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lie Année Juillet 1911 N» 100
MINISTÈRE DES COLONIES
Jardin Colonial
L 'Agriculture pratique
des pays chauds
BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
ET DES
Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
an Directeur du Jardin Colonial, Ministère des Colonies
PARIS
Augustin GHALLAMEL, Éditeuh
Rue Jacob, 17
Librairie Maritime et Coloniale
Les abonnements partent du /er Janvier
Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 Ir.
La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale.
Les citations ou reproductions partieties sont autorisées à condition de mentionner la source.
^ Exp»"Univii«> Anvers 1894
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Sulfate de potasse, yO. — Chlorure de potasse, 95 «/o
LAGKICULTURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Juillet 1911 No 100
SOMMAIRE
F'agjes
Le Bois de rose de la Gui/ane et son huile essentielle, par E. Bas-
sière, Ingénieur ag-ricole, Inspecteur d'Ag-riculture aux Co-
lonies I
L'Agriculture au Congo Belge. — Agriculture g-énérale. — Con-
trôle forestier. — Jardin botanique, par M. Luc, Inspecteur
d'Agriculture (suite) 1 1
Le Sésame de l'Extrême-Orient. Sesamum Indicum D. C,
par Ph. Eberhard, D"" ès-sciences, Inspecteur de l'Agriculture
en Indo-Chine {suite) 19
Plantes médicinales de la Guinée française, par H. Pobéguin,
Administrateur en chef des Colonies (suite) 87
Le Maïs africain, par Yves Henry, Directeur de l'Agriculture en
Afrique Occidentale Française (suite) 4^
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maître de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Agriculture Coloniale (suite) 58
NOTES
Sur la classification des Lucumées à radicule punctiforme, par
M. Marcel Dubard 69
A propos des Heveas de V Afrique Occidentale française 78
COMMUNICATIONS DIVERSES
Analyse de manioc à la Réunion. — Voyage d^études de
M. Thillars 74
DOCUMENTS OFFICIELS
Nominations et mutations 75
Statistiques Commerciales. — Exportations agricoles et forestières
des colonies françaises 78
Cours et Marchés des Produits Coloniaux (caoutchouc, coton, café,
cacao, matières grasses, textiles, gommes, poivre, ivoire,
bois) 83
Bibliographie v et
VIII
MINISTÈRE DES COLONIES
Jardin Colonial
Nogbnt-sur-Marne
AVIS
Les Laboratoires de recherches du Jardin Colonial se chargent
gratuitement de toutes déterminations des matières premières
intéressant la production des Colonies françaises :
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leurs applications.
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|e n'ai pas baissé une seule fois mes stores « claies » : malgré les (oits coups de soleil j'ai donc obtenu de
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11" Année Juillet 1911 N" 100
ÉTUDES ET MÉMOIRES
LE BOIS DE ROSE DE LA TxUYANE
ET SON HUILE ESSENTIELLE
Étude botanique. — Il existe dans les forêts de la Guyane un
grand nombre d'essences à bois odorant, appartenant pour la plu-
part, soit à la famille des Lauracées, soit à celle des Burséracées.
Dans cette dernière famille, on rencontre notamment : l'Eucens
grand bois [Icica guianensis, Aubl.) ou bois d'élemi, — le cèdre
iciquier ou cèdre blanc, encore appelé cèdre bag-asse ou cèdre rouge
[Icica altissima, Aubl., — le Bursera aracouchini, H. Bn = Icica
heterophi/lla, D. C), — Y Icica pentendra, Aubl. =^ Bursera decandra
H . Bn ou Chipa des indiens Galibis, — le Tapirira guianensis,
Aubl. — , etc., tous produisant une oléo-résine plus ou moins
colorée et parfumée, répandant généralement une plus ou moins
forte odeur de citron.
Parmi les Lauracées, les bois odorants sont encore plus nom-
breux. On peut citer, notamment, le cèdre norir [\ectandra pisi,
Mif{.), le cèdre gris [Ocotea splendens, Meissn. ou Xectandra leu-
caiitha. Nées?), le cèdre-cannelle ou bois cannelle [Ocotea commu-
tata., Nées), la cannelle-girollée ou bois crabe [Dicijpclliuni caryo-
phyllatuni. Nées), le Mabaïma ou Casca pretiosa des Brésiliens
{Mespilodaphne pretiosa, Nées =: Ocotea pretiosa, Mez), le Sassafras
Cayenne [Acrodiclidium chri/sopht/llum, Meissn? ou Cryptocarya
moschata, Nées), le Sassafras Orénoque ou bois d'anis [Nectandra
cymbaruni, Nées? ou Ocotea ci/mharurn H. Bn), le Bébérou ou
cœur vert (^Nectandra Bodiei, Schomb.), le Maraguanziment [Xec-
tandra sanguinea, Rottb.), le Taoub [Ocotea sp.j, le cèdre jaune
[Cryptocarya ?), la Canella de cheiro des Brésiliens {Oreodaphne
guianensis Nées ou Ocotea guianensis, Aubl.), — enfin le bois de
rose [Licaria guianensis, Aubl.).
Les fleurs, les fruits, les feuilles et surtout le bois de tous ces
arbres répandent un arôme plus ou moins pénétrant et agréable,
Rul. du Jardin colonial. 1911. II. — N» 100. l
2 ÉTUDES ET MÉMOIRES
que 1 on a comparé, suivant les espèces, tantôt à 1 odeur de la téi'é-
benthine, du girofle, de l'anis, de la cannelle, tantôt à celle du
citron ou de la bergamote, tantôt à celle de la rose. Soumis à la
distillation, quelques-uns de ces bois ont donné une huile essen-
tielle à base de linalol. Le bois de rose est de ceux-là.
On a donné, à diverses époques, le nom de Ao/.s de rose à des
bois provenant d'espèces- botaniques très différentes. Les plus
anciennement connues sous cette dénomination sont Convolvulus
scopariuft et C. floridus des îles Canaries, encore appelés boia de
lihodes, et dont l'huile essentielle (essence de bois de rose de Téne-
rifjf'e), extraite des racines, est d'une très grande valeur. Quelques
Ehretia ou Cordia, borraginées des Antilles, notamment C f/eras-
canfhus, Jacq., fournissent également un bois débénisterie appelé
bois de rose ou bois de Chypre. 11 en est de même du Jacaranda
plicifolia, big-noniacée du Brésil et des Guvanes, dont le bois odo-
rant, exporté autrefois par Bahia, porte le nom portugais de (londui u
et dans le commerce anglais celui de tulip-wood.
Il s'exporte enfin depuis une trentaine d'années, peut-être davan-
tage, de la Guyane française, un bois de rose qui, d'abord utilisé
sous les dénominations multiples de bois jaune, bois citron de
Cayenne, bois de Taxabn, etc. pour la fabrication de meubles de
luxe et d'objets de marqueterie, ne sert guère aujourd'hui qu'à
l'extraction d'une essence de plus en plus recherchée par les parfu-
meurs, sous le nom d'essence de bois de rose femelle ou linaloc de
Cayenne.
(]ette dernière désignation provient évidemment de la gi;inde
analogie, (jui existe entre cette essence, et celle dite de Linaloé ou
Lignaloès du Mexique. Certains auteurs émettent l'avis que le bois
qui produit par distillation cette dernière essence, et qui fut intro-
duite à la lin du wiii'' siècle dans le commerce européen, sous le
nom de bois de citron^ a dû soit par ignorance, soit par cupidité,
être confondu avec certains bois précieux d'origine orientale, qui
faisaient alors en droguerie l'objet d'un trafic très important, sous
le nom de bois d'aloès, Aloexylon ou Lignum aloes.
Cette explication paraît assez plausible. Toutefois, si l'on remai-que
que, d'après Moëller [Pliarni. Post. 1891)), le vrai bois d'aloès est
complètement inodore et dépourvu de toute trace d'huile essen-
tielle, on sera porté à admettre que le nom de linaloe provien-
drait plutôt par corruption de celui d'Olinala, localité de l'Etat
LE BOIS DE ROSE DE LA GUYANE 3
mexicain de Guerrero, qui est un des principaux centres de pro-
duction de ce bois.
Quoi qu'il en soit, l'arbre producteur de l'essence mexicaine de
linaloé, après avoir été rapporté par Guibourt [His/ . uat. des drogues
simples] à Icic/i altissirna, Aubl. a été déterminé par Poisson {Bull.
Assor. fr. pour Avança Sciences. XIII, ISSi), connue étant une
espèce nouvelle, qu'il a dénommée Bursem Delpechiann, Foiss.
— Hn outre de cette espèce, qui est le véritaJjle li^naloes, et qui
se trouverait être à l'heure actuelle presque complètement épuisée
(E. Holmes, Perfumerij and Ess. OU Record (1910), p. o7), par
suite d'une exploitation intensive, l'essence du Mexique serait
aujourd'hui extraite presque en totalité de B. aloexi/lon., Engl. ou
dopai limon. Il existe du reste dans ce pays de nombreuses
espèces du même ^enre, dont plusieurs sont aromatiques, telles
que B. penicellata , En^j^l. et B. faç/aroides, Eng-l.
(Juant à l'arbre producteur du bois de rose de la Guyane, les
auteurs sont loin d'être d accord sur sa véritable identité. Si le bois,
ainsi que l'essence qu'on en extrait, sont parfaitement connus des
commeri^-ants et des* industriels qui s'y intéressent, il n'en est pas
de même du végétal dont ils proviennent. Fusée-Aublet [Plantes
de la Guiane française, p. 313 (1775) est le seul botaniste qui l'ait
décrit, sous le nom de Licaria guianensis. Encore cette description
est-elle fort incomplète. L'arbre, dit-il, atteint de 50 à 60 pieds de
hauteur, sur trois pieds et plus de diamètre; l'écorce est roug-eâtre,
ridée et gercée, le bois jaunâtre et peu compact. Il porte à son
sommet de grosses branches, dont les unes sont dressées, les autres
inclinées ou presque horizontales, et garnies de rameaux grêles et
très nombreux. Les feuilles sont alternes^ entières, lisses, vertes,
ovales, terminées par une longue pointe mousse; leur pédicule est
court, convexe en dessous et creusé en gouttière en dessus: leur
limbe mesure de 8 à 10 centim. de long sur une largein- de
i centim. environ. « Lorsque cet arbre croît à l'ombre dans les
forêts, ajoute l'auteur, il est de moyenne grandeur. Alors, son
bois est moins compact et moins jaunâtre, et dans cet état il a
lodeur de rose, mais moins forte que celle du bois des vieux troncs.
Ses feuilles sont aussi un peu aromatiques. Je n'ai pu observer ni
les fleurs, ni les fruits de cet arbre, quoique j'en aie rencontré des
pieds plus ou moins forts, en voyageant en différents quartiers de
la Guiane. Cet arbre est nommé Licari Kanali par les Galibis et
4 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Jjois de rose par les habitants. Lorsqu'il est très grand, ils ne le
reconnaissent pas, et alors ils lui donnent le nom de Sassafras. »
D'après Nées {Si/st. laurinarum) et Martius [Syst. mat. ined.
brasiliensis), le Licaria d'Aublet serait identique à Dicypellium
cari/ophyllatum. Nées.
Pour Guibourt Hist. nai. des drogues simples., II, 4'' éd. 1850,
p. 370), le hois de licari ou hais de rose de Cayenne était appelé
par les ébénistes parisiens hois de poivre, à cause de l'âcreté de sa
poussière. D'après cet auteur, c'est ce bois qui porte à Cavenne le
nom de hois de rose mâle. Assez dur et pesant, d une odeur de rose
très marquée, «il fournit, dit-il, k la distillation une huile volatile
jaunâtre, un peu onctueuse, d'une pesanteur spécifique de 0,9882 *;
... il acquiert, étant poli, une teinte fauve, qui se fonce beaucoup
avec le temps. » Quant au hois de rose femelle ou cèdre hlanc,
Guibourt le décrit comme un bois très tendre et très léger, d'un
blanc un peu verdàtre lorsqu'il est récent, devenant jaunîitre à
l'air. « Il possède, ajoute-t-il, une odeur forte tout k fait diiférente
du précédent; cette odeur est celle du citron ou de la bergamote. »
D'après le même auteur, ces deux bois n'appartiennent pas k un
même g'enre d'arbre : le bois de rose femelle serait peut-être Icica
altissima, Aubl. ou encore .4ni7)a guianensis.
D'après Sag-ot [V exploitation des forêts à la Guyane, in Nev.
marit. et col. 1869, p. 228 et suiv.), le Rose femelle et le Sassafras
ne seraient qu'une seule et même plante, Acrodiclidiu m chrysophyl-
lum, Meism., et le Rose mâle serait ét^alement un Acrodiclidium
d'espèce indéterminée.
Pour Haillon [Hist. des plantes, 1870, II, p. i66), les bois de
rose mâle et femelle sont certainement des Lauracées, mais d'un
genre indéterminé et le Licaria d'Aublet est un de ces bois, h' Acro-
diclidium chrysophyllum est un des Sassafras de Cayenne. Quant
à Dicypellium caryophyllatum, qui est reconnu désormais comme
étant la véritable (Cannelle-giroflée du Brésil, c est k tort, dit cet
auteur, qu'on l'a considéré comme fournissant le véritable bois de
rose .
Enfin d'après Garcke et Urban {Jahrhucli der Konigl. liât. (Jart.
und der Bot. Muséum zu Berlin, 1889, p. 220 et 378), le genre
Licaria, Aubl. se confond avec le genre Ocotea, Nées, et le Licaria
I. D'après Holmes /oc. cil. l;i 7" ('(lition porterait le chinVc do 0,882.
LE UOIS DE UOSE DE LA GUVAINE 5
guianensis, x\ubl., après examen du spécimen authentique existant
au Muséum de Paris, doit être considéré comme identique à Ocotea
caudata. Mez. On sait que cette espèce est dioïque et que les fleurs
femelles en sont encore inconnues, tandis que les fleurs mâles sont
extrêmement petites (1mm. à l,o de long-), groupées en courtes
grappes de cymes, au sommet des branches.
Moëller [Pharm. Post. 189G, 46, 48) a confirmé cette détermina-
tion par l'examen histolog-ique du bois de rose femelle du commerce.
Cependant, M. Holmes qui a examiné récemment ces différentes
opinions (Perfiimeri/ and Essential OU Record, i (1910), 32 et
suiv.) croit qu il faut, avec Guibourt, rapporter le bois de rose
femelle à Icica altissinia, Aubl., = Protinni altissimum, March.,
tandis que Licaria (jiiianensis, Aubl. déterminé par les' botanistes
allemands comme étant Ocolea caudata, Mez. serait le bois de rose
mâle des forestiers g-uyanais.
Nous n'aurons pas la témérité démettre une opinion dans un
débat où les plus hautes autorités scientifiques sont en complet
désaccord. Nous sig-nalerons toutefois im point qui a son inqioi--
tance.
C'est que, pour les forestiers comme pour les charpentiers et
ébénistes locaux, c'est-à-dire pour tous ceux qui, à défaut de con-
naissances scientifiques, ont une grande expérience des bois de la
Guyane, rose mâle, rose femelle, sassafras et cèdre blanc sont
autant d'essences bien distinctes c{ue seules les personnes inexpéri-
mentées peuvent parfois confondre entre elles. Le cèdre blanc est
un bois mou de sciage, d'un usage très restreint, ayant à l'état sec
une densité de 0,381 et une force de 62 kilos. Le sassafras est un
bon bois, ré'sistant et durable, employé dans les constructions
civiles et navales, ayant une densité de 0,379 et une force de
156 kilos. Le rose mâle est un bois dur, compact et incorruptible,
bon pour traverses de chemin de fer, d'une densité de 1,108 et une
résistance de 361 kilos. Enfin le rose femelle est un bois jaunâtre
et très parfumé, employé surtout en ébénisterie, d'une densité de
0,648 et d'une force de 18 i kilos ',
Dès lors, si nous voulons résumer les opinions émises, en tâchant
de les concilier avec les propriétés que les praticiens reconnaissent
^ ces divers bois, nous remarquerons :
1. Rapport de M. Diimonteil, sous-ingénieur de la marine, in Annales maritimes
^826. I. ir.
I) ÉTUDES ET MEMOIHES
Qu'il n'est plus permis de confondre désormais aucun des bois
de rose de la Guyane avec Dicypellium carf/ophi/llRtum, dont le
bois fournit une huile essentielle plus lourde que l'eau, à odeur très
caractéristique de g-irofle ;
Que la description donnée par Guibourt du bois de rose mâle
semble s'appliquer en réalité au bois de rose femelle : tandis que
celle qu'il donne du bois de rose femelle ne se rapporte vraisembla-
blement ([uau seul bois de cèdre blanc, et que seule cette dernière
espèce doit être identifiée avec Protium aliissiniuin. Mouch ;
Que, de même, c'est à tort que Sagot a confondu le rose femelle
et le sassafras sous le nom de Acrodiclidium chrysophyllum, déno-
mination qui ne paraît du reste devoir être appliquée ni à l un ni à
l'autre :
(Kie l'essence delignaloéde Cayenne provient indul)itablement du
/joi.s de Henri; f[ue c'est à bon escient que Morin et Barbier avaient
donné le nom de licaréol à son principal constituant chimique; et
que, d autre part, ce bois provient à son tour, sans contestation
possible, du rose femelle et non du rose mâle ;
Enfin que le Licaria guianensis, Aubl. se confond très probable-
ment avec Oco^ea caudata, Mez. = Oreodaphne caudata, Nées.
11 seirrf)le donc que c'est bien à cette dernière espèce que doit
être rapportée l'origine de l'essence de rose de Cayenne. Toutefois,
et quelle que soit l'autorité des savants allemands, l'on ne peut
nier que le dernier doute ne sera levé à ce sujet, que du jour où
les fleurs et les fruits de l'arbre en question auront pu être décrits-
Alors que nous dirigions à la Guyane le jardin d essais de Baduel,
l'un des forestiers les plus expérimentés de la colonie, M. Pierre
Assard, nous avait procuré deux jeunes plants de bois de rose,
comme étant de l'espèce productrice d'essence. Depuis cette époque
tléjà lointaine il81l7-i)8). le jardin de Baduel a été abandonné et
nous avons dû quitter le pays. Toutefois, dix ans après, en 1907.
nous avons revu ces deux sujets, dont l'un atteignait de 3 m. 50 à
i mètrjes de hauteur : ils pouvaient avoir alors <Ie 10 ;i 12 ans
d'existence. Nous devons reconnaître que le porl et les feuilles de
ces arbustes ne nous ont guère paru répondre à la desciùption
d.Vublet. Va\ tout cas, s'ils n'ont pas été détruits depuis, ils ne
doivent pas être éloignés d'enti'er en floraison. Peut-être permet-
tront-ils ainsi de clore bientôt cette curieuse controverse d'une
faeoii délinitive et certaine.
LE 1501S DE ROSE DE LA GUYANE /
Jusqu'ici, il nous a été impossible, comme à tant d'autres avant
nous, de nous procurer les éléments de détermination cjui ont man-
qué à l'^usée-Aublet. Les forestiers les plus dignes de foi affirment
n'avoir jamais remarqué sur les individus abattus ni fleurs, ni
fruits. (]eci laisserait i» supposer, — l'espèce étant dioïque, — que
les arbres exploités pour la distillerie seraient des individus mâles,
dont les inflorescences fragiles et les fleurs presque microscopiques
se dispei'seraient au moment de l'abatage et échapperaient ainsi à
l'attention des ouvriers. Les individus femelles seraient alors i^no-
rés ou connus sous un autre nom, et de cette façon, il se pourrait
que les termes de rose mâle et de rose femelle, qui, dans l'esprit
des forestiers, sont d ailleurs exclusifs de toute idée de sexualité,
exprimassent précisément le contraire de la réalité.
D'une manière générale, il existe une grande confusion dans les
dénominations appliquées parles indigènes aux essences forestières,
surtout à celles appartenant à certaines familles botaniques, telles
que les Safratacées, les Burséracées et les Lauracées. (^ette confu-
sion est bien excusable de la part d'ouvriers pour qui l'aspect de
l'écorce, la contexture du buis, l'odeur qu'ils répandent, la résine
ou le latex qui en découlent sont pour ainsi dire les seuls éléments
de comparaison. Inévitablement, il leur arrive ainsi de donner le
même nom à des arbres qui, tout en se ressemblant beaucoup entre
eux sous certains rapports, peuvent appartenir à des espèces, à des
genres, voire même à des familles. di.fférentes. Mais il faut remar-
quer que le contraire est infiniment plus rare. Les indigènes ne
donnent des noms différents cpi à des arbres présentant entre eux
des dissemblances tellement nettes et accentuées, qu elles dépassent
la limite ordinaire de celles que peut occasionner, sur une même
espèce, la diversité des habitats. Toutefois, les différences d'aspect
et de port chez les individus de sexes différents, peuvent dans
certains cas être assez importantes pour faire croire à des diffé-
rences spécifiques ou d'un ordre plus élevé encore.
Quoi qu'il en soit, et si intéressante que puisse être la question
de l'origine botanique de l'essence de bois de rose femelle, elle est
en somme sans portée pratique. Au point de vue purement indus-
triel, l'arbre dont il s'agit est bien et dûment connu des forestiers
guyanais, pour qui son identité n'offre pas la moindre incertitude.
Et s'il est arrivé à des chercheurs de bois improvisés d'abattre et
d'expédier en Europe des stocks parfois importants de bois res-
8 ÉTUDES ET MÉMOIRES
semblant pkis ou moins au bois de rose femelle et dépourvus de
toute essence exploitable, ce n'est i)as faute de pouvoir mettre un
nom latin sur l'arbre en question, mais faute de savoir reconnaître
dans la foi et une espèce déterminée au milieu de tant d'arbres qui
mêlent leurs branches et leur feuillage à des hauteurs le plus sou-
vent inaccessibles.
Quant à la constitution anatomique de ce bois, les vaisseaux et
les rayons médullaires y sont, d'après Moëller [loc. cit.), visibles à
l'œil nu. Sous le microscope, ces derniers apparaissent comme for-
més d'un ou deux i'ang-s de cellules. La masse du bois est consti-
tuée par des fibres ligneuses fortement épaissies et par des vais-
seaux isolés ou g-roupés par deux ou trois, fréquemment entourés de
trachéides. Les fibres cloisonnées du parenchyme sont çà et là
dilatées en réservoirs d'huile contenant des gouttelettes d'un jaune
citron. Les cellules des rayons médullaires sont pour la plupart
remplies de masses amorphes de couleur violette, mais dans
quelques-unes on remarque des globules jaunâtres ou verdâtres,
solubles dans l'alcool et formés probablement d'huile essentielle.
Une des principales caractéristiques de ce bois est que les vaisseaux
sont souvant envahis par des cellules parenchymateuses ou thylles.
à membrane rarement épaissie. Par le groupement et la forme des
vaisseaux ainsi que par la dissémination du parenchyme sécréteur,
ce bois rappellerait celui du lignaloé mexicain. Mais par tous ses
autres caractères, il reste conforme à la structure générale du bois
des Lauracées et en particulier du genre Ocotea ' .
Exploitation du bois. — L'arbre se trouve répandu dans presque
tous les quartiers de la Guyane, de l'Oyapock au Maroni. Les
distilleries de Gayenne sont alimentées principalement par les
forestiers des communes les plus voisines, Tonnégrande, Montsivéry,
Roura. Elles reçoivent également du bois provenant de Sinnamary,
d'Approuague et surtout de Kaw où l'arbre était particulièrement
commun. Mais presque partout il devient chaque jour plus rare. Il
y a encore quelques années, on le rencontrait assez facilement sur
le bord des rivières navigables, soit isolé, soit groupé en petit
nombre. Aujourd'hui, les chercheurs de bois de rose doivent
s'éloigner de plus en plus des centres habités, remonter les cours
1 . K. Holmes, loc. cil.
LE BOIS DE ROSE DE LA GUYA^E 9
d'eau toujours plus haut, pénétrer dans les terres de plus en plus
loin des rivières pour rencontrer le précieux végétal en âge d'être
utilement exploité. Et. naturellement, dans un pays dépourvu de
routes et de chemins de ter, les difticultés du débardage et du
transport croissent rapidement avec la distance.
Ces difticultés sont telles dans certains cas, (|ue c'est à dos
d'homme que le bois, tronçonné et refendu au lieu de l'abatage,
est porté par petites charges jusqu'au bord de la rivière, d'où il sera
conduit en radeaux ou plus souvent dans des pirogues, jusqu'au
bourg- le plus j)roche. Lorsqu'un stock d'une certaine importance
s'y trouve accumulé, on en charge une grande barque à voile ou
une de ces petites goélettes appelées taponi/es, de 10 à 12 tonneaux
de jauge, qui le transporte à Gayenne.
C'est sur les quais du canal Laussat, où se fait généralement K-
déchargement de ces embarcations, que se traite la vente du bois
de rose aux distillateurs locaux ou aux négociants exportateurs,
comme aussi celle des autres bois de construction ou d'ébénisterie
venant de l'intérieur du pays. Le prix de la tonne a varié considé-
rablement dans ces dernières années. De 75 à (SO francs, il s'est
élevé à diverses reprises à 90 et 100 francs. Depuis quelques mois,
par suite de spéculations qui semblent tout au moins hasardeuses,
il a atteint et dépassé 150 et même ISO francs. Inutile de dire qu'à
ce taux, la distillation du bois de rose perd beaucoup de son intérêt
commercial. Aussi est- il facile de prévoir que, malgré une raréfac-
tion réelle de la matière première, ces prix ne tarderont pas à rede-
venir plus abordables.
Cette situation a amené quelques distillateurs à envisager la pos-
sibilité d'aller, à l'instar des Mexicains, s'établir en pleine forêt,
afin d'éviter ainsi les frais énormes résultant du transport du bois
au chef-lieu en même temps que les pertes qu'il subit, par suite de
son exposition prolongée au soleil. Mais, eu outre des difticultés de
ravitaillement, il faut tenir compte de la nécessité de changer assez
souvent d'emplacement, par suite de la dissémination des sujets
exploitables, ce qui entraînerait non seulement à des frais consi-
dérables, mais encore à des conditions de fabrication tout à tait
défectueuses et un abaissement inévitable de la qualité du produit.
Le bois est livré aux usines en billes plus ou moins cylindriques
de 0 m. 80 à 1 m. 20 de longueur sur 0 m. 10 à 0 m. 25 de dia-
mètre. Celles provenant des troncs de fort diamètre sont refendues
10 ÉTUDES ET MÉMOIRES
sur place en bûches ne dépassant pas ces dimensions. Les morceaux
trop gros sont de nouveau divisés à l'usine, au moyen de la hache
ou de la scie circulaire.
Les tronçons de racines présentent des formes plus ou moins
contournées et déprimées, des nodosités et des anfractuosités où se
log-ent souvent des cailloux qui peuvent endommager les organes
de déchiquetage. Mais ils donnent généralement un excellent ren-
dement.
La coloration du bois révèle sa qualité. Plus il est jaune, plus il
contient d'essence ; le bois blanchâtre ou rougeàtre n'en contient
pas encore ou bien n'en contient plus guère par suite d'une trop
longue exposition à l'air. Sur une section transversale, la zone riche
en huile volatile s'étend de la périphérie vers le centre, dont elle se
rapproche d'autant plus que l'arbre est plus vieux et le bois plus
riche. Au Mexique, les Indiens entaillent à la hache le tronc des
jeunes arbres pour les amener à sécréter une plus grande quantité
d'essence. Ce traitement paraît déterminer dans le jeune bois,
généralement blanc, mou et inodore, une transformation assez
rapide qui en fait un bois dur, coloré et gorgé d'huile essentielle,
(^e qui semble bien concorder avec ce fait d'observation courante
que ce sont les vieux troncs plus ou moins avariés qui contiennent
le plus d'essence, pour indiquer que cette sécrétion ne serait qu'un
produit pathologique.
[A suivre.^ E. Bassières,
IiKjénieur agricole
Inspecteur d'Agriculture aux Culonics.
LAGRICULTUlîK AU CONGO HKLGK
Agriculture et élevage. — Contrôle forestier.
Jardin botanique.
î Suit p.
Plantes textiles.
Textiles. — Les e.ssais entrepris sur rexploitatiou des libres en
{général ont donné des résultats sensiblement inférieurs aux résultats
obtenus dans les (colonies dorig'ine. J'estime ([u à prix ég'al 1 ex-
ploitation serait impossible.
L'installation du matériel de préparation a néanmoins sa raison
d'être pour l'étude des plantes textiles indigènes, soit (|ue les pro-
duits puissent être fournis par lindigène, soit qu'ils présentent un
intérêt quelconque permettant d'envisager la [jossibilité d'une cul-
ture rémunératrice dans la zone côtière.
Elle est d'ailleurs fort simple :
La collection comprend :
Musa textilis (Abacca)
Fourcrova "-iKantea i Manille i
Agave rigida (chanvre de Sisal)
Sanseveria guineensis
— cylindrica
Bœhmeria nivea (ramie).
Plantes fourragères.
Il existe plusieurs variétés de graminées fourragères ayant donné
de bons résultats tant au point de vue facilité de culture qu'au
point de vue de leur ({ualité nutritive. On peut citer principale-
ment :
Dendrocalamus strictus \ ar. introduite 'Indus
Eleusine en var —
Sorghum halepense — herbe de (^uba
Reana luxurians — teorinthe
Panicum maximum \'ar. indigène, herbe de Guinée
Et tous les panicum en général. —
Paspalum conjugatum —
Pennisetum Benthanie — fausse canne à .sucre
12 ÉTUDES ET MÉMOIRES .
A Btmdaka-Kolé (ferme d'élevag-e), on considère le Pennisetum
Benthanie et le Panicum maximum comme les fourrages verts les
plus pratiques à récolter et les plus appréciés des Bovidés.
L'un ([ui est l'herbe de Guinée pousse dans tous les terrains
même les plus arides, l'autre en bordure le long- des rivières et des
marais (fausse canne à sucre). ^^Voir à parag-. Ferme d'élevage.)
Plantes fruitières.
La plupart des arbres fruitiers tropicaux ont été introduits à Eala.
Ils servent principalement à la multiplication par graines pour
l'envoi en plants dans les différents districts. Au point de vue
alimentaire il faut signaler la pomme de terre qui réussit l)ien.
L^ne variété déjà acclimatée à Pakou (Equateur) et cultivée à Eala
aurait donné un rendement moyen de 2.400 kilos à l'hectare.
Le semis se fait en juin et la récolte en octobre.
Cette époque correspond a^la période la moins pluvieuse.
Les cultures vivrières (v. indigènes; sont faites sur de vastes ter-
rains de premier défrichement. Le but de la Direction est de pro-
duire la totalité de la nourriture nécessaire à l'alimentation du
personnel noir qui représente une dépense annuelle de 12.000 Ir.
(manioc, maïs, patates, ignames, mil).
Plantes à caoutchouc.
Voir à chap, spécial : Caoutchouc, Gutta et Engrais.
Laboratoire.
Le laboratoire d'Eala est de création récente (juillet U)0!J). Le
Gouvernement Général le destine spécialement à l'analyse des
terres, mais il est bien évident que le rôle du chimiste ne se bornera
pas là. Ses études porteront dès que l'installation sera terminée,
sur la distillation- des essences, l'analyse des engrais verts, l'anti-
sepsie des latex. Le coût de l'installation matériel compris ne
dépassera pas 8.000 fr.
PlAîN Dl' LABORATOIRE.
Bâtiment en murs de deux briques.
Toiture en pailles du pays.
Plafond en bois.
l'agriculture au CONGO BELGE 43
Deux pièces séparées, l'une servant de salle de manipulation avec
cuve à eau et hotte de tirage; l'autre de bureau avec le matériel
délicat : balances, microscope, etc.
Le coût du matériel est de 4.000 fr. se décomposant comme
suit :
1 Balance de précision
1 — Trébuchet
1 — Roberval •
1 Étuve
1 Bain- marie
200 litres pétrole > ^, ,^
^^^ , 1 t.hauiiaoe
200 — naphte \ "^
i Appareil à distiller (production 10 litres par jour)
1 — de Nobel
i — Schlœsing
1 — Boussingault
Produits chimiques; pipettes, flacons jaugés, ballons,
tamis, entonnoirs, acides, papier à filtrer, etc.
Bibliothèque : Chimie analytique de Blas
Manipulations, Jungfleisch.
Le seul reproche à faire à cette installation peu coûteuse est
d'être un peu trop sommaire, étant donné la valeur des instruments
de précision existants.
École professionnelle.
Créée par arrêté du Gouverneur Général du 3 juillet 1908, cette
école fonctionne régulièrement, mais son organisation est trop
récente pour que l'on puisse en apprécier les résultats.
Il est permis d'estimer cependant que les services qu'elle pourra
rendre dépendront presque uniquement de la façon dont le recrute-
ment des élèves sera fait dans les districts.
Un chef de culture est chargé spécialement de l'éducation des
élèves, qui consiste presque uniquement en travaux pratiques.
L'enseignement théorique est limité à l'écriture et la lecture du
français, les opérations fondamentales de l'arithmétique et le sys-
tème des poids et mesures (art. 9).
La durée de l'apprentissage est de un à deux ans (art. 7). Les
élèves sont nourris, logés et habillés, mais ne reçoivent aucun
14 ÉTUDES ET MÉMOIRES
salaire. Exeeption est faite cependant pour les travailleurs adultes
qui demandent à faire partie de l'Ecole et continuent à toucher
leur salaire.
Le nombre des élèves est actuellement de 20, dont o orig-inaires
de la Province Orientale, 5 du District de l'Aruvimi et 10 de l'Equa-
teur. Le directeur espère former avec certaines races de bons moni-
teurs pour la récolte du caoutchouc. La nécessité de posséder de
bons moniteurs pour la saignée du Fvmtumia ne saurait tarder à se
faire sentir, et c'est une considération qui ne doit pas être perdue
de vue.
La grosse dilîiculté est d'obtenir des élèves de bonne volonté
restant sulïisamment long-temps.
Service intérieur.
Personnel noir. — Le personnel noir est recruté entièrement
dans le District de l'Equateur, mais malgré les peines disciplinaires
donne un rendement très inférieur.
La direction a fait de gros frais pour l'installation et le logement
de ses travailleurs. Les deux camps d'Eala sont installés sur de
vastes espaces bien aérés et comptantes d'arbres fruitiers. La plupart
des maisons sont en briques, les autres en pisé (0 m. x -^ m.) et
reçoivent trois célibataires ou deux ménag-es.
Il y a actuellement 120 maisons, chilTre qui sera augmenté atin
de loger un seul ménage par maison.
Les soins médicaux simples sont donnés à l'appel du matin (pan-
sements sommaires, purj^es, quinine), les malades graves envoyés
à Coquilhatville à Ihôpital.
Les heures de travailsont :
Matin : (i h. à I I h. 1/2 J ™ .,,
o • ^1 . tî I j wi Iravailleurs
Soir : 2 h. a 5 h. 1/2 \
Malin, Travaux pratiques : Oh. à 10 h. ■
"- — théoriques : 10 h. à 1 1 h. 1/2 ■ ,,
. . . i^j levés
Soir, Travaux théoriques : 2 h. à .'Mi. l
— — pratiques : -'i li. à 'ili. 1/2 ;
(Chaque section comprenant de M) à iO manoeuvres est dirigée
par un capita noir (section des pépinières, du Jardin botanique, des
cultures vivrières, etc.).
Le Directeur assiste aux appels, contrôle les punitions; il est
l'agriculture au CONGO BELGE 15
tenu un reg-istre spécial des punitions soumis à un examen sévère
de la part de l'administration supérieure.
Bureaux. — Comptabilité :
I" Situation journalière (listes par sections).
2° Journal (Dépenses journalières).
3° Livre de compte (Contrôle du personnel noir).
4" — — — blanc).
o" Entrée et sortie magasin.
6" Inventaire —
Registres jardin :
1° Cahier des punitions.
2° Inventaire matériel pris en charge.
3° Entrée et sortie des plantes et graines.
40 Registres des saignées (caoutchouc).
5° — plantations.
<)° — herbiers.
7" Indicateur des pièces à l'arrivée et au départ.
8" — ouvrages et publications.
Pièces mensuelles :
l" Observations météorologiques.
2** Liste des plantes et graines envoyées.
3*> Extrait du cahier de punitions.
4° Extrait des livres de comptabilité.
o" Réponses à questionnaire Boma. Gouverneur général (s il
y a lieu).
Pièces semestrielles :
Rapport général sur les cultures.
Croquis et photographies.
La bibliothèque réunit tous les ouvrages parus sur les cultures
coloniales ou traitant des questions économiques qui s'y rattachent
(spécial caoutchouc).
Le Directeur est abonné à toutes les publications d'agriculture
coloniale.
Des casiers spéciaux en zinc sont expédiés de Bruxelles pour la
conservation des herbiers, une salle leur est réservée dans le bâti-
ment de la Direction.
Le matériel de manipulations photographiques ainsi que les appa-
reils (13x!l^ et 9 X 12) sont transférés au Laboratoire.
16 . ÉTUDES ET MÉMOIRES
Chaque échantillon d'herbier doit être accompagné de clichés
numérotés expédiés à Bruxelles.
Élevage.
Ferme de Bandaka-Kolé. — Lessai délevage tenté à Eala en 1902
a complètement échoué. Une partie du bétail introduit provenait
du Bas-Congo (race de Lambi), l'autre partie du Xil. Les bêtes ori-
ginaires du Nil étaient arrivées bien portantes, mais les premières
naissances furent mauvaises et le troupeau périclita rapidement.
Tenant compte de la promiscuité du fleuve et de la présence des
marais avoisinnants. refuge des mouches piqueuses ; le Directeur fît
changer le troupeau et le fit transférer à Mongo, 2 kilomètres
d'Eala, sur une butte élevée bien aérée.
Soit que les bêtes fussent déjà toutes atteintes, soit que l'empla-
cement fût trop l'approché d'Kala, ce transfert n'amena aucune
amélioration, et actuellement, sur 80 têtes de bétail introduites, il
ne reste plus qu'une vache résistant grâce à un traitement vigoureux
à l'arsenic.
Les essais faits à Bakoussou n'ont pas beaucoup mieux réussi.
Toutes les bêtes de Bakoussou sont plus ou moins atteintes de
trypanosomiase.
Par contre, à Bandaka-Kolé, l'essai a parfaitement réussi. Voilà
donc quatre points distants les uns des autres environ de '.i à
i kilomètres. Dans l'un de ces points réussite parfaite, dans les trois
autres échec complet.
Dans trois des postes, toutes les bêtes plus ou moins atteintes de
trypanosomiase (constaté par les visites vétérinaires).
Dans l'autre poste, pas une seule bête atteinte. Au dire de l'éle-
veur de Bandaka-Kolé, il n'y aurait ni mouches piqueuses, ni
tsétsé.
Partout ailleurs, le passant lui-même peut aisément se rendre
compte -<de leur ])résence.
Oci paraît à première vue intéi'essant. cl tenterait it ])rouver que
pour une région ou une superficie de moins de 10 kilomètres, le
ravon d'action des tsétsé serait très limité.
Il suffirait de s'éloigner d'un marais ou d'ime rivière infestée à
une distance de (juelques kilomètres et de choisir un emplacement
un j)eu élevé et bien ventilé pour mettre un troupeau à l'abri des
mouches piqueuses.
LAGRICULTUHE AU CONGO BELGE 17
Voici dans quelles conditions s'est formé le troupeau de Bandaka-
Kolé.
La création de la ferme date de 1904. L'habitation du fermier et
les kraals furent intallés sur le point le plus élevé d'une éminence
formant plateau ayant au plus 51) mètres au-dessus du niveau du
liuki. Les 50 hectares de foret entourant les habitations furent de
suite abattus, dessouchés ; des herbag^'s naturels et spontanés se
formèrent auxquels ou mélang^ea des herbes de Guinée et de Para,
des champs de bananiers, de maïs et de manihot.
Le bétail fut amené en novembre, après deux mois de voyag-e,
du Haut-Xil par la route de l'Ouellé. Les bêtes visitées à leur arri-
vée ne portaient pas trace de maladie. 11 y avait un taureau et
cS vaches qui ont donné, en l'espace de i ans et demi : 30 produits.
o ont été abattus pour la boucherie, les 25 autres sont superbes.
Des 8 vaches, il faut en déduire une pour la reproduction, stérile
ou mal conformée.
Visitées rég'ulièrement par linspecteur-vétérinaire aucune de ces
bêtes n'a été atteinte de maladie depuis 1904.
L'éleveur, européen très soigneux et très au courant des procédés
d'élevag-es européens, a à sa disposition 66 travailleurs chargés des
cultures et de l'entretien des arbres à caoutchouc plantés dans les
pâturages. Sur ces 66 travailleurs, 8 sont affectés spécialement aux
soins du troupeau sous la direction d'un capita originaire de l'Ouellé
(excellent recrutement pour l'élevage). Les Kassaï du Nord sont
également très bons.
Le troupeau ne va au pâturage que vers novembre, lorsque les
herbes sont sèches, et n'est jamais sorti par les temps de pluie.
Chaque bête reçoit, matin et soir, une ration de 25 kilos de fausse
canne ou d'herbe de Guinée (environ 6 à 7 bottes, 3 le matin et
.3 le soir). 1 J travailleurs sont chargés de cette récolte.
En outre de cette ration régulière, les bêtes reçoivent deux fois
par semaine un supplément de bananes, ananas ou manioc.
Elles sont lavées une fois par mois à la phénoline.
L'éleveur de Bakoussou estime que dans un pâturage légèrement
amélioré par l'introduction d'herbe de Guinée, il ne faut pas mettre
plus de 10 bêtes à l'hectare.
A noter que les bêtes de Bakoussou ont toujours reçu les mêmes
soins.
Les étables sont tenues avec un soin méticuleux. Les animaux
Bill, ilu Jardin coIdiuhL 1911. II. — N- Kio. 2
18 ÉTUDES ET >JÉMOlRKS
présentent un poil brillant, les sabots clairs, le corps sans tare et
sans trace de blessures.
Indépendamment des Bovidés, l'élevage des moutons et des
cochons est ég-alement poursuivi dans de bonnes conditions à Ban-
daka-Kolé ; mais ce petit bétail se comporte également bien à
Bakoussou.
Si Ion prend l'exemple de Bandaka-Kolé on peut admettre que
dans un pays à tsétsé il est facile de trouver des emplacements
suffisamment isolés, premier point essentiel.
Le noyau du troupeau introduit devrait être reconnu parfaitement
sain .
Dans une région forestière, la superficie déboisée et transformée
ne devrait pas être inférieure à 50 hectares. Les environs des
étables complètement débroussés et l'emplacement choisi sur le
point le plus élevé et le plus ventilé.
La ration journalière devrait être considérée comme absolument
nécessaire.
Le troupeau ne devrait être amené que lorsque le pâturage serait
suffisamment poussé.
M. Luc.
Inspecleur (V Agriculture des Colonies.
LE SÉSAME DE L'EXTREME-ORIENT
SESAMUM INDICUM DC.
[Suite.]
IV. USAGES DE L'HUILE ET DES TOURTEAUX
APPLICATIONS MÉDICALES.
Huile. — L huile de sésame est une huile essentiellement comes-
tible dans les Indes, dans toute ITndo-Chine, en Malaisie, mais ou
la fait entrer également aux Indes et en Annam dans la fabrication
de certains bonbons.
On l'emploie aussi pour léclairag-e ; elle donne une excellente
lumière, très réj^ulière, extrêmement vive, mais elle se consomme
très rapidement.
Dans toutes ces réj^ions. l'huile de sésame est employée pour
s'oindre le corps ; dans ce cas elle est très souvent parfumée avec
des fleurs de jasmin, de narcisse ou de tubéreuse, voire même des
fleurs de frangipanier. Le fait que cette huile n'a pas de g-oût propre
facilite admirablement l'addition de parfums. Drury et Athinson
nous indiquent la façon indoue de procéder. On ajoute une livre de
Heurs dont on veut obtenir le parfum à 3 litres d'huile. Ce tout est
enfermé dans une bouteille, puis exposé au soleil pendant 40 jours.
Après ce laps de temps, l'huile a suffisamment capté le parfum des
fleurs et peut être employée directement pour s'oindre le corps ;
l'onction se fait généralement dans les Indes à la sortie du bain. 11
existe aussi un autre procédé que signalent Duthie et Fiiller et qui
consiste à disposer par couches superposées et alternatives les graines
de sésame et les fleurs dont on veut parfumer l'huile ; ces tas restent
exposés au soleil pendant un certain temps et le parfum ainsi
obtenu serait suffisamment fort et suffisamment acquis à l'huile que
renferment les graines, pour que celles-ci puissent être pressées sui-
vant le mode habituel et donner directement une huile parfumée
désignée sous le nom de phulel.
L'huile, dans les Indes, est donc principalement employée dans la
pâtisserie, pour s'oindre le corps, pour faire du savon et comme
huile à brûler.
On s'en sert aussi dans la teinturerie comme fixatif des couleurs,
qu'elle lend plus brillantes.
20 ÉTUDES ET .MÉMOIRES
En Angleterre, elle entre dans la fabricaticMi du savon et on rem-
ploie comme huile à brûler.
Tourteaux.— Les tourteaux sont employés dans tout l'Extrême-
Orient pour la nourriture des classes pauvres.
D'autre part, ils sont recherchés pour la nourriture des bestiaux,
dont ils aug-mentent la production du lait; cet usage très fréquent
aux Indes, dans les provinces de l'Ouest surtout, n'est connu en
Indo-Chine que dans les provinces du Sud-Annam et plus particu-
lièrement, presque uniquement pourrait-on dire, dans les villages
Chams, de même qu'au Cambodge.
Aux Indes, on donne également à consommer aux bestiaux les
capsules vides et l'on y considère comme un puissant stimulant, pour
les bêtes ayant à fournir une g-rosse somme de travail, des graines
de sésame écrasées.
Dans tout l'Annam, le tourteau de sésame est précieusement gardé
pour servir d'engrais au tabac.
Feuilles. — En Malaisie. comme d'ailleurs dans le sud de l'Indo-
Chine et aux Indes, les feuilles sont employées pour préparer une
lotion avec laquelle les indigènes se lavent la tête. Cette lotion est
nettement antipelliculaire ; elle favorise en outre le développement du
cheveu et est regardée comme renforçant la couleur noire de celui-ci.
Racines. — On emploie fréquemment aussi, et pour les mêmes
usages, une décoction faite avec la racine de la plante.
Tiffcs. — Enfin les tig-es et les branches desséchées, après la
cueillette des g-raines, sont enfouies dans le sol ; on les estime beau-
coup comme engrais.
PROPRIÉTÉS MÉDICINALES.
C'est surtout aux Indes que les g-raines de sésame ovi l'huile
qu'on en retire trouvent le maximum d'applications ; ceci est dû,
sans doute, au temps immémorial depuis lequel on utilise la plante
et ses différentes parties. A côté d'un certain nombre de pratiques
locales qui n'ont d'autre intérêt que Li curiosité de l'emploi, il existe
de nombreux cas, où l'efficacité incontestable du remède a retenu
l'attention des médecins européens, qui ont même fait pénétrer son
emploi dans la pharmacopée européenne.
Dans la médecine indoue, les graines de sésanie sont considérées
Li: SÉSAMK DE l'eXTRÈ.MK-OUIENT 21
comme éinoUieiites, toniques, diurétiques; elles sout fréquemment
employées dans le cas d hémorroïdes, elles rég-ularisent les selles
et empêchent la constipation. Réduites en pâte, elles sont adminis-
trées avec du beurre dans le cas d'hémorroïdes saig-nantes. On
appli<[ue couramment des cataplasmes de graines de sésame sur les
ulcères, et les graines, de même que Thuile, sont employées comme
régulateur dans la dysenterie.
Le Docteur A. Burn [Bombay Med. Phijs. frans., vol. 1) parle
du traitement des plaies et des ulcères par les pansements à Thuile
de sésame, il les estime très siqiérieurs à tout autre pansement, sur-
tout pendant la saison chaude. Baden Powell prétend qu'au Panjab,
l'huile est employée avec succès pour le traitement des rhumatismes
et des aflections intestinales.
Dans le Dispensaire des Etats-Unis, on indique éi^^alement les
feuilles comme douées de propriétés médicinales, vu qu elles con-
tiennent une matière g-luante. Celle-ci, en présence de l'eau, donne
rapidement un mucilage, qui serait très employé dans les Etats-Unis
du Sud comme boisson, dans le cas de différentes maladies néces-
sitant le secours d'émollients : choléra infantile, diarrhée, dvsente-
rie, catarrhe de la vessie, etc. Une ou deux feuilles fraîches ag'itées
dans une demi-pinte d'eau la rendraient suffisamment visqueuse.
Dans le cas de feuilles sèches il faut avoir recours à de l'eau chaude.
Les médecins des Indes anglaises ne partag-ent pas cette façon
de voir ; on peut citer cependant l'opinion du Docteur Ewers
[Indian médical gazette^ l(S7o, p. 67) : « J'ai employé, dit-il, le
mucilage obtenu des feuilles de la plante indoue dans le traitement
de soixante cas de dysenterie, et dans tous, la guérison s'ensuivit.
La durée du traitement variait de 6 à 7 jours; il faut remarquer
toutefois que mes cas n'étaient pas virulents. » Et il ajoute un peu
plus loin : « Selon moi, la plante agit simplement en tant qu'émol-
lient, mais n'a pas d'influence spécifique sur la maladie. »
Une [)ropriété intéressante de l'huile est encore sig-nalée par le
chirurgien D. R. Thomson : (^elle-ci, d'après lui, est extrêmement
précieuse dans le cas de la pénétration d'épines dans les chairs.
Alors qu'il est impossible d'extraire ces épines avec des pinces, il
suffirait d'enduire le membre atteint d'huile de sésame, les épines
rapidement ramollies par sa présence seraient dissoutes ; ensuite, il
ne reste plus, dit-il, à leur place qu'un petit canal mais toute trace
d'épine a disparu.
Ce sont surtout aux Indes, les graines blanches qui sont recher-
22 , ÉTUDES Kl MÉMUIHES
chées pour l'emploi médical. Les Iiidous emploient l'huile de sésame
comme base de toutes les drogues dont l'emploi nécessite vme huile,
et ce qui la fait rechercher à cet égard est la difliculté ([uelle pré-
sente à rancir.
(ies graines et l'huile tiennent une certaine place dans la phar-
macopée chinoise et sino-annamite. Les graines triturées avec du
sucre sont très estimées par les (Chinois et par les Annamites comme
émollientes, toniques, rafraîchissantes et digestives.
L'hviile est employée fréquemment en Indo-(ihine pour oindre
en hiver le ventre des enfants. Elle forme sans doute à la surface
de celui-ci une couche protectrice, dont l'utilité se trouve justifiée
par ce fait que les enfants jusqu'à 5 ou fi ans courent tout nus au
vent et à la pluie.
On l'emploie parfois comme contre-poison et les Chinois la font
aussi entrer couramment dans la préparation d'onguents divers.
V. — PRODUCTION COMMERCIALE DES GRAINES
DE SÉSAME.
LEUR EXPORTATION ET LEUR CONSOMMATION
EN EUROPE.
L'Inde est le grand fournisseur du marché européen et principa-
lem.ent du marché marseillais, à ce point que l'on peut dire en toute
exactitude que les fluctuations de l'huilerie marseillaise sont liées
pour une grande part aux récoltes de l'Inde.
Or, celle-ci s'attache de plus en plus à la culture des plantes
(thé, cannelle, etc.) à très grand rendement et c'est ce qui nous fait
insister sur l'intérêt qu'a l'Indo-l^hine à développer grandement
cette culture sur son territoire, et la France à l'y encourager, car
le moment est à prévoir où les Indes délaisseront quelque peu le
sésame qui n'est qu'une culture indigène ', pour s'attacher à celle
des plantes les intéressant plus directement ; l'Angleterre, ne
l'oublions pas, n'importe pas chez elle de graines de sésame, elle
n'importe que de l'huile et en très petite quantitt'. |)our les simples
besoins pharmaceutiques.
I. La trituration du sésame et du ricin occupe dans l'Inde un ^^rand nombre d hui-
leries : 75 dans la province du Bengale, 25 dans celle de Bombay. Cette industrie.
.jusqu'ici très primitive, a fait en ces dernières années, de très sérieux efforts pour
perferl ionner smi outillage, pnrnurapôc ((u'cllf (■<) par des rnpitalistcs indifrènes.
LE SÉSAME DK i/eXTRÈ.MD-ORIEM 23
Les exportations du sésame des Indes sont d en moyenne
120.000 tonnes chaque année. Ce chilfre s'est élevé en 1903 à
180.0110 tonnes, mais il est sujet à des variations très grandes et
dans Tannée 1006. la plus mauvaise comme rendem,ent, l'exporta-
tion de ce produit est tombé à 85.000 tonnes ; elle rappelle par ce
chillVc Tannée 1890 qui fut également très mauvaise et ne permit
(ju une exportation de 80.000 tonnes.
Depuis trente ans, c'est le chitTre minimum qui ait été atteint,
or c est encore, comme on le voit, un chiffre respectable si Ton con-
sidère la valeur de la graine qui, suivant les variétés considérées
varie de 30 à 38 francs les 100 kilos.
Les Indes exportent leur sésame en France, en Belgique, en
Allemagne, en Italie, en Autriche-Hongrie et en Egypte, mais la
France seule capte environ les 2/3 de la production mondiale et
Marseille a importé dans ces quinze dernières années une moyenne
annuelle de 75.000 tonnes de graines de sésame, avec un maximum
de 120.000 tonnes en 1903 et un minimum regrettable de i5.000
en 1905.
Les pays de consommation viennent d'être nommés plus haut,
voici un aperçu de leur consommation respective :
En 190i la Hongrie achetait 0.898 quintaux d'huile de sésame.
En 1903 l'Allemagne importait 01 .338 tonnes de graines, en 1901
51.313 tonnes et en 1905, 46.489.
La Belgique en 1904 importait 32.864 tonnes de graines et 32.170
en 1905.
On constatera que ces chiffres vont en diminuant chaque année,
cela tient à ce que les puissances européennes reconnaissent l'avan-
tage qu elles ont à s'adresser directement aux grandes huileries
françaises pour leur fournir un produit tout préparé.
La France voit ses importations réparties sur les différents ports :
Marseille, Dunkerque, le Havre et Bordeaux, par ordre d'impor-
tance; Marseille s'adjoint d'ailleurs presque toute la consommation
et ses importations de sésame dans ses dernières années se chiffrent
ainsi :
En 1902 : 68.585 tonnes
En 1903 : 120,906 —
En 1904 : 84.537 —
En 1905 : i2.860 —
En 1906 : 81.458 —
24 KTLDES KT MKMulKKS
En résumé, en dehors des Indes anglaises, quelques pays exportent
bien des g-raines de sésame, les Indes françaises de i.oOO à 3.000
tonnes, le Levant 15.000 tonnes environ : la Chine et le Siam,
de même quelques régions africaines le golfe Persique et l'Indo-
Chine font de timides essais, mais leur exportation nest qu'un
chilTre insignifiant dans la production mondiale.
L exportation peut être considérée comme restant à l'heure
actuelle entièrement entre les mains des Indes anglaises avec une
moyenne de 100 à loO.O(MJ tonnes.
Nous ne pourrons jamais trop insister sur ce fait que 1 huilerie
française manque de nuHière première et (jue, par conséquent, la
production de celle-ci s'impose. Or, l'Indo-Chine est admirablement
aménagée pour cette production. Il n'y a qu'à la développer et à la
diriger. De plus, il n'est que temps de l'entreprendre, car nos voi-
sins, les .\méricains des Philippines, comprenant très bien le parti
que l'on peut tirer du sésame, encouragent beaucoup sa culture dans
leurs îles et avant dix ans nous verrons les l^hilippines compter
comme pays d'exportation des oléagineux.
Or le climat et les terres des Philippines ont de grands rapports
avec le climat et le sol indo-chinois tout en étant moins favorables.,
ainsi qu'en témoigne la flore des deux pays.
"Devrons-nous donc attendre que les Américains nous montrent
ce qu'on peut tirer des colonies placées sous ces latitudes au point
de vue des oléagineux, pour nous décider à tourner notre attention
et nos capitaux vers ces productions ?
La leçon serait dure et nous ne saurions trop engager nos pro-
ducteurs métropolitains d'huile et de savon à devenir enfin proprié-
taires ou tout au moins à acheter en Indo-Chine et faire produire
par conséquent la matière première qui leur est nécessaire, au lieu
de rester indéfiniment tributaires d'une production étrangère qu'ils
ne peuvent réglementer et dont notre industrie nationale est obligée
de subir les fluctuations !
VI — ÉTUDE INDUSTRIELLE DES PRODUITS
FOURNIS PAR LES GRAINES DE SÉSAME
A. — Huile.
Procédé européen d'extraction de l'huile de sésame. Bésidua
industriels. — Xous devons à l'amabilité de M. Millinu. \p distinsrué
LE SESAME UE L EXTKEME-OKIEN l" ^O
directeur du Laboratoire ofliciel d'essais techniques de Marseille,
la plupart des renseig'iiements qui suivent, concernant la fabrication
de l'huile de sésame à Marseille, ainsi que les procédés de vérifica-
tion permettant de déceler ou les falsifications de l'huile de sésame
ou sa présence dans d'autres huiles.
Extraction de Vhuilo. — Les graines de sésanie sont soumises
dans les huileries à plusieurs pressions destinées à extraire l'huile
qu'elles renferment. Cette expression se fait par trois passages sous
la presse hydraulique. La première pression fournit les huiles extra-
fines comestibles, la deuxième donne des huiles fines encore très
estimées pour le même usage, la troisième les huiles employées en
savonnerie. La série des opérations est la suivante :
Après un nettoyage mécanique plus ou moins complet, suivi d un
ou deux broyages entre deux cylindres triturateurs, les graines
placées dans le scourtin et tassées sous la presse préparatoire sont
soumises à la première pression pendant une heure à une heure et
demie. Le rendement est de 32 k 35 "/o d'huile.
Le résidu est broyé dans un moulin avec addition de 4 à a "/„
d'eau, puis passe à la deuxième pression. Pendant une heure, il
abandonne 5 à 6 % d'huile.
Cette opération est renouvelée une seconde fois avec la même
quantité d'eau et en ajoutant tous les déchets et crasses de fabrica-
tion ; le broyage un peu,plus long est suivi d'un chauiïage à 45° ou
à 50**. La troisième pression donne 9 à 10 "/o d'huile.
Telle est en général la marche suivie par les huileries marseil-
laises; elle n'est pas absolue car, même à Marseille, il est certaines
variétés de sésame qu'on travaille en deux pressions. En Allemagne
les deuxième et troisième pressions sont faites k chaud.
Le tourteau qui en résulte contient encore 8 et même 10 "/o d'huile.
11 est très apprécié pour l'alimentation des bestiaux. Si l'on désire
pousser l'extraction de l'huile plus loin, il est nécessaire de procéder
alors par épuisement au moyen d'un dissolvant comme le sulfure
de carbone. On obtient ainsi une quatrième qualité d'huile utilisable
seulement en savonnerie et un tourteau contenant environ 1 "/c
d'huile et servant comme engrais.
Huiles de /"", !^«, ^^ et # pression. — L'huile de sésame jtremière
pression est de couleur jaune clair, de saveiu- douce et agréable.
2(i ÉTUDES ET MÉMOIRES
sans odeui' cl de bonne conservation. Elle constitue une huile
comestible très appréciée ; dans certaines contrées, elle est même
préférée à l'huile d'olives.
Lluiile deuxième pression est plus foncée, de goût un peu plus
fort. Hlle est fréquemment traitée à la terre à foulon, ce quiTéclair-
cit, la blanchit mémo et la rapproche beaucoup des qualités dites
(( l'*^ pression ».
Ces deux ({ualités entrent couramment dans la fabrication des
graisses alimentaires composées, dites margarines, dans la propor-
tion de 50 à 80 °/o.
Lhuile de troisième jtression à chaud, n'est plus comestible ; sa
couleur est foncée, son goût désagréable, son acidité forte. On la
soumet parfois à un raffinage à la soude qui la neutralise, éclaircit
.sa couleur et permet de l'écouler avec la « 2*^ pression ». Le résidu
savonneux de l'épuration est livré à la savonnerie.
L'huile sulfurée nest susceptible d'aucun raffinage, sa couleur
est très foncée, sa consistance souvent pâteuse, son odeur repous-
sante, son acidité exagérée (50 à 70 *'/o). Elle ne s'emploie qu'en
savonnerie.
Propriétés p/ujsiques et chimiques. — L'huile fraîchement fabri-
(juée a toujours une saveur un peu forte qui disparaît avec le temps.
Sa densité à L5° = 923.
Pressée à chaud = 924. ' •
Pour le sésame du Levant = 926, 5.
D'après Leone et Longi son indice de réfraction est :
I,i902àl0"
1,4854 à 23".
La densité des acides gras ^^ 908, 5 à 909, 5.
Ils se concrètent à 32-3 i" et d'après Benedikt fondent à 2()".
La saponification suif, absolue ^ 54 à 60.
La Saj)onification suif, relative = 1iO-L54.
La saponification de 1 00 grammes d'acide gras exige 19 gr. 93 de
potasse caustique.
La solidification des acides gras a lieu vers 22", leur saturation
vers 17.7.
La solubilité des alcools absolus = 41 "/„.
Le pouvoir rotatoire est dextrogyre. •
LE SÉSAMt: DK L EXTKÈME-ORIKÎST 2/
L huile de sésame est constituée par les g'iycérides des acides
gras suivants :
Concrets (12 à 20 "/o) = palmitique.
stéarique.
Fluides (80 à 88»/o) = oléique.
linoléique.
A côté de ces constituants principaux on a pu constater la pré-
sence d'une petite quantité (moins de l°/o de matières g-rasses insa-
ponifiables, dans lesquelles on a réussi à déceler plusieurs corps
différents :
L,& phytostérine. alcool spécial à l'huile de sésame.
La sésarnine, corps k fonctions indéterminées, spécial également
à l'huile de sésame.
A 4" C. l'huile de sésame paraît encore parfaitement tluide, elle
ne se congèle qu'à — o** G. et se prend en une masse d'un blanc
jaunâtre translucide, rappelant la consistance de l'huile de palmiste,
à laquelle elle ressemble beaucoup, toutefois elle est exempte de tout
dépôt granuleux.
Chauffée à 100°, l'huile de sésame commence à bouillir sensible-
ment.
A loO** C. elle commence à chang-er de couleur et devient de
plus en plus pâle jusqu'à 215°. Il s'en dég-a^^e à ce moment des
vapeurs blanches. Au fur et à mesure qu'elle refroidit, elle reprend
sa couleur naturelle. A partir de 300°. l'huile .se colore de plus en
plus jusqu'à devenir brun foncé. Une fois refroidie, elle laisse,
comme la glycérine, voir sous l'incidence oblique de la lumière un
reflet très apparent vert-serin (Fritsch).
L'huile de sésame agitée avec de Féther sulfurique donne une
émulsion blanche. Après un court re[)os les deux liquides se séparent
mais l'huile se trouve presque entièrement décolorée.
Traitée par l'acide sulfurique concentré, elle se colore au bout de
quelques instants en brun rougeàtre foncé et prend un aspect géla-
tineux. Si on la chauffe avec l'acide, la coloration augmente, et
Ion constate un dégagement d'acide sulfureux. Si l'on mélange ce
liquide avec de l'eau après l'avoir soumis à la chaleur, on voit se
former un dépôt caséeux, en partie blanc et en partie pourpre
(Fritsch).
L'acide chlorhydrique concentré ne produit aucune altération,
même lorsqu'on porte le mélange jusqu'à l'ébullition, l'huile con-
.serve sa couleur primitive et sa fluidité ne parait pas changée.
2S ÉTUDES ET MÉMOIRES
L'acide azotique la colore en jaune-oraug-é, si l'on chaulîe le
niélang-e on constate la formation d'une masse épaisse et écumeuse.
L'acétate de plomb produit une émuLsion blanche très épaisse.
FulHificntions. — L'huile de sésame est falsifiée avec de l'huile
d'arachides, mais elle sert elle-même à falsifier l'huile d'olives et
l'huile d'o'illette.
La vérilication de la pureté de l'huile de sésame se constate
d'abord à laide des constantes que nous avons données plus haut,
d'après la méthode générale d'analyse des corps gras, mais d'autre
part, la grande facilité avec laquelle cette huile donne naissance à
des réactions colorées intenses, peut aussi servir à vérifier rapi-
dement sa pureté. Voici deux essais basés sur cette propriété :
!*• Lorsqu'on agite lOcc. d'huile de sésame, d'abord avec o gouttes
d'acide sulfurique à 53" B*^, puis avec "5 gouttes d'acide azotique à
28° B'\ la masse est nuancée progressivement par des teintes graduées
passant par le vert clair, vert foncé, vert noir, brun et rouge. Ce
phénomène ne se produit pas avec les autres huiles, maison l'obtient
quelquefois avec des huiles de sésame légèrement adultérées ; de
plus, les huiles de sésame industrielles pressées à chaud peuvent
donner, (quoique pures, des résultats négatifs.
2° La couleur rouge finale obtenue par cette oxydation progres-
sive de la matière colorante, jaunit par l'action des alcalis et reprend
sa couleur primitive en liqueur acide (Milliau).
On agite pendant une minute lOcc. d'huile avec 4 gouttes. d'acide
sulfuritpie pur à 66" ; on ajoute une goutte d'acide azotique et on
agite de nouveau vivement l'huile : de sésame pure noircit immédia-
tement.
Procédé Milliau. — L'huile de sésame contenant du ricin reste
jaune trouble. Cette réaction est utilisée pour la vérification des
huiles industrielles pouvant contenir des huiles de ricin, falsifica-
tion dangereuse lorsqu'elle est ignorée du savonnier.
Hecherchc île V huile de sésame dans les autres huiles.
Procédé Camoin. — Il consiste à agiter pendant une minute
2 volumes d'huile et 1 volume d'acide chlorhydrique de densité 1,38
saturé de sucre. L huile de sésame est immédiatement décelée par
LK SÉSAME DE L'EXTHÈME-OKIE^T 29
une coloration rouge caractéristique. Cette coloration est encore
sensible dans les mélanges à 3 °/o de sésame et au-dessous.
Villarecchia et Fa/>/'is remplacent le sucre par lefurfurol, Tarhhon
par le glucose. Ces modifications peu importantes n'améliorent
pas la réaction primitive. En tous cas, d'après M. Milliau, elles pré-
sentent les mêmes imperfections dans l'analyse de certaines huiles
d olives. En effet, l'olive contient des matières colorantes, insolubles
dans l'huile, mais solubles dans la partie aqueuse du fruit. Ces
matières qui sont colorées en rouge par l'acide chlorhydrique sucré,
le furfurol, etc. souillent souvent l'huile fraîche qui n'a pas perdu
entièrement son humidité et peuvent faire supposer à tort que
l'huile a été adultérée.
Dans ce cas, il convient, toujours à l'aide des mêmes réactifs,
d'opérer non sur l'huile elle-même mais sur les acides gras naissants
du produit rectifié.
Le mode opératoire est le suivant : On saponifie 15 grammes
d'huile comme il a été prescrit ; on dissout le savon et on le décom-
pose par l'acide sulfurique étendu. Les acides gras sont recueillis,
dès qu'ils montent à la surface à l'état pâteux ; on les lave en les
agitant deux fois avec 15 ce. d'eau distillée dans un tube à essai ;
onégoutte et on place les acides gras dans une étuvecliautfée à 105*'.
Lorsque la majeure partie de l'eau est éliminée et que ceux-ci com-
mencent à fondre, on les verse sur leur djemi-volume d'acide chlor-
hydrique pur, dans lequel on vient de dissoudre à froid et à satu-
ration du sucre pulvérisé ; on agite vivement le tube à essai.
La présence de l'huile de sésame est toujours nettement indiquée
parla coloration rose et rouge que prend la couche acide. Les autres
huiles laissent l'acide incolore ovi lui communiquent une teinte jau-
nâtre (Milliau).
Comme l'huile de sésame est celle qui donne avec le plus d'inten-
sité et de facilité des réactions colorées, il existe un grand nombre
d'autres procédés qui peuvent trouver leur emploi, soit en se con-
firmant l'un l'autre, soit en permettant d'apprécier approximati-
vement la proportion de sésame, en raison de leur sensibilité diffé-
rente.
Réaction Bellier. — On agite une minute, volumes égaux d'huile,
d'acide azotique pur et d'une solution saturée de résorcine dans la
benzine pure.
'M) ÉTUDES iiT MÉMOIRKS
A 20 "/„ de sésame, l'émulsion passe instantanément au violet et
vire de même sur le vert au bout d'une demi-minute.
A 10 " o ^^ teinte violette se développe en 10 secondes et vire sur
le vert au bout d'une demi-minute.
A 5 °/o et à 2,5 ° /„ les mêmes phénomènes s'observent, mais en
teintes de plus en ])lus atténuées.
A I 1/4 ''/o les teintes sont extrêmement faibles et très fugaces.
Après repos et séparation des deux couches, on observe les
phénomènes suivants :
A 20 °/o la couche acide inférieure est d'un vert bleuâtre intense
persistant un quart d'heure.
A 10 et o "/„ la couche acide est toujours nettement verte, mais
tourne au jaunâtre au bout d'un temps plus ou moins long.
A 2,o et l,i °/„ la teinte verdàtre n'est plus nette et vire rapi-
dement au jaune.
Les autres huiles de g-raines donnent bien la première teinte vio-
lacée de l'émulsion ; mais la teinte verte de la couche acide esf
caractéris/if/tio du npuame. La sensibilité de ce produit est de o •'/o.
Procédé au formol. — On prépare la solution : 10 ce. aldéhyde for-
mique à 40 "/o, '00 ce. eau distillée, 10 ce. acide sulfurique pur. On
agite à froid volumes égaux de cette liqueur et d'huile pendant une
minute :
A 20 "/„ on obtient une émulsion gris sale,
A 10 "/„ une émulsion gris sale,
A 5 "/o une émulsion grise.
Au-dessous de cette teneur, émulsion incolore.
Par le repos, la teinte fonce et de plus en plus lentement à
mesure ([ue la dilution augmente. A 20 "/„ elle prend une couleur
gris bleuâtre foncé, à 10 et o "/o elle ne vire qu'à la teinte café au
lait. La sensibilité de ce procédé est au plus de o"/o et encore, en
opérant avec un type pur, pour pouvoir par comparaison apprécier
le changement de teinte.
Procédé Ca'dlelcl . — Acide sulfurique pur 5 ce, eau 3 ce. ; on
mélange rapidement dans un tube à essai. On verse immédiatement
4 ce. d'huile, puis 3 ce. d'acide azotique, on agite fortement pentlant
30 minutes et on plonge durant o minutes dans l'eau froide :
l'huile tourne au rouge et l'acide au jaune orange. Kn laissant au
LE SÉSAME DE LEXTRÈME-ORIENT 3i
préalable refroidir le mélange d'eau et d'acide sulfurique et
opérant ensuite comme il est indiqué, on obtient finalement une
coloration verte de la couche huileuse ''Milliau).
Procédé Behrens modifié. — On prépare une solution acide avec
50 centimètres cubes d'acide sulfurique pur et concentré et 30 cen-
timètres cubes d'eau. On agite à froid pendant une minute 8 cen-
timètres cubes de cet acide étendu avec 4 ce. d'huile et 3 ce.
d'acide azotique pur à 36° Baume.
A 20 °/o de sésame, l'émulsion prend une teinte vert d'herbe
intense persistant quelques minutes.
A 10 7o on obtient le même vert, mais disparaissant en une demi-
minute.
A o °/o teinte jaune verdàtre pas nette.
La sensibilité de ce procédé ne permet d'accuser que 10 *•/„ de
sésame.
Procédé au vanadate d'ammoniaque. — Le réactif est formé de
2 grammes de vanadate d'ammoniaque dissous dans 50 grammes
d'eau et 100 grammes d'acide sulfurique pur.
On agite une minute volumes égaux de réactif et d'huile :
A 20 °/o émulsion brun verdàtre sale, passant au vert foncé.
A 10 °/o émulsion plus jaune, passant au vert jaunâtre.
A 5 °/o émulsion orange sale, passant au jaune.
Après la séparation des deux couches, l'acide présente les teintes
suivantes :
A 20 "/o, vert foncé très net.
A 10 °/o, brun verdàtre peu net.
Au-dessous de 10 %, brun.
Ce procédé n'est donc vraiment sensible qu'à partir de 20 "/q. La
teinte verte de la couche acide est caractéristique du sésame.
Procédé Tocher. — On dissout 1 gramme de pyrogallol dans
15 centimètres cubes d'acide ctilorhydrique concentré; on agite la
dissolution une minute dans un petit entonnoir à décantation avec
15 centimètres cubes de l'huile à examiner. On laisse reposer, on
soutire la couche acide et on la fait bouillir 5 minutes.
La liqueur qui est couleur fleur de pêcher passe par l'ébullition
k une teinte violet bleu par réflexion, rougeàtre par transmission.
32
ETUDES ET MKMOIRKS
Cette réaction paraît dépendre de la (jualité du sésame entrant
dans le mélange. En effet, M. Milliau a trouvé des sésames comes-
tibles, jaune clair, filtrés, qui n'étaient décelés qu'à oO "/o tandis
que les sésames sulfurés bruts étaient très nettement accusés à
H. l'oIRTEAlX.
Le tourteau résiduel de l'expression de 1 huile se présente sous la
forme d'un g-àteau plat carré de 3 kilos environ. On désigne dans
le commerce marseillais, ceux qui proviennent du traitement des
graines d'Extrême-Orient, sous le nom de tourteaux de sésame
enveloppés, ou encore de tourteaux du sésame à enveloppe mince, la
désignation de tourteau de sésame à double enveloppe ou à enveloppe
épaisse s'appliquant aux tourteaux résultant du traitement des
graines de S. occidentale Steer et Hegel.
Les tourteaux à enveloppe mince offrent les teintes les plus
diverses, du gris au brun pres([ue noir, suivant là nature des graines
qui ont servi à les préparer.
Composition chimique. — A l'analyse, ces tourteaux présentent
la composition moyenne suivante variable un peu avec les prove-
nances :
Humidité 11,10
Matière grasse 42,80
Matières protéiques. 37,20
— hydrocarbonées.. 20,50
Cellulose 7,50
Gendres 10,90
Les tourteaux ont toujours une couleur j)lus foncée à l'intérieur,
ils sont généralement très durs.
Si on les examine à la loupe, on distinguera nettcnieut dans les
tourteaux noirs les particules colorées représentant les débris du
spermoderme, cette distinction devient très dillicile dans les tour-
teaux blancs. Lorsqu'ils sont frais, ils dégagent une légère odeur
oléagineuse et sont inodores lorsqu'ils sont bien secs, mais cette
odeur réapparaît si on les met en présence d'une humidité même
légère.
MM. Ccdlin et Em. Perrol, dans leur ouvrage « /.es Hésidus
LE SÉSAME DR l'eXTRÊME-ORIENT
33
industriels utilisés par l Agriculture <> nous donnent les caracté-
ristiques des tourteaux de sésame. Quand les tourteaux sont désa-
grégés dans l'eau chaude ou alcalinisée, qu'ils colorent diversement
et à laquelle ils cèdent rapidement leur principe colorant très
soluhle il est facile, nous disent-ils, de distinguer leurs éléments
constituants ; « Le tégument externe est toujours facilement
reconnaissable à sa teinte ; V albumen, eu égard à la consistance de la
Fig. 23.
Éléments constitutifs du tourteau de Sésame.
cuticule qui le recouvre extérieurement^ a un aspect papyracé tout
à fait caractéristique. Bien plus résistant que l embryon, qui se laisse
désagréger sous Vaction des meules, l'albumen se crève sans se
dissocier et se retrouve souvent tout entier avec une forme qui repro-
duit exactement celle de la graine; cette particularité caractérise
très nettement le tourteau de sésame. »
A côté de ces albumens tout entiers, on trouve beaucoup de
fragments qui ne se sont que des débris de l'albumen déchiré. Ils
sont presque toujours recouverts par le spermoderme, en général
très mince dans les graines de Sesamum indien m.
Bill, du lardin rninninl. ifttl . II. — N° 100. 3
34 lilTDES ET MÉMOIRES
MM. Collin et Perrot nous donnent ensuite un certain nombre de
caractères microscopiques permettant dopérer à coup sûr lidentiti-
cation des tourteaux de sésame :
Ces caractères consistent :
1" Dans la présence à peu près constante, dans presque toutes
les cellules du tégument externe d'un très g-ros cristal doxalate de
chaux disposé en rosette et marqué de stries entremêlées (fig. 25).
2" Dans la présence de nombreux débris parcheminés très résis-
tants, d'une teinte blanche, appartenant à l'albumen.
3" Dans la forme ovale des grains d'aleurone qui, couronnés à
l'un de leurs pôles par un petit globoïde, contiennent un gros cris-
talloïde prismatique.
Usages .
\" Dans lalimenlation du bétail. — Le tourteau de sésame qui,
dans rinde, contribue souvent à l'alimentation des classes pauvres,
convient parfaitement à 1 alimentation du bétfiil, particulièrement
des ruminants. La défaveur jetée au déliut sur son emploi
n'avait d'autre raison d'être que les quelques accidents survenus en
Europe par l'absorption de tourteau préparé avec des graines ava-
riées pendant la traversée. Les moyens de transport actuels per-
mettent aujourd'hui de livrer des tourteaux irréprochables et dont
il doit être fait grand cas en agriculture.
En effet, les expériences, qui ont été faites pour l'introduction de
ce produit dans les rations alimentaires du bétail, ont démontré sa
valeur pour le développement des jeunes et 1 engraissement des
adultes. La quantité introduite journellement dans l'alimentation
peut varier de 1 à 3 kilos pour les bovidés et de 250 à TJOO grammes
pour les ovidés. Ce tourteau est administré quehjuefois seul, soit
en mélange avec das racines, mais mieux sous forme de buvées.
Les principes immédiats, dont nous avons plus haut donné la
proportion, ne sont pas entièrement assimilés par l'aninial, on a
déterminé la proportion des matières digestibles qui est en moyenne
de :
Matières protéiques 36,5 "/„
grasses 11,5 —
— hydrocarbonées . 15,5 —
Le tourteau de sésame constitue donc un aliment concentré 1res
riche en matières protéi(jues à grands coelïîcients de digestibilité, et
LE SÉSAMK DE LEXTRÈME-OKIEM' 33
M. Garola a conclu que le cultivateur avait grand intérêt à substi-
tuer le tourteau de sésame au mélange d'orge et d'avoine employé
habituellement.
L'action de ce tourteau, quoique d'une valeur moindre pour la pro-
duction du lait que pour l'engraissement du bétail, n'en entraîne pas
moins dans le lait des vaches alimentées par lui une surproduction
de 21 grammes de substances nutritives et de 8 grammes de beurre.
Ajoutons que, pour l'alimentation, on préfère en général les tour-
teaux blancs. Ceux de sésame sulfurés peuvent être également
donnés sans danger et sont acceptés par le bétail ; toutefois, celui-
ci marque une certaine répugnance pour les tourteaux de couleur
noirâtre.
2" Comme engrais. — La valeur fertilisante du tourteau de
sésame est de tout premier ordre, surtout par sa richesse en azote.
Sa richesse moyenne en éléments fertilisants est la suivante :
Azote 6,34
Acide phosphorique. 2,03
Potasse 1,45
On peut dire que 100 kilos de tourteau de sésame représentent
1 . io2 kilos de fumier au point de vue de l'azote et 1.035 kilos au
point de vue de l'acide phosphorique.
Les expériences de M. Malpeau sur la valeur fertilisante des dif-
férents tourteaux dans la culture de la betterave et de l'avoine l'ont
amené à considérer le tourteau de sésame comme ayant une valeur
bien supérieure à tous les autres.
Ce sont surtout des tourteaux sulfurés dont on se sert comme
engrais. Ils se présentent en général sous la forme d'une poudre
granulée plus ou moins fine et de couleur gris noirâtre, tantôt au
contraire sous l'aspect de fragments très irréguliers et très durs,
dont la taille varie depuis celle d'un pois jusqu'à celle d'un œuf de
pigeon.
Valeur marchande des tourteaux de sésame.
Le cours actuel des tourteaux de sésame est le suivant :
Tourteaux alimentaires blancs. 14 fr. à li fr. 50
— sulfurés 12 fr. 25
M. Milliau, dans une remarque fort importante, montre l'intérêt
qu'il y a k comparer pour les tourteaux leur valeur au point de vue
36 ÉTUDES ET MÉMOIRES
alimentaire ou engrais, comparativement avec lem- cours commer-
cial.
En se basant sur la quantité moyenne de principes digestibles
donnés plus haut on arrive à une valeur approchée de :
Matières azotées 33,5 x 0 fr. 40 = 14 fr. 20
— grasses 11,5x0fr. 20= 2 fr. 30
— hvdrocarbonées. 15,5x0fr. 10^ 1 fr. 55
18fr.05
Aussi le prix de 14 fr. 50 est-il tout à fait avantageux pour
l'acheteur.
De même, au point de vue eng-rais, la valeur calculée au cours
du jour est de :
Azote . 6,34 X 1 fr. 90 = 12 fr. 04
Acide phosphorique. . . . 2,03 X 0 fr. 50 = I fr. 01
Potasse 1 ,45 X 0 fr. 40 = 0 fr. 58
13 fr. 63
valeur un peu supérieure au cours actuel du tourteau de sésame.
Nous espérons avoir montré par ce qui précède l'importance des
produits du sésame, tant au point de vue ag-ricole qu'au point de
vue industriel, et l'intérêt, par conséquent, qu'il y aurait pour notre
pays à produire lui-même la matière première.
Et nous conclurons ainsi :
La culture du sésame peut être très rémunératrice pour l'indigène
en Indo-Chine ; elle serait d'un bon rapport pour les capitalistes
métropolitains, s'ils l'associaient sur de grands espaces à celle de
l'Arachide, du Ricin, du Cocotier et de l'Abrasin.
On arriverait en peu de temps à concurrencer sérieusement
d'abord, et peu à peu, d'une façon à peu près définitive, la produc-
tion indoue, dont l'industrie française est tributaire.
Ph. Eberhardt,
Docteur es sciences,
Inspecteur (V Agriculture en Indo-Chine.
PLANTES MÉDICINALES
DE LA GUINÉE FRANÇAISE
[Suite.)
Kigela pinnata.
BiGNONIACÉE.
Saucissonnier.
Limbi Lamban (M.), Touda (S.).
Arbre moyen, fétiche dans quelques contrées, dont les fruits en
forme de gros saucisson passent pour toxiques.
Koélé ouAo/e/l//a/i (F.).
Arbuste à graines rouges comestibles, feuilles odorantes.
Contre les migraines et névralgies, cataplasme des feuilles bouil-
lies, ou bien feuilles crues pilées et respirées.
Kognon (F.).
Léguminelse mimosée.
Liane sarmenteuse très épineuse et commune dont on forme des
haies.
Les Foulas emploient l'infusion des feuilles en gargarisme contre
lintlammation des gencives et les maux de dents.
Koulo Koulo (F.), Kolokolo(M.).
LÉGUMINEUSE CÉSALPINIÉE.
Arbre moyen à bois très dur commun dans les taillis du Fouta et
de la Haute- Guinée.
Pour les maladies des yeux, les indigènes font macérer les feuilles
et l'écorce pour des lavages chauds.
L'infusion des feuilles est donnée aux enfants pendant la denti-
tion : on s'en sert également en fumigations et massages pour faire
disparaître les courbatures.
38 ÉTUDES ET :\1ÉM0IRES
Landan Edy (F.).
Arbre moyen à feuilles vert foncé. Sert pour les maladies des
enfants ; macération de l'écorce en lotions, écorce bouillie pour laver
les yeux.
L'écorce séchée et pilée est également employée pour saupoudrer
les g^randes plaies.
Lantana alba et L. rosea.
Verbénacées.
Plantes sarmenteuses, légèrement épineuses, avec lesquelles on
fait des haies. Ces plantes ont dû être importées et se propagent
rapidement, car elles existent dans beaucoup de villages, surtout
à la côte.
Les feuilles odorantes servent à faire un thé très aromatique
qui est utile dans les accès de fièvre.
Lawsonia alba.
Lythrariées.
Henné des Arabes.
Arbuste qui a également dû être importé par les Musulmans du
Nord, car il n'existe que dans quelques villages.
Les feuilles sont employées généralement par les noirs pour colo-
rer en rouge leurs ongles, leur barbe et quelquefois la crinière de
leurs chevaux.
Mais elles servent aussi comme médicament pour les maladies
de la peau et la lèpre.
La décoction des racines passe pour emménag-ogue.
Les feuilles pilées sont mises sur les blessures.
Lepidagathis sp.
ACANTHACÉB.
Bénéfi (M.).
Plante commune en Haute-Guinée où elle forme de grosses touffes
ornementales.
La graine grillée et écrasée sert à faire une décoction pour laver
les yeux. Les tiges et racines sont également employées à l'intérieur
comme purgatif et dépuratif.
PLANTES MÉDICINALES DK LA GULNÉE FRANÇAISE 39
Liliacées.
Asparagus sp.
Iiia Xiag-a (M.).
Les usperg-es sauvages sont très communes et existent en plusieurs
variétés rigides ou grimpantes.
Une espèce commune au Fouta donne des tiges comestibles.
La décoction des racines passe pour purgative, dépura tive et diu-
rétique ; elle est employée contre la blennorrhagie et la syphilis.
Gloriosa superba.
Lis grimpant
Plante grimpante, ornementale, a grandes fleurs rouges, commune
dans toute la colonie.
Le suc des feuilles écrasées sert à tuer les poux de la tête.
Les tubercules en forme de V passent pour toxiques, les indi-
gènes en font néanmoins des cataplasmes contre les névralgies.
Sansevieria guineense.
Sansevière.
Gombaya (M.).
Plante commune au bord de la mer et dans les terrains secs et
sablonneux; feuilles épaisses textiles.
La racine bouillie est un excellent médicament contre la blennor-
rhagie.
Les indigènes s'en servent également pour les plaies et pour les
maux d'oreille.
Smilax Kraussiana.
Kan-Kariman f M. ) .
Petite plante épineuse et grimpante, très commune dans toute
la Guinée.
La décoction des racines est employée comme dépurative et diu-
rétique.
Lippia citriodora et Lippia sp. (Adoensis?).
Verbenacées.
Baé ou Bahé (F.), Diohouli (S).
Plantes herbacées de la famille des verbenacées. excessivement
40 ÉTUDES ET MÉMOIKES
communes dans toute la colonie ; tiges de 1 m. oO à 2 mètres, à
feuilles très odorantes.
Existent en plusieurs variétés, les unes à odeur de verveine
appelées citronnelles, d'autres à odeur d'armoise.
Linfusion des feuilles est employée surtout pour les enfants
comme laxatif-purg-atif.
Les feuilles font un thé très aromatique, excellent contre le rhume
et les maux de poitrine; il est pris également en cas de fièvre.
Les feuilles bouillies servent aux fumigations et ablutions, ainsi
qu en cataplasmes pour les maux d'oreille.
Lophira alata.
LOPHIRACÉE.
Malanga (F.), Mené (S.), Mana (M.).
Arbre moyen très commun dans la Basse-Guinée et le Fouta ;
graine oléagineuse non comestible ; sert à faire du savon.
La décoction de l'écorce en gargarismes et fumigations est
employée contre les maux de dents ; l'infusion des jeunes pousses
pour les maladies des voies respiratoires. En cas de fièvre, lotions
et infusions des feuilles.
Les jeunes tiges coupées en bâtonnets sont mastiquées et servent
de brosses à dents (très employé).
Lonchocarpus cyanescens.
LÉfill MINEUSE PAPILIONACÉE.
Liane à indigo.
N'Gara Delhi (F.;, Garaha ou Kara (M.).
Liane sarmenteuse très commune sur les plateaux du Fouta et
au Kissi. Les feuilles pilées, qui servent à faire la teinture bleue,
sont employées également pour les maladies de la peau.
Indigofera tinctoria.
N'Garé Tiéoûkoy (F.), Garé méri Yegué (S.).
Plante à indigo employée aux mêmes usages médicaux que la
liane à indigo.
PLANTKS MÉDICINALES DK LA GUINÉE FRANÇAISE il
Lonchocarpus senegalensis ou L. formosianus.
Légumineuse papilionacée.
Lilas du Sënég-al.
Bel arbre à nombreuses grappes de Heurs violettes, coniniuii à la
côte et en Haute-Guinée ; existe en plusieurs variétés.
L'écorce pilée sert à guérir de la g'ale et des dartres. Elle sert
aux ablutions des jeunes enfants; on la leur donne en infusion
légère pour les purger.
Lonchocarpus sp.
Tenenko Noug-ou (M.).
Arbuste très sarmenteux commun en Haute-Guinée, les feuilles
en infusion servent de vermifuge.
Loranthus sp.
LORANTHACÉE.
Plantes parasites genre Gui, excessivement communes sur les
arbres; il en existe à la Guinée française un grand nombre d'espèces.
Les indigènes emploient une variété à feuilles velues pour les
maladies de la peau. Une autre espèce sert en infusion pour le
rhume et les maladies de la poitrine.
Manihot.
EUPHORBIACÉE.
Manioc doux et amer.
Plante alimentaire cultivée dans toute la colonie par les indigènes.
Le suc de la racine fraîche du manioc amer est toxique. Le manioc
doux peut se manger cru.
Avec la pulpe râpée des deux espèces on fait d'excellents cata-
plasmes, elle remplace la farine de lin. La pulpe crue râpée se mel
sur les brûlures, sur les mauvaises plaies et les ulcères.
En cas de tîèvre ou de névralgie les feuilles pilées se mettent en
compresses sur la tête.
Métro (F.), Moké (S.).
Plante du Fouta Djallon.
42 ÉTUDES i:t mémoires
Les feuilles macérées ou en décoction sont employées pour les
maladies des enfants.
Mitragyne africana ou Xauclea inermis.
Rl BIACÉi;.
Diou (M.), Kholi (F.).
Arbre commun en Haute-Guinée, sur les bords du Niger dans les
parties inondées.
Est très employé par les Malinkés comme fébrifuge ; décoction de
l'écorce et surtout infusion des feuilles.
Les feuilles bouillies servent aussi aux fumigations et ablutions
chaudes pour les boutons et éruptions.
La décoction des feuilles est donnée aux femmes nouvellement
accouchées.
Ecoi'ce tinctoriale donnant une couleur jaune.
Mitragyne macrophylla.
Kl BIACÉE.
Fofo (F.), Fofo (S.j, Popo (M.).
Grand et bel arbre poussant dans les terrains humides et maréca-
geux.
Grandes feuilles servant à envelopper les noix de kola fraîches ;
elles sont utilisées également pour les pansements.
La décoction de l'écorce séchée et pilée est poivrée ; elle est admi-
nistrée à l'intérieur contre les maladies du ventre et des femmes
enceintes.
Médicament renommé.
Mitragyne
SI).
Tibé Popo F.), Fofo (S.).
Arbre dans le genre du précédent, pousse également dans les
marais.
La décoction de l'écorce est employée pour les maladies des voies
respiratoires. Pour les maux de poitrine : écorce séchée et pilée,
mêlée avec du sel grillé et du piment à prendre par pri.ses comme
reconstituant très usité.
PLANTES MÉDIChNALES I)K LA (iLI^É^ FKANCAISE 43
Monsonia senegalensis.
Petite plante des terrains sablonneux, poussant en Haute-Guinée.
La racine en décoction passe pour emniénag-og-ue.
Morinda citrifolia.
RUBIACÉE.
Garba, N'Garba (F.), Bomboué (S.), Ouanda(M.i.
Arbre moyen, commun dans toute la colonie, très employé par
les indig-ènes comme médicament.
La racine donne une couleur jaune rouge; elle est ajoutée à Tin-
digo pour lui donner du ton et du ])rillant.
La décoction des racines est prise à l'intérieur comme vomitif et
aussi comme purgatif-laxatif.
Les feuilles bouillies en lavages et fumigations contre la fièvre et
les maux de tête.
L'infusion des feuilles est considérée comme émolliente, calmante,
rafraîchissante et stomachique.
Moringa Pterygosperma .
MORIiNGACÉES.
Ben ailé.
Arbuste très commun dans les villages, surtout en Haute-Guinée
et vers le Soudan.
Graines oléagineuses et feuilles comestibles.
L'écorce de l'arbre, et surtout des racines, est rubéfiante ; elle est
employée pilée comme sinapisme ou vésicatoire. La racine pilée,
mêlée avec du sel sert de cataplasme pour faire mûrir les tumeurs,
on s'en sert aussi comme antiscorbutique.
L'écorce et les feuilles pilées ensemble sont appliquées sur la
tête pour guérir les névralgies.
N'Daka (F.).
RUBIACÉE.
Arbre moyen à branches verlicillées par étage est retombantes ;
fleurs blanches à odeur forte et fétide. Existe surtout sur les hauts
plateaux du Fouta.
Les feuilles bouillies sont données en infusion et en lotions
chaudes pour les maladies de la poitrine.
44 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Pour le bétail : les feuilles pilées avec du sel sont administrées
aux moutons qui toussent (Diopé en Foula).
Daka (F.).
Autre arbre du même genre et de la même famille, mais n'ayant
pas le même port.
Mêmes emplois que le précédent.
Est très commun aux environs de Pita.
Nympheea stellata et N. ceerulea.
Nympheacées.
Nénuphars roses et bleus.
Koulou Koulou et Koulou Dion (M.).
Plantes très communes dans les ruisseaux et marais, surtout au
Fouta et en Haute-Guinée. Les rhizomes et les graines sont comes-
tibles et consommés partout par les indigènes.
L'infusion des tiges et des racines est considérée comine émol-
liente et diurétique; elle est prise contre la blennorrhagie et pour
les maladies des voies urinaires.
La décoction de la fleur est narcotique et antiaphrodisiaque.
La racine sert dans la teinture.
Ochna sp. et 0. membranacea.
OCHNACÉES.
Findia (M.).
Arbustes assez communs dans les sous-bois au bord des ruis-
seaux.
Les feuilles bouillies servent en lotions chaudes et fumigations
contre la fièvre et le rhume de poitrine.
Ocimum album, 0. Basilicum ou 0. febrifugum.
Lauiées.
Basilic.
Sosso Guena et Sou guen lira (M. ), Soukora (F. .
Plantes très communes partout autour des villages, dans les
terres cultivées; existent en de nombreuses variétés de diverses
tailles.
PLANTES MÉDICINALES DE LA GUINÉE FRANÇAISE 45
Les feuilles très aromatiques, servent dans la cuisine, les sauces
indigènes, mais sont employées surtout comme médicament.
Les noirs et même les européens en font une infusion en guise
de thé.
La décoction des feuilles et des tiges sert aussi pour les catarrhes
des enfants, pour les névralgies des adultes, pour le lavage des
veux et pour les affections néphrétiques. En cas de fièvre, lotions,
fumigations et infusion des feuilles.
Une variété (Sosso Guena) est brûlée dans les cases pour chasser
les moustiques; une autre variété est très cultivée au Fouta pour
ses graines oléagineuses qui servent dans la cuisine.
Oncoba spinosa.
BïXACÉES.
Arbre aux tabatières.
Arbre moyen, assez commun dans la Haute Guinée.
Les racines servent de médicament aux indigènes pour les mala-
dies de la vessie.
[A suivre.) H. Pobéguin,
Administrateur en chef des colonies.
LE MAÏS AFRICAIN
(Suite.)
Il est H remarquer, que le maïs exporté par la Nigeria, provient
exclusivement des protectorats du Lagos (Western Provinces) et
que les provinces centrales et orientales n'en prodviisent pas. Elles
possèdent cependant de vastes étendues propres à cette culture, où
les palmeraies sont peu nombreuses ; mais il y a lieu d'admettre
que jusqu'à ce que le commerce consente à en acheter, tous les
etTorts faits pour amener les indigènes à produire du maïs resteront
sans effet.
Région des Eghas. — Les parties du gouvernement de l'Alake
qui produisent du maïs pour l'exportation se trouvent au sud d'une
ligne idéale qui irait de Washimi sur la voie ferrée à Mokoloki sur
le fleuve Og'oun. Elles expédient cette céréale par les gares de la
voie ferrée dOtta à Washimi et par l'Ogoun dont les sorties nous
sont indiquées par le poste douanier installé à Isheri.
Au nord de cette ligne lexportation est insignifiante, c'est ainsi
que l'ensemble des stations de Washimi à Eruwa road ne dépasse
pas L30 tonnes, pour un total de 6.283 tonnes. Je ne crois pas qu'il
y ait lieu d'escompter pour cette région un fort accroissement de
production ; elle est en effet dans une grande partie de son étendue
couverte dune véritable forêt de palmier, en outre les habitants
s'adonnent volontiers à la culture de l'igname et du manioc dont la
vente est très rémunératrice.
Région cTIbarlan. — Les environs immédiats d'Ibadan ne pro-
duisent pas de maïs ; les sols y sont trop appauvris par les cultures
vivrières et les rendements du maïs y sont très faibles. Aussi fait-
on surtout du coton et du sorgho (Guinea coin). Il faut aller jusque
dans les vallées mêmes que recoupe le chemin de fer, h l'Est et à
l'Ouest pour en trouver de vastes cultures. La portion du raiKvay
(jui va de Lalupon à Oshogbo j)araît notamment traverser des régions
fort intéressantes à ce point de vue.
LE MAIS AFRICAIN 47
Région de Badagry. — Les cultures y sont développées dans les
excellentes terres que l'on trouve dans le bassin du Yewa et en
arrière de la zone marécageuse qui s'étend tout le long- des lagunes.
La presque tôt dite de ce mais est porté à Badagry oîi deux maisons
allemandes l'achètent ; les indigènes eux-mêmes en portent à Lagos
soit de Badagry, soit des marchés secondaires dijo et Wosso.
Région des Jehus. — Les territoires Jebus qui s'étendent en
arrière de la lagune Est jusqu'aux États d'Abeocouba et d'Ibadan,
et à l'Est jusqu'à la grande forêt, est à mon avis la région d'avenir
pour cette culture, dans les Western Provinces. Ils possèdent encore
de grandes étendues de forêt et leur population est éminemment
laborieuse et agricole . Les principaux ports lagunaires sont Ikorodu
près de Lagos et Epe à l'autre extrémité.
En résumé donc, au Lagos, l'accroissement de la production, doit
êtie considéré comme certain par l'extension des cultures dans les
régions traversées par le chemin de fer et dans la riche et industrieuse
région des Jebus. Il n'est d'ailleurs pas de colonies où le gojiver-
nement entretienne avec autant de soins la viabilité des cours d'eaux
navigables et multiplie aussi activement tous moyens de transport.
D'autre part, la réussite des travaux en cours, destinés à permettre
l'accès du port intérieur de Lagos aux cargos de haute mer, feront
de cette ville l'emporium de toute cette côte et le port d'exporta-
tion de tous les maïs produits depuis le bassin de l'Ouémé jusqu'aux
régions de grande forêt à l'Est.
Achats, transports. — Les achats de mais, et par suite les expor-
tations, se font tout au long de l'année. Les cultures de la grande
saison de pluies fournissent leurs premières récoltes au début de
juin, les dernières en août. Celles de petite saison de pluies pro-
duisent de la mi-décembre à fîn janvier. Les cultures de terres inon-
dées, à toute époque des deux saisons sèches et principalement
pendant la grande.
Si l'on ajoute à cette continuité de production, le fait que les indi-
gènes font souvent des réserves dans l'attente de cours élevés, on
aura les raisons pour lesquelles l'exportation est continue.
Il y a deux ans encore, la période des gros achats ne s'étendait
guère que de septembre à décembre ; aujourd'hui elle se reporte
jusqu'en février et mars de l'année suivante, surtout pour les régions
voisines des lagunes et des cours d'eau.
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LE Mais ai-kicain l9
(A partir de 1908, le service des douanes du Togo n"a plus enre-
g'istré séparément les sorties de Lomé et d'Anecho. Les sorties
de Lag'os ne comprennent pas les arrivag-es de Porto-Novo par
lagune. )
Les points dachat du maïs se trouvent soit sur les lagunes et cours
deau navigables, soit sur les railways ; il s'en crée de nouveaux
tous les ans. Au Dahomey, ce sont : Porto-Novo, Adjara, Avrau-
kou-Lakété ; Zivié-Yévié ; Afîanie-Asaouissé-Dako pour la région
Est de la colonie. Les gares du chemin de fer jusqu'à Bohicon,
Tore et Savi pour la partie centrale; Grand-Popo, Segbohoué,
Iloueyogbé, Bopa, Athiémé, Locossa pour la région du Mono.
Tous ces maïs n'arrivent en général qu'en seconde main aux
exportateurs ; ils sont achetés sur les marchés et dans les cases indi-
gènes par des revendeurs locaux qui les portent aux maisons de
commerce. Il est très difficile de connaître leurs prix d'achat car ils
se servent de mesures fantaisistes, qu'ils modifient selon le degré
d'intelligence du vendeur. En général, ils prélèvent une commission
de ') à 10 francs par tonne.
Les prix de vente varient :
a) Selon la distance à la cote des marches.
Les prix moyens en 1908 furent par tonne de : 75 à 80 francs à
Porto-Novo, 65-70 à Sakété, 55 à 60 à xAUada, 50 à 55 à Bohicon,
45 à 50 à Bopa, 55 à 60 à Ouidah.
b) Suivant la saison. — Dès le mois d'avril, les maïs se fo.it rares
et les prix s'élèvent malgré la qualité de plus en plus défectueuse
de la marchandise qui est fortement charançonnée. Les cours sont
maxima en fin mai; à Allada en 1909. le maïs valait, en mars, 55
h 60 francs la tonne, fin avril 67 fr. 50, fin mai 75 à 80 francs.
Les premières récoltes de juin rétablissent des cours plus nor^
maux, quoique encore élevés à cause de la pénurie de maïs.
Dès ce moment, les vieux stocks indigènes vendus à la hi\te
tombent à une cote très inférieure,
A Allada, en juin 1909, les maïs nouveaux valaient 60 à 65 francs,
ceux de la récolte précédente 40 francs la tonne,
c) Suivant les fhiefuations du marche' des crains en Europe.
De ces divers facteurs locaux et extérieurs, résultent des eam*
Hiil. lin .lnrflin roloiiiiil mil, U. — N" 100. 4
50 ÉTUDES I:T MÉMOIRKS
pagnes assez mouvementées, dont on peut avoir une idée par les
indications suivantes qui caractérisent la physionomie de la cam-
[)agne 1907,
Janvier a .11 i.\. — Diminution progressive des achats; les graines
de la précédente récolte sont conservées pour FaHmentalion de la
saison sèche et du début de la saison des pluies.
Sur le marché de Hambourg, la cote suivant la hausse générale
des céréales et plus particulièrement des blés, passe de 1 12 fr. ."0 la
tonne (en vrac ou brut pour net si ensaché) à 141 fr. 2o,
Juin a septembre. — Les noirs ont commencé la récolte des maïs
précoces qui sont consommés grillés ou cuits à l'eau : les stocks de
réserve sont écoulés et relèvent le mouvement d'exportation.
A Hambourg, par suite de gros arrivages et d'ollVes pressantes
de la mer Noire et de la Plata, les cours tombent subitement en
août à 12o fr. 75, les sortes secondaires à 106-100 francs.
Fin août, les cours remontent à 137 fr. 50 avec tendance ferme à
la hausse.
Septembre. — Les premières récoltes sont rapidement achetées et
expédiées à Liverpool et Hambourg, grâce à la bonne tenue du
marché.
Le cours à Porto-Novo est de 70 francs la tonne, de 60 à Kouti;
on achète surtout à Avrankou, Kouti, Sakété. A Hambourg les cours
remontent à 141 fr. 25.
Octobre. — La cote en Europe monte à 160 francs; sous cette
intluence l'exportation passe à 1.875 tonnes et le prix sur place à
75 francs. Porto-Novo est bien approvisionné par les arrivages de
Zivié et Sakété.
Sur la fin du mois, le marché européen ayant faibli et le cha-
ran^onnage gagnant les réserves, le prix sur place tombe à 70
francs.
Novembre et décembre. — Le marché européen subit des tluctua-
tionsavec une tendance faible en général, il reste calme en décembre
à 1 ilJ-145 francs.
L'exportation du dernier mois monte à 2.343 tonnes contre 80 en
1907.
Les cours sur place restent à 65 francs.
Dans quelques régions de la côte, les cultivateurs pressés d ar-
LE MAIS AFRICAIN
51
gent réalisent toule leur récolte au point d'en manquer même
pour leur nourriture. Il en a été souvent conclu que l'exportation
libre du maïs constitue un danger.
Je ne le pense pas. 11 ne faut pas oublier que les récoltes de
mais se suivent dans chaque région à moins de six mois d'intervalle,
qu en lin de saison sèche les maniocs sont mûrs et que les ignames
constituent un second appoint pour l'alimentation.
Les récoltes sont très régulières, les invasions de sauterelles
rares et par suite les craintes de disette prolongée paraissent
vaines.
Il est très réel que les commerçants en achetant le maïs, ont fait
monter considérablement les prix ; les indigènes connaissent le pain
cher. Une telle situation qui pourrait être grave en Europe, dans
les grands centres, ne l'est pas en Afrique pour les raisons sui- ;
vantes :
a) La plupart des familles habitant les centres possèdent des
champs de culture ou peuvent en posséder sans acquisition de ter-
rains.
h ) Les salariés vivant hors de leur famille sont assez rares ; le
prix de leur nourriture, toutes proportions gardées, ne représente
qu'une faible partie de leur salaire.
Tarifs de transports. — Il est intéressant de comparer les prix
de transport pour le maïs, sur les différents chemins de fer et cours
d'eau et de se rendre compte jusqu'à quelle distance des ports
d'embarquement, les conditions actuelles permettent la culture du
maïs.
Pour les voies ferrées, le tableau ci-dessous permet une intéres-
sante comparaison entre le Dahomey et la Nigeria.
Sur le railway Lagos-Oshogbo, le maïs acquitte les prix de trans-
port suivants. Pour Lagos :
D'Agege, soit pour
20 kilom. ..
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D'Ifo
50
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70
D'Arigbajo —
55
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85
De Papalanlo —
D'Ibadan —
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200 / * ■ '
. 13,
10
D'Olodo
217
. u.
35
De Lalupon —
227
. 14,
85
D'Iwo
248
. 16,
35
D'Oshogbo —
300
. 19,
65
'iZ
ÉTtJDES ET .MÉMOlftËS
Sur le railway de (^otonou à Sakété. le maïs ac([uitle sur les
100 premiers kiloiii., une charge de 0,10 la T. K., de 100 a 200 kiloiu.
Olr. 05) et de 200 au deli. O.OS.
:!•
Comparaison des pi'i.r de transport.
An 1);
liiomey
Pour 1111 piiinl
distant du
Au I
.agos
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Soit par
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13.10
2(1 —
250 —
0.065
16.35
21 —
0.08 ;
1
:!oo —
0.065
10 65
Les tarifs du Lagos, comme on le voit, dilVèrent sensiblement
des nôtres dans le principe même de leur établissenu-nt. Au liesu.
d'être proportionnels à la distance parcourue, ils sontlixes poui- une
fraction importante de la voie (du 65® au 200" klm.). Il en résulte
que si sur le chemin de fer du Dahomey, les maïs sont très favo-
risés du l®"" au 100*^ klm., au Lagos ils le sont particulièrement au
delà du 1 oO^
Il faut voir là la raison du développement de cette culture jus-
qu'au delà d'Oshogbo à plus de '300 klm. delà côte.
Sur les rivières et les lagunes les prix sont les suivants par
pirogues indigènes :
!i) Sur lOijoun. DWbeocoiita à Lagos, le liansport d uni' tonne
coûte 7 francs environ, par raihvny il reviendiait à 13 fr. 10. l)i"
Mokoloki sur Lagos, le coût est d'envii-on ."{ Ir. ."iO. Les transports
sont efîectués à la saison des pluies pai- de grands eanols indigènes
portant aisément 4 tonnes, on les loue à raison de 2") francs par
voyage aller et retour d'Abeocouta à Lagos, jjour une durée de !l
jours. Elles sont habituellement conduites jiar deux piroguiers qui
sont payés chacun environ 20 francs.
LK MAIS AFRICAIN
o3
b) Sur rOuémp. De Sag^ou, point extrême de la navigation, on
pave 10 francs pour le transport d'une tonne et demie jusqu'au maj^-
ché d'Affamé (5 frarics la pirogue et autant les piroguiers).
D'Affamé à Porto-Novo, le transport d'une tonne 9 fr. 50 en sai-
son sèche et 7 fr. oO en saison des pluies.
D'Azaouissé, le coût est de 6 fr. 25 par tonne toute l'année.
Dès marchés de la Sô, de Zivié et Yévié, le coût est également de
6 fr. 25 par tonne.
c) Sur le Mono. En période de crue, seule époque où il soit pos-
sible de transporter économiquement le maïs, le transport coûte de
Athiéméà Grand-Popo. 10 francs la tonne.
' 'i'^ (i. — Commerce extérieur.
f.a concentration des maïs vers la côte, se fait soit par railways,
soit par transport en pirogues. Le grain est ensaché et embarqué
soit k l'aide de wharfs comme à Cotonou et Lomé, soit k laide «le
petits cargos ou branch-boats qui passe la barre à Lagos et chargent
sur les cargos de haute mer en face de Lagos ou k Forcados ; soit
enlin parle passage delà barre en canots comme à Ouidah et Grand-
Popo, <
Les ports principaux d'exportation sont par ordre d'importance :
Lagos qui assure l'expédition des maïs des provinces Ouest de la
Nigeria et de ceux qui se concentrent k Porto-Novo. Ces derniers
proviennent de la région de Sakété, de l'Ouémé et des marchés de
livié et Yévié ; ils forment environ la moitié de la production du
Dahomey.
Anecho et Lomé qui exportent les mais du Togo, enfin Cotonou
et Grand-Popo pour le centre et l'ouest du Dahomey.
Ce sont, même au Dahomey, principalement les naisons alle-
mandes et anglaises qui achètent le maïs.
Les ports européens qui les traitent sont : Hambourg et Liverpool,
les marchés franc^-ais n'y participent que pour un chiffre insignifiant.
Quelles en sont les raisons ? Il est assez facile de les discerner. Les
cours ne diffèrent pas d'une manière très sensible entre ces divers
marchés; d'autre part on ne peut objecter ni le droit d'entrée, ni
les frais de manutention et de port plus élevés qui frappent les maïs
k leur entrée en France, ces frais s'appliquent indistinctement ii
tous les maïs d'introduction.
o4 ÉTiDKs irr mémoires
Une des causes plausibles est que Bordeaux et le Havre qui sont
plus particulièrement reliés à la côte du Bénin, sont des places com-
merciales de troisième ordre pour les matières jj^rasses (huiles,
amalides), qui constituent le principal élément d'exportation du
Dahomey.
Il en résulte que les maisons de commerce de cette colonie ont
des représentants ou des bureaux à Marseille. Liverpool et Ham-
bourii^ et n'en ont pas au Havre et à Dunkerque.
Hlles dirif^ent leurs produits sur les places où leurs intérêts sont
défendus directement.
Par ailleurs si les frets déclarés sur les ])orts de France, sur
Hambourj^ et Liverpool sont les mêmes, personne n'ig-nore qu'entre
les maisons de commerce et lesCompaj^nies de navigation, existent
des ristournes d'autant plus élevées que les premières s eng-agent
à leur contier la plus grande partie ou l'ensemble de leurs produits :
huiles, amandes, maïs, tous produits (pie Liverpool et Hand)ourg
absorbent avec une égale facilité.
On doit joindre à cela une su[)(''riorité numérique très sensible
dans l'armement des Compagnies allemandes et anglaises.
Enfin, les négociants de la côte sont unanimes à déclarer que les
marchés étrangers sont moins exigeants que les nôtres et ne font
pas de réfactions aussi élevées sur les envois qui leur sont effectués.
H. — Défauts commerciaux du maïs africain.
Le maïs africain, tout comme celui de l'Argentine et de l'Amé-
rique du Nord, présente un défaut très grave, l'humidité et un
autre moins sérieux, le chtu-ançonnage.
H[ MiDiTÉ. - Fermentation. — Ce défaut se développe dans les
envois de mars dont le taux d'humidité est trop élevé par suite de
causes diverses, qui entrent en fermentation à bord des navires et
arrivent en Europe dans un état de désagrégation qui en diminue
considérablement la valeur.
A proprement parler, et au point de vue du marché seulement,
c'est le seul défaut sérieux reproché au maïs. Il résulte des causes
suivantes :
a) Pluies continues au niornen/ de la récolle. — Ce cas s'est
LI-; MAIS AIRICAIN OO
produit en 1907 et 1909 au Dahomey et en 1908 au Lagos et au
To<>;-o où les maïs subirent de ce fait une forte dépréciation.
b) Maturité insuffisante. — Les indigènes pressés de récupérer
le fruit de leur culture, récoltent toujours avant maturité au début
de la campagne (juin-juillet). Ils en tirent un double avantage,
celui de cours encore élevés et celui de la différence de poids du
maïs frais et du maïs sec.
c) Exposition aux pluies du maïs, de V achat à rembarquement. —
Due à l'absence parfois totale de magasins tant aux gares des che-
mins de fer qu'aux ports d'embarquement, également à linsufTisance
du matériel roulant couvert sur les raihvays.
Dans le transport par voie d'eau, le maïs souffre également du
mouillage dans les canots indigènes.
d) Mouillage à rembarquement. — L'absence totale d'aména-
gements aux ports d'embarquement amène le mouillage des maïs
entassés sur les wharfs avant larrivée des cargos. Dans le trans-
bordement par canots, il en est de même aux époques où les pluies
sont encore fréquentes.
A plus forte raison dans les expéditions faites à travers la barre,
les maïs risquent-ils d'être mouillés par les paquets de mer. J'ai
vu à Grand-Popo des chargements entiers complètement mouillés,
à destination de Hambourg.
Le peu de soins apportés par nombre de maisons de la côte et
principalement par les maisons allemandes a amené de la part des
marchés d'Europe, surtout de Hambourg, de vives récriminations.
Les maïs de Lomé même, jusqu'ici réputés les meilleurs, furent
sévèrement jugés en 1908.
Les compagnies d'assurance de leur côté, en présence de faits
aussi significatifs, ont refusé progressivement d'assurer les charge-
ments faits dans de pareilles conditions.
Charançoxnage. — Le maïs africain est comme celui des autres
provenances, en particulier le maïs argentin, l'hôte de nombreux
parasites, toujours les mêmes d'ailleurs.
Trois d'entre eux sont des coléoptères : les Calandra orizse et
Granaia et une bruche ; un autre signalé récemment mais peu
fréquent serait le Gelechia cerealella.
o6 ÉTUDES i:i AIÉMOIRES
J.e parasite le plus fréquent est le Calandra orizae qui s'attaque
à toutes sortes do graines et matières farineuses dans les mag'asins
et entrepôts.
Il est supposé oriii^inaire des Indes et jouit dans les pays tropicaux
d une vitalité et dune prolificité extraordinaires.
Dès que les maïs encore tendres arrivent dans les magasins des
indigènes ou des acheteurs, lés calandres qui y vivent par milliers,
percent le grain sur la face il'adhérence à la rafle et y pondent un
ou plusieurs œufs.
Les larves se développent aux dépens des grains, se transforment
en pupes puis en insectes parfaits qui s'échappent en coupant dans
la paroi dure des grains, de petits trous ronds.
..D'après M. R. \e^vstead, le cycle complet pour les tropiques
serait au minimum de 21 jours.
Chaque femelle dépose 250 œufs en moyenne et Curtis estime
(ju'un couple de calandres, dans le sud de la France, peut en cinq
mois produire 6.000 individus.
^L.a première condition de leur développement est l'emmagasinage
deigiains incomplètement mûrs, par suite très tendres, et dévelop-
pant, dans l'emmagasinage, une chaleur plus considérable.
.La seconde est 1 aération qui fait qu'en sacs, le maïs est sensi-
blement {)lus atteint qu'en vrac. Cette constatation faite par tous
\e<, commandants de bateaux a amené labandon du pelletage et tics
cheminées d'aération qui étaient quelquefois disposées dans les
chargements. ; • ',
Les causes d infection se trouvent au lieu d'origine par le séjour
dans les magasins, l'usage de sacs infectés, entin le mélange de
vieux grains avec les grains indemnes des nouveaux achats.
Dans les paragraphes précédents, j'ai fait ressortir les défectuo-
sités et les dangers que présente le système actuel de la production
du maïs. ■
Issue de conditions très favorables du marché des grains, elle
s'est développée trop rapidement pour (|ue les négociants et les
pouvoirs publics aient eu jusqu'ici le temps de la régulariser et de
lui faire acquérir des caractères de permanence.
Elle apparaît avec tous les défauts (jue lui ont imprimés d'une
part, le .système de culture indigène qui l'a créée et de l'autre les
moyens de fortune qui ont permis son écoulement. Dans ces deux
ordres d'idées, il est un certain nombi'e d'améliorations qui seront
\A-: MAIS AFRICAIN Oi
apportées ii la production du maïs au fur et à mesure du dévelop-
jjement économique des régions côtières, mais il est d'autre part
des mesures qu'il importe de prendre dès maintenant soit dans le
domaine purement commercial, soit en collaboration de cet élément
avec les pouvoirs administratifs.
Yves Hknry,
Directeur de VAçjriculture
. \^ ('Il Afrique Occidentale frnnrnise.
Ir;*
■^ I!
■ t ■ ; •/ I
COUHS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
[Suite.)
Nature de la membrane des cellules lù/ni/iées. — Les membranes
des cellules lignifiées sont formées par une trame cellulosi(jue '
imprég-née d'une matière particulière, qu'on a appelée la lignine,
qu'accompag-nent des éléments accessoires, matières minérales et
azotées.
C^e sont les recherches de Czapeck qui ont le mieux caractérisé
jusf[u'à présent la substance lignifiante ; ce savant est en efl'et
parvenu à extraire du bois une matière qui présente toutes les
réactions des membranes lignifiées et à laquelle il a donné le nom
d'hadromal '.
Pour obtenir l'hadromal, on traite du bois par une solution
concentrée de bichlorure d'étain ; le bois est décomposé, puis ag-ilé
ensuite avec du benzol; l'hadromal se dissout dans le benzol et, en
recommençant plusieurs fois l'opération, on arrive à l'extraire dune
façon complète. En combinant avec le bisulfite de sodium le corps
dissous dans le benzol, on peut l'obtenir cristallisé; cette facilité de
combinaison avec le bisulfite, indique qu'on a affaire à une aldéhvde
et certains caractères montrent que c'est une aldéhyde aromalicpie.
L'hadromal ne constitue qu'une faible portion du bois, 1 à 2 °/„
de la substance sèche, mais présente bien d'une manière rigoureuse
toutes les réactions colorantes spéciales aux membranes lij^nifiées.
Une certaine (juantité d'hadromal se trouve à l'état libre dans le
bois et on peut l'extraire facilement, sans traitement préalable, par
ses dissolvants ordinaires (benzol, xylol, éther); mais ce corps y
est surtout a l'état de combinais;). i élhérée qu'on décompose connue
nous venons de le voir par l'action du bichlorure d'étain concentré
et bouillant.
1. Cette trame cellulosiqiio rcnffinio d'ailleurs d'aulres hydrates de carbone (\uo la
celhdose proprement dile.
2. Synonyme de lij^nine.
COURS DK BOTAMyUI-: f.OI.OMALE APPLlQUIiR oîl
Réacliona des membranes lùfiii/iées. — Nous avons déjà signalé
dans un précédent chapitro, d'une manière rapide, les réactions des
membranes lignifiées ; mais nous pensons qu'il est utile d'y revenir
ici, avec plus de détails, à cause de la variété de ces réactions et
des ressources qu'elles peuvent offrir pour la diag'nose des bois.
1. HÉACTIKS agissant sur la I.IGMNK lilXK-Mh'-.MK.
a) Un g-rand nombre de phénols en dissolution aqueuse ou
alcoolique colorent le bois en présence de l'acide chlorhydrique
concentré.
Dans ce g-roupe la réaction t\ pe est celle donnée par la phloro-
fflucine '. que nous avons déjà signalée; on obtient une teinte rouge
vineux.
On obtient pareillement des colorations rouges de teintes diffé-
rentes, en employant le pyrrol et Vinclol, violettes avec Vorcine et
la résorcine, vertes avec le /ili'nol, le naphtol, le thymol, etc.
b) Un grand noml)re de s.ds d'ainines aromati({ues en solution
neutre ou légèrement acide donnent aux membranes lignifiées une
teinte jaune; C3 sont surtout des sels d'aniline et en particulier le
sulfate d'aniline dont nous avons vu le mode d emploi.
c) Héactifs .agissant sur les j)roduiis résultant de la réduction de
la lignine ou des combinaisons de celle-ci avec certaines bases
métalliques (R. Combes) -,
La réaction type de cette catégorie s'obtient de la manière sui-
vante :
Les matériaux sont placés dans un flacon à large goulot, renfer-
mant 1 gr. d'oxyde de zinc en suspension dans 30 gr. d'eau; ce
flacon est maintenu pendant une demi-heure au bain-marie bouil-
lant. Puis les matériaux sont lavés et placés dans une solution
saturée d acide sulfhydricjue, pendant cinq minutes ; on les lave
ensuite et, en les traitant par l acide sulfurique concentré, on obtient
ainsi une belle coloration rouge des parois lignifiées, qui vire assez
rapidement au rouge orangé.
1. Parfois l'acide chlorhydrique seul donne la coloration rouge; c'est que le tissu
ligneux contient lui-même de la phloroglucine.
2. R. CoMUES. Sur un nouveau (fronpe de réactionn de la lignine et dex membranes
hyniliées Bull. Se. pharmac, 190fi .
60 ÉTUDES KT MÉMOIRKS
(I) liéMctifs (le la lignine oxydée K Ces réactions très faciles à
réaliser sont fort intéressantes au ])<)int de vue de la dia^nose des
tissus lignifiés, bois et fibres textiles, car elles donnent des échelles
de teintes assez étendues suivant les matériaux employés; malheu-
reusement, il n'en a ('-té fait jus(|u'à présent aucune étude systéma-
tique .
La première réaction de ce j^enre a été sig-nalée en 1 110(1 par
Mâulk. On laisse séjourner les matériaux pendant cinq minutes
dans une dissolution a I "/o de ])ermanganate de potassium; on
lave à l'eau puis à l'acide chlorhydrique étendu, jusqu à décolora-
tion complète; après un nouveau lava<^e à l'eau pour éliminer
complètement l'acide, on traite par la dissolution ammoniacale ;
les parois lignifiées prennent alors une belle coloration rouge,
rappelant celle (pie l'on obtient par la fuchsine ammoniacale.
Il est certain (jue le permanganate agit comme oxydant et cpic
son action est nécessaire, car, si Ion oiuet la première partie de la
réaction, on n'obtient aucune coloration ; sans vouloir être troj)
précis, on peut dire que la substance colorable par l'ammoniaque
est produite aux dépens de la membrane lig-nifiée, sous l'influence
oxy'dante du permang-anate. . • ' ■>'■'
Géneal- dk Lamarlièrh a montré, d'ailleurs, qu'on peut remplacer
lé permang-anate par un <^rand nombre d'autres oxydants; on
obtient des résultats analog'ues, mais non identi(|ues. i •'
L'acide azotique fumant communique directement à la substance
ligneuse une coloration jaune-brun, s'afVaiblissant lorscjue l'action
est prolongée; les matériaux lavés et traités par ranimoniaque
prennent instantanément une teinte qui peut varier du jaune à
l'orangé très vif suivant les bois ou les fibres considérés; ayant eu
l'occasion d'observer cette réaction bien avant qu'elle fût signalée,
j'ai pu c )nstater que le traitement intermédiaire par l'acide chlorhy-
drique est ici parfaitement inutile et que l'échelle de teintes est
assez étendue pour donner des indications décisives dans bien des
cas. L'action de l'acide azotique est pour ainsi dire instantanée;
car, dès qu'elle se pi-olonge un tant soit peu, la coloration jaune
finale perd de son intensité, jus({u'à devenir presque nulle après un
contact de quelques jours. La substance oxydée par l'acide paraît
donc s'y dissoudre facilement.
1. Ces réaclions ont éic pat-liciiliiTcinciil ("fiidiées pai- Gûnkah i>k I,am.\iu.ii:hk
{Rechercher sur ijneUincs rrnclions ilcx infinlimncs Uiiiujicfs. \\v\ . '^én. de Iml.. l'.to.! .
COtRS UE BOTANIQUE COLOINIALE APl'LÏQUEE Gj
L'action successive de Ihypochlorite de potassium uddiliouné
d un peu de potasse, de l'acide clilorhvdrique et de l'ammouiac^ue
donne une coloration jaune d'or, d'autant plus nette que le premier
réactif ne coniniuni([ue aux matériaux lignifiés aucune coloration ,
propre, capable de modifier la teinte finale. L'action prolongée de
rhvpochlorite ou l'emploi de solutions très concentrées diminuent
encore ici l'intensité de la coloration.
L'acide chromique donne un résultat analogue à celui que fournit
le permanganate; on emploie de préférence une solution à o "/o;
cependant, la coloration jaune sale communiquée directement aux
matériaux par l'acide chromique résiste même au lavage à l'acide
chlorhydrique et dénature la teinte finale.
Le liquide de Hofmeister (solution saturée de chlorate de potas-
sium, dans laquelle on verse de l'acide chlorhydrique) a une action
oxydante beaucoup plus énergique que les réactifs précédents. Si
on ne verse que peu d'acide dans la solution de chlorate, il y a peu
de chlore libre, la réaction est lente et l'on n'obtient qu'une teinte
finale jaune pâle. Si le liquide est au contraire riche en chlore libre,
l'oxvdation est plus forte et on obtient finalement une coloration
rouge intense.
Remarque I. — Dans les réactions précédentes, lorsqu on se
place dans les conditions voulues pour obtenir une coloration
finale intense, on observe que la solution ammoniacale se colore
comme la substance ligneuse, ce qui indique la dissolution dune
partie de la matière colorable. Or, on sait, d'après les travaux de
Fremy, que l'oxydation des membranes lignifiées amène la vascu-
lose ' à l'état d'acides résineux solubles dans les alcalis ; il est donc
probable que la substance colorable fait partie intégrante de ces
acides résineux.
Heniarijue II. — On peut dans les réactions examinées remplacer
l'ammoniaque par une autre base ; une solution fail)le de potasse,
de soude Qu même d'un carl^onate alcalin, donnent le même résul-.
tat ; les, solutions alcalines dissolvent d'aiU'urs, tout comnie l'am-
moniaque, la substance colorable.
Bemarqiic III. — La réaction de Maule et les similaires ne
semblent pas toujours se faire en raison directe de la lignification,
au moins autant que cette dernière révélée par l'intensité de la
coloration à la phloroglucine.
I. Cette vasculose est itleiiliquc » hi li;^iiiiie.
62 KTL'DES ET MÉMOIHES
Hcinanjue IV. — Enfin, si l'on traite parallèlement parla phloro-
!L,''lucine et par le pr.)cédé de MiUile des matériaux qui ont subi pen-
dant des temps de plus en plus longs l'action de solutions de plus
en plus concentrées de permanganate, on constate que les colora-
tions rouges obtenues dans les deux cas ont des intensités variant
en sens inverse. Plus on oxyde, moins on a de coloration avec la
jdiloroglucine et plus on obtient une teinte vive avec l'ammo-
niaque.
11. Réactifs agissant slr les composés azotés
(jui accompagnent la lignine dans la membrane.
Parmi ces réactifs, il faut signaler principalement le vert d'iode
et la fuchsine ammoniacale qui se fixent à la fois sur les membranes
ligniliées, subérifiées et cutinisées, en leur communiquant, il estvrai,
des teintes assez distinctes. Cette élection pour des tissus si différents
semble indiquer que ces colorants ne sont pas fixés parla lignine ; ce
fait est d'ailleurs corroboré parce que, après oxydation très prolongée,
alors que la réaction de la phloroglucine cesse de se produire, le vert
d'iode et la fuchsine continuent à colorer les tissus, avec une simple
modification de la teinte obtenue; bien mieux, la coloration est
d'autant plus énergique que l'oxydation a été poussée plus loin. G est
pour ces raisons que l'on attribue la fixation de ces colorants aux
matières azotées qui accompagnent la lignine, la subérine et la cutine
dans les parois cellulaires et qui montrent une grande résistance à
l'action des oxydants.
C. API'LICATION DES CARACTÈRES PRÉCÉDENTS A LA DIAGNOSE DES BOIS.
l'étant donné le nombre très considérable des bois exotiques
utilisables et le peu de renseignements que l'on possède sur la plu-
|):n-t d'entre eux, il est dilHcile de concevoir dès maintenant l'éta-
blissement do clefs dichotomi({ues un peu générales, comme il en
existe pour nos bois indigènes, et permettant de déterminer facile-
ment un échantillon donné. On doit se contenter pour le moment
de dresser des fiches signaléti({ues contenant dans un ordre métho-
dique tous les renseignement -i relatifs à une essence donnée ou
d établir des clefs partielles pour des séries de bois appartenant
soit au même groupe naturel, soit à la même région géographique.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 1)3
Lorsque ces travaux préliminaires se seront multipliés, il sera
temps d'en essayer la synthèse et de tenter d'établir des règles
géiiérales, traduites en tableaux synoptiques, pour la détermination
des bois exotiques.
Nous nous contenterons donc d'indiquer à quels caractères on
peut faire iippel pour disting-uer les bois les uns des autres, en éta-
blissant une sorte de classement de ces caractères, d'après la
facilité qu'on a de les observer '»
I. Les caractères les })lus pratiques sont ceux qui ressortent
d'un examen à l'œil nu ou à la loupe et qui ne nécessitent l'emploi
d'aucun réactif, d'aucun appareil de mesure. Ce sont les caractères
macroscopiques que l'on observe sur des coupes transversales ou
longitudinales soit tangentielles, soit radiales.
On pourra noter d'abord la différenciation plus ou moins nette
en- cœur et en aubier, le rapport de l'épaisseur de ces deux régions,
leurs teintes respectives, particulièrement celle du cœur, la distinc-
tion plus ou moins nette des couches d'accroissement, le g-rain
résultant du degré de (inesse des éléments constituants.
Kn ce qui concerne ceux-ci, ce sont surtout les vaisseaux qui
donnent les caractères les plus saillants.
Le groupement des vaisseaux joue un rôle des plus importants
et ressort surtout de l'examen de coupes transversales. Ils peuvent
être répartis uniformément dans toute la masse du bois, ou au
contraire groupés de façons diverses, soit en amas, soit suivant
des lignes rayonnantes, soit suivant des lignes concentriques, for-
mant des cercles continus où une série d'arcs de faible longueur,
soit suivant des lignes obli([ues à la fois par rapport au rayon et à
la tangente, lignes qui peuvent s'anastomoser en dessinant une
sorte de réseau, etc. Ces dispositions, en quelque sorte schéma-
tiques, donnent naissance à un grand nombre de cond)inai>ons
dt)nt l'observation sera toujours précieuse pour la diagnose.
Les caractères de grandeur des vaisseaux pourront donner lieu à
certaines observations macroscopiques ; on pourra noter, par
exemple, si les vaisseaux s'éloignent peu d'une taille moyenne ou
s'ils sont au contraire fort inégaux ; s'ils sont très grands, très
1. Nous laisserons de coté les caractères de l'écorce que 1 ou a assci rarenicut à sa
disposition.
64 ÉTUDiis i:i mi:m(»(ki;s
apparents à l'œil nu ou au contraire très petits, imperceptibles
même à la loupe.
L'orientation du parenchyme lig-neux autour des vaisseaux est
presque toujours irrégulière et peu apparente à la loupe; cependant,
dans quelques cas, elle peut être caractéristique soit que ce tissu
l'orme des amas à peu près circulaires, produisant pour l'œil des
sortes de taches, ou qu'il soit agencé en lames minces tangentielles.
parallèles aux zones d'accroissement.
Les rayons médullaires seront observés surtout sur des coupes
longitudinales tangentielles qui permettront d'apprécier leur répar-
tition, leur l'orme et souvent leurs dimensions en hauteur et en
largeur. Certains bois ont des rayons très minces, formés dune
ou deux files de cellules, d'autres des rayons très épais; enfin, il
peut arriver qu il y ait dans un même bois des rayons d'épaisseurs
manifestement différentes, les uns très minces, les autres très épais ',
Rappelons que l'épaisseur doit être appréciée sur des coupes longitu-
dinales tangentielles et non sur des coupes transversales et dans la
région mo\'enne des rayons où l'épaisseur est maxima, celle-ci décrois-
sant progressivement vers les extrémités supérieure et inférieure.
(^uant au tissu fibreux, il ne donne guère à l'observation macro-
scopiques de caractères intéressants.
11. Parmi les caractères microscopiques, il y en a trois qui
peuvent se traduire numériquement et qui sont particulièrement
importants au point de vue de la diagnose des bois - :
F
1** Le quotient p qui mesure le développement du tissu fibreux
par rapport au tissu parenchymateux et dont nous avons indiqué
précédemment la méthode de mesure.
2° Le nombre moyen des rayons médullaires sur une longueur
d'un millimètre, comptée tangentiellement ; on l'obtiendra facile-
ment en prenant la moyenne d'un certain nombre de mesures
effectuées en se servant d'un oculaire micrométrique.
)i" Le nombre moyen de vaisseaux par millimètre carré ; les
mesures seront commodément faites au moyen d'un (K'ulaire ((ua^
drille. ,
1. I^iu-squil y a à la fuis des rayons épais el di-s rayons minces, ils cHIlV-rcul pén
paiement aussi par leur hauteur.
2. Ces observations se font toutes trois sur des coupes transversales.
COURS DE BOTAIVlQL'K COLONIALE APPLIQUÉE 6o
Le microscope permettra en outre de déceler les éléments sécré-
teurs, s'il en existe, et d'en déterminer la nature et la répartition ;
ce sont là des observations qui ont une réelle importance et qu'il
ne faudra jamais manquer de faire s'il y a lieu. D'un intérêt
moindre sont la détermination des dimensions des divers éléments
et l'observation de leur ornementation ; il sera bon cependant de
fixer par un chiffre moyen la hauteur et l'épaisseur des rayons
médullaires, la long-ueur et le diamètre des fibres, le rapport de
1 épaisseur de leur paroi au diamètre de leur cavité, le diamètre
moyen des vaisseaux s'ils sont de taille peu différente, ou leurs dia-
mètres extrêmes s'ils sont au contraire très inégaux, etc.
III. L'action des différentes réactifs peut aussi fournir des résul-
tats intéressants, quoiqu'on ne possède pas encore d'essais métho-
diques à ce sujet. Ce sont surtout les réactions spécifiques de la
lignine à l'état naturel, de la lignine oxydée ou réduite qui sont
intéressantes à considérer ; mais on devra toujours se placer dans
des conditions identiques comme concentration des réactifs et durée
d'action, afin d'obtenir des résultats vraiment comparables. Comme
nous avons eu l'occasion de le signaler, ces divers réactifs donnent
avec les différents bois des teintes souvent fort distinctes et dont la
variation résulte probablement davantage des matières accessoires
qui accompagnent la lignine (oléorésines, gommes, matières tan-
niques, etc.), que delà constitution sans doute variable de la lignine
elle-même.
IV. Une dernière catégorie d'observations aura pour but la mesure
des propriétés physiques.
La densité est toujours facile à obtenir et devra être mesurée
pour le cœur et pour l'aubier.
La résistance à l'écrasement s'obtiendra commodément au
moyen d'une presse hydraulique ; la résistance aux efforts de
flexion pourra être mesurée, au moins d'une façon approximative,
au moyen d'appareils de fortune.
Les mesures de résistance aux efforts de torsion, de cisaillement,
à l'action des outils, l'appréciation des duretés sont plus délicates
et nécessitent des appareils plus précis ; aussi ne pourront-elles être
effectuées qu'exceptionnellement.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 100, 5
66 éiLdes et mémoires
D. FlCHliS SiG>ALÉÏIQUES.
Il e.st bon de grouper pour chaque essence, suivant un classe-
ment type, les résultats de l'examen macroscopique, les observations
microscopiques, les caractères fournis par les réactifs, les propriétés
physiques et mécaniques ainsi que tous les renseignements recueillis
concernant les modes d'emploi possibles ; oii constituera ainsi un
tableau ou fiche sig-nalétique, d'une consultation facile, pour chaque
bois présentant un véritable intérêt. Le principal avantage dune
pareille méthode sera de permetti'e des comparaisons rapides et de
préparer peu à peu les matériaux nécessaires à une étude générale
des essences forestières des régions tropicales.
Ce groupement des caractères sous forme de tableau a été
employé déjà par un certain nombre d'auteurs, notamment par
MM. Lecomle ', Perrot -, Gérard-^ et Martin-La vigne ^, etc. Nous
prendions à titre d'exemple une iîche signalétique empruntée à ce
dernier auteur •',
[A suivre.) Marcel Dubard,
Maître de Conférences à la Sorbonne,
Professeur à V Ecole supérieure
d^ Agriculture coloniale.
I. Lecomti:. Sur linéiques hols ilii Coiiijo {Clusiacées, (Ichnacèes, SiinuriiubéeS;
Bul. Mus. Par., 1<J0;5, n° l).
•2. Fi:iutOT F.T Gi';it\un. I.'nnuloinie du lissii Uijnenv ilniisses rajjporls arec la tlia-
Hnose des boi.s (Mémoire <j Soc. bot. de Fr.).
3. GÉRARD. Recherches sur les bois de différentes espèces de Léj/umineuses afri-
caines, 1907.
i. MARTi.N-L.vvKiNi:. Recherches sur les bois de la Guyane, 1909.
5. Voir pages 67 et 68.
coulis DE HutANIQLE COLONIALE APPLIQUÉE 0/
Exemple de fiche signalétique
de M. Martin -Lavigne.
DENOMINATIONS : Ghoenhart ou Ghoenhart Stugo (Surinam).
Ebénieu vert (Guyane française).
Nom scientifique _. Tecoma leucoxylon.
Famille Bignoniacées.
Origine Amérique méridionnle.
Aspect Compact. Grain Fin.
i „ , i Cœur Jaune verdâlre.
\ Couleur ... ^
\ / Aubier Brun très clair .
Bois ' Dureté Très grande. Porosité. . . Faible.
r, .,, \ Cœur 1,1.38.
Densité ^ . , . '
( Aubier 0,882.
Cendres 10 pour 1 .000. Odeur Nulle.
Adhérence au bois. . . . Extrêmement faible.
Epaisseur
Nature
, „ , l Extérieure . Blanchâtre.
I Couleur „ ^.
J ( Section. ...
1 Particularités
Caractéristiques du bois examiné : Bois très dur et homogène, composé d'élé-
ments de dimensions assez semblables et dont les fibres à parois assez épaisses
sont enchevêtrées. Susceptible d'un très beau poli.
Remarques spéciales : Uécorce est considérée comme un antidote de Vintoxi-
cation par les sei'pents et le mancenillier, le bois comme un puissant sudorifique.
Ecorce
(Voir tableau au verso.)
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NOTES
SUR LA CLASSIFICATION DES LUCUMÉES
A RADICULE PUNCTIFORME
Dans une précédente note ', j'ai esquissé à grands traits la classi-
fication des Sapotacées, du groupe des Sidéroxylées, et j"ai montré,
en particulier, que les caractères dominants, sur lesquels on peut
baser les meilleures subdivisions, sont fournis par la g-raine et
résultent de la disposition de la cicatrice à la surface du tégument
séminal et de l'aspect punctiforme ou saillant de la caudicule.
La sous-tribu des Lucumées est définie par une graine où la cica-
trice s'étend d'un pôle à l'autre, tantôt étroite, tantôt au contraire
très large et pouvant même envahir les trois quarts de la surface
tégumentaire. On peut distinguer dans ce groupe deux séries de
genres, l'une où la graine est à caudicule allongée et dont nous
avons étudié précédemment le genre central Planchonella '%
l'autre où la caudicule est punctiforme ; dans cette deuxième série,
l'albumen est nul ou très réduit et les cotylédons sont épais, charnus
et bourrés de réserves de nature amylacée ou oléagineuse, dont
l'abondance relative varie suivant les genres.
Le genre fondamental de ce groupe est le genre Lucuma qui est assez
bien défini, dans son ensemble, par la pentamérie ou l'hexamérie
de la fleur, en ce qui concerne tout au moins la corolle et l'androcée.
Il a été divisé par Engler 3 en 13 sections, y compris l'ancien genre
Vitellaria, sections qui correspondent pour la plupart à d'anciens
genres créés par divers auteurs. Cette simple juxtaposition aboutit
à un fractionnement compliqué et manquant d'homogénéité, car
toutes les sections ne découlent pas d'une conception identique ;
1. MARCEii DuBARD. Remarques sur la, classification des Sidéroxylées, C.R.A.S.,
13 février 1911,
2. Marcel Dubard. Sur le genre Planchonella, ses affinités et sa répartition géo-
graphique, C.R.A.S., 20 mars 1911.
3. E>GLER. Die naturl. Pflanzenf. Nachtr.
70 NOIKS
d'autre part un certain nombre de formes, rapportées aujourd'hui
au g^enre Sideroxi/lon, doivent à cause de la constitution de leurs
graines figurer parmi les Lucuma. Nous pensons avoir à la fois
simplifié et précisé cette classification en admettant les coupures
suivantes :
Tout d'abord, nous extrayons du genre Lucuma^ pris au sens
large (pielques espèces chez lesquelles le calice au lieu d'être formé
par un verticille de cinq pièces à disposition quinconciale, en com-
prend un plus grand nombre échelonnées le long d'une spirale et
nous en faisons le genre Calocarpum qui appartient entièrement à
l'Amérique tropicale.
Dans le genre Lucuma proprement dit, les espèces peuvent se
grouper en deux séries ; pour la première A, l'ovaire est du type 5
au moins, comme les autres verticilles floraux ; dans la seconde B,
il y a au contraire une forte réduction du nombre des carpelles qui
s'abaisse à 2 ou à 1 .
SV/ve A. La section la plus importante \Antholuciimn) renferme des espèces
qui correspondent à l'une des formules llontlcs :
4S + (6P -f 63 + 6s) + 6C ou 5S + (".P + oe + ".E) + r,C
Les loges ovariennes y sont situées vers le haut de l'ovaire ; la cicatrice de
la graine est large et recouvre à peu près la moitié de la surface tégumentaire.
Ce groupe appartient à l'Amérique tropicale ; il est très largement représenté
aux Antilles.
A côté se placent trois autres sections : Chez les Gayella le type floral est
à peu près constamment pentamère pour tous les verticilles, mais les loges
ovariennes sont situées très bas ; la feuille présente des nervures intermé-
diaires i)arallèles aux costulcs, tandis que ciie/. les Anlholucuma la nervation
tertiaire est sensiblement transversale par rapport aux coslules;les Giu/ella
se trouvent au Brésil et au Chili,
Chez les Fonthrunea, le type floral est encore pentamère pour tous les verti-
cilles, mais l'organisation de la graine, à cicatrice oblongue étroite, pourvue
d'un reste d'albumen et l'existence d'un discjue hispide autour de l'ovaire
maiiireslent une tendance vers les Plunchoiiellu ; celte aflinilé est soulitiiiéc
p;ir la répartition géographique, car les deux groupes sont indo-malais.
Les Epilninn s'écartent encore ]>cu du type "i, mais ce ijui les caractérise
surtout c'est l'adhérence de la graine avec le péricarpe presque sur toute sa
surface ; une étroite bande dorsale du tégument séminal reste seule libre ;
c'est une disposition qui rappelle ce qu'on observe dans le genre améiicaiu
Labalia (Nouvelle-Calédonie, Australie).
SérieB. La section PoJo/uma est caractérisée par un ovaire à deux carpelles,
dans les({uels les ovules sont insérés très bas sur l'axe Hrésil .
CA\i'/. les Frarifln^li^lla, 1 ovaire est généralement uniloculaire et enfoncé <lans
flLASSIFICATfON DIS fA'JAyWÈES 71
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ciilc qui [);irl de la hase do la cavilé ovarienne fllrésilj,
Kiifiii les Ereinoluinn forment en (iiudfjne soile transition criln; \v.s deux
f^roupes précédents ; l'ovaire y est en edel MMiiocuiairc, mais sans dis«jue et
l'ovule est inséié comme chez les l'tuloluinn; [os étainines se détachent «lu
luhe de la corolle \A\\s has «pie h-s staminodes.
A côté des Luc lima se ran«(enldc',ux genres les /^ow/cr/Vi ol Luhnliii
exclusivement américains et cai'actérisés par la tétramériede la fleur
qui répond à la formule 4S + (iP+ '\i + 4H) + 'i'^^- ^^ P'»'' l'inst^r-
lion desétamines vers le milieu du luhe d»; la corolle.
La section Parabihalia du^-enrc l'oulcrla est iiitcMcssanteà si{^naler
comme formant transition aux l.ncutiui d'une part par la pcntamérie
fré(juente de la fleur et aux Lnlml'in d'autre part par la {grande sur-
face d'adhérence de la foraine avec 1(^ péricarpe. Ce f^enre l.iihntin
est d'ailleurs très proche des /*()utcria, dont il a ror^'anisatif)n
tétramère, mais il s'en distingue surtout pai le dévcloppemerjt con-
sidérable de la cicatrice séminale.
A côté des groupes précédents nous trouvons toute une série de
formes africaines, qui ont été réj)arties à tort par les auteurs dans
des j^enres assez nombreux. Ceux-ci ne dillVrcnt entre eux que par
des caractères très secondaires tels (jue la soudure plus ou moins
accentuée des sépales à la hasi;, la longueur plus ou moins consi-
dérable des filets staminaux, le plus ou moins de développement des
staminodes, caractères qui varient paifois largement dans uncMiu'-me
espèce. Les limites de ces genres étant fort imprécises et les termes
de transition nombreux, nous avons cru devoir réunir tf)utes ces
espèces, qui sont en somme très voisines des Anlliolurninn, en un
genre uni(]ue linkeriella (Afrique occid(;nlale, Zanzibar).
Nous avons cependant maint(;nu le genre Jiuf.ijrospcrnium à
cause de .son organisation florah; du type 8 et de la grandeur excep-
tionnelle de ses staminodes qui sjjuI foliacés.
En résumé : 1" Au point de vue de la répartition géogiaphicjue,
le groupe que nous considérons appartient en maj(;ure paitie à l'.Vmé-
rique tropicale ; il est cependant leprésenté en Afri(jue par les genres
BnkerieUa et Jiufyf/rOHjH'rrnurn, en Indo-Malaisie par la section
Fonl/jrunra du genre A//r//ma fort>iant transition vers les l'Iniicho-
nella, en .\ustralie et Nouvelle-(]alédonie par la section l'J/iilMni.i.
2" Le type floral est variable, de[)uis l'octomérie des Jiufijros/jer-
mum jusqu'à la tétiamérie des l'onloriu et des LnhalÎH ; mais c'est
72 NOTES
le type pentamère, qui est le plus normal dans le groupe, au moins
pour les verticilles extérieurs à l'ovaire,
3° Ce groupe se relie aux Lucumées k radicule long-ue, par l'in-
termédiaire des Fonthrunea, qui rappellent les Planchonella et par
les Gayella, qui ont certains caractères des 3/icro/>/jo/«s américains.
D'autre part la relation avec les Eusidéroxylées se fait par les
Bumelia qui ont une graine exalbuminée, avec embryon à cotylédons
épais et caudicule courte; ces- Bumelia, par l'intermédiaire des
Dipholis, forment le trait d'union avec les vrais Sideroxylon '.
Marcel Dubard.
I. Nfile présentée à rAcadémie des Sciences le »i juin 1911.
A PROPOS DES HEVEAS
DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
Une note publiée dans le n" 96, de mars 1911, du Bulletin du
Jardin Colonial, a fait remarquer que j^lusieurs Heveas cultivés en
Afrique Occidentale française, à Porto-Novo (Dahomey), qui avaient
été désignés précédemment sous le nom d'Hevea Spruceana, ont été
reconnus, après examen à Kew, comme se rapportant, en réalité, à
THevea Brasiliensis. Cette note a confirmé l'opinion déjà émise par
M. Aug. Chevalier, en juillet 1910, dans l'intéressante étude qu'il
a consacrée à cette époque à l'Exploitation du caoutchouc au Daho-
mey (voir dans le n** 88 du Bulletin, page 30 : V Exploitation du
caoutchouc et la culture des plantes productrices au Dahoniei/, par
Aug. Chevalier),
C( )M M U N ICATIONS DI VE H SES
Analyse de Manioc de la Réunion.
Un échantillon de >< manioc en cosseltes ' » de la Réunion, provenant d'une
usine de cette colonie, a été rapporté par M. l'Inspecteur des Colonies, de
Lapalu, et remis par lui au Jardin Colonial où son analyse a été elTecluée par
le laboratoire de chimie de l'Etablissement.
Voici les résultats de cette analyse :
Eau 11,70
Matières saccharifiables. . 84,15 (en amidon)
Matières azotées 1,31
Cendres 1 ,70
Ce manioc très bien préparé et exempt de gros faisceaux fibreux a été
reconnu comme étant de très ])onne qualité.
Voyage d'études de M. R. Thillard.
Après un séjour à l'Institut agricole de Buitenzorg M. R. Thillard a quitté ce
centre le 28 février dernier pour aller visiter la forêt de « Ficus elastica » que
le Gouvernement possède à Krawang.
Successivement M. Thillard a pu voir des plantations d'IIeveas en rapport,
puis (|uelques grandes cultures de café constituées avec des espèces congo-
laises : C. robusla, C. canephora Var. Kouillouensis, (]. (^ongensis Var. Cha-
lolii, cette dernière quelquefois greffée sur le il. Libéria. L'arbre dombrage
actuellement à la mode, dans ces plantations, est le Leuceœna ijlauca ({ui
paraît résister aux insectes et être indemne de maladies; puis viennent diffé-
rentes espèces cVErythrina.
Entre autres observations intéressantes, M. Tiiillard a pu suivre, en détail,
des coagulations de latex de « Ficus elastica » assez curieuses.
Ce latex, par brassage, peut exiger trois heures de travail pour être coagulé.
Par l'action du « bibit », ou latex ayant séjourné 48 heures dans un godet de
saignée, on arrive par un ensemencement progressif, de deux récipients dans
lesquels le latex est transvasé à tour de rôle, à obtenir la coagulation de
l.'iO litres de latex, en 25 minutes, avec un simple godet origine de <( ijibit ».
Le principe qui agit, dans la circonstance, ne paraît pas encore très connu.
1 . Eli 1909. la Réunion a e\|)()rté âaO.OOO kilos de manioc desséché ou en « cosseltes ».
DOCUMENTS OFFICIELS
ARRET K
nulorisant la formation de la Société dite « Association amicale des
aqenls agricoles de Madagascar et Dépendances ».
Article premier. — Est autorisée la formation, à Tananarive, dune
société désignée sous le nom d" « Association amicale des agents agricoles
de Madagascar et Dépendances ».
Art. 2. — La présente autorisation demeure essentiellement révo-
cable.
Art. 3. — MM. le procureur général, chef du service judiciaire, et
radministrateur-maire de Tananarive sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent arrêté.
Tananarive, le 28 avril 1911.
Albert Picquii':.
Établissements français de 1 Océanie.
Article premier. — Toute vanille récoltée dans les Etablissements fran-
çais de rOcéanie, destinée à l'exportation, devra, quel que soit son mode
d'envoi, être soumise à l'expertise. Cette opération aura lieu à Papeete,
pour Tahiti etMoorea. Elle sera assurée, dans les archipels, par les soins
de l'Administrateur, ou de ses délégués.
Art. 2. — Sont chargés d'expertiser les vanilles :
Le Chef du Service pharmaceutique ;
L'expert attitré de la Caisse agricole.
Il pourra leur être adjoint, pour accomplir cette formalité, d'autres
experts, au nombre maximum de trois. La nomination de ces experts sera
faite par le Gouverneur. Ils seront assujettis à la prestation de serment
avant d'entrer en fonctions. Le Chef du .Service pharmaceutique sera de
droit président de la commission d'experts ainsi constituée.
76 DOCLMENTS OFFICIELvS
Art. 3. — I/evpertise ayant pour objet d'empêcher les envois des pro-
duits dont la mauvaise qualité serait de nature à porter préjudice aux
vanilles récoltées dans le pays, les experts devront procéder à leur vériti-
cation en les classant dans diverses catégories.
La première comprendra les vanilles de qualité supérieure ou de bonne
qualité marchande, susceptibles de recevoir Testanipille officielle. Ces
vanilles pourront être divisées en deux groupes : A vanilles de grande
longueur ; B) vanilles de longueur moyenne.
Dans la deuxième se trouveront classées les vanilles qui, tout en étant
marchandes, auront été reconnues de qualité inférieure. Ces dernières
seront privées de Testampille officielle ; et tout certificat d'origine devra
être refuse à leurs expéditeurs, par le Service des Contributions. Le per-
mis d'embarquement sera néanmoins délivré aux colis de cette catégo-
rie.
Q)uant aux envois de produits dont l'arrivée sur les marchés de vente
aurait pour efîet certain de discréditer les vanilles d'origine tahitienne,
leurexportation sera rigoureusement prohibée, sauf appel immédiatdevant
la commission constituée conformément à l'article 7 du décret du 2 novembre
1910. La décision prise parla dite Commission entraînera d'une façon défi-
nitive, soit la délivrance, soit le refus, suivant les cas, du permis d'em-
barquement.
Lorsque cette Commission siégera comme Commission d'appel, le Chef
du Service pharmaceutique, ayant déjà statué comme membre de la Com-
mission d'expertise, n'aura plus alors que voix consultative.
La défectuosité de l'emballage pourra, comme la qualité inférieure du
produit, motiver le refus de Testampille officielle; mais ne saurait, en
aucune circonstance, priver l'expéditeur du permis d'embarquement.
Art. 4. — L'Administration locale versera aux experts une indemnité
de dix centimes par kilo de vanille.
Art. 5. — Le Chef du Service de l'Intérieur est chargé de l'exécution
du présent arrêté, qui sera communiqué, enregistré et publié partout où
besoin sera.
Papeete, le 8 avril 1911.
A. BONHOURE.
Par le Gouverneur :
Le Chef du Service de r Intérieur,
R. DE BOURNAZEL.
DOCUMENTS OFFICIELS 77
NOiMlNATlONS ET MUTATIONS
Madagascar.
Par décision du 21 avril 1911.
M. Delpon, agent de culture de 3" classe, a été nommé dépositaire-
comptable de la station d'essais de Nanisana (Tananarive).
Par décision du 22. avril 1911.
M. Petit, agent de culture, en service à la station de Tlvoloina, a été
affecté à Manjakanriana pour la surveillance des massifs boisés et des
exploitations forestières de cette contrée.
Par arrêté du 5 mai 1911.
M. Luc (Maurice) a été nommé inspecteur de 3'' classe d'agriculture pour
compter de la veille de son embarquement à destination de Madagas-
car.
Par arrêté du 6 mai 191 J.
M. Reynier, ingénieur agricole, attendu, a été alï'ecté à Tananarive, en
qualité de chef de la section de l'hydraulique et des améliorations agri-
coles.
ST A r I s T I Q l ES CO M M E R C I A L ES
Exportations agricoles et forostièros dos Colonies fntnçaisos.
GUINÉE FRANÇAISE
Année 1910.
1" Bœufs. — 7.120 tètes valant 890.000 francs. 1909 : 9.085 lèles valant
1.085.625 francs. DifTérence en moins : 1.965 têtes.
■2" Chevaux. — 31 tètes valant 9.300 francs. 1909 : 44 têtes valant 13.200
francs. Dillérence en moins : 13 têtes.
■<" Anes. — 34 têtes valant 3.400 francs.
i" Moutons. — 2.021 têtes valant 30.315 francs. 1909 : 2.849 têtes valant
42.735 francs. DifTérence en moins : 828 têtes.
r)° Chèvres. — 217 lêles valant 2.170 francs. 1909 : 316 têtes valant 3.160
francs. Dillérence en moins : 99 têtes.
G» Peaux brutes de bœufs. — 412.183 kilos valant 721.321 francs. 1909 :
476.652 kilos valant 834.139 lianes. Différence en moins : 64.469 kilos.
1" Cire. — 26.013 kilos valant 61.511 francs. 1909: 27.569 kilos valant
57 693 francs. DifTérence en moins : 1.556 kilos.
8» Poisson sec. — 80 kilos valant 80 francs. 1909 : 154 kilos valant 110 francs.
Différence en moins : 74 kilos.
9' Dents d'éléphants. — 4 870 kilos valant 57.078 francs. 1909 : 6.521 kilos
valant 91.780 francs. DifTérence en moins : 1.651 kilos.
10" Riz. — 176.591 kilos valant 42.373 francs. 1909 : 179.922 kilos valant
42.689 francs. Dillérence en moins : 3.331 kilos.
Il" Mil. — 19.616 kilos valant 1.904 francs. 1909 : 10.647 kilos valant
1.105 francs. DifTérence en plus : 8.969 kilos.
12" Colas. 101.781 kilos valant 203.562 francs. 1909 : 59.932 kilos valant
119.864 francs. DifTérence en plus : 41.849 kilos.
I.J" Bananes. — 159.711 kilos valant 15.951 francs. 1909 : 59.010 kilos valant
5.902 francs. DifTérence en plus : 100.701 kilos.
li" Ananas. -- 26.466 kilos valant 21.513 francs. 1909 : 9.941 kilos valant
2.982 francs. DifTérence en plus : 16.525 kilos.
STATISTIQL'ES COMMERCIALES 79
i> Autres fruits frais. — 3.501 kilos valant 916 francs. 190y : 12.163 kilos
valant 3.648 francs. Différence en moins : 8.662 kilos.
10'^ Tabac indigène. — 14.120 kilos valant 61.914 francs. 1909 : 16.424 kilos
valant 22.994 francs. DitTérence en moins : 2.304 kilos.
17° Palmistes. — 4.579.947 kilos valant 915.990 francs. 1909 : 3.762.692
kilos valant 752.538 francs. Différence en plus : 817.255 kilos.
18° Sésames. —394.393 kilos valant 78.880 francs. 1909 : 322.506 kilos
valant 64.501 francs. DitTérence en plus : 71.887 kilos.
19° Arachides. - 560.156 kilos valant 70.018 francs. 1909 : 1.663.233 kilos
valant 207.904 francs. Différence en moins : 1.103.077 kilos.
20° Café. — 208 kilos valant 416 francs. 1909 : 507 kilos valant 1.014 francs.
Dilférence en moins : 299 kilos.
•21° Gingembre. — 2.328 kilos valant 1.164 francs. 1909 : 648 kilos valant
323 francs. DitTérence en plus : 1.680 kilos.
22° Huile de palme. — 157.359 kilos valant 94.415 francs. 1909 : 121.744
kilos valant 73.046 francs. Différence en plus: 35.615 kilos.
23° Gomme copal. — 119.056 kilos valant 297.639 francs. 1909 : 148.743 kilos
valant 371.858 francs. Différence en moins : 29.687 kilos.
24° Caoutchouc. — 1.706.950 kilos valant 14.509.071 francs. 1909 : 1.808.430
kilos valant 15.371.655 francs. Différence en moins : 101.480 kilos.
25° Calebasses. —3.577 kilos valant 4.076 francs. 1909 : 21.523 kilos valant
19.899 francs. Différence en moins : 17.946 kilos.
26° Or. — 33.024 grammes vaiant 82.560 francs. 1009 : 10.779 grammes
valant 26 .948 francs. Différence en plus : 22.245 grammes.
COTE D'IVOIRE
Année 1910.
1° Pelleteries brutes. —862 kilos. 1909 : 1.869 kilos. DitTérence en moins :
1.007 kilos.
2° Poisson fumé. — 8.515 kilos. 1909 : 10.165 kilos. Différence en moins :
1.650 kilos.
3° Cire animale. — 109 kilos. 1909 : 535 kilos. Différence en moins : 426
kilos.
4° Dents déléphants. — 11.883 kilos. 1909 .-9.507 kilos. Différence en plus :
2.376 kilos.
SO STATISTIQUES COMMERCIALES
5" Maïs en grains. — 2.224 kilos.
6» Amandes de palmistes. — 5.422.921 kilos. 1909 : 5.193.007 kilos. Diffé-
rence en plus : 229.914 kilos.
7" Café. — 34.686 kilos. 1909 : 29.108 kilos. Différence en plus: 5.578 kilos.
8" Cacao (en fèves). — 7.589 kilos. 1909 : 5.139 kilos. Différence en plus :
2.450 kilos.
9» Piment et poivre de Guinée. — 237 kilos. 1909 : 1 .267 kilos. Différence en
moins : 1.030 kilos.
10" Huile de palme. — 5.954.788 kilos. 1909 : 6.366.566 kilos. Différence
en moins : 411.778 kilos.
11° Coprah. — 20.429 kilos. 1909 : 2.106 kilos. Différence en plus : 18.323
kilos.
12° Caoutchouc brut. — 1.401.269 kilos. 1909 : 1.241.874 kilos. Différence
en plus : 159.395 kilos.
1.3° Noix de coco. — 76 noix. 19UU : 100 noix. Différence en moins : 24 noix.
14° Bois d'ébénisterie (acajou). — 13.783,540 kilos. 1909 : 15.994.239 kilos.
Différence en moins : 2.210.699 kilos.
1'')° Feuilles médicinales. — 174 kilos.
IG" Piassava. — 11.063 kilos. 1909 : 14.618 kilos. Différence en moins :
3.555 kilos.
17° Ignames. — 2.332 kilos. 1909 -.649 kilos. Différence en plus: 1.683 kilos.
18" Kapok. — 102 kilos.
19° Poudre d'or. — 11 k. 608. 1909 : 2 k. 700. Différence en plus : 8 k. 908.
20° Objets de collection. — 425 kilos.
21° Graines de Makoué. — 70 kilos.
22° Bananes. — 60 kilos.
23" Amandes de rondier. — 14.034 kilos.
DAHOMEY ET DÉPENDANCKS
Année 1910.
i" Bœufs. — 243 lêlcs valant 29.160 francs. 1909 : 285 lûtes valant 17.100
francs. Dillérence en moins : 42 têtes.
2" Chevaux. ~ 6 têtes valant 1.800 francs. 1909 : 3 têtes valant 900 Iraiics.
Différence en plus : 3 têtes.
StAIISTIQllvS (;(3.MMERCI VLKS 81
3" Porcs. — 1.129 UHes valant 31.315 IVancs. 1909 : 927 têtes valanl 14.596
IVancs. DifTérence en plus : 202 tètes.
4" Moutons.'— 499 tètes valant 7.485 fianc-s. 1909:414 Lètes valant 6.210
francs. Dillérence en pins : 85 tètes.
.•■»" Chèvres. 276 tètes valanl 2.760 francs. 1909 : 194 tètes valant 1.940
francs. Différence en plus : 82 têtes.
6" Volailles. — 81.213 kilos valant 123.485 francs. 1909 : 88.774 kilos valant
108.297 fran("s. Différence en moins : 7.561 kilos.
7" Peaux brutes d^ bœufs. —7.702 kilos valant 7.702 francs. 1909 : 5.571
kilos valant 8.382 francs. Différence en plus : 2.131 kilos.
8° Peaux brutes autres. — 57 [jeau.x valanl 206 francs. 1909:313 peaux
valant 345 francs. Différence en moins : 256 peaux.
9° Plumes. — 4 kilos valant 250 francs. 1909 : 12 kilos valanl 150 IVancs. Dif-
férence en moins : 8 kilos.
10" Peaux d'oiseaux. — 6 kilos valanl 32 francs.
11" Œufs. — 88.346 cents valant 3.046 francs. 1909 : 139.260 cents valant
4.178 francs. Dilfèrence en moins : 50.914 cents.
I-J" Miel. —11.747 kilos valanl 11,747 francs. 1909: 2.711 kilos valant
2.711 IVancs. Différence en plus : 9.036 kilos.
i:i" Poissons secs, salés, fumés. — 801.377 kilos valant 440.759 IVancs. 1909:
397.062 kilos valant 260.525 francs. Dilfèrence en plus : 404.315 kilos.
14" Crevettes fumées. —80.007 kilos valanl 104.791 francs. 19(19 : 53.177
kilos valant 64.908 IVancs. Dilfèrence en plus : 36.830 kilos.
lo" Autres produits de pêche. — 4.901 kilos valanl 1.729 francs. 1909 : 72
kilos valant 87 IVancs. Différence en plus : 4.829 kilos.
lO" Dents d'éléphants. — 279 k. 500 valant 4.476 francs. 1909 : 378 k. 610
valant 5.139 francs. Différence en moins : 99 k. 110.
17" Maïs. 2.055.348 kilos valanl 171 .528 francs. 1909:9.333.539 kilos
valant 700.014 IVancs. Différence en moins : 7.278.191 kilos.
18" Mil. —4.931 kilos valant 592 francs. 1909 : 3.546 kilos valant 425 francs.
Différence en plus . 1.385 kilos.
19» Haricots. —75.682 kilos valanl 30.272 francs. 1909 : 50.876 kilos valant
10.176 francs. Différence en plus : 24.803 francs.
•20» Ignames. — 18.175 kilos valant 1.091 francs. I90'.t ; 27.443 kilos valant
1.774 francs. Différence en moins : 9.268 kilos.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" lOU. t>
82 STATlSTinUKS COMMERClALliiS
21» Manioc. —1.714 kilos valant 141 francs. l'.KJ'.l : 1.638 kilos valant 198
francs. Différence en plus : 76 kilos.
22" Colas. — 35.000 kilos valant 70.000 francs. 1909 : 29.738 kilos valant
59.476 fiancs. Différence en plus : 5.262 kilos.
2:i' Autres fruits indigènes. — 6.138 kilos valant 1.211 tiancs. |9(i9 : 2.737
kilos valanl 690 francs. Différ(>nce en plus : 3.401 kilos.
24» Coprah. — 466.765 kilos valanl 148.817 francs. I9I)U : 377.529 kilos
valant 99.420 francs. Différence en plus: 89.236 kilos.
2:;» Amandes de palme. — 34.783.638 kilos valant 9.979.903 francs. 19U9 :
33.224,460 kilos valanl 8.123.378 francs. Différence en plus : 1.559.178 kilos.
20° Arachides en coque. —16.247 kilos valant 1.626 francs. 1909:38,461
kilos valanl 3.846 fr.incs. Dillercnce en moins : 22.214 kilos.
27" Fruits et graines non dénommés. — 2.953 kilos valant 1.288 francs.
1909 : 4.060 kilos valant 1.060 francs. Différence en moins : 1 . 107 kilos.
2S'' Piment. — 11.346 kilos valanl 8.510 francs. 1909 ; 9.720 kilos valant
7.290 francs. Différence en plus : 1.626 kilos.
29" Beurre de karité. — 37.197 kilos valant 18.534 francs. 1909:3.997 kilos
valant 1.400 francs. Dillerence en plus : 33.200 kilos.
:M)" Huile de palme. ^ 14.627.874 kilos valanl 6.353.924 francs. 1909:
15.016.265 kilos valant 6.448.083 francs. Différence en moins: 388.391 kilos.
:]1" Caoutchouc. — 913 k. 150 kilos valant 3.500 francs. 1909:699 kilos
valant 2.305 fiancs. Différence en jilus : 214 k. 150.
32" Coton en laine. —120.385 kilos valant 140.103 francs. 1909 : 130 078
kilos valant 130.078 lianes. Dilférence en moins : 9.693 kilos.
Xi" Coton non égrené. — 493 kilos valant 99 francs.
:ii" Graines de coton. - 193.072 kilos valant 16.351 francs. 1909 : 172.257
kilos valant 12.395 francs. Dilférence en plus : 20.815 kilos.
3o" Filaments de calebasses. — 7.189 kilos valant 3.017 iVancs. 1909:
15.055 kilos valant 3.614 francs. Dillerence en iin^ins : 7.866 kilos.
:iC)° Indigo. — 24.216 kilos valant 5.168 francs. 1909 : 8.522 kilos valant
17.818 francs. Différence en plus : 15.694 kilos.
COURS ET MARCHES
DES PRODUITS COLONIAUX
CAOUTCHOUC
LE HAVRE, 6 juillol l'.lll. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
SciiwEiTZEu, 1, rue Jérôme-Bellarmato.)
Nous n'avons pas grand chanr;oment à signaler dans les cours depuis notre
dernier communiqué, cependaul le marché a plulôl une tendance à la baisse
et l'on cote :
Francs
Pai\i Il
Para Seraaniby 7.25
Pérou iin 10.75
Pérou Sernamby 0.25
— — caucho . 0.25
Maniçoba 5 . 50
Madagascar :
Tamalave Pinky I (i.5()
— Pi ni
Majunga
II.
Faranfangana.
Anahalava . . .
Mananzary. \
Barabanja. '
Lonibii'o. ^
Tuléar
Tonhin
Congo :
Haiil-Oubaris"!
(>
5.50
1.60
()
0. rci
à 11 .35
0.40
II
9. 10
0. 10
0.50
S . 50
S
0.50
7.50
10.25 10.15
Kutto. . .:
H. G. Batouri.
Ekela Kadei Sangha
Conyo rouge lavé
Bangui
Koulon-Niari
Manibéri
N'Djolé
Mexique feuilles scr;q>p\-
— slaps
Savanilla :
San SaU'adiir
Cartliagène
Ceylan :
Biscuits, crêpes, etc. . '\
— — e.vtra.. '
Scraps )
Balata ^'énézuela l^locs..
Balata - feuilles..
10
7
10
3
10
5
1
.KO
.'OO
.00
.00
i-ancs
à 10.
7 .
Il
3.
10,
5,
4,
6.
0.
(i
10
8
1:î
50
50
85
50
75
25
50
.50
Le tout au kilo, magasin Havre.
BORDEAUX. 30 juin 1911. — (Communi(iué de MM. D. Dukkau et
C"', lu, rue de Cursol.j
Durant tout ce mois de juin, les affaii'es ont été calmes en nos sortes afri-
caines, les prix tenus par les inq^ortalenrs étant trop élevés par rapport au
cours du Para, qui a oscillé entre 10 fr. 7)i et 1:.' francs le Jcilo et \aul aujoin-
dluii 11 francs le kilo environ.
84
COURS ET MARCHÉS
11 s'est fait cepeiidanl qiiclciuos airniros, el les ventes se sont élevées à envi-
ron 60 tonnes.
Nous cotons :
Francs
CoTiakry Niggers 9.50
Rio Niinez 10.50
Soudan Niggers Rouges 0
Soudan Xiggers Blancs S.^>\^
Soudan Alanoli 9.50
Laliou Niggers s
Lahou Petits Cakes 7
Francs
Lalioii Cakes Moyens 6 . 25
Gambie A G. 50
Bassani lAunps 4.60
Gambie A. M 5.50
— B 4.50
Tamatave rooty 5.40
r^>alata sheets 9.35
ANVERS, G juillet l'.Ul. — (Comniuni<[né de la SuciPt/' coloniale Anrri--
soise, 9, rue Hubens.)
Le marché de caoutchouc pendant le mois de juin a été très faible et la
demande peu animée, néanmoins notre vente par inscription du 20 juin s'est
faite en assez bonne tendance et bien qu'un tiers seulement de la quantité
ofl'erte en vente ait été réalisé, les offres étaient assez nombreuses, mais les
détenteurs n'ont pas voulu accepter les offres qui avaient été faites. Les prix
ol)lenus ressorlent en Iniisse d'environ 2o centimes pour les espèces congo-
laises et de 0 fr. 4!) pour les caoutchoucs de plantation, mais il faut tenir
compte pour ceux-ci de ce que les évaluations avaient été faites sur la l)ase de
4 s. 0 d.
Nous cotons aujnurdliui pour marcliandise courante ;i lionne :
1^'rancs
Kasaï rouge I 1 0 . 50 à 10.
Kasaï rouge genre Lo-
anda II noisette 7.7,')
Kasaï noir 1 10.50
Equateur, Yengu. Ikelem-
ba, Lulonga, etc 10.50
Lopori IMaringa 6.25
s
25
10
75
10
75
6
75
Francs
Haut -(^mg'cj oi'dinaire,
Sanknru. boniani 10.25 à 10.65
Aru^^ imi 10.25 10.65
StraKs Ciépes 1 12.75 1.3
Guayule 5.25
Maniçiiba 6.50 7
Mongdla lanières 10.25 10.65
^^'amba rouge I (i.jo 7
Stock (in avril l'.lll
Arrivages en mai
Ventes en mai
Ar, ivages iie|tuis le {'''janvier
Ventes depuis le 1' janvier. . .
Stock fin mai
258
243
1 . 794
1 . 768
C.ii
tonnes
COURS ET MAKCHÉS
COTONS
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 7 juillet 1911. — Cote officielle. — Louisiane trè^ ordi-
naire (en balles, les 5U kilos).
Francs
Juillet 93.25
Août 92.50
Septembre 80 . 75
Octobre 85.37
Novembre 83 . 75
Décembre 83
Janvier.
Février.
Mars...
Avril.. .
Mai ....
Juin. . . .
Francs
82.75
82.62
82.62
82.62
82.50
82.37
Tendance soutenue.
LIVERPOOL, 7 juillet 1911. — Ventes en disponible: 6.000; Amérique
calme; cotes Amérique et Brésil en baisse de 11/100; Indes calmes et sans
changement ; importations, .3021 ; futurs ouverts en baisse de 4 6/100.
CAFES
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE. 7 juillet 1911. — Santos good average, les 50 kilos, en
entrepôt :
Juillet-novembre,
Décembre
70.25
70
Janvier-février
Mars-Mai
69.75
69.50
Tendance soutenue. Ventes : 21.000.
ANVERS, 1 juillet 1911. — Cafés. —Clôture. — Cote officielle de café, San-
tos Base good les oO kilos : juillet, 70 fr.25 ; août, 70 fr. 25 ; septembre, 70 fr. 50 ;
octobre, 70 fr. 50; novembi'e, 70 fr. 50; décembre, 70 fr. 25 ; janvier, 70 fr. ;
février, 70 fr. ; mars, 70 fr. ; avril, 70 fr. ; mai, 70 fr. ; juin, >< fr.
Tendance soutenue. Ventes : 26.000 kilos.
HAMEOURG, 7 juillet 1911. — Les 50 kilos; septembre, 71 fr. 56:
décemjjre, mars, 71 fr. ; mai, 70 fr. 94.
Tendance suiilenue.
86
COURS ET MARCHÉS
CACAO
LE HAVRE, 30 juin 1911.
Au droit de 104 francs.
Francs
Giiayaquil Arriba 75 à SO
— Balao "0 7 i
. — Machala ... 71 73
Para 07 70
Garupano <JS 72
Colombie 102 108
Ceylan. Ja\a 72.50 85
Trinidad fi<) 72
Grenade 6.3 68
Francs
Sainte - Lucie, Domi-
nique, Saint-^'incent 61
Jamaïque 59
Sui'inam
Bahia fermenté
San Thomé
Côte d'Or
Samana
Sanchez Puerto Plata.
Haïti
61 à
66
59
64
63
66
61.50
69
65
67
60
6i
60
61
59.50
61
51
66
Au droit de o2 francs.
Francs
89 à 93
Martinique 87 8S
Guadeloupe 88.50 9o
])onj;;o français.
Madaj;ascar, Réunion.
Comores
Francs
90 à 97 . 50
MATIERES GRASSES COLONIALES
MARSEILLE, ."i juillet 1911. —(Mercuriale spéciale de « l'Agriculture
[)ratiqiie des Pays chauds », par MM. Rocca, Tassy et de Roux.)
Coprah. — rentlauce ferme. Nous cotons nominalement en disponii)le les
100 kilos c. a. f., poids net délivré conditions de place.
Francs
Ceylan suudried 62
Sinj^apore 58
Macassai' 57 . 50
Manille 56.50
Zanzibar 57.50
Mozambique 53 . 50
Francs
Ja\ a siunlrieil 59.50
Saïf^'on 56.50
(^otonou 57
Pacifique Samoa 58
Océanic française 58
Huile de [)ahne Lagos, ii'l frs ; Honny-Hniniu, <>7 frs ; ([iialilés secon-
daires, à 04 frs les 100 kilos, conditions de Maisi-illc, fûts perdus. |)rix
])our chargement entier.
tji'aini's de pahnistc Guinée.
— M(J^^■ra.
i 1 . 50
1 Ici ivre
Man(|U(
(JOURS ET Marchés 87
Graines oléagineuses. —Situation forme; nous cotons nominalement :
Francs
Sésame Bombay blanc ^^rosse graine 40
— — petite — 39
— JafTa 43
— bigarré Bombay. Grosses graines. 50 "/„ de blanc. . 30
Graines lin Bombay brune grobse graine 45
— Colza Gawnpore. Grosse graine 27.50
— Pavot Bombay 38
— Ricin Coromandel 28
Arachides décortiquées Mozambique .' 36
— — Coromandel 32
Autres matières. — Cotations et renseienements sur demande.
TEXTILES
LE HAVRE, G juin 101 I. — (Communiqué de la Maison Vaquiu et
Schweitzer.)
Manille. — • Fair curreut : 4U tV. 7."i à oO fr. 2"j. — Superior Seconds :
i'.l Fr. k i-U fr. lit). — Good browu : 4() i"r. 50 à 47 fr.
Sisal. — Mexique : !>'■• fr. .")() à 01) fr. — ■ .\fri([ue : lil fr. à OU fr. — Indes
anglaises : .SI fr. à 43 fr. — Java : OS fr. à Oo fr.
Jute Chine. — Tientsin : 49 fr. .50. — • Hankon : 47 fr. 25.
Aloès. — Maurice : 56 fr. à 00 fr. 50. — Réunion : 36 à 61 fr. — Indes : 31 à
37 fr. — • Manille : 35 fr. à 42 fr.
Piassava. — ■ Para : 130 à 130 fr. — Afrique : Cap Palmas : 53 à 50 fr. —
Sinoë : 32 à 53 fr. ; Grand Bassani : 52 à 55 fr. ; Monrovia : 30 fr. à 52 fr.
China Grass. — Courant : 80 fr. à 89 fr. — Extra : lOl) fr. à 119 fr. 50.
Kapok. — Java : 210 à 240 fr. — Indes : 125 à 130 fr.
Le tout aux 100 kilos, Havre.
GOMME COPALE
ANVERS, 8 juin 1911. — (Communiqué de la Société Coloniale An-
versoise.)
Le marché du copal a été très ferme et on légère hausse, nous cotons pour
qualité courante à bonne :
(iomnie triée blanche de belle (jualilé. . . . 320 à 350
— — claire transparente 230 à 200
— — assez claire opaque 145 à 180
1— non triée de qualité courante 110 à 135
.S8
COUhS KV MAhCHÉS
LE HAVRE, f. juilK't lOll. — (Comimini.jiu' de MM. VjKjuin cl
Schweitzer.)
Gomme copale Afrique.
Madagascar. . . .
50 à 100 francs ) , ,„„ ,
les 100 ki,'.
. . 100 à 400 — \
POIVRE
(les 50 kgr. en enlrepôl)
LE HAVRE. T juillel 1911 :
Saigon. Cours du jour :
Francs
Juillet 83.50
Août S.3.50
Septembre 84.50
Octobre 83
Novembre 83
Décembre 83.50
Francs
.Iau\ ier 86
Février 86.50
Mars 87
Avril 87.50
Mai 88
Juin 88.30
IVOIRE
ANVERS. H mai l'.dl. — - Comniuuiijué île la Société coloniale Anver
soise. -Marché inchangé.
BOIS
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lie Année Août 1911 No 101
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Jardin Colonial
L 'Agriculture pratique
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BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
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Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
nu Diiecfenr <ht Jardin ColonidI , A/inis/ère des Colonies
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Augustin G H A L L A M E L , E d i t e u n
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Nitrate de potasse. /,4 0,^ de poia.sse, ù\ o/,, d'azote.
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Canne à sucre.
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L'AGRICULTURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Août 1911 No 101
SOMMAIRE
PaRCS
Les Eucalyptus, par R. de Noter 89
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maîlre de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Agriculture Coloniale (suite) 1 10
Le Maïs africain, par Yves Henry, Directeur de l'Ag^riculture en
Afrique Occidentale Française {fin) 12^
Plantes médicinales de la Guinée française, par H. Pobég-uin,
Administrateur en chef des Colonies (suite) i33
Le Bois de rose de la Guyane et son huile essentielle, par E. Bas-
sière, Ing-énieur ag-ricole, Inspecteur d'Ag-riculture aux Co-
lonies 145
NOTES
Le Karité au Dahomey , par M. Noury, Sous-inspecleur d'Ag'ri-
culture 1 69
La production du Caoutchouc au Venezuela 166
DOCUMENTS OFFICIELS
Nominations et mutations. . 167
Statistiques Commerciales. — Exportations agricoles et forestières
des colonies françaises 168
Cours et Marchés des Produits Coloniaux (caoutchouc, colon, café,
cacao, matières grasses, textiles, gommes, poivre, ivoire,
bois) 170
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Il'' Année Août 1911 N" 101
ET U DES ET M ÉMOI R ES
LES EUCALYPTUS
Bien d autres avant nous ont parlé des Eucalyptus, mais la plu-
part de ces notes sont éparpillées de tous côtés, dans nombre de
publications, c'est donc une l)onne raison pour en entretenir à nou-
veau et en un volume facile à consulter, car on ne dira jamais assez
de bien de ces arbres, dont les elFets bienfaisants se sont produits
partout où ils furent introduits, tant dans nos colonies d'Afrique,
que dans le Midi de la France, au Gabon, aux Indes Orientales, dans
l'Amérique du Sud, etc.
Nous avons eu l'occasion de 1876 à 188(i — cest-à-dire pen-
dant le cours de dix années — de les cultiver et de les étudier à
l'aise en Alg-érie, c'est donc la conclusion de nos recherches et de
nos comparaisons que nous réunissons ici.
Dans tous les pays, même de température moyenne, il est pos-
sible d'utiliser les Eucalyptus, — ' du moins certaines espèces sont
dans ce dernier cas — et, })artout, ils rendront d'inappréciables ser-
vices, soit pour créer des boisements autour des habitations, soit
pour le repeuplement des parties dénudées de pays dépourvus de
forêts et par conséquent dombrag^es.
Le déboisement inconsidéré qui se produit partout a occasionné
et occasionnera encore pendant lonj^-temps des perturbations clima-
tériques dont nous avons la preuve la plus évidente dans les inon-
dations survenues partout, en ces dernières années, tant dans le
Nord de la France que dans le Midi. 11 est bien certain cependant
que les Eucalyptus ne pourront rendre aucun service dans le Nord
de l'Europe où il faudra toujours utiliser d'autres essences, mais
dans le Sud, il en sera tout autrement, nous en sommes convaincu,
parce que ces myrtacées y ont déjà droit de cité, par une naturali-
sation raisonnée due à feu Naudin, de l'Institut de France.
L'Italie, l'Espag-ne, le Portugal et le Midi de la France, doivent
bénéficier larg-ement de ces arbres providentiels qui, non seulement
Rul. du Jardin colonial. 1911. U. — N° 101. 7
*-M) K II i>i;s Kl \iK>i(iiHi:s
croissent avec une extrême lapidité. mais encore assainissent dans
les mêmes proportions, en absorbant les miasmes délétères des
marécages et en desséchant rapidement, presque sans frais, les
terrains inondés, malsains et improductifs.
Certaines régions de l'Espagne où la température est propice,
où il y a absence totale d'arbres et où, par conséquent, les pluies
sont rares, seraient rapidement transformées par l'introduction de
ces arbres prodigieux et précieux. Mais hélas ! en Espagne — daiis
la Manche particulièrement — tout ce qui est arborescent est
détruit sous pnHexte que les moineaux — considérés comme des
ennemis de Tagricultui'e — y font leurs nids et s y multiplient sans
limite au grand dommage des ch;imps de blé. Aussi les Espagnols
sonl-ils presque tous anti-sylvicoles \ qu'on nous permette ce mot
qui lionne la note exacte.
Pourtant, nous devons bien 1 avouer, il y a certainement un peu
de vrai dans ces " on-dit » qui sont basés sur une bêtise séculaire,
car après tout les moineaux, s'ils dévastent tant soit peu les
récoltes, peuvent être maintenus en une certaine limite dans leurs
déprédations, soit qu'on leur fasse la chasse ou qu'on les détruise
(|uand ils deviennent un tléau.
Nous avons vu en 1876, en Algérie, autour d'Orléansville, ville
de la frontière des provinces d'Alger et d'Oran, des plantations
d'Eucalyptus faites vers 1865 ou'l86(') avec le gommier bleu exclu-
sivement [E. glohiiliiH).
Ea venue de ces arbres était splendide, leur taille énornu^ et le
tronc de nombre d'entre eux dépassait un mètre de diamètre à la
base. Depuis cette époque, il nous reste à suj)|)oser qu'ils ont
encore grossi et que, à présent, ce sont de véritables géants.
Nous ne saurions dire, d'une fa^on affîrmative, si ces arbres ont
été néfastes à l'agriculture dans la plaine <lu C.hélif qui, aupara-
vant, était dénuée d'arbres, mais ce que nous avons constaté,
c'est que chacun d'eux était littéralement couvert de nids de moi-
neaux, au point que, en secouant 1 un ou l'autre, on faisait choir
sur le sol, des milliers de jeunes. Ceci se passait en mai-juin,
époque de la ponte de ces oiseaux.
Or, les colons ne se plaignaient pas outre mesure des dépréda-
tions des moineaux, (jui pouitant — dans le j)ays — se multi-
j)liaienl à l'inlini.
Les aigles, les corbeaux. les geais et autres oiseaux tainivores en
LES ELCALYPTLS di
détruisaient d innombrables quantités, mais les habitants ne se
préoccupaient nullement ni des uns ni des autres.
Depuis 1876, il est évident que ces oiseaux granivores ont dû
augmenter dans d'immenses proportions, à moins qu'on n'y ait mis
le holà, par une destruction systématique indispensable.
Quoi qu'il en soit, cet exemple de reboisement entrepris par le
génie militaire aux environs d'Orléansville. pour être isolé, n'en est
pas moins typique. Partout où les régions dénuées d'arbres
seront reboisées, il en sera certainement de même, mais les planta-
tions en s'étendant considérablement n'augmenteront pas le
nombre des oiseaux granivores, nous croyons même que cela ne
s'apercevra même pas du tout, parce qu'ils se répandront sur de
plus grandes étendues pourvues de futaies et que, d'autre part, ils
trouveront aussi plus de nourriture ailleurs qvie dans les champs
de blé.
Les Eucalyptus attirent les moineaux, c'est un fait indéniable ;
l'introduction de ces oiseaux à la Nouvelle-Zélande, où il n'y en
avait pas avant, fut un véritable lléau; ces animaux s'y multi-
plièrent si étonnamment qu'il fallut les combattre : cet état de
chose pouvait devenir une cause d'abandon ou tout au moins de
déchéance de ce pays; il est probable que, à l'heure actuelle, tout
se passe pour le mieux dans cette superbe partie du monde, mal-
gré que les Eucalyptus y soient les maîtres des forêts.
Ces deux faits que nous venons de citer sont intéressants à
noter parce qu'ils laisseraient supposer que les Eucalyptus pour-
raient devenir de terribles fléaux : nous pouvons assurei- qu'il n'en
est rien!
Dans toute la province d'Alger et d'Oran, partout où Ton a
planté des Eucalyptus, les moineaux ne se sont pas multipliés plus
qu'ailleurs en Europe, parce que ces granivores* trouvent d'autres
arbres à leur convenance pour y faire leurs nids et, enfin, répan-
dus sur de grandes surfaces, c'est à peine si on s'aperçoit de leur
présence.
La multiplication de ces oiseaux se produit, croyons-nous, plus
facilement dans les climats qui leur conviennent ; c'est ce qui
expliquerait la raison de leur étonnante fécondité aux environs
d'Orléansville et en Nouvelle-Zélande.
En ce qui concerne la Manche fen Espagne), nous ne croyons
pas que si l'on y introduisait les Eucalyptus, ils soient plus dan-
92 ÉTUDES i:t mk.moirks
g^ereux que pour d'autres pays. Dans tous les cas, ils y amène-
raient une plus grande régularité dans la température et dans la
chute des pluies, qui y sont plutôt rares.
Il en serait de même en Portugal.
L'Italie (jui possède d'immenses territoires envahis par les
marécages, a bien fait quel((ues tentatives de plantations, mais
cela s'est borné à de timides essais, et les marais Pontins qui
deviendraient une merveilleuse richesse pour ces romains dégénérés,
depuis des milliers d'années, répandent toujours autour d'eux la
terrible « malaria » qui mène à la mort et à la destiuction une
race qui fut forte et que la maladie a aveulie.
Partout en Algérie où Ton a exécuté des plantations d'Euca-
lyptus, là où les lièvres paludéennes régnaient en maîtresses sou-
veraines, le climat sest bonitié, et si l'on y parle encore de mala-
ria, c'est qu'elle est dans le sang des anciens. Les générations à
Avenir en seront sûrement indemnes.
Sous les tropiques, bon nombre d'espèces d Eucalyptus rendraient
de réels services; nous traiterons cette question en son temps.
Gomme Colonial, je souhaite que ma prédiction se réalise et
dans l'avenir on aura des colonies saines partout, et l'Algérie rede-
viendra aussi prospère que lors de l'occupation de Rome, dont les
Mauritanies étaient le g-renier.
iiisroïKi; i)K l'eucalvi'ii s
L Eucalyptus n'a pas, à proprement parlei-, d histoire ; la
découverte de cet arbre précieux ne fut qu un incident botanique,
lorsque Gook, le célèbre voyageur anglais, retrouva les régions
australiennes, apr/'s Tasman et tant d autres.
Labillardière qui 1 accom|)agnait comme naturaliste — ceci se
passait au xviii'" siècle — en remit des échantillons de tiges,
feuilles et capsules de graines à l'Héritier cjui en lit avec l'^". glo-
hulus, le type du genre.
Le mot scientifique tle <■ luicalyptus » sig-nilie « bien caché »,
dénomination admirablement appi'opriée aux g'raines de toutes les
espèces qui sont dissimulées dans leurs capsvdes, jirincipalenient
en ce qui concerne les^". fjlohiiliis et polyanfhenia.
Ges arbres restèrent longtemps sans être introduits dans les pays
LKS EUCALYPTUS 93
iiitertropicaux : ce n'est que vers 1830 qu'une importation de
plusieurs espèces, y compris le (/lohulus, eut lieu en Italie, non
(le g-raines mais avec des plants vivants. Ils arrivèrent du reste à
bon port, mais tous, en peu de temps — on était en hiver — périrent
par la gelée sauf l'^". polyanthcma.
On crut alors son acclimatement impossible et Ion en resta là.
En 1852, de nouveaux essais furent tentés, sur l'incitation de
M. P'erdinand von MûUer, directeur du Jardin Botanique de Mel-
bourne, et ceux-ci donnèrent pleine satisfaction, parce qu'ils
avaient été d'abord faits en Algérie.
De 1854 à 1860, M. Ramel s'entendit avec le savant botaniste
de Melbourne, et une introduction importante de graines se fît par
les soins de ces deux hommes dévoués à la cause de la sylvicul-
ture exotique, et bientôt, les Eucalyptus se répandaient partout
dans notre colonie du Nord de l'Afrique.
l^^n même temps, Thuret, dans sa belle propriété du Cap d'An-
tibes, devenu, grâce au legs de ce g'énéreux donateur, un véritable
jardin botanique exotique; Alphonse Karr à Saint-Raphaël et
d'autres encore, parvinrent à les faire connaître, ap[)récier à leur
juste valeur et à les répandre largement.
Aujourd'hui, les Eucalyptus ont pris droit de cité en Alg-érie où
ils sont largement multipliés, mais, devons-nous le dire, leur
emploi est encore d'un usage restreint : cependant nous verrions
avec plaisir de vastes plantations s'en faire partout, principalement
dans les lieux déboisés et impropres à la culture. Il en serait de
nièmedans nos colonies du sud de l'Afrique, des Indes orientales, etc.
Nous avons vu les plantations faites à Maison-Carrée, près
d'Alger, par M. Cordier, un des plus sérieux vulgarisateurs de ces
arbres : sa collection en comptait il y a une quin/.aine d'années
plus de cent espèces distinctes.
Nous avons eu en notre possession, pour notre part, à Tipaza
près (^herchell Algérie, une cinquantaine d'espèces qui, venues de
nos semis, produisaient des graines cinq ans plus tard. Nos planta-
tions avaient été principalement exécutées sui- les talus d une
petite rivière où il n'y avait d'eau (pi'en hiver et cjui, devenue tor-
rent lors de la chute des jiluies en automne, se désagrégeaient
rapidement sous la poussée vigoureuse des eaux. Nous parvînmes
par ces plantations à empêcher cet empiétement et le jietit cours
d'eau resta depuis sagement dans son lit.
94 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Des nouvelles que nous avons eues récemment de ces arbres plan-
tés par nous, sont merveilleuses, au point de vue de leur vég-étation
superbe, particulièrement en ce qui concerne YEucali/ptus rostrata
(Resinifera). Ces sujets plantés en 1880, ayant aujourd'hui trente
ans, atteignent quarante mètres de hauteur avec, à la base, au ras
du sol. un mètre et p us de diamètre.
Ces arbres poussent avec une rapidité vertigineuse, surtout les
premières années ; nous avons constaté sur tous ceux plantés par
nous (hauts alors de 10 centimètres à peine) une végétation de
cinq mètres en l'espace de dix mois.
Dans ces conditions, nous ne croyons pas qu'aucune autre
essence d'arbre puisse lui être comparée.
Des plantations d Eucalyptus ont été faites un peu partout, en
Algérie, dans des lieux réputés comme inhabitables et, depuis cin-
quante ans et plus, ces endroits malsains, sont devenus de petits
paradis, en proportion de ce qu'ils étaient autrefois. Nous pour-
rions citer Boufarick, à 30 kilomètres d'Alger, où plusieurs généra-
tions de colons ont été anéanties par la terril)le malaria, et qui est
devenu, en quelques années, très habitable.
Malgré le dessèchement des marécages de Boufarick et d'ailleurs,
il faut convenir cependant que ces plantations d'Eucalyptus sont
insutïïsantes, il faudrait les multiplier sur une plus grande échelle,
particulièrement sur les bords des rivières et des torrents, où les
eaux stagnantes deviennent en été de véritables dépôts pestilentiels.
En hiver, parbleu ! nous savons bien que tout cela est balayé par
les crues, mais ce qui devrait pousser à la plantation des Euca-
lyptus svir les bords des rivières, c est les suites du grossissement
de ces cours d'eau, les terribles inondations qui causent d affreux
ravages dans leur voisinage immédiat, dont les terres des berges
sont emportées à la mer.
Les Eucalyptus sont des arbres de premier ordre pour assainir et
retenir les terres : du jour où les bords des rivières et des torrents
coloniaux en seront pourvus, tout sera pour le mieux, de plus, la
malaria disparaîtra complètement, tout q\\ en régularisant le cours.
M. H. Morel, à la << villa Eucalypta », à Beyrouth, en Syrie, a
réussi également à les implanter dans ce pays sec et chaud, où les
vents sont parfois terribles. Cet acclimateur a reconnu (pie ces
arbres ne demandaient qu'à y prospérer. Certes, toutes les espèces
ne donnent pas de bons résultats, mais ceux qui y réussissent sont
de toute beauté.
Li:S KLCALYPTUS
95
« On reste stupéfait, dit M. Morel, et presque incrédule, quand
je raconte que ces espèces, dont plusieurs atteignent déjà environ
18 mètres, proviennent d'une graine plus fine qu'un grain de poivre,
jetée en terre il y a huit ans et demi. »
M. Morel avait commencé ses plantations vers 1893; ce qu'il en
dit est écrit en 1901.
En Italie, nous en avons déjà parlé plus haut, après un échec d'in-
troduction, on ne s'en préoccupa plus, et pourtant les Eucalyptus
doivent être pour ce pays, le véritable enrayeur de la malaria.
Un célèbre professeur d'arboriculture italien, sans absolument
nier les qualités des Eucalyptus, assura que le sol de son pays ne
leur convenait pas : affirmation erronée, qui venant d'une bouche
autorisée a fait un immense tort à sa patrie. Avec M. Morel, ne
devons-nous pas nous récrier sur l'absurde ostracisme décrété par
un seul homme?
Quoi qu'il en soit de ces dires, basés sur un échec malheureux_,
que d'autres essais — heureux ceux-là — ne confirment pas,
combien les fièvres paludéennes n'ont-elles pas fait de victimes?
Que de maladies, que de pertes matérielles, qu'on eût pu éviter, ou
amoindrir en faisant des plantations hâtives de ces arbres remar-
quables à tous les points de vue !
Enfin, le mal a été fait, mais il n'est pas sans remède puisqu'une
réaction heureuse s'est opérée.
Et cette heureuse réaction s'est faite sous les auspices de moines
français, qui, dès le début de leur installation aux portes de Rome,
en qpmprirent toute la valeur.
En effet, ce sont les trappistes, qui s'établirent en 1868 àS'-Paul-
Trois-Fontaines, qui eurent les premiers l'idée de faire des plan-
tations d'Eucalyptus glohulus.
Honneur à ces vaillants champions et du christianisme et du
nom français ; ils ont ouvert la voie du progrès, à ces malheureuses
populations italiennes qui, ravagées par les fièvres, aveulies par
le doux farniente, ne se souciaient nullement d'assainir le pays
qu'ils habitent.
Dès le début, douze de ces Révérends Pères périrent à la tâche,
■emportés par de violents accès de fièvre : les Italiens ricanaient,
ils ne se sentaient pas le courage d'imiter pareille abnégation.
Aussi, toute la banlieue de Rome était-elle insensiblement aban-
donnée et la malaria régnait là en maîtresse absolue ; la splendide
06 ÉTUDES Kr MKMOrRES
basilique du vi'' siècle de S'-PauI-Hors-les-Murs, restait seule,
isolée, dans ce pays 'déserté de ses habitants : un si beau monu-
ment montre cependant qu'une population importante a dû habiter
cet endroit à une époque déjà loin de nous.
La malaria (Aria cattiva) venait faire ses victimes jusque dans
Rome même; aussi, dès les moissons terminées un véritable exode
de ce pays commençait, tout le monde fuyait le lléau !
Cyétait alors un spectacle curieux et sinistre, tout à la fois. On
voyait partout sortant de toutes les portes de la Ville Éternelle, de
longues théories de charrettes, de baquets, d'omnilius, etc., chargés
de gens et de bêtes qui partaient pour des régions plus saines :
Albano. Frascati, Rocca di Pappa, etc., dont ils ne revenaient que
tard en automne, lorsque les effluves des marécages n'étaient plus
à craindre.
Les trappistes, eux-mêmes, durent retarder leur installation déli-
nitive, jusqu'en 187i, cest-à-dire. qu'ils n'y séjournaient ([ue
pendant le jour et qu'ils se retiraient, le soir venu, dans un lieu peu
distant de Rome.
<• A l'égard de ces trappistes dont jadmire, certes, le courage et
l'abnégation, dit M. H. Morel, je me permettrai deux critiques :
« 1** A répo([ue où je les ai visités, ils n'avaient pas planté d'Eu-
calyptus dans les bas-fonds. Le moine qui nous conduisait nous
donna comme raison que c'était la partie qui leur rapportait le plus
en céréales. Ceci ma paru une spéculation malheureuse. La santé
des habitants et la leur n'était-elle pas plus intéressante que le
produit de ces cloaques. Un proverbe, dit, il est vrai, (jue « dan^ les
Marennes on fait fortune en un an, mais un autre proverbe dit
aussi qu'« on y crève (si crêpa) en six mois ».
(( 2" Ma seconde critique s'adresse au peu de variétés par eux cul-
tivées, (Comment, dans cette forêt d'Eucalyptus, n'ont-ils jias eu
l'idée d'établir un arboretum où ils auraient pu faire des études
sérieuses et comparer nombre d'espèces? Ils n'(Mi avaient en lout
(ju'une dizaine de variétés. »
De ce (jui précède, il faut convenir (pie 1 assainissement des
environs de Rome, n'est pas près d'être entièrement n'solu ; cepen-
dant, il faut reconnaître que le premier pas fait dans cette voie est un
indice intéressant. Déplus, lepeu<[ui a été acconq)li permet aujour-
d'hui de vivre dans les environs du couvent des Pères trappistes et
si le g(»uvei'n(M)ient italien voulait ri'cdlement prendrt> on mains
I,KS EUCALYPTUS 97
rintérét des populations des marais Pontins, nul doute que ces
immenses étendues de terrains incultes, ne deviennent rapidement
une source de richesses pour leurs habitants.
Et qu'est-ce que coûterait un travail semblable? Presque rien,
(/race à la ma in-(V œuvre qu'on trouverait parmi les forçats, car
nous estimerions être un c/'imc que cVy emploi/er des ouvriers
libres.
Qu'importe la vie d'un criminel incorrig-ible ! Si Ton en [jerdait
les trois quarts, il n'y aurait pas grand mal et leur disparition per-
mettrait aux honnêtes gens de vivre dans un pays où depuis des
milliers d'années, la malaria se suit et se ressemble.
Les vastes plaines qui entourent Ronie, devraient être, pour ce
taire, divisées en carrés de dix hectares par exemple, sur les limites
desquels on planterait 8 ou 10 rangées d'Eucalyptus, choisis parmi
les espèces les plus rustiques et les plus aptes à absorber l'humi-
dité par leurs racines : le plus précieux dans ce cas, serait \ Euca-
li/pfus (jlohulus, qui, au bout de 8 ou 10 ans, rendrait en bois à
brûler, par lé recèpage — car cet arbre se rabat sans inconvénient
— largement les quelques Irais de main-d'œuvi-e qu'il pourrait
coûter.
En 5 ou 6 ans, ces plantations, qu on devrait isoler des terrains
voisins par des fossés assez profonds, auraient desséchés ces affreux
mai'écag'es, (jui pourraient alors être mis en culture et produiraient
des récoltes incomparables.
On dit que le roi Victor Enmianuel II est le bienfaiteur de l'horti-
culture italienne I II doit l'être ég-alement de l'ay-ricultvne ? et nul
doute que s'il nous lisait il ne comprenne toute l'importance de ce
que nous venons d'écrire; alors sa mémoire se perpétuerait à travers
les âges, comme le souverain ayant fait le plus pour le bien-être de
son peuple!
Il ne sullit pas d être charitable seulement, il faut encoi;e avoir
la sagesse de sa charité. (Test ici, par le dessèchement des marais
Pontins. qu'il mettrait le comble à l'une et à l'autre.
De ce qui précède et qui nous semble déjà assez intéressant nous
concluons (pie l'histoire de l'Eucalyptus ([ui ne fait que débuter
doit, il n'est pas douteux, dans l'avenir, au cours de ce xx*" siècle,
à peine commencé, s'enrichir de nond>reuses expériences ([ui seront
toutes à l'avantage de l'humanité.
I/Eucalyptus est un arbre prodigieux, nous pouvons même dire
98 ÉTUDES ET MÉMOIRES
« merveilleux » ! A l'homme de savoir s'en servir, puisque la Provi-
dence, dans son inépuisable bonté, le lui a donné dans un but
parfaitement défini : pour l'assainissement des pays marécag-eux
dans les rég-ions tempérées et très chaudes du monde entier.
En x\ustralie, la lièvre est inconnue. Les autres régions du globe
peuvent devenir aussi saines : le tout, cest de vouloir.
« Le vaste genre Eucalyptus, dit Ch.Naudin, occupe toute l'éten-
due du territoire australien, mais les espèces varient du nord au sud
et de l'est à l'ouest, suivant les climats et la composition minéralo-
gique du sol. »
Ces conditions expli(|uent sans doute que certaines espèces se
montrent tout à fait léfractaires à la culture, si elles ne rencontrent
pas le sol et le milieu climatériques qui leur conviennent.
(< Il en existe plusieurs en Tasmanie, où elles s'élèvent assez haut
sur les montagnes pour y ressentir les rigueurs de l'hiver, et cesont
celles qui sacccjmmodent le mieux du climat méditerranéen. On a
même quelque espoir que les plus rustiques pourront se natura-
liser dans l'Ouest, le long de l'océan Atlantique jusqu'en Bretagne
et même dans le sud de l'Angleterre. Toutefois, c est dans le midi
de l'Europe ^t le nord et le sud de l'Afrique que les Eucalyptus sont
appelés à rendre d'importants services, surtout comme arbres
forestiers et assainisseurs des pays marécageux. L'Algérie leur doit
déjà la salubrité de beaucoup de localités, jadis très malsaines et
très redoutées, et tout indique, (pie c'est par eux que la campagne
de Home, si déserte aujourd'hui, pourra être assainie et largement
repeuplée.
« On a également tenté l introduction des Eucalyptus dans les
pays iiitertropicaux, mais jusqu'ici avec un médiocre succès, du
moins dans ceux où la chaleur étant à peu près uniforme et l'humi-
dité atmosphérique toujours très grande, la végétation de ces arbres
est continuellement éditée. Considérés d'une manière générale, les
Eucalyptus ont besoin d'une saison de repos, amenée par l'abais-
sement de la température, soit par la sécheresse. Il y a cependant
un petit nombre d'espèces qui semblent devoir' réussir entre les
tropiques. »
11 n'est pas douteux que les plantations d'arbresquels qu'ils soient,
assainissent et transforment les climats. Dans les temps préhisto-
ri({ues les forêts formaient les trois quarts des territoires ; à ces
époques lointaines les pluies devaient être [)lus abondantes et les
saisons très NraiseniblabU'mcnt plus régulières.
LES EUCALYPTUS 99
(Jui peut prévoir les services que rendront dans ce sens les Eucalyp-
tus, dont nous nous faisons, après tant d'autres, le champion ? Nous
ne saurions le dire, mais il est un fait- avéré, pour notre colonie
d'Alg-érie par exemple, que leur rôle est bienfaisant.
A l'époque romaine, le climat du nord de 1 Afrique n'était pas
plus malsain que celui de l'Italie ; tout le monde y avait la lièvre
paludéenne et malgré cela on y vivait fort longtemps ; le fait est
attesté par des milliers d'épitaphes recueillies dans les nécropoles, et
où les centenaires sont très communs.
Eh bien, nous estimons que par des plantations bien faites, dans
tous les endroits où règne la malaria, on doit parvenir à les rendre
salubres et très habitables.
Nous connaissons, en Algérie, quantité de villages de création
récente où depuis que les Eucalyptus les entourent — ce qui est
un peu dû à mes écrits — c'est à peine si, à de rares exceptions
près, on ressent des accès de paludisme.
Et cependant l'Eucalyptus ne guérit pas les fièvres... il faut pour
les combattre, la quinine et toujours la quinine, le seul remède apte
à combattre cet état morbide qui côtoie de très près la maladie du som-
meil du centre de l'Afrique, car la malaria retire à l'homme le plus
robuste non seulement sa force, mais encore son énergie naturelle.
La force et l'énergie disparues, il ne reste que l'aveulissement
qui contine de très près à la déchéance ! à l'abrutissement !
Nous ne saurions trop insister sur cet atîreux mal. qui tue plus
sûrement l'homme qu'une balle de fusil. Nous avons vu cela de si
près, que le triste souvenir nous en poui'suit encore aujourd'hui
après plus de 3o ans.
USAGE LNDUSTIUKI. Dl ROIS d'eUCALYPTUS.
On a beaucoup écrit sur l'Eucalyptus, on l'a tour à tour exalté et
décrié avec trop de fougue. Les uns en ont démontré toute la valeur,
les autres en ont combattu les réels mérites. On les a vus aux expo-
sitions sous toutes les formes possibles : hois de chauffage, de char-
pente, de meubles, etc., mais cela a été à peine remarqué.
L'esprit versatile du Français ne va pas vers les choses les plus
utiles, il leur préfère de beaucoup ce qui peut tlatter sa vanité ou
sa fantaisie, comme on voudra l'appeler.
100 ÉTUDES El' MÉMOIRES
Le Docteur Plunchon. une des g-loires de notre pays, a dit de
lui ; « C'eut V importation h plus utile de notre siècle, en fait
(T arbres exotiques. » Et il. avait mille fois raisons !
Lies Ang-lais d'Australie le nomment le diamant des forêts^
\ Arbre de vie (tree of lit'e). Et eux aussi sont dans le vrai , nous le
démontrerons au cours de ce volume.
Nous avons eu l'occasion, en Alg-érie, d'utiliser le bois d'Enca-
lyptus, soit pour en faire des gourbis — sortes de huttes couvertes
de paille — soit pour en couvrir des hangars ou encore en charpente
de tonnelle. Dans les trois cas précités, ce- bois nous a donné d'ex-
cellents résultats et s'est montré — chose appréciable — indemne
des attaques des insectes, ce qui n'est pas avec le bois d'autres
essences en général, dévoré, rongé, perforé en tous sens, })ar tous
les malandrins de ce monde des infiniment petits.
Le bois d'Eucalyptus <jlohulus livré à l'air peut facilement durer
six à huit ans, sans qu'on puisse craindre d'accident, même s'il est
exposé à toutes les intempéries. Il est indispensable, poui- ce faire,
qu'il soit assez gros, assez vieux et qu'il ait été coupé en temps
voulu, naturellement au moment du repos de la sève : s'il s'aj^it de
branches d'un faible volume, elles ne peuvent ser\ ii- que pour le
chautfage des fours ou autres.
Nous avons vu faire, avec le bois bien sec et bien venu d'un gros
sujet iVE. (flohulus, des rampes d'escaliers solides et pourtant
légères. Débité en planches plus ou moins épaisses, ce bois se gon-
dole, se boursoufle et n'a aucune valeur ; de plus, il se travaille dif-
ficilement, mais en madriers il est inappréciable.
Gomme bois de chauffage il équivaut au hêtre, il produit une cha-
leur aussi intense que prolongée.
En Australie, on s'en sert pour fabriquer des traverses de chemins
de fer, il s'y montre durable et j)res([ue incorruptible ; il est vrai
que l'absence d'humidité le préserve de la pouri'iture. ce ([ui ne serait
pas le cas partout ailleurs sous un climat humide I
Mais l'espèce que nous avons employée de préférence [)our han-
g'ars, tonnelles ou autres constructions lég'ères, qui devaient
néanmoins être de longue durée, c'est Y Eucah/ptus rost rata, culti\(''
partout en Algérie sous le nom de E. resinifera. Le bois en est
plus dense, plus solide, moins contourné (jue celui de \ E. f/lohulu.s.
et i! se fend avec assez de faciliti- pour (pi'on [juisse le hansfoi-mi-e
vu lattes et même en madriers. Mais, nous le répétons, il rsl de
us i:i cAi.vi'i es 101
toute nécessité que l'arbre soit coupé en temps de repos et tpiil soit
bien sec. Il est même urg-ent que le séchag;e se fesse à l'ombre et
non au soleil, pour c|ue des crevasses ne s'y produisent pas.
De toutes manières, Y E. rostrala n'est pas plus atteint par les
insectes, quel"/:. y/o/>«/?^s', sauf pourtant au bout dun certainnombre
<i années peut-être, quand toute la résine en a été éliminée par le
temps.
Pour l'usage, le bois de chaufîage d'Eucalyptus est très bon. mais
il faut le conserver sous des hang-ars, sinon il devient tellement
léger, que lorsqu'on le met au feu. il est réduit en cendres en un
rien de temps.
S'il s'agissait de ce bois j^our l'ébénisterie. il faudrait ([ue le tronc
d'Eucalyptus fût mis à sécher sous un hangar, pendant plusieurs
années, car plus il sera sec, plus il sera facile à travailler et à polir.
Le bois d'Eucalyptus de toutes les espèces, sauf du Glohulas. est
lourd et compact ; certaines espèces poussant bien droit sont faci-
lement transformables enlattes et se refendent aisément. Cependant,
quoique les insectes n'en attaquent pas les fibres, il est bon. quand
il s'agit d'en faire des charpentes ou des clôtures en plein air, de
les rendre imputrescibles au moyen d'enduits de goudron, coaltar,
ou tout autre matière, qui en rende la conservation indéfinie.
En Australie, on a construit avec le bois des Eucalyptus, des mil-
liers de kilomètres de voies ferrées et cette application a rendu d'im-
menses services. Il va sans dire que, de temps à autre on doit les
remplacer, mais ce serait trop beau vraiment, si son emploi était indé-
fini : il faut se contenter de ce que la nature donne. En Europe,
les traverses de chemins de fer sont en bois blanc : s en plaint-on ?
Le bois d'Eucalvptus est infiniment plus durable, nous pourrions
dire (jue cetic durée est plus du triple que celle du hais de sapin et
nous prévoyons i^quand on se sera enfin préoccupé de cette importante
question), que l'Algérie se couvrant de forêts de ces essences, devien-
dra un véritable grenier d'abondance en traverses de chemins de
fer ou tout autre objet.
Nous souhaitons — souhait banal, qui ne se réalisera peut-être
jamais de notre vivant — que notre Colonie du nord de l'Afrique, se
recouvre de vastes forêts, comme au temps des Phéniciens et des
Romains.
Les colons algériens ont déjà beaucoup planté d'Eucalyptus, et
tôt ou tard, ils en retireront un profit quelconque, parce que rien
102 ÉTUDES ET .MÉMOJKES
n'est perdu avec la Nature qui se montre toujours généreuse à l'égard
de ceux qui savent utiliser ses produits.
Pour nous résumer ici, sur l'emploi des Eucalyptus en général,
nous dirons que l'on doit toujours envisager ces arbres comme don-
nant :
1" Un bois de chautîage de première qualité;
2** Un bois de charpente de choix avec certaines espèces ;
3" Un bois d'ébénisterie de haute valeur décorative ;
4° Des traverses de chemins de fer de longue durée et des poteaux
télégraphiques remarquablement flexibles ;
o" Un élément de reboisement et d'assainissement de premier
ordre ;
()° Un appoint pour la fabrication du papier.
Ces avantages méritent un peu d'attention de la part de tous
ceux qui aiment les arbres pour eux-mêmes et pour les avantages
qu'on peut en retirer; à ces titres ils doivent être plantés partout
où le climat leur est favorable, partout où dans ces régions, l'on
possède un terrain impropre à toute autre culture ; au bout de quelques
années, on aura obtenu un produit rémunérateur et, dans le cascon-
traire, fait faire un pas considérable à l'assainissement de son pays :
cela doit lui valoir quelque considération, à défaut d'autre raison, car
tout en en profitant soi-même, on en fait bénélicier les voisins.
(.lUALITÉS VÉriÉTATlVES F/1- INDUSTRIELLES
hi: OLELOUES ESPÈCES DELCALVPTIJS
C^haque espèce possède ses (pialités propres, soit comme végéta-
tion, soit comme bois, soit encore comme degré de rusticité.
Eucalyptus amygdalina. — Arbre qui croît dans les vallées
abritées des forêts australiennes, n'atteignant qu'exceptionnellement
HO à 120 mètres de hauteur. Son tronc est droit et lisse et ses
feuilles sont larges. Dans les pays plus découverts, les feuilles sont
petites et étroites et son écorce brune et rugueuse.
On en a mesuré, dans ces dernières conditions, des troncs ayant
127 mètres sur .*) '" 'iO de diamètre à 2 ou -i mètres dli sol ; un autre
avait 7 mètres de diamètre à un mètre du sol. Le bois de cet arbre
se fend facilenu'ut, il se prête à de nombreux emplois, pour la char-
pente, la construction de wagons, povu" la marine, etc.
Les semis que l'on en fait se développent aussi rapidement que
LKS EUCALYPTUS l(l.'3
ceux du Globalus, mais ils ne sont pas aussi inditlerents que ces
derniers sur la composition chimique du sol ; ils ne réussissent pas
bien partout. Nous en avons eu la preuve en Algérie où, plantés en
même temps, ÏEiicah/ptus globulus dépassa considérablement
VE. amijf/dalina. En cinq ans, le premier avait lo à 16 mètres de
hauteur et le second ne dépassait pas 6 mètres.
(juoi qu il en soit. l'^". amygdalina est un des plus rustiques du
j^-enre ; il résiste en plein air dans certaines parties de 1 Angleterre ;
en Nouvelle-Zélande, là où VE. globulus a complètement péri par
le froid, \E. amygdalina a survécu (Hg. 1).
En Algérie, comme dans le Midi de la France et dans certaines
parties de l'Italie et de 1 Espagne, cette espèce pourrait rendre de
précieux services, jusqu à une altitude supra-marine de 2 à 300
mètres, mais seulement, si les effluves marines viennent caresser
les plantations, sinon il est inutile de les faire.
E. Baileyana. — Bois fibreux, résistant de longue durée, d'un
emploi général dans l'industrie du Queensland. Il réussit dans les
sols sableux, ce qui est très avantageux ; nous ignorons s'il se plai-
rait au bord de la mer.
E. botryoides. — On le nomme bastard Mahogaiii ou acajou
bâtard. Croît au bord des rivières dans le voisinage de la mer ; il craint
donc l'aridité occasionnée par la sécheresse. C'est un arbre impo-
sant. Il n'est pas rare d'en rencontrer des troncs atteignant 24 à
2o mètres au-dessous des premières branches et ayant 2 mètres à
2 '" 50 de diamètre. Bois sain, très employé dans les constructions
civiles et navales, pour les chemins de fer, aucharronnage, aux pilo-
tis, etc.
II croît presque aussi rapidement que VE. globulus; il est pré-
cieux comme arbre d'ornement et d'avenues et résiste parfaitement en
Basse-Provence,
E. calophylla (redgum des Australiens). — S'il croît dans les mon-
tagnes il est pourvu de résine ; s'il vient dans les terres d'alluvions
il n'en possède pas. Bois léger, de bonne durée lorsqu'il est à l'î-bri
de l'humidité et pourrissant facilement s'il est enterré. 11 est un de
ceux que 1 on travaille le plus facilement ; il est préféré pour la con-
struction des instruments agricoles. Son écorce et ses capsules
mêlées à celles de l'Acacia servent dans le tannage des cuirs. C'est
l'i;i. 1. — Eucaly|)Uis ainygdalina.
LES EUCALYPTUS I 05
la seule espèce d'Eucalyptus de l'Australie occidentale fournissant
en abondance la résine Kino qui, d'abord tluide, durcit à l'air; elle
est soluble dans l'eau froide, dans la proportion de 70 ;i SO " /^ de
Fig. 2. — Eucalyptus calophylla.
son poids. Cet arbre dépasse 30 mètres de hauteur, avec un|tronc
de 3 mètres de diamètre et plus à la base. Au point de vue ornemen-
tal, il surpasse le globulus, cependant il ne ci-oît pas aussi rapidement,
mais est tout aussi rustique, h' E. calophylla résiste très bien dans
le Midi de la France et sur tout le littoral méditerranéen (%. 2 et 3'.
Hul. du Jardin colonial. 1911. FI. — N» 10). g
km;
ETUDES i;i MEMOIRES
E. capitellata Striu^y bark). — Arbre de oO à GO mètres de hau-
teur à écorce filandreuse ; son bois est employé à la charpente com-
mune et pour le chaulFage. Croit dans les sables humides et il
pourra rendre de réels services dans ces sortes de terrains, si toute-
fois le climat lui convient. Son écorce pourrait être utilisée dans la
fabrication de la pâte à papier.
E. citriodora. — Bel arbre à tronc élancé, à écorce blanche et lisse ;
bois a[)précié par sa résistance et son élasticité. Les feuilles con-
tiennent une grande proportion d'huile essentielle à odeur pronon-
cée de citron. Vient assez bien en Algérie, sur le littoral (fig. 5).
Fi^
— Eucalyptus c-alopliyll<i l'iuil
E. COrnuta. — Communément cultivé dans toute la région médi-
terranéenne. Bois lourd et dur, considéré comme égal au meilleur
frêne, pour tous les travaux de charpente, de charronnage, etc. Il
est très rustique et surpasse ÏE. glohulus, sous ce rapport ; résiste
facilement à l'humidité prolongée. Grand arbre, d'un développement
rapide dans les sols frais (fig. (i).
E. COrymbosa. — Arbre de grande dimension, à bois rouge brun,
tendre lorsqu'il est frais, très dur lorstju'il est sec, se conservant
longtemps dans la terre. Excellent pour les constructions rustiques,
les palissades, les pilotis, les traverses de chemins de fer. Son
écorce, riche en résine /u/îo, est exploitée sin- une vaste échelle.
E- corynocalyx fSugar gvun tree ou gommier saccharifère). —
Arbre de 30 à 40 mètres, avec un diamètre de 1 à 2 mètres; il n'est
Fig-. 5. — Eucalyptus citriodora.
Kig-. (■). — Fliicalypdi-^ CMniiif;i.
LKS EICALYPTUS 1 OD
pas rare de voir des fûts de 1<S à 20 mètres en dessous des premières
branches. Son bois sert à tous les usages courants, et dure, sous
terre, de 15 à 20 ans. Il réussit partout, même sur les montag^nes et
dans les sols ferrugineux, mais il ne produit, malg-ré son appella-
tion fantaisiste, pas le moindre sucre. C'est im des moins aroma-
tiques du genre, au point que le bétail en broute volontiers les jeunes
tiffes et les feuilles : dans certaines contrées sèches. Ch. Naudin
assurait qu'on pourrait l'utiliser comme fourrage vert, en rabattant
l'arbre à un ou deux pieds au-dessus du sol. Cette espèce d'orne-
ment est très rustique dans le Midi, mais de croissance assez lente.
Nous avons pu l'étudier en Algérie et en étions assez satisfait.
i' A suivre. R. DE Noter.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
[Suite.)
IX
Étude de quelques bois types et de leurs succédanés ' .
I. — Acajou,
()ri(fiue. — Le véritable acajou est fourni par le Cèdre <les
Antilles ou Swietenia Mahogany /,., de la famille des Méliacées.
C'est un grand arbre, atteignant en moyenne une vingtaine cK^
mètres, à tronc droit, couvert d'une écorce lisse et cendrée : les
feuilles sont composées pennées avec 8 folioles opposées, épaisses,
coriaces, d'un vert rougeàtre caractéristique ; les tleurs, de petite
taille, sont disposées en grappes composées.
Cette essence se rencontre surtout aux Antilles, principalement
à Saint-Domingue, au Honduras, au Mexique, en Colombie et
d'une manière générale dans toute l'Amérique tropicale, l^^lie
pousse même en terrains secs et rocailleux et c'est là que son l)ois
acquiert le plus de (jualités, car, si les arbres se développent plus
vite en terrains humides, ils y donnent un bois j)lus tendre et
moins bien veiné ; dans tous les cas, ils poussent isolément, sans
jamais donner de groupements plus ou moins importants.
Caractères du bois. — Le bois d'acajou est d'un louge clair.
lorsqu'il est fraîchement coupé ; mais, sous l'action de 1 air. sa
teinte se fonce rapidement. L acajou est fréquemment veiné ou
parsemé de taches arrondies dues à la présence d'un grand nombi-e
de nœuds, dont la teinte tranche sur celle (hi fond. 11 est dune
dureté moyenne, d'une densité très variable, d'un grain fin. striv
et susceptible d'un beau poli.
Les vaisseaux sont aisément visibles, grâce à Unir contenu brun
I. Pour rciiscif^neniciils coi]i])lémcntaires sur les bois e.\oti(|U0R consulter :
(JuisAKij UT VAN i»E.\ liivUOHu. Lis hois iiulusl fiels , indi(jèiies i>l cro/iV/ues.
Hhauvkhuî. Le hois, ouvi-ages auxquels nous avons [fait i|ucl(|ues euipi-uiits pour la
rédaction de ce chapitre.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES
111
foncé, jaune ou blanchâtre, de nature oléorésineuse, qui rend ce
bois presque incorruptible. De taille moyenne et assez uniforme,
ils sont isolés ou bien forment de petits groupes de deux ou
trois unités et
dans l'ensemble, on distingue des alig-nements
Fig. 95. — Swietenia Mahogany L. A rameau tleuri : B coupe longitudinale de la
Heur ; C tube staminal étalé : D ovaii-e et disque ; E bouton floral ; F l'ruit : G axe
du fruit; II graine : J valve du IVuit. l'd'après Harms .j
plus ou moins nets dans le sens radial ; on trouve en moyenne
10 vaisseaux par millimètre carré. Les rayons médullaires sont peu
visibles, assez larges ', équidistants, au nombre de o à 7 par
millimètre. Les zones d'accroissement sont très peu distinctes.
Usages. — Lacajou est un des liois les plus employés en ébénis-
terie. Importé de la Trinité dans les dernières années du xvi** siècle,
ce bois ne fît l'objet de transacti<ms importantes que vers la fin du
xvn"'. On l'utilise surtout à l'état de feuilles minces pour le placage.
l. L?s rayons médullaires sonl formés en épaisseur de trois à ([uatre assises de
cellules, en hauteur d'une dizaine de cellules (ce nombre s'élevaut exceptionnellement
jusqu'à trente). La hauteur varie de 2/10 à 6/10 de millimètre.
I 12 ÉTUDES El MÉMOIKES
II est solide, tenace, difficile à fendre et se prête mal à la scul[)ture,
car il se casse facilement sous la g-oug'e, de sorte qu'il est impos-
sible d'obtenir avec lui des détails d'une véritable finesse. L'acajou
servait autrefois, sur une assez grande échelle, en Angleterre et
aux Etats-Unis pour les constructions navales ; on l'a remplacé
aujourd hui par des succédanés moins coûteux : il est encore utilisé
en Angleterre pour le montage des métiers à tisser et en France
pour la fabrication des appareils électriques.
Principales sortes. — L'acajou type est celui de Saint-Domingue.
Il est d'un" rouge vif, d'un grain fin et serré ; sa densité est d'il peu
près 0,9. 11 arrive en billes équarries, d'une longueur de 2 m. TiO à
3 mètres sous le nom de hilles-canons. On recherche particulière-
ment les billes fourchues, prises au niveau des ramifications de
l'arbre, parce qu elles présentent des dessins plus variés ; on les
désigne sous le nom d'Acajou ronceu.r^.
A côté de 1 acajou type, il faut citer :
h' Acajou de Cuba, qui a même origine botanique, mais dont la
densité, plus considérable, dépasse légèrement l'unité et dont la
couleur est moins vive ;
L Acajou (le Honduras, qui provient sans doute d une espèce
dilt'érente ; sa couleur tire sur le jaune et ne se modifie guère sous
1 action de l'air ; sa densité est moindre : 0,7 environ.
\^' Acajou du Yucutan c[ui est aussi fourni par un Sirietenia spé-
cial. Il se rapproche de celui du Honduras, mais sa teinle est plus
vive (Densité : 0,85).
(]es dernières sortes, moins précieuses que l'Acajou de Saint-
Domingue, sont encore emplovées dans les constructions navales.
Principaux sucaklanés. — Parmi les succédanés du véritable
acajou, il faut citer au premier rang les acajous d'Afrifjue. fournis
par d'assez, ntmibreuses essences appartenant à la famille des
Méliacées.
L'Acajou <lu Sénégal provient du K/taya sencf/nlensis A. ,luss..
vulgairement désigné sous le nom de daïlcedra/, qu'on trouve au
voisinage de la Côte au Sénégal, en ('iand)ie anglaise et (juelque peu
1. I^es acajous. cjiioUc que soil leur provenance, sont cjualilirs dans le commerce
suivant la disposition des veines ou des nodosités el d»'':sii;n(''>* jiar exemple sous les
noms d'acajou chcuiUè. rubnni'. moiré, liffré. veiné, etc.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES il3
•dans les Guinées. C'est un bois roug-e ou rou^e brun, quelquefois
d une teinte vineuse peu agréable. Il est dense, dur, à grain serré,
plus difficile à travailler que le véritable acajou, dont il se distingue
facilement par sa teinte, par ses rayons médullaires beaucoup plus
apparents et par ses zones d'accroissement plus nettes.
Ce bois nest plus guère exploité actuellement ^ et les plus beaux
acajous de la côte d Afrique sont surtout fournis par le Kh. ivorensis
A. Chev, qu'on rencontre dans la forêt depuis le Libéria jusqu'à la
Gold Coast.
C'est un arbre dépassant souvent 30 mètres de haut, avec un
diamètre de 1 m. oO à 2 mètres, présentant à la base de puissants
épaississements en forme d'ailes ; il est recouvert dune écorce
grisâtre, épaisse, non fendillée. Les feuilles sont réunies en cou-
ronne au sommet des rameaux et composées de 3 à 6 paires de
folioles, dun vert sombre ; les fleurs sont en grappes dressées,
pauciflores.
Le bois, d'un rouge clair, est d autant plus pâle que l arbre est
plus jeune ; les bandes de parenchvme lig-neux sont plus ou moins
abondantes et, suivant la façon dont elles sont entremêlées pro-
duisent des effets plus ou moins agréables à l œil, d'où dépend la
valeur excessivement variable des billes.
En dehors des sortes courantes, on disting-ue deux sortes d'acajou
de luxe : V Acajou frisé et VAchJou figuré, présentant tous deux
des dessins irréguliers en coupe long-itudinale, accompag-nés chez
le premier de reflets moirés du plus bel effet ; suivant la teinte,
l'ornementation, la lareté sur les marchés, les billes d Acajou
d'Afrique se vendent de 100 à 2.000 francs la tonne'. Il est
d'ailleurs impossible de se rendre conq^te de la valeur d'un arbre
avant de l'abattre ; la même espèce paraît donner un bois d'autant
plus recherché que la croissance de l'individu a été plus lente.
Parmi les autres succédanés de la côte occidentale d Afrique il
faut encore citer le Khaija Klainii Pierre du Cong-o et le K. antho-
teca C.D.C. de l'Angola, qui donne un bois de bonne qualité et de
grande dimension.
1. Au moins pour l'exportation ; on ï<"cu sci-l localement pour lu construction des
pirogues et comme bois de charpente.
2. Voir à ce sujet : A. Ciif.vai.ikk. l'reinière élude sur les bois Je l;i Côle d'Ivoire.
Challamel. 1909 ; étude de laquelle nous extrayons la plupart des données de ce para-
graphe.
114 ÉTUDES ET MEMOIRES
Le genre Eniandop/iragnin, appartenant à la même famille et
créé par Casimir de CandoUe pour un arbre de l'Angola, que
Welwitsch avait rapporté au genre Sii'iefenia. avait peu attiré
l'attention jusqu'à ces derniers temps. Les recherches de M. A. Che-
valier ont montré qu il doit compter parmi les producteurs les plus
importants des Acajous africains. Le caractère le plus spécial de ce
genre est d'avoir une capsule s ouvrant de bas en haut, ce qui ne
se retrouve chez aucune autre Méliacée.
•Outre l'espèce type [E. am/olense C.D.C.), qui se rencontre
principalement dans les monts de Quêta, il faut signaler YE. septen-
trionalis A. Chev. et l'^". macrop/ii/lla A. (^hev. qui appartiennent
à la même région que le Khaija ivorensis ; ÏE. Pierrei A. Chev. du
Gabon, etc. Plusieurs espèces, dont les bois sont certainement
intéressants, sont encore indéterminées.
On assimile aussi quelquefois à l'acajou certains bois africains,
d'une valeur beaucoup moindre, fournis par des Burseracées et
désignés généralement sous le nom d'Okoumés '.
Le véritable Okoumé provient de VAucoumca Klaineana. très
commun au Congo dans le Mayoumba et sur les bords de l'Ogooué
[Acajou du Congo). La couleur du bois varie du rouge au rose et
sert à distinguer plusieurs sortes ; sa densité est relativement
faible. On emploie ce bois pour faire des tiroirs, des fonds de
meubles et même, étant donné son bas prix (30 à 50 francs la
tonne), pour la fabrication des caisses d'emballage ; pour l'ébénis-
terie, les billes fourchues sont particulièrement recherchées.
L'Okoumé de la Côte d'Ivoire est fourni par le Canariuni occi-
dentale A. Chev. ; c'est un bois plus dense et de meilleure qualité
que le précédent ; son cœur est rosé et rappelle beaucoup l'aspect
du bois de Khaya ordinaire.
Fau.r acajous. — On désigne également sous le nom d'Acajou
un grand nombre de bois, dont les propriétés s'éloignent souvent
beaucoup de l'acajou véritable.
L'Acajou d'Australie est fourni par des Eucalt/j)/us, r.Vcajou de
la Guadeloupe par VAnacardIum occidentale L. Acajou à pommesj,
mais le ])lus souvent les bois ainsi désignés proviennent du genre
1. \'iiii-à cesuji'l : di ni. mmi n. L:'x proilnils h//7('.s- i/es /{(/r.si'/v/cc'c*. (lliiilliiincl. 1 !hi!).
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES H 5
Cedrela ', qui se range dans la famille des Méliacées [Acajou de
Chine, Acajou amer des Antilles, Acajou de la Guyane, etc.).
Dans ce genre, il faut faire une mention spéciale pour le Cedrela
odorata L., dont le bois est très connu sous le nom à' Acajou
femelle ou Acajou à planches.
C'est un grand arbre, à croissance assez rapide, qu'on trouve aux
Antilles, au Brésil, dans les Guyanes, au Mexique, etc.
Le bois est de couleur rougeâtre terne, presque uniforme ; il est
tendre, poreux, léger (sa densité est de 0,34) et d'une texture homo-
gène ; les vaisseaux sont larges, surtout au voisinage des couches
d'accroissement, et remplis d'une matière résineuse brune ; les
rayons médullaires sont nombreux et bien marqués.
Le bois de Cedrela se laisse facilement travailler dans tous les
sens, mais n'est pas susceptible d'un beau poli ; il ne se fendille
pas sous l'influence de la dessiccation ; il manque de résistance et
son élasticité est faible. Son odeur est fortement aromatique, sa
saveur amère, propriétés qui le rendent inattaquables par les
insectes.
L'Acajou femelle est employé surtout pour la fabrication des
boîtes de cigares, à la Havane et à Manille. On s'en sert également
pour faire des caisses à sucre et, d'une manière générale, pour le
revêtement intérieur des meubles, où l'on désire conserver des
objets à l'abri des insectes. On l'utilise enfin pour construire des
embarcations légères et pour les bordages des navires. En Europe,
' c'est surtout l'Angleterre qui importe le bois de Cedrela ; la con-
sommation en France en est très limitée.
A côté du C. odorata, il faut citer le Cedrela Toona Roxb. ou Cèdre
de Singapore, arbre géant dépassant 50 mètres de hauteur qui se
trouve dans l'Asie méridionale, depuis les Indes jusqu'à Malacca
et aussi aux Indes Néerlandaises, aux Philippines, aux Molucjues
et même en Australie.
Son bois, d'une belle teinte rouge, est employé beaucoup aux
Indes pour l'ébénisterie, la menuiserie fine et même pour les
charpentes ; il est inattaquable par les termites.
Le C. sinensis Juss. est originaire de la Chine et très répandu au
1. Ce genre appartient à une autre tribu {Cedrelèes) que les Stvietenia, Khaya,
Enlandophraxjma Swietenièes). Chez les Cedrelées, les étamines sont libres, tandis
que cliez les Swietenièes elles sont soudées par leurs filets de manière à former un
tube.
116 ÉTUDES ET MÉM01RF:S
Japon ; son bois est à peu près équivalent au précédent ; les Japonais
s'en servent beaucoup pour confectionner leurs meubles.
Enfin, nous ne pouvons quitter le type Acajou, sans mentionner
un bois très précieux de propriétés analogues ; c'est le hois d'Am-
boine qui paraît être fourni aussi par une Méliacée le Flindersia
amhoinensis; en raison de son prix, qui dépasse 12.000 francs la
tonne, on ne 1 emploie g-uère que pour la marqueterie.
II. — ÉbÈxXK.
OrUjine. — Les Ebènes sont principalement fournis {)ar des
plantes appartenant à la famille des Ehenacées et particulièrement
par des espèces du ji^enre Diospi/ros [Plaque miniers), dont l'aire
d'extension est très considérable. L ébénier type est le D. Eheniim
Kônii^, répandu dans l'Inde, en Indo-Chine et en Malaisie.
Caractères du bois. — Le bois d'ébène est dur, noir, de teinte
uniforme ou bien présentant des veines vertes. Les vaisseaux sont
en moyenne au nombre de quinze par millim. carré ; leur diamètre
oscille de oO à 180 ■/, ils sont tantôt isolés, tantôt en petites files
radiales de 2 à 8 unités '. La majeure partie du bois est formée par
un tissu fibreux, dont les éléments ont des parois très épaisses et
une lumière très réduite ; cette structure explique la densité consi-
dérable de ce bois qui est plus lourd que l'eau ; elle atteint en
moyenne 1 ,3. Les rayons médullaires sont nombreux (on en compte
de 12 à 19 par millimètre) ; ils sont généralement formés d'une
seule assise de cellules dans le sens de l'épaisseur et leur hauteur
varie de 1/10 de millimètre à 1 millimètre ; ils renferment souvent
en abondance de gros cristaux d'oxalate de calcium.
Usages. — L'ébène se conserve bien à l'air et n'est pas attaqué
par les insectes ; il se travaille difficilement et ne peut être cloué ;
.ses faibles dimensions limitent son emploi aux travaux d ébénisterie
(d'où l'étymologie de ce mot), de marqueterie, ainsi qu'à la fabri-
cation de petits objets, manches de couteau, touches de piano,
clarinettes, llùtes, etc.
I. l)iiii> tous les fils. roMscmhle des \ aisseaux jaloiiui,' des lij,'ues radiales assez
nelles.
KTIDE DK OrKLdUKS 150IS TYPES
117
Principales sortes déhène. — A coté de 1 espèce principale, on
en trouve un très grand nombre d'autres qui sont j)lus ou moins
exploitées ; nous les classerons d'après la couleur du bois ([u'elles
l'ouniissent et d'après leur origine géographique.
Fif,'. 96. — Kbéiiier de Madagascar Diospifros Perrieri Jum. .
I" Ehènes noirs.
a) Ebènes des Indes. Ces bois sont fournis surfout i)ar les
l). Eheniini Kôni^, D. Ehenaster Retz, D. melanoxylon Roxb.,
1). montana Roxb., D. pcregrina Gartn. et désignés sous le nom
d ébènes de Bombay, de Geylan, de Siam. En Indo-Chine, l'ébène
est fourni surtout par le Cambodge.
1 1 8 ÉTUDES ET MÉMOIRES
h) Ebène de Manille. Il provient du D. Ehenasier Retz et du
D. philippensis Desr.
cj Ebènes du Lagos et du Gabon. La principale espèce produc-
trice de ces rég-ions paraît être le D. Dendo Welw. ; les ébéniers
sont particulièrement abondants dans les forêts du Fernan Vaz, sur
les bords de l'Og-ooné.
(/ Ebène de Zanzibar. Cet ébène provient du D. mespiliforniis ^
Hochst., qui est répandu dans toute l'Afrique tropicale.
e) Ebène de Madagascar. On compte dans la Grande Ile au
moins 25 espèces d'ébéniers, dont la plupart ne sont pas exploités.
Le bois d'ébène de la côte ouest est exporté depuis une trentaine
d'années ; les Indiens et les x\rabes en firent les premiers le com-
merce et importaient l'ébène en Chine pour la fabrication des
cercueils ; aujourd hui ce commerce est entre les mains des Euro-
péens et a pris une assez grande extension.
Les principales essences productives sont le D. haplostylis Boiv.
et le D. microrhotnhns Hiern. M. Jumelle a signalé il y a quelques
années une nouvelle essence dans le Nord-Ouest, il l'a baptisée
D. Perrieri ; cette espèce, le Lopingo des Sakalaves, habite les
forêts rocailleuses et le bord des torrents ; elle fournit tout l'ébène
de la région ; le cœur y est très développé et l'aubier mince.
2° Ehènes blancs. — L'ébène blanc présente tous les caractères
de l'ébène ordinaire, à part la coloration ; il est surtout fourni par
les Mascareignes oùlon exploite le I). melanida Poir. et le D. Cliry-
sophyllos Poir.
3° Ebènes striés. — Le bois d'ébène rayé niulticolore est généra-
lement désigné sous le nom d^ Ebène de Coromandel ; il provient du
D. hirsuta L. ; le Camagoon des Philippines provenant du D. niul-
tiflora Blanco se range dans la même catégorie.
4" Ebène rouge. — Il est fourni par le D. riibra Gartn., fréquent
à l'île Maurice.
o" Ebène vert. — Il provient des Indes et est fourni par le
F), chloroxi/lon Roxb.
Succédanés. — Des bois analosrues à lébène sont en outre fournis
1. D'après M. A. Chevalier, le bois de celte espèce, qu'il a obsei'vée en Afrique
occidcntiile, serait blanc; il suppose que la coloralion noii'c peut apparaître api-ès la
mort de l'arbre.
ÉTUDE Di: OURLQIES BOIS TYPES 119
par d'autres genres. Le g-enre Eiiclea de la même famille que les
Diospyros donne une espèce E. pseudehenus E. Mey.,- dont le bois
possède un cœur noir et se vend dans le commerce sous le nom
d'ÉJjène du fleuve Oran</e, à cause de son origine.
Des sortes d'ébènes sont aussi fournies sur la côte occidentale
d'Afrique par le Maha buxifolia Pers., de la famille des Ebenacées
et par le Dalhergia melanoxylon Guil. et Perr. (Légumineuses). Ce
fait est digne de remarque, car les Dalhergia donnent plutôt des
bois appartenant à la catég-orie des palissandres.
Enfin, il faut encore citer ïéhène ver^fe de la Guyane, qui provient
d'une Big'noniacée, le Tccoma leucoxylon Mart.
Nous ne parlerons pas ici d'imitations grossières employées en
ébénisterie et qui n'ont de l'ébène que l'aspect extérieur, telles que
le poirier noirci ou le bois de palétuvier, après qu'il est resté long-
temps plongé dans la vase.
III. — Palissandhi:.
( h-igine. — Le Palissandre ' est exporté surfout de l'Amérique
du Sud ; les plus belles sortes viennent du Brésil {Rio de Janeiro,
Bahia i. L'origine botanique du palissandre est assez obscure, car un
grand nombre de bois présentent des caractères extérieurs iden-
tiques. Il semble cependant que le véritable palissandre provienne
de diverses espèces de Dalhergia (Légumineuses) ; au Brésil ce serait
surtout le D. nigra AUem. ; aux Indes le D. latifolia Roxb. et le
1). Sissoo Roxb. ; à Madagascar, dans le Boina, on exploiterait
également le /). hoinensis Jum. et le D. Perricri Jum.
Caractères. — Le palissandre est un beau bois de couleur géné-
ralement brun violacé, dur, dense, d un grain serré. La teinte est
d'ailleurs variable et va du noisette clair au pourpre le plus foncé ;
elle est irrégulière sur un même échantillon et Ion observe souvent
des contrastes brusques d'un bel effet ; elle fonce considérablement
sous l'action de Fair. Le palissandre possède une odeur spéciale,
très suave, due à l'imprégnation par une résine odorante. Les
1. Désigné souvent sous le nom clc hoia de Sainte-Lucie, de Rose Wood ou bois de
rose, de Jacaranda au lîrésil : cette dernière appellation a accrédité l'erreur qui
consistait à rey;arder certains Jacaranda Rig:noniacées) comme produisant le palis-
sandre.
20
ETUDES ET MEMOIRES
vaisseaux sont le plus souvent isolés, plus rarement groupés
par 2 à 'i avec un alignement radial ; ils sont assez larg-es, avec
un diamètre de 0 mm. 06 à 0 mm. 25, ce qui explique qu'on ne
puisse obtenii' un poli absolument partait; on en coiupte^en
moyenne o à 0 par millimètre carré avec un maximum de 12.
Les rayons médullaires sont peu épais, composés de 2 à 3 assises
de cellules et courts, leur hauteur varie de 0 mm. 12 k 0 mm. 19.
Usagen. — Le palissandre est, après Lacajou, le plus important
des bois d'ébénisterie ; il est ég'alement employé pour la marqueterie.
Fiji'. !'7. — Mestin ferreii L. A rameau llem-i : B l'-taniine : (2 cou pi- lun^^itudiiialo de
l'ovaire ; D sliginale : K fruit ; F coupe Iransversale dans une moitié du tVuil :
(î cloison discontinue : H foraine. (d'après EnglerV
Succédanos. — Les succédanés du palissandre sont très nom-
breux. Un certain nombre sont fournis par des Machferiiun, g-enre
voisin des Dalhergia ; à la Guyane, on exploite principalement le
-V/. Sc/ionihiir(/ii Benth., au Brésil, le .)/. Alletnani Benth., ([ui
donne un bois rouge pâle avec des veines plus foncées ; dans la
même catégorie, rentre le hois violet de la (ruyane foiu-ni par le
Peltoffijne venosa Benth. et aussi le bois de Y Adenanthera pavo-
nina L. répandu en Indo-(]hine.
Bois intei ini''diairt\s entre Vacajou et le palissandre. — Nombreux
sont les bois qui peuvent se placer dans cette catégorie ; leurs
ÉTUDE DE QUELyUES BOIS TYPES 121
provenances botanique et géographique sont des plus diverses ;
nous n'en citerons que quelques-uns parmi les plus importants.
Vap ou bois de Mesua ferrea L. (Clusiacées). C'est une essence
originaire des forêts de la basse Gochinchine, où on la rencontre
en groupements compacts, ainsi que dans les provinces de Bien-
Hoa et de Tajninh et dans les forêts du Cambodge. On la cultive
dans rinde, à Cejlan et dans toute la Malaisie.
Le bois présente une belle coloration rouge clair à la périphérie
et rouge sang vers le cœur ; il est parsemé de veines d'un violet
très foncé. C'est un des nombreux bois de fer ; sa densité est
supérieure à l'unité, il ne flotte donc pas ; il est dur, compact,
formé de fibres très serrées et susceptible d'un beau poli ; ses
qualités de conservation sont remarquables et il est inattaquable
par les insectes ; il doit être débité aussitôt abattu, car, lorsqu'il
est sec, il devient très difficile à scier.
On l'emploie à cause de sa résistance pour les traverses de
chemin de fer ; mais son bel aspect le rend précieux pour l'ébénis-
terie comme bois plein ou comme placage et sa texture permet de
l'employer pour la fabrication de tous objets destinés à résister au
frottement.
L'odeur du Vap est aromatique et lui a fait donner le nom de
bois d'anis ; il renferme une huile essentielle et une résine aroma-
tique, ce qui explique son emploi dans la fabrication de certaines
liqueurs.
Bois d'Hijmensea Coarharil ' L. (Copalier). Bois rouge, de teinte
assez uniforme, présentant en coupe longitudinale des sortes de
mouchetures en creux qui nuisent à son poli ; on s'en sert aux
Antilles et particulièrement à la Martinique pour l'ébénisterie.
Bois dAndira (Dalbergiées) -. On exploite à la Guyane ou aux
Antilles le bois de plusieurs espèces de ce genre; k la Guyane, on
s'adresse surtout à r..4. Auhletii Benth. (Vouacapou), aux Antilles
à VA. inermis H. B. et K. (hois palmiste). Ces bois sont générale-
ment brun foncé avec des marbrures blanches, dessinant comme
des épis sur une coupe tangentielle.
Bois de lettres moucheté. — Il est fourni k la Guyane par une
1. Légumineuses Cu^salpiniées.
2. Tribu de Légumineuses Papilionacées, comprenant les Dalbergia.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N» 101.
122
ETUDES ET MEMOIRES
Artocarpée, le Brosimuin Aiihlelii Pœpp. et Endl. ou Piratinera
giiyanensis Aubl. ; le cœur est rouge avec des taches noires irrégu-
lières, simulant des caractères chinois ; d'où le nom donné à cette
essence. C'est un bois très dur, très lourd, difficile à travailler ;
le cœur est très peu développé par rapport à l'aubier; c'est donc un
bois de faible dimension, mais présentant une réelle valeur pour
l'ébénisterie ; on s'en sert aussi pour fabriquer des cannes de luxe.
IV, — Bois de teck.
Orif/ijie. — Il est fourni par le Tecfona grandis L., grand arbre de
Fij,'. 98. — Tecionn gramlin L. A rameau lleuri ; 1$ fleur ; C coupe longitudinale
de la fleur : D calice à niatuiitê : E iVuil : F coupe transversale du fruit ; G poil du
péricarpe. (d'après Briquet et Boequillon .
la famille des \ erbénacées, qui forme de vastes forets en Birmanie
et au Siani, ([u'on rencontre également en Indo-Chine, à Malacca,
à Java.
En Indo-Chine, en particulier, on trouve le teck dans les forêts
du nord de la proA'ince de Kompon^-Thom au Cambodge et au
Laos, où l'on n'en connaît que deux peuplements, l'un dans le
haut Mékong, près de Xieng-Khong, l'autre dans la province de
Savannaket. Mais ces richesses sont d'une exploitation difficile,
car le Mé-Kong n'est que diflicilement navigable pour les trains de
ÉTUltE L)K QUELQUES BOIS TYPES 123
bois, même aux époques de hautes eaux ; l'amélioratioii de son
cours serait d'autant plus désirable qu'elle permettrait de faire
dériver sur notre colonie les bois de teck fournis par les forêts du
nord-est du Siam. Enfin, des plantations ont été entreprises en
Gochinchine, dans la province de Baria, dès 1898, et ont donné
jusqu'à présent des résultats satisfaisants. Mais le teck demande
de longs délais avant d'être exploitable; sa croissance est en eifet
très lente et l'on ne peut guère tirer parti que des arbres ayant au
moins cinquante ans; les plantations ne peuvent donc avoir d'in-
térêt que pour les gouvernements ; elles ne doivent cependant pas
être négligées, car les peuplements naturels s'épuisent rapidement
et les prix de ce bois subissent une hausse continuelle.
[A suivre.) Marcel Dubard,
Maître de Conférences à la Sorhonne,
Professeur à l'Ecole siipéreure
d'Agriculture coloniale.
LE MAÏS Al HICAIN
[Suite.)
I. — Comment assurer la permanence de la production.
J'ai indiqué ci-dessus comment, les cultures de maïs étant tou-
jours effectuées sur défrichements, les forêts et les friches arbus-
tives constituent la seule réserve de terres propres à cette pro-
duction. Non point que cette céréale ne puisse se développer sur
les terres ordinaires, mais parce que déjà fatiguées par des cultures
successives de manioc, d'igname, etc., elles sont appauvries et
donnent des rendements très faibles.
Au Togo et au Dahomey où les forêts sont à peu près disparues,
les indigènes cultivent exclusivement sur friches arbustives avec
un entrain que décèle la progression rapide des exportations.
Ces friches ensemencées deux ou trois années de suite en maïs
sortent du cycle de production et sont laissées en jachère pour une
nouvelle période. Leur reconstitution par la friche arhustive qui
s'y installe à nouveau ne demande, d'après l'expérience, guère
moins de huit à dix ans. Encore ce régime a-t-il d'autant plus (le
peine à se créer que le nombre de défrichements s'accroît ; il cède
progressivement la place à la savane arbustive i)uis à la savane
pure.
Le sol soumis à l'action directe des eaux de ruissellement et
d'infiltration perd peu à peu sa nature argileuse, le sable siliceux y
devient dominant et les graminées y sont désormais tout à fait
chez elles.
Le mode de transformation de sol forestier en sol de savane,
impropre à la culture indigène, est partout le même et s'observe sur
toute la côte ; sur les sols de nature siliceuse il arrive à son but
en quelques années.
Pour enraver ou tout au moins retarder cette transformation qui
mène directement à la diminution et à la disparition des terres à
maïs, il n'y a pas d'autre procédé que de rendre au sol tout ou
partie des éléments qui lui sont enlevés.
•
LE MAIS AFRICAIN {25
A cet effet, des procédés culturaux suivis en culture européenne
et qui auraient quelque chance d'être adoptés par les indigènes il
n'en est que deux : l'usage des engrais en couverture et la pratique
d'un type d'assolement comprenant la culture des légumineuses.
a) Usage des engrais. — L'usage des engrais est en Afrique, à
part quelques rares exceptions, chose à peu près inconnue ; l'idée
d'amener les indigènes à s'en servir me paraîtrait irréalisable par-
tout ailleurs que dans cette partie de l'Afrique où les collectivités
sont très fortement groupées et l'esprit d'association développé
comme il ne l'est nulle part ailleurs.
Cette tendance au groupement que Ion observe surtout au Lngos
où elle s'est traduite par la constitution d'un certain nombre d'asso-
ciations agricoles faciliterait singulièrement la création de sociétés
ou s^'ndicats agric )les placés sous le contrôle du gouvernement et
qui serviraient à la diffusion de cette pratique culturale.
L'usage des engrais s'impose fatalement comme un des premiers
perfectionnements des S3^stèmes primitifs de culture et il ne serait
pas surprenant qu'en cette contrée où les populations sont exclusi-
vement agricoles, l'adoption de systèmes variés d'assolements en
usage ne soit suivie de celle des engrais pour les cultures épui-
santes comme le maïs.
En réalité on peut dire, que nous ne posons pas la question, mais
bien qu'elle s'impose delle-mème à l'attention des pouvoirs publics.
Dès maintenant des régions entières, très peuplées, mais où les
terres cultivées sans répit depuis longtemps sont épuisées, bénéfi-
cieraient de l'usage d'engrais. Les régions de Porto-Novo et de
Ouidah, au Dahomey, sont dans ce cas ; tout le plateau d'Abomey
de même. Leurs populations doivent chercher en dehors d'elles des
terrains de culture plus productifs.
Quelles sortes d'engrais peuvent être utilisés, comment et en
quelle quantité ? Une série d'expériences faites en dillerents points,
en tenant compte des préférences connues du maïs et des pratiques
indigènes peut seule se prononcer sur ce point.
La pratique d'un bon épandage pourra être contrariée par l'insuf-
fisance du travail du sol, aussi sem])le-t-il à priori que l'épandage
en couverture doive être préféré.
Nous n'avons sur les efïets de l'usage des engrais appliqués au
maïs qu'une expérience faite au Lagos, à Olokemedji, sur un sol de
120 ÉTUDES ET MÉMOIRES
décomposition gneissique, encore fortement graveleux, pauvre et
très perméable.
Il fut employé par hectare 135 kilog-r. de sulfate d'ammoniaque
et 60 de chlorure de potassium appliqués : 75 kilog-. de sulfate
d'ammoniaque en terre, avant le semis et le reste des eng-rais,
six semaines après le semis, en couverture. La récolte qui eut lieu
quatre mois après le semis donna pour la parcelle avec engrais
2.300 kilogr. de grains et pour celle sans engrais, 1.400 kilogr.
La dépense en engrais fut de 13 fr. 50 et la valeur du surcroît de
rendement en maïs serait aujourd'hui d'environ 54 francs.
b) Culture de légumineuses. — L'indigène trouvant pour son
mais un débouché illimité a été conduit à adopter la culture
continue de cette céréale sur les mêmes sols jusqu'à épuisement ;
les sols épuisés par cette culture ou fatigués par les assolements
indigènes qui ne comprennent que des cultures exigeantes n'ont
pour se reconstituer d'autre ressource que la jachère qui les immo-
bilise pour une dizaine d'années au moins.
Ces deux causes, qui enlèvent à la culture de grandes étendues
de terrains, amèneront sans nul doute, si le marché du maïs se
maintient favorable, au resserrement de la période de jachère,
c'est-à-dire à la diminution progressive des rendements et à
l'épuisement plus complet des sols cultivés.
Si l'indigène était amené à placer le mais dans un assolement et
à consacrer une ou deux soles à des légumineuses, le problème de
la permanence de la production serait résolu dans la plupart
des cas.
Pour être acceptée des noirs cette légumineuse devrait donner
un produit de vente courante leur procurant im bénéfice voisin de
celui que leur laisse le maïs.
L'arachide répond à toutes ces conditions.
Quoique son pouvoir améliorant n'ait pas encore été scientifi-
quement estimé, il est de connaissance courante ; d'autre part sa
culture ([ui est des plus .simples, procurerait à l'indigène un revenu
sensiblement égal ou supérieur à celui du maïs.
On peut donc dire, étant donné que cette culture est déjà
répandue à titre alimentaire au Bénin, (jue la solution de la ques-
tion dépend uni([uement du commerce qui, dès qu'il sera acquéreur,
vulgarisera automiitiquement cette culture.
LE MAIS AFRICAIN
127
Quelle est la valeur de l'arachide du Bénin ? Il s'est répandu à
ce sujet, à la suite de petits envois opérés du Dahomey et du
Lagos, l'opinion que cette graine avait un taux d'humidité telle-
ment élevé que l'extraction de l'huile en était rendue très difficile
et que cette huile même était de mauvaise qualité.
Ces indications si contraires à la log-ique sont le résultat de
déductions inexactes tirées de ces essais.
L'un d'eux, que j'ai eu l'occasion de suivre de très près, se fit il y
a deux ans dans une usine marseillaise sous les auspices d'une
maison importante de Hambourof. Les arachides mouillées à plu-
sieurs reprises, au Dahomey, avant l'embanpement, étaient, men-
tionne le procès-verbal, très humides, à coque ramollie, et sentaient
fortement le moisi, à l'arrivée en Europe.
Elles occasionnèrent en cours de travail quelques détériorations,
notamment aux presses et donnèrent une huile à odeur prononcée
de moisi.
La conclusion qui en fut tirée attribua à ces graines une teneur
habituelle en eau trop élevée pour pouvoir être travaillées par le
matériel courant des huileries d'arachide. Il y eut là une simple
confusion de cause à etfet faite au travail des graines et ({ue les
expéditeurs eussent dû accepter avec plus de réserve.
A peu près à la même époque d'ailleurs un envoi fait à Marseille,
d'arachides du Dahomey, trouvait preneur à 22 francs alors que la
marque de Rufisque en valait 24,50.
En détinitive on ne saurait trop demander au commerce local de
se faire à cette idée de doubler la production du maïs de celle de
l'arachide et aux pouvoirs locaux de saisir l'occasion propice d'ai-
der les négociants à la réalisation de ce projet.
J. — Comment améliorer la qualité.
L'amélioration des types commerciaux de maïs africains dépend
étroitement de leur unification et de la disparition des défauts
causés par l'humidité et le charançonnage.
L'unification des types ne peut se réaliser que par la disparition
des maïs jaunes qui ont une moindre valeur; elle ne peut être
réalisée si toutefois elle est désirable au point de vue cultural, que
par le commerce à qui il suffît de ne plus en acheter.
128 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Ce qu'il faut considérer comme certain aujourd'hui, c'est l'inuti-
lité de l'introduction de types nouveaux destinés à améliorer la
production locale.
Les maïs blancs du Bénin possèdent toutes les qualités commer-
ciales désirables et fournissent d'excellents rendements. A ces
excellentes raisons viennent s'ajouter celle fournie par les échecs
qu'a subis au Dahomey et au Lag^os la culture du maïs américain
dent de cheval (Zea dentata).
Dès la première année, les rendements se sont montrés très
inférieurs à ceux des cultures indigènes ; à la troisième année, ils
devenaient nuls par la dégénérescence complète du type introduit.
Humidité. — C'est le défaut capital de tous les maïs, américains,
argentins et africains et qui provient, on la vu, de causes très
diverses, parmi lesquelles deux sont déterminantes : une récolte
trop hâtive et l'insuiïisance des abris.
Contre la première il n'est qu'un remède, il se trouve dans les
mains du commerce ; c'est l'entente qui conduirait à la suspension
de tout achat jusque vers le 13 août.
Cette entente fut réalisée en 1907 par les négociants du Lagos
qui en furent très satisfaits ; mais en 1908, l'accord ne put être
renouvelé, quelques infractions ayant été commises par certaines
maisons qui achetèrent malgré l'engagement pris.
Il devient évident, si l'on songe à la vive concurrence qui s'exerce
au sujet des achats, qu'une mesure eflîcace ne peut émaner que de
l'autorité administrative.
^lalheureusement il règne une grande incertitude à propos de la
forme que devrait prendre cette intervention.
Proclamer une sorte de ban de vendange qui fixerait une date
aux premières récoltes semble peu aisé étant donné que la matu-
ration dépend non seulement des phénomènes atmosphériques,
mais surtout des dates de semis lesquelles sont des plus variables.
Par ailleurs on se rend compte de l'impossibilité d'assurer dans
l'état actuel de l'organisation de ces contrées, l'exécution de cet
ordre (jui apparaît comme profondément vexatoire.
L'interdiction d'exporter le maïs avant une date déterminée
n'empêcherait nullement les achats d'être opérés et amènerait au
contraire, j)ar l'obligation faite aux commeryants de garder leurs
grains jusqu'à la date permise, une détérioration bien plus grande
dans les premiers envois.
LE MAIS AFRICAIN
129
Enfin il reste, dans cet ordre d'idées, la solution qui consisterait
à rég-lementer la date d ouverture des achats. Là encore se trouvent
de nombreuses difficultés ; cette date devrait varier chaque année
suivant l'état de la récolte et varier aussi selon les régions, la
maturation ne se produisant pas aux mêmes époques dans la zone
côtière et à 150 kilomètres dans l'intérieur.
Certaines maisons se trouveraient de ce fait avantagées au détri-
ment d'autres, à cela les contradicteurs pourraient ajouter que
l'époque de maturation peut varier jusqu'à près d'un mois selon le
type de maïs cultivé.
A mon' avis la question est ainsi mal posée, elle se heurte, sous
quelque forme qu'on la présente, à des intérêts qu'elle peut léser
très gravement et à la liberté commerciale.
La solution réside dans une organisation moins rudimentaire du
système des achats et des transports et dans la visite à l'exporta-
tion qui rejetterait les lots manifestement trop altérés.
A l'heure actuelle les négociants peuvent rejeter la faute du
mouillage sur l'absence d'abris dans les gares expéditrices, l'in-
suffisance du matériel couvert sur les chemins de fer et enfin la
médiocrité des moyens d'embarquement à la côte.
Jusqu'à ce que les pouvoirs publics ou les compagnies de trans-
port aient apporté les améliorations que réclament impérieusement
ces services publics, l'autorité administrative se verra impuissante
à opérer avec justice un contrôle sérieux sur la qualité des expor-
tations.
Le souci du maintien des qualités commerciales du maïs a éga-
lement préoccupé les milieux argentins, car malgré que les moyens
de transport et d'embarquement y soient fortement organisés, les
trois quarts des pertes subies à l'arrivée en Europe sont dues à
l'état humide du grain avant l'embarquement.
Le souci de tout acheteur, de recevoir, garder et expédier le
maïs dans le meilleur état de siccité, y est contrarié par l'humidité
très grande qui règne durant la plus grande partie de saison d'ex-
pédition.
Si le cargo qui reçoit le maïs peut partir pour l'Europe dans les
quinze à vingt jours après qu'il a commencé à charger, si le char-
gement a été opéré avec du grain sec et si les panneaux du bateau
sont soigneusement graissés et tenus fermés tout le long du
voyage, le grain arrive à destination en parfait état.
130 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Mais là aussi les mêmes obstacles se présentent, qui viennent le
plus souvent du planteur qui cueille le fj^rain insuffisamment mûr.
Les expéditeurs de maïs envoient habituellement des inspecteurs
aux Stations, examiner la qualité du grain oirert.
Cet essai est opéré avec des sondes à blé, sur les piles de sacs,
dans les wag-ons et est quelquefois répété dans les ports au
moment de l'expédition.
Cet examen demande un grand développement du sens du tou-
cher chez les experts, surtout si les qualités varient beaucoup et si
une grande quantité doit être rejetée comme humide. Souvent aussi,
le maïs est examiné avant d'être écossé, l'état de siccité des ratles
étant un indice certain de la maturité du grain.
L'inspection des achats est donc propre à chaque exportateur, il
n'y a pas d'inspection officielle. Le département d'ag^riculture s'était
occupé, il y a quelques années, de la possibilité de vérifier l'état
des charg-ements de maïs à l'exportation ; les expéditeurs, les
armateurs et associations de grains furent consultés.
Les exportateurs ne prirent pas aimablement la chose et décla-
rèrent qu'ils n'admettaient pas l'ingérence du Gouvernement dans
leurs aiîaires. Ceux qui prennent des précautions, connaissent leurs
chargements et n'envoient que du grain en bon état ne désiraient
pas d'inspection.
En (in ceux qui ont un commerce de spéculation, basant leurs
affaires sur les achats de grains à bas prix, en espérant un gros
profit s'ils arrivent en bon état, craignirent que le Gouvernement
ne dépréciât leur commerce par une inspection préalable.
Ces derniers font souvent des pertes élevées, mais le bénéfice
est si grand quand leurs envois arrivent en bon état, qu'ils n'hé-
sitent pas à courir de gros risques.
A la côte d'Afrique la diversité d'intérêts est exactement la
même, les maisons allemandes, anglaises et françaises travaillent
chacune selon leur mentalité, les exigences des places où elles font
leurs expéditions et aussi les conditions de marchés préétablis.
Les difficultés seront, de ce côté, exactement les mêmes qu'en
Argentine, elles seront par ailleurs doublées du fait que les expor-
tateurs pourront d'ici longtemps décharger leur responsabilité sur
l'insuffisance des organisations de transport et de magasinage,
Charançonnaf/e. — La présence des charançons dans le maïs ne
LE MAIS AFRICAIN 13 i
constitue pas un défaut grave, les marchés européens acceptent
en fin de saison des lots charançonnés au point qu'il n'y a pas un
grain intact. Ce défaut nest donc intéressant qu'en ce qu'il fait
subir au grain une perte de poids sensible.
Si on veut le combattre, il faut se rappeler que l'infection du
maïs ne se fait pas dans les champs mais commence dans les gre-
niers indigènes et se développe surtout dans les magasins du com-
merce, qu'elle est favorisée par une haute température, ainsi que
par l'aération.
Dans les conditions actuelles du commerce, les seuls remèdes à
y apporter sont l'achat de maïs aussi mûr que possible, ou mieux en
épis, et l'expédition rapide en Europe.
Le maïs très mûr se défend en effet mieux que le maïs tendre
contre le rostre des femelles qui déposent leurs œufs dans le grain;
k plus forte raison si le maïs est acheté en épis munis de leurs
rafles on est certain que les dégâts seront peu importants.
Les deux principales causes d'infection étant le séjour dans les
magasins et la mise en sacs déjà usagés, on ne peut en restreindre
les effets qu'en soumettant les uns et les autres à la fumigation
de gaz nocifs.
Le gaz cyanhydrique a été proposé, par l'emploi de cyanure de
potassium, acide sulfurique et eau; c'est un des poisons les plus
violents par inhalation '. Les effets de ce gaz ont été étudiés par
Ch. Townsend sur le maïs, le froment, le pois. Les déductions
furent :
a) Que les grains emmagasinés et fumigés, un temps suffisant
pour détruire les insectes, peuvent germer et être utilisés pour
l'alimentation.
h) Que si les grains secs traités ne sont pas toxiques, les grains
humides sont beaucoup plus sensibles à l'action du gaz et doivent
être longtemps exposés à l'air avant d'être consommés.
Johnson ajoute que des applications répétées de son gaz dans
des moulins, élévateurs et autres appareils, ont prouvé que c'est
un des remèdes les plus efiicaces pour la destruction des insectes.
Les essais effectués par M. R. Newstead à l'aide de ce gaz, ont
montré que son usage est absolument sans effet si on n'opère pas
sur des espaces parfaitement clos.
1. \'oir « Fiimigatiun methods ». pnv ^^'ylis .lolinson.
132 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Notamment l'application à des greniers ne possédant pas des
toits parfaits, donne des résultats tout à fait négatifs.
Lusage du sulfure de carbone reconnu comme excellent pour
la destruction des larves et pupes dans le grain ne s'est pas
répandu non plus à cause des dangers qu'il présente.
M. R. Newstead rapporte avoir nettoyé des greniers infestés,
en pulvérisant complètement 1 intérieur, après l'enlèvement des
grains, avec une forte solution d'eau savonneuse paraffinée, appli-
quée aussi chaude que possible.
Enfin il faut mentionner les gaz à base d'acide sulfureux pro-
duits parles appareils Clayton et Marot; leur usage ne s'est pas
répandu.
Yves Henry,
Directeur de V agriculture aux Colonies.
PLANTES MÉDIGLNALES
DE LA GUL\ÉE FRANÇAISE
[Suite.)
Palmiers.
Elaeis guineensis.
Palmier à huile.
Tougui (S,), Tintoulou (M.).
Palmier excessivement commun à la Côte, devient plus rare à
mesure que l'on pénètre dans l'intérieur.
Le fruit ou noix de palme donne l'huile de palme avec laquelle
les noirs font leur cuisine.
En médecine indigène cette huile sert aux frictions pour les rhu-
matismes et les courbatures, elle est mise sur les plaies comme
vulnéraire, mais est surtout employée comme corps gras pour
accompagner d'autres médicaments.
Borassus flabelliformis.
Palmier rônier.
Cébé (M.), Doubé (F.), Kanké (S.).
Palmier assez commun à divers endroits de la Côte et dans
quelques vallées de la Haute-Guinée.
La décoction des jeunes racines bouillies est donnée pour les
maladies des voies respiratoires.
Raphia vinifera.
Ban (M.).
Grand palmier excessivement commun à la Côte dans les estuaires
des rivières; ne pousse que le pied dans l'eau.
Avec la pulpe rougeàtre qui recouvre la graine du fruit en forme
de pomme de pin, les indigènes font une huile qui sert k soigner
les douleurs, les courbatures et les rhumatismes.
134 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Parinarium excelsum.
Rosacée.
Koura (F.), Sougué (S.), Koura (M.).
Grand et bel arbre, poussant dans toute la colonie, mais surtout
sur les hauts plateaux du Fouta où il est très abondant.
Le fruit est comestible et sert dans quelques réglions à faire une
boisson.
Les indif^ènes emploient Fécorce pilée et macérée à guérir les
plaies vives, surtout celles des nouveaux circoncis. Avec les fruits
on confectionne une boisson pour la diarrhée et la dysenterie.
Parinarium curatelleefolium.
Rosacée.
Koura Bansouma (F.), Bansouma (S.).
Arbre un peu moins grand que le P. excelsum, donne un fruit
très gros à odeur forte, comestible; commun dans la région de Kadé.
Pour les maladies des voies respiratoires on donne une décoction
de Fécorce à l'intérieur.
L'écorce bien macérée sert pour les maladies des yeux, lavages.
Parinarium sp.
Koura Nako (F.).
Arbre moyen très commun dans le centre et la région de Kindia.
Fruit coriace non comestible, amande comestible.
L'écorce pulvérisée sèche, en poudre fine, mêlée avec du sel est
donnée pour les maladies de poitrine.
Pour le bétail : une décoction de Fécorce est donnée aux bieufs
lorsqu'ils toussent. Médicament renommé. '
Parinarium macrophyllum.
Rosacée.
Sigon (F.), Sicougny (S.).
Grand arbre lîxcessivement commun sur li's hauts plateaux du
Foutti et dans les terrains gréseux de Kin(Ha.
Fruit petit, dur, coriace et non comestible.
L infusion des lihiments de l'écorce (liber) ainsi que hi poudre
PLANTES MÉDICINALES DE LA GUINÉE FRANÇAISE 1 35
(poil ù gratter) de rintérieur du fruit est mélangée avec du lait et
prise à l'intérieur comme vermifuge et purgatif.
Le même i-emède est employé pour le bétail.
Parkia biglobosa.
Légumineuse mimosée.
Nété (F.J, Néri (S.), Néré (M.). •
Grand et bel arbre, un des plus communs de la Guinée française;
fruit : gousse à pulpe comestible et graine oléagineuse.
La pulpe farineuse du fruit mélangée avec de Teau, en boisson,
est diurétique.
Pour les maux de dents, décoction de l'écorce en gargarismes et
fumiofations. Maladies des enfants : macération et décoction de
l'écorce en lavages ; la pulpe du fruit mélangée avec du miel donne
une boisson calmante, émolliente et rafraîchissante.
Le fruit mangé non mûr dérange et donne de fortes coliques.
Bouda (F.).
Légumineuse mimosée.
Faux Néré.
Grand arbre poussant au bord des rivières, ressemble beaucoup
au Parkia hu/lohosa, mais n'a pas les fruits comestibles.
La macération de l'écorce et des feuilles est employée en lotions
et lavages pour les maladies des yeux.
La poudre de l'écorce séchée et pilée sert à recouvrir les plaies
pour les faire sécher rapidement.
Bouda V. I ou Saki (F.), Kaki (S.).
Légumineuse césalpiniée.
Gommier copal.
Grand arbre n'existant que dans la région maritime de la Guinée
sur les pentes boisées. Donne la gomme-résine pour les vernis.
Les feuilles et l'écorce astringente sont employées contre la dysen-
terie.
Passiflora fetida.
Petite Passiflore traînante très commune à la Côte et aux envi-
136 ÉTUDES ET MÉMOIRES
rons de Gonakry. Baie jaune comestible; tiges et feuilles gluantes
à odeur fétide.
La décoction des feuilles et des racines est considérée comme
emménagogue, elle servirait aussi contre l'hystérie.
Pencedanum fraxinifolium.
Ombellifère. »
Soyamba (F.).
Arbuste commun dans les haies des villages. Les feuilles à odeur
de fenouil sont employées bouillies pour les lavages et lotions
chaudes.
L'infusion est considérée comme diurétique et dépurative.
Phaseolus lunatus.
Légumineuse papilionacée.
Haricots du Kissi.
Toubabou Sosso (M.).
Sous le nom de haricots du Kissi, on trouve, soit cultivés, soit
à l'état sauvage, autour des villages, plusieurs variétés de haricots
très grimpants, dont quelques-uns sont comestibles et excellents,
mais un grand nombre sont toxiques et réellement dangereux ; il
faut donc bien les connaître.
Physostigma venenosum.
Légumineuse papilionacée.
Fève de Calabar.
Le Physostigma est assez rare dans la Guinée et n'existe qu'à
la Côte. La graine est un poison violent peu connu des indigènes et
rarement employé.
Polygala micrantha et autres variétés nombreuses.
POLVGALACÉES.
Plantes assez communes, surtout au Foula et en Haute-Guinée;
presque toutes ont les racines amères à odeur forte : elles sont con-
sidérées comme sudorifiques et calmantes.
La décoction est prise aussi comme dépuratif et pour faire passer
eS glandes.
PLANTES MÉDICINALES DE LA GUINÉE FRANÇAISE 137
Securidaca sp.
POLYGALACÉE.
Diodo ou Diodiou (M.).
Arbuste à fleurs roses et à feuillage lég-er commun en Haute-
Guinée et au Fouta.
La décoction de la racine est purg-ative à petite dose, à haute dose
elle serait dangereuse. On l'emploie également comme vermifuge
et tœnicide.
L'arbre est fétiche et l'écorce est employée pour chasser les ser-
pents.
Portulaca oleracea.
PORTULACÉE.
Pourpier commun.
Plante très commune autour des villages, dans les terres culti-
vées.
Les indigènes mangent les feuilles cuites. Le pourpier est consi-
déré comme diurétique et rafraîchissant.
Les feuilles épaisses, pilées crues, sont mises en cataplasmes sur
les brûlures.
Pterocarpus erinaceus.
Légumineuse papilionacée.
Palissandre du Sénégal.
Bani ou Bani Balé (F.), Khari (S.), M'Gouin (M.).
Grand et bel arbre assez commun sur les plateaux latéritiques du
Fouta et dans la Haute-Guinée; est assez rare dans la Basse-Guinée.
Sert un peu partout à de nombreux usages mais surtout comme
astringent puissant.
L'écorce entaillée et même le bois laissent exsuder un liquide
rouge se durcissant à l'air, genre Cachou, appelé résine Kino.
Voies respiratoires et maux de poitrine : écorce séchée et pulvé-
risée mélangée avec de la noix de kola, est absorbée par prises
comme reconstituant.
A l'extérieur, l'écorce en poudre sert à sécher les ulcères.
Décoction de l'écorce k 1 intérieur contre la dvsenterie et les
But. du Ja.rdiii colonial. 19H. H. — N" 101. 10
138 l^TUDES KT .MÉMUlRliS
mauvaises diarrhées. Blerinorrhaf^ie, décoction du bois sec bouilli,
à 1 intérieur et en injections.
Gale de la tête : écorce bouillie en lava*^es et applications.
Fébrifug-e : lotions et infusions des feuilles.
Médicaments très employés.
I/écorce sert aussi à préparer et tanner les peaux.
Pterocarpus indica ou esculcntus.
LÉOTMINRISK l'APri-lONACKE.
Diejj^ou (F.), Kliembé (S.), Diahon ou Diegou (M.).
Arbre assez commun au bord des rivières et ruisseaux ; existe
dans toute la colonie, mais surtout en Haute-Guinée.
L'amande du fruit est comestible et mangée cuite, mais elle est
vomitive et donne des étourdissements si on en al)sorbe en grande
(juantité.
Les feuilles servent en infusion légère, mais surtout en lotions et
fumigations contre la fièvre.
Pangué Garé iF. .
Arbuste de 2 à 3 mètres, à Heurs jaune vif, poussant sur les
rochers des hauts plateaux du Fouta.
L'écorce à saveur chaude, aromatique et poivrée sert de médica-
ment pour les maladies de poitrine ; elle est considérée comme un
reconstituant.
Portoto (F.).
Arbuste sarmenteux mi-grimpant à Heurs blanches odorantes et
à baies rouge vif, commun au Foula; ressemble à VOlax garnhccola.
Les feuilles sont employées en infusion légère, mais surtout
pilées en application pour les courbatures et rhumatismes.
Rhizophora mangle ou R. racemosa.
UlIIZOPIIORACKKS.
Palétuvier.
Kinsi (S.).
Arbre excessivement commun a la Côte dans les estuaires des
nond>reuses rivières de la Guinée française oii hi marée se fait sen-
tir et où leau est saumâtre.
PLAINTES MÉDICINALES UE LA GULNÉE FRANÇAISE 139
L'écorce est très riche en tanin, elle sert à préparer les peaux et
à teindre en noir ou en maiTon.
La décoction est employée comme astring^ent puissant contre les
hémorrhagies ; pour les maux de gorg-e, les angines ; contre la diar-
rhée et la dysenterie.
On l'emploie aussi en injections et lavages pour la blennorrha-
gie.
Rhyncosia glomerata.
LÉGLMINEUSE PAPILIONACÉE.
Plante très grimpante, assez commune en Haute-Guinée.
La tisane ou la décoction des feuilles est employée comme dépu-
ratif. La graine pilée serait bonne pour les maladies des yeux.
Les feuilles séchées et pilées servent à saupoudrer les plaies et à
guérir les clous, les boutons, etc.
Sapindus senegalensis.
Sapindacée.
Cerisier du Cayor.
Arbre moyen, existe surtout en Haute-Guinée et au Sénégal.
Le fruit est comestible, mais si on en mange trop, l'amande du
fruit donne des étourdissements et peut devenir dangereux.
La décoction des feuilles est prise comme vulnéraire et à linté-
rieur contre les chutes et accidents.
Les feuilles et les jeunes pousses passent pour tuer le bétail qui
les mangent.
Sarcocephalus esculentus.
Rlbiacée.
Doundouké (F.), Doundaré (S.), Badi (M.).
Arbre moyen à branches sarmenteuses, commun partout mais
surtout dans la Haute-Guinée.
Plante très connue des indigènes qui, dans toute la colonie, s'en
servent de médicament contre les accès de fièvre.
Ecorce pilée ou macérée, est amère, sert de fébribuge, ainsi que
pour combattre l'anémie et les maux d'estomac.
Feuilles en lotions et en infusion pendant les accès de fièvre.
140 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Pour les maladies des enfants macération des feuilles et des racines
en lotions et lavages.
L'écorce macérée et pilée sert aussi à apaiser les douleurs du
ventre et est employée comme emménagogue.
Sarcocephalus Pobeguini.
RUBIACÉE.
Doundouké Tiangol (F.), Doundaké (S.), Ko Badi (M.).
Moins commun que le précédent.
Grand et bel arbre poussant dans les terrains marécageux et au
bord des ruisseaux.
Est employé presque indifféremment aux mêmes usages que le S.
esculentus. Commun au Fouta et en Haute-Guinée, où on l'appelle
communément acajou jaune du Sénégal.
Sarcocephalus sp.
KUBIACÉE.
Grand arbre du bord des rivières, ressemble beaucoup au précé-
dent et est employé aux mêmes usages.
Scoparia dulcis.
SCROFLLARIÉE.
Petite plante à ileurs blanches plumeuses, très commune partout,
surtout en Haute-Guinée.
Est employée pour la médication des enfants; la tisane est consi-
dérée comme diurétique.
Sesamum orientale.
Pédauacée.
Sésame.
Béné Louboungny (F.), Diguilliniy Foré (S.), Béné (M.).
Plante cultivée par les indigènes un peu partout, mais spéciale-
ment dans la Haute-Guinée.
La graine oléagineuse est employée à la cuisine ; elle donne une
huile excellente qui est utilisée comme corps gras dans la médication
indigène.
PLANTES MÉDICINALES DE LA GUINÉE FRANÇAISE lil
L'infusion des feuilles sert dans les maladies des voies respira-
toires.
Il y a plusieurs espèces de Sesarnum sauvag-es à graines non oléa-
gineuses dont les feuilles sont comestibles, les indis^ènes les emploient
comme laxatifs légers.
Solanées.
Solanum spinosum.
Aubergine sauvage
Bakoyo (M.).
Plante à baies amères non comestibles, tiges et feuilles épineuses ;
très commune.
Est employée pour purger les bestiaux ; la décoction ou infusion
des feuilles est utilisée pour les maux de gorge et les maux de ventre.
Solanum nigrum.
Genre morelle noire.
Bassia Béné (M.).
Plantes de plusieurs variétés, très communes autour des villages
dans les terres cultivées.
Les feuilles comestibles sont employées à la cuisine des indigènes.
En décoction elles sont considérées comme diurétiques et dépura-
tiA'^es.
Capsicum fastigiatum.
Petit piment ou piment enragé.
Niamako (F.), Gouengbé (S.), Fourtou (M.).
Plante cultivée par tous les noirs comme condiment.
Sert à de nombreux usages dans la médecine indigène, mais sur-
tout comme stimulant interne ; il est employé également comme
rubéfiant et révulsif énergique.
Licopersicum cerasiforme.
Petite tomate cerise.
Petite tomate sauvage excessivement commune autourdes villages
de la Haute-Guinée.
142 ÉTUDES ET MÉMOIMES
Les incligfènes remploient dans la confection de leurs sauces. Le
fruit est considéré comme excellent pour les maladies des voies uri-
naires ; les feuilles cuites servent en cataplasme émoUient, ainsi que
pour les lavag-es des jeunes enfants.
Spathodea adenantha.
BlGNONIACÉE.
Soukoundé (F.), Kinsi ou Kinki (S.).
Arbre ou arbuste très commun partout autour des villag^es. La
décoction des racines est employée comme vermifuge (lombrics)
pour les adultes, ainsi que contre la syphilis ; doit être emplo^^ée
avec ménagement car elle passe pour toxique.
Le cataplasme dVcorce des racines sur le ventre des enfants est
très employé.
Spathodea campanulata.
BlGJSONIACÉE.
Tulipier d'Afrique
nd et bel
toute la Colonie
Grand et bel arbre, à p^randes Heurs rouges, assez commun dans
Strychnos innocua.
LOGANIACÉE.
Gondé goulé (F.), Kondé Koulé (M.).
Arbre moyen mi-épineux assez commun dans toute la colonie.
Donne un fruit de la taille d'une orange, à enveloppe dure et
coriace.
Les graines sont entourées d une pulpe sucrée, comestible qui,
prise en quantité, devient vomitive et qui est donnée pour cela aux
enfants.
Deux autres variétés de Sfri/chnos^ un arbuste épineux et une
liane très sarmenteuse, donnent des fruits qui passent pour toxiques
ainsi que l'écorce.
Strophantus hispidus.
Apocynée.
Arbuste sarmenteux très commun au l-'oula Djalioii, dans les
haies des villages. ,
PLANTES MÉDICINALES DE LA OUIM-^E FRANÇAISE 1 13
Les graines pilées et écrasées donnent un poison violent (poisMi
cardiaque); les indigènes chasseurs s'en servent pour empoisonner
leurs balles pour tuer le gros gibier.
La racine à petite dose est employé* pour les maladies véné-
riennes ; la tige pulvérisée sert à soigner et guérir les plaies du ver
de Guinée ; la décoction de Lécorce pour les maux d'yeux.
Le suc des jeunes gousses grillées et écrasées sert à tuer les poux
de la tête.
Strophantus sarmentosus.
Apocynée.
Plante sarmenteuse et grimpante, excessivement florifère, aussi
commune que le strophantus hispidui^ ; existe dans toute la Guinée
française mais donne moins de fruits.
Les graines de la gousse ainsi que lécorce sont également consi-
dérées comme un poison violent et servent aux mêmes usflges que
le précédent.
Sira Nouhou (F.), Kanti Bomba (S.).
Maux de dents: infusion des feuilles eh gargarisme.
Les feuilles pilées sont employées comme vulnéraire et servent à
faire cicatriser les plaies ; les fleurs servent à guérir les ulcères.
La décoction à froid des feuilles est excellente contre l'uréthrite.
L'écorce pilée en application pour les maux du bas ventre.
Lécorce est également employée comme médicament pour le
bétail.
Sterculia kola acuminata.
Sterculiacée.
Kolatier.
Goro (F.), Kola (S.), Gouro ou Ouro (M.).
Arbre assez commun dans toute la Colonie mais spécialement
dans le pays Soussou et le Kissi où il est l'objet de soins spéciaux
des indigènes.
Le fruit appelé noix de Kola est l'objet d'un grand commerce ; il
est très- prisé des indigènes qui le considèrent comme une vraie
panacée et surtout comme aliment d'épargne ; aussi en font-ils une
grande consommation.
144 ÉTUDES ET MÉMOIRES
C'est le masticatoire par excellence^ caries noirs n'ignorent pas
ses qualités nutritives, toniques, excitantes, antifébrifuges et anti-
dysentériques.
La noix pilée et absorbée sert d'antivomitif, elle est considérée
comme aphrodisiaque.
Lorsque l'eau est mauvaise, si on la boit en mastiquant une noix
de kola elle paraît alors plus douce et plus fraiche.
Sterculia tragacantha.
StERCI I.IACÉE.
Tiapélégué (F.), Bohouri (S.), Forico (M.).
Arbre moyen à feuillage régulier, commun, existe dans toute la
Colonie.
Ecorce textile, les graines noires grillées sont prises contre les
maux d,'estomac.
La décoction des filaments de l'écorce (liber) sert de vermifuge ;
les feuilles sont comestibles et les jeunes pousses sont données aux
enfants comme vermifuge léger.
Sara (F.), Kobé(S.).
Maladies des enfants : macération des feuilles, lavages et infu-
sions.
Soukoumé (F.).
Maladies des enfants : macération des feuilles nouvelles à l'in-
térieur.
{A suivre.) H. Pobéguin,
Administrateur en chef des colonies.
LE BOIS DE ROSE DE LA GUYANE
ET SON HUILE ESSENTIELLE
[Suite.)
Le déchiqueteur le plus généralement employé à Cayenne est le
Déchiqueteur Bérendorf (fig. 1). 11 se compose essentiellement
d'une roue R ayant la forme de deux troncs de cône réunis par leur
grande basse et portant à la périphérie du cône antérieur dix lames
Eléuation Face de b roua
Fig. 1. — Déchiqueteur Bérendorf (Lutz-Krenipp, S").
de rabot, disposées obliquement par rapport aux génératrices. Cette
roue tourne à la vitesse de 300 à 600 tours par minute, devant une
table en fonte, sur laquelle se déplace un chariot C servant à presser
contre les lames de la roue les bûches tenues à la main et présentées
en bout. Les déplacements s'obtiennent, à l'avancement par l'inter-
médiaire d une pédale et au recul au moyen d'une dossière d, placée à
la hauteur des reins de l'ouvrier. Les couteaux sont fixés dans des
coulisses disposées à la face postérieure évidée de la roue. Ils sont
ou droits ou cannelés, ou encore alternativement droits et cannelés,
suivant le degré de ténuité des copeaux qu'on veut obtenir. Plus
ceux-ci sont minces et étroits, plus nombreux sont les éléments
146
ÉTUDES KT MÉMOIRES
sécréteurs sectionnés, et plus grand est le rendement du hnis en
essence.
Les copeaux tombent sous l'appareil, par un couloir incliné, et se
réunissent dans un bac en bois, d'où ils seront portés aux alam-
bics.
L'absence d'un conduit d'alimentation rend extrêmement pénible
la tâche de l'ouvrier, qui doit être fréquemment relayé.
Le déchi<jueteur Bérendorf se construit sur trois modèles, ayant
les caractéristiques suivantes :
I
2
3
Fis- 2.
Force motrice
4 chev.-vap.
:\
2
l'i'odiiclion à l'Iieiire
350 k.
250
150
La maison Jametel construit une machine à déchiqueter, dont
l'organe de travail est un discp.ie armé de couteaux et tournant
devant une auge inclinée où les bois sont ou tenus à la main ou
entraînés mécaniquement. 11 en existe également trois modèles. Le
n" 0. à aménage automatique, produit de 10 à 12.000 kilogr. de
copeaux par jour et exige une force motrice de 12 à 15 chevaux-
vapeur; le n« 1, alimenté à la main, produit 3.000 à 5.000 kilogr.
avec 6 à 8 chevaux de force ; enfin le n"2 débite 800 à 1 .500 kilogr.
avec 3 à 5 chevaux de force.
Les lames dudéchiqueteur s'émoussent très rapidement et doivent
être souvent all'ùtées. Aussi, doit-on en avoir 3 à i jours de
rechange, pour éviter les pertes de temps.
L'extraction de l'huile volatile des copeaux s'opère par la distil-
lation. Dans les cas les plus simples, l'installation comprend deux
LE ROIS DE ROSE A LA GUYANE
147
chaudières, servant à tour de rôle, un chapiteau unique et mobile,
s'adaptant alternativement aux deux alambics, et un réfrigérant.
Ces cucurbites ont de 1 mètre à 1 mètre 10 de haut X 1 mètre 10
à 1 mètre 20 de diamètre, soit une capacité d'environ 900 à 1000
litres. Le fond en est occupé par un serpentin de chauffe. Elles
sont munies latéralement d'un large trou dhomme, fermé par un
tampon et destiné au chargement.
Fifj. 3. — Alambic à essences simple à vapeur.
La charge est de 90 à lOOkilogr. de copeaux auxqviels on ajoute
100 litres d'eau chaude provenant du réfrigérant. La coupole étant
mise en place, les joints serrés et mastiqués, on introduit la vapeur
dans le serpentin, sous une pression d'environ 3 atmosphères. La
masse s'échauffe rapidement et bientôt, en moins d'une demi-heure,
l'eau distille, entraînant par ses vapeurs l'huile essentielle échappée
des cellules du bois.
148
ÉTUDES ET MÉM01Kt:S
Une circulation d'eau froide est entretenue dans le réfrig^érant
et réglée de façon à maintenir dans les 2/3 inférieurs du serpentin
de condensation une température voisine de la température ambiante
(28 à 29° en moyenne). L'eau arrive à cette température au fond
du réfrig-érant et s'écoule par la partie supérieure à une tempéra-
ture voisine de 14°. Dans ces conditions, la condensation sopère
normalement. Le liquide condensé, mélange d'eau et d'huile essen-
tielle, est recueilli dans un récipient florentin, où la séparation se
fait par suite de la différence des densités. L'essence est recueillie
pas l'orifice supérieur, tandis que les petites eaux s'écoulent par
l'orifice inférieur et sont au fur et à mesure évacuées hors de l'usine.
Au début de 1 opération, l'essence arrive en si grande abondance,
Fig. 4. — Appareil usité à Cayenne.
qu'elle coule presque à jet continu du serpentin. Mais peu à peu,
les copeaux s'épuisant, elle ne vient plus que goutte à goutte. L'eau
mère se trouble progressivement et devient laiteuse. Dès lors les
gouttelettes d'essence se font plus rares et bientôt cessent d'arriver
à la surface du vase florentin, bien que les petites eaux continuent à
couler très parfumées. L'opération est alors terminée : elle dure en
moyenne une heure et demie.
La cucurbite est aussitôt vidée et disposée pour une nouvelle
charge, tandis que la coupole est fixée sur la seconde cucurbite,
qu'on a eu soin de charger à l'avance; et une nouvelle chauffe
commence, presque sans perte de temps.
Parmi les premières installations, il en est qui proviennent d'an-
ciennes distilleries de cannes ou de mélasses plus ou moins modifiées.
LE BOIS DR ROSE A LÀ GUYANE 149
Les alambics (fig. 3 et 4) sont en cuivre et le serpentin du réfrig-érant
plonge le plus souvent dans un bac tronconique en bois d'une capa-
cité de 2.300 à 3.000 litres, soit environ 3 fois celle de l'alambic.
Il semble, en effet, qu'en raison de la chaleur du climat, un grand
volume d'eau de réfrigération et un long développement du serpen-
tin soient des conditions indispensables à une bonne condensation.
Une installation semblable à celle qui vient d'être décrite peut
être évaluée à une vingtaine de mille francs, y compris une petite
machine à vapeur, une scierie circulaire, un atelier de réparations,
le matériel d'emballage et tous frais d'installation. Son fonctionne-
ment nécessite la présence d'un contre-maître mécanicien et de deux
ouvriers, se relayant alternativement au déchiquetage et au service
des alambics et du générateur. Elle permet de traiter par journée
de dix heures de travail de 600 à 700 kilos de copeaux, rendant
une moyenne de 6 à 7 kilos d'essence, soit environ I^/q. Dans
certains cas exceptionnels, ce rendement peut descendre à 0,30 °/o
comme il peut également s'élever jusqu'à 2,5"/o, suivant la qualité
du bois distillé.
Depuis quelque temps, de nouvelles installations ont été créées
avec un matériel sensiblement plus important sinon plus perfec-
tionné, en vue d'une production journalière triple ou quadruple.
Mais elles exigent une augmentation sensible de personnel et par
suite un accroissement à peu près parallèle des frais de fabrication.
Cependant, la hausse persistante des prix d'achat du bois, jointe
à la baisse simultanée du prix de vente de l'essence, impose
désormais aux distillateurs locaux la nécessité d'améliorer nota-
blement les rendements actuels.
Cette amélioration doit avoir pour base certaines modifications à
introduire dans les procédés de distillation usités en vue d'obtenir
un épuisement plus complet de la matière traitée. Au cours des
recherches auxquelles nous nous sommes livré personnellement,
en collaboration avec M. Kerbec, pharmacien-chimiste à Cayenne,
nous avons pu constater, en effet, que les copeaux extraits des
alambics après chaque opération pouvaient encore livrer par charge
de 100 kilos une moyenne de 130 à 200 grammes d'essence. D'autre
part, les petites eaux non utilisées ont dosé, par la liqueur titrée
de brome, de 1 gr. 23 à 2 gr, par litre. Il se perdait ainsi, dans les
distilleries que nous avons visitées, une moyenne de 300 grammes
d'essence par 100 kilos de bois distillé, soit une perte journalière
d'environ l kilogr. 800 à 2 kilogr. d essence.
loO ÉTLDKS ET MÉMOIRES
Pour éviter ces perles, il existe un moyen en quelque sorte clas-
sique : c'est IsLCokohation^ opération qui consiste, ainsi qu'on le sait,
à faire repasser les petites eaux sur la matière distillée autant de
fois qu'il est nécessairepour en amener l'épuisement complet . Malheu-
reusement, elle entraîne dans les conditions ordinaires à des pertes
considérables de temps, qui se traduiraient en définitive par un abais-
sement sensible de la production journalière.
Afin de tourner cette difficulté, nous avons conseillé un procédé
de distillation méthodique et continue, qui permettra de réduire au
minimum et la (quantité d'eau nécessaire à la distillation et la
quantité d'essence dissoute par celle-ci, tout en réalisant l'épuise-
ment complet des copeaux dans un laps de temps sensiblement
réduit par rapport à la méthode ordinaire.
Epuration et rectification. — L'essence brute de bois de rose
contient comme toutes les essences naturelles, des impuretés, telles
que matières pecti([ues, résineuses, colorantes, etc., et un peu d'eau,
dont il est indispensable de la débarrasser, d'abord pour en assurer
la conservation, ensuite pour en améliorer autant que possible les
qualités olfactives.
Ce résultat s'obtint souvent du moins en partie par une simple
épuration mécanique (décantation et filtra tion).
Par un repos prolongé, les impuretés tenues en suspension se
précipitent au fond du vase. 11 suffît alors, pour les séparer, de
décanter l'essence clarifiée, en ayant soin de réserver les dépôts
jDour les faire repasser à l'alambic. Lorsque la clarification est trop
lente k s'effectuer, il est expéditif de filtrer simplement parles moyens
ordinaires (iiltres coniques, filtres congés, filtres à vide ou à pres-
sion).
Quant aux impuretés existant en dissolution dans l'essence et qui
évidemment résistent à la filtration, on les sépare par une nouvelle
distillation avec la vapeur d'eau ou dans le vide. C'est à cette opé-
ration, (|ui peut être répétée autant de fois qu'il est nécessaire,
qu on réserve habituellement le terme de rectification.
La distillation par la vapeur d'eau se fait en plaçant Tessence dans
une cucuibile ordinaire ou mieux dans un appareil approprié tel
que VOI'Uif rerlificalour Effrot (fig. 5) avec •"> ;i ("> fois son volume
d'eau.
Le chauffage se fait généralement à la vapeur, soit par injection
LE ROIS DE ROSE A LA GUYANE
151
directe, soit par l'intermédiaire d'un double fond ou d'un serpentin
fermé. Mais, on conçoit qu'il est impossible d'obtenir parce procédé
un produit complètement privé d'eau.
Pour atteindre ce dernier résultat, on emploie les appareils à vide,
qui permettent, en distillant à l'abri de l'air et sous une pression
plus ou moins réduite, par conséquent à une température relative-
ment basse, d'éviter toute altération pouvant résulter des tempéra-
— V ~
\
\
N "
\
Fif;. 5. — iSùifrectificateur pour essences.
tures élevées, qui sont atteintes dans les distillations à la [)ression
atmosphérique. Ce procédé permet également, en graduant à volonté
la température d'ébullition, de séparer plus facilement entre eux
les produits de volatilité inégale. Et c'est ainsi qu'on parvient, par
le fractionnement, à débarrasser l'essence des terpènes qu'elle con-
tient et dont la présence nuit à la finesse de son parfum, tout en
constituant un danger d'altération pour les combinaisons où elle
peut être introduite. Or, certains de ces corps, ont un point d'ébul-
lition assez voisin de celui du linalol, puisqu'il en est qui bouillent
aux environs de 180-185°, sous la pression ordinaire. Il en résulte
des difficultés de manipulation qui font de la d e' te rpe' nation une
opération délicate, que seuls peuvent utilement entreprendre les
techniciens exercés.
132 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Conservation. — Exposée à l'air humide, à la lumière et à la cha-
leur, l'essence de bois de rose perd assez rapidement de sa limpidité,
et en même temps de la tinesse de son parfum. Elle jaunit progres-
sivemeni, prend une consistance sirupeuse et une odeur de térében-
thine, qui annoncent la résinification.
Morin a observé qu'une essence pure el anhydre a pu être con-
servée pendant six ans, sans la moindre altération, dans une atmo-
sphère d'oxyg-ène sec, tandis qu'en présence de l'eau, il y avait
absorption d'oxyg^ène, coloration et épaississement consécutifs.
On doit donc autant que possible conserver cette essence dans
des vases en verre ou tout au moins en cuivre ëtamé, bien remplis
et bouchés hermétiquement avec des capsules en caoutchouc ou en
baudruche.
Matériel nécessaire. — Dans l'état actuel du développement de
cette industrie, la fabrication de l'essence de bois de rose nécessite
un outillag-e assez important que nous avons résumé dans le devis
ci-dessous :
Installalion pour distiller de i .000 à j .500 kilos de bois de rose
par jour .
A. Déchiquetage :
i scierie circulaire 2 . 800 fr.
1 déchiqueteur 2.000
Couteaux de rechange oOO
1 appareil à atfùter 200 5.300 fr.
t
B. Distillation :
1 groupe de deux alambics lixes de
1.200 1. de capacité, avec coupole
conmiune, tampon de charg'e,
grilles de retenue, serpentin et
barboteurs, réfrig'érant démon-
table, supports fonte, récipient à
petites eaux et retour automatique
de celles-ci.
Ensemble <> .(>'><)
A reporter. . . . o.dOI» ïv .
LE BOIS DE ROSE A LA GUYANE 153
Report o . 000 fr.
1 g-énérateur vertical à tubes Field
de 15 m. de surface de chaufïe,
avec tous accessoires 3 . 850
1 enveloppe isolante pour le gé-
nérateur 380
1 pompe d'alimentation 450
1 moteur à vapeur type vertical
8 HP ' 1.800
1 étrieravec chaînes et contrepoids
pour la manœuvre delà coupole. 60 12.540
C. Rectification :
1 œuf rectifîcateur Eg-rot, capacité
de 20 litres, avec réfrig^érants et
accessoires 800
1 récipient décanteur 250 1 . 050
D. Divers :
Atelier de réparations et d'embal-
lage. Récipients pour le transport
de l'essence. Petit outillage, etc. 1 .200
Frais de transport et d'emballage . 3 . 000
Construction d'un hangar, mise en
place et montage du matériel, y
compris réservoir d'eau, trans-
missions, tuyauteries et imprévu. 4.710 8.910
Total 28.000
Etude chimique de Vessence. — L'huile essentielle du bois de
rose, prise à l'état brut, est incolore, ou à peine teintée de jaune
pâle, nuance qui s'accentue avec le temps. Très fluide à l'état frais,
elle perd de sa limpidité, ainsi que nous l'avons vu, par le contact
de l'air, s'oxyde et prend à la longue une consistance sirupeuse. Sa
saveur est chaude et légèrement piquante, son odeur agréable et
fine rappellerait, suivant les uns celle de la rose et selon les autres
le parfum du citron ou de la bergamote.
Elle fut étudiée pour la première fois en 1881, par Morin qui en
isola le constituant principal, un alcool terpénique lévogyre ayant
Bal. du Jardin colonial. 1911. II. — N° 101. 11
loi kti:des et mémoires
la formule C'H'^O et en détermina comme suit les constantes phy-
siques (C. /?. 92, 998 et Ann. chim. ef phys., 5« série, t. XXV,
1881) : points d'ébullition : 198° à la pression de 7o5mm.; P. spé-
cif. : ().8(i8 à i:;*'; déviation (1 = KKI mm.) : — 19" à ITi" C. Cet
alcool fut dénommé par Barbier licaréol. En 1889, Morin reprit ses
i-echerches sur l'essence du liois de rose de la Guyane, dont il éta-
blit l'analogie de constitution avec le camphre de Bornéo. Ce n'est
que dix ans plus tard, en 1891, que Semnder [Berichte chem. 4,207)
isola à son tour, dans l'essence d'origine mexicaine, un alcool égale-
ment lévogyre, qu il appela linalol, et qui fut considéré comme dis-
tinct du licaréol. Barbier soutint d'abord cette opinion (C /?. 414,
674 et 110, 883), puis ayant repris le sujet en collaboration avec
Bouveavilt, ces deux savants reconnurent l'identité complète de ces
deux corps (C B. 1 17, 1208 ; Bull. Soc. chim. (3) 15, 594), et assi-
gnèrent à l'essence du Mexique la composition suivante : terpène
diatomique 0,1 "/o", terpène tétratomique 0,1 %, méthylhepténone
0,1 °/o ; licarliodol 2 "/j, ; sesquiterpène 3 "/o et licaréol 90 "/o- Depuis,
sous le nom de linalol qui seul a été retenu, cet alcool a fait l'objet
d'un grand nombre de travaux qui ont permis de déterminer d'une
manière complète sa constitution et ses propriétés.
En 1900, M. Theulier [Bev gén. chim. III, G, 262) établit que
le bois de rose femelle de Cayenne, produisait environ 1,4 ^jo d'es-
sence ayant les caractères suivants : Poids spécitique 0,8725 à 0,875
à 14« 5"^C. ; a o — 15"2' à — 15"50' ; solubilité dans l'alcool à 70° :
1/2; coellîcient de saponification 1,385. La presque totalité de cette
essence distillait entre 19 4° et 200° C, consistant presque entiè-
rement en linalol gauche. Dans ce travail, l'auteur disait que l'es-
sence de Cayenne se différenciait de celle du Mexicpie par l'absence
de méthylhepténone, de terpiriéol et de géraniol. Mais les chimistes
de la maison Schimmel et C"" [Bulletin, avril 1910, 70) ont démon-
tré dans le distillât du bois de rose l'existence du d-terpinéol (5 °/<,)
et du géraniol (1 "/„). Ils lui attribuent d'ailleurs les caractéristiques
suivantes [Les Huiles essentielles, par Gildennerter et Hotrmann,
1900) : p. sp. 0,870 à 0,880 ; a „— 15" à —20° ; solub. dans l'alcool à
70" : 1/2 et plus. D'autre part. M. Roure-Bertrand iils [Bull., oct.
1909, 40) a trouvé dans un lot de la même essence, distillée à
Grasse : terpinéol droit 5,3 °/„ ; géraniol 2,4 °/^, ; nérol : 1,2 °/o, des
traces de méthylhe[)lénone (5 à 6 grammes pour 10 kilos d'essence)
et 90,5 °/o de linah)l gauche. Cette essence avait les caractéristiques
LE BOIS UE ROSE A LA GUYANE 1 00
suivantes : p. sp. 0,8721 à 20" ; a^ — IS-'Se' (1 = 100 mm.) ; r, o^
= i,463o.
D'après M. Holmes (loc. cit.) un lot important de bois de Cayenne
distillé à Londres en 1909 par MM. Bush et C" Itd. a produit 1,09
°/„ d'une essence ayant les caractéristiques suivantes : p. sp. 0,8762
à lo° C. ; «D — 14"; alcool total en linalol, par acétylation directe
49,3 ^'/o. Un spécimen type examiné plus récemment au laboratoire
de Wright, Layman et Unney, Itd. avait les caractéristiques sui-
vantes : p. sp. àl5°C. 0,875; a^ — 13°; -^ „ : 1,463; éthers2,6Vo;
alcool total, par acétylation directe 53,7 "/o- Enfin, toujours d'après
le même auteur, sur neuf échantillons de récente fabrication qui ont
été examinés par W. J. Bush et G", on a relevé les chiffres suivants,
comme limites extrêmes : p. sp. 0,874 à 0,877 à iS^G. ; oco — 15" à
— 15°7'; alcools par acétylation directe, 46 à 50 "/o; tous étaient
solubles dans l'alcool à 70, à raison de 1/1,5.
Ainsi qu'on le voit, les constantes physifjues de l'essence de bois
de rose de Gayenne varient notablement, suivant les échantillons
examinés, variations qui tiennent tant à l'habitat de la plante, k
son âge, à l'époque de l'abatage et à l'état de conservation du bois,
qu'aux soins apportés à la distillation et à la conservation du pro-
duit. Aussi est-il difficile de tirer de ces données un critérium absolu
de pureté, encore moins d'origine.
Entre l'essence de la Guyane et celle du Mexique, M. Otto
[L industrie des parfums, 1909) signale, en effet, les ditTérences sui-
vantes :
Densité Pouv. rolatoire
(1 = 100 mm.)
Essence de Gayenne. . 0,863 à 0,867 — 16°
— Mexique . . 0,898 — 7"33'
Gildermester et Hoffmann donnent pour le distillât mexicain, les
caractéristiques suivantes : p. sp. 0,875 à 0,895 ; an — 5° à — 12°;
coeff. de saponif, 1 à 10; solubilité dans l'alcool à 70° 1/2 et plus.
Dans leur Bulletin de 1900, p. 43, Schimmel et G''' y signalent la
présence de 3.5 °/o de géraniol, 6,5 °/o de d. terpinéol et 90 °/o de
linalol gauche. Dans leur Bulletin d'oct. 1909, p. 63, ils donnent les
caractéristiques suivantes pour un échantillon authentique de cette
essence : p. sp. 0,8830 k lo°G. ; a „ — 10°58' ; r,^ ''-^ = 1 ,46377 ; coef-
136 ÉTUDES ET MÉMOIRES
ticient d acidité 5, G; coefî. d'éther 19,3. Un échantillon étudié
par Wright, Layman et Unney a donné : p. sp. 0,878; «d — 12°;
y; d"^*^* = 1,462; éthers 7,2 7o ; alcool total, par acétylation directe
o3°3 °/o. Enfin, sept échantillons examinés récemment par Bush et
C°. ont fourni les chiffres suivants : p. sp. 0,87o4 à 0,8847; a,, —
7" à — 15'^ ; alcool total 47 à 52 °/o, par acétylation directe.
Les différences sont donc peu marquées quant aux constantes phy-
siques et à la composition chimique, entre les deux provenances de
linaloé, — saut peut-être en ce qui concerne le pouvoir rotatoire,
qui est sensiblement plus faible en moyenne dans l'essence mexi-
caine que dans celle de Gayenne. Toutefois, il est reconnu que
celle-ci détient sur sa concurrente une supériorité nettement éta-
blie, quant à la finesse et à la force de son parfum. De plus, elle
est fabriquée dans des conditions qui lui assurent Tavantag-e dune
qualité toujours suivie et comparable à elle-même. Enfin, elle n'est
jamais fraudée. L'essence du Mexique subit au contraire de grandes
variations de qualité, par suite de l'irrégularité des conditions de
fabrication, et aussi d adultérations fréquentes, parmi lesquelles la
moins coupable consiste dans un mélang-e inconsidéré d'essence de
bois avec celle extraite depuis peu des fruits de Biirsera. Cette der-
nière essence, qui est dextrog-yre (^t/^/. Schimmel et C'*', oct. 1907),
est additionnée d'essence de bois, parce que seule elle s'altère
promptement et perd son parfvmi.
D'après M. flolmes (loc. cit., mars 1910, p. o9) le Bulletin de la
maison Roure-Bertrand de nov. 1907, |). 14, aurait sig-nalé un
échantillon iV Essence de graines de bois de rose de Cayenne donnant
les caractéristiques suivantes : p. sp. à IS^C. 0,8883 ; a „ + 1°30';
éthers en acétate de linalyle 10,2 "/„; alcool total en linalol 51 .6 "/o.
La majeure partie de ce distillât paraissait être du linalol droit.
Le fait méritait confirmation, les fruits du bois de rose ayant passé
jusqu'ici pour être inconnus '. Toutefois, le Bulletin Roure-Bertrand
d'octobre 1908 mentionne des recherches faites par cette maison
sur une essence dexlrogyre de graines de linaloé de provenance
mexicaine, à latpielle il faut vraisemblablement rapporter l'informa-
tion ci-dessus. Cette essence, qui est entrée dans le commerce vers
1905, ne se différencierait en rien, au point de vue de l'odeur, des
I. Nous iiavuns pas pu nous procurer la |)uhlicalioii donl il s iii;iL, 1 cdilioii eu claul
épuisée.
LE ROIS DE ROSE A LA GUYANE 1S7
bonnes essences du bois et pourrait, dit-on, les remplacer. L'inté-
rêt de cette nouvelle production serait d'épargner les arbres qui,
par suite d'une exploitation intensive, disparaissent rapidement des
forêts mexicaines.
En résumé, quelle que soit leur origine, les essences de linaloé
du commerce peuvent contenir, en outre de leur constituant princi-
pal, trois catégories distinctes de corps plus ou moins odorants : 1"
des alcools terpéniques (terpinéol, géraniol, licarhodol, nérol) et
leurs éthers ; 2° des hydrocarbures (C^H^'')" ou terpènes, dont deux
terpènes proprement dits et un sesquiterpène ; 3° une cétone non
saturée, la méthjlhepténone G^H^'O.
Le terpinéol est un alcool tertiaire C'^H'^0, d'une odeur agréable,
rappelant le syringa ou le muguet. Le géraniol et le licarhodol sont
des alcools primaires G'"H'*0, de même formule que le linalol.
L'odeur du premier rappelle assez fidèlement celle de la rose, qu'il
sert à falsifier. Les terpènes sont des liquides odorants, assez oxy-
dables et qui pour la plupart se résinifient lentement au contact de
l'air. Enfin la méthylhepténone est un liquide incolore, d'une odeur
pénétrante et caractéristique d'acétate d'amvle. Tous ces corps ayant
une odeur propre peuvent altérer celle du linaloé, lorsqu'ils s'y
trouvent mélangés en trop forte proportion.
Usages industriels. — L'essence de bois de rose ne subit aucune
manipulation au lieu de production. Telle qu'elle coule de premier
jet des alambics, telle elle est expédiée en Europe, où les fabricants
de matières premières pour la parfumerie lui font subir une recti-
fication plus ou moins complète, avant de la livrer aux parfumeurs
proprement dits.
Ce produit jouit, nous l'avons déjà dit, d'une excellente réputation
de pureté et les consommateurs s'en déclarent unanimement satisfaits.
Il n'apparaît donc pas qu'il y ait grand intérêt pour les producteurs
locaux à entreprendre sur place une véritable rectification de leur
production. Toutefois, lorsque l'essence brute devra séjourner
quelque temps dans la colonie, avant d'être exportée, il sera utile
de lui faire subir tout au moins une épuration mécanique qui, si
elle est bien faite, povirra dans certains cas dispenser les industriels
métropolitains de recourir à une nouvelle distillation.
L'essence de linaloé sert soit directement à la confection des bou-
quets et des diverses préparations de toilette, soit à la préparation
lOiS ÉTUDES ET MÉMOIRES
du linalol ou de Tacétate de linalyle, produits de plus en plus
employés dans la parfumerie, et dont la consommation y est pour
ainsi dire illimitée.
Utilisée directement l'essence de bois de rose convient notamment
pour imiter le muguet, le camélia, le chêne royal, etc. Elle a été
autrefois très employée pour falsifier l'essence de rose. Mais, les
constituants principaux de cette précieuse essence étant le géraniol
et le citronellol, on atteint mieux le but recherché au moyen des
essences de géranium et de citronnelle.
La fabrication du linalol constitue à elle seule un débouché des
plus importants, l'emploi de cet alcool, depuis son introduction
dans le commerce, en 1892, ayant accompli des progrès considé-
rables. On sait que jusqu' à ces derniers temps, l'essence de coriandre
était la seule source de linalol droit, appelé pour cette raison
coriandrol. L'essence de g-raines de Bursera en constitue désormais
une source nouvelle. Quant au linalol «gauche, il existe dans un
grand nombre d'essences naturelles, telles que les essences de basilic,
d'ylang-ylang, de menthe crépue, de thym, de sauge clarée, de
lavande, d'aspic, de citron, de luirette, de petit grain, de néroli, de
bergamote et de linaloé. Ces deux dernières sources sont de beau-
coup les plus importantes.
{A suivre.) E. Bassières,
Inc/énieur agricole,
Inspeciciir (l'Ac/ririiIliire aux C.olonies.
NOTES
LE KARIÏÉ AU DAHOMEY
Le karité Butyrospermuni Parkii) est un arbre de taille moyenne
dont les graines oléagineuses servent à la préparation d'un beurre
comestible dénommé beurre de karité ou de ci [angl. shea Lutter)-
Il est largement répandu dans la zone soudanienne de l'Afrique
occidentale. Au Dahomey, ses peuplements sont comjoris entre le
7^40 et le 11°40 de latitude, et sont particulièrement importants
autour du 10", c'est-à-dire à 400 kilomètres de la côte, en ligne
directe, ils s'étendent sur un territoire de 85.000 kmq.
D'après les renseignements fournis par les Administrateurs des
cercles de Savalou, Savé, Djougou, Atacora, Parakou et Moyen-
Niger, le nombre total des karités peut être évalué à 17 millions,
ce qui peut représenter environ 0.(360.000 arbres adultes en pro-
duction.
Ces arbres sont disséminés en peuplements naturels dans tous
les pays, sauf dans les forêts et les endroits humides ; les indi-
gènes n'interviennent pas pour favoriser leur multiplication ; ils se
contentent de les respecter quand ils établissent leurs champs sans
chercher le plus généralement à les préserver contre les feux de
brousses qui embrasent le pays au début de la saison sèche.
La quantité moyenne d'amandes qu'un karité peut annuellement
produire n'a pas encore été évaluée avec précision, cette ({uantité
est d'ailleurs excessivement variable, suivant les individus, et
l'année. Si l'on admet, avec M. 1 Administrateur de Parakou, un
rendement moyen de 10 kilos d amandes par pied, on voit que la
production annuelle des peuplements de karité au Dahomey s'élève
à 56.000 tonnes d'amandes. 11 peut en être actuellement récolté
12 à 13.000.
Une énorme quantité de matières grasses est donc ainsi réguliè-
rement perdue pour le commerce. Les amandes de karité contenant
1 60 notp:s
48 "/o de leur poids en produit gras, la quantité totale de matière
grasse qui reste annuellement inutilisée s'élève donc à 20.000 tonnes
représentant au taux de 800 francs la tonne 16 millions de
francs.
N.B. — Le beurre de karité s'est vendu 800 fr. la tonne dans
le nord de la France en novembre et décembre 1910.
Ce chiffre montre toute l'importance de la question du karité
pour le Dahomey.
Si, jusqu'ici, les peuplements de karité sont restés inexploités
en immense majorité, c'est que les habitants n'ont récolté que la
quantité d'amandes nécessaires à la consommation locale.
Cette situation peut-elle se modifier? Les produits du karité
peuvent-ils profiter du débouché illimité que leur offre l'industrie
européenne ?
C'est tout à la fois une question de main-d'œuvre et de trans-
ports.
Tableau : Population des Cercles à karité.
l Savalou 45.000 habitants. Densité : 2,8
Groupe Ouest | Djougou 61.000 — — : 6
( Atacora 100.000 — — : 10
l Savé 13.000 habitants. Densité : 1,6
Groupe Est Parakou 61.008 — _ ; 2,4
f Moyen-Niger. 76.000 — — : 2,1
Main-d'œuvre. — La population qui existe au Dahomey dans la
zone du karité, est peu nombreuse ; on compte 350.000 habitants
seulement dans les 85.000 kil. carrés où les arbres de karité sont
dispersés ; c'est une densité de 4,1 ha])itants au kilomètre (voir
tableau).
Cette population peut suffire, dans les contrées où elle est dense,
au ramassage des fruits et à la préparation des amandes, mais pas
à l'extraction de la matière grasse que ces dernières renferment.
La fabrication du beurre de karité par les procédés indigènes est
en effet un gros travail, et prend beaucoup de temps.
Transports. — Les régions où les karilés sont les plus nom-
breux sont situées autour tlu lO*" parallèle, par conséquent à
200 kilomètres environ du terminus actuel de la voie ferrée. Or les
LE KARITÉ AU DAHOMEY 161
transports ne pouvant se faire qu'à tête d'homme en raison des
trypanosomiases qui déciment les animaux de trait, un indigène,
chargé de karité, partant des environs de Nikki ou de Djougou a
huit à dix jours de marche avant d'arriver aux factoreries de Savé
ou d'Agouagon.
On conçoit que les producteurs qui ont fait un déplacement
aussi long avec une charge de 30 kilos sur la tête ne peuvent se
contenter d'un bénéfice minime. La question est donc de savoir si
les commerçants de la Colonie, étant donné le cours des matières
grasses, et les frais de transport qu'elles supportent entre le
Moyen-Dahomey et les marchés d'Europe, peuvent payer les pro-
duits du karité à un prix suffisamment rémunérateur pour les
indigènes. Il y a lieu, à cet égard, de distinguer entre le beurre et
les amandes.
Beurre. — Après plusieurs tentatives infructueuses, le com-
merce local n'a réussi à acheter du beurre de karité en quantité
notable qu'en acceptant de le payer à raison de 500 fr. la tonne
au terminus du chemin de fer. — C'est le prix pratiqué en 1910,
année qui marque le vrai début de l'exportation du karité au
Dahomey, ce prix n'avait rien d'excessif à cette époque, en raison
du cours élevé des produits gras en Europe (cours qui a permis de
vendre le beurre de karité 800 fr. la tonne) ; mais il ne saurait
être maintenu lorsque le marché est en baisse, et que l'huile de
palme descend par exemple à 575 fr. la tonne au Havre.
Or au prix de 500 fr. la tonne, la rémunération des indigènes
est déjà bien faible.
D'après les renseignements pris par l'Administration, le kilo de
beurre de karité se vend environ 0 fr. 10 à Kandi, 0 fr. 25 à 0 fr. 30
à Djougou, 0 fr. 30 à Nikki et Parakou, 0 fr. 60 à Savalou.
Les indigènes qui apportent à Agouagon ou à Savé 30 kilos de
beurre provenant des environs de Djougou ou de Nikki, font un
bénéfice de 0 fr. 20 par kilo, mais au total ils ne gagnent sur leur
change que six francs pour dix jours de portage. — Ils n'ont même
pas, au retour, la certitude de pouvoir faire un semblable bénéfice,
en se chargeant de tissus ou de sel, car en raison de la faible den-
sité de la population, les marchés de l'intérieur sont rapidement
encombrés de ces articles. Ils risquent donc de ne toucher en tout
qu'une somme de six francs pour seize à vingt jours passés en
dehors de leur fover.
162 NOTES
L expérience de 1910 a montré que cette faible rémunération
suffit aux indigènes : les familles de la région de Péréré, Nikki,
qui cédant aux instances de leur Administrateur, ont transporté du
beurre aux factoreries d'Agouagon sont revenues satisfaites du
résultat obtenu : il est donc probable qu'en 19H le trafic du beurre
de karité donnera naissance dans cette direction à de nombreuses
caravanes de porteurs et que l'exportation totale de la Colonie, qui
en 1910 a atteint 37 tonnes (dont 14 1/2 provenant de la région
précitée, Péréré-Nikki) s'accroîtra considérablement. Encore fau-
dra-t-il que les cours se maintiennent aussi élevés qu'en 1910.
Amandes. — Les pronostics sont moins favorables en ce qui
concerne les amandes ; celles-ci n'ont donné lieu à aucun trafic,
même en 1910, et il est à craindre que les indigènes ne continuent
à s'en désintéresser.
Les amandes de karité contiennent, d'après les nombreuses ana-
lyses faites par M. Ammann, 48 "/o de beurre de karité. D'après
cette composition, elles devraient avoir un prix atteignant près de
la moitié de celui du beurre ; elles valent en réalité, sur les lieux
de récolte, cinq à huit fois moins que ce dernier.
Le kilo d'amandes s'achète environ deux centimes à Kandi, trois
centimes à Kouandé, cinq à six centimes à Parakou et à Djougou,
cela provient de ce qu'elles sont dédaignées des porteurs. Les
commerçants européens installés au bout du rail achètent en effet
les amandes de karité 3 1/2 fois moins que le beurre, c'est-à-dire à
raison de 0 fr. 14 le kilo.
A ce prix, les porteurs d'amandes qui viennent des régions de
Djougou, Parakou gagnent neuf centimes par kilo, ils font, par
charge, un bénéfice de 2 fr. 70 qui constitue d'une façon absolue
une rémunération insuffisante de leur travail et qui d'ailleurs est
inférieur à celui réalisé sur le beurre.
En résumé, avec l'organisation actuelle des transports :
1° L'exportation du beurre de icarité est possible et se produira
chaque fois (jue le cours dos matières grasses en Europe sera
élevé.
2" Cette exportation sera restreinte car la population du Daho-
mey peu nombreuse ne peut pas préparer de grosses quantités de
beurre.
3" L'exportation des amandes sera nulle ou peu importante ;
LE KARITÉ Ai: DAHOMEY 163
seules, dans les conditions actuelles, les parties les plus méridio-
nales de la zone du karité peuvent donner lieu à un trafic
d'amandes, or dans ces contrées, le nombre des arbres est peu
élevé.
Il y a donc lieu de rechercher les moyens propres à favoriser
l'exportation du beurre, et surtout des amandes. — L'exportation
des amandes présente en etFet plusieurs avantages sur celle du
beurre :
1° Sous le rapport de la main-d'œuvre, la fabrication du beurre
demande beaucoup de travail ; il faut piler les amandes, les torré-
fier dans des jarres, passer à la meule la pâte obtenue, puis en
extraire la matière grasse, par ébullition prolongée avec de l'eau.
Au contraire, la préparation des amandes est simple, il suffit
d'aller ramasser les fruits au pied des arbres, de les faire fermenter
en tas pour détacher la pulpe, de décortiquer les noix au pilon, et
faire sécher les amandes qu'elles renferment.
Si donc la vente des amandes devenait rémunératrice pour les
indigènes^ la plus grande partie des peuplements de karités seraient
exploités.
2" Le procédé de fabrication du beurre de karité usité par les
indigènes est imparfait, une partie de la matière grasse reste dans
les résidus, ou est détruite par la torréfaction.
3° Le beurre de karité acheté aux indigènes est impur, il pos-
sède une odeur désagréable qui augmente pendant le transport^ et
que l'industrie européenne n'a pu réussir jusqu'ici à éliminer ou à
détruire; il rentre donc en Europe dans la catégorie des matières
grasses non comestibles (telles que l'huile de palme) qui sont uti-
lisées en savonnerie et en stéarinerie. 11 a par suite une valeur
inférieure à celle du beurre de karité que produiraient les usines
européennes en traitant elles-mêmes les amandes ; en effet, le
beurre d'usine, pur et inodore, est utilisable dans la consomma-
tion européenne, comme des expériences anciennes l'ont déjà
montré.
4"^ Le traitement des amandes en P'urope au moyen de presses
donnerait comme résidu de fabrication, des drèches comestibles
pour le bétail dont la valeur diminuerait notablement les frais de
fabrication.
o" Le transport des amandes s'effectue facilement en sac ; le
beurre doit être emballé en penchons, d où augmentation du fret
1 6i NOTES
et retour de paquets de douves démontées, d'Europe au Dahomey.
L'amélioration des moyens de transport doit donc être telle
qu'elle permette au trafic le plus intéressant, c'est-à-dire celui
des amandes, de prendre naissance et de se développer.
Cette question se trouvera heureusement résolue si l'on pro-
longe de 200 kilomètres le chemin de fer actuel, de façon à le
faire pénétrer dans les peuplements de karité qui existent autour
du dixième degré de latitude. Avec un tel chemin de fer, les com-
merçants établis dans la région même où le karité s'exploite pour-
ront payer (avec les tarifs en vig^ueur) les amandes de karité à rai-
son de 0 fr. 12 le kilo et le beurre à raison de 0 fr. 48.
Les amandes, qui valent actuellement sur place 0 fr. 05, bénéfi-
cieront donc d'une augmentation de prix de 58 "/(,.
Le beurre, qui se vend environ 0 fr. 80 augmentera de 37 "/o.
Au prix de 0 fr. 12 le kilo surplace, le commerce des amandes
deviendra rémunérateur pour 1 indigène, car il lui suffira d'aller
en récolter et en préparer une charge dans la campagne autour de
la voie ferrée pour réaliser 3 fr. 60 à la station la pkis proche, il
aura d'ailleurs la faculté, s'il opère à une certaine distance du che-
min de fer, s'il a une famille nombreuse, et si leau existe au voi-
sinage, d'extraire le beurre des amandes, et d'aller toucher pour
chaque charge de beurre préparée une somme de 17 fr. 20 à la fac-
torerie la moins éloignée.
11 n'est pas jusqu'à la population de centres lointains tels que
Kandi qui ne pourra se livrer alors au trafic des produits du karité
avec bien plus d'avantage que n'en retirent actuellement les gens
de Péréré et de Djougou ; 4 jours de marche seulement, les sépa-
reront en elîet du chemin de fer, tandis que le bénéfice par
charge de beurre s'élèvera à 14, iO — i,40 — environ 10 francs.
Ces chiffres montrent combien l'établissement d'une voie ferrée
favoriserait 1 exploitation des karités au Dahomey. Cette voie fer-
rée, il est permis de prévoir sa réalisation avant qu'il ne s'écoule
de nombreuses années, aussi nous devons dès à présent considé-
rer l'ensemble des peuplements de karité du llaut-Dahomey comme
une richesse latente, en puissance, qu'il importe de conserver et
d'augmenter.
Le rôle de l'administration est, à cet égard, de limiter les feux de
brousse <jui entravent la croissance des karités, et de veiller à ce
LE KARIÏÉ AU DAHOMEY 165
que les indigènes nabattent pas d'arbres de cette précieuse essence
pour des usages domestiques.
Il faut également, en luttant contre les maladies épidémiques,
favoriser l'accroissement de la population, c'est-à-dire augmenter
la main-d'œuvre dans la réj^ion des karités.
-o'
NOUKV,
Sous-itispecleur dAtjricuUuro,
LA PRODUCTION DU CAOUTCHOUC
AU VENKZUKr.A '
Les quantités des diverses espèces de caoutchouc exportées par
le port de Ciudad-Bolivar pendant Tannée 1909 ont été les sui-
vantes : balata 1.G24.433 kilos, caoutchouc du Para 123.747, Ser-
nambv 54.717, caoutchouc du Caura 69.121 kilos.
Le balata se récolte dans toute la Guyane vénézuélienne, le
delta de l'Orénoque et aussi dans quelques régions du Haut-Oré-
noque.
Le caoutchouc du Para, désigné sous le nom de caoutchouc de
Hio-Negro, se récolte dans le Haut-Orénoque, près de la frontière
du Brésil, et surtout dans le bassin vénézuélien du Rio-Negro (adluent
de la rive gauche de TAmazone).
Le sernaniby est une variété de caoutchouc du Para ; elle est con-
sidérée comme de qualité inférieure, soit à cause de son mélange avec
d'autres gommes, soit à cause d'une mauvaise préparation.
Le caoutchouc du Caura se récolte dans la vallée du Caura ; c est
un caoutchouc d'une qualité inférieure dont le prix esta peu près le
même que celui* du Sernamby.
La récolte du caoutchouc du Kio-Negro se fait d une façon ration-
nelle, en opérant des saignées sur l'arbre. 11 n'en est pas de même,
malheureusement, pour le balata et le caoutchouc du Caura: l'arbre
est tout simplement abattu et ces deux qualités de gomme risquent
d'être épuisées dans un avenir peu éloigné, si des mesures énergiques
ne sont prises pour en réglementer l'exploitation.
Hambourg est le ])rincipal marché pour la vente du caoutchouc
et du balata exportés par Ciudad-Bolivar ; des quantités importantes
sont également expédiées à Londres, à New- York et au Havre.
Le balata est préparé en planches rectangulaires; pour l'exporta-
tion il est emballé en ballots de 60 à 70 kilos environ.
Le caoutchouc (Rio-Negro, Sernamby, Caura) s'exporte générale-
ment en ban-iques ou en caisses ; quelques exportateurs l'expédient
en ballots.
L'expédition se fait à des maisons de commission de Hambourg,
Paris, Londres, New-York, qui se chargent de la vente, soit au fur
et à mesure des arrivages, soit par contrats. En règle générale, les
maisons de Ciudad-Bolivar ne traitent pas directement avec les
acheteurs pour la vente de leurs produits d'exportation.
J. D'apri';* ini iii|)|i(ii-l <lc M. l'iclriiiiloiii, cniisiil di' lîflgique l'i ( jiitla(l-H<ili\ ar.
DOCUMENTS OFFICIELS
Guinée française.
Pur décision du Lieutenanl-lTOUverneiir.
En date du 3 mai :
M. Orsolaiii (François), directeur de Jardin d'essai de 3*^ classe, retour
de congé, est mis à la disposition du Lieutenant-Gouverneur de la (luinée
française.
En date du 15 mai :
M. Costes, sous-inspecteur d'agriculture de 2" classe, est all'ecté à la
station agricole de Benty, en remplacement de M. Leroide, en instance
de départ pour le Glief-lieu.
En date du 23 mai:
Un cong-é administratif de 7 mois, à solde entière d'I^urope, est accordé
à M. Teissonnier, inspecteur d'agriculture de '2'^' classe des Colonies.
Martinique.
Par décision du Gouverneur en date du 0 juin 1911, rendue en con-
formité de la dépêche du Ministre des colonies du 24 mai 1911 , M. Bas-
sières (Eug-ènej, inspecteur d'agriculture de 2*^ classe, provenant de la
Guyane française, a été attaché au cadre de la Martinique, pour compter
du 25 mai 1911 et nommé chef de service de l'agriculture.
M. Bassières, arrivé dans la colonie le 6 juin 191 1, a pris ses fonctions
le même jour.
Par arrêté du Ministre des colonies en date du 19 mai 1911, M. Gas-
telli, ingénieur d'agriculture coloniale, en service à la Martinique, a été
nommé sur place sous-inspecteur d'agriculture de 3" cla'sse.
STATISTIQUES COMMERCIALES
Exportations agricoles et forestières des Colonies françaises.
MADAGASCAR
Année 1910.
l" Peaux brutes. - 6.584.173 kilos. 1900 : 4.535.130 kilos. Différence en
plus : 2.049.043 kilos.
■1" Caoutchouc. — 1.125.441 kilos. 1909 : 701.570 kilos. Différence en plus:
423.871 kilos.
3" Poudre dor. — 3.006 kilos. 1909 : 3.647 kilos. Différence en moins : 641
kilos.
4" Raphia. —5.618.618 kilos. 1909 : 4.652.246 kilos. Différence en plus :
966.372 kilos.
5° Écorces à tan. — 36.180.578 kilos. 1909 : 22.105.179 kilos. Différence en
plus : 14.075.399 kilos.
6" Cire animale. —531.517 kilos. 1909 : 538,464 kilos. Différence en moins :
6.947 kilos.
7° Vanille. — 42.804 kilos. 1909 : 43.268 kilos. Différence en moins : 464
kilos.
8° Légumes secs. —3. 513. 258 kilos. 1909 : 3.092.762 kilos. Différence en
plus : 420.496 kilos.
9° Riz (entier et autres). — 8 . 251 . 511 kilos.- 1 909 : 3 . 961 . 127 kilos . Différence
en plus: 4.290 384 kilos.
10" Chapeaux de paille. — 23.146 kilos. 1909 : 23.519 kilos. Différence en
moins : 373 kilos.
11» Viandes salées et conservées. — 491.222 kilo^.. 1909 : 134.558 kilos.
Différence en plus : 356 664 kilos.
12" Bovidés. — 12.648 têtes. 1909 : 9.372 têtes. Différence en plus : 3.276
têtes.
13" Manioc brut. — 4.655.495 kilos. 190iJ : 134,062 kilos. Différence en
plus : 4.521.433 kilos.
STATISTIQUES COMMERCIALES 169
14° Rabanes. —79.946 kilos. 1909 : 39.503 kilos. Différence en plus : 40.443
kilos.
15» Bois débénisterie. — 1.966.441 kilos. 1909 : 2.396.881 kilos. Différence
en moins : 430.440 kilos.
16" Café en fèves. — 110.698 kilos. 1909 : 94 447 kilos. Différence en plus :
16.251 kilos.
17» Écaille de tortue. — 4.294 kilos. 1909 : 3.041 kilos. Différence en plus:
1.253 kilos.
18" Bois communs. — 1.972.406 kilos. 1909 : 944.405 kilos. Différence en
plus : 1.028.001 kilos.
19° Girofle. — 47.863 kilos. 1909 : 98.297 kilos. Différence en moins: 50.434
kilos.
20« Câcao en fèves. — 27.963 kilos. 1909 : 22.967 kilos. Différence en plus :
4.996 kilos.
21« Gomme copal. — 21.338 kilos. 1909 : 33.809 kilos. Différence en moins:
12.471 kilos.
22° Fruits et graines oléagineuses. — 167.080 kilos. 1909 : 261.038 kilos.
Différence en moins : 93.958 kilos.
23° Crin végétal. — 42.389 kilos. 1909 : 57.025 kilos. Différence en moins :
14.636 kilos.
INDO-CHINE
Année 1910.
1° Peaux brutes. —2.035.393 kilos. 1909 : 1.722.202 kilos. Différence en
plus : 313.191 kilos.
2° Peaux corroyées. — 286.441 kilos. 1909 : 335.833 kilos. Différence en
moins : 49.392 kilos.
3° Soies grèges. — 87.323 kilos. 1909:68.656 kilos. Différence en plus:
18.667 kilos.
4° Riz et ses dérivés. — 1.269.516 tonnes. 1909 : 1.095.855 tonnes. Diffé-
rence en plus : 173.661 tonnes.
5° Sucres bruns de lAnnam. — 2.336.080 kilos. 1909 : 2.413.572 kilos. Dif-
férence en moins : 77.492 kilos.
6° Café. —230.869 kilos. 1909 : 234.643 kilos. Différence en moins : 3.774
kilos.
7° Poivre. — 4.161.608 kilos. 1909 : 6.372.647 kilos. Différence en moins :
2.211.039 kilos.
Bill, du Jardin colonial. 1911. U. — N" lOl. 12
170 STATtSTIQlIKS COMMERCIALES
8" Amomes et cardamomes. — 216 945 kilos, loo'.i : 295.996 kilos. Différonce
en moins : 79.051 kilos.
9" Cannelle. — 237.753 kilos. 190'.» : 219.349 kilos. DifTérence en plus : 18.404
kilos.
10" Thés de l'Annam et du Tonkin. — 529.909 kilos. 1909 : 325.349 kilos.
DifTérence en plus : 204.560 kilos.
Il'' Gomme laque et stick-laque. - 881.533 kilos. 1909:214.328 kilos.
Différence en plus : 667.205 kilos.
12° Benjoin. ~ 26.462 kilos. 1909 : 23.944 kilos. DifTérence en plus : 2.518
kilos.
i:i" Caoutchouc. — 175.470 kilos. 1909 : 35.382 kilos. Différence en plus :
140.088 kilos.
14° Huile de badiane. — 66.503 kilos. 1909 : 50.994 kilos. Différence en plus:
15.609 kilos.
13" Coton en laine. — 1.319.275 kilos. 1909 : 2.624.785 kilos. Différence
en moins : 1 . 305 . 510 kilos.
\C>° Coton non égrené. — 2.189.656 kilos. 1909 : 1 .322.074 kilos. Différence
en plus : 867.582 kilos.
17 " Nattes du Tonkin. — 2.866.364 kilos. 1909 : 3.385.652 kilos. Dillérence
en moins: 519.288 kilos.
COURS ET MARCHES
DES PRODUITS COLONIAUX
CAOUTCHOUC
LE HAVRE, 4 août 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
ScHWEiTZER, 1, rue Jérôme-Bellarmato.)
Depuis notre dernier communiqué, le marché est redevenu meilleur, une
hausse assez sensible a été constatée sur certaines qualités, principalement sur
les Para-Pérou et les Congo et l'on cote :
Para fin
Para Sernamby
Pérou fin
Pérou Sernamby
— — caucho
Maniçoba
Madagascar :
Taniatave Pinky I
Francs
12.75 à 13
7.10 0
— Pinky II.
Majunga
Faranfangana .
Anahalava . . .
Munanzary. :
Barabanja.
Lombiro .
Tuléar
Tonkin
Congo :
Haut-Oubanghi.
12.50
M
U
7.J0
<3
6.50
12.75
11.25
11.50
10.25
t».5o
7.50
9
.50
10
] 1 . iO 11. (iO
Kotto 11
H. G. Batouri 7.50
Ekela Kaclei Sangha 11
Congo rouge lavé i
Bangui 11
Koulon-Niari 6
Manibéri 5
N'DjoIé 6.50
Mexique feuilles scrappy 9.50
— slaps 6
Savanilla :
San Salvadui- 9
Garlhagène 7
Ceylan :
Biscuits, crêpes, etc. . .
— — extra.. \'ô
Scraps )
Balata Venezuela blocs.. 7.50
Balata - feuilles.. s
Francs
iO à 11.60
S
11.35
5
11.50
9
6
7.50
10.25
7.50
U
8.50
13.75
S
8.50
Le toul au kilu. magasin Havre.
BORDEAUX, .iO juin 1911. — (Communiqué de MM. D. Dufkau et
C'^, lu, rue de Cursol.j
Par suite de la hausse sur le Para, la demande sur nos sortes moyennes a été
assez bonne, et il s'est traité depuis notre dernier communiqué en date du
.30 écoulé, environ 145 tonnes.
Le Para vaut aujourd'hui 12 fr. l'.\ le kilo ii|irès avoir touché il y a ((ucl(|ucs
jours 13 fr. 2-) le kilo.
172
COURS ET MARCHÉS
Le calme semble vouloir revenir, la demande ayant subitement ralenti.
Nous cotons :
Francs
Conakry Niggers 10
Rio \unez 10.75
Soudan Niggers Rouges 9.50
Soudan Niggers Blancs 8.75
Soudan Manoh 10.75
Laliou Niggers 8 . 25
Lahou Petits Cakes 7 . 50
Francs
Lahou Cakes Moyens 7
Gambie A 7.25
Bassani Lumps 4.60
Gambie A. M 6.25
— B 5.25
Tamatave rooty 5.25
Compitsi Madagascar 8.40
ANVERS, 4 août 1011. — (Communiqué de la Société coloniale Anvei'-
soise, 9, rue Rul^ens.)
Pendant le mois de juillet, le marché s'est considérablement raffermi et les
prix sont un peu remontés, notre vente qui s'est faite le 28 juillet a profité de
cette situation et les prix obtenus ressortent en hausse de 10 °/o environ pour
les sortes congolaises et de 14 % pour les caoutchoucs de plantations.
Nous cotons aujourd'hui pour marchandise courante à bonne :
Francs
Kasaï rouge 1 12 à 12.375
Kasaï rouge genre Lo-
anda II noisette 9.25 9.65
Kasaï noir! 12 l*.i.375
Equateur, Yengu. Ikelem-
ba, Lulonga, etc 12 12.375
Lopori (Maringa) 7 7 . 50
Francs
Haut -Congo ordinaire,
Sankuru, Loniani 11.75 à 12.10
AruAvimi 11.75 12.20
Straits Crêpes 1 14.625 14.725
Guayule 5 . 50 6
Maniçoba 7.25 7.75
Mongoia lanières 11.75 12.20
Wamba rouge 1 7.25 7.75
Le L"'" juillet a été inauguré sur notre place le marché à terme pour le
caoutchouc de plantations, il a été traité environ I.IUO tonnes dans le courant
de ce mois. — Cote officielle à fin juillet :
Francs
Juillet 14.55
Août 14.20
Septembre 14.10
Octobre 11
No\euibre 13.70
Décembre 13.60
Stock fin. juin 1911 . .
Arri\ages en jiiillcl
^'eutcs eu juillet . . .
7" 1 tonnes
165 —
571 —
Francs
Janvier 13.30
Février 13.15
Mars 13
Avril 12.90
Mai 12.80
Juin
.Viiixages depuis le 1°' ,jan-
\ier 2.481 tonnes
\'cntes(lepuis le f^^janx icr. 2.606 —
COURS ET MARCHÉS 173
COTONS
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, H juillet 1911. — Cote officielle. — Louisiane très ordi-
naire (en balles, les 50 kilos).
Francs
Août-Novembre 70.75
Décembre 70.50
Janvier 70.25
Tendance soutenue. Ventes : 6.000
Francs
Février 70.25
Mars-Juillet 70
LIVERPOOL, 11 août 1911. — Ventes en disponible: 3.000; Amérique
négligée; cotes Amérique et Brésil en baisse de .3/100; Indes calmes et sans
changement; importations, 4; futurs ouverts sans changements en baisse de
2/100.
CAFES
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 11 août 1911. — Santos good average, les 50 kilos, en
entrepôt :
Août-novembre 70 . 75
Décembre 70 . 50
Février 70
Mars-juillet 69.75
Tendance soutenue. Ventes : 6.000.
ANVERS, Il août 1911. — Cafés. — Clôture. — Cote officielle de café, San-
tos Base good les 50 kilos : août, 72 fr. ; septembre, 71 fr. 75 ; octobre, 71 fr. 50 ;
novembre, 71 fr. ; décembre, 70 fr. ; janvier, 69 fr. 73; février, 69 fr. 73 ;
mars, 69 fr. 75; avril, 69 fr.75; mai, 69 fr. 75; juin, 69 fr. 75; juillet, 69 fr. 50.
Tendance ferme. \'^cntes : 14.000 sacs.
HAMBOURG, II août 1911. — Les 30 kilos : août, 71 fr. 87; septembre,
72 fr. 19; décembre, mars, mai, 71 fr. 25 ; juillet 70 fr. 94.
Tendance soutenue.
17 1
COURS ET MARCHÉS
CACAO
LE HAVRE, 2
août 1911.
Au droit de 104 francs.
Guayaquil Arriba..
— Balao . . .
— Machala
76
72
73
70
71
. 102
Francs
h so
74
75
72
73
108
85
72
72
Sainte -Lucie, Domi-
nique, Saint-Vincent
Jamaïque
Francs
63 à 66
60 65
Para
Surinam
63 66
Garupano
Colombie . . ...
Bahia fermenté
San Thomé
64 71
68 70
Cevlan, Java
75
Côte d"Or
63 66
Trinidad
69
65
Samana
63 65
Grenade
Sanchez Puerto Plata. .
Haïti
63 64
51,50 66
Au droit de ri 2 francs.
Francs
Congo français 90 à 95
Martinique 88 90
Guadeloupe 89 91
Madagascar, Réunion.
Comores
Francs
92 à 103
MATIERES GRASSES COLONIALES
MARSEILLE, 10 août 1911. — (Mercuriale spéciale de « 1" Agriculture
pratique des Pays chauds », par MM. Rocca, Tassy et de Roux.)
Coprah. — Tendance fermé. Nous cotons nominalement en disponible les
100 kilos c. a. f. , poids net délivré conditions de place.
Francs
Ce^'lan sundricd 65
Singapore 60
Macassar 59.50
Manille 58.50
Zanzibar 59
Mozambique 59. 50
Francs
Ja\a sundried 61 . 50
Saïgon 57 . 75
Cotonou 58 . 50
Pacifique Samoa 59
Océanie française , . . . 59
Huile de palme Laj^os, 09 frs ; Bonuy-Benniu, (t7 frs ; qualités secon-
daires, à 04 frs les 100 kilos, conditions de Marseille, fûts perdus, prix
pour charp^emenl entier.
Graines de palmiste Guinée 12.5(1 déliv ré
— Mii\\i'a Manque
COURS El' MARCHÉS l'io
Graines oléagineuses. — Situation calme; nous cotons nominalement :
Francs
Sésame Bombay blanc grosse graine 39
— — petite — 38
— Jaffa 4.5
— bigarré Bombay. Grosses graines. 50 % de blanc. . 39
Graines lin Bombay brune grosse graine 46
— Colza Gawnpore. Grosse graine 29
— Pavot Bombay 38
— Ricin Coromandel 28
Arachides décortiquées Mozambique 38
— — Coromandel 31
Autres matières. — Cotations et renseignements sur demande.
TEXTILES
LE HAVRE, 4 août 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
Sohweitzer.)
Manille. — Pair current : o2 fr. 23 à 52 fr. ">0. — Superior Seconds :
31 fr. à 51 fr, 50. — Good brown : 48 fr. 50 à 48 fr. 75.
Sisal. — Mexique : 55 fr. à 58 fr. — Afrique : (il fr. à fie» fr. — Indes
ansflaises : 31 fr. à 45 fr. — ■ Java : 59 fr. 75 à 70 fr.
Jute Chine. — Tientsin : 49 fr. 75. — Hankon : 47 fr. 25.
Aloès. — Maurice : 57 fr. à 64 fr. 75. — Réunion : 57 à 03 fr. 50 — Indes : 31
à 37 fr. — Manille : 34 fr. à 42 fr.
Piassava. — Para : 130 à 150 fr. ^ Afrique : Cap Palmas : 53 à 56 fr. —
Sinoë : 52 à 53 fr. ; Grand Bassam : 52 à 55 fr. ; Monrovia : 50 fr. à 52 fr.
China Grass. — Courant : 80 fr. à 89 fr. — Extra : 105 fr. à 114 fr. 50.
Kapok. — Java : 210 à 240 fr. — Indes : 125 a 130 fr.
Le tout aux 100 kilos, Havre.
GOMME COPALE
ANVERS, 8 juin 1911. — (Communiqué de la Société Coloniale An-
versoise.)
Le marché du copal a été très ferme et en légère hausse, nous cotons jDour
qualité courante à bonne :
Gomme triée blanche de belle qualité .... 320 à 350
— — claire transparente 230 à 260
— — assez claire opaque 145 à 180
— non triée de qualité courante 110 à 135
— 4 août 1911. — Le marché du copal est très ferme; les prix sont en
hausse de 3 à 5 fr.
176
COURS ET MARCHÉS
LE HAVRE, 4 août 1911.
Schweitzer.)
(Communiqué de MM. Vaquiii et
Gomme copale Afrique 30 à 100 francs ) , .„„ ,
, , , Mes 100 ksr.
Ai„,i„„„„„„„ ... 100 à 400 — 1 ^
Madagascar.
POIVRE
(les 50 kgr. en entrepôt) :
LE HAVRE, 11 aoiit 1911 :
Saigon. Cours du jour :
Francs
Août 87.30
Septembre 8.s
Octobre 8S
Novembre 88.30
Décembre 89
Janvier 89.50
Francs
Février 90
Mars 90.30
Avril 91
Mai. 91.50
Juin 91.50
Juillet 92
Tendance calme ; ventes oOO.
IVOIRE
ANVERS, 1'"'' et 2 août 1911. — (Communiqué de la Société coloniale
Anversoise.) Marché très ferme, à la vente des 1'^'' ot 2 août la demande était
très bonne et les prix rassortent comme suit :
Ivoire doux très demandé en hausse de 3 à 5 fr.
Grandes dents en hausse d'environ 1 fr.
Dents à billes, inchangées, prix un peu plus faibles.
Escravelles et Bougie, environ 1 tr. en hausse.
BOIS
LE HAVRE, i août 1911 . — (Communiqué de MM. Vaquin et Schweitzer.
Francs
Acajou Haïti ti à 16
— Mexique 18 40
— Cuba 10 40
— Gabon 14 22
— Ukoumc S . 30 9.30
Ébène-Gabon .. .
— Madagascar. ,
— Mozambique.
Francs
18 à 33
13 ,30
8 13
le Idul aux 100 kilos, Havre.
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toute particulière de l'importation et de la vulgarisation des graines et
plantes précieuses des pays chauds.
Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent
certainement au premier rang des maisons recommandables pour
résoudre cette importante question.
Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a
obtenu 7 Grands Pria:; à L'Exposition Universelle de igoo, dont un
spécialement accordé pour son E.cposilion Coloniale. En outre, le Jury
de la dernière E.xposilion Coloniale de .Marseille a confirmé les décisions
du Jury de 1900 en lui attribuant un Grand Prix.
Enfin, suivant nue longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin-
téressée à toutes les demandes (|ui lui sont adressées.
Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte :
Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons .sélectionnés, Jute, Fourcroya
gigantea, etc.
Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix). Caféiers (espèces diverses). Coca, K'ol.n,
Tabacs divers, 'lin' d'.Aiiuam et d'Assam, etc.
Plantes à caoutchouc. — Gastilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Ilevea brasiliensis,
Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughbeia edulis, etc.
Plantes à épiées- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, r;iri>tlier. Muscadier, Poivrier,
Vanilles du .Mexique et de Hourbon (boutures), etc.
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lie Année Septembre 1911 N» 102
MhNISTÈRE DES COLONIES
Jardin Colonial
L'Agriculture pratique
des pays chauds
BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
ET DES
Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
au Directeur du Jardin Colonial, Ministère des Colonies
PAKIS
Augustin G H A L L A M E L , E d i t e u k
Rue Jacob, 17
Librairie Maritime et Coloniale
Les abonnements partent du /e>" Janvier
Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 h.
La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale.
Les citations ou reproductions partielles sont autorisées à condition de mentionner la source
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miers, etc.
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Tabac.
s
i
s
s
V.
\
S
\
\
^
I
\
\
S
\
\
\
s
s
N
\
\
I
V
V
\
\
\
>v
\
\
\
s
s
\
s
\
s
s
\
s
\
Superpliosphate concentré ou double r
43 5o 0 0 d'acide pho.sphorique soluble.
Phosphate de potasse. 38 "/« d'acide
phosphoiique, 2G '^yo de potasse. - -r^^
Phosphate d'ammoniaque, ^s »/o d'acide canne à sucre.
phosphorique, G 0/0 d'azote.
Sulfate d'ammoniaque, 20/21. Nitrate de soude, i5/i6.
Nitrate de potasse. 44 o^ ^e potasse. i3 0/0 d'azote.
Sulfate de potasse, 96. — Chlorure de potasse, 95%
L'AGRICULÏURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS DESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Septembre 1911 N» 102
SOMMAIRE
l'aies
Le Soja, sa culture, ses usaqes alimentaires, thérapeutiques,
agricoles et industriels, par MM. Li-Yu-Yng-, Conseiller
au Ministère de l'Agriculture de Chine et L. Grandvoïunet,
Ing-énieur agricole (G. j j 77
Le Caoutchouc en Indo-Chine, par M. Pernot, Ing-énieur agronome. 197
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maître de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Agriculture Coloniale (suite) 212
Le Bois de rose de la Guyane et son huile essentielle, par E. Bas-
sière, Ing-énieur agricole, Inspecteur d'Ag-riculture aux Co-
lonies ijin) 224
Plantes médicinales de la Guinée française, par H. Pobég-uin,
Administrateur en chef des Colonies (Jin) 233
Les Eucalyptus, par R. de Noter aSg
NOTES
La culture de la Cannelle au Kouang-Tonk 264
documents officiels
Décret relatif à l'introduction des plants de caféier et autres vég-étaux
en vue d'empêcher la propag-ation de « l'Hemileia Vaslatri.v » 256
Nominations et mutations 258
Cours et Marchés des Produits Coloniaux (caoutchouc, coton, café,
cacao, matières grasses, textiles, g-ommes, poivre, ivoire,
bois) 259
Bibliog-raphie v et
VIII
^^♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦^
SPÉCIALE
î
î
î
♦
:
♦
♦
♦
D'ORDRES
FABRIQUE
FRANÇAIS
ET ETRANGERS
G. LEMAITRE
Fournisseur de plusieurs Chancelleries
PARIS
5 bis, rue du Louvre (ci-deranf, 4o, rue Coqiiillière)
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X
♦
♦
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Une attestation entre mille. — je suis heureux <le vous informer que Tessai de votre produit
l'ASOL, quf! j'ai iippliciuc cet l'té sur une de mes serres à orchidées, a pleinement réussi ; je ne l'ai appli(iué
que sur la scrr« froide, il Odoiito({lossum. J'ai obtenu une température beiuicoup plus basse, tout cet été, et
je n'ai pas b.iissé une seule fois mes stores « claies >i ; malgré les forts coups de soleil J'ai donc obtenu de
la fraiclieur. sans pour ainsi dire perdre le Jour. C'est un avantage énorme dé n'avoir pas à baisser et
remonter les claies constamment, et c'est une économie.
Signé : Debkauchamps, propriétaire et amateur d'Orchidées, à Rueil.
ADOPTÉ PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER, MINISTÈRES, GRANDES USINES
Nombreuses attestations et références importantes. — Circulaire et Prix-courant sur demande.
M. DETOURBE, FaS„t, 7, rue St-Séverin, Paris (5^)
Deux Grands Prix : Milan 1906. — Saragosse 1008.
Hors concours. — Membre du Jury : Exposition franco-britannique, Londres; 1908.
11'= Année Septembre 1911 N" 102
ÉTUDES ET MÉMOIRES
LE SOJA
Le soja, employé en Asie depuis un temps immémorial pour la
nourriture de l'homme et des animaux, est une sorte de haricot à
gousses velues, à grains arrondis, remarquable par sa grande
lichesse en azote, en graisse et en matières minérales.
Depuis longtemps déjà, il a été signalé par les auteurs euro-
péens. Tovis ceux qui lont étudié ont reconnu l'importance qu'il
méritait de prendre, tant au point de vue alimentaire et thérapeu-
tique qu'au point de vue agricole et même industriel.
Jusqu'à ces dernières années, le soja n'était considéré que
comme une plante curieuse pouvant rendre quelques services dans
l'alimentation des diahéticjues. Les Américains l'ayant essayé
comme fourrage, en ont obtenu de tels résultats que sa culture
s'est considérablement étendue aux Etats-Unis et au Canada connue
le témoignent les nombreuses variétés créées dans ces deux pays.
Enfin depuis 190(j, année où les huileries anglaises ont adopté
le soja comme plante oléagineuse pour combler le déficit d'huile
de coton, l'accroissement formidable de l'exportation du soja de la
Chine vers l'Europe (200. 00(1 tonnes en 1908, plus de 500.000
tonnes en 11)09) a montré tout le parti qu'on pouvait tirer de la
plante au point de vue industriel.
De l'avis de tous ceux qui ont étudié la question, on pourrait
faire mieux encore. Grâce à sa grande richesse en azote, en huile
et en matières minérales, le soja devrait tenir une place importante
aussi bien dans l'alimentation générale que dans les régimes spé-
ciaux. Si nous sommes enthousiaste pour l'extension du soja, ce
n'est pas pour voir introduire en Europe un végétal curieux, mais
bien à cause de la réelle valeur de la plante, valeur qui, depuis
longtemps déjà, a été démontrée, et que le manque d'initiative,
seul, a empêché jusqu'ici de se manifester sur une grande échelle.
Bill, du Janlin colonial. HJII. U. — N» 102. 13
178 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Depuis ces dernières années la science alimentaire a fait de
grands progrès. Elle enseigne les moyens de se nourrir économi-
quement et rationnellement. Mais le goût est aussi une condition
essentielle pour les aliments car il constitue une nécessité physio-
logique. Lindustrie alimentaire peut facilement, à ce point de vue,
résoudre le problème.
Les produits à base de soja remplissent merveilleusement les
conditions physiologiques, économiques ou gastronomiques ensei-
gnées par les sciences ou exigées par les consommateurs.
De l'étude de la valeur alimentaire du soja il ressort que :
1° Le soja et ses dérivés sont plus riches ou aussi riches que la
viande en niatières azotées et en matières grasses. Ce sont donc
des aliments de choix pour les végétariens et les végétaliens.
2*^ Le lait obtenu au moyen du soja peut être considéré pratique-
ment comme une variété des laits usuels. Il est très intéressant
pour le régime lacté et l'allaitement artificiel.
3" Le soja est très riche en matières minérales et surtout en
acide phosphorique. C'est donc un aliment réminéralisateur par
excellence.
4" Le soja, étant pauvre en hydrates de carbone, sera par consé-
quent précieux pour les diabétiques.
o° Les aliments à base de soja, étant très nutritifs sous un faible
volume, seront indiqués pour l'alimentation des dyspeptiques.
6" Le soja, tout en étant plus riche que la viande en matières
azotées, a sur elle l'avantage de renfermer cet azote sous forme de
paranucléoalbuminoïdes ne donnant pas d'acide urique, ce (pii le
recommande aux arthritiques. 11 est moins excitant pour les pei-
sonnes atteintes de maladies nerveuses.
En dehors de leur emploi dans l'alimentation humaine, tani au
point de vue général qu à celui des régimes spéciaux, le soja et
les résidus de fabrication peuvent être utilisés avantageusement
pour la nourriture des animaux domestiques.
Au point de vue agricole le soja constitue une plante peu exi-
geante et très productive. Il a pour l'azote atmosphérique un pou-
voir fixateur plus grand i[uo celui des autres légumineuses
employées en agriculture.
Knlin il ne faut pas oublier les nond)reuses applications indus-
trielles que peuvent avoir l'huile et la caséine de soja.
Ce court exposé démontre l'importance exceptionnelle que peut
Li: SOJA 179
prendre cette plante, importance qui nous a décidé à effectuer des
recherches, tant au point des applications qu'au point de vue docu-
mentaire. Nous avons résume et classé ces recherches dans cet
ouvrag-e qui, nous l'espérons, sera utile aux agriculteurs et à tous
ceux qu'intéresse la question alimentaire.
Nous tenons à associer à notre nom celui de notre collabora-
teur, l'ingénieur agricole Grand voinnet, en le remerciant de l'aide
qu il a bien voulu nous apporter, ainsi que celui de M. Chi qui
nous a aidé à organiser l'enseignement pratique à 1' « École des
industries du Soja » en Chine et à l'Usine de la « Caséo-Sojaïne »
en France.
Enfin nous tenons à remercier tous ceux aux ouvrages desquels
nous avons emprunté les nombreux documents qui constituent
une grande partie de ce travail.
Li-Yu-YiNG.
ORIGINE ET HISTORIQUE DU SOJA
D'après de Gandolle, le soja est originaire de la région comprise
entre la Gochinchine, le sud du Japon et Java. Il est cultivé
depuis la plus haute antiquité en Chine et au Japon, où il sert,
grâce à sa richesse en azote, à compléter les rations du riz.
En efîet, le soja est déjà signalé dans le célèbre livre de matières
médicales de She-non. D'après le grand historien Sma Quang
ce livre aurait été rédigé par Honandi. Le soja serait donc cul-
tivé depuis plus de 5.000 ans.
Le célèbre dictionnaire de Sui Sham décrivait le soja sous le
nom de u tchouan ». Un autre ancien dictionnaire : Kouang-ia le
décrit sous le nom de ta-teou ou grand pois ou bien encore sou.
Ce dictionnaire datant de l'époque des Han, correspondant à peu
près à l'époque du latin, il est fort probable que les mots soi,
soya, soja dérivent du mot chinois : Sou.
De nombreux livres anciens font remonter l'invention du fro-
mage de soja au grand philosophe Hainintze, prince de la dynastie
des Han.
Enfin le soja et le teou fou (fromage de soja) sont chantés dans
beaucoup de poésies chinoises anciennes. Exemple ces vers du
grand poète Sou du ii'' siècle : a La jade tendre s'en parfume dans
180 ÉTUDES El' MÉMOIRES
la marmite » ' et « cuire le pois en lait et le grain en beurre ». On
voit par là ({ue 1 idée du lait végétal ne date pas d'hier.
Ces quelques documents historiques et littéraires, quoique ne
donnant |)as de détails, prouvent néanmoins que le soja et ses
dérivés entrent dans l'alimentation humaine depuis des temps très
anciens.
Aujourd'hui le soja est répandu dans toutes les parties de la
Chine et même de l'Asie. 11 a été également introduit aux Etats-
Unis et en Europe.
Kaempfer l'a étudié au Japon en 1690 -.
11 a été cultivé depuis 1779 au Muséum d'Histoire naturelle,
sans autres soins que ceux donnés aux haricots.
Il a été importé en 1790 en Angleterre -K
En 1848 il a fait son apparition en Italie '♦.
En 18.*)5 M. de Montigny envoya de Chine plusieurs varié-
tés de soja à la Société Nationale d'Acclimatation qui lit faire des
essais en différents endroits.
En 18()8 des expériences furent entreprises par la Société d hor-
ticulture de la Côte-d'Or.
En 1881] à l'Exposition de Vienne parurent des envois de soja
venant du Japon, de la Chine et de la Mongolie.
En 1874 des essais furent faits à Etampes.
En 187."> et pendant les années suivantes, Haberlandt ' entreprit
à l'École Impériale et Royale d'Agriculture de Vienne des expé-
riences sur la eultui-e et l'utilisation du soja. Il demanda ht substi-
tution du soja au pois dans la fabrication des saucisses de pois,
réglementaires dans l'armée autrichienne.
En 1878, on re^ut à la Société nationale d'Acclimatation des
semences chinoises et japonaises qui furent expérimentées ; les
semences japonaises, trop tardives, échouèrent.
En 1880. le soja fut luis en vente par la maison \'ilmorin et put
dès h)rs être cultivé par tout le monde.
I. I>e |)()èlc t'ait ici alliision à la i-i^ssi-iiihlinKc inmiiH' aspect du tenu l'im asi-c la
Jado (|iian(l il est liais. Celle i-essemblancc est iciuliu' encore plus grande aujdurd'lnii
dans ce (jiie nous ap[)el<>iis la sojalithc nu i)iei'ie de lait de soja (|ne nous l'abriquons
avec la caséiue végétale.
•J. Kacmpt'er, Anieniluliun Eroliriuiun. l'asc. ^^ p. n:^T.
'.\. Ail on. Hnrliis l\('ir<>iisis.
1. Piuidini. Délia Soia //.i//,( iKjrnolc . MX).).
;■>. Ilabcrlandl. /.</e .S'o/'.i/;o/me. Vienne, IS7H.
LE SOJA
181
Wein a étudié la plante en Allemagne et a reconnu que sa cul-
ture avait eu un plein succès ' .
En 1888 le soja a été introduit aux États-Unis et adopté comme
fourrag-e dans les États du Sud. On s'en sert pour remplacer la
farine de graines de coton, très riche en huile, dans l'alimentation
du bétail ^.
En 1888, M. Lecerf et M. Dujardin-Beaumetz ont préconisé
l'emploi du pain de soja pour les diabétiques.
Des communications fréquentes ont d'ailleurs été faites de 1890
à 1896 dans les différents bulletins d'agriculture des États-Unis à
propos du soja.
Nikitin a étudié le soja en Russie et a montré quel intérêt on
pouvait retirer en Europe, de l'emploi de cette plante ■'■.
En 1905, M. Li-Yu-Ying a préconisé l'introduction du lait de
soja en Europe comme aliment économique. Un laboratoire
d'études a été créé par lui à ce sujet, en 1908, à Paris. Ce labora-
toire s'est complété depuis par l'usine de la « Caséo-sojaïne » fabri-
quant tous les produits dérivés de la plante.
En 1906-1907. le docteur Bloch a étudié le soja et conseille l'em-
ploi du fromag-e de soja en feuilles minces pour les armées.
Enfin, en 1910-1911, des présentations de nombreux produits de
soja ont été organisées aux Expositions de Bruxelles, Turin et
Dresde.
En un mot, le soja prend de plus en plus d'extension en Europe
et en Amérique *. Si on a enregistré dans les essais faits en
Europe un certain nombre d'échecs (École de Hohenheim; D' Rauch
à Bamberg, M. Charles Berndt à Hamsberg-Deuben en Saxe), tous
ces échecs proviennent de ce (^u on a employé des variétés trop
tardives provenant du Japon, du sud de la Chine ou de l'Inde. Il
aurait donc été facile d'v remédier.
Comme le dit fort bien M. Pailleux ',"* « la question du soja a
longtemps sommeillé. Réveillée aujourd'hui par la culture expéri-
1. Wein, La K'"i»i'i<î du soja comme pi-Dcluit a|4Ticole. Journal F. l'acl. Landiintli-
schaft, 1881, XXIX.
'1. Trimblc, Le soja.
■i. Zeitschrift fur der Nahrungs and Genusseniitlel, Il»0l-I90i, p. 13!>. — Nikiliii,
/,.( graine de soja au point de vue chimique et diététique.
i. Congrès international de laiterie, Paris, 1905.
5. Pailleux, Le soja.
182
ETUDES ET MEMOIRES
mentale... par les essais de fabrication de Teou fou (fromag-e), éclai-
rée enlin d'une vive lumière par l'introduction de la plante en
Autriche-Hongrie, en Bavière et en Italie... elle est mûre pour une
solution )).
CULTURE DU SOJA
ESPECES ET VARIÉTÉS DE SOJA
§ 1. — Citractôron botaniques du soja.
Le soja est une Légumineuse herbacée, à tiges annuelles, dres-
sées, de 80-90 centimètres de hauteur, pouvant atteindre de
Pied de soja.
I m. 20 èi I m. .")() dans de bonnes conditions. Les feuilles sont
alternes, composées, liifoliolées, à pétiole long de 10 à io centi-
LK SOJA 183
mètres. Les fleurs sont très .petites, papilionacées, a couleur
variant du lilas pâle au violet foncé. Leur calice est g-amosépale à
cinq divisions aiguës ; la corolle est papilionacée et les dix éta-
D
Fi'iiil et graine du soja.
mines sont didelphes (9 étamines soudées et 1 libre) ; l'ovaire
libre et uniloculaire, renferme de deux à cinq ovules.
Le fruit du soja est une g-ousse velue de 4 à 6 centimètres de
long- sur 1 centimètre k 1 cent, o de larg-e renfermant de deux à
cinq graines séparées par un étranglement. (Cet étranglement
n'existe pas chez le Glycine soja, mais seulement chez le Glycine
hispida.)
Ces graines sont de couleur variable : jaune, rouge, brun, noir,
vert, panaché, leur forme est plus ou moins ovale ou arrondie;
elles ont de 4 à 7 millimètres de diamètre.
A la racine se trouvent des nodosités comme chez toutes les
légumineuses, mais chez le soja, la grosseur des protubérances est
très accentuée.
^11. — Espèces.
Linné a décrit la plante sous le nom de Dolichos Soja ' et une
autre espèce sous le nom de Glycine javanica.
I. I.iiiiu'', Siieries Planluriim.
i84
ETUDRS I:T MEMOIRES
Kaempfei emploie le nom japonais de Daidzu '.
Moench a créé le g-enre Soja ' et a nommé le Dolichos Soja de
Li nné : Soja hispida.
D après Bentham et Hooker le soja serait un Glycine.
Maximowic/ ' appelle Glycine hispida une espèce un peu diffé-
rente du Dolicho s soja et qui est actuellement la plus employée.
Le Dolichos soja (Linné) serait, d'après Siehold et Zuccarini ^ le
Glycine Soja.
En résumé, on peut distinguer, d'après l'Index Kewensis, trois
espèces de soja :
1" Glycine hispida ( Maximowicz) ;
2° Glycine Soja (Sieb. et Zuccarini),
ou Dolichos Soja (Linné),
ou Soja Hispida (Moench),
ou Soja augustifolia (Miquel) ;
3" Glycine Javanica (Linné).
Le Glycine soja se disting-ue du Glycine hispida en ce que ses
pousses n'ont pas les étranglements et les cloisons caractéristiques
du Glycine hispida.
NOMS VERNACl LAIRES '■•
Chine Yeou Teou (Pois oléagineux l:i-teoii igiiunl pois), sou.
Japon Marne, I^aizu.
Annam Dâu nanh.
Tonkiii Dâu-tuong.
Cambodge San-Dek-Sieng-.
Inde Pataiii Jokia.
Burma Pengapi-pe, Kyat Pyin.
Kachin Lasi.
Khasi L' Rynibaikluug' (?).
Naga An ing-, Kiye (?) ou Tzudza (?).
I.epka Salyang ou selliangdun.
BuUiia Botumash Bhativas ou Bliatmais.
Bengale Haui Kuillii, Chhai. (iari-Kahi
1.
1. Kaenii)tep, /t/iieniV.i/fj;)! exolicnriini jiolilico-phiisico-mediciirnin. 1712, fasr. 5,
p. 35".
2. Moench. Melh. F'ianl. llorl. bot. el acfric. Marlifiensis. p. i:>-'>. 17 1!».
3. Bull. Ac.'ifl. Pelemb.. X\'III, 187.$. p. WH.
i. Ahh. A/<!id. Miiench., IV, XH'a.
j. Celle nomenclalure est emprunlée à l'arlicle di- M. Ilic- dans le liitUeliii <lu .lar-
c/m CofonTa/, Janvier 1910.
LE SOJA 185
Nepaul Bhatnas ou Bhativas, Kajuwa.
Santal Disoin Iloroc.
Ceylan Bhatwan.
Inde-Malaisie Katyang Kadeleh.
Ansjleteire Sov Beau.
Allomagne Sojabohn.
Hollande Sojaboon.
France Soja, Soia, Pois oléagineux de Chine
Italie Soia.
§ III. — Variétés.
Les variétés de soja sont extrêmement nombreuses, ce qui n a
rien d'étonnant si Ion considère que la plante est cultivée en Asie
depuis un temps immémorial.
On peut classer les vai^iétés de soja d'après :
a) La forme des graines. — Harz divisait le soja en :
\
Platijeurpa., grains plats, réussit mal en
„ . „. . , pAirope.
Soia Hispida ' .^ ..• i
'• ' ; Pallida
Tumida, grains ronds . Atrosperma
( Castanea
b) La. couleur des téguments des graines. — La couleur des graines est
excessivement variable. On trouve des grains blancs, jaunes, verts, panachés,
bruns, etc. Certains ont les téguments craquelés.
c) La couleur des cotylédons. — Les cotylédons peuvent être blancs, jaunes
ou verts.
d) La couleur des fleurs. — Elle varie du lilas pâle au violet foncé.
e) La forme des fruits.
f) La forme des folioles.
g) La composition chimique des graines.
h La précocité.
Variétés chinoises. — Daprès le Pen tsao kang- mou ?, livre de
matières médicales très ancien, on trouverait en Chine :
Hè-Teou Soja noir
Pé-Teou Soja blanc
Ta Teou ] Houang-Teou. Soja jaune
(Grand pois) ] Tsin-Teou Soja vert
Han-Teou Soja brun
Pa-Teou Soja tacheté
I8G ÉTUDES ET MÉMOIRES
M. A. Ilosie ' distingue clans le nord de la (^hine :
! /^a< /?iet (sourcil blanc). Ombilic blanc.
1. lloiuinq- Teou \ ,,, . ,, ,-.1 ■ ^-.. /■ i' ■ 1 •
^ , ,' \ Chin-IIiiang ou Chin inan (jaune dur ou jaune rond a
^ J ■'' / j graine ronde et jaune franc, employé pour le teou fou.
Riche en sfraisse f rr • 1 ■ i • ni u <■ -^
^ \ Hei-chi (ventre noir . llile brun lonce.
II. Tsliuj-Teou \ Épidémie vert ef amande jaune. Très riche en légumine.
(Soja veil) ' Épidcrme vert et amande verle.
! Ta Wou Teou (grand soja noir .
à amande ^Qy^\\\\ comme aliment.
1 veite j Graisse assez abondante.
\ [ Siao Wou Teou (petit soja noir).
III. //(' lou 1 . 1 i A.T -i 11
a amande 1 Noun-iture des clievaux.
J ' J jaune ï Conserves salées pour l'homme,
f [ Tourteaux pour les ])orcs.
à amande \ Pien Wen teou Soja noir),
jaune ' Nourriture des chevaux.
En réalité les variétés sont plus nombreuses en Chine. A la der-
nière Exposition de Nankin (1910), nous avons pu remarquer |)lus
de 400 variétés, dont ([uelques-unes devaient naturellement être
identiques mais qui représentaient en tous cas de nombreux types
différents.
Ce qui rend difficile l'étude du soja en Chine, c'est qu'on y con-
fond toutes les lé<.,^uniineuses alimentaires sous le nom de teou et f[ue
(juelquefois des haricots se placent à coté du soja.
Nous proposons la classification suivante pour les sojas île
Chine :
/ brun el noir
I . Soja biuu i \ brun et verl
2 Soia non- ) , . . ,. . 1 brun et |aune
•' et tous les intermédiaires ', . " ,
noir et vert
noir et jaune
vert et jaune.
3. Soja vert ) i
4. Soja jaune f '
Variétés japonaines. — Elles sont éi^alement très nombreuses.
Voici les principales, d'après M. Pailleux • :
Go Guwatu 110 uiame Haricot du -l"' mois.
Use marne Haricot ])récoce.
Nakate marne 1 Miso mamej. . . . Haricot de demi-saison (sert ;i faire le Mi>-i .
1. .V. n<»sii>. Mnnchnria. 190 1, p. 181.
2. l'aillcux, l.e sojn. — Pailleux el Bois. Le /«)/,i(/l'c <I un curieu.i\ Paris. \H<M>. p.
5"/ â-rt25 .
LE SOJA 1(S7
Okute mame Haricol tardif.
Marii mame Haricot rond.
Siro teppo mame Haricol blanc en balle de pistolel.
Kuro mame Haricot noir.
Kuro teppômanu; Haricot noir en balle de pistolet.
Ko isi mame Haricot petite pierrt\
Awo mame Haricot vert.
Kage mame Haricot à pointe.
Kuro kura kake mame Haricot à selle noire.
Aka kura kake mame Haricot à selle i^ouge.
Tsya mame llai-icot thé.
Vu isi mame Haricot panaché.
Ki nisyne Haricot jaune.
Ichia mame Haiùcot thé.
Konrinza Haricot jaune.
Les sojas japonais sont en général trop tardifs pour pouvoir être
cultivés en France, ils no pourraient être utilisés que dans les colo-
nies.
Les graines claires seraient préférables aux noires d'après
Sagot '.
A Formose on trouve une variété jaune et une variété verte.
Variétés des Indes. — On peut les grouper en variétés noires et
variétés blanches ; les premières ne poussant que sur les collines,
les secondes en plaine et sur les collines.
Variétés indo-chinoises. — Les variétés indo-chinoises sont assez
nombreuses. 'La plus cultivée est une variété jaune aplatie. D'après
M. Pierre on pourrait les classer d'après :
. Races à fleurs blanches
1" La couleur dos lleurs Races à fleurs bleues
Races h fleurs pourpres.
. ,. , i Races à folioles lancéolés très hispides
2" La lorme tles lolioles , _, , , ,- , ,• . • i • ■ i
I Races a folioles arrondis a peine luspides.
„ . i' Races à graines noires
:V' Les fruits ' , ^ . . , ,
( Races a graines blanches.
Variétés des Iles Ilaicaï. — On signale aux Hawaï "' plusieurs
variétés de soja servant à faire le Miso et les autres préparations du
grain.
1. Sagoi et Raoul, Manuel pniliqiie des cullures tropicales. 1893, p. 151.
2. Annuiil report of the H.iicai Afjr. exp. Stat., 1908, p. 83.
188 ÉTUDKS ET MKMOIHES
Variétés des Etats- inis. — Elles ont été classées comme suit par
M. Bail.
[. Les sojas noiis (0 sous-variétés)
II. Les sojas Ijruns (3 sous-vaiiétés)
IIL Les soj^s bigarrés (2 sous-variétés)
I\ . Les sojas verts (2 sous-variétés)
V. Les sojas jaunes verdâtres (3 sous-variétés)
\ I. Les sojas jaunes 1 6 sous-variétés)
Les principales sont :
Butlerbail (Précoce)
Dwarf Early Yello^v (Précoce jaune)
Riceland (Noire précoce)
Early Brown (Brune précoce)
("luolpli (Verte précoce)
Tokyo (Verle deuii-précoce)
Ito San (Précoce^
Maiiimotli Yt'lhnv (Tardive^.
Les variétés employées en Virginie poui- faire du soja café sont :
Larly green
Médium green
.lapanese pea.
Variétés d Europe. — En Europe on ne peut employer que des
variétés précoces qui seules ont le temps de mûrir.
Le soja d'Etampes. le soja de Hongrie, le soja liàtif ae Fodolie,
proviennent d'un soja jaune de Chine sélectionné pour obtenir une
plus grande précocité.
En Italie on emploie surtout le soja noir précoce, le soja \erl, le
soja jaune, le soja brun, le soja jaune g-éant.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, les variétés sont excessivement
nombreuses. Il serait donc facile den choisir quelques-unes pour
cha(|ue climat.
CHAPITHE 11
KXKIE.NCKS Dr SO.IA
§ I. E.ri(je lires climatérif/ues du .soja.
Température. — D'après un calcul fait à Proskau par Celsius, il
faudrait au soja [)ovu- mûrir une somme de 24iG''0. On pourra donc
LE SOJA 189
le cultiver juscju'à la limite nord du haricot et du maïs hàlif et pkis
au nord encore comme fouri-aj^e.
D'après le docteur Blocli ' la température qui lui est nécessaire
est celle qui convient au blé.
Le soja résiste mieux à la gelée que le haricot, mais une tempéra-
ture froide et persistante amène son rabougrissement et il arrive
fréquemment que des semailles trop hâtives sont dépassées par celles
qui ont lieu plus tard.
L'exposition au midi est favorable au soja.
Humidité. — De l'avis unanime de tous ceux qui ont cultivé le
soja, c'est une plante qui résiste admirablement à la sécheresse. On
n'a donc pas d'accidents à craindre de ce côté. Au contraire, le soja
pourra soulTrir et mûrir incomplètement dans les années trop
humides.
§ IL Aire ycoyraphique du soja.
Le soja s'adapte aux climats les plus variés. Aussi les régions où
il est et où il peut être cultivé sont nombreuses.
Sa culture semble être comprise entre Féquateur et le 60" lati-
tude.
^isie. — On le trouve dans toute la (]hine. 11 est à remarquer
qu'il y est cultivé dans des climats très différents les uns des autres,
ce qui montre sa faculté d'adaptation aux conditions les plus
diverses. Les trois provinces de Mandchourie viennent en tète pour
la production et l'exportation du soja. Dans la vallée du Liao on
emploie l'assolement :
Sortilii) (iaoliiui I.
Soja.
Blé.
Dans les six provinces du nord du Fleuve Bleu, où le climat est
très sec, le soja est beaucoup cultivé. Dans les provinces des
Fleuves, centre du riz, où le climat est pluvieux, le soja réussit
également. Dans les provinces des Deux-Lacs et des quatre cours
J. Docteur Hloch, Le Soja liiilli'lin îles xciences pharniacoloiiifiiies. sept, et oct.
190 ÉTUDES i:t mp:moiki:s
d Cau où le pays devient montag-neux, on le retrouve toujours. On le
rencontre enfin dans les provinces du Sud : Kai-Tcho, Yun-Nan,
Kanjj-Si, Foo-Tchin, région du thé et du camphre. Bref on peut dire
que nialj^ré ta dillerence des climats dans limmense empire du
Milieu on y trouve partout le soja.
Le calcul de la récolte totale est im|)ossible en Chine à cause du
manque de moyens de contrôle. Tout ce ({u'on peut faire c'est exa-
miner l'importation contrôlée des ports ouverts. Les chiffres com-
prennent une petite quantité de haricots.
\ (»ici les chiffres recueillis par M. IL Brenier ' pour les ports de
Alandchourie (Douanes impériales seulement).
(Voir le tableau.)
La culture et l'exportation ont augmenté d'une façon énorme en
1908. (Voir le Graphique.) Ceci serait dû, d'après M. H. Brenier, à
fl'interdiction de la culture de l'opium qui est remplacé parle soja.
Pour les autres ports de la Chine on aurait, toujours d'après le
même auteur, les exportations suivantes :
Tche-Fou. — En 1908, 59. .320 tonnes, prescjue exclusivement sous forme de
tcuirtenux. Maximum on 190S avec 73.980 tonnes.
Kino-TcJicou. — 1300 tonnes en 1908 ég-alenicnl sous forme de tourteaux.
Maxinuim en 1905 avec 31 .480 tonnes.
Tchfn-IIiang [Chin-Hianrj). — En 1908, 76.200 tonnes.
En 1900 : 50.920 tonnes de graines.
34.0.50 tonnes de tourteaux.
II;iii-K<'oii. — En 1908 : 207.120 tonnes, dont :
108.000 tonnes de tourteaux,
lui lOO'.t : 208. 800 tonnes dont :
13V.0i-0 tonnes de lourleaux.
La majeure partie du soja exporté de Chine est envoyé au Japon.
Les envois pour l'iuirope ont été> sig-nalés par les statistiques
oflicielles pour l;i première fois en 100(S. On auiait t'uvoyé pendant
cette année :
En Grande-Iiretagne 69.200 tonnes
France 21.390 —
Hollande 7.290 —
Italie. 4.140 —
Helgi(jue 1 1 . 750 —
Allemagne 670 —
104.440 tonnes
I. II. lîrenier, La qucstioii ilii sD.ja Ihillelin éfoiioiniqiu- de i Iniln-Chine, mar.s-
a\i'il J'.ij 1).
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700 1 %
%
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-- Graines
■■■■ Tourleaux.
— Graines et Tourteaux.
LK SOJA 193
Les ports russes du Pacifique auraient de leur côté reçu de Chine
pour être réexpédiées sur l'Europe 100.000 tonnes.
Ces quantités se sont accrues dans une proportion formidable K
En juillet 1909, TAng-leterre seule avait acheté 400.000 tonnes pour
l'huilerie à des sociétés japonaises de Mandchourie. *
En 1909, le fret était :
Dalny-Liverpool, 23, 75-32, oO la tonne.
Han-Kcou. — Europe, 43,75.
Les grains de la vallée du Yang-Tsé^ à climat humide, supportent
moins bien le voyage que ceux provenant de la Mandchourie qui a
un climat très sec •.
.4^/ Japon et à Forniose. — Le soja s'étend jusqu'à la partie
septentrionale de l'île de Yéso. Il occupe une superficie de
450.000 hectares.
En Corée. — Le soja y est cultivé de la même façon qu'en Chine.
En Indo-Chine. — Il est cultivé au Tonkin et en Cochinchine
ainsi qu'au Cambodge. On emploie surtout une variété à graines
jaunes aplaties.
On trouve également le soja au Siani, dans la presqu'île de
Malacca, et dans l'Inde anglaise depuis l'Himalaya jusqu à Ceylan
sous des noms ditïérents suivant les tribus '■^.
En Amérique. — Le soja a été introduit aux Etats-Unis en 1888
et sa culture comme fourrage y est devenue importante. Les meil-
leurs résultats ont été obtenus entre le 37'' et le ii° à l'est des
Montagnes rocheuses ((^orn Belt, région du maïs).
En Guyane, le soja mûrit.
En Europe. — Les variétés hâtives mûrissent en France (variété
hâtive d'Etampes).
1. Le prince d'Arenberg, président de la Société du Canal de Suez, a lait connaître
à la Société nationale d'Afjriculturc f(u"il y a quelques années il ne passait ])as un kilo
de soja par ce canal, il en est passé en 1908 : 35.000 tonnes.
2. H. Bernier, Loc. cil.
3. Indian Trade Journal, vol. XI V, n" 17 1, .hily 29. 1900. The iiçfi-icntturn Ledger
n° 5, Calcutta.
Bul. du .Jardin colonial. 1911. II. — N° 102. 14
194 ÉTUDES KT MÉMOIRES
Va\ Italie ' on peut cultiver le soja dans le Manlouan. la IJgiiric^
le Frioiil, la Marche et l'Emilie.
. En Russie • on a créé une variété de Podolie.
En' Océanie. — Le soja est cultivé depuis très longtemps aux
Philippines, à Java, à Bornéo.
En Afriifuc. — On l'a essayé à Alger, à Rouïba '■ et en Tunisie.
On fait des essais étendus dans les colonies sud-africaines
anglaises.
En résumé, le soja peut prendre une extension très grande dans
toutes les parties du monde et y fournir un aliment très intéressant.
s; m. — Exigences ayrologiques du soja.
Exigences phi/sigiies. — Le soja parait peu difficile sur létal
physique du sol, pourvu que ce dernier ne soit pas trop compact.
Dans un tel terrain, en effet, il mûrirait incomplètement. 11 est à ce
sujet semblable au maïs.
En Indo-Chine, on recherche les sols silico-arg'ileux.
Dans les sols sablonneux et caillouteux, les résultats ont été
contradictoires : bons dans la Caroline du Sud, mauvais en Algé-
rie '.
En Amérique, on a obtenu de bons résultats dans les terres
marneuses, les marécages drainés.
l^n France, les terres argilo-siliceuses ou argilo-calcaires ont été
préconisées comme les meilleures.
Dans la Xourelle-(ialles-(lu-Su(] on emploie la terre franche pro-
fonde.
D'après le comte Henri Ai iIvMS cpii a beaucv>up expérimenté \v
soja en Autriche, le meilleur sol à lui donner serait profond et
composé de sable, d humus et de limon.
Ces opinions contradictoires sont probablement dues aux (HlVé'-
reiites richesses chimiques des sols et au climat. II est évident (|u un
I. l*iiii)liiii, Delhi Soin. 1905. — liiiala el Tcsloni. La Suia m-ll alinicnlaziinn- lln-
liaiia. I!H)H, |). :.
■J. ./oiirnal (rafiricnlhirc praliiiin'. l«!t(t, I. I, ii" ]:',.
;5. Ti-ahiit, Le soja («mivcni. (mmicp. de l'Algcrii-. Soi-\ ice b(ilaiuc(iic. l!iill. ii' Itî).
1. HiviiTc el Lecq, .Manuel de iauriciilleiir algérien.
LE SOJA
19o
climat pluvieux exagérera les (léfaut.s d'une terre compacte, et
qu'inversement un climat très sec occasionnera des échecs dans un
sol sablonneux ou caillouteux.
(Juoi qu'il en soit, il est certain que le soja peut donner de très
bons résultats dans des terrains très ditTérents. Il est très résistant
à la sécheresse et à l'humidité, mais cette faculté varie dans des
proportions considérables avec les variétés.
Exigences c/iimiques. — Le soja est très riche, et par con.séquent
enlève au sol une assez forte proportion d'éléments nutritifs. Bien
qu'il tire en grande partie son azote de l'atmosphère, il lui faudra
donc un sol bien approvisionné en éléments fertilisants.
Voici, d'après M. Joulie, les éléments emi)ortés par une récolte de
soja I :
Matièi-es.
1000 kilos exporteiiL
en kiliis
100.000 kilos
de récolte à Iheclare
expurtenl en kilos
r.
Cj •-
:c -
;- ,0
■r.
■ri —
-
\zotc ....
12.60
1.62
13.65
9.88
9.76
1.27
2.72
4.13
32.73
57.88
17.39
3 . 28
.8.91
20.29
0.93
1.41
0.50
1.03
28 . 1 0
9.02
29.81
9.36
13.39
1.15
2.26
2.88
21.83
82.12
30 . 35
2S6.7S
62.94
61.12
8.31
I)
198.89
59.85
Il . 29
30.67
69.84
3.26
»
1)
281 .01
90 . 20
298.07
93 . 6 1
133.96
11.51
Acide plu isph()ri([uc
Chaux
Maj^nésie
Potasse
Fer
Acide siillïirif[in'
Soude
Silice
M. Lechartier donne, de son côté, les chiffres suivants -
1" Pour une récolte de soja fourrage en vert :
Poids du fou'Tage récolté
20.000 kilos.
30.000 kilos.
Aciile phosphi)fi(jue
Acide sulfiu'iciue
32 kilos
34 —
125,6 —
1 1 .0 —
70,6 —
99.1 —
18,0 kilos
51,0 -
188,4 —
62,0 —
105,9 —
119,1 —
Chau.x
Maifiiésie
Potasse
Azote .
1. Voir : AfiriciiUure pratique des pays chauds. 1910, articles de M. Itié.
2. Grandeau, I-e Soja Ilispida (Journal d'iKjricullure pralique^ 1903, n» 26, 27, 28i.
196
ETUDES ET MEMOIRES
Correspondant à :
2(HI-'J00 kilos scories ou superphosphate.
Io0-200 kilos chlorure ou sulfate de potassium.
2" Pour une récolte en grains.
Récolte enlière fournissant en f/rains.
Eléments minéraux.
1 .000 kilos
1 .500 kilos.
2.000 kilos.
Cendres
513,50
38,85
-iO, 50
167.70
58,96
43,2!
770.30
58,20
60,60
251,60
88,40
04.80
1.027,00
77,70
80,80
335,40
117,90
86,40
Acide plicispliorique
\(*ide siil l'iiriiiiie
Chau\
Maernésie
Potasse
Si on compare ces deux tableaux, on voit qu'une récolte fournis-
sant 1.500 kilos de grains consomme plus d'acide phosphorique que
.'{0.000 kilos de fourrage vert.
D après M. Grandeau, la somme des éléments nutritifs enlevés
par une récolte de soja en vert serait de :
Acide phosphori((ue 32-48 kilos
Chaux 12.J-188 —
Magnésie 4i-Cî2 —
Potasse 71-106 —
équivalant à :
200-300 kilos superphosphate
200 kilos chlorure ou sulfate.de potassium.
Donc, si on veut cultiver, le soja dans un terrain plutôt inférieur
il faudra améliorer les propriétés chimiques de ce terrain par des
apports d'engrais. Mais jamais les engrais azotés ne seront indis-
pensables; ils ne seront même que très rarement utiles, puisque le
soja absorbe l'azote atmosphérique. C'est donc une économie notable
dans les dépenses pour les engrais.
{A suivre.) Li Yu Ying,
Conseiller <!<• Z""'' c lusse ;iii Ministère de V Aijricullurc de la C.liine.
et L. Grandvoinnet,
Ini/r/iii'iir agricole (G.).
LE CAOUTCHOUC EN INDO-CHINE
L'examen des statistiques de la production du caoutchouc en
Indo-Chine au cours de ces dernières années, accuse d'une manière
générale une notable diminution dans l'exportation de ce produit.
On constate en effet que les exportations ont depuis 1 900 donné
les chiffres suivants :
1899 53.000 k.
1900 339.000
1901 '. 267.000
1902 72.000
1903 79.000
1904 177.000
1905 373.655
1906 513.223
1907 212.293
1908 36.982
La diminution de cette production tient à diverses causes, dont
la principale, comme on pourra s'en rendre compte au cours de
cette étude, est la difficulté considérable que rencontre l'exploitation
des essences spontanées.
Mais si l'Indo-Chine apparaît peu favorisée au point de vue de la
production du caoutchouc par l'exploitation des essences indigènes,
elle est par contre, grâce à d'heureuses initiatives, la première de
nos colonies où le problème de la plantation des essences caout-
choutifères a été résolument abordé et où des résultats tangibles
ont été obtenus. •
Etant donnée l'importance sans cesse croissante de la consomma-
tion du caoutchouc, il paraîtra sans doute intéressant de connaître
à quel point en est actuellement la cpiestion de la production du
caoutchouc en Indo -Chine et d'examiner quelle pourra être, dans
l'avenir, la part de cette colonie dans l'approvisionnement du marché
métropolitain du caoutchouc.
Nous nous servirons pour cette étude d'une série de rapports
198 ÉTUDES i:t mémoires
émanant des Chambres d'agriculture et des services agricoles de la
Colonie et qui ont été adressés au début de cette année au Départe-
ment des Colonies.
Nous passerons successivement en revue les différentes rég-ions
de rindo-Chine, en examinant pour chacune d'elles ses ressources
en essences spontanées et en indiquant, d autre part, les essais (jui
ont été faits pour la culture d'essences caoutchoutifères et les résul-
tats qui en ont été ol) tenus.
Gochinchine.
Essences spontanées. — Les renseignements relatifs à la produc-
tion du caoutchouc en Cochinchine sont extraits de deux rapports
émanant l'un de M. le député Paris, ancien président de la Chambre
d'Agriculture de la Cochinchine. l'autre de M. Morange, ingénieur
agronome, chef des Services agricoles et commerciaux de la colonie.
Essences spontanées. — • Les ressources naturelles des forets de la
Cochinchine en lianes à caoutchouc sont à peu près négligeables et
n'ont jamais pu alimenter d'exploitation rémunératrice, même pour
l'indigène. M. Paris dans son rapport, cite pour mémoire quelques
essais de saignées de lianes pratiqués en 1870 par M. Janneau dans
la région de Chaudoc et les espèces étudiées par M. Pierre, telles
que le Chonemorpha Grandieriana et le Nouettea cochinchinesis.
Mais si la Cochinchine est peu riche en essences spontanées, c'est
dans cette colonie que se sont concentrés principalement les efforts
des planteurs et que les résultats les plus satisfaisants ont été
obtenus de la culture de 1 Hevea Brasiliensis.
Essences cultivées. Hisiorif/ue. — L'origine (K' l'introduction eu
Cochinchine des premiers plants d'flevea est un peu confusi'.
D'après M. Josselmk quekjues plants d" Hevea auraient été introduits
en 1880 dans les collections du Jardin botanique de Saigon. Mais
après quatre ou cinq ans, pendant lesquels ils se seraient montrés
d une végétation vigoureuse, ils dispai-urent.
En 1899, le D' Yersin reçut du Jardin Botanique de Saigon di's
plants d'ilevea âgés de 18 mois tout au plus. Selon toute probabi-
lité ces plants étaient issus de semences envoyées à Saigon dans la
deuxième moitié de 1897 par M. lîA(»i i.. pharmacien en chef des
LE CAOLTCIIOLC EN INDO-CHINE 199
Colonies, Chargé de Mission en Extrême-Orient et pai-ticulièrement
en Malaisie.
Le mérite de l'introduction effective de l'IIevea Brasiliensis paraît
donc bien devoir être attribué à M. Raoul.
Mais, ainsi que le constate M. Paris, dans son rapport, c'est à
l'heureuse initiative et aux persévérants efforts de M. Josselme,
soutenu par ses collèg-ues de la Chambre d'Agriculture que sont
dus les premières tentatives sérieuses faites en Cochinchine en vue
de la multiplication de l'Hevea.
« Les prog'rès successifs de cette culture en Cochinchine peuvent
se classer en trois phases :
.Ij De 1897 à 1899, premiers essais tentés par l'Administration.
B) De 1899 à 1900, [)remières plantations d'étendue restreinte
faite par les particuliers.
C) A partir de 190G-1907, extension rapide du nombre des plan-
tations. Constitution de Sociétés diverses. >>
1" Phase.
Dans son rapport M. Morange relate que (* 1.000 plants prove-
nant des j^remières graines envoyées par Raoll furent dès 1898
mises en terre au champ d'essais de Ong-Yem. quelques autres
également de 1899 à 1900...
(' En raison des renseignements partiellement inexacts que l'on
avait alors sur la nature des sols propices à la végétation de l'hevea,
une grande partie des arbres furent placés dans des terrains trop
humides. Aussi un grand nombre d'entre eux disparurent-ils rapi-
dement. Il n'est finalement resté que 400 arbres environ sur les
1.000 plantés en 1898. Les mieux venus de ces arljres sont ceux
qui ont pu croître à flanc de coteau. Ils comptent donc actuellement
I I ans et demi de plantation et mesurent, à un mètre du sol, une
circonférence moyenne de quatre-vingt-quinze centimètres, les
mieux développés ayant respectivement 1 m. 4o, I m. 30 et 1 m. 01
de circonférence à un mètre de terre.
La plantation d'Hevea de Ong-Yem, en raison de son caractère
expérimental, est de faible étendue.
En dehors des arbres indiqués ci-dessus, elle comprend actuelle-
ment une nouvelle plantation de quatre hectares faite en 1907, et
une parcelle de un hectare 1/2 environ qui a reçu divers plants en
1909.
200 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Des expériences se poursuivent actuellement sur la valeur com-
parative des différentes méthodes de saignée, sur l'application de
diverses fumures aux jeunes arbres, et sur la culture intercalaire de
différentes légumineuses améliorantes.
La production du caoutchouc de Ong-Yem pour l'Jll peut être
estimée k 300 kilogrammes. »
2' Phase.
Premières plantations faites par les particuliers.
Dès 1898, la Chambre d'Agriculture de Cochinchine s'inté-
ressait vivement à la question caoutchoutifère. En mai 1899, le
Gouvernement local fit venir deCeylan, sur la demande de M Jos-
SELME, 10.000 graines d'Hevea dont la germination fut malheureu-
sement très médiocre. « On n'obtint en tout que 3.400 plants environ
qui furent répartis entre divers colons et dispersés dans les pro-
vinces de l'Est, principalement chez M. Canavaggio à Thuduc, et
chez M. JossELME à Vinh-an-tây, tous deux dans la province de
Guadinh, chez M. Arcillon dans la province de Baria, et chez
M. 0. GoNNELL, à Tayninh. MM. Canavaggio et Josselme avaient
déjk reçu l'année précédente un certain nombre de plants provenant
du Jardin Botanique.
De ces premiers essais, faits par les planteurs, avec l'aide de
l'Administration il ne subsiste que quelc[ues arbres isolés dont la
croissance a été assez irrégulière.
Plantation Bellancl. — Le nom de M. Belland, décédé prématu-
rément au cours de l'année dernière, devra être intimement uni
à celui de M. le docteur Yersin dans l'historique de la culture
des essences caoutchoutifères dans les colonies françaises.
C'est en effet aux efforts soutenus de ces deux hommes d'initiative
que sont dues les premières plantations d'essences à caoutchouc,
dans une possession française, ayant fourni des résultats intéressants.
« Dès 1899, M. Belland entreprenait de son initiative personnelle
et entièrement k ses frais, à Phu-Nhuan près Giadinh sur la route
directe de Saigon à Govap, c'est-k-dire presque aux portes de la
Capitale, une plantation qu'il devait peu à peu étendre dans les
meilleures conditions d'économie et avec un plein succès. C'est
LE CAOUTCHOUC E> INDO-CHINE 201
surtout de 1900 à 1903 que la plantation de M. Belland a pris son
extension à peu près définitive. Elle couvre actuellement 4o hectares
et comprend :
600 arbres de 12 ans
4 . oOO arbres de 1 1 ans
9.000 arbres de 9 à 10 ans
1 . 200 arbres de 7 ans
Soit 13.800 arbres.
Le rendement a été en 1ÎI08 del.oOO kilogrammes de caoutchouc
sur 5.000 arbres de 8 ans en movenne, en 1909 de 3.000 kilo-
grammes sur 9.500 arbres de 7 à 9 ans. Pour 1910 le rendement
est estimé à (5.000 kilogrammes provenant de 10.500 arbres envi-
ron et s'élèvera probablement en 1911 à 10.000 kilogrammes.
Le sol de la plantation est sablonneux et assez pauvre, les arbres
ont été plantés en partie au milieu d une ancienne caféerie dont les
vieux pieds nont pas été arrachés, et sont plutôt une entrave a la
croi.ssance de l'Hevea. Aucune fumure n'a été appliquée aux arbres.
Les saignées se font tous les matins de 5 heures et demie ou
6 heures jusqu'à 9 heures et demie environ. 23 coolies sont occupés
à la saignée, chacun d eux saigne chaque matin un lot de 150 Hevea,
il passe le lendemain et le surlendemain à deux autres lots de
150 arbres également chacun et ne revient que le 4'' jour sur les
arbres saignés les premiers. Un même lot d'arbres n'est donc saigné
que tous les trois jours, mais durant toute l'année, ou du moins
tant qu il n'y a pas diminution sensible du rendement en caoutchouc.
Le mode de saignée adopté est l'arête de poisson, sur deux mètres
de hauteur de tronc, et sur une moitié de la surface.
M. Belland a installé à Giadinh une petite usine modèle pour la
préparation du caoutchouc. Au rez-de-chaussée se trouve la salle de
traitement du latex : filtrage à l'arrivée, coagulation à l'acide acé-
tique, après addition de quelques gouttes de Formol.
Roulage et lavage du coagulum que l'on obtient finalement en
plaques d'une épaisseur de 5 à 6 mm., sur 30 cm. de long et 20 cm.
de large. Le séchage des plaques se fait au premier étage dans une
salle largement ouverte à tous les vents où le caoutchouc sèche sur
des claies garnies de treillage galvanisé, et inclinées à 45°. Le
caoutchouc est ainsi complètement sec en 15 jours ou un mois
suivant la saison. Au moment de sa mort, M. Belland venait de
202 ÉTUDES ET MÉMOIRES
faire munlcr au rez-de-chaussée de l'usine une étuve à dessicca-
tion dans le vide qui aura le grand avantage de permettre le
séchage du caoutchouc en quelques heures.
L'usine est en outre pourvue d'un moteur à pétrole lampant
actionnant vme pompe k eau, ainsi que dune vaste citerne surmontée
d'un château d'eau en béton armé.
Le caoutchouc est emballé par caisses de 100 kilos et expédié au
fur et à mesure de la production. 11 est vendu à Paris. »
Il a paru intéressant de donner in extenso tous les renseignements
fournis par M. Morange au sujet' de la plantation de M. Belland,
non seulement en raison de son ancienneté, mais parce que cette
initiative féconde permet d'étaJjlir sur des bases, aussi fermes qu'il
est possible de le faire dans une entreprise agricole, les résultats
que l'on est en di-oit d'escompter de la |)lantation de Ihevea en
Cochinchine.
Nous passerons successivement en revue les ditï'érentes planta-
tions citées dans les rapports de MM. Paris et Morange en
indiquant pour chacune d'elles leurs caractéristiques, les méthodes
employées et les résultats obtenus, ces renseignements sont de
nature à servirde guide aux colons qui entreprendraient de nouvelles
plantations.
Plantation Etievant. — Cette plantation est située dans la pro-
vince de Giadinli. non loin de Ghomoi à 12 kilomètres environ de
Saigon sur la ligne de tramway de Hôc-Mon-Faite en terrain sablon-
neux pauvre, elle comprend 16.000 arbres plantés en proportions
à peu près égales de 190') à 1900.
« Les arbres de cinq ans, après avoir eu les trois premières années
une croissance vigoureuse, ont subi un temps d'arrêt à partir de
la quatrième année, bien cpie le sol ne j)résente pas de couche pier-
reuse compact e.
A jiarl 1 adjonction d'un [)eu de terreau au sol au moment de la
plantation les arbres n ont [)as rei^-u de fumure réelle. »
Cette plantation a été continuée au coui's de l'année 1910.
Plantation (îuéri/. — Cette plantation avait été acquise par
M. Helland, elle est " située it llanh-thong-Tày," près Govap, ;i î>
kilomètres environ de Saigon dans la même formation sablonneuse
que la j)lantation j)récédente, elle comprend lo.lKMl aibres plantés
LE CAOITCIIOLC i:.N 1N"D0-CII1>E 203
de 1901) à 1909. Une partie de la plantation a été faite entre des
rani^s de caféiers Libéria abandonnés qu'il eût été préférable de
faire disparaître pour laisser aux Ilevea le plus d'espace possible,
d'autant que ceux-ci, en majeure partie, sont plantés à 3 mètres
d'écartement. La végétation en «général a très bon aspect, les arbres
avant été fumés au tourteau d'arachide. Mais l'écartement de 3
mètres est insuffisant et nuira sans doute dans l'avenir au dévelop-
pement normal de la plantation. »
Plantation Canavaggio. —Elle se trouve à Thuduc, à 27 kilomètres
de Saii^on. Cette plantation comprend un petit noyau d'arbres pro-
venant des premiers plants rec.is de l'Administration (300 en 1898,
200 enl899j. Plus récemment M. Canavaggio a planté 5.000 arbres
et se propose d'étendre encore sa plantation.
11 reste encore c[uelques Hevea provenant des premières g-raines
introduites dans la colonie dans les plantations Avcillon (Baria)
(y(Wmnell[T^\-\\h\\\] et sur la route de Bienhoa à Long-Tliknh.
3' Phase.
Grandra plantations.
« A partir de 190o en présence de la véo^étation «généralement satis-
faisante des Hevea plantés en divers points de la Cochinchine, et à
la suite de l'ouverture partielle à l'exploitation de la ligne du
chemin de fer de Saïg-on-Phanthièt. comme aussi en raison de
l'empierrement jusqu'à Hong-Quan de la route de Kratié l'idée vint
à plusieurs capitalistes d'établir de vastes plantations, dans les
rég-ions nouvellement ouvertes à la coloni-sation, régions dont
l'excellente qualité des terres était déjà connue en partie. Aussi
d importantes sociétés ne tardèrent pas à se constituer.
[" Plantation Suzannah. — C'est la première en date. Elle a
pour fondateur M. Cazeau qui, dès 1904, après avoir prospecté la
région traversée par la voie ferrée entre les stations de Bauca et
d'Anloc, sollicita en concession des terrains situés à proximité de
la gare de Dàu-Giay, à 65 kil. de Saigon. Cet emplacement a été
judicieusement choisi. Les terres de Suzannah ^terres rouges très
fertiles, s'étendent de part et d'autre de la voie ferrée, au Nord de
-04 ÉTUDES ET MÉMOIRES
laquelle elles descendent, par de légers vallonnements jusqu'à une
source d'un débit important qui a été captée pour les besoins de la
plantation. Une société détudes constituée en I90o lit les premiers
défrichements et établit en 1906 une plantation d'essai de 700
hevea. »
Cette société d'études se transforma en 1907 en société anonyme
et les travaux de plantation furent dès lors activement poursuivis.
En 1910, 580 hectares environ avaient été mis en culture sur les-
quels 308 avaient reçu 140.000 plants d'hevea. Les heveas sont à
la densité de 4o0 arbres à l'hectare (à part 8.000 arbres plantés en
1907 à 3 mètres d'écartement).
« Toutes les opérations de culture ont été conduites avec le plus
grand soin. Les hevea sont plantés par lots de 18 hectares formant
des rectangles de 600 mètres sur 300 mètres garnis de clôtures en
ronces artificielles et desservis par des chemins de o m. Le principe
adopté, dès le début, a été de planter en terrain absolument net.
Avant la mise en place des arbres, le terrain est complètement
dessouché et labouré. Des façons d'entretien continues sont données
de manière à débarrasser complètement le terrain des mauvaises
herbes, en particulier du tranh (imperata cylindrica), graminée
envahissante bien connue également en Malaisie, à Sumatra et Java
sous le nom de « lalang ».
La croissance des plants est très satisfaisante. Des mensurations
faites en 1910 sur oO unités prises au hasard parmi les 700 arbres
de la plantation de 1906, donnent une moyenne de 33 centimètres
de tour, ceux de deux ans. 12 à 13 centimètres. Toutes ces mensu-
rations sont faites à 1 mètre du sol ; ces chiffres de croissance sont
tout à fait comparables à ceux de Geylan, tout en étant légèrement
inférieurs à ceux de Malaisie. La cause de ces écarts doit être impu-
table principalement à la différence du régime des pluies, celles-ci
sont à peu près continues en Malaisie, mais discontinues en Gochin-
chine (saison sèche de 3 à 4 mois environ, de janvier à avril).
Le matériel de la plantation est très perfectionné. Il comprend
notamment des faucheuses mécaniques, des charrues d'un modèle
prati([ue pour le désherbage et le binage des jeunes Hevea ; des
chars très résistants ii ressort formés de bambous ingénieusement
assemblés ; enfin, un appareil à dcssoucher d'une grande puissance
(jui permet à une é(|uij)e de six hommes d'extirper journellement 2")
à 30 souches de toutes dimensions.
LE CAOUTCIIULC EN liNUU-CHLNE 205
Ce matériel a été construit à Saïg-on sur les indications et sous la
direction de M. Girakd, directeur technique. En outre, unelocomo-
bile à vapeur actionne, par treuil et câble avec poulie de retour,
une défonceuse Bajac à bascule. Cet équipage mécanique installé
dans la partie sud de la concession a permis le labour k la vapeur
d'un assez cr^and nombre d'hectares. La profondeur des raies est
de 30 à 32 centimètres. L'équipe entraînée à ce travail spécial, peut
labourer un tiers d'hectare par jour, soit 10 hectares par mois. Le
prix de revient du labour est de quarante piastres (40 S) environ
par hectare.
De vastes bâtiments : log-ements, magasins, infirmerie, étables,
ont été construits au fur et à mesure des besoins.
Une entreprise séricicole importante est annexée à l'opération
« Hevea». Trois magnaneries et une filature pouvant contenir 50
bassines, ont été construites en 1908-1909. La plantation de
mûriers comprenait en 1910 10 hectares, mais doit être portée ulté-
rieurement à 50 hectares.
Un barrage de la source dont il a été parlé plus haut a été établi
dès le début de la mise en valeur de la concession. Une pompe
mue par un moteur à explosion, refoule l'eau dans un château d'eau
en béton armé, d'où elle est distribuée par des tuyaux de fonte aux
bâtiments, aux étables et aux pépinières.
La main-d'œuvre est fourni presque entièrement par des
Annamites, dont un certain nombre sont fixés sur la concession.
On compte aussi quelques Chinois (réformistes exilés) . La main-
d'œuvre Moi est rare.
Le prix de la journée est de 0 ;> 40 plus 0 ;>; 05 environ de riz
distribué par ration quotidienne de 800 grammes.
Le troupeau comprend environ 300 bêtes à coi-nes utilisées pour
les labours et les transports, et un certain nombre de vaches laitières.
Les animaux de trait ne reçoivent pas de paddy ; ils vivent uni-
quement de l'herbe des pâturages et sont cependant en excellent
état d'entretien.
Divers essais de cultures ont été entrepris et ont donné des résul-
tats particulièrement encourag-eants en ce qui concerne les riz de
terrains secs, le maïs, le tabac, le manioc et la canne à sucre.
Plantation de Xa-Trach. — Cette plantation est exploitée par la
Société des plantations d' Hevea de Xa-Trach . Elle est située,
20G ÉTUDES ET :mémoires
« comme celle de Suzannah, dans la région des Terres rouges mais
dans la partie Nord de la Cochinchine, sur la route de Thudavmiot
à Kratié, à 6 km. du poste administratilde Ilungquan et à KM) km.
de Saigon.
Tandis quà Suzannah le défrichement a lieu à travers une
forêt plus ou moins épaisse, composée d'essences variées, le planteur
de Xatrach doit se préoccuper de faire disparaître une végétation
dense, presque exclusivement composée de bambous de taille et de
grosseur movenne, mais formant des peuplements excessivement
touffus, et uniformément répandus, dans toute la région qui a reçu
le nom de « Mer de bambous ».
Ce bambou appartient à l'espèce dite Bambou femelle, en Anna-
mite « tre to » (arundo multiplex). Sans labours, il est difficile de
l'extirper du sol dès la première année de défrichement et de
culture.
Aussi est-il nécessaire de faire procéder à un entretien constant,
sous peine de voir la jeune plantation vite envahie par les nom-
breux rejetonsémispar les rhizomes extrêmement vivaces du Bambou
femelle. La superlicie totale de la plantation est de 1.1 07 hectares,
sur lesquels 'iOO environ ont été rapidement ouverts en '2 ans
(1908-1909) et comprennent :
t32 hectares plantés en hevea.
60 hectares de rideaux-abris en l)amb()us.
0 hectares de chemins.
2 hectares de terrain d'habitation.
oOO hectares.
Par mesure de [)rudence, il a été jugé utile pour protéger les
jeunes hevea contre les grands vents de ménager des rideaux-abris,
orientés du Nord-ouest au Siul-pst, c'est-;i-dire perpendiculairement
à la direction des moussons.
Dans la plantation de Xatrach, se trouve englobée une petite pkin-
tation d'essai faite par l'Administration de I90o à 1907 et compre-
nant .'3.2»SO lievea de divers âges, savoir :
:iO plantés en lîMKi
S20 — 1900
2i.30 — IÎH)7
Supprimée en 1907 en tant que champ d'essai administratif, cette
plantation expérimentale fut rachetée en 1 908 par la Société de
Xatrach.
Li; CAOUTCHOUC EN INDO-CHlNE 207
I^]lle a été faite en terrain complètement défriché et labouré,
tandis que pour la plantation de la Société proprement dite (432
hectares), le terrain a été simplement préparé dune façon analogue
à celle usitée parles Mois pour établir leurs raïs (cultures tempo-
raires).
La forêt a été abattue et brûlée, mais les souches nont pas été
extraites et aucun labour na été donné au sol.
La main-d'œuvre est presque entièrement fournie par les Mois
des villages voisins de la concession, au prix de 0 ,'$20 par journée.
(]e prix est inférieur au prix de la main-d'œuvre annamite, qui
varie de OS^O à 0.S40, mais cette différence se justitie par le faible
rendement de la main-d'œuvre des Mois qui sont d'assez médiocres
travailleurs. La croissance des hevea à Xatrach est à peu près
aussi satisfaisante qu'à Su/.annah.
La terre rouge est d'excellente qualité, très franche, sans aucun
caillou comme à Suzannah ; elle conviendrait à bien des cultures.
Le terrain est sensiblement plus vallonné que dans la région tra-
versée par le chemin de fer, la concession est sillonnée par plusieurs
petits cours d'eau.
Plant alion de Hiej)-T/tanh . — Située à 27 kilomètres de Tayninh
et à 72 kilomètres de S;iïgon, sur la route basse de Trangbong à
Tayninh et à peu près à mi-chemin entre ces deux localités. Cette
plantation est dirigée par MM. Deleukance et Jousseï, ingénieurs
des Arts et Manufactures, qui ont fixé leur résidence à Hiep-thanh,
sur leur concession, dès les premiers jours du défrichement et qui
ont (Hrigé sur place tous les travaux avec beaucoup d'énergie et de
méthode.
MM. Delklrance et Jousset ont entrepris :
I" Une plantation de 1")9 hectares, commencée en I i)08 pour le
compte de commanditaires résidant en France (sur lesquels 100
hectares à la densité de .'iOO arbres à l'hectare sont déjà plantés,
soit 30.000 arbres).
2" Plusieurs plantations de 100 hectares pour le compte de par-
ticuliers vis-à-vis de qui M\L Delelrance et Jousset sont entrepre-
neurs de culture dhevea.
Les terres concédées aux divers propriétaires sont défrichées,
plantées et entretenues moyennant un prix forfaitaire, jusqu'à la
sixième année. A ce moment, le propriétaire devra lui-même
prendre en main l'exploitation de sa plantation.
208 • ÉTUDES ET MÉMOIRES
La croissance des hevea s'est montrée très satisfaisante. La plan-
tation est faite à raison de 300 arbres environ à l'hectare, les uns à
i mètres sur 8 mètres, les autres à 6 mètres sur a mètres 20, en
quinconce. Le premier écartement (4x8) a été adopté de façon à
permettre quelques cultures intercalaires, notamment celle de la
pastèque, qui a donné en 1909 un profit suffisant pour couvrir les
frais cï entretien.
Plantation de Tan-Thanh-Dong. — Située dans la province de
Giadinlî, à 3o kilomètres environ de Saigon et à 15 kilomètres du
centre de Hùcmôn, point terminus du traniAvay sur route allant à
Saigon. Cette plantation est faite, en association par MM. Paris et
Gléuv, et se trouve sous la direction technique de ce dernier. D'une
superficie de 2G0 hectares, c'est le premier exemple d'une plantation
assez vaste, faite en sol sablonneux pauvre.
Elle est établie sur un plateau inculte, dépourvu de toute végé-
tation arbustive et couvert simplement dune herbe peu touffue.
Les hevea sont k 4 mètres en carré (soit iOO à l'hectare). oS.OOO
plants ont été mis en place en 1909, et la deuxième moitié de la
plantation a dû être terminée en 1910. Les pépinières ont été éta-
blies en 1908 et très bien entretenues. La transplantation, en juin-
juillet 1909, a eu lieu avec beaucoup de précautions (plants enlevés
à la motte, et non à racines nues). Une fumure de 200 gr. de tour-
teau d arachide broyé, a été incorporée à la terre de chaque trou au
moment même de la plantation. La croissan-ce des hevea ainsi mis
en place a été excellente.
Parmi les îiutres plantations ouvertes depuis 1908, il y a lieu de
citer encore :
a) Les plantations de la société anonyme d'exploitation de Phuquoc
(100 hectares plantés ou en voie de plantation). La plantation doit
comprendre 400 hectares. Elle occupe la partie sud de l'île de Phu-
quoc et a son centre au village de Caydua.
Un essai d'introduction de main-d'œuvre javanaise a été tenté par
M. DuBEDAT et a jusqu'ici donné d'excellents résultats. Un premier
convoi comprenait 127 javanais et javanaises, un deuxième 150.
Cette main-d'œuvre s est montrée très supérieure à la main
d' œuvre locale de Phuquoc.
h) La plantation de la Société du Donai (province de Bienhoa),
possède non loin des chutes de Trian, 45.000 plants répartis sur
plusieurs parcelles de terrain, situées le long des berges du fleuve.
LE CAOUTCHOUC EN INDO-CHINE 209
c) Enlin diverses plantations appartenant à des particuliers.
Dans la province de Bienhoa, plantation de MM. Vallon et Co-
querel à Binhtruoc, Tirard a Auloc Lacheval près de Phuocthanh ;
dans la province de Baria, plantation de MM. Veillet et Drovilh.
Dans la province de Giadinh M. Bussj à Chômai, M. Perrière à
Cocoug près de Thuduc.
Plantations ouvertes en 1910 : Un certain nombre de sociétés se
sont constituées au cours de l'année 1910. Parmi ces plantations
nouvelles il y a lieu de citer :
A. Dans la province de Bienhoa.
1" La société de Lon^^-Thanh (MM. Mottet, Feraudy et associés)
près de Long-Thanh (k o8 kilomètres de Saïg-on) au village de
An-Lan.
Le programme de la société comprend 400 hectares environ.
Le sol est formé d'une terre franche se rapprochant des terres
rouges.
2° La société de Benh Truoc.
La plantation doit comprendre 400 hectares à ouvrir d'après le
programme suivant :
Début des travaux l"'" juin 1910
Défrichement en 1910 100 hectares
Défrichement en 1911 130 —
Défrichement en 1912 IMO —
400 hectares
Plantation en 1911 40.000 plants
Plantation en 1912 oO.OOO —
Plantation en 1913 50.000 —
Le directeur est M. Vallon, fondateur delà Société.
Les terrains de Binh-Truoc sont sableux et assez pauvres.
3° La Société de Xuon Loc (MM. Gremazy, Baudoc et associés)
qui dispose d'une concession de 1600 hectares à 6 kilomètres au
nord de la gare de Xuan-Lôc, sur la ligne du chemin de fer Saïgon-
Phan-Thiét, k 81 kilomètres de Saigon, sur un plateau de terres
rouges très riches et où la forêt n'existe plus.
B) Dans la province de Giadinh (région des terres sableuses de
Hôc-Môn) :
a) MM. Bec, Muet et associés ont commencé, en 1910, laménage-
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N° 102. 15
210 ÉTUDES ET MÉMOIRES
ment dun plateau de 200 hectares environ, situé dans la région de
Gu-chi, à 12 kilomètres de la plantation Guerv-Paris.
■ h) MM. Matard et Guyonnet ont également acheté des terrains
dans la même rég-ion, en vue d'une plantation dhevea qu'ils doivent
établira mi-chemin entre les deux propriétés précitées,
c) Enfin, MM. Lefebvre et Blotse proposent de mettre en Hevea,
un terrain de 27 hectares dont ils sont propriétaires à 1.500 mètres
d'Ilôc-Môn.
Dans la région des terres sableuses de Thuduc, MM. Rousseau,
Lecœur doivent également ouvrir une plantation et la société de
Di-An (MM. Pouyanne et associés) se propose de peupler d'Hevea
le plateau désert et inculte de Di-An.
Enfin, dans les provinces de Tayninh, Thudaumôtet Bari diverses
autres petites plantations, qui vont entrer en cours d'exécution, sont
entreprises par M, Chaptal, Potteaux, CalVort, Martin, Rivière,
Mercier, Forterre, etc. »
On estimait qu'au 31 décembre 1909 le nombre des Hevea mis
en place sm- ces ditrérentes concessions s'élevait en chiffres ronds à
750.000, il ne doit pas être inférieur à l'heure actuelle à un million
d'arbres.
L'extension de la culture de l'iievea en Gochinchine est donc
des jîlus rapides et ainsi que le fait remar([uer M. Paris i< la liste
des exploitations caoutchoutifères n'est pas close et l'ignorance du
développement qu'elles prendront déroute tout calcul ».
Beniarqiies au sujet dos ferres propres à la culture de l'hcrea. —
« Les terrains susceptibles d'être affectés à la culture de F Hevea
sont d'inégale valeur comme on l'a vu dans les indications générales
données ci-dessus à propos des principales plantations, celles-ci
sont réparties en deux séries distinctes :
1" Les grandes plantations faites dans la haute Gochinchine pro-
prement dite, sont situées dans des terres rouges fertiles et dans
des régions entièrement neuves récemment ouvertes à la colonisa-
tion.
2" Les plantations de moyenne ou de faible étendue se sont éta-
blies aux environs des centres dans un rayon de 50 kih)mètres
environ autour de Saigon, dans des régions depuis longtemps
habitées, mais où le sol, très sal>lonneux est de qualité médiocre.
LE CAOUTCHOUC EN INUO-CHINE
211
Terres rouges. — Ces terres sont vraisemblablement d'origine
volcanique et paraissent provenir de la décomposition ou de
basaltes ou de trachytes. Des traces d'un volcanisme de date rela-
tivement récente au point de vue g-éolog-ique, se retrouvent à Dau-
Giây et au Nui-Chua-Chan, où des roches éruptives se rencontrent
en assez grande quantité.
Le tableau suivant reproduit les principales analyses de ces
terres, faites au Laboratoire d'analyses et recherches agricoles de
Saigon :
Co/npusition pour 11)00 (/ranimes de terre brute séchée
à JOO" centifj rades.
Azote
Acide phosphorique..
Potasse.
Chaux
Magnésie
PROVINCE DE BIEMIOA
Région de Xuàn-Lôe
a) Moyenne
de 7 analyses
l.Oli
7.222
0.624
0.750
0.392
/)) Concession
Crémazy
0.5(55
.3.650
O.lil
0.450
0.250
Région de
Gia-Ray
(Nui-Gluia-
Chani
2.5)0
J.720
0.270
2.010
0.150
PROVINCE
deThudaumôt,
Région
de
Xa-Trach
1.325
1.651
1.102
0.501
0.350
Ces terres se caractérisent par leur richesse généralement très
grande en acide phosphorique, leur bonne teneur en azote, surtout
dans les terres de forêt récemment défrichées. Les teneurs en
potasse, chaux et magnésie sont variables et laissent souvent à
désirer.
Avi point de vue physique, ces terres sont généralement très
franches, très peu mêlées de graviers et de cailloux, sauf dans la
région de Baria. Elles ont une teneur en argile assez forte variant
de 40 à 50 ^j^ et ont la réputation de conserver leur humidité à
très peu de distance de la surface du sol, pendant la majeure par-
tie de la saison sèche. L'expérience a montré que ces terres après
défrichement et labour, étaient d'une grande fertilité et convenaient
k nombre de cultures. L Hevea y vient fort bien, et ce sont certai-
nement les meilleures à conseiller pour sa culture en Cochinchine.
C'est dans les terres rouges que se trouvent les ph 'lions de
Suzannah, Xatrach, Girard, Crémazy, Société de ^hanh,
Veillet, Drouilh, etc.
[A suivre.) Pernoi',
Inr/Piiicur uf/rononip.
CaURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
[Suite.)
Caractères, usages. — Le bois de teck est relativement léger (sa
densité moyenne est de 0,75); il est dur, résistant, facile à travail-
ler, sa couleur est d'un beau roug^e foncé. Il ne s'altère ni par la
sécheresse, ni par l'humidité et les insectes ne l'attaquent guère.
Il est particulièrement recherché pour les constructions navales
et pour la menuiserie des wagons de chemin de fer ; il possède la
qualité, précieuse pour ces usages, d'êti'e moins combustible que les
autres bois.
Succédanés. — On trouve dans le commerce, sous le nom de
teck, un certain nombre d'essences de provenances diverses et
d'origine botanique très variable, qui n'ont d'ailleurs que des ana-
logies lointaines avec le bois type. Tels sont :
Le teck d'Afrique ou Mamji du Fernan-Vaz, qui est fourni par
une Euphorbiacée, YOldjieldia africana Benth. et Ilook. Cette
essence existe d'ailleurs sur la plus grande partie de la Côte occiden-
tale d'Afrique, à partir de la Gambie ; elle est très abondante dans
la forêt de la Cote d'Ivoire, où on ne l'exploite d'ailleurs pas ;
Le teck du Brésil, qui est fourni par des Andira ;
Le teck de la Nouvelle-Zélande qui provient d'une Verbénacée,
le Vitex littoralis A. Cunn., etc.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait encore exploiter au
Congo Vlrvinr/ia gahonensis Bail. (Simarubées) et le Penlaclethra
macrophj/Ua ' Benth, (Légumineuses); cette dernière essence pré-
sente des dimensions un peu faibles pour pouvoir remplacer le teck.
1 . Ces deux essences donnent des foraines riches en matière forasse, celle qu'on
retire de Vlrvitiffin entre dans ralimcntation des Gabonais {(/raisse de Dikn : quant
au suif de Penlnclellini. il est peu fusible et pourrait ser\ ir à fabriquer des bougies
pour les pays cliauds.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES 213
V. Bois DE PAVAGE.
On emploie pour le pavag-e des g-randes villes une quantité con-
sidérable de bois; par exemple, l'entretien du pavage en bois à
Paris en absorbe annuellement environ 20.000 mètres cubes.
Jusqu'à présent, on a presque exclusivement employé à cet usage
le pin des Landes et le sapin des Vosg'es '. Il y a lieu de se deman-
der si l'on ne pourrait y substituer avantageusement un certain
nombre de bois exotiques et particulièrement d'essences de nos
colonies; il y aurait là un débouché extrêmement important, étant
donné l'extension que prend de jour en jour le pavage en bois.
Cette question n'a pas reçu jusqu'à présent de solution satisfai-
sante ; c'est que les conditions à remplir pour un bois destiné au
pavag^e sont multiples et pas toujours absolument compatibles.
Un bois de pavage doit être résistant, très fibreux, mais sans
excès de dureté; il ne doit surtout pas être également dur sur toute
sa surface. Avec un bois très dur et trop également dur, on obtient
une surface trop glissante ; il faut des couches d'accroissement assez
tranchées, pour que la surface présente rapidement des creux.
En outre, il faut tenir compte de la résistance à l'usure par le
frottement, de la résistance au choc, de la fragilité, de la faculté
d'imbibition par l'eau, de la résistance à la putréfaction.
Les bois seront évidemment d'autant plus résistants au frottement
et au choc qu'ils sont plus durs ; le classement par dureté et aussi
par densité sera parallèle au classement concernant ces résistances;
mais les bois très durs se fendent souvent avec facilité sous des
chocs répétés avant d'avoir subi un affaissement sensible et c'est
là un grave défaut.
Au point de vue de limbibition et de l'incorruptibilité, les bois
durs présentent généralement une grande supériorité sur les bois
tendres.
Enfin il ne faut pas non jjIus négliger la réaction du pavé sur le
béton qui lui sert de support; cette réaction se fait puissamment
1. Actuellement on n'emploie plus jjuère à Paris que le pin des Landes {Pinus mari-
//ma), le sapin ayant donné de moins bons résultats.
214 ÉTUDES ET MÉMOIRES
sentir au moment où les joints commencent à se disloquer ; chaque
pavé, isolé de ses voisins, forme marteau dans son alvéole et, sur-
tout s'il est en bois dur et par conséquent peu élastique, transmet
intégralement au béton sous-jacent les chocs dus au passage des
voitures ; le béton se désagrège alors et le pavage est rapidement
hors d'usage ; l'expérience a montré qu'avec les bois durs, la dislo-
cation du pavage est assez rapide et qu'elle entraîne rapidement
la nécessité d'une réfection complète.
D'autre paii un bois exotique devra être d'un prix de revient
assez modique, afin qu'après avoir supporté les frais de transport,
il puisse encore rivaliser avec les bois indigènes ; si son prix de
revient est plus élevé que celui des bois ordinairement employés,
la dillerence devra être compensée par une durée plus longue du
pavage qvi il aura fourni.
Les essais de bois exotiques pour le pavage ont donné jusqu'à
présent de médiocres résultats ; la cause en est qu'on s'est à peu
près exclusivement adressé à des bois durs; les essais ont porté
en particulier sur le Jarrah ou Acajou d'Australie (Eucali/ptus
marginata Sm.), sur le Karri de même provenance [Eucalyptus
diversicolor F. Muel.), sur le licm du Tonkin, produit par des
Barij.rijlum (Légumineuses), sur le trac d'Indo-Chine fourni par
dès Dalbergia, sur VAcaJou d'Afrique, etc.
Mais les qualités des bois durs à certains égards, ne peuvent
racheter leurs défauts graves et compenser leur prix de revient
élevé, car si le pavé lui-même s'use moins vite, le pavage demande
des réfections plus fréquentes; aussi c'est-il plutôt parmi les bois
tendres des forêts tropicales qu'il y a lieu de rechercher des succé-
danés de nos bois tendres indigènes, en ayant soin de choisir des
essences imprégnées de résines, d'oléorésines ou de sels minéraux
qui leur assurent une conservation d'assez longue durée. Certes le
problème n'est pas résolu à l'heure actuelle, mais les essences de
nos colonies sont assez nombreuses et de propriétés assez diverses
pour qu'on ne ])uisse désespérer d'aboutir '.
1. Le lecteur trouvera dans linli^ressant mémoire de M. Ma/i:ii(h.[.i:. .S'h/- /Viren/r
clef; hnia eroliiiiics ;ii)i>li(iups ;iu ])!irnife (Travaux ilu Gonf;rès Colonial de Marseille,
I\', 1906) de nombreux rcnseig'neinents à ce s\ijel el en pinliculici' nu tableau d'iui
cei'laiu nonilire de bois coloniaux proposés pour le jiavaj^c: niallieureusement, la
plupart des essences mentioiinéi-s sou! encoi-c indéLei-miiiées au point de \nc bota-
nique.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES 21 0
VI, — Bois pocr la pâte a papier.
On n'a pour ainsi dire, à l'heure actuelle, aucun renseignement
précis sur les bois exotiques susceptibles d'être utilisés pour la
fabrication de la pâte à papier.
Cependant, étant donné le développement formidable des publi-
cations de toutes sortes dans tous les pays, il est évident que les
réserves de nos bois indigènes actuellement employés sont desti-
nées à s'épuiser dans un avenir prochain ; aussi est-il grand temps
de se préoccuper de la recherche de succédanés parmi les essences
coloniales.
Contentons-nous de rappeler que les bois employés actuellement
pour la pâte à papier sont surtout le Sapin [Abies pectinata D.C.),
l'Epicéa [Picea excelsa Link.), le Mélèze (Larix europxa D.G.),
parmi les résineux ; le Bouleau (Betiila alha L.), le Tremble
[Populus Tremula L.) et quelques autres espèces de peupliers ainsi
que des saules parmi les bois feuillus.
La pâte de bois s'obtient : 1° soit par àes procédés mécaniques^ qui
consistent essentiellement dans la désagrégation des tissus par un
broyage énergique et ne donnent qu'un produit de peu de valeur,
parce que les fibres ligneuses sont brisées et que toutes les matières
agglutinantes et incrustantes des cellules restent mélangées à la
cellulose ;
2° Soit par des procédés chimiques qui consistent à dissocier les
éléments du bois et à les nettoyer par l'action de certains réactifs
(alcalis sous pression, oxydants, bisulfites, etc.), et donnent un
produit beaucoup plus recherché, parce que l'intégrité des fibres y
est respectée et que la cellulose y est à peu près complètement
débarrassée des matières étrany-ères.
Il est facile de comprendre qu'un l)ois sera d'autant plus appré-
cié pour la fabrication de la pâte à papier qu'il aura des fibres plus
longues et que les matières étrangères à la cellulose, agglutinantes
et incrustantes ou sécrétions, y seront moins abondantes. C'est
pour cela qu'on recherche plutôt les bois non résineux, et, parmi
eux, ceux dont les parois sont le moins chargées en produits
incrustants, c'est-à-dire ceux qui ne différencient pas de cœur et
restent à l'état d'aubier, en un mot les bois tendres.
216
ETUDES ET MEMOIRES
VII. — Gaiac.
Origine. — Le hois de g'aïac est fourni par le Guaiaciim officiiiHle,
L. très bel arbre de la famille des Zygophyllacées, originaire des
Antilles où on le rencontre dans les plaines arides, particulièrement
à Cuba et à la Jamaïque, Sur le continent, on le trouve principale-
ment sur la côte du VénézAiela et de la Colombie. Cette essence a
d'ailleurs été détruite en grande partie dans ses lieux d'origine et
aujourd'hui elle est devenue extrêmement rare.
Caractères., usage fi. — Le cœur du l)ois de gaïac est très développé
par rapport à l'aubier ; celui-ci est jaunâtre tandis que le cœur est
FiK. 99. — Giiaiuciiin of/iciaale L. A rameau llcuii ; 1$ coupe longitudinale de
l'ovaire; G graine; D fruit en coupe longitudinale ; E IVuit en coupe transversale.
(d'après Berg et Schmidt).
brun verdâtre et parsemé de larges veines brunes ; les couches
d'accroissement sont peu distinctes et les rayons médullaires invi-
sibles à l'œil nu. La disposition des libres, dont la direction est
oblique et. varie d'une couche à l'autre, expli(pie pourquoi ce bois
ne se fend que très difficilement.
Le gaïac est lourd (sa densité atteint 1,33), compact, très dur;
il développe une odeur aromaticjue sous l'influenco du frottemtMit
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES 217
et possède une saveur amère due à la présence d'une matière rési-
neuse qui imprègne ses vaisseaux. Il est employé surtout pour le
tour ; il est capable de remplacer les métaux pour la confection de
certaines pièces de mécanique destinées à recevoir des chocs (rou-
lettes de meubles, poulies, dents d'engrenage, etc.), ces applications
résultent évidemment de sa résistance particulière à la fente.
On distingue commercialement deux sortes de bois :
Le gaXac blanc qui provient des Antilles françaises et anciennes
colonies espagnoles et le gaïac noir qui arrive surtout de Saint-
Domingue ; ce dernier est plus dur et plus foncé que le précédent et
sa valeur est plus considérable.
Le bois n'est pas le seul produit précieux de cette essence ; le
tronc de l'arbre laisse exsuder par les crevasses de l'écorce un suc
gommo-résineux qui se concrète en donnant la résine de gaïac, sous
forme de larmes dures, cassantes, vitreuses, à cassure conchoïdale,
d'un brun rougeâtre à l'état frais et devenant vert jaunâtre par
oxydation; cette résine est employée en pharmacie et en parfumerie.
On l'obtient plus abondamment en pratiquant des incisions enta-
mant le bois, sur l'arbre vivant, ou en perforant les bûches suivant
leur axe et en chauffant l'une de leurs extrémités.
Succédanés. — A côté du véritable gaïac, il faut citer le Bulnesia
Sarmienti Lorentz, arbre de la même famille, originaire de l'Amé-
rique du Sud, où on le rencontre surtout dans la République Argen-
tine et au Paraguay. Le bois, de couleur fauve foncé, est dur, lourd
(sa densité = 1,25) et possède à peu près les mêmes qualités que
le véritable gaïac, de telle sorte qu'on peut l'affecter aux mêmes
usages. Les Argentins s'en servent beaucoup pour fabriquer des
objets usuels tels que coupes, vases, etc. Le tronc laisse exsuder une
résine, qui est employée concurremment avec celle de Guaiacuni
officinale.
Dans les colonies françaises, il faut signaler comme pouvant
remplacer le bois de gaïac au point de vue des applications méca-
niques y Acacia spirorhis Labill. de la Nouvelle-Calédonie; l'aubier
en est jaune clair et le cœur brun foncé, à grain serré, mais de
densité moins élevée (d = 1,1) que chez les espèces précédentes.
218 ÉTUDES ET MÉMOIRES
VIII. — Bus.
Origine, usages. — Le buis, bois provenant du Biixus semper-
virens L. (Buxacées) est une essence précieuse qui fait en France
l'objet d'une consommation importante, soit pour la gravure sur
bois, soit pour la lutherie, soit pour le tour, la fabrication des
navettes des métiers à tisser, des dents de peigne, etc. La pro-
duction du buis étant très faible en France et la qualité inférieure
à celle de la plupart des buis exotiques (buis d'Espagne, du Levant,
du Gap, etc.), nous devons recourir à l'importation qui s'élève en
moyenne à 1.300 tonnes par an. Il serait cependant facile de la
pratiquer au profit de nos colonies, car on y trouve des bois assez
nomlireux pouvant être considérés comme de bons succédanés.
Caractères. — Les principales caractéristiques du buis sont les
suivantes : c'est un bois homogène, pouvant se crevasser par une
dessiccation trop brusque, mais ne se fendant pas facilement et
absorbant peu l'humidité. Il est dur, dense, à grain fin et régulier,
qualités favorables pour la gravure ; au point de vue histologique, il
est caractérisé par une multitude de petits vaisseaux (on en compte
jusqu'à 400 par millimètre carré), répartis d'une façon très régu-
lière; les rayons médullaires sont étroits, formés généralement de
deux assises de cellules, et d'une faible hauteur ; il y en a de 5 à 1 1
par millimètre.
Succédanés. — Parmi les succédanés les plus importants, on peut
citer :
1° En Indo-Chine quelques Rutacées :
a) Zanfho.ri/lon Budrunga Wall. — Cette essence se rencontre
.surtout en Gochinchine, oîi elle est abondante sur le bord des
fleuves et des arroyos ; c'est un petit arbre d'une dizaine de mètres
de hauteur, à tronc irrégulier souvent creux; le jjois est gris clair
ou blanc jaunâtre, ass?z loiird, dune foxturo compacte, à grain
['\i\, à fibres ondulées.
bi Zanthorijlon usilatuin Pierre. — C/est un arbre d'une ({uinzaine
de mètres, très commun dans les forêls du Dong-Nai ; le bois est
jaunâtre, dur, à grain fin et convient parfaitement pour la gravure.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS TYPES
219
c) Feronia clcphantuin Correa. — C'est un arbre de même hau-
teur que le précédent, à branches épineuses, à tronc droit, laissant
écouler une ^omme complètement soluble dans l'eau (gomme
éléphaniine), très voisine de la gomme arabique; il se rencontre
dans toute l'Asie tropicale, il est très commun dans les environs de
Pondichéry, sur la côte de Goromandel et en Gochinchine. Le bois
est d'une belle teinte jaune, dur, compact, d'un grain fin et serré ;
on s'en sert en ébénisterie, pour la sculpture, la gravure ; ses
dimensions trop faibles ne permettent guère de l'employer pour les
constructions.
Fi{^. 100. — Feronia elephanlum Correa. A rameau fleuri ; B Ijouton floral : C andro-
cée et pistil; D pistil en coupe lonjiitudinale : E ovaire en coupe transversale;
F portion d'un fruit mûr : G graine ; H coupe longitudinale de la graine.
;daprès Engler).
2" En Nouvelle-Calédonie, une Sapotacée, le Planchonclla
^\ akere Pierre; c'est une des plus grandes espèces de l'île, abon-
dante sur les coteaux ferrugineux. Le bois, jaune comme le buis,
est très dur et peut servir à la gravure, quoique les vaisseaux y
soient plus grands et moins nombreux.
3° A Madagascar, des bois analogues sont fournis : par le Phyl-
loxi/lon decipiens Bail., arbre sans feuilles, à rameaux aplatis en
forme de phyllodes ; cette espèce rangée d'abord parmi les Euphor-
biacées, a été ensuite identifiée avec un Neobaronia, et par consé-
quent ramenée à la famille des Légumineuses, et par le Phi/llar-
thron Bojeri D.C., arbre de la famille des Bignoniacées, chez lequel
les feuilles sont réduites à leur pétiole ailé et subdivisé en articles.
220
ETUDES ET .MEMOIRES
Citons enfin parmi les succédanés du buis, le bois d'un Aspidof
perma (Apocynées) répandu au Véné/Aiela.
Fi};-. 101.
Cliché Faichicre)
Raiiieaii\ et llcurs de l'inilturllirnii liojeri A.]).C..
IX. — l^ois DE teintihe.
Carnpôcho. — Le bois de teinture type est le hois de Cnmpêchc,
vulgairement cœur rouge, fourni par VH.-prnHto.rj/lon Campcchia-
niint L. (Léf^um. Gîi'salpiniées). C'est un i^n-and arbre, épineux, orig-i-
ETUDE LE QUELQUES KOIS TYPES
221
naire de l'Amérique centrale; il croît en particulier au Mexique, où
la baie de Gampêche lui a donné son nom, au Honduras, aux
Antilles.
Le bois de Gampêche du commerce provient surtout d'individus
sauvag'es, quoiqu'on puisse signaler çà et là quelques essais de
culture ', notamment dans les pays d'origine. Les quantités les plus
importantes de cœur rouge sont fournies par l'Amérique centrale,
Cuba et la Jamaïque.
Fij;-. lO'J. — Hœinafo.rylon campechianuin L. A rameau fleuri ; B fleur isolée ;
G coupe longitudinale de la fleur ; D gousse.
(d'après Taubert).
Les Antilles françaises en produisaient autrefois en abondance ;
vers 1891, la Guadeloupe en exportait à peu près 10.000 tonnes
annuellement; depuis cette époque, l'exportation n'a cessé de
décroître, et depuis ces dernières années ne dépasse pas quelques
tonnes ; la production de la Martinique, dont le maximum n'a guère
atteint que 2.000 tonnes, vers 1893, a aussi considérablement
diminué.
L'aubier du bois est blanchâtre ; le cœur, roug-e foncé à l'état frais,
devient violet, puis noirâtre par exposition à l'air. Le bois de cam-
1. Parmi les colonies françaises le bois de Canipèche est cultivé à Madagascar
(station de l'Ivoloïna), sur la côte du Gabon, au Sénégal (jardins de Sor et de
Richard ToU), en Guinée (Jardin de Camayenne et Foutah), au Dahomey (Jardin de
Porto Novo .
222 ÉTUDES ET MÉMOIRES
pêche est dur. diflicile à couper et à fendre, par suite de sa texture
très serrée; à 1 état frais, il dég-age une odeur d'iris.
On peut l'employer pour 1 ébénisterie et la marqueterie, mais son
principal débouché est comme bois de teinture. La matière colo-
rante qu'il renferme, nommée hématoxiiline, est une substance
ternaire, cristallisant en prismes quadran^ulaires, soluble dans
l'eau et l'alcool, donnant avec l'ammoniaque une dissolution d'une
belle teinte rouge. Dans la teinture des étoffes on obtient des
nuances très variables, suivant le mordançage employé, depuis le
violet jusqu'au gris et même au noir.
On distingue trois qualités commerciales de campêche ; la pre-
mière est celle du Yucatan ou Campêche cVEspa<fne^ la deuxième
celle du Honduras ou Campêche anglais, la dernière est celle des
Antilles. La forme donnée aux billes permet jusqu'à un certain
point d'en reconnaître la provenance ; les blocs de campêche
d'Espagne sont taillés en pointe obtuse d'un côté ; ceux de cam-
pêche anglais sont sciés perpendiculairement aux deux extrémités,
enfin les sortes des Antilles sont en billes de plus petite taille.
Succédanés. — Citons en outre, parmi les bois de teinture, un
certain nombre de Cœsalpinia :
Le bois de Brésil ou brcsillet de Fernamhouc [Csesalpinia echinata
Lam.) qui croît en abondance au Brésil et à la Jamaïque et donne
une teinture alcoolique d'un rouge jaunâtre ; le bois de Brésil pro-
prement dit fourni par le Cœsalpinia hrasiliensis L., le hois de Sap-
pan fourni par le C. Sappan L. aux Indes et en Extrême-Orient, etc.
Sur la côte occidentale d'Afrique, on trouve un bois de teinture
qui a joui autrefois d'une certaine notoriété ; c'est le Cani }Vood des
Anglais, fourni par une Légumineuse, le Baphia nilida Afz., répan-
du depuis le Sierra-Leone jusqu'à la Nigeria. Le bois est naturelle-
ment blanc etconserve cette teinte lorsqu'il sèche exposé à l'air ; si,
au contraire, le bois est enfoui dans la vase des marais, il prend une
teinte rouge vif.
Enfin les bois d'ini certain nombre de Pterocarpus (Papilionacées)
sont fortement inq)régnés de matières colorantes rouges et peuvent
servir de bois de teinture quoiqu'on les emploie plus fréquemment
pour l'ébénisterie.
Tels sont le hois rouge du Congo., dont l'origine est encore obscure,
quoî(|ue généralement rapportée au genre précédent, le Santal rouge
d'Afrique (jui est le Pterocarpus angolensis D.C. de l'Angola.
ÉTUDE DE QUELQUES BOIS ÏVPES
223
On exporte également de l'Inde un l^ois rouge désigné sous le
nom de Santal rouge de VInde et qui serait fourni par une ou plu-
sieurs espèces de Pterocarpus, parmi lesquelles iigure certainement
le Pt. indiens Willd. ; c'est un bois de structure assez grossière
avec de très larges vaisseaux.
l'ig-. 103. — Purt du Hleiocurpus indiens W'illd.
^d après Warburg).
La matière colorante de ces bois ou Santaline est de constitution
ternaire comme l'hématoxyline, mais elle est insoluble dans l'eau ;
son dissolvant est l'alcool.
Nous n'avons examiné dans ce chapitre que quelques catégories
de bois, en nous limitant à ceux qui, par leur valeur intrinsèque
ou par l'ampleur de leurs débouchés présentent un intérêt consi-
dérable pour l'avenir économique de nos colonies; mais les usages
des bois sont innombrables et beaucoup d'autres bois sont suscep-
tibles d'applications locales intéressantes : bois de charpente, bois
propres à faire des traverses de chemins de fer, des étais de mines,
bois de menuiserie, d'éljénisterie commune, etc. ; limité par le cadre
de ces leçons, nous devons nous abstenir d'en parler.
(.4 suivre.) Marcel Dubard,
Maître de Conférences à la Sorhonne,
Professeur à l'Ecole supérieure
d'Agriculture coloniale.
LE BOIS DE ROSE DE LA GUYANE
ET SON HUILE ESSENTIELLE
[Suile.)
L'extraction du linalol pur des essences naturelles présente
quelque difficulté. Cet alcool, en effet, ne donne pratiquement pas
de dérivés solides '. Pour l'isoler, il faut donc recourir à la distil-
lation fractionnée des essences préalablement saponifiées. On
recueille d'abord les fractions qui passent entre 195 et 205° ; puis
on les redistille, pour ne retenir que celles passant entre 197 et 199°
à la pression atmosphérique, soit 85-87° sous 10 millim. de vide.
Pour le débarrasser des terpènes que le fractionnement n'a pu
séparer on a proposé un certain nombre de procédés chimiques.
Celui de M. Haller [Mon. Quesneville, 472, 896), légèrement modifié
par Tiemann (Be ri. Berichte^ 3i {\S9S), 837) consiste à « faire agir
l'anhydride phtalique sur la combinaison sodée du linalol, de façon
à obtenir le sel de sodium de l'éther phtalique acide, lequel se dis-
sout dans l'eau et est saponifiable par la potasse alcoolique ; le lina-
lol rég-énéré est enlevé à la solution alcoolique alcaline au moyen de
l'éther, et distillé aussitôt à la vapeur d'eau pour éviter l'altération
facile '* »,
En présence de l'anhydride acétique, le linalol donne un éther
acétique, lequel sous l'action d'une base se saponifie., c'est-à-dire
se décompose en ses éléments générateurs. Tel est le principe sur
lequel est établi le procédé dit par acétij latine et qui est couramment
employé pour déterminer la valeur d'une essence naturelle à base
de linalol. On admet en effet que la quantité de base nécessaire
pour amener la saponification, est proportionnelle à la teneur de
l'essence en linalol. Or, nous avons vu que les essences de linaloé
1. Di'puis peu, le liiialul se caractérise sui\aiit le procédé de Walbauni et llutiy,
par la préparation de sa phénylméthane C'"H-''O^Az cristallisée.
'2. Les huiles ensentielles, par Gildermeister et llnlTniaun.
LK MOIS DE KOSIi A LA GUYANE 225
acétvlées donnaient, suivant les échantillons, des coefiicients
de saponification oscillant en moyenne entre 150 et 170, — ce
qui correspond à une teneur en alcool C'*'H''^0 de ïl à 53 "/o, —
alors (|ue par distillation fractionnée on obtient 90 °/„. M. Holmes
[Perf. nncl Ess. (Hl Record. l,17j citeTopinion de W. H. Simmons,
d'après laquelle ces divergences seraient dues à la méthode d'acé-
tylation employée et particulièrement à la durée de l'opération.
D'après le même auteur, le procédé de .leancard et Satie, basé sur
l'addition avant acétylation de 5 parties de xylène pur pour une de
linaloé, donnerait seul des résultats satisfaisants. Le chiiVre de 90 "/„
obtenu par la distillation serait du reste exagéré, et les meilleurs
linaloés ne contiendraient en réalité, suivant Parry et Bennett
[Chem. and Dru;/</lst, 58,544) que 70 "/„ de linalol.
Quoiqu'il en soit, la partie odorante de ces essences est constituée
parles éthers des alcools terpéniques qu'elles contiennent. La déter-
mination du coellicient d'éthers donne pour cette raison une indica-
tion précise de la valeur des essences au point de vue de leurs qua-
lités olfactives. Dans les essences à base de linalol. ces éthers sont
des liquides à odeur plus ou moins forte et agréable, qui lorsqu'ils
sont distillés à la pression atmosphérique se décompose inévita-
blement.
Le plus important de ces éthers est l'acétate de linalyle. qui bout
à 105-106° sous 11 inillim. et dont la densité k.20" varie entre
0,(S95et 0,897. L'essence de bergamote naturelle, qui en contient
environ 38 °/o, lui doit son odeur caractéristique. Aussi s'en sert-on
pour préparer une essence de bergamote artificielle qui en raison
de sa solubilité et de sa concentration convient particulièrement
pour les eauK de toilette d'exportation et les extraits à bon marché
(Eaux de Cologne et de Floride, eaux de quinine, extraits de cléma-
tite, de mimosa, de peau d'Espagne, de trèfle incarnat, etc.). Cet
acétate se prépare soit en combinant l'anhydride acétique au linalol
à 100° ou mieux au linalolate de sodium, soit en combinant 1 acide
acétique glacial avec- le linalol en présence d'un peu d acide sulfu-
ri(jue.
Commei'ie et statistiques. — Le bois de rose femelle faisait depuis
huigtemps déjà l'objet d'un certain commerce entre la Guyane et
les ports tle Nantes. Bordeaux et Marseille, oii il était importé
comme bois débénisterie et de marqueterie, lor.scjue vei's 1875, dit-
Biil. du .hintin colonial. 1911. II. — N» lOl». 16
220 ÉTUDES ET MÉMOIRES
on, un Français, M. Saniain, parvint à en extraire, par la distillation,
une quantité appréciable d'une essence très parfumée. Toutefois, les
statistiques commerciales de la colonie ne mentionnent l'exportation
de ce produit qu'à partir de 1889, sous les noms d huile dnloès on
huile de linalois ' .
(^ette petite industrie se développa d'abord assez rapidement,
puis(|ue en 181»^ la quantité d'essence exportée atteignait déjà le
chiffre de 3.^85 k. 'idO, d une valeur d'environ 1)8.000 francs; tan-
dis que l'année précédente l'exportation du bois de rose avait atteint
le chiffre de 315.000 kilos valant environ 27.000 francs. Mais vers
1804-1895, à la suite d importantes découvertes d'or (htns le terri-
toire contesté franco-brésilien, elle subit un temps d'arrêt. Elle mit
ensuite dix années à reconquérir peu à peu son importance primitive,
et en 1903 la colonie exportait 4.343 kilos d'essence pour une valeur
de 121.600 francs. L'année suivante, cette exportation atteignait
le chiffre déjà important de 9.182 kilos, valant seulement 193.040
francs, le prix de vente ayant subi un brusque fléchissement, sous
1 influence d'un aussi rapide accroissement de la production.
A la suite d'un nouveau /'H.s/i aurifère, survenu vers cette époque,
l'extraction de l'essence du bois de rose subit de nouveau un certain
ralentissement, dû tant à la baisse du prix qu'à l'exode des cher-
cheurs de bois vers les rég-ions minières. A partir de 1907. la
production, (jui était retombée au niveau de 1903, a suivi une
marche ascendante et désormais ininterrompue, qui l'a portée à
l'heure actuelle au chitVre de 22.000 kilos valant environ 510.000 fr.
Le graphique ci-après montre d'une façon saisissante l'extraordi-
naire rapidité de ce développement (v. p. 229).
En 1904. il existait à la (ruyane trois petites usines distillant le
bois de rose; la plus importante, appartenant à la maison Uoure-
Bertrand (ils, de Grasse, produisait une moyenne de 250 à 300 kilos
d'essence pai- mois. Il y en a aujourd'hui huit ou neuf, toutes éta-
blies au chef-lieu, où converjifent les approvisionnements de bois
récoltés dans les ditTérents quartiers de la colonie.
A l'heure actuelle, l'essence de bois de rose est importée en France
par le Havre, Nantes et principalement Saint-Xazaire. La majeure
pai'tie de la marchandise expédiée à Saint-Nazaire est destinée à
1. L'essence de liiiMlm'' du Nh'\i(|iic l'Iail (■«mime dans le eonimerce IVaneais dès
1 Htm.
LE BOIS DE ROSE A LA GUYANE 227
quelques distillateurs de Grasse. Le reste est utilisé par les maisons
de Paris et de Nantes.
Cette essence est contenue dans des récipients en tôle g-alvanisée
ou en cuivre ; ces derniers d'une contenance de 45 à oO kilos envii'on.
Au fur et à mesure qu'augmente la production de l'essence de
l)ois de rose, les prix de vente de ce produit ont baissé d'une manière
continue. De 35 francs il y a quelques années, il est aujourd'hui
tombé à 24-, 23 francs et même au-dessous.
L'essence de linaloé du Mexique s'importe en Europe principale-
ment par le port de Hambourg. Le Havre en reçoit aussi d'une
manière assez rég-ulière, bien que les arrivages y soient moins
importants. Sur cette dernière place, cette essence, lorsqu'elle est
garantie pure de bois, a coté il y a seulement quelques mois, jus-
([u'à 28 francs le kilo. Elle est offerte actuellement à 23-22 francs,
avec un écart de 1 à 2 francs seulement sur l'essence de bois de
rose, alors que normalement, en raison de sa qualité incontesta-
blement supérieure et de son rendement meilleur, cette dernière
doit obtenir de 20 à 25 *'/o de plus-value sur sa concurrente.
Certains producteurs guyanais s'engagent par contrat à livrer
mensuellement des quantités déterminées. Toutefois, il est égale-
ment expédié un certain nombre de colis en consignation. Mais le
nombre des acheteurs étant restreint, ces consignations, venant en
augmentation des quantités dont la consommation est assurée,
déterminent fatalement l'avilissement des cours.
Quant au commerce du bois de rose destiné à être distillé dans
les usines de la métropole, il n'a guère donné lieu jusqu'ici qu à
des déceptions, en raison du prix d'achat élevé, des frais de trans-
port extrêmement onéreux et de la dépréciation subie par le bois
en cours de route. 11 est importé principalement par Marseille et
depuis peu par Cannes.
Les comptes de vente, que nous donnons ci-après à titre docu-
mentaire, permettront de se faire une idée des conditions dans
lesquelles s'opère la réalisation de ces marchandises sur les marchés
de la métropole.
[Compte de vente pix) forma à un lot de bois de rose venu de
Cayenne |
[Compte de vente pro forma à une touque d'essence de Ixjis de
rose
228
KTlbES KT MEMOIRES
Compte de vente pro forma à une touque ; essence de bois de rose
venue de Cayenne et réalisée comme suit par L. Fleuriot, de
Nantes.
1 tiaissc hiul Id'l k. Ncl M) k. Essoiu-i' ilc i)()is de rosr,
le kilo
Escompte 2"/o
Vtileur 30 Juurs fin de moisi
Permis, statistique, péage on douane
Ouverture et vérification en douane
Charroi chez l'aclieteur, dépotage, pesage au net
Fret Cayenne-Saint-Nazaire, par paquebot de la C'*' G''"
Transa tl
Trans|)ort Saint-Nazaire à Nantes
Assurance maritime Cayenne/Nantes sur 1.400 fr. à
5/8 "/o police et enregistrement
Commission et ducroire 3 " „ s. Il 76 fr
Net produit
.{ :>o
27
:>(»
1
70
9
:i:;
30
•20(1
1 . 1 7(1
?1> 80
1.096 20
A', li. Il y a lieu de compter en outre les frais de retour des emballages
vides. D'autre part le transport de Nantes à Grasse par cliemin de fer petite
vitesse coûte environ 100 fr. la tonne.
Compte de vente pro forma à un lot bois de rose venu de ( layenne
et réalisé par Fleuriot de Nantes.
Ilxpédié de Nantes à Grasse 2 wagons |)esant ensemble
21.300 kilos bois de rose Cayenne. Poids reconnu à
Tarrivée : 21 .071 k. à <> « k
Escompte 2 •* «
Transport par chemin de fer
Fruix ;) déduire
Statistique, péage, douane, timbres
Fret Cayenne/Saint-Nazaire 21.3(»(» k. à 30 fr. ■> oo
10 Oyo et timbres
Vacations des peseurs jurés, pesage
Charrois, manutention, magasinage et assurance
Affranchissement et menus frais
K) :;(i
3
.371
3
()7
40
3
.303
95
1
143
"t W
■y
KiO
t()
Commissi<m et ducroire 3 "o s. 2.1(1(1 U-. fO.
N'aleur ii '.\0 jours
703
10
210 .30
1 30
935 30
(i4 80
1 .000 10
1.160 30
Guyane française.
1
20 000
—
15 000
10.000
1 ,
(
5 000
,
i
(
j
y
A
L
/
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/
\
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/
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/
\
/
i
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î
S
r
\
r
— i '■
,__^_, 22.000"
20000
15.000.
10000
5000
1889. 189S 1900. 1905 1910
Exportations de f/essence iu iîois de rose.
230 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Conclusion. — Deux faits dominent la situation économique de
cette petite industrie et semblent susceptibles d'influencer son
avenir. Ce sont, d'une part, la baisse du prix de vente en Europe
de l'essence brute, de l'autre la raréfaction, au lieu de production,
du bois propre à la distillation.
La baisse actuelle du prix de vente paraît due, non pas comme
on l'a dit à la surproduction, mais à la brusque irruption sur un
marché limité de quantités relativement considérables d'une mar-
chandise réputée jusque-là pour son extrême rareté. L on ne doit
pas oublier en effet que, dans ces trois dernières années, la produc-
tion de l'essence de bois de rose a plus que quintuplé. Les consom-
mateurs habituels ou éventuels de cette essence recherchée ne
pouvaient évidemment prévoir une aussi rapide augmentation. Il
en est résulté que momentanément l'offre a surpassé la demande.
Mais l'on n'en doit pas conclure que la production ait été supérieure
aux besoins de la consommation, puisqu'au contraire les intéressés
la déclarent encore insuffisante.
L'industrie des parfums utilise chaque jour davantage les essences
naturelles à base de linalol. Cette consommation, sans cesse crois-
sante, assure en particulier à l'essence de Cayenne un placement
d'autant plus régulier et un débouché d'autant plus important,
qu'elle est toujours préférée au linaloé mexicain, produit auquel
elle est appelée à se substituer plus ou moins complètement, à
parité de prix et même sous une légère plus-value.
Remarquons, au surplus, que cette dernière essence n'a subi
aucune dépréciation corrélative à celle supportée par le distillât
guyanais. Il est donc permis d'affirmer que ce fléchissement, n'ayant
pas de cause profonde et générale, ne saurait être durable; et que
même au cas improbable où la fabrication de l'essence de bois de
rose se maintiendrait au niveau actuel, les cours de ce produit ne
tarderont pas à s'améliorer.
Toutefois, les producteurs locaux ne doivent pas perdre de vue
qu'ils ont une concurrence à soutenir, si avantageuses pour eux
(ju'en soient les conditions. Sans doute, ils devront se défendre
contre l'avilissement des prix, en se tenant autant que possible en
rapport direct avec les industriels susceptibles d utiliser leur pro-
duction, et en réglant leurs envois de manière à éviter l'accumulation
sur le marché de stocks importants d'essence sans destination cer-
taine. Mais, d'autre part, ils devront s appliquer à conserver à leur
LE ItOIS DE ROSE A LA GlYANE
2:31
Guyane française. Tableau des Exportations
de VEssence et du Bois de rose
(1889-1910).
ESSENCE
BOIS
Années
Quantités
Valeur
Quantités
\aleur
^'aleur
totale
(kilos
francs
kilos
francs
18N".»
347
3 . 470
j,
1)
3.470
1 S9()
229
2.293
>)
»)
2 . 293
ISOl
74o
7 . 4.50
145.305
12.350
19.800
1892
1.828
54.840
315.614
26.827
81.667
1893
3 . 486
9 7.. 594
55.817
i.744
102.338
1 89 i-
1.217
34.090
15.877
1.270
35 . 360
1 895
574
16.072
6.280
502
16.574
I89C.
2.023
•)•> . 6y8
13.000
1 . 040
57.698
1 897
2.372
66.3^2
5 1 . 400
4.032
70.374
1 898
673
18.844
266 . 000
21.255
i-0 . 099
1899
694
19.722
74.250
5.940
25.662
1900
2.096
58.688
242.705
19. 4 If.
78.104
1901
2.971
83.176
20.600
1.6iS
84.824
1902
3 . 239
93 . 506
,,
1)
<.t3.50C.
1903
4.343
121.604
227.624
18.210
139.814
1904
9.182
1 '.(3.640
74.760
6.729
200.369
1900
3.459
86.475
109.696
8.250
'.(4.725
190(}
t.2.o4
106 350
67.000
5.025
1 i 1 .375
1907
4.182
104.550
38.7.34
2.930
107.480
1 908
7.470
186.750
26.900
2.018
188.76S
mon
12.497
312.485
265.000
19.875
33 2.. 300
1910
22.147
509 . 380
1.262.000
126.200
635.58((
Totaux
'.»(). 028
2.233.919
3.278.562
288.261
2.522.180
-Vo/rt. — Bien qu il ait été niercurialisé, par conséquent exporté
distinctement dès 1892, le bois de rose est resté confondu avec de
nombreuses autres essences sous la dénomination de bois d'éhénis-
lerie, jusqu'en 1896, — époque à partir de laquelle il est mentionné
à part dans les statistiques.
232 ÉTUDES ET MÉMOIKKS
production ses qualiteis de finesse et de scrupuleuse pureté, tout en
clierchant k réaliser par d'incessants perfectionnements la réduction
progressive du prix de revient, afin de pouvoir, le cas échéant,
supporter ou même consentir spontanément une baisse raisonnable
du prix de vente.
Aussi bien, cette attitude de prudence leur esl-elle commandée
par ce fait, que le bois de rose se raréfie incontestablement, dans
les forêts guyanaises. Le danti;"er, il est vrai, est loin d'être immé-
diat : il n'en existe pas moins, et déjà 1 on peut prévoir un sensible
ralentissement de l'exceptionnelle activité déployée dans ces der-
niers temps par les distilleries de Cayenne. Néanmoins, pendant de
lonj^ues années encore, l'industrie locale pourra être alimentée dans
des conditions à peu près normales, surtout si, comme il en est
question, les pouvoirs locaux interviennent pour contrarier l'action
des spéculateurs, en frappant l'exportation de ce bois d'un droit
prohibitif. 1) ici là, peut-être, la création de voies de [lénétration
aura-t-elle rendu plus faciles l'accès et l'exploitation de nouveaux
peuplements de bois de rose.
Quoi qu il en soit, l'avenir réservé en Guyane à l'industrie des
huiles essentielles n'en reste pas moins séduisant, si Ion song-e
aux nombreux végétaux odorants que renferment les immenses
forêts de cette colonie, ainsi qu'aux plantes herbacées à parfums,
telles que vétiver, gingembre, citronnelle, palchouly, etc.. dont la
culture peut y être entreprise utilement.
E. Bassièkls.
Inyénif'ii/- af/ricolo,
Inappclt'itr <rngiiculture fiii.r ('.oloniot;.
PLAXTi:S MKDICIiNALES
DE LA (;linkk française
Sni/r.
Tamarindus indica.
LÉGUMINELSE CÉSALPHNIKt.
Tamarinier.
Dia bé (F.j, Toumbino^ui (S.), Tombi (M.).
Grand et bel arbre existant dans toute la Guinée, mais plus com-
mun vers le Nig-er qu'à la Côte.
La pulpe acidulée (jui entoure les g-raines de la gous.se est très
prisée des indigènes ; elle est laxative et sert à faire une boisson
soit pure soit mélangée à du miel, du citron ou avec d'autres médi-
caments : elle est employée contre la fièvre, les embarras gastriques,
la dysenterie, la diarrhée, etc.
Les feuilles bouillies servent à laver les plaies; séchées et pilées
elles sont légèrement a.stringenteset caustiques et servent également
H saupoudrer les mauvaises plaies ; on les emploie pilées fraîches
en cataplasme pour les entorses, enflures, etc.
Lécorce est employée comme astringent et sert aussi à préparer
les peaux.
Tacca involucrata et T. pinnatifolia.
Taccacéks.
Plantes à bulbes caustiques et toxiques comme la plupart des
Arums ou des Dioscorées sauvages. Sont employées queh[uefois
comme rubéfiants à lextérievu'.
Tephrosia Vogelii.
LÉGUM[NEUSE l'AI'll.lONACÉE.
Gargassaki (F.), Diala (M.).
Plante arl)uste assez commune et cultivée par les indig-ènes qui
234 ÉTIDES ET MÉMOIRES
se servent des leuilles pilées pour endormir le poisson et le pêcher
facilement.
Celte plante sert, à ([ueiciues eiulroits, de niédicamenl mais doit
être emplovée avec précaution, car à haute dose elle est toxique
(poison stujiéliant).
Tetrapleura Thomingh.
Ll'.dl MINELSi: MIMOSÉE.
Grand et bel arbre qui est assez rare en Guinée et n'existe que
sur la Côte : commun à la Côte d'Ivoire et au Gabon.
La décoction de l'écorce pilée fraîche est employée comme vomi-
tjl. La gousse pilée donne un produit huileux à odeur forte qui est
tniplové en frictions contre les rhumatismes.
Treculia africana.
Artocakpée.
Guilinti gori (F.), arbre mâle et Guilinti (F.), arbre femelle ; Yin-
tigniy (S.).
Grand arbre assez commun à la Côte et dans la région de Kadé,
assez rare ailleurs. Le fruit est une énorme boule dans le genre de
! arbre à pain, à graines comestibles.
La sève de l'arbre mâle serait caustique et toxique, elle est
employée sur du coton pour faire tomber les dents malades.
L'écorce j)ilée sert de médicament contre la lèpre.
Trichilia sp.
Méliacée.
Arbre moyen, assez commun dans les taillis de la Haute Guinée.
L'écorce pilée est employée pour les maladies de la peau, gale,
dartres, etc.. ainsi que contre les ulcères.
Le finit passe pour vomitif.
Tépé Darola F.V Korla Beli (S.).
LÉ(;I MI.NEISi; CÉSALIMMÉK.
Liane sarmenteuse et buissonnante, excessivement épineuse, com-
niUMc dans les haies des villaires.
PLANTES MÉDICINALES DE LA GUINÉE FRANÇAISE ' 235
Plante très employée contre la blennorrha^ie ; décoction des
feuilles et de l'écorce, infusion des racines bouillies ; les jeunes
feuilles roujJi'es sont mandées crues comme dépuratif.
Tiélé (F.), Timmoué (S.).
Arbre moyen à bois dur.
La décoction de Técorce et des feuilles sert eny-ar^'arlsme contre
les maux de dents.
Tikoki (F.).
L'infusion des feuilles est donnée comme vermifuiro.
Uvaria aethiopica ou Xilopia eethiopica.
AnONACÉE, POIVRE DE GuiNÉE.
Guilé (F.), Simingui ou Kalentou(S.), Kani (M.).
Arbre assez commun dans toute la Colonie, surtout du côté du
Kissi et de la Mellacorée ; donne un fruit qui sert d'épices.
La g-ousse ainsi que la graine a une saveur chaude, parfumée et
poivrée, est très employée par les noirs comme médicament stimu-
lant et tonique.
Contre les migraines et les névralgies, cataplasme des feuilles et
des fruits ; fruit pilé en infusion pour les femmes accouchées ; est
également préconisé pour les maladies du foie et l'expulsion de la
bile.
La décoction des graines sert de vermifuge pour l'expulsion des
lombrics.
Le fruit bouilli en lavage pour soigner les éruptions, les boutons
et en friction contre les courbatures.
Sert aussi de médicament usité pour soigner le bétail, les bœufs
en particulier.
Uvaria monopetala.
Anonacée.
Arbuste assez commun en Haute-Guinée.
Toute la plante est utilisée pour les maladies de la poitrine et les
rhumes ; elle sert également à soigner les chevaux.
236 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Vernonia nigritana.
Composée.
Petite plante existant clans toute la Colonie, est employée comme
médicament par les Malinkés.
L'infusion de la racine, à faible dose, sert de dépuratif et de diu-
rétique ; à haute dose elle est donnée comme vomitif.
La plante htmillie sert à laver et soig-ner les maladies des yeux.
Vernonia senegalensis et Vernonia Thomsoniana.
Composées. ,
Cossa FinaiM.), Dakouna ou Hantara Bourouré (F.).
Grandes plantes arborescentes, très communes partout et de
diverses variétés ; elles ont en général les feuilles très amères et
sont appelées pour cela k Quinine des noirs ».
Les feuilles en décoction sont très employées comme fébrifuge
par les indigènes l'infusion est même plus renommée que celle
dxi Kinkelibaj.
Les feuilles bouillies servent aux lotions chaudes en cas de fièvre
ainsi que pour les maladies de la peau ; séchées et pilées. à 1 in-
térieur, elles apaisent les douleurs du ventre.
A lextérievu'. les'feuilles pilées fraîches sont mises en applica-
iioii contre les migraines.
•
Vitex cuncata.
\ EKIîE.NACÉE.
(joudou (M. I. Koukoui (S.).
Arbre moyen très conuium partout, surtout en Haute-Guinée,
fruit: baie noire à maturité, comestible.
Le feuilles sont employées en infusion contre le rhume, et la
décoctif)M (le la racine j)ilée pour les maladies de l'estomac.
Xinienia sp. ou Ximenia multiflora.
Olacacée.
Gouani (M.).
Arbuste de 2 ;i M uielics. épineux, fruit : petite prune acide,
comestible.
PLANTES >li:i)|i:i.\AI,i;s DE I.A GllNÉi; FKANCAISK 237
laxiste dans toute la Colonie mais est très commun en Haute-
Guinée.
Les leuilles pilées fraîches servent de vulnéraire ; la décoction
des tiges et des feuilles est employée dans les maladies de la poi-
trine, la fièvre et le rhume.
La racine pilée, ainsi que l'écorce pulvérisée, servent à soigner
les plaies et les ulcères.
Ximenia americana.
Olacacék.
Arbuste épineux comnum à la Cote et surtout au bord de la mer.
Ne pas confondre avec le précédent; les fruits ressemblant à une
prune de mirabelle ont une forte odeur d'amande amère, sont très
amers et acres ; ils sont toxiques ainsi que l'amande intérieure.
Zanthoxylum melanacanthum et Z. senegalense.
Rltac.ées, Clavef.iers.
l^arkelé et Boulé Barkelé (F.), Houo et Houo Dion (M.).
Arbres moyens, épineux, à feuilles et graines ordorantes, existent
en trois ou quatre variétés, un peu partout dans la Colonie.
Les feuilles, et surtout l'écorce à saveur aromatique et chaude,
sont très employées comme médicament par les indigènes.
' Elles sont considérées comme sudoritiques, fébrifuges et toniques,
et employées surtout à l'extérieur en lavag-es, lotions chaudes et
fumigations. A l'intérieur, la décoction des racines pilées est con-
sidérée comme vermifuge .
L'écorce pilée sert pour les maux de cK'uts et en friction contre
les rhumatismes.
Dans certaines rég^ions les indigènes emploient lécorce pilée
pour endormir et pécher le poisson.
Zizyphus orthacantha.
lÎMAMXACÉE.
.jujubier sauvage.
Toumborou (M.].
Aibi'o moyen, buissonnant et très épineux ; petit fruit jaune
238 ÉTUDES ET 31ÉM01RES
roujj:e comestible ; commun en Haute-Guinée et dans la région
de Kadé, rare à la Côte.
Le fruit macéré donne une boisson rafraîchissante. Les feuilles
pilées se mettent sur les plaies ; Fécorce est amère, elle est
employée contre les coliques et serait vomitive.
La racine serait toxique, et à petite dose elle servirait de pur-
gatif énergique.
Zizyphus sp., probablement le Z. Bacleï.
Plus petit et plus buissonnant que le précédent ; les fruits ne
sont pas comestibles et passent pour vénéneux, ils sont acres et
très amers.
La décoction des racines est employée pour les n\aladies des voies
urinaires, les uréthrites et la blennorrhagie.
H. POBÉGUIN,
Aditiinislruteur en chef des colonies.
LES EUCALYPTUS
(Suite.)
E. crebra. — Bois roug-eàtre, dur, lourd, élastifjue, de très longue
durée, communément employé à la construction des ponts, pilotis,
traverses de chemins de fer, de wag-ons, charrettes, barrières autour
des champs, etc. 11 en existerait une variété (d'après le D' Bailey),
dans le nord-est de l'Australie, dont larome est si ag-réable que Ton
s'en sert comme condiment. Cette assertion est possible en ce qui
regarde les palais des aborigènes, probablement, et nous doutons
que les nôtres s y fassent, (^uoi qu il en soit, plusieurs prétendues
espèces, ayant les mêmes qualités, pourraient n'être que desimpies
variétés de YE. crehra, principalement les E. leplophlcba et drepa-
nophijlla. Tous ces arbres produisent une gomme-résine abondante,
ayant les apparences et les jjropriétés du Kino.
E. diversicolor. — -Arbre colossal appelé dans les cultures, à tort.
rolossea; il atteint facilement 130 à liO mètres avec un tronc pro-
portionné à cette taille gigantesque. Lorsqu'il croît en groupe, il
sélance droit et il n'est pas rare de trouver des fûts ayant de 60 à
90 mètres de longueur en dessous des premières branches, avec
une épaisseur au ras du sol de 3 à ï mètres de diamètre. Le bois
est élastique, d'une longue durée, se refendant aussi facilement
que le chêne, mais il est cependant moins aisé à travailler que celui
de YEucalyptus inarffmata dont on fait d'admirables meubles.
11 serf dans tous les genres de constructions et principalement
pour faire des mâts de navires.
Il est un peu moins rustique que l'^". globulus, mais il a cepen-
dant résisté en Algérie, dans nos collections, à l'hiver de 1880. Or,
cette année-là. nous eûmes, sur le littoral même, de la neige et de
240 KiiuKs i;r mémoires
la ^lace et pourtaiil nos E. (livcrsica/or navanl que deux ans de
plantation, résistèrent très bien ;i cette température anormale. 11
croît un peu moins vite que 17:. (/lohiiliis, mais il est superbe au
point de vue de l'ornementation. On pourrait le planter avec avan-
tage sur les routes de toute l'Algérie, excepté sur les hauteurs, il
rendrait de réels services.
Au point de vue forestiei-. c'est un arbre dv haute valeiu-, auquel
les animaux ne touchent pas, sauf les chèvres cependant, doni il
faudrait les garantir, en empêchant, en Algérie et partout ailleurs.
les troupeaux de j)àturer aux alentours i lig. 7).
E. doratoxylon > Spear Wood ou arbre à lance j. — Arbre végétant
dans les endroits secs et stériles ; tige menue, très droite; bois
tlexible, compact et élastique. Les indigènes nomades viennent de fort
loin chercher ce bois pour en fabriquei' leurs lances. 11 est probable
que ce petit arbre serait précieux dans les sols pauvres et arides
du Sahara algérien : Biskra, (Juargla et autres régions plus ou moins
tropicales, oîi règne la sécheresse permanente.
E. eugenioides. — Arbre énorme, abondant dans la colonie de Mc-
toria ; bois facile à fendre et très employé partout aux usages ruraux.
Au point de vue ornemental, il se recommande par son beau port.
Vient très bien en Algérie et dans le midi de l'Europe, mais sa
croissance est un ])eu lente; les sols ferrugineux lui conviennent.
E. globulus. — L un des premiers introduits, cesl le ly|ie classique
du genre et certainement le plus merveilleux, j)ar son étonnante
rapidité de croissance. ï^n jeune sujet haut de 10 cent, mis en place
en janvier l(S(S(), atteignait en décembre suivant, une hauteur de
sept mètres : cela tient du prodige! < )n \o reneonli-e j);u'tout : dans
le sud de l'Europe, en Afrique, en Américpie, cependant il a a
jamais réussi sous les troj)i(|ues, sauf sur les monlagnes où la tem-
pérature ne dc'passait pas celle de I Australie. Dans toute la région
provençale il est pour ainsi dire naturalisé et son feuillage glaïupie
bleuâtre donne aux canq)agnes du Midi un aspect tout |)articulier.
L /i". f//()biiliifi est très rustique dans toutes les parties méditerra-
néemies oii résiste l'oranger qui, |)ourtant. est moins i ust icpic (pie
lui.
La cause |)rincqjale de I étonnante ra])idité de propagation de
VI-J. (/loJjiilus fut sa propriété (aujourd'hui parfailemcnl démtmtreei
LKS EUCALYPTUS
2Ï\
dassainir les pays ravag-és par la malaria. Nous en avons déjà parlé
dans un précédent chapitre, mais ce que nous pouvons ajouter.
V'vj:. 7. — Eucalyptus colossea (E. diversifolia).
c'est: que cet arbre planté sous le climat qui lui convient et dans les
lieux marécageux, constitue le meilleur des drainag'es, qu'il remplace
Bal. du Jardin colonial. 1911. II. — X° 102. 17
242 ÉTUDES KT MÉMOIRES
ofïicacement, les racines de cette espèce pompant activement toute
Ihumidité qui l'environne. Nous avons même été témoin d'un fait
sinj^ulier : un Eucalyptus globulus planté k plus de oO mètres dun
puits profond de 3o mètres, ne trouvant plus d humidité dans son
voisinage immédiat, avait trouvé moyen de dirig'er ses racines vers
cette nappe deau sortant pourtant du rocher. Naturellement on
s'aperçut bien vite, (|ue le liquide de ce puits diminuait et après
examen, ayant découvert l'auteur du méfait, on en fut réduit cha(|ue
année de le débarrasser de ses suçoirs.
La puissance d'absorption est telle chez cet arbre que, sauf ses
congénères, rien ne peut pousser dans son voisinage ; cependant si
sa succion est énergique, il rend toute cette eau — - juiriliée — ii
l'atmosphère mais sous forme de vapeur invisible.
Le feuillage de cette espèce est très aromatique et depuis long-
temps utilisé dans la pharmacopée, mais cependant sa valeur fé])ri-
fuge est assez contestée quoique, dans certains cas de fièvn^s palu-
déennes peu graves, l'Eucalyptol ait donné de bons résultats.
Au point de vue hygiénique, cet arbre est donc très précieux,
mais il ne l'est pas moins pour la reconstitution des forêts destinées
à produire du bois d'oeuvre et de chaufîage. (Quoique la nature
tordue de son bois le rende ditïicile à travailler, on en tire néan-
moins un certain parti dans la menuiserie et pour la confection de
madriers. Le bois devient de plus en plus rare et cher; la fabrica-
tion du papier en dépense des quantités considérables chaque année;
n'y aurait-il pas là, un atout dans le jeu de l'industrie, si des .sociétés
se fondaient en vue de la production du bois destiné principalement
à la pâte k papier. II y a tant de terres (jui ne sont |)as uiilist'cs, et
il faut si peu d'années pour obtenir de gros Eucalyptus globulus
bons k exploiter. Enlin, par k' recépage, les plantations faites (I;ins
ce but seraient indélinies.
Le bois d'l{. globulus est très libreux ; il n'est j)as tontestable
(|u'on en retirerait d excellent papier et, comme la ])roduction est
("norme et rapide, cette matière k bon marché. |)ernn'tti ait aux
fabricants de réduire leurs prix.
Peu d'arl>res, même parmi ses congénères, peuvent ètif (dniparés
k l'E. globulus, pour la rapidité de la croissance. En cin<j ans, dans
les sols ferrugineux d Algérie, on a obtenu des sujets dont le ti'onc
k la base avait plus de 30 centimètres de diamètre avec une liauteui-
de 12 il 1") mètres; en dix ans, ces dimensions sont plus que dou-
LES Ei;c.ALVi>rrs 24-'i
blées : on reste vraiment confondu crétonnement devant une pareille*
activité de végétation.
Une ex])loitation à laquelle on n"a pas encore soni^é, c'est celle
des écorces des E. g'iohulus qui, annuellement, en fournissent
beaucoup (quand ils ont un certain nge) et ([ui pourraient servir ;»
la fabrication du papier.
Le bois d'K. iji-lobulus est de première qualité pour le chavitfage,
il est lourd, dur, mais très diiïicile à fendre parce que ses libres
entrelacées se tordent en spirale. En Australie, il est universellement
employé à tous les travaux de charronnage, de construction el
autres; sa conservation en terre est, dit-on, indéfinie.
.\ notre avis, elle nest guère plus longue que d'une dizaine
d'années; quant à ses jeunes branches exposées peu de temps en
plein air aux intempéries, elles pourrissent rapidement: il faut les
utiliser le plus vite possible; elles forment un bon combustible pour
chautîer les foiws des boulangers.
En France, on a construit avec le bois de cet arbre de très beaux
meubles et, en Australie, cet usage est très répandu. Lorsque ce
bois est bien mûr, il égale en solidité et en valeur celui du meilleur
chêne d'Europe; il est, de très peu, inférieur au teck. Son écorce,
dont nous avons déjà parlé plus haut, est très riche en tannin et
l'on s'en sert pour la préparation des cuirs; en Italie ces écorces
sont déjà utilisées, depuis longtemps, dans ce but.
b^nfin, l'expérience a démontré que l'E. globulus était incompa-
rable pour la plantation des routes où, malheureusement, on le
laisse croître à sa guise. Un avantage qu'il possède, dont nous avons
déjà parlé, mais que l'on a rarement signalé, c'est qu il se rabat
facilement, c'est-à-dire qu'à quelque distance de terre on en coupe
le tronc, il repousse toujours avec une fougue nouvelle (ce qui
n'arrive que rarement avec les autres espèces), et en peu de temps
il reforme une nouvelle tête en produisant des baliveaux ({ui, en un
ou deux ans, sont facilement utilisables pour n importe quels tra-
vaux.
Le recépage des E. <jlobiilus est une pratique à répandre, car
elle est sage et augmente la production, dansdes proportions incon-
nues chez aucun arbre forestier (fîg. 8).
E. gomphocephala. — Arbre de 35 à iO mètres, de croissance
presque égale au précédent ; son bois est nerveux, dur, rigide, à
2ii
ÉTUDES ET MÉMOIRES
* grains fins, mais il est tellement fibreux qu'il est impossible de le
fendre. Ce bois ne se déforme ni sous l'influence de la chaleur, de
la sécheresse et de l'humidité, aussi est-il fort emplové dans son
Kifi-. «.
Eucalyptus j^lobulus.
pays natal ;i tous les usaj^es courants. (]har|)ente, constructions
navales, industrie, chaufîag-e. etc., c est un des plus solides que
1 on c(jnnaisse. Cet arbre croît avec une très o^randc vig-ueur dans
les sols calcaires, mais lentement, prestjue insensiblement (h»ns les
terres siliceuses et fort mal ou pas du tout, dans les terrains aigi-
LES KicALYPirs 245
leux et compacts. Dans nos essais, en Algérie, il sest montré assez
rustique et il a très peu souffert de l'hiver rig^oureux de 1880. (/est
une belle espèce ornementale (lig. 9).
E. goniocalyx. — Contrairement au précédent, cet arbre se plait
dans les terres arifileuses. Son bois ressemble fort à celui de
VE. (jhhnlns, mais cependant il est moins solide et plus facile à
travailler et il sert à tous les usag-es domestiques du pays. On lestime
il un haut point pour la construction des charrettes, voitures, etc.,
son emploi est courant [)i)in' la fabrication des roues de voitures.
LE. (foniocHlyx est fréquemment cultivé dans le midi de la
France; on le rencontre en Italie et en Alj^érie, où il atteint de
Jurandes dimensions; on le trouve dans la collection (^ordier à
Maison-Carrée, près Alger, et dans quelques jardins encore où il
fait bon effet.
E. Hœmastoma. — Bel arbre de iO mètres de hauteur à écorce blan-
châtre ; très commun dans la Nouvelle-Galles du Sud, on utilise
son bois pour les charpentes communes et pour le charbon (jui est
d'excellente qualité. Il croît dans les terres sableuses, où aucune
autre espèce ne peut venir. Nous l'avions en Alg-érie, où il se mon-
trait très rustique: Ch. Naudin disait qu il serait précieux pour le
reboisement des landes du Sud-Ouest de la France ; nous le crovons
comme lui. car le froid de 1880. en Al<4érie, ne lui a occasionné
aucun dommag-e. Dans tous les cas, nous pouvons le recommander
pour son beau port ornemental. Cette espèce est également riche
en résine kino.
H. hemiphlœa. — Arbre de 23 mètres environ, à bois très dur. ({ue
l'on compare à celui du buis; jl est en effet très solide et incon^up-
tible; dans son pays d'origine, il jouit d'une réputation justifiée par
ses excellentes qualités qui le font employer à tous les usasses
domestiques et industriels; de plus c est un fort bel arbre d orne-
ment, croissant facilement dans les sols ni trop compacts, ni trop
lég-ers, et il se montre assez rustique.
E. leucoxylon ou Ironbark. — Bois de fer des Australiens dépas-
sant à peine 30 mètres de hauteur ; le bois qu'il fournit est incom
parable, même ])armi ses congénères, pour sa forcQ, sa dvireté et la
facilité avec laquelle on arrive à le travailler. 11 est tenu en haute
:'ê^
WW01
Fi{ç. 9. — Kucalyplus f^umplioccphala.
AiS KUIALYPTUS
247
estime par les charpentiers, les constructeurs de navires, les char-
rons, les menuisiers, etc. Des expériences faites en Australie en
comparaison avec le chêne d'Amérique et le frêne, ont démontré
toute sa force de résistance : il l'emporterait même sur le bois
dHickory ovi noyer noir, dans la proportion de 18 *'/o. Les compa-
ii'nies de chemins de fer et des mines utilisent cet excellent bois
pour en faire des traverses et des étais, les fabricants d outils pour
les instruments at^ricoles.
Cet arbre croît dans les plus mauvais sols, dans les terres rocail-
leuses, par exemple, où aucune autre culture n est possible ; toute-
fois, il ne sort pas des terres granitiques, ce qui expliquerait ainsi
le merveilleux développement qu il prend en Provence. Ce serait
larbre par excellence pour reboiser (en partie du moins) les plaines
de la Camarg-ue, et reconstituer, en Algérie, les massifs forestiers
détruits par les Arabes, dans les montagnes qui entourent les
plaines de la Mitidja, la Medjerda. le Ghélif, etc. Ces reboisements
seraient une précieuse acquisition pour ces parties sèches de l'Algé-
rie et rétabliraient l'équilibre entre la sécheresse et l'humidité,
<^|ui existait à l'époque romaine.
On ne peut que souhaiter, parce que jamais on ne consentira à faire
d'aussi importants sacrifices pour décupler la valeur de cette superbe
colonie qui ne demande qu'à prospérer et à laquelle une trans-
formation de ce genre rendrait probablement son antique prospérité.
Mais revenons au bois de ÏE. leucoxylon qui, tantôt blanc, tantôt
foncé, est recouvert d'une écorce qui contient jusqu'à 22 "/o de son
poids, lorsqu'elle est fraîche, de tannin kino, dont l'industrie retire
im si grand profit lorsqu'il est mélangé avec celui retiré des acacias
australiens, beaucoup plus riches en tannin et qui sont aussi des
arbres de première utilité par leurs bois ou leui\s écorces. Peut-être
un jour entreprendrons-nous un travail sur les Acacia- Mimosa
tl Australie. — \^E. leiicoxi/lon est actuellement déjà très répandu
dans toute la région méditerranéenne, notamment dans le Var, les
Alpes-Maritimes et en Algérie, il est plus rare en Italie, sauf dans
(juelques jardins privés et botaniques d'où, bien certainement, ils se
répandront partout, d'ici quelqvies siècles, parce que. dans ce pays,
tout va lentement : Chi va piano va sano, chi va sano va lonlano !
Tout le tempérament des Italiens de notre temps est résumé dans
ce proverbe ; avec lui, ils ne redeviendront pas les Romains d'il y
a 2000 ans, qui avaient concjuis tout le monde connu tant par leur
bravoure que par leur diplomatie.
2i.S ÉTUDES ET MÉMOIRES
En résumé, l'^". leucoxylon est un bel arbre qu'on ne saurait trop
recommander ni trop multiplier : il a donné, dit-on, une variété à
fleurs pourpres très ornementales ; mais nous ne la connaissons ni
de visu ni de nom.
E. longifolia. — Cet arbre qui aime les terres profondes et fraîches
réussit cependant très bien dans les sols g-raveleux, secs et
médiocres. Avec son tempérament comparable à celui de VE. leu-
coxylon, il pourrait servir comme ce dernier à reboiser les mauvais
terrains, qui auraient pourtant un peu de fond. Cette espèce propre
à l'Australie extra-tropicale atteint 50 mètres de hauteur ; son bois
solide et i-ésistant est propre à tous les usages indirjués pour l'espèce
précédente. Il végète parfaitement dans toute la zone méditerra-
néenne, mais ne conviendrait pas sur les hauteurs dépassant plus de
200 mètres d'altitude. Dans tout le sud de l'Algérie, cet arbre ren-
drait de grands services si on l'y implantait, car il ne craint pas l;i
sécheresse, et la grande chaleur lui est favorable. Dans le Sahara
il lui faudrait peut-être des irrigations. Entin, c'est un bel arl)re
d Ornement (fig. 10).
11 serait précieux en Afrique du Sud et aux Indes, pnrticulière-
ment en Annam et au Tonkin.
E. loxophleba. — Arbre de ;J0 à X\ mètres de liaulcur, avec un
tronc déj)assant un mètre de diamètre à la base, poussant très droit,
principalement quand il est réuni en colonie dans les forêts de
l'Australie du Sud. Son bois, même sec, est excessivement dense et
lourd; il est des plus recherchés dans l'industrie du charronnage.
Cette espèce est d'introduction relativement récente; cependant, il
se comporte bien en Provence et en Algérie chez M. (]ordier : il
e.st assez ornemental et mérite sûrement une culture étendue. Il pro-
duit aussi beaucoup de tannin kino quand il est placé dans des con-
ditions favorables.
E. Lehmanni. — Ch. Xaudin en faisait un arbuste de 'A à i mètres.
M. II. Morel assure (ju il dépasse chez lui 1(1 mètres et que ses
graines sont très cui-ieuses. C'est un bel arbnî d'ornement, dit
M. de \ ihnorin ; en attendant, nous estimons (pi il [)eut avoir son
empkii en sylviculture et (jue les boisements des collines n'y per-
draient point : (le plus, il résiste aux vents violents et aux sèche-
LES EUCALYPTUS
249
resses intenses, ce qui le rendrait propre aux boisements dans les
oasis du Sahara et à son utilisation dans nos colonies du sud de
l'Afrique
•■ojy
Fia-. 10.
EiK'alA'pl us longit'olia.
E. macrorryncha. — Arbre de iO mètres et plus de hauteur, crois-
sant sur les collines rocailleuses et stériles de la Nouvelle-Galles
du Sud où il reste confiné à une faible altitude. Son bois très lourd
et très dense sert à tous les usages domestiques, particulièrement
à la fabrication d'un excellent charbon. Ce bois est presque de même
2o0 ÉTUDES Kl :M15M0IRKS
qualité que celui des E. f/lohulus et rouf rata, mais beaucoup meil-
leur que celui de ÏE. oldiqiia. Son écorce qui se détache naturelle-
ment en larg-es plaques, sert à faire des couvertures rustiques . comme
elles sont très filandreuses, on en retire des liens solides en agri-
culture. Cette espèce serait également très propre à fournir, par cette
dernière production, une bonne matière première pour la fabrication
de la pâte à papier, et cela sans être obligé de couper l'arbre lui-
même. Viendrait parfaitement dans les régions du sud de l'Algérie
et de la Tunisie, et aussi dans toutes les régions chaudes du globe.
E. Maculata. — Arbre de 40 à 45 mètres de hauteur, dont le liois
est dur, de h)ngue durée ; travaillé et poli, il présente des mouche-
tures dune grande beauté, ce qui Ta fait adopter par l'ébénisterie
pour la fabrication des meubles ; la marine et la tonnellerie en retirent
de réels avantages; le charronnage l'emploie communément. Il
paraît que ce bois otfre une résistance aussi considérable que celle
du chêne d'Hurope. Cette espèce se contente des terres les plus
médiocres, ou du moins de qualité moyenne, de plus, elle supporte
admirablement la sécheresse. Serait excellent dans le sud de l'Algé-
rie, pour les montagnes du littoral de la Corse, les Chott tunisiens,
etc.
E. Marginata (Jarrah ou faux acajou). — Arbre de 4(1 mètres et
plus, dune croi.ssance assez rapide, constituant en Australie-Sud-
Occidentale, de vastes forêts qu'on évalue à plus de quatre millions
d'hectares. On a calculé que chaque hectare produit annuellement
près de 50 mètres cubes de bois marchand destiné à l'ébénisterie.
Les abatages se font en automne ou sur la fin de l'été : dans ces
conditions, le bois ne se déjette pas. Le Jarrah croît de préférence
dans les .sols ferrugineux, il ne viendrait donc pas partout ; il se
plaît énormément en Algérie dont les terres sont de cette qualité, et
si l'on en reconstituait les forêts brûlées par le vandalisme des
Arabes, on en retirerai! de sérieux avantages et des bénéfices
imj)ortants.
Le bois de cette belle espèce, travaillé avec soin par l'ébénisterie,
constitde un des plus beaux que nous connaissions. A l'exposition
de 1900, nous avons pu admirer toute une installation de bureau,
faite avec cette précieuse matière première, qui dégage une odeui-
|)articulièrement agréable.
LKS ErCALYPTUS 2o1
L Exposition australienne était certes une des plus intéressantes
au point de vue industriel ; eh bien 1 le croirait-on , pendant six
mois, elle ne reçut pas 10.0(10 visiteurs. Comme on se désintéresse
en France aux choses utiles, on aime mieux voir des futilités ou
les hommes volants par exemple, mais nappuyons pas.
Le bois de \ E. marginaln passe pour indestructible, il n'est
attaqué par aucun insecte, et Dieu sait si ceux-ci pullulent en
Australie. On le recherche aussi pour les pilotis et autres ouvrages
sans cesse en contact avec l'eau de mer. Les postes-télég-raphes en
font une grande consommation ; les chemins de fer en usent d'in>-
menses quantités, enfin partout on en fait un emploi énorme :
cependant ce bois n atteint toutes ses qualités que lorsqu'il a été
coupé en bonne saison et à maturité complète (Hg. 11).
Ch. Naudin rapporte qu'en 1877, 1 ingénieur chargé des travaux
publics dans la ville de Perth (Australie occidentale), fît enlever
des pilotis de bois de Jarrah qui avaient été mis en place en 1834 ;
il constata que ce bois était encore en très bon état après 43 ans
de séjour dans l'eau ; il n'avait pas été attaqué par les tarels pour-
tant très nombreux sur cette côte. Des pieux enfouis sous l'eau
depuis 30 ans pouvaient à peine se disting'uer de ceux qui ne ser-
vaient que depuis un an.
Cette longue résistance du bois de \E. marginafa est due, selon
toute vraisemblance — ceci d'après Gh. Naudin — à une résine de
couleur rouge, très analo^^ue à la phlobaphène ' dont il contient 16 à
17 <>/o, en revanche, il ne fournit g-uère plus de 4 à 5 % de kino.
Si réellement 1 appréciation du reg'retté botaniste était reconnue
véritable, il y avirait un intérêt capital à exploiter cette résine qui
rendrait tant de services dans nos pays septentrionaux, où la pour-
riture a bientôt fait d'anéantir les bois exposés à toutes les intem-
péries ; il suffirait de les enduire de cette gomme probablement,
pour les rendre imputrescibles.
Le g-rain de ce bois est remarquablement fin — nous avons vu
qu on en fait des meubles de toute beauté — ; pour les constructions
navales, on le considère comme préférable au teck et autres bois de
llnde. Cependant, le bois qu'on retire des régions montag-neuses
est plus foncé en couleur, plus compact et plus lourd ({ue celui
I. C'est k' iinin donné aux nialiéri-s cultjrauLes n-tii-i'-es des écorccs de quercitron,
ciimpéche, etc.
252
ETLDES ET ME^lOIRES
de la plaine. Le capitaine Faweett déclare que c'est un des bois les
moins inflammables et par suite un des meilleurs pour la fabrication
Fig. 11. — Eucalyptus m;ii'i;iii;ilii.
du charbon. Puisque ce bois est si (liflicile à îdlumer, il serait tout
indicjué pour reconstituai' les forêts dans les ré<^ions al^i'-ricnnes oii
Ll-;s EICALYPTUS 253
les incendies périodiques les ont presque toutes détruites : on serait
ainsi à peu près sur de les voir arriver à tout leur dévelo[)pement.
(Ih. Naudin disait : « On suppose que cette arbre réussirait mieux
tlans les régions montagneuses de l'Australie. » Si cela était vrai,
(pielle ressource ne serait-il pas pour l'Alg-érie, où j'ig-nore s'il a été
essayé à différentes altitudes atin d'en ju^^er le deg-ré de rusticité.
Gomme taille, l'^". manfinata ne rivalise pas avec les plus grandes
espèces du g-enre, cependant c'est un très bel arbre; on en cite des
échantillons qui mesuraient 2o mètres du sol aux premières
l)ranches avec un diamètre de plus de 3 mètres 50 à hauteur
dhomme. C'est là une belle taille en vérité, et aucun végétal de nos
forêts n'y atteindra jamais. Autour du pied, comme beaucoup
d'autres espèces d'eucalyptus, celui-ci produit de grosses loupes
(jiii en accroissent considérablement le diamètre : ces loupes
peuvent être utilisées — et le sont probablement en Australie —
lorsqu'elles sont bien sèches, pour en faire des planches de placage
de toute beauté et d'un grain d'une linesse remarquable.
Dans nos essais comparatifs en Algérie, cette espèce s'est mon-
trée rustique et résistante aux vents violents de la mer ; sa crois-
sance était assez rapide, mais moindre cependant que l'^*. glohuliis.
'A suivre.) H. de Noter.
NOTES
LA ClT^rniK 1)K I.A CANNKLLh
AT iv()rAN(;-T()xr,
Les (listricls producteurs de la cannelle sont, en (>iiine. les
rég'ions méridionales du Kouang'-Si el du Kouanj^-Tong\ D'après lui
rapport de M. Hone, du Service consulaire britanni<jue, la cannelle
cultivée dans ces régions serait le diniinmomitni cassia, iîlinnc
dont on utilise, non seulement lécorce, mais aussi les pilitcs
branches, les bourgeons et les feuilles.
Au Kouang-Tong, la culture de la cannelle est presque exclusi-
vement confinée au district de Lo-Ting-Tcheou, circonscription
administrative qui se trouve sur la rive droite du Si-Kiang, au sud
de celle de To-King-Tcheou.
T'n des journaux cantoiinais vient de publier, tout récemment,
sur cette culture dans le district de Lo-Ting-Tcheou. une note dont
on croit intéressant de donner la traduction :
La |)luparl des montagnes de la préfecture de Lo- 1 ing-Tcheou
sont plantées en canneliers. Voici quels sont, au dire des habitants,
les ava"Titages de cette culture. Il peut être planté HOO canneliers j)ar
chaque meou (arpent chinois) de terrain de montagne. L'ensenu^n-
cement des graines de cannelier requiert au début une niain-d n'ini-e
évaluée à dix dollars par meou). Dans le courant de cha(|ue année
(jui suit l'ensemencemenl, il faut arracher deux fois les herbes. La
niain-d (cuvre nécessitée par ce travail est évaluée ;i '1 dollars par
nu'ou. La 3'" année après lensemencement, on procède k la cueillette
des feuilles el des petites bi'anches desquelles on extrait 1 liuiK' (pii
sera vendue. On ol)tient alors un revenu de 4 à ;> dollars (par meou).
L'huile de cannelier se vend, en ell'et, de o ii (> dollars la livre chi-
noise. .V partir de ce moment, toutes les années sont des années de
ra()porl : le icnciiu ne fait (ju'augmenlcr. Il ne peut pas décroître.
Cl LTURK m: 1,A CANNELLK 255
Ce n'est qirai)rès la 7'" ou la 8*' année que la poussée des feuilles
devient un peu moins fournie. On taille alors les vieilles branches
et on les vend pour emploi médicinal. On ne laisse que le tronc cen-
tral qui, un an après, émet de nouvelles pousses; celle-ci se
recouvrent de feuilles avec la même abondance que précédemment.
Cette culture est extrêmement avantageuse. Elle n"a pas besoin
d'engrais. Elle ne demande de précautions spéciales ni contre la
sécheresse ni contre Ihiunidilé. Elle n'est pas limitée à des terrains
déterminés. Elle est possible partout où peut donner l'herbe, et là
oii l'herbe pousse, on peut toujours faire des plantations. Cette
année il n'y a pas une seule colline en friche qui n'ait été plantée en
canneliers, en raison des gros revenus que donne cette culture et
du peu de dépenses de main-d'œuvre qu'elle exige. Il n'y a pas de
culture qui soit plus rémunératrice.
Les mamelons herbeux de la haute région tonkinoise, offrent avec
ceux de la région de Lo-Ting-Tcheou la plus grande analogie ; la
composition des terrains est à peu près la même; les conditions
climatériques et les régimes de pluies et de sécheresse sont iden-
ti(jues. La culture de la cannelle que l'on affirme être productive à
Lo-Ting serait donc susceptible de rapports certains, également dans
ces régions du haut Tonkin qui sont nôtres et (jui sont encore la
plupart du temps incultes.
Il y aurait donc là, peut-être, un essai intéressant à tenter.
[Extrait d'une communication du (Consulat de France à Can-
ton.)
DOCUMENTS OFFICIELS
RAPPORT
AU PRESIDENT DE I,A RÉPUBLIQrE FRANÇAISE
Paris, le 26 juillet 1911.
Monsieur le Président,
La décret du 5 décembre 1901 a décidé que des arrêtés spéciaux du
ministre des colonies pourraient intei'dire l'entrée des plants de caféiers
dans les colonies autres que l'Algérie et pays de protectorat autres que la
Tunisie, eu vue d'éviter les progrès de la maladie des caféiers, dite Henii-
feiu oaslnirix.
Conformément à ces dispositions, un arrêté du ministre des colonies,
du 2B décembre 1901, a déterminé les conditions dans lesquelles les plants
et semences de caféiers pouvaient être introduits dans nos possessions.
Or. il résulte des renseignements parvenus à mon département que
riiemileia vastatrix vient de faire son apparition dans les plantations de
café des Nouvelles-Hébrides et de la Nouvelle-Calédonie.
Mtant donnée la g-ravilé de celte nouvelle qui accuse linellicacité des
mesures prescrites par l'arrêté précité, il convient de prendre toutes les
précautions nécessaires pour protéger d'une- façon aussi complète que
possible les plantations des autres colonies non encore attaquées.
Tel est le but du |)r()jet de décret ci-joint que, d'accord avec M. le
garde des sceaux, j'ai l'honneur de soumettre à votre haute sanction.
Je \ous prie d'agréei-, monsieur le Président, l'hommage de mon pro-
fond respect.
/.(■ ministre des colonies,
A. Lebrun.
Le Pr(''sidenl de la Réj)ublique française,
Sur le rapport du ministre des colonies et du garde des sceaux, ministre
de la justice.
Vu le sénatus-consulte du :i mai 185i:
\ u le décret du 5 décembre 1901 relatif à la protection des colonies
autres que l'Algérie et des pays de protectorat autres que la Tunisie
contre les j)rogrès de V /Iemilci;i r;isl;ilri.r;
Le conseil d' l'état entendu,
DOCUMENTS OFFICIELS 287-
Décrète :
Art. 1'''. — Des arrêtés spéciaux du niinfstre des colonies peuvent, en
vue d'empêcher la propagation de la maladie des caféiers, dite Ilemileia
vaslalrix, interdire l'entrée dans les colonies et pays de protectorat autres
que l'Algérie et la Tunisie :
1" Des plants de caféiers ;
2" Des autres arbres et végétaux vivants susceptibles de servir à l'in-
troduction de ladite maladie.
La nomenclature de ces arbres et végétaux sera établie, le cas échéant,
par arrêtés des gouverneurs g"énéraux et gouverneurs.
Art. 2. — Le ministre <lefi colonies détermine les conditions auxquelles,
s'il y a lieu, sont subordonnées, à défaut de prohibition formulée en vertu
de l'article précédent, l'entrée et la circulation, dans les colonies et pays
de protectorat autres que l'Algérie et la Tunisie', des plants de caféiers,
des autres arbres et végétaux vivants susceptibles de servir à l'introduc-
tion de l'hemileia vastatrix. ; ;
Il fixe également les conditions dans lesquelles les rameaux, feuilles,
fruits, graines et débris des caféiers et desdits arbres et vég'étaux peuvent
entrer et circuler dans ces colonies et pays de protectorat.
Art, 8. — Les infractions aux dispositions des arrêtés pris par le
ministre des colonies, en exécution des articles 1 et 2 du présent décret
seront punies d'une amende de ."iO à 500 francs.
Art. 4. — Ceux qui, à l'aide d'une manœuvre frauduleuse, auront
introduit dans les colonies et pays de protectorat autres que l'Alg^érie-et
la Tunisie des plants de caféiers, arbres d'abri et autres végétaux vivants
dont l'entrée aura été interdite par arrêté du ministre des colonies en
vertu de l'article 1''' du présent décret, seront punis d'un emprisonnement
de un mois à quinze mois et d'une amende de 50 à 500 fr. ou de lune de
ces deux peines seulement.
Art. 5. — Les peines prévues aux deux articles précédents seront
doublées en cas de récidive.
Il y a récidive lorsqtie, dans les douze mois précédents, il a été rendu
contre le délinquant un premieji joag-ement par application du présent
décret.
Art. 6. — S'il existe des circonstances atténuantes, les tribunaux sont
autorisés, même en cas de récidive, à réduire l'emprisonnement au-des-
sous d'un mois et l'amende au-dessous de 50 fr., sans toutefois pouvoir
abaisser ces peines au-dessous de celles de simple police.
Art. 7. — Est abrogé le décret siisvisé du 5 décembre 1901.
Art. <S. — Le ministre des colonies et le garde des sceaux, ministre de
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N° 102. 18
258 DOCUMENTS OFFICIELS
la justice, sont chargés chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du
présent décret qui sera publié au Joiirunl officiel de la République fran-
çaise et inséré au liiillelin des lois et au Bulletin officiel du ministère
des colonies.
Fait à Rambouillet, le 26 juillet 1911.
A. Fai.lières.
NOMINATIONS ET MUTATIONS
Afrique occidentale.
Par décret du M juillet 1911, rendu sur le rapport du ministre des
colonies, M. Adam (Jean), inspecteur de 1'^'' classe d'agriculture, a été
nommé directeur de 3'^ classe d'agriculture et maintenu à la disposition
du Gouverneur général de l'Afrique occidentale française.
Par arrêté du Gouverneur Iténéral.
En date du 1^' juillet 1911.
MM. Delabonnin (Arsène) et Barlhel (Albert), agents principaux de
culture de .S^ classe, sont promus agents principaux de culture de
*2^ classe.
M. \'uillel (Jean-François), directeur d'.Agriculture de '2^ classe, retour
de congé, est mis à la disposition du Lieutenant-Gouverneur du Haut-
Sénégal-Niger.
Haut-Sénégal et Niger.
Par décision du Lieutenant-Gouverneur.
En date du 'M) juin 1911.
Un congé administratif de sept mois et un passage pour la France
sont accordés à M. Ravisé, directeur du jardin d'essai de '1^ classe.
Indo-Chine.
/';//• arrêté du Gouverneur général de l' Indo-Chine.
En date tlu I" juin 191 I .
M. Merckel, agent principal de culture, est désigné pour remplir pai-
intérim, pendant l'absence de M. Magen, les fonctions de Chef des Ser-
vices agricoles et commerciaux au Cambodge.
COURS ET MARCHÉS
DES PRODUITS COLONIAUX
CAOUTCHOUC
LE HAVRE, *"> septembre 1911. — (Communiqué de la Maison V'aijuin et
ScHWEiTZER, I, rue Jérôme-Bellaimato.)
Depuis notre dernier communiqué, le marché est resté calme, les prix pour
sortes Para, Pérou ont baissé très légèrement alors que toutes les autres
sortes sont restées en général sans changemeut et l'on cote :
Para fin.
Francs
12.50 à 12.85
Para Sernamby 7 . 50
Pérou fin 12.25
Pérou Sernamby 10
— — caucho . 1 0
Maniçoba 7 . 25
Madagascar :
Tamatave Pinky 1 7
— Pinky II 6
Majunga 6
9
12.50
11
23
50
50
Faranfanpana 5
Anahalava 6.50
Mananzary. ,
Barabanja . , 6
Lombiro. )
Tuléar 5
Tonkin 6
Congo :
Haut-Oiibanglii 1 1 . 40
11.
10
9.
7.
9
7
8
7.50
6
9.50
11,60
Le tout au kilo,
Francs
Kotto 11.40 à 11.60
H. G, Batouri 7.50 S
Ekela Kadei Sangha 11
Congo rouge lavé 4
Bangui 11
Koulon-Niari 6
Manibéri 5
N'Djolé 6.50
Mexique feuilles scrappy 9.50
— slaps 6
Savanilla :
San Salvador 9
Carthagéne. 7
Ceylan :
Biscuits, erépes, etc. . \
— — e.vtra. . [ 13 13.75
Scrap.s )
Balata Venezuela blocs.. 7.50 8
Balata — feuilles.. S 8.50
magasin Havre.
11
50
5
11
50
9
6
7
50
10
25
7 .
50
11
8.
50
B0RDEAlàX,2 septembre 1911. — (Communiqué de MM. D. Dukfau et
C'^, 10, rue de Cursol.)
La demande s'est fait sentir sur nos sortes Africaines pendant quelques
jours durant août, et il s'en est suivi quelques transactions, réduites cependant
par les prétentions de certains importateurs.
260
COURS ET MARCHES
Le calme semble vouloir revenir avec la faiblesse du Para qui de l'i fr. 00
est à présent à 13 fr. l'i environ.
Nous colons :
Francs
Conakry Niggers
Rio Xuncz
10
11
rio
Suudan Nigfjers Rouges
Soudan Niggers Blancs
10
9
•'ô
Soudan Manuli
11
r?>
Lalioii NlL-'iiers
s
.K)
I>ahuu Petits Cakes
s
Francs
I-aliou (^.akes Moyens 7 . 50
Gambie A ".50
Hassani J>unips .ï
Cianibie A. M 6..Î0
— B 5 . 50
Taniata\e rooly 5.25
(>nm[)itsi Madagascar 8.50
ANVERS, t scpteniiire l'.M 1. — ((Jomnuininué de la Suciété coloniale Aii-
rersoise, 0, rue Rubens.)
Le niiirclié de caoïilcliouc [lendanl le mois dernier a été assez irrég-ulier,
néanmoins vei's la fin du mois les cours se sont raflermis. Notre vente |)ar
inserij)tiou qui se tenait le 2i août dernier a bénéficié de cette fermeté et les
])ri.\ obtenus à cette vente ressortaient de :LH2 ° o pour les espèces du Congo
et de 5.63 °/o pour les caoutclioucs de plantation.
Les cours à cette époque étaient les suivants :
Francs
Kas^ï rouge I 12 à 12 . 375
Kasaï rouge genre tru-
anda II n(jiselte 9.50 lo
Kasaï noir 1 12.25 I - . liO
Kf|uateur, Ycngu. Ikeleni-
ba, Lidonga, etc 12.25 12.60
Lnpori Maringa 7.30 7.80
Francs
Haut -Congo ordinaire.
Sankuru, Lnniani 12.20 à 12.25
.\ru\\iini 12 12.. '^5
Strails Crêpes I 15.50 15. .575
( juayule 5 . 50 ti
Maniçoba 7 , iO 7.90
Mongola lanières 12 12.35
\\'aniba rouge 1 7 . 50 8
Marché à terme.
Les affaires ont été irrégulières pendant le mois d août, les transactions
accusent environ 7(t(» tonnes.
Francs
Janvier I.S.65
Février 13.35
Mars 13. 15
Avril I2.9U
.Mai 12.75
.înin 12. 75
Stock liiijiiillrl l'.il! iti.'i hinnes
Arriv âges en amil 396 —
Ventes en aoùl 339 —
Francs
Juillet 12.75
Août •'
Scptcnibi'c 15.25
Octobre 14.55
Novembre I -i . 40
Décembre .• , 14'. 20
.Vriivages depuis le 1 " jan-
vier 2.880 tonnes
\'entcsde|)nis le I" jan\ier. 2.916 —
COURS ET MAKCHES
261
COTONS
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, H svyAi^'mhvc l'Jll. — Cote officielle. — Louisiane très ordi-
naire en balles, les oO kilos).
Francs
Janvier-février 73.75 à 74.37
Mars-avril 73.75 71.62
Mai-juillet 73.87 74.50
Auiit 73.75 74.37
Septembre.
Octobre. . .
Novembre.
Décembre .
Francs
70.87 à-81.75
74.62 75.62
74 74.75
73.75 74.50
Tendance soutenue. Ventes : 6.200.
LIVERPOOL, 8 septembre 1911. — Ventes endis[)onible : 10.000, .\mérique
bonne demande. Amérique en hausse de l»i 100; Brésil en hausse de 15,100;
Indes, calmes. Cotes Broach en baisse de 1 16 ; cotes Egypte en hausse de i/16 ;
importations, 1,243; futurs ouverts en baisse de 3 à 4/100.
CAFES
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 8 septembre 1911.— Santos good average, les 50 kilos, en
entrepôt :
Février. . .
Mars
Avril-juin.
Juillet.. ..
Francs • Francs
74.75 Septembre-octobre 76.75
7 4.25 Novembre 76.50
74 . 50 Décembre 75 . 75
7 4.25 Janvier 75.25
Tendance soutenue. Ventes : 84.000.
ANVERS. 8 septembre 1911. —Cafés. —Clôture.— Cote officielle de café,
Santos Base good les 50 kilos: septembre, 72 fr. 25; octobre, 7.7 fr. ;
novembre, 76 fr. 50 ; décembre, 76 fr. 23 ; janvier, 73 fr. ; février, 73 fr, ;
mars, 75 fr. ; avril, 73 fr. ; mai, 75 fr. ; juin, 73 fr. ; juillet, 75 fr.
Tendance ferme. Ventes : 35.000 sacs.
HAMBOURG, H septembre 1911. — Les 50 kilos : septembre, 76 fr, 87 ;
juillet, 76 fr. 87. ...
Tendance soutenue.
262
COURS ET AI ARCHE?;
CACAO
LE HAVRE, 31 août 1011.
Au droit de 104 francs.
Guayaquil A ni ha. .
— Balao . . .
— Mactiala
Para
Garupano
Colombie
Ceylan, Java
Trinidad
Grenade
Francs
à 82
72
110
82.
75
50
77.50
76
76
76
117.50
95
78
76
Sainte -Lucie. Domi-
nique, Saint- Vincent.
Jamaïque
Surinam
Bahia fermente
San Tliomc
Côte d'Or..
Samana
Sanchez Puerto Plata. .
Haïti
Francs
67.50 à
65
72
70
7 i
66
68
67
56
n
72
75
7S
76
70
70
70
72.50
Au droit de r)2 francs.
Francs
Congo français 95 à 100
Martinique 90 92.50
Guadeloupe 92 96
Madagascar, Réunion.
Comores
Francs
92.50 à 100
MATIÈRES GRASSES COLONIALES
MARSEILLE, 1') août l'JU. - Mercuriale spéciale de « lAgriculture
prati(jue des Pays chauds », par MM. Rocca, Tassy et de Roux.j
Coprah. — Tendance ferme. Nous colons noniinalemenl eu disponible les
100 kilos c. a. f. , poids net délivré conditions de place.
Java sundried. . .
Saïnou
("ofiinou
Paciliffue Samoa.
Francs
61.50
57 .75
58 . 50
59
Occanie française 59
Francs
Ceylan sundried 65
Singapore 60
Macassar 59.50
Manille 58.50
Zanzi bar 59
Mozambique 59.50
Huile de palme La<,^os. ttO l'rs ; Bouiiy-Henuin, <i7 frs : qualités secon-
daires, à 64 frs les 100 kilos, conditions de Marseille, fûts perdus, prix
pour chargement entier.
Graines de palmiste Guinée 42.50 délivré
— MowiM Manque
COURS ET MARCHÉS 263
Graines oléaçfineuses, — -Situation calme; nous cotons nominalement :
Francs
Sésame Bombay blanc grosse graine 39
— — petite — 38
— Jaffa 45
— big^arré Bombay. Grosses graines. 50 "/o de blanc. . 39
Graines lin Bombay brune grosse graine 4G
— Colza Gawnpore. Grosse graine 29
— Pavot Bombaj' 38
— Ricin Coromanclel 28
Arachides décortiquées Mozambique 38
— — Coromandel 31
Autres matières. — Cotations et renseio-nements sur demande.
TEXTILES
LE HAVRE, 6 septembre 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin
el Schweitzer.j
Manille. — Fair current : 49 fr. 50 à 50 fr. — Superior Seconds : 49 fr. 75
à 50 fr. 25. — Good brown : 4t> fr. à 47 fr. 25.
Sisal. — ■ Mexique : 55 fr. à 57 fr. 50. — Afrique : 01 fr. à 66 fr. — Indes
anglaises : 30 fr. à 46 fr. — Java : 59 fr. 75 à 70 fr.
Jute Chine. — Tientsin : 46 fr. à 48 fr. — Hankon : 45 fr. à 49 fr. 75.
Aloès. — Maurice : 56 fr. à 70 fr. — Réunion : 56 à 69 fr. 50. — Indes : 31 à
37 fr. — Manille : 34 fr. à 42 fr.
PiassavH. — Para : 130 à 150 fr. — Afrique : Cap Palmas : 53 à 56 fr. —
Sinoë : 52 à 54 fr. ; Grand Bassam : 52 à 55 fr. ; Monrovia : 50 fr. à 52 fr.
dhina Grass. — Courant : 77 fr. à 86 fr. — Extra : 95 fr. à 117 fr.
Kapok. — Java : 210 à 240 fr. — Indes : 125 à 130 fr,
Le tout aux 100 kilos, Havre.
GOMME COPALE
ANVERS, 8 septembre 1911. — (Communiqué de la Société Coloniale
Anversoise.)
Le marché du copal a été 1res ferme et en hausse, nous cotons pour qua-
lité courante à bonne :
Gomme triée blanche de belle qualité. . . . 320 à 350
— — claire transparente 230 à 260
— - assez claire opaque i45 à 180
— non triée de qualité courante 110 à 135
264
COURS KT MARCHÉS
LE HAVRE, 0 sept(-inl)rc IVtll.
Schweitzer. I
Gomme cwpale AlVique
— — Madag'ascar
Conimuniijué de MM. Vaquin et
jii à Kmi Iraiics t
10(1 à UH) — ^
les loi) ki'.
POIVRE
(les 50 kgr. en entrepôt)
LE HAVRE, X septembre 1911 :
Saigon. Coui'sdu jour (les "tO kgr. entrepôt)
Francs
Sept tMTibro 91
Octobre 91.50
Novembre 92
Décembre 92 . 50
Janviei' 93
Février 93.50
Francs
Mars 94
.Vvril . . ., 94.50
.Mai 95
Juin 95.50
Juillet 96
Août "
Tendance soutenue; ventes...
IVOIRE
ANVERS, V septembre l'.»M. — Communi<|ué de la Société coloniale
Anvcrsoise.
M;i relié inchangé et avec peu d'atTaires.
BOIS
LE HAVRE, r. septembre 1911.
Scb\veil/.«'r.
Francs
Acajou Haïti C à 10
— Mexique If< 40
— Cuba . . 10 40
— Gabon 11 22
— Okoumé s lu
— (Communiqué de MM. Vaquin et
l'rancs
Kbène-Gabon 20 à 35
— Madagascar 15 30
— Mozamhique S 15
le tout au\ loo kilus. Havre.
MAT.ON, PHOTAT KHKHKS, IMPKIMKIIHS
L' Kdileur-liérant : A. Chamamei.
ENGRAIS POTASSIQUES
Nécessaires à tout planteur
désireux de tirer le maximum de rendement des capitaux et travaux eng-ao-és.
La consommation éocrme de ces en^-rais est la meilleure preuve de leur efficacité.
Et) 1909. elle a été de plus de
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marché du caoutchouc, cotes et rapports du
marché des valeurs de sociétés de plantation
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utile à son nnportanle clientèle, a cm devoir s'occuiier d'une façjon
toute particulière de l'importation et de la vulgarisation des i^^raines et
plantes précieuses des pays chauds.
Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent
certainement au premier rang des maisons recommaudables pour
résoudre cette importante question .
Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a
obtenu 7 Grands l'ricc à l'Exposition Cniveisellc de igoo, dont un
spécialement accordé pour son Exposition Coloniale. En outre, le Jury
delà dernière Exposition Coloniale de Marseille a confirmé les décisions
du Jury de 1900 en lui attribuant un Grand Prix.
Enfin, suivant une longue tradition, la INIaison se fait un devoir de répondre de la façon la jtlus désin-
téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées.
Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte :
Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroya
^igantea, etc.
Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola,
Tabacs divers. Thé (l'Aiinam et d'Assam, etc.
Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Eupliorbia Inlisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis,
Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Mnrsdenia verrucosa, Willughbeia ediilis, cic.
Plantes à épices. — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, l'oivrier,
Vanilles du Mexique et de Rourbon (boutures), etc.
Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc.
Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sur
l'avantage qu'ils Irony^ront à einployer nos caisses vitrées (caisse Ward) pour l'expédition des jeunes
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Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt.
lie Année Octobre 1911 No 103
MINISTÈRE DES COLONIES
Jardin Colonial
L 'Agriculture pratique
des pays chauds
BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
ET DES
Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
ou Directeur du Jardin Colonial, Ministère des Colonies
PARIS
Augustin C H A L L A M E L , E d i t e u b
Rue Jacob, 17
Librairie Maritime et Coloniale
Les abonnements partent du /er Janvier
Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr.
La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale.
Les citations ou reproductions partieties sont autorisées à condition de mentionner la source
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V
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Exp°"Univii° Anvers 1894 _. -^ ^-JU— ,-i. _ -..^-.«^in.i.^
.MÉ.....KS .on SOCIETE ANONYME
1 MED. D ARliENl
Exp"" Univ"' Liège 1905
DIPLOMES d'honneur
DES
Engrais Concentrés
à ENQ-IS (Belgique)
Engfrais complets
pour Cultures
tropicales
Cotonnier.
PRODUITS î
Caoutchouc, Canne à sucre.
Cacao, Tabac, Coton, Ba-
nane, Riz, Café, Thé, Maïs,
Vanille, Indigo, Ananas,
Orangers, Citronniers, Pal-
miers, elc.
Superphosphate concentré ou double r
43/5o "/» dacide phosphoriqiie sohible.
Phosphate de potasse. 38 "/o .l'acide
pliosphorique, 2G oyj, de potasse.
Phosphate d'ammoniaque. /,3 «/n d acide ^^""® ^ ®''^^^
|)hosphorique, 6 *'/o d'azote.
Sulfate d'ammoniaque, 20/21. Nitrate de soude, i5/i6.
Nitrate de potasse. 44 «/o de potasse, i3 o/e d'azote.
Sulfate de potasse, 9G. — Chlorure de potasse, 95 "/o
L'AGRICULTURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Octobre 1911 No 103
SOMMAIRE
Paires
Le Bois de rose de la Guyane. Notes sur quelques caractères de ce
bois, par A. Berleau, Irisi;-énieur d'Âg-riculture coloniale.. . . 265
Le Soja, sa culture, ses usages alimentaires, thérapeutiques,
agricoles et industriels^ par MM. Li-Yu-Yng-, Conseiller
au Ministère de l'Agriculture de Chine et L. Grandvoïnnet,
Ing-énieur agricole (G.) [suite] 270
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maître de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Ag-riculture Coloniale (suite) 295
Le Caoutchouc en Indo-Chine, par M, Pernot, Ing-énieur ag-ro-
nome (suite) 3 1 o
Les Eucalyptus, par R. de Noter (suite) 817
NOTES
Index des noms vernaculaires de quelques végétaux du N.-O.
Africain, par L. Claveau, Sous-Inspecteur d'Ag"riculture
en Indo-Chine 333
Une exception au caractère diadique du papayer, par A. Berteau 34o
DOCUMENTS OFFICIELS
Arrêté conférant le diplôme d'Ing-énieur d'Agriculture coloniale. ... 3^1
Côte d'Ivoire . Arrêté accordant aux cacaos le bénéfice de la demi-
détaxe douanière 34 1
Océanie. Décret fixant les quantités de vanille à admettre au bénéfice
de la détaxe en 191 1-19 12 ^ 3^3
Indo-Chine . Importation des graines d'Hevea 344
Nominations et Mutations 344
Cours et Marchés des Produits Coloniaux (caoutchouc, coton, café,
cacao, matières g-rasses, textiles, g-ommes, poivre, ivoire,
bois) 345
Bibliog^raphie v et
VIII
Fondé en 1901 ^ —
(^'(Agriculture pratique des Says chauds
publiée sous la Direction
de l'Inspecteur Général de TAgriculture des Colonies françaises
Etudes et mémoires sur les Culiures et l'Elevage des pays tropicaux.
Articles et notes inédits. — Docuiueuls officiels. — llapports de missions, etc.
avec figures et photographies
Un numéro de 88 pages paraît, tous les mois
CHAQUE ANNÉE DEUX VOLUMES DE
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l'ASOL, que j'ai aiipliquù cet été sur une de mes serres à orchidées, a pleinement réussi : Je ne l'ai appliqué
que sur la serre froide, ;t Odontoglossnm. J'ai obtenu une température l)eaucoup iilus basse, tout cet été, et
|e n'ai pas l)aisse une seule fois mes stores « claies « ; malgré les forts coups de soleil J'ai donc obtenu de
la fraiclieur, sans pour ainsi <lire perdre le Jour. C'est un avantage énorme de n'avoir pas à baisser et
remonter les claies constamment, et c'est une économie.
Signé : Debbacohahps, propriétaire et amateur d'Orchidées, à Rueil,
ADOPTÉ PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER, MINISTÈRES, GRANDES USINES
Nombreuses attestations et références importantes. — Circulaire et Prix-courant sur demande.
M. DETOURBE, rJÂoU 7, rue St-Séverin, Paris (5^)
Deux Grands Prix : Milan 1906. — Saragosse 1908.
Hors concours. — Membre du Jury : Exposition franco-britannique, LondreSjl908.
4l« Année Octobre 1911 N-» 103
ÉTUDES ET MÉMOIRES
LE BOIS DE ROSE DE LA GUYANE
NOTE SUR QUELQUES CARACTÈRES DE CE BOIS
En même temps qu'il commençait la rédaction de son travail,
M. Bassières nous communiquait quelques matériaux devant per-
mettre une étude préliminaire, sur le Bois de rose de la Guyane.
Ces matériaux, de provenance guyanaise, consistaient seulement
en quelques copeaux servant à la fabrication de l'essence.
La nature de nos échantillons ne nous a pas permis de donner
tous les caractères que nous aurions voulu, particulièrement
pour /?e qui concerne les caractères pratiques si importants, d'un
examen à Vceil ou à la loupe.
Cette petite note se présente donc simplement, comme un début;
nous nous réservons de la compléter plus tard, dès la réception
d'une nouvelle et plus ample documentation.
Caractères macroscopiques. — Le bois de structure assez dense
se présente en coupe radiale avec une couleur jaune clair agréable
à l'œil ; avec un peu d'attention on y perçoit l'existence de petites
plages plus foncées, se détachant en brun mat sur l'ambiance
jaune clair brillant.
Ces petites plages plus foncées, ne sont autres que les rayons
médullaires secondaires, apparaissant sur lensemble des fibres
ligneuses d'aspect luisant.
Si l'on humidifie ce bois, les plages médullaires qu il fallait
examiner avec un peu d'attention, apparaissent très nettement avec
une teinte plus accentuée.
En cet état, le bois a un aspect légèrement moucheté.
1. Pour la bibliographie, voir celle cilce dans le texte de l'étude de M. Bassières :
Le bois de rose de la Guyane et son huile essentielle. Agriciillure pratique des
Pays chauds, u° 100 à 102.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 103. 19
2G6
ÉTUDES ET MÉMOIRES
Caractères histologiques : /" En coupe transversale. — On dis-
tingue très nettement des plages relativement peu lar<^es, limitées
latéralement par les cellules
des ravons médullaires
(fîg-. 1), de place en place
et assez irrég-ulièrement, se
trouvent de gros vaisseaux
du bois à diamètre beaucoup
plus grand que le paren-
chyme tibreux avoisinant ;
ces vaisseaux souvent isolés,
peuvent parfois être réunis
|)ar deux ou trois ; nous pou-
vons dire déjà que le dia-
mètre des vaisseaux est de
12'") ;j. en moyenne; celui des
libres 23 [j. ; les cellules des
rayons médullaires ont sou-
vent plus de GO ;j, d'allonge-
ment dans une coupe trans-
versale.
Les fibres ont une lumière
assez grande, qui égale en-
viron deux fois l'épaisseur
des parois ; parfois cependant
l'épaisseur de la paroi est
plus considérable.
Il existe quelques cellules ligneuses, se distinguant à peine des
libres ; en section longitudinale, la distinction est plus aisée, et l'on
voit que ces dernières sont beaucoup plus nombreuses.
Les rayons médullaires secondaires, présentent quelquefois une,
souvent deux, tiles de cellules.
Sur quelques coupes nous avons pu distinguer des zones saison-
nières ; une a été précisément représentée dans lu /i;/iirc /, où l'on
j)eut remarquer une plus grande densité du tissu vers le l)as du
dessin.
Fig. 1.
Coupe transversale du Bois do
Rose de la Guyane.
t^'* En coupe longitudinale radiale. — Les libres ligneuses pré-
sentent alors leur plus grand allongement, et apparaissent en jaune
LE BOIS DE ROSE A LA GUYA^E
267
clair; perpendiculairement à cet allongement, et de place en place,
se trouvent les ravons médullaires, dont de nombreuses cellules
ont un contenu brun, sur lequel nous reviendrons un peu plus
loin.
Ce sont ces cellules, k contenu foncé, que nous avons lig-uré en
pointillé sur nos dessins (fîg. 2 et 3).
On remarque plus particulièrement dans les coupes longitudi-
Fij;-. 2.
Bois de Rose de la Guyane. — Cellules des Rayons médullaires
secondaires. — Coupe radiale.
nales, de nombreux thylles dans la cavité des vaisseaux du bois.
Ces vaisseaux sont très souvent ponctués, à ponctuations peu
serrées ; nous avons parfois distingué des vaisseaux rayés et réti-
culés accompagnant les premiers.
S'^ En coupe lonyiludinale tangentielle. — Les fibres ligneuses
sont légèrement courbées par suite de la présence de fuseaux plats
de rayons médullaires.
Les fibres ligneuses ne sont pas enchevêtrées ; elles sont au plus
ondulées.
Ces rayons médullaires ne présentent en épaisseur, comme nous
l'avons dit précédemment, que rarement plus de deux cellules ;
ces fuseaux dans leur grand axe, possèdent une dizaine de cellules
superposées et souvent plus ; dans ces cellules, on perçoit encore
un contenu brunâtre; pour quelques-unes il apparaît nettement des
ponctuations (fig. 3).
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LE BOIS DE ROSE A LA GUYANE
269
Caractères microchimiques. — La potasse à froid fait passer le
bois par une teinte jaune dorée, puis ensuite brune.
La potasse à chaud nettoie naturellement les tissus, en faisant
abandonner un précipité grumeleux brun
qui se dépose au fond du récipient.
La phlorog-lucine et l'acide chlorhy-
drique, communiquent au bois une teinte
vive, brillante, rose carmin, assez inégale.
L'acide azotique fumant, donne aux tissus
une teinte jaune brun foncé ; l'action de
l'ammoniaque n'est pas très nette ; il en
est de même de la réaction de Maule l.
Nous avons, d'autre part, essayé l'action
de différents réactifs des résines sur nos
coupes, afin de nous efforcer de connaître
l'origine de la coloration des cellules des
rayons médullaires.
L'alcool éthylique fait disparaître en
partie, cette coloration ; il en est de même
pour la benzine et le sulfure de carbone.
Nous avons essayé, également, d'être fixé
sur la localisation des cellules à essence,
à l'aide de l'orcanette ; les cellules des
rayons médullaires ainsi que certaines
autres contiguës à ces dernières, et légè-
rement plus grandes que les fibres voi-
sines, nous ont seules donné un caractère
positif.
Il semble donc, que ces rayons médul-
laires, contiennent une essence, celle signalée dans le travail de
M. Bassières, et de plus une oléo-résine communiquant la teinte
brune, particulière, qu'affectent les cellules de ce tissu.
Résumé des caractères énoncés. — Nous résumons sous forme
d'un tableau, analogue à ceux présentés par MM. Perrot et Gérard ^,
ainsi que ceux de M. Martin Lavigne 3, les caractères principaux
de l'échantillon que nous avons pu examiner.
A. Berteau.
Fiff. 3. — Bois de Rose de
la. Guyane. Rayons mé-
dullaires et fibres li-
gneuses, coupe tangen-
tielle.
1. Nous nous promettons de revenir sur ce point.
2. Ém. Perrot et G. Gérard, Recherches sur les bois des différentes espèces de
Légumineuses africaines. Les végétaux utiles de V Afrique tropicale française, Paris,
Challamel, 1907.
3. Martin Lavigne, Recherches sur les bois de la Guyane, Paris, Vigot, 1909.
l/LE SOJA
{Suite.)
§ IV. — Engrais.
Influence des engrais sur le soja. Engrais organiques. — D'après
les expériences faites en Autriche par le comte Atteins, il ne faut
jamais semer le soja sur fumure directe au fumier de ferme, mais
seulement 2 ou 3 ans après.
Engrais minéraux. — Des expériences faites à Nice par
M. Levallois, dans un sol pauvre en azote et en acide phosphorique,
il résulte que les engrais complets minéraux augmentent les rende-
ments mais donnent des graines moins grosses, moins lourdes et
moins riches en azote.
a) Nitrate de soude. — Les engrais azotés ont un effet défavo-
rable sur le rendement du soja comme le montrent les expériences
faites par M. Adams à Rhode Island, et par M. Lechartier en
France. En effet, dans les expériences faites par ce dernier en 1900,
la suppression de l'azote dans la fumure a donné lieu à une aug-
mentation de rendement de 800 kilos par hectare pour le fourrage
vert et de 400 kilos par hectare pour le grain (voir graphique I).
Dans les expériences faites par le même auteur en lî)OI, l'adjonc-
tion a amené une diminution de rendement de 400 kilos pour le
fourrage vert et de (iO kilos pour le grain (voir graj)hi([ue 11). Ces
mêmes expériences ont montré que le nitrate de soude n'exerçait
une action satisfaisante que lorsqu'il était accompagné d'engrais
phosphatés. 11 faut remarquer en effet que l'excédent de rendement
apporté pour une fumure composée de nitrate de soude, scories est
plus fort que la somme des excédents apportés par ces mêmes
LE SOJA
271
enj^-rais ag-issant séparément sur deux cultures dill'érentes. Le nitrate
employé seul a amené (voir graphique I) une diminution de
400 kilos de fourrage, les scories employées seules ont amené une
augmentation de 400 kilos, bien supérieure à la somme des excé-
dents. 800 — iOO =^ 400 kilos amenés par les engrais employés
séparément.
Graphiqle I
j 200 Kilos Superphosphate
-1 c ^ /^/ MO — Chlorure de potassium.
J Engrais complet ) ^^^ _ ^.^^^^^ de soude
Plaire.
22 000 Kilos.
22 200 Kilos.
22800 Kilos.
22800 Kilos.
Fourrage uert.
200
Engrais complet moins la potasse.
n Engrais complet moins l'azote.
Engrais complet aoec dose double
d'acide ptiosptiorlque.
Grain
1500 Kilos
1300 Kilos
1.900 Kilos.
1700 Kilos
Engrais complet.
Engrais complet moms la potasse.
[ Engrais complet moins l'azote.
Engrais complet avec dose double
d acide pliosphorique.
Il ne faudra donc employer les engrais azotés que si le sol est
très pauvre en azote, et en tous cas ne jamais les employer seuls.
b) Chlorure de potassium. — D'après les expériences de
IVI. Lechartier, il semble diminuer le rendement en fourrage mais
augmenter le rendement en grains (voir graphique 1). De même
que pour le nitrate de soude, son action est augmentée par la pré-
sence d'engrais phosphatés.
c) Ençfrais phosphatés. — Ce sont les plus efficaces sur le rende-
ment du soja, aussi bien en fourrage qu'en grain. De plus, ils
favorisent l'action des autres engrais azotés et potassiques, les
expériences de M. Lechartier offrent un bel exemple de la néces-
sité d'équilibrer entre eux les dilférents éléments nutritifs dans les
272
ÉTUDES ET MÉMOIRES
iSttOO Kilos
UOOO Kilos
15800 Kilos
19.200 Kilos.
20 800 Kilos
23 1*00 Kilos
30700 Kilos
Graphique II
excédents.
.. Plâtre seul 0 Kilos
Plaire + Nitrate - UOO
.. Plâtre -^Chlorure de potassium... - 2.600
"~ Plâtre ^ Scories + 800 —
...Plâlre+ Nitrate ''■Scories.... + 2.^00
Plâtre^Chlorure^Scories .. + S.OOO
Engrais,.,^ j2^00
complet
Scories iiOO Kilos.
Chlorure de potassium ... 200 —
t^itrote de soude 200 —
Plâtre 200 —
^ ,, , Chlorure de potassium... 200
Engrais complet: ^.^^^,^ ^^ ^^^^^ ^^^
1300 Kilos
121^0 Kilos.
75ii0Kiloî>
I /f 00 Kilos
1 600 Kilos
ISUO Kilos
1700 Kilos.
Plâtre seul .
Plâtre + Nitrate .
Plâtre
Chlorure
Excédents
0
... - 60
- + 2k0
I ... Plçtre + Scories + 100
Plâtre + Scories .y-^oO
+ Nitrate.
Plâtre + Scories + Chlorure .. . + UO
^^^^ff ^ m
complet.
Plâtre 200 Kilos.
r , , Chlorure de polassium... 200
Erçrois complet: | ^^^^^^^ ^^ ^^^^^ 2OÛ
Scories ^00
fumures si Ton veut obtenir des résultats économiques. En elï'et,
dans les expériences de 4901 (voir g^raphiciue II) le nitrate de soude
seul a occasionné une perte de 400 kilos de fourrage, le chlorure de
potassium seul a occasionné une perte de 2.600 kilos. Les scories
LE SOJA 21^
employées seules ont donné un gain de 800 kilos, ce qui nous don-
nerait une perte totale de 2.600 + 400 — 800 = 2.200 kilos. Or
les trois engrais employés ensemble ont donné un augmentation de
rendement en fourrage de 12.300 kilos. De même pour le grain, les
engrais employés séparément ont donné un gain total de 280 kilos ;
ensemble ils ont donné un gain de iOO kilos.
Il faudra donc éviter d'employer de fortes doses d'un seul engrais
et toujours bien combiner ses formules de fumure suivant la
richesse du sol en éléments nutritifs.
M. Lechartier propose pour les terrains granitiques la fumure
suivante :
Chlorui'e de potassium 200 kilos
Superphosphate 16 °/o 200 —
(ou 400 kilos de scories à lô^/o)
Nitrate de soude 100 —
Dans la généralité des terrains, il suffira d'employer les engrais
phosphatés et potassiques à doses plutôt faibles.
§ V. — Préparation .du sol.
Voici comment on opère généralement en Chine : le champ des-
tiné à recevoir le soja est labouré à l'automne. Au printemps sui-
vant on fait un hersage, un nouveau labour, puis vin couvrage.
Cette dernière opération qui se fait au moyen d'une herse rudimen-
taire en branchages a pour but de remuer la partie superficielle du
sol pour l'empêcher de trop se dessécher. Après le semis on donne
un roulage.
Au Tonkin ' on donne généralement deux labours et deux her-
sages.
Le soja n'a qu'un enracinement superficiel, mais il faudra toute-
fois remuer assez profondément le sol pour permettre la constitu-
tion d'une réserve d'eau suffisante.
D'après M. Itié - on cherchera à obtenir un terrain bien travaillé
et assez tassé en ameublissant toutefois la partie supérieure sur
5-6 centimètres.
1. Bui Quang- Ghieu, Les cultures vivrières au Tonkin.
2. Itié, loc. cit.
271 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Dans la Caroline du Sud on emploie les billons pour surélever
les plants à cause de Ihuniidité.
§ VI. — Place du soja dans les rotations.
Au point de vue des cultures qu il précède le soja a un effet
double : il étouffe les mauvaises herbes et enrichit le sol en azote.
Le soja est donc une plante nettement améliorante. Toutefois
son action ne s'exerce pas au même degré sur toutes les cultures,
c'est ainsi qu'au Canada * on a trouvé le soja excellent pour prépa-
rer le sol avant une culture d'orjj^e. Avec de l'avoine -, au contraire,
on a eu de moins bons résultats en la faisant précéder de soja
qu'en la faisant précéder de fève (Massachussett).
Grâce à ses bactéries fîxatnces d'azote et aux résidus qu'il laisse
dans le sol le soja pourra dans une certaine mesure remplacer les
engrais azotés pour les céréales.
Le soja est excellent pour précéder le tabac ou l'indigo.
Il en est de même pour le maïs et le sorgho. Dans l'Etat de
Tennessee on préfère le cowpea (Vigna sinensis) au soja pour pré-
céder le maïs et le sorgho. Pourtant des expériences comparatives
faites dans l'Arkansas entre le soja, le cowpea. la vesce avant le
sorgho ont montré que c'était le soja qui donnait les meilleurs
résultats. Pour précéder le coton, au contraire, la vesce paraît être
légèrement .supérieure.
Le soja peut également précéder le riz, comme cela a lieu depuis
longtemps en Chine.
Voici à titre d'exemples quelques types de rotations les plus
employées. On remarquera qu'elles sont toutes de très courte
durée :
Nord de la Mandchourie :
Orge,
Froment,
Soja.
Sud de la Mandchourie •* :
Riz,
Maïs,
Soja.
1. Fifld, Jîxp. (lunmla Farina Itpl. 1S90.
2. Miissnch. Sla. lipls, 1806-97.
.} li:!/)/). Cnns. Vladivostock, \" février i9l0.
LE SOJA
27o
Mandchourie * :
Sorgho (Caolian),
Soja,
Blé.
Caroline du Xord et Tennessee ^ :
Blé Orge
ou
Soja Soja.
(On fait en une année doux récoltes de soja luUif ou uno de soja tardif.
CHAPITRE III
SEMIS DU SOJA
§ I. — Etude des semences.
Poids des graines. — Voici, d'après quelques auteurs, le poids
des graines de soja :
MESURES
l Sajo d'Ét
I S. t\ Gr. ,
Lechartier
.1. Robert
Wein
de Blaskowicz
Hosie
Brenier
Bui-Quanff-Chieu (Tonkin)
'Étampes
Jaune
S. à Gr. Noire
S. noir hâtif de Podolie.
Glycine Hispida
Tumido-Pallida
de Harz
Mandchourie).. . .
i (Mandchourie). . . .
' Jaune du Japon .-.
Jaune du Tonkin
POIDS
de l'hect.
72,5
73,5
71,5
75.5
67,4--6
50
62,5
75
72,5-75
7:}
POIDS
de 1.000
arraines
S2-IT5
156-159 fjr.
NOMBRE
de graines
au kilo
7.400
8.500
12.200
7.400
1. H. Brenier, La question du soja [Bulletin économique de l'IndoChine. mars-
avril 1910\
2. Soja beans. par Cavendish Evelyn Liardct. 1910.
276 ÉTUDES ET MÉMOIRES
D'après Wein', le poids spécilique des graines est de 1,27 à 1,25.
On s'est demandé si les graines venant en Europe, seraient
aussi bonnes que celles d'origine chinoise. Les analyses faites à
l'Ecole impériale et royale d'agriculture d'Autriche-Hongrie
montrent qu'au contraire le grain est devenu plus lourd tout en
restant aussi riche. En elîet on a obtenu :
Poids de 1000 grains
Graines d'origine 81,5-105 grammes
Graines de première reproduction 110,5-154,5 —
Graines de deuxième — 141,8-103,6 —
Graines de troisième — 110,0-151,0 —
Faculté germinative . — Quand les graines sont fraîches, leur
faculté germinative est très grande. De Blaskowicz avait semé en
pleine terre 2.915 graines : 13 seulement ne germèrent pas, ce qui
donne une faculté germinative de 99,55 "/o.
Cette faculté germinative diminue considérablement chez les
graines âgées ou mal conservées, ce qui tient vraisemblablement à
la matière oléagineuse de leur contenu.
De Blaskowicz avait essayé d'activer la germination en trem-
pant les semences dans l'eau pendant plusieurs heures, mais les
graines éclataient et se décomposaient en partie. Elles étaient
beaucoup moins pleines qu'auparavant, l'eau ayant enlevé une
partie de la matière. 11 faut donc s abstenir du trempage pour le
soja.
Sélection des semences. — // faut garder les graines les plus
lourdes comme semences. En elFet ces graines donnent des plantes
plus fortes et par suite un meilleur rendement, comme le montre
l'expérience faite en 1896 à la station expérimentale d'agriculture
du Massachussett 2.
Semis le 15 septembre :
De 5 graines pesant ensemble 1 gr. 010
et de 5 — — 0 gr. 410
Récolte le Ki décembre :
Les 5 graines lourdes ont donné une récolte de 86 gr. 10
Les 5 graines légères — — 50 gr.
1. Wein, Joiirn. f. Pract. Landwirlschnft, 1S81, t. XXIX.
2. The Yearhook of Ihe Deparlmenl of agriculture, 1896.
LE SOJA 27?
Le rendement obtenu avec des graines deux fois plus lourdes
est donc presque double.
Hellriegel a établi que cette différence de rendement était plus
forte dans les terres appauvries et qu'elle diminuait pendant la
maturité de la plante après avoir augmenté jusqu'à la floraison.
Cette augmentation de rendement par les graines lourdes est due
à ce que ces dernières permettent la formation de racines plus
abondantes qui amènent une nutrition beaucoup plus active de la
plante et par suite son plus grand développement.
Il y aura donc intérêt à trier les graines et à n'employer que les
plus grosses pour les semis.
§ II. — Epoque des semis.
Elle diffère suivant qu'on cultive le soja pour sa graine ou
comme fourrage. Mais dans tous les cas il ne faudra pas semer
avant que tout danger de forte gelée ne soit passé. On peut
admettre que le soja ne résiste pas à 2'' ^
De Blaskowicz préférait les semis tardifs parce qu'ils facilitent
la culture et empêchent la croissance des mauvaises herbes; la
semence rattrapant rapidement celle qui a été semée avant. Mais
d'après Renner ces semis tardifs ont le grave inconvénient de
diminuer le rendement car l'élévation rapide de la température
fait monter les plantes et les empêche de se ramifier. Ceci a été
confirmé en Amérique par une expérience faite sur la variété
Mammoth Yellow -.
Époque du semis
Rendement
D
iminution
17 juin
24,73
—
11 jours
28 juin
23,16
6,4 °/o
18 jours
13 juillet
17,59
29
En France, l'époque qui paraît convenir le mieux est celle du
15 avril au 1*"'" mai. En cas de mauvais temps on pourra attendre
jusqu'au 15 mai et même jusqu'en juin.
1. Itié, Le soja Aç/riculture pratique des pays chauds, 1910, n° 14).
2. Tennessee-Ct. /)uL,82.
278 ÉTLDLS ET .MÉMOIRES
Va\ Italie, on sème en mars-avril car les gelées sont moins à
craindre, sauf dans la haute Italie où on retarde jusqu'en avril-mai
par crainte des gelées '.
En Algérie, on sème au début du printemps. On peut faire éga-
lement des cultures dérobées '-.
En Amérique on sème suivant les régions, de mai à juin.
En Cochinchine, on sème en octobre-novembre.
Dans 1 Inde, de juin à septembre.
Dans la Nouvelle-Galle du Sud, en octobre.
s; 111. — Espacement des plants.
Il doit varier avec :
i" La récolte qu'on veut obtenir. — L'écartement sera plus grand
pour les cultures de graines que pour les cultures fourragères, car
des plants serrés mûrissent leurs graines plus tardivement.
2^ Le climat. — L écartement doit diminuer au fur et à mesure
que le climat devient plus rigoureux. Ainsi, dans le midi de la
France, on pourra adopter 0 m. 7^ en tous sens et dans les envi-
rf)ns de Paris 0 m. 50 seulement.
3" Le terrain. - — L'écartement sera augmenté dans les terres
fortes et diminué dans les terres légères. Il sera plus grand dans
les sols riches que dans les sols pauvres, car un sol riche per-
mettra un plus grand développement des plants.
C'est ainsi que le comte Attems, en Autriche, a trouvé comme
étant les meilleurs, des écartements de 0 m. 'UJ pour un sol pauvre
et de 0 m. 50 pour un sol riche.
i" Les variétés. — Pour les variétés à grand développement
feuillu, il faudra augmenter les écartements pour permettre à la
phinlc (le j)rendre toute son ampleur.
11 laudrji donc pour chaque exploitation rechercher lécartement
optimum. En praticjue, ceci est assez dilïicile à obtenir, car les
cliillVrs peuvent varier d'une année à l'autre comme le montrent
les résultats obtenus au Canada de ISDU à 11102 ', et que nous don-
nons ci-après.
1 . l'iimliiii. lor cil .
L'. Triihiit, lor, cil.
■i. I^.in.idn l'.rfil. fil mis /{/(/.s, I8!t.s-I902.
0,70
0,53
—
0,88
0,71
0,71
—
0,71
0,71
—
0,88
—
—
0,88
0,;i;3
0,79
LE SOJA 279
Stations Espacement uplinuini
_ 1899 1900 1901
Province maritime .
Colombie anglaise. .
Olawa
Manitoba
Territoires du X.-O
Les dilVérences de rendements ont été peu considérables.
Aux États-Unis on a obtenu ég-alement des différences très sen-
sibles entre les espacements optima pour les difterentes régions.
Kansas » 0,7:i X 0,05
Caroline du Nord ' 0,90
Indiana- 0,81
Pour les autres pays on indique les espacements suivants :
Nouvelle-Galles du Sud 0,00 X 0,15
Indes Anglaises 3 0,20 — 0,25
( Midi 0,30
France | Paris 0,75
( Bretagne (I>echartier) 0,40 X 0,15
Autriche-Hongrie 0,48
^ IV. — Profondeur des semis.
Peu d'essais ont été faits à ce sujet. De Blaskowic/. conseillait
trois à six centimètres d'enfouissement. On n'a pas intérêt à aug-
menter la profondeur, car la g-raine est suffisamment résistante.
De plus, en augmentant la profondeur on retarde et on peut même
supprimer la levée. Church conseille 2 a 3 cent. o. On a constaté
que la variété Mammoth ne lève pas quand elle est enfouie à plus
de 3 centimètres.
i. Kansas SU. Bull., 32.
2. Indianu Sla. Bull., 120.
3. Church Food grains of India, 1 40.
280 ÉTUDES Et" MÉMOIRES
§ V. — Quantités de semence à répandre par hectare.
Elle varie suivant :
1<> La faculté germinative de la semence;
2° L'usage ultérieur de la récolte;
3" Le mode de semis.
Nous avons vu que la faculté germinative diminue rapidement
quand Tâge de la graine augmente. 11 faudrait donc avant chaque
semis faire un essai pour déterminer le pourcentage de graines
pouvant germer. On calculerait alors la quantité à semer en tenant
compte de ce chiiTre. Par exemple, si on a une semence ayant une
faculté germinative de 75 *'/„ et que la quantité à répandre par hec-
tare soit de 40 litres dans une culture donnée, il faudra en réalité
semer : =z, = 53 1. 33 par hectare de façon à compenser
les non-germinations.
11 faudra semer plus pour les cultures fourragères que pour les
cultures pour graine, car l'aération des plants est moins nécessaire
dans le premier cas où on ne recherche pas la maturité. D'après les
expériences faites en Amérique ' il faudrait répandre au semoir :
Pour la graine 29 1. à 33 1. 5
Pour le fourrage 14 1. à 65 1.
L'emploi du semis en lignes et surtout du semis en poquets per-
met de réduire considérablement la quantité de graines à répandre
par hectare.
C'est ainsi que dans Tlndiana on a trouvé comme donnant les
meilleurs rendements les quantités suivantes ' :
Quantités semées]
en litres
Au semoir 35,7
A la volée 130,66
En France on emploie :
En poquets 35 kilos
A la volée 200 —
En Algérie on emploie :
l\>ur le fourrage •* 40-60 kilos
'n^
1. Itié, Le soju {LAfjriciillure prali(iue des pays chamls, mars 1910).
2. Indiana Sla liulL. 120, pp. 439-460.
;j. Trahul, loc. cil.
LE SOJA , 281
§ Vi. — Exécution des semis.
Les semis peuvent se faire :
1° A la volée,
i" En lignes,
3" En poquets.
Le premier mode ne peut être employé que dans les terrains
dépourvus de plantes adventices, car il empêche les façons d'entre-
tien. Il est surtout employé pour le fourrage.
Les semis en lignes sont employés dans les exploitations des
Etats-Unis et du Canada
CHAPITRE IV
LE SOJA PENDA^T SA VÉGÉTATION
^ I. — Germination.
La levée du soja est retardée dans les terres dures, desséchées
et mal labourées. Il faudra donc chercher à avoir, par des façons
appropriées, un ameublissement suffisant de la couche qui recouvre
les graines.
La sortie de terre a lieu généralement en une semaine dans les
circonstances ordinaires. Le plant se développe d'abord lentement
puis part ensuite très vite.
La croissance du soja est rapide et permet sous quelques climats
de faire deux récoltes par an (Caroline du Nord, Tunisie ', certaines
provinces de Chine).
La durée de végétation qui est en moyenne de 120 jours, peut
varier très sensiblement avec :
le climat,
les variétés,
répo([ue du semis,
l'emploi des engrais.
Dans les pays chauds la durée moyenne donnée plus haut peut
être réduite de moitié. C'est ainsi qu'à Ceylan on récolte les
1. Farmers hiil., 372, p. 12.
Bul. du Jardin colonial. t9l I. IL — N» 103. 20
282 ÉTUDES ET -MÉMOIRES
graines deux mois après le semis ', en Chine trois mois, en
Nouvelle-Galles du Sud deux mois et demi à trois mois. En France
il faut compter six mois, en Podolie et en Lithuanie trois à
quatre mois.
Les variétés ont des durées de végétation très dillerentes les
unes des autres. On aurait d'après M. Itié ^ pour les variétés
américaines :
Buckshot i^Early Black) 7b jours
Ito San 81 à 129 —
Médium Yellow 80 à 164 —
Meyer HO —
N» 12.. 399 130 —
Médium Early Yello^Y 150 —
Mammoth Yellow 113 à 186 —
Micliigan green 162 —
La durée de végétation augmente quand on sème plus tôt. La
diiîérence pour une même variété pourrait, d'après M. Itié,
atteindre trois semaines.
Enfin l'emploi de certains engrais, comme le nitrate de soude,
hâte la maturation. Ceci a été constaté à New-Jersey -^
§ IL — Repiquage du soja.
Le soja peut se repiquer. Des essais ont été effectués à Fécole de
viticulture de Marbourg et ont donné de bons résultats. D'après
M. Hansel, on repique quand le plant a deux feuilles en plus de
ses cotvlédons. La tige a alors dix à douze centimètres et la racine
pivotante autant. Si on prenait des pieds plus vieux ils seraient
endommagés par l'arrachage.
Le plant reprend très vite sa végétation normale. Pourtant le
repiquage n'est pas à conseiller. En effet il est inutile car les
graines rattrapent rapidement les plants repi(|ués, le travail est
compliqué car il faut arracher et repiquer en mottes avec le déplan-
toir. D'ailleurs dans les sols secs qui conviennent surtout au soja
le repiquage est douteux car les collets se cassent fréquemment,
1. Su]i]ilciiienl Iroiiicnl Hfiriculliirisl, ûvccm])rc 1900.
'J. Ilié, Le Soja L';i(jriciil(iirc des piiys chauds, niuis lOlo..
3. .\ew Jersey !Slu. Bull.^ 16.
LE SOJA â83
les racines secondaires qui se développent par suite de cette rupture
sont trop superficielles et ne peuvent chercher dans les couches
profondes du sol Ihumidité nécessaire à la plante.
Donc si l'on veut économiser de la semence il vaudra mieux
semer les graines une à une que de repiquer. Le mieux est de
remplir les vides avec les plants provenant de l'éclaircissage qui a
lieu aussitôt après la levée. En eil'et ces plants reprennent très
facilement et rattrapent rapidement ceux qui n'ont pas été trans-
plantés.
§ III. — Façons d^ entretien.
En Chine on roule aussitôt après les semis, puis on donne
trois binages. Le premier a lieu quinze jours après l'apparition des
jeunes pousses, le deuxième un mois après le premier et le troi-
sième un mois après le second. L'éclaircissage a lieu au premier
binage.
En Europe on se contente généralement de deux binages.
Il faudra tenir le sol exemjDt de mauvaises herbes jusqu'à ce que
les plants aient dix à douze centimètres de haut. Ils seront alors
assez grands pour étouffer les plantes adventices.
En Indo-Chine on bute les pieds avec une sorte de houe.
§ IV. — Irrigation.
Le soja se développe bien en climat sec si on le cultive en terre
fraîche et profonde. Mais si le sol est léger les récoltes seront
considérablement augmentées par l'irrigation, surtout pour les
variétés fourragères à grand rendement.
D'après MM. Rivière et Lecq i l'irrigation rendrait la maturation
difficile ; d'après M. Trabut -, au contraire, on peut obtenir de très
belles récoltes.
§ V. — Floraison et fructification.
Les fleurs commencent à apparaître deux mois après les semis.
Elles apparaissent successivement pendant un mois et demi ou
1. Rivière et Lecq, loc.cil.
2. Trabut, Gouv. gén. de l'Aljr. Service Bot., Biillelin, 19.
284 ÉTUDES ET MÉMOIRES
deux mois. Leur fécondation a lieu directement sans l'aide des
insectes. Puis les gousses apparaissent aussi successivement. La
déhiscence est très variable suivant les variétés. Alors que certaines
variétés noires sont presque indéhiscentes, d'autres comme la
Guelph, la variété brunâtre de Podolie laissent échapper très
facilement les graines si elles sont exposées k des alternatives de
soleil et de rosée qui font éclater les gousses. Il faudra, pour ces
variétés, récolter avant la maturité complète.
Le Médium Earlv Yellow et quelques autres variétés ne mûrissent
qu'après de fortes gelées mais sans que les graines soient altérées.
§ VI. — Ennemis du soja.
Le soja que l'on croyait inattaqué par les animaux lors de son
introduction en Europe a pourtant de nombreux ennemis. Le seul
qui puisse causer des dommages sérieux est la larve du Taupin
(Agriotes segetis) ou ver fil de fer. A l'Ecole d'agriculture et de
viticulture de Znaim, en Autriche, sur 2.800 graines d'un essai
981 seulement furent épargnées par le taupin qui s'attatjue aux
jeunes pieds dont il dévore les collets et les racines.
La chenille de la Vannessa Cardui (Belle dame) dévore les
jeunes feuilles. Elle a causé des dommages à l'Ecole de Prévau en
Autriche.
D'autres insectes ou leurs larves. Cétoine dorée (Cetonia aurata).
Perce-oreilles, taupe grillon, Ciron tisserand, ver blanc du hanneton,
s'attaquent également au soja. Les Scolopendres, les limaces sont
des ennemis peu dangereux.
Les lièvres s'attaquent au soja, on les éloigne au moyen d'épou-
vantails.
Les mulots et les hamsters dévorent les graines mûres dans
les champs.
CHAPITRE V
RÉCULTK IJI SOJA
>:^ 1. — Ejtoquo (le lu recolle.
Foiirni(/e. — La récolte a lieu du commencement de la lloraison
au moment oii les giîiines sont à demi-formées. Si l'on attend (jut'
LE SOJA 285
toutes les Heurs soient passées, les tiges deviennent grossières,
leur valeur alimentaire diminue rapidement. Dans la Caroline du
Sud on récolte quand il v a encore des fleurs, alors que quelques
gousses sont déjà presque mûres '. On a ainsi le maximum de
rendement en fourrage de bonne qualité.
M. Mnay ~ conseille de récolter avant la floraison, mais le
rendement est moindre, le produit étant toutefois plus riche en
azote.
En France, d'après M. Lechartier '^ on récolte de fin août à fin
septembre suivant les variétés.
Aux Etats-Unis (Massachusett, Connecticut) on récolte et on
ensile dans la première quinzaine de septembre.
Grain. — La récolte a lieu à la chute des feuilles, sauf pour
quelques variétés comme la Guelph.
Il n'y a pas d'inconvénient à laisser la plante sur pied quand il
fait froid car la maturation ne s'interrompt pas même quand les
feuilles du sommet sont gelées. Toutefois on pourra alors avoir
égrenage, si on laisse la maturité s'effectuer complètement.
On peut aussi arracher les pieds avant maturité complète et les
laisser en poupées sur le sol ou sur des fanoirs à trèfle. L'arrière
maturation s'effectue alors sans difficulté.
En France on récolte en fin septembre (soja de Podolie et de
Hongrie) ou en fin octobre (soja d'Etampes).
En Italie, en juillet et en août.
Aux Etats-Unis, de fin septembre à fin octobre. Quelques
variétés hâtives mûrissent dans la première quinzaine de septembre
(Dwarf Early Yellow, Ito San, Early Brown) et même en août
(Very D^varf Brown).
En Indo-Chine, de mars à avril.
Dans l'Inde, en décembre ou janvier.
§ IL — Pratique de la récolte.
Fourrage. — On emploie la faux ou la faucheuse mécanique.
Le fanage devra être surveillé avec le plus grand soin. Si on
1. Norlh Caroline Sta. Bull., 97.
2. Itié, loc. cit. [Affriciilture pratique des pai/s cha.iids, 1910).
3. L. Grandeau, Le Soja Ilispida {Journal d'agriculture pratique, 1903, n" 26, 27, 28).
286 ÉTUDES ET MÉMOIRES
entasse avant fanage complet il y a échauUement rapide de la
niasse, puis fermentation et pourriture. Si on laisse trop longtemps
le foin au soleil il devient cassant, les feuilles et les jeunes g-ousses
tombent très facilement et le foin perd beaucoup de sa valeur
nutritive.
On met en bottes ou en menions puis en meules ou en grange.
Les meules doivent être couvertes par de l'herbe ou de la paille.
Il sera bon de les aérer en laissant au centre une cheminée pour
éviter l'échautrement.
Grain, — La récolte est plus ou moins facile suivant les variétés.
Dans les petites cultures on procède généralement par arrachage
des pieds entiers qu'on réunit en bottes qui sont suspendues à des
perches pour activer la dessiccation.
Dans les grandes exploitations américaines on emploie les fau-
cheuses mécaniques ou les javeleuses. Mais l'usage en est plus ou
moins commode suivant les variétés. Avec les variétés hâtives
qui ont leurs fruits près du sol la faucheuse coupe beaucoup de
gousses en deux et en laisse d'autres attachées après les chaumes.
Avec les variétés tardives (Mammoth), non ramifiées à la base la
récolte est beaucoup plus facile et on emploiera alors avantageuse-
ment la javeleuse.
Il ne faut pas mettre les plantes en tas avant qu'elles soient
bien sèches, on aurait alors un changement de couleur des graines
qui perdraient de leur valeur. On évitera de mémo d'entasser la
récolte dans un lieu humide.
§ III. — Battage.
On peut effectuer le battage sur le champ même, comme cela a
lieu dans l'Inde. On laisse la récolte une semaine sur le champ puis
on fait piétiner par le bétail. On vanne ensuite pour séparer la
paille.
On peut employer une machine à battre quand la récolte est bien
des.séchée. Sinon on l'étend dans la grange pour la dessécher com-
plètement avant de la battre.
Conservation du grain. — Dans les greniers on a quelquefois à
craindre les souris qui mangent volontiers le grain. On n'a jusqu'ici
LE SOJA
287
signalé aucun insecte s'attaquant au soja en grenier. Toutefois
nous avons constaté sur des variétés chinoises à téguments cra-
quelés des dégâts causés par des insectes que nous n'avons pas
encore déterminés.
§ IV. — Rendement du soja.
Rendement en fourrage. — D'après M. Lechartier, le soja peut
donner en France de 21 à 31 .000 kilos de fourrage vert ou 5.200 à
8.000 kilos de foin sec par hectare, suivant les variétés employées.
Aux États-Unis la variété Guelph donne couramment de 17 à
2o.000 kilos de fourrage vert. M. Jules Robert a récolté à Seclowitz
30.000 kilos de fourrage vert ou i 0.500 kilos de foin demi-sec prêt
à être ensilé. D'après ce praticien 10 kilos de soja vert valent
5 kilos de farine de maïs et ne coûtent que 0 fr. 25 tandis que la
farine coûterait un franc.
Rendement en grain. — En 1876 Haberlandt fit des essais sur
trois variétés de Chine et deux de Mongolie à Vienne. De ces
cinq variétés deux ne purent fleurir ; les trois autres donnèrent les
rendements suivants :
Variétés
Nombre
de
plants
Poids
des
graines
récoltées
Rendement rapporté
àl'Ha.
en kil.
en iiect.
«îaiinp rlaîp de Chine
27
25
15
249 gr. 2
336 gr. 5
196 gr. 9
2 . 769
3.739
2.177
39
53,4
31,1
Jaune clair de Mandchourie
Brun roiitre de Chine
Le soja est extrêmement fécond ; le nombre de gousses produit
par un pied peut être très considérable. Ainsi, en Hongrie, le
comte Attems a obtenu des rendements égalant 70 à 200 fois
la semence. A Rabensburg (Moravie) on a récolté 050 fois^ à
Munchendorf 670 fois, à Schlang (près Breslau) 680 fois l'équi-
valent de la semence.
En Russie, Owinsky a obtenu jusqu'à 400 à 500 graines par pied
pour la variété noire.
M. de Blaskowicz a obtenu par pied de 11 à 40 gousses conte-
nant chacune de un à quatre graines. Il a récolté par hectare
2.588 kilos.
2 s. s
ETL'DKS KT MKMOIRES
D'après les essais de M. Jacques T. d'Albay à la propriété de la
Gouttre (par Ussac en Corrèze) le rendement serait plus «j^rand que
poiii- le haricot ordinaire.
M. Jules Robert a obtenu à Seclowitz 1.873 kilos de graines à
Ihectare. Wein ' a eu des rendements de 2.(100 kilos.
\in Italie Uuata et Testoni - ont obtenu l.oOO kilos.
Pinolini ' accuse des rendements de 3o à io hectol.
l-ln (^hine M. Ilosie si«(nale des rendements de 27 hectol. 5 à
.y.) hectol. pour la Mandchourie.
Au Japon le rendement moyen en j^raines est de 2.300- à
3.000 kilos à l'hectare.
Aux Etats-Unis, M. Bail donne comme rendement moven
13 hectol. o.
La variété employée a une énorme influence sur le rendement.
C'est ainsi qu'aux Etals-Unis on a obtenu ' :
\'ai'iéli''s
Mcdiiiiii lUiiclv
X'cry I)\\ai"f lh'i>\\n. .
J'"arly ISruwn
Kiirly (îrocn
Modiiim (li-ccii
Ilolybrook
(ïiicipli
Ilo San
.lapanese Pea
Mainiiinlli Vcllow . . . .
Miclii^Mii (irccu
Grceii Samai'uw
Tokyo
Eai-ly Wliitf
Dwarf l'iiiilN '^ .■lliiw. .
ICai-ly '^'l'IIdW
Mciljiim Karly VcIIkw
Vcllow
N" (Mo:
N' l!».lK(i
Rendement à 1 Ha
en hccL.
11', 1
8.4
10.54 -1.},j8
•;,so '-]4,nn -'
12,10 1-1 1,00 2
8,70 1-10.80.
5,70 7
11.10 1-28,70 -'
l.(,2(l
7,5 -18.20 '
19,10 -.'$4,80
Plus de 1 1
Plus de 7
15,90-.33
Plus de 11
1. 1,1 0-2 2
s,70-:$,'i
Plus de 1 1
43,5
28.0
Stations.
Massacii-lIakli-Sla.
liidiana. Sta.
Indiana Sta.
( Delaware SI a '.
( ^'il■gin Sta -'.
( Massach-Hutch >.
' Illinois 1.
Indiana Sta i.
l(i(Mn.
j Indiana i.
' ^^■is(■(lnsin -'.
\'ir{;;inia.
Mississijji i.
W'isconsin.
Kansas.
Idem.
Massachuscl I .
( Illinois.
' Kansas.
< )ntaiio.
Indiana.
Kansas.
Wisconsin.
Delaware.
1. lli'i/i .liiiiiu.il /. /(/-. I.;n\ihi'irlhsch;ifl, 1881, t. .\.\l\.
2. lUiata el Testoni. Lu soin iieii nlimcnl.izinnp itniinn.i . p. 8.
.1. Pinolini, Délia Soia. 1005.
1. Ilié. f.o Soja A(/ri(iilliire pratique Jeu pays rhaiids. déc. I!»I0
LE SUJA ' 2(S!)
On voit que les rendements varient considérablement suivant
les variétés ; c'est ainsi que l'Early Green donne 7 hectol. 80 et le
n° 9.407 : 63 hectol. o.
L'Annuaire du département de l'Agriculture des Etats-Unis ( 1 897)
donne comme chitTres extrêmes : i3 et 87 hectol. à l'hectare.
Le rendement est très variable même pour une seule variété ;
c'est ainsi que le Médium Early Yello\v donne de 8 hectol. 70
à 33 hectol.
Rapport du poids des graines récoltées aux déchets. — En géné-
ral le rapport du poids des graines récoltées au poids de la paille
est de 1/2 mais ce rapport peut changer considérablement. Il
diminue dans les années humides et augmente dans les années
sèches. C'est ainsi qu'à Zittolieb, dans le domaine du prince de
Schwartzenberg, on a obtenu dans une année humide 1 kilo 320 de
grain pour 81 kilos 320 de déchets, ce qui donne un rapport de
4/61,9.
M. de Blaskowicz avait obtenu 2.588 kilos de graines et
4.388 kilos de déchets, soit un rapport de 1/1,6,
M. Jules Robert 1 .873 kilos de graines et 400 de déchets, soit un
rapport de 4,68.
Rendement en éléments nutritifs. — D'après Wein, des récoltes
ordinaires de haricot, de pois et de soja pourraient donner à
l'hectare les poids suivants d'éléments nutritifs :
Protéine
Matières grasses.
Haricots
Bois
Soja
154 kilos
498 kilos
666 kilos
40 —
34 —
366 —
On voit que le soja tient la première place comme valeur nutri-
tive de la récolte même parmi les légumineuses les plus riches.
D'après G. Renner les meilleures plantes cultivées en Europe
exigent trois à cinq fois plus de surface que le spja pour produire
autant de matières nutritives et trois à cinq fois plus de dépenses
pour obtenir autant de protéine et de graisse.
290 ÉTUDES ET MÉMOIRES
CHAPITRE YI
FIXATION DE L AZOTE ATMOSPHÉRIQUE PAR LE SOJA
AMÉLIORATION DU SOL
Comme celles des autres légumineuses, les racines du soja
portent des ampoules ou nodosités qui s'enrichissent en azote aux
dépens de l'atmosphère. Ces nodosités, blanches au début, se
subérifient et deviennent brunes. Elles sont constituées par un
parenchyme contenant des cordons libéro-ligneux et des cellules
spéciales au centre. Ces cellules renferment des amas de bactéries
en forme de baguettes arquées ou en Y et de 3 [x environ de lon-
gueur.
Ce sont des bactéries qui fixent l'azote atmosphérique et en font
profiter la plante entière.
D'après Hiltner ' les bactéries des légumineuses comprendraient
deux espèces :
Rhizobium Beyerinckii (Soja, etc.).
— Radicicola (Pois, etc.).
D'après M. Mazé - il y aurait une seule espèce de bactérie pour
toutes les légumineuses, mais cette espèce subirait des variations
considérables, suivant la réaction du sol où serait cultivée la
plante.
Les expériences semblent indiquer qu'il y a une variété spéciale
de bactérie pour le soja. En elfet, Kirchner avait constaté que le
soja ne produisait pas de nodosités alors qu'il était à proximité
d'autres légumineuses qui en étaient abondamment pourvues.
Pour s'assurer si cette absence de nodosités était bien due ii ce
que la terre était privée d'une variété de bactérie propre au soja ^
il cultiva cette plante, d'une part dans une terre ordinaire n'ayant
pas porté de soja, d'autre part dans cette même terre saupoudrée
1. Ililtner, Uher die Bacteroiden der legumineusen knollchen iind ihrcwilkurliche
Erzerifçung aiisserhalh der Virtspflanzen (Centralhlatt f. Bakt. 1900).
2. Mazé, Les microbes des nodosités des légumineuses (Ann. deVInst. Pasteur,
1899, t. XIII, p. 115).
.3. Beitrage z. Biologie der Pflanzen, 1895, 1. \II, p. 2î3. — Kircinier, Die \\ur-
zelkniillchem der Sojahohne.
LE SOJA 291
avec de la terre du Japon ayant déjà porté de nombreuses récoltes
de la plante. Les nodosités absentes dans le premier lot furent
abondantes dans le second. Le rendement fut augmenté en graines
plus grosses et plus lourdes.
M. Trabut obtint des résultats analogues en Algérie.
Il est donc à prévoir, que dans un sol n'ayant jamais porté de
soja, les rendements augmenteront quand la terre sera habituée à
la plante, c'est-à-dire quand le sol contiendra en quantité suffisante
la bactérie spécifique du soja. C'est ce qu'on a constaté dans les
Indes.
On a essayé de provoquer rapidement la formation abondante de
nodosités en inoculant au terrain la bactérie fixatrice d'azote, soit
sous forme de culture pure, soit sous forme de terre déjà infectée.
De nombreux essais ont été faits aux États-Unis, dans le Wis-
consin et le Kansas surtout. Les récoltes obtenues furent plus
abondantes et plus riches en azote dans la première année. Par
contre, la proportion d'huile et de cendres avait diminué.
Au Kansas la terre infectée est semée sur le champ au semoir ou
à la main, ou bien les graines sont trempées dans l'eau contenant
de la terre infectée.
L'emploi des cultures pures de bactéries a été préconisé par
M. Stormer •. D'après cet auteur il faudrait tremper les graines
dans 'la solution de culture, puis les saupoudrer quand elles sont
encore humides de carbonate de chaux et de plâtre en poudre. Ces
substances sont destinées à neutraliser Teftet toxique des excrétions
des graines en germination sur les bactéries. Elles donneraient
une augmentation des lixations d'azote de 30 "/„.
Les nodosités ne se" forment en grande abondance que lorsque le
soja n'a pas assez d'azote. Il est alors contraint d'en prendre à
l'atmosphère, ce qu'il fait au moyen de ses bactéries. Celles-ci ne
se développeront donc pas si on incorpore au sol des engrais azotés.
C'est ainsi qu'on a remarqué aux Etats-Unis à la station d'essais de
Massachusett, que le nitrate gênait considérablement la formation
des nodosités. Conséquemment, on a donc intérêt à ne pas donner
d'engrais azoté au soja (ce que montrent également les expériences
de M. Lechartier citées plus haut au sujet des engrais), il sera plus
1. Milt. Landwirthschaft Inst., Leipzig, 1907, n" 8,
'4^2 ÉTUDES ET MÉMOIRES
avantag-eux de le laisser prendre lui-même à 1 air, Tazote dont il a
besoin.
Les racines qui restent dans le sol après la récolte du soja con-
tribuent donc dans une larg-e mesure à améliorer la terre puis-
qu'elles lui donnent de l'azote pris à ratmospiièi'c.
CHAPITRE VII
I.E SOJA I;N mélange et en Cl LTIRE INTERCALAIRE
Nous avons vu ' que, d'après certains auteurs, le soja serait très
exig-eant pour la lumière et l'air. M. Ladureau va jusqu'à dire ([ue
a le soja ayant surtout besoin d'air, on ne saurait le semer entre
les pieds de maïs ». Pourtant dans beaucoup de régions (Chine,
Indo-Chine, Etats-Unis), on cultive avec succès le soja en mélange
avec le maïs, le riz, le sorgho, le cowpea (Vigna sinensis"), etc.
Soja et rnnYs. — Le soja est cultivé avec le maïs dans bon
nombre d'exploitations, les deux plantes ont en elîet des exigences
tout k fait analogues et peuvent par c>>nsé({uent pousser cote à
côte.
Au Tonkin -, dans les cbamps, de maïs on pratique vme culture
intercalaire du soja qui a surtout pour but d'empêcher par son
ombrage le développement des mauvaises herbes. On sème alors le
soja quand les plants de maïs ont déjà une vingtaine de centimètres
de hauteur.
On trouve également le mélange soja et maïs en Chine et au
Japon.
Aux Etats-Unis on pratique la culture en mélange du maïs et du
soja pour l'ensilage '^ On obtient ainsi après hachage un aliment
excellent pour le bétail. On emploie des variétés hâtives dans la
proportion de I de soja pour <) de maïs. Le semis des graines de
soja a lieu à l'époque de la dernière façon de ni.iïs. dans le cas de
In cultiire intercalaire.
1. Voir plus haut : Kxifi^ences climalt-ritiui's du soja.
2. n. E. lie iIndo-Chine. 1907, p. •2'î:\.
'.\. Wisconsin alii. rpl., lito.
LE SOJA 293
On peut opérer de plusieurs façons :
1° Semer à la volée le mélange des deux graines, comme cela se
pratique dans le Wisconsin ;
2° Faire alterner sur une même ligne, les pieds de soja avec les
pieds de mais ;
3° Cultiver des billons alternés de soja et de maïs comme dans
l'Etat de Virginie.
4** Mettre sur chaque billon deux rangées de chaque plante.
Le premier procédé est avantageux en ce sens qu'il permet de
supprimer l'emploi du mélangeur pour le fourrage haché.
La récolte du mélange se fait sans difficulté au moyen de la
moissonneuse à maïs ' .
Soja et coivpea (Vigna sinensis). — Ce mélange est employé
assez fréquemment en Amérique '. Dans ce cas le soja sert à
supporter les tiges grimpantes du Vigna. 11 faudra donc employer
les variétés robustes à tiges dressées. Celles qui sont les plus
emplovées à cet effet aux Etats-Unis sont la Mammoth et l'Hollv-
]:)rook.
D'après les ouvrages américains le mélange doit être fait dans
la proportion de 2 litres de soja pour 1 de vigna. On sème envi-
ron 130 litres de mélange à l'hectare. Il faut avoir bien soin de ne
pas trop enfouir le soja. L'expérience a montré que, lorsque la
graine était à plus de 5 centimètres de la surface, elle germait très
difficilement et ne donnait qu'une plante chétive ou pas de plante.
La récolte doit être elfectuée quand la moitié des gousses de
soja sont formées ou quand les premières gousses de coAvpea sont
mûres. Grâce aux tiges de soja autour desquelles grimpent le
copwea la récolte est plus facile qu'avec ce dernier cultivé seul. Le
fanage du mélange est un peu plus difficile que celui du soja seul,
mais plus facile que celui du copwea cultivé seul. On a remarqué
qu on obtenait un plus grand rendement en cultivant les deux plantes
mélangées qu'en les cultivant séparément.
Le bétail a une préférence marquée pour le soja, mais consomme
volontiers le mélange et ne laisse pas de déchets.
1. Masxachiissetl sln. rpl.. 1902, p. 63.
2. Voir : Soya bcaiis. loc. cit.
294 ÉTUDES ET .MÉMOIRES
Soja et riz. — Ce mélange est employé, paraît-il. dans la vallée
d'Assam ', on n"a aucun détail sur les résultats qu'il donne.
Soja et sorgho, sucre. — Cette culture ne peut être faite à pro-
prement parler en mélange, mais seulement en lignes alternées car,
si on sème à la volée, le soja étouffe le sorgho. On emploie pour
ce dernier la variété ambrée de préférence à toute autre.
Soja et millet. — Ce mélange ne donne jamais de bons résultats
car le millet mûrit trop tôt. Il faut employer les variétés de soja
les plus précoces.
On a également semé du soja dans les intervalles des cultures de
coton et de cacao. 11 y vient bien mais, naturellement, diminue la
récolte principale.
[A suivre.) Li Yu Ying,
Conseiller de /'"'^ classe au Miitisière de VAfjrieulture de la Chine.
et L. Grand voiN>ET,
Ingénieur agricole [G.].
1. Itie, Le soja {AijricuUure pratique des pays chauds, décembre 1910).
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
[Suite.)
XI
Caractères des fibres végétales'.
GÉNÉRALITÉS
Les fibres ont une importance beaucoup plus grande que les poils
vég-étaux au point de vue des applications. Leurs usages sont en
effet très nombreux : elles peuvent servir à la fabrication de tissus
de finesse et d'aspect extrêmement variés, de cordag-es, de pâte à
papier, de brosses, de tapis, à tous les travaux de sparterie, etc.
Cette variété est elle-même en rapport avec le grand nombre de
fibres que nous offre le règne végétal et avec les qualités très
diverses de ces produits, qualités qui les rendent plus spécialement
aptes à tel ou tel mode d'emploi.
Aussi l'étude des fibres devra-t-elle nous arrêter plus longtemps
que celle des poils ; nous lui consacrerons deux chapitres ; dans le
premier, nous examinerons d'abord les caractères généraux des fibres,
ce qui nous fournira les bases de leur détermination analytique ; le
deuxième sera consacré à l'étude des principales fibres groupées
par familles naturelles, soit au point de vue de leur origine, tant
botanique que géographique, soit au point de vue de leurs qualités
particulières et de leurs applications.
Nous subdiviserons le premier chapitre de la manière suivante :
I. Nature des fibres ; caractères morphologiques : longueur,
diamètre, épaisseur des parois, cavité axiale, terminaisons.
II. Association des fibres en faisceaux ; procédés de dissociation.
1. Consulter à ce sujet : Vétii.lart, Eludes sur les fibres véyélales lexliles ;
H. Lecomte, Textiles végétaux ; Manget, Tableaux synoptiques pour l'examen des
tissus.
2D6 ÉTUDES ET .MÉMOIRES
III. Propriétés physiques : couleur, brillant, résistance. hyg:ro-
scopicité.
1\ . Nature chimique de la paroi.
^^ Principes de la détermination analytique des libres.
I
•NATURES DES FIBRES. CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES
a) Nature des fibres. — Les fibres sont les éléments par excel-
lence du tissu de soutien. Ces éléments sont g-énéralement des
cellules à parois très épaisses, dont la longueur dépasse beaucoup les
autres dimensions, terminées en pointes plus ou moins vives aux
deux extrémités, ayant donc à peu près la forme d'un fuseau très
allongé.
L'épaississement de la paroi est corrélatif de lallong-emeilt et se
produit à la fois par dépôt de matière à lintérieur de la cellule et
par intercalation de nouvelles particules dans les couches déjà for-
mées. L'apj)osition de couches successives à l'intérieur de la fibre a
pour ell'et de diminuer progressivement la cavité de celle-ci ; en
délinitive, lorsque la fibre est mûre, cest-à-dire a atteint sa com-
plète difl'érenciation, c'est une cellule nn)rte qui ne contient plus
ni ))rotoplasma, ni noyau, au moins à l'état de vie active. La cavité
centrale est vide ; tantôt elle conserve une forme à peu près cylin-
drique, tantôt elle est extrêmement aplatie ou même réduite à une
simple ligne, parfois difficile à apercevoir.
L'é[)aississement de la paroi peut être accompagné d'un dépôt de
lignine ; la fibre est alors peu élastique et dénuée de souplesse ou
bien la nature cellulosique primitive n'est pas altérée pendant toute
la durée de l'évolution de 1 élément ; la fibre adulte est alors souple
et élastique ; nous aurons d'ailleurs à revenir sur ce point.
I^nfin, la plupart du temps, les parois sont dénuées de ponctua-
tions ; on y dislingue parfois des stries plus ou moins obliques par
rapport au sens longitudinal et souvent, sur la section transversale
des fibres très épaissies, on distingue nettement les couches
d'accroissement.
b, J.oitf/urur. — Les fibres peuvent atteindre des dimensions
assez considérables suivant la longueur ; les plus remarquables à ce
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 297
point de vue sont les fibres de ramie qui mesurent fréquemment
jusqu'à 20 et 25 centimètres; les libres de lin, de chanvre sont
aussi parmi les plus longues, les premières avec une moyenne de
4 centimètres, les secondes avec une moyenne de 2 cent, o ; c'est
également à peu près l'ordre de grandeur des fibres des Asclépia-
dées.
Ces fibres relativement longues peuvent alors être utilisées iso-
lément ou associées en petits groupes de qtielques unités seulement.
Mais, le plus souvent, les fibres sont beaucoup plus courtes et ne
mesurent que quelques millimètres ; les fibres de coin sont parmi
les plus courtes et atteignent à peine 1 millimètre; les fibres de la
plupart des Monocotylédones ne dépassent guère 2 à 3 millimètres
en moyenne; celles du Jute et des textiles analogues ont une lon-
gueur s'écartant peu de 3 millimètres.
Il est facile de comprendre que des libres aussi courtes ne
peuvent être filées, lorsqu'elles sont isolées les unes des autres ; on
doit alors utiliser les faisceaux fibreux eux-mêmes, tels qu'on les
retire des parenchymes qui les entourent.
Lorsqu'il s'agit de fibres longues, il n'y a aucun inconvénient à
recourir au rouissage qui, non seulement isole les faisceaux fibreux,
mais encore permet d'obtenir la séparation approximative des
fibres entre elles ; pour les textiles à fibres courtes, l'extraction des
faisceaux se fait généralement par des procédés mécaniques, afin
de ménager l'intégrité des faisceaux.
Nous voyons dès lors qu'au point de vue pratique deux cas bien
distincts sont à envisager : s'il s'agit de fibres assez longues pour
être filées lorsqu'elles sont isolées, ce sont les propriétés de la fibre
elle-même : longueur, diamètre, résistance, qu'il importe d'étudier,
comme nous l'avons fait pour les cotons. S'il s'agit de fibres trop
.courtes pour être filées isolément, les propriétés spéciales des
fibres élémentaires perdent une grande partie de leur intérêt ; elles
ne doivent plus nous occuper qu'au point du signalement à établir
en vue d'une détermination analytique ; dans ce cas, la véritable
matière textile est formée par les faisceaux fibreux tout entiers ; ce
sont les qualités de longueur, de finesse, de résistance de ces
faisceaux que nous devrons apprécier avant tout. Lorsque les fibres
sont filées à l'état de faisceaux, si une cause quelconque vient
à détruire le ciment intercellulaire qui agglutine les éléments, les
faisceaux se désagrègent et le tissu qu'ils forment perd toute résis-
tance.
Bul. du Jardin colonial. 1911, II. -- N» 103. 21
298 ÉTUDES ET mi:moii«i:s
c) Diamètre. — Le diamètre moyen des fibres varie beaucoup
si.ivant les espèces ; les mesures, pour être comparables, doivent
toujours porter sur la même rô^^ion de la fibre, car le diamètre
varie dune extrémité à l'autre; ét;int donnée la symétrie d'une
fibre par rapport à son milieu, il sera commode d'y mesurer cons-
tamment le diamètre ; on obtiendra ainsi un chillVe maximum de
moyenne.
La section transversale d'une fibre présente le plus souvent un
contour circulaire ou polygonal à peu près régulier; il est alors facile
de fixer dans ce cas le diamètre moyen, mais si la section est nota-
blement aplatie et se rapproche de la forme elliptique, il faut alors
noter les diamètres maximum et minimum de la section moyenne.
Les libres cïananas sont parmi les plus fines avec un diaiuètre
moyen de 12 p.; celles de rainic blanche parmi les plus grosses
avec un diamètre moyen de i5 jj, ; pour être tout à fait précis, il
convient d'ailleurs de fixer deux dimensions pour ces dernières
fibres qui sont souvent très aplaties ; la largeur moyenne n'est
guère inférieure à (iO ;/, tandis que leur épaisseur est à peu près
de 30 ;x.
Ces chifTres moyens de diamètre ne mesurent la finesse du textile
que lors(ju'on emploie les fibres isolées ; si l'on utilise les faisceaux
eux-mêmes, la finesse est représentée par le diamètre moyen de
ces faisceaux. La plupart du temps chez une même plante le dia-
mètre des filaments est tiès variable ; on constitue alors, en triant
les faisceaux, diverses catégories commerciales, dont les j)lus fines
sont réservées pour la fabrication des tissus, les plus grosses pour
les autres usages (oorderie, brosserie, papeterie, etc.).
d) Epaisseur des parois. — Généralement cette épaisseur n'est
pas exprimée dans les descriptions par sa valeur absolue ; ayant
fixé d'une part le diamètre moyen, d'autre part, le développement
de la cavité centrale, l'épaisseur des parois en résulte implicite-
ment.
Si l'on considère par exemple une fibre de diamètre 40 [j. et dont
la lumière soit le tiers du diamètre, l'épaisseur moyenne <K' la
paroi sera ('videmment :
2
i-X 40 I = i:{ ij.X).
COLllS DE BOTANl<jL'E COLONIALE APPLIQUÉE 2D9
Ce qu'il importe surtout d'observer, c'est la régularité plus ou
moins grande de l'épaisseur de cette paroi. On peut en somme, à ce
point de vue, diviser les fibres en deux grands groupes : 1° celles
où la paroi est d'épaisseur régulière et où, par conséquent, la sur-
face interne de celle-ci est sensiblement parallèle à la surface
externe; la cavité centrale est alors à peu près cylindrique. La
grande majorité des fibres est dans ce cas ; 2" celles où la paroi est
d'épaisseur très inégale; sur une préparation, la surface interne
apparaît comme ondulée et n'est plus du tout parallèle à la surface
externe; dans les régions où la paroi est mince, la cavité centrale
est large ; dans celles où la paroi est épaisse, la lumière est au
contraire très réduite ; cette cavité centrale est alors formée dune
succession de dilatations et d'étranglements.
La plupart des fibres de Malvacées, de Sterculiacées, de Tiliacées
sont dans ce cas, dont le type classique est \ejute; parmi les fibres
usuelles, il faut encore citer le coir fourni par le fruit du cocotier.
D'autre part, il existe certaines fibres de Malvacées, comme celles
de Sida^ qui ont une paroi d'épaisseur assez régulière ; on peut dire
qu'entre les types extrêmes on observe toute la série des intermé-
diaires.
L'observation des parois pourra en outre amener à des constata-
tions intéressantes sur la présence, assez rare d'ailleurs, de ponc-
tuations ou plus fréquente de stries fines, comme on en rencontre
sur les fibres de Rarnie, de Boulouha et autres Asclépiadées ; ces
stries ont généralement une direction un peu oblique par rapport à
la longueur des fibres. Enfin les fibres à parois épaisses montrent
fréquemment en section transversale des zones d'accroissement
très nettes ; les fibres des feuilles de Dioon en sont un exemple des
plus caractéristiques.
*e) Cavité axiale. — Le diamètre de la cavité axiale et sa forme
générale sont en rapport avec l'épaississement de la paroi, comme
nous venons de le voir.
Généralement cette cavité est cylindrique et de forme semblable
k la fibre elle-même. Elle peut être réduite au point d'être difïicile
à apercevoir ; dans ce cas, si la section transversale de la fibre est
circulaire ou polygonale, la cavité se réduit à une véritable ligue
axiale, se traduisant par un point sur une coupe transversale (cas
du lin, de Valfa). Si la section est au contraire elliptique
300 ÉTUDES ET MÉMOIRES
allongée, la cavité est alors très aplatie et donne en coupe trans-
versale une trace presque linéaire (cas de certaines fibres de Thes-
pesia ) .
On mesure généralement le diamètre de la cavité axiale par une
fraction qui représente son rapport au diamètre total de la fibre ;
les fibres de Ramie sont parmi celles dont la cavité centrale est le
4
plus considérable ; elle atteint parfois les — du diamètre dans le
sens de la largeur des fibres, ce qui d'ailleurs ne correspond guère
1
qu'à — dans le sens de l'épaisseur.
Quand on ne caractérise la cavité axiale que par une seule frac-
tion, celle-ci doit s'entendre pour le plus grand diamètre. Le rap-
port du diamètre de la cavité au diamètre total s'abaisse environ
2 .... 1
vers -^ chez le chanvre et Y ananas, il est inférieur à -^ chez les
o «
fibres de Phormium, Musa, etc.
On conçoit d'ailleurs facilement que ce rapport, qui est à peu
près indépendant du diamètre des fibres choisies dans un textile
donné, caractérise mieux ce textile que les diamètres eux-mêmes.
f) Terminaisons. — Les terminaisons des fibres se ramènent à
quelques types : chez le lin, l'alpha et le Phormiiim, les extré-
mités finissent en pointes très aiguës; chez le chanvre et le sunn,
en pointes mousses ; chez la ramie, elles sont plus ou moins élar-
gies en forme de spatule, chez les fibres de Daphné et parfois chez
le chanvre elles sont souvent bifurquées ; entre ces types très nets,
on peut d'ailleurs facilement trouver des termes de transition ; le
mode de terminaison n'est même pas parfaitement constant dans
un textile donné et par conséquent ne peut pas être regardé comme
un caractère de premier ordre. •
Outre l'intérêt que présente l'observation des extrémités au point
de vue purement analytique, elle peut fournir aussi certaines indi-
cations sur la ténacité des faisceaux ; il est clair que les extrémités
élargies, spatulées, bifurquées augmenteront l'adhérence des fibres
entre elles et, par conséquent, toutes choses égales d'ailleurs, la
résistance des faisceaux. On observe aussi parfois vers l'extrémité,
chez le Bnulouha par exemple, une série de replis transversaux de
la paroi qui permettent une sorte d'engrenage d'une fibre à l'autre
et concourent certainement à améliorer la ténacité des filaments.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 301
II
ASSOCIATION DES FIBRES EN FAISCEAUX
a) Différentes sortes de faisceaux fibreux. — Les fibres ne sont
qu'exceptionnellement isolées ; la plupart du temps elles sont réu-
nies en faisceaux plus ou moins volumineux ou cordons. Ces cor-
dons sont de deux sortes suivant qu'ils ne renferment que des
fibres proprement dites [faisceaux fibreux) ou qu'ils sont formés
par un faisceau iibéroligneux entouré d'une g-aine plus ou moins
continue de fibres [faisceaux fibro-vasculaires) ; dans ce cas, le
liber se résorbe généralement, en partie ou même en totalité, mais
le bois persiste et l'on trouve vers le centre du filament des vais-
seaux spirales, très facilement reconnaissables au microscope.
Les faisceaux fibreux proprement dits occupent des positions
très variables ; ils peuvent être placés sous l'épiderme (feuilles de
raphia), vers le milieu de 1 écorce [fibres primaires de la tige de
chanvre), dans le péricycle [ramie), dans le liber secondaire
[fibres de Malvacées, Tiliacées) ; nous ne parlerons pas ici des
libres du bois, dont nous avons étudié précédemment la disposition
et qui ne sont généralement pas employées comme textiles.
Les faisceaux fibrovasculaires se rencontrent chez les Monoco-
tylédones; on les extrait généralement des feuilles [phonniujn,
ayave, alpha, etc.), quelquefois du péricarpe du fruit [coir).
h) Extraction des filaments. — La première question qui se pose
dans la préparation des textiles est l'extraction des filaments des
plantes qui les fournissent. Lorsque les fibres sont assez longues
pour pouvoir être filées, même à l'état isolé, il n'y a aucun
inconvénient à provoquer une désagrégation partielle des faisceaux,
en même temps qu'on sépare ceux-ci des parenchymes qui les
englobent. On a alors recours au rouissage, opération consistant
à laisser les organes végétaux qu'on veut traiter plongés pendant
un certain temps dans l'eau, soit stagnante, soit courante.
L'isolement des faisceaux est l'œuvre du Bacillus amylobacter.
Il attaque d'abord le ciment pectique qui agglutine les cellules et
dissocie ainsi peu à peu les parenchymes jusqu'aux faisceaux
fibreux, puis il attaque ceux-ci à leur tour, mais plus lentement
et en sépare peu à peu les éléments constituants ; une action trop
.'Î02 ÉTUDES ET MÉMOIRES
longtemps prolongée produirait même Tattaque des parois cellulo-
siques qui seraient perforées. On interrompt l'opération lorsque les
parenchymes n'ont plus aucune résistance, ce (|ui permet d'isoler
sans ell'ort les fibres. Par l'opération du tcillac/e, on subdivise
ensuite mécaniquement les faisceaux fibreux. Le rouissage ne donne
pis toujours de bons résultats ; avec la ramic, par exemple, qui
supporterait bien le rouissage par suite de la longueur de ses
fibres, il ne permst pas une séparation facile des faisceaux et l'on
doit recourir à des procédés mécaniques,
(^)uant aux faisceaux dont les fibres sont très courtes, on les
extrait le plus .«ouvent par des procédés mécaniques, car il importe
de conserver aux filaments toute leur résistance.
c) Dissociation dos faiscoaur fibreux. — 11 est indispensable de
pratiquer cette dissociation, de manière à isoler complètement les
éléments, si l'on désire étudier au laboratoire les dimensions
et les particularités des fibres ; elle est parfois difTicile à obtenir
lorsque la lignification est profonde, il faut alors recourir à des
agents très énergiques, qui agissent non seulement sur la substance
intercellulaire, mais sur les parois elles-mêmes ; il en résulte alors
des modifications de l'aspect de la fibre, dont il n'est pas toujours
aisé de tenir compte.
La filasse de lin est une des plus faciles à dissocier ; il suffit de
la froisser entre les doigts pour obtenir une séparation à peu près
complète des éléments que l'on achèvera facilement au moyen des
aiguilles à dissection.
Pour la c/ianvre, la dissociation est déjà plus difficile à cause de
la légère lignification de la partie externe des fibi-es. On facilite
l'opération eu faisant au préalable bouillir la filasse dans une dis-
solution de carbonate de sodium à 10 "/,, ou dans une lessive alca-
line (par exemple une solution de potasse à i "/o) : la séparation
des éléments se fait ensuite assez facilenient en écrasant les fais-
ceaux sur une plaque de verre au moyen des aiguilles à disséc[uer.
On peut obtenir la dissociation de la majeure partie des filaments
textiles, même lignifiés, par une macération de 2ï heures dans une
solution d'acide chromique.
Dans les cas particulièrement difficiles, on a recours îi la macéra-
tion de Schultze ; ce procédé consiste à chauffer la filasse avec de
l'acide a/,oti({ue additionné d'une trace de chlorate de potassium ;
COURS DE BOTANIOUK COLONIALE APPLIQUÉE 303
on lave ensuite à l'eau pure, puis avec de Teau alcalinisée pour
neutraliser l'excès d'acide; enfin en agitant violemment la filasse
ainsi traitée dans l'eau pure, on obtient la séparation des fibres.
Ces réaclifs paraissent agir surtout jDar oxydation de la substance
intercellulaire.
On obtient encore de bons résultats en utilisant l'action de l'eau
régale faible ou les actions successives du permanganate de potas-
sium et du bisulfite de sodium.
Faucon ' signale également un procédé qui lui a permis d'isoler
les fibres de Thespesia popiilnea en traitant les lanières fibreuses de
l'écorce de cette plante. Ces matériaux avaient résisté à tous les
réactifs précédents; il les fit alors bouillir pendant une demi-heure
avec de l'eau additionnée de 2 "jo d'acide chlorhydrique puis les
macérer pendant 2i heures dans une solution d'oxalate de potas-
sium et obtint une désagrégation suffisante pour permettre une
dissociation totale des fibres à l'aiguille.
III
PHOPRIÉTÉS PHYSIQUES
a) Couleur. — • La couleur des fibres est généralement blanche,
ou blanc jaunâtre, lorsqu'elles viennent d'être extraites mécanique-
ment du végétal producteur; mais cette teinte se modifie quelque
peu au contact de l'air; la couleur naturelle peut aussi être modifiée
assez largement par le rouissage.
Le jute est l'un des textiles dont la teinte varie le plus sous
l'action des agents atmosphériques ; il devient quelquefois simple-
ment jaunâtre, mais sa couleur peut atteindre jusqu'au brun ou au
brun verdàtre; le lin est un peu grisâtre; le sunn est gris fauve;
par contre, la raniie reste d'un blanc pur.
Le rouissage altère la teinte naturelle à un degré variable suivant
la manière dont l'opération est conduite ; par exemple le lin roui
en milieu faiblement acide prend une teinte bleue, en milieu faible-
ment alcalin une teinte jaune.
b) Brillant. Le brillant est une qualité en relation avec la cons-
I. P'.vrcox, Quelques fibres leitiles iiidu-chiiioises. Bull. Jard. Col. litos. 1.
304 ÉTUDES ET MÉMOIRES
titution chimique; les libres cellulosiques manquent de brillant; à
cause de leur apparence cotonneuse, on les dit cotonisées. Les fibres
lignifiées au moins superficiellement ont une surface brillante et un
aspect soyeux.
c) liésistancp. Élasticité. — Ces deux qualités se définissent de
la même manière que pour les poils vég-étaux. Leur mesure, sur
les fibres élémentaires elles-mêmes, n'est intéressante que lorsqu'il
s'agit de fibres longues : ramie, lin, chanvre ; il n'y a alors aucune
difficulté à employer pour les mesures l'appareil d'Henry que nous
avons décrit précédemment. Lorsqu'on voudra comparer entre elles
les résistances de divers textiles, il faudra avoir soin de ramener
toutes les résistances mesurées à un diamètre unité ; les résistances
moyennes que l'on pourra calculer devront également correspondre
à ce diamètre étalon. Cette précaution est nécessaire à cause de la
grande variabilité du diamètre, d'un textile à l'autre, et l'on ne
conçoit guère que l'on puisse comparer directement la résistance
d'une fibre de lin à celle d'une fibre de ramie sans tenir compte
du rapport des diamètres qui est à peu près de 4/2.
Lorsque les fibres sont courtes et que l'on emploie uniquement
les faisceaux fibreux tout entiers, les mesures de résistance et d'élas-
ticité doivent porter sur les faisceaux eux-mêmes; elles sont dans
ce cas beaucoup moins délicates. On peut obtenir la résistance en
plaçant des poids croissants dans un plateau suspendu à l'une des
extrémités du filament, alors que l'autre est engagée dans une
pince, il sera d'autre part facile, au moyen d'une échelle graduée,
de connaître l'allongement correspondant à la rupture. Ici encore,
pour obtenir des nombres comparables il sera nécessaire de les cal-
culer par ra})port à un diamètre choisi comme unité.
d) Hy(jroscopicité, conditionnement. — L'hi/f/roscopicité est la
facilité avec laquelle une filasse végétale donnée absorbe la vapeur
d'eau, c'est un caractère très important au point de vue commercial,
car la plupart des fibres s'achètent au poids.
L'opération qui consiste à rechercher la teneur en eau d'un textile
est connue sous le nom de conditionnement. On opère de la manière
suivante :
On pèse •') grammes de fibres prélevées dans les diverses parties
de l'échantillon ; on les met dans un vase à dessiccation taré (de
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 30S
poids P, couvercle compris), qu'on met à Tétuve, en plaçant le
couvercle à côté. ^
La température est alors porté entre 100" et lOo" et maintenue
ainsi pendant 7 heures. On couvre alors le vase, et on le laisse
refroidir dans une atmosphère rigoureusement desséchée, puis on
le porte sur la balance; soit P' le poids trouvé.
On a : P' = P -j- poids de la fibre anhydre.
Donc le poids de fibre anhydre fourni par les 5 gr. traités est
égal à P' — P et le poids de l'eau contenue est de :
g _ (P' _ P) = 5 ^ p _ P'
La teneur en eau pour 100 g-rammes du textile sera alors
20 [5 + P — P']
Si l'on conservait le même textile dans un appartement sec, il
retiendrait une quantité d'eau minima, soit n "/q. Ceci veut dire
que 100 grammes du textile contiendraient 100 — n de fibre
anhydre et n d'eau. Dans ces conditions 100 gv. de fibre anhydre
devront retenir au minimum 77-7; — d eau ; c est la proportion
— 100 n '■ ^
admise dans les transactions ; on l'appelle taux de reprise.
Ce taux varie évidemment d'un textile à l'autre; pour le jute et
le phormium il atteint 13,7rj, s'abaisse à 12 pour le lin et le chanvre
et même à 8, 5 pour le coton.
Le poids condition sur lequel est basée la valeur du textile est
égal au poids absolu de celui-ci aug-menté de la proportion d'eau
correspondant au taux de reprise.
IV
CARACTÈRES CHIMIQUES
Au point de vue des caractères chimiques, les fibres peuvent se
répartir en deux séries : 1" celles dont la paroi est constituée par de
la cellulose pure ou presque pure ; 2" celles dont les parois sont
imprégnées de lignine.
Les premières se colorent en bleu par l'action de l'acide sulfu-
rique et de l'iode et se dissolvent dans la liqueur de Schweitzer ;
les secondes se colorent en jaune brun par le même réactif et ne
sont pas attaquées par la liqueur cupro-ammoniacale.
Entre ces deux types bien tranchés doivent se placer certaines
306 ÉTUDKS ET MKMOIKES
libres dont la lignilicalion ne s'étend (|u"à quelcjues couches de la
paroi. Dans le chanvre, par exemple, le ciment intercellulaire est
lignifié; ([uant aux fibres elles-mêmes, elles sont à peu près pure-
ment cellulosi({ues à part les couches externes de la paroi qui sont
léf^èrement lii^'nifiées.
(^uand on traite des coupes transversales, pratiquées dans un
faisceau fibreux de chanvre, par Tiode et l'acide sulfurique, les
parois se colorent en bleu à l'exception d'un lég:er liseré externe
qui prend une teinte jaunâtre, ainsi que la région mitoyenne des
cellules. Si on regarde une fibre de face après coloration, les deux
teintes se superposent en donnant un bleu verdàtre. Les choses se
passent sensiblement de la même manière avec le sunn.
La lignification des libres prés.înte souvent un retard sur leur
différenciation morphologique. Aussi, chez un même végétal, peut-
on trouver des fibres profondément lignifiées, alors que les faisceaux
les plus jeunes se colorent en bleu par l'iode et l'acide sulfuricpie ;
dans certains cas, le retard de lignification peut être considérable,
les fibres n'atteignant leur complète lignification que dans le courant
de la deuxième année après leur formation. C'est ce qui arrive
parfois chez les fibres libériennes des Malvacées, Sterculiacées et
Tiliacées.
Les fibres lignifiées peuvent être débarrassées de leur lignine
par ébullition prolongée dans les acides, notamment dans l'acide
azotique, ou dans les dissolutions alcalines concentrées et emj)loyées
sous pression. Après ce traitement, elles peixlent leur brillant,
deviennent cotonisées ; leur paroi est alors uni(juement formée de
cellulose et se colore en bleu par l'iode et l'acide sulfuricjue.
On obtient d'excellents résultats pour l'étude analyticjue des
libres, en employant les réactifs habituels de la lignine, dont nous
avons longuement parlé au chapitre des bois ; en particulier, une
étude méthodique des colorations obtenues par les réactions dites
de la lignine oxydée fournirait des caractères difîérentiels très pré-
cieux.
Jusqu'à présent on s'est surtout servi pour distinguer microchi-
mi(|uement les fibres de la réaction de l'iode et de l'acide sulfurique.
On l'obtient en trempant d'abord la filasse dans une solution
saturée d'iode dans l'iodure de potassium, puis en la portant ensuite
dans un mélange de deux volumes d'acide sulfuiique, 1/2 volume
de glycérine et 1/2 volume d'eau, mélange effectué au préalable.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE API'LIOrÉE 307
en avant soin d'ajouter l'acide en dernier lieu, avec précaution et
en refroidissant constamment.
Les colorations obtenues sont assez variées et peuvent se résumer
dans l'échelle de teintes suivantes :
Coloration bleue Lin, Ramie
— bleu violacé Melilot
— bleu verdâtre Chanvre
— verdâtre Sida
— jaune verdâtre Phormium
— jaune Yucca
— rouge-rouille Alfa
— brun noirâtre Bauhinia
La variété des teintes obtenues avec un même réactif, dont le
tableau ci-joint ne donne qu'un certain nombre de termes, montre
l'intérêt qui s'attache au point de vue analytique à l'étude métho-
dique d'une réaction. S'il règ^ne une certaine obscurité sur les
phénomènes intimes de celle-ci, les résultats obtenus dans des
conditions bien déterminées de durée et de concentration fournissent
des indications précieuses pour orienter une détermination.
Nous terminerons cet exposé sommaire en signalant les résultats
moyens obtenus, soit sur des fibres cellulosiques, soit sur des
fibres lignifiées, avec les réactifs usuels.
Réactifs
Fibres cellulosiques
Fibres lignifiées
(>lilorure de zinc iodé
(Coloration bleue
Coloration jaune-
plus ou moins foncé
Chlorure de calcium iodé
Rose-rouge
virant au violet
Jaune
Sulfate daniline
Rien
Jaune
Pliloroglucine et acide
chlorhydrique
Rien
Rouge vineux
Orcine et acide
chloi'hydrique
Rien
Violet
Fuchsine ammoniacale
Rien
Rouge vif
Oxyde de cui\ re
ammoniacal
Gontlement suivi
de dissolution
Rien
308 ÉTUDES ET MÉMOIRES
PRINCIPES DE LA DÉTERMINATION ANALYTIQUE DES FIBRES
Étant donné un textile, la première question à résoudre pour en
obtenir la détermination est de fixer sa nature chimique, ce qu'on
fera très facilement au moyen de liode et de Tacide sulfurique. On
pourra alors classer le textile examiné dans l'une des trois catégories
suivantes :
Fibres complèleincnt cellulosiques.
Fibres cellulosiques ayant subi un commencement de lignifica-
tion.
Fibres ligneuses.
On pratiquera ensuite une coupe transversale dans les faisceaux
libreux et l'on observera les éléments qui les constituent. En dehors
des libres proprement dites, on y trouvera la plupart du temps des
éléments accessoires, dont la connaissance facilitera beaucoup la
détermination que l'on poursuit.
Si les faisceaux étaient sous-épidermiques, les libres auront
entraîné avec elles des fragments dépiderme reconnaissables à leurs
cellules régulières, sans méats, munies d'une cuticule.
Si les fibres étaient corticales, elles seront accompagnées de cel-
lules parenchymateuses dont les caractères spéciaux doivent être
soigneusement notés.
Si les fibres étaient péricycliques ou libériennes, elles seront
encore accompagnées de tissus spéciaux, lambeaux d'endoderme
plus ou moins caractérisés dans le premier cas, cellules libériennes
et fragments de rayons médullaires dans le second.
Enfin, si les fibres proviennent de Monocotylédones, elles font
généralement partie de faisceaux libéro-ligneux, qui constituent les
filaments, et sont accompagnées de tissu libérien plus ou moins bien
conservé et d'éléments du bois, particulièrement de vaisseaux très
reconnaissables à leurs ornements.
Ces coupes transversales permettront d'observer en outre la
forme et les dimensions transversales des faisceaux ainsi que le
nombre des éléments constituants. Elles mettront aussi en évidence
un certain nombre de caractères spéciaux des fibres élémentaires :
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 309
épaisseur des parois, diamètre, rapport de la cavité au diamètre
total, zones d'accroissement.
Ces préparations devront être traitées par l'iode et l'acide sulfu-
rique afin de déterminer la profondeur et l'intensité de la lignifica-
tion.
Enfin les faisceaux seront dissociés et les fibres isolées examinées
au microscope, afin de déterminer leur longueur, la forme de leurs
extrémités, la régularité de leur canal intérieur et de constater la
présence de ponctuations ou de stries, s'il y a lieu.
Ces observations pourront en outre être complétées en étudiant
l'action d'un certain nombre de réactifs chimiques : liqueur de
Schweitzer, chlorure de calcium iodé, chlorure de zinc iodé pour
les fibres cellulosiques ; réactifs très variés de la lignine pour les
fibres lignifiées, et en mesurant les résistances soit des fibres élé-
mentaires, soit des faisceaux.
Les caractères révélés par ces diverses observations permettront
de reconnaître facilement les textiles usuels au moven des tableaux
fournis par les auteurs et de pousser très loin la détermination des
fibres moins connues, grâce à la constitution préalable d'une collec-
tion de fiches signalétiques, comme nous l'avons recommandé pour
les bois.
Après avoir étudié, au chapitre suivant, un certain nombre de
textiles choisis parmi les plus importants, nous grouperons en un
tableau, construit d'après les principes précédents, les caractères
permettant de les reconnaître.
[A suivre.) Marcel Dubard,
Maître de Conférences à la Sorbonne,
Professeur à VEcole supérieure
d'Agriculture coloniale.
LE CAOUTCHOUC EN INDO-CHINE
[Suite.)
Terres sablonneuses. — On retrouve de lOue.st à 1 Est, à travers
les provinces de Tayninh, de Thudaumôt, de Giadinh, de Bienhoa
et de Baria, une formation siliceuse à caractères très constant.^,
(|ui au j)oint de vue géologique, semble bien avoir été lancienne
zone littorale de la Cochinchine.
Ces terres sont généralement très pauvres en tous éléments fer-
tilisants. En voici quelques analyses :
Composition pour 1 .000 (/ranimes de terre brute scellée
à fO0° centiijrades.
.Vzote
PROVINCE DE BARIA
Concession
Arcillon
Région
de Xuyên-Mnc
Région
de Long-Xuyen
0.015
5.207
0.5S8
0.250
0.503
.Xil.l
5 . 264
0.010
1 . 030
0 . 800
0.706
2.047
0.814
0.250
0.000
Acide plu)sj)lioi-iquc
Potasse
Cliau.v
Magnésie
Azolo
PROVINCE ]
DE GIADINH
Région de
TImdiic
PROVINCE
(le 'riiiulaiiMiol
Région (le
^'inll-an-Tây
(l'iantalion
Jossellcs'
Région de
Ong-Veni
0.557
0 . 1 59
0.510
0. 120
0.550
<l.3l(l
0. 107
0.706
0 . (> 1 1
0.350
0.404
0.317
0.510
0.196
0.100
Acide pliospliorique
l'olassi"
("haux
Magnésie
LE CAOUTCHOLC EN INDO-CHiNE 3H
C'est dans cette région de terres sableuses que sont les planta-
tions Belland, Guéry et Paris, Etiévant, Bussy Perrière, Bec et
Muet, Guyonnet, Matard, Société de Di-An, etc.
Dans ces terres très pauvres les Hevea ont cependant une bonne
tenue, et une végétation satisfaisante surtout si Ton peut leur
appliquer des fumures organiques. Les essais faits à ce propos par
M. Guérv avec les tourteaux d'arachides et de coton, ont été des
plus concluants.
Les analyses de terre publiées par Wright (Hevea Brasiliensis,
3" édition, 1908) indiquent aussi bien pour la Malaisie que pour
Ceylan, dans des sols où l'Hevea végète normalement, une grande
pauvreté en éléments minéraux, mais au contraire une richesse
très satisfaisante en azote. Aussi dans les terres pauvres y aurait-il
lieu de conseiller aux planteurs l'application d'engrais azotés, soit
sous forme de tourteaux, notamment au moment de la plantation,
soit sous forme d'engrais verts (culture de légumineuses pendant
les premières années de croissance de l'Hevea).
Pour pouvoir arriver à lutter dans l'avenir contre les bas prix
résultant de la surproduction, le planteur doit se préoccuper dès à
présent d'un mode de culture pouvant lui permettre d'obtenir de
ses arbres, d'une façon continue le maximum de rendement. Aussi,
pourrait-on déjà d'après l'expérience acquise, aussi bien dans la
colonie que dans les pays voisins, poser quelques principes en vue
de l'établissement rationnel d'une plantation en Cochinchine.
1° Planter dans des terres rouges, et si possible dans les régions
traversées par la voie ferrée. De vastes espaces de terres rouges,
dans les provinces de Bienhoa et de Baria, notamment, sont
encore susceptibles d'être livrés à la colonisation ;
2" Opérer en terrain entièrement défriché, dessouché et labouré ;
3" Défendre la plantation contre les déprédations des animaux
par de solides clôtures;
4" Faire des trous suffisamment vastes (un demi-mètre cube
environ) ;
o" Planter à des distances variant entre 5 et 6 mètres, soit de
400 à 500 arbres à l'hectare;
6° Employer des graines sélectionnées en poids, pesant au moins
cinq grammes, provenant d'arbres âgés et, si possible, choisis
parmi les meilleurs producteurs;
3i2 ÉTUDES ET MÉMOIRES
7° En plateau très découvert et très exposé aux moussons et aux
typhons, constituer des rideaux-abris en bambous.
Cette précaution reste toutefois facultative pour bien des régions,
les typhons étant très rares en Cochinchine;
8° Mettre en place définitive les graines, après germination, de
façon à éviter le stage en pépinière. Cette façon de faire permettra
de gagner de 8 mois à un an. le jeune Hevea ne subissant plus
dans sa croissance le temps darrèt qui résulte de la transplanta-
tion ;
9° Appliquer des façons d'entretien suivies (aux instruments
attelés : bineuses, houes, faucheuses, etc.), de façon à pouvoir
débarrasser complètement le sol de toute mauvaise herbe ;
10" S'abstenir autant que possible des cultures intercalaires,
dont le rendement est souvent incertain, et qui, sous couleur de
payer les frais d'entretien, peuvent nuire au développement des
Hevea en accaparant au détriment de ces derniers une somme assez
considérable d'éléments fertilisants ;
11" Toutes les fois que le terrain sera pauvre en matières orga-
niques et en humus, faire des applications d'engrais azotés, parti-
culièrement nécessaires pour le plein développement foliacé des
jeunes plants.
Dans le même but, employer les légumineuses améliorantes en
plantation de couverture. Ces plantations auront le double avan-
tage, grâce h la propriété bien connue des légumineuses, d'enrichir
le sol en azote atmosphérique, et d'arrêter la croissance des mau-
vaises herbes.
Les indications définitives ne sauraient être données en ce qui
concerne l'âge auquel il y a lieu de commencer la saignée, et la
technique à adopter pour cette opération. 11 est admis qu'un
Hevea peut être saigné dès qu'il possède un tronc mesurant
50 centimètres de tour, à un mètre du sol. Cette dimension, dans
les États Malais, peut être atteinte vers la fin de la cinquième
année de la plantation, mais il est prudent, en Cochinchine, de ne
la considérer comme possible que vers la fin de la sixième année
ou le commencement de la septième, et de compter qu'entre 6 et
10 ans, la croissance sera de 10 centimètres environ par an, de
telle façon qu'à 10 ans les arbres mesureront à peu près 0 m. 90 à
1 mètre de circonférence, à la hauteur de un mètre du sol.
LÉ CAOUTCHOUC EN INDO-CHINE 313
Quant aux rendements, il est également prudent de les estimer à :
12o gr. de caoutchouc par arbre de 6 ans
230 — — 7 ans
500 — — 8 ans
7o0 — — 9 ans
1000 (1 kilogr.) — 10 ans.
Le prix de revient d'une plantation d'Hevea peut varier dans de
grandes limites suivant la région, la nature des terrains et de la
végétation spontanée, le mode de culture adopté, les conditions
locales de la main-d'œuvre, les facilités de communications, etc.
A Ceylan, d'après Wright, il peut atteindre en certains cas,
1.500 fr. par hectare, jusqu'à la cinquième année, mais s'abaisser
en d'autres au-dessous de 1.000 fr. En Malaisie, Stanlev Arden,
ancien surintendant des plantations d'Hevea du Gouvernement,
l'estime à 1.406 fr. par hectare pour une plantation de 400 hec-
tares.
En Cochinchine, on peut admettre que le prix d'une plantation
pourra varier de 1.000 à 1.500 fr. par hectare, jusqu'à la sixième
année. »
En résumé, un effort considérable, basé sur des résultats acquis,
est actuellement fait en Cochinchine. Les planteurs d'Hevea de
cette colonie se sont groupés en une association qui de concert avec
les services agricoles, pourra mettre à l'étude les nombreux pro-
blèmes qui se posent encore, tels que méthodes de saignée, j)ro-
cédés de coagulation, fumures... et enfin question de main-d'œuvre.
L'extension continue des rizières absorbant de plus en plus la
main-d'œuvre locale, il sera indispensable de songer à bref délai
pour l'exploitation des plantations d'Hevea à faire appel à la
main-d'œuvre étrangère. Un premier essai d'introduction de tra-
vailleurs javanais a déjà été fait et les résultats en ont été satisfai-
sants, mais il sera peut-être possible également de recruter des
travailleurs dans les provinces surpeuplées de l'Annam et du
Tonkin. C'est là une question vitale pour l'avenir de la culture de
l'Hevea en Cochinchine et qui mérite au plus haut point de retenir
l'attention des autorités locales.
Approvisionnement du marché métropolitain. — Dans les con-
clusions de leurs rapports, MM. Paris et Morange estiment qu'en
1920 le nombre des Hevea plantés eii Cochinchine ne sera pas
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 103. 22
314 ÉTUDES ET MÉMOIRES
intérieur à 5 millions d'arbres. Si d'après M. Morange « on réduit
en prévision de divers aléas le cliillVe des arbres producteurs à
quatre millions etsilon estime leur rendement moyen à 1 k. 1/2 de
caoutchouc, la Cochinchine produirait vers 1930 dix mille tonnes
de caoutchouc ».
Considérant simplement le million d'Hevea actuellement en
j)lace, on peut espérer, en admettant un rendement de 1 kil. par
arl)re de 10 ans, pouvoir exporter vers 1920 de Cochinchine
1.000 tonnes de caoutchouc. C'est là une exportation minimum k
prévoir, car les arbres des plantations antérieures k 1910 donne-
ront sans doute un rendement supérieur k 1 kil., et en outre les
arbres cjui auront été plantés de 1910 k 1915, se trouvant k ca
moment âgés de 7 ans, pourront commencer à être exploités.
CAMBODGE
Il résulte des renseignements fournis tant par le service de
l'agriculture que par M. Celard, Président de la Chambre consulta-
tive mixte de Commerce et d'Agriculture du Cambodge que la
question de la production du caoutchouc est restée dans cette colo-
nie à l'état embryonnaire.
Essences spontanées. — M. Spire, dans son ouvrage : Le Caoul-
chouc en Indu-Chine, signale comme espèces caoutchoutifères les
plus intéressants du Camljodge, le Parameria glandulifera « var-
angkot des Cambodgiens qui paraît une variété de Parameria
glandulifera ou peut-être une espèce dillerente de Parameria 'i.
D'autres espèces laticifères ont été décrites et signalées au Cam-
Ijodge par MM. Pierre et Combanaire, mais elles ne sont l'objet
d'aucune exploitation de la part des indigènes.
Essences vuUivées. — De timides essais de culture de Ficus et
d'IIevea ont été faits par MM. Vendelet et Farant aux environs de
Pnom-Penh, mais aucun résultat pratique n'a encore été acquis.
On peut dire que la (juestion de la production du Caoutchouc
par l'exploitation des essences .spontanées ou la culture d'espèces
introduites reste entière en ce (jui concerne le Cambodge.
LE CAOUTCHOUC EN INDO-ClIlNE 315
LAOS
Le Caoutchouc est l'un des principaux produits d'exploitation
du Laos ; d'après M. le Résident Supérieur Mahé, la récolte de ce
produit pendant la campag-ne 1910 est estimée pour la seule région
du Tran-Ninh à 30.000 kilos, valant sur place 80.000 piastres. Ce
caoutchouc récolté par les indig-ènes est exporté par les maisons
Chaussé, Lejeune frères et l'Li^nion Commerciale, installées à
Xieng-Thouang-.
Le rapport adressé au Département ne contient aucune indication
sur la nature des espèces caoutchoutifères exploitées au Laos, mais
il est dit que <( d'une façon générale le caoutchouc croît sponta-
nément dans toutes les forêts du Laos et que si jusqu'à ce jour,
les recherches n'ont porté que sur certaines régions, c'est que par
leur proximité relative des centres où se trouvent des conmierçants
européens, elles ont attiré tout d'abord l'attention.
« Ces régions sont par ordre d'importance diverses circonscrip-
tions des provinces de Tran-Ninh, de Vien-Tiane, de Caumon, des
Hua-Phans, de Savannakhet et d'Attopeu ».
Les procédés d'exploitation utilisés par les indigènes sont aussi
dangereux que possible pour la conservation et la reproduction des
lianes.
En eifet, malgré les ordres formels donnés à la population, les
lianes ont été jusqu'à ce jour coupées au ras du sol ; certains
tâcherons mutilent même la racine pour obtenir un plus fort ren-
dement. La plante ne résiste pas à un semblable traitement. Les
indigènes plus prévoyants qui incisent les gros sujets opèrent sans
méthode et la liane n'en meurt pas moins au bout de deux ou
trois ans.
Ainsi que M. le Résident Supérieur Mahé en exprime le désir,
il serait à souhaiter que des mesures efficaces puissent être prises,
afin de sauvegarder pour l'avenir cette importante source de
richesse naturelle pour le pays.
D'après le D'' Spire, les principales essences à latex exploitées au
Laos sont des Paraharium.
P. Spircanurn et Quintareû au Cammon et au Cam-Keut ; P.
Tournieri, lutifoliuni et \crne/i aii Tranninh et dans les vallées du
Nam-Khan et du Nam-San.
316 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Il existe en outre un grand nombre de lianes spontanées fournis-
sant des produits moins purs,
M. Spire cite les Parahariuni napeense, Xylinaharia Spire i Pierre,
Melodinus Tournieri et Guignardi, Chonemorpha...
Le Caoutchouc de plantation n'a donné lieu jusqu'à ce jour à aucun
essaie
(.4 suivre.) Pernot,
Ingénieur agronome.
LES EUCALYPTUS
(Suite.)
E. megacarpa. — Arbre de 2o mètres, affectionnant les terrains
frais et profonds de son pays ; il ne faudrait donc le planter que
dans les parties les plus marécageuses des plaines algériennes ou
du midi de la France. Son bois est très solide, d'une longue durée,
même lorsqu'il est plongé dans l'eau. Il a, à notre avis, les mêmes
qualités, à ce dernier point de vue, que VE. margina fa dont nous
venons de parler (tig. 12).
E. melanophlœa. — Arbre de moyenne grandeur, dépassant 10 à 15
mètres — M. de Vilmorin dit 8 mètres — très ornemental par son
feuillage gris blanchâtre. Il ne vient bien que dans les lieux abrités
où la chaleur peut se concentrer assez fortement. Son écorce est sil-
lonnée profondément de crevasses, qui lui donnent un aspect parti-
culier. Son bois est solide, d'une bonne durée ; on l'emploie pour
en faire des traverses de chemins de fer, des poteaux télégraphiques,
etc., mais pour tous ces usages, il faut qu'il ait été coupé en saison
favorable, sans quoi il est sujet à se fendre, lorsqu'il est exposé au
soleil. Nous avons eu cette espèce en Algérie, mais elle était trop
jeune pour que nous puissions donner notre appréciation à son sujet ;
nous l'avons vu dans la collection Cordier où il était déjà d'une
taille respectable et, autant qu'il nous en souvienne, il méritait d'at-
tirer l'attention. Il rendrait de grands services dans nos colonies
tropicales pour faire des abris.
318
ETUDES ET MEMOIRES
E.melliodora. — Arbre de grande taille (oO mètres), se plaisant sur
les versants des montagnes exposés au sud, mais cependant pas à
Fig. 12. — Eucalyptus mcgacarpa (fruits).
une trop granile altitude. Dans son pays on l'appelle « buis jaune »
(Yellovv box), ce qu'il doit à la couleur de son bois et à sa dureté
relative. Le tronc en est des plus volumineux comparativement
à sa hauteur qui, d'après Ch. Naudin, dépasse GO mètres suivant
les lieux où il croît.
Son bois rapj)elle celui de l'^", rostrata, sans l'égaler en durée,
mais il équivaut à celui de V E. glohulus ; il ne le cède sous ce rap-
port, (pi'à ceux des K. leucoxylon, sidcrophlfea et jtolyanthenia. On
l'utilise du reste dans tous les travaux de la ferme et particuliè-
rement dans le charronnage : on en t'ait également d'excellent charbon.
(]et arbre est assez répandu dans le midi de la France et il se
montre des plus rustiques. En Algérie, il existe de-ci de-là et, plus
sp 'cialement, dans la collection Cordier.
LES EICALVPTUS 319
E. microcorys (Tallow wood ou bois de suif). — Grand arbre, de 50
mètres de hauteur et plus, dont il n'est pas rare de trouver des fûts de
30 mètres sur 2 mètres de diamètre. Son bois jaunâtre est exempt de
veines de résine kino, mais son feuillag-e est très riche en huile
volatile. Ce bois est facile à débiter en planches et à raboter ; lors-
qu'il est fraîchement abattu il est onctueux au toucher, ce qu'il doit,
d'après Ch. Naudin, à une matière grasse assez semblable à la viscine ',
il en contient environ 1 °/o de son poids brut et on assure qu'il a
pour effet de se fendre ou de se déjeter, mais non de se contracter
et de durcir. Le bois de cette espèce intéressante, est très solide
et durable, il sert à tous les travaux domestiques, on l'utilise même
pour les traverses de chemins de fer et pour en faire des poteaux
télégraphiques ; se plaît beaucoup dans les sols frais et profonds.
Doit être sans doute, déjà introduit dans toute la région médi-
terranéenne.
E. microphylla (stricta). — Arbre vigoureux, rustique, croissant
dans les sols frais mais peu riches, atteignant 2o mètres environ. Son
bois lourd, de première qualité, est utilisé pour la charpente et le
chauffage ; il se travaille facilement ; on en fait spécialement des
manches d'outils. Nous ignorons s'il est déjà introduit dans les
plantations faites en Algérie et dans toute la région méditerra-
néenne du reste.
E. microtheca. — Arjjre répandu dans toutes les régions austra-
liennes, tant tropicales qu'extratropicales et dans les parties les plus
arides, ce qui doit en faire une précieuse acquisition pour les boi-
sements du sud de l'Algérie, actuellement dénudés de toute végé-
tation arborescente, ainsi que dans le sud de l'Afrique. Cette espèce
dépasse 40 mètres de hauteur, si elle rencontre des conditions de
climat et de sol favorables. Son bois est dur, pesant et élastique, de
teinte brune, souvent moucheté, ce qui le fait rechercher des ébé-
nistes pour la fabrication de très beaux meubles. Il est employé à
tous les ouvrages de charpente et sa durée est très grande. N'est pas
encore introduit, que nous sachions, dans les plantations; cependant,
1. Substance visqueuse formant le principal élément de la (fin, que 1 on trouve dans
les différentes parties du gui.
320 ÉTUDES ET MÉMOIRES
il mériterait de l'être, particulièrement dans les contrées désertiques,
où cette espèce intéressante trouverait facilement les éléments
propres à son existence.
E. obliqua. — Arbre des montag'nes de la Tasmanie, à écorce
fibreuse (string-y bark.j. En Victoria, il porte le nom de Messmate.
De taille énorme (c'est une des plus g-randes espèces), on le voit
s'élancer à plus de 90 mètres de hauteur, sur un tronc de 2 m. .^)0
à 3 mètres de diamètre, à 1 mètre du sol, il étonne par ses majes-
tueuses proportions.
« De tous les Eucalyptus, c'est peut-être celui qui forme les peu-
plements les plus uniformes et les plus continus ; il constitue d'im-
menses massifs forestiers, non seulement en Tasmanie, mais encore
sur tout le continent australien, du golfe Spencer aux parties méri-
dionales de la Nouvelle-Galles. La nature de sa végétation dilfère
sensiblement dans cette étendue de pays, ce qui lui a valu diverses
dénominations suivant les lieux. »
Son bois n'a ni la forme ni la finesse de o:rain de celui de cer-
taines autres espèces d'EucahqDtus, cependant il est assez facile à
travailler et à fendre, aussi* est-il très utilisé dans toutes les indu.s-
tries où le bois ne doit être ni enterré, ni exposé à l'humidité. Le
grand avantage de cet arbre qui est très ornemental, c'est de se
contenter des sols les plus pauvres, et d'y produire plus que tous
les autres des matières ligneuses que l'on emploie dans diverses
industries ; c'est une qualité précieuse, dans un pays où il y a
urgence à se procurer du bois aussi rapidement que possible. Son
écorce très riche en résine, fournit 1 1 à 13 ^/o de tannin kino et Ses
feuilles produisent une notable proportion d'huile essentielle.
\J E. obliqua est très vigoureux, de croissance rapide — moins
pourtant que l'E. globulus — et il est relativement rustique — ce qui
doit en permettre la diffusion partout où le thermomètre ne tombe
pas, trop fréquemment, sous zéro.
Il est déjà très répandu en Algérie et dans les autres contrées
bordant la Méditerranée, mais nous voudrions le voir planter en
grande masse parce que l'industrie en retirerait des avantages
sérieux.
E. Mulleri. — Arbre d'une végétation rapide, prodigieuse même,
atteignant oO mètres, d'une rusticité relative, ne pouvant convenir
LES EUCALYPTUS 321
que sur le littoral. Gomme qualité, son bois se rapproche des E.
Gunniiet viminalis.
Il se contente des terrains rocheux et pierreux, ce qui indique
qu'il serait excellent dans tous les lieux montueux avoisinant la
mer, et dont les terres ne peuvent être cultivées en céréales ou en
jardins. C'est certainement une des espèces les plus robustes.
N'est pas encore très répandu que nous sachions; cette espèce
mériterait de l'être davantage.
E. obtusiflora. — Arbre de 40 mètres et plus, portant dans son pa} s
le nom de Yellow hlack But. Bois de bonne qualité, très dur et de
longue durée. A cultiver dans un bon sol ; près des lieux un peu
inondés, cet arbre fera merveille. N'est pas encore très répandu,
mais le sera bientôt, parce que c'est une fort belle espèce,
E. occidentalis. — Arbre de 40 mètres de l'Australie occidentale où
il porte le nom de Fiat toped yate que les colons lui ont donné. Il
est assez rustique et végète rapidement dans les sols profonds et
frais ; cependant, en Alg-érie, il résiste depuis de longues années
dans la collection Cordier, k la sécheresse et au siroco. Le bois du
cœur est de couleur foncée, très dur : on l'utilise pour le charron-
nage et dans la construction.
Cette espèce est la plus répandue après Y E. globulus ; on la ren-
contre dans les Alpes-Maritimes, le Var, en Algérie et quelque peu
en Italie. Elle fleurit au bout de deux ou trois années de plantations
quand elle n'a que 2 ou 3 m'ètres de hauteur et ses graines sont fer-
tiles dès le début, ce qui ne se produitpas toujours chez les autres.
E. oleosa. — Cet arbre et très répandu dans tous les sens du con-
tinent australien ; suivant les sols, il varie considérablement d'as-
pect et de taille. Dans les régions désertiques et arides, il reste à
l'état de buisson, dans les terres fertiles et fraîches il atteint 30 à 35
mètres de hauteur. Son bois est extrêmement dur, de teinte rou-
geâtre,plus lourd que l'eau, même lorsqu'il est sec ; il est facile à
fendre et on l'emploie à tous les usages domestiques et industriels.
Ses feuilles sont d'une très grande richesse en huile essentielle qui
possède la propriété de dissoudre à froid le caoutchouc, l'ambre et
322 ÉTUDES ET MÉMOIRES
d'autre.s résines fossiles. Cette espèce porte du reste plusieurs noms
suivant les localités où on la trouve : c'est le Mowell des colons aus-
traliens. Ce que nous venons de dire, d'après Gli. Naudin, est,
ce nous semble, assez intéressant pour être répété. Aussi souhaitons-
nous que cette espèce soit bientôt introduite, car elle pourrait rendre
de réels services dans les oasis du Sahara, ne serait-ce que pour
enrayer l'envahissement du sable, qu'elle semble devoir arrêter.
E. paniculatâ. — Arbre de 40 mètres de hauteur, très ornemental,
à bois très dur, de longue conservation, que l'on utilise dans la
Nouvelle-Galles du Sud, dont il est originaire, à tous les genres de
construction : poteaux télégraphiques, treillages, traverses de che-
mins de fer, charronnage, etc. 11 est assez lent dans sa végétation,
pendant les premières années, mais il pousse ensuite très vigou-
reusement, dans n'importe quels terrains, enfin, il est assez résistant
au voisinage de la mer.
E. pauciflora (plus connu sous le nom de coriacea). — Arbre des
plus intéressants pour la région méditerranéenne, par sa rusticité
relative même en dehors de la réo-ion de l'olivier et de l'orang-er, où
il a supporté des froids de 10 à 12 degrés en dessous de zéro. Il
est originaire de montagnes assez élevées de la Tasmanie et du
sud de l'Australie, à 1.500 mètres et plus d'altitude. C'est une
belle espèce, haute de 00 mètres et plus, à écorce blanche et lisse,
dont les branches retombent gracieusement comme celles du saule
pleureur ; son tronc atteint également de fortes proportions. Son
bois, sans être d'une durée aussi grande que celle d'autres espèces
d'Eucalyptus, est utilement employé dans les constructions ordi-
naires, il est même très estimé pour tous les usages. Son feuillage
est longuement lancéolé, épais et coriace, ce qui le fait facilement
distinguer des autres espèces.
L'/i. paucipora est introduit dans les cultures et comme il croît
assez rapidement dans n'importe quel sol, il n'est pas douteux
qu'il ne se répande aussi vitequ^ le (flobulus, dont, sous le rapport
de l'assainissement, il ne possède pourtant pas les énergiques
qualités.
Au point de vue horticole, il pourrait être cultivé pour décorer
les parties pittoresques des parcs et jardins ; peut-être aus.si, dans le
centre et l'ouest de la France, mais dans les lieux assez abrités en
hiver des vents (bi .Nord.
LES EUCALYPTUS 323
Nous avons eu cette espèce en Algérie; elle y soulTrait beaucoup
de la chaleur sèche de l'été et surtout du siroco.
' E. phœnicea. — Petit arbre provenant des parties les plus septen-
trionales et les plus chaudes de l'Australie. On ne sait presque
rien sur les qualités de son bois et les usages auxquels il peut être
utilisé. Ce qui le recommanderait surtout, c'est la beauté de ses
belles fleurs d'un rouge écarlate ; à cet égard il aurait sa place mar-
quée dans les jardins de l'Algérie et des autres colonies. Néanmoins
il ne faut pas compter, étant donné son origine tropicale, qu'il puisse
résister dans le midi de la France. Les essais tentés en ce sens ont
été des échecs complets. En Algérie, il faudrait le planter dans un
bon sol, ovi cet arbre recevrait de fréquentes irrigations, de plus
il est urgent de le placer à une exposition aussi chaude que possible.
E. pilularis (Black but). — Arbre de 80 à iOO mètres de hauteur,
du Queensland méridional et de la Nouvelle-Galles du Sud ; on le
considère à Sydney comme la meilleure espèce forestière du pays,
à cause de la bonne qualité de son bois et des gigantesques propor-
tions du tronc. Dans le district d'Illawara, on en a mesuré dépas-
sant 100 mètres, avec un tronc de trois à quatre mètres de dia-
mètre à la base. On en fait d'excellents madriers pour la charpente,
des planches à parquets et autres, des poteaux télégraphiques, des
traverses de chemins de fer, etc.
Cette belle et majestueuse espèce alTectionne les terres pro-
fondes et fraîches ; à Maison-Carrée, près Alger, il y en a d'admi-
rables spécimens. Nous en avions en Algérie, dans notre collection,
des sujets de quatre ans qui, alors, dépassaient déjà huit mètres;
s'ils n'ont pas été arrachés par notre successeur, ils doivent aujour-
d'hui, étant âgés de 30 ans, être de belle taille.
En Provence, il paraît que cet arbre est moins résistant au froid
que l'E. globulus.
E. piperita ;Pippermint gum des Australiens). — Arbre de 40 à
50 mètres et plus, suivant les localités où il se rencontre, dans la
Nouvelle-Galles du Sud et du Gipp's Land. Son tronc à hauteur
d homme atteint jusqu'à un mètre de diamètre; son bois très
estimé est de première qualité, il se fend facilement et régulière-
ment et l'on s'en' sert à tous les usages domestiques, etc. Son
324 ÉTUDES ET MÉMOIRES
feuillage aromatique est très riche en huile volatile d'une saveur et
d'une odeur prononcées.
Nous possédions cet arbre dans notre collection ; après 6 ans
il était déjà très beau; qu"est-il devenu depuis 2o ans que nous ne
l'avons vu?
(^uoi qu'il en soit, il végétait très bien dans les sols ferrug^ineux
de la plaine de Tipaza. au pied de la montagne du Chenoua, où il
était abrité des vents du Nord et où il recevait toutes les effluves
maritimes.
E. Planchoniana. — Arbre à peine connu du Queens Land méri-
dional, où il dépasse à peine 30 mètres sur un peu plus d'un mètre
de diamètre à hauteur d'homme. Son bois est de bonne qualité,
pesant et de longue durée, facile à débiter en planches ou en
madriers, mais peu aisé à fendre à la hache.
Les sols calcaires et frais semblent lui convenir ; il y aurait lieu,
maintenant qu'on en peut avoir des graines, d'en tenter l'élevage
en Algérie et dans le midi de la France; il en vaut la peine.
E. platyphylla. — Arbre de belle tailleduQueen'sLand, ne dépas-
sant pourtant pas 20 mètres, et servant principalement dans son
pays d'origine à créer des avenues propres à fournir de l'ombre ; —
ce qui est assez rare dans le genre Eucalyptus — les feuilles d'une
taille exceptionnelle atteignent 40 à 45 centimètres de longueur sur
30 centimètres de largeur. D'après Gh. Naudin, cette espèce serait
voisine de VE. alha de l'île de Timor, et se confondrait peut-être
spécifiquement avec cet arbre.
Nous ne croyons pas que VE. jjlatijphi/lla soit introduit en
grand en Europe, mais nous soupyonnons son existence dans le
jardin de la Villa Thuret à Antibes ; on pourrait au Ijesoin s'adres-
ser à l'obligeance de M. Poirault, son aimable directeur actuel.
E. polyanthema. — Arbre du sud de l'Australie où on lui donne
le nom de Red Box [hois rouge). C'est un végétal superbe, quand il
est bien venu, par sa taille majestueuse de 40 à ."50 mètres et son
feuillage orbiculaire de teinte glauque, qui lui donne un peu l'as-
pect d'un peuplier ; sa floraison est très abondante — même dans
son jeune âge — ses fleurs blanches forment des panicules élé-
gantes à l'extrémité des rameaux. Son bois dur, compact, de
longue durée est des plus recherchés ; on le préfère même au chêne
Les ELfCALYPTUs 325
et au frêne pour tous les travaux de charpente et pour tous les
ouvrages auxquels ces derniers bois sont employés; il développe
beaucoup de calorique, aussi est-il très apprécié par les charbon-
niers.
Il est assez rustique et se plaît beaucoup dans les sols ferrugi-
neux de l'Algérie, où nous l'avons étudié; sa croissance est très
rapide, son tronc très gros et très droit en font un arbre de toute
beauté.
Cette espèce est très répandue partout sur le littoral méditerra-
néen, mais nous ne croyons pas que ce soit un arbre de reboise-
ment : il faudra surtout l'employer pour plantations d'avenues et
pour l'ornement des jardins et des parcs (fig. 13j.
E. populifolia. — Espèce provenant des parties les plus chaudes
de l'Australie orientale. C'est un grand arbre de 3o à 4o mètres que
les colons nomment Bemhil et Shining leaved box. Son bois est
dur, très résistant ; on l'emploie dans son pays pour en faire des
poteaux télégraphiques, des leviers, des manches d'outils, enfin
tous les ustensiles qui exigent force et résistance. A cause de sa
provenance, il conviendra aux climats secs et chauds, j^articulière-
ment dans le sud de l'Algérie, où il lui sera possible de se déve-
lopper convenablement. Cet arbre demande un sol profond et sec,
siliceux autant que possible.
E. punctata (Leather Jacquet et Hickory Eucalyptus, des colons
delà Nouvelle-Galles du Sud). — C'est un arbre de 30 à 35 mètres,
à tronc lisse, qui croît avec une extrême rapidité ; en une saison
nous avons vu atteindre 5 mètres, un sujet planté n'ayant que
15 centimètres de hauteur. Son bois est dur, résistant, de lono-ue
durée ; sa teinte est légèrement brunâtre ; on l'utilise dans les
constructions navales, dans le charronnage, en traverses de che-
mins de fer, à une infinité d'autres usages. Il se plaît dans les sols
profonds et frais où il prend un beau développement ; cependant
nous l'avons vu croître dans des terres médiocres et sèches,
mais moins rapidement.
C'est une bonne espèce à multiplier partout^ dans les lieux
marécageux ou un peu humides, elle y prend alors un développe-
ment qui serait prodigieux, si d'autres du même genre ne la sur-
passaient.
326
ÉTUDES ET MÉMOIRES
E. redunca (AVhite gum). — Arbre de 30 mètres et plus, se plai-
sant dans les terrains graveleux, détrempés par les pluies, mais
réussissant également dans d'autres sols ; il fleurit peu d'années
après le semis et la plantation. Son bois dur, élastique et résistant,
Fi^-. 13. — Eucalyptus polyanthcnia.
est recherché pour la charpente et le charronnage. Nous ne con-
naissons pas d'autres particularités sur cette espèce.
E. Raveretiana Grev gum tree et Iron gum tree). — Arbr-e de
taille gigantesque, (h'-pas.sant 100 mètres do luiuteur, porté par un
LES EUCALYPTUS 327
tronc de trois mètres de diamètre et plus à la base. C'est l'arbre
des marais par excellence, car il ne peut croître ailleurs que là ou
sur le bord des rivières. Cette espèce majestueuse serait tout
indiquée pour lés plantations à faire dans les marécages de l'Italie,
de l'Alg-érie et de la Tunisie, où elle aurait tôt fait de restituer à
la culture d'immenses territoires.
Cependant 1'^". Ravereiiana peut pousser dans des sols plus secs,
mais il y devient moins beau. Son bois est très dur et de longue
conservation ; il est de couleur foncée et on en fait usage dans tous
les genres de constructions, parce qu'il se travaille avec la plus
grande facilité. Enfin, lorsqu'on fait des entailles dans sa tige, elles
donnent issue à un liquide acidulé^ presque incolore, rappelant
celui qu'on extrait de VE. gunnii^ et dont on peut recueillir une
grande .quantité.
Cette espèce existe peut-être à la Villa Thuret, à Antibes, mais
nous ne la connaissons pas ; nous doutons même qu'elle se soit
répandue et le seul qui en ait fait mention, c'est Ch. Naudin '.
E. regnans (Victoria Mountains Ash). — Arbre de 40 mètres et
plus, suivant les localités ; bois recherché pour la fabrication des
lattes, douves, etc. Son feuillage est, dit-on, très riche en huile
essentielle de kino. Introduit depuis peu dans les collections, nous
ne pouvons rien dire sur sa valeur végétative, mais nous suppo-
sons que cette espèce se contente des terrains les plus médiocres
et les plus secs.
E. resinifera. — Au Queen's Land les colons le nomment Hed
Mahogany (Acajou rouge). C'est un arbre de 50 mètres et plus,
qui s'accommode de tous les climats, même les plus chauds. Il
résiste aux chaleurs tropicales des Indes, aussi bien qu'à celles de
l'Afrique centrale et du Cap de Bonne-Espérance, où il atteint des
hauteurs extraordinairee en trois ou quatre ans, mais dans les
terres fertiles et profondes. En Europe et en Algérie, on l'a tou-
jours confondu avec l'E. rostrata qu'il est pourtant facile de distin-
guer quand on possède les deux espèces.
Sous le nom de Gros Bedgum^ cet arbre est très répandu en
Algérie où il pousse droit comme un i avec des ramifications
1. Miiniiel lie l'acclimaleur. 1X87.
328 ÉTUDES ET 3IÉM0IRES
régulièrement élaguées en pyramide. Cette espèce ou variété
végète avec une rapidité surprenante : un sujet planté en mars,
atteint — en Algérie, nous avons pu l'observer — en huit à neuf
mois cinq mètres et plus de hauteur ; il faut cinq à six ans pour
avoir des arbres de toute beauté.
^'oici ce qu'en dit M. Morel, qui possède une collection
importante d'Eucalyptus à Beyrouth l^Syriej :
<( Ils forment parmi les Eucalyptus, un groupe spécial. M. Vil-
morin, les visitant chez moi, émettait l'avis qu'il faudrait les
réunir tous sous le nom de l'ostraia, h cause de la forme absolu-
ment caractéristique de la graine en forme de rostre. Primitive-
ment, il les avait portés dans ses catalogues sous les trois noms
suivants : Rcsinifera Teuterfield, Besinifera rera, liesinifera gros
redfjum et, en dernier lieu, il annonce ce dernier sous le nom de
rostrata. Je possède les quatre à plusieurs échantillons et je ne
puis m'empécher de certifier que si les graines se ressemblent,
chacun a son allure particulière ; le gros redgum pousse avec une
véritable furie, aucun autre arbre ne lui ressemble ni n'en approche
sous ce rapport. Chaque coup de vent ' remplit mon jardin de ses
débris : bois et feuilles ; mais pour réparer ses avaries il va encore
plus vite que ne fait le vent pour l'endommager. Ce duel inter-
mittent semble rappeler Hercule abattant les têtes de l'hydre de
Lerne qui repoussent sans cesse; ici, c'est l'arbre qui semble le
plus fort et c'est le vent qui s'épuise à vouloir l'entamer. Il va
toujours progressant : semper altius, semper latius. Ses graines
sont innombrables et en font absolument un arbre pleureur, ce
qui n'arrive pas pour le rostrata. Enfin, les auteurs proclament
l'excellence du bois du rostrata, au contraire les branches du gros
redgum cassent à tout instant. Aux personnes qui veulent se
créer un rideau d'arbres les séparant proniptement de leurs voi-
sins, je donne sans hésiter le gros redgum, ses branches retom-
bant sous le poids des fruits en font un écran naturel. Aux colons
embarrassés pour le choix, je dirai : « Prenez avant tout celui-hi,
il n'y a rien dans la nature qui lui soit comparable; quant ii la
rapidité de hi végétation, c'est absolument phénoménal. Les autres
rcsinifera le suivent, il est vrai, mais il les devance tous. »
1. Le vent règne sans cesse dans cette iiartic de la Syrie cl y coniiuel de nombreux
dég&ls.
LES EUCALYPTUS
329
Tout ce que M. H. Morel vient de dire est absolument exact,
nous n'avons rien à y ajouter, sinon que toutes les terres con-
viennent à cet arbre prodig-e qui, décapité même, se refait, tel le
phénix, avec une rapidité inconcevable pour celui qui ne Ta pas
observé.
Fif;-. 11. — Eucalyptus rnljusta.
E. robusta [Swamp Mahocjany ou Acajou des marais de la Nou-
velle-Galles du Sud). — Arbre de 35 mètres et plus, de toute beauté
par la g-randeur et l'abondance de son feuillage lustré et par l'am-
pleur de sa tête arrondie en dôme. Gomme arbre d'avenue, il est
Bul. du Jardin colonial. 19il. II. — N° 10.3. 2:5
330 ÉTUDES ET 3IÉ.M0IRES
incomparable ou du moins a peu de rivaux ; néanmoins, c'est en
forêt qu'il devrait être planté, à cause de la rectitude de sa tige,
la beauté et la qualité de son bois de premier ordre; entin, parce
qu'il a la faculté de croître dans les sols marécageux et même un
peu salés situés dans le voisinage de la mer (fig. 14).
C'est l'arbre qui peut faire des chotts tunisiens, actuellement
déserts, insalubres et incultivables, une région d'une g-rande
richesse pour l'élevage des troupeaux de moutons et autres rumi-
nants, dont l'on obtient une chair particulièrement savoureuse,
quand les animaux sont élevés avec une nourriture salée.
Cette espèce est admirable, d'une vigireur peu commune, et son
bois imprégné d'oléorésine le met complètement à l'tibri des insectes.
On en a fait des plantations à Madagascar et il paraît qu'elles sont
de toute beauté.
Son bois dur, solide, de très longue durée, est utilisé dans son
pays natal à tous les ouvrages de construction et de pilotis.
Enfin, en Provence, en Italie et en Algérie, il se montre aussi
rustique que VE. glohiilus, qui ne le vaut certes pas au point de vue
de l'esthétique. Aujourd'hui que ces arbres fiaictifient dans la région
méditerranéenne, il est facile de se procurer, dans le commerce, les
graines dont on aurait besoin.
E. rostrata (Redgum). — Arbre de 35 à 60 mètres, originaire
d'une grande partie de l'Australie méridionale et aussi de lintérieur
du continent, où on le rencontre dans les terres humides à sous-sols
argileux et peu perméables; il se plaît aussi dans les terres inon-
dées, en Provence et en Algérie ; il est cependant très résistant à la
sécheresse prolongée (fig. 15).
Le tronc de cette espèce est plus gros et plus massif que chez bon
nombre d'autres eucalyptus.
C'est l'arbre forestier par excellence, dont la tige, dès le jeune
âge, s'élance droite et rigide, avec une tendance à jjrendre une forme
pyramidale. Quand il pousse isolément, la tête s'élargit parfois par
le développement des branches latérales, rappelant assez le port de
r^". (jlohulutf, mais avec un feuillage plus dense et plus toulVu.
Comme bois, c'est l'un des meilleurs du genre Eucalyptus, aussi
est-il très employé dans toute la colonie de Victoria et de la Nou-
velle-Galles du Sud, pour tous les usages. Les navires construits
avec lui. ne sont jamais attacjués par les tarets et on le préfère à
LES EUCALYPTUS 331
tous les autres pour en faire des traverses de chemins de fer et des
Fig. 15. — Eucalyptus rostrata.
poteaux télégraphiques de longue durée ; il est presque l'équivalent,
comme valeur, de \ E. marf/inata, de l'Australie occidentale.
332 ÉTUDES ET .AIÉMÛI»\ES
L'fi". 7'oslraia a encore une qualité qui doit le faire apprécier à sa
1 celle valeur, c'est :
4" Sa rusticité relative, très supérieure à celle de l'^". glohulus,
car il résiste dans des régions où ce dernier périt chaque année ;
2° Sa résistance à la forte chaleur, qui en fait un arbre énunem-
ment utile pour les pays tropicaux : Amérique du Sud, Afrique
centrale, Indes, etc.
(Quoique sa croissance soit un peu moins rapide que celle de Y E.
(/lohiilus, il atteint parfois, en quelques mois, 4 ou 5 mètres, suivant
les lieux. En Provence, on l'a vu en 12 ou 13 ans, dépasser J5 mètres
de hauteur, avec 3o à 10 cent, de diamètre à la base, à hauteur
d'homme.
Cette intéressante espèce est déjà abondamment répandue partout
dans la région méditerranéenne de la France ainsi qu'en Algérie :
(( Il s'y reproduit pour ainsi dire spontanément de ses graines tom-
bées à terre, ce qui permet de le regarder comme entièrement natu-
ralisé. »
Nous avons observé cet arbre en Algérie, il y donne les plus belles
espérances et nous estimons qu'il doit figurer avec honneur dans
toutes les plantations qui seront faites en vue du reboisement
des montagnes voisinev de la mer.
(.[suivre.) R. de Noter.
NOTES
INDEX DES NOMS VEUXAGULAIRES
DE QUELQUES VÉGÉTAUX
DU XORD-OUEST AFRICAIN
Tous les iours, des fonctionnaires, des officiers, des voyao-eurs
travaillent à la réunion virtuelle de l'Afrique française du Nord à
l'Afrique occidentale française. Ils cherchent à apporter dans les
laboratoires de détermination et dans les collections de nos savants
des documents inédits.
C'est à eux que ce petit recueil est principalement destiné ; il leur
donnera les noms des principaux végétaux que l'on rencontre à la
fois dans le nord du Sénégal, en Mauritanie, au Sahara et dans le
Sud- Algérien. Il facilitera leur tâche en leur permettant de laisser
de côté ce qui est connu déjà, pour n'apporter à l'édifice commun
que des pierres nouveHes.
En terminant cet avant-propos, ajoutons : 1° que tous les noms
Berbères et Tamàheq ont été pris dans : Essai de catalogue des noms
arabes et berbères de quelques plantes^ arbustes et arbres algériens
et sahariens ou introduits et cultivés en Algérie, par E. Foureau
(Augustin Challamel, éditeur, Paris, 189G); 2** que beaucoup de
noms ouoloiTs ont été recueillis dans : Les plantes utiles du Sénégal,
par le R. P. A. Sébire (librairie J.-B. Baillière et Fils, Paris,
1899).
334 NOTES
Les plantes sont classées par famille ; l'ordre adopté est le sui-
vant : nom français vulgaire, nom scientifique, puis :
A = arabe
B = berbère
M -= Maure
0 = ouoloff
• T ^ tamàheq.
Les noms scientifiques sont écrits en italique.
Remarque. — La majorité des mots arabes sont compris et
employés par les Maures de l'Afrique occidentale française. En
outre, on trouvera des noms d'origines diverses classés sous la
rubrique : (Maure) ; je nai pas voulu entreprendre un travail de
linguistique mais simplement donner les noms les plus employés
par telle ou telle race dans telle ou telle région.
CHAMPIGNONS
Champig-nons en général. — A. Fougg-âa. — 0. M'bar ou mbota, diator,
sambalih.
TrulTe rose. Terfezia Leonis. — A. Teurfas, terfis. — B. Terfas. — M.
Teurfâs. — T. Tirfasène.
LICHENS
Lichens. Aspomy cèles. — A. Mabek-el-Hadjer Rafraf.
FILICINÉES
Fougères. — A. Hachichet ed dahab. — 0. limba.
FAMILLE DES GRAMINEES
Petit mil. Penicillaria spicata,. — A. Bechna. — 0. Souna. — T. Aborha,
abora.
— Ainpelodesmos lenax. — A. Diss. — B. Adels, adlès. — M.
Ivldis (pou rel diss).
— Slipa Parviflora. — A. Adjem, adzeni, adjeur.
INDEX DES NOMS VERNACL'LAIRES 335
Chiendent. Cynodon dactylon. — A. Nedjam, adjezmir. — 0. Keref, —
T. Aoukeras,
C. sp.
Petit mil. Panicum turcjidum. — A. Bou rekkouba. — B. Afenzou. —
0. Sanio. — T. Afezou, afezo.
Millet. Holchus spicatus. — A. Drâa. — M. Sarrossa {?). — 0. Souna,
sanio, Baket, tigne. — T. Eneli.
Petit mil. Andropogon laniger. — A. Lemmad. — T. Tiberrimt.
Bourgou. Panicum hurga. — A. Bergou. — M. Bergou. — 0. Birgou. —
T. Ekaywod.
Sorgho. Holchus vulgare — A. Drâa. — M. Drahâat. — 0. Basi, tigne,
drahàat.
— Andropogon sorghuin. — A. Guessob ou Ksob. — 0. Dougoup,
tigne, drahâat. — T. Gafouli.
— Sorghum vulgare. — A. Gafouli. — 0. Dougoup. — T. Gafouli.
Un roseau. Arundo Fragmites. — A. Ksob, guessob. — B. Aghanini. —
M. Mbidjem. — 0. Barah. — T. Tissendjelt.
Roseau. Arundo donax. — A. Ksob, guessob. — B. Alemés. — M.Mbi-
jem.
Alfa. Stipa lenacissima — A. Halfa, gueddine. — B. Ari. — 0. Sep (?)
une variété.
— Lagurus ovata. — A. Babous-el-Homar.
Bromes divers. A. Bahema, zebach, nedjil.
— Promus macrostachys. — Ghâar-el-Hallouf. — B. Châar
guilef.
— Dactylis glomerafa. — A. Nedjma, Doukna. — B. Affar.
Spart. Lygeum Spartum. — A. Genogh, Genor, Seurha. — M. Djemba.
— 0. Djemba (peu connu).
Arthratherum Pungens. — A. Drinn, Sboth, Sbeïth. — B. Taggui.
— T. Telloult.
Vétiver. Andropogon laniger. — A. Recheig.
Divers Andropogons. — A. Lemmad, el liiad. — B. Tiberrimt. — 0. Sep.
Maïs. Zea Maïs. — A. Dora, mestoura. — M. Macca (Soudan). — 0,
Mboha, Makandé. — T. Tifsi.
Riz. Oriza Saliva. — A. Rouz. — M. Màro, mâlo. — 0. Tiep.
Bambou. Bamhusa idivers). — A. Khrisrana. — 0. Oùah.
Poa hulbosa. — A. Hachichet-el-erneb. — B. Netache.
FAMILLE DES CYPERACEES
Cyperus. C. Rotondus. — A. Ajesmir. — B. Azejmir. — 0. Herntiane.
— C. longus. — A. Berbick. — 0. tiomtioli.
336 NOTES
Souchel. C. voisin (Vcsculenlus. — A. .Merya. — 0. N'der.
Scirpiis marilintus. — A. Ncnious. — T. Leoulioua.
Cyperus coiujlomeratus. — A. Sâad, sead.
\m\ arenurius. — A. Bous-el-Beji^ra. — 0. Guakalakat.
FAMILLE DES TVIMIACEES
Roseau des étangs. — Tijpha sp. cl Tijphn auf/uslifolia. — A. Berdi.
M. Seub. - 0. Sonko. — T. Akaïouad, Tahali.
lAMn.LE DES JONCACÉES
Divers joncs. JiiDcns tnarifimus. — A. Smar. — • B. Azeli. — 0. Ndéguet.
— T. TalaguiL.
— Juncus sp. (?).
lAMILLE DES l'ALMIEBS
Palmiers. Chamœrops hiimilis. — A. Donm. — B. (^ussir. — M. Doum.
— T. Tezzourt.
— I/f/phene Thehaïca. — A. Doum. — ■ B. Ta^^ait. — M. Doum.
Dattier. P/iœnix Jaciylifera. — A. Nakhla (femelle). — B. Tesdaï — M.
Tanderma. — 0. Tenderma. — T. Tezzaït ou Tazzaït.
— Phœiiix clactylifera. —A. T^okkar (màlej.
1 AMILLi: DES I.II.IACEES
Oij^non. Alliiim cepa. — A, liçol, Besla, Beçal. — M. Soblatdes Yololls).
— 0. IJgnon Soblé. — T. Ktelélé.
Ornilhogales. Sciila sp. — A. Anacil, BeçoI-el-Far. — B. Ansal, Ansel
— Sciila fislulosa. — A. Silla. B. Ikiilène. — 0. Pasang.
— T. Ikiilène.
ASl'AlîA(;iNEES
Asperge sauvage. Aspararfus hnrridus. — A. Sekkoum. — B. Issekkine.
— 0. Yar ou golo.
Asp. ferox. — A. Nei-ima.
Salsepareille. Smilax Maurilanica. — A. Zegrecli. B. Sebarina. — 0.
l'arangaye ou Ferigney.
.S/;/, .sy^ — A. Iskerchi. — B. Iskerchi.
INDEX DES NO.MS VERNACULAIRES 337
COLGMICEES
Dracœna, Dracœna sp . — 0. Kouélen. — T. Tif,^gaït.
FAMILLE DES AMARYLLIDÉES
Agave. Agave. — T. Taïberou.
FAMILLE UES URTICACÉÉS
fr/ica sp. — A. Heuraïeck.
FAMILLE DES POLVGOXACÉES
Polygonuin sp. — ■ 0. Mola.
FAMILLE DES SALSOLACÉES
Polygonum aviculare. — A. El Kerda, — B. Kourdab.
Une Sonde. Anabasis articulala. — A. Baguel, belbal. — T. Abelbal et
taza.
— Salsola vermiculala. — A. Gueddam. — B. Adjenvahi. —
T. Adjeroui.
^ Chenopodium murale. — A. Lessig, Melfouf-el-Kelb. — T.
Tibbi.
FAMILLE DES AMARANTACÉES
Amaranlhus Blilum, ou Amaranthus sp. — A. Soltan-el-Kheira. —
B. Belitoune. — 0. Mboum y keur,
FAMILLE DES MORÉES
Figuiers en général. Ficus. — A. Kerma. — B. Tabeksist. — 0. Gang.
— T. Ahar, Taharit.
— F. Vogeli. — A. N'existe pas. — 0. Dob, dog.
— F. Sy ornorus. — A. N'existe pas. — 0. Dog.
Mûrier. Morus sp. — A. Touta. — B. Tassata. — 0. Sanda.
— M. al ha.
— M. nigra.
338 NOTES
FAMILLE DES CELTIDACEES
Cellis ausfraUs. — A. Keikeb (Keikeb). Terzaz, — B. Tbiquis. — 0,
Mboul.
FAMILLE DES RENONCULACEES
Clématites. Clematis cirhosa.. — A. Kamoiès. — B. Afenzou.
— ou Cl. hirsula. — A. Naberdine. — B. Timedjerdine. — 0.
Ndianaou.
FAMILLE DES NYMPHÉACÉES
Nénuphar. Nymphéa alha. — A. Arous, Rouiza, Noufar. — 0. Diahar.
FAMILLE DES MALVACÉES
Coton. Gossypium herbaceum. — A. Kitène, Fezzani. — M. Kittène. —
0. ^'itène. — T. Tabdouk.
Gombo. Hibiscus esculenlus. — A. Gnaouïa. — 0. Kandia.
Oseille sp. Hibiscus sp. — A. Ketmia. — B. Bineçar, tebencert. — 0.
Bisab.
FAMILLE DES LINÉES
Linaria fruticosa. — A. Sferia, Chegma. Boul-djemel. — T. Tazeret.
FAMILLE DES EUPHORBIACEES
Diverses Euphorhia. — A. Halib-ed-Dab, Helbine. — B, Hezaza. — 0.
Salan.
— A. Lebbine, Radim. — B. Ilamrout.
Ricin. Ricinus conimunis. — A. Khcrroua (?). — 0. Lissougar. — T.
Tellakli.
— Euphorbia calyplrata. — A. Ouni-el-leben.
FAMILLE DES TAMARINASCÉES
Tamarin. — B. .\hammam. — M. Teurfa. — 0. Mboundou. — T.
Azaoua,
— Tamarix div. — A. Tarfat, Tazennat. Férsig, l-^thel, Etel, Ilel.
— B. Amemmaï. Temmemaït. — T. Azour. Tabraket.
Ethel (?j.
INDEX DES NOMS VERNACL'LAIRES 339
FAMILLE DES CRUCIFERES
Un cresson. Lepidium. — A. El Horf, Guerfa. — T. Harhaha.
— Nasfurtium humifusum. — A. Guerfa.
— Lepidium draba. — A. Harharha (?).
FAMILLE DES CAPPARIDEES
Câprier épineux. Capparis Sodada. — A. Irakoum, Siouack. — B. Tchag.
— 0. Kérègne. — T. Abisga.
— Capparis spinosa. — A. Cabbar, kabbar. — B. Taïla-
lout, — Q. Kérègne. — T-. Tihoq.
— Moerna Rigida. — A. Sarah. — B. Agar. — T. Relâchent.
— Var. m. angolensis. — A. Sarah. — B. Agar. — T.
Adjar.
— Var. m. senegalensis. — A. Sarah. — B. Agar. — T.
Adjar.
— Cleome arabica. — A. Felfel-el-Djebel. — B. Tamagout.
— 0. Kérègne. — T. Ahoyyarth.
— Cl. angustifolia. — A. Hetnia. — T. Ahoyyarth,
— Cl. monophylla. — A. Khanza, Khinza. — B. Tamagout;
T. Ahoyyarth.
— Cl. pentaphi/lla. — A. Mokhanza.
FAMILLE DES GÉRAMACÉES .
Mousonia nivea. — A. Rhaguem. — 0. Djidji.
Mousonia senegalensis. — A. Rhagma. — 0. Djidji.
FAMILLE DES PORTULACACÉES
Pourpier. Portulaca oleracea. — A. Rijla. — Ournouba. — M. R'nouba.
— 0. Tank i mpita. Salade i soldar. — T. Benderakech.
Tafrita.
FAMILLE DES RUTACEES
Megistopterus macrocarpus.
Tribulas megistopterus — T. Boriel.
Croix de Malte. Trihulus terrestris. — B. Hesek. — 0. Seber bouki.
L. Claveau,
Sous-Inspecteur d'Agriculture en A. 0. F.
340 NOTKS
UNE EXCEPTION AU GAHAGTÈKE DIOIQUE
DU PAPAYER
Gomme on le s;iU, le Papayer (^Garica papaya) est une plante
dioïque, mais il lui arrive quelquefois de présenter des dérogations
à ce caractère : c'est ainsi que les inflorescences femelles voient des
Heurs latérales présenter des caractères mâles, par suite du dévelop-
pement d'étamines.
Les fleurs femelles et les fleurs hermaphrodites sont alors fer-
tiles dans les deux cas.
Il existeune autre dilférenciation, déjàsig-nalée par M. H. Bâillon '
et par des voyageurs de l'Afrique centrale, à savoir qu'un pied
mâle de Papa^-er peut parfois porter des fruits.
D'après des renseip^nements communiqués au Jardin Golonial, il
existerait dans la Haute-Guinée, versKindia, un papayer couramment
monoïque.
G'est précisément ce qui existe, à l'heure actuelle, pour un spé-
cimen cultivé dans les serres du Jardin Golonial.
Gette plante ayant déjà donné des fleurs mâles sans fructification,
est de nouveau en pleine floraison, elle présente nettement les
caractères des pieds mâles, longues inflorescences axillaires, fleurs
gamopétales, à étamines normalement développées, et à rudiment
d'ovaire.
Ge pied mâle porte en ce moment trois fruits de 10 centimètres
de long environ, plus un jeune fruit en formation ayant de 2 à 3
centimètres. Un de ces fruits a été détaché, il j^résente des ovules
nombreux et normaux.
D'après l'aspect extérieur actuel, il ne semble pas (|ue les fruits
puissent atteindre leur véritable maturité ; leur pédoncule commence
en effet ik prendre une teinte jaunâtre, ce qui indi({ue une prochaine
maturité, mais anormale et anticipée.
Haillon signalait, dans la note précitée, un grossissement
rapide des fruits, mais nous ignorons si ces fruits sont arrivés à
maturité dans une serre de France.
A. BijKTiiAr.
1. 11. IJaii.i.h.v, l'ii iinuviaii iihkIc do muii.roipdu Papayer. Bullelin ineiisiiel <le l:i
Société linnéenne de l'nris, n''81. Séance du 2 mars 1HS7.
DOCUMENTS OFFICIELS
École Nationale Supérieure d'agriculture coloniale
ARRÊTÉ MINISTÉRIEL
Conférant le diplôme d Ingénieur dWgriculture Coloniale
et le certificat d'Etude de V Ecole.
Article premier
Le diplôme d'Ingénieur crAgricuIlure coloniale est conféré à MM. Ma-
demba, Hachemi Ben Khalifa, Pillon, Papadopoulos, Vehbi, Bernard,
Dayras élèves réguliers.
Article 2.
Le certificat d'études de l'Ecole Supérieure d'Agriculture Coloniale
est accordé à MM. Debref élève régulier, Bellati et Hibon élèves libres.
Fait à Paris, le 29 août 1 911.
Signé : A. Lebrun.
Côte d'Ivoire.
DECRET
Accordant aux cacaos de la Cote d'Ivoire le bénéfice
de la demi-détaxe douanière.
* RAPPORT
Paris, le 7 septembre 1911.
Monsieur le Président,
J'ai eu l'honneur de soumettre à votre haute approbation, de concert
avec M. le minisire du commerce et de l'industrie, un projet de décret
accordant aux cacaos originaires de la Côte d'Ivoire le bénéfice de la demi-
détaxe douanière.
342
DOCUMENTS OFFICIELS
Mais j'estime qu'à celle détaxe doit correspondre à Tenlrée de la Côte
d'Ivoire une taxe compensatrice égale au dégrèvement applicable à ces
produits à l'entrée dans la métropole, pour garantir le Trésor contre la
fraude.
Cette mesure a été délibérée et adoptée par le conseil d'État.
J'ai, en conséquence, l'honneur de soumettre à votre haute sanction
le projet de décret ci-joint, modifiant dans le sens susvisé le tableau A
de l'article l*"^ du décret du 14 avril 1905,
Je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon pro-
fond respect.
Le ministre des colonies,
A, Lebrun,
DÉCRET
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre des colonies.
Vu l'avis du ministre des finances en date du 30 mars 1911,
Vu l'avis du ministre du commerce et de l'industrie en date du 4 mai
1911;
Décrète :
Art. 1", — Le tableau A de l'article P'du décret du 14 avril 1905 est
modifié ainsi qu'il suit :
DÉSIGNATION
des produits.
VENTES
sur lesquelles
portent
les droits.
TERRITOIRES
si tués en dehors de la zone
visée par la convention
du M juin 18!)8.
TERRITOIRES
soumis
au régime
de la convention
du
1 i juin 1S98.
Droits
d'importation.
Surtaxe
sur les produits
ctraii|ïers.
Cacaos
Valeur.
5 p. 100.
7 p. 100.
10 p. 100 1.
1. AuDalionu-y et à laC.ùte d'Ivoire les cacaos en l'c\ es et en pellicules acquittent
un droit de f>2 f'r. les 100 kilo^r. au lieu de la taxe ixl valorem.
Art, 2. — Le ministre des colonies est chargé de l'exécution du présent
décret qui sera public au Journal officiel de la République française et
inséré au Bullelin officiel du ministère des colonies.
Fait à liambouillet, le 7 septembre 1911.
A. Fallières,
DOCUMENTS OFFICIELS 343
Établissements français de TOcéanie.
DÉCRETS
fixant les quantilés de vanille oricfinaires des élahlissements fran-
çais de tOcéanie à admettre au bénéfice de la détaxe en 19/ / et
1912.
Le Président de la République française,
Sur le rapport du ministre des colonies et du ministre des finances ;
Vu larticle 3 de la loi du 11 janvier 1892 portant établissement du tarif général des
douanes ;
Vu le décret du 30 juin 1802 portant détaxe de moitié des droits du tarif métropo-
litain pour certains produits originaires des colonies,
Décrète :
Art. P*". — La quantité de vanilles originaires des établissements fran-
çais de rOcéanie qui peuvent être admises en France du l*^"" juillet 1910
au 30 juin 1911 dans les conditions établies par le décret susvisé du
30 juin 1892, est fixée à 21.000 kilogr.
Art. 2. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont char-
gés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Rambouillet, le 30 août 1911.
A. Fallières.
Le Président de la République française,
Sur le rajjport du ministre des colonies et du ministre des finances;
Vu rarticl%3 de la loi du 1 1 janvier 1892, portant établissement du tarif général des
douanes ;
Vu le décret du 30 juin 1892, portant détaxe de moitié des droits du tarif métropo-
litain pour certains produits originaires des colonies ;
Décrète :
Art. l^"". — La quantité de vanilles originaires des établissements fran-
çais de rOcéanie qui pourront être admises en France du l*"' juillet 1911
au 30 juin 1912, dans les conditions indiquées par le décret susvisé du
30 juin 1892, est fixée à- 21.000 kilogr.
Art. 2. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont char-
gés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Rambouillet, le 30 août 1911.
A. Fallières.
344 D0CU3IE.NTS OFFICIELS
Indo-Chine.
ARRÊTÉ
abrogeant les disposilions précédentes relatives
à l'importation des graines d'IIevea.
Le Gouverneur général p. i. de l'Indo-Chine, Officier de la Légion
dhonneur,
^'u le décret du 21 avril 1891 :
\'u les arrêlôs des 7 Juin et Jâ sei)lenil)re 1910, interdisant l'introduction en Indo-
Chine des plants dlié\ éas et subordonnant 1 iniporlation des graines d'hévéas à cer-
taines formalités de désinfection ;
Vu la demande formulée par l'Association des planteurs de caoutchouc de la Cochin-
eliiiic ;
^ll ra\is exprime par la Chambre d'Agriculture de la Cochinchine ;
Sur la proposition de l'Inspecteur-conseil des Services agricoles et commerciaux de
rindo-Chine,
AruAti: :
Art. r*". — Sont abrogées les dispositions des arrêtés susvisés des
7 juin et 1.5 septembre 1910 relatives à riniporlalion des graines d'hévéas
en Indo-Chine.
Art. '2. — L'introduction des plants d'hévéas en Indo-Chine reste inter-
dite.
Art. 'A. — Le Lieutenant-gouverneur de la Cochinchine, les Résidents
supérieurs en hido-Chine et le Dii'ecteur général des Douanes et Régies
de rindo-Chine sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de rexéculion
du présent arrêté. •
Saigon, le i juillet l'.M I .
P. Lucii.
NOMINATIONS KT MUTATIONS
Afrique occidentale française.
M. Claveau (I.,éon), directeur de Jardins d'essais de 2'' classe, relourde
congé, est mis à la disposition du Lieutenant-Gouverneur du Séné-
gal.
Madagascar.
M. IJousquet, contremaître de culture, rentrant de congé, a été allecté
à la station dlvoloina fTamatavej.
COURS ET MARCHES
DES PRODUITS COLONIAUX
CAOUTCHOUC
LE HAVRE, 4 octobre 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
ScHWEiTZER, 1, rue Jérôme-Bellarmato.)
Le mai'ché pendant le mois écoulé a été relativement calme, et les prix sont
restés inchangés pour toutes les sortes en général et l'on cote :
Para fin
Para Sernamby
Pérou fin ,
Pérou Sernamby
— — caucho
Maniçoba
Madagascar :
Tamatave Pinky I
— Pinky II
Majunga
Faranfangana
Anahalava
Mananzary. j
Barabanja . >
Lombiro. )
Tuléar
Tonkin
Congo :
Haut-Oubanghi
Francs
12.25 à 12.35
7.25
12
10.25
10.23
7.25
7
6
G
5
Ô.50
D
6
Il .40
8.50
12.10
Francs
Kotto 11.40 à 11.60
H. C. Batouri 7.50 8
11
25
11
50
10
9
50
7.
50
9
8
7
50
6
9
50
11
60
Ekela Kadei Sangha 11
Congo rouge lavé 4
Bangui 11
Koulon-Niari 6
Manibéri 5
N'Djolé 6.50
Mexique feuilles scrappy 9.50
— slaps 6
Savanilla :
San Salvador 9
Carthagène 7
Ceylan :
Biscuits, crêpes, etc. . ]
— — extra. . [
Scraps )
Balata Venezuela blocs..
Balata — feuilles..
11.35
5
11.50
9
6
7.50
10.25
7.50
11
8.50
12.75 13.25
7.50
8.50
Le tout au kilo, magasin Havre.
BORDEAUX, 6 octobre 1911. — (Communiqué de MM. D. Duffau et
C'«, 10, rue de Cursol.)
Pendant tout le mois de septembre, le marché a été assez bon et il s"est
vendu environ 91 tonnes en première main à des prix sensiblement meilleurs
sur la fin de cette période.
Le Para ayant descendu depuis quelques jours de frs : 1.3.75 à 12. SO le kilo
environ, restreint un peu les transactions ; mais il est à noter cependant que
nos sortes moyennes se maintiennent relativement maigre cette baisse :
Bal. du Jardin colonial. 1911. II. — N» 103. 24
346
COURS ET MARCHÉS
Nous cotons :
Francs
Conakry Niggers 10.25 à 10.50
RioNunez 11.25 II. .'^O
Soudan Nigfrt'rs Rouges. 9.50 10
Soudan Niggers Blancs.. 8.50 9.25
Soudan Manoli 11 11.50
Lahou Niggcrs 8.25 8.50
Lahou Cakes Moyens.. . . '.50 7.75
Francs
GambieA 7.50 à 7.75
Bassani Lumps 5 5.50
GambieA. M 6.50 6.75
— B 5.50 5.75
Taniatave rooty 5 5 . 25
Tamatave Pinky 1 6.50 9
ANVERS, 4 octobre 1911. — (Communiqué de la Société coloniale Anver-
soise, 'J, rue Rubens.1
Le marché de caoutchouc a été assez faible pendant le mois de septembre
dernier avec des alternatives de reprise ; c'est ainsi que notre vente par inscrip-
tion (lu 27 septembre s'est faite avec bonne demande et à des prix ressortant
à fr. : 0.75 en hausse pour les caoutchoucs de plantation et de fr. : 0.28 pour
les sortes congolaises.
Nous cotons à fin septembre pour qualité courante à bonne :
Francs
Kasaï rouge 1 12 à 12 . 375
Kasaï rouge genre Lo-
auda II noisette 9.75 10.25
Kasaï noir 1 12.25 12.60
Equateur, Yengu. Ikelem-
ba, Lulonga, etc 12.25 12.60
Lopori (Maringa) 7.30 7.80
Francs
Haut -Congo ordinaire,
Sankuru, Lomani 12.20 à 12.80
Aruwimi 12 12.35
Straits Crêpes 1 14 . 50
Ciuayule 5 . 25 5 . 50
Maniçoba " . 40 7 . 90
Mongola lanières 12 12.35
Wamba rouge 1 7.75 8.25
Marché à terme.
Le marché à terme en septembre a été calme. On cotait fin septembre :
Francs Francs
Octobre 14.15
Novembre I 1 . o j
Décembre 1 3 . 90
Janvier 13.75
Février 13.50
Mars 13.50
Avril 12.95
Mai 12.90
Juin 12.85
Juillet 12.85
Stock fin août 1911 522 tonnes
Arrivages en septembre. .. . 306 —
Ventes en septembre 393 —
Arrivages depuis le 1" jan-
vier 3.186 tonnes
\'entes depuis le 1" janvier. 3.339 —
COURS ET MARCHÉS
347
COTONS
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 7 octobre 1911. — Cote officielle. — Louisiane très ordinaire
(en balles, les .50 kilos).
Octobre. . .
Novembre.
Décembre .
Janvier. . . .
Février . . . .
Mars
Francs
63.87
63.3'
63.25
63.37
63.37
63.37
Francs
63.50
63.75
63.75
63.75
63.62
Septembre 63 . 62
Avril. .
Mai....
Juin. . .
Juillet.
Août . .
Tendance calme. Ventes : 6.300 balles.
LIVERPOOL, ~ octobre 1911. — Ventes en disponible: 7.000, Amérique
calme, iucbanu-ée. Indes, calmes ; futurs ouverts en hausse de 1 à 2 cents.
CAFES
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 1 octobre 1911. — Santos good average, les 50 kilos, en
entrepôt :
Francs Francs
Février , 80
Mars-avril 79.50
Mai-septembre 79.25
Octobre
80.75
Novembre-décembre
81.25
Janvier
80.50
Tendance soutenue. Ventes : 30.000.
ANVERS, 7 octobre 1911. — Cafés. — Clôture. — Cote ofïîcielle des cafés
Santos Base Good les 50 kilos : octobre, 83 fr. ; novembre, 83 fr. ; décembre,
82fr. 73 ; janvier, 82 fr. 25 ; février, 81 fr. 75 ; mars, 81 fr. ; avril, 81 fr. ; mai,
81 fr. ; juin, 81 fr. ; juillet, 81 fr. ; septembre, 81 fr. 50.
Tendance ferme.
HAMBOURG,! octobre i^li. —Cafés. — 2heures. — Les 30 kilos: octobre-
décembre, 83 fr. 75; mars, »)) fr. »»; mai, »» fr. ; juillet, 82 fr. 30 ; septembre
82fr. 81.
Tendance soutenue.
348
COURS ET MARCHÉS
CACAO
LE HAVRE, 30 septembre 1911.
Au droit de 104 francs.
Francs
Fran
es
Guayaquil Arriba....
74
à
7S
Sainte- Lucie,
Domi-
— Ba
lao
72
7;i
nique, Saint-\
incent.
67 à
. 74
— Machala . .
72
50
74
Jamaïque
65
70
Para
•3
72
50
78
79
Surinam
72
69.50
75
Carupano ....
Bahia fermenté.
77
Colombie ....
llô
l-Ti
San Thomé
74
76
Cevlan Java
SO
90
Côte d'Or
67
70
Trinidad . . .
74
68
77 .
76
50
Samana
68
67.50 ~
69
Grenade
Sancliez Puerto Plata. .
70
Haïti
56
72.50
Au droit de 52 francs.
Francs
Gonp;o français 92 à 92 . 50
Martuiique 92.50 93.50
Guadeloupe 93 95
Madagascar, Réunion,
Comores
Francs
92 à 100
ANVERS, l'"" octobre 191 1 (Communiqué de la Société coloniale anversoise
9, rue Rubens).
Marché ferme dans le courant de septembre mais baissant fin septeml)re,
nous cotons le Congo Fr. 73.50/75 par 50 kgr.
MATIERES GRASSES COLONIALES
MARSEILLE, lOoctobre 1911. — (Mercuriale spéciale de « l'Agriculture
|)ialique des Pays cliauds », par MM. Rocca, Tassy et de Roux.)
Coprah. — Tendance fi-rme et en hausse. Nous cotons nominalement en
disponible les 100 kilos c. a. f., poids net délivré conditions de place.
Ceylan sundricd.
Sing'apore
Macassar
Manille
Z'inzibar
Francs
7(1
60
64.50
63.50
6i
Mozanibitjuc 05
Java snndried
Saï^ron
Colonou
Paciliijue Samoa. . .
Océanii' française.
Francs
68
63
65
»
COURS ET MARCHÉS . 349
Huile de palme Lagos, 79 frs ; Bonny-Bennin, 77 frs ; qualités secon-
daires, à 72 frs les 100 kilos, conditions de Marseille, fûts perdus, prix
pour chargement entier.
Graines de palmiste Guinée 47 fr. délivré
— Mowra....- Manquant
Graines oléagineuses. — Situation ferme; nous colons nominalement :
Francs
Sésame Bombay blanc grosse graine 42
— — petite — 41
— Jatla 54
— bijj^arré Bombay. Grosses graines. 50 "•/„ de blanc. . 40
Graines lin Bombay brime grosse graine 50
— Colza Cawnpore. Grosse graine 34
— Pavot Bombay- 44
— Bicin Coromandel 29
Arachides décortiquées Mozambique 40
— — Coromandel 35
Autres matières. — Cotations et renseignements sur demande.
TEXTILES
LE HAVRE, 4 octobre 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
Schweitzer.)
Manille. — Fair current : 49 fr. .^0 à 50 fr. — Superior Seconds : 49 fr. 75
à 51 fr. 25. — Good brown : 46 fr. à 47 fr. 25.
Sisal. — Mexique : 53 fr. à 58 fr. 50 — Afrique : 61 fr. à 66 fr. — Indes
anglaises : .30 fr. à 46 fr. — Java : 59 fr. à 70 fr.
Jute Chine. — Tientsin : 46 fr. à 48 fr. — Hankon : 45 fr. à 49 fr. 75.
Aloès. — Maurice : 57 fr. à 67 fr. — Réunion : 57 à 66 fr. — Indes : 31 à
37 fr. — Manille : 34 fr. à 42 fr.
Piassava. — Para : 130 à 150 fr. — Afrique : Cap Palmas : 53 à 56 fr. —
Sinoë : 52 à 53 fr. ; Grand Bassam : 52 à 55 fr. ; Monrovia : 50 fr. à 52 fr.
China Grass. — Courant : 77 fr. à 86 fr. — Extra : 95 fr. à 117 fr.
Kapok. — Java : 210 à 240 iV. — Indes : 125 à 1 17 fr.
Le tout.aux 100 kilos, Havre.
350
COURS ET MARCHÉS
GOMME COPALE
ANVERS, 8 octobre 1911. — (Communiqué de la Société Coloniale
Anversoise.)
Le marché du copal pendant le mois de septembre a été très ferme : la
demande était bonne et les prix en légère avance ; nous cotons pour qualité cou-
rante à bonne :
Gomme triée, blanche de belle qualité 320 à 350
— claire, transparente 230 à 260
— assez claire opaque. 14o à 180
— non triée, de qualité courante » »
La prochaine vente est fixée au 8 novembre prochain.
LE HAVRE, 4 octobre 1911.
Schweitzer.)
— (Communiqué de MM. Vaquin et
Gomme c©nale Afrique oO a 100 francs ) ,
Ti. , . , ( les 100 kg.
— — Madagascar 100 à 400 — 5 ^
POIVRE
(les 50 kgr. en entrepôt) :
LE HA VRE, 7 octobre 1911 :
Saigon. Cours du jour (les .jO kilogr. entrepôt) :
Francs
Francs
Octobre 90.50
Novembre 91
Décembre 91 . 50
Janvier 02
Février 92.50
Mars 93
Avril 9.5
Mai 9 1
Juin 94.50
Juillet 95
Tendance soutenue.
TcUichery. Cours du jour :
Octobre Gi.50
Novembre 61.75
Décembre 65
Janvier 65.50
Février 65 . 75
Mars 66.25
Avril 66.50
Mai 66.75
Juin ". . 67
Juillet 67.25
COURS ET MARCHÉS 35 1
IVOIRE
ANVERS, 1"'" octobre 1911. — (Communiqué de la Société coloniale
Anversoise.)
Marché inchangé et avec peu d'affaires.
BOIS
LE HAVRE, 4 octobre 1911. — (Communiqué de MM. Vaquin et
Schweitzer.)
Francs
Acajou Haïti 6 à 16
— Mexique 18 40
— Cuba 12 40
— Gabon 14 22
— Okoumé a 10
Francs
Ébène-Gabon 20 à 35
— Madagascai- 15 30
— Mozambique 8 15
le tout aux 100 kilos, Havre.
VANILLE
(Communiqué de M. Maurice Simon, 212, rue Lafayette à Paris.)
Vanille Mexique. — New- York cote le 18 septembre: entières S 3,87 1/2 à o ;
sur les cours S 3,75 à 41b. — Beaucoup de consommateurs des Etats-Unis, qui
sont habitués depuis plusieurs années à employer les variétés Bourbon, aux-
quels on ofFre actuellement des Mexique nouvelles à parité de prix avec les
Bourbon, ne veulent pas changer leurs formules et ils préfèrent la Bourbon qui
donne beaucoup plus de couleur et de force à leurs extraits.
Vanille Bourbon. — Paris, par suite de la demande très soutenue, est très
Terme avec tendance prononcée vers des cours plus élevés, contrebalancée en
ce moment par les arrivages importants de la saison. Le steamer « Melbourne »
arrivé le 26 courant a porté 234 caisses dont ") Bourbon, 10 Nossibé, 7 Mayottte,
38 Mahéli, 181 Anjouan et 13 Seychelles. La majeure partie de l'arrivage, soit
140 caisses, sont pour compte de négociants parisiens. Le bateau correspon-
dant de l'an passé avait à bord 206 caisses. Marseille nous informe avoir vendu
à pleins prix tous les précédents arrivages. A Londres il y a eu le 27 courant
une vente publique. Il a été offert 43 boîtes dont 27 Seychelles, 10 Maurice,
2 des Indes orientales et 2 des Indes occidentales. A peu près tout a trouvé
acheteur avec une avance d'un shilling par livre sur les cours précédents. On
nous dit qu'on cherche à peser sur le marché dans un but facile à comprendre
en prétendant que les récoltes sont énormes et en grande augmentation sur
352 COURS ET MARCHÉS
l'an passé. D'après les chiffres de nos correspondants, Bourbon, les Seychelles,
les Comores, Madagascar et Maurice ont fourni en 1910-1911 185 tonnes et les
prévisions les plus optimistes pour 1911-1912 indiquent à peine plus que 200
tonnes, soit une très légère augmentation d'environ 10" i,,ce qui est insignifiant
quand on songe que les stocks en France, en Allemagne, en Angleterre et aux
États-Unis sont en diminution de 40 tonnes sur les existences Bourbon à pareille
époque l'an passé. En résumé, la consommation aura en 1911-12 20 à 2.j tonnes
de Bourbon eu moins à sa disposition qu'en 1910-11. Il y a certainement une
grande augmentation dans la récolte Mexiipu'. mais la demande des Etats-
Unis qui n'a jamais été plus forte pour les Bourbon prouve que ce facteur n'a
pas la moindre importance en ce qui concerne les cours des variétés Bourbon
])our lesquelles la demande augmente continuellement et qui se vendent
actuellement à New-York plus cher que les Mexique nouvelle récolte.
V;i/iil!r TaJiili. — Hambourg ferme, mais l'article paraît avoir atteint son
plus haut cours et ne pourra avancer (jue si les sortes ordinaires Bourbon
étaient encore plus chères, ce qui pourrait obliger certains consommateurs à
employer des vanilles Tahiti.
Cours comme semaine précédente.
Cours des diverses vanilles aux conditions de Paris à l'acquitté; pour l'étran-
ger : 2 fr. 08 à déduire pour les provenances de colonies françaises et 4 fr. 16
pour les provenances étrangères; escompte 3 1/2 °/o ; trait 4 grammes par kilo.
Bourbon. Madagascar ou Comores, tête et queue, 00 °/o
première, 17/18 °/o 47 fr. 50 à 52 fr. 50.
Bourbon, Madagascar ou Comores, première seule, 17/18 "/o. 50frs. à 52 fr.50.
Mexique, bi'lie (pudité 55 frs. à 65 frs.
Mexique, descendantes 45 frs. à 55 frs.
Tahiti, lots origine 17 frs. à 18 frs.
MAÇON, PHOTAT FKKHKS, IMP.UMKOHS L E d l tCU T-G érdU t ! A. ClIAU.AMEL.
ENGRAIS POTASSIQUES
Nécessaires à tout planteur
désireux de tirer le maximum de rendement des capitaux et travaux eng'ag'és-.
La consommation énorme de ces eng-rais est la meilleure preuve de leur efficacité.
En 190g, elle a été de plus de
TROIS MILLIONS TROIS CENT MILLE TONNES
Les engrais potassiques
convenant le mieux à la fumure des plantes de nos colonies, sont :
le SULFATE DE POTASSE
et le CHLORURE DE POTASSIUM
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s'adresser
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Planteurs de Caoutchouc
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ceux qui s'intéressent à la culture rationnelle
du Caoutchouc.
RENSEIGNEMENTS
techniques et financiers
Bulletin mensuel, 16 pages in-4o
Actualités, articles techniques, nouvelles
concernant la culture du caoutchouc, rapports
de sociétés, déclarations de dividendes, le
marché du caoutchouc, cotes et rapports du
marché des valeurs de sociétés de plantation
de caoutchouc.
Abonnement : frs. 12.50 par an.
VILMOIHN-ANDRIEUX & C
4, Quai de la Mégisserie, PARIS
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LIANE A CAOUTCHOUC
Landolphia Heudelotii
La Maison VILMORIN -ANDRIEUX & G'«, toujours soucieuse d'être
utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façon
toute particulière de l'importalion et de la vulgarisation des ^-raines et
plantes précieuses des pays chauds.
Ses relations conamerciales avec toutes les parties du globe la placent
certainement au premier rang des maisons recommandables pour
résoudre cette importante question.
Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a
obtenu 7 Grands Prix à l'Exposition Lniversellc de igoo, dont un
spécialement accordé pour son Exposition Coloniale. En outre, le Jury
de la dernière Exposition Coloniale île Marseille a confirmé les décisions
du Jury de 1900 en lui attribuant un Grand Prix.
Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin-
téressée à toutes les demandes i[ui lui sont adressées.
Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte :
Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroya
gigantea, etc.
Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix). Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola,
Tabacs divers, Tlié d'Annam et d'Assam, etc.
Plantes à caoutchouc. — Caslilloa elastica, Enphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis,
Luridolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughbeia edulis, etc.
Plantes à épices- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, l'oivrier,
Vanilles du Mexir[ue cl de I?onrbon (boutures), etc.
Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc.
Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'oulre-mer sur
l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Ward) pour l'expédition des jeunes
plants ou des graines en stratification.
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Ile Année Novembre 1911 No 104
MINISTÈRE DES COLONIES
Jardin Colonial
L 'Agriculture pratique
des pays chauds
BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
ET DES
Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
fin Dirpi'fpni- (lu Jardin Colotiial , iMliiixtèi-p (hs Colonies
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L'AGRICULTURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Novembre 1911 N» 104
SOMMAIRE
Pasçes
Sur les Equidés du Maroc N.-O., par G. de Gironcourt, Ingé-
nieur agronome, chargé de missions , . 353
Le Caoutchouc en Indo-Chine, par M. Pernot, Ingénieur agro-
nome [suite] 356
Le Soja, sa culture, ses usages alimentaires, thérapeutiques,
agricoles et industriels, par MM, Li-Yu-Yng, Conseiller
au Ministère de l'Agriculture de Chine et L. Grandvoinnet,
Ingénieur agricole (G.) (suite) 36o
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maître de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Agriculture Coloniale (suite) 887
Les Eucalyptus, par R. de Noter (sai7e) 4o3
NOTES
L'Industrie des Ananas en Hawaï, par A. Marqués, Agent consu-
laire de France à Honolulu 4i8
Nécrologie, A.-J. Le Rat [^iZ
DOCUMENTS OFFICIELS
Arrêté conférant le diplôme d'Ingénieur colonial 424
Mission permanente d'étude des cultures et Jardins coloniaux. ....'.. 425
Afrique Equatoriale. Interdiction de l'exportation de certains bois. 426
Madagascar. Arrêté interdisant l'introduction des plants de caout-
chouc de Ceylan et de Maurice 427
Nouvelles-Hébrides . Quantité de café à admettre au bénéfice de la
détaxe 428
Nominations et Mutations 428
Statistiques commerciales. Exportations agricoles et forestières des
colonies françaises 43o
Bibliographie v et viii
Fondé en igoi
^'(Agriculture pratique des Says chauds
publiéf sous la Direction
de l'Inspecteur Général de l'Agriculture des Colonies françaises
Etudes et mémoires sur les Cultures et rElevai:çe des pays tropicaux.
Articles et notes inédits. — Docunienls ofKciels. — Rapports de missions, etc.
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l'ASOL, que j'ai appliqué cet été sur une de mes serres à onliidees, a pleiiieineut réussi; je ne l'ai aiipliqué
que sur la serre froide, il Oilotitoglossum. J'ai Ol)lenu une température bciiueoup plus basse, tout ctt été, et
|e n'ai pas baissé une seule fois mes stores « claies » : nial>;ré les forts coups de .soleil J'ai donc obtenu de
la fraiclieur. sans pour ainsi dire i>erdre le jour. C'est un avantage énorme de n'avoir pas ii baisser et
remonter les claies constamment, et c'est une économie.
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11 Année Novembre 1911 N' 104
ET U DES ET M E M 0 1 R ES
SUR LKS KQUIDKS [)V MAllOC X.-O.
Deux types de chevaux, lorl dillerenls. se rencontrent au Maroc
Nord-Ouest :
1. — Les petits chevaux berbères, du type alg'érien :
II. — Les gros chevaux, spéciaux au Maroc occidentaL
I
Les chevaux (lu premier type se ditlei'encient, en deux races assez
distinctes :
I** Le cheval berbère dont le type le plus pur se trouve surtout
chez les Aït Goussi. tribus nomades dont le territoire s étend au
cœur et au flanc septentrional du massif du moyen Atlas, dans un
système de plateaux et vallées étroites toujours orientées S. -(J.-\.-E.
Les tribus qui s'intéressent le plus activement ;i son élevage sont
celles des Ait Youssi proprement dits, à environ oO kilomètres au
sud de Fez et celles des Ait Serouch, à l'ouest des précédents.
Ce cheval est de taille petite, soit 1 '" i.'i. Il est nerveux, très
résistant à la fatigue des longues marches. Ses proportions sont
harmonieuses : sa caractéristique est d'être ramassé sur lui-même,
court de train, si bien que l'on j)eut presque dire ((ue sa large « selle-
fauteuil », en usage au Maroc, le « couvre ».
Les membres, proportionnellement. n<^ sont pas gros. Les jambes
sont très fines et l'allure très élégante.
La peau est épaisse, la rusticité très grande.
La robe est assez variable de couleur, du gris foncé au bai. à
1 alezan, avec prédominance marquée du gris foncé.
On ne peut vraiment reprocher aux formes de ce cheval que d être,
peut-être, un peu ramassées.
C'est, en tout cas, le cheval de montagne par excellence, qui
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N° loi. 25
3Si ÉTL'DKS KT ■\ri:MoinFs
passe partout, et dont les cpialités deiidurance en l'ont rauxiliaiio le
plus précieux de ces tribus nomades montag-nardes.
2*^ Le cheviti du fi/jie Hhjérion tel qu On le voit à Marnia. sur la
frontière oranaise. se retrouve au Maroc dans tout ce massif de
montagnes moins élevées, coupées de larges vallées de direction
E.-O., ensemble de dépressions qui, à lest de Fez. sépare la ciiaîne
(lu moyen Atlas, au sud, de celle du Hif méditerranéen, au nord;
on le renuu'que particulièrement chez les Aïaïna, tribus nomades j)ar
excellence.
De même squelette que li' type précédent, dont /.ootechnique-
ment il nest pas éloigné, il atteint une taille un peu su[)érieure.
soit 1 '" oU, 1 "'a2.
Ce cheval est plus dég'agé d ensemble ; son encolure rst plus
longue, son port plus élancé, son balancier elîectivement plus long-,
toutes qualités é(|uestres éminemment appréciables.
Sa peavi est épaisse, sa rusticité ne le cède en rien à celle du ber-
bère pur.
Sa couleiu" est moins variable que celle du précédent; il est
presque toujours gris.
Son train plus long-, ses membres plus gros, en font plutôt un
cheval de vallées. C'est en ell'et dans les larges vallées de l'Oued
Leben. de llnnaouen, du Senhadja, que se localise surtout son éle-
vage.
Ses qualités, le développement plus grand de ses membres, sa
très jolie encolure, le recommandent particulièrement pour la selle.
Incontestablement, dans l'avenir hippi(jue du Maroc, ce cheval est
appelé à tenir la plus brillante et première place.
Ces deux chevaux, le berbère vrai et le cheval genre Marnia,
peuvent être considérés comme représentant les faciès marocains
du type arabe.
On devra remarcpicr que, somme tctuti-, ils ne ditlèrent entre eux
que par des degrés, quelquefois, en certains points, à peine sen-
sibles.
Ils sont élevés [)ar les montagnards de la fa(,'on la plus rude, qui
soumet hi race à une sélection naturelle par l'élimination de tous les
sujets faibles.
Les animaux ne sont aljrités qu'exceptionnellement et, pendant
le jeune âge, de un à deux ans. l^n principe, le cheval passe sa vie
à l'iiir lihic ; le plus souvent il reste harnaché, entravé à proximité
ÉQUIÛÉS Dl MAROC N.-O.
3W M
de la tente, prêt à être enfourché à la première alerte. Lorsque sur-
vient une de ces pluies que le voisinage de l'Atlas neigeux rend sou-
vent glaciales, le Marocain détache la lourde selle afin de la placer
à l'abri et laisse le cheval nu au dehors.
Il convient de noter la disposition spéciale du mors marocain qui
laisse à la mâchoire une relative liberté tout en permettant un arrêt
impérieux, et la légèreté de ses attaches qui laisse à la tête une
aisance très grande. Il est exceptionnel quelanimal puisse être blessé
ou g-êné par son mors ; toutefois la puissance de direction latérale
semble un peu imprécise.
En dehors du temps de pâturage, qui n'est parfois que temporaire,
les rations d'entretien, qui se composent d'orge et de paille, sont peu
copieuses.
L'endurance de ces animaux, tant aux privations qu'à la fatigue,
est extrême.
II
Les chevaux que montent habituellement les sultans et les per-
sonnag-es de marque appartiennent à un type tout ditîérent. Les
Européens qui ont approché des cours chérifiiennes de l'Ouest, à
Marakech particulièrement, ont été frappés par la forte taille de ces
chevaux, leur masse, qui ont pu laisser croire à un type marocain tout
spécial .
La hauteur est de 1 '" oo ; le squelette est très massif ; l'encolure
estcourte, très forte; l'épaule large, le poitrail magnifique, la croupe
assez puissante ; par contre, la tête est rarement jolie, trop petite par
rapport à la charpente.
Ces chevaux, du moins tels qu'on les rencontre actuellement au
Maroc, sont, et ne peuvent guère être, que des chevaux de parade.
Les Marocains de marque qui les possèdent et les montent pour se
rendre à la cour, tiennent à se présenter, au milieu de leur suite,
sur l'animal le plus volumineux possible. Dans ce but, les chevaux
sont engraissés et, s'ils acquièrent embonpoint et dimension, ils
perdent aussi, on le conçoit, toute résistance et toute endurance.
Au milieu d'un groupe de clients faisant escorte à pied, la masse
puissante d'une telle monture et, semblant hissé plutôt qu'assis sur
la selle massive tendue de draperies, l'énorme carrure de l'homme
drapé dans de somptueux et multiples voiles de fin lainage blanc,
.'{.jG ÉTIDKS KT MÉ.M(>li;i;S
ne laissent pas dv donner souvent une réelle impression de j)itt(i-
resque majesté.
En dehors de cette ([ualilé. toute d'extérieur, ces animaux sont
entièrement dépoui'vus des remarquables aptitudes faisant toute la
valeur des précédents types considérés.
Lorieine de ces y-ros chevaux marocains de l ( )uest serait des
plus curieuse; elle remonterait h une ancienne souche de pcrche-
lons oITerts en cadeau aux sultans du Maroc par les rois de l'ianee
et probablement entrés dans le pays par le port de Safi. Les Maio-
cains d'alors furent si frappés par le port majestueux dv ces repic-
sentants de notre race du Perche, qu'ils veillèrent avec soin à Icui'
reproduction et à la conservation de leur taille.
Le succès de la race percheronne au Maroc, ou du moins pour
plus d'exactitude de termes, le fait ([ue les animaux de cette race
auraient. })ar de longues générations au Maroc, conservé leur taille,
semble une anomalie zootechnique.
Cette anomalie n'est qu'apparente. 11 ne faut pas oublier ([ue le
sol des pâturages où ces anciens débanpiés t»nt été menés, l'tait plus
riche, chimiquement parlant, que cidui de leurs pâturages d Oii-
gine. car des analyses m'ont donné pour certaines de ces terres fer-
tiles du Maroc, jusqu'à 7 "'/,,,, de potasse et plus de 2 " „„ daeide
phosphorique et d'azote.
Ce sol était tout aussi copieusement arrosé ; car j'ai mis en par-
ticulier relief le rôle que joue dans la fertilité de ces terres la frai-
cheur d'un sous-sol le jilus souvent imperméable» (p;i constitue une
nappe aquifère.
De plus, et surtout dans ces zones littorales. 1 humidité de 1 air
est telle que je ne craindrais pas de voir ajjpelerle Maroc la « Noi'-
mandi(Mle lAfrique », la quantité dv pluie pouvant atteimlre .">OII à
70(1 mm., répartis ti'ès favorablement aux époques les plus utiles.
La race chevaline importée n'aurait donc eu, en définitive. ;i
supporter que des écarts thermométriques à coup sùi' tort diirérents
de ceux de son berceau (minimum 2" à i". maximum io", écarts
diurnes de ;{()" k 35") et (|ui oui pu l'ort bien contribuei- -- mélange
de sang non supj)osé — à laltération (pu' Ion constate des formes
anciennes du type.
Mais toutes les autres conditions (''tant restées très l'a\ oiables.
il n Y aui'ail nullement lieu de s'étonner (pu- notrt' race du l'erclie.
sans |)ré'iii(Iiee des autres a|)ports. andalous ou syriens, ait conservé
ÉijLlKKS DU MAROC N.-O. 357
sa taille et la puissance de son squelette au Maroc où elle cause,
aujourd'hui. Fétonnement admiratif des voyag-eurs.
Entre les deux types si nettement différents, l'un, le petit cheval
berbère des montagnes de TEst. l'autre, le gros cheval de
parade arrivé par mer, et localisé dans l'Ouest (Marrakech, Safî)
il faut placer la plupart des chevaux qui peuplent le Maroc, pro-
venant du petit cheval de montagne et d'apports de chevaux plus
lourds.
L'harmonie des formes, ou la taille, ont cédé suivant le degré
d'éloignement de l'une ou de l'autre source de croisement.
On se trouve ainsi en présence, par exemple chez les Abda, plus
au sud près Mogador, de chevaux de plaine dont la taille est grande
et les lignes grossières par dégénérescence de la race.
A l'inverse, et en particulier les Béni Hassen, plus au nord, dans
la plaine du Sebou, possèdent un cheval qui rappelle d'assez près
ceux de l'Est mais qui en ont perdu les formes élégantes et sont
devenus moins fins. Ces animaux sont aussi plus forts, plus musclés,
les rayons sont plus ouverts. La peau est plus fine, la rusticité est
devenue moindre. La robe chez beaucoup de sujets est foncée tan-
dis que les chevaux de l'Est sont généralement plus clairs.
Les acheteurs de Fez s'approvisionnent chez ces Béni Hassen de
la plaine parce qu'ils trouvent chez eux des chevaux de la taille
qu'ils recherchent et qui se rapprochent davantage des gros chevaux
de l'Ouest, toujours convoités des notables, des gens devenus cita-
dins et enrichis à la cour de Fez.
Par les raisons zootechniques antérieurement développées, on
conçoit que les gros chevaux, orgueil des cours et des ports de
l'Ouest, naient jamais franchement réussi dans les montagnes de
Fez.
Là, très probablement, se trouve la raison qui dans l'étiquette
« Fasi » fait très curieusement préférer la mule au cheval.
Les indigènes, par des procédés qu'il m'a été possible de suivre
et peut-être précisément par le moyen de leurs gros chevaux de
l*()uest. arrivent à faire des mules d'une masse énorme. Ces ani-
maux qui ont à la fois le caractère de la robustesse et, grâce à
l'habileté des éleveurs, celui de la grosse taille si appréciée dans
l'Ouest présentent pour les Marocains l'idéal absolu de la monture.
Les gros chevaux, à vrai dire, ne pourraient évoluer dans les mon-
tagnes ([ue l'on est obligé de franchir pour parvenir à Fez. Dans
358 ÉTUDES KT MÉMOIRES
celte capitale, un pei-sonnaj^e de qualité s'avance monté à mule se
faisant précédei' de son valet de pied à cheval.
L'étude de la mule au Maroc, ({ui y atteint une valeur marchande
de beaucoup supérieure à celle du cheval, sera quelque jour un des
plus intéressants chapitres de la zootechnie. Elle est demeurée,
jusqu'aux temps actu<ds. de la plus haute diflieulté. le Marocain
qui tient plus à sa mule qu'à lui-même, ayant réservé jusqu'ici ses
secrets: et d ailleurs les lieux de fabrication étant restés le plus
souvent inacessibles.
Quelle que soit la manière dont elle est obtenue, la mule maro-
caine est peut-être de toutes les mules du monde la plus parfaite.
Elle porte couramment des énormes charg'es de 8G0 kilogs en
marche normale d'étapes de 30 kilomètres par jour, alors que le
chameau, ((ui porte de loO à iOO kilo^s au maximum, n'avance pas
à plus de lo kilomètres par jour.
Le Marocain demande k sa mule une g-rande vitesse, une vitesse
continue, à marches forcées, [)arfois invraisemblables.
H Pars sur Ion cheval. Moi je sellerai ma mule et te dépasserai »,
a coutume de dire l'indiijène. De fait, certaines de ces mules sou-
tiennent legal-op forcé, sautent les obstacles à la manière <lu cheval
dont, exceptionnellement, elles peuvent soutenir le train.
Comme il est de régule générale, les mules des montagnards pré-
sentent le caractère d'une plus petite taille.
La couleur de ces bêtes est très variée : les grosses mules d'appa-
rat sont blanches; celles de selle sont claires ou l)runes ; celles de
bât brunes ou blanches.
Elles sont élevées avec la même rusticité que le cheval ; les bêtes
de charge reçoivent régulièrement à l'étape 4 kilogr. o d'org'e <'l
un suffisant complément de paille.
Enfin, pour compléter cette rapide revue des équidés au Maroi-,
il faut citer l'àne qui joue le rôle de mule du pauvre.
Ainsi qu'en tout pays musulman, son histoire est un martyrolog^e;
mal nourri, ne recevant jamais de ration sauf exceptionnellement
un peu de son ou paille, il doit se .suffire à lui-même par la maig^re
pàtuie que sa dent peut arracher au bord de la route. Surchargé,
il accomplit comme la mule son étap.e de 'M) kilomètres et son arrière-
train n'est le plus souvent (ju'une plaie cruellement entretenue afin
d"v rendre plus sensible la touche de l'aiguillon...
La taille de ces ânes est toujours supérieure à celle du petit bour-
KQL'IDÉS 1»! MAROC N.-O. 3o!)
ricot (lAlgérie dont on ne trouve pas, à vrai dire, léquivalent au
Maroc, bien qu'il s'aj^isse toujours de l'àne africain bien connu.
Telle est la population des équidés au Maroc. En première ligne,
par ordre de nombre, se classe la mule, de bât ou de selle, qui est
le mode de transport le plus employé et le plus à conseilb'r dans le
pays.
Puis le cheval, rare dans le Xord. (lù il cède partout le pas à la
mule, plus répandu dans les montagnes de Taza, entre Fez et la
province d'Oran. où il est du type arabe, et beaucoup plus commvin
dans les grandes plaines de l'Ouest et du Sud où la prédominance
de la grande taille est marquée.
Enfin vient l'àne, que le petit agriculteur emploie partout comme
béte de somme pour transporter ses produits, concurremment
d'ailleurs à sa propre femme et à celle de son voisin. (|u"il emmène
ou emprunte dans le mémo but.
Parfois même c'est la femme qui est réellement l'animal de charge
et il n'est pas rare de voir, arrivant de 10 ou 20 kilomètres au
marché de Tanger, un groupe pittores(|ue composé de deux femmes
j)ortant les cages à poulets, les sacs de grain, les charges de bois,
écrasées, pliant sous le faix, suivies, à petits pas, d'un baudet minus-
cule que monte, en béatitude et grande paix, le propriétaire du tout.
(A'iui-ci, assis nonchalamment en travers de la béte, somnole et,
entre deux coups d'une longue épingle rpi'il enfonce sans mot dire
dans la croupe du bourricot pour exciter son pas, rend grâce à
Allah, le maître de l'heure, d'avoir bien fait toutes choses...
(t. de Gironcourt.
I/iyénienr arj/'ononir <'l d' Agi-icullure coloniale.
Chnrrjr do iniaxionn pnr h' Miniatre dea (^olonÏPS et
le Minisli'i' df l'Instriirlion Puldiqiio.
LE SOJA
[Suite.)
COMCOSITION DE LA PLANTE
Elle a été étudiée beaucoup plus tard que celle de la graine et
surtout en Amérique où 1 on emploie beaucoup le soja comme four-
rafçe. En France, M. Lechartier s'est ég-alement occupé de la ques-
tion voir les tableaux ci-joints).
On peut dire que le fourrage vert du soja a une composition
analogue à celle du trèfle. Les matières minérales renfermées dans
les cendres sont surtout la chaux, la mag'nésie, l'acide phosphorique
et la potasse.
D'après Schulze ' on rencontre dans les g-ermes du soja les
mêmes substances azotées que dans ceux du lupin. Cependant il y
a peu d'arginine et beaucoup d'asparagine ainsi que de la ch<dine
et de l'acide phénylamidopropionique.
M. Lechartier -' a étudié en détail les proportions de chaque élé-
ment dans les dill'érentes parties de la plante et est ari-ivé aux
conclusions suivantes :
Acide p/iosphorique. — Les feuilles en contiennent autant que
les tiges. Fendant la maturation, les composés phosphores émigrent
des feuilles vers les gousses et de là dans les graines ([ui en con-
tiennent 1.1 plus grande proportion.
L Scliiil/.e. Sur les consliliinnls nzolés des f/cii/ics de soj,! Zcilschril'l fur ijfit/sio-
Imjische Cheinie, 1899, XII, iOâ).
2. I-. (iriiiKlcau. Losf)_ja liispida Jntnihil d iHiritiill me iiniHifue. I9():i. n" 26, 27, 2S).
LE SOJA
361
Acide salfuriqiie. — Les proportions en sont de plus en plus
faibles en allant des tiges aux feuilles, aux gousses et enfin aux
graines où il atteint son minimum.
Composition du Soja.
Ct)sses (",aj)aii
Feuilles et liyes (Capan
Plante entière (Goess
nian j
P'i>urraj;e i entre la ilorai-.
raison et la fructifica-'
tion) /
Foin de Soja Japonais. .
Foin Massacluisett . . . .
Paille de Soja Mas-'
sachusett ; ^^ '*'
1 1 . 00
11 .0(1
:().:>o
l(i
1(1
o
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Matières
e.\tractives
non azotées
y.
13
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1 . G 1
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ll.!S7
30. 4 j
7.79
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2.31
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20.7(1
11. 17
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IG.'.t
■1 •)
23.1
35.9
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1 1 . •-'
■i.'t
1.1
1 .;•
11.2
37. S
21 .1
37 . ti
7 . i>
(i. 1
Observations
Moyenne de
1 3 analyses
Miiyenne de
1 analyses
Moyenne de
3 analyses
Chau.r. — Elle s'accumule surtoul dans les feuilles (jui en con-
tiennent six fois plus que les gousses.
Magnésie. — Elle accompagne partout la chaux : elle est un peu
plus abondante que cette dernière dans les graines.
Potasse. — Elle se concentre dans la gousse pour émigrer dans
les graines au moment de la maturation. Le rapport —, — est
ch
aux
1
l'gal à 7 dans la graine, à 3 dans la gousse, à ^ — ; — - dans les
!■ a o
feuilles.
La composition des dillerentes parties de la plante se modifie à la
maturation par suite de l émigration de certains principes vers les
graines : la chaux et la magnésie augmentent dans les tiges et les
feuilles tandis que la potasse se concentre daiis les graines.
Voici, d après M. Lechartier, la teneur en matières organiques
des différentes parties du soja :
^62
ETUDES ET ME.M(J1KKS
l-'lt'iiii'iil-
Kaii
Azote total
Protéine lirute
Matières azotées alimentaires, . .
Amides exprimés en Asparafiine
Matières j>rasses
Matières saccliai-itîabli's
lOxtraelifs non a/olés
Cellulose ; Ligneux)
Cendres
S
ija \ ei-
.
/.
X
if
72. i 7
[z^
■X
73.33
70.86
0.21
0. 16
0.76
1 .31
2.84
1.78
0 . S()
2 . 40
4.01
(1 . .i 1
0 . ^:■>
0.07
0 . 29
1 .04
1 .6:)
S. 57
.■>.<»i
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1. 12
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0.76
1 .71
4 . 76
10.71
3.11
9.02
1.26
1 . 30
1 . 06
3 . 92
31.11
22.15
1 S . 36
33 . 37
10.29
1 7 . 93
l.SI
12.31
3.1
19.65
16.53
2 . 36
6.85
28 . 1 5
16. 7S
22 . 58
6. 15
Les proportions des (lifférentes i)arties de la plante étant les sui-
vantes :
Ec/ianfillons.
N" 1 N" 2
X» :■!
Moyenne
Tiges 27,13
Feuilles 35
(lousses .... 37,87
23,12
20,82
23,45 ou 1/4 environ
42,44
42,72
40,18 ou 4 10 —
34,44
30,4(1
.34,37 ou 1 3 —
on peut, en combinant ce tableau avec le précédent, calculer le
poids des matières nutritives apportées par chaque partie de la
plante et la composition centésimale de la plaiilo ontièrcv On obtient
ainsi le tableau .suivani :
IJ-: SOJA
363
Eléments nutritifs contenus dans chaque partie de ht })/;uif(
{ Leciiartier).
Pl'Opol'tliill
Eau
Azote total
Protéine brute
Mat. azotées aliment .
Amides en asparaji. .
Matières grasses
Mal. sacciiarifiables. .
E.xtractifs non azotés
Cellulose ilignenx . . .
Cendres
A l'état vert
2j. iJ
1 S . 62
0 . ().")
0.34
0.27
0
0.07
2.10
I . :VS
2 . S i
10. 18
20 . ;is
0. 10
1.15
I . 03
\) . I 4
0.42
2 . 30
3 . iO
i .91
34 . 37
25.98
0 . 26
1.63
I . 38
0.18
0.57
2.31
1.38
1.S7
73 . 98
0.50
3.12
2.63
0.41
1 .06
6.92
6 . 20
6.62
-V l'état sec
r
■s.
•f.
•/-
26. S7
1 1 . 33
31 .7!S
0.21
0.71
1 . 00
1 . 29
1 . 43
6.24
0 . 83
3.98
5.29
0 . 34
0 . 53
0.82
0 . 28
1.62
2.18
8.29
9.25
8.98
5.01
13.50
5 . 29
10.81
7.39
7 . 48
1 . 29
5 . 09
2.08
II
10
1
1
26
23
25
8
92
06
10
69
OS
52
,80
.38
, 16
En résumé, le soja se différencie nettement des autres plantes
employées ordinairement comme fourrage par sa g-rande richesse
en azote, en huile et en matières minérales.
Les matières minérales contenues dans les cendres du soja ont
été analysées par M. Lechartier qui a obtenu les résultats consi-
gnés dans les tableaux ci-après :
Poids total de matières minérales fournies sur l(HH) kilos
de fourraije sec (Lechartier).
(Les chiffres sont obtenus par analyse des difïërentes parties et en l'aisant inter\eiur
les proportions dans la plante entière.
l-;iénients uiinérau.x.
Proporticin dans le inélan^;e
Cendres
Silice
Acide pliosphorique
Acide sidt'ui'iqiie
Chau.x
Mafiuésic
Potasse
Soude
Azote
Tijjjes
26 . SO
12.91
(1.07
1 .24
2 24
3 . 35
I .91
2.13
0.20
2.05
Feuilles
( iciusses
Plante
entière
Il . 15
31 .79
„
50. s 7
20.5
84 . 28
1 .16
0. 12
1 . 65
1 .5S
3 . 33
(i . 1 4
2.61
1.71
6 . 56
IS..37
2.47
24 . 1 7
5 . 10
2. I(i
9. 17
i.Ol
7 . 15
13.59
0.07
'o.NO
1 . 16
7 .(is
!(»
19 i:!
304
ETUDES ET MEMOIRES
De son côté, M. Joulie avait trouvé
Pour 1 .00(f kilos à Vétal sec
Éléments minéraux.
Tiges
et feuilles
Graines
Plante
entière
\zotc
1 2 . 50
4 . 62
2.72
'.3.65
' 9.58
9.76
1.13
1 .27
32.73
57.88
17.39
J . 41
3.28
8.91
20 . 29
0.50
o.y3
1 . 03
28 . 1 (I
9 . 02
2 . 2(i
29.8!
9 . 3()
1 3 . 39
2 . SK
1 .15
2!. 83
\ridp nho*inho!'ioiie
AriHo '^iiirnri<i!io
May-nésic
Potasse
Soudf
C)xvd(* (U* IVr
Silice
Poids total des inatièr^es contenues
dans 1 .(HHt kilos de Soja (Lechartier).
(^Analyse directe de la plante entière.)
l'ilrniciiis niinéraiiN
Eau
Cendres
Siliie
Acide jjlu)s|jli(iri(|U(
-Vcidc suirui'i(|iic . .
Cliau.v
Maj^nésie
Potasse
Soude
Soja (i'i'^tanines
a ~
10.00
24.00
1.36
1 .67
1 . 59
7.73
.3 . 66
3 . 66
0.12
Soja à grain noir
92.32
5.25
6 . 43
(i.lO
20 . 73
1 4 . 07
1 4 . 09
0.55
740.00
26 . 65
2.86
. 9 1
1.7 !
t
6 . 26
2.99
5.67
0 . l(i
1 02 . 52
H
7.17
6 . 90
24.08
11.51
2 1 . 80
0.63
LI-: SO.IA
w>
Poids total lie matières minérales
dans I .()()(} kilos de Soja d'K lampes.
Bécolte en (/raines à l'état sec.
l'ilrmcnl s iniiuTaux
l'riipin'lioii de e-liaqiie partit- dans la
foOdllr loi aie
(tendres
Silice
Acide pliosphorique
Acide sidfiiriqiie
Chaux
Magnésie
Potasse
Soude
10.22
0.;i3
1 . :^-
2.79
fi. 00
i . 38
0.52
0. 16
353.00 2NI .70
55 . 10
2.29
J . 52
3.30
22.32
3 . 98
I .22
0.30
a.
■I.
- - ?
177.20
9.83
0 . 09
0 . 68
0.97
2. 12
i .72
1.35
0.11
I 87 . (iO
12.1 9
0.01
3 . 52
0.52
0.72
0.98
5 . 02
0. 10
. (KllI.dO
9(> . 3 1
3 . 32
7.29
7.58
31. 16
Il .06
S. 11
I . :i0
lîTUDE DE LA GRAINK
La graine de soja se tUfférencie très nettement des autres Légu-
mineuses ; d'une part par sa constitution anatomique, d'autre part,
par «i composition chimique. Nous allons donc l'étudier successi-
vement à ces deux points de vue.
i; L — (Constitution de la graine.
La graine de soja a été étudiée en détail par M. Blondel '. Voici-
ce que cet auteur a trouvé dans une coupe au niveau du hile faite
dans un grain de la variété jaune. De dehors en dedans :
1'' Un plan de cellules prismatiques, à grand axe perpendiculaire
à la surface, juxtaposées, et formant autour de la graine une couche
de protection très résistante.
I. Blondel, Ohsemilions sur la slriiclure des (ji-Hines de Soju Hispidii ./niinuil de
liliannacie et de cluinie. 1888. XA'I. p. 587 .
366 ÉTLDES ET MÉMOIRES
2" Un plan de cellules scléreuses à parois latérales arquées très
épaisses. Ces cellules, de très grande taille dans le voisinag-e du hile,
vont en s'aplatissant dans le reste du tés^ument et iiianquent com-
plètement au niveau du micropyle. Elles sont colorées en jaune
j)ar l'iode.
3" Une zone parenchymateuse de cellules lâchement unies s'apla-
tissant de plus en plus dans la partie profonde de la zone et dans
lesquelles liode ne révèle aucune trace d'amidon.
4" Une ct)uche discontinue de cellules à contenu opaque, brunis-
sant par l'-iode. à paroi mince souvent dilacérée, vestige de Talbu-
men embryonnaire ; là s'arrêtent les couches tég-umentaires.
.")" Un plan d'épiderme recouvrant l'embryon.
6" La masse des cotylédons, à parenchyme polyédrique, dont
les éléments sont remplis de cristalloïdes se colorant en brun par
l'iode, en jaune par 1 acide azotique et ne présentant ni stries, ni
hile.
La constitution de la graine de soja a été étudiée également par
M. Colin.
i; IL — Composition chimique de la graine.
Le glycine Hispida se dilï'érencie des autres légumineuses par
sa richesse en matières azotées et en huile et par l'absence d'ami-
don.
On peut mettre en évidence cette richesse en albuminoïdes en
faisant agir le réactif de Millon à chaud sur une coupe mince de
soja. On obtient immédiatemenL une coloration rouge vif, alors que
le haricot, dans les mêmes conditions, ne donne qu'une légère
teinte rose. Si au conliairc on lait agir sur une coupt' de soja, de
l'iode on n'apercevra aucune trace de coloration bleue ou violette,
tandis que chez le haricot toutes les cellules de l'embryon se
teintent en bleu foncé par suite de l'abondance de l'amidon.
La composition chimique des graines de soja a été étudiée par
M.M. SituM' en Allemagne, Capan ' à Vienne, Pellet on FT-ance-^,
1. Iliillelin (fénérul de tlu'r,'t]i('tili(iue, ISss, article de M. Egasse.
:.'. (Comptes rendus. .\C, 1177 : Pellet. Sur l;i fi.rUé dp (-(tmiiosilion des véffétaux.
Analyse du soja liisjtùla.
LE SOJA
367
Goessmanii '. Kellner "-', Prinsen à Java. Nikitin \ Giljarinski ^,
Kônig- '. Le travail le plus complet a été fourni par MM. Meissl et
Hocker '' (jui ont donné la composition suivante :
(i ruine de fioju.
Eau 10,00
Caséine solublr 30,00
Caséine insoluble 7,i)0
Albumine 0,")0
Huile 1H,00
Lécithine, cholestéiine ^ ^
Cire, résine (
Dextrine 10,00
Amidon -i.OO
Cellulose ".,00
Nous donnons sous forme de tableaux les principales analyses
faites jusqu'à ce jour dans les différents laboratoires d'Europe et
d'Amérique.
Les différents éléments sont d'ailleurs très inégalement répartis
dans les difïérentes parties de la graine comme le montrent les
analyses suivantes du soja jaune de Chine.
Désiirnation.
o
■-? r.
5 S
0 '^
c
'S
1
^1
Matières
azotées ^
— 1.
-'-
— o
'Si
7j
1 00
00
•)
8
90. IS
80 . '.H
87 . 09
87. i 7
38 . 0(5
41 .33
30.93
7 . 00
17.80
20.75
10.45
0 . (30
12.00
1 1 . (50
17.32
21.02
1.14
4.38
4.08
3 . 83
Cotylédons
Knibrvons
Enveloppes
1. Gocssmaïui, Une anuli/se de soja blanc {Chemisches Centrablall, 1890-1, 133,.
2. Bulletin Imp. Colleife nf Arp'icalt. Japon, vol. 1, n" 2.
3. Zeilschiifl fur Uniersuchuny der \alirnnys iind Geniisseniitlel, 1901, !■■ vol..
39; Nikitin, La (jraine de soja et ses produite au point de rue c}\imi<iue et diététique^
4. American .hnirnal of Pharmaci/, 189(5-97: article de M. Trimblc.
5. Konig-, Cheniie der Menschlichen .\ahruntjs und Genussemitel, -i" édil., l"' vo\.
595-598, 2'' vol. 486-489.
6. Meiss et Bocker, Sur les constituants de la graine de soja {Monatshefte fiir (Jhe-
mie, 1883, IV, 349-368.
7. Résultats obtenus au Laboratoire de la Société biologique d'Extrême-Orient.
8. Analyses faites au Laboratoire municipal de Paris.
3()8 KTLitKs i:i mi;muiiu-:s
Nous allons exainiui-r succcssixcineiil li'S tlillérenls composants
(le la graine.
Matières nzolccs. — D'après les auteurs japonais il y aurait dans
la j^raine de soja T.'i " ,, da/.ote dont ().'•> à l'état dalbuniinoïdes.
(I. I sous forme daniides et d.^i sous IV)rme de peptones.
Meissl et IVuker ont l'tudié les matières azotées du soja par le
procédé Ritthausen, e"est-à-dire par action successive de l'eau
chaude, de leau froide et enfin d'une soKition de potasse à I "/j,.
On peut représenter la marche de l'opcTation jwv le scht'ma sui-
\anl :
(îi'iiiiic Iraitcc i);ir 1 Cati cl l;i potasse.
Filti-al + acides IJcsidii + XaCI à 10
Précipité de Fillial cliaiilVc Hcsidii Filtrai
caséine sohihie cimtcnant Ui cuséiiw
(80 "/"'•*''" 'ii'T '-'*''''-■ t I insolnhle
azolccdc la j^raiiic (>(iaj;iilimi iV.ilhiiiui ne Filtrat
T- sels (le cui\re
IVêcipilc l''illral
ciipro-protciquc
cl matières non azotées.
(iHHi'inc (lu soja (Légumine). — La cas('Mne tlu soja a pour
composition centésimale, amides à part :
(larbone .11,24
llydrofi-ène 0,09
Azote h),:W
Soufre 0,47
Oxyj^ènc 21,02
<^uand elle est fraîche, elle est facilenieiiL solublc dans les réac-
tifs; sèche elle se dissout diflîcilement.
Elle est soluble dans les solutions alcalines étendues, et en est
piécipitée par les solutions salines concentrées.
Les solutions salines étendues donnent des précipités se redis-
soKant par le chlorure de sodium.
Elle est précipitée de sa solution par les acides étendus et est
LE SOJA '{Gl)
soluble dans un excès de réactif. L'acide azotique la reprécipite de
ces solutions.
Les acides concentrés la dissolvent, en donnant une coloration
violette avec Tacide chlorhydrique, rouge foncé avec l'acide sulfu-
rique et jaune avec l'acide azotique.
Elle est soluble dans les solutions de phosphate, chlorure, sulfate
et azotate de soude, de chlorure d ammonium, chlorure de potas-
sium, de sulfate de magnésie.
La caséine retirée par le chlorure de sodium et qui est inso-
luble dans la potasse est une modification de la caséine soluble.
Elle a été appelée caséine insoluble par Meissl et Bôcker. Sa pro-
j)ortion augmente au fur et à mesure que la graine vieillit et quand
on la torréfie.
Bien que différant quelque peu par sa composition chimique,
des caséines animales, la légumine leur est parfaitement compa-
rable, et ce n'est pas sans raison qu'on Ta appelée caséine végé-
tale. Les diftérences qu'elle présente avec les caséines animales
sont en effet de même ordre que celles que ces dernières présentent
entre elles. D'ailleurs, la caséine végétale a bien des points com-
muns avec les caséines animales ^. Elle est coagulée par les acides
étendus et le ferment lab, elle est attaquée par le ferment lactique
et donne avec ces microorganismes les mêmes produits que les
caséines animales.
On peut donc dire que la légumine n'est autre chose qu une variété
de caséine.
Albumine du soja. — La composition centésimale (cendres à
part] est la suivante :
Carbone o2,^J8
Hydrogène 7
Azote I7,2:>
Elle se coagule à (^0".
Elle est soluble dans la potasse étendue, reprécipitée par l'acide
acétique et redissoute dans un excès de ce réactif.
Elle se dissout difficilement dans les acides étendus. C'est un
produit de transformation de la caséine car Meissl et B<')cker ont
I. Berthelot. (Chimie ory:nii(jiie.
Bal. du Jardin colonial. 1911. li. — N" loi. 26
.■J70 ÉTl'DIOS i:i MH.MOIRKS
passé de lu caséine à 1 all)uniine en dissolvant la pi-eniièrc dans \h
potasse et précipitant par 1 acide acéticpie.
Matières .sur rres. — En 1881. Levallois a trouvé dans la yriimc
1) à I I " „ dune matière sucrée incristallisable. analogue au sucic dr
canne, mais qui en diilere en ce (pie, chautlee avec l'acide azoticpie.
elle donne de l'acide acétique et de l'acide niucir/iic.
La saccharose, en présence d'acide azo'tique étendu à chaud
donne de 1 acide saccharicpie, de l'acide oxalique et de 1 acide eassd-
nique.
Le niénie acide transforme U' lactose en un mélange d acidr
inii(i(/ii('. d'acide saccharique, d'acide tartrique et d'acide oxalique.
La proportion d acide mucique peut atteindre -iS " „.
La présence d'acide mucifjue dans les produits d oxydai kui du
sucre de soja le i-aj)proche donc du lactose et 1 éloigne du siiccha-
l'ose.
D'après Slingl e( Morawski il887). il y aurait dans \v soja du
sucre de canne mélangé avec des sucres incristallisal)les à pouvoii-
rotatoire plus élevé que le sucre de canne, mais diminuant aju'ès
inversion, donnant de l'acide mucique par action de 1 acide azoticpie.
ne réduisant la liqueur de Fehling (pi'après trois heures d'éhuUition
avec l'acide suliuricpie étendu sans qu'on puisse affirmer s'ils se
sont transformés en glucose et lévulose.
M. Ma((uenne pense que le sucre de soja est peut-être identique'
à la galactane qui donne du galactose par hydrolyse et de 1 acide
mucique i)ar oxydation.
(h' Muni/, a montré cpie l'origine du lactose doit èire ra[)|)(iitée
aux galaelt)ni's (pii existenî, dans beauc<)U[) de léguniiiicusc's.
Le sucre de soia a donc de "T'andes analogies avei' le lactose, ce
qui est important à considérer dans la fabrication Au lail végétal.
Le sucre de soja a une saveur légèremeid sucrée. Précipité de sa
solution alcoolique par l'éther puis, séché à 100" dans le vide, il
forme une masse spongieuse très déliquescente.
II fermente rapidement et intégralement en présence de la levure
de bière et donne du glucose. Il ne réduit pas dirt'ctemenl la
licpu'ur cupro-])otassi(pu', mais seulement après ébulilion avec les
acides minc-raux. Il devi(^ la luniièi'e poiaiisi'e de II")" -i droite et
.'{.'i" seulenieiii ajires invei^^ion.
LE SOJA -5 i
Amidon. — MM. Bloiulel '. liiovue -, Prinseu ' noiil pas trouvé
trace d'ainiclon dans le soja. Harz ' n en a trovivé ([u'avant la matu-
rité.
MM. Meissl et BiVcker, Pellet, Ilanausek ' ont trouvé peu d'ami-
don. Hanausek a aperçu au miscroscope des grains d'amidon. Ils
sont très petits et noyés dans l'huile, ce qui fait qu'ils échappent
presque toujours à l'iode. On les verrait très bien dans les cellules
voisines du plan de contact des cotylédons. En cet endroit, après
le traitement jiarliofle, les <>-rains daleurone jaunes, sont criblés de
points ])leus.
StiniJ-l et Morawski '' ont trouvé une très i'aible quantité d amidon
dont ils attribuent la formation à une diastase très énergique.
De.rlrinc. — D'après Meissl et 13ocker il y aurait dans la j^^raine
de soja 10 "/o de dextrine, mais d'après Stingl et Morawski. cette
soi-disant dextrine ne serait autre chose que des sucres incristal-
lisables.
Diaslase du soja. — Kn hSSO Stin^-l et Griiber avaient pris un
brevet pour l'emploi du soja à la fabrication d'une levure, dette
étude fut reprise par Stinc^l et Morawski. En divisant la matière
azotée ils ont obtenu :
Précipitables à cli.nul par racidc
2.7 I
/ / Frt>cipita))les a chaud par I ;
Matières V Soluhles dans \ acétique
protéiques ( Ifau Hl, 12 ) Coae'ulable par la chaleur. .
' ' • I ... ji
/
34,8 / l Non coagulahles 7,1 ^^)
1 Insolubles (Caséine vé}i'étale' 24,6 ,4)
(Vest dans la portion 3 qu'ils ont découvert la diastase. (>elle-ci
même employée en faible quantité transforme l'amidon en 2/.'i de
sucres et 1/3 de dextrine, tandis que l'enzyme du malt d'orge
donne d'autant moins de glucose et d'autant plus de dextrine que
la quantité de malt employée est plus faible.
1. Blondol, < >liser\ ations s va- la sIiikIui'o di-s ^-iiaines de soja. .Ji>tirn;il ilc iihuniai-
cie et de chimie. 1888. XVIII, .'), 7.
2. Bull. iinp. collège of agricuUure Jupon, xni. \ . a' 1.
3. Prin. Eink/e Chinesische Sojabohuen prepnrale. (]hemil<er zciluiKj ISiUi .
1. Jahresberichl liber flic Fnrtxchrific ilcr Phiivniaknifncsir . l'hurninric mul lexi-
roioffie, 1885, 117.
:.. /(/. 18S3-18S1. ■21'.).
t"). Stinf,d et Morawski. Pnur la eniuiaissaacc <le la >;'raiae de soja. .Uonulshe/ le fur
('.hernie. ITti.
M-2
i;iii>i:s i;'r micmiuhis
Matières grasses. — La graine de soja contient une huile i i.'i à
22 °/o) mi-siccative formée surtout de palmitates et de stéarates.
Nous en reparlerons j)lus loin en détail. MM. Ki,(>i;i! et ni.<M n ont
retiré de l'huile de soja une phytostérine inconnue qu'ils ont appelée
sojasterol et dont le pouvoir rotatoire est : dans l'c-tiier — 28" (>*> :
dans le chloroforme — .'i2" ().'{.
On pouvait craindre que le soja, comme certains haricots exo-
li([ues, renferme de l'acide prussique ; d après le docteur 1>i.(m;ii. (pu
a étudié minutieusement la question, on n'en trouve pas trace.
En l'Ecosse, un fermier avait intenté im procès à un meunier eu
l'accusant de la mort de ses vaches par de la farine de soja conte-
nant de l'acide cyanhydrique. Or les quantités trouvées par les
experts furent insigniliantes et incapables d'entraîner le moindre
dérang^ement chez les animaux.
(Cendres. — Le.s_ cendres du soja sont surtout riches en acide
phosphorique et l'u potasse comme on peut s'en rendre compte [)ar
les tableaux suivants montrant les résultats des analyses faites par
M. Pellet et par M. Lechartier. On remarquera avec ce dernier
([u'il y a des écarts assez notables dans la composition minérale
des graines suivant la variété, tandis que ces écarts sont négli-
geables quand il s'ag'it des autres parties de la plante. Mais quelle
C[ue soit la variété, le soja est toujours un aliment concentré de
l)remier ordre au point de vue minéral comme au point de vue orga-
nique.
Analyse des cendres du Soja par M. Pelle/.
Acide i'arl>(iiii(HU" ('.()-). . .
.\ci(l(' i)liiispli(>i"i([iu' P- ()■'
Acide sulfuriqiic (SO") ...
Cliloiv Cl
l'(. lasso K- U
Chaux fCaO).;
Mafiiiésic MfïO).
Iiis(ilid)les
'l'iaccs-NaO FcO
.\ il('-(liiii'e ( >'-' |i(iur le Cl
Total.
'•(■liaiil
I :o
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100.00
LE S(JJA
373
Annli/.sc minérale des «/mines de Soja pour 1()0() [Lecharlier].
l^loilU'llI
Ilmniilito
Cendi'fs
Silice
Acide i)lii>spii(H'i([iic
Acide sult'iii'ique. . .
Chaux
Ma|;nésic
Potasse
Sullde
Soja
d'Etanipeis
lis. 10
r>7.30
11.02
lli.51
2.44
■■'>. 10
1.62
2;'. . 60
I . m
■I.
0 . 00
65 . 00
O.03
Js.72
2.76
;5.76
3.25
26 . 77
2 . 1 .1
Soja
a ^rain noir
60 . 00
47.80
0.30
11.59
1.47
3.13
0.69
M», is
0.2S
■f.
0.00
30.80
0 . 33
J2.33
4.66
3.33
.•S.93
20.72
0.30
Soja
à grain noir
J43.10
43.60
0 . 23
9.93
3.80
2.40
3. 13
20 . 00
0.00
0.00
53 . 20
0.29
1 1 . 39
4 . 43
2.80
4.03
23.34
0 . 00
Soja hâtif
de Podolie
grain noir)
143.10
32.20
0.13
14.91
2 . 13
3 . 10
1 . 05
21.10
1.83
X,
0 . 00
33 . 90
0 . 1 3
17.00
2 12
3.87
4.61
24.02
2. loi
LE Sd.lA DA^S L ALI ME.NTATION DLS ANIMAUX
Le soja, et particiilièrenient la variété noire, est employé depuis
lia temps immémorial en Chine et au Japcm pour la nourriture des
animaux. Dans la Mandchourie on leur donne les graines, entières
ou concassées et mélano^ées avec de la paille de .millet hachée et un
peu (1 eau. Le soja à Létal vert est surtout réservé aux moutons.
Dans le sud de la Chine on emploie, au lieu des grains, les tourteaux
provenant des huileries de soja, et qui sont expédiés sur toute la
côte par jonques entières.
Dans certaines parties du Japon on donne la paille du soja aux
animaux. A Satsouma (Extrême-Sud), on donne les grains aux che-
vaux fins. On a ainsi une nourriture plus chère, mais bien meilleure
que Lorge nue.
Eln Europe et en Amérique on a cherciié à utiliser toutes les par-
ties de la plante pour nourrir le bétail.
374
i:il lJi:S ET MKftlOlKES
5; 1. — Le soja connue foiiri'nç/e vert ou comme foin.
La cuUurc du soja fouiTiiL;i"i'st couranU-aiix Etats-Unis. En France.
M. Leehartier a fait des essais très encourageants voir au chapitre :
Engrais).
Le foin de soja est tout à fait comparable ;i celui donné [)ar la
lu/.erne. le sainfoin ou le Irètle.
En et1"et voici, d'aj)iès W'oltf. la composition de ces plantes :
Knii
r ■■
O j;
c- —
0.
■J. ^
'5 ^
Soia
l(>
Ui
l(i.7
6,2
ii,2
14.2
14.4
i;5.:-.
I2.:<
»:>.5
33,0
27,1
2(i. 0
20.. H
27,9
34.2
3S.2
2,2
2,:i
2.r)
2 2
I^uzcriK'
Sain foin
Ti-èllf
Comme le montre ce tableau, les différences sont peu sensibles.
Les relations nutritives entre les matières azotées et les matières non
azotées seraient toujoiu-s. d'après Woltf :
Soja ....
Luzei'uc.
Tièllo..
Siiinfoin
Le mènu' auteur douiie la n'parhlion sui\anLt' de I azote dans les
j)lantes cit('es ci-dessus.
«
.Vliiiicnls
A/.ii(c " , (le lit substance sèche
Azf'le nf>n
allmniinoïde
o ,'
Total
Dans
l'aliinniine
Non
alhuniiniiïde
Soja
Ln/.oi'iic
2,707
2,045
2,23 i
2,14s ■
1.M2
l,SI(t
0,j5!i
0,733
0. i2 ;
20,6
28.<.t
19
Tivllc
Au poiul dv vue de l'azote, le soja est donc supérieur à la luzerne
et même au trèfle. Au point de vue de sa richesse j^énérale en élé-
ments nutritifs, il se place entre le trèfle et la luzerne. (Test donc
im excellent fourrajije (|ui mérite de prendre place dans les cultures
européennes.
i.K SOJA 375
On peut donner le sdja-toiu r.ii^e aux animaux sous trois formes :
Fourrage vert,
Foin sec.
Fourrage ensilé.
Les essais d ensilage qui ont été faits ont porté sur des mélanges
<le soja avec d autres plantes : maïs, millet. M. Jules Robert, de
Seclov^itz Bohême), avait essayé plusieurs mélanges du soja avec :
maïs, millet, sarrazin, vesce, tige de topinambour. Le soja entrait
ilans le mélange pour 1/5. Le fourrage est fané jusq-u'à perte de
")0 "/,, de son poids, tassé, puis recouvert de 40 centimètres de terre.
L entassement est fait couche par couche jusqu'à 1 '"50 au-dessus
(lu sol. La masse s échaulfe, brunit, et prend une odeur spéciale :
elle salïaisse jusqu'au niveau du sol.
M. Jules Hobert fait remarquer que la terre du silo doit être plas-
tique ; il faut la rabattre avec le dos d une bêche pour la polir et
empêcher !'< ction de l'air et de l'eau.
Le fourrage obtenu avait la composition suivante :
Eau N,62
Matières grasses 2,33
Cellulose 43,94
Extractifs 27,5fi
Matières protéiques 8,75
Cendres 8,80
100,00
(Analyse faite au laboratoire agricole du Prince de Schwartzen-
berg à Lobositz, en Bohême.
1.4 suivre.) Li Yr Ying,
(lonaeillor de /■■'' cl fisse ;iii Ministère de V Agriculture de la Chine.
et L . GRAlNDVOIN>Er .
Ingénieur agricole (G. .
LK CAOlTCIiOrC EN IM)()-CilINE
[Suite. I
ANNAM
Dans un ra])|)(ni lies documontt' M. le llésident Supérit'ur Guo-
LEAU fait connaître (luel est, dans le courant de 1910, l'état de la
question du caoutchouc en Annam.
Exploitalion des essences spontanées. — 11 y a une dizaine d'an-
nées plusieurs colons s'étaient lancés dans l'exploitation des nom-
breuses lianes à caoutchouc que renferment les massifs boisés de
r Annam.
Tous, depuis longtemps, ont abandonné cette industrie par suite
des difficultés qu'ils avaient à se procurer de la main-d'œuvre. Aussi,
cette exploitation n'est-elle plus entreprise que par les Annamites
pour les régions boisées peu élevées, et pour les hauts plateaux par
les Mois, les Laotiens et les Muongs. Les grosses transactions faites
avec ces caoutchoucs se font dans la partie Nord de l' Annam qui.
pendant la campagne 1909-1910, en a exporté 27 tonnes: les mar-
chés principaux sont ceux de Vinh, Cua-Rao, et Ha-7'inh.
Les principales lianes traitées dans ces contrées sont VEcdysan-
thera rosea, et quelques espèces de Parabarium (|ui paraissent être
les plus nombreuses et produire le latex le plus riche en caoutchouc.
Il faudrait, d'après le Docteur Spire, citer encore comme lianes éga-
lement abondantes le Micrechites Jacqueti., le Clionemorpha Gran-
dieriana, ÏArnalocalyx microlobus et enfin quelques échantillons de
Parameria.
Gomme au Laos, l'exploitation est faite par les indigènes sans
aucune méthode, mais peut-on leur en faire un grief et leur deman-
der d'apporter plus de méthode à leur exploitation, étant données
les diflicultés et les dangers presque in.surmontables que présente la
saignée des lianes en forets. Le D'" Spire dans son ouvrage Le caout-
chouc en Indo-Chine, cite à ce sujet une lettre éminemment sugges-
tive d'un ancien Résident en Annam, M. Goqui :
LE CAOUTCHOUC. EN U\DO-CHINE 'Ml
«Après avoir vu ;i 1 "œuvre les collecteurs, (jii est amené à s'ex-
})liquer leur système dévastateur d'exploitation : ils n'ont pas les
moyens de faire autrement. Ils ne peuvent pas repérer les lianes
pour les saig-ner sur place et revenir recueillir le lait dans la journée
ouïe lendemain, car ils seraient obligées dy aller par groupes; en
ce cas. trois ou quatre hommes ne font que 1 équivalent du travail
d'un sevd. et alors le métier ne paierait plus son ouvrier. D un autre
côté, ils ne peuvent saventurer isolément, dévorés ainsi c[u'il est
arrivé dans les premiers temps de leur exploitation. D'autre part,
pour exploiter les lianes par la saignée sur les plantes mêmes, il
leur faudrait des sentiers d'accès conduisant ou aboutissant à chaque
liane et cela coûterait l^eaucoup trop cher. Ils en sont donc réduits
à faire œuvre de bûcherons. Ils se mettent quinze ou ving^t, font du
bruit comme cinquante, coupent une liane, l'arrachent de l'arbre
qui h\ supporte, la tronçonnent vivement et l'emportent sur le sen-
tier, à labri de la surprise du tig're et encore mieux des sangsues.
Deux heures avant la nuit, ils quittent la forêt pour rentrer chez
eux. et tout cela pour gagner une ligature ou lo cents de piastre
par Jour. ><
Gomme il est facile de s'en convaincre, il est impossible dans de
telles conditions, de demander à l'indigène d'avoir recours à des
procédés méthodicjues d'exploitation. Aussi M. Groleal estime que
ce « n'est pas avec les lianes qu'il faut compter remonter la produc-
tion du caoutchouc en Annam ».
dnoutchouc (le plantation. — Le nombre des colons qui se livrent
en Annam à la culture d'arbres à caoutchouc est encore peu élevé.
Dans le Sud-Annam entre la frontière de la Gochinchine et le Nord
de la province de Binh-Dinh on compte quatre concessionnaires.
M. Lemai dont la concession est située dans la province de Phan-
tiêt ;
Le Docteur Yeksiàs ;
Et M. ScHEix dans la province de Khanh-Hoa.
M. Delignon, qui dans le Binh-Dinh possède deux concessions,
celle du Dak Joppau et celle de la Rivière verte.
Concession de M. Lemai. — Elle est située à Song-(iiao, province
de Phan-Tiêt.
« Cette concession ne date que de 1908, le but cherché par ce
378 ÉTL DKS ET MKMUllUJS
colon est (rcnlri'prcadie exclusivi>nient hi cultui-e de VHevea Brasi-
liensis. Quelques plants de /iciis elasflci ont seulement été aniéna-
g-és. en vue de l'étude comparative ultérieure des résultats obtenus
avec les deux espèces, tant au point de vue de rapidité de la crois-
sance de leurs sujets, que du rendement k en attendre.
M. Lkmai possédait, au commencement de Tannée 1910. environ
l.i.OdO plants en pépinière et environ 10.000 en place à raison de
()00 par hectare, et parmi lesquels des sujets de deux ans à deux
ans et demi, dune fort belle venue atteij^iiant avec un diamètre de
cinq à six centimètres une hauteur moyenne de trois mètres.
Les terrains occupés paraissent fort bien appropriés à cette cul-
ture, bien abrités contre les coups de vents fréquents dans la réi^ion
et dangereux jiour les jeunes sujets; ils sont suflisaniment frais pour
n avoir pas ;i redouter les ell'ets nuisibles dune saison sèche trop
prolongée .
On e-stime <jue sur cette concession le piix de revient d'un hec-
tare d'Hevea. sera à l'âge de 0 ans, époque à laquelle on escompte
pouvoir commencer les premières saig^nées, d'environ 3.000 fr.
Concession de Suôi-Giao. — La plantation de Suôi-Giao a été
entreprise par M. le D' Yrrsi.n : elle est la seule en Annam (jui pro-
duit actuellement du caoutchouc et cela depuis 3 ans.
<( L'installation de cette concession date de 11 ans; elle est située
dans la vallée du Suôi-Giao, vallée qui sert de pas.sag^e à la route
mandarine et à la ligne du chemin de fer transindochinois.
Les premiers es.sais tentés sur la culture des arbres à caoutchouc
commencèrent en 1S01I. avec des Hevea Brasiliensis, culture qui est
actuellement la plus importante et a fait le succès de cette exploita-
tion.
Au début (le l'.MO. près de (SO.OOO Ilevca étaient plantés en place,
dont les jdus âgés ont 10 ans.
La surface exploitable en 1009 était de i hectares et demi. Mal-
luaireusemenl un typhon (jui sé\il eu octobre 1909, lit de nom-
breux ravages dans cette plantation et près de 000 arbres âgés de (»
il Ht ans furent déracinés, ou brisés. Les jeunes plantations ne
parurent pas souffrir de la violence du vent.
(jomme autres essences à caoutchouc mises en expérience dans
cette concessi(m, il faut citer le c/isfi/lo/i elasfira. le ficus elasiica et
le Ijlec/.rodra fonhincnsils;.
l.K CAolICllOlC E> IMXt-r.UlNK
:n9
Cette plantation est jj^aonée sur la grande forêt, le scil (»sl riche,
profond, le sovis-sol très perméable.
D'après M. Vehnet, Directeur de cette plantation, les trais d'or-
ganisation des plantations d'Hcvea jusqu'au moment des premières
saig-nées lo à (i ans) s'élèvent entre lî.OtM) et )^.o()() fr. par hectare.
Ces chiffres viennent corrohorer ceux cités plus liant au sujet de la
concession de M. Lemai.
Pendant le 4*" trimestre 11109, et premier trimesti-e 1910, il fut
expédié par cette concession 1 .000 kilogrammes de caoutchouc
para. »
Il convient de raj)peller (pie c'est sur cette concessidn cpie furent
exécutés les remarquables travaux de M. Verset sur ÏHeven.
(Concession Schein. — <> Les plantations d'//et»ea que possède ce
colon sont toutes récentes : les arbres les plus âgés ont 2 ans et le
nombre total plantés à demeure est d'environ l.oOO. Sol silico argi-
leux, couche arable profonde, sous-sol perméable.
Concession Deliç/non. — Plantation du Dak Jopau.
Cette concession fut demandée par M. Delignon en liS9(S ; elle est
située sur le plateau d'An-Khê, à une altitude voisine de 4oO mètres.
Les premiers essais tentés de culture d'arbres à caoutchouc le
furent en 1904 avec le manihot glaziovii qui devait en même temps
servir d'ombrage aux caféiers. Cet arbre ne donna que des résultats
insig-nifîants comme production de caoutchouc, et comme arbre
d'ombrage les résultats ne furent pas meilleurs, cette essence per-
dant ses feuilles pendant cpiatre mois de l'année. Il n en existe plus
(pie quelques exemplaires.
En 190(j. des terrains furent aménagés pour recevoir des Hevea.
(^ette plantation s'est depuis accrue sensiblement et comportait, en
juin 1910. 15.000 pieds à' Hevea. Sur ce nombre, 150 seulement
étaient âgés de 4 ans. C^es arbres offraient en octobre 1909, au point
dt' vue végétation, les caractéristiques suivantes, pour les ti exem-
plaires les plus robustes.
CiiH-diitoreiicf ilu tronc à 1 m. ;iii-ilos.sus du sol 0'" 143
— 0 "' 1 JO
— 0'"120
— 0" 113
— 0 '" 115
— 0 '" 088
N
1. Hauteur totale
5 '" 50
N»
2
3 ■" 50
N"
3. —
5'"'40
N
i. —
3 ■" 50
.X»
5. —
3°™ 50
N'
6. —
3 '" 70
880 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Pour les autres individus île nombre de plants à cette époque
était de 8.0OO), levir hauteur variait de 2'" oO à 'A '" oO et la circon-
férence du tronc était inférieure à 8 centimètres.
L époque où furent prises ces mensurations correspondait avec la
saison froide (^octobre à mars).
La croissance des mêmes individus fut pendant le premier tri-
mestre lUKJ d'environ ()'" 30 en hauteur et 0"'(ll I en circonférence. »
Cette croissance assez, lente doit, semble-t-il, être attribuée aux
températures très basses que 1 on observe à certaines époques de
Tannée sur le plateau où est établie cette concession.
Tandis que dans le bassin de l'Amazone la température oscille
d'après M. J.-A. Collet, entre 24 et 32 degrés C. avec une moyenne
de 27 à 28 degrés C. on a relevé dans les environs immédiats île
DakJopau des abaissements de température de 13° 5 (lOdéc. HMli» .
lo« (19 nov. 1909).
Dans de telles conditions, ce n'est que dans plusieurs aimées
qu'il deviendra possible de conclure si la culture de l'Hevea peut
être pratiquement conseillée dans des rég-ions sujettes à d'aussi
grands abaissements de température.
PlanLalion de la Rivière Verte. — Cette plantation ([ui fut com-
mencée en 190(i eut beaucoup à soulfrir des troubles d'Annam en
1908. Dès que le calme fut rétabli, des travaux de nettoienieul
furent aussitôt entrepris, et 13.000 plants sur 15.000 plantés pureiil
être .sauvés.
A titre d'indication, voici les caractéristiques des plus heauv
exemplaires au point de vue de la croissance des hevea plantés en
1906-1907-1908. Ces mensurations datent d'octobre I90!>.
« Hevea plantés en HMMi (graines provenant de Singapoiu'i.
N» 1. Hauteur. (> m. 10; circonférence A\\ lionc ;i i m. Aw sol. (» m. 2"J
N» 2. — i m. '.»(); — — _ 0 m. i:i:.
N» :i. — 5 m. 20; — — — 0 m. lii
N» 4. — Vi m. 80; — — — 0 m. le
N» 5. — 4 m. : — — — 0 m. I j
Hevea plantés en 1!H)7 (graines provenant de Suôi-Giao-Khanii-lIo:i .
N" 1. Hauteur, :{ m. 10; circonfér. du Ironc fi I m. nu-dessus du soi. 0 m. O'.i
N° 2. — 3 m. 10; — — 0 m. 0><
N" 3. — 3 m. 20; — — — 0 m. 06!i
N» 4. 3 m.; — — ~ Om.Oîi!;
N 1.
Ilauleui-,
■1 ni.
70;
N'^ 2.
—
2 m.
:;o :
N" 3.
—
1 111.
ÎSO;
\" 4.
—
l ni.
(30;
N" ;;.
—
1 m.
■V-'i :
LE CAOUTCHOUC KN IXDO-CHI^E ^Sl
Hevea plantés en I90S i graines provenant de Singapour).
0; ciiconler. du hoiic à I m. au-dessus du sol, 0 ra. OG
— — — 0 m. 03
— — — Dm. or;
— — — 0 m. 05
— — — 0 m. 04
Pendant le premier trimestre lîHO, pour ces mêmes individus,
1 accroissement en hauteur fut de Om. 2)^ et de 0 m. 011 pour la
circonférence.
Les terrains de cette concession sont argilo-siliceux. le sous-
sol est peu perméable. »
Il résulte des renseig-nements fournis par M. le Résident Supérieur
Groleau que la culture de l'Hevea ne saurait actuellement être con-
seillée que dans le Sud-Annam. Pour les provinces plus septen-
trionales, il sera nécessaire d'avoir recours à d'autres espèces moins
exig-eantes au point de vue de la température.
TONKIN.
Les renseignements sur la production du caoutchouc au Tonkin
sont empruntés à deux rapports émanant l'un de la Chambre
d'Agriculture du Tonkin, l'autre de M. Broemer ag-ent principal
(les services agricoles et commerciaux de Tlndo-Chine.
Essences caoutchoiilifères spontanées. — L'étude des essences
cuoutchoutifères spontanées du Tonkin est encore loin d'être com-
plet, ce fait est dû à ce que la presque totalité des peuplements est
constituée par des lianes vivant au plus épais de la région monta-
gneuse. C'est en effet la saignée des lianes par les indigènes, sai-
gnée effectuée jusqu'à ce jour encore sans aucun soin pour la
conserA'ation des peuplements naturels, qui fournit la majeure partie
(lu caoutchouc exporté du Tonkin.
Nous ne citerons parmi les nombreuses espèces spontanées men-
tionnées dans le rapport de M. Hroener, que celles ((ui ont été
reconnues comme réellement productrices de caoutchouc marchand.
Bleekrode;i Tonkinensis. — MM. Dubard et Eberhardt ont fait
paraître, en 1910, dans le Bulletin du Jardin Colonial, une étude
très complète de cette espèce, à laquelle nous empruntons les ren-
seignements suivants :
382 ÉTLDKS Kl MÉ.MOIKKS
'< Le lîlei'l'irtKlea est un arbre dont 1 allure générale rappelle un
pt'u celle de nos bouleaux : sa croissance est rapide ; son écorce est
blanchâtre peu épaisse; ses branches sont très ramifiées. Sa taille
varie de 12 à 10 m. suivant les terrains sur lesquels il se développe.
Son bois est blanc tendre, à fibres longues, il est impropre à tous
les iisagvs de menuiserie et d'ébénisterie. Les branches sont munies
di' lenticelles très nond)reuses.
" Le Bleekrodea tonkinensis peuple à l'état sporadicfue la ])resque
totalité de la surface du Tonkin (le tlelta excepté); mais il est den
endroits nombreux (»ù il existe en peuplements serrés. » Des peu-
plements particulièrenient abondants sont signalés par M. Eberhardt
dans la vallée du Song-Cau. tlans le Kai-Kinh, dans les forêts qui
entourent les lacs Ba-Bé.
' La composition du caoutchouc est la suivante :
Densité à 20" (M>o:i
Eau 28,32
Cendres 0.62
Caoutchouc vrai bO,7H
Hésines 3,67
Matières étrangères (par difîérence). 6,63
■ La ([uantité de caoutchouc vrai peut paraître faible, mais idle
est due à la grande quantité deau (28,32 "/„) que renfermait 1 échan-
tillon analysé, quantité qu il faut attribuer à la fabrication toute
récente (3 jours) de la plaque soumise à l'analyse. "
L'élasticité a été reconnu ■■ très bonne •>. la nervosité et ladlié-
sivité " parfaite ".
Deux échantillons dv caoutchouc de Bleekrodea soumis ;i l'ex-
pertise de MM. Ilecht frères ont été cotés Vun de 8 francs à 8 IV. 'id
le kilo, l'autre o fr. 50 le kilo, le cours du Para étant seulement au
moment où cette estimation a été faiti'. de il fr. oO. L échantillon
coté 8 francs à 8 fr. "iO avait été traité par léther et était dépourvu
de toutes matières étrangères; l'échanlillon estimé 5 fr. oO était un
échantillon brut recueilli sans soins par les indigènes, il (Uait coa-
gulé s|)(inlan(''ment. sans le secours daucun acide.
M.M. Dubard et l^berhardt estiment (pi'au cours de 2o fr. pour le
Para lin. le caoutchouc de Bleekrodea se vendrait LS à 20 francs.
/ioiisif/o/ii.i J^oii/.invnsis i^berh. — Le Bousigonia tonkinensis est
LI-; CAOïTCHorc. i:.N inuo-cmim: H(S3
une liane du bassin de la IJivière (Claire, dont létude a été t'aile
par M. l^herhardt. Elle fournit un caoutchouc rosé de bonne tjua-
lik".
Xi/ii/iabaria Raynaiidi Juni. — Cette liane a été signalée dans
la province de Tai-\g'uyen dans le massif du Tain-Do, dans la pro-
vince de Quang-Yen. Son aire de végétation semble donc très éten-
due.
Le latex qui est abondant nest pas coagulé |)ar lacide acétique,
ni par le jus de citron, par contre, Talcool le coagule rapidement.
Le 1)'' Sj)ire donne comme résultat d'analyse du caoufchouc pro-
duit par cette liane.
Humidité i,.jO ",„
Caoutchouc tS7,35
Hésines 0.23
Substances diverses. 1,92 dont 0.30 de cendres.
Un échantillon soamis »'n HMII à MM. Michelin a donné lieu à
l'appréciation suivante :
« Le caoutchouc récolté au Tonkin nous paraît être de belle qua-
lité. L'échantillon préparé en lanières tendues sur un fragment de
liane pourrait concourir comme emploi et prix avec les ])lus belles
sortes reçues jusqu'ici de la région indo-chinoise. >•
Deux colons de Phuong-l)o, MM. Godard et Saver qui avaient
constaté la valeur de cette liane en avaient établi une pépinière sur
leur concession. Il résulte de leurs observations que ^ des lianes
de 5 ans obtenues par bouturage mesuraient plus de 70 mètres de
long avec un diamètre de 0 centimètres à 3 mètres du sol. Les
écorces traitées par pilonage ont donné un rendement de 7 " „ de
caoutchouc estimé très bon par la Maison Michelin »,
Xylinabaria Sp. (Giay-Oua Sung-Bo) (Annamite). — L'aire de
végétation de cette liane est très étendue, puisqu'elle a été- signalée
au Laos, dans le bassin de la Rivière Noire, dans les forêts de la
rive droite du fleuve Rouge, dans le Yèn-1 hé.
" Elle produit un latex blanc, abondant, (pii coagule rapidement
à l'air libre. Le caoutchouc obtenu est très t-lastique et très résis-
tant. Il
Parabariuni Tournieri (Pierre). — Le Parabarium Tournieri vit
sur les hauteurs qui dominent les vallées du haut Song-Ma.
.384 ÉTUDKS ET MÉMOIKES
Melodiniis Tournleri (Pierre). — Cette liane qui a été signalée
dans la réfçion de Phu-lang-Thuoni^' est très vigoureuse. Elle se
plait dans les bas-fonds et les forêts humides. Le caoutchouc fourni
par cette liane ne paraît être que d'assez médiocre qualité.
Michrechites Jacqiieli (Pierre). — Cette liane a été rencontrée
par le D' Spire dans la forêt de Cho-Go (Yen-Thé).
L'analyse de caoutchouc de cette liane faite par M. Lamv donne :
l'élasticité très grande
Nervosité grande
Adhésivité 1res pauvre
Licpiide d interposition. . 34,46
Perte au lavage 2,57
Uésines 12,33
Substances minérales. . . 0,42
Caoutchouc pur 84,68
Conn Teckeou (Muong). — " Cette liane a été signalée en niai
lUOO par M. Legrand, colon à Tho-Bo, où elle est commune ; elle
existe également dans la province de Hung-Hoa et dans la région
de Van-Bu.
'< Le caoutchouc (|u elle fournit est de très bonne qualité. »
M. Broemer signale encore, comme lianes productrices de
caoutctiouc, le Khau-Coc-Han. signalé par le lieutenant Javouhey
dans le Chau de Bac-Son : le Khau-Coc-Be, le Khau-Benh-Phia :
entin. une série de lianes recueillies par M. Pouchat dans le Yen-
The, et non encore déterminées.
KssKNCES CULTIVÉES. — Aucuu l'ésullat délinitif n'a encore été
obtenu au Tonkin de la culture des essences à caoutchouc d'origine
étrangère.
Les llevea et Castilloa plantés isolément dans quelques endroits
n ont donné jusqu'ici aucun résultat encourageant. Ce fait n'a
d ailleurs rien de surprenant, étant donnée la latitiule du Tonkin et
son régime climalérique.
Le Ficus elasficH que 1 On rencontre (Tailleurs à l'état isolé sur
un grand nombre de points du Toidvin fait actuellement l'objet
d'essais suivis.
D'après un ia[)p(trt di- M. le Président de la (îhambre d'Agri-
culture du Tonkin, des plantations ont été faites par MM. Taktarin,
CoitEMT, Levaciié, Sai:eb, Biciiot. Ma/.m;ke et Bellan.
\.\'. CAUI rCHUUC l.> I.M)0-<:illNK 38.')
M. Iakiakin possède environ 7(1. OOO lieus clastic.t. les [)lus âgés
ont 0 ans. La surface couvei'te p;ir vi'Wi' plantation est de 20() hec-
tares.
Le liens elaslica ne j)ouvant, au Tonkin, être saigné avant làge
de 12 ans, il convient dattendrc (juelques années encore pour
savoir (piels seront, au point de vue économique, les avantages qui
pourront être obtenus de cette culliue.
Funtiunia elaslica. — Des plantations de cette espèce africaine
ont été faites en l'.)()(S aux stati<»ns expérimentales de Thanh-Ba et
de La-Pho. Mais ces plants sont encore trop jeunes pour tirer
aucune conclusion de leur développement.
Mn/ii/iol (r/aziovii. — La culture du Manihot Glaziovii n"a pas
donné de résultats bien satisfaisants : <i Les extrémités sont gelées
en hiver (|uand le ravonnement est trop intense ; les branches
délicates ne résistent pas aux vents violents, les racines féculentes
de Larbre, au moins dans le jeune âge, attirent les sangliers qui
en sont friands. »
Les résultats des saignées etl'ectuées en divers points ont été
irréguliers cependant ; d'api'ès M. Broemer, des observations faites
récemment sur (piehpies arbivs, aiu'aient « rendu confiance k cer-
tains K
Le Crijplosteç/in Mndugascarienxis introduit au Tonkin en 11)00
par M. Lemaire vient bien sous le climat tonkinois.
« Le Caoutchouc obtenu est très nerveux, mais le faible écoule-
ment du latex rend la récolte par incision très difficile. »
Le cryptostegia est une liane et la culture de ces essences caout-
choutifères ayant presque toujours causé des mécomptes, il con-
viendra jusqu'à plus ample informé, de se montrer réservé avant
de préconiser 1 extension de cette culture.
Conclusions.
La question de la production du caoutchouc en lndo-(^hine. peut
d'après les conclusions pratiques «pi'il est permis de tirer des rap-
ports dont nous venons de donner 1 analyse, être envisagée ainsi
qu'il suit :
L'exploitation des essences indigènes ne saurait être actuellement
But. du Jardin coLnnuil. l'.lll. II. — N" 101. :>7
'^86 ÉÏLDES ET MÉMOIRES
pratiquée que par les indig-ènes. Mais il serait désirable que des
mesures puissent être prises pour les amener à employer des
méthodes d'exploitation rationnelles et sauvegarder ainsi les peu-
plements naturels.
En ce qui concerne les essences cultivées, des résultats certains
ont été obtenus de la culture de IHevea en Cochinchine et dans
le Sud-Annam. Mais il semble bien qu'il conviendra de limiter cette
culture à ces seules rég-ions, l'Hevea ne trouvant plus dans les
provinces plus septentrionales des conditions climatériques favo-
rables à son développement. Pour ces réglions, les sssais en cours de
culture de Ficus elastica et autres essences d'origine étrangère
permettront sans dovite. à bref délai, de résoudre la question du
caoutchouc de plantation, mais aucun résultat ne peut encore être
considéré comme acquis.
La culture de IHevea elle-même demandera, pour être complète-
ment au point, bien des études complémentaires, telles que celles
de la main-d œuvre : de la création de races d'Hevea particulière-
ment productrices de caoutchouc par sélection des semences ; pro-
cédés les meilleurs de saig'née, de coagulation, de séchao-e : fumures.
Mais on peut, dès maintenant, envisager que dans un avenir
relativement rapproché notre colonie de l'Indo-Chine pourra con-
tribuer, dans une très large part, à l'approvisionnement en caout-
chouc du marché métropolitain.
S. Pek.noi,
In//r/ii('iii' ;i;jr<niiimi'.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
(Suite.)
X
Matières textiles. Poils végétaux.
A. — Généralités.
Dans ce chapitre et les suivants nous étudierons non seulement
les matières textiles proprement dites d'origine vég-étale, c'est-à-
dire celles qui sont susceptibles détre filées et tissées, mais aussi les
produits employés pour fabriquer des cordages, de la pâte à papier
ou encore comme matières de rembourrage.
Il n'y a pas en efPet de démarcation très nette entre les matières
correspondant à ces différents modes d'emploi et, telle fibre plutôt
apte à fournir des cordages ou de la pâte à papier, pourra servir
également pour fabriquer des tissus grossiers ; telle sorte de poils
végétaux, employée à l'ordinaire pour le rembourrage, pourrait être
à la rigueur filée seule ou en mélange.
Les matières textiles prises au sens le plus large peuvent se grou-
per en deux grandes catégories : les poils et les fibres.
Les poils sont des prolongements nés à la surface des organes
végétaux et tirant leur origine de cellules épidermiques ^ ; ils sont
la plupart du temps unicellulaires. Les fibres sont au contraire des
éléments internes, constituant la partie la plus essentielle du sys-
tème de soutien des végétaux.
Les poils A égétaux dun grand emploi industriel sont peu nom-
breux ; à vrai dire, on iie peut citer au premier rang que le colon ;
bien en arrière vient le kapok, employé surtout comme matière
de rembourrage; enfin, au dernier plan, il faut signaler ren.semble
1. Dans le langage courant, on emploie souvent le mot fibres pour désigner les
poils; on dit par exemple : fibres de coton pour |)oils de coton.
:{8S ÉTiDEs Kl Mi;.M(Hi;i;s
des soies réi/cfales. fournies par les aij^rettes c[ui surmoiileul la
jj'raiiie d un certain nombre dAsclépiadées et d'Apocynées. et dont
les emplois sont des plus restreints, ainsi que les Inines vé(jétah's
(|ui revêtent les tij^es de certaines Cactées mexicaines. Alors que
clu'/. les graines dAsclépiadées les poils sont localisés à I un des
pôles, chez le coton ils recouvrent toute la surface de la semence :
(juant au kaj)ok, il est formé par la bourre qui tapisse intérieuri'-
inent les capsules des Eriodendron et des Bonibu.r : cest donc une
production du péricarpe et non plus des «graines.
Au point de A^ue de la constitution chimique, les poils végétaux
sont tantôt formés de cellulose pin"c. c'est le cas du coton, et se
colorent en bleu par l'action successive de l'iode et de lacidé sul-
furique. tantôt de cellulose plus ou moins fortement imprégnée de
lignine et le réactif précédent leur communique une teinte jaune
brunâtre, tandis que la phloroglucine et Tacide chlorhydrique les
colorent en rouge et le sulfate d'aniline en jaune.
Lorsque la paroi n'est pas ligniliée, le poil est d'aspect terne :
plus la lignification devient intense, plus sa surface devient brillanti-
et son aspect soveux.
On poiuM-a donc classer li's poils végétaux de la façon suivante :
j Coloration bleue (^oton.
-^^ .... I (Coloration jaune , mie coloration Poils de Bom-
Pai- 1 u)de 1 , • i ■ ., , ,
.... ! plus ou monis \ laune pale... tracées.
,„ . , brunâtre. une coloration Soies véi^é
ultiu'Kfue.
et 1 acuie
/ Sidlale d'aniline j iavuu> franc. taies
donnant
B. — Coton.
Orii/iiK' /jotH/iu/iie et (/é«)(jf'nphiqiie. — Parmi les j)oils végétaux,
le coton seul est véritablement textile. 11 est fourni par des plantes
du gem'e dosst/jjiuni, appartenant à la tribu des llilnscées de la
famille des Malvacées ; la capsule s'ouvre en 3, \ ou '> valves
mettant en liberté les graines qui portent le coton.
Les nombreuses races de cotonniers dont les produits sont
l'xploités ajjpartiennent ii un petit nombre d espèces linnéennes.
dont elles sont sorties par la culture sur des sols et sous d(^s climats
très variés cl |);ir des croisements inidtiples.
COURS DK BOTANIQUE COLOÎS'IALE APPLlQUEf:
:{89
Sans nous étendre ici sur la question en somme très complexe de
l'origine botanique des dilVérentes sortes de cotons, contentons-
nous d'énumérer les principales espèces qui concourent à leur pro-
duction. Ce sont :
G. herhaceum L. qui, malgré son nom spécifique, peut devenir
arborescent dans les pays chauds ; c'est une espèce orig-inaire d Asie
et cultivée surtout dans l'Inde, en Asie Mineure et en Floride. Les
feuilles présentent 3 ou o lobes assez courts et suborl)iculaires
Fig-. 104
— Gossi/itium herhiiceum d'après Parlalore,.
G. arhoreum L. qui peut, dans des conditions défavorables de
A'égétation. retourner à l'état herbacé; originaire des régions chaudes
de TAsie, il est en somme fort peu cultivé (Indes orientales. Egypte).
Les lobes foliaires sont oblongs, étroits et lancéolés.
G. hirsu/utn L. originaire des régions chaudes de l'Amérique
centrale. Il a donné un grand nombre de variétés dont les unes ont
(les graines recouvertes d'un duvet verdâtre (région moyenne des
Etats-Unis j, les autres des graines à duvet grisâtre ('parties chaudes
390
ETUDES ET MEMOIRES
de la Louisiane et du Texas). C'est de cette espèce que dérivent la
plupart des races de 1 Afrique occidentale [iv^. lOo).
Les lobes foliaires sont de moyenne longueur et ovales-acuminés;
les jeunes pousses et les pétioles des feuilles sont généralement très
\''iy:. 10.1. — (iossijjiiiim lilrsiil uni. X'iiiiéli' ,\ l)ai'};;iii de Si'iicgambie (d'api-és Ih'iii'N .
velus, d où le nom spécilique ; mais il y a ce])endanl des fornu-s
presque «j^labres dérivant de cette espèce.
(i. hurJjudense L. originaire des Antilles, cultivé surldul aux
COURS DE BOTAMUUE COLONIALE APPLIQUEE
391
États-Unis (Géorgie), au Brésil, en Egypte; il est remarquable par
la longueur et la finesse des soies qu'il produit ; les lobes foliaires,
Fig-. 106. — (iossyjjimn h;trbadense (d' après Farlatore
plus allongés (jue dans l'espèce précédente, sont oblongs-lancéolés
(«§•• 106).
)^*)2 KTlhKS i;i MKMitlIiKS
Les graines de cotonniers, outre les long-s poils qui constituent
la matière textile, portent encore un lin duvet blanc, grisâtre ou
verdâtre, fortement adhérent. Ce duvet manque d'habitude chez le
(t. barhadensc . et c'est là un des caractères o^énéralement invoqués
pour la distinction de cette espèce : malheureusement il n'a rien de
lixe, et, s'il arrive parfois de trouver dans d'autres sortes des graines
nues ou presque nues, le (i. hurhathnse cultivé en terrain sec peut,
par contre, donner une certaine proportion de g-raines vêtues.
Elcnicnfs <r;qj/t/-c'clri/ioii de (a valeur d'un coton. — - Les princi-
pales qualités commerciales d'un coton sont au noml^re de quatre :
deux sont complètement indépendantes : ce sont la loncfueur et la
finesse ; la troisième dépend du diamètre des ])oils et par conséquent
de la finesse, c est la résislunce: enfin la (juatrième qui est Vhomo-
;/('ne'Ué est naturellement fonction des trois autres, car on peut con-
cevoir une homogénéité de longueur, de finesse ou île résistance.
La méthode d'appréciation que nous allons intUquer pour évaluer
ces diverses qualités, pouri-ait facilement s adapter le cas échéant à
n importe quels poils végétaux; elle est due à \. Henry '. (pii a
apporté Ijeaucoup de jirécision aux procédés de mesure es(.[uissés
par ses devanciers.
Les qualités d'un coton peuvent se traduire par des nombres, qui
varieront largement pour une sorte donnée, suivant la façon dont
sont prélevées les libres destinées à l étude. Des uiesures effectuées
sur des poils provenant de deux récoltes différentes, de deux indi-
vidus différents (l'une même récolte, de deux caj)sules différentes
eueillies sur le même pied, de deux graines différentes d une même
capsule ou même de deux régions différentes d'une même graine
donnent des résultats nettement distincts; à plus forte raison
observe-t-on des divergences considérables lorsqu'on compare des
sortes d (trigines l)otani(jues ou géographiques éloignées. On con-
çoit donc d'une part (pie liMuploi d'une méthode rationnelle de
mensuration puisse permettre des comparaisons didicates, lorscpi'il
s'agit par exemple de discerner Tciffet de tel ou lel engrais ou de
suivre pas à pas les j)rogrès réalisés par une sélection poursuivie
(l.ins un sens déterminé. Mais, d'autre part, pour <pie. de pareilles
luesures on j>uisse tirer des conclusions inattacpiables, il est néces-
I. 'S. IIiiMn, Ia' ('.(iIiih. Su iiilliirr ihins les iiilunii's frunruisvs Af^Tic. pi'iil.des
|>a>s cIkhkIs. Ht((l-M>(iL' .
((H HS DK liUlAMQI K COLOMAI.K APPLIQUÉE 393
saire de recourir à une méthode- d'échantillonuaye bien définie et
qui permette d'obtenir une moyenne rationnelle, en tenant compte
de toutes les variations qui se produisent dune manière normale
sur une même graine, d une graine à l'autre pour- la même capsule
et de capsule à capsule sur le même pied.
La première condition pour atteindre ce résultat est de ne jamais
opérer sur des échantillons commerciaux, où les poils de toutes
provenances sont mélangés et ont été plus ou moins abîmés par
l'égreneuse, mais de se servir de ca[)sules entières recueillies avec
soin et suivant une méthode constante dans la plantation '.
a) Mesi Hi: di: la lomuelh aiovennk.
Les variations de la longueur ont été étudiées par Bowman et
le colonel Trevor Glarke qui ont mis en évidence des difîérences
très nettes dans la longueur des fibres soit d une même gi'aine.
suivant la région considérée, soit des diverses graines dune même
capsule, suivant la jjlace quelles occupent.
Sur une g-raine donnée, les fibres du sommet sont toujours plus
longues que celles de la base, la longueur peut ainsi varier du
simple au triple dune extrémité à l'autre : d'autre part, dans une
capsule donnée, c'est généralement la troisième graine à partir du
sommet qui possède les fibres les plus longues quoiqu'il puisse
arriver que le maximum de longueur soit atteint ou bien au som-
met ou bien à la base, mais c'est l'exception.
On procédera donc de la façon suivante : une graine étant choisie,
on commence par la peigner au moyen d'une aiguille montée, de
manière à bien étaler les fibres radialement. Si l'on a affaire à un
coton régulier (fîg. 107,1, II) où la variation delà longueur est pro-
gressive autour de la graine, on prélèvera au moyen d'une pince
deux mèches au sommet de la graine, deux sur les côtés et une à la
base, chacune d elles comprenant une trentaine de fibres et l on
mesurera toutes ces fibres. La moyenne des mesures donnera bien la
longueur moyenne des fibres de la graine. Si l'on a atTaire à un
I. CerU's. il t'st p(i>,sil)lc. au ]j<iinl de \uc striclernoiil t'ninniercial, a\ec une jiraiidc
pratique, d'estimei" les qualités d'un lot de coton par un examen lapide et ne néces-
sitant aucune mesure. La méthode que nous indiquons est une inétlmde de lahnra-
toire. permettant des mesures très précises nécessaires pour les comparaisons le-- plus
délicates.
394
ETUDES ET MEMOIKHS
coton irrégulier (fig*. 107, III. IV), c'est-à-dire formé de mèches
longues et de mèches courtes, on répartira les prélèvements de la
même manière, mais en prenant au sommet et sur le côté une
mèche longue et .une mèche courte.
Fig. 107. — 1. Il, ('iiaiiii-s do l'otons inv^uliiMS : III,
(l'api'e's Ilrni-y).
I\. uraiucs de foduis iiTi-uiilici--
De Loute layon . on aura donc à effectuer pour luu' seule grainr
environ : o x 30= J^O mesures. On devr;i. d'autre part, calculer
la moyenne chez au moins trois graines de la même capsule, une
g^raine étant choisie au sommet, une aulre au milieu cl I.i Iroisième
vers le bas; d'où 4K0 mesures à ellVctuer ])ai' cjipsuic On devr » en
outre faire porter les mesures sur trois capsules p;ir pied. j)rélevées
à trois niveaux différents de la |)lanlt' et sur trois ill(li^i(l^ls pris
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 395
çà et là dans la récolte. Le nombre total de mensurations pour
obtenir le chill're moyen cherché sera donc de : 450 X 9 = iOoO
et Ton peut même considérer ce nombre comme un minimum.
Aussi est-il nécessaire de faire rapidement les mesures ; l'expé-
rience montre qu'il est préférable, pour l'exactitude des moyennes,
d effectuer un grand nombre de mensurations au demi-millimètre
près que de se borner à un petit nomjjre de mesures au dixième de
millimètre.
Il nous reste donc à examiner comment mesurer pratiquement
une fibre.
Suivant le procédé [de Deschamps, on prend de petits morceaux
de papier noir gommé qu'on découpe en carrés de 5 """ de côté ;
au moyen dune pince fine, on détache une libre de la mèche qui a
été prélevée et on en fixe les extrémités chacune sur un petit carré
de papier noirci, au moyen d'un léger pinceau humide, puis on
laisse sécher ; les deux bouts de la fibre sont ainsi maintenus et
l'on n'a plus qu'à prendre de chaque niain avec une pince les deux
carrés de papier et à tendre la fibre sur une règle divisée en quai-ts
de millimètres.
Un procédé certainement plus simple et tout aussi rigoureux
consiste à déposer la fibre sur une plaque de verre noirci et à la
tendre en passant à surface de la plaque un pinceau humide, de
manière à la rendre bien rectiligne ; on mesure alors directement
au double décimètre.
Enfin, dans certains cas, si l'on veut se contenter de calculer
des rapports, on pourra opérer de la manière suivante : on peigne
soigneusement la graine comme pour li' prélèvement des mèches,
puis on la dépose ainsi préparée sur un papier homogène et épais,
et l'on dessine le contour limité par les fibres étalées ; il est évi-
dent que la surface couverte sera proportionnelle à la longueur
moyenne des fibres, il suffira donc de découper cette surface et de
la peser pour obtenir un nombre proportionnel à la longueur
moyenne cherchée (relative à la graine considérée). Il faut cepen-
dant remarquer que ce procédé ne pourra être appliqué que dans des
cas particuliers, si l'on veut en tirer des résultats acceptables ; il
faut qu'il porte sur des graines à coton très régulier dune part, et
d'autre part que les graines à comparer appartiennent à la même
race ', de manière qu elles donnent en quelque sorte un dispositif
1. On pourra, par exemple, s'en servir utilement pour étudier rinllueuce de dillé-
rents enj,'rais sur la lonf^iieur des fibres, pour une sorte déterminée.
)}y('( ÉTUDES Kl MÉ!MOIKKS
géoniétricjueinent semblable, lorsque les libres ont été étalées. Si
Ion s'écartait un peu trop de ces conditions théoriques, ce procédé
rapide n'aurait plus aucune valeur.
Les moyennes de mensuration permettent de répartir arbitraire-
ment les variétés en trois g-roupes :
Cotons longues soies : longueur moyenne des libres supérieure à
2 «S mm.
Cotons m(t\ ennes soies : longueur moyeime des libres entre 2i et
28 mm.
Cotons courtes soies : lonoueur moyenne des fibres inférieure à
2'\ mm.
bi Mksi lii: 1)1" lUAMi/rRi: movf.n ol iiM;ssr:.
L'obtention du diamètre moyen d un lot de coton nécessite un
nombre de mesures moindre que celle de la longueur moyenne ; la
largeur des lil)res varie moins en effet ([ue leur longueur et il suf-
fira de mesm-er un millier de poils environ poxu' obtenir im chiffre
(le moyenne très acceptable.
Ici encore on doit opérer de préférence avec des libres qu on pr(''-
lè\c directemenl sur la graine par petites mèches ; de cette fa(,*on.
on a immédiatement la même orientation pour toutes les fibres
(1 un faisceau, et Ton peut effectuer rapidement les mesures en des
points correspondants.
('.omme poui- la longueur, le diamètre présente des variations
(pie l'on pourrait ([ualilier de normales : dans une même capsule,
on observe une variation assez régulière et, dans la majorité des
cas, les libres les plus grosses se trouvent sur les graines tle la base,
beaucoup ])lus rarement sur celles du milieu, tandis ([ue les fibres
les plus lines sont portées par les graines du sonuuet. D'autre
part, sur une même graine, on obsei'N e une augmentation régulière
du diamètre du S()mmet vers la base, les poils les plus gros étant it
la base, les plus lins au sommet.
On pourra se contenter pour étal)lir un chill're moyen relatif à
une graine de prélever mu^ mèche d'une trentaine de fibres au
sommet el de mesui-ei- les diamètres de toutes ces libres : on obtien-
dra ainsi, d'après ce que nous venons de voir, un (.hinVe moyen
minimum, il est vrai: mais les résultats seiont conq)aral)les d'un
type à l'aulre. ce cpii est l'essentiel; pour obtenir un chinVe nutyen
COI us DK ISOTAMQUE COLÔMALE APPr,lQLÉE Mil
véritable, il faudrait prélever la mèche vers le milieu de la graine,
mais alors, le point de prélèvement étant moins bien délini. ks
iu:)nibres obtenus seraient par suite moins comparables.
Pour calculer le diamètre moyen relatif à une récolte, on opé-
rera de même sur trois g-raines dune même capsule, prises respec-
tivement vers le bas, vers le milieu et vers le haut; on devra en
outre faire porter les mesvu-es sur trois capsules par pied, prélevées
à trois niveaux dilVérents de la plante et sur trois individus pris
c^à et là dans la récolte. On aura donc en somme ;i etîectuer im
nombre de mesures égal environ à :
:]() X :i X'^ X 3 = si()
Jimuin/iie I. — Il n'est pas indilTérent de mesurei- les diamètres
des fibres en un point quelconque de leur longueur, car les poils
de coton ne sont pas cylindriques. (Quelques-uns sont assez régu-
lièrement coniques avec diamètre maximum à la base; mais, la
plupart ont la forme d'un tronc de cône, auquel fait suite un cône
terminal, la grande base du tronc de cône servant elle-même de
base au cône et correspondant au diamètre maximum, qui dans ce
cas se trouve à peu près au tiers de la longueur à partir de la base.
Dans la pratique, on remarque ([ue les libres coniques sont assez
rares et ne constituent dans une mèche qu'une très faible minorité;
on est alors conduit à rechercher simplement dans la mèche consi-
dérée, en employant un faible grossissement microscopique, la
région où se trouve le plus grand nombre de diamètres maxima ;
ce sera à peu près vers le tiers inférieur et c'est là que porteront
les mesures.
Heinar<jue II . — On peut concevoir deux procédés poiu* la men-
suration des diamètres : ou bien on f;ut les mesures sur les fibres
elles-mêmes, montées en préparation microscopique, à un grossi.s-
sement d'environ 300 diamètres, ou bien l'on opère sur des coupes
transversales pratiquées au niveau convenable dans les mèches
prélevées.
Le premier procédé est plus rapide, mais il ne donne que la lar-
geur de la fibre ; or, celle-ci présente une section plus ou moins
elliptique et par consé([uent on y peut considérer un dian\ètre
maximum ou largeur et un diamètre minimum ou rpHisscur \ le
second procédé permet au contraire de mesurer simultanément la
3tlS
ÉTUDEI': ET MÉMOIRES
larj^eur et l'épaisseur, mais il est dune pratique beaucoup plus
compliquée, car il nécessite l'inclusion des mèches dans de la
l.'ijr. HiK. — Tyin-s cl (.■xlrt'-mités de libres de colon dapirs Ilciirv
COURS DE ROTANIQLK COLONIALE APPLIQUEE ' 399
parafïiiie, du savon ou du collodion, pour la préparation des coupes.
Il n'a en outre qu'un intérêt bien problématique, car les sections
d'une libre sont extrêmement variables d'un point à un autre,
même rapproché, et ne sont pas représentées par des figures géo-
métriquement semlila])les. Comme ce qu il importe de connaître,
c'est la largeur maxima. on pourra fort bien, sans inconvénient,
s'en tenir au premier procédé, beaucoup plus avantageux pour la
rapidité des mesures.
liemarque III. — On divise généralement les cotons en trois
catégories suivant leur grosseur moyenne :
l" Soies lines : Diamètre moyen inférieur à 20 \)..
2"^' Soies moyennes : Diamètre moyen compris entre 20 et 23 \}..
3° Soies forte : Diamètre moyen supérieur à 23 \}..
Il existe une relation intéressante entre la finesse et le mode de
terminaison des fibres ; dans les soies fines, l'extrémité libre est
généralement très allongée et se termine en pointe d'aiguille ; dans
les soies fortes, elle est au contraire brusquement atténuée et
grossièrement arrondie (fîg. 108).
c) Mesure de la résistance.
I^a résistance et l'élasticité d'une fibre sont deux propriétés
connexes qu'on confond sous la dénomination courante de nervo-
sité. Plus exactement la résistance ou ténacité est mesurée par le
poids minimum qui, suspendue l'une des extrémités, est nécessaire
pour amener la rupture; l'élasticité est l'allongement par unité de
longueur que subit la fibre à l'instant de la rupture.
Examinons d'abord comment on peut mesurer pratiquement la
résistance et l'élasticité d'une fibre ; nous verrons ensuite quelle
méthode on doit suivre pour fixer rationnellement la résistance
moyenne d'un lot de coton.
L'appareil d'flenry (fig. 109) pour mesurer les résistances se
compose essentiellement d'un flotteur, tube de verre parfaitement
calibré portant intérieurement une graduation et fermé à la partie
supérieure par un bouchon métallique muni d'une pince ; les
mâchoires de cette pince sont garnies de petites plaques de liège fin
pour éviter l'écrasement de la fibre qui y sera engagée.
Le flotteur peut se mouvoir verticalement dans un manchon de
ioo
r/n i>i;s i;i mkmuihks
verre calibré, terminé en forme d entonnoir k sa [)artie inférienre
Fi}^. 10!>. — Appareil flUcnry })()iir la im-siire des résistances des libres de culdii.
(jui est montée en ajutag'e de Molir, de manière à produire un
("coulement facilement i-ej^lable.
La partie supérieure de rap])areil comprend essentiellement une
COURS DE BOTANIQUE COLOiMALE APPLIQUÉE 401
deuxième pince analog-ue a la première et montée sur une tige de
cuivre ronde, permettant de lui donner un mouvement de rotation;
à cet effet, cette tige est engagée dans un manchon où l'on peut la
lixer au moyen d'une vis de pression, manchon qui est supporté
par une traverse horizontale, le long- de laquelle on peut le dépla-
cer à volonté.
La traverse est portée par deux montants verticaux fixés sur le
pied de l'appareil, formé d'une tablette de bois, qu'on peut rendre
horizontale au moyen de vis calantes.
Vis-à-vis de la pince supérieure est disposée une planchette de
bois noirci qui formera fond pour l'observation de la fibre.
L'aiguille indicatrice des variations de longueur est montée sur
une chape de cuivre, qui la divise en deux parties dans le rapport
de 4 à 1 ; cette chape oscille sur un axe fixé à l'un des mon-
tants verticaux et le bras le plus long^ de l'aiguille se déplace vis-à-
vis d'une g-raduation.
Le manchon, à l'intérieur duquel se meut le flotteur, est main-
tenu verticalement au moyen de colliers, fixés par des tig-es aux
montants de l'appareil.
On commence par verser de l'eau dans le manchon ; laflleure-
ment du flotteur, lesté avec de la grenaille de plomb, doit se faire
au zéro de la graduation ou un peu au-dessous ; on dévisse ensuite
la pince inférieure portée par le flotteur et on y eng-age l'une des
extrémités de la fibre, de manière à en mordre de 3 à 5 millimètres;
la pince est ensuite remise en place et l'extrémité supérieure de la
tibre est engagée à son tour dans la pince supérieure ; on produit
alors un écoulement suffisant pour tendre légèrement la fibre et
l'on s'arrang-e ensuite à ce qu'elle soit bien verticale en déplaçant
convenablement la pince supérieure.
L'appareil étant ainsi préparé, on laisse écouler lentement le
liquide jusqu'à produire la rupture et l'on marque la division à
laquelle affleurait le flotteur au moment où le poil s'est rompu; un
aide suit pendant ce temps le déplacement de l'aiguille sur le
cadran et note les divisions extrêmes.
Au moment de la rupture la charge supportée est représentée
par le poids d'une colonne d'eau ayant comme section celle du
flotteur et comme hauteur la dénivellation; en désignant par R le
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" lOi. 28
i02 ÉTUDKS i;i MÉMOIRES
rayon du llotteur. par // la (K'iiivollation et par p le poids qui a
produil la rupture ou a :
p = -R' X n.
si II et li sont exprimés en centiniètres, /) sera la résistance en
i^ramnies; le j)ro(luit -W- est calculé une lois pour toutes, cest le
coefficient de l'appareil .
(pliant à lallonfi^ement. il s'obtient en prenant le (juart de la lec-
ture faite sur la rég'letle verticale.
Henianjue. — Lorscpiou veut calculer un chilVre moyen de
résistance pour un lot de colon, il est nécessaire de mesurer les
résistances élémentaires sui" des fibres isolées. Il paraîtrait plus
avantag-eux de prendre d un seul coup la résistance totale dune
mèche; mais, dabord le montage d'une mèche sur l'appareil est
une opération long-ue et délicate et, quel que soit le soin cjucn y
apj)orte, il est impossible de donner à toutes les fibres de la mèche
la même tension ; il en résidle ([u'une i)artie di's libres seulement
supporte toute la charge; on voit lt»s libres se rompre successive-
ment et le faisceau est complètement rompu bien avant c[u on ait
atteint sa résistance réelle: on obtient donc ainsi un chill're infé-
l'ieur à la résistance moyenne du faisceau. De plus, dans le mon-
tage, on est obligé de donner à la mcche une longueur correspon-
dant aux fibres les plus courtes, ce (pii contribue encore à fausser
les résultats.
Il est donc nécessaire de mesurer les l'ésistances des libres sépa-
rément et, comme les opérations à ell'ectuer sont assez longues, il
faut chercher à i-estreindre le nombre des essais, sans nuire à la
rigueur du résultat.
Pour atteindre ce but, il faut d'abord examiner de quels facteurs
dépend la résistance des fibres; les facteurs principaux (pii influent
sur cette grandeur sont le (ll;un('fre et le rrillar/c.
[A suivre.) Marcel DuiiViU),
Mni'lrc (le ('.onfiTonce» :) In Sorlidiiiif.
Pri)/'i'SS('ur ,î l Ecole supérieiin'
d'A(/i'iiiiltiirr coloiiinli'.
LES EUCALYPTUS
{Suite.)
E. rudis. — Arbre de ^iO mètres, produisant un bois de charpente
et de construction de très bonne qualité; de croissance assez rapide,
il se plaît dans les sols profonds et frais. Il est donc tout indiqué
pour les plantations à faire dans les marécag-es. Nous ignorons s'il
est déjà très répandu. C'est une espèce très variable de forme et d'as-
pect (lîg. H)).
Un hybride entre lui et le rostrnla existe dans les collections ; il
serait, paraît-il, d'une végétation très vigoureuse.
E. salmonophlœa. — Grand arbre de 40 mètres de hauteur, de
l'Australie occidentale, où il porte le nom de salmonharked (jum
tree, à cause de la teinte saumonée de son écorce. Il végète dans les
terrains les plus médiocres des localités où on le rencontre. Son
bois, sur lei[uel les renseignements sont vagues (Ch. Naudin), est
employé à divers usages. Ses feuilles contiennent une grande
quantité d'huile essentielle, utilisée dans l'industrie de la distilla-
tion.
E. saligna. — Arbre de grande taille plus de iO mètres), pous-
sant très droit, originaire de la Nouvelle-Galles du .Sud où il est
connu sous le nom de Flooded f/iini ; son diamètre, ;» hauteur
d'homme, dépasse 2 mètres à la base. Le docteur Wools assure que
son bois est de première qualité : on l'emploie dans les constructions
navales. Il se plaît dans les terres profondes et sur les bords des
rivières. Serait excellent pour boiser les rives des grands fleuves
d'Algérie où il y a peu d'eau en été, il en arrêterait sûrement les
déprédations en hiver, lors des fortes chutes d'eau de cette saison,
qui les transforment en torrents impétueux.
404
ETLDKS I:T .Mi;\U»IHtS
E. salubris. — Le nom de cette espèce indiquerait sa ^aleu^ au
point de vue de la salubrité, nuiis avec les jjotanistes, il ne faut pas
toujoui-s prendre les choses au pied de la lettre, (hioi (pi'il en soit,
l'ig'. M). — lMU'<il\|)lu?i rudis.
c'est un arbre assez grand — 'M) ou 'V-\ mètres — de l'Australie cen-
hale el occidentale, portant dans son pays les noms de (iiinlohvood
l'eucalyptus 405
et de fliited gum tree dus à son port élancé et grêle, dont le dia-
mètre ne dépasse jjas 80 centimètres à la base ; la tête de cette espèce
est peu fournie. L écorce brunâtre, luisante, est parcourue de cre-
vasses tantôt en spirales, tantôt droites et long-itudinales. Bois dur,
résistant, assez facile à travailler malgré tout, plus lourd que leau,
même lorsqu'il est très sec : on en fait des madriers, des pieux, etc. ;
on l'utilisait autrefois pour la gravure, et on le disait meillem- pour
cet usage (jue le poirier, ce qui était à considérer. 11 pourrait, en tout
cas, être employé pour la fabrication des meubles sculptés ou de la
sculpture sur bois. Le tronc laisse exsuder de la résine Kino. Enfin.
il vient dans les sols pauvres, véritable avantage pour le leboise-
ment dans les rég-ions très sèches du sud de l'Afrique du Nord.
E. siderophlœa. — Arbre de 40 à oO mètres de hauteur, de la
Nouvelle-Galles du Sud et du (Jueen's Land où il porte les noms de
Large-leaved et de White iron bark. D'après le docteur ^^^)ols, c'est
lui des bois les plus solides et les plus durables du pays : on s'en
sert dans la charpente et le charronnage,les traverses de chemins de
fer, etc. Il est plus résistant que le bois d'Hickory ou noyer noir
d'Amérique ; il ne serait égalé que par les E. sidero.rylon et polyan-
fhenia ; cependant on a plus de difficulté pour le travailler, aussi
c'est un excellent bois de chautfage. Le tronc laisse exsuder une
grande quantité de résine Kino. Il vient dans les sols frais et pro-
fonds. Nous l'avons eu en Algérie et nous pouvons assurer qu'en
teriain sec et ferrugineux il végète tout aussi bien cjue \ E. resini-
fera .
E. Sieberiana ( Virgata). — Grand arbre de la Tasmanie, où il porte
le nom de Giimtop, et atteignant de 45 à 50 mètres de hauteur.
Bois de première qualité pour la charpente et le chauffage. Cette
espèce est supérieure à YE. hœmastonia, avec lequel il a quelque
affinité. Il croît assez rapidement dans les sols frais et profonds. Il
se répand lentement dans la région méditerranéenne où cependant
il pousse très bien étant assez rustique.
E. Stuartiana Apple sented gem) du sud de l'Australie. — Cet
arbre de 20 k 25 mètres de hauteur, poussant dans les terrains
humides, produit un bois qui ne sert que pour exécuter des ouvrages
de faible durée, des clôtures principalement et comme bois de
406 ÉTUDES ET MÉMOIRES
chauffage: on pourrait, dit Cli. Xaudin, lemplover dans Tébéniste-
rieà cause do sa teinte brune; de plus, il est aussi dur que ceux des
E. rostrafn ol rflolnilu^ et plus fort que ceux des E. amygdalina et
ohlic/ua.
Cette espèce, très ornementale, rendrait des services dans les
parcs et jardins et aussi dans les parties inondées de lAlg-érie et de
la Tunisie ; il est peu cultivé en Provence.
E. tereticornis 'Grey gum;. — Grand arbre de plus de 50 mètres
de hauteur du QueensLand et des parties orientales de l'Australie.
Très voisin de VE. rostrata. avec le({uel il se nuance par un grand
nombre de variétés, dont il se distingue avec sa forme plus pyrami-
dale. Comme qualité, son bois est inférieur au rostrata, cependant
il est très estimé pour les poteaux télégraphiques, les traverses de
chemins de fer et le charronnag;e en général; de plus, il est très
durable, lorsqu'il est complètement enfoncé sous terre et non exposé
k toutes les intempéries. Pourtant il est reconnu que la qualité de
son bois dépend absolument des procédés de dessiccation auxquels
il est soumis après la coupe.
Il vient bien dans les terrains profonds et frais, mais il résiste
aussi parfaitement dans ceux qui ne sont pas dans ces conditions.
Cette espèce est déjà commune en Algérie et dans le midi de la
France ; les échantillons que nous y avons vus il y a près de ving-t
ans atteignaient à cette épo(pie plus de vingt mèties qui, à l'heure
actuelle, doivent être dépassés de beaucoup.
Cesl une fort belle espèce, très digne d'être cultivée partout,
quoique ne valant certainement pas ÏE. resinifera (fi'os. rcxhfutn qui
est bien plus rustique.
E. terminalis. — Arbre dassez grande taille (^35 k 40 mètres).
Originaire du Queens Land septentrional, où il subit de fortes cha-
leurs. Etant donné son hal)itat tropical, il est tout in(li(|ué pour être
introduit dans les pays chauds, particulièrernent Java, Bornéo.
Sumatra et toutes les Indes orientales, de même qu'en Afrique, tant
sur le littoral que dans le centre, dans les régions du Tchad et
autres, qu'il est appelé à assainir. Le bois produit par lui est d'un
rouge foncé, dur et très résistant. Nous ne pensons pas qu il puisse
s acclimater convoiiMblcmcnt d;ins hi réi^ioii niédilerraïu'cnne.
l'eucalyptus 407
E. tessellaris. — Arbre du Queens'Land et du nord de l'Austra-
lie. c"est-k-dire de toute la zone torride. Il a les mêmes qualités
que le précédent ; son bois est très employé dans tous les travaux ;
enfin, il exsude une g-rande quantité dune a^omme résine, différente
du Kino, qui paraît n'avoir pas encore été vitilisée par l'industrie.
Pour son introduction, nous ferons la même observation que pour
ÏE. terminalis.
E. Trabuti. — Très he\ arbre, n'ayant pas encore pu être mesuré
définitivement, issu de l'hybridation spontanée des E. hotrifoides
et rostrata. Il pousse avec une rapidité surprenante, au point dit,
M. Morel k que j'ai été forcé d'en abattre plusieurs à cause de la
croissance exagérée des branches, si l'on considère la faiblesse du
tronc ». Cet arbre se contente des mêmes conditions de culture que
ses parents et sera une bonne acquisition partout, car il est très rus-
tique.
E. triantha ( White mahog-any ou acajou blanc) de la Nouvelle-
Galles du Sud et du Queen's Land. — Arbre de g^rande taille (40 k
oO mètres) et de croissance très rapide, dont le tronc atteint plus
d'un mètre de diamètre. Bois pesant, fort, de couleur claire, supé-
rieur à celui de V E. obliqua, employé à tous les travaux de char-
pente et de menuiserie et principalement en placages contre les
murs dans l'intérieur des maisons. Il se plaît dans les sols frais et
profonds, mais comme tant d autres espèces des mêmes localités,
•elle résisterait sans doute dans les terres sèches de l'AIerérie et du
Midi de la France. Nous ignorons s'il existe dans les collections,
mais très probablement il doit se troiiver à la Villa Thuret, à
Antibes.
E. urnigera. — Arbre de 25 mètres, dit le catalogue \'iImorin, très
intéressant par sa g'rande rusticité, ayant résisté sans dommage à
des g'elées de 12 degrés centig-rades. Il est à peu pi^ès certain qu il
pourrait se cultiver suj- les bords de la Loire depuis Saumur jus-
qu à Nantes et peut-être même sous le climat de Paris, dans les
parties les plus abritées ?
E. viminalis. — Arbrede grande taille, dépassant 100 mètres dans
sa patrie le Sud-Est de l'Australie) certainement l'un des plus
i08
ETUDES ET MEMOIRES
rustiques connus, car il a résisté dans la Haute-Italie à des froids
de !J à 10 deg-rés centigrades, alors que le Globulus gelait à ras du
Fijr. I". ■ — Kiiral\ ptiis \ iminalis.
sol. CA\. Xaudui (lisait (jue celte espèce avait le jjlus de cliance de
l'eucalyptus 400
se naturaliser sur les côtes océaniques de la France, principale-
ment dans les Landes du Bordelais et de la Bretagne (lig. 17).
Il en existe de nombreux échantillons en Provence : en Algrérie
nous l'avons vu résister au terrible hiver de 1880, qui fit périr une
grande quantité de plantes exotiques. Il pousse, dit -on, dans les
marécages, chez nous il était planté en sol sec et rocailleux.
(]ette espèce serait pourtant moins rustique qu'on veut bien le
dire et d'après M. Morel, à Beyrouth, il aurait péri lors de l'hiver
de 1880.
Cependant dans les sols maigres, il ne s'élève qu'à une quinzaine
de mètres de hauteur, tandis que dans les terres riches et profondes
il dépasse 100 mètres, avec un tronc, à la base, de o mètres de dia-
mètre. Son écorce est alors lisse et blanchâtre ou légèrement roussâtre.
Les qualités de son bois varient également suivant les localités et
les sols où il a crû; il a plus de valeur comme bois d'œuvre cpie
celui des E. Amijffdaiinn et obliqua \ il sert à tous les usages y
compris la construction. L'écorce fraîche contient o "/(, de résine
kino, on l'emploie au tannage des cuirs; c'est aussi la seule espèce
connue qui produise une sorte de manne ou de mélitose, dont
l'exsudation est provoquée par un genre de cigale, et qu'on
recueille concrétée en croûtes sur le tronc. Cette matière fut autre-
fois précieuse pour les aborigènes qui, en temps de famine, y trou-
vaient une nourriture leur permettant d'attendre des jours meilleurs.
Nous avons possédé cette espèce en culture en Algérie, nous l'avons
également vue dans la collection Cordier à Maison Carrée, après
les hivers de 1880 et de 1887, qui furent très rigoureux : elle avait ;i
peine souffert; de plus, tous les ans, dans cette localité, le thermo-
mètre descend fréquemment à 2 ou 3 degrés en dessous de zéro
sans lui occasionner de dommages.
*
* *
Toutes les espèces dont nous venons de parler dans le présent
chapitre, sont introduites en Europe et existent dans les collec-
tions; on trouve des graines de la plupart, chez les marchands de
graines de l^'rance et Je l'Etranger, et aussi, sans nul doute, à la
Villa Thuret, à Antibes.
ilD ÉTUDES ET MÉMOIRES
l'ItOl'KlEIES MEUICINALKS DK E ElCALVl'TLS
Les propriétés médicinales des essences d'Eucalyptus, sont bien
connues aujouidhui : lantisepsie en a retiré de onvands avantages.
C'est au Baron F. von MuUer, directeur du Jardin Botanique de
Melbourne (Australie), que l'on doit, non seulement la découverte
de bon nombre d'espèces, mais encore les premiers essais de dis-
tillation (le leurs feuilles, car la plupart fournissent de l'essence,
mais en ([uantités très variables.
C'est un ( liimiste de Melbourne. M. Bosisto, qui donna le plus
d'extension ii cette industrie et qui a diAul|Liué les divers usages
;iii\quels on pouvait utiliser ces essences.
L'espèce la plus riclie en huiles essentielles est, jusqu'à présent,
VE. amyffilalinii. qui en fournit luie notable proportion ; c'est
également celle <pi'ou devrait multiplier sur une plus grande
échelle dans les pays où règne la malaria, quoique sa croissance
soit de beaucoup plus lente que celle de l'^". glohuliis. Nous avons
pourtant constaté sa rapide végétation, tant en Algérie qu'en
Tunisie et dans le midi de la France.
.lusqu'à un certain point, il est possible dévaluer les propriétés
assainissantes des Eucalyptus, par la quantité d'essence qu'on
(^xLrait de leurs feuilles.
D'après les recherches de M. Bosisto, les espèces les plus com-
munément soumises à la distillation sont les suivantes, sur les-
quelles il est possible de se guider j)Our leur valeur au i)oint de
vue sanitaire.
Pour 100 kilogr. de feuilles, on obtient les rendements suivants :
E. aiiii/(/(laliii;i -i k .'{Jli gr. d'essence xolatile
E. oleosa 1 2.")0 —
PJ. IcdCO.II/loil 1 (MJO —
/:. f/oniocHh/.r 0 *-^\'i —
E. fjlohulns 0 719 —
E. ohiKfun 0 :;(io ~
La valeur de 1 Vi. (jlobulus. donl linfériorité en essence est
manifeste, est compensée par sa végétation vigoureuse et son feuil-
laije abondant.
l'eucalyptus 411
D'autre part, il est reconnu que la proportion d'huile essentielle
l'ournie par chaque espèce, provient de la récolte faite en saison
plus ou moins favorable et selon les localités.
L'ii. rostrata, l'un des plus productifs sous ce rapport, est pourtant
une des espèces les plus propres pour assainir les pays infectés de
fièvres paludéennes, parce qu'il se développe considérablement
dans les sols inondés et même sur celles constamment détrempées
par les pluies dans les pays tempérés, où celles-ci remplacent les
chutes de neig'e.
\JE. oleosa, des régions sèches et désertes, devrait être multi-
plié dans toutes les contrées du Sud de 1 Algérie, rien que pour
l'essence qu'il donne en assez grande quantité ; ce serait une véri-
table ressource — et non des moindres — pour les colons de nos
oasis du Sahara, réduits à la vue des palmiers et à la récolte de
leurs fruits, el qui. après cette dernière, restent de longs mois sans
utiliseï- leur activité.
i< 1) après les expériences commencées par le Baron von Muller
et continuées par MM. Bosisto et Osborne, les huiles d'Eucalyptus
dissolvent, entre autres substances employées pour faire des ver-
nis ou d'autres préparations, le cainplire, les résines des conifères
(térébenthine , le mastic, la gomme élénii, la sanclaraque, Vas-
phal/e, la résine de Xanthorcea, le sangdragon^ le benjoin^ le
copal, Yanïlire. le caoutchouc, la cire et diverses autres substances,
mais pas la gutta-percha. »
La cendre obtenue des diverses parties de l'Eucalyptus, pro-
duit de o à 27 "/o de potasse. Une tonne (pesant I.UIG kilog-r. j
de feuilles de ÏE. glohulus, donnerait environ S kil. de cendre
perlée ; une tonne de ce bois frais en fournirait un peu plus d'un
kilo, et le bois sec 3 kilos.
Les feuilles et les essences d'Eucalyptus sont employées de cent
façons différentes en pharmacie : en pilules, cachets, fumigations,
lavements, injections, bonbons, pastilles, tisanes, cigarettes (ciga-
rette Fievet) contre lasthme. huiles, vinaigres, sels, savon,
poudres et pâtes dentifrices, insecticides, remèdes contre la mala-
die des vers à soie, contre la loque des abeilles, le mildew, contre
les fièvres de toutes sortes, les rhumes, affections des bronches, de
la gorge, des poumons, névralgies, oppressions, choléra, catarrhes
vésicaux, chorée, urémie, rhumatisme chronique, goutte, conges-
tions du cerveau, du poumon, les moustiques et ce qui est un
il2 l-nUDES ET MÉMOIRES
comble, ajoute M. H. Morel, pour faire uiaigrir. Enfin, on en
emploie les excellentes propriétés dans la parfumerie.
i< Après vous avoir "j^arantis de toutes les maladies que nous
venons de dénombrer, après avoir g'uéri toutes celles que vous
avez pu contracter, dit plaisamment M. II. Morel. pour les impé-
nitents qui se sont laissé mourir en méconnaissant ses bienfaits,
l'essence d'Eucalyptus peut encore servir à les... embaumer après
leur mort. »
En Syrie, près de la villa liabitée par M. Morel, les soldats liba-
nais souffraient tellement des fièvres, qu'on les changeait très
souvent. Depuis que les plantations ont été faites dans le voisinage
de ce poste, on les chang-e rarement et cela, grâce à l'Eucalyptus
planté par cet acclimateur.
'( Un docteui- de mes amis, dit encore le même auteur, m'affirme
avoir guéri une phtisique par des injections sous-cutanées d extrait
d'Eucalyptus; cette malade en avait été tellement imprég^née qui»
plusieurs mètres on sentait l'Eucalyptus en sapprochant.
« L'influence de l'Eucalyptus peut avoir été exagérée par ceux
qui y ont trouvé matière à spéculation, mais elle est certaine et
indéniable. »
Sous toutes ses formes possibles, l'essence d'Eucalyptus doit
rendre des services et la résine kino exsudée de son tronc, quand
elle sera plus employée, deviendra d'un grand secours dans la
corroierie et pour la conservation des peaux de toutes sortes.
Evidemment il y a eu, au début de la découverte de ces pro-
duits, un peu de putlisme. mais la science ne manquera pas de
mettre les choses au point en en révélant la valeur réelle. <^U(>i
qu'il en soit, il est reconnu que les feuilles de \ E. (flohulus^ sur-
tout celles des jeunes arbres, renferment divers principes aroma-
tiques, jouissant de propriétés antiseptiques cpii ont dûment été
constatées à diverses reprises.
i.i: iii:i!oisi';.Mi;.M', son iTiLriK, holk di; i, kicalvi-iis.
De grands, d illustres écrivains, ontécrit sur les arbres. Miclielet.
entre autres, en voyant l'imprudence des hommes ([ui auc'antisseut
peu à peu bois et forêts. Les cataclysmes agricoK^s de toutes
sortes, les inondations, etc.. sont oecasinnni's pai- rimpréNdyance
i/eucalyphs 413
huniîùne : le déboisement à outrance. Malgré les avis de la science,
malgré ceux des sylviculteurs qui, avec juste raison, ont toujours
protesté contre Tarrachage uiconsidéré des arbres de nos forêts, le
mal s'est continué sans arrêt et aujourd'hui on cherche à enrayer.
Mais il est toujours temps de bien faire .
Depuis des siècles, l'homme a détruit les arbres, il n"a jamais
songé à les remplacer. 11 est vrai qu'à ces époques lointaines, dans
sbn ignorance des choses de la nature, il était excusable ; mais lors-
(juon voit l'homme des xix'' et xx*' siècles, agir de même, restant
indiiVérent à la reconstitution de nos richesses forestières, on reste
confondu I
Plus nous allons, plus l'arrachage des arbres se poursuit métho-
diquement sans que l'Etat puisse intervenir efficacement. Il fau-
tlrait une Loi ? car les inondations se répètent chaque année aussi
désastreuses, faisant perdre à l'agriculture des sommes immenses,
qui peu à peu, la ruinent et l'amoindrissent.
L'utilité du reboisement ne fait aucun doute ; le prévoyant qui
entreprend le peuplement des terres incultes par les arbres, y trou-
vera largement son compte ou celui de ses successeurs. Il est bien
évident que dans les contrées froides, il ne s'agira pas de planter
des Ivicalyptus, mais dans les régions baignées par la Méditerranée
ou par le Gulf Stream, que de bienfaits n'en retirera-t-onpas, princi-
palement dans les parties montagneuses, appelées par leur situation
— actuellement plus ou moins dénudées — à retenir la plus grande
masse des eaux pluviales qui. par les fortes pluies, descendant les
versants montagneux se précipitent avec furie dans les bas-fonds,,
y sèment la ruine, la désolation, la mort.
Chacun a encore présent à la mémoire les désastres du Midi de
la France en 11(08.
Si l'on estime qu'en France il y a plus de cinq luillions d'hectares
impropres à toutes cultures et qui servent actuellement à faire pâtu-
rer des troupeaux qui y cherchent vainement leur nourriture, et
(ju on pourrait transformer en forêts productives, ne doit-on pas
avouer que leurs propriétaires sont criminels de ne pas le faire ?
Si Ion estime qu'en Algérie et en Tunisie les terres déboisées
dépassent de plus du double ce chiffre, que doit-on penser ?
En France, la grande masse des agriculteurs ou des possesseurs
de ces terrains, est intelligente ; il n'en est pas toujours de même
414 ElTE^eSi ET ]iÈ3KMKES
ir II : '. ^e IWfiiqtte. parc^ que. la ^aupart des terres intuno
oa n)^ea=-rs. âppâurtienneiit aux ic''r^"^s. c^Ues-oi n ayant pas
eaewe été expcv>priées psir l'Admiiu- . ...->n. qui ne recherche que
eeBesde {^enûère qualité, pour revendre aux ininiisnrants.
Avant de erèer des villa^res. oà ia misère attend souvent les celons.
que ne ccMmneoce-t-oa pas à les entourer de boisements qui leur
seraient à salataires. d'abord en epan^rnant leur vie et leur santé et eu
assnraat. daas l'avenir, la parfaite régularité des eaux fluviales.
Les RoosaÎBs qui n'étaient que des sauvages civilisés — relati-
vcmcat — avaient bien compris la valeur des forêts et en interdisaient
la destroetioa. sous les peines les plus sévères.
Si ce pêfiple avait eu les Eœal vptus. il est probable qu aujoar-
d'hml Algérie et la Tunisie en seraient encore en partie couvertes:
mais il avait d'autres arbres qu'il respectait, et plus particulièrement
les fJiivien, dont on trouve encore des spécimens dans les niunta^rnes
de Kâbvlie. certaine^tent contemporains des Phéniciens, c'est-à-
dire longtemps avant les Bomains par conséquent. Sous un seul
de ces derniers arbres, noos avoiks vu se niettre à 1 ombre plus de
3lJÔ pers^Mines. ce qui indique — vu la lenteur de leur croissance
— l'à^e respectable de cnes oliviers deux ou trcâs fois millénaires.
L'Eo^vptus alteindrâ-t-il de pareilles liniites de lon^vité ?
Noos ri^noroiis. car dans leur patrie d origine nous ne croyons
pas qu'on en ait décoov^l d'aussi àa^. mais il n en e^t Ttts i]f
mône poor des sujets de deux ou trois c-ents ans.
flmr fsat <ionc p!as somyer à débfAser. mais au contraire à rebmser
t«>ates les parties désertes des sols algériens et tunisiens, c-e qui aug-
mentera la valeur et la richesse des terres arables, parce que It^
réC'iJtes at plus régulières, le feuillage des arbres attirant et
fraîcheur et favimsant la chute normale des pluies
de l'hiver, dans le voisinage des forêts.
Il est très certain cpie ce que l'on a à craindre en Afrique du Nord.
e est et le vandalisme des Arabes qui. afin d'avoir des
pâturages f- jjs maigres tnxipeaux. n'hésitent pas a inc-endier
des forêts rs, sur des espaces immenses : ces inc-endies —
malgré I -spoosabilité collective — se ren«»uvellent tous
les étés. L^ .•>i c^^i «lôoe impoissante : il faudrait autre chose et notre
avis serait que ; • toat lerritoire raea'jé par If* incendier serait saisi
au profit f ^ -i" pahiir. et ses habitants transportés sur les
cnmfms *ia ur^ L'ae pareille lot donnerait à réfléchir aux indi-
i/elcxlyptus 415
arènes sédentaires et les incendies de toréts seraient enravés. très
probablement.
(^ue 1 on parte dAlijer pour Tunis, par exemple, ou verra tout le
long de cette lijjne. peu de bois et d immenses solitudes déboisées;
si Ion se diriu:e sur Oran. e est exactement la même chose,
sauf ([ue 1 on aperçoit de ci de là. quelques villao^es de iO à oO feux,
entourés de plantations d Eucalyptus, et c est tout : c'est plut<''t
mai^^re I
Dans toutes les communes d Algérie, il faudrait que chaque pw-
priétaire fût tenu de planter, non sui- ses terres mais sur les com-
munaux, un nombre déterminé d arbres, que 1 administration lui
fournirait «gratuitement, à la saison favorable, et les travaux ag^ri-
coles principaux achevés. Nous sommes certain qu en peu dannées
ils s intéresseraient à leur future forêt et. quand ils en verraient les
superbes résultats, ils veilleraient attentivement à ce qu on ne la
détruise point. Outre ijue ces plantations serviraient à assainir, les
planteurs y trouveraient de nombreux avantages dans récorce et les
branches ijui seraient utilisées pour le chautïage des fours, chacun
faisant son pain chez soi dans les campagnes algériennes.
Une telle proposition, dans le but d enraver le mal, faite dans
un journal, ferait jeter de hauts cris par les prétendus ivnovateurs
du monde : les socialistes : ici. c'est à peine si on la prendra en
considération : cependant nous croyons la chose possible si l on veil-
lait à ce que les plantations s exécutent suivant le règlement.
Le paysan de France au lieu de planter des arbres, les détruits;
celui d Algérie les plante bien, mais pas assez pour contrebalancer
les etTets désastreux des pluies torrentielles de 1 hiver.
M. Th. Rousseau, conservateur des forêts, dans son Guiile du
reboisenienf. dit :
-> Sur beaucoup de montagnes, notamment celles du Midi. 1 herbe
n'existe plus qu'à 1 étiit rudimentaire. la terre se dénude et se ravine,
lespierres et les rochers font saillie de toutes parts et. sousles rayons
sénégaliens du soleil, réfléchissent une chaleur qui dévore tout ce
qui les environne.
w Les sources ne sont plus alimentées et diminuent jusqu'au
point de tarir. Les oiseaux disparaissent d'un pays qui ne leur oÛW
plus aucun abri, et les insectes dévastateurs en profitent pour
puUuler à linlini et jeter le désordre dans notre agriculture.
• ('.est surtout ilans les régions viticoles que la destruction îles
416 ÉTUDES ET MÉMOIRES
végétaux forestiers a été poussée à Texcès ; là, on ne voit prescjue
plus d'arbres ; on a tout arraché, même les haies, pour y g'agner
quelques rang^ées de souches.
« Aussi qu'en est-il résulté ? C est que les oiseaux insectivores
ont disparu et que les invasions des insectes nuisibles ont acquis
des proportions épouvantables ' ».
Ce qu écrit M. Rousseau est parfaitement exact, nous avons
parcouru le Midi de la France, partout nous avons constaté les
elfets désastreux de l'imprévoyance des viticulteurs. Partout on ne
voit que d'immenses plaines couvertes de vignes, dont le feuillage
ne compense sûrement pas l'absence totale de boisements sur les
collines et sur les montagnes, d'où ont résulté les terribles désastres
occasionnés par les inondations ; tout le monde est du même avis,
à savoir que le mal provient du déboisement ; alors, ([u'attend-on
pour reboiser ces immenses régions dépourvues d'arbres dont la
bienfaisance serait pourtant indéniable ?
En Algérie et en Tunisie il en est de même. En France, la pro-
duction do la sylviculture est de 25 millions de mètres cubes de bois
par an ou 236 millions de francs ; la consommation annuelle
dépassant en bois d'œuvre 10 millions de mètres cubes et 30 mil-
lions de inètres cubes en bois de chauffage, il s ensuit qu on est
obligé de recourir aux importations, qui représentent encore, d'après
M. Nicolas, 245 millions de francs.
(]omme on le voit, on détruit en tous pays beaucoup de forets,
au détriment de l'hygiène et delà salubrité, il suiHt pour s'en rendre
compte d'examiner les résultats o])tenus partout en Italie et en Corse.
« La forêt enfin, dit M. Nicolas, a une influence prépondérante
sur le régime des eaux, sur le climat. »
Nous avons constaté ces particularités en Algérie, où, des régions
impossibles à habiter, sont devenues très saines en ces dernières
années, grâce aux Eucalyptus, paiticulièrement.
Nous ne voyons, du reste, pas d'autres arbres susceptibles de
donner les mêmes résultats en un laps de temps plus court, parce
(jue les Eucalyptus, on très peu d'années, forment des arbres
énormes, dont les effets miraculeux se font sentir immédiatement.
La reconstitution des forêts, dans toutes les résfions actuellement
1. M. Hoiissciiu parle bien des iiisoolos mais il n(■•^Mi^(• les iiiuiidalioiis (|ui pio-
vicniient des mêmes causes.
l'eicalvitls 4-17
dévastées pai" des sécheresses intenses doit être à l'ordre du joui".
tant dans les parties habitées que dans les pays déserts : 1 emploi
des Eucalyptus rendra la tâche facile et peu coûteuse, comme nous
le démontrerons plus loin. Quoi qu'il en soit, les procédés de per-
suasion et de répression doivent être établis, des récompenses plus
nombreuses devraient être données par l'Etat aux plus méritants ;
une noble émulation serait le résultat de cette dernière mesure et
nous avons la conviction qu'il en résulterait un bien immense.
Les Eucalyptus ont un système radiculaire parfaitement organisé ;
il pompe du sol tout ce qui est impur et le rend à l'agriculture
sous forme de vapeurs et de rosées bienfaisantes, qui manquent
presque totalement en Algérie dans la saison de sécheresse. On
peut donc en planter impunément partout où il y a un peu de terre,
iMitre les rochers, les broussailles, etc., sans faire plus de frais et
sans_ s'amuser à creuser d'immenses trous, comme on est trop
enclin à le faire.
Sur les terrains très en pente, nous serions d'avis que 1 on
creusât des fossés, dans le sens horizontal, peu piofonds du reste,
mais qui, en retenant les eaux des pluies, donneraient à ces arbres
l'humidité qu'ils réclament principalement au début de leur plan-
tation.
Nous avons procédé ainsi que nous venons de l'indiquer, des
deux manières, et nous pouvons certifier que nos Eucalyptus ont
crus dans de belles proportions.
Nous avions en Algérie un terrain inutilisable en grande culture,
nous imaginâmes d'y planter des figuiers, (|ui poussèrent lente-
ment, c'est alors que, devant des n-sultats presque négatifs, des
Eucalyptus furent plantés entre les intervalles, dans des trous faits
entre des roches, des broussailles, etc. En cinq ans, nous avions
im joli petit bois de plus d'un demi-hectare et, à l'heure qu'il e.st,
après trente ans, ces arbres sont splendides et peuvent être exploités
si l'on veut.
(A suivre.) R. de Noter,
Bill, du Jardin coloninl. 1911. H. — N° loi.
NOTES
LINDLSTlilK DKS ANANAS lîN HAWAII
Dans un rapport consulaire, rédii^é par moi en 1907, et pul^lié au
n'' 721 des Rapports commerciaux au Ministère du Commerce, j)uis
reproduit en 1909 avec des additions importantes par le Jardin
Colonial dans son bulletin mensuel : VAç/ricul/iirc pratique des
pays chauds, édité par la librairie Challamel, je faisais entrevoir
que l'industrie, toute nouvelle des ananas en Hawaii, était desti-
née à un développement rapide et prodigieux (jui ne tarderait pas
à la placer, immédiatement après le sucre, au second rang- des
industries de ce pays, (^ette prédiction est déjà complètement jus-
tifiée par les résultats de la récolte principale dananas en con-
serves de 1911, qui vient d'être achevée, et dont le produit dépas-
sera vraisemblablement 800.000 caisses de deux douzaines (ou deux
douzaines et demie) de « tins » ou « cans », constituant un total
denviron 20 millions de tins, chacun contenant un fruit, et repré-
sentant une valeur totale d'au moins 1.500.000 dollars. Et dire que
cette énorme quantité est déjà placée d'avance, et que plusieurs
des <( Caneries » d'Oahu auraient pu vendre le double de leur récolte
si elles l'avaient eue. De ])lus, les chillres ci-dessus ne com-
prennent pas les quantités d'ananas consommées localement, ni
celles exportées en vert sur San-Franci.sco et Vancouver, et dont la
valeur atteint près de 200.000 dollars! Mais ces résultats sont
encore loin de représenter le dernier mol (\c 1 industrie en ques-
tion, dont les |)Ossibilités de production sont relativement illimi-
tées et ne dépendent (jue de celles de la consommation. Aussi, les
producteurs intéressés s attendent-ils ;» ce (jue la récolte totale (1(>
Tannée prochaine, que Ton estime devoir dépasser considérable-
ment celle (le 1911, sera placée sans délai avec autant de facilité,
g-râce à l'extension constante de la consommation, (pii, (pioicpie
ayant à peine effleuré l'Amérique, la déjà dépassée- et a atteint
riMirope. où les produits hawaiiens, dès ([u'ils sont connus, sont
l'industrie des ananas en HAWAii 419
appréciés et classés comme bien supérieurs à cevix de Singapore.
qui, Fan dernier encore, accaparaient le marché européen. Je sais
positivement que des commandes importantes de France nont pas
pu être satisfaites cette année,. par suite du placement anticipé de
toute la récolte.
Il s'en suit que les nég^ociants de France, qui, — ayant reconnu la
supériorité de l'ananas hawaiien, — désireraient s'approvisionner
de la récolte future, feront bien de placer leurs commandes d'avance,
pour être sûrs d'être servis. Et ici, il est bon de remarquer com-
bien il est regrettable que les producteurs hawaiiens, incapables
sur place d'exploiter par eux-mêmes leur production sans cesse
croissante, ont dû en confier la gestion sur le continent américain,
à des intermédiaires ou agents, — grandes maisons de produits
alimentaires — à qui , à l'exception d'une seule compagnie
anglaise représentée par la maison Davies d'Honolulu, ils sont
tous pieds et poings liés, de façon que, jusqu'à nouvel ordre, ils
ne peuvent accepter aucune commande du dehors qui leur soit
adressée directement, tous les ordres devant passer par les mains
de ces agents et être acceptés par eux, ce qui leur permet aussi
d'empêcher toute réduction de prix qui pourrait être concédée
dans les relations directes entre le producteur et le consommateur ;
et ces agents s'arrogent même le droit exclusif de choisir leurs
représentants à l'étranger. Il se peut que plus tard, les fabricants
ha^vaiiens, devenus moins timides, se décident à s'alïranchir de
cette tutelle des intermédiaires américains, mais pour le moment,
elle est nécessaire pour le prompt placement de la marchandise, et
de cette façon, étant sûrs de voir écouler tout ce qu'ils peuvent
produire, les producteurs sont libres d'augmenter leurs efforts,
pendant que leur situation financière en devient plus solide et
fructueuse, offrant un placement sûr et rémunérateur pour leurs
actionnaires ; ainsi, pour n'en citer qu'une, la plus grande de nos
compagnies d'ananas, c'est-à-dire la << Hawaiian Pineapple C" »
(président Dole), dont la fabrique se trouve à Hvilei, faubourg
d'Honolulu. paie des dividendes réguliers de un et quart pour cent
par mois, et ses actions, dont la valeur au pair est de 20 dollars,
sont cotées en bourse entre 38 et 39, ce qui est très significatif
dans un pays comme celui-ci, où le sucre accapare les capitaux.
On compte maintenant dix « Caneries, » (usines à ananas) princi-
pales, ayant leurs champs de production et achetant aussi les fruits
t2(l Ncjriis
produits par les cultivateurs voisins, la superficie totale cultivée
en ananas étant évaluée entre i.OOO et o.OOO hectares. Ces « Cane-
l'ies ■> sont réparties ainsi ([u'il suit :
G sur r.île d'(^ahu : u HaAvaiian Pineapplo C" » (aj^ents à San-
l'Vancisco, Hunt Brotliers) ; « Ilawaiian Fineapple Products C" »
(^ancienne C"" « Consolidated » ; ag-ents à San-Francisco, California
Canners Association): « Thomas Fineapple C » (agents à San-
Francisco. Armesbv and il") : " Ilawaiian Islands Packiny C" »,
à Wahiawa (agents à San-Francisco. (Iritlin andSkelleyi ; « Mac-
la rlane-Mac Neill-Libbv Fineapple Facking- C" » à Kahaluu i ag-ents
à Chicago, Mac Neill and Libby) ; « Fearl-City Fruit C° » (ag-ents.
Th. II. Davies à llonolulu);
l sur File de Maui, « Haiku Facking G" »( agents Deming-Gould
à Chicago) ;
1 sur l'île de Kauai, « Mac Bryde Fineapple Packing C" » ;
2 sur la grande île d Hawaii. « Hilo l'ruit Facking C" <> cl
'< Kona Development C" ».
Dans mon rapport annuel du 30 mars dernier, j'ai donné la liste
encore bien incomplète des représentants en France ; je n'ai
malheureusement rien à changer, si ce n'est que j'apprends que la
C"' Thomas vient de désigner comme ses représentants à Paris, la
Société d'Importations Alimentaires, ()5, rue d'Amsterdam, à
Uujuelle en sus des conserves d'ananas, cette C'* vient d'expédier
\os premiers échantillons de jus en bouteille.
Dans le chilTre sus-mentionné de la production de MMI.
2.")0.()()0 caisses forme la part de la C''' Dole, et I0:j.0t)0 caisses.
celle de la C"" Haiku, tandis que 80.000 caisses environ revienntîut
à la C"* HaAvaiian Products, une quantité à peu près égale, à la
(]"■ Macfarlane-Libl)y, dont c'est la j)remièi'e grande récolte, et
"50. 000 caisses à la (y Thomas, les autres compagnies se partagent
le reste.
l^n dehors du personnel peimanent spécialement occujié à la
(idtuii' des |)lantes, l'industrie des conserves d'ananas, pendant la
saison fructilère d'été, — la plus importante cl (jui dure de trois à
(piatre mois, — fournit un travail actif ii un grand nombre dOu-
vriers, principalement femmes et enfants; ainsi, 1' " llavaiian
Fineapplt' (]" >i, dont l'usine enq)loie une moyenne sédentaire
amiuelle de I "iO employés, en a occupé 1.100, travaillant nuit cl
jour, pour le trimestre passé, et les autres usines onl des pi-ison-
ucls en [ti'oportion.
l'industrie des ananas en llAWAli 421
Une autre corroboration de la rapide extension de la production
de nos ananas, se trouve aussi dans le nombre des boîtes en fer
blanc fabriquées par la succursale à Honolulu. de la grande com-
pagnie c American (^an G° ». qui fournit les boîtes nécessaires à
toutes les <( Caneries » d'Oahu : la première production de cette
succursale, il y a quelques années, s'éleva à 2 millions de (> cans »:
cette production doubla rapidement avec l'accroissement de la
culture, et atteignit 12 millions de cans l'an dernier, ce qui néces-
sita l'agrandissement des locaux de fabrication et le doviblement
des machines productrices; mais, cette année, elle a dépassé
17 millions, et, en vue des perspectives de l'avenir, cette compa-
unie va de nouveau doubler son matériel et en changer la nature,
de façon à pouvoir produire l'an prochain au moins 2o millions de
boîtes d'un qvialité nouvelle, dénommées « sanitarv cans ». dont la
différence avec les anciennes est due à un ciment spécial, dit sani-
taire, couvrant intérieurement tous les joints des boîtes, alin d'em-
pêcher le jus, si acide de l'ananas, d'attaquer les soudures.
A la fabrication des conserves de fruits, nos grandes usines ont
ajouté l'utilisation du jus, soit simplement en nature, stérilisé, soit
sous diff'é rentes formes de sirops, — dont une variété dénommée
« Pinectar », spécialité de la plantation Byron 0. Clark, est très
réussie et très goûtée pour boissons gazeuses ; et ces produits
accessoires, quoique tout récents, sont déjà devenus très populaires
et ajouteront considérablement aux recettes des fabricants.
On avait espéré utiliser les déchets pour la fabrication très pos-
sible de l'alcool et du vinai£:re : mais comme cette fabrication
nécessiterait un outillage coûteux qui resterait inactif les trois
quarts de l'année, on en a conclu que jusqu'à présent les résultats
n'en pourraient pas être économiquement satisfaisants.
Comme je le prévoyais dans mon rapport de 1907, des innova-
tions importantes, suggérées par l'expérience des dernières années
ilexploitation, ont été introduites, soit dans la manipulation des
fruits, soit dans la nature des instruments et des machines
employées, certaines des anciennes ayant été perfectionnées et
rendues plus pratiques et d autres ayant été nouvellement inven-
tées ; mais ces perfectionnements sont tenus secrets ou dûment
protégés par des brevets d'invention qui témoignent de l'intelli-
gence et de la largeur de vues apportée par les Américains dans
cette nouvelle industrie, comme dans tout ce qui se fait en Amé-
rique, ce pays par excellence des grandes inventions.
i22 NOTES
Le problème le plus diflicile à résoudre, qui confronte encore
nos usines d'ananas, est le moyen de faire disparaître les déchets,
([ui s'accumulent, entrent rapidement en putréfaction et deviennent
menaçants, en vue de l'accroissement de la production. Ainsi, la
nouvelle fabrique de la compagnie Macfarlane-Libby, à Kahaluu,
établie dans un lieu isolé au bord même de la mer, avait cru
résoudre facilement la dilïiculté. en déversant ces déchets en eau
profonde, à quelcfue distance du rivage ; mais la mer même ne
tarda pas à être saturée et à rejeter ces déchets sur une étendue de
plusieurs kilomètres de plages voisines, où ils se décomposèrent en
créant une odeur infecte rendant inhabitable toute la côte ; il fallut
chercher autre chose, et même l'enfouissement des déchets sous des
couches de chaux etd€ terre ne fut pas satisfaisant. On en est main-
tenant réduit à employer partout des incinérateurs, dont la besogne
est encore difficile, vu que, même après être soumis à une pres-
sion considérable, les déchets contiennent encore assez de jus pour
en rendre la combustion lente et incomplète. Cependant on
annonce que la compagnie Dole, à Iwilei, qui est toujours en tête
des perfectionnements, a enfin réussi à élaborer un incinérateur
capable de détruire complètement les déchets à mesure de leur
formation.
A. Marques,
Afjenl consulaire de France ;) Ilonoliilii.
Conseiller du Commerce Extérieur.
Nécrologie.
AuGLSTi:-JosEPii LE RAT
Instituteur à Nouméa, Officier d'Académie,
Correspondant du Muséum. — Correspondant du Jardin Colonial.
Le Jardin Colonial se fait un devoir de rendre homnia^-e à la mémoire d'un
de ses j)lus dévoués correspondants.
Jeune instituteur en France, l'histoire naturelle attiraitdéjà Le Rat, qui con-
init rapidement la llore de sa région ;mais il avait le désir, très naturel, de voir
du nouveau, d'aller à la découverte de nouvelles espèces ; aussi demanda-t-il
son changement, et obtint de partir pour la Nouvelle-Calédonie.
Là, malgré le peu de loisirs dont il disposait, il trouvait le moyen, pendant
ses courtes périodes de vacances, de parcourir les environs de Nouméa.
Obéissant, comme il le disait lui-même, à son goût pour les sciences natu-
relles, qu'il avait toujours atTectionnées, et qui l'avait déterminé à quitter sa
famille et son pays, il avait espéré, en 100.3, pouvoir obtenir le poste de
Conservateur du Musée de Nouméa.
L'année précédente il avait eu le plaisir de rencontrer M. Schlechter, l'émi-
neiil i)olanist(' allemand, de jjassage en Nouvelle-Calédonie, et ils firent
ensemble (|uel(jues fructueuses excursions.
Mais, Le Rat sentait qu'il pouvait faire mieu.\ encore, en visitant les région's
inexplorées de la chaîne centrale de l'Ile; ce projet fut mis à exécution en
1907; il rapporta de nombreux et intéressants documents de ce nouveau
voyage.
II eut toujours en M"^'' Le Rat, une collaboratrice dévouée, qui n'hésita pas à
aiVronler, elle aussi, les pénibles imprévus des excursions dans des régions
nian([uant non seulement de confort, mais même de l'indispensable.
L'étude des Nouvelles-Hébrides avait aussi tenté notre regretté corres-
pondant ; il en soupçonnait les richesses, qu'il aurait voulu recueillir;
malheureusement il en fut empêché par les ressources, toujours trop modestes,
que l'on mettait à sa disposition.
Malgré les très maigres subventions dont il disposait, on peut dire qu'avec
sa seule et très grande énergie, il réussit à faire de nombreux envois se chif-
frant à plus de 2.000 échantillons de matériaux d'Histoire Naturelle, de toutes
sortes, collectés en Nouvelle-Calédonie.
Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris l'avait nommé correspondant.
Il venait, à son retour en France, de .faire part, au Jardin Colonial, de ses
projets pour l'avenir, et désirait, en attendant de repartir, se reposer au sein
de sa famille, îi .VIençon. Peu après, le 24 octobre i'.)10, il était enlevé à l'âge
de 39 ans.
La mémouv de Le Rat sera conservée, dans les milieux scientifiques et
coloniaux, qui ont recueilli ses belles collections; il l'a mérité, car il a
contribué lui aussi, modestement, à faire connaître tout ce que renferment
d'insoupçonné encore, nos possessions lointaines.
A. BlîRTEAr.
DOCUMENTS OFFICIELS
MIMSTKRE DES Cdl.oMES
AUHÈTK
Cdiifcr^inl le diplôme d' Inçfénieur d A(/riculliire Coloniale
Art. I''. — l.e diplôme dingénieur d'Agriculture Coloniale esl con-
féré à MM. Mademhc), Ilachemi Beii Khalifa. Pillon. Papadopoulos,
Vehbi, Bernard, Davras élè\es réguliers.
.\rt. '2. — Le certiticat d'études. de l'Ecole Supérieure d'Agriculture
(Coloniale est accordé à MM. Debret" élève régulier, IJellali et Hibou
élèves libres.
Fait à Paris, le !29 a..ût MM I.
Siyné : A. Lebhun.
Mission permanente d'études
des Cultures et Jardins dessai Coloniaux.
Le président de la République française.
^'u l'article 55 de la loi de finances du 25 février 1001 :
Vu le décret du 3 juillet 1807 sur les indemnités de déplacement du personnel
dépendant du ministère des colonies;
Vu le décret du 2 mars 1910 portant règlement sur la solde et les allocations
accessoires du personnel colonial :
Sur le rapport du ministre des colonies et du niiui^lrc des (inances.
Décrète :
Art. t^'. — Il esl institué auprès du ministère des colonies une mis-
sion permanente d'études i\e> cultures et jardins d'essais coloniaux,
composée ainsi qu il suit :
Un chef de la mission, nommé par décret du président de la Hépu-
blicpie, sur la proposition du ministre des colonies, et dont le traitement
annuel est fixé à 12.(MMi Irauis.
Un adjoint au chef de la mission nommé par arrêté du ministre des
colonies et choisi parmi les inspecteurs d'ag-riculture, les inspecteurs des
forêts ou les directeurs des jardins d'essai des colonies. Ia^ fonctionnaire
ainsi désigné est placé hors cadres ; il conserve le statut du corps aucpiel
il appartient et reçoit avec le traitement d'Europe de son grade 1 indem-
nité réglementaire de résidence dans Paris.
Un secrétaire de la mission, agréé |)ar le ministre des colonies, sur
présentation du chef de la mission et auipiel il esl alloué une indemnité
annuelle de 2.100 francs.
Art. "i. — l'>n ce qui conceine les indemnités de roule et de séjour el
DOCUMENTS OFFICIELS 425
les passages, le chef de la mission est classé clans la première catégorie B
el le secrétaire dans la deuxième catégorie.
Art. 3. — Des arrêtés du ministre des colonies détermineront les con-
ditions d'application du présent décret et fixeront, notamment, loi^gani-
sation et les attributions de la mission.
Art. 1. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de lexécution du présent décret.
l-'ait à Paris, le 27 octobre 1911.
Par le président de la République
Le ministre des colonies,
A. Lebrln.
A. P\\LLIÈRES.
Le mfnisfre des finances,
L.-L. Ki.oTz.
Par décret, en date du 27 octobre 1911. rendu sur le rapport du ministre
des colonies, M. Chevalier (Auguste), docteur es sciences, sous-directeur
de laboratoire à l'Ecole pratique des hautes études, a été nommé chef de
la mission permanente d'études des cultures et jardins d'essai coloniaux.
Afrique occidentale française.
DKCIIKTS
HdmellnnL en franchise sous certaines conditions iinlroduction
en France du bétail oriçfinaire de la Ciuinée française.
Art. 1''. — Sont étendues à la Guinée française les dispositions du
décret du 4 septembre 1909. admettant les bœufs originaires du Sénégal
et du Haut-Sénégal-Xiger en franchise à leur entrée en France jusqu'à
concurrence d'une quantité à déterminer annuellement par décret.
.\rt. "2. — Les ministres des tinances, du commerce et de l'industrie et
<}.&<■ colonies, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution
du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République
française et inséi-é au Bulletin des lois et au Bulletin officiel du minis-
tère des colonies.
Fait à Paris, le .31 octobie 191! .
A. FAi.i.ii:i{KS.
2"
Art. I''. — Seront admis en France, pendant Tannée J911, dans les
conditions prévues aux décrets des 4 septembre 1909 et 31 octobre 1911.
dix mille bœufs originaires des territoires du Sénégal, du Ilaut-Sénégal-
Niger et de la Guinée française.
.\rt. 2. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont
120 DOCUMEM'S OFFICIELS
chargées, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décreU
qui sera publié au Journal officiel de la République française et inséré
au Bullelin des lois, ainsi qu'au Bulletin officiel du ministère des colo-
nies.
Fait à Paris, le :U octobre 1911.
A. Falluires.
Art. l*"'. — La liste des exemptions prévues par les décrets des
14 avril 1905 et 11 avril 1910 est, en ce qui concerne les animaux
vivants, moditiée ainsi qu'il suit :
« Animaux vivants, exception faite des bovidés de provenance étran-
gère importés dans les colonies du Sénégal et du Haut-Sénégal et Niger
et de la (niinée française, qui acquittent par 100 kilogrammes (poids vif)
à l'entrée de ces colonies : les bdnifs, vaches, taureaux, bouvilldiis. lau-
rillons, génisses, un di'oit de 3<t fr. ; les veaux un droit de 40 fr. »
Art. 2. — ■ Le ministre des colonies est chai^gé de l'exécution du pré-
sent décret, qui sera publié au Journal officiel de la Ré]iublique fran-
çaise et inséré au Bulletin des lois et au Bulletin officiel du ministère
des colonies.
Fait à Paris, le 31 octobre 1911.
A. Fai.ijkhf.s.
Afrique équatoriale française.
Interdiction de r Exportation de certains hois
de la Colonie du Gabon.
DÉCRET
Art. 1''. — Est interdite dans la colonie du Gabon l'exportation des
bois dont les dimensions sont inférieures à celles qui sont indiquées
ci-après :
1" Billes en grumes débitées dans le tronc de l'arbre et ne présentant
pas de traces de naissance de branches, longueur : 4 m. ."SO;
Diamètre moyen r 60 centimètres pour l'Okoumé et bois similaires ;
Diamètre moyen : 50 centimètres pour l'acajou et les bois débénis-
terie;
"J" Billes équarries débitées dans le tronc de l'arbre et ne présentant
pas de traces de naissance de branches.
Longueur : 4 m. 50, section moyenne : 10 décimètres cariH-s pour
l'okoumé et bois *^imilaires. et \'l décimètres carrés pour rarajnu cl
autres bois d'ébénisterie ;
3" Billes débitées dans la partie du tronc présenlani des traces de
naissance de branches.
Longueur : '1 m. 50 ; diamètre moyen des billes en grume, 30 centi-
mètres; section moyenne i\e^ bois équarris : 5 décimètres carrés.
DOCUMENTS OFFICIELS i27
Le lieutenant-gouverneur de la colonie détermine par arrêtés spéciaux
les justifications qui pourraient être exigées "pour l'exportation de billes
qui n'ayant pas les dimensions ci-dessus indiquées, sei'aient présentées
comme provenant de l'exploitation des branches.
Art. '2. — Les dispositions de l'article 1*^'" ne sont pas applicables à
lexportation des billes d'ébène, de bois de rose, de zingana, de bois
rouge et des bois similaires qui ne s'exportent que dépouillés d'aubier.
Art. 3. — Les bois exportés donnent lieu à la perception d'un droit de
sortie qui est fixé comme suit :
1° Billes d'okoumé et bois similaires, 1 fr. le mètre cube.
Fourches d'okoumé et bois similaires, 50 centimes la tonne.
•2° Billes d'acajou, 2 Ir. le mètre cube.
Fourches d'acajou, 2 fr. la tonne.
.V' Fbène, bois de rose, zingana, 2 l'r. 50 la tonne ;
i" Bois d'ébénisterie autres que ceux ci-dessus indiqués, lfr.50 la loiiiie.
Art. 4. — L'exportation ou la tentative d'exportation de bois dont les
dimensions seraient inférieures de plus d'un vingtième à celles qui soûl
prévues au présent décret, est punie des peines édictées par le décret du
16 février 1895 relatif au régime des douanes au Gabon.
Art. 5. — Le décret du 14 avril 1904 est abrogé.
Art. (3. — 'Les ministres des colonies, du commerce et de l'industrie,
et des finances, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécu-
tion du présent décret, qui sera inséré au Journal officiel de la Répu-
blique française, au Bulletin des lois et au Bullelin officiel des colonies.
Fait à Rambouillet, le 28 septembre 1911.
A. F'ai.i.ikuks.
Madagascar.
ARRÊTÉ
interdisant l'inlroduction, dans la colonie de Madagascar et Dépen-
dances, des plants de caoutchouc de provenance de Ceylan et de
l'île Maurice.
Art. 1"'. — L'introduction de plants de caoutchouc, provenant de
Ceylan et de l'ile Maurice, est interdite dans la Colonie.
Art. 2. — Tout plant, introduit en fraude, sera saisi et détruit, sans
indemnité pour les propriétaires, et sans préjudice des poursuites pré-
vues par les lois sanitaires.
Art. 3. — MAL le procureur général, chef du service judiciaire, le
chef du service des douanes, les chefs des circonscriptions côtières sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté,
qui sera inséré au Journal officiel de la Colonie et publié ou commu-
niqué partout où besoin sera.
Tamatave, le 20 août 191 L
Signé : Albert PiCQun;.
428 DOCUMENTS OFFICIELS
Nouvelles-Hébrides.
DÉCHETS
,iii(/menlanl les (fiiuntités de café à admellrc en France
el en Ninivelle-iJu/édonie.
Art. !'■'. — Le^ quantités de calés originaires des exploitations fran-
çaises des Nouvelles-Hébrides à admettre en France et en Nouvelle-
Calédonie du l*"^ juillet l'.HO au MO juin 1911, lixées par le décret susvisé
du i<» août 1910 à .jOO.OOO kilo};r.. sont auf^mentées de -iar^.OOO kilo-
grammes.
Art. 2. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont
cliiii'nés, chacun en ce qui le concerne, de rexéculion -du préseni décret.
l'ait à Rambouillet, le 10 octobre 1911.
A. 1* AI.I.UvRES.
DKCRirr
fixant les quanlilés de café, cacao el ranille à admeltre
du /'•' juillel 1911 au .'iO Juin iUl'J.
Alt. 1". — Sont fixés comme suit les quantités de produits originaires
des exploitations françaises des Nouvelles-Hébrides ipii pourront être
admise en France el en Nouvelle-Calédonie, du I" juillet 1911 au
\M) juin I9l'i dans les conditions établies par le décret susvisé du
\'l novembre 1901 :
Café (iOO.OOO kilogr.
Cacao .")0.000 —
\anille 50 —
Ali. 'i. — Le ministre des colonies el le ministre des finances sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de Texécution du présent décret,
l'iiit à Rambouillet, le 10 octobre 1911.
A. F.\LUKUu:s.
NOMINATIONS KT MUTATIONS
Afrique occidentale française.
/'///• nrrélé ministériel .
Vm (laïc (lu •_',') jnillc'l I9II :
(Mil été proimis :
1° .1 l'emploi d' Inspecteur d'Aç/ricullure de C-'' classe :
M. l^tesse (Mariusi. inspecteui" de S*" classe.
•2° .1 l'emj)li>i d' Inspecteur <!' .{(jriculture de .'»'' classe :
MM. Roustaii l']ugène , directeur de Jardins d'essais de I""'' classe.
DOCLMlvNTS (Il-KICIELS 429
IV A remploi (le Sinis-/iispec(eur (rAc/riculUire de /"' chisse.
MM. \'italis Adrien ,, soiis-inspecteur de 2'' classe ;
Bervas (Louisj, — —
Brel (Charles), — —
i" A remploi de S(>ii.s-/nsj)erleiir d' A(/riciil litre de ?'' chisse :
M. Cacludal (François), sons-inspecteur de 3'^ classe.
'y A l'emploi de Direclenr de .Jardins d'essnis de /"' vbisse :
M. Ravisé (Armand), directeur de Jardins dessais de '2'' classe.
0" A remploi de Direeleur de .lurdius (Fessais de ?'" classe :
M. lulwards (Alphonse), directeur de .Jardins d'essais de 3'' classe.
7" .1 l'emploi de Direeleur de Jardins d'essais de .'>'' classe :
MM. Ih'ocard ^Léon ), af;;ent |)rincipal de ('.ulture de t"' classe;
\ iard (Ferdinand), agent principal tie Culture de 1"^ classe.
Sénégal.
Par décisions du Lieulenanl-cjouverneur.
Imi date du 9 août 1911 :
M. Claveau Léon, directeur de jardin d'essais de •J'' classe, retour de
congé, est désigné pour servir dans les bureaux du Service de l'Agri-
culture à Saint-Louis, en remplacement de >L Fourneau, sous-inspec-
teur d'Agriculture, recevant une autre affectation. Il sera, en outre,
chargé de Tétude des questions agricoles dans les cercles de Louga et de
Tivaouane.
En date du 1 '1 août :
Un congé administratif de 7 mois et un passage pour la France sur le
paquebot des Messageries attendu à Dakar, vers le "25 août 1911, sont
accordés à M. Etesse, inspecteur d'Agriculture.
Haut-Sénégal et Niger.
Par décision du Lieulenaid-c/auverneur .
En date du 12 août 1911 :
M. \uillet, chef du service de l'Agriculture de la colonie du Ilaut-
Sénégal-Niger, est chargé provisoirement de la direction des Haras de
Koulikoro.
s TA riSTIQ l • ES COM IVl E HCIALES
Exportations agricoles et Ibrestières des Coloilios françaises.
SENEGAL
/*'• semestre 1911.
Bœufs 683 têtes valant 85.375 IVanc-s.
Chevaux 67 — — 20 . 100 —
Anes 52 — — 5 . 200 —
Oiseaux vivants 129.960 — — 29.035 —
Volailles 1.073 — — 1.201 —
Peaux brutes de bœufs. 97.022 kilos — 121.280 —
Peaux de moutons et
chèvres 2. 102 unités— 1.681 ~
Peaux autres 151 — — 140 —
Plumes 84'> 240 -r. — 5 829 —
Peaux d oiseaux 129.842 unités — 32.462 —
Cire 3 . 082 kilos — 9. 246 —
Poissons secs ou salés. 25.685 — — 5.835 —
Poissons frais 7.534 — — 3 679 —
Vessies natatoires. .. . 1.736 — — 2.083 —
Dents d'éléphants 28 — — 448 —
Cornes de bétail 3.168 — — 793 —
Mil 4 . 780 — - 654 —
Haricots 4.736 — — 2.835 —
Palmistes amandes . . 271.760 — — 81.529 —
Arachides 128.673.156 — — 31.880.325 —
Bentamaré 2.212 — — 177 —
Gomme arabique. 692.218 — — 415.330 —
Caout- » Casamance . 92.202 — — 599.312 —
choucs ' Autres 2.499 — — 19.992 —
Bois d'ébénisterie 38.850 — — 3.150 -
Charbon de bois 2.800 — — 140 —
Coton non égrené. ... . 1 390 — — 278 —
Coton en laine autre. . 1 349 — — 675
Or 1' 433 -r. — 4.299 —
Paille d'arachides 3 830 kilos — 383 —
Viande fraîche 19.534 — — 18.273 —
Végétaux indigènes
bruts ou taillés 102.831 — — 20.725 —
Sable minéralogène. 97.000 — - 291 —
Sel marin 8.000 — — 240 —
STATISTIQUES COMMERCIALES
431
HAUT-SENEGAL ET NIGER
/«'■ seineslre 1911.
Peaux \ de bœufs
9.635 kilos valant
105.599 flancs.
brutes ' de moutons. .
507 unités —
381 -
Laine en masse
44.057 kilos —
15.420 —
Plumes d'autruche ....
84 - -
2.560 ^
Cire brute
906 — —
1 100 — --
726 —
Dents d'éléphants
14.300 —
Sésames
990 — -
100 - -
178 —
Beurre de karité.
72 —
Gomme arabique
6 443 — —
2.235 —
Caoutchouc
62.888 — —
462.597 -
Corozzo '
98 — —
196 —
GUINÉE FRANÇAISE
'/'''■ scnK'sIrr 1911.
Chevaux
11 têtes valant
3 . 330 francs
Boeufs
3.886 —
485.750 -
Moutons
1.877 — —
28.155 —
Chèvres
177 — —
1.770 -
Peaux brutes de bœufs. .
374.455 kilos —
655.471 -
Peaux brutes de moutons
et chèvres
157 -
126 -
Peaux d animaux sauva-
ges
200 — —
1.000 —
Plumes d aigrettes
515 gT. —
515 —
Cire brute .
3.693 kilos
13.517 — —
3.114 —
Cire clarifiée
37.172 —
Poissons secs ...
1.111 - —
1 111 —
Dents d'éléphants en-
tières . ...
4.750 - —
522 — -
76.000 —
Dents macheliéres
3 132 -
Cornes brutes de bétail. .
576 —
144 —
Riz en paille
18.460 — —
2.769 —
Riz entier
48.944 — —
14 683 —
Mil (gros)
3.050 - —
213 -
Mil (petit).
3 690 — —
369 —
Noix de colas
45 . 082 — —
70,091 — —
90 164 —
Bananes
7.009 -
Ananas
6.123 -
4.592 —
Autres fruits frais
5.992 — —
1 . 768 —
Arachides en coques
525.191 - —
65.649 —
Sésames
554.523 — —
110.905 —
I. Doiim et rônier.
432 SIATISTIQL'ES COMMERCIALES
Amandes de palme 927 520 U'-lcs vulanl 185 503 fi.nics.
Autres graines soumaré . 196 — —
Café. 466 — —
Piment 161 —
Tabacs en feuilles 591 — —
Tabacs en poudre 5 090 — —
Gingembre. 1 . 603 — —
Huile de palme. 139.633 — —
Gomme copal 71.609 ^ —
Caoutchouc de la Guinée. 1 133.351 — —
— du Haut-Sé-
négal Niger. 28.242 — —
Poteaux palétuviers 666 slt-res —
Calebasses vides 1 300 kilos —
Écorces de palétuviers.. 32.080 — —
Indigo en herbe 4.275 — —
185
503
1
960
932
121
827
25
450
801
83
780
179.
022
066
.808
192
048
33
.300
1
,300
1
.604
1
.283
ENGRAIS POTASSIQUES
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désireux de tirer le maximum de rendement des capitaux et travaux eng-ag-és.
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utile à son imporlanle clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façoa
toute particulière de l'importation et de la v^ulg-arisation des uraiues et
plantes précieuses des pays cliaud.s.
Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent
certainement au premier rang des maisons recommandables pour
résoudre cette importante question.
Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a
obtenu 7 Grands Prix à l'Exposition Lniversellc de igoo, dont un
spécialement accordé pour son Expo. il ion Coloniale. En outre, le Jury
de la dernière Exposition Coloniale de .Alarseille a confirmé les décisions
du Jury de 1900 en lui attribuant un Grand Prix.
Enfin, suivant une Ionu;ne tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin-
téressée à tontes les demandes qui lui sont adressées.
Graioes et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte :
Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroya
giij'antea, etc.
Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola,
Tabacs divers, Thé d'Annam et d'Assam, etc.
Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea hrasiliensis,
Landolphia (diverses sortes), Mauihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughbeia edulis, etc.
Plantes à épices- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, .Muscadier, Poivrier,
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lie Année Décembre 1911 N» 105
MINISTÈRiL DES COLONIES
Jardin Colonial
L 'Agriculture pratique
des pays chauds
BULLETIN MENSUEL
DU
JARDIN COLONIAL
ET DES
Jardins d'essai des Colonies
Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction
doivent être adressés
au Directeur du Jnrdin Colonial , Miiiixlère des Colonies
PARIS
Augustin CHALl^AMEL, Eoiteuh
Rue Jacob, ly
Librairie Maritime et Coloniale
Les abonnements partent du yer Janvier
Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr.
La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale.
Les citations nu reproductions partielles sont autorisées a condition de mentionner la source
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tropicales
Cotonnier
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Caoutchouc, Canne à sucre
Cacao, Tabac, Coton, Ba-
nane, liiz. Café, Thé, Maïs.
Vanille, Indigo, Ananas.
Orangers, Citronniers, Pat
niiers, etc.
Tabac.
Superphosphate concentré ou double
f\'6/^o "/o (l'acide plio.sphoriqiie .soliiMc.
Phosphate de potasse. :]h o/,, .l'ncide
|)liospliorique, 2(") "/o de potasse.
Phosphate d'ammoniaque. /,3 "/„ d acide
l)liospliori(]ue, G "/o d'azote.
Sulfate d'ammoniaque, 20/^1. Nitrate de soude, ir)/iG.
Nitrate de potasse. ^ «/„ de poia.sso, 18 "/o d'a/oie.
Sulfate de potasse, gC). — Chlorure de potasse, ()") • ,
Canne à sucre.
'/^//fy/^//^^///
'/^///f/z^/yy/y////^/
I
S
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\
s
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s
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\
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s
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s
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s
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\
s
V
N
\
S
s
s
i
N
N
\
\
\
\
I
I
L'AGRICULTURE PRATIQUE
DES PAYS CHAUDS
BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL
ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES
lie année Décembre 1911 No 105
SOMMAIRE
Pa^es
Notes sur le Riz vivace, par Yves Henry, Directeur d'Agriculture
aux Colonies 4^3
Le Soja, sa culture, ses usages alimentaires, thérapeutiques,
agricoles et industriels,, par MM. Li-Yu-Yng-, Conseiller
au Ministère de l'Ag-riculture de Chine et L. Grandvoinnet,
Ingénieur agricole (G.) [suite) 4^9
Cours de Botanique Coloniale appliquée, par M. Marcel Dubard,
Maître de Conférence à la Sorbonne, Professeur à l'Ecole
Supérieure d'Agriculture Coloniale (suite) 47-'^
Les Eucalyptus, par R, de Noter (.s«i7e) 488
NOTES
Le Castilloa Elastica, à Tiassalé [Côte cVIvoire), par M. Bret,
Sous-Inspecteur d'Ag-riculture 5oi
Note sur la Fève Tonka, ou Sarapia, par H. Orlandi, Vice-Consul
de France à la Trinidad 5o8
DOCUMENTS OFFICIELS
Côte d'Ivoire. Quantités de Cacao à admettre en igi i Soq
Martinique. Fixation du cadre du Service d'Ag-riculture 609
Nominations et Mutations 5io
Statistiques commerciales. Exportations agricoles et forestières des
colonies françaises og^
Bibliographie v et viii
Fondé en igoi
(^'(Agriculture pratique des Says chauds
publiée sous la Direction
de l'Inspecteur Général de TAgriculture des Colonies françaises
Etudes et mémoires sur les Cultures et l'Elevag'e des pays tropicaux.
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que sur la serre froide, il Odontoglossum. J'ai obtenu une température beaucoup plus basse, tout cet été, cl
)e n'ai pas baissé une seule fois mes stores « claies n : malgré les forts coups de soleil j'ai donc obtenu de
la fraielieur. sans pour ainsi dire iierdre le Jour. C'est un avantage énorme de n'avoir pas ii baiss
remonter les claies constamment, et c'est une économie.
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sser et
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M. DETOURBE, FaSnt, 7, rue St-Séverin, Paris (5^)
Deux Grands Prix': Milan 1908. — Saragosse 1908.
Hors concours. — Membre du Jury : Exposition franco-britannique, Londres 1908.
11® Année Décembre 1911 N" 105
ÉTUDES ET MÉMOIRES
. NOTES SUR LE RIZ VIVACE
A la suite des articles parus dans « l'Agriculture pi-atique de Pays chauds »,
sur le «riz vivace du Sénégal», un grand nombre de lecteurs nous ont demandé
des renseignements plus complets sur cette plante, en insistant sur la faculté,
pour ce riz, de pouvoir se reproduire et donner des récoltes successives sans
l'intervention du semis.
M. Yves Henry, directeur d'agriculture des Colonies, qui se trouvait au
Sénégal, dans la région du « riz à rhizomes », voulut bien reprendre surplace
l'étude, aussi complète que possible, de cette question.
Le mémoire de M. Henry reconnaît l'exactitude absolue de tout ce que nous
avions avancé, et confirme notre opinion, sur le rôle économique considérable
que cette plante est appelée à jouer, dans l'alimentation des pays chauds.
Paul Ammann.
Les bassins d'inondation du Sénég-alet du Niger sont peuplés de
graminées qui, pour des raisons d'accommodation à un habitat si
particulier, présententdes caractères végétatifs des plus intéressants
et souvent inattendus.
Telles, comme le vétiver, forment des touffes d'une compacité et
d'une vitalité telles qu'elles résistent aux incendies les plus violents
et aux inondations les plus longues ; d'autres, comme le grand
chiendent indigène (djibiss en ouoloff), outre la formationen touffes,
émettent des prolongements aériens, vrais stolons qui, après le
retrait des eaux, s'enracinent à chaque contact avec le sol.
Enfin, il en est qui, comme le a Khaye » et un riz sauvage, déve-
loppent un système rhizomateux considérable, tout en se repro-
duisant par d'autres procédés.
Le riz, qui fait l'objet de cette note, a été signalé par M. Am-
mann, le 28 décembre 1910, dans une communication à l'Aca-
démie des Sciences. Nous avons eu l'occasion de l'étudier dans le
bassin d'inondation du Sénégal, aux différentes époques de sa végé-
tation. Il ressort des observations relevées et consignées ci-après,
que la présence des rhizomes, le rôle physiologique de premier
ordre qu'ils jouent dans la vie de la plante, constituent indiscuta-
blement un caractère spécifique des plus établis.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 105. 30
434 ÉTUDES ET MÉMOIRES
I. — Caractères végétatifs.
Les caractères végétatifs du riz vivace ont été observés dans les
différents types de rizières naturelles et sur des semis et repiquages
de rhizomes exécutés à la Station ag-ricole de Richard-ToU (Sénégal).
Dans le premier cas, la plante trouve des conditions de végétation
plus ou moins favorables selon que l'emplacement de la rizière
permet à l'eau d'inondation de séjourner plus ou moins longtemps.
Nous l'avons ainsi observée sur des parties de rizières où la vie de
la plante est presque exclusivement aquatique et sur d'autres où,
par suite de l'insufiisance, voire même de l'intermittence des inon-
dations, la vie est en quelque sorte ralentie, précaire.
Enfin, pour nous assurer du caractère de permanence des formes
végétatives observées, nous avons réalisé sur une parcelle de la
Station de Richard-Toll, en terrain léger, sec, se ressuyant rapi-
dement et à l'abri de toute inondation, un régime particulièrement
sec. Les planches obtenues de semis et de plantation de rhiz.omes,
ont été soumises simplement à deux arrosages légers par semaine.
Ces conditions toute spéciales d existence, ont exagéré le caractère
si particulier de ce riz et fait ressortir un degré de résistance au
manque d'inondation, qu'aucun autre riz de marais ne semble devoir
approcher.
Les différentes formes végétatives ont fait l'objet dans les différents
cas, de prélèvements comparatifs dont un herbier a été déposé au
Jardin Colonial. Certaines d'entre elles ont été photographiées sur
place, ce sont les clichés joints à cette note.
Formation des touffes. Développement des rhizomes. — Les
grains de riz, enfouis en terre légère et arrosés deux fois par semaine,
germent à partir du sixième jour ; ils développent d'abord leur sj^s-
tème radiculaire et un certain nombre de tiges aériennes. Excep-
tionnellement on trouve une ou deux pointes de rhizome. Peu après
cependant, les pousses souterraines se multiplient en tous sens et
se ramifient, formant un système rhizomateux de première généra-
tion parfois très développé.
La planche I donne en (A et C) les deux formes de dévelop-
pement les plus couramment observées avant l'épiaison, la forme
(G), comj)ortant la formation d'une touffe et de rhizomes, étant la
Lli HIZ VIVACK
435
plus commune. La forme (B), représentant une jeune toutïe de
treize rejets, sans formation de rhizomes, est rare et ne se rencontre
plus à la maturation de Tépi.
A ce moment la toulTe présente une des deux formes de la planche
II. Le plus fréquemment fB), elle possède une ou plusieurs tig-es
B
c
Cliché Yves He>ry.
RIZ VIVACE (Série de semisl.
Planche I. — Jeunes pieds, montrant trois formes de développement.
A. Forme fréquente, pas de tallaf;e, rhizomes très développes.
B. Forme rare, tallage très développé, pas de rhizome.
G. Forme courante, talla^e et rhizomes.
a. Collet de la plante. — h. tiges. — c. rhizomes.
fructifiées, un certain nombre de rhizomes horizontaux de première
génération pouvus de prolongements aériens (c) destinés à fructifier
l'année suivante et souvent de rhizomes de seconde génération (e),
développés au-dessous du collet de la jeune tige. I^ans la forme (A),
la plante a formé un système rhizomateux très développé et profond,
notamment une patte (f) à quatre doigts, s'enfonçant verticalement
dans le sol. Le jeune système aérien a, de ce fait, été sacrifié et
c'est à peine si deux pointes de rhizomes (c) sortent de terre.
436 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Avec la maturation des épis, l'eau se retire ou est déjà complè-
tement retirée des rizières.
Dans les rizières de bordure, où l'eau de crue séjourne peu et
manque souvent de façon totale une ou deux années de suite, les
pailles de l'année, fructifiées ou non, se flétrissent, sèchent et sont
le plus souvent brûlées par les feux de brousse. Les jeunes pousses
aériennes subissent le même sort, le sol se durcit au point de néces-
siter le pic pour le travail et se trouve entièrement dénudé. La
plante n'existe plus alors que par sa partie souterraine, son système
rhizomateux ; elle entre dans une période de vie ralentie qui ne
cessera qu'aux premières pluies de l'hivernag'e suivant.
Dans les rizières où l'inondation persiste plusieurs mois, les pailles,
après le retrait des eaux, se couchent sur le sol formant un épais
tapis qui préserve les toutes jeunes pousses d'une dessiccation com-
plète. Alais là aussi, la vég-étation s'arrête et ne reprend qu'aux
pluies d'hivernag-e qui transforment en prairies verdoyantes de
grandes surfaces complètement dénudées.
A ce moment, toutes les parties de la plante entrent en végétation.
Les rhizomes ridés et secs se gorgent d'humidité et émettent en
tous sens des prolong-ements souterrains, les pointes aériennes brû-
lées par le soleil fournissent de nouvelles tig-es.
La touffe primitive, couverte des cicatrices des tiges fructifiées
l'année précédente, bourg-eonne elle-même abondamment. Onobserve
ainsi, dès la seconde année, dans des conditions normales de vég-é-
tation, un enchevêtrement extraordinaire de rhizomes et une multi-
plication de tiges aériennes qui assure à la rizière une densité éle-
vée.
Les touffes de forme (B), Planche II, développent très rapi-
dement les jeunes pousses (c), dont les bourgeons étaient restés à
l'état latent au ras du sol ; elles donneront les premiers épis. Puis,
les pointes de rhizome, qui prédominent dans les touffes de forme
(A), fournissent leurs prolongements aériens qui fructifient au fur
et à mesure de leur développement, en même temps que les tiges
issues de semis naturels. Dans la même période, les rhizomes de
seconde génération (e), se développent, se ramifient et forment des
prolongements aériens en même temps que des rhizomes de troi-
sième g-énération. La touffe primitive gagne ainsi, de proche en
LE RIZ VI V ACE
437
proche, dansim ou plusieurs sens et de préférence vers les partiesoù
elle peut plus librement développer son système rhizomateux. Théo-
riquement^ si le riz vivace pouvait supporter un régime d'inondation
continu, on n'observerait dans les rizières naturelles, aucun arrêt
dans le développement des rhizomes pas plus que dans la formation
» * Cliché Yves Hknry.
RIZ ^'IVACE (série do semis, première friuMificntion)
Planche II. — Développement du sysLème rhizomateux de pi-emière fi^énération.
A. Forme fréquente, rhizomes très développés, pas de prolong:emenls
aériens formant des tiges de seconde génération.
B. Forme habituelle, rhizomes formant des prolongements aériens (tiges
de seconde génération).
a. Collet de la plante. — h. tiges. — ce. prolongements aériens de rhizomes
en B. et pointes de rhizomes en A. — d.d. rhizomes de première géné-
ration. — e. petite pointe de rhizome de seconde génération. —
/". patte de rhi/ome profond.
des épis. On peut réaliser ce régime avec une moindre intensité en
soumettant des rizières à un régime d'arrosages tout au long de
l'année, comme nous lavons fait à Richard-ToU et observer ce
phénomène.
438
ÉTUDES ET MÉMOIRES
Par le même processus, se forment des g-énérations de rhizomes
de quatrième, cinquième, etc., génération. Les vieux rhizomes,
ainsi que la plupart des rhizomes profonds que la plante forme,
perdent la teinte blanchâtre et l'aspect turg^escentqu'ils possédaient;
Cliché Yves Henry.
RIZ VI V ACE
Pi.ANc.iir. ni. -- l)L'vpl<ippcment du système rliizoniîilciix de seconde et (roisième
j;éiu' ration.
A. Vieux rhizome el son empâtement A'.
B. Une des cicatrices laissées par les tiges t'iiictifères de Tannée jM-écédcnte.
ce. Tifjres friictifiées de l'année.
D. Tij.::e de (in de saison, destinée à frnclifier l'année sni\anle.
!>.!).(■. Rhizomes de générations snccessi\es — d.d. rlii/nnies profonds.
ils se ratatinent, se durcissent et prennent une teinte jaune sale
caractéristique. La planche III en offre un premier exemple, chez une
touffe qui présente au moins quatre années de végétation. Récoltée
en janvier 1911, en période de repos, elle montre une jeune pousse
(D) destinée à fructifier en fin d'année 1!MI après l'inondation,
deux tip^es ayant fructifié en 1910 (G), des cicatrices (B), laissées
par les tiges ayant fructifié en 1909, enfin une patte simple et un
LF. RIZ VIVACE
439
RIZ VIVACE
Cliché Yves Henuy.
Planche IV. — Développement du système rhizomateux (montrant le processus
de formation des toulTes mères et de multiplication par prolon-
gements horizontaux).
A. Vieux rhizome, profond et son empâtement B.
C. C. Tiges fructifiées de Vannée.
D.D. Rhizomes horizontaux formant plus loin des touffes secondaires déve-
loppées sur l'empâtement.
E.E. Jeunes lij;es de iin d<! saison développées sur Icmpatement et destinées
à fructifier lannce suivante.
440
ÉTUDES ET MÉMOIRES
vieux rhizome (A' et A), présentant tous les caractères de parties
très vieilles et datant au moins de 1908.
Les vieux rhizomes, ainsi que leurs empâtements sont d'ailleurs
doués d'une très grande vitalité et il est fréquent d'en trouver de
très vieux qui donnent naissance, au gré des conditions du moment,
iisjsxa^
RIZ VI YACK
Cliché Yvps Henry.
Planche Y. — Dévelopjiement complet du système rhizomateiix.
A. Vieux riiizoïiu' lirofoiul.
H. Empâtement ihi vieux rhizome,
ce. Rhizomes de };énérations successives.
D. D. Tig-es IVuctiliées de l'année.
a. Collet des prolongements aériens et toufTes secondaires formés par les
rhizomes.
à de jeunes pousses. La planche IV montre une patte récoltée en
mars 1911, ayant dévelo])pé deux rhizomes horizontaux, deux tig-es
fructifiées en 1910 et en dessous de ces dernières, sur les parties
vieilles, trois jeunes pousses destinées à la fructification de fin 1911.
LR RIZ VIVACE 441
Avec le temps, chacune des ramifications d'une patte peut déve-
lopper à son tour des pattes secondaires qui végètent dans les mêmes
conditions. Lesvieux systèmes rhizomateux arrivent ainsià prendre
un développement extraordinaire, dont la planche V, qui n'en
représente qu'un fragment, donne une idée.
Ces quelques indications concernant les caractères morpholo-
giques du riz vivace, montrent l'importance primordiale des rhi-
zomes dans le développement et la conservation de la plante. Les
données relatives au régime des rizières naturelles la feront également
ressortir au point de vue cultural.
La conservation des rizières est intimement liée à leur faculté de
reproduction par le fait que chaque année, une plus ou moins
grande partie de leur superficie ne fructifie pas. Ce fait d'observa-
tion courante a été contrôlé d'une part dans les serres du Jardin
Colonial, puis à Richard-Toll, par l'établissement de carrés de rizière
à l'aide de rhizomes.
La masse que forment les rhizomes dans le sol est considérable;
ils jouent de ce fait dans l'économie des terres un rôle des plus
intéressant que nous indiquerons plus loin. Nous pouvons cependant
en donner, dès maintenant, la mesure par le poids que l'on peut en
prélever par hectare de rizière, qui va jusqu'à 17 tonnes en vert et
11 tonnes en sec. La planche VI permet de s'en faire une idée.
Développement des figes. Epiaison. — Nous avons indiqué qu'aux
premières pluies d'hivernage, les jeunes pousses non fructifiées de
l'année précédente, ainsi qu'un grand nombre de prolongements
aériens de rhizomes se développaient. Peu après arrivent généra-
lement les eaux d'inondation. Au fur et à mesure que monte le
niveau de la crue, les tiges s'allongent, se ramifient et prennent
tous les caractères et l'aspect extérieur que leur imprime cette vie
entièrement aquatique. Sur les berges des lacs et marigots, la hau-
teur des eaux se trouve être maximum ; les tiges y sont également
couchées par le courant, aussi y prennent-elles un développement
exagéré et une structure aquatique plus caractérisée.
Dans les bonnes rizières, elles ne dépasse guère deux mètres à
deux mètres et demi de longueur.
Dès que la crue cesse de monter, l'allongement des tiges s'arrête
et les épis se forment. Selon qu'elle est simple ou ramifiée, une tige
comporte un ou plusieurs épis.
442 ÉTUDES ET MÉMOIRES
. Selon remplacement des rizières, la maturation se fait soit en
\^::-fr^!] . : .■•;;;■:
("-liclii'' '^'\i's IIiNin
lUZ VI V ACE
Pi.ANcni: VI. — Touffe complète.
A. Tifccs ayant frui-lifice dans Fannée.
IJ. Masse des rhizomes.
C. Prolongements aériens des rhizomes, destinés à fructifier l'année suivante.
LE RIZ VIVACE 443
période aquatique, soit au retrait complet des eaux. Elle manque
Cliché Yves Henry.
RIZ ^'IVACE
Planché VII. — Enracinement d'un bourgeonnement multiple.
A. Tige fructifiée de Tannée.
B. Bourgeonnement primaire non fructifié.
C. C. Bourgeonnement secondaire.
D. Bourgeonnement tertiaire.
Tous bourgeonnements enracinés dans le sol de la rizière après le retrait
des eaux.
444
ÉTUDES ET MÉMOIRES
fréquemment dans les rizières de bordure, particulièrement en année
de sécheresse.
Au cours de sa vie aquatique, la tige, outre ses ramifications,
donne naissance à des bourgeonnements et à des rhizomes qui
présentent un certain intérêt au point de vue de la multiplication. Les
Cliché '\'\es Hf.xry,
RIZ VIVACE
Pi.ANCHF- VIII. — Enracinomcnt de IjourgeonnemenL non fruclit'ère.
A.B. Tige fructifiée de l'année.
G. Bourgeonnement isolé par enracincnu'ut propre.
bourgeonnements observés sont de deux sortes: les uns sont des
bourgeonnements simples, sortes d'œilletons formés à chaque nœud,
qui se développent très rapidement, dès ({ui' la tige touche le sol,
soit en vie aquatique, soit en vie aérienne, lorsque les pailles sont
couchées sur le sol après le retrait des eaux. On observe ainsi le long
des tiges de riz un véritable chapelet de bourgeonnements, adhérant
k peine et isolés par enracinement propre dans le sol de la rizière ou
sur la jjcrge des marigots. Ces bourgeonnements bien enracinés,
LE RIZ VIVACE
445
bourgeonnent à leur tour et forment ainsi de jeunes touffes qui
fructifieront Tannée suivante (Planche VIIj.
iiiyniiiii'i ÀikiMmMi.,^A
Cliché Yves Hexby.
RIZ VIVACE
Planche IX. — Rhizomes aquatiques.
A. B. Tige fructifiée de l'année.
C. Ramification de la tige, fructifiée éjjalement.
D. E. Rhizomes aquatiques, légèrement enracinés sur les points en contact
avec la berge.
446
ETUDES ET MEMOIRES
La seconde forme de bourg-eonnement observée présente des
caractères qui, dès* le début, en font une sorte de ramification de
la tige, quoiqu'elle ne présente pas les mêmes caractères morpho-
logiques que les ramifications normales. Elle naît presque toujours
à un coude de la tige dont elle provoque l'éclatement (planche VIII),
sa formation n'a été constatéequ'en période exclusivement aquatique.
Elle s'enracine et s'isole après décomposition de la tige fructifère.
11 en est de même des ramifications normales de la tige qui n'ont
pas fructilfié au cours de l'année.
En période aquatique, il se forme également des ramifications
ayant tous les caractères et le mode de développement des rhizomes.
Elles sont couvertes de larges écailles imbriquées et se développent
fréquemment en sens inverse de celui delà tige mère (Planche IX).
Ces rhizomes, au. contact du sol, s'enracinent avec la plus grande
facilité et constituent un mode de mr/ftiplicaiioa d'utte importance
évidemment secondaire, mais qui ne manque pas d'intérêt.
II. — Répartition et régime des rizières naturelles.
Répartition. — Le « tiep oualo » (en ouoloff, littéralement riz des
terres inondées), couvre dans le bassin du Sénégal et principalement
dans son bassin inférieur, Oualo proprement dit et Chemama, des
étendues considérables.
On trouve principalement les rizières dans les grandes plaines
que recouvrent les eaux de la Taouej et du lac de Gniers, les rives
du Sénégal etde ses bras, jusqu'aux formations salées exclusivement.
La permanence des eaux de crues joue le principal rôle dans leur
répartition. On n'en trouve pas sur les terrains atteints seulement
par les inondations exceptionnelles, qui sont des « fondés » ou des
(( oualos » accidentels. 11 n'en existe pas davantage sur les terrains
que l'eau recouvre très longtemps ou n'abandonne pas ; les mares
.à eau stagnante sont seulement entourées d'une bande, généra-
lement étroite de riz vivace, située au niveau du périmètre des
hautes eaux. En deçà on n'en observe jamais, ce qui semble indi-
quer que cette graminée ne s'accommode pas des eaux stagnantes.
Les parties inférieures des berges de marigots, découvertes seu-
lement à la fin de la saison sèche en sont aussi dépourvues.
Dans les deux cas, le riz cède la place à dillerentes graminées
caractéristiques : le roseau, le « Khaye », etc., des joncs conmie le
L1-: RIZ vivACE 447
« Tague» et des cypéracées comme les différentes espèces d\< akoul »
et le « khallère », enfin des mousses.
On trouve le riz vivace sur tous les terrains, depuis 1 argile fine
la plus compacte, jusqu'au sable siliceux, mais les sols intermé-
diaires, particulièrement silico-argileux, semblent mieux lui conve-
nir. Les sols de rizières subissent, d'ailleurs, par l'accumulation des
détritus organiques que fournit la décomposition des pailles, des
modifications profondes, tant dans leurs qualités physiques que dans
leur composition, il en sera question plus loin. Enfin, il y a lieu de
noter que dans la zone naturelle, le riz vivace a à lutter contre des
graminées plus vigoureuses et envahissantes que lui. Ce sont princi-
palement dans la zone d'inondation : le <( Khaye » et le grand
chiendent ou « djibiss », sur sa limite : le « sille » et le « vétiver ».
Ces graminées couvrent également des surfaces coasidéralales à
l'état pur ou en mélange, recoupant les rizières ou se mélangeant à
elles sur les bordures.
Régime. — On peut se faire une idée exacte du régime des rizières
naturelles en dressant un profil schématique d'un bassin d'inondation
quelconque avec le niveau détiage et le niveau moyen des crues.
Les rizières gardent l'eau d'autant plus longtemps que leur cote
se rapproche du niveau d'étiage, et inversement. lien est de même
pour la hauteur de l'eau à chaque crue. Il en résulte évidemment
des variations considérables dans le régime des rizières. C'est
ainsi qu'il en est, placées en bordure de la zone d'inondation,
où les conditions d'existence sont limite par suite de l'insufTisance
ou du manque des crues. On les trouve en bordure supérieure des
grandes rizières de plaine, lorsque le terrain s'élève et change de
régime hydraulique. Egalement dans les étroites bandes qui
bordent capricieusement les petits marigots et un grand nombre de
mares d'hivernage. La fructification de ces rizières est assez précaire,
il arrive même qu'elle manque plusieurs années de suite. Le cas
s'est présenté dans tout le bassin du Sénégal et, particulièrement
dans le Oualo en 1903 et 1904, par insuffisance de pluies et manque
presque complet d'inondation.
Leur permanence est assurée par le système rhizomateux qui se
développe sur environ dix centimètres de sol superficiel et conservé
sa vitalité dans des sols brûlés et desséchés par le soleil. Aux pre-
mières pluies, il entre en végétation et développe des prolongements
as ÉTUDES ET MÉMOIRES
aériens qui fructifient ou non selon que la crue a baigné plus ou
moins longtemps la rizière. Les pailles de ces rizières sont natu-
rellement courtes ; elles n'ont cependant guère moins de 80 centi-
mètres et ont un toucher particulièrement rude, dû à leur teneur en
silice. Quelques observations faite dans le Oualo et en Mauritanie,
nous font penser qu'à moins d'un séjour de deux mois des eaux
d'inondation, le grain ne mûrit pas complètement. Aussi, ces rizières
n'ont-elles, au point de vue alimentaire, qu'une importance minime;
par contre, elles fournissent en année ordinaire, un appoint précieux
pour la nourriture du bétail. Elles forment des prairies saines,
promptement libérées de la crue et dont les pailles restées vertes,
tendres et dressées, sont consommables en totalité.
Les rizières les plus importantes occupent des parties plus basses
de la zone inondée, on en rencontre à tous les niveaux. Nous
n'avons cependant jamais observé de pailles dépassant trois mètres
y compris la longueur de lépi. Encore, cette longueur n'a-t-elle été
rencontrée que sur des touffes développées le long des berges des
marigots où l'éau est toujours courante et baisse le plus rapidement
au départ de la crue.
Il est toutefois évident qu'à une crue exceptionnelle correspond
une plus grande longueur de pailles, mais les chiffres donnés cor-
respondent au régime normal du bassin inférieur du Sénégal. Dans
le bassin du lac de Guiers où se rencontrent des rizières très éten-
dues et d'une grande homogénéité, la hauteur moyenne des crues y
est d'environ 1 m. à 1 "" 50, ce qui correspond à une longueur
moyenne de pailles de 1 '" 50 à 2 mètres. Les sols y sont silico-
argileux, très humifères. La durée de la crue y est de quatre à six
mois environ, d'octobre à février. Il semble que ce soient là les
conditions optima de développement. On trouve des rizières de cette
nature dans les portions moyennes des zones d'inondation, sur les
deux rives du Sénégal, dans le bassin des grands lacs. Elles se
caractérisent par un développement extraordinaire du système rhi-
zomateux dont on retrouve des prolongements à plus de 30 centi-
mètres de profondeur formant une épaisse masse feutrée, d où
sort une infinité de prolongements aériens. Les pailles y sont très
développées, toujours ramifiées. Au retrait des eaux elles se couchent
uniformément sur le sol, couvrant les rizières d'un épais tapis qui
maintient le sol frais pendant une grande partie de la saison sèche.
A la faveur de cette humidité, les bourgeonnements, rhizomes aqua-
LE RIZ yiVACE 449
tiques, ramifications non fructifîées, développés par les tiges en
période aquatique, émettent des racines terrestres qui se fixent dans
le sol encore détrempé de la rizière. Les formations rhizomateuses
de l'année forment une foule de petits prolongements aériens, sorte
de prairie cachée qui, aux premières pluies, se font jour à travers le
feutrage des pailles décomposées et sont déjà développés à l'arrivée
des eaux d'inondation.
La puissance de végétation de ces rizières a pour élément princi-
pal la masse de rhizomes que le sol renferme. Ces rhizomes consti-
tuent l'organe essentiel de reproduction pour toutes les portions en
bordure de rivières, de marigots et de lacs, où le mouvement des
eaux est encore très vif au moment de la maturité des graines qui
sont ainsi entraînées. Par contre, dans l'intérieur des rizières, on
constate en surface de nombreuses germinations provenant de la
chute des graines mûries après le retrait des eaux et qui déve-
loppent cha(}ue année un nouveau système de rhizomes, superposé
aux précédents. Le développement des touffes qui en sont issues,
nous a paru être sensiblement en retard sur celui des prolonge-
ments aériens formés par les rhizomes et du bourgeonnement des
vieilles touffes qui fournissent habituellement la première fructifica-
tion.
D'une manière générale, il est donc exact de dire que la puissance
de végétation, et dans bien des cas, l'existence même des rizières,
est fonction de l'extrême vitalité des parties souterraines de la
plante ; la germination des graines est un appoint d'importance
variable. Nous l'avons dit déjà, les cas sont très fréquents d'une
fructification restreinte par suite de l'insuffisance des crues. Nbus
avons cité les années 1903 et 1904, extrêmement sèches où les crues
n'ont certainement pas mouillé la moitié de la superficie des rizières
du bassin Taouey — lac de Guiers. La maturation des grains n'a pu
se faire que dans les parties basses du bassin d'inondation, à proxi-
mité du lac. Des situations analogues, moins rigoureuses il est vrai,
se sont présentées depuis; tout récemment encore, en 1910-1911,
une partie seulement des rizières a fructifié. Les indigènes qui
ramassent soigneusement le grain, n'en ont récolté qu'une très
petite quantité, maigre et ridé ; les pailles dans la plupart des
rizières peu mouillées sont restées courtes. Malgré cela, il n'a pas
été observé de resserrement notable dans l'étendue des rizières.
D'autre part, les observations fournies au paragraphe des caractères
BuL. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 103. 31
450
ÉTUDES ET MÉMOIRES
vég-étatifs et celles faites dans rétude du rég-ime des rizières,
montrent ([ue la principale fructification provient souvent des
pousses de l'année précédente émises par les rhizomes. Il faut donc
admettre que le système rhizomateux du riz vivace constitue sa partie
essentielle.
Sa puissance végétative et son rôle vital sont confirmés par le
poids des rhizomes que renferme un hectare de rizière et par leur
composition chimique. Pour déterminer le premier élément, nous
avons opéré trois prélèvements sur des types moyens de rizière en
mars 1911, c'est-à-dire en saison sèche.
HENDEMENTS EN lillIZOMES PAU HECTARE DE RIZIERE
S?:
Xaturo
de la rizière
peu inondée
moyennement
inondée
forte —
Poids des rhizomes par hectare
en kilogr.
En vert
14.400
9 . 600
17.00(1
après 2 jours
au soleil
10.700
6. 100
1 1 . 000
après 4 moi;*
9.700
5.80O
8.700
Perte
de poids " j „
du poids vert
32,6 ",
39,5 "
49 "/
Les prélèvements 1 et 2 ont été opérés en Alauritanie.
Le n° 1 à une cote peu élevée au-dessus de létiage, dans une
rizière moyennement inondée, à sol silico-argileux, à proximité du
village de Keur Médiké.
Le n" 2, dans une rizière de bordure, peu inondée, à une cote
élevée et en terrain argilo-siliceux. Les rendements en rhizomes secs
— après 4 mois de dessiccation — seraient respectivement pour
chaque type de rizière, en chiffres ronds, 6 tonnes pour le n" 1 et
10 tonnes pour le n" 2.
Le prélèvement n'' 'i a été effectué près du villoge de N'Tiago, au
milieu des grandes étendues de rizières (jui occupent le bassin
d'inondation de la Taouev et du lac de Guiers. Le sol v est silico-
argileux, humifère, la cote basse, la crue y séjourne en moyenne de
quatre à cinq mois.
La comparaison des rendements montre, d'une part, que le ren-
LE RIZ VIVAC.E 4SI
dément en sec le plus élevé, a été observé sur un type de rizière
(le n" 1) où les conditions d'existence sont le moins favorables,
sans être cependant un type limite. De l'autre, que la perte au
séchage est beaucoup plus élevée pour les rhizomes tendres et
gorgés d'eau des rizières fortement inondées (le n° 3) — près de
50 °/o — que pour ceux des rizières où l'inondation séjourne peu
— 32%.
L'analyse chimique donne, par ailleurs, des indications intéres-
santes. Les prélèvements 1 et 2 réunis en un seul lot et le n° 3 ont
été étudiés par M. P. Ammann qui nous a fourni les indications
ci-après :
RHIZOMES DES PRÉLÈVEMENTS 1 ET 2
Eau
11,56
Gendres : CaO
. . 0,06
PSQS
0,24
K20
. 0,24
0,01
Na^O
Fe^03 Si02. . . .
SO' S02, etc. .
• 1 5,49
6,04
Matières azotées
0 67
— grasses
0,46
— saccharifiables . .
39,57
Cellulose brute
16,96
Matières non dosées
2i,74
100,00
RHIZOMES DU PRÉLÈVEMENT n" 3
Eau 12
Gendres : CaO 0,03
P20-' 0,18
Iv^O 0,30
Na^O 0,01
Fe^O^SiO^ l fi.o
S03C0^ etc.... \ ^'"'
Matières azotées 0,62
— grasses 0,63
— saccharifiables 43,75
Cellulose brute 14,97
Matières non dosées 21,95
100,00
01
o o
•Jl
'u o
c
01
«
o
<1)
r^
O
o
n
u
<v
en
^^
OJ
(U
452 ÉTUDES ET MÉMOIRES
L'indication capitale qui ressort de ces analyses, est la teneur
élevée — 40 à i-i % — en matières saccharifiables, formées en
majeure partie d'amidon. Une telle proportion de matière de réserve,
à l'époque où la plante est en état de vie ralentie, comparée à la
teneur en matières saccharifiables des tig-es Alertes, avant épiaison,
qui est à peine de 17 **/o, confirme, avec une précision toute parti-
culière, le rôle essentiel que jouent les rhizomes dans la conservation
et la végétation des rizières.
III. — Usages agricoles.
Comme fourrage. — La paille verte de riz est un excellent four-
rage, à condition toutefois qu'elle ne soit pas récoltée dans des
rizières basses où les tiges très longues, tubuleuses et souillées de
vase et de limon ne constituent qu'un aliment médiocre. Les rizières
peu et moyennement inondées (prélèvements 1 et 2) forment un
appoint précieux pour la nourriture du bétail, les pailles s'y main-
tiennent droites malgré le retrait des eaux jusqu'à la maturation des
épis.
Dans les rizières où les tiges dépassent 1 "^ 50 (prélèvement n** 3),
le retrait des eaux les fait coucher sur le sol où elles forment un
matelas parfois très épais. Ces rizières n'ont aucune valeur comme
prairies de coupe et de pâturage, les animaux ne pouvant atteindre
les jeunes pousses développées par les rhizomes à l'abri des pailles
couchées. Cette remarque a une importance capitale pour l'utili-
sation de ces pailles.
En culture irriguée, ce riz fournit un fort rendement en fourrage
vert. Nous n'avons pu relever aucun chitTre précis de rendements
sur les essais elfectués à Richard-Toll. La végétation s'est montrée
à la première année dense et régulière dans la partie établie à l'aide
de mottes de rhizomes, peu serrée et irrégulière dans la partie
établie par semis. Le fourrage y était court — 0,80 à 1 mètre — et
très apprécié des animaux. L'analyse d'un échantillon de ce four-
rage, prélevé à épiaison, a donné à M. P. Ammann, les indications
suivantes :
LE RIZ VIVACE
4.53
Poids de l'échantillon en vert
— séché en 2 jours au
soleil
Poids à l'arrivée, après 4 mois
Eau
1 k. 6:iû
0 600
0 380
16
Gendres
Teneur
ti"ès élevée
en silice.
GaO
P20Ô
Na^O
Fe'^O-^ Si()-^
S03 CO^ etc..
Matières azotées
— grasses
— saccharifiables.
Cellulose brute
Matières non dosées., . .
0,o3
0,56
1,54
0,02
12,65
15,30
'- 6
a; ^
- c
CL,
1,72
2,46
16,82
19,14
28,56
100,00
L'analyse a fait res.sortir une teneur particulièrement élevée en
silice, teneur sensiblement plus forte que celle trouvée par M. P.
Ammann dans les pailles de rizières inondées (9, 9 et 11, 9 °/o
en cendres). Les carrés de Richard-Toll ne recevaient que deux
légers arrosages — d'environ 10 centim. c. d'eau chacun — par
semaine ; le sol en était léger et s'asséchait rapidement. Peut-être
faut-il voir dans ce régime tout spécial la cause de ce phéno-
mène.
Le manque de renseignements précis, ne permet pas d'apprécier
la place que pourrait prendre ce riz dans un assolement de cultures
irriguées. Il présente tous les avantages des prairies permanentes,
mais aussi le défaut d'exiger un gros travail pour la remise en cul-
ture des terres qui lui sont livrées. Malgré cela, nous pensons
qu'une exploitation qui aurait besoin de fourrage de graminées,
pourrait lui consacrer une certaine étendue de terres irrigables,
particulièrement celle» dont la cote est trop basse pour qu'il soit
possible d'en modifier à peu de frais le i-égime hydraulique.
Comme producteur de grains. — 11 est à peu près impossible de
se faire une idée exacte du rendement en grains des rizières natu-
relles. La formation des épis et leur maturation sont étroitement
454 ÉTUDES ET MÉMOIRES
fonction du temps de séjour de l'eau dans les rizières. La maturation
elle-même est loin d'être groupée, surtout dans les rizières bien
inondées, où les tiges développées par les rhizomes, celles prove-
nant de semis naturels, forment successivement leurs épis. Nous
estimons que la densité des tig-es fructifères dans les rizières natu-
relles à régime normal, est supérieure à celle observée dans les
rizières indigènes cultivées, leur répartition plus régulière. Les
épis sont bien fournis mais le grain est sensiblement moins volu-
mineux. L'utilisation en culture de ce riz obligerait donc, d'une
part, au groupement de la maturation des épis, de l'autre, au déve-
loppement du gr;iin. Le premier desideratum peut sans doute être
réalisé dans une exploitation par le règlement d'un régime régulier
de submersion.
L'amélioration du grain comme forme et grosseur sera moins
facile à obtenir. Le moyen en a été indiqué par M. P. Ammann :
l'hybridation. Il ne faut pas, pratiquement, à notre avis, compter
sur un autre procédé et, notamment, sur des façons culturales spé-
ciales, dont la portée ne dépasserait pas le cadre très restreint
dune petite expérience. La méthode de l'hybridation appliquée aux
graminées alimentaires a permis de créer, en Europe, une foule de
types culturaux parmi lesquels on compte les plus perfectionnés ;
rien ne permet de supposer, à priori, qu'il ne serait pas possible de
résoudre le problème qui nous occupe par le même procédé. Enfin,
il y aura lieu de se rendre compte expérimentalement de la
mesure dans laquelle de telles rizières maintiendraient leur rende-
ment.
Le riz vivace forme un appoint sérieux dans l'alimentation des
indigènes qui le font récolter par les femmes et les enfants ; les
Maures le font soigneusement ramasser par leurs captifs. Ce riz est
gardé pour la consommation familiale, vendu en assez grande quan-
tité aux traitants des escales du fleuve et môme porté directement à
Saint-Louis par les indigènes. Sa valeur commerciale est sensible-
ment supérieure à celle du riz d'importation ; au détail, les trai-
tants le vendent toujours un prix double. Les indigènes ont pour
lui une préférence marquée ; ils estiment son pouvoir nutritif plus
élevé et son goût plus savoureux ; ils l'achètertt de préférence à tout
autre. •
Coinmc reconsliluanl des sols épuisés. — Les. sols de lizières se
LE RIZ VIVACE 455
font remarquer, dès labord, par une teneur élevée en matières
organiques ; certains d'entre eux constituent de véritables terres
noires, homogènes, sur plus d'un mètre d'épaisseur. On en trouve
de grandes étendues au sommet du lac de Guiers où elles constituent
des terres de culture de premier ordre. Leur formation se conçoit
naturellement si l'on songe qu'annuellement il se décompose, par
hectare de rizières, plus de 20 tonnes de paille sèche et qu'au fur et
à mesure de l'exhaussement du plan de végétation, les vieux rhi-
zomes des couches profondes se décomposent, ajoutant ainsi à la
masse des matières organiques déjà déposées.
Parmi les nombreux sondages effectués dans la prospection agro-
logique du Bas-Sénégal, avec la collaboration de M. Lemmet, les
n*** 18 et 21, situés rives gauche et droite de la Taouev donnent une
idée exacte de la valeur movenne des bonnes terres de rizière.
(Analyses de M. Lemmet, laboratoire de Hann.)
Sondage n° 18. . — - Végétation dominante de riz vivace ; terre
noire, humifère, profonde; à 0,60, argile ferrugineuse, veinée d'hé-
matite rouge. Terre fortement inondée aux crues.
Chlore : traces.
Analyse mécanique. — Terre fine (tamis n" 10) 999
Eléments grossiers (grains de
latérite et débris végétaux) . 1
Sondage /?** ^j . — Végétation dominante de riz vivace; terre for-
tement humifère (sol et sous-sol), très profonde; à 0,70 argile grise
avec veines ferrus'ineuses. Terre fortement inondée aux crues.
*o'
Chlore : p. 1000 de terre brute sèche :
Sol : 0,17
Sous-sol : 0,29
Analyse mécanique. — Terre fine (tamis n° 10) 999
Eléments grossiers (débris vé-
gétaux) 1
456
ÉTUDES ET MÉMOIRES
ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE
(pour 1000 parties de terre brute sèche).
Kléments irrossiers
Sondage n" IS
Sondage n" -Jl
]
^" S37S
267 /
35 /
549
25
2
"•^ ) 45H
343 t
55
40 (
454
32
2
frpos sahle siliceux
Sahle fin siliceux
Déhris ortrîiiiicïues du cros sâblc
— sable fin
Aruile *.
Humus
Calcaire
1000
1000
Ces deux terres (surtout le n" 18) sont nettement argileuses ; elles
sont en effet compactes et se crevassent rapidement par la dessic-
cation.
Leur teneur élevée en sable fin siliceux est de nature à accentuer
leur imperméabilité ; fraîches, elles sont d'un travail aisé.
ANALYSE CHIMIQUE
(pour 1000 parties de terre brute sèche).
Azote
Acide phosphoi'icjue
Potasse
Chaux
Miifînésie
Soucie
Acide sulfui'icjiu' , . .
— cai'ljoniquc . . .
Fei'
Sondage n" /-?
Sondage n" 'Jl
2,05
2.96
0,52
0,07
1,59
1,75
1,24
1.6S
3,15
-'',2
0,22
0,66
2,13
2,84
1,04
»
29,08
25.6
Les caractères chimiques de ces deux terres sont identiques ; ils
font ressortir une teneur très élevée en azote que l'on ne retrouve
nulle part ailleurs et qui décroît au fur et à mesure que l'on quitte
la zone des rizières de fonds pour se rapprocher des rizières de bor-
dure. ^
LE RIZ YIVACE 457
En dehors de la zone inondée, les sondages donnent immédiate-
ment des teneurs en azote généralement inférieures à 1 ^Joo-
L'enrichissement en azote des terres occupées par le riz vivace
découle donc indiscutablement de l'existence même de la rizière ; il
est d'autant plus marqué que cette dernière est plus puissante. 11
semble par suite qu'il serait possible d'utiliser cette propriété dans
l'exploitation des terres soumises à l'irrigation ou à la submer-
sion.
Des essais decultui^e pourront seuls indiquer, dans quelle mesure,
cette idée serait pratiquement réalisable.
IV. — Usages industriels.
Les rizières naturelles produisent annuellement une quantité con-
sidérable de matière première propre à la fabrication de la pâte à
papier. La quantité de paille utilisée comme fourrage par les indi-
gènes, dans les rizières peu et moyennement inondées, est insigni-
fiante, elle est à peu près nulle dans les autres. J'ai indiqué pour
quelle raison les pailles couchées après le retrait des eaux, rendent
impropres au parcours du bétail la plupart d'entre elles.
L'utilisation de ces pailles semble ne pas présenter de difficul-
tés sérieuses. La question des transports dans la plupart des cas
se trouve résolue du fait que les rizières se trouvent toujours à
proximité de cours d'eau navigables ; l'installation de tronçons de
voie Decauville permettrait d'assurer dans de bonnes conditions le
transport des pailles coupées, aux lamineurs et presses installés soit
à terre, soit à bord d'un chaland. L'opération du coupage, effectuée
à mains d'homme, laisserait déjà, à notre avis, la paille à un prix
acceptable. 11 serait cependant préférable de réaliser le coupage
mécanique. L'emploi de faucheuses mécaniques réglées pour ce tra-
vail, serait possible dans les rizières où les pailles sont courtes ; il
en serait de même dans les rizières plus fortes, à condition que la
coupe se fasse peu après le retrait des eaux, alors que les tiges ne
sont pas encore couchées.
Les sondages opérés sur les emplacements 1 , 2, 3, mentionnés
pour les rhizomes, nous ont donné les chiffres suivants :
458
ÉTUDES ET MÉMOIRES
RENDEMENTS EN PAILLE PAR HECTARE DE RIZIÈRE
X° du
prélèvement
Nature
de la rizière
Poids de paille séchée
par liect. en tonnes
Longueur moyenne
1
2
3
peu inondée
moyennement »
fortement »
14 tonnes
20 —
27 —
1 mètre
1 " 30
2 mètres
Les prélèvements ont été efïectués à une époque où les pailles
étaient complètement desséchées sur pied ; ils correspondent à une
vég-étation formée dans une année (1910/11), où la crue a été
inférieure à la moyenne — 3 "' 20 au-dessus de l'étiage à Richard-
Toll.
Nous n'estimons pas à moins de 20 kilomètres carrés, l'étendue
de rizières continues qui occupent le bassin du lac de Guiers et de
la Taouej et la portion attenante du Sénégal, dont la coupe pourrait
être effectuée dans les conditions indiquées ci-dessus et sans appor-
ter de troubles chez les indigènes. Le tonnage de matière première
sèche, exploitable annuellement, y serait d'environ 40.000 tonnes.
Les rives du Sénégal présentent également des bandes et taches
très étendues de rizières d'exploitation facile. On peut donc dire
qu'il existe dans cette région une source très importante de matière
première dont le traitement pourrait être conjugué avec celui de la
paille de sorgho au fur et à mesure que l'on remonte la vallée du
Sénégal. Les essais de fabrication de pâte, conduits par la Société
française des pâtes à papier coloniales, ont donné un rendement de
70 <*/o, par le traitement à la chaux, de pâte propre aux papiers
d'emballage (18 à 25 fr. les 100 kilogr.). A la soude, un rendement
de 35 "/o de pâte propre au papier à cigarette (600 à G50 fr. les
100 kilogr.).
Yves Henry,
Directeur d'Agriculture des Colonies.
LE SOJA
[Suite.)
LE SOJA DANS L ALIMENTATION HUMAINE
Avant d'aborder l'étude des principaux produits à base de soja,
nous allons examiner le rôle que doit jouer cette plante dans lali-
mentation humaine, d'abord au point de vue de l'alimentation
générale :
1° Au point de vue physiologique ;
l" Au point de vue économique ;
3° Au point de vue gastronomique.
Nous nous occuperons ensuite de son rôle dans les différents
régimes spéciaux : antidiabétique, végétarien, réminéralisateur,
lacté, etc.
TITRE PREMIER
Le soja dans l'alimentation générale.
§ I. — Au point de vue pliysiologique.
Les légumineuses, en général, possèdent sur les autres végétaux
et même sur la viande les avantages suivants, au point de vue
physiologique :
1° Plus grande richesse en azote ;
2° Malgré cette abondance d'azote, une richesse suffisante en
hydrates de carbone, d'où valeur calorifique élevée ;
3° Plus grande richesse en matières minérales.
En elTet, les graines des légumineuses usuelles contiennent plus
de 20 °/o en moyenne, de matières azotées (légumine, albumine,
etc.). Elles sont donc des aliments azotés 'de premier ordre. Elles
contiennent en outre de .^30 à 00 «/„ d'hydrates de carbone i, ce qui,
1. E. Maurel, Traité de l'alimentation et de la nutrition.
460
ÉTUDES ET MÉMOIRES
malgré leur pauvreté en corps gras, leur permet d'avoir une valeur
calorifique très élevée, puisqu'elle arrive au moins à 350 calo-
ries pour 100 grammes K Enfin, elles sont plus riches que tous
les autres aliments en matières minérales, puisqu'elles en con-
tiennent plus de 2 "/o et surtout en acide phosphorique.
Les lég-umineuses sont donc des aliments à peu près complets
dans lesquels les proportions des différents éléments nutritifs sont
très bien équilibrées.
« Riibner a pu maintenir l'équilibre azoté et carboné de ses
sujets en expérience, uniquement avec 530 grammes par jour de
pois secs donnés en bouillie 2. »
Comparons maintenant le soja avec les autres légumineuses.
Le tableau suivant va nous permettre de faire cette comparaison
au point de vue chimique ^.
De ce tableau on peut tirer facilement les conclusions suivantes :
Lentilles
Haricots
Pois
Fève
Soja
\ Max :
( Min:,
> Max :
I Min :
S Max:
( Min :
; Max :
( Min :
, Max ;
Min
13.50
Il »
20. 40
8.50
14.20
9.80
15.30
10.60
11.30
10 »
q; en
2 1 . 64
19.36
26.46
13.80
26.63
1 8 . SK
26.51
20.87
38.41
34.85
n) en
t. o
C3 C
1.45
0.50
2. i6
0. 10
1.65
0.85
1.50
0.80
14.80
12.95
9 ■
cf.
C
o
Œ
CO
[s
U
62
.45
3.75
56
.07
2.8S
63
.23
6.00
52
. 0 i
1 . 95
61
.10
3 . 52
56
.18
2.38
5S
.03
7.86
50
.89
5.21
32
.11
0.20
3.00
3.45
1.75
5.65
2 2
3.70
2.00
3.26
2.06
5.20
4 . 35
1° De toutes les légumineuses employées dans l'alimentation, le
soja est de beaucoup la plus riche en matières azotées (35 "/o i^u
lieu de 22-23 «/o pour les autres légumineuses).
2° Quoique plus pauvre que les autres légumineuses en hydrates
de carbone, il en contient une proportion suffisante.
1. E. Manrel, loc. til.
2. A. Gautier, Luliinenlalion et les réiiimea.
3. Ce tableau est ('•lahli d'après les livres : Les aliments, par M. A. Balland. et
V Alimentation cl les régimes, par M. A. Gautier.
LE SOJA 461 ■
3° La matière grasse, en quantité négligeable chez les autres
légumineuses, fournit près de 1/5 de la substance du soja, ce qui
hii permet d'avoir, grâce aussi à ses hydrates de carbone, une
valeur calorifique élevée '.
4° Le soja est beaucoup plus riche que les autres légumineuses
en matières minérales, ce qui le rend éminemment propre au
régime de réminéralisation.
Le soja est plus riche en matières azotées que la viande, mais il
n'a pas comme cette dernière, l'inconvénient d'être excitant et
toxique. En effet, la viande contient des nucléoalbuminoïdes qui ont
l'inconvénient de donner des bases xanthiques à noyau purique
constituant des toxiques pour l'organisme. La matière azotée du
soja est au contraire entièrement formée de légumine ou caséine
végétale parfaitement comparable à la caséine du lait -^ et qui cons-
titue une paranucléoalbuminoïde ne donnant pas naissance à ces
bases toxiques. Le schéma suivant montre cette dilTérence.
Nucléoalbuniinoïde (\'iande)
I.
Nucléine
1
Acide
Thymique
1
Hydrates
de
carbone
(S,
oja)
1
Bases
xanthiques
(noyau purique]
Acide
)hosphorique
Thymine
Paranucléoalbuminoïde
1
Paranucléine
Hydrates
de
carbone
1
Acide
thymique
1
1
Acide
phosphorique
Thy
mine
1. « Comme on le voit, malgré leur grande valeur nutritive, toutes les autres légu-
mineuses restent au-dessous de la fève de soja. Ses azotées dépassent largement
30 °/„ et sa valeur en calories, toujours 400 pour 100 grammes. Il faut ajouter qu'au-
cune autre nest aussi riches en matières minérales qui restent toujours au-dessus de
40 "/o » (Maurel, Traité de V alimentation et de la nutrition).
2. Selon A. Gautier, la caséine du lait de femme diffère de celle du lait de vache.
Toutes les caséines diffèrent d'ailleurs entre elles et les différences de la caséine végé-
tale avec les caséines animales sont de même ordre que celles des caséines animales
entre elles.
462 ÉTUDES ET MÉMOIRES
§ IL — Au point de vue économique.
Nous venons de voir que, physiologiquenient parlant, le soja est
incontestablement supérieur aux aliments usuellement employés
en Occident. Voyons s'il en sera de même au point de vue écono-
mique.
Les légumineuses fournissent des éléments nutritifs, en particu-
lier l'azote, à des prix beaucoup plus faibles que la viande ou les
autres aliments. D'après M. Martinet ' un kilo de lentille qui vaut
0 fr. 75 équivaut presque à un kilo de viande et à un kilo de j^ain
qui coûtent ensemble 2 fr. 40.
D'après MM. Landouzy et Labbé ~, 400 grammes d'albumine
coûtent 2 francs quand ils sont fournis par les œufs, 1 fr. 60 en
viande de boucherie, 0 fr. 83 en viande de porc et 0 fr. 30 en
légumes secs.
Or, dans le soja, il y a toujours plus de 30 "/o de matières pro-
téiques, un kilogramme de grain donne donc 500 grammes d'albu-
minoïde et son prix est de 0 fr. 50 et même moins.
Le prix des 100 g'rammes d'albumine n'atteindra pas 0,20 avec
le soja. Nous sommes loin des chiffres exigés par les autres ali-
ments azotés.
Le soja n'est-il donc pas à lui seul la réponse à l'appel de
MM. .T. Lahor et Graux -^ : « Je demande eniin aux hygiénistes, aux
savants et d'après leurs formules, h l'industrie, de créer des
composés alimentaires ou des extraits de substances alimentaires,
très nutritifs, très sains, mais à bon marché. »
§ IIL — Au point de vue (/astronomique.
Le goût est une nécessité physiologique. « L'estomac a sa cons-
cience sur laquelle réagissent les sens de la vue, de l'odorat, du
goût, et jusqu aux impressions psychiques '*... »
« Les formes sous lesquelles on présente les aliments influent
grandement sur l'appétence et la digestibilité des divers mets. »
1. Martinet, l.es Aliments.
2. Tableau iiulicateur des aliments (Landouzy et Labbé).
3. J. Lahor et D' L. Graux, L' alimenlalion h bon marché saine et rationnelle.
4. A. Gautier, Valimenlulion et les réijimes.
LE SOJA 463
« C'est le rôle des préparations culinaires, des épices, etc. »
Au point de vue du g-oût du soja les opinions sont partagées, les
uns le disent agréable, les autres désagréable. Ceci tient évidem-
ment à la manière dont il a été préparé. Nous donnons plus loin
plusieurs recettes pour préparer le soja et ses dérivés.
Quoi qu'il en soit la préparation du soja peut faire varier son g'oût
à l'infini surtout lorsqu'il est à l'état de fromage que nous appelons
aussi viande végétale. On peut alors lui faire prendre facilement
les goûts les plus inattendus : goût d'œuf, de viande... On peut
affirmer que c'est la plante la plus maniable à ce point de vue. La
question du goût est donc plutôt favorable au soja. Le schoyou
(sauce de soja) s'est depuis quelques années répandu en Europe et
y est très apprécié.
Il a un arôme très agréable et avec son aide on peut préparer
avec le soja un bouillon comparable au bouillon de viande.
TITRE II
Rôle du soja dans les régimes spéciaux
§ I. — Végétarisme et végétalisme.
Les légumes secs, en général, et surtout le soja, ont sur la viande
des avantages incontestables :
1° Ils ne présentent pas de déchets; ] Ce sont des aliments très
2° Ils renferment moins d'eau ; ) concentrés.
?>" Ils renferment des hydrates de carbone ;
4" Ils sont plus riches en albumine et en matières minérales ;
5** Ils sont moins excitants et moins toxiques.
En outre, au point de vue physiologique : « Les légumes alcali-
nisent le sang, le rendent plus liquide, favorisent les échanges
nécessaires à la nutrition. Les viandes au contraii^e ont une faible
valeur nutritive, laissent des déchets, acidifient le sang et
retardent le travail de l'assimilation i. »
Les hydrates de carbone des légumes a empêchent les fermenta-
tions protéoly tiques de l'intestin - ».
1. L. Mahout, L'alimentation rationnelle.
2. Gh. Heudebert, L'alimentation physiologique.
464
ETUDES ET MEMOIRES
Les végétaux auraient encore l'avantage de fournir des albumi-
noïdes ne donnant pas naissance à l'acide urique dans le corps.
12.075
3,303..
2,478
1,566.
1,554
1,458
1,398
1,395
1,386
1,114-
765.
636
468..
450..
400
\Ri^de
Veau
Bœur{Co\e)
Bœur (h\f\ec\^)
Bœuf [CM)
Poulet
Porc [^Wel]
Saumon
Veau
Jambon
Mouton
Haricots
Farine d'auoine
Farine de pois
. Lentilles ma liées
Pain complet
258 1 Asperge
11* I Pomme de terre
0 :.. Pain blanc, ri7, choux, lai tue, etc
Fig. 15. — Teneui" des principaux aliments en pin-ines.
Les cliifTres sont tirés des tables de W. Hall.
M. .] . Lahor ' et autres reprochent au régime végétal d'être
encombrant pour le tube digestif et par suite fatigant à supporter.
Il a, en effet, calculé dans le tableau suivant le poids des aliments
nécessaires pour assurer l'absorption des 100 grammes d'albumi-
noïdes '^ nécessaires à l'adulte pour 2i heures.
1. .1. ].ii]i()V, L'uliincuhilinn /i bon inurchô.
2. « Dans nos climats, il faut à l'état de repos de 80 à l.ïO grammes de substances
ppotéiqnes avec quatre fois encore ce poids de matières amylacées et de graisses
LE SOJA
465
Fig. 16. — Les Représentations Graphiques (d'après A. Martinet) donnent les figures
caractéristiques des aliments considérés, indiquant : I, les aliments nutritifs:
Albumine (A). Graisses (G). Hydrate de carbone (Hi. Sels (Si. — II, la proportion
centésimale de A chaque élément.
pour que l'adulte répare ses pertes et produise la chaleur et l'énergie mécanique qui
lui sont nécessaires dans les 24 heures. » (A. Gautier.)
Les peuples asiatiques sont en majorité des végétariens. Si l'on n'ignore pas que le
riz est la base de leur alimentation on sait moins qu'ils suppléent à l'insuffisance
dazote, par l'adjonction d'aliments très riches en matières protéiques parmi lesquels
il faut citer en première ligne le soja.
Bal. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 105.
32
466
ÉTUDES liT -MÉMOIRES
Aliments
-Vlhuminoïdes
Matières
amylacées
Piiids (l'aliment
frais contenant
100 gr. d'albumi-
noïdes.
Pain
j;ramnies
100
100
100
100
100
100
100
100
100
^'ranimes
562
1 .536
243
240
279
170
2.750
2.2iO
617
grammes
1.205
7.790
42i
512
454
7.112
25.000
14.300
1 . 661
Pomme de terre
Fèves . .
Hn ri cols
Pois
Salades
Pommes
Cerises
Châtaij^nes
Ce tableau montre les rations fantastiques qu'il serait nécessaire
d'absorber pour se nourrir avec des pommes de terre ou de la
salade.
îu I . Soja
«I I . Fève
•«7 I Pois
"ijs m FromîQf dt Soji
5iî_ ■ Haricot
1105 ^^M Pain
Fi^. 17.
Mais si Ton fait les mêmes calculs pour le soja, on trouve qu'il
faudra mang-er 262 grammes de graines pour absorber 100 grammes
d'all)uniine ', eliillre tout à fait raisonnable. Ces 2G2 grammes
fournissent 32 grammes (riiydrale de carbone ol i7 grammes de
matières grasses, cliiil're sans doute faible, mais qu'il sera facile
d'augmenter par l'apport d'mu' faihle ([uantilé d'alinu'iil rt'culeiit.
1. Nous prenons pour le calcni les rcsnltals des analyses du Laboratoire Municipal
de Paris. (Voir au chapitre : Composition de la graine.)
LE SOJA
467
La seule objection qu'on puisse donc formuler contre le végéta-
risme se trouve levée par le soja.
CALORIES , , ,
o'?"05 o'rio o':2o o^so
0,30
0.30
0,19
0.18
0,16
0,15
0,14
0,11
0,10
0.07
0.06
0,06
0,05
0,05
0,04
0,04
0,02
0,019
0,018
0,016
0,015
0,014
0,011
0,010
Viande de bouctjerie
Salade
Fruits Frais \
Légumes Frais
Œufs
Porc frais
Poisson
Bière
Ctioux
Vin
Jamboi
7
Fromage 1
Ctioci
olat
Fruits secs
Beurre
Lait
1
<
Le
Lé g
San
Suo
Pain
''omn
wd soi
urnes
idoux
•-e
les de
é
s
tt
ecs
'rre
•
Fig-. 18.
M. .1. Lahor dit avec raison : « C'est aux vég-étariens surtout qu'il
convient d'apprendre la science et l'art de manger, s ils veulent que
leur nourriture soit suffisante sans que leur tube digestif ait une
surcharge d'aliments. » Or les légumes secs et, surtout le soja,
fournissent aux végétariens le moyen d'établir des rations végétales
riches et peu encombrantes.
468
ETUDES ET MEMOIRES
>; II. — Bcminéralisation.
Le soja est quatre fois plus riche en substances minérales que la
viande et deux fois plus riche en acide phosphorique.
Or l'usage des aliments phosphores est capital. « Le phosphore
sert à la construction des noyaux cellulaires, c'est-à-dire à la régé-
nération même de la matière vivante et le physiologiste le consi-
dère à juste titre comme la plus précieuse des espèces chimiques
exigées par l'alimentation rationnelle '. »
Mais les phosphates pour être assimilables doivent être élaborés
dans un creuset particulier qui est le végétal 2. Les préparations
minérales n'auraient aucun effet sur l'organisme humain. Le végétal
est l'intermédiaire obligé entre le monde minéral et le monde animal
pour l'assimilation des phosphates.
Les recherches les plus récentes ont montré qu'on avait trop dé-
laissé cette question de l'alimentation phosphatée et d'après
M.Joulie:
« Le développement extraordinaire à notre époque des maladies
nerveuses groupées par l'école actuelle sous le nom de neuras-
thénie n'a pas d'autres causes que l'affaiblissement du système ner-
veux par suite des pertes d'acide phosphorique que lui fait éprouver
son fonctionnement souvent exagéré et une alimentation pauvre en
acide phosphorique. »
Or on peut demander le phosphore, soit aux végétaux, soit à la
viande, soit aux éléments phosphores animaux isolés : nucléines,
lécithines. Or ces derniers éléments ont donné des résultats mau-
vais ou douteux. Ils se sont souvent comportés comme des matières
excrémentielles. Le régime carné est souvent dangereux à cause de
ses apports de toxines. Les aliments végétaux concentrés paraissent
donc les plus propres au régime de la réminéralisation. Le soja,
grâce à sa grande richesse en matières minérales, doit tenir la pre-
mière place à ce point de vue.
1. Lcfèvrc, I-:x!unen scientifique du véç/élarisme.
2. Martinet, Les uliinenls usuels.
LE SOJA 469
Ré(]imc antidiahétique. — L'alimentation antidiabétique était
autrefois assez difficile à réaliseï^ économiquement. Peu d'aliments,
en eflet, sont exempts de matières sucrées ou saccharilîables dans
l'organisme. Ce qu'on a cherché surtout, c'est a obtenir un pain ne
contenant que des matières insig-nifiantes de ces matières dange-
reuses pour les diabétiques. Les pains de gluten, mal fabriqués et
peu agréables, étaient encore trop riches en hydrates de carbone.
C'est ainsi que le D'' Dujardiu-Haumetz a préconisé le pain de
soja à l'hôpital Cochin :
« 11 constitue, dit-il, un grand progrès dans IVdinientation des
diabétiques. 11 se conserve très bien, est d'un goût relativement
agréable et aurait, d'après Lecerf, la composition suivante :
Eau 45,00
Matières protéiques 20,00
Matières grasses 9,350
Matières amj^iacées et sucrées 2,794
Acide phosphori(jue 0,86.3
« Nous sommes loin des pains de gluten des meilleures marques
qui contiennent au minimum 16 grammes de matières amylacées et
sucrées.
D'ailleurs sous toutes ses formes le soja est précieux pour les
diabétiques. M. Lailleux, ancien interne des hôpitaux d'Alger, a
signalé les beaux résultats obtenus chez les Arabes diabétiques en
traitement à l'hôpital de Deg. Sous l'influence d'une alimentation
dont la bouillie desojaétait la base, ils ont vu non seulement dimi-
nuer la teneur en sucre de leurs urines, mais encore s'améliorer
l'état des plaies qu'ils présentaient et qui, comme toutes celles de
ce genre, avaient résisté aux traitements employés.
Régimes divers. — Presque toutes les maladies (affections diges-
tives, diathèse urique, goutte, lithiase rénale, migraine, affections
hépatiques des voies urinaires, affections cardiaques, cutanées, ner-
veuses) sont en relation directe avec l'alimentation.
L'alimentation carnée ne convient pas à toutes ces affections : la
viande produit de la purine, produit toxique pour l'organisme. Les
produits végétaux en donnent beaucoup moins.
470 ÉTUDES ET MÉMOIRES
Ainsi d'après M. Labbé bi viande de bœuf (bifteck) contient
22,96 "/o de matières azotées et 0,2478 % depurine ; les lentilles qui
contiennent 24,28 °/o de matières azotées ne produisent que 0,045 "/o
de purine. Les produits végétaux peuvent donc donner autant
d'azote que la viande tout en ne fournissant que quatre fois moins
de toxines.
Grâce à sa grande richesse nutritive sous un faible volume, le
soja doit être recommandé aux dyspeptiques '.
§ III. — Jiéffime lacté.
Enfin le soja présente un très grand intérêt au point de vue du
régime lacté et de l'allaitement artificiel.
Ses principaux avantages sur les laits animaux sont :
1° d'être plus économique ~ ;
2° d'être à l'abri des maladies contagieuses.
En effet, le lait de soja est plus riche que le lait de vache et coûte
en même temps beaucoup moins cher. Gomme il ne se trouve pas
en contact avec les animaux, il ne peut amener de maladies con-
tagieuses.
On pourrait dire peut-être que le lait de soja diffère de celui de
la vache. Nous avons déjà eu l'oc jasion de discuter cette question '^
et nous pensons avoir montré que les ditTérences étaient très faibles
et pratiquement négligeables.
1. hahhc, Béyimes alimentair es.
2. Malliieu, Le régime alimentaire.
3. IJ-Yu Yin^-, Apropos chi soja hispida (Journal ir.ifiriciilliire prnliiiiic 12 jan-
vier 19Jlj. ♦
LE SOJA 471
PRODUITS ALIMENTAIRES A BASE DE SOJA
Les produits alimentaires à base de soja sont très nombreux et
très variés. On peut les classer ainsi :
Lait normal
Lail concentré
Lait en poudre
L Le lait de soja et ses dérivés ( Lait fermenté
Caséo-Sojaïne
(Fromage de soja)
Caséine de soja.
Farine de soja
Pain de soja pour diabé-
TT T <■ • 1 • * A' • ' J tiques
IL La larine de soia et ses dérives < r^ • , .
' Pain complet
Gâteaux
Biscottes
III. L'huile de soja et les sous-produits (tourteaux).
IV. Le soja comme légume.
V. Produits condimentaires à base de soja fermenté*.
^rr T^ , • , r. • ( Confiture de soja
\ I. Produits de coniisene ^ ,-> i i
( Poudre de soja.
VIL Le soja comme café.
TTTi t^ VI 1 • ( (Kiu-tsee)
\ 111. rerments a base de soia ; ' , .. . , j i -^ j
( rerments lactiques a base de lait de soja.
LE LAIT DE SO.TA ET SES DERIVES
§ I. — Le lail de soja.
Le lait de soja, réalisé par le philosophe chinois Whai Nain Tze
bien avant l'ère chrétienne, a été cité plusieurs fois en Europe par
des auteurs agricoles ou médicaux ^ Il a fait l'objet en 1903 d'une
communication de notre part au Congrès International de laiterie 2,
Ou emploie pour la fabrication du lait, les graines blanches et
jaunes.
Fabrication. — Pour obtenir le lait de soja, il suffit, en principe,
\. Champion, ISS'j. Industrie ancienne et moderne de l'empire chinois.
2. Compte rendu du Congrès International de laiterie. 1905.
472 ÉTUDES ET MÉMOIRES
de broyer les graines après les avoir laissées dans l'eau pendant
24 heures. Les graines, broyées avec Teau de macération, donnent
une bouillie qui est filtrée. Le filtrat constitue le lait végétal de
soja.
Fahricafiofi chinoise. — En Chine on emploie un procédé tout à
fait rudimentaire. On se sert de meules en pierre de 0 m. 50- 1 m.
de diamètre environ, manœuvrées au moyen duu bâton par deux
hommes ou par un animal. La courante est percée d un trou d'ali-
mentation en forme d'entonnoir.
Les deux hommes placés de part et d'autre des meules font
décrire chacun, successivement, un demi-tour à la meule au
moyen du bâton pendant que l'un d'eux verse de sa main restée
libre le mélangée de graines et d'eau dans le trou d'alimentation.
Il suinte entre les deux meules une bouillie qui est recueillie
dans un récipient et versée dans un sac en toile ou elle est pressée.
Le lait filtre à travers le sac dans lequel reste un tourteau jau-
nâtre.
Le rendement obtenu par ce procédé est naturellement très peu
élevé.
Fabrication moderne. — A l'Usine de la Gaséo-Sojaïne ^ la fabri-
cation a lieu avec .tous les soins de propreté désirables pour un
produit alimentaire comme le lait. Elle comprend :
1° Le nettoyage des graines et la purification de l'eau ;
2^ La fabrication proprement dite.
Nettoyage. — Le nettoyage des graines s'opère à l'aide des appa-
reils employés ordinairement en meunerie : épierreur, tarare, etc.
Nous n'insisterons donc pas sur ces opérations. L'eau est filtrée de
manière à donner au lait toute la pureté désirable.
Fabrication proprement dite. — Elle comprend la mouture et la
filtration.
La mouture a lieu au moyen d'un moulin en pierre dans lequel
arrivent en même temps les graines et leur eau de macération. La
bouillie sortant de la meule tombe dans une cuve où la pompe du
filtre vient 1 aspirer.
1. L'usine de la « Casén-Sojaïne » aux Vallées (Seine) fal)ri(|nt' tous les produits
déri\<'s du soja.
LE SOJA 473
La filtration a lieu dans un filtre-presse semblable à ceux
employés en sucrerie. Le lait sortant du filtre peut être conduit
dans une chaudière à stériliser.
Fig. 19. — Fabrication du lait de soja à l'usine de la Caséo-Sojaïne
On opère donc complètement à l'abri des poussières de l'air, on
supprime les impuretés qui se trouvent dans les laits animaux et
qui proviennent :
1° Des récipients mal lavés ;
2" Des poussières de l'air;
3" Des débris de poils et de boue se détachant du pis et des
flancs de la vache;
4° Des mains et des vêtements de la personne qui fait la traite ;
5° Des insectes qui tombent dans le lait ;
6° Des maladies contagieuses dont l'animal peut être atteint.
Nature du lait de soja. — A première vue le lait de soja ne
diffère pas du lait animal et ne donne pas de dépôt.
Examiné au microscope il apparaît fortement homogène et n'est
pas du tout comparable au produit obtenu en délayant la farine du
soja dans l'eau (fig. 20).
474
ÉTUDES ET MÉMOIRES
Propriétés plu/siques du lait de soja. — Le lait de soja a des
propriétés semblables à celles du lait animal. Il monte à l'ébulli-
tion, s'attache ; l'ébullition ne se rét<^ularise qu'après que le lait a
été retiré du feu à plusieurs reprises. Il se forme une pellicule
solide à sa surface.
Il a une odeur de malt.
Son poids spécifique, d'après Prinsen \ est de 1,019 à 38".
Fis- 20.
Lait de soj.!. Farine de soja délayée dans Teau.
[Vus an microscope.)
Il est d'ailleurs variable avec sa concentration.
Le point d'ébullition est à 101 1/2 environ.
[A suivre.) Li Yu Ying,
Conscillrr de /■"^ classe nii Ministère de V Agriculture de la (Ihine.
et L. Grandvoinnet,
liKjénicur agricole [G.).
1. Prinsen, Einijïe Chinesischc ^^t^'y,\\u^\\uc\^\)vc\)■,\\•■A^■ [Chemiker Zeilunij. ::!» janvier
1896).
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE
[Suite]
X
Matières textiles. Poils végétaux.
Toutes conditions étant égales d'ailleurs, la résistance d'une
fibre croît avec le diamètre ; c'est un fait aisé à comprendre et tout
à fait conforme aux résultats de l'expérience.
Définissons en second lieu le vrillag-e : Le vrillag-e est la torsion
que la fibre prend sur elle-même dans le sens de la longueur ; son
accentuation est un indice de bonne maturité.
Une fibre bien mûre est fortement vrillée et présente sur une
section transversale une forme plus ou moins ovoïde ou triangu-
F. JIO. — Types de fibres mortes d'après Henry).
laire ou trapézoïdale ; ses parois sont épaisses, sa résistance est
élevée; une fibre incomplètement mûre n'offre qu'un petit nombre
de vrilles, c'est-à-dire de tours de spires, sa section est aplatie, sa
paroi mince et sa résistance médiocre. Enfin, on trouve aussi ce
qu'on appelle des fîhi^es mortes, (fig. 110) dont le vrillage est nul, la
section complètement aplatie, les parois très minces et translucides
et la résistance négligeable. Ces fibres mortes proviennent de
ce que la récolte a été faite avant la maturité complète des capsules
ou de ce que le coton est resté trop longtemps exposé au soleil ;
dans ce dernier cas les fibres perdent brusquement leur eau, se des-
sèchent et leurs parois s'accolent; on dit qu'elles sont brûlées.
476 ÉTUDES ET MÉMOIRES
On doit donc avant tout, dans la recherche de la résistance
moyenne d'un lot de coton, tenir compte des variations de diamètre
et de vrillag-e.
Pour cela, on classe les libres du lot en quatre catégories :
1° Fibres mortes, irrégulières, dont la résistance est nég-lig'eable ;
2" fibres peu vrillées; 3" fd^res moyennement vrillées ; 4° fibres très
vrillées.
Il est évident que ces trois dernières catégories ont des limites
un peu arbitraires ; on les fixe commodément de la manière sui-
vante : Examinée au grossissement de 60 diamètres, une fibre pré-
sente dans le champ du microscope * de 0 à 20 vrilles; dans ces
conditions, on considère comme très vrillées les fibres qui pré-
sentent dans le champ plus de 6 vrilles, comme moyennement
vrillées celles qui en ont de 3 à 6, comme peu vrillées celles qui
ont moins de 3 vrilles.
On fait alors le pourcentage des fibres des diverses catégories ;
soient n,, n.,, n.^, n,^ les chiffres respectivement obtenus.
Les diamètres ayant été mesurés pendant 1 observation micro-
scopique qui a servi à constituer les catégories, on peut calculer les
diamètres moyens : d^, do, dg, d,^ pour chaque groupe.
Les fibres de la première catégorie n'ayant qu'une résistance
négligeable, il n'y a pas lieu de s'en occuper. Dans chacune des
autres catégories, on déterminera la résistance d'un certain nondsre
de fibres prises au hasard et l'on calculera les résistances moyennes
dans chaque catégorie pour l'ensemble des fibres essayées ; soient
po, p3, P4 les nombres obtenus. Il faut ramener ces résistances au
diamètre moyen de la catégorie; si 1 on prend la moyenne des dia-
mètres des fibres essayées on obtient en effet des nombres oo, O;^, c;
différents de d.,, d.,, d,^. On obtiendra les résistances moyennes rame-
nées aux diamètres moyens par une simple proportion et l'on aura
respectivement pour ces résistances :
d, d, d,.
^■i = P-i X .2 r, = p, X -' r, = p, X -*
Co ^:> 2',
De sorte que la résistance moyenne du lui, .t, sera donnée par
la formule :
^^ u,r| + n. r, + n, r., + n,. r, ^
n, -|- no -f n., -\- n,,
1. Microscope V'crik : oculaire 2, objectifs.
COURS DE BOTANIQUE COLONTALE APPLIQUÉE 477
mais nous savons que r^ est nul et que la somme n^ 4- Uj + n3 -(- n,
= 100, donc :
_ n, r, + n.j r, + n^ r,^
îoô •
Quant aux allongements, on prendra simplement la moyenne des
nombres obtenus pour chaque catégorie ; on aura ainsi des allonge-
ments moyens 1.,, I3, 1,, l'allongement 1, étant nul puisqu'il s'agit
de fibres mortes ; l'allongement moyen pour l'ensemble du lot, y,
se calculera par la formule :
n., 1., -|- n., 1., + n, 1,
^ ~ ^ îïïô ■
En divisant y par la longueur moyenne de tout le lot, déterminée
comme nous l'avons indiqué précédemment, on aura l'allongement
moyen par unité de longueur. Il faut remarquer d'ailleurs que les
allongements mesurés sont la somme de deux phénomènes bien dif-
férents ; en effet, la traction a pour premier résultat de supprimer
le vrillage,ce qui donne un premier allongement ; puis c'est l'élasti-
cité même de la paroi qui entre enjeu et fournit l'allongement com-
plémentaire.
Y. Henry a indiqué une autre méthode plus rapide pour détermi-
ner la résistance moyenne, lorsqu'il s'agit de comparer des variétés
ayant à peu près le même diamètre moyen; il n'y a plus alors à
tenir compte que de la maturité des fibres. 11 est clair que plus la
fibre approche de la maturité parfaite, plus sa paroi est épaisse ;
dans ces conditions, l'action d'un des dissolvants de la cellulose sera
plus ou moins rapide suivant que les fibres seront en moyenne plus
ou moins mûres, c'est-à-dire plus ou moins résistantes. Le temps
que mettra la dissolution à se produire pourra donc mesurer en
quelque sorte la résistance cherchée, puisqu'il lui sera sensiblement
proportionnel. Tel est le principe du procédé que l'on met en
œuvre, en employant pour dissoudre les fibres, soit l'acide sulfu-
rique, soit la liqueur de ScliweitzeT.
d) De l'homogéiNéité.
On appelle homogénéité d'une sorte de coton la propriété qu'elle
possède dans ses diverses qualités d'avoir les différentes parties
478 ÉTUDES ET MÉMOIRES
qui la composent de valeur à peu près uniforme. Au point de vue
commercial riiomogénéité a une grande importance et dénote tou-
jours une sorte bien cultivée et soigneusement préparée.
S il est facile de comprendre ce qu'est l'homogénéité et d'en sai-
sir l'importance, il est beaucoup plus délicat de la représenter numé-
riquement.
Considérons, par exemple, Vhomogénéité de longueur, celle dont
on s'occupe le plus souvent. L'idée la plus simple qui se présente
à l'esprit est de considérer cette homogénéité comme inversement
proportionnelle à l'écart qui existe entre la longueur maxima et la
longueur minima des fibres de l'échantillon considéré, c'est-à-dire
de la représenter par l'inverse de cet écart. Plus celui-ci sera grand,
plus l'homogénéité sera faible et inversement.
Mais il peut arriver que les fibres se rapprochant des dimensions
extrêmes soient peu nombreuses alors que la grande majorité
s'écarte peu d'une dimension moyenne ; il est évident que notre
notation nous donnera dans ce cas une idée absolument fausse de
1 homogénéité réelle.
Si l'on opère comme nous l'avons indiqué pour obtenir la lon-
gueur moyenne d'un lot de coton, on est amené à comparer entre
elles les diverses mèches dont les fibres ont été mesurées séparé-
ment et à établir une longueur moyenne pour cha(jue mèche. Soient
L la moyenne maxima et / la moyenne minima ainsi trouvées pour
toutes les mèches constituant le lot. On pourra considérer comme
mesurant l'homogénéité de lon^-ueur d'une façon satisfaisante la
on »
quantité
L — 1"
Plus y aura d'écart entre L et / et plus fail)le sera ce quotient,
c'est-à-dire l'homogénéité ; à mesure que / se rapproche de /-, L-l
diminue et le quotient s'accroît. A ce chiffre d'homogénéité, il sera
toujours bon d'adjoindre la longueur maxima et la longueur minima
observées. Si l'on voulait arriver à une mesure plus rigoureuse de
l'homogénéité, il faudrait tenir compte des variations (jiii se pro-
duisent d'une manière constante sur une même graine et dans une
même capsule, même chez les sortes les mieux cultivées. On choi-
sirait alors comme étalon la sorte qui donnerait pour L — Z le
chilîre minimum "/,,, et l'on désignerait par 1 son homogénéité. Alors
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 479
l'homogénéité relative d'une sorte donnant un écart a serait repré-
sentée par :
TT ^^ '■()
L'homogénéité serait donc dans ce cas représentée par une frac-
tion dont le maximum serait l'unité pour l'échantillon étalon. Mais
c'est là une conception théorique; une pareille manière de coter est
trop complicpiée pour entrer dans la pratique.
Il est évident que l'homogénéité de diamètre et celle de résistance
peuvent être comprises d'une façon parallèle et traduites en nombre
par les mêmes procédés ; nous n'y insisterons pas.
Signalons enfin que dans l'étude des diamètres, il ne faut point
se contenter de nombres pour caractériser une sorte; on doit en
outre examiner soigneusement les fibres au microscope afin de rele-
ver la proportion de fibres défectueuses telles que fibres mortes,
fibres présentant des renflements latéraux, fibres difformes, noueuses,
à parois accolées, à épaississements anormaux, tous éléments qui
contribuent à diminuer la valeur d'un coton.
G. — Poils des Bombacées.
Parmi les poils des Bombacées, il faut placer au premier rang le
Kapok de Java, qui est fourni par Y Erlodendron anfractuosuin.
C'est un arbre de dimensions énormes pouvant dépasser 30 mètres
de hauteur, dont le tronc est armé de piquants surtout dans le jeune
âge ; son port rappelle un peu celui du cèdre ; les feuilles sont à
lobes palmés et les fleurs très nombreuses d'un blanc jaunâtre. Les
fruits très abondants sont des capsules ligneuses à cinq valves,
tapissés intérieurement d'un bourre épaisse, soyeuse, dont les poils
tirent leur origine de l'épiderme interne des carpelles (fig. 111) ;
les graines sont enfouies dans cette bourre, mais elles en sont indé-
pendantes ; ce ne sont pas elles qui portent les poils comme dans
le fruit du cotonnier.
Usages et propriétés. — On ' a d'abord cherché à utiliser les
1, Marcel Dubard, Utilisation des poils végétaux. Le Kapok (La Nature, n° 1705).
480
ÉTUDES ET MÉMOIRES
poils de Kapok à la façon de ceux du coton ; alors que ceux-ci sont
constitués par de la cellulose pure, les poils de Kapok présentent
déjà une lignification assez accentuée, mais beaucoup moins intense
cependant que chez les soies végétales ; ils possèdent donc une sou-
plesse relative, pouvant à la rigueur permettre leur emjDloi comme
textile ; mais les premiers essais de filature n'ont donné que de
mauvais résultats; c'est que les poils d'£'riO(/e/î(:/ro/i joignent à une
faible longueur (20 mm. en moyenne) une minceur de paroi qui leur
donne trop d'élasticité et fort peu de résistance, conditions défavo-
Fig. 111. — Fruit de Frumagor commcnvanl à s'ouvrir (d'aijrès Sadebeck).
rables pour la consLitulion des tissus. Ou décida donc que le Kapok
était un mauvais textile, qu'il était impossible de le considérer
comme succédané du coton et son emploi fut à peu près complète-
ment abandonné.
Les indigènes s'en servaient toutefois depuis longtemps comme
matière de rembourrage et cet usage, d'abord très local, s'est peu à
peu généralisé ; il est même arrivé que les objets de literie qui en
étaient remplis linirent par être fort estimés, car les défauts du
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 481
Kapok, considéré comme textile, devenaient des qualités très appré-
ciables pour les nouvelles applications ; les matelas et coussins qui
en sont constitués possèdent en effet de la légèreté due à la min-
ceur des parois des poils et se déforment très peu par suite même de
leur élasticité.
Le Kapok entra donc subitement en faveur et sa consommation
commença à prendre un réel développement par son emploi aux
colonies dans le matériel de campement.
L'essor fut plus g-rand encore lorsque des expériences eurent mis
en évidence la flottabilité particulière du Kapok ; cette particularité
était à prévoir d'après la structure même des poils.
(( Ceux-ci sont en effet unicellulaires, à paroi mince, un peu cuti-
nisée de S à 6 ;j, d'épaisseur, limitant une cavité de 2o à 30 [j. en
moyenne et remplie d'air. Jamais ils ne se contournent sur eux-
mêmes à la façon du coton, ce qui tient évidemment à la nature
chimique de leur membrane, mais souvent ces poils se replient sur
eux-mêmes et par endroit ces replis simulent l'apparition de cloi-
sons transversales '. » La forme du poil est a sez régulièrement
cylindrique avec une base un peu élargie et obtuse, caractérisée par
la présence dé ponctuations presque linéaires (fîg. 112.
La force portative des éléments est encore accrue pour l'ensemble
de la bourre par l'enclievêtrement des filaments qui emprisonnent
un volume notable d'air. Enfin, un fait capital à noter est la dimi-
nution très lente de la flottabilité à la suite d'une immersion pro-
longée ; un kilo de Kapok de bonne qualité possède une force por-
tative initiale d'environ 30 kilos et n'en perd guère que la quinzième
partie après huit jours d'immersion et la cinquième après trois
semaines.
Le Kapok, lorsque ses propriétés de flottabilité furent bien con-
nues et qu'on se fut rendu compte de sa supériorité sur le liège, fut
appelé à jouer un rôle prépondérant dans la confection des appa-
reils de sauvetage et fut mis immédiatement en usage dans les
marines de guerre, russe, anglaise et allemande, puis peu à peu dans
celles des autres Etats.
Il faut signaler cependant certains mécomptes qui ont amené le
gouvernement américain à en proscrire momentanément l'emploi ;
1. E. Perrot, Des produits utiles des Bombaxet en particulier du Kapok (Bull. Jard.
col., janv. 1905).
But. du Jardin colonial. 1911. II. — N° 105. 33
Fij;. 112. — Poils de vé},'étaux divers : 1. Kapok de Java {Erioderuiron ;infr;iclii(jsiiinj ;
2. Ka|)()k dellndc {liomhitT reibu) : A. liomhiix li<^plapliyllnm ; 1. B.huonopozense;
5. Ocliroma l.ni/nfjiis : ti Po/mlus nif/ni (d'après Perrot).
COURS DE BOTAMOUE COLOîSIALE APPLIQUÉE 483
mais il a été reconnu par de nombreuses expériences que les insuc-
cès étaient dus à .l'emploi d'ouates de mauvaise qualité, chez les-
quelles la force portative peut se trouver réduite de plus de moitié
par rapport aux sortes supérieures, C'est qu'il existe des Kapoks
d'origine botanique et géographique différentes et présentant entre
eux des écarts considérables, presque du simple au triple, dans la
propriété de tlottabilité.
Pour qu'un Kapok soit de bonne qualité, il faut en effet d'abord,
que comprimé en pelote entre les doigts, il se détende ensuite rapi-
dement et reprenne en quelques minutes son volume primitif; en
second lieu, la pelote trempée dans l'eau, puis pressurée comme une
éponge doit sécher très vite, le Kapok n'étant mouillé qu'à la sur-
face. Les Kapoks ayant été travaillés à la machine renferment beau-
coup de poils brisés et sont peu élastiques et la dessiccation lente
après immersion est l'indice d'un mélange avec des déchets de
coton.
Dans tous les cas, même lorsqu'il s'agit de Kapoks purs et prépa-
rés avec soin, la force portative minima exigée pour les appareils de
sauvetage est de 30 fois le poids de la bourre.
Origine. — Le Kapok de Java est, comme nous l'avons dit, fourni
par VEriocIendron anfractuosiim. Mais, si ce produit est surtout
exporté des Indes néerlandaises, l'essence qui le donne est une des
plus répandues dans la zone tropicale. On la rencontre, en effet, en
Amérique (Mexique, Antilles, Guyane); dans l'Afrique tropicale,
en Asie méridionale, dans l'Archipel malais, etc. Elle est très con-
nue dans les possessions françaises sous le nom de Fromager^ qui
provient, sans doute, de la facilité avec laquelle son bois se laisse
entailler.
Un autre genre de Bombacées fournit aussi des produits similaires;
ce sont les Bonihax ; ils comptent également parmi les géants du
règne végétal et sont assez analogues kV Eriodendron. Le caractère
botanique permettant de distinguer les deux genres réside dans la
disposition des étamines. Chez les Eriodendron, celles-ci sont
soudées à la base en une colonnette qui se partage à la partie supé-
rieure en cinq branches portant les anthères, tandis que chez les
Bombax les filets staminaux sont très nombreux et libres sur une
grande longueur.
La principale espèce de Bonihax exploitée pour le duvet de ses
484 ÉTUDES ET IMÉ MOIRES
fruits est le B. Ceiba L. qu'on rencontre en Indo-Chine et parti-
culièrement au Tonkin ; il se distingue facilement de VEriodendron.
à première vue, par ses fleurs roug-es. On exploite aussi localement
et Ton pourrait dans bien des cas tirer un parti avantageux d'autres
espèces du même genre, telles que le B. huonopozense signalé par
Palisot de Beauvois en Afrique occidentale et les B. cambodgiense
et anceps rencontrés par Pierre, le premier dans la province cam-
bodgienne de Tran , le second sur les hauteurs de la province de
Baria (Gochinchine), décrits tous deux dans la grande flore fores-
tière de la Gochinchine.
Il résulte des études délicates auxquelles s'est livré M. Perrot sur
les poils des Eriodendron et des Bomhax, qu'il n'est pas possible
de déterminer de caractères difl'érentiels bien nets permettant de
déceler l'origine botanique de ces produits d'une manière certaine.
Cependant, il existe au point de vue des propriétés spéciales de ces
poils, des difl^érences notables, soit que l'on considère des espèces
différentes ou même des variétés d'une même espèce, soit qu'il
s'agisse de produits d'origine géographique variée, différences qui
permettent de les répartir industriellement en une série de qualités,
suivant les usages auxquels on les destine. C'est là un fait essentiel
qu'on ne doit pas perdre de vue et, en définitive, c'est surtout la
mesure de la force portative qu'il importe d'opérer pour déterminer
la valeur commerciale d'une bourre donnée.
C'est Java qui fournit actuellement la plus grande quantité de
Kapok et sa production est à peu près complètement absorbée par
la Hollande où elle arrive sur les marchés d'Amsterdam et de Rot-
terdam; elle peutêtre évaluée actuellement à environ 2.800 tonnes.
L'arbre à Kapok est même cultivé à Java' sur une assez grande
échelle et dans la partie centrale de l'île, on compte plus de cin-
quante exploitations récoltant de Kapok soit comme produit acces-
soire, soit même comme produit principal. Parmi les colonies
françaises, c'est l'Indo-Chine qui fournit la plus grande quantité
de Kapok, particulièrement au Cambodge où des cultures ont été
entreprises et en Cochinchine ; mais la production semble à peu
1. La meilleure qualité est obtenue sur les arbres cultivés à une altitude inférieure
à 200 mètres ; au-dessus, la fructification est moins abondante, plus tardive et les
fruits ne mûrissent souvent (ju'incomplètement, d'où un abaissement notable de la
valeur du produit.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 485
près complètement consommée par les indigènes, comme matière de
rembourrage.
Madagascar a fait aussi de sérieux efforts pour la production du
Kapok ; des plantations ont été effectuées à la station d'essais de
rivoloïna par les services agricoles et plusieurs colons exploitent
déjà la bourre d'Eriodendron.
Les colonies françaises de la côte occidentale d'Afrique possèdent
aussi r Erlodendron et la Guinée, en particulier, serait capable de
fournir une quantité importante du produit.
L'exploitation des arbres à Kapok peut d'ailleurs donner des pro-
duits secondaires, dont lintérét n'est pas à négliger ; la graine four-
nit, en etfet, une huile comestible rappelant au goût celle de l'ara-
chide ; le tourteau possède une assez grande valeur nutritive et
peut servir à l'alimentation du bétail.
On a quelquefois préconisé l'emploi du Fromager comme arbre
d'ombrage dans les cultures ; il possède l'avantage de pousser très
vite ; mais dès qu'il a atteint une taille assez considérable, il peut-
être renversé même par un vent peu violent, étant donnée la faible
résistance de son bois, et cause alors des dégâts considérables dans
les exploitations.
D. — Soies végétales.
Les poils qui forment les aigrettes des graines d'Asclépiadéessont
assez longs pour être lîlés mais leur lignification les rend fragiles et
cassants et leur emploi, pour cette raison, devient à peu près impos-
sible. On les a parfois mélangés au coton; mais les tissus obtenus
sont hétérogènes et se détruisent aux premières lessives par suite
de rentraînement des libres étrangères au coton.
Ces productions ne peuvent même être assimilées au Kapok
comn^e matière de rembourrage, à cause de leur faible élasticité et
de leur poids beaucoup plus considérable sous un même volume ;
à plus forte raison, n'y a-t-il pas lieu d'y songer pour la fabrication
des appareils de sauvetage. On a quelquefois proposé de les utiliser
dans l'industrie de la fleur artificielle; en ligaturant le.s poils de
l'aigrette vers leur extrémité lorsque celle-ci adhère encore à la graine
et en la détachant ensuite, on obtient de petites boules soyeuses
qu'on peut teindre de diverses couleurs. Mais ce sont des produits
d'un intérêt très secondaire.
486
ÉTUDES ET MÉMOIRES
Parmi les soies végétales les plus connues, il faut citer les poils
de YAsclepia curassavica L. des Indes occidentales et de TAmé-
rique du sud, de VA. syriaca L. de l'Amérique boréale, de certains
Marsdcnia de l'Inde, du Calotropis procera Willd. [Louc-Mouc]
originaire des Indes orientales, très répandu en Arabie, Abyssinie,
Égvpteet même dans la région soudanienne, du C g'ujantca Willd.,
-i -0" .«
Fig. ll.i.
l'ilocere.ns luteralis Kint de Piiebl.i : dapi-rs Dij^uct.
localise dans llnde et à Ceylan, des Ti/lophora, Hoya^ Pcriploca.
La meilleure de toutes les soies végalales paraît être fournie par
une ApodVnée de l'Inde, \q Beaumonlia grandi flora Wall. ; les poils
on sont très longs (5 cent, environ), très blancs et aussi résistants
(pic li'S([ualités moyennes de coton ; la lignification est d'autre part
moins accentuée que chez les soies d'Asclépiadées.
COURS DE BOTANIQUE COLONIALE APPLIQUÉE 487
Enfin ^ nous ne pouvons terminer ce chapitre, sans signaler les
poils fournis par certaines Cactées et qui ont une apparence laineuse.
Ces poils proviennent du tomentum qui recouvre les tiges chez les
Pilocereus^ mais ils ne sont pas, chez toutes les espèces, susceptibles
d'être utilisés, car souvent ils sont courts, rudes et cassants.
« Deux espèces ont été employées par les indigènes de certaines
contrées du Mexique : ce sont le Pilocereiis lateralis Web. et une
autre espèce probablement nouvelle, à laquelle le D"^ Weber avait
provisoirement donné le nom de P. alensis. »
Le P. lateralis est une espèce des plus étranges par son allure
(fig. 113) ; elle consiste en une seule tige non ramifiée, d'une forme
conique très allongée, pouvant atteindre une hauteur de 10 mètres ;
la laine s'étend sur un seul côté et forme sur les deux tiers de la
plante, une étroite bande large tout au plus de 30 centimètres. Le
P. alensis est au contraire une Gactée très ramifiée, dont certains
rameaux portent un tomentum terminal.
La laine de ces Cercus est employée comme matière de rembour-
rage et aussi en mélange avec du poil de lapin ou de la laine de
mouton pour faire des feutres.
l. Voir à ce sujet : Dicuf-t, Élude sur les principales Cactées utilisées au Mexique
et susceptibles dêtre introduites dans les régions désertiques des colonies françaises
(Bul. Soc. nat. Acci., 1906).
[A suivre.) Marcel Dubard,
Maître de Conférences à la Sorbonne,
Professeur à V Ecole supérieure
cV Agriculture coloniale.
LES EUCALYPTUS
[Suite.)
La plantation faite par nous sur fossés horizontaux, dans un
terrain très en pente, est encore plus belle, parce que le sol avait
été plus profondément travaillé ; enfin, les éboulements de chaque
saison hivernale n'ont plus lieu, attendu que les racines de ces
arbres maintiennent les terres et les obligent à conserver toute la
végétation arbustive qui s'est développée sous leur ombre.
Le rôle que jouera l'Eucaljptus dans les futurs reboisements est
énorme ; il est à peu près impossible d'en prévoir les conséquences
sur la culture, l'assainissement et sur Taugmentation probable de
la population : l'avenir est devant les jeunes qui auront écouté la
voix de la sagesse.
Faire croître des arbres, là oii il ny avait jusqu'alors que rochers
et chardons, c'est faire œuvre la plus méritoire et la plus digne de
mériter V approbation et la reconnaissance des agriculteurs éclairés
dans le présent et dans l'avenir. Vraisemblablement, ce sont princi-
palement nos successeurs qui en bénéficieront le plus, quoique, en
quelques années, les reboiseurs en retireront déjà de sérieuses
satisfactions : 1" par l'assainissement d'abord ; 2° par la diminution
des insectes ; 3" par la plus grande humidité atmosphérique qui en
résultera certainement ; 4° enfin par le bois de chauffage, de char-
pente, etc., qu'ils en obtiendront, et en même temps ils assurent
l'aisance aux générations futures.
Toutes ces raisons doivent militer en faveur du reboisement à
outrance en Algérie et partout ailleurs.
A ce propos, nous lisons dans la Bévue mensuelle du Touring
Club de France, de septembre 1905, sous la signature de M. Oné-
sime Reclus, les quelques lignes suivantes :
(( C'est pour avoir été tant do fois témoins des ruines presque
impromptu ;
« Pour avoir vu si souvent la cliute de la cime, le décollement ou
la déchirure de la pente, la destruction de la prairie et du verger,
L EUCALYPTUS
489
la mort de la source et la fureur du torrent suivre immédiatement
la mort de la forêt, le châtiment punir aussitôt le crime ; ♦
« Pour avoir observé qu'à chaque arbre disparu de la montagne,
la rumeur du torrent réveillait plus d'échos, que sa force grandis-
sait, qu'il entrechoquait plus de rochers et des rochers plus gros,
qu'ainsi, toujours plus il désossait le mont ; et que chaque rocher
de plus, entraîné par le Ilot ou déraciné par l'avalanche, c'était, au
loin, plus de sable et de vase dans le fleuve, dans l'estuaire et
nos meilleures rivières incapables de porter un bateau qui ne soit
pas un simple canot ;
(( C'est pour tout cela que forestiers, géologues, géographes,
montagnards, planicoles, bref, tout le monde a fini par savoir la
vérité vraie, qui est celle-ci :
« Le salut de la montagne est dans le reboisement ; le salut de la
plaine est dans le reboisement ; le salut des rivières est dans le
reboisement ; le salut de la terre est dans le reboisement. »
Ceci est très bien dit, mais M. 0. Reclus eût pu ajouter :
La santé publique repose sur le reboisement.
Néanmoins, nous sommes entièrement d'accord, car dans le
reboisement réside la force et la grandeur à venir de l'Agriculture.
SEMIS ET CULTURE DES EUCALYPTUS EN PÉPINIÈRE
Quoique certaines espèces d'Eucalyptus pourraient se semer en
planche, en pleine terre, c'est un mode de multiplication que nous
ne conseillons pas, parce que ce système est précaire et un peu
aléatoire, étant plus exposé aux intempéries de l'hiver ; d'autre
part, le repiquage direct en plein champ, offre peu de chances de
réussite, vu qu'il est matériellement impossible de surveiller
convenablement la plantation.
Le semis à demeure n'étant pas pratique, pour les mêmes raisons
que ci-dessus, on l'exécute en pots ou en terrines, à des époques
déterminées, et ainsi, la réussite est toujours assurée.
L'Eucalyptus que l'on s'imaginerait de retirer de pleine terre,
pour le transplanter en plein champ, même en motte, est voué à une
mort certaine, tandis que celui que l'on repique en pot et dont la
reprise est complète, une fois livré à la pleine terre, est assuré de
s y établir et d'y végéter vigoureusement.
490
ÉTUDES ET MÉMOIRES
Le semis d'Eucalyptus, fait directement sur place a été tenté à
diverse» reprises mais sans donner aucun résultat pratique, de
plus, il fallait de plus grandes quantités de semences, ce qui était
onéreux.
Dans le midi de la France, en Italie et en Espagne, il convient
de semer les g-raines d'Eucalyptus dans le courant du mois d'août ;
en Algérie, le semis doit être exécuté de janvier à fin avril, mais
mieux à cette dernière époque.
Fif;-. 18. Germinations. — 1. Eucalyptus macrocarpa.
2. Aniyji'dalina.
3. Melliudora.
4. Mar^inata .
Dans le premier cas sous châssis, en pots, en terrines ou en
caisses ; dans le second cas, dans des récipients semblables, mais
en les i^ecouvrant simplement d'une lame de verre et en maintenant
fraîche mais non inondée la terre dans laquelle se trouvent les graines.
Le sol doit être composé de terreau de feuilles mélangées avec
partie égale de terre légère de jardin.
Les graines sont répandues très uniformément, et pas trop épais ;
on les enterre à peine d'un millimètre de terreau ; on arrose quand
le besoin s'en fait sentir ; en peu de jours la germination se
produit, si la température et la fraîcheur sont suffisantes.
(Juand les plants ont cinq ou six feuilles, on les relève avec pré-
caution — au moyen d'une spatule en bois — pour ne pas blesser
les jeunes racines, puis on les repique séparément dans des godets
L EUCALYPTUS
491
de cinq à six cent, de diamètre, où ils resteront jusqu'au moment
de leur mise en place en pleine terre. Si Ton ne dispose pas de
récipients enterre, il est facile dans les colonies, d'y remédier par
l'emploi d entre-nœuds, de bambou ou de feuilles de Pandanus,
comme le démontre la figure 17.
Au fur et k mesure du repiquage dans les godets, on range
ceux-ci près à près dans un coffre; ce travail terminé, arroser copieu-
sement, de manière à tremper convenablement la terre, puis on
ferme hermétiquement en posant dessus un châssis vitré, de telle
sorte que l'air n'y puisse pénétrer. Huit jours après environ
Fig. 19. Germinations. — 1. Eucalyptus stricta.
2. Sieberiana.
3. Piperita.
4. Glubulus.
on pourra aérer d'abord pendant une heure ou deux, puis
successivement un peu plus, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive que la
végétation se met en mouvement. Dès lors, on peut retirer complè-
tement le châssis, pendant le jour, mais il faut le remettre en place
le soir.
Ceci concerne les semis exécutés dans le Midi de la France. Dès
que l'automne arrive, on prendra un peu plus de précautions, surtout
le soir ; il est indispensable de n'arroser que modérément tant en
automne qu'en hiver, car les Eucalyptus dans leur jeune âge
craignent une trop grande humidité et l'eau stagnante. En tout
temps, il est indispensable d'aérer aux heures du jour où le soleil
492
ÉTUDES ET MÉMOIRES
brille, afin que la trop forte chaleur concentrée sous les châssis ne
brûle pas les jeunes plants. On ne doit arroser que le soir et si le
besoin s'en fait sentir
En prenant les quelques précautions indiquées ci-dessus, on ne
saurait faire autrement que de réussir à obtenir une grande quan-
\.à*,jr
Fig. 20. Gerininations.
1. Eucalyptus calophylla.
2. Ali)ina.
3. Corymbosa.
i. Oblirpia .
tité de plants qui reviendront ainsi à un j)rix minime (environ
1 fr. oOà 2 fr. le cent).
En Algérie et en Tunisie, nous avons vu qu'on semait (K'i)uis
janvier à fin avril ; semés comme ci-dessus, dès que les plants sont
assez forts (ayant 5 à 6 feuilles), on les repi(|ue en godets de o
à 6 centimètres de diamètre, en prenant les précautions (|ue nous
avons indiquées.
On doit opérer de même pour la reprise en godets, mais dès que
les jeunes plants seront en marche vers une végétatation active.
l'eucalyptus 493
on les sortira du cotFre et on les enterrera (avec les godets) à même
le sol et en les espaçant sutTisamment pour qu'ils puissent se déve-
lopper convenablement et sans se gêner.
Pour placer ces godets en pépinière, on doit avoir à sa disposi-
tion, un sol léger, que l'on bêche avant l'emploi, puis après l'avoir
bien égalisé, on en forme des planches de 1 m. oO de largeur sur
la longueur que Ion désire ; sur cette surface ainsi préparée, on
trace des rayons (avec le cordeau) tous les 20 ou 25 centimètres et
c'est, sur ces rayons même, que le centre du godet doit s'enfoncer.
Pour ce faire, on aura à sa disposition un morceau de bois —
sorte de plantoir du diamètre du pot — rond et pointu, que l'on
enfonce à l'endroit où doit venir se poser le godet ; dans le trou
ainsi foré, on enfouit le pot contenant le jeune plant), sansdépasser
le boi-d supérieur. On arrive ainsi à placer, très régulièrement,
en pépinière, tous les Eucalyptus que l'on a, et comme ils sont
bien repris, pour peu que l'entretien soit convenable, un ou deux
mois plus tard, et même plus tôt, la plantation peut être faite à
demeure en pleine terre.
La mise en place des jeunes sujets a lieu généralement vers le
mois d'octobre, lors des premières pluies; on peut du reste planter
les Eucalyptus toute l'année et en n'importe quelle saison, si l'on
a de l'eau à sa disposition.
Cejaendant, les plants provenant de semis faits en janvier doivent
déjà être très forts en octobre — même trop — ; alors il est préfé-
rable de les planter longtemps avant, c'est-à-dire en juin-juillet,
si possible, et dans les sols frais.
Ces plants-là boudent un certain temps, mais aux premières
pluies d'automne ils partent vigoureusement ; les plantations faites
en octobre-novembre — de plants issus en mars-avril — s'éta-
blissent parfaitement au cours de l'hiver et au printemps sont déjà
bien développés. En règle générale, ces dernières plantations
atteignent (suivant les espèces), au mois d'octobre de l'année sui-
vante, de 3 à 6 mètres de hauteur, sans avoir reçu une goutte
d'eau au cours de l'été.
Nous avons vu des Eucalyptus, plantés en plein mois d'août,
mais sur rigole d'irrigation, atteindre 2 m. 50 trois mois plus tard ;
néanmoins ceci est exceptionnel et ne saurait être réalisé autre part
que dans les lieux où l'on possède de l'eau en abondance.
Dans tous les cas où il s'agira de planter de grandes surfaces de
494 ÉTUDES ET MÉMOIRES
terrain chaque année, il faudra aussi renouveler les semis aux mêmes
époques indiquées ci-dessus, car il est impossible de planter des
centaines d hectares la même année, à moins d'avoir à sa disposi-
tion un nombreux personnel, habile à faire ce travail, pourtant
très simple.
Nous estimons quil faut qu'on ait à sa disposition, par hectare,
5.000 plants, pour que ceux-ci se développent convenablement et
que l'on puisse espérer de son reboisement un bénéfice certain en
poutres, poteaux télégraphiques, etc., en un laps restreint de 8 à
10 années.
Avec ce chiffre minimum, que nous donnons comme base
approximative et après expérience, on pourra être fixé sur la quan-
tité de plants dont on pourrait avoir besoin. De toutes manières,
il est indispensable d'avoir à sa disposition un matériel de châssis
et de pots suffisants, pour qu'on ne soit pas pris au dépourvu au
moment du repiquage des jeunes semis, qu'il est essentiel de faire
reprendre à l'étouffée. A la rigueur, il est possible de fnire des
repiquages en pots, à l'air libre, mais dans ce dernier cas, la
reprise est plus longue et plus aléatoire.
Pourtant nous avons procédé ainsi et nous ne nous en sommes pas
mal trouvé. 11 va sans dire que, dans ces dernières conditions, l'on
doit placer les repiquages en lieu bien ombré et qu'il faut ensuite
les habituer peu à peu au grand soleil, pour qu'ils puissent enfin
braver toutes les intempéries.
Cependant, si l'on ne possède pas de châssis vitrés, ce qui est le
cas dans bon nombre de colonies, on y supplée par des cadres en
bois, grossièrement assemblés, sur lesquels on fixe un papier fort,
huilé préalablement avec de l'huile de lin. Ces châssis sont légers,
pratiques, coûtent un prix dérisoire ; de plus, ils sont des plus
maniables.
Nous allons maintenant passer à l'étude de la plantation et indi-
quer les meilleures méthodes jjour arriver à un lésultat sûr et
certain, sans pertes — par trop grandes — et sans aléa.
Époque de plantation. — Exécution. — Choix des plants. —
Espacement. — Prix de revient a l'hectare, en montagne,
en plaine, etc, — u apport.
La meilleure épo{jue de plantation pour le Midi de la France,
c'est le mois de mai, dans n'importe quelle région ; en Algérie et
l'eucalyptus 495
en Tunisie, dès les premières pluies en octobre ou en novembre,
quelquefois décembre, si les pluies sont par trop tardives, ce qui se
produit cinq fois sur dix années qui se suivent.
Dans le Midi comme en Algérie, les plants s'établissent rapide-
ment et, on est tout surpris au bout de quelques mois, de voir les
arbres prendre une extension considérable.
Nous savons bien que dans les deux régions ci-dessus, ces plan-
tations doivent se faire en une saison où le travail abonde de tous
côtés, mais il suffit de se prémunir d'avance du personnel dont on
a besoin, pour ne pas être pris au dépourvu.
On peut avoir à sa disposition des terrains défrichés et d'autres
qui ne le sont pas.
Les premiers sont labourés profondément, s'il n'y a pas d'in-
convénient à le faire, à cause des pierres, souches, etc. Si ces deux
causes d'impossibilité de labourer existent, il faut alors se conten-
ter de planter sur des trous faits à la houe ou à la bêche ; à la houe le
travail est plus facile et partant plus économique. Quoi qu'il en
soit, nous conseillons, s'il y a des souches et des pierres dans le
terrain qu'on veut boiser, de ne pas s'en préoccuper et de planter
dans les intervalles.
On se trouve aussi en présence de terrains en montagne ou sur
des collines incultivables ; avec nos outils perfectionnés, la culture
y est impossible parce qu'ils sont couverts de palmiers nains, de
lantisques ou autres espèces propres à l'Algérie et à la Tunisie.
On peut se dispenser de détruire complètement ces végétaux para-
sites, ils abriteront les jeunes plants, non seulement contre le vent,
mais encore contre le froid (qui ne manquera pas parfois de se pro-
duire) et assureront leur reprise.
Il va sans dire que la plantation des Eucalyptus doit se faire
régulièrement; mais comme dans de tels sols, il est impossible de
tendre des cordeaux, on se repérera, comme le font les employés
des Ponts et Chaussées, au moyen de mires, dont tout le monde
connaît l'emploi.
Si le sol qu'on désire planter d'Eucalyptus était trop couvert de
hautes broussailles, celles-ci seraient coupées, mais les souches
laissées en terre ; elles repousseront et plus tard seront utiles pour
préserver les jeunes Eucalyptus de la dent des animaux domes-
tiques et sauvages.
Si l'on ne veut pas se donner la peine de couper les broussailles
i96 * ETUDES ET MÉMOIRES
il n y a qu'à les incendier, en prenant les précautions d'usage,
pour ne pas propag-er le feu chez son voisin. Rien ne flambe aussi
bien que le lantisque, qu'on appelle aussi brûle-capote, nom donné
par nos soldats, en 1830, par suite de sa facilité à brûler et
auquel les Arabes mettaient le feu, croyant arrêter nos vaillants
troupiers dans leur marche en avant.
Dans tous les lieux marécageux et humides, on choisira de
préférence le mois de juin, en agissant comme en montagnes et
en plantant des lignes droites, pour que les plantations soient bien
uniformes.
Ces dernières plantations atteindront à la fin de la saison d'au-
tomne, des dimensions extraordinaires et inattendues.
Résumons nous.
1° Dans le midi de la France, les plantations à demeure se
feront en mai;
2° En Algérie et en Tunisie, en octobre, novembre ou décembre,
en plaine et en montagne; si c'est dans un marais qu'on exécute
ce travail, on agira en mai-juin.
3" Dans les colonies Indo-Orientales, en Afrique, en Océanie, etc.,
on choisira l'époque la plus favorable, principalement la saison des
pluies, en ayant soin que les jeunes plants, au début de leur évolu-
tion, ne soient pas trop humectés.
Ceci bien compris, passons à la plantation et voyons quels
sont les meilleurs modes que l'on puisse préconiser pour un sem-
blable travail.
Suivant l'importance du reboisement que l'on entreprend, il
faut toujours avoir à sa disposition des hommes connaissant les
arbres et la manière de les planter; en France ces conditions sont
faciles à remplir; malheureusement, en Algérie, on compte plutôt
sur la main-d œuvre arabe, et ces derniers sont tellement arriérés
qu'il est impossible d'en faire autre chose que des terrassier.
Cependant avec deux ou trois Européens, Espagnols, Mahonais ou
Français intelligents et quelques Arabes bien dressés, on arrivera
facilement à se tirer d'affaire.
Avec les Européens on aura les dirigeants et les planteurs, les
Arabes feront les trous, dans les autres colonies on agira de même
avec la main-d'œuvre indigène.
Les trous se font à \a pioche plate ou houe, universellement em-
ployée en Algérie, où l'on se sert rarement de la Ijêche. L'Arabe fait le
l'eucalyptus 497
trou qui variera entre 20 et 30 centimètres de profondeur, en ayant
soin de bien briser les mottes, le dirigeant ou planteur suit et peut
immédiatement livrer à la pleine terre, le plant qui a été débarrassé
d'avance de son pot.
Au fur et à mesure du travail, les plants sont mis en terre, cela
facilite et simplifie la besogne, tout en empêchant la terre remuée
de se dessécher avant d'être utilisée.
Pour ce faire, l'arabe qui fait les trous et son dirigeant, sont
suivis par un ou deux individus portant les plants dépotés, sur une
civière de préférence ou dans un panier, si on juge à propos de
n'employer qu'un homme à cette besogne. Avec une civière on peut
porter 2 ou 300 eucalyptus avec leurs mottes.
Il va sans dire que les mottes des eucalyptus seront bien humectées
avant d'être mises en place, car il faut songer que ces arbres une fois
en terre ne recevront d'autre eau que celle du ciel. Si l'on avait le
malheur de ne pas suivre ces prescriptions, tout serait à refaire
l'année d'après, car il en réchapperait peu a la sécheresse pouvant
survenir même en hiver — cela s'est vu.
Les porteurs de plants peuvent aussi déposer les plants à côté de
la marque où doit venir l'arbre futur, sans attendre le dirigeant ou
planteur, ce qui facilitera et activera encore le travail.
Le planteur doit avoir à sa disposition une petite serfouette,
laquelle servira à pousser la terre et enterrer le plant, qui doit être
légèrement tassé au collet, afin que, en cas de sécheresse, la terre
par trop aérée ne le fasse pas périr.
En creusant le trou, il est toujours bon que l'outil soit présenté
bien droit pour que l'excavation ait des bords perpendiculaires et
soit presque aussi large au fond qu'à la surface du sol.
Comme nous l'avons vu, dans les terrains qui ne sont pas
exempts de broussailles et autres embarras, la plantation se fait à
la mire; dans ceux qui sont propres on se sert d'un cordeau, afin
que les plantations soient aussi régulièrement établies que possible ;
la motte de terre sera enterrée sous 2 ou 3 centimètres de terre, pour
que cette motte ne puisse subir les influences de la sécheresse,
toujours à prévoir.
Ce mode de plantation est très économique, et ne dépasse pas
1 fr. 30 à 2 fr. par cent sujets confiés à la pleine terre.
La plantation peut également se faire à la bêche, mais cet outil
est peu en usage dans le midi de la France et en Algérie ; du reste
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 105. 34
498 ÉTUDES ET MÉMOIRES
nous conseillons de s'en tenir à la houe, parce que cet instrument
est le plus pratique.
Le choix des plants n'est pas indifférent ; l'on doit surtout veiller
à ce que les racines ne tapissent pas par trop les parois des godets
en contournant ceux-ci, car le départ de nouvelles radicelles est
plus laborieux lorsque les plants sont aussi avancés que quand
ils sont plus jeunes, c'est-à-dire, lorsqu'ils n'ont que 3 ou 4 mois
de repiquag-e. Les Eucalyptus, pour la plantation en place, ne
devraient pas dépasser 23 à 30 centimètres de hauteur ; quand ils
sont plus forts la reprise en pleine terre est plus longue et cela fait
perdre du temps sur la végétation future.
11 faut donc rejeter impitoyablement tous les plants dépassant
une taille de 0 m. 30 à 40 cent, et ceux qui sont mal faits. Au cas où ils
auraient plusieurs têtes, il ne faut en laisser subsister qu'une et sup-
primer toutes les autres, à moins que l'on ne tienne à les conserver
pour former un groupe plus volumineux quand on les plante isolé-
ment.
Si au lieu de semer soi-même les Eucalyptus, on s'adressait à un
pépiniériste, le prix de revient est beaucoup plus important (15 à
20 francs le cent) ; si l'on passait outre, on veillerait à ce que les
jeunes arbres achetés ainsi, soient dans les conditions énumérées
ci-dessus.
En suivant les conseils que nous donnons, on n'aura aucun aléa
à craindre ; si au contraire on voulait planter des sujets plus longs
(pour ne pas les perdre) et partant de moins bonne qualité, on serait
dans l'obligation — cela fréquemment — de remplacer bon nombre
de plants morts au cours de l'été, à moins qu'on ait eu le soin
d'arroser ces forts sujets pour activer leur végétation ; mais ce pro-
cédé est onéreux pour de grandes surfaces ; de plus, on n'a pas
toujours de l'eau à proximité à sa disposition.
h' espace ment à observer dans la plantation des boisements est
relativement diiîicile à résoudre ; sur cet espacement les sylvi-
culteurs (ou E iicaly ploy raphcs ^ pour être plus correct) ne sont pas
d'accord.
A notre avis, qui est partagé par bon nombre de reboiseurs, les
Eucalyptus doivent être plantés assez près les uns des autres, parce
qu'ils oiîrent moins de prise au vent en se soutenant mutuellement.
Les uns proposent de planterai mètre en tous sens, soit 10.000 pieds
à l'hectare ; d'autres à 2 ou à 4 mètres, ce qui donne encore 5.000 à
2.500 pieds à l'hectare.
l'eucalyptus 499
En prenant la moyenne de o.OOO pieds, nous pensons être dans
le vrai, parce que 8 ou 10 ans après la plantation, on pourra déjà
obtenir un rapport de 2. oOO beaux arbres de lo à 20 mètres de
hauteur, excellents pour l'emploi des poteaux télég-raphiques, des
charpentes ou du bois à brûler qui a toujours sa valeur. 11 va sans
dire que ce résultat ne saurait être obtenu ailleurs que dans des
terres de bonne qualité, ou extra bonnes ; dans les terres tufeiises,
il n'en serait pas de même, dans ce cas, nous engagerions les planteurs
à serrer davantage et à mettre 10.000 plants à l'hectare. Au bout de
8 à 10 ans, ils obtiendront en arrachant un quart de leur plantation
2.500 belles perches de lo à 20 centimètres de diamètre et 8 ou 10
ans après autant, c'est-à-dire de beaux poteaux âgés de 13 à 20 ans
et d'un diamètre de 25 à 30 centimètres.
Comme l'abatage des arbres se fait à quelques centimètres du
sol, il reste la souche, que nous ne conseillons pas d'arracher et
qui, repoussant du pied, donnera encore chaque année, en bois tail-
lis, une grande quantité de fagots pour la boulangerie, etc.
Ainsi donc, on plantera :
1° Dans les terres médiocres et tufeuses : 10.000 pieds à l'hectare.
2". Dans les terres riches ou de 2'" qualité : 5.000 , : — .
Dans les deux cas, on obtiendra de bons rendements, tant en bois
de charpente, qu'en bois d'usage courant.
En règle générale, plus on plantera dru, plus les arbres seront
droits et de plus grande valeur.
Nous avons indiqué le prix de la plantation par cent, il nous reste
à indiquer quel serait le rendement moyen d'un hectare et la
dépense à y affecter.
DÉPENSES
Plantation et entretien pendant S ans.
Plantation (main-d'œuvre) de 10.000 plants à 20 fr.
p. 1000 200 fr.
Travail préliminaire, enlèvement des broussailles
ou labour, etc 50
Prix des plants élevés chez soi à 20 fr. p. 1000. . . 200
Amortissement du matériel et intérêt pendant 8 ans. 800
Entretien, binage, sarclage des arbres pendant 8
ans, à 20 fr. l'an KiO
Ce qui donne par hectare, une dépense de 1.410 fr.
SOO ÉTUDES ET MÉMOIRES
RECETTES
1'"'^ coupe de perches après 8 ans de plantation :
2500 perches (le 1/4 de la plantation) de 8 à 10 mètres
de lono^ueur avec un diamètre de 6 à 8 centimètres, à
2 fr. pièce (minimum) 5 . 000 fr.
5000 fagots, extraits des hranches des arbres abattus
à 50 fr. p. 1000 250
Total 5.250 fr.
Frais d'abatage et d'ébranchage, à 0 fr. 25 par perche
(maximum jamais atteint) 625 fr.
Fagots 5.000 à 10 fr. par 1000 50
Total 675 fr.
Recette après 8 ans d'attente 5 . 250 fr.
Dépense de coupe, etc 675
Reste sur recette 4 . 575 fr.
Dont il faut déduire : 1.410 fr. ; il restera donc un
bénéfice net de 4.575 fr. — 1.410 fr. = 3.165 fr.
2^ Coupe pour poteaux télégraphiques, bois de char-
pente, etc., après 15 ans d'attente : 2.500 poteaux
'de 15 à 20 mètres de longueur, à 15 fr. pièce 37.500 fr.
10.000 fagots à 50 fr. le 1000 500
Total 37.500 fr.
Dépense pour abatage et ébranchage des arbres à 1 fr.
pièce 2.500 fr.
Confection de 10.000 fagots à 10 fr. le mille 100
2.600 fr.
D'une part 37 . 500 de recettes.
2.600 de dépenses.
Reste net 34.900 h~
Somme qui jointe aux 3 . 165 fr. des 8 premières
années forme un total de 38 .065 fr.
soit, par an, après 15 ans d'attente, il est vrai, le joli revenu de
2.533 fr. environ ; en admettant que nous ne trouvions avec tous
les aléas que coniporte la culture, que 1000 fr. par an, il nous
semble (jue cela vaut encore la peine d'être pris en considération.
Ah ! si nous n'avions pas gagné les fièvres dans nos défri-
chements, quelle belle fortune nous aurions actuellement avec les
[)lantations que nous aurions pu faire alors (1880).
{A suivre.) R. de Noter.
NOTES
LE CASTILLOA ELASTJGA
A TIASSALÉ (COTE D'IVOIRE)
Comme les autres espèces à caoutchouc de la plantation D. R.,
les Castilloa elastica sont plantés en milieu découvert et semblent
bien s'en accommoder. Ils paraissent craindre la stag'nation de
l'eau au niveau des racines ' mais se comportent bien du régime
pluvieux de la région.
On peut remarquer que parmi les Castilloa de 3 ans 1/2 le n" 3
est de très grandes dimensions par rapport aux autres ; il a déjà
fructifié. Il est difficile d'expliquer cette différence si ce n'est par
l'influence d'un meilleur emplacement, cet arbre se trouvant isolé
et éloigné des autres.
Néanmoins, les mensurations ci-dessus montrent que dans la
Basse Côte d'Ivoire, le Castilloa a un développement rapide, com-
parable H celui du Manihot Glaziowii ; la facult»^ de produire du
caoutchouc doit se trouver en rapport.
ESSAIS DE SAIGNÉE
A tout hasard, nous avons saig-né les arbres de 2 ans 1/2 les
plus forts.
A. — CastUloa de ''} ans jj''}.
/" Essai. — Arbres 2, o, 7.
Avec la gouge, il est fait des entailles horizontales de 2 à 3 cm.
de long, disposées en lignes verticales et écartées de 0,25 sur la
1. Un grand nombre de plants, placés à proximité mais à un niveau inférieur et
atteints par la crue, ont disparu dès la première année.
)02
NOTES
ligne. Il y a ainsi quatre lignes verticales hautes de i m. 15 sur
tout le pourtour ; deux lignes consécutives ont les entailles alter-
nantes les unes avec les autres.
L'écorce du Gastilloa est fibreuse, épaisse et un outil bien tran-
chant est nécessaire. L'inciseur Van den Kerkhove (gouge la plus
étroite) donne de bons résultats mais toute gouge, traçant un
sillon étroit et travaillant par traction serait bonne.
De chaque plaie sort un latex épais qui, au contact de Tair, se
sépare aussitôt en deux parties : un sérum incolore, s'écoulant en
gouttelettes noircissant rapidement et le caoutchouc qui reste sur
la plaie sous une forme pâteuse. Deux jours après, le produit s'est
concrète et on peut récolter des scraps de c )uleur noire, d'un bel
aspect, mais manquant un peu de nervosité.
Rendement total : 9 gr. 8 caoutchouc sec, soit une moyenne de
3 gr. 2() par arbre.
^® Essai. — Arbre 1 .
Saignée en arête de poisson dont l'incision verticale s'élève jusqu'à
1 m. 2o. Les incisions obliques intéressent la moitié du pourtour
et sont écartées de 0 m. 50 les unes des autres ; il y en a cinq à
droite et trois à gauche.
Gastilloa de 2 ans 1 |2 à 3 ans
Gastilloa de 3 ans 1/2 à 4 ans
N"^
(;ii-c()iiférence du tronc
N«-
Girconférence
à la hase
à 1 mètre
à la base
à 1 mètre
1
2
:)
4
5
0,35
0,275
0,145
0,19
0,27
0,17
0,26
0,27
0,21
0,10
0,125
0,20
0,09
0,20
1
•)
3
0,42
0,39
0,755
0,295
0,25
0,54
Le caoutchouc reste entièrement sur les plaies, même obliques ;
il ne s'écoule que le sérum par l'incision verticale.
Rendement 4 gr. 2 de caoutchouc sec, en scraps; pou nerveux.
LE CASTILLOA ELASTICA
503
Dans Tannée on pourrait Faire deux opérations analogues per-
mettant d'obtenir au total 6 à 8 gr. par an. Ce rendement d'arbres
de 2-3 ans payerait peut-être la main-d'œuvre employée mais une
récolte si précoce ne paraît pas intéressante, le caoutchouc fourni
étant encore peu nerveux et les arbres pouvant être contrariés dans
leur croissance.
B. — Caslilloa de S ans J /'2 à 4 ans.
1" Arbre n'^ 1. Saignée par rangées verticales d'entailles sur
j m. .SO de hauteur. La circonférence de cet arbre permet de faire
six rangées d'entailles alternantes.
Mêmes observations que précédemment au sujet de l'écoulement
du latex.
Rendement 17 gr. 7 caoutchouc sec, en scraps, genre « Sernamby
Pérou », très nerveux, de couleur noire.
Du fait de ces incisions, qui ne sont écartées que de 0 m. 25 les
unes des autres, les laticifères de la région intéressée ne sont pas
vidés ainsi que le montre une incision intermédiaire ; on sait que
les laticifères du Castilloa sont bien continus mais il est possible
que la nature pâteuse du latex s'oppose à un flux abondant de sorte
qu'il n'est pas exact de déduire de la longueur de ces tubes, que
les incisions n'ont pas besoin d'être rapprochées (/. d'A. T., n" 83,
mai 1909, p. 143 : La saignée du Castilloa cultivé).
Nous avons donc fait, trois jours après, des entailles intermé-
diaires dans le milieu des intervalles laissés.
Rendement 4 gr. Caoutchouc sec total 21 gr. 7.
2° Arbre n° 2. Arête de poisson à incision principale s "élevant à
1,25 ; incisions latérales, obliques, intéressant la 1/2 circonférence,
écartées de 0,50, au nombre de trois à droite et trois à gauche.
Il est à remarquer que les incisions verticales ne donnent presque
pas de latex et pourraient donc n'être que superficielles pour ne
servir qu'à collecter le latex.
Il ne coule que du sérum dans le godet placé à la base, le caout-
chouc restant sur les plaies.
Rendement 4 grammes.
Trois jours après, les premières incisions obliques sont doublées
par des incisions intermédiaires.
Rendement 1 gr. 7. Cet arbre donne un bon produit mais est
inférieur comme rendement.
804 NOTES
3° Arbre n'' 3. Cet arbre, très vigoureux, a déjà été saigné,
il y a trois mois, en arête de poisson faite à la façon dont les noirs
saignent les Funtumia en forêt, c'est-à-dire abusivement. Les plaies
sont à peu près fermées et larbre paraît bien portant.
Nous essayons les saignées par lignes d'entailles verticales :
mais le latex apparaît plus abondant et plus fluide que pour les
arbres précédents et du caoutchouc risquerait de se perdre à terre.
Il est fait alors une arête de poisson s'élevant jusqu à 1 '" 75,
soit quatre incisions de chaque côté, écartées de 0,50 intéressant
la moitié du pourtour du tronc.
Le latex coule le long des incisions obliques mais la séparation
en deux parties s'efl'ectue assez vite, de sorte que le godet placé au
pied de l'arbre ne reçoit que du sérum.
Cette forme de saignée paraît donc faciliter la séparation natu-
relle du caoutchouc et du sérum ; or il n'y a aucun inconvénient à
favoriser cette séparation sur l'arbre, ce qui évite d'avoir du latex
à traiter et donne un produit, genre Sernamhy , très élastique, de
couleur noire, d'odeur agréable, dont la valeur paraît supérieure à
celle du produit obtenu si l'on traite le latex récolté ; cette supé-
riorité quant à la valeur marchande des deux sortes obtenues
semble bien résulter d'essais faits à Camay enne (Guinée française)
et publiés au Bulletin du Jardin Colonial (n° 69, décembre 1908).
Dans ces conditions on pourrait donner aux incisions obliques une
inclinaison assez faible par rapport à l'horizontale ; la séparation
du caoutchouc se ferait plus sûrement et on trouverait facilité à
exécuter les incisions dans le tissu fibreux de l'écorce.
Cette facilité avec laquelle se forme le Sernamby et la difficulté
de recueillir du latex fluide est très "remarquable et cependant il
semble que la principale préoccupation des expérimentateurs qui
ont étudié cette question, ait été la coagulation du latex, récolté à
l'état fluide, qui présente certains aléas.
Le produit restant ainsi sur les plaies ne se coagule pas aussitôt
à l'air ; il conserve pendant plus ou moins longtemps une consis-
tance pâteuse et une couleur blanche. On peut le récolter dès qu'il
est devenu élastique, c'est-à-dire après un laps de temps de un à
trois jours, suivant le degré hygrométrique de l'air, semble-t-il.
Rendement de 1 arbre n° 3 : 12 gr. (), caoutchouc sec. Ce faible
rendement n'a rien d'extraordinaire étant donné que l'arbre avait
été saigné d'une manière abusive peu de temps avant.
LE CASTILLOA ELASTICA 503
Trois jours après, une série intermédiaire d'incisions est faite.
Rendement : 7 grammes.
Il semble que les rendements aux 2®* saignées seraient plus forts
si le temps qui s'écoule entre les deux opérations était plus long de
façon à permettre un appel de latex des autres parties de l'arbre.
De toutes façons, le système par incisions dabord éloignées à la
première opération, puis rapprochées par une 2" opération nous
paraît préférable k une saignée unique avec incisions nombreuses :
pour une même blessure, la quantité de latex obtenue est plus
grande, par suite d'un appel des laticifères des autres parties de
l'arbre. Toutefois nous avons constaté qu'à la 2" saignée, le latex,
plus fluide, est bien moins riche en caoutchouc ; mais il est
possible qu'il n'en soit ainsi quç parce que le laps de temps sépa-
rant les deux opérations, était trop court. Un délai de huit ou
peut-être quinze jours, devrait donc s'écouler entre la première et
la deuxième saignée.
Donc comme le Funtumia, le Castilloa peut recevoir des saignées
répétées, mais par des incisions intermédiaires et non des ravivages ;
chez ces deux plants, Funtumia et Castilloa, la tension du latex est
plus grande à une certaine distance de toute incision que sur les
bords des plaies et le phénomène de la réaction à la saignée ne se
manifeste pas. On peut ainsi rapprocher les deux espèces à caout-
chouc l'une de l'autre en ce qui concerne les procédés de récolte
du latex et il semble qu'une analogie dans la structure des latici-
fères puisse en être la cause.
Rendements. — Tontes les incisions d'essais faites sur ces
Castilloa ont été conçues de façon à ce qu'un nouveau traitement
soit possible dans six mois au maximum.
En doublant les résultats précédents, on aurait comme rendements
annuels pour des arbres de 3 à 4 ans.
0 1 ;
: 43 gr.
4
2 :
: 11 gr.
4
3 :
: 39 gr.
2
Dans ces conditions, les chiffres de 100 à loO gr. cités par
M. Labroy [Journal d'Agriculture tropicale, n° 103, janvier 1910)
ne peuvent tarder à être atteints et seront rémunérateurs.
Les mêmes considérations que pour le Funtumia peuvent être
506 NOTIÎS
émises ici au sujet du faible prix de revient du caoutchouc, par
suite du peu de main-d'œuvre nécessaire. Ces deux arbres, Funtu-
inia et CasiiUoa sont les seuls que peuvent tenter de cultiver avec
succès les planteurs des pays où la main-d œuvre est rare ou chère.
, Les arbres expérimentés se sont montrés très précoces. Il est
vrai que ceux de trois ans nont donné qu un caoutchouc peu ner-
veux et leur traitement était prématuré, mais les spécimens de
quatre ans ont fourni un rendement très satisfaisant eu égard aux
frais de récolte et le caoutchouc récolté est d'excellente qualité.
Le Castilloa paraît donc être é<^alement un arbre recommandable
pour la Côte d'Ivoire et, à Tiassalé, par exemple, il semble plus,
indiqué que l'Hevea.
Il faut noter cependant qu'étant sujet à des invasions d'insectes
xylophages. il exige certains soins, à défaut desquels sa conser-
vation pourrait bien ne pas être assurée. En effet, en repassant
trois mois après sur la plantation, nous avons pu faire les observa-
tions Suivantes : les incisions faites trois mois plus tôt étaient par-
faitement fermées et l'on pouvait prévoir qu'une nouvelle récolte
pourrait être faite après un nouveau délai de trois moi§ ; toutefois
la larve d'un gros coléoptère avait pénétré dans le bois de certains
arbres en creusant une large galerie.
Le parasite n'a attaqué que les arbres dont le tronc est caché
entièrement ou en partie par la brousse ou trop ombragé, en s'intro-
duisant par les dépressions laissées sur le tronc par les pseudo-
branches tombées naturellement. Les sujets à tronc dégaffé, Lien
éclairé sont sains.
Il en résulte la nécessité de maintenir les Castilloa en terrain
très propre et sans culture intercalaire, telle que le Cacaoyer, comme
cela a été mis en pratique en Amérique Centrale.
Il serait bon d'autre part, d'enduire de goudron toutes les inci-
sions et les cicatrices laissées par les pseudo-branches.
CONCLUSIONS SUR LA CULTURE DU CASTILLOA ELASTICA A LA
CÔTE It'lVOIRE
Le Castilloa est peut-être susceptible de donner des rendements
plus élevés et plus précoces que le Funtumia mais nous ne pensons
pas qu'il pourrait détrôner cette dernière espèce dans les régions
forestières de la colonie où elle est indigène.
LE CASTILLOA ELASTICA 507
De plus, toute question d'acclimatement mise à part, le Castilloa
ne semble pas d'une rusticité à toute épreuve.
En particulier une crue atteig-nant ses racines lui est funeste même
si elle est de faible durée ; un terrain bien perméable lui est
nécessaire.
Par contre, il semble (ju'il conviendrait pour les régions dont le
climat forme la transition entre la zone forestière équatoriale, carac-
térisée par des pluies abondantes et la zone tropicale ou soudanaise,
à saisons sèches très marquées. Là, placé dans des terrains frais,
il pourrait être exploité par des entreprises européennes. Il intéres-
serait notamment la moyenne Côte d'Ivoire, c'est-à-dire une partie
du Baoulé-Sud, le Baoulé-Nord, le cercle de Mankono, le Nzi-
Comoé, etc., au cas où le Funtumia, essayé dans les différents
postes de ces cercles, où il ne se rencontre pas spontanément, ne
donnerait pas de bons résultats. Il serait alors bien préférable au
Manihot Glaziowiiqui donne peu et exige beaucoup de main-d'œuvre
à la récolte.
M. Bret,
Sous-Inspecteur d'Agriculture.
NOTE SUR LA FÈVE TONKA OU SARAPIA
Le Tonka ou sarapia est un arbre qui appartient à la flore du
Venezuela, du Brésil, de la Colombie et, à un moindre deg-ré, de la
Trinidad. Son fruit est une sorte de noix oblong-ue dont le noyau, en
forme de fève, contient une essence odoriférante assez appréciée
dans la parfumerie, la confiserie et la fabrication de certains tabacs.
Ce noyau est surtout récolté dans la rég-ion du Caora (Venezuela),
d'où par la voie de FOrénoque, il est généralement expédié kCiudad
Bolivar puis, de là, dirigé sur Port of Spain, Trinidad, pour y être
soumis, avant d être exporté, à une certaine préparation qui en
assure la conservation.
Cette préparation consiste à faire subir aux fèves de sarapia une
macération de vingt-quatre heures dans le rhum et à les faire
ensuite sécher à l'ombre sur un tamis de bois pendant une quin-
zaine de jours. Elles se recouvrent alors d'un enduit blanc cristal-
lin formé en partie du sucre du rhum dont elles se sont imprégnées,
enduit qui leur sert d'enveloppe préservatrice. On les traite aussi
de cette manière au Venezuela, mais en moindre quantité par suite
du coût plus élevé du rhum.
Le sarapia ne produisant une récolte abondante que tous les
trois ans, le cours de ses fèves est soumis à des variations assez
brusques. 11 est actuellement de $ 4 (quatre dollars), .soit 21 francs
la livre (poids anglais) : il descend parfois jusqu'à 2 fr. 50 et même
2 francs.
Les acheteurs de ce produit, s'ils veulent le payer un prix abor-
dable, doivent faire leurs commandes l'année qui précède la grosse
cueillette, d'autant plus que la majeure partie de celle-ci, est souvent
accaparée par le trust des tabacs des Etats-Unis. C'est d'ailleurs
vers ce dernier pays que se dirige la presque totalité de l'exporta-
tion des fèves tonka préparées à la Trinidad (.'j^ 2o.138, soit G28. 450
francs en 1909). Les acheteurs français auront intérêt à apprendre
que la prochaine récolte abondante aura lieu en 1912.
H. Ohi.andi,
Vice-Conaul (Je France ù Trinidud.
DOCUMENTS OFFICIELS
Côte d'Ivoire.
DECRET
fixant les quantités de cacao à admettre en J9I J,
au bénéfice de la détaxe.'
Art. I" — Le cacao, en fèves et pellicules, orig-inaire de la Côte
d'Ivoire est admis, en France, à la moitié des droits du tarif métropolitain.
Art. 2. — Le traitement de faveur accordé par l'article précédent est
subordonné aux conditions suivantes :
a) Le cacao doit être importé en droiture.
h) Il sera accompagné d'un certiticat d'origine délivré par les autorités
locales.
En outre, des décrets du Président de la République, rendus sur la
proposition du ministre des colonies et du ministre des finances, détermi-
neront, chaque année, d'après les statistiques officielles établies par le
g-ouverneur général, les quantités auxquelles s'appliquera le régime de
faveur px'évu à l'article premier.
Art. 3. — Le ministre des finances, le ministre du commerce et de
l'industrie et le ministre des colonies sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal
officiel de la République française et inséré au Bulletin des lois et au
Bulletin officiel du ministère des colonies.
Fait à Paris, le 16 novembre 191 L
A. Fallières.
Martinique.
ARRÊTÉ
fixant le cadre du Service d'Agriculture.
Le Gouverneur de la Martinique.
Vu l'ordonnance organique du 9 février 182?, modifiée par celle du 22 août 1833 ;
Vu l'arrêté du 2 février 1911 fixant le cadre générai et le cadre local du service de
l'agriculture à la Martinique ;
oiO doclmi:nts officikls
Vu la dépêche ministérielle en date du 21 mai 1911, relative à l'organisation du
service de l'afiriculture à la Martinitiiie ;
Sur la proposition du Secrétaire général;
Le Conseil privé entendu,
Arréti': :
Art. l*"'. — L'article premier de l'arrêté sus-visé du 2 février 1911,
porlant fixation du cadre du personnel agricole de la colonie, est modifié
comme suit :
« Art. l•'^ — Le personnel supérieur du service de l'agriculture
comprendra :
« Un inspecteur ou ,un sous-inspecteur, chef du service,
« Un sous-inspecteur, chargé du Laboratoire,
« Un ou deux agents principaux de culture. »
Art, 2. — Le présent arrêté sera inséré au Journal officiel de la
colonie et soumis à l'approbation de M. le iMinistre des colonies.
Fort-de-France, le 28 septembre 1911.
FOUREAU.
Par arrêté du 28 septembre 1911 l'Ecole pratique d'agriculture colo-
niale de la Martinique a été licenciée à compter du l*""^ octobre 1911.
NOMINATIONS P:ï MUTATIONS
Afrique occidentale française.
Par décision du Gouverneur général
en date du 2 septembre.
M. Geoffroy (Paulj, inspecteur d'Agriculture de 2" classe, retour de
congé, est mis à la disposition du Lieutenaul-C^ionverneur de la Guinée
française.
Guinée française.
En date du .") octobre :
M. Leroide, sous-inspecteur de V'' classe d'Agriculture, précédemment
chef du Service par intérim de l'Agriculture, est chargé de l'Inspection
agricole de la Hasse-Guinée.
DOCUMENTS OFFICIELS 511
Va\ date du 7 octobre :
M. Gostes, sous-inspecteur d'Agriculture de 2*" classe, est appelé à
continuer ses services à Kouroussa. -.--. — ^
M. Portai, sous-inspecteur d'Agriculture de 3'' classe, est appelé à
continuer ses services à la station agricole de Benty, en remplacement de
M. Gostes.
M. Bardou, sous-inspecteur d'Agriculture de 2" classe, es.t appelé à
continuer ses services au Jardin d'I'^ssai de Gamayenne, en remplacement
de iM. Portai.
M. Leroide, sous-inspecteur de l'*' classe d'Agriculture, chargé de
l'inspection agricole de la Basse-Guinée, sera chargé, en outre, de l'Ins-
pection forestière et aura droit, en cette qualité, à l'indemnité forfaitaire
de déplacement de 1.800 francs, prévue à l'article J*^' du chapitre 25 de
l'exercice en cours.
STATISTIQUES COMMERCIALES
Exportations agricoles et forestières des Colonies françaises.
MARTINIQUE
/e'' semeslre 1911.
Sucre d'usine 33.960.931 kilos
— brut 1.253 —
Mélasse 29.712 —
Rhum et tafia. 6 . 397 . 868 litres
Café 8.207 kilos
Cacao 331 566 —
Casse 47.715 —
Campêche 4.000 —
Vanille 1.059 —
GUADELOUPE
/ e-- semestre 1911.
Sucre d'usine 35 . 025 . 202 kilos
Mélasse 399.816 —
Rhum et tafia.. 6.952.181 litres
Café 763.500 kilos
Coton 167 —
Cacao 611.511 —
Casse 37 —
Rocou 10 020 —
Vanille. 13.478 —
Ananas (conserves).... 66.668 —
COURS ET MARCHES
DES PRODUITS COLONIAUX
CAOUTCHOUC
LE HAVRE, 4 décembi^e 1911. — (Communiqué de la Maison Vaquin et
ScHWEiTZF.n, 1, rue Jérôme-Bellarmato.)
Marché plus actif sans grands changements dans les prix et Ion cote :
Francs
Para iin 11.25 à 12
Para Scrnamby G. '5 7.80
Pérou fin 11 1 1 . GO
Pérou Scrnaniby 9 10.23
— — caucho . 10 11.33
Maniçoba ".23 9.53
Madagascar :
Tamatave Pinky I s 9
— Pinky II G s
Majunga G S . 30
Faranfangana 3 G . 30
Anahalava G 7 . 30
Mananzary. j
Barabanja. [ G 7.30
Lombiro. '
Tuléar ; - 3 6
Tonkin 6 9.30
Cvngo :
Haut-Oubanslii.
11.30 11.70
Le tout au kilo
Francs
à 11.
8
Kotto Il .30
H. C. Batouri 7 .30
Ekela Kaclei Saufcha 11 11.33
Congo rou^e lavé 3 G . 30
Bangui 11 11.50
Koulon-Niari G 8.50
Manibéri 5 6
N'Djolé G. 30 7.30
Mexique feuilles scrappj' 9 10
— slaps G 7.50
Savanilla :
San Salvador 9 10
Garlhagène 7 8.50
Ceylan :
Biscuits, crêpes, etc. . \
— — extra.. [ 12.23 12.73
Scraps )
Balata Venezuela blocs.. G. 30 7.25
Balata — feuilles.. s 8.25
magasui Havre.
BORDEAUX, t> novembre 1911. — (Communiqué de MM. D. Duffau et
C'", 10, rue de Cursol.)
Les affaires ont été excessivement calmes pendant le mois d'octobre écoulé.
Les arrivages sont de plus en plus restreints et pour le disponible sur place,
les importateurs sont très durs à accepter la baisse provoquée par les cours
actuels du Para qui est descendu aux environs de 11 frs. 70 le kilo el que l'on
cote aujourd'hui dans les 12 francs le kilo.
Les ventes s'élèvent à environ 35 tonnes dont 13 tonnes sur contrats à livrer.
Bul. du Jardin colonial. 1911. II. — N" 103.
35
514
COURS ET MARCHÉS
Nous colons :
Francs
Gonakry Nijj^g-ers 9.25 à 9.r)0
Rio Nunez , 10.25 Ki.io
Soudan Niggers Rouges. 8.75 <»
Soudan Niggers Blancs.. 8 8.5»
Soudan Manoh 9.50 10.25
Laliou Niggers 8 8.25
Lahou petits Cakes 7 7.25
Gambie A 7
Hassani Lumps î
(lauihic A. M 6
- R 5
Tamatavc rooty 5
Tamata\ e Pinky I S
[•
•ancs
A
•i
25
50
6
.25
5
25
S
.30
ANVERS, i- octoJ)ro 1011. — (Conimuni(iU('' de l;i Sorii'lr coloninlo Anror-
soise, 9, rue Rnbens. '
Le marché do caoutchouc a clô assez laililc pciKliiul le mois de seplembiv
dernier avec des alternatives de reprise ; c'est ainsi tjue notre vente par inscrip-
lion du 27 septembre s'est faite avec bonne demande et à des prix ressortant
à fr. : U.7"> en hausse pour les caoutclioucs de plantation et de l'r. : U.2S pour
les sortes congolaises.
Nous colons à lin septenibie pour ([ualilé courante .'i l)onue :
Fi-auc
Kasaï l'ouge 1 12 à
Kasaï rouge genre Lu-
anda II noisette 9.75
Kasaï noir 1 1 2 . 25
Equateur, Yengu. Ikeleni-
ba, bulonga, etc 12.25
Lopori Maringa 1 .'M)
12.. '5 7 5
10
25
12
00
12
(iO
i
so
Francs
Haut -Congo ordinaire,
Sankuru, Lomani . . . . 12.20 à 12.80
Aruwimi 12 12.35
Straits Crêpes 1 1 S. 50
( iuayule 5 . 25 5 . 50
Maniçoba " . io 7 . 90
Mongola lanières 12 12.35
^^'amba rouge 1 7.75 8.25
Marché à terme.
Le marché à terme en septembre a été calme. On cotait lin septembre :
Fi-ancs l'i-ancs
Octobre 1i.l5
Novembre 1 4 . 05
Décembre 13.90
Janvier 13.75
Février 13.50
Mars.. 13.50
Aviil 12.95
Mai 12.90
Juin 12.85
Juillcl 12.85
Stock lin aoiil 191 1 522 tonnes
Arrivages en septembre. . . . 30(i —
Ventes en septembre 393 —
,Vrri\ages (le|juis le 1" ,jan-
\ier 3. jHO tonnes
\'enles depuis le l*"^ janvier. 3.339 —
COURS ET MARCHÉS
515
COTONS
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 2 décembre 1911. — Cote officielle. — Louisiane très ordi-
naire (en balles, les 1)0 kilos).
Francs
Décembre 59 . 50 à 58 . 7ê>
Jan\ ier-Fé\rier 59.25 58.6:2
Mars 59.37 58. s"
Avril 59. «2 59.12
Mai 59. "5 59.25
Francs
Juin 60.00 à 59.75
.luillel 60.12 59.62
.\oiit 60.. 37 60
Septembre-Oclobrc 60.62 60.25
Novembre 60.37 60.37
Tendance calme. Ventes : 6.300 lialles.
LIVERPOOL, 2 décembre 1911. — Ventes en disponible : (3.000, Amérique
calme. Indes, calmes et sans changements ; Tiiturs ouverts en hausse de 5 à 4 %•
CAFES
(D'après les renseignements du Bulletin agricole et commercial du Journal Officiel.)
LE HAVRE, 2 décembre 1911. — Sanlos good average, les 50 kilos, en
entrepôt :
Francs Francs
Décembre. .
.Ianvier-Fc\"i
Mars
8». 75
8i
83.50
Avril-Mai 83.25
Juin- Août 83
Septembre-Novembre 82 , 75
Tendance soutenue. Ventes : 10.000.
ANVERS. 2 décembre 1911. — Cafés, — C^lôlure. — Coteofiîcielle des cafés
Sanlos Base Good les iJO kilos : décembre, 8M l"r. ; janvier, 85 fr. ; février,
84 fr. 30 ; mars, 84 fr. ; avril, 84 t'r. ; mai, 83 fr. 75 ; juin, 83 fr. 75 ; juillet,
8.3 fr. 25 j août, 83 fr. 25; septembre, 83 fr. 25; octobre. 82 fr. 50.
Tendance soutenue.
HAMBXHJRG, 2 décembre 1911. —Cafés. — 2 heures. — Les 50 kilos, eu
tlorins : décembre, 68 fr. 50 ; mars, 68 fr. 50; mai, 68 fr. 2o ; juillet, 68 fr. 25 ;
septembre, 68 fr. 25,
Tendance soutenue.
ol6
COURS ET MARCHÉS
CACAO
LE H^Vi?f7. .-ÎOnovenihif 1911.
Au droit de 104 francs.
Fi
ancs
Francs
Guayaquil Air
iba....
75
à
7!»
Sainte - Lucie,
Domi-
— Balao
70
7 i
nique, Saint-Vincent.
67.50 à
74
— Machala . .
71
73
Jamaïque
6i
7.3
Para
74
72
76
76
Surinam
6<J
67.50
7;î
Carupano
Bahia fermenté
76
Colombie
115
70
7 S
6'J
j:<o
90
78
75
San Thomé
72.50
65
68
66
75
('evlan, Java . .
Côte d'Or .
67 .50
Tinidad
Samana
69
Grenade
Sauchez Puerto
Plata..
70
Haïti
58.50
67 . 50
Au droit de b2 francs.
Francs
Congo français 90 à 100
Martinique 92.50 93.50
Guadeloupe 94 96
Madagascar, Réunion,
Comoresu
Francs
90 à 100
ANVERS, 1'' octobre l'Jll (Coniiuuniqué de la Société coloniale anversoise
9, rue Rubens).
Marché ferme dans le courant de septembre mais baissant lin septembre,
nous cotons le Congo Fr. 73.o0 7b par ">() kg-r.
MATIERES GRASSES COLONIALES
MARSEILLE. 12décembre l'Jll. Mercuriale spéciale de « rAgricullure
piati(jue des Pays chauds », par M.M. Kocca, Tassy et de Roux.)
Coprali. — Tendance feiine et en hausse. Nous colons iiomiiudeiiieiil en
disponible les 100 kilos c. a. f., poids net délivré conditions de place^
Francs
Ceylan sundricd 63
Sing^a pore 61
Macassai' 59.50
Manille 57 . 50
Zan/.i bar 58 . 50
Mozambique 60
Francs
Ja\ a sundricd 61
Saigon 58
Cotonou 59
Pacifique Samoa 6(t
Océanie française .... 60
COURS ET arARCHÉS ol7
Huile de palme Lagos. 72 iVs ; Bonny-Benniii, 70 lis ; qualités secon-
daires, 61 à 63 fi's les 100 kilos, conditions de Marseille, fûts perdus, prix
pour chargement entier.
Graines de palmiste Guinée 42 fr. délivré
— MoAvra Manquant
Graines oléagineuses. — Situation ferme ; nous cotons nominalement :
Francs
Sésame Bombay blanc j,^rosse ifraine \1
— — petite — 41
— Jalla 49
— bigarré Bombay. Grosses graines. 50 °/o de lilanc. . \1
Graines lin Bombay brune grosse j^raine 4o
— Colza Cawnpore. Giosse graine 32
— Pavot Bombay 42
— Biciu Coromantlel 2S
Arachides décortiquées Mozandjique 40
— — Goromandel 3o
Autres matières. — Cotations et renseignements sur demande.
TEXTILES
LE HAVRE, i décembre lUU. — (Communiqué de la Maison \'aquin et
Schweitzer.)
Manille. — Fair current : oO fr. à 50 fr. oO — Superior Seconds : 48 fr.
à 48 fr. oo. — Good brown : 46 fr. 25 à 46 fr. 50.
Sisal. ^- Mexique : 55 fr. 50 à 56 fr. — Afrique : 61 fr. à 66 fr. — Indes
anglaises : 33 fr. 50 à 40 fr. 75. — Java : 60 fr. à 68 fr.
Jute Chine. — Tientsin : 46 fr. à 48 fr. — Hankon : 45 fr. à 50 fr.
Aloès. — ■ Maurice : 52 fr. 25 à 68 fr. — Réunion : 52 à 67 fr. 50 — Indes : 31 à
37 fr. — Manille : 34 fr. à .39 fr. 50.
Piassava. — Para : 140 à 145 fr. — Afrique : Cap Palnias : 52 à 57 fr. —
Sinoë : 53 à 55 fr. ; Grand Bassam : 54 à 58 fr. ; Monrovia : 52 fr. à 54 fr.
China Grass. — Courant : 80 fr. à 95 fr. — Exlr i : 99 fr. 50 à 120 fr.
Kapok. — Java : 190 à 215 fr. — Indes : 115 à 135 fr.
Le tout aux 100 kilos, Havre.
ol8
COURS ET 3IARCHES
GOMME COPALE
ANVERS, 8 octobre 1911. — (Communiqué de la Société Coloniale
An verso ise.)
Le marché du copal pendant le mois de septembre a été très ferme : la
demande était bonne et les prix en légère avance; nous cotons pour qualité cou-
rante à bonne :
Gomme triée, blanche de belle qualité 320 à 350
— claire, transparente 230 à 260
— assez claire opaque. I i'i à 180
— non triée, de (jualilé cf)uranle >> »
La prochaine vente est fixée au 8 novemjjre prochain.
LE HAVRE, Décembre 1911. — (Communiqué de MM. Vaquiu et
Schweitzer.)
Gomme copale Afrique 50 à 100 francs ) . ,,_,^ ,
' ,. , , , .les 100 kg.
— — Madagascar 100 a 400 — l
POIVRE
(les 50 kgr. en entrepôt) :
LE HAVRE, 7 octobre 1911 :
Saigon. Cours du joui- (les 50 kilogr. entrepôt) :
Francs
Décenihre X9 . ôO
Janvier 00
Février 00 . ôO
Mars 01
.\vril 01.. "lO
Mai 02
Francs
Juin 02.30
Juillet O.H
Août 03.30
Sei)lenil)rc Oi
Oclnitre 01. .10
Tendance soutenue.
Tellichcry. Cours du jour :
Décembre 62
Janvier 62.25
Février 62 . 50
Mars 63
.Vvril 63.2.)
Mai 63.50
Tendance soultiiuc. \'entes : 1.100.
Juin 6.3.75
Juillet 61
Août 64 . 25
Septembre 64 .50
( )clobre 01.75
Novembre
C.OUtlS ET MARCHÉS
519
IVOIRE
ANVERS, l*"'' notobro l'ill. — (Communiqi'é de la Société coloniale
Anversoise.)
Marché inchangé et avec peu d'affaires.
BOIS
LE HAVRE, t décembre 1911.
Schweitzi'r.)
Francs
Acajou Haïti 0 à 10
— Mexique 18 40
— Cuba 12 10
— Gabon l'i 2'2
— Okoumé !t H
- (Communiqué de MM. Vaquin et
Francs
Ebène-Gabon 25 à 40
— Madagascar 15 30
— Mozambique s 15
le tout aux 100 kilos. Havre.
VANILLE
(Communiqué de M. Maurice Simon, 212, rue Lafayette à Paris) (!'''• décembre
191
Vanille Mexique. — New- York est ferme sans changement et cote le 20écoulé
entières S 4 à 5 et les euts S 3,75 à 4. — Les nouvelles de la récolte conti-
nuent à arriver excellentes et on peut l'estimer légèi-emeut plus importante
que la dernière. Les premières nouvelles « culs » constituées par les gousses
tombées ou arrachées par le vent avant complète maturité sont attendues à
New-York en janvier, mais une bonne qualité ne pourra être livrée avant
février-mars. Nous recevons une circulaire datée de New-York, 10 novembre,
nous informant qu'une des firmes américaines qui compte parmi les plus actives
et les })lus entreprenantes dans le marché des vanilles au Mexique et depuis
quelques années également dans l'Océan Indien vient de se transformer en
société par actions avec un capital de un million de dollars ou cinq millions de
francs, dont moitié actions préférence et moitié actions ordinaires. 11 y a là au
point de vue général un indice certain sur l'avenir et le développement de la
consommation et dos affaires vanilles aux Etats-Unis. Nous ne pouvons que
féliciter les produclours de vanille à ce sujet et en même temps attirer l'atten-
tion des négocianls de l'ancien continent sur cet événement dont l'importance
ne peut leur échapper.
M20 COURS ET MARCHÉS
Vanille Bourbon. — Paris montre la même fermeté avec affaires très actives.
Le « Djemnalî » arrivé le 2'j écoulé a porté 379 caisses contre 442 à pareille
époque Tan passé. Sur cette quantité, 114 caisses sont pour une seule firme
parisienne. L'arrivage se compose de 7G caisses Seychelles, 'j Maurice, lO.'i
Bourbon, 27 Madagascar, 23 Anjouan, 2 Mayotte, 52 Grande-Comore, SO Mohéli.
La vente de Londres du mercredi 20 écoulé était attendue avec grand intérêt
parce que depuis fort longtemps il n'avait été offert en Angleterre une aussi
importante quantité de vanille. La demande, spécialement de la part des dro-
guistes anglais, a été fort active et soutenue, et les prix obtenus en moyenne
0 pence au-dessus des cours de la précédente auction. Ce sont les qualités des-
cendantes et les extra grandes longueurs qui étaient les plus recherchées. Sur
438 boîtes Seychelles offertes, 426 ont trouvé preneurs, les premières de 14/ —
à 19 — suivant longueurs et les ordinaires à 13/6 et 14 — par Ib. Sur 252
Madagascar, 130 ont été vendues un peu plus cher que les Seychelles, enfin
3 boites Ceylau courtes ordinaires ont été adjugées à 13,9.
Vanille Tahiti. — Hambourg cnnliniie à monter et tient aujourd'hui
14 marks 25.
Prix du kilo tête et queue (i.'l " o l'"'", 20 *> o 2"=. 15 " „ 3''; longueur moyenne
17 centimètres ; conditions à l'acquitté 2,08 à déduire pour provenance colonies
françaises et 4 fr. 10 pour colonies étrangères.
Bourbon, Comores ou Madagascar, selon mérite. 47 IV. 50 à 52 IV. 50.
Pour première seule . 52 fr. 50 à 55 f rs.
Pour queue de lots 40 frs. à 44 l'rs.
Mexique, qualité supérieure 55 frs. à 65 frs.
Mexique, en qualité descendante 45 frs. à 55 frs.
Tahiti, pour lots d'imp^orlation 20 frs.
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Par les paquebots de la Compagnie de Navigation Mixte (Touache), via Oran,
ii'e classe, ig6 fr.; 2« classe, i35 fr, ; 3' classe 92 fr.
Par les paquebots de la Compagnie Paquet, ire classe, ig6 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en ire classe, 2« classe, 60 kilog.,
3« classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, g, rue de Rome etdans les bureaux de la Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, rue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
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rapides et de luxe composés de confortables voitures à boggies.
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Valables jusqu'au 15 Mai 1911
délivrés du i^^ octobre au i5 novembre, aux familles d'au moins trois personnes
par les gares P.-L. -M., pour Cassis et toutes les gares P.-L. -M., situées au-delà
vers Menton. Parcours simple minimum : l\oo kilomètres. (Le coupon d'aller
n'est valable que du i"" octobre au i5 novembre 1910.)
Prix : Les deux premières personnes paient le plein tarif, la 3« personne bénéficie
d'une réduction de 5o 0/0, la 4^ et chacune des suivantes d'une réduction de 76 0/0.
Arrêts facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral.
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L. -M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà de Suez ou i New-York, ou vice-versa
Billets d'aller et retour « Paris-Marseille » (ou vice-versa), /■"«, 2«, J« classes
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Nev^-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : i" cl.: i44 fr- 80; 2» cl.: io4 fr. 26; 3" cl.: 67 fr. g5 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la C' des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C" Cyprien Fabre.
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— V
BIBLIOGRAPHIE
ET
INFORMATIONS
Une Richesse du Cambodge. La Pêche et les Poissons, par Loys
Petillot, administrateur en Indochine, i volume in-S» avec fig-ures dans le
texte, et photog-raphies et carte hors texte, 191 1 [Challamel éditeur), 10 fr.
L'industrie de la pêche au Gambodg-e, exclusivement exploitée jusqu'à ce
jour par les indigènes, constitue une richesse considérable, dont l'exploitation
intéresse l'Indochine toute entière.
M. Petillot a voulu mettre à même les européens de s'intéresser à cette
industrie et dans sou ouvrage très documenté, il expose les procédés indig-ènes
de la pêche, tant dans le Grand Lac que dans le Mékong; il traite avec soin
la question si importante de la préparation et de la conservation et enfin celle
de l'exportation des produits.
Pour rédiger son travail, M. Petillot s'est inspiré des études publiées jadis
dans les Excursions et reconnaissances en Cochinchine. par le docteur
Gilbert Tirant, l'enseigne Buchard, le docteur Ricard, etc., et il dédie son
livre à M. Paul Luce, résident supérieur au Cambodge auprès duquel, au cours
des années 1906 à 1910, il a pu réunir les éléments qui constituent son livre.
De belles et intéressantes photographies accompagnent l'ouvrage, que
complète heureusement une carte hydrographique du Cambodge.
L'Indochine Française, par MM. Henri Russier, inspecteur des écoles
en Cochinchine, et Henri Brenier, inspecteur-conseil p. i. des services
agricoles et commerciaux de l'Indochine. {Librairie Armand Colin,
Paris), 191 1, 4 fr-
Le vaste domaine colonial que la France possède dans la péninsule indo-
chinoise, depuis le golfe du Tonkin jusqu'au golfe du Siam, n'avait encore
jamais été étudié dans un précis d'ensemble.
MM. Russier et Brenier, pour combler cette lacune, ont réuni, sous un format
commode et maniable, dans un exposé aussi simple et clair que possible, les
faits essentiels de la géographie indochinoise.
L'ouvrage se divise en quatre parties : i^ Le pays, description géogra-
phique et pittoresque des principaux aspects de l'Indochine. — 2° Les habi-
tants, divers groupes ethniques qui peuplent les territoires de la péninsule.
— Z° La mise en valeur des ressources naturelles de la colonie. — 1\° L'orga-
nisation politique et administrative des six possessions françaises : Cochin-
(Voir suite de la Bibliographie, page VIIL)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du Chemin de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condition d'effectuer un parcours minimum
de loo kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, valables 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4" personne ;
BILLETS HEBDOMADAIRES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 Jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêtes légales (réduction de 20 à 44 0/0) ;
Les carnets contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilisés à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, valables 33 jours, (réduction de 20 0/0 sur
le prix des abonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stations balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCURSION individuels ou de famille de 2« et 3'' classes, des
dimanches et jours de fêtes légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0)
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS
Relations entre Paris et l'Amérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie d'Orléans et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, i>"e classe, entre Paris-Quai d'Orsay et Rio-de-
Janeiro, Santos, Montevideo et Baenos-Ayres (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (1) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
prix: voyageurs au-dessus de 12 ans
De ou pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de- Janeiro Billets simples: 890 tr. 85 (i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Santos » 9i5 fr. 85 (i) » i .458 fr. 80
Montevideo on Buenos- A ijr es. » i.o4o fr. 85(i) b i.658fr.8o
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : (a) des billets simples, l\ mois ; (6) des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de prolongation pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages oour les parcours par fer.
Faculté d'arrêt, tant en France, qu'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries Maritimes, i4> boulevard delà Madeleine, Paris.
— vil —
CHEMINS DE FER
DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
CARTES D'EXCURSIONS
/re, 5e et Je classes (Individuelles ou de famille)
dans le Dauphiné, la Savoie, le Jura, l'Auvergne et les Cévennes
Emission dans toutes les gares du réseau, du Jend i qui précède la Fête des
Rameaux au Lumii de Pâques.
Ces cartes donnent droit à :
— La libre circulation pendant i5 ou 3o jours sur les lignes de la zone
choisie.
— Un voyage aller et retour, avec arrêts facultatifs, entre le point de départ et
l'une quelconque des gares du périmètre de la zone. Si ce voyage dépasse 3oo kilo-
mètres, les prix sont augmentés pour chaque kilomètre en plus de : o fr. o65 en
ire classe ; o fr. o45 en 2e classe ; o fr. o3 en 3e classe.
Les cartes de famille comportent les réductions suivantes sur les prix des
cartes individuelles : 2e carte: 10 0/0; 3" carte: 20 0/0; 4® carte: 3o 0/0;
5e carte : [\o 0/0 ; 6« carte et les suivantes : 5o 0/0.
La demande de cartes doit être faite sur un formulaire (délivré dans les gares)
et être adressé, avec un portrait photographié de chacun des titulaires, à Paris :
6 heures avant le départ du train, 3 jours à l'avance dans les autres gares
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l'-e classe : 48 fr. 25 — 2" classe : 35 fr. — 3« classe : 23 fr. 25.
Billets d'aller et retour, valables un mois.
t" classe : 82 fr 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3« classe : 41 l'r. 50.
Arrêts, sans supplément de prix, à toutes les çares sur le parcours, ainsi qu'à Brighton.
Les trains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice-versa comportent des voi-
tures de i"'" classe et de 2» classe à couloir avec W -G. et toilette, ainsi qu'un wagon-
restaurant; ceux du service de nuit comporlenl des voitures à couloir des trois classes
avec W.-C et toilette Une des voitures de i" classe à couloir des trains de nuit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux gares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de 1 fr.
par couchette.
Billets d'aller et retour valables pendant quatorze jours Déliviés à
l'occasion des fêtes de Pâques, de la Pentei-ôte, de rAssoui|)tiou et de Noël.
\'-^c\. : 49 fr.. 05 ; 2« cl. : 37 fr. 80; 'S' cl. : 32 fr. 50.
Pour plus de renseignements, demander le bulletin spécial du service de Paris à Londres,
que la Compagnie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée au
service de la Publicité, 20, rue de Home, à Paris.
— VIII —
BIBLIOGRAPHIE {suite)
chine, Tonkin. Cambodge, Annam, Laos, et territoire de Kouang-Tchéou-
Wan. — Dans leur conclusion les auteurs ont résumé l'œuvre de la France
en Indochine, tant du point de vue indig-ène que du point de vue métropo-
litain.
Des notices bibliographiques très abondantes font de ce petit livre un
instrument de travail des plus précieux.
L'ouvrage est illustré de 56 gravures dans le texte (photographies et gra-
phiques), et 4 cartes hors texte en couleur complètent cet essai de vulgarisation
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Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
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Direttore :
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Redattore :
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REDACTEUR EN CHEF :
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Par les paquebots de la Compagnie Paquet, ire classe, 196 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en ire classe, 2= classe, 60 kilog.,
3" classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, 9, rue de Rome etdans les bureaux delà Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, rue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
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n'est valable que du i*^'" octobre au i5 novembre 1910.)
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d'une réduction de 5o 0/0, la 4'' et chacune des suivantes d'une réduction de 76 0/0.
Arrêts facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral.
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L. -M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà de Suez ou à New-York, ou vice-versa
Billets d'aller et retour « Paris-Marseille » (ou vice-versa), /■"*, 2^, 3' classés
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Ne-wr-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : i""*- cl.: i/i4 fr. 80; 2» cl.: io4 fr. 26; 3" cl.: 67 fr. g5 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la C'^ des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C* Cyprien Fabre.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par des trains rapides et
de luxe composés de confortables voitures à bogies. — Trajet rapide de Paris à
Marseille en 10 h. 1/2, par le « Côte d'Azur-rapide » (i^e classe).
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— V
BIBLIOGRAPHIE
ET
INFOUMATIONS
« Vers à soie sauvages d'Afrique ». — M. E. Michel, ingénieur
agricole, vient de publier, dans le Bulletin agricole du Congo belge, une
intéressante élude illustrée sur les différentes espèces d'Anaphe existant en
Afrique.
L'auteur donne d'abord des renseig-nements très complets sur les mœurs du
papillon qui pond g-énéralement à la face inférieure des feuilles dont les larves
se nourissent. Il nous apprend que la chenille seule se nourrit, et cela pen-
dant six ou huit semaines environ, c'est-à-dire jusqu'au moment où elle
secrète la soie dont elle s'entouie complètement pour former le cocon dans
lequel elle restera immobile pour subir sa période de nymphose.
M. E. Michel envisag-e ensuite comment on pourrait élever les chenilles
AWnaphe, et indique les espèces de feuilles dont elles se nourissent. Enfin
sont cités leurs ennemis et les rendements en soie des nids d'.4na/>Ae.
Au total, contribution très utile à l'étude des vers à soie africains.
Code musulman par Khalil, Rite Malékite. Statut réel, texte arabe et tra-
duction française de N. Seignette, i volume in-8'^. Nounelle édition igi i,
broché 26 fr., relié 3o fr. .4. Challamel, éditeur, Paris.
Ce livre si apprécié eu Alg"érie où une première édition avait été complè-
tement épuisée, rendra aussi les plus grands services aux fonctionnaires,
officiers, mag'istrats ou colons séjournant dans les pays musulmans et appelés
à traiter constamment avec les indig-ènes.
Le Rite Malékite (interprétation du Coran par l'Iman Malek) est professé
non seulement dans toute l'Afrique du Nord, Alg-érie, Sahara et Maroc, mais
encore par les indig-ènes musulmans de nos possessions de l'Afrique Occiden-
tale, Sénég-al, Mauritanie, Guinée, etc., ainsi que dans la rég-ion de l'Ouban-
g"ui et du Tchad.
Die Guttapercha und, Kautshuk-Expédition des Kolonial-Wirtschaf-
tlichen Koinilees, wirtschaftlicher Ausschuss der Deutschen Kolonialg-esells-
chaft nach Kaiser-Wilhclmslaud 1907-1909, par le D"" R. Schlechter.
Berlin, 191 i. Prix : G fr. 20.
(Voir suite de la Bibliographie, page Vlll.)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du Chemin de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condition d'effectuer un parcours minimum
de 100 kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, valables 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4" personne ;
BILLETS HEBDOMADAIRES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêles légales (réduction de 20 à 44 0/0) ;
Les carnets contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilisés à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, 'valables 33 jours, (réduction de 20 0/0 sur
le prix des abonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stations balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCURSION individuels ou de famille de 2' et '6' classes, des
dimanches et jours de fêtes légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0)
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS
Relations entre Paris et l'Amérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie d'Orléans et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, l'e classe, entre Paris-Quai d'Orsay et Rio-de-
Janeiro, Santos, Montevideo et Baenos-Ai/res (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (i) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
PRIX : VOYAGEURS AU-DESSUS DE 12 ANS
De ou pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de- Janeiro Billets simples: 890 fr. 85 (i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Santos » g'if) fr. 85 (i) » i .458 fr. 80
Montevideo ou Buenos- A ijres. » i.o/jo fr. 85(i) b i.658fr. 80
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : (a) des billets simples, 4 mois ; (b) des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de prolongation pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages nour les parcours par fer
Faculté d'arrêt, tant en France, (ju'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries Maritimes, \f\, boulevard de la Madeleine, Paris.
— VII —
CHEMINS DE FER
DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
CARTES D'EXCURSIONS
;re^ 2<i et Je classes (Individuelles ou de famille)
dans le Dauphiné, la Savoie, le Jura, l'Auvergne et les Gévennes
Emission dans toutes les gares du réseau, du Jeud i qui précède la Fête des
Rameaux an Lundi de Pâques.
Ces cartes donnent droit à :
— La libre circulation pendant i5 ou 3o jours sur les lignes de la zone
choisie.
— Un voyage aller et retour, avec arrêts facultatifs, entre le point de départ et
l'une quelconque des gares du périmètre de la zone. Si ce voyage dépasse 3oo kilo-
mètres, les prix sont augmentés pour chaque kilomètre en plus de : o fr. o05 en
ire classe ; o fr. o45 en 2e classe ; o fr. o3 en 3e classe.
Les cartes de famille comportent les réductions suivantes sur les prix des
cartes individuelles : 2e carte: 10 0/0; 3*^ carte: 20 0/0; 4« carte: 3o 0/0;
5e carte : l\o 0/0 ; 6» carte et les suivantes : 5o 0/0.
La demande de cartes doit être faite sur un formulaire (délivré dans les gares)
et être adressé, avec un portrait photographié de chacun des titulaires, à Paris :
6 heures avant le départ du train, 3 jours à l'avance dans les autres gares.
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l'-e classe : 48 fr. 25 — 2« classe : 35 fr. — 3« classe : 23 fr. 25.
Billets d'aller et retour, valables un mois.
l" classe : 82 fr. 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3" classe : 41 Ir. 50.
Arrêts, sans sup[)lémtMU de prix, à toutes les gares sur le parcours, ainsi qu'à Briçhtuu.
Les trains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice-versa coniporteiit des voi-
tures de I" classe et de 2" classe à couloir avec W -G. et toilette, ainsi qu'un wagon-
restaurant; ceux du service de nuit comportent des voitures à couloir des trois classes
avec W.-C. et toilette. Une des voitures de i" classe à couloir des trains de nuit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux gares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de 1 fr.
par couchette.
Billets d'aller et retour valables pendant quatorze jours Délivrés à
l'occasion des fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption et de Noël,
l'-e cl. : 49 fr.. 05 ; 2« cl. : 37 fr. 80; 3" cl. : 32 fr. 50.
Pour plus de renseignements, demander le bulletin spécial du service de Paris à Londres,
que la Compagnie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée au
service de la Publicité, 20, rue de Home, à Paris.
— VIII —
BIBLIOGRAPHIE {suite)
Annual Rapport of the Hawaï Agricultural. Esperiment station
for 1910. I volume in-8'^ illustré. Washiujfton, 191 1.
Hygiène coloniale, par le \y A. Kermowiant. Ancien inspecteur p;^énéral
du service de santé des co'onies françaises. Membre de l'Académie de Méde-
cine. Un vol. in-80 broché. Prix : 2 fr. 5o.
Après quelques mots sur la Glimatolog-ie des pays chauds, l'auteur ënumère
les conditions physiques et morales à exig-er de rémip;-rant, l'àg-e qui convient
le mieux, les vêtements dont il faut se munir; puis il indique les dispositions
à prendre avant le départ, en cours de traversée et l'époque la plus propice
pour l'arrivée à destination.
Des Chapitres sont consacrés aux professions que l'on peut embrasser, à
l'habitation, à l'alimentation, aux boissons, anx maladies qui g-uette ni l'Eu-
ropéen et aux moyens de s'y soustraire dans une certaine mesure, aux affec-
tions plus particulières aux indig"ènes.
Les animaux nuisibles ou dangereux par leurs agressions ou par les mala-
dies qu'ils peuvent propager, sont sig-nalés.
L'Ouvrage se termine par un Appendice dans lequel sont exposés les pre-
miers soins à donner, en attendant l'arrivée d'un médecin, aux blessés, aux
asphyxiés, aux empoisonnés, ainsi que les procédés les plus usuels de désin-
fection, indispensables à connaître dans des pays où l'Européen est appelé à
vivre au milieu de populations indig-ènes souvent atteintes de maladies conta-
gieuses dont il faut, à tout prix, empêcher la propagation.
Ce Précis d'Hygiène, à la fois pratique et très facile à lire, rendra, nous en
somme persuadé, de très grands services aux personnes qui n'ont ni le temps,
ni les moyens de se reporter à des Ouvrages plus étendus.
Un fteupU' (le barbares en territoire français. Deux ans de séjour en
petite Kabylie, par Jean Le Roy. Juge au Tribunal de la Seine, ancien
juge d'Instruction à Bougie. Un vol. in-8. A. Challaniel, éditeur, 191 i.
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Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
chauds » se trouve épuisé en numéros séparés. Nous informons nos
lecteurs qui pourraient disposer de ce numéro que nous serons
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Direttor-e :
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Redattore :
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Services directs entre PARIS et le MAROC (via Marseille)
Billets simples de Paris à Tanger valables i5 jours
Par les paquebots de la Compagnie de Navigation Mixte (Touache), via Oran,
I ""e classe, 196 fr. ; 2' classe, i35 fr, ; 3- classe 92 fr.
Par les paquebots de la Compagnie Paquet, l'e classe, 196 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en ire classe, 2* classe, 60 kilog.,
3* classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, 9, rue de Rome etdans les bureaux delà Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, lue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par de nombreux trains
rapides et de luxe composés de confortables voitures à boggies.
L'HIVER A LA COTE D'AZUR
Billets (Valler et retour collectifs, 2^ et 3^ classes
Valables jusqu'au 15 Mai 1911
délivrés du i""" octobre au i5 novembre, aux familles d'au moins trois personnes
par les gares P.-L. -M., pour Cassis et toutes les gares P.L.-M., situées au-delà
vers Menton. Parcours simple minimum : 4oo kilomètres. (Le coupon d'aller
n'est valable que du i-^^'' octobre au ij novembre 1910.I
Prix : Les deux premières personnes paient le plein tarif, la 3« personne bénéficie
d'une réduction de 5o 0/0, la 4^ et chacune des suivantes d'une réduction de 75 o/o.
Arrèls facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral.
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L. -M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà de Suez ou à New-York, on vice-wrsa
Billets (Valler et retour « Paris-Marseille » (ou vice-versa), /■■«, 2«, > classes
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Ne^v-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : I" cl.: i44 fr- 80; 2» cl.: io4 fr. 26; 3» cl.: 67 fr. 95 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la C'" des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C' Cyprien Fabre.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par des trains rapides et
de luxe composés de confortables voitures à bogies. — Trajet rapide de Paris à
Marseille en 10 h. 1/2, par le « Côte d'Azur-rapide » (ire classe).
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— V —
BIBLIOGRAPHIE
ET
INFORMATIONS
Le Sésame de rfixtrême Orient (Sesamiim indicum D. C.) par
Pli. EBEHHAKDT, Inspecteur des Services agricoles et commerciaux de
riiulochine. i brochure in-8° avec photographies et dessins. (.4. Challaniel,
E(lilear)^ 3 francs.
Tirag-e à part de l'intéressante série d'articles publiés récemment dans
V Agriculture pratique des Pays chauds.
Etudes sur la Flore des Districts du Bangala et de l'Ubangi
(Congo belge). Piantœ Thonnerianœ Congolenses (deuxième série) 191 1.
8" avec environ 5o illustrations dans le texte. 20 planches lithog-r. et une
en couleur, i carte Prix : i3 t"r. 5o. Relié, i5 francs.
En 1896 et 1909, M. Fr. Thonner, de Vienne, parcourut, en herborisant le
pays des Bang'ala i^Cong-o belge) et une partie du district de l'Ubangi. Au
retour de son dernier voyage, il conha l'étude de ses récoltes botaniques à
M le professeur E. de Wildeman qui avait, en 1900, publié en collaboration
avec M. le directeur Th. Durand, l'énumération des récoltes du premier
voyag'e ( i).
Le résultat des études faites sur les documents botaniques recueillis en 1909
paraîtra prochainement sous le titre ci dessus.
Cette fois l'ouvrage est plus étendu, l'auteur a pensé qu'il pouvait être plus
intéressant de donner non seulement l'énumération des plantes recueillies et
la description des espèces et variétés nouvelles, toutes figures en hors texte,
mais encore un résumé de l'état actuel des connaissances géo-botaniques sur
la rég-ion.
Grâce aux notes prises par M. Fr. Thonner, g'râce aux photog-raphies et aux
itinéraires si complets publiés par lui, il a été possible de présenter un aperçu
de la végétation de la rég'ion qui se trouve entre le Cong-o au sud et l'Ubang-i
au nord. Celte étude présentait un intérêt particulier, car dans cette rég-ion
pas.se la limite nord de la grande forêt tropicale africaine.
L'ouvrage est divisé en trois parties principales. La première consiste en
notes g'éo-bolaniques ; elle est copieusement illustrée de g"ravures représentant
(i) Piantœ Tlionnerianœ Congolenses. Un vol. cartonné toile de 118 pages,
XXIII planches hors texte cl une carte du bassin de la Mongalla et précédé d'une
Introduction de M. Fr. Thonner. 1900. Relié toile, 8 francs. — (Edité également par
notre librairie).
(Voir suite de la Bibliographie, page Vlll.)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du Chemin de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condition d'effectuer un parcours minimum
de 100 kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, valables 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4" personne ;
BILLETS HEBDOMADAIRES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêtes légales (réduction de 20 à 44 o/o) ;
Les carnels contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilisés à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, Valables 33 jours, (réduction de 20 0/0 sur
le prix des abonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stati ns balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCURSION \nàWiAne\?. on de famille de 2« et 3» classes, des
dimanches et jours de fêtes légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0)
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS
Relations entre Paris et l'Amérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie iTOrléans et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, ir^ classe, entre Paris-Quai iV Orsay et Rio-de-
Janeiro, Sanlos, Montevideo et Buenos-Ayres (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (i) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
PniX : VOYAGEURS AU-DESSUS DE 12 ANS
De OU pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de-Jnneiro Billets simples: 890 fr. 85 (i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Sanlos » (jif) fr. 85(i) » 1.4^8 fr. 80
Montevideo ou Buenos-Ayres. » i .o4o fr. 85 (i) » 1 .058 fr. 80
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : (a) des billets simples, 4 mois ; (6) des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de prolongation pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages oour les parcours par fer
Faculté d'arrêt, tant en France, qu'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries iMaritimes, i/[, boulevard de la Madeleine, Paris.
— VII —
CHEMINS DE FER
DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
CARTES D'EXCURSIONS
/re, 2^ et J« classes (Individuelles ou de famille)
dans le Dauphiné,la Savoie, le Jura, l'Auvergne et les Cévennes
Emission dans toutes les gares du réseau, du Jead i qui précède la Fête des
Rameaux au Lamli de Pâques.
Ces caries donnent droit à :
— La libre circulation pendant i5 ou 3o jours sur les lignes de la zone
choisie.
— Un voyage aller et retour avec arrêts facultatifs, entre le point de départ et
l'une quelconque des gares du périmètre de la zone. Si ce voyage dépasse 3oo kilo-
mètres, les [)rix sont augmentés pour chaque kilomètre en plus de: o fr. o65 en
ire classe ; o fr. o45 en ae classe ; o fr. o3 en 3e classe.
Les cartes de famille comportent les réductions suivantes sur les prix des
cartes individuelles : 2e carte: 10 0/0; 3e carte: 20 0/0; 4® carte: 3o 0/0;
5e carte : l\o 0/0 ; 6" carte et les suivantes : 5o 0/0.
La demande de cartes doit être faite sur un formulaire (délivré dans les gares)
et être adressé, avec un portrait photographié de chacun des titulaires, à Paris :
6 heures avant le départ du train, 3 jours à l'avance dans les autres gares.
CHEMINS DE FER DE L'ETAT
PARIS A LONDRES
Départs de Paris (Saint-Lazare',
10 11. 20 matin ( l'-« et 2« classes)
et 9 h. 20 soir (l" -2e et 3" classes)
via Rouen, Dieppe, et Newhaven, par la gare Saint-Lazare.
Services rapides tous les jours et toute l'année (dimanches et fêtes compris
Départs de Londres 1 Victoria),
10 h. matin (l^'et 2' classes)
London Bridge et Victoria
et 8 11. 45 soir (f» 2" et 3» classes
TRAJET DE JOUR EN 8 H. 4o. - GRANDE EGONOxMIE
Billets simples valables 7 jours.
l'e classe : 48 fr. 25 — 2" classe : 35 fr. — 3" classe : 23 fr. 25.
Billets d'aller et retour, valables un mois.
I-^- classe : 82 Ir 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3" classe : 41 fr. 50.
.A.rrëls, sans supplément de prix, à toutes les ^ares sur le parcours, ainsi qu'à Brightoii.
Les trains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice-versa comportent des voi-
tures de \''' classe et de 2« classe à couloir avec W -G. et toilette, ainsi qu'un wagon-
restaurant; ceux du service de nuit comporleiU des voitures à couloir des trois classes
avec W.-G et toilette Une des voitures de !■'« classe à couloir des trains de nuit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux g'ares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de 1 fr.
par couchette.
Billets d'aller et retour valables pendant quatorze jours. Délivrés à
l'occasion des fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption et de Noël,
l'-e cl. : 49 fr.. 05 ; 2« cl. : 37 fr. 80 ; 3« cl. : 32 fr. 50.
Pour plus de rcnsei^^nements, demander le bulletin spécial du service de Paris à Londres,
que la Compagnie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée an
service de la Publicité, 20, rue de iiome, à Paris.
— VIII —
BIBLIOGRAPHIE {suite)
certaines plantes caractéristiques et des aspects de vég-étation : forêt, clairière,
brousse, bords de rivières, etc.
La seconde partie Forme les « Plantai Thonneriana» Cong-olenses, série ii »,
et est accompagnée de 20 planches lithographiques.
Quant à la troisième, elle est surtout documentaire, elle comporte l'énumé-
ration systématique de toutes les plantes actuellement signalées dans les
districts des Bangala et de l'Ubangi avec l'indication des stations de récolte et
le nom des collecteurs.
Cet ouvrag-e présentera donc de l'inlérôt non seulement [)our les hommes
de science : botanistes, g-éographcs, mais encore pour le grand public qui y
trouvera une description du pays et des gravures représentant l'aspect de la
végétation. Il forme aussi le complément naturel du dernier ouvrage de
M. Fr. Thonner, Du Congo à l'Ubangi, qui vient de paraître en traduction
française.
Pièges à Moustiques. — La plupart des coloniaux désirent connaître un
bon piège à moustiques, cette plaie des pays chauds. Le « Mouchivore » de
M. Renaut semble réunir toutes les conditions destinées à leur donner
satisfaction.
Ce piège ingénieusement conçu peut prendre des milliers de mouches à
rheure. Le mécanisme qui fonctionne pendant 10 heures est renfermé dans
une boîte métallique et se remonte avec une clef comme une pendule. Ce
mécani.sme fait tourner très doucement le plateau où l'on a placé l'appAt
(encre ou miel) et sur lequel viennent .se placer les insectes. Sans qu'ils puis-
sent échapper ils se trouvent amenés sous une cheminée en toile métallique
dans laquelle ils sont définitivement prisosniers.
La simplicité du « Mouchivore », la régularité de son fonctionnement
semblent le désigner tout particulièrement à l'attention de tous ceux (jui
séjournent dans les pays chauds.
Un peuple de barbares en territoire français. Deux ans de séjour en
petite Kabylie, par Jean Le Roy. Juge au Tribunal de la vSeine, ancien
juge d'Instruction à Bougie. Un vol. in-8. A. Challaniel, édilcui-, 191 i.
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Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
chauds » se trouve épuisé en numéros séparés. Nous informons nos
lecteurs qui pourraient disposer de ce numéro que nous serons
heureux d'en reprendre les exemplaires en bon état au prix de
2 francs l'un. (A. Challamel. éditeur, 17, rue Jacob, Paris.)
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Redattore :
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Commercial, Industriel
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REDACTEUR EN CHEF :
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Association Amicale des Anciens Elèves
de l'Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture Coloniale
Siège Social : NOGENT-SUR-MARNE (Seine)
(ingénieurs d'agriculture coloniale)
L'Ecole sniirrieure d'Agriculture coloniale recrute ses élèves parmi les diplômés des Ecoles supérieures
d'Agriculture de France et de Timisie et les licenciés ès-sciences.
Elle les prépare à la pratique de la direction des entreprises agricoles et technolo^-itpies coloniales.
Ces ingénieurs présenlent donc au point de vue théorique et pratiiiuc toutes les çaranliesque les pro-
priétaires ou les socii'-tes d'exploitation coloniales peuvent exiger de leurs directeurs lechniquos.
L'Association est en mesure de faciliter les relations entre les intéressi^s et ses membres en donnant
tous les renseignements nécessaires.
(Adresser la correspondance au Président de rAssociation, à Nogent-sur Marne, Seine).
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Par les paquebots de la Compagnie de Navigation Mixte (Touache), via Oran,
■ ■■e classe, 196 fr. ; 2« classe, i35 fr, ; 3" classe 92 fr.
Par les paquebots de la Compagnie Paquet, ire classe, 196 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en ir» classe, 2« classe, 60 kilog.,
3« classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, 9, rue de Rome etdans les bureaux delà Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, rue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par de nombreux trains
rapides et de luxe composés de confortables voitures à boggies.
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Billets d'aller et retour collectifs,, 2^ et 3^ classes
Valables jusqu^au 15 Mai 1911
délivrés du i"' octobre au i5 novembre, aux familles d'au moins trois personnes
par les gares P.-L. -M., pour Cassis et toutes les gares P.-L. -M., situées au-delà
vers Menton. Parcours simple minimum : 4oo kilomètres. (Le coupon d'aller
n'est valable que du i*^'' octobre au i.5 novembre 1910.)
Prix : Les deux premières personnes paient le plein tarif, la 3' personne bénéficie
d'une réduction de 5o 0/0, la 4" et chacune des suivantes d'une réduction de 76 0/0.
Arrêts facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral.
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L. -M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà de Suez ou i New-York, o« vice-versa
Billets d'aller et retour « Paris-Marseille » (ou vice-versa), /'", 2^, 3" classes
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Nevp^-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : If" cl.; \l\l\ fr. 80; 2« cl.: io4 fr. 26; 3» cl.: 67 fr. 96 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la O" des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C" Cyprien P'abre.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par des trains rapides et
de luxe composés de confortables voitures à bogies. — Trajet rapide de Paris à
Marseille en 10 h. 1/2, par le « Côte d'Azur-rapide » (fe classe).
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V —
BIBLIOGRAPHIE
ET
INFORMATIONS
Le jardin potager aux colonies, par le D^ L. Vitrac, directeur du jardin
d"essai de la Pointe à Pitre (Guadeloupe). Un volume in-8\ [Paris. A. Chal-
lamel, éditeur). 5 francs.
C'est un livre sans aucune prétention scientifique; ainsi qu'il le déclare l'au-
teur ne s'adresse pas aux planteurs de profession, il est écrit pour l'amateur qui
pouvant disposer d'un carré de terre cultivera des lég-umes pour sa table, oc-
cupant ainsi ses loisirs en joignant l'utile à l'ag-réable.
Le travail auquel il devra se livrer coûtera un peu de peine, dit le D"' Vitrac,
mais pas beaucoup d'arg-ent, et il lui procurera des joies inconnues des oisifs.
L'ouvrag'e commence par les considérations indispensables sur les condi-
tions générales de la culture, la composition de la terre, l'aménagement d'un
jardin potager, préparation du sol, amendement, engrais, graines pota-
gères, époque des semis, sarclages, arrosages, maladies des plantes, ani-
maux nuisibles, leur destruction, en un mot tout ce qu'il est indispensable
de savoir pour se constituer, avec quelques chances de rendement, un jardin
potager.
Après ces généralités qui occupent plus du tiers du volume, le D"" Vitrac
énumère dans leur ordre alphabétique toutes les plantes susceptibles de réussir
dans la zone tropicale, chaque espèce est désignée par son nom vulgaire,
complété par le nom scientifique et la famille.
Une courte notice donne pour chaque plante l'origine, l'aspect, la reproduc-
tion, les conditions spéciales de culture, la récolte, et même dans de nom-
breux cas l'emploi possible en alimentation.
Un calendrier agricole très détaillé termine le volume qui constitue un
véritable manuel, le uade-mecuni du cultivateur-amateur aux Colonies.
Fonctionnaires, officiers et colons trouveront dans ce livre tous les renseigne-
ments nécessaires pour réî^liser la chose si appréciée de manger sous les
tropiques une salade ou quelque légume d'Europe dont on a soi-même
surveillé et soigné la croissance.
(Voir suite de La Bibliographie, page Vlll.)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du ChemiD de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condition d'effectuer un parcours minimum
de 100 kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, valables 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4" personne ;
BILLETS HEBDOMADAIRES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêtes légales i réduction de 20 à 44 0/0) ;
Les carnets contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilisés à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, valables 33 jours, 1 réduction de 20 0/0 sur
le prix désabonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stati ns balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCURSION individuels ou de famille de 2" et 3» classes, des
dimanches et jours de fêtes légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0)
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS
Relations entre Paris et l'Amérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie d'Orléans et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, ire classe, entre Paris-Quai d' Orsay et Rio-de-
Janeiro, Santos, Montevideo et Buenos-Ai/res (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (1) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
PRIX : VOYAGEURS AU-DESSUS DE 12 ANS
De ou pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de- Janeiro Billets simples: 890 fr. 85 (i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Santos » giSfr. 85(i) » 1.458 fr. 80
Montevideo ou Buenos- A yres. » i.o4o fr. 85(i) » i.658fr.8o
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : (a) des billets simples, 4 mois ; (6) des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de prolongation pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages nour les parcours par fer
Faculté d'arrêt, tant en France, qu'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries Maritimes, i4, boulevard delà Madeleine, Paris.
— VII —
CHEMINS DE FER
DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
CARTES D'EXCURSIONS
/re, 26 et Je classes (Individuelles ou de famille)
dans le Dauphiné,la Savoie, le Jura, l'Auvergne et les Cévennes
Emission dans toutes les gares du réseau, du Jeiifl i qui précède la Fête des
Rameaux au Lundi de Pâques.
Ces cartes donnent droit à :
— La libre circulation pendant i5 ou 3o jours sur les lignes de la zone
choisie.
— Un voyage aller et retour, avec arrêts facultatifs, entre le point de départ et
l'une quelconque des gares du périmètre de la zone. Si ce voyage dépasse 3oo kilo-
mètres, les prix sont augmentés pour chaque kilomètre en plus de : o fr. o65 en
ire classe ; o fr. o45 en 2e classe ; o fr. o3 en 3e classe.
Les cartes de famille comportent les réductions suivantes sur les prix des
cartes individuelles : 2e carte: 10 0/0; 3" carte: 20 0/0; 4® carte: 3o 0/0;
5e carte : [\o 0/0 ; 6" carte et les suivantes : 5o 0/0.
La demande de cartes doit être faite sur un formulaire (délivré dans les gares)
et être adressé, avec un portrait photographié de chacun des titulaires, à Paris :
6 heures avant le départ du train, 3 jours à l'avance dans les autres gares
CHEMINS DE FER DE L'ETAT
PARIS A LONDRES
via Rouen Dieppe, et NeAvhaven, par la gare Saint-Lazare.
Services rapides tous les jours et toute l'année (dimanches et fêtes coiiipris
Départs de Londres ( Victoria),
Départs de Paris {Saint- Lazaret,
10 h. 20niHtin ( 1" et 2' classes)
et 9 h. 20 soir (1" "2e et 3« classes)
10 h. matin (l-^'et 2' classes)
London Bridge et Victoria
et 8 h. 45 soir (K* 2" et 3» classes
TRAJET DE JOUR EN 8 H. 4o. - GRANDE ECONOMIE
Billets simples valables 7 jours.
(■•e classe ; 48 fr. 25 — 2" classe : 35 fr. — 3« classe : 23 fr. 25.
Billets d'aller et retour, valables un mois.
l" clas.se : 82 (r 75. — îe classe : 58 fr. 75. — .3- classe : 41 fr. 50.
.arrêts, sans supplément de prix, à toutes les gares sur le parcours, ainsi qu'à BnçlUoii.
Les trains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice-versa comportent des voi-
tures de 1'"= classe et de 1' classe à couloir avec W -C. et toilette, ainsi qu'un wagon-
restaurant; ceux du service de nuit comportent des voilures à couloir des trois classes
avec W.-C et toilette Une des voitures de 1" classe à couloir des trains de luiit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux gares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de i fr.
par couchette.
Billets d'aller et retour valables pendant quatorze jours Délivrés à
l'occasion des fêtes de Pâques, de li Pentecôte, de l'Assomption et de INoël.
fecl. : 49 fr.. 05 ; 2- cl. : 37 fr. 80; 3" cl. : 32 Ir. 50.
Pour plus de renseignements, demander le bulletin spécial du service de Paris à Londres,
que la Compagnie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée au
service de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris.
— VIII
BIBLIOGRAPHIE (suite)
Nouvelle méthode pratique de lecture annamite, par le capitaine
Jules Roux, de l'artillerie coloniale, docteur en droit, professeur de lang'ue
annamite. Un volume in-8°. Paris, 191 1. Imprimerie Nationale, en vente
à la librairie Challamel, l'j, rue Jacob, Paris. 3 francs.
C'est en plein Paris que le capitaine Roux professe le soir la lang-ue
annamite, à l'Association philotechnique; et un nombre important d'élèves,
fonctionnaires, officiers et sous-officiers de l'Armée coloniale suivent rég-uliè-
rement les cours, dont la Nouvelle méthode de lecture annamite, qui paraît
aujourd'hui, constitue le complément indispensable.
Nous ne pouvons entrer ici dans les détails du nouvel ouvrag-e, 11 suffira
d'en indiquer l'apparition pour que tous les coloniaux d'Indo-Chine s'intéres-
sant à l'étude de l'annamite veuillent le connaître et le consulter.
L'exploitation de la Mer. Questions d'actualité, publication de la Li^-ue
Maritime française. Un volume in-S». .4. Challamel, éiliteur, 2 fr. 5o.
La Lig-ue Maritime française a voulu faire connaître à tous que la France
devrait, pour elle et ses colonies, tirer un meilleur parti de l'exploitation de la
mer.
Elle fait paraître en un volume les travaux demandés par elle à des person-
nalités d'une valeur indiscutable, il suffira ici de donner la liste des auteurs,
pour démontrer tout lintérêt que présente un semblable ouvrag"e :
MM. Marcel Dubois, dal Piaz, de Rousiers, Tillier, G. Morael, G. Hersent,
Audiffred, Thoulet, A. Herubel, Jules Charles-Roux.
Les sujets traités sont également des mieux choisis : Activité mari-
time des diverses nations. — Les transports maritimes. — La marchandise de
mer. — Les paquebots. — Le personnel. — Les ports. — La navig-ation
intérieure. — Le sol sous-marin. — Le dépeuplement des terrains de pêche.
— Vue d'ensemble sur la Marine.
Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
chauds » se trouve épuisé en numéros séparés. Nous informons nos
lecteurs qui pourraient disposer de ce numéro que nous serons
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Pékin >
Tien-Tsin '
Djil:)0Uti Côte (les Soinalii
Singapore Malarca
Pondichéry in de fan<;.
Nouméa N Calédonie
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Conseil d'Administration
Président :
Hihv D'OissEt, (Baron), 45, avenue d'Iéna.
Vice-Président :
DE MoNPLANET (A ), 5 bis, pue du Cirque.
Administrateurs :
Dkmachy (Ch.). 28, quai de Billy.
Henrotte. (Hubert), 12, rue de Ciichy.
Masson (Léon), 1S3, boulevard Haussmann.
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Rostand (A.i. 22, avenue de Villiers.
Ullmann (E.), 99, rue de Courcelles.
Béthend (E ). o. avenue de Messine.
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Services directs entre PARIS et le MAROC (via Marseille).
Billets simples de Paris à Tanger valables i5 jours.
Par les paquebots de la Compagnie de Navigation Mixte (Touache), via Oran,
re classe, 196 fr. ; 2* classe, i35 fr, ; 3* classe 92 fr.
Par les paquebots de la Compagnie Paquet, i^e classe, 196 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en w classe, 2« classe, 60 kilog.,
3« classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, 9, rue de Rome etdans les bureaux delà Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, rue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par de nombreux trains
rapides et de luxe composés de confortables voitures à boggies.
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Billets d'aller et retour collectifs, 2e et 3^ classes
Valables jusqu'au 15 Mai 1911
délivrés du !«■• octobre au i5 novembre, aux familles d'au moins trois personnes
par les gares P.-L. -M., pour Cassis et toutes les gares P.-L. -M., situées au-delà
vers Menton. Parcours simple minimum : 4oo kilomètres. (Le coupon d'aller
n'est valable que du i"^'" octobre au i5 novembre 1910.)
Prix : Les deux premières personnes paient le plein tarif, la 3' personne bénéficie
d'une réduction de 5o 0/0, la 4® et chacune des suivantes d'une réduction de yS 0/0.
Arrêts facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral .
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L.-M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà fle Suez ou à Mew-York, ou vice-versa
Billets d'aller et retour « Paris-Marseille » (ou vice-versa), /■■*, 2", 3^ classes
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Ne^r-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : I" cl.: i44 fr. 80; 2' cl.: io4 fr. 25; 3« cl.: 67 fr. 96 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la C'° des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C" Cyprien Fabre.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par des trains rapides et
de luxe composés de confortables voitures à bogies. — Trajet rapide de Paris à
Marseille en 10 h. 1/2, par le « Côte d'Azur-rapide » (ir« classe).
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— V —
BIBLIOGRAPHIE
ET
INFORiMATIONS
L'Indochine en 1911. — Histoire, Géographie, Org-anisation économique,
Productions, Commerce, i volume in-S" avec illustration et i carte en
couleur (Paris, A. Challamel, Editeur), prix : 4 francs.
Cet ouvrag-e publié par les soins du Commissariat de l'Indochine à l'Expo-
sition de Roubaix avec le concours du Jardin colonial et de l'Office colonial a
été rédig-é avec la collaboration de MM. Vieillard et Lelorrain, Inspecteurs
des Services agricoles et commerciaux et d'Ardennes de Tizac, des Services
civils de l'Indochine.
Il constitue une notice d'ensemble très complète, très à jour, susceptible
de rendre les plus grands services à tous ceux qui veulent connaître nos
belles possessions d'Extrême-Orient.
Une partie historique et géographique succincte, mais néanmoins très soi-
gnée, commence le volume; l'organisation économique vient ensuite précédant
les substantiels chapitres consacrés à l'Agriculture, l'Elevage, les Productions
minérales et au Commerce de l'Indochine, produits manufacturés, etc.
L'ouvrage est illustré de nombreuses photographies, et accompagné d'une
carte hors texte en couleurs.
Culture de l'Hevea Brasiliensis en Gochinchine et dans les divers
pays du Moyen-Orient. — Etude comparative par M. Octave DUPUY,
Ingénieur civil, Vice-Président de l'Association des Planteurs de Caout-
chouc de l'Indochine, i brochure in-8o (Paris, A. Challamel, Editeur),
prix : 2 francs.
Au moment où la question des plantations d'Hevea en Gochinchine est à
l'ordre du jour, le travail de M. Dupuy ne peut manquer d'intéresser tous les
coloniaux.
M. Dupuy examine la question dans tous ses détails au point de vue Gut-
tural, Industriel et Economique et il termine en déclarant que la mise en
valeur de la Gochinchine ne peut être réalisée par les seuls efforts de nos
compatriotes déjà installés daiis la Colonie. Ils ont ouvert la voie et employé
leurs disponibilités dans les premières plantations, mais il est indispensable
que les capitaux de la métropole viennent seconder leur initiative.
Ils y trouveront maintenant encore un placement sûr et des plus rémuné-
rateurs, tout en contribuant à augmenter la richesse de notre patrimoine
national.
(Voir suite de la Bibliographie, page Vlll.)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du Chemin de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condition d'effectuer un parcours minimum
de loo kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, \'a\sih\es 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4'' personne ;
BILLETS HEBDOMADAIRES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêtes légales (réduction de 20 à 44 0/0) ;
Les carnets contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilisés à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, valables 33 jours, (réduction de 20 0/0 sur
le prix des abonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stati ns balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCURSION individuels ou de famille de 2' et 3" classes, des
dimanches et jours de fêtes légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0).
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS
Relations entre Paris et TAmérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie d'Orléans et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, ith classe, entre Paris-Quai d'Orsay et Rio-de-
Janeiro, Sanlos, Montevideo et Baenos-Ai/res (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (i) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
prix: voyageurs au-dessus de 12 ans
De ou pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de- Janeiro Billets simples: 8f)ofr. 85(i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Santos » oL^ifr. 8,5(i) » i.458fr.8o
Montevideo ou Buenos- Agrès. » i .o4o fr. 8.5 (1) « 1 .658 fr. 80
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : (a) des billets simples, 4 mois ; ih) des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de |)rolongalion pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages ')our les parcours par fer.
Faculté d'arrêt, tant en France, qu'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries Maritimes, \/\, boulevard delà Madeleine, Paris.
— vil —
CHEMINS DE FER
DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE
RELATIONS RAPIDES ENTRE PARIS ET L'ITALIE
PAR LE MONT-CENIS
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Paris, Turin, Gênes Pise, Rome, Naples (à l'aller et au retour).
Aller : Dépari de Paris : 8 h. 20 matin (W. R. Paris-Dijon el Culoz Modane.
i""" et 2= cl., Paris-Turin). — 2 h. 20 soir (W. L. l'e ci. Paris-Florence, i''*' et 2« cl.,
Paris-Rome). — 10 h i5 soir (W R. Morlane-Turin, L S. Paris-Turin, !■■<= et 2' cl.,
Calais-Turin, W. L. 1" et 2e classes, Paris-Rome).
Retour .-Départ de Rome : 11 h. 5o soir (W. L. Rome-Paris i" et 2e cl , Turin-
Paris W. R. Turin-Chamhéryi. — 8 h. 35 matin (ir« et 2"= cl., Rome-Paris el Turin-
Boulogne ; W. L. Florence-Paris; L. S Turin-Paris; W. R. Rome-Pise et Dijon-
Paris) — 6 h o5 soir < ire et 2" cl., Rome et Turin à Paris; W. R Dijon-Paris. —
Arrivée à Paris : 6 h [\h matin 2 h 25 soir, 1 1 heures soir.
2° TRA.IN DE LUXE « PARIS-ROME »
Aller : Départ de Paris : 2 h 10 soir, les lundis, jeudis et samedis pour Rome et
Naples, du 2 décembre au i i mai ; les jeudis et samedis pour Palerme, du 4 janvier
au 25 avril inclus; — les lundis pour Taormina du ler janvier au 22 avril inclus.
Retour : Les lundis, mercredis el samedis, au départ de Naples et de Rome, du
4 décembre au i3 mai ; — les dimanches et mardis au départ de Palerme, du 7 jan-
vier, au 28 avril inclus; - les vendredis au dé[)art de Taormina, du 5 janvier au
26 avril inclus. — Arrivée à Paris à 9 h. 4o du soir.
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Départs de Paris i Saint-Lazare),
10 h. 20 matin (1" et 2' classes)
et 9 h. 20 soir (1" 2e et 3« classes)
10 h. matin (I^'et 2' classes)
London Bridge et Victoria
et 8 11. 45 soir (fe 2" et 3« classes
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Billets simples valables 7 jours.
l'-e classe : 48 fr. 25 — ■?" classe : 35 fr. — 3« classe : 23 fr. 25.
Billets d'aller et retour, valables un mois.
1" classe : 82 tr. 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3^ classe : 41 fr. 50.
Arrêts, sans supplément de prix, à toutes les gares sur le parcours, ainsi qu'à Briçhton.
Les trains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice- versa comportent des voi-
tures de I" classe et de 2= classe à couloir avec VV -G. et toilette, ainsi qu'un wagon-
restaurant; ceux du service de nuit comportent des voilures à couloir des trois classes
avec W.-C. et toilette. Une des voitures de i"'» classe à couloir des trains de nuit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux gares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de i fr.
par couchette.
Billets d'aller et retour valables pendant quatorze jours. Délivrés à
l'occasion des fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption et de Noël.
l'-e cl. : 49 fr.. 05 ; 2« cl. : 37 fr. 80; ?.» cl. : 32 fr. 50,
Pour plus de renseignements, demander le bulletin spécial du service de Paris à Londres,
que la Compagnie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée au
service de la F^ublicité, 20, rue de Home, à Paris.
— VIII —
BIBLIOGRAPHIE (suite)
Sous le Talon des Barbares, par le Capitaine Charles CUTTIER, de
l'Infanterie Coloniale, ouvraja;"e imprimé à Tienlsin (Chine), i volume in-i8
illustré (Paris, Challamel, Editeur), prix : 3 fr. 5o.
L'étude du Capitaine Cuttier est tout à fait d'actualité, au moment où
l'Empire chinois est ébranlé par la Révolution, il sera intéressant de connaître
les détails de cette org-anisation formidable qui depuis des siècles rég-ente le
peuple chinois.
Divisions administratives, Voies de communication, Gouvernement, Consti-
tution, la Cour, le Mandarinat, l'Armée et la Marine, les Finances, sont
exposés par l'auteur qui aborde ég'alement la question de la Jeune Chine,
l'org-ueil national, le rôle de la Presse.
Le volume est accompag-né de nombreuses reproductions photog-raphiques
dont plusieurs ne manqueront pas d'attirer l'attention.
L'Agenda P.-L -M., 1912. — L'Ag-enda P.-L.-M. de igia vient de
paraître et nous pouvons lui prédire le même succès qu'à son devancier
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série de cartes postales détachables, il comprend en outre une partie littéraire
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René Bazin, Maurice Donnay, Henri Bordeaux, G. Casella, K. Kistemacekers,
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pour la France, et 2 fr. 45 (mandat-poste international) pour l'étranger.
Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
chauds » se trouve épuisé en numéros séparés. Nous informons nos
lecteurs qui pourraient disposer de ce numéro que nous serons
heureux d'en reprendre les exemplaires en bon état au prix de
2 francs l'un. (A. Challamel, éditeur, 17, rue Jacob, Paris.)
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coli, notizie originali di ogni gcnere.
riferentesi ail' agricoltura délie colonie
italiane. e dei paesi extra-europei aperti
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Direttore :
D"" GiNo Bartolommei Gioli
Red a t tore :
D' Alberto Dei. Lungo
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Par les paquebots de la Compagnie de Naviçalion Mixte (Touache), via Oran,
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Par les paquebots de la Compagnie Paquet, ire classe, 196 fr ; 2e classe, i35 fr.
Ces prix comprennent la nourriture à bord des paquebots.
Arrêts facultatifs sur le réseau P.-L. M. Franchise de bagages; en chemin de
fer, 3o kilog ; sur les paquebots : 100 kilog., en K» classe, 2« classe, 60 kilog.,
3« classe, 3o kilog. Enregistrement direct des bagages de Paris à Tanger, ou réci-
proquement.
Délivrance de billets : Paris à la gare de P.-L. -M. ; à l'agence de la Compagnie de
Navigation Mixte, chez M. Desbois, 9, rue de Rome etdans les bureaux delà Société
Générale de Transports Maritimes à vapeur, 3, rue Ménars, pour les parcours
à effectuer par les paquebots de la Compagnie Paquet.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par de nomt)reux trains
rapides et de luxe composés de confortables voitures à boggies.
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Billets d'aller et retour collectifs, 20 et 3^ classes
Valables jusqu'au 15 Mai 1911
délivrés du i*"" octobre au 1.5 novembre, aux familles d'au moins trois personnes
par les gares P.-L. -M., pour Cassis et toutes les gares P.-L. -M., situées au-delà
vers Menton. Parcours simple minimum : 4oo kilomètres. (Le coupon d'aller
n'est valable que du i"' octobre au i.o novembre 1910.)
Prix : Les deux premières personnes paient le plein tarif, la 3' personne bénéficie
d'une réduction de .5o 0/0, la 4® et chacune des suivantes d'une réduction de 7.0 0/0.
Arrêts facultatifs. Demander les billets quatre jours à l'avance à la gare de départ.
Des trains rapides et de luxe composés de confortables voitures à bogies des-
servent, pendant l'hiver, les stations du littoral.
NOTA. — Il est également délivré, dans les mêmes conditions, des billets d'aller
et retour de toutes gares P.-L. -M aux stations hivernales des Chemins de fer du
Sud de la France (San Salvadour, Le Lavandou, Cavalaire, Saint-Tropez, etc.).
De Paris aux ports au-delà de Suez ou à New-York, on vicc-versa
Billets d'aller et retour « Paris-Marseille 0 (ou vice-versa), /■■«, ij", .y« classes
Valables un an
délivrés conjointement avec les billets d'aller et retour de passage de ou pour
Marseille aux voyageurs partant de Paris pour les ports au-delà de Suez ou
pour Ne^w-York, ou de ces ports pour Paris.
Prix : !■■« cl.; i44 fr. Ho; 2« cl.: iol\ fr. 20; '.'>" cl.: 67 fr. 9.5 (via Dijon-Lyon, ou
Nevers-Lyon ou Nevers-Clermont). Ces billets sont émis par la Q' des Messageries
Maritimes, par les Chargeurs Réunis, ainsi que par la C' Cyprien Fabre.
Pendant la saison d'hiver, Paris et Marseille sont reliés par des trains rapides et
de luxe composés de confortables voitures à bogies. — Trajet rapide de Paris à
Marseille en 10 h. 1/2, par le « Côte d'Azur-rapide « (i>"e classe).
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Sudania. — Enuméralion des plantes récoltées en Afrique tropicale par
M, Aug-. Chevalier, de 1898 à 1910 inclus. Tome I" (n» i à n» 12.000),
I vol. in-4° autog-raphié, tiré à 35 exemplaires seulement [A. Challamel^
éditeur). Prix : 26 francs; par poste : 26 francs.
Cette importante liste des plantes récoltées en Afrique Tropicale, par M. Aug-.
Chevalier, au cours de ses diverses missions, a été dressée d'après les déter-
minations de MM. Beille, J. Briquet, C. de Caudolle, Aug-. Chevalier, Chodat,
Christ, C.-B. Clarke, Diels, A. Eng-ler, Finet, Gag-nepain, Gilg-, Guillaumin,
Hariot, Pataullard, Harms, Hochreutiner, 0. Hoffmann, Hua, Hue, Hutchin-
.son, H. Lecomte, G. Lindau, Muschler, Schinz, Sprague, Stapf, Warburg-,
Elle a été revue par M. Aug-. Chevalier, docteur ès-sciences, chef de la Mis-
sion permanente d'agriculture coloniale.
C'est un travail considérable, unique, appelé à rendre de grands services
à tous ceux qui s'intéressent à la flore africaine.
Le tirage en a été limité à 35 exemplaires, dont une partie seulement se
trouve dans le commerce, aux prix indiqués ci-dessus.
Croquis du Oudaï-Massalit, dressé et dessiné à l'échelle du i/ioooooo«,
I feuille 60X80 tirée en 4 couleurs, 3 francs.
La carte du Ouadaï-Massalit au 1.000.000= comprend toute la région située
du 1 1^ degré au 15° 20' de latitude Nord et du 15" degré au 21' degré de lon-
gitude Est, Abêché se trouvant au centre.
Elle donne tous les renseignements actuellement connus sur cette région si
intéressante, villages, oasis, rivières, figuré du terrain. Les itinéraires qui, à
l'heure actuelle, constituent les seules routes praticables, ont été tracés avec
soin, ils sont imprimés en rouge.
Telle qu'elle est, la carte du Oudaï-Massalit, complétant, pour la partie
Nord, la grande carte générale de l'Afrique Equatoriale Française, constitue
le document géographique le plus complet publié jusqu'à ce jour sur ce
pays. Elle rendra les plus grands services aux officiers et aux explorateurs,
ainsi qu'à tous ceux qu'intéresse l'expansion de la France dans la région du
Tchad.
(Voir suite de la Bibliographie, page Vlll.)
— VI —
CHEMINS DE FER DU NORD
STATIONS BALNEAIRES ET THERMALES
Du jeudi précédant les Rameaux au 3i octobre toutes les gares du Chemin de
fer du Nord délivrent des billets à prix réduits, à destination des stations bal-
néaires et thermales du réseau, sous condilion d'eftectuer un parcours minimum
de loo kilomètres aller et retour.
BILLETS COLLECTIFS DE FAMILLE, valables 33 jours, prolongeables
pendant une ou plusieurs périodes de i5 jours (réduction de 5o o/o à partir de la
4" personne ;
BILLETS HEBDOMADAIBES ET CARNETS d'aller et retour individuels,
valables 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant veille au surlendemain des
fêtes légales ( réduction de 20 à 44 0/0! ;
Les carnets contiennent 5 billets d'aller et retour qui peuvent être utilises à une
date quelconque dans le délai de 33 jours ;
CARTES D'ABONNEMENT, valables 33 jours, (réduction de 20 0/0 sur
le prix des abonnements ordinaires d'un mois) à toute personne prenant deux billets
ordinaires au moins ou un billet de saison pour les membres de sa famille.
Pour les stati ns balnéaires seulement :
BILLETS D'EXCrRSION\nd\vidne\s ou de famille de 2- et 3« classes, des
dimanches et jours de fêles légales, valables une journée dans des trains désignés
(réduction de 20 à 70 0/0).
Pour tous renseignements, consulter le livret-guide Nord ou s'adresser dans les
gares et bureaux de ville de la Compagnie.
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Relations entre Paris et l'Amérique du Sud
par service combiné
entre la Compagnie iTOrléûns et la Compagnie des Messageries Maritimes.
Billets simples et d'aller et retour, if» classe, enlre Paris-Quai d'Orsay et Rio-de-
Janeiro, Santos, Montevideo et Buenos- A r/res (via Bordeaux et Lisbonne) ou récipro-
quement.
Faculté d'embarquement ou de débarquement à Bordeaux ou à Lisbonne (1) sur les
paquebots de la Compagnie des Messageries Maritimes.
PRIX : VOYAGEURS AU-DESSUS DE 12 ANS
De ou pour Paris-Quai d'Orsay :
Rio-de-Janeiro Billets simples: 890 Ir. 85 (i) Aller et retour: i.4i8fr.8o
Santos » 9 1 5 fr. 8.5 ( i) » i .458 fr. 80
Montevideo ou Buenos- A y res. » i.o4o fr. 85 (1) b i.658fr. 80
(i) Dans le cas d'emprunt de la voie de fer entre Bordeaux et Lisbonne, en raison
de l'augmentation de l'impôt du Gouvernement espagnol, les prix totaux doivent être
augmentés de 2 pesetas 85.
Durée de validité : («) des billets simples, 4 mois ; [h] des billets d'aller et retour,
un an. Faculté de prolongation pour les billets aller et retour.
Enregistrement direct des bagages ^our les parcours par fer.
Faculté d'arrêt, tant en France, qu'en Espagne et en Portugal, à un certain nombre
de points.
La délivrance des billets a lieu exclusivement au Bureau des Passages de la Com-
pagnie des Messageries Maritimes, \t\, boulevard delà Madeleine, Paris.
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RELATIONS RAPIDES ENTRE PARIS ET L'ITALIE
PAR LE MONT-CENIS
1° EXPRESS QUOTIDIEN
Paris, Turin, Gênes Pise, Rome, Naples (à l'aller et au relour).
Aller : Départ de Paris : 8 h. 20 matin (VV. R. Paris-Dijon et Culoz Modane.
i''« et 2« cl.. Paris-Turini. — 2 h. 20 soir (\V. L. l'c cl. Paris-Florence, i ""^ et 2= cl.,
Paris-Rome). — 10 h i5 soir (W R. Modane-Turin, L S. Paris-Turin, i'"e et 2« cl.,
Calais-Turin, W. L. i""*^ et 2e classes, Paris-Rome).
Retour .'Départ de Rome : 1 1 h. 5o soir (W. L. Rome-Paris 1'"'= et 2e cl , Turin-
Paris W. R. Turin-Chambéryi. — 8 h. 35 matin (i'« et 2'- cl., Rome- Paris et Turin-
Boulogne ; W. L. Florence-Paris; L. S Turin-Paris; W. R. Rome-Pise et Dijon -
Paris) — 6 h o5 soir ■ ire et 2* cl., Rome et Turin à Paris; W. R Dijon-Paris. —
Arrivée à Paris : G h 45 matin 2 h 25 soir, i i heures soir.
2° TRAIN DE LUXE « PARIS-ROME »
Aller : Départ de Paris : 2 h 10 soir, les lundis, jeudis et samedis pour Rome et
Naples, du 2 décembre au i i mai ; les jeudis et samedis pour Palernie, du 4 janvier
au 25 avril inclus; — les lundis pour Taormina du ler janvier au 22 avril inclus.
Retour : Les lundis, mercredis et samedis, au départ de Naples et de Rome, du
4 décembre au i3 mai ; — les dimanches et mardis au départ de Païenne, du 7 jan-
vier, au 28 avril inclus; - les vendredis au départ de Taormina, du 5 janvier au
26 avril inclus. — Arrivée à Paris à 9 h. 4o du soir.
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f'- classe : 82 Ir 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3" classe : 41 (V. 50.
.\rrèts, sans suppléineiit de prix, à toutes les ^ares sur le parcours, ainsi qu'à Brigliloii.
Les irains du service de jour entre Paris et Dieppe et vice-versa comportent des voi-
tures de !■"■= classe et de 2" classe à couloir avec W -G. et toilette, ainsi qu'un waçon-
restaurant; ceux du service de nuit comporlent des voitures à couloir des trois classes
avec W.-G. et toilette Une des voilures de :■■« classe à couloir des trains de nuit comporte
des compartiments à couchettes (supplément de 5 fr. par place). Les couchettes peuvent
être retenues à l'avance aux gares de Paris et de Dieppe moyennant une surtaxe de i fr.
par couchette.
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l'occasion des fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption et de Noël,
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que la Compais^nie de l'Etat envoie franco à domicile sur demande affranchie adressée au
service de la Publicité, 20, rue de Home, à Paris.
— VIII —
BIBLIOGRAPHIE {suite)
Le Katanga, province belg-e par MM. Adam, Art. Bolle, Pink, Chaudoir,
J. Cornet, F. Dellican, de Melotte, R. Dubreucq, Firket, Frateur, Le
Marinel, Slasse, publication de l'Association des Licenciés de l'Université
de Liège, i brochure in-8°, 3 francs
Actuellement quand on parle du Congo belg-e, de son avenir, de ses richesses,
la pensée se porte de suite vers le Katanga, qui depuis quelque temps évoque
la vision de trésors fabuleux.
N'est-ce |)as céder à un enthousiasme excessif? Faut-il s'arrêter aux cam-
pag'nes de dcnig;rement entreprises contre cette contrée?
Où est la vérité? C'est ce qu'a voulu préciser l'Association des Licenciés
de Lièg-e eu |)ubliant la biochure « Le Katang'a province belg"e ».
On trouvera dans ce travail consciencieux tous les renseig'nemenls désirables
pour se faire une opinion.
Avis aux abonnés. Les abonnés de Va Ag-riculture pratique des Pays
chauds » trouveront encartés dans le numéro de janvier de la Revue :
1° La Table des Matièi'es du deuxième semestre 191 1 ;
20 La couverture permettant de réunir en un volume les six numéros de ce
semestre.
Le numéro 22 (janvier 1905) de « l'Agriculture pratique des pays
chauds » se trouve épuisé en numéros séparés. Nous informons nos
lecteurs qui pourraient disposer de ce numéro que nous serons
heureux d en reprendre les exemplaires en bon état au prix de
2 francs l'un. (A. Ghallamel, éditeur, 17, rue Jacob, Paris.)
— IX
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separatoê i,5o in Italia; i 2 per l'Esrero.
Il Bullettino pubblica memorie, arti-
coli, notizie originali di ogni génère,
riferentesi ail' agricoltura délie colonie
italiane,e dei paesi extra-europei aperti
alla colonizzazione.
Direttore :
D"" GiNo Bartolommei Gioli
Redattore :
D' Alberto Del Lungo
Amministrapone :
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Janvier 1905 à Décembre 1905
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d'At^riiullurc cl<- 1-Vance cl de Tunisie et les licenciés cs-sciences.
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utile à son importante ciienlèle, a cru devoir s'occuper d'une t'a(;on
toute particulière de l'importalioii et de la vulgarisation des graines et
plantes précieuses des pays chautls.
Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent
certainement au premier rang des maisons recommandables pour
résoudre cette importante qnesti';ii
Du reste, ses efForts ont été couronnés de succès puisqu'elle a
obtenu 7 Grands Pria; à l' Eœposition Universelle de igoo, dont un
s[)écialement accordé pour son Cxposilion Coloniale. En outre, le Jury
de la dernière Exposition Coloniale de Marseille a confirme les décisions
du Jury de 1900 en lui attribuant un Grand Pria;.
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téressée à toutes les demandes (jui lui sont adressées.
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gigantea, etc.
Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers 'espèces diverses'. Coca, Kola,
Tabacs divers, TIk- d'Annam et d'Assam, etc.
Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis,
Landolpliia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Wilhighhein edulis, etc.
Plantes à épices. — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, (iirnllicr, Muscadier, l»oivrier,
Vanilles du Mexi([ue et de Hourijon (boutures), etc.
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