement,  cette  diversité  nécessaire  devient  encore 
plus  sensible,  puisque  la  même  ligne  pourra  toujours  résulter 
d'une  infinité  d'intersections  de  surfaces,  celles-ci  n'étant  assu- 
jetties qu'à  faire  partie  de  celles  sur  lesquelles  on  peut  tracer  la 
ligne  considérée.  On  utilisera  souvent  unelelle  variété,  conçue 
suivant  toute  son  extension,  en  choisissant  les  surfaces  dont 
les  équations  peuvent  être  le  plus  simplement  formées  :  c'est 
ainsi,  par  exemple,  que,  de  toutes  les  combinaisons  géomé- 
triques propres  à  produire  le  cercle,  celle  de  la  sphère  avec  le 
plan  s'adaptera  mieux  qu'aucune  autre  à  l'expression  analyti- 
que de  cette  courbe  dans  l'espace.  Mais,  quels  que  soient  les 
avantages  réels  de  cette  multiplicité,  elle  devient,  sous  un 
nouvel  aspect,  la  source  nécessaire  d'une  fâcheuse  ambiguïté. 


430  0£i:xiT3!E  y\3^  ie5?a 


coT'..:  frit,  iz^z'i  IfT?  c-r:a  fi^iiiiiî  d*  la  preaii^r*,  çuoiqiie 
9é^*^rrt^zi  <i.--r*^r.:«  <ie  c-rl-î-â  de  la  ««oïde.  coc^titneiil 
pourtant  na  co-ple.  z-rcm^irl^c  oa  analriîjae,  pleinement 

éçrjlTalect. 

C  irr. porte  donc  d'apprécier  maintenant,  arec  toate  îa  eéné- 
rallt^  convenable,  le  pr:.>»ir  fondamental.  Irc-p  étroitement 
coricn  jû.r/;a'l''i.  d'apr^:*  lequel  oa  peut  réparer  cet  inévitable 
jncofjvtf^njent.eo  oreani'^ct  nn  mode  invariable  propre  à  iaire 
loujonrs  reconnaître,  sans  aacane  é'juivoqne,  chaque  Ugne 
spéciale  dans  un  m^*me  système  de  coordonnées.  En  considérant 
d'alKjrd'^e  procéda  sous 'e  simple  aspect  analytique,  il  consiste, 
en  général,  à  s^'*parer.  par  une  double  élimination,  les  deux 
fonctions  que  contiennent  simultanément  les  denx  équations 
primitives,  fi  'x,  y,  ^,  ^0  et  /i  x.  y,  r  =0,  de  la  ligne 
proposée.  Puisque,  en  effet,  les  valeurs  de  ^  déterminent  alors 
celles  de  X  et  y,  on  conçoit  que  l'ambisTiïlé  n'existe  qn*en  vertu 
du  mélange  de  ces  deux  fonctions,  qui  peut  s'opérer  d'une 
infinité  de  manières.  Si  on  les  sépare,  en  éliminant,  tantôt  y, 
tant4H  z,  entre  les  deux  équations  données,  ces  deux  résultats 
X  =  (p(s;  et  y  ='}  z  ,ou  ^  [x,  js^  =  0  et  ^  (y,  z)  =  0,  se  re- 
trouveront nécessairement  toujours  les  mêmes,  du  moins  au 
fond,  quel  que  soit  celui  des  divers  couples  équivalents  d*où 
ils  aient  pu  Mre  successivement  tirés  :  toute  différence  réelle, 
Boit  envers  tous  deux,  soit  m«*  me  quant  à  un  seul,  constaterait 
certainement  ladiscordanceolTective  des  combinaisons  corres- 
pondantes. 

Pour  mieux  apprécier  la  destination  de  cette  double  élimi- 
nation, il  nous  reste  à  concevoir  son  interprétation  géométri- 
que, qui  varie  inévitablement  selon  le  système  de  coordonnées 
adoptr".  Dans  le  système  rectiligne,  Téquation  débarrassée  de 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  431 

Tune  des  variables  doit  convenir,  non-seulement  aux  divers 
points  de  la  ligne  proposée,  mais  aus^si  à  tous  ceux  des  droites 
indéfinies  quisV  dirigeraient  parallèlement  à  cette  coordonnée, 
et  dont  Tensemble  formerait  la  surface  cylindrique  qui  servi- 
rait à  projeter  la  ligne  sur  le  plan  des  deux  coordonnées  que 
renferme  exclusivement  une  telle  équation.  Ainsi^  ce  mode 
analytique  consiste,  géométriquement,  àchoisir  uniformément 
parmi  Tinfinité  de  surfaces  contenant  chaque  ligne  donnée,  les 
deux  cylindres  correspondants  à  ses  deux  projections  verticales; 
leur  combinaison  sera  toujours  pleinement  caractéristique, 
puisque,  constamment  uniques  pour  une  même  ligne,  ils  ne 
peuvent  d'ailleurs  nullement  varier  sans  la  faire  aussi  changer 
nécessairement.  On  voit  que  la  préférence  spontanément  ac- 
cordée à  ce  couple  géométrique,  entre  tous  ceux  qui  auraient 
pu  également  caractériser  chaque  lieu,  doit  surtout  résulter 
de  la  plus  grande  facilité  qu'on  trouve  à  y  aboutir  analytique- 
ment,  de  quelque  autre  combinaison  qu'on  soit  d'abord  parti. 
Telle  est  laprincipale  destination  de  ce  système, primitivement 
suggéré  par  la  considération  des  deux  projections,  d'où  Des- 
cartes faisait  dépendre  la  détermination  de  chaque  courbe  à 
double  courbure.  Mais,  en  conservant  cette  appréciation  ini- 
tiale, il  importe  de  sentir  toujours  que  chacune  de  ces  équations 
à  deux  variables  9  [x,  jg)  =  0  et  v|;  (y,  z)  =  0,  représente,  à 
proprement  parler,  l'ensemble  du  cylindre  projetant,  et  non 
la  seule  projection  correspondante,  qui  exigerait,  en  outre, 
que,  par  une  restriction  expresse  ou  tacite,  on  supposât  nulle, 
la  variable  qui  n'y  entre  pas.  A.  quelques  abréviations  de  lan- 
gage qu^on  puisse  être  graduellement  conduit,  ilne  faut  jamais 
oublier  que,  dans  l'espace,  toute  équation  isolée,  même  à  une 
variable  unique^  représente  nécessairement  une  surface,  el 
qu'aucune  ligne  ne  peut  s'exprimer  que  par  la  combinaison  de 
deux  équations. 


432  GÉOMÉTRIE   DANS   l'eSPAGE. 

Enfin,  quant  à  cette  notion  fondamentale,  qui  n'a  pu  trouver 
d'analogue  en  géométrie  plane,  il  convient,  pour  en  mieux 
saisirresprit  géométrique,  d'en  considérer  aussi  Tinterpréta- 
tion  d'après  un  autre  système  de  coordonnées,  afin  d'en  écarter 
le  caractère  absolu  qui  l'altère  communément.  Dans  le  premier 
des  deux  systèmes  polaires,  par  exemple,  la  double  élimination 
ci-dessus  expliquée,  et  qui  aura  toujours  le  même  office  analy- 
tique, conduira  à  deux  équations  /i  (w,  9)  =  0,  /j  (m,  ^)  =  0, 
dont  chacune,pouvantégalementconvenir  àtoutes  les  positions 
résultées  de  la  rotation  d'un  point  quelconque  de  la  ligne  pro- 
posée autourde  l'axe  polaire  correspondant,  représentera,  non 
plus  un  cylindre,  mais  une  surface  de  révolution.  La  sépara- 
tion analytique  des  deux  fonctions  angulaires  9  et  vj;  de  la 
variable  linéaire  t/,  consistera  donc  alors,  géométriquement, 
à  concevoir  chaque  ligne  comme  l'intersection  des  deux  corps 
ronds  qu'elle  produirait  en  tournant  successivement  autour 
des  deux  axes  polaires.  Si  l'on  eût  au  contraire,  éliminé  t/, 
l'équation  entre  les  deux  angles  eût  indiqué  un  cône  ayant  pour 
base  la  courbe  proposée  et  dont  le  sommet  resterait  uniformé- 
ment fixé  au  pôle. 

Telles  sont  les  notions  fondamentales  qui  démontrent  que, 
quoique,  dans  l'espace,  comme  surun  plan,  la  pensée  géomé- 
trique de  ligne  corresponde  toujours  à  la  conception  analytique 
d'une  seule  variable  indépendante,  ces  deux  cas  généraux  dif- 
fèrent profotidément  en  ce  que  la  ligne,  d'abord  caractérisée 
par  une  fonction  unique,  ne  peutTêtre  maintenant  que  par  un 
couple  de  fonctions  de  cette  commune  variable,  mutuellement 
solidaires  à  cet  égard,  et  dont  chacune  isolément  conviendrait 
à  une  certaine  surface,  de  nature  appropriée  à  celle  du  sys- 
tème de  coordonnées  adopté. 

131.  Réciproquement  envisagée,  l'idée  mère  de  la  géométrie 
analytique  &  trois  dimensions  consiste  à  concevoir  la  représen- 


PREMIÈRE   PARTIE,   CHAPITRE   PREMIER.  433 

talion  nécessaire  de  toute  équation  à  trois  variables,  en  chaque 
système  de  coordonnées,  par  une  surface  déterminée,  que  cette 
première  définition  abstraite  caractérise  toujours  suffisamment. 
En  consîdérant,par  exemple,le  système  rectiligne  ordinaire,ii  est 
d'abord  aisé  de  concevoir  quelelieu  géométrique  doit  être  alors 
plus  étendu  qu'une  simple  ligne,  pour  correspondre  à  Tindéter- 
mination  supérieure  d'une  telle  équation,  où  deux  des  varia- 
bles restentindépendan  tes,  ce  qui  permet  au  point  décrivant  de 
tenir  une  routeentièrementarbitraire  suivant  chacun  des  deux 
axes  horizontaux,  sa  hauteur  verticale  étant  seule  fixée  d'a- 
près sa  projection  horizontale.  Mais  on  peut  établir  plus  clai- 
rement  cette  notion  fondamentale,  et  de  manière  à  caractériser 
la  marche  générale  propre  à  la  discussion  géométrique  des 
équationsà  tro is  variables,  en  s'aidant  convenablement  des  dis- 
cussionsdéjà  accomplies  engéométrie  plane. 

Supposons,  en  effet,  que,  dans  l'équation  quelconque 
f[x^  y,z)  =  0,  on  attribue  à  l'une  des  variables,  2  par  exemple, 
une  certaine  valeur  constante  c,  elle  se  réduira  ainsi  à  deux 
variables,  sous  la  forme /(a:,  y,  c)=  0,  dès  lors  restreinte  aux 
points  du  lieu  que  contiendrait  le  plan  horizontal  z=»c:  or,  en 
cet  état  elle  représentera  une  certaine  ligne,  que  la  géométrie 
plane  nous  fera  connaître,  et  qui  changera  nécessairement,  au 
moinsde position,  quand  cette  constante  c,  quiy  figure  àtitre  de 
paramètre  plus  ou  moinsinfluent,  prendra  une  nouvelle  valeur. 
Le  lieu  géométrique  de  l'équation  proposée  se  montre  donc 
composé,  non  d'une  ligne,  mais  d'une  infinité  de  lignes,  régu- 
lièrement superposées  par  couches  horizontales,  et  constituant, 
dans  leur  ensemble,  une  véritable  surface,  d'ailleurs  fermée 
ou  illimitée,  continue  ou  discontinue,  suivant  que  les  valeurs 
constantes  de  x^serontou  non  assujettiesà  certaines  limites,  su- 
périeures ouinférieures,hors  desquelles  l'équation  /  (a;, y,  c)=0 
ne  comporterait  aucune  ligne,  comme  n'ayant  plus  de  solutions 


434  GÉOMÉTRIE  DANS  L'eSPAGE. 

réelles,  selon  nos  explications  antérieures.  Toute  surface  pou- 
vant Hre  engendrée  par  une  ligne  déterminée  mais  mobile,que 
nous  qualifierons  habituellement  de^^w^a(nce',glissant,  d'après 
uneloidonnée,  surune  autre  ligne  fixe,  que  nous  nommerons 
directrice,  le  lieu  géométrique  de  Téquation  proposée  résultera 
du  mouvement  delà  ligne  f  [x^  y,  c)  =  0,  dont  la  nature  dé- 
pend surtout  du  mode  suivant  lequel  cette  équation  contient  x 
et  y,  et  dont  le  genre  de  variation  se  rapporte  à  sa  composition 
en  2  :  il  suffira  d'assujettir  cette  ligne  à  rencontrer  toujours,  par 
exemple,  Tune  des  traces  verticales  de  la  surface  cherchée, 
qu'on  déterminera  en  annulant  j/  ou  x.  Si  les  trois  variables 
n'entrent  pas  semblablement  dans  l'équation,  les  trois  sortes 
de  coupes  de  la  surface  correspondante  par  des  séries  de  plans 
parallèles  aux  trois  plans  coordonnés  ne  seront  pas  également 
propres  adonner  une  idée  claire  de  sa  génération,  et  il  faudra 
faire  entre  elles  un  choix  plus  ou  moinsimportant.  Quelquefois, 
d'ailleurs,  les  plus  simples  sections  résulteraient  de  plans  pa- 
rallèles dirigés  obliquement  aux  axes  coordonnés.   Il  pourra 
même  arriver  que  les  coupes  les  mieux  comparables  correspon- 
dent àdes  plans  non  parallèles,  dontlasuccession  serait  réglée, 
par  exemple,  comme  tournant  autour  d'une  certaine  droite, 
ou  selon  toute  autre  loi.  Enfin,  pour  indiquer  déjà,  à  cet  égard, 
la  plus  vaste  conception  géométrique,  il  faut  considérer,   en 
général,  que  la  série  de  surfaces  auxiliaires  la  plus  propre  à 
fournir  des  sections  nettement  appréciables  pourra,   quoique 
rarement,  ne  pas  se  composer  de  plans,  mais  plutôtde  sphères 
ou  de  cylindres,  ou  de  cônes,  etc.,  suivant  la  nature  de  la  sur- 
face cherchée.  Mais,  quel  que  soit  le  mode  de  réduction  de 
la  discussion  des  surfaces  à  celle  des  lignes,   on  voit   ainsi 
que  le  lieu  géométrique  de  toute  équation  à  trois  variables 
se  présentera  toujours,   plus  ou  moins  clairement,  comme 
engendré  par  une  ligne  déterminée,   ordinairement  plane, 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE   PREMIER.  435 

glissant,  suivant  une  loi  connue,  sur  une  certaine  directrice. 
La  seconde  partie  de  ce  traité  élémentaire  de  géométrie  ana- 
lytique à  trois  dimensions  montrera  bientôt  que  Télaboration 
naissante  de  la  géométrie  comparée  d'après  la  grande  concep- 
tion de  Monge  a  déjà  permis  de  soumettre  aujourd'hui  à  quel- 
ques véritables  règles  cette  discussion  générale  des  équations 
de  surfaces,aussi  bien  que  leur  formation  ;  ce  qui  doit  ici  nous 
dispenser  essentiellement,  sous  Tun  et  Tautre  aspect,  des  deux 
séries  d'exercices  qui  ont  été  indispensables,  en  géométrie 
plane,  pour  caractériser  suffisamment  un  ordre  de  considéra- 
tions qui  n'y  est  point  réductible  encore  à  de  vrais  principes 
rationnels.  Je  vais  donc  me  borner  maintenant,  quant  à  la  dis- 
cussion, comme  je  Tai  fait  ci-dessus  quant  à  la  formation,  à  des 
exemples  fort  simples,  uniquement  destinés  à  éclaircir  ce  que 
les  explications  précédentes  pourraient  offrir  de  trop  abstrait. 

Soit,  d'abord,  l'équation  j:*  +  y*-}-  2"  =  1,  qui,quoique évi- 
demment comprise  dans  un  type  connu,  doit  être  actuellement 
considérée  indépendamment  de  toute  notion  antérieure.  En  y 
supposante  constant,  il  en  résulte  la  courbe  ,T^-|-y^=l — c^\ 
ainsi  les  coupes  horizontales  du  lieu  sont  toujours  des  cercles 
ayant  leurs  centres  sur  l'axe  vertical,  et  dont  les  rayons  dé- 
croissent à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  plan  des  ary,  jusqu'à  la 
hauteur  1,  où  le  cercle  se  réduit  à  son  centre,  après  quoi  la 
courbe^n'existe  plus,  de  manière  à  indiquer  les  limites  verticales 
de  la  surface,d'aiUeurs  symétrique  autour  du  plan  horizontal. 
Ces  caractères  annoncent  clairement  une  surface  de  révolution 
autour  de  Taxe  des  z,  en  sorte  qu'il  ne  reste  plus  qu'à  déter- 
miner son  méridien,  servant  à  diriger  le  mouvement  du  cercle 
générateur  :  il  suffit,  pour  cela,  de  faire  y  =  0,  ce  qui  donne 
à  la  trace  verticale  de  la  surface  cherchée,  ar^  -}-  2^  =  I ,  une 
figure  également  circulaire,  ayant  aussi  son  centre  à  l'origine. 


1 


436  GÉOMÉTRIE  DANS   l' ESPACE. 

L*enseinble  de  ces  indications  successives  ne  permet  pas  de  mé- 
connattre  la  nature  spbérique  du  lieu  proposé. 

Considérons  ensuite  VéqneLÛon  z=xy.  Des  coupes  horizon- 
tales y  fourniraient  des  hyperboles  équilatères,  dont  le  centre 
resterait  sur  Taxe  vertical,  et  dont  les  asymptotes  demeure- 
raient parallèles  aux  axes  horizontaux  :  leurs  sommets,  tou- 
jours contenus  dans  le  plan  bissecteur,  ;/  =  a:,  de  Tangle  des 
deux  plans  verticaux^  formeraient  une  parabole,  ayant  son 
sommet  à  Torigine,  son  axe  confondu  avec  celui  des  z»  et  un 
paramètre  égal  à  2,  d'après  sa  projection  verticale  .t^^»  2^. 
Mais  la  nature  de  Téquation  proposée  indique  aussitôt  que  des 
sections  parallèles  aux  autres  plans  coordonnés  seraient  ici 
préférables^  puisqu'elles  consisteraient  en  de  simples  lignes 
droites  j5=ca:,  pour  y=c  :  cette  nouvelle  génératrice,  constam- 
ment parallèle  au  plan  des  xz,  quoique  sa  direction  soit  va- 
riable, rencontre  d'ailleurs  toujours  Taxe  des  y.  On  détermi- 
nera la  meilleure  directrice  correspondante  en  cherchant  la 
trace  de  la  surface  sur  un  plan  parallèle  à  celui  des  yz^  par 
exemple  le  plan  a;  =  rf,  qui  donnera  z  =  dy,  d'où  il  résulte 
également  une  droite.  La  plus  simple  génération  de  cette  sur- 
face consiste  donc,  en  résumé,  à  faire  mouvoir,  sur  deux 
droites  fixes  qui  ne  se  rencontrent  pas,  une  droite  parallèle  à 
un  plan  fixe.  Ce  mouvement  peut  d'ailleurs  s'opérer,  évidem- 
ment, de  deux  manières  différentes,  puisque,  Téquation  étant 
symétrique  entre  ar  et  y,  ce  qui  a  été  remarqué  ci-dessxfc  envers 
Tun  des  plans  verticaux  convient  également  à  Tautre. 

Examinons  enfin  la  surface  z'^=xy.  Ses  sections  horizon- 
tales seraient  encore  des  hyperboles  équilatères,analogues  aux 
précédentes  :  mais  le  lieu  de  leurs  sommets,  qui  correspon- 
dent toujours  au  plan  bissecteur  y  =  x,  se  compose  main- 
tenant de  deux  droites  menées,  à  Torigine,  sous  un  angle 
de  45*",  autour  de  Taxe  vertical,  comme  l'indique  la  nouvelle 


PREMIÈRE   PARTIE,    CHAPITRE   PREMIER.  437 

projection  verticale  jz  =  i:  «.  L'ensemble  de  cette  appréciation 
indique  déjà  sufBsamment  un  cône  droit,  à  base  hyperbolique 
horizontale,  et  dont  le  sommet  se  trouve  à  Torigine.  Mais  la 
nature  de  ce  lieu,  que  n'éclairciraient  pas  des  coupes  paral- 
lèles aux  deux  autres  plans  coordonnés,  ressortira  surtout  de 
Texamen  des  sections  verticales  opérées  en  tous  sens  autour  de 
Taxe  de  z  :  car,  Tun  quelconque  de  ces  plans,  analytiquement 
caractérisé  d'après  sa  trace  horizontale  y  =  ax,  déterminera 
toujours  deux  lignes  droites  passant  constamment  à  Torigine, 
conformément  à  la  seconde  projection  z  z=z±,xv  a. 

Sans  multiplier  davantage  de  tels  exemples,  j'engage  le  lec- 
teur à  s'exercer  spontanément  à  ces  discussions  de  surfaces,  en 
partant  d'équations  un  peu  plus  compliquées,  mais  pourtant 
assez  simples  pour  que  l'élaboration  analytique  n'absorbe  pas 
l'attention  principale,  qui  doit  alors  rester  concentrée  sur  l'ap- 
préciation combinée  des  divers  documents  géométriques  em- 
pruntés à  l'étude  des  figures  planes.  Ce  genre  d'exercices, 
dont  l'utilité  logique  dépend  surtout  de  leur  spontanéité,  est 
encore  plus  propre  que  la  discussion  des  équations  à  deux  va- 
riables à  faire  convenablement  ressortir  le  véritable  esprit  de 
la  géométrie  analytique,  en  régularisant  l'interprétation  géo- 
métrique du  mode  de  composition  de  ceâ  équations,  même 
envers  chacun  des  paramètres  qu'on  y  supposait  d'abord 
constants. 

Après  avoir  considéré,  en  général,  l'appréciation  géomé- 
trique de  toute  équation  à  trois  variables,  il  serait  superflu  de 
s'arrêter  formellement  au  cas  d'un  couple  quelconque  de  pa- 
reilles équations,  puisque  la  ligne,  qui  en  constitue  nécessai- 
rement le  lieu,  y  est  aussitôt  définie  par  l'intersection  des  deux 
surfaces  séparément  résultées  de  chacune  des  deux  équations 
proposées  .L'interprétation  concrète  ne  saurait  être  directe  qu'à 
regard  d'une  seule  équation.  Un  tel  assemblage  ne  peut  exiger, 


438  GÉOMÉTRIE  DANS   l'eSPACE. 

en  géométrie  analytique,  d'autres  principes  propres  que  les 
notions  déjà  établies  sur  la  manière  de  dissiper  régulièrement 
l'ambiguïté  fondamentale  qui  s'y  rattache.  Toute  la  discussion 
géométrique  de  chaque  couple  spécial  n'y  doit  offrir  d'autre  dif- 
ficulté nouvelle  que  le  choix  des  plus  simples  surfaces  suscep- 
tibles de  contenir  la  ligne  considérée,  et  qui  peuvent  différer 
souvent  de  celles  qu'indiquent  les  deux  équations  primitives, 
dès  lors  ultérieurement  remplacées  par  d'heureuses  combinai- 
sons mutuelles. 

132.  Dans  l'espace,  comme  sur  un  plan,  notre  système  de 
géométrie  analytique  se  trouve  nécessairement  assujetti  à  des 
imperfections  fondamentales,  à  la  fois  géométriques  et  analy- 
tiques, qu'il  conservera  probablement  toujours,  mais  envers 
lesquelles  il  suffit  ici  d'indiquer  sommairement  la  simple  exten- 
sion des  remarques  déjà  soigneusement  expliquées  au  n®  8,  et 
qui  n'ont  maintenant  besoin  d'aucune  élaboration  nouvelle. 

SousTaspect  géométrique,rinstitution  actuelle  des  équations 
est  radicalement  vicieuse,  pour  les  surfaces  aussi  bien  que 
pour  les  lignes,  en  ce  qu'elle  ne  permet  point  de  représenter 
analytiquement  une  portion  de  lieu,  ni  par  suite  un  lieu  dis- 
continu, composé  de  diverses  parties  de  figures  dislinctes.il  en 
résulte  quelquefois  une  imparfaite  harmonie  entre  nos  équa- 
tions et  les  définitions  correspondantes,  qui  devient  surtout 
fâcheuse  envers  les  phénomènes  naturellement  relatifs  à  de  tels 
assemblages,  comme,  par  exemple,  quand  on  étudie  l'équi- 
libre ou  le  mouvement  des  températures  dans  un  polyèdre 
quelconque. 

Du  point  de  vue  analytique,  la  représentation  géométrique 
des  équations  à  trois  variables  est  souvent  incomplète,  puis- 
qu'on n'y  tient  aucun  compte  des  solutions  imaginaires,  qui 
fréquemment  y  prédominent,  et  qui  même  y  peuvent  être  ex- 
clusives. Outre  les  conséquences  ordinaires  d'une  telle  imper- 


PREinÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.         439 

fection,  lorsqu'une  équation  ne  fournil  aucun  lieu  quelconque 
ou  indique  seulement  des  points  isolés,  il  faut  ici  remarquer 
une  nouvelle  anomalie,  consistant  en  ce  que  lelieu  géométrique, 
cessant  d'être  une  surface,  suivant  le  principe  fondamental, 
peut  devenir  une  simple  ligne,  si  l'équation  est  constituée  de 
manière  à  se  décomposer  en  deux  autres,  auxquelles  doivent 
simultanément  satisfaire  toutes  ses  solutions  réelles.  Tel  serait 
le  type 

■ 

dont  Tanalogue  en  géométrie  plane,  ne  fournissait  que  quel- 
ques pointsincohérents,  mais  qui  maintenant  semble  comporter 
un  véritable  lieu  géométrique,  la  ligne  commune  aux  deux 
surfaces  ç  (x,  y,  2)  =  0  et  ^  (a:,  y,  z)  =  0.  Il  faut  toutefois 
remarquer  que  ce  prétendu  lieu  n'est  pas  plus  caractéristique 
que  Tautre  de  Téquation  d'où  il  provient  ;  puisque  la  même 
ligne  pourrait  évidemment  résulter  d'une  infinité  d'autres 
équations  de  cette  nature ,  analytiquement  très-distinctes, 
quoiqu'admettant  les  mêmes  solutions  réelles. 

Outre  cette  double  imperfection  radicale,  qu'on  peut  juste- 
ment reprocher  à  notre  système  de  géométrie  analytique,  où 
elle  altère,  à  divers  égards,  la  relation  fondamentale  entre  le 
concret  et  l'abstrait,  quoiqu'il  soit  d'ailleurs  presqu'impossible 
d'y  remédier  convenablement,  une  critique  exagérée  a  quelque- 
fois conduit  à  attribuer  vicieusement  à  ce  système  une  impuis- 
sance logique  dont  il  ne  doit  pas  philosopjiiquement  répondre, 
en  tant  que  certainement  inhérente  à  la  nature  du  sujet,  et 
non  à  l'insuffisance  de  nos  conceptions  mathématiques.  J'ai 
surtout  en  vue  le  défaut  de  représentation  géométrique  des 
équations  assez  indéterminées  pour  contenir  au  delà  de  trois 
variables,  et  envers  lesquelles  la  géométrie  ne  saurait  fournir 
aucune  exacte  interprétation  concrète,  qu'il  faudrait  alors 


44(i  GÉOMÉmiE    DA.NS   L' ESPACE. 

empronter  à  des  phéDomènes  pins  compliqués,  et  par  suite 
plus  variés,  tels  que  ceux  du  mouyement,  si  celle  complica- 
tion supérieure  ne  devait  pas,  au  contraire,  être  plutôt  con- 
sidérée comme  constituant  un  obstacle  insurmontable  à  TefB- 
cacité  logique  d'une  telle  peinture,  qui  ne  saurait  vraiment 
éclaircir  des  relations  dès  lors  destinées  à  rester  exclusivement 
abstraites.  Toutefois,  on  a  fait  quelques  tentatives  partielles 
sur  rinterprétation  géométrique  des  équations  à  quatre  varia- 
bles, en  les  concevant  relatives,  non  plus  à  des  surfaces,  mais 
à  des  volumes,  suivant  le  progrès  naturel  d*une  telle  indéter- 
mination. Il  n*est  pas  inutile  ici  d  apprécier  sommairement  de 
tels  efforts  pour  vérifier  spécialement  qu'ils  ne  sont  susceptibles 
d'aucun  succès  vraiment  fondamental,  et  que  le  nombre  trois, 
indiqué  par  les  dimensions  nécessaires  de  Tétendue  comme  par 
les  coordonnées  propres  aux  positions  les  plus  indéterminées, 
limite  inévitablement  le  degré  d'indépendance  des  variables 
qui  peuvent  régulièrement  coexister  dans  les  équations  pure- 
ment géométriques. 

En  considérant  la  quatrième  variable  comme  un  paramètre 
susceptible  de  valeurs  successives,  Téqualion  f[x^  y,  s,  /)=  0 
représentera,  en  coordonnées  rectilignes  et  rectangulaires,  par 
exemple,  une  certaine  surface,  de  nature  déterminée  ;  mais 
dont  la  position  changera,  ainsi  que  la  grandeur  ordinairement, 
à  rimitation  de  ce  que  nous  avons  remarqué  ci-dessus  en  pas- 
sant de  deux  variables  à  trois.  Le  lieu  géométrique  de  Téqua- 
tion  proposée  se  montrera  donc  formé  d'une  suite  de  couches 
superficielles,  régulièrement  disposées,  selon  la  composition  de 
l'équation  par  rapport  à  t,  que  Ton  pourra  compter  suivant 
un  quatrième  axe,  alors  purement  factice,  également  incliné 
sur  les  trois  premiers,  pour  simplifier  l'image.  Mais  ce  sera 
seulement  dans  quelques  cas  particuliers  qu'un  tel  ensemble  de 
surfaces  constituera  un  véritable  volume,  exactement  circon- 


PREMIÈRE  PARTIE^   CHAPITRE  PREMIER.  441 

scrii,  et  non  une  masse  confuse,  le  plus  souvent  même  rem- 
plissant l'espace  entier.  Cet  assemblage  ne  saurait  devenir 
suffisamment  net  qu'autant  que  les  surfaces  partielles  seront 
fermées  et  que  les  valeurs  de  la  quatrième  coordonnée  se 
trouveront  limitées.  Telle  serait,  par  exemple,  Téquation 

ar'-|-y'-f-^'+^'=^î  qui,  mise  sous  la  forme  a:^4-y^+^'=4 — ^*i 
indique  une  suite  de  sphères  concentriques,  dont  le  rayon  dé- 
croîtra de  i  &  0,  à  mesure  que  /  augmentera  de  0  à  1,  et  de- 
viendrait  ensuite  imaginaire  :  on  pourrait  donc,  en  effet,  se 
représenter  l'ensemble  des  solutions  réelles  de  cette  équation, 
comme  géométriquement  relatif  au  volume  total  de  la  plus 
grande  de  ces  sphères,  qui  enveloppe  toutes  les  autres  ;  le  rayon 
de  chaque  couche  sphérique  et  la  valeur  du  paramètre  variable 
/,  se  correspondraient  ici  suivant  une  construction  assez  facile 
pour  que  cette  peinture  comportât  quelque  efficacité,  scienti- 
fique ou  logique,  si  ces  cas  étaient  plus  fréquents.  Mais,  en 
considérant  Téquation  analogue  ar-fy-fzH-^==i,qui  paraît 
encore  plus  simple,  les  diverses  valeurs  de  t,  dès  lors  nulle- 
ment restreintes,  en  feraient  sortir  une  série  indéfinie  et  con- 
tinue de  plans  parallèles  entre  eux,  qui,  pouvant  ainsi  passer 
en  un  point  quelconque,  ne  sauraient  constituer  d'autre  assem- 
blage que  l'espace  entier,  de  quelque  manière  que  t  pût  être 
géométriquement  apprécié.  On  sent  que  la  même  confusion 
résulterait  uniformément  de  la  plupart  des  équations  de  ce 
genre,  qui,  par  conséquent,  ne  comporteraient  aucune  véri- 
table peinture  géométrique. 

Cette  nécessité  fondamentale,  qui  limitera  toujours  à  deux 
variables  indépendantes  le  degré  d'indétermination  analytique 
que  la  géométrie  peut  régulièrement  apprécier,  est,  en  réalité, 
d'autantmoinsregrettable  que  toutecorrespondance  ultérieure, 
lors  même  qu'on  la  jugerait  possible,  deviendrait  naturelle- 
ment presque  aussi  inutile,  comme  artifice  logique,  à  la  pure 


442  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

analyse,  qu'elle  le  serait  d'abord  évidemment,  comme  moyen 
scientifique,  à  Tinvestigation  géométrique.  On  peut  remar- 
quer, en  effet,  que  la  peinture  des  fonctions  à  deux  variables 
indépendantes,  quoique  pleinement  praticable,  comporte  déjà, 
en  vertu  de  sa  complication  supérieure,  beaucoup  moins  d'effi- 
cacité logique  pour  faciliter  les  spéculations  analytiques  cor- 
respondantes que  ne  le  permet  l'heureux  usage  des  lieux  géo- 
métriques envers  la  théorie  abstraite  des  fonctions  d'une  seule 
variable. 

133.  Afin  de  compléter  cette  introduction  fondamentale  à 
l'ensemble  de  la  géométrie  à  trois  dimensions,  ilfaudrait  main- 
tenant motiver  la  préférence  unanime  qu'on  a  toujoursac.cordée 
spontanément  au  système  des  coordonnées  rectilignes  et  même 
aux  axes  rectangulaires.  Mais  cette  préférence  repose  ici  né- 
cessairement sur  les  raisons  générales  déjà  examinées,  à  cet 
égard,  en  géométrie  plane,  et  qui  n'exigent  maintenant  aucune 
nouvelle  appréciation,  sauf  l'importance  supérieure  des  moyens 
de  simplification  envers  une  étude  naturellement  plus  difficile. 
Cet  évident  surcroît  de  motifs  deviendrait  surtout  sensible  en 
opposant  au  système  adopté  l'un  ou  l'autre  des  deux  systèmes 
polaires,  que  des  convenances  spéciales  conduisent  quelquefois 
à  lui  substituer  temporairement^  malgré  la  fâcheuse  compli- 
cation des  constructions  élémentaires  qui  s'y  rapportent.  En 
géométrie  pure,  la  formation  des  équations  de  surfaces,  aussi 
bien  que  leur  discussion,  ne  s'opéjera  donc  jamais  qu'avec  des 
coordonnées  rectilignes,  à  moins  que  la  science  ne  parvînt  à 
ce  degré  de  spécialité,  qui  n'existe  point  encore,  et  qui  peut* 
être  sera  toujours  écarté,  où  l'on  étudierait  particulièrement 
des  formes,  analogues  à  celles  des  spirales,  dont  les  types 
analytiques  ne  deviendraient  suffisamment  simples  qu^à  l'aide 
des  coordonnées  polaires.  Quant  à  la  rectangularité  des  axes 
rectilignes,  les  mêmes  motifs  la  représenteront  spontanément 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  443 

au  lecteur  comme  étant  ici  encore  plus  convenable  que  dans  la 
géométrie  plane,  où  nous  avons  quelquefois  employé  utilement 
des  axes  obliques,  ce  qui  n'a  réellement  lieu,  en  aucun,  cas 
important,  dans  la  géométrie  à  trois  dimensions. 

n  ne  nous  reste  donc  plus  maintenant  qu*à  constituer,  envers 
cette  nouvelle  étude  générale,  les  théories  préliminaires  ana^ 
logues  à  celles  de  la  géométrie  plane,  et  qui  deviennent  aussi 
indispensables  envers  les  surfaces  qu'à  l'égard  des  courbes.  Ces 
théories,  d'ailleurs  naturellement  plus  difficiles,  seront  ici  au 
nombre  de  trois  ;  car,  entre  la  théorie  de  la  ligne  droite  et  celle 
de  la  transposition  des  axes,  la  géométrie  à  trois  dimensions 
exige  nécessairement  qu'on  interpose  la  théorie  analytique  du 
plan.  Telles  sont  les  destinations  respectives  des  trois  cha- 
pitres qui  vont  successivement  compléter  cette  introduction 
générale. 


CHAPITRE  II.     • 

Théorie  analytique  de  la  ligne  droite  dans  l'espace. 

134.  Nous  devons  d'abord  établir  la  plus  simple  forme 
générale  des  équations  de  la  ligne  droite.  Or,  parmi  Tinfinité 
d'intersections  de  surfaces  propres  à  produire  cette  ligne,  la 
plus. convenable,  sous  le  double  aspect  géométrique  et  analy- 
tique, doit  évidemment  consister  dans  la  combinaison  de  deux 
plans.  Mais  ce  mode  spontané  semble  d'abord  présenter,  à  cet 
égard,  une  sorte  de  cercle  vicieux,  puisque  la  formation  gé- 
nérale de  l'équation  du  plan  suppose,  à  son  tour,  la  représen- 
tation analytique  de  la  ligne  droite,  comme  l'expliquera  spé- 
cialement le  chapitre  suivant.  La  seule  issue  régulière  d'une 


444  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

telle  difficulté  élémentaire  résulte  d'un  choix  judicieux  entre 
les  divers  plans  qui  contienn^t  une  même  droite,  en  préférant 
deux  de  ceux  qui  sont  parallèles  aux  axes  coordonnés,  et  dont 
Téquation  doit,  à  ce  titre,  suivant  nos  explications  fondamen- 
tales, être  indépendante  de  la  variable  correspondante ,  de 
manière  à  coïncider  avec  Téquation  plane  de  la  projection  de  la 
ligne  sur  le  plan  des  deux  autres  axes.  On  voit  que  ce  système 
n'est  autre  que  celui  des  deux  cylindres  projetants,  qui,  tou- 
jours destiné  à  caractériser  finalement  chaque  ligne,  est  rare- 
ment le  plus  propre  à  former  ses  équations  initiales:  c'est 
peut-être  ici  le  seul  cas  important  où  ce  mode  doive  être,  à  cet 
égard,  préféré  à  tout  autre.  Si,  par  exemple,  on  projette 
successivement  la  droite  parallèlement  aux  deux  axes  horizon- 
taux, on  aura  aussitôt  les  deux  équations  fondamentales 

Xs=*az  -i-  a     et    y  s=  bz  -\-  €^ 

dont  Tensemble  constitue  le  plus  simple  type  général  qui  puisse 
analytiquement  représenter  une  ligne  droite  dans  l'espace,  et 
auquel  tous  les  autres  modes  analytiques  seront  nécessairement 
réductibles  d'après  les  transformations  convenables. 

Ce  type  devant  devenir  aussi  usuel  que  celui  qui  lui  corres- 
pond en  géométrie  plane,  il  importe  de  se  familiariser  beau- 
coup avec  la  signification  concrète  des  quatre  constantes  arbi- 
traires a,  b,  a,  €,  qu'il  contient.  D'abord  le  nombre  de  ces 
paramètres,  deux  fois  plus  multipliés  que  dans  le  cas  plan, 
représente  toujours,  mais  d'une  nouvelle  manière,  le  nombre 
des  points  qu'exige  la  détermination  de  la  droite  :  car,  d'après 
la  dualité  actuelle  des  équations  de  toute  ligne,  chaque  passage 
en  un  point  donné  fournit  maintenant  deux  relations  entre  les 
constantes  qui  s'y  rapportent,  et  dont  le  nombre  devait  par 
conséquent  devenir  double  de  celui  des  points  déterminants.  Le 
même  contraste  analytique  aura  lieu  nécessairement  envers 


PREMIÈRE  PARTIE^    CHAPITRE  DEUXIÈME.  445 

toute  autre  ligne  susceptible  d'être  alternativement  considérée 
sur  un  plan  et  dans  Tespace,  le  nombre  total  des  paramètres 
y  devant  généralement  être  doublé  pour  le  second  cas,  afin  de 
maintenir  la  fixité  du  caractère  géométrique  relatif  à  la  déter- 
mination. 

En  second  lieu,  laloi  d'homogénéité  indiquerait  suffisamment 
que  deux  de  ces  quatre  constantes,  a*et&,  sont  nécessairement 
angulaires,  tandis  que  les  deux  autres,  a  et  6,  sont  linéaires, 
si  déjà  la  géométrie  plane  n'avait  rendu  très-familière  cette 
indispensable  distinction  élémentaire.  Quant  à  Tînterprétation 
géométrique  de  ces  divers  paramètres,  nos  habitudes  antérieures 
ne  Tindiquent  nettement  qu'envers  les  projections  respectives, 
d'où  il  faut  indirectement  remonter  à  la  droite  elle-même. 
Toutefois,  cette  dernière  relation  peut  aisément  devenir  directe 
à  l'égard  des  coafficients  linéaires  a,  6,  qui  désignent  évidem- 
ment les  coordonnées  de  la  trace  horizontale  de  la  droite  pro- 
posée. Mais,  pour  les  coefficients  angulaires  a,  i,  il  faut  se 
borner  à  concevoir  chacun  d'eux  comme  la  tangente  de  l'angle 
formé  par  la  projection  correspondante  avec  l'axe  vertical,  ou, 
^i  Ton  veut,  par  le  plan  projetant  avec  l'autre  plan  vertical 
des  coordonnées.  La  direction  même  de  la  droite  dans  l'espace 
dépend  nécessairement  à  la  fois  de  ces  deux  constantes^  suivant 
une  loi  très-simple,  qui  sera  ci- dessous  expliquée,  et  dont 
l'inversion  permettra  d'ailleurs  de  se  les  représenter  commo- 
dément d'après  cette  direction. 

De  même  qu'en  géométrie  plane,  la  théorie  analytique  de  la 
ligne  droite  doit  ici  consister  essentiellement  à  déterminer  ces 
quatre  paramètres  quand,  sans  être  immédiatement  donnés, 
ils  doivent  résulter  de  certaines  conditions  élémentaires,  dont 
l'expression  est  assez  usuelle  pour  mériter  qu'on  la  formule 
d'avance,  et  qui  d'ailleurs  coïncident  exactement  avec  celles 
déjà  appréciées  pour  le  cas  plan. 


446  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 

135.  Sous  l'un  et  Tautre  aspect,  il  faut  d'abord  former  les 
équations  d'une  droite  assujettie  à  passer  par  deux  points  donnés. 
Le  premier  passage  fournira  les  deux  Telaiions x'^^^az'  -f-  a  et 
y'=  bz'  +6,  qui,  permettant  de  rapporter  les  coefficients  li- 
néaires aux  angulaires,  conduiront  au  type 

aussi  usuel  qu'en  géométrie  plane  pour  représenter  toutes  les 
droites  menées  d'un  même  point.  En  ayant  égard  au  second  pas- 
sage, on  y  déterminera  finalement  les  constantes  angulaires  par 
les  formules 

X"  ^  X'  y  "-y 

identiques  à  celles  du  cas  plan,  et  dès  lors  susceptibles  de  la 
même  explication  trigonométrique,  puisque  chaque  projection 
verticale  de  la  droite  cherchée  contient  nécessairement  les  pro- 
jections correspondantes  des  deux  points  donnés. 

D'après  ce  premier  problème,  quand  de  nouveaux  points 
de  l'espace  devront  être  en  ligne  droite  avec  les  deux  premiers, 
chacun  d'eux,  comparé  à  l'un  de  ceux-ci,  fera  naître  analyli- 
quement  deux  conditions,  consistant  toujours  dans  une  double 
proportionnalité  entre  les  différences  respectives  des  trois  coor- 
données de  tous  deux. 

Considérons  maintenant  la  seconde  question  essentielle,  rela- 
tive à  la  détermination  analytique  de  l'angle  de  deux  droites 
dans  l'espace.  Par  sa  nature,  une  telle  recherche  est,  comme 
en  géométrie  plane,  nécessairement  trigonométrique,  d'après 
son  évidente  spécialité  :  seulement  elle  offre  ici plusd'embarras, 
parce  queles  angles  donnés  n'y  sont  pas,  à  beaucoup  près,  aussi 
simplement  liésà  l'angle  demandé.  Gommeil  doit  d'ailleurs  de- 
meurer indépendant  des  coefficients  linéaires,  nous  pourrons 
remplacer  les  deux  droites donnéespar  leurs  parallèles  menées 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  447 

de  Torigine,  sans  considérer,  du  reste,  si  les  lignes  pdmitives 
se  rencontrentou  non,cequîn*affecte  nullementleurinclinaison 
mutuelle,  toujours  également  indispensable  à  mesurer.  DV 
près  ce  préambule,  la  solution  trigonométrique  consiste  à  con- 
sidérer, sur  les  deux  droites  données,  a:=â:z,  y«-ftz,et  a>=»a'z, 
ywssb'z^  deux  points  arbitraires,  dont  les  ordonnées  verticales, 
z  et  jz'  resteront  quelconques,  et  à  résoudre,  par  rapport  à 
Tangle  cherché,  le  triangle  ainsi  résulté  de  trois  côtés  aisément 
appréciables  par  la  formule  des  distances.  Les  indéterminées 
auxiliaires  2  et  z'  devant  s'éliminer  spontanément  à  la  On  du 
calcul,  pour  que  la  grandeur  de  Tangle  ne  dépende  pas  de  la 
longueur  deses côtés,  on  éviteracommodémentd'en  surcharger 
les  opérations,  si  on  use  du  droit  évident  de  les  choisir  égales 
entre  elles  et  à  l'unité.  On  sait  que  la  formule  trigonométrique 
convenable  est  ici 

COSVe=  

2rfd         ' 

en  nommant  d^  d\  et  D  les  dis  tances  des  deux  points  artificiels 
à  Torigine  et  entre  eux,  lesquelles  sont  exprimées,  d'après  les 
coordonnées  respectives  1,  a^  6  et  1,  a'  b\  par 

Il  en  résulte  aussitôt  la  formule  cherchée, 

aa'  +  bb'+i 


cos  V 


v/(a»+6'+l)  (a'^+6'^+i)' 


qui  mérite  d*être  retenue  comme  éminemment  usuelle. 

En  faisant  successivement  coïncider  la  seconde  droite  avec 
chacun  des  trois  axes  coordonnés,  on  en  déduit  aisément  les 
formules  spéciales 

COSZa»  .  COsYaa—  —  ^  COSX=a , 

v/a»+6*+i  v/«*+*'+4  /a«+6^+i 


i 


448  GÉOMÉTRIE  DANS  L*BSPAGG. 

pour  les  inclinaisons  de  la  première  sur  ces  axes.  Ces  trois  an- 
gles ne  sauraient  être  indépendants  entre  eux,  puisque,  en  gé- 
néral, deux  angles  quelconques  déterminent  suffisamment  une 
direction.  De  telles  formules  Tindiquent  assez  en  ne  faisant  dé- 
pendre les  trois  inclinaisons  que  des  deux  données  a  et  6,  dont 
l'élimination  y  fera  découvrir  leur  relation  constante.Onaperçoil 
aussitôt  que  cette  élimination  s^accomplira  spontanément  en 
ajoutant  les  carrés  de  ces  trois  égalités,  d  où  résulte  le  théorème 

très-usuel 

cos* X+  cos»  Y  +  cos»  Z  =  1, 

ou,  sous  une  forme  moins  connue,  mais  utile  à  noter  aussi, 

sina  X  +  sin»  Y  +  sin«  Z  ==  2. 

Au  reste,  ces  deux  énoncés  algébriques  peuventêtre  succinc- 
tement réunis  en  un  seul  énoncé  vulgaire  :  la  somme  des  carrés 
des  cosinus  ou  des  sinus  des  angles  formés  par  une  droite  quel- 
conque avec  trois  axes  rectangulaires  est  nécessairement  con- 
stante. Il  y  aurait,  en  effet,  un  vrai  pléonasme  logique,  à  men- 
tionner expressément  la  double  valeur  de  cette  constante, 
évidemment  indiquée,  en  chaque  cas,  par  la  coïncidence  de  la 
droite  avec  Tun  des  axes.  Cette  liaison  remarquable,  directe- 
ment appréciée,  constitue  d'ailleurs,  sous  sa  première  forme, 
une  suite  peu  éloignée  du  théorème  fondamental  de  Pythagore. 
En  effet,  il  suffit  de  considérer  le  cosinus  d'un  angle  comme  la 
projection  d'un  de  ses  côtés,  dont  la  longueur  serait  égale  au 
rayon  trigonométrique  1,  sur  l'autre  côté  :  dès  lors,  les  trois 
cosinus  proposés  représententlesprojections  de  la  droitedonnée 
sur  les  trois  axes  proposés  ;  ils  constituent  donc  les  arêtes  d'un 
parallélipipède  rectangle  dont  cette  droite  serait  la  diagonale  ; 
ce  qui  conduit  aussitôt,  par  une  double  application  de  ce  théo- 
rème, à  la  relation  précédente. 

Réciproquement  envisagées,  les  formules  ci-dessus  permet- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  449 

tent  d'exprimer  les  deux  coeflicients  angulaires  d'une  droite 
quelconque  d'après  ses  inclinaisons  sur  les  trois  axes  rectan- 
gulaires, suivant  la  loi,  très-usuelle  aussi^  surtout  en  méca- 
nique, 

cos  X     ,       côs  Y 


a 


cos  Z'  cos  Z' 


Cette  loi  fort  simple  conduit  à  mettre  notre  formule  princi- 
pale de  cos  V  sous  une  nouvelle  forme  très-remarquable,  due 
à  Euler,  en  opérant  la  même  transformation  envers  les  deux 
droites  considérées  :  on  trouve  ainsi 

cos  V  =  cos  X  cosX'+  cos  Y  cos  Y'4-  cos  Z  cos  Z'  ; 

ou,  en  français,  le  cosinus  de  Tangle  de  deux  droites  équivaut 
à  la  somme  des  produits  des  cosinus  de  leurs  inclinaisons  res- 
pectives sur  trois  axes  rectangulaires  quelconques. 

D'après  le  problème  précédent,  il  est  facile  d'apprécier  la  re- 
lation qui  doit  exister  entre  les  coefficients  angulaires  de  deux 
droites  pour  qu'elles  forment  un  angle  donné.  Il  suffit  ici  de 
mentionner  le  cas  de  leur  perpendicularité,  ainsi  caractérisée 
par  la  condition 

aa'+66  +i==0, 

analogue  à  celle  de  la  géométrie  plane,  quoique  plus  com- 
pliquée, mais  qui  ne  peut  plus  déterminer  l'une  des  directions 
par  l'autre,  conformément  aux  indications  géométriques  res- 
pectives. Toutefois,  cette  détermination  doit  exceptionnelle- 
ment  s'accomplir  quand  on  suppose  ¥«==0,  ou  cos  Ys»i,  puis- 
qu'alors  il  y  a  parallélisme  :  l'algèbre  exprime  cette  anomalie 
en  présentant  la  relation  correspondante  sous  la  forme 

(a  -  aj  +  (é  —  b')^  -f-  {aV  —  a'bY  —  0, 

qui,  envers  les  valeurs  réelles,  se  décompose  nécessairement 


43(J  QÈùmtTwm  dasb  l  espace. 

en  deax  conditions,  a'=a,  b'^»b^  pldnemenl  conformes  à  la 
nalnre  dn  cas. 

Examinons  enfin  le  troisième  élément  essentiel  de  la  théorie 
analytique  de  la  ligne  droite,  en  déterminant  Tintersection  de 
denx  droites  d'après  leurs  équations.  Le  principe  fondamental 
est  ici  nécessairement  le  mémeqn*en  géométrie  plane,  puisque 
tont  point  common  à  denx  lieux  quelconques  doit  nécessaire- 
ment satisfaire  à  leurs  équations  simultanées,  quel  qu'en  puisse 
être  le  nombre.  Mais,  dans  Tespace,  l'application  normale  de 
ce  principe  uniforme  conduit  spontanément  à  une  nouvelle  ap- 
préciation, qu'il  importe  de  remarquer  déjà  sur  ce  premier 
exemple  :  car,  chaque  ligne,  droite  ou  courbe,  ayant  main- 
tenant deux  équations,  le  nombre  des  conditions  qui  doivent 
déterminer  les  coordonnées  communes  est  alors  doublé,  tandis 
que  le  nombre  de  ces  inconnues  a  seulement  augmenté  de 
moitié  ;  en  sorte  que  l'harmonie  du  problème  se  trouve  désor- 
mais rompue,  à  moins  d'une  concordance  spéciale  entre  Tune 
desquatre relations  et  l'ensemble  des  trois  autres,  sans  laquelle 
la  question  serait  contradictoire.  Or,  cette  considération  ana- 
lytique correspond,  géométriquement,  à  l'impossibilité  actuelle 
de  toute  rencontre  entre  deux  lignes  quelconques,  si  elles  ne 
satisfont  à  une  certaine  condition  mutuelle,  consistant,  pour 
deux  droites,  à  appartenir  au  même  plan,  et  toujours  analy- 
tiquement  représentée  par  la  relation  résultée  de  l'élimination 
des  trois  coordonnées  communes  entre  les  quatre  équations  des 
deux  lignes.  Cette  importante  notion  de  géométrie  à  trois  di- 
mensions aura  bientôt  un  office  très-étendu  dans  la  théorie  gé- 
nérale des  surfaces  courbes.  En  l'appliquant  maintenant  au 
seul  cas  de  deux  droites  quelconques, 

la  condition  de  rencontre  est  finalement  -r-, — -  =  rr — i'»  ou, 

6  — b        0  —  0 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME.  451 

en  français,  les  différences  respectives  des  coefficients  linéaires 
doivent  être  proportionnelles  à  celles  des  coefficients  angu- 
laires. Quand  elle  sera  remplie,  les  coordonnées  de  Tintersec- 
tion  cherchée  seront 

a  —  ot  aa'— a'a  6  (a' — «)  +  €(«  —  a') 

" ;i    ^=-z — rr,    y — — ^^ -* 


a — a  a  —  a  a — a 

en  les  supposant  infinies,  on  reproduirait  les  caractères  connus 
du  parallélisme,  du  moins  eu  égard  à  la  relation  préalable. 
Ces  formules  ne  doivent  pas  d'ailleurs  être  retenues  :  il  sera 
préférable  d'en  retrouver  l'équivalent  spécial  en  chaque  oc- 
casion. 

136.  Tels  sont,  dans  l'espace,  comme  sur  un  plan^  les  seuls 
éléments  vraiment  indispensables  à  la  théorie  analytique  delà 
ligne  droite.  Parmi  les  nombreuses  questions  composées  qui 
peuvent  résulter  de  la  combinaison  de  ces  trois  problèmes  es- 
sentiels, je  me  bornerai  à  en  examiner  deux,  analogues  à  celle 
déjà  considérée  en  géométrie  plane,  quoique  leurs  formules 
deviennent  ici  à  la  fois  plus  compliquées  et  moins  usuelles  : 
outre  l'application  ultérieure  dont  elles  seront  quelquefois  sus- 
ceptibles,  elles  constitueront  maintenant  des  types  suffisants  de 
ces  exercices  secondaires,  que  le  lecteur  pourrait  ensuite  multi- 
plier spontanément. 

Déterminons  d'abord,  comme  dans  le  cas  plan,  la  distance 
d'un  point  donné  {x\  y\z')\,  une  droite  donnée 

(ar  =  û:?4"«ï  y  =  *^  +  Q' 
En  suivant  la  même  marche  qu'alors,  il  faudra  préalablement 
former  les  équations  de  la  perpendiculaire  correspondante, 

x  —  x'^=^a'{z--z'),  y  —  y'^==b'{z  —  z'), 

d'après  les  deux  conditions 

X  —  a  z  —  a      a  —  a 


«'a-f  6'6  +  l  =  0, 


y'_6V— 6      b'--h' 


452  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 


à 


qui  expriment  qu'elle  forme  un  angle  droit  avec  la  ligne 
donnée  et  qu'elle  la  rencontre,  conformément  aux  règles  du 
n^  précédent.  Quand  ces  deux  équations  du  premier  degré 
auront  fait  connaître  a'  et  b\  on  calculera,  comme  ci-dessus, 
les  coordonnées  du  pied  de  la  perpendiculaire,  et  sa  distance 
au  point  donné  en  résultera  finalement^  suivant  la  formule  or- 
dinaire. 

Sans  accomplir  cette  laborieuse  combinaison  analytique  de 
nos  trois  questions  essentielles,  on  peut  trouver  plus  commo- 
dément l'expression  de  la  longueur  cherchée  jo,  par  une  solu- 

0 

tion  spéciale,  fondée  sur  sa  comparaison  avec  la  distance  d  du 
point  donné  à  un  point  quelconque  de  la  droite  donnée,  par 
exemple,  à  sa  trace  horizontale  :  car,  en  nommant  V  l'incli- 
naison, aisément  appréciable,  de  cette  droite  sur  cette  dis- 
tance auxiliaire,  on  aura  évidemment  p  =  rf  sin  V.  On  faci- 
litera l'opération  en  prenant  pour  origine  provisoire  le  point 
o,  a,  6,  ainsi  choisi,  sauf  à  revenir  ensuite  à  l'origine  primi- 
tive, par  le  changement  final  de  j?  en  a:  —  a  et  y  en  y  —  €. 
Dans  cette  hypothèse 

ax-\'by-\-z 


rf=  /ar^-f-ya-f.  z\  et  cos  V 


/(««+ôa+i)  (a:2+y2+2a)' 


d'où  il  résultera  p  =  \/ 3^+  y'+  ^^^  -^  ^^Jl^bif"'  ^^ 

développant  et  réduisant,  on  trouvera  finalement,  après  avoir 
rétabli  l'ancienne  origine,  la  formule 


_    /{a:-a^-a)»-|-(y-iz-6)^-h(«(y-6)-*(^-«))' 


^~V  a'+b^  +  i 


beaucoup  plus  compliquée  que  son  analogue  plan,  mais  pour- 
tant asbez  symétrique  pour  être  aisément  retenue,  si  elle  était 
assez  usuelle  pour  le  mériter.  Il  convient  d'y  remarquer  que  la 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈME.  453 

distance  (f  un  point  à  une  droite  n'est  plus,  en  général,  une 
fonction  rationnelle  des  coordonnées  du  point,  comme  en  géo- 
métrie plane.  Un  tel  caractère  est  particulier  au  cas  plan, 
envers  lequel  la  loi  précédente  indique  spontanément  cette 
exception  spéciale  :  car,  si  la  droite  et  le  point  sont  tous  deux 
situés  dans  le  plan  des  xz,  il  y  faudra  faire  6  =  0,  6  =0,  et 
t/'fssz  0,  ce  qui  y  réduira  à  une  seule  les  trois  parties  de  son  nu- 
mérateur, dès  lors  devenu  un  carré  parfait,  de  manière  à  re- 
produire exactement  la  formule  p  =  — =z=  du  n*  28. 

Considérons,  en  second  lieu,  la  question  qui  consiste  à  déter- 
miner la  moindre  distance  de  deux  droites  données.  Elle 
comporte,  dans  son  ensemble,  deux  solutions  fort  distinctes, 
dont  le  contraste  spontané  est  propre  à  bien  manifester  le  vrai 
caractère  des  méthodes  pleinement  analytiques  en  géométrie 
générale.  La  première  consiste  à  appliquer  analytiquement  le 
principe  géométrique  qui  représente  la  distance  cherch  ée  comme 
devant  se  mesurer  sur  la  perpendiculaire  commune  aux  deux 
droites  données,  à:= ajs+ a,  y=r  6z+6,  eta:=:û'z+a',  y=:  i  js+S'. 
D'après  cette  notion  initiale,  tout  se  réduit  à  former,  suivant 
l'ensemble  des  règles  précédentes,  les  équations  de  la  droite  in- 
connue, a:=«''j3  +  « 'et  y=i"z4-^"î  afln  de  calculer  ensuite 
ses  intersections  avec  les  droites  proposées,  d'où  la  formule 
des  distances  conduira  finalement  à  la  longueur  demandée. 
Les  deux  conditions  de  rectangularité  fourniraient  ainsi  les  i*e- 

lations 

aa"+bb"+ i=Oy    a'a"+b'b"+ i=0, 

propres  à  déterminer  d'abord  a'eib"  :  dès  lors,  la  double  ren- 
contre déterminera  aussi  les  coefBcients  linéaires  a"  et  6",  sui- 
vant deux  autres  équations  du  premier  degré 

a"->«       g"  — 6      g"  —  g'        g"~g' 

a"— a  ~  6"—  i'    a"—  a'  ""  b"—  b'  ' 


454  GÉOKÉTRIE  DANS  L' ESPACE. 

Gela  posé,  le  reste  du  calcul,  quoique  trës-laborieux>  ne  pour- 
rait offrir  aucune  difficulté.  On  voit  que  cette  première  solution 
est  vraiment  analytique  dans  son  exécution^  qui  apprécie  iso- 
lément chacune  des  conditions  du  problème  ;mais  elle  ne  Test 
point  réellement  dans  son  institution,  qui  repose  sur  un  prin- 
cipe géométrique  antérieur,  particulier  au  cas  de  deux  droites. 

Au  contraire,  l'ensemble  de  la  seconde  solution  présente  un 
caractère  pleinement  analytique,  clairementmanifestéparune 
généralité  décisive,  qui  constitue,  à»cet  égard,  le  meilleur 
critérium.  Nous  allons,  en  effet,  y  procéder  à  la  recherche 
proposée;  sans  aucune  notion  géométrique  antérieure,  sous  la 
seule  impulsion  de  la  théorie  universelle  des  minima,  et  de  la 
môme  manière  que  si,  au  lieu  de  deux  droites,  il  s'agissait  de 
comparer,  à  cet  égard,  deux  courbes  quelconques.  La  marche 
de  cette  solution  analytique  consiste  à  chercher  les  ordonnées 
verticales,  z  et  z\  des  deux  points  les  plus  rapprochés,  d'après 
la  condition  que  la  fonction 

ûpc«(z  — 2')a  +  (az-a'z'+(fle— a'))«+(62— 6'z'  +  (6— €'))« 
ou 

+  ô  (e--g'))z+2(a'(a'— a)+ 6'(6'-6))  Z'+ (a-a')a+(6-6')2, 

qui  exprime  le  carré  de  leur  distance,  soit  un  minimum.  Or, 
notre  théorie  des  minima  est  directement  applicable  sans  dif- 
ficulté à  ce  polynôme  du  second  degré,  qui  comporterait  même 
Tusage  facile  de  la  méthode  algébrique  la  plus  élémentaire. 
Quant  à  la  pluralité  actuelle  des  variables  indépendantes,  elle 
ne  peut  constituer,  envers  de  telles  recherches,  aucun  obstacle 
fondamental  ;  car,  le  minimum  doit  évidemment  subsister  à 
l'égard  de  chaque  variable  isolée,  quelle  que  soit  la  valeur 
constante  de  l'autre.  Cette  nouvelle  institution  du  problème 
n'a  donc,   en  général,  d'autre  influence    naturelle  que  de 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  DEUXIÈME.  455 

fournir  deux  conditions,  destinées  à  déterminer  les  deux  in- 
connues simultanées.  Elles  se  formeront  ici  en  annulant  les 
deux  dérivées  de  ce  polynôme  séparément  relatives  à  z  et  à  z\ 
dont  les  valeurs  dépendront  ainsi  de  deux  équations  du  premier 
degré, 

z{i+a^+  b^)—z'{aa'+  bb'+i)  =  a  (ot— «)  +  i  (6—6), 
2'(14.eï'>+6'^)  — z(aa'+A6'+i)=a'(a— a')  +  6'(6— 6'). 

Une  fois  calculées,  leur  substitution  dans  la  formule  primi- 
tive de  d^  fournira  sans  difficulté  Texpression,  d'ailleurs  com- 
pliquée et  inusitée,  de  la  distance  cherchée.  Puisque  les  points 
les  plus  rapprochés  auront  été  ainsi  déterminés  préalablement, 
aucune  partie  essentielle  de  la  question  ne  se  trouvera  négli- 
gée. On  y  pourrait  même,  à  titre  de  complément  alors  acces- 
soire, obtenir  finalement  les  équations  de  la  droite  suivant 
laquelle  se  mesure  la  moindre  distance,  et  de  manière  à  recon- 
naître analyliquement  sa  rectangularité  constante  envers  les 
deux  droites  données,  si  Tesprit  général  de  cette  seconde 
solution  conduisait  réellement  à  instituer  une  telle  comparaison, 
essentiellement  propre  à  un  autre  mode  d'appréciation  de 
Tensemble  du  problème. 

A.U  sujet  de  cette  question,  je  dois  enfin  avertir  que,  quand 
on  s'y  borne  à  la  stricte  évaluation  de  la  moindre  distance, 
sans  s'occuper  de  la  détermination  effective  des  points  corres- 
pondants^ cette  formule  peut  résulter  d'une  troisième  solution, 
mieux  calculable,  à  cet  égard,  que  les  deux  précédentes,  et 
que  j'aurai  lieu  d'expliquer  dans  le  chapitre  suivant. 


456  GÉOMÉTRIE  DANS   l'eSPACE. 


CHAPITRE    III. 

Théorie  analytique  du  plan. 

137.  L'équation  rectiligne  du  plan  peut  d'abord  être  indi- 
rectement établie,  avec  toute  la  généralité  convenable,  sans 
considérer  aucune  génération  de  cette  surface,  en  cherchant, 
en  sens  inverse,  le  lieu  géométrique  de  Téquation  complète  du 
premier  degré  à  trois  variables,  ax+  iy+  ^^  =  ^-  En  y  sup- 
posant z  constant,  pour  étudier  les  coupes  horizontales, 
(ix-\-by^==d — ch,  on  voit  aussitôt  que  ce  seront  toujours  des 
lignes  droites,  parallèles  entre  elles  ;  en  sorte  que  ce  lieu  se 
range  spontanément  parmi  les  surfaces  cylindriques.  Reste 
donc  à  découvrir  la  loi  géométrique  suivant  laquelle  varie  le 
coefficient  linéaire  de  cette  génératrice,  en  lui  assignant  une 
directrice  quelconque,  par  exemple  Tune  des  traces  verticales 
de  la  surface  :  or  cette  trace,  correspondante  à  ys=»0  ou  a:=0, 
est  évidemment  aussi  une  ligne  droite.  Ainsi,  l'ensemble  de 
cette  facile  discussion  montre  nettement  le  lieu  cherché  comme 
engendré  par  une  droite  qui  glisse  parallèlement  sur  une  autre 
droite;  ce  qui  caractérise  irrécusablement le  plan.  Toute  équa- 
tion du  premier  degré  à  trois  variables  représente  donc,  en 
coordonnées  rectilignes,  une  surface  plane,  les  axes  étant 
d'ailleurs  rectangulaires  ou  obliques. 

Si  maintenant  l'on  considère  que  l'équation  précédente  ren- 
ferme trois  constantes  arbitraires,  dont  l'entière  disponibilité 
permet  de  faire  passer  son  lieu  plan  par  trois  points  quelcon- 
ques de  Pespace,  on  concevra,  réciproquement,  que  tout  plan 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  457 

est  susceptible  d*une  pareille  équation,  dont  le  lieu  pourrait 
ainsi  se  confondre  complètement  avec  lui,  puisque  deux  plans 
coïncident  totalement  quand  ils  ont  trois  points  communs  non 
en  ligne  droite.  Nous  connaissons  donc  déjà,  indépendamment 
de  la  génération  du  plan,  la  forme  nécessaire  de  son  équation 
rectiligne. 

Dans  Tusage  de  cette  équation  générale,  il  convient  de  réduire 
habituellement  à  Tunité  Tufl  des  coefficients,  afin  que  leur 
nombre  effectif  soit  toujours  en  pleine  harmonie  avec  celui  des 
points  qu'exige  la  détermination  de  la  surface.  Il  en  résultera 
deux  formes  distinctes,  qu'il  n'est  pas  inutile  de  comparer 
sommairement,  selon  que  cette  exception  facultative  affectera 
le  terme  constant  ou  Tun  des  termes  variables.  La  première 
forme  ax  +  by  -{-cz^^i^  offre  une  plus  complète  symétrie 
algébrique,  puisque  les  trois  coordonnées  y  sont  semblablement 
traitées;  mais  elle  est,  géométriquement,  moins  convenable, 
parce  que  l'interprétation  concrète  des  trois  constantes  y  est 
trop  détournée,  et  même  trop  uniforme  :  car,  chacune  d'elles 
est  réciproque  à  la  distance  de  l'origine  au  point  où  le  plan 
proposé  rencontre  l'axe  correspondant.  Aussi  préférerons-nous 
communément  la  seconde  forme,  z  =  or  +  6y  +  c,  où  la  loi 
d'homogénéité  annonce  aussitôt  que  les  coefficients  aeib  sont 
angulaires,  tandis  que  c  est  linéaire,  conformément  à  l'expli- 
cation spéciale  qui  montre  c  comme  désignant  la  distance  de 
l'origine  à  l'intersection  du  plan  avec  l'axe  vertical,  pendant 
que  a  et  6  indiquent  les  tangentes  des  inclinaisons  de  ses  deux 
traces  verticales  sur  le  plan  horizontal.  Cette  distinction  spon- 
tanée entre  les  idées  de  direction  et  de  distance,  non  moins 
nécessaire  dans  la  théorie  analytique  du  plan  que  dans  celle  de 
la  ligne  droite,  constitue  l'un  des  motifs  principaux  en  faveur 
de  ce  mode  usuel  ;  car,  l'autre  mode,  vu  sa  trop  grande  uni- 
formité, mêle  vicieusement  ces  deux  sortes  d'indications  géo- 
métriques. 87 


458  GÉOMÉTRIE  DANS  l'ESPÂCE. 

138.  Ayant  ainsi  établi  l'équation  générale  du  plan  indépen- 
damment de  sa  génération,  il  importe  d'apprécier  comment 
elle  peut  être  directement  formée  d'après  les  diverses  manières 
dont  cette  surface  résulterait  du  mouvement  d'une  ligne  droite. 
Quoique  cette  appréciation  ne  soit  pas  strictement  indispen- 
sable à  la  théorie  analytique  du  plan,  réduite  à  sa  vraie  desti- 
nation propre,  elle  offrira  spontanément  le  précieux  avantage 
didactique  de  familiariser  déjà  le  lecteur  avec  la  marche  fonda- 
mentale, qui,  dans  la  seconde  partie  de  notre  étude,  devra 
diriger  la  formation  des  équations  qui  représentent  les  princi- 
pales familles  de  surfaces,  parmi  lesquelles  le  plan  peut  indif- 
féremment se  ranger,  en  y  modifiant  convenablement  Les  seules 
directrices. 

Le  premier  mode  consiste  à  regarder  le  plan  comme  une 
surface  cylindrique,  ayant  pour  base  une  ligne  droite.  Dans 
cette  hypothèse,  soient  a:=:aj5  -|-  a  et  y = ô^-|-€,  les  équations 
de  la  génératrice,  où  a  et  6  seront  constants,  en  vertu  du  pa- 
rallélisme, tandis  que  les  coefBcients  linéaires  varieront  d'une 
position  à  l'autre,  suivant  une  loi  correspondante  à  la  condition 
de  rencontre  continuelle  de  cette  droite  mobile  avec  la  direc- 


trice donnée  x=a'z+0L\  yssb'z+  6\  Cette  loi  s — 5«=  ^ — r, 

6' — 6       0  —  O 

constitue  une  sorte  d'équation  naturelle  du  lieu  cherché  enlre 
les  deux  paramètres  variables  a  et  6.  Pour  en  déduire  l'équa- 
tion demandée,  il  sufBt  d'y  rapporter  ceux-ci  aux  coordonnées 
définitives  j:,  y,  2,  d'après  les  équations  de  la  génératrice.  On 
obtiendra  ainsi  une  équation  qui,  convenant  à  un  point  quel- 
conque de  cette  droite  mobile  dans  une  position  quelconque, 
représentera  nécessairement  le  lieu  engendré  par  son  mouve- 
ment. Cette  substitution  de  x — az  et  i/ — bz^  à  la  place  de  a 
et  ê,  fournira  évidemment  une  équation  complète  du  premier 
degré,  conformément  au  type  ci-dessus  démontré.  Le  nombre 


PREMIÂRE  PARTIE,    CHAPITRE  TROISIÈME.  459 

des  constantes  arbitraires  y  surpassera  notablement  celui  des 
coefficients  qui  en  seront  formés;  ce  qui  induit  à  penser  que 
ces  six  constantes  pourraient  prendre  de  nouvelles  valeurs, 
sans  que  le  lieu  éprouvât  aucun  changement,  pourvu  que  leurs 
fonctions  relatives  aux  trois  coefficients  restassent  invariables. 
Or,  cette  circonstance  analytique  est  spontanément  en  harmonie 
avec  un  certain  degré  naturel  d'indétermination  géométrique 
inhérent  à  une  telle  définition  du  plan  :  car,  la  directrice  y 
pourrait  d'abord  changer,  comme  envers  toute  autre  surface, 
h  la  seule  condition  d'appartenir  au  lieu  considéré  ;  mais,  en 
outre,  la  génératrice  elle-même  pourrait  indifféremment  affec- 
ter l'une  quelconque  des  directions  du  plan,  par  une  exception 
particulière  au  cas  .actuel,  et  que  ne  sauraient  offrir  les  cylin- 
dres curvilignes,  où  la  direction  des  génératrices  est  toujours 
unique. 

Considérons,  en  second  lieu,  le  plan  d'après  sa  génération 
conique,  parle  mouvement  d'une  droite  autour  d'un  point  fixe, 
quand  sa  directrice  devient  elle-même  rectiligne.  Si  x\  y\  z\ 
désignent  les  coordonnées  du  sommet  donné,  les  équations  de 
la  génératrice  seront  ainsi  x — a:'«»  (i'(z-'Z'),j/ — y'*^b\z—z') , 
les  coefBcients  angulaires  y  étant  maintenant  variables.  Leur 
relation  constante  dépendra,  comme  ci-dessus,  de  la  condi- 
tion de  rencontre  perpétuelle  de  cette  droite  avec  la  direc- 
trice connue,  a:  ■=  az  -j-  a,  y  =  6z  -f-  6.  Dans  cette  relation 

T T.  «=  — ; ;— ; — -«,  il  faudra  pareillement  substituer  les 

b  —  b       y—bz — 6  ^ 

expressions  de  a'  et  b'  en  x^  y,  jz,  tirées  des  équations  de  la 
génératrice,  en  commençant  toutefois  par  supprimer  les  ter- 
mes  communs  en  a' 6',  qui  sembleraient  élever  vicieusement  le 
résultat  au  second  degré.  On  trouveraencore,suivantce  mode, 
une  équation  complète  du  premierdegré,  où  l'excès  du  nombre 
des  constantes  arbitraires  sur  celui  des  coefficients  qui  en  sont 


460  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPAGE. 

composés  représentera  aussi  ce  qu'une  telle  définition  renferme 
d*indéterminé  géométriquement,  soit  quant  à  la  directrice,  qui 
pourraut  y  varier  sans  faire  changer  le  lieu, comme  envers  tout 
autre  cône,  soit  même  quant  au  sommet,  qui,  unique  pour 
un  cône  curviligne,  pourrait^  exceptionnellement,  être  ici  placé 
en  un  point  quelconque  du  lieu. 

Envisageons  maintenant  le  plan  comme  une  surface  de  ré- 
volution, engendrée  par  la  rotation  d'une  droite  autour  d*un 
axe  auquel  elle  demeure  constamment  perpendiculaire  en  un 
même  point.  Six%î/\z\  désignent  les  coordonnées  de  ce  pôle 
donné, et  x — x't=a(z — js'),  y — y'=6  {z — ;2'),les  équations 
de  Taxe  considéré,  la  génératrice  aura  pour  équations 
X  —  a?'«=a'  {z —  s'),  y — y'=ô'  [z  —  z'),  en  concevant  ses 
coefficients  angulaires  variant  selon  la  loi  de  rectangularité 
aa'+  bb'+  1  =0,  où  il  suffira  de  substituer  leurs  expressions 
en  X,  y,  z^  afin  d'obtenir  Téquation  définitive  du  lieu  proposé. 
Cette  équation  sera  donc 

2  =  —  a^  —  ôy  -)-  (2'  4-  aa:'  +  ôy'). 

Quoique,  collectivement  envisagée,  elle  contienne,  sans  doute, 
comme  dans  les  deux  modes  précédents,  plus  de  constantes  ar- 
bitraires quede  coefficients  indéterminés,  une  appréciation  plus 
attentive  montre,  au  contraire,  que  Tindétermination  corres- 
pondante n'affecte  alors  nullement  les  deux  coefficients  angu- 
laires, et  concerne  seulement  le  coefficient  linéaire  ;  en  sorte 
que,  parmi  les  données  de  cette  génération,  «  et  i  ne  pour- 
raient aucunement  changer  sans  altérer  le  lieu,  tandis  que 
^\  y\  2'î  y  pourraient  indifféremment  recevoir  une  infinité 
de  valeurs  distinctes,  pourvu  que  la  fonction  z*  +  ax'  -f-  6y ' 
demeurât  invariable.  Or,  toutes  ces  nuances  analytiques 
sont  en  pleine  harmonie  avec  les  indications  géométriques, 
puisque  Taxe  d'un  plan  ne  peut  avoir  qu'une  seule  direc- 


PREinÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  461 

tion,  tandis  que  le  pôle  peut  être  prisa  volonté  sur  la  surface. 
Au  sujet  de  l'équation  précédente,  il  convient  de  remarquer 
spécialement  la  vérification  analytique  qu'elle  offre  spontané- 
ment d'une  utile  proposition  géométrique,  sur  la.rectangularité 
nécessaire  entre  les  projections  quelconques  d'une  droite  etles 
traces  correspondantes  d'un  plan  qui  lui  est  perpendiculaire . 
Car,  en  comparant,  par  exemple,  la  trace 

z  =  —  oo;  +  (z'+  ax'+  6y')i 

obtenue  en  faisant  y  =0,  avec  la  projection  x —  a;'=a  (^ — ^') 
de  l'axe  surleplandeso;^,  le  symptôme  ordinairede  géométrie 
plane  montre  aussitôt  que  ces  deux  lignes  sont  rectangulaires. 

La  génération  précédente  se  lie  naturellement  à  une  qua- 
trième manière  d'envisager  le  plan,  qui  serait  susceptible  de 
conduire  directement  à  l'équation  de  cette  surface,  conçue 
comme  le  lieu  général  des  points  de  l'espace  équidistants  de 
deux  pôles  donnés  x\  y',  z'  et  x'\  y'\  z"  ;  ce  qui  fait  rentrer  le 
plan  dans  la  sur  face  également  éclairée  par  deux  lumières^  pour 
le  cas  particulier  de  l'égalité.  Cette  définition  fournit  aussitôt, 
d'après  la  formule  des  distances,  l'équation 

(^-ar')*+(y-y?+(2— 2?  =  (x—xy+{y-yy+{z--z")\ 

où  les  termes  du  second  degré  se  détruisent  spontanément,  et 
dont  la  composition  confirmera  ensuite  aisément  que  le  plan 
est  perpendiculaire  sur  le  milieu  de  la  droite  qui  joint  les  deux 
pôles,  conformément  à  la  nature  géométrique  d'une  telle  for- 
mation, qui  pourrait  ainsi  coïncider  immédiatement  avec  le 
mode  ci-dessus  considéré. 

Concevons  enfin  le  plan  comme  une  surface  réglée  ou  recti- 
ligne^  sous  l'aspect  le  plus  étendu,  en  le  supposant  engendré 
par  une  droite  qui  glisse  arbitrairement  sur  deux  autres  sus- 
ceptibles d'intersection.  Il  faut  ici  remarquer  d'abord  que  le 


462  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 

mouvement  d'une  droite  quelconque  n*est,  en  général,  suffi- 
samment défini  d'après  des  directrices  qu'autant  que  celles-ci 
sont  au  nombre  de  trois,  sans  quoi  le  lieu  serait  nécessairement 
vague,  la  génératrice  y  pouvant,  avec  deux  directrices  seule^ 
ment,  affecter,  en  chaque  point  de  Tune  d'elles,  une  infinité 
de  directions  aboutissant  à  l'autre.  Or,  par  une  exception  tout 
à  fait  particulière  au  plan,  cette  surface  est,  au  contraire,  suf- 
fisamment déterminée  en  faisant  mouvoir  à  volonté  une  droite 
sur  deux  autres  qui  se  rencontrent,  parce  qu'une  droite  qui  a 
deux  de  ses  points  dans  un  plan  les  y  a  tous.  Soient  donc 

les  deux  directrices  données,  entre  lesquelles  on  supposera 

f  j^t     — 

préalablement  la  relation  nécessaire  ^^ — ^  •=  t — r  :  leur  dou- 

6—6       0'— Ô 

ble  rencontre  continue  avec  la  génératrice  fournira  les  deux 
condiUons  a^alogues^Tr^g — jTT^^et^Tr--^.— jtt— ^,  entre 

les  quatre  paramètres,  alors  simultanément  variables,  contenus 

dans  les  équations  de  celle-ci, a:«-a"2î-f«",y=a6"«4"6''  ^^ur 
que  l'ensemble  de  ces  quatre  équations  permît  d'éliminer  com- 
plètement a'\  b",  a",  €",  de  manière  à  fournir  l'équation  du 
lieu,  une  cinquième  relation,  correspondante  à  une  troisième 
directrice,  serait,  en  général,  indispensable.  Mais,  par  une 
anomalie  algébrique,  exactement  équivalente  à  l'exception  géo- 
métrique spécialement  signalée  envers  le  plan,  on  trouvera  ici 
que,  si  l'on  dirige  ce  calcul  de  façon  à  éliminer  seulement  trois 
de  ces  paramètres,  le  quatrième  disparaîtra  spontanément, 
pourvu  toutefois  que  Ton  ait  suffisamment  égard  à  la  relation 
préalable  ci-dessus  formulée  entre  les  deux  directrices. 

139.  L'équation  générale  du  plan  étant  complètement  établie, 
la  théorie  analytique  préliminaire  qui  s'y  rapporte  est  propre- 


PREMIÈRE   PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  463 

ment  destinée,  comme  envers  la  ligne  droite,  à  déterminer  les 
trois  constantes,  angulaires  etlinéaire,  qu'elle  contient,  lorsque, 
sans  être  immédiatement  données,  elles  doivent  résulter  de 
diverses  conditions  élémentaires  suffisamment  usuelles,  qui  se 
réduisent  encore  essentiellement  aux  trois  considérations  fon- 
damentales de  passage,  d'inclinaison,  et  d'intersection,  déjà 
appréciées  dans  la  double  théorie  de  la  ligne  droite. 

Considérons  d'abord  la  détermination  de  l'équation  d'un  plan 
assujetti  h  passer  par  trois  points  donnés.  En  ayant  égard  au 
premier  point,  la  relation  z'^sbox^^  6y'+  c  permettra  de  rap- 
porter le  coefficient  linéaire  aux  angulaires,  de  manière  à 
fournir  le  type  analytique  très-usuel  de  tous  les  plans  qui  con- 
tiennent un  même  point,  z — z*=a  (oc— a;')+*(y-"y')'  On  y 
déterminera  ensuite  les  deux  constantes  a  et  6  d'après  les  deux 
autres  passages,  qui,  ainsi  combinés  avec  le  premier,  fournis- 
sent les  conditions 

Si  l'on  achève  l'opération,  dont  le  résultat  général  ne  mérite 
pas  d'ailleurs  d'être  retenu,  on  pourra  constater  aisément  que 
l'indétermination  des  formules  finales  correspond  au  cas  où  les 
trois  points  donnés  sont  en  ligne  droite,  conformément  aux 
exigences  géométriques. 

On  pourrait  présenter  cette  première  question  fondamentale 
sous  une  nouvelle  forme,  enassujettissant  le  plan  à  passer  par 
un  point  donné  et  &  contenir  unedroite  donnée.  Sans  doute,  ce 
second  cas  rentrerait  aisément  dans  le  précédent^  en  expri- 
mant que  le  plan  cherché  passe  en  deux  points  arbitraires  de 
cette  droite,  ceux,  par  exemple,  où  elle  rencontre  deux  des 
plans  coordonnés  ;  ce  qui  suffirait  assurément,  d'après  une 
notion  géométrique  très-familière,  pour  garantir  que  tout  le 
reste  de  la  ligne  s'y  trouverait  aussi.  Mais  il  importebeaucoup 


464  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPACE. 

d'apprécier  ici  la  manière  dont  l'analyse  peut  directement  ex 
primer,  indépendamment  de  toute  considération  antérieure, 
que  le  plan  z^^ax+by-^-c  contient  la  droite  j;«=»mz  +«» 
ytsanz-\-6  :  car,  le  lecteur  commencera  ainsi  à  sentir,  sur  un 
premier  exemple  caractéristique,  le  mode  suivant  lequel  nous 
devrons  ultérieurement  faire  passer,  en  général,  une  surface 
quelconque  par  une  ligne  donnée,  Popération  actuelle  repo- 
sant déjà  spontanément  sur  le  même  principe  fondamental, 
suivant  l'attribut  nécessaire  de  toutes  les  conceptions  vraiment 
analytiques.  Or,  pour  que  la  droite  soit  entièrement  contenue 
dans  le  plan,  il  faut  analytiquement  que  les  coordonnées  hori- 
zontales de  Tune  satisfassent  àréquation  de  Tautre,  en  laissant 
l'ordonnée  verticale  tout  à  fait  arbitraire  :  ainsi,  la  substitu- 
tion de  mz-^oL  et  nz-{-^  au  lieu  de  x  et  y  doit  rendre  identique 
Téquation  du  plan,  dès  lors  devenue 

z=(am+ftn)-s-f-(aa+^^+0  î 

ce  qui  fournitles  deux  relations  am  +ô/i=i,  aa+ô6-)-c=0,  • 
sans  lesquelles  Téquation  précédente  spécifierait  l'unique  inter- 
section de  la  droite  et  du  plan,  qui  doit  ici  devenir  indéter- 
minée. La  première  de  ces  deux  conditions  caractéristiques, 
indépendante  des  coefficients  linéaires  de  la  ligne  et  de  la  sur- 
face,indique  séparémentleur  parallélisme  ;  quant  à  la  seconde, 
elle  signifie,  en  elle-même,  que  la  trace  horizontale  delà 
droite  appartient  à  la  trace  horizontale  du  plan  :  en  sorte  que 
l'appréciation  géométrique  explique  nettement  comment  la 
combinaison  de  ces  deux  caractères  analytiques  constitue  exac- 
tement la  situation  proposée. 

Dans  une  telle  corelation  de  l'abstrait  au  concret,  le  degré  de 
l'équation  finale  en  z  exerce  une  influence  géométrique  qu'il 
importe  de  bien  saisir  :  car,  il  y  faut  voir  l'indication  analy- 
tique du  nombre  de  points  qu'une  droite  doit  avoir  sur  un  plan 


l» 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  465 

pour  y  être  entièrement  contenue  ;  puisque  toute  équation  du 
premier  degré  à  une  seule  inconnue  qui  comporte  deux  solu- 
tions distinctes  est  nécessairement  satisfaite  par  toute  autre  hy- 
pothèse quelconque,  ce  résultat  analytique  signifie  qu'une 
droite  appartient  complètement  à  un  plan  quand  elle  y  a  seu- 
lement deux  points.  Cette  appréciation  ne  fait,  sans  doute,  ici 
que  confirmer  un  axiome  géométrique  très-connu.  Mais  il  suf- 
firait de  la  généraliser  entièrement^  ce  qui  ne  susciterait  au- 
cune difficulté  nouvelle,  suivant  le  privilège  naturel  des  vraies 
conceptions  analytiques,  pour  en  tirer  une  importante  déter- 
mination, souvent  ignorée,  quant  au  nombre  de  points  qu'une 
droite,  ou  même  ensuite  toute  autre  ligne  donnée,  doit  avoir 
en  commun  avec  une  surface  quelconque,  afin  d'y  être  entière- 
ment contenue.  D'après  le  même  principe,  ce  nombre  serait 
nécessairement  égal  à  trois  envers  une  surface  du  second  degré, 
et,  en  général,  surpasserait  d'une  unité  le  degré  de  la  surface 
considérée  :  car,  la  substitution  analogue  des  coordonnées  ho- 
rizontales de  la  droite  fournirait  une  équation  finale  en  z  du 
même  degré  que  celle  de  cette  surface  ;  en  sorte  que  cette  équa- 
tion deviendrait  inévitablement  identique  si  elle  admettait  des 
solutions  distinctes  en  nombre  supérieur,  même  d'une  seule 
unité,  à  ce  degré.  Envers  une  courbe  quelconque,  le  nombre 
analogue  excéderait  toujours  d'une  unité  le  degré  de  l'équation 
correspondante  en  2,  alors  dépendant  à  la  fois  du  degré  de  la 
surface  et  de  celui  de  la  ligne,  suivant  une  loi  algébrique  d'ail- 
leurs trop  peu  connue  pour  qu'on  en  puisse  d'avance  formuler 
le  résultat  général. 

Le  second  élément  essentiel  de  la  théorie  analytique  du  plan 
consiste  à  déterminer  l'angle  de  deux  plans  d'après  leurs  é({\3iK- 
tionsz==aj:-t-6y-t-c  et  z=a'x-\-b'y'\'C\  Cette  question  ne 
peut  être  traitée  qu'en  ramenant  une  telle  inclinaison  à  celle 
de  deux  droites,  suivant  les  règles  géométriques  fondamen- 


466  GÉOMÉTRIE  DANS   L'ESPAGB. 

taies.  Mais  ces  règles  fournissent,  à  cet  égard,  deux  modes 
très*distincts,  entre  lesquels  le  choix  analytique  est  loin  d*ètre 
indifférent.  En  adoptant  celui  que  la  géométrie  indique  d^abord, 
les  droites  auxiliaires  résulteraient  de  la  rencontre  des  deux 
plans  donnés  avec  un  troisième  plan,  mené,  d'un  point  quel- 
conque, de  Torigine,  par  exemple,  perpendiculairement  à 
leur  intersection  ;  ce  qui  conduirait  à  un  calcul  très-laborieux, 
que  je  recommande  seulement  à  titre  d'exercice  scolastique. 
Suivant  l'autre  mode,  au  contraire,  les  droites  sont  faciles  à 
obtenir  analytiquement,  comme  étant  respectivement  perpen- 
diculaires aux  deux  plans  donnés  :.une  remarque  ci-dessus 
expliquée  leur  assigne  ainsi  aussitôt  les  équations 

a:»=3 — az,  y^=a^bz  et  .t;=»— a'2,  y^s^—Vz. 

Telle  est  la  seule  difficulté  nouvelle  que  puisse  offrir  la  question 
actuelle,  dès  lors  ramenée  à  la  formule  du  chapitre  précédent 
sur  l'inclinaison  de  deux  droites,  sans  qu'il  convienne  ici  de 
s'arrêter  spécialement  à  une  répétition  algébrique  qu'il  vaudra 
mieux  opérer  à  l'instant  du  besoin  :  avec  nos  notations  ac- 
tuelles, la  formule  serait  d'ailleurs  littéralement  la  même 
qu'envers  deux  droites.  On  en  tirerait  naturellement  de  pa- 
reilles conséquences  pour  les  angles  de  chaque  plan  avec  les 
plans  coordonnés,  et,  par  suite,  une  semblable  transforma- 
tion pour  l'angle  de  deux  plans  quelconques  d'après  leurs  in- 
clinaisons simultanées  sur  trois  plans  rectangulaires.  La  rela- 
tion constante  entre  ces  trois  inclinaisons  serait  ici  susceptible 
d'une  nouvelle  interprétation  géométrique,  que  je  dois  expres- 
sément signaler,  à  cause  de  son  utilité  réelle  en  plusieurs  occa- 
sions intéressantes.  Car,  en  considérant  la  projection  d'une  aire 
plane  sur  un  plan  quelconque,  le  cosinus  de  l'inclinaison  est 
représenté,  d'après  un  théorème  trigonométrique  bien  connu, 
par  le  rapport  de  l'aire  projetée  à  Taire  inclinée  :  si  donc  on 


PREKIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  467 

substitue  de  pareils  rapports  aux  trois  cosinus  considérés  dans 
la  relation  cos2X+  cos*  Y  4-«îos*Z=l,  elle  conduira  à  recon- 
naître que  le  carré  de  toute  aire  plane  équivaut  toujours  à  la 
somme  des  carrés  de  ses  projections  simultanées  sur  trois  plans 
rectangulaires;  en  sorte  que,  d*après  nos  explications  anté- 
rieures, cette  proposition  remarquable  constitue,  au  fond, 
une  simple  conséquence  indirecte  du  grand  théorème  de 
Pythagore. 

Quant  à  Tangle  d'une  droite,  a:=mif+a,  y=*n«+S»  *^^®^ 
un  plan,  z^snox-^by-^c^  il  serait  encore  plus  facile  de  le  ra- 
mener aussi  à  celui  de  deux  droites,  soit  en  comparant  la  droite 
donnée  à  sa  projection  sur  ce  plan,soit^  ce  qui  sera  analyti- 
quement  bien  plus  commode,  en  substituant  également  au  plan 
sa  normale  x  —  —  az,  y» — 62,  pourvu  qu'on  prit  ensuite  le 
complément  derincUnaison  obtenue.  La  formule  fondamentale 
du  chapitre  précédent  conduirait  ainsi  à 

.   „  1  —  ma-—nb 

8inV« 


On  y  vérifie  aussitôt  la  condition  ci-dessus  trouvée  pour  le  pa- 
rallélisme entre  la  droite  et  le  plan  :  quant  au  cas  de  rectan- 
gularité, la  relation  se  décomposerait  spontanément  en  deux 
autres,  suivant  un  mode  algébrique  déjà  expliqué. 

Enfin,  le  dernier  élément  indispensable  à  la  théorie  analyti- 
que du  plan  consiste  à  déterminer  Tintersection  de  deux  plans 
d'après  leurs  équations.  Cetle  question  est  aussitôt  résolue  que 
posée,  puisque  la  droite  cherchée  se  trouve  analytiquement  ex- 
primée parla  coexistence  de  ces  deux  équ  ations,suivant  les  expli- 
cations fondamentales  de  Tavant-dernier  chapitre. Si,d'ailleurs, 
de  ce  premier  couple  analytique,  on  veut  passer,  comme  il  con- 
viendra ordinairement,  au  couple  final  des  plans  projetants, 
cette  transformation  n'offrira  aucune  difficulté  propre  à  la  re- 


468  GÉOSÉTME  ^ASS  L  ESPaOL 


cherche  actaelle,  et  s'accomplira  rézolièmneiit  enchaqnei 
d'apHrs  la  double  é Uminatîon  prescrite,  qu'il  serait  inntile  ici 
de  fonnaler  d'avance. 

D  ne  sera  pas  plas  difHcile  de  déterminer  rinlersectîon  d*ime 
droite  el  d'an  plan,  en  combinant  leurs  trois  équations  simul- 
tanées pour  obtenir  les  trois  coordonnées  du  point  commoD. 

Ces  deux  questions  se  résolvent  éridemment,  en  ce  cas,  selon 
le  même  mode  anal}'tique  qu'envers  toute  autre  sorte  de  lieux 
géométriques,  surfaces  ou  lignes. 

140.  Parmi  les  nombreuses  recherches  composées  qui,  dans 
la  théorie  analytique  du  plan,  peuvent  résulter  de  la  combi- 
naison de  ces  trois  problèmes  indispensables, il  fautici,  comme 
envers  la  ligne  droite,  distinguer  surtout,  soit  à  titre  de  type, 
soit  en  vertu  de  son  utilité  réelle,  la  détermination  de  la  dis- 
tance p  d'un  point  (x,  y',  «j  à  un  plan  (z^=^aX'\-by+c).  D'a- 
près les  équations  de  la  perpendiculaire  correspondante, 

■ 

x—z'=>—a(z—z'],  y^y=^b  {2— z'), 

on  peut  calculer  les  coordonnées  de  son  pied  ;  mais,  comme  la 
longueur  cherchée  dépend  seulement  de  la  différence  de  ces 
coordonnées  à  celles  du  point  donné,  on  abrégera  sensiblement 
ropération  algébrique  en  écrivant  d'abord  Téquation  du  plan 
sous  la  forme  z— z'=a  [x — x')  +6(y — yO+^'^  désignant 
provisoirement  le  polynomeconnu  ax'  -|-  6y'+  c  — z'.On  trou- 
vera ainsi  la  formule  très-usuelle 

ax'A-by'  +  c  —  z' 

assez  simple  pour  être  aisément  retenue,  et  dont  le  souvenir  se 
liera  d'ailleurs  profondément  à  celui  de  la  formule  analogue 
en  géométrie  plane,  qui  en  constitue  naturellement  une  simple 
modifleation  spéciale.  Il  serait  facile  de  Tobtenir  trigonométri- 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  TROISIÈME.  469 

quemeai  de  la  même  manière  que  celle-ci,  à  Taide  du  triangle 
rectangle  formé  par  le  prolongement  de  la  verticale  du  point 
donné  jusqu'au  plan  donné.  On  y  remarque,  comme  danslecas 
plan,qu'elleest  rationnellement  composée  en  fonction  des  coor- 
données du  point.  Au  reste,  la  rationalité  de  cette  formule  et 
Tirrationalité  de  celle  du  chapitre  précédent  pour  la  ligne 
droite  étaient  susceptibles  de  prévision  géométrique,  en  consi- 
dérant,de  part  et  d'autre^le  lieu  naturel  des  points  équidistants, 
dont  Téquation  doitêtre  évidemment  du  premierdegré  àl'égard 
du  plan  et  du  second  envers  la  ligne  droite. 

La  formule  précédente  fournirait  commodément  l'équation  du 
plan  bissecteurde  Tangle  de  deux  plans  donnés,  en  y  voyant 
le  lieu  des  points  équidistants  de  ceux-ci  ;  ce  qui,  en  quelques 
occasions  utiles,  éviterait  de  longs  circuits  algébriques. 

On  peut  aussi  l'appliquer  heureusement,  en  un  cas  plus  im- 
portant, pour  obtenir  l'expression  de  la  moindre  distance  de 
deux  droites  données,  abstraction  faite  des  points  correspon- 
dants, comme  je  l'ai  annoncé  à  la  fin  du  chapitre  précédent.  Il 
sufSt,  en  effet,  de  substituer  à  cette  distance  celle,  évidemment 
équivalente,  d'un  point  arbitraire  de  l'une  des  droites  au  plan 
qui  lui  serait  mené  parallèlement  par  l'autre.  En  utilisant  con- 
venablement ce  qu'un  tel  calcul  renferme  de  facultatif,  on  trou- 

vera  sans  peme  la  forroi  de  finale^ ' . 

\/[a'^ay+[b-b'Y+[ab'-a'bY 

Sa  composition  satisfait  aussitôt  à  l'évidente  condition  de  s'an- 
nuler spontanément  quand  les  deux  droites  se  rencontrent  : 
je  laisse  au  lecteur  le  soin  d'y  apprécier  le  cas  exceptionnel  du 
parallélisme,  où  elle  semble  d'abord  devenir  indéterminée. 

Toute  autre  explication  spéciale  serait  ici  superflue  envers 
les  questions  composées  relatives  à  la  théorie  analytique  du 
plan,  et  qui,  essentiellement  inapplicables,  ne  peuvent  offrir 
d'utilité  didactique  qu'à  titre  de  simples  exercices^  dont  l'effi- 


470  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

cacité  résulte  surtout  de  leur  spontanéité.  J'engage  seolement 
le  lecteur  à  chercher  ainsi,  d'après  les  coordonnées  de  quatre 
points  quelconques  de  l'espace ,  soit  le  volume  du  tétraèdre 
correspondant,  soit  les  rayons  des  deux  sphères  qui  lui  se- 
raient inscrite  et  circonscrite  ;sans  même  achever  ces  laborieux 
calculs;  leur  institution  nette  exercera  utilement  à  la  combi- 
naison familière  des  trois  éléments  essentielsdela  théorie  pré- 
liminaire que  nous  venons  d'établir. 


CHAPITRE    IV. 

Théorie  de  la  transposiUon  des  axes  dans  l'espace. 

141.  La  nature  etla  destination  de  cette  dernière  théorie  pré- 
liminaire comportent  ici  les  mêmes  réflexions  générales  qu'en 
géométrie  plane  :  il  n'y  a  maintenant  de  nouveau  que  la  plus 
grande  difQculté  d'établir  les  formules  correspondantes  et  leur 
complication  supérieure.  Sans  revenir  expressément  sur  des 
explications  que  chaque  lecteur  étendra  spontanément,  il  est 
clair  qu'une  telle  théorie  doit  être  aussi  indispensable  à  l'étude 
générale  des  surfaces  qu'à  celle  des  lignes,  soit  pour  découvrir 
l'identité  des  lieux  géométriques  malgré  la  diversité  de  leur 
représentation  analytiquequandla  différence  ne  résulte  que  des 
situations  respectives,  soit  pour  simplifier  autant  que  possible 
l'équation  propre  à  chaque  lieu  en  assignant  aux  axes  la  posi- 
tion la  plus  favorable  ;  le  premier  ofSce  continue  d'ailleurs  à 
être  ordinairement  plus  important  que  le  second.  Quant  au 
nombre  nécessaire  des  constantes  arbitraires  que  doivent  con- 
tenir les  nouvelles  formules  de  transposition,  il  devient  natu- 


PREMIÈRE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRlàME.  471 

Tellement  plus  grand  que  pour  le  cas  plan  :  le  déplacement  de 
l'origine,  qui  correspond  toujours  à  la  translation  deslieux,  in- 
troduira trois  éléments  linéaires  ;  le  changement  de  direction 
des  axes  exigera,  en  général,  la  considération  de  six  angles, 
puisque,  dans  l'espace,  toute  direction  se  détermine  naturelle- 
ment par  deux  angles;  mais,  si  Tinclinaison  des  axes  demeure 
la  même  qu'auparavant,  ce  qui  représente,  en  sens  inverse,  la 
rotation  des  lieux,  ces  six  angles  arbitraires  se  réduiront  spon- 
tanément à  trois,  les  inclinaisons  données  suppléant  aux  trois 
autres.  Ainsi,  en  principe,  ces  formules  contiendront  nécessai- 
rement six  constantes  arbitraires,  trois  linéaires  et  trois  angu- 
laires^ lorsqu'on  les  emploiera  à  la  comparaison  géométrique  de 
deux  équations  distinctes  ;  elles  en  renfermeraient, au  contraire, 
jusqu'à  neuf,  trois  linéaires  et  six  angulaires,  quand  on  les  ap- 
pliquerait à  la  simplification  algébrique  de  chaque  équation 
isolée.  Toutefois,mème  pourcette  seconde  destination,les  con- 
stantes disponibles  nesontpashabituellementplusnorabreuses 
que  pour  la  première^  parce  qu'on  préfère  ordinairement  main- 
tenir la  rectangularité  des  axes  ;  quoique  leur  obliquité  permît, 
sans  doute,  de  supprimer  trois  termes  de  plus,  elle  complique 
tellement  l'interprétation  géométrique  qu'on  doit  ici  l'éviter  en- 
core plus  soigneusement  qu'en  géométrie  plane. 

En  procédant,  comme  au  n°  29,  d'après  la  décomposition 
naturelle  de  la  question  fondamentale,  considérons  d'abord  le 
simple  changement  d'origine.  Les  nouveaux  axes  étant  paral- 
lèles aux  anciens,  il  est  clair  que  les  deux  coordonnée»  analo- 
gues d'un  point  quelconque  auront  entre  elles  une  différence 
constante,  égale  à  l'intervalle  des  plans  fixes  où  elles  aboutis- 
sent respectivement,  et  représentant  le  déplacemen  t  d'origine 
correspondant.  Ainsi,  les  formules  de  transposition  seront 
encore 


472  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

a,  b,  Cy  désignant  les  anciennes  coordonnées  de  la  nouvelle 
origine,  et  se  trouvant,  par  conséquent,  affectées,  en  chaque 
cas,  d'un  signe  indispensable,  sans  Tappréciation  duquel  ces 
formules  manqueraient  de  généralité. 

Le  changement  de  direction  des  axes  autour  delà  même  ori- 
gine, qui  constitue  la  principale  difficulté  d'un  tel  sujet,  offre 
ici  plus  d'embarras  qu'en  géométrie  plane,  où  la  solution  tri- 
gonométrique  était  presque  aussi  facile  à  instituer  qu'à  exécuter, 
tandis  que  maintenant  elle  exigerait  naturellement  de  pénibles 
comparaisons  entre  des  lignes  appartenant  à  des  plans  diffé- 
rents.Ges  obstacles  sont  assez  gravespour  susciter rapplication 
d'un  nouveau  principe  géométrique  dû  à  Carnot,  et  qui,  d'ail- 
leurs très-utile  en  beaucoup  d'autres  recherches,  dissipe  heu- 
reusement toutes  les  complications  de  la  question  actuelle.  Il 
consiste  en  ce  que,  si  l'on  projette,  sur  un  axe  quelconque,  un 
contour  rectiligne  fermé,  d'ailleurs  plan  ougauche,la  projection 
de  chaque  côté  sera  toujours  égale  à  la  somme  algébrique  des 
projections  de  tous  les  autres.  Exposons  d'abord  l'explication 
générale  de  cette  importante  relation. 

Par  sa  nature,  il  sufBt  de  l'avoir  constatée  envers  un  simple 
triangle  pour  acquérir  aussitôt  le  droit  de  l'étendre  successive- 
ment à  un  polygone  quelconque,  formé  d'une  suite  de  triangles 
contigus,  qui  peuvent  d'ailleurs  être  situés  en  des  plans  diffé- 
rents. Afin  d'en  mieux  caractériserla  notion,  bornons-nous  donc 
à  considérer  ce  cas  fondamental,  quoique  la  démonstration  pût 
directement  convenir  à  tout  contour  fermé.  On  évitera  toute 
obscurité,  à  cet  égard,  si  l'on  apprécie  préalablement,  en  gé- 
néral, la  double  manière  dont  peut  être  comptée,  d'aprèslaloi 
du  signe  concret,  la  projection  de  chaque  côté,  évidemment 
susceptible  d'inversion  selon  le  sens  dans  lequel  on  parcourt 
l'une  et  Tautre  ligne.  Cette  opposition  de  signe  est  fidèlement 
traduite  par  lexpression  algébrique  de  la  projection,  propor- 


PREMIÈRE  PARTIE,  CHAPITRE  QUATRIÈME.  473 

tionnellement  au  cosinus  de  rinclinaison  du  côté  sur  Taxe  : 
car,  le  signe  de  ce  cosinus  change  spontanément  suivant  celle 
des  deux  extrémités  que  Ton  regarde  comme  initiale,  en  con- 
cevant l'autre  comme  finale,  puisque  Tangle  avec  Taxe,  tou- 
jours compté  dans  le  même  sens,  suivant  le  précepte  trigono- 
métrique,  augmente  alors  de  180*. 

D'après  cet  éclaircissement  préalable,  le  principe  des  pro- 
jections linéaires  ne  peut  offrir  aucune  difficulté,  en  considé- 
rant la  succession  nécessaire  des  projections  de  deux  côtés  con- 
sécutifs, comparés  à  la  projection  du  troisième  côté  du  triangle 
correspondant.  La  seconde  projection  se  juxtaposera  ou  se  su- 
perposera à  la  première,  selon  que  le  second  côté  fera,  comme 
le  premier,  un  angle  aigu  avec  Taxe,  ou  bien  un  angle  obtus  : 
or^  la  projection  du  troisième  serait  alors,  évidemment,  tantôt 
la  somme,  tantôt  la  .différence  géométrique  de  ces  deux  pre- 
mières projections,  dont  elle  représentera  donc  toujours  la 
somme  algébrique,  en  ayant  égard  aux  signes  simultanés  des 
cosinus.  Même  quand  le  second  côté  prend  une  direction  per- 
pendiculaire &  Taxe^  auquel  cas  sa  projection  n'altère  nulle- 
ment celle  du  premier,  la  relation  subsistera  epcore,  puisque 
le  terme  correspondant  s'annulera  spontanément.  On  voit  que, 
dans  un  tel  énoncé,  il  faut  considérer  le  dernier  côté  comme 
ayant  la  même  origine  que  le  premier;  si  on  l'estimait  nais- 
sant de  son  autre  extrémité,  c'est-à-dire  suivant  le  parcours 
naturel  du  circuit  total,  sa  projection  changerait  de  signe,  et 
le  théorème  consisterait  en  ce  que  la  somme  des  projections  de 
tous  les  éléments  d'un  contour  fermé  reste  constamment  nulle 
envers  un  axe  quelconque. 

L'importance  de  ce  principe  géométrique  m'engage  à  in- 
diquer- une  autre  manière  générale  de  l'envisager,  qui  pourra 
dissiper  ou  prévenir,  à  cet  égard,  toute  confusion.  Si  l'on 

substitue  à  l'axe  considéré  un  plan  qui  lui  soit  perpendicu- 

88 


474  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 

laire,  et  qui  d'ailleurs  laisse  du  même  côté  tous  les  points  pro- 
posés, il  est  clair  que  la  projection  de  chaque  ligne  sur  Taxe 
primitif  se  trouvera  représentée  par  l'excès  de  distance  k  ce 
plan  d'une  de  ses  extrémités  comparée  à  l'autre  :  la  double 
manière  d'instituer  cette  comparaison  d'éloignement  correspond 
spontanément  au  double  sens  de  la  projection.  Or,  en  parcou- 
rant successivement  tous  les  sommets  d'un  contour  fermé, 
triangulaire  ou  polygonal,  plan  ou  gauche,  l'écartement  pro- 
gressif envers  un  tel  plan,  toujours  augmenté  algébriquement 
des  divers  écartements  partiels,  doit  nécessairement  se  re- 
trouver nul  quand,  après  avoir  parcouru  le  circuit  entier,  on 
sera  revenu  au  point  de  départ.  De  là  résulte  la  relation  pro- 
posée, d'abord  sous  sa  seconde  forme,  et  par  suite  aussi  sous 
la  première,  en  renversant  le  mode  d'estimation  propre  au 
dernier  côté,  comparé  &  l'ensemble  des  autres. 

• 

142.  U  est  maintenant  facile  de  déduire  de  ce  principe  les 
formules  propres  au  changement  de  direclion  des  axes,  dans 
l'espace,  autour  d'une  même  origine,  surtout  en  supposant 
les  anciens  axes  rectangulaires,  ce  qui  constitue  le  seul  cas 
usuel,  hors  duquel  il  serait  ici  superflu  de  statuer,  quoique  la 
marche  fût  essentiellement  semblable.  Car,  envers  des  axes 
quelconques,  les  trois  coordonnées  OP',  P'N',  N'M  {fig.  82) 
d'un  même  point  peuvent  être  regardées  comme  formant  un 
quadrilatère  gauche,  fermé  par  la  distance  OM  de  ce  point  à 
l'origine,  et  auquel  on  peut  appliquer  le  principe  des  projec- 
tions. D'un  autre  côté,  la  projection  de  cette  diagonale  OM 
sur  chacun  des  axes  OX,  OY,  OZ,  équivaut  évidemment  à 
l'ordonnée  correspondante  du  point  M.  Si  donc  on  considère 
le  quadrilatère  ainsi  formé  des  nouvelles  coordonnées  x\  y\  z', 
et  qu'on  le  projette  successivement  sur  les  anciens  axes  des  a:, 
des  ^,  et  des  z,  on  obtiendra  aussitôt  les  formules  cherchées, 


PREMlèRE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  475 

x^x'  cosXTC  +  y'cosY'X  +  z'  cos  Z'X 
y  =  x'  cos  X'Y  +  y'  cos  Y' Y  +  z'  cos  Z'Y 
z^x'  cos  X'Z  +  y'  cos  Y'Z  +  z'  cos  Z'Z,   • 

en  adoptant,  pour  les  neuf  angles  ainsi  introduits  spontané- 
ment, la  lumineuse  notation  de  Gamot,  fondée  sur  la  coexis- 
tence des  deux  lettres  qui  indiquent  les  deux  côtés  de  chaque 
angle.  En  géométrie  plane,  nous  avons  pu  perfectionner  cette 
notation,  sans  la  rendre  moins  expressive,  parce  que,  tous 
les  angles  considérés  se  trouvant  alors  formés  avec  une  même 
droite,  la  mention  formelle  de  celle-ci  devenait  superflue,  et 
la  désignation  pouvait  se  réduire  à  une  seule  lettre,  relative 
au  côté  variable.  Mais,  dans  Tespace,  une  telle  abréviation 
ne  comporterait  plus  assez  de  clarté  :  quant  à  Tusage  de  lettres 
insignifiantes,  ses  inconvénients  géométriques  surpassent 
beaucoup  ses  avantages  algébriques. 
L'apparente  simplicité  des  formules  précédentes  tient  àPemploi 
d'un  trop  grand  nombre  d'angles,  qui  ne  sauraient  jamais  être 
envisagés  comme  indépendants  les  uns  des  autres,  même  quand 
rinclinaison  des  nouveaux  axes  resterait  arbitraire  :  puisque 
chacun  de  ceux-ci  y  a  été  déterminé  par  ses  inclinaisons  sur 
les  trois  axes  anciens,  dont  deux  suffisent  évidemment.  Ainsi, 
Tusage  de  ces  foi*mules  doit  toujours  être  accompagné  de  la 
considération  effective  des  relations,  nécessaires  qui  existent 
entre  ces  angles,  et  qui  sont,  d'après  Tavant-demier  cha- 
pitre, 

cos^ï  X'X  +  cos^  X'Y  -f-  cos»  X'Z  =  1 

cos»  Y'X  +  cos*  Y'Y  +  cos»  Y'Z  =  1 
cos»  Z'X  -f  cos»  Z'Y  -f  cos»  Z'Z  =  i. 

En  outre,  quand  les  nouveaux  axes  seront  pareillement 
rectangulaires,  la  règle  d'Euler  fournira  trois  autres  re- 
lations 


476  GÉOHÉTRIE  DA5S  L'eSPACB. 

cos  X'X  ces  VX  +  C08  X'Y  cos  YT  +  cos  X'Z  Gos  yz = 0 
C08  X  X  ces  Z'X  +  ces  XTf  cos  Z'Y  +  cos  X'Z  cos  Z'Z  =  0 
ces  rx  cos  Z'X  +  cos  YT  cos  Z'Y  +  cos  Y'Z  cos  Z'Z  —  0, 

dont  la  combinaison  avec  les  précédentes  permettrait  de  réduire 
les  formules  de  transposition  à  ne  contenir  que  trois  angles  in- 
dépendants, conformément  à  la  nature  de  la  question.  Ces 
deux  groupes  des  relations  indispensables  au  passage  habituel 
d*un  système  d'axes  rectangulaires  à  un  autre  pourraient 
aussi  prendre  une  forme  inverse^  en  comparant,  dans  le 
premier,  les  inclinaisons  simultanées  de  chacun  des  anciens 
axes  sur  les  trois  nouveaux,  et  en  formulant,  dans  le  second, 
la  rectangularité  des  anciens  axes  entre  eux,  d'après  ces 
mêmes  inclinaisons. 

143.  On  peut  établir  les  formules  précédentes,  ainsi  que  les 
conditions  qui  s'y  rapportent,  suivant  un  autre  mode  général, 
purement  analytique,  qu'il  importe  maintenant  de  caractériser 
en  considérant  immédiatement  le  cas  le  plus  étendu,  où  les  axes 
changent  à  la  fois  d'origine  et  de  direction.  Cette  marche,  émi- 
nemment rationnelle,  due  à  Lagrange,  repose  sur  l'évidente 
appréciation  de  la  nature  nécessaire  de  telles  formules,  qui 
doivent  être  du  premier  degré,  sous  la  forme 

a;  =  a  +  '^w:'  -f-  ^y'  +  pz\ 
ytsab'{-  m'x'  +  n'y'  +p*z\ 
2  =  c  +  m'x'  +  n"y'+p"j2', 

afin  que  leur  substitution  ne  puisse  pas  altérer  le  degré  de 
réqualion  de  chaque  lieu,  degré  qui  ne  saurait  changer  avec 
la  situation.  Si  on  conservait,  à  cet  égard,  quelque  incertitude, 
il  suHirait  de  considérer  que  ces  formules  sont  nécessairement 
communes  à  toutes  les  équations  possibles,  entant  que  relatives 
à  chaque  point  isolément  envisagé,  à  quelque  lieu  qu'il  puisse 
appartenir  :  d'après  ce  motif  irrécusable,  la  permanence  effec- 


PREMIÈRE  PARTIE^    CHAPITRE  QUATRIÈME.  477 

live  du  degré  envers  certains  lieux  particuliers,  dont  on  con- 
naît le  type  analytique  le  plus  général,  convenable  à  toutes 
leurs  positions  quelconques,  comme  à  Tégard  du  plan  ou  de  la 
sphère,  etc.,  démontrerait  complètement  que  les  formules  de 
transposition  doivent  être  ainsi  constituées,  même  quand  on 
n'aurait  constaté  qu'un  seul  exemple  semblable. 

La  difficulté  étant  alors  réduite  à  déterminer  les  coefficients 
constants  des  expressions  précédentes,  on  y  parvient  aisément, 
suivant  la  marche  ordinaire,  par  Texamen  direct  de  quelques 
cas  particuliers  suffisamment  connus.  Quant  aux  termes  indé- 
pendants àex\  y\  z\  et  qui,  d'après  la  loi  d'homogénéité, 
doivent  géométriquement  être  linéaires,  ils  constituent  évi- 
demment les  valeurs  de  x»  y,  z,  pour  a:'=  0,  y'=0,  ^'«=0  ; 
et  par  conséquent,  ils  désignent  nécessairement  les  anciennes 
coordonnées  de  la  nouvelle  origine,  commeon  Tavait autrement 
trouvé  ci-dessus.  D'ailleurs,  leur  mode  d'association  analytique 
à  l'ensemble  des  autres  termes  indique  clairement  que  la  va- 
riation totale  résultée  des  changements  simultanés  d'origine  et 
de  direction,  est  la  somme  des  variations  partielles  dues  à 
chaque  sorte  de  transposition  successive.  On  peut  donc,  pour 
déterminer  les  coefficients  des  termes  variables,  simplifier  les 
formules  en  y  concevant  la  fusion  des  termes  indépendants 
dans  le  premier  membre,  sans  diminuer  nullement  la  généra- 
lité de  cette  opération,  envers  des  constantes  dont  la  loi  d'ho- 
mogénéité annonce  déjà  la  nature  purement  angulaire.  Gela 
posé,  les  trois  coefficients  de  x  par  exemple,  s'obtiendront 
aisément,  d'après  une  hypothèse  propre  à  réduire  les  seconds 
membres  à  mym\m'\  c'est-à-dire,  en  faisant  y's=  0,  z*=3  0et 
x'obI.  Ainsi,  ces  trois  constantes  équivalent  aux  coordonnées 
anciennes  d'un  point  pris  sur  l'axe  des  x',  à  la  distance  1  delà 
commune  origine.  Or,  si  l'on  considère,  d'une  part,  que  ces 
coordonnées  peuvent  être  regardées  comme  les  projections  de 


478  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPACE. 

cette  distance  sur  les  anciens  axes,  et  d'une  autre  part,  que 
ces  projections  sont  mesurées  par  les  cosinus  des  angles  cor- 
respondants, on  reconnaîtra  finalement  que  m,  m  '  et  m" ,  dé- 
signent respectivement  les  cosinus  des  angles  de  Taxe  des  x'  « 
avec  les  trois  axes  des  or,  des  y  et  des  z.  Par  une  semblable 
détermination  envers  les  coefficients  de  y*  et  de  z\  on  acbë* 
verait  de  reproduire  exactement  les  formules  fondamentales 
du  n®  précédent. 

Quant  aux  six  relations  nécessaires  des  neuf  constantes  an- 
gulaires, elles  résulteraient  simultanément  de  ce  que  la 
fonction  a:*  +  y*  +  2"  doit  rester  invariable  en  changeant  le 
système  des  axes  rectangulaires,  comme  exprimant  diversement 
la  distanced'unmème  point  quelconque  àla  commune  origine. 
Or,  si  on  développe  cette  condition  ar*+y*+2;*=<r'*-|-y'^-5'>, 
d'après  les  formules  précédentes,  on  trouvera  aussitôt  les  deux 
groupes  de  relations  cherchés, 

m«+m'a+m"*=l,     n>+n'»-|-n"«=i,     p^-p'^-^-p^'^^i, 
t»n+m'n'+m"n'=0,  mp-l-m'p'+w"p"=0,  np+ny+n"p"=0. 

Lorsque  les  nouveaux  axes  sont  obliques,  le  second  groupe 
est  modifié,  conformément  àla  formule  correspondante  des  dis- 
tances(*)a:'*4-i/"+2'^+2x'y'cosX'Y'+2a:'î5'cosX'Z'+2y'2'cosY'Z': 
il  est  digne  de  remarque  que  cette  modification  reproduit  spon- 


(*)  Au  sujet  de  cette  formule  des  distances,  dans  l'espace,  en  coordonnées 
obliques,  il  convient  de  noter  la  facilitt^  de  fomiationqu'y  offrirait  le  principe 
des  projections,  en  considérant  d'abord  la  relation  résultée  du  triangle  ana- 
logue à  celui  que  nous  avons  considéré  envers  des  axes  rectangulaires.  On 
aurait  ainsi,en  premier  lieu,rf«= (s"— z')2-Hi'*4-2(z"—«')rf'cos«,d'désignanlIa 
distance  des  projections  horizontales  correspondantes,  et  a  son  inclinaison 
sur  l'axe  des  z .  La  formule  plane  déjà  établie  donnerait  ensuite  (i''=(y"— y ')' 
+(j:' — x)24-2(y' — y')(j:"— x)  cosYX.Quantaudernier  lerme2(*"— s)d'cosa, 
il  suffit  alors  d'y  envisager  le  facteur  d'cosa  comme  mesurant  la  projection  de 
d  sur  l'axe  vertical  :  car,  en  la  comparant  à  celles  des  horizontales  y  "—y'  et 
x''^x\  le  principe  des  projections  permettra  aussitôt  de  la  remplacer  par 
(y  "— y  *)  cosYZ + (a:"— x')  cosXZ,  ce  qui  achève  d'établir  la  formule  cherchée. 


PREMIÈRE    PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  479 

tanément  le  théorème  d'Euler  cosX'Y' =amn+7»'n'+m"n", 
dès  lors  conçu  d'une  manière  purement  analyticpie. 

144.  Pour  compléter  la  théorie  de  la  transposition  des  axes, 
il  nous  reste  maintenant  à  considérer  une  indispensable  trans- 
formation angulaire,  destinée  à  dispenser  de  toute  relation 
étrangère  aux  formules  fondamentales,  en  rapportant  tous 
leurs  coetBcients  primitifs  à  trois  angles  seulement,  dès  lors 
pleinement  indépendants.  Sans  doute,  une  telle  réduction 
n'exigerait  ici  aucune  appréciation  nouvelle,  si  on  prenait  ces 
trois  angles  parmi  les  neuf  déjà  introduits,  et  entre  lesquels 
nous  avons  établi  six  équations  supplémentaires,  qui  permet- 
traient d'exprimer  les  uns  d'aprèsles  autres.  Mais,  àl'inspection 
de  ces  relations,  on  voit  que  les  six  expressions  finales  qu'elles 
fourniraient  se  trouveraient  trop  compliquées  pour  une  desti- 
nation aussi  usuelle,  à  cause  des  dénominateurs,  et  surtout  des 
radicaux,  dont  elles  seraient  surchargées.  Si  donc,  on  devait 
conserver  les  angles  primitifs,  il  serait  encore  préférable  de  les 
garder  tous»  en  se  résignant  à  prendre  chaque  fois  en  consi- 
dération effective  ces  six  conditions  nécessaires,  plutftt  que 
d'altérer  autant  la  simplicité  des  formules  générales  en  les  y 
insérant  ainsi  d'avanceimplicitement. Telle  est  la  seule  marche 
qu'il  faudrait  habituellement  suivre,  quelque  pénible  qu'elle 
soit  réellement,  sans  l'heureuse  idée  d'Euler  qui,  étendant  à 
la  géométrie  abstraite  un  usage  depuis  longtemps  familier  en 
astronomie,  a  irrévocablementdissipé  cette  fâcheuse  alternative 
en  choisissant  trois  nouveaux  angles  auxquels  tous  les  précé- 
dents peuvent  se  rapporter  selon  des  formules  très-simples, 
dont  Tintroduction  dispense  désormais,  à  cet  égard,  de  toute 
équation  accessoire. 

Ce  mode  consiste  à  déterminer  la  situation  du  nouveau  sys- 
tème rectangulaire  envers  l'ancien  en  considérant  d'abord 
l'angle  ^  formé  avec  l'axe  primitif  des  x  par  Tinterseçtion  des 


4M  GtoXÉTBK  AA3I3  L'eSPACZ. 

den  pians  oify  et  xjf ,  aisaiie  rînclinaîsoii  mntiidle  •  de  ces 
plans,  et  enfin  l'angle  ^  de  leur  intersection  arec  lenoarel  axe 
des  x\  Un  tel  procédé  ne  constitue,  an  fond,  qn^nne  imitation 
jndidense  de  rnsagenniTersel  des  astronomes  qnl,  depuis  ffip- 
parqne,  caractérisent  la  situation  relatiTe  des  direrses  ortûtes 
planétaires,  d*après  la  érection  de  leur  trace  sur  le  plan  de 
Tédiptique,  leur  obliquité  par  rapport  à  cdni-cl,  et  Tinclinaison 
de  leur  aie  sur  la  ligne  des  nœuds.  Quoi  qu*il  en  soit  de  l'ori- 
ginalité d'un  tel  système  angulaire,  on  ne  peut  méconnaître  sa 
pleine  efficacité  analytique,  puisque  la  formule  fondamentale 
de  la  résolution  des  angles  trièdres  ou  des  triangles  sphériqnes, 

cos  a  es  cos  h  cos  r  -|-  sin  i  sîn  c  cos  A, 

sutBra  toujours  directonent  pour  y  exprimer  très*simplement 
les  huit  angles  primitifs,  le  neuvième  ZZ'  étant  ici  seul  con- 
servé, sous  le  nouveau  nom  de  6,  comme  égal  à  rincUnalson 
mutuelle  des  deux  plans  x'y'  et  xy.  Tout  se  réduit,  en  effet, 
envers  chacun  de  ces  angles,  à  considérer  Tangletrièdre  dont 
il  forme  une  face,  et  dont  Tarète  opposée  est  toujours  l'inter- 
section auxiliaire  OT  [fig,  82)  de  ces  deux  plans.  Ainsi,  pour 
transformer  cos  X'X,  premier  coefficient  de  la  formule  de  a*, 
on  aura,  dans  Tangle  trièdre  X'XT, 

cos  XOC  Bs  cos  f  cos  ^  -f~  sûi  ?  sin  ^  cos  6  ; 

on  calculera  de  même  cos  YX  d'après  Tangle  trièdre  Y'XT,  et 
on  pourrait  même  le  déduire  du  précédent,  parle  changement 
de  ^  en  90* -f-  ^  '-  quant  à  cos  Z'X,  Tangle  trièdre  correspondant 
Z'XT  aura  une  face  rectangulaire  ZT,  ce  qui  simplifiera  la 
formule  de  transformation,en  la  réduisant  au  second  terme,  qui 
donnera  cos  Z'X  =i  sin  9  cos  (90*-{-  ^"^  —  ™^  ?  ^^  ^-  ^^^  \x^^ 
coefficients  propres  à  la  formule  de  y  se  trouveront  comme  les 
précédents,  et  pourront  d'ailleurs  en  dériver,  si  on  y  remplace 


PREMIÈRE  PARTIE,    CHAPITRE  QUATRIÉafE.  481 

partout  9  par  90^+9*  Enfin,  la  transformation  sera  encore plas 
facile  quant  à  £,  à  cause  de  la  rectangularité  spontanée  d*une 
des  faces  de  chaque  angle  trièdre,  le  dernier  coefQcient  étant 
d'ailleurs  conservé.  C'estainsiqueles  formules  de  transposition 
prennent  aisémentleurforme  définitive,  heureusement  affran- 
chie de  toute  relation  extérieure, 

a;  =a  a:'  (cos  9  cos  ^*  +  sin  9  sin  4^  cos  6)  + 

+  xf  ( —  cos  <p  sin  4'  +  sin  <p  cos  ^  cos  6)  —  2'  sin  9  sin  6  +  « 

y  =  ^*( — sinç  cosv|/  +  cos9  sin^*  cos6)  + 

4-  y'  (sin  9  sin  4*  +  cos  9  cos  ^  cos  0)  —  z'  cos  9  sin  6  +  6  . 

z  BS9a;'sin  ^  sin  ô-[-y*cos  v|/  sin  6  +  z'cos  0  +  ^• 

145.  Nous  devons,  enfin,  apprécier  une  importante  modifi- 
cation spéciale  de  ces  formules  générales,  destinée  àrapporter 
Téquation  d*une  courbe  plane  à  des  axes  pris  dans  son  plan, 
de  manière  &  permettre  d'étudier  désormais  cette  ligne  d*après 
une  équation  unique,  suivant  le  mode  plan.  Si  les  nouveaux 
axes  des  x'  et  des  y' appartenaient  au  plan,  supposéconnu,  de 
la  courbe  donnée,  /«  (a:,  y,  z)  =  0,  /i  (ar,  y,  z)  =-  0,  il  suffirait 
alors  de  substituer  les  formules  précédentes  dans  l'une  ou  l'autre 
de  ces  équations,  ce  qui,  en  ce  cas,  serait  indifférent,  et  d'y 
faire  ensuite  z'«a  0,  ce  qui  devrait  tenir  lieu,  d'après  l'hypo- 
thèse, de  la  seconde  équation.  Mais,  on  peut  d'abord  abréger 
beaucoup  l'ensemble  de  ce  calcul,  en  supposant  z'  «»  0  avant 
d'accomplir  la  substitution,  quand  la  courbe  est  réellement 
plane,  et  que  son  plan  est  préalablement  déterminé,  comme 
nous  le  concevons  en  ce  moment.  De  plus,  la  disponibilité  des 
nouveauxaxes  rectangulaires  dansceplan  permet  d'opérer  une 
simplification  encore  plus  importante,  en  plaçant  leur  origine 
sur  l'axe  vertical,  et  dirigeant  l'un  d'eux  parallèlement  à  la 
trace  horizontale  du  plan  de  la  courbe,  de  manière  à  annuler, 
d'une  part  les  constantes  linéaires  a  et  6,  d'une  autre  part 


482  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPAGE. 

Tangle  ^.  L'ensemble  de  ces  modifications  réduit  les  formules 
primitives  à  celles-ci 

a:=a;'cos(p  +  y'  sin^  cosô,  y=  —  a;' sin  <p  +  y' cos  <p  ces  6, 

z  =  y'  sin  6  +  Cy 

qui  ne  contiennent  que  trois  données,  une  linéaire  et  deux  an- 
gulaires, relatives  au  plan  de  la  courbe  considérée.  On  con- 
çoit qu'elles  doivent  être  fort  usuelles  dans  toute  la  géométrie 
à  trois  dimensions,  où  Tétude  des  surfaces  exige  presque  tou- 
jours Tappréciation  de  leurs  sections  planes,  qui  ne  saurait 
devenir  suffisamment  nette  qu'autant  qu'on  pourra  Taccomplir 
d'après  une  seule  équation,  directement  correspondante  au 
plan  de  chaque  courbe.  Il  faut  d'ailleurs  concevoir  que,  quoi- 
que la  situation  ainsi  assignée  aux  nouveaux  axes  doive  être, 
en  général  Ja  plus  propre  à  faciliter,  envers  de  telles  courbes^ 
la  transition  analytique  de  la  géométrie  à  trois  dimensions  àla 
géométrie  plane,  elle  pourran'ètre  pas  toujours  la  plus  conve- 
nable, soit  géométriquement,  soit  analytiquement,  à  l'examen 
spécial  de  chacune  d'elles.  Mais, une  fois  quecette  étude  auraété 
ramenée  au  modeplan,  les  changements  d'axes  qu'elle  pourrait 
ultérieuremen  t  exiger  s'opéreront  suivant  les  règles  ordinaires  de 
lagéométrie  plane,  etleur  considération  deviendraitentièrement 
étrangère  à  notre  sujetactuel,  où  il  s'agissait  uniquement  d'ins- 
tituer, le  plus  simplement  possible,  ce  passage  indispensable. 
L'utilité  prononcée  de  ces  formules  spéciales  m'engage  à 
indiquer  au  lecteur  le  moyen  de  les  établir  directement,  sans 
les  déduire  des  formules  générales  de  transposition.  Or,  en 
écartant  le  déplacement  d'origine,  qui  n'y  peut  susciter  aucune 
difficulté,  leur  formation  immédiate  estnaturellement  suggérée 
par  l'analogie  spontanée  des  deux  premières  avec  celles  qu'in- 
dique la  géométrie  plane  pour  changer  la  direction  des  axes 
rectangulaires  ;  car,  celles-ci  n'en  diffèrent  réellement  que  par 


PREMIÈRE  PARTIE,   GHAPITIIE  QUATRIÈME.  483 

lechangement  de^'  en  y'  cos  9,  sauf  un  renversement  de  signes, 
purement  facultatif,  envers  Tangle^,  ici  compté  en  sens  inverse 
du  cas  plan.  D'après  cette  indication,  qu'on  imagine,  dans  le 
plan  xy,  un  axe  auxiliaire  OU  \fig.  82)  perpendiculaire  à  Taxe 
OT,  qui  est  maintenant  celui  des  x*  ;  les  formules  planes  que  je 
viens  de  rappeler  permettront  de  passer  des  coordonnées  a;  ety 
aux  coordonnées  x'  et  u  de  la  projection  horizontaleHdupoini 
N'  que  l'on  considère  arbitrairement  sur  le  plan  x'y'  ;  dès  lors, 
le  triangle  rectangle  N'HQ  fournira  aisément  le  moyen  d'élimi- 
ner u  ou  HQ,  et  aussi  d'exprimer  la  troisième  coordonnéejs  ou 
N'H,  d'après  l'hypoténuseN'Q  ou  ,y ' etl'angle  connuN'QH  ou  0  ; 
ce  qui  reproduira  exactement  les  formules  précédentes. 

146.  Quand  la  courbe  donnée  fx  (a:,  y,  z)=0,  /i  (x,  y,  z)=  0, 
sera  réellement  plane,  mais  sans  qu'on  en  soit  averti,  son 
plan  étant  d'ailleurs  encore  inconnu,  la  méthode  précédente 
restera  pareillement  applicable,  en  y  concevant  alors  indé- 
terminées les  trois  constantes  cp,  6  et  c,  ce  qui  n'empêchera 
nullement  la  substitution  de  nos  formules.  Seulement,  cette 
substitution,  qui  n'était  d'abord  indispensable  qu'envers  l'une 
des  deux  équations  proposées,  devra  maintenant  s'accomplir 
dans  toutes  deux,  afin  de  constater  la  nature  plane  de  la 
courbe  considérée  et  de  déterminer  son  plan,  d'après  l'identi- 
fication totale  des  deux  résultats  par  des  valeurs  convenables 
des  constantes  disponibles  «p,  6  et  c.  Lorsque  cette  coïncidence 
ne  saurait  s'établir  de  quelque  manière  qu'on  dispose  de  ces 
troiséléments  du  plan  supposé,  il  sera  démontré  que  la  couii)e 
en  question  n'est  pas  véritablement  plane. 

Cette  opération  analytique  pouvant  s'accomplir  entièrement 
sans  que  les  coefficients  des  deux  équations  primitives  soient 
déterminés,  pourvu  que  l'indétermination  ne  s'étende  pas  aux 
exposants,  une  telle  méthode,  poussée  jusqu'à  sa  plus  grande 
extension  fondamentale,  permettra  de  résoudre  un  problème 


484  GÉOMÉTRfk  DANS  L'eSPACE. 

important  de  géométrie  générale,  en  découvrant  analytique- 
ment  les  conditions,  de  situation  ou  de  grandeur,  sous  les- 
quelles l'intersection  de  deux  surfaces  quelconques,  données 
d'espèce,  deviendra  une  courbe  plane.  Il  suffira,  eneffet,après 
avoir  disposé  de  f ,  6  et  r,  de  manière  à  satisfaire  à  trois  des 
relations  de  coïncidence  ci-dessus  prescrites,  de  substituer 
leurs  valeurs  dans  les  autres  relations  de  ce  genre,  qui  expri- 
meront alors  les  conditions  propres  aux  coefficients  des  deux 
surfaces  en  cas  d'intersection  plane. 

Soient,  par  exemple,  les  deux  cylindres,  elliptiques  ou  hy- 
perboliques, x^+pz*=z  q^  y'-f-mz^Bsn.  Les  deux  substitutions 
indiquées  conduiront  aux  relations  de  coïncidence 

cos  9  sin  9  cos  0  sin  9  cos  9  cos  0 

cos'  <p  sin*  <p         ' 

sin'  y  cos»  0  +  /?  sin^  Q  cos*  9  cos*  6  +  'w  sin*  6 
cos*  9  sin*  ç  * 

cp  sin  6      cm  sin  6  /)c*  —  q      mc^  —  n 
cos*  9          sin*  <p    '      cos*  (p  sin*  9 

la  première  donne  6  =  90°,  la  seconde  tang  ^  «=  V""'  ^*  '* 

troisième  laisse  c  indéterminé  ;  ainsi,  quand  Tintersection  est 
plane,  son  plan  est  vertical  et  passe  par  Taxe  des  z,  sous  un 
angle  connu  avec  Taxe  des  x.  D'après  ces  éléments,  la  qua- 
trième relation  fournit  la  condition  cherchée  pn  »»  mq^  qui 
signifie  géométriquement  que  les  deux  bases,  d'abord  de  même 
espèce,  doivent  avoir  des  axes  verticaux  d'égale  longueur, 
quels  que  soient  d'ailleurs  leurs  axes  horizontaux. 


SECONDE  PARTIE,  PRÉAMBULE.  485 


SECONDE   PARTIE. 


»      0 


THEORIB  aENERALE  DES  SURFACES  COURBES, 


D*APlis    LBUK   CLÂSIITICATIOR    ANAITTIQUI   PAR    PAMILLU    TEAIMBIIT    NATURILLIt. 


PRÉAMBULE. 

147.  Toutes  les  théories  générales  que  nous  avons  établies 
dans  la  seconde  partie  de  la  géométrie  plane,  s'étendent  natu- 
rellement à  la  géométrie  à  trois  dimensions,  soit  pour  les  sur- 
faces, soit  pour  les  lignes,  sans  exiger  ici  aucune  nouvelle 
explication  fondamentale.  Le  régime  didactique  ordinaire  op- 
pose seul  de  véritables  obstacles  à  cette  extension  spontanée, 
en  dissimulantlagénéralité  intrinsèque  des  principales  concep- 
tions de  la  géométrie  analytique,  sous  leur  vicieuse  adhérence 
à  quelques  cas  spéciaux.  Mais,  ces  divers  principes  ayant  été, 
dans  ce  traité,  conçus  et  exposés  d'une  manière  pleinement 
générale,  tout  lecteur  qui  les  aura  suffisamment  compris 
pourra,  de  lui-même,  les  appliquer,  sans  aucune  difBculté 
sérieuse,  à  cette  nouvelle  destination,  en  y  opérant,  d'ailleurs, 
quand  il  le  faudra,  les  modifications  convenables.  Cette  facile 
élaboration  spontanée,  qui  constitue  l'un  des  avantages  essen- 
tiels de  la  marche  que  j'ai  établie,  me  permettra  ici  d'abréger 
beaucoup  l'étude  analytique  des  surfaces,  en  la  réduisant  sur- 
tout aux  seules  conceptions  qui  lui  sont  vraiment  propres,  et 


486  GÉOlCéTRIE  DANS  L^ESPACE. 

qui  n'ont  aucun  analogue  en  géométrie  plane:  en  même  temps 
ces  notions  supérieures,  trop  souvent  inaperçues  jusqu'à 
présent  au  milieu  d'une  foule  de  détails  superflus  ou  déplacés, 
seront  ainsi  plus  nettement  saisies  et  plus  complètement 
appréciées.  Je  vais  donc  me  borner  maintenant,  quant  aux 
différentes  théories  déjà  traitées  en  géométrie  plane,  àquelques 
rapides  indications  caractéristiques,  destinées,  soit  à  faciliter, 
à  leur  égard,  le  travail  personnel  du  lecteur,  soit  à  y  signaler 
quelques  modifications  dont  nous  aurons  lieu  ensuite  déconsi- 
dérer l'application  usuelle. 

La  première  d'entre  elles,  relative  au  nombre  de  points 
déterminant  s'étend  directement  aux  surfaces,  aussi  bien 
dans  sa  méthode  subsidiaire  que  dans  ses  principes  fondamen- 
taux, sans  exiger  aucun  autre  amendement  que  celui  natu- 
rellement relatif  au  nouveau  nombre  des  coordonnées,  et  qui 
prescrira  de  compter  désormais  chaque  point  singulier  comme 
équivalent,  pour  la  détermination  d'une  surface  quelconque, 
non  plus  à  deux  points  ordinaires,  mais  à  trois.  Envers  les 
lignes,  la  modification  est  plus  profonde  et  plus  délicate,  à 
cause  de  la  dualité  actuelle  de  leur  expression  analytique,  dont 
l'influence»  quoique  toujours  facile  à  prévoir,  a  été,  sous  ce 
rapport,  mal  appréciée  quelquefois.  Nous  avons  eu  déjà  l'oc- 
casion de  la  caractériser  pour  la  ligne  droite,  de  manière  à 
indiquer  nettement  sa  tendance  générale.  Il  faut  surtout  y  re- 
marquer que  le  nombre  de  points  déterminant,  à  l'égard  d'une 
courbe  quelconque^  est  alors  la  moitié  de  celui  des  constantes 
arbitraires  ou  des  coefficients  indéterminés  propres  au  couple 
analytique  le  plus  simple  et  le  plus  général  dont  elle  soit  sus- 
ceptible, puisque  chaque  passage  fournit  maintenant  deux  re- 
lations au  lieu  d'une  seule.  Ce  nombre  total  de  constantes  ou 
de  coefficients  doit  donc  être  toujours  pair,  et  il  y  aurait  un 
contre-sens  grossier  à  le  supposer  jamais  impaû*  :  s'il  se  pré- 


SECONDE  PARTIE,  PRÉAMBULE.  487 

sentait  d*abord  comme  tel,  ce  serait  un  motif  snfBsant  d'assu- 
rer, ou  que  les  équations  n'ont  pas  toute  la  généralité  conve- 
nable, ou  qu'elles  contiennent  quelque  paramètre  superflu.  Par 
exemple^  en  concevant  le  cercle  d'après  la  rencontre  d'une 
sphère  et  d'un  plan,  ce  qui  constitue,  dans  l'espace,  son 
meilleur  mode  d'expression  analytique,  ses  équations  semblent 
être 

(^  — «)^  +  (y  — 6)«  +  (^— Y)"  =  r»,  jz  =  aa:  +  ôy  +  c; 

mais,  puisqu'elles  renferment  sept  constantes  arbitraires,  l'une 
d'elles  est  certainement  inutile  :  en  effet,  quoique  le  plan  doive 
être  unique,  la  sphère  ne  l'est  pas,  et  pourrait  varier  sans  faire 
changer  le  cercle  :  il  faut  donc  restreindre  assez  celte  surface 
pour  qu'elle  devienne  aussi  déterminée  que  l'autre.  On  y  par- 
vient commodément  en  assujettissant  son  centre  k  faire  partie 
du  plan  considéré  ;  en  sorte  que  les  équations  du  cercle  prennent 
finalement  la  forme  pleinement  convenable 

(ar-a)«+(y-6)a^-(^-Y)'=»'•^«-Y— û(^-«)  +  *(y-^)i 

qui  offre  d'ailleurs  accessoirement  l'avantage  géométrique  de 
ne  contenir  que  des  constantes  directement  relatives  àlacourbe 
proposée.  Un  tel  éclaircissement  sur  ce  cas  usuel  indique  assez 
comment  il  faudrait  procéder  envers  tout  autre. 

Notre  théorie  des  tangentes  aux  courbes  planes  conduit  aisé- 
ment à  former  l'équation  du  plan  tangent  à  une  surface  quel- 
conque, en  concevant  ce  plan  comme  le  lieu  naturel  de  toutes 
les  tangentes  aux  diverses  sections  planes  de  la  surface  autour 
du  point  considéré.  Or,  cette  notion  géométrique,  familière  en 
géométrie  descriptive,  peut  être  fondée,  indépendamment  de 
toute  analyse,  sur  la  considération  directe  de  la  normale,  im- 
médiatement caractérisée  par  sa  propriété  de  minimuih.  Dès 
lors,  la  formation  de  l'équation  du  plan  tangent  ne  peut  offrir 
aucune  difQculté,  puisqu'elle  se  réduit  aussitôt  à  exprimer 


488  GÉOMÉTIOE  DANS  L'eSPAGE. 

qu'il  contient  deux  droites,  préalablement  obtenues  comme 
tangentesàdeuxcourbes  convenablementcboisiessur  la  surface 
proposée  /  (x,  y,  jz)  ^aO.  Les  coupes  les  plus  favorables  résul- 
teront des  plans  y  bk  ^i,  x*^  x^  menés,  du  point  de  contact 
donné  {xu  t/u  2i)i  parallèlement  à  deux  des  plans  coordonnés  : 
leurs  équations  propres  seront,  respectivement,  /(x^yu  ^)=»0, 
/  (^it  y  I  ^)  ="  0  :  elles  découleront  de  celle  de  la  surface^  en  y 
supposant  constants  y  ou  x.  Ainsi,  les  équations  des  tangentes 
correspondantes  deviendront,  d*après  ^otre  règle  fondamentale, 

y=yu  x^Xi=z^  '^  {%  —  »i),  et  «  =  xi,  y — yi  =  —  p^  {«—  ai). 

Pour  que  ces  droites  soient  contenues  dans  le  plan  cberché 
z — Zi*BMa{x — Xi)  +  6  (y — yi),  ses  coefficients  angulaires  a  et  6 

devront  être  respectivement  égaux  aux  fractions  —  tt^  et  — -r^. 

L'équation  du  plan  tangent  sera  donc  finalement 

f'zi  {z-^)+  ni  {y  -  Vi)  +  f'si  (X  -  X,)  =  0. 

On  en  déduira  facilement  les  équations  de  la  tangenle  à  une 
courbe  quelconque ,  analytiquement  représentée,  de  la  ma- 
nière la  plus  générale,  par  le  couple  (p  (a:,  y,  js)saO,  ^  (or,  y,  z)«»0, 
en  concevant  géométriquement  cette  tangente  comme  Tinter- 
section  des  plans  tangents  menés^  du  pointconsidéré,  aux  deux 
surfaces  correspondantes.  Si  Ton  employait  le  système  des  cy- 
lindres projetants,  on  ramènerait  plus  directementla  question 
à  la  géométrie  plane,  puisque  les  projections  de  la  tangente 
cherchée  devraient  toucher  les  projections  respectives  de  la 
courbe  :  mais,  au  fond,  ce  mode  de  réduction  ne  constituerait 
encore  qu'un  cas  particulier  de  la  notion  précédente.  D'après 
Tensemble  de  cette  appréciation,  on  voit  que  notre  méthode  fon- 
damentale des  tangentes  s'étend  spontanément  à  la  géométrie  à 
trois  dimensions,  soit  pour  les  surfaces,  soit  pour  les  lignes,  et 


SECONDE  PARTIE,   PRÉAMBULE.  489 

en  y  conservant  le  même  degré  précis  de  généralité  ;  en  sorte 
qu'elle  s'y  trouve  pai*eilleinentétablie,  en  principe,  envers  tous 
les  cas  possibles,  mais  également  restreinte  ici,  dans  son  ap- 
plication effective,  aux  seules  équations  algébriques,  préala- 
blement rendues  rationnelles  et  entières,  par  suite  d'une  sem- 
blable influence  delà  faible  instruction  analytique  exigée  en  ce 
traité. 

En  étendant  aux  surfaces  la  définition  des  diamètres,  ces 
lieux,  qui  alors  deviennent  aussi  des  surfaces,  pourront  s'ob- 
tenir analytiquement  de  la  même  manière  qu'en  géométrie 
plane,  en  appliquant  chacune  des  deux  méthodes  générales  que 
nous  y  avons  établies,  avec  des  modifications  trop  évidentes 
pour  nécessiter  maintenant  aucuniB  explication.  On  pourrait 
aussi  opérer  une  semblable  extension  envers  la  méthode  supplé- 
mentaire destinée  à  déterminer  spécialement  les  diamètres  rec- 
tilignes,  ici  transformés  en  diamètres  plans  :  seulement  la  com- 
plication supérieure  des  nouvelles  formides  de  transposition 
entraverait  beaucoup  l'exécution  habituelle  des  calculs  qu'elle 
prescrit. 

Il  est  encore  plus  facile  d'étendre  aux  surfaces  le  principe 
analytique  propre  à  notre  théorie  des  centres,  soit  à  Tégard 
d'une  équation  quelconque,  soit  sous  la  forme  spéciale  qui  con- 
vient aux  équations  algébriques  proprement  dites.  Envers 
celle-ci,  on  pourra  même  remarquer  que,  quoique  la  coexis- 
tence de  trois  variables  y  multiplie  nécessairement  les  combi- 
naisons d'exposants,  les  conclusions  usuelles  restent  pourtant 
identiques  ;  car,  après  avoir  ainsi  apprécié  tous  les  cas,  on  re- 
connaîtra finalement  que  les  différents  termes  continuent  à 
changer  ou  non  de  signe,  parle  changement  de  signe  simultané 
des  trois  coordonnées,  selon  que  leur  degré  est  impair  ou  pair. 
Le  déplacement  d'origine  indéterminé, destiné  h  la  détermina- 
tion du  centre^  sera  donc  toujours  dirigé  vers  la  suppression 

89 


4M 

ô*^  vm0^  iy:  u^zT'i  jngiiur  âais  jet  égiH^ais  û 

eiTcn  >«  citf  j»  p:3s  r^^Toa,  s:a  p^iry  resaasft 

^isib*  vn  fM  fraxtd  prix  en  Fu|;p>air.l  à  des  opfntîoBS  aipt- 

148.  b'tpM  ïen^mbl^  de  c^tle  rapide  appmutioD,  toates 
o^^  c/jiu^fipHons  it  z^jm*:\rit  générale  rdatÎTes  à  l'analyse  or- 
àumrt  tjmi'Atmtni  donc  essentleHemeiil  rétode  des  combes 
pianefs,  et  neprésenUrot  ensuite,  à  Tégard  des  surfaces,  qa'ane 
niinpln  exterij^ion  spontanée,  dont  raccom^isseoient  n^'exige, 
an  fond,  aucun  nonveau  principe  important  qui  soit  Traiment 
propra  à  une  t^lle  destination  :  je  peux  assurer  d^aTanceqa'il 
en  est  à  peu  près  de  même  ponr  les  diverses  notions  géomé- 
triques qui  exigent  l'analyse  transcendante.  Ainsi,  en  suivant 
ici  le  mAme  plan  que  dans  la  géométrie  pUme,  sa  seconde 
partie  semble  d^abord  s  effacer  naturellement,  ou  ne  devoir 
consister  qu*en  une  sorte  d'imitation  facile.  En  outre,  les  ex- 
plications fondamentales  que  nous  avons  établies  sur  la  discus- 
sion g/'ométrique  des  équations  à  trois  variables  paraissent 
également  tendre  àfaire  spontanément  disparaître  latroisième 
partie  de  ce  système  didactique,  puisqu'elles  ramènent,  en 
général,  la  discussion  des  surfaces  àl'examen  de  leurs  diverses 
sections  planes,  sauf  les  embarras  supérieurs qiie  suscite  alors 


SECONDE   PARTIE,  PRÉAMBULE.  ,  491 

la  concentration  finale  des  résultats  obtenus.  Quel  peut  donc 
être  ici  Tobjet  propre  de  notre  étude  générale  des  surfaces,  d'où 
semblent  écartés  d^avance  les  deux  ordres  essentiels  de  diffi- 
cultés analytiques  envers  la  double  relation  élémentaire  entre 
l'abstrait  et  le  concret? 

Pour  apprécier  convenablement  le  caractère,  éminemment 
nouveau,  de  l'élaboration  fondamentale  qui  nous  reste  à  ac- 
complir, il  faut  concevoir,  dans  le  système  total  des  spécula- 
tions géométriques,  deux  points  de  vue  également  universels, 
qui  sont  profondément  distincts,  quoique  intimement  liés, 
l'un  abstrait,  Tautre  comparatif.  Sous  le  premier  aspect,  es- 
sentiellement propre  à  la  géométrie  plane,  il  s*agit  d'instituer 
les  moyens  analytiques  d'étudier  les  propriétés  générales  des 
formes  quelconques  :  c'est  ce  que  nous  avons  fait,  d'abord 
envers  les  lignes,  et  par  suite  quant  aux  surfaces,  pour  les 
conceptions  suffisamment  accessibles  à  l'analyse  ordinaire,  et 
auxquelles  il  resterait  seulement  à  joindre  les  théories  plus, 
profondes  qui  exigent  l'analyse  transcendante.  Au  contraire^ 
le  second  point  de  vue^  où  l'on  apprécie  l'application  collec- 
tive de  ces  diverses  méthodes  abstraites  aux  différentes  figures 
géométriques  afin  de  les  classer  conformément  à  l'ensemble  de 
leurs  afBnités  réelles,  est  jusqu'ici  resté  presqu'entièrement 
étranger  à  la  géométrie  plane,  comme  je  l'ai  plusieurs  fois  in- 
diqué, surtout  au  début  de  sa  troisième  partie.  C'est  à  la 
géométrie  à  trois  dimensions  qu'il  appartenait  nécessairement 
de  constituer  le  nouvel  aspect  fondamental  de  la  science  géomé- 
trique, ultérieurement  susceptible,  sans  doute,  d'être  conve- 
nablement étendu  à  la  géométrie  plané,  où  il  laisse  aujour- 
d'hui, à  beaucoup  d'égards,  une  immense  lacune.  L'élude  des 
courbes,  plus  simple  et  plus  directe,  devait  essentiellement 
fonder,  sous  la  grande  impulsion  cartésienne,  la  géométrie 
générale  proprement  dite,  par  les  travaux  graduels  des  suc- 


I 


492  .  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACE. 

cesseurs  de  Descaries  pendant  les  deux  derniers  siècles.  Mais, 
la  géométrie  comparée,  non  moins  indispensable,  et  d'ailleurs 
plus  féconde,  quoiqu'elle  ne  pût  surgir  qu'après,  n'a  com- 
mencé à  se  caractériser  que  dans  l'étude,  plus  vaste  et  plus 
variée,  des  surfaces,  d'après  l'éminente  conception  fondamen- 
tale de  Monge  sur  leur  classification  rationnelle,  dont  l'ana- 
logue n'existe  encore  aucunement  en  géométrie  plane.  Notre 
travail  actuel  est  donc  destiné  surtout  à  établir  convenable- 
ment, autant  que  le  comporte  la  seule  analyse  ordinaire, 
cette  nouvelle  idée  mère,  qui  constitue,  à  mes  yeux,  le  plus 
grand  pas  qu'ait  pu  faire  le  système  des  conceptions  géomé- 
triques depuis  Descartes  et  Leibnitz,  et  dont  le  seul  Lagrange, 
parmi  les  contemporains  de  Monge,  avait  dignement  soup- 
çonné la  haute  portée  philosophique,  essentiellement  méconnue 
de  presque  tous  les  géomètres  ultérieurs,  devenus  de  plus  en 
plus  insensibles  au  perfectionnement  direct  de  l'ensemble  des 
pensées  mathématiques,  par  suite  de  l'empirisme  croissaatque 
détermine  naturellement  le  morcellement  exagéré  delà  culture 
scientifique. 

Cette  indispensable  étude,  principal  aliment,  à  la  fois  scien- 
tifique et  logique,  que  la  géométrie  analytique  à  trois  dimen- 
sions puisse  spécialement  offrir  aujourd'hui  aux  bons  esprits, 
ramènera  à  de  véritables  règles,  soit  la  formation,  soit  la  dis- 
cussion, des  équations  de  surfaces,  du  moins  pour  toutes  les 
familles  dont  l'équation  collective  a  pu  être  complètement 
obtenue  jusqu'ici.  Les  applications  naturelles  que  j'aurai  lieu 
d'y  expliquer  permettront  d'ailleurs  à  cette  élaboration  finale 
de  remplir  accessoirement  un  office  correspondant  à  celui  de 
notre  quatrième  partie  de  la  géométrie  plane,  en  faisant  suf- 
fisamment connaître  les  principales  propriétés  caractéristiques 
des  diverses  surfaces  du  second  degré,  dont  toute  appréciation 
plus  particulière  serait  ici  superflue  et  ne  tendrait  réellement 
qu'à  détourner  l'attention  de  notre  objet  essentiel. 


l 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.         493 


CHAPITRE   PREMIER. 

Notions  fondamentales  sur  la  classification  rationnelle  des  surfaces. 

149.  L'étude  générale  des  surfaces  étant  naturellement  plus 
difDcile  que  celle  des  lignes,  on  peut  s'étonner  d'abord  que 
leur  classiflcation  rationnelle  soit  pourtant  beaucoup  plus 
avancée,  à  tel  point  que  la  géométrie  comparée  n'est  môme 
dogmatiquement  ébauchée  jusqu'ici  qu'à  leur  égard,  comme 
nous  l'avons  souvent  reconnu  en  géométrie  plane.  Mais  une 
appréciation  plus  approfondie  doit  entièrement  dissiper  ce  qu'un 
tel  contraste  logique  semble  offrir  de  paradoxal,  en  faisant 
sentir  que,  par  suite  de  la  multiplicité  plus  étendue  et  de  la  va- 
riété plus  prononcée  inhérente  à  leur  complication  supérieure, 
la  comparaison  universelle  des  surfaces  donne  lieu  nécessaire- 
ment à  des  caractères  plus  tranchés  et  à  des  rapprochements 
mieux  appréciables  que  ne  saurait  le  permettre  celle  des  lignes. 
Une  pareille  opposition  fondamentale  se  manifeste,  en  vertu 
de  semblables  motifs  élémentaires,  dans  la  plus  éminente 
partie  de  la  philosophie  naturelle  proprement  dite,  d'où  dé- 
rivent spontanément  les  vrais  principes  de  la  théorie  générale 
des  classifications  quelconques,  c'est-à-dire  dans  l'étude  des 
corps  vivants,  entre  le  règne  animal  et  le  règne  végétal  :  car, 
le  classement  des  organismes  animaux  a  toujours  été  beaucoup 
plus  satisfaisant  que  celui  des  végétaux,  précisément  parce 
que  les  premiers,  étant  plus  compliqués,  et,  dès  lors,  plus 
multipliés  et  plus  variés,  ils  comportent  des  comparaisons  plus 
décisives. Quelque  singulier  que  puisse  d'abord  sembler  ici  un 


494  GéOXÉTRIE  DA5S  l'bSPACE. 

tel  rapprochement  philosophique  à  certains  esprits  mal  prépa- 
rés,ce  n*estpassansdesseinquej*indiqae  en  passant  la  relation 
naturelle  de  ces  deux  cas  scientifiques,  dont  Tinévitable  affinité 
logique  a  certainement  influé  sur  le  peu  de  progrès  qu*a  faits 
jusqu'à  présent  la  géométrie  comparée,  depuis  sa  fondation, 
plutôt  instinctive  que  systématique,  parlagrandeconception  de 
Monge,  encore  si  imparfaitement  appréciée  :  on  conçoit  ainsi, 
en  effet,  que  cette  sorte  de  stagnation  doit  tenir  surtout  à  la 
vicieuse  éducation  des  géomètres  actuels,  qui,  d'après  un  em- 
pirique morcellement,  restent  ordinairement  trop  étrangers 
aux  études  les  plus  propres  à  développer^  à  cet  égard,  des 
dispositions  vraiment  rationnelles. 

En  opposant  directement  la  notion  générale  des  surfaces  à 
celle  des  lignes,  il  est  aisé  de  saisir  le  motif  fondamental  de  la 
facilité  spéciale  que  présente  nécessairement  la  première  sorte 
de  lieux  géométriques  à  rétablissement  d'une  classification  sa- 
tisfaisante. Car,  les  surfaces  sont  engendrées  par  le  mouve- 
ment des  lignes,  tandis  que  celles-ci  résultent  du  mouvement 
d'un  simple  point.  Or,  un  point  n'ayant  aucune  forme  appré- 
ciable, les  divers  lieux  qu'il  produit  ne  peuvent  différer  que 
suivant  la  loi  de  ce  mouvement,  sans  laisser  d'accès  à  aucun 
attribut  caractéristique,  qui  puisse  permettre  d'instituer  à  la 
fois  des  distinctions  tranchées  et  des  rapprochements  généraux, 
double  condition  indispensable  à  tout  classement  régulier.  Les 
surfaces,  au  contraire,  se  rapprochent  et  se  distinguent  spon- 
tanément d'après  la  nature  de  leurs  génératrices  ;  puisque  la 
même  ligne,  mue  diversement,  peut  engendrer  une  infinité 
de  surfaces  différentes,  dont  les  propriétés  respectives  seront 
néanmoins  essentiellement  analogues,  en  vertu  d'une  telle 
communauté  d'origine,  de  manière  à  constituer  aussitôt  des 
groupes  vraiment  naturels,  d'ailleurs  plus  ou  moins  étendus. 
Aussi,  en  aucun  temps,  la  classification  empirique  des  lieux 


SECONDE  PAirriE,  CHAPITRE  PRSIDER.  495 

algébriques  suivant  les  degrés  de  leurs  équations  n'a-t-elle  pu 
acquérir  envers  les  surfaces  autant  de  consistance  provisoire 
qu'à  regard  des  courbes  ;  tout  en  remployant,  les  géomètres, 
même  avant  Monge,  devaient  être  conduits,  par  un  instinct 
confus,  à  sentir  son  incompatibilité  radicale  avec  le  principe 
évident  qui  prescrivait  de  classer  les  surfaces  selon  leur  mode 
de  génération,  de  façon  à  réunir  en  un  même  groupe  toutes 
les  surfaces  cylindriques,  en  un  autre  toutes  les  surfaces  coni- 
ques, etc.,  sans  considérer  les  diversités  de  degré's,  ou  en  ne 
leur  accordant  qu'une  attention  très-secondaire. 

150.  Pour  établir  convenablement,  d'après  ce  principe,  la 
conception  fondamentale  de  Monge  sur  la  classification  ration- 
nelle des  surfaces,  il  faut  en  apprécier  d'abord  la  nature  géo- 
métrique, ensuite  l'expression  analytique,  et  enfin  constituer 
l%armonie  nécessaire  de  ces  deux  ordres  généraux  de  notions 
élémentaires. 

Sous  le  premier  aspect,  nous  devons  ici  nous  borner  à  carac- 
tériser rigoureusement  l'idée  de  famille^  seule  pensée  hiérar- 
chique qui  soit  encore  sufBsamment  élaborée  en  géométrie 
comparée.  Deux  surfaces  ne  sauraient  appartenir  à  une  même 
famille  géométrique  qu'autant  qu'elles  sont  engendrées  par  une 
même  ligne  :  mais  cette  indispensable  condition  est  bien  loin 
de  suffire;  elle  donnerait  une  notion  beaucoup  trop  étendue 
de  ce  premier  groupe  naturel.  Une  même  génératrice,  en 
effet,  peut  convenir  à  une  infinité  de  familles  de  surfaces  dif- 
férentes, comme  on  le  voit,  par  exemple,  même  envers  la 
ligne  droite^  d'où  résultent  indifféremment  la  famille  des 
cylindres,  celles  des  cônes,  celle  des  conoldes,  etc.,  et  une 
multitude  d'autres  qu'on  ne  saurait  confondre  entre  elles,  mal- 
gré les  relations  spontanées  qui  doivent  y  résulter  de  cette 
source  commune  :  une  ligne  plus  compliquée,  telle  que  le 
cercle,  admettant  encore  plus  de  variété,  doit,   à  plus  forte 


496  GÉOMÉTRIE  DANS  L'eSPAGE. 

raison,  comporter  la  même  remarque.  Pour  que  la  famille 
géométrique  soit  sufQsamment  définie,  il  faut  n'y  comprendre 
que  des  surfaces  résultées  d'une  même  génératrice  mue  suivant 
la  même  loi,  en  laissant  seulement  indéterminée  la  directrice 
qui  doit  achever  de  spécifier  le  lieu  produit,  en  sorte  que  la 
diversité  de  celle-ci  constitue  réellement  Tunique  différence  es- 
sentielle de  ces  surfaces,  dont  les  équations  pourront  cepen- 
dant, à  ce  titre,  offrir  successivement  tous  les  degrés  algé- 
briques, ou  même  contenir  toutes  les  fonctions  transcendantes. 
Telle  est  la  juste  extension  des  seuls  groupes  naturels  envers 
lesquels  les  conditions  fondamentales  de  la  géométrie  com- 
parée puissentaujourd'hui  être  regardées  comme  suffisamment 
remplies. 

Si  cette  notion  devait  rester  purement  géométrique,  elle  se- 
rait essentiellement  dépourvue  d'efBcaeité,  puisque  les  études 
quelconques  de  géométrie  générale  ne  sont  vraiment  suscepti- 
bles d*un  progrès  décisif  et  soutenu  qu'autant  qu'elles  peuvent 
se  subordonner  à  des  conceptions  analytiques,  ainsi  que  nous 
l'avons  pleinement  reconnu,  en  géométrie  plane,  à  l'égard 
même  de  recherches  beaucoup  plus  simples.  Aussi  est-ce  sur- 
tout dans  la  découverte  du  nouveau  genre  d'équations  propre  à 
représenter,  non  plus  des  surfaces  particulières,  mais  des  fa- 
milles ainsi  définies,  qu'a  dû  consister  l'éminent  mérite  de  l'é- 
laboration fondamentale  de  Monge,  avant  laquelle  les  géomè- 
tres avaient  dû  s'élever  quelquefois  à  une  pensée  tellement 
naturelle,  sans  pouvoir  lui  donner  aucune  suite  importante^ 
faute  d'en  avoir  conçu  la  représentation  analytique. 

Cette  indispensable  représentation  repose  sur  la  considération 
habituelle  d'une  nouvelle  sorte  d'équations  à  trois  variables, 
contenant  une  fonction  arbitraire,  mais  dont  le  sens  est  néan- 
moins nettement  appréciable,  quoique  plus  étendu  queceluides 
équations  ordinaires,  où  l'indétermination  se  réduit  commune- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  497 

ment  aux  seuls  coefScients,  eu  affectant  tout  au  plus  les  expo- 
sants. Il  importe  d'abord  de  concevoir  abstraitement  une  telle  in- 
terprétation des  équations  de  la  forme  /i  (a: ,  y ,  :&) = (p  (/s  («,  y ,  »)  ) 
ou,  ce  qui  est  équivalent,  ^  {fi  (x,  y,  2),  f%  («1  y,  2;))  =  0,  les 
caractéristiques  gi*ecques  ^  et  ^  désignant  des  fonctions  entière- 
ment arbitraires,  tandis  que  les  caractéristiques  romaines  /i  et 
/i  indiquent  des  fonctions  déterminées,  suivant  une  notation 
que  je  maintiendrai  habituellement  en  toute  cette  théorie,  afin 
d'y  mieux  éclaircir  le  discours  analytique.  Or,  ce  qui  caracté- 
rise directement  toute  pareille  équation  à  trois  variables,  c'est 
la  possibilité  d'être  réduite  à  deux  variables  seulement,  d'après 

# 

une  transformation  toujours  assignable.  Car,  en  posant 
A  (^1  y  1  ^)  ="  ^  et  /s  {x,  y,  z)  =»  tt,  ces  deux  équations  déterminées 
permettront,  en  chaque  cas,  de  rapporter  deux  des  anciennes 
variables  aux  deux  nouvelles  /  et  t/,  et  à  la  troisième  d'entre 
elles,  suivant  des  formules  exactement  définies, 

a;  =  Fi  (/,  w,  z),    y  =  F2  (/,  w,  z). 

Dès  lors,  la  substitution  de  ces  formules  dans  une  équation 
particulière  donnée  /  {x,  y,  z)  «=  0  devra  la  rendre  spontané- 
mentindépendantede  z,  si  elle  est  vraiment  susceptible  de  con- 
formité avec  le  type  proposé,  qui  constitue  une  relation, 
/  =  ç  (tt)  ou  ^  {t,  ti)  =  0,  entre  /  et  u  seulement.  Une  telle  dis- 
parition de  z\  qui  ne  saurait  certainement  avoir  lieu  envers  une 
équation  prise  au  hasard,  sera  donc  propre  à  caractériser,  par 
un  irrécusable  symptôme  analytique,  les  diverses  équations 
spéciales  que  ce  type  peut  embrasser,  à  l'exclusion  nécessaire 
de  toutes  les  autres.  Ainsi,  les  équations  qui  établissent  une  re- 
lation arbitraire  entre  deux  fonctions  déterminées  de  trois  va- 
riables ont,  en  elles-mêmes,  une  acception  nettement  appré- 
ciable, quoique  plus  étendue  que  celle  des  équations  ordi- 
naires. 


498  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACE. 

Dans  cette  explication  élémentaire,  il  importe  de  sentir  que 
toute  sa  réalité  analytique  repose  sur  la  coexistence  de  trois 
variables  au  moins,  et  qu'elle  s'effacerait  nécessairement  àl'é- 
gard  des  équations  à  deux  variables,  qui  ne  sauraient  com- 
porter une  telle  diminution  de  pluralité,  tendant  alors  àdétruire 
toute  idée  de  variation,  en  fixant  la  valeur  de  Tunique  variable 
ainsi  conservée.  La  notation  analogue  envers  deux  variables 
seulement,  fi  («,  y)  =«  <p  (/s  (/i,  y)  )  ou  |  (fi  («,  y),  /i  («,  y)  ) = 0, 
désigne,  en  effet,  une  équation  tout  aussipleinement  arbitraire 
que  si  Ton  écrivait  simplement  y = ç  {x)  ou  ^  (a:,  y)  =  0.  En  y 
appliquant  le  symptôme  précédent^  on  reconnaît  aussitôt  qu*il 
cesse  alors  d'être  caractéristique,  puisque  cette  réduction  aux 
nouvelles  variables  t  ett/pourrait  alors  s'opérer  indifféremment, 
d'après  chaque  mode  de  transformation,  en  une  équation  quel- 
conque entre  x  et  y.  Ce  contraste  nécessaire  des  deux  cas  ana- 
lytiques mérite  une  soigneuse  appréciation,  comme  indiquant 
spontanément,  d'après  ce  qui  va  suivre,  l'impossibilité  radicale 
d'étendre  aux  courbes  le  principe  de  classification,  que  nous 
allons  appliquer  aux  surfaces;  en  sorteque,  si  jamais  le  classe- 
ment des  lignes  devient  vraiment  rationnel,  ce  sera  inévitable- 
ment d'après  une  tout  autre  idée  mère,  dont  rien  jusqu'ici  ne 
saurait  indiquer  le  germe  propre. 

Nous  pouvons  maintenant  constituer  directement  la  concep- 
tion fondamentale  relative  à  la  classification  rationnelle  des  sur- 
faces, en  établissant  une  exacte  harmonie  élémentaire  entre  les 
deux  notions  générales.  Tune  géométrique,  l'autre  analytique 
qui  viennent  d'être  expliquées,  de  manière  à  montrerque  ces 
nouvelles  équations, 

h  {x,  y,  *)•=(?  (fs  (X,  y,  x))  ou  ^  (fi  {x,  y,  z),  f%  [x,  y,  z))  =  0, 

sont  naturellement  destinées  à  représenter,  non  de  simples 
surfaces,  mais  des  familles  proprement  dites,  suivantladéfini- 


SECONDE  PARTIE,  CHAPITRE  PREMIER.  499 

tion  précédente.  Il  faut,  pour  cela,  discuter  le  lieu  géomé- 
trique d*une  telle  équation,  dans  la  vue  d*y  saisir  ce  qu'il  offre 
de  vraiment  caractéristique,  abstraction  faite  de  toute  hypo- 
thèse particulière  sur  lanaturedela  fonction  arbitraire  ^  ou  ^. 
Or,  à  cet  effet,  il  sufBt  de  remarquer  que,  quelle  que  soit  cette 
fonction,  Téquation  proposée  est  composée  de  façon  à  rendre 
inévitablement  constante  Tune  des  deux  fonctions  déterminées 
toutes  les  fois  que  l'autre  sera  supposée  l'être.  Sidonc  on  con- 
çoit le  lieu  quelconque  de  cette  équation  coupé  par  une  suite 
de  surfaces  auxiliaires  résultées  de  Téquation/Î  (a:,  ^,  i?)=a, 
où  a  désigne  un  paramètre  arbitraire,  la  seconde  équation  des 
sections  correspondantes  sera  nécessairement  /a(2r,  y  y  js)  &»  6, 6 
élant  un  autre  paramètre  analogue,  dont  la  relation  au  premier 
reste  seulement  indéterminée,  tant  que  la  fonction  <p  ou  ^  n'est 
pas  définie.  Ainsi,  toutesles  hypothèses  relatives  à  cette  dernière 
fonction  auront  cela  de  géométriquement  commun  que  les  sur- 
faces correspondantes,  malgré  leurs  inévitables  différences, 
serontpourtant  toujours  composées  des  lignes  représentées  par 
les  équations  /i  (â?,  y,  z)  =3  a, /s  (a:,  y,  z]  «>  b.  La  nature  de  ces 
génératrices,  où  les  constantes  a  et  6  restent  seules  arbitraires, 
est  entièrement  déterminée,  ainsi  que  la  loi  de  leur  mouvement; 
la  diversité  réelle  du  lieu  géométrique,  d'après  l'indétermina- 
tion de  la  fonction  9,  pourra  toujours  être  réduite  à  n'affecter 
que  les  directrices  successivement  combinées  avec  cette  com- 
mune génératrice,  puisque  chaque  relation  des  paramètres 
équivaudrait  sans  cesse  à  une  condition  de  rencontre  entre  cette 
courbe  mobile  et  chaque  courbe  fixe.  Nous  sommes  donc  con- 
duits à  regarder  un  tel  type  analytique  comme  représentant  une 
véritable  famille  de  surfaces,  suivant  l'exacte  définition  préa- 
lable de  ces  groupes  géométriques  :  on  ne  peut  plus  conserver 
aucune  incertitude  sur  la  correspondance  fondamentale  des 
deux  modes  d'indétermination,  l'un  concret,  l'autre  abstrait. 


500  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPACB. 

L'analyse  transcendante  complète  heureusement  cette  co- 
relation  nécessaire,  en  permettant  de  remplacer  ces  équations 
directes  contenant  une  fonction  arbitraire,  par  des  équations 
indirectes  entre  les  deux  dérivées  partielles  de  la  variable  dé- 
pendante, où  cette  fonction  est  entièrement  éliminée,  et  qui  de- 
viennent dès  lors  mieux  calculables,sans  qu'une  telle  transforma- 
tion altère  d'ailleurs  aucunementrinterprétation  géométrique. 
Mais,  quoiqu'un  tel  complément  général  soit  certainement  in- 
dispensable pour  bien  apprécier  la  puissance  et  la  fécondité  de 
la  grande  élaboration  de  Monge,  nous  pouvons  déjà  cepen- 
dant, avec  la  seule  analyse  ordinaire^  constituer  ici  essen- 
tiellement la  classification  rationnelle  des  surfaces,  de  manière 
à  retirer  immédiatement,  de  cette  intéressante  étude,  une  im- 
portante efficacité  scientifique,  aussi  bien  qu'une  haute  utilité 
logique. 

151.  D'après  cette  nouvelle  idée  mère,  les  familles  desu^ 
faces  peuvent  être  multipliées,  d'une  manière  presque  machi- 
nale, avec  autant  de  facilité  que  les  espèces  de  courbesengéo- 
métrie  plane,  en  attribuant,  même  au  hasard^  diverses  formes 
analytiques  aux  deux  fonctions,  /i  et  /s,  qui  caractériseront, 
en  chaque  cas,  le  mode  de  génération.  Quoique  ces  hypothèses 
successives  puissent  quelquefois  coïncider  géométriquement, 
par  suite  de  l'infinie  diversité  propre  à  la  représentation  ana- 
lytique d'une  ligne  dans  l'espace,  on  conçoit  cependant  qu'elles 
fourniront  le  plus  souvent  des  familles  vraiment  distinctes, 
dont  la  plupart  n'auraient  jamais  été  considérées  auparavant, 
et  auraient  encore  moins  reçu  un  nom  propre,  qui  n'a  été  ac- 
cordé jusqu'ici  qu'à  quelques  familles  usuelles.  En  chaque  cas, 
la  discussion  générale  du  type  analytique  proposé,  suivant  la 
marche  fondamentale  que  je  viens  d'établir,  caractérisera  tou- 
jours nettement,  avec  plus  ou  moins  de  facilité  d'ailleurs, 
la  famille  correspondante. 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  PREMIER.  501 

Soit,  par  exemple,  réqualion  ar-fy— ^=?(''C  — y+z).  Les 
équations  de  la  génératrice  seront  donc  x  +  y  —  2  =  a, 
X — y+«=6;  or,  chacune  d'elles  représentant  un  plan  de 
direction  constante,  dont  la  distance  à  Torigine  reste  seule  ar- 
bitraire, il  s'ensuit  que  la  famille  proposée  est  engendrée  par 
une  droite  parallèleà  la  ligne  fixe  x-\-y — z=0,  x — y  +  2=0. 
Ainsi,  quelle  que  puisse  être  la  fonction  cp,  Féquation  donnée 
a  pour  lieu  géométrique  une  surface  cylindrique  ;  et  ces  deux 
dernières  équations,  ou  leur  équivalent  plus  simple  j:  =>  0, 
y  s=»2,  indiquent  que  ce  cylindre  est  toujoui^s  parallèle  à  la  bis- 
sectrice de  Tangle  de  deux  des  axes  coordonnés. 

Considérons  encore  Téquation  un  peu  plus  compliquée 

(^ — y) 

où  la  génératrice  sera  représentée  par  x  +  y+  z=»  a^ 
X  —  y  =  6;s.  On  y  reconnaît  aussitôt  une  ligne  droite,  mais 
dont  la  direction  n'est  plus  invariable.  En  cherchant  à  saisir  ce 
que  la  génératrice  offre  de  fixe,  afin  d'apprécier  la  famille 
géométrique  correspondante,  il  est  aisé  de  découvrir  que  ces 
surfaces  résultent  toujours  du  mouvement  d'une  ligne  droite 
parallèlement  à  un  plan  donné  ar  +  y  +  2  =  0etle  long  de  la 
bissectrice  de  l'angle  des  deux  axes  horizontaux. 

Examinons,  en  dernier  lieu,  l'équation  s  =  ^  (a:y),  rela- 
tive à  une  famille  qui  n'a  pas  été  signalée.  Sa  génératrice  aura 
pour  équations  z = a,  ary  =  6  ;  ce  qui  annonce  une  hyperbole 
dont  le  centre  parcourt  l'axe  vertical,  tandis  que  ses  asymp- 
totes demeurent  parallèles  aux  axes  horizontaux,  son  sommet 
se  mouvant  d'ailleurs  arbitrairement  dans  le  plan  bissecteur 
de  deux  des  plans  coordonnés. 

Je  ne  saurais  trop  recommander  au  lecteur  la  multiplication 
spontanée  de  ces  nouveaux  exercices  de  géométrie  analytique. 


502  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPAGE. 

les  plus  propres  de  tous  à  faire  profondément  sentir  la  relation 
nécessaire  de  l'abstrait  au  concret,  qui  s'y  trouve  naturelle- 
ment plus  vaste  et  en  même  temps  plus  condensée  qu'en  aucun 
autre  genre  de  discussion  géométrique  des  équations.  Sans 
jamais  dépasser,  envers  les  deux  fonctions  caractéristiques,  des 
formes  suffisamment  simples,  comme  Texige  la  difBculté  su- 
périeure de  telles  appréciations,  dont  le  résultat  final  man- 
querait autrement  de  la  netteté  convenable  à  leur  destination 
logique,  il  sera  facile  de  varier  assez  les  familles  correspon- 
dantes pour  acquérir  bientôt  un  sentiment  usuel  delà  concep- 
tion fondamentale  de  Monge. 

152.  Ce  grand  principe  prescrit  directement  la  marche  gé- 
nérale suivant  laquelle  on  doit  toujours  procéder  à  la  forma- 
tion de  Téquadon  collective  propre  à  l'ensemble  de  chaque 
famille,  quand  elle  sera  géométriquement  définie.  Il  suffira 
d'élaborer  analytiquem en t  cette  définition,  de  manière  à  obtenir 
les  équations  de  la  génératrice  avec  deux  constantes  arbitraires 
seulement.  Une  telle  réduction  sera  nécessairement  toujours 
possible,  en  ayant  égard  à  toutes  les  cbconstances  caracté- 
ristiques, si  ce  groupe  naturel  est  convenablement  institué, 
c'est-à-dire,  s'il  a  le  juste  degré  d'extension  qui  correspond  à 
une  famille  proprement  dite.  D'après  cette  condition  préalable 
l'équation  collective  delà  famille  se  formera  toujours  en  résol- 
vant ces  deux  équations  de  la  génératrice  relativement  aux 
deux  paramètres,  ainsi  rapportés  aux  coordonnées  variables, 
afin  d'indiquer  entre  ces  deux  fonctions  une  relation  totale- 
ment arbitraire. 

Quand  l'ensemble  des  conditions  proposées  laissera  plus  de 
deux  paramètres  arbitraires  dans  les  équations  générales  de  la 
génératrice,  ce  symptôme  analytique  indiquera  sans  équivoque 
que  le  groupe  considéré  est  trop  vague  pour  l'état  présent  de 
la  géométrie  comparée,  et  comprend  réellement  une  infinité  de 


SECONDE  PARTIE,  GEAPITRE  PREMIER.  503 

familles  de  surfaces.  Lorsque,  au  contraire,  ces  équations  pour- 
ront être  amenées  à  ne  plus  contenir  qu'un  seul  paramètre  va- 
riable, il  est  évident  que  le  lieu  géométrique,  cessant  de  con- 
stituer une  véritable  famille,se  réduira  à.  une  espèce  déterminée, 
dont  Téquationse  formerait  en  éliminant,  entre  ces  deux  équa- 
tions^ cet  unique  paramètre,  de  manière  à  ne  laisser  rien  d*in- 
décis  dans  la -composition  analytique,  sauf  les  valeurs  des 
coefficients. 

Pour  déterminer,  en  sens  inverse,  si  une  snrface  particulière 
donnée  appartient  ou  non  à  une  famille  donnée,  les  règles  gé- 
nérales prescrites  au  n^'iSO  permettront  toujours  de  le  décider, 
en  les  appliquant  de  façon  à  reconnaître  si  Téquation  spéciale 
proposée  peut  ou  non  rentrer  abstraitement  dans  le  type  ana- 
lytique correspondant.  TeUe  est,  à  cet  égard,  la  seule  question 
judicieuse  qui  puisse  être  réellement  posée.  Car,  demander  à 
quelle  famille  appartient  chaque  surface  particulière,  constitue 
évidemment  un  problème  trop  indéterminé,  puisque  la  même 
surface  peut  être  rangée  parmi  une  infinité  de  famUles  diffé- 
rentes, d*après  les  divers  modes  de  génération  dont  elle  est  tou- 
jours susceptible  ;  quoique  son  étude  spéciale  puisse  ensuite 
exiger,  entre  ces  divers  points  de  vue  géométriques,  un  choix 
unique,  qui  d^ailleurs  variera  suivant  la  nature  des  recherches 
poursuivies.  On  doit  regarder  toute  surface  comme  pouvant 
être  engendrée  successivement  par  chacune  des  lignes  qu'on  y 
peut  tracer.  Mais  cette  inévitable  indétermination  n'altère  nul- 
lement la  réalité  fondamentale  de  notre  conception  géométri- 
que sur  les  familles  de  surfaces,  toujours  caractérisées  par  la 
nature  de  la  génératrice  et  la  loi  de  son  mouvement;  car,  si 
chaque  surface  peut  contenir  une  infinité  de  courbes  distinctes, 
il  en  existe  encore  davantage  qui  n*y  peuvent  jamais  être  si- 
tuées :  le  cercle  est,  par  exemple,  la  seule  courbe  plane  qu'on 
puisse  décrire  sur  une  sphère. 


s 


504  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 

Après  avoir  établi,  dans  ce  premier  chapitre,  toutes  les  no- 
tions essentielles  relatives  au  classement  rationnel,  à  la  fois 
analytique  et  géométrique,  des  surfaces  quelconques,  il  nous 
reste  à  mieux  caractériser  ces  principes  généraux  par  leur  ap- 
plication spéciale  à  Tétude  successive  des  principales  familles 
qui  ont  été  jusqu'ici  régulièrement  introduites  en  géométrie 
comparée. 


CHAPITRE  IL 


Théorie  des  surfaces  cylindriques. 


153.  Cette  famille,  la  plus  simple  et  la  plus  usuelle  de 
toutes,  comprend  les  surfaces  engendrées  par  une  droite  de 
direction  fixe,  glissant  sur  une  ligne  quelconque.  Les  équations 
naturelles  de  cette  génératrice,  x  =  az  +  a,  y=»bz  +6,  sont 
donc  immédiatement  adaptées  à  la  formation  de  Téqualion 
collective,  d'après  les  principes  fondamentaux  du  chapitre  pré- 
cédent. 11  sufBt,  pour  cela,  d'y  concevoir  fixes  les  deux  coefli- 
cients  angulaires  a  et  6,  en  supposant  variables  les  seuls  para- 
mètres linéaires  a  et  6.  Puisque  les  constantes  arbitraii*es  s'y 
trouvent  ainsi  réduites  spontanément  à  deux,  on  formera 
l'équation  de  la  famille  en  dégageant,  suivant  la  règle^  a  et  6 
en  X,  y^  z,  afin  d'indiquer,  entre  ces  deux  fonctions,  une  re- 
lation arbitraire,  x—a2=»<p  (y — 6z),  ou  ^  {x—az,  y — 6js)=  0. 
Telle  est  donc  Téquation  générale  des  surfaces  cylindriques,  ou 
tel  est  du  moins  le  type  analytique  le  plus  simple  auquel  on 
puisse  ramener  toute  surface  de  cette  sorte  :  car,  on  <:onç.oit 
d'ailleurs,  en  principe,   que,  d'après  l'infinie  diversité  que 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE   DEUXIÈME.  505 

comporte  le  couple  analytique  propre  à  la  représentation  de 
chaque  ligne  dans  l'espace,  Téquation  collective  convenable  à 
chaque  famille  pourra  prendre  une  infinité  de  formes  distinctes 
quoique  équivalentes,  selon  le  mode  adopté  pour  formuler  sa 
génératrice.  Mais  toutes  ces  formes  diverses  sont  toujours  sus- 
ceptibles de  coïncider  finalement,  par  suite  des  transformations 
déjà  expliquées  au  sujet  des  lignes.  On  choisit  donc,  envers 
chaque  famille,  le  mode  le  plus  simple^  pourvu  qu'il  ait  une 
suffisante  généralité  ;  il  correspond  au  meilleur  couple  analy- 
tique de  sa  génératrice,  et  on  l'emploie  habituellement  à  carac- 
tériser les  surfaces  considérées.  C'est  en  ce  sens  que  nous  con- 
sacrerons essentiellement  le  type  analytique  x — azi=^[y — bz) 
à  la  représentation  spéciale  des  surfaces  cylindriques. 

Quand  on  voudra  reconnaître,  d'après  ce  type,  si  une  sur- 
face donnée /(x,  y,  z)=0  appartient  ou  non  à  cette  famille, 
il  faudra  donc,  suivant  la  règle  fondamentale  du  chapitre  pré- 
cédent, y  changer  x^  az  et  y —  é^  en  /  et  w,  c'est-à-dire  y 
substituer  t -\- az  ^iu -\- bz  wi  lieu  de  x  et  y,  afin  de  voir  si  le 
résultat  f[t+az^  w  +  ôz,  5)  «=0  peut  devenir  indépendant 
de  z.  Mais  il  importe,  à  ce  sujet,  d'apprécier  ici  un  supplé- 
ment d'explication  que  je  n'ai  pu  suffisamment  signaler  dans  la 
doctrine  générale,  parce  qu'il  n'aurait  pas  été  assez  nettement 
^^.  saisissable  :  il  consiste  en  ce  que  cette  disparition  de  z  ne  sau- 
rait jamais  être  entièrement  spontanée  ;  elle  supposera  toujours 
quelques  conditions  relatives  à  la  disponibilité  des  paramètres 
fixes,  a  et  6,  de  la  génératrice.  Aucune  surface,  en  effet, 
n'est  cylindrique  en  un  sens  quelconque,  même  le  plan  qui, 
exceptionnellement,  se  trouve  l'être  en  une  infinité  de  sens  : 
c'est  toujours  une  partie  essentielle  de  la  question  que  de  dér 
terminer  la  direction,  habituellement  unique,  des  génératrices 
de  chaque  cylindre.  Il  faut  donc  concevoir  la  disparition  de  2, 
dans  l'équation  finale  f  [t  +  az^  u  +  bz,  2)^=0,  comme  ne 

40 


;<^ 


506  GÉOMÉTRK  DANS  L'ESPACE. 

pouvantjamais  s'accomplir qu*eQ  disposant  convenablement  des 
constantes  a  et  6,  qui  permettront  d'abord  d'y  annuler  à  vo- 
lonté deux  des  termes  distincts  en  ^  qui  les  contiennent  :  après 
avoir  ainsi  disposé  de  ces  paramètres,  il  faudra  que  leurs  va- 
leurs réelles  annulent  aussi  le  coefficient  total  de  tout  autre  de 
ces  termes,  sans  quoi  la  surface  ne  sera  pas  cylindrique.  Si 
toutes  ces  conditions,  au  contraire,  y  peuvent  être  simulta- 
nément remplies,  sa  nature  cylindrique  sera  constatée, et  l'on 
connaîtra  la  direction  de  ses  génératrices  :  il  ne  restera  plus, 
pour  concevoir  nettement  sa  génération,  que  de  lui  assigner 
une  directrice  suffisamment  simple,  qui  sera  le  plus  souvent 
Tune  des  traces  de  la  surface  sur  les  plans  coordonnés. 

Considérons,  par  exemple,  Téquation 

ic*  +  y*  +  2z*  —  tcz  —  %yz  =  1. 

La  substitution  prescrite  y  fournira  l'équation  finale 

(a«  +  ft«— 2a— 26  +  2)x'  +  (2û-2)  t2:  +  (26-2)t*î,  +  «*+u«=  1. 

# 

Pour  que  ce  résultat  devienne  indépendant  de  z,  d  après  cer- 
taines  valeurs  de  a  et  6,  il  faut  poser  26  =  2,  2a  =  2, 
et  fl^4-6*=2a  +  2é  —  2,  les  deux  termes  en  tz  et  en  uz  ayant 
dû  être  ici  traités  comme  distincts,  quoique  contenant  la  même 
puissance  de  z,  puisque  les  nouvelles  variables  ^  et  t/  ne  sau- 
raient être  confondues  parmi  les  coefficients,  afin  que  a  et  6 
restent  vraiment  constants.  D'après  l'accord  spontané  de  ces 
trois  conditions,  la  surface  proposée  est  certainement  cylin- 
drique, et  les  projections  de  ses  génératrices  sont  parallèles 
aux  bissectrices  des  angles  XZ  et  YZ.  'Quant  àia  base  du 
cylindre,  on  pourra  choisir,  par  exemple,  sa  trace  horizon- 
tale, qu'indique  l'équation  primitive  en  y  faisant  zb»  0,  d'où 
résulte  le  cercle  x*  +  y*^=  1.  Au  reste,  on  peut  remarquer,  en 
général,  que,  dans  la  théorie  des  surfaces  cylindriques,  cette 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  DEUXIÈBCE.  607 

trace  s'obtiendra  toujours  spontanément,  en  même  temps  que 
la  direction  des  génératrices,  en  reconnaissant  la  nature  de  la 
surface  :  car,  l'équation  finale  précédente,  lorsque  ^  y  a  dis- 
paru, représente  géométriquement  la  trace  horizontale  de  la 
surface  proposée,  entre  les  nouvelles  variables  t  et  w,  alors 
considérées,  suivant  leur  interprétation  concrète,  comme  les 
coordonnées  de  la  trace  horizontale  de  la  génératrice. 

Tous  les  calculs  ainsi  prescrits  pouvant  également  s'accom- 
plir si  les  coefficients  de  l'équation  donnée  étaient  indéter- 
minés, pourvu  que  les  exposants  ne  le  fussent  pas,  cette  mé- 
thode serait  susceptible  de  dévoiler  sous  quelles  conditions 
analytiques  la  surface  correspondante  deviendrait  cylindrique. 
Quand  le  développement  de  l'équation  finale  " 

f  [t  -v  az,  u  -f  6z,  z)^=0 

aurait  déterminé  a  et  6  d'après  deux  des  termes  en  z,  il  fau- 
drait que  leurs  valeurs,  d'ailleurs  réelles,  annulassent  chacun 
des  autres,  d'où  résulteraient  autant  de  relations  nécessaires  et 
suffisantes  pour  rendre  cylindrique  le  lieu  proposé.  Dans  l'équa- 
tion générale  du  second  degré,  par  exemple, 

kx^  +  Bi/*  +  Cz^  +  Dxy  +  Ex%  +  Fyz  -f  Gx  -f  Hj/  4-  K;5=  1, 

on  trouverait  ainsi,  après  un  calcul  un  peu  long  mais  facile, 
deux  relations  entre  les  neuf  coefficients,  puisque  les  termes 
distincts  en  z  s'y  trouveraient  au  nombre  de  quatre,  contenant 
l'un  z^,  un  autre  tz^  un  troisième  wz,etun  derniers  seulement. 

154.  Il  faut  maintenant  considérer,  envers  les  surfaces  cylin- 
driques, la  question  générale  qui  consiste  à  déterminer  la  fonc- 
tion arbitraire  propre  à  l'équation  collective  de  chaque  famille 
d'après  les  équations  de  la  directrice. 

Comme  cette  fonction  indique  ici  la  relation,  d'abord  indé- 
terminée, entre  les  paramètres  variables  a  et  6  de  la  généra- 


508  GÉOMÉTRIE   DANS   l'eSPACE. 

Irice,a:=a5  +  a  et  y  =  6z  +  6,  tout  se  réduit  à  découvrir  leur 
liaison  d'après  la  condition  de  rencontre  perpétuelle  de  cette 
génératrice  avec  la  directrice  donnée, 

/i  (x,  y,  z)  =  0  el  /k  [x,  y,  z)  =  0. 

Or,  celte  condition  se  formulera,  suivant  la  marche  ordinaire, 
par  Télimination  des  trois  coordonnées  a:,  y,  z,  entre  ces  deux 
couples  simultanés.  Une  fois  obtenue,  la  relation  des  para- 
mètres ^  (a,  ê)  =  0  fournira  aisément  l'équation  de  la  surface, 
en  les  y  remplaçant  par  x  —  az  et  y — hz. 

On  peut  donner  à  ce  calcul  une  forme  technique  très-simple, 
qu'il  convient  d'indiquer  ici,  quand  on  a  pris  spécialement  pour 
base  du  cylindre  proposé  satracehorizontale,  f[x,y)=^%  ^=0. 
Car,  l'élimination  préparatoire  s'accomplit  alors  sans  qu'il  faille 
spécifier  la  fonction  /,  relative  à  l'équation  plane  de  cette 
courbe,  et  la  relation  des  paramètres  linéaires  devient 
/•{a,6)=:0,  d'où  résulte,  à  l'égard  du  cylindre  cherché, 
l'équation  f{x — az^  x — es)  =  0.  Ainsi,  on  passera  analyli- 
quement  d'une  telle  base  au  cylindre  correspondant,  en  se 
bornant  à  y  changer  x^wx — az  et  y  en  y — bz  ;  ce  qui  permet 
de  composer  très-facilement  des  équations  cylindriques,  d'après 
les  diverses  courbes  planes,  algébriques  ou  transcendantes.  En 
partant,  par  exemple,  des  équations 

y^-\-x^^^r^,  if  =  mx.  xy=p'^^  y  =  c^,  y  =  sina:,  etc. 

on  formerait  aussitôt  les  équations 

[y  —  b%)^  +  [x  —  azf  =  r^,  [y  —  b%Y=am[x  —  az)^ 
(x — az)  {y — ^2,)=p^  y  — te=o'^-«^,  j/  — fc2i=sin(a: — a3;),etc. 

pour   les   cylindres    circulaire,    parabolique,  hyperbolique, 
logarithmique,  trochoïdique,  etc. 

Nous  devons,  enfin  considérer  aussi  la  détermination  de  la 
fonction   arbitraire,  de   manière  à  spécifier   Téquation    du 


SECONDE  PARTIK,  CUAPITRE  DErXIÈME.  509 

cylindre,  quand  cette  surface,  au  lieu  de  passer  par  une 
courbe  donnée,  doit  être  circonscrite  à  une  surface  quelconque 
donnée  f{x^  y,  z)  =0.  La  difficulté  consiste  encore  à  décou- 
vrir la  relation  des  paramètres  variables  «  et  6  qui  rendra  la 
génératrice,  cr  =  az  -f  a,  y  =  ^s  4-  ê,  tangente  à  une  telle 
surface  dans  chacune  de  ses  positions  :  on  convertira  ensuite 
cette  liaison  en  équation  du  cylindre,  en  y  changeant,  comme 
ci-dessus,  a  et  6  en  a:  —  a^  et  y  —  bz.  Or,  pour  formuler  ce 
contact,  d'après  les  seules  règles  de  la  géométrie  plane,  il  suffit 
de  le  réduire  à  celui  de  la  droite  considérée  avec  lasectiondela 
surface  par  lun  quelconque  des  plans  qui  la  contiennent.  Si 
Ton  choisit,  à  ce  titre,  Tun  de  ses  plans  projetants  y =0^4. 6, 
la  génératrice  sera  suffisammentconstituéetangenteàla courbe 
correspondante,  en  établissant  la  même  relation  entre  leurs 
projections  respectives  sur  le  second  plan  vertical.  Tout  se 
réduit  donc  ?i  exprimer,  dans  ce  dernier  plan,  suivant  l'un  ou 
l'autre  des  deux  modesgénéraux  prescrits  à  ce  sujet  en  géomé- 
trie- plane,  que  la  droite  z  =  az  -^  ol  touche  la  courbe 
/  {x^  bz  +  6,  2)=  0,  d'où  résultera  la  relation  des  paramètres 
^  (a^  6)  ==  0,  et,  par  suite,  l'équation  du  cylindre  cherché 
^  [x  —  az^rj  —  bz)  =  0. 

En  employant  le  principe  des  racines  égales  pour  formuler 
ce  contact  plan,  ce  qui  d'ailleurs  n'est  pas  toujours  préférable, 
comme  on  sait,  on  serait  donc  amené  à  chercher  la  condition 
d'égalité  entredeux  racines  de  l'équation  /■(a2+a,6z+6,2)=0. 
Sous  cette  dernière  forme,  la  méthode  pourrait  être  directe- 
mentconçue,  indépendammentdes  considérations  précédentes, 
puisqu'une  telle  équation,  immédiateïnent  appréciée,  tend  à 
déterminer  l'intersection  de  la  génératrice  avec  la  surface 
donnée,  en  sorte  que,  à  ce  titre,  deux  de  ses  racines  doivent 
coïncider  en  cas  de  contact. 

Ce  problème  général  comporte  spontanément  une  application 


510  GÉOMÉTRIE   DANS   L'eSPACE. 

très-étendue  dans  la  théorie  des  ombres,  quand  les  rayons 
lumineux  sont  regardés  comme  parallèles,  ainsi  qu'on  doit  le 
supposer  habituellement  envers  la  lumière  solaire.  Si  Toû  cir* 
conscrit  alors  au  corps  proposé  un  cylindre  parallèle  à  ces 
rayons,  la  courbe  de  contact  constituera  évidemment,  sur  la 
surface  considérée,  la  ligne  de  démarcation  entre  la  partie 
éclairée  et  la  partie  obscure  ;  ensuite  Tintersection  de  ce  cylin- 
dre par  un  plan  donné,  ou  par  telle  autre  surface  quelconque 
où  Ton  voudra  recevoir  l'ombre,  déterminera  le  contour  na- 
turel de  Tombre  ainsi  portée.  Tout  dépend  donc,  à  cet  égard, 
de  la  détermination  du  cylindre  circonscrit,  dont  l'équation 
successivement  combinée  avec  celles  de  la  surface  éclairée  et 
de  la  surface  d'ombre  fera  aussiU^t  connaître  les  deux  lignes 
qui  constituent  le  sujet  géométrique  d'une  telle  recherche. 

Envers  la  courbe  de  contact,  il  n'est  pas  inutile  de  remarquer 
qu'on  pourrait  l'obtenirdirectement  avant  de  trouver  le  cylin- 
dre, et  de  manière  même  à  faciliter  ensuite  sa  recherche,  en  y 
voyant  le  lieu  des  points  de  la  surface  proposée  où  le  plan  lan- 
gent est  parallèle  aux  rayons  lumineux  x=»az,  y=bz',  car, 
d'après  le  type  général  de  l'équation  du  plan  tangent  (n«  147), 

(^  —  »i)  r»i  +  (y  —  2/0  fyi  -^{oc  —  Xi)  fxx  =  0, 

ce  parallélisme  fournirait  aisément  la  relation 

fai  +  bryi  +  apxi  =  0, 

en  exprimant  que  la  droite  correspondante  rc — Xi=a  {z  — ^i), 
y  —  yi  =  fc  (^  —  Zi)  est  entièrement  contenue  dans  ce  plan.  Les 
équations  de  la  courbe  cherchée  seraient  donc 

4 

f  (a:,  y.  z)  =  0,  af'^c  +  VV  +  T^  =  0. 

On  pourrait  dèslors  faire  rentrer  cette  question  dans  la  précé- 
dente, en  considérant  cette  ligne  commeune  directrice  donnée 
du  cylindre  cherché.  Diaprés  le  mode  analytique  déformation 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  511 

delà  seconde  équation,  son  degré  sera  nécessairement  inférieur 
d'une  unité  à  celui  de  la  première  ;  d'où  l'on  peut  nécessaire- 
ment conclure,  envers  toute  surface  du  second  degré,  que  sa 
courbe  de  contact  avec  un  cylindre  circonscrit  sera  toujours 
plane,  et,  par  conséquent,  une  section  conique. 

Soit,  par  exemple,  l'ellipsoïde  --  +  ^  +  2i'c=l,  éclairé  par 

des  rayons  lumineux  x  >=  z,  y  =  2,  et  qu'il  faille  trouver 
l'ombre  portée  sur  le  plan  des  xy.  Cherchons  d'abord  le  cylindre 
circonscrit  suivant  la  première  méthode,  et  en  y  employant  le 
principe  des  racines  égales,  ici  très-convenable  ;  après  avoir 
substitué  z  +  a  et  >s  +  6  au  lieu  de  x  et  y,  la  relation  de  contact 
sera  alors  90a^  +  456*  —  18a6  =  441  ;  elle  fournira,  pour  ce 
cylindre,  l'équation 

90a:*  4-  45^2+  UTz^  —  162a:z— 72y2— 18a:y=441,   d'où 

résultera  la  courbe  d'ombre  cherchée  90x^  +  45y* — 18yx  =  441  ; 
quant  à  la  courbe  de  contact,  le  lecteur  pourra  s'exercer  à  con- 
stater, en  combinant  convenablementles  équations  du  cylindre 
et  de  l'ellipsoïde,  que,  conformément  à  la  remarque  précé- 

dente,  elle  appartient  au  plan  -  4-  ^  +  «  =•  0. 

4     y 


CHAPITRE  III. 


Théorie  des  surfaces  coniques. 


155.  Daus  cette  seconde  famille,  la  génératrice  est  encore 
une  ligne  droite,  mais  assujettie  à  tourner  autour  d'un  point 
fixe,  en  glissant  d'ailleurs  sur  une  courbe  quelconque.  Si  donc 


512  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPAGE. 

a,  €,  Y  désignent  les  coordonnées  de  ce  sommet  donné,  les  équa* 
tions  de  cette  génératrice, 

a:  — a  =  a(x;  — y),   y  —  €  =  b(z  —  y), 

ne  contenant  plus  que  deux  paramètres  variables,  les  deux 
coefficients  angulaires  a  et  6,  se  trouveront  spontanément  adap- 
tés à  la  formation  immédiate  de  Téquation  collective,  qui  sera, 
par  conséquent,  en  général,  sous  sa  forme  la  plus  simple, 

^Zl?  =,  (?Lzf\   ou  bien  +  fc  ^— V^- 

Pour  employer  ce  type  analytique  à  vérifier  la  nature  conique 
de  chaque  surface  particulière  f  (x,  y,  z)  =  0,  il  faudrait, 
suivant  nos  règles  fondamentales,  remplacer  x  et  t/  par 
t^Qi{z  —  y),  If +  6  (2 — y)'  ^fi^  de  rendre  cette  équation  spé- 
ciale f{t-\-a(z—f),U'^^(Z'-y),z)=0  entièrement  indépen- 
dante de  2,  en  disposant  convenablement  des  constantes  a,  6,  y. 
relatives  au  sommet  du  cône.  Dans  Téquation  complète  du  se- 
cond degré,  par  exemple,  on  aurait  ainsi  à  annuler,  comme  au 
chapitre  précédent,  les  termes  en  z^^  en  tz^  en  uz  et  en  z  seul  » 
mais  on  disposerait  maintenant  de  trois  paramètres,  en  sorte 
que  ces  quatre  conditions  n'aboutiraient  ici  qu'à  une  relation 
unique  entre  les  neuf  coefficients  indéterminés,  tandis  que  le 
cas  cylindrique  en  exigeait  deux.  Au  reste,  envers  une  équa- 
tion quelconque,  la  figure  cylindrique  du  lieu  correspondant 
supposera  toujours  une  condition  déplus  que  la  forme  conique, 
puisque,  en  regardant  le  cylindre  comme  un  cône  dont  le  som- 
met s'éloigne  àrinfipi,il  faudrajoindre  aux  conditions  coniques 
une  relation  nouvelle  propre  à  rendre  infinies  les  coordonnées 
du  sommet  ou  Tune  d'elles,  en  annulantle  dénominateur  com- 
mun ou  partiel. 

L'opération  analytique  propre  à  vérifier  si  une  surface 
donnée  appartient  à  la  famille  proposée  est  donc  ici  naturelle- 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE   TROISIÈME.  513 

ment  plus  pénible  qu'au  chapitre  précédent;  mais  elle  comporte 
une  heureuse  simplification  générale,  en  ayant  égard  à  un 
théorème  important  de  géométrie  comparée,  suggéré  parle  type 
conique  que  nous  venons  d'établir,  quand  on  y  apprécie  les 
modifications  qu'il  éprouve  en  supposant  l'origine  des  coor- 
données placée  au  sommet  du  cône.  Cette  équation  collective 

devient  alors  -  =»  (p  f  -  j  ou  ^  (  - ,  -  )  =  0.  Or,  sous  cette  forme, 

la  vérification  proposée  s'accomplirait  aisément,  puisqu'elle  se 
réduirait  à  substituer  tz  et  uz,  au  lieu  de  x  et  y,  dans  chaque 
équation  particulière,  afin  d'examiner  si  2  y  disparaît  sponta- 
nément. D'après  ce  principe,  il  suffit  de  concevoir  cette  sub- 
stitution envers  un  terme  quelconque  kx^y^z^^qui  deviendrait 
ainsi  Ai»*  w».  2»*+«+v,  pour  reconnaître  aussitôt  qu'une  telle 
élimination  suppose  à  tous  les  termes  un  même  degré,  estimé, 
suivant  le  mode  algébrique  ordinaire,  par  la  somme  des  expo- 
sants des  trois  variables.C'est  ainsi  que  Monge  a  découvert  na* 
turéllement  cette  belle  proposition  générale  :  toute  équation 
homogène  à  trois  variables  représente  nécessairement  un  cône 
dontle  sommet  esta  l'origine  des  coordonnées;  et,  réciproque- 
ment, toute  surface  conique  est  susceptible  d'une  équation 
homogène,  quand  on  transporte  l'origine  des  coordonnées  au 
sommet  du  cône.  Quoique  la  géométrie  comparée  ait  été  jus- 
qu'ici bien  peu  cultivée,  une  telle  relation  est  très-propre  à 
faire  sentir  la  puissance  du  nouveau  mode  analytique  sur  lequel 
Monge  a  fait  reposer  l'étude  collective  des  diverses  familles 
géométriques;  car  cette  liaison  remarquable  entre  la  forme 
coniquede  la  surface  et  la  composition  homogène  de  l'équation, 
qui  découle  avec  tant  d'évidence  et  de  simplicité  de  ce  système 
d'appréciation,  n'aurait  pu  s'apercevoir,  au  contraire,  de  l'an- 
cien point  de  vue,  où  les  différents  cônes  resteraient  dispersés 
dans  tous  les  degrés  algébriques,  que  par  suite  d'une  lente  et 


514  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPACE. 

pénible  induction,  que  rien  ne  conduisait  naturellement  à  for- 
meravant  que  toutes  les  surfaces  assujetties  à  unemème  géné- 
ration eussent  été  analytiquement  envisagées  sous  un  aspect 
commun. 

D'après  cette  propriété  caractéristique,  on  pourra  recon- 
naître aisément  la  nature  conique  de  chaque  surface  donnée 
f  (ic,  y,  z)  =0;  car, si  cette  équation  est  homogène,  la  ques- 
tion se  trouvera  ainsi  résolue  immédiatement;  si  elle  ne  Test 
pas,  il  restera  à  déplacer  l'origine  de  manière  àla  rendre  telle, 
en  y  annulant  tous  les  termes  distincts  dont  le  degré  est  infé- 
rieur au  sien,  par  le  changement  accoutumé  de  x^  y^  z  en 
^  +  «1  y  +  ^>  *  +  Yi  de  manière  à  déterminer,  dans  ce  dessein, 
les  constantes  disponibles  a,  6,  y^  qui  indiqueront  le  sommet 
du  cône.  Pour  Téquation  générale  du  second  degré,  par  exem- 
ple, il  faudrait  faire  alors  disparaître  les  trois  termes  du  pre- 
mier degré  et  le  terme  constant,  d'où  résulterait,  comme  sui- 
vant le  premier  mode,  mais  bien  plus  simplement,  une  relation 
nécessaire  entre  les  neuf  coefficients  indéterminés,  après  avoir 
éliminé  les  coordonnées  du  sommet. 

156.  Considérons  maintenant,  de  même  qu'envers  les  cylin- 
dres, la  spécification  de  l'équation  collective  des  cônes,  quand 
on  donne  la  directrice  de  la  surface.  Entre  les  équations  de 
cette  base,  fi  (x^  y,  z)  =  0,  /g  (a;,  y,  z)  =  0,  et  celles  de  la  gé- 
nératrice, x  —  a  =  a  (î6  —  y)i  y — €  =  b(z — y),  il  suffira  encore 
d'éliminer  a?,  y,  js,  afin  de  foimer  la  condition  de  rencontre 
perpétuelle  ^  {a,  b)  =  0,  d'où  l'on  passera  aussitôt  à  l'équation 
du  cône,  en  y  changeant  les  paramètres  variables  a  et  6  en 

X —  a      y  —  6 

et^ . 

z  —  t      z  —  Y 

Je  prendrai  spécialement  pour  exemple  à  ce  sujet  le  cône  qui 

se  rapporte  à  la  théorie  des  mappemondes,  quand  ony  cherche 

la  perspective  d'un  cercle  quelconque  de  la  sphère  terrestre, 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  TROISIÈME.  515 

supposé  VU  à  travers  un  certain  méridien  dont  le  pôle  indique- 
rait la  position  de  Toeil,  suivant  le  mode  de  projection  géogra- 
phique le  plus  usuel.  En  plaçant  Torigine  des  coordonnées  au 
centre  de  la  terre,  dirigeant  Taxe  des  z  vers  les  pôles  terres- 
tres, Taxe  des  j?  suivant  le  méridien  ainsi  choisi,  de  manière  à 
faire  passer  Taxe  des  y  au  point  de  vue,  les  équations  d*un 
cercle  quelconque  du  globe,  maintenant  érigé  en  base  du  cône 
cherché,  seront  a:' +y*  4-  z^^=  r^  eiz^^ax-hby-hc.  Celles  de  la 
génératrice  étant  ic¥x=mz  et  y  =  w»  4-  r,  la  condition  de  ren- 
contre deviendra  finalement 

m2  {br+  cY  -\-[nc-{'r-'  amry  +  {br  +  c)^  =  r»  (1  —  am  —  bn)^. 
Ainsi,  Téquation  du  cône  cherché  sera 

En  y  faisant  y  =  0,  on  en  déduira  Téquation  de  la  perspective 
demandée 

9     c.    ûr2  c.     ^  r^lc—br) 

x^-hz^+^i a;  — 2  r za.  — i — r—  =0. 

br  -\-  c  br  -^  c  c  +  br 

Sa  composition  indique  aussitôt  la  principale  propriété  d'une 
telle  projection  géographique,  où  tout  cercle  terrestre  est  tou- 
jours représentéaussi  par  un  cercle,  commeles  anciens  l'avaient 
découvert  d'après  la  considération  des  sections  anti-parallèles 
du  cône  circulaire  oblique. On  pourrait  y  constater  également, 
mais  à  l'aide  d'un  calcul  pénible  dont  rien  ne  suggérerait  natu- 
rellement la  pensée,  la  remarque  accessoire,  d'ailleurs  peu 
utile,  sur  l'aptitude  de  cette  perspective  à  maintenir  sans  alté- 
ration l'angle  de  deux  cercles  quelconques.  En  achevant  l'ap- 
préciation spéciale  de  l'équation  précédente,  on  trouvera,  pour 
les  coordonnées  du  centre  et  le  rayon  du  cercle  ainsi  obtenu, 
les  formules 


a?'^  r^ 


br-h  c  br  -h  c  bi^  -h  c^  ^  ' 


516  GÉOHÉTRm  DANS   L'ESPACE. 

dont  la  dernière  est  seule  usitée  en  géographie, et  uniquement 
môme  envers  les  parallèles  à  Téquateur  ou  les  méridiens.  Si  on 
y  fait  les  hypothèses  « =c,  y  a=p^,  correspondantes  à  ces  deux 
cas  pour  réquation  du  plan  du  cercle  considéré,  on  en  déduira 
aisément  les  règles  ordinaires  de  construction  des  arcs  de  cercle 
qui  s'y  rapportent  :  leurs  rayons  seront  ainsi  respectivement 
mesurés  par  la  cotangente  de  la  latitude  ou  par  la  sécante  de 
la  longitude. 

La  formation  spéciale  de  Téquation  d'unf^ône  dont  la  direc- 
trice est  donnée  se  simplifie  beaucoup,  comme  dans  le  chapitre 
précédent,  quand  on  prend  pour  base  la  trace  horizontale  de 
la  surface.  Car,  l'élimination  des  trois  coordonnées  variables 
peut  alors  s'accomplir  aisément  entre  les  équations  delà  géné- 
ratrice, a;  —  a  ==  a  (2J  —-  y)?  y  —  ^=  b{z  —  y),  et  celles  d'une 
telle  directrice  /"(a?,?/)  =  0,  2  =  0  :  il  en  résulte  la  relation  gé- 
nérale des  deux  paramètres  a  ei  b,  f  (a — ay,  6  — ^y)=Û;  d'où 

dérive  l'équation  du  cône  cherché  f  ( ï-, 1?:  )  =  0, 

ainsi  déduite  l'équation  plane  de  sa  base  par  le  changement  de 

fiz  —  yx^^z  —  Y?/     ^  1       t 

a;  et  y  en et  ^  .  En  partant,  par  exemple,  du 

cercle  y^  +  ^■  =  v^^  on  aurait,  pour  le  cône  circulaire, 

(62;  —  Y?/)^  +  (a2i  —  Y^l*=  ^*  (z  —  y)-. 
et,  s'il  est  droit, 


;.2 


'^^JrX^^-,{z  —  y'^ 

6  et  a  s'annulant  alors. 

Au  sujet  de  cette  application  particulière,  il  faut  ici  noter  la 
position  normale  de  l'appréciation  des  courbes  du  second  degré 
comme  sections  coniques,  que  nous  n'avons  pu  traiter  en  géo- 
métrie plane  que  d'après  un  artifice  exceptionnel.  Pour  établii* 
cette  notion  dans  son  entière  généralité,  envers  tout  cûne  cir- 


I 


SECONDE.   PARTIF,    CUAPITRE   TrtOÏSIÈMK.  511 

culaire,  droit  ou  oblique,  il  suffirait  de  traiter  chacune  des 
équations  précédentes  par  laméthode  générale  que  nous  avons 
destinée  à  Tétude  des  sections  planes  d*une  surface  quelconque, 
et  qui  maintenant  fournirait  aussitôt  une  courbe  du  second 
degré.  Mais  on  sera  même  entièrement  dispensé  deTexécution 
d'un  tel  calcul,  si  Ton  se  borne,  à  cet  égard,  à  la  proposition 
principale,  consistant,  au  fond,  dans  la  simple  connaissance  du 
degré  de  la  section,  sans  s'occuper  d'ailleurs  de  sa  nature  pa- 
rabolique, elliptique,  ou  hyperbolique,  assez  indiquée,  en 
chaque  cas,  par  la  situation  du  plan.  Car,  du  point  de  vue 
propre  à  lagéométrie  analytique  à  trois  dimensions,  il  est  clair, 
en  général,  indépendamment  de  la  méthode  des  sections  planes, 
que  toute  surface  algébrique  d'un  degré  quelconque  ne  peut 
être  coupée  par  un  plan  que  suivant  une  courbe  du  même 
degré,  puisque  cela  est  incontestable  pour  les  plans  parallèles 
aux  plans  coordonnés,  et  qui  peuvent  représenter,  à  vrai  dire, 
des  coupes  quelconques,  en  considérant  l'équation  la  plus  com- 
plète de  chaque  type,  dont  la  composition  convient  spontané- 
ment à  toutes  les  situations  possibles  du  lieu.  Suivant  ce  prin- 
cipe évident,  toutes  les  sections  planes  du  cône  circulaire  sont 
des  courbes  du  second  degré,  par  cela  seul  que  cette  surface 
fait  partie  de  celles  de  ce  degré. 

Dans  la  théorie  des  cônes,  comme  dans  celle  des  cylindres, 
on  peut,  enfin,  déterminer  la  fonction  arbitraire  en  concevant 
que  la  surface  doive  être  circonscrite  à  une  surface  quelcon- 
que donnée  f{x,  y,  z)  =  0,  qui  remplacerait  la  directrice  cor- 
respondante. La  solution  s^accomplira  de  la  même  manière,  en 
cherchant  la  relation  des  deux  paramètres  variables  propres  à 
la  génératrice,  a:  —  a  =  a  (:;  —  y)^  y  —  g  =»  6  (^  —  y),  quand 
celle-ci  doit  toucher  constamment  la  surface  proposée,  sans 
qu^il  faille  ici  ajouter  aucune  explication  nouvelle  à  celles  du 
chapitre  précédent  sur  le  mode  de  formulation  d'un  tel  contact, 


518  GÉOMÉTRIE  DANS  L'eSPACE. 

d'après  les  seules  méthodes  de  la  géométrie  plane.  Cette  rela- 
tion ^  {a,  i)=  0  étant  une  fois  obtenue  par  un  procédé  quel- 
conque, on  en  déduira  Féquation  du  cône  cherché,  coaime  si 
la  directrice  était  donnée,  suivant  le  changement  accoutumé 

de  a  et  é  en et  La  courbe  de  contact  de  ce  cône 

z  —  Y      ^  —  Y 

avec  la  surface  sera  dès  lors  représentée  analytiquement,  en 
concevant  simultanément  leurs  équations  respectives.  Au  reste, 
cette  courbe  pourrait  aussi  être  déterminée,  indépendamment 
du  cône,  et  de  manière  même  àen  faciliter  la  recherche,  à  titre 
de  directrice,  en  y  voyant  encore  le  lieu  des  points  de  la  surface 
proposée  où  le  plai»  tangent  passe  au  sommet  donné,  d'où  ré- 
sulterait, à  son  égard,  la  seconde  équation 

Ce  dernier  problème  général  comporterait,  envers  les 
cônes,  une  application  non  moins  naturelle  que  pourlescylin- 
dres,  dans  la  détermination  géométrique  des  ombres,  quand  on 
suppose  tous  les  rayons  lumineux  émanés  d'un  même  point  ; 
ce  qui  représenterait  suffisamment,  en  beaucoup  d'occasions, 
le  cas  de  la  lumière  artificielle.  On  peut  aussi  l'appliquer  à 
une  autre  destination  pratique,  qui  n'en  changerait  nullement 
la  nature,  en  considérant  la  question  des  contours  apparents 
et  des  perspectives,  où  il  ne  s'agit  jamais  que  de  trouver  la  sec- 
tion du  plan  du  tableau,  ou  même  de  la  surface  quelconque 
qui  en  tiendrait  lieu,  par  le  cône  qui,  ayant  son  sommet  au 
point  de  vue,  serait  circonscrit  au  corps  observé.  En  l'un  ou 
l'autre  cas,  toute  la  difficulté  mathématique  d'une  telle  re- 
cherche se  réduirait  évidemment  à  la  connaissance  du  cône 
circonscrit. 


SECONDE   PARTIE,  CHAPITRE  QUATRIÈME.  519 


CHAPITRE  IV. 

Théorie  des  surfaces  de  révolution. 

157.  Le  titre  habituel  des  surfaces  qui  composent  cette 
troisième  famille,  et  le  nom  de  corps  ronds  qui  en  offrirait 
l'équivalent  plus  rapide,  se  rapportent  à  leur  principale  pro- 
priélé  pratique,  consistant  en  ce  que  chacune  d'elles  peut  ré- 
sulter de  la  rotation  d'une  certaine  ligne  autour  d'un  axe  fixe 
auquel  elle  est  invariablement  liée.  Mais,  quelle  que  soit,  dans 
les  arts  géométriques,  la  haute  importance  d'un  tel  caractère, 
qui  permet  souvent,  envers  ces  surfaces,  un  mode  de  construc- 
tion très-facile,  il  présente,  sous  l'aspect  théorique,  le  grave 
inconvénient  de  ne  pas  appeler  directement  l'attention  sur  la 
véritable  génératrice  propre  à  cette  famille  :  car,  le  méridien 
de  chaque  surface  de  révolution,  variable  d'un  corps  rond  à 
l'autre,  n'en  constitue,  au  fond,  que  la  directrice.  Suivant  nos 
principes  fondamentaux  de  géométrie  comparée,  la  généra- 
trice devant  toujours  être  commune  à  toutes  les  surfaces  d'une 
même  famille,  cette  propriété  usuelle  ne  saurait  fournir  la  dé- 
finition rationnelle  de  ce  nouveau  groupe  naturel,  où  le  cerde 
est  réellement  la  seule  ligne  uniformément  reproduite,  comme 
y  résultant  des  coupes  perpendiculaires  à  l'axe,  quelle  que 
puisse  être  la  figure  des  méridiens. 

D'après  cette  indispensable  rectification  préliminaire,  les 
surfaces  considérées  ici  sont  donc  engendrées  par  un  cercle 
dont  le  centre  parcourt  une  droite  fixe,  tandis  que  son  plan 
reste  constamment  perpendiculaire  à  cette  droite,  son  rayon 


520  GÉOMÉTRIE  DANS  L^ESPACE. 

variant  d'ailleurs  suivant  une  loi  quelconque,  quedéterminera, 
en  chaque  cas,  la  ligne  immobile  sur  laquelle  le  cercle  devra 
glisser.  La  propriété  générale  ci-dessus  remarquée,  et  d'où  dé- 
rive le  nom  usité,  résulte  directement  d'une  telle  génération. 

• 

Car,  si,  dans  une  surface  ainsi  produite,  on  considère   une 
section  plane  suivant  Taxe,  les  rayons  correspondants  aux 
diverses  parties  de  Taxe  y  auront  toujours  envers  celles-ci  la 
même  relation,   quelle  que  puisse  être  la  direction  de  cette 
coupe  ;  en  sorte  que  tous  ces  méridiens  seront  nécessairement 
superposables.  Sous  un  aspect  plus  étendu,  par  quelque  sur- 
face auxiliaire,  plane  ou  courbe,  qu'on  ait  d'abord  coupé  un 
corps  rond,  la  section  ne  changera  jamais  quand  la  surface 
d'où  elle  résulte  ne  fera  que  tourner  autour  de  Taxe  proposé  ; 
puisque  toutes  les  parties  du  cercle  générateur,  outre  leur  iden- 
tité propre,  sont  d'ailleurspareillement  situées  envers  cet  axe. 
On  conçoit  que  cette  propriété  cesserait  si  le  plan  de  ce  cercle, 
quoique  conservant  une  direction  invariable,  devenait  oblique 
k  la  droite  fixe  que  décrit  son  centre.  Il  y  a  donc  d'autant  moins 
d'inconvénients^  à  conserver,  pour  ces  surfaces,  les*dénomina- 
tions  usitées,  après  en  avoir  rectifié ladestination  géométrique 
qu'elles  correspondent  à  un  attribut  généfSJ  où  l'on  peut  voir 
réellement  un  heureux  résumé  spontané  de  l'ensemble  des  ca- 
ractères inhérents  à  la  défmition  rationnelle  d'une  telle  famille 

Pour  former  ici  convenablement  les  équations  de  la  généra- 
trice, il  faut  concevoir  ce  cercle  comme  résultant  de  la  combi- 
naison d'un  plan  quelconque  perpendiculaire  à  Taxe  donné, 
a?  =  flz  +  a,  y  =  62  -|-  ^^  8.vec  une  sphère, de  rayon  arbitraire, 
dont  le  centre  soit  fixement  placé  en  un  certain  point  de  cet 
axe,  là,  par  exemple,  où  il  perce  le  plan  horizontal.  Suivant 
ce  mode,  ces  équations 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  QUATRIÈME.  521 

quoique  plus  compliquées  que  celles  des  deux  chapitres  précé- 
dents, se  trouveront  aussi  spontanément  adaptées  à  la  forma- 
tion directe  de  Téquation  collective,  puisqu'elles  ne  contien- 
dront encore  que  deux  paramètres  variables  r  et  c.  Ainsi, 
cette  troisième  famille  géométrique  aura  pour  type  analytique 

(x  — a)a  +  (y  —  6)^  4-  2^  ==  jp  (^  +  or  +  by), 

ou  ^  {[x  —  a)^4-  (y  —  ^*  4-  ;z^,  2f  -f  or  +  ôy)  =  0. 

» 

Son  application  normale  à  la  reconnaissance  spéciale  de 
chaque  cas  particulier  serait  ici  plus  laborieuse  que  dans  les 
deux  autres  groupes  considérés,  mais  d'ailleurs  dirigée  par  les 
mêmes  principes  généraux.  En  concevant  alors  leur  usage  al- 
gébrique sous  l'aspect  le  plus  étendu,  il  faudrait  donc  éliminer 
deux  des  coordonnées  variables  entre  l'équation  proposée 
f[x^  yy  z)^=^Q  et  les  deux  relations  uniformes 

[x  —  nY 4- (y  —  5)^ 4- z*=  w,  z-\-ax  +  by=t\ 

la  troisième  variable  devrait  ainsi  disparaître  du  résultat  final, 
en  y  disposant  convenablement  des  constantes  a,  6,  a,  6,  re- 
latives à  l'axe,  afin  d'annuler  chacun  des  termes  distincts  où 
elle  se  trouverait  contenue.  L'élimination  préalable  se  fera 
d'ailleurs,  soit  par  le  mode  ordinaire  de  la  substitution,  s'il 
demeure  praticable,  soit  par  tout  autre  procédé  équivalent 
qui  pourrait  devenir  indispensable. 

Cette  équation  collective  des  surfaces  de  révolution  est  tou- 
jours susceptible,  envers  chacune  d'elles,  d'une  importante 
simplification,  quand  on  prend  pour  axe  des  z  Taxe  même 
du  corps  rond.  En  y  supposant  ainsi  a»>0,  6s=»0,  a=0,  éa=rO, 
elledevient  d'abord  a:*  4-  y' 4-  z'=  <p  [z)  ;  mais,  comme  le  termes* 
du  premier  membre  peut  passer  dans  le  second,  où  on  doit  le 
concevoir  absorbé  par  la  fonction  arbitraire,  le  type  analytique 

41 


522  GÉOMÉTRIE  DANS   L'ESPACE. 

se  ramène  finalement  à  la  forme  très-simple,  et  non  moins  ex- 
pressive, 

^'  +  y*  =  ?  (2), 

oùTon  voit  directement  que  la  génévaLincez=c^x^+j/^=r^^esi 
un  cercle  horizontal  dont  le  centre  décrit  Taxe  vertical.  Au 
reste,  cette  dernière  modification  secondaire  apportée  à  l'équa- 
tion des  corps  ronds  par  la  transposition  de  z^  correspond  géo- 
métriquement àlasubstitutiond'un  cylindre  àla  sphère  jusqu'a- 
lors employée  envers  le  cercle  générateur. 

Suivant  un  tel  type,  l'élimination  fondamentale  ci-dessus 
prescrite  pour  vérifier  si  une  surface  particulière  /  [x,  y,  z)  =  0, 
appartientàcette  famille, seréduiramaintenant,en  y  supprimant 
toute  circonlocution  superflue,  à  y  faire  disparaître  simultané- 
menta:ety  en  posant  seulemeiit  y' -f^^=w.  Il  est  d'ailleurs  évi- 
dent que  Taccomplissement  de  ce  tle  condition  analytique  n  auto- 
riserait pas  suffisamment,  en  général,  à  décider  la  négative  de 
cette  question,  quand  on  n'aurait  aucun  motif  de  présumer  que 
Taxe  de  la  surface  dût  nécessairement  coïncider  avec  l'axe  des  z. 
Un  tel  caractèrenedeviendraitalors  pleinement  certain  que  d'a- 
près une  transposition  d'axes  indélerminée,et  en  disposant  con- 
venablement des  constantes  arbitraires  qu'elle  introduirait .  Mais, 
dans  presque  tous  ces  cas,  heureusement  peu  utiles  à  considé- 
rer, l'ensemble  de  cette  vérification  analytique  deviendrait  au 
moins  aussi  pénible  que  si  l'on  eûtd'aiord  employéle  type  uni- 
versel primitivement  établi. 

158.  En  continuant  à  considérer  la  plus  simple  équation  col- 
lective des  corps  ronds,  il  est  facile  d'y  déterminer,  comme 
dans  les  deux  chapitres  précédents,  la  forme  spéciale  de  la 
fonction  arbitraire  conformément  à  une  directrice  donnée, 
fi  {x,  y,  2)  =  0,  /a  {x^  y ,  5)  =  0.  Tout  se  réduit,  en  effet,  à  ex- 
primer la  rencontre  de  cette  ligne  avec  une  génératrice  quel- 
conque z  =  c,x^-\-t/''  =  r^^  en  éliminant  x.y^z  entre  les  deux 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE   QUATRIÈME.  523 

couples  d*équations,  d'où  résultera  la  relation  correspondante 
des  deux  paramètres  variables  ^  (c,  r) = 0,  aussitôt  convertie  en 
équation  de  la  surface  cherchée,  en  y  changeant  c  en  2  et  r  en 


Appliquons  d'abord  cette  méthode  au  cas  où  la  directrice 
serait  une  droite  donnée,  ar=  az-t-a,  y=^}  que  Ton  peut  sup- 
poser,  en  effet,  parallèle  au  plan  des  xz,  sans  particulariser, 
davantage,  au  fond,  la  solution  géométrique.  La  relation  des 
deux  paramètres  c  et  r  estici(dfc+a)2+ê^=r^,  et  il  en  résulte, 
pour  la  surface  cherchée,  l'équation  très-simple 

y2  +  ^  _  flS^i  __  ^aoiz  =  aî>  +  62. 

■ 

Il  estaisé  d'en  déduire  la  naturedes méridiens  dececorpsrond, 
afin  de  le  mieux  connaître,  en  faisant  y=0,  ce  qui  donne 
x^ —  aH^ —  2aa2»  =  a'  +  6*.  Or,  cette  équation  annonce  évidem- 
ment une  hyperbole,  donf  l'axe  des  z  constitue  l'axe  non- 
transverse,  l'autre  étant  parallèle  à  l'axe  des  x^  et  son  centre 

étant  situé  à  la  hauteur  verticale ,  qui  correspond  sponta- 
nément au  point  de  la  directrice  le  plus  rapproché  de  l'axe  de 
la  surface;  conformémentaux  indications  géométriques  directes 
sur  la  correspondance  nécessaire  de  la  moindre  section  circu- 
laire avec  le  sommet  et  le  centre  de  l'hyperbole  méridienne. 
Ainsi,  la  surface  produite  par  la  révolution  d'une  droite  quel- 
conque autour  d'un  axe  fixe  où  elle  adhère  invariablement, 
peut  aussi  résulter  de  la  rotation  d'une  hyperbole  autour  de 
son  axe  non-transverse.Lecônecirculairedroit  y  rentre  comme 
modification  particulière,  quand  la  droite  rencontre  l'axe,  ou 
que  l'hyperbole  se  réduit  à  ses  asymptotes,  c'est-à-dire  en  an- 
nulant 6. 

Examinons  encore  le  cas  où  ladirectrice  serait  une  hélice^  en 
établissant  d'abord  les  équations  de  cette  courbe  remarquable, 


524  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACE. 

imaginée  par  Archimède,  et  qui  constitue,  à  tous  égards,  la 
plus  importante  de  toutes  les  lignes  à  double  courbure,  parmi 
lesquelles  elle  tient,  d'après  sa  parfaite  uniformité  caractéristi- 
que,le  môme  rang  que  le  cercle  entre  les  courbes  planes.  Cette 
courbe  cylindrique  résulte  du  mouvement  uniforme  d'un  point 
surune  droitependant  que  celle-ci  tourneuniformément  autour 
d'un  axe  parallèle  adhérent.  Sa  grandeur  dépend  donc  de  deux 
éléments  linéaires,  la  distance  constante  de  la  génératrice  à 
Taxe,  ou  le  rayon  du  cylindre  dont  elle  fait  partie,  et  le  chemin 
spécial  parcouru  parallèlement  à  Taxe  à  Tissue  de  chaque  révo- 
lution entière,  ou  Tintervalle  fixe,  ordinairement  nommé  j^o:^, 
qui  existe  entre  deux  spires  consécutives  le  long  des  arêtes.  La 
théorie  générale  de  la  similitude  des  courbes  indique  aisément, 
surtout  en  cecas,  que  deux  hélices  ne  sont  semblables  qu'autant 
que  leurs  rayons  sont  entre  eux  comme  leurs  pas.  D'après  sa 
définition,  les  plus  simples  équations  de  cette  courbe  contien- 
dront ces  deux  constantes  arbitraires  :  ainsi,  l'hélice  exige 
quatre  points  pour  sa  détermination  ;  puisque  la  transposition 
d'axesindispensableàlagénéralisation  de  ce  premier  type  ana- 
lytique y  introduira  naturellement  six  nouveaux  paramètres, 
linéaires  ou  angulaires.  Une  appréciation  géométrique  directe 
confirme,  en  effet,  que  les  équations  les  plus  générales  de  Thé- 
lice  doivent  contenir  huit  constantes,savoir  :  les  quatre  relatives 
à  l'axe,  les  deux  dimensions  de  la  courbe,  et  enfin  deux  coor- 
donnéesdelapositioninitiale,déjàplacée  sur  un  cylindre  connu. 
Il  est  aisé  de  former  les  équations  de  cette  courbe,  puisque, 
d'après  sa  définition,  elle  se  distingue  de  toutes  celles  qui  ap- 
partiennent au  même  cylindre,  en  ce  que  la  différence  des  dis- 
tances de  deux  quelconques  de  ses  points  au  plan  de  la  base  est 
toujours  proportionnelle  à  la  partie  de  ce  cercle  comprise  entre 
leurs  projections.  Mais,  avant  de  déduire  d'un  tel  caractère  le 
couple  analytique  accoutumé,  il  faut  d'abord  noter  deux  pro- 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE    QUATRIÈME.  525 

priétés  importantes  qui  en  dérivent,  Tune  pour  la  tangente  à 
l'hélice,  Vautre  quant  à  sa  rectification.  Quoique  cette  courbe 
soit  transcendante,  et,  à  ce  titre,  directement  inaccessible  aux 
règles  élémentaires  de  ce  traité  à  Tégard  des  tangentes,  nous 
pouvons  cependant  y  traiter  spécialement  cette  recherche;  car, 
d'après  cette  constante  proportionnalité,  la  tangente  à  Thélice 
doit  faire  avec  Taxe  du  cylindre  un  angle  invariable,  dont  la 

tangente  trigonométrique  équivaut  à-7->siret  Adésignentle 

rayon  et  le  pas  ;  ce  qui  suffit  pouj  déterminer  cette  droite,  déjà 
nécessairement  contenue  dans  le  plan  tangent  au  cylindre.  En 
second  lieu,  une  telle  proportionnalité  indique  clairement  que, 
quand  le  cylindre  se  déroulera  sur  un  plan,  chaque  spire  de 
rhélice  se  développera  suivant  une  ligne  droite,  dont  Tangle 
précédent  déterminera  Tobliquité  envers  les  génératrices  du 
cylindre  ;  en  effet,  leslongueurs  variables  ainsi  comparées  con- 
servant toujours  leur  grandeur  après  cette  transformation, 
cette  proportion  reproduit  spontanément  le  caractère  fonda- 
mental de  la  ligne  droite,  lorsque  les  arcs  de  la  base  sont  de- 
venus rectilignes.  L'hélice  pourrait  donc,  en  sens  inverse, 
résulter  de  la  flexion  d'une  droite  sur  la  surface  d'un  cylindre 
dans  une  direction  plus  ou  moins  oblique.  A  ce  titre,  elle  y  in- 
dique.nécessairement  le  plus  court  chemin  entre  deux  points 
quelconques  :  ce  chemin  minimum  équivaut  ainsi  &  l'hypoté- 
nuse du  triangle  rectangle  formé  par  les  deux  longueurs  ci- 
dessus  comparées  ;  en  sorte  que  la  rectification  de  l'hélice 
se  ramène  aussitôt  à  celle  du  cercle.  Cette  sommaire  appréciation 
des  principales  propriétés  de  cette  courbe  ne  laisse  réellement 
à  l'analyse  transcendante  aucune  autre  détermination  essen- 
tielle que  celle  de  la  loi  précise  suivant  laquelle  chacune  des 
deux  courbures,  évidemment  constantes,  d'une  telle  ligne  dé- 
pend de  son  rayon  et  de  son  pas  ;  nos  ressources  actuelles  ne 


co- 


520  GÉOMÉTRIE   DANS   L'eSPACE. 

peuvent  indiquer,  à  cet  égard,  qu*un  vague  et  insuffisant 
aperçu  sur  le  décroissement  nécessaire  de  Tune  on  Tautre 
courbure  à  mesure  que  Tune  ou  Tautre  de  ces  dimensions 
augmente. 

Formons  actuellement  les  plus  simples  équations  deThélice, 
en  prenant  son  axe  pour  celui  desz  et  dirigeant  vers  elle  Taxe 
horizontal  des  a:.  L'une  des  équations  sera  d'abord  a:* -l-y^=r*, 
commune  à  l'ensemble  du  cylindre  considéré  ;  quant  à  l'autre, 
elle  résultera  aussitôt    du  caractère  précédemment  établi, 

s  =  — .  r  arc  (  cos  =  7  )»  puisque  x  serait  évidemment  le 

sinus  de  Tare  correspondant  de  la  base,  si  r  était  le  rayon  Iri- 
gonométrique.  Mais,  au  lieu  de  ce  couple  primordial,  il  faut 
habituellement  préférer,  suivant  le  mode  ordinaire,  la  combi- 
naison plus  simple  3;=  r  cos  ~  z,  y=  r  sin-^^,  relative  aux 

projections  verticales. 

D'après  ces  dernières  équations,  il  devient  aisé  de  former 
l'équation  de  la  surface  produite  parla  révolution  d'une  hélice 
autour  d'une  parallèle  à  son  axe.  Afin  de  ne  pas  troubler  inu- 
tilement les  habitudes  analytiques  propres  à  ce  chapitre,  où 
nous  supposons  l'axe  du  corps  rond  confondu  avec  l'axe  dess, 
il  faudra  modifier  un  peu  les  équations  précédentes;  en  y  dé- 
plaçant l'origine,  mais  seulement  surl'axe  des  a;,  d'unedistance 
égale  à  l'intervalle  donné  a  entre  l'axe  du  cylindre  et  Taxe  de 
rotation.  En  partant  ainsi  des  équations 

y  =»  r  sm  -r  2,  o:  =  r  cos  t  z  -h  a, 
h  n 

on  trouvera  aisément  la  condition  de  rencontre  perpétuelle 
avec  le  cercle  z  =  c,  x^  -{-  y^— .r,*^  qui  engendre  Théliçoïde 
cherché,  dont  Téqualion  sera  finalement 

y2  4.  ^2  _=  2rtr  cos  -T-  5  +  (^^  +  a^]  ; 


SECONDE   PARTIE,    CnAPITRE    QUATRIÈME.  527 

il  sera  facile  d'en  déduire  la  nature  des  méridiens,  en  y  faisant 

Le  mode  général  pour  le  passage  analytique  de  chaque  direc- 
trice donnée  aucorpsrond  correspondant,  se  simplifie  beaucoup 
quand  cette  directrice  est  le  méridien  de  la  surface,  dont  nous 
supposons  toujours  Taxe  confondu  avec  celui  des  z;  alors,  les 
équations  de  la  courbe  étant  f  (a:,  z)  =  0,  ,y=0,  la  relation 
des  deux  paramètres  variables  c  et  r  propres  à  la  génératrice 
devient  aussitôt  /*  (r,  c)  =  0,  d'où  résulte  l'équation  de  la  sur- 
face cherchée  f  {\/a^  4-  y*,  2)  =  0  ainsi  obtenue  en  changeant 
seulement  x  en  \/x^  +y^  dansréquation  planedu  méridienpro- 
posé.  Suivant  cette  règle  fort  simple,  réquation«^s*-f  ôaj:*=saa6* 
donnerait  à^z^-hb^x^ +0^7/^=0^6^  pour  Tellipsoïde  de  révolu- 
tion; de  môme,  en  partant  de  a^z^ — b^x''^  =  rfc  à^b^^on  aurait 
a^z^ —  b^x^ —  b*y^=  ±:  a^b^  envers  Thyperboloïde,  en  prenant 
le  signe  supérieur  ou  le  signe  inférieur,  suivant  que  la  révolu- 
tion se  ferait  autour  de  Taxe  transverse  ou  de  Taxe  non  trans- 
verse ;  pareillement,  les  surfaces  engendrées  parla  rotation  de 
la  parabole  autour  de  son  axe  ou  de  la  tangente  au  sommet  se- 
raient y^+a:^=m;i  ou  z*=m2(x^+y^),  en  considérant  succes- 
sivement les  équations  méridiennes  x^=mz  ou  z^=  mx> 

Il  convient,  à  ce  sujet,  de  signaler  spécialement  les  cas  du 
tore,  dont  Téquation  se  formera  d'après  celle  du  cercle  méri- 
dien z^-{-{x —  «)2  =  r^  où  nous  supposons  Taxe  des  x  dirigé 
vers  son  centre.  On  trouve  ainsi,  pour  le  tore,  Téquation  du 
quatrième  degré 

z^  +  i\/x^-\-y^  —  aY  =  r^  ; 

il  est  aisé  d'y  constater,  en  rendant  y  constant,  que  les  coupes 
parallèles  à  l'axe  coïncident  exactement  avec  les  courbes  con- 
sidérées au  n®  22,  puisque  leur  équation 

z  =  ±  \/—  [c^  +  a^  —  r^  4-  X')  +  2a  \/c^  +  x^ 


528  GÉOMÉTRIE  DANS  l'ESPACE. 

peuttoujours  s*identifier  avec  celle  que  nous  avons  alors  formée, 
en  annonçant  d'avance  l'appréciation  géométrique  de  ces  lignes 
comme  sections  toriques. 


CHAPITRE    V. 

Théorie  des  surfaces  conoldes. 

159.  Cette  dénomination,  dont  le  sens  a  beaucoup  varié  de- 
puis Archlmëde,  semble  maintenant  consacrée  à  désigner  une 
nouvelle  famille  géométrique,  fort  usitée  dans  les  arts,  et  com- 
prenant toutes  les  surfaces  engendrées  par  une  droite  glissant 
sur  un  axe  Bxe,  parallèlement  àun  même  plan,  quellequesoit 
d'ailleurs  la  seconde  directrice  qui  doit,  en  chaque  cas,  complé- 
ter la  détermination  de  son  mouvement.  Quelques  auteurs 
qualifient  aussi  de  gauches  les  surfacesainsi  produites,  d'après 
leur  contraste  naturel  envers  le  plan  :  mais  ce  terme  paraît 
communément  affecté  au  seul  conoîde  du  seconddegré.  Le  nom 
qui  a  prévalu  rappelle  assez  heureusement  une  comparaison 
géométrique  avec  les  surfaces  coniques,  que  confirmera  ci-des- 
sous l'appréciation  analytique. 

Nos  principes  généraux  conduiraient  aisément  à  former  l'é- 
quation collective  qui  doit  caractériser  cette  quatrième  famille 
usuelle,  d'après  l'axe  donné,  a*  =  az  +  a,  y  =  6z  +  S,  et  le  plan 
directeur^  z  =px  +  yy .  Car,  la  rencontre  perpétuelle  de  la  gé- 
nératrice a:=«  a'2  +  a',  y  =  6'z  -f  6\  avec  cet  axe,  assujettirait 
d'abord  ses  quatre  paramètres,  ici  simultanément  variables,  à 

la  relation  ordinaire  t; — ^  =  ,-7 1  ;  ensuite  son  parallélisme 

6  —  0      o  — o 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  529 

constant  envers  le  plan  leur  imposerait  encore  la  condition 
pa'+qb*=i ,  dont  la  combinaison  avec  la  précédente  permettrait 
de  réduire  ces  coefficients  à  deux  seulement,  selon  notre  règle 
fondamentale.  D'après  un  tel  préambule,  il  suffirait  de  rappor- 
ter ces  deux  derniers  paramètres  aux  coordonnées  x^  y^z^  dans 
les  équations  de  la  génératrice,  pour  en  déduire  aussitôt  le 
type  analytique  cherché,  en  indiquant,  comme  de  coutume, 
une  liaison  arbitraire  entre  ces  deux  fonctions.  Hais  je  crois 
devoir  laisser  au  lecteur  Texécution  de  cette  opération,  dont 
je  ne  rapporterai  pas  même  le  résultat,  que  sa  trop  grande  com- 
plication nous  rendrait  presque  inutile.  Je  vais  seulement  former 
cette  équation  collective  dans  Thypothèse  la  plus  favorable  à 
sa  simplification,  c'est-à-dire,  en  supposant  que  Taxe  du  co- 
noïde  soit  pris  pour  axe  des  z^  et  le  plan  directeur  pour  plan 
à^^ocy  ;  saufàn'appliquerensuite cette équatîoncollectiveàren- 
tière  appréciation  d'un  cas  quelconque  qu'après  une  convenable 
transposition  d'axes  coordonnés,  qui  offrirait,  sous  une  autre 
forme,  des  embarras  algébriques  à  peu  près  équivalents  à  ceux 
qu'occasionne  l'usage  direct  du  type  le  plus  général. 

Suivant  cette  supposition  habituelle,  les  équations  js  ra  ^  et 
y^sssox  exprimeront  aussitôt  l'ensemble  des  conditions  rela* 
tives  à  la  génératrice,  ainsi  assujettie,  en  effet,  à  rester  hori- 
zontale en  glissant  sur  l'axe  vertical  :  aussi  ce  couple  ne  con- 
tient-il spontanément  que  deux  paramètres  variables,  dont 
l'élimination  conduira  facilement,  diaprés  nos  règles,  au  type 
très-simple 


=^©- 


On  peut  simplifier  beaucoup  son  application  à  la  vérification 
spéciale  de  chaque  cas,  en  y  voyant  l'expression  naturelle  d'un 
théorème  général  de  géométrie  comparée  analogue  à  celui  de 
Monge  sur  les  surfaces  coniques.  Car,  un  tel  caractère  indique 


530  GÉOMÉTRIE   DANS    L'ESPACE. 

évidemment,  comme  au  n*  155,  que  Téquation  du  conoïde  est 
toujours  homogène  relativement  aux  seules  variables  x  et  y, 
en  ne  faisant  point  participer  la  troisième  coordonnée  z  à  Tes- 
timationdu  degré  algébrique.  Ainsi,  Tidée  analytique  d'homo- 
généité qui,  complètement  envisagée,  correspond  à  la  notion 
géométrique  d'un  cône,  se  lie, au  contraire,  à  celle  d'un  conoïde, 
quand  on  lui  fait  subir  cette  modification  élémentaire.  Cette  re- 
marque générale  caractérise  analytiquement  Vanalogie  sponta- 
née de  ces  deux  familles,  et  tend  à  mieux  motiver  la  dénomina- 
tion qui  rappelle  un  tel  rapprochement.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce 
caractère  comporte  évidemment  une  application  fort  commode 
à  l'appréciation  géométrique  de  chaque  équation  particulière; 
car,  toute  équation,  comme,  par  exemple,  z^=:^3y^  considérée 
au  n*  131,  qui  se  trouvera  homogène  envers  deux  des  varia- 
bles, représentera  nécessairement  un  conoïde  dontle plan  direc- 
teurseraitparallèle  à  ces  coordonnées,  et  dont  Taxe  correspon- 
drait à  celle  qui  n'aurait  point  participé  au  degré.  Un  usage 
convenable  des  formules  de  transposition  d'axes  dans  l'espace 
permettrait  d'ailleurs  de  généraliser,  mais  très-péniblement, 
l'interprétation  négative  d'un  tel  symptôme  analytique;  puisqu'il 
n'y  a  pas  de  conoïde  qui,  réciproquement,  ne  soit  susceptible 
d'une  pareille  homogénéité  partielle  envers  certains  axes  coor- 
donnés. 

160.  Considérons,  maintenant,  pour  une  semblable  équation 
collective,  la  détermination  accoutumée  de  la  fonction  arbitraire 
conformément  à  une  directrice  donnée 

f\  (^,  y^  s)  =  0,    /a  [x,  y,  z)  =  0. 
L'élimination  de  x^  y,  Zy  entre  ce  couple  spécial  et  le  couple 
général  z=c,  y=<7a:  relatif  à  la  génératrice  fournira  aisément 
la  liaison  correspondan  te  ^  (c ,  a)  =0  des  deux  paramètres  varia- 
bles, d'oti  l'on  déduira  aussitôt  l'équation  du  conoïde  proposé, 

en  y  changeant  c  en  z  et  a  en  - . 

X 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE   CINQUIÈME.  531 

Appliquons  celle  méthode  au  cas  où  la  directrice  serait  une 

hélice,  x  =  r  cos  -r-  js,  y = r  sin  —  z.  On  trouve  alors,  entre  les 

n  n 

deux  paramètres,  la  relation  a  =  tang  -r  c,  et,  par  suite, 

Su 
j/s=sx  tang  -r-  z  pour  Téquation,  très-simple, quoique  transcen- 

dante,  du  conoïde  cherché.  Cette  surface,  fort  usuelle  dans  les 
arts  géométriques,  est  évidemment  celle  de  la  vis  à  filets  rec- 
tangulaires ou  de  Tescalier  à  vis  sans  jour,  engendrée  par  une 
droite  horizontale  glissant  à  la  fois  sur  une  hélice  et  sur  Taxe 
du  cylindre  vertical  correspondant.  Quant  à  la  vis  à  filets  trian- 
gulaires, malgré  sa  grande  analogie  avec  la  précédente,  elle  ne 
constitue  point  exactementun  vrai  conoïde  ;  car,  le  parallélisme 
continuel  de  la  génératrice  au  plan  de  la  base  du  cylindre,  s'y 
trouve  remplacé  par  son  inclinaison  constante  sur  Taxe  ;  ce  qui 
reproduira  d'ailleurs  l'autre  cas,  quand  cet  angle  deviendra 
droit.  Pour  trouver  cette  nouvelle  équation,  on  pourra  conser- 
ver la  seconde  équation  de  la  génératrice  précédente  y=ax\ 

mais  il  faudra  remplacer  l'autre,  z=c,  par  a:=  —  2;  +  a, 

v/«2+  1 

qu'il  est  aisé  de  former  d'après  la  condition  que  celte  droite 
fasse  maintenant  un  angle  donné  y  avec  l'axe  vertical.  Relati- 
vement à  l'hélice  directrice,  il  conviendra  de  préférer  les  équa- 

lionsy*+ a:^rzz  r^et  2  =  tang  -^-js,  qui  résultent  aussitôt  des  deux 

anciennes.  Cela  posé,  on  trouvera  sans  difBculté  la  relation  de 

rencontre  a  •=  tang  -7- 1 -^ I  :  en  y  remplaçant  les  pa- 
ramètres «  et  a  par  leurs  expressions  déduites  des  équations  de 
la  génératrice,  l'équation  de  la  surface  de  la  vis  triangulaire 
sera  finalement 


932  GÉOMÉTRIB  DANS  l'eSPACE. 

Quoique  beaucoup  plus  compliquée,  en  général,  que  celle  de 
la  vis  rectangulaire,  elle  y  rentre  spontanément  quand  Tangle 
Y  devient  droit. 

n  convient  maintenant  d'apprécier  la  simplification  générale 
qu*éprouve  la  formation  de  Téquation  propre  à  chaque  conoîde, 
lorsqu'on  y  prend  spécialement  pour  directrice  la  trace  de  la 
surface  sur  un  plan  parallèle  à  Tun  des  deux  plans  verticaux. 
Les  équations  de  cette  nouvelle  base  étant  alors  /(x,  z)=4}, 

larelationdesparamètres  variablesdevienttoujours/f- ,  cy- 
et  conduit,  pour  le  conoîde  correspondant,  à  Téquation 

/(f,.)  =  o, 

qui  ne  diffère  de  celle  de  la  courbe  donnée  que  par  le  simple 

dx 
changement  de  a:  en  —  .  C'est  ainsi,  entre  autres,  que,  d'après 

les  équations  x'^=mz  ou  2*= ma:,  le  conoîde  parabolique  serait 

(P 
représenté  parles  équations y*2=  —  x^  ou  z'h/  =  dmx^  selon 

quel'axe  de  sa  base  serait  parallèle  ou  perpendiculaire  au  sien. 
Le  cas  le  plus  remarquable  est,  en  ce  genre,  celui  du  conoide 
rectiligne,  correspondant  àla  directrice  y =(f,  x=az+0L:  on 
trouvera  aussitôt,  pour  cette  surface,  l'équation  fort  simple. 
ayz  +  (xy=€lx,  dont  le  degré  annonce  que  toutes  les  sections 
planes  correspondantes  sont  des  coniques.  Si  on  y  applique 
notre  méthode  générale  pour  l'étude  de  telles  coupes,  on  recon- 
naîtra facilement  qu'elles  ne  sauraient  jamais  être  elliptiques, 
et  qu'elles  sont  habituellement  hyperboliques,  sauf  certaines 
situations  déterminées  où  le  plan  sécant  donne  des  paraboles. 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  CINQUIÈME.  533 

Ce  conoîdeser^  plus  spécialement  examiné,  au  chapitre  suivant, 
sous  le  nom  consacré  de  paraboloîde  hyperbolique. 

Considérons  enfin,  comme  envers  les  cylindres  et  les  cônes, la 
formation  de  Téquation  propre  à  chaque  conoïde,  quand  il  doit 
être  circonscrit  à  une  surface  quelconque  donnée/(a:,y,z)=0. 
Le  mode  fondamental  employé  dans  les  deux  autres  cas  est 
également  applicable  à  celui-ci  pour  formuler  le  contact  per- 
pétuel de  la  génératrice,  z  =  c,  y  =  ax^  avec  cette  surface  ; 
ce  qui  se  réduira  maintenant  à  exprimer,  d'après  les  règles  de 
la  géométrie  plane,  que  la  droite  y  ^=ax  touche  la  courbe 
/  (x,  y,  c)  =0,  en  y  employant,  si  on  le  juge  convenable,  le 
principe  des  racines  égales.  De  la  relation  ainsi  établie  entre  les 
paramètres  variables  a  et  c,  on  passera  d'ailleurs  à  l'équation 
du  conoïde,  comme  quand  la  directrice  était  donnée.  Au  reste, 
on  pourrait  aussi,  dans  ce  nouveau  cas,  étendre  la  méthode, 
déjà  indiquée  à  l'égard  du  cylindre  et  du  cône,  afin  de  carac- 
tériser directement  la  courbe  de  contact  du  conoïde  avecla  sur- 
face donnée,  en  assujettissant  le  plan  tangent  de  celle-ci^ 
(a:— Xi)  fxi  +  (y  —  yi)  Al  +  [z—  2i)  /"«i  =  0,  à  contenir  tou- 
jours une  horizontale  rencontrant  Taxe  vertical,  c'est-à-dire, 
à  donner,  en  y  supposant  z  =  Zi,  une  droite  dont  la  projection 
horizontale,  [x  —  xi)  /'n  +  (y  —  yi)  f'y\  «=  0,  passe  constam- 
ment à  l'origine.  On  trouve  ainsi 

^A+,yA— 0 

pour  la  seconde  équation  de  celte  courbe,  qui  dès  lors  pourrait 
devenir  la  directrice  du  conoïde  circonscrit,  de  manière  à  faire 
rentrer  cette  question  dans  la  précédente,  si  on  le  jugeait 
utile,  comme  envers  les  deux  familles  antérieures. 

Appliquons,  par  exemple,  cette  méthode  au  cas  où  la  sur- 
face donnée  seraitle  cylindre  vertical  a:*-f-  y^=3r*,  en  supposant 
toujours  que  le  plan  directeur  soit  horizontal,  mais  en  donnant 


534  GÉOMÉTRIE   DANS   L'eSPACE. 

alors  à  Taxe  du  conoïde  une  situation  oblique^  qu'on  peut 
d'ailleurs  concevoir  parallèle  àl'un  des  deux  autres  plans  coor- 
donnés. Si  les  équations  de  cet  axe  sont  a:  =  a2+  a,  y  =  rf,  sa 
rencontre  avec  une  génératrice  quelconque,  2==»c,  y=px  +  y, 
fournir  a  d'abord  la  conditionrf=/?ac-f-pa-j-9r.  La  relation  de 

contact  sera  ensuite  ^^  c=  r*  (/>^+  !)•  En  éliminant  les  para- 
mètres variables/},  q^  et  c,  entre  ces  deux  équations  de  con- 
dition et  celles  de  la  génératrice,  on  trouvera,  pour  la  surface 
cherchée,  Téquation  du  quatrième  degré 

[ayz  +  oLy  --  dxf  =r^({d--  yf  +  [az  -fa  —  xf). 

Cette  surface  est  ordinairement  celle  de  Tescalier  à  jour,  quand 
la  rampe  est  rectiligne.  Mais,  si  l'arête  horizontale  des  mar- 
ches, en  touchant  toujours  le  cylindre  vertical  y^  +  a:»  =  r', 
devait  d'ailleurs  glisser  sur  une  hélice,  appartenant  à  un  plus 
grand  cylindre  autour  du  même  axe,  le  lieu  ne  serait  plus  un 
conoïde.  Toutefois,  son  équation  spéciale  ne  serait  pas  plus 
difficile  àformer,  d'après  les  mêmes  équations  s=cety=/w7-}-ç 
pour  la  génératrice,  en  substituant  à  l'axe  du  conoïde  rhélice 

Sir  27C 

directrice  a:  =  R  cos  -7-  z,  y  =  R  sin  -r  s.  A  l'ancienne  relation 

h  h 

de  contact  q^  =  r*  (p^  +  1)î  ^  faudrait  ici  joindre  la  nouvelle 

condition  de  rencontre  R  sin  ,  c  =  d  R  cos  -r  c  +  O'.  L'élimi- 

h  h 

nation  des  trois  paramètres  variables  p,  9,  c,  entre  ces  équa- 
tions et  celles  de  la  génératrice,  fournirait,  pour  la  surface 
cherchée,  l'équation  transcendante 

R»Nrsm— ;2—ycos-T  z]  =  n  [y— Rsm—  si  Mx—ncos-rz^  I 

où  R  désigne  le  rayon  de  la  cage  cylindrique  de  l'escalier  et  r 
celui  de  la  colonne  vide. 


SECONDE   PARTIE,    CUAPITKE    SIXIÈME.  535 


CHAPITRE  VI. 

Théorie  générale  complémentaire,  relative  à  tous  les  groupes  géométri- 
ques dont  l'équation  collective  n'est  pas  connue,  et  surtout  aux  sur- 
faces rectilignes  ou  circulaires. 

i  61  .L'étude  successive  des  familles  les  plus  usuelles  a  tellemeut 
caractérisé,  dans  les  quatre  chapitres  précédents,  rapplication 
normale  des  principes  fondamentaux  établis  d*abord  sur  la  classi- 
fication rationnelle  des  surfaces,  que  le  lecteur  attentif  ne  sau- 
rait éprouver  aucune  grave  difficulté  à  étendre  spontanément 
le  même  esprit  à  de  nouvelles  familles  quelconques  dont  la  con- 
sidération pourrait  devenir  convenable,  pourvu  que  leurs  dé- 
finitions restassent  conformes  à  la  condition  universelle  que 
nous  avons  préalablement  posée.  Mais,  afin  de  procurer  à  ces 
notions  générales  toute  Tefficacité  possible,  il  faut  maintenant 
compléter  leur  appréciation  essentielle,  en  la  dégageant  des 
équations  collectives  qui  ne  doivent  servir  qu'à  en  perfectionner 
Tusage  régulier,  de  manière  à  pouvoir  résoudre,  en  chaque  cas 
particulier,  les  deux  questions  principales  relatives  à  la  forma- 
tion et  à  la  discussion  des  équations  d'après  le  mode  de  génération 
des  surfaces  correspondantes,  môme  envers  les  groupes  géomé- 
triques qui  n'ont  pu  encore  être  convenablement  ramenés  à  de 
tels  types  analytiques.  Pour  bien  sentir  l'importance  de  cette 
théorie  complémentaire,  nous  devons  préalablement  caractéri- 
ser les  difficultés  fondamentales  qui  empêchent  jusqu'ici,  et  qui 
peut-être  interdiront  toujours,  à  beaucoup  d'égards,  l'établis- 
sement de  ces  précieuses  formules  communes. 
Ces  difficultés  sont  de  deux  sortes  très-distinctes,  les  unes 


536  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACB. 

relatives  à  la  nature  des  familles  de  surfaces  considérées,  les 
autres  àla  trop  grande  extension  des  groupes  naturels.  Sous  le 
premier  aspect,  il  faut  reconnaître  que,  sans  excéder  les  limites 
normales  de  la  famille  proprement  dite,  notre  appréciation 
analytique  ne  se  trouve  pas  toujours  en  suflisante  harmonie 
jusqu'à  présent  avecnotre  conception  géométrique.  Persistons, 
en  effet,  suivant  les  explications  initiales,  à  ne  composer  cha- 
que famille  que  des  surfaces  dont  toute  la  différence  réside  en 
une  seule  ligne  fixe,  et  dont,  par  suite,  Péquation collective  ne 
doit  contenir  qu'une  seule  fonction  arbitraire.  Or,  ainsi  conçue, 
la  définition  géométrique  de  chaque  famille  échappera  encore 
trop  souvent  à  nos  types  analytiques.  Car,  les  moyens  actuelle- 
ment connus  ne  permettent  de  former  ces  équations  communes 
qu'autant  que  le  mode  de  génération  considéré  peut  être  défini 
et  formulé  indépendamment  de  cette  courbe  spécifique  par  la- 
quelle diffèrent  les  divers  genres  d'une  même  famille.  Quand 
cette  ligne  sera  une  directrice  proprement  dite,  sur  laquelle 
la  génératrice  devra  simplement  glisser^  cette  condition  pré- 
alable se  trouvera  toujours  remplie,  et  l'on  pourra  constam- 
ment réduire  les  équations  de  la  génératrice  à  ne  contenir  que 
deux  paramètres  variables,  de  manière  à  composer  finalement 
l'équation  collective,  comme  nous  l'avons  éprouvé  dansles  cas 
principaux.  Mais  il  n'en  sera  plus  ainsi  lorsque  la  courbe  spé- 
cifique, que  l'on  peut  continuer,  par  extension,  à  qualifier 
encore  de  directrice,  sera  plus  profondément  liée  à  la  définition 
de  chaque  surface,  de  façon  à  constituer  un  élément  indispen- 
sable du  mode  même  de  géné'^ation  :  on  ne  pourra  plus  alors 
former  les  équations  générales  de  la  génératrice  indépendam- 
ment d'une  telle  directrice,  et  en  n'y  laissant  que  deux  con- 
stantes arbitraires.  Dans  tousles  cas  semblables,  onignore  jus- 
qu'ici quelle    serait  l'équation  collective,  quoique  le  groupe 
géométrique  ne  soitpas  réellement  plus  étendu  qu'auparavant  ; 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE   SIXIÈME.  537 

seulement  l'analyse  transcendante  y  permet  encore  la  formation 
des  caractères  indirects  relatifs  à  la  liaison  des  deux  dérivées 
partielles  de  la  variable  dépendante,  et  qui  correspondent  géo- 
métriquement à  une  propriété  générale  du  plan  tangent.  Telles 
seraient,  par  exemple,  les  surfaces,  spécialement  considérées 
ci-dessous,  qu'engendrerait  un  cercle  invariable  dont  le  centre 
décrit  une  ligne  fixe  à  laquelle  son  plan  reste  toujours  normal  : 
en  changeant  arbitrairement  cette  directrice  du  centre,  cette 
définition  constitue  certainement  une  véritable  famille,  plus 
embarrassante  mais  aussi  circonscrite  que  celles  des  cônes^  des 
corps  ronds, etc.;  or,  son  équation  collective  n'est  pas  connue 
jusqu'ici  sous  forme  finie. 

Quelle  que  soit  l'importance  réelle  de  ce  premier  ordre  de 
difficultés  analytiques,  il  est  aisé  de  concevoir  que  l'extension 
supérieure  des  groupes  géométriques  doit  constituer  leprincipal 
obstacle  à  la  commune  appréciation  abstraite  de  chacun  d'eux, 
quoique  la  nature  identique  de  la  génératrice  continue  encore 
à  établir,  entre  ces  cas  plus  variés,  une  véritable  affinité  fonda- 
mentale. En  partant  de  la  simple  famille,  dont  l'indétermination 
consiste  analytiquement  en  ce  que  les  équations  de  la  généra- 
trice y  peuvent  être  supposées  réduites  à  ne  contenir  que  deux 
constantes  arbitraires,  on  peut  facilement  imaginer  des  groupes 
de  plus  en  plus  indéterminés,  et  néanmoins  toujours  naturels; 
leur  extension  se  mesurera  spontanément  par  le  nombre  des 
paramètres  variables  propres  au  couple  analytique  de  la  gêné- 
ratrice,  quand  toutes  les  conditions  de  chaque  définition  collec- 
tive y  auront  été  suffisamment  formulées.  Or,  aucun  de  ces 
assemblages  plus  étendus  ne  comporte  jusqu'à  présent  de  vé^ 
ritable  type  analytique,  sauf  les  caractères  indirects  que  l'ana- 
lyse transcendante  y  a  pu  manifester,  et  seulement  même  en^ 
vers  très-peu  de  cas. 

162.  Pour  mieux  apprécier  cette  difficulté  fondamentale,  il 

49 


538  GÉOMÉTRIE   DANS  l'eSPACE. 

suffit  de  Tenvisager  spécialement  dans  son  moindre  degré,  rela- 
tivement à  la  plus  simple  de  ces  catégories  naturelles,  c'est-à- 
dire  à  regard  des  surfaces  engendi'ées  par  la  ligne  droite,  el 
ordinairement  qualifiées,  à  ce  titre,  de  réglées  ou  plutôt  recti- 
lignes.  D'après  le  nombre  des  paramètres  variables  propres  à 
une  telle  génératrice,  nous  avons  déjà  remarqué  que  trois  di- 
rectrices devenaient,  en  général,  indispensables  à  l'entière  dé- 
termination de  son  mouvement.  Gomme  une  seule  directrice 
laissée  arbitraire  dans  un  mode  quelconque  de  génération  con- 
stitue, en  géométrie  comparée,  une  famille  proprement  dite,  il 
est  évident  que  le  groupe  géométrique  des  surfaces  rectilignes 
comprend  nécessairement  unedouble  infinité  de  familles  dis- 
tinctes, dont  les  cylindres,  les  cônes,  et  les  conoïdes  ne  nous 
ont  offert  que  les  plus  simples  et  les  plus  usuelles.  Il  n'existe 
pas  jusqu'ici  de  type  analytique  assez  général  pour  leur  con- 
venir simultanément,  et  néanmoins  assez  circonscrit  pour  les 
caractériser  exclusivement.  Si  jamais  on  parvient  à  Tinstituer, 
on  peut  assurer  d'avance  qu'il  devra  contenir  distinctement 
trois  fonctions  arbitraires  indépendantes  entre  elles,  afin  de 
correspondre  au  nombre  naturel  des  directrices  qu'exige  alors 
l'entière  détermination  de  chaque  espèce,  et  de  pouvoir  se  mo- 
difier convenablement,  d'abord  envers  les  classes,  ensuite  à 
regard  des  familles. 

On  rendra  plus  sensible  encore  une  telle  nécessité  en  consi- 
dérant la  principale  division  géométrique  des  surfaces  réglées, 
selon  qu'elles  sont  développables  ou  non  développables,  c'est- 
à-dire  suivant  qu'elles  peuvent  ou  non  être  envisagées  comme 
formées  d'éléments  plans  juxtaposés,  ayant  toute  lalongueurde 
la  surface  dans  le  sens  de  chaque  génératrice,  et  infiniment 
petits  seulement  dans  le  sens  perpendiculaire  ;  condition  évi- 
demment indispensable  et  suffisante  pour  permettre,  en  effet, 
de  déployer  toutes  les  parties  de  la  surface  sur  un  même  plan  à 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  539 

la  suite  les  unes  des  autres,  sans  lacune  ni  confusion.  Parmiles 
trois  fjamilles  de  surfaces  rectilignes  que  nous  avons  étudiées, 
les  deux  premières  sont  développables,  parce  que  deux  posi- 
tions consécutives  de  la  génératrice  y  appartiennent  toujours  à 
un  même  plan;  la  troisième  ne  l'est  pas,  faute  d*untel  carac- 
tère fondamental.  En  ayant  égard  à  cette  distinction  générale, 
il  faut  reconnaître  que  la  classe  des  surfaces  développables, 
quoique  ne  constituant  déjà  qu'un  cas  particulier  de  ce  vaste 
groupe  géométrique,  est  elle-même  trop  étendue  pour  com- 
porter, au  moins  sous  forme  finie,  une  véritable  équation  col- 
lective, dans  Tétat  naissant  où  se  trouve  encore  la  géométrie 
comparée,  qui  n'a  pu  jusqu'ici  fournir,  à  cet  égard,  que  le  ca- 
ractère analytique  indirect  trouvé  par  Euler  d'après  la  théorie 
générale  de  la  courbure  des  surfaces,  évidemment  réservée  à 
l'analyse  transcendante.  Cette  commune  équation  des  surfaces 
développables,  devant  être  moins  étendue  que  celle  du  groupe 
total  des  surfaces  rectilignes,  et  devant  pourtant  convenir  aune 
infinité  de  familles  proprement  dites,  contiendrait  nécessaire- 
ment deux  fonctions  arbitraires.  Il  est  aisé  de  le  confirmer  di- 
rectement, d'après  chacune  des  deux  origines  géométriques  que 
Ton  peut  assigner,  en  général,  à  de  telles  surfaces.  Toute  sur- 
•  face  développable  peut  d'abord  résulter  du  mouvement  d'un 
plan  assujetti  à  toucher  à  lafoisdeux  surfaces  fixes  quelconques, 
en  considérant  le  lieu  des  droites  qui  joignent  ses  deux  points  de 
contact,  et  dont  l'ensemble  remplit  naturellement  la  condition 
fondamentale  imposée  ci-dessus  au  développement  d'une  sur- 
face rectiligne.   Sous  ce  premier  aspect,  il  n'est  pas  douteux 
que  le  type  analytique  de  cette  classe  géométrique  devrait  né- 
cessairement contenir  deux  fonctions  arbitraires,  afin  de  cor- 
respondre à  la  double  source  de  variation  inhérente  à  une  telle 
définition:  si  les  deux  surfaces  directrices  étaient  égales  et  pa- 
rallèles, il  en  résulterait  la  famille  des  cylindres  ;  celle  des 


oiO  GÉOMÉTRIE   DANS   L^ESPACE. 

cônes  correspondrail  à  leur  simple  similitude,  jointe  au  même 
parallélisme;  une  infinité  d'autres  familles  inconnues  dérive- 
raient de  nouvelles  dispositions  mutuelles.  En  second  lieu,  on 
peut  aussi  concevoir  une  surface  développable  comme  Ten- 
semble  des  tangentes  à  une  même  courbe  à  double  courbure, 
d'ailleurs  quelconque.  Cette  seconde  définition  n'est  pas,  au 
fond,  moins  générale  que  la  précédente,  puisque,  les  généra- 
trices consécutives  de  chaque  surface  développable  devant  né- 
cessairement se  rencontrer,  la  suite  deleursintersections  forme 
graduellement  une  certaine  courbe  qu'elles  touchent  toutes,  et 
qui  est  évidemment  propre  à  caractériser  la  surface  con'espon- 
dante,où  on  la  qualifie  ordinairement  d'arête  de  rebroussemen/. 
Or,  sous  ce  nouveau  point  de  vue,  il  est  pareillement  évident 
que  l'équation  collective  de  cette  classe  de  surfaces  devrait  na- 
turellement contenir  deux  fonctions  arbitraires  distinctes,  en 
vertu  du  dualisme  analytique  de  cette  courbe  caractéristique, 
qui,successivementsupposée  cylindrique,  ou  conique,  ou  sphé- 
rique,  etc.,  produirait  une  infinité  de  groupes  secondaires,  au 
moins  aussi  étendus  que  nos  familles  proprement  dites. 

L^ensembledes  réflexions  précédentes  est  très -propre  à  carac- 
tériser nettement  la  difficulté  fondamentale  qui  empêche  au- 
jourd'hui, et  qui  peut-être  interdira  toujours  dans  la  plupart 
des  cas,  la  pleine  formation  des  types  analytiques  destinés  à 
représenter  les  groupes  géométriques  plus  indéterminés  que 
ceux  dont  nous  avons  considéré  l'appréciation  spéciale.  Si,  en 
effet,  de  tels  obstacles  essentiels  existent  déjà  envçrs  la  plus 
simple  catégorie,  où  la  génératrice  ne  comporte  que  quatre  pa- 
ramètres variables,  ils  doivent  naturellement  acquérir  beau- 
coup plus  d'intensité  à  l'égard  d'assemblages  encore  plus  vastes, 
relatifs  à  des  génératrices  plus  compliquées,  dontla  conception 
analytique  exigerait  trois  couples  de  constantes  arbitraires, 
comme  pour  les  surfaces  circulaires,  ou,  à  plus  forte  raison. 


i 


SECONDE    PARTIE,    CHAPITRE    SIXIÈME.  541 

quatre  couples,-  quant  aux  surfaces  paraboliques,  et  ainsi  suc- 
cessivement, suivant  le  nombre  de  points  déterminant  propre 
à  chaque  génératrice. 

163.  Tous  les  systèmes  de  génération  envers  lesquels  les 
divers  motifs  précédents  doivent  nous  faire  renoncer,  soit  main- 
tenant, soit  même  à  jamais,  à  la  formation  des  équations  col- 
lectives introduites  par  Monge,  ne  sauraient  dès  lors  per- 
mettre une  étude  générale  aussi  satisfaisante,  à  beaucoup  près, 
que  celle  des  groupes  géométriques  dont  les  types  analytiques 
sont  convenablement  établis.  Néanmoins,  on  peut  encore  ré- 
soudre, envers  chaque  surface  particulière  d'une  telle  nature, 
les  deux  questions  fondamentales  qui  consistent,  soit  à  former 
son  équation  quand  sa  génération  est  complètement  déter- 
minée,  soit,  réciproquement,  à  reconnaître  le  mode  de  géné- 
ralion  d'après  réquation  donnée. 

Pour  le  premier  problème,  il  faudra  toujours  partir  du 
couple  analytique  le  plus  général,  et  pourtant  le  plus  simple, 
relatif  à  la  génératrice  proposée,  fi  (ar,  y,  z^  a,  ô,  e,  d...)  =  0 
et  /*2  {x,  y,  z,  a,  b,  c,  rf.,..)  =  0.  Cela  posé,  on  y  réduira  les 
paramètres  indéterminés  a^  6,  c,  r/...  àunseul,enayantégard 
à  l'ensemble  des  conditions  qui  défmissentle  mouvement  de  la 
génératrice,  soit  que  cette  ligne  doive  glisser  sur  des  courbes 
données,  comme  dans  le  cas  le  plus  ordinaire,  soit  qu'elle 
doive  toucher  constamment  des  surfaces  données,  ou  suivant 
toute  autre  prescription  géométrique.  Si  cette  réduction  né- 
cessaire restait  impossible  après  avoir  tout  pris  en  considéra- 
tion, la  définition  serait,  par  cela  seul,  reconnue  insuffisante, 
et  propre  uniquement  à  constituer  une  famille,  ou  une  classe, 
ou  quelque  groupe  géométrique  encore  plus  étendu,  au  lieu 
d'une  espèce  déterminée.  Après  une  telle  préparation, l'équa- 
tion de  la  surface  cherchée  résultera  toujours  de  l'élimination 
de  l'unique  paramètre  ainsi  conservé  entre  les  équations  de  la 


542  GÉOMÉTRIE   DANS   l'KSPACE. 

génératrice.  Vu  qu'il  importe  peu  d'ailleurs  que  cette  préalable 
subordination  des  constantes  arbitraires  soit  explicite  ou  seule- 
ment implicite,  on  évitera  souvent  de  s'imposer  d'inutiles  en- 
traves algébriques  en  concevant  plus  largement  Tensemble  de 
ce  calcul,  consistant  à  éliminer  tous  les  n  paramètres  primitifs 
de  la  génératrice  entre  ses  deux  équations  et  les  n  —  1  rela- 
tions qui  doivent  spécifier  son  mouvement,  sauf  à  choisir 
judicieusement,  en  chaque  cas,  le  meilleur  mode  d'élimi- 
nation. 

Considérons  maintenant  le  problème  inverse,  où  il  s'agit  de 
reconnaître  si  une  surface  donnée  /  (a;,  y,  z)  =  0  peut  être  en- 
gendrée par  une  certaine  ligne,  et  de  découvrir  le  mode  de  gé- 
nération. En  procédant  également  d'après  le  couple  analytique 
le  plus  général  et  le  plus  simple  qui  convienne  à  cette  généra- 
trice, <p(a:,  y,  z,a,  b,c,d...)=0,^  (x,y,z,a,b,  c,  rf...)c=0, 
il  faudra  que  la  ligne  puisse  être  contenue  sur  la  surface,  sans 
que  tous  ses  paramètres  a,  b,  c-,  rf...  soient  entièrement  déter- 
minés, et  en  laissant  l'un  d'eux  totalement  arbitraire,  tous  les 
autres  lui  devenant  subordonnés  selon  des  formules  géométri- 
quement admissibles.  Si,  en  effet,  cette  condition  est  remplie, 
elle  garantira  nécessairement  que  l'équation  de  la  surface 
donnée  pourrait  dériver  de  celles  de  la  courbe  proposée,  en 
éliminant  entre  elles  cet  unique  coefficient  variable.  Toute 
l'opération  analytique  consistera  donc,  sous  l'aspect  le  plus 
étendu,  à  éliminer  deux  des  coordonnées  a?,  y,  z,  entre  les 
équations  de  la  ligne  et  celle  de  la  surface,  afin  que  Téquation 
finale  relative  à  la  troisième  coordonnée  puisse  devenir  iden- 
tique d'après  des  valeurs  réelles  des  divers  paramètres  de  lagé- 
nératrice  en  fonction  de  l'un  d'eux,  pour  exprimer  que  cette 
ligne  s'applique  totalement  sur  la  surface  dans  chacune  de  ses 
positions.  Quand  la  surface  proposée  sera  ainsi  reconnuesus- 
ceptible  d'être  engendrée  par  la  ligne  considérée,  l'ensemble 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  543 

de  ces  conditions  déterminera  en  même  temps  le  mode  de  géné- 
ration. 

164.  Appliquons  d*abord  cette  double  méthode  universelle 
à  la  théorie  générale  des  surfaces  réglées  ou  rectilignes.  Gonsi- 
dérons-y,  en  premier  lieu,  la  formation  de  l'équation  d'après 
les  trois  directrices  qu'exige  alors  l'entière  détermination  du 
mouvement  de  la  génératrice,  x=»  az  -\-a^  y  =  6^  +  6.  Dans 
le  cas  le  plus  simple,  ces  directrices  seraient  trois  droites,  sans 
intersection  mutuelle,  et  dont  Tune^  si  les  axes  sont  totale- 
ment disponibles,  pourrait  être  prise  pour  axe  des  z,  en  diri- 
geant les  axes  horizontaux  parallèlement  aux  deux  autres, 
Tune  de  celles-ci  pouvant  même  être  supposée  dans  le  plan  des 
xy.  Les  équations  de  ces  trois  directrices  seraient  donc 
x«»0,  y"=0,  puis:j—»0,  y  =  c,  et  enfin  a:  =  p,  z=aç.  En 
vertu  de  sa  rencontre  perpétuelle  avec  les  deux  premières,  la 
génératrice  aurait  pour  équations  y  =  ax,  y  =ibz  +  c^  où  la 
troisième  intersection  exigerait  la  relation  ap=bq+c.  Si  Ton 
y  élimine  les  paramètres  variables  a  et  b,  on  obtient  aussitôt 
l'équation  de  la  surface  du  second  degré  cherchée, 

qxf/  +  cxz  —  pyz  =  qcx. 

Malgré  sa  gi*ande  simplicité,  cet  exemple  intéressant  suflltici  à 
manifester  la  marche  générale  d'une  opération  déjà  conve- 
nablement expliquée  en  principe. 

.  Pour  caractériser  nettement  les  cas  où  le  mouvement  de  la 
génératrice  est  défini  autrement  que  par  des  directrices,  il  con- 
vient d'apprécier  ici  le  mode  de  formation  de  l'équation  de 
chaque  surface  développable,  que  Ton  croit  mal  à  propos  es- 
sentiellement inaccessible  à  l'analyse  ordinaire,  et  qui  pour- 
tant n'exige,  au  fond,  que  la  simple  théorie  du  plan  langent, 
déjà  complètement  applicable,  dans  ce  traité  élémentaire,  à 
toutes  les  équations  algébriques  proprementdites.  Cette  ques- 


544  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

tion  générale  serait  d'abord  facile  à  traiter,  si  la  surface  déve- 
loppable  que  Ton  considère  était  définie  par  son  arête  de  re- 
broussement,  dont  les  équations,  9  [x^  y  y  ^zjt^O,  ^  (a:,  y,  2)=0, 
fourniraient  aussitôt  celle  d'une  tangente  quelconque,  d*après 
Tensemble  des  deux  plans  tangents, 

{x  —  Xi)  <pVi  +  (y  —  yi)  (p'yi  +  (^  —  2i)  9',i  =  0, 
{x  —  xi)  ^'xi  -h  {y  —  yC)  ^'yx  4-  (2?  —  Zi)  ^\i  =  0  : 

réquation  cherchée  résulterait  alors  de  l'élimination  des  coor- 
données auxiliaires  Xi^  y^  Zi,  entre  ces  deux  équations  et  les 
deux  relations,  (p  {xu  yu  îi)  =  0,  +  {xu  yu  -1)  =  0,  qui  ca- 
ractérisent ce  point  de  contact.  Quoique  le  calcul  soit  plus  pé- 
nible dans  l'autre  système  géométrique  propre  à  la  définition 
des  surfaces  développables,  l'analyse  transcendante  n'y  est  pas 
réeUement  plus  indispensable.  Supposons,  en  effet,  un  plan 
mobile  assujetti  à  toucher  constamment  deux  surfaces  don- 
nées (p  [Xy  y,  z)^==^0  ei^  {x,  y,  2)  =»0.  Il  suffira,  pour  insti- 
tuer convenablementla  solution,  d'y  introduire,  à  titre  de  va- 
riables auxiliaires,  les  coordonnées  respectives  x^  yi,  ^u 
et  Xi,  ys,  ^2,  des  deux  points  de  contact,  dont  la  droite  de 
jonction  constitue  ici  la  génératrice  de  notre  surface  dévelop- 
pable.  Les  deux  plans  tangents  correspondants  auraient  pour 
équations 

(x  —  xx)  fxx  +  (y — yi)  ?Vi  +  (5  —  zx)  ç'm  =»  0 

et 

(x  —  Xt)  y  Xi  H-  (y  —  y%)  +'y*  +  («  —  zt)  +'»i  =  0. 

Or,  l'identification  continue  de  ces  deux  équations,  afin  d'ex- 
primer que  le  plan  mobile  touche  à  la  fois  les  deux  surfaces 
fixes,  fournira  d'abord  les  trois  relations 


SECONDE   PARTIE^    CHAPITRE   SIXIÈME.  545 

entre  les  six  variables  auxiliaires,  d'ailleurs  assujetties  déjà  par 
leur  nature  aux  deux  conditions  <p  {x\ ,  yi ,  24)= 0  et  -^  (x^^  yi^Zi)=:0. 
Si,  à  ces  cinq  relations  nécessaires,  on  joint  les  deux  équations 
de  la  génératrice 

œ% — Xi ,  ,  y%  —  Vi ,  , 

^—^1=7 — r(^— ^Oi  y  —  y^  =  - — T^^-^i)' 

on  pourra  totalement  éliminer  les  six  coordonnées  introduites, 
de  manière  à  obtenir,  entre  les  variables  naturelles  x^y,  z, 
l'équation  de  la  surface  demandée,  quoiqu'une  telle  opération 
analytique  dût  le  plus  souvent  devenir  d'ailleurs  presque  impra- 
ticable, même  envers  des  données  fort  simples.  Pour  en  mieux 
saisir  l'esprit,  le  lecteur  devra  pourtant  s'exercer  à  l'accomplir 
dans  quelques  cas  faciles,  et  au  moins  à  l'égard  de  deux  sphères, 
où  les  indications  géométriques  fourniraient  directement  une 
complète  vérification  spéciale. 

Ainsi  envisagée,  la  théorie  analytique  des  surfaces  dévelop- 
pables  trouverait  naturellement  une  large  application  dans  le 
problème  général  des  ombres,  maintenant  conçu  de  la  manière 
la  plus  étendue,  c'est-à-dire  en  supposant,  au  corps  éclairant 
aussi  bien  qu'au  corps  éclairé, une  figure  et  une  grandeur  quel- 
conques. Car,  en  déterminant  la  surface  développable  circons- 
crite à  ces  deux  surfaces,  sa  combinaison  avec  chacune  d'eUes 
y  caractériserait  la  ligne  de  démarcation,  soit  entre  la  partie 
efficace  et  la  pailie  superflue  de  la  première,  soit  entrela partie 
éclairée  et  la  partie  obscure  de  la  seconde  ;  ensuite,  sa  trace  sur 
toute  autre  surface  opaque  donnée  y  marquerait  le  contour 
naturel  de  l'ombre  portée.  Il  importe  de  noter,  au  sujet  d'une 
telle  application,  qui  indique  spontanément  la  distinction  né- 
cessaire de  l'ombre  à  la  pénombre,  que  le  lieu  développable 
ainsi  obtenu  se  trouvera  toujours  composé  de  deux  surfaces 
différentes,  puisque  le  plan  tangent  peut  être  considéré  dans 
deux  sortes  de  situations  très-distinctes,  selon  qu'il  laisse  les 


546  GÉOMÉTRIE  DANS  L^ESPACE. 

deux  surfaces  fixes  d*un  même  côté  ou  qu'il  passe  entre  elles. 
Pour  deux  sphères,  ces  deux  éléments  du  lieu  cherché  seraient 
deux  cônes  circulaires  droits,  engendrés  autour  de  la  ligne  des 
centres  par  les  deux  couples  de  tangentes  communes  aux  deux 
grands  cercles  correspondants.  En  un  cas  quelconque,  on  doit 
donc  trouver  finalement  une  équation  exceptionneUement  dé- 
composable  en  deux  facteurs,  dont  l'un  servirait  ici  à  dé  terminer 
Tombre  proprement  dite,  et  l'autre  la  simple  pénombre,  con- 
formément aux  exigences  spéciales  de  cette  application. 

165.  Quanta  reconnaître,  en  second  lieu^  d'après Téquation 
d'une  surface  donnée,  si  elle  appartient  à  tel  système  désigné 
de  génération,  la  marche  générale  expliquée  au  n^  163  pour 
cette  recherche  inverse  se  simplifie  beaucoup  à  l'égard  des  sur- 
faces réglées,  vu  l'extrême  simplicité  de  leur  génératrice. 
Tout  se  réduit  ainsi^  en  effet,  à  substituer  dans  l'équation 
proposée,  /  [x,  y,  5)=0,  az  +  a  et  iz+6  au  lieu  de  x  et  y, 
afin  d'assujettir  l'équation  finale  en  z,  f  [az + a,  62  -f  6,  z)  =  0, 
à  devenir  complètement  identique,  en  disposant  convenable- 
ment de  trois  des  paramètres  a,  6,  a,  6  par  rapport  au  qua- 
trième, qui  doit  rester  arbitraire.  Cette  méthode  n'étant,  en 
outre,  nullement  entravée  par  l'indétermination  des  coeffi- 
cients de  la  surface,  on  pourra  l'appliquer  aussi  à  découvrir 
sous  quelles  conditions  un  genre  géométrique  donné  peut  de- 
venir rectiligne,  suivant  les  relations  que  cette  prescription 
nécessaire  imposera  encore  après  avoir  facultativement  annulé 
trois  des  termes  distincts  en  z^  en  vertu  de  la  disponibilité  des 
trois  paramètres.  Pour  caractériser  nettement  cette  élaboration 
analytique  par  un  exemple  décisif,  et  néanmoins  fort  simple, 
appliquons-la  aux  surfaces  du  second  degré,  parmi  lesquelles 
il  importe  de  discerner  celles  qui  sont  réglées,  en  déterminant 
d'ailleurs  leur  mode  spécial  de  génération  rectiligne. 

Ces  calculs  seraient  trop  compliqués  et  leurs  résultats  trop 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  547 

confus,  si  on  les  opérait  directement  sur  l'équation  la  plus  gé- 
nérale de  ces  surfaces 

r 

ax^  +  hy^  +  cz^  +  dxy  +  exz  +  fyz  -\- gx -{-ht/-^- kz  =  i. 

Il  faut  donc  commencer  par  la  simplifier  autant  que  peut  le 
permettre  le  libre  choix  des  axes  rectangulaires,  même  quand 
on  devrait  y  distinguer  ainsi  plusieurs  types  séparés,  dès  lors 
successivement  appréciables.  Une  telle  préparation  suit  néces- 
sairement la  même  marche  que  dans  la  question  analogue  de 
géométrie  plane,  quant  à  la  simplification  préalable  de  Téqua- 
tion  générale  des  courbes  du  second  degré,  en  changeant  d'a- 
bord la  direction  des  axes,  afin  d'opérer  la  séparation  des 
variables,  et  déplaçant  ensuite  l'origine  seule  pour  modifier 
les  termes  inférieurs.  La  première  transformation,  qui  est,  de 
part  et  d'autre,  la  plus  importante  et  la  plus  délicate,  intro- 
duirait ici,  suivant  nos  formules  de  transposition,  trois  angles 
disponibles,  qui  permettraient  d'annuler,  en  général,  les  trois 
termes  où  les  variables  sont  mêlées;  ensuite,  la  distinction 
relative  à  l'existence  ou  à  l'absence  d'un  centre  conduirait  aisé- 
ment à  diriger  les  simplifications  complémentaires.  Mais  l'em- 
barras du  calcul  consisterait,  surtout  sous  le  premier  aspect, 
à  constater  suffisamment  que  la  réduction  est  toujours  possible 
dans  tous  les  cas  que  l'on  doit  avoir  en  vue  ;  ce  qui  exigerait,  à 
regard  des  constantes  angulaires,  la  considération  d'une  pénible 
équation  finale  du  troisième  degré.  Quoique  rien  ne  pût  dis- 
penser régulièrement  d'une  telle  opération  algébrique  si  on 
voulait  réellement  accomplir  cette  préparation  en  un  cas  par- 
ticulier, on  peut  néanmoins  éviter  complètement  cette  lourde 
discussion,  quand  il  ne  s'agit,  comme  ici,  que  de  constituer 
en  général,  les  plus  simples  types  analytiques  propres  aux 
diverses  surfaces  du  second  degré,  et  destinés  à  diriger,  sous 
un  rapport  quelconque,  leur  étude  spéciale. 


1 


548  GÉOMÉTRIE    DANS    L*£SPACE. 

Pour  cette  nouvelle  appréciation,  il  fant  utiliser  plus  large- 
ment qn*on  n'a  coutume  de  le  faire  la  notion  générale  des 
diamètres  propres  à  ces  surfaces,  en  s'aidant,  d'ailleurs,  des 
connaissances  acquises  sur  les  courbes  correspondantes.  L'ap- 
plication directe  de  notre  seconde  méthode  des  diamètres  ferait 
reconnaître,  envers  les  surfaces  quelconques  du  second  degré, 
aussi  nettement  qu'à  l'égard  des  courbes  de  ce  genre^  la  nature 
commune  de  tous  leurs  diamètres.  Mais  la  même  cousidération 
qui  nous  a  déjà  dispensés  de  ce  calcul  en  géométrie  plane  peut 
également  nous  l'épargner  ici,  en  réfléchissant  que  le  diamètre 
immédiatement  résulté  de  l'équation  complète  ci-dessus  rap- 
portée, en  y  dégageant  Tune  des  variables,  est  évidemment  un 
plan  ;  or,  ce  lieu  se  rapportant  à  des  cordes  qui,  au  fond,  sont 
arbitraires  envers  la  surface,  vu  l'entière  généralité  de  l'équa- 
tion proposée  quant  aux  situations,  il  s'ensuit  pareillement,  de 
cela  seul,  que  tous  les  diamètres  sont  nécessairement  plans 
dans  toutes  les  surfaces  du  second  degré.  Il  faut  d'ailleurs  noter 
que  toutes  les  sections  planes  de  ces  surfaces  sont  des  courbes 
du  même  degré,  que  nous  avons  déjà  reconnues  être  constam- 
ment symétriques  soit  en  un  seul  sens,  soit  en  deux  rectangu- 
laires. Gela  posé,  on  doit  d'abord  distinguer  deux  cas,  suivant 
que  ces  sections  n'admettraient  jamais  qu'un  axe  unique,  ou 
qu'elles  pourraient  aussi  en  comporter  deux,  c'est-à-dire  selon 
qu'elles  seraient  ou  non  susceptibles  de  centre.  Si  la  surface 
proposée  ne  pouvait  fournir  que  des  coupes  paraboliques,  en  y 
considérant  une  certaine  série  parallèle  de  ces  sections,  le  lieu 
de  leurs  axes,  nécessairement  parallèles  entre  eux,  formerait 
un  plan  diamétral  autour  duquel  la  surface  se  trouverait  symé- 
trique, puisqu'il  serait  partout  perpendiculaire  aux  cordes  cor- 
respondantes, si  la  direction  des  coupes  était  convenablement 
choisie  :  dans  ce  premier  cas,  essentiellement  exceptionnel,  la 
surface n'estsymétrique  qu'en  un  seul  sens,  comme  les  courbes 


SECONDE  Partie,  cîiamtre  sixième.  549 

qui  la  composent  exclusivement.  Quand  les  sections  peuvent 
aussi  devenir  elliptiques  ou  hyperboliques,  ce  qui  doit  évidem- 
ment constituer  le  type  normal,  qu'il  faut  ici  avoir  seul  en  vue, 
une  pareille  série  parallèle  pourra  fournir  deux  suites  rectan- 
gulaires d'axes  partiels,  d'où  pourront  résulter  deux  plans  dia- 
métraux perpendiculaires  à  leurs  cordes  et  d'ailleurs  entre  eux . 
Toutes  ces  surfaces  sont  donc  symétriques  autour  de  deux  plans 
rectangulaires.  Ainsi^  en  y  plaçant  les  plans  des  xz  et  desyz, 
Téquation  deviendra  nécessairement 

fl.r*  +  dy^  +  ^^^  +  Ar2  =  i, 
afln  de  ne  contenir  aucune  puissance  impaire  de  2:  ni  de  ^.  La 
possibilité  de  séparer  les  variables,  en  faisant  même  disparaître 
deux  des  termes  du  premier  degré,  se  trouve  dèslors  aisément 
démontrée.  Quant  aux  simpliflcationsultérieures,  il  y  faut  dis- 
tinguer deux  cas,  selon  que  la  surface  est  ou  non  susceptible 
décentre.  Car,  pour  l'un,  l'origine  pourra  être  transportée  en 
ce  centre,  sur  l'axe  actuel  des  z,  de  manière  à  écarter  aussi  l'u- 
nique terme  du  premier  degré  qui  eût  été  conservé,  en  rame- 
nant la  surface  au  type 

que  nous  emploierons  alors  habituellement  :  il  prouve  aussitôt 
que  de  telles  surfaces  sont  pareillement  symétriques  autour  du 
troisième  plan  coordonné.  Si  la  surface  n'a  pas  de  centre,  le 
terme  kz  ne  pourra  pas  disparaître  ;  mais  on  pourra  enlever  le 
terme  constant,  en  plaçantrorigine  à  larencontre  de  la  surface 
avec  l'axe  des  z,  qui  seul  était  déjà  pleinement  fixé.  Il  importe 
d'ailleurs  de  sentir  que  l'absence  mêmedecentre  assurealors 
l'annulation  spontanée  du  terme  en  z^,  diaprés  le  choix  pri- 
mitif de  deux  des  plans  coordonnés  ;  car,  sans  cela,  la  surface 

aurait  évidemment  un  centre,  dont  l'ordonnée  verticale  serait 

k 
—  --.  Cette  circonstance  analytique  est  parfaitement  analogue 


550  GÉOMÉTRIE  DAXS   l' ESPACE. 

à  ceUe  que  nous  avons  expliquée  envers  les  sections  coniques, 
où  Ton  ne  peut  séparer  les  variables  sans  que  Tun  des  carrés 
soit  simultanément  éliminé,  quand  le  lieu  géométrique  est 
caractérisé  par  le  défautde  centre.  Ainsi,  cette  dernière  classe 
de  surfaces  du  second  degré  est  finalement  réductible  au  type 

aoc^  -f  by^  =  z. 

Pour  compléter  cette  discussion  préparatoire,  ilfaudrait  main- 
tenant revenir  au  cas  exceptionnel,  où  la  surface  n'étaitsymé- 
trique  qu'autour  d*un  seul  plan,  comme  ne  comportant  que 
des  coupes  paraboliques.  En  supposant  Taxe  des  z  perpendicu- 
laire à  ce  plan,  l'équation  deviendrait,  d'après  cette  symétrie, 

«2  ES  aa^  -{-  by^  +  cxy   f  dy  f  ex  4-  /". 

Mais  la  nature  géométrique  de  ce  cas  exige  d'abord  que  a  et  6 
s'y  annulent  spontanément,  afin  que  les  deux  traces  verticales 
ne  puissent  être  que  des  paraboles  ;  la  même  circonstance  de- 
viendra ensuite  indispensable  quant  à  c,  d'après  un  pareil  motif 
envers  la  trace  horizontale.  Dès  lors,  en  plaçant  l'origine  au 
hasard  sur  cette  dernière  trace,  qui  sera  ainsi  devenue  recti- 
ligne,  on  aura  finalement  l'équation 

:;2  =  rfy  -f  ex, 

A  l'inspection,  on  y  reconnaît  aisément,  d'après  nos  principes 
généraux,  une  surface  cylindrique,  à  base  parabolique. 

L'ensemble  delà  discussion  précédente  conduirait  donc  à  dis- 
tinguer trois  types  analytiques,  z*  =  dy  +  ex,  ax*  +  by^^=^Zy 
dx?  +  by^  -f  C2^  =  1,  pour  les  surfaces  du  second  degré,  sui- 
vant qu'elles  sont  symétriques  en  un  sens  unique,  ou  en  deux 
sens  rectangulaires,  ou  enfin  en  trois  pareillement  rectangu- 
laires. Mais  le  premier  cas,  ne  convenant  qu'au  seul  cylindre 
parabolique,  doit  être  essentiellement  écarté,  soit  parce  qu'une 
telle  surface  est  déjà  suffisamment  connue,  soit  parce  que  son 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE  SIXIÈME.  551 

équation  peut,  à  la  rigueur,  rentrer  dans  le  second  type,  en 
y  annulant  Tun  des  carrés.  Il  ne  faut  distinguer  finalement, 
parmiles  surfacesdu  second  degré, que  deux  classes  différentes, 
selon  qu'il  existe  ou  non  un  centre.  C'est  uniquement  à  ces 
deux  types,  aa?  +  hy^  +  cz«=l,  a3?-\-  by^=z,  que  nous  de- 
vrons maintenant  appliquer  la  méthode  fondamentale  destinée 
ï,  caractériser  les  surfaces  rectilignes. 

Toutefois,  avant  d'accomplir  cet  examen,  il  convient  de  dis- 
cuter sommairement  chacune  de  ces  deux  équations  définitives, 
afin  de  reconnaître  d'avance,  d'après  la  forme  générale  de  ces 
surfaces,  en  quels  cas  il  convientdepoursuivre  une  telle  appré- 
ciation^ sans  la  compliquer  inutilement  par  la  considération 
des  surfaces  dont  la  nature  exclut  directement  toute  semblable 
génération. 

Envisageons  d'abord  les  surfaces  du  second  degré  qui  ont  un 
centre,  pour  discerner,  d'après  le  type  ax^  4-  by^  +  cz*==:  1,  les 
divers  cas  géométriques  qui  peuvent  y  résulter  des  différents 
signes  attribuables  aux  trois  coefficients  a,  b,  c,  dont  l'un  au 
moins  doit  être  toujours  positif.  Si,  en  premier  lieu,  les  deux 
autres  le  sent  aussi,  il  est  évident  que  la  surface  sera  fermée  et 
continue,  chaque  coordonnée  y  ayant  une  limite  supérieure, 
sans  aucune  limite  inférieure  :  le  nom  A' ellipsoïde  rappelle  alors 
très-nettement  que  toutes  lessectionsplanessontelliptiques.il 
est  aisé  de  constater,  d'après  l'hypothèse  de  z  constant,  que  cette 
surface  peut  résulter  du  mouvement  d'une  ellipse  horizontale, 
dont  le  centre  parcourt  l'axe  vertical,  tandis  que  ses  demi- 
axes  constituent,  en  chaque  position,  les  abscisses  horizontales 
qui  correspondent  à  une  môme  ordonnée  dans  les  deux  traces 
verticales  de  l'ellipsoïde.  Ces  deux  directrices,  ax^  4-  cz*  =  1, 
6y«+  cz^  =  l,  ont  toujours  le  môme  axe  vertical  :  mais  leurs 
axes  horizontaux  ne  seront  égaux  qu'autant  que  la  surface  se- 
rait de  révolution,  si  on  supposait  û  c=  6. 


552  GÉOMÉTRIE  DANS  L'ESPACE. 

Quand  Tun  des  coefficients  a,  6,  c,  deviendra  négatif,  la 
surface  ax^  +  by^  —  cz^  =  i  se  trouvera  nécessairement  indé- 
finie, sans  cesser  d'être  continue,  puisque  les  valeurs  de  ^  ne 
seront  assujetties  à  aucune  restriction  quelconque..  Les  deux 
directrices  verticales  seront  alors  des  hyperboles,  ayant  le 
même  axe  non  transverse,  et  Tellipsc  génératrice  pourra  s'a- 
gi*andir  à  rinflni,  en  partant  de  la  situation  centrale,  où  elle 
a  les  moindres  axes.  On  désigne  cette  seconde  surface  sous  le 
nom  à'hyperboloïde  à  une  nappe.  Elle  peut  encore  être  de  révo- 
lution, lorsqu'on  suppose  égaux  les  deux  coefficients  positifs. 

Faisons  enfinrhypothèse  inverse,  où  deux  coefficients  devien- 
nent négatifs.  Dans  ce  troisième  cas,  os^  +  by^  ^^cz^s=» —  l. 


les  valeurs  de  z  sont  assujetties  à  une  limite  inférieure 


sl\- 


sans  comporter  d'ailleurs  aucune  limite  supérieure  ;  en  sorte 

« 

que  la  surface  est  illimitée,  mais  discontinue.  L'axe  vertical 

* 

commun  des  deux  hyperboles  directrices  est  alors  leur  axe 
transverse,  et  le  mouvement  de  Tellipse  génératrice  est  inter- 
rompu entre  leurs  sommets.  C'est  pourquoi  le  lieu,  qui  serait 
encore  de  révolution  si  on  égalait  les  deux  coefficients  de  même 
signe,  est  qualifié  d'hyperboloïde  à  deux  nappes. 

Les  deux  hyperboloïdes  sont  les  seules  surfaces  du  second 
degré  sur  chacune  desquelles  où  puisse  indiiféremmenttracer 
des  paraboles,  des  ellipses,  ou  des  hyperboles,  suivant  la  direc- 
tion du  plan  coupant  :  leur  forme  générale  dispense,  à  cet 
égard,  de  toute  appréciation  analytique.  On  peut  rapporter  à 
chacun  d'eux  le  cas  du  cône,  elliptique  ou  hyperbolique,  où 
l'équation  devienthomogène  par  l'annulation  du  terme  constant, 
en  sorte  que  le  centre  se  place  exceptionnellement  sur  la  sur- 
face, dont  il  constitue  alors  le  sommet  proprement  dit. 

Considérons  maintenant  les  surfaces  dépourvues  de  centre, 
d'après  le  type  ax^+  éy^B»  z,  qui  indique  naturellement  deux 


SECONDE  PARTIE,   CHAPITRE  SDCIÈME.  553 

hypothèses  géométriques,  selon  que  les  deux  coefficients  a  et 
b  auront  le  même  signe  ou  des  signes  opposés.  Dans  le  premier 
cas,  les  sections  horizontales  seront  encore  des  ellipses  paral- 
lèles, semblables,  et  ayant  leurs  centres  sur  Taxe  vertical  :  mais 
le  mouvement  de  Tellipse  génératrice  sera  maintenant  dirigé 
par  deux  traces  paraboliques  ayant  le  même  axe  et  pareillement 
tournées.  La  surface  s'étendra  donc  indéfiniment  d'un  côté  du 
plan  des  a:y,  sans  pouvoir  pénétrer  de  l'autre  côté  :  elle  a  reçu 
le  nom  àe  paraboloîde  elliptique^  destiné  surtout  à  ragpeler 
que  ses  sections  planes,  toujours  elliptiques  ou  paraboliques, 
ne  sauraient  jamais  devenir  hyperboliques. 
Quand  les  deux  termes  du  second  degré  ont  des  signes  opposés, 
les  deux  traces  paraboliques  sont  alors  tournées  en  sens  con- 
traire,  et  l'ellipse  génératrice  se  transforme  en  une  hyperbole, 
dont  le  demi-axe  transverse,  toujours  indiqué  par  la  rencontre 
de  l'une  de  ces  paraboles  directrices,  est  parallèle  à  l'un  ou  à 
l'autre  des  deux  axes  horizontaux,  selon  que  le  plan  de  cette 
hyperbole  horizontale  est  au-dessus  ou  au-dessous  du  plan 
des  xf/y  qui  coupe  la  surface  selon  deux  droites  remarquables, 
parallèles  aux  asymptotes  de  ces  deux  séries  de  sections  hyper- 
boliques semblables.  Pour  mieux  caractériser  cette  dernière  sur- 
face, la  plus  difficile  à  bien  voir  parmi  toutes  celles  du  second 
degré,  il  convient  d'y  considérer  la  nature  générale  des  sections 
planes,  d'après  ta  méthode  du  n""  145.  Or,  on  trouve  aisément 
que  la  constante  composée  qui  distingue  analytiquement  les 
trois  courbes  du  second  degré  est  ici — Aab  cos^ô;  en  sorte  que, 
a  et  6  étant  de  signe  contraire,  la  section  ne  peut  jamais  être 
elliptique,  et  se  trouve  ordinairement  hyperbolique,  sauf  le 
cas  parabolique  correspondant  à  tout  plan  vertical.  Tel  est  le 
principal  motif  de  la  dénomination  de  paraboloîde  hyperbolique 
afTectée  à  cette  surface,  qui  évidemment  ne  sera  jamais  de  ré- 
volution, tandis  que  l'autre  paraboloîde  en  est  susceptible. 

48 


554  GÉOMÉTRIE  DANS  l'ESPAGE. 

166.  Après  cette  discussion  préliminaire,  nous  pouvons  aisé- 
ment discerner,  parmi  les  cinq  surfaces  du  second  degré, 
celles  qui  comportent  une  génération  rectiligne.  Gomme  toute 
surface  réglée  doit  être  à  la  fois  illimitée  en  tout  sens  et  con- 
tinue, il  est  clair  que  Thyperboloïde  à  une  nappe  et  le  parabo- 
loïde  hyperbolique  doivent  seuls  être  soumis  ici  à  un  tel  examen 
analytique,  qui  d'ailleurs  confirmerait  envers  les  trois  autres 
cas  une  évidente  exclusion  géométrique. 

Pour  la  première  de  ces  deux  surfaces,  la  substitution  pres- 
crite, X  =  mz  -fa,  y  =  nz  -f  6,  dans  Téquation 

ax"^  4-  by^  —  cz^  =  1, 
conduira  aux  conditions  d'identité 

tendant  à  déterminer  les  trois  paramètres  a,  b^  a,  relativement 
à 6,  qui  y  restera  arbitraire,  suivant  la  règle  fondamentale. 
Tout  se  réduit  donc  à  examiner  si  ces  trois  formules,  qui  ne 
sauraient  évidemment  devenir  réelles  envers  l'ellipsoïde  ou 
l'hyperboloïde  discontinu,  le  seront  toujours  à  l'égard  de 
rhyperboloïde  continu.  Or,  l'appréciation  géométrique  des  trois 
conditions  précédentes  ne  laisse,  à  ce  sujet,  aucune  incertitude, 
et  dévoile  en  même  temps  le  mode  de  génération.  Car,  la  troi- 
sième relation  sera  d'abord  satisfaite,  aussitôt  qu'on  fera  glisser 
la  génératrice  sur  l'ellipse  qui  constitue  la  trace  horizontale  de 
la  surface.  En  comparant  le  coefficient  angulaire  de  la  tangente 
à  cette  ellipse  avec  celui  de  la  projection  horizontale  de  la 
droite,  il  est  aisé  de  constater  que  la  seconde  condition  oblige 
la  projection  horizontale  de  la  génératrice  à  toucher  constam- 
ment cette  courbe.  Quant  à  la  première  relation,  qui  n'est 
qu'entre  les  deux  coefficients  angulaires,  son  interprétation 
géométrique  sera  plus  claire  en  l'établissant  entre  l'un  d'eux  et 
le  coefficient  linéaire  correspondant,  à  l'aide  des  deux  autres 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  555 

coûdilions.  On  parviendra  ainsi  à  reconnaître  aisément  que 
chaque  projection  verticale  4e  la  génératrice  doit  être  tangente 
à  la  trace  respective  de  la  surface.  L'ensemble  de  ces  conditions 
étant  réalisable,  Thyperboloïde  à  une  nappe  est  donc  une  sur- 
face réglée,  engendrée  par  une  droite  qui  glisse  sur  Tellipse 
horizontale,  tandis  que  ses  diverses  projections  touchent  sans 
cesse  les  traces  correspondantes  de  Thyperboloïde.  Comme  ces 
tangentes  sont  menées  d*un  point  extérieur  à  Tégard  des  traces 
verticales,  chaque  projection  horizontale  de  la  génératrice  peut 
se  combiner  avec  deux  projections  verticales  distinctes,  ce  qui 
indique,  en  chaque  point  de  l'ellipse  directrice ,  deux  génératrices 
symétriquement  placées,  et  par  suite  un  double  système  de  gé- 
nération rectiligne.  Une  génératrice  quelconque  de  Tun  des  deux 
modes  devant  rencontrer  toutes  celles  de  l'autre,  on  pourrait 
donc  diriger  aussi  le  mouvement  de  la  génératrice  en  l'assujet- 
tissant à  glisser  toujours  sur  trois  droites  fixes,  conformément 
à  une  définition  précédemment  examinée. 

Considérons,  en  second  lieu,  le  paraboloïde  hyperbolique, 
ax^ — by^==^z.  La  môme  substitution  y  conduira  aux  trois  con- 
ditions 

am2 = on»,    2ama  —  26nê  =  1 ,    an^  =  bS^^ 

dont  la  dernière  indique  encore  que  la  génératrice  doit  glisser 
sur  la  trace  horizontale  de  la  surface,  maintenant  composée 
de  deux  droites,  symétriquement  disposées  autour  des  axes 
'coordonnés.  On  aperçoit,  sans  plus  d'embarras,  le  sens  géo- 
métrique de  la  première,  qui,  assignant  une  direction  constante 
à  la  projection  horizontale  de  la  génératrice,  assujettit  celle-ci 
à  rester  parallèle  au  plan  vertical  passant  par  l'une  ou  l'autre 
de  ces  deux  directrices  horizontales  ;  ce  qui  annonce  directe- 
ment une  double  génération,  où  la  génératrice  rencontre  alter- 
nativement l'une  de  ces  traces  en  demeurant  parallèle  au  plan 
de  l'autre.Tout  se  réduit  donc  à  constater  si  la  seconde  condi- 


o*)0  GÉOMÉTRIE  DANS  l'eSPACE* 

lion  peut  être  pareillement  satisfaite,  ce  qui  se  verra  neltement 
après  qu'on  Taura  établie  entre  m  et  a,  comme  dans  le  cas  pré- 
cédent, à  Taide  des  deux  relations  extrêmes.  Car,  ainsi  devenue 
4ama=l,  elle  oblige  aussi  la  projection  verticale  de  la  généra- 
trice à  toucher  constamment  la  trace  correspondante  de  la  sur- 
face, <iès  lors  rangée  parmi  les  conoïdes.  La  double  génération 
permettrait  également  de  substituer  à  cette  dernière  condition 
une  directrice  rectiligne,  arbitrairement  choisie^  pour  chaque 
mode,  entre  les  génératrices  de  Tautre. 

En  résultat  d'une  telle  appréciation,  chacune  des  deux  classes 
de  surfaces  du  second  degré  renferme  donc  un  cas  à  génération 
rectiligne,  où  le  lieu  résulte  toujours  du  mouvement  d'une 
droite  sur  deux  autres  droites  fixes,  en  achevant  de  le  définir, 
tantôt  par  une  troisième  directrice  analogue,  tantôt  par  le  pa- 
rallélisme à  un  plan  donné. 

167.  Pour  caractériser  suffisamment  nos  principes  généraux 
sur  la  formation  et  Tappréciationdeséquations  propres  auxsur- 
faces  quelconques  appartenant  à  des  groupes  naturels  dont  le 
type  analytique  n'est  pas  encore  connu,  il  convient  de  les  ap- 
pliquer aussi,  mais  plus  sommairement,  au  cas  le  plus  simple 
après  celui  de  la  génératio)^  rectiligne,  c'est-à-dire  aux  surfaces 
circulaires.  Nous  n'en  avons  considéré  spécialement  qu'une 
seule  famille,  la  plus  usuelle  de  toutes,  celle  des  corps  ronds 
proprement  dits.  On  pourrait  d'abord,  en  généralisant  la  défi- 
nition de  ces  surfaces,  composer  aisément  une  infinité  d'autres* 
familles  circulaires,  dont  l'équation  collective  seraitassignable  ; 
car^  d'après  une  première  extension,  on  pourrait  concevoir  le 
cercle  générateur,  toujours  assujetti  au  parallélisme,  mais 
sans  que  son  plan  fût  perpendiculaire  à  la  droite  décrite  par  ëon 
centre  ;  en  second  lieu,  on  pourrait  surtout  remplacer  succes- 
sivemeat  cet  axe  rectiligne  par  un  axe  parabolique,  hyperboli- 
que, héliçoïdique,  etc.,  ou  de  toute  autre  forme  quelconque: 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE   SlXllilME.  557 

chacune  de  ces  nouvelles  hypothèses  produirait  une  famille 
distincte,  çon  moins  étendue  que  celle  d*où  nous  sommes  par- 
tis. Mais,  il  serait  superflu  de  s'arrêter  ici  à  l'appréciation  spé- 
ciale d'aucun  de  ces  cas,  puisque  le  type  analytique  en  serait 
toujours  facile  à  former,  suivant  une  judicieuse  application  des 
règles  fondamentales  du  chapitre  premier.  Je  dois  donc  me 
borner,  à  ce  sujets  à  considérer  des  groupes  naturels  dont  l'é- 
quation collective  soit  encore  inconnue.  Le  plus  simple  et  le 
plus  intéressant  résulte  d'un  système  de  génération  déjà  signalé 
précédemment,  où  un  cercle  invariable  se  meut  perpendicu- 
lairement à  la  courbe  quelconque  décrite  par  son  centre.  Ces 
diverses  surfaces  circulaires,  déjà  introduites,  en  géométrie 
comparée,  sous  les  noms  équivalents  àecanatix^  ie  tuyaux^  ou 
de  tubes,  comprennent  évidemmentune  infinité  de  familles  pro- 
prement dites,  selon  que  le  lieu  du  centre  estunecourbe  plane 
ou  cylindrique,  ou  conique,  ou  sphérique,  etc.  :  or,  c'est  seu- 
lement dans  le  premier  cas  que  l'analyse  transcendante  leur  a 
assigné  un  certain  type  analytique,  consistant  en  une  relation 
entre  les  deux  dérivées  partielles  de  la  variable  dépendante, 
d'après  une  propriété  caractéristique  du  plan  tangent  ;  mais 
leur  équation  collective  n'est  jusqu'ici  nullement  établie,  même 
alors,  sous  forme  finie,  à  l'aide  d'une  fonction  arbitraire.  Une 
tellelacune  n'empêche  aucunementde  former  l'équation  spéciale 
propre  à  chaque  cas,  quand  l'axe  du  tuyau  sera  donné,  en  pro- 
cédant d'après  nos  principes  généraux,  déjà  appliqués  aux 
surfaces  rectilignes.  Il  suffira,  pour  le  faire  convenablement 
sentir,  d'ébaucher  cette  application  envers  l'un  des  exemples 
qui  semblent  d'abord  les  plus  embarrassants,  parmi  ceux  qui 
offrent  quelque  intérêt  géométrique,  en  coiisidérant  le  tuyau 
hélicoïdal.  Supposons  donc  que  le  cercle  générateur 


558  GÉOMÉTRIE   DANS   L'eSPAGE. 

dont  le  rayon  demeure  constant,  ait  son  centre  toujours  placé 

surThélice  j:=mcos  -j  z^  y=msin  -r  ^i  ^  laquelle  son  plan 

reste  continuellement  normal.  Les  considérations  spéciales  in- 
diquées au  n^  158  conduiront  aisément  à  former  les  équations 
de  la  tangente  à  cette  courbe,  d'après  sa  projection  horizontale 
connue  et  son  invariable  inclinaison  sur  Taxe  du  cylindre  :  il 
sera  donc  facile  d'en  déduire  Téquation  du  plan  normal.  Dès 
lors,  en  ayant  d'ailleurs  égard  au  lieu  donné  du  centre,  les 
équations  de  la  génératrice  deviendront  finalement 

/  2ir  \»  ,    /  .     2ir   \«  ,    , 

ix — mcos  T'Y)  +  (.y — msin  -r  ï)  +  (^ — y)'^'^- 

Il  ne  reste  plus  qu'à  éliminer  y  pour  obtenir  Téquation  de  la 
surface  cherchée  .Quoique  cette  élimination  soit  très-laborieuse, 
et  que  le  résultat  en  doive  être  fort  compliqué,  elle  n'est  pas 
néanmoins  aussi  embarassante  que  paraît  l'indiquer  la  nature 
de  ces  équations,  à  la  fois  algébriques  et  transcendantes  envers 
ce  paramètre.  Gar^  il  suffit  de  substituer,  dans  la  seconde, 
l'expression  de  js — y  donnée  par  la  première,  et  Ton  parvient 
à  une  équation  purement  trigonométrique  en  Yi  qui  pourrait 
fournir  sin  y  ou  cos  y  en  résolvant  une  équation  bi-carrée,  de 
manière  à  obtenir  enfin  l'équation  demandée,  que  sa  complica- 
tion interdit  d'ailleurs  de  citer  ici. 

168.  Quant  à  reconnaître,  en  sens  inverse,  si  une  surface 
donnée  f  {x,  y,  z)  =  0  comporte  une  génération  circulaire,  il 
importe  d'apprécier,  d'abord  une  simplification  générale  de  la 
méthode  fondamentale  du  n**  163,  pour  tous  les  cas  où  la 
courbe  génératrice  doit  être  plane.  On  peut,  en  effet,  rem- 
placer alors  celte  marche  universelle  par  une  appréciation 
adaptée  à  une  telle  hypothèse,  et  fondée  sur  une  application 


SECONDE   PARTIE,    CHAPITRE    SIXIÈME.  559 

convenable  de  la  règle  destinée  à  déterminer  les  sectionsplanes 
d'une  surface  quelconque.  Ainsi,  on  substituera,  dans  Téqua- 
tion  proposée,  les  formules  générales  du  n^  145,  afin  de  com- 
parer le  résultat  F  (x\  y\  (p,  ô,  c)  =  0  au  type  plan  de  la 
courbe  considérée.  Cette  comparaison  indiquera  de  quelle  ma- 
nièreil  faut  disposer  des  constantes  <p,  6,  et  c  relatives  au  plan 
de  la  section,  pour  qu'elle  s'identifie  avec  cette  ligne.  Si  une 
telle  coïncidence  peut  être  établie  par  des  formules  réelles  de 
ces  paramètres,  il  ne  sera  pas  encore  certain  que  la  surface 
donnée  comporte  la  génération  proposée.  Il  faudra,  de  plus, 
que  toutes  ces  conditions  puissent  être  remplies  sans  que  ces 
trois  constantes  soient  entièrement  déterminées,  Tune  d'elles 
devant  rester  arbitraire  afin  que  le  plan  ne  soit  pas  immobile, 
et  puisse  passer  successivement  aux  divers  points  de  la  sur- 
face :  à  défaut  de  cette  indétermination,  la  courbe  considérée 
ne  se  placerait  sur  cette  surface  qu'en  une  situation  fixe,  et 
dès  lors  ne  pourrait  l'engendrer.  Le  plus  souvent,  le  paramètre 
linéaire  c  demeurera  indéterminé,  et  les  deux  paramètres  an- 
gulaires ;p  et  6  auront  des  valeurs  assignables,  soit  constantes, 
soit  au  moins  relatives  àlui,  de  manière  à  définir  suffisamment 
le  mouvement  du  plan.  Quand  la  disponibilité  de  ces  deux  pa- 
ramètres aura  permis  d'identifier  complètement  l'équation 
F  {x\  y',  (p,  6,  c)=0  avec  celle  de  la  courbe  plane  proposée, 
la  génération  qu'il  s'agissait  d^apprécier  seradèslors  constatée; 
et  en  même  temps  le  mode  en  sera  découvert,  en  éliminant  le 
paramètre  arbitraire  c  entre  les  diverses  relations  de  coïnci- 
dence, ainsi  transformables  en  conditions  finales  du  mouve- 
ment de  cette  génératrice. 

Cette  méthode  générale  est  surtout  commode  à  l'égard  du 
cercle,  vu  l'extrême  simplicité  de  son  type  plan.  Appliquons- 
la  à  l'examen  de  la  génération  circulaire  des  surfaces  du  second 
degré,  en  considérant  successivement,  comme  envers  leurgé- 


560  GÉOMÉTRIE  DANS  L*ESPAGE. 

nération  rectiligne,  celles  qui  ont  un  centre  et  celles  qui  en 
manquent. 

Pour  les  premières,  la  substitution  ci-dessus  prescrite,  dans 
Téquation  ax^  +  6y  *  +  ^^*  =  *  »  y  donnera 


0=  ûCos2<p 
+  6sin*<p 


a:'* —  ââfsin^cosçcosO 
+  â6sin^cos<pcosô 


a^'j/'+asin'^cos^O 

+  6cos^(pcoti*6 

+  csin»ô 
+  â^Y  sin  6.  y'  +  cy*, 

-1, 


y'iH- 


Y  désignant  ici  la  constante  linéaire  du  plan.  Afin  que  la  section 
devienne  circulaire,  il  suffit  des  deux  conditions  ordinaires 

(ô  —  a)  sin  9  cos  ç  cos  8  =  0, 
et     a  cos*<p  +  b  sin*<p  =  [a  sin'<p  +  h  cos'ç)  cos^  0+  c  sin>6^ 

qui  tendent  \  déterminer  les  angles  9  et  0,  en  laissant  y  arbi- 
traire ;  ce  qui  déjà  autorise  à  penser  que  ces  surfaces  peuvent 
en  effet  résulter  du  mouvement  parallèle  d'un  cercle.  Néan- 
moins, avant  de  prononcer  définitivement,  il  faut  examiner 
si  ces  deux  conditions  fournissent  toujoursdes  valeurs  réelles. 
Or,  dans  la  première,  on  doit  d'abord  écarter  le  facteur  con- 
stant h  —  a^  qui  ordinairement  n'est  pas  nul,  à  moins  que  la 
surface  ne  soit  de  révolution,  auquel  cas  l'appréciation  actuelle 
deviendrait  évidemment  superflue.  Ainsi,  cette  condition  ne 
peut  être  satisfaite  que  par  l'une  des  trois  hypothèses  9=0, 
fcaOO^^,  6b3  90<>,  auxquelles  correspondent  respectivement, 
d'après  l'autre  relation, 

^  Ib—a  ,       ,    _^^  Ib—a   ,  .  .   la — c 

tange=±Y/^ir-,^  tang6=±y/^-— ^,  tango-i^ ^— -^. 

En  considérant  successivement  toutes  les  suppositions  possibles 
envers  les  coefficients  a,  6,  c,  il  est  aisé  de  constater  que  Ton 


SECONDE  PARTIE,    CHAPITRE   SIXIÈME.  561 

de  ces  trois  systèmes  est  toujours  acceptable,  tandis  que  les 
deux  autres  ne  le  sont  jamais.  Car,  pour  TeUipsoïde,  où  ces 
coefficients  sont  tous  positifs,  si  on  suppose,  par  exemple, 
a  <  fr  <  c,  il  est  clair  que  le  second  système  sera  seul  admis- 
sible, les  deux  extrêmes  conduisant  à  des  valeurs  imaginaires. 
La  double  valeur  de  tang  0  démontre  que  les  sections  circu- 
laires, toujours  parallèles  à  Taxe  moyen  de  Tellipsoïde,  com- 
portent deux  situations  symétriques  envers  le  plan  des  a:y.  On 
découvrira  la  loi  du  mouvement  du  cercle  générateur  en  cher- 
chant le  lieu  de  son  centre,  dont  les  coordonnées  mobiles 
ar'  et  y'  sont,  d'après  Téquation  précédente. 


X' 


ce  qui  donne^  envers  les  axes  fixes,  suivant  les  formules  de 
transposition,  les  coordonnées  définitives 


^cs/jb  —  a)  jc  —  b)      ,,      ^    ^      a{C'—b) 

Si  Ton  élimine  Y  entre  ces  équations,  on  voit  que  le  centré  dé- 
crit une  double  ligne  droite  contenue  dans  le  plan  xz,  et  pas- 
sant naturellement  à  Torigine,  ar  ==»±:  -  W r  z  :  les  deux 

signes  de  son  coefficient  angulaire  coexistent  successivement 
avec  ceux  de  tang  0.  L'ensemble  de  cette  discussion  nous  ap- 
prend donc  que  tout  ellipsoïde  peut  être  engendré,  de  deux 
manières  différentes,  par  un  cercle  dont  le  centre  parcourt  une 
droite  perpendiculaire  à  Taxe  moyen  de  cette  surface,  mais 
oblique  aux  deux  autres,  tandis  que  son  plan  se  déplace  paral- 
lèlement à  ce  même  axe,  en  conservant  une  direction  inva- 
riable, d'ailleurs  oblique  au  lieu  du  centre,  à  moins  que  l'el- 
lipsoïde ne  soit  de  révolution,  auquel  cas  les  deux  systèmes 
de  génération  circulaire  coïncident  nécessairement.  On  trou- 


562  GÉOMÉTRIE   DANS   l'ESPACE. 

vera  aisément  des  résultats  essentiellement  analogues  envers 
les  deux  byperboloîdes. 

Quant  aux  surfaces  du  second  degré  qui  n'ont  pas  de  centre, 
îl  serait  évidemment  superflu  d'entreprendre  une  telle  appré- 
ciation pour  le  paraboloïde  hyperbolique,  que  nous  savons  in- 
compatible avec  toute  section  elliptique.  Considérons  donc  seu- 
lement le  paraboloïde  elliptique  aj:*4"  bt/^=z.  La  substitution 
p  '^scrite  donne  alors  Téquation 

{a  cos^  «p  +  è  sin^  «p)  x*^  +2(6  —  a)  sin  cp  cos  <p  cos  6.  x'y' 
+  (a  sin*  <p  +  6  cos^  ?)  cos^  6.  y'*  —  y'  sin  6  —  y  =  0, 

où  les  conditions  du  type  circulaire  sont 

(6  —  a)  sin  <p  cos  ç  cos  6  =  0, 
a  cos^  f  +  A  sin*  <p  =  (a  sin*  9  +  6  cos^  ^)  cos*  d. 

En  écartant  encore  le  facteur  constant  a — 6,  on  obtient  succès- 


=-V^I' 


sivement  les  trois  hypothèses  ç  «=  0,  et  cos  6  =  ±  1/  t  »  puis 

(p=390'»etcosô  =  ±  i/-ienfln8c=s90*ettang9=  \/~  l" 

Or,  la  dernière  estévidemment  toujours  inadmissible,  etlesdeux 
autres  fournissent  pour  cos  6  des  valeurs  réelles,  mais  récipro- 
ques Tune  de  Tautre,  en  sorte  qu'une  seule  sera  nécessaire- 
ment acceptable,  vu  la  restriction  cos  6  <  i.  Sa  duplicité  an- 
nonce que  le  paraboloïde  elliptique  comporte  aussi  deux  séries 
de  sections  circulaires,  toutes  deux  perpendiculaires  au  plan  de 
la  moindre  des  deux  traces  paraboliques  de  la  surface,  et  symé- 
triquement inclinées  sur  celui  de  l'autre  trace.  Les  coordonnées 
du  centre  du  cercle  sont,  envers  les  axes  mobiles, 


,      ^     ,      sin  ô       _^  1    .   /b—a 

a  ^a  \      b 

eiy  par  suite,  relativement  aux  axes  fixes, 


SECONDE   PARTIE,   CHAPITRE   SIXIÈME.  563 


i    ,    lb--a  i  1     , 

en  supposant  a<b.  Comme  les  deux  coordonnées  horizontales 
sont  spontanément  indépendantes  de  Y,elles  annoncent  directe- 
ment que  le  centre  du  cercle  générateur  décrit  une  double  ver- 
ticale, comprise  dans  le  plan  de  lamoindre  trace  du  paraboloïde, 
et  généralement  oblique  au  plan  de  ce  cercle,  à  moins  que  la 
surface  ne  fût  de  révolution  :  chacune  des  deux  positions  de  ce 
lieu  se  combinera  exclusivement  avec  la  valeur  correspondante 
de  cos  0. 

Toutes  les  surfaces  du  second  degré,  sauf  le  seul  paraboloïde 
hyperbolique,  peuvent  donc,  en  résumé,  se  ranger,  sous  deux 
modes  distincts,  dans  la  famille  de  surfaces  circulaires  la  plus 
rapprochée  des  corps  ronds  proprement  dits,  où  le  centre  du 
cercle  générateur  parcourt  une  droite  plus  ou  moins  oblique  à 
la  direction  invariable  de  son  plan.  Mais  cette  exception  capitale 
confirme  suffisamment  que,  même  pour  ce  degré,  la  classifica- 
tion empirique  des  surfaces  algébriques  d'après  les  degrés  de 
leurséquationsestnécessairementincompatibleavecTensemble 
des  comparaisons  géométriques. 

Dans  ce  chapitre  complémentaire,  nous  avons  poussé  Tap- 
préciation  générale  de  la  grande  conception  de  Monge  sur  l'é- 
tude rationnelle  des  divers  groupes  géométriques  aussi  loin  que 
le  permettent  les  ressources  bornées  de  l'analyse  ordinaire, 
dont  la  portée  est  néanmoins,  à  cet  égard,  beaucoup  plus  éten- 
due qu'onne  le  supposecommunément.  Jeregretteque  lanature 
de  ce  traité  élémentaire  doive  m'interdire  d'y  expliquer  com- 
mentFanalyse  transcendante  complëteetperfectionnecesnotions 
fondamentales,  d'abord  par  l'introduction  d'un  nouveau  genre 
de  relations  caractéristiques,  entre  les  dérivées  partielles  delà 


564  GÉOMÉTRIE  DANS  l'ESPACë. 

coordonnée  dépendante,  et  surtout  ensuite  par  la  considération 
prépondérante  des  surfaces  enveloppes,  d*après laquelle  Monge 
asi  heureusementcondensé, autour  d'un  très-petit  nombred'é- 
léments  fort  simples,  tous  les  groupes  géométriques  imaginés 
jusqu'ici.  Toutefois,  j'espère  que  Tébauche  systématique  que  je 
viens  d'achever  fera  sentir  à  tous  les  bons  esprits  Téminente 
valeur  d'une  création  trop  peu  comprise  encore  par  la  plupart 
des  géomètres,  et  signalera  l'importance  des  nouvelles  voies 
philosophiques  ainsi  ouvertes  au  véritable  esprit  géométrique, 
qui,  après  avoir  essentiellement  épuisé  la  géométrie  générale 
proprement  dite,  doit  surtout  poursuivre  désormais  la  géo- 
métrie comparée,  aujourd'hui  si  confusément  conçue , 


FIN. 


TABLE    RAISONNÉE 


DBS  MATIÈRES 


COIfTIHUBB  DANB  Cl 


TRAITÉ  ÉLÉMENTAIRE 

DB 

GÉOMÉTRIE   ANALYTIQUE. 


Avertissement  de  l'Auteur page  v 


GÉOMÉTRIE    PLANE 


PREMIÈRE    PARTIE 


iimoDucnoii  «ÉRiRiLi. 


CHAPITRE    PREMIER.  

Numéros. 
Notions  fondamentales.        (4  leçons.) 

But  général  et  caractère  essentiel  de  la  géométrie  ana» 
lytique  :  sa  vraie  di£Férence  principale  avec  la  géomé- 
trie ordinaire 1,2  et  3 

Notions  préliminaires  sur  les  systèmes  de  coordonnées. 
Destination  nécessaire  de  cette  conception  préalable. 
Description  spéciale  des  principaux  systèmes 4 

Conception  fondamentale  de  Descartes  sur  la  représen- 
tation analvtique  des  lignes  planes  par  des  équations  à 
deux  variaoles.  Relation  nécessaire  de  ces  types  au 
système  de  coordonnées  adopté.  Leur  indépendance 
radicale  de  la  diversité  des  définitions  propres  à  cha- 
que ligne 5 

Représentation  géométrique  de  toute  équation  à  deux 
variables  par  une  ligne  plane  correspondante. Variété 
d'une  telle  peinture  suivant  les  coordonnées  choisies. 
Son  aptitude  directe  à  perfectionner  les  spéculations 
analytiques 6  et  7 


Pages. 


I  àg 
gà  i5 


iSàig 


igàai 


566 


TABLE   DES   MATIERES. 


Numéros.     Pages. 

Lacunes  essentielles  de  la  géométrie  analytique  actuelle, 
quant  à  cette  double  corelation  fondamentale  entre 
les  lignes  et  les  équations 8         22326 

Appréciation  de  toute  génération  d'une  ligne  quelcon- 
que comme  fournissant  spontanément  son  eauation 
envers  certaines  coordonnées,  variables  selon  la  ligne 
et  surtout  avec  la  définition.  Réduction  habituelle 
qui  en  résultede  la  difficulté  essentielle  que  présente 
rétablissement  de  chaqueéquation  à  un  certain  chan- 
gement de  système 9         26329 

Appréciation  comparative  des  divers  systèmes  de  coor- 
données. Motifs  rationnels  de  la  préférence  unani- 
mement accordée  au  système  recti ligne  ordinaire.  Sa 
comparaison  spéciale  au  système  polaire.  Digression 
naturelle  sur  la  vraie  théorie  du  signe  concret. loet  1 1     29336 

Théorie  générale  de  l'homogénéité,  surtout  envers  les 
relations  géométriques,  et  spécialement  linéaires...  I2eti3    36à42 

Construction  des  formules  algébriques.  Limites  natu- 
relles d'une  telle  opération .., I4eti5    42à47 


CHAPITRE  II. 

Principaux  exemples  préliminaires  de  la  formation  des 
équations  de  diverses  lignes  d'après  leur  génération,  et 
première  ébauche  de  la  discussion  géométrique  de  ces 
équations.  (4  leçons.) 


Expression  préalable  de.  la  distance  de  deux  points 
d'après  leurs  coordonnées,  rectilignes  ou  polaires..       16 

I*'  exemple.  Équation  de  la  ligne  droite 17 

2*  exemple.  Équation  du  cercle,  d'après  sa  génération 
ordinaire. 18 

3*  exemple.  Équation  du  lieu  d'un  point  dont  la  somme 
ou  la  différence  des  distances  à  deux  points  fixes 
reste  constante ig 

4*  exemple.  Équation  du  lieu  d'un  point  toujours  équi- 
distant  d'un  point  fixe  et  d'une  droite  fixe 20 

50  exemple.  Équation  du  lieu  d'un  point  également 
éclaire  par  deux  lumières  données,  dont  la  clarté 
décroît  mversement  au  carré  de  la  distance 21 

6*  exemple.  Équation  du  lieu  d'un  point  dont  le  produit 
des  distances  à  deux  points  fixes  reste  constant 22 

7*  exemple.  Équation  du  lieu  d'un  point  dont  les  dis* 
tances  à  un  point  fixe  et  à  unedroitefixesonttoujours 
proportionnelles 23 

8*  exemple.  Équation  de  la  conchoîde 24 

9*  exemple.  Équation  du  lieu  du  sommet  d'un  angle 
invariable  dont  chaque  côté  passe  toujours  en  un 
point  fixe... 25 

lo*  exemple.  Équation  de  la  cissoîde.  Description  con- 
tinue de  cette  courbe 26 

Indication  sommaire  de  divers  autres  exemples 27 


47349 
49a  53 

53à56 


56364 
64367 

67369 
69  à  72 

72à77 
77  à  80 

80381 

8ià84 
84  à  85 


] 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


567 


CHAPITRE    III. 


Numéros. 


Théories  préliminaires,  relatives  :  !<>  à  la  ligne  droite; 
20  à  la  transposition  des  axes.         (2  leçons,) 

Véritable  objet  de  la  théorie  analytique  de  la  ligne 
droite.  Solution  successive  des  trois  questions  essen- 
tielles qui  la  composent,  d'abord  pour  former  l'équa- 
tion d'une  droite  menée  par  deux  points  donnés, 
ensuite  pour  évaluer  Fannie  de  deux  droites,  et  enfin 
pour  déterminer  leur  pomt  dMntersection.  Examen 
de  la  question  composée  relative  à  la  formule  qui  ex- 
prime la  distance  d'un  point  à  une  droite.  Indication 
de  divers  autres  exercices  à  ce  sujet 28 

Destination  fondamentale  de  la  théorie  de  la  transpo- 
sition des  axes,  sous  le  double  point  de  vue  géné- 
ral de  la  géométrie  analytique.  Établissement  des 
formules  gêné  raies  qui  s'y  rapportent,  et  appréciation 
spéciale  de  leurs  modifications  les  plus  usuelles...     29 

Formules  propres  à  passer  du  système  recti ligne  au  sys- 
tème polaire,  et  réciproquement 3o 

Indication  motivée  du  plan  général  de  ce  traité 3i 


SECONDE    PARTIE. 

THÉORIES     OiniRALIS     DB     GiOSéTRIB     PLARI,     SUFFISARMIHT 
ACCK8SIBLB8  A  L'aNAITSB  ORDINAIRB. 

Indication  sommaire  de  la  destination  propre  à  cha- 
cune de  ces  sept  théories,  et  de  Tordre  a  suivre  dans 
leur  étude t 32 


CHAPITRE    PREMIER. 

Théorie  du  nombre  de  points  nécessaire  à  l'entière  déter- 
mination de  chaque  espèce  de  courbes.     (2  leçons,) 

Exposition  précise  de  la  question.  Distinction  fonda- 
mentale des  deux  cas  qu  elle  présente 33 

i*'câ5,  relatif  à  l'équation  la  plus  géne'rale  dt  la  ligne 
considérée.  Explication  rigoureuse  du  principe  de  dé- 
termination, d'après  la  double  énumération  des  con- 
stantes arbitraires  et  des  coefficients  indéterminés. .     34 

3*  cas,  relatif  à  une  équation  plus  ou  moins  particulière. 
Méthode  analytique  pour  ramener  toujours  ce  cas  au 
précédent.  Possibilité  de  se  dispenser  le  plus  souvent 
des  calculs  qu'elle  prescrit.  Applications  diverses,  et 
réflexion  générale  suscitée  par  leur  rapprochement 
spontané 35 


Pages. 


85à92 


92  à  99 

99a  100 
iooàio2 


io3àio5 


io5àio8 


loSàiio 


quels  que  soient  la  nature  et  le  nombre  de  leurs  pro- 
priétés caractéristiques 36 


iioaii4 


114a  117 


568 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Numéros. 


Piges. 


Méthode  subsidiaire  pour  appliquer  souvent  cette  théo- 
rie, indépendamment  de  toute  équation,  d'après  la 
seule  définition  quelconc|ue  de  chaque  lisne.  Condi- 
tions et  précautions  relatives  à  une  telle  aoréviation. 


3? 


Ii7ài20 


CHAPITRE    II. 
Théorie  des  tangentes. 


(3  leçons,) 


Définition  générale  de  la  tangente.  Importance  propre 
de  chacun  de  ses  caractères 38 

Question  fondamentale  relative  à  la  détermination  de 
la  direction  de  la  tangente  en  chaque  point  donné  de 
la  courbe.  Méthode  analytique  pour  déterminer  le 
coefficient  angulaire  de  la  tan  sente  suivant  une  loi 
algébrique  invariable,  envisagée  d'abord  comme  un 
résultat  général  du  calcul,  et  ensuite  érigée  directe- 
ment en  principe  universel 39et40 

Limitation  actuelle  de  cette  règle  des  tangentes  aux 
seules  équationsâ/ç^^ri^uef,  préalablement  rendues 
rationnelles  et  entières 41 

Examen  des  deux  question  s  accessoires  relatives  à  la  dé- 
termination de  la  tangente  diaprés  sa  direction  ou 
d'après  un  point  extérieur.  Inversion,  à  ce  double 
titre,  de  la  recherche  fondanaentale 42 

Expression  générale  du  contact  indéterminé  entre  une 
cfroiteetune  courbe,  soit  d'abord  en  trouvant  la  con- 
dition de  contact  par  Tapplication  de  la  règle  des 
tangentes,  soit  ensuiteen  la  formant  directement  par 
le  principe  des  racineségales,  qui  reproduit,  sous  un 
autre  aspect,  l'équivalent  de  cette  rè^le.  Comparaison 

générale  de  ces  deux  modes.Âpplication  à  1  a  recherche 
'une  tangente  commune  à  deux  courbes  données.     43 

Extension  de  la  double  solution  précédente  au  contact 
mutuel  de  deux  courbes  Quelconques.  Appréciation 
sommaire  des  divers  degrés  nécessaires  d^untel  con- 
tact        44 

Application  générale  de  la  théorie  des  tangentes  à  la  dé- 
termination analytique  des  maximaetminima,,,,  45et46 

Appréciation  sommaire  de  la  méthode  des  tangentes  de 
Roberval « . .     47 


120  à  123 


i23ài3o 
i3oài33 

i33ài35 


CHAPITRE    m. 
Théorie  des  asymptotes.         (2  leçons.) 


4« 


Position  précise  de  la  question.  Double  motif  général 
de  sa  restriction  nécessaire  aux  asymptotes  recti lignes. 

Première  méthode  où  Ton  rattache  cette  recherche  à 
celle  des  tangentes.  Supériorité  intrinsèque  de  cette 
méthode.  Embarras  secondaires  que  présente  souvent 
son  application  algébrique 49 

Seconde  méthode,  fondée  sur  l'appréciation  directe  de 
Tasymptotecomme  une  sécante  dont  deux  intersec- 


i35ài39 

139a 143 
143a 149 
149  à  1 52 


i52ài54 


154a x59 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


569 


Naméros. 

lions  s'éloignent  à  l'infini.  Coincidence  nécessaire  des 
principes  géométriquespropresà  ces  deux  méthodes. 
Restriction  spontanée  de  la  seconde  aux  équations 
algébriques  proprement  dites.  Mode  le  plus  conve- 
nable de  l'y  appliquer 5o 

Appréciation  sommaire  d'une  autre  méthode,  fondée 
sur  la  transposition  des  axes,  et  qui,  en  apparence 
distincte,  rentre,  au  fond,  dans  la  précédente,  sans 
aucune  amélioration  de  forme 5 1 

Conditions  analytiques  de  Tasymptotisme  entre  une 
droite  et  une  courbe  donnée 32 

Extension  de  cette  recherche  à  Pasymptotisme  entre 
deux  courbes,  même  considéré  dans  ses  divers  degrés 
naturels 53 

Méthode  subsidiaire  pour  trouver  certaines  asymptotes, 
d'après  une  préparation  convenable  de  l'équation 
donnée 54 


CJIAPITRE    IV. 
Théorie  des  diamètres.  (1  leçon,) 

Définition  générale  des  diamètres.  Appréciation  géo- 
métrique d'une  telle  recherche 55 

Première  méthode,  où  Ton  formule  directement  les  di- 
verses conditions  du  problème.  Embarras  algébri- 
ques de  son  application  habituelle . .  « 56 

Seconde  méthode,  plus  détournée,  fondée  sur  le  trans- 
port de  l'origine  en  un  point  quelconaue  du  diamètre 
cherché.  Moindre  complication  orainaire  de  cette 
méthode.  Son  extrême  simplification  envers  le  se- 
cond degré bj 

Aperçu  général  de  la  théorie  inverse  des  diamètres.  La- 
cune essentielle  de  la  science  actuelle  à  ce  sujet. ...      58 

Méthode  subsidiaire,  relative  aux  seuls  diamètres  recti- 
lignes.  Cas  spécial  désaxes  proprement  dits 59 


CHAPITRE  V. 


Théorie  des  centres. 


(1  leçon,) 


Appréciation  générale  de  cette  recherche 60 

Première  méthode,  fondéesurla  théoriedes  diamètres. 
Sa  trop  grande  complication  algébrique 61 

Seconde  méthode,  d'après  l'influence  analytique  du 
transport  de  Torigino  au  centre.  Son  universalité 
spontanée.  Formes  spéciales  qu'elle  prend  envers  les 
courbes  algébriques 62 

Conditions  analytiques  pour  qu'un  point  donné  de- 
vienne le  centre  d'une  courbe  donnée 63 


Pages. 


159  a  164 

1643166 
i66ài68 

i68ài70 

170a  17a 


I72ài73 
i73ài75 


i75ài77 
I77ài79 
179a 182 


182a i83 
i83ài85 

i85ài87 
r87ài89 


44 


670 


TABLE^DES  MATIÈRES. 


CHAPITRE    VL 


Naméros. 


Piges. 


Théorie  de  la  similitude  des  couri)es.  (2  leçom.) 


Extension  de  la  notion  géométrique  de  similitude  aux 
figures  curvilignes.  Difficultés  propres  à  l'institution 
analytique  de  cette  théorie  générale 64 

Première  méthode,  fondée  sur  la  considération  des 
figures  semblables  comme  formées  de  points  sembla- 
blement  déterminés  par  des  triangles  ayant  une  base 
commune 65 

Seconde  méthode,  plus  convenable,  fondée  sur  l'appré- 
ciation analytique  de  la  situation  parallèle  que  com- 
portent toujours  deux  figures  semblables.  Principe 
fondamental  de  cette  théorie  dans  la  plus  simple  dis- 
position mutuelle  des  deux  courbes  données.  Son 
extension  graduelle  à  toute  autre  disposition 66et67 

Réflexions  générales  sur  le  mode  effectif  d'application 
spéciale  de  toute  théorie  de  la  similitude 

Méthode  subsidiaire  pour  traiter  cette  théorie,  indépen- 
damment de  toute  équation,  diaprés  la  seule  défini- 
tion de  chaque  espèce  de  courbes.  Conditions  et  pré- 
cautions relatives  à  son  usage  spécial  ............. 


iSgàigi 


191  à  195 


68 


69 


CHAPITRE    VII. 


Théorie  des  quadratures.        (3  leçons.) 


Appréciation  générale  de  la  question.  Réduction  préa- 
lable de  la  recherche  actuelle  aux  seules  courbes 
paraboliques 

Première  méthode,  fondée  sur  le  décroissement  des 
ordonnées  en  progression  géométrique.  Son  exten- 
sion à  tous  les  genres  de  paraboles.  Règle  analyti- 
que qui  en  résulte 

Seconde  méthode,  fondée  sur  la  sommation  des  puis- 
sances des  nombres  naturels.  Reproduction  de  la 
même  loi  finale 

Principe  de  Wallis  sur  la  réduction  des  ordonnées  com- 
posées aux  ordonnées  simples.  Extension  considéra- 
oie  ainsiprocurée  à  la  théorie  primitive  pour  la  qua- 


i95à3oo 
aooà202 


202à205 


70    |2o5à209 


7' 
72 


quelconqi 

Règle  générale  pour  ramener  analytiquement  le  pro- 
blème des  rectifications  à  celui  des  quadratures. . . . 
Loi  générale  de  réduction  de  la  cubature  des  corps  ronds 
à  Ta  quadrature  des  courbes  planes.  Application  à 
divers  exemples,  et  spécialement  au  volume  du  tore. 
Loi  générale  de  réduction  de  la  quadrature  des  surfaces 
de  révolution  à  celle  des  courbes  planes.  Applications. 


73 

74 

75 
76 


209a 2 i3 
2r3àai6 


2i6à2i9 

219à222 

222  à  226 
226 à 228 


TABU  DES  HATIÉRES. 

TROISIEME    PARTIE. 

DiSGVsuoR  aioHiTRiQvi  DIS  ÉQUATioifs  aigikrique$ 

à,  DIUX  TARIAUM. 

CHAPITRE    PREMIER. 
Considérations  générales.        (1  leçon.) 

Objet  propre  de  cette  troisième  partie  dans  Pétat  présent 
oe  la  science.  Marche  fondamentale  de  la  discussion 
géométrique  de  toute  équation,  d'abord  quant  aux 
ordonnées,ensuite  quant  aux  tangentes.  Appréciation 
anal3rtique  du  sens  de  la  courbure  de  chaque  courbe, 
et  des  variations  ou  inflexions  qu'il  comporte 

Imperfection  radicale  de  la  géométrie  actuelle  relative- 
ment à  la  classification  rationnelle  des  courbes.  Pre- 
mière indication  de  la  nécessité  de  constituer  la  ^^o- 
métrie  comparée^  après  avoir  suffisamment  formé  la 

géométrie  générale.  Classement  provisoire  des  cour- 
es algébriques,pour  remédier  très-imparfaitement 
à  cette  lacune  fondamentale 


571 


Numéros 


Pages. 


77 


78 


CHAPITRE    II. 
Courbes  binômes. 


(1  leçon.) 


Division  nécessaire  de  cette  première  classe  en  deux 
familles  vraiment  naturelles,  celle  des  paraboles,  et 
celle  des  hyperboles.  Subdivision  naturelle  de  lapre- 
mière  famine  en  trois  genres,  selon  que  les  deux 
exposants  sont  impairs,ou  Tun  pair  et  l'autre  impair, 
celui-ci  étant  tantôt  supérieur  et  tantôt  inférieur.. 

Examen  successif  des  deux  genres  propres  à  la  seconde 
famille,  selon  que  le  degré  est  pair  ou  impair 


79 
80 


CHAPITRE    III. 
Courbes  trinômes. 


(3  leçons.) 


Destination  propre  de  ce  chapitre.  Examen  complet  de 
la  première  classe^*»-!-  ax^ss  b,  d'après  huit  exem- 
ples caractéristiques  relatifs  aux  diverses  combinai- 
sons d'exposants 81 

Discussion  spéciale  de  quatre  exemples  principaux  rela- 
tifs à  la  seconde  classe.  ys=x^  —  x,  j^  =  jc*  —  a**-, 
r'  =  Ar*  —  x^y  jr8=2Ar^  — AT* 82 

Discussion  spéciale  de  deux  exemples  relatifs  à  la  troi- 
sième classe,  AT*  —  xy*  =31,  j^^  —  x^y^  =  jc* 83 

Discussion  spéciale  dedeux  exemples  relatifs  à  la  der- 
nière catégorie,  xy^  -^-yx^  «=  i,  x^*  —  xy*=  i..     84 


2294234 


234à238 


23g  à  243 
2434248 


34g  à  258 

258à263 
3634264 
2644268 


572 


TABLE  DES  MATIÈRES. 
CHAPITRE     IV. 

Courbes  polynômes. 


Nnméros. 
(l  teçon.) 


Discussion  spéciale  de  quatre  exemples  principaux 

j^*— 2xy«— Jp*H-i=o 85 

Indication  des  questions  inverses,  nécessairement  indé- 
terminées, où  il  faut  composer  l'équation  afin  d'obte- 
nir une  certaine  figure  générale.  Exemple  d^une 
telle  recherche 86 

CHAPITRE   V. 
Discussion  spéciale  des  équations  du  second  degré,  (^leçons,) 

Caractère  propre  et  destination  principale  d'une  telle 
discussion *     87 

Distinction  fondamentale  des  trois  courbes  du  second 
degré,  diaprés  la  discussion  de  l'ordonnée 88 

Appréciation  générale  de  ces  courbes  successivement 
envisagées  quant  au  nombre  de  points  déterminant, 
quant  aux  tangentes,  quant  aux  asymptotes,  quant 
aux  diamètres,  quant  au  centre,  et  ennn  quant  à  la 
similitude.  Aperçu  de  leurs  principales  propriétés, 
soit  communes,  soit  distincti ves 89 

Analyse  des  divers  cas  singuliers  où  Téquationne  repré- 
sente aucune  courbe;  caractères  et  types  des  trois 
cas  propres  aux  équations  para  bolicjues,  des  deux  cas 
que  comportent  les  éc]uations  elliptiques,  et  du  seul 
cas  que  puissent  offrir  les  équations  nyperboliques.     90 

Simplification  de  l'équation  générale  du  second  degré 
d'après  un  choix  convenable  des  axes,  en  séparant 
d^aoord  les  variables  par  le  changement  de  direction 
des  axes  rectangulaires,  ainsi  devenus  parallèles  aux 
axes  de  la  courbe,  et  ensuite  supprimant  deux  des 
termes  inférieurs  par  le  transport  de  l'origine  au 
sommet  ou  au  centre.  Identité  des  trois  courbes  du 
seconddegré  avec  celles  déjà  connues  sous  les  noms 
spéciaux  de  parabole,  ellipse  et  hyperbole 91 

QUATRIÈME    PARTIE. 

irUDB  SPiCIlLI  DU  COURBU  DU  8BG0KD  DBtli. 

Objet  propre  de  cettô  quatrième  partie.  Appréciation 
générale  d'une  telle  étude  analytique 92 

CHAPITRE  PREMIER. 

Théorie  des  foyers  etdes  directrices.  (1  leçon,) 

Définition  générale,  d'abord  analytique,  puis  géomé- 
trique,du  foyer,  et  par  suite  de  la  directrice,  envers 


Pages. 


268  à  274 


2748276 


276  à  277 
277à28i 


28ià286 


2868292 


292  à  298 


299à3oi 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


573 


Numéros. 

une  courbe  quelconque  du  second  degré.  Institution 
fondamentale  de  cette  théorie,dans  le  cas  analytique 
le  plus  étendu 93 

Seconde  forme  générale  de  cette  théorie,  d'après  la 
méthode  des  multiplicateurs 94 

Manière  de  formuler,  en  sens  inverse,  soit  par  les  rela- 
tions entre  les  coefficients,  soit  par  la  formation 
directe  du  type  analytique,  toutes  conditions  quel- 
conques propres  aux  foyers  et  aux  directrices 95 

Simplification  notable  de  la  méthode  générale,  envers 
toute  équation  où  les  variabfes  sont  séparées 96 

CHAPITRE   II. 
Théorie  de  la  parabole.        (3  leçons,) 

Discussion  dePéquation  simplifiée  decettecourbe.Rela- 
tion  géométrique  de  la  parabole  au  cercle 97 

Application  spéciale  de  la  théorie  des  foyers  à  la  para- 
bole. Principales  propriétés  focales  de  cette  courbe.      98 

Détermination  graphique  et  algébrique  d'une  parabole 
diaprés  son  foyer  ou  sa  directrice,  et  deux  points  de 
son  cours.  Explication  incidente  sur  les  divers  symp- 
tômes analytiques  de  Timpossibilité  géométrique..      99 

Principales  propriétés  de  la  parabole  quant  aux  tan- 
gentes :  évaluationde  la  sous-tangente,  et  surtout  de 
la  sous-normale.  Relation  qui  en  résulte  de  la  tan- 
gente au  foyer  :  son  sens  physique  et  son  usage 
géométrique.  Seconde  forme  générale  de  Téquation 
e  la  tangente,  en  y  rapportant  le  coefficient  li- 
néaire au  coefficient  angulaire 100 

Principaux  problèmes  sur  les  tangentes  à  la  parabole. 
Connexite  remarquable  entre  la  parabole  et  la  cis- 
soide.  Lieu  du  sommet  d^ne  parabole  invariable 
inscrite  dans  un  angle  droit lot 

Normale  menée  à  la  parabole  par  un  point  quelcon- 
que du  plan.  Répartition  géométrique  des  divers 
cas  à  l'aide  d'une  courbe  auxiliaire,  tangente  à  tou- 
tes les  normales  de  la  parabole 102 

Principales  propriétés  géométriques  et  analytiques  de 
la  parabole  quant  aux  diamètres. Reconstruction  de 
tous  les  éléments  géométriques  d'une  parabole  d'a- 
près un  arc  quelconque i  o3 

Quadrature,  soit  générale,  soit  spéciale,  de  la  parabole. 
Mesure  desprincipauxvolumesrésultésde  sa  rotation    104 


CHAPITRE    III. 
Théorie  de  l'ellipse. 


(4  leçons.) 


Discussion  et  construction  de  Téquation  simplifiée  de 
cette  courbe.  Comparaison  qui  en  résulte  entre  Tel- 
lipse  et  le  cercle.  Indication  directe  qu'elle  fournit 
sur  une  description  de  l'ellipse  par  le  mouvement 


Pages. 

3oi  à  304 
304a 3o6 

3  06  à  309 
3o9à3ii 


3iià3i3 
3i3à3i5 

3i5à320 


32oà326 

326à33i 

33ià333 

333à336 
336à339 


574 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Naméros. 


d'une  droite  invariable.  Appréciation  plus  étendue 
de  l'ellipse  comme  lieu  d'un  sommet  d'un  triangle 
invariable  glissant  entre  deux  droites  rectangulai- 
res. Théorème  fondamental  des  cordes  supplémen- 
taires. Limites  d'inclinaison  de  tels  couples io5 

Principales  propriétés  focales  de  l'ellipse,  et  problè- 
mes qui  s  y  rapportent io6 

Appréciation  géométrique  directe  de  l'équation  de  la 
tangente  à  I  ellipse.  Relation  de  chaque  tangente  au 
rayoncorrespondant.Rapprochementde  ce  théorème 
avec  celui  des  cordes  supplémentaires,  d'où  pourrait 
spécialement  procéder  toute  l'étude  aes  tangentes  à 
l'ellipse.  Triple  forme  géométrique  de  la  relation  de 
la  tangente  aux  foyers,  soit  comme  bissectrice  de 
l'angle  des  deux  rayons  vecteurs,  soit  d'après  le  lieu 
circulaire  des  projections  des  foyers  sur  les  tan- 
gentes, soit  par  le  produit  constant  entre  les  dis- 
tances de  chaque  tangente  aux  deux  foyers.  Usage 
géométrique  de  ces  propriétés 107 

Lieu  du  sommet  d'un  angle  droit  circonscrit  à  l'el- 
lipse. Détermination  des  rectangles  maximum  et 
minimum  circonscriptibles  à  cette  courbe.  Lieu 
des  projections  du  centre  sur  les  normales. .......    108 

Principales  propriétés  de  Tellipsequantauxdiamètres. 
Nature  rectiligne,  convergence  spontanée,  et  conju- 
gaison nécessaire  des  diamètres,  déduites,  soit  de 
réquation,  soit  du  théorème  des  cordes  supplémen- 
taires. Forme  de  l'équation  de  l'ellipse  envers  un 
couple  quelconaue  de  diamètres  conjugués. Détermi- 
nation au  couple  caractérisé  par  l'égalité.  Construc- 
tion d'un  couple  à  inclinaison  donnée.  Théorèmes 
remarquables  d'Apollonius  sur  les  relations  de 
longueur  et  d'inclinaison  propres  à  tous  les  couples 
de  diamètres.  Construction  très  simple  qui  en  ré- 
sulte pour  assigner  la  longueur  des  axes rog 

Quadrature  de  Tellipse  et  cubature  des  deux  ellipsoï- 
des de  révolution,  l'un  allongé,  l'autre  aplati 


Piges. 


339à345 
345à35o 


35oà356 


356à359 


IIO 


CHAPITRE  IV. 
Théorie  de  Thyperbole.  (A  leçons.) 

Discussion  de  l'équation  simplifiée  de  cette  courbe. 
Contraste  envers  l'ellipse.  Introduction  indispen- 
sable des  asymptotes.  Double  relation  de  l'hyper- 
bole avec  la  parabole m 

Théorème  des  cordes  supplémentaires  dans  Ph3rper« 
bole.  Appréciation  directe  de  ce  théorème  comme 
définition  fondamentale  des  deux  courbes  du  second 
degré  qui  ont  un  centre 112 

Propriétés  focales  de  l'hyperbole.  Comparaison  avec 
l'ellipse.  Appréciation  de  l'axe  focal  comme  grand 
axe  pour  l'une,  et  axe  transverse  pour  l'autre.  Dé- 
termination complète,  graphique  et  algébrique,  d'une 


359  à  366 
366  à  368 


368  à  372 


372  a  374 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


575 


114 


Pages. 


374  a  377 


377à38i 


38ià3a4 


384a 388 


388  à  393 
393  à  396 


Naméros. 

courbe  du  second  degré  d'après  un  foyer  ou  une 
directrice  et  trois  points,  en  considérant  ce  pro- 
blème comme  commun  aux  trois  courbes 1 1 3 

Principales  propriétés  de  l'hyperbole  <juant  aux  tan- 
gentes. Appréciation  des  modifications  qu'éprou- 
vent, dans  l'hyperbole,  les  diverses  notions  anté- 
rieures sur  les  tangentes  de  l'ellipse 

Principales  propriétés  de  l'hyperbole  auant  aux  dia- 
mètres. Comparaison  générale  avec  l'ellipse.  Lieu 
des  extrémités  des  diamètres  non  transverses.  Mo- 
dification des  théorèmes  d'Apollonius 1 1 5 

Principales  propriétés  de  l'hyperbole  quant  aux  asymp- 
totes. Théorème  des  transversales.  Son  appréciation 
directe  comme  définition  fondamentale  de  Thyper- 
bole.  Equation  delà  courbe  par  rapport  à  sesasymp- 
totes 116 

Détermination  d'une  hyperbole  d'après  une  asymp- 
tote et  trois  points,  ou  un  seul  et  un  sommet.  Lieu 
du  foyer,  dans  ce  dernier  cas,  quand  le  sommet  est 
seul  donné  :  lieu  inverse  du  sommet  quand  le  foyer 
est  donné 117 

Quadrature  de  Thyperbole,  soit  d'après  la  théorie  géné- 
rale, soit  à  l'aide  d'une  considération  spéciale 118 

CHAPITRE  V. 

Appréciation  des  courbes  du  second  degré  comme 

sections  coniques.  (2  leçons,) 

Étude  préalable  des  sections  planes  du  cylindre  circu- 
laire droit 119 

Équation  générale  des  sections  planes  du  cône  circu- 
laire droit.  Origine  commune  des  trois  courbes  du 
second  degré 120 

Appréciation  conique  de  la  parabole,  puis  de  l'ellipse, 
et  enfin  de  l'hyperbole,  considérées  quant  à  leurs 
divers  éléments  géométriques.  Placer  sur  un  cône 
donné  une  courbe  du  second  degré  donnée  :  discus- 
sion de  possibilité 121 

Sections  planes  du  cône  circulaire  oblique.  Apprécia- 
tion des  deux  séries  de  sections  circulaires 122 

CHAPITRE  VI. 

Application  générale  de  l'étude  descourbesplanesàla 
construction  des  équations  déterminées.  (1  leçon.) 

Appréciation  générale  de  cette  question.  Principe  fon- 

.  aamental  cTune  telle  recherche.  Son  indétermina- 
tion nécessaire 123      409à4ii 

Application  à  trois  exemples  d'éauations  transcendan- 
tes. Comparaisondesdiversmoaesdeconstruction...    124     4113412 

Considérations  générales  sur  la  construction  des  équa- 


397  à  399 
399  à  402 


402  à  407 
4073408 


576 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


IfQBéros. 


lions  algébriques  proprement  dites.  Examen  spécial 

des  quatre  premiers  degrés i25 

Construction  remarquable  de  toute  équation  du  troi- 
sième ou  quatrième  degré  par  une  parabole  et  un 
cercle.  Application  de  ce  mode  à  quelques  exem- 
ples choisis 1 26 

GÉOMÉTRIE   DANS   L'ESPACE. 


PREMIÈRE   PARTIE. 

nrTRODucnoH  eiifiRiLi. 

CHAPITRE    PREMIER. 

Notions  fondamentales.  (2  leçons,) 

Appréciation  sommaire  des  deux  objets  généraux,  Tun 
principal,  Pautre  accessoire,  de  cette  partie  de  la 
géométrie 1 27 

Conception  préliminaire  des  systèmes  de  coordonnées 
dans  Tespace.  Appréciation  des  principaux  systèmes.    128 

Conception  fondamentale  de  Tharmonie  nécessaire  en- 
tre les  surfaceset  les  équationsà  trois  variables,  relati- 
vement à  chaque  système  de  coordonnées.  Exemples 
relatifs  à  la  sphère,  et  à  quelques  autres  équations 
rectilignes  qui  résultent  immédiatement  de  la  for- 
mule delà  distance  de  deux  points  dans  l'espace..    129 

Conception  fondamentale  sur  la  représentation  analy- 
tique des  lignes  dans  l'espace  par  des  couples  d'équa- 
tions. Ambiguïté  nécessaire  d'un  tel  mode.  Moyen 
général  d^remédieràPaidedescylindresprojetants.     i3o 

Représentation  géométrique  de  toute  équation  à  trois 
variables  par  une  surface.  Marche  générale  de  la 
discussion  géométrique  de  chaque  équation.  Appli- 
cation à  quelques  exemples  choisis 1 3 1 

Imperfections  radicales  de  la  correspondance  mutuelle 
entre  la  géométrie  et  Tanalyse.  Appréciation  de  quel- 
ques tentatives  partielles  pour  la  représentation  géo- 
métrique des  équations  a  quatre  variables x32 

Comparaison  générale  des  systèmes  de  coordonnées 
dans  Tespace.  Supériorité  nécessaire  du  système 
rectiligne  ordinaire 1 33 

CHAPITRE  II. 

Théorie  analytique  de  la  ligne  droite  dans  Tespace.  (2  leçons.) 

Formation  des  équations  générales  de  cette  ligne.  Ap- 
préciation géométriquedesconstantesqui  s'y  trouvent.    t34 
Objetpropre  de  cette  théorie.  Explication  successive  de 


Faces. 

4124414 

4144417 


4i9a422 
4223424 


4243428 

4284432 

432  3438 

4383442 
4424443 


4434445 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


577 


Naméros. 


ses  trois  éléments  essentiels,  d'abord  la  formation  des 
équations  d'une  droite  menée  par  deux  points  don  nés, 
ensuite  l'appréciation  analytique  de  Pinclinaison  de 
deux  droites,  et  enfin  la  détermination  de  leur  in- 
tersection. Angles  d'une  droite  avec  les  axes.  Leur 
relation  nécessaire.  Transformation  qu'ils  font  naître 
pour  l'inclinaison  de  deux  droites.  Condition  analy- 
tique de  la  rencontre  des  lignes i3S    . 

Double  détermination  de  la  distance  d'un  point  donné 
à  une  droite  donnée.  Double  détermination  de  la 
moindre  distance  de  deux  droites  dan  s  l'espace,  d'a- 
bord comme  exemple  de  la  combinaison  des  trois 
éléments  de  la  théorie  de  la  ligne  droite,  ensuite 
par  une  marche  analytique  générale .' 1 36 

CHAPITRE  III. 
Théorie  analytique  du  plau.      (2  leçons.) 

Établissement  indirect  de  l'équation  du  plan,  indé- 
pendamment de  sa  génération.  Signincation  des 
trois  constantes i  By 

Formation  directe  de  cette  équation,  d'après  les  princi- 
paux modes  de  génération  du  plan,  i'*  comme  sur- 
face cylindrique  ;  2*  comme  surface  conique; 
3* comme  surface  de  révolution;  4* comme  lieu  des 
points  éauidistants  de  deux  pôles;  5*  comme  sur- 
face réglée.  Contraste  entre  le  nombre  des  constan- 
tes arbitraires  et  celui  des  coefficients  indéterminés.    i38 

Examen  successif  des  trois  éléments  essentiels  propres 
à  la  théorie  analytique  du  plan  :  1*  passage  d'un 
plan  par  trois  points  donnés  ou  par  un  point  et 
une  oroite;  2«  inclinaison  de  deux  plans,  ou  d'une 
droite  sur  un  plan  ;  3*  intersection  de  deux  plans, 
ou  d'une  droite  avec  un  plan i  Bg 

Formule  de  la  distance  d'un  point  à  un  plan.  Ap- 
plication à  l'évaluation  de  la  moindre  distance  de 
deux  droites. 140 

CHAPITRE  IV.    , 
Théorie  de  la  transposition  des  axes  dans  l'espace.  (2  leçons,) 

Double  appréciation  générale,  géométrique  et  analy- 
tique de  cette  théorie.  Formule  pour  le  simple 
changement  d'origine.  Explications  préalables  sur 
le  pnncipe  des  projections  linéaires 141 

Établissement,  d'après  ce  principe,  des  formules  géné- 
rales relatives  au  changjement  de  direction  des  axes. 
Double  groupe  de  relations  indispensables  entre  les 
neuf  angles  qu'elles  contiennent 142 

Formation  purement  analytique  de  ces  formules  et 
de  ces  relations 143 


Pai^s. 


446à45x 


45ià455 


4563457 


458à462 


4623468 
468  à  470 


470  à  474 

474  à  476 
476  à  479 


578 


TABLE  DES  HATIÈRES. 


Numéros. 

Réduction  générale  des  neuf  coefficients  angulaires  à 
trois  angles  indépendants 144 

Formules  pour  rapporter  analvtïûuement  une  courbe* 
plane,  arbitrairement  donnée  dans  l'espace,   à  des 
axes  pcis  dans  son  plan.  Méthode  qui  en  résulte  pour 
Tétuoe  directe  des  sections  planes  de  toute  surface.    143 

Moyen  de  trouver  les  conditions  nécessaires  pour  que 
nntersection  de  deux  surfaces  données  devienne 
plane »46 


Pages. 

479à48i 

48ià483 
483  à  484 


SECONDE   PARTIE. 

THÉORIE  GÉNÉRALE  DES  SURFACES  COURBES, 

p'APaàft     LIOR     CLAS8IPIGATI01I     ANALTTIQUB     PAB     FAHILLBS 
VBAIHBHT     MATURBILBS. 


485  à  490 
490  à  492 


493à495 


PRÉAMBULE. 

Extension  spontanée  des  diverses  théories  générales  de 
la  géométrie  plane  à  la  géométrie  dans  l'espace. ...    147 

Objet  caractéristique  de  cette  seconde  partie,  consacrée 
surtout  à  la  première  ébauche  rationnelle  de  la  géo- 
métrie comparée 148 

CHAPITRE    PREMIER. 

Notions  fondamentales  sur  la  classification  rationnelle 

des  surfaces.  (1  leçon,) 

Supériorité  nécessaire  de  la  classification  des  surfaces 
sur  celle  des  lignes.  Source  générale  du  classement. . .    149 

Exposition  directe  de  la  conception  fondamentale  de 
Monee  sur  la  géométrie  comparée  :  définition  exacte 
des  familles  géométriques  ;  appréciation  abstraite  des  • 
équations  à  trois  variables  ayant  un  sens  déterminé, 
quoique  contenantune  fonction  arbitraire;  harmonie 
nécessaire  de  ces  deux  sortes  de  notions 1 5o 

Facilité  directe  que  procure  cettQ  conception  pour  mul- 
tiplier à  volonté  les  familles  de  surfaces  :  divers 
exemples 1 5 1 

Marche  générale  à  suivre  pour  former  l'équation  collec- 
tive d  Aine  famille  donnée,  et  pour  constater  récipro- 
quementsi  telleespèce  appartient  à  telle  famille i52 

CHAPITRE   II. 
Théorie  des  surfaces  cylindriques.  (1  leçon.) 

Équation  générale  de  cette  iamille.  Marche  qu'elle 
prescrit  pour  constater  la  nature  cylindrique  d'une 
surface  donnée, • i53     5o4à5o7 


495  à  5oo 
5ooà5o2 
3o2à5o4 


TABLE  DBS  MATIÈRES. 


579 


Numéros. 

Détermination  de  la  fonction  arbitraire  d'après  la  direc- 
trice de  cha()ue  cylindre  :  simplification  générale  de 
cette  opération  quand  cette  base  est  la  trace  horizon- 
tale de  la  surface;  divers  exemples  à  ce  sujet.  Déter- 
mination de  la  fonction  arbitraire  quand  le  cylindre 
doit  être  circonscrite  une  surface  donnée  :  application 
aux  ombres.  Possibilité  de  déterminer  directement  la 
courbe  de  contact z54 


CHAPITRE    III. 
Théorie  des  surfaces  coniques.     (1  leçon,) 

Équation  collective  des  cônes .  Théorème  important  qui 
en  résulte  sur  la  liaison  générale  entre  la  nature  coni- 

2ue  d'une  surface  et  la  composition  homogène  de  son 
quation.   Usage   fondamental    d'un  tel    caractère 
analytique  pour  vérifier  si   une  équation  donnée 

appartient  à  un  cône i55 

Détermination  de  la  fonction  arbitraire  d'après  la  direc- 
trice du  cône.  Application  spéciale  à  la  théorie  des 
mappemondes,  d'où  résulte  la  nature  et  la  construc- 
tion de  la  perspective  propreà  chaque  cercle  terrestre. 
Cas  général  ou  la  directrice  donnée  est  la  trace  hori- 
zontale du  cône 
rationnelle  de 
second  degré, 
quand  le  cône  est  circonscrit  à  une  surface  donnée  : 
caractère  propre  de  la  courbe  de  contact i56 

CHAPITRE    IV. 
Théorie  des  surfaces  de  révolution.  (1  leçon.) 


inlplifîcation  quand 

est  pris  pour  l'un  des  axes  coordonnés 1 57 

Détermination  de  la  fonction  arbitraire  d'après  ladirec- 
trice.  Application  spéciale  au  cas  de  la  ligne  droite, 
et  surtout  ensuite  a  celui  de  Vhélice^  en  déduisant 
d'abord  de  sa  définition  ses  équations  et  ses  princi- 
pales propriétés.  Cas  général  où  la  directrice  est  le 
méridien  même  de  la  surface  :  application  spéciale  au 
tore i58 

CHAPITRE    V. 
Théorie  des  surfaces  conoldes.      (l  leçon.) 

Définition  de  cette  nouvelle  famille,  et  formation  de 
son  type  analytique,  surtout  en  choisissant  le  plus 
favorablement  possible  les  axes  coordonnés.  Conser- 


Pases. 


57oà5ii 


5iià5i4 


5i4à5i8 


519a  522 


522  à  528 


580 


TABLE  DBS  MATIÈRES. 


Naméros. 


vation  remarquable  d'un  certain  caractère  d^homo- 

généité 1 39 

Détermination  de  la  fonction  arbitraire  d'après  ladirec- 
trice.  Application spécialeà  l'équation  ae  la  vis  rec- 
tangulai  re  :  formation  comparative  de  Téquation  plus 
compliquée  relative  à  la  vis  triangulaire.  Cas  général 
où  la  directrice  est  une  courbe  plane  parallèieàrun 
des  plans  coordonnés.  Détermination  de  la  fonction 
arbitraire  quand  le  conoide  doit  être  circonscrit  à 
une  surface  donnée;  exemples  caractéristiques. .. .     160 

CHAPITRE    VI. 

Théorie  générale  complémentaire^  relative  à  tous  les 
groupes  dont  réquation  collective  n^est  pas  connue,  et 
surtout  aux  surfaces  rectilignes  ou  circulaires.  (3  leçons,) 

Appréciation  fondamentaledes  deux  sortesdedifiî  cultes 
générales  qui  empêchent  la  formation  des  types  ana- 
lytiques propres  à  la  plupart  des  eroupes  géométri- 
ques, et  surtout  des  obstacles  innérents  à  la  trop 
grande  extension  de  ces  groupes,  quoique  toujours 
caractérisés  nettement 161 

Appl  ication  spéciale  deces  réflexions  générales  aux  sur- 
faces réglées,  et  surtout  développables 162 

Moyen  général  de  formation,  envers  tous  les  groupes 
géométriques  possibles,  de  Péquation  particulière  à 
chaqueespèce.  Marche  de  l'examen  i n verse,  pour re- 
connaître^envers  telle  surface,telmodede  génération.     i63 

Application  de  ces  principes  aux  surfaces  réglées  ou  rec- 
tilignes d^abord  quand  chacune  d^elles  est  définie 
par  trois  directrices  données,  ensuite  quand  la  sur- 
race, étant  développable,  se  trouve  spécifiée  soit  d'a- 
près son  arête  de  rebroussement,  soit  comme  circon- 
scrite à  deux  surfaces  données 164 

Mode  d'appréciation  analytique  de  la  nature  rectiligne 
d'une  surface  donnée.  Préambule  de  l'application  de 
cette  méthode  aux  surfaces  du  second  degré,  consis- 
tantdans  la  discussion  préliminaire  des  diverses  for- 
mes géométriques  et  des  plus  simples  équations 
correspondantes i65 

Appréciation  spéciale  de  la  nature  et  de  la  génération 
des  deux  surraces  rectilignes  du  second  degré 166 

Appl  ication  des  principes  généraux  du  n*  i63  aux  sur- 
faces circulaires  et  surtout  à  la  famille  des /i/>^aMjir. . , .     167 

Marchegénéralelaplus  convenable  pour  constater  un 
mode  déterminé  degénération,  quand  la  courbe  géné- 
ratrice est  plane.  Application  spéciale  à  la  double 
génération  circulaire  des  surfaces  du  second  degré.    168 


Pages. 

528à53o 


53oà534 


535à537 
537à54i 

54  là  543 


543  à  546 


546à553 
554à556 
556à558 

558à564 


FIN  DE  LA  TABLE. 


PROGRAMMES 


DES 


COURS   D'ALGÈBRE   SUPÉRIEURE 


ET  DE 


CALCUL  DIFFÉRENTIEL. 


PROGRAMME 


DU 


COURS  D'ALGÈBRE  SUPÉRIEURE, 


QUI  SUCCÈDE  A 


L'ÉTUDE  ÉLÉMENTAIRE  DE  LA  GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE. 


Préambule.  (1  leçon.) 

Appréciation  exacte  delà  science  mathématique,  envisagée  dans  son 
ensemble,  d'après  le  vrai  but  final  de  toute  recherche  mathématique. 
__  ^  -^  )artie8 

Lacune 


Division  nécessaire  du  calcul  en  deux  branches  essentielles,  Punea/- 
gébriquej  Pautre  arithmétique.  Objet  caractéristique  de  Valgèbre  pro- 
prement dite. 

Distinction  générale  entre  la  résolution  analytique  des  équations  et 
leur  résolution  numérique.  Caractère  imparfait  et  équivoque  de  celle- 
ci,  pourtant  seule  possible  le  plus  souvent. 

Objet  proprede  ce  cours  et  son  plan  général. 

Théorie  fondamentale  des  équations  algébriques,  (7  leçons,) 

I*  Composition  des  équations.  Élût  génénl  de  la  question.  Réduction 
f>réalable  de  toute  équation  algébrique  à  la  forme  rationnelle  et  en- 
tière. 

Double  démonstration,  à  priori  et  à  posteriori»  du  principe  fonda* 
mental.  Son  vrai  degré  d'extension. 

Décomposition,  nécessairement  unique,  de  toute  fonction  d'un  de^ 
gré  quelconque  en  facteurs  du  premier. 

Décomposition,  toujours  multij^Ie,  qui  en  résulte  en  facteurs  dû 
second  degré,  ou  d'un  degré  supérieur. 

Détermination  directe,  en  général  moins  convenable,  de  ces  der- 
niers facteurs. 

Caractère  essentiel  des  fonctions  à  plusieurs  variables  de  n'être  pas 
ordinairement  décomposables  en  facteurs  analogues  d'un  degré 
moindre.  Nécessité  géométrique  d^une  telle  incompatibilité  »  Son  ex- 


—  584  — 

plication  analytique  d'après  la  mesure  de  Tordre  de  généralité  de  la 
formule  complète  du  degré  m  à  deux  variables  par  Te  nombre  des 
constantes  aroitraires  qu'elle  contient.  Réaction  d'une  telle  apprécia- 
tion sur  le  cas  primitif  des  fonctions  à  une  seule  variable. 

Relations  générales  entre  les  coefficients  d'une  équation  et  ses  ra- 
cines, soit  d'après  sa  décomposition  en  facteurs  élémentaires^  soit  d'a- 
près la  formation  directe  d'une  équation  susceptible  de  racines  don- 
nées. 

Réâexions  générales  sur  la  manière  dont  ces  lois  concilient  la  réalité 
et  la  rationalité  des  coefficients  avec  l'imaginarité  et  l'irrationalité 
des  racines. 

Usage  général  de  ces  lois,  ou  de  la  décomposition  élémentaire  qui 
les  a  murnies,  pour  traduire  entre  les  coefficients  toute  relation  don- 
née entre  les  racines.  Divers  exemples  caractéristiques  à  ce  sujet. 

Théorème  fondamental  de  Descartes  sur  les  relations  naturelles 
entre  le  mode  de  succession  des  signes  des  coefficients  et  les  signes  des 
racines.  Indications  qu'il  fournit  souvent  sur  les  racines  imaginaires 
dans  les  équations  incomplètes,  et  même  dans  les  autres. 

Principe  relatif  aux  racines  communes  à  deux  équations  données. 
Simplification  correspondante  qu'éprouve  alors  nécessairement  leur 
résolution  respective. 

Usage  général  de  ce  principe  pour  simplifier  la  recherche  des  rela- 
tions entre  les  coefficients  d'après  celles  des  racines,  surtout  quant  aux 
relations  binaires.  Divers  exemples  de  cette  application,  même  envers 
des  relations  plus  composées. 

Examen  spécial  du  cas  de  la  réciprocité  des  racines.  Théorie  des 
équations  réciproques.  Abaissement  nécessaire  de  leur  degré. 

2*  Transformation  des  équations.  Position  exacte  de  la  question  gé- 
nérale. Distinction  nécessaire  des  deux  sortes  de  transformations,  in- 
troduites, les  unes  par  Viète,  les  autres  par  Lagrange. 

1^*  classe,  où  chaque  racine  transformée  ne  dépend  que  d'une  seule 
racine  primitive.  Mode  général  de  formation  de  l'équation  cherchée. 

Application  au  cas  où  toutes  les  racines  sont  également  augmentées 
à  volonté.  Suppression  facultative  d'un  coefficient  quelconque,  etsur- 
tout  du  second. 

Application  au  cas  où  les  racines  croissent  proportionnellement. 
Appréciation  des  modifications  facultatives  qui  en  résultent. 

Application  au  cas  où  les  racines  sont  élevées  à  une  même  puis* 
sance,  entière  ou  fractionnaire.  Appréciation  d'un  tel  changement. 

Application  au  cas  de  l'inversion  des  racines  et  à  celui  du  change- 
ment de  signe. 

2^  classe^  où  chaque  racine  transformée  dépend  de  plusieurs  racines 
primitives.  Examen  général  des  combinaisons  binaires.  Mode  de  for- 
mation de  l'équation  cherchée;  son  degré  naturel.  Son  épuration 
préalable  en  écartant  les  combinaisons  affectées  de  répétition.  Pro- 
priétés nécessaires  relatives  à  la  transposition  mutuelle  des  racines 
primitives  dans  chaque  combinaison.  Abaissement  final  du  degré  de 
la  transformée,  après  lequel  elle  doit  encore  comporter  des  conditions 
caractéristiques,  soit  quant  au  degré,  soit  envers  les  coefficients. 
Extension  générale  de  ces  diverses  notions  et  opérations  à  des  combi- 
naisons plus  que  binaires. 

Application  successive  de  l'ensemble  de  ces  considérations  à  la  tbéo- 


—  585  — 

rie  générale  de  Péquation  aux  sommes,  de  l'équation  aux  différences, 
de  réquation  aux  produits,  de  l'équation  aux  quotients,  et  de  celle 
où  les  sommes  sont  ajoutées  à  un  multiple  des  produits.  Appréciation 
des  indications  nouvelles  que  Pétat  de  chaque  transformée  peut  four* 
nir  sur  les  racines  primitives,  et  surtout  de  celles  que  suggère  le 
mode  de  succession  des  signes  dans  Téquation  aux  carrés  cie s  diffé- 
rences. 

3*  Théorie  des  fonctions  symétriques.  Position  générale  de  la  ques* 
tion.  Sa  restriction  naturelle  aux  fonctions  symétriques  rationnelles. 
Leur  division  générale  en  simples  et  multiples. 

Théorème  préliminaire  sur  la  composition  de  la  fonction  dérivée 
d'après  les  facteurs  élémentaires  de  la  fonction  primitive. 

Lois  fondamentales  qu'il  fournit  pour  déduire  des  coefficients  d'une 

nés  de  puissances 
:ine8,  jusqu'au  deg 
'origme  historique 
quables. 

Relation  générale  supplémentaire  pour  passer  graduellement  de  ces 
puissances  a  toutes  les  suivantes. 

Moyen  d'étendre  ainsi  ces  lois,  ou,  ce  qui  est  préférable,  par  une 
transformation  préalable,  aux  puissances  négatives,  mais  entières. 

Loi  générale  de  réduction  des  fonctions  symétriques  doubles  aux 
fonctions  simples.  Extension  graduelle  de  cette  loi  aux  autres  degrés 
de  multiplicité. 

Remarque  générale  sur  le  nombre  de  coefficients  q^ui  affectent  la 
valeur  de  chaque  fonction  symétrique,  simple  ou  multiple. 

Application  nécessaire  de  la  théorie  des  fonctions  symétriques  à  la 
formation  effective  de  toutes  les  transformées  de  seconde  classe.  Mode 
le  plus  convenable  d'un  tel  calcul.  Examen  spécial  des  diverses  trans- 
formations précédemment  considérées. 

Théorie  de  l'élimination.  (2  leçons,) 

Position  exacte  de  la  question  actuelle.  Sa  restriction  générale  aux 
équations  algébriques,  rationnelles  et  entières. 

i**  méthode,  fondée  sur  la  recherche  du  commun  diviseur.  Son  ap- 
préciation générale  d'après  le  principe  des  racines  communes. 

Examen  plus  détaillé  de  l'enchaînement  graduel  résulté  des  divi- 
sions consécutives. 

Influence  des  modifications  indispensables  apportées  aux  divers 
dividendes  sur  la  composition  de  l'équation  finale.  Altération  possible, 
mais  incertaine,  de  cette  équation.  Appréciation  générale  d'une  telle 
perturbation  comme  devant  être,  quoi  qu'on  fasse,  plus  ou  moins 
inhérente  à  la  nature  de  cette  première  méthode. 

Examen  des  deux  cas  exceptionnels,  relatifs  à  Tincompatibilité  et  à 
l'indétermination. 

Faculté  générale  oue  procure  spontanément  cette  première  méthode 
pour  composer  à  volonté  des  équations  susceptibles  de  conduire  à  une 
équation  finale  donnée.  ^ 

2"*  méthode,  fondée  sur  l'introduction  de  fonctions  algébriques 
indéterminées  comme  multiplicateurs  des  deux  équations  primitives. 
Détermination  des  coefficients  de  ces  deux  facteurs  auxiliaires  pour 

46 


—  586  — 

rentière  élimination  de  l'inconnue  considérée.  Appréciation  générale 
de  cette  seconde  méthode. 

3in*  méthode,  fondée  sur  la  théorie  des  fonctions  symétriques.  Son 
appréciation  comparative.  Théorème  important  qu^elle  fournit  spon- 
tanément sur  le  degré  maximum  de  Péquation  anale.  Interprétation 
géométrique  de  cette  loi . 

Théorie  des  racines  égales.  (1  leçon.) 

Objet  propre  de  cette  théorie.  Introduction  naturelle  des  fonctions 
dérivées  dans  une  telle  recherche. 

Principe  fondamental  sur  Inexistence  et  la  composition  du  diviseur 
commun  entre  la  fonction  donnée  et  sa  dérivée. 

Système  de  décomposition  graduelle  oui  résulte  de  Téquation 
proposée  en  diverses  écjuations  partielles,  dont  chacune  est  affectée  à 
un  seul  degré  de  multiplicité.  Mode  limité  à  la  suppression  de  toute 
répétition,  sans  distinction  de  multiplicité. 

Application  de  cette  théorie  spéciale  à  la  recherche  des  conditions 
d'égalité  des  racines.  Examen  particulier  des  deux  cas  extrêmes,  de 
moindre  ou  plus  grande  multiplicité  possible.  Inconvénients  propres 
à  cette  méthode  envers  la  plupart  des  cas  intermédiaires.  Solution 
directe,  en  général  préférable,  de  cet  ordre  de  questions. 

Relation  générale  et  nécessaire  entre  les  conditions  d'égalité  et 
celles  de  réalité.  Introduction  naturelle  du  principe  des  racines  égales 
dans  la  théorie  fondamentale  des  maxima  ou  minima. 

Résolution  namérique  des  équations  algébriques.   (7  ieçons,) 

I*  Limites  générales  des  racines  réelles.  Vraie  nature  et  destination 
principale  de  cette  recherche  préliminaire.  Sa  décomposition  natu- 
relle en  quatre  cas,  aisément  réductibles  à  un  seul. 

Règle  de  Maclaurin/  pour  évaluer  une  limite  supérieure  des  raci- 
nes positives  de  toute  équation  algébrique. 

Méthode  de  Newton  pour  obtenir  souvent  des  limites  non  formulées, 
mais  plus  favorables  que  la  précédente. 

Evaluation  d'une  limite  inférieure  des  racines  positives,  et  ensuite 
des  deux  limites  propres  aux  racines  négatives. 

Réflexions  générales  sur  Pimperfection  radicale  de  ces  diverses  éva- 
luations normales. 

2*  Evaluation  des  racines  commensurables.  Principe  fondamental  sur 
la  nature  des  racines  fractionnaires  que  comporte  toute  équation  à 
coefficients  entiers.  Réduction  générale  qui  en  résulte  de  la  recherche 
des  racines  fractionnaires  à  celle  des  racines  entières. 

Restriction  nécessaire  des  racines  entières  parmi  les  diviseurs  du 
dernier  terme.  Système  d'épreuves  graduelles,  imaginé  par  Clairaut* 

f»our  discerner  facilement  ceux    de  ces  diviseurs  oui  conviennent  à 
'équation  proposée.  Essais  préliminaires  propres  a  écarter  d'avance 
beaucoup  de  aiviseurs  inutiles. 

Méthode  pour  déterminer  exactement  les  racines  incommensura- 
bles du  second  degré. 

3*  Evaluation  des  racines  incommensurables*  Exposition  de  la  ques* 
lion  :  état  préalable  de  l'équation. 


—  587    -r 

Démonstration  analytique  et  géométrique  du  principe  fondamental 
des  substitutions.  Sa  véritable  étendue. 

Complément  indispensable  de  ce  principe  par  Tezamen  de  toutes 
les  comparaisons  relatives  aux  deux  substitutions.Vérification spéciale 
d'un  tel  examen  envers  les  équations  algébriques. 

Indications  générales  que  fournit  ce  principe  sur  l'existence  néces- 
saire déracines  réelles,  suivant  que  le  aegré  de  l'équation  est  impair 
ou  pair. 

Distinction  fondamentale  entre  la  séparation  des  racines  et  leur 
évaluation. 

Méthode  de  Lagrange  pour  la  séparation  préalable  des  racines, 
d'après  Péquation  aux  carrés  des  'différences.  Son  appréciation 
générale. 

Méthode  de  Fourier  pour  laséparation  des  racines,  d'après  leurénu- 
mération  préalable.  Ooservation  fondamentale  qui  sert  de  base  à  cette 
méthode^  et  où  rentre  spontanément  la  remarque  originale  de  Rolle. 

Aperçu  général  de  la  grande  théorie  de  Fourier  pour  déterminer 
d'avance  le  nombre  des  racines  réelles  comprises  dans  un  intervalle 
donné.  Réduction  spontanée  du  théorème  de  Descartes  à  Tensemble 
de  cette  théorie. 

Modification  spéciale  apportée  par  M.  Sturm  à  cette  théorie  générale 
pour  le  seul  cas  des  équations  algébriques.  Appréciation  finale  d'un 
tel  amendement. 

Usage  de  ce  corollaire  envers  les  équations  à  coefficients  indéter- 
minés, pour  y  découvrir  les  conditions  relatives  à  un  nombre  donné 
de  racines  réelles  ou  imaginaires. 

Méthode  d'approximation  ébauchée  par  Newton  et  constituée  par 
Fourier.  Appréciation  géométrique  d'une  telle  méthode,  et  des  condi- 
tions indispensables  à  son  application  régulière. 

Méthode  d'approximation  de  Lagrange.  Sa  comparaison  à  la  précé- 
dente. Cas  de  la  périodicité. 

4»  Théorie  des  racines  imaginaires.  Considération  originale  de  Fon- 


imagi] 

apportée  par  Laplace  à  cette  première   démonstration,    d'après    des 
motifs  qui  pourraient  être  essentiellement  écartés. 

Méthode  générale  pour  ramener  l'évaluation  des  racines  imagi- 
naires à  celle  des  racines  réelles,  soit  d'après  leur  forme  nécessaire, 
soit  par  suite  de  la  détermination  équivalente  des  facteurs  réels  du 
second  degré.  Appréciation  et  comparaison  de  ces  deux  modes. 


Résolution  algébrique  des  équations  des  3«  et  4«  degrés.  (1  leçon.) 

Méthodes  pour  ramener  la  résolution  du  quatrième  degré  à  celle  du 
troisième. 

Résolution  générale  des  équations    du   troisième  degré.  Extension 
et  discussion  de  la  formule  obtenue. 

Examen  spécial  du  caa  irréductible.  Transformation  correspondante 
de  la  formule. 

Procédé  spécial  de  Viète  pour  la  résolution  directe  de  ce  cas  d'après 
l'équation  de  la  trisection  de  l'angle. 


—  588  — 


Résolution  générale  des  équations  binômes.       (1  leçon.) 

Application  générale  du  théorème  de  Moivre  à  la  résolution  de 
toute  équation  binôme.  Expression  générale  des  racines  imaginaires 
de  Tunité  :  leur  nombre  et  leur  conjugaison. 

Subordination  naturelle  de  ces  diverses  racines  comme  des  puis- 
sances les  unes  des  autres. 

Comparaison  générale  des  deux  cas  relatifs  au  signe  du  terme 
connu. 

Décomposition  générale  des  fonctions  binômes  en  facteurs  réels  du 
second  degré. 

Appréciation  des  classes  d'équations  dont  la  résolution  alsébrique 
peut  graduellement  résulter  de  la  combinaison  de  la  théorie  des 
équations  binômes  avec  l'ensemble  des  notions  antérieures. 


Développement  des  fonctions  en  séries.        (4  leçons,) 

Extension  de  la  formule  du  binôme  aux  exposants  fractionnaires  ou 
négatifs.  Vice  de  la  démonstration  d'Euler  à  ce  sujet. 

Esprit  général  de  la  méthode  des  coefficients  indéterminés  pour  les 
transformations  en  séries. 

Développement  de  ax  selon  les  puissances  de  x.  Détermination, 
soit  en  série,  soit  sous  forme  finie,  du  coefficient  que  la  méthode  laisse 
à  trouver. 

Série  pour  développer  log  (i  +  x)  selon  les  puissances  de  x.  Indi- 
cation incidente  de  l'inversion  des  séries. 

Séries  relatives  au  développement  du  sinus  et  du  cosinus  suivant  les 
puissances  de  l'arc. 

Série  inverse  pour  développer  l'arc  selon  les  puissances  de  sa  tan- 
gente. Nouvelle  forme  que  prend  alors  la  méthode. 

Considérations  fondamentales  sur  la  distinction  nécessaire  entre 
l'usage  analytique  et  l'usage  numérique  des  séries.  Inconvénients  radi- 
caux qu'entraîne  aujourd'hui  la  contusion  trop  fréquente  de  ces  deux 
appréciations. 

Usage  analytique  très-remarquable  fait  par  Lagrange  de  la  série 
exponentielle  pour  trouver  la  loi  générale  du  développement  des 
puissances  d'un  polynôme  quelconque.  Détermination  générale  du 
nombre  de  termes  du  développement,  d'après  le  problème  des  répar- 
titions. 

Usage  analytique  encore  plus  important  de  l'ensemble  des  quatre 
séries  précédentes  pour  établir,  sous  les  deux  formes  opposées,  le 
rapprochement  fondamental  entre  les  deux  couples  élémentaires  de 
fonctions  transcendantes. 

Application  générale  de  cette  relation  capitale  au  calcul  des  imagi- 
naires. 

Considérations  générales  sur  l'usage  numérique  des  séries,etsurles 
conditions  de  leur  convergence,  ainsi  que  sur  la  mesure  des  approxi- 
mations qu'elles  fournissent. 

Application  successive  de  ces  principes  aux  séries  précédentes,  soit 
pour  la  construction  des  tables  logarithmiques  et  des  tables  trigono» 


—  589  — 

métriques,  soit  pour  Févaluatîon   commode  du  rapport  de  la  circon- 
férence au  diamètre. 

Sommation  des  suites.  (1  leçon.) 

Appréciation  générale  de  la  nature  et  de  l'importance  d'un  tel  ordre 
de  recherches. 

Application  naturelle  de  la  méthode  des  coefficients  indéterminés  à 
la  sommation  des  suites  dont  le  terme  général  est  donné.  Conditions 
indispensables  au  succès  de  cette  méthode,  ainsi  restreinte  au  cas 
des  fonctions  entières. 

Emploi  de  cette  méthode  pour  la  sommation  successive,  d'une  part 
des  carrés,  cubes,  etc.j  des  nombres  naturels,  d'une  autre  part 
des  nombres  fissurés  f  soit  triangulaires,  soit  pjrramidaux,  etc.  Coïnci- 
dence spontanée  de  ces  deux  sortes  de  sommations,  dont  chacune  peut 
suppléer  à  Tautre. 

Sommation  spéciale  des  nombres  figurés  d'un  ordre  quelconque, 
d'après  le  triangle  ou  carré  arithmétique. 


—  590  — 


PROGRAMME 


DO 

COURS  DE  CALCUL  DIFFÉRENTIEL, 

QUI  SUCGÊDB  À 

L'ÉTUDE  DE  L'ALGÈBRE  SUPÉRIEURE. 


Considérations  fondamentales.  (4  leçons.) 

Destination  générale  de  Panalyse  transcendante.  Nécessité,  pour 
l'apprécier  convenablement,  d'approfondir  la  notion  fondamentale 
d'équations,  d'après  la  distinction  directe  des  fonctions  en  abstraites  et 
concrètes. 

Revue  méthodique  des  cinq  couples  d'éléments  analytiques  qui  com- 
posent les  fonctions  abstraites  actuel  les.  Appréciation  spéciale  du  der- 
nier couple.  Définition  exacte  de  Pidée  adéquation.  Appréciation  spon- 
tanée des  difficultés  générales  que  présente  l'établissement  des  équa- 
tions. 

Aptitude  fondamentale  de  l'analyse  transcendante  à  diminuer  radi- 
calement cette  difficulté  dans  les  recherches  compliquées.  Caractère 
de  cette  analyse,  en  la  distinguant  soigneusement  .de  la  méthode  trans- 
cendante, qui  remonte  essentiellement  à  Archimède. 

Nécessité  de  considérer  simultanément,  dans  l'état  provisoire  oii  se 
trouve  encore  la  philosophie  mathématique,  les  trois  conceptions 
principales  propres  à  l'ensemble  de  Panalyse  transcendante,  impos- 
sibilité de  se  borner  aujourd'hui  à  une  seple  de  ces  conceptions  équi- 
valentes. 

lo  Conception  de  Leibnit:^^  d'où  méthode  infinitésimale.  Caractère 
essentiel  de  cette  conception.  Définition  des  différentielles.  Appré- 
ciation des  divers  ordres  d'infiniment  petits.  Principe  fondamental  de 
1:1  méthode  infinitésimale. 

Aptitude  nécessaire  d'un  tel  principe  à  faciliter  beaucoup  la  forma- 
tion des  équations.  Généralité  supérieure  des  équations  différentielles. 

Exemples  des  relations  différentielles  propres  à  la  théorie  des  tan- 
gentes, a  celle  des  quadratures,  et  à  celle  des  rectifications. 


—  591  — 

Imperfection  logique  de  la  méthode  infinitésimale.  Justification 
directe  de  son  principe  fondamental  par  la  doctrine  de  Carnot  sur  la 
compensation  nécessaire  des  erreurs.  Etrangeté  philosophique  d'une 
telle  justification. 

2*  Conception  de  Newton,  d'où  méthode  des  limites  ou  des  fluxions. 
Exposition  de  Pesprit  général  de  cette  méthode  sous  ces  deux  formes 
équivalentes.  Principe  fondamental  des  ressources  nécessaires  qu'elle 
procure.  Application  à  divers  exemples. 

Rigueur  logique  d'une  telle  méthode.  Sa  moindre  aptitude  aux  re- 
cherches un  peu  difficiles. 

3»  Conception  de  Lagrange,  d*oii  méthode  des  dérivées.  Explication 
fondamentale  de  cette  métnode  et  des  notations  correspondantes. 
Exemple  des  ressources  qu'elle  peut  offrir.  Son  aptitude  beaucoup 
moindre  aux  questions  un  peu  difficiles. 

^^  Comparaison  des  trois  conceptions.  Identité  fondamentale  du  coef- 
ficient différentiel,  de  la  fiuxion  et  delà  dérivée.  Avantages  et  in- 
convénients respectifs  des  trois  méthodes  et  de  leurs  notations.  Néces- 
sité de  les  employer  concurremment  sans  s'astreindre  exclusivement  à 
aucune.  Graves  dangers,  soit  logiques,  soit  scientifiaues,  inhérents 
aujourd'hui  à  la  fusion  vicieuse  tentée  entre  elles  pari  irrationnel  mé- 
lange des  notations. 

5*  Division  générale  de  Vanalyse  transcendante.  Distinction  fonda- 
mentale entre  les  deux  calculs  opposés   oui  la  coniposent.  Classifica- 


ploi  successif  de  tous  deux.  Exemple  propre  a  caractériser  chacun  de 
ces  trois  cas  généraux. 

Exposition    raisonnée   du  plan  général  propre  à  ce  cours  de  calcul 
différentiel,  résumé  par  le  tableau  suivant  : 

/  1.  Des  fonctions  I  V  A  une  seule  Ttriable. 
1*  Galcal  différentiell      explicites \  S*  A  plasienrs  variables  indépendantes. 

rentiation /     implicites j  ^  Simnltonées.     Même  snbdifision. 

V  8.  Changement  de  variable  indépendante. 

!1.  Transformations  en  séries. 
S.  Théorie  des  maxima  et  minima. 
S.  Evaluation  des  symboles  indéterminés. 
S*  Applications  prin-1  /  1.  Théorie  des  tangentes, 

cipales  de  ce  cal-<  l  9.  Théorie  de  la  courbare  des  coorbes  planes. 

cul  à l  3.  Lagéomé-;  3.  Théorie  des  courbes  à  double  courbure. 

trie )  4.  Théorie  des  plans  tangents,  et  classement 

des  surfaces. 
5.  Théorie  de  la  courbure  dos  surfaces. 


Différentiation  des  fonctions  explicites  à  une  seule  variable.  (2  leçons,) 

Différentiations   des   sommes  et  différences.  Elimination  spontanée 
des  constantes. 

Différentiation 'des  produits.  Extension  de  la  loi  à  un  nombre  quel- 
conque de  facteurs . 

Différentiation  des  quotients,  soit  d'après  celle  des  produits,  soit 
directement. 


—  592  — 

Différentiation  des  puissances  proprement  dites,  soit  directement, 
soit  d'après  celle  des  produits.  Extension  de  la  loi  à  tous  exposants. 

Différentiation  des  exponentielles.  Double  démonstration.  Cas  spé- 
cial de  l'exponentielle  népérienne. 

Différentiation  des  logarithmes^  soit  directement,  soit  d'après  les 
exponentielles. 

Difiérentiation  des  fonctions  trigonométriques  et  des  fonctions  cir- 
culaires. 

Principe  subsidiaire  sur  la  différentiation  générale  des  fonctions  de 
fonction. 

Exemples  de  la  différentiation  des  fonctions  composées. 

Différent! ations  successives.  Notion  fondamentale  relative  à  la  va- 
riable indépendante.  Comparaison  générale  des  difTérentielles  de  tous 
les  ordres  aux  dérivées  ou  aux  fluxions  correspondantes. 

Différentielles  successives  des  diverses  fonctions  simples.  Cas  de  re- 
production des  fonctions  par  la  diftérentiation. 

Différentlalion  des  fonctions  explicites  à  plusieurs  variables.  (2  leçons.) 

Exposition  précise  de  la  question  générale.  Distinction  fondamen- 
tale entre  les  différentielles  partielles  et  la  différentielle  totale. 

Supériorité  naturelle  de  la  conception  de  Leibnitz  sur  celles  de 
Newton  et  de  Lagrange,  quant  à  la  pluralité  des  variables.  Artifice  gé- 
néral pour  adapter  néanmoins  à  ce  cas  la  méthode  des  fluxions  et 
celle  aes  dérivées. 

Notations  différentielles  propres  aux  fonctions  de  plusieurs  va- 
riables. 

Principe  fondamental  sur  la  loi  de  formation  de  la  différentielle 
totale  d'après  les  différentielles  partielles.  Démonstration  de  ce  prin- 
cipe, d'abord  par  la  méthode  infinitésimale,  et  ensuite  par  les  deux 
autres. 

Nécessité  de  ce  principe  pour  différencier,  en  quelques  cas,  les  fonc- 
tions même  dune  seule  variable. 

Théorème  général  sur  l'inversion  des  différentiations  successives. 
Son  extension  totale  aux  différentielles  d'un  ordre  quelconque  rela- 
tives à  un  nombre  quelconque  de  variables. 

Développement  de  la  différentielle  totale  du  second  ordre,  et  de 
tout  autre,  d'une  fonction  à  deux  variables.  Extension  de  Th^^thèse 
fondamentale  sur  le  mode  d'accroissement  de  toute  variable  indépen- 
dante. Loi  générale  d'un  tel  développement,  soit  à  posteriori,  soit  sur- 
tout à  priori. 

Extension  de  cette  loi  à  un  nombre  quelconque  de  variables.  For- 
mule de  la  multiplicité  des  dérivées  partielles  correspondantes. 


Différentiation  des  fonctions  implicites.  (1  leçon,) 

Appréciation  générale  de  la  question.  Sa  division  nécessaire  en  deux 
cas,  où  l'implicite  présente  divers  degrés. 

I*'  caSf  relatif  aux  fonctions  isolées,  en  n'jr  supposant  d'abord 
qu'une  seule  variable.  Principe  fondamental  qui  ramené  leur  diffé- 
rentiation à  celle  des  fonctions  explicites  à  deux  variables.  Formule 


—  593  — 

pour  It  premier  ordre.  Extension  naturelle  de  ce  principe  à  un  ordre 
quelconque.  Marche  préférable  envers  les  différentiations  successives 
pour  les  déduire  graauellement  de  la  première. 

Extension  directe  du  principe  général  aux  fonctions  de  plusieurs  va- 
riables. Appréciation  de  cette  pluralité  comme  ne  constituant,  au  fond, 
aucune  nouvelle  difficulté  propre  aux  différentiations  implicites. 

2*  caSf  relatif  aux  fonctions  simultanées,  à  une  seule  variable  ou  à 
plusieurs.  Dernière  extension  spontanée  du  même  principe  fondamen- 
tal, mais  avec  une  complication  rapidement  croissante  des  formules 
de  différentiation  suivant  le  nombre  des  fonctions  mêlées. 

• 

Transformation  des  coefficients  différentiels,  d*après  le  changement  de 

variable  indépendante.  (1  leçon.) 

Appréciation  générale  de  l'objet  propre  et  de  la  destination  essen- 
tielle de  cette  théorie  complémentaire,  sans  la<]uelle  les  lois  de  diffé- 
rentiation  seraient  souvent  insuffisantes.  Sa  division  naturelle  en  deux 
cas  généraux. 

I®  Une  seule  variable.  Formule  fondamentale  pour  la  transforma- 
tion de  la  première  dérivée.  Appréciation  générale  du  mode  néces- 
saire de  définition  de  chaque  changement  de  variable. 

Formules  de  transformations  pour  les  ordres  supérieurs,  obtenues, 
soit  par  l'extension  directe  du  même  principe,  soit,  plus  simplement, 
comme  conséquences  de  la  loi  relative  au  premier  ordre. 

Application  à  divers  exemples,  et  surtout  à  Pinversion  des  va- 
riables, à  la  substitution  de  rare  d'une  courbe  plane  au  lieu  de  son 
abscisse,  enfin  au  passage  différentiel  des  coordonnées  rectilignes  aux 
coordonnées  polaires. 

2*  Plusieurs  variables.  Différence  essentielle  de  ce  cas  avec  le  pré- 
cédent. Extension  générale  du  principe  fondamental  à  ce  genre  plus 
compliqué  de  transformations  différentielles. 

Formules  pour  le  premier  ordre  à  l'égard  des  fonctions  à  deux  va- 
riables. Marcne  à  suivre  envers  les  ordres  supérieurs,  quel  que  soit  le 
nombre  des  variables. 

Application  au  passage  différentiel  des  coordonnées  rectilignes  aux 
cooraonnées  polaires  dans  l'espace. 


APPLICATIONS  ANALYTIQUES  DU  CALCUL  DIFFÉRENTIEL. 

i»  Développement  des  fonctions  en  séries.        (â  leçons.) 

Aptitude  spontanée  des  considérations  différentielles  à  perfection- 
ner les  transformations  analytiques. 

Démonstration  de  la  série  fondamentale  dite  de  Taylor. 

Série  générale  de  Maclaurin  ou  Stirlinc,  obtenue,  soit  d'après  la 
précédente,  soit  directement.  Possibilité  d'en  déduire  convenable- 
ment l'autre  série.  Appréciation  de  la  destination  essentielle  de  cha- 
cune d'elles. 


—  694  — 

Série  générale  de  Jean  Bernouilli,  Indication  de  son  origine  pro- 
pre, et  oe  sa  principale  destination. 

Usages  de  ces  diverses  séries  générales,  et  surtout  de  celle  de  Mac- 
laurin,  pour  obtenir  uniformément  les  principaux  développements 
antérieurs,  de(i  4-  x)^,  flt»,  /  (i  -f  Jf),  sin  x,  cos  x,  et  arc  (tang  =  x). 
Remarque  sur  ce  dernier  cas. 

Inconvénient  fondamental  d'un  tel  mode  de  développement  :  exem- 
ple caractéristique  pour  arc  (sin  =«  x). 

Conception  de  Lagrange  pour  perfectionner  l'emploi  général  des 
dérivées  dans  les  transformations  en  séries.  Application  de  cette  mé- 
thode supérieure  à  toutes  les  fonctions  déjà  considérées,  et  surtout 
aux  deux  fonctions  circulaires. 

Extension  capitale  d'une  telle  méthode  aux  fonctions  implicites. 
Série  générale  de  Lagrange  pour  Téquation  f  =  Jf  4->^/(t)- 

Nécessité  d'agrandir,  en  certains  cas,  le  champ  des  transformations 
en  séries,  par  Pintroduction  de  nouveaux  éléments.  EIxempIes  relatifs 
à  x^,  et  surtout  à  log  (tang  x).  Indication  des  théorèmes  de  disconti- 
nuité émanés  de  cette  dernière  transformation. 

Extension  générale  des  séries  de  Taylor  et  de  Maclaurin  aux  fonc- 
tions de  plusieurs  variables.  Reproduction  naturelle  du  théorème  de 
Nicolas  Bernouilli  sur  Tin  version  des  différentiations  successives. 


2*  Théorie  générale  des  maxima  et  minlma.       (2  leçons.) 

Position  générale  de  la  question  :  définition  exacte  du  maximum  et 
du  minimum.  Appréciation  préalable  de  l'ensemble  des  ressources 
trop  bornées  que  présente,  à  cet  égard,  l'analyse  ordinaire. 

Aptitude  spontanée  de  l'analyse  transcendante  à  de  telles  détermi- 
nations. Caractère  fondamental  de  l'état  maximum  ou  minimum. 

Exposition  complète  de  cette  théorie  pour  les  fonctions  d^une  seule 
variaole  :  examen  des  cas  exceptionnels.  Appréciation  finale  de  l'en- 
semble de  la  méthode.  Divers  exemples  de  son  application. 

Extension  spontanée  du  caractère  fondamental  aux  fonctions  de 
plusieurs  variables  indépendantes. 

Artifice  analytique  pour  la  réduction  générale  de  ce  cas  au  précédent. 
Exposition  complète  de  la  méthode  qui  en  résulte.  Examen  des  carac- 
tères accessoires  du  second  ordre  qui  compliquent  alors  la  condition 
principale.  Applications  diverses. 

Appréciation  générale  du  cas  où  les  différentes  variables  deviennent 
subordonnées  entre  elles.  ^  Règle  analytique  très -remarquable  pour 
ramener  toujours  ces  maxima  conditionnels  à  des  maxima  incondi- 
tionnels. Diverses  applications. 

3*  Évaluation  générale  des  symboles  Indéterminés.    (1  leçon,) 

Position  générale  de  la  question.  Ënumération  essentielle,  et  équi- 
valence nécessaire  des  divers  symboles  d'indétermination. 

Appréciation  préalable  des  ressources  insuffisantes  de  l'analyse  ordi- 
naire pour  de  telles  évaluations. 

Aptitude  naturelle  de  l'analyse  transcendante  à  de  pareilles  détei^ 


—  595  — 

minations.  Double  démonstration,    analyti(^ue  et  géométrique,  de  la 
règle  fondamentale  envers  le  symbole  principal  -f. 

Extension  de  cette  méthode  à  tous  les  autres  symboles  d^indétermi- 
nation. 

Indication  des  cas  où  la  méthode  échoue  nécessairement.  Évaluation 
de  quelques  formules  semblables. 


APPLICATIONS  GÉOMÉTRIQUES  DU  CALCUL  DIFFÉRENTIEL. 

1*  Théorie  des  tangentes  aax  courbes  planes.      (2  leçons,) 

Formule  fondamentale  pour  la  théorie  rectiligne  des  tangentes. 
Double  liaison  générale  de  cette  théorie  avec  celle  des  maxima. 

Application  à  la  courbe  algébrique  dont  la  somme  (ou  toute  autre 
fonction)  des  distances  de  chaque  point  à  divers  points  fixes  demeure 
constante  :  construction  très-remarquable  queLeibnitzen  a  tirée. 

Applications  spéciales  à  la  logarithmique  et  à  la  cycloide. 

Formule  générale  pour  la  théorie  polaire  des  tangentes,  obtenue, 
soit  directement,  soit  diaprés  la  formule  rectiligne. 

Applications  spéciales  aux  spirales  d'Archimède  et  de  Jacques  Ber« 
nouiili. 

Théorie  des  asymptotes,  d'abord  en  coordonnées  rectilignes,  puis 
en  coordonnées  polaires.  Diverses  applications. 

Théorie  générale  des  points  d'inflexion,  d'après  la  considération 
des  tangentes  :  principal  caractère  analytique  de  ces  points. 

Théorie  des  points  multiples,  et  par  suite,  des  points  conjugués,  des 
points  saillants  y  et  des  pomts  d'arrêt. 

2^  Théorie  de  la  courbure  des  courbes  planes.     (5  leçons.) 

Appréciation  générale  de  Tobjet  propre,  de  la  haute  importance,  et 
de  la  difficulté  supérieure  d'une  telle  recherche. 

Première  notion  fondamentale,  propre  à  constituer  la  théorie 
mathématique  de  la  courbure,  d'après  Fidée  dt  flexion. 

Seconde  notion  fondamentale,  susceptible  de  la  même  destination, 
diaprés  la  conception  du  cercle  osculateur. 

Identité  nécessaire  de  ces  deux  méthodes  géométriques.  Introduc- 
tion spontanée  de  Tanalyse  différentielle  dans  leur  formulation. 

Formules  générales  du  rayon,  et  par  suite  du  centre,  de  courbure, 
d'après  la  première  méthode. 

•  Formules  générales  du  centre,  et  par  suite  du  rayon,   de  courbure, 
d'après  la  seconde  méthode. 

Notion  générale  de  la  développée,  envisagée  comme  complétant    et 

Ï)erfectionnant  la  théorie  mathématique  de  la   courbure.    Propriétés 
ondamentales  de  cette  courbe  auxiliaire.  Formation  de  son  équation 
d'après  celle  d&  la  courbe  primitive. 

Application  à  la  développée  de  la  parabole  ordinaire.  Indication  et 
appréciation,  à  cette  occasion,  du  mode  suivant  lequel   la  théorie  des 


—  596  — 

développées  deviendrait,  en  certains  cas,  accessible  à  l'analyse  ordi- 
naire. 

Application  de  la  théorie  de  la  courbure  à  Pellipse  et  à  l'hyperbole. 
Indication  de  son  usage  pour  la  mesure  de  Taplatissement  de  la  terre. 

Courbure  de  la  cyclolde  ordinaire.  Nature  remarquable  de  sa  déve- 
loppée. Réaction  d'une  telle  connaissance  sur  la  rectification  de  la 
cyclolde.  Aperçu  spontané  de  sa  principale  propriété  dynamique, 
d  après  le  principe  spécial  d'Huyghens. 

Formule  générale  pour  la  théorie  polaire  de  la  courbure,  obtenue, 
soit  directement,  soit  d'après  la  formule  rectiligne. 

Applications  spéciales  aux  spirales  d'Archimède  et  de  Bernouilli. 
Notion  remarquable  c^ui  en  resuite  pour  la  développée  de  la  spirale 
logarithmique,  et  d'où  suit  la  rectification  de  cette  courbe. 

Considérations  générales  sur  la  recherche  inverse  des  dévelop- 
pantes par  les  développées.  Exemple  exceptionnel  relatif  au  cercle, 
et  caractérisant  les  cas  où  cette  question,  quoique  naturellement  du 
ressort  du  calcul  intégral,  devient  quelquefois  accessible  au  seul  calcul 
différentiel. 

Théorie  des  caustiques.  Son  analogie  fondamentale  avec  celle  des 
développées.  Formules  pour  la  recherche  des  caustiques  par  réflexion, 
dans  le  seul  cas  du  parallélisme  des  rayons  incidents.  Indication  des 
caustiques  par  réfraction. 

Théorie  générale  de  Leibnitz  sur  les  courbes  enveloppes.  Application 
à  divers  exemples. 

Méthode  générale  de  Lagrange  pour  former  un  système  de  courbes 
susceptible  d'une  enveloppe  donnée.  Appréciation,  analytique  et  géo- 
métrique, de  la  vraie  subordination  des  enveloppées  à  l'enveloppe. 

Théorie  fondamentale  de  Lagrange  sur  les  divers  degrés  de  contact 
des  courbes  planes.  Caractères,  d'abord  analytiaues,  puis  géométri- 
ques, des  dinérents  contacts.  Fixation  du  genre  a^oscutation  propre  à 
cnaque  espèce  de  courbes. 

Application  générale  de  la  théorie  précédente  à  l'étude  mathémati- 
que ae  la  courbure.  Limitation  naturelle  d'une  telle  comparaison  à  la 
notion  du  cercle  osculateur.  Reproduction  spontanée  des  formules  an- 
térieures, et  vérification  analytique  des  propriétés  générales  de  la 
développée. 

Indication  d'une  nouvelle  classe  de  points  singuliers  où  le  cercle 
osculateur  a  un  contact  du  troisième  ordre  avec  la  courbe  proposée. 
Comparaison  générale  de  ces  points  à  ceux  de  moindre  ou  plus  grande 
courbure. 

Caractères  analytiques,  rectilignes  ou  polaires,  des  points  de  re- 
broussement.  Reproduction  analogue  des  caractères  propres  aux  in- 
flexions. 

Application  de  l'ensemble  de  la  géométrie  différentielle  à  la  discus- 
sion perfectionnée  des  courbes  planes,  surtout  transcendantes.  Exem- 

•               sin  X 
pies  relatifs  aux  courbes^  =  xlx,  y  =s  c— **,  y^  «=  co8;ir,  y  cb  ^ 

tang  X 
y  =  —2 — ,  y  ^  X  cos  X. 


—  597  — 


3«  Théorie  des  courbes  à  double  courbure.       (3  leçons.) 


Théorie  des  tan 
soit  directement 


meentes  à  ces  courbes,  soit  d'après  les  courbes  planes, 
.  Applications  à  l'hélice,  et  à  l'épicydolde  sphérique. 

Théorie  fondamentale  du  plan  osculateur.  Diverses  formes  de  son 
équation  générale.  Application  à  Thélice. 

Théoriejgénérale  de  la  courbure  ordinaire,  ou  de  flexion.  Recher- 
che analytique  du  cercle  osculateur. 

Établissement  direct  des  formules  générales  pour  la  grandeur  et  la 
direction  du  premier  rayon  de  courbure.  Diverses  formes  dont  elles 
sont  susceptibles.  Application  à  l'hélice. 

Théorie  générale  de  la  seconde  courbure,  ou  de  torsion.  Sa  source 
naturelle  dans  la  notion  du  plan  osculateur.  Formule  du  rayon  corres- 
pondant. Application  à  Thélice. 

Nouvelle  conception  sur  la  théorie  de  la  seconde  courbure  d'après 
la  notion  de  la  spnère  osculatrice  :  comparaison  des  deux  méthoaës  ; 
identité  nécessaire  de  leurs  résultats.  Condensation  possible  de  toute 
la  théorie  des  deux  courbures  autour  des  seules  notions  du  plan  oscu- 
lateur et  de  la  sphère  osculatrice.  Recherche  analytique  de  celle-ci. 

Extension  générale  de  la  théorie  fondamentale  des  contacts  curvili- 
gnes aux  courbes  à  double  courbure. 

Comparaison  d'une  courbe  quelconque  à  l'hélice  osculatrice.  Nouvel 
aspe(5t  correspondant  pour  Pensemble  de  la  théorie  de  la  courbure 
des  lignes  non  planes.  Recherche  analjrtique  de  cette  hélice.  Appré- 
ciation finale  de  cette  conception. 

4*  Théorie  des  plans  tangents,  et  classement  rationnel  des  surfaces.     (3  kçmu.) 

Équation  générale  du  plan  tangent,  d'après  sa  définition  infinitési- 
male. Deuxième  mode  de  formation,  diaprés  le  heu  des  tangentes 
menées  à  une  surface  en  chacun  de  ses  points.  Troisième  mode,  d'a- 
près la  propriété  de  minimum  de  la  normale. 

Plan  tangent  parallèle  à  un  plan  donné,  ou  contenant  une  droite 
donnée.  Plan  tangent  commun  à  trois  surfaces  données. 

Conception  fondamentale  de  Mon^e  sur  l'application  naturelle  de 
la  théone  des  plans  tangents  au  perfectionnement  général  de  la  géo- 
métrie comparée  par  l'établissement  direct  de  types  différentiels,  in- 
dépendants de  toute  fonction  arbitraire,  pour  caractériser  chaque 
famille  de  surfaces.  Correspondance  analytique  de  ces  nouvelles  équa- 
tions collectives  aux  types  nnis  antérieurement  introduits. 

Application  de  ces  principes  aux  familles  géométriques  déjà  étudiées 
par  r analyse  ordinaire. 

Équation  différentielle  propre  à  caractériser  toutes  les  surfiaces  dé- 
veloppables. 

Théorie  fondamentale  de  Monge  sur  les  surfaces  enveloppes.  Diffé- 
rences nécessaires,  analytiques  et  géométriques,  de  cette  notion  avec 
celle  relative  aux  courbes. 

Considérations  générales  sur  la  formation  des  familles  géométri- 
ques diaprés  cette  nouvelle  idée  mère,  qui  condense  à  un  degré  supé- 
rieur toutes  les  comparaisons  antérieures. 

Développement  analytique  de  cette  théorie  dans  lé  seul  cas  de  deux 


—  698  — 

paramètres  variables.  Mode  de  formation  de  l*équati6n  dififérentielle 
propre  à  chaque  famille. 

Application  spéciale  aux  diverses  familles  antérieures  et  à  la  théorie 
des  tuyaux  dont  Taxe  est  plan. 

5*  Théorie  de  la  courbure  des  surfaces.  (3  leçons.) 

Théorie  générale  des  divers  contacts  des   surfaces.  Sa  différence 
essentielle  avec  celle  des  contacts  curvilignes. 


sphère 

cercle  osculateur.  I^écessité  correspondante  d'étudier,  en  chaque  point 
d'une  surface  quelconque,  une  innnité  de  rayons  de  courbure. 

Formule  générale  du  rayon  de  courbure  de  toute  section  normale. 
Détermination  des  deux  rayons  principaux. 

Reproduction  spontanée  du  caractère  différentiel  des  surfaces  dé- 
veloppables. 

Théorie  d'Euler  sur  la  marche  générale  des  rayons  de  courbure 
normaux,  résumée  par  une  construction  remarquable.  Discussion  des 
cas  où  la  courbe  correspondante  est  elliptique,  hyperbolique,  ou  para- 
bolique. Appréciation  d'une  prétendue  indicatrice. 

Théorème  complémentaire  de  Meunier  sur  la  courbure  des  sections 
obliques.  • 

Application  de  ces  diverses  notions  à  quelques  exemples,  et  surtout 
à  la  surface  f  =  xy. 

Définition  générale  des  lignes  de  courbure.  Exposition  analytique  de 
la  théorie  de  Monge  à  ce  sujet.  Importance  de  cette  détermination 
pour  perfectionner  l'ensemble  de  rétude  de  la  courbure  de  chaque 
surface. 

Indication  directe  et  spéciale  des  lignes  de  courbure  propres  aux 
familles  les  plus  usuelles. 

Recherche  de  la  surface  qui  contient  les  centres  de  courbure  de 
toutes  les  sections  principales. 

Théorie  générale  des  lijgnes  déplus  grande  pente.  Leur  relation  né- 
cessaire aux  lijgnes  de  niveau.  Détermination  spéciale  des  lignes  de 
faite.  Application  de  cette  théorie  à  la  surface  f  s»  xy. 


Pages. 

Table  du  Traité  de  Géométrie  analytique  (64  leçons) 565 

Programme  du  Cours  d'Algèbre  supérieure  (2 5  leçons),. 583 

Programme  du  Cours  de  Calcul  différentiel  (3i  leçons) 590 

FIN. 


PARIS.  -  IMPRIMERIE  DE  FAIN  ET  THUNOT, 

IMPRIMEURS     DB     L'URIVERSItA     ROTALB     DE    FRâHCI, 

Rue  Racine,  S8,  près  de  l'Odéon. 


AVIS  AU  LECTEUR 

Cette  nouvelle  édition  de  la  Géométrie  Analytique 
WAugvste  ConUey  précédée  de  la  GémnMrie  de  Descartes 
a  été  faite  sous  la  surveillance  de  Mr.  Jorge  Lagarrigue, 
dont  le  Positivisme  déplore  la  perte  récente.  La  mort 
a  surpris  notre  éminent  et  dévoué  confrère  avant  qu'il 
eût  même  terminé  cette  tâche  qu'il  avait  acceptée  gra- 
tuitement et  qu'il  remplissait  avec  tout  le  scrupule 
d'une  vénération  filiale. 

Nous  nous  étions  spécialement  chargé,  aux  mêmes 
conditions  que  lui,  de  la  révision  mathématique,  et 
nous  avons  à  cet  effet  étudié  soigneusement  le  texte 
de  notre  Maître,  en  refaisant  entièrement  le  travail 
algébrique.  C'était  une  opération  indispensable,  puis- 
que l'on  sait,  par  la  correspondance  du  Eenovateur  avec 
Stuart  Mill,  que  quelques  erreurs  de  calcul  s'étaient 
glissées  dans  l'édition  originale.  Mais  l'éloignement 
oïl  nous  nous  trouvons  de  Paris  a  empêché  plusieurs 
de  nos  indications  d'arriver   à   temps  d'être   utilisées. 

Outre  ces  erreurs  de  calcul,  il  était  surtout  nécessaire 
de  présenter  aux  lecteurs  des  remarques  spéciales  qui 
apportent  de  vrais  changements  au  texte  même  de 
l'ouvrage,  comme  on  le  verra  ci-après.  Ces  notes  ne 
seraient  pas  pourtant  suffisantes  pour  rendre  ce  volume 
parfaitement  conforme  à  la  Philosophie  Mathématique, 
telle  que  notre  Maître  l'a  définitivement  systématisée 
dans  sa  Synthèse  Subjective  (^). 

En  se  bornant  à  l'étude  de  ce  traité,  on  aurait  une 
idée  radicalement  imparfaite,  nous  osons  le  dire,  du 
vrai  caractère  et  de  la  véritable  portée,  sociale  et 
mentale,  de  la  rénovation  cartésienne.  D'autre  part, 
le  dernier  terme  de  l'incomparable  trilogie  qui  forme 
l'œuvre  d'Auguste  Comte  ne  saurait  être  réellement 
compris  par  ceux  qui  n'auront  pas  médité  sa  Politique 
Positive.  C'était  donc  notre  devoir  de  montrer  à  tout 
lecteur  animé  de  sincères  sentiments  sociaux  l'urgence 
de  connaître  l'ensemble  de  la  vie  et  des  travaux  du 
Fondateur  de  la  Beligion  de  l'Humanité.  Dans  ce  but, 
nous  avons  rédigé  une  notice,  contenant  quelques  ob- 
servations sur  la  place  de  la  Géométrie  Analytique  dans 
cette  carrière  sans  exemple,  et  nous  l'avons  offeite 
aux  émteurs  de  cette  nouvelle  édition.    Mr.   Briguiet 

(*)  Synthèse  Subjective,  oq  système  universel  des  conceptions 

Sropres  à  l'état  normal  de  l'Humanité.  Par  Auguste  Comte,  auteur 
u  Système  de  philosophie  positive  et  du  Système  de  politique  positive. 
Tome  Premier,  contenant  le  Système  de  Loqique  Positive  ou 
Traité  de  Philosophie  Mathématique.  Paris.  1856. 


-  2  - 

a  tenu  à  la  joindre  à  ses  exemplaires  et  Ton   pourra 
se  la  procurer  chez  lui. 

Voici  maintenant  les  points  de  cette  édition  qui 
doivent  être  corrigés  ;  ils  sont  presque  tous  passés  de 
la  première  dans  celle-ci. 

Pa«e  282  ligne  23,  au  lieu  de  +  (^  ^a  ;  **  -  4ac  ~    ) 


/      bd  —  2ae d   \ 

lisez  :  +  V.7p-2a  yW=^^^        2a  ) 


1 


Page  286  avant-dernière   ligne,  au  lieu  de  -f  —  Vc^c 

lisez  ±  ^-  ^  eic 

Page  293  ligne  1*"",   au  lieu  de  au  n?  30,  lisez  :  au  n*  29. 
Page  305  ligne  19,  au  lieu   de  ea?  —  1,  lisez  ex  —  1. 

Page  314  ligne  26,  au   lien  de  +  (l  —  -^-)  y", 

Page  317  ligne  8,  axi  lieu  de  pw"  +  r~==  u", 

lisez  pa/'  +  r  ==  «". 


vT 


Page  319  ligne  4,  au  lieu  de  —7-, 

lisez      77"  • 
u 

avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  «*+P^' — 2/3y"+ 1/'*=0, 

lisez:  a«  +  /5'  — 2aar"  =  0 
Page  324  ligne  12,  au  lieu:    d?mn  ançle  taujimrêf 

lisez:  éPam  amgle  droit  to^ouirê  ; 

l^e  15,   au  Ueu  de  n.»  41,  lisez  n,*»  42. 
Page  330  ligne  21^  au  lieu  4e 

wi  ,  —  wia* 

lisez  :  ar  = :  -  .  -  -  :->!'  = 


Page  338  ligne  21,  au  lieu  de    V  =  -^, 

lisez  V  =  — o" 

Page  342  ligne  1^,   au  lieu  de  :    les  âmx  ptrints  mémen 
de  la  droite  j  Miàfiz  :  les  ti)ointë  nhêuieë  de  la  droite  ek. 


—  3  — 


Page    345    ligne  26,     au  lieu    de  +  2a^,   lisez  —  2ajj  ; 

ligne  30,  au  lieu  de  +(<?*+«")  lisez  +  («>*  +  «*). 
Page  353   ligne   12,   au   lieu  de  le  lieu  des  prqpriétéSj 

lisez  le  lieu  des  projections. 


ch)h^ 


m        mi  m 

Page  358  ligne    21,  au  lieu  de,  y  =  vix  +     , 

V  tt'  +  '^^w^'* 

lisez  :   y  =  iaxJ^  -        -         ^ 

Page  365  ligne  27,  au  lieu  de 

(a  — «>)  «  =  a'*  +  y»  +  2a'6'  ^w  V, 
(a  +  &)  *  =  a'«  +  y"—  2a'y  #tn  V, 
lisez:  (a  +  6)  «  =  a'*  +  6'^  +  2aV  w/i  V, 
(a  —  ô)«  =a''  +  y»  —  2a'6'  *m  V. 

Page  390  avant-dernière    ligne,    au  lieu  de 

2cd  +  6»  -==  ô'^,  lisez  :  2cde  +  e?»  =  Vd^. 

Page394.  ligne  9,  au  lieu  de—  g  ("£■)»  ^^^^""2"  (m)* 
Page  396  dernière  ligne,  au  lieu  de 

lisez:  V  =  «-^-y  (-|-»*  +  **)• 

Page  400  ligne  18,    au  lieu  de  AB  =  ^.^  o^+lV 

<2  Bin  2^ 
lifiez  :   AB  =     .    .    ,  ^>c- 

sin  (a-|-20 
Page  404  ligne  27,  au  lieu  de 

4-  (co«'  2<f  —  OOB  2  (a  +  6)  ), 
lisez  :  -^  (co6  2^  —  cos  2  (a  +  tf)  ). 

Page  413  ligae  18,  au  lieu  der  =  w-^^^  —  /j[+<^, 

lisez:  r=^-i-i>«-2  +  ^».     (*) 

Page  478  ligne  5,  (note)  au  lieu  de  <P  =  (^'  —  ^\  +  etc, 

lisez:  (ï- -.(;?''  — ^ )«+ etc. 
Page  515  ligne  13,  au  lieu  de  =  1^  (;5  —  oa;  —  ô  (y— -s)  )', 

lisez  :  =  r* (;c;  —  ax-^h  {y-—r)  )^ 
Page  557  dernière  ligne,  au  lieu  de  «  (a?  —  a), 
lisez  :  a{x  —  «). 

(*)  Toutes  ciîîj  orr^iirti  sont  pus-sécî*  de  la  première. édition  dniis  C(?lle-ci. 


cîn    fi 

l*age  562  avant-dernière  ligne,    au  lieu  de  /  = 

,.  ,       sin  0 

Usez:   y  ="2^ 

REMARQUES    SPÉCIALES    SUR    LE    TEXTE 

Page  VI.  Sur  l'accueil  fait  à  la  Géaniétrie  Analytique, 
voir  les  Lettres  à  Stnart  Mill,  page  146. 

Page  1  —  Voir  sur  la  distinction  scolastique  entre  la 
géométrie  à  deux  et  à  trois  dimensions,  la  Synt, 
Sub.j  page  335. 

Page  1.  Voir  sur  la  dénomination  Géométrie  Analytique 
la  Synt.  flub.,  pages  168  à  169. 
Voir  sur  le  vrai  mérite  de  Descartes  dans  la  conce- 
ption   de    la   Géométrie   Grénérale,    la  8ynL    Snb., 
pages  337  à  338. 

Page  17.  Voir  sur  l'impropriété  du  mot  fonction  dans  le 
langage  mathématique, la  %/i^  S/ub,,  pages  197  à  200. 
Voir  sur  la  création  de  nouveaux  élhnents  algé- 
briques la  t^ynU  8ub,y  pages  194,  212  à  214. 
Voir  sur  le  théorème  des  trois  carrés,  généralement 
attribué  à  Pithagore,  la  Politique  Positive,  tome  III, 
pages  301  à  302.  Notre  Maître  y  fait  voir  que  nous 
devons  cette  découverte  aux  théocrates. 

Page  22.  Voir  sur  les  lacunes  de  la  géométrie  carté- 
sienne, la  Synt.  Sub.,  pages  345  à  350. 

Page  34.  Voir  sur  la  loi  cartésienne  de  l'interprétation 
concrète  des  signes  +  et  — ,  la  Synt.  Sub.,  pages  205 
à  207. 

Pages  173  et  278.  Voir  sur  les  courbes  exclusivement 
douées  de  diamètres  rectilignes,  la  Synt.  Sub,,  page 
392.  Notre  Maître  y  corrige  ce  passage  de  sa  Géo- 
métrie Anafytique^    (*) 

Page  302.  Voir  sur  l'origine  conique  des  propriétés 
focales  la  Synt.  Sub.,  page  315  où  cette  origine  a 
été  indiquée. 

Page  493.  Voir  sur  l'institution  de  la  géométrie  com- 
parée les  Lettres  à  Stuart  MiU,  pages  126  à  128. 

K.  Teixeira  Mkndss 

Vice-directeur  d«  rApoitolatPoritiTiflto  du  Br^sU 

(42.  Rue  Benjamin  Constant) 
Né  à  Gaxias  (Maranhâo)  le  6  Janvier  1865. 
■p.        1      23  Charlemagne  106 
'  "lïcTJuiïletlSM.) 

(*)  Cette  remarque  remplace  lu  note   reotiUaitive  annoncée   auûL 
pages  173  et  278. 


r  • 

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Pl.f 


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Fig.  60 

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Fid.82 


///.V  /-i?  mOIMOTfK-  tAI    9* 


A    LA    MÊME    LIBRAIRIE 


POUR  PARAITRE  PROCHAINEMENT 


LA 


PHILOSOPHIE  POSITIVE 


D'AUGUSTE    COMTE 


Condensée  par  Miss  Harriet  MARTINEAU 


Traduite  en  français 


Par  Ch.  AVEZAC-LAVIGNE 


2    VOL.    lN-8* 


l.e  ftians.  —  TypOKraphie  Edmoiul  Monnoyer.  —  1894.