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L'AGRONOME,
DICTIONNAIRE PORTATIF
DU CULTIVATEUR,
CONTENANT
Toutes les Connoiffances néceffaires pour gouver.
ner les Biens de Campagne , & les faire valoir
utilement, pour foutenir fes droits, conferver
fa fanté , & rendre gracieufe la vie champètre.
CE QUI A POUR OBJET,
1°. Les Terres à Grains » la Vigne, les Prés , les Bois
la Chaffe, la Péché » les Jardins, rant de propreté
que d'utilité ; Les Fleurs recherchées , les Plantes
ufuelles , les Beftiaux > Chevaux & autres animaux.
2°. Les principales notions qui peuvent donner l'intelli=
gence des affaires, jufqu’au degré fufifant pour défen-
dre fon bien, tant dans les matieres Rurales que Civiles.
3°. Les Remedes dans les maladies ordinaires , & autres
accidens qui arrivent aux Hommes & aux Animaux.
4°. Les divers apprêèts des Alimens ; & tour ce qui peut
Procureur une nourriture faine & agréable,
Avec un nombre confidérable d'autres infiruélions utiles €
curieufes Gtout Homme qui pafe [a vie à la C ampagne.
TOME SECOND.
ex 7 aye INT.
A PARIS,
{La Veuve Divor, Quai des Aug, à la Bib, d'Or.
| NION , Quai des Auguftins, à l'Occafon.
Chez < La Veuve DaMONNEvILLE, Quai des Auguftins.
| SAVOYE , rue S. Jacques , à l'Efpérance.
Durann, rue du Foin, près de la rueS, Jacques.
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RPC LL X v L
Avec Approbation & Privilège du Roi,
: http: /IWWwWw.archive. org/éelalst
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L'AGRONOME.
DICTIONNAIRE PORTATIF,
CONTENANT
Les connoïffances néceffaires pour gouverner les
Biens de Campagne , conferver [a fanté , &c.
ACARONS (les) font un compofé d'amandes
douces, de fucre & de blanc d'œuf: on peut les
faire de certe forte. Pilez dans un mortier une livre,
par exemple, d'amandes, après les avoir échaudées,
arrofez les d'un peu d'eau de fleur d'orange ou de quel-
que blanc d'œuf, pour qu’elles ne rournent pas en hui-
le. Enfuite prenez autant de fuücre en poudre , avec en-
core trois ou quatre blancs d'œuf; & batrez bien le
tout enfemble : puis dreflez vos Macarons fur du pa-
pier avec une cuiller à bouche , & les faites cuire à
petit feu.
MANCHE. Herbe de falade : on la cultive dans lés
Jardins ; elle fe multiplie de graine : on la féme dru,
on l’arrofe fouvent , & on la couvre du terreau : on la
feme à la fin du mois d'Août fur planche bien la-
bourée, & on peut en avoir pour l'automne & l'hi-
ver. à:
MACRE ou Saligot, C'eft une efpéce de châtai-
À 2
MAC M AI
ne d'eau : elle vient fur une plante qui croit dans les
rivieres & dans les lacs. En cerraines Provinces; com-
me le Maine & l'Aniou , le peuple en mange comme
les autres châtaignes , quoique ces Macres ne foient pas
à beaucoup près fi bonnes. Les Payfans les réduifent
en farine pour faire du pain.
MACREUSE. Oifeau de mer qu'on met au nom-
bre des canards fauvages ; il eft de couleur brune , ne
vole qu'avec peine , maïs il court fur la furface de l’eau
avec une vitelle extrême : fa chair eft dure & coriace ,
& fent le poiffon. On les chaffe au fufl, & les prend
avec des filets, des lacets , de la glu comme les ca-
nards.
Maniere de les apprêcer. On peut les mettre à
la daube, comme un canard: on l'accomode auffi
au court bouillon: il fe fait avec du vin blanc, du
bouillon maigre, racines, oignons, par tranches , bou-
que garni, fel, poivre, morceau de beurre. On ficel-
le la Macreufe, & on la fait cuire cinq ou Gx heures,
& puis on y fait une fauce hachée avec perfil, cibou-
le, &c.
MACREUSE farcie. Emiez du pain affez tendre fur
une affierte : mettez-y un quarteron de bon beurre frais,
une pincée de farine , quelques cuilleres de vin rouge ;
ajoutez fel, poivre girofle , mufcade rapée, quelques
rocamboles , un peu de perfil, & quelques zeftes d’écor-
ce d'orange: formez une pâte du tout en le pâtriflant ,
enveloppez-le d'un linge, & mettez-le dans le corps
de la Macreufe ; coufez l'ouverture & faites la rôtir a
la broche, en Parrofant de vin blanc ; étant rôtie Otez
Je linge & fervez-la chaudement.
MAIGREUR ou Amaigriflement de tout le corps,
ou Priñe. Remede. Prenez des Efcargots de bois bien
lavés & nertoyés de leur bave ; faites les cuire dans
du lait de vache nouvellement trait, avec l'herbe de
pas d'âne hachée menu : donnez-en tous les matins au
malade en forme de bouillon. Ou faites cuire de lima-
ces rouges fanvages , netroyées , éventrées & lavée s
dans l’eau rofe, & le bouillon étant coulé , donnez-
en un tous les matins au malade.
Faites brûler fur les charbons une quantité fufffante
MAJ MAI
de feuilles & de racines de tuflilage bien defféchées,
& que le malade en tire la fumée par la bouche à l'aide
d'un entonnoir renverfé : ou faites lui prendre vous les
matins à jeun une cueillerée de jus d'agripaume avecun
peu du fucre.
La boiflon foufrée eft fort bonne pour les hectiques :
ilen eftde même de la fumée du foufre attirée par la
bouche.
MaiGREUR & haraffement des chevaux pour avoir
trop fatigué , comme font ceux qui reviennent de l'ar-
mée. Saignez le cheval de la veine du col, donnez-
Jui le lendemain un lavement avec une once & demi
de polycrete ; le jour d'après, faites-lui avaler avec
Ja corne une livre & demi d'huile d'olive , le tenant
bridé deux heures avant & autant après. Donnez lui
pendant quinze jours deux onces de foie d’antimoine
dans du fon mouillé : faites-lui prendre de trois en
trois jours un lavement compofés avec les cinq her-
bes émolientes dans deux pintes de bierre & trois de-
mi feptiers d'urine : ajoutez à la colature une demi-
livre de miel mercurial & un quarteron de beurre
frais. |
Pour Fengraiffer , faites moudre ou brifer comme
de la farine grofliere une quantité raifonnable d'orge ;
mettez un demi-boifleau de cette farine dans un grand
feau rempli d'eau, remuez le tout & long-tems: lai(-
fez. rafleoir la farine au fond : verfez route l’eau dans
un autre feau: ne donnez à boire au cheval que de
cette eau la, & faites-lui manger la farine qui refte
au fond du feau en trois fois, le marin , à midi, & le
foir : pour l'engager à manger de cette farine feule, mê-
lez-y un peu de fon , ou d'avoine, & mettez-en moins
tous les jours. On ne doit mouiller la farine les jours :
que ce qu'on en veut donner, Pendant ce même tems on
lui donne du foin & de bonne herbe, & onle fait feule-
ment promener.
MAJEUR , ( un} eft celui ou celle qui a accompli fa
vingt-cinquiéme année.
MAIN-LEVÉE. C'’eft un Acte qui détruit une fai-
fie ou une oppoñtion , foit que cer Aéte foit confenti
par la partie; foit qu'il foit prononcé en juftice. C’eft
À 3
M AI
à-dire, qu'en donnant main levée, on leve l'autorité
de Juftice appofée fur une faifie. & le faif en recou-
vre la libre jouiffance. La main. jévée qu'on donne d'une
oppoñtion , fait que les Parties peuvent pafler outre fi
bon leur femble.
Mais , ou Bled de Turquie, qu’on appelle bled d'Ef-
pagne dans les Provinces méridionales de la France.
Ün Cultivateur a trouvé , après de longues refle-
xions , que la méthode ordinaire de cultiver le mais
ou ble de Turquie eft vicieufe & capable de ruiner
les terres : animé de zèle pour le bien public, il a ima-
giné une nouvelle mamiere de cultiver certe plante. 1l
démontre qu'en fuivant {a méthode , la recolïte de ce
bled eft de deux tiers de plus que par la méthode an-
cienne. Voici le précis des opérations que prefcrit cette
méthode,
L'Auteur obferve d abord que les terres les plus
prôpres pour culriver frutueufement cette plante ,
font les terres grafles & qui ont beaucoup de fonds.
On doit commencer le premier labour fur la fin du
mois & Octobre ; fe fervir d’une grande charrue à la-
quelle on attelle deux paires de bœufs , afin de défon-
cer la terre à la profondeur de quinze ou feize pouces :
difpofer-la terre en planches larges au moins de fix
pieds 3 herfer enfuite cette terre afin d'en divifer les
mottes.
Après les grandes gelées , apporter un peu de fumier
bien pourri dans les fonds de ces planches, autrement
dans les fillons , repandre ce fumier fur la largeur d'en-
viron deux pieds de côté & d'autre 3 donner à la
terre un fecond labour avec la même charrue & a la
même profondeur & tracer ce nouveau fillon au mi-
lieu des planches pour jeter la terre dans le fond des
premiers, & couvrir le fumier : donner un troifieme
labour au quinze de Mars , mais bien moins profond :
& retourner la terre dans le fens qu'on lavoir labou-
rée la premiere fois : enfin lorfqu'on veut femer le bled
de Turquie, il faut faire un quatrieme labour femb!a-
ble au troifieme, en jettant la terre dans le même
fens,
Pour femer comme il faut certe efpece de bled,
MAI 7
il faut choifir un beau tems, & planter toujours le
grains deux à deux ou trois à trois dans des trous fé-
parés, avéc un plantoir à la diftance d’un pied les
uns des autres, obferver de faire les traces à demi-
côté des fillons , & non dans le plus bas fond. Pren-
dre toute forte de précautions pour garantir les grains
femés, des corbeaux & des pigeons qui en font fort
friands. |
Lorfque les graines font levés & qu'elles ont pouf-
fé deux ou trois feuilles , on doit donner un labour lé-
ger avec la houe, par le moyen duquel on applanit
le fond du terrein, & on raproche la terre des jeu-
nes tiges. C’eft ce qu'en appelle le premier binage ;
quinze jours après on en fair un fecond ; un tems de
petite pluie eft le plus favorable pour cela : arracher
en même tems toutes les tiges ou pieds, & n'en laifler
qu'un & le plus vigoureux ; ce font ceux dont les feuil-
les font les plus allongées.
Pour ne pas trop épuifer le terrein, & faire en forte
que l'année d’après on puiffe y femer des bleds plus
utiles, on doit après le fecond binage laboufer avec
la charrue les intervalles entre les rangées de bled de
Turquie , & de maniere que l'oreille de la charrue
verfe la terre tout proche des pieds de ce bled : on en
fait autant quinze jours ou trois femaines après, & on
prend le tems de la rofée,
Lorfque les bouquets de fleurs qui viennent au
baut des épis font pañlés, on tafle avec la main les
tiges dans le nœud qui eft au-deffus du premier fruit,
Quand les épis font bien formès, & que le grain
commence à paroitre ; ce qui arrive vers la fin du mois
d'Août, on Ôte toutes les grandes feuilles pendantes
dès qu'elles commencent à jaunir, elles fervent de
fourages aux beftiaux. Dès que le grain eft entierement
jaune il faut faire la récolte : on doit pour cela enle-
ver les épis avec leurs graines, les voiturer dans une
aire, les y dépouiller de leur enveloppes , le ferrer
dans des greniers bien airés à l’abri des oifeaux & des
infeétes.
Pour conferver ce bled plus long-rems, il ne faut
le faire battre ou égrainer que lorfqu'on en a beloia,
À 4
3 MAT
parce quil fe conferve mieux dans fon bois, ou épi ;
qu'on nomme panouille en quelques Provinces que de
toute autre maniere : on Ôte les grains en battant les
panouilles avec un fléau léger. Après la récolte, on
doit couper avec une ferpe toutes les côtes ou tiges,
& les mettre fur la terre labourée qui eft dans l’entre-
deux des fillons , mais d’un côté feulement, & laiffer
l'autre vuide : ces côtes étant bien féches , fervent de
nourntures aux beftiaux pendant l'hiver, & on les
hache menu à mefure qu’on leur en donne, enfuite
il faut faire pafler la charrue fur les plates bandes qui
contiennent les tronçons des tiges, pour arracher plus
facilement ces tronçons: on en fair divers ras qu'on
laiffe fécher , après quoi on y met le feu dans le champ
même , & on en éparpille les cendres fur la pattie de
la terre qui a produit le grain.
L'Auteur convient que la dépenfe de la culture,
felon fa méthode , excéde de feize livres par arpent
la dépenfe de la culture ancienne ; mais en faifant la
comparaifon du produit , il affure avoir fait l'expé-
riance que dans le même efpace de terre qui fe cul-
tivoit fuivant l’ancien ufage, il a fait la récolte en
double & d’ur uers en fus, & d’un bled infiniment
plus beau & plus marchand , après l'avoir cultivé à
fa maniere qu'il a même trouvé des tiges qui avoient
donné trois grofles panouilles ou épis dont il a tiré
plus de quattre mille cinq cens grains, ayant eu la
curiofité de les compter: en un mot, que la quantité
de grain qu'il a recueillie en fuivant [a méthode, a été
communement de vingt & un feptiers, mefure de Paris
par chaque arpent , tandis qu’on n'’avoit recueilli que
neuf feptiers les années précédentes , ce qui eft le dou-
ble & un tiers de plus.
L'Auteur pour faire voir l'utilité qu'on peut tirer de
ce grain , expofe que plsfeurs curieux ont fait diver-
fes expériences pour rendre le pain de bled de Turquie
de facile digeftion. Celle qui a le mieux réuffi confif-
te à faire bouillir dans l’eau des grains de bled bien
mürs prefque à. leur euiflon. |
Eofuite de les expofer à l'air pour les faire fécher :
de facon à pouvoir être moulxs : puis de jetrer du
MAI
fon de froment dans l'eau qui a fervi à faire bouillir
ces grains, & de l’y faire bouillir, de la palfer après
dans un linge fin , & de pêtrir avec cette eau blanche
qui en eft fortie la farine du bled de Turquie : il aflu-
re que cette nouvelle maniere a donné un pain excel-
lent, d'un goût agréable & préférable même à tous
les autres pour la fanté : cette découverte eft afluré-
ment un grand avantage & d'un très grand fecours pour
les gens de la campagne dans les années où il y a
difette de bled ordinaire.
MAISON DE CAMPAGNE. Les divers avanta-
ges que J'on doit trouver dans une maifon de campa-
gne que l'on veut acheter, font: 1°. qu'elle foit en
bon air, & dans un bon terroir, ce que l'on connoît
par la fertilité & la qualité des produétions qui y croif-
fent; par les eaux, lefquelles pour être bonnes, doi-
vent être fans odeur , fans aucun gout, & venant d'une
fource qui ne tarrifle point. 2°. L'on doit <xaminer fi
on y trouve les principales commodités de la vie dans
une diftance raifonnable des villes & des grands che-
mins, pour pouvoir facilement débiter fes danrées,
Si elle eft près d'une riviere, & qu’on s’y puiffle pro-
curer faicilement du bois à bruler & du bois de char-
pente, 3°. Elle doit être dans un aflette agréable,
c'eft-2-dire , qu'on y doit trouver des promenades,
des avenues: il eft bon qu'elle foit un peu élevée , afin
qu'elle jouifle de quelque belle prefpeive, & placée
au milieu du domaine qui en dépend. 4°. Si elle eft
bien expofée, c'eft-à dire, au Levant ou au Midi,
& non au Couchant , encore moins au Nord: le corps
de logis eft plus eftimé s’il eft entre cour & jardin, 4°.
Si les quatres encoignures font oppofées aux quatre vens
principaux , afin que le vent faffe moins d’effer en pre-
nant le bâtiment en flanc, Elle doit être hors du dan-
ger des crues d'eaux , ou de rivieres; point environ-
née de marécages qui la rendent mal faine. 6°. Si elle
n'eft pas trop près d'une grande riviere, ou des terres
de quelques grands Seigneurs.
Enfin , avant d'acheter ou de bâtir, l'Acquéreur
doit s'informer foigneufement s'il n'y a point quelque
Mineur à qui ce fonds pourroit appartenir , ou quel-
18 MAI.
que Douairiere , ou quelque Créancier, La voie la
plus sûre pour acquerir avec folidité, eft que les for-
malités du décret & de la hciration foient bien rem-
plhes , & que le tems que le. Vendeur ou fes parens ont
pour retirer cet hérirage , foi écoulé fans retour . Voyez
BATIMENT,
Lorfqu'on eft dans le cas de faire bâtir une maifon
de campagne , il y a plufeurs chofes auxquelles on doit
prendre garde daus le travail des Ouvriers afin d'y être
moins trompé.
1%, À l'égard des Maçons, il faut avoir attention
qu'ils aient foin de mettre les fondations fur un bon
fol & nullement douteux , qu’ils les mettent de même
niveau : 2°, Que leurs Garçons ou autres qui travail-
lent à la tache, ne laiffent point de vuide entre les ma-
rériaux , qu'ils n'emploient pas les pierres avec leur
bouzin , qu'ils ne coupent pas le gros mur pour y fai-
re paller les tuyaux de la cheminée fous pretexte d’é-
viter les faillies que font les tuyaux ; qu'ils ne met-
tent pas une trop grande qnantité de mortier , pour
s'épargner la peine de garnir le mur de moïlon; voir
fi les murs de cloifon remplis de plâtre font bien lat-
tés.
À l'égard des Charpentiers, prendre garde qu'ils ne
mettent pas de mauvais bois dans les endroits ou le
plâtre couvrira le bois , ou qu'ils n'en mettent une plus
grande quantité qu’il n’en faut, lorfqu’on a fait le mar-
ché au cenr. Il n'eft nullement avantageux pour celui
qui, fait bâtir de- faire: un marché à la toife.
À -l'égard des Couvreurs, on eft beaucoup plus
trompé dans les réparations # les recherches que dans
les ouvrages, neufs: ainf on doit prendre garde qu'ils
ne mettent des vieilles tuiles dans le milieu du comble
& les neuves. dans la bordure , fur-tout quand on toife
aux Us. & coutumes, parce que par-là les plâtres fe
toifent-par:tout, & qu'ils fe payent fur le même pied
de Ja tuile aurour de laquelle ils font mis: à l'égard
des Menuifiers , il faut prendre garde qu'ils ne mettent
de mauvais bois, tel que celui qui eft plein d'aubier,
ou quiseft-verd , ou échauflé. -
À ;Fégard des Serruriers, avoir attention qu'ils ne
M AL 15
foutniflent de mauvais fer, & moins péfant qu'ils ne
le mettent dans leur mémoire, eu qu'ils ne fournif-
fent de vieilles fetrures , quoiqu'ils les donnent pour
neuves.
A l'égard des Careleurs, voir s'ils ne donnent pas
du caïreau mal cuit, s'ils ne les polent pas fur la pouf-
fiere, au lieu de le pofer fur le platre pur.
Aiof, pour être moins trompé, on doit d’abord a
l'égard de la charpente, régler le toifé fur la longueur
des bois, ce qu'on appelle Roifé de bout-avant, & ne
pas fe fervir de toifé aux Us & Coutumes; 2°, fixer
la quanuté de bois qui entrerent dans les comblesä, les
planchers , cloifons ; leur groffeur différente, & la dif-
tance qu'il doit y avoir entr'eux.
À l'égard des Couvreurs, convenir que l'ouvrage
fera toilé quarrémept de bout-avanc, fans y compren-
dre les plärres, Les folins , les égouts, &c. mais à Pa-
ris, & dans les endroits un peu notables , les Ouvriers
travaillent à la toife. Voyez Toisr.
Les Maçons, les Charpentiers , les Couvreurs , font
garans de leurs ouvrages pendant dix ans , à compter
du jour qu'ils font achevés, quand ils font d'une ma-
tiere {olide, & pendant fix ans quand l'ouvrage eft d’une
matiere médiocre. Les Archireétes font pareillement
aflujettis à cette garantie pour les ouvrages qu’ils en-
treprenent en leurs noms, mais cette garantie n'a pas
lieu dans les cas fortuits, comme le tonnerre, les
inondations , les tremblemens de terre, les ravages de
la guerre , les vents extraordinaires qu'on appelle ou-
ragans.
MAL d'aventure, forte d'abfcès. Reméde pour le fai-
re mürir & fuppurer. Faites fondre une once de poix
de Bourgogne , & l'incorporez avec quatre onces de té-
rébenthine , remuant hors du feu jufqu'a ce que le tout
foit froid.
Ou faites mourir un ver de terre dans du vin blanc;
entortillez-les autour du mal ; mettez un linge par deffus
qui le retienne , & l'y laïflez un jour & une nuit,
MaL capuc. Voyez EriLersiE. Les perfonnes fu-
jettes au mal caduc doivent s'abfienir de routes fortes
de chofes qui peuvent attaquer la tête comme le
Y2 MAL
vin , &c. ne point regarder les eaux qui coulent avec
impétuofité , les roues de moulins, & autres chofes
qui troublent l'imagination ; elles doivent boire du
fuc de gouffes d’ail pilées, ou de celui de rue; on
peut encorc prendre leur faire pendant trois matin à
jeun , & de deux jours l’un des pillules compofées de
trois dragmes d’agaric, & d'une dragme de gutta
gumimi , & leur donner un bouillon deux heures
après.
Mar de côté. Poyez Côté.
Mar du cerf. Maladie des chevaux (le ) eft un rhu-
matifme qui leur tient les machoires & le col fi roides
qu'ils ne peuvent les mouvoir, pas même pour man-
ger : les yeux leur tournent ; ils ont par intervaile de
grands battemens de flanc & de cœur : tout leur
corps eft roide , & fi le rhumatifme eft univerfel, ils
courent grand danger de mourir. La caufe de ce mal
vient d'avoir paflé d'une grande chaleur à un grand
froid,
Les Remedes à ce mal font de tirer du fang au che-
val malade 2 plufieurs reprifes, de lui donner des la-
vements ramolliuifs foir & matin , de laifler devant
lui pour nourriture du fon détrempé avec beaucoup d’eau
de lui frotter le tour du col & des machoires avec de
l'effence de thérébenthine & d'eau de-vie bien battus
enfemble , afin de rechauffer les mufcles refroidis. S’il
a tout le corps entrepris, on lui frotte les reins avec
l'onguent d'Alhtea & l’efprit de vin, & on le couvre
bien.
Maz de Dents Voyez DENTS.
Mar. d'Enfant. Voyez ACCOUCHEMENT.
Mac de feu, ou Mal de tête. Maladie chevaux on
la connoîr quand le cheval quitte l’avoine. Saïgnez le
aux tempes , & ufez des remedes qui font dans mala-
dies du dégoür : on peut y ajouter celui ci. Prenez de-
mi-once d'Angélique en poudre , demi-once d’affa fœ-
rida en poudre: mettez le tout dans un nouet de toi-
le, artachez le au maftigadour : mettez-lui le maftiga-
dour deux heures, puis lui ôtez , & laiffez-le manger
une couple d'heures ; remettez autant de tems mafti-
gadour. Le cheval jettera beaucoup de glaires qui lui
MAL 13
déchargéront la tête.
Maz de mere ou Paflion hifterique, On a donné
ce nom à cette maladie des femmes , parce qu'on
croit qu'elle eft cauiée par des vapeurs qui fe levent de
la matrice, & qui empêchent la refpiration, Les odeurs
fortes font très propres pour appaifer ce mal, comme
font celles du caftoreum , des cornes & des plantes
brülées.
Remedes contre ce mal, Prenez deux onces de fé-
mence de badanne , une once de canelle , trois grains
de mufc: réduifez le tout en poudre, & donnez-en 2
la malade le poids d'une dragme détrempé dans du
vin blanc, mais feulement dans le tems de l'acci-
dent.
Ou bien prenez une once de racine de coulevrée :
faites la bouillir dans du vin blanc ; faites en boire à
la malade le foir en fe couchant trois fois la femaine ,
& continuez pendant un an.
Mar de tête, Lorfqu'il eft confidérable , il y a tou-
jours de la fiévre. Voyez FiEvre,
MALADIES. Les maladies viennent du dérangement
ou de la corruption de quelque organe au corps, ou
de la diftribution irréguliere du fang dans les parties
qui en ont befoin. On trouve dans le cours de cet ou-
vrage divers remedes pour les maladies les plus or-
dinaires, auxquelles les hommes & les animaux font
fujets.
Quand l'hiver eft bien froid , les maladies régnan-
tes font des pleuréfies , des péripneumonies , des lé-
thargies , des toux , des douleurs de poitrine , des ver-
tiges , des apopléxies : toutes ces maladies fonc cau-
fées par la denfité des liquides & la contra@ion des
fibres. Quand l'hiver eft tempéré & humide , les ma-
ladies font d’un caraëtere différent , telles que les fié-
vres ardentes , les hémorragies par le nez, des toux
féches fans expeétorations ; ce font des effets du relà-
chement des fibres, de l’abondance des liquides : ainf
elles demandent une méthode curative différente des
autres.
Les maladies du printems, quand il eft dans l'or-
dre de la nature, font le retour des attaques ma ma-
14 MAL
Jadies invétérées, comme vapeurs, mélancolie, épi-
lepfe , maux de gorge , péfanteur de tête, dartres, puf-
tules , rougeoles, petite véroles, & autres maladies de
la peau occafionnées par la uanfplantation qui cherche
à fe rétablir, |
Les maladies de l'été font les fiévres continues, ar-
dentes , tierces , quartes, malignes , & putrides, cours
de ventre , fueurs colliquatives. Elles fonc caufées par
J'acrimonie putride que contractent les Auides pat la cha-
leur de l'atmofphere : les boifions rafraïchiffantes & aci-
des font le remede le plus efficace , felon les plus ha-
biles médecins , & ils n'ordonnent la faignée que lor(-
que le fang ne donne pas des fignes de diflolution : ils
ont foin dévacuer avec les éméuques, ou avec les pur-
gatifs fagement adminiftrés,
Les maladies de l'automne font les fiévres quartes ,
Jes hydropifies , les prhifies, les diflenteries , les dou-
leurs aux cuifles & aux hanches, les efquinancies , les
mélancolies , d'où l'on a droit de conclure que l'au-
zomne eft la plus dangereufe de toutes les faifons , par-
ce que la tranfpiration infenfble eft crop diminuée par
les froids.
Lorfque ces maladies proviennent de la même caufe
que celles de l'été , elles exigent les mêmes remedes ,
c'eft-à-dire : qu'on emploie les délayans ou les purgaifs
felon la nature de la maladie.
Mazapies chroniques caufées pat l’obftruétion des
vifceres, ou par un fang trop épais.
Remede, Prenez des racines de chicorée fauvage,
de patience fauvage , de polypode de chêne , ratifiée,
& coupées par tranches, de chacune une demi-once
des feuilles d'aigremoine & de chicorée fauvage, une
demi poignée de chacune : faires bouillir le tout dans
trois chopines d’eau, que vous réduirez à une pinte,
Retirez la cruche du feu, & faires-ÿy infufer chaude -
ment pendant quatre heurés une once de féné mondé,
une demi-once de fel de glauber , un demi-gros , de la
femence d'anis. Paffez la liqueur par un linge avec
légere expréflion ;, & ajoutez-y deux onces de fyrop de
£eur de pêcher.
Partagez le tout en fix verres à prendre tiédes en
MAL MAM 1
deux jouts, crois dans chaque matinée de deux en
deux heures , & un bouillon léger entre chaque verre :
que ficer apozëme purge trop abondamment, on fe
contentera de deux verres, & on les prendra en trois
jours.
"On peut encore réduire toutes les dofes à la moitié.
& en faire une efpece de ptifane royale pour fe pur-
ger en un feul matin en trois verres. Voyez Hyro-
CONDRIAQUE.
Le meilleur moyen & le plus fimple pour fe garan-
tir des maladies chroniques , c’eft l'exercice. Les mé-
decins habiles ont donné des regles fur la maniere de
faire cet exercice ; 1°, il faut exercer fon corps avant
que de prendre des alimens , & après que la digeftion
en eft faice ; 2®, les exercices ne doivent pas être trop
prolongés , ils ne doivent être continués que jufqu'au
commencement d'une douce fueur ou d’une legere laf-
fitude ; 3°, il faut y accoûtumer le corps infenfiblement:
il faut le recommencer tous les jours autant qu’il eft
pofhble ; il feroit utile de ne les prendre qu'après avoit
purgé le bas ventre, Voyez OssTRUCTION Des visce-
RES.
MaLaDIe des beftiaux, Préfervatif ou remede pour
prévénir la maladie des beftiaux , lorfqu’on s'apper-
çoit qu'elle régne déjà dans le voifinage. Prenez de
l'œthiops minéral compolé avec deux parties de fleur
de foufre, & une de mercure crud bien frottées , juf-
qu’à ce que rouc le mercure ait difparu , & de l’anti-
moine crud réduit en poudre très-fine , de chacun trois
dragmes pour la plus foible dofe, & quatre pour
la plus forte ; une demi-once de thériaque de Veni-
fe, & une dragme & demie de corne de cerf calci-
née & réduire en poudre : méêlez le tout enfemble :
& le pétriflanc avec de bonne farine & du lait nou -
Veau, faites-en une boulette que vous -donnerez en
une dofe pour une bête formée, lorfqu’elle à l’efto-
mac Vuide pendant douze à quinze jours : mais on
ne doit pas ufer de ce remede lorfque la bête eft ma-
nifeftement attaquée de la maladie, {1 ne faur pas s’al-
larmer fi les väches , après avoir pris ce remede , per-
dant l'appétit & leur lait; car l'un & l'autre revien=
16 MAN MAR
certaines chofes qu’on veut tranfporter, ou dans lef-
quels on plante des arbres : les mannequins font plus
petits que les mannes, celles - ci font faites différem-
ment. On éleve des arbres en mannequin pour regarnir
avec plus de facilité les places vuides. On met ces man-
nequins en térre : on ÿ metau fond quatre doigts de
bonne terre , & enfuite l'arbre, après en avoir étêté la
tige & les racinés comme pour planter à demeure,on ar-
range les racines & on le couvre de terre : l'arbre y fait
fa pouffe , & quand on en a befoïn , on découvre la
terre autour , & on enleve l'arbre avec le mannequin ,
. & on le met dans le trou qu'on lui a préparé : on le cou-
vre de borne terre, & on le garantit des froids par quel-
ue paillaffon.
MANOIR. { principal) On appelle ainfi le Château
ou maifon qui eft deftiné dans un fief pour fervir d'ha-
biration au Seigneur féodal. Dans la fucceflion d’un
fief en ligne directe, le principal Manoir appartient à
l'aîné par droit d’aïîneffe : c'eft au principal Manoir du
fief dominant que les vafflaux font obligés de faire la foi
& hommage à leur Seigneur, pour les fiefs qu'ils vien-
nent de lui.
MAQUE ou MACHOIRE , inftrument pour brifer
le chanvre, C’eft une efpece de petit banc compofé de
deux piéces de bois, creufées de maniere qu'elles s'em-
boitent l’une dans l'autre par le moyen d'une cheville.
Celle de deflus eft mobile , & en la levant , on la rabat
fur celle de deffous.
MAQUEREAUX. Poiflons de mer que l'on mange
frais au mois d'Avril. Maniere de les apprêter : fen-
dez:les un peu le long du dos, vuidez les, faites leur
prendre fel avec de l'huile , menu fel & poivre : enve-
loppez-les dans du fenouil; faires-les pue ,; puis fai-
tes une fauce avec beurre roux , fines herbes hachées,
mufcade , fel, fenouil, capres , filer de vinaigre , ou
bien on peut la faire avec du beurre roux, perfil ftit ,
fel , poivre & vinaigre. On peut encore les accommoder
à la maître d'hôtel, & érant grillés , on met dans le
corps du beurre mélé avec perfil, civoule hachés, fel,
gros poivre , &c
” MARAIS. On appelle Marais de grands efpaces de
MAR | 1?
terre remplis d'eau qui y croupit, & de grandes herbes
comme les joncs , les rofeaux, &c.
Les Marais ont leur uulité : on peut par quelques
travaux fertililer les plus ingrats ; on peut en faire
des Erangs : on fait arracher pour cela les racines , &
on ÿ pratique des rigoles & des levées convenables, On
peut aufh les deflécher par des tranchées & des faignées
pour en faire des jardins ou des prés. Les Marais pro-
duifenc des joncs , des rofeaux, & autres herbes grof-
fieres dont on fait tirer profit à la campagne , comme
pour faire des couvertures des étables , des chaumieres,
on en fait des cabas , &c.
MARAIS saLANS. On appelle ainfi les marais ou le fe!
marin fe faic de l’eau de la mer qui les baigre.
MARBRE. Sorte de pierre fort dure, fort polie &
difficile à tailler, Le marbre fert d'ornement aux che-
minées , on en fait des chambranles, on en couvre
les commodes & les confoles ; mais comme il eft cou-
teux, & qu'a la campagne on ne fe foucie pas d’or-
nemens fi recherchés , biens des gens fe fervent d’une
efpece de maftic qui contrefait fort le marbre, Ce
maftic eft compolé du gyps, qui n'eft pas une pierre
à plâtre, mais une efpece de gros talc ou piérre bril-
Jante que l'on trouve parmi les pierres à plâtre ; on
la fair calciner au four, on la broie dans un mortier,
On la pañle au tamis , & on l’emploie avec de l'eau
collée ou de colle de parchemin fondue : on y mêle
les couleurs qu’on veut, & alors que tout eft fec on le
polit avec une pierre ponce & une peau de bœuf pour le
rendre luifant.
MARC. Poids en ufage pour pefer l'or & l'argent. Le
marc eft compofé de 8 onces, l’once de 8 gros, le gros
de 3 deniers, le denier de 24 grains.
MARC de raifin. C’eft ce qui refte du raifin après
avoir été foulé : on l'appelle rapé en quelques Pro-
vinces.
MARCASSINS. On appelle ainfi les petits de la Laye
& du Sanglier.
MARCHANDS & NEGOCIANS.( les } Sonctous
ceux qui font profeflion d’acheter pour revendre , afin
de retirer du profit par leurs négociations. de fontcor-
2
18 M A R
traignables par corps pour le fait de BiMets & Lettres
de change , & foumis à la Jurifdi@ion Confulaire.
Les Marchands n'ont que pour demander ce qui leur
eft dû pour raifon des marchandifes par eux fournies
à des particuliers, à moinsqu'il n’y ait un compte ar-
rêté par les Débiteurs. A l'égard des petits Marchands
& des Artifans , ils n’ont que fix mois : mais cette
exception n'a pas lieu de marchand à marchand. Les li-
vres de marchand font foi entre eux en Juflice , quand
il n'y a point de preuve contraire qui réfulte du re-
giftre de l’autre marchand, Entre marchands & négo-
cians aflociés , ils font tous obligés folidairement ;
mais un particulier qui n’eft point marchand , & qui
ne fe mêle point des affaires du négoce pour tirer du
profit de la marchandife ou de l'argent , n’eft point juf-
ticiable des Confuls , ni fujet à la contrainte par corps
pour raifon d'aucun billet, foit au porteur, foit à or-
dre , valeur reçue , ou en marchandifes: il n'y a que les
lettres de change qui puiffent foumettre à la Jurifdiétion
confulaire & la contrainte par corps.
MARCOTTES. ( les ) Sont de jeunes branches
belles & fortes , dont on fait choix pour marcot-
ter une plante. Pour cet effer, on fend une de ces
branches par le milieu jufqu'auprès d'un nœud : on
a foin de tenir l'incifion ouverte avec un petit mor-
ceau de bois, puis on la couche à terre & on la cou-
vre de quelques pouces de terre, ou fi elle court rif-
que de fe rompre en l’abaiflant , on la fait rentrer
dans un petit panier que l'on remplit de bonne terre
& qu’on pend à quelque branche. Lorfque la marcotte
a pris racine , on la coupe & on la tranfplante: on doit
la bien couvrir de terre, l’arrofer & elle devient une
plante annuelle.
MARECHAL-FERRANT. L'art du Maréchal pour
bien ferrer les chevaux confifie principalement à entre-
tenir le pied des chevaux dans l'état où il eft, lorf-
qu'il eft réguliérement beau , & d'en réparer les dé-
fe&tuofités lorfqu’il pêche dans fa forme & dans quel-
ques unes de fes parties.
Voyez Pied des Chevaux.
ManreRe dont un Matéchal doit ferrer un pied
LA
(
Ê
MAR | 19
saturellement beau. 1°. 11 doit blanchir fimplement la
folle ; c'eft-à dire , n'en couper que ce quii en faut
pour découvrir la blancheur naturelle : enlever le fuper-
flu des quartiers , obfervant d'y laiffer de quoi brocher :
ouvrir le talon en penchant le boutoir en dehors , & non
en creufant ; les abattre de mariere que le pied étant
aterre, l'animal foit dans une jufte pofition, couper
le fuperflu de la fourchette : ouvrir la bifurcation juf-
qu'a l'épanchement d'une efpece de férofité & non juf-
qu'au fang: maintenir par le fer comme par la parure
le fabot dans la configuration qu'il avoit.
1°. Ajouter à ce pied un fer qui l'accompagne
dans toute fa forme , qui ne foit ni trop, nitrop peu
couvert, nitroplegernitrop pefant, qui ait la même
épaifleur aux éponges qu'à la pince , & qui en ait
quelques lignes de plus à la voute qu'à cette derniere
partie.
39. Il doit étamper un peu plus gras en dehors
qu'en dedans; il faut qu'il y ait quatre étampures de
chaque côté, avec une diftance marquée à la pince
pour féparer celles de chaque branche. Ces étampures
ne doivent être ni trop grofles, ni trop maigres, que
le fer au talon ne foit point féparé du pied: que les
éponges ne débordent que proportionnément à fa forme;
& que l’on apperçoive enfin pour la grace du contour &
de la jufture une fimple élévation tout autour de ce fer
depuis la premiere étampure jufqu’a la derniere en paf-
fant fur la pince.
Nous avons dit qu'il faut pancher le boutoir en de-
hors pour ouvrir les talons, ou pour les parer à plar,
La plüpart des Maréchaux trouveront que cette mé-
thode eft totalement contraire à leur pratique ordi-
naire ; mais on ne doit pas s'en inquiéter. Toujours
guidés per une faufle routine & jamais par le raifon-
nement , ils ne celent de creufer au lieu d’abattre ,
c'eft à dire, qu’ils coupent continuellement la por-
tion de l’ongle qui fe trouve entre la fourchette & le
talon; enforte qu'au moment où ils croient ou-
vrir cette partie, ils Ja reflerrent de plus en plus :
& en effet, dès qu'ils enlevent l'appui qui étaie & qui
fépare le talon & la fourchette , les parois extérieurs
B 3
"ae MAR
de l'ongle n'étant plus gênées, contenues , & n'ayant
plus de foutien , fe ettent & fe portent en dedans,
d'autant plus aifément que le uflu de la corne eft tel
qu'il tend toujours à fe contraéter : de la une des caufes
fréquentes de l’encaftelure ; & c’eft ainfi que le plus beau
pied devient difforme , quand il eft livré à des mains
ignorantes Diéfion. Encyclop.
MARGUERITE Plante qui croit dans les prés ; on
cn cultive dans les jardins , dont les fleurs font de diver-
fes couleurs. La cultivée à fleur rouge, eft un bon vul-
néraire pour réfoudre le fang coagulé , pour les plaies
& les contufions
Les marguerires fe multiplient de plant enraciné : on
s’en fert volontiers dans les parterres au lieu de gazons ;
leur émail eft un agréable coup d'œil.
MARI. Puiffance ou autorité du mari : elle ne confifte
pas feulement dans ua fimple refpeét & déférence de la
parr de la femme, mais dans une forte d'autorité que le
mari acquiert {ur fa femme & [ur fes biens du jour de
la célébration du mariage, enforte que la femme ne
peur valablement s'obliger , fi elle n’eft autorifée de
lui ; autrement les obligations qu'elle contraéteroit fe-
roient nulles
MARIAGE {le } eft un Contrat civil, ( & en mé-
me tems un Sacrement de la Loi nouvelle ) par lequel
l’homme & la femme font joints d’un lien indiflolu-
ble, qui ne fe peut diffoudre que par la mort de l'un
des deux. Le confentement des conjoints , donné felon
les Loix de l'Etat, eft ce qui conflitue le Contrat civil,
Aiafi le Contrat par écrit n'eft pas d'une néceflité ab-
folue , quoiqu'il foit touiours plus avantageux aux
Parties d'en. faire un ; & qu'il y a d'ailleurs des difpo-
fitions qu'on pourroit faire , qui ne font pas fuppléées
par la Coutume.
Lorfqu'il n’y a point de Contrat.par écrit, & que
le mariage a été une fois valablement célébré , les deux
conjoints ne peuvent plus faire de Contrat, car il
ne leur eft plus permis de changer celui que la cou-
tume a fait a leur défaut , à moins.que l’un des deux
ne fut mineur, & qu'il fe rrouvât.fort lezé par le dé-
MAR 2x
faut du contrat. Le contrat étant figné , il n’eft plus per-
mis de rien changer, fi ce n’eft par des actes fépa-
rés, fignés par les perfonnes qui y ont aflifté, Ainf
toutes contre - lettres contre les contrats de mariage,
faites hors la préfence des parens , font nulles. Les con-
trats de mariages font fufcepribles de route forte de clau-
fes, maisil y en a qui font ordinaires dans une coutu-
me , & extraordinaires dans une autre.
Les claufes ordinaires des contrats de mariages faits
en pays courumier , font : 1°. la ftipulation ou exclu-
fion de communauté : 2°. la conftitution de la dot :
3°. la fhpularion des propres & l’'ameubliffement : 4°.
que l'enfant marié laiffera jouir le furvivant de fes pere
& mere de {a part des effets de la communauté & qu’il
ne pourra lui demander compte ni partage : 5, le
douaire : 6°. le préciput , habitation, bagues & joyaux:
7°, la faculté accordée à la femme de renoncer à la com-
munauté , & de reprendre ce qu'elle a apporté , le rem-
ploi des propres aliénés : 8®. l'indemnité des dettes ou la
femme s’eft obligée, |
Dans les pays de droitécrit, les claufes ordinaires
font , la conftitution de dot, l'augment de dot, les ba-
gues & joyaux.
Les claufes extraordinaires font indéfinies , & n’ont
point de nombre certain : il fufñt de dire qu'on peut
les réduire à quatre : favoir , les donations de toute na-
ture , les inftitutions & fubftitutions contractuelles , les
rénonciations , &c.
On appelle articles de mariage , les claufes dont les
futurs époux conviennent , & qui doivent fervir de bafe
aux conventions portées par le contrat de mariage : car
ce contrat doit fe faire conformément à ces articles.
Ainf il faut qu'ils foient auparavant agréés de part
& d'autre ; voilà pourquoi les parties fe communiquent
ces articles , pour les examiner à loifir, Lorfque ces
articles font fignés, l’une des parties peut obliger à la
célébration celle qui refuferoit, fous peine de dépens
dommages & intérêts.
On compte cinq conditions requifes pour la vali-
dité du mariage : 1°. le confentément des pere &
mere, oucelui des tuteurs ou curateurs pour le. ma-
B 4
22 MAR |
riage des mineuts. Les enfans, dont les pere & mere
font hors du Royaume, peuvent contraéter mariage ,
s'il leur eft impofhble d'avoir leur confentement : à
ce défaut ils doivent avoir celui de leurs tuteurs; &
s'ils font hors d'âge d'en avoir , ils doivent avoir ce-
jui de leurs parens & alliés; & à leur défaut, de
leurs amis ou voifins, le tour conformémentala Dé-
claration du Roi, du 6 Août 1686. A cet effet , il
doit étre fait devant le Juge Royal, le Procureur du
Roi préfent, une affemblée de fix des plus proches
parens ou alliés, tant paternels que maternels; & à
leur défaut de fix amis ou voifins, pour donner leur
avis ou confentement, s'il y échéoit, dont il doit être
fait mention dans le contrat de mariage , qui doit
être figné d’eux. 2°, La proclamation des trois bans,
en la paroiffle de l’un & de l’autre conjoints , faite un
jour de Dimanche ou de Fête. 3°. L'afliftance de quatre
témoins dignes de foi & domiciliés , lefquels doivent
certifier bien connoître ceux qui veulent fe marier, s'ils
ne font pas connus du Curé. 4°. La bénédiction nup-
tiale du Curé ou du Vicaire de Fun des conjoints. Au
refte, le tems fuffifant pour acquérir domicile dans
une Paroiffe , à l'effet d'y pouvoir contraéter mariage,
eft au moins de fix mois , à l'égard de ceux qui de-
meuroient auparavant dans une autre Paroifle de la mé-
me Ville , ou du même Diocefe, & d'un an pour ceux
qui demeuroient auparavant dans un autre Diocele.
5°. I] faucqu’il n’y aitaucun empêchement au mariage,
qui en caufe la nullité, ni même une oppoñition. Le
défaut de l’une de ces conditions emporte nullité de ma-
riage : excepté, 1°, celle de trois bans , dont on peut
obtenir difpenfe ; bien plus l'omiffion de la publication
de bans ne fair pas déclarer nul un mariage contracté
entre majeurs, 22, excepté qu'on ait obtenu difpenfe
de l'empéchement même dirimanr, 3°. Excepté qu'on
n'eût obtenu de l'Evêque , ou du Curé, la permiflion de
fe marier dans une autre Eglife que fa Paroifle. Les
Juges d'Eglife font feuls compétens pour connoître
des caufes du mariage , par rapport à leur validité ,
mais ils ne peuvent point connoître ni prononcer fur
la féparation de corps & de biens des maris d'avec leurs
MAR 23
femmes , ni {ur les conventions matrimoniales. Ainfi
après avoir déclaré les promefles du mariage nulles,
ils renvoient les Parties devant le Juge ordinaire. Les
Juges féculiers peuvent néanmoins connoître indirec-
tement des caufes du mariage, comme lorfqu'il s’agit
de rapt, par la voie criminelle , ou des chofes tem-
porelles qui réfuitent du contrar de mariage.
Comme on vientde parler des empéchemens, ileft bon
de favoir qu'il y en a de deux fortes : les uns empêchent
qu’on ne puifle contraétet mariage fans crime; maisils
n’empéchent pas la validité du mariage : c’eft ce qu'on
appelle empêchemens empêchans. La connoiflance de
ces fortes d'empêchemers regarde les Cafuiftes. Les au-
tres empéchemens font appellés ditimans: ceux ci font
plus forts , car ils rendent le mariage nul, & empêchent
que le Sacrement n'ait fon effer: voici les principaux
empêchemens de cette efpece, 1°. Le bas âge , caril
faut que ceux qui fe marient, foient en état d'avoir
des enfans. Les mâles ne peuvent fe marier qu'à qua-
torze ans , les filles à douze : la vieilleffe n’eft point
un empêchement. 2°, La parenté jufqu’au quatriéme
dégré, fuivant le Droit Canon que l'on fuit en cette ma-
tiere. Mais ceux qui font au quatriéme dégré, peuvent
obtenir difpenfe de leur Evêque pour fe marier ; on
en obtient auffi de la Cour de Rome pour le troifñé-
me degré : mais pour le fecond elles font très-rares.
3°. La bigamie , c’eft-a dire , d’être marié avec un
autre, car ileft défendu d'avoir deux maris, ou deux
femmes en même tems , à peine de nullité du fecond
mariage , & de punition exemplaire. 4°. La Profeflion,
ou l’engagement dans les Ordres facrés de Soudiaco-
pat, Diaconat & de Prétrife. $°. La mort civile caufée
pat le banniflement à perpétuité, ou par la condamna-
tion aux galeres perpétuelles , & celle de mort pronon-
cée contre les abfens , n'empéchent pas l'effet du Sa-
crement , mais le contrat de mariage de ces perfon-
nes ne produit aucuns effets civils , & leurs enfans ne
font point confidérés comme des enfans légitimes ;
mais fi l'an des Conjoints eft dans la bonne foi, c'eft-
adire , s’il a ignoré l'emoéchemeut, le mariage a tous
fes effets , tant à fon égard , qu'à l'égard des enfans
24 M AR
qui en font nés : à moins que l'empêchement ne vienne
d'une ignorance qui ne feroic pas excufable.
Les mariages clandeftins, c’eft-a-dire , ceux qui de-
meurent cachés pendant toute la vie de l'un des con-
Joints, ne produifent aucuns effets civils; il faut pour
les rendre publics qu'ils foient précédés de publica-
tion des bans , & célébrés avec les formalités requi-
fes. Les mariages fairs à l'extrémité de la vie avec une
concubine, ne produifent aufli aucuns effets civils,
Le mariage doit être célébré en préfence du propre
Curé de l'un des futurs conjoints : l’ufage a voulu que
ce futen préfence du Curé de l'époufe : ïlne doit l'é-
tre qu'après la publication des bans , & en préfence
de témoins dignes de foi. Un Curé ne peut pas ma-
rier des perfonnes qui ne font pas de fa Paroifle , s'il
n'en a une permiflion par écrit de leur propre Curé, ou
de l'Evéque Diocéfain. Pour obvier aux fraudes, tout
Curé ou Prêtre commis doit s'informer avec foin du
domicile des Parties , de leurs qualités , & s’en faire
certifier par le témoignage de trois ou quatre témoins
dignes de foi. La célébration du mariage fe: prouve
par l'extrait du Régiftre des mariages, & fi le Régi-
tre eft perdu , par d’autres titres & témoins.
MARINADE. On appelle ainfi une fauffe dans
laquelle on met tremper les chofes que l'on veut rele-
ver. Par exemple , une marinade de poulets fe fait
avec du jus de citron , verjus ou vinaigre , fel, pot-
vre cloux , ciboule , lauriers. On laifle dans cette
faufle, l’efpace de trois heures, des poulets par quar-
tiers : enfuite.on fait une pâte avec de la farine, du
fel & de l'eau & un œuf, le tout bien délayé : on y
met un morceau de beurre fondu , on bat le tout dans
une cafferole : on trempe les poulets dans cette pâte ,
& on les fait frire dans du fain doux. |
On marine des cotelettes de veau dans une faufle de
la même forte ; puis on les égoutte , ou dans une pâte,
comme ci-delfus, ou bien on les farine fans pâte, &
or les fait frire dans la poële.
MARJOLAINE. Plante odoriférante : on en fait
des bordures dans les potagers. Il y a la grande & la
petite. La grande poufle des tiges à la hauteur de trois
’
s
MAR 2$
pieds : fes tiges font rougeätres , & fes fleurs en gueule.
On culrive la petite dans les pots, & à l'ombre. L'une
& l'autre fe multiplie de femence & de plant enraciné
en Avril. Elle eft tendre à la gelée, La graine en eft
petice, de couleur brune, & marqué de blanc.
MARMELADE. Voyez ABRIcOTS.
MARMENT AUX. On appelle ainfi les bois qui
font autour d’une mailon , ou d'un parterre , pour y
fervir d'ornement ou d'abri, & auxquels on ne touche
point.
MARNE (lai) eft une moëlle terreftre , ou pier-
reufe. On à droit d’inférer qu’il y en a dans les en-
droits où la charrue fait remonter une terre grife &
fablonneufe , ou bien dans ceux ou l'on trouve une
terre argilleufe , fiérile , mais grafle , ou même de la
pierre de chaux , fur-tout fi ces pierres font friables &
grafles. Il ya de la marne fablonneufe , d'autre argil-
leufe , d'autre pierreufe : toutes ces efpeces s'accor-
dent en ce qu'elles font fort pefantes. L'argilleufe ne
fe trouve ordinairement que par lits répandus çà &
là. Celle qui eft bleue eft meilleure que la jaune La
marne argilleufe doit refter expofée à l'air, au moins
un an avant que de l'employer, Il faut quinze à vingt
charretées de marne pierreufe ou argilleufe pour un
arpent. On la mec par tas pendant quelque-tems. À
l'égard de la fablonneufe , il n’en faut que cinq ou fix,
& on la répand également, La marne eft de beaucoup
de durée , & le terrein qui en eft couvert , fe reflenc
de fa vertu pendant vingt-quatre à trente ans. La mar-
ne échauffe & adoucit la terre , & ne convient qu'aun
terrein froid & humide.
Selon M. du Hamel, on doit employer une moin-
dre quantité de la marne blanche , qui eft celle ouil
ne fe trouve point de cailloux , que de celle qui eft
propre à faire de la chaux. On en doit employer
trente à trente - cinq tombereaux pour marner un ar-
pent de cent perches quarrées , la perche de vingt-
deux pieds.; il. en, faut un quart de plus pour la fe-
conde, Le tombereau doit contenir 18 boiffleaux : on
mefure la marne comble : ilen faut moins dans les
terres Jlégeres & cailleureufes que dans les fortes. Il y
26 MAR |
a des perfonnes qui font d'avis de n’en répandre d'a-
bord que la moitié de ce qu'on juge que le terrein en
peut porter & répandre l’autre moitié cinq ou fix ans
après , & même une moindre quantité, fi la premiere
marne a produit une grande fertilité.
MARRE. C'eft une grande folle en quarré long , que
lon conftrait dans quelque coin de la baffe cour dans
un terrein un peu en pente, & dans laquelle on fait
écouler l'eau des pluies & autres dont on a la con-
modité On doit la placer fur un fond de terre glaife
& de tuf , afin que l'eau sy conferve : on doit l’en-
vironner d'un petit mur haut de deux pieds, & prati-
quer derriere quelques rigoles , ou puifard pour faire
écouler l'eau quand il y en a trop.
La marre fert pour abreuver les beftiaux , lorfqu’on
eft éloigné de la riviere ou des ruiffeaux, & pour y
faire barbotter les canards & les oïes : l'eau en éft
bonne pour arrofer le jardin : on peut aufli mettre du
poiflon qui y vient bien , fur-tout la tanche.
On fait auffi faire des marres à part pour rouir le lis
& le chanvre, & tremper les oziers & clayons dont on
a befoin.
MARRONIER. Efpece de Chätaigner dont le fruit
eft plus gros & plus agréable queles châtaignes ordi-
naires : 1] croît dans le Lyonnois , le Dauphiné & au-
tres Provinces desenvirons. Woyez MARRONS, |
MaRRONIER D'INDE. Il eft ainfi appellé , parce
qu'il nous a été apporté des Indes. Il vienc vite, croît
de femence, & vient dans route forte de terroirs. Après
avoir labouré un efpace de terre , on fait des trous au
niveau d'un cordeau ; on met les marrons , on les
couvre de terre , le rout au mois de Novembre , ou à
Ja fin de Février. La premiere année on les ferfouit,
la fuivante on leur donne trois ou quatre labours plus
profonds : lorfqu'ils ont dix pieds de haut, on s’en fert
pour faire des plants : on les replante fur deux pieds
de profondeur & trois de large , à deux toifes l'un de
l'autre : ils figurent fort noblement dans les grandes
allées de jardins, & forment un bel ombrage, Pour leur
faire la tête belle , on doit les érêter en bec de flûte ,
en tournant la coupe du côté ou le foleil ne donne
MAR 277
point : on enveloppe la coupe avec du foi. haché &
pétriavec de la terre , de peur que la plaie ne pénétre
le cœur de l'arbre : on doit leur couper toutes les
branches qui viennent à la réferve de la plus belie que
l'on appuie contre une petite perche liée au cronc de
l'arbre en deux endroits ; au refte Le bois de cet arbre
ne vaut rien ; & il ne peut fervir qu'a des ouvrages
groffiers de la campagne,
Marrows. On appelle ainfi les groffes châtaignes,
car elles ne font telles que parce que les Marroniers
ont été entés , l'arbre qui vient de femence n'en pro-
duifant que de très-petites ; pour cet effet on prend des
greffes de l'efpece de châtaignes que l'on veut avoir:
lente fe fait en flûte & non en fente, & il y En a de
différentes efpéces : les meilleurs marrons viennent du
Dauphiné,
Les marrons rôtis, bien dépouillés de leur membra-
ne intérieure, & affaifonnés de jus d'orange & de fucre ,
font un mets agréable, mais point fain , fi on en man-
ge beaucoup.
MarRONSs GLac£s. Maniere de les olacer. Prenez
des marrons les plus beaux , fendez- leur un peu la tête ,
faites les cuire dans l'eau bouillante : écant cuits au
point qu'une épingle y entre facilement , pelez- es
tous chauds , & mertez-les fur un tamis : étant pelés,
mettez les dans une autre eau bouillante pour leur faire
jetter leur eau rouffe , mais fans les remettre fur le
feu : puis revirez-les avec une écumoire » Jettez-les
dans un fucre clarifié, faites leur prendre un bouillon ;
Otez-les du feu ; laiffez - les prendre facre quelques
eures : mettez-les égouter en y mélant d'autre fucre
clarifié ; enfuite mettez vos marrons l'un après l’autre
dans du fucre cui à la plume : remettez-les fur le feu,
& faites revenir votre fucre à la plume : tirez les du
feu ; remuez la poële , ôtez en l'écume ; frottez le bord
de la poële pour faire troubler le fucre : pendant qu'il
eft trouble , faites-y paffer vos marrons l’un après l'au-
tre ; retirez-les avec deux fourchetres ; mettez les fur
un clayonavec un plat au deffous pour recevoir le [u-
cre. Enfin mettez vos marrons dans des boîtes fur du
papier blanc.
28 | MAR
Marow D'Înpe. ( Maniere de préparer les) pour
engraifler le bétail. Faites de l'eau de chaux , c’eft-2-
dire , jettez vingt-quatre pintes d'eau {ur la huitiéme
partie d'un boifleau de chaux vive mife au fond d'un
peric cuvier à leflive. Lorfque la chaux eft bien érein-
te , tirez-en l'eau par le conduit du cuvier , & faites
bouillir les marrons dans cette eau , après les avoir pi-
qués en deux ou crois endroits avec une alene. Lorfque
les marrons ont été aliez amollis , faites les peler &
enfuire tremper vingt - quatre heures en eau fraiche.
Bien des perionnes les ont employées avec beaucoup
de fuccès & de profit pour engratiler le bétail.
On a reconnu après diverfes expériences ; que les
marrons dinde contenoient une grande quantité de
fucs favonneux & déterfifs dont on peut tirer du pro-
fit : on a eflayé de les employer comme le favon pour
blanchir le linge & dégraifler les éroffes , & on a
éprouvé que l'eau feule dans laquelle on avoit mis
tremper des marrons d'inde réduits en poudre, a fuffi
pour dégraifler parfairement des bas de laine : d'ou on
doit conclure que certe eau eft fort bonne pour blan-
chir le linge. Ileft vrai de dire, que pourvu qu'il ne
foit pas abfolument trop chargé de graïfle, on peut le
blanchir fans autre fecours, & par ce moyen épargner
une grande quantité de favon. Voici la maniere de
préparer les marrons : prenez une quantité raifonnable
de marrons d'inde 3 pelez-les &t rapez-les , jertez-les
dans Peau à raifon d'une douzaine de marrons fur
quatre pintes d'eau, Lorfque les fucs feront délayés , ce
que l'on connoît à ja couleur blanchâtre de l'eau: on
en lave le linge qui fe dégraiffera & deviendra d'un
blanc un peu bleuätre; mais qui n'a rien de défagréa-
ble : s’il y a des taches de graifles trop opiniâtres , on les
frotte avec un peu de favon , au refte , on doit em-
ploye: l'eau un peu chaude & plus que tiéde.
Autre ufage qu’on peut faire des marrons d'inde.
C'eft de les faire fervir de lampes de nuits. Pour cet
effet on doit peler les marrons, les faire fécher, puis
les percer de part en part avec Une très petite vrille.
Lorfqu'on veut s'en fervir , on les fait tremper pen-
dant vingt - quatre heures dans quelque huile que ce
MAR 29
foit: enfuite on en prend un, & on y pañle à travers Le
trou qu'on a fait , une petite mêche longue. comme Île
petit doigt , & onle met dans un peut vafe de terre où
il y a de l’eau, & on allume la méche qui donne de la
lumiere jufqu'au jour.
Moyen de les faire fervir de pâte à décrafler les
mains ; il faut pour cela les faire bien fécher , foit au
foleil , ou au four ; puis les piler dans un mortier cou-
Velt comme ceux des Parfumeurs , & les réduire en
poudre fine. On s’en fert comme des pâtes ordinaires :
un peu d’eau froide fuffr.
MARRUBE. Plante fort commune qui croît aux
lieux incultes : il y a le blanc &le noir, le blanc jet-
te beaucoup de tiges , les feuilles font larges d’un pou-
ce, & rondes : il eft employé dans les affeions du
poumon & la toux invétérée , dans Ja jaunifle pour
fortifier l'eftomac. Le noir a les fleurs rouges qui font
d'une odeur puante , croît dans les lieux ombrageux,
cft vulnéraire , bon contre la motfure des chiens. La
décoétion du marrube noir eft fort bonne dans l'affec-
tion bypocondriaque.
MARS. Travaux à faire pendant ce mois, On doit
donner le premier labour aux vignes , & la feconde
façon'aux terres en jachere , femer les Mars & autres
petits bleds ; mettre le jardin en bon état, greffer les
arbres : c'eft le tems d'acheter des bœufs à basprix ,
parce qu'ils font maigres, Donner le premier labour
aux jardins : replanzer les choux pommés & les choux
de Milan qu’on à mis en pépiniere : faire les couches
Pout replanter les premiers melons. À l'égard des
fleurs , femer les fleurs annuelles , œillets d'inde, pa(-
fevelours , rofes d'inde > Iécouvrir les belles tulipes pen-
dant les gelées de nuit; replanter vers le milieu du mois
les violettes de Mars > jacintes, tubéreufes » Marguerires.
Mars. ( les) On appelle ainfiles menus grains , parce
qu'on les feme vers le mois de Mars, & on comprend
d'avoine ; il y à des 8EnS qui mettent de ce nombre
certaines légumes , comme les feves , les lentilles , les
lupins | &c,
30 MAR MAS
Les Mars font d'un grand ufage pour la nourriture
des beftiaux. Ces menus grains viennent plus vite que
les autres ils fe plaifent dans les terres légeres : on
doit leur donner deux labours , l'un avant l'hiver, &
le fecond lors de la femaille : il ne leur faut que trois
mois pour venir de femence à graine, mais ils ontbe-
foin de tems en tems de pluie.
MARS. ( boule de) Pierre vulnéraire d'acier , dont
la vertu guérit les plaies & les ulceres : on la fait de
limaille d'acier & de vartre blanc de Montpellier , pul-
vérifé par égales parties de l'un & de lautre , & de
racine d’ariftoloche ronde en poudre , huit onces fur
une livre de limaille d'acier : on fait du tout une pâte
molle avec de l’eau-de-vie, on laifle la matiere en di-
geftion au foleil durant l'été. On la remae de tems en
rems jufqu'à ce que le tout foit entierement defféché ,
on remet la malle en poudre, on la trempe avec l'eau-
de-vie , & on fair la même opération qu'auparavant ,
ce qu'on réitére jufqu'àa ce qu'on n'apperçoive plus de
grain de limaille, & que le tout foit en poudre très-
fne : on en forme des boules qu'on laiffe durcir à
l'air.
MARTE. Efpece de Belette groffe comme un chat ,
mais plus longue, fon poil eft d'un jaune foncé : elle
a les dents pointues , & dérruit les poules & les pi-
geons; on fair la guerre à ces animaux avec des baflets
qui vont les relancer dans fes poulaillers , dans les
granges, & On les tue à coups de fuñil;ilya aufli di-
vers piéges avec lefquels on les attrape.
MASSEPAIN. Pâte d'amandes & de fucre cuite au
four.
Massepain ordinaire. Pilez dans un mortier de
marbre trois livres d'amandes douces , après les avoit
pelées dans de l'eau chaude , égoutées & effuyées ; ar-
rofez - les de tems en tems de blanc d'œuf; clarifiez
une livre & demi de fucre : faites les cuire à la plu-
me ; jettez vos amandes dedans , incotporez bien le
rout avec une fpatule, & remuez de peur qu'il ne s'at-
tache à la poële. La pâte eft faite lorfqu'en y touchant
du revers de la main, tien ne s'ÿ attache : alors tirez-
la de la poële, mettez la for une planche, LR du
ucre
MAS MAT 31
fucre defflous & deflus ; laïflez-la refroidir ; enfuite
étendez des abaïfles d’une épaiffeur raifonnable ; décou-
pez y vos maflepins deflus avec des moules, les faifanc
tomber doucement avec le bout du doigt fur des feuilles
de papier pour les faire cuire : on ne leur donne du feu
que d'un côté , & on les glace enfuite de l'autre que l'on
fait cuire de même , on en fait de longs , d'ovales, de
frifes.
Massepain Royal. Faites de la même pâte que les
premiers : formez-en plufieurs pecits anneaux autour
de vorre doigt & de l'épaiffeur d'un doigt: pañlez ces
anneaux dans du blanc d'œuf où vous aurez mélé quel-
ques cuillerées de marmelade d’abricot; puis roulez-
les dans dû fucre en poudre, foufflez le fucre qui eft
deflus en les retirant; mettez les fur du papier pour
les faire cuire au fout : faites-y du feu deflus & def
fous : il s’élevera au milieu une bouteille en dôme qui
fera un Joli effer.
MASTIC, gomme ou réfine qui découle en été des
branches du lentifque, Le meilleur eft celui qui eft en
groffes larmes claires & rran{parentes : on s’en fert pour
arrêter les vomiflemens ; il abaifle les vapeurs qui mon-
tent de l’eflomac la tête ; il fortifie le gente nerveux,
Sa dofe eft depuis demi fcrupule jufqu'à deux.
On entend auffi par le motde maftic une compofition
de poudre de brique, de cire & de réfine pout lier en-
femble diverfes parties du bois & autres matieres.
-Masric pour rejoindre les marbrés caffés : on le
fait avec une poudre de marbre bien broyée, de la
colle-forre & de la poix : on y ajoute quelque couleur
femblable à celle des piéces de marbre qu'on veut re-
joindre, |
-MasricarOrRes. On nomme aiofi des drogues âcres
qu'on mache pour faire fortir la pituire du cerveau ,
tels font le maftic, la fange, le tabac , le gingem-
bre; &c. iQ |
- MATELOTTE. On appelle ain un ragoûr de poi-
fon que l'on fair avec une carpe , une’ anguille , de la
tanche , un brochet , du barbeau & autres : écaillez
toute poiflon ,! vuidez-le , coupez-le par morceaux,
méttez le dans une cafferole avec champignons , oi-
Tome 11, G
32 MAT MAY
gnons piqués , un peu de thim, fel, poivre , verre de
vin blanc, un peu de jus d’oignon : faites-le bouillir
à grand feu , & lorfque le court - bouillon eft à demi
réduit, faites un roux avec un bon morceau de beurre
& un peu de farine dans une autre caflerole. Vuidez
le bouillon de la matelotte dans le roux , délayez-l'y
& revuidez-le dans la matelotte : achevez de la faire
cuire.
MATRAS. Vaiffleau de verre en forme d’une bou-
teille , qui a un cou fort long & étroit : fon ufage eft
pour les diftillations.
MATRICAIRE, Plante qui croit en terre graffe,
dont la feuille eft blanche au-dehois & jaune en de-
dans, & qui eft d'un goût fort amer : fon ufage eft
dans les maux de la maurice ; elle abbat les vapeurs &
eft bonne contre le fable des reins, l’hydropifie , les
Vers.
MAUVE de jardin. Plante dont la tige eft haute
& aflez ferme, Ses Seurs font grandes, comme des
rofes & fort belles : elles fonc fimples ou doubles. On
s'en fert en gargarifime pour toures les affections de la
bouche. a"
Mauve fauvage. Elle croît dans les lieux incultes
& terre grafle : on s’en fert pour les maladies, du
poumon, ï
MAUVIETTES, maniere de les faire rouir. Etant
plumées & refaites fur la braife , piquez-les, de menu
lard,: mertez- Les dans une brochette attachée a bro-
che, & les faires cuire ; on.ne les.vuide point,
MAY , travaux. à faire. On, doir: donner le fecond
labour à la vigne., étêter les-arbres, enter les oliviers,
labourer les jacheres , farcler les bleds , faire fes
provifions de beurre.& de-fromage ; châtrer les veaux ,
tondre. les brebis. Dans le Jardin, ,: œilletonner, les ar-
üchaux, en replanter de nouveaux; femer: de Ja lai-
tue de Gênes & d'autres, & en replanter; ramer les
2414
M ED 35
lier les greffes, ébourgeonner les poiriers , fortir les
orangers file temseft doux, Pour les feurs , femer di=
yerfes graines de plantes pour avoir des fleurs le Iong de
TEté ; couper les riges des iris bulbeux , déplanter les
tulipes hânives, marcotrer les giroflées jaunes; femer
des graines d'œillets vers le $ , 6 & 7 de la lune pour
en avoir de la double. |
MEDECINE. On donne. le nom de médecine aux
purgaufs qu’on prend.par la bouche. Woyez PurGA-
TIES, :
MEDECINS. La caufe des médecins eft toujours
très- favorable quand .ils demandent en Juftice leurs
Bonoraies, ils font même préférés à tous autres créan-
ciers pour raifon de la derniere maladie dont le dé-
funreft décédé , parce qu'ils font partie des frais funé-
raires ; & qu'ils: ont le méme privilege ; mais comme
ils poutroienc prendie un grand empire fur l'efprit de
leurs. malades , les Loix ont modéré les libéralités ex-
ceffives qu'un malade auroit fait pendant fa maladie
en faveur de fon médecin, & les ont réduites à une
certaine fomme , eu égard à la qualité des perfonnes,
& aux fervices des médecins. Voilà pourquoi parmi
nous un médecin eft incapable de legs & donations fai-
tes pendant la maladie donc le malade vient à décéder.
2°, Les médecins , ainfi que les chirurgiens, & apou-
caires, doivént faire la demande de leurs honoraires
dans le tems préfix par les Loix, c'eft-à-dire, dans un
an à compter du jour qu'ils ont ceflé de vifirer le malade
ou de: le faigner , à moins qu'ils n'ayent un titre, ou
fait interp:llation jadiciaire.
Quaodils viennent dans l'an, ils font reçus à ieur fer-
ment, mais fi c’eft après qu'ils intentent leur action, le
Juge peut feulement s'en rapporter au ferment de celui
qui dir avoir payé. ,
MEDICAMENT. On donne ce nom à tout ce qui
eft donné ou appliqué pour donner la guérifon de
quelque mal , foit intérieurement, foit extérieurement.
Le médicament fimple eft celui qu’on emploie comme
il,eft venu naturellement , &. le compofé , celui qui
eft fait: de plufeurs fimples & mélés avec art, La matiere
des médicamens eft prife des minéraux, des végéraux,
C2.
34 é MEL
& des animaux. Par les minéraux, on entend tout ce qui
fe tire des entrailles de la terre & de la mer , comme les
métaux , les pierres , les vitriols , les foufres , lesaluns;
& par les végétaux, on entend les arbres , les fleurs ,
les fruits, les herbes, les femences, les écorces, les
tiges ; & par les animaux, on entend leur chair, leur
fang & les. autres parties,
MELANCOLIE. (la) Maladie qui vient d'une abon-
dance de bile échauffée & brûlée’, elle caufe la triftefle
& le chagrin. Les médecins lattribuent aux vapeurs ou
mouvemens déréglés de la rate. Elle eft accompagnée
ordinairement de crainte & de triftefle , fans occafion
apparente : elle eft fouvent la fuite d’une trop grande
contention d'efprit.
Rémede contre la mélancolie. Faites bouillir demi-
once de polipode de chêne avec les boutons de hou-
blon , & des pommes de reinerte.
Ou faites infufer demi-once de fené dans deux ver-
res de lait clair. À
Ou bien prenez deux dragmes de crème de tartre :
faites les fondre dans un bouillon , & l’avalez à jeun.
MELANCOLIE hyÿpocondriaque , ou qui provient dé
bile noïre. à.
‘Les eaûx minérales vitriolées font très- propres à cette
maladie. Prenez pendant dix ou douze matins, deux on-
ces de fuc de buglofe , avec deux dragmes de fucre ,
ou bien des bouillons de chicorée , ou une décoétion de
mélifle. Voyez VAPEURS. |
MELILOT. Plante de la nature du tréfle : elle a des
tiges hautes de deux ou trois pieds, dont les fleurs font
jaunés & faîtes en épis. Le mélilor croît dans les endroits
pierreux & le long des chemins : on fe fert dés feuilles
& dés fleurs de cêtte plante dans les cataplafmes réfolu-
tifs + émolliens, avec la mauve & la guimauve. Enfin,
Je mélilot eft ufité par-tout ou il s'agit de ramollir & de
faire [uppurer, : -
MELISSE, plante de jardin, Elle a les feuilles ver-
tes, un peu velues & dentelées ; fon odeur approche de
celle du citron 3 de là vient qu'on l'appelle auffi ci-
tronelle, on,la multiplie de plants enracinés. Elle eft
fort bonne pour les afe@ions de la tête, dû cœur , de
ME L 35
l'eftomac, de la matrice, dans la mélancelie, l’apo-
plexie , l'épilepfie, le vertige. On fe fert des feuilles &
des fleurs à la maniere dethé : on en met une pincée de
féches pour un demi-feptier d’eau.
Eau de melifle. Prenez fix poignées de meliffe
nouvellement cucillie dans fa vigueur : pilez-la dans
un mortier : mélez-la avec l'écorce féche de citron,
noix mufcade & coriandre, de chaque une once , gi-
rofle & canelle, de chaque demi once : concaffez le
tout ; mettez-le dans une cucurbite de verre : verfez
deffus vingt- quatre onces de vin blanc & fix onces
d'eau de-vie ; adaptez le chapiteau & le récipient : lut-
tez les jointures : laiffez digérer la matiere pendant
trois jours, pais faites diftiller la liqueur par un feu
de fable modéré au bain marie , & gardez la pour le
beloin. Elle eft rrès propre pour les maux dont on a
parlé ci-deflus : la dofe eft depuis deux dragmes jufqu'à
une once.
MELON , fruit d'été fort connu. Il vient fur des
couches ; fa chair eft rouge , fa graine petite : fa feuil-
le approche de celle de la vigne , fa fleur eft jaune. Les
bons melons ont un goût exquis par leur eau fraïche ,
fucrée & vineufe : 11 yena de plufieurs efpeces. Les
facrins font la premiere : on les appelle ainfi parce
qu’ils ont la chair fondante, le goût relevé & le fuc
délicat : ils font d’une forme ronde, un peu allongée,
ont l'écorce très-bien écrite ou cordelée. La feconde ef.
pece eft de la même forme , ils ont les côtes marquées
par des enfoncemens ; leur chair eft plus ferme, mais
n'eft pas fi délicate. La troifiéme eft plus grofle que les
autres , & plus allongée ; les côtes en font plus groffes
& relevées, & leur écorce eft épaifle du double : la
chair en eft ferme, d'un bon goût, mais moins déli-
cats que les précédens.
En général, les meilleurs melons font ceux des
pays chauds. Ceux qui réuffiffent le mieux dans les cli-
mats tempérés , font le melon François, le melon Ma-
raiger , le melon des Carmes , le melon de Langeais,
le fucrin de Tours. On feme les melons vers la fin
de Janvier fur couche un peu chaude , & dans une
meloniere : cette meloniere doit être dans un endroit
: . 3
PA
36 MEL NE
le plus expolé au midi, & fur-tout à l'abri des vents
froids , foit par des murs feulement hauts de trois ou
quatre pieds du côté d'ou vienrle foleil : foit par dés bri=
fe. vents faits de paille avec des perches : on doit faire
tremper la graine quelques heures, & on en met trois
grains fous chaque cloche : on a grand foin de les garan-
ur du froid {ur cette premiere couche.
Dévenus plus forts , il faut les tranfplanter fur une
autre, les arrofer de remis en tems, fur-rout dans les.
chaleurs, & leur découvrirun peu la cloche dans les
beaux jours: dès qu'on n'a plus rien à craindre du
froid, on doit ôter les cloches , les arrofer jufqu’à ce
qu'ils foient en flsur , mais un peu moins , & leur cou-
per les branches à un nœud au deflous de la fleur : on
connoît qu'ils font muürs quand la queue veut fe détacher
du fruit, qu'il commence à jaunir autour de la queue,
& qu'ila une pefanteur remarquablé, On en donne auf-
fi d’autres marques à-peu-près femblables, en trois mots
latins, pondus , odor , fcabies, le poids, l'odeur, les
côtes rabotenfes. |
Nouvelle méthode pour dreffer une meloniere. La
meilleure verre pour les melons eft une terre forte, de
couleur de rouge brun foncée, le grain caillouteux ,
le roc qui fe trouve deffous doit être plein, & il doit
y avoir un pied & demi de terre au - deffus de ce roc :
il faut nettoyer la terre de routes pierres : au défaut
dune pareille terre, une terre fablonneufe leur con-
vient parfaitement, en la mélant avec un peu de terre
forte.
1%, On doit choifit un terrein trois fois plus étendu
que la quantité de melons qu’on veutcultiver , & la par-
tager en trois portions, La premiere, pour les melons ;
la feconde, pour y mettre des légumes ; la troifiéme ,
pour n’y rien mettre pendant une année , & y mettre
les melons l'année d'après.
3%, Préparer la terre par un premier Jabour d’un
pied de profondeur à l'entrée de l'hiver , la mettre
en gros fillons : en donner un fecond au mois de Mars ,
& mêler alors avec la terre du bon fumier de cheval :
un troifiéme vers le 1$ d'Avril à un pied de profon-
deur , & ouvrir des trous ou petites fofles de neuf
M E'L . 37
pouces de profondeur & de vingt pouces de diamétre , à
cinq pieds de diftance & en quinconce, & les garnir de
fumier de cheval à demi pourri , qui aura jetté fon feu,
& à fon défaut, de celui de mouton, mais bien pourri.
donner quelques autres labours pendant l'été, & ouvrir
de temsen temslaterre, & l'arrofer de quelque courant
d'eau, fionena.
4°, pour femer ou planter les melons , choifit une
bonne graine & de l’efpece qu'on veut cultiver. Elle
doit être de celle des melons les plus gros, les mieux
faits, & de celle qui eft dans le tiers du melon du
côté de la fleur , & qui eft attenante aux côtes d'en
haut. La plus vieille eft la meilleure : on la fait trem-
per dix à douze heures dans du fort vinaigre où l'on a
délayé un peu de fuie de cheminée , afin que les fouris
ou les mulots ne l'aillent point manger : mettre cette
graine dans le fumier, dont on aura garni chaque
trou deux par deux à trois pouces de profondeur , & à
fix de diftance les unes des autres : recouvrir la graine
avec le fumier, & le fumier avec du terreau pourri,
& obferver de ne pas méler enfemble les différentes
efpeces.
$?. Lorfque les graines font levées & qu'elles ontjetté
quatre petites feuilles , fupprimer les petites tiges, n’en
laiffer que quatre ou cinq à chaque trou : donner un nou-
veau labour 3 la profondeur d'un trou : arrofer fouvent
les jeunes plantes dans le tems chaud ou fec, & d'un
plein arrofoir d’eau chaque tige ; car il faut coujours les
arrofer abondamment & de bonne eau, point croupie $
ni trop froide , comme eft fouvent celle de puits: don-
ner tous les quinze jouts un labour leger dans les inter=
valles entre les trous. On cefle les arrofemens lorfque
les fruits de la premiere taille font parvenus à leur grof-
feur naturelle , à moins qu'ilne vint des chaleurs excef-
fives ; en ce cas, on doit arrofer légerement la terre
pour la tenir humeétée.
6°, Taïiller les tiges des melons dès qu’elles ont
pouflé cinq à fix feuilles ; & pour cela, couper avec
un petit couteau bien tranchant le bout de la tige au-
deflous des trois premieres feuilles : on ne doit point
toucher aux branches quand elles commencent à don.
C4
33 MEL
net des fleurs 2 fruit, ni retrancher les faufles fleurs 5
car elles fuppléent fouvent au défaut des autres, & ne
retrancher d’autres feuilles que celles qui tiennent aux
branches fupprimées par la taille , mais on peut ôter
celles qui commencent à jaunir : on conferve les filets
qui fortent des branches.
On fait la feconde taille lorfqu'on a découvert
deux formes de petits melons qui feront de belle
apparence : elle confifte à retrancher avec le petit cou-
eau le bout de la branche qui portele fruit qu’on veut
conferver , & à deux ou trois feuilles au-deflus du fruit ,
ou ne couper les petites branches qu'a deux nœuds de
la maïtrefle branche. Comme il y a roujours aflez de
quatre melons fur chaque pied, on doit, dés que le
fruit eft formé, fupprimer toutes les petites branches
quiont des fleurs à fruit lorfqu’elles forcent du même
pied où eft la fleur à fruit qu’on a choifie pour la con-
ferver, parce qu’elles atténuent la plante , & fupprimer
les petits melons qui ont manqué , & qui ont une for-
me d'embryon , & les réparer par d'autres qui paroi-
tront venir fur la même branche.
On fait la troifiéme taille, aufli-tôt que les melons
de la premiere font aux trois quarts. formés : on re-
tranche toutes les fleurs à fruit comme dans les pré-
cédentes, à l'exception de deux ou trois de la plus
belle apparence , & que l'on conferve, Dans toutes les
tailles on doit farcler & bêcher la terre, mais non en-
tre les branches; après cestroistailles, on laifle pouf-
fer librement aux branches tous les jets qu’elles veu-
lent, & on ne retranche que les fleurs à fruit, & on
fe garde de fupprimer les feuilles qui femblent prefque
couvrir le melon,
Au refte , les melons de la feconde taille ne font
point nuiñbles à la maturité des premiers ; il en eft
de même des fruits de la troifiéme ; à l'égard de ceux
de la feconde , is aident au contraire à l'opérauon de
la nature, en privant les fruits premiers des fucs dont
ils n’ont plus befoin. Le vrai tems de cueillir un. me-
lon, c’eft, lorfqu'il eft les trois quarts changé de cou-
leur , qu'il femble fe détacher de fa tige. Etant cueilli,
on doit le mettre fur de Ja paille fraiche dans un lieu
MEL 39
fec , & l'y laiffer jufqu’à ce qu'il ait fon point de m4-
turité : on le connoît à l'odeur qu'il exhalera, car elle
fera plus forte& plus gracieufe qu'auparavant ; c'eft le
point de mâturité qui décide de la bonne qualité d'un
melon , ainfi il faut les cueillir à ce point.
Le rems de le manger eft lorfque fon eau ne coule
pas trop abondamment en le coupant, que fa chairn’eft
ni trop ferme , nitrop molle , qu'elle elt vive & tran{-
parente , que l'écorce en eft amere & verte en dedans,
qu'il a un goût vineux & fucré , & qu'il laiffe dans la
bouche une bonne odeur.
Pour faire choix d'un bon melon entre plufeurs, il
faut préférer celui qui a le volume égal , pefe le plus,
& dont la queue en la goutant paroi amere. Lorfqu'un
melon eft odoriférant , & qu'il fent fort fon efpece,
c'eft une marque qu'il eft paflé , s’il rend un certain fon
en le faifant fauter dans la main , c’eft une marque qu'il
n'eft point mür , où qu'il n’a point d'eau ; fi la queue
eft féche & ridée , c'eft figne qu'il a été prématuré de
beaucoup.
Pour faire venir des melons; on eft obligé dans les
Contrées tempérées ou froides de la France d'avoir re-
cours aux couches & aux cloches ; ce dont on eft difpen=
fé dans les Provinces méridionales de la France , où l’on
peut les faire venir en pleine terre.
. Les couches deftinées pour les melons doivent être
compofées de fumier de cheval & d’un quart pourri,
on en doit faire une bonne provifon, fur quoi il faut
remarquer que plus on a de couches proches les unes
des autres dans le même terrein , mieux on réuffir.
2°. On doit placer ces couches dans l’afpeét le plus
expofé au foleil , & à l'endroit du jardin le plus à l’abri
des vents : celui du côté des érables eft le meilleur
quand Ja chofe eft poffible : il faut réunir dans le
même canton toutes les cultures des autres plantes
qui demandent des couches. Les couches où l’on feme
d'abord les melons ne doivent pas être les mêmes
que celles où on les cultive par la fuite, Un petit
efpace fuffit pour Les premieres , & on peut y élever
un grand nombre de melons , pafce qu'on ne les y
daifle que tant qu'ils font jeunes , tems où ils n'oc-
49 . MEL
cupent gueres de place : on feme la graine fur les pre.
mieies couches , ou les y couvre de paillaflons, &
lorfque les melons ont acquis un certain dégré de for-
ce, on les tranfplaoce fur d'autres couches.
Comme tout le fumier n’eft pas également pourri ,
on doit les méler enfemble. À
Ces premieres couches doivent avoir le côté tourné
au Midi, au lieu que celles qui font deftinées à demeu-
re doivent avec les deux bouts expofés l'un au Mi-
di, l'autre au Noïd , # les deux côtés au Levant &
au couchant : on doit les faire avec un cordeau, on
leur donne vingt pouces ou un pied & demi de haut,
fur trente fix pouces de large par le bas & trente par
le hauc : fouler bien le fumier avec les pieds, & de
maniere que tout foit bien uni, mettre fix à fept pou-
ces de rerreau par deflus , par-tout également & l'ap-
plaur , ce terreau vient des mêmes couches de l’année
précédente. Marquer la place des cloches & les y dif-
tribuer en quinconce fur trois rangs en lignes égales ;
on fe regle la deilus fur la largeur des cloches. Avant
de femer fur couche , laïfler paffer trois ou quatre jours
pout que les fumiers dont on les a compofées puiffent
fermenter. |
Nôuvelle maniere de femer les melons en pépiniere
fur les premicres couches. 11 faut faire provifion de
beaucoup de petites corbeilles d'ofier fin ou de jonc,
à claire voie en forme de grand gobelet de trois pou-
ces de diametre : remplir ces corbeilles de terreau
bien comprimé , & mettre dans chacune deux ou trois
graines de melon. Celle des fucrins eft la meilleure :
mettre une douzaine de ces petites corbeilles fous cha-
que cloche & du terreau dans les intervalles qu’elles
laiflent entre elles ; les recouvrir entierement de ter-
reau ; le refte fe fait felon la pratique ordinaire des
Jardiniers : 2°, garantir ces cloches de gelées avec
de grands paillaffons placés en pente du côté du Nord.
C'eft aiofi qu'on peut élever en pépiniere & à peu de
frais de jeunes plants dans une faifon qui n'eft pas.
favorable. De cette maniere , fur une couche de fix
pieds de longs & de deux pieds de large , il peut tente
quinze cloches de quatorze pouces de diametre, &
tn
. MEL 4
én mettant douze petites corbeilles fous chaque clo-
che , on aura fur cette premiere couche cent quatre-
vingt Corbeïlles qui feront en état de fournir à un
pareil nombre de cloches fur les fecondes couches;
c'eft-à-dire, que les cent quatre vingt corbeilles four-
nifont à quatte cent vingt pieds ou foixante & dix
toiles de conches de longaeur : on doit fe régler la-
deffus pour ne mettre en pépiniere que la quantité de
melons qu'on veut élever.
Maniete de les tranfplanter. On doit tranfplanter
les jeunes tiges au mois de Mars , fur des couches
faites de la même matiere que les premieres : mettre
dans la rangée des cloches du milieu de la couche , &
au centre de chaque cloche une des petites corbeilles,
contenant deux plantes de melon , & laifler un vuide
entre deux : placer la petite corbeille dans le ter-
reau & dans un trou profond de deux pouces , & qu’on
fait à la main : à mefure qu'on plante , couvrir les
jeunes ‘plants avec une cloche qu’on äppuie de façon
qu'elle s'imprime dans le terreau. En tranfplantant de
cette façon ces jeunes plants , on ne les expofe à au-
cun inconvénient.
Les Jardiniers entendus profitent de l'efpace vuide
que laiffent ces cloches , pour y femer dans les pre-
miers tems des laitues qu'ils ont fait venir en pépinie-
re fur d'autres couches; & ils en tirent un grand pro-
fit; caren mettant douze petites laitues fous chaque
cloche , & en en replantant la moitié fur d’autres cou-
ches , quand elles ont acquis une certaine sroffeur ,
ils peuvent retirer un produit de quinze fols par cha-
que cloche.
On doit préferverles cloches du danger d'être caflées
par les vents & les orages , ce qui arrive lorfqu’elles
font foulevées par des fourchettes pour faire prendre
l'air aux plantes ; on y jette alors du fumier de cheval
par deffus qui eft prefque comme la paille , qui arrête
l'action du vent.
Maniere d'arrofer les couches : on ne doit les ar-
tofer que quand on s’apperçoit que les plantes en
ont befoin, ce qui fe connoït quand on ne voit point
de rofée fur leurs feuilles : on fair cer arrofement
42 MEL
par deffus les cloches. Quand la faifon eft avancée on
doit arrofer d avantage.
Maniere de”réchauffer les couches. Un mois après
qu'on à planté les melons , & lorfque l’on voit que
les jeunes plants jauniffent un peu , on doit les réchauf-
fer. Pour ceteffct , on en retire le fumier fec , & on
met à la place dans toute la longueur des couches du
fumier de cheval le plus chaud qu’on peut trouver , &
on l'y foule avec les pieds ; on en met d'abord à la
hauteur du tiers des couches, & on rejette les fumiers
fecs par deflus ; ils confervent la chaleur du nouveau
fumier, Comme la chaleur des couches fe diffipe en
peu de tems, au bout de quinze jours on remet d’au-
tre fumier également chaud pat-deffus. le premier &
dans l’entre deux des couches , & cette fois le fumier
occupe les deux tiers de la hauteur. Lorfque la cha-
leur eft rallentie , on met pour la troifiéme fois de pa-
reil fumier , & on remplit ainfi totalement linter-
valle d'entre les couches & même un peu plus haut
‘que les couches après l'avoir bien comprimé. Lorfque
par l'affaiflement du fumier la melonniere eft toute de
niveau, ce qui arrive au mois de Mai, les melons pouf-
fent leurs racines dans ces nouveaux fumiers, & ils
avancentbeaucoup. :
On doit de tems en tems donner de l’air aux plantes ;
ce qui fe fait en relevant la cloche pendant le jour
au moyen d'un petit morceau de bois fait en cra-
maïllere pour ne donner de l'air qu’autant qu’on veut ;,
1] foutient la cloche avec fes dents , ou crans ; on le
fiche en terre un peu avant pour le rendre ftable, A me-
fure que le foleil a de la force on leve la cloche plus
haut , & on n'ôte tout à-fait les cloches que pour la
taille des melons.
Taille des melons fur couche : elle [e fait en fup-
ptimant comme dans la taille des melons fur terre,
routes les branches & toutes les feuilles qui paroiffent
inutiles, & jufqu'aux petits filets & aux ciges, après
quoi on remet adroitement les branches fous la clo-
che en les repliant : on ne conferve à chaque tige de
melon qu’un fruit ou deux , ainfi s’il n’y a que deux
ou trois tiges fous la cloche, on ne conferve que qua:
A MEM
tre fruits fur les deux enfemble. On taille les melons
autant de fois qu'on voit qu'il y a néceflité de le faire :
aufli tôt qu'on voit que les branches peuvent s'étendre
hors les cloches, on en abbat moins, & onne coupe
point les filets , car ils font néceflaires pour aflurer la
branche. On ne laboure jamais les couches , on farcle
feulement les racines de laitues qu'on auroit cultivées
fous les cloches. Æ,
Autres conjeétures les plus vraifemblables pour con-
noître un bon melon. 1°. il doit avoir été cueilli quel-
que-tems auparavant que d'être mangé ; que fi on le
veut manger {ur le champ , il fauc le cueillir dans f4
märurité ; fi_c'eft pour être mangé dans quelques
jours , ilne faut pas le cucillir fait , mais frappé ,
c'eft-à dire , avec quelques marques de mâturité ,
qui font, fi:on y voir quelque endroir jauniffant, ou fi
on Sen apperçoit à lodorat , 2°. le bon melon doit
être fait comine un peut barril:, c'eft à dire, plus gros
dans le milieu qu'aux extrémités , 3°. avoir la queue
grofle &courre , 4°, être fort brodé , & avoir des
coups d'ongle entre les broderies , $®. n'être nitrop
Verd , ni trop jaune en couleur , 62; être pefanc àla
main , 7°. ferme quand on le prefle un peu , &‘parot-
tre bien plein quand on fonne du doigt contre ,.car on
doit préférer ceux qui ont le plus ces qualités', 89,
. avoir une odeur approchant de celle de gaudron où poix
préparée. |
MEMBRE TREMBLANT. Reméde. Prenez fleur de
romarin & de fauge, de chacune demi-oncé , noix muf-
cades ; clous de girofle & racine d'iris, de chacun trois
dragmes.
Broyez le tout, & le mettez dans une bouteille de
verre double, avec une pinte d'éau-de-vie bien bou
chée-: laiflez en l'infufion expofée au foleil ou en cha-
leur lente comme au-deffous d un four pendant quarante
Jours ; puis froctez-en les membres tremblans.
Ou faites diffoudre une dragme de fiente de paon,
dans une fufifante quantité d'eau-de vie, faités ava-
ler le tout le matin à jeun à la perfonne donc la tête
tremble ; ce , trois jours de fuite.
Il eft bon de laver fouvent le membre tremblant
44 MEN MER
dans de l'eau de fauge ,.& de le laifler-fécher-fans l'ef:
fuyer. | 110 210
$ le tremblement dure, il vient d'une humeur froi-
de , & il faut avoir recours aux remedes bons à la Pa-
ralyfe. 21h
MEMBRE FOIBLE, Remede pour le -fortifier. Mettez
dans un pot de serre neuf de la moëlle de bœuf avec
du gros vin , couvrez bien le pot , & le mettez fur de
la cendre chaude pendant trois ou quatre heures :,il fe
fera dans le pot un onguent qui fe confervera un mois:
on.en fait fondre foir & matin {ur la cendre chaude
une cuillerée 3 & on en frotte les jointures malades
avec un linge bien chaud, F. Fouiurs. :
MENAGERIE. Voyez BAssEcOUR:: _:
MENTHE ou Baume. Plante domeftique , il y en
a de fauvages. Toutes les menthes fontschandes,, defi-
catives ; bonnes pour les affections du cerveau , du
cœur , de l'eftomac , chaflent les vents, :corrigent les
aigreurs & les rapports , tuent les vers : omipeut s'en
fervir à la maniere du thé, On difulle de Jean de
menthe : une cuillerée appaile les rranchées des en-
faos. L'huile par infufon de fes feuilles eft bonne pour
toutes fortes deplaies &-contufons 25
MERCURE où VIF ARGENT, Méral fluide fort
pefanc, volaril., pénétrant : il eft un remede pour la
colique de Miferere : on en fair avaler une hvre au
malade qui le rend par les felles comme il l'a pris: on
n’en donne à boire. que Ja décoétion ; quine prend
qu'une légere impreffon du Mercure, &-qui n'en pro-
duit pas {moins fon. effer. On Jl'emploie pour tuer les
vers’, les divers infeétes du corps. Le Mercureeft [ur-
tout fpécifique pour les maladies vénériennes à caufe
de fon agilité & de. fa faculté pénérranse ;: il eft encore
un préfervatif contre la pelte, en le porrant fut foi en-
fermé dans un petit linge.
MERE GOUTTE, ( vin de ) C'eft celui qui pro-
vient des raifins.qui n'ont été que très peu preflurés.
Voyez Vin, | : 8) 5À |
MERISIER , Arbre. C'eft le Cérifer -fauvage qui
croît dans les bois.: fa fleur eft plus. belle que celle du
-cérifier ; il a le bois .dur & fonore : voila pourquot |
{
MES 4$
on emploie dans la conftruétion des elavecins & au-
tres inftrumens de mufñque : fon écorce eft blanche &
uoie ; fon fruit eft blanc ou rouge ; on en fa peu. de
cas; mais on s'en fert pour donner de la couleur au
ratafa. Le Mérifier fert à recevoir les greffes de Céri-
rifier , mais il veut être greffé plutôt en fente qu'en
écuflon ,. ilne réuflit qu'en plein vent, V, Cerister.
Les,mérifes purgent & adouciflent Le fang : elles
font uiles dans les maladies du cerveau » telles: que
l'apoplexie & la paralyfe : on en fair une eau au bain-
marie , & on-en tire des efprits qui ont cette vertu dans
un plus haut dégré,
MERLE. Oifeau un peu plus gros qu'une mauviec-
te , & qui a le plumage noir :.il fie d'une maniere
particuliere , & on vient à bout de lui apprendte à di
re quelques mots , fur-tout quand on l'éleve de jeu-
nefle , il. eft d’un, tempérammentrobufte.
Les merles habitent dans les endroits touffus & épi-
neux : on va les dénicher au mois d'Aviil; car c’eft
en cette faifon qu'ils pondent : on les nourrit de che-
nevi écrafé, de perfil haché menu & de la mie de pain,
le tour mis en pâte avec un peu d'eaxm C'eft après les
vendanges qu'on va à la chafle des meries,
MERLAN. Poiflon de mer.uo peu:plus gros que les
barengs, & d'une couleur blanchâtre. On les mange
ordinairement frits.,. après.les avoir bien farinés:: on
peut encore.les manger rôtis [ur le-oril. |
MERRAIN. ( bois de ) C’eft celut dont on fair les
futailles. Voyez Bots.
MESANGE. Oifeau de voliere qui eft beau de figu-
re, & qui chante fort mélodieufement.
Les Mefanges font trois couvées par an, en Avril,
Mai & Juin :_on-trouve leur nid dans des arbriflcaux
& parmi les lauriers. Celles qu'on prend au filer rou-
res élevées font meilleures pour. le: chant: Si on eft
dans la faifon des figues, il fautleur en donner, finon
on leur donne de la même pâte. que celle qu'on:donne
aux roflignols : il fautles tenir bien chaudementen hiver:
pour les préferver de la goute : celles qu’on a dénichée:;
doivent étre -nourries avec du cœur de-mouton ou d e
bœuf haché menu , & à bequées dëé-deux en deux: heure’ s.
CN
- L
46 MES
MESURE DES TERRES. La connoiflance des Me-
fures des terres eft néceflaire à trous ceux qui ont du
bien à la campagne. C'eft une grande fatisfaétion de
favoir la contenance de ce quon a de bien, de ce
qu'on achete, de ce qu'on vend , parce qu'on en fait la
valeur : on en vient à bout facilemencen les faifant
arpenter ; voila pourquoi il eft bon qu’un Agriculteur
ait une connoiflance de l’arpentage , qu'il mette à
part quelques momens de loifir pour fe la procurer. En
un mot , c'eft un bonheur de pouvoir éviter d’être
trompé ; autrement ; il faut s'en rapporter aux Mefu-
reurs , qui peuvent fe tromper par ignorance ou par
négligence, |
Les terres fe mefurent différemment en chaque Pro-
vince. Voici quelles font ces différences : à Paris &
aux environs , on mefure les terres à 'arpent. L'ar-
pent fe divife en demi, en quait, en demi-quart.
L’arpent a 100 perches quarrées,
ou 10 perches quarrées,
côté. |
La Perche a 3 toifes.
La Toile à 6 pieds.
Le Pied a 12 pouces,
Le Pouce a 12 lignes. GE à
La Ligne a l'épaiffeur . d’un grain d'orge ;
mais on ne compte point de l'arpentage ces deux der-
nieres petites Mefures , & ce n’eft qu'au roifage de Char-
penterie & de Maçonnerie que l'on s’en fert.
En Normandie les terres & prés fe mefurent pai äcre,
Les bois & bocages par arpens.
Les vignes & vergers par quartiers. +
L'âcre ab. be 1 redqérehes
L'arpent 2....4:..%, 100 perchés,
Le Quartier a ..... 2$ perches.
L'âcre eft compolé de 4 vergées.
La Vergée de ..... 4operches.-
La Perche de....,. 22 pieds. :
En Bourgogne on mefure les terres ; prés, vignes
& vergers par Journal. E -
Ce
MES 47
Ce Journal eft l'étendue de terre que huit hommes
peuvent faire & bécher un jour d'été, & on l'a limité
2 360 perches, faifant la perche de 9 pieds & demi,
& le pied de 12 pouces.
Les bois s’y mefurent à l'atpent, & on y Fait l'ar-
pent de 449 perches, la perché comme ci-deffus de 9
pieds & demi.
En Dauphiné, on mefure toutes les terres par Séf-
terces , laquelle eft de 900 cannes quarrées.
La Sefterée compofe 4 cartelées.
La ‘Carrelée....,.. 4 civadiers.
Le Civadier *,. : ,. 4 picotins.
En Provence, on les mefure par faumée, laquelle
eft de 1500 Cannes quarréés.
La Saumée eft de 2 cartelées & demi.
La Cartelée de 4 civadiers,
Le Civadier de 4 picotins,
En Languedoc , on les mefure par Saumée , laquelle
eft de - 1600 Cannes quarrées.
La Canne eft de 8 pans,
RARE. ne rt 8 pouces 9 lignes.
En Bréragne , on les mefure par Journal, lequel eft
en cette Province 22 {eillons un riers,
Le Seillon de. . . «+ 6 raies,
La Raïe de. . ... 2 gaules & demi.
La Gaule de. . . . 12 picds.
En Toutraine , par arpent de 100 chaînes ou perches,
La Perche y eft de 2$ pieds.
Le Pied de, . . .. 12 pouces.
En Lorraine, par Journal de 150 toiles quarrées,
La Toife y eft de 10 pieds.
PR 1 ro pouces.
Tome If,
L RS. on.
: Dans l'orléanois ,.par arpent de 100 perches quar-
PACE Le | 3h
_, La Perche y eft de 20 pieds.
"13 1e Pied de... | 12 pouces.
Dans prefque tout le refte du Royaume , on y fait
la mefure de.100 perches chaines ou cordes, & lefdi-
tes perches, chaines ou cordes, font pour la plüpait
compofées de 25 pieds de long ; mais le pied y eft tou-
jours de 12 pouces.
Mesures dont on fe fert à Paris pour mefurer les
grains. |
1 Le minor contient trois boiffeaux : le boifleau fe di-
vife en demi boiffeau , en quart , en demi quart.
Le feprier & le muid ne font des mefures que pour
comprér; elles feroiencærop -péfantes pour s'en fervir.
Le feprier uent 4 minots ou 12 boiffeaux, & le muid
12 fepriers ; le boifleau de bon bled péfezo livres , le
minot 60, le feprier 240, & le muid 2880.
L'Lieft bon de favoir , quélorfqu'on a fait queïque
acquifrion, :c'eft au vendeur à en tenir la meéfure ,
fuivanc l'ufage du lieu où le fondseft firué , en quel-
que endroit que la vente ait éré Faire ; & quand On fait
arpentef, ôn doit prendre garde -que Île porté-chaine
la rende roujours également , tant pour June que pour
Tattre des Parties. és: 4 |
Exemples dela maniere dont on doit mefurer les pié-
ces de terre. | # |
Suppofons qu'on veuille melurer une piéçe.quiforme
un quaré parfait, & qu’elle ait de hauteur , ,par:exem-
ple, 21 voiles & de largeur autant, il faut multiplier
la haureur marquée depuis À jufqu'à B dans la figure:fui-
vante, & qui eft par-là de 21 toiles, par la largeur mar-
quée depuis Bjufqu'à C , pareillement de 21 roifes, &
ce qui viendra de cette mulriplication, fera le nombre
de toifes que doit avoir le plan & la fuperficie de la pié-
ces favoir 441 toifes quarrées.
. MES 49
À REGLE.
21
21
21441 Toifes.
21
42
B 21 C 441 Toifes.
Pour mefurer une piéce qui formeroit un quarré
long, & de la forme ci deffous ; & qui auroït de hauteur,
pat exemple, 15 toifes, & de longueur 30, il faut
muluplier la brureur depuis À jufqu'àa B, par la lon-
gueut depuis B jofqu'a € , c'eft-a dire , multiplier 15
par 30, & on {aura le plan & la fuperficie de ladite pié-
ce , qui fera de 450 toifes quarrées,
M Le. , REGLE,
I$
1$ 450 Toiles, 39 s
450 Toifes,
B 30 â
Les perfonnes qui défirent en favoit davantage fut
certe matiere, pour pouvoir mefurer des piéces d'une
figure irréguliere , doivent s’en inftruire plus à fond dans
des Fraités particuliers de l’arpentage.
Mesure On appelle ainfi tout ce qui ferr de régle
pour connoître # déterminer l'étendue de quelque chofe
dans rous fes fens. Woyez Toiles, Perche, Arpent,
Muid , Seprier , 6c.
Mesure ou quantitéen fair de remedes , & explication
des abréviations qui font en ufage dans les ordonnances
des Médecins, pour défigner la quantité de chaque re-
mede, ou quelque circonftance qui y a rapport. |
Fafc. J. fignifie fafcicule d'herbes ou de fleurs,
c'eft-à-dire , ce que le bras plié en rond je
2
50 MET MEU
Mon. J. où M. j. fignifie une poignée.
Pug.j. ou P. J. une pincée.
N. où par, fgnifie le nombre défigné pour la quas-
cité des fruits ou des animaux.
Ana où 44, fignifie de chacun.
Q. 5. fignifie üne quantité fufffante.
S. a. fignifie , felon les régles de l’art.
MET AUX. On en compte fept ; l'or, l'argent, le
fer , l’étain, le cuivre, le plomb, le vif-argent.
METAYER , ou Œconome, ou Régifleur , eft un
Maître-Valer qui fait valoir une Terre fous les yeux
du Maître, qui prend & nourrit les gens néceffaires
pour cela, & rend tout le produit au Propriétaire
moyennant une certaine fomme qu'on lui donne par
an , tant pour nourrir & payer fes gens, que pour
Son profit; mais on lui fournit rour ce qui eft né-
ceflaire pour faire valoir la terre , comme beftiaux,
inftrumens de labourage, femences, volailles , &c.
Les Propriétaires des rerres qui prennentum métayer ,
au lieu d'un fermier, font des gens quiétanta por-
tée de leur terre où même y demeurant, veulent en
jouirpar eux mêmes , mais fans en avoir les foins &
les embarras. Il eft conftant que quand on rencon-
tre un'homme entendu, induftrieux , laborieux , &
qui a de Ja probité , cette maniere de faire valoir
fon bien eft la plus avantageufe.
METEIL. Bled mélé de froment & de feigle, le
meilleur eft celui qui contient plus de froment que
de feigle : il demande ‘une verre médiocre, ni trop
forte, ni trop maigre.
MEUBLE. On appelle ainfi tout effec qui peut
être changé de place , & qui n'eft point incorporé à
l'immeuble que le Propriétaire, pour perpétuelle de-
meure, ni même attaché à aucun fonds , car il fe-
roit un immeuble ; ainfi qu'on appelle meubles meu-
blans , l'or , l'argent , les hardes , les tableaux, les
beftiaux , les obligations , en vertu defquelles nous
pouvons nous faire livrer quelque chofe de meuble.
Il eft eflentiel de bien diftinguer ce qui eft meuble
de ce qui eft immeuble : car les meubles fe réglenc par
la coutume du domicile de la perfonne à qui ils appar-
M EU SE
tiennent en quelque endroit qu'ils foient fitués, au
heu que les immeubles fe réplent par la coutume du
licu ou ils font fitués.
MEUNIER. Voyez MOULIN
Meunier ou Terarp. Poiflon qui a une groffe
tête , il eftcout blanc , mais beaucoup plus fous le
ventre que fur le dos : il fe nourrit de bourbe & de
petits animaux qui nagent fur la fuperficie de l’eau :
on le prend à la ligne autour des moulins , on mec
pour appas à l'hameçon des grillots qu'on trouve par
les champs. Onles peche dans le mois de Mars.
MEURES. Fruit de mürier : il y en a de deux ef-
peces, les grofles qui font toujours noires, & les feu-
les bonnes à manger : elles viennent du mürier noir
qui fe greffe fur le chätaigner , le hêtre , le coignaf-
fier. Les petites viennent du mürier blanc , & nulle-
ment bonnes à manger , maïs les feuilles en font né-
ceflaires pour élever les vers à foie.
MEURIER (le ) produit des mures : elles doivent
être noires pour être dans leur mâturité ; les müres
font faines & agréables au goût; on en fait des fyrops.
Cetarbre jette de groffes branches qui s'étendent plus
en largeur qu'en hauteur ; il aime l'abri. Le mürier
blanc ne fert que pour la nourriture des vers à
foie : fes feuilles font d'un ver naiflant tirant fur le
blanc , il fert comme le fauvageon du mürier. Les ter-
roirs gras & à l'abri du vent font les meilleurs pour
Jes muriers ; la voie la plus courte de les multiplier
ft celle des boutures & des plans enracinés : on choi-
fit pour cela fur un mürier de bonne efpece , les bran-
ches bien droites de la longucur d'un pied & demi : on
les. plante à l'ombre dans une terre bien labourée ,
dans des rigoles profondes d'un pied, après avoir fait
à leur extrémité d'en bas une eotaille en croix afin que
. les boutures prennenc: plus vite : on doit les pofer un
|. peuenpenre dans la rigole, & pañler un peu la terre
en les couvrant : la voie des pepins eft plus longue
mais plus sûre. On peur les greffer fur le mürier, le
figuier , lorime , le tilleul. Ce doit être en écuffon &
au mois de Mai.
On ne doit pas épargner au mürier les labours &
D ;
|
52 M EU
le fumier , & on doit le tenir net de bois mort & de
moufle, |
Le bois de mürier fert pour les ouvrages des Tour-
neurs & des Graveurs.
Les müriers viennent plus ou moins vice felon la
qualité du terrein.
Muriers. Moyens de faire réuflir les müriers dans
les plus mauvains terreins. Ouvrez une fofle de cinq
ou fix pieds en quarrés; jettez fur un des bords de
la foffele premier cours de pelle ; & fur un autre côté
le fecond cours , fur les autres côtés le troifiéme cours
de pelle qui eft la plus mauvaife terre , bêchez enfuite
ce fonds à gros gueret, a la bêche ou à la pioche. La
fofle étant faite, rejettez la moyenne ou feconde ter-
re que vous avez fortie, enfuite la premiere ou moins
mauvaife : ce qui fe trouvera à la hauteur de la fépa-
ration de la bonne & mauvaife terre. Brifez & foulez
cette terre avec le tranchant de la bêche, pofez l'ar-
bre dans fa place & dans fon alignement ; couvrez-en
les racines avec la terre de fuperficie du contour
de la fofle , obfervant qu'il n’y ait ni paille, ni her-
be, ni bois, ni bruyeres qui puiflent toucher les ra-
cines ; arrangez avec la main ces terres dans linté-
rieur des racines , lefquelles doivent avoir été rafrai-
chies & taillées, enforte qu'il ne fe trouve aucun vui-
de , ni au-deflous ni au-deflus, Lorfqu'elles font cou-
vertes de trois ou quatre doigts de terre , foulez-
les avec les pieds : laifflez l'arbre dans cette poftion
pour faire la même opération aux autres fofles : cou-
vrez enfuite les fofles avec des feuilles que vous au--
rez fait amoffer à quatre ou cinq doigts d'épaifleur ,
n'importe de quelle efpece elles foient: enfin , jettez
la mauvaife terre tirée du fond de la foffle, au pied
de l'arbre, £: buttez-le d'un pied & demi au deflus
du niveau de terrein : fi les beftiaux vont paître dans
ces lieux, il faut armer les arbres d'épines , quoique
le plus court, c’eft de les conduire ailleurs. Il convient
de faire Jes fofles un mois ou un an d'avance avant
la tranfplantation , & de les combier les deux premie-
res terres trois ou quatre mois avant de planter. .
Autre maniere de faire croître des müriers en quan-
M EU MIE
tité dans quelque terrein que ce foir, & de fé procu-
rer fans beaucoup de dépenfe de quoi entretenir une
manufaéture de foie. Prenez des müres lorfquelles
font au point de leur mâturité ; faites les tremper
quelque-tems dans l'eau ; enfuite écrafez-les avec les
deux mains. Dans le rems que les müres trempent,
faites filer & tordre du foin de maniere 2 en former de
moyennes cordes ou torches, & après avoir écraféces
müres en bouillie, enduifez-en ce foin que vous met-
trez dans la terre en efpece de fillon ; & recouvrez ce
foin d'environ un pouce de terre, Vous aurez en peu
de tems ane fi grande quantité de müriers, que dans
un quatré d'environ trente toiles il vous naîtra des
fujers en affez grande quantité pour les tranfplanter
dans toute une Province. Lorfqu'ils ont atteint une
certaine quantité , on les met en pepiniére , c’eft à-
dire, on les tranfplante à deux ou trois pieds de dif-
tance les uns des autres & on les, laifle croître. Quand
ils font aflez forts, on les cranfplante à demeure ; au
tefte, ils viennent plus ou moins vite felon la qualité
du terrein.
MEURTRISSURE de quelque membre, comme
pieds ou mains. Remede, Trempez aufli-rôt un linge
dans du vinaigre froid ; ferrez-en la partie bleffée avec
la main le plus fort qu’on le pourra endurer , afin de
réprimer la Auxion ; enfuire pour appaifer la douleur ,
mettez un çataplafme fait de feuilles d’ofeilles cuites
fous les cendres chaudes , puis pilées avec onguent
rofat & beurre frais.
Où broyez du perfil avec du fel , un peu d'huile
d'olive : frottez le mal avec le jus & appliquez le
marc deffus. |
Si c'eft une contufion en partie charnue , oignez-la
d'huile rofar & de vin mélés enfemble & appliquez
deflus une emplâtre de cite neuve jaune , ramollie
dass l'eau chaude & étendue fur de la toile.
Si la contufon eft avec piaie , lavez le mal avec du
vin tiéde, & appliquez deflus le jus & Île marc des
feuilles de bouillon blanc pilées.
MICACOULIER, Arbre. Woyez AListre.
MIEL (de) eft un fuc en forme de rofée quedes
De
s MIE
Abeilles fucent fur les fleurs & Îles plantes, & qu'elles
dégorgent dans les alvéoles de leurs ruches , après
l'avoir digéré. Il y a le miel blanc ou vierge, & le
miel jaune. Le miel vierge eft celui qui coule de lui-
méme des rayons fans expreffion ni chaleur : c’eft le
plus propre à être mangé & à faite des confitures. Le
jauve eft celui qui eft uré par éxpreflion des rayons à
Faide du feu ou de la chaleur du feleil. Il a de l'âcreté :
on l'emploie pour les remedes extérieurs & pour les la-
vemens. Le miel eft chaud de fa nature, abfterfif,
nourriffant ; ileft bon aux poulmons, mais il fe tourne
aifément en bile, ;
Le miel demande beaucoup de propreté , ‘il faut
avoir attenticn de n'y laiffer rien tomber dedans, de peur
qu'il ne s'aigrifie: ainfi il faut féparer foigneufement
le bon d'avec le mauvais , les rayons blancs d’avec
ceux qui font noirs: caffer les rayons de cire, &ne
laifler que ceux qui-font remplis : avoir les mains
bien nettes pour écrafer & broyer les rayons qu’en
met à mefure dans un tamis de crin pofé fur une
terrine verniflée bien propre , & y laifler couler le
miel jufqu’à ce qu'il n’en tombe plus. On met le beau
miel dars des pots de terre plombés bien échaudés
& bien égoutés ; on le couvre d'un papier: on n'y
touche pas de cinq ou fix jours: enfuite on enleve avec
une cuiller les fragmens de cire qui fort reftés, & qui
furnagent; ce miel fe fige bientôt, ileft blanc, & on
l'appelle vierge , parce qu'il n’a point été échauffé , on
le couvre d’ün papier & d’un parchemin, on met une
tuile par deflus, Pour faire le miel commun, on re-
paitrit le marc qui refte dans le ramis: on le joint
avec du miel de moindre qualiré qu'on a fair égou-
ter à part: fi on eft dans un temsun peu froid, on
met le ramis & la terrine avec tous les rayons froiflés
dans ün four après qu’on en a tiré ie pain, pour que
Ja chaleur fafle couler ce qui refte de miel dans la
cire : ce mieba une couleur rouffe , & ne fe conferve
pas fi long tems : on l'écume comme l'autre, & on le
couvre de même: on met les pots de l'un & de l'au-
tre dans un endroit fec & à l'air.
Pour donne: au miel le goût de miel de Naïbonne,
MIC MI1L ss
il faut dans le tems qu'on écrafe les plus beaux rayons
les parfemer de fleurs de romarin : elles impriment
leur goût au miel.
Le miel eft chaud , & ne convient guéres aux jeunes
gens ni aux perfonnes qui ont le fang bouillant , parce
qu'il peut caufer des ébullitions de fang , ni aux hy-
pocondriaques , ni aux fcorbutiques ; mais il eft bon
aux vieillards.
MIGRAINE (la) eft une douleur qui n’occupe que
Ja moitié de la .vête , l'autre moitié étant fans dou-
leur: elle ef ordinairement longue & opiniatre. Remede.
Battez quelque tems trois blarcs d'œufs avec un peu
de fafian , & l'appliquez au front dans l'accès de la
migraine étendu fur un ‘inge. Appliquez en fronteau
du poivre en poudre incorporé avec l'eau-de-vie.
Ou mélez des feuilles de rofes rouges, & un peu de
farine de froment avec du vinaigre : faites bouillir ce
mélange jufqu’a confftence d'emplatre, & appliquez-
le fur les tempes,
Un vomitif la guérir quelquefois. On peut auffi ava-
ler trois verres d'eau, & après les avoir avalés, fe pro-
mener quelque-tems.
Mettez de l’eau-de-vie dans le creux de la main, &
l'attirez par les narrines. |
Le Caffé eft bon 2 la Migraine, W, Cerveau , Tête.
MILLE-FEUILLE. Plante qui croît dans des lieux
inculres & fecs ; ell: pouffe plufeurs tiges hautes d’un
pied : fes feuilles font découpées menu & femblables à
une plume d'oifeau ; elle eft aftringente & amere : fon
ufage eft das les hémorragies , foit du nez, foit du
ventre , de la matrice , dans le crachement de fang , &
les hémorroïdes : on en ordonne le fuc depuis trois
onces jufqu'a fix. :
MILLEPERTUIS. Plante qui croît dans les bois &
lieux incaltes ; elle eft chaude & deflicarive ; on l'em-
ploie pour mondifñer les plaiss ; diffoudre le fang
coagulé. Elle eft un des meilleurs vulnéraires , tant in-
térieurement qu'extéricurement, & fpécialement contre
les ulcères des reins , pour en chaffer le fabie. Son
eau eft bonne contre les vers des enfans , contre la
mélancolie , la manie, & fon huile eft bonne contre
s6 M IL MIN
la fciatique , le rhumatifme , &c.
: MILLET. Le Miller eff le plus petit de tous les grains,
ces grains font ronds & luifans, fon tuyau croît juf-
qu à dix-huit pouces de haut , & fon épi a de longs fila-
mens épars.
Il y a le millet rouge & le millet blanc: le rouge ne
fert que pour la volaille & la nourriture des oifeaux ;.
le blanc peur être mêlé avec le froment , .& faire du
pain; le millet épuife beaucoup les terres, ainfi que le
bled de Turquie ou le maïs.
Culture du millet fuivant la nouvelle méthode de
M. du Hamel. 1°. une terre legere & fablonneufe lui
convient mieux que toute autre ; z . On doit le femer :
fort clair, & le couvrir de verre avec la charrue : on
le feme depuis la mi-Mai jufqu'a la fin : on peutle
femer auffi à la fin de Juin; 3°. Un mois après qu'ila
pouflé, on le laboure autour des pieds avec un far-
cloir , & on éleve ceux qui font trop près les uns
des autres , car ils doivent être à fix pouces d'inter-
valle ; 4°. lorfque ies panicules font en grain, onen
éloigne les oifeaux par quelque épouventail. On en.
fait la récolte à la mi-Septembre , c'eft-2-dire , qu'on
coupe avec un couteau les panicules près le premier
nœud , on doit enfuite les porter dans la grange , Îles
mettre en tas, les y laifler cinq ou fix jours ; enfuite
les porter dans l'aire , les battre comme on fait le bled ;
5° faire fécher le millet avant de le mettre dans le gre-
nier, & le remuer de rems en tems.
MINE DE PLOMB ou Minium , eft du Plomb mi-
néral pulvérifé & rendu rouge par une longue calcina-
tion au feu: on s’en fert dans les onguens, & on l'em-
pioie dans la peinture.
MINÉRAL. Voyez Eaux Minérales.
MINÉRAUX. On appelle ainfi 1°. les Métaux , tels
que l'or , l'argent , le cuivre, le fer, le plomb , le
mercure , &c. 1°. les demi-métaux, comme le vitriol,
l'alun , lantimoine , &c: les fels , les foufres , les biru-
mes , les pierres, &c. À
MINEURS, (les) font ceux qui n’ont pas encore
vingt cinq ans accomplis. En pays de Droit Ecrit ,ilen
eft de même avec la différence qu'on appelle Pupille
MI N 7
ou impubere celui qui eft fous l'autorité d’un Tuteur,
& qui devient de plein droit Mineur à quatorze ans
accomplis, & la Pupille à douze : l'un & l’autre for-
tent de l’auroriré du Tureur , & on nomme un Cura-
teur. En pays Coùtumier, les Mineurs ne fortent de tu-
telle qu’à la majorité , ou bien par des Lettres d'éman-
cipation , en vercu defquelles le Mineur fort de la puif-
fance du Tuteur , difpofe de fes meubles, reçoit fes
revenus, & agit en fon nom fous l'autorité d’un Cura-
teur.
Mais le mariage du Mineur produit l'effet de l'éman-
cipation ; un Mineur ne peut tefter en Jugement fans
être aflifté d’un Curateur. :
Les Mineurs peuvent être reftitués contre rous Con-
rats & obligations , quand il y a la moindre lé-
zion ; mais pourvü quils n’ayent pas fait ce qu'un
bon @Œconome en auroit fait en leur place. Ainfi
quand il veut être relevé d'un Aéte pailé en minorité,
il lui fuffit de prendre des Lertres de refcifion ; mais il
faut que ce foic dans les dix ans de fa majorité. Il faut
obferver que tous Nésocians & Marchands en gros
& en dérail , & les Banquiers font réputés majeurs
pour le fair de leur commerce , & ne peuvent étre refti-
tués fous prétexte de minorité : il en eft de même des
Officiers de Judicature pour le fait de leur charge.
Les prefcriptions ordinaires pe courent point contreun
Mineur pendant fa minorité , mais les Mineurs (ont [u-
jets aux formes & aux prefcriptions qui font portées
par les coutumes.
MINUTE. On appelle ainfi l'original des Aétes qui
fe paflent chez les Notaires , & les Jugemens qui
s'expédient dans les Greffes fur quoi on délivre des
grofles & des expédirions autentiques : ces minutes
reftent en dépôt chez les Notaires : elles doivent être
fignées des Parties , mais lesorofles & les expéditions
ne doivent être fignées que des Notaires.
Ces groffes & expéditions fe délivrent aux Parties ,
&elles fontfoi en Juftice, quand le fçeau y eft appofé.
Les Minutes des Jugemens doivent étre fignées des
Juges, & reftent en dépôt au Greffe de Ja Jurifdiétion
ou les Jugemens onc été rendus.
53 MIR MOI
MIROBOLANS Fruits gros comme des prunes qui
viennent des indes du côté de Bengale : les Citrins font
les plus en ufage , & on s'en fert comme purgatifs con-
tre l'humeur bilieufe , la dyffenterie , le cours de ven-
tre. La dofceft de fix dragmes à une once & demie.
MIROTON, terme de Cuifine. Voyez Bœur.
MOELLE. Subftance graifleufe qui eft renfermée
dans les os des animaux. Celle des bœufs , des veaux ,
des ceifs, des chiens , des chevreaux , fert à divers
remedes. La plus eftimée eft celle du nerf : on l'em-
ploie avec fuccès contre les rhumatifmes , la goute
fcjatique, pour fortifier les nerfs & pour réfoudre. La
moelle de veau eft encore fort bonne pour amollir &
réloudre : à l'égard de lg moelle de bœuf, on ea fait
des ragoûts, & même des tourtes.
MOÏILON, Pierre blanchâtre qui fe tire des carrie-
res en divers morceaux: le meilleur eft celui qui eft le
plus dur & de bonne affierte; il doit avoir été équarré
puis hiverné avant que de l’employer. Le moïilon eft un
des matériaux où l'ouvrage va le plus vite ; il fert fur-
tout à garnir le dedans des gros murs,
MOINEAU , ou Paffereau. Oifeau fort connu &
d'un naturel fort familier. Les moineaux font volon-
tiers leur nid dans des trous de vieux bârimens , &:
dans des pots de terre ; les femelles pondent trois fois
tous les ans : on ne doit les dénicher que huit jours
après qu'ils font éelos. On les nourrit de mie de pain,
& de rout ce qu'on veur.
MOIS. Il y à douze Mois dans l’année : il y ena
fept qui onttrente-un jours ; {çavoir , Janvier, Mars,
Mai , Juillet, Août, O&obre, Décembre : quatre de
trente, Avril, Juin , Seprembre & Novembre & Fé-
vrier qui n’a que vingt-huit ou vingt-neuf.
Pour trouver les mois qui ont trente Jours, & ceux
qui en ont trente-un , il ny a qu'a abbaifler le fe-
cond doigt de la main qu’on appelle index , & Île qua-
triéme qu'on appelle annulaire ; compter les mois fur
les doigts de la main, commençant par Mars fur le
pouce, Avril {ur l'index, & ainfi de fuire : tous les
doigts levés marqueront les mois de trente-un jours,
& les autres marqueront les mois de trente, Février
TS ——pZ
MO1I s9
n’a que vingt-huit jours dans les années communes, &
vingt-neuf dans les biflexiles.
MOISSON. Lorfque le bled cefle de fleurir par un
beau tems clair & chaud , on peut efpérer une bonne
moiflon. Si les Laboureurs avoienr foin de remar-
quer le rems qui s'écoule dans la plüpart des années ,
depuis que le grain eft femé Jufqu'a ce qu'il feuriffe,
on pourroit fur cette obfervarion regler le rems de la
femaille , & faire enforte que la fleur du bled arrivâc
au même âge de la lune qu'il auroit été femé, Le plus
favorable eft celui de la pleinelune , parce qu'alors l'air
eft ordinairement tranquille, & le ciel ferain. Le tems
le plus convenable à la mäturité des bleds eft un tems
chaud entremélé à propos des pluies douces ; car par
untems fort humide, la paille fe couche facilement &
pourrit , l'écorce de grain s'enfle & rend plus de fon qte
de farine: au contraire , un tems trop (ec defléche le
grain trop promptement ; il fe ride & devient de peu
de valeur.
Le point de perfection pour la mâturité desgrains,
eft de fortir facilement de l'épi, & de ne fe point bri-
fer fous le fléau quand on le bat dans la grange.
La parfaite maturité du grain fe connoît encore au
changement de couleur de la paille , qui de jaune
qu'elle étoir , devient blanche, & au crochet que forme
l'épi en abbaiflant fa pointe :à l'égard du bled quia
été frappé de la rouille , on doit le couper avan: qu'il
foit entiérement mür , parce que laridité de certe
rouille rongeroit en peu de cems toute la fubftance du
rain.
On ne doit dans les régles commencer la moiffon
qu’aprés qu'elle a été indiquée au Prône de l'Eglife
Paroifliale. On doit faire la Moiflon lorfque les bleds
{ont également blonds & jaunes, & on ne doit point
auendre qu'ils foient touta-fait roux Voici l'ordre
qu'on doit garder pour les différentes [ortes de bleds.
1°. Oa commence par la moiflon de l’efcourgeon ;
la feigle , environ trois femaines après , & tout de
fuite le méteil, l'épautre , le froment à la fin d'Août :
on fauche les avoines & le fromenc de Marsen même-
tems. n
60. MOI
On arrache le mille & le panis quand le grain eft
bien formé : on doit les faire fécher au foleil en
tuyaux : on moiflonne le farrazin en Septembre & en
Octobre ; le bled de Turquie où maïs dans le même
mois.
2%. On doit moiflonner dès la pointe du jour , parce
que la rofée enfle le grain, & l'empêche de trop s'é-
grainer : on peut couper le bled a fa volonté ; les uns
le coupent près de verre lorfquils veulent employer
le chaume pour ja maifon ; é’autres par la moitié,
deftinant le refte à couvrir les toits ou 2 chauffer le
four , ou bien ils le brülenc & le labourent avec le
fond.
3°. À mefure qu'on coupe le bled, on doit l'éten-
dre fur terre partrainées ou javelles, & les ranger bien
réguliérement en les couchant par terre en travers fur
les fillons , & laiffaut entré chaque rangée une efpéce
de petit fentier, afin que les épis & la paille fe féchent
promptement.
4°. Lorfque les poignées ou javelles font féches,
on en fait des gerbes dont on fait des meules ou tas
difpofés en rond , de maniere que tous les épis abou-
tiflent au centre, & que l'extrémité des pailles foix en
dehors : on ne doit point appuyer les gerbes l’une
contre l'autre. En bien des endroits , on les met en
monceaux par dizeaux. La gerbe doit étre faite de
fepcou huit poignées : le plu:ôt que le bled eft charrié
à lai grange c'eft le mieux , fur-tout # le tems eft àla
pluie ; que s'il venoit à pleuvoir lorfqu'on coupe le
bled, il vaudroit mieux cefler dé couper , parce qu'il
rifque moins fur pied qu'abattu.
Si on avoit été contraint de coupèr le bled dans lé
tems qu'il n'étoir pas encore mür , on doit expofer les
gerbes au {oleil : les épis en baur pendant vingt-quatre
heures, puis les mettre dans la grange pendant autre
vingt-quatre heures, & les expoler de nouveau aù fo-
léil, & continuer ainfi jufqu'a ce qu'ils forent müïs.
Nouvelle maniere de faire la Moiflon, & de couper
& ramafler les épis. 1°, 11 fauc des faucillés moins
grandes que les faucilles ordinaires, & avec lefquelles
on ne coupe de la paille qu'autanc qu'il en faut pour
MOI 61
pouvoir prendre les épis avec la main gauche, & les
tenir tandis qu'on les coupe de la main droîte : de
cette maniere on en moiflonné une plus grande quan-
tité que fi on coupoit la paille prefque au pied comme
on fait d'ordinaire , parce que cette paille étant pro-
che de l'épi, fe coupe plus facilement: cette fituarion
eft plus commode pour les Scieurs de bled, Le Moif-
fonneur doit mettre chaque poignée d'épis dans un
grand tablier qu'il a retrouflé devant lui : cette poi-
gnée d'épis coupée ainfi court , .eft plus groffe que
celle qu'on prend, & l'ouvrage avance bien plus; d'ail-
leurs 1l ne prend que de bons épis, puifque les char-
dons & les mauvailes herbes font au-deflous.
2°, Avoir de grands facs de grofle toile pour con-
tenir la valeur de huit à dix tabliers pleins d'épis , &
dans lefquels les Moiffonneurs vuident leurs tabliers ;
les facs doivent fe fermer comme une bourfe : une
quarantaine de facs fufhlent pour une des plus groffes
Fermes ; on en peut mettre une douzaine {ur une char-
rette , & cette douzaine équivaut à douze douzaines
de gerbes. Selon cette méthode , il y a infiniment
moins de perte dejgrain que felon celle qui eft en ufage
ou la néceflité de ramafier les javeliés , de les dier ;
de les charger. , occafñonne une perte confidérable de
grains. Les mauvailes herbes ne fe trouvent plus péle:
méle parmi les épis: 1] n’y a plas à craindre queles
épies foient empor’és par les vents ; les ouragans , ou
garés par la pluie, plus de Glaneurs de profeflion , qui
fous prérexte de rainaffer les épais, prennent fouvenc
des gerbes de bled. IL eft libre à chacun d'exercer {a
charité à leur égard d'une autre maniere,
3°. La moifion des épis étanc faite, on doïtavoir
des Faucheurs tout prèts qui coupent avec leur faux
la paille le plus ras de terre qu’il fe pourra , & de certe
maniere on enleve les chaumes & les herbes de route
efpéce: on fait emporter le matin les pailles coupées
de la veille |, & le foir les épis coupés pendant le
jour. Au refte, on eft bien dédommagé de la dépenfe
de cette opération nouvelle par un tiers de paille de
plus qu'on en recueille & par la quantité de grain,
plus grande quelle n'étoit auparavant, Le champ
62 MOI
écant ainfi nettoyé, il fe difpofe bien mieux à produi-
re de l'herbe fine pour la päture des moutons.
49. Pour mettre les épis à couvert de tout dommage,
on doit faire conftruire un batiment de forme ronde fé-
paré de cous les autres & dans un lieu fec. Les fondations
doivent être un peu profondes , le mur de moilon & bai
avec chaux & fable feulement, jufqu’à la hauteur de
fix où fepc pieds au deilus du rez de chauffée , cerminer
le mur à cette haureur par un cordon de pierre de taille
débordant d'un bon pied , & taillé en deimi cercle : con-
tiouer le mur de huit ou dix pieds au-deffus ; ÿ ouvrir
autour deux fenêtres , & immédiatement au deflus du
cordon, faire une. ouverture pareille à celle d'un co-
lombier , & débordant de quatre pieds tout autour ,
y pratiquer autour plufieurs fenêtres fermées par des
ceillis d’ofier aflez (errés pour que les moineaux n'y
puilent entrer , & de bons contrevents : mettre des
poulies à ces fenêtres pour pouvoir monter les facs
lorfque la ferre fera pleine jufqu'aux premieres fené-
tres. Les épis ayant été ferrés bien mûrs & bien fecs
dans un lieu ainfi conftruic, s'y conferveront beaucoup
plus long-tems que dans tour autre.
5°. Pour faire fortir le grain de l'épi , les perfonnes
qui ont imaginé & pratiqué cette nouvelle méthode
de faire la moitlon , ne font point d'avis qu'on les
barre avec un fléau dans un aire , au foleil', ou en
grange. Leur objer eft toujours d'empêcher le déchet
confidérable du grain qui réfulte de la méthode ordi-
naire: ils ont imaginé un moulin que l'on peur com-
parer en grand , aux petits moulins à caffé , ou plutôt
a tabac , avec la différence que les mouvemens de ces
moulins fonc horifontaux , au lieu que ceux du moulin
à cabac font verticaux. A
On peur voir la defcriprion de ce moulin dans Île
Journal œconomique du mois de Juillet 1757.
Par le moyen de ce moulin & du tournoyement que
le vent lui donne, les épis reçoivent un frottement qui
en fait fortir jufqu'au grain le plus opiniâtre , de fa-
çon qu'iln'en demeure pas un feul enveloppé de cap-
fule : le grain & la paille fortent péle & méle de ce
moulin , & rombent dans un crible de fil d'archal fin
qui
1 d
MOI 63
qui eft au-deffous , les fils defquels étant féparés de
deux lignes & demi, & étant craverfés par d’autres à
un pouce de diftance, les grains y pañlent facilement =
-& nullement la paille, laquelle {e trouve couchée de
côté fur les premiers fils.
En outre, le crible eft incliné par un bout, &aun
mouvement femblable à celui d’un bluttoir, mais plus
fort , afin que par fes fecoufles le grain fe fépare fa-
cilement de la paille, On a éprouvé qu'avec cette ma-
chine on peut expédier quarante huit {epriers de bled
dans douze heures de rems , pourvü que le vent ne
manque pas ; qu'il y ait deux hommes pour ôter les
pailles , deux aucres pour vuider les facs d'épis dans
les tremies , & quatre pour ramañler les grains en def-
fous : cés huit hommes expédieront fix fois plus d'au
vrage que des bartreurs en grange, & ne font pas fi
fatigués à beaucoup près : fuivant cette méthode là
paille étant comme moulue eft bien moins féparée du
grain , & il s'en fait une épargne confidérable ; car
dans une ferme où l'on recueille communément cent
fepriers de bled , il peut arriver facilement qu'on en
recueille jufqu’à cenc vingt-cinq. Outre celail ya une
épargne de 40liv. fur quarante huit feptiers, & plus
de 100 liv. fur la façon totale des 125 : ainfi en mettant
le feptier année commune à 14 liv., ce fera 375 liv. &
joignant 100 liv. d'épargne fur le travail, cela fera 475,
fomme qui peut fufire à payer une partie des frais de
la culture.
Un œconome entendu peut tirer un grand fervice des
pailles des épis, lorfqu'elles font moulues comme on
vient de dire , car en les arrofantlégerement avec de l’eau
où l’on à fait difloudre du (el, elles peuvent tenir lieu
de foin aux beftiaux dans les années où le foin eft cher js
car étant éxcités par cette faumure, ils mangent les
pailles avec autant de goût que le foin.
6°. On doit faire un triage des grains en différen-
tes clafles qui foient de qualités différentes, afin d'en
avoir un meilleur débit. Car il eft certain , par exem-
ple, qu’un quart de boiffeau de bled noir fur un fep-
tier de bled froment portera préjudice de deux boif-
feaux dans le prix; ce qui fait un fixiéme de perte
Tome II, E
64. MOI
far la totalité. Mais quand même on auroit nettoyé le
bled le plus exactement qu'il eft poflible , de tous
grains étrangers , 1l.y aura roujours trois fortes de grains
différens de qualité. & par conféquent de prix.
Or, pour pouvoir parvenir à faire le triage de ces
mêmes grains en différentes clafles, l'Auteur de cette
nouvelle méthode & qui a inventé le moulin pour
féparer les grains des épis dont on vient de parler, a
imaginé pareillement deux machines, dont on voit
Ja defcriprion dans le même Journal : par le moyen
de la premiere , on peut faire jufqu’à quatre clailes
différentes d’un même grain; & paï la feconde, on
peut enlever les raches des grains qui ont ce quon
appelle Le bour , en terme de Boulanger. L’Auteur fait
voir que ceux qui en fauront faire ufage , retireront
par-là plus de quarante fols de bénéfice par feprier
au-delà du, prix ordinaire, & ille prouve. En effet, en
divifanc le bled en trois claffes, l'une qu'on appelle la
tête du bled, la feconde le bled moyen , & la troifié-
mele petit; on trouvera que (ur douze boifleaux , il
en aura environ fix qui feront de bled de choix,
quatre de bled moyen & deux de petit bled. Or, com-
parez maintenant le prix de ces trois claffes de grains
qu'aura produic un feptier de bled ainfi partagé , avec
la valeur du même feprier dont les qualités ne feroient
point féparées , vous trouverez que le bled moyen
vaucis liv. le feptier, la crête du bled vaudra 21 ou
22, & le petit bled 9 à 10. D'où il fuit que, fi les
fix boifleaux de la tête du bled qui font la moitié d'un
fepter, valent 10 liv. 10 fols, à raifon de 12 le fep-
tier , les 4 boiffeaux de bled moyen qni font le tiers du
s liv. fur le pied de as liv. 3 & les deux boiffeaux
de petit bled qui font la fixieme partie du fep-
tier vaudront 34 fols 4 deniers fur le pied deroliv.
Enforte que ces trois prix Joints enfemble feront une
fomme de 17 liv. 3. fols 4 den. qui fera la valeur totale
du feptier ainfi viré , & la différence ou le bénéfice fera
de 40 fols 4 den, au - dela du prix du même feprier de
bled qui n'auroit pas été tiré. R
On peut effayer de battre immédiatement apres la
récolte une partie de toutes les efpeces de, grains
MOI MON 6;
qu'on à cultivés, réferver l'autre partie en gerbes pour
les battre en grange pendant l'hiver, comme c’eft lu …
fage dans bien des Provinces : on jugera par-là laquel-
le de ces méthodes eft préférable, & s'il ÿ a quelque
avantage à efpérer dans l'un ou l'autre cas relativement
à la quantité ou à la beaute des farines,
MOISSONNEURS. On appelle ainfi , outre les
Valets qu’on a chez foi pourle travail de la moiflon,
de gens de journée de dehors qui viennent fe Jouer
pour aider à faire la récolte : on les loue à tant par
arpent de récolte ou pour un prix total, pour toute
la moiflon: l’ufage commun eft de les nourrir & de
les coucher, & de leur laifler prendre ce qu'ils ap-
pellenr leur gaguage. C'eft un certain nombre de ger-
bes , comme le quatorziéme dizeau du produit de la
moiflon. On donne ordinairement aux Moiflonneurs
pour le fciage du bled depuis 2 livres jufqu'à 3. li-
vres.
Si on les paye en grains , on ne paye que fur le pied
de ce prix. Ces derniers font ordinairement obligés à
faire gratis plufieurs travaux appellés corvées &, qui
font des fuites de la moiïflon , parce qu'ils y ont part.
MONITOIRE, On appelle ainfi un mandement de
lOficial adreflé à un Curé pour avertir tous les Fi-
déles de venir à révélation fur les faits mentionnés ,
a peine d'excommunication. Le Monitoire n’a lieu
que dans les crimes & fcandales publics, ou vols de
conféquence. On y a recours lorfque la partie civile ,
ou le Procureur du Roi ne peuvent juftifier par té-
moins le contenu dans leur plainte , alors ils deman-
dent au Juge qui doit connoïître du crime la permif-
fion d'obtenir & de faire publier un Monitoire : & en
vertu de l'ordonnance du Juge, l'Offcial eft obligé
d'accorder le Monitoire , & en cas de refus, on peut
faifir fon temporel. Les Juges d’Eglifes ne peuvent dé-
livrer aucun Monitoire pour des caufes qui ne font pas
de leur compétence fans ordonnances des Juges ordi-
naires & pour des caufes graves : la permifion d’ob-
tenir Monitoire ne doit être refufée à perfonne: on
ne doit mettre dans les Monitoires les noms de qui que.
cé foit.
B,2
66 MON MOR
MONTAGNES. ( Paysde) Les terres fituées dans
un pays de montagnes , demandent qu'on ait atten-
tion d'y faire croître tout ce qui peut y venir à bien ,
parce qu'elles font ordinairement ftériles. Ainfi lorfque
le pays eft découvert, on y peut planter ou des vignes
ou des bois , on y peut nourrir beaucoup de moutons ,
des chevres , & beaucoup de mouches à miel.
MORELLE. Plante qui porte de gros fruits comme
les bayes de geniévre , d'abord verds & noirs & rem-
plis de fuc en müûriflant : elle croît proche les haies.
Ses bayes font rafraïchiflantes & aftringentes : on fe
fert de fon jus extérieurement dans l'éréfypele , les dar-
tres , les démangeaifons , le cancer , &c. Son herbe eft
bonne contre les hémorroïdes.
MORFONDURE. On appelle ainfi le rhume des
chevaux. C'eft une décharge qui fe fait fous la gorge
des humeurs crues ou pituiceufes qu’un cheval a con-
traétées par un grand froid après avoir beaucoup tra-
vaillé , ou pour l'avoir laiflé boire étant trop échauf-
fé. On connoit qu'un cheval eft morfondu lorfqu'il
a le gofer fec & dur plus qu'à l'ordinaire. Si le mor-
fondement eft violent, s'il donne la fiévre , fi le che-
val ne peut avoir fon haleine à caufe de l'opprefñon
de poitrine ; on doit le faigner de la veine du col.
On le faigne encore s'il y a efquinancie , c'eft à-dire,
s'il ne peur avaler : en général on traite les chevaux
morfondus comme ceux qui ont des gourmes. Si le
cheval touffe beaucoup , avec un grand battement de
flanc ; on doit lui donner un ou deux lavemens faits
avec des feuilles de mauves, de violette , de mercu-
tialé, pariéraire , de chacune trois poignées, une
once de femence d’anis , une once & demi de fcorie,
de foie d’antimoine en poudre , le out dans trois pin-
tes d’eau, & la décoétion coulée, ajoutez un quarte-
ron de beurre frais : faites-lui prendre le lendemain
deux onces de la poudre cordiale dans une chopine
de vin. Elle eft compofée de baies de laurier, gen-
tiane , atiftoloche ronde, myrihe , iris de Florence,
rapure de corne de cetf, énula campana, de chacun
quatre ONCES , anis , CUMIN, deux onces canelle ,
demi-once, clous de girofle, deux dragmes , le tout
OR 67
pilé 2 part & pallé par le tamis de crin , & bien mélé en
femble & gardé dans un fac bien bouché.
MORGELINE , ou Mouron blanc. Plante des jardins:
elle a les mêmes vertus que la pariétaire , elle eft rafrai-
chiflante # épaifliffante : on en fait manger aux mala-
des qui crachent le fang. Appliquée fur les mammelles,
elle diffour le lait grumelé.
MORILLE. Efpece de champignon gros comme une
nOIx : on les trouve aux picds desarbres, ainfi que les
moufferons dans les mois de Mars & d'Avril, Ils fervent
à l'affaifonnement des ragoüts. On fait des ragoüts des
uns & des autres ; à l'égard des morilles on les coupe en
long , on leslave, on les égoute , on les pafle à la ca(-
ferole avec un peu de lard fondu, perfil haché, bou-
quet, jus de veau, on les Jaiffe mitonner, on les lie
d'un coulis, à l'égard des moufferons , on les lave en
plufieurs eaux, & on les accommode de même. On met
des croutes de pain bien chapelées au fond d'un plat &
on vuide le ragoût par deflus.
MORSURE faite par quelque homme ou femme)
Pilez un oignon avec beaucoup de fel : appliquez - le
fur la morfure & l'y Jaiffez un jour & une nuit, en-
fuite oignez la plaie d'un onguent fait avec graifle
huile & cire.
Autre remede, Preffez bien la piaie, lavez-la avec
de bon vinaigre , couvrez-la de deux linges entre le{-
quels vous aurez mis des flocons de coton ,; après les
avoir trempés dans de l'eau-de-vie » Où l'on aura fait
difloudre de la thériaque : enveloppez le tout d’autres
linges trempés dans l’eau & le vinaigre , réitérez le pan-
fement deux ou trois fois le jour.
Morsure de Serpent. Appliquez fur la plaie de
l'huile d'olive ordinaire : frottez la & baffinez-la fou-
vent.
Morsure de Cheval. Mâchez des féves d'haricot &
appliquez-les deffus.
MORSURE d’un Singe. Mélez de la cendre avec du
vinaigre & du miel : faites en un cataplafme,
Se d'un Chat. Appliquez deffus un oignon
pilé.
Morsure d’un chien non enragé, Fomentez [a
E 3
63 MOR
partie mordue avec une décoction d’ofeille, & appli-
quez-y deffus l'herbe fraiche pilée ; ou lavez-la avec
du jus de poireau pilé avec du fel blanc.
On connoît qu’un chien eft enragé , silne mange»
s'ilne boit, s'il n’aboie point : fi fes yeux font rouges
& horribles, s’il écume, sil ne connoît point fon
maienrsil fic Veau’, sil chancelle en marchant ,
s'ila la voix enrouée, fi les autres chiens aboient
après lui.
Morsure d'un chien enragé ou de toute autre bête
qui left ou qu'on foupçonne de l'érre. Remede.
Faites brüler une ou plufeurs écailles de deflous
d’une huître, en les mettant ur la braize, & cou-
vertes de charbon noir , qui s’allumant les brülera ;
il faut les y laifler jufqu'a ce qu'elles foient toutes
blanches, & fe rompent facilement 5 puis mettezles
en poudre : & gardez cette poudre pour le befoin.
Lorfqu’on veut s'en fervir, prenez-en la valeur d'une
écaille brûlée ou même d'avantage, & avec quatre
œufs faires une omelette, que vous fricaflérez avec de
l'huile d'olive au lieu de beurre : faites-la manger à la
perfonne mordue étant à jeun ; &-qu'elle foit fix heu-
res fans rien prendre : réiterez le remede de deux Jours
l'un , trois fois pour’ plus grande précaution : ou fai-
tes-lui avaler de cetce poudre dans un VéIré de vin
blanc.
Ce remede eft fort bon auffi pour les chiens mordus
d'une bête enragée , en leur faifant avaler la poudre
d'une écaille calcinée avec de l'huile d'olive, & ne
leur donner point à manger dé quelque tems. Aux
chevaux, bœufs & vaches , on augmente la dofe de
la poudre, & on leur en donne la valeur de quatre
ou cinq écailles.
On prétend que ce remede peut (ufñire fans qu'on
foit obligé d'aller fe baigner dans la mer, quoique les
plus habiles fouriennent que ceftle moyen le plus
efficace & leplus sûr pour être guéri , fur tout fi on
eftarteint de la rage.
. L
Aurre remede, Préfervatif contre la rage lorfqu'on a
été mordu par une bête enragée.
Prenez des feuilles do rhue , de verveine, de petite
MOR | "9
fauge , de plantain, de polypode , d'abfynthe com-
mune , de menthe , d’armoite, de bétoine, milleper-
tuis , de petite centaurée autant de l'une que de l'au-
tre: le tout dans le mais de Juin à la’pleine lune ; les
faire fécher, mais non au foleil : puis on les met en
poudre bien fubrile & on donnera une dragme dans
un peu de vin tous les matins à jeun pendant quarante
jours,
Autre remede. Prenez fix onces de feuilles de rue
arrachée de la tige, quatre onces de thériaque de Ve-
nife , autant d'ail épluché & broyé , autant de limaille -
fine d'étain ; jettez le tout dans du vin de Canärie ou
dans du vin blanc : faites bouillir doucement ce mé-
lange au bain marie pendant quatre heures dans un
vaifleau de terre bien bouché, fans en laifler exhaler
la vapeur : exprimez ce mélange & pañlez-en la li-
queur. La dofe eft de deux 2 trois onces pour certaines
perfonnes. Le malade doit garder la dierte pendant'trois
jours après avoir pris ce breuvage , lequel doit être pris
au plütard avant le neuviéme jour après fa morfure, il
faut le prendre froid ou du moins un peu chaud: le
marc qui refte du mélange exprimé doit être appliqué à
la plaie & renouvellé tous les vingt quatre heures. Ce
remede employé plufeurs fois na jamais manqué de
faire un effet falutaire. Extr, des Journ. d’Angler,
MorsurE d'animaux enragés. ( Remede contre la }
11 faut avoir recours au remede , immédiatement après
qu'on a été mordu. On doit d abord frotter la ‘partie
bleflée avec une dragme d’onguent mercurial, tenir la
plaie ouverte autant qu'il eft poffible , afin que l'onguent
y pénétre : le lendemain réitérer la friétion fur tout le
membre mordu, purger le malade avec une drogue de
pilules mercuriales ; le troifiéme jour, frotter feule-
ment la partie bleffée & faire prendre le quart de la dofe
précédente de bolus mercurial , continuer pendant dix
jours à frotter d'onguent tous les matins & à donner le
bolus des jours précédens , il procure au malade deux
ou trois felles, & empêche le mércure d’affeéter les par-
ties fupérieures & au bout de dix jours purger le malade
avec les mêmes pilules.
Ces pilules mercuriales doivent être compofées de
E 4 &
70 MOR
trois dragmes de mercure crud , éteint dans une dragme
- de térébentine ; de la rhubarbe choifie , de la coloquin-
te en poudre :x de gutte gambe, de chacun deux drag
mes : on méle le tour avec une quantité fuffifante de
miel clarifié. La dofe eft une dragme,
L'onguent mercuriel eft compofé d'une once de mer-
cure crud éteint dans deux dragmes de térébentine ,
trois onces de graifle de mouton : on mêle le tout, &
onen fait un onguent : la dofe à chaque friétion eft
une dragme.
Telle eft la méthode dontle P. de Choifel Jéfuite,
& de la Miflion des Indes orientales, a bien voulu
faire part au Public : il affure que depuis 1749. il a
traité plus de trois cens perfonnes felon cette métho-
de & avec fuccès ; ce qui eft un grand préjugé de l'ex-
cellence de fa méthode: du refte, ilveut que les ma-
lades s’abftiennent de l’ufage des chofes âcres & aci-
des, # des alimens cruds & difhciles a digérer: il pré-
tend que le bain dans la mer n'eft d'aucune utilité.
Eofin , il avertit qu’on doit augmenter la dofe des re-
medes & en continuer l’ufage plus long tems lorfqu'on
a laiflé pafler deux ou trois femaines fans recourit
au remede qu'il enfeigne. ï
=: Remede contre toute morfure vénimeufe. Mangez
un citron ou avalez de la (emence de citron dans du
‘ vin, ou broyez dans du vin blanc de la femence de
raifort ; paflez la par un linge & buvez-la.
MORT CIVILE. On appelle ainfi les effets de cer-
_taines peines qui emportent ce genre de mort, tel eft
le banniffement perpétuel hors du Royaume, & la
condamnation aux galéres à perpétuité, ou au-delà de
neuf ans : car ces peines rendent un homme incapable
de tous effets civils, comme de fuccéder , de difpofer
de fes biens par teftament , elles ont aufli effet dans les
condamnations par contumace lorfque les condamnés
décedent après cinq ans fans s'être repréfentés & confti-
tués prifonniers. :
MORTIER. On appelle ainfi la: chaux détrempée
avec du fable: on s’en fert pour bâtir & lier les pier-
res. Celui où il v a trop de chaux ne vaut rien. Pour
que le mortier foit fait dans les régles, 1l faut qu'il
rs. :
ENT T.
MOR 71
y ait un tiers de chaux fur deux tiers de fable ; par
exemple , une brouetée de chaux éteinte de deux jours
fur deux brouetées de fable de riviere. Woyez CHAux
& SABLE.
Rien ne contribue tant à la folidité des bâtimens
que la bonté du mortier : c'eft l'exaéte proportion de
la chaux & du fable qui fait la! bonne qualité du mor=
tier : la chaux par elle-même n’a point de corps , ni le
fable de liaifon : ainfi il doit y en avoir de l’un & de
l'autre la quantité néceffaire. Pour connoître la quan-
tité de chaux qu’il faut relativement au fable , il faut
mefurer du fable plein un fceau , & verfer par-deflus
autant d’eau qu'il en pourra tenir : on a par ce moyen
Ja quantité de chaux féche qu'il y faudra méler. Car
elle eft coujours en raifon du volume de l'eau que le
fable peut contenir.
Le fable des rivieres qui n'eft pas cerreux & dont
les grains font de petits cailloux un peu ternes , eft le
plus eftimé pour le mortier : tel eft celui de la Seine,
& ilvaut beaucoup mieux que celui qu'on tire des
fablonnieres. Au refte, le fable en général n’eft bon à
faire. de mortier qu'autant qu'il eft bien net, fans terre
& fans limon , & que le grain en eft bien proportion-
né, c'eft à dire, qu'il y en ade gros, de moyens & de
petits. Voyez CHaAux.
MORUE & MERLUCHE. Poiflon de la mer qu'on
apporte tout falé de Terre-neuve. La plus blanche eft
la meilleure. Maniere d'accommoder la Merluche
avant de la mettre tremper , battez-la bien avec un
marteau pour lattendrir : faites-la tremper plufieurs
jours en la changeant d’eau : faites-la cuire un mo-
ment avec de l’eau de riviere , retirez-la & coupez-la
en morceaux par feuillets. Enfuite mettez la quantité
que vous voudrez dans une caflerole avec de bonne
huile & de bon beurre en égale quantité, gros poivre,
un peu d'ail & de fel, fi elle eft trop douce : remuez
fans cefle la cafferole fur le fourneau jufqu’à ce que
le beurre foit lié avec l'huile , & fervez-la pour la
manger à l'inftant ; on appelle cette fauce à la Gaf-
conne.
2°. On mange la morue à la fauce au beurre noi£, au
#2 MOR
perfil frit, & à la fauce aux capres.
3°. A la fauce robert. Votre morue étant frite, on
fait un roux dans une caflerole avec beurre & quel-
ques oignons coupés en petits morceaux faupoudrés
de farine: mouillez-les d'un bon jus, comme de bouil-
‘ Jon de poiffons : laiflez- les mitonner à petit feu ; étant
cuits, méttez-y vos morceaux de morue & faites-les
mitonner dans la fauffle à robert: faites que votre ra-
goût foitbien lié: metrez-y un peu de moutarde & un
peu de vinaigre : dreflez la morue dans unplat & jet-
tez votre fauce par-deflus,
MORVE. Maïadie des Chevaux. C'eft un écoule-
ment par les nazeaux d'une grande quantité d’hu-
meurs flegmatiques, vifqueufes , ou blanches ou jau-
nâtres ou verdâtres qui viennent prefque toujours de
quelque ulcère dans les poumons ; les caufes éxtérieu-
res en font prefque les mêmes que celles de la mor-
fondure, Les fignes en font , 1°. qu’un Cheval mor-
veux ne jette que d’un côté , qu'il eft fouvent fans
toux , au-lieu qu’un cheval morfondu jette des deux
. & quil toufle ordinairement ; 2°, qu'il a entre les deux
os de la ganache une ou plufieurs glandes qui font
fort douloureufes. Si la matiere qui fort eft puante,
la maladie eft incurable : bien plus, elle fe commu-
nique aux chevaux qui font auprès de celui qui en eft
attaqué.
Lorfque le mal na pas fait encore de grands pro-
grès, & que lon s'y prend äaufli-tôt , on peut le gué-
rir avecles remedes fuivans.
Ne donnez au cheval morveux que du fon mouillé,
fairés lui faire un exercice modété , & ‘faites fondre
deux livres'de foufre dans une cuiller de fér : jettez-
le tout bouillant dans un feau d’eau , retirez le fou-
fre , faites le fondre une feconde fois , & jettez-le dans
la même eau, & donnez-la lui pour boiffon.
Remärquez qu'il ne faut jamais purger les chevaux
qui ‘ettent.
1°, Serigüez lui par les nazeaux 87 par moitié qua-
tre cuillerées de fort vinaigre , autant de bonne eau-
de-vie , le tout diffous dans une dragme de vieille
thériaque , un fcrupule d’ellebore blanc en poudre, &
MOT MOU 73
deux grains de poivre long en poudre , & le tout mé-
lé: s’il continue à jetrer , réitérez le remede & tâchez
par des cataplafmes de faire fupurer les glandes , ou
de les faire tomber par le moyen de la pierre à cau-
terre.
Les chevaux morveux ne laiffent pas de fervir & de
travailler plufieurs années , mais à la fin cette maladie
les emporte.
MOTTES à brûler , (les ) fe font avec le tan quia
fervi à tanner les cuirs ; ce tan n'elt autre chofe que
l'écorce des chênes miles en poudre. On pêtrit le tan
avec les pieds , on le met dans des moules d’une for-
me ronde : on les fair bien fécher : enfuite on s’en fert,
ou on les vent au cent. Voyez TOURBES-:
MOUCHES. Les Mouches communes qu'on appelle
mouches tout court , font de.petits infectes ailés &
connus de tout le monde. Elles font fort incommodes
dans les lieux chauds.
Moyens de les chaffer des lieux d'ou l'on veut.
Lavez les murailles de ces endroits avec du jus des
feuilles de citrouille , après les avoir bien pilées ; el-
les n'en approcheront pas : on peut frotter de ce jus les
cuifles & le ventre des chevaux.
A l'égard des Bœufs , frottez-les avec des baies de
laurier cuites -dans l'huile, & les mouches ne les tout-
menteront plus. |
Autre moyen de chaffer les mouches , & lesempé-
cher de gâter les meubles, dorures glaces & les ta-
bleaux : ce n’eft pas en le détruifant qu’on peut par-
venir à s’en débarralfer , puifqu'auff tôt elles font rem-
placées par d’autres : il s'agit de les empécher d'en-
trer dans les chambres lors même que les fenêtres & les
portes reftent ouvertes. Pour cec effet : frotrez les
murs ou la boiferie des chambres que vous voulez le
plus préferver de ces infectes, avec de l'huile de lau-
rier & en plufieurs endroits feulement: s'il y en entre
quelques-unes, ellés n'y refteront pas loug tems , pat-
ce qu’elles ne,peuvent fouffrir cette odeur. On peut
renouveller ce fecrer de tems en tems, Cerre odeur
n'eft pas défagréable au point de ne la point fouffrir ; &
en cas qu'on ne le puifle , on peut du moins ufer de cette
MOU
méthode pour les offices , cuifines , falles à manger:
MoucHess à miel. Woyez ABEILLES.
Moucnes CANTHARIDES {les ) font d’une médio-
cie grotieur , leur couleur eft un verd luifant : on les
trouve fur les fines , les peupliers, les feuilles des
rohers. Elles font d’un graïd ufage en Médecine , par-
ticulhiérem-nt dans l'apoplexie, la paralyfe : on les ap-
pique fur la peau, derriere les oreilles , fur la nuque
du cou, entre les deux épaules : ce fontaurant de veffi-
catoires , qui excitenc des enflures d ou il fort beaucoup
de férofités : quand on en a ramaflé, on les fait mou-
rir a la vapeur du vinaigre , & on les fait fécher au
foleil. Les plus nouvelles font les meilleures.
MOULES. Efpéce de Coquillage ou Poiffons de
mer, de la nature à peu près des huîtres : mertez-les
à fec dans une cafferole fur un bon feu, & lorfque la
chaleur les a fait ouvrir , épluchez les pour en Gter les
crapes. .
Mouzes en ragoüt. Lavez-les, paflez-les à la caf=
ferole avec beurre frais, {el , poivre , perfil, ciboule,
chaplure de pain. un peu de vinaigre , & laiflez-les
çuire à propos On peut encore les accommoder de
même ; mais après les avoir rirées de leur coquille,
ajoutez y de fines herbes hachées ; & leau des mou-
les étant confommée mettez y des jaunes d'œufs avec
du verjus , fi on les accommode à la fauce roufle, on
n’y met point d'œuf. |
MOULINS. Il y en a de plufieurs fortes, 1%, les
moulins pour moudre le grain , qui font les moulins à
eau: on les nomme 4 volers, lorfque l’eau paffe par
deflous, & à auges lorfqu'elle vient par deffus , 2°, les
moulins à venr : ces fortes de moulins font d'un bon
produit, lorfqu’on eft dans un tieu ou il y a beaucoup
a moudre ; 32 les moulins à huile , ceux à fucre , ceux
à foulon pour fouler les draps , ceux à ran , ceux à
papier pour réduire tous les chiffons de linge en pâte ,:
à fcie pour fcier les planches, à forge , pour battre le
fer ,à poudre à canon , &c.
Les moulins à eau font préférables aux autres, par-
ce qu'ils moudent d'un mouvement plus égal , qu'ils
font la fariné plus abondante & font moins de fon,
43
MOU s7
au-lieu que le vent interrompt le mouvement des au-
tres. En général, les moulins qui moudent le plus
promptement font les meilleurs, parce que broyant le
bled avec précipitation , ils rendent la farine plus rafinée
& moudent moins de fon. On préfére aufli les mou-
lins où il y a des bluteaux pour féparer le fon de la
farine , parce qu'ils épargnent la peine de pafler la fa.
rine par les tamis.
” Il y a des regles établies pour la bonne conftruc-
tion des moulins à grain , afin que le public foic
a couvert des fraudes des Meuniers , car il y en a qui
peuvent en commettre : ainfi il faut que le cercle de
bois aui environne les meules foit exaétement rond,
& bien ferré, qu'il ne ferme pas des coins , afin qu'il
ne tombe point de farine ailleurs que dans la huche ;
voilà pourquoi on oblige les Meuniers d'avoir des ais
de meule & des couhifles de chüte à point rond & bien
ferrés : ils doivent avoir des mefures de toute forte,
bien jaugées & marquées, des poids & des balances
bien étalonnés ; afin que les particuliers puiffent don-
ner & reprendre leur grain à la mefure ou au poids,
Lorfque le moulin eft bon & fans friponnerie , il doit
rendre autant de farine péfanc que le bled , excepté
deux livres pour le déchet de la farine fur un feptier,
& fi on mefure la farine, il doit y avoir trente boif-
feaux de farine comble fur douze boifleaux de bled
raz.
Il eft prefqu'impoffible aux Propriétaires des mou-
lins de les faire valoir. Ainf il eft d'ufage qu’on les
afferme , mais il eft efflentiel de les donner 2 la prifée ;
c'eft-à-dire , de faire eftimer la valeur des moulins
& autres agrets du moulin, afin que le Meunier ren-
de le rout en même etat. On doit auffi obliger le
le Meunier de faire les voitures des matériaux pour
les réparations de la cage du moulin ; l'obliger à avoir
des balances & des poids bien étalonnés pour empé-
cher qu'il ne fafle des csncuffions ; à entretenir les
chauflées, voir sil. écure les canaux & foflés, pren-
dre garde qu'il ne refoule les eaux au-deflus de lui,
enfin quil ne- laifle point empiérer fur fa banalli-
té, Il eft de l'avantage du Propriétaire d'affermer fon
6 M O U
moulin à la piifée, fauf à ne pas tirer le quart du re-
venu pendant trois ans : après cela il affermera la jufte
valeur : les Meuniers ménagent quand les frais les re-
gardent,
MOURON. Plante qui naît dans les champs , les
vignes , les jardins. Le mâle a la fleur rouge : la fe-
melle l'a bleue. L'une & l'autre eft amer & chaud &
aftringent : le Mouron eft du nombre des vulneraires :
ileft bon contre la morchure d’un chien enragé. Dans
la manie , la mélancolie, les fiévres ardentes , c eft un
excellent céphalique, Son eau diftillée eft bonne aux
inflammations & ulcères des yeux.
MOUSSERON. Champignon fort petit & couvert
de mouffe : il eft de forc bon goût, il croît dans les
bois fous les arbres entre les épines, & entre les mois
de Mai & de Septembre. Les Mouflerons font fort
bons dans les divers apprêts des viandes. On en fait
des ragoütsenles faifant cuire dans une caflerole avec
du beurre après les avoir nettoyés ; lavés & féchés :
on y ajoute du fel, poivre, mufcade, & on lie la fau-
ce avec un ou deux jaunes d'œufs. UT
MOUSSE. Efpéce de petite plante ou plutôt d'her-
be brifée qui croit fur les arbres & qui les fait quelque-
fois dépérir , fi elle eft en trop grande quantité : le
chêne , le fapin & le cremble y font fujet. La moufle
fert aux Mariniers pour calfäter, on s'en fért encore pour
encaifler des fruits. Celle qui vient au bord de la mer
fert à contenir les bouteilles de vin ou liqueurs qu'on
envoie au loin, & empêcher qu'elles ne fe caflent en
s’encrechoquant par le mouvement d'un tranfport. |
MOUT. On appelle de ce nom le vin doux qu'on
a tiré de la cuve, après que le raifin a été foulé, &
fans attendre qu'il ait bouilli: on met ce vin dans um
chaudron fur le feu; on le fait réduire aux deux tiers :
on y jette despoires, des pommes, ou des coings , on,
les y fait bouillir, & ce font des confitures fort bon-
nes & dont on fait ufage à la campagne , lorfqu'on
veut aller à l'œconomie. |
MOUTARDE. Plante qui eft de trois efpéces , la.
premiere qui eft la moutarde ordinaire , a les feuilles
femblables à celles de la rave. La feconde à celles de
———
MOU 79
lache, La troifiéme eft appellée fauvage , parce qu'el-
le croît dans les lieux pierreux : on cultive la moutar-
de dans les champs & les jardins,
La graine de moutarde , qu’on appelle fenevé eft
chaude & incifive , elle réveille l'appétit : on en donne
une dragme dans les aétions hypocondriaques & l’é-
thargiques , le fcorbut , le calcul : elle cuit parfaire
ment les alimens de difficile digeftion.
MANIERE de préparer la moutarde pour la con-
ferver toute l’année. Prenez deux onces de femence
de moutarde en poudre , & demie once de canelle
commune aufli en poudre , faites une malle avec de
la fleur de farine , & une fuffifante quantité de vinai-
gre & de miel dont vous ferez de petites boules , que
vous laiflerez fécher au foleil ou dans un four, lorfque
Je painen aura été retiré. Pour vous en fervir , détrem-
pez une ou deux de ces petites boules avec du vin &
du vinaigre: ce fera une fort bonne moutarde. Elle eft
convenable à l'obftruétion des regles : une pincée à
jeun tous les matins ou dans un véhicule approprié eft
capable de préferver de l'apoplexie , du vertige & des
catarres.
MOUTON, Voyez BREBIS.
La chair de mouton la plus délicate eft celle de
ceux qui ont mangé de l'herbe la plus fine & la plus
douce, comme on l'éprouve dans les plaines des pays
Maritimes , ou qui ont brouté dans les bruyeres ou
fur des montagnes arides ; au contraire , les moutons
engraiflés dans les pâturages les plus fertiles n'ont pas
la chair f délicate : on engraifle fort bien les moutons
avec des navets, Le perfil eft encore une excellente
nourriture pour eux , parce quil eft beaucoup plus
chaud & plus fec. Si on en pouvoit femer plufeurs
piéces , on les nourriroit d'une maniere fort avanta-
geufe. Les moutons font d’une grande reffource : on ne
peut trop les multiplier dans les terres.
La chair du mouton eft nourriffante , d'un bon fuc
quand le mouton eft jeune & bien nourri : elle fe di-
gere facilement. Elle eft propre à toute forte d'âge &
de temmpéramment.
Le fuif de mouton mélé avec celui de bœuf, fert à
78 FM OU |
aire des chandelles : on s’en fert pour les pommades 8
pour les onguens, |
Les peaux de mouton font bonnes pour les foulures
des nerfs ou quelques membres démis ; mais la peau
doit étre d'un mouton fraîchement tué : on s'en fert en-
core contre les rhumatifmes & les froidures.
Gigot de mouton farci. Dégraiflez le gigot, dé-
foficz-le , ne laiffez pas l'os du manche , après l'avoir
bien battu : ôtez la peau de deflus, large comme les
deux mains: faites piquer de menu laïd le gigot , ar-
rangez-y dedans une bonne farce : faites un ragoüt de
pigeons, aîlerons , de ce que vous voudrez, mettez-
le dedans , recouvrez le de farce , & le mettez cuire
à la braize : étant cuit, fervez-le avec un jus de citron
pour entrée. ;
Gigot de mouton à l’eau. Battez-le avec le plat du
couperet ; caflez en le gros os, mettez -le cuire dans
une marmite avec de leau, fel, poivre, clous , fines
herbes, bardes de lard, pinte de vin blanc: étant
cuit, mettez y une fauce.
Gigot de mouton à la Périgord. Lardez votre ai-
got avec du lard & des truffes coupées en petits lar-
dons l'un & l’autre : remuez avec fel , perfil , ciboule,
enveloppez-le pendant deux jours dans du papier , &
faites-le cuire à petit feu dans une caflerole avec des
tranches de veau, | me
Carré de mouton à la broche : on le fert pour hors
d'œuvres après l'avoir piqué de perfil : on y ajoute le
jus d'une orange , & on le pane de mie de pain.
Côtelettes de mouton en ragoût. Coupez les féparé-
ment : applatiffez - les avec le plat d'un gros couteau:
piquez-les de petit lard; poudrez les de mie de pain,
perfil haché, fel & poivre : paflez-les à la cafleroie
avec lard fondu , étant cuites, mettez-les dans un plat
avec un ragoüt de champignons deflus. Les côtelettes
de veau s'apprêtent de la même maniere, W. Langues
de mouton.
Côtelettes de mouton & de veau farcies : faires
cuire un carré de mouton dans une marmite avec du
bouillon : étant cuit , ôtez-en toure la chair : faires-
en une farce avec du lard blanchi, de la tetine de veau
cuite
MOU : 79
cuite; un peu de perfil, ciboule ; champignons, le
tout haché & affaifonné de bonnes épices , une mie
de pain trempée dans du lait; liez ia farce avec des
Jaunes d'œuf ; faites des bardes de iard de la grandeur
des côtelettes; mettez de la farce {ur les bardes avec
l'os de chaque côteletre ; panez-les par deflus, & met-
tez-les dans une tourtiere pour leur faire prendrs belle
couleur,
Ragoût de pieds de moutons. Echaudez les : faites-
les cuire , mais pas trop , dans un bouillon , avec perfil,
ciboule ; puis tirez les, coupez le pied , ôtez l'os de la
jambe, & érendez-en la peau fur la table , mettez-y un
peu de farce : roulez-les un à un ; rangez-les dans un plat;
arrofez-les d'un peu de graifle ; pannez-les , & faites-leur
prendre couleur dans un four : on y met un peu de ra-
goût par deflus.
n les accommode auffi à la fauce blanche , Les pal-
fant à la cafferole avec du lard fondu , fel, poivre ,
mufcade, ciboule , fines herbes , & on blanchit la fau-
ce avec jaunes d'œufs & verjus.
Terrine de queues de mouton aux navets. Faites
blanchir dans l’eau bouillante des queues de mouton,
Coupez-en les deux bouts ; faites en des paquets à pro-
Portion des queues: mettez ces paquets dans une mar-
mite , & fur des bardes de lard & tranches de bœuf af
faifonnées comme il faut ; faites la même garniture
fur les paquets, & faites feu deflus & deflous : faites
prendre couleur avec du lard fondu dans une cafle-
role, avec des navets bien ratiflés & en façon d'olives ;
remuez-les toujours ; puis faites-les égouter, & re-
mettez-les dans une cafferole avec du coulis clair de
veau & du jambon Les queues de mouton étunt cui-
tes , tirez-les de la marmite, déficelez , laiffez . Les
égouter, mettez-les dans une terrine , & verfez deflus
le ragoût des navets.
. Maniere de couper le mouton. Le rot de biffe &
le gigot fe coupent en travers juiqu'à ce qu’il n'y aie
plus de filet : le morceau le plus délicat eft du côté du
nerf, Le côté de la queue fur la croupe fe coupe par
aiguillette ; 2°. le carré par côtelecre ; 39. l'épaule
par tranches deffus & deffous; 4°. la poitrine par cô-
Tome II, F
Ex M U G MUL
tes après avoir Oté la peau qui eft fur les tendons , &
dans les endroits ou le couteau ne réfifte pas. L’agneau
fe coupe de même : on connoît que la viande de mou-
soneft bonne lorfqu'elle eft noire & grafle en dedans,
le gigot coutt, le nerf fin & bien morufié. L'hiver eft
le tems du meilleur mouton.
MUCILAGE. Corps gluant & épais, reffemblanct
à de la morve : il fe fair avec des racines & des femen-
ces pilées au mortier , infufées en eau chaude, & cou-
iées. Ces racines font celles de guimauve , de mauve,
de grande confoude, les (emences à-peu-près de mé-
me on en fait aufli avec des gommes & des fruits :
les mucilages entrent dans la compofñirion de plufieurs
emplâtres, |
MUE. Maladie des oifeaux. Elle eft moins dangé-
reufe en Juillet qu'en Septembre, & dans les vents
féoids : on connoît qu’ils en font atteints lorfqu'ils pa-
roiffenc gros, criftes , mélancoliques : on doit les te-
nir à l'abri du froid , leur (ouffler du vin tiéde dans
Ja bouche , fur leurs plumes, &e lés faire fécher au -[o-
leil ou devant le feu.
MUGUET. {le} Fleur dont les tiges font menues ,
fans feuilles ; elles portent un bouquet de peties fleurs
blanches ou bleues , d’une odeur agréable qui s'exhale
au loin: fes racines n’ont ni côte, ni bulbe. Cette
fleur vient d'elle-même dans les bois : elle fleurit en
Avril & en Mai; on la cultive dans les jardins: il y
a encore une autre efpece desmuguet rouge, ‘Où in-
carnat, qui a les fleurs plus grandes , plus odoriférane
tes, & d'une rougeut blanchatre,
MUID. Mefure de vin qui contient 288 pintes , Mme:
fure de Paris : le demi muid , dit autrement feuillete ;
en contient 144 ; le quart 72, le demi-quart 36.
MULET. Bête de fomme, qui provient d'un âne
& d’une jument, ou d'un cheval & d’une ânefle. Les
mulets font fort tobuftes; on s'en fert pour porter de
ros fardeaux & des bagages ; (ur-tout dans les mon-
tagnes &c les voyages de long cours. En France on fe
pourvoit de mulets dans le Poitou, le Mirebalais , &t fur-
tout l'Auvérghe, où ils font les meilleurs. On eftime.
d'avantage ceux qui font nés d’un âne & d’une jument.
M UL 8e
Un bon mulet doit avoir les jambes un peu groffes
& rondes, le corps ferme, & la croupeun peu pendan-
te; on connoît leur âge aux dents; à trois mois leurs
jambes ont pris leur croifflance , & pour lorselles fonc
la moirié de la hauteur du mulet : on les gouverne & on
les nourrit comme les chevaux.
Les mules ne font pas auff fortes que les mulets, une
bonne mule doit être groile de corps, avoir les pieds
petits & les jambes féches , le poitrail & la croupe lar-
ges , le cou long & vouté , & la tête petite.
Le mulet & la mule engendrent dans les pays chauds,
mais dans ces pays-ci on ne croit pas utile qu'ils s'accou-
plent, parce que cela les rend vicieux & malins.
MULET ou MENGE. C'eft une efpece de meunier,
Poiflon affez femblable au barbeau : le mulet à une
groffe tête, les écailles luifantes , la chair blanche &
molle : il vient de la mer, dans les rivieres.
MULES AUX TALONS. Efpece d'engelure caufée
par le froid qu’on a fouventen ces parties.
Pour remédier à ce mal il faut faire bouillir de la
fauge dans du gros vin, & y tremper dedans les pieds
foir & matin: ce vin peut fervir deux ou trois jours :
fi elles étoient entamées , il faudroit y mettre de l’'on-
guent , ou une emplâtre.
. MULOT. Petit animal femblable à la fouris. Ils
font nuifibles aux bleds & aux fruits ; on doit leur
faire la guerre avec des fouricieres, ou en leur don-
nant occafon de fe noyer dans des pots d'eau couverts
de paille.
MULTIPLICATION , {la) eft la troifieme des
quatre Régles de l’Arithmérique : elle confifte à mul-
tiplier un nombre par un autre , afin de trouver un
troifiéme nombre qui contienne autant de fois le mul-
tiplié comme il y a de fois 1 au multiplicateur. Le
multiplié ou multiplicande eft le nombre de deflus $
& le multiplicateur eft celui de deffous, & de cha-
que figure de l'un , il en faut mulriplier les figures de
l'autre. Certe régle eft très-importante à favoir pour
un Apgriculreur.
FE 2
82 MUL nn.
Pour multiplier facilement & promptement , il faut
néceffairement favoir par cœur la table fuivante.
oo T —
3 fois 2 font 414 fois 4 font 16,7 fois 7 font 49
2 3 614 ÿ ea : $6
2 10. 2417 9 63
2 sys 29 7 289 fois 8 fonc 64
2 6 12/4 8 3?! 9 72|
2. TL lés Li En sd dl
; s fois $ font2519 fois 9 font 81
Palais 25 ee 3°}; fois 12 font 24
3 fois 3 font 9\5 : 3) 3 12 36
3 4 1215 LA 4 12 438
NP APE 1 LOMME sé: CPR
3 6 186foiséfont36|6 12 72
3 7... EE 7 42|7 12 84
3 8 .2416 ë 4318 12 96
3 94 2710.18 LPS RRUES
Premier exemple d’une Multiplication fimple.
On a acheté 248 toifes de terrein, à 200 livres le
toile : on veut favoir à combien fe montera le total.
Pofez d'abord le nombre de toiles 248 T.
& au-deffous merrez le prix de latoife » 200 L.
après quoi polez encore deflous les : zeros 06
& parlant au 2 qui eft au-deflous, & au huit qui eft au-
deffus, dites 1 fois 8 font 16 , pofez fix à la gauche des
deux derniers zéros comme cy à côté 600
& retenez une dizaine : enfuite dites, 2 fois 4
font 8, & un de retenu fonts , que vous pofez à la
gauche du 6 ; de cette maniere ci .« + + 9600
& dites 2 fois 2 font 4, que vous pofez à la gauche du
o, & le tout fait ci - . + . + : 49600
livres qui eft le montant du prix de 248 T.
.à 200 liv. la toile.
La multiplication compofée eft celle où il y a
outre les livres, des fols & des deniers : elle eft plus
difficile que la précédente; cependant pour la faire
MUL , 83
tomprendre nous aflons en rapporter différens exemples
très-clairs.
ExempLe. On doit 1 oo liv. de pain 2 2 f, 6. d.la livi
On veut favoir quelle fomme cela fair.
D'abord mulripliez +. . . 1500 |.
par . . . . a 7 * [.
& vous trouverez . + 3000 [.
Pour les 6 deniers prenez la moitié
de zsooliv. qui eft . . . 750
enfuite additionnez 3000 livres &
750 livres, cela fera . . . 3750
QE EP EE
Ôtez le zero de ce dernier produit ,
reftera 375 liv. ci . « 375
prenez la moitié de 375, & vous
aurez 187liv.1o f.ci . . . 1871. 1of.
qui fera le montant de 1506 livres de pain à 2 {. 6 den.
la livre.
Exgmpee, On a pris chez le Boucher 185 1. de viande
2 x à 8 f. la livre ,
& on veut favoir quelle fomme
cela fait.
Pour faire cette opération, mul-
tipliez 186 liv, de viande par. TT
& vous aurez ; : . 1488 {,
mettez un point après le premier 8.
puis retranchez une figure à droite
du nombre des fols 1:88, & vous
aurez 148 dizaines, coupez-les par
la moitié, & vous aurez 741. & 8
que vous poferez au - defflous de 14° L8f.
Di etemaniere + 40. : à ‘74086
Enfuite dites , en commençant
de gauche 2 droite , la moitié de
14eft7, que vous poferez au-def-
fous du 4, & la moitié de 8 eft
4, que vous poferez 2 la droite du TE
7, ce qui fera 4 liv. & le8 , figure
retranchée par le point, fera mife
{4 _MUL
dans l’ordre des fols, & le tout
fera k : L : à 741.8.
Autre exemple. On veutacheter 280
pintes de telle ou telle liqueur à 3l1of.lap.
polez "re . ; . 280opintes.
a) ye - . 3 E 10 [la p.
Pour faire cette opération , mul-
tipliez les 280 pintes par 3 liv. &
le produit fera 840 que vous po-
ferez au - deflous, & dans cette
forme x RER : . 28opintes,
231.10 [.
produit de 3 livres 840
A l'égard des 1e f. on prend la moitié de la quantité
de la chofe , & cela, parce que 10 {ols eft la moitié
de la livre, & dites : la moitié de 2 eftr, pofez le
fous le 3, & dites : la moitié de 8 eft 4, pofez-le fous le
4 , & la demi de zero eft zero , que vous pofez à la
droite du 4: ce qui produira 140 liv. faites un tout
des deux fommes 840 & 140, & le montant fera
930: c'eft ce que coùteront les 280 pintes, 2 3 fols
la pinte.
Figure de l'opération + - 280 pintes.
à 3liof.lap:
Produit de 3 liv. : TAN VAR
Produit de 10 fols. , + 140
Total ET . 9380 liv.
Régles à favoir pour faciliter l'opération de la
Muliiplication.
Prenez pour exemple la Multiplication du muid de
bled & de fes parties,
Le muid de bled étant fuppofé à 12 feptiers
& le feptier à J é ÿ 42 boifleaux.
Lorfqu'on veut faire a Mulriplication du muid de
MUL 85
bled, il faut pour 6 prendre la moitié du prix,
pour 4 en prendre le tiers,
pour 3 en prendre le quart,
pour z en prendre le fixiéme,
pour ren prendre le douziéme.
Si les parties à multiplier font des fepriers & boif-
feaux ; il faut d’abord muliplier les muids par le prix
& valeur du muid, felon la méthode ordinaire,
Enfuite pour les feptiers & boiffeaux , il faut pren-
dre partie de partie,
ExeMPLE pour 7 muids, 10 fepriers, 8 boifleaux,
“Or - ‘ ‘ ; ÿ 72 Jiv. le muid.
7 muids , &c,
à 72 liv.le muid.
504 liv.
Prenez pour 6 feptiers la moi-
tié d'un muid
laquelle fera 36 liv.
pour 3 feptiers la moitié.
de 6 feptiers , 18
pour x feptier le tiers
de 3 feptiers , 6
pour fix boiffleaux , la
moitié d’un fep-
ter, +4 3
pour 2 boifleaux , le
tiers de 6 boil-
feaux. ï
568
ST
Et fi les parties n'étoient que des boiffeaux qui
font parties d'un feprier, il faut obferver le mêmie
ordte, en prenant lefdites parties {ur la valeur du fep-
tier, comme on les a prifes fur la valeur du muid;
cat au feptier il y a 12 boiffeaux , comme au muid il y
a 12 feptiers.
F4
86 MUL
Exemple, fur 23 fepriers s boiffeaux !
à 9 18 fols le feptier.,
207
10 14 fols.
pour4 boifleaux , 3 6
pour 1 boifleau , o 16 6 den.
pour 1 quaït, 4 1
232 1. o 7 den.
Autre exemple pour la multiplication du muid de
vin, & de fes parties.
On fuppofe 17 muidsde vin, 3 quarts & demi
à 55 livres le muid.
11 faut d'abord multiplier les muids ou les demi
queues par leurs prix ou valeur , & après prendre fur
lefdits prix & valeur , les quarts ou les quarteaux qui s'y
rencontrent , en prenant comme ci - deflus partie de
partie.
17 muids, 3 quarts &t demi
2 55 livres le muid.
85
85
pour 3 quarts; 27 10 fols.
pour I1quart, 13 15
pour demi-quart, 6 17 6 den.
983 1. 2{. 6den.
Autre exemple pour la multiplication de la toife cou-
rante , pieds & pouces.
D'abord il faut multiplier les toifes par le prix & va=
leur d'icelles : enfuite,
Prenez pour 3 pieds la moitié du prix.
pour 2 pieds le tiers.
pour 1 pied le fixiéme.
& s'il ya des pouces, comme il y a douze pouces au
pied , il faut prendre partie de partie, de même qu'on
a fait pour la multiplication du muid de bled,
MUL 87
EXEMPLE, pour 31 toifes 4 pieds $ pouces
à 9 livres la toile,
279
Pour 3 pieds , la moitié
de la toile , fera 4 liv. 10 fols,
Pour 1 pied , le tiers de
.Jadite moitié fera 1 10
Pour 4 pouces , le tiers
d'un pied , fera 19
Pour r pouce , le quart
de 4 pouces, fera 2 6 den,
285$ liv. 12 fols 6 den.
Il faut obferver un point important , lequel fert 2
toute forte de Multiplications, c’eft celui-ci. Lorfque
vous prenez les fraétions ou parties des parties , foit
en haut, foit en bas » prenez-les enforte que la der-
niete produite ferve à produire la fuivante. Par exem-
ple , au lieu de prendre pour 4 pieds les deux tiers
de la valeur de la toife , prenez pour 3 piedsla moi-
tié, & pour 1 pied le tiers de ladite moitié , parce que
la valeur d'un pied feul , doit fervir à prendre la valeur
de plufieurs pouces.
M. Barrême a donné deux Méthodes pour faire la
Mulriplication compofée de livres & fols , fans fe
fervic des parties aliquotes de 10 ; il dit lui- même
qu'elles demandent beaucoup de tems pour être ap-
prifes.
Premiere Méthode par laquelle on vient à bout de
multiplier tout d'un coup les folsenlivres. 7
Prenez pour exemple 13. $ écus
a : : 6 : 3 liv. 14 fois.
Premiérement , multipliez 135
par 3 l. vous trouverez 405 :
enfuite pour les 14 fols , prenez la moitié qui eft 7 :
pofez ce 7 au-deflus des 14 fols : multipliez-le en
135 , & dites, 7 fois s font 35 , defdits 37 ou autre
produit, doublez la derniere figure quieft $ , ce qui fera
10 ; mettez-les au-defflous de 14 ; retenez la premiere
88 MU L
qui eft 3 & qui fera pour les hvres : continuez à muiri-
plier vos 135 par 7, & dires 7 fois 3 font 21, & 3
livres de retenus font 24 3 pofez 4 fous le $, &re-
tenez 2: 7 fois 1 eft 7, & 2 de retenus font 9 ; po-
fez-les , additionnez ces 94 avec les 405 qui font
au-deffus , vous trouverez 499 liv. 10 f. & la valeur
de 135$ écus 2 51. 10 f.
Figure de cette opération 135 écus.
2 21. 10 f.
495
94 I. 10 [.
499 10 f.
PApplication de cette
régle. ? z OI
Suppofez avoir acheté 253 aunes.
2 7 i. 18 f.
. sf.
Faites la même opération que par la régle précédente,
& vous trouverez que les 253 aunes à 7 |. 18 fols
monteront à À J'TE mL
9 fols,
Figure de la Hi . pans: é
1771:
227::
valeur. È é + 1998 1. 14 Î.
Si c'étoit 19 fols, ainfi que pour tous les fols im-
pairs, on prend d’abord comme par 18 ; & pour le
fol impair qui refte , on coupe la derniere figure de
la marchandife , & on en prend la moitié de-celles qui
précédent : cette moitié produira des livres qu'il faut
pofer aux livres; & s'il refte 1 cet un vaut 10 fols,
qu'il faut pofer aux fols , ajoutant la figure retran-
chée. 6 2
MUL M UR 89
Seconde Méthode de multiplier les fols en livres.
Exemple, 253 boifleaux à 7 1.18 f.le boifleau.
RE ,
Pour faire cette opération , pofez les livres du prix
fous les dixaines de la marchandife , & mettez la moi-
” tié des fols fous la derniere figure : enfuire mulripliez
l'un par l’autre ; doublez la derniere figure , au lieu
de l'ajouter, comme c'eft l'ordinaire : ce feront des fols
qu'il faudra mettre aux fols, & addirionnez les autres
figures qui fonc au-deflus ou qui précédent : ce feront
des livres.
Figure de l'opération.
253 boiffleaux 2 7 L. 18 (. le boiffeau.
79
285 27:
1771
montent à 1998 : 14 [.
Quand les prix de la marchandife ne fonr que des
fols fimplement , il faut prendre la moitié defdits fols ,
& en multiplier la marchandife felon l’ordre ci-def-
fus.
Exemple , 100 aunes à 58 fols l'aune.
z9
90. o.
200
montent à 290 livres.
MUR MITOYEN. C'eft tous murs ou de clôture,
ou gros murs qui féparent des maifons ou des hérira-
ges, & ils font réputés tels s'il n’y a titre contraire :
1ls peuvent même le devenir en payant la moitié, car
tout Propriétaire peut pofer fes bois fur le mur de
fon voifin, l’élever s'il n’eft pas affez haut, le démolir
même, siln'eft pas fufifant, en le batiffanc à fes frais
& dépens.
Dans les villes , chacun peut obliger fon voifin de
faire féparation de leurs maifons , cours & jardins
par un mur de clôture de hauteur de 9 à 10 pieds, &
99 MUR
de contribuer aux frais. La marque que le mur eft mi-
royen , eft lorfque le chaperon, c’eft-à-dire , la pointe
de maçonnerie dont on couvre le mur, a un filer de
pierre des deux côtés, car s’il n’en a que d’un côté ,
il eft réputé appartenir tout entier à celui du côté du-
quel il eft fair. Hors les Villes & Fauxbourgs ne fe clot
qui ne veut, dit la coutume de Paris,
Mur DE Ciôture. (le) Eft tout mur qui fépare des
lieux appartenans à deux Propriétaires , & ou iln’ya
aucun bâtiment ni d’un côté ni d’un autre : tout mur
de clôture eft réputé miroyen s'il n'eft juftifié du con-
traire par.écrit ou par conftruétion.
Murs de Clôtured'un héritage , ou d'un bien de cam-
pagne , lorfqu'il eft compofé cout d’une piéce.
Rien n’eft plus important, ni plus avantageux que
de pouvoir clorre un bien de campagne ,. de maniere
que les bêtes malfaifantes , les Chaffeurs , ni les Vo-
leurs n'y puiflent entrer. Comme cet objet pourroit pa-
otre trop difpendieux à bien des gens, un Cultiva-
teur induftrieux a propofé une maniere de conftruire
à peu de frais , ces fortes de murs, & de telle forte
néanmoins qu'ils ayent toute la folidité néceffaire. On
doit faire d’abord tout autour de l'héritage un foffé large
de huit pieds parle haut, & de troispieds & demi par le
bas , fur trois pieds de profondeur , en jettant toute
la terre du côté de l'héritage : ce foffé étant creufé ,
on prend la terre même avec un tiers de chaux qu'on
y mélera pour en former du mortier : on fait avec ce
mortier une efpéce de mur deterrafle : on lui donne le
talus néceffaire & femblable à celui du foffé.
On doit faire cette efpéce de mur en dedans du foffé
du côté des champs qu'on veut clorre, & on l'éleve à la
hauteur de quatre pieds, c’eft-à-dire, un pied plus haut
que le fol du terrein : on lui fait un petit fondement
d'un pied dans le foffé même , & on donne à ce mur
un pied & demi d’épaifleur ; on le forme avec deux
planches à cette même diftance entr'elles, dans l'entre-
deux defquelles on jette le mortier à demi fec pout
qu'il puifle fe comprimer comme il faut , & on le bat
à mefure pour qu'il fe lie entiérement,
MUR 9€
On doit ménager à la hauteur d’un fol des terres des
trous de quatre pouces de diamètre , qui traverfent le
mur d'outre en outre : ils ne doivent être diftars les
uns des autres que d'un pied : pour former ces trous
exactement , on fe fert de morceaux de bois rond , de
même diamétre , & que l’on met dans le mortier aux
diftances marquées : on doit avoir une affez grande
quantité de ces cylindres de bois , pour en pouvoir
mettre au moins 12 {ur une longueur de dix-huit pieds
qui fera celle des planches fervant à former le mur;
ils doivent traverfer le mur tout entier , & être conte-
aus entre les planches ; lorfque le plan du mur eft fair,
on les fait foruir , & ils laiflenc les trous ouverts.
Ces trous ferviront pour laiffer pafler chacun deux
pieds d’aubépine , dont les racines feront plantées en-
dedans de la clôture dans la bonne terre , & recouver-
tes deux pieds par-deffus au plus ; ces aubépines pouf-
fant au-dehors , feront une forte palifflade qui tiendra
au mur, & le garantira,
Enfin il faut achever le mur de la hauteur de trois
pieds feulement au -deffus des trous fans compter la
couverture , & on ne lui donnera qu'un pied d'épaif-
feur par le haut: on le finira en mortier de terre feu
lement , & on lui donnera la hauteur de fix pieds en
tout fans comprendre fon fondement qui eft d'un pied,
comme on l'a dit , ni fa couverture qui doit être en
tuile à chaux & 2 fable.
Selon le calcul qu'a fait l'Auteur de cette forte de
cloture, la dépenfe, y compris la façon, le foffé , la
baie & la couverture , ne vient qu'à 7 liv. la toife cou-
rante ; & ne couteroit en total que 3000 livres
pour enfermer au moins 40 arpens, Journ. æconom,
Août 1758.
Murs de Clôture plus fimples. On peut encore,
pour clorre une ferme , ou toute l’érendue d’un Bien de
Campagne, l'environner d’un foflé large de fix pieds
& profond de quatre , dont on rejette la terre du
coté du champ , & fur le chevet ou bourlet qu'elle
forme , on féme la haie vive qui doit un jour meïtre le
champ à l'abri des vents , & fur-cout des vents du Nord:
on doit de plus planter d’efpace en efpace , des arbres
62 MUS MUT
dont le fruit & le bois dédommagent du tort qu'ils
peuvent faire, & qui fervent encore à abriter la terre.
Cependant par-tout où la terre n’eft poincrare, bien
des gens croient plus utile d'enclore le terrein de murs
ou tout d'un coup , ou d’année en année , afin que la
dépenfe foit moins onéreufe , d'ailleurs les murs em-
portent bien moins de terre. Journ. æconom. O&obre
1758.
On a éprouvé depuis long-tems que les récoltes
font toujours meilleures dans les enclos qu'en pleine
campagne.
MUSCADE. Efpéce de noix venant d'un arbre qui
croîren Afie. Les bonnes font d'une groffeur raifonna-
ble , pefantes , grifes au-dehots , rougeätres & mar-
brées en-dedans , d'un goût àcre, piquant, aromati-
que. Elles font chaudes , ftomachiques & céphaliques :
elles aident à la digeftion, chaffent les vents, corri-
ent la puanteur d'haleine , arrêtent le vomiflement ,
la lienterie, &c.
MUSCAT. Sorte de raifin excellent : il y en a de
différentes fortes, 1°. le blanc qui a la grappelongue,
groffe & preflée de grains; 2°. le rouge. a les mêmes
qualités ; fon grain eft plus ferme ; 3%. le noir eft plus
gros & plus preflé de grains, ileft fort fucré ; 4°. le
violet , les grappes en font longues & garnies de gros
rains ; 5°. le Mufcat dé Malvoifie , on le met au-
eflus des autres à caufe de fon mufc ; 69. le Mufcat
de Ribezatte & mufqué, il a le grain plus petit que
les autres. fon fuc éft fort doux & agréable. :
MUTATION DE FIEF ( la) arrive quand un fief
change de main , c'eft-à-dire, de Propriétaire : or,
la Mutation peut arriver 4°. de la part du Seigneur ,
& dans ce cas, le Vaffal ne doit que la foi & hom-
mage au nouveau Seigneur , & non l'aveu & dénom-
brement.
2°, Dela part du Vaflal: dans ce cas, outre Îa foi
& hommage le nouveau Vaflal doit l'aveu & dénoin-
bremenr dans les fucceflions & donations en ligne di-
re&te , file Donateur ne devoit ni droit ni profit de fief.
Voyez Aveu & DÉNOMBREMENT.
«2. H doit le droit de relief dans les cas de fuc-
MYR °$£
ceffion , donation , fubftiturion en collatérale & de
bail emphithéotique.
4%. Il doir le droit de quint dans les Mutations qui
fe font par vente, ou par autre contrat équipollent à la
vente , & même dans les mutations qui fe font par
échange.
Dans la mutation qui arrive en matiere de cenfive,
les droits de lods & ventes font düs au Seigneur cen-
fier, & en deux cas feulement ; 1°. pour la Mutation
qui fe fait par vente, auquel cas l’Acheteur doit payer
au Seigneur les ventes ; 28. Lorfque la mnration du
Cenfiraire arrive par bail à rente rachetable , parce que
ce contrat eft équipollent à la vente ; 2%, par celle qui
artivé par contrat d'échange & permutation d’hérira-
ge; mais dans ce dernier cas, les lods & ventes {ont
-dûs au Roï & non au Seigneur.
MYRRHE. Gomme réfneufe qui croît dans l'Ara-
bie : la bonne doit être en belles larmes claires , lé-
geres , de couleur jaune, d’une odeur forte , d'un goût
amer & äcre. On ne s'en ferr que pour les compof-
uons , comme la thériaque. La commune eft pour les
emplätres , onguens, &c. Son ufage principal eft dans
les obftruétions de la matrice ; les affeétions du pou-
mon ; on en donne une dragme en poudre dans un verre
de vin blanc: fon ufage externe eft contre les plaies de
Ja tête, la gangrene, les ulcéres , &c.
MYRTE. Arbriffleau dont les fleurs font menues &
odoriférantes : il fe plaït dans les pays chauds & arro-
tofés. Les Myrtes viennent de graine , & ils fe mar-
cotrent avant la fève d’Août. On fend trois ou quatre
doigts de long le bois qu’on mer en terre à l'endroit
d’un nœud jufqu’à la moitié de la groffeur defla bran-
che, & au bout de fix femaines on les tranfplante : on
les taille quand ils font grands.
AE
94 NAP NAR
N
Nas D'EAU. On appelle ainfi dans les jardins
d'ornement une cafcade qui fe dégorge d'un baflin
par une embouchure large dans un baflin inférieur ,
& qui forme aux yeux comme une large bande d'ar-
ent.
; Nappes. Ce font de longs pans de filets quartés , à
mailles d'un pouce, de huit ou neuf toifes de long,
pour prendre des alouettes au miroir : on y prend
auffi des canards fauvages. On les tend bien roidesavec
des piquets : on laifle entre les Nappes autant d'ef-
pace qu’elles en peuvent couvrir, & un homme caché
dans une loge à peu de diftance, les tire lorfque les oi-
feaux font dans l’efpace qui doit les envelopper , enforte
que les nappes fe ferment comme les deux battans d’une
porte. Voyez ALOUETTES.
Les nappes pour les canards doivent avoir douze
toiles de long , & les mailles crois pouces , elles doi-
vent être un demi pied dans l'eau. Il faut avoir des
appellans de la même efpéce attachés par le pied entre
les deux nappes,
NARCISSE (le) eft une grande fleur à une feule
feuille blanche entourée de fix feuilles pales & pur-
purines , portée fur une tige haute d'un pied : il y en
a de beaucoup d'efpéces , le Conftantinopolitain , le
Jaune, l'Anglois, le grand Narcifle d'inde , le Narcif-
fe rouge , &c.
On les plante dans les parterres en planches à
quatre doigts de diftance , fur des alignemens tirés au
cordeau : on à foin de bien labourer la terre , à la
fin on les multiplie de cayeux , & on les replante en
Octobre.
La racine du Narcifle eft un vomitif. La décoétion
de cette même racine mêlée avec du miel , eft un bon
remede pour les coupures des nerfs , rétablit les en-
torfes & les diflocations : étant mélée avec du vinai-
gre , & de la graine d’ortie , elle fait aboutir les apoftu-
mes ;,
NAR NÂT
mes, purge la pourriture des ulceres & elle efface les
taches & rougeurs du vifage.
NARCOTIQUE, (les } font des remedes deftinés
pour rappeller le fommeil , pour réparer la perte des
efprits caufée par les infomnies, & calmer les dou-
leurs vives. L'Opium & le Pavot font les narcotiques
les plus efficaces : il y a encore le fyrop de pavot
blanc , le laudanum qui eft l’opium préparé, le diaf-
cordium , le fyrop de nénuphar ; les émulfions des qua-
tre femences froides, la poudre de corail: mais les
parcotiques font fujets à des inconvéniens fâcheux ,
parce que fouvent ils rendent la tête péfante & caufenc
une efpece d’yvrefle. D'habiles médecins prétendent que
la poudre ou teinture du corail, n’a pas les inconvé-
niens de l’opium & du pavot. On s’en fert dans les ma-
ladies où le fommeil eft troublé par les douleurs ai-
gues , foit internes , foit externes , & dans le tranfport
au cerveau,
NASSES. Filets dormans faits de longue cages d’o-
fier , dont l'entrée va toujours en diminuant vers l'in-
térieur de la cage, Il y à plufieurs brins d'ofier qui s’y
réunifflent & s'écartent fans peine pour laifler pafler le
poiflon qui veut y entrer , mais comme ils fe rejoignent
lorfqu'il a paflé, il ne peur plus fortir.
11 y a auffi des nafles à prendre des oïifeaux, qui
| font fait de la même maniere que les précédentes : on
| les place auprès de quelque buiffon où il y a du grain
femé aux environs : on y met une nichée de moineaux
dedans & dans une petite cage ; ceux-ci par leurs cris
attirent les autres qui entrent facilement dans la nafle,
mais qui n’en peuvent plus fortir,
NASTURCE ou Creflon d'inde. Woyez Carre Ca-
PUCINE.
NATTE. La natte fe fait de plufieurs tiflus de
paille joints enfemble : la meilleure eft celle dont le
brin de paille eft menu. Les natres font néceffaires
pour fe garantir de l'humidité des murs, de même
que pour conferver les rapifleries qui feroient tendues
contre un mur un peu humide. Ëlles font en ufage
| à l'entrée d’une chambre ou appartement, dont le
| plancher eft paflé en couleur , afin que ceux oui y en:
Tome II. G
56 NAV
trent , s’effuient leurs fouliers auparavant, pOur ne pas
gârer le plancher : elles font encore fort utiles pour por-
ter les pierres de taille fur les civieres , afin qu'elles ne
s'écornent pas.
NAVETTE. Plante annuelle, ou efpéce de choux
fauvage dont la graine eft noire & ronde. Elle eft d'un
rand ufage : il y en a de deux fortes ; la noire qu'on
appelle raberte eft la plus grofle , elle {ert à faire de
l'huile à brûler: les Apoticaires emploient aufli cette
graine ainfi que les Ouvriers en laine. Celle qui tire
fur le violer, & qui eft plus petite & moins amere ;,
fert pour la nourriture des ferins. On feme la navette
depuis le commencement d'Avril jufqu'en Juiller, & à
plein champ : il lui faut des terres fortes & bien labou=
rées, & que l'on herfe après quon l'a femée , elle muü-
rie vers la fin de Juin, ce que l’on connoît quand elle
blanchit : on l'arrache & on la bat dans le champ mé=
me, fur un drap pour en avoir la graine.
L'on ne doic pas mettre trop de terres en navette
& en colfa, parce que ces graines ufent beaucoup la
terre.
NAVETS. Racine potagere qu'on cultive dans les
jardins & dans les champs. On en compte fept ou huit
efpeces : le navet de Vaugirard qui eft eftimé à Pa-
ris ; le navet commun qui vient d’Aubervilliers, le
rond & le gris ; le navet de Meaux le plus gros de tous
le navet de Fréneufe, c'eft celui qui eft le plus déli-
cat ; le navet de Saulieu en Bourgogne , & celui du
Gatinois. En général les petits font les plus agréables :
les navets viennent de femence , ils fe muliplient de
graines ; ils veulent une terre legere & fabloneufe, ce-
pendant ils viennent fort bien dans les fortes quand elles
font bien labourées.
Dans les jardins on en feme fur planche au mois
de Juillet pour en avoir l'automne & l'hiver: on doit
femer la graine un peu claire. Quand la graine eft le-
vée , on éclaircit le plan, on farcle les mauvaifes her-
bes : on ne doit pas les laiffer en terre lorfqu'ils fonc
en écat d'être cueillis, de peur qu'ils ne fe cordent, Les
navets qu'on emploie à la cuifine, font bons deux mois
après qu'ils ont été femés.
N À V 97
Outre que les navets fervent à faire de bons pota-
ges, ils fervent encore à faire des ragoûts pour met-
tre avec la viande, Pour cet effet, coupez vos navets
proprement : faices-leur faire un bouillon dans l'eau : en-
fuice faites-les cuire avec du bouillon & de coulis. &
un bouquet de fines herbes.
La femence de navet eft chaude , deflicative, arté-
puante , incifive: elle poule dehors la rougeole & la
petite vérole ; on l’ordonne daus les fiévres malignes ,
dans la jauniffe , la dofe eft d'une dragme. La racine
eft bonne pour la toux invétérée, l’afthme , la phrifie
dans une décoétion d’eau chaude avec du Aucre ; on
s'en ferc extérieurement en cataplafme pour appaifer
les douleurs.
Les navets cuits fous la braife appliqués derriere
les oreilles, appaifent la douleur des dents ; ils fonc
excellens contre les engelures des talons & autres par-
ties.
Navers , bros navets & grofles raves deftinés à la
nourriture des beftiaux pendant l'hiver & le printems,
Maniere de les cultiver felon l'ufage ordiraire ; 1°. on
doit avoir préparé la terre par plufieurs bons labours &
par le fumier : la meilleure terre eft celle qui eft dou-
ce , fabloneufe & un peu humide.
2%, On les feme à la fin de Juin, dans tout le mois
de Juillet & au commencement d'Août, ce doit être
dans un tems de pluye pour que la graine leve.
3°. Semer la graine à la main & avec égalité, la
recouvrir de terre avec la herfe de l’épaiffeur d'un pou-
ce.
4%. Quand les navets font levés , femer de la graine
dans les endroits où il en marque.
5°. Les farcler avec foin pour ôter les mauvaifes her-
bes, & cela lorfque les racines font groiles comme le
bout du petit doigt au lieu de farcler , on peut don-
ner un petit labour avec la houe.
6°. Empêcher qu'aucun bétail, & fur-tout les co-
chons, n'approchent du champ. Dans le mois de No-
vembre on doit arracher les raves de peur de la gelée,
& les arranger par lits dans an cellier, mais on peur
laier les navets en terre. é
2
95°? NEEFE NEI
Selon la méthode de lanouvelle culture, on doit 1°.
labourer la rerre très profondément , & faire ufage des
famiers ; 29. on peut femer les navets depuis la mi-Mai
jufqu'au mois d Août: avec le nouveau femoir on en-
femence prefqu'aurant de terre avec une once de grai-
ne , qu'on en enfemenceroit avec une livre felon la mé-
thode ordinaire ; 3°. on doit femer par rangées fimples
éloignées les unes des autres de fix pieds , & labourer
les plate bandes à cinq où fix pouces de profondeur.
Comme ce femoir met la graine alternativement a
différente profondeur , on a toujours de la graine qui
réuffit, foir par la fécherefle, foit par l'humidité : dans
ce dernier cas, c'eft la graine de la fuperficie qui leve
la premiere; par-là on a deux lavées de navets dans
un même champ : moyennant les labours fufñfans ,
on a vu des navets qui pefoient feize & dix - neufs
livres.
NEFLIER. Arbre de médiocre hauteur qui produit
les neffles ; il croît dans les haïes & dans les buiffons.
On le cultive dans les jardins, fes fruits y font plus
gros. Les nefliers font longs à croître , ils ont le tronc
& lebois fort durs : les feuilles en font longues , affez
femblables à celles du laurier. Les neffles reffemblent
à de petites pommes dont la rêre eften forme de cou-
ronne , & renferment quatre ou cinq nœuds durs
comme des noyaux : elles ne müriflent point fur l'ar-
bre , on eft obligé de les abattre ,. & on les fait mü-
rit & jaunir [ur de la paille. Les neffles font rafraichif-
fantes ; elles refferrent beaucoup, & font contraires à
l'eftomac, les molles refferrent moins. |
NEIGE (la) eft produite par des vapeurs conte-
nues dans une nuée , qui d'abord ont été condenfées pour
former de la pluie , mais qui rencontrant dans leur
chûte un air plus froid capable de les congeler , fe
convertiflent en un amas de petits glaçons de figure
oblongues , & forment ce qu'on appelle la neige : ces .
flocons en font d'autant plus menus que le rems eft
plus froid, D'un autre côté, il eft certain que la nei-
ge répandue fur la terre , lui conferve fa chaleur en
l'empêchant de s'éporer. Les fels contenus dans ce
météore , aident beaucoup la végétation ; & l'on à
NEN NER 29
remarqué que les annés où il tombe une grande
quantité de neiges, ne font jamais ftériles. Comme la
neige fe fond plus aifément , elle offe un moyen
plus commode que la glace pour rafraichir le vin en
été. On s’en fert fur-tout dans les pays chauds & dans
les pleines , c'eft ce qui fe pratique à Rome:elle fe
conferve aufhi-bien que la glace dans les glacieres,,
mais il faut pour cela la ramafler par peloton , la bat-
tre la bien prefler : faire en forte que ces pelots étant
arrangées dans la glaciere ne faflent qu'un corps, &
qu'il n'y ait pas beaucoup de vuide entre elles , la cho-
fe eft plus facile lorfque le froid eft grand ; car alors
on n'a qu'à jetter de l’eau dans les efpaces, & elle
fe glacera auffi rôt. On ramafle plus facilement la
neige dans les prairies & fur les gazons qu'en tout au-
tre endroit.
NENUFAR. Plante qui croît dans les marais ,
dans les étangs & rivieres. Ses feuilles nagent à la fur-
face de l’eau : fa racine & fa femence font deflicatives
& aftringentes ; on s’en fert contre le flux de ventre,
les âcretés de l'urine , & dans routes les maladiés où
il faut appaifer le mouvement violent du fang & -des
efprits , comme les fievres ardentes , les infomnies., les
agitations d’efprit, en ufant de la prifanne faite avec
de la racine de Nénuphar. On emploie extérieurement
les feuilles & les fleurs en forme de lotion aux pieds,
On en fait un {yrop & une eau diftilée. Lund
NERF COUPE’. Pilez des vers de terre dans un
mortier : mettez-y un peu de térébenthine : puis
appliquez le tout pour faire reprendre le Nerf
coupé. |
- NERF pouLourEux. Oignez-le avec le jus dé ma-
tricaire incorporé avec l'huile rofat un peu chauffé :
ou appliquez du perfil pilé , ou des racines de mauve
fauvage pilées avec du vieux oing.
NERF FERU, Accident qui arrive aux chevaux
dans les cources violentes, & dans les ornieres, en
s'attrapant des pieds de derriere les nerfs de devant :
on doit d'abord chercher ke: mal eo portant la main au
Jong du nerf, pour trouver l'endroit de l’enflure ou de
la douleur. Si accident. eft récent ; fiottez le mal
3
200 NER
avec de l'huile d'olive chaude, & préfentez une pelle
rouge vis à vis pout faire pénétrer l'huile : remettez
de l'huile , & continuez la friétion pendant une demi-
heure
Si la Nerferure eft confidérable ou vieille, on pourra
la guerir par ce remede. Faites fondre de la poix noire
dans une grande cuiller de fer ; étant bouillante Gtez-la
du feu: jettez-y peu a-peu de la farine de froment :
remuez le tout ; laiffez le un peu refroidir, & faies du
tout une emplâtre fur du cuir délié, rafez le poil où eft
le mal , & appliquez l'emplâtre : laiffez-la jufqu’a ce
qu'elle tombe, & appliquez-en une feconde, prome-
nez dans cet intervalle votre cheval.
NERF ro18ce. Prenez fleurs de romarin , feuilles de
laurier , de petit fauge , de lavande , de primevere ,
de chacune une poignée & une pinte de vin: faites
cuire le tout dans un pot de terre ; fomentez la partie
avec cetre décoction, & appliquez deffus le marc des
herbes bien chaudement.
Nerr rouLr. Remede. Prenez des fleurs de bouil-
lon blanc, de millepertuis , de camomille de chacun
une poignée : faites bouillir toutes ces fleurs dans une
chopine de vin blanc iufqu’à la réduétion de la moi-
tié ; coulez cette décoétion , trempez-y un linge, &
appliquez le fur le mal. Si la peau étroit emportée où
écorchée , il faut battre des blancs d'œufs avec de
Yhuile rofat, & étuver avec ce mélange la partie af-
figée, & mettre par deflus le linge trempé dans la dé-
coétion dont on vient de parler.
Nerr piqué dans la faignée. Appliquez deffus de
l'huile diftillée de térébenthine , ou æne once de téré-
benthine de Venife, avec autant de vieille huile , &
un peu d'eau-de-vie.
NERF RETIRÉ & raccourci. Appliquez extérieure-
ment delhuile de noix, tirée par exprefhon, ou oi-
gnez la partie malade avec de l'huile de vers de terre;
où faites cuire cinq poignées de petite fauge pilées
avec une livre de beurre frais : paflez-le tout chaude-
ment par un linge avec expreflion , & en oignez le
mal foir & matin.
Nerrs, ( Remede contre les affections des ) Voyez.
NEZ NIE 10
Apoplexie , Paralyfie, Hypocondriaque, Rhumauf-
me.
NEZ. Saignement confidérable de nez, ou hémor-
ragie violente. Faites fécher du fang qui coule du nez
fur une pelle chaude, diffolvez de cette poudre dans
du vin, & le donnez à boite au malade; ou foufflez-
lui de cetre poudre dans le nez : ou bien jettez une de -
mi-once de poudre de vitriol verd dans un demi-feptier
de bon vinaigre : faites bouillir le tout : retirez enfuite
le tout, & que le malade en reçoive la fumée par les
narines ; ou qu'il attire fréquemment par le nez de l’eau
fraîche.
Ulcere ou chancre au nez. Faites bouillir du jus de
tabac avec Partie égale d'huile jufqu'a la confomp-
tion du jus, & fi l’ulcére eft malin, mélez dix grains
d'orpiment avec deux onces d'huile rofat , & en oIgnez
le mal deux fois le jour. Mélez le fuc de lierre avec
une huile appropriée ; comme de l'huile de lys: on
fair attirer ce mélange à celui qui a des ulcéres puans
au fond du nez.
Croiffatnces qui viennent dans nez, Mélez de la pou-
dre. de racine de gentiane avec du fuc de fcrophulai-
re , & réduifez-les en une telle confiftance qu'on en puif-
fe former. des tentes : il faut en mectre deux fois le
jour par le nezr. WoÂez Port». .
Mauvaife odeur du nez, Faites infufer dans de gros
vin rouge des noix mufcades concaflées : attirez de ce
vin par le nez, & buvez-en à jeun: ou bien attirez
par le nez du fuc lierre bien épuré.
NICOTIANE. Voyez Tagac.
NIELLE. Maladie des bleds & de plufeurs autres
grains , tels que le bled de Mars, l'orge & l'avoine.
La nielle eft une efpéce de brouillard qui s’éléve fou-
vent dans le rems des chaleurs, & qui tombe fur les
bleds lorfqu'ils font en lait, & les brûle ordinaire-
ment, fi le foleil paroït tout d’un coup. Les épis des
bleds attaqués de cette maladie font remplis d’une
pouflere noire au lieu de contenir une farine blanche
& le bled n'en vaut rien, il infete même de fa cou-
leur celui qui n’eft point gâté. La Nielle, proprement
\ dite, détruit entierrement le germe & affecte tout le
G 4
102 NIE
pied : [a caufe en eft incertaine ; cependant lAuteur de
Ja culrure des terres , croit que les pluies abondantes
occafñonnenr cette maladie , puifqu'il y à beaucoup
plus de “oit quand les années font humides , elle
cauic :uoins de dommage au froment que le charbon :
l'autre efpéce de niclle improprement dite, s'appelle
boïe ou charbon ; les épis attaqués de cette maladie ,
font verds & bruns d'abord après la fleur , enfuite blan-
chârres ; l'euveloppe du grain n'elt pas détruire comme
dans la nielle : mais le dedans renferme une fubftance
un peu ferme.
.. Les grains charbonnés donnent une odeur défagréa-
ble au pain ; comme ils font plus legers que ceux qui
font fains, on en emporte une partie en jetrant le
grain à la roue & par le crible à vent ; on croitque
le charbon eft une maladie héréditaire. Les perfonnes
qui ont une grande expérience fur cette matiere,
croient que ces deux maladies n'en font qu'une , mais
qui eft portée à fon dernier période dans les épis nie!-
lés; fur cette raifon , que toutes les années où on
trouve beaucoup de nielle, on ne manque pas de
trouver du charbonné réciproquement. Woyez Se-
MENCE.
Pour garantir les grains de la nielle; il faut 1°,
changer la: femence chaque année, avoir attention
que le grain foit bien fec & bien mur, point niellé ;
2%, faire bouillir de l’eau dans un grand chaudron,
la verfer fur de la chaux vive que l'on a à côté de foi
dans un cuvier. 39. Quand les gros bouillons font ap-
pailés , verfer par deflus moitié autant d’eau froide
qu'on avoit employé de chaude, & remuer le tout
avec.un bouloir. :°, attendre que la chaux foit bien
difloute , ce que l'on connoît fi les gouttes que l'on
laille tomber fur un couteau, reftenc blanches. 5°.
arrofer alors avec cette eau de chaux la quantité de
grain quon veut. 6%, remuer bien ce grain avec, la
pelle , & le ramafier en un tas le plus élevé qu'il fe
peut. 7°. Ne femer ce grain que huic jours après cette
préparation , mais en attendant le remuer exaétemenct
une fois le jour. 2
Autres précautions pour garantir les bleds de la
NIE 103
Nielle. 1°, Le froment étant coupé , laiflez le bien
fécher la terre : ne liez ni ne ferrez pas les gerbes
tant qu’elles feront humides : ferrez les grains deftinés
pour la femence dans un grenier bien fec : étendez-
les y, laiffez-les bien fecher & refroidir ; vous pou-
vez après cela les mettre en tas & les y laiffer, mais
ayez atrention de les faire fouvent remuer, Prenez
pour cet effet de la femence de l'ennée , & portez-la
feche en terre autant qu'il eft poffible. Si la femence
renferme quelque humidité , oufila colle des grains
cft difpofé à la putréfa@tion , réduifez un poirier en
cendre ; ajoutez-y un peu de fel; verfez y de l'eau &
arrofez avec cette mixtion les grains avant que de les
femer ; ou bien mélez des cendres ordinaires parmi
les grains deux jours avant de les femer ; ou bien en-
core, portez le froment fur l'aire, mettez-le en tas,
artofez-le bien d'eau du famier. Si le terrein eft mai-
gre , repandez par deflus le tas une bonne quantité de
chaux vive , de cendres de farment de vigne, & au-
tant de poignées de fel qu’il y a de boiffeaux de fro-
ment; remuez fouvent le tas ; réitérez l'arrofement
de deux jours l'un pendant huitaine , & faites bien fé-
cher vos graines.
Les autres moyens qu'on peut employer pour pré-
venir là Nielle, font les leffivés de falpêtre , d’alun ,
de verd de gris, de viriol de fel commun, de cen-
dres dé plantes, avec lefquelles on échaude les bleds
qu'on veut femer.
À l'égard des grains charbonnés , comme ils font
plus legers que les fains, onen emporte une partie en
vannant les grains, ou en les paffant au crible à vent,
mais il eft difficile de toùt Oter : les grains qui s'écra-
fent infeétent de noir ceux qui font fains : cette pouf-
fiere noire s'attache aux poils qui font à l’extrémité des
grains. Les fermiers appellent le bour les grains ainfi
rachés, & ils difent qu'ils ont [e bout. Le grain at-
taqué du chaïbon eft monftrueux : les grands Ob-
fervateurs en Agriculture croient que le charbon n’eft
autre chofe qu'un grain qui n'eft point fertilifé, &
que la caufe de cette monftruofité n’eft qu’un défaut
de Fécondation femblable:à celui qui rend les feigles
104 NI Ti t N'TW ;
ergortés; & que ies feuls moyens qu’on puiffe employer
efficacement: pour prévenir cette maladie, font d’avoir
Ja précaution de fémer de bonne heure & en bonne fai-
fon . de douner des labours fufifans aux bonnes terres,
d'améliorer par des engrais celles qui font maigres ; ils
croicut du moins que ces moyens peuvent diminuer l’a-
bordance du charbon,
Les expériences qu’on a exécutées à deffein de con-
noitre Ja nature de cette maladie , & les moyens de
nertcyer de cerre pouffere noire la fuperficie des grains,
p'ouvent que certe pouflie:e n’affecte pas les organes in-
érienrs du grain avant qu'il foit mis en terre ; que la
chaux, dans laquelle on lave les femences, quoique
plus efficace que l'eau fimple n’eft pas fuffifante ; que les
fortes isflives alkalines font les meilleures, telles que
celles de la foude , de la potafle , des cendres gravelées
ou de cendres ordinaires chatgées de fel , on bien une
forte faumure de fel marin, dans le pays où le fel eft
marchand,ou une partie d’efprit de nitre contre neuf par-
ties d'eau de riviere : on peut choifir entre ces différentes
drogues celles qui feront plus communes dans les lieux où
l'on aura des grains à préparer pour les femences.
L'ergor eft pour les feigles la même maladie que le
charbon, Voyez ERcoT.
Autre remede contre le bled charbonné. Faites trem-
per le bled dans une leflive compofée d'eau commune,
dans laquelle on fait diffoudre de la chaux , du fumier
de pigeon , de fel marin , & de la cendre de foyer. Cette
compofition ne peut être qu'avantageufe pour la multi-
plication du grain.
NITRE. Voyez SALPETRE.
NIVELLEMENT ({ le) eft l’art de trouver le niveau
d'un terrein : cette connoiffance eft néceffaire à la cam-
pagne pour applanir les terreins inégaux , particulhié-
rement dans les jardins. le niveau ordinaire eft une
équerre dans l'angle de laquelle pend un fufl au bout
duquel eft un plomb qui doit tomber jufte dans len-
taille qui traverfe les deux côtés de l'équerre. On pofe
ce niveau, {ur le milieu d’une longue régle portée par
des piquets ou bâtons bien droits, appellés jallons ,
qui ont cinq à fix pieds, & qu'on fiche en terre à huic
NOI 10
ou neuf pieds de diftance , on les releve ou on les enfon-
ce & on voir s'ils font tous de niveau , le rout en com
mençant depuis l'endroit le plus élevé jufqu'au plus bas.
Lorfque les jailons fe trouvent avoir hors de verre la mé-
me hauteur, on applanit les parties du cerrein qui font
les plus hautes d'un jallon à un autre.
NOBLE EPINE. Voyez ÉPINE vINETTE.
NOIR , couleur. Pour faire un beau noir, onn'a
qu'a mettre une grofle mêche à une lampe remplie
d'huile de noix , allumer la mêche , mettre un plat
au deflus de la lampe foutenue par quelque bäton ou
pierres : la fumée de l'huile s attachant à ce plat for-
me un noir très-fin : on a foin d'amaller cette poudre
noire quand elle eft féche, pour s'en fervir dans le
befoin.
NOIRPRUN , ou bourg épine. Arbrifleau qui cft
du nombre de ceux dont on fait des haies. Ses bran-
ches font fort hautes , épineufes & droites ; fes feuilles
font longues & olivärres : il porte un fruit rouge & à
noyau qui ferc aux teinturiers pour faire le jaune, le
bleu & le verd.
NOISETTIER. Grand arbrifleau qui jette pluñeurs
petits troncs : il ne porte point de fleurs, mais des
chatons d'où fortent de petires pellicules, où la noi-
fete eft renfermée. Les noifetriers aiment fort les
endroits frais , les terres fablonneufes ou humides : on
les met volontiers dans des bofquets, on leslaboure de
temsentems. On en compte trois efpéces ; le fauvage
qui vient dans les bois & fans culture, & qui porte des
noifertes blanchätres & un peu molles. 2°. Le noifertier
franc & cultivé, dont les noifettes font rouges , fermes
& d’un meilleur goût que les précédentes. 3°. L’aveline
qui croît danses pays chauds, & dont les noifettes font
plus fermes & meilleures. |
On les éleve de noyau ou de bouture, ou de plant
enraciné : on s'en fournit pour cela dans les bois ; on les
plante à la fin de l'hiver. Comme ils viennent par touffes,
on ne laiffe que quatre ou cinq tiges des plus belles , &
on les laboure tous les printems. Son bois fert à faire des
cercles de plufieurs grandeurs.
NOIX (les) font le fruit du noyer. On les mange
106 NOI
en cernaux dès le mois d'Août, & jufqu'a ce que fa
chair de la noix air acquis fa confiftance : on les mange
müies lorfqu'elles commencenr’à tomber d'elles - mé-
mes; c'eit ordinairement vers le milieu de Septembre,
& c'eft alors qu’on Les cuelle en les abbatant à coups de
perches ou de ganles. On les met enfuite par tas dans
un leu bien airé, jufqu'à ce qu'elles quittent leur
piemiere robe, enfuite on les répand dans un grenier
pour qu'elles féchent mieux. Si on veut les conferver
dans leur fraîcheur , on doit les cueillir au milieu de
leur maturité, & les mettre fous du fable dans un lieu
frais : lorfque les noix font devenues fort féches , on
les fait tremper quelques jours dans l'eau; au refte plus
les noix font vieilles, plus elles rendent de l’huile.
Noïx conrires. Pour confire des noix, on en
cucille la quantité qu'on veut fur la fin du mois de
Juin, c'eft à dire, avant que le bois foit formé ; on
en Ote tout le verd avec un couteau, & on les jette
à mefure dans l’eau fraîche ; enfuite on les en retire
pour les mettre dans l'eau bouillante; après qu’elles
y ont bouilli quelque tems, on les en retire & on
les remet dans d'autre eau bouillante, & on acheve
de les y faire cuire. Elles font fufifamment cuites ; fi
cn les piquant avec une épingle elles retombent d'elles-
mêmes; alors on les retire pour les mettre en eau fraf-
che : puis on les tire, on les fair égouter , & on les met
dans du fucre cuit à liffé. On les fait un peu frémir, on
äre la poîle du feu, & on verfe le tout dans une‘terrine ;
on les y laifle toute la nuit dans un lieu chaud ; le len-
demain on égoute le fyrop ; on lui fair prendre un bouil-
Jon & on le jette fur les noix, on réitére cela deux
ou trois fois. Il ne faut pas épargner le fucre, car
ies noix doivent baigner dedans : cela fait ; on pique
les noix l’une après l'autre avec une lardoire, & on y
fait pafler dé la rêre à la queue, un lardon d'écorce
de citron: on fait cuire le fyrop à perlé , & on met
les noix dans des pots. ” |
Eau de noix. Pour faire cette eau on doit cueillir
les noix vertes vers le mois d'Aoùût , les couper pat
rouelles & les faire diftiller dans l'alembic à petit feu ;
On-doit garder cette eau diftillée dans des ‘bouteilles
NOI NOV 107
bien bouchées. Elle eft fort bonne, prife tous les ma-
tins a jeun avec un peu de vin blanc & de poudre de
tarcre , contre l'hydropifie , le mal caduc , la paralyfe,
& les maux des yeux.
Noix D£g GALLE. (la) Excroiflance qui fe trouve
für le chêne rouvre ( c'eft celui qui eft moins hauc que
les autres, & qui a le tronc & le brancage tortu : la
. \ ’ o ‘
noix de galle donne à l'encre {a noirceur : les meilleu-
res viennent d'Alep.
Noix MUSCADE, { la ) vient des Indes Orientales ;
elle eft aftringente , corrige la puanteur de l'haleine ;
fortifie le foie & l’eftomac , aide à la digeftion , chafle
les vents.
NOLI ME TANGERE. Plante qui croît dans les
bois & aux lieux humides : elle a proche de fes feuilles
plufieurs petits nœuds remplis de fuc, & les fruits
qui renferment la femence , s'ouvrent au moindre at-
rouchement qu'on leur fait, & la font fauter en l'air :
cette plante eft très-apéritive , propre pour faire uriner ,
brifer la pierre du rein & de la veflie, étant prife en
décoction : fon eau diftilée opére encore mieux cet ef-
fet ; fes feuilles appliquées font bonhes contre la ftran-
urie.
NOTAIRES. La fonétion des Notaires confifte
affurer la foi des aétes par leur témoignage , & à les
rendre authentiques par leur fignature. Le public s’en
rapporte à eux couchant la vérité des actes qui ont
été faits en leur préfence : ils font dépoñitaires de la
fortune des particuliers. Les Juges dans leurs juge-
mens déférent aux actes que les Notaires ont fisnés :
ils font regardés comme des loix que les parties fe
font impofées elles-mêmes. Ces fortes d'actes pañlés
devant Notaires emporte hypothéque fur les biens de
l'obligé , & lorfqu'ils font fçellés du fçeau de la Jurif-
diétion dans laquelle les Notaires font immatriculés ,
ils peuvent être mis à exécution fans qu’il foit befoin
de mandement, ni de permiflion de Juge, à la différen-
ee des actes paflés devant Notaires qui n’ont point ces
deux effets.
NOV ALES. On appelle ainfi les terres qui ne por-
toient que du bois , de l'herbe ou du foin , & que l'on
108 N OU NOY
change par le labour en terres à grain : les prés dé
frichés & mis en novale & amandés avec les cendres
de leur gazon font les meilleures : ils rapportent du
rain fix ou fepc ans de fuite fans interruption. On
ne doit pas commencer par y mettre du froment, mais
on y met d’abord du millet, du chanvre, puis du fei-
gle & enfin du froment ; parce que ces fortes de terres
ont toujours trop de chaleur ; mais fi elles ne font point
trop chargées de fels, on peut y femer la premiere an-
née de la vefce ou des pois ; la feconde, du feigle, &
la troifiéme du froment; dans la fuite on conduit ces
terres à l'ordinaire.
NOUÉ. ( Enfant) Voyez ENFANT & CHARTE.
NOVEMBRE. Travaux a faite dans ce mois, On
doit cueillir les olives, faire les premieres huiles, plan-
ter des oliviers; faire provifion d'herbes pour les fou-
rages des beftiaux , ferrer les fruits d'automne, enca-
ver les vins, planter & provigner la vigne, ferrer les
échalas, couper les faules; caffer les noix pour faire de
l'huile ; tailler la vigne , émonder les arbres, couper le
bois à batir.
Pour le jardin, faire porter de grands fumiers fecs
près des chicorées, arrichaux , céleri, poireaux, &c.
pour les y répandre dès que le froid fe fait fentir : on
les couvre plus fort à mefure que le froid augmente ;
couvrir les laitues d'hiver avec de la paille longue ;
replanter en motte les choux pommés dont on veut
avoir de la graine. Quant aux fleurs, planter les ro-
fiers, les lillas & autres arbriffleaux qui ne craignent
point la gelée; couvrir les plantes, car elle leur eft
funefte.
NOYER: Arbre fort connu dont le fruit font les
noix que l'on mange, & qui fervent à faire de l'huile,
& dont le bois fert à faire des ouvrages également
folides & propres. 11 y a trois fortes de noyers , l’un
dont la noix eft plus groffle & la coquille plus mince
que les autres, & dont le fruit eft meilleur au goût,
mais qui rapporte moins; l'autre dont la noix n'eft
pas fort grofle, mais de figure longue, & qui rapporte
beaucoup; & la troifiéme forte, qui a la noix petite ,
& à plufieurs tiges: on ne s'en fert que pour faire
NOI 109
de l'huile. Le noyer aime les terres graffes, il ne
craint point les lieux humides, froids , & expolés au
vent ; ainf on le plante volontiers en plein champ, &
fur les chemins, ou fur les avenues des maifons : ils
viennent bien moins daos les jardins , & ils nuifent à
ce qui eft autour d'eux par leurs ombrages & leurs lon-
gues racines.
On éleve des noyers en femant des noix au mois de
Février : on choifit pour cela Îes plus belles qui ont
l'écorce blanchätre & ailée à rompre , & on les mec
fur des lits de fable dans la cave jufqu’au tems qu'on
les veut femer. Au bout de deux ans qu'ils font levés,
on les farcle avec foin ; on les replante en pépiniere ;
on leur donne par an quatre labours , & quatre ou cinq
aus après on les met en place ; mais avant, on doit ieur
couper lepivor, & ne leur laiffer que les plus belles ra-
cines. On doit les planter au cordeau à cinq toifes l'un
de l’autre , dans des trous larges de fix pieds & pro-
fonds de trois. Voyez Noix.
Le bois de noyer eft le plus eftimé pour les meubles
de propreté.
NOYÉS, fecours qu'on doit leur donner. Quelque
compaflion qu'on ait pour ceux qui ont le malheur
de fe noyer , on fe contente de les pendre par les
pieds, & après quelques tentatives, on laiffe pour
morts ceux dont tout fouffle de vie paroît éteint, fur-
tout s'ils ont été quelques heures dans l'eau, Cepen-
dant quantité d'exemples prouvent qu’on a fauvé la vie
à de telles perfonnes, en employant certains remedes &
précautions.
1°, On ne doit pas mettre le noyé dans cette po-
fition violente, mais pour s’aflurer s’il n'a point trop
bü d'eau, car il y en a à qui on en a trouvé médio-
crement , on doit le mettre dans un tonneau ouvert,
qu'on roule pendant quelque tems en différens fens ;
où bien l'exciter à vomir en introduifant une plume
dans l'œfophage.
2%. Au lieu de le laifler étendu & tout nud fur le
rivage, comme on ne fait que trop fouvent, on doit
l'envelopper de couvertures, & le porter dans un lit
110 NOY
bien chaud , appliquer fur fon corps des ferviettes chau-
des, pour remettre en jeu les efprits folides de la ma=
chine , afin qu'ils puiffent redonner du mouvement aux
liqueurs.
3°, M'agiter , le retourner , le foulever & le fecouer
dans les bras, lui verfer dans la bouche des liqueurs
fpiritueufes ; lui irriter les fibres du nez avec des efprits
volarils , ou lui fouffler avec un chalumeau du tabac
& de l'air chaud dans la bouche avec un foufflet poar
communiquer cet air aux inteftins ; ou bien foufler
dans ces mêmes inteftins la fumée du tabac d’une pi-
pe, & avec un morceau de pipe caflée : on a vü des
cffets falutaires de ce dernier remede, |
4°. Dès le moment qu'on peur avoir le Chirurgien ;
faite faire la faignée à la jugulaire, & fi tous ces re-
medes ne réuflifloient pas, ouvrir la trachée artère , &
y fouffler de l’air chaud pour donner du jeu aux pou-
mons. Peut-on trop tenter de moyens pour ramener à
la vie un homme, fur-tout lorfqu'il n'y a pas long-
tems qu'il s'eft noyé.
OBL OBS 111
O
Osrer. Arbrifleau dont les branches font fembla-
bles à celles du fureau , & fes feuilles à celles de Ia
vigne : fes fleurs {ont blanches & difpofées en parafol ;
& fes baies rougiffent loifqu'elles font müres. 1l aime
les terroirs gras & humides : on fe ferc de cet arbre
pour faire des bofquets.
OBLIGATION. On entend ordinairement par ce
terme un acte paflé pardevant Notaire, pour prét d’ar-
gent ou pour autre caufe, à la différence des reconnoif-
fances fous fignature privée : une condiion eflentielle
pour la validité de l'obligation , c’eit qu’elle doit con-
tenir la raifon pour laquelle elle eft caufée; car une
obligation fans caufe eft nulle. Toutes obligations &
actions pour fomme de deniers font réputées mobiliai-
res; parce que route action prend la qualité de la chofe
à laquelle elle tend : ainfi route ation qui tend à avoir
un immeuble, eft immobuliaire,
On appelle obligarion en forme authentique celle qui
ef pañlée pardevant Notaire, qui eft grofloyée en par-
chemin & fcellée, à la différence de l'obligation qui
n’eft qu'en papier , & en brevet,
OgL1GATION folidaire, C’eft une obligation en vertu
de laquelle on peut agir contre chacune des parties qui
l'ont contraétée pour le tout, fans que le créancier
foit obligé à la difcuffion des autres : chaque débiteur
eft tenu de la totalité du payement; mais ila fon re-
cours contre fes co-obligés : au refte , il faut que dans
l'acte le mot de folidité , de folidaire ou de folidairement
obligé, foit employé pour produire cer effet, Il ya des
cas où l'obligation eft folidaire indépendamment du
confentement des parties : par exemple , les provifions
d’aliment en matiere civile, peuvent être demandées fo-
lidairement à chacune des parties condamnées , fauf leur
recours contre les autres.
OBSTRUCTIONS des vifceres , (les) font la
fource de toutes les maladies chroniques , qui ont
Tome II. H
112 OBS
pour caufe des maux anciens invétérés.
Remede. Prenez du fafran de Mars apéritif une
demi-once ; du fené mondé, de la rhubarbe, du fel
d'abfinthe, de l'arcanum duplicatum , de chacun un
gros: du jalap , du diagrede, du mercure doux fu-
blimé fix fois ; des trochifques alhendal, de chacun
deux ferupules ; de la gomme ammoniac &c de la
myrrhe; de chacune quatre ferupules , & de canelle , un
gros.
Pulvérifez le tout , & après l'avoir mêlé exaëte-
ment , incorporez-le avec une fuffifante quantité de {y-
rop de fleur de pêcher, & faites-en un opiate. La dofe
eft deux gros pour un adulte , à prendre le matin à jeun
deux fois la femaine pendant quinze jours ; enveloppé
dans du pain à chanter ; une fois la femaine pendant
quinze autre jours, & continuer une fois le mois pen-
dant quelque tems, on avale par-deflus un peu de bouil-
lon.
Cet opiate fond parfaitement les matieres glairenfes
qui-s’attachent aux parois de l’eftomac & des inteftins,
& les entraîne par les felles : ileft fort bon pour pré-
venir l’apoplexie féreufe, la paralyfie, la cachexie , les
boufiflemens ; mais il n'y a que les tempéramens froids
& humides qui doivent s'en fervir: il eft contraire aux
tempéramens chauds , & dont le fang eft bilieux &
bouillant , aux étiques , à ceux qui crachent le fang,
& aux femmes groffes : il fera bon de le faire précéder
par des-bouillons apéritifs, Wayez Estomac, Hypro-
PISIE.
Ossreucrion du Méfentere. On peut faire ufage
de l’opiate fuivant. Prenez des extraits de chicorée
fauvage , de fumeterre , de rhubarbe , de chacun deux
gros, de l'extrait de coloquinte, huit onces ; de con-
combre fauvage , douze grains ; du fafran de Mars
apéritif deux gros, de la poudre de fené, du mer-
cure doux fublimé fix fois, de chacun un gros ; de
Ja-poudre de jalap & de diagrede , de chacune deux
fcrupules ; du fel d’abfinthe, de tamaric, de chacun
undemi-gros ; du fafran oriental , dix-huit grains ; de
macis , fx grains. Mêlez le out exactement, & in-
corporez-le avec une fufhfante quantité d'oxymel fim-
OBS 11
Ple pour former un opiate, à prendre le matin à jeun
dans du pain à chanter , à la dofe d’un gros ou gros &
demi, & un bouillon apéritif une heure après.
OBSTRUCTION du foie, Prenez des racines de pa-
tience fauvage , de chardon-Rolland » d’arrête bœuf,
de chacune une demi-once : de celles d’enule cam=
Paña, deux gros. Coupez le tout par morceaux après
l'avoir ratiflé, & faites le bouillir dans trois chopi-
nes d'eau, que vous réduirez à une pinte. Ajoutez y
la derniere demi heure des feuilles d'aigremoine, de
chicorée fauvage , de cerfeuil, de chacune une poi-
gnée. Paflez la liqueur par un linge avec legere ex-
preflion , & faites-y fondre deux gros de l’arcanum
duplicatum : un gros de la poudre de jalap , une once
& demi de fyrop de nerprun : donnez - en un verre
tiéde trois fois le jour, deux le matin & un dans l’a-
près dîner , & fufpendez ce dernier , fi l'évacuation eft
fufi(ante.
Bouillon médicinal pour guérir les obftruétions du
foie & de la rate. Prenez une livre de rouelle de veau
coupée par tranches, racine de patience fauvage +-ChI-
corée fauvage , feuilles de cerfeuil » de pimprenelle ,
d'aigremoine, de fcolopandre & de creflon , de cha-
cun une demi-poignée, épluchées & lavées , & coupées
menu : ajoutez. y un gros de rhubarbe concaflée , un
gros de fel d'abfnthe, & une once de limaille de fer >
que vous laverez dans l'eau chaude pour la dégraiffer ,
& que vous enfermerez dans un linge lächement lié.
Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau jufqu’à
la réduétion de la moirié : Ôtez-le du feu , retirez le
nouet de limaille, pañlez le bouillon par une étamine
avec une legere expreflion , & le partagez en deux bouil-
lons , on en prend un le matin à jeun & l'autre trois
OU quatre heures après diner, pendant l'efpace d’un
mois : on fe purge au commencement, au milieu &
a la fin.
OssrRucrioN , ou hydropifie de poitrine. Remede,
Prenez une poignée de l'écorce intérieure du fureau
qui eft verte : faires la bouillir dans une chopine d’eau
& autant de lait de vache ; réduifez le rout à moitié,
paflez le par un linge avec expreffion : Ne trois
2
x14 OCT
dofes, & faites-les prendre riédes d'heure en heure le
matin à jeun ; fi les deux premieres ont vuidé fufifam-
ment, on fupprimera la derniere, On pourra réitérer ce
remede au bout de quelques jours, fi le malade n'eft pas
defenfé : on doit faire précéder cette prifane par des
bouillons apéritifs. |
Autre remede, Prenez des racines d'iris ou flambe,
& d'aunée , de chacune une once, ratiflées & coupées
par tranches : de celles de chardon rolland , d’arrète-
bœuf, de chacune une demi-once; du fené mondé ,
fix gros ; de la poudre de jalap, deux gros; de la ca-
nelle , un gros. Verfez deflus trois chopines de bon
vin blanc, & faites macérer le tout froid pendant huit
jours dans un vaiffeau bien fermé. La dofe eft de deux
verres le matin à jeun, à une heure de diftance l'un de
l’autre, & un potage après le fecond verre. Ce vin for-
tifie le ton des vifceres affoibli dans l’hydropifie; on
doit le continuer quelque tems felon les forces du ma-
lade.
Autre remede. Prenez du fafren de Mars apéritif, de
l'antimoine crud , de chacun deux gros ; du diacrede ,
une once : pulvérifez le tout , & ajoutez ÿ une fufifante
quantité de fyrop de cinq racines pour former un opiate ,
- dont le malade prendra un gros le matin & le foir , en-
veloppé de pain à chanter.
Cet opiate évacue les férofirés qui caufent l'hydropi-
fie du bas ventre & la bouffflure : on l'emploie avec
avantage dans les maladies hypocondriaques , & dans les
obftructions invétérées. Il faut en diminuer les dofes à
* mefure que le malade fe trouve foulagé. Voyez ENrLU-
RES DES JAMBES.
Autre remede. Ufez pendant fix femaines de la décoc-
tion d’écorce d’orme pour boiffon ordinaire ; ou bien
prenez-en du moins trois Ou quatre gobelets tiédes par
jour entre les repas. Eph. d'AIL,
OCTOBRE , travaux à faire dans ce mois. On
continue & on acheve la vendange: on doit femer les
lupins, les pois , les féverolles, l'orge quarté, recueil-
lir le miel & la cire; c’eftle rems de faire des raifins
fecs, des pruneaux , durefiné & du cidre ; provigner la
vigne. Pour les jardins, faire les mêmes ouvrages
ŒIL : 11$
que dans les mois de Septembre excepté les greffes ;
femer des épinars pour en avoir vers le mois de Mai.
On peut planter toutes forces d'arbres , & faire les
derniers labours des terres humides. Quant aux fleurs,
planter les tulipes vers la mi - Oftobre , & autres oi-
gnons qui ne font pas en terre : fur la fin du mois,
ferrer les orangers & autres arbrifleaux qui craignent
la gelée.
"ŒIL. L’œil eft organe de la vue ; il eft fujer à diffé-
rentes maladies, qu’on connoît fousle nom de mal des
yeux. Voyez YEUX.
Œrz dormant , terme de Jardinage. C’eft une forte de
greffe qui fe fait au mois d'Août. Voyez GREFFE.
Œ1L pouffant. Sorie de grefle qui fe fair à la fin de
Juin. ;
On fe fert encore de ce terme en parlant des bran-
ches d'arbres, comme quand on dit qu'une branche
doitavoir de gros yeux : dans ce fens un œil eft une
efpece de petit nœud pointu, où font renfermés pen-
dant l'hiver les feuilles & les jets qui doivent fortir au
printems.
Œiller (l') eft la premiere des fleurs aux yeux de
ceux qui fe plaifent à les cultiver. Sa tige eft haute
d'environ un pied & demi: fes fleurs font rouges ou
blanches, ou marbrées de couleurs diverfes , agréable
à la vûe; leur odeur approche de celle du gérofle. Les
noms que les fleuriftes donnent aux œillets font infinis ;
une grande partie font arbitraires , & dépendent de la
fantaifie des amateurs, qui les appellent , par exem-
ple, le Duc d'Anjou, le Duc de Candale, le grand
Céfar, le grand Cyrus , la Beauté triomphante, celui-
ci eft un œiller de rouge de fang fur un blancdelait,
DE.
Ua œillet pour être parfait doit avoir les panaches
bien oppofés à la couleur dominante , & nullement
confondus avec elle : ces panaches doivent s'étendre
fans interruption depuis la racine des feuilles jufqu’à
leur extrèmité. Les gros panaches par quart ou par
moitié de feuilles, font plus beaux que les petits : un
bel œiller doit être large de trois pouces fur neuf ou
dix de tour, Il doit avoir une grande quantité de feuile
H 3;
116 ŒIL
les : il doit fe terminer en s’arrondiffant avec grace en
forme de houpe , il ne doit pas avoir une trop grande
quantité de moucherures ni de dentelles, & les feuilles
ne doivent point s'allonger en pointe.
Les œillets qu’on diftingue communément , font les
violets , les rouges , les incarnats, les couleurs derofe,
les piquetés , & les œillets tricolors. Les beaux œillets
font larges & ont jufqu’a quatorze & quinze pouces de
tour, mais alors ils font fujets à crever. ;
Culture des œillets. On ne doit pas mettre les œil-
lets es pleine terre , à caufe de la fraîcheur & du trop
de nourriture qu'ils prendroient. La terre qu'on donne
aux œillets doit être reglée fur l’efpéce doncils font :
les violeis , les pourprés , les rouges , les piquetés,
demandent une terre compofée d'un tiers de fable noir
qui fe trouve dans les marais & fur le bord des ruifleaux,
l'autre tiers, moitié de terreau de cheval, & moitié de
terreau de vache bien pourti & réduiten terre, & un fi-
xiéme de terre douce & moelleufe , le tout mêlé , paflé
à la claie & au crible quand on veut les empoter : les in-
carnats veulent une terre compofée, moitié terreau de
cheval bien pourri, moitié fable noir ou de terre de tau-
piniere.
Les œillets fe multiplient ordinairement par les
marcotes. On marcote les œillets depuis le 20 Juillet
jufqu'au mois d'Août, & lorfque les premieres fleurs
de l'œillet font pañlées , on doit faire pour cela une
incifion au milieu du nœud le plus près du pied de
l'œillet qu’il fe pourra , & feulement jufqu’à la moitié
du nœud , ou même un peu plus: couper dans le nœud
de quoi faire une ouverture à la marcote , coucher la
marcote dans la terre du pot à fleurs après l'avoir
Jlabourée , l'y arrêter avéc un petit crochet de bois
fans la détacher de la plante , & l'arrofer fréquem-
ment, On fe fere aufli de petits ertonnoirs de fer
blanc , pour que les marcotes prennent racine facile-
ment. On doit placer les pots à l’ombre trois ou
quatre jours , les remettre enfuite au, même foleil
qu'ils avoient auparavant. Au refte, les pots. doi-
vent être d'une médiocre grandeur , contenir au moins
autant de terre qu’en contient la forme d'un chapeau ,
ŒIL 117
& être proporrionnés à certe fleur, c’eft à dire, plus
étroits par le bas que par le haut, percés au- deflus de
la jointure du fond & non au fond. Quand Ia mar-
cotte a pris racine ; on le détache avec un cifeau fort
près de fa tige & au niveau de l'incifion : on la plante
en automne vers la faint Remi , dansun pot, au fond
duquel on a mis un doigt de terreau de cheval ; on
doit enfuite la replanter au printems, l'arrofer tous
les jours d'une eau expofée au foleil , à moins qu'il
ne pleuve , la mettre à l'ombré dix ou douze jours,
& après l'expofer au foleil: la précautionner contre
les pluies, les gelées , & nettoyer avec la pointe d’un
canif les taches que l’hiver iui caufe. A l'entrée de
l'hiver , on doit mettre les pots dans la ferre ; les y placer
en emphithéâtre pour les faire jouir d’un air égal fur
des terrines de terre dans lefquelles on verfe de l'eau
jufqu'au bord, lorfqu'on veur humecter la plante ; ce
qu'on ne doit faire que lorfqu’elle en a grand, befoin :
changer les pots de place de rems entems, & jamais
par un tems froid; couper les feuilles féches ; fortir
les pots de la ferre dix cu douze jours au commen-
cement de la lune de Mars fi le tems eft beau : les
précautionner alors contre les premieres ardeurs du fo-
leil: les mettre à l'abri des pluies froides par des pail-
laffons , des couvertures de paille ou de toile,en forme
de toits. 2 |
Les œillets aiment le grand air, mais ils ne veulent nt
le trop , ni le trop peu de foleil; le foleil levant eft celui
qui leur eft le plus favorable, On doit les placer loin
des murailles, afin que l'air regnant également autour
de leurs tiges , ils pouffent leurs marcottes de tous cà-.
tés, au lieu de ne les pouffer que d’un côté. l’eau deri-
viere eft la meilleure pour les arrofer , loifqu’on eft 2
portée d’en avoir ; au défaut de celle de puits fuffit ; mais
après avoir été expofée au foleil, .
On doit arrofer le foir , fur-tout dans-les chaleurs ,
& épargner les feuilles autant qu'on peur. Îl faut fou-
tenir les tiges avec des baguettes hautes de trois ou qua-
tre pieds, & les y atracher avec des fils; les ficher
dans le pot quand l'œillet veut pouffer fon dard, &
à mefure que le dard s’éleve, l'attacher avec du fil ou
H 4
118 ŒIL
du jonc, mais on ne doit pas lier tous les montans
dun œiller a une feule baguette. Comme trop de
boutons nuilent à l'œiller, on Ôôre ceux qui pouffenc
dans les premiers nœuds du dard & tout près du pied,
c'eft le moyen de faire réuflir le maître bouton , &
à quoi on doit s'appliquer, parce qu'il fair l'ornement
de route la plante. On doit faire la guerre aux infec-
tés qui ruinent cette fleur , tels que le poux verd ou
puceron , la chenille verte, & particuliérement le perce-
ofeille. Quand la premiere fleur eft une fois paflée , on
afrofe copieufement les pots, & on les porte à la pre-
miere placé ou les œillets ont pris naiffance , & on leur
Jaiffe former leur graine. On doit la recueillir à la fin
de Septembre, & la mettre dans des facs de papier éti-
quetés pour ne pas confondre les efpeces. Le meilleur
tems pour la femer efta la fin du mois de Mars. Traité
des Oiïllers.
_ Eau d'œiller. Pour la faire , choïififfez des œillets
dé la premiere féve, parce qu'ils onr plus de force &
de parfum : tirez les feuilles de la fleur , coupez-en le
blanc : mettez -les dans une cruche , verfez de l'eau-
de: vie deffus ; laiffez: les infufer fix femaines avec quel-
. ques cloux de gérofle ; proportionnez la cruche à la quan-
tité de fleurs, car il eft néceffaire qu'elles trempent dans
de l'eau dé-vié , & pour cer effet, il faut que la cruche
foir pleine de fleurs avant. de la remplir d’eau-de-vie,
fans néanmoins les preffer. Bouchez bien la cruche ;° au
bout de fix femaines paflez la liqueur dans un tamis,
laiffant égouter les fleurs en les preflanc un peu , puis
jetter dedans une infüufion de fucre fondu ‘en eau fraîche.
ilfaut , par exemple, fix onces de fucre par pinte d'eau
pour faire ce fyrop: pañlez le tout à la chauffe , & laif-
fez le devenir clair. /
ŒGILLETONS- On appelle ainfi certains bougeons
ou croiffances que quelques plantes pouffent de leurs
pieds pour fe régénérer : ils commencent à fe for-
mer au pied des artichaux pendant l'hiver quand il eft
doux , & ils pouflenc leurs feuilles au printems ; c'eft
alors qu'on œilletonne les artichaux, c'eft-ä-dire,
qu'on leur fait un petit cornet au pied, pour les dé-
charger, On œilletonne auff les oreilles d'ours, c'eft-
D À
ŒUF 119
à-dire, qu'on tire doucement l'œilleton qui a racine
pendant la fleur, fans dépoter la plante lorfqu’on veut
multiplier une efpéce précieufe : on doit prendre garde
en œilletonnant d'endommager le coller de la plante.
ŒUEF , c’eft ce que pond la poule ou l’oifeau fe-
melle! On connoït que les œufs {ont frais quand on
les mire à la lumiere , & qu’en pofanc la main entra-
vers fur la pointe de l'œuf qui eft rournée en haut,
on voit qu'ils font tranfparens & clairs. Pour les
tenir frais pendant quelques jours, il faut qu’ils foienc
nouvellement pondus ; les mettre dans de l'eau frai-
che , & de maniere que l'eau pañle par- deflus les
œufs , les changer d’eau de tems en tems ; ou bien
les mettre dans des pots, & verfer deffus de la graifle
de mouton fondue , mais point trop chaude : de cetre
derniere maniere on peut les eonferver frais pendant
plufieurs mois. On peut encore , pour conferver un
œuf frais, fans altération un mois & plus , le faire
cuire à l'ordinaire ; au bout de ce tems, on le remet
en eau bouillante comme s'il n’éroit pas cuit, il fe
tourne en lait de même que le premier jour. Les œufs
les plus propres à garder font ceux qui viennent dans
le mois d'Oétobre.
Les œufs font nourriffans & adouciffans : les plus
frais, & parmi ceux-là ceux qui font blancs & longs ,
font les meilleurs, mais les vieux échauffenc beaucoup
& peuvent être nuifibles. Les œufs mélés avec les lé-
gumes , rendent ces derniers moins lourds fur l’efto-
mac. En général, les œufs les meilleurs à la fanté fonc
ceux des poules.
Différentes manieres d’apprêter les œufs.
À Ia coque. Mettez les bouillir deux minutes : re-
titez-les : couvrez-les une minute pour les laiffer faire
leur lait, avec cette attention vous ne les mant,2erez
jamais.
Œurs mollets. Jettez la quantité que vous voudrez
d'œufs dans un poëlon d'eau bouillante : faites - les
bouillir cinq minutes , retirez - les promprement dans
l'eau fraîche : pélez les doucement , par ce moyen le
blanc fera cuit & le jaune moller. Ces œufs fe fervent
de plufeurs facons, avec une faufle blanche , fauffe
120 ŒUF
au coulis, fauffe-robert, ragoût de cardes , ou de cé-
léri, ou de laitues, ou de chicorée , ou de ris de veau.
Œurs au lai. Délayez trois œufs avec une demi-
cuillerée de farine, un morceau de fucre & trois poif-
fons de lair : mettez le tout dans un plat, & faites cuire
un quait d'heure fur un fourneau ; & pañlez la pelle
rouge deflus,
Œurs à la tripe. Faitesles durcir : pelez-les; cou-
pez les par rouelles ; prenez un morceau de beurre frais ;
mettez-le dans une caflerole , étant fondu fur le four-
neau , paflez vos œufs dedans avec du perfil haché,
affaifonné de fel & de poivre : étant paflés, mouillez-
les de crême ; au lieu de crême on peut délayer une
couple de jaunes d'œufs avec du verjus , & on lie les
œufs de cette liaifon.
Œurs au jus ou à l’huguenote. Mettez du jus de
mouton ou autre fur un plat 3 la fauffe étant chaude,
caflez vos œufs, ou comme au miroir , ou brouillés :
affaifonnez de fel, mufcade, jus de citron ; pañlez la
pelle rouge par-deffus.
Œurs farcis ou à la farce. Prenez des laitues avec
de l'ofeille, du perfil & du cerfeuil : hachez - les bien
menu avec des jaunes d'œufs durs , que vous aurez
aflaifonnés de fel &.d'un peu de mufcade: pafez le
tout au beurre: faires-le cuire dans une cafferole , &
mélez-y un peu de crême.
Œurs pochés. Ce font ceux que l'on fait cuire fans
les brouiller & fans écrafer le jaune : on poche les
œufs en'les jettant dans l'eau bouillante ou dans du
beurre fondu.
Œurs à la crème. Mettez dans le plat un demi-
feprier de crême : faites bouillir & réduire à moitié :
mettez-y huit œufs, fel, gros poivre, faites les cuire,
paflez la pelle rouge par-deflus.
Œurs à la Reine. Faites bouillir trois demi - fep=
tiers de crème; jettez-y dedans une quantité raifon-
nable de fucre, de fleurs d'orange , de citron con-
fit , le tout haché très-fin : ayez huit œufs, féparez
les blancs des jaunes : fouettez les blancs avec une
cuiller : pochez en deux ou trois cuillerées à la fois”
dans la crême, ce qui formera des œufs pochés fans
« — dr» ne mm à + és
RE Re tente Er mon RÉ qre
ŒUF OIG 121
jaunes : mettez-les égouter en les dreflant les uns fur
les autres, enfuite arrangez-les fur un plat : mettez la
crème {ur le feu , & faites-la réduire au point d'u-
ne faufle : mettez-y enfuite les huit jaunes fur le mé-
me plat : faites lier fur le feu fans bouillir , & drefez
la fauffe fur les blancs d'œufs.
Œurs au pain. Mettez dans une caffcrole une demi=
poignée de mie de pain avec un poiflon de crême, fel,
poivie, un peu de mufcade : quand le pain a bu toute
la crême , caflez y fix œufs , battez-les | & faires-en
une aumelette,
Œurs à l'eau, Mettez dans une cafferole une cho-
pine d'eau, un peu de fucre , de l’eau de fleur d’o-
range , de l'écorce de citron : faires bouillir le tout
à petit feu pendant un quart d'heure , enfuire mettez-
le refroidir : caflez dans une autre cafferole fept ou
huit jaunes d'œufs, plus ou moins ; délayez les jaunes
d'œufs avec cette eau fucrée : paflez le tout au ramis
& faites cuire au bain-marie dans le plat que vous
devez fervir. Pour étre bien faits, il faut qu'ils foient
un peu tremblans fans eau au fond.
Ïl eft inutile de mettre ici les façons d’accommoder
les œufs, qui font les plus ordinaires, parce que tout
Je monde les fair.
OIGNONS, plante bulbeufe & poragere. La plante
qui porte l'oignon poufle des feuilles à la hauteur
d'un pied: fa tige eft ronde & creufe , haute de trois
pieds , portant à fon fomrret des fleurs auxquelles fuc-
cédent les fruits qui contiennent des graines rondes &
noirâtres. La racine de la plante eft ce que nous ap-
pellons l'oignon, & dont on fait un grand ufage dans
les cuifines : c’eft une efpéce de bulbe ronde & platte
par- deflus , enveloppée de pluficurs pellicules blar-
ches ou rouges , d’une odeur très-forte. Les OÏgnO:a$
ne fe muliplient que de graine , on la jette à plein
champ depuis la fin de Févriez jufqu'en Avril , & un
peu clair , & on la recouvre de terre. Les oign onS$
veulent une terre bien ameublie : s'ils viennent trop
dru, on les éclaircir ; lorfqu'ils font devenus gran ds &
qu'ils ne profitent plus , on en foule les monrans avec
le pied pour qu'ils deviennent plus beaux. Por en
122 OIG
avoit de bien gros, on les arrache quand ils font gros
comme le tuyau d'une plume de poule , & onles re-
plante en rayons au plantoir. Les oignons blancs fonc
plus doux % plus eitimés que les rouges.
Comme les oignons font une efpéce de légume dont
on fait ufage dans toute la France , & dans prefque
toute l'Europe, & qu’on ne peur s'en paffer , foircom-
me affaifonnement, foit comme nourriture , on a cru
devoir inférer ici une partie des obfervations que des
Agriculteurs intelligens ont faites fur la meilleure ma-
niere de cultiver les oignons, & les rendre plus fains ,
& d'un goût plus doux.
Les oignons fe plaifent beaucoup dans les terres fa=
blonneufes , legeres ou pierreufes : les terres fortes
ou froides , leur conviennent bien moins. Ils font
plus ou moins forts au goût felon la difféfente nature
des terreins & des fumiers. Pour qu'ils foient doux
au goût, il faut les planter dans une terre fablonneufe ,
qu'on doit amander par des terreaux de quelques vieil-
les couches qui ont déjà fervi, & fe fervir de l'efpéce
d'oignon qui a la forme allongée comme une poire;
il faut avoir l'attention de ne femer que les meilleures
graines, En général , les oignons qui paroiflent les
moins durs, quand on les a preflés un peu fort, font
ceux qui fonc les mains âpres au goût.
L'oignon ne veut ni un labour profond , ni être plans
té trop avant , il vient ordinairement à fleur de terre;
quand il y a trop de labour, il poufle fes racines trop
loin , & trouve dansla terre trop de fubftance & d’hu-
midité. Îl ne donne que des feuilles , & ne groffit pas
fi bien que celui qui n'a de labour qu’un fimple fer de
bêche. Ce méme défaut eft encore caufe qu’on n’a pas
de fi beaux oignons , & qu'ils ne font pas de fi bonne
garde , que quand la terre a moins de labour , & qu'on
l'arrofe rarement. Quand une fois l'oignon a pris de la
force , c'eft la chaleur qui le fait groflir & mürir de
bonne heure,
Pour que l'oignon foit de garde , il faut qu'il ait
la peau très-fine & peu de feuilles. Les plus gros & qui
n’ont point de racines, font ceux qui fe confervenrle
plus long -tems ; à l'égard de ceux qui fonc défec-
D.
OIG 123
tueux, on les mange les premiers , ou bien on s’en fert
pour replanter afin d’avoir de la ciboule. Ceux qu’on
met à part pour perpétuer l’efpéce doivent être choi-
fis , c'eft-a-dire, qu'ils doivent étre les plus gros,
avoir la peau fine, fort peu de feuilles, & avoir pailé
l'hiver fans germer. Ceux qu'on deftine pour monter en
graine doivent être plantés au mois de Mars dans une
terre ni trop forte , ni trop legere ; on les efpaceaun
pied de diftance les uns des autres , & lorfqu'ils font
montés en graine, on enfonce en terre de petits écha-
lats aufquels on attache avec un lien de paille les tu-
yaux des oignons , au bout defquels vient la graine. Il
faut la laifler bien mürir avant que de la recueillir, &
attendre pour cela que le tuyau foit jaune & prefque fec.
Journ. Oecon. Janv. 1758.
Les oignons fecs font plus fains que les verds L’oi-
gnon a des vertus falutaires : pris avec du fénouil,
1l guérit l'hydropifie qui commence : appliqué avec du
linge fur les bleffures , il en appaife la douleur : cuit
à la braife & mangé avec du fucre , de l'huile & du
vinaigre il guérit la toux , & il eft bon aux afthmati-
ques : pilé & mélé avec du beurre frais, il appaife les
douleurs des hémorrides.
Ragoût d'oignons. Faïtes cuire de gros oignons en-
tre deux cendres , puis découpez les: mettez-les dans
un pot fur un réchaud avec du beurre frais, dufel,
du poivre & de la mufcade; faites mitonner le tout,
& les oignons étant bien cuits, mettez-y un filet de
vinaigre.
On fe fert de la racine ou bulbe de l'oignon dans
plufieurs remedes, L’oignon {eft chaud , apéritif , in-
cifif, mais venteux : 1l excite l’urine & les mois des
femmes : étant cuit fous la braife dans un linge mouil-
lé, il mürit les apoftumes, appliqué en cataplafme :
cuit ainfi , ileft bon aux mules ou engelures, & il
guérit les brulures non entamées.
Ourcnons de fleurs. Lorfqu'on veut les planter ,
foit en pots ou en planches , il faut prendre un quart
de bonne terre neuve , un quart de vieux terreau , un
quart de bonne terre de jardin , le tout mêlé & pañlé à
la claie, & mettre un bon pied de terre , foit fur les
124 OIS
planches ; foit dans les pots 3 29. il faut planter les
oignons à la profondeur d'un demi- pied en terre :
mettre les pots en pleine terre jufqu'au bord , & ne
les point retirer qu’ils ne foient prêts à fleurir ; il faut
les arrofer un peu pourvü qu'il ne gêle point : que s’il
géloit, on doit mettre quatre doigts d’épais de terreau
fur les planches, & meme les couvrir avec des pailla(-
fons. |
OISEAUX. Il y a une grande quantité d'efpéces
d'oifeaux : les plus connus font les oifeaux de proie ;
les oifeaux de riviere , comme les canards , les oies,
les farcelles , les paflagers , comme les becafes , les
rives : ceux de voliere, comme les ferins , les linots ,
Ée chardonnerets , &c. qu'on éleve pour les faire
chanter. Woyez chacun de ces oifeaux dans leur ordre
alphabétique.
Diverfes manieres de prendre les oifeaux, Voyez
Pirée , TREBUCHET.
Secret pour les prendre à la main. Mélez de l'elle-
bore blanc parmi la nourriture dont vous voulez vous
fervir pour appäter vos oifeaux , à peine ils en auront
piis qu'ils tomberont tous étourdis.
Ou bien prenez du grain , mettez-le tremper dans
de la lie de vin , ou dans une décoétion d'ellebore
blanc avec du fiel de bœuf,
On prend à cet appas , des perdrix , & même des
oies fauvages , & des canards.
Secret pour apprendre à parler ou à filer aux oi-
feaux qu'on éleve en cage. On doit 1°. leur donnet
leçon dans l'obfcurité , c’eft-à-dire le foir, & fe fervit
d’une chandelle qu’on leur expofe devant leur cage ;
les ténébies rendent les oifeaux plus attentifs à ce
qu’on leur enfeigne , & la lumiere qu’on leur oppofe
eft pour les réveiller un peu du fommeil : on a foin
de leur bien articuler les airs ou les paroles dont on
veut les frapper. On choifit pour cela de jeunes
oïfeaux , mais cet exercice demande un peu de pa
tience, |
Remede contre les poux qui incommodent les oi-
feaux, On doit les frotter de l'huile de lin , elle dé-
truira cette vermine.
Re T——
OIS OIN 12$
Pour empécher les oifeaux de manger les fruits des
arbres, il y a des gens qui confeillent de pendie aux
arbres un paquet d'ail , ou de les feringuer avec du
vinaigre & de l'eau d’abfinthe , ou de quelqu'autre cho-
fe amere.
O1sEaux de rapine. On appelle ainfi tous les oi-
feaux pillards qui rodent dans les airs pour fondre fur
le menu gibier , la volaille , le poiffon méme , #: les
dévorer ; tels font les vautours , les faucons , éper-
viers, autours, milans , gerfauts , orfaies, aigks,
lamiers , émérillons , hobereaux, facres, butors, hé-
rons ,; cormorans , coucous : on doit leur faire la
guerre de toutes manieres, foit en les tirant , foit en
les prenant aux filets avec un appeau , foit en détrui-
fant les nids : on doit aufli déiruire , autant qu'on
peut, les o1feaux de nuit qui font également carnaf-
fiers , & qui détruifent la volaille , le gibier & les
fruits ; tels font le chat huant , le hibou , ou chat-
huant 2 oreilles de lievre , la chouette , les corbeaux,
les corneilles, les pies, les geais.
Oiseaux de leurre (les) font ceux que l’on dreffe
pour prendre le gibier, tels fontle faucon, le facre,
le lanier , le gerfaut, l'émérillon & l'hobereau , & qui
reviennent fur le poing en leur jettant de leurre, l'au-
cour eft pour les faifans & les perdrix. Voyez Fau-
CONNERIE.
OISONS, on appelle ainfi les petits des oies.
Maniere de les engraifler : il faut les plumer entre
les jambes , & les renfermer dans un endroit chaud
& obfcur , leur donner pour nourriture de j'avoine
bouillie dans l’eau , & avec abondance : au bout de
quinze jours ou trois femaines , les oilons font fufi-
famment engraiffés.
Maniere de les faire cuire à la broche. On doitles
vuider, les barder , faire une farce avec les foies , lard ,
fines herbes, ciboules , perfil , fel, poivre , mufcade :
on en farcit le corps des oïfons, on les met à la bro-
che , & on les panne de mie de pain,
OING. Le véritable oing eft la graiffe de porc qui
tient aux reins, mais c'elt la graifle la plus molle & la
plus humide, au lieu que le lard eft la graiffe ferme.
126 O LI
Le vieux oing fe fait avec de la panne de cochon ;
que l'on bat fur un billot avec un gros bâton jufqu'a ce
qu'elle foi réduite en pâte : on met cette pâte endivers
morceaux ronds que l'on enveloppe d'une veflie de co-
chon , on la ent en lieu frais, & on s'en fert pour frot-
rer les effieux desroues , le rouleau des prefles.
OLIVIER. Arbre qui produit les olives : fes feuil-
les font longues, pointues , vertes par deflus & blan-
ches par-deflous. Au mois de Juin il porte des fleurs
Elanches en forme de raifin d'où viennent les oli-
ves : elles font d’abord vertes, & noires quand elles
font mures. Pour les manger on les cueille quand
elles fonc encore vertes, c'eft à dire , au mois de Juin
& Juillet, & onles met dans une faumure pour leur
faire perdre leur grande amertume : l'huile qui eft
d'un fi grand ufage n'eft autre chofe quele fuc des
olives écrafées fous le prefloir, Cetarbre ne vient bien
que dans les pays chauds , ou du moins forttempérés ;
car le froid lui eft nuifible : il lui faur un terroir gras
& expofé au plein Midi ou au Levant. Cet aibre fe
multiphe de boutures ou des rejettons qu'il pouffe. On
les plante d’abord en maniere de pépiniere dans un
endroirbien aëré , & dont la terre doit être noire & bien
labourée au mois de Novembre , dans des trous de
quatre pieds : on les couvre de quelques doigts de bon-
ne terre que l’on a foin de bien fouler. D'abord on
les laboure tous les mois , enfuite deux fois l'an; on
les amande avec du fumier de chevre ; & on les arrofe
pendant les chaleurs. Au bout de cinq ans on les tranf-
plante à demeure dans des terres labourables & dans
des fofles efpacés de vingt pieds , & qu'on a fouies
& remuées auparavant. On doit les labourer à la
houe en Juin & Septembre ; on les taille de huit en
huit ans, & lorfqu'ils ont déjà atteint cet âge. On
greffe cet arbre à trois ans au mois de Mai en écuflon.
& franc {ur franc : on cueille les olives au mois de
Novembre & d'Oétobre pour en faire de l'huile. Il y
a encore l'olivier fauvage, il eft plus petit que le pré-
cédent ; les olives en font plus petites , mais plus agréa-
bles au gout.
9 Le
ONG 117
Le bois d'oliviér s'emploie pour les ouvrages fur.
tout des Tourneurs & des Ebéniftes.
ONCE (fl) poids d'un grand ufage dans la pré
paration des remédes ; c’eft à valeur de huit gros ou
dragmes. Or le gros eft celle de 72 grains : par le poids
d'un grain on entend celui d'un grain d'orge ordinai-
re
E
On défigne l'Once en Médecine pat ce caractere 7j,
-la demi once 3 &, & l'Once & demie 2,8
I eft bon de f[çavoir que l'Once- de 1a livre du poids
de Médecine eft égale à celle de poids de marchand.
Voyez Livre.
ONGLE qui fe déracine avec la chair fürmontante,
Remede. On doit confomer certe excroiflance de
chair : & pour cela, y appliquer des feuilles de patien-
cc pilées , ou de l'huile de vitriol.
ONcLes tombés. Remede pour les faire revenir.
Broyez.de la quinte feuilles avec quelque graifle que
ce foit, & l’appliquez fur l'endroit ; l'ongie reviendra
Promptement : ou baflinez l'endroit avec eau deftillée
de tabac, & appliquez deffus des linges trempés dans
cette eau.
Ongles. Les Ongles des animaux de même que leurs
-Cornes, fervent à faire de la colle forte : on les ré-
duit auffi en pâte, & ils fervent à faire des cornets ,
écritoires , peignes, boutons, manches dé couteaux À
&c
ONGUENT. Compofition d'huile » de graifle, de
cire , de poudres, auxquelles on donne quelque con-
fiftance | & dont on fe fert pour panfer les plaies, &
autres maux externes. |
Il y a quantité de fortes d'onguents. En voici quel.
ques-uns dont on peut avoir plus de befoin.
Onguenc pour les panaris , & pour toures les tu-
meurs & abcés qu'on veut faire mûrir & percer ; on
l'appelle Onguenr de la Mere. Prenez beurre frais,
fain-doux , fuif de mouton ; Cire blanche, litharge d'or
€n poudre, de chaque un quarteron ; huile d'olive ,
demi-livre: faites fondre la cire & les graifles avec
l'huile ; mélezr peu-a-peu la litharge dans la fufion , en
RE. avec la fpatule : ôtez de deffus le feu jufqu'à -
ome II, I
128 ONG
ce que l'onguent foit froid,
ONcuEnT pour modifier les plaies, les vieux ul-
ceres & les fiftules, empêcher la pourriture, & les ci.
catrifer, pulvérifez deux onces de myrrhe, autant
d’aloës : incorporez-les dans une bafline avec trois
quarterons de miel écumé ; ajoutez fept à huit onces
de vin blanc : faites bouillir le mélange à petit feu,
l'agrant toujours avec une fpatule de bois, jufqu’à
ce qu'il fe foit épaifi en confiftance d'onguent, & gar-
dez-le pour le befoin. On l'appelle l'Onguent admira-
ble.
OnGuENT pour avancer la fuppuration des plaies &
des tumeurs. Prenez cire jaune, fuif de mouton réfi-
ne, poix navale, Thérébentine de venife, de chaque
demi-livre ; huile commune, deux livres & demi : cou-
pez par morceaux la cire & le fuif; caflez la réfine &
la poix noire ; mettez fondre le rout dans l'huile fur
un feu médiocre; coulez la matiere fondue ; & mélez-
y la térébenthine ; c'eft ce qu'on appelle l'Onguent Ba-
filicum: qui eft fort célébre,
Onguent pour réfoudre & fortifier les nerfs. Pre-
nez fuif de mouton deux onces, gomme élémi, té-
rébenthine claire, de chaque une once & demie,
graifle de porc une once: mettez fondre toutes ces
drogues enfemble fur un petit feu en remuant ; cou-
lez-les, & laiflez refroidir la matiere que vous gar-
_derez pour le befoin; c'eft l'Onguent de gomme ck-
mi. |
Onguent pour la brülure. 1° On doit avoir re-
cours aux remédes le plûtôt qu’on peut pour empêcher
que les veffies ne fe forment fur la partie brülée : on
doit la tenir le plus long-tems qu'on pourra devant le
feu.
Le fuif de chandelle fondu avec l'huile de noix, juf-
qu’à confiftance d'Onguent, eft excellent pour toutes
fortes de brülures. |
Faites tomber, goutte à goutte de la graifle de porc
toute bouillante fur des feuilles de laurier, ce fera
un fort bon liniment pour toutes fortes de brülu-
res. | : s1vil
Pour les brülures à la langue, au palais, ou dans
+ s
1
ON G 129
l'eftomac; le meilleur reméde eft d’avaler du via
pur.
Les remédes pour la brûlure ne doivent jamais être
appliqués qu'ils ne foient chauds.
Autres remédes. Prenez de la meilleure huile d'oli-
ve; une once & demie, de la cire Vierge , une on=
ce , le jaune de deux œufs durcis fous la cendre, Fai-
tes fondre de la cire fur un feu doux » Ÿ ajoutez.y en-
fuite l'huile & les jaunes d'œufs > CN remuant le tout,
jufqu'à ce qu’il ait acquis la confiftance d’un onguent,
qu'on gardera pour l'ufage.
On étend une couche mince de cet onouent froid
far du linge , & on couvre la partie brülée, on réitere
deux fois le jour jufqu’à guérifon.
oguent pour les hémorroïdes douloureufes, Pre-
nez des feuilles de petite chélidoine où éclaire non
lavées, & une poignée des racines lavées & efluyées,
une livre de beurre frais: faites cuire le tout en-
femble à petit feu de charbon pendant une demi-
heure, & jufqu'à ce que les herbes & racines foiene
bien cuites, & l'humidité confommée - pañez le tout
chaudement par un linge avec forte expreflion , &
confervez 1 Onguent daas un pot de fayance pour le
befoin.
Autre Onguent pour les hémorroïdes. Faites fondre
du plus vieux lard ; ôtez.en les peaux feches, jettez
y demi once de cire blanche coupée par petits mot-
ceaux ; rémuez-le tout jufqu’à ce que la cire foit fon-
due & incorporée avec Ja graifle ; retirez le vaifleau
du feu; remuez l’onguent avec la fpatule jufqu'à ce
qu’il foit froid; frottez-en fouvent les hémorroïdes avec
le bout du doiot. |
Onguent rofat pour réfoudre les tumeurs & abcès :
adoucir les infammations, calmer les douleurs des join-
tures, guérir les hémorroïdes, éréfipeles , dartres, maux
de tête, temperer la chaleur exceflive de l’eflomac, &
l'inflammation des Parties naturelles,
Prenez de la graiffe de porc récente , nettoyez-la de
fes peaux ; lavez-la plufieurs fois dans l'eau. Mettez-
en trois livres dans un pot de terre: mélez-y la
| hs
130 ONG
même quantité de rofes pâles récemment cueillies ,
féparées de leur calice, & concaflées dans un mortier
de marbre, couvrez le por; mettez. le en digeftion
au foleil pendant fept jours. Remuez de tems en tems
la matiere avec la fpatulé de bois, puis faites cuire
Y'infufion à petit feu pendant près de deux heures: :
coulez-la, exprimez le marc :mettez dans l’onguent cou-
lé autant de rofes pâles qu'auparavant ; laiffez enco-
re diriger la matiere pendant fept jours. Faites-la bouil-
lir à petit feu; coulez-la avec exprefhion , & au-
tez l'Onguent rofat achevé. Si vous voulez lui don-
ner une couleur rouge , faites y tremper chaudement
pendant quatre ou cinq heures deux onces de racines
d’orcannette.
Onguent pour les dartres , la gratelle , & autres dé-
mangeaifons de la peau, comme auffi pour faire mou-
rir les poux & les puces.
Prenez fix onces & demie de vif argent, & quatre
onces de térébentine de Venife, agitez le tout forte-
ment dans un mortier de bronze pendant cinq ou fix
heures, afin qu'il s'éteigne entierement: mélez-y en-
fuite peu-à-peu crois livres de grailfe de porc, & faires-
en un onguent Si on en oint feulement les bois de
lit, on fera mourir les punailes.
Autre Onguent pour les dartres. Mêlez demi-once
de fel de Saturne , & une dragme de fublimé doux
pulvérifez fubrilement avec trois onces feulement d’'on-
guent rofat; frotrez de cet onguent les parties affec-
tes, mais il faut auparavant avoir faigné le mala-
de.
Onguent pour les plaies canfées par quelque fer que
ce foit & fur-tout pour les plaies de la tête. Faites bouil-
lir dans du lard fondu , ou dans de la graifle de porc
mâle, de la grande confoude, bugle brunelle , plan-
tain long , millefeuille , fcrophulaire aquatique, lier-
re de terre, véronique mâle & femelle, pariétaire , &
autres herbes vulnéraires , & réduifez le tour en un
Onguent qui fera excellent. É
Onguent du Cocher pour fécher les maux de jam-
bes des chevaux. Mettez dans un pot du miel commun
& de la couperofe em poudre, de chacun une livre &
tit
re "om
PE =
OPI 12€
demie ; mêlez-les & faites les chauffer , 2 petit feu:
remuez juqu'à ce qu'il bouille, puis Ôtez du feu, &
étant un réfroidi , jettez dedans une once d’arfenic en
poudre ; faites de nonveau chauffer toute cette matie-
re, jufqu'a ce qu'elle bouille, puis laiflez la refroidir ,
& remuez encore long tems , mais éloignez-vous de
Ja fumée. Il faut à le poil de tout l'endroit où
eft le mal ; le frotter avec un bouchon , le graifler avec
Le doigt , prenant garde de n’en pas trop mettre , & n’en
appliquer que de deux jours l'un.
OPIATE. Eft un médicament d'une confiftance mol-
le comme les confitures. On le compofe ordinairement
de conferves , d’éleétuaires , de poudres de fels & de
fyrops , dont on forme un tout , qui fert pour plufieurs
dofes.
OP1aTE apéritif, fondant & purgatif. Prenez une
once de conferve liquide faite avec la racine d'Enu-
da campana , de Gentiane & Safran de Mars apéri=
tif ( ou vingt-cinq grains de iimaille d'acier bien porphi-
rifée } de chacun une demi-once ; de Conferve d'Al.
kermes , deux gros ; Gomme ammoniac , & Safran orien-
tal, de chacune un gros & demi panacée mercurielle
ou mercure doux ; f/cammonnée préparée, de chacune
deux fcrupules ; extrait de rhubarbe & d'aloës, de cha.
cun trois gros : mélez le tout exactement avec une fuf-
fifante quantité de fyrop d’abfnthe : faites-en une Opia-
te de confiftance requife. La dofe eft depuis demi-gros
juiqu'à un gros: cet opiate eft bon pour les obftruc-
tions.
Opiate anti-fcorbutique. Prenez du fafran de Mars
apéritif, deux onces; de cinabre naturel, trois gros;
d'œthiops minéral, une once, mirrhe choifie, & fa-
fran oriental de chacun deux gros : réduifez ces gros
en poudre fubrile. Ajoutez-y un extrait daloës , de fu-
meterre & de cochlearia , de chacun üne demi-once ;
mélez le tout exaétement avec une fufffante quanti-
té de fyrop d'abfnrhe pour faire une Opiate de con-
fiftance requife.
OptarE indiqué par M. Chomel en fon diétion=
naire œconomique , pour purifier le fang & rafraichir
le foie. Prenez raçines de chicorée , .n dragmes
3
132 O PI O PP
racines de patience : de polypode, raïfins de Damas;
reolifle, chiendent, de chacun une dragme ; des qua-
tre capillaires, bourrache efcariole , endive , bétoine ,
aigremoine , houblon , pimprenelle, fcabieufe, de
chacune une poignée ; des quatre femences froides ,
marjolaine, fénouil , anis, de chacune deux onces :
faites-en une décoétion , puis prenez fix onces de fe-
né mondé que vous ferez bouillir dans la décotion ,
ajoutez deux onces d'agaric blanc , deux dragmes de
canelle , & une pincée de fleurs cordiales, que vous
mettrez infufer dedans : faites-les cuire avec une li-
vre de fucre ; ajoutez-y quatre onces de cafe mon-
dée, conferve de bourrache , de celle de buglofe &
de violette, de chacune deux onces. Faites un opiate
de toutes ces drogues , la dofe eft une dragme & demi
ou un gros & demi, deux heures avant le repas une fois
la femaine , ou deux fois le mois.
OPIUM. Larme gommeufe qui fort de la tête des
pavots d'Egypte : celui que les Turcs nous envoient,
eft un fuc tiré par expreffion de ces mêmes têtes, &
réduit en confiftance d'extrait; il doit être pefant, vif-
queux , de couleur noire , luifant au-dedans , d'un goût
âcre. On l'appelle Laudanum lorfqw'il eft purifié & pré-
paré ; fon ufage eft pour exciter le fommeil , calmer
les douleurs, arrêter le cours de ventre, le vomifle-
ment : mais ce remede demande de grandes précau-
tions ; car fon excès eft mortel. La dofe eft depuis de-
mi grain jufqu'a deux grains.
OPPOSITION ( une ) eft tout acte judiciaire par
lequel on forme oppofñtion à quelque chofe : ainfi on
forme Oppofirion à un mariage pour empêcher que
des perfonnes qui veulent fe marier, paffent outre à
la célébration du mariage , on forme aufli Oppofition
à une vente d’üne chofe mobiliaire ou immobiliaire ,
comme dans le decret pour empêcher qu'on ne pañle
outre ou au moins qu'il n'y foit procédé qu'a la char=
ge de la confervation de nos droits. 3°. On fait op-
pofition à une Sentence pour fe pourvoir contre un
Jugement rendu par défaur ; & ce dans la huitaine
du jour de la fignification de la Sentence : on en fait
de même contre un Arrêt, quand il n'a point été
| OR 133
tendu avec nous , ou qu'il a été rendu contre nous fur
Requête , ou qu'il a été obtenu par défaut, 4°. On
en fait aufli au décret, en fait de vente par décret :
cette oppolrion peut être de quatre fortes ; la pre-
miere eft afin d'annuler ; & tend à ce que la faifie
réelle foic déclarée nulle ; la feconde eft afin de dif-
traire, elle eft formée par le propriétaire d’un héri-
tage qui a été compris dans la faifie réelle , & tend
à ce que cette portion en foit diftraite; la troifiéme,
eft afin de charge, elle eft formée par celui qui pré-
tend avoir un droit réel fur l'héritage faifi, par exem-
ple, une rente , & elle tend à ce que l'immeuble ne
foit vendu qu'a la charge de ce droit; la quatriéme,
eft afin de conferver, elle eft formée pour un Créan-
cier de la partie, en vertu d’une Obligation, Sen-
tence ou Arrêt, & tend à ce que ce Créancier foit
colloqué utilement pour fon dù, du jour de fon hy-
pothéque , tant du principal qu'arrérages.
11 y a en outre f'oppofñition en fous-ordre; elle eft
formée par un Créancier d’un Créancier oppofant , le-
quel s’oppofe à ce que la fomme pour laquelle fon Dé-
biteur fera colloqué lui foit délivrée , afin qu'il foit
payé de fon du.
Eofin , il y a oppofñtion au Sçeau , & celle au ti-
tre des provifions d’un Office, elle eft formée par un
Créancier entre les mains de M. le Chancelier , Garde
des Sçeaux , en parlant au Garde-rôle des Offices, à
l'effet qu'aucune provifon foit fcellée au préjudice de
fes droits.
OR. 10r eft le plus précieux des métaux. L'Euro:
pe fournit plufeurs mines d’or, mais le Perou aux
Indes occidentales , eft le pays qui en eft le mieux
fourni , & prefque toutes les Nations le tirent de-là,
L'Or eft le plus folide de tous les métaux : il eft com-
polé de particules fi fines, qu'il eft difficile de les fé-
parer : il réfifte au feu le plus violent, & il n’en
fouffre aucune diminution, il conferve toujours fa
couleur naturelle ; mais il eft malléable , & il peut s'é-
tendre fous le marteau plus que tout autre métal. Il
eft fufceprible de toutes les formes qu'un habile Ou-
vrier lui veut donner, il n’y à point de corps (olide qui
J 4
134 OR A
foic capable d'une auffi grande extenfon. On prétend
que d'une once d'Or on peut tirer un fil de 2030800
pieds de longueur, Quoique la fubftance de l'Or ne
puiffe être aiterée , on peut le mêler avec d.autres me-
taux 3 & alors on en diftingue la pureté & la valeur
par le nombre des carrats. L'Or le plus fin eft exempt
de tout alliage , il fe nomme Or de 24 carrats , & au-
tant il contient de carrats au-deffous de ce nombre, au-
tant il perd de fa valeur ; ainfi fi on méle enfemble
un quart d'argent , un quart de cuivre & une moitié
d'or, le tout fournira un Or de 12 carrats , ainfi
du tefte,
ORANGE. F. Oranger. ( Eau de fleur d') Liqueur,
Faites fondre du fucre dans de l'eau fraîche , puis
mettez dans le fucre fondu de l’efprit de vin fimple,
& de l'eau de fleur d'orange double ; mélez-les bien,
paflez-les à la chauffe, & laiffez clarifier la liqueur.
L'ean de fleur d'orange double fe fait au bain ma-
rie, On met dans l'alambic des fleurs d'orange à pro-
portion de ce qu'on veut tirer d'eau, fans mettre nt
eau ni eau-de- vie; on met l’alambie fur le feu, & on
ute toute l'odeur de ces fleurs.
La fimple fe fait ainfi. On met la feuille & le cœur
de la fleur d'orange fraîche, fans l’éplucher dans la
cucurbite avec de l'eau ; par exemple, pour tirer trois
pinces, il faut quatre pintes d’eau (ur une livre de
fleurs : metrez l'alambic fur le feu ; obfervez les regles.
de Ja diftillation , & rafraïchiflez toujours votre ré-
frigérent.
Ratafiat de fleurs d'orange. Prenez des fleurs d'o-
ranges les plus épaifles qu'il fera pofible, fraîchement
cucillies au lever du foleil, & au fort de leur faifon.
Epluchez-les , faites-les blanchir dans un peu d'eau
bouillante, & fort peu de tems : mettez-les égoutter dans
un tamis, Etant froides, mettez - les infufer dans de
l'eau de: vie pendant fix femaines , après lefquelles paf-
fez l'infufion dans un ramis: laifez bien égoutter les
fleurs puis faites fondre du fucre dans l’eau : verfez
la liqueur dans ce fyrop , & paflez à la chauffe pour .
Ja clarifier,
La recette eft une livre de fleurs d'oranges blanchies .
OR A 135
miles dans cinq pintes d’eau-de-vie , deux livres de fu-
cre fondu dans cinq pinies d'eau,
ORANGER ({!') eft un des arbres qui vit le plus
long-tems Il eft toujours verd. Ses feuilles font char-
nues & unies: fes fleurs fonc blanches & d’une odeur
forte mais agréable, Cet arbre ne vient naturellement
que dans les parties méridionales de la : rance, comme
la Provence ; ainfi 1l demande des foins plus particu-
liers dans les climats bien moins chauds, tel que celui
de Paris & des Provinces voifines,
. On peut en élever 1°, par le moyen de quelques
Jeunes orangers qui nous viennent de Provence & de
Gênes : on peut augmenter ce fonds en femant au
mois de Mars des pepins de bigarrades, qui font des
orangers amers & fauvages, On les feme dans des caif…
fes de terre préparée, en les tenant dans un lieu fer-
mé. Ils forment des fauvageons que l’on peut replan-
ter féparément dans des pots de terre: on leur donne
des labours , on les iR: de tems en tems ; ils mon-
tent près de deux pieds dès la premiere année: on les
greffe dès la feconde année. Cette greffe fe fait en écuf.
fon ou en approche, & d'oranger fur oranger ; & on
les met tantôt au foleil, tantôt à l’ombre.
On doit oblerver de proportionner la caifle à Ia
tige ; & une, caifle de douze à quinze pouces de lar-
ge fufft aux tiges les plus vigoureufes, & lorfqu'on
juge que la terre de la caiffe eft ufée, on met l'arbre
dans une autre caifle garnie de terre neuve , & on n'at-
tend pas que l'arbre cefle de croître en feuillages, A-
prés fept ou huit ans, on le tranfplante dans la der
niere caille , qui doit avoir environ vingt ou vingt-qua-
tre pouces de large.
Les caïfles doivent être de chêne , & aflemblées fo-
lidement , & revêtues d’une double couche de peintu-
re en huile , pour réffter à l'ardeur du foleil & à la pour-
riture. Pour bien encaiffer les orangers, il faut garnit
le fond de la caifle de greffes piéces de brique & de
platras , afin que l’eau s'écoule par les trous dont le
fond eft percé : enfuite on garnir le fond & les côtés
de terre préparée. Ce doit être une terre mêlée d’une
partie de terreau de brebis repofé depuis deux ans,
Y36 OR A
d’un tiers de terreau de vieille couche , & d'un tiers de
terre graile de marais, &c.
Puis on place l'Oranger : on doit en diminuer la
motte pour le tenir proportionné 2 la caïffe : il fauc
tenir roujoufs la hauteur de cette motte plus élevée que
le bord de la caifle, de peur qu'infenfiblement l'arbre
n'enfonce trop : foutenir le tout avec de petites pié-
ces de bois , achever l’encaiflement , en entaffant avec
force de la terre de tous” côtés.
On doit tâcher de donner à l’oranger une belle tête.
C’eft ce qui en fait la beauté : ainfi on peut lui donner
la forme d’un beau buiffon , ou celle d’ur globe par-
fait.
Quant 2 la taille de l'Oranger, on doit retrancher
19. la plüpart des menues branches ; 2°. celles qui
pouffent à plomb vers le bas , & celles qui fe dépouil-
lent de leurs feuilles: par-là on évuide l’intérieur de
l'arbre ; on a foin de conferver routes les branches vi-
goureufes. Si quelque accident, comme la grêle ou la
maladie défigure un oranger, il faut ravaler l'arbre,
c'eft-à-dire, raccourcir & couper les branches jufqu’à
l'endroit qui refte le plus entier vers l’intérieur de la
tête.
Lorfque par maladie un oranger jaunit, on lui don-
ne une nouvelle terre, ou bien on taille toutes
les racines gâtées , & on n'expofe l'arbre au foleil
que pendant deux ou trois heures ; s’il eft attaqué par
certaines punailes qui fucent cet arbre, & que l'on
connoît à quelques taches noires, on doit frotter la
branche & chaque feuille gâtée avec du vinaigre.
Pour préferver les orangers du dommage que le
grand froid leur caufe, on doit les tenir dans une
bonne ferre , & les y enfermer. dès la mi-Oétobre.
Maniere de cultiver les orangers dans les climats
tempérés, comme aux environs de Paris,
Pour avoir de beaux orangers, & qui rapportent
des fleurs & des fruitsen quantité , il faut 1°. prendre
pour la terre la fuperficie de celle des bois de haute
futaie dans les endroits où le vent ramaffe les feuilles
qui tombent des arbres, car elles s'y pourriflent & fe
OR À 137
mêlent avec {a terre. Cette terre eft légere & douce,
un peu fablonneufe : elle paroït noiratre quand elle eft
humeétée: l'eau de la pluie & des arrofemens la pé-
nétrent facilement , & elle ne retient point trop d’hu-
midité, comme fait la terre argilleufe & forte ; 2°. ne
point mélanger cette terre avec aucun fumier, fi ce
n'eft le marc de raïfin, parce qu'elle a fufifamment
de fel par elle-même : or le marc de raïfin n'a point
de fei dangereux, fa chaleur eft tempérée , & produic
de bons eflers : mais pour s’en fervir à propos, il faut
qu'il ait été purgé : pour cela il faut le mettre dans
une fofle aflez creufe , y mêler de mauvaifes rognures
de cuir ; le bien fouler avec les pieds, le couvrir de
demi-pied de fumier de cheval tout nouveau , & le
laifler repofer un an, & y jetter de tems à autre de
l'eau en abondance, à moins qu’il ne foit humecté
par des pluies fréquentes , & ne le point découvrir que
quand on veut s’en fervir. Si dans la fuite on veut bo-
nifier cette terre , on le fait au moyen des arrofemens,
dans lefquels on mêle des extraits de fumier qu’on tire
en forme de leflive.
3°. On doit laïffer à découvert les racines de l’o=
ranger les plus proches du tronc, afin que le foleil les
pénétre ; mais pendant les chaleurs, on les couvre de
feuilles d'arbres féches, ou de la paille, & lorfqu’on
les renferme dans la ferre, y remettre de la terre où
vieux terreau. On doit fur-tout défendre les orangers
du froid & du vent: le fumier à contre-tems leur eft
également pernicieux : on n’en doit jamais mettre de
celui de vache ni de porceaux ; tous les autres doivent
être bien confommés & mis avec prudence.
Obfervations nouvelles fur la culture des oran-
gers.
Les orangers fe plaifent dans un terrein compofé
d'une quantité égale de fiente de mouton de deux ans ,
ou de Îa terre d’égout, ou tirée d’un marais, ou d'une
chenevriere, Lorfque les orangers font affez forts pour
être mis en caifle , il faut proportionner les caifles aux
| «êtes de ces jeunes arbres, c’eft-à-dire qu’elles doivent
avoir environ quinze pouces de diamétre , mais on
soit les mettre plus au large dans d'aut:rs lorfre
138 OR A
l'arbre ceffe d'augmenter fon feuillage; & qu'il paroïe
languifflant. Âu bout de fept à huit ans, on doit les
tran{planter avec toute leur terre dans des caiffes , donc
le diamétre pourra être de vingt-quatre pouces.
Ces caifles doivent être de cœur de chénes. Les
planches doivent étre épaiffes d’un peu plus d’un pouce,
bien jointes enfemble , & couvertes en-dehors & en-
dedans d’une couche de couleur à l'huile, comme on
a dit ci-deffus, pour empêcher qu’elles ne pourriffent
par l'humidité conuinuelle de la terre. Les grandes
caifles doivent avoir une porte à double gonds , fou-
tenue par deux barres de fer : elle eft néceffaire pour
pouvoir renouveller la terre , & en tirer le fédiment
liquide qui s’amafle au fond , & donner une iffue au
terreau foulé, On doit couvrir le fond des caifles de
briques & de morceaux de poterie , afin que l'eau trou-
ve un paflage aifé par les trous dont le fond eft per-
cé, & garnir le fond & les côtés de la caifle de bon
terreau préparé.
Maniere d’encaiffler les orangers. Après qu’on 2
obfervé ce qui vient d'être dit, on plante l'arbre bien
droit dans la caifle, mais on diminue la mafle de
terre autour de la racine : on entafle après cela de
tous côtés une nouvelle mafle de terre qu’on prefle-
légerement autour du tronc, afin que la terre s’af.
faille autour de la racine. On doit élever la terre fous
la racine plus que vers les bords de la caiffe, car le
poids de l'arbre fair peu à peu baiffer la terre du mi-
lieu , laquelle fe trouve bien-tôt au niveau avec celle
des bords.
Les orangers ont ordinairement la figure d'arbres
nains bien touffus.. L’ufage eft de les tailler en glo-
bes parfaits, ou bien en hémifphére , ce qui fe fait
en arrondiflant le fommet & les côtés, & taillant le
bas horifontalement, car la régularité de la tére eft
la principale beauté d'un oranger. Lorfqu'on les taille
on doit couper les petites branches |; quoiqu'elles
pouflent bien , c’eft afin de lui donner du vuide : on
coupe auffi les branches qui pouflent direétement.vers |
le bas, mais on conferve toutes les branches vigou-
reufes qui peuvent contribuer à la beauté de la êtes
,
TS
OR A 139
Lorfque le vent, ou la gréle, ou quelque maladie
ont défiguré un oranger , on doit chercher quels
font les endroits les plus fains du bas de la tête, &
recourcir les branches jufqu’à l'endroit qui promet
un nouveau feuillage. Lorfqu'un orarger commence
à jaunir, on doit le mextre à l'ombre , & ne l'expo-
fer que deux ou trois heures au foleil, & fi le mal eft
à la racine , il faut couper toutes les branches des ra-
cines qui font defféchées. S'il eft attaqué d'un infeéte
prefque imperceptible qui fe tient fur les feuilles &
fur les branches, & qui les ronge, pour remédier au
tort confidérable que font ces fortes d’infetes, on doit
frotter les branches & les feuilles infeétées avec de
petites vergertes douces trempées dans du viaaigre.
Comme le froid eft le plus grand ennemi des oran-
gers, on doit mettre les caifles dans la ferre depuis
le milieu d'O&tobre , jufqu’au retour de la belle fai-
fon.
Des gens entendus dans la culture des orangers,
ont expofé dans un Mémoire inféré dans le Journal
Oeconomique ( Juillet :757.) Que les pots de terre
font préférables aux caifles, ils alléguenc avec raifon
l'exemple des Génois qui ne fe fervent que de pots
de terre, En effet, difent-ils , on doit remarquer que
la culture des orangers dépend eflentiellement. de
trois chofes, fi on veur qu’ils reufliffent. 1°. du fel qui
fe trouve dans la terre, & qui leur fournit la nourri-
ture : 2, de Ja chaleur qui excite ce fel & ie fait agir;
3°. de l'humidité qui tempere cette chaleur, & diftri-
bue ce fel dans toutes les racines. Mais ce n’eft pas
le tout d'avoir donné ces trois chofes aux orangers dans
le dégré convenable , il fau les leur conferver.& ern-
pêcher qu'elles ne fe diffipent.en peu de tems; c'eft à
quoi rage qui eft emprifonné dans des caifles ou
des pots, eft plus expofé qu’un autre arbre , parce que
toujours chargé de fes feuilles & même de fruits, if
s'épuife plus promptement, & ainf il a befoin qu'on
lui conferve le fel qui fait fa nourriture, Or cela ef
bien plus difficile lorfqu'il eft élevé dans une :caifle,
Car 1°. la porofité du bois , & l'incervalle qui eft entre
les planches , rendent la caifle comme ouverte de tous
I40 OR À
côtés, enforte que l'arrofement, après avoir pénétré
: Ja terre, {e perd par routes ces ouvertures, & entraîne
les fels, & ia terre fe trouve bien-tôt épuifée. 2°. Le
foieil échauffant la caifle par la force de fes rayons ;
atire toute l’humidité de la verre avec le fek qu'elle a
détrempé:: l'air qur pénétre avec facilité dans la caif-
fe , produit le même effet: c'eft ce qui fait languir les
orangers, & voila pourquoi ils font tant de tems à fe
former. Les pots de terre n'ont point ces inconvéniens :
1°, l’eau des arrofemens ne peut pas fe perdre, puif-
qu'il ne s'y trouve point d'autre ouverture que celle
qui eft au fond. 2°. Le pot étant plombé ou verniflé
par dehors, le foleil ne peut pas, en attirant Fhumidi-
té, attirer les fels qui ne peuvent point pañler par les
pores, bien plus, s'il fe trouve tant foit peu d'air en
dedans ; l’arrofement le repouffe en-dehors.
En effet, quand on arrofe les orangers en pots, on
voit fouvent bouillonner l'eau, parce que ne pouvant
fe répandre par les cotés du pot ,elle prend la place
de l'air qu’elle rencontre, & le force de fortir par le
haut avec impétuofité. Autre raifon : la chaleur eft
néceffaire aux orangers, mais ce doit être une cha-
leur accompagnée d'humidité , autrement elle brüle-
roit les racines. Or, 1°. Les caifles ne font pas fi-tôt
échauffées que les pots de terre, & elles ne confer-
vent pas fi long -tèms leur chaleur; car fi dans un
certain efpace de rems, on arrofe une caifle une
fois, il faut dans le même tems arrofer un pot trois
fois. D'ailleurs, on ne peut arrofer les orangers dans
les caifles qu'avec poids & mefure, & on eft-obligé
de les ferrer prefque fans humidité. Si on ne veut cou-
ir le rifque de les faire périr. On n’a pas ce mal à crain-
dre quand on fait ufage des pots; on peut les arrofer
fans courir aucun rifque , ils ne peuvent jamais l'être
trop: les racines de l'oranger ne font pas dans le
bois comme il arrive aux caifles, mais dans la terre.
Au refte , les pots donc on parle ici, ne doivent point
être des pots de fayance , parce qu’ils font très petits,
& qu’ils font verniflés en-dedans comme par-dehors,
& ont un fond plat; ils doivent être faits en enton-
-aoir & de figure ronde au fond , & fourenus par une
a es
ORD T4t
baze qui les éleve de terre , afin que l’eau ait une iflac
libre par le trou qui eft au fond. Ce feroit une erreur
de penfer qu'on ne trouve point de pots aflez grands
pour placer de gros orangers. La confervation d’un
oranger ne dépend point de la grande quantité de
terre quon lui donne, mais de Îa confervation des
fels que la terre contient : un pot de deux pieds de
diamétre par le haut, fufic pour les plus gros oran-
gers , euflent-ils une tige aufh groffe que la cuifle ,
pourvü qu'on ait foin de l’arrofer à propos, & de lui
donner une terre nouvelle de trois en trois ans , &
de répandre tous les fix mois fur la fuperfici
doigts de vieux terreau nouvellement forti d
che. ur
Enfin , on peut avec les pots donner aux orangers
un nouvel afpeét, en les tournant du côté que l’on
veut: ils fe trouvent toujours fur la même ligne , ce
quon ne peut point faire à l'égard des caiffes , paice
qu'elles feroient une irrégularité choquante,
Les orangers font de deux fortes > les douces & les
aigres : le fuc de celles ci eft réfrigératif, celui des pre-
muieres a un effet contraire, L'écorce d'orange confite
au fucre fortifie l'eftemac, chafle les venroftés.
ORDRE ( des Créanciers. )} On appelle ainfi un
jugement qui contiént l’ordre & la fuite fclon la=
quelle un chacun Créancier eft mis pour être payé de
fa derte , fur les deniers provenans de la ventre des
biens immeubles de leur débiteur, fuivanc les droits
hyporhéques , priviléges qu'ils ont les uns & les au-
tres. Dans un Ordre il y a trois rangs de Créanciers
1°. les privilégiés, rels font le Procureur pourfui-
vant pour les frais extraordinaires des criées, çar les
frais ordinaires font à la charge de l'Adjudicataire :
ceux qui ont prêté leur deniers pour l’acquifition d'une
chofe, & s’ils ne peuvent pas être entiérement payés,
ls viennent à contribution fur la chofe : 2°, Les Créan.-
£igrs hypotéquaires. qui viennent felon l'ordre de
‘leur hypothéque ; 3°, les Créanciers chirographai-
: es €n cas qu'il refte quelques deniers après que les
Autres ont été payés ; & dans ce cas , ils viennent à
“contribution au fol livre, Au refte, cer Ordre n'a
e quatre
€ la cou-
e "
248 ORE
lieu que dans la vente des immeubles, car dans celle
des meubles , tous les Créanciers viennent à contribu-
tion, excepté les privilégiés peronnels , tels font les
frais funéraires , ce qui eft du aux médecins, Chirur-
giens , Apoticaires, &c.
OREILLES. Remedes pour les divers maux d'oreil-
les. ( Tinrement d') Coulez dans l'oreille une goutte
ou deux d'eau-de-vie, dans laquelle on aura infufé
du romarin: ou bien faites recevoir par un entonnoir
la vapeur du vinaigre , mis dans une écuelle fur un re-
chaud. ‘
OrEiLces ulcérées. Inftillez dedans du fiel de porc
ou de l'huile d'œufs, ou du fort vinaigre avec du fiel
de bœuf incorporés enfemble. Ce dermer remede éva-
cue la pourriture des oteilles.
OREILLES qui jettent une mauvaïfe odeur. Diftillez
dedans du jus de mercuriale & du vin mélés enfemble
par égale quantité. |
OreEiLzes humides. Frottez-les avec de la poudre
d'alun brülé, ou de la poudre de vitriol.
OR&1ILLE où eft entré quelque petit animal, com-
me puce, fourmi, moucheton, perce-oreille, &c. Dif-
tillez de l'huile ou du vinaigre dans l'oreille, cela les
fera mourir ; pour le perceoreille , on doit inftiller quel-
gouttes d'eau-de-vie.
Si c'eft quelqu'autre corps étranger , comme pierre
ou pois, on effaiera de le tirer avec un cure-oreille ,
ou on mettra un peu de laine imbibée de térébenthi-
ne pour attiret le corps étranger : l’éternuement en fer-
rant le nez , eft fort utile en pareil cas.
Dureté d'oreille ou d’ouie. Remplifflez de poudre
de cumin un oignon dans lequel vous aurez fait un trou
du côté de la racine : bouchez ce trou avec deux peaux
de l'oignon; mettez l'oignon fous la cendre ; faites-le
cuire lentement; étant cuit, preffez-le, & faites dé-
goûter dans les oreilles ce qui en fortira. à
On peut encore s’y prendre différemment , c'eft-à-
dire, tirer le germe de l'oignon après l'avoir fendu ,
puis on le rejoint avec un fil; on remplit le vuide de
momille ; on fait cuire l'oignon dans les cendres
chaudes ; & lorfqu'il eft cuit, on exprime le fuc,
&
ORE 143
& on les fait inftiller dans les oreilles.
Le fuc de morube blanc , ou celui de feuilles de lier=
re , eft encore fort falutaire à cette force de mal,
Douleur d'oreilles. Prenez un oignon cuit fous la cen-
dre , une once de beurre frais , une once d'huile rofat ,
autant d'huile de Camomille , un gros de fafran en pou-
dre : mélez le tour, & l'appliquez, Ce remede fera vui-
der l'abcès s il y en a.
Ou diftillez dans l'oreille du jus de mauve ou du jus
de feuilles de lierre , ou du jus de plantain , mélez de ce
jus avec un peu de miel, # jetrez-en quelques gouttes
dans l'oreille Woyez SurDite.
OreiLres de Judas. C'eft le nom qu’on donne 2
por champignons qui renferment un poifon mor-
tel, e
-À l'égard de maux d'oreilles qui furviennent aux che-
vaux, s’ily a abcès ou ulcère, il faut le couper, & le
guérir avec du miel & de l'aluo.
Oreizes D'Ours (l') tient fon rang parmi les
belles fleurs. Elle poufle des feuilles polies & graffes :
du milieu de ces feuilles fortent des tiges , qui dans
leur fommet font épanouir des fleurs jaunes ou pâles,
d'une odeur douce & mielleufe. Chaque fleur eft de la
forme d'un tuyau élevé en entonnoir, & découpé en
fix ou fepr parties. La graine en eft de même, & de
couleur brune. Les Oreilles d’ours les plus eftimées doi-
vent avoir la tige forte , la fleur ronde, & n'être que
d’une feule couleur ; telles font les panachées, les velou-
tées, les luftrées , les doubles , les triples. Ces fleurs
viennent de femence ou d'œilletons : elles demandent
uneterre préparée, c'eft-à dire , qu’elle doit être de la
terre à potager bien criblée , & autant de terreau de cou-
che , le tout mêlé,
On feme la graine au mois de Septembre, on l'ar-
rofe & on la porte à l'ombre : comme elle eft fix
mois à lever , il eft plus court d'œilletonner certe plan-
te , mais fi elle a pouffé des œillerons , l'un panaché,
l'autre pur , on doit conferver le panaché & Oter le pur.
Lorfque l'Oreille d'ours a jetté plufñeurs œilletons pa-
pachés , il faut attendre que la fleur foit pailée pour
œilleconner.
Tome II. - K
144 OR G
Lorfqu'elles font en fleur , on les œilletonné : tou
œillecon eft bon 2 planter, pourvu qu'il ait un peu de
racines. Îi faut le mettre jufqu’au coliet dans la terre
préparée, de forte qu’il n'y a que les feuilles qui paflenc :
on doit l'arrofer, lui donner de l'ombre jufqu'àa ce qu'il
puifle être tranfporté, on a foin de couper toutes les
feuiiles pourries. Quand on veut détruire un œilleton , il
faut arracher l'oreille d'ours feuille à feuille, jufqu'a ce
que l’on trouve une petite partie en forme de cœur que
Jon coupe , & on prend garde de ne point endommager
le coller de la plante.
La terre qui leur eft propre eft celle des buttes for-
mées par les raupes , ou des foflés qu'on a curé dans les
rés, & de la terre de vallée.
ORGE (!') forte de menu grain du nombre de ceux
appellés Mars. L'oige a le grain pointu & piquant,
& gios du milieu, 1l vient en fourreau. Son épi eft
baibu & fa feuille longue ; il y en a de deux for-
tes, le gros ou quarré qu'on appelle Eÿcourgeon , &
l'orge commun ; ce dernier a le grain plus petit, on
l'appelle Paumelle en certains pays. Il vient dans les
teires legeres comme dans les terres fortes : il fe chan=
ge en avoine dans celles qui font humides. En génés
ral , l'orge altere le fond des terres : ainfi on ne doit
jamais femet en orge que la vingtiéme partie de fes
tertes. On le feme depuis la mi Avril jufqu’à la fin
de Mai par un tems fec, après avoir bien labouré le
champ.
our un arpent il faut environ huit boiffeaux d’or-
ge; la culture & la récolte font les mêmes que celles
de l'avoine. L’orge ferr pour nourrir les beftiaux &
les poules: on en fait du pain dans les années de di-
fete qui ceft aflez nourriflant , mais pefant fur l'ef-
tomac.
ORGE d'automne ou orge quarré, appellé autre. |
ment Efcourgeon. C'eft une efpece de bled dont lépi |
à quatre rangs de grains & quatre coins Son grain
eft jaunâtre & plus gros que l'orge commun. On le
feme en automne , & il mürit en Juin:ileft d'une
grande reflource pour les pauvres gens , qui n'ont pas
aflez de bled jufqu'à la nouvelle récolte. En le mé:
*
OR G 145
faut avec le froment on en peut faire d’afflez bon pain.
On le cultive dans les pays gras , comme en Bourgo-
one, en Normandie , & on le coupe en verd pour la
nourriture des chevaux. On doit le femer dansune terre
graîle, mais point humide : ce bled ne fe garde pas plus
d'un an.
L’orge fe vend vers le carême , c'eft alors que les
Braffeurs de bierre en font leurs provifions : le prix
de l'orge fuit ordinairement le prix du bled à moitié
près.
ORGE mondé. On appelle ainfi une maniere de
préparer l'orge pour fervir à divers fortes d’alimens
utiles à la fanté. On doit pour cela le dépouiller de fa
peau , le laver , le faire bouillir cinq ou fix heures
dans l'eau ; mettre un peu de beurre frais & un peu de
fel, le rout jufqu'a ce qu'il foit réduit en efpéce de
bouillie : ily a des gens qui y mettent des amandes
avec du fucre & qui y mélent du lair. Cette nourriture
eft bonne pour les perfonnes infirmes , & qui ont quel-
que maladie qui attaque la poitrine. L'orge mondé rafrai-
chit & engraifle : quand on veut en faire des crêmes
d'orge, on le pañle.
ORGEAT. Boiflon fort rafraïchiflante faite avec
de l’eau d'orge, & ou il entre de la femence de melon
& du fucre : plus l'orgeat eft rafraïchi , meilleur il
eff.
Pate & fyrop d'orgeat. Prenez des amandes de Pro-
vence , de l’année , fraichement caflées , ce qu’on con
noît à leur couleur blonde : joignez-y deux onces d'a-
mandes ameres par livre d'amandes douces. Mettez cou-
res ces amandes dans une terrine : jettez-y de l'eau bouil-
Jante pour les dépouiller facilement de leur peau: pilez-
les & les jetrez à mefure dans l'eau fraiche , puis tirez-
les de l’eau : pilez-les dans un mortier : paflez les fur une
pierre unie , & les broyez avec un rouleau en y jettant
un peu d’eau deffus, La pâte étant faire, délayez-la dans
très- peu d’eau : paffez-la par l'étamine avec forte expref-
fion ; s'il refte beaucoup de lait dans la pâte , délayez la
encore dans une autre eau , & jufqu'a ce qu'il ne refte
point de lait,
Pour faire du fyrop d'orgeat à l'eau fimple avec la
K z
146 OR G ORI
facre , rédaifez le jufqu’à ce qu'il foit prêt à candir :
mettez y alors votre lait d'amande, & laiflez-le bouil-
lir, remuez le aux premiers bouillons , & lorfqu'il fera
aflez épais , retirez le du feu : laiffez-le refroidir: re-
muez de tems en tems de crainte que l'orgeat ne monte
trop. Etant froid , mettez-le en bouteille, en remuant
tou ours Le fyrop.
‘Recette pour quatre pintes de fyrop. Il faut fept livres
de fucre, une livre d'amandes douces & deux onces d’a-
mandes ameres.
OkGEAT pour les maladies de la poitrine. Lavez trois
onces de bel orge : faites les bouillir dans une livre
. ,» o , , a
& demi d'eau commune l'efpace d'un demi quart-
d'heure : jettez cette premiere eau, & remettez l'or
ge dans une feconde eau, & faites bouillir tour dou-
cement jufqu a ce que l'orge foic crevé : alors retirez
la décoction ; laitlez la refroidir à demi ; écrafez l’or-
ge avec l'eau qui refte , & paflez le tout par un tamis,
ou par un linge bien ner de leflive , puis ajoutez-y au-
tant de fucre qu'il eft néceflaire : faites mitonner ce
mélange fur un petit feu jufqu’a confiftance de panade
claire : on prend cette efpéce de bouillie à l'heure du
coucher : elle eft rafraîchifflante & humeétante , & fort
bonne pour les inflammations de poitrine & les toux in-
vétérées. On peut ajouter à l'orge quelques femences
de melons & de concombres , & des amandes douces
pilées.
ORIENTER. Moyen de s'orienter dans un bois où
l'on s'eft égaré : on doit couper quelque arbrifleau un
peu fort de tige: on regarde quel eft le côté le moins
nourri, & en regardant de ce côté-la , on a le Nord de-
vant [oi , le Midi à dos, le Levant à droite, & le Cou-
chant à gauche; alors on prend celle de ces quatre routes
où l'on fçair quel eft le lieu qu’on cherche.
ORIG:N. Efpéce de marjolaine qui croît aux lieux
champètres & montagneux : il a les feuilles prefque
femblables à celles de l'hyfope : il eft partagé en plu-
fieurs petites touffes. Sa décoétion eft fort propre pour
faire fuer, contre les morfures des ferpens & la ci-
gue : il eft faluraire dans les rhumarifmes & fluxions
ORM 147
fur le cou. On doit pour cela fe fervir de l'Origan nou-
veliement cueilli , le hacher & le faire chauffer dars une
poële {ur le feu en le remuant & l’appliquer chaudement
fur la partie malade en fe couchant.
ORME. Arbre de furaye : fon tronc eft gros, mais
haut & droit, fon écorce raboteufe , {es racines grofles
& longues, fon bois jaune & dur, & propre au
charronnage, particulhiérement le franc. Oime ou le
champêtre qui a les feuilles petites. Les Oimes font
communs dans les bois : on s'en fert ordinairement
pour faire de grandes avenues , des ailées & des bof-
quets. Ils font un peu longs a venir ; ils viennent
mieux dans les terres graffes & un peu humides, La
voie la plus courte eft de les élever de rejetrons en
pépinieres : le rems le plus favorable de les planter,
eft au mois de Février. Si c'eft pour des avenues , on
doit les placer à qüinze où vingt pieds l’un de l'autre
dans des trous fort larges & peu profonds, leur tailler
la racine courte , & ne leur laifler que cinq ou fix
branches. On les laifle ainfi ‘ufqu'au bout de deux
ans, alors on leur laboure le pied & on les élague de
trois en trois ans, jufqu'a ce qu'ils ayent acquis leur
hauteur naturelle , c'eft à-dire , une tige de fepr à
huit pieds : on doit avoir foin de leur faire former
une belle tige, c’eft le moyen de les faire fervir à la
décoration des jardins. Pour cet effet , on peut les for-
mer en boule, c'eft a-dire , à tête ronde & rouffue , &
cela en rondant les branches tous les ans, de maniere
qu'infenfiblement elles forment à l'extrémité de la
tige, une maniere de boule de deux picds & demi
de diametre , pour leur donner un plus grand relief ,
on plante dans le bas de fa tige , un petit rond de
charmille qui conduit artiftement , forme une efpece
de vafe.
Lorfque l'Orme à douze ou quinze ans, on peut en
couper les branchages tous les cinq ans pour en faire
des fagots : à trente ans, ils produifent le double & au-
delà à proportion de leur crue, & fi on en a beaucoup,
-on les ébranche par couge reglée : depuis 40 ans jufqu'à
60 , ils font dans leur force.
Le bois d'Orme eft bon pour le charronnage ; on en
K 3
143 QE
fair des moyeux , eflieux , jantes, fléches ; on débite
ces piéces en grume.
ORPIN. Plante dont les feuilles font épaifles &
remplies de fuc comme les plantes du pourpier: cette
plante veut être cultivée dans une terre grafle & à
l'ombre. Elle fe multiplie de femence & de plant en-
raciné : elle eft vulnéraire , confolidante , déterfive ,
bonne pour effacer les taches de la peau. Sa décoétion
en lavement, eft bonne pour la dyffenrerie : fa racine
pilée avec l'huile rofat s'applique avec fuccès dans les
hémorroïdes : on peut aufli la réduire en onguent après
l'avoir écrafée & faite cuire avec du beurre frais pour le
même mal.
ORTIE. Plante piquante qui croit par-tout, mais
principalement dans [es haies , dans les lieux incultes
& dans les mafures. Il y en a de rouges , de blanches,
de jaunes: les fleurs & les feuilles d'orties font deflica-
tives & aftringentes , propres pour arrêter le cours de
ventre. Il y a encore la grande ortie de bois , celle-ci
n'eft pas piquante : fa tige eft quarrée, haute d'une
coudée, & porte des fleurs rouges en forme d'épi ; l’in-
fafon de fes fleurs & des feuilles , eft bonne contre la
colique néphrétique. é
ORTOLAN. Efpéce de gibier plume , & fort vanté
pour fa chair tendre , délicate & fucculente. L'ortolan
eft un oifeau de paflage. Il n’eft pas plus gros qu’une
alouette ; ila le bec long comme une fauvette : les
plumes de fes aîles & d'autour de fa rête tirant fur le
jaune , fa queue fur le jaune & noir ; le refte de fon
plumage eft gris : il a le bec, les jambes & les pieds
rouges : il eft plus commun dans les pays chauds que
dans tous autres. Ilsarrivent au mois d'Avril, & s’en re-
tournent en Septembre : on les prend aux filers en nappes
ou trébuchets, La faifon pour cela eft au mois de Juil-
let, Aoûr& Septembre : les lieux ou ils {e plaifent font
les vignes & les avoines: on toit toujours en avoir cinq
où fix en cage pour appeller, car ilen meurt quelqu'un
dans le tems de la mue.
On les imet dans de petites volieres que l'on doit
couvtir d'une toile , afin qu'ils ne voient pas le jour :
on les engraiffe avec du miller , & du pain où l'an rnêle
OR V OSE 149
de l'avoine : ils deviennent tous ronds de graifle,
ORVALLE ou Toutes BONNEs. Plante dont les
feuilles font petites, un peu rudes, haute de deux
pieds; fes fleurs faites en épi , & de bonne odeur : elle
croît dans les lieux fecs & incultes ; onla cultive dans les
jardins. Ses fleurs font fpécifiques contre les fleurs blan-
ches des femmes & la fufocation de la matrice, prifes
en décotion & intérieurement , ou appliquées extérieu-
ment. Sa femence eft fort bonne contre l'infammation
des yeux.
ORVIETAN, forte d'antidote. ( Recerte pour l'}
Prenez fauge , rue, romarin , de chacun un manipule,
chardon bénit , diétame de Crete , racine d’impératoire,
angélique de Bohème , biftorte , ariftoloche longue,
fraxinelle , galanga , gentiane , calamus aromaticus ,
femences de perl , de chacun une once; baies de lau-
rier & de genievre , de chacun demi-once ; canelle ,
girofle , noix mufcade, de chacun trois dragmes ; terre
figillée préparée en vinaigre, thériaque vieille , de
chacune une once ; poudre de vipéres , quatre onces ,
noix féches & mondées, mie de pain de froment def-
féchée, de chacun huit onces; miel écumé , fept li-
vres. Faites du tout un életuaire felon L'art ; hachez
les noix mondées , pilez les avec la mie de pain def-
féchée : paflez-les par le tamis renverfé ; a outez les
poudres & autres matieres ; & enfin le miel, & la thé-
riaque , qui fera fermenter le tout. L'orviéran fe con-
ferve long - tems: il eft utile en une infinicé d’occa-
fions , tant aux hommes , qu'aux chevaux & aux
bœufs, & à tous les corps qu'on foupconne d'être em-
oifonnés.
OSEILLE , herbe potagere, Il y en 2 de plufieurs
efpéces; les plus connues font, 1°. la longue dont on
fait ufage dans les cuifines, & qui a la feuille d'un
verd luifant , oblongue & pointue ; 2°. la ronde qui
a la feuille d'un verd pâle, la racine menve , & la tige
rampante. La longue fe feme en plein champ au mois
de Mars dans une terre bien labourée : étant levée ,
on la farcle , on l’arrofe beaucoup , & on en recueille
la graine au mois de Juillet: la ronde fe culrive de
même 3 il y a encore la jaune, dont la feuille eft
K 4
159 OS: OUT
blonde , & qui a moins d'acide que les autres. L'O-
feille fe multiplie encore de petits rejettons arrachés
des vieux pieds.
Le fuc de l'ofeille eft excellent contre le fcorbut.
Ses feuilles mêlées avec du vieux oing , le rout bien
pilé & incorporé & mis dans une feuille de choux fous
les cendres , fait un bon cataplafme pour toutes les
apoftumes froides. Ces mêmes feuilles mifes dans le
vinaigte & mangées le matin à jeun fontun préfervatif
concie la pefte. La décoction de l'ofeslle prife en boif-
fon , eft excellente contre la morfure des chiens enra-
gés; on lave même la plaie & on la couvre de fes feuil-
les, & on continue la boiflon jufqu’a ce que la mor-
fure foit guérie.
OSIER. Æfpéce d'arbufte aquatique , dont les
branches font menues & pliantes , il fe plait dans les
terres fortes & humides. Quand on en veut avoir
beaucoup pour le débiter , on en fair des oferaies dans
un endroit expofé au foleil, & dont on doit bien la-
bourer la terre. On les plante de boutures bien choi-
fies d’un pied & demi de long , après les avoir époin-
tées par le gros bout , & les avoir fait tremper dans
l'eau quelques jours. On les met un pied en terre à la
diflance d’un pied & demi, & fur des lignes efpacées
de même. On doit les labourer deux fois par an , &
une fois dans les bonnes terres; les garantir du dé-
gât des beftiaux ; les tondre tous les ans : & feu-
lement quand ils font mürs , & les mettre alors en
lieu frais. Les ofiers font d'un grand ufage pour les
Vignerons , les Jardiniers , les Tonaeliers , ies Van-
niers.
OUTARDE. Gros oifeaux qui vivent dans les cara-
pagnes, & reflemblentr à des oyes:1l y en a qui ont
trois pieds depuis le bec jufqu'aux ongles, & dont le cou
eft long d'un pied, & les jambes d'un pied & demi.
Leur plumage eft blanc, noir, gris, brun, rougeatre :
ces oifeaux font naturellement pefans & ont peine à
voler; ils ne fe perchent point fur les arbres ; ils font
leur nid à terre. On les chaffe ordinairement à cheval,
car elles ont une fympathie pour les cheyaux , & elles
OX: COMTE ISI
‘fe laiffent approcher de près, de maniere qu’onles ure
facilement.
On les prend auffi aux filets. La chair de l’ourarde eft
plus dure que celle de l’oye , mais elle eft de bon goût
& délicate lorfque loue eft fort jeune : on doit la
laifer mortifier long rem, autrement elle eft dure,
& de difficile digeftion.
OXICRAT. Ceftéle nom qu’on donne au mélange
du vinaigre avec l’eau , de maniere cependant qu'il ya
quatre fois plus d’eau que de vinaigre : on s’en fert pour
fe gargarifer dans les maux de gorge.
OYE : petite oye. On 2ppelle ainfi tout ce qu'on
retranche de l'oye , quand on l'habille pour la faire
rôtir, comme les pieds , les bouts d'aîle , le col , le
foie , le gefier. On en fait aurant de la plüpart des
volailles : on en peut faire une fricaffée du tout, ou
use bonne foupe.
Oxes ( les) font de gros oifeaux blancs qu'on éléve
dans les baffles-cours comme les poules, Il y en a beau-
coup en France, fur-tout dans l'Artois, le Blaifois, le
Lyonnois, le Languedoc.
Îly en a de fauvages & de domeftiques. Les-oyes
domeftiques volent avec beaucoup de peine : elles ai-
ment les lieux aquatiques , & on doir les tenir au-
près de quelques étang ou mare , pour les y faire bar-
boter : elles vivent d'herbe & degrain ; ces animaux
font fort voraces ; pour appaifer leur groffe faim, on
“leur donne des feuilles de chicorée & de laitue , des
légumes hachés.
- On doit les éloigner des vignes , des jardins , des
bleds , & des lieux où il y a de jeunes arbres , car
elles feroient beaucoup de dégât, d’ailleurs leur fiente
gâre les prés & brule la terre : on n’en doit point trop
avoir.
Les oyes portent du profit par leurs plumes, leur
chair , leur graiffe , leurs œufs : elles font trois portes
par an, & vivent jufqu’à 20 & 25 ans.
On les plume deux fois l'an , c'eft-a dire , qu'on
Meur Ôôte le duvet fous le ventre , le cou & le deffous
des aîles, maisil faut qu'il foic mür & qu'il tombe de
1$2 OTE
lui-même : les groffes plumes de leurs aîles fervene
pour écrire. On fale leur:chair, elle eft meilleure au
pot étant falée : elle eft folide & nourtiflante , mais
un peu difhcile à digérer. Le foie eftce qu'il a de meil-
leur dans l'oye : on fait fondre la graifle de l'oye ; on la
mer dans des pots de rerrelfaupoudrée de fel ; elle eft
bonne pour des ragoûts , & elle eft plus délicate que
celle du porc.
Les oyes donnent plus d'œufs qu'aucune autre vo-
laille. L'œconomie elt de les laïffer toujours pondre &
rarement couver : on doit faire enforte qu'elles pon-
dent dans leur toît ; on doit mettre leur mangeaille près
de leur nid, quand on veut avoir beaucoup d'oifons.
On peur fe fe,vir de poules communes pour leur faire
couver des œufs d'oye.
Nouvelles obfervations fur les oyes. On diftingue
les oyes domeftiques en communes & étrangeres : les
communes {ont d'une efpéce plus petite que les étran-
geres qu'on nomme d'Hollande , parce qu'elles nous
Viennent de ce pays ; mais les communes réufliffene
beaucoup mieux dans les endroits où les eaux font ra-
res , & les autres n’y viennent pas fi bien. On fait ac-
coupler les oyes comme les dindes , un jar , qui eft
le male des oyes , fuffit à cinq ou fix femelles pour
féconder les œufs 3 ces animaux pondant fous leur
toit, on a foin de ramaffler leurs œufs : on les fait
couver comme ceux des poules d'Inde , & on place
leurs nids dans des endroits qui ne font point humi-
des.
Les oyes, quand elles font jeunes , demandent 2-
peu-pres la même éducation que les canards & la mé
me nourriture, mais quand elles font grandes, on les
méne aux champs dans les chaumes ou elles fe nourrif-
fent de grain ; ainfi elles ne font pas d’une auffi grande
dépenle que les canards. .
Les ovyes ne font bonnes à manger que quand elles
ont leurs plumes formées , c’eft-a-dire , que le bout
de leurs aïîles croit & [e garnie. Comme ces oifeaux
ont moins beloin d’être baignés que les canards , on
doit les enfermer fous un toit pour les engraiffer : elles
eo NE 153
prennent graifle au bout de quinze jours & mieux que
toute autre volaille ; mais avant de les enfermer , il
faut les avoir mifes en chair & leur avoir fait manger
beaucoup d herbes, de mauvais pain , du grain de re-
bur, du fon & autres choles peu Bet on peut
les engraifler avec une pâte de farine d'orge , ou de bled
de Turquie.
Dans les pays chauds on les plume avant de les en-
graifler , mais on ne doit les plumer que quaod la plu-
me commence à tomber , & ne les enfermer que la plu-
me ne leur foit revenue.
Le vrai tems de les engraïfler eft lorfqu’il fait bien
_froid , c'eft-à dire , au mois de Décembre & Jan-
vier : on doit leur donner fouvent de la litiere dans
leur toîr pour les renir proprement : on en peut met-
tre jufqu'a douze & quinze fous un même toît: on
doit mettre leur mangeaille dans une auge faite ex-
près, & leur eau dans une autre placée à côté , avec
du fable de riviere dedans pour qu'elles s’y baignent,
& renouveller fouvent cette eau & ce fable. La meil-
leure nourriture pour les engraifler , c’eft le bled de
Turquie : on le leur donne en grain après l'avoir
fair bouillir dans l’eau : au défaut de ce bled on doit
leur donner de l'avoine , ou de l'orge, ou des févero-
les. Pour engraifler une oye il faut quarante livres pe-
fant de bled de Turquie, & fi c'eft de l’avoine ou de
l'orge , cinquante livres ; aux oyes de Hollande il en
faut d'avantage,
Oa doit les tenir renfermées dans leur toit pendant
un-mois , & ne’ leur donner d’abord de la mangeaille
qu'avec difcrétion , de peur quelles ne s'en dégoütent.
Quand en n'en a qu'une petite quantité , on les met
dans une barrique , a laquelle on a fait destrous, dans
lefquelles elles paflent la rête pour chercher leur nour-
riture qu'on met en dehors. Une oye commune bien
graffe donne communément quatre à cinq livres de
graifle, & en peut donner jufqu'à fepr. Ce qu'on efti-
me le plus dans les oyes c'eft la plame : la plus me-
nue ferc à faire des lits de plume, & celles des aîles à
Écrire.
154 CANTE |
#* ManrerE de conferver les cuifles d’oye dans leur
raifle , & de s'en faire une reflource pour le tems où
Ja volaille manque.
Les oyes étant bien engraiffées, on les tue, on les
laifle quatre ou cinq jours fe faifander ; enfuite on
leve proprement les cuifles de deflus la carcafle, puis
les aïles , la peau, la chair & le Jard qui tiennent en-
femble : on coupe le tout en quatre quartiers , dont
‘ehacun fait une aîle ou une cuiffe. On les fale un peu,
& on leur laifle prendre fel pendant deux jours : on
les fait cuire enfuite dans une chaudiere avec la graiffe
même desggg'es : on connoît que le cout eft fufifam-
ment cuit, lorfque la graiffe fondue eft devenue par-
fairement claire , & que la chair des cuifles & des
aîles s’eft toute retirée des os. Alors on les tire de la
chaudiere & ou arrange ces aîles & ces cuifles fépa-
rément & fans les dépécer , dans des pots de grès bien
verniflés & bien nets. Ilne faut pas les trop prefler , &
laiffer un vuide de quatre doigts au haut du vaiffeau :
enfuite verfer par-deilus la graifle toute bouillante
qui eft dans la chaudiere en la faifant pañfer à travers
un linge fin pour en ôrer ce qu'il y a de groflier , mais
ne remplir pas totalement le pot , & n'en couvrir que
le deffus des viandes : lorfque la graifle eft figée, on
achéve de remplir les pots avec de la graïfle de porc,
qu'on à fait chauffer pour la rendre liquide : comme
elle eft plus ferme , elle fert de couverture pour con-
ferver le tour.
On peut préparer & conferver de la même maniere
les cuifles & les aîles des dindons qu'on auroit fait
bien engraifler , & qui ont quelque chofe de plus dé-
licat : ces fortes de viandes ainfi confites , fe confer-
vent dans leur bonté plus de fix mois : on peut en
manger au bout de deux ou trois mois. On en fait
ufage de deux façons ; 1°. pour la foupe :aux choux
de Milan ou à larges côtes , en les mettant un mo-
ment dans la marmite à la foupe avant de la dreffer ,
& on les mange comme du bouïilli; 2°. pour en faire
une efpéce de ragoût : en ce cas , on doit les paffer
à la poëlle , & enfuite leur faire une faufle à l'oi-
OYE ; T 15$
gnon , avec un peu de vinaigre.
OxeEs sAuvacEs (les) font des oifeaux de paflage
qu'on ne voit dans ces pays que lhyver : elles ne fonc
pas plus grofles que les domeitiques , & onc le bec
plus pecit. On les trouve par bande pallant dans les
bleds verds ; elles volent haur & légerement, leur chair
eft meilleure que celle des oyes domeftiques. On les
prend aux filecs & lacets comme les canaids , & on les
tire au fufil, en fe déguifant & repréfentant la figure
& la couleur d'une vache.
La vente des oyes commence 2 la fin de Septembre &
dure jufqu’au Carême : celle des oifons pendantle mois
d'Aoùt & de Seprembre. Le
On peur faire aufli un’ profit fur le duvet & les plu-
mes des oyes & des oifons. Le duvet, c'eftles petites
plumes fines près de la chair , donc on fait des lits,
des couflins , des oreuilers,
{sé PAC P AI
P
Pacacess. On donne ce nom aux pâturages humi-
des dort on ne fauche point l'herbe , mais ou l'on mer
les beftiaux pour s'en nourrir; on les appelle auffi des
pâti. Voyez PATURAGES,
On entend aufli par ce mot de pacage , un droit qui
confifte à profiter du regain dans les prés: ce droit en
quelques Provinces appartient aux Seigneurs , fur-tout
dans les Ifles des rivieres. Bien dès gens confondent le
pacage avec le panage , qui ne s'entend que de la
glandée.
PAILLASSONS. Couvertures de. paille que font les
Jardiniers pour mettre à l'abri des vents & du froid
les produétions printanieres , comme les petites fa-
lades. Les paillaflons font compofés de trois perches
d'environ fix pieds de long , éloignées de trois pieds
en travers , fur lefqu'elles on attache avec de l'ofier de
longues pailles de feigle, de l'épaiffeur d'un bon pou-
ce, & dans toute la longueur des perches , enfuite on
met d’autres perches en travers pour que le cout foit
folide ; on pofe ces paillaffons fur les couches, & on
les fait foutenir par quelques échalas , pour qu'ils ne
touchent pas les produétions.
PAILLE de bled , ufage qu'on en peut faire. La
grande , qui eft celle de feigle , ferc pour empailler
les chaifes , faire des paillafles , des nattes, mais alors
on en doit battre feulement les épis , & non la paille ;
22, les groffes pailles fervenr à la nourriture & aux
litieres des chevaux & des beftiaux. On leur donne par
gerbes celle de froment battue , on leur donne aufli les
menues pailles : Îles balles ou pellicules qui envelop-
pent le grain étant mélés avec l'avoine , font bonnes
pour toute forte de beftiaux. à
Les pailles étant converties en fumier fervent à
fumer les terres. On vend ces pailles quand onne peut.
pas tout confommer en litiere & en fumier. La grande
paille fe vend aux Tourneurs pour des chaifes, nat-
PAI 157-
tes , &c. aux Graïnetiers & aux Jardiniers,
PAIN (le) eft le plus néceflaire de tous les alimens,
À la campagne on en fait de trois fortes : l’un pour
le Maître & {a famille , l’autre pour les valets , & le
troïfiéme pour les chiens.
Maniere ordinaire de faire le pain. Ayez un levain
qui eft un morceau de pâte qu'on a gardé de la der-
niere cuiflon , & pefant deux ou trois livres , plus ou
moins , {elon la quantité que vous voulez faire de
pain. Pour le pain bourgeois , c'eft la fixieme partie
de la farine qu’on veut employer : mettez avant de
vous coucher , la quantité néceffaire de farine dans
une huche : rangez - la des deux côtés : mettez le
levain dans le vuide du milieu : jettez dans ce mi-
lieu de l'eau chaude à foufrir aifément la main, &
feulement ce qu'il en faut pour détremper le levain ;
étant délayé , formez-en peu à peu avec un tiers de la
farine une pâte un peu ferme : laiflez-la au milieu
de la huche ; couvrez la d’une ferviette : renverfez
deffus le refle de la farine qui eft aux deux côtés :
couvrez la huche de fon couvercle, En hiver on cou-
vre le levain de quelque chofe d'épais , & quelque-
fois on met un réchaud de feu par deffous.
Le lendemain matin faites chauffer de l'eau ; rele-
vez la farine comme elle étoit d'abord : ôtez la fer-
viette; jettez de l'au chaude fur le levain; délayez.
le bien , en forte qu'il n'y ait point de grumeaux :
formez la pâte du refte de la farine , obfervant fur-
tout de ne point mettre trop d'eau ; plus la pâte eft
pétrie vice & mollement , plus ie pain eft leger ; celle
pain de ménage fe pétrit moins & plus lentement, ce
qui la rend plus ferme.
Toute la pâte étant faite, on la couvre bien : dans
les grands froids on met du feu deflous : on laiffe la
pâte en cer état une heure ou une heure & demi, &
jufqu'à ce qu’elle foir levée, Cependant on chauffe le
our 3 enfuite on donne à la pâte la forme du pain
qu'on fouhaite , & on le met fur une table de ma-
miere que les pains ne {e touchent point.
Le four doit être chaud également & à propos: s'il
Feft crop , le deffus du pain brûle & le dedans ne cuir
158 PAI
pas , & quand il ne l’eft pas affez , il ne cuit point du
tout, On connoît que le four eft aflez chaud , lorf-
qu’en frotrant un peu fort avec un bâton le carreau
ou la voûte il en fort des érincelles : alorson Ote les
tifons & les charbons ; on range quelque peu de bra-
fer à côté de la bouche du four : on le mertôie avec
l'écouvillon , au bout duquel font quelques morceaux
de vieux linge qu'on mouille dans l’eau claire , &
qu’on tord avant de sen fervir : on bouche le four un
peu de tems pour lui laiffer abbatre fa chaleur, puis
on l'ouvre & on enfourne promptement le pain : on
garnit le four de plus gros pains & on garde la place
du milieu pour les petits; puis on bouche le four. On
Jaiffe cuire le pain deux bonnes heures & demi , fic'eft
du pain bourgeois: on connoic qu’il eft cuit, lorfque
après en avoir tiré un , & le frappant du bout des doigts
{| raifonne affez ferme ; à l'égard duos pain on le laiffe
quatre heures avant de le tirer : on ne doit pas renfer-
mer le pain qu'il ne foit refroidi.
Manicre de faire du pain d’un meilleur goût qu'il n’en
a d'ordinaire. Faites bouillir dans une chaudiere bien
propre avec de l'eau , le gruau quiaura été tiré du fon :
remuez-le bien avec une pelle de bois deftinée unique-
ment à cet ufage. Coulez ce fon & cerre eau a travers
une toile neuve & grofle ; exprimez-la bien , mettez
l'eau qui fortira avec de la farine ordinaire , & une
dofe proportionnée de levain ou de levure, mais le le-
vain de pâte eft le meilleur , & vous aurez un pain d'un
goût exquis. En effer, on a éprouvé que l'eau bouillie
avec le fon , détache route la farine : cette fubftance
qui étoit dans le fon & le gruau , rend le pain plus fa-
voureux , & en augmente la quantité d'une livre fur fix
où fept, outre que par-la on épargne la dépenfe de
faire remoudre le gruau.
Le dégré de bonté du pain dépend fouvent de la
qualité des eaux qu'on y fait entrer en le pêtriffant :
il fauc , autant qu'on le peur, fe fervir de l’eau la plus
légere , parce qu’elle s'infinue mieux que toute autre
dans les parcelles de la farine que l'on a mêlées avec
Je levain. |
On prétend que l'eau de la pluie eft meilleure pour
faire
PAÏ 159
faire lever & fermenter la pâte , à caufe qu’elle eft
plus legere que celle de fontaine ou de riviere: ileft
conftant que c’eft à la différence des eaux qu’on doit at-
tribuer ce goût plus exquis qu’on remarque en certain
pain, & que les autres, quoique faits avec la même fa-
rine , n'Ont pas.
2°. Le dégré de chaleur qu'on. donne à l'eau pour
pétrir le pain, contribue encore beaucoup à fa bonté,
car il ne faut pas qu'elle foit trop froide , ou trop
chaude,
On pêtrit le pain avec une certaine quantité de le-
vain : le levain à la campagne , & en bien des endroits,
eft comme on l’a dit, un morceau de pâte qu'on laifle
aigrir & que l'on mêle avec la pâte nouvelle. A Paris
on fe fert de levûre de bierre : ce levain‘ fermente
avec là pâte, qu'on laifle repofer pendant quelque tems
avant de mettre les pains dans le four, Si on fe fert de
levüre , il faut qu'elle foit nouvelle & point trop aigre.
Un boiffeau de farine bien moulu doit faire feize livres
de pain.
Pour faire de bon pain il doit être compofè de deux
parties de farine , & d'une partie d'eau, Le meilleur
pain cft celui qui a été fait de farine de bon froment,
lequel pour être tel, doit étre fec , bien nourri, pe-
fant , difficile à rompre, point trop nouveau, bien
mondé, & où l’on a laiffé un peu de fon : ilen eft
moins pefant fur l'eftomac , quoiqu'il foit moins agréa-
ble que fi on n’y en laifloit point du tout. 29. La fa.
rive doit avoir été bien pétrie , avoir fuffifamiment
fermenté , & le pain cuit à propos. On ne doit pas
manger le pain trop tendre, parce qu'il gonfle l’efto-
mac, n1 trop raflis, parce qu'il fe digere moins faci-
lement. Le pain nourrit beaucoup, mais l'excès épail-
fit le fang. SR
Le pain de méteil , c’eft-à-dire, moitié froment /
moitié feigle , eft moins nourriffant ; cependant les
gens de la campagne en ufent ordinairement : on le
Tpêtrit plus dur, & on y laifle plus de fon. Le pain de
feigle eft moins nourriffant que le pain de méteil ;
il eft lourd & pefant fur l'eftomac Le pain d'orge a
le même défaut, & il nourrit moins que les autres ;
Tome IL, Fi
160 PAI
ilne convient qu'a des tempérammens robuftes : on y
mêle d’autres farines pout qu'il foit moins mal + faifant.
Le pain d'avoine , celui du bled de Turquié & celui de
Millet, ont les mêmes inconvéniens,
Pour faire du pain plus fubftantiel qu’à l'ordinaire,
il ny a qu'à mettre dans une chaudiere pleine d’eau
le fon que l’on à bluté, le faire bouillir, le palfer.,
pétrir énfuite le pain avec cette eau blanche : on pour-
ra avoir près d'un quait plus de pain que de la façon or-
dinaire, ps sil
Différentes qualités du pain. Le pain mollet eft le
plus délicat, mais la mie en eft plus tenace , & il eft
plus difficile à digérer ; ainfi 1l ne vaut rien aux con-
valefcens, ni aux eftomacs foibles; il en eft de même
du päin au lait, c'eft-à dire, pétri avec le lait & la
farine la plus pure : le pain tout fraîchement cuit a le
même inconvénient. Le pain bis-blanc fait avec la fa-
tine grofiérement pañlée, & où il refte quelque peu de
recoupes , nourrit d'avantage que lé païn blanc. Il rend
les corps plusrobuftes, mais il eft pluslong -tems à fe
digérer , & même il ne convient pas aux perfonnes qui
font peu d'exércice, En général , un pain eft plus ou
moins eftimable fuivant la maniere dont il a fermenté ,
faivant fon dégré de cuiflon , & la quantité de l'eau qui
y eft entrée.
1! y a dés endroits où l’on fale lé pain , & d'autres où
on ne le fale point. Le pain falé , il eft vrai, excite l’ap-
pétit, aiguillonne l'eftomac, qui. fair alors fa fonction
avec moins de lenteur & divife les fucs digeftifs, mais
le pain non falé, lorfqu'ileft bien cuit, & qu'il a bien
fermenté, eft de facile digeftion , forme un bon chile,
& ne porte point dans le fang une Acreté qui peut nuire
paï Fufage habitué du pain falé. |
Le pain eft non- feulement l'aliment naturel de
l'homme, mais il eft utile & fert de remede en certäins
maux : telles font > par exemple, les rôties au vin &
au fucre, avec un peu de-canelle , dans les cas de foi- .
bleffe & d'épuifement. Il y a des Médecins anciens
fort célébres qui confeillent de manger à déjeüner un
peu de beurre fur le pain: ils prétendent que ce dé-
jeûner prévient les douleurs de tête , les étourdiff-.
PAI _ 161
mens , les évanouifflemens, qu'il eft falutaire dans
les maladies épidémiques & contagieufes. De plus, les
cataplafmes faits avec de la mie de pain, amolliffent
les tumeurs , les font réfoudre & muürir. Un mor-
ceau de pain fous le nez dans des momens de foi-
blefle & de perte de connoifflance, foulage infini-
ment, &c.
Connoiffance qu’un bon œconome doit avoir pour fe
procurer du bon pain. On doit choifir un tems propre
pour faire moudre les grains ; & les gens entendus en
font moudre tout à la fois quantité néceflaire pour
leur provifion , rarement la farine fe garde-telle au-
delà. Pour faire moudre une telle provifion de farine,
on doit prendre le tems ou les eaux, les vens, les che-
mins , le moulin même font les plus favorables , en
prévenant le Meunier de quelques jours. De cette ma-
niere un particulier occupe feulle moulin jufqu’à ce que
toute fa befogne Loir faite , & il a foin de fe trouver lui-
même à toute l'opération, ou d'y envoyer des perfonnes
de confiance.
On prévient par-la en partie la tromperie des Meü-
niers ; mais malgré cela, ils font fi adroits, qu'ils
trouvent toujours le moyen de prendre plus de grain
qu'il ne leur en eft dû pour leur mouture. Les pau-
vres & les mercenaires font encore plus expofés à leur
mauvaife foi. Il y a peu de moulins en Province qui
foient tels qu'il faudroit qu'ils fuflent pour faire de
bonne farine : les meules y font fouvent de mau-
vaife qualité de pierre, & mal afforties. D'ailleurs les
perfonnes capables de les dreffer comme il faudroit ,
pour retirer du grain toute la farine qu’il eft poffible
d'en tirer, font rares. L'hiver eft le tems de faire
moudre , parce que les eaux & les vents font abondans,
& qu'on en tire toute la force qu'on en peut tirer
par le mouvement des moulins & les faire rourner
d'une maniere profitable. On à fait l'expérience qu'un
feptier de bled moulu en été dans un moulin de Pro-
vince, n'avoit rapporté que cinq fixiémes de pain , de
ce qu'avoit rendu autant de bled moulu en hiver au
même moulin. Ainfi, un œconome, après avoir net-
toyé fes grains en automne, & avoir féparé les diffé-
L à
162 BR I
rentes qualites , doit faire mettre en farine tous les grains
deftinés à être confommés {ur les lieux ou être vendus ,
& cela afin de profiter de l'abondance des eaux & de la
force des vents.
Il y a fur cette matiere des connoïflances qu'ileft ef-
fentiel à un Œconome d’avoir jufqu’à un certain dégré,
premiérement , pour n'être pas trompé , & feconde-
ment, pour fe déterminer fur le moyen d'avoir le pain
à moinsde frais.
Prefque toutes les perfonnes qui recueillent des
grains font du pain chez eux, & ont pour cet effet,
routes les uftenfiles néceffaires. Ils y trouvent, à ce
qu'il leur femble , un plus grand profit que de le
prendre chez le Boulanger : ils peuvent avoir raifon
dans la firuation actuelle des chofes, mais cela les en-
gage à des foins bien grands, &t à une grande perte
de tems: d’ailleurs , peu de perfonnes entendent à
façonner le pain, aufli parfaitement que ceux qui en
font leur profeffion. Bien plus, dans une maifon où
ils'en corfume peu, on a prefque autant d'embarras
& de dépenfe pour le faire, que dans celles où il s’en
confomme beaucoup , car il le faut faire plus fouvent
à proportion de la quantité pour n€ pas le manger trop
raffis. Ainf tout chef de famille doit avoir la-deffus ce
qui lui eft plus expédient. Pour cet effer, ileft bon
qu'il foit inftruit de la proportion qu'il y a entré le
poids du pain, le poids du bled & de la farine : or,
Voici cette proportion d'aprés les expériences qui en ont
été faites.
1°. Pour bled ordinaire & commun, on a éprou-
vé , qu'après y avoir rapporté toutes les attentions
poffibles , tant pour la faifon de le moudre que pour
la bonté du moulin , il ne fort jamais du moulin un
poids en farine égal au bled qu'on ya mis ; ainfi, on
à trouvé une livre de farine de moins fur 85 livres de
bled, parce qu'il y a une partie de la plus fine farine
qui s'envole.
2°, 11 y a un déchet encore plus fenfible far la fa-
rine pañlée au tamis & même au blutoir ; car en la
pefant féparée du fon, il a réfulté que ce même bled
PAI 163
a donné fur dix livres pefant fept livres de farine & trois
livres à-peu près de fon.
3°. Pour le bled de la premiere claffe qu’on appelle
la tête du bled , on a trouvé que dix livres de ce bled ont
ont rendu feptlivres & un quart de bonne farine & deux
livres trois quarts de fon: ce qui fait, fur quarante li-
vres pefant de ce bled , vingt neuf livres de farine &
onze de fon feulement, & cela, parce que le bon bled
rend plus de farine qu’un autre. Sur quoi on doit remar-
quer que la farine qui provient da meilleur bied , rece-
vant beaucoup plus d’eau , fait plus de pain.
4°. On à éprouvé qu'une quantité de farine de bled
ordinaire & de la feconde clafle , par exemple, fept livres
de farine avant d’être mife en pâte, en pefent dix après
que le pain a été cuir & fortant du four, ce qui prouve
qu'il y étoit entré dix livres pefant d'eau.
afin , on a éprouvé que fept livres de fine farine
de ce même bled ont donné dix livres deux onces de
pain, ce quieft deux onces de plus que le même poids
de farine non tamifée ; que le gruau de ce même bled
a donné un quarteron moins que la fleur de farine ; c’eft-
a dire , que fept livres de cette farine , où la fleur &
le gruau étoient reftés enfemble , ont donné dix livres
juftes de bon pain ; que fepr livres de farine fine de
même bled en ont donné dix livres deux onces , & que
fept livres de groffe farine de gruau de pareil bled ,
n'ont rendu que neuf livres & quatre onces ; ce qui
prouve que plus la farine eft fine, plus elle reçoit
fa , quoiqu'elle foir de même bled , & plus elle rend
e pain.
À l'égard de la farine du bled de la premiere clafle ,
on a vérifié que le gruau a donné autant pefant de
pain que la farine de la feconde qualité du bled de
. la feconde claffe, & que la farine de la feconde qualité
_ de ce premier bled, a fourni autant de pain que la
fine farine du fecond ; & qu’enfin la farine du bled
de la premiere claffe à produit dix livres un quart de
pain pour fept livres de farine. D'oùil fuit, qu'ily a
* toujours un véritable profit à préférer le plus beau
j
164 P AI
bled au commun, parce qu’il rend plus de pain, ce qui
a été vérifié par plufeurs expériences. ;
Ces expériences ont donné lieu de propofer aux chefs
de famille le moyen qui fuir.
Maniere dont un laboureur peut faire échange de fes
grains avec un Boulanger pour du pain , &ce, pour
éviter les embarras de la mouture de la farine, de
la fabrication du pain, de la perte de tems que ces
diverfes opérations emportent , & pour.manger de meil-
Jeur pain.
19. Comme c'eft le poids du bled qui détermine fa
bonne ou mauvaife qualité, il faut commencer par le
bled de la moyenne claffe. Ce bled pefe 230 livres le
feptier mefure de Paris: on peut dans les autres pays
fe fervir de cette mefure pour fe regler fur la propor-
tion du pain au poids du bled; cela pofé, le particu-
lier ou Laboureur qui veut échanger du bled moyen
avec du pain de Boulanger, doit faire fon calcul de
la maniere {uivante : 230 livres de bled qui ne valent
que 15 livres prifes au marché, peuvent faire pareil
nombre de livres pefant de pain de place ; mais comme
il eft jufte que le Boulanger foit indemnifé du prix de
la mouture & de celui de la fabrication du pain, qui
eft fon commerce , le Boulanger ne doit donner que
230 livres pefant de pain de place en échange de 230
livres de bled.
2°. Sice même particulier veut en échange de la
même quantité de bled moyen , avoir du pain bourgeois
qui vaut, par exemple, fept liards la livre, tandis que
le pain de place ne vaut que dix-huit deniers ; alors il
ne peut exiger du Boulanger que 176 livres & demi pe-
fant de pain pour 230 livres de grain.
3°. S'il veut échanger d’excellend bled , tel qu’eft
celui de la tête , pour un feptier de ce même bled pe-
fant 250 livres, il doit tirer 302 livres & demi pefant
de pain bis blanc ; ce qui eft 52 livres & demi de
pain au-delà du poids de fon bled , parce que dans ce
cas, ce bled excellent vaudroit au marché ’2: livres le
feptier. :
4%. Si le même particulier étant à fon aife , vou-
P AI 166
loit, au lieu de pain commun , avoir du mollet, en
échange du bled commun & ordinaire, mais net, ilne
pourroit tirer pour un feptier de bled pefant 2 30 livres,
que 150 livres pefant de pain molle. Journ, Oecon.
O&ob. 1757.
L'Auteur, qui a propolé cet expédient , fait voir
qu'un Boulanger qui entreprendroit ce commerce, &
qui fourniroit à quelques villages , feroit en peu de rems
une groffe fortune , & que d'un autre côté, rien ne fe=
roit plus avantageux pour les gens de la campagne, de
changer leur bled tout d’un coup en pain avec le Boulan-
ger, qui à la vérité s'obligeroit d'apporter le pain tou-
tes Les fois qu’on en feroit convenu.
2%. Que l'échange qui fe feroit entre le Boulanger
& le propriétaire des grains, fe regleroit fuivanrles
trois différentes quantité du bled, & fuivant le poids
de mefure. Par exemple , pour un feptier de bled
médiocre qui peferoit 210 livres , le Boulanger ne
donneroit que 150 livres pefant de pain bis blanc ,
parce que le mauvais bled produit toujours moins de
pain ; & que chaque efpece doit fuivre fon prix ; on
fuivroit toujours la régle de crois ou de proportion ;
en difant :
Si 250 livres pefant de grain ont donné tant de
pain , combien le poids différent qu’on trouveroit
à ce même grain en doit.donner ? Cette maniere de
compter empécheroit les uns & les autres d'être trom-
pés.
Pain Ben: pour les gens de la campagne. On
doit, 1°. fe fervir ‘de la plus belle fleur de froment
en poudre , la quantité convenable à la grandeur du
pain béni : en ôter d'abord le quart pour faire le le-
vain , que l'on détrempe avec de la levure & de l’eau
chaude, laiflez revenir le levain dans une jatte qu'il
faut bien couvrir lorfqu'il fair froid. Pendant ce tems-
Rà détrempez-les autres trois quaris de la farine avec
de l'eau bien chaude : mettez - y une livre de beurre
frais , un fromage mou, un quarteron de fel; deux
heures après rafraichiflez le levain avec cette pâte, &
mettez-le encore repofer dans la jatte ; quand il fera
revenu , méêlez le tout. Pétriflez-le bien : façonnez- le
pool | La
166 P ARE, | 4
furla pelle , dorez-le avec des œufs battus fanseau, &
mettez-le dans le four, qui ne doit pas être d’une cha-'
leur fi forte que pour le pain ordinaire. Lorfqu'il fera
cuir tirez-le : pofez le doucement fur quelque rond de
bois.
Pain DE Pourceau. Plante dont la racine eft ronde
& affez femblable à un petit pain. Les cochons en font
fort friands : elle croît dans les bois & dans les buif-
fons. Cette plante poufle des fleurs qui font de différen -
tes couleurs, felon les diverfes efpéces dela plante ,
car les unes font purpurines , les autres blanches, les
autres gris de lin : on les multiplie de femence en Sep-
tembre & en Mars, & on les feme en des pots remplis
d'une terre legere : la racine de cette plante eft chaude
& defficative. Son ufage principal eft dans la dureté de
l'ouïe en infufion dans l'efprit de vin. Son ufage n'eft or-
dinairement qu'extérieur , parce qu'elle opéreroit avec
trop de violence.
PALES COULEURS. Maladie qui furvient aux .
perfonnes du fexe vers le tems qu’elles doivent avoir
leurs regles, ou même lorfqu'après être venues , elles
fe fappriment ; elles durent quelquefois jufqu'à l’âge
de vingt-ans. Lorfqu'elles en font atteintes , elles ont
le vifage & les lévres pâles & prefque plombées , &
elles éprouvent diverfes incommodités, comme des
douleurs de tête , d’eftomac, des lafitudes, une dif-
culté de’ refpirer. Elles ont un goût bifarre & dé-
pravé , comme de manger du fel, du plâtre , du char-
bon , du vinaigre, &c. Les caufes de cette maladie,
font la dépravation des fucs de l'eftomac , l'épaifife-
ment du fang , les obftructions du foie, de la rate &
de la matrice. |
“Remede, On doit travailler à évacuer les humeurs &
à faire reprendre au fang fa fluidité naturelle, On en
vient à bout par l’ufage des abforbans , tels que l'opia-
te abforbant, dont on prend un gros tous les matins,
où Ja poudre apéritive & correétive.
19. La malade doit prendre de cette poudre trois
jours de fuite, fe purger le quatriéme ; ce doit être
même avec un vomitif fi elle a du dégoût & des maux
de cœur, Le lendemain"reprendre de cette même pou-
P A L 167
dre pendant quatre Jours , fe purger pour la feconde
fois le cinquiéme; le jour fuivant revenir aux abfor-
bans pendant cinq jours, & fe purger le fixiéme, &
ainfi dans cet ordre : pendant un mois ou fix femaines,
on arrive ordinairement à guérifon. Dans le même
tems prendre des ftomachiques pour corriger le vice de
l'eftomac & de la digeltion , comme la quinteffence
d'abfinthe , le quinquira. Si la maladie revient après
quelque-tems , recommencer les mêmes remedes , &
les continuer pendant trois mois, les derniers quinze
jours de chaque mois.
À l'égard de la fuppreffion des regles , la malade
doit non-feulement pratiquer les remedes ci- deflus ,
mais avoir recours à la faigrée du pied & au demi-
bain. Pour le régime , il doit être tel qu'il fe prati-
que dans l'ufage des corrofifs & abforbans.
Si les maux ci deffus éroient toujours rebelles, il
faudroit avoir recours aux eaux minérales de Vals, ou
à celles des Plombieres, ou à celles de Forges.
Autre Remede. Prenez deux onces de limaille d'a-
cier crue , & bien lavée. Faites-les infufer pendant
vingt quatre heures dans une chopine de vin blanc :
paflez-les enfuire par un linge plié en deux au- def-
fus d'une cruche rémplie de fix pintes d'eau de rivie-
re : rejettez comme inutile ce qui fera refté fur le lin-
ge , confervez cette eau dans des bouteilles bouchées
& en lieux frais. Donnez-la pour boiflon ordinaire pen-
dant quinze jours : plus la malade en boira , plutôt
elle fera guérie, Elle doit s'abftenir des fruits cruds,
falade , pâtifferie, & rource quieft de difficile digeftion,
fe purger avant, & faire beaucoup d'exercice.
* PALISSADE. Bel ornement de jardin ; on emploie
le plus ordinairement le chaime , dont on fair de fort
belles charmilles, on les fait aufi du petit érable, du
chevrefeuille, du iafmin , de l’orme , du hêtre, du tilleul :
on yemploie aufä les arbres qui viennent dans les en-
droits les plus froids , & qui confervent toujours leur
verdure , comme l'if, le chène-verd , le buis, le houx ,
la lierre 3 celles - ci fervent encore à cacher des mu-
râïlles | des terreins incultes , où peu agréables à l'af-
568 PAL
pet. On en fait de différentes hauteurs, il y en 4 qui
ont jufqu’a 30 pieds de haut.
Pour planter les paliflades, on fait une rigole d’un
pied de profondeur , dont on conferve un côté coupé
a pied droit fans l’ébouler , & dehors de l’allée pour
y adoffer le plant. Si la charmille eft groffe on dé-
fonce la terre de trois pieds , on rafraïchit les racines
& on les met brin à brin dans la rigole adoffée contre
le côté coupé à pied droit, & on les couvre de terre :
il faut laifler un peu de place derriere les paliffades
pour pouvoir les tondre.
Les paliffades font un des grands ornemens des jar-
dins : elles fervent à renfermer les bofquets, à couvrir
les murs de clôture, à boucher les vues défagréables ,
a corriger les biais qui fe trouvent dans les jardins.
Les petites paliffades font de buis & de jafmin.
PALISSER les arbres aux efpaliers. C’eft attacher
leurs branches au treillage à droit & à gauche &
avec égalité. Ce n’eft qu'au mois de Mars de la fe-
conde année que les arbres font plantés, qu’il faut les
paliffer : il faut avant ce tems-là les laïffer pouffer en
liberté , fans les ébourgeonner ni les arrécer. 2°. On
doit ôter toutes les branches inutiles. Enfuite on cem-
mence à attacher la maïîrrefle branche toute droite on
l'arrête par le haut; après quoi on arrange des deux cô-
tés toutes les autres branches, & on leur donne la for-
me d’un éventail, mais néanmoins fans les forcer , on
ne doit pas non plus atracher le bout d'une bran-
che plus bas que le lieu d'ou elle fort , il faut feu-
lement les féparer les unes des autres, & ne jamais
les croifer.
PBALPITATION de cœur. Si elle vient de plénitude
de fang , il faur faigner la perfonne fujerte à cette
palpitation, & lui faire obferver un bon réoime. Il y
a plofieurs remedes contre ce mal , des purgations,
les bouillons faits avec pourpier , laitue, ofeille, jus
d'orange ; l'armoife en décoétion , l'eau de mélifle
magifirale , depuis une dragme jufqu'a une once ; la
teinture de canelle , depuis demi-dragme jufqu’à deux
dragmes ; la décoftion de fauge , l'eau de fleur d'oran-
PAN 169
ge : ces divers remedes font confeillés par M. l'Eme-
11, Médecin. té
PANACÉE. On appelle ainfi une eau préparée , à
laquelle on attribue quantité de vertus pour la guérifon
de divers genres de maladie. M. Chomel explique
dans fon Dictionnaire comment fe fait cetteeau, On
réduir, dit-il en poudre grofhere les pierres ou terres
qui contiennent du falpêtre : on fair bouiilir cette
poudre dans l'eau ; on met la diffolution du falpêtre
fur le feu, & l’on fait évaporer la liqueur jufqu'a ce
qu'elle s'attache à une écumoire , & qu'elle paroiffe
d'une couleur jaunâtre. On appelle cette liqueur hui-
leufe, Eau mere de falpérre : on fait enfuite évapo-
rer cette eau [ur le feu dans un vaiffleau de cerre juf-
qu'a ce qu'elle paroiffe en confiftance du miel : pendant
ce tems-là on la remue bien & on l’écume, puis on
met cette maticre épaifle dans un creufet entre des
charbons ardens ; & en auomentant le feu peu-a peu ;
on fait évaporer tous les efprits acides jufqu’a ce qu’elle
ne fume plus: alors on augmente le feu , & quand la
matiere eft en fufion , on entretient le dégré de cha-
leur jufqu'à ce qu'elle devienne blanche. En cer état,
on la jette dans l’eau chaude : cette eau s'approprie
tous les fels fixes de cette matiere alkaline qui ef rrès=
blanche : on la lave en plufieurs eaux , jufqu’a ce que
l'on fente au goût qu’elle s’eft dépouillée de tous fes
fels : c'eft cette matiere réduite en poudre qui eft la cé-
lébre Panacée univerfelle ou nitreufe, dont on voit
que la bafe eft l'eau de falpêtre. Cette panacée ab-
forbe les acides , diffout les glaires, les évacue par
les felles fans caufer aucune tranchée. Elle convient
dans toutes les maladies chroniques , & à toutes fortes
d'obftruétions : elle excite la tranfpiration , guérit la
jaunifle. Le même Auteur prétend qu’elle eft fpécifi-
que pour le fcorbut : la dofe eft depuis une dragme
jufqu'a deux. On doit en ufer plufeurs jours de fuite ;
on la prend dans une eau minérale , ou dans une tafle
de thé, & à jeun.
PANADE , forte de bouillie pour les enfans. Mé-
lez avec du bouillon une fuffifante quantité de mie
170 PAN
de pain , ajoutez-y un jaune d'œuf, ou bien une cuil-
lerée de bonne huile d'olive : remuez le tout, & faites-
lui prendre quelques bouillons.
On la fait encore de cette maniere. Prenez deux
onces de gruau d'avoine du plus nouveau , lavez-le
dans plufieurs eaux tiédes , jufqu'a ce que le gruau
refte au fond de la terrine : faites-le bouillir à petit
feu dans un pot avec trois demi- feptiers d'eau juf-
qu'à la réduction de la moitié ; enfuite pañlez le par
un Jinge ner avec expreflion : ajoutez-y un peu de fu-
cre & une cuillerée de vin blanc. Cette panade eft le-
gere &nourriffante.
PANAGE (le) eft un Droit de glandée, c’eft à-
dire, de mener paître les cochons dans les bois lorf-
que le gland tombe. Ce droit s’'afferme ou fe perçoit
a raifon d’une fomme par tête. Il faut fe conformer
fur cela à l'Ordonnance des Eaux & Forêts , c’eft.2-
dire, qu'il ne faut point permettre le panage lorfqu'il
y a peu de gland , afin de conferver les bois, qui font
le bien le plus folide des Seigneurs , & n’y jamais fouf-
frir ni chévres , ni moutons.
PAN AIS. Racine potagere: il y en a de trois ef-
“peces, le long , dont la racine eft très-longue , & la
tige haute de trois ou quatre pieds ; le rond , dont la
racine eft plus groffe & plus courte ; &t celui de Siam,
qui eft fort gros du côté de la têce & a la chair plus
jaunâtre, Les panais fe moliplient de graine , laquel-
Je eft platte & de figure ovale & de couleur brune ;
on la feme au printemsà clairvoie en bonne terre. Si
la plante leve trop dru , on l'éclaircit au mois d£
Mai. |
PANARIS. Mal cruel en forme d’abcès qui vient
au doigt, qui corrompt &poutricles chairs, & caufe
de vives douleurs.
Remede. Prenez des cendres de farment , faites-en
une forre leflive : faites la bien chauffer : verfez-en
dans un vale commode. Trempez-y la partie affigée ,
il faut l'y laiffer fort long-tems, & pour cela y verfer
de tems en rems de nouvelle leflive chaude : réitérez
certe opération , & vous en verrez promptement les
bons effets dans quelque état que foit le panari; foit
PAN PAO 71
dans fon commencement , lorfqu'il n’y a que de len-
flure , foit dans fon accroifflement , lorfque l’enflure
gagne & que le pus augmente, foit lorfque les chairs
font corrompues ; car la leflive attire au-dehors route
Ja malignité du mal, il ne faut après cela que couper
la peau morte , & mettre fur le mal des onguens dont
on fe fert pour confolider les plaies.
Autre Remede. Il faut donner ouverture aux pana-
ris par la pointe de la lancette ; ou par l'application de
l'onguent de la mere. Woyez Abcès, ou cet onguent
eft expliqué. Enfuite tremper le doigt dans une leffive
de cendres de farment : il en fort des glaires qui font
la fuppuration de la membrane altérée. Ce remede eft
excellent.
Ou prenez le jaune d'un œuf frais, du felcommun
la valeur de la moitié d'un dé à coudre. Pulvériiez le
fel , & faites-le fondre dans le jaune d'œuf, en les
agitant jufqu'a ce qu’ils foient bien mélés: faites en-
fuite un liniment fur le doigt , que vous envelopperez
de linge, le renouvellant de douze en douze heures:
Ja guérilon fera prompre.
PANIS. Sorte de grain affez femblable au millér,
mais fes filamens font différens , étant plus longs d'ün
pied & entaflés , & fes grappes contiennent quantité de
graines velues , & bleues ou rouges. Il y a des Provinces
ou l’on en fait du pain comme avec du miller. On
l'écrafe fous une meule de pierre avant de s’en fer-
vir : il vient plus vite, mais n’eft point fi délicat ; il
aime les terres fablonneufes , pourvu qu’elles aient un
peu de fubftance.
PANTIERE. Filet que lon fait en mailles lozan-
ges’ ou quarrées, # qui coulent au long d’une corde
ainfi qu'un rideau, On s’en fert pour prendre les oi-
feaux, & fur tout les becaffes.
PAON (le}) eft regardé comme le plus beau des
oifeaux, mais il n’eft eftimé que pour fa beauté, car
fa chair eft difficile à digérer. 11 n'eft pas de l'écono-
mie den avoir un grand nombre , parce que ces oi-
feaux {ont fort goulus & font beaucoup de dégâts. Les
mâles vivent jufqu'à vingt - quatre ans , les femelles
moins, & n'ont point Ja beauté des mâles. Les belles
172 “aPrA IN
couleurs de plumes ne viennent à ceux - ci qu'à leur
troifiéme année ; ces oileaux aiment à fe percher en
l'air & cherchent les lieux les plus élevés. On ne leur
bâtit un toit que pour empêcher qu'ils ne fe perdent :
on donne cinq ou fix femelles à chaque mâle. Les
paones pondent au bout de leur troifiéme année : elles
pondent dix ou douze œufs, & font fujettes à les éga-
rer , car elles pondent en différens endroits. Leur
couvée eft de cinq œufs : les petits font un mois à
éclorre , on doit jetter de la nourriture auprès. Pour
éviter l'inconvénient que la mere ne les abandonne , on
les fair couver à des poules ordinaires. On choifit
les plus groffes ; il leur fufhr de cinq œufs, ainfi la
paonne peut pondre jufqu'a trois fois par an dans les
pays chauds , mais le nombre des œufs diminue à cha-
que ponte. Quand les paonneaux font éclos, on leur
donne au bout de deux jours de la farine d’orge dé-
trempée avec du vin, & du froment boxilli & refroi-
di : on leur donne encore du fromage blanc nouvelle-
ment fait, & mélé avec des poireaux hachés.
PAPIER. On fait le papier de quantité de chiffons,
e vieux drapeaux, vieux linges : on Les blanchir ,on
les hache menu , & on les réduit en une efpéce de pâte,
à l’aide des moulins. On délaie certe pâte avec de
l'eau tiéde, on en fait une bouillie claire : on trem-
pe dans la cuve ou eft cetre bouillie , un moule , ou
chaffis , qui enleve cette bouillie , dont le plus clair
s'égoutte à travers, & on renverfe ce qui y refte fur
une grofle étoffe de laine , qu’on couvre d'une autre
pareille , fur laquelle on met une autre feuille: &
ainfi fucceflivement. On fait égouter coute l'eau, par |
le moyen d’une preffe qu'on met fur ce tas. Enfuite on
fair fécher fur des cordes toutes ces feuilles, & onles
pale dans une colle; on les fair fécher , on les porte à
la preffe & on les lifle,
Parier TERRIER. C'eft une defcription que fait
faire un Seigneur de tous les hérirages , tant féo-
daux que roturiers, qui font dans fa mouvance féo- M
dale , ou dans fa cenfive : de tous les droits , dîimes , !
terrages , coutumes , corvées , rentes foncieres , & |
autres femblables : de tous les Vaflaux , arriere-Vaf-
; 5 À P 173
faux, & Sujets cenfiers : en outre , de toutes les re-
connoiflances de fes cens , rentes & autres endroits fei-
gneuriaux , fonciers & autres. Eo un mot, c’eft une
déclaration par le menu, & par le détail , de tout
ce que chaque Vaflal, ou Suier cenfier tient, & qui
releve de la Terre dont il a été faic un papier ter-
rier. Il faut , pour procéder à la confe@tion d'un pa-
pier terrier , obtenir des Lettres en Chancellerie ,
adreflées à des Juges Royaux , portant commifhon pout
faire appeller pardevant le Notaire à ce Commis ,
tous les Débiteurs des redevances prétendues par les
Seigneurs , aux fins de porter les foi & hommage,
payer les droits , bailler aveux & dénombremens pat
le menu , tenans & aboutiffans , afin de les connoïi-
tre , & d'en pafler une forme autentique. Ces Lettres
étant entérinées par le Juge , le Seigneur qui les
obtenues , fait faire les proclamations par un cri pu-
blic , aux Marchés , ou à l'iflue des Meffes des Paroif-
fes , & fait appofer les Affiches : après quoi il fair
procéder , par le Notaire , à la confection du papier
terrier ; & chacun des Vaflaux eft obligé de venir
faire fa déclaration, & la faire écrire dans le papier
terrier , le tout d'après les titres de fon acquifiuon,
aveux & dénombremens. Le papier terrier étant ache-
vé, on doit le faire clorre par le Juge , qui send
une Sentence de clôture, Le tout doit être fait dans
l'an, à compter du jour, que les Lettres ont été ob-
tenues.
Le renouvellement d'un Terrier eft très néceffaire ,
& on ne peut prendre trop de foin pour le bien faire,
La plüpart des Seigneurs ne connoiilent pas le mérie
de ce travail : ils s'adreflent à un Notaire dela Cam-
pagne , & difputent le prix avec lui : celui-ci va au
plus faifé , il reçoit la déclaration de celui qui fe
préflente : il laifle en arriere tout le difficile. On lui
rend un aveu , il copie l’ancien , fans s'embarrafler
des nouveaux tenans , fans vérifier fi le Vafal n’a
point fait de fon fief fon domaine , ou s'il ne s’eft
point joué de for fief : il laifle tout pafler. Ce qui
étoit en labour , eft devenu pré : & lorfqu'un rachat
174 PAQ & ER
eft ouvert , on ne fait par où s’y prendre pour re-
connoître les domaines qui doivent relief. Cette né-
gligence fait perdre beaucoup de droits; la prefcrip-
tion s'acquiert, & le mal eft fans remede,' Il eft vrai
que le Seigneur a trente ans pour blâmer : mais com-
me il eft difficile de relever les erreurs, les chofesen
demeurent-la. Dans les pays & Coutumes où l’on pief-
crit les cens conrre le Seigneur , un Terrier eft encore
plus indifpenfable. Effai fur l' Admin. des Terres, |
PAQUERETTE. Voyez MaRGUERITE.
PARALYSIE (la) eft ordinairement ; caufée par
la pituite , qui bouche les nerfs , & emoèche les ef-
prits animaux d'y couler. On doit donc s'appliquer à
lever cetre obftruction , pour redonner aux efprits ant-
maux leur couts libre par les neifs dans toutes les
parties du corps. Elle peut venir encore d'avoir ha-
bité une maifon neuve , dont les mugailles font hu-
mides. |
Remede. Le Malade doit faire une diete exacte,
ne manger que du pain bien fec , des alimens atté-
nuans & defléchans, du rôti piqué de fauge & de ro-
marin : être purgé convenableïinent , ufer d'une décoc-
tion de bois de buis, avéc un peu d'écorce de citron
pour fon boire ordinaire : ufer de remedés fudorifi-
ques le matin & le foir , pendant trois femaines.
On peut lui faire recevoir la vapeur de l'efprit de vin,
étant bien couvert dans un paquet. |
Autre Remede. Prenez une pinte d'efprit de vin, dans
laquelle vous ferez infufer , pendant vingt - quatre
heures, deux poignées de feuilles de petite fauge cou-
pée grofférement. Paflez cetre liqueur au travers d'un
linge, & faires fondre dans la colature une Hvre de
beurre de chevre, en remuant toujours, & battant le
tout jufqu'a ce qu'il devienne comme de la créme.
Frottez enfuire la partie malade avec un linge chaud
devant le feu , la graïflanc deux fois le jour avec ce
liniment tiéde : enfuite couvrez-la , & Îa rénez chau-
dement. re |
Ou appliquez fur la partie du vieux levain mêlé avec
la poudre de graine de moutarde & un peu de vinaigre.
Et on y laiflera le tour, jufqu'a ce que la partie ss
(
P A R 17%
de la rougeur , & le lever auffi-tôe, Voyez RHUMaTIs-
ME.
Ou frottez les parties afigées avec de la graifle d’un
chevreau rôti à la broche , & dont on 2 rempli le ventre
de gérofle.
Autre Remede. Faites bouillir enfemble une livre
& demi d'huile de noix , une pinte de gros vin, de
la camomille , de Ja fauge, de l'abfynthe , de la rhue j
de chacune une poignée , coulez le tour » lorfque le
vin fera confommé, & jettez - y trois onces de téré-
benthine de Venife, avec trois mufcades pulvériféees.
On doit frotter avec cette efpéce de baume le dos du Pa-
ralytique.
Autre Remede. Faites cuire dans une chopine de lait
des blancs de porreaux, coupés par morceaux, & juf=
qu'a ce qu'ils foient réduits en pâte : mettez cette pâte
fur des étoupes, & appliquez-la bien chaude fur la par-
tie incommodée.
PARC. Eft un grand terrein à Ja campagne , en-
fermé de murailles, qui fait un ornement dans une
terre de quelque étendue, & qui fert au plaifir du maî-
tre. On y enferme toute forte de gibier , gros & me-
nu, comme Chevreuils, Cerfs, Daims, Lievres, La=
pins. On y enferme la quantité qu'on veut de terres la-
bourables, ou de bois taillis , ou de pâturages. On y
peut pratiquer des allées & des couverts, & y chaffer
Je gibier, fi l'on veut > POur manger ou pour vendre.
On doit y pourvoir à la fubftance des bêtes , foit en y fe-
mant de l’avoine & de l'orge dans les plus mauvaifes ter--
res , foiten y jettant pendant l'hiver > du foin, des fe-
ves, des plantes de jardin, & tour ce que l'on a à grand
marché. ‘ F
PARCAGE. (le) C'eft faire parquer les bêtes à lai-
ne, & leur faire pafler la nuit au milieu des champs,
dans un parc fait de claies. Ce parcage fe fair pour
engraifler la terre {ur laquelle on met le parc , foit terre
labourable ou autre, Le parc eft un quarré de claies ,
grand à proportion du troupeau que l’on veut faire
parquer. Ce font ordinairement des perches atrachées
a des pieux avec des ofiers » & fourenues en dehors
par des piquets, A côté, & hors du parc, eft une
- Tome II, M
176 PAR
cabane roulante pour coucher le Berger. On met
quelquefois deux parcs à côté l’un de l'autre ; alors
un des cotés du premier fert de cloifonà l'autre, &
on y fait pafler alrernativement le troupeau, c'eft-à-
dire, depuis le foir jufqu'à minuit dans le premier ,
& depuis minuit jufqu'au foleil levé dans le fecond ;
car l'herbe couverte de rofée ne vaut rien au bétail.
Par-là on fume plus de terre à la fois. Au refte il fuf-
fit d'un parc de cent moutons pour amander tous les
ans huit arpens de terre. 1] fufht même de renouvel-
ler cet amandement tous les fix ans. On fait parquer
les troupeaux depuis le mois de Mai jufqu’a la Touf-
faint.
PAREATIS.( Lettres de ) Sont des Lettres du Grand
Sceau, par lefquelles le Roi mande au premier Ser-
gent où Huiffier, d'exécurer l’Arrét ou Sentence de
quelques Juges dans une Province où Les Juges n’ontau-
cune Jurifdiction : car le pouvoir des Juges eft borné
au Reffort de leur Siége. Ainfi, quand on a obtenu un
Paréatis , les Juges fouverains , ou autres, ne peuvent
pas empêcher l'exécution des Jugemens , ou donner des
furféances.
On peut abfolument fe paffer de Paréatis, en prenant
la permiffion du Juge des lieux, qui fe met au bas d’une
“Requête, & le Juge ne peut la refufer ni empêcher Fe-
xécution.
PAREIRA BRAVA. Racine qui croît au Bréfil,
d'où elle a été apportée en Europe. Ses propriétés
font, de fermenter doucement avec Je fang , & d'en-
lever par des feuls volatils qu’elle contient, les obf-
tacles qui arrêtent le cours des urines, Cette racine
eft en même - tems diurétique & vulnéraire , & on
doit la regarder comme un fpécifique efficace dans
les maladiés des reins & de la veflie. On l'emploie
dans les difficultés & dans la fuppreffion des urines :
dans les douleurs néphrétiques , & dans les hydropifies
naiflantes.
On fait bouillir depuis un gros iufqu'à deux & trois
de cetre racine , battue & affilée, dans trois chopines
d'eau réduites en pinte : étant refroidie , on la pafie à
travers l'étamine , & on la garde dans une bouteille
P: A R 177
Le malade doiten boire un verre de quatre en-quatre
heures. On peur y ajouter un gros de fel armoniac. On
diminue la dofe felon l'âge.
PAREUM. Vapeur qu'on fait élever pour récréer l'a-
dorat : ou contribuer à la guérifon de quelque ami,
PARFUM. CÉPHALIQUE: Prenez Storax calamite ,
Benjoin, de chaque une dragme & demi, Gomme
de genievre & Encens, de chaque une drag me ; Giro-
fl, Canelle, de chaque deux fcrupules ; feuilles de
Laurier, de Sauge , de Romarin , de chaque demi
dragme : pulvérifez les gommes, puis les autres dro-
gues, mélez les poudres , jettez-en une pincée à la fois
dans un réchaud pour en faire recevoir Ja Vapeur au ma-
lade. Ce parfum eft bon pour l'épilepfe , l’apoplexie, la
paralifie.
Parfum contre le mauvais air. Prenez fx cuillerées de
bonne eau.rofe, dix ou douze clous de girofle concaflés,
quelques pelures de citrons mettez le tout dans ure
_ écuelle fur un réchaud.
PARIETAIRE,. Plante qui croît entre Jes pierres
des murailles & dans jes haies. Ses feuilles fon ra-
fraïchiffantes & émollientes. On s’en fert intérieure-
ment pour néroyer les reins, & poufler la gravelle ; &
extérieurement contre les tumeurs, les érefypeles, les
brülures. |
PARTERRE, (le )eft la piéce d’un jardin qui s'of-
fre la premiere à la vûüe : on le place auprès du
corps de logis. Un parterre doit être diverfifié : il con-
Vient qu'on y voie à la tête un baflio ou piéce
d’eau : toute (on étendue doit offrir un tableau gra=
Cieux , par des piéces de broderie » Ou de gazon, gar-
mies d'ifs, de caifles ou de pots de fleurs, le cour fur
beau [able jaune : il doit être deux fois plus long
que large, file terrein le permet. On peut le faire
de crois manieres. 1, En broderie , C'eft-2 dire, avec
des enroulemens en buis » des plate-bandes de fleurs,
des maflifs chargés de gazon dans le milieu , & des
petits fentiess qui féparenc les quarrés ou divifions
que l’on fait avec du buis nain. 2°. A l'Angloife : ils
Paflent pour les plus fimples : les comparumens en
fonc tracés avec du buis, & remplis de gazon, 3°. En.
M 2
Es
b * d
173 P AS
compartimens : le deffein de ceux-ci eft répété par fy<
métrie , tant en haut qu’en bas: ils font ornés d’une
broderie légere , de piéces de gazon ;, d'enroulemens ,
de platebandes.
Les fleurs ordinaires du parterre, font des tulipes
communes , des narcifles blancs &t jaunes, desjacin- !
tes, d'étoiles , de couronnes impériales , de totus al 4
“bus, des jonquilles, des anémones fimples. C’eft {ur |
les plattebandes des partertes qu’on doit planter les |
oignons de ces deurs: on en met deux rangs, & 2
fix pouces du buis. 2°. des lillas, du genet d'Efpa-
gne, des marguerites , des penfées , des crocus, car ils
fleuriflent plus promptement que les graines , des œil- À!
Mets d'Efpagne, des rofiers panachés, des lys, des fo- 4
leils, des girofiées mufquées jaunes , desrofestrémie- !
res ; des belles de nuit, & aûtres fleurs vivaces, qui
réfiftent à l'air & au brouillard: on plante celles - ci
au milieu des plattebandes : on y met aufli de gros
œillets communs , des croix de Jérufalem , des oreilles
d'ours, des immortelles, des amaranthes, des rofes
d'inde , des œillers d'inde. On doit femer au printems
ces fortes de fleurs , & lorfque l'air eft un peu tempéré.
Voyez FLEURS.
PAS D’ANE, ou TussiLace. Plante qui pouffe avec
fleur jaune avant les feuilles : elle croît aux lieux humi-
des. Son principal ufage eft contre la toux : maisil faut
que fes fleurs foient récentes. On la donne en forme de
décoction contre la pleuréfie & l'empyeme. Sa fumée ti-
rée par la bouche, fert à arrêter les catarres. Ses feuilles |
appliquées guériflent les ulceres chauds & les inflamma: |
tions. |
PASSÉE, grand filet à prendre les bécaffes : on le tend |
dans les bois taillis , où les bécaffes paflent, & entre deux
arbres les plus hauts , ou entre des perches, au haut def- |
quelles on attache le filer ; & dès que le gibier a donné |
dedans, on le laiffe tomber rout-à-coup par le moyen
d’une poulie.
PASSERAGE. Plante qui croît dans les lieux humi-
des , haute de deux à trois pieds : fes feuilles font’
longues & larges, fa racine longue, blanche ; elle eft
d’un goût âcre ; elle cft cotrofive , apéritive : elle con-,
PAS 179
vient au {cotbut, au mal hypocondriaque ; &- corrige.
la matiere acide qui charge l'eftoinac. £
PASSEVELOURS. Voyez AMARANTHE. … -.:
PASTEL , ou Guens. Sorte de plante qui vient de
graine, & qu'on culuive à caufe de fes feuilles, Le paftel
eft d'un grand ufage dans la teinture, pour donner un
beau bleu d’azur ; celui du Languedoc eft Ie plus eftimé,, :
on l'y culrive de cette maniere, )
Les meilleures cerres pour femer les paftels font les
foffés des Villes 8& Châteaux, & les champs les plus
près des maifons , parce qu'ils font engraiflés. On doit
d'abord jetter du fumier furle champ , bécher la terre,
la difpofer en planches de trois pieds de large , &
les unir avec le rateau. 2°. Semer le paftel au mois
de Février; préférer la graine violette , parce que le
paftel qu'elle produit a les feuilles liffes & unies,
au lieu que la graine jaune les a velues , ce qui fait
qu'elles fe chargent de poufliére. 3°. Semer la graine
fort épaifle fur fes planches , & la couvrir avec le ra-
eau; farcler le paftel quand il commence à lever, &
arracher les herbes étrangeres. Les feuilles que poufle
le paftel font longues d'environ un pied , & larges de
fix pouces : elles commencent à muürir vers la S. Jean.
On connoît leur maturité quand elles commencent
à jaunir 5 on les cucille en les empoignant près de
terre, & on les coupe en les tordant. On doit farcler
de nouveau le pañtel , ce qu'on fait à chaque récolte :
on en fait une feconde en Juillet, une troifiéme en
Août , une quatriéme 2 la fin de Septembre, & la cin-
quiéme & derniere vers la S. Martin. On deftine pour
graine les deux dernieres; enfuite on abandonne le paf-
tel, ,&.il forme des tiges hautes de 4 à $ pieds donc la
fleur cftjaune. La graine n’en eft müre qu'au mois de:
Juin de l’année fuivante. On ne doit cueillir le paftel
que par un tems fercin, & labourer la terre après la
derniere récolte , & la préparer pour du nouveau
paftel ou du bled , fi l’on veut : à chaque récolte,
porter. les feuilles au moulin pour les y réduire en
pare. Ces forces de moulins font comme ceux 2 l'huile,
puis.on fait des piles de cette pâte au - dehors du mou-
lin ; on prefle bien la pâte avec les pieds & les mains;
M ;
180 PAT
on la bât, & onl'unit , de peur qu’il ne s'évente ; quin:
ze jours après on ouvre le monceau , on le broïe entre les
mains , & on méle avec le dedans de la eroûte qui s'écoit
formée deflus : on fait de cette pâte de petites pelotes
rondes qui doivent pefer cinq quatterons , poids de ta-
ble, & après les avoir bien preffées , onles allonge par
les déux bouts oppofés : c’eft le pañktel en pile. Journ.
Oecon. Juil. 1757.
PATE d'amandes pour laver les mains. On la fait
avec des amandes ameres qu’on a pelées à l’eau chau-
de, & qu'on fait fécher. On les pile enfuite pendant
quelque tems, en y mettant un peu de lait pour les
lier en pâte; en même-tems on pile un bon morceau
de mie de pain blanc ; on le détrempe avec un peu
de fait. On mêle cette pâte avec la pâte d'amandes :
on Les pile enfemble , en y délayant un peu de lait:
après on fait bouillir le cout fur le feu, en y ajoutant
trois chopines de lait fur une livre d'amandes, & on
remue toujours le tout , jufqu’à ce que la pâte foit bien
épaiflie.
Pare pour laver les mains fanseau, Pelez à l’eau chau-
de quatre onces d'amandes douces & deux onces d'aman-
des ametes ; pilez-les dans un mortier , en les arrofant
d'un peu de vin blanc ; mettez-les à part , pilez de même
Ja mie d'un pain de chapitre, avec trois jaunes d'œufs
durs , les humectant du même vin; mettez le tout en-
femble dans un mortier; ajoutez un peu de florax en
poudre fine à difcrétion; humeëtez la pâte avec du vin
blanc en la pilant ; elle fera par ce moyen douce & li-
quide , comme vous le fouhaiterez.
Pâte pour les gros pâtés qui fe mangent froids.
Maniere de la préparer : mettez un demi-boiffeau de
farine de froment {ur une table bien nette; faites une
fofle dansle milieu ; mettez y deux livres de beurre
frais, & trois onces de fel bien menu, environ un de-
mi féprier d’eau riéde, maniez le tout enfeimble , &
formez en votre pâte. On y ajoute un peu plus d'eau ,
fi elle eft crop forte. Formez en votre abaïfle avec le
rouleau , laiffez-la repofer trois heures avant de vous
fervir. On doit meure plus de beurre en hiver qu'en
£Ée 2 Te
ECAT 187
Pare feuilletée pour les pâtés de pigeonneaux , pe-
tits pâtés , & autres a manger chauds. On la fait avec
trois livres de fleur de farine , de l'eau froide, un peu
de fel menu , & fi on veut, quelques jaunes d'œufs ; on
la paîtrit , on en fait une abaiïffe de l'épaiffeur d’un pouce;
on y mec deflus deux livres & demi de beurre frais ; on
renverfe | un des bouts l’un fur l'autre, de maniere que
le beurre foit en dedans ; on la détend une feconde
fois avec le rouleau , en le poudrant de farine deflus
& deflous , & on le replie & détend jufqu’à cinq & fix
fois.
Pare de Tourtes. Voyez TOURTE.
PATE d'amandes à manger. Echaudez vos amandes
lavez-les dans l'eau fraîche ; pilez-les ; arrofez-les d’un
peu de blancs d'œuf fouetté avec un peu d'eau de fleur
d'orange ; arrofez-les à mefure que vous les pilez ; ti-
rez la pâte du mortier , mettez-la dans une poële fur
le feu, avec du fucre en poudre : fur une livre de pâte;
il faut demi hvre de fucre ; remuez le rout jufqu'a ce
qu'il ne tienne plus à la poële: alors mettez-la fur une
table avec un peu de fucre en poudre , pour achever de
le deffécher,
Certe pâte fert à faire des abaifles pour dés toutes &
des tartelettes Quand on veur l'employer , on la met
dans un mortier avec du beurre frais , écorce de citron
verdhaché, un peu de fucre , quelques jaunes d'œufs ,
le tout pilé.
PATÉ DE Veau. Coupez en trois une rouelle de
Veau ; lardez-la de moyen lard; dreflez la en pâte fine
fur un godiveau: garniffez la de champignons, ris de
_ Veau , morilles , truffes, culs d’artichauds , lard pilé ;
affaifonnez de fel, poivre , fines épices ; couvrez votre
pâté dela même pâte : faites-le cuire deux heures ; dé-
graiflez le, mettez-y un coulis clair de veau , on peut le
fervir chaud.
PATÉ ps Dinpons. Vuidez vos dindons, retrouf-
fez-les ; battez-les [ur l'eftomac ; lardezÂes de gros
lard affaifonnés ; prenez les foies, hachez-les avec
perfil, ciboule, fines herbes, truffes, champignons;
pilez-le tout. Farciffez-en vos dindons, & gardez un
peu de farce, Faites votre pâte ; dreffez le pâté ; mer-
M 4
182 PAT
tez la farce fur l'abaiffe ; arrangez vos dindons; affai-
fonnez-les , mettez-y une feuille de laurier ; couvrez-
les de tranches de veau & de bandes de lard, & de
l'autre partie de l'abaiffe. Le paté étant cuit, ôtez les
tranches de veau & de lard, & faites-y un ragoût de
champignons & de ris de veau. On le fert chaude-
ment,
PATÉ pe Jampon. Otez la peau, ou coëne d’un
Jambon ; coupez le manche ; levez l'eau du milieu; en-
veloppez le jambon de bardes de lard & de tranches de
bœuf , avec de fines herbes & épiceries, des tranches
d’oignon , une feuille de laurier. Etant ainfi couvert,
mettez-le à la braife, un couvercle par-deflus, & faires-
le cuire, environ douzeheures , dans un four qui ne foit
pas trop ardent. Etant cuit, laiffez le refroidir dans la
marmite.
Dans le tems qu'il cuit, faites une groffe pâte avec
un peu de beurre , un œuf, de l'eau, de la farine : pre-
nez un grand plat, faites-y un grand bord autour avec
cettepäte, le bord doit en être épais, afin qu'il puiffe
fe foutenir; on façonne ce rebord comme.on veut; on
Je fait cuire dans le four. Enfuite retirez le jambon avec
Je jus qu’il aura rendu : rempliflez les vuides avec ces
tranches de bœuf & de la graifle. On peut le poudrer de
chapelure de pain , & lui faire prendre couleur avec la
pelle rouge.
PATÉ de Canards froid. Voyez CANARD,
PATE de Perdrix. Voyez PERDRIx.
PATE EN Por. Prenez tous les filets d'un gigot
de mouton, ceux d’un lievre, d’une perdrix, une noix
de veau, & demi - livre de jambon ; hachez bien le
tout avec champignons ; affaifonnez de fel, poivre,
mufcade, peifil, ciboules,. baflic , échalottes,, fines
épices : hachez & mélez bien cet aflaifonnement; mé-
lez-y quatre livres de lard & fix jaunes d'œufs avec les
blancs fouettés ; enfuite mettez votre hachis dans. une
marmite garnie de bardes de lard ; fermez la marmite
d'une feuille de papier & de fon couvercle , faites cuire
le tout à petit feu, l'efpace de vingt heures, Jaiflez-le
refroidir : ôtez.en les bardes ; dreflez-le dans un plat &
Je fervez pour entremets,
PAT 153
PATÉ , perirs Partes. On les fait d’abord avec
de la pâte feuillerée ; enfuire hachez un peu de rouelle
de veau & de moëlle de bœuf, avec perfil, ciboule ,
champignons : ajoutez-y deux œufs avec fel & poivre,
délayez cette farce avec un demi- feprier de crême.
Faites enfuire de petites abaifles de pate ci-deffus, met-
tez-les {ur des moules à petits patés; étendez de petits
morceaux de farce fur chaque abaifle , & couvrez cet-
te abaïfle d’une autre ,- & dorez-la : faites de même à
chacun , & mettez les au four.
Les Tartelertes fe font de même , fi ce n’eft qu'au
lieu de certe farce on y met de la crème pour les
tourtes.
PATIENCE. Efpece d'ofeille fort grande & fort
aigre ; on la cultive de même que l'ofeille. Il y a
encore la patience fauve , qui croît dans les terres
inculres : fes feuilles reflemblent à celles de l'ofeille,
mais elles font plus longues. Sa racine eft apéritive &
laxative ;j on s'en fert en ptifane dans les mala-
dies qui viennent d’obftrution. Sa décoétion pu-
tifie le fang. Le fuc de fa racine eft bon contre Ia
gale, les dartres, les rouffeurs , & autres vices de la
eau.
PATRON. On appelle ainfi celui qui a fondé, bä-
ti, ou doté une Eglife : en conféquence de ce, il a
droit de préfenter à l’'Evéque un Eccléfiaftique pour
deffervir l’Eglife : 11 doit avoir la premiere place dans
le Chœur parmiles Laïcs , le Pain béni, & l'Eau bé-
nite , & être nommé expreflément dans les prieres du
Prône, & il a droit de fépulture dans le Chœur.
PATURAGES , (les) fonc des fonds de terre qui
n’ont pas befoin de culture pour porter une grande
quantité d'herbages , avec lefquels on engraiïfle les
beftiaux. Les fonds gras , & naturellement abreuvés
d'eau , s'appellent pacages , & les fonds fecs s'ap-
pellent pâtures ou pâtis. Il y a un nombre infini de
pacages dans la Baffe - Normandie , la Bretagne , le
Berri, le Poitou, parce que ce font des pays gras: les
habitans y mettent quantité de beftiaux maigres ,
bœufs , vaches, chevaux , moutons , & ils les y re
nouvellent trois fois par an. Cependant on y mer plus
»
v84 FAT
ou'moins de beftiaux felon la force & a quantité de
da pâture , fur quoi il faut remarquer que foixante
bœufs confomment autant que cent vaches , & un che.
val autant que trois vaches. Ces pacages font des
biens qu'on loue le mieux & le plus facilement ; mais
ce ne feroit pas entendre fes intérêts de les louer ,
lorfqu’on à aflez de facultés pour y mettre des beftiaux
pour fon propre compte ; car alors le produit eft tri-
ple, & on peut retirer fon fond avec un gain honnête
ququ’à deux ou trois fois par an: cependantil eft bon
de réferver en foin une partie de fes pâtures pour nour-
rir les beftiaux en hiver.
On doit d’abord mettre les beftiaux dans les moin-
dres pâturages , pour qu'ils s'y purgent ; enfuite dans
d'autres plus fubftantiels , & enfin dans les plus fuccu-
lens , où ils achevent de s'engraiffer.
Les pacages fourniflent plus d'herbe que les autres
pâtures, parce qu'ils font humides de leur propre fond ;
ils font ordinairement pour les gros beftiaux que l’on
y met à la fin d'Avril; & on n'y fait paîtreque la der-
piere herbe aux moutons & aux brebis , c'eft-à-dire,
fur la fin de Novembre, & après que les bœufs & va-
ches & chevaux ont pâturé.
Liherbe que paiflent les beftiaux dans Jes pacages,
feur eft infiniment plus falutaire que celle qu'on leur.
donne dans les écuries & dans les érables,
: « . A , LA
Quoiqu’on ne feme point les pârures, il eft bon d'y
répandre de tems à autre, les reftés & les balayures
des greniers à foin , quand ils font vuides ; on doit
même feur donner quelques amandemens tels que le.
pacage des vaches , & pratiquer du moins en partie
ce que l'on fait à l'égard des prés, afin que les pätu-
res foient abondantes. On doit pratiquer tout auprès
des pâtures une chaumiere pour le logement des Pä-
tres , & quelqu'endroit un peu couvert, pour y met-
tre à l'ombre les beftiaux pendant les chaleurs.
Comme l'herbe trop mure durcit & perd beaucoup
de fon fuc ; que celle qui neft point müre n'en a
point affez , & que les beftiaux vont toujours à la plus
tendre , il faut , pour ménager fes pacages , & afin
que toute l'herbe foit paturée en mâturité, & qu'elle
PAT 18;
repouffe ; il faut , dis-je , féparer les paturages en
quartiers grands à proportion du bétail qu’on à à y
mettre ; enforte qu'il trouve dans chaque quartier de
quoi paître pendant trois ou quatre jours , au bout
defquels on le met dans un autre quartier , afin que le
premier fructifie , & ainfi fucceflivement. C’eft en re-
levant les verres , & plantant du bois fur les levées,
qu'on fait les féparations , ou avec des hayes & des
faules,
On doit obferver que les bêtes à cornes font plus de
dégär dans les herbages plantés, & dans les jeunes bois,
que les chevaux , parce qu’elles brouttent les brouflail-
les, & rafent l'herbe de plus près.
On peut affermer les pacages , fuivant l’ufage du
pays , foit par différens baux , foit en recevant des
beftiaux dans les pâturages : on ne doit fouffrir aux pa-
cages ni chevres, ni moutons, ni cochons.
Lorfqu'on veut profiter de fes pâturages , on peut
avoir des bœufs & des vaches , c’eft le moyen d’avoir
beaucoup de fumier : les engrais du bétail font lu-
cratifs.
PATURES. On appelle pätures graffes ou vives les
prés , les pacages , ou communes, On entend auf
par ce nom les droits de pâturage que les Commu-
nautés d’habitans ont dans les prés, les bois , doncils
font voifins, pour y faire paître leurs chevaux & leurs
troupeaux dans le tems de la paiflon. Lorfque ces pa-
tures font des communes , elles ne font que pour les
habitans aufquels elles font communes ; & chacun y
peut mettre le nombre de bêtes qu’il veut. Outre ces
fortes de pâtures , il y a encore les vaines pâtures :
on entend par-ià tout champ dépouillé , comme les
terres à grain après la moiflon , les prés après la dé-
pouille du foin, en un mot, tout héritage où il n'ya
ni fruit , ni femence, tels que les Partis , excepté de-
puis la mi-Mars jufqu'en Septembre, les bois taillis &
les hautes futaies pour les herbes qui croiffent def-
fous. Chacun 2 droit de mener paître Îes beftiaux dans
ces fortes d’endroits ; &z les Coûtumes ont introduit
ce droit pour maintenir l'abondance des beftiaux. Au
sefte, chaque habitant ne peut pas faire paître autant
186 PAWV
des bêtes qu'il lui plaît : iln’y en’ peut mettre.qu’à pro:
portion des héritages qu'il pofléde dans la Paroifle ,
à raifon d'un mouton par arpent de terre en labour.
pour les bêtes à laine : à l'égard des chevaux & des
bêtes à eorne , il n’y a poiar de regle établie, mais
il faut que les beftiaux foient pour l'ufage de l'habitant
qui les envoie paître ; car ce droit n’eft pas pour ceux
qui feroient commerce de beftiaux. La meilleure ré-
gle pour cela, eft celle qui eft érablie en plufieurs en-
droits, favoir, que chaque Paroifle ou Village , a fon
triage diftinét , qu'il n'eft pas permis d'excéder. En
réglant ainfila vaine pâture par les limites de chaque
Paroifle, chacune a le profit du terrein dont elle porte
les charges. On permet aux autres habitans qui n’ont
point d'héritage de faire pâturer une vache, ou deux
chevres ; mais aucun bétail ne doit päturer féparément
du troupeau de la Communauté.
Un Auteur judicieux qui a écrit fur l’adminiftration
des terres, prétend qu'un Seigneur ne doit rien épar-
gner pour fe.rédimer des droits düs dans fes bois,
tels que le päturage & le chauffage. S'il peut, dit-il,
procurer une autre pâture aux habitans , en leur ac-
cordant une certaine quantité de bois, qu'il livrera
tous les ans à chaque ménage , ou en partageant à
chaque feu une quantité de terrein, pour lui apparte-
nir en propre; il gagnera beaucoup, car par-là il pour-
ra éloigner de fes bois les beftiaux & la mauvaife ad-
miniftration ; mais il faut préalablement faire autori-
fer la Paroifle à s'aflembler, à tranfiger , & à faire
homoloouer l’Acte.
PAVIE, On appelle ainfi une efpece de pêche qui a
fon mérite, mais bien plus dans les pays chauds, car
elles y font recommandables par leur gouùr & leur dé-.
licatefle : mais aux environs de.Paris les payies y ont
toujours la chair groffére & coriaffe. Auffi n’y fert-on ,
qu'en compote le pavie madeleine, & rarement le fert-
oncrud. Cependant le Pavie de Pomponne eft renom-
mé à caufe de fa groffeur furprenante & de. fa belle
couleur : il eft rond , fon goût eft mufqué , & fon
ci fucrée : il mürit à la fin de Septembre, Voyez
ESCHE HA
PAV 187
PAVÉ. 1°. Il y a lé gros , qui eft le pavé de rue
& des paflages publics , qui a fept pouces en quarré ,
& qu'on n’emploié qu'avec du fable. 28. Le moyen,
ou d’échantillon , qui eft de la moitié de la groffeur
de l’autre : onen pave les cours à chaux & 2 fable,
3%. Le petit, qui n’a que cinq pouces en quarré , &
dont on pave les cuifines à chaux & à ciment. Le prix
du pavé de cour à chaux & à ciment, eft de fept livres
la toife , à tout fournit par l'Ouvrier. Le pavé com-
mun à chaux & fable, cinq livres dix fols la toife. La
feule façon de gros pavé , une livre cinq fols la toile.
Le petit pavé , à vout fournir par le Bourgeois vingt
fols la toife,
- PAVOT. ( le ) Fleur : il y a le blanc & le noir. Le
blanc poufle une tige à la hauteur de trois ou quatre
pieds, avec des feuilles longues & larges. Au fommet
des tiges font les fleurs difpofées en rofes, ou blan-
ches, ou purpurines, & fes femences rondes & blan-
ches, le noir eft femblable au blanc , excepté que fes
fleurs font rouges, & fes femences noires.
PAyvoT blanc & noir cultivé : plante des Jardins.
On les diftingue ainfi à caufe de la couleur de leur
femence. Les têtes des pavots blancs entrent dans les
remedes : elles font afloupiflantes | calment les dou-
leurs , la toux ; mais la femence de pavot eft peu fom-
nifére. Voyez DECOCTION DE PAVOT BLANC.
Pavor rouge , ou CoQuErIcoT. Plante que l’on
voit au milieu des bleds , fa fleur eft pettorale , adou-
ciffante : on l’emploie dans les rhumes : on s'en ferten
maniere de thé , ou en ptifane, ou en fyrop.
Décoétion de tête de pavot blanc. Prenez un ou
deux gros d'écorce de tête de pavot blanc , féche &
coupée par morceaux ; faites-les bouillir dans une cho-
pine d'eau réduite à demi-feptier ; paflez le tout dans
une étamine avec légere expreffion : elle convient dans
les infomnies légeres , & lorfque les malades fe trou-
vent inquiets & agités par des mouvemens de vapeurs.
On en donne trois ou quatre cuillerées dans un bouillon
le foir à l'heure du fommeil.
PAYS cras. On appelle ainfi ceux qui abondent
principalement en pâturages , comme la Bretagne, la
123 BEA PEC
Bafle- Normandie , le Berri , le Poitou.
PEAGE. Droit de } C'eft un Droit Seigneurial qui
fe prend fur le bétail, ou fur les marchandifes qui
pañlent, & ce pour l'entretien des chemins & chauf.
fées. Ce Droit eft encore connu fous le nom de pon-
tonage , rouage , travers Leude , &c. Il ne peut être
établi que par la conceflion du Roi , & en vertu de
Lettres Parentes. Outre le titre & pofleflion de cent
ans pour lever ce Droit , il faut qu'il y ait quelque
ouvrage public que le Seigneur foit obligé d'entrete-
nir , comme de réparer un pont , une chauflée : un
grand chemin, l'entretien d'un bac, le curement d’une
riviere , &c. Ainfi , lorfque ce droit eft concédé à
tems , 1l eft éreint après le rems porté par la conceflion.
Ea certains lieux les péages font du Domaine du Roï;
en d'autres ils appartiennent aux Villes, ou aux Sei-
neurs Les Péagers font obligés de mettre une Pan-
carte bien lifible au haut d’un poteau, à côté du lieu où
le péage eft dü , contenant le Tanf des Droits dus. A
refus de péage , on ne peur faifir que quelque peuite
marchandile ou denrée , à concurrence du Drox.
PECHE, La pêche eft l’art d'attraper le poiffon par:
le moyen de différens filets. La pêche eft un exercice
agréable & utile : elle demande beaucoup de patience.
& qu'on obferve un grand filence. Cet exercice eft
même plus lucratif que la chaffe : fur quoi il faut fa.
voir que les eaux fablonneufes font plus fécondes.,.fur-
tout en truites. Les eaux bourbeufes donnent la carpe,
la tanche , la perche , le barbeau , le meunier, l'an-
guille,. On doit avoir foin de nettoyer les lits d'eau.
dans les endroits ou lon pêche, de tous pieux & au-
tres embarras qui peuvent accrocher ou déchirer les
files, & qu'il faut empêcher , en remontant toujours.
contre l'eau; |
ll eft d’ufage d’affermer le Droit de pêche dans les.
rivieres non navigables, mais on fait toujours lesré-
ferves néceffaires pour fa confommation : ik y a rare-
ment du profr à en faire l’exploitation par fes mains,
tout fe confomme en frais
A l'égard des rivieres navigables , perfonne n'a Droit
de pêche fans zitre, les Gentilshommes , les Eccléfiaf-
PEC 289
tiques & les Communautés ne peuvent pas ufer de ce
Droit par eux mêmes : il faut qu'ils l’afferment.
Il y a fur la pêche la même police que fur la chaffe ,
c’eft-2-dire , des régles prefcrires par les Ordonnances
du Roi, du moins quant à la pêche dans les rivieres
navigables aufquelles rous les Particuliers doivent fe
conformer, Voyez CHasse & DROIT DE CHasse , &
Rivieres.
PECHER. Arbre fort connu : il eft affez petit ; fon
bois eft léger & fragile ; fes fleurs font rouges. Les
péchers qui font dans un terroir fablonneux & chaud ,
produifent les plus groffes péches. Cet arbre craint
beaucoup le froid ; pour le multiplier, on plante des
noyaux de pêche dass un terroir fofloyé , à deux pieds
l'un de l'autre , à trois doigts de profondeur, la têre
tournée en bas. On doit replanter les rejéitons au
bout de deux ans dans une petite foffe , les fumer ,
leur labourer le pied trois fois , les arrofer affidûment :
à deux ans les tranfplanter , les mettre en long dans
le foflé, & en laifler fortir feulement un rameau, On
les greffe en écuflon fur des pruniers de S. Julien ,
ou de damas noir , ou fur des abricotiers déja greffés :
c’eft le moyen d'avoir beaucoup de pêches & des meil-
leures. Lorfqu’ils ont atteint trois ans , on les taille
our le moins deux fois l'an. La premiere au mois de
2 , & lorfqu'on les voit prêts à fleurir , & la fe
conde depuis la mi-Mai jufqu'a la mi-Juin : on doit
les dépalifler pour les bien tailler ; fur quoi ikeftbon
de favoir que les branches à fruit & de lancée , font
chargées de boutons, & qu'il n'y a que ces fortes de
branches qui donnent le fruit, car les branches à bois
n'ont point de boutons.
A la premiere taille, on donne aux btanches à fruit
une longueur raifonnable , & on taille les branches à
bois au quatriéme ou cinquiéme œil, pour qu'il en
naïfle des branches à fruit ; le tout à proportion de
leur force, c’eft à dire, les plus grofles à fix où (ept
pouces de long , & les foibles à quatre ou cinq. À la fin
de Mai on doit pincer les boutons de toutes les grofles
branches pour qu’elles pouffent da bois à fruit. On doit
couper près du gros de l'arbre les branches gourman-
190 PE C
des , qui font de groffes branches de l’année; ou du
moins de fept à huit pouces de long , fi elles fervent
à garnir l'endroit où elles pouflent. Lorfque les pé-
chers ne produifent plus que de grofles branches ,
c'eft une marque qu'ils font vieux, & il faut les arra-
cher du moins dans les terres’ légeres , excepté qu'ils
euffent pouflé quelques branches gourmandes qui peu-
vent les rajeunir, 11 faut les tailler à un bon pied de
long.
La feconde taille fe fait pour délivrer l'arbre des
branches inutiles qui l'épuiferoient | où même du trop
de fruit : on taille en même-tems tout le bois fec &
languiffant , & celui qui eft attaqué de gomme. Lorf-
que certains péchers paroïffent languir , il y a des gens .
qui confeillent de les arrofer de lie de vin vieux, mé-
lée avec de l’eau , & entaffer de la terre au pied, en
arrofant l'arbre le foir , & le mettant à couvert de
l'ardeur du foleil.
Après la taille, & lorfqu'ils font en fleur, on doit
19. les garantir de la gelée & des roux vents du mois
d'Avril, par des paillaflons jufqu'à la fin de Mai : on
les ôte quand le tems eft doux. 2°. Lorfque le prin-
tems eft fec ou froid , on doit les déchauffer |, & y
jetrer deux feaux d’eau , les recouvrir de leurterre,
& continuer à les arrofer : ce qu’on doit faire auf
dans les grandes chaleurs de l'été, en y jettant la va-
leur d’un demi-feau d’eau à chaque pied. 4°. Si les
abricots font noués, il faut ôter de l'arbre , au mois
de Mai, le trop de fruit, & en laiffer peu fur les bran-
ches foibles , ce qu'on pratique fur tout à l'égard de
ceux qui portent de gros fruits. 5°. On doit ôter avec.
des cizeaux les feuilles qui font fur les fruits , pour les
découvrir & les mettre à l’air , mais feulement quinze
. jours avant leur mäturité.
PECHES. ( les) Sont le fruit le plus délicieux à
manger crud. ]l y a un grand nombre d’efpeces de
pêches : voici le nom des plus connues , avec leurs
différentes qualités. 1°, L'Avant-Péche , elleeft petite,
elle a l'eau fucrée & mufquée. 2°, La pêche de Troie;
elle eft grofle , rouge , & ronde , d’un goût relevé ;
müûrit au mois d'Août. 3°, l'Alberge peu grofle , a
a
PE C 191
la chair jaune. 4°. La Vineulé, oroffe & ronde, d'un
rouge brun foncé , d'un goût fin & délicieux : on la
mange à la mi Septembre, $o. La Mignone, un peu
grofle , plus élevée d'un côté que de l'autre, fort belle
en couleur, a la chair fine & fondante, l eau fucrée;
le noyau petit : mürit à la mi- Août. 6°. La pêche-
madeleine , grofle , ronde , rouge du côté du Soleil,
blanche de l'autre , a la chair fine , l'eau fucrée, le
goût relevé, le noyau petit; fans aucun rouge , mü-
rit à la mi-Août. 7°. La pêche-chevreufe ; groffe , d'un
coloris rouge , a la chair fine & fucrée , la figure un
peu longue, mürit au mois d'Août. 8°. [a Royale ,
un peu grofle , plustardive, murit en Oétobie 9°. La
Bourdine ; aflez grofle, d'un rouge obfcur , eft müre
en Septembre. 10. La Violette, hative, petite, fa
chair parfumée , fon eau vineufe : elle eft fort eftimée,
bonne à la mi-Septembre. 11. La Chancellerie, plus
longue que ronde , d'un beau rouge, la peau fine ,
l'eau fucrée. 12. La pêche admirable, groffe & ron-
de , l'eau fucrés, d’un beau coloris , le goût vineux,
fa chair fine & fondante , le noyau petit, mürit au
commencement de Septembre. 13. Le Pavis blanc ;
reflemble 2 la madeleine blanche , mais fa chair eft fer-
me , tient au noyau , d’un fort bon goût, mürit à la
fia d'Août. 14. Le Pavis rouge de Pomponse ; fort grof-
fe, d'un beau coloris , ronde , d'un rouge incarnat; le
goût mufqué , l’eau fucrée, au commencement d'O&o-
bre. 15. Le Brugnon violer : ileft liflé ; fa chair ni ten-
dre ni dure ; ileft fort bon, quand il eft un peu ride, à
la fin de Septembre.
Il y a encore la pêche nivette , ou veloutée, qui eft
d’une belle groffeur : c'eft une des meilleures pêches ; la
pêche perfique qui eft d’un goût merveilleux ; la Belle-
garde ; la Violette tardive ; l'Abricoté ; la pêche de Pau,
Toutesles pêches fe mangent à la fin de Septembre, ou
au commencement d'Oétobre. :
Une bonne pêche doit avoir la chair un peu feime,
& cependant fine, ce qui paroït quand on Ôte la peau :
elle doit être fondante à la bouche ; avoir une eau
douce & fucrée , un goût vineux & mulqué , & le
noyau petit. On connoît la maturité d'une pêche ,
Tome II, N
192 | PE C
lorfqu'elle tient très’ peu par fa queue, lorfqu'elle a
un beau coloris d'un côté, & quelle eft jaunâtre de
Yautre, fans mélange de verd. Les pêches ne müriffent
point hors de l'arbre, comme quelques autres fruits :
cependant en les mettant dans ia ferre un jour ou deux,
elles acquiérent un certain frais qui Les rend plus agréa=
bles.
fez les plus belles : & fans tache : cueilles les avant
qu'elles foient tout-à fait müres, & dens la chaleur
du jour, effuyez le duvet, fendez-les jufqu'au noyau :
mettez votre fucre dans une poële à confiture, & de
l'eau à proportion, & darifiez-le. Le fyrop étant fait à
moitié & dans le tems qu'il eft bouillant , mettez dedans
la moitié de vos pêches : laiffez-les blanchir : mais ayez
foin de les ôter au vérirable point de leur blanchiifage :
titez-les prompreiment avec l'écumoire à mefure qu'elles
blanchiront : laiflez-les écouter fur une table couverte
dunlinge, & expofez les (ur leur entaille, Pendant ce
rems là achevez le fyrop : faites-le réduire prêt à can-
dir , puis retirez le, pailez-le dans un tamis : laiflez-le
le refroidir, Alors mettez-en pareille quantité, moitié
efprit de vin & de fyrop : arrangez les pêches dans les
bouteilles, & achevez de remplir les bouteilles de fyrop
& d’efprit de vin : lorfqu'elles tomberontau fond , elles
feront bonnes à manger. Le
La recette pour un cent de pêches & environ une
douzaine au delà pour remplacer celles qui peuvent
fe perdre au blanchiflage , € de huit livres de fucre
pour faire le fyrop , avec fix pintes d'eau & quatre pintes
d'efprit de vin, pour être mélées avec le fyrop. Afin de
bien faire le {yrop , obfervez que, lorfque le fucre fera
fondu & le fyrop prêt à bouillir , il faut le clarifier avec
trois ou quatre blancs d'œufs fouertés, mais employés
par quart. Lorfqu'il (era clarifié avec cette moitié de
blancs d œufs , il faut blanchir les pêches , comme il a
été dit, puis achever le fyrop, jufqu'a ce qu'ilcommen-
ce à candir, & mettre le refte des blancs d'œufs pour.
achever de le clarifier ; puis le laiflez refroidir , & mêler
l'efprit de vin. +"
Maniere de faire fécher & conférver des pé-
Pour confire des pêches à J'eau-de-vie : 1°. choifif-
PE. C ne T9
ches , principalement Pour ceux qui en recueillent
beaucoup. 1%. On doit prendre pour cela de l’'abri-
cotée ou admirable jaune , ou l'auberge jaune, & ra-
rement des autres efpéces : on doi les cueillir à l’ar-
bre bien mûres : celles-ci valent mieux que celles qui
font tombées. 2°, Les fendre pat le milieu, ôter Je
le noyau, les peler, les mettre fur un plat, les appla-
tir un peu avec la main , Jes faiffe: en cet état pendant
douze heures. Ce tems écoulé » TaMafler dans un vafe
tout le fyrop qu’elles auront jetté, l'affaifonner avec
du fucre , de l'eau_de vie, un peu de canelle & de ge-
rofle : une demi livre de fucre & une chopine d'eau-
de-vie fuffent pour chaque livre de fyrop : on doit
laiffer infufer le tout fur des cendres chaudes pendant
dix ou douze heures, Cela fait » arranger les pêches
fur des claies propres, puis les mettre dans un four ,
dont la chaleur foit fort douce, & qui ne foir chauffé
qu'avec du farment de vigne : après un certain tems. les
en retirer, & les tremper l'une aprés l'autre dans Je {y.-
Top préparé : les remettre enfuire fur les claies, fans
qu'elles fe touchent, & les renfermer de nouveau avec la
même chaleur douce : les en retirer après quelque-tems,,
& les tremper encore dans Je [yrop. On rénrere la, même
chofe une troifiéme fois » Jufqu'à ce que les pêches pa-
roiflent fufifamment féches » Ce que l'on connoît lorf-
qu'elles ont une couleur de brun inCarnat, & que leur
chair eft ferme & reluifante » alors on les ferre dans des
boîtes de fapin, Propres & garnies de papier, & dans
un lieu fec : elles fe confervent pendant un tems confi-
dérable. so of
Les abricots fe confervent de même, mais on ne les
Ouvre point : tous ces fruits ainfi préparés, font excel-
lens à manger, & font d'une grande reffource dans la fai-
fon où les autres manquent. >
Compôte de pêches qui ne font point trop müres.
OUpez en deux une demi : douzaine de ces pêches,
Ôtez - en le POyau : mettez. les à mefure dans l'eau
fraîche, puis jettez-les dans une eau bouillante : faites-
les pour les faire égouter fur un tamis ; Ôtez-en la peau,
& les mettez au petit fucre clarifié, prendre deux
N 2
194
boüillons fur le feu : écumez-les, Be dreffez-les fur une
porcelaine avec leur fyrop que vous aurez paflé par uni
tamis.
Compôte de pêches bien müres. Après les avoir
pelées & jettées en eau fraiche , mettez du fucre en
cau clarifié dans une poële , mettez vos pêches de-
dans : couvrez-les d'une afierre , & les faites cuire
far un feu modéré , jufqu'a ce qu'elles foient mol-
letres
Marmelade de pêches. Prenez des pêches Madeleine
bien mûres: pelez-les , ôtez les noyaux : faires-les def-
fécher ; de fix livres réduifez-les à quatre: faites cui-
re quatre livres de fucre à la plume; mettez-y vos pêches
dedans : faices leur prendre encore cinq ou fix bouillons
fur le feu, & lorfque la marmelade eft froide , em-
potez-la. |
PECHERIE. On appelle ainfi des endroits ftables ,
& où l'on prend du poiffon. On les conftrait furles ri-
‘vieres poiflonneufes, & on les fair ou de charpente , où
de cloïfonnage , ou avec de fimples claies, eu égard à
l'abondance du poiffon : on y pratique des réfervoirs
‘dans le bas. On appelle Bordigues les pêcheries ou efpa-
ces retranchés de rofeaux fur le bord de la mer. On ap-
pelle Madragues celles qui font faires de cables ou de fi-
fets pour prendre le chon : on appelle Parcs, les pêche-
ries conftruites fur le bord de la mer avec bois, pierres,
claies , filets, pour y prendre le poiffon que le flux
‘améne. F
PELOUSE de gazon. Voyez Tapis:
PENSE’E , fleur. C’eft une efpéce de violette dont
les fleurs font bleues, ou purpurines , où blanches , ou
jaunes : on la cultive dans les jardins ; eile fournit en
Avril & dans tour l'été.
PEPIE. Maladie des oifeaux. On appelle ainfi un mal
qui vient au-dedans de leur bec: pour les en guérir , il
faut au lieu de leur eau ordinaire , leur donner de la
taine de melon trempée dans de l’eau bien claire ; & cela
pendant deux ou trois jours.
PEPINIERE. Lieu où l'onéleve une mulrirude de
jeunes plantes deffinées à remplacer les arbres morts,
ou ceux qu'il faur arracher. Les plantes viennent
HET 195
fes unes de pin ou de noyau, qu'on appelle arbres francs,
& qui ont befoin du fecours de la greffe, parce qu’ils
font fauvages; les autres font des rejettons appellés bou-
tures qu’on a détachés dans les bois fur des fauvageons :
ceux-ci font des plantes dont les fruits font pres & de
mauvais goût. Voici les quatre différentes fortes de pé-
pinieres,
1°. La pépiniere de femence & de fruits à pepin : on
les appelle ainf : parce qu’on y éleve de petits arbres
Par la voie du pepin ou de la graine. Pour cet effet, les
pepins doivent être pris fur des fruits bien muürs |, &
être gardés en lieu fec avant de les employer. Les grai-
nes doivent être de la même année, rondes & pleines en
dedans : celles qui, miles dans l'eau vont au fond, font
Îles meilleures. Avant de femer les pepins & les graines,
on doit les faire tremper toute une journée dans de l’eau
où l'on a mis un peu de nitre, pour faciliter la germi-
nation. Âu mois de Mars on feme les pepins à plein
champ, ou par rayons efpacés d'un pied : on doitlesre-
couvrir de terre , y répandre du fumier , les farcler quand
ils commencent à poufler , & leur donner enfuite de le-
gers labours. Au bout de deux ans on les tranfplante en
une autre pépiniere , & on les mes par rang à deux pieds
Jun de l'autre,
2°, La pépiniere des fruits à noyau, ceft 2-dire, qui
Viennent par la voie du noyau. On n’éleve ordinaire-
ment par cette voie que l'amandier , & on fe fert de celle
de la greffe pour les pèchers , abricotiers, cérifiers &
pruniers , que l’on ente fur d’autres fujets, parce que la
voie du noyau eft la plus longue : à la vérité il y a des
pêchers, tels que la péche violette, & des pruñiers
francs, tels que ie damas noir, qui viennent affez bien
de noyau fans être greffés; mais routes les autres efpé-
ces veulent être greffes.
3°. La pépiniere des plants champêtres. Pour cet
effet on doit cueïllir depuis Septembre jufqu'en Dé-
cembre , les graines de tilleul, frêne, érable, hêtre,
&c. À l'égard de l'orme , on en cueille la graine au
mois de Mai, & onla feme en même tems. On feme
ces diverfes graines en planches : lorfqu’on ne veut
pas les femer pour demeurer en place, on les leve am
N 3
isée P<E:P
bout de deux ans pout les replanter en pepiniere, à un
ied de diftance l'un de l'autre. Quant au chéne , on le
RE pour demeurer en place ; car il réuffit difficilement
étant tranfplanté, À l'égard des arbres verds comme les
1fs , les houx , pins, fapins, il vaut mieux les élever de
boutures que de graines. Pour les noix , noifettes ,
glands , châtaignes, on les ramaffe dans le mois d'Oc-
robre & Novembre: on les fait germer pendant l'hiver
dans des mannequins fur les lits de fable , & on les pian-
te au printems.
. 4°. La pépiniere des plans enracinés. On entend
par-là tout plan formé, comme rejettons, beutures,
fauvageons, &c. que l’on deftine pour greffer tels &
tels fujers, mais il faut pour cela favoir choifir les
différens plans & à quels arbres ils conviennent pour
lagreffe. Ainfi lorfqu'on veut avoir des poiriers &t des
pommiers francs à haute tige, on doit choifir les fau-
vageons de poiriers & des pommiers d’un an feule-
lement. 22. Pour les pommiers deftinés en efpaliers ou
en buifflons, on prend du plan de pommiers de para-
dis ; 3°. pour les poiriers que l’on deftine de même, il
faut. du plan de coisnaflier ; 4°. pour les péchers,
abricotiers & pruniers, il faut du plan de jeunes pru-
niets de damas noir & faint Julien: à l'égard des abri-
coters, on doit choifir les pruniers qui rapportent les
plus grofles prunes ; & pour les pruniers, on peut
prendie du plan de toutes fortes de pruniers, à l'excep-
tion de ceux qui portent des prunes Apres ; 5°. pour les
cérifiers , il faut des rejettons de mérifiers blancs & rou-
ges. Esfin, pour greffer de grofles griottes , il faut du
plant de cérifier : à l'égard de l’amandier , on n’en
plante point en pépiniere, parce qu'il néyreprend point
étant replanté ; ainfi on l'éleve dans la place où il doit
demeurer.
Lorfqu'on a fait choix du plant, on le plante au
mois de Novembre, & dans les rerroirs humides au
mois de Février : en l'un & en l’autre toujours par un
beau tems fur le rerrein deftiné pour pépiniere. Ce
terrein doit avoit été défoncé de deux pieds & demi
de fond dans fa furface , & dreflé de niveau par plan-
che de dix à douzË pieds : la qualité de la ere: doit
PE P 197
être de moyenne qualité, c'eft-à-dire ; ni trop mai-
gre, ni trop grafle. On plante ces rejettons dans des
rigoles d’un pied de largeur & de profondeur , efpa-
cées de trois pieds, & dreflées de maniere que l'un
des bouts regarde le Midi , l'autre le Septentrion. Lorf-
qu'on plante des fauvageons de poiriers & de pom-
miers francs élevés de pepin, il faut couper la moitié
de la racine du plant, & en rogner environ fept pou-
ces de haut, & efpacer chaque brin de fept à huit pou-
ces. Lorfquon plante des coignaffiers enracinés Ou autres
plants deftinés à élever des arbres nains , il faut les efpa-
cer à deux pieds l'un de l'autre , & les couper à deux
où trois pouces de terre , pour qu'ils repouflent du jeu-
ne bois fur lequel on puifle greffer. À l'égard du pom-
mier de paradis , on nele coupe qu'a un pied & demi de
terre.
Ces diverfes pépinieres veulent être culrivées avec
foin. 1°, au mois de mai on ébourgeonne les fauva-
geons de poirier ou de pommier qui commencent à
pouffer, enforte qu'on ne laïfle qu'un bourgeon fur
chaque brin. Vers le mois de Juin, on laboure la
pépiniere avec un fer de bêche, & dans le mieu
du rayon feulement pour ne pas offenfer les racines ,
& puis on couvre laterre de fougere : vers le mois de
Novembre on doit déchauffer le plant, c'eft-à-dire ,
y faire autour une efpéce de rigole ; au mois de Mars
faivant, labourer la pépiniere , &c méler la fougere
avec la terre. :®. Si elle n’avoit pas bien profité, on y
répand du fumier à demi pourri avant de la labourer.
3°. Emonder les fauvageons lorfqu'ils commencent à
former leur tige, c'eft-a-dire , qu'on doit couper toutes
leurs branches , & ne leur laifler que fepc où huit
pouces de haut. Ces divers plants étant ainfi cultivés,
on peut les greffer à leur croifiéme ou quatriéme année ;
on leur coupe auf tous les ans routes les branches qui
font au - deflous du montant pour les entretenir
droits, & qu'ils faffent de belles tiges; à fept ou huit
ans , on peut les employer pour remplacer quelque place
vuide. 59
. On éleve encore les arbres en mannequin comme en
pleine terre, Voyez MANNEQUIN.
| | rh N4
153 RE P: PER
Le terrein de la pépiniere des arbres fruitiers , ne doit
pas être plus fertile que celui d’un jardin ; car s'ill’étoir,
les arbres ne réufliroient jamais quand on les tranfplan-
troit ; ainfi il faut avoir attention de les planter d’un
terrein médiocre dans un meiljeur.
Tranfplantation des aibres de la pépiniere. Woyez
ARBRES.
PEPINS. Voyez PÉPINIERE.
PERCE - OREILLE. Petit infe@&e long & poli, qui
a deux petites cornes à la tête & une queue fourchue.
is font nuifibles ayx feurs des arbres, & particuliére-
ment aux pêchers & abricotiers. Pour les détruire , on
n'a qu’à fufpendre aux arbres quelques cornes de bé-
lier, dont l'odeur attire ces infeétes : ils y entrent de-
dans , & comme ils n'en peuvent fortir qu'avec peine,
on vide ces cornes tous les jours , & on écrafe les perce-
oreilles.
PERCE-PIERRE, ou Paffe pierre. Plante qui fert
de fourniture en falade , & reffemble fort au thim: on
la feme fur couche , ou dans un pot plein de terreau ;
deux mois après on la replante en bonne expofñtion : plus
en la coupe, pluselle repouffe ; cuite dans le vin , elle
cft bonne à ceux qui ont la fiévre ou le calcul , car elle
brife les pierres dans les reins,
PERCHE. Poiffon d’eau douce de couleur bigarrée
fous le ventre, & ayant cout le refte du corps cendré
avec quelques bandes noirätres. Elle a fur le dos deux
arrétes pointues , dont la piquüre eft dangereufe aux poif-
ons & aux hommes ; elle fait du dommage dans les car-
pieres : elle fe nourrit dans les rivieres , & a le traitd'ai-
Jeron fort vite, On le pêche à l’amorce compofée de foie
de chévre,
Les perches font d’un goût délicat & d'un bon fuc : ce
poiffon ef fort eftimé.
On en peut faire un ragoût à la fauffe aux moufferons,
pallé au blanc avec de la crême : on en metauflien filers
& concombres comme les foles ; on les coupe en filets
quand elles font écaillées , & qu'elles ont cuit un bouil-
Jon.
PErRcHE , mefure. La perche , felon la mefure Ia
plus commune eft de dix-huit pieds de long , qui font
” PER 199
3 toifes courantes à fix pieds chacune. En quelques en-
droits elle a vingt pieds. La perche de vingt- deux
pieds qu'on appelle la mefure du Roi, fert pour ar-
penter les bois. Quand on dit qu'une perche a dix-huit
pieds : il faut fupporter que c’eft en longueur , & qu’elle
a autant de largeur, de maniere qu'en multipliant dix-
huit, on trouvera que la perche aura 324 pieds en fu-
perficie.
_ PERDRIX (la ) efpece de gibier-plume fort connu
& forc eflimé pour la table. On les diftingue ordinaire-
ment en rouges & grifes : les rouges font ainfi nommées,
parce qu'elles ont le bec & les pieds rouges : elles fonc
les plus belles & les plus groffes. Les grifes font moins
grofles , mais elles paffent pour avoir le fumer plus fin
que les rouges.
Cbañle des perdrix. Pour la faire bonne , cinq ou
fix chafleurs font néceflaires avec des chiens dreffés
a cet effet. Un des chaffeurs bien monté doit mener la
quête , & toujours contre vent. À fa droite , il do
avoir un Piqueur à cheval, & à [a gaucheun autre,
deux autres derriere , tous à des diftances confidérables,
mais à pouvoir s'entendre , & marchant dans le même
ordre & éloignement, Lorfque les perdrix partent, le
Quêteur crie Remarque : les Piqueurs jugent de l'endroit
où elles peuvent aller.
L’adrefle du Quéteur eft de fuivre fans relâche les
_ perdrixau repartir, & de tâcher de les faire aller contre
vent ou contre mont, pour leur faire perdre leur force 3
après trois vols elles ne peuvent manquer de tomber , &
on les tue facilement.
Les chiens de taille médiocre font les meilleur pour
«cette challe : il faut qu'ils chaffent légerement , & haut
le nez fans s’entrefuivre, ni aller de toute leur force ,
_maïis quêter en haie & être dreflés de cette maniere ;
que, quand on court à la remife , ils ne faffent pasre=
partir la perdrix avant qu'on y arrive,
On peut les chafler aufli avec un reclin qui eft
fait en forme de tambourin, dont on touche le matin
fur quelque colline ; les perdrix ne manquent pas d'y
répondre , & on les prend avec un oifeau de proie ,
200 PER
‘où avec Je fufñl & des chiens, ou avec le tramail qui ;
€ft un filer.
On les prend aufli au traîneau avec des halliers ,
colliers ou lacets, à l'appas , au trébuchet , au leurre
avec la tonnelle , à la pochette , &c.
Pour peupler une terre de perdrix , il faut 1°. les
épargner, elles & leurs petits, depuis la fin de lhi-
ver jufqu’en Juillet’; 2°. exterminer les mâles le plus
qu'on peut, parce qu'ils portent préjudice aux perdrix
quand ils font appariés , car ils les empêchent de
couver , ou ils caflent leurs œufs ; 3°. détruire le plus
qu'on peut les bêtes carnaflieres & les oifeaux de
proie. 4°. avoir l'actention de chafler au loin: $°.
dans les mois de Mai & de Juin, & lorfqu’elles fonc
leurs œufs , chaffer dans quelque lieu écarté du ma-
noir ; prendre tous les œufs qu'on peut trouver ; Îles
donner à couver à une poule, fans mêler une couvée
avec l'autre , afin qu'ils éclofent trous dans le même
tems : au refte, il ne faur pas que les œufs aient été
Frouvés auprès de votre mailon , dès que vous défirez
que les perdreaux qui en viendront foient privés, &
ne quittent pas la poule.
_ Autre maniere de repeupler une terre de perdrix.
Faites conftruie une voliere de vingt-cinq à trente
pieds, avec un plancher chargé de quatre doigts de
terre fur laquelle fera la voliere , couverte de chaume
où de tuile bien ferme : laiflez y une fenêtre expofée
âu foleil du matin ; du deffus de la voliere vous en
pouvez faire des poulaiilers : mettez dans cette vo-
liere en divers endroits , quatre ou cinq petits mon-
ceau de terre jaune hauts d'un pied & de deux de lar-
ge: cela fait garniffez la voliere de perdrix , ou par
des œufs de perdrix qu'on achete des payfanes qui
vont artacher l'herbe dans les champs , & faites less
couver par des poules communes , ou par des perdreaux
que l’on prend au printems avec de perits filers appellés
halliers.
On a pour cela une femelle de perdrix qu'on nom=
me chanterelle , on la pofe au bout d'un fillon de
bled , & à dix pas plus avant on tend le filet dont on |
vient de parler, Le mâle vient au cri de la chan
:
PER 201
terelle & fe prend. On peut les prendre encote à l’ai-
de d'un trébuchet , ou relautre filer, & on les met à me-
fure dans la voliere ; ou bien encore en faifant une ton-
telle avec laquelle on prend routes les compagnies fuper-
flues qui fonc dans les bois : nourriflez vos perdrix de
froment & d'orge , ayez foin qu’elles aient de l’eau fraî-
che en divers petits vaifieaux : elles deviendront bien-tôt
grafles. Tenez un compte de la quantité de mâles fu-
perflus , & au printems jaiflez aller ceux- ci les uns
après les autre , en les portant dans des endroits où l’on
fait qu'il n'y en a point.
On diftingue les perdreaux des perdrix , en ce que
les perdrix ont la premiere plume de l'aile pointue , le
bec noir & les pattes noires : les perdreaux ont la plume
de même , & un peu de blanc au bout.
Pour tuer les perdrix on ne les faigne point , il fuffi
de leur écrafer la tête, La chair de la perdrix jeune &
d'un bon fumer, eft fort nourriflante & de bon fuc ;
elle fair un aliment folide , convient à toutes fortes de
gens, & fur-tout aux convalefcens ; il ne faut pas la
manger fraîchement tuée,
Maniere de manger les perdrix. 1°. Les perdreaux fe
doivent manger rôtis : on les vuide, on les pique ,on
les fait cuire de belle couieur. On peu cependant les fer-
P P
vir en entrée , en faifant une petite farce de leurs foies
avec du lard rapé , un peu de fel, perfil, ciboule hachés :
on cout-l2 fente par laquelle on a introduit la farce :
on leur rrouffe les pattes , on les fait cuire à la bro-
che enveloppés de lard & de papier : étant cuits , on leur
fait une fauffe telle qu'on veut , comme à la carpe , aux
uuffes , &c.
Les perdrix , & fur tout les vieilles , peuvent être
accommodées de différentes façons ; à la braife,
que [on fait comme celle de la langue de bœuf; 2°.
au jambon ; pour cet effer prenez les foies: pilez-les
dans le mortier avec lard:rapé, ciboule, perfil ba-
-chés, fel , poivre , fines épices , le tout pilé : gar-
niflez vos perdrix de cette farce, mettez les à la bro-
che; coupez du jambon maigre par petites tranches ;
@rniflez en le fond d'une petite caflerole , couvrez-
202 PE R
la. Lorfqu'il veut s'attacher , mettez une pincée de fari-
ne, remuez fur le fourneau , mouillez de jus ; laiflez-
de mitonner à petit feu : liez-le d’un coulis, qu'il ait de
la pointe ; vos perdrix étant cuites , dreflez-les dans un
plat , garnifiez-les de tranches de jambon , & jette la
fauffe par-deflus.
3%, En filets, c’eft-à-dire , qu’étant cuites à la bro-
che, on les coupe par filets ; on les pafle dans une caf-
ferolle avec du lard fondu & des champignons : on les
mouille de jus de veau ; on les fait mitonner à petit
feu , on les dégraifle & on les lie d'un coulis de veau
& de jambon.
Maniere de faire rôtir les perdrix. Etant plumées
& vuidées , ficelez les , faites les refaire : épluchez-
les bien , piquez-les de menu lard ; pliez-les d’une
feuille de papier : embrochez les; faites-les cuire à pe-
tit feu; étant prefque cuites, Ôrez le papier pour leur
faire prendre une belle couleur.
Verrine de perdrix au coulis de lentilles. Vuidez &
trouflez vos perdrix : faires les refaire; piquez les de
gros lard & de jambon , & mettez-les cuire à la braife,
c'eft-à- dire, dans une cafferolle que vous garniffez de
tranches de veau , & d’un peu de jambon , avecoignon,
carote & panais coupé par tranches , mouillez de bouil-
lon , & dejus, lorfque le tout veut s'attacher ; ajoutez-
y quelques champægnons, ciboule, perfil : quand il a
bien mitonné, Ôôtez les tranches de veau , & metrez-
y à la place un peu de lentilles cuites à part : pilez a
carcafle d’une perdrix cuite à la broche, & dont vous
avez Ôteé les blancs ; délayez la dans le coulis de len-
ulles , & paflez ce coulis à 1 étamine : les perdrix étant
cuites, retirez-les de la cafferole; faites-les égouter &
dreffez-les dans une terrine , & jertez-y deffus le coulis.
Pâté de perdrix, Vuidez vos perdrix ; trouffez-les ,
gardez en les foies : faites les refaire : piquez-les de
2ros jambon, aflaifonné de fel, poivre , fines herbes,
perfil, ciboule . le tout haché : pilez les foies avec
du lard rapé, affaifonnez-les de fel, poivre , farciflez-
en le corps des perdrix : faites une abaïfle de pâte,
mettez-y deflus un hit de lard pilé avee l'affarfonne-
PER | 190$
ment ci-deflus & une feuille de laurier : mettez-y vos
perdrix deflus , & dans les intervalles , des truffes ver=
tes pelées : affaifonnez par-deffus comme deflous, ajou<
tez du lard pilé, un morceau de beurre frais : garniflez-
les de bandes de lard ; couvrez-les d'une abaïffe de l&
même pâte : faites-les cuire au four l'efpace de quatre
heures ; faites un trou au milieu du paté ; étant cuit,
tirez le, bouchez le trou, laiflez le refroidir , & Ôôtez
le papier de deflus.
On fait de la même maniere les pâtés de faifans , de
lapins , de lievres , de becaffes & de dindons.
PERE DE FAMILLE, Soins du Pere de famille ,
ou de l'Œconome à la campagne. 1°. 1l doit {avoir à
quoi chacune de fes terres eit propre , & lorfqu’il en
a une parfaite connoiïflance , il doit femer des bleds
dans Les terres fortes : planter des vignes dans les lieux
fecs & pierreux ; s'il a des pâturages , il commercera
de bœufs & moutons , & même de chevaux. Il mettra
dans fes prairies des plantes aquatiques pour avoir
des chanvres , des lins, des huiles , des laines , des
pigeons , des fromages, du miel, & fuivant les avan-
tages que la fituation des lieux pouira lui procurer, Il
doit examiner quel profit il y auroit a faire fur les bef-
tiaux qu'il donneroit à cheptel : s'il y a des bois ,ilen
pourra faire commerce & y mettre en glandée des co-
chons pour en augmenter le profit; favoir quel eft le
plus avantageux pour lui faire valoir fes verres ou de
les. affermer.
2°, Avant de faire quelque acquifition , être attentif
à ne la faire qu'avec sureté & bon titre, prévoir les
charges néceflaires, comme droits Seigneuriaux, cenfi-
ves, rentes foncieres , retraits Seigneuriaux & ligna-
gers, droit de centieme & huitieme denier qu'il faur
payer au Roi, droit de franc-fief , qu'il lui faut auf
payer de vingt années une, quand c’elt un roturier qui
acquiertun fief uoble, &c.
32, Rapporter toutes fes vues dans l'adminiftration
de fon bien , favoir fe défaire avantageufement ds
tout ce qu'il dépouille, & à multiplier les productions
dontil tirera le plus d'argent.
Enfin , à menager & à varier fi bien fon fonds
204 PER
qu'il Jui rapporte ; autant que faire fe peut, tout ce qui
lui fera néceffaire & utile dans fon ménage champêtre.
Voyez AGRICULTEUR.
PÉRIPNEUMONIE , ou Pzeuresre. Maladie ap-
pellée communément fluxion de poitrine. C'eft une
inflammation du poumon avec fiévre , mais qui n’at-
taque point la pleure. (c'eft la membrane externe du
poumon ) , & ne caufe point de douleur piquante; car
fi elle s’y jette, elle en caufe de très-vivés , avec une
difficulté de refpirer. On l'appelle alors la pleureñe ,
quelquefois ces deux efpeces de mal fe reconnoiffent en
une feule.
Lorfque les crachats font fanglans, c'eft une périp-
neumonie fanouine: la fiévre eft aflez vive, le vifage
eft rouge. Lorfqu’ils font jaunes , elle eft bilieufe : la
fiévre eft plus violente. Lorfqu'ils font épais, gluans,
verdâtres , elle eft pituiteufe.
Ces maladies font caufées , ou par un excès de tra-
vail, ou pour s'être échauffé à quelque exercice. Elles
font fort dangereufes ,: fi la difficulté de refpirer aug-
mente , à proportion de la douleur de côté ; les cra-
chats ne fortent qu’en petire quantité , quoique la toux
foir vive , fi le malade ne peur démeurer couché ni
fur l'un, ni fur l'autre côté, Elles fonc mortelles, s'il y
a fuppreffion totale de crachats, ténfion du ventre &
tranfport au cerveau.
Remede dans la péripneumonie fanguine, 1°, Sai-
gner le malade ; & fi l'opprefion & la douleur font
fort grandes , le faigner une feconde fois huit ou dix
heures après. Dans l'intervalle lui donner dés lave-
mens , de fix en fix heures , compolés avec du petit
lait , & une once de caffe mondée. S'il y a douleur
vive au côté , on applique des tropiques , comme une
veflie de bœuf remplie d'eau chaude jufqu’au tiers. On
frotte le côté malade avec quelque hüile où onguent ,
on y applique de l’avoine fricaftée avéc le vinaigre,
ou un cataplafme fait avec une demi douzaine de blancs
d'œufs fur des étoupes ; ou avec dé la mie de pain
dans du vinaigre, & on y répand üuñe demie once de
poivre noir. Si la toux eft plus fôrte que la difficulté
de refpirer , on peut donner le foir une ptife de
PER 206
quelque narcotique pour afloupir Îe malade , mais
avec précaution, Si le mal augmente , on faignele ma-
Jade , & on obferve les mémes remedes le lendemain
& jours'fuivans , tant que le crachement du fan
& l’oppreffion durent. On lui donnera pour boifflon
une ptifanne faite avec des racines de grande con(ou-
de , de guimauve & de réglifle : on y ajoutera de.
emsen tems une cuillerée de fyrop violar; & de qua-
tre en quatre heures des bouillons faits avec la rouelle
de veau , & une volaille : & dans les intervalles un
verre d'apozème ou d'émulfñon , & quelques cuillerée de
elée,
Lorfque l’expeétoration eft fupprimée, on peut ufer
du remede fuivant. Prenez de l'huile d'amandes dou-
ces une once & demi , du fyrop violat , du miel de Nar-
bonne, de chacun une demi once , le jaune d’un œuf
frais ; mélez le tour pour prendre à la cuiller , jufqu’à
ce que les crachats reviennent : ce lohoch eft très-adou-
ciflant, & légerement déterfif,
Si malgré les faignées l'embarras du poumon fub-
fifte, on à recours aux vomitifs ; tels que le kermès
minéral, autrement dit poudre des Chartreux ; mais
grain à grain, de demi heure en demi-heure, & à la
fin d’un redoublemenr. Enfuite on emploie les purga-
tifs , & de douze en douze heures ; le lendemain les:
fudorifiques.
Remede dans la péripneumonie bilieufe ; 1°, Sai-
gner le malade deux ou trois fois.& en général moins.
fréquemment & abondamment que dans la fanguine ;
& s'il n’y a pas de diminution dans les accidens , on
a recours aux vomitifs. Que fi la foiblefle étoit trop
grande , on employe les purgatifs , & de douze en
douze heures , jufqu'à ce que l'évacuation foit forte.
2°. Donner des lavemens d’une décoétion de feuil-
les de mauve , guimauve & pariétaire : on y délayers
trois onces de miel mercurial.
3%. Une ptifanne faite avec de la racine de bardane,
des feuilles de pervenche : de lierre terreftre , des ca-
pillaires , des raifins fecs. 42. Un apozème de fix en.
fix heures. ©. Appliquer au côté douloureux des ca-
taplames tels que ci-deffus, i
206 PER
Si après le 4me, ou $me. jour la douleur & l'oppref-
fon fubfiftent , donner des fudorifiques : & on reviene
s'il le faut , aux vomitifs , & au purgatif.
Comme dans la péripneumonie pituiteufe , la fié-
vre n’eft jamais confidérable , on doit employer les
lavemens & les vomitifs, & ne faigner que fo-
brement , comme ci- deflus. Woyez Agscës. Voyez
PouLzMoN.
PERSIL, plante potagere , dont les feuilles les plus
bafles font découpées en façon de fcie, & les hautes
font longues & pointues, la racine affez groffe , & la
graine menue, Cette plante fleurit en Juin la graine
paroic en Juiller. On doit femer le perfil après les ge-
léces en terre labourée, & par rayons fur des planches,
quatre rayons à chacune : on couvre de terre les ra-
yons, on feme de l'oignon par deffus, & on y metun
peu de fumier de vieille couche. Le perfil eft chaud &c
defficatif. Ses feuilles , appliquées en cataplafme avec
de la mie de pain , guériffent les dartres , font fondre
des rumeurs des mammelles, & tarir le lait des femmes
accouchées : elles font aufli vulnéraires , & guériffent
les coupures & les contufions.
PERSICAIRE poucs. Elle vient dans les mêmes
lieux que le poivre d'eau , c'eft à-dire , les foffés , les
érangs: ces feuilles font plus longues & d’un verd plus
foncé, Cette plante eft vulnéraire : elle eft bonne pour
arrêcer les hémorragies, les pertes de fang des femmes,
le cours de ventre : appliquée autour du front elle
guérit le mal de tête.
PERSICAIRE ACRE, ou Poivre D'EAU. Plante qui
croît auprès des eaux dormantes: elle pouffe des tiges
rondes : fes feuilles reffemble à celle du faule , ont un
goût poivré & brûlant : on s'en fert extérieurement con-
are les plaies, ulcères, tumeurs. Certe plante eft bonne
contre le mal hypocondriaque & le fcorbut.
PERVENCHE. Plante qu'on diftingue en grande
& petite. L'une & l'autre croît dans les bois aux lieux
humides : elles pouffe des riges menues , ou farmens
qui ferpentent fur terre ; ces feuilles reflemblent à celles
du laurier , mais plus petites : {es fleurs fonc bleues Cette
plante eft vulnéraire , rafraîchifflante & aftringente.
On
PIG | 209
On s'en fert extérieurement pour arrêter les hémorra-
gies : on en ufe en gargarifme dans les afcétions des
amyogdales & de la luette : elle eft bonne aux uiceres du
poulmon , au crachement de fang , à la dyflenterie ;
aux plaies & aux ulceres.
PESSE. Aibre réfineux affez femblable au {apin. 11
croît en pointe ; 1l eft fort haut X fort droit: fon écor-
ce tire fui le noit , & plie très-facilement , au lieu que
celle du fapin eft blanchâtre » & Îe rompt aifément 3
la réfine qu'il donne eft entre Le bois $ l'écorce. Cer
arbre croît dans les Montagnes & dans les lieux om-
brageux Lorfqu'’on en veur élever , On en feme la grai-
ne au mois d'Oétobre; on la répand fans aucune façon
dans un lieu ou il y ait des arbres aux environs. Au bouc
de trois ans on les releve de terre, & ils reprennent
facilement. Le débit du bois de la pelle, de même que
celui du fapin , eft en plaiches de différens échantil.
lons.
PESTE. Maladie contagieufe & la plus terrible , par
la quantité de perfonnes qu'elle emporte. La pefte eft
une maladie inflammatoire dont le venin réfide dans
l'air : elle eft accompagnée d’une fiévre trés-aigue & d’é-
ruptions fur les parties extérieures en forme de bubons ,
qui font l'effet de l'infammation & de la fuppuration
des glandes, des aiffeiles » des aînes, &c. C'’eft princi-
cipalement dans ces endroits que fon venin commence à
exercer fon a@ion , €n ulcerant & Bangrenanr les chairs ;
ce qui produit fur la peau des taches rouges, jaunes &
noires. {y 2 beaucoup d'affiniré enue les {ymprômes de
la pefte & ceux de la peute vérole ; tels que la fiévre , les
maux de tére, jes afloupiffemens , jes agitations invo-
lontaires , les rougeurs dans le vifage & dans les yeux,
les éruptions purulentes vers le fecond jour, Lorfque la
fuppuration Ê fait lentement dans ja pefte & la petite
vérole , on les appelle bénignes ; mais fi elles font gan-
greneufes , c'eft une maïque que lé venir eft pius abon-
dant; ce qui rend l'une où l'aerre davgéreule | & fou-
Vent mortelle. Les diff£rens fpécifiques de ces deux
maladies confiftent dans la qualité particuliere de leur
Venin.
Dans les pays , où la pefle eft domeftiaue & épidés
DER LT
*
208 PES
mique , il eft conftant : 1°. qu'elle provient de la con£-
titution particuliere delair ; & que la communication
de la pefte fe fait par les verts qui tranfportent ail-
leurs les exhalaifons malignes : d'ailleurs on p’en a v&
aucune qui n'eût été préparée par quelque altération
confidérable de cet élément, comme une fécherefle ou
des chaleurs exceffives, ou un trop long calme dans l'air:
mais cela n'exclud pas les difpoñtions particulieres des
fujets que la pefte peut attaquer , comme font les corps.
mal conftitués ou mal fains. Il eft du moins certain que
Vair lui fert de véhicule. Les fiévres malignes où pout-
prées ont les mêmes fymptômes que la pefte. Rien n’aug-
mente davantage les dangers & les ravages de la pefte
que la frayeur exceflive; elle eft de même que pour la
petite vérole , une difpofition prochaine à gagner le
venin. En général il meurt plus de monde par le défaut
de foins convenables, que par la violence du mal. Le
moyen le plus sùr pour s en garantir, Cft de déferter le
lieu infecté,
La caufe de la pefte vient encore de l'alrération dœ
fang & de l’épaifhilement des humeurs qui le compo-
fent: ce qui fe dénore par le grand abatrement & les
rumeurs ou charbons qui viennent aux aînes & aux
aiflelles , les douleurs de tête, les affoupiflemens, les
foibleffes. |
Les fignes de la pefte font une grande fiévre, le
vifage enflammé & fouvent livide , des maux de cœur ,
de grandes douleurs de tête, des réveries. Ainfi, le
grand but qu'on doit fe propofer pour la guérifon de
la pefte, ceft de rendre le fang & les liqueurs plus
Guides : & faciliter les fécrétions : or on n’y parvient
que par le fecours des faignées , des vomitifs , purga-
tifs , cordiaux, fudorifiques employés à propos. On doit
aux premieres indications de ce mal, faigner du bras le
malade , enfuite dupied, & lui faire prendre le remede
fuivart.
Prenez huile d'ambre, huile de rérébenthine, & huile
d'afpic, de chacune partie égale ; mertez-les dans une
bourcille de verre double fur les cendres chaudes :
Jaiflez cuire peu à peu ce mélange pendant trois heu-
res, Cette compoñrion fera cuite quand elle auia la
PES 209
couleur de vin clairet , puis on la laïffe refroidir , & on
la conferve dans des bouteilles de verre. On en doit don-
ner onZe Où douze gouttes dans un verre de vih blanc 2
& on couvre le malade pour qu'il fue.
Pour pouifer le venin au-dehors & fortifier le malade ,
on doit Jui donner de ja teinture d'or ; d'abord huit
gouttes dans fix cuillerées d’eau de fcorfonaire , & réiré.
ter de deux heures en deux heures Jour & nuit : c’eft un
cordial très-efficace pour opérer cet effet.
Autre remede pour faire poufler le venin. Prenez
demi livre de miel de Narbonne > & au défaut de bon
miel blanc, & un quarteron de fleur de foufre, ou du
foufre commun en poudre : mettez les enfemble , & que
le malade en prenne tous les Jours à jeun gros comme
une féve.
Autre Remede pour faire fuer le malade. Prenez
trente cinq bayes de lierre cuciliies mûres en Septem-
bre : imertez-les en poudre , faites les infufer pendanc
cinq heures dans un petit verre de vin blanc ; faites
avaler cela au malade bien couvert dans fon lit,
quand il aura fué, changez-le de chemife & de draps,
& appliquez deflus le charbon ou bubon » par où le
venin fera forti, un emplâtre de diachilum , ou de
térébenthine mélée avec du miel rofat, de la farine
d'orge , un peu d'encens & de myrrhe En outre on
doit appliquer aux endroits où il paroît quelques bubons;
les huiles d'araignée ou de fcorpion , ou des crapauds en
Vie. ;
Autre Remede. Prenez une cuillerée d'eau thériacale
dans quatre onces de bon vin » Où dans de l'eau de char-
don béni. Le malade doit fupporter la fueur pendant
deux heures ; enfuite prendre un bon bouillon , & chan-
ger de linge. Ce remede eft fort bon dans les fiévres
pourprées , fauffes pleuréfies , péripneumonies , &c.
Autre préfervatif contre la pefte , appellé Vinai-
gre des quatre voleurs. Prenez de la rhue , de la fau-
ge, de la menthe , du romarin ,» de l'abfinthe, de Ja la-
vande , de chacune une poignée. Faites les infufer en.
femble dans quatre pintes de vinaigre de vin blanc :
mettez le tout dans un pot de terre bien couvert, {ur
des cendres chaudes , pendant quauie jours : enfuire
ET
Pi
210 PET PEU
paflez la liqueur dans une chauffe , & mettez-la dans
des bouteille bien bouchées avec des bouchons de lie-
e : mêlez dans chaque bouteille d'une pinte un quart
d’once de camphre : lavez-vous la bouche, & frottez-
vous les reins & les rempes avec cette liqueur : refpirez-
en un peu par les narines, quand vous irez à l'air :
portez fur vous un morceau d’éponge imbibée de la li-
queur , pour la flairer en route occafñon, à l'approche d'un
lieu infecté. |
Remede pour fe préferver de la pefte. Avalez le
matin à jeun trois Où quatre cuillerées de votre urine,
mêlée avec un peu de jus de rhue & d'ache ,ow man-
gez de l'ofaille trempée dans le vinaigre , cu le poids
d'une dragme de poudre de crapaud dans un verre de
vin; ou portez fur vous de la poadre de crapaud, ou
une araignée en Vie enfermée dans quelque vaifleau
commode: {lesgrofles , noirâtres , marquées de ta-
ches jaunes, font les plus convenables ). Ou bien, in-
corgorez dans un mortier, paf parties égales, du mer-
cure crud , du fublimé corrofif & de l'arfénic : empliflez-
en des canons de grofles plumes que vous boucherez.
ar les deux bouts avee de la cire , & portez-les entre
lhabit & la chemile des deux côtés. Voyez CHARBONS »
ou BUBONS.
PETALÉS. On appelle ainf le feuillage des fleurs ,
pour les diftinguer des feuilles des plantes : elles font d'u-
ne infinité de figures & de couleurs différentes. |
PEUPLIER & TREMBLE. Arbre qui s’éleve fort.
haut : fa tige eft droite & unie : fon écorce eft lifle &
blanchätre, & (es feuilles blanches en-deffous. Son bois
eft blanc & tendre: on en compte de deux fortes, le
blanc, dont on vient de parler , & le noir. Celui-ci s'ap-
pelle Tremble, parce que Ces feuilles qui reflemblent à
celles du lierre , tremblent toujours étant attachées à
une queue mince. Le Peuplier ne fe plait que fur le’
bord des rivieres, & dans les lieux fort humides : il
rend fon accroiffement en peu de tems, & il convient
fort à ceux qui veulent avoir promptement de l'om-
bre & des allées, Le Peuplier & le Tremble viennent
de boutures : on doit choifir pour cela les branches les |
plus unies, hautes, longues de crois a quatre pieds;
PHR PEE 21%
Tes aiguifer par le bas , & les planter dans quelque terrein
humide , mais où il y ait de bonne terre. Tous les quatre
Ou cinq ans on en peut couper les branchages, & en fai-
re des fagors.
Le bois de Peuplier eft commun : on le débiteen
planches de fix pieds de long far dix pouces de large. On
fe fert de ce bois pour faire des talons de fouliers : on
en fait aufli le fond des armoires.
PHRENESIE (la) eft caufée par une fiévre violen-
œ qui enflamme le cerveau. Elle peut venir ou d’une
abondance de fang , ou d’une bile jaune & brülée. La
premiere nm’excite qu’une fimple inflammation; la fe-
conde caufe la furie & la rage, la perte de la raifon
& de la mémoire: c'eft la plus 2 craindre. Dans l’une
& dans l’autre on doit faigner plufieurs fois, & mé-
me du pied 3 & employer aufh les purgations avec
la manne & le catholicon double. On peut aufli ufer
du remede fuivant: prenez deux poignées de mouron,
faites-les cuire dans une chopine de vin & autant
d'eau, jufqu’a la confommation du tiers. On donne
au malade un bon verre de cette décoétion matin & foir,
on remplit un fachet de la même plante pour tremper
dans la décoétion, & on lui applique autour du
front.
Ou bien on ‘broye fix têtes de pavots blancs avec leur
graine , & deux pincées de fleurs de Nimphea: on y méle
beaucoup d'eau de laitue, & on en fait un cataplafme
que l’on applique fur le devant de la tête.
n ne doit point contrediresun phrénétique, ni lui
fäire voir une grande lumiere, ni des couleurs éclatan-
tes, furcoutle rouge ; ni lui parler beaucoup , afin de le
difpofer au fommeil.
Les mêmes remedes s’empioient contre ceux qui font
- attaqués de la folie avec rage & fureur.
PIE. Oifeau fort connu , qui de fon naturel, eft fort
faie , & cache tour ce qu'il trouve. La Pie apprend 2 par-
ler, mais dans ce cas il faut la tenir enfermée Lorfqu’elle
eft jeune , on la nourrit de fromage mou & de la miede
pain. Le mâle fe connoït aux plumes bleues qu'il a fur le
<foupion. |
PIECES n'Eau. Voyez Eawr,
O3
212 PhE
PIED. Mefure de douze pouces.
Prep FOURCHE, (le ) eft un droit qui fe perçoit pour
le Roi danses Villes & marchés , pour tout le bétail à
pied fourchu que l'on y tue.
Piep D'ALOUETTE. Plante dont la tige eft haute, les
feuilles refflemblert à celles du fenouil : fes fleurs font
bleues, quelquefois rouges , & rangées en forme d'épi,
& affez belles. On cultive cette fleur dans les jardins : on
les feme en automne en pleine terre, ou dans des platte-
bandes X au large. Certe plante vient d'elle-même dans
les bleds.
Pieps pes CHevaux. Signes auxquels on peut con-
noîcre qu’un cheval a un beau pied.
On doit regarder comme un beau pied , un pied qui
n'eft ni trop gros, ni trop grand, ni trop large, ni
trop petit ; dont la corne eft douce , unie, liante , fer-
me fans être caffante, dont les quartiers font parfaite-
ment égaux , dont les talons ne font ni trop hauts, ni
trop bas, mais font larges & ouverts , dont la fole eft
d'une confiftance folide, & laiffe au-deffous du pied une
cavité proportionnée, dont la fourchette n’eft ni trop
graffe , ni trop maigre: un picdenfin qui a la forme d'un
ovale tronqué.
Signes auxquels on peut connoître qu’un cheval 2 les
pieds défettueux. On doit regarder comme des pieds
défectueux , ceux dans lefquels on obfervera un quartier
plus hauc que l'autre, & qui feront conféquemment de
travers, oudans lefquels un des quartiers fe jettera en-
dehors ou en dedans : ceux dans lefquelsles talons feront
bas ou flexibles, ou fujets à l'encaftelure, qui feront
encaftelés , qui feront plats, qui auront acquis cette
difformité à la fuite d’une fourbure, & dans lefquels on
entreverra des croiflans qui auront un ou deux oignons,
qui feront comblés, affectés par des bleymes , qui
feront gras, ou foibles ; qui auront des foies : des
feymes , qui feront trop petits, trop longs en pinces &c
en talons.
Ces fortes de pieds demandent toute l'attention du
Maréchal; & lorfqu’il entend fon métier , il doit cor-
riger ces vices, & y remédier. Encycl. Voyez MARE=
CHAL,
PEC 213
Preo pe Lion. Plante qui croit dans les prés &
lieux humides ; fes feuilles reflemblent à celles de la
mauve , {ont velues & attachées à de longues queues :
elles font au nombre des meilleurs vulnéraires. On les
emploie en décoétion pour les ulceres du poulmon, &
extérieurement pour les ulceres & les plaies. Elles font
propres pour arrêter le flux immodéré des mois des
femmes.
Pren DE PIcEOoN, ou Bec DE Grue. Plante qui croît
dans les lieux inculres & pierreux : fes feuilles reflem-
blenc à celles de la mauve : fes tiges font menues &
longues : fes fleurs purpurines, d’où naiffent certaines
têtes avec des becs de grue , attachées à de longues
queues rougeatres. Cette plante eft d'un gout falé & pi-
quant. Son fuc avec du fucre eft bon pour la dyflenterie.
Ses feuilles entrent dans les décoétions. dans les emplä-
tres & onguens.
Pren De Veau & 2e Mouton. Woyez VEAU &
Mouton.
Prep DE VEAU. Plante qui croit aux lieux ombra-
geux & gras: fes feuilles font marquées de taches
blanches & noires. Sa racine eft d’une grande acri-
monie : on la fait fécher avant que de s’en fervir :
elle eft incifive & purgative. Son ufage en poudre
eft pour l'afihme , l’hydropifie, la mélancolie hypo-
condriaque, On la donne depuis demi gros jufqu’à un
gros. Elle eft bonne pour les hernies, & défopiler
les vifceres, Le fuc de fa réfine ftaîche eft excellent
pour les ulceres chancreux , mélé avec de la rofée de
mais difbllée.
PIÈGE. Nom général qu’on donne 2 tout cequi-fert
à attraper les oifeaux, ainfi que les bêtes carnacieres
&,nuifbles. Les plus ordinaires font les trébuchets ,
Îes trapes , les bsfcules , les traquenards , &c. Il en eft
parlé plus en déraïl dans le cours de cet ouvrage, aux
articles de chaque forte de bête que l’on peut prendre
au piége.
PIERRE pour la conftruétion des bâtimens. Les
pierres les plus dures & les plus grandes doivent être
employées dans les grands édifices, & les principales
parues des maifons. La plus belle M la pierre de
cl :
âr4 PIE |
Liers, qui eft très-dure & très blanche : on s’en fert pour
les jambages des cheminées , les âtres, les fours, parce
u’elle ne brule point au feu.
Celle d’Arcueil eft dure & compaëte : celle de Saint
Leu, qui eft plus tendre, s'emploie pour les orne-
mens d'Architeëture : & péfe moins quand elle eft
féche , & durcit avec le rems , ainfi que les autres. Les
pierres qui {ont nouvellement tirées des carrieres ,
quand elles font impregnées d’eau , & que cette eau s’y
eft glacée dans les froids, font fujertes à fe fendre & à
s'éclater au dégel. Or pour cornoître fi une pierre eft
fpongieufe, il faut la faire fécher , fi elle eft humide,
& la plonger long - tems dans l'eau , fi elle eft féche.
Car fi elle eft humide, elle devient plus legere ; & fi
elle eft féche, elle devient plus pefante. Il y a des
bancs de pierre qui ne font encore formés qu’impar-
faitement : le milieu en eft dur , tandis que les aff-
fes font tendres : on ne doitpoints’en fervir dans les
endroits humides, car les murs fe dégraderoient bien-
tot. |
La pierre de taille fe vend à la voie de Paris : à chaque
voie il y a cinq carreaux , c'eft-à-dire quinze pieds de
pierre ou environ : on les emploie pour les fondations
des maïfons , & les principales parties. On doit prendre
garde que les Carriers n'y laiflent du bouzin, c’eft une
couche de terre mal pétrifiée, qui tombe dès qu’on
la meten œuvre. Les pierres de roche font fort bonnes
pour la maçonnerie , mais fur.tout le moilon : les cail-
lieux & menues pierres peuvent fervir dans les fonde-
mens & les murs de fimple clôture. Voyez Mur,
Moro. :
PIERRE À CHAUx. Maniere de la faire cuire. Au
pied d’une montagne , ou d’un côteau, on bätit un
four à chaux avec de la pierre dure. C’eft une tour
parfaitement ronde , haute de vingt pieds, & qui en
a quinze de diametre : on ménage dans le bas une
ouverture que l'on ferme exaétement quand il eft
tems, avec une pierre de la même grandeur. Au niveau
de la tour on difpofe une platteforme , où l'on porte les
matieres & le charbon , afin que l’on puiffe facilement
les jetter dans la tour, On caffe auparavant la pier-
en EE
PIE 214
fe en petits morceaux, au plus dela groffeur SR
pour en facilicer la cuiffon. Touc étant difpolé , on
fait la premiere couche avec de petits fagots , fur la-
quelle on met un lit de charbon, puis un lit de pierre ;
" enfuire du charbon & des pierres alternativement par
fit , jufqu'à ce que la tour foit remplie. On mer le
feu par l'ouverture d’en -bas , & on la ferme avec
pierre dès qu'il eft bien allumé. À mefure que le feu
fe communique , les matieres s’affaiflent, & on a foin
d'en remertre de nouvelles jufqu'a ce que la tour foit
toure en feu. Il faut deux jours & deux nuits pour
la premiere cuite : lorfqu’elle eft faite , on débouche
l'ouverture , & on laïifle couler la chaux jufqu’aux
premiers cruaux qui fe préfentent , & on renfer-
me l'ouverture : au refte il ne faut que du mauvais
charbon. |
PiERRE vulnéraire d'acier. Woyez Boule de Mars,
Article Mars.
PIERRE INFERNALE. On appelle ainfi une matiere
dure , à laquelle on donne la forme de pierre après
plufieurs préparations : elle eft compofée de deux on-
ces d'argent de coupelle réduit en limaille, & qu'on a
fait difloudre dans un matras avec quatre onces d'eau
forte, & mile au feu de fable. Cette pierre en tou-
chant les"chairs baveufes des ulceres ; les guérit, &
lorfque la gangrene n’eft pas profonde, elle fépare les
chairs mortes de celles qui font faines: elle en fait de
même pour les écrouelles, ulceres, lorfque l'opération
eft aidée par les remedes généraux : elle fépare aufli les
bords calleux d’un vieux ulcere qui empêche la réunion
des chairs ; il eft conftant que cette pierre a des proprié-
tés admirabies.
Pierre, ( maladie de la ) Elle eft caufée par le
gravier , qui s'étant amañflé dans les reins , & étant
tombé dans la veflie , s’y arrête , y groffit, & fe réuni
enun corps dur plus ou moins gros : c'eft ainfi que
fe forme ce qu’on appelle la pierre. Elle caufe au ma-
lade des douleurs plus ou moins vives à la moindre
agitation qu'il fe donne : & felon que la pierre eft
raboteufe , il éprouve de fréquentes envies d’uriner ,
des retentions d'urine paflageres ; il ne peut (e tenis
&16 PIE
débout fans peine , & il rend des matieres blanches &
fanglantes.
L'on connoït que la pierre eft dans les reins, lor£
que l'urine fort peu à-peu trouble & fablonneufe , avec
7 quelque ardeur ; que ce fable eft rouge , que l'on fent
une douleur fixe dans la région des reins , laquelle fe
communique fouvent aux tefticules,
On doit d'abord faire faigner le malade, & lui don-
ner des lavemens préparés avec une décoétion de raci-
ne de guimauve , feuilles de pariétaire, femence de
lin, & fleurs de camomille , y mêlant deux onces d'hui-
1e de lin.
20, Le purger après 1a faignée avec une dragme de
féné , fix grains de fcamonée, que l’on aura fait bouil-
lir avec une décoction de racine de reglifle, mélant le
tout avec du jus de pruneaux.
La poudre de cloporte eft un excellent remede con-
tre la pierre : on la prépare ainfi. On fait confoim-
mer dans un four chaud le vin blanc dans lequel les
cloportes trempent dans un creufet , ce que l'on fera
par trois fois pour les réduire en poudre. On donne
enfuite de cette poudre depuis une demi-dragme , juf-
qu'à une dragme pour chaque prife avec un peu de
vin blanc dans lequel on aura fait bouillir des baies de
geniévre concaffées. « É
-_ Autre Remede. Mettez douze ou quinze livres de
cérifes aigres mondées de leurs queues & de leurs no-
yaux dans un demi muid de bon vin blanc contenant
140 pintes mefure de Paris avec les mêmes noyaux caf-
fés, & bouchez bien le vaifleau : au bout d’un mois
ou de cinq femaines, on peut en ufer.
Ce vin qui eft d’une couleur & d'un. goût agréable
par fa qualité rafraîchiffante & apéritive , rempére les
seins , vuide les fablons , les glaires , & les petites
pierres : ainfi il eft très-propre pour la gravelle.
Pierre dans la veflie. Remede pour la faire dif-
foudre. Prenez deux onces ou une poignée de racines
de perite éclaire : lavez -les dans du vin blanc ; ha-
chez-les , ou écrafez-les |, & les mettez infufer dans
À . , . L
une pinte de vin blanc, le pot étant bien bouché. Pre-
nez le matin à jeun un verre de cette infufñon , &
|
PIG 217
continuez tous les jours felon le befoin.
Autre Remede. Faites infufer pendant la nuit deux
dragmes de poudre de gouffes de féves féchées au four
dans un demi - feprier de vin blanc : filtrez ce vin le
matin, & le bûvez. Faites la même chofe trois ou qua-
tre Jours à tous les déclins de la Lune.
Pour calmer la grande douleur de la pierre. Coupez
deux ou trois oignons par petits morceaux : mettez.les
chauffer fur une tuile chaude : appliquez-les fur la ré-
gion de la veflie. Ce remede appaile beaucoup de dou-
leur. Voyez RETENTION D’URINE.
Mais le remede le plus efficace de tous à cette cruelle
maladie , eft l’opérarion de la taille , laquelle demande
une main habile & expérimentée.
Obfervarion fur la maladie de la pierre. L'opération
de la pierre telle qu'on la pratique, donne tant de fra-
yeur aux hommes par fon appareil , & les douleurs
qu'elle caufe , qu'on à fait depuis tant d'annéesdiverfes
tentatives pour trouver un bon diffolvant de la pierres
L'eau de chaux eft le moyen, qui jufqu’a préfent , a mé«
tité l'approbation la plus générale : mais comme de la
maniere dont on l’emploie , les effets en font lents
avant qu'elle ait pu parvenir à la vefhe par le moyen de
la circulation : un favant Médecin Arglois a imaginéun
inftrument ou foufflet d’une ftruéture particuliere , pour
injecter ce remede dens la veflie fans caufer au malade
de la douleur, & ilaffure lavoir mis en ufage avec fuc-
cès. Ce foufflet renferme une veflie de mouton qui tient
environ fix onces de liqueur : il eft long de quinze pou-
ces & large de quatre, tous les tuyaux re d'étain. Ce-
lui de l'urêtre a cinq pouces & demi de long pour un
homme de feize ans ; & au-delà de quatre pouces & de-
mi pour l'âge de douze ans à feize , &t de trois pouces
& demi depuis huit jufqu’a douze. Ce Médecin affure
“avoir fait des expériences qui ont eu un heureux fuccèse
Journ. Oecon Sept.1755
PIGEONS ( les) font des oifeaux connus de tout le
monde , & qu'on nourrit pour manger.
Il y en a de domeftiques , de fuyards , & de fau-
vages qu'on appelle ramiers, Les domeftiques ne s'é-
214 PIG
doignent point de la maïfon ; les fuyards vont fe nourris
au loin : les ramiers fe tiennent dans les bois & perchenr
fur les arbres, ce que les autres ne font point : les pi-
geons Cauchois font de gros pigeons du pays de Caux
<n Normandie.
Les meilleurs pigeons de colombiers font les gris ti-
ant fur le cendré & le noir : ils ont les yeux & les pieds
rouges ; les privés font les plus gros , ont la chair plus
délicate , mais ils coutent à nourrir. j
Les pigeons couvent leurs œufs, dix-huit jours, le
imâle & la femelle tour à tour : ils font des petits tous
fes mois, & ceux-ci au bout de trois femaines mangent
feuls. On doit peupler le colombier au mois de Mai : on
y met ordinairement quarante ou cinquante paires. On
fes prend ordinairement lorfqu’ils ont quinze jours ou
trois femaines ; mais il faut avoir Îe foin de les nour-
fir foi-même en leur ouvrant le bec , & cela pendant
l'efpace de quinze jours ; on doit les nourrir de millet,
de chenevis, de vefce, de farrazin , & de tems en tems
Jeur jetter du cumin, le tout jufqu'a ce qu'ils mangent
feuls , alors on ouvre le colombier afin qu'ils aillent
Chercher eux mêmes leur nourriture , mais quand ils ne
trouvent point de nourriture à la campagne, il faut leur
én donner, c'eftà-dire, depuis Novembre jufqu’à la
fin de Février On doit choïfir un jour pluvieux , afin
que le mauvais tems les oblige à fe tirer de bonne
heure.
Pour les accoutumer à revenir au colombier , on
doit les bien nourrir dès le commencement : le che-
nevis, quand on leur en jette, fert beaucoup à les re-
tenir au colombier : on doit obferver de ne tirer la pre-
imiere année aucun pigeonneau du colombier , qu'il ne
foit entierement garni.
Les gens de la campagne mettent en ufage divers
moyens pour empêcher les pigeons de quitter le co-
Tombièr. Les uns frottent les portes & les fenêtres
avec de l’huie d'afpic & de baume ; d’autres font cuire
d’abord du miller dans de l’eau , le font fécher à l'air ,
enfuite cuire une feconde fois avec du miel: ils frot-
tent de cette mixtion les nids du colombier ; mais je
plus sût moyen pour les retenir , c’eft de les bicæ
-PIG xræ
nourrir & tenir le colombier bien net. Ainf il ef
bon de le nétoyer quatre fois l'année ; 1°. au com-
mencement de l'hiver ; 2°. après l'hiver, & avant que
les pigeons aient commencé leur ponte ; 3°. après Ja:
premiere volée ; 4°. après la feconde ; enfin , nettoyer
les nids toutes les fois qu'on en ôte les pigeonneaux qu&
y font.
Pour préferver les pigeons de maladies , il eft bon.
d’y brüler des herbes odoriférantes, comme chim, la-
vande romarin,
Les pigeons vivent ordinairement huit ans.
Les pigeons de voliere [ont plus gros & plus féconds
que les autres : ily en a de pluñeurs efpéces : les noirs &
blancs , ou gris mélés de blanc, qu'on appelle mondains,
ils apportent plus de profit qu'aucuns ; ceux qui ont le
os noir , appeliés Jacobins ; ceux qui ont les yeux bor-
dés de rouge qu'on appelle Polonois ; ceux à queue de-
paon ; ceux qui ont de grofies pates couvertes de plu-
mes qu on appelle parus, &c.
On doit mettre le même nombre de mâles & de fe-
melles dans une voliere : elle doir étre conftruite de fi-
gure quarrée ; il doit y avoir des nids de la même di-
menfon , larges d'un pied , ou des paniers d'ozier :
on ne met rien dans le fond des nids , mais on met de
la paille dans la voliere pour qu'ils les faffent. IL
faut que la voliere air fes jours du côté du Levant
ou du Midi , & qu'elle foit claire : on doit faire ac-
coupler à part les pigeons qu'on y veut mettre, en
tenant un mâle & une femelle dans un petit endroit
J'efpace de quinze jours , & les nourriflant avec de
l'avoine, de la vefce , du farrazin , de lorge , & fouvent
un peu de chenevis : on doit leur donner la mangeaille
dans une trémire d'ou le grain tombe peu à peu , à
mefure que les pigeons le mangent :en quarante jours
la femelle conçoit , pond , couve & nourrir fes petits.
Les jeunes pigeons pondent à fix mois , & donnent
des œufs quatre ou cinq fois l'année. Les pigeons de
voliere pondent prefque rous les mois , mais il faut
leur donner de tems en tems un peu de chenevis: on
doit nettoyer fouvent la voliere & les nids, pour em-
pêcher qu'il ne s'y engendre de la vermine, & chan-
220 PIG
ger fouvent leut eau ; la mettre dans de grands bas
quets , dont les bords font élevés. Les pigeons ne pon-
dent guères plus après quatre ans, on doit s’en dé-
faire alors.
11 faut obferver de ne point toucher à la volée du
mois de Mars, fi on veut en multiplier l’efpéce.
Le commerce des pigeons n’eft pas peu de chofe, par-
ce qu'ils fourniflent toute l’année , fur-tout au mois de
Mars & Septembre. On en peur avoir depuis le mois de
Mars jufqu’a la fin de l'année , car la premiere volé:
eft dans le courant du mois de Mars.
Le pigeon eft nourriflant , convient affez 2 toute
forte de rempéramens excepté aux mélancoliques : à me-
fure qu'il avance en age il eft plus nourriflant , & il re[-
ferre un peu ; mais lorfqu'il eft vieux , fa chair eft fé-
che & difficile à digérer. Dans les fiévres ardentes &
malignes, & dans la léthargie , on applique un pigeon
tout chaud fur la rêre du malade pour faciliter la tranf-
piration des humeurs malignes.
Les pigeons ramiers font fort timides , ils vivent
jufqu'à trente ans : ils viennent par bandes au mois de
Septembre , & fe perchent fur les arbres. Leur chair
eft de bon goût, mais un peu féche : pour en faire
bonne chafle on y va la nuit ; on fait beaucoup de
bruit avec la voix & des tambours ; ce qui les épou-
vante, & à l'aide d'un lanterne fourde on les tue au fu-
fil; on les prend auff aux filets.
Différentes manieres d’accommoder les pigeons. 1©.
En ragoût, ou entrée ordinaire. Echaudez & vuidez
vos pigeons, trouflez les pattes en dedans : farres-les
blanchir un moment, retirez-les à l'eau fraîche , éplu-
chez les, mettez-les dans une caflerole avec bouillon
& bouquet garni , chmpignons , culs d'artichaux
coupés en quatre, cuits à moitié , fel & poivre ; étant
cuits; mettez-y un peu de coulis ; la faufle doit être
courte, |
22, Au baflic. Fendez un peu par le dos vos pi-
eons après les avoir échaudés. Prenez les foies ,
hachez les : faires en une farce avec lard crud , perfil,
bafilic, ciboule , le tout bien affaifonné : farcifiez-
les de cette farce ; faires-les cuire dans une petite mar-
PIiG 22%
rite avec du bouïllon , un oignon piqué de clous , un
peu de verjus & de fel; étant cuits, battez des œufs ;
roulez vos pigeons dedans , & en même tems dans de
la mie de pain , puis faites-les frire dans du faindoux,
jufqu’à ce qu'ils atent pris une couleur : alors tirez-les
& garniflez-les de perfil frit.
Compôte de pigeons. Vuidez-les , trouffez_leur pro-
prement les patrés dans le corps ; faites- les refaire
piquez-les de gros lard : paflez-les avec lard fondu ;
mettez-les cuire avec fel , poivre , mufcade , citron
verd, clous , champignons , verre de vin blanc &
bouillon; faites y un coulis ou un roux pour lier le
faufe.
A la crapaudine. Trouffez les pattes de vospigeons
en dedans : s'ils font gros, coupez les en deux, finon
fendez-les feulement par derriere; applatiffez-les fans
cafler les os. Faites les mariner avec de bonne huile,
fel, poivre, perfl , ciboule , champignons , le tout
haché. Quand ils ont bien pris l’aflaifonnement , pa-
nez-les de mie de pain , mertez les fur le gril, & arro-
fez-les avec la marinade ; faites-les griller à petit feu
& de couleur dorée: faites une faufle avec un oignon
coupé & du verjus , bien pilé avec {el , gros poivre, &
mettez-la bien chaude fous vos pigeons.
Terrine de pigeons. Epluchez, vuidez , & trouffez
vos pigeons : mettez-les dans une cafferole avec un
peu de lard fondu , bouquet , oignon piqué de clous,
affaifonnez de poivre & de fel ; & paflez les fur le
fourneau ; mouillez-les d’un jus de veau : faites les mi-
tonner , étant prefque cuits , liez-les d'un coulis de
Veau & de jambon : en méme tems faites un ragoût
de queues d’écreviffes avec champignons, truffes, mouf-
ferons, un peu de lard fondu , fel, poivre , & fines
herbes. Mouillez le tout d’un jus de veau , & faices-
le mitonner à petit feu : lorfque les pigeons font cuits,
mertez.les dans ce ragoüt , &c les liez d’un coulis d'é-
crevifles : dreflez les pigeons dans une terrine, jectez
le ragoût deffus.
PIGNONS ( les) font le fruit du pain. Ils fort
renfermés dans une poire fort dure & écailleufe ; ce
fruit eft agréable à manger , & plus doux qu'une
522 P-I L
amande : on les mange cuits dans l'eau & avec du fu.
cre. Onen tire une huile qui eft pectorale.
PILOSELE, ou Oreille d'ours. Plante qui croît dans
les lieux montagneux : fes feuilles ont la figure des oreil-
les de fouris | & fonc velues ; fes fleurs jaunes. Cette
plante a une vertu fort aftringente ; elle eft propre pour
arrêter le flux de ventre , pour la guérifon des plaies :
elle ennie dans les potions vulnéraires , dans les baumes
& les onguens, Elle convient en gargarifme aux ulceres
de la bouche.
PILOTIS. Picax ronds de bois de chêne qu’on enfon-
ce dans l’eau à grands coups de mafle , & fur lefquels on
cloue de grofles folives, pour enfuite conftruire deffus
l'édifice que l’on veut.
PILULES. Médicament compofé de plufeurs dro-
gues réduites en poudre , incorporées enfemble par quet-
que liquide approprié & réduit en petite boule, qu'on
enveloppe avec des feuilles d’or ou d'argent. On fe fert
de certe forme afin qu'on puifle faire prendre plus faci-
lement plufieurs remedes qui feroient infupportables au
oût.
F Pizuzes Stomachiques, Pulvérifez enfemble deux
dragmes de fantal citrin , & une once de rhubarbe:
‘mêlez cette poudre avec fix onces d'extrait d'aloës ,: &
un peu de fyrop de rofes päles, & on fera une maffe
qu'on gardera pour former les pilules. Elles purgent
l'humeur bilieufe, lévent les obflruétions, & fortifienc
l'eftomac : la dofe eft depuis demi fcrupule jufqu’a une
dragme.
utres Pizures ftomachiques , dires de Tribus. Pul-
vérifez une once d’aloës a part , & une once de rhu-
barbe , & autant de trochifques d’agaric enfemble ;
mélez les poudres, & avec une fufhifante quantité de
fyrop de rofes , faites une mafle folide pour des
pilules. La dofe eft depuis un fcrupule ufqu'a une
dragme.
- Pizues Impériales ou de Francfort. Prenez quatre
onces d'extrait d’aloës , une once de rhubarbe en pou
dre , fuc de rofe , fuffifante quantité ; mêlez le tout
pout en faire des pilules, elles font le même effer que
les précédentes. |
PrLULES
BpE PIN 223
® Pruures de longue vie. Prenez myrthe quatre onces :
aloës fucrotin , trois onces ; maftic deuxonces ; & fa-
fran , une once : mettez infafer jufqu'à Pentiere diffolu-
tion les trois premieres drogues , chacune à part, dans
le meilleurefprit de vin, & le fafran dans de l'eau de-
vie commune : mettez toutes ces diflolutions enfemble
daos un grand baflin de terre vernifié , fur dela cendre
chaude, jufqu'à @e que le tout devienne en confiftance
de miel; alors retirez la matiere : formez-en des pilules
de la groffeur d’un pois. On-en avale une avant le fou-
Per : On pratique cela une fois le mois; elles font bon
nes particuhérement pour les vieillards: elles rétablif.
fent les corps ufés parles débauches , réchaufent Ja
téte & l'eftomac, préfervent de la pefte & du mauvais
air.
Pirures pour la toux. Pulvérifez enfemble demi-
once dencens , & quatre fcrupules de myrihe, &
d'un autre côté quatre fcrupules de fafran après l'a.
voir fait {écher entre deux papiers : amolliflez en-
femble quatre fcrupules d'opium, & demi-once de
fuc de reglifle , en les battant long . tems dans un
mortier de bronze, & y joutez un peu de fyrop de
coquelico : mélez - y les poudres | & incorporez le
tout enfemble pour faire une mafe , dont on fera des
pilules.
UE Plante potagere qui fert de fourni-
ture aux falades. Elle a trois on quatre tiges garnies de
petites feilles rondes , elle fleuriren automne : on a fe-
me au printems , à plein champ & dru ; on la eme fur
terre en planche , ou en bordure : elle repoufle fouvent
après être coupée ; on recueille fa graine à la fin de l'été.
Ses feuilles mifes dans le vin lui donnent un goût agréa-
ble. Cette plante eft rafraichiffanre » Vuloéraire & pul.
monique : fon ufage eft dans les affections du poumon,
la phthifie, les fiévres malignes , la dyffenrerie , & le
flux des hémorroïdes.
PIN. Arbre célébre par fa hauteur & (2 venue fore
droite .: fes feuilles font de petits brins toujours
verds. On appelle pignons le fruit qu’il produit ; ils fonc
renfermés dans une poire fort dure & écailleufe : ils
Tome IL. L ?
224 | PIN
{ont petits, oblongs, tendres & doux au goût. Cet
arbre aime les terres legeres &c pierreufes , & les pays
montagneux : on les plante en Oétobre & en Novem-
bre dans les pays chauds; en Février & en Mars
dans les pays froids. Pour cet effer, on met enterre
à la profondeur d'un demi-pied cinq ou fix pignons
enfemble , les plus gros & les plus mûrs : on les
tranfplante au bout de trois ans. Cæft de cet arbre
que l'ontire par des incifions une gomme dont on fait
la térébenthine , la-poix de Bourgogne , la poix réfine.
Lorfque les pins font vieux, on leur coupe l'écorce,
on leur fair. des incifions, &il en coule uñe liqueur
noirâtre qui eft le goudron , dont on enduit les vaif-
feaux.
Le grand débit du fapin eft en planches de différens
échantillons.
PINCÉE. (la) Sorte de mefure fouvent prefcrire
dans les ordonnances des Médecins, & pour les in-
grédiens folides. C'eft tour ce qu'on peur prendre
des trois premiers doigt en commençant par le pou-
ce. Les feuilles féches & les fleurs prefcrivent par pin-
cées.
PINCER. Terme employé dans la taille des pé-
chers, abricotiers & autres : ceft rompre avec l'angle
l'extrémité des gros jets de ces arbres, pour n’y laifler
que trois ou quatre pouces de long , afin qu'ils en re-
pouffent trois ou quatre autres de médiocre grofleur, au
lieu d'un trop gros , & que par-là on ait plus de branches
à fruit.
PINÇON. Petit oifean de diverfes couieurs : on
connoît le mâle en ce qu'il a la tête bleue & le crou-
pion doré : il chante trois mois de l'année , fon chant
eft un peu rude. Il fait fon nid far les arbriffeaux , & fur
les branches les plus baffes des arbres : ileft fujet à avoir
mal aux yeux & même à devenir aveugle. On doit alors
lui donner à boire, pendant quelques jours, du jus de
quelques feuilles de poirée, mélé avec un peu d'eau &
de fucre ; lui meztre un petit bäron de figuier pour fe
percher & s'y frotter ies yeux : &enfuite de la graine de
melon.
PINTE. (la ) Sorte de mefure dont il eft aufli
PIO P'he 22$
queftion dans la préparation des remedes & qui s'emploie
pour les ingrédiens liquides, La pinte de Paris & celle
d'Orléans contient deux livres d eau » OU un peu moins
de 32 onces.
PINTADES Poules étrangeres appellées d'Afri-
que : elles font plus groffes & plus hautes en cuiffes
que les poules ordinaires. Leur plumage eft noir &
marqueté de petits points blancs : elles ont comme
une petite bofle fur le dos, & une plume en forme
d'aigrette {ur la tête: on fait couver les œufs à des
poules communes. Dès que les pintades font éclofes,
il fauc les tenir chaudement, les nourrir de jaunes
d'œufs durs , de millet, de navetre broyée & mélés
avec un peu d'eau. La chair des pinrades eft un fort
bon manger.
PIOCEHE. Inftrument d'agriculture : il eft de fer Jar
ge de crois à quatre pouces, & long de fept à huit, ren-
verfé en forme de crochet à fumier , emmanché d’un
manche d'environ quatre pieds : on s’en fert pour fouil-
Jer les terres.
PIPE d'Anjou. Terme de la mefure ordinaire du vin
dans certe Province. La pipe d'Anjou tient la même me-
fure que la queue d'Orléans, c'eft--dire , un muid &
demi mefure de Paris , lequel eft de 188 pintes; ce qui
fait 432 pintes. La moitié de la pipe s'appelle Buffard
ou Bufle dans le même pays.
PIPEAU, Petit ioftrument dont on fe fert pour con-
trefaire le cri de certains oifeaux, & les attirer au pié-
ge. C'eft un petit bâton fendu par un bout, & dans la
fente on met une feuille de quelque arbre ou plante con-
venable au cri qu'on veut imiter : ainfi une feuille de
laurier mife dans un pipeau contrefait le cri des van-
neaux ; celle du poireau imite le cri du roflignol ; celle
de chiendent, ou le ruban joint au pipeau , contrefait la
chouette , ainfi des autres.
PIPÉE, Efpéce de chaffe fort récréative : on fe fert
pour cela de pipeaux avec lefquels on contrefait le
cri de la chouette, & l’on prend un grand nombre
d'oifeau. Cette chafie fe doit faire dans les mois de
Septembre & d'Oétobre. 12, Les lieux les plus pro-
P'eS pour une pipés font ou un bois taillis déja un
Ba
216 2: PIP
peu fort, ou un lieu bas à peu de diftance d'un vignoble à
ou de quelque ruiffeau ou étang , ou de quelques ronces
ou épines blanches.
29. L'arbre choifi pour la pipée doit être , autant qu'it
fe peut, éloigné de tout autre : il doitavoir les branches
courtes & droites, n'être point crop haut : les chênes
font ks meilleurs pour cet ufage.
3°. On coupe toutes les branches inutiles en comr-
mençant la coupe par le haut, & on ne laifle que celles
dont on a befoin : on les élague de maniere que l'arbre
£afle la forme d'un verre à boire: on y fait des en-
tailles au - deffus de deux ou trois lignes de profon-
deur , .& de trois en trois pouces de diftance, pour
y faire tenir les gluaux par le gros bout laïffé à cet
arbre.
49, On doit faire une petite cabane autour du pied
de l'arbre pour le pipeur , & ceux qui veulent avoir le
plaifir de cette chafle : on la fait en bonne partie des
branches qu'on à coupées de l'arbre , & on la couvre de
feuilles : elle doit avoir au moins cinq pieds de hau-
teur, & le haut doit être en forme de dôme : on y laiffe
deux où trois ouvertures : on pratique des avenues Ou pe-
tites voutes , au nombre de dix ou douze, qui aboutif-
fent toutes à l'arbre , & à la diftance de trente ou qua-
rante pas: on les nettoie bien ; on y place des perches
qu’on fair plier en demi cercle ; on leur fair des entailles
pour y placer desgluaux, enles faifanc plier horifonta-
Jement. |
La pipée fe fait le matin au lever du foleil, &
Je foir vers fon coucher, & par un tems tranquille
& modéré :' après qu'on s’eft fermé dans la loge,
on obferve un grand filence : le: pipeur commence de
frouer , ce qu'il fair en foufflant dans une feuille de,
lierre , à laquelle on fait un petit trou, en levant
le côté du milieu affez près dela queue , ce qui fair
le cri d’un petit oifeau , qui appelle les autres à fon
fecours : il y a encore diverfès manieres de frouers
Aufi-tôt qu'on a froué , plufeurs oifeaux , comme des
louge-gorges viennent fe prendre, on donne quel-
que coup de pipeau , pour contrefaire la chouettes
7
1 Q | 227
fon fait crier quelqu'un des oifeaux pris, ee qui en
attire d'autres , qu'on fait crier à leur tour : par
exemple , le pinfon attire les grives , les merles, les
geais ; les geais attirent les corbeaux & les pies : à
mefure qu'ils fonc pris on les tue , où on les met
dans un fac, pour faire crier ceux , qui par leur cïi
peuvent attirer les autres. C’eft au lever du foleil &
a fon coucher , qu'on peut prendre des oifeaux bons à
manger , comme les peutes grives, les merles , les
rouge gorges, les mélanges , moineaux , fauvetes,
roitelers & autres, qui font forr bons rotis ou fricaf-
és.
C'eft à la brune qu’on prend les hiboux, les chouet-
tes,en contrefaifant la fouris: on prend encore au le-
ver du foleil , ou à fon coucher, des éperviers, des
tiercelets, des émérillons , des bufes : en ramaffant
les oifeaux de proye , il faut fe donner de garde de
leurs ferres : le plus court eft de les aflommer : les pies,
les geais 8e les merles, font les plus difficiles à attra-
per, lorfqu'ils font rombés à terre. Il y a des oifeaux
qu on ne prend point au pipeau, tels fontles ramiers,
les tourterelles , fanfonnets , linotes , chardonnerets ; &
1l faut ajourer encore les oifeaux qui ne perchent point,
comme perdrix, cailles , becafes.
PIQUETTE, ou demi vin, petite boiffon deftinée
pour les valets. C'eft de l'eau paflée fur le marc de
raifin , & quicft plus ou moins bonne, felon qu'on mêle
plus ou moins de vin. Pour la bien faire , on jette la
quantité d’eau qu’on juge néceffaire dans la cuve , aufli-
tôt que le vin en eft dehors : cette eau tombant ainfi fur
le marc , on l'y laiffe quelque-tems, pour qu'elle foit
impregnée .desefprits vineux, & jufqu'à ce que la fer-
mentation du vin qui refte , foiraffez faire avec l'eau,
pour lui communiquer de fa couleur , puis on tire tout
Je moût de cette cuve, dont on remplit une autre cu-
ve ; on Ôte le marc de celie ouileft, on le porte. fous
le prefloir , & on en exprime la liqueur de vin qui eft
encore dans les grains : on porte le vin preffuré dans la
cuve où l'on à jerté le moûut , &le rout mélé., on le
werfe dans des ronveaux,. |
"
à:
228 PA10 PES
PIQUURE & morfure de Vipere. Cette piquäre
eft mortelle, fi on n’y apporte de remede. Pilez du
bouillon blanc, & appliquez fur la morfure ; ou de
la rhue pilée avec l'oignon, ou un ail pilé , & en
mangez en même-tems : on approche un fer rouge
le plus près qu'on peut de la plaie. Ces divers re-
medes extérieurs , doivent être appliqués fur le
champ.
La perfonne mordue ou piquée , doit avaler du fel
volatil de Vipere, ou au défaut de celui d'urine , ou
une prife de vieille thériaque.
PIQUURE de fcorpion. Remede. Appliquez deffus
de l'huile de l'infufon de fcorpion , ou écrafez le fcor-
pion fur la piquûre , ou fi vous le pouvez. Comme le
venin de fcorpion caufe un grand froid, avalez aufli-
tôt de la chériaque délayée dans un verre de bon
vin, ,
PIQUURE d'Araignée , Mouche à miel, &c. Frottez
l'endroit avec du jus de joubarbe, ou de la bouze de va-
che, ou d’une feuille de fauge verte nouvellement cueil-
ie ; ou lavez la plaie de vinaigre chaud , & appliquez
deffus de l'ail, ou de l'oignon pilé. La thériaque appli-
quée en dehors, & prife en dedans , eft fort bonne, Si
on eft piqué d'une mouche à miel , arrachez auf tôt
j'aiguillon , preflez la plaie, & Faites-en fortir une pe-
tite eau roufle, & appliquez-y un peu de terre graffe dé-
trempée avec un peu de falive.
Si c'eft un venin de crapaud , lavez l'endroit avec
de l'urine, & avalez une prife de fel volatil de cra-
aud.
PISSENLIT. Plante fort connue qui croît dans les
prés : on en mange en falade au printems. C'eft une
plante hépatique, c’eft-à-dire, qui a la vertu de rétablir
le vice de la maffe du fang ; on en boït en forme d'in-
fufon, d’expreffion, ou de décottion , dans les fiévres
tant nouvelles qu'invétérées,
PISTACHIER. Arbre dont’ les feuilles tirent fur
le jaune , & qui produit fon fruit à l'extrémité des
branches en facon de grappe de raifin. Ce fruit qu'on
appelle piftache , reflemble aflez à une noiferte , &
PIS P. LA 229
31 eft doux au goûr. Onle multiplie de rejettons enraci-
nés qu’on plante au mois d'Avril.
PISTE, C'eft le nom qu’on donne 2 la forme du pied
d'une bête , imprimé à terre , & qui fait connoître qu'elle
a pañfé par-là. On fe fert de ce terme pour le loup & le
renard , & celui de voie pour le cerf , le liévre & les au-
tres bêres fauves.
PISTIL des fleurs. C’eft la partie de la fleur qui ren-
ferme la graine : le piftil eft placé dansle centre des éta-
mines. Voyez FLEURS.
PITUITE ( la ) eft une humeur froide ; c’eft une des
quatre humeurs qui dominent dans le fang.
Remede contre la pituite. Pilez des tendons de coule-
vrée ; & de ce fuc, prenez environ une ou deux drag-
mes : mêlez-y un peu de miel avec de l'écorce d'orange
pour l'épaiflir , & vous en prendrez un peu Île matin à
jeun.
PIVOINE. Plante bulbeufe qui eft de deux efpéces :
on les cultive dans les jardins ; le male a les feuilles
larges comme celles du noyer , & de couleur blanche :
da femelle à des feuilles découpées, & des fleurs gran-
des comme une rofe, dans lefquelles il y a des graines
rouges.
La pivoine mâle , c’eft à-dire , {a racine & fa femence
font ufitées dans les remedes : elle eft chaude , aftringen-
te, céphalique, & bonne contre l'épilepfie , le vertige ;
la convulfion, La dofe de la racine & de la femence eft
depuis un gros jufqu'a deux en poudre.
Prvorne (la) eft un oifeau qui a un plumage fort
beau : elle apprend facilement.
PIVOT des plantes ; c'eft la principale racine que Îa
plüpart des arbres poufient en terre perpendiculairement
2 Ice tige.
PLAINES ( les) confidérées rélativement aux pro-
duétions qu’on en peut tirer, lorfqu’un Domaine-y eft
fitué, font ordinairement fertiles en grains : on y peut
pratiquer de belles avenues d'arbres, & on y trouve
la commodité de la chañfle ; mais c’eft un inconvénient
quand on n'y a pas d'autre reflource que le grain,
puifque s’il manque, ou s'il eft à basprix , tout man-
que, | | |
P 4
230 PE A
- PLAINTE, On appelle ainfi une déclaration qu'on
fair devant le Juge ou devant un Commiflaire , de
qu:ique tort ou affront qu'on nous a fait , afin d'en
faire informer & d’en pourfuivre la réparation civile par
les voies de droit. Les procès criminels commencent par
unc plainte au lieu que les procès civils , commencenr
par un exploit de demande.
PLANCHES ( les } proviennent du bois quia été
fcié : elles doivent avoir un pied de large pour être dé-
bitées. Elles fervent pour la menuiferie : les planches
ordinaires ontirois pieds & demi ou quatre de longueur,
& un pouce d’épaifleur.
PrancHes , terme de Jardinage. Ce font des efpa-
ces de quatre picds de large avec un fencier d'un pied
entre deux, qui compofent les quarrés d’un jardin po-
tager. Les planches en ados font celles qui fonc fort éle-
vées d’un côté & vont de l’autre en s'abaiffant en pen-
te ; cette pente doit être: vers le Midi. Onles fait
ainfi lorfque la terre eft trop humide , &.expofée aux
vents froids : c’eft fur ces planches bien fumées & bien
labourées , qu'on feme ou qu'on plante routes les plan-
tes potagcres,
PLANE , Arbre de futaye. Il vient fort haut & pro-
duit par fon grand bois un grand ombre : fa feuille eft
large & épaille , fon bois blanchätre & dur ; fa fleur
tire fur le jaune & produit un grand rond ;, dont on
fair de l'huile. Il ne vient guere que dans les climats
chauds.
: :PLANT AIN, Plante commune : il y a le grand-dont
les feuilles font larges , luifantes, marquées chacune de
feptnerfs: le moyen , dont les feuilles font couvertes
d'un poil blanc & mou ; & le long , qui les a plus.lon-
gues , étroites & pointues. TE
La premiere efpéce cft la plus en ufage: cette plante
eft rafraîchiffante , héparique & vulnéraire. On fe fett
de fa femence pour toute forte de flux immodérés , les
vomiflemens, les pertes de fang des femmes: la décoc-
tion du plantain confolide les plaies & mondife les ul-
cères jilentre. dans le gargarifmes. jes 5 À
: PLANTATION, ou l’ation de planter: Obferva=
ion fur la plantation des arbres. Avant de les plans
BP L'A 23%
ter , il faut confulter quelles font les ‘efpeces d’ar-
bres qui feplaifent dans le pays, fans quoi on fera
beaucoup de dépenfes fans profit. Tout eft urile lorf-
qu'il fe plait dans le terrein Le chêne , par exem-
ple , qu'on deftine pour bois a brüler , n’eft pas bon
dans un fonds gras & humide , au lieu que les bois
blancs dans un pareil térrein , rendront un uers de
plus.
La meilleure maniere de femer du bois , quelque
efpece de plant que ce foir, c'eft de labourer la
terre comme on fait pour le bled , même de la fu-
mer.sil eft pofhible. Lorfqu'on eft au dernier labour ,
on releve le rerrein le plus qu'on peut en fillons ,
de deux pieds & demi ou crois pieds de large ; on
plante les graines comme des haricots dans la raye du
fillon, fi on ne craint pas le féjour des eaux , & dans
J'ados du fillon fi le féjour des eaux eft à craindre : après
cela il ne s'agit que de bien farcler & regarnir : fl on
ajoute à cette premire dépenfe deux legers labours cha-
que année , jufqu'au recepage qui fe fair au bout de 4
a $ ans, on eft certain d’avoir une coupe utile avant 15,
années de plantation.
Il fauc obferver que fi on plante en côtes , il faut
fillonner en travers , cela conferve la fraîcheur & les
terres ; au lieu que fi on fillonnoit de haut en bas,
les pluyes feroienc des ravins : il faut adoffer le plant
au fillon oppofé , pour qu'il foir à l'abri du grand fo-
leil. On peut planter en plant ; de même qu'en grai-
ne, & c'eft la voie la plus courte; mais dans les bon-
nesterres il faut de très-gros plants, parce que les her-
bes qui y abondent , étouffenr le germe des petits
plants.
On peut planter en foflés , en éloignant ces foffés
de 12.ou 15 pieds 3 alors on plante en forme de haye
fort droite , & on mer de toute efpéce de bois , afin
de faire alligner le chêne qui s'y trouve mélé : à qua-
rante ans ces hayes rendent aurant de profit qu'un bois
plein , pourvû qu'on laboure les foflés les premieres
années. ….,
A l'égard des arbres fruitiers , on doit les plans
232 PL A
ter fur les bords des chemins , & dans des champs, où
ils foient fumés & labourés, & mettre de grands efpaces
entre les uns & les autres, afin que l'ombre de l'un , ne
nuife pas à fon voifin. Effai fur l'Adminifiration des
Terres.
Principes fur la tranfplantation des plantes , foit ar-
bres ou arbuftes,
De toutes fortes de plantes qu’on leve des bois où
d'une pépiniere pour les tranfplanter , il fauc en rerran-
cher toutes les feuilles jaunes , moifies , pourries ou {é-
chées , qui pourroient fe trouver aux pieds, En les plan-
tant on ne doit point couper les racines ni les montans,
comme font la plüpart des Jardiniers qui croient devoir
les mulrites ainfi: c’eft une mauvaife routine, car dans
toutes fortes de plantes , les racines font les feuls inf-
trumens de la nutrition & de l'accroiflement. Sans les
racines des plantes qui repouffent de bouture , ilne peut
entrer dans le tronc & les autres parties , aucune por-
tion des fucs de la terre, ni des influences de l’air qui
fervent de nourriture à la plante. La fouftraction d’une
partie des racines eft donc un obftacle à la végétation,
& le peu qu'on en laiffe ordinairement , ne fert tout
au plus qu’a les empêcher de mourir tout-à-fait. En fup-
primant les racines, on Ôte à la plante fon néceflaire ,
& elle ne fait que des progrès lents & infenfibles :
ainfi il vaut mieux lui laiffer fes racines que de l’obli-
ger à en produire d’autres, C’eft en vain que les Jardi-
nicrs alléguent le defféchement qui arrive à une plante
levée de terre jufqu'à ce qu'on la replante : car dès
qu'on n'a pas laiflé les raciñes trop long - tems au
grand air , ce defléchement n’eft que fuperficiel : il
leur refte toujours un humide radical, témoin Îes ar-
bres fruitiers envoyés au Join : ces racines , quoique
féches au-dchors , ont un principe de vie qui reprend
bien-1tôt fon activité ; 65 na pour cela qu'à mettre
“dans l'eau toute plante qui a fouffert quelque-rems hors
de terre, l'y laiffer tremper vingt-quatre heures , on la
verra rénaître, pour ainfi dire , a vüe d'œil. On n’a qu'à
planter enfuite, felon les regles , & elle réuflira infailii-
blement. : | Hagen?
PLA 233
Voilà, dit M- l'Abbé Roger, qui nous a fourni ces
Obfervations dans fon Traité de la Culture des Frai-
fiers , ce nul Jardinier n’a pu comprendre jufqu'ici , n£
même M. de la Quintinie cour le premier.
PLANTES. Toute plante eft un corps organifé &
vivant , qui tient un milieu entre l'animal & le miné-
ral, il eft produit par les principes de la terre, favoir ;
la feve qui eft 1 elixir des fucs de la terre , l'eau, lefel,
la chaleur ; & c’eft à la faveur de ces gifférens principes,
que la plante croît & fe nourrit.
Il y a trois chofes principales à obferver dans toute
plante; 19. La graire, car la plante dans fon origine,
eft toute entiere dans la graine ; & cette graine eft d’une
fécondité inépuifable, & qui ravit d'admiration ; 2°.
La racine , quieft la partie inférieure de la plante : elle
fe divife en plufieurs petits filamens , & elle eft compo-
fée d'une peau , d’une feconde enveloppe , qu'on ap-
pelle parenchyme , d’un corps ligneux , qui eft d'un
tiflu plus ferré que l'écorce , des entrelaffemens ou in-
fertions , qui fervenc à perfectionner le fac nourricier 3
enfin de la moelle, fubftance molle, qui eft dans le
centre de la plante; 3°, La tige ou tronc; on l'appelle
ainfi dans les arbres & arbrifleaux , & tuyaux dans les
bleds , & autres productions aufquelles on donne le nom
de plantes. Eile à les mêmes parties que la racine 3
& ces parties fervent à la même deftination : à l'égard
de l'écorce , elle tire fa nourriture du tronc même,
avec lequel elle communique par une infinité de pe-
tites fibres. Toutes les plantes portent des fruits ou des
femences.
C’eft la terre , qui réduite en parcelles fines ,
eft la principale nourriture des plantes, car une trop
grande quantité de [el , rend les terres flériles , le
trop d'eau noie les plantes & les pourrit , &t trop
d'air & de chaleur les defléche , au lieu qu'une trop
grande abondance de terre ne les endommage ja-
mais, pourvu qu’elles jouiffent de l'humidité des ro-
fées, & de la chaleur du foleil : ainfi la bonne terre
eft propre à nourrir toute forte de plante , pour-
vi qu'elles aient la quantité d'eau & de chaleur qui
234 p L A
leur convient ; néanmoins il y a de l'avantage à fc:
mer fucceflivement différentes plantes dans une même
ærre, car toutes les plantes ne virent pas de la terre
une aufhi grande quantité de nourriture , puifqu'il y
a des terres maigres & legeres qui produifent du
fcigle & du farrafin , & qui ne peuvent pas produire
du froment, ni même de l’avoine ; ainf il eft à pro-
pos de mettre de l'avoine après le frement , parce
que ce dernier {à eme peu de tems après la moif-
fon, & qu'il A avoit letems de labourer au moins
trois fois la terre , fi lon veut avoir une bonne ré-
colte , au lieu que pour lavoine & l'orge , comme
ils ne fe fement qu’au printems , on a le loifir de
leur donner les façons qui leur font néceflaire. Voyez
TERRES.
Les plantes ne {= nourriffent que des fucs convenables
à chaque efpece , parce que les pores de la plante ne don-
nent entrée qu'aux fucs convenables , c'eft-à-dire , qui
font figurés comme eux.
[l'y a des plantes qui font faites pour croître à côté
les unes des autres, pendant qu'il y en a d'autres qui
ne viennent point à bien fi elles fe touchent. Voila
pourquoi ou évite de mettre enfemble , celles qui fe
nourriflent d'un même fuc , & celles qui font voraces :
ainfi on ne doit pas mettre enfemble celles qui ontles
mêmes qualités , mais mettre les chaudes avec les froi-
des, ainfi des autres.
Ce qu'on appelle ordinairement du nom de la plans
te, ce fonc les plantes porageres , & les plantes médi-
cinales.
Préparation pour la multiplication des plantes. Met-
tez dans un cuvier expofé au midi, un boiffeau de crot-
tin de cheval , autant de fente de bœuf; un demi boif=
feau de fumier de pigeon , aurant de crottin de mou-
ton , & autant de cendres ; ajoutez - y fix pintes de
mauvais.vin de baifliere , & deux livres pefant de
falpètre ,-& rempliflez le cuvier d'eau commune. Tou-
tes. les. fois que l’on tire de cette liqueur pour en ar-
rofer les plantes , on a l'artention de remettre de
nouvelle eau dans le cuvier : on peut même affois!
bhr cette liqueur avec deux parties d’eau fur une de
| PE: A 13
la liqueur , de peur qu'elle ne füt trop forte, fur-touc
dans le commencement. s
PrantTes MepiciNazes. Les plantes , foit potage-
res , foit celles qui croiffent dans les champs , font d'un
grand ufage pour les remedes : les unes & les autres ont
des vertus différentes.
Les plantes cordiales font , l'ail, l'agripaume, lallé-.
Juia, &c. Les plantes anti-fcorburiques, font les cochléa-
ria, la racine de patience fauvage , la racine & les feuil-
les du trefle d’eau , de beccaburga , la capucine, le
creffon , la patience d’eau , le raïfiort fauvage , la ro-
quette , la canelle ; & les céphaliques & aromatiques ,
font le bafilic, la lavande , le laurier , le thim , le ro-
marin , la marjolaine , la fariette, la fauge , le ferpo-
let. *
Les fudorifiques font, l'angélique , le buis, le char
don béni , le genievre , la fcabieufe, la fco:fonere , la
falfepareille , la fquine, &c.
Les fébrifuges font l'argentine , la gentiane , laver
mandrée, le plantain , le qainquina , &c. Les hépati-
ques, ou qui guériflent 1=s maladies du foie & de la
rate font , l’aigremoine, le cerfeuil, la centaurée, le
fumeterre , le houblon le polypode , la fcolopendre
&c.
- Les purgatives, ou qui évacuent les humeurs, fone
l'agaric , le concombre fauvage , la couievrée, l'elle-
bore , le garou , l'iris, lé lin fauvage , le noir brun;
le prunelier , la rofe pâle , le fafran bâtard , le [u-
reau. Parmi les plantes purgatives étrangeres , on comp-
te l'aloës , la cafe , la coloquinte , l'hermodaéte , l'ipé-
cuanha , la manne, la rhubarbe , la fcammonée, le
féné , le tamarin.
Les ftomachiques , qui rérabliffent les fon@tions de
l'eftomac, font l’ab{ynthe, l'auronne, le baume, l'ef-
tragon , l'eupatoire.
Les apérivives , qui levent les obftrutions , & qui
dégagent le fang des ‘humeurs vifqueufes , qui arré-
tent fon-mouvement , & évacuent les humeurs, tac
J'ache, l'arréte-bœuf , lartichaud , l'afperge , le fé-
nouil , le fraifier , le frêne , la garence , l'orgnon,
l'ofcille ; la pañle-pierte , la patience , ke pertl', Le’
236 PL A
piflenlit, le furreau ; le raifort , le tamaris , fa tur-
quette, la pareira-brava, le thé.
Les bechiques , qui appaifent la toux & facili-
tent l’expectoration , font la bourrache, la buglofe ,
la capillaire, le chou rouge , le coquelico , le lierre
terreftre , le navet, le pas-d'aäne , le pommier , la re-
glife..
Les émollientes , qui adouciflent l'âcreté du fang
dans lee fiévres & dans les difpoñtions inflammatoi-
res , font l'arroche , le bouillon blanc , la guimauve,
le lin, le linaire , la mauve, la pariétaire , la poirée,
le feneçon.
Les rafraîchiflantes font , la citrouille , le concom-
bre , l'endive , la framboife , la grofeille, la joubarbe ,
Ja laitue , la mâche , le melon , le mürier, le nénu-
phar, le pourpier, le ris.
Les réfolurives qui divifent les humeurs épaifies,
font l’avoine , le blé , les féves , les lentilles , l'orge, le
feigle , le fcrophulaire. Les farines de toutes les plantes
fon réfolutives.
Les vulnéraires, qui guériflent les plaies, foit exter-
nes uu internes, font la biftorte, la brunelle, la gran-
de confoude, le cyprès , le mille- feuille , l'orme l'or-
tic, la patience rouge , perce-feuille , pervenche , pied
de lion , pilofelie , plantain, pirole , quintefeuille ,
zenouée, rofe de provins , fanicle , &c.
Les hiftériques, qui rétabliffent les évacuations na-
zurelles aux femmens, font l'ariftoloche , l'armoife , gla-
yeul, marrube , matricaire , melifle , rhue, fafran,
&ouci, valeriane, &c.
PLANTE Poraceres. Comme elles font en très-
grand nombre , on peut les réduire à quatre ou cinq
claffes ; 1°. Les racines , telles que font les carot-
1es , panais , navets , raves , betteraves , falfifix ;
2°. Les verdures, tels font les choux , la poirée , la
bourrache , les épinars , l'ofeille ; 3°. Les falades ,
comme les laitues , la chicorée, le céléri, les m2-
ches , les reponfes , le pourpier , le cerfeuil ; l’eftra-
gon, la pinprenelle , la capucine ; 4°. Les légumes,
pois , féves , haricots , lentilles ; 5°. Les fruits de
terre : tels font les melons , les concombres , citrouil-
|
|
!
P L À 137
les potirons , attichaux , afperges ; cardes & cardons :
on doit ajouter à cela , les plantes fortes , comme
oignons, ciboule , échalotte , rocambole , poireaux ;
& les odoriférantes , comme le baume , la lavande ,
la fauge , le him, violettes, quon met en bordu-
res, De roures ces plantes , on en laifle la plus grande
partie dans la place où on les plante : mais celles
qu'il faut tranfplanter , font les cardes poirées , le
céléri , les chicorées blanches , les laitues , le me-
Jon , les concombres , les potirons. On doit planter
en leur faifon , chacune de ces plantes porageres,
On plante les oignons , les féves , poireaux , choux,
chicorées , & autres plantes qui ont peu de racine ,
le tout en faifant un trou en terre avec un plan-
toir : on feme les autres plantes , & cela, ou à plein
champ comme le bled , ou à rayon , c’efta dire,
en traçant avec un bâton des rayons fur les plan-
ches : on mer enfuite un bon pouce de terreau fur
chaque planche , & on l’arrofe tant qu'il fair chaud :
au refte , on ne doit jamais femer ou planter deux
années de fuite , une même plante dans un même ter-
rein.
Un potager bien entretenu , doit fournir en cha-
que faifon certaines plantes ; ainfi au printems, on
doit y trouver des raves, de pentes falades fur cou-
che : vers la Pentecôte, toute forte de racines ; des
Jlaitues pommées de plufenrs efpéces ; toute forte de
falades , des afperges , les premiers pois verds ; en
automne , de la chicorée blanche, laitues royales &
de Gëénes, concombres , melons , carottes , panais,
betteraves, choux-fleurs , &c. En hiver , des laitues
plantées fur couche en automne , & mifes fous clo-
che,
Les terres féches & fablonneufes , ainfi que les
pieds des murs du midi & du levant , font bonnes
pour les chofes hâtives , & les nouveautés du prin-
tems : les lieux les plus fecs , lorfqu'on eft réduit
2 en avoir, font bons pour les chicorées , laitues ,
chou d'hiver , ail , échalotte , cerfeuil : les terres
grafles , fortes & humides : font bonnes pour les
légumes, qui y font plus grofles & mieux nourries :
238 PE A i
les tempérées , entre le fec & l’humide , pour les afper-
ges, le céléri, cardons, frailes : les fonds humides &
gras, qu'on dox auparavant deflécher & ameublir , au-
tant qu'il eft poflible , font excellens pour toutes fortes
de produétions ; mais on y doit tenir les plantes plus
éloignées que dans les lieux fecs. us
Durées des principales plantes potageres.
Les afperces durent dix à douze ans.
Les artichaux , quatre à cinq ans.
Les framboifers, huit à dix ans,
Les fraifiers , trois ans.
La poirée, un an.
Les betteraves , cardons d'Efpagne, carottes, cher-
vis, choux pommé , choux de Milan , choux fleurs , ci-
rouille , bourrache , potirons, panais, poreaux , envi-
ron neuf mois, c’eft-a dire , depuis le printems qu'ils
ontété femés , ju{qu'a la fin de l'automne. Les oignons,
l'ail , échalotre , concombres , melons, navets, durent
le printems & l'été. Les pois hätifs font en.place fix à fept
mois ; les autres pois, quatre à cinq ; il en eft de même
des féves ordinaires & haricots.
Les raves, pourpier, cerfeuil, cinq ou fix femaines ,
ainfi on doit femer tous les quinze jours.
Les chicorées blanches, & toutes fortes de laitues, oc-
cupent leur place deux mois. s
Les mâches & les épinars , occupent la place de tou-
tes les plantes qui ne pañlent pas l'été ; ainfi elles font en
place l'automne & l'hiver ; les couches à champignons ne
donnent du fruit qu'au bout de fix mois , & laiffent la pla-
ce libre au bout de ce terme.
PLANTOIR, inftrument de jardinage. C'eft un mot-
ceau de bois rond & pointu parle bout , avec lequel on
fait des trous en terre pour planter les poireaux , choux ,
laitues , chicorées , & autres plantes potageres qui ont
peu de racines.
PLANTS. Tout propriétaire Œconome ne deir rien
négliger pour augmenter la quantité de fes planis 3
ainfi outre les plants de décoration qu'on fait dans
une terre , il doit mettre à profit les plus petits
coins
P-L:A 239
Coins , & pour cela , il doit avoir des pépinieres de
toutes les efpéces. Un arpent de terre que le jardi-
nier plantera en pépinieres , qu'il cultivera, & qu'il
formera avec du terreau , ne jettera pas dans une dé-
penfe fenfible, & fufira pour un grand domaine :
un propriétaire eft fort aile de trouver dans fa terre
de vieux ormes ; des chênes en liziers |, des aulnes \
des peupliers, &c. Il les coupe, cela lui fait un pe-
tit cafuel : il pourroit même > de l'argent qu'il en
retire, facrifier quelque chofe , afin d'en replanter
d'autres. Qu'il en plante feulement fx petits pour
un gros quil abbat , la dépenfe ne feroit pas gran-
de, & fe retrouveroit. Cisquante arbres plantés tous
les ans, ou ménagés dans les haies & terreins va-
gues , font en vingt ans mille pieds d'arbres de
plus fur uhe terre ; au bour de cinquante ans, on en
Peut couper cinquante tous les ans. Il n'ya point de
terre un peu étendue, où il ne fe trouve quelque ravi-
ne , ou quelque ruiffeau, voilà des bords à gatnir: on
peut obliger chaque fermier de planter tous les ans , foie
fruitiers , foit de toute efpéce d arbres ftériles , à taifon
de l'étendue de fon exploitation : on lui indique le ravin,
la haie ou le champ propre à planter : on l'oblige de re-
planter les arbres qui périflent : on lui donne en compte
ceux qui feront fur fa ferme , & on en fait le recenfe-
ment chaque année ; mais pour cela, on énonce dars
le bail toutes les piéces de terre qu'il exploite : on
laifle au fermier les émondes des arbres, qui peu-
veut s'élaguer | mais il faut veiller à ce qu'il élague
tous les quatre ans au plus tard , fans quoi toute la nour-
titure iroit aux branches. Efai fur l'Adminifration des
Terres.
Pranrs CHamperkes. Voyez PEPINIERE.
PLANTS D'ORNEMENT. Voyez BERcEaAux, Paris.
SADES,
Prants EnRaciNés. On appelle en général de ce
nom, toute efpéce de plant qui a des racives , foit
qu'il provienne d’éclats de fouche ou de femence ,
On prend toujours les plants en racines » AUX pieds
des coignafliers , ou des poinmiers de paradis : on les
Tome II,
240 PEL A
enleve de la même maniere que les fauvageons que
l'on veut planter, & on doit les placer dans un ter-
reir , où ils puiflent pafler plufieurs années, jufqu’à
ce qu'ils foient en érat d'être tranfplantés , pour être
grefrés.
PLATRE, pierre foffile de couleur grisatre, & d'un
grand ufage dans les bâtimens. On emploie ordinaire-
ment le plätre calciné au four mis en poudre avec une
datte, & délayé avec la chaux : il ferr à lier les pierres ,
enduire les murs , les plafonds & les cheminées. La
cuiffon eneft bien faire quand ila une certaine graifle
qui Le cole aux doigrs : le meilleur eft celui quielt em-
ployé au fortir du four : on ne doit pas le garder dans
les lieux humides nitrop aërés, car il perd fa force. On
ne doit pas l'employer pendant qu'il géle. Le plâtre mis
dans l'eau fait prife fur le champ ; ainf onne peut le 9a-
cher qu'une fois, & on ne doit le faire qu'a mefure
qu’on le veut employer.
Le plâtre n’eft excellent que pour les plafonds & les
enduits ou murs qui font à couvert de la pluie & de
l'humidité. Dans les endroits où ileft fort commun,
comme à Paris , on l'emploie indifféremment par tout,
mais ceft une fauffe œconomie ; cat il eft conftant
qu'il ne vautrien pour faire le mortier des gros murs ;.
fur-tout ceux des fondemens ; parce qu'étant mis entre
des pierres pofées les unes fur les autres, dont les plus
élevées comprimenravec tout le poids des groffes foli-
ves celles de deffous, les obligent de fe rapprocher ; il fe
pulvérife dans fes parties, ja liaifon fe détruit, & les
murs s'affaiflent ; c'eft ce qui fair que bien des maifons
durent fi peu, au lieu que le mortier de chaux n'a pas
cet inconvénient.
Le plâtre cuit fe vendau muid, quicontient trente.fix
facs, & deux boiffeaux à chaque fat : on le compte en-
core à la voie, quieft de douze facs, enforte que trois
voies font le muid : il faut un muid pour trois coifes de
mur de quinze à feize pouces d'épaiffeur.
Le muid de plâtre coûte depuis 7 livy 10of. jufqu'à 9
Liv. : aux environs de Patisil vaut ioa11 liv, | |
PLATTEBANDES. Piéces qui entourent le parterre
d'un jardin : dans celle-ci on met des fleurs & des
P L A 241
petits arbriffeaux ; on doit labourer l'endroit deftiné
pour les plattebandes , y méler du terreau avec de la bon-
ne terre. On leur donne ordinairement quatre pieds de
largeur, on les drefle en dos-d äne : elles font bordées
d'un cordon de buis ou des fleurs: dans les plattebandes
des potagers on met des plantes à {alades, en d'autres on
met des arbres en buiflon.
PLAIES., Maniere de panfer les plaies. 1°. On doi
faigner le malade pour prévenir la fiévre, l'inflamma-
cion , la douleur & le dépôt.
Si la plaie n’eft que fuperficielle , on doit d’abord en
réjoindre des lévres, & on y applique une emplâtre
agglutinative , telle que celle de la gomme élemi ,
ou autre ; on bandera la plaie le plus légerement qu'on
pourra.
Si elle eft trop profonde, on y fera quelques points de
fature, pour empêcher que l'air ne touche l’os.
S'il y a à la plaie d'éperdition de fubftance, mais
à la fuperficie feulement , on doit commencer par la
faire fappurer par les onguents digeftifs , lefquels ré-
pareront la perte des chairs ; puis on la panfera avec
les emplatres agglutinatives : mais fi outre la déper-
dition de la fubftance , la plaie eft profonde ; s’il ya
beaucoup de chairs emportées , on doit d’abord tâcher
de les confumer en les touchant légerement avec la
pierre infernale , ou l'onguert brun compofé d'alun
brülé , & de précipité rouge en poudre , avec un peu de
bañlicum.
À l'égard des plaies qui viennent des coups de feu, &
que l'on connoît en ce que la partie bleflée eft meurtrie,
rouge , enflammée, lorfqu’elles font profondes , & avec
perte de fubftance, on ne peut fe difpenfer d'y faire des
incifions , foit pour ôter les corps étrangers, foit pour
changer la figure de la plaie, s’il le faut ; on doit en-
faite arrêrer le fang avec l’eau d’alun , avant de panfer la
plaie avec les onguens & les digeftifs. Le panfement
doit être fait quatre fois dans les vingt-quatre heures,
fur-tout en été.
Si la plaie pénétre dans le ventre, on fera boire au
malade un verre d'infufñon des herbes vulnéraires de
quatre en quatre heures, o
2
242 PL A
22, Le Chirurgien, après avoir lavé la plaie avec
uelque infufion à cet efter, doit mettre du charpà fur
le fond de la finuofité , & des compreffes par-deflus trem-
pées dans la même infufon : il doit foutenir les com-
prefles par une bande , dont les contours commence-
ront au-deffous du finus , & finiront au-deflus de l'en-
trée de la plaie, Que fi le finus ne tarit pas, on eft obli-
gé de faire une ouverture qui s'étend jufques dans le fond
du fac, ou bien s’il n’eft pas trop long , ouque l’on rif-
quât de couper quelque vaifleau , on fe contente d’une
contre-ouverture au fond du fac pour donner iflue a la
matiere.
3°, Sila plaie, qui peut être dans le ventre, eft fans
_épanchement de pus, on doit bien prendre garde s'iln’y
a point de fac. Les fignes qui découvrent le dépôt font
l'augmentation de la fiévre , l'inflammation , la douleur ,
Je battement que fenc le bleflé à la partie; & s'il s'en eft
formé, on en fera l'ouverture à l'inftant, & à l'endroit
du dépôt que la matiere indique.
4°. Pour les mufcles coupés cranfverfalement dans leur
artie chatnue : on a recours aux bandages & à des em-
plâtres agglutinatives, pour tenir la partie dans une fi-
tuation favorable.
5°. Pour les bleffures où les os font fracaflés, on
£e fert des moyens ufités à cet effer dans la Chirurgie,
pour faire forur les os brifés , & établir la fuppura-
tion.
6°. À l'égard des plaies de la tête, elles demandent
des attentions particulieres pour favoir lorfqu’il en faut
venir au trépan , ou s'en difpenfer. Foyez TREPAN.
Prates des jambes. Il faut obferver dans la gué-
rifon d'une plaie de jambe, 1%. De la panfer au
plus de trois en trois jours, pour donner le tems
au médicament d'agir, 2°. empêcher que l'air n'a-
gifle fur la plaie, lorfqu'on la veut panfer , mais
appliquer promptement l'appareil. 3°. La panfer dou-
cement , ceftà-dire, ne point trop {errer les ban-
dages , s'abftenir des rentes & des dilatans , qui, en
touchant les nerfs, y caufent une douleur excefhve ,
& compriment les vaifleaux ; mais fila plaie eft pro-
fonde , avec déperdirion de fubftance , on doit rem-
PL A 243
plir ke vuide par les fimples plumaceaux de charpie
bien fine , les appliquer légerement après les avoir
trempés dans le médicament convenable à la qualité
de la plaie: on doit auffi s’abftenir des injections ,
car elles augmentent la folurion de la continuité , &
engendrent des chairs baveufes, & de l'ufage des
vins aromatiques & des fomentations : elles ne font
que prolonger les cures: mais il y a des exceptions
à ces régles, comme dans les plaies de la poitrine,
& en d'autres, qu'il faut vifiter fouvent , & quatre
fois dans les vingt-quatre heures, fur-tout dans les
faifons chaudes, & lorfque les fuppurations font abon-
dañtes.
Remede pour les plaies des jambes, Broyez en forme
d'onguent , demi livre de vieux lard , avec une poignée
de feuilles de petite fauge hachées menu , & appliquez-
en fur le mal. |
Ou prenez poix raifine , cire neuve , de chacune
deux onces: faires les fondre enfemble , puis ajoutez-
y-quatre onces de beurre frais, mêlez le tout, & re-
muez jufqu’à confiftance d’onguent ; alors mettez-en
fur la toile fans charpie dans la plaie, & changez
d'onguent chaque fois que vous panferez le mal:ce
remede eft capable de guérir des jambes trouées juf-
qu'aux os.
Le baume de Samaritain, & celui d'Arcœus , con-
viennent à une très grande partie de plaies.
La térébenthine feule , eft un baume fimple, très<
convenable pour la guérifon des plaies.
PLAIE au vifage, ou autre partie charnue, Lavez-le
au plutôt avec du bon vin chaud ; approchez les bords
l'un contre l’autre ; bandez-les avec du ruban de fil d'un
pouce de large ; ferrez les adroitement, afin qu'ils
puiflent fe coler l’un 2 l'autre, & on n’aura pas befoin
de couture,
PLa1e dela têce, Appliquez y une emplâtre de betoi<
ne , dans laquelle vous mélerez de la gomme élémi : certe
emplâtre fe fait ainf :
Prenez fucs de betoine , de plantain & d’ache ;
de chaque une livre , & une poignée de chacune de
ces trois herbes vertes pilées ; ajoutez cire jaune
2
>
244 P L A
réfine , poix noire & rérébenthine ; de chacune des
mi livre; faites cuire la cire, la réfine & la poix noïre ,
avec les fucs & les herbes pilées , dans une grande baffi+
ne, remuez toujours jufqu'a la confommarion , nonen-
ciere des fucs, de peur que l'emplâtre ne fe brüle ; puis
exprimez le tout chaudement fous la preffe ; ajoutez à
la colature la térébenthine , à laquelle vous donnerez un
ou deux bouillons; puis formez-en divers petits mor-
ceaux pour le befoin, c’eft-2-dire, pour routes les plaies
& ulceres de la têre.
PLate à la poitrine. Appliquez deffus une emplä-
tre, dite d'André de la Croix ; on la fait ainfi ;
prenez douze onces de réfine de pin : quatre onces
de gomme élemi ; deux onces de térébenthine , &
autant d'huile de laurier; brifez la réfine & la gom-
me élemi; faites -les fondre enfemble fur un petit
feu ; ajoutez - y la térébenthine & l'huile de laurier ;
& le tout étant bien incorporé ; paflez-le par une
toile, & laiflez refroidir Lemplâtre ; mertez-le enfuire
dans un pot verniflé: lorfqu'on veut s'en fervir, on
l'étend fur du cuir, # on fait un emplâtre qui cou-
vre, non - feulement la plaie, mais quatre ou cinq
doigts aux environs, lui faifant une ouverture au mi-
lieu pour donner paflage aux matieres étrangeres, On
doit panfer le bleffé une fois le jour en hiver , & deux
en été.
Un topique des plus efficaces dans la curation d'un
grand nombre de plaies, eft l'emplätre appellé de Nu-
remberg. L'ufage eft d'autant plus commun , qu'il eft
très-facile à pratiquer.
On peut encore guérir les plaies pat le fucement .
mais certe opération ne convient que dans les plaies
qui tendent de bas en haut , qui percent dans les
parties charnues, fans qu'il y aitaucun vaifleau con-
fidérable d'offenfé, & qui font encore récentes; ainfi
elle ne convient point dans les.plaies qui tendent
de haut en bas, particuliérement à celle du bas ven-
tre.
2°, Elle eft inutile quand le fang eft épanché dans
les capacités; on ne doit pas aufh la tenter, lorf.…
»
PL A 24$
qu'il y a ouverture de quelque vaiffeau confidérable
dans la capacité , ou quand le coup perce quelqu'un
-des inteftins.
Après que le fang extravafé a été fucé & tiré,
mais parfaitement, on doit rapprocher les bords de
la plaie avec une emplâtre agglutinative , pour en ten-
ter la réunion, & lorfque l'opération eft faite avec
adrefle & à propos , la plaie peut fe guérir en vingt-
quatre , ou deux fais vingt-quatre heures : mais cette
opération deviendroit pernicieufe , s’il reftoit du fan
épanché , parce que ne pouvant plus couler, il Ë
changeroit en pus , & formeroit un abcès : ainfi le plus
sûr eit de faire faire le fucement en préfence d’un Chi-
rurgien habile.
PLaies vieilles. Remedes. Faites fondre fix onces de
fuif ; jettez.y en remuant fix onces de poix de Bourgo-
-gne coupée en morceaux , & étant bien incorporés , met-
tez y fix onces de cire neuve jaune en petits morceaux,
& remuant toujours,
Le tout étant fondu, mettez y petit à petit, huit on-
ces de feuilles de mille-feuilles hachées; faites cuire le
tout fur un petit feu , & remuez toujours : quand les
herbes feront bien cuites, paflez le tour chaudement au
travers d’une toile forte ,en preffant fortement , & con-
fervez cet onguent, qui eft excellent pour les plaies,
tant vicilles que nouvelles.
Ou appliquez du feneçon pilé avec vieux oing : ou la-
vez les plaies fales avec la décoétion des têtes de petits
poiffons falés, ou avec de l'eau-de-vie.
Pour l'hémorragie d’une plaie, appliquez un mor-
ceaugde vitriol ou d'alun contre la plaie ; ou du fuc
de pariétaire avec le marc , & le jus de l'herbe
pilée ; ou des feuilles de pimprenelle de jardin pi-
fées crues ; ou de la poudre de fympathie. Veyez
Poupre.
Pour l'infammation d’une plaie, mettez dans un plat
de l'huile d'olive ; jettez-y de l'eau fraîche de puits ;
battez - les enfemble fortement pendant un quart
d'heure , puis jettez l’eau ; & oignez la plaie avec
cette huile ; .ou appliquez y avec des linges de l’enguent
+ofat
Q 4
146 À P L A
PLarEs des chevaux, 19. on doit toujours tondre
le poil ras , environ deux doigts en large autour
de la bleffure, & tenir la place bien propre, afin
que le cuir s'étende , & puifle fe rejoindre facile-
ment.
Les plaies fimples faites avec la felle ou autre-’
ment, & qui ne font point profondes, fe guériflent
en les retroyant avec de l'urine ou de vin chaud ,
puis le poudrer avec de la filafle coupée menue: fi
le plaie eft un peu grande , l'urine vaut encore mieux :
fi la chair furmonte , la couperofe blanche en poudre
la refferrera : fi la felle a fait une dureté ou cos ,
Jaiflez tomber deffus du fuif de chandelle allumée ,
il fera détacher le cors, puis lavez: la plaie avec
du vin chaud ou de l'urine, graiflez-la avec du vieux
beurre & de la poudre de filaffe , elle fe cicatrifera
bientor.
Si la plaie eft grande & profonde, enforte qu'il y faille
unetente, comme il arrive aux plaies de la cuifle & du
garrot, le lard falé y eft fort bon.
Si la gangrene eft à une plaie , ce que l’on connoît par
la ceffation de la douleur , par la couleur livide de la par-
tie , & une odeur cadavéreufe; on doit avant qu’elle
foit dans fa confommation, fcarifier la plaie jufqu’au
vif; la laver avec de l’eau falée ; imbiber des pluma-
ceaux avec de l'eau de chaux la plus forte, & en mettre
fur la plaie deux fois par jour.
PLaie fur le garrot Elle fe fait lorfqu'il s’eft meur=
tri par une felle , qui a les arçons trop entr’ouverts :
app liquez deffus du bol en poudre, vinaigre & blanc
d'œuf. Si la plaie eft grande avec inflammatio®, on
doit faigner le cheval , frotter le mal avec un on-
guent émollient , le bafliner avec de l'eau de
chaux : fi elle n’a pas fair effect, fe fervir de l’on-
guent du Duc: couvrir le mal avec une peau d'agneau
habillée en poil. Pout deffécher la plaie , & telle
autre que ce foit , prenez du tartre blanc, qui eft
de la lie de vin féchée qui s'attache au-dedans du ton-
neau. Faites brüler de ce tartre dansun pot de terre
entouré de charbon, jufqu’à ce que le pot rougiffe :
PL A PLE 247
Jaiflez-le refroidir , pilez cette maffe & fervez-vous de
cette poudre dant vous répandrez fur la plaie.
PLa1e fur le rognon. Appliquez-y d’abord du fu-
mier , c'eft à dire , du crouin le plus chaud & enve-
loppé dans une toile. S’il ne fait pas d’effet, appliquez-y
des blancs d'œufs battus, & épaiflis avec un morceau
d'alua : fi l’enflure veut venir à fa fuppuration , faites
un égout à la plaie par uneincifion , ou percez la tu-
meur avec le fer rouge ; feringuez les trous avec
l'eau d’arquebufade : ôtez la chair morte , efluyez le
fang : appliquez fur la plaie des cendres bien chaudes,
le lendemain la lever avec du vin chaud ou de la
Jefive.
PLates des coups de feu , comme fufil & piftolet 3
on doit d'abord fonder la plaie avec une longue fonde ,
y faire des injections plufieurs fois le jour avec ds
l'eau d’arquebufade , & on en fair boire au cheval un
demi-feptier tous les jours.
PLaies ou boulet, Ces fortes de plaies fe font lorf-
qu'un cheval vient à tomber , & comme le boulec eft
plein de nerfs , la plaie eft douloureufe & de confé-
quence. Si le cheval boite , on doit le faigner pour
faire révulfion ; ne lui donner que du fon mouillé 2
frotter le boulet avec de l'efprit de vin ; appliquer
fur la plaie un plumaceau de filaffe , & autour du
boulet un cataplafme fait avec une livre de farine de
lin délayée avec chopine de vin rouge, & réduite fur
Je feu en bouillie , ajoutez-y alors quatre onces de
beurre frais , lorfque la bouillie eft épaiflie, on y met
deux onces du bol du levant en poudre : le tout étant
bien lié , on l’ôte du feu, on y ajoute fix onces de
térébentine : on continue de remuer le tout un demi
quart-d'heure.
PLEURESIE. Isflammation de la membrane aps
pellée pleure , qui eft attachée aux côtes. Woyez PE-
RIPNEUMONIE.
Faufle pleuréfie, C’eft une maladie produite par une fé-
rofité âcre qui fe répand fur les mufcles intercoftaux. On
lai donne ce nom parce qu'elle fait fentir au malade une
douleur aigue au côté comme dans la véritable Pleuré-
fe, quoiqu'elle attaque des parties différentes, Dans la
248 | PLE:.
faufle pleuréfie , les crachats reftent dans leur état nz*
turel ; cependant on doit 1°. faire plufeurs faignées
comme dans Îa péripneumonie , jufqu'à ce que la
douleur de côté foit diminuée , & donner au malade
de quatre en quatre heures une prife d’opiate diapho-
rétique ; 2°, donner une ptifanne faite avec la racine
de berdane, de chiendent & de réglifle ; 3°. des la-
vemes d'une décoétion de deux gros de féné , avec
Îes feuilles de pariétaire & de mercuriale ; on y délayera
deux onces de miel mercurial ; 4°, appliquer des ca-
taplafmes réfoluifs tels que les blancs d'œufs dont on
a parlé ci-deflus : ils font efficaces dans cette maladie,
parce qu’ils font réfoudre l'humeur répandue dans les
parties les plus proches de la peau; 4°. employer les
fudorifique après les faignées ; 6°, les purgatifs , mais
après que le malade a fufifamment fué.
7°. Sila douleur de côté eft rebelle aux remedes ci-
deffus, appliquer une emplâtre véficatoire, & après ce
fecours , appliquer des feuilles de poirée avec du beur-
ze frais.
Remedes pour la véritable pleuréfie. jUfez du ca-
taplafme fuivant , contre la douleur de côté : prenez
du poivre long & du gingembre pulvérifé , de chacun
une demi - once ; mélez ces deux poudres avec une
fufhfante quantité de blancs d'œufs , & faires-en un
cataplafme ; appliquez- le tout chaud fur le côté où
eft la douleur : on peut réitérer ce remede s'il en eft
beloin.
Ou bien , appliquez fur le côté douloureux un pi-
geonncau vivant fendu par le dos , & l’y laiflez quinze
heures & plus jufqu’à ce que l’odeur en foit infuppor-
table au malade, le maintenant avec une comprefle &
un linge autour du corps.
Autre Remede. Prenez des crottes de cheval entier :
incorporez-les avec de l'urine , & appliquez le tout
chaudement fur le côié douloureux. Ep4. d'All.
Autre. Faites prendre au malade fix onces de jus de
bourache ou de buglofe , ou de cerfeuil , où de ra-
cines de fcorfonere ; & appliquez enfuite le cata-
plafme fuivanc , fur le côté douloureux. Prenez fix
æ LE 243
blancs d'œufs : battez-les ; écendez-les fur des étou-
pes : mettez {ur les étoupes une demi-once de poivre
noir , autant de gingembre en poudre ; appliquez le
cataplafme pour faire fuer le malade : entretenez la
fueur pendant environ fept heures ; Ôôrez enfuite le
- caraplafme ; lavez le côté avec de l'eau-de-vie tiéde :
changez de linge le malade & faites - lui prendre un
bouillon : s'il ne fue pas facilement , donnez une autre
prife du fudorifique, Voyez PERIPNEUMONIE.
On peut encore mettre en ufage les remedes fui.
vans. 1°. Après les faignées convenables, prenez une
poignée de feuilles de bourrache , de buglofe , & de
chicorrée fauvage : lavez ces herbes ; coupez - les un
peu, faites les bouillir dans trois chopines d’eau que
vous réduirez à une pinte ; pallez la liqueur par un
linge avec une leoere exprefion : mertez-y une once
de fyrop de violette ou de guimauve. Cet apozème
faiwréloudre les humeurs gluantes qui font dans le
poumon.
Autre Remede, Prenez de l'ortie grieche la plus
fraîche , deux ou trois poignées : pilez-la légerement,
& la faites bouillir avec deux onces de bonne huile
d'olive , & un verre de vin, à la ‘réduction d'un bon
gobelet. Paflez le tout avec expreflion , & faites-en
prendre le jus au malade , que vous tiendrez bien cou-
vert pour ménager la fueur , & ayez foin d'appliquer
le marc en cataplafme fur le côté douloureux le plus
chaudement qu'il fera poffible : on a approuvé que
cette potion évoit un des meilleurs remedes que l'on
puifle employer.
PLIE. Poifflon de riviere, petit, plat & large , &
rufé de fa nature : on ne peut le pêcher que dans un tems
calme. On ne le trouve que dans les rivières que l’on
peut pafler à gué : on fe met dans l'eau ou à pieds nuds,
ou avec des bottes ; on marche dans les endroits ou il
y a du fable, On y imprime ‘fortement les pieds l'on
revient quelques momens après, & on trouveles en-
foncemens qu'on 2 fait dans le fable remplis de Plies,
que l'on prend à la main.
Celles de la Loire font les plus eftimées. Manière
de les accommoder, Vuidez-les , layez-les bien ; cou-
230 PO
pez - leur le bout de la rête & la queue : mettez [es
dans une caflerole avec du vin blanc, champignons,
morilles, truffes, perfl, ciboule , beurre pétri avec fa-
rine ; remuez vos.plies doucement : étant cuites , mettez
faufle par deflus.
PLOMB. Métal pliant, luifant , fort lourd & fort
froid. 11 naît dans des mines d'Angleterre & de Fran-
ce, d'ou on le tire en forme de pierre appellée mine
de plomb. On le fait fondre dans un fourneau , &
étant fondu , on le jette en moules , on appelle fau-
mons les lingots qu'on apporte. On purifie le Plomb
en le faifant fondre dans un creufer , & y jettant
après qu'il eft fondu un peu de fel ammoniac , en
remuant jufqu'a ce que le fel foit évaporé , puis on
jette les ordures qui font deffus. On en tire un fel qui
a de grandes qualités , car fix grains pris dans un
verre de vin blanc guériflent en vingr quatre heures
de la pefte , fi l’on en veut croire M. Chomel en #fon
Di&. Œconom.
Le plomb eft d'une grande utilité dans la conftru&tion
des maifons, fur tout de la campagne, pour les goue
tieres, pour les lucarnes, les réfervoirs , les tuyaux.
Le plomb laminé eft plus eftimé que celui en fufñon
des plombiers , & il ne revient pas fi cher que ce der-
nier. Prenons un exemple : le plomb laminé d’une li-
gne & demi d'épaifleur propre aux goutieres & chaï-
neaux , pefe huit livres & un quart le pied quarré ; à
6 fols la livre, cela fait 2. liv. 9. f. 6. den. ajoutez 6.
den, par livre pour la pofe du Maître Plombier , c’eft
4. fols 1. denier; ces deux fommes font 2. livres 13 fols
7. deniers.
Le plomb en fufon, propre à ces mêmes ufages , pefe
treize à quatorze livres le pied quarré : en le fuppofant
de treize livres, à 6. {. la livre’, c'eft 3. liv. 18 f. pat
conféquent l'épargne par pied de plomb pour le particu-
lier eft 1 liv. 4. ç den:
D'ailleurs on peut par un calcul en fe fervant du
plomb laminé , connoître au jufte la dépenfe d’un
ouvrage qu’on veut faire , & par le toifé ce qu'il y
entre de matiere : or cela n’eft pas poflble avec le
plomb fondu, à caufe de l'inégalité de fon épaiffeur.
PEU 25%
PLUMES. Celles qui fervenc à faire des lits de plu-
mes viennent des oies : elles re font autre chofe que
le duvet, ou les petites plumes fines qu’on leur arrache
fous le ventre , le cou & le deffous des aïîles. Les
plumes qui fervent à écrire fonc celles qu’on leur ar-
rache des aïîless On doit avant de s’en fervir pafler
légerement les tuyaux fous la cendre chaude pour en
faire difliper la graifle : les plumes les plus eftimées
pour le duvet font celles des Cignes. À l'égard des
plumes à écrire , celle de Hollande font regardées com-
me les meilleures.
PLUVIER. ( le) Oifeau de paflage , qui a le bec
noir, rond & n'a que trois doigts au pied : il y en a
de cendrés , de verds & de rouges : ceux-ci font les
meilleurs : ces oifeaux vont par bandes , ils ont le
corps à peu-près comme un pigcon , on les voit pa-
roître à la fin de Septembre fur les bords de la mer
ou des rivieres & desérangs ; ils s’en retournent à la fin
d'Avril. La chair du pluvier eft d'un goût exquis, &
délicate.
Maniere de les prendre. Le tems le plus favorable
pour les prendre facilement , c'eft dans le mois d'Oc-
tobre & Mars, & par les pluies douces ; les vents de
bife & de mer font les meilleurs pour cette chafle. En
général ils font plus faciles à prendre quand ils font
feuls , que lorfqu'ils font avec d'autres oïfeaux, mais
ils vont ordinairement par grandes bandes. Quandil
fait froid ils cherchent les pays près de la mer , &
uand le rems s’adoucit, ils cherchent les pays hauts.
Lorfqu'ils defcendent , leur vol eft au vent de mer, &
lorfqu'ils montent au vent de bife.
Maniere de chafler aux pluviers avec le fufl. On
doit être deux ou trois de compagnie , partir à la pointe
du jour , faire porter avec foi plufieurs entes de plu-
viers avec deux vanneaux vivans , enfermés dans une
efpéce de cage.
Ces entes font des peaux d'oifeaux remplie de paille
ou de foin , aufquelles on fiche un piquet par deffous
le ventre pour les faire tenir à terre comme s'ils étoient
fur leurs pieds afin d’artirer les pluviers. On a auffi deux
verges de meute (ce font de petites baguettes longues
262 PEU
de deux pieds & demi, ayant au gros bout d'en bas
un petit piquet long de quatre à cinq pouces, atraché
avec une ficelle affez proche du corps de la verge ; ) on
Va dans un endroit choifi où fe trouvent des compa-
gnies de Pluviers ; on prend garde de quel côté vient
le vent, parce que ces oifeaux volent toujouïs le vent
aunez. On choifit un buiflon pour fervir de loge &
éloigné au plus de fept à huit toifes de l'endroit où
l'on veut tendre ; mais s'il n’y en a point, onenfait
une de branche d'arbre : on plante en terre les entes
à deux ou trois pieds l’un de l’autre : on pique en terre
les verges de meute à quatre ou cinq pied de diftance,
y ayant attaché un vanneau vivant au bout de cha-
cune , & une ficelle laquelle conduit à la loge des Chaf-
feurs dès que l’un d’eux entend le cri de ces oifeaux
ou qu'il les apperçoit , il donne du fifflet à pluviers ;
un autre tire les ficelles pour faire voltiger les van-
paux ; les pluviers s’abbaiflent, & lorfqu'ils font ra-
mañflés les Chatleurs tirenc deffus , & un autre tire fur
ceux qui s'envolent.
Les pluviers font d’unc chair legere & d’un goût
exquis , ils excitent l'appétit & purifient le fang : on
les accommode comme les becafles, excepté qu'il faut
les vuider ; on les pique de menu lard , fi on les mange
xÔtis.
PLUIE. ( préfage de la) Lorfque le foleil en fe
levant eft couvert d’un nuage ; s’il eft rouge ou d’autres
couleurs ; s'il fe montre dans une nuée noire; s'il fe
couche avec de grands rayons tournés vers la terre ou
caché dans une nuée jaune. 2°, Lorfque l'air eft plus
chaud que la faifon ne le permet , ou que des nuées
blanches vont du côté de l'Orient ; 3°. on peut en-
core préfager la pluie par la fituation où le corps fe
trouve : ainfi les douleufs des cors des pieds , &
autres maux dont le corps eft atteint , les lafitudes,
les affoupiflemens peuvent être une marque de pluie ;
4%. lorfque les Hirondelles volrigent le long des ma-
rais & des Ctangs plus bas qu'a l'ordinaire ; que les
grenouilles font beaucoup de bruit ; que les corbeaux
vont par bandes ; que les poules en gratrant fe cou-
vrent de terre, Woyez Tems,
POC POI 253
POCHES. Ce font des filets en forme de facs, donc
Îles mailles font à lozange % larges de deux pouces pour
prendre les lapins. Voyez PERDRIX.
POIDS. On appelle ainfi un corps folide qui fert
à connoître la quantité des marchaudifes. L’once eft
la melure commune 2 laquelle on rapporte toutes les
autres.
En France il y a deux fortes de poids pour pefer
toutes fortes de marchandifes qui fe vendent au poids :
Fun qu'on appelle poids de marc , & qui fe fait avec
des balances ; & l’autre poids à la romaine , autre-
ment au pefon ou crochet, qui eftune verge de fer,
plus ou moins longue , marquée de divers nombres ,
& le long de laquelle on fait courir le poids d'une ou
plufeurs livres.
Le poids de marc eft compofé de la livre , laquelle
eft de deux marcs , du marc qui eft de 8 onces ; de
Fonce qui eft de 8 gros ; du gros qui vaut trois de-
niers : du denier, qui eft de 24 grains & du grain qut
pefe un grain de bled.
POIGNÉE (ia) ou manipule , eft une forte de
mefure fouvent prefcrite dans la préparation des re-
medes , & qui s’employe pour les ingrédiens folides :
C'eft tout ce qu’on peut prendre à la fois avec la main.
Ées feuilles vertes fe préfcrivent par poignées.
POINT de côté , { ou douleur de) Prenez deux
poignées de feuilles avec les racines de violier de Mars,
& une pinte de vin blanc : pilez le tout enfemble ,
après avoir netroyé les feuilles & lavé les racines de
violier : paflez le tout par un linge , & avalez un demi-
verre de ce jus : réitérez plufeurs fois , fi la douleur
continue.
Avalez dans un demi- verre de vin blanc , le jus.
d’une poignée de cerfeuil , & tenez-vous #bien cou-
vert : & appliquez fur le côté un cataplafme de poi-
reaux fricaflés avec du fel & un peu de vinaigre , le
plus chau® ment que vous le pourrez. Woyez PLEu-
RESIE.
POINT D'HONNEUR. Différends fur le poine
d'honneur entre Gentilshomme (les) fe jugent par
Meffieurs les Maréchaux de France : ils ont un Lieu-
254 HOT
tenant en chaque Bailliage & Sénéchauffée ; ce Lieute-
ant consoit & juge de tous les différens qui furvienn'ent
entre les Genrilshommes , ou autres , faifant profef-
fion des armes à caufe des chafles , des droits honorifi-
ques des Eolifes , ou autres querelles mélées avec le
Point d'Honneur. Il doit pourvoir fur le champ , aux
différens qui naiffent dans la Province, & en donner
avis à Meffieurs les Maréchaux de France : lor{qu'il ya
eu des paroles piquantes , ou autres caufes qui tou-
chent l'honneur , il leur envoie aufli-tôt des défenfes
de fe rien demander par des voies de fait, &’les fait
affigner pardevant lui, & s'il prévoir les voies de fait,
il leur envoie un garde de la Connétablie , pour fe te-
nir auprès d'eux, à leurs dépens , ju{qu'à ce qu'ils fe
foient rendus par - devant lui : celui qui a perdu au
jeu fur fa parole , eft condamné dans cette forte
de Juridiétion & non ailleurs , à payer celui qui a
gagné.
POIRÉE , boifon afflez femblabie au cidre. On le
fait avec des poires & de la même maniere que le ci-
dre, c'eft-2-dire, en tirant le fuc des poires par expref-
fion , plus les poires font douces & müres , plus le poi-
ré eft délicat.
POIREAU. Plante potagere , dont la racine eft
compofée de plufeurs feuilles blanches collées l'une
contre l’autre , qui en fortant de terre deviennent
vertes. Au-deffus de la tige eft un bouquet de fieurs
blanches, virant fur le purpurin. On le cultive beau-
coup dans les jardins : on le feme à la fin de Fhi-
ver dans les planches préparées : on les arrache dans
le mois de Juiu , & on les replante dans d'autres
planches , dans des trous profonds de quatre pouces ,
& efpacés de demi - pied ; en rognant un peu de
leurs racines : ou les ferfouit de rems en tems , &
on les | 2 en tems fec. Le poireau eft chaud &
apéritif ; il eft bon contre la morfure du ferpenc &
la brülure , la douleur des hémorroïdes : {a femence
& fa racine , concaflées & infuftes dans du vin blanc,
guériffent de la rétention d'urine , & chaffentle fable
des reins.
POIRÉE.
POI 2$$
POIRÉE , où Berre, herbe potagere.: Ses feuilles
ont grandes, luifantes , blanchâtres ; on les met au
pot, & les, côtes , qui s'appellent cardes, lorfqu'elles
font devenues grandes , & quon les a confervées
pour cela , fe mettent en ragoût : on doit en femer
la graine au mois de Mars en plein champ , où fur
couche 3 & dès qu'elle a pouilé quelques feuilles ,
on la replante fur plaoche ; on l'arrofe “& on la
farcle : on peut recouper, le plant fort fouvenr pen-
dant, l'Eté. car il repoufle aifément ; f on veut er
fémer dès le mois de Février » On choifir Les plus
blondes : 2 l'égard des cardes, lctfqu'on veut en
avoir , on les replante en terre préparée dans le mois
d'Avril ou Mai, à la difiaoce d'un pied & demi :
on doit les farcler , les arrofer , les couvrir pendant
l'hiver de grand fumier fec , & les découvrir au mois
d'Avril, & on continue de les foigner jufqu’au mois
de Mai, qu’on peut en manger,
La poirée eft chaude & abiterfive : bonne à ceux qui
font incommodés de la rate 5 fon jus eft fingulier donné
en lavement.
POIRES. (les) Sont le fuit du Poirier. Le nom-
bre des différentes efpéces de poires, eft prefque inf-
ni. Nous nous contenterons de rapporter ici les plus
connues , avec les propriétés qui les diftinguentles nes
des autres. |
1%. Les poires d'Eté : (ont le petit mufcat, qui eft
une poire petite , d'une odeur de mufe.
La Cuifle - Madame, Elle eft longue , menue , d'un
rouge gris ; elle a l'eau douce & fucrée.
La poire Mufcar à longue queue. La Blanquerte, rlus
longue queronde, la peau liffée , l'eau fucrée.
Le gros Blanquet , plus hätive que l’autre , d’un colo -
ris blanc , la queue groffe & courte.
Poire à la Reine, où Mufcat Robert , jaune, & am-
bré, d'un goût relevé,
La Bellifime reflemble à une groffe figue , mélée de
rouge & de jaune.
Gros Rouflelet , longue , rouge, beurrée, excel-
lente. sx
Tome II, R
256 POI
Petit Rouffelet , un peu roufle & grife , d'un goût plus
relevé que l’autre, & fe garde plus long-tems-
La poire de Caflolerte, ou le Friolet, petite , .lon=
ue, verdatre , fucrée & mufquée.
Bergamotte d'Eté, groffe, verte, beurrée , fucrée.
La poire de l'inconnu , où Fondante de Breft , rouge
& jaune, fucrée.
La poire Robine ; perice , ronde & plate, laqueue lon-
guetre , le coloris blanc, jaunätre.
Le Rouffeler hätf , longue , d'ün coloris roufsätre , ls
eau fine.
Le Born Chrétien d'Eté , orofle , jaune, lifée, lon-
gue , tendre. |
Le Bon Chrétien mufqué, affez groffe, rouge du
côté du foleil, blanche de l'autre : la peau liffée, la
chair caffante.
La poire d'orange eft de plufeurs efpéces ; la commu-
ne eft verdätre & petite, la royale eft belle ; groffe : la
mufquée eft plus plate, VEUt étre mangée plus verte
que mûre.
La poire de Salveati, aflez groffe , roûde & plate,
la queue menue ; elle eft jaune , mais rouge en Ôtant
les feuilles qui la cachent au foleil ; elle eft fort
bonne. |
La Verte-Longue, ou Mouille- Bouche , beurrée &
fondante.
Le Beurré rouge», groffe ; fongue , fort colorée,
fort fucrée & fondante. : .
Le Burré gris, elle n'eft pas f rouge, mais plus tar-
dive & plus fondante. BL ul: set
22. Les PoiRÉS D'AUTOMNE » font : |
Le Mefire - Jean, doté : fa chair eft caffante, fon
eau fucrée : elle n'eft pas fi fujetre à la pierre, que le
Meffre-Jean gris.
La Bergamotie d'Automne, grofle, liée, plate ,
la queue courte, jaune, €n mériffant , la chair fondan-
re , l'eau douce. .
La Bergamotte (oiffe , rayée de verd & de jaune.
La verte longue, beurtée & fondante.
La Verre longue fuifle, a les mêmes qualités : fon
fruic eft panaché,
: PIO 257
Le Sucré verd femble à la verte longue; Mais plus
courte , lachair beurrée , un peu pierreu£e.
Le Doyenhé, ou Beurré blanc , grofle comme le
Beurré gris, la peau unie, la queue grofle & courte,
jaunit én mûriflant ; fondante, devient âifément pateu-
fe ; on doit la cucillirun peu verte.
La poire Marquife, gxofle, verte, jaunit en mürif-
fant, la tête plate, le venrre gros, allongé vers là queue,
beurrée & fondante.
La Bergamote de Crefane, grofle & plate , d'un gris
verdâtre, jaune en müriflanc, beurrée , fucrée , vineufé,
8? excellence & rare.
La poire de Jaloufie , groffe , grisâtre , pointue vers
la queue ; des plus beurrées & des plus fucrées.
La poire de Satin ; prefque ronde , blanche, fatinée ,
fondante.
La Virgouleufe, groffe, longue , verte, jaune en
müriffant , la queue courte ; charnue , la peau liffe ;
d'un beurré extraordinäire. j
La poire Saint-Germain, groffe & longue , verte &
roufle , tiquetéeen müriflant, la queue courte, groffe ;
panchée : beutrée & fondante; on en mange jufqu'au
mois de Mars.
La poire d'Embrerte , ronde , d’un coloris verd &
gris , la queue droite & longuetre , la chair-fine , beur-
rée, l’eau fucrée & parfumée ; fe mange en Novembre
& Décembre. À mi
La poire d'Epine d'hiver ; elle eft prefque verre &
Jaune en mûriflant, des plus fondantes, On la mapge
dans le même terns. À
3%. Les Porres D'Hiver ; font :
Le Bon Chrétien d'hiver : elle eft fôrt grofle, incar-
pate du côté du foleil, jaune de l’autre ; fon eau
douce & fucrée ; excellente erûe , caffante : faic belle
figüre dans des defferts: on en fait auffi de bonnes com-
potes,
La poiré Colmar, élle a le ventre gros, s'allon-
gant vers la queué ; \qui eft courte & grofle , le
coloris d'un verd tiqueté ;: jaunit en müûrilant ; là
peau douce , la chair tendre, l'eau fucrée » une des
R 2
258 POI
plus excellentes poires d'hiver , mûres en Janvier, Éé=<
vrier & Mars. > TE EN à D ;
La poire de Bezi Chaumontel, refflemble'au beurré
gris ; fondante & fucrée.
La poire de Bezi, l'Echafferie, affez groffe, fembla-
ble à un citron ; d'un coloris verd & jaune tiquetée , la
queue longue; grofle, la chair beurrée , l’eau fucrée ,
parfumée. |
L’Angélique de Bordeaux , elle eft femblable au Bon-
Chrétien d'hiver, moins groffe & plus plate ; elle eft
douce & fucrée.
La Bergamotte de Pâques, verte, beurrée & fon-
dante. Le
La Bergamotte Bugi , groffe , prefque ronde , me=
nue vers la queue , fondante & beurrée.
La Bergamorte de Soullers, reffemble à la Berga-
motréd'autémine, mais point fi plate , elle eft rachetée
denoit, beurrée, & l’eau fucrée. |
La poire Royale d'hiver + afez. femblable au Bon-
Chrétien d'Eté ; jaune ;/& l'eau fucrée ; bonne en Jan-
vier, Février & Mars. res ds
Porrespour les compotes. Le Dagobert , qui eft
groffe , colorée, rouge d'un côté, d'un gris roufsâtre
de l'autre , mure en Janvier & Février. 3 |
Le Franc:Réal , groile ; prefque ronde , d'un jaune
tanné. fi 19 : : 224 à \usoi,.
Le Martin fec, plus longue que ronde , rouge du
côté du foleil*, rouffe de l’autre fa chair caffante, l'eau
fucrée , fujette àlapierrel 20ig 822 IH UTA 8 sur?
Le parfum d'hiver, où le Bouvard , mufquée, grof-
fe, ronde, d’un jaune coloré. * °° Goal .Ÿs
Le petit Mufcar d'automne ; petite fêche; muf-
uée. aus 1
à La poire de double ‘fleur 3: grofle ; plate, belle-à la
vue , colorée d’un côté, jaune desl'autre, Ja peau life,
Ja queue longue & droite.
ComroTE de poires d'Eté. Faites - les blanchir fur
le feu , puis rafraichiffez-les: pelez-les ;: piquez-les à
la tête ; coupez-les par quartier fi elles font grofes s
jettez,- les à mefure. dans l’eau ; merrez-les :dans du
Cucrerclarifié ; laiflez - les y fermir ; laiflez leur jet-
TT _
po] 26
terleur edu; & faites -les bouillir , jufqu'a ce qu’elles
n'écument plus: un quarteron de fucre fufhir pour une
{emblable compote,
Les poires d'hiver fe mettent en compote de la même
maniere. On doit les piquer jufqu'au cœur , & nelesre-
tirer du feu, que quand elles fonc molletes.
MarMELaABE de poires de Rouffelet. Faites deffé-
cher -vos poires fur ke feu : quand elles font bien
molletres | tirez-les ; mertez-les dans de l'eau fraiche ;
pelez-les ; prenez-en la chair; paflez-les au tamis ,
& faites cuire du fucre à la grande plume ; incor-
porez-le dans votre pâte, qu'il faut avoir bien def-
féchée ; faites feulement frémir le tout, & empo-
tez votre marmelade , après l'avoir poudrée de fu-
cre. Pour une livre de fruit il faut trois quarterons de
fucre.
MerHoOpe pour conferver long - tems les poires.
Comme les poires ne peuvent fe conferver long-
tems dans leur premier état de bonté, & qu'on ne
peut fouvent les garder d'une faifon à une aütre ; des
perfonnes induftrieufes & curieufes de conferver cette
belle produétion de nature, le plus long -tems qu'il
eft poffible , ont d’abord obfervé, que le moyen le
plus fimple étoit de les faire fécher au four , ou au fo-
deil.
En fecond lieu , ils veulent qu’on ufe pour cela,
de: certaines précautions dont ‘ils ont donné le détail.
Voici ce qu'il y a de plus effentiel à favoir fur leur
méthode.
Il faut cueillir avec leur parfaite mâturité, des poires
d'hiver , & particuliérement le Colmar & le Bezy , car
ce font les meilleures pour faire fécher. Dans les Pro-
vinces Seprentrionales dela France , cette récolte-fe doit
faire à la fin d'Oftobre, &.au mois de Novembre dans
Jes Méridiconales ; on.doit lés cueillir avec leurs queues
& par un beau our.
2°, Les faire à demi -cuire dans un chauderon d’eau
bouillante, jufqu’a ce qu'elles molliffent un peu , en-
fuite les mettre fur dés elaies! pour les faire égouter ,
puis les peler & leur laiffer la queue : 3. mefure qu’on
R ;
260 POT :
les peler, les mettie fur desplats La queue en haut : elles
y jecteront un fyrop qu'on mettra à part.
3°. Mettre ces poires ainfi pelées à la queueen haut
fur des claies dans un four , dont on vient de retirer le
paie, ou d’une chaleur à-peu-près femblable , les y laif-
fer l’efpace de dix à douze heures. Dans cer intervalle ,
mettre du fucre dens le fyrop que les poires ontren-
du, c’eft-à-dire, demi-livre par livre de fyrop & chopi-
ne d’eau de-vie, avec de la canelle & des clous de gi-
vofle, & laiffez infufer ce mélange dix à douze heures
fur les cendres chaudes.
42. Après avoir retiré les poires du four, les trem-
per dans ce fyrop , puis les remertre au four qui doit
être au même degré de chaleur, mais plutôt moïndre
que plus fort.
5°. Les retirer du four & les tremper de nouveau
dans le fytop pour leur donner une feconde couche de
vernis , & les remettre pour la troifiéme fois au four ,
lequel doit être d'une chaleur moindre que les au-
tres ; 8 les y laiffer jufqu'a ce qu'elles foient (ufifam=
ment féches; ce qu'on connoît lorfqu'elles ont une
couleur de café clair ; & que la chair en eft ferme &
sranfparentes. Enfin , lorfqu’elles font bien refroidies »
on doit les envelopper dans du papier blanc, &t les fer-
rer dans des boîtes de fapin bien propres : c’eft le moyen
de conferver très long-rems cette forte de fruit ; il aura
encore un goût plus parfait, fi on ne le mange que
quelques mois après cette préparation. Journ. Oecon,
Janv. 1758.
POIRIER cukivé dans les Jardins. Arbre de mé-
diocre groffeur : fes feuilles font vertes & blanchätres
à leur extrémité ; eiles fe terminent en pointe : fon
fruit ef charnu, plus gros par un bout, & menu du
côté de la queue, On les multiplie pat des pépinieres
par des plants enracinés de divers âges, ou de bou-
tures.
Ceux qu'on deftine à plein vent doivent être gref-
fés en fente fur fauvageons venus de fouche dans les
bois, & conune difent les Jardiniers, fur franc, car
ils appellent ainfi le fauvageon du poirier , parce qu'il
fait une tige vigoureufe ; çeux deftinés à faire des
POI 26£
buiffons ou des efpaliers doivent être greffés fur des
coignaffers qui ont de beaux jets & de grandes feuilles ,
parce qu'ils {e plaifent dans des terres fortes , & qu'ils
donnent promptement du fruit & en abondance.
Poirier champêtre. Woyez comment on le cultive à
l'article du pommier champêtre. ;
Pois. Sorte de légume fort connue : il y en a de plu-
feurs fortes qu'on peut réduire 4 trois. 1°. Les ronds,
verds au commencement , qu'on appelle hätifs , & qui
font blancs ou jaunârres en féchanr. 22. Les gros ou
quarrés de couleur variée. 3°. Les petits qui font blancs
& qu'on culrive dans les jardins.
Les pois hâtifs foic verds ou blancs , font ceux qui
paroïffencles premiers , & qui fe vendent fi cher. Ils
demandent du foin : on les feme au commencement
de Février , mais auparavant on les fait tremper qua-
tre heures dans l'eau , & on les laifle quatre autres
dans un lieu chaud pour qu'ils germent. On les feme
dans une expoftion au Midi, ou fur quelque ados
ou rayons {ur planches : on met quatre rangées à
chaque planche pour avoir la facilité de les biner &
d'y mettre des échalats , pour ramer ou appuyer les
rangées des pois. On doit laifler une planche entre
deux pour leur donger de l'air, & craince qu'ils ne
s'étouffent , on doit avoir attention de les arrofer tous
les mois d'Août.
Les pois derous les mois durent prefque toute l'an-
née : on doit les femer en quelque abri : leur culture eft
la même que pour les autres, mais on doit couper
promprement les cofles , &.n’en laiffer fécher aucune.
Les pois de la petite efpéce, comme blancs, verds,
bâufs, peuvent fe {emer en plein champ à la char-
tue dans une terre bien labourée. Il y a encore les
pois chiches qu'on cultive beaucoup dans les Provin-
ces méridionales de la France ; ils fe fement en Mars
ou en Ayril, Les pois en général demandent une terre
grafle & amandée; un bon fumier de mouton & de
vache : les petites pluies Jeur font un grand bien, le
froidieur eft mortel , illeur faut tou ours un grand fe-
lil; on doirles recueillir à mefure qu'ils müriffenr, \
KR 4
262 PIO
Maniere d’apprèter les petits pois. Prenez un litton &
demi de petits pois; lavez-les, mettez-les dans une caf-
ferole avec un morceau de beurre , un bouquetde perfil
& ciboule, une lairue pommée coupée en quatre : fai-
tes-les cuire dans leur jus a très petit feu ; quand ils font
cuits, & qu'il n’y a prefque plus-de faufle, mettez y
un peu de fucre, fort peu de fel, mettez-y après une
liaifon de deux jaunes d'œufs avec de la crême, & fai-
tes lier fur le feu.
Purée de pois fecs ou Normands. Lorfqu'ils font cuits
paflez-les dans une pafloire : fricaflez votre purée avec
du beurre, peifil, ciboule hachés , & aflaifonnés de
fel & de poivre.
On fe fercencore de cette purée pour mettre fous les
harengs en Carême.
POISON. On appelle poifon ou venin tout ce qui
ronge les parties du corps, tout ce qui dérange le
cours libre du fang & des humeurs. Le poifon eft de
différentes fortes. Un air infeété eft une efpéce de
poifon: la piquüre d'un animal vévimeux en eft un
aufli; cette forte de poifon congéle le fang & arrête
la circulation des efprits : le fuc de la ciguë ou l'arfenic
qu'on auroit avalé, eft un poifon qui ronge les parties
internes par les fels piquans & corrofifs qu'ils renfer-
ment:
Remedes contre les diverfes fortes de poifons.
1°. Contre tout poifon qu’on auroit avalé. Pilez
dans un mortier des écrevifles vives avec autant d'hui-
le de noix que de verjus : exprimez le tout, & ava-
lez la colature : elle fera rejetter le poifon par la
bouche.
Si le poifon£eft corrofif, tâchez de faire vomir le
malade au plütôr, afin qu'il le reïette, & faires-lui
avaler quantité de lait de vache pour émoufler le cor-
rofif du poifon.
S'il n’eft pas corrofif, outre le vomiffement, faites lui
prendre une prife de thériaque ou d'orviéran.
Le Remede contre l'arfenic, qui eft un poifon vio-
lent , c'eft d'avaler une grande quantité d'huile d'a-
mandes douces: fi on peut y mêler un gros de poudre
fubrile de criftal de roche , l'effer fera encore plus
P°O 1 263
#ür : au lieu d'huile d'amandes, on peut ufer de beurre
frais & de lait de vache , enfuite prendre un demi gros
de thériaque.
- Le remede contre les champignons vénéneux eft de
prendre de la thériaque & de la fiente de poule , ou de
boire de la leffive faite de cendres de farmant.
Le remede contre l'herbe appellée ciguë , eft d'avaler
de la gentiane mêlée avec du vin d’abfinthe, ou bien de
la chériaque mêlée dans du vin. |
A l'égard des poifons qui viennent de piquüre ou
morfure des bêtes vénimeufes , les meilleurs reméedes
font la thériaque , l'orviétan , la chair de vipére ,
l'huile de fcotpion , & tous ceux qui abondent en fels
volauls.
* POISSON. On donne le nom général de poiffon à la
*plüpart des animaux qui naïffent & qui vivent dans l'eau ;
a plus grande partie des poiflons ont des écailles & des
nageoires. Voyez Erancs & PESCHE.
Les poiffons de rivieres les plus eftimés , & qu'on
peut pêcher de même que ceux que l'on met dans les
<tangs, font les carpes , les brochets , les perches, les
tanches , les gardons , la brême ou vendoile , le gou-
jon, le barbeau ou barbot, le meünier , l’anguille , la
lamproie , &c. Onpêche encore les truires & les écre-
vifles , &c. |
Petits Poissons. ( pêche des) On les prend à la
naffe dans les rivieres , ou à la fouine , de jour ou au
clair de la lune. On trouve de ces poiffons dans les ruif-
{eaux : la vraie faifon de les pêcher eft depuis le mois
de Novembre jufqu’à Pâque. Ces petits poiflons font
entr'autres le chabot & le goujon , mais ils ne donnent
point à l'appas, & il eft inutile de leur tendre hame-
çon.
Poissons d’eau douce , fecrets pour en prendre de
toute forte, On prend du fang d'une chevre , de la lie de
vin, un peu d’encens & de la farine d'orge : on mêle tout
enfemble ; on y ajoute du poumon de chévre coupé me-
pu: on jette cet appas dans l’eau , où l’on fait qu'il y
a du poiflon, & on le prend aïifément à la main , ou avec
une petite truble ou panier.
Autre fecret, Prenez de la graine de rofes qui fe
264 POI
trouve dans les grateculs , & quelques grains de mou:
zarde , jettez - les dans l’eau ; les poiffons y accour-
xont.
Maniere d'atcirer le poiffon daps l'endroit où l'on veut
pêcher. Prenez du fuc de joubarbe, verfez-le {ur de l'or-
tie, & de la quinte-feuille pilées dans un mortier : frot-
tez-enles mains & jettez le marc dans l'eau. Si on met de
cette compoltion dans une nafle ou aurre filer , les poif-
fons y accourent en foule.
Ou bien mettez pour appas dans les flets , du poif-
fon de l’efpece de celui qu'on fouhaite : cet appas fait
donner le poiflon dans le filet rendu.
Autre maniere de faire venir beaucoup de poiflons
à l'endroit où l’on veut pêcher. Prenez un quarteron
de fromage vieux de Hollande ou de Gruyere : broyez -
le dans un moitier avec de la lie d'huile d'olive | &
mélez-y du vin peu-à peu, jufqu'a ce que le tout (oi
réduit en pâte un peu épaiile ; ajoutez-y un peu d'eau
de rofes : faites avec cette pâte de petites boulettes
de la groffeur d'un pois : jetrez-les dans l’eau , & dans
l'endroit où vous voulez jetrer vos filets. Si c'eft le
Soir que vous voulez jeuter de filer , jettez votre amor-
ce le matin ; & le Loir, fi c'eft le lendemain : comme
rs le eft fort avide de cette amorce , il y accourten
oule.
POITRINE ( oppreffion de ) caufée par la toux. Re-
mede. Prenez huit limaçous gris ordinaires de jardin :
écrafez-les un peu ; lavez-les danstroiseaux chaudes |
différentes pour leur faire -jercer leur gourme & le bien :
dégorger : faires-les bouillir enfuite dans une pinte d'eau
juiqu'à la confomption des deux viers : paflez le cout
avec expreflion ; coupez enfuire cette eau avec pareille
quantité de lait de vache. Partagez la en deux dofes à
prendre tiédes une le matin à jeun & l’autre fur le foir.
On doit faire ufage de cette décoétion au moins pen-
-dant fix femaines.
Les bovillons de mou de veau font fort bons pour
cette maladie, ainfi que pour la phtifie commençante.
Qhn doirles faire ain. Prenez un mou de veau , une
douzaine de petits navets , deux poignées de feuilles
dc:chou. rouge & de polmonaite tachée , ou à leur
POI 265
défaut , une poignée de feuilles de bourrache, une de
buglofe & une de chicorée blanche. Faites bouillir le
tout dans trois pintes d’eau que vous réduirez à quatre
bouillons. Coulez la liqueur : partagez - la en quarr
dofes , à prendre en deux jours , une le matin 2 jeun,
& l'autre fur le foir. Ce bouillon adoucit les hu-
meurs de la poitrine , appaife la toux , & déterge les
ulcères qui commencent, & on les prefcrir dans la phti-
fie. Voyez Asthme.
POIVRADE. On appelle ainfi une efpece de faufle
qui fe fait de la maniere fuivante. Mettez du vinai-
gre dans une cafferole avec un peu de jus de veau, ci-
boule , oignon coupé par tranches , tranche de citron,
affaifonné de fel & poivre , faices-la bouillir ; paflez-
la au cravers d’un tamis , & vuidez la dans une fauf-
fiere.
POIVRE. Fruit étranger , il y en a trois efpeces ,
le noir , qui vient des Indes orientales , c'eft le plus
ufité ; le blanc qui eft de couleur cendré ou blanchä-
ue, & plus gros que le noir ; le long , qui eft gros &
rond comme le doigt d’un enfant. Le poivre noir eft
plus commun que le blanc : il eft chaud , incifif ,
aftringent , bon pour la froideur & crudité de l’efto-
mac ; les maladies venteufes caufées par l'acide vicié.
Pour les pefanteurs d'eftomac , indigeftions, douleurs
& plénitudes qui procédenr de l'abondance des cru-
dités , le plus prompt remede eft d’avaler en forme
de pilules , trois ou quatre grains de poivre noir en-
tier , & ne rien prendre que trois ou quatre heures
après.
FPOIX DE BOURGOGNE. Mélange de galipor fec ,
ou encens blanc fondu avec de la rérébenthine grofiere,
& un peu d'huile de térébenthine : elle entre dans la com-
pofition de plufieurs onguens : on en fair des emplâtres
avec dela cire, dontles gens de la campagne fe fervent
lorfqu'ils ont fait quelque effort : elle eft bonne auf
fur les loupes des genoux.
Porx noire. Mélange d’arcançon ou faufle colo-
phane & de goudron : la meilleure vient de Suéde :
elle eff réfolutive & vulnéraire : on l'emploie dans
266 UN L'7e
les emplâtres & les onguens , les tumeurs douloureu<
fes, la fciatique , la goute , les rhumatifmes:
Porx réfine. Encens blanc, {orti par les’ incifions
“qu'on fait au pin, & cuit à un certain point. La bonne
vient de Bayonne. Elle doit être féche & blanche : elle
amolit , confelide, & defléche. On s'en fertdans les
emplâtres.
POLYPE. Excrefcence de chair qui vient dans
. natines , qui nuit à la refpiration &c à la pa-
role. lg: |
Remede contre le polype. Prenez de la poudre fub-
tile de corne de bœuf, & foufflez-en dans le nez avec
une plume.
Ou pilez des feuilles demorelle, & humectez fou-
vent de fon jus la narine ou eft le polype , avec un pe-
tit linge attaché au bout d'un chalumeau, que l’on trem-
pe dans ce fuc. 003 |
Ou incorporez avec du miel de la poudre d'oignon
d’arum , ou pied de veau , appliquez ce mélange fur le
nez.
POLYPODE. Plante qui croît fur les vieilles mu
railles, &. les troncs des vieux arbres : fes feuilles imi-
cent celles de la fougere: fa racine eft employée dans
Jes remedes : la meilleure eft celle ‘qui eft au-bas des
chénes, & qui eft bien nourrie : elle purge la bile re-
cuite : elle eft fort bonne aux obftructions du foye & de
la rate, au mal hypocondriaque , au fcorbuc : elle eft
purgative, mais on ne l'ordonne jamais feule , elle ne
feroit pas aflez d'effet: Aimii elle purge doucement l'hu-
meur mélancolique , lorfqu’on en fait bouillir une de-
mi-once avec les boutons des houblons, & des pommes
Reinettes. |
POMMADE pour rafraîchir le teint , & ôter les
rougeurs. Faices blanchir dans l'eau une livre de pan-
ne de porc male, & pour cela, faites la tremper huic
où dix jouts , ayant foin: de la changer d'eau: trois
fois le jour , la battant dans l’eau avec une fpatule
de bois: étant devenue bien blanche, laiflez-la égou-
ter : mettez-la dans-un-pot-de terre neuf ; avec une
once &-demi des quatre {emences froides pilées ; deux
ou trois pommes de reinctte coupées en Morceaux 5
POM 167
un morceau de rouelle de veau , grand de quatre
doigts , faites bouillir le tout au bain - marie pen-
dant quatre heures ; pañlez votre pommade par un
linge bien ferré ; laiflez tomber la coulure dans une
terrine , que vous mettrez après fur les cendres chau-
des ; ajoutez - y une once d'huile d'amande douce ,
& une once de. cire - vierge blanche : le tout étant
fondu & mêlé , recirez - le du feu , & battez cette
pommade avec la fpatule ; juiqu'à ce qu'elle foie
froide. 2
Pommape pour les cheveux & perruques. Prenez
de la panne de porc mâle, la quantité que vous vou-
drez , felon ce que vous voulez faire de pommade ;-
coupez-la part morceaux ; mettez-la tremper dans l’eau
pendant huit ou dix jours ; changez l'eau trois fois le
jour ; battez-la dans l’eau avec:une fpatule de bois ; étant
bien blanche, laiflez-la égouter ; mettez-la dans un por
de terre neuf, avec chopine d’eau de rofe , & un citron
piqué de cloux de gérofle ; mettez-la fur le feu; laif-
fez la bouillir jufqu’à ce que l'écume foit un peu roafle ;
écumez-la , retirez la-du feu ; paflez la par uné étami-
ne ; érant refroidie , batrez la dans de Peau fraîche ; en-
fuite dans de l’eau de rofe : après quoi , ayez des plats
de terre de même grandeur par .couples ; érendez Ja pom-
made également de lépaiffeur: d’un pouce ; couvrez-le
de fon pareil, & ainfi des agtres : au bout de douze
heures ; répandez-y des fleurs; érendez la denouveau ,
pour y mettre des fleurs fraîches ; continuez dix ou
douze jours ; jufqu’a ce qu'elle ait pris l'odeur ;‘enfuite
fertez la: dans des pots. : c |
POMMES. Les pomimes font le fruit du pommier, En
voiciles meilleures efpéces. n2Q 3
LaReïnette blanche. Elle eft tendre, n’a pas l'eau fi
relevée que-les autres. 1617 21 sq £l :
LarReinetre grife : elle eft plus ferme que 1à blan-
che, ellea: l’eau fucrée & relevée ; c'eft la meiïlleure'de
toutessi 2%rnericr n'es |
La Reinette franche , grofle , jaunit en müriffane ,
elle eft tiquetée de point noirs, a l'eau fucrée : on en
faic des compotes..+ © 2! 2: | v
268 POM
Pomme de Rambour, grofle , ronde ; verte d’un c&-
té, & mélée de rouge de l'autre : ces pommes ne fonc
bonnes qu’en comporc.
Pomme de Caville, rouge, groffe, plus longue que
ronde , d'un goût vineux,
Pomme de Caville, blanche, à côte de melon, a un
goût relevé , & plus eftiméeque la rouge.
La pomme d'Or, ou Reinette d'Angleterre, belle,
de moyenne crofleur , plus longue que ronde , jaune 8&
tiquettée de points rouges , fon eau fucrée.
La pomme de Fenouiller, affez femblable 3 une pe-
tite Reinette ; d’un fond violet, couvert d’un gtis rouf-
sâtre , la chair fine , l’eau fucrée,
Pomme violette. Efpéce de gros fenouilket , groffe ,
prefque ronde , mêlée de rouge du côté du foleil ,
la chair blanche & délicate, l'eau douce & très - fu-
crée.
La pomme d’Api, petite , d'un rouge vif du côté du
foleil , blanche dé l'âäutre, la peau fine , l'eau douce &
fucrée.
La pomme de Bardin , ni grofle , ni petite, grife ,
& d'unrouge brun , l’eau fucrée.
Moyen pour conferver une ample récole de pommes,
& les empêcher de pourrir. On doit choifir d'abord cel-
les qui font parfaitement faines, & les porter dansure
chambre ou on les pofe fur desclayes, en les féparant les
unes des autres, G
21°, Fermer exactement les portes & les fenêtres de
certe chambre, y allumer du feu avec du bois de far-
ment , & faire enforte que ce bois fafle beaucoup de fu-
mée , & qu'il rempliffe toute la chambre , ce du'il faut
faire pendant quatre ou cinq jouts : les pommes étane
ainf. féchées par cetre fumée, les mettre dans une caille
avec de la paille menue de froment, obfetvant qu’el-
les ñné fé touchent point , comimençant par un lit de
paille, puis dés pommes , & finiffant par üa dic de pail-
le, après quoi on ferme la caifle : les pommes fecon-
fervent dans route leur bonté pendant une année en-
tiere.
ComroTE de pommes de Reinetre avec la peau.
Prenez une demi-douzaine de pommes de Reinette ;
pPOM 269
coupez-les en deux 3 ôtèz-en les cœurs ; piquez-les
avec la pointe d'un couteau ; mettez - les à imefure
dans l’eau ; puis retirez - les ; mettez- les dans une
poële avec un quartéfon de fuücre , & un démi-fep-
tier d'eau 3 faites-fes caire à perit feu ; jufqu'à ce
qu'elles foient bien mollerés : fi le fyrop n’eft point
affez doux , on peut lui donner un bouillon ou
deux. |
CompoteE de pommes pelées. Elle fe fait dé la même
maniere, fi ce n'eft, que lüffqu’elles font bien molleres ;
on les tire pour les mettre dans uñe porcelaine , & on fait
confommer le refte du fÿrop jufqu’à ce qu’il foit en gé-
le, & il eft tel lorfqu'on le voit tomber a groffes gout-
tes, & qu'il ne coule pas par fil ; alors on le verfe fat
le fruit.
ComurorT£ à la Poituguaile. Après avoir coupé les
pommes comme ci-deflus , on les met dans une
tourtiere Avec fon converéle ; & du fucre en poudre
deflus & deflous ; on les met fur le feu , on couvre
la tourtiere de fon couveréle ; on mer du feu deffas,
& où les fair cuire, jufqu'à ce que le fucre foit bien
roux.
GELÉE de pommes. Méttez fur le feu dans une poële,
avec de l’eau , des pommes de Reinette coupées par
mofceaux ; faites-les bouillir jufqu’2 ce qu'elles viennenc
en marmelade ; paflez cette décoction à travers ün lin-
e ou tamis , & jetrez-la dans une quantité néceffaire de
pur , que vous faites cuire à caflé : faites bouillir le
tout légerement , entre Jiffé & perlé, & étumezavec foin:
au refte , pour une pinte de jüs , il faut trois quarte-
rons de fucre. On peut faire üne pélée de poires de la
même maniere. | |
MARMELADE de pommes On la fait de même qüe
celle dés poires de Rouffelet. Voyez PorREs.
Les pommes de Reinietre font d’un grand ufage dans
les remedés : elles font peétorales , rafraïchiffances ,
chaflentla méfancolie , lâchentle ventre. Le fÿrôp de
pommes fimple eft falutaire dans les maladies caufées
par la trifteffe & Je chagrin. |
Le fyrop de pomines compolé , & laxarif : ‘G on
270 POM
met infufer du féné dans ce fyrop, ce fera un purgatif
agréable , & fpécifique pour les mélancoliques &.les hy-
pocondriaques. |
POMMIER cultivé. (le) Soit nain , foit-à plein
vent, fe multiplie par les pépiniéres qu'on fait de pe-
pins de marc, ou par des plants enracinés, ou par des
boutures: Ja voie la plus courte eft de les greffer fur un
pommier fauvage , ou le paradis. Le pommier , ainf
que le poirier, veulent être labourés deux fois l'an :
on élague la tige à hauteur d'homme ; on répand
fur fon pied de la lie de vin vieux ; on fume les
pommiers avec du fumier de mouton., ils fleuriflent
au printems ; on cueilleles pommes à la mi-Septem-
bre. Le
Les pommes font le fruit du pommier. Elles vien-
nent en Eté & en Automne: il. y en a de beaucoup d'ef-
péces. Voyez POMMESs.
Pommier champêtre, ou planté en pleins champs.
Les pommes qui en viennent ne font bonnes que pour
faire le cidre : il en .eft de même des poires que Jon
laote ainfi. Le pommier de cette efpéce eft bas. & toitu;
fes feuilles font grofles & cendrées , jaunes en dedans ;
il lui faut une terre graffe &. us peu humide , & uneex-
pofition au midi. On le multiplie parles pépinieres , ou
par des plants enracinés ,; ou: des: boutures, ou en les
greffant fur des pommiers, fauvages, ou fur des pruniers,
péchers, coignafñers : .c'eft la voie la plus sûre & la plus
prompie. É a1in3-25% ov Sun. 2130}
Le poirier champêtre vient de. la, mêmé mamiere
que le pommier,; le meilleur ft, de, le greffer, fur
quelque fauvageon , de fon efpece, Pour cer effer.,
on doit avoir des pépinieres de jeunes plants.ou, pé-
pins. & garnies deyplants, de, différens, âges :: on
greffe les fruitiers au bour de, trois ou,quatre ans,,
felon leur force. Au ,refte dans les terres laboura-
bles on doit les planter fort aularge, environner les
arbres de, bons pieux, de peur que la charrue ne
les offenfe ; les.labourer., tanc le, pommier, que le
poirier , deux fois l'an dans les premieres années ,
& les déchauffer au moins vous les trois ans "Cu
| | ant
PGM | 271
dansW'hiver. couper avec foin cout ce qu'on trouve de
bois mort : les écheniller au printems; les fumer avec
du fumier, de mouton & d'âne ou du marc de raifin
& de pomme. Ces arbres rapportent ordinairement
la troifiéme année ; le poirier eft à la vérité un peu
plus tardif, mais il dure plus long-tems. On fair le
cidre, &yle poiré des fruits de ces arbres :on peut gar-
der les meilleurs pour les faire cuire & fervir dans le
ménage. … né: F
Le bois de poirier & de pommier , fert pour les
ouvrages, de menuiferie : on en: fait-des planches
longues dé fix à neuf pisds, dun demi pouce d'é=
paitieur.
POMPE. Machine hydraulique, d'une grande com-
modité pour élever les eaux des rivieres , des lacs, des
étangs , des canaux , des puits , pour conduire les eaux
ou l'on veut, {elon les diférens beloins ; & faciliter les
atrofemens. Une pompe eft compofée d'un tuyau ,
dont la principale partie eft appellée corps de pompe,
& le refte tuyau montant, d'un pifton, qui eft un
gros bout cylindrique , qui a fon jeu dans le corps de la
pompe, & de deux foupapes par où entre l’eau: il y a
plufieurs forres de pompes, mais elles peuvent toutes fe
réduire à deux ; {avoir : +
1°. La pompe afpirante eft celle , qui par le mouve-
ment d'un pifton creux, garni d'une foupape , attire
l'eau au-deflus de la foupape du corps de pompe, ju-
qu à la hauteur de trente un pieds où environ, felon la
pefanteur de l'air, qui eft la caufe de cet effet Ce pifton
éleve en même tems l'eau qu'il avoit fait paller au. def
fus de la foupage en s abaiflant : c’eft la pompe. la plus
fimple de routes.
2%. La pompe refoulante & de compreffion ; c’eft
celle qui, à la différence de la premiere , a (on tuyau
montant, à côté du corps de pompe , & dont le
corps de pompe même , & le pifion , font à: peu-
près femblables à une feringue ordinaire, Parce que
le pifton n'étant pas creux , & n'ayant pas de [ou-
pape comme les autres , l'eau ne pafle pas aù tra-
Vers , mais il l'attire feulement ;'en s’élevant au-dei-
Tome II, | E- dc
[2 ci
2972 PON POR
füs de la foupage du corps de pompe , & la poufle en
abaiffant au-deflus de l'autre foupape , qui éft au bas
du tuyau du montant : on peut ajouter a ces deux
fortes de pompes : la pompe mixte ; elle eft compofée
en partie de la pompe afpirante, & en partie de la
refoulante.
PONCIRES. On appelle ainfi les gros Citrons ;
ils ont peu de jus , mais on fait ordinairement de leur
écorce , une excellente confiture , parce qu'ils l'ont
épaiile.
PONTE. C’eft le tems où un oïifeau pond un certain
nombre d'œufs , avant que de couver.
PORC. Voyez COCHON.
Porc sacs. Le rems de faler ke porc, eft depuis
la Saint Martin, jufqu'au carnaval. Maniere de fa-
ler le porc. Coupez par morceaux la chair du porc
qu'on vient de tuer, après en avoir tiré les entrail-
les & le fang , qui fervent à faire du boudin : des
andouilles & des faucifles ; & après avoir laiffé
évaporer la plus grande humidité de la chair, éten-
dez rous les morceaux les uns après les autres fur
Je faloir, qu'il feroit bon d'avoir imbibé auparavant
avec de l'eau de geniévre ; frottez les de fel avec la
main , de maniere qu'il ny ait pas le moindre pe-
tit endroit qui n'en ait été pénétré : à mefure que
vous falerez ces morceaux , arrangez - les fur la ta-
ble. ferrés l'un contre l'autre ; & entaffés par lits ;
laiffez - les pendant huit jours en cet érat ; au bout
de cet efpace , changez - les de fiuation , en met-
tant deffous , ceux qui étoient deffus; & frottez de
(el les endroits oùil n'y en auroir pas eu aflez : déran=
gez-le ainfi jufqu'à ce que le lard paroïffe luifant 5
alors battez chaque piéce avec un baton pour en Oter
le fel fuperflu; puis atachez les à un ratelier : dans
on “endroit à l'abri de la chaleur. Mais pour le garder
plus long-tems , il faut auparavant le faire enfumer à la
cheminée.
Autre maniere, Après avoir ôté le dedans , les.
jambons , les épaules, la tête, & autres gros MOr-
ceaux, fendez tout le refte en deux parties ; falez-
les bien; paflez deflus, & par deux ou trois fois ,
"
|
…
|
,
|
POR 273
wa rouleau à force de bras , pour faire pénétrer le fel k
& de deux jours en deux jouts : puis pendez-le falé au
plancher ; & falez de même les piéces que vous avez
levées.
La graifle ou panne de porc eft émolliente & ré-
folurive , elle entre dans les cataplafmes & ramollie
les tumeurs. Elle eft fpécifique contre les brûlures fi
on la jette bouillante goutte à goutte fur des feuilles
de laurier, defquelles on enduit la partie bruülée.
On lemploie contre la toux violente : on fe fert
d'une couenne de lard dans l'efquinancie ; elle ferc 2
faire plufieurs onguens : la fiente de porc arrête les hé.
morragies,
Fiel de porc préparé. Remede fudorifique : ma-
nicre de le préparer. Prenez des veflicules de £el de
porc mâle en tel nombre que vous voudrez : ouvrez-
les pour en faire fortir la liqueur , & la mettez au bain
mMatie dans un vaifleau de terre verniflé, pour la faire
évaporer jufqu'à confiftence de gomme épaifle. puis
faites:là fécher lentement dans une étuve Jufqu’a ce
qu'elle foit réduite en maffe aflez dure pour étre mife
en poudre fuble, que vous paflerez par un tamis de
foie, Prenez une once de cetre poudre & une once de
poudre de vipere ordinaire , ou de celle qui eft faite
avec le cœur & le foie de vipere , & qui eft la meilleure:
mélez-les exatement , & gardez ce mélange dans une
bouteille de verre bien bouchée.
Porc Éric (le) eft un gros hériffon qui à les
piquans plus longe & plus mobiles ; il eft rare en
France.
PORREAUX. Plante potagere compofée de plu-
fieurs feuilles blanches collées les unes contre les au-
tres, & qui deviennent vertes en -fortant de terre : on
les feme au mois de Mars en terre bien préparée & à
plein champ : on les replante au mois de Mai en plan-
che labourée fur des alignemens tirés au cordeau , ef.
pacés de quatre’ à cinq pouces , en des trous profonds
de fix pouces, &efpacés de quatre , on doit couper l'ex-
trémité des racines & des feuilles , puis les arrofer & jes
ferfouir : on doit les couvrir de grand fumier dans le
tems des gélées, |
S z
274 P OS POT
POSSESSEUR de bonne foi. On appelle ainf celui
qui a acquis à titre tranflauf de propriété, comme par
achat & par legs, une chofe de celui qui croyoitenétre
propriétaire, Ce pofleffeur à caufe qu'il left de bonne
foi, a deux avantages. 1°. Il fair les fruit fiens ; 22, il
peut acquérir la propriété de la chofe par le moyen de la
refcription.
POSSESSION immémeriale. C’eft une poffeffion
qui a duré pendant plus de cent ans, ou celle qui ex-
céde la mémoire des hommes les plus anciens : ainfi,
s'il s'agit de la fituation de certains lieux pour lefquels
il y a procès ; celui ci fera dit avoir une poffeffion im-
mémoriale qui juftifiera par les plus anciens du lieu,
que la difpoñition des lieux a toujours été celle qu'il la
foutient.
POTAGE, foupe; forte de mets compolé de pain
coupé par tranches, & qu'on a fait tremper dans du
bouillon tout chaud.
Porace à la viande. La meilleure viande pour faire
du bouillon, & par conféquent un bon potage, eft la
tranche de bœuf, la culotte, le milieu du trumeau, le
bas de l'aloyau & le gifte à la noix. La viande doit étre
faine, & fraîchement tuée , pour donner du goût au
bouilion. Ii faut d'abord écumer le por, y mettre du
fel , & enfuire routes fortes de bonnes racines bien ratif-
fées & lavées, comme céleri , oignons, carotes , panais,
poireaux, choux : faies bouillir doucement le pot juf-
qu'a ce que la viande foir cuite, & paflez le bouillon
dans un tamis. LS
Potace aux gerbes en gras. Faites cuire dans du bouil-
Jon & dansune petite marmite toute forte d'herbes bien
épluchées , telles que l’ofeille , la laitue , le cerfeuil , le
pourpier , un peu de céleri : quand elles, font cuites , fai=
tes mitonner le potage, 8t mettez vos herbes deflus.
_Porace auxchoux eu gras. Faires blanchir la moitié
d’un chou avec un morceau de petit lard coupé en tran-
ches : ficelez le chou & le lard chacun,à part, & faites-
les cuire également apart -dans une petite, marmite
avec du bouillon gras;.lun & Paucre écant, cuits, fai-
tes mitonner Votre POIASE » Et mettez. les choux par-
deffus.
)- e
12
Le
En
0 POT 275
9 POTAGE au vis en gras. Lavez à l'eau tiéde trois
où quatre fois un quarteron plus ou moins de ris 3
faires le cuire à petit feu pendant trois heures avec de
bon bouillon & de jus de veau, quand il eft cuit, dé-
graiflez-le.
PorTace en maigre. Il fe fair avec de bonnes her-
bes , comme cerfeuil, pourpier , laitue , ofeille ,
quelques oignons, une quantité fuffifante de beurre :
fon eft dans la faifon des pois, ajoutez en. Faites
bouillir le tout enfemble ; paffez-le en purée claire,
délayez cinq ou fix jaunes d'œufs avec le quart de ce
“bouillon , & mettez-le dans le potage lorfque vous vou-
drez le fervir.
Porace à l'eau. Mettez dans une marmite de trois
pintes, plus ou moins, un quartier de chou, deux
paoais , fix oignons , un pied de céleri, trois ou
quatre navets, un peu de perfil, faites un paquet
avec de l’ofeille, poirée , cerfeuil : liez dans un petit
linge un demi litron de pois; faites bouillir le tout
pendant trois heures ; aflaifonnez-le du fel qu'il faut;
paflez le bouillon dans un tamis : faites mitonner le po-
rage, & garniflez-le avec les légumes qui font dans ja
marmite.
Porace de lentilles en maigre. Meitez cuire des
lentilles avec un bouillon de racines. Faites rouflir
dans une caflerole , un bon morceau de beurre, un
oignon coupé par tranches, une carotte, un panais';
mouillez d'un bouillon de poiflon: affaifonnez-les de
deux ou trois clous , bafilic , perfil, ciboule , rocam-
boles, champignons , croutes de pain : laiflez miton-
ner le tout. Les lentilles étant cuites, écrafez-less vui-
dez-les dans une caflerole ou eft le colis & les laiffez
mitonner : paflez le coulis, tenez-le chaud : mettez y
une ‘cuillerée de lentilles enrieres ; faites mitonner des
croutes de bouillon de poiffon : mettez un petit pain
farci au milieu, & jettez vorre coulis fur votre po-
tage. |
POTAGE d'oignons au roux en maigre, Pelez trois
ou quatre douzaines d'oignons , & d’une égale grof-
feur: farinéz les; faites-les frire dans du beurre : dès
vis ont pris belle couleur, Sith laiflez-lçs
3
276 POT :
égouter : mettez-Îes dans une petite marmite ou pot dé
terre. Mouillez-les d'un bouillon de poiffon : faites mi-
tonner des croutes du même bouillon , & mettez fur vo-
tre potage un cordon d'oignon roux, & jettez le bouil-
lon par-deffusles oignons.
Porace , ou foupe au lait. Mettez du bon lait dans
une caflerole fur un fourneau avec du fucre à propor-
tion , un morceau de canelle en bâton , une feuille
de laurier , un peu de fel. Lorfqu’il veut bouillir , dé-
layez avec un peu de laic fix jaunes d'œufs frais; paf-
fez-les dans une étamine ; verfez les dans le bouilion
de lait, que vous remuez toujours jufqu’à ce qu’il
foit un peu lié. Faites fécher au feu des tranches de
mie de pain fort minces; arrangez-les au fond du plat,
faites - les mironner avec du bouillon de lait prenant
garde qu'il ne bouille, & verfez le refte du bouillon fur
le pain,
Poracer de citrouille au Lait. Coupez de la citrouille
en dez bien menus ; paflez-les à la caflerole, avec bon
beurre, affaifonnez de fel, perfil, cerfeuil, fines her.
bes : mettez-les dans un por de terre avec lait; bouillon,
& dreflez- les fur des crourés mitonnées.
POTAGER. ( Jardin ) C'eft celui ou l'on cukiveles
légumes & les autres herbes qui férvent à la cuifine, Un
potager ne fait pas à la vérité une impreflion éblouiffan-
te , comtme le parterre, mais 1 attache plus long-tems
les Spectateurs , parce qu’il renferme dans fon fein une
infinité de plantes qui fervent de nourriture à l'homme &
même de remede.
Un potager pour être bien fitué , doit avoir un bon
fonds de terre, c'eft-à-dire ; qui tienne le milieu estre la
terre ferrée & la terre legere, être dans une expofition
favorable telle que celle du Midi, & au défaut de celle
du Levant, la pire, eft le Nord; avoir un terrein bien
diftribué & la commodité de l'eau. On doit garantir le
potager des vents les plus à craindre , à l’aide d'une mu-
raille fort élevée, ou en le plaçant, fi on peut, à l'abri
d'une colline.
… Pour bien diftribuer un potager , on doit d'abord
prendre le terrein fufhifant le long des quatre murs ;
1°, pour y metre des arbres en efpaliers; 28, pour
OT 277.
fes plattebandes qui doivent regner autour des quar-
rés , & dans le milieu defquelles on met des arbres en
buiffon ; 3°. pour les allées , le long defquelles on
fair des bordures , ou de fraifiers , ou de violettes,
Enfuite , fi le jardin eft fpacieux , on partage tout le
terrein du milieu en quatre grands quarrés ; que lon
divife , fi. on veut , en quatre autre autre plus petits «
on pratique deux petites allées , l'une fur la longueur du
terrein , l’autre fur la largeur. C'eft fur ces divers
quarrés que l'on diftribue par un exaët alignement , les
planches fur lefquelles on fait venir les plantes pota-
geres. Ces planches font des quarrés ordinairement de
la même longueur que le quarré même dont elles font
partie , & larges de quatre pieds. On feme, ou l'on
plante fur chacune de ces planches les plantes pota-
geres chacune en fa faifon : aiof, il doit y avoir un
quarré pour les laitues , ou pour les afperges , deux pour
les artichaux , un pour les pois, féves & haricots, un
pour le perfil , pi , pimprenelle , ainfi des autres :
on y fait ordinairement des herbes fines en bordure,
Commeil y a des plantes paflageres , on doit favoir com-
bien de tems chaque plante occupe l'endroit où elle eft
mile, pour yen mettre aufli-1ôt d’autres à la place , afin
qu'ilne refte point de terre inutile : ainf le quatré des
laitues qu’on replante pour le printems , peut être emplo-
yé en chicorée blanche pour l'automne & l'hiver : celuÿ
des pois , pour les choux d’hiver, ainfi desautres. Au ref-
te, les allées & les feniers doivent être roujours tenus
plus hauts que Îes quarrés. pl
POTION (12) eft un médicament liquide fait avec
des eaux diftillées , auxquelles on ajoute des poudres ,
des confe“tions , des fels, des huiles, des fyrops qui
la rendent trouble. Elle eft correttive quand on ne la
donne que pour corriger les humeurs : elle eft purgative
lorfqu'on y diffout des purgatifs.
POTIRON. Efpéce de citrouille qui produit unrond
parfemé de petites tubercules. Voyez CITROUILLE.
POTS 2 fleurs. Ceux qui font les plus eftimés doi-
vent avoir autant de hauteur que d'ouverture. Le
fond doit en êrre plus étroit que ISDPRS de deux ou
4
LT # ‘POU. US
troisdoigts , troué par en bas, mais peu, pour écou-
ler l'eau, & on doit les pofer fur de petits quarrés de
picrre & non fur la terre nue, afin que les vers n'y
trouvent point d'entrée : les pots vernifiés font les meil-
leurs. nd
POUDRE purgative pour Îles gens de la campagne.
Prénez une once de Jalap , & demi-once de gomme
gutte.: mettez le tout en poudre ; mélez-le & gar-
dez le pour lufage. Si on veut qu'elleopére mieux,
faïtés une infufion de deux gros de féné dans un verre
d'eau, & vous ÿ diffoudrez huit ou dix grains de cette
pondiée L'AA
La prife de cette poudre eft de fix ou fept grains
d'orge pour les énfans depuis quatre ans jufqu'à fepr,
& depuis fept jufqu'a quinze , de dix à douze grains,
& pour les autres: âgés , ‘depuis vingt grains juf-
qu'à /crente; Cette poudre ef fhécifique pour l'enflure ;
maäis‘on doit s'en abftenir dans routes les affections de
poittiné.. 7 à Ten dut t PES |
POUDRE. contre les vers. Prenez femen contra , qua-
tre onces ; feuilles de féné ; uné once ; coriandre préparée
& coïne de cerfen pouête, de chacune démi-dragme :
mélèz-le toutenfemble réduit en poudre. RAS
POUDRE. de fÿmpathie." Prenez une livre de vitriol
romain : réduilez-la eñ poudre ; faires fécher cetre
poudre au [oleil au plus fort de l'été: métrez de certe
poudré {ur la plaie avec un peu de charpie, & un
aftiiñgent par deffus compofé de blancs d'œufs & de
vinaigre. On emploie cette poudte contre toute forte
d'hémortragies. |
* PouprE à tirer (la ) eft compolée 1°. de nitre ou
falpéire , é'eft ce‘qui lui donne fa force; 2°. de foufre ,
C'eft ce qui. lui fait prendre feu : 3°. de charbon pilé
pour lier la compofñtion. La bonne poudre doit être
de couleur cendrée ou plombée , & tirer un peu fur
l'obfcur. Pour en éprouver f elle eft bonne , on verfe
fur un papier blanc un peu de poudre ; comme la
contenance d’un dez à coudre : on y mer le feu avec
un charbon ne touchant la poudre que légerement.
Si la poudre en prenant feu s’éléve en l'air, & ne brüle
point le papier , ne lui laiffant qu'une tache grife
, POU 279
elle eft très-bonne : en un mot moins la poudre brüle
le papier, meilleure elle eft,
Poupre à poudrer. On la fait avec de l’amidon le
plus blanc ; le plus fec & le plus fin : fur huit livres on
y méleune livre d'iris, racine qui fent naturel ement
la violette , une poignée d'os de bœuf brülés jufqu’a
blancheur , & bien priés , on pañle le tout par un tamis
de crin forrdélié.
POULAILLER , lieu ou les poules fe perchent & où
elles pondent. Le poulailler doit former un quatré long
& placé dans quelque coin de la bafle-cour , à l'abri
du grand froid & du grand chaud : les ouvertures &
portes doivent être tournés à l'Orient ileft bon que les
murailles foient bien conftruites, blanchies en dehors
& en dedans, & 2 l'abri des fouines & autres ani-
maux qui nuifent aux poules : les ouvertures garnies
d'on treillis de fer affez large pour donner du jour , &
allez étroit pour que les bêtes ennemies n’y entre point,
Il y doit avoir des paniers attachés à la muraille avec
du foin dedans , & ou les poules puiffent pondre. On
met auprès du poulailler une ‘efpéce de fumier qu’on
appelle une verminière qui fert à engraiffer la volaille :
pour cet effet on remplir un trou creufé en pente , de
beaucoup de terreau qu’on arrofe de fang de bœuf ; on
y répand ur peu d'avoine : on remue le tout, comme
fi on le labouroic , il naît fur ce fumier une grande
quantité de vers & d’herbes,
- POULARDE, jeune poule engraiffée. Diverfes ma-
nieres d'apprêter les poulardes ; 18. à la broche , ce
ne doit-être que quand elles font tendres: lorfqu’elles
font plumées & bien mortifiées, faires-les blanchir fur
la braife ; épluchez , ficelez & bardez -les : étant pref-
que cuites , débardez-les , pannez-les d'une mie de pain :
faites leur prendre une belle couleur, |
2°. Au gros fel: pour cet effer vuidez-les , trouf-
fés les patres en dedans , faites-les blanchir un moment,
bardez- les de lard ; mettez-les cuire dans la marmite :
étant cuites, verfezles avec un peu de bouillon & du
gros fel par deffus, On accommode de même les cha-
pons.
3°, En ragoût à la bourgeoife, Vuidez la pou:
2:80 PO
larde , trouffez-lui les pattes dans le corps ; mettez dané
une caflerolé un peu de bon beurre , deux oignons cou-
pés pat tranches : mettez la poularde deflus l’eftomac
en deflous ; couvrez-la de deux oignons , par tranches,
de filets de deux racines , d'un bouquet de fines herbes ,
d'un peu de fel ; faires cuire le- cout fur la cendre chau-
de : à moitié de la cuifflon , mettez-y un demi-verre de
vin blanc ; étant cuite, dégraiflez-la & mettez y un peu
de canelle.
4°. À la Sainte Menehoult, Epluchez & vuidez
des poulardes fines, trouflez les pattes dansle corps,
fendez-les fur le dos : érendez-les fur la table ; battez-
les , Otez les os des cuifles : mettez des tranches de
veau dans une caflerole fur un fourneau , & lorfqu'el-
Jes commencent à fuer, mettez-y un peu de farine;
mouillez-les de bouillon : rangez vos poulardes dans
la cafferole , après les avoir piquées de quelques lar-
dons de gros lard : aflaifonnez- les de fel , poivre ,
fines herbes & épices , perfl haché, oignons, & bar-
des de lard deflus : faites.les cuire ‘à pecit feu ; arro-
fez-les à mi-cuiffon d'un gobeler de lait avec crême :
lorfqu’elles font cuites , laiflez-les refroidir dans leur
jus ; alors frottez les de graifle ; pannez-les de mie de
pain & faires-leur prendre couleur fous un couvercle :
dreffez-les fur un plat ,& mettez-y de l’effence de jam-
bon deflus,
5%. En fricandeaux. Faites. blanchir une ou deux
poulardes fur la braife :: coupez - les en deux par le
dos , le long d#s reins & le milieu de l'eftomac :
applatiflez-les avec le plat du couperet : piquez-les de
menu lard ; meitez les deux moitiés de poulardes dans
ane caflerole , que vous aurez garnie d'un morceau de
rouelle de veau; d’une tranche de jambon : ajoutez-y
douze champignons , us oignon , fel , poivre fines
herbes : fines épices : mouillez moitié d'eau & moitié de
bouillon : faites cuire le tout, mais point trop , cela,
fait retirez les viandes, ne laiflez que le jus : dégraif-
£ez_le ; faites le diminuer ; remetrez alors vos moitiés de
poulardes dedans le lard en deffous , & remuez pour leur
faire prendre belle couleur & les glacer : enfuite retirez-
Jes de la caflerole, & les dreflez dans un plat.
EE D nu
POU 2£r
6°. Aux olives. Faites rôtir des poulardes bien
tendres avec une barde de lard fur l'eftomac : faites un
ragoüt compofé d’un peu de perfil haché , & paflez-le
avec un peu de lard & farine : mettez-y deux cuillerées
de jus , un verre de vin blanc, des capres hachées , des
anchois, des olives , une goutte d'huile d'olive , un bou-
quet de fines herbes : liez la faufle avec du coulis ; cou-
pez les jambes des poulardes à la jointure , & ficelez aux
aîles , aux cuifles , & à l'eftomac ; écrafez-les un peu &
mettez-les dans la fauffe.
POULE, la poule eft la femelle du coq. Les bon-
nes poules, & dont on fait leplus de cas : font de mo-
yenne erandeur & noires : elles ont la chair plus délicate
& pondent d'avantage ; celles qui ont la rête grande, la
crête rouge , les jambes & les pieds jaunes, l'œil éveillé ,
ne font pas moins bonnes & fécondes : celles qui ont les
ergots hauts montés pondent moins : celles qui font
trop graffes pondent peu.
La chair de poule nourrit beaucoup , humeéte & ra-
fraichit : elle eft falutaire aux convalefcens & aux per
fonnes délicates & qui font peu d'exercice. La meilleure
eft celle des jeunes poules bien nourries, & qui n’ont
point encore pondu ; les vieillés poules ne font bonnes
que pour les bouillons.
Les poules d'eaux font les plus eftimées pour la ten<
dreffe & la délicateffe de leur gout.
La chair de poulet a les mêmes qualités que celle de
poules , mais elle eft plus délicate & plus fucculente ;
ainfi on doit manger le poulet rôti & la poule bouillie,
le poulet eft meilleur à deux ou trois mois qu’en tout-
autre tems , {ur-tout lorfqu'il eft gras & tendre,
Les jeunes poules commencent à pondre dès le mois
de Février quand il eft modéré, & donnent plus d'œufs
que les vieilles : mais celles-ci valent mieux pour cou-
ver.
On doit avoir des coqs à proportion du nombre des
poules : un peut fuffire à douze ou quinze,
Leur nourriture pendant l’hyver ce font toutes les
criblures & les vanneries de grains , entremélées de
quelques herbes qu'on hache , ou de quelques fruits
232, : PEU |
felon la faifon , & du fon bouilli : on leur donne de Pa-
voine pure lorfqu'on veut qu’elles pondent. On peut leur
donner encore de l'orge moulu , de la vefce , du miller,
du panis, on prétend que l'orge à demi-cuit leur fait
pondre de gros œufs.
Les lupins qui font des pois plats & amers ne leur
valent rien : on fait auffi un fumier exprès qui engen-
dre beaucoup de vers qu’elles mangent. Woyez Fumier.
On donne aufli quatre ou fix onces de grain pat jour
aux poules qui fortent , &. huit. à celles qu’on tient en-
fermées. |
Les poules demandent du foin : on doit leur donner
a manger au lever du foleil & vers fon coucher , &
toujours dans le même endroit : ouvrir foir & matin le
poulailler, laifler toujours un œuf dans chaque nid :
nettoyer de tems en tems le poulailler , ainfi que les bä-
tons & les huchoirs; Île parfumer de thim ou de genié-
vie pour tenir la vermine .: renouveller la paille ou le
foin des nits tous les quinze jours ; les garantir des be-
Ïettes , fouines &t autres animaux.
On doit fe défaire de celles qui font trop vieilles
pour pondre ou couver, & de celles qui caffent & man-
gent leurs œufs, |
Les poules qu'on doit engraiffer font les ercotées,
telles qui chantent , qui grattent , qui appellent comme
le coq : on leur arrache les groffes plumes : on les en-
ferme dans un lieu féparé , & on les nourrit avec de la
pâte d'oise, du miller, du fon, des coffés de ris, pa-
dicle & avoine : elles engraiflent aifément dans les mois
de Janvier & Février.
Les poules ne laiffent pas de pondre fans le commer-
ce avec les coqs ; mais ces œufs ne font pas fi fains que
Jes autres , & ne valent rien pour donfier à couver , par-
ce qu'il n’y a point de germe. p
Lorfque les. poules : après leur ponte, qui eft ordi-
pairement de dix - huit à vingt œufs qu'elles pondent
de. fuite, commencent à glocer , on doit leur préparer
yn nid pour les y mettre : il doit être dans un lieu
retiré, creux dans le fond & garni de foin : on ne
doit pas mettre à couvert celles qui n’ont pas deuxars ,
ai celles qui font farouches , ou qui ont degrands
POU 283
ergots , faire choix de celles qu'on appelle franches,
c'eft à-dire , qui ne prennent pas facilement l’épou-
vante, & qui font d'une complexion forte , & font
éveillées. |
Quand la couvée eft avant le mois de Mars , on don=
ne douze œufsà la poule ; au mois de Mars, quinze :
au mois d'Avril & au tems chaud autant qu’elle en peut
embrafler. Ceux qui font les plus gros , les plus frais
pondus, c'eft-a-dire , qui n'ont que neuf a dix jours, &
qui étant mis dans l'eau demeurent au fond font les meil-
leurs pour donner des poulets.
On doit bien fe garder de remuer fouvent les œufs
pendant le rems de la couvée ; on peut feulement les
tourner une fois ou deux pendant que la poule n'y eft
pas , afin qu'ils féchent également par-tour.
La couvée dure vingt-un jours : au bout de ce terme
on vifite la poule, on écoute pour voir s'il n’y a pas
quelque pouflin qui crie le lendemain : on compte le
nombre des poulets ; on Ote les coques éclofes, mais
il eff plus sûr de ne toucher au nid que quand tour eft
éclos. Si on n'entend pas crier les poulelrrois jours
après le terme de la couvée, c'eft figne que les œufs
font clairs : ce qui peut arriver par plufeurs accidens,
& entre autres par le tennerre, qui les corrompt quel-
quefois d'un feul coup : en ce cas on deit les ôter & les
jetter.
Lorfque les poulets font tous éclos , on les met au fond
d'une futaille l'efpace d’un jour dans un lieu chaud, &
on leur donne de tems en tems un peu d’air. Le lende-
main on les met dans une efpecc de cage dans un lieu ex-
polé au foleil; on les nourrit pendant quinze jours,
d'abord avec de l'orge bouilli ou du millet crud , ou
avec de la farine d'orge, ou des feuilles de poireaux
hachées menu & de l'eau bien nette : on les fait fortit
de tems en tems pour les fortifier , & les accoutumer
à l'air , mais jamais par un mauvais tems : on peuren
donner à mener à une feule poule jufqu'à vingt cinq ou
trente, & on remet les autres meres pour couver de
nouveau,
Le tems de chaponner les poulets , c’eft lorfqu'ils
ent quitté la poule qui les mere : en laifie les plus
234 POU
hardis & les plus éveillés pour devenir coqs. Pour ceux.
qu'on veut chaponner , on leur fait une incifion à la
partie qui enveloppe les tefticules , on les en tire avec
le doigt , on cout la plaie , & on la frotte avec du
beurre frais.
Si on veut avoir des poulets en hyver , on doit
ufer pour cela de la méthode fuivanre qui a été éprou-
vée. On prend une poule - d'inde après Noël ; on la
met dans un lieu bien chaud : on lui donne vingr-
cinqs œufs à couver ; dans dix-huit ou vingt jours
les pouffins éclofent : on les met chaudement dans
un panier avec de la plume durant cinq ou fix jours,
& on les nourrit à l'ordinaire tant qu’ils font fous l'aile
de la mere,
On fait un bon profit fur les poules en portant leurs
œufs aux marchés voifins , ainfi que les poulets, & de
ces derniers depuis le commencement du printems juf-
qu’au mois d'OGobre, parce qu’on a foin de mettre les
poules couver de bonne heure : on y porte les poular-
des depuis lg mois d’Aoùt jufqu'en Mars ; enfuite les
chapons. Voyez Volaille & Dindons.
Peures D'EAU. Oileau aquatique , dont le corps
eft grélé, la tête petite , les plumes de différente cou-
leur, le bec long & noir , ia queue courte, les jam-
bes oblongues qui lui fervent à marcher dans l’eau ,
quoiqu’ellés ne nagenc pas parfaitement : elles fonc
éftimées même pour les bonnes tables lorfqu'elles font
jeunes & grafles : leur chair eft fort nourriffante , mais
elle ne fe digére pas facilement. On chaffe ces oifeaux
au fufil, & on les prend avec des haïlliers de quinze à
vingt pieds de long autour des étangs & des ruiffeaux ,
au milieu des herbiers & des joncs, où ils fe tiennent
dans les mois de Mai , Juin & Juillet. On prend de
même les Rafles de gêner & Rafles d'eau, ceux-ci font
de petites poules d'eau.
Pouzes D’iNDEs. Voyez Dinpons.
POULETS, On en diftingue de différentes fortes ;
les poulets à la Reine, font les plus petits & les plus ef-.
timés : les poulets gras font les plus forts & font auffi
eftimés : on les met à la broche : des poulets com-
muns on fait des fricaflées,
POU 28%
Maniere de faire rôtir les poulets gras. Etant plumés
& mortifiés, faires-les refaire fur la braife ; épluchez ,
ficelez , piquez-les de menu lard : bardez les , embrochez
& les pliez de feuilles de papier : étant prefque cuits,
tez le papier ; faites - leur prendre belle couieur , & les
déficelez. :
Différentes manieres d’accommoder les poulets. 1°, En
fricaflée. Flambez , épluchez & vuidez vos poulets :
Ôtez-en la peau , coupez les pattes au deflus du joint , &
les petits bouts des aïîles : levez les cuifles & caffez d’un
coup de couteau l'os du bout du pilon de la cuiffe : le-
vez les aîles & l'eftomac ; étant ainfi coupés, lavez-les,
faites-les blanchir fur le fourneau : mettez - les dane
l'eau froide ; faites les égouter fur un tamis : mettez-
les dans une cafferole avec un peu de lard fondu , beur-
re frais , bouquet de fines herbes , oignon piqué de
clous , ris de veau , champignons , quelques truffes,
{el, poivre, paflez le tout fur le fourneau : mettez un
peu de farine , remuez deux ou trois tours : mouillez
moitié bouillon moitié eau : laifiez cuire à petit feu
la fricaffée ; érant diminuée à propos , liez la fur le
fourneau avec une liaifon de trois ou quatre jaunes
d œufs délayés avec de la crême de lait, fans faire bouil-
lir , ajoutez-y un peu de perfil.
2®, A la braife, comme les poulardes.
3°. Au jus : on ne doit employer pour ce ragoût
que des poulets gras bien fins : on les épluche , onles
vuide, on détache la psau de l'eflomac ; cela fait,
affaifonnez autant de bardes de lard que les poulets
& de la même grandeur , de fel , poivre , fines her-
bes , perfil , ciboule , hachés & mélés : mettez en
une fur leftomac de chaque poulet entre peau &
chair : ficelez-les , enveloppez-les de bardes de lard:
mettez - les à la broche : étant cuits , débardez les,
dreflez - les dans un plat , & jetez un jus de veau
deffus.
Pourers à la Tartare. Epluchez deux ou trois
poulets : coupez.les en deux ; battezles avec le plat
du coupret: mettez-les dans une cafferole avec des
bardes de lard, fel, poivre, fines herbes, perfil, ci-
286 POxU
boule : laiflez.les mitonner doucement jufqu'à ce.qu'ils
foient prefque cuits. Enfuite panez-les , faires-les grit-
ler fur le gril ; & fervez-les avec un jus de citron pour
entrée.
PouLrers au verjus, Epluchez-les , vuidez-les, fam-
bez-les avec un papier : faites une farce avec leurs
foies, graifle de veau , lard blanchi, aflaifonnée de
fel , poivre, fines herbes : introduifezcetre farce dans
le corps: mettez.en un peu entre cuir & chair. En cet
état , faires les revenir dans une cafigrole avec beurre,
lard fondu , oignon coupé en deux , clous, baflic,
fel, poivre ; étant refaits , faites-les cuire a la broche:
jettez dans l’eau bouiilante de petits bouquets de ver-
jus, tirez-les, égoutez les, ajoutez-y un.peu de ver-
jus liquide : laiffez-les miconner dans un peu de cou-
lis, & jetez cette faufle fur les poulets.
POULIOT. Plante fort bafle dont les fleurs font
rouges & rondes : il croît dans les lieux champêtres
& incultes , & humides. Il fleurit au mois de Juin ;
il eft chaud & defficanf , d'un goût âcre & amer; ileft
bon en maniere de thé contre la toux opiniatre &
les rhumes invétérés. Son fuc mêlé avec un peu de
fucre , eft excellent pour la toux convulfive des en-
fans.
POULS. On appelle pouls le battement que caufe
le favg chaque fois qu'érant pouflé dans la cavité des
atteres il en dilate les parois. Maniere de connoïtre
le pouls. Il ne faut d’abord toucher le pouls que lé-
gérement , fe réfervant d'appuyer enfuire peu à peu
jufqu'a ce qu’on en fente diftinétement le mouve-
ment. Si on ne le découvre pas dans l'endroit ordi-
naire , on parcourra toute l'étendue du poignet en
tâtant : ou bien on tâtera l'autre bras. Dès qu'on
aura fenti le battement du pouls, on laiffera les doigts
dans la même fituation pendant quelques minutes , pour
connoître la force où la foibleffe du pouls , fa dureté
ou fa mollefle , fa fréquence ou fa lenteur , fon égalité
ou fon inégalité. ce ne
Dans un homme qui fe porte bien les battemens
font égaux ; mais il varie felon les différens âges: car
jh il
ES
LOU 287
H eft fréquent dans les enfans , grand & fort dans l'age
%iril, foible & languiflant davs [a vieilleffle, Le pouls
change encore felon les faifons ; ainfi il eft plus fré-
quent enété , felon la différence des tempérammens : il
eft plus dur dans les gens fanguins & bilieux ; foible &
mou dans les phlegmariques , inégal dans les mélancoli-
ques ; felon le différent mouvement des paflions ; dansla
joie il eft égal & plein; dans la triftefle foible x Roguif-
fant ; dans la colere & la crainte, fréquent.
Dans les fiévres, il eft beaucoup plus fréquent , éle-
vé, plus dur que dans l’état naturel: il efr cependant
quelquefois languiffant & concentré dans les févres ma-
lignes, le pourpre, la rougcole , Ja petite vérole, dans
le commencement des redoublemens & des accès de fié-
vres intermittantes. En général, quels que foient les
battemens du pouls, on ne peut en conclure qu'il y ait
de la fiévre , fi la peau neft en même tems féche &
brülante,
L'infpeétion de la langue eft encore un moyen sûr pour
s'en éclairer , car fi elle eft féche , & qu'en ÿ appuyant
le doigt, on fente une chaleur vive & pénétrante, onne
peut douter qu'il n'y ait de la fiévre.
Dans la péripneumonie & l'afthme , le pouls eft fou-
vent foible & embarraflé , & quelquefois plus fort que
dans l'état naturel : dans l'apoplexie de fang il eft plein
& dur ; dans la pleuréfie , languiflant & mou : dans les
migraines , les vapeurs , les évanouiffemens , petit &
enveloppé; dans la palpitation de cœur, & lorfque le
fang eft embaraffé de matieres étrangeres , il eft inter-
mittant ; un pouls petit & languiffant, marque que les
vaiffeaux font trop pleins, où que le poumon eft em-
. barraflé. Helver.
POUMON ( Maladie du) où Pulmonie. Les per-
fonnes qui ont le poumon 2ffe@é, où qui font me-
nacées de pulmonie, peuvent ufer du remede fuivant,
Prenez gros comme la rête, de pulmonaire attaché fur
l'écorce des vieux chênes, lavez la, & l'éplachez :
mettez deflus trois pintes d’eau dans une cruche &
térre non plombée : faites bouillir le-rout jufqu'à la
réduction de moitié ; pallez. le par un linge blanc ,
Tome II,
288 POU F
& fur chaque chopine de décoétion , mettez une raid
fonnable quantité de miel de Narbonne : faites bouillir
Ja décoétion demi quart-d heure , & écumez la ; & fai-
tes-en prendre tous les matins un grand verre jufqu'à
parfaite guérifon.
Où fares bouillir des feuilles de pulmonaire, d'ache,
L
d’alleluia , de chacun une poignée ; & une demi-poignée
de fleurs féches de pas d âne, avec quatre pintes d'eau 2
la confommation du quart , & prenez un Vite de cette
prifane tous les matins. ;
Remede contre la foibleffe de poitrine. Faites bouillir
dans une pinte d’eau de fontaine ou de riviere quatre ra-
cines de fcorfonere, & après l'avoir paffée , faires - y
bouillir & écumer deux onces de bon miel blanc avecun
gros de canelle concaffée mife dans un nouet de linge ,
& prenez-en un verte foir & matin pendant le mal de
poitrine.
Remede qu’on peut faire dans une fluxion de poitri-
ne. Mercez dans un pot de terre neuf verniflé tenant
pinte , fix ou fept feuilles de choux rouge , autant de cel-
les de pas d'âne, avec un morceau de beurre frais ; &
quand le bouillon fera confommé à demi, pañlez-le dans
un linge, prenez-le en vous couchant , crois heures après
le fouper , & prenez-en autant Je matin à jeun. Voyez
EMPIEME.
POURPIER. Plante de jardin, il y a le cultivé &
le fauvage : celui-ci eft plus petit & rampe à terre.
le pourpier eft d’un grand ufage pour les alimens : il
ne fe multiplie que de graine qui ef noire & fort me-
pue, voilà pourquoi on le feme forc dru : on ne le
féme fur couche que vers la mi-Mai, & fi on le fé-
me en pleine terre , on doic la remuer un peu pour
faire entrer la graine. On emploie le poutpier dans
les remedes : il eft defficatif & rafraïchiffant : il eft
bon pour éteindre la bile ; dans Îles fiévres putrides &
malignes , dans les ardeuts d'eftomac. Ses feuilles ap-
pliquées en cataplafme à la plante des pieds , diminuent
la douleur de tête : le fyrop de pourpier eft fpécifique
contre le crachement de fang : fa décotion eft bonne
dans les pertes de fang des femmes, & fair mourig les
vers des enfans.
POU 289 .
POURPRE, Efpéce de fiévre rhaligne peftiientielje
qui paroïît par des éruptions fur la peau, femblables
à des morfures de puces ou de punaifes , ou àdes grains
de-perite vérole. Elles font rouges , citronnées : Violet-
tes , livides ou noires : quand elles paroiffent en grande
quantité c’eft bon figne.
Remede contre le pourpre. Prenez une poignée de bua
glofe, ou de bétoine, d'angélique » d'aigremoine , de
morgeline , lavande ; fauge, thim fauvage, marjolai-
ne, hyflope : faites bowiliir toutes ces herbes dans du
vin: mettez-les enfuite fur des étoupes en forme de Ca
lotte que vous appliquerez fur la tête du malade Je plus
chaudement qu'il le pourra fouffrir : enveloppez fa tête,
& le couvrez médiocrement dans fon lit; car il n'eft pas
néceffaire de le faire fuer. Ce remede attire tout le venin
& coupe la fiévre ; on doit le faire le plutôt qu'il eft pof-
fible, & le réitérer s’il n'a pas fait fon effet la premiere
fois. Voyez Fiévre maligne.
POUSSE. Maladie des chevaux : c’eft une difficulté
de refpirer, accompagnée d'un battement de flanc &
de dilatation des narines, lorfque les chevaux courent
Où montent. Le fiége de cette maladie eft dans Je
Poumon , elle vient de quelque humeur qui s’y arré-
te, qui y fait un amas de fegmes & de pituite : ce
mal eft opiniâtre, La caufe ordinaire vient des alimens
trop chauds, comme le foin en trop grande quantité ,
le fain-foin vieux , ou de ne pas faire affez d'exercice 4
& quelquefois des efforts qu'on fait faire aux che
Vaux dans les courfes violentes. On peut guérir Ja
poufle , fi les chevaux font jeunes , & file mal n’eft pas
ancien.
Remede. Prenez deux livres de plomb : faites - les
fondre dans une cuiller à plomber ; étant fondu , ôtez-
le du feu , remuez avec un bâton jufqu'à ce que le
plomb fe mette en poudre ; ajoutez - ÿY > en remuant
toujours , deux livres de foufre en poudre ; faires bien
incorporer le tout, & donnez tous les jours au cheval
pouffif une once de cette poudre dans du fon mouiilé ,
& Ôtez-lui le foin. En général la pouffe témoigne par
fes effets, qu’elle eftaccompagnée de beaucoup de
| Chaleur: cependant les remedes rafraïchiffans tous
2
190 PO PR A
feuls lui profitenr peu; ainfi on doit s'attacher 3 com-
barre l'obftruction des vaifleaux , & employer des
remedes incififs & atrénuans & accompagnés & cor-
diaux.
La teinture de foufre eft un fort bon remede pour cet-
te maladie , fi on donne deux pintes par jour pendant
quinze jours , en laiflant deux jours de repos après cha-
que cinquiéme jour. Woyez Toux.
POUX. Petits infeétes qui viennent à la tête, & s'at-
tachent à la peau des perfonnes mal propres , & caufent
des démangeaifons. Pour les faire mourir & s’en préfer-
ver , on doit fe tenir proprement , changer de linge , fe
frotter d'huile de génievre avec une décoétion de fta-
phifaigre , ou herbe aux poux. Le foufre , le rabac, le
verd de gris, le mercure, font de bons remedes contre
les poux. ;
> oux à la tête des enfans. Remede. On doit 19. les |
purger avec environ deux onces de fyrop rofat: puis
prenez de la coque de Levant, mettez- la en poudre ;
parfemez de cette poudre à la tête de l'enfant, & l'y laif-
fez vingt quatre heures fans le décoëffer ; ou lavez fa
rêre avec les cendres de racine de fougere; ou frottez-
la avec de la leffive commune où lon aura fait bouillir
des fleurs d'amaranthe, | ce
PRAIRIES. On donne le nom de prairie aux prés bas
qui font dans le fond des vallées, & le long des rivie-
res : elles font ordinairement abondantes en pâturages.
à caufe du limon qui y demeure après les déborde-
mens. On appelle herbages Îles prés qui font ficués fur le
penchans des collines : ceux-ci produifent une herbe plus
délicate.
Les marais font la plus mauvaife efpéce de prai-
rie. Les herbes y fonc dures & rranchantes mélées de
joncs & de glayeuls : cependant érant féchées, elles
peuvent fervir de litiere ou de chaume pour couvrir |
les étables, ou à mettre dans le four. Pour faire va-
loir les prairies & en tirer une récolre plus abondante ,
on doit les vifiter detems en tems ,; & en faire- arra-
cher les mauvaifes herbes, tellesique la préle & la cigue;
y femer de quatre en quatre 4PS de bonnes efpéces ,#
Lommele trefle, les poulieres de la grange , & quelque
Re
PR A ZSX
geu de fumier , & n’y laiffer entrer les animaux qu'après
la récolte des foins; avec cette attention l'herbe fe for=
tifieen Avril & en Mai; la graine fuccéde en Juin, &
le foin mürit.
Dans les grandes féchereffes on tâche de lesairofer ou
par l’eau de riviere, fi cela fe peut, ou en ménageant
un ruiffeau que l’on tient dans un lie forcé.
On peurencore retirer des prés une feconde herbe,
qu'on appelle regrain , & que l'on fauche à la mi-Sep-
tembre. Les prairies fervent 1°, pour l'établiflement
_d’unharas pat le moyen duquel on fe pourvoit des che-
vaux. 2°. Pour y élever de jeunes bœufs que l’on mer
au tirage à trois ou quatre ans , & qu'on en retire à dix
pour les engraifler. 3°. Pour y nourrir des troupeaux de
vaches.
PRAIRIES ARTIFICIELLES, Quand la nature d'un
héritage ne donne point de prairies , &t qu'on en a
befoin pour nourrir les animaux néceffaires aux la-
bourages, on peut en faire une de la maniere fuivante.
Choififez une piéce de cerre d’une étendue raifonnable,
environnez-la d'un foffé, labourez-la plufieurs fois : fe-
mez-y en Février les graines de l’efpéce de foin qui con-
vient le mieux à la qualité de la terre. Si, par exemple,
la terre eft nourriffante , femez-y della luzerne : un boif-
feau fufñt pour un arpent : mélez-la avec quelque boif-
feau d'avoine , & jettez la à pleine main. L’avoine vous
dédommagera de la culture de la premiere année : les an-
nées fuivantes , coupez la luzerne deux ou trois fois par
an ; cette herbe .eft bonne pour les agneaux & engraifle
les chevaux, donne aux vaches beaucoup de lait, mais
de peur qu'elles n'en mangent avec trop d'avidité, on
la mêle avec de la paille coupée.
En général , dans les pays qui manquent de pâtu-
rages , on doit y femer du fain foin, du trefle , du fe-
nugrec.
Il y a aujourd'hui plufieurs exemples de divers par-
_ticuliers qui tirent un profit confidérable de ces fortes
de prairies. Auprès de Melun le Propriéraire d'une
terre ayant entouré de foflés & de haies deux à trois
cens arpens qu'il a mis en luzerne , retire aétuellemens
foixante livres de l'arpent , qui ne lui en rapportoir
T:
292 :". BA: À |
auparavant que trois. Un autre particulier à la Varenne
de Sainc Maur près la Marne, propriétaire d'un bien
de deux à trois cens arpens de terres fablonneufes & lé-
geres, qui pouvoient porter à peine du feigle & du far-
rañn, & trop morcelées pour les enclore ; étant néan-
moins parvenu à en faire des prairies aruificielles , il en
retire par an quatre à cinq cens bottes : on fait que ce
fourage vaut toujours dans le voifinage de Paris vingt a
trente livres le cent de bottes. Quel beau revenu ! Un
autre dans le Nivernois a recueilli mille bgttes de dix li-
vres par arpent de trefle, quoique les verres y pañlent
pour maigres. |
En eftimant ce foin dix livres le cent de bottes qui eft
le prix commun du pays , il a tiré cent francs par arpent
de mauvailes terres : s’il en avoit, par exemple, 50, ce
feroit $000 livres de produit,
Les culrivateurs en France pourroïent, s'ils vouloient,
prendre pour modele de ces fortes de prairies artificielles,
celles qui fe pratiquent par les Fermiers d'Angleterre :
ces derniers confiftent en trefles, luzernes, & fain-
foins.
Le trefle, quandil eft verd , eft plein d'un fuc très-
nourriffant qu'il perd étant fec, mais en tout tems il
eft excellent pour les chevaux, les bœufs & vaches,
& fur-tout pour les cochons ; les truies s’y engraiflent
bien vite, & on tire un bon profit de la vente des co-
chons. On a foin d'arracher les chaumes du champ où
lon veut femer du trefle, de les brüler & d'en difper-
fer les cendres. Dès qu’on a donné un labour , & à
ja fin du mois d'Aoùût, on féme la graine du trefle
après l'avoir fait tremper dans l'eau pour en ôter ce qui
furnagera : la meilleure ef celle qu'ontire de Flandre : il
eft toujours plus avantageux que le champ foit clos ,
da moins d’une haie. Avant l'hiver le trefle couvrira la
terre : dès qu'il gélera , on doit y voiturer douze à
quinze tombereaux par arpent de bon fumier. Voyez
Améliorarion des terres, article terre. On peut cou-
per l'herbe dès le commencement de Mai : on n’en
doit pas trop donner aux bêtes qui en font alors ex-
trémement avides. Il faut vingt livres de graine par
arpent: au bout de trois ans on féme de l'orge dans
PRA 293
ce même champ, & la récolte ne manque pas d'être abon-
dante : les deux autres fuivantes feront pareillement bon-
nes en froment.
En Angleterre on cultive la luzerne comme le trefle,
& on devroit fuivre cette méthode en France, mais
avec cette différence, qu'il faut la fumer la troifiéme
année, comme on aura fait la premiere , & que les
troiscultures fuivantes en grain, feront d'une de froment
entre deux d'orge , mais pour lesterres médiocres & le-
geres. Un arpent de luzerne nourrir deux chevaux ou
trois bêtes à corne , ou douze ou quinze moutons l'été
au verd, & l'hiver au fec.
Le fain-foin fe cultive de même que le trefle & la
luzerne : on en doit femer un feprier par arpent ; on
le fume rous les deux ans, parce qu'il commence à
dépérir au bout de cinq, & qu'on peut le faire durer
pendant fix ans : après cet efpaceon on féme de l'orge,
puis du froment ; enfuite des navets en automne : au
printems fuivant des pois ou de l'orge : ainfi on re-
cucille quatre fois dans le même champ en trois
ans. Le fain foin eft la meilleure efpéce de fourrage
pour le bétail : on fauche trop tard en France pourle
verd & pour le fec: la premiere herbe veut être cou-
pée au commencemert de Mai. Quand on veut faire
du fec , on fauche le trefle & le fain - foin au moment
que les premieres fleurs s'épanoutffent, & la luzerne
quand les boutons font formés : il eft vrai qu’on perd un
peu du poids du foin , mais on le regagne par fon odeur,
fa verdure & {on fac qui fe confervent, & le regain en
eft bien meilleur : telle eft en fubftance la méthode
qu'enfeigne M. Paftuilo , dans fon effai fur l'adminif-
tration des terres , pour la culture des prairies artifi-
cielles.
Maniere de défricher les vieilles prairies, & les ré-
duire en bon état de labour , felon les principes de a
nouvelle culture, 1°. On doit les labourer avec la
charrue à coutre. Woyez CHARRUE : on pañle les
traits , par exemple, d'Orient en Occident, parallé-
lement les uns aux autres. Cette opération réduit d’a-
bord toute la furface du terrein en bandes de gazon
d'environ trois pouces de largeur. 2°. On laboure en-
. T 4
294 PR A
fuite le même terrein avec une chartue ordinaire at“
telée de deux chevaux : on fait enforte que les traits
rencontrent à angles dreits , ceux qui ont été faits
par la charrue à coutres, en les dirigeant du Sep-
tentrion au Midi : on a attention de ne prendre qu'en-
viron fix pouces de largeur de terre à chaque trait ,
aiofi coute la prairie eft réduite en piéces de gazon,
dont les plus grandes ont fix pouces de longueur fur
crois de largeur : on doit faire ces fortes de travaux
avant l'hiver & au printems ; enfuite ces prés peuvene
être labourés aufli aifément que ceux qui font en cul-
ture depuis long tems, 3°, On doit tranfporter à l'en-
trée de l'hiver des fumiers fur leur furface , & en pe-
tits tas jufqu’au printems, & alors on les répand de
côté & d'autres: il y a des Cuültivateurs qui font d'avis
qu'il vaut mieux les répandre fi- tôt qu'ils ont été voitu-
rés , enforte qu’ils couvrent la terre pendant tout l’hi-
ver; qu'après les gelées on les divife avec les rateaux,
qu’enfuice on nettoie les près d’où l'on rapporte pref-
que autant de charretées de fumier qu’on y en avoit
amené.
PRALINES, efpéces de dragées grifes. Maniere de
les faire : jettez one livre d'amandes dans une livre de fu-
cre que vous avez fait fondre avec un peu d’eau: faites=
les bouillir enfemble jufqu'à ce qu’elles péuillent : alors -
retirez les de deffus le feu , & remuez- les bien avec la
fpatule : s'il y a un peu de fucre de refte, faites -le ré-
chauffer un peu fur le feu , afin qu'il s'attache aux aman-
des , rèmuant toujours, -
PRaLINES blanches. Elles fe font de même; fi ce n’eft
qu'il faut échauder & peler les amandes.
PRaLiNEs rouges. On les fait de même que les pré-
cédentes, fi ce n’eft que lorfqu'elles ont pris tout le
fuc, on ne les remet point fur le feu, mais on les
crible : on remet dans la même poële le fucre qui
tombe du crible avec encore un quarteron de fucre &
un peu d'eau, On fait cuire le fucre à caflé, puis
on y met de Ja cocherille qu’on a fait bouillir avec de
l'alun & de la crême de tartre pour lui donner belle
couleur ; & comme la cochenille le décuit un peu ,
on le fait cuire encore au même point; alors on y jette
Se do Sn
PRE 209$
les amandes , & on l'ôte aufi-rôt de defflus le feu ; on
remue toujours jufqw’a ce qu'elles foient féches.
PRECIPUT. On appeile ainfi dans les Contrats de
mariage fais en Pays Coutumier , l'avantage qui eft
accordé au furvivant des Conjoints , de prendre fur
les biens meubles de la Communauté une certaine
fomme defdits biens , felon la prifée faite par le Ser=
gent fans crue, hors part, & fans confufon de fa part
en la Communauté. S'il n’eft point mention du Préci-
put, par une claufe exprefle dans le contrat de ma-
riage, ïl n’a point lieu ; car cet avantage n’eft fondé
que fur la convention des Parties , & qu'il n’eft pas
établi par la Coürume ; 2°. Il ne peut avoir lieu que
quand il y a Communauté; d'ouil fuit ; que la fem-
me qui renonce à la Communauté, n’a point droit de
le prendre.
On entend aufli par préciput l'avantage accordé aux
aînés [ur les biens nobles de leur pere & mere qu’ils pren-
nent hors parc, & fans préjudice du partage égal avee
les autres enfans. Woyez DROIT D’AINESSE.
PRESAGES du Tems. Toutes les perfonnes char
gées du gouvernement des biens de la campagne , doi«
vent acquérir la connoiflance des préfages du tems , afin
de pourvoir aux accidens qui pourroient arriver , tant
aux arbres , qu'aux plants & aux fleurs; par exemple,
pour mettre à couvert ceux qui font nouvellement plan-
tés, des broues ou brouines & brouillards , avec de la
paille & des cerceaux ; 2°. pour faire faire les tra-
vaux des terres , ou les fufpendre , felon que le tems
& la faifon le demandent. Woyez Tems, Pluie, Ther-
mometre.
PRESCRIPTION. On appelle ainfi le droit qu’on
4 acquis fur une chofe après l'avoir poffédée pendant
le tems requis par la loi ; mais ik faut pour cela ,
1%. que a chofe foit prefcriprible ; 29. qu’elle ait été
poflédée continuellement , & fans interruption; 3°.
que le Poffeffeur en qui a commencé la prefcription
ait été dans la bonne foi, & que la poffeffion foit fon-
dée fur un titre fuffifant pour acquérir la propriété.
Au refte , cette pofleffion peut fe continuer à plu-
296 PRE
fieurs ; ainfi , la poffeflion qu'a eu le défunt, fert à
fon héritier & fe continue en [a perfonne , pourvû que
la chofe n'ait pas été poildée par un autre dans un tems
intermédiaire.
Mais il y a des chofes qui font imprefcriptibles ,
telles font les chofes facrées, les biens temporels de
l'Eglife, à moins qu'ils n'aient été acquis fuivanr les
formalités requifes ; le cens, la foi & hommage ; le
Domaine du Roi ; les fervirudes des hérirages , parce
qu'elles ne peuvent s'acquérir fans titre ; les dixmes
dûes à l'Eglile ; le droit de Patronage Eccléfiaftique ;
la faculté de racheter les rentes conftituées à prix d’ar-
gent. À l'égard du tems requis pour la prefcription ,
trois ans fufhfent pour la prefcription des chofes mobi-
liaires fi elles ont été poffédées à jufte titre & de bonne
foi. Dix ans entre préfens, & virgt ans entre abfens ,
font fuffifans pour acquérir la prefcription des immeu-
bles, fi le polfeffeur à joui pendant ce tems fans vio-
Jence & fans trouble , & en qualité de propriétaire ; ilen
eft de même pour être libéré de toute hypothéque ,
rente , charge fonciere : à l'égard des actions perfon-
nelles , foit pour rente , fomme de deniers ou autre
chofe, même l'action hyporhéquaire lorfque l'hypothé-
que, & que l'attion perfonnelle y eft jointe , elles fe pref-
crivent par trente ans, & par quarante , tant entre ab-
fens que préfens, foit qu'il y ait eu bonne foi eu non :
fi pendant cet efpace de rems la dette n'a été ni deman-
dée en Juftice, ni reconnue ; mais l’aétion hypothé-
quaite , lorfque | hypothéque eft conventionnelle , &
qu'elle concourt avec l'action perfonnelle, ne prefcrit que
par 40 ans.
À l'égard des crimes , ils fe prefcrivent par vingt ans,
mais 1] en faut trente , lorfqu’il y a eu exécution du Ju-
gement par effigie. (
PRESCRIPTION en matiere de Fief. C'eft un Droicdu
Seigneur dominant d'empêcher la prefcription de la
féodalité : ainfi un Vaflal ne peut prefcrire contre fon
Seigneur fa foi qu'il lui doit , ni la mouvance de
fon Fief , quand il auroit été plus de cent ans fans
reconnoître le Seigneur ; il ne peut prefcrire contre
fon Vaflal le Fief qu’il a faif fur lui faute d'hommage
PRE 297
ou dénombrement, mais a l'égard des chofes qui ne re:
ardent point le Droit de féodaliré en foi , le Seigneur &
e Vaffal peuvent fe fervir de la prefcriprion l’un contre
f'autre.
PRESSOIR. Machine compofée de différentes piéces
de charpente , & deftinée à preflurer les vendanges & les
autres fruics. La conftruétion d’un prelloir demande
la plus férieufe attention , & on n'y doit employer que
des gens entendus , de peur qu'il ne rompe bien - tôt.
Pour donner à un pareil ouvrage la ftabilité & la durée
néceffaire , il ne faut pas épargner la dépenfe , tant
pour la qualité du bois, que pour les frais de la conf-
truction.
La conftruétion des prefloirs eft différente felon les-
Provinces , particuliérement celles qui font fort éloignées
les unes des autres.
Les prefloirs font regardés comme des immeubles, &
font cenfés faire partie de la maifon.
PRESURE ou caillette | on s'en fert pour faire
cailler le lair. C'eft un lai caillé que l'on trouve dans
un petit fac qui tient 2 la panfe du veau : fi on mettoit
du fel, ou de la mufcade , ou du viraïgre dans le lait,
avant la prefure, il empêcheroir l'effet ; au contraire ,
il l’endurcit après la prefure : la prefure fert aufli à
faire des fromages , plus elle eft gardée , meilleure elle
eft.
PRET. Le prêt a lieu en matiere d'argent comp-
tant, & autres chofes qui fe confument par l'ufage :
comme du bled , du vin , &c. Celui qui emprunte ;
devient le maître & le propriétaire de la chofe em-
pruntée , ainfi il n’eft pas obligé de rendre la même
chofe , comme ce feroit, s’il avoir emprunté un che-
val, ou des meubles , & autres chofes qui ne fe con-
fument pas par l'ufage , & qu’on doit rendre en na-
ture , mais il eft obligé feulement de rendre la même
quantité , le même poids og la même mefure : ainf f
la chofe vient à périr de quelque maniere quece foit,
même par casfortuit, elle eft perdue pour celui qui l’a
empruntée , parce que la perte d’une chofe tombe tou-
jours fur celui à qui elle appartient : mais il n’en eff
pas de même dans le prêt des chofes qui ne fe confue
19% PRE
ment pas par l’ufage ; comme feroit celui d'un cheval où
autre chofe , à moins qu’il n’y ait de la faute de celui qui
J'a empruntée , ou même s'il s'en fert à d’autres ufages
qu'en ceux pour lefquels il la empruntée.
A l'égard du prêt d'argent, ileft toujours réputé devoir
être gratuit, du moins en Juftice , autrement ce ne fe-
soit plus unprêt, mais une efpéce d’ufure, à moins que
le Débiteur ne foit en demeure de payer, & que le Créan=
cier n'ait fait une demande en Juftice du principal & des
intérêts, car alors il ui eft du des intérêts.
PREUVES (les) en matiere de conteftation ou de
procès, fervent à faite connoîgre fi un fair eft vérita-
ble ou non. Elles font fondées ou fur la foi des actes
par écrit, ou fur la dépofition des témoins, eu fur la
commune renommée & autres préfomptions. Par
exemple , un aëte autentique paflé par-devant Notai-
res , eft une preuve en partie de la convention faite
entre les Parties; cependant cet acte peut être faux :
il en eft de même de la dépofition des Témoins. Ceux
qui font des demandes en Juftice , font obligés de
donner la preuve des faits qu'ils alléguent : il en eft
de même des Défendeurs, Un Juge ne doit admettre à
Ja preuve , que pour les faits qu'on appelle pertinens :
en outre la preuve deit être faite dans la forme pref-
ctite par l’'Ordonnance , ainfi quand la preuve fe fait
par écrit, il faut examiner fi l’aête , eft dans les formes ;
quand elle fe fait par Témoins , laquelle a lieu pour
un fait conteflé , les Témoins doivent être compé-
tens ; n'être point fufpeéts , aveir été aflignés & avoir
prêté ferment : mais il y a plufieurs cas où la preuve
par Témoins ne peut être admife 3 comme quand il
s'agit d’une convention excédant la fomme de cenr li-
vres ; 2°. quand il doit y avoir une preuve par écrit con-
traire à la preuve par Témoins qu’on veut faire , com-
me quand on veu: prouver l'âge, ou le mariage , ou le
décès de quelqu un, à moins que les régiftres ne foient
perdus.
La preuve réfultante de la commune renommée , n'eft
qu'une préfomption qui ne prouve pas avec certitude ,
mais qui porte à croire, ou préfumer le fait dont il ef
gueftion,
a me
“. LA Ce D roro mer 7
nm nr pren De nn Ge RE ME à dome le Moi mot ue M US D mm
PRE züS
PRÉS ! les ) fontles biens de campagne les plus efti-
més, parce qu'ils ne coutent prefque rien, qu'ils rap-
portent tous les ans des récoltes abondantes , qu'ils fer-
vent à la nourriture des beftiaux , & qu'on entire de
l'argent par la vente qu'on en fait.
On en diftingue de plufieurs fortes. 1°. Les prés à
foin ou prés naturels : ce font des terres qui fans fe-
maille , produifent d’elles-mêmes de l'herbe qu'on fau-
che une ou plufieurs fois 1 an.
2°, Les pacages ou paris , ce font des parurages hu-
mides où l'on met les beftiaux pour s'y engraifler, Wo-
yez PATURAGES. |
3°. Les prés cultivés , ce font ceux ou l'on féme
certaines herbes , comme le trefle, le fain-foin , la lu-
zerne que l'on cultive avec foin.
4°. Les prairies flottantes : ce font celles qu’on peut
couvrir d’eau (ur la fin de l'hiver , quand on eft dansle
le voifinage de quelque riviere, ou grand étang, par
les rigoles qu'on en tire qui diftribuent l'eau dans le
pré : ces fortes de prés donnent trois fois plus d’herbe
que les autres.
En général tous les terreins gras & humides font bons
pour produire du foin : les bas prés produifent de bon
foin quand l'année eft féche : les prés hauts n'en pro-
duifent , comme il faut , que quand l’année eft humi-
de ; mais le foin eft plus fin que celui des bas prés. Les
meilleurs prés font ceux qui font femés de trefle , de
fainfoin & de luzerne.
Les bonnes herbes des prés font le petit muguet, le
vefceron , l'avoine ftérile , les renoncules, dites pied
de lion ou autres ; les hyacinthes , la paftenade ou
carotte fauvage , la germandrée, la reponfe , le cref-
fon d'eau , le paftel ou guefde fauvage , la langue de
cerf, l'ofeille , les violetres de Mars, les marguerites ,
la petite centaurée , les confoudes, le ferpolet , la mar-
jolaine , le baume, le pied de lion , le fumeterre, l'an-
gélique , l'armoife , la pimprenelle, l'aigremoine , la
millefeuille , le melifle, le cytife , la verveine , le tre-
fle d'eau , le mouron, les trefles.
. Les mauvaifes heibes font le colchicon ou mort
aux chiens : elle produit en automne des fleurs blan-
300 PRE
ches , puis bleues : fes feuilles reffemblent à celles de
l'oignon. La perficaire , la ciguë , le chiendent , la duo-
ve , herbe de marais, mortelle aux brebis & aux mou-
tons, la fauve efpece de moutarde , la prêle qui cro%
dans les foffés.
Culture ou foins que demandent les prés naturels.
1°. On doit les tenir clos , les farcler , arracher les
mauvailes herbes , les épines, ronces, joncs, glayeuls :
faire la guere aux Taupes; 2%. applanir la fuperfi-
cie du pré, femer dans tous les endroits vuides, ôter
toutes les pierres ; 3°. les arrofer fuivant le befoin
qu'ils en ont , fur tout au printems & enété, par le
moyen de quelque bätardeau ou éclufe, & par des ri-
goles qu'on entretient dans Îa longueur & largeur du
pré afin qu’il foit abreuvé également : empêcher que
les eaux n’y féjournenttrop, ce qui le dégraderoit : on
pratique pour cela des foflés & des faignées pour en dé-
tourner le cours,
4%. Les fumer tous les trois ou quatre ans en Dé-
cembre, Janvier & Février , & dans le tems ou les
produétions languiflent , & plus abondamment les
vieux que les jeunes. Le fumier pour les prés faits, doit
être bien pourri , & ne pas fortir tout récemment de
deffous le bétail , car il brüleroit la pointe des herbes.
Celui de mouton ; bœuf , vache , chevaux ; celui des
boues des rues & des chemins, les curures des mares,
les ordures de la bafle- cour , tout cela eft bon , auffi
bien que de la bonne terre meuble mélée avec le fu-
mier.
s°. Avoir grand foin, dès que l'herbe commence à
piquer , de ne laifler approcher aucune bête de ces for-
tes de prés, & jufqu a ce qu'elle foit fauchée & en-
levée : en un mot, tant qu'il y a de l'herbe à efpérer,
c'eft-à-dire, jufques vers la fin de Septembre, parce que
les prés ne font deftinés que pour rapporter du foin, &
non pour fervir de pacage.
6°. Les labourer & femer de nouveau quandils s'af-
foibliflent & qu'ils rapportent peu de chofe.
Maniere de faire un pré ou de convertir une ferre
en pré; 1°. quand on a choifi un bon fonds , on doit
le labourer profondément & à plufeurs fois ; le pre-
TT
J'me se TR pe
PUS OISE.
PRE 308
mier labour doit être au printems , le fecond & le
troifiéme en aucomne ; 2°. le fumer en Février avec le
fumier le plus nouveau & le plus gras , & donner le
dernier labour pour unir la terre , X y bien méler le
fumier.
3°. Y femer quelques jouts après la graine de foin avec
laquelle l'on doit méler de l'avoine ou du trefle : la plus
mûre eft la meilleure ; elle doit avoir été bien vannée &
bien nette : on doit la femer comme le bled & à plein
champ ; pafler enfuite la herfe deux fois en long, deux
en large, & deux en travers pour couv:ir la femence :
quelque tems après arrofer :e nouveau pré, fi la terre
eft forte : la défendre la premiere année des beftiaux
par de bonnes haies ou de bons fofiés , & pour toujours
des cochons : les préferver des grandes chütes d’eau , qui
emporteroient la terre légere : les farcler dès la premie-
re année , & les faucher. Voyez Trefle , Sainfoin, Lu-
zerne.
Un bon arpent de pré peut rapporter 300 bottes de
foin , & le plus médiocre un cent. Les prés flotrans
peuvent produire le double. Lorfque les prés ne rap-
portent plus , on les met en fimples pâtures, où en
terre labourable , fi le profit en grain eft plus grand , &
lorfque le changement ne fait pas tort au public , c'eft-
à dire , au päturage des beftiaux de la Communauté du
lieu.
Pour mettre les prés en ovale ou terres labourables,
il faut 1 . que la terre eu foit grafle & fubftantielle ;
2°, on doit les labouter fouvent , les amander avec les
cendtes de gazon , du même pré dont on a coupé la fu-
perficie. Voyez PATURAGES.
Récolte des prés. Woyez Foix.
Repouffement des prés. Voyez REGAIN.
Nouvelles obfervations fur les prés Un homme
qui a beaucoup de prés, fait fort bien de les exploi-
ter par lui- même , au lieu de les affermer : c’eft ce
que doit faire un Seigneur qui eft réfident dans fa
terre : ou qui va y pañler le tems de la fauchaifon,
parce qu'il a befoin de foins pour fa confommation
& qu'il peut fe fervir de fes chevaux pour les enlever ;
mais lor{qu on eg a peu , cet objet n'indemnile pas
o2 PRE
des foins & de la dépenfe que donne l'exploitation : eat
ilne faut rien épargner pour fauchet , faner , ferfer ou
emmeuler à propos ; la moindre perte de tems eft de
conféquence.
Il eft abfolument néceflaire de procurer des foins
au Fermier, fans cela , 1l ne peur pas nourrir des bef-
tiaux : de plus lorfqu'un Propriétaire a beaucoup plus
de foins que le Fermier n'en peur confommer , il
peur les vendre fur pied tous les ans ; cela eft plus
avantageux qu'un bail, atrendu que le Fermier paye
la caille (ur fon bail , & qu'il n'y en a point en ven-
dant tous les ans fur pied ; mais il eft toujours plus
avantageux de les exploiter par foi-même lorfqu’on le
peut, parce qu'on garde fon foin , & qu'on profite des
révolutions qui arrivent fur cette denrée comme fur tou-
tes les autres.
Il faut abfolument faire pacager dans les prés après
les récoltes, on ne peut y mettre trop de bécail ; cela
les améliore , mais il faut en exclure les moutons ,
gar ils font deffécher les prés. On ne doit épargner aucu-
ne dépenfe pour procurer des arrofemens aux prés : c'eft
un genre d'induftrie qu'on néglige trop; fouvent avec
peu de dépenfe on auroit des regrains qui vaudroient la
premiere fauche. Le meilleur de rous les engrais pour les
rés c'eft le fumier de pigeon: Lorfqu'un pré eft trop
mouillé on le defféche par les faignées en cherchant à
donner du cours à l’eau , fans quoi le foin pourriroit:
ces foflés de defléchement font faciles à faire étant peu
- profonds.
On doit faucher exaétement les prés , en rabattre
tous les ans les raupiniéres , & arracher les grofles her-
bes & les épines. Lorfqu’il y a des foflés autour des
prés, il faut les bien entretenir & conferver les haies
qui fervent d’abri aux beftiaux : dans les chaleurs ,
on doit mettre des faules, aulnes , peupliers , frênes,
& autres arbres aquatiques dans tous les prés mouillés
& le long des ruifleaux. C’eft un profit certain. que
d'en planter chaque année une certaine quantité , &
J'entretenir, Comme les raupiniéres gâtent les prés ,
il faut travailler à les détruire , ce qui n'eft pas difñ-
cile : on doit auffi faire périr la moufle , ou par le
(éjour
D dette TE 0
PRO 323
féjour de l'eau, f cela eft poflible, ou par le rateau de
fer. Lorfqu'on 2fferme des prés , il faut obliger le
fermier à toutes ces chofes , & en faire autant de clau-
fes de fon bail: on doit même l'empêcher de dénaturer
les prés, & quoiqu'on lui permette de les retourner , on
doit l’obliger de les rendre en prés, parce qu’on eft par-
là difpenfé de payer la dixme du pré, quoiqu'il y fûüe
fujet lorfqu'il produiloit du grain. £fai fur! Adm, des
Terres.
PRIMEVERE. Plante qui fleurit dès le commence-
ment du printems: fes fleurs font jaunes ; elle croît
dans les champs, dans Jes prés. Son ufage et dans les
affections de la tére, comme apoplexie, paralyfie : On
ufe de fes fleurs à la maniere du ché.
PRISÉE. On entend par ce terme, la valeur & eftima-
tion des chofes faites par autorité de Juftice : comme
quand on convient que le préciput fe prendra en meu-
bles, füivanc la prifée qui fera faite par l'Huiffier.
PROCÈS & PROCEDURE. On appelle procédure l’inf-
truction d'un procès : on l'appelle civile quand il ne s'a=
&it point de crime ; on l'appelle criminelle ou extraordi.
naire quand ilen eft queftion. On appelle procès ,
toute forte de conteftations 5 Mais on leur donne d’au-
tres conteltations felon l'état de l'affaire. Ainf on l'ap-
pelle Caufe depuis l'Exploit de demande, jufqu'au Juge-
Dent quife rend à l’Audience : on l'appelle inftance lorf-
que l’inftruétion fe fait, c'eft à-dire, depuis l'appointe-
mentà mettre, ou en Droit, ou au Confeil , jufqu’au
Jugement défisitif.
On appelle premiere inftance celle qui eft intentée
devant Je premier Juge. Il eft bon de favoir comment
on doit procéder en premiere inftance en matiere civi-
le. 1°, On doit faire donner ua Exploit de demande ,
fondée fur La propriété & le droit que nous avons dance
une chofe qui eft poflédée par unautre, ou fur quelque
Obligation dont le défendeur eft tenu envers nous.
2%, Si dans les délais de l'aflignation, la partie affignée
ne comparoît pas , le demandeur leve fon défaut , faute
ne comparoir : fi après avoir comparu elle ne fournic
pas de défenfes , le demandeur prend un défaut faute
de défenfes ; mais file défendeur comparoît , & fournit
Tome II, V
24 PRO
des défenfes , le demandeur peut fournir des répliques.
39. La partie la plus diligente peut pourfuivre l'Audien-
ce fur un avenir. 4°. Si l'une des parties ne comparoît
pas, fi c’eft le défendeur, le demandeur obtient contre
lui défaut; faute de venir plaider , fi c'eft le demandeur,
le défendeur obtient congé contre lui. 52. Si fur l'avenir
les parties comparoiflent par leurs Avocats où Procu-
reurs , & que la Caufe foit appellée, elle eft jugée à
l'Audience. Si la matiere y eft difpofée & l'affaire jugée,
la partie qui a obtenu gain de Caufe , fait fignifier les
qualités, & les porte au Greffier qui expédie & délivre
le Jugement. Si au contraire la conteftation n'a pü être
jugée à l'Audience, ou pat la difculté de la queftion,
ou par la contrariété des faits , les parties doivent être
appointées en droit, ou à mettre , Où à faire enquêtes
refpeétives. ,
On donne encore le nom de Procès à l'inftruétion
qui fe fair d'une inftance en conféquence d'un appoin-
tement de conclufion qui ne fe rend que fur l'appel
d'une Sentence rendue par écrit, Toutes les Procédures,
Caufes ou inftances périffent , & (ont comme anéanties,
faute de les avoir pourfuivies & continués pendant
trois années entieres : c’eft ce qu’on appelle en terme
de Pratique péremption d’inftance; mais il faut remar-
quer que la péremption en premiere inftance n'éteint
que les Procédures, & non l'action , ou le droitqu'on
a de pourfuivre (on débiteur; d'où ilsenfuit que fi le
tems qui précéde l'action, & les trois années de la pé-
remption, ne font pas enfemble celui de la prefcrip-
tion ; c'eft-à-dire, fi l'on eft encore dans les trente
ans de l'obligation, ou dansles dix ans dela refcifion ,
on peut reprendre fa demande , & Le fervir des aëtes
probatoires qui établiffenr fon droit. 11 y a en outre
des Caufes qui empêchent la péremption. 1%. Si le Rap-
porteur eft mort. & que la partie adverfe nait pas
fait diftribuer l'affaire à-un autre rapporteur. 2°. Si
c'eft une des parties qui foir morte, & qu'on n'ait pas
fait affigner l'héritier en reprife. 3°. Si c’eft le Pro-
cureut , & qu’on n'ait pas fait fommer la partie adverfe ,
de conftituer un nouveau Procureur. 48, Si ure fille ou
veuve qui étoic partie dans l'affaire , s'eft mariée, &
PRO 325$
qu'on n'ait pas fait afligner le mari pour reprendre l'inf-
tance avec {a femme , notamment en pays coutumier ,
où la femme a befoin du confentement de fon mar:
pour procéder en Juftice. s. La péremption n'a point
lieu dans les affaires qui regardent le Roi , ni dans celles
de l'Eglife.
Tout ce qu’on vient de dire a lieu pareillement en
Caufe d'appel : ainfi quand l'appelant a laitlé pafler
trois ans fans poufuivre [on appel, routes les procé-
dures font annulées , & l'intimé peut demander que
l'appel foit déclaré défert ; bien plus , l'appellant ne peut
plus intenter de nouveau fon aétion , L'action ayant péri
avec l'inftance, parce que la Sentence a palé en force
de chofe jugée. Mais les appellations qui font appoin-
tées ou conclues en la Cour, ne {ont point fujetres à
péremption, non plus que les appellations verbales qui
auroient été mifes en rôle, parce que Îe 10le dure trente
ans ; cependant une Caufe mie en rôle de la grande
chambre , & qui na point été appointée , ri mile à
un autre rôle, périt faute de pourfuite pendant trois an.
F |
néesentieres.
PROCÉS-VERBAL. (un) Eft un A@e dreffé par
des Officiers de Juftice, lequel contient ce qui s’eft
paflé en une defcente , vifie , ou capture , ou dans une
commiffion particuliere, comme font les dires & con-
teftations des parties , leurs comparutions , les auditions
des témoins. On dreffe des Procès. Verbaux 4 appofi-
tion & de levée de fcellé. Ceux-ci fe font par un Com-
miffaire : on en dreffe de rébellion à la Juftice ; ils fe
font par un Huiflier. En un mot on en dreffe , de
tout fair grave qui attaque le droit d'une perfonne pu-
blique,
PROCURATION, On entend par ce terme, le
pouvoir que quelqu'un qui eft abfenc, donne à un autre £
de gérer à {a place une où plufieurs affaires , Où quel-
que bien, Ce pouvoir peut fe donner , ou par une pro-
curation en forme , c’eft-à dire, pat devant Noraire ,
Ou par une fimple lettre, La procuration peut contenir
un pouvoir illimité de faire ce que ‘ugera à propos le
rocureur conftirué , ou un pouvoir borné, En général,
le dernier peut faire tout ce qui fe trouve compris
| 2
L
326 PRO
dans l'expreffion , ou dans l'intention de celui qui l'a
propofé : ainfi le pouvoir de recevoir ce qui eft dû,
renferme celui de donner quittance. Le Procureur conf-
citué peut non-feulement demander le rembourfement
des dépenfes qu'il a faites, ou le dédommagement de ce
qu'il peut avoir fouffert ; mais même demander en Jufti-
ce la récompenfe de ces peines.
Il eft libre au Procureur conftitué d’accepter la com-
miffion qui lui eft donnée ; mais s'il s’en charge , il eft
obligé de l'exécuter, autrement il feroit tenu des dom-
mages & intérêts qu'il auroit çaufés , à moins qu'il ne
juitifie qu'il a été hors d'érat d'agir , & pour une quite
caufe.S il conduit l'affaire , il eft obligé de rendre comp-
te de fa geftion.
PROCUREUR. Il y en a deux fortes, lun eftun
homme qui a reçu procuration & pouvoir de gérer
quelque affaire pour une perfonne. L'autre eft un Of-
ficier érabli pour défendre dansles Jurifdiétions Roya-
les , fes intérêts des perfonnes qui les lui confient. Il doit
faire tourès les pourfuites & procédures néceffaires pour
l'inflruction des caufes & Procès dans lefquels il occu-
pe , jufqu'à Sentence ou Arrét définitif ; & cela en
vertu du pouvoir exprès Ou tacite qu'il a reçu de fa
patrie.
Ïl ya certaines chofes que les Procureurs conftitués
ne peuvent pas faire fans une procuration fpéciale.
19. Quand il s'agit de former une nouvelle demande.
2e, D'interjetter appel , ou de renoncer à un appel
interjetté, 3°. De faire quelque défiftementr, ou quel-
que rénonciation que ce foir. 4°. Un Procureur ne
peut donner un confentement qui nuife à fa partie,
ni affirmer, ni faire des offres, ni récufer un Juge ,ni .
former une infcription de faux , ni reconnoître une <.
promefle ou une écriture privée , ni faire aucun défa-! *:
veu, ni recevoir deniers & pañler quitrance. Enfin, il :
ne peut faire aucun acte qui dépende du fait de la’
partie, & qui ne foit pas de l'inftruction ordinaire de
la procédure , à quoi fon pouvoir eft borné, fans une
procuration fpéciale , à moins que , lorfque la partie
eft fur les lieux , le Procureur ne lui ait faïr figner les
ades qui font du fait perfonnel de certe même partie ;
PRO 327
Car cette fignature vaut un pouvoir fpécial. Un Pro-
Cuteur qui dans les cas dont on vient de parler , paffe-
roit les bornes de fon miniftère, pourroit être défavoué
& condamné en {on nom aux dommages & intérêts de
la partie On doit obferver que les fignifications qui
font faites aux domiciles des Procureurs pour l'inftruc-
tien des Procès, font regardées comme fi elles étoient
faites à leurs parties ; mais à l'égard des Jugemens
qu'on veur mettre en exécution , il faut les fignifier au
domicile de la partie , outre la fignification qui en a dû
être faite à fon Procureur. Les Procureurs ne peuvent
pas retenir , pour raifon de ce qui leur eft dû , lestitres
de leurs parties |, mais feulement les procédures qu'ils
ont faices. Ils ont fix ans pour demander en Juftice
leurs frais , falaires & vacations , à compter du jour
qu'ils ont commencé d'occuper, & deux ans en cas de
décès des parties, de révocation ou difcontinuation de
procédure.
PROPRES. Terme du Droit Coûtumier par lequel
on entend les héritages que nous avons ou par fuccef-
fon en ligne direéte ou collatérale , ou par donation
en ligne directe. 11 y à les propres anciens & les propres
dre Un propre ancien eft un héritage qui nous
vient de nos ancêtres, qui a fait fouche plufieurs fois
en ligne directe, comme quand il vient du crifayeul &
de pere en fils, Uu propre naiflant eft un héritage quë
nous eft échu par fucceflion en ligne direéte ou colla-
térale ; mais qui étoit un acqueten la perfonne de celui
de la fucceffion duquel il nous eft échu : tel eft, par
exemple, un héritage acquis par mon pere , & qui
m'eft échu par fa facceflion : ainfi il commence à faire
fouche en ma perfonne : voilà pourquoi on l'appelle
paiflant , & s’il pale à mon fils , il fera à fon égard ur
propre ancien. On appelle propres paternels ceux qui
Viennent du côté du pere, & maternels ceux échus du
côté de la mere,
Il ÿ a encore les propres appellés fi&ifs |, & les
propres de Communauté. Les propres fiifs font des
fommes de deniers que l'on peut ftipuler propres dans
un contrat de mariage , comme quand on ftipule que
les deux tiers des effets mobiliers que la femme apporte
V3
3°8 PRO
en mariage lui demeureront propres , & que l'autre
tiers feulement entrera en communauté. Les propres de
communauté font rous Les biens qui appartiennent aux
conjoints par mariage, & qui nentrent point dans la
communauté : ils font oppofés aux biens communs entre
les conjoints: on les appelle propres, mais impropre-
ment. Ainf tous les acquets , & immeubles acquis avant
le mariage , font propres de communauté , de même que
tout ce qui ne tombe point dans la communauté par une
convention exprefle.
Les propres dans la facceffion de celui qui ne laiffe
que des héritiers collatéraux, appartiennent à ceux
du côté duquel ils fonc échus au défant , & on n'a
point d'égard à la prérogative de dégré plus prochain
qui pourroit fe trouver dans un parent d'un autre côté
que celui d'où les héritages font venus au défunt ; ainfi
les propres appartiennent aux plus proches parens du dé-
funt , du côté & ligne d'où les propres lui éroient venus,
qnoique plus éloignés en dégrés , que d'autres parens du
défunt de l'autre ligne. C’eft une régle du pays coutu-
mier , fondée fur cette maxime : Paterna paternis, ma-
terna mafernis,
Stipulation des propres. On appelle ainfi une claufe
porté par le contrat de mariage, par laquelle les
contractans ou l'un d'eux ftipulent qu'une fomme de
deniers fortira nature de propre au ftipulant : l'effet
de cette ftipularion eft d'empêcher que cette fomme
ne tombe dans la communauté; en forte que lors
de la difolution du mariage , le ftipulant reprend hors
part & fans confufion des biens de la communauté
la fomme qui lui eft ftipulée propre; & fi le ftipu-
Jant décéde, fon droit pafle à fes hériniers. La faveur
des mariages a fait introduire la ftion des propres
comme celle des meubles, parce que fans cela un hom-
me qui n’auroit que des propres , trouveroit difficilement
à fe marier ; & celui qui n'auroit que des meubles
en fe mariant , cauferoit trop de tort à {a famil'e,
Lorfque des propres, appartenans à l’un des conjoints,
ont été aliénés ou vendus pendant le mariage , on
Jui en doit faire le remplacement, c'eft-à-dire , que
lui, où fon héritier, en reprend le prix fur la commu-
PRO 329
nauté & hors part. C'eft ce qu’on appelle en terme
de droit coutumier , le remploi des propres aliénés.
Bien plus, lorfque ce font les propres de la femme qui
ontété aliénés , & que les biens de la communauté ne
font pas fuffifans pour fournir le prix, il fe prend fur
les propres du mari; mais quand ce font ceux du mari:
qui ont été aliénés , il s’en peut point reprendre le prix
fur les biens de (a femme. 2°. Quand les deniers ftipulés
propres à la femme , font employés par fon mari en
acquifition d hérirages, ou autres immeubles, & que
le mari déclare par le contrat d’acquifition , que c'eft
pour fervir de remploi des biens propres de fa femme
qu'il a aliénés , les héritages acquis appartiennent à la
femme.
. PROTEST., Terme ufité en fait de lertres de change.
C'eft une (ommation que l'on fait faire par un
Huiffier ou Sergent à un Barquier ou Marchand , d’ac-
cepter une lettre de change tirée fur lui, ou bien de
l'acquitter quand le tems du payement eft échu. Le pro-
teft, faute d'accepter, doit être fait dans le même tems
que l’on préfente la lettre, en cas de refus d’accepta-
tion: ce proteft n'oblige le Tireur qu'a rendre au
Porteur la valeur de la lettre de change , ou lui donner
des süretés.
Le proteft faute de payer fe fait quand celui qui a ac-
cepté la lettre de change , refufe de la payer au tems du
payement échu après les dix jours de faveur, & à comp-
ter du lendemain de l'échéance de la lettre.
Dass l’une & l'autre forte de proteft, on doit décia-
ter & protefter, que faute d'acceptation ou de paye-
ment de la letire de change dont il s’agit, on laren-
dra au Porteur , ou qu'on fe pourvoira ainfi qu’on avife-
ra bon ftre.
PROVINS. On entend par ce mot des branches
qu'on couche en terre, fans les féparer de la mere
branche, afin qu'elles prennent racines & faflent de
nouvelles plantes. On pratique cette méthode, fur-
tout à l'égard de la vigne , des figuiers & des bois
taillis.
PROVISIONS. On appelle ainfi en termes de Juftice
le Jugement ou Ordonnance du Juge 3 adjuge à
4
330 PRO PRU
une Partie une fomme de deniers à prendre fur cer-
tains effets ou biens avant la décifion du procès : il faut
pour obtenir une provifion, que la demande foit très-
équitable ; comme le font , par exemple , les provi-
fions accordées pour alimens & pour faire fubfifter
quelqu'un. On accorde encore une provifion fur des
biens faifis réellement à la partie faifie ; comme à
une veuve & à fes enfans , à prendre fur le produit
des baux judiciaires pour leur fervir de provifian ali-
mentaire.
Provisions d'une Charge. Ce font des Lettres du
grand Sçeau, par lefquelles le Roi confére & donne le
titre d'un Office à un particulier : elles fonc abfolument
néceflaires pour avoir droit en l'Office, & pour que la
propriété en foit tranfmife en la perfonne du réfigna-
taire, L'acquifition de la Charge , ni même la pro-
curation du Réfignant ne fuffifent pas ; il faut que la
démiffion foit admife & les Lettres de provifions ex-
pédiées. On doit fçavoir encore que le fçeau des pro-
vifions purge toutes les hypothèques & rous les privi-
léges qui pourroient être prétendus fur POffice, pour
raifon des dettes du réfignant, quand le Créancier n'a
point fait d’oppofition au Sçeau avant l'obtention des
provifions.
PRUNEAUX {les) font des prunes qu'on fait
fécher au four. On choifit pour cela des impériales
rouges , des prunes de Monfieur , de fainte Catherine ,
on ne prend point celles qui font tombées fous les ar-
bres , on les range fur des claies , & onles fait fécher
au four à plufieurs reprifes , lorfque le pain en a été
tiré.
PRUNELIER , c'eft le prunier fauvage. Arbriffeau
épineux qui croit dans les haies & les lieux incultes :
il porte de petites prunes comme de gros grains de
raifin de couleur noire & d’un goût âcre : on les ap-
pelle Prunelles ; leur fuc eft très-propre pour refferrer ,
ainfi elles font bonnes dans le cours de ventre & la dyf-
fenterie.
PRUNES ( les) font le fruit du prunier ; voici leurs
différentes efpéces & qualités,
Le gros Damas de Tours ; elle eft hâtive , à la chair
#
PRU ; 321
jaune & quitte le noyau , elle eft fort eftimée.
PrRuNE de Monfeur , grofle , ronde , quitte le
noyau.
Les Damas roug:s , blancs, & violets, fucrés; le
violet eft longuer, le rouge & le blanc font ronds.
La Diaprée , groffle & obiongue, très-fleurie, d'un
goût relevé, a l’eau douce & fucrée.
La Mirabelle, petite, blanche , jaunâtre , fucrée ,
quitte le noyau , la groffe eft la meilleure.
Damas d'Italie prefque rond, d’un violet brun , fleu«
rie.
La Reine Claude , verdatre , ronde , très-fucrée ,
fort eftimée.
La Royale, groffe, ronde, d’un rouge clair, d’un
goût relevé.
Sainte Catherine longuette , groffe , d’an blanc jau-
nâtre.
Le Drap d'or, efpéce de Damas , d'un jaune mar-
queté de rouge, & fort fucrée.
Perdrigon violet , aflez grofle & longue , a la chair
très fine , l’eau fucrée , le goût relevé , mürit à la mi-
Août.
Perdrigon blanc , a les mêmes qualités.
Impériale , belle prune d’une figure d'olive , elle a
use couture d'un côté, qui régne depuis fa queue juf-
qu'à fa tête ; d'un coloris rougeâtre , a la chair ferme,
l'eau abondante, douce & fucrée.
Le Damas mufqué , eft petit & plat , quitte le no-
yau.
La Prune d’Abricot , blanche d'un côté , rouge de
l'autre.
La Dauphine , une des meilleures prunes , eft ver-
dâtre & ronde , affez grofle : fon eau fort fucrée au
goût ; pour Ja manger bonne , il faut la laiffer rider
vers la queue.
L'Impératrice ; efpéce de Perdrigon violet tardif ;
mürit en Oétobre, a la chair fine & fondante, l’eau
douce , fucrée : on en fait de bonnes compotes.
La Reine Claude eftla meilleure de toutes les pru:
-nes : elle mürit au mois d'Août, & conferve toujours
{a verdure, mais ce verd eft cendre ; {a peau cft fine
332 PRU
& colorée d’un rouge brun, la chair eft fucculente 8
fucrée.
Pour confire à l'eau-de-vie des prunes de la Reine
Claude, choififfez-les quand elles commencent à mû-
rir, car ilne faut pas qu'elles aient été cueillies long-
tems auparavant : efluyez-les pour en Ôter la fleur ;
percez-leur la peau avec une épingle ; mettez les trem-
per dans l'eau avec un filet de vinaigre pour conferver
Jeur verdeur ; blanchifflez-les au demi fyrop ; puis
reurez les ; laiflez - les égouter. Dans cet intervalle ,
achevez le fyrop; retirez le du feu, & étantà moitié
chaud , verfez- y dedans vos prunes ; laiffez- Les y
vingt-quatre heures , puis retirez - les avec une écu-
moire : remetrez les égoutter : faites bouillir alors &
clarifier votre fyrop ; écumez-le rendez-le à la groffe
plume : pendant qu'il refroidit , atrangez vos prunes
dans les bouteilles, Le fyrop étant refroidi, verfez-y
dedans de l'eau-de-vie , ou de lefprit de vin, felon le
tems que vous voudrez conferver vos prunes : rem-
pliffez enfuite vos bouteilles de ce mélange , & au
bout de fix femaines les prunes feront bonnes à man-
ger.
Compote de Prunes , foit Mirabelles ou Perdrigons,
&c. Piquez-les avec une épingle : jettez-les à mefure
dans l'eau, puis faites les blanchir fur le feu: quand
elles montent, tirez -les pour les faire rafraîchir , &
reverdir : mettez les au petit fucre , auquelil faut faire
prendre deux bouillons feulement : laiflez_les en çet état
jufau’au lendemain ; remettez les alors dans une poële ,
& donnez leur autant de bouillons qu’il fera néceflaire
pour qu’elles prennent bien fucre ; retirez-les lorfqu’el-
les n'écument plus.
Marmelade de prunes. Paflez vos prunes à l’eau fur le
feu jufqu’à ce qu'elles foient molles : égourez les forte-
ment au tamis: faites déffécher votre marmelade fur
le feu , mettez y autant pefant de fucre cuit à caffé ; fai-
tes feulement frémir le rout, & empotez après avoir
poudré de fucre.
Les cérifes , grofeilles, raifins , peuvent fe faire à
l'eau de vie de la même maniere.
La Recette pour confire deux cent de Prunes, eft
PRU mp.C 323
la même que celle pour confire des abricots, Voyez
ABRICOTS.
La même recette fervira pour confire 400 de Mi-
rabelles. Les Mirabelles doivent être cueillies müres ,
piquées à la queue , miles tremper dans l’eau de-vie
pendant huit jours, après quoi on les retire, & on les
met en bouteilles dans de bonne eau de-vie de Co-
nac.
PRUNIER , Arbre fort connu Le prunier cultivé
cft d'une médiocre grandeur : il a Les feuilles den-
telées!, & un fruit charnu & fort bon. On les mulri-
plie en les greflant fur les fauvageons des pruniers
venus des noyaux ou de boutures , ou des rejettons: les
meilleurs font ceux qu’on éléve au pied des pruniers de
damas noir & de faint- Julien. Les pruniers veulenc
une terre féche & fablonneufe ; on doit les labourer,
éplucher la gomme , la moufle , découvrir de tems
en tems fes racines , & y répandre de la lie d'huile
ou des cendres de farment. On les greffe en fente ou
en écuflon , mais feulement fur d’autres pruniers, tels
que le damas noir & faint-Julien , ou fur des fauva.
geons de pruniers élevés de boutures ou de noyaux,
On les taille dès le mois de Février, & à propo:tion
de la vigueur de larbre : on doit laifler les branches
à fruit fort longues , tailler long les branches à bois,
& Ôter les inuules, maisil faut lui laiffer beaucoup
de vieux bois , {ur tout des branches à fruit avoir
foin d’ôter les branches gourmandes, & de les dégager
fur-tout de la confufion des branches ; mais on ne doit
tailler les pruniers que fix ou fept ans de fuite, après
les avoir replantés , & les laiffer enfuite pouffer à leur
fantailie.
PUCERONS. Infeétes nuifibles aux arbres fruitiers :
c'eft au printems qu'on les apperçoit ; ils fe cachene
dans les feuilles | & ils font fort friands des jeunes
plants ; peu de tems après qu'ils font éclos , il leur
vient des aïîles : on doit les détruire autant qu'il eft
pofible , foit en frottant les branches de chaux vive
trempée dans l'eau, foit en verfant du forc vinaigre fur
ces infectes.
PUCES. Remedes pour les chafler, 1°, On doit
234 PUI PUL
tenir fes chambres dans une grande propreté : afpergezä
les d’une décoétion de rhue mélée avec de l'urine : met-
tez de la rhue &' de l’abfinthe entre les matelats & la
paillaffe. |
Faites diffloudre dans un fceau d’eau une once de fu-
blimé en poudre ; faites bouillir cette eau un quart- d’heu-
re, arrofez-en la chambre quatre jours de fuite.
Autre Remede. Parfumez les chambres avec du fer-
polec & du pouliot.
: PUISARD. Puits de pierre ou grand trou qu'on pra-
tique, fur-rout dans les grandes bafles-cours, & ou fe
perdent toutes les eaux qu'on y jette ou qu'on y con-
duit : le fond en eft de fable , & par-deffus on met des
pierres féches : on le couvre d'un grille de fer ferrée ,
afin qu'il n'y ait que l'eau qui y pale, & non les grof-
fes ordures.
PUITS. Quand on en veut faire un, ce doit être
dans un endroit éloigné des étables , des fumiers ,
des mares. On doit le creufer dans une terre fablon-
neufe ou noire, tenant de l'argil ou de la glaife afin
que l’eau en foit bonne ; car fi la terre eft fangeufe ou
limoneufe , l'eau rifque d'être mauvaife ; l'eau des
puits pratiqués dans les prés & iieux humides ne vaut
rien. Quand on l’a trouvée , car on en trouve par-tout
avec la patience, on bätit le puits , on laiffe des trous
aux murs dans les endroits où ily a des fources qui y
aboutiffent.
Plus on tire de l'eau d'un puits, plus elle eft legere,
& par conféquent meilleure.
Pour que les puits foient entretenus nettement, il
faut les faire curer de tems-en tems. |
Quand on ne peut avoir de puits qu'à très-grands
frais, on doit faire conftruire une citerne, car il n’y
. a point de plus grande incommodité que celle de man-
quer d'eau à la campagne.
PULMONAIRE. Plante dont les feuilles refflem-
blent à celles de La buglofe , & font marquées de
taches blanches : elle croît dans les bois & les lieux
cmbrageux. Ses feuilles font rafraîchiffantes & d'un
grand ufage dans le crachement de fang & autres af-
feftions du poumon & de la poitrine : elles ont la
vertu de confolider les ulcères , voilà pourquoi on
- PUO PUR 335
donne encore à certe plante le nom de Confoude, On
s'en fert dans les apozèmes & dans les prifanes ; on
l'emploie aufli en fyrop. Cette plante demande une terre
grafle & bien culivée , on la multiplie de plant enraci-
né au mois de Mars.
11 y a encore la pulmonaire de chêne ; c’eft ane ef-
péce de moufle qui s'attache fur les troncs des chênes &
des hêtres : elle a les mêmes vertus que la précé-
dente.
PUNAIS , ou perfonne qui a le nez punais. Pour
corriger cette incommodité , il faut mettre dans le nez
pendant quinze jours du jus de racine de cerfeuil Voyez
Nez.
PUNAISES. ( Remede contre les ) Mettez enfemble
du favon noir & du vif argent. Faites-en une efpéce
d'onguent , & oïgnez en les endroits ou ily a des pu-
naifes.
Ou faites bouillir de la coloquinte avec de la rhue,
& lavez les bois de lit avec cette décoétion.
Ou mélez neuf onces de fain-doux avec deux onces
de vif argent en forme d'onguent , & frettez-en le bois
de lit.
À l'égard de celles qui font aux murailles, voici le
remede. Pilez quinze dragmes d herbes aux poux, &
autant d'oignon marin coupé en petits morceaux avec
une cuillerée de fort vinaigre : faites chauffer le tout,
& enduifez-en le mur.
Ou frottez les fentes des lits avec de la colle de poif-
fon que vous aurez fait cuire,
PURGATIFS. L'effet des purgatifs eft de dégorger
les glandes de l’eftomac & des aufres vifceres ; ils fer-
mentent avec le fang même , ils en féparent les impu-
retés. dont il étoit chargé : ils les entraînent dans les in-
ceftins, & les chaffent dehors avec les autres matieres
imputes,
Les fignes qui indiquent la néceffité de la purgation
en général, fonc les dégoûts, les gonflemens Îa pareffe
du ventre , les maux de tête , les veruges, les affou-
piflemens , l'amertume & mauvais gout dans la bou-
che , les rots fréquens , les vents & les aruofirés, les
douleurs d'eftomac,
336 PUR
29. Les purgatifs font néceffaires aux perfonnes va-
létudinaires , mélancoliques , atrabilaires, à ceux qui
font fujets aux vapeurs, aux migraines, ou qui ont des
fluxions fur les dents & fur les yeux ; à ceux qui font
menacés d’apoplexie férieufe & de léthargie , ou qui
ont déjà eu quelques attaques; à ceux qui fonc fujers
à la goute, aux rhumatifmes , aux coliques bilieufes,
aux douleurs néphrétiques : ils le fonr encore dans l'op-
preflion de poitrine , l'afthme , le vomiffement , dyf-
fenteries récentes, jaunifle, mais non accompagnée de
difpofirion inflammatoire du foie ; dans les opilations
de laïate, & les obftruétions des glandes du méfen-
ere , dans les fueurs habituelles & invérérées , fup-
reffion des régles , les maladies chroniques , dans les
maladies rébelles, de quelque efpéce qu'elles foient,
dans les maladies fcorbutiques , les tumeurs au fein,
fiftules , ulcères , abcès, dartres, galles , éréfipeles, &c.
Ces fortes de perfonnes doivent fe purger tous les huit
jours pendant deux ou trois mois.
Ils font indifpenfables dans les fiévres épidémiques,
ardentes, continues, malignes, putrides, & autres de
quelque efpéce qu'elles foient ; mais après avoir mis en
ufage la faignée , les ptifanes , les boiflons , les lave-
mens.
On doit proportionner la dofe des purgatifs à la
force ou à la foiblefle du tempéramment. Pocr pré-
venir toute erreur , on n’a qu'a donnet la moitié ou
les deux mers des dofes marquées pour chaque âge la
premiere fois qu'on les emploiera. Le régime de vivre
pendant l'ufage des purgarifs doit être exaét & reglé ,
fuivant le caraétere de la maladie & le cempéramment
du malade.
Toutes les fois qu'on fe purgera, foit en fanté, foit
en maladie, on prendra la veille & le lendemain un la-
vement rafraîchiffant pour que la purgation fafle un meil-
leur effet : on avalera un bouillon , deux ou trois heures
après la médecine, & dans la fuite un verre de ptifanne
chaque fois qu'elle opérera , avant ou après le bouillon :
on ne mangera que fort peu de viande le jour de la
purgation ; il y a même des Médecins qui prétendent
qu'il n'en faut point manger du tout,
PUR 337
Autre purgatif , facile & à bon marché pour les
payfans. Prenez , au tems de la vendange, quatre pin-
tes de vin blanc doux , & avant qu'il ait bouilli: merttez-
le dans une grande bouteille , avec trois onces de bon
féné , deux dragmes d'écorce de citron ; bouchez bien
la bouteille après que le vin aura fait fon ébullition,
& gardez-le pour l’ufage. La dofe eft depuis un demi-
verre jufqu'a un verre : on doit le réitérer plufieurs
fois dans les maladies longues; il lâche le ventre, &
fait évacuer à la longue , toutes les humeurs les plus
ténaces.
Avant de donner les purgatifs, on doit préparer le
malade ; c’eft à-dire , ôter les empêchemens qui rea-
droient la purgation facheufe, On doit fe tenir chau-
dement ie jour de la purgation, & ne faire qu'un exer-
cice modéré , ne pas boire beaucoup de vin : les
purgations , en forme de liquide , opérent mieux, &
avec moins de travail ,: qu'en forme féche. Dans les
maladies aigues on doit purger dès le commenceinent,
& ordinairement par en haut , & au déclin par en
bas.
PurGaTir doux. Prenez des ‘racines de violier de
Mars , faites les infufer une nuit , dans un verre de
vin blanc, exprimez le tout, & buvez-le à jeun : ou
prenez deux onces de racine de patience bien lavées,
faites-les bouillir dans trois demi-feptiers d'eau , que
vous réduirez à chopine ; prenez-en la moitié à fix ou
fept heures du matin, & l’autre à quatre heures du foir.
Si vous voulezy faire infufer une dragme de féné , cela
Opérera d'avantage.
PurcaTirs qui n’obligent pas à garder la chambre,
Mettez deux dragmes de féné avec un peu d’anis dans
un petit linge que vous lierez avec un fil ; & faifant cuire
des pruneaux 2 l'ordinaire , mettez dans le por avec les
pruneaux , le noué de féné : les pruneaux étant cuits ,
mangez-en , & avalez en le fyrop au commencement
ou à la fin du repas.
Purcatir apoellé pâte médicinale. Prenez de la
terre grafle , dont on fe fert pour faire des pots,
environ une once & demi , avec laquelle vous mê-
lerez demi - once d'antimoine préparé , appellé le
533 PUR
faffran des métaux , crocus metallorum , que vous
mettrez en poudre : après ce mélange , vous ferez
fécher la pâte au foleil d'été , & à feu lent durant
l'hyver.
Lorfque vous voudrez en ufer , faites-la tremper à
froid , enveloppée d’un linge en double , dans un petit
pot de terre, rempli d’un demi feptier de vin blanc,
durant vingt-quatre heures. On en peut donner aux
tempéramens forts jufqu à dix cuillerées , & encore deux
autres cuillerées dans le premier bouillon qui fera don-
né une heure après la prife, À l'âge de quinze ans,
fept cuillerées , à trois ans, deux , à un an, unecuil-
lerée.
Ce vin purge par le vomifflement & par les felles ;
il peut être donné utilement , deux heures avant l’ac-
cès des fiévres quotidiennes , tierces, doubles tierces,
& quartes , & au tems de Ja diminution dans les conti-
nues : il eft encore utile dans les douleurs de tête , con-
vulfions , apoplexie , affoupiflemens , & particuliere-
ment dans les maladies qui ont leur fiége dans le ventre
inférieur. Voyez Poudre purgative.
Voyez les articies des maladies les plus connues , &
où l'on trouvera les purgatifs convenables. À
Les purgatifs {ont contraires à ceux qui font atta-
qués d'inflammation , d'ardeur dans les entrailles , de
toux féche , de douleurs dans l'eftomac , en y por-
tant la main. Ils font nuifibles dans les fluxionsnaif-
fantes , les inflammations du poumon , les crache-
mens de fang, les urines rouges, & en petite quan-
tité . une fiévre confidérable & une fueur abondan-
te dans les approches & le tems des régles pour les
femmes ; mais elles doivent être purgées au milieu
de leur groflefle , & fix femaines après l'accouche-
ment.
On ne doit point fe purger dans les froids violens , ni
dans les chaleurs fans grande néceflité ; le rems frais &
humide eft le plus convenable. Voyez Emérique.
PurRGATION des oifeaux de voliere : on purge avec
de la graine de melon mondée , ou avec des feuilles
de laitue , ou de la poirée ou du mouron tous les o1-
feaux qui mangent du chenevi , du millet, de la na-
veite ,
QUA DOS
vette : on leur donne auffi un peu dé fucte trempé dans
l'eau : à l'égaid des oifeau 1 mañgent dé la pâte tels
8 e q r + = 4 : P: e À ñ; 3 1
que le roffignol : on doit les purger üne fois le mois avec
deux outroïs vers de farine ; & mettre du fucre dans
leur eau, | ED la
Quarres de Jardin, On appellé” ainfi les divifions
que l'on fair duterrein Potdger ‘on en pratique plus à
moins , {elon la grandeur da: ‘érdis ; enuite pour avoit
la liberté de ferfouir les plantes ; on divile ces quarrés
dans leur largeur , en diverfes planches de cinq pieds de
large fur route (a longueur ; en les féparance par des fen
tiers d'un pied afin qu'on puifle’aHer à droite & à gau-
che fans rien gâter. 1 Prise ab
Lorlque le terrein eft grand, on peut partagetife
POtager en quatre grands quarrés, par une allée “à
croix , & on les fubdivife en quatre plus petits, Voye
otager. :. LE l'en . lus ‘est
QUART. Sorte de mefure qui fait la quatriéme pare
tie du boiffeau. On appelle auffi de ce nom, la quatriék
me partié du muid-de Paris, ‘laquélle contient feprante-
deux pintes. ‘29 7
QUARTAUT. On appelle aiafile quart de la quéue
de Champagnes: PEAR 5 181, sure
QUEUE de Champagne ( la ) tient un muid &- un
tiers , mefure de Paris; ce qui faittroiscens quatre-vingt
RE pintes. La demi queue fairles deux uers du muïd,
2 quart de la queue s appelle Quartaut. s100m
Queue d'Orléans ; de Blois, de Nuits, de Dijon &
de Mâcon. Terme de la melure ordinaire du vin dans ces
Pays selle tient un muid &-demi ; mefure de Paris , lex
quel eft deux cent quatie vingt-buit pintes ; ce qui-faic
quatre cens trente deux pinres.
QUINCONCE. On appelle ainfi un certain arran.
&emMent que l'on donne aux arbtes en les piantanr :
un Quinconce eft un plan d'arbres pofés en plufieurs
rangs paralleles ; tant en longueur que lar eur ; mais
Tome IL. S:
432 ryOoQUlIaAUO
pofés. de maniere ,; que le, premier du. fecond.rang
commence au Centre du quarré que formentles deux
premiers arbres .du premier, rang, 8e. les deux pre
iers du troiiéme ;_ce,qui.fait la figure du cinq d'un
ez à jouer. Cependant aujourd'hui les Quinconces
ne font que plufeurs allées de hauts arbres plantés
à angles-drouts ;- & qui forment-un échiquier fimple ;
ou urait quarré de routes faces : on a rouvé que l'an-
cien Quinconce formoit des allées plus étroites les unes
que les autres. ,
Les Quinconces! d'arbres ftériles réuffiffent mal fi
on ne les laboure . ainfi il faut y faire -paffer la
charrue ou la bêche: deux fois l'an ; & afin de-ne
pas perdre fa dépenfe , on poutra Y femer de l'orge,
de l’avoine ou des pois ;.&. lorfque fombrage emr
pêchera la récolte, on formera fa pélonfe:. Par certe
méchode les arbres viennent beaux ; il:en périt peu ,
ils pouffent également, & ils font plus forts à quinze
ans-de, plantation, que ceux néohgés ne le font à
trente. Ces fortes d'arbres -bien cultivés pendant dix
au.douze ars » font. toujours beaux iquoiquon ne
es’ culuive plus dans fa fuire ; mais ceux qui ont été
négligés dans les prèmieres années , nee rérabliffenc
. C'eft, une entreprife..hazardée que de mettre en
Quinconce des arbres fruitiers ; car il nya que les
Jes-bprdures qui rappottent; l'ombrage de l'un étouffe
l'autre , l'air ne paille pas, à le fruit-n'a point de
guakitéhisen au 20 |} sx ct 5 SUAU
… QUINQUINA. (le) Eft l'écorce d'un:arbre qui
toit au Pérou, dans la Province de Quitto ; (ur des
montagnes près de la- Villké de Loxa : ileft a-peu- près
rand comme un -cérifier. Le Quinauita cultivé eft
préférable au fauvage : le meilleur eft.compaéte , de
couleur rougeâtre, amer au goût ;-om'ne doit pas
fe fervir-de celui -qui-eft pulvérifé depuis long-rems,
car il n'a plus la même force ; 1 eft chaud & def-
catif. Son-principal.effér.eft dans les fiévresyintermit-
rencesz car il précipite: la leyain de la fiévre ; & al
modere fon effervefcence pat ja fueur: pu -parles:urines.
La dofe eft d'une dragms en poudre » infufée pen-
» a +
| IQ WI ue.
dant qaélques heuïes dans du vin.
MaAN:ERE de prendre le Quinquina. Prenez une bou-
teille de verre double d'environ deux pintes & demi ,
‘rempliffez- la de quinze où feize verres dé bon vin , & du
plus rouge : Jettez-y une-once de quinquina en poudre :
bouchez exaétement a bouteille , & laiffez infufer le
Quinquina deux jours & déux nuits, en Je renuanr de
hauten bas, Cinq ou fix fois le jour,
Deux jours avant d'ufer de ce Quinquina , purgez lé.
‘géremènt le malade ; mais hors le :ems de Paccès:
"©7 Lélendemain commencez par lui donner un verre de
Quinquina, de quatre en quatre heures, fufqu'au nom-
bre de quatre verres ; quand même l'accès réviendroic
aprés avoir pris le Premier ou I: fécond verre , obfer-
vant de le faire manger deux heures apres chaque ver
te Le fecond jour on obfciverà le même ordre. Le troi-
‘fiéme, le malade ne prendra que trois verres. Le qua-
“‘triéme il n’en prendra que deux, Fun à fept ou huic
“heures du matin, l'autre fur les quatre heures après
midi.
. Le malade ne doit Manger, autant que faire fe pourra,
qué de bon pain % de bon rôr; : Sabfienir de bouillons .
Potages, fruits, poiffons, & boire du bon vin avec un
‘jours.
On doit purger le malade quinze jours après qu'ila
pris le Quinquina, & de la maniere [uivanre,
Prenez demi.oncé de fépé , un gros de rhubarbe, deux
gros de cryftal minéral » Un Citron coupé par tranches,
"&'un morceau de fucte ; faires infufer 1: tout'enfemble
2froïd , depuis Je midi jufqu’au lendemain matin dans
Un vaïffeau bien bouché, dans une chopine d’eau de ri-
-vière. On en prendra un bon verre à fix heures du ma-
“tin, & un autre à fept ; & à neuf heures on préndra un
-Douillon où l'on aura mis bouillir beaucoup de bourra-
che, laitue & pourpier.
[ n'eft pas prudent de donner le inquina dans
‘Tes fiévrés continuës > Di durant toutes Je inflamma-
‘tions "de * quelque’ partie que ce foit, ni dans les
X 2
342 U I
maladies de poitrine où il y a toux êt fécherefle, ni m&-
me dans les fiévres incermartentes, lorfqu'elles font ac-
compagnées de dureré dans quelques parties, comme
font la rate & le foie, ni dansla fiévre quarte lorfqu'elle
eft caufée par une bile brûlée ; car alors il faut avoir re-
cours à la faignée , aux bouillons rafraichiflans & aux
petits purgatifs. ,°. lleft pernicieux aux fiévres lentes
& invétérées, fur-tour fi elles ont accompagnées d'un
abcès , ou d’un cautere interne; On doirencoreobferver
que dans les fiévres, ou doubles, ou tierces , ,on doit
donner le Quinquina avec Veau, comme quand on re-
connoic qu'il eft nuifible avec le vin. SC
Pour que le Quinquina produife fon effet, on doit
préparer le corps par les faignées & les purgations ; pou
vuider les ordures qui font dans les vifcères. D GET
Pour qu'il produife encore fon eHer,. & qu'il foit ca-
pable d'expuller le levain de la fiévie, il faut par des
évacuations préalables , nettoyer l'eftomac del'abondan-
ce de bile, ou autres manvaifes humeurs qui: l'embar-
raffent, autrement il eft fouvent caufe que la matiere
fébrile paffe dans le fang en plus grande quantité qu’elle
n’auroit fait. Ilne faut pas non plus l'agmiviftrer dans les
Gévres continue & intermittentes ; PATCE QUE la caufe de
la févre eft forte, car iln’eft pas capable de la furmon-
ter, & on ne décharge auparavant l'eftomac par des pur-
gatifs. | 4845)
11 n'eft pas douteux que le Quinquina ne foit. d'une
grande utilité, quand il eft aémimiftré à propos mais
fi on n'y apporte pas beaucoup de difcrétion & de pruden-
ce, il en réfulte fouvent des maux & des inconvémiens
confidérables. Cas fingul. € Confulr. de Médec.
QUIN & REQUINT: (le } Sont des droits en matiere
de ef. Le Quin eft un droit dû par le Vaflal à fon Sei-
gneur ; Jorfqu'il fait vente du fief: c'eft la cinquiéme par-
tie du prix de l'acquifition. Le Requinr eft la cinquiéme
partie du Quint; il a lieu lorfaue la vente ef faite francs
denierss c'eft-à-dire lorfque le vendeur a chargé l'acqué-
reur de l'acquitter du Quint ; car alors l'acquéreur doir-le
vint & le Requint. CR #4 À
Le Quint & Requint eft pour les fiefs, ce que font
pour les héritages roturiers , les lods & ventes ,:& même
2. OQ UI “. 343
il y a plufeurs Province , où l’un & l’autre de ces droits
ne font connus que fous ie nom de lods.-
QUINT AL. C’eft le poids de cent livres ; mais il n’eft
pas égal en tous lieux : c'eft la différence des livres qui
fait la différence du Quintai.
QUINTE-FEUILLE. Plante qui croît dans les lieux
aquatiques ; elle pouîle comme le fraifier plufieurs tiges
menues , fes feuilles reffemblent à celles de la menñche,
& forcent cinq à fix à la fois d'une feule rige. Cette
plante eft vulnéraire & aftringente ; on l'emploie dans le”
crachement de fang , latoux , la javnifle , les affections
catarreufes , le cours de ventre, la àyffenterie.
QUITTANCE. (une } Eft un ae de la part du
créancier , par lequelil reconnoît avoir reçu telle ou telle
fomme de fon débiteur , & qu'il en tient quitte, Les
Quirrances destrois derniéres années d’arrérages d'une
sente , induifent le payement des précédentes, fi elles ne:
portent expreflément la claufe , fans préjudice à ce quieft
Aû des précédentes.
344 R AB , RAC
Ra AIS, ( adjudicatior au }. On fait des adjudica=
tions ou marchésau Rabais , pour des ouvragés publics,
pour des mineurs, pour des ouvrages. d'Eohfe, & on
adjuge l’entreprife à celui qui veut la faire à moindre prix.
Le Rabais eft oppofé à l'enchere ; car dans certe dernie-
re en adjuge fa chofe, ou le bail à celui qui offre, da-
vaniage.
RABOTS. Outils de jardinage: ce font desefpéces
de douves rondes par-dehots, plates par le bas ; &
emmanchées par le milieu , qui fervent pour unir &
affermir les allées du jardin, après que le rateau y a
paflé. | |
RACINES, On appelle ainfiles parties inférieures de
la plante, qui font ordinairement cachées dans la terre ,
& dans le lieu où la graine a germé. Une racine [e divifé
en plufeurs filamens , qu’on appelle du chevelu, par ou
elle reçoit les fucs de laterre. La principale racine d’un
arbre s'appelle pivot ; parce qu'elle eft perpendiculaire à
fa tige.
On comprend fous le nom de racines , toutes celles
qu'on dépouille en plein chaïnp., ou dans les jardins , qui
fervenc à la campagne ;'non-feulèment pour les alimens,
mais aufli pour les nourritures des befliaux ; tels fontles
navets, dontil y 2 plufieurs efpéces,. les'wrofles raves,
les panais , les carottes : 1l y a des raves"8& des navets
qui viconent d’une groffeur extrême, pour la culture , &
qui font d’une grandeutilité pour la nourriture des bef-
taux, APPLE,
Pour cet effet, on les feme au mois de Juin , dans la
même terre d'ou l'on vient de dépouiller l'orge prime ,
après avoir brülé le chaume , & donné un labour,
& herfé la terre : vers le mois d'Otobre , on roule
un tonseau plein d'eau, pour abattre les feuilles ,
& faire grofir les racines ; elles font müres en No-
vembre ; on les arrache avec les grands froids.
Quand on er a beaucoup , on doit pratiquer une loge
st LS
À RIAD RAI, ,::534$
gour les mettre à couver, faite en plein air avec des
perches en quarré , & des claies pour fervir de murs, &
une couverture de paille. | a
Racines porageres, Elles fe plaifent dans uneteïre
un peugraffe; mais douce & ameublie. VASE
RADEX: Efpéce de rave forte qui a la forme du na-
vet. Voyez RAv£. | | (DATE.
RAGE. Maladie qui rend furieux. Remede pour la
rage , tant des hommes que des bêtes. Prenez la coquil-
le de deflous d’une huïître à l'écaille, mâle ; c'eft celle
dont Je poiffon a un bord noir, & dont lécaillé a en-
dedans des marques qüi font noires quand l'hüitre eft
vietlle, & faune quand elle eft jeune : faites la calciner
au four , jufqu'au point qu'elle rompe fans effort, ré-
duifez-la en poudre très fine : merrez le poids, de gros
de cette poudre dans di pain à chantér , & faies-la
prendre en plufeurs bols au malade , lorfqu'il eft dans
Faccès : les deux faivans , on lui en fait prendre la quan-
tité de quatre gros ; on peut auffi la faire prendre dans
du vin blanc ; le malade ne doit point manger que trois
heures après. La dofe pour les animaux doit être pro-
poftionnée à leur grotte - on leur fait avaler’ cettte
poudte avec de l'eau où du vin. Pourles chevaux, les
bœufs & les vaches , il faur la poudre de quatre 2 cinq
écailles ; voïl2 pourquoi il eft bon d'en avoir une pro-
vifion de cette poudre. Liébaur. $ Dre
- Autre Remede contre la rage. Prenez un gros de
geñtiane en poudre ,, & Î4 même quantité de théria-
que, mêlez les, & donnéz-eñ au malade , trois jours
de fuite, le matin à jeun ‘ coûvrez le malade pour le
faire fuer ; fcarifiez la plaie, & appliquez-y le remede
füivant. Prénez trois oignons rouges , une tête d'ail,
uüe demi-once de thériaque ; pérriffez le tout enfemble
& appliquez le [ur la Morfure, TA
. Le remede le plus eficace eft de fe baigner dans la
mer ; Mais cothme urie infiniré de gens en font fort éloi-
gnés , & que fouvent la faïfon.n'y eft pas propre, on
doit ufer dés rémèdes enfeignés ci deffus.
RAJE. Poiflon de mer ,.plat & plein de cartilages
caflañs; ‘Prénez une Kic fraîche , vuidez la , lavez-
[ras re * [ie rs
2:30 9 1£f2 eu à è 1: é roi 14 X2
5 ‘6 F do@ RON f
la," faites - la. cuire .dans une cafferole, avec: fel ;
poivre, vinaigre, cloux , oignons , fines herbes ; fai.
tes - y bouillir le foie un moment; retirez la du.feu,
Jaiffez lui prendre-fek dans fon bouillon , puis retirez-
la, Ôrez-en la peau 8 les boucles, & vérfez.la avec
une faufle au beurre roux & perfil, avec un filet de vi-
paigre,
:RAIPONCE. Herbe dont les feuilles:& la racine fe
| #7
mangent en falade : les bonnes viennent de Meaux , on.
les feme au mois de Juin : avant que cette plante foit le-
vée, il faut larrofer & la farcler.
: RAISIN. (le) Eft le fruir. de la vigne ; il y en
a de,plufieurs fortes. 1°. Tous les raifins communs
qui fonc deftinés pour les vins. 22. Les plus diftin-
gués, comme le chaflelas & le mufçat. Woyez Chaf-
felas ,. &. Mufcat. 1°, Le raifin de Corinthe : il
eft délicieux & fucré ; a le grain menu & preflé, la
grappe longue & fans pepins; il y a aufli le rouge &
le violet. 4€. Le damas qui. eft de deux fortes, le blanc
& le rouge ; fa grappe eft groffe & longue , le grain gros
& ambré ; il n’a qu'un pepin, 52. Le raifin d'abricot.,
ainfi appellé, parce que fon fruit eft jaune & doré : fa
grappe eft fort grofle. #2, Le fauvignon , raifin noir ,
aflez gros & long , hâtif, d'un gout relexé. 7°. Le Bar-
fur- Aube , c'eft celui qui fe garde le plus long - tems.
Voyez Vigne.
Raisin de jardin & de treille,. Ceux qu’on cultive’
ordinairement dans les jardins, font le raifin précoce
ou dé la Magdeleine : le chaffelas qui murit facile-
ment eft fort doux : le cioutar qui eft également
fort doux. & a les feuilles découpées comme le perfil :
le corinthe blanc & violet dont les grains font fans
pepins. À fort ferrés, & les grappes fort grofles : le
mufcat plus blanc que rouge, qui eft excellent lorf-
qu'il eft bien mür ; il faut quil foit en .efpalier :,le
mufcat d'Alexandrie qui eft fort gros & long; mais il.
lui faut un terrein fort chaud: le bourdelais dont on fe.
fert pour verjus, foit lorfqu'il eft verd , foit lorfqu'il eft
A
Pour avoir dés uns & dés agtres, on doit planter.
en midi en maniere d'efpalier , quelques marcottes
ie mat Là
RAI | 347
ou éroffettes qui font des branches de vigne du bois
de Jannée , ou des croflertes qui font des branches
où ilrefte un peu du vieux bois de l'année précé-
dente.
On ne laiffe que trois yeux à chaque marcotte, on
en rafraîchit la racine ; on les couche en terre dans des
rigoles , ou dans des trous d un pied de profondeur, &
à, deux pieds de diftance l’une de l autre : on répand
enfuire du fumier de vache : on doit leur donner par an
quatre labours légers, favoir ; au mois de Mars, à la
mi-Mai, en Juillet & en Oétobre ; & les tailler au mois
de Mars, ce qu'on fair, eu Grant le bois mort & fu-
perflu ; & on ne garde que les plus belles branches
qu'on taille au deflus du quatriéme œ1l, & on taille à
deux yeux celle d’au-deffous , qu'on appelle courfon ,
afin qu’elle donne deux bonnes branches l'année d’a-
près : on doit laiffer un bon doigt de bois au-deflus de
l'œil-du haut de la branche-taillée, & faire la taille en
talus de l'autre côté de l'œil : l'année fuivante on cou-
pe la branche qui à été taillée à quatre yeux : fi le
courfon n'en avoit donné aucune , on auroit recours
à la branche taillée à quatre-yeux., l'année précédente
qui-en 4 donnéquatre : on lie la vigne à mefure qu'elle
monte,
Moyen de conferver long - tems les beaux raifins.
Mettez dans le fond d’un tonneau bien relié, un lit
de fon de froment bien féché au four, ou des cendres
tamilées.; pofez {ur ce dit vos grappes de raifin pro-
prement coupées ; & fans les ferrer ,; ni en mettre
deux J’une fur l’autre : fur cette couche de grappes
mettez un nouveau lic de fon ou de cendres , & ainfi
alternativement jüfqu'au haut du tonneau , & de
maniere qu'il foit terminé par un lit de fon ou de
cendres ; bouchez enfuire le tonneau de maniere que
l'air ni puifle. pénétrer : vous éprouverez que le rai-
fin fera auffi fain au bout de huit ou dix mois ,.&
même d’un an que lorfque vous l’y aurez mis. Bien
plus, fi vous voulez lui faire reprendre fa fraîcheur ,
coupez le cout de la b:anche de la grappe , & faites-le
tremper dans du vin comme on fait tremper un bou-
quer dans l'eau ; obfervanc de mettre les blancs dans
348 R AIT A RAP
du vin blanc ,-& les rouges dans du vin rouge, l'efpiié
de vin leur ferareprendre ce qu'ils auront perdu dé leur
qualité. | |
RAISINÉ , maniere de le faire, 1°. Les raifins doi-
vent avoir été cucillis par un tems fec , & gardés
quelques jours pour les laiffer amortir. Enfuite prenez
ces raifins entre vos mains ; Ôtez les grappes; mnetréz:
les grains fur de feu : faites les bouillir doucement en
écumant avec foin ; ôtez le plus de pepins que vous
pourrez : remuez toujours avec un bâton ou fpatule ;
diminuez le feu à mefure que le raifiné s’épaifir.
Etant réduit à la troifiéme partie : paflez le à travers
une étamine où gros linge , & exprimez les peaux ;
puis remettez le raifiné fur le feu & achevez de le
faire cuire , remuant toujours , & verfez-le dans des
pots qu'il faut laifler - découverts jufqu'au lende-
main. 110 3 |
RALE ou Rafle de gènet, oifeau + il yen a de
terre & d'autres d'eau, La rale de terre eft gros com-
me:une perdrix ; mais il eft:plus élancé : fon plumage
eft rouge , blanc & bigatré; fon bec eft long & poin-
tu , il refflemble aflez aux œailles : il habite ‘volon-
tiers dans les genêts | & fe nourrit du grain de cette
. plante, la délicatefle de fa chair eft très vantée. Cer
oifeau ne vole pas facilemént, mais il court d’une
grande vitefle : on chafle ces oifeaux au fufil, &: on
les prend au hallier. +R I: OT -2b mo VE
Rae d’eau. Il eft:afez femblable au merle+ il ae
plumage des poules d'eau, & lachair un peu ‘noire.
On:les trouve dans les-marais , dans des étangs!; & dans
lès endroits où il y a des joncst on les chaflé de même ;
aù refte , il n'eft pas fi bon que le Rale deterre.. :
‘RAMIER. Voyez Picron. :/ drop 14
: RAPÉ. On appelle ainfi une préparation faite de
xaïfins! &: de farmens mis dass un tonneau; par le-
quel on fait pafler le vin , auquel on veut donner de
nouvelles forces & une bellercouleur®, '& lui confer-
ver: fon premier goût, Pour cet effet , Gn°met un petit
hé de farmens au fond d'un tonneau bien relié , & au-
deffuk une:-couche de raifins mais bien murs’, dont'on
a conpédes queues prèsides grains : jufqu’au bondon ?
|
t
|
b
j
RAP 349
on fait un autre lit de fermers & par-deffus on met
un demi pied de raifins, de maniere qu'il refte un
pied de vuide en haut; enfuite on fonce le tonneau ,
on le met en place & on le remplit d'un gros vin
rouge jufqu'a trois doigts du bord , afin qu'il puifle
bowlhir avec facilité | & on l'entretient comme les
autres vins.
Il y a un autre rapé pour éclaircir le vin , & qui
fe fait avec des copeaux de bois de hêtre neuf bien
fecs & les plus longs qu'il fe peut : on les fait trem-
per dans l'eau pendant deux jours ; on les fait bien
fécher & on en remplit le tonneau jufqu' un doigt
près du bord , enfuite on ferme le tonneau : on y
verle par lebondon une chopine d’eau de vie ; on rou-
le le ronneau quelque-tems : on 1e met en place : on le
remplit de vin, & on l'entretient toujours plein, Si le vin
eft long-tems à s'éclaircir , ondoiten tirer les copeaux ,
les laver pour en Ôter la lie, les faire fécher , & les
imbiber d'éau-de vie, “1184
RAPPORT, Terme du Droit Coutumier , par le-
quel on entend , que les enfans qui viennent à la
fucceflion de leur Pere & Mere , ou autre afcendant ;
font obligé de rapporter , c'eft-3-dire , de faire une
remife à la (ucceffion commune des avantages qu'ilsont
reçus d'eux en avancement d'hoirie, pour être confon-
dus avec les autres biens de la fucceflion , & être par-
tagés entre eux & leurs cohéritiers. Le Rapport a éréin-
troduit pour conferver l'égalité entre les enfaos , &
qu'il n’y en ait pas de plus avantagés les uns que les au-
tres. Cependant les enfans peuvent retenir ces avant4-
ges , enrenonçant à la fucceflion de leur Pere & Mere,
où autre afcendant , quand mêmes ces avantages excé-
déroient leur portion. à die
RAPT (de ) eft l’enlévement violent ou la fubor-
dination que l'on fait d’une perfonne, quatid ce féroit
même dans la vue de l'époufer. Le crime de fapr elt
un cas Royal , dont les Baillis : Sénéchaux & Juges
Préfidiaux , peuvent connoître privativement aux au-
tres Juges Royaux. La peine de ce crime eft capitale
mais dans la condamnation de mort qu'on prononce
contre le raviffeur ; on ajoute par rerentum, fi mieux
350 RAT
æ'aime da fille époufer. En outre le mariage entre le
£avilleur & la perfonne ravie , eft toujours défendu
tant qu'elle eft en la puitlance du raviffeur : on pré-
fume quil y a Rapr de fédu&tion , quand c'eft une per-
fonne mineure qui confentde fe marier fans le confen-
tement de Pere & Merc; & ceux-ci peuvent faire dé-
clarer le mariage nul.
RATAFIA. Liqueur d’un grand ufage : rous les fruits
rouges font propres à en faire ; 1°. les cérifes doivent
être grofles, leur noyau petit , bien müres, mais non
trop point tournées, claires & tranfparentes & de bon
goût ; 2%, les guignes doivent être très mures ; 3°. les
grofeilles pareillement , leurs grains tranfparens & gros :
les employer aufli-tôt qu'elles font cueillies ; 4°.1es me-
tifes , petites , la peau fine , noires : elles corrigent par
leur douceur des acides des autres fruits & colorent le
ratafa fin : la fraife & la framboife font le ratafña fin &
le parfument. |
Maniere de le faire. Prenez la quantité néceffaire de
cérifes, mériles , fraifes & framboiles : ôtez-leur la
queue: écrafez-les : laiffez-les infufer l'efpace du foir
au matin ; tirez-en le jus par expreflion : mettez-y la
quantité de fucre proportionnée au jus : pailez lejus à
la chauffe , & quand il fera clair, mettez-y alors votre
eau de-vie : voici les épices qu'il faut pour l’affaifonne-
ment du Ratafa.
-Mettez dans une pinte d’eau de-vie une once de ca-
nelle , deux gros de macis, un gros de clous de giro-
fle, le tout pilé : diftillez cette eau à l'alembic, &affai-
fonnez votre ratafia de cet efprit de vin épicé , & pour
le perfectionner mettez-le à la cave. | ne
La recette eft, par exemple , pour: douzelivres de
cérifes, deux livres de mérile , une livre & demi de
framboifes , quatre ences de fucte pour chaque pinte
de jus ,-dans lequel on le fait fondre ; & deux pintes
& quelque chofe de plus d'eau-de.vie , pour ajouter au
Rataña. cyan 28
RararrA fin-& fec : il fe fait de la même maniere
que le précédent , mais il n’y entre pas les mêmes
fruits. 1%, On prend égale quantité de cérifes & de
grofçilles , car l'acide de ces derniers rend le Rata-
RAT 351
fia plus fec ; 2°, au lieu de mérife on met des mûres
des plus noires; 3°. on y met de la framboife; 4°,
beaucoup plus d'eau-de-vie que dans le précédent &
beaucoup moïns de fucre : voici la quantité de chaque
chofe. Vous voulez employer ; par exemple , trente
livres de cériles : cela érant , ajoutez-y trenre livres de
grofeilles-, dix livres de mûres, fept livres de framboi-
fes : écrafez tout ce fruit bien épluché ; laiffez ce mé-
lange en infafon Fefpace. du foir au matin : preffez
le bien ; mefurez le jus esprimé ; ajoutez par pint
de ce jus crois oncee de fucre : ce dernier étant fondu ,
pañlez-le jus à la chaufle; quand il fera clair mettez y
l'eau-desvie ; dont la quantité doit étre d’ure chopine
& demi boifion pour chaque pinte de jus. Faites l’af-
failonnement-felon le plus ou le moins de jus, & fer-
vez-vous de l'efprit de vin , comme au ratafia précé-
dent. |
RarTaria de pêche. Cueillez dans un tems chaud
les pêches Îles plus belles, les plus mûres, qui auront
le plus-de jus: pañlez les aufli-tôr dans un linge fort;
exprimez en bien tout le jus : faires-y fondre du fu-
cre ; puis meuez-y de l’eau-de-vie ou de l’efpritde vin,
felon l'excellence que vous voulez donrer au ratafñ3.
Paflez: lesrour à la chaufle ,:& étant clair, mettez le
en bouteilles bien bouchées: on ne met point d'épices à
ce ratafa: Lesproportions que le fucre & l'eau-de vie,
font à peu près les mêmes que dans les Ratafas précé-
dens.sb “ix32r L 194 D 37
Raräria de fleurs d'orange. Woyez ORANGE.
- Rararra de cafisi Voyez Cassis. ?
« RarTarrAI de cériles 3° la Provençale. Choïfiffez
les meilleures cérifes que vous pourrez trouver ; dés
plus müres 8 qui n’ont aucune tare : ôrez : leur la
queue fans les froffer : mettez en le poids d'une livre
dans une pinte de vin rouge le meilleur & le plus na-
turel. Laifflez infaler vos cérifes dans ce vin pendant
trois femaines dans une cruche ou bouteille bien bou-
chée que vous expoferez au‘plus grand foleil | & que
vous retirerez tous les foirs. Ce tems écoulé , féparez
Jes cérifes du vin : écrafez-les en les preflanc dans un
linge pour en exprimer le jus , puis-mêlez ce jus avec
s2 RAT
PU :.melurez le tout , & joignez-y ‘le ‘tiers: d’eau:
de-vie ; par exemple , chopine fur trois chopines de
vin & de jus, & ajoutez demi-livre de fucre par pinte
de liqueur Expofez de nouveau ce mélange au foleit
Je plus chaud & également pendant trois femaines , &
retirant la bouteiile tous les foirs : après ce terme,
pañlez le tout à la chaufle d'hypocras ou au travers
d'an petit fac de papier brouillard ,-le ratafña fe trou-
vera bien clarifié. Il faut mettre à la cave les bouteilles
après les avoir bien bouchées.
RarTaria de baies de geniévre. Mettez dans une
chopine de bonne eau-de-vie , quatre onces de baies
de geniévre müres : demi - once de canelle en petits
morceaux, douze clous de girofle & quatre onces de
fucre candi, que vous ferez fondre dans quatre onces
d'eau rofe. Metrez le tout au foleil dans une bouteille
de verre double bien bouchée : ileft bon pour lesin-
digeftions & les douleurs d’eftomac : la dofe eft d'une
cuillerée ou deux à jeun, |
RATEAU. Infirument de-jardinage ::1l y'en a de
deux fortes ; les uns font les dents de-fer pour drefler
les planches & compertimens; les autres à dents de bois
pour. nettoyer les allées ratiffées.
: RATE ( mal de ),Remedes.. Ufez d'une sptifane fai-
te avec la fcolopendre ou langue de cerf &-le politrio’;
ou faites bouillir dans-de l'eau de fontaine une rate de
bœuf: büvez pendant neuf matins un perit verre «de cer-
te décoction; puis mettez fécher la méme rate dansua
four, enveloppée de papier étant féche , réduifez-la
en poudre; partagez la en neuf parties ; 8t avalez-en
ane, chaque jour dans un petit verre de cetre décoétion
-pendanr neuf jours; | | Han ?
Prenez deux poignées de feuilles de verveine, deux
-outrois blancs d'œufs ;,:& ce qu'il faudra de farine
d'orge ou de feigle. Pilez.l4 verveine dans un mortier,
vous y mettez les blancs d'œufs & la farine : mélez
le cout ; faites un. cataplafme étendu {ur:des érou-
pes un peu épaifles, & appliquez-le “bien chaudement
fur la région de la, rate :laifiez l'y quinze ou ferze
heures ; continuez jufqu'à guérifon. Ce cataplafme
actire comme par une fueur de fang toute humeur
RER A T 35:
. Q #
maligne , & il eft force propre pour la pleuréfie, 7
-14R TE’ Opilée. ( ou obftruétion de la) On le connoît
par la tenfion & la dureté du côté gauche fous les côtes,
avec difficulté de refpirer quand le malade fe prefle de
marcher. Remede. Faites bouillir une pinte d’eau dans
un vaifleau convenable : lorfqu’elle ‘bouilhra , jettez de-
dans deux onces de limaille d’acier : faites. lui prendre
encore un bouillon ou deux, & l'ôtez de deflus Je feu‘:
faites boite de certe eau au malade à tous fes repas.
L'eau dans laquelle les Forgerons trempent leur fer eft
bonne à boire pour la rate.
-1Sisla rate eft gonflée : pilez des feuilles vèrres de
tabac dans un mortier avec un peu de vinaigre , & ap-
pliquezen le matin fur la révion de la rate en forme
de cataplafme , le marc & le jus pour en amollir la
dureté. Te
“Rare fchirreufe: On connoît que la rate a dégé-
neré en fchirre par un fentiment de péfanteur en cette
région avec difficulté de refpirer & de fe renir couché
fur cette partie. Remede. Compofez des pillulés avec
une once d’aloës } :que vous ferez infufer & digérer à
few lent dans une infüfion ou fuc de rofes pales : ajoutez
y deux dragmes dé gomme ammoniaque ; donnez-en
üne dragme avant le fouper , deux fois la femaine.
Faites boire au malade une prifane ofdinairé d'une
once de limaille d'acier que lon fera bouillir avec l'eau
de riviere ou de fontaine , après avoir enfermé l'acier
dans un nouet, Faîtes un cataplafime avec la racine de
coulevrée rapée & bouillie avec le vinaigre ; & appli-
quez-le fur la région de la rate. La femence dé mou
tarde pilée avec de l'urine, & fort bonne appliquée en
cataplafme. Son
RATS, Commé les rats: caufent beaucoup de dé-
-Sât dans les maifons & dans les jardins , il faut leur
Faire la guerre eu leur dreflanc plufieurs piéges; 1°.
on ‘péut les attraper avec des quarre de chifre qui
font connus de tout le monde ; 2°. avec de Par-
“énic en poudre quand on peut en avoir , & en le met-
tant dans un lieu oùles chats, ni les chiens, ni des.
enfans_ puiflent aller , car on ne fauroit prendre trop
354 RAT RA V
de précaution : on met de cette poudre {ur un -mor-
ceau de fiomage ou de beurre, & les rats créventin-
failiblement ; 3°. on peut mettre de l'eau dans un
chaudron , & pour que les rats viennent sy noyer,
couvrir cette eau d'une vonne couchée de pouflhere .:de
bled , après qu'il a été vanné ,:49. on les fait mou-
rir encore avec de limaille de fer mélée avec du le-
vaio. L tro |
RATISSOIRE. Outil de jardinage : lesunes ont le
tranchant renver{é comme des houes pour couper Fher-
be en tirant à foi : les autres ratiflent en avant. |
RAVE. l-lanre doncal y a plufieurs efpeces, La pre-
miere s'appelle rave , la feconde grand raifort. la-woi-
fieme petit raifort, ou improprementrave de laris. C'eft
cette derniere qui eft le plus en ufage : On la cultive
dans les jardins , fes feuilles font grandes & rudes. au
toucher , s'élevent jufqu'a près de deux pieds ; fes fleurs
font purpurines & difpofées en croix , fa racine lon-
gue, blanche ou rouge en dehors , fes femences tou
ges & rondes. Maniere de lesicultiver. On peuren fe-
mer tous les mois, depuis Février jufqu'en Septembre :
on laifle monter les premieres femées pour avoir de la
graine ; on en feme la graine fur couche , puis.on fait
des trous avec le doigt à trois où quatre pouces de dif
tance ; On met trois graines de saves.dans chaque trou,
on les recouvre de terre ; & s'il fait froid on les en ga-
raotit avec des paillaffons : en tout autre rems que l'hy-
ver, on peut les femer fur couche ou fur planches, en
rayons , ou en plein champ. |
Les bonnes efpéces de raves font celles qui don-
nenr peu de feuilles , & qui ont le navet long &
rouge ; c'eft la graine de ces fortes d’efpéces qu'il
faut fe procurer : on appelle ratforc l'efpéce de rave
qui eft fort grofle , & d'un gout piquant : on ein-
ploie la rave dans certaines maladies : fa racine, eft
bonne contre la fiévre des reins , les. obftructions du
foye , la toux , &c. | | oc}
Raves de falade, ou raifort. Maniere de les faire
venir en tout rems, felon la méthode des Peres, Mi-
aimes de Pañli ; c'eft à dire, dansl'été ou l'hyver:,
outre
R AV RAM 35e
foutre le printems & laueomne qui font ordinairement
les deux feules faifons auxquelles elles réuffiffent.
Prenez de la graine de Raves ordinaire , mettez-[a
tremper pendant vingt-quatre heures dans de l'eau de
riviere , puis mettez-la dans un petit fac de toile bien
lié, expofez le fac à la plus forte chaleur du foleil
pendant vingt-quatre heures , [a graine germera au
bout de ce tems : femez-la comme toute autre graine ,
dans une terre bien expofée au foleil | enfuite faires
fcier une furaille par le milieu , afin qu'elle vous
fournifle comme deux baquets qui s'adaptent exacte-
ment l'un à l'autre : un feul peur fervir en été pour
chaque efpace de terre en femence : mais il en faut
deux pour l'hyver : il ne faut femer de graine qu'au-
taot qu'un baquet en peut couvrir : la graine étant
femée , couvrez-la avec un baquet, au bout de trois
jours , vous trouverez vos raves de la grandeur &
grofleur des petites civettes blanches > ayant à leur
extrémité deux petites feuilles jaunes ou rougeatres
hors de terre ; ces Raves font bonnes à couper & à
mettre en falade, Pour en avoir auffi en hyver, faites
tremper la graine dans de l'eau tiéde , expolez-la au
foleil ou en un lieu chaud pour Ja faire germer , faites
chauffer deux baquets , rempliflez- en un de terre bien
fumée ; femez y votre graine , couvrez la avec l’autre
baquet, arrofez-la avec de l'eau tiéde toutes les fois
qu'elle en a befoin , faices porter ces deux baquets
bien joints l'un contre l'autre dans un fouterrein
chaud ; au bout de quinze jours vous pourrez cueillir
votre falade,
RAVINES (les) Sont caufées par des crues d'eau
qui font des ravages dans les campagnes. Pour s’en
garantir, il faut dans les lieux où les eaux prennent
leurs cours , faire des rigoles & des foffés pour en af-
foiblir l'impétuofité , les conduire dans des prés ou
autres endroits où l'on veut qu'elles, Le déchargent.
RAYONS. Terme de jardinage. Ce font des traces
que l'on fait quand on rayonne des planches , ce qui
a lieu quand on feme par rayons, au lieu de femer
à plein champ ; c'eft-à-dire, qu'on trace les planches
avec le bout d’un bâton, ou le manche d'une bêche
Tome II, +
356 RE A WE GC
couchée de fon long, pour ‘y femer certaines Jepw-
mes , comme ozeille, poirée , perfil cerfeuil , épi
nars : puis on remplit de terre les rayons fans les her-
fer.
REBINAGE. On appelle ainfi le troifiéme labour
qu'on donne aux terres à bled, lorfque l'herbe com -
mence à abonder fur le gueret : il faut fumer les ter-
res avant que de le donner.
RECÉLÉ ( un ) Eft le crime commis par un co-
héritier qui détourne des effets d’une fucceffion , ou
par un conjoint qui détourne des effets de la Com-
munauté.
Les Recélés fe pourfuivent à l’extraordinaire ; c'eft-
à dire, qu'on fait informer des Recélés, on fait pu-
blier un monitoire ; mais lorfqu'on agit contre la
femme du defunt, les informations font converties
en Enquêtes: il en eft de même à l'égard des com-
plices de la veuve. Lorfque les Recélés ent été faits
du vivant du mari, & qu’elle en eft convaincue,
elle eft privée de la part qui lui appartenoit dans les
effets qu'elle a dérournés. Que s'ils ont été faits après
fa mort, & que la veuve accepte la communauté,
elle eft privée de la part qu’elle y pouvoit avoir,
tant dans les chofes recélées , que dans l’ufufruit de
l'autre moitié , lorfqu'elle eft donataire mutuelle ;
& fi elle renonce à la Communauté , elle eft obligée
de payer la moitié des dettes , fans pouvoir renoncer
à la communauté ; mais fi elle a recélé les effers après
fa renonciation à la communauté , elle eft feulement
condamnée aux dommages & intérêts envers les hé-
ritiers ou les créanciers. |
RECOLTE Ce terme s'applique ordinairement au
” tems où l’on recueille les grains. Préfages d’une bonre
Recolte. Lorfque l'hyver a été froid w fec, & qu'il
eft tombé des neiges qui ont féjourné fur la verre &
fe font imbibées infenfiblement fans dégel marqué ,
& qu'après cela le froid ou la fécherefle ont empêché
les herbes de poufler avec le printems, on peut ef-
pérer une bonne Recolte en tout genre , parce que la
terre s'eft repolée, & qu'elle ne s'eft point fatiguée
à pouffer inutilement de trop bonne heure: tous les
RE C 357
&ls y font: ils n'ont point été leffivés par des plaies
trop abondantes & prématurées. Effai fur l'admin. des
lerres.
On penfe ordinairement que dans dix ans nous avons
une très mauvaife recolte, deux fort médiocres , Cinq
ordinaires , & deux abondantes : cette combinaifon
s'accorde 2-peu près avec l'expérience.
RE ONDUCTION Tacire. On appelle ainfi [a
conunuation d’un bail par le confentement tacire &
& mutuel du bailleur & du preneur , & felon les con-
ditions portées par le bail: cette tacite Reconduc-
tion n'eft que pour un an, pour les hérirages de la
campagne : mais elle ne donne point d'hyporhéque
pour le tems de la prorogation ; elle n’a heu que dans
les baux conventionels , & non dans les baux judi-
ciaires. À l'égard des baux à loyer, la prorogation
n'en dure qu'autant que l’habitarion du locataire du -
reroit, S'il n'y avoit point eu de bail ; & le bailleur &
le preneur peuvent interrompre la réconduction quand
ils veulent, en donnant congé dans le tems réglé par
la coutume.
RECONNOISSANCE. C’eft un ae par lequel
on reconnoiît une dette contenue dans un {eul billet;
cette reconnoiffance d écriture fe fait par devant No-
taire ou en Jjuftice: au premier cas c’eft du confen-
tement des parties: elle fe fait en Juftice , quand
le porteur de la promefle , ou billet, ou autre écriture
privée, fait afligner celui qui l'a fignée à comparoître
devant le Juge , pour reconnoître où denier fon feing ;
2 l'effet, en cas de dénégation, de faire faire la ve
rification de la piéce par des experts. Ce même por-
teur de promefle doit mettre en même tems fa pié-
ce au greffe & dont le Greffiier dreffe fon procès
verbal, faire fignifier le tout au domicile de la par-
tie, & fi,celle- ci ne conftitue pas Procureur, on
leve le défaut, faute de comparoître; & pour le
profit, la promeffe eft tenue pour reconnue , & a
demande adjugée : fi la partie aflignée comparoit à
l'audience, & dénie l'écriture ; on ordonne que la
piéce fera vérifiée tant par témoin que par com-
paraïfon d'écritures publiques , par-devant un des
L'2
2,8 REC RE D
Juges qui ont afifté à l'audience. Que fi la partie
dénie l'écriture par des défenfes , on doit lui faire fom:
mation de comparoître devant le Juge pour procéder
à la vérification de l'écriture déniée ; & à cet effet nom-
mer & convenir d'experts & de piéces de comparai-
fon Voyez Ecriture privée.
ReconNoissance. Ce terme s'entend aufh du cens
qui eft dû à un Seigneur , quand on déclare qu'on re-
connoît renir une terre de lui à cens , ou à quelque re-
devance annuelle.
REÉCOUPES (les) ne font autre chofe que [a
farine que l'on tire du fon remis au moulin ou au
fas: les pauvres gens en font du pain; ceux même
qui font à leur aife en mélent avec la farine ordi-
naïre.
REDEVANCES. On entend par ce mot les droits
ou charges auxquelles les propriétaires d’héritages
font tenus envers le Seigneur féodal ou cenfier : telles
font les rentes foncieres , lefquelles font dues par cha-
que année par les poffefleurs des hérirages, qui font
dues ou en argent Ou en grains, Où €n volailles , ou
autres chofes.
I eft effentiel pour le Seigneur d'une terre, de ne
point laifler arrérager trop long-tems ces fortes de
Redevances : car c'eft rüiner le payfan , & fe préparer
des procès. Un labouteur , par exemple , qui doit cinq
livres par an de cenfives pour quarante arpens de ter-
re , à deux fols fix deniers l'arpent, payera facilement
fi on ne laiffe pas accumuler plus de trois ans ; mais
fi on lui demande vingt ou trente ans à la fois, il
faudra le ruiner.
REGAIN On appelle ainfi l'herbe qui repouffe dans
les prés, quelque rems après qu'on lesa fauchés. Les
Regains font bons & abondans quand l'été a été plu-
vieux ; on la fauche à la mi Septembre : avec ce terme,
on peut mener les beftiaux dans les prés pendant le refte
de l'automne & pendant l'hyver, jufqu’à ce que l'herbe
recommence à pointer ; c'eft à dire, au mois de Mars:
car la plûpart des coutumes donnent droit de vaine
pâture , depuis la fin de Septembre jufqu'au mois de
Mars.
. RE G 359
REGARG. Lieu pratiqué pour aîler vifiter les dé
fauts d'une piece d’eau , & les inconvéniens d'une con
duite,
REGLES des Femmes. Remede contre les Régles
trop abondantes , ou les pertes. Prenez les écorces
de trois oranges aigres qui ne foient pas tout-à fait
mûres , coupez les par petits morceaux , faites-les
bouillir dans quatre pintes d’eau , à la rédu&tion de
moitié , paflez la décoétion par un linge, donnez-en
deux verres tiédes à jeun , à une heure de diftancé
l’un de l’autre ; on peut même éteindre un fer rou=
ge dans cette décoétion pour la rendre plus aftringen-
te : mais il la faut faire plus legere pour les perfonnes
dont la poitrine eft déhcate: c'eft-à-dire, la faire dans
une plus grande quantité d'eau, & y ajouter un peu
de fucre.
Autre remede. Prenez des feuilles de bourfe à paf-
teur, & de plantain , de chacune une poignée ; arro-
fez les de vinaigre en les pilant dans un mortier , fai-
tes-les cuire dans une poële, en confiftance de cata-
plafme , que vous appiiquerez le plus chaudement qu'il
fera poffible au bas du ventre ; on doit le répéter quel-
ques jours de fuite.
Prenez telle quantité que vous voudrez de fuiïe de
cheminée ; mêlez les avec du bon vinaigre que vous
appliquerez fous les genoux en cataplafime , & vous
1a renouvellerez quand il fera {ec. Eph. d'Al,
Reczes sUPPRIMEES. Remede pour les procurer,
Prenez de feuilles de romarin , de poulliot, de cka-
cune deux poignées, de celles de fabine une demi-
poignée , du fafran gatinois, du borax, de chacun
deux gros, de la limaillle de fer crue une once :
mettez le tout macerer à froid pendant huit jours
dans fix pintes de bon vin rouge; pañlez enfuite le
vin que vous garderez pour l’ufage. La dofe eft d'un
grand verre froid le matin à jeun , pendant neuf jours;
mais ce remede n'eft bon que lorfque les premieres
voies font purifiées par la purgation , la faignée, &
quelques bouillons rafraïchiffans, & il n'eft pas bon
pour les fujets plétoriques , & dont les organes font
échaufiés.
Y 3
360 RE G REI
Si la fuppreffion des regles eft fubire ; c'eft-3-diré
qu'elle arrive par une peur, une chüûte , un mouve-
ment de colere, ou autre accident ; fervez - vous de
la potion fuivante, Prenez une demi-gros de fafran,
verfez dellus un grand verre d’eau bouillante & laif-
fez l'infufer fur les cendres chaudes , pendant une heu-
re ; coulez la liqueur par un linge avec forte expref-
fion ; ajoutez à la colature le jus exprimé d'une oran-
ge aigre pour une dofe à donner fur le champ. Il faut
que la malade mette la chemife d’une perfonne faine
qui les a actuellement. Ep. d'Al.
Faites bouillir une bonne poignée de matricaire
dans un pot de terre verniflé , tenant deux pintes
d’eau , à la confomption des deux tiers: donnez un
bon verre tiéde de cetre décoétion , trois ou quatre
matins de fuite à jeun : vers le tems à peu près que
les regles doivent venir.
Le parfam de l'armoife & du fouci, jetté dans un
rechaud de feu, reçu par le bas, eft un fort bon re-
mede.
REGLISSE. Plante qui croît aux pays chauds; fa
racine eft d’un grand ufage pour les ptifanes & au-
tres remedes, La bonne doit être bien nourrie, rou-
gearre en dehors, jaune en-dedans, d'un goût fucré ;
elle humeëte la poitrine : fon ufage eft pour adoucir
J’acrimonie des humeurs , la toux, & les affeétions de
la gorge.
REJETTONS. On entend par ce mot, les jets qui
fortent du pied d’une plante. Les véritables rejertons
ont des racines ; ils fervent à donner de nouvelles plan-
tes, & reprennent aifément .
REINS ( maladie des } Elles ont diverfes caufes.
1°. Elles peuvent provenir des obftruétions qui fe
forment dans les reins , par le fable ou pierre qui
s’y amafent ,; & Île malade éprouve alors des douleurs
violentes , des vomiflemens & des mouvemens de fié-
vre, une diminution, & quelquefois une’ fuppreflion
totale d'urine. A
Remede. On doit mettre le tout en ufage, les fai-
gnées , le demi bain, la boiffon de graine de lin & de
guimau ve, les lavements adouciflans, les potions
LET 361
Huileufe , le baume de copahu. 2°. Par le gravier
ou les petites pietres qui fe forment , par le tartre
que l'urine charrie avec elle ; car les petites pierres
ne pouvant pafler par les urines , caufent des douleurs
aigues qu'on appelle néphrériques, Remede. Ufer des
mêmes que ci deflus, & y ajouter les eaux de For-
ges. 3°. Par la chute du gravier & des pierres dans
la veflie; mais plus les pierres font grofles, plus les
douleurs qu'elles caufent fonc vives ; parce qu'elles
paflent avec peine & lenteur, des Reins dans la
veflie. Les remedes capables de foulager le malade
font la faignée réitérée , le demi-bain, les potions
diurétiques narcotiques. 4°. Par la formation qui
fe fait d’une pierre dans les Reins, qui s’y enchaffe
& n’en peut plus fortir, & qui caufe une péfanteur
douloureufe dans les parties, & quelquefois des ul-
céres. Remede. Outre ceux indiqués ci-deflus, on doit
y ajouter la ptifane faire avec la racine d'énula cam-
pana , le lait d'änefle Woyez DiureTiQues. Woyez
PIERRE.
Autres remedes pour le mal des Reins. Prenez une
once de moëlle de cafle bien mondée , une pinte d'eau
commune , & un peu de regliffe : mettez le foir la cafle
dans un plat, faites bouillir l'eau avec la reglifle , juf-
qu'a ce qu'elle foit réduite à la moitié , jettez certe
eau toute bouillante deflus la cafle , coulez la le lende-
main & l'avalez.
_ Appliquez fur les Reins entre deux linges fins, un
concombre , ou une citrouille coupée en plufieurs tran-
ches ; renouvellez certe application.
Ulcéres des Reins & de la veflie. Remede. Prenez
chaque matin une demi dragme de bol d’armenie dans
un verre de lait de vache nouvellement traît, La pou-
dre des écrevifies pêchées en plaine lune, mifes dans un
pot de terre neuf bien verniflé, placé à l'entrée du
four, pour les fécher fans les-bruler , eft merveilleufe
contre les ulcéres des Reins & de Îa veffie. Voyez P1ER-
RE. Woyez GRAVELLE.
Foibleffe des Reins. Remede. Pilez du romarin, de
la lavande, de la fauge, du thim, du baflic, &
autres herbes aromatiques , exprimez-eu le jus, met-
Y 4
362. REL REM
tez-le dans une bouteille, couvrez cette bouteïlle de
pâte d'orge , mettez-la dans le four , en même-tems que
le pain : ce dernier étant cuit, cirez la bouteille , ôtez
la pâte , remettez-en de nouvelle , faites la cuire une
feconde fois ; cela fait, fervez-gous de l’eau qui eft
dans la bouteille , pour en baffiner les Reïns ; elle les
fortifiera , ainfi que les nefs.
RELIEF ( droit de) ou Racxar (le } C’eft un droit
qui eft dû pour les mutations qui arrivent de la part
du vaffal, autres que la vente du fief: car il n’en eft
jamais dû pour les mutations qui arrivent de la part
du Seigneur : il n’eft point dû encore de droit de Re-
lief, quand les mutations arrivent par fucceflion ou
donation en ligne direéte : foir afcendante ou def-
cendante. Le droit de relief eft ordinairement le
revenu d'un an, ou le dire de prud'hommes, ouune
fomme une fois offerte de la part du vaffal, ou pour
faire des offres valables , il eft obligé de faire ces trois
offres.
REMEDES ( les ) Sont les moyens que l'art, pro-
fitant des fecours de la nature, emploie avec diverfes
préparations pour la guérifon des maux du cofps , tant
intérieurs , qu’extérieurs : on les divife en plufeurs
claffes. Le
1°. Les altérans , qui par leur chaleur , mettent
les humeurs en agitation ; tels font , le gerofle , le
poivre , la mufcade , la canelle , le caffé , les graines
d'anis, fenouil , cumin, carvis , &c. 2°. Les rafrai-
chiflans , tels font la laitue , le pourpier , la bour-
rache , ia buglofe ; les quatre femences froides , fa-
voir , la citrouille , courjon , melon , concombre :
on peut y ajouter celles de poutpier, laitue , endi-
ve , chicorée , & ceux qui rafraïîchiflent le fang ,
comme l'orge mondé , les émulfons , les bains.
32° Les émolliens qui font compofés de parties gluan-
tes comme la mauve, la guimauve , la pariétaire,
le lys , le feneçon , la femence de lin. 4°. Les ref-
ferrans qui font propres à précipiter l'humeur äcre
qui caufe le flux de ventre : tels font le bol » la
serre figillée , les yeux d'écrevifles : le corail, l'ipé-
cacuanha , les tamctins , la rhubarbe , les trois der-.
REM 363
niers ont enore une vertu purgative: $°, Les tran{-
piratifs, comme la fquine, la falfe pareille. 6°. Les
apéritifs , comme les racines de gramen, de fraifier ,
dg fougere male, d’arrête- Bœufs, de chardon rol-
länt. 7°. Ceux qui lâchent le ventre, comme peu
neaux , cerifes, pommes violettes, fleurs de pêcher.
8°. Ceux qui moiliflent doucement, & qui humec-
tent l'âcreté du fang comme les bouillons au veau,
la décotion de buglofe , & autres herbes rafraïchif-
fantes. 9°, Les réfolutifs qui ramolliffent les bumeurs
lorfqu’elles retardent la circulation du fang, comme
les farines d'orge , de froment , féves , lenulles, dont
on fait les cataplafmes. 10. Les détergens qui ont
des parties falines, comme l’aigremoine , la bugle,
la fanicle , la pervenche , l'aloës, la myrrhe, lalun.
11. Les aftringens qui reflerent comme le vin ferré ,
l'oxicrat, &c. ou le vinaigre mêlé avec l'eau, &c.
12. Les purgatifs. Ils font de plufieurs fortes : ceux
qui purgent la pituite, font l’agaric, la coloquinte,
les fleurs de pêcher : ceux qui difpofent la bile à fe
détacher , comme la cafle, la rhubarbe : ceux qui
purgent la mélancolie, comme le féné , la fcam-
monée , l'ellebore, &c. ceux qui purgent toutes for.
tes d'humeurs, comme la manne, le catholicon, les
émétiques ou vomitifs, comme le tartre émétique,
l'ipécacuanha, le foie d’anti-moine, le vitriol. 13. Les
fudorifiques , rels font, le gravac, la falfe pareille ,
la fquine, les fels volatils. 14. Les diurétiques qui
rarefent le fang par leurs parties falines, comme le
criftal minéral, le vin blanc, les racines de perfil ;
d'ache, de fénouil, d’afperges, d’arrête-bœufs, de
fougere mäle. 15. Les fortifians ou cordiaux qui
forufient le cœur , comme la poudre de vipéres,
la canelle, les confeétions d’hyacinthe & d’alkermes :
les fleurs de buglofe , violettes , œillets , rofes; les
eaux cordiales : de chicorée , d'endive, de buclofe ,
de fcabieufe, de fcorfonaire , de coquelicot , de char-
don bénit, de piflenlis : ceux qui fortifient le cer-
veau , comme la bétoine , la gérofiée, la fauge ;” la
marjolaine : ceux qui fortifient la poitrine , & qui
adouciffent en même-tems , comme Îe lait de vache
364 . REM
& d'âneffe : le ruffilloge ou pas d'âne, la regliffe ;
conferve de guimauve , les dattes, les jujubes, Les
raifins , les cinq capillaires, le fcolopendre : ceux
qui levent les obftruétions du poumon, qui cau-
fenc l'afthme, comme les préparations du fouphre,
J'aunée , iris, les fleurs de benjoin: ceux qui for-
tifient les yeux comme l'eau de-vie , l'eau de fenouil ;
où qui les rafraîchiffent , comime les eaux de plan-
tain , d'enphiaife , la petite confoude , les blancs
d'œufs ; ou qui deffechent l’humeur qui caufe les ul-.
ceres de l'œil, comme le fucre candi, le vitriol blanc,
le fel de faturne. 16°. Les ftomachiques & les fer-
mentatifs, propres à diffondre la matiere vifqueufe
de l'eftomac ; tels font la canelle , ke poivre blanc
en grain, la mufcade, l'écorge d'orange, l'anis , le
fenouil, la coriandre, les huiles d’abfinthe, de coing ,
de maftic, de mufcade , de gerofle : ceux qui font
propres à raffermir les fibres relaächés de l'eftomac,
font la conferve de rofes , la confection d'hyacinthe :
ceux qui corrigent l'acide qui caufe la foiblefle de
Feftomac , fonc les yeux d'écrevifles , le corail pré-
paré.
17°. Ceux qui purifient la mafle du fang , font la
chicorée fauvage , le cerfeuil , le houblon, le creffon,
la laitue , l'aloës, 18°. Ceux qui levent les obftruétions
de la rate & des autres vifceres font la fcolopendre ,
le caprier , la limaïlle d'acier ou le mats. 19°. Les
hyftériques qui abattent les vapeurs de la matrice ,
font l'opium préparé , l’efprit de vitriol , l’eau de nitre
ceux qui chaffent au dehors les mauvaifes humeurs
de cette partie , font l'huile de fuccin , l’eau de canel-
le , les fucs de rhue & de fabine , les trochifques de
myrrhe, &c.
REMERE ( faculté de) C'eft ur droit que le ven-
deur d'un héritage fe réferve par une claufe expref-
fe , appofée dans le contrat de vente ; de rentrer
dans ce même héritage vendu , en tembourfant à
l'acheteur le prix qu'il a reçu; mais cette faculté fe
prefcrit par trente ans , comme les autres actions
perfonnelles ; & quand même elle feroit ftipulée 2
LOUJOUrSe
RE M R:ESN 36
REMISES ( les ) en matiére de décret, font des
délais de quinze jours qui s'accordent au pourfuivant
criées , depuis l'adjudication , fauf quinzaine, pour
parvenir à l'adjudication pure & fimple du fonds, ou
droit immobilier : parce que fouvent il arrive des in-
cidens qu'il faut faire vuider avant l'adjudication :
ces remifes contiennent ce qui a été mis dans l'en-
chere de quarantaine , & ce qui eft arrivé depuis ;
& par ces remifes, on ordonne que l’adjudication fera
remife à quinzaine : on les publie, on les affiche, &
on les fignifie comme l'adjudication , fauf quinzaine ;
il en faut crois pour parvenir à l’adjudication pure &
fimple, & elles fe continuent de quinzaine en quin-
zaine,
RENARD (le) Animal fauvage, gros comme un
chien ordinaire, qui a les oreilles courtes, la queue
longue & le poil roux : il eft d'un naturel fort rufé ,
foit pour attraper fa proie, foit pour éviter les pié-
ges des chafleurs, qui doivent faire la guerre à ces
animaux : car ils font grands deftruéteurs de gibier ;
on les chafle avec des chiens courans ; mais plutôt
petits que trop grands & des lévriers qui doiventétre
hardis pour fe lancer deflus & les mordre ; on le guête
dans les bois, les garennes , les bleds , le long des
ruifleaux ; ils fe tiennent ordinairement dans les gros
halliers & les plus grands forts.
Quand les chiens ont rencontré un Renard, on
fonne d'un ton gréle, & on crie harlou mes bellots,
harlou s'en va chiens , s’en va. Lorfque les chiens
font hors de la voie, on prend les devans, & où
les fait fecourir par des relais d’autres chiens , quand
pat hazard il fe terre, on le dérerre avec des pio-
ches; puis on 2 un baflet qu’on met dans le trou
qui le fait fortir: enfuire on le pourfuit & onle tue
au fufil.
Il y a différens piéges pour prendre les Renards,
ceux de fer & planchette rombante qu’on trouve
chez les Marchands , font les meilleurs: on doit les
tendre fur de la terre , qu'on a bêchée , quatre pieds
en quarré, & dans un lieu découvert, loin de tout
arbre ;-dans une foffe de douze pouces de profon-
s66 _ REN
leur , & de la grandeur du piége , dans laquelle on en
fait une plus petite ,de la grandeur de la planche ; pro-
fonde de trois ou quatre pouces : on enfonce enfuite le
reflort , & on recouvre le tout de feuilles : on doit bien
éventer le piége ; c'eft-à-dire, le laïffer tremper vingt-
quatre heures dans l'eau claire , le frotter de plantes
odoriférantes , afin que le Renard n'en ait pas le vent :
on doit mettre fur cette terre divers morceaux de l'ap-
pas. L'appas eft de diflérentes fortes, comme des vui-
danges de volaille, de cou de canards , de couenes de
Jard , de petits oifeaux grillés, &c.
Maniere de les prendre. Cherchez un perit chemin
où doit pafler un renard : l'ayant découvert , faites une
petite fofle d’un ou deux pieds, & de trois doigts de
profondeur , dans le milieu de cette même foffe , faites
ÿ en une autre , mais plus profonde de trois ou quatre
doigts , afin que la planche ou marchette puiffe fe mou-
voir , lorfque la bête marchera : cela fait , pofez à tra-
vers le chemin un piége tel qu’on le vend chez les Mar-
chands; attachez le bout de la chaîne avec une corde à
un piquet éloigné du piége de trois ou quatre pieds.
Couvrez négligemment le rout de feuilles féches , qua-
tre ou cinq pieds autour : attachez au bout d'une cor-
de un morceau de viande crue ; traînez-la le long de ce
&hemin & aux environs ; enfuite retirez-vous, & reve-
nez le lendemain voir ce qui en fera : on les prend aufi
avec des piéges de fer appellées traquenards, que l'on
trouve chez les Quincailliers.
On peut encore les tirer à l'affut de cette maniere, On
cft deux tireurs de compagnie ; deux fe poftent à la ri-
ve du bois fur des arbres, & un autre porte avec lui
deux poules en vie, & [e pote à cinquante pas de la rive
du bois , de maniere que les trois hommes forment un
triangle : celui qui tient les poules les fait crier de rems
en tems pour attirer les renards à la portée des tireurs,
qui doivent prende garde de bleffér celui qui fair crier
Ja poule.
Pour tirer le Renard à l'aflut,, en choïlit un arbre
près d'un fort où il y ait des Renards: on y attache
au pied une poule, & à l’une de fes aïles une ficelle ;
on monte fur l'arbre, on s'y cache, on s'y vient en re
|
|
-
|
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REN 367
pos quelque tems, puis on tire [a ficelle pour faire
crier la poule, le Renard ou autre bête carnaciere
- accourt au cri de La poule & on peut le tirer facile-
ment.
On chaffe le Blereau de même que le Renard.
Les Renards font en rut aux mois de Décembre &
Janvier.
La graiffle de Renard eft bonne pour les engelures
& les douleurs des nerfs, & fes parties génitales pour
la pierre.
RENONCULE (la) par la vivacité de fes cou-
leurs, & fa figure majeftueufe, tient le même rang
que l'œillec & la tulipe, parmi les plus belles fleurs
d'un parterre. Sa tige eft de fix à huit pouces : fes
fleurs font à plufieurs feuilles difpofées en rofes , &
de différentes couleurs felon les efpéces. Les Renoncu-
les les plus recherchées font l'Orientale , celle de Tri=
poli.
Les femi-doubles n’ont qu’une médiocre quantité
de feuilles ; elles tiennent le milieu entre les groffes,
doubles & les fimples : elles font au‘ourd'hui les plus
eftimées à caufe de la prodigieufe variété de couleurs
qu’une même planche produit ; d’ailleurs la graine de
Ja même fleur produit de nouvelles couleurs d'une an-
née 2 l'autre ; bien plus, les femi doubles font fécon-
des & fe produifent de graines , au lieu que les doubles
font ftériles.
Les unes & les autres fe multiplient de greffes qui
naïflent au tour des racines dont on les fépare , ow
de graines ; mais la premiere voie eft la plus sûre &
fa plus prompte , car fouvent les cayeux donnent des
fleurs l’année fuivante. La terre pour les Renoncules
doit être une terre meuble , c’eft-2-dire, dont la cul-
ture foit aifée & la confiftance moyenne : elle doi
être grafle , noirâtre & legere , parce que les Renon-
cules regnent l'hyver , # qu'il faut que cette terre foit
fufceprible des imprefBions du foleil : les places qui
leur conviennent , ce font les piéces ifolées du parterre,
Ôu les exrrêmités des plattebandes , de façon qu'elles ne
foient pas étouffées ou appauvries par d’autres plantes,
363 REN
La Semance doit être d'un bel œil , ni trop legere , ni
ridée , ni piquée de vers.
Lultare de Renoncules., On doit femer la graine à
la mi- Aout & tout le mois de Septembre. S1 c’eft
dans des pots ou caifles la femer prefque à fleur des
bords & Îles placer a l'ombre durant quelques jours.
Si c'eft en pleine terre, ce doit être fur une planche
en bon fonds expofée au levant, après l'avoir bien
fouie , il faut unir la furface avec le rateau ; on doit
femer par un tems doux & répandre fur la femence
trois doigts de la meilleure terre préparée ; étendre de
Ja grande paille fur Le tout , & arrofer largement par-
deffus la paille. Les Renoncules en pleine terre prof-
tent d'avantage , dès que le cerrein eft bon & qu'elles
font culuvées avec foin ; cependant les pots ont une
grande commodité , eu égard à l'expolition par la fa-
cilité qu'on a de les tranfporter ou l’on veut : le mi-
Jieu qu'on peut prendre , c’eft de femer dans des pots,
& de les enfoncer en terre, de forte que leur bord foit
de niveau avec la terre.
On retire la paille au bout de quinze jours ; au refte,
les graines recueillies davs l'année germent plus vite.
Quand elles ont levé , les unes en quinze jours, d’au-
tres en trois femaines, on les déplante , & pour cela,
onemporte en motte trois pouces de la terre, foit
des planches , foit des pots ou des caifles : il faut alors
froifler les mottes, en cribler la terre, en tirer les
pois des renoncules arrêtés fur le crible, les laiffer
fecher , les ferrer dans des boëres couvertes d’un lit de
fable très fin, À la feconde année , & quand on veut
les replanter , les pafler avec le fable fur un crible ou
tamis , & les planter non à claire voie, comme on
avoit fait de la graine , mais un à un, & à un pouce
de diftance dans des fillons profonds d'un pouce, &
les recouvrir de terreau criblé. A la troifiéme année
on les replante ; & comme les pots ont acquis la
forme de véritables griffes aux racines , on les efpace
plus au large, c'eft-a-dire, à quatre doigts l'un de
l'autre fur une planche tracée au cordeau , donc les
alignemens font en forme de grille: on place les
griffes à tous les angles que les quarrés ont formés ; on
REN 369
a foin de mêler avec art les diverfes efpéces , afin de
former un émail agréable sar la diverfiré des couleurs.
Les Renoncules qui ont levé & pouflé leurs fannes ,
demandent qu'on leur ménage les arrofemens , à moins
que le mois de Septembre ne foit fec : quand les nuirs
font longues on arrofe le matin , car l’eau pendant
la nuit refteroit fans effet auprès des racines faute de
chaleur. On doit leur épargner les pluies d'automne &
toutes les pluies froides qui leur font mortelles. Pen-
dant les gélées les couvrir des paillaffons & de fumier
éteint , les placer le long d’un mur à l'abri des vents,
& mettre au-devant quelques planches en forme de
toit; mais le meilleur abrieft une ferre bien fermée
& point trop humide. Au retour du printems on les
fort dès que le temseft doux , & le foleil fans nuages :
il faut pofer les pots, non fur la terre nue, mais fur
des briques ou pierres en forme de pied'eftal, &
multiplier les arrofemens à mefure que le foleil fe fait
fentir : on doit retrancher tous les jets qui diffipe-
roient inutilement la feve , & garantir du foleil br&-
lanc tous les boutons nés fur la tige du premier :
c'eft le moyen d'avoir de belles fleurs , & atrofer de
deux ,en deux jours pendant la fleurifon : faire la guet
re aux infeétes qui fonc des atteintes mortelles a ces
fleurs , furtout aux pucerons verds & noirs aux che-
nilles de couleur grisatre, aux fourmis, limaçons ,
aux araignées , aux vermifleaux blanc. [1 y a plu-
feurs remedes pour les détruire ; & entrautres de
jetter autour des pots une forte décotion d’abfinthe
ou de tabac , ou de coloquinte.
Dés que la Renoncule eft fur fon déclin, c’eft-à-
dire, quand toutes les fleurs jauniflent, on doit la
couper par le pied fans attendre fon entier defféche-
ment, labourer la terre, l’arrofer , remettre les pots
à leur premiere place, afin que les griffes reprennent
chair, car il ne faut point déplanter les Renoncules
avant Îeur mâturité. Alors on couche les pots de côté
pour les préferver des pluies trop fortes. On reconnoît
à l’entier deiféchement- des fleurs la mâturité de la
graine ; on la recueille par un beau tems & on la mer
en leu fec: il faut féparer , autant qu'il fe peut , les
370 REN
petites griffes de leurs meres ; on le tronve autour des
maîtres pieds: éplucher & couper foigneufement tout
ce que l'on y trouve de corrompu ; les laifler efforcer
au grand air; les mettre enfuite dans des uroirs où
boëres en lieu fec, & les remuer de tems en tems,
Lorfqu’elles ont repofé un an où même deux, elles
p'en valent que mieux pour être plantées : il faut avoir
foin de marquer les Renoncules par deux étiquettes qui
contiennent leur nom & la date du tems où elles ont été
arrachées.
À l'égard des Renoncules femi-doubles, on doit
employer la même culture qu'aux doubles , fi ce n'eft
qu'il ne faut rerrancher aucun bouton, puifque leur
beauté confifte dans la quantité de leurs fleurs. Traité
des Oeillers. |
RENOUÉE. Plante dont les tiges font petites &
déliées , & rampent à terre: elle croît dans les lieux
inculres. Elle eft rafraîchiffante & vulnéraire : on s'en
{ert contre le fux de ventre, la dyffenterie, l’hémor-
ragie quelle qu'elle foit: pilée & appliquée fur une par-'
tie malade, elle arrête le fang.
RENTES conftituées. Woyez Confticution de
KRente.
RENTE fonciere (la } eft une redevance impofée
à perpétuité fur un certain héritage, & qui le fuit
par-tout en quelques mains qu'il pale. Ces Rentes
peuvent être créées en plufieurs manieres: la plus
ordinaire eft le contrat de bail à rente, par lequel
on transfére la propriété d'un immeuble, à la char-
ge d'une certaine fomme ou d'une certaine quantité
de fruits que le poilelleur doit tous les ans; il y a
deux efpéces de Rentes foncieres. 1°. Celles qui font
les premieres après le cens qu'on appelle gros cens,
ou furcens, & les fimples rentes foncieres : les pre-
mieres ne peuvent être réfervées que par un Seigneur
de Fief, qui en baillant quelques héritages à titre
de cens , fe réferve outre les cens une rente plus forte
en grains où en argent: les fecondes, font celles qui
font impofées par le Propriétaire qui n'eft point Sei-
peur: dans l’aliénation de fon héritage ; mais cette
aliénation fe peut faire de crois manieres. 19. Lorf-
qu'on
REN 371
qu'on aliene fon héritage à la charge d’une rente pu-
rement & fimplement; c’eft une véritable rente fon.
ciere non racherable , & dont l'héritage demeure
chargé à perpétuité, 2°, On peut l’aliéner à la charge
d'une rente rachetable | moyennant une certaine fom-
me, &ceft alors une véritable rente fonciere , mais
qui eft rachetable , & alors la faculté de rachat fe
prefcrit par trente ans. 3°, On peur l’aliéner moyen=
pant une certaine fomme, pour raifon de laquelle
l'Acquéreur conftitue une rente, & alors cette rente
n'eft pas fonciere, mais conftituée , & par conféquent
rachetable à perpétuité ; car dans ce dernier contrat, les
Parties ont commencé par une véritable vente, & ont
enfuite converti le prix de la vente en un contrat de conf-
titution,
Il faut encore obferver que , comme la rente fonciere
fuit l'héritage en quelques mains qu'il pafle , le Preneur,
qui a confentià la création de la rente , venant à aliéner
l'héritage , n’eft plus tenu que des arrérages échus avance
l'aliénation,
Un Gconome éclairé ne doit point chatger fon
bien de rentes foncieres, Par la rente fonciere on en-
tend une rente fonciere fimple, qui eft une redevance
cn argent ou en grains, ou autre efpéce aflife fur des
maifons ou des fonds de terre, & qui eft inamortiffa -
ble de fa nature. Ces fortes de rentes fonc nuifibles
aux biens fonds, & elles font du tort aux Cultiva-
teurs ou aux Propriétaires, parce que ce font des char-
ges réelles qui fuivent toujours le fonds , & que le
Créancier à qui elles fonc dûes, peut s’adreffer à tel
Dérempteur que bon lui femble, foi que le fonds
rapporte , foit qu’il ne rapporte pas. 1°, Parce que celui
qui en charge fon fonds , ne peut prévoir que les
charges de l'Etat pourront augmenter , & que le re
venu des fonds ne fufñra plus pour payer les ancienes
redevances , acquitter les impoftions & faire fubfifter
le Culrivateur, Bien plus, il ne confideie pas que dans
la répartition des impofñitions qui ont lieu , on n’a
aucun égard à ces charges : enforte que deux fonds
d'égal revenu , dont l'un ne doit rien , & | autre doit
confidérablement , s'impofant fur le même pied, la
Tome II, Z
372 K EP] RES
différence-qui en réfulte pour les deux Cultivateurs,
c'eft que l'un fe fourient , & l’autre eft nécellairement
ruiné. Alors le fonds refte en friche ; parce que perfon-
ne ne veut d’un fonds chargé d'une rente qui abiorbe
fouvent la principale partie de la récolte. Journ, æcon,
Avril. 1758.
Renres créées par le Roi; ce font celles qui font affi-
gnées fur les Tailles , Gabelles, Aydes, Entrées, Dé-
cimes & Clergé, ou fur les Dons gratuits : toutes ces
rentes font dans le commerce, &t fe peuvent vendre ;
mais pour les acquérir sûrement , il faut prendre en
-grande Chancellerie des Lertres de ratification, à l'effet
de purger les hypothèques ; que l Auteur de ces Rentes
auroit pu avoir conftiruées fur icelles : & fi avant que
lefdites Lettres foient fcellées, ilne (e trouve point d'op-
pofirions au Sceau , les Rentes font purgées de toute hy-
pothéque.
REPARATIONS de bätimens , ‘il yen a de trois
fortes, les grofles , les viageres & les menues.
19. Les grofles font celles des gros mut$s des efca-
liers, des cheminées; des poutres des voutes, des
couvertures entiéres «! ces fortes de réparations font
toujours: à la charge du Propriétaire , & jamais de l'U-
fufruitier, 22. Les viageres, lefquelles fe font pour en-
trerenit la maifon en bon état, font entr'autfes , de
mettre des gouttiéres neuves en la place des vieilles,
de faire vuider les lieux & latrines, de réparer les âtres,
les trous des planchers & efcaliers ; & autres qui ne
- font pas effentielles à l'édifice, elles: font à la charge
de l'Ufufruitier. 3. Les menues, & qui regardent
l'érar actuel de la maifon, font, par exemple, le ra-
commodage des ferrures , le remplacement des vitres
caflées , des clefs des portes , des carreaux, quand, il
ne s'agit point de recarreler entiérement une chambre,
8 autres femblables : elles fonr pareillement à la
à la charge de l'Ufufruitier , & quelquefois même du
- Locataire.
RESCISION. Leutres de Refcifion pour être refti-
tué en entier. Ce font des lettres de Chancellerie ,
par lefquelles le Roi caffe & annulle les aétes ou
contrats par lefquels on fe trouve lezé.: S. M. n'en-
tre point dans l'examen de lexpofé de ces lettres
elle les adrefle à des Juges pour qu'ils en décident
ainf elles n’ont d'effet que lorfqu'elles font entérinées ;
& elles ne le font qu'au cas que les caufes pour lefs
quelles elles ont été obtenues fe trouvent véricables,
alois elles opérent la reftitution en entier ; & en caf.
faut l'ate ou contrat dont il s'agit , elles remettent jes
parties au meme état qu elles étoient auparavant ; par là
on voit que la reftiturion en entier , et l'effec de la refci-
fion. Cependant quand un contrat eft nul, d'une nullité
d'ordonnance ou de coutume , 1l ne faut pas des lettres
de refafion : telle eft, par exemple, l'obligation qu'u-
ne femme auroit paflée en pays coutumier, fans être
autorifée de {on mari |
Les caufes ordinaires pour. obtenir la reftitution en
enter , font le dol , la crainte , la viclence , la mi-
norité, la lezion d'outre moitié de juite prix , ou
du tiers au quart dans les partages : il y a aufli des
caufes qui (ont laiflées à la prudence du Juge. Une
des plus fréquentes caufes eft le dol perfonnel de
celui avec qui on a contracté : fi mon cohéritier.,
par exemple , à fait faire en mon abfence, un in.
ventaire frauduleux des biens de la fucceflion , afin
de m'induire à y renoncer; lorfque la fraude fera
découverte , je pourrai être reftitué contre ma reron-
ciation : la minorité eft encore un moyen de refti-
tution , quand elle eft accompagnée de lezion; c'eft-
à dire, de perte ; car le Mineur n’eft pas reftirué =
comme Mineur feulement , mais comme ayant été
lezé : ainfi lorfqu'un Mineur n'a fait que ce qu'il
dévoit faire, & ce que tout homme de bon fens
aurôit fait , il ne doit pas être reftitué, quoique
dans la fuite , les hazards X les cas fortuits lui ayent
_caufé quelque per:e. 2°. Dés que le Mineur à 2p.
prouvé en ma orité ce qu'il avoir fair en minorité :
il ne peut plus être reftitué, à moins qu'il ny aie
do! perfonnel de la part de celui avec qui il a con-
rracté. 3°. La reftiturion du Mineur ne peut profiter
au Viajeur, qu'en certains cas; comme quaud il s'a-
git d'une chofe qui eft indivifible de fa nature, &
Maui eft poflédée par indivis , par un Mineur & un
Z 2
RES 373
5
= C2
æ -
:
ra é
Le «,
374 RES |
Majeur. 4°. La reftiturion en entier a encore lieu
quand il y alézion d'outre moitié de jufte prix: par
exemple, fi une maifon valoir vingt mille livres, &
qu'elle ait été vendue pour neuf mille ; mais en ce
cas l’Acquéreur a le choix de fuppléer le jufte prix ,
ou de rendre la maifon; mais pour eftimer , silya
lézion , on doit fe régler fur ce que la maifon valoit
au rems du contrat : cette reflitution n’eft accordée
qu'au vendeur, & nullement 2 l'acquereur, quelque
lézion qu'il fouffre ; à moins qu'il ne foit Mineur , ou
qu’il n’y ait dol perfonnel de la part du vendeur , par-
ce que rien n oblige d'acheter trop cher.5°. elle n’a point
lieu en matiere de meubles, non plus qu'en matiere
de vente, de droits fucceflifs , qui font fouvent très-
incertains, 69. on n’a point d'égard non plus à la le-
zion , lorfqu'un immeuble à été vendu par décret
forcé, parce que l'adjudicarion a été faite par autorité
de Juftice.
A l'égard de la crainte ou violence donton a parlé
ci-deflus, & qui peuvent donner lieu à la reftitution
enenrier, ces caufes ont lieu lorfqu'un homme à été
contraint de faire quelque chofe par force, & parles
menaces d’un autre qui avoit le pouvoir de les exécu-
ter, pouivû que la menace foit aflez forte pour inti-
mider un homme ferme & confiant, & qu’il y ait eu
des proteftations faites pardevant Notaire , d'abord après
l'acte paflé : au refte, les Lettres de Refcifion doivent
être obtenues dans les dixans, à l'égard des Mineurs ,
les dix ans ne courent que du jour de leur majorité.
RESERVOIR d'eau. Pour en faire un bien folide,
il faut creufer la terre fur un bon fond & un peu
uni, faire le creux en talus & diriger la pente du
côté de la conduite , enduire le fond & les cotés
de terre glaife bien pêrrie avec les pieds, de l'é-
paifleur de quinze à dix huir pouces , avec un lit de
fable par-deffus , mettre également de la glaife fur
les côtés. revêtir le tour d’un mur de mäçounerie ,
& faire une couverture folide au deffus du Réfervoir.
Les Réfervoirs doivens être le plus près du jardin qu'il
eft pofñble.
RER PT 375
_+ RETENTION D'URINEPilez des cloportes avec
du vin blanc, & buvez de ce vin.
Autre remede Lavez dix ou douze plantes entie-
ses de cornes de cerfs fauvages appellé na/lurcium
verrucofum : efluyez-les , pilez-les bien dans un mor-
tier , laiflez les tremper deux bonnes beures dans un
verre de vin blanc , paflez le tout pa: un l'rge avec
expreflion , & buvez la colature : ce remede fait uri-
ner , & fortirla pierre & la gravelle : ou mélez demi-
verre de jus d'ortie avec autant de vin blanc , & avalez
Je tout à jeun.
Appliquez fur la région dela veflie , du creflon de
fontaine pilé.
Autre remede, Prenez deux poignées de fleurs de
camomille, faites-les bouillir dans du lat, en confif-
tance de cataplafme , mettez les enfuite dans un fachet
de toile claire que vous appliquerez chaudement fur l2
région de la vefhe, Eph. d'Ail,
RETOUR ( Droit de) ou de ReversioN eft un
Droit , en vertu duquel les immeubles , donnés par
Jes afcendans à leurs defcendans ( légitimes ) , retour-
nent aux Donateurs , lorfque les enfans Donataires
décédent fans enfans : ce Droit ne s'étend pas au-de-
Jà des oncles & des rantes. Ce Droir eft reçu , tant
dans le Pays Coutumier, que dans le Pays du Droit
Ecrit ; mais avec quelques différences. Dans le Pays
du Droit Ecrit , les chofes données retournent ax
Donataire, fans charge de dettes & fans hypothéques à
car les Donaraires n'en peuvent pas difppfer au pré-
judice de la Reverfion : dans le Pays Coutumier , le
Donataire eft propriétaire des biens donnés ; ainf
il peut les aliéner ou hyporhéquer entre vifs ; & s’il
en difpofoit par AËte de derniere volonté , la difpo-
fition ne feroic valable que par le quint , & les qua-
tre quints recourneroient aux Donateurs. Dans l’un
- & l'autre pays , pour que le Droit de Retour air lieu ,
il faut que le Donaraire décéde aux enfans avant
le Donateur ? ce Retour n'a lieu qu'au profit du
Donateur : l'ayeul n’en peut jouir : il n'a pas lieu
pour les meubles, en pays Coutumier ; à moins qu'ils
ne fe trouvent en nature lors du décès du Donataire
| z 3
376 RET
mais en pays du Droit écrit , les chofes mobiliaires ;
comme une fomme de deniers, # celles qui font don-
nées en dor, font fujettes au Droit de retour.
RETRAIT LIGNAGER (le) Eft un droirétabli
en pays coutumier, pour conferver dans les familles
les propres, & en vertu duquel les parers du côté
& ligne dont eft venu au vendeur un héritage vendu,
peur le retirer des mains de l'acquéieur, en intentant
lJ'aion en retrait dans l'an & jour , à compter du
jour de linfinuation du contrat ; & ce tems pañlé ,
les Lignagers ne font plus recevables à demander le
retrait. L'action en retrait doit être intentée devant
le Juge de l'acquéreur. 1°. Ce recrait n'a lieu quen
cas de vente volontaire d’un hérirage , faite à an
étranger de la ligne , ou en cas d'aéte équipollent
à la vente, comme s'il eft donné en payement d’une
fomme düûe : il faut que l'héritage foit un propre
en la perfonne du vendeur. 2°. 1] a encore lieu en
adjudication par décret forcé, 3°, En échange d'hé-
tirage contre meubles, il n’y a que les vérirables
propres qui foient fujers au retrair Lignager. Or en
cette matiere, un véritable propre eft un immeuble,
comme maifons , héricages , rentes fonciéres , échu par
facceffion directe , oucollatérale , ou par donation en
ligne directe , les immeubles qui ne le font que par fic-
tion, comme les offices venaux, les rentes conftituées
à prix d'argent , les rentes fonciéres racherables , ne font
point fujetres au retrait, non plus que les chofes mo-
biliaires.
Pour exercer le retrait, il faut être parent Ligna-
ger du vendeur ; il n'importe en quel dégré que ce
foit: un Lignager ne peut céder ce droit aunétran-
ger de la ligne, ni lui prêter fon nom. Tout eft de
le] - . L1
figueur dans l'aétion au retrait: la moindre forma-
lité obmife fait décheoir le rérrayant de fa demande.
Les principales font , que le rérrayant fafle à l'ac-
quéreur offre de bourfe , deniers , loyaux coûts , &
à parfaire dans l’exploit d'ajournement ;, & dans
chaque iournée de la caufe principale, jufqu'à con-
teftation en caufe inclufivement. On eft difpenfé des
formalités des offies , en failant les confignations
|
|
RET #5 9RKU 377
dès. le commencement de l'inftance, par ordonnancé
du Juge; le récayant auquel l'héritage eft adjugé ,
doit payer & rembourfer l'achereur au prix entier ,
qu'il a payé au vendeur , porté par le contrat, &
tous les frais & dépenfes, pour l'acquifition de l'héri-
tage. Are
RerrairT Feopaz (le) eff un droit du Seigneur
de Fief, c'eft une faculté qu'il a de prendre & rete-
pic par. la puiflance de Fief, le Fiefrenu & mouvant
de lui lorfqu'il eft vendu par fon Vaffal, ce qu'il
fair, en rembourfant l'acquéreur du prix & loyaux-
coûts dans quarante jours , agrès qu'on lui a notifié
la vente, exhibé les contrats, & baillé copie d'iceux :
dans l'ufage méme, le Seigneur peur céder ce droit à
ua tiers, a moins qu'iln’y en ait une prohibition ex-
prefle dans la coutume. La noufication doit être faire au
propriétaire, à fa perfonne , où, à fon domicile , ou,au
priacipal manoir du Fief ; car c’eft le lieu où les fignifi-
cations des saétes concernant.les Fiefs fe font; parce qu'il
eft réputé le domicile.du Seigneur féodal, Le Seigneur
qui exerce le retrait , doit rembourfer à l'acquéreur
le prix. entier de la vente , quoiqu'il n'en ait payé
pue partie ; & fait un contrat de conftitution pour
autre. , | Re vou
REUBARBE. Racine médicinale, grofle & jaune ;
elle nous vient de Perfe & de la Chine: c'eft le
purgatif le .plus en uf2ge: la bonne daoir être en mor-
ceaux qui ne foient point trop durs , ni-trop pefans ;
de couleur jaunârre, & d’un goût amer : fon ufage
eft pour. nettoyer & foruifier l'eflomac : eile eft bon-
ne contre. le. mal hypoconduiaque , les affe@ions du
foye, la bile jauue &: la jauriffe. La dofe eft demi-
dragme à une dragme, & en infufion jufqu'à demi-
once. Lannhisi
RHUMATISME. (le) Douleur vague , provenant
de mauvaifes bumeurs, &, qui fe fait fentir , tantôt dans
une partie, tantôt daas une autre.
Remede. Dans ceux qui viennent de froideur, &
qui font longs & obftinés , il faut réitérer plofieurs
fois-les purgations , foit avec de la manne, ou du
fyrop de rofes , ou des pillules d'agaric, ou d'aloës 4
Z 4
378 RHU
On peut encore faire le remede fuivant. Prenez une
racine de bryonne , ou couleuvrée, broyée ou coupée
en rouelles minces, faites-la bouillir en l'huile d’o-
live, jufqu'àa ce qu'elle foit toute féche, retirez les
morceaux de racine avec une écumoire , ou pañlez
le tout au travers d'un linge, frottez chaudement la
païtie avec cette huile, après l'avoir frotté devant le
feu avec un linge chaud pour ouvrir les pores, & enve-
loppez la d’une ferviette bien chaude : réitérez jufqu'à
guérilon.
Ou pilez une bonne quantité de raves ou de raiforts :
étant en pâte , appliquez-en fous la plante des pieds du
malade , depuis le talon jufqu'au bout des doigts , enve-
loppez lesbien, & couvrez le malade , qui doit s'être
couché bien chaudement auparavant, Ce remede provo-
que une fueur copieufe,
RHUMATISME, & débilité de nerfs. Remede. Pre-
nez des fleurs de pafles - rofes , appellées bourdons ,
féchées à l'ombre, deux pincées : mettez les infufer
dans un plat de terre verniflé, avec du bon vin
rouge qui le furnage un demi-doigr, laiflez - les évapo-
rer Tr les cendres chaudes, jufqu à ce qu'il refte peu de
vin, baflinez-en chaudement la partie malade , &
étendez-en le marc fur une compreffe que l'on applique-
ra {ur l'endroic affecté , réitérant ce remede deux fois
le jour.
Autre remede. Prenez de l'huile de vers de terre , trois
onces, de l'efprit de vin camphré, une once : c’eft-2-
dire, que l'on fait fondre un demi gros de camphre ,
de I huile de térébenthine , une demi once, de l'efprit
du fel ammoniac, un gros ; mélez le tout par un lini-
ment contre toutes fortes de rhumatifmes , même la
paralyfie & la fciarique.
On doit faire l'orétion devant le feu , & frotter avant
Ja partie avec un linge fec & la réitérer.
Autre, Prenez de l'antimoine crud , & du fucre blanc
pulvérifé , de chacun douze grains, mélez letout, pour
prendre deux fois le jour , pendant quelque tems. £pé.
d'AIL à
Remede pour les rhumatifmes , & dont l'inven-
teur affure avoir eu plufieuts heureux fuccés. Voici
RHU 379
la recette. Prenez une livre de vieux oïng , & un
litron d’avoine noire , pécriflez bien le tout enfem-
ble; formez-en un efpéce de gâteau , que vous éten-
drez fur une feuille de papier gris ; enfuire roulez
le gâteau & la feuille de papier gris , en forme de
fauciffon ; attachez-le avec un fil de fer , & fufpen-
dez-le au-deffus d'une efpéce de léchefrite , dont le
fond foit percé de petits trous comme une pañfoire ,
& mettez au-deflous, un vafe ou léchefrite ordinaire :
cela fair , mettez le feu au fauciflon , le tout brü-
lera enfemble , papier & graifle ; la partie de graifle
qui en découle , & le remede en queftion ; fa léche-
frite percée eft deftinée à recevoir tout ce qui tom-
be du fauciflon , le charbon aufli bien que la graiffe 3
il n’y aura que la graifle qui tombera dans la feconde :
il faut mettre ces deux léchefrites à une diftance l'une
de l’autre , afin que le feu ne prenne pas à la der
piere ; car tout brüleroit : on trouve au fond du der-
nier vaifleau deux ou trois onces de graiffle noire ,
dont on frotte , de tems à autre , la partie malade ; &
on l'enveloppe d’un papier brouillard , imbibé de cette
graifle. s :
RHUME , & 19. Rhume de cerveau ( le ) eft une
humeur qui engorge les glandes du nez , & qui
produit un écoulement des eaux du cerveau, fi abon-
dant , qu'on éternue , & qu'on fe mouche très-fré-
quemment : elle eft produite par un air froid qui
s'eft infinué dans des parties dont les pores étoient ou-
verts.
Remede. Garder la chambre , fe tenir bien chau-
dement, fe bien couvrir la crête, & refpirer du fucre
brülé fur une pelle rouge , pour faire paffer l'enchifre-
nement,
22, RHUME de poitrine ( le ) eft caufé par la
même humeur ; lorfquelle féjourne dans les glandes
_de la trachée artére , & qu’elle pénétre dans le pou-
mon : il {e fait connoître par une toux féche dans
les commencemens , & qui refte telle jufqu’a ce que
l'humeur s'évacue par les crachats. Dans cette inter
valle , on peut éprouver un grand dégoût, une pefan<
339 RHU
teur de tête, & avoir même de la fiévre ,'toufler vio:
lemment & fans cefle.
Remede. Se tenir bien chaudement , prendre un
lavement rafraïchiffant & purgauf : fi l'on fent une
plénitude, & qu’il y ait an gonflement dans les vaiffeaux,
fe faire faigner, & même une feconde fois, s'il y a
oppreflion , & douleur de côté ; rien n’eft plus utile
pour abréger & décourner les fuites : prendre quel-
ques bouillons rafraïchiffans , faits avec une livre. de
roueclle de veau , quelques navets & petits oignons
blancs , une demi poignée d'orge mondé , & un peu
de fucre ; le tout bouilli dans trois chopines d’eau,
réduites à la moitié , pour ea compofer trois bouil-
lons ; ufer pour boïflon d'une prifane faite avec du
chiendent & des pommes de reinettes, ou avec des
racines de guimauve , deux pincées de fleurs de co-
quelico & une cueillerée de miel de Narbonne: laiffer
fondre dans la bouche , des tablettes de guimauve ,
pour faciliter l'expettoration , n'ufer que des alimens
doux : humectans , faciles à digérer ; ne point faire mai-
gre, éviter tout ce quiet aigre , crud , indigeite ou de
haut goût.
Si la toux empêche de dermit, prendre en fe cou-
chant, & deux heures après le foupé, qui doit être très-
léger : depuis un fcrupule , jufqu'a un demi-gros de
bonne thériaque , enveloppé dans du pain à chanter,
& un verre de ptifanne chaude par deffus ; ou bien s’il y
a une grande acrimonie dans les crachats , prendre une
décoétion faite avec deux gros d’écorce de tête de pavot
blanc , coupé par morceaux, une douzaise & demi de
piftaches récentes , & un gros de femence de pavot
blanc ; on y ajoute deux gros de fucre candi en pou-
dre , le tout pilé & réduit à demi feptier , & dont on
Fait deux prifes : & fi ce remede ne foulage point ,
prendre à la place un fcrapule ou demi gros de diafcor=
dium.
Lorfque le rhume eft diminué , fe purger avec
deux onces & demi de manne , & une once de cafle
mondée.
RauME d'eflomac, Voyez Coqueluche , Toux féche,
Enrouement.
RHU RID 33%
Remede fimple , contre le rhume coulant par le nez.
Recevez par le nez & par la bouche , la fumée de poi-
vie en poudre, ou celle du vinaigre , ou de l'encens &
ambre jaune , jertés fur une pelle a feu chaude , & on
fera défenrhumé prompremenr. Cu , tenez dans la bou-
che fermée, de l'eau-de-vie
RHUME caufant l'enrouement. Remede Prenez deux
ou trois goufles d'ail pelées , pilez lesavec de la graile
de porc fondue , en forme d'onguent, frottez en vos
pieds, le foir en vous couchant , après les avoir chauf-
fés & enveloppés de linges chauds.
Prenez une taflée d eau de-vie , la moitié d’une muf-
cade rapée & gros comme un œuf de poule , de fucre
que vous pulvérilerez , mettez le tout dans une bou-
teille de verre, barttez le bien enfemble , & | avalez en
trois ou quatre foirs, en vous couchant.
Ou bien , verfez une pinte d’eau dans un pot de ter-
re, mettez-y fix feuilles de choux rouge, hachées me-
nu, avecun bon morceau de beurre frais ; faites bouil-
lir le rout jufqu'à ce que le jus foit réduit à moitié,
& retirez le après avoir exprimé , avec une cuiller ,
le fuc des choux , metrez fur le tout une once de fu-
cre, prenez de cette liqueur , deux ou trois matins à
jeun.
RIDEAUX On appelle ainfi à la campagne, des lan-
gues de terre efcaipées, ou en pente, qui fe trouvent
quelquefois entre deux piéces voifines : dans ce cas: les
anciennes coutumes veuleut que celui qui a le terrein
du bas du rideau, a le refte du rideau : quandon en
eut difpofer , on doit employrr le terrein en arbres
Ruitiers ; ne für ce que pour empêcher l'éboulement
dés terres du rideau , lorfqu'il borde quelque che-
min.
RIDES du vifage. Remede pour les ôter. Prenez une
demi-once d'huile d'olive , une once d'huile detartre ,
une demi once de muflilage , de femence de coings, fix
gros de cérufe , une demi dragme de borax, autant de
fel gemme ; remuez le tout enfemble quelque efpace
de tems, dans un petit plat de terre avec une fpatule,
& frottez vous en le vifage
Ou , prenez de l'huile de myrrhe ; & le Soir, en
482 RIS x
vous mettant au lit, graiflez vous en le vifage, le cou:
vrant d'une toile cirée,
RIS. Plante dont la racine eft fort connue & dont
on fe fer pour aliment , & fouvent même pour re-
mede. Le ris vient fur un tuyau de la hauteur de
deux pieds , mais plus noueux que celui du blé ; fes
feuilles reflemblent à celles du poireau, le graineften-
fermé dans l'épi : le bon ris doit-être net, bien nourri,
dur , blanc ; il adoucit & épaiflit les humeurs , ileft bon
aux pulmoniques , & aux hétiques, fa farine peut faire
d’aflez bon pain.
Maniere de l'appréteren maigre. 1°. Lavez-le trois ou
quatre fois dans l’eau ciéde , & frotrez-le fort dans vos
mains. 29. Faites-le cuire à petit feu , pendant trois
heures , dans un bouillon maigre , qui doit être fait
avec panais, carottes, choux , oignons , navets , mo-
dérément de tout ; ajoutez-y un morceau , de beurre,
affaifonnez votre ris, & faices qu'ilne foit ni trop clair,
ni trop épais.
Le ris au lait fe fait ainfi : lavez votre ris , faires-
le cuire une demi-heure à petit feu avec un peu d’eau
pour le faire crever ; mettez-y enfuite petit à petit du
lait chaud , jufqu’à ce qu'il foit cuit, aflaifonnez-le de
fel & de fucre,
Crême de ris. Broyez dans un mortier deux ou trois
onces de ris; faites cuire cette farine broyée dans une
pinte d’eau jufqa'a confftence de bouillie. Paffez cette
bouillie par une étamine avec forte expreflion : metrez=
BR dant un pot de fayance : quand vous voulez donner
un bouillon au malade, mélez:y une ou deux cuiile-
tées de cetre crême.
Méthode de préparer le ris , pour en avoir tou-
jours de tout prêt à employer , foit dans le bouillon
gras, foit dans le air. Mettez du ris dans un fac de
toile que vous coudrez ; enfuite faires - le crever &
cuire dans l’eau : laiflez-le égouter pendant quatre ou
cinq heures, puis ouvrez le fac, & étendezle ris fur
une nappe blanche pour le faire fécher. Lorfqu'il eft
bien fec, retirez-le & ferrez-le: il fe confervera long-
tems. Pour en ufer dans le moment , il fufñt de faire
chauffer le bouillon ou le lait, & d'en. mettre dedans
R 13 83
ce qu'on jugera à propos en couvrant l'écuelle ou le por
pendant un demi quart d'heure.
On peut employer le bled de Turquie de la même
maniere que l'on vient de dire à l'égard du ris.
Maniere de faire du pain de farine de ris. 12. On
doit réduire le ris en farine , ce qui fe fait par le moyen
d'un moulin : fi on n’en a point, il faut jetrer le ris en
grain dans une marmite , ou chaudiere remplie d'eau
prefque bouillante , puis retirer le vaifleau de deffus le
feu, # laifler tremper le ris du foir au matin. Le ris
étant tombé au fond: on jette l'eau qui furnage , on le
met égourer fur une table difpofée en pente: lorfqu’il eft
fec on le pile & on le réduir en farine que l’on pafle par
un tamis fin. ;
1%. On met de cette farine la quantité qu’on juge à
propos daus une huche ou pêirin : en méme-rems on
fait chauffer de l'eau à proportion dans une chaudie-
re, & ony jette quatre Jointées de 1is en grain que
J'on fait bouillir & crever. Lorfque cette matiere eft
un peu refroidie ; on la verfe fur la farine, & on pétrit
le tout enfemble en y ajoutant du fel & du levain:
on le couvre enfuite de linges chauds & on laifle
lever la pâte. Cette pate‘ en fermentant devint liquide
comme de la bouillie : pendant qu'elle leve, ondoie
faire chauffer le four, & lorfqu'il eft au point de ch2-
leur néceffaire , on prend une cafferole étamée emman-
chée dans une perche aflez longue pour atteindre au
fond du four : on met un peu d’eau dans cette caffero-
le, puis on la remplit de pâte: on la couvre de feuil-
les de chou, ou autres grandes feuilles. On l’enfourne,
& lorfqu'elle eft à la place ou l’on veut mettre le pain,
on la verfe promptement. La chaleur du four faifit la
pâte , l'empêche de s'étendre , & lui conferve la forme
que la cafferole lui à donné. Ce pain fort du four aufli
jaune que les pâtifferies que l’on a dorées avec un jau-
ne d'œuf, ce pain eft de fort bon goût , à moins qu'il
ne devienne rañiis.
Moyen qu'on propofe aux Seigneurs des terres ou
Pofleffeurs de gros domaines , pour foulager les pau-
vres de la campagne dans une difette. Ce moyen con-
fifte à pouvoir faire de la foupe au ris pour cinquante
354 RIS
per{onnes ; les enfans de huit ans & au deflous, com-
pris deux pour une : en voici la recette.
Ayez un chaudron de cuivre coutenant trente neuf
à quarante pintes mefure de Paris ; s'il eft plus grand,
c'eft encore mieux, crainte que le bouillonnement ne
lui fafle contracter l'odeur de la fumée : verfez y neuf
pintes d'eau , & Jjettez.y fix livres de ris bien lavé ,
quand elle fera chaude. Faites cuire ce ris lentement,
& remuezle fans cefle pour empêcher qu'l ne s'acta-
che au fond. À mefure qu'il crevera & qu'il s'épaif-
fira, verlez-y dix neuf pintes d'eau chaude, mais par
intervalle, & de deux en deux pintes; cela fait laiflez
le ris fur le feu pendant deux autres heures , » remuez-
Je fais cefle. Le ris creve & revient fur le feu dans
l'efpace d'une heure : lorfqu'il eft bien cuit & revenu ,
mettez y fix pintes de lait , mais point trop vieux ,
car il tourneroit : ajoutez y trois quarterons de fel;
remucz le tout pendant une demi heure fans interrup-
tion. Après cet efpace de tems , Ôtez le chaudron de
deflus le feu, & peu après metrez-y fix livres de pain
blanc un peu raflis ; non du pain pis , car il aigrir le ris ;
faites-le couper dès la veille en foupes très minces, &
mêlez le avec le ris de maniere qu'il aille jufqu’au fond
& s’imbibe bien du tout.
A l'égard de la difiribution , on doit la faire faire
fur le champ pour trouver les cinquante portions. Cha-
que portion pourra être de deux cuillerées , chaque
cuillerée étant d'un quart de pinte, d une cuillerée feu-
lement pour les enfans de huit ans & au deffous , le
tout néanmoins à la prudence du Diftributeur : en dif-
tribuant le ris, ayez foin qu'on le remue avecla cuil-
ler, & qu’on prenne au fond du chaudron.
22. On doit faire avertir ceux qui ne mangent point
leur portion fur le champ, de la faire réchauffer à perit
feu en y mettant un peu d'eau ou de lait pour la faire
revenir. On peut augmenter ou diminuer les dofes des
chofes fuivant le nombre des perfonnes. Au refte, il
y a un avantage à ne fe fervir que d'une feule chau-
diere dès qu'on peut en avoir d'affez grande. Il faut
encore obferver qu’en quelques endroits, on peut fe
fervir de beurre au lien de lait, une denÿ-livre de
RIS 23
beurre tient lieu de fix pintes de laic , 8 que les vingr-
huir pintes d'eau . mefure de Paris , reviennent à vingt-
quatre pinces mefure d'Orléans.
Cette méthode à été exécutée en 1725. par Les or-
dres & des intentions de M. le Duc d'Orléans , & par
un effet de fa munificence & de a charité pour les
pauvres de fon appavage :lors de la Difetce qui défola
l'Orléanoïis l'an 1752. On a calculé qu'en fe procu-
rant du ris am prix courant , le tout ne revenoit qu'à
3 liv. 6 £ ce qui revient à 16 ou 16 deniers par tête,
à mettre les fix livres de ris à 1 liv. 4 f. les fix livres
de- pain à dix huit fols ; les fix pintes de lait à douze
fols ; trois quarterons de fel à 8 fols , & le bois à quatre
fols.
Certemême méthode peut fervir d'exemple pour æco-
nomifer la diftribution des fecours que les perfonnes
charitables voudroient donner entems de Diferte & de
cherté des grains. :
Recetre pour faire de la bouillie pour les enfans à la
mammelle dans les mêmes circorftances. On doit pour
cela faire moudre une partie du ris ; enfuite on fair
la bouillie avec un demi-feprier de lait, un demi-fep-
tier d'eau us gros & demi de fel, une once & demi de
farine de ris. J1 faut faire délayer la farine avec le
lait, l’eau & le fel : faire bouillir le tout jufqu'à ce qu'il
commence à y avoir une croûte legere aa fond du poë-
lon ; l'ôrer enfuite de deflus la flamme , & le mettre un
quart d'heure ou euviron fur la cendre rouge: on re-
mettra enfuite cetre bouillie fur la flamme ; jufqu’à cuif-
fon parfaite , laquelle fe connoïît à l'odeur ; & lor(que
la croûte qui eft au fond du poëlon eft fort épaifle ,
fans cependant qu’elle fente le brülé. Quatre livres de
farine fufñifent par mois pour la nourriture d'un en-
fant à lui faire de la bouillie deux fois par jour ; mais
comme la farine de ris eft feule trop pefante , deux li-
vres peuvent fuffire en y mélant un bon tiers de farine
de froment.
Autre méthode de préparer le ris pour nourrir trente
perfonnes pendant un jour entier.
Prenez cinq livres de ris ; nettoyez bien ce ris à
trois différentes fois dans de l'eau tiéde , mettez - le
486 RIS
dans une chaudiere avec vingt pintes d'eau , & une quan-
tité proportionnée de fel : faites bouillir le tout à petit
feu pendant trois heures | remuant de tems en tems de
peur que le ris ne s'actache au fond ; à mefure qu'ils’é-
paiflira verfez y peu à peu de l’eau chaude, Si on veut le
préparer avec de la viande , on doit en mettre deux li-
vres & demi dans les vingt premieres pintes d'eau , &
après lavoir fait bouillir & écumer , y jetter les cinq
livres ris avec le fel, & continuer la cuiffon : au lieu de
viande on peut mettre cinq quarterons de graifle. Si on
le prépare avec du lait , il faut pour cette même quanti-
té de perfonnes fix pintes de lait, & retrancher fix pintes
d'eau & n’en mettre ainfi que quatorze, mais onnedoit
verfer le lait dans le ris que dans le dernier quart-d‘heu-
re de la cuiflon ; car d'abord on doit faire cuire le ris
comme fi on le faifoit à l’eau feule.
De la il fuit , que felon le nombre des perfonnes que
l'on a à nourrir , il faut à proportion augmenter ou
diminuer la dofe deris, d’eau, de viande, de graiffe
ou de lait; mais celui qu'on a préparé avec le Jair doit
être mangé le jour même. Journal Oeconomique , Août
4758.
RIS DE VEAU, eft un morceau délicat qui tient
à la gorge de cet animal. ( Ragoüt de) Lavez bien vos
ris de veau: faites-les blanchir dans de l'eau bouil-
lante, puis dans de l'eau fraîche , de là fur un linge:
effuyez-les pour les détacher : mettez - les dans une
cafferole avec un peu de lard fondu , fines herbes, fel,
poivre, mouflerons, tranches de truffes : pailez le tout
fur le fourneau ; mouillez-les de jus ; laiflez les cuire
à petit feu , après dégraiflez les & liez les d’un coulis de
veau. Ce ragoût ferc pour garnir toute forte d'entrée à
la braife.
RIVIERES. Tout le monde fait , ou doit favoir que
les rivieres navigables appartiennent au Roi, & que
celles qui ne le font pas appartiennent aux Seigneurs
féodaux dans l'étendue de leurs fiefs. On prétend auf
qu'une petite Riviere ou ruifleau peut appartenir à un
particulier , lorfqu’elle a fa fource & fon cours dans
fes terres, ou bien qu’elle eft à lui par une poñfefion
immémoriale, Un Seigneur a droit de faigner la ri-
viere
ROG 387
Viere qui pafle dans fon fief, pour arrofer fes prai-
“ries, pourvu que cela fe fafle (äns porter un grand
préjudice à fes voilins : on uent méme que Jes parti-
culiers peuvent prefcrire le droit d’arrofer leurs prai=
ries par une poffeflion immémoriale. Mais perfonne n'a
droit de retenir ou de détourner | ancien cours des eaux
publiques.
ROB: On appelle ainfi le fuc des fruits qu'on a expri.
mé, jufqu'a la confomption des deux tiers de leur humi-
dité : on en fait de plufieurs fortes.
Ros de muüres. Tirez le fuc des mûres avant leur en-
tiere maturité : laiflez les dépurer un jour où deux au fo-
leil : mélez-en deux parties avec une partie de miel dans
- un plat de terre verniflé ; faites le évaporer jufqu'à con
fiftence de miel par un feu médiocre, & gardez ce rob
dans un pot: ileft bon pour les affections de la gorge &
de la bouche.
Onfait encore un rob de coins avec une centaine de
pommes & de coins : 1l arrête les dévoiemens.
ROCAMBOLES (les ) croiffent fur les têtes d'ail ,
mais elles font d'une qualité moins piquante : elles vien-
nent de graine & fe culaivent comme l'ail.
ROGNE { la ) eft une corruption du (ang qui infeéte
la peau, & qui provient d'une pituite falée.
Remede. Frottez la rogne avec du jus nouvellement
expriméde l'herbe d'aigremoïne , mêlé avec fel & vinai-
gre, ou de vieille huile de noix.
Ou , prenez quatre onces de graifle de porc , une on-
ce de foufre vif en poudre déhée., autant de (el auffi en
poudre fubrile, & une once # demi de térébenthine
lavée , & faites un onguent du tout pour en oindre la
rogne.. à :2
ROGNONS de mouton , maniere de les appréter.
Faites les-blanchir , ôtez-en la-peiite peau : piquez lesde
gros lard aflaifonné, K les palez à la cafferole avec un
peu de lard fondu, perfil < ciboule : mettez-les daps
un pot avec: un bon bouillon , fel, poivie,, girofle ,
champignons , quelques marrons , un bouquet de fines
herbes; le tout cuit, dégraiflez-le bien & y jettez un
. coulis de veau. :
On peut auffi les faire cuire à la broche après les
Tome II, A a
338 R OI ROQ
avoir blanchis & piqués de menu lard. |
ROITELET. Oïleau fort petit, & qui ne chante
pas mal: il habire ordinairement les vieilles mafures ;
on peut l’élever en le prenant dans le nid, & en lui
donnant pour mangeaille de cœur de veau haché bien
menu ; il faut lui donner fouvent à manger, & peu
chaque fois.
ROLE des Tailles. C'eft la lifte de tous les Tailla-
bles ; ildoir être fair par les Affeffeurs & Coilecteurs ,
& êrre vérifié par les Elus : ileft coujours exécutoire par
provifion fauf le rejer, fi les Colleéteurs font avoués
par les Habirans, autrement les Colleéteurs en répon-
dent perfonnellement, : r' AE
ROMARIN. Arbriffeau! chargé de petites branches
de couleur cendrée ,d’ane odeur aromatique : 1 croït
abondamment das les pays chauds & demande. une
bonne terre. On le cultive dans les jardins:!il fé multi-
plicimieux de plants enracinés que de femence. Ses‘fuil-
les & fes Seurs font bonries dans les affections du:genre
heiveux ,: comme la paralÿfe!, Pépilepfie , ‘le verrige.
Les meilleures fonc celles qui naiflent dans le Langue-
doc : le romarin appliqué extérieurement forüfie-les
jointures &les nerfs, & réfourles humeurs froides. Il
eft bon en décotion contreiles ‘obftruétions du. foie; :de
la:rate la jaunitfe. 5 21010 l sE5maA
_-RONCE. Arbriffean dont les branches font:toutes
garnies d'épines, & qui vient dans les haies & dans les
bois le.long des cherains. Son fruit eft la mûre ‘fanva-
ge:avanr fa maturité” elle ef rafraîchiffante & très-
-aftringente. On (e (ert des feuilles de la/ronce pour
les inflammations de la gorge : leur décoction eftun {pé-
cifique contre les ulcéres des jambes , en la faifant
dans du-vin dont oniles lave fouvent./Lesracinés de
la ronce font: apéritivess; elles font bonnes: contre la
pierre, & prifes en décoétion , elles arrérent le cours de
ventre. - h54. ,4 1 Ds %1 |
ROQUETTFE. Plante poragere. Sa tige: eft haue
d'un pied & demi : Les feuilles font lonwues êr. décou -
pées, 8 un peu ameres- Sa graine ronde; fa racive
blanche ; on la (eme tous les ans au prntemis pour la
manger en falade : elle fleuris en Juin ; éomme elle
a OS I
ROS 339
eft fortchaude, on la mele avec la laitue. La femence
de la roquette prife fouvent à jeun mélée avec celle de
cumin , eft bonne aux vicillards pour les préferver de
l'apoplexie.
ROSEAUX : les ) de même que les joncs, font les
produétions des endroits marécageux : ils ont leur utili-
té : onles coupe par un beau tems pour qu'ils puitlent
fécher à l'ai: pendant trois ou quatre jours : on les garde
pour faire des balais & pour couvrir les toits des pay-
fans: on les mêle pour cet effet avec de grands joncs,
& quand le couteft bien ferré & preflé & également di[-
tribué , de même qu’on fait les couvertures de chaume,
onena pour long -tems; celle de rofeau dure quarante à
cinquante ans.
ROSES & ROSIER. (les ) Sont les fleurs du ro-
fier. Quoique la rofe foit une fleur des plus commu-
nes , elle n'eft pas moins admirable , par la beauté de
fa couleur , & par fon odeur délicieufe. Les Fleurif-
tes en cultivent beaucoup d'efpéce , les plus connues
font l’odorante , la d'Hollande , les rofes rouges ,
les couleurs de chair , les couvertes , ou rofes de Pro-
vins, les panachées , les rofes blanches , les fimples,
&c.
. Lesrofiers, en général, veulent une terre forte, &
fe plaifenr dans les lieux humides : on les perpétue , foi
en couchant les branches, en Septembre, foir par le
moyen des rejettons , & dans le même mois : on les
tran{plante auffi tôt après.
Les rofiers d'Hollande fe plantent dans le mois
d'O&tobre , dans une bonne terre à potager ; on les
taille. au. mois de Mars, ils fe muluiplient de bran-
ches éclatées & enracinées; on les plante en un trou,
creux d'un demi - pied. Ceux qui donnent des fleurs
une grande partie de l'année , doivent être taillés
deux. fois, d'abord au mois de Novembre : on les
coupe alors à rafe terre , & à la fin de Mars ,
on taille les nouvelles branches : on couvre enfuite
les racines de nouvelle terre : dès que le rofier com-
mence à boutonner , on doit le décharger de fes
boutons , avant qu'ils foient épanouis ; i& aprés les
premieres fleurs pañlées, vailler les branches au pre.
TE gd
$g0 ROS Li
mier nœud : c’eft le moyen qu'il produife quantité de ro"
fes, pendanr tout l'été: on les multiplie aufli de mar-
cottes & de boutures , fichées en terre, au mois d'Oto-
bre & Novembre.
Les rofiers mufcats fe multiplient par les drageons
qui naiffent du pied ; ceux à rofes blanches doubles ,
de plant enraciné à quatre doigts en terre : ils ne
veulent pas être taillés : ceux a fleur jaune , des
rejettons du pied. Toutes les autres efpéces de rofiers
veulent du foleil, & une terre forte: on les plante
en Novembre , Février & Mais, & on les taille au
printems. |
Pour avoir des rofes en toute faifon, découvrez
en hyver , les racines du rofer, mettez -y de la’
fente de cheval , bien menue , mélez avec cette
fiente de la poudre de foufre , & recouvrez le tout de
terre.
Celles qu’on emploie pour les remedes , font, 1°. les
rofes pâles, elles font purgarives : cueillies avant la
rofée, elles purgent encore plus l’hameur bilieufe ,
& les férofivés. 22. Les rofes mufcates , qui ont une
odeur mufcate 3; elles n’éclofent qu'en automne, &'
font blanches : elies purgent encore plus que les”
pâles. 3°. Les rofes rouges, & d'un rouge brun ,
dont on fair des conferves ; elles font aftringentes ,
fortifient l'eflomac, arrêtent.Je vomiflement & le cours”
de ventre : on les emploie aufli extérieurement & en fo-
mentation , après les avoir fait bouillir dans du gros
vin, pour lesentorfes, les meuruillures, pour fortifier
les nerfs.
Eau Rofe. Cucillez des rofes blanches fimples ,; nou-
vellement épanouies , & aprèsle lever du foleil , &t point
humedtées de pluie, pilez-les dans un mortier ; laif=
Lez les macérer dans un vaifleau de terre, pendanttout
us jour , enveloppez-les dans un linge , & exprimez en
le fuc.
ROSSIGNO:. (le) Eft un petit oifeau fort célébre
par fun chant, n'y ayanraucun oifeau qu'il ne furpañle,
par la douceur de fa voix, la variété de fes ons, fes
fredons & fon gazouillement.
Les roffignols des bois, lainfi que ceux quon a:
La
| ROS 392
"pris tous grands ; ne chantent que pendant les n,ois
d'Avril & de Mai; mais ceux qu'on a élevés tous pe-
tits, chantent depuis le mois de Décembre ufqu'a la
fin de Mai; & en celui-ci, ils chantent même nuit &
jour , pendant quinze jours , enforie que plufieuis en
crevent. Le rofignol a Îe plumage d'un biun tanné &
cendré fous le ventre: ilhabite les bois & les lieux om-
brageux , il eft fort délicac : c'eft un oifeau folitaire,
qui ne va point, comme d'autres , par troupe, &
change de pays toutes les ans: il fait fon nid dès le mois
-de Mai , ainfi que deux ou trois fois l'année, felon la
douceur du tems.
Ce nid-eft le plus fouvent a terre, au coin d’un vois,
& compolé de feuilles d'arbre féches : la femelle pond
quatre ou cinq œufs : elle feule les couve, & le mâle
chante ; les petits éclofent au bout de dix - huit où vingt
jours , & ils font couverts de plumes, dix ou douze jours
après; pendant ce tems le mâle ne chante prefque point.
À l'égard de ceux qu'on a pris, il vaut mieux les laifler
élever par leur pere & mere, lorfqu’on a ceux-ci, que
de les élever à la brochette.
Il y a différentes manieres de prendre les roflignols ÿ
la plus ordinaire eft un trébuchet avec fa trapette,
avec un appas de ver de faine, que l'on attache,
par le moyen d'une épingle qui le traverfe, à un
crochet qui tient à la .trapette : lorfque foifeau eft
pris, on connoit que c’eft un mâle, fi après avoir
atrendu quelque tems, 4l ne chante point : on doit
le mettre dans une cage garnie au-deflus d'unetoile,
pour que l’oifeau ne fe cafle pas la tête en fe débat-
tant, & revêtue de moufle , & de maniere que l'oi-
feau n'ait que fort peu, de jour : on lui préfente quatre
ou cinq fois le jour des vers vivaus, attachés à une
longue épingle, & de petits morceaux de viande ordi-
maire , coupée & pilée, & des œufs durs coupés par
morceaux : dès qu'on l'entend chanter , on doit lui don=
ner du jour.
Pour élever des roflignols à la bequée , le moyen
ie moins difficile eft de prendre le pere & la mere,
afin qu'ils nourriflent leurs petits eux mêmes ; maisil
#aut pour cela ,.cranfporter le nid , le plus près du
A2 53
392 ROS
lieù ou ilétoit., dans ün efpace de terre, où l’on
dreffe un trébucher : on mer enfuite le nid dans une
chambre , où l'on met de la nourriture & de l'eau:
il fuffit de donner à manger aux petits , les deux
premiers jours ; enfuite le pere & la mere les nour-
riflent : au bout de deux mois on met en cage les
mâles & le pere , & on donne la liberté aux femel-
les.
La nourriture des roffignols qu'on apprivoife , eft
de la farine de millet mêlée avec des œufs , donron
fait une petite pâte fort molle , en délayant le tou:
avec un peu d'eau : on doit de tems en tems renou-
veller la moufle qu'on met dans leur cage, & la cou-
vrir avec foin , tant qu’ils font encore foibles : lorfqu'ils
font devenus plus forts, on doit les nourrit avec du
cœur de bœuf, ou de mouton crud , coupé menu & pi-
lé , & au défaut, des œufs durs blanc & jaune, mêlés
& mis en petits morceaux ; il faut que les augettes foient
cntiérement dans la cage, & que l'eau foit toujours re.
nouvellée.
On connoît qu’un roffignol eft un mâle, 1°. Lorf-
que fur deux où trois plumes de l'aîle , la barbe qui
fort de la côte de la plume, que l’on voit, eft noire.
29. Lorfque les jambes paroiflent rougeâtres en les
regardant , & en plaçant le roffignol entre l'œil &
le jour. 3°, Par fon chant, c'eft la marque la plus
aflurée.
Maladies des roflignols. 1°, L’abcès au croupion
qui le fait languir , & l'empêche de chanter : on
doit fendre l’abcès , le prefler | &, donner au rof-
fignol quelques vers de farine ou cloporte. 2°. La
gale à la tête. Remede. Le rafraïichir avec du mou-
ron coupé menu , ou de la porée ; oindre la partie
où font les poux. 3°, L'’amaigriflement caufés par
Pexcès du chant. Le remede , c’eft de diverfifier leur
mangeaille , & les bien nourrir. 4°. Le trop de graifle.
Remede. Leur retrancher un peu de nourriture. $°. Le
dévoiement caufé par la viande crue ; dont ils fe
tourriflent. Remede. Leur donner à la place , pen-
dant quelque-tems , de jaunes d'œufs. 6°. La conf-
tipation : leur donner des lajtues , coupées meng
ROS RO U 398.
©, La mue ; celle qui vient dans le mois de Septem-
bre, par un tems froid , eft dangéréufe. Le remede
eft de les expoler quelque-terns au foleil, de fouffier fur
leurs plumes, de vin tenu dans la bouche, de leur don-
nér du fucre , des herbes coupées ment. Il ny a
tien à craindre de la mue qui vient au commencement
d'Aout,
ROSSOLIS. Liqueur compofée de toutes fortes de
fleuts odoriférantes , bien épluchées , enfoite qu'il n’y
refle que la feuille. On les fait infufer chacune fépa-
rément , dans de l'eau qu'on a fair bouillir; enfuite on
Ôte les fleurs , on les met égouter , & fur trois pin-
tes de cette eau égoutée , on mec au mois trois cho-
pines d'efprit de vin , trois livres de fucre clanfié, &
un demi feptier d'effence de canelle ; paflez enfuite
le tout , & mettez-le dans des bouteilles & bouchez-
le bien.
ROTURE, On appelle ainfi un héritage tenu en
cenfive ;2 la différence des fiefs qui font tenus noble=
ment; iln'eft dû pour les rotures, ni foi , ni hom-
mage, ni dénombrement , ni relief, ni requint, mais
feulement le cens par chacun an, & les lods & ventes,
lefquels font dus au Seigneur , dans les mutations à
titre de vente ou autre équipollent , le cour fous peine
d'amende.
ROUELLE de veau. Voyez VEAU.
ROUILLE. Pour ôter la rouille de deffus le fer ,
trempez un linge dans de l'huile de tartre tirée par dé
faillance , & frottez-en enfuite le fer.
Rourzie , maladie des bleds. La rouille eft une
efpéce de fubftance roufle de la même couleur que la
rouille de fer , qui endommage les feuilles & les
tuyaux du froment , & les empêche abfolument de
croître quand les tuyaux font formés. Les brouillards
fecs fuivis d’un foleïil ardent produifent cette rouille,
lorfque les fromens font dans la force de leur végé-
tation : le mal eft fans remede fi les bleds étoient
<n tuyau. Cependant on a éprouvé, felon M. du Ha-
mel , qu'une pluie abondante diffipe entiérement la
rouille qui.2 attaqué le froment , *% que les grains
a 4
394 ROU. RUC
en fouffrent peu. Voyez BLens, & maladie des bleds*
ROUSSEURS & taches, ou lentilles du vifage. Re-
mede. Faites difloudre de petits coquillages appellés
porcelaines , dans du jus de citron & frottez-en les rouf-
feurs.
Ou frottez-les du jus d’argentine.
Détrempez une once de miel dans deux onces de jus
de creflon : paflez la liqueur au travers d'un linge , &
frottez en le foir les lentilles : elles s'évanouiront.
Autre remede. Prenez les os longs de pieds de mou-
ton , que vous ferez brüler au feu , jufqu’a ce qu'ils fe
réduifent facilement en poudre , laquelle vous ferez
infufer vingt quatre heures dans du vin blanc , puis
vous le coulerez & vous vous en fervirez : fur qua-
tre pieds il faut un verre de vin blanc. Woyez Ri-
DES.
ROUX-VENTS. On appelle ainfi les mauvais vents,
qui furviennent aux mois d'Avril & de Mai : ïls font
froids & humides , & ils font un grand dommage aux
fruits fur lefquels ils dominent,
RUCHE , panier deftiné pour mettre des abeilles
ou mouches à miel, afin qu’elles y eflaiment. Les ru-
ches les plus convenables & les plus durables , font
celles qui font faites de paille , la meilleure eft celle
de feigle : il faut l’émonder & en couper l'épi. Elles
font plus chaudes & plus faines que celles d’ofier ou
de planche. On doit les conferver dans des lieux fecs
jufqu’à ce qu’on les emploie , afin qu'elles ne fentent
point la fouris ni l'humidité : on doit entortiller la
paille avec’ de l'écorce de noiïfetiers, dont on fe fert
pôur faire des paniers. On commence l'ouvrage par
le gros bout , en pliant les cordons de paille en rond ,
& Jaiffant un efpace qui forme un trou rond au haut
de la ruché : on continue l'ouvrage en dôme jufqu’à
ce qu'il ait vingt ou vingt-cinq pouces de largeur ,
parce qu'on les nettoie & on tire le miel plus faci-
Jément ; enfuite on forme le corps de la ruche jufqu'à
la hauteur de deux pieds : 1e bord qui la rermine doit
être uni , afin qu'il n’y air aucun jour fur la planche où
on la pofe, On pafle par le wou qu'on à laiffé au
RUC 395
faut de [a ruche , un morceau de bois long de quinze
pouces , rond par le haut qui (ort de la fuche , &
quarré & plus gros par le bout qui eft en dedans. Ce
morceau de bois appelié poignée , foutient tout l'ou-
vrage, & on l'affermic (ur deux bâtons pofés en croix.
11 vaut mieux que les ruches foient étroites par le bas
que par le haut , parce que les rayons de miel font
moins fujets à fe détacher ; o en doit faire de plu-
feurs grandeurs. Les plus grandes ne doivent pas avoir
plus de vingt pouces de diamétre fur deux pieds de
haut : les médiocres font d'un plus grand profit que les
grandes, & les abeilles ÿy eflaiment plus fouvent, mais
on doit mettre les gros eflains dans les grandes. La ru-
che étant faite, on arrache les bouts de paille, & on
Ja flambe {ur un feu clair. On rehaufle les ruches avec
des haufles on appelle ainfi un rond de la même
matiere que les ruches & de la même circonférence ,
& haut d'environ huit pouces : on les place fous les
ruches qu’on veut empêcher de trop effaimer : les abeii-
les s'y trouvant plus à laife , & ayant plus de place à
remplir , continuent leur travail & augmentent le pro-
duit de la cire.
RUCHIER , eft le lieu où les ruches font placées. Il.
doit être compofé de planches bien polies , rangées pat
quatre ou cinq étages , felon le nombre de ruches : on
les place contre un mur , en ‘aiflant néanmoins un
cfpace derriere pour pouvoir vifiter les ruches. Sa
meilleure expofition eft entre l'Orient d'hiver & le
Midi , c'efta dire , qu'il doit être expofé au foleil
entre huit & dix heures du matin : on y pratique
un toit de paille où de bois pour le garantir de la
grande ardeur du foleil au Midi , ainfi que de la pluie,
Les planches doivent être en pente douce infenfible
par devant , afin que l'eau n’y féjourne pas : on laiffe
entre chaque ruche un efpace de deux ou trois pou-
ces. On ne doit point laifler de tas d'herbes , ni au-
cune incommodité aÿ- devant du ruchier : il eft avan-
tageux qu'il foir placé à l’écart près de quelque plant
d'arbres | comme arbres nains, grofeliers , arbuftes ,
ou de quelque petit quarré garni de fleurs, Les ruches
396 R UC:
doivent être fcellés fur les planches avec un enduie
de bouze & de chaux vive. Après qu'on a Ôté le miel
& la cire, on doit bien netroyer la place, Otér toutes
les toiles d'araignées , chenilles , papillons qui pour-
soient être fur le ruchier ; car rien ne porte plus les
abeilles au travail que la grande propreté : où doit
toujours enfumer les abeilles avant de pencher leur
ruches afin de Îes rendre plus tranquilles. Lorfqu'on
cft obligé de changer les abeilles de panier , ce chan-
gement doit être fait dans un tems chaud comme en
Juin ou Juillet ; lorfqu'on voit que les abeilles n'ef-
faimeront plus dans l'année , & lorfque le couvain eft
perfe&ionné, La circonférence de la ruche dans la-
quelle on change les abeilles, doit être un ÊE plus
grande que celle de l’ancienne. On doit renverfer celle =
ci fur le côté , la laifler quelque-tems en cet état, puis
l'enlever doucement , l’emboiter dans la ruche neuve :
envelopper d'un linge l'endroit de la jonétion , ren-
verfer le tout de maniere que la ruche neuve foit en
haut, & tirer la ruche vieille de deflous ; les abeilles
après cette opération vont aux champs, & à leur re-
tour elles entrent dans la ruche neuve. On peur faire
cette même opération lorfqu’on veut ôter le miel &
la cire, au lieu de faire périr les abeilles avec de la fu-
mée de foufre , comme font certaines gens par un
abus très-condamnable.
Dans l'achat des ruches, il y a des moyens de diftin-
guer les bonnes d'avec celles qui ne le font pas. 1°.
Donnez un coup de doigt fur la ruche comme on faic
pour fonder un tonneau : s'il produit un bruit féparé
en deux où trois tons , la ruche eft bonne; file bruit
cft court & s'appaile dans l'inftanc , c'eft qu'il y a
peu d’abeilles dans la ruche. 2°. Frappez fous la ru-
che , le fon clair 8 aigu annoncera un grand vuide
d’abeilles & de provifions ; fi elle rend un fon étouf-
$é , elle eft bien conditionnée. 3°. Si en foulevant
la ruche de la hauteur de deux pouces l'efpace qu'elle
occupoit eft net & propre , la ruche eft bonne ;
mais s’il eft chargé d’ordures , elle eft foiblé & mal
fournie. |
RUE RUT 297
Auffñi-tôt qu'on a acheté les ruches, on doit les en-
lever pour prévenir les fraudes : il eft plus avantageux
de les tranfporter la nuit.
RUE. Plante médicinale qui croît dans les jardins &
dans les lieux expofés au foleil : fa tige eft d'environ
trois pieds; fes feuilles font petites & rondes, d'une odeur
défagréable. Cette plante eft chaude , nervine, vulné-
taire , cordiale , carminative : on l'emploie contre l’é-
pilepfe , les maladies malignes , les venins, la pefte ,
la morfure des ferpens & des chiens enragés, la coli-
que venteufe, % c.
RuE de muraille. C’eft un des capillaires ; elle croît
entre les pierres proche des eaux : on l'emploie contre
la toux , l'afthme, la jaunifle , la gratelle , &c.
RUT. On appelle ainfi le tems que les cerfs , les
thevreuils & fangliers cherchent la femelle.
#93 SAB SAF
Sauce. Ily en a de trois fortes |, de mer, de ri-
viere & de terre : celui de mer ne vaut rien pour faire
le mortier deftiné à bâtir ; celui de riviere eft le meil-
feur de tous ; celui de terre pafle pour bon lorfqu'il
fonne en le faifant fauter dans la main , & qu'il eft
employé au fortir de terre : on fe fert de ce dernier à
Paris communément.
Le fable le plus graveleux eft ie plus propre pour les
ouvrages de maçonnerie.
* Le fable fe mefure par tombereaux. Le tombereau
doit avoir deux pieds de haut; deux de large ; quarrè
pieds & demi de long ; vingt quatre tombereaux fonc
une toife cube. Le tombereau de fable vaut depuis
douze jufqu'a feize fols , felon la diftance du lieu où
on la charrie.
SACRE, efpéce de faucon femelle qu'on dreffe au
vol. C’eft un oifeau de proie : il a les plumes d'un
roux enfumé, le bec , les jambes & les doigts bleus :
il eft propre au vol du milan , du héron : c'eft un oifeau
paflager.
SAFRAN (le) vient d’une plante dont Îles feuilles
font longues & douces : fa tige eft baffe & porte une
fleur au milieu de laquelle eft une houpe découpée
en trois cordons où filamens d'une couleur rouge &
d'une odeur agréable : ces filets font d’un grand ufage
dans les remedes , & c'eft ce qu'on appelle le fafran.
Le meilleur fafran eft celui du Levant ; & en France
celui qui croît dans le Gârinois : le fafran demande
une terre legere bien expofée au foieil & bien labou-
rée. On plante les oignons de fafran aux mois de Mat
& de Juin en droite ligne , & à quatre doigts de dif-
tance : on couvre de terre le trou qui doit être pro-
fond de trois doigts. On doit les arrofer dans les cha-
leurs & les farcler : au bout de la premiere année il
ne paroït encore que de l'herbe : on doit ôter cette
herbe, piétiner toute la terre, en unir la furface & la
S'A I 399.
récouvrir de brouffailles. Au bout de la feconde année
la fleur paroîr avec fes trois filamens rougeätres , qui fone
le fafran même. Cette fleur ne dure que vingt-quatre
heures , & l'oignon en reproduit une nouvelle : il faue
les couper le matin à mefure qu'elles paroiflent, puis
les éplucher proprement, pour en tirer le fafran qu’on
mer en lieu fec. Le fafran fe vend à la livre , &c:
on en fair un grand commerce pour les pays étran-
gere 0)
SAINÉE (la) eft une maniere de procurer la gué-
rifon de certaines maladies , & quand elle eft faite à.
propos , il en réfulte de grands avantages pour le corps:
humain. Îl y en a de trois fortes , l’évacuative , on:
la fait pour diminuer la plénitude du fang & défemplir:
les vaïtleaux trop gonflés ; cette faignée reläche les par-,
ties accablées & favorife la hberté de la circulation. 2°. :
Ea révulfive, onla fait pour retirer & ramener à une.
partie oppofée , le fang qui aborde ailleurs avec crop d'a-:
bondance , ou dilate violemment quelque partie qui:
l’enfamme, ou l’accable ; ainfi dans la pleuréfie , on
faigne du bras qui eft oppofé au côté où eft la douleur ,:
& dans les engorgemeus de la tête on faigne du pied,
3°« La dérivative , on la met en ufage pour faire abor-
der le fang plus abondamment & plus promiptement
dans quelque partie pour la dégager de tous les embar-
ras qui s'y font formés. Ainfi dans les engorgemens
du cerveau , lorfque les faignées du pied n’ont pas eu
tout l'effet qu'on en attendoit , on faigne de la jugulai-.
re : ainfi dans la fuppreflion des mois , fi on ouvre la
faphène qui eft une veine des pieds, laquelle defcend
de plus haut, le fang par fa fubite afluence, rétabli
le cours des régles. |
_ Les cas ordinaires qui indiquent la néceflité de la fai-
gnée évacuative font une trop grande quantité de fang,
qui gonfle les vaifleaux & rallentit la circulation; la
plénitude qui produit les mêmes effeis ; l’accablement
ou l'inflammation de quelque partie provenant d'un fang
trop abondant ou trop épais ; la néceffité où l'on eft de,
faire certains remedes qui demandent un vuide dans
le corps.
: Ceux qui indiquent la néceffité de la faignée révul=
409 SAT
five font l'oppreflion , la douleur , l'inflammation de
uelque partie : une hémorrogie opiniâtre qui vient
d'un endroit déterminé ,; comme du nez, poumon ,
de la matrice.
Enfin la faignée dérivative peut être mife en ufage
Jorfqu'il arrive la fappreflion d'un écoulement de fang,
foit naturel, ou habituel.
Les perfonnes à qui la faignée eft contraire , ou à
l'égard defquelles il en faut ufer avec circonfpe&ion ,
font les vieillards décrépits , les petits enfans ; ceux
dont les forces font épuifées , par quelque caufe que
ce foit , ou qui menent une vie pauvre, dure, la-
borieufe , ou qui ne fe nourriflent que d’alimens peu
fucculens , tels que les légumes , les fruits : voici en-
core quelqu'autres marques ; les extrêémirés du corps,
froides par des fréquens intervalle , ua pouls foible,
inégal , intermittent , la peau du vifage teinte d'une
bile jaune verte & noire, différens vifceres obftrués ,
engorgés , tuméfiés , un tempérament infirme & ufé ;
car dans tous ces cas les faignées doivent être bien
rares.
On ne doit faigner que quand l'eftomac eft vuide,
à moins de nécefliré ; comme dans l’apoplexie , ou
hors d'une chüte confidérable. 2°. On ne doit point
faigner dans le friffon , parce qu'alors la circulation
du fang eft beaucoup ralentie ; mais on doit faigner fi-
tôt qu'il y à une grande chaleur: c'eft a-dire, dans le
montant de la fiévre.
On faigne avec sûreté dans les fiévres malignes ,
quand même il paroîtroit des taches fur la peau , fi
là violence de la fiévre le demande : dans la périp-
neumonie , la pleuréfie , &c. Les faignées fréquentes
font néceffaires : mais alors on doit les faire bien
moins copieufes. Enfin la faignée eft fort'urile aux
fémmes enceintes , fur - tour vers le troifiéme ou le
quatriéme mois de la groffeffe , & vers le huiriéme ou
neuvime ; mais roujours du bras. Woyez Artére , Ten-
don , Nerf.
Nouvelles obfervations fur la faignée Il n'eft point
de remede autant en ufage que la faignée : il n’en
eft pas meilleur en bien des occañons ; & il n'en
+
SAÏ 4ot
eft pas de plus dangéreux , quand onla fait à contre-
tems. Comme le fang , proprement dir , ne fait en-
viron que: la troifiéme partie des liquides répandus
dans le‘corps animal; on en a inféré mal à propos,
que les, faignées ne: peuvent guere épuifer la mafle
du fans, quand on les porterait à un point qui nous
paroïuoitexcefhf : mais qu’on faffe awention que le
faog eft le principe ide la vie ; qu'il eft feul capable
de’perpétuer Je mouvement du cœur & des artéres,
que fa quantité naturelle foutient nos forces , que
Ja diminution de cette quantité les diminue felon fes
dégrés , & les abbat enfia jufqu'a l'extinction , quand
elle efk portée trop loin : c’eft ce qu'on voit palpa-
blemenr dans des animaux qu'on écorge. De-là l'Au-
teur-de-ces, obfervations çonclud. 1°. Que la faignée
eft rouiours contraire dans les diflolutions du fang :,
quand même il y auroit de la fiévre , des douleurs
de poitrine aigues # piquantes , des toux importu-
nes, un pouls dur & fréquent, 2%, Que les fiévres
épidémiques ,.catarrales , ne demandent pas la fai-
gnée , à moirs que ce ne foit au commencement ,
&:dans des tempérammens pléthoriques ; que fi des
matieres âcres & bilieufes abondent dans les pre-
mieres voies & dans les vifceres; il faur les évacuer,
par le, moyen des purgatifs ou des vomitifs ; que la
faignée ne corrige pas ces humeurs , qu’elle ne peut
qu'abarrre les forces : il obferve que les anciens Mé-
-decins {e gardoient bien de faigner dans les maladies
qui dépendoient de Ja bile & de l’acrimonie des hu-
meurs: à moins qu'iln’y eut des fignes certains d'une
Pléthore fanguine , :ou de quelque grande inflamma-
tion. 3°. Enfin que les faignées copieufes ne doivent
avoir leu que dans les difpolitions inflammatoires qui
Wiennenr du fang. : . - :
-:'SAINDOUX. On le fait avec de la panne de porc,
que lon coupe par morceaux : on la mer dans un
chaudron , on fait fondre la graïfle , on pañle cette
graiffe au travers d'utramis , on la coule dans des
pots de grais, on 'lailé refroidir:, X on'couvre
les pots de papier. >Leïmeilleur f(aindoux eft_ le plus
blañc. Le faindoux fert à faire des ragoûts , des
402 S'Æ 1"
baignets , de la friture , de la pätifferie.
SAINE. Efpéce de double filet : le grand eft com-
pofé de mailles , de morceaux de hiece par:le haur,
& de morceaux de plomb par le bas. Le peuir eft une ef=
péce de fac qui fe ferme par le poids du blomb qui traî=
ne à terre. On fe mer dans un batteau pour faire ufage
de ce filer , on en attache le premier bout au bord de
l'eau à un piquet , on fair avec le batreau un circuit
qui embrafle autant quil {e peut la largeur de la rivie-
re , onjerte à l'eau des longs remphs du filet ; & on
revient fe placer au bord: les divers morceaux de liege
qui entourent le haut du filet, le tiennent fufpendu à la
furface de l'eau , % ceux de plomb l'appéfantiffent vers
le fond de l'eau; de cerre maniere : le filer forme une
enceinte à demi circulaire ; d'ou le poiffon ne peut fe
fauver que vers le bord de l'eau , par l'échancrure : en
cet endroic les pêcheurs ont foin de battre l'eau avec les
pieds, & a droite & à gauche ; d'autres traînent les
-deux bouts du filet, qui en fe refferrant de toute part,
contraint le poiffon de fe jecter dans le petit filer qui eft
au piquet. |
SAINFOIN.( le ) Eft une perite plante fort conhue,
& qui fait le meilleur foin ; parce que c'eft celur: qui
engraifle le mieux les beftiaux. Cette plante: jetre de
petires branches menues,, d'un rouge poirâtre ; garnies
de petites feuilles , d'ou fortent des fleurs fort ferrées en
forme d’épi, de couleur tantôt jaune % rouge , tantôt
blanche & violette, & renferment une graine grofle com-
me une lentille. | gp
Le Sainfoin vient de femence, & il eft, d'un grand
profit on le feme ordinairément au mois de Mars juf-
qu'à la fin de Juin: Ondoit 1°. Donner trois labours
a la terre, le premier en Août.,-le fecond en Oéto-
bre , le troifiéme en Février. 1°. Cafler les mottes:;.&
former dans le champ des quarréstlarges de dix pieds ,
& longs de cinquante ; & y répandre du fumier con-
fommé. “..
On doit femer le Sainfoin: plus épais qu'aucun au-
tre grain; car il vient plus dru: berfer Ja terre aufi-tôt
aprés en long , en large & en travers, |
| | Pour
s A I 403
Pour un arpent deterre , il faut cinq livres de graine
de fainfoin : il eft deux ans à venir, c'eft-à-dire, qu'il
pe rapporte de l'herbe fauchable qu’à la feconde année ;
- dés-lors on peut le faucher crois fois par an, dès que le
fonds y eft propré, l’une à la fin de Mai, la feconde à
la fin de Juillet, la troifiéme à la mi-Septembre : on
connoît qu'il eft mür , lorfque la graïne jaunit ; l'her-
be de la premiere fauchaifon , eft celle qui a le plus de
fuc.
On doit battre à la grange celle de la feconde
fauchaifon, parce que c'eft elle qui rapporte la graine
que l'on met enfuite au grenier avec les autres : celle
de la premiere & feconde année n'eft pas bonne pour
femer.
On ne doitpas laiffer le fainfoin en tas plus d’un jour
fur le pré, ni donner du fainfoin verd aux beftiaux : le
pré à fainfoin rapporte pendart huit ou dix ans; mais
dans les gelées , on doit le couvrir avec du fumier leng :
quand il ne produit prefque plus, on le meten terres
labourables.
Le fainfoin engraiffe beaucoup le bétail , mais il l'E
chauffe un peu ; un arpent de fainfoin peut nourrir juf-
qu'à trois chevaux pendant l’année,
Nouvelles obfervarions fur le fainfoin, Cette her-
be eft fort faine , ce qui lui a fait donner le nom
qu'elle porte ; elle convient à tous les beftiaux, elle
cft d'une grande fertilité : le fainfoin vient facile-
_ ment dans toutes fortes de terres , excepté les maréca-
ges : mais il fe plaît dans les terres qui ont beau
coup de fond : il mérite qu’on le cultive avec foin ;
car il fournit beaucoup plus d'herbes que les prés
ordinaires : on le peut femer dans toutes les faifons
de l’année: mais il eft plus sûr de le femer au prin-
tems. Comme il eft plufeurs années avant de donner
un profit confidérable , on feme avec la graine de
faïnfoin : du trefle , de l'orge , de l'avoine: la terre
où l’on veut femer du fainfoin , doit être labourée
fort profondément, on ne doit pas le femer à plus
d'un demi-pouce de profondeur : il eft plus utile de
le femer fort clair, & à des diftances parfaitement
égales , felon l'Auteur de la culture des erres. Quand
Tome II,
404 SAI
on veut cultiver le fainfoin avec la nouvelle charrue à
on doit le femer en deux rangées paralleles, éloi-
gnées l'une de l'autre de huit pouces, & donner
trente pouces de largeur aux plattebandess de forte
qu'il doit y avoir quatre pieds du milieu d'un fillon
au milieu d'un autre; ce n’eft qu'avec le fecours du nou-
veau femoir, qu'on peut obferver cet ordre comme il
faut.
Comme, felon la nouvelle méthode , il y a deux
fortes d'intervalles, il fuit de labouret les uns une
année , & de labourer les autres la fuivante : & de
cette façon, on n’a jamais à labourer que la cinquiéme
partie du terrein : on peut le faucher en différens états.
1°. Avant que les fleurs foient entiérement épa-
nouies , alors c'eft un fourage excellent pour les bêtes
à corne, & il peut tenir lieu d'avoine aux chevaux; il
fournit un beau regain qui dédommage de ce qu'ona
perdu en le fauchant de fi bonne heure. 2°. On doit
différer de le faucher , file cems eft à la pluie; car la
graine mürit & dédommage de la perte du fourage :
tous les beftiaux én font friands; & la paille étant ferrée
à propos, & hachée ou battue, fert de fourage au gros
bétail.
A l'égard de la façon de le fanner, on le range
avec la faux, par des efpéces de bandes qu'on appelle
-andins ou ondins , & qu'on retourné dès que le deffus
eft fec, en les renverfant l'un vers l'autre. Lorfqu’il eft
fec, mais pointtrop, on le met en groffes meules , ou
on le ferre dans les granges : au refte , il eft bien
- meilleur quand il a été defléché par le vent que par le
oleil.
Lorfqu’on laifle mürir le fainfoin pour la graine, on
ne doit le faucher que lorfque les graines de la poiñte
font müres, & celles d'en bas encore un peu vertes, &
jamais dans la chaleur du iour ; la igraîne feroit perdue :
fi on bat le fainfoin dans le champ, on l’étend fur un
grand drap parterre, & deux hommes le batrent avec
des fléaux , pendant que deux autres leur en apportent de
nouveau , & deux autres paflent grofliérement au crible
: Ja graine battue.
”
Pour en conferver la femence, & empêcher qu'elle
SAI 40$
ne fermente , on fait dans une grange un lit de paille ,
puis un lit mince de graine , puis un lit de paille , & tou-
jours ainfi. Les fainfoins font meilleurs lorfqu’on n’y faic
pas paître les beftiaux , fur tout la premiere & feconde
année.
SAISIE (une) en général , eft l’action par laquelle
un Huiflier ou Sergent s'empare, au ñnom du Roi &
de la Juftice, des meubles ou des immeubles d'un
débiteur , ou arrête entre les mains de quelqu'un ,
ce qu'il doit à celui fur qui la faifie eft faite. Pour
procéder par voie de faifie, il faut être créancier 5
car on ne peut faire faifir qu'en vertu d'une obliga-
tion paflée par - devant Notaire, & dans l'étendue de
fon reflort, ou en vertu d’un jugement portant con-
dampation , l'un & l’autre fcellés du fceau de Ja
Jurifdi@ion, ou en vertu d'exécutoires de dépens ; & fi le
débiteur eft mort, il faut préalablement faire déclarer
l'obligation ou le Jugement exécutoire contre les héri=
tiers , ayantde pouvoir faifir. Cependant , felon la cou-
tume de Paris, un créancier peut faifir & arrêter les
biens du défunt, par permiffion duJ uge, qui fe donne
fur requête. |
On peur encore faifir , en vertu de la fimple gage-
rie, fes meubles des locataires , pour la süreté des
loyers qui lui fonc dûs. Bien plus, les Bourgeois de
aris peuvent, {ur une permiflion de M, le Lieutenant
civil, donnée fur requête , procéder, par voie de l’arrét ;
fur les biens de leurs débiteurs forains , trouvés dane
la ville de Paris. Enfin , les hôtelliers & aubergiftes
peuvenc faifir & arrêter les chevaux, & hardes de leurs
hôtes, pour les frais de la nourriture & logemencà eux
OUrnis.
Îl y a trois fortes de faifies. 18. La faife mobi.
liaire, qu'on appelle exécution : il eft néceffaire à
ceux qui ont le malheur d'être expofés à ces fortes
de faifies , & fur - cour aux perfonnes qui demeurent
2 la campagne , d'être inftruites de ce qui fui,
2°. Cette fafie ne fe peut faire qu'en vertu d’an
titre exécutoire : c'eft-3-dire , d’un contrat ou d’ün
Jugement en forme exécutoire : elle doit. être précé-
déc d'un commandement fait au abs -F1 avec co-
B b2
406 S AI
pie du titre exécutoire du créancier : elle ne peut être
faire que le lendemain de ce commandement. 2°. L'Ex-
ploit de faifie doit contenir l'élection du domicile du fai-
fiflant, dans la Ville ou Village où la faifie eft faite ;
& fila faifie n’eft pas faite dans un Village , ni dans
une Ville, le domicile doit être élu dans le Village ou la
Ville la plus proche. 3°. La faifie doit être faite par un
Sergent , aflifté de deux Records , lefquels doivent figner
l'Exploit de faifie. 4°. Les meubles faifis ne peuvent
être vendus, qu'iln y ait au moins huit.jours francs en-
tre l'exécurion & la vente, afin que le faifi puiffe avoir
le tems de fatisfaire le faififlant , & empêcher la vente de
fes meubles, |
Le faifi peut offrir un gardien folvable qui accepte
la garde des chofes faifies, pour les repréfenter en
tems & lieu, & alors, fi le Sergent l'accepte, il ne
peut déplacer les meubles , ni les donner en garde
a un autre. Il doit laifler au faifi , 1°. Une vache,
trois brebis & deux chevres ; à moins que la créance
pour laquelle la farfie eft faite, ne procédät de la vente
des mêmes beftiaux , pour avoir prêté l'argent pourles
acheter. 2°, Le lit dont le faifi fe fert pour lui , l'ha-
bit dont il eft vêtu : ilen eft de même des habits dont
les enfans du faifi fe fervent. 3°. les chevaux, bœufs
& autres bêtes de labourage, charrues, charrettes & uf-
tenciles fervant à labourer & à cultiver la terre , à moins
que la fomme pour laquelle on faifit, ne fût dûe, au
vendeur pour deniers royaux , ou à celui qui auroit
prêté l'argent pour l’achat defdits inftruments , ou pour
les fermages & moiffons des terres où feroient lefdits
beftiaux.
Il faut favoir encore , que fi la faifie eft faite pour
chofes confiftantes en efpéces , il faut furfeoir à la ven-
te, jufqu'à ce que l'appréciation en ait été faite ;
car il feroic injufte de vendre, par exemple , mille
écus de meubles pour une fomme de mille livres.
2°. Que la vente des chofes faifies ne fe peut faire
fans ordonnance du Juge ; à moins qu’elle ne fe
fafle en vertu d’une obligation fcellée , ou d’un Ju-
gement qui foir fcellé, & ait force de chofe jugée.
| S AI 407
3°. Qu'elle ne peut fe faire , non plus, quand il
y a des oppofñirions ; car il faut auparavant les faire
vuider. 4. Que le Sergent doit fignifier à la per-
fonne , & au domicile du faifi , le jour & l'heure
de la vente , pour qu'il ait à faire trouver des en-
chérifleurs , & dans quel marché la vente fera faite.
s®. Que les chofes faifñes ne doivent être adjugées
qu’au plus offrant & dernier enchérifleur , *% les ad-
judicataires en payer le prix fur le champ. 6°. Que
les Huiffiers ou Sergens doivent déclarer dans leurs
proces-verbaux , le nom & domicile des adjudica-
taires. 7°. Que les bagues & vaiffelle d'argent , de
valeut de trois cens livres & au deflus , ne doivent
être vendus qu'après trois expoñrions , & à trois jours
de marché différens. 8°, Que le Sergent qui à faitla
vente , doit délivrer au faifilanc, les deniers prove-
mans d'icelle, jufqu'à concurrence de fon dû , & le fur-
plus délivré au faif ; & en cas d'oppofirion , à quipar
juftice il fera ordonné, & en ce cas le Sergent retient
le tour jufqu'à ce que les oppoltions ayent été levées
& jugées. Enfin , que les formalités requifes pour les
exploits de faifie , & la vente des chofes faifies , doi-
vent être gardées par les Huiflers ou Sergens, à peine
de nullité des exploits de faifie , & procès-verbaux de
vente, dommages & intérêts envers le faififfant # le
faifi , d’interdiétion & de cent livres d'amende. Telles
font les difpofitions de l'Ordonnance de 1667 fur cette
matiere.
En fait de faifie mobiliaire , le premier faififfanta
droit d’être payé le premier fur le prix provenant de
la vente des meubles par préférence aux autres Créan-
ciers oppofans ; & les deniers provenans d'une pa-
reille vente , ne fe diftribuent point par ordre d’hy-
pothèque , parce que les meubles n’ont point de fuite,
mais après que le faififfant eft payé , comme on a
dit ci deflus, à moins qu'il n'y eût déconfiture , c’eft-
a-dire, que les meubles & immeubles ne fuffent pas
fufifans pour fatisfaire les Créanciers. En ce cas, le
premier faififfant ne vient qu'à contribution au fol
la livre avec les autres Créanciers oppofans {ans au-
cune préférence : il n’y a que les dgttes privilégiées,
Bb ;
des S'AI
comme les frais de Juftice , frais funéraires , loyers de
maifons qui foient préférés. Quand il y a conteftation
entre le premiet faififlant & les autres Créanciers, cela
forme une inftance qu'on appelle de préférence quis’inf-
truit comme l'inftance d'ordre, La premiere inftance tend
à faire diftribuer les deniers par priorité de faifie; & la
feconde, fuivant la priorité d’hyporhéque ou le privi-
lège des Créanciers.
La feconde forte de faifie eft la faifie-arrêt. C’eft
la faifie qu'un Créancier fait d’une detre ou autre cho-
fe dûe par quelqu'un à fon Débiteur : elle ne fait
qu'arrêter ce qui eft dû au Débiteur jufqu'à ce que
le faififlant ait obtenu Sentence. On doit en même-
tems afligner ceux entre les mains defquels on faifie ,
pour affirmer pareux la fomme qu'ils doivent au Dé-
biteur faifi, & afligner ce dernier pour voir ordonner
que ceux entre les mains defquels on faifit, vuident
leurs mains en celles du faififfant jufqu’à concurrence.
On ne peut pas arrêter les demiers dûs au Débiteur en
vertu d'une fimple promeffe, il faut une permiffion du
Juge obtenue fur requête : il y a des chofes qu’on ne
peut pas faifir & arrêter ; telles fonc les rentes viageres,
les gages des Officiers de la Maifon du Roi faifant le
Service; les gages qui tiennent lieu à un Officier de dif-
tributions journalieres pour les fervices qu'il rend dans
fon miniftere,
La troifiéme forte de faifie eft la faifie réelle, C’eft
la faifie des immeubles , comme maifons , héritages,
& drois réels, Elle fe fait’par le miniftere d'un Ser-
gent, & la vente & adjudication de l'immeuble en eft
pourfuivie à la diligence & à la requête du Saififfanr.
Cette forte de faifie eft accompagnée d’un grand nom-
bre de formalités , dont les plus effentielles font :
3%. Que le Sergent doit déclarer qu'il établit le
Commiflaire aux faifies réelles, pour le régime & le
gouvernement de la chofe faïfie, & en la poflefion
duquel il la met, pour après, être par lui donnée à
louage ou à ferme , au plus offrant & dernier enché-
rifleur ; que cependant il fera procédé aux criéës ,
décret & adjudicarion d'icelle |, à la pourfuite du
Saifffant. 2°. La faifie réelle doit être précédée d'un
S AI 409
commandement , fait à domicile, & recordé de deux
témoins, 3°. Le titre, en vertu duquel on faifit ,
doit être en forme exécutoire , c’eft à dire, engrolle,
& muni du fceau de la Jurifdiétion d'ou il eft émané.
4°. Le Sergent doit faire mention de fon tranfport
fur les lieux 2 l'effet de faifir. 59. Il doit à l'égard des
terres nobles , Fiefs & Seigneuries , faifir nommément
les principaux manoirs de chaque Fief avec les apparte-
nances & dépendances ; & à l'égard des terres roturie-
res, les déclarer & les fpécifier par les tenans & abou-
tifflans. 6°. Déclarer que le Créancier a fait éktion
de domicile dans le lieu où la faifie eft faite. 7°. Dater
fon exploit d'an & jour; marquer le tems de devant
ou après midi; faire itératif commandement au Dé-
biteur de payer , faute de quoi il fe pourvaira par criées
& fubhaftations par quatre quatorzaines ordinaires. 88,
Déclarer par l'Exploit qu'il faifit réellement le fonds de
tels héritages appartenans à un tel, & énoncer les caufes
de la faifie. 9°. Il doit établir au régime & gouverne-
ment de la chofe faifie le Commiffaire aux faifies réel-
les, ou un Commiffaire dass les lieux où il n’y a point
de Commiflaire en titre, 10. Il doit fignifier l'Exploit au
faifi, à fa perfonne ou domicile avec copie baillée , la
fignification duement recordée , & faire mention du tout
dans l'Exploit.
On doit faire enrégiftrer la faifie réelle par le Com-
miffaire aux faifies réelles , & par le Grefñer des Oppo-
fitions de la Jurifdi&tion où fe pourfuir la faifie, & l'un
& l’autre doivent cotter le jour de l'enregiftrement. Lorf-
qu'elle eft enresiftrée , & que le bail judiciaire eft adju-
gé, la faifie réelle dure trente ans ; autrement elle périt
par trois ans.
En cette matiere toutes les formalités font de rigueur,
& l’omiffion de quelqu'un rend toute la procédure nulle
auff bien que l'adjudicarion,
Les faifies & criées des rentes fonciéres fe font en
la même forme que celles des hérirages fujets aufdites
rentes. Le Sergent doit fe tranfporter fur l'héritage
fujet à la rente fonciere , & déclarer par fon procès
verbal, qu’il faifit une telle rente à prendre fur tel
héritage , lequel il doit défigner par tenans &: abou-
B b 4
410 S AI
tiffans , & les criées en doivent être faites en la Paroifle
où les héritages fujets à la rente font fitués ; il en eft de
même des rentes de bail d'héritage.
3°. À l'égard des rentes conftituées fur des Particu-
liers, la faifie en doit être faite ès mains du Débiteur ,
avec défenfes de racheter ni vuider fes mains du princi-
pal & arrérages, & ce, après avoir fait mettre des afh-
ches aux lieux requis.
Pour lesrentes conftituées fur l'Hôtelde Ville, on doit
les faifir entre les mains des Receveurs & Payeurs d'icel-
les : y déclarer la nature des rentes, & la dette de la
conftitution ; faire les criées devant la porte de l'Eglife
Paroifliale , de l'Hôtel de Ville, & avec affiches aux lieux
requis : après quoi la vente defdites rentes fe fait à la
Barre de la Cour, fi c’eft au Parlement ; & en l'Audien-
ce, fi c'eftau Châtelet & ailleurs,
49. La faifie réelle des Offices Royaux comptables
en la Chambre des Comptes à Paris, doit être faire
fur le faifi : fignifiée 1°, à M. le Garde des Sceaux en
la perfonne du Garde des rôles des Offices de France
en exercice ; 2°, au° Payeur des Gages dudit Of-
fice , avec défenfes de les payer à autre qu'au Commiflai-
re établi , & faire les criées & affiches auxlieux requis,
qui font la porte de la Paroifle, de la Chambre des
Comptes, & celle du Débiteur.
5°. La faifie des Offices qui ne font point comptables,
comme Notaires, Grefñers, &c. doit être faite fur le
Débiteur, & fignifiée à celui qui en donne les provi-
fions , & à celui qui en paye les gages. Les criées doi-
vent être faites en la Paroiffe du Siége dont dépend l'Of-
fice faifi.
6°. La faifie réelle des Officiers de Judicature , fe
fait fur le Débiteur & fans criées : il fuffc de l'affigner
dans les délais de l'Ordonnance pour voir ordonner qu'il
pafleia une procuration ad refignandum , & que faute
de ce faire , la Sentence qui interviendra, vaudra la
procuration, pour en conféquence l'Office être vendu
après trois publications de quinzaine en quinzaine, le
Dimanche à l'iflue de la Mefle Paroifliale , à la porte
de la Paroifle du faifi , & à celle de la Jurifdiétion ou
fe pourfuit la vente.
SAI SAL AII
Outre ces trois fortes de faifies , ily aencore la féo-
dale qui eft la faifie du Vaffal faite par le Seigneur ,
faute par le Vañlal d'avoir fait foi & hommage, ou
d’avoir payé les droits , ou faute d’aveu & dénombre-
ment : dans ces deux premiers cas , le Seigneur fait les
fruits fiens.
SAISONS, ‘quatre qualités de chacune, Le Prin-
tems eft la faifon la plus falutaire de l’année pour les
corps : rarement elle produit des maladies difficiles à
guérir , celles que les catharres , les roux , les maux de
gorge, les hémorragies, les puftules ; mais ces mala-
dies ceflent lorfque l'Eté arrive,
L'Eté amene fouvent des fiévres , foit continues ou
ardentes , foit intermittentes où malignes.
L'Automne renferme le principe de bien des mala-
dies. Entr'autres , les fiévres quartes , l'épilepfie , la
mélancolie , les morts fubires , l’hydropile , les rhu-
matifmes., On voit fouvent périr dans cette faifon les
perfonnes qui ont lutié long-tems contre les maladies
longues,
L'Hiver eft accompagné de toux, de fluxions de poi-
trine , de vertiges , d'apoplexies , & de mille autres
infirmités : lorfque le tems eft variable , le fuccès de
ces maladies eft fort douteux , mais fi l’année confer-
ve toujours la même conftiturion depuis ie commen-
cement jufqu 2 la fin , on peut s'attendre aux mêmes
maladies.
SALADES. Tout le monde fait que les falades font
un compolé de différentes plantes potageres que l'on af-
faifonne routes crues avec de l’huile,du vinaigre & du fel:
on mêle ordinairement des fournitures avec la plante qui
eft le fondement de la falade. Si la falade eft de laitue
pommée , cette nourriture eft un peu d'eftragon , de
cerfeuil , de pimprenelle , de baume , &c. |
SALAISON. On appelle ainfi les provifions que l’on
fait des chairs de certains animaux, & particuliérement
de porc. Woyez PORC saLe.
SALÉ , petit Salé : c’eft la chair de porc falée & les
endroits ou il y a plus de graiffe. Le meilleur porc pour
le petit falé , eft celui de fix mois , nourri pendant douze
jours avec de l'avoine,
412 S AL
SALOIR, forte de table deftinée pour faler le porc.
Le faloir doit être de bois dur tel que celui de chêne :
il doit être entouré de bons cercles, pour que la fau-
mure ne fe perde point ; il doit avoir un rebord haut de
quatre doigts,
Le faloir doit avoir fon couvercle , & fermer la fa-
laifon , de maniere qu'il ne laifle aucun jour, par où
elle puiffe prendre l'évent.
SALIVE trop abondante. Remede , détrempez de la
graine de coriandre en poudre dans du vin , & mouil-
lez-en votre langue.
Ou mâchez du gingembre & büvez de bon vin.
SALPETRE , ou nitre. Sel minéral qu'on tire des
pierres & des terres des vieux bâtimens , des lieux em-
preints des urines de plufeurs animaux : voici la ma-
niere la plus ordinaire de le faire. Prenez une grande
quantité de ces pierres & de ces terres : broyez- les
groffiérement ; mettez - les dans de grands tonneaux
percés deffous ; verfez deflus beaucoup d'eau , laquelle
tombe après avoir diffout le fel, dont ces diverfes ma-
tieres font chargées , dans un vaifleau qu on aura mis
deffous. Jertez enfuite cette infufion fur de la cendre,
& faites-en comme une leffive , & cela par deux fois:
faites enfuite réduire au quart certe liqueur par le mo-
yen d'un feu modéré, mais toujours égal : laiffez-la re-
pofer, & au bout de quelques jours vous trouverez au
fond des cryftaux. Mettez les fécher ; faites évaporer
le refte de la liqueur : laïffez-la refroidir , & ce fera le
falpêtre.
Le falpêtre fert pour la compofition de la poudre 2
canon, pour la préparation des eaux fortes. Ileft inci-
ff & rélolutif, il excite l’urine , il poufle la pierre du
rein , il éteint les ardeurs du fang : on en donne une
dragme & demi par pinte pour les fiévres ardentes.
Il y a auffi du falpêtre naturel atraché contre des mu-
railles & à des rochers : il eft préférable au falpètre or-
dinaire pour la poudre à canon.
SALSIFIX , racines: il y en a de deux fortes. Les
(alffix communs , & ceux d'Efpagne qu'on appelle fcor-
foneres, qui {ont d’un grand ufage dans les remedes,
Voyez SCORSONERE.
SAN 413
On feme les falffix au Printems , & au moisd’Août,
en planches ou en plein champ ; il fautéclaircir le plant,
l'arrofer pendant les chaleurs , & avoir {oin de le far-
cler : onnelaifle en terre que jufqu'en Carême ceux fe.
més au printems.
SANG. { crachement de) Remede. Prenez de la
gomme rabique diffoute dans‘une fufhfante quantité
d'eau de plantain , un gros du corail rouge préparé,
deux ferupules ; de l'huile d’amandes douces , du fyrop
de grande confoude , & de celui de guimauve, de cha-
cun une once : mêlez le tout ; faires-en un lohoc à pren-
dre d'heure en heure 2 la cuiller
Sac, ( vomiffement de) Prenez intérieurement du
fuc de la grande ortie depuis deux onces jufqu'à trois
ou quatre. Ou prenez une poignée de fanicle, feuilles
& queues ; & après l'avoir lavée & preflée entre deux
linges pour la fécher , enforte qu'il n'y refte point d'eau
ni d'ordure , pilez la, & la mettez infufer à froid du
foit au matin dans un verre de vin blanc que vous cou-
lerez par un linge en exprimant forrement le jus, que
vous ferez avaler au malade à jeun , & il ne prendra
rien que deux heures apres.
Le jus de pourpier ou l'herbe même mangée comme
on voudra , atrêre le crachement de fang : le fuc de
pervenche bû jufqu'à deux onces dans du vin rouge,
fair le même effet,
Prenez de l'alan de roche ; formez-en des pillules de
la groffeur d'un gros pois : faices en prendre au malade
le poids d’un demi-gros dans du pain à chanter : faites-
Jui avaler par deffus un verre de prifanne contre les hé-
morragies , faite avec racine de grande confoude , d'a-
grimoine , de chiendent , de feuilles de plantain, &c.
Réitérez la prife de ce remede de deux en deux heures,
dans les occañons où le vomiffement eft confidérable.
Ces pillules font fort bonnes pour l'hémorragie du
nez.
Sanc meurtri deffous l'ongle. Appliquez fur le mal
de la graiffe de canard mêlée avec de l'euphorbe : cela
fait réfoudre le fang mort.
Sanc caillé dans Le corps par une chüte. La per-
414 SAN
fonne tombée doit avaler promptement un bon verre
de vin pur, dans lequel on aura mis une mufcade ra-
pée. ; : et
Lejus de perfil avec du miel étant avalé , fait vomit
le fang caillé dans l’eftomac. 2
Où faites avaler un verre d'huile d'olive , & aout le
fang & le cerveau fe calmeront. Les herbes vulnéraires
font excellentes dans ces cas. Voyez VULNERAIRES.
Pertes de fang pour les femmes (Remede contre les }
Prenez des crottes de cochon tant que vous voudrez :
faites-les chauffer ; & appliquez -les en cataplafme fur
l'extrémité du ventre. Ep. AU.
Ou bien appliquez-y des linges trempés dans de
l'eau froide , 2 laquelle on aura ajouté une quatriéme
partie de vinaigre ; ce que l'on réitérera de tems en
tems. ic
Faites prendre à la malade une demi-once de fuc de
plantain , & autant de celui d'ortie dans un verre de la
décoétion de ces mêmes plantes : ou donnez lui une pti-
fane faite avec de la raclure de corne de cerf, & la mo-
yenne écorce de faule ; ou une dragme de poudre de
fleurs de noyer defféchées avec du gros vin chaud. |
Pertes de SANG provenant des hémorroïdes, Remede.
Prenez de l’alun en poudre ; mélez-y autant de farine ;
faites en un fuppoñtoire avec le mucilage de gomme
adragant difloute dans de l’eau : il faut mettre un de
ces fuppofitoires je matin, l’autre le foir , & le garder ,
deux heures ; par ce moyen les vaiffeaux Le réunitfent à
& la cicatrice fe trouve fi forte , qu'elle réfifte aifé-
ment dans la fuite aux efforts qu'on fait en allant à la
felle ; mais il faucoblerver un bon régime , & préférer
le ris à toute autre nourriture ; fe purger plus d’une fois,
& prendre des lavemens.
Pertes de Sac dans la groffeffe. Ces pertes vien-
nent fubitement & avec douleur , & font précédées de
quelques caufes qui ont pà les occafonner : elles font
trés - préjudiciables à la mere & à l'enfant ; & il ya
tout à craindre , fi elles arrivent à la fin de la groffefle ,
car il n'y a que l’accouchement qui puifle faire ceffer ,
-J'hémorragie. Selon d'habiles Médecins elles provien-
nent de ce que l'arriere-faix fe détache du fond de la
SAN 41ÿ
matrice, & Hs prétendent que dans ces circonftances
les faignées font contraires ; que les remedes aftringens
font inutiles, & qu’il n’y a pas d'autres moyens que
de hâter l'accouchement , de peur que les forces de
la femme ne foient entierement épuilées. On doit
done mettre la main à l’œuvre , dès que les douleurs
de la femme fe rallentifflent , & qu'elle a des tinte-
mens d'oreille & des foibleffes : ils foutiennent que
par-là on donne la vie à la mere, & qu'on procure du
moins le baptême à l'enfant, au lieu que fion tarde,
la mere & l'enfant périfflent, Que fi au contraire l’ar-
riere-faix eft attaché à l'orifice de la matrice, ce qui
peut occafionner la mort de la mere , malgré le fecours
de l’accouchement , ils font d'avis qu’on détache dou-
cement l'arriere faix en gliffant les doigts par deffous,
& qu'en fe faffe ainfi jour jafqu'à l’enfant qu’on faifira
par les pieds pour les tirer du fein de fa mere : c’eft Je
fentiment de M. Petit Médecin , & de M. Fried , célé-
bres Accoucheurs. Journ. Oecon. Sept. 1758.
SANGLIER. (le) Eft un porc fauvage qui fe tient
dans les forêts : il apporte en naifflant toutes fes
dents ; il en a quatre qu'on appelle défenfes , favoir ,
deux en haut, qui fervent à aiguifer les deux de def-
fous , qui font meurtrieres : les deux d’en haut fe nom-
ment les grez , & les deux d'en bas , limes , dagues, ou
arme de la barre. Les dents de fa machoire inférieu-
re , fortent de fa gueule , & fe tournent en demi-
cercle,
Le rut des fangliers eft au mois de Décembre , &
dure trois femaines ; leur venaifon à la mi-Septembre,
jufqu'au commencement de Décembre ; c’eft le rems
de les chaffer.
Quand le fanglier eft jeune, on l'appelle Marcaffir ,
à deux ans, Ragor; à quatre ans, Quartan, ou à fon
tiers ; il eft alors fort dangéreux : à fix, grand fanglier ;
à fept , grand vieux fanglier. La femelle du fan-
glier s'appelle Zaye , elle ne porte qu’une fois
Jan.
Les fangliers font leur bauge dans les bois garnis
d'épines & de ronces, & ils vivent de tous granis &
racines,
416 SAN
Allure du fanglier , ou marques aufquelles on juge de
qualité, Ses formes font grandes & larges, fes pinces
de la trace de devant, rondes & groffes, le salon large ;
Jes gardes où ergors groffes & ouvertes, le fouil ( c'eft
l'efpace qu'il a barbouiiié ) toutes ces marques font
connoître {a grandeur.
Chafle du fanglier. Elle fe fait aux accours , avec
les levriers & le limier, des arquebufes , des amorces
& des toiles dans les enceintes. On appelle vautrair ,
le grand équipage entretenu pour le fanglier : on
appelle encore vaurrair , des chiens mâtins qu'on
prend chez les payfans , & qu'on éleve exprès : les
chiens courans font encore très propres à cette chafle ;
mais ils doivent être grands , & plus épais de corps que
les autres. On doit parler aux chiens comme pour le
Joup.
Un jeune fanglier à fon tiers n'eft pas courable ,
car il court plus vire qu’un cerf ; mais à fon quart
d'an, on le peut prendre à force : on ne met après lui
que des mâuins ou de vieux chiens , & fages : il fe dé-
tourne comme le cerf, & on y met des relais de la
même maniere,
Au printems & en été on les'trouve dans les endroits
où il y a beaucoup de buiflons: & fur-rout là ouilya
des bleds verds : en automne , dans les forêts ; c’eft [à
où ils font leurs mangeures.
Dès que le fanglier eft tué, on doit lui couper les fui-
tes ou tefticules ; car elles corromproient toute la chair
en peu de tems. Woyez HURE | |
La chair du fanglier eft fort nourtiffante , fe digére
plus facilement Que celle du cochon ; & les parties
qui en font les plus eftimées , & bonnes à manger ,
font la hure , autrement la vête , & les filets , ce
qui comprend toute la chair du dos ; le long des
reins.
Les défenfes du fanglier fervent à faire des hochets,
qu'on donne aux enfans pour leur faire percer les dents :
la graiile de fanolier eft réfolurive, elle fortifié & adou-
cit : le poil de fanglier fert à faire toutes forces de brof-
fes ou vergetres,
SAN 417
_ SANGSUE. Infete aquarique ; de la figure d'un
gros ver, & long comme le petit doigt : on s’en ferc
én médecine, en lés appliquant fur la peau , pour fu-
cer le fang , & dérourner quelque fluxion : les plus
petires , & qui font vertes fur le dos, & rouges (ur
le ventre , font préférables aux autres On les fait dé-
gorger quelques jours dans de l'eau, avant que de s'en
fervir , afin qu’elles s'attachent plus vite : Quand on
veut les retirer ; il faut jetter deflus un peu de fel , ou
de lin brulé.
SANICLE. Plante qui croit dans les bois : elle por-
te au bout de fes branches de petits boutons blancs,
faits comme des fraifes. Son goût eft amer; elle eft
fort aftringente & deflicative : c'eft une des premie-
res vulnéraires ; on en prend en décoétion pour les
ulcères , fiftules, hernies : une poignée de fes feuilles
& queues , pilée & infufée à froid, toute une nuit ,
dans un verre de vin blanc , eft un excellent re-
mede dans les pertes de fang , quelles qu'elles foient.
On applique aufli fur les plaies , l'herbe de fanicle
ilée.
SANTAL Bois qui vient des Indes ; ileft citrin blanc
ou rouge : le premier eft le meilleur ; il doicétre encore
dur & pefanr, Ce bois eft cordial & aromatique , il
fortifie l'eftomac & le cerveau , il purifie le fang, &
arrête les obftructions. |
SANTÉ. Régime pour l’entretenir. En général, Îes
mets les plus fimples doivent toujours être préférés aux
ragoûts & aux mets qui font compofés : outre que
‘ceux ci font moins faciles à digérer , ils excitent enco-
re un appétit déréglé , & donnent occafion de furchat-
ger l’eftomac,
Les perfonnes qui s'appliquent à des études férieu-
fes, doivent ufer , ainfi que les vieillards , d'alimens
plus aifés à digérer , que ceux qui vivent du trayail
de leurs mains, & qne ceux qui font entre deux âges :
ces derniers qui ont coùtume de beaucoup diffper,
ne peuvent fe pafler d’une nourriture abondante : au
contraire , comme on ne fait que très-peu de diffpa-
tion , lorfqu’on vit dans l’oifiveté, & qu'on ne fe don-
ge aucun exercice , ni de corps , ni d'efprit , onne doit
418 SAN
ne doit manger que fort fobrement; on doit même fe
dérober quelque fouper de tems en tems.
On doit aufh faire attention à la qualité des boif-
fons, telles que l'eau , le vin , les liqueurs. Aüinfi, il
faut ufer autant qu’onle peut, de la plus legere & la
plus pure, du vin le plus mür & le moins fameux. À
‘égard des liqueurs , on n'en doit prendre que rare-
ment , & en peute quantité ; leur exceseft toujours per-
nicieux, ainfique celui du vin de Champagne, des vins
- de liqueur, &c. |
Rien de plus pernicieux que de fe charger l'eftomac
d’une trop grande quantité d'alimens , quoique bons
par eux-mêmes : on ne doit pas éviter avec moins de
foin , les alimens cruds & indigeftes , tels que les ra-
goûts foit en gras, foit en maigre.
Le plus sûr moyen de conferver la fanté , eft de vi-
vre d’un régime fimple & fobre; mais on doit connoi-
tre les alimens qui nous font propres, & la qualité qu'on
en doitprendre. Les alimens fecs & falés maigriffentle
corps ; ceux qui font difficiles à digérer , accablent
l'eftomac ; ceux qui fonttrop faciles ,.fe corrompent
aifément dans les entrailles trop chaudes, Les alimens
les plus purs , les plus fimples, les plus faciles à pré-
parer, font aufli les meilleurs. L’homme prudent re-
jette les ragoûrs trop falés, ou trop épicés , toutes les
efpéces de pâtiflerie , les truffes, les champignons, &
mille autres ingrédiens qui empoifonnent en flatcant l'ap-
pétic ; il s’abftient , autant qu’il peut , de fauciffes,
de boudins , d’andouilles , de cervelats , & de tou-
tes les viandes indigeftes & endurcies à la famée ; il
boit peu de vin, de peur d'irriter les organes néceffai-
res 2 la vice 2
On doit avoir aufi égard à la quantité , quoiqu'il
foit difficile de la fixer : la régle la plus certaine, eft
de ne point paffer les bornes de fon appétit ; la gour-
mandife accable le corps de crudités , qui font le ger-
me de prefque toutes les maladies : d'un autre côté,
la trop grande dietre épuife le corps , & le faic vieiilir
avant le tems,
Les perfonnes robuftes doivent plus manger que
. celles
| SAN 419
celles qui font d'une foible complexion , en faifant
toujours'attention à la nature des alimens : mais en
général , on n'eft pas obligé de vivre toujours de Ja
même nourriture , pourvü quon n'en prenne que de
faine.
Recette d'une liqueur pour la fanté , d'après l'ex-
périence qu'en a faite un homme qui à vécu jufqu'à
l’âge de quatre vingt dix huit ans, fans reflentir les in-
commodités de la vieillefle Mettez dans un pot de
terre veruiflé , deux pintes d'excellent vin rouge ,
une pinte d’eau-de vie , une pinte deau de fontaine
ou de riviere , une once de canelie pilée , une noix
mufcade rapée , douze clous de gérofle concafés,
de la poudre de coriandre , trois pincées d’anis verd,
& fix onces de fucre candi : enfuite couviez le pot
avec fon couvercle , lurtez- le bien avec de la pâte ,
& mertez-les {ur un fourneau , ou dans un four : fi
c'eft fur un fourneau , donnez d’abord grand feu, &
lorfque vous ugerez que la compofition commence
à bouillir , diminuez le feu , & laiffez - la mitonner
pendant quatre bonnes heures : fic’eft dans un four,
laiffez-l'y huit heures. Au bout de ce tems , retirez
le por, le laiflez refroidir ; enfuite délutez-le, & ver-
fez promptement la liqueur par un entonnoir garni
d'un linge , dans une bouteille toute prête , & le marc
refté dans un linge pour fervir à faire une feconde li-
queur, en y mettant feulement une pinte de vin & au-
tant d'eau. Prenez de cette liqueur le matin , une cuil-
lerée fur quatre doigts de vin : au refte, la perfonne
qui a donné cette recette, n’en ufoit que de deux jours
l'un. À l'égard de la feconde liqueur, on en doit pren-
dre en plus grande quantité.
Ptifane de fanté. Prenez une demi mefure de bon-
ne avoine bien nette & bien lavée , une poignée de
chicorée fauvage : faites bouillir le tout dans fix
pintes d'eau , pendant trois quarts d'heure ; ajoutez
une demi-once de cryftal minéral , & yn quarteron
de miel blanc: laiflez bouillir le tout une demi heu-
re , coulez la liqueur à travers un linge , & con-
fervez-la dans une cruche : prenez. en le matin à
Tome II. | C£
420 SAP SAR
jeun deux bons verres, & reftez deux heures fans
manger: buvez en autant l'après-diné , le tout pen
dant quinze jours , les perfonnes foibles n’en pren-
dront qu'un verre le matin, Ceux qui font trop ref-
ferrés ou trop replets , doivent commencer par quel-
ques lavemens , ou légere purgation : cette boiffon tient
le ventre libre, provoque les urines, fait cracher , dé-
gage le cerveau , rafraichit , délivre les membres d’une
lafitude importune , fortifie cout le corps , réjouit lef-
prit, préferve de maladies , & entretient le corps en
fanté & en vigueur : on peut la prendre dansles différen-
tes faifons de l'année , fur-cout l'été, mais non dansles
rands froids.
SAPIN. (le) Arbre réfineux, fort haut & fort
droit, il croit dans les montagnes , & dans les pays
froids : fes feuilles font longues & piquantes , ran-
gées en peigne , fon bois eft fec & léger, fon écorce
eft blanchätre. La Pefle reflemble au Sapin , fi ce
n'eft que fon écorce tire fur le noir, & qu’elle eft
gluante , que fon bois eft bien meilleur : le Sapin
de même que la Pefle, produifent la réfine , qui a
une vertu détergente , & eft fort bonne pour les
plaies fraîches ; fi on en veut élever, on doit en
femer la graine au mois d Oétobre, dans un lieu om-
brageux , & l'y laifler jufqu'àa ce que le plant ait
trois ou quatre pieds de haut : le grand débit du bois
de fapin eft en planches de différentes grandeurs &
grofleurs. |
La réfine qui eft entre fes écorces eft fort bonne pour
les plaies fraîches de la tête , elle purge auffi les humeurs
bilieufes, & nettoie les reins. Les pommes de fapin
font aftringentes; on s’en fert extérieurement dans les
inffammations , & contre les verrues & cors des pieds.
Voyez PEsse.
SARCELLES ou CARCELLES. Oifeaux de riviere
qui tiennent du canard , mais fonc plus petits : le mâle a
la tête rouge avec des marques noires fous l'eftomac, &
la femelle a le ventre gris. La chair des farcelles eft
beaucoup plus délicate, & de meilleur goût que celle
des canards: on les prend comme les canards tant au
lacet qu'au fufil.
SAR SAU 421
SARCLOIR. Sorte de petit couteau recourbé A
deftiné pour farcler ; c'eft-à-dire , ôter les méchantes
herbes qui naiflent parmi ies bonnes , & les off.
quent.
SARIETTE. Plante de jardin : fes tiges font hau-
tes d'un pied & demi, fes feuilles petites, & velues,
d'une odeur piquante , fes fleurs de couleur blanche ;
uraot {ur le pourpre , elle eft chaude & apéritive :
on emploie dans les dégoüts; les crudités & les autres
affections de l’eftomac ; la léthargie & les affoupiffe-
mens : elle eft bonne aufli contre la toux, l'afthme :
& les autres maladies de la poitrine.
SARRASIN. ( bled} Voyez Bled.
SAUCISSES. Maniere de les faire. Prenez de la
chair de porc, mélez ÿ un peu de veau : hachez bien
le tout avec un peu d'échalote , affaifonnez de fel y poi-
vre , fines épices , un peu de fines herbes , mettez yun
peu de mie de pain bien fine : prenez des petits boyaux
de cochon , nettoyez les, rempliflez-les , avec un cor-
net de fer blanc , de cette chair , en la faifant entrer
avec le gros doigr : piquez le boyau avec une épingle :
étant plein , uniflez le bien avec la main , & le marquez
de la grandeur que vous voulez : faites griller vos {au-
cifles2 petit feu.
SAUGE. Plante. Il y a la grande & la petite ; celle-
ci eft la plus eftimée ; fes tiges font d'un verd blan-
châtre, fes feuilles affez longues & épaifles ; d’un goût
aromatique, & rirent {ur le blanc : fes fleurs font bleues,
& ont de l'odeur : elle fe multiplie de plantes éclarées :
on ven met guères qu'en bordure, La fauge eft chaude
& aftringente, céphalique & diurérique : on s’en fert
à la maniere de thé, contre les aHections du cerveau ,
comme le vertige , l'épilepfie ,lss catarres , l'apoplexie :
elle eftutile dans les indigeftions & foiblefes d'eftomac ,
les vents, la colique, la fupprefion des mois & des
urines.
SAULE. Arbre médiocrement gros : fon bois eft
blanc , léger , pliant | mais difficile à rompre. Les
Saules deviennent plus gros dans les endroits humi-
des, Quoique ce foit un arbre aquatique : il vient
Ccz
422 S AU
néanmoins dans les lieux fecs , comme les bois |, &
il ne veut pas avoir fes racines dans l’eau comme
Jaune : mais il fe plait dans une terre humide , com-
me foflé , chauffée , prairie. Les faules fe multiplient
de branches : lorfqu'on veut faire une fauffaie , on
doit choifir les plus belles & groffes comme le poing,
& longues de fix à huit pieds , les tailler en talus
par le gros bout, & les planter dans des trous pro-
fonds de deux pieds. On peut les planter plus drus fi
le fonds eft bon : dans les deux premieres années on
doit les amander au mois de Mars , & ne laiffer à la
têre que les plus belles branches ; enfuite les étêter
tous les quatre ans , au mois de Février, & le plus
près du tronc qu'il eft pofñlible ; mais fi on veut en
avoir de grandes perches, on fe contente de les émon-
der fans les étêter.
Les feuilles de faule font rafraïchiffantes : leur dé-
coction eft bonne pour le crachement de fang ; on en
lave les pieds en forme de lotion dans les infomnies,
les fiévres : fon écorce arrête les pertes de fang des
femmes : on diftingue le faule en mâle; celui-ci ne
porte point de chataignes ; & en femelle qui porte la
graine.
Les gros troncs du faule fe débitent en planches,
pour des tablettes & armoires : on les vend auffi en
piéces que l'on fend pour des échalas, & en perches pour
les efpaliers & treillages.
SAUMON. Poiffon de mer, gros, long , & large
à proportion : fa gueule eft garnie de dents, fes yeux
grands & d'un bleu noir Au printems il remonte dans
plufieurs rivieres ; car ce poiffon va toujours à contrefil
de l’eau , & cherche les endroits où il y a dela bour-
be, particulierement dans les mois de Mai , Juin &
Juillet.
La femelle du Saumon a le mufeau plus long &
plus crochu , la chair moins rouge , le ventre plus plat,
le corps femé de taches brunes.
Pêche (du ) il fe prend au grand filet ou à la
natre , ou bien avec la fouine. La fouine eft un inf-
trument de fer à deux ou trois fourches , emmanché
au bout d'une perche , & avec lequel on perce les
S AU 423
gros poiflons. C’eft au mois de Maï qu'on le pêche
avec ce dernier inftrument , & en Mars avec les filets.
Ces filers doivent occuper prefque toute la largeur
de la riviere ou on le pêche : on les prend encore dans
des digues faites exprès, ouil y a des barreaux que les
faumons font ouvrir facilement avec leur têre, & qui
fe referment enfuite.
On fer: le faumon entier , ou coupé par moitié.
Maniere de l'accommoder. On le coupe en tranches
ou bardes , on le fait mariner avec un peu d'huile
ou beurre , fel , poivre : on le faic griller , en l'arro-
fant de fa marinade , & on fert deffus une faufle
ou ragoût : on le fert aufhh cuit au court- bouillon,
Pour cet effer vuidez le faumon , nettoyez- le, cize-
lez-le au milieu , mettez le fur un linge , affaifon.
nez-le de fel , de poivre , de clou , mufcade , oi-
gnons , ciboules , perfil, tranches de citron , feuilles
de laurier , baflic ; pêtriflez une livre de beurre
dans un peu de farine , mettez - le dans le faumon
pliez de fon linge , mettez - le dans une poiflonnerie
de fa grandeur , avec du vin, de l'eau & du vinaigre $
faites-le cuire à grand feu : étant cuit, mettez-le fur
la braife ; voyez s'il a affez de fel , & dreffez le fur
un plat, avec une fervierre deflus & du perfil verd fur
le faumon.
Tranches ou tronçons de faumon grillées. Faites
fondre du beurre dans une cafferole , mettez - y un
peu de fel , frottez les tranches du faumon , de ce
beurre, & faites - les griller à petit feu : faites une
fauffe blanche avec beurre frais , pincée de farine ,
couple d'anchois hachés fans arrête, quelques cäpres,
une ciboule ; aflaifonnez-la de fel, poivre , mufcade :
mouillez d'un peu d’eau, & d’un peu de vinaigre : le
faumon étant grillé , retournez-le, & remetrez du feu :
tournez la faufle fur le fourneau; & étantliée à pro-
pos, mettez la dans un plat, & mettez deffus les tran-
ches de faumon.
SAUMURE. C'eft le jus qui refte dans le faloir ,
après qu'on en a Ôté toute la chair. Cette faumure
eft compolée du fuc de la chair du porc & de fel:
on peut l'employer une feconde fois ; mais il faut
Cc 3
414 SAU S:4 +
auparavant la faire bouillæ dans l’eau de fontaine, l'é-
cumer , & la faire clarifier (ur le feu.
SAUSSE-ROBERT. On la fait avec des oignons
coupés en dez , paflés dans une cafferole avec un peu
de lard fondu en les remuant toujours: étant à demi-
roux , on égoutte la graifle, on les mouille de jus , on
les laifle mitonner à petit feu, on les affaifonne de poi-
vre & de fel; lorfqu'ils font cuits, on les lie d’un cou-
his de veau & de jambon,
SAUSSE au pauvre homme. Epluchez bien de la
ciboule , hachez - la , mettez - la dans une faufliere,
avec du poivre j; du fel & de l'eau : on la fert froide.
On peut la faire encore avec ciboule , perfil , huile &
vinaigre.
Voyez les autres faufles, aux articles pour lefquels
elles fe font, comme la faufle au jambon , bécaffe , &c.
Voyez Jambon , &c.
SAVON. Compoftion qui fert à dégraiffer & blan-
chirle linge. Elle fe fair avec des cendres de l'herbe
appellée X'ali ou foude , & de la chaux vive en pier-
res , & qu'on éteint à demi : on la mêle , quand elle
eft en poudre , avec la foude , en agirant beaucoup
l'un & Fautre : on mer le tout dans un tonneau dé-
foncé par un bout , on jette de l’eau deffus ; elle
doit furnager d'un pied & demi, on Fly laïffe pendant
quatre heures , puis on l'ôte , on la met à part, &
on en remet de la nouvelle ; & cela pendant quatre
fois ; puis on fait fondre deux cens livres de fuif de
mouton ou de bœuf ; & étant fondu , on y verfe un
ou deux feaux de la feconde eau mife à part, & en-
faite de la premiere & feconde peu-à-peu , & jufqu’à
ce que le favon foit ferme en le tirant fur le bord de
Ja chaudiere : alors on y mer deux onces d’alun de
roche fondu, fur douze livres de fuif. Le meilleur fa-
von eft celui d'Alican , puis celui de Carthagene , ce-
lui de Marfeille & de Toulon, Le favon blanc eft dur,
& le noir eft mou.
SAVONETTES. On les fait avec du favon de
Toulon ou de Gênes : on le coupe bien mince ; &
après lavoir fait fécher à l'air , on l’arrofe de l’eau
de lavande : lorfqu'il eft amolli, on le pile bien ;
SCA S CE 42$
on y mêle enfuite deux livres d'amidon en poudre ,
une once d’eflence de citron , une poignée de fel ;
lon pile le tout, & on roule cette pâte en Savonnet-
tes.
Maniere de faire foi - même des favonnettes ordi-
naires. Prenez fix livres de favon , coupez le mince,
faites-le fondre avec une chopine d'eau , dans laquelle
‘vous aurez fait bouillir fix citrons coupés par mor-
ceaux , & pañlez par un linge avec expreflion les ci-
trons. Le {avon étant fondu , retirez le.du feu , met-
tez-y trois livres d’amidon en poudre, un filet d’eflen-
ce decitron, mélez le tout dans le favon , & paitrif-
fez le bien : la pâte étant faite, roulez vos favonnettes
de la groffeur que vous voudrez, &t les marquez en mé-
me tems.
SCABIEUSE. Plante qui croît dans les prés , les
montagnes & les bois; fes tiges font hautes de trois
pieds, rondes & velues : fes fleurs qui viennent en
forme de bouquets ronds , tirent furle pourpier. Cette
plaire eft chaude , fudorifique & peétorale ; on s'en
fert dans la toux, l’afthme, la pleuréfie ; elle eft bon-
ne aux ulceres des jambes, à la gale, à la teigne , aux
abfcès des parties internes. Le fyrop de fcabieufe eft
excellent dans la petite verole , lorfqu'elle fe jette fur
les parties internes ; fon jus efface les roufleurs & les
taches du corps.
SCAMONÉE. Suc ou gomme qui découle d’un
atbre qui croit dans le Lévant , aux environs d'Alep.
La bonne fcammonée eft légere , friable , réfineufe ,
grife d’un goùt un peu amer , elle eft purgative , & éva-
cue par le bas les humeurs bilieufes , féreufes, & mé-
lancoliques ; mais comme elle à beaucoup d'acrimonie
tlle a befoin d'être corrigée : la dofe eft depuis quatre
grains jufqu’à dix huit.
SCEAU DE SALOMON. Plante qui croît dans les
heux ombrageux. Ses tiges font hautes d’environ
trois pieds , & rondes , fes feuilles larges : fes fleurs
forment une efpece de cloche , fa racine eft médicinale :
une once coupée par morceaux , & infufée dans du
vin blanc ; guérit les defcentes des enfans , fi on
cuc en fait boire deux ou trois prifes par jour : cette
Cc 4
426 SCE
décottion eft bonne aufli pour la gravelle,
SCELLE. (un) Eft l'appofition du fçeau aux ar-
mes du Roi, faite par le Juge du lieu , ou par un
Commiffaire , fur les armoires , cabinets , portes de
chambres où font les biens , meubles & papiers d'un
défunt ou d'un abfent , pour les conferver à fes hé-
titiers , ou à fes créanciers. On ne peut point rom-
pre ou lever le Scellé , qu'en préfence de celui qui l'a
pofé.
Après la levée du fçellé , la régle eft qu'on fafle
l'inventaire des biens , meubles & papiers du défunt ,
en préfence des perlonnes intéreflées, ou des Notaires
& Procureurs par elles commis.
Plufieurs perfonnes ont droit de faire appofer le
fçellé. 1°, Tout créancier d'une fomme certaine &
fondé en titre. 2°, [La veuve , pour la répétition de
fes conventions matrimoniales. 3°. Les héritiers du
défunt qui craignent que la veuve ne détourne les
effets du défunt. 4°. L’txécuteur teftamentaire , afin
de pouvoir rendre un compte fidéle de tout ce dont
il aura été faifi pendant Lan & jour de fon exécution.
5°. Le Procureur du Roi , pour la confervation des
biens des enfans quand ils font mineurs , lorfqu'ils
n'ont point de tuteur ou curateur. Bien plus , les créan=
ciers d'un débiteur vivant , peuvent faire appofer lé
fçellé far fes biens, en cas de faillite ou banqueroute,
d'emprifonnement pour detres , ou d'abfence. Le fçellé
doit être appolé le plutôt qu'il eft pofble , après la
mort du défunt.
Pour faire appoler le fçellé , on doit demander
la permiflion par Requête au Juge des lieux. Au
Châtelet de Paris les héritiers ont droit de faire appofer
le fcellé fans ordonnance du Lieutenant civil , quand
le corps du défunt eft encore dans la maïfon , & ce la
Requête des héritiers & créanciers. Dans les Provinces
ce font les Prévôts & Baillifs qui appofent le fcellé :
le Procès verbal d'appoñition de fçellé , contient une
defcription des endroits où il a été appofé : l'Of-
cier qui l'a appolé doit laifler les fçellés en la garde
d'une perfonne qui doit s’en charger volontairement,
pour les repréfenter quand il fera ordonné. On peut
s 61 CO 427
s’oppofer à la levée d'un Scellé , ou en faifant inférer
fon oppoñition dans le Proces verbal du Commiflare ,
ou en lui faifant figmifier fon oppoñuon par un aëte
féparé. Pour faire lever le Scelié , il faur que les
parties intéreflées & oppofantes foient afhgnées au
jour marqué , & donner Requête à cet cffer. Lorfque
le Scellé à été appofé à la Requête & la veuve , il
n'eft pas néceflaire que le Procureur du Roi, ni fon
Subftirur y fotent.
SCIATIQUE. Efpece de goute qui fe fait fentir
aux hanches , au haut des fefles & des cuifies : on con-
noît qu’elle eft telle , lorfque par la douleur qu'on
éprouve , il femble qu'on vous ronge pour ainf dire
les os.
Remede. Prenez du favon noir , quatre onces ;
faites le fondre fur une afliette, en y mélant un bon
verre d’eau de vie; remuez le tout, fur un feu doux,
jufqu à ce qu'il foit réduit en- confiftance d'onguent :
frottez - en la partie douloureufe , aufli chaudement
qu'il fe peut, & appliquez-y le linge qui a fervi à la
friction.
Autre remede. Îl faut frotter devant le feu , l endroit
affc@é, avec de l'huile de laurier, ou le frotter forte-
ment avec une ferviette bien chaude , & jufqu à rou-
geur , & le bafliner enfuite avec du vin blanc ; ce qui
doit être répété plufeurs fois. Æph. d'Al,
Autre remede, Faires bouillir de la racine de con.
foude ratiflée, dans l'urine du malade, & lorfqu’elle
eft réduite en pulpe ; il la faut appliquer chaudement
fur le haut de la cuifle , couvrant le tout d'une com-
prefle , & l'entourant d’une bande. Le malade doit
tefter vingt - quatre heures couché fur la cuifle dou-
loureufe ; après quoi on ôte le cataplafme que l'on
enfouit {ous terre. Eph. d’AII,
SCOLOPENDRE , ou Langue de cerf. Plante qui
poufle des feuilles longues d'un demi pied , larges
d'environ deux doigts , pointues en façon de langue :
elle croît dans les lieux ombrageux , & entre les
pierres. Ses feuilles font rafraichiffantes , pectorales
& vulnéraires : elles font d'un grand ufage en pti-
fane dans les maladies de poitrine , le crachement
428 s609
de fang , & pour arrêter le couts de veñtte:
SCORBUT. ( le ) Maladie qui a pour caufe , Îs
corruption du fang , ou du moins l'épaifliflement de
la lymphe qui eft chargée de els groffiers , lefquels
fe font formés , ou par la refpiration d'un air marin,
ou trop renfermé , ou par un trop long ufage d’ak-
mens falés & fecs , ou d autres caufes femblables : de-
kB naiffent les différens maux qu’éprouvent ceux qui fone
attaqués de cette maladie , comme les laffirudes univer-
felles, les langueurs , la foibleffe , les ulcères aux gen-
cives & aux lévres, les taches aux cuifles & jambes,
qui de rouges deviennent noitätres ; & fe répandent
par tout le corps , l'ébranlement dés dents, une fali-
vation abondante , une haleine de mauvaife odeur :
2 ces accidens il s’en joint quelquefois d’autres , com-
me la pefanteur de tête , le gonflement d'eftomac ,
les flatuofités , le dégout , le vomifflement , le dévoie-
ment,
Remede pour cette maladie lorfqu'en s'y prend affez
à tems , & qu'elle n’a pas fait un trop grand pro-
grès. 12. Si le malade a quelque difficulté de ref-
piret , qu'il ait eu quelque crachéMmerit de fang , &
s'il n'eft ni bouffi, ni enflé, on doit Wii faire une fat-
gnée du bras; un lavement fur le foir , compofé d’une
éhopine d'urine d'enfant ou perfonne faine , on y dé-
Jayera deux onces de miel mercurial : s'il y a dévoie-
ment, le lavement doit être adouciflant & fait d'une
décotion de bouillon blanc, fon , graine de lin, rête
de pavot blanc , une cuillerée d'huile d'olive. Tous
les jours de la maladie faire donner un ou deux lave-
mens femblables. |
3°. Le lendemain lui donner la poudre vomitive ,
ôu le kermès minéral , & fi le malade n'en pouvoit
foutenir l'action , lui faire prendré des purgatifs.
4°. Le troifiéme jour il commencera l’ufage de Fo-
piat anti fcorbutique , c’eft-à-dire ; un demi gros le
matin à jeun en bol , & pareille dofe quatre heures
après le diner , & après chaqué prife , un bouillon
anti-fcorbutique : après le bowllon , 1l fera bien de
fe promener dans fa chambre ow à l'air pendant une
demi-heure ; il boira chaque jour à différentes repri-
6.0 429
fes une pinte d'eau mattiale > le tout pendant un
mois , en fe purgeant tous les cinq ou fix jours alter-
nativement, Si au bout de ce rems la maladie ne di-
mioue pas’ confidérablement , le malade recommen-
cera les mêmes remedes , mais il faudra joindre aux
bouillons anti fcorbutiques , le corps , le cœur & le
foie d'une vipére écorchée & coupée par uonçons ,
après en avoir Ôté la cête, la queue & les entraiiles,
au défaut on y fubftitue un gros de poudre de vipére :
pour procurer une grande tranfpiration , laquelle eft
abfolument néceffaire ; fi même elle eft difcile à ve-
nir, on doit avoir recours à quelque fudorifique.
5. Si le malade fent de vives douleurs dans les
membres, les lui frotter deux fois le jour avec l'efprit
de vin camphré : faire la même chofe pour les raches
& les durerés.
6°. Lorfque les gencives font gonflées & ulcérées,
on doit 1°. enlever le tartre qui eft fur les dents ; 2°.
fcarifier les gencives avec la pointe d'une lancette
pour en exprimer le fang autant qu'il fera pofhible, y
appliquer un petit linge trempé dans le baume du Pé-
rou, de même pour l'ébranlement des dents ; faire ce
panfement trois fois par jour ; 3°. s'il y a pourriture
dans les gencives , les coucher , mais doucement avec
l'efprit de vitriol , teimperé d'eau commune un peu
tiéde ; puis faire rincer la bouche avec l'eau tiéde &
miel blanc ; employer le même remede pour les ulcè-
res aux lévres & aux joues: lorfqu'il y a des callofités ,
on les emporte avec de cifeaux faits à cer effer ; 4°,
fi la racine de la dent eft gâtée , par la malignité de
l'humeur , on dépouille ce qui en eft altéré , en ap-
pliquant des plumaceaux trempés dans de la graine de
moutarde infufée dans du vinaigre & un peu d'eau , ce
que l'on réirére jufqu’à ce que la carie foit tombée,
finon on arrache la dent s'il le faut ; 58. lorfque pat
la maliguité de l'humeur il fe forme une tumeur dans
la machoire qui perce à travers Ja joue , ce qui arrive
fur-tout aux enfans , on y applique un cataplafme
réfolutif ; 6°. s’il y a carie dans les autres os du corps,
on doit employer les mêmes remedes que dans le
{corbut vérolique , c'eft-à-dire , des remedes mes-
43° | SR
éuriaux. La nourriture des fcorbutiques doit être des
bouillons faits avec bœuf, mouton, volaille | & les
herbes anti- fcorbutiques , comme beccabunga , co-
chiearia , creflon, céléri, cerfeuil, chicorée fauvage ;
des panades, viande blanche en petite quantité & avec
de là moutarde ; un potage & œuf: frais à fouper.
Si l'acide domine dans cette maladie , c’eft a dire,
fi le malade eft pâle, fans chaleur & fans foif ; s'il a
des taches fur la peau un peu enflammées ou un
peu livides , des gencives dures & calleufes : Prenez
une once de racines de raifort fauvage , ou à leur dé-
faut , de celles d’aunées rariffées & coupées par tran-
ches , un demi gros de la racine de pyrérhre. Faites
bouillir ces racines dans trois chopines d'eau & ré-
duite à une pinte : prenez enfuite une poignée de feuilles
de cochlearia & de creflon de fontaine : piiez-les dans un
mortier ; jettez-les dans la décoétion en la retirart du
feu , couvrez la bien jufqu'à ce qu’elle foit refroidie :
paflez-le tout avec legere expreflion ; ajoutez à la cola-
ture une once de fyrop d’abfinthe; donnez en quatre
verres par jour un peu dégourdis.
Mais fi le fcorbur eft accompagné de puanteur dans
la bouche ou dans l’haleine ; fi les gencives font mol-
les & fanguinolentes : les urines troubles & bourbeu-
fes, on ne doit pas ufer de l'apozèême précédent; mais
on doit mettre en ufage les fucs d'orange & de limon,
les plantes aigrelettes , Le petit lait, les eaux minérales
ferrugineufes , le gargarifme , le liniment anti-fcor-
butiques.
SCORDIUM. Plante qui naît dans les lieux maré-
cageux : fes tiges font quarrées , velues % ferpentent,
elles ont un goût amer, & l'odeur de l'ail: fes feuilles
font vulnéraires , fudorifiques. On en fait ufage dans
les maladies peftilentielles, les obftruétions du foie &
de la rate , & fur-tout contre les vers : on le donne
en déco@tion , & on met une poignée pour chaque pinte
‘d'eau.
: SCORSONERE,, Plante ‘de jardin. Ses feuilles font
longues , dan bon pied , fa tige de même : {a fleur eft
jaune : fa racine eft d’un grand ufage dans Îles reme-
des contre la morfure des ferpens , la pefte , la mé-
SCR S'EI 431
Jancolie , l'épilepfe , le vertige, la petite vérole, &c.
C'eft une des meilleures racines qu'on puifle cultiver :
clle fe mulriplie de graine qui eft blanche , menue &c
ronde. On la feme en bonne terre & à fix pieds de
fond , au printems & au mois d'Août, ou en rayons,
ou en planches, ou en plein champ: il faut éclaircir
Je plant quand il eft haut de fept à huit pouces ; l’arro-
fer & le farcler.
SCROPHULAIRE. Plante qui croît dans les lieux
ombrageux & humides : fa tige eft haute de deux à
trois pieds; fes feuilles tirent fur le noir , & fes fleurs
fur le pourpre : fa racine eft grofle , noueufe, inégale
& d'un goûtamer elle eft chaude , incifive & vulné-
raire. Son ufage eft dans les hémorroïdes , les écrouel-
les, les ulcères , les gales malignes : on peut prendre
de cette racine en décoétion ; & fic'eft en poudre , la
prife eft demi- dragme à une dragme, On en fait en-
core un onguent étant pilée avec du beurre frais , que
l'on applique fur les parties afligées.
SCRUPULE (le ) forte de poids qui eft fouvent
prefcrit dans la préparation des remedes , & dont on
fe fert pour fixer la dofe des différentes matieres or-
données : on défigne le fcrupule par ce caractere 9,
C'eft la pefanteur de 24 grains, à eftimer le grain, le
poids d'un grain d'orge,
SEIGLE. Efpèce de bled fort connu qui vient après
le froment , & dont on fair du pain, qui eft 21a vérité
de difhcile digeftion. Sa tige monte jufqu'à cinq ou
ix pieds. Ses épis & fes grains font plus longs que ceux
du froment : mais ils font maigres. On feme l'hiver le
grand feigle, & au printemsle petit.
On méle de la farine de feigle avec celle de fro-
ment , & le paineneft plus leger & de meilleur goût.
Sa farine mile en cataplafme diflipe les tumeurs dou-
loureufes des éréfipeles & de la goute ; la décoétion
du fon arrête le cours de ventre. On applique du
pain de feigle dans les douleurs de cêtes & les foibleffes
d'eflomac : mâché avec du beurre , il fait mürir les
tumeurs.
Le feigle veut une terre féche & de peu de fubftan-
ce , & on doit le femer en tems fec , parce qu'il cours
32 SEI
rifque de pourrir , plüs qu'un autre grain.
Le meilleur feigle , tel que doit étre celuf qu'on
feme , & d'un gris tirant fur le noir.
Le feigle dans les pays où il abonde dégénére fou-
vent en bled cournu. On appelle ainfi, parce que les
grains fortent de l'épi avec la forme de corne noire ,
ils font blancs en-dedans , & font plus durs que les
_ grains ordinaires. Cette forre de bled caufe de gran-
des maladies, telles que le fcorbut à ceux qui man-
gent du pain de bled de feigle pur ainfi infecté, Le
meilleur expédient pour prévenir ce mal, eft de bien
cribler le feigle, & d'y mêler de bon froment.
Le feigle eft fujer à l'ergot. On appelle ainfi une
maladie des feigles : c'eft la même maladie que le
charbon du froment : les grains ergotés fonc plus gros
& plus long que les autres ; ils fortent de la balle ;
ils font bruns ou noirs ; leur furface eft raboteufe,
étant mis dans l'eau ; ils furnagent d’abord , puis
ils tombent au fond ; fi on les mâche , ils laiffent fur
la langue un goût piquant. Il y a des gens qui pré-
tendent que lergot eft produit par la piquüre d'un in-
fete qu'ils croient être une petite chenille. On doit
féparer du feigle par le fecours du crible les grains
ersorés, ce qui eft facile du moins pour la plus gran-
de partie , parce que ces grains malades font plus gros
que les grains fains : & fi on ne les féparoit pas , ils
peuvent caufer des maladies terribles , telles que la
angrene féche comme cela eft arrivé aux payfans de
re
Le feigle s'accommode des plus mauvaifes terres &
des années les plus féches : comme il a la propriété
de rafraîchir, on en mêle un peu avec le froment qu'il
rend plus tendre & plus agréable.
SEIGNEUR de Fief ou Seigneur Féodal , eft celui
qui pofléde un Fief. Woyez F1Er.
Un homme qui a un Fief doit connoître ce qu'il
doit & ce qui luieft dû de droits Seigneuriaux : il doit
connoître les Droits honoraires comme la foi &
hommage , & ceux qui font utiles , comme les cen-
fives, les lods & ventes, & il doit fe faire rendre les
aveux & dénombremens ; examiner fi tous Jes droits
SET 433
qui lui font dûs y font bien détaillés ; f toutes les
mutations & les bornes font bien expliquées , car les
dénombremens & les déclarations reglent pour tou-
jours les droits réciproques du Seigneur & du Vaffal.
SE1eNEuR Cenfer eft le propriétaire d'un fief duquel
un héritage tenu en cenfive releve & à qui le cens ou
rente annuelle eft düe : il eft aufli le Seigneur directe
du fonds de la terre qu'il a donné à cens.
Les Seigneurs des terres doivent protéger leurs Cen-
firaires & encourager les payfans ; l'Auteur de l'effai fur
l Adminiftration des Terres, fait fur cela des réflexions
très judicieufes.
Le Payfan , dit-il, eft timide : fes facultés font
trop petites pour qu'il puiffe donner au hazard , & fes
Jumieres trop foibles pour le foutenir contre le décou-
sagement, lorfque le fuccès ne répond pas à fes ef
pérances : d’ailleurs , il eft peu capable d'analifer l’a-
vantage d'une méthode fur une autre. Elevé par fon
pere dans une façon de travailler , il croiroit changer
de réligion s'il changeoïit de culture : il nourrit deux
vaches ; il ne comprend pas qu'il puifle en avoir qua-
tre : il n'a point de luzerne; elle ne réuflit pas dans le
pays : ila eflayé d'en femer : une fécherefle, ou la
mauvaife qualité de la graine à fait périr fes efpé-
rances ; voila vous les habitans d’une Paroiffe dégou-
tés. Que doit faire un Seigneur pour les encourager :
il en fera femer à fes frais ; il chargera de ce foin
un Culrivateur intelligent & laborieux , tel que celui
qui réufhit le mieux‘ dans la Paroiffe : il lui fournira
les graines , & lui enfeignera les méthodes les plus
reconnues ; 1l ne fera que de petites expériences, mais
il ne fe rebutera point , & il parviendra enfin à con-
noître ce qui cft propre dans le pays & la meilleure
méthode de le faire fruétifier. Qu’une aumêne ainf
placée eft urile ! Celui qui donne amaffe pour fa poË
térité : il enrichit le fonds dont 1l eft Seigneur ; il éle-
ve au travail une multitude d'hommes qui périroient
par le découragement.
Un Seigneur enrichira toujours fa Paroiffe en fai-
fanc acheter les denrées qui y croiffent , fur-touc fi
elles n'ont pas beaucoup de débit: cela met en étarle
434 SEI
payfan de payer & l'encourage 2 culrivet, au lieu que
s'il ne trouve pas à vendre , 1l eft confommé en frais &
il périt de mifére. 11 y a mille façons d'occuper les
familles , foit pour le tilage , le cordage ou d’autres
ouvrages : une perfonne charitable peut procurer des
biens infinis dans fa terre. Qu'un Seigneur achette
les grains au prix courant , le Laboureur fe trouvera
débarraflé de fa denrée ; il payera fes dettes : le Sei-
gneur confervera fon grain , il en prêtera a ce Labou-
reur pour refemer , & il en vendra à l’Artifan à me-
fure que fon travail lui fournira de quoi acheter. It
prêtera a cer autre de quoi acheter un troupeau de
moutons : à celui-ci de quoi avoir un attelage de che-
vaux pour faire des voitures publiques ; le tout après
s'être informé d'eux & avoir examiné leur conduire &
leurs talens.
Si un Seigneur qui cherche à faire le bien, a dans
fon Domaine une lande d’un grand nombre d’arpens ,
& dont il ne retire que peu de pâturages , il profite
d'une année ou le pain eft cher & ou les Ouvriers ne
font point occupés; il fair défricher ce fonds à ces pau-
vres gens , à leur vend à un prix raifonnable , les
grains qu'il a eu la prudence d’amafler : il, fait une au-
mône bien placée, % ila pour récompenfe un champ
en valeur dont les premieres récoltes lui payeront avec
ufure fa dépenfe.
Mais la culture qu'il doit favorifer le plus , c'efk
celle des pâturages & des grains. Les Seigneurs doi-
vent donc s'attacher a procurer les moyens d'augmenter
les troupeaux & l'abondance des grains ; car c’eit pour
eux en méme tems qu'ils travaillent.
SEIGNEUR Haut Jufticier d’un lieux , (le) a le
Droit de faire adminiftrer la Juftice dans tout fon
Reffort , tant pour le civil que pour le criminel : il
a la haute, moyenne & bafle Juftice ; les premiers
honneurs , après les Patrons , lui font düs , dans les
Eghfes bâties dans l'étendue de leur haute Juftice :
s'il n’y a point de Parron , ils doivent avoir leur
fiége au lieu le plus bonorable ; # après leur mort,
leurs héritiers ont droit d'y faire mettre une litre ou
ceinture funébre avec leurs armes,
SEL
DER 435
SEL. Subftance acide , dont la grande proprieté eft
de ne craindre aucune corruption, & d'en préferver les
viandes qu’on y laifle tremper. Il y a plufeurs fortes de
Sels.
Sez marin ou SEL commun. C'eft celui qu'on tire
de la mer ou de plufieurs lacs falés par évaporation;
c’eft-2-dire , en faifant bouillir de l’eau de la mer
dans de grandes chaudieres , jufqu'à ce que toute
l'humidité foir ôtée : il en refte un Sel blanc. Le
Sel par criftallifation eft celui qui fe fait en détour-
nant l'eau de la mer dans des creux ou marais qu'on
appelle falans, pendant les chaleurs de l'été; car
l'eau étant évaporée, il refte un Sel gris ; c'eft le
meilleur.
Le Sel pénétre, digére , ouvre , échauffe , il réfifte
à la corruption; ileft bon contre les crudités de l’efto-
mac ; ons’en fert dans les lavemens ; on l'emploie exté-
rieurement dans l’apoplexie & les convulfions, la dou-
leur des dents, &c.
L'achat du Sel n'eft pas libre en France ; la vente
n'en peut être faite que parles Fermiers & Officiers
du Roi. Ces Fermiers font tenus d'acheter le fel dans
les falines , à un certain prix, d'y payer les droits du
Roi , & de le faire conduire à leurs frais, aux gre-
niers établis par le Roi , ou ils font livrer le fel au
peuple par des Commis prépofés. A l'exception de
quelques Provinces qui fe nomment pays de franc-falé,
perfonne n’eft exempt du droit des gabelles , & cha-
cun en doit prendre dans le plus prochain grenier
de fon domicile ; il y a des greniers de vente, ily
en a d'impôts. Dans les greniers de vente, chacun ne
prend de fel qu'autant qu'il veut , & la vente s’en fait
par minot ou demi-minot. Dans les greniers d'impôt ,
le fels'impofe tous lesans, comme les Tailles ; chaque
Paroiffle à fa quantité impofée, & chaque particulier
eft obligé d’en prendre la quantité proportionnée à fa
famille,
SEL de prunelle , ou Criftal minéral. Salpêtre dont
on a emporté une partie du volatil, par le moyen
du foufre & du feu. On le: donne pout/rafraîchir ,
pour faire uriner dans les fiévres ardentes, & autres
Tome II, D d
436 s E L
maladies qui proviennent de chaleur & d’obftruétion :
la dofe eft depuis dix grains jufqu'à une dragme dans
du bouillon.
Sez polichrefte. Salpêtre dépouillé de fa partie vo-
latile par le foufre. On le calcine à grand feu dans un
creufer, jufqu’à ce qu'il foit bien blanc : il fert à plu-
fieurs ufages ; ilpurge par les felles ; il pouffe les uri-
nes ; on en met ordinairement dans les infufions de fé-
né, depuis un fcrupule jufqu'à quatre.
“Sec végétal ou Tartre foluble. C'eft une crême de
Tarrre réduit en forme de fel; 1l eft propre pour tou-
tes les maladies qui viennent d’obftruétion : la dofe eft
depuis deux grains jufqu'à deux fcrupules.
Sez ammoniac (le) Eft un fel artificiel qui a fuccé-
dé au naturel qu'avoient les anciens , & qu'on ne nous
apporte plus. Celui que noûs avons , nous vient de
Venife ; il eft fait en pains plats & ronds, & de cou-
leur grife ; on le prépare avec cinq partie d'urine ,
une partie de fel marin, & une petite partie de fuie
de cheminée qu'on fair cuire enfemble , & qu’on té-
duit en mafle. On tire de cette mafle , pat le moyen
du feu, le fel ammoniac. Le bon eft fec, net, crif-
tallin, d'un goût àcre & pénétrant : il eft fudorifique ,
réfifte à la corruption. On le donne dans la fiévre
quarre ; la dofe eft depuis un fcrupule jufqu'à demi
dragme.
ŒMAILLES. On appelle ainfi le tems des femen-
ces : c'eft-à-dire , celui où l'on feme le bled.
SEMENCE. On donne ce nom à tout ce qui eft
propre à produire la plante d où elle eft provenue ;
mais on entend plus ordinairement par ce LETME ; le bled
pour être femé.
SEMENCE contre les vers. C'eft une femence menue ,
verdâtre , d'un goût amer : elle naît à une plante qui
croit dans la Perfe ; elle eft chaude & amere , & fpécifi-
que pour faire mourir les vers: on en donne aux enfans ,
depuis un fcrupule jufqu’à une dragme , felon l'âge , &
dans quelque véhicule approprié.
SEMER. L'action de femer eft une des plus im-
portantes opérations de Pagricukure. Il y à fur cette
U
matiere des régles qu'il eft abfolument néceflaire à
SE M 437
un Œconome de bien favoir & de pratiquer:
1°. Avant de femer, on doit connoître la qualité
de la terre pour favoir l'efpéce & la quantité de grain
qu'il faut: on doit même s'aflurer de la qualité de ja
verre ou le bled à été recueilli, lorfqu'on l'achete pour
le femer.
2°. Lui avoir donné tous les labours néceffaires. 3%
Choifir le meilleur bled de quel que ce foit. Le bon
froment , par exemple, doit être d’un gris blanchâtre
& rond , beau, pefant, fonnant , ferme fous la dent.
Voyez FROMENT,
11 doit être parfaitement criblé, & purifié de toute
graine étrangere : il vaut mieux que le bled deftiné
à férvir de femence | foit tiré d'un terroir diftant
de quelques lieues de celui où il doit étre employé,
ë& que ce foit d’une terre plus maigre ; car le même
bled étant toujours jerté dans la même terre » dégé-
nere : il faut même, s'ileft poffible , quil provienne
d'une terre inférieure de quelques dégrés , à celle où
l'on veut l'employer. 1l eft fort avantageux de tirer
les femences des pays où les plantes {e plaifent par-
ticuliérement, & de femer le bled dans un terrein d'une
nature contraire à celui d'où il a été tiré ; c’eft Je moyen
d'avoir une bien plus grande récolte. Le vieux bled
ne Vaut pas moins en femence que le nouveau 5
quoiqu'on enfemence ordinairement avec celui de
l'année précédente. 11 y à des gens qui prétendent
que la meilleure femence eft celle qui vient desterres
fortes.
Ileft d’ufage dans la plüpart des Provinces de
France , de faire pafler la femence par une leflive
de chaux-vive ; ce qu'on appelle échaulage Pour cet
effet , on le met tremper durant cinq ou fix heures ,
dans une faumure faite exprès : d'autres mettent le
bled dans des mannes , & ils écument les grains qui
furnagent, autrement ils ne germeroient pas; d'autres
arrofent le grain en tas avec cette eau , Où bien ils
répandent defflus de la chaux en poudre , & ils le
temuent bien. Ces diverfes précautions empêchent
d'avoir du bled charbonné ou noir , lequel au lieu de
farine , contient une poudre noire , de mauvaile odeur.
D d 2
433 SEM
Les bons Fermiers d'Angleterre, pour s’en garantir ;
changent tous les ans une partie de leur femence :
on doit au moins la changer tous les trois ou quatre
ans ; fur-tout le bled de froment. Il eft conftant que
la chaud rend le bled plus gros & plus enflé : elle
J'augmente de deux boifleaux au moins par feptier :
or, comme on fçait, le feptier en contient douze.
D'ailleurs , le grain échaudé multiplie plus facilement ;
il réfifte mieux aux pluies , aux mauvaifes herbes ,
& aux vermines. C’eft encore un principe générale-
ment reconnu , qu'il faut mettre plus de femence
& de plan dans une mauvaife terre que dans une
bonne,
Nous croyons devoir faire part d’une méthode pra-
tiquée en Angleterre, pour la préparation de la fe-
mence ; la voici. Prenez de l'eau roufsätre qui coule
des tas de fumier expofés à l'air & à la pluie, dans des
vaiffeaux que l’on a mis dans des trous creufés proche
de cestas : faites en même-tems évaporer fur le feu de
l'urine humaine , pour en accélerer la putréfaction ; mé-
lez-la avec de l’eau de fumier, faites-les fermenteren-
femble dans une chaudiere fur le feu , jettez la femence
dans cette liqueur , & l’y laiffez pendant quatre jours
& quatre nuits, puis femez-la, & vous aurez une ré-
colte abondante.
Autre remede pour les terreins maigres & fablon-
neux. Prenez douze à treize livres de fiente de brebis
que vous ferez bouillir avec de la lie ; faires y diffoudre
rois ou quatre livres de falpêtre 3 jettez dans cette li-
queur un boiffleau de beau bled nouveau, & laiflez - le
infufer pendant huit heures ; mettez - le enfuite fécher
dans un endroit fuffifamment aëré ; mais peu expofé au
foleil ; réitérez cette opération plufieurs fois , & la grai-
ne ne tardera pas à monter en épi; mais il faut femer
clair. Avec cette méthode, le terrein n’a pas befoin d'é-
tre fumé.
C'eft une expérience que l’on a faite, que par la pré-
paration des femences un feulorain a pouffé fept ou buit
tiges, dont chacune portoit un épi de plus de cinquante
grains , & qu'on a compté plus de foixante tiges fur un
même pied.
De
SEM 439
Le tems de femer eft en Automne, principalement
depuis le vingt Septembre jufqu'au dix Oétobre, à
l'égard du froment, du feigle, du méreil, de l'é-
pautre , de l'efcourgeon. Ii y a des efpéces de bled
moins ordinaires, qui fe fement au printems, com-
me le bled rouge, le bled blanc de Dauphiné & de
Flandres, & la touzelle qui eft une forte de bled fort
commun en Languedoc. On feme au printems l’avoine,
l'orge , les lentilles, les feverolles , les lupins, & autres
menues graines qu'on appelle les Mars : on peut les fe-
mer à part ou les mêler: on donne le fourrage de la
plüpart de ces grains, aux bêtes de charge, aux va-
ches, aux brebis, & la graine aux chevaux & à la vo-
lailie,
En général on peut femer fort bien pendant fix fe-
maines , dans les mois de Septembre & Otobre : on
doit commencer par les plaines; car elles veulent être
femées plutôt : le bled femé de bonne heure léve mieux. :
Il y a des circonftances où l'on eft forcé de remettre cette
opération à une autre faifon. 1°. À caufe des pluies trop
abondantes. 2°. Lorfqu'on à à femer dans une terre
chaude, graveleufe , pierreufe , de peur quele bled ne
pouffe trop avant le printems. 3°. Lorfque la terre a rap-
porté l'année précédente , du fain foin, ou autre fout-
rage ; car il faut avoir le tems de préparer le terrein.
4°. Lorfqu'elle a porté des navets qu'on a fait manger
aux beftiaux. $°. Lorfqu’elle à été nouvellement défri-
chée, foit qu'elle für en prairie ou en bois. Dans ces
cas on doit différer à fémer jufqu’en Décembre , & mé-
me Février.
L'ordre qu'on doit garder pour les bleds , eft de
commencer par le feigle , enfuite l'efcourgcon, le mé-
teil, l'épeautre, enfin le froment : on doit femer ce-
lui-cien terre graffe & humide, & après la pluie. À l'é-
gard des bledsappellés Mars , qui fe fement au printems,
on commence par le froment de Mars; il veut une terre
grafle , & demande les mêmes cultures que les autres
fromens. Enfuite, & au commencement d'Avril, le
bled de Turquie ou maïs, le mille, le panis ; on finit
par le farrazin,
D d 3
44e SE M
À l'égard de la quantité de la femence ; elle dé-
pend de la qualité de la terre : ainfi les terres mai-
gres demandent plus de femence que les graffes : il
en eft de même des pays humides & aquatiques, ou
couverts d'arbres : car il en faut plus que dans les
fecs.
L'ufage ordinaire eft d'employer huit boiffeaux à l'ar-
pent , mefure de Paris, &‘pefant vingt livres chacun ,
pour le froment, méteil ou feigle , & environ quatre
pour le millet & panis. Aurefte , l'ufage conftant des
lieux eft la meilleure regle : en général , il vaut mieux
en donner plus que moins.
Quant à Ia maniere de femer , le bled fe feme
a pleine main : le laboureur attache devant lui fa
longue nappe dans laquelle il jette une mefure de
grain , & en entortille l'extrémité autour de (on bras
gauche , afin qu'elle ne puiffle échapper : il remplit
de bled l'autre main , & marchant fur une ligne
droite, il répand circulairement la femence , en fai-
fant aller fa main jufques fur l'épaule gauche : il em-
plit fa main de nouveau , & part toujours avec le
pied droit ; il avance de la forte avec un mouvement
toujours égal : ce n'eft que par cette efpéce de me-
fure que la diftribution fe peut faire avec une par-
faite égalité. Quand le laboureur à rempli une cer-
taine largeur , qu'il régle fur l'étendue qu’a occupé
la projection du bled , il recommence fur une autre
ligne : au refte, on doit femer de fuite fans difconti-
nuer.
Après qu'on a emblavé le champ , on doit en-
terrer la femence, pour empêcher que les oifeaux ne
la mangent, & afin que Îa terre lui communique fa
- fubftance ; mais on ne doit pas. l'enterrer trop avant,
car plus le grain de femence eft profond, plus il eft
retardé dans fa croiflance : les racines pouflent bien
mieux à la fuperficie de la terre , parce qu’elles y
jouiffent de la chaleur du foleil ; d’ailleurs , l'eau
de pluie ne pénétre que quelques pouces de profon-
deur ; au lieu que la fuperficie eft toujours humectée.
La meilleure maniere, & la plus sure , eft de femer
à un pouce de profondeur ; pat la raifon que lorf-
SEM 441
que le grain eft entiérement découvert , il ne peut
poufler dans un rems fec; & s'il eft trop profond , il
croit inutilement pendant quelque - tems ; cependant
s'il ne fuffic pas , pour la défen(e du grain, qu'il foit
couvert d'un pouce de terre , on peut femer plus pro-
fond : il en eft de même lorfqu'il aflez de tems pout
fa croiffance.
Dans les terres douces on enterre le grain avec la
herfe ordinaire , en la paflant en long & en travers,
& quand il y a des motres & des pierres, on y em-
ploie des rouleaux garnis de groffes chevilles de fer. En
général , le bled doit être un peu plus couvert dans les
terres légeres que dans les terres fortes : on peut , avant
de pafler la herfe , donner un leger labour à la terre, &
Ja herfer enfuice : on doit toujours femer par un beau
tems.
À l'égard de la maniere de femér Îles différentes
graines pour les plantes , on doit favoir qu'il faut
femer chaque efpéce de graine à la profondeur qui
lui convient ; pour cela, on fait plufieurs trous avec di-
vers plantoirs qu’on enfonce les uns plus profondément
que les autres : on y feme les graines qu'on veut
éprouver ; & quand elles font germées , on voit quelle
eft la profondeur à laquelle il faut femer chaque efpéce
de plante.
Recette pour faire groflir confidérablement les plans
tes ou légumes , & leur procurer un goût excellent”
Prenez une partie de nitre ou falpêtre , comme une de-
mi-livre ou une livre , & le double de fél : méetrez-les
dans un creufer, & les faites fondre ; enfuite retirez les
du feu , laiflez-les refroidir , & fur une livre de cette
matiere verfez dix pintes d'eau ; les fels s'y difloudront ,
& alors arrofez-en vos plantes , & faites-ÿy tremper
vos femences.
Tous les Agriculteurs fe réuniffent en un point,
ceft que les Laboureurs fement beaucoup plus de
grain qu'il ne faut : il en réfulte deux pertes , celle
de la femence fuperflue, & celle qu'on fait fur la ré-
colte même , qui efi moins abondante & inférieure en
qualité.
Une épreuve néceffaire & utile pour fixer la quan<
D d 4
442 SE M
tité précife de femence , feroit de femer les parties
d'une même piéce de verre dans différens tems , com-
me à la mi-Seprembre ; à la mi-Oétobre , ou au com-
mencement de Novembre; a la mi Novembre ou au com-
mencement de Décembre. Au refte, il eft très - im-
portant de bien fixer le tems de la femaille, tant par
rapport a la süreté de la récolte , que. par rapport
a fon abondance & à la qualité des grains qu'elle four-
nit. |
SEMOIR. Infirument imaginé par l'Auteur de la
culture des terres, par le moyen duquel on remédie aux
inconvéuiens qui fe trouvent dans la maniere de femer
2 la main. Ces inconvéniens font, qu'une poignée eft
fouvenc plus forte que l'autre , parce que le grain eft
plus gros ou plus menu ; que la femence s’amafle dans
les fonds ; qu'il en refte peu fur les éminences ; qu'on eft
obligé d'employer trop de femences pour réparer la
partie qui refte fans être enterrée , & qui eft mangée
par les oifeaux, |
Ce Semoir fait 1°. les rigoles aux diftances &
à la profondeur qu'on défire. 28. Il remplit de terre
toutes les rigoles ; & ainfi tous les grains fe trou-
vent enterrés. 3°. Il verfe dans chaque rigole la
quantité précife de femence qu'on a jugé convena-
ble. Mais avant d’en faire ufage , il faut s'être afluré
par l’expérience de la bonne qualité du grain ; par-
te que , felon qu'il donne plus ou moins de tiges,
comme un dixiéme ou un fixiéme , on augmente ou
on dimiminue la quantité de la femence qu'on met en
terre. nl m3
En fuivant la méthode de ce Semoir , les grains
font femés par rangées : ces rangées doivent être
uniques, quand les plantes font vivaces , doubles ,
triples , & même quadruples , felon les-différentes
efpéces de plantes : entre les rangées.on laifle, fepc
à huic pouces d’efpaces ,: qu'on. appelle. féparations...
On appelle planches , l'efpace, occupé par: les ran-
gées avec les féparations qui font entre, . On appelle
platres-bandes , les grands efpaces qui, féparent les,
planches ; par exemple , entre deux & deux rangées,
entre trois & trois rangées.» Ainfi , entre deux ran:
SEN 443
géesil y a une féparation ; entre trois rangées il y en
a deux ; crois en quatre, ainfi de fuite. |
L’Auteur affure qu'en faifant la moiflon , on remar-
quera que la plus grande partie des grains de froment
auront produit vingt ou trente tuyaux, au lieu que ,
fuivant la culture ordinaire , ilsn'en ont que deux ou
trois. Ce femoir eft abfolument néceflaire pour prati-
quer en grand certe nouvelle culture,
Ceux qui veulent femer de toute forte de grains,
doivent faire: affortir le Semoir de trois cylindres ,
dont les cellules foient de différente grandeur : on fait
fervir les plus grandes pour femer les feves ; elles fervi-
ront aufh pour le gros pois , & même pour l'avoine. Le
cylindre pour le bled doit avoir (es cellules de moyenne
grandeur ; il fervira auffi pour femer l'orge , le feigle,
le bled noir ; enfin, le troifiéme , dont les cellules (ont
fort petices , eft deftiné à femer les grains les plus me-
nus , comme millet; raves , navets, luzerne. Culture
des terres. Tome I. page 394.
On peut voir la defcription de ce femoir avec figures
dans cemèême Traité. Tome II. page 135.
SENÉ (le) On appelle ainf de petites feuilles oblon-
gues & féchés , qu’on emploie fréquemment dansles pur-
gatifs. Ces feuilles naiflent fut un petit arbrifleau : le
meilleur féné eft celui qui vient d'Alexandrie : il doit
être choifi, récent, en feuilles , la plüpart entieres, de
grandeur médiocre , de couleur verte jaunätre , d’une
odeur forte , & d'un goût défagréable. On fe fert aufi
des foliicules ou goufles du féné ; elles doivent être gran-
des , récentes , de couleur verdätre , tirant fur le
jaune.
Le féné purge fort bien les humeurs récuites &
féreufes, la bile , la pituite de la tête , du foie, &
de la rate. Comme il donne des tranchées en s’atta-
chant aux inteftins , on ne le doit jamais donner
fans y ajouter pour aiguillon , le fel de tartre qui
eft un précipitant. On corrige encore fa chaleur &
fa féchereffle avec des fleurs de violette & de bour-
rache : & pour empêcher qu'il ne nuife à l’eftomac,
on y ajoute la canelle , le gingembre, &c, La dofe
444 SEN SEP
en infufon , eff jufqu'a deux dragme & demi ou des
mi-once ; & en fubitance , jufqu’a une dragme &
demi.
L'infufion du féné fe fait ainfi. Prenez demi once
de féné bien mondé, demi dragme ou une dragme de
femence d'anis , un fcrupule ou demi-dragme de fel
de tartre : mettez infifer le tout dans une quantité fuf-
fifante d'eau fimple ; laffez-le dans un lieu tiéde pen-
dant la nuit, ajourez 2 trois onces de la colature , trois
dragmes ou demi once de canelle ; demi-once de fyrop
de chicorée , compofée de rhubarbe ; mêlez le tout pour
faire une potion purgative. |
Le féné eft contraire dans les difpoftions inflam-
matoires, comme les maladies de poitrine, hémorra-
gies , &c.
Le féné purge toutes fortes d’humeurs , & particu-
lierement la mélancolie & la bile , fi on en fait in-
fufer une demi once dans deux verres de lait clarifié ,
& en prenant |: matin ces deux verres à une heure
l'un de l'autre. Ce purgatif étant réiréré , peut guérir
les longues maladies caufées par l'obftruétion des hu-
meurs.
SENECON. Plante qui croît dans les champs & les
jardins; fa tige eft petire ; fes feuilles longues & à
feurons ; fes fleurs jaunes : elle eft verte toute l’année.
Le feneçon eft émollient , rafraïchiffant, & vulnéraire :
fon principal ufage eft dans lépilepfie des enfans , la
jaunifle , l'intempérie chaude da foie, le vomiffement,
le crachemenr de fang. Pilé & appliqué fur une plaie ,
il la guérie en peu de tems ; il avance la fuppuration
des tumeurs.
SENEVÉ Perite graine dont on fait la moutarde.
Voyez MOUTARDE
SÉPARATION de biens: (la) Eft un Jugement
qui difflour la fociéré & communauté de biens entre
le mari & la femme , & qui ordonne au mari de
reftituer à fa femme les biens qu’elle lui à apportés en
mariage. Les caufes de cette féparation font la mau-
vaife conduite du mari dans l'adminiftration de fes biens
& de ceux de fa femme; enforte qu’il les diflipe, ou
bien fon incapacité qui peut les lui faire perdre. |
SEP 445$
Cette féparation ne fe peut demander que par la
femme : elle doit pour cela 19. fe faire autorifer
par juftice, 2°. Renoncer à la communauté. 3°, Cette
fépararion, pour qu'elle foir valable , doit être faite
par l'autorité du Juge , & prononcée en connoïffance
de caufe , après enquête faire de la mauvaife admi-
niftration , à moins qu'elle foit notoire. 4°. Que la
femme exécute la fenrence de féparation , en renon-
çant à la communauté , ou en faifant faire un In-
ventaire & partage des biens d'icelle : la maniere la
plus ordinaire eft de faire un Procès-verbal de vente
des meubles du mari. Au refte , cette féparation ne
donne à la femme que l’adminiftration & la jouiflance
de fes revenus : le mari ne peat former cette deman-
de , parce qu'érant le maître de la communauté ,
s'il arrive de ja difiipation , c'eft à lui à y mettre
ordre.
La féparation de corps & d’habitation eft un Ju-
gement qui ordonne que le mari & la femme feront
féparés d'habitation & de biens ; enforte que la femme .
cefle de demeurer avec fon mari, & le mari lui rend
les biens qu'elle à apportés en mariage , & la part
qui lui appartient en la communauté; à moins qu'el-
le n'y renonce. Cette demande peut fe faire, ou de la
part du mari, ou de la part de la femme : Quand c’eft
Ja femme qui la demande , elle peut accepter ou re-
noncer à la communauté ; & fi elle l’accepte, elle doit
demander que partage en foic fait.
Les caufes de la féparation de corps , font 1°. les
mauvais traitemens du mari envers {a femme : ils doi-
vent être graves & réitérés. 2°. La folie , & telle
qu'elle fafle craindre que le mari n'attente à la vie de
fa femme. 3°, S'il eft convaincu d'y avoir attenté. 4°.
S’il a donné plufieurs fois 2 mal vénérien à fa femme.
5°. Si le mari accufe fa femme d’adultére , & qu’il
perde fa caufe.
SEPTEMBRE. Travaux 2 faire dans ce mois. Se-
mer le feigle & le méteil , labourer les jacheres ,
couper les ris & les millets, fe pourvoir de cochons
maigres pour les mettre à la glandée , répandre Île
446 SEP SE QC
fumier fur les terres, & le retourner , commencer ]a
vendange.
our le jardin , replanter beaucoup de chicorée &
à demi-picd l’une de laurre , & les arrofer dans la
chaleur vers la mi Septembre , greffer les pêchers
fur amandiers & fur d'autres pêchers en place : à la
fin du mois , femer des épinars & des mâches pour
le carème, lier le céiéri, & le burer avec du fumier
fec, lier les choux fleurs dont la pomme paroïr formée.
Quant aux fleurs, femer la graine d'oreille d'ours , de
renoncules , d'iris, de tulipes , de pavots, & autres plan-
tes annuelles; œilleroner les œillets , les girofiées, &
autres plantes ligneufes.
SEPTIER. Mefure qui eft différente felon les lieux ;
ou la nature des chofes mefurées. En fait de bled , le
feptier de Paris contient douze boifleaux , ou quatre
minots, ou deux; & le muid tient deux feptiers. En
matiere de liqueurs, un feprier eft la moitié d'une pin-
te. Chez les Jaugeurs , le feprier eft une mefure de huit
pintes.
Un bon feptier de farine avec le fon , doit pefer
deux cent quarante livres , de même que le feprier de
bled non moulu. Le feptier de farine doit faire or-
dinairement cent foixante-dix ou cent quatre vingt li-
vres de pain ; & un boiffleau de farine doit rapporter
feize livres de pain.
SEQUESTRE. (un) eft comme le Dépofitaire d’une
chofe litigieufe : il eft commis , ou par autorité de
Juftice, ou du confentement des Parties, pour la gar-
der & la régir, s’il le faut , à la charge de la rendre à
celui à qui elle fera adjugée. Le féqueftre eft obligé
de rendre compte des fruits par lui perçüs, & il y peut
Être contraint pat corps.
On donne aufli le nom de Séqueftre au Jugement
par lequel quelqu'un eft établi Commiffaire aux cho-
fes féqueftrées , comme il arrive quand il n’apparoît
pas qui a le droit le plus apparent , ou na pe celui
qui l'a , ne peut pas donner une caution fufhfante
pout la récréance : ordinairement, celui qui pourfuit
le poffeffeur d’une chofe , demande , qu'avant faire
SER 447
droit fur 1: poflefloire & la récréance qu'il demande,
le féqueftre foit ordonné,
Les meubles & les immeubles peuvent fe mettre en
féqueftre. Le féqueftre eft différent du dépôt, en ce
qu'il n’a lieu que quand il ÿ a conteftation entre les
parties. Quand les chofes féqueftrées confiftent en
quelque jouiffance , le féqueftre doit incefflamment fai-
re procéder au bail judiciaire , les Parties dument ap-
ellées.
SERFOUETTE. Petit outil de jardinage. Il eft de
fer , &ileft renverfé ; il a deux branches pointues,
avec un manche de quatre pieds de long , pour donner
un petit labour autour des petites plantes , comme lai-
tuc , chicorée, pois, &c.
SERIN. Petit oifeau qui a le bec court, & qui eft
jaune fous le ventre : il eft eftimé par fon chant, &
on lui apprend 2 fier des airs. |
Le mâle a une tache fur la tête , beaucoup plus
noire que la femelle , fon corps eft aufli plus jaunà-
tre, & plus ils vieilliffent, plus ils deviennent jaunà-
tres. Ils font d'une très-grande force de gorge pour le
chant. .
Les Serins de Canarie vivent jufqu'à dix - huit &
Vingt ans, pourvü qu'on y apporte tous les foins
néceffaires , & principalement en leur donnant tou-
jours d'une même mangeaille , comme du millet, de
la navette ou du chenevis , & prenant garde de leur
continuer toujours celle de ces graines à laquelle ils
feront d’abord adonnés : la poirée & le mouron les ra-
fraichiffent.
Le ferein eft, après le roffignol , l'oifeau qui chante
le mieux : pour lui apprendre quelque air , il faut le
filer dès qu'il mange feul ; ce doit être le foir , & après
avoir couvert [a cage.
Pour avoir de belles races : il faut apparier une
ifabelle avec une jonquille , ou une femelle jonquille
avec un mâle blanc. A Ia fin de Mars on doit les
mettre couver ; & pour cet effet , mettre dans leur
cabane dequoi faire leur nid , comme du menu
foin , du coton en lambeaux , du chiendent le plus
menu ; garnir de fable de riviere le fond de la ca-
443 SE-R
bane, avec de l'eau au milieu dans un vafe , & que
Jon renouvelle tous les jours La meilleure expoñtion
de la cabane eft au levant, un feul petit panier y fuf-
fit ; mais on en met un de l'autre côté, lorfque le perits
font éclos.
Les œufs font ordinairement treize jours complets à
éclore ; mais fi la femelle eft foible , ils font un peu
plus long-tems. Lorfqu'ils le font , ou doit donner
tous les jours au pere & à la mere, outre leur man-
geaille , la moitié d’un jaune d'œuf dur , & un peu de
bifcuit ou échaudé , dont on fait une pâte : on y ajou-
te quelque heibe, comme mouron , feneçon ou petite
Jaitue , & mettre dans leur eau un petit morceau de
fucre : il faut obferver ce qu'ils aiment le mieux, & le
Jeur donner.
On à remarqué que les femelles blanches ou jon-.
quilles, quoiqu'elles couvent bien leurs œufs , font
mauvaifes nourrices. En ce cas , il faut ôter les pe-
tits avant qu'ils fortent des œufs , & les mettre fous
des grifes , après leur avoir ôté leurs œufs ; pourvü
que ces grifes couvent au moins depuis cinq ou fix
jours, # que’les œufs qu'on leur met deflous, foient
prêis à éclore : on peut encore mettre les œufs dans
un lit de linotte ou de chardonneret ; mais feulement
après qu'ils ont été couvés. On peut mettre couver la
femelle de ferin avec un mâle Chardonneret ou Linot-
1e ; MAIS non au contraire.
Quand on veut les nourrir à la brochette , on doit
fe fervir d'une pâte faite avec un jaune d'œuf bien
écrafé , délayé avec de l'eau & du bifcuit ; avec un
peu de navette qu’on a fait bouillir un moment, mais
fans l'écrafer,
Les ferins ont diverfes maladies, 19, Un abfcès fur
le croupion : on doit le couper avec la pointe du ci-
feau , le preffer un peu avec le doigt pour en faire
fortir la matiere , & y mettre deffusun peu de fel fon-
du dans la bouche, 29. Les mitres qui fe répandent
dans leur cage, & qui tourmentent les ferins: Le plus
court eft de les mettre dans une autre cage , & trem-
per la cage infeétée dans l'eau bouillante. 3°. Les in-
fetes qui fe mettent dans leurs plumes, Pour pré-
‘
SER 449
venir ce mal , il faut mettre dans leur cage un bi-
ton de fureau dont on Ôôte la moëlle , & percés de quel-
ques trous du côté que les ferins fe perchent , & fe-
couer ce bâton prefque tous les jours. 42, La mue,
particulierement celle d'automne , qui eft mortelle à
beaucoup de fereins. Le moyen de les fauver, eft de
les mettre dans un lieu chaud , les expoler au folcil
de tems en tems , leur fouffler , de deux jouws l'un,
de vin blanc fur le corps , & les faire fécher aufli-
tôt au foleil ; leur mettre dans un pot au milieu de
leur cage , de la graine de talitron , mélée avec un
peu de la graine d’œiller ; & un autre jour un peu de
bifcuit tantôt {ec , tantôt trempé dans du vin blanc.
S'ils font trop gras , on doit leur donner pour toute
mangeaille , pendant quelques jours , de la navetre
trempée douze heures dans un peu d'eau , cela les
dégage.
SERMENT. Ef une ation par laquelle, après avoir
promis à Dieu de dire la vérité , nous le prenons à
témoin de ce que nous affirmons. Le ferment qui fe
prête en Juftice , eft déféré ordinairement par le Juge au
défendeur ; 1l a lieu dans les affaires obfcures & douteu-
fes : ainfi, quand la demande ne peut fe prouver, le
Juge décharge le défendeur , en affirmant par lui
qu'il ne doit point la fomme , ou la chofe qu'on lui
demande.
Le ferment qu'on appelle décifoire , eft celui qui
eft déféré par l'une des parties à l'autre; & il décide
tellement la conteftation , qu’on ne peut plus revenir
contre , par quelque moyen que ce foit ; & on n’eft
plus recevable à faire retracter le Jugement qui a été
rendu en conféquence. Le ferment peut être déféré
en tout état de caufe ; & celui à qui ileft déféré, ne
peut pas fe difpenfer de le prêter : il ne peut être ré-
voqué par la partie, mais il le peut être en rapportant
une preuve par écrit.
SERPENS. (Remede fpécifique contre la piquure des)
Piquez avec une lancette ou une aiguille la partie
bleflée, afin de faire fortir quelques gouttes de fang ,
au cas qu’il n’en ait point coulé, appliquez-y aufli-tôe
Ja pierre de ferpent. { On appelle ainfi un morceau
450 SER
de corne de cerf taillé de la forme & épaifleur d’un
gros fol de cuivre ; & paflé légérement fur le feu. )
Cette pierre s'y attache, & on doit l'y laiffer collée
jufqu'a ce qu'elle tombe d'elle - mêmef, ce qui eft la
marque que le venin eft forti : quelquefois elle tombe
au bout de deux jours , & quelquefois elle refte fur la
plaie jufqu'a douze & quinze jours. Lorfqu’elle eft tom-
bée, on la lave d’abord dans le laït , enfuice dans l’eau
tiéde afin de la nettoyer de la craffe du lait. Cette pierre
eft également fpécifique contre les morfures des ani-
maux enragés : elle eft bonne aufli pour guérir du char-
bon , & même de l'hydropifie.
SERPETTE. Petit couteau courbé dont on fe fert
pour tailler les arbres & la vigne.
SERPOLET. Plante qui croît dans les lieux mon-
tagneux, incultes , pierreux , & dans les jardins. Ses
tiges font hautes d'un pied ; fes feuilles & fes fieurs
font petites , ces dernieres tirent fur le pourpre. Le
ferpolet a une odeur agréable & un goût aromatique :
il eft chaud , apéritif , céphalique & ftomachique : 1l
eft fort utile dans les maladies catatreufes de la tête ;
il arrête Îe crachement de fang ; il provoque l'urine &
les mois.
SERRE. Lieu couvert dans un jardin pour inettre
à l'abri pendant l'hyver , certains arbres à qui le
froid eft mortel , comme les orangers , les grenadiers,
& autres arbres qui font en caifle : on s’en fert en-
core pour faïre germer quantité de fruits , & pour
y élever fur couches quantité de plantes potageres.
La façade de la ferre doit être expofée au midi , ou
du moins au levant. Les ouvertures de la ferre qui
font fur la façade , doivent être les plus larges qu'il
eft poffible , afin que le foleil y pénétre par-tout :
les portes & fenêtres doivent fermer très exactement,
pour que le froid n'y pénétre point : on doit même
dans les grands froids mettre. des paillaffions fur les
croifées : il eft avantageux pour tout ce qu'on met
dans la ferre , que le fol foir plus élevé que le rez-
de chauffée qui l’environne. Les plantes font ainfi bien
mieux garaties de l'humidité. La grandeur d'une ferre
doit être proportionnée à celle qu’on a en jardin.
SERRE
SE R, 457
Serre ‘pour les fruits. Voyez FRUITERIE.
SERRE pour les légumes. C'eft une efpece de caveau
dont on ferme exaétement routes les avenues pendanc
la gelée ou les tems humides. On y entreuient dans
le fable , les racines, & les légumes d'hyver: on y faic
croître & blanchir des celeris & de chicorées fauvages,
SERRE des orangets & autres arbuftes. C’eft cum-
me. .une falle : elle doit être tournée au midi, avec
des fenêtres bien vitrées que l'on doit ouvrir de tems
entems,, lorfqu'il fait doux. On y renferme les oran-
gers, les lauriers & tous les aibuftes à qui le froid eft
contraire. je
SERVITUDE. On appelle ainf plufieurs affujetti(-
femens, que certaines maifons ou héritages doivent
fouffrir. de la part des autres. On diflingue les fervi-
tudes en celles de la Ville | & de la Campagne :
on en, compte: fix pour celles des Villes, La premiere
eftcelle par laquelle il n'eft pas permis au Propriétaire
d'une maifon , d'élever. fa maifon ou fon mur par-delà
une certaine hauteur pour ne pas nuire à la maifon
voifine. La feconde , d'être obligé de recevoir fur fa
maifon ou dans {a cour les eaux qui coulent dans la
mailon voifine. La troifiéme, de fupporter les charges
de la; maifon voifine, par exemple , le mur que le
voifin.bâtit fur le nôtre , quoiqu'il nous appartienne
tout entier depuis. les fondemens jufqu'au premier
étage, La quatriéme, de fouffrir que le voifin place
fes poutres & fes [olives fur notre mur ; car s’il n’a-
voit pas ce droit de fervirude, 1l feroit obligé de payer
la moitié, du. mur pour le rendre mitoyen. La cinquié-
me, de.fouffrir que le voifin ait des faillies fur notre
héritage | comme de jetter..ce qu'il juge à propos, &
dont 1l veut fe débarraffer. La firiéme , eft de ne pou-
voir nuire à la clarté dont jouit la maifon voifine, &
de quelque maniere que ce foit.
. Les Servitudes de la Campagne font au nombre de
fix a fept. La premiere eft le droit de fentier dans l’hé-
ritage du voifin, foit -à pied ou à cheval : l’'ufage en
France eft de déclarer la largeur du chemin dans ces
deux fortes de fervitudes par l'aéte par lequel la fervi.
Tom. 11 | E «
As? S E V
rude eft conftituée. La feconde le droit de chemin
dans le fonds de fon voifin , & d'y faire pailer des voi-
tures. La troifiéme , de faire pafler de leau par l'héri-
tage d'autrui avec des tuyaux Ou autrement. La qua-
triéme, de puifer de l'eau dans la fontaine ou le puits
de fon voifin. La cinquiéme, d'abreuver fes beftiaux
aux eaux du voiäin. La fixiéme , de les faire paître fur
Les terres. La fepriéme, de tirer du fable , de la terre,
ou de la pierre dans fon fonds, ou d’y cuire de la
chaux. Selon la coûtume de Paris , route fervitude ,
tantde ville que de campagne, doitêtre établie par un
qe , & jamais par la poileffion quelque longue qu’elle
oit.
SEVE. (la) Eft le fac nourricier de toutes les
productions de la terre. C'eft une fubftance aqueufe
compofée de feis, & que la chaleur met en actios.
Chaque plane a fa feve particuliere, & d'une nature
qui lui eft propre : la feve monte & defcend dans
les plantes ; c'eft par ce flux & reflux qu'elle fe con-
vertit en bois, en écorce , en feuilles, en boutons , en
fruits. 79 Vi
Lorfque la feve s'eft portée au tronc & aux bran-
ches , & qu’elle s'eft changée en leur fubftancé , ce qui
arrive lorfaqu’un arbre a pouffé «out le boïs qu'il doit
pouffer ; alors ce qu'elle a de plus fubril fe change en
fleurs & en fruits : par - là on peut expliquer la raifon
pourquoi les boutons à fruit ne viennent point fur les
roffes branches : mais au contraire fur les plus foibles &
les plus délicates; pourquoi les vieux arbres portent du
fruit plus gros & plus délicat que les jeunes quien don-
nent moins ; car c’eft parce que la feve ne travaille
encore dans ces derniers qu'à fe charger en bois, &
n'eft pas affez fübrilifée pour donner beaucoup de
ruit.
La fécondité de la feve eft prodigieufe , puifque
les branches de quantité de plantes, mifés en terre
par le bout, pouffent des racines ; ce qu'en appelle
provigner. Bien plus , félon les pores des plantes
où elle pañfe , elle les rend odoriférantes ou puantes,
douces. ou aigres, froides ou chaudes : c'eft elle
qui fait changer d'efpéce à un arbre par l'opération
SIM SON 453
de la greffe, & qui d’un amandier fair un pêcher, ou
d’un coignafler un poirier : c’eft elle enfin qui prend
toutes ces formes différentes.
Dans les arnées où la féchereffe eft exceflive à
caule des grandes chaleurs, 1l arrive quelquefois que
la feve cefle de circuler dans certains arbres, parce que
la chaleur les a pénétrés ; enforte qu'ils rifquent de mou-
tir, fionne prévient ce malheur. Le remede eft d’ar-
rofer aufli rôt l'arbre en forme de pluie, par-deffus les
branches. Ceft le moyen de rétablir la circulation de la
feve.
SIMPATHIE. ( Poudre de) Voyez Poupre.
SOLE. Poiflon de mer qui a la chair ferme &
blanche, & d'un bon fuc. On le mange ordinaire-
ment fri. Pour cer effer, vuidez vos {oles par le
côté de la tête , écaillez les , lavez les, eflayez les,
farinez les , fendez les fur le dos, faites les frire dans
de la friture de beurre rafiné; étant fiites, & prêtes à
manger , exprimez deflus un jus d'orange : on peur les
. fervir pour entrée, quand elles font frites, en metrant
deffus une faufle aux capres & anchois , ou une fauffe
à l'huile. Sur le gril, après les avoir marinées avec hui-
le, fel, poivre, perfil, ciboules , & les arrofant de
leur marinade lorfqu'elles font fur le feu , au court bouil-
lon blanc.
Sozes & ComrorTs. On appelle ainfi la divifion qui
fe fair des terres labourables en trois parties égales.
La premiere eft de celles qui doivent être femées en
bled. La feconde doit être femée en avoine ou menus
grains. La troifiéme doit refter en jachere, c’eft-a-dire,
en repos.
SOLEIL. (le) Eft une groffe fleur fort ample , de
couleur jaune, & de figure orbiculaire , portée fur une
tige de dix à douze pieds, avec des feuilles fort larges
attachées à de longues queues, Le difque de certe fleur eft
un amas de plufieurs fleurons.
SON. (le) Eft lécorce du bled qui eft enlevée
par la triruration , & qui refte fur le bluteau: il fere
à nourrir les animaux , & 2 engraifler les volailles.
Dans. les années où la récolte n’a pas été abondante,
& que le pain de farine eft cher, on ne fépare pas
| E c2 |
s4 SOU
quelquefois le fon de la farine : & les pauvres gens fe
contentent de cet aliment, qui eft beaucoup plus lourd
& moins nourriflant.
SOUCI. ( le) Fleur radiée, grande, ronde & odo-
rante, fes tiges font menues, fes feuilles un peu lon-
gues, crafles & blanchâtres. Elle eft commune dans les
jardins : elle fleuriten Mai , & dure tout l été; elle vient
dans un tems où il n’y a prefque plus de fleurs: on n'a
pas befoin de la remuer de fa place, paice que Îles
branches qu'elle jette prennent racine ; on la replante
au printems.
Les fleurs de fouci font cordiales , & réfiftent au
venin: elles font fpécifiques dans l'hydropifie & dans
la jauniffe ; on peut les donner en fubftance & en de-
coction.
SOUDE. On appelle ainf les cendres de l'algue mari-
rine pérrifiées. |
SOUFELET pour foutirer le vin. Woyez Vin. .
SOUFRE. Efpece de bitume ou de matiere miné-
rale , grafle & vitriolique. Il y a le foufre vif &
le foufre jaune: le vif eft une matiere grife & in-
flammable ; on en trouve en Sicile; on en mêle dans
les onguens pour les dartres & la gale : le jaune ou
le foufre commun eft une matiere dure , caflante ,
luifanre & ‘inflammable, & facile à cafler: ce foufre
eft propre à la poitrine ; ilréfifte à la pourriture & aux
venins ; il convient à la roux, à l’afthme, aux fiévres
peftiléntielles. La décoétion de foufre rafraïîchit le foie
& guérit la gale, On fair de l'huile où efprit de foufre
dans un creuler à feu modéré ; chaque livre de foufre
rend une once d'huile. cg
SOUPE. Maniere de faire la foupe abondam-
ment & à peu de frais pour nourrir les pauvres
payfans dans un rems de famine. Prenez une livre
de farine de froment ; pétriflez- la avec de l'eau un
peu falée, quand la pâte fera devenue un peu molle,
partagez - la en morceaux , de la groffeur d’un œuf
chacun ; étendez les morceaux féparement avec un
rouleau & de maniere que chaque rouleau foit fort
mince; mettez - les proprement fur une rable , &
coupez-les en très-petits merçceaux : ICneZz prét fur
US OU | 4$$
le feu un pot rempli de quatre pintes d'eau : quand
l'eau fera chaude , jettez-y un peu de fel & un quarte-
ron de beurre ou de graille : dès que le tout com-
mence. à bouillir, jettez-y tous ces morceaux de pâte ;
faites cuire le cout à feu modéré pendant une heure
& demi : & remuez-le jufqu'au fond avec une gran-
de cuiller , de peur que la pâte ne s'attache au fond.
Si la foupe paroît trop épaifle, on y jette un peu d’eau
chaude ; fi elle eft trop claire , un peu de farine : cette
quantité peut fufñire pour nourrir fix perfonnes , la moi-
tié à diner , & le refte pour le fouper , en le délayant
avec un peu d'eau tiéde, & le faifant chauffer fur un
petit feu.
Comme dix livres de farine produifent treize livres
& un quart de pâte, on pourra, de cette maniere,
nourrir foixante perfonnes un jour entier : il faut
pour cette quantité de farine, quarante pintes d’eau ,
deux livres & demi de beurre ou de graifle , & trois
quarterons de fel. A l'égard de la qualité de la fa-
rine , on doit prendre de celle dont on fe fert pour
faire ce qu'on appelle le pain de ménage ; car il ne
la faut, ni trop fine , ni trop grofliere : cette foupe
eft agréable au goût & fort nourriflante. Telle eft
en fubftance la recette de cette maniere de faire de
la foupe , qui eft indiquée dans le Journ. Oecon.
d'Aoùûrt 1758, & dont nous venons de faire l'extrait,
pour feconder les vües charitables des perfonnes qui
font en état de fecourir les pauvres dans des cems de
difette.
SOURCES d'eau. Moyens de connoître où il y
en a..1°. {1 faut un peu avant le foleil levé , fe
coucher à plat fur le ventre, & appuyant fon men-
ton fur la terre , regarder tout autour de foi ; & fi
on voit en quelque endroit une vapeur ou un brouil-
lard s'élever , on peur s'aflurer d’y trouver de l'eau.
29, Il faut examiner la qualité de la terre: la terre
noire contient la meilleure eau ; le gravier noir &
qui n'eft pas éloigné des rivieres ; le gravier rude &
dans les cailloutages & autres pierres , & le fable
rouge en donnent aufhi de fort bonne. Les caux ay
fond des montagnes , entre des rochers & des pier-
Ee ;
456 SOU
tes, font fraîches & faluraires ; mais celle qui fe
rencontre dans des fonds de craie, n'eft ni abon-
dante , ni de bon goùt : celle qui fe trouve fous un
fable léger eft de même peu abondante, 32. On peut
conjcétuier quil y a de l’eau par-tout où l'on voit
croître d'eux - mêmes des faules, de petits rofeaux ;
mais loifqu'il n’y a point d'étangs auprès. Le plus sûr
moyen pour découvrir les fources, eft de percer ia
terre, d'amener a la furface les différentes couches de
terres qui font au-deflous, ce qui fe fait avec de lon-
gues tarieres , & d'examiner fi elles donnent quelqu'in-
dice d'eau.
Ou bien, felon la méthode du P. Kirker, faites
une balance de bois conftruite comme un compas
de mer : un des bouts doit être fait d’un boïs qui
attire l'humidité, comme le fureau , le faule & au-
tres : l'aiguille ou fleau doit être foutenue par un
axe au bout d'une ficelle dans le lieu où l'on fup-
pofe qu'il y a de l'eau: s’il y en a réellement, il
perdra bientôt l'équilibre , & le côté qui fera fair de
fureau penchera vers la terre, On doit faire certe ex-
périence dès le matin , avant que le foleil air dif-
fipé les vapeurs de la terre. Mais la baguette de cou-
drier eft l'invention la plus furprenante : tout le myt-
tere confifte à en avoir une qui foit fourchue : celui qui
cherche Leau , la porte un peu lâche dans fes mains ;
mais fi- tôt qu'il pafle fur une fource, la baguette
tourne & incline vers le lieu où eft la fource : il
eft vrai que tout le monde n'a pas la facilité de la
ae en pratique , & les Savans n’y ajoutent point
oi,
SOUSTRACTION (la )eft la feconde des quatre
régles d'arichmérique : elle eft d’un bien plus grand ufa-
ge que la mulciplication & la divifien, & infiniment
plus facile à comprendre.
Cetre régle fert à ôter un nombre moindre d’un plus
grand , pour favoir ce qui refte.
ExEMpPL1e d'une fouftradion fimple.
On fuppofe devoir 1: fomme de... 785 Î.
fur quoi on a paÿé celle de. . . . 534 1
on demande combien il refte à payer.
RÉ R—
S OU 457
Pour faire cette fouftraction on pofe la plus grande
* fomme deflus qui eft celle que l'on doit, & celle que
l'on paye , qui eft la plus petite , deflous. Je commence
l'opération à droite en difant : qui de $ ôte 4 refte 1 ;
je pole cer au - deflous du 4: je pafle à la feconde
colonne , & je dis : qui de 8 ôte 3 refte s , je pole ce
s au-deflous du 3 : je pafle à la troifiéme colonne : & Je
dis, qui de 7 Ôte s reftezr, je pofe ce 2 au deflous du
s, & ces trois nombres polés montreront la fomme
que l'on redoit.
Figure de cette régle ; de 785 L.
Ôtez 534 L.
refle à payer 251 1.
SOUsTRACTION où il y a des zero. Avant de rap-
porter cer exemple, il eft effentiel de favoir deux cho-
fes; 19. que lorfqu'un nombre de la fomme düe , &
quieft la premiere pofée eft inférieur à celui qui lui
répond au-deffous, & qui appartient à la fomme qu’on
a payée , on eft obligé de rapporter une dizaine que l’on
ajoute au nombre inférieur ; par exemple , 4 fe trouve
pofé au-deflus de 7 , je dis, qui de 4 ôte 7 cela ne fe
peut, alors je dois emprunter une dixaine fur la figure
qui précéde le 4, & qui le fait valoir 14, & je dis, qui
de 14 Ôte 7, refte 7.
1°, Ïl faut favoir encore; que comme les zero n’ont
de valeur qu’autant qu'ils font joints à la figure qui les
précéde , il ne faut jamais emprunter fur les zero , mais
fur la figure précédente , ce qui influe [ur toutes les di-
xaines qui font après ; car en empruntant cette dixaine
devant le zero ,aurant de dixaines qui font après ne vau-
dront chacune que 9.
ExEmPze. On doit la fomme de sool.
fur quoi on a payé celle de 396 1.
Pour faire cette fouftraétion , il faut dire : qui de o paye
6 cela ne fe peut : j'emprunte 1 fur le $ quijointauzero,
fait 10,8 je dis,qui de 10 paye 6 refte 4:je pofe 4 au def-
fous du 6,enfuite je dis,qui de 9 paye 9 refte rien:je pofe
zero pour exprimer ce rien au-deflous du 9. Remarquez
que je dis qui de 9 paye 9 , au lieu de Es paye zero ,
e4
458 SOU
parce que ce fecond zero ne vaut plus que 9 , en ayant
ôté une dizaine pour que le premier zero ait valu ro.
Enfin, je dis, qui de 4 paye 3 refle ; , que je pofe au-
deffus du $ ; ces 3 chiffres qu'on vient de pofer au.
deffous des autres , font voir la fomme qui refte à payer,
Remarquez que j'ai dit, qui de 4 paye trois , au lieu de
dire, quide $ paye 3, parce quece $ ne vaut plus que
3 < ayaot emprunté fur jui une dixaine pour donner va-
leur aux zero.
Figure de l'opération, 500 Î.
306
104
SousrrAcrION par livres & fols;
on doit 350 Lis f.
on a payé 356 L12f.
Pour faire cette fouftration , je commence par les
fols, & je dis qui de s paye 2refte 3, que je pofe au-
deflous du 2; qui de 1 paye 1 refte rien ; ainfi je n’é-
cris rien au deffous de cer 1. Au lieu de cette maniere
d'opérer , je puis dire encore qui de 15 paye 12 refte
3. Je paffe enfuite aux livres, & je dis, parlant du
Zero qui eft au-deffous du 6 ; qui de 10 paye6refle 4,
je le pofe au-deffous du 6 : enfuite au lieu de dire qui
de $ paye 9, je dis , qui de Apaye 6, parcequeces ne .
vaut plus que 4, ayant pris une dixaine pour faire valoir
10 au zero : qui de 4 paye 9, cela ne fe peut : j'em-
prunte une dixaine fur le trois qui précéde , & qui fait
valoir 14au4, & je dis, qui de 14 paye orefle $ , je
le pofe au-deflous du 9 ; je pafle enfuite à la derniere fi-
gure quieft; , mais qui ne vaut plus que 2 , parce que
J'en ai emprunté une dixaine , & je dis qui de 2 paye 2
refle rien , & je ne pofe rien.
Figure de l'opération, 350! Lis f.
296 12
34 3
EE
SOU 459
SOUsTRACTION par livres & fols , mais dans laquel-
le les fols qui font dûs fe trouvent en nombre inférieur
aux fols qui ont été payés :
on doit, 158 1204
on a- payé 8ol. 1of.
Combien refte til à payer?
Pour faire cette opération je commence par les fols,
je dis , qui de 14 paye 19 , ne peut; alors j'emprunte
fur les livres une livre qui vaut 20 fols, & l’ajoutanc
aux 14, je dis, 20 & 14 font 34 , qui de 34 Ôte 19
refte 15 : je pofe 15 au-deffous des fols ; je pañle aux
livres , & au lieu de dire, qui de $ ote 9, je dis; qui
de 4, parce que j'ai emprunté une livrefur ce $ , qui
de 40te7 ne peut ; j’emprunte une dixaine fur le 7 &
L joignant au 4 cela fait 14, & je dis , qui de 14
Ôte 9 refte s , je le pofe au-deflous du 9 ; je continue,
& au lieu de dire , qui de 7 , je dis qui de 6 , pat la mé-
me raifon que ci-deffus ; qui de 6 paye 8 ne peut, j'em-
prunte l'unité qui précéde , laquelle jointe au 6 vaut 16,
& je dis, qui de 16 ôte 8 refte 8 , ielepofe, & ces
deux chifres pofés font la fomme qui refte à payer.
Figure de cette opération, 1751.14f.
89 19
refte à payer 85 15
SOUSTRACTION par livres, fols ; & deniers.
on doit 34501. 1$ f. 6 d.
on a payé 600 13/,9 d.
Combien refte-r'il à payer?
Pour faire cette Souftraétion je commence par les
deniers & je dis, qui de 6 deniers paye 9 ne peut;
j'emprunte un fol fur le fol qui précéde immédiate-
ment les deniers : & comme ce fol vaut 12 deniers ;
je dis, 12 & 6 font 18 , qui de 18 paye 9 refte 9: Je
paîle aux fols , & au lieu de dire qui de 15 paye12 , je
dis, qui de 14 paye 12 refte 2 parce que j'ai emprunté
un fol fur la figure $ 3 je pofe ce 2 au-deffous du 2
qui eft au-deffus , & je viens aux livres , difant qui
460 STE |
de zero paye zero refte zero ; qui de $ paye zerorefte ©
je pofe ce s au deffous du fecond o, enfuite qui de 4 paye
6 ne peut : j'emprunte l'unité qui précéde & l’ajoutant
au 4 je dis , qui de 14 paye 6refte 8 que je pole au-def.
fous du 6 qui eft au-deflus , il refte ainf à payer.
Figure de cette opération, 8501. 2 f.9.d.
Es D
1450115 f.6d.
600 12 9
fo 2 9
Pour avoir la preuve que la Souftraétion eft bien
faite, on n’a qu’à faire l'addition de la fomme qu'on a
payée & de celle qui refte à payer, & fi le produit de
ces deux fommes eft le même que la fomme que l'on
devoit, c’eft une preuve certaine que la Souftraétion
eft bien faite, On n'a qu’à prendre l'exemple fur l'o-
pération précédente , & additionner 600 1. 12 f. 9 d.
avec 8ço1. 2 f. 9 d.& on trouvera que le produit fera
14ç0 1. 15 . 6 d.
6001. 121 f. 9. d.
859 2:79
1450 1$:6
—————
On fuppofe ici que celui qi veut faire une Souf-
traction fait l'addition , & conféquemment il fait,
que lorfqu'on additionne des deniers , & que lenom-
bre des deniers excéde celui de 12 deniers , il faut les
réduire en fols & les retenir pour être mis à la co-
jonne des fols ; que ce quieftau- deffous de 12 deniers .
doit être porté à la colonne des deniers : il doit fa-
voir pareilleméne qu'il en eft de même des fols lorf-
qu'ils forment des livres ; qu'on doit alors les retenir
pour être portés à la colonne des livres , & mettre à
celles des fois le nombre des fols qui eft au-deffus de
20, ou de Ja livre.
STELLIONAT. On appelle ainf le crime de celui
qui vend où engage les immeubles qui ne lui appar-
tiennent pas, ou qui les hypothéque comme francs &c
S TE S UB 4617
quitres, quoiqu'ilsne le foient pas , ou qui les vend
comme étant propriétaire de la totalité , quoiqu'il ne
le foit que dune partie. Ce crime fe pourfuir ordi-
pairement par la voie civile , c’eft à dire , que le Créan-
cier pourfuir en Juftice le Stellionataire & le fait con-
damner, ou à acheter la rente , ou à rendre ce qu'il
a reçu, & ille fait en même-rems condamuer par corps
comme Stell'onataire.
STERILITÉ des femmes. Les remedes à ce mal font
les mêmes que ceux qu'on meten ufage pour les pales
couleurs & les Aeurs blanches. Poyez ces articles.
+ STOMACHIQUES. Remedes. Leur effer eft de cor
riger & d'adoucir les aigreurs , de faciliter la digeftion,
de réveiller l’appetit , de difliper les vents & les gon-
flemens , les maux de cœur, les dépôts , les langueurs,
les indigeftions, douleurs & coliques d'eftomac & dans
toutes les maladies qui proviennent de la foiblefle de
cette partie.
Voyez Vin d'abfnthe , au mot Abfinthe, Elixir de
propriété, Poudre digeftive.
STORAX, Gomme réfineufe. Le meilleur eft celui
qui vient de la Syrie & de la Cilicie : 1l doit être ner,
molaffle , gras, d'une odeur agréable & aromatique :
il eft chaud , céphalique & nervin ; il fortifie le cerveau
& remedie aux catarhes & aux.vertiges par la feule fu-
migation : on le donne intérieutement contre la toux &
la raucité.
SUBROGATION en matiere de créance ; ily en a de
deux fortes, 12. La conventionnelle, c'eft un contrat
par lequel le Créancier transfere [a créance au profit
d'une tierce perfonne , c'eft-a-dire , que le Créancier
transfere tous {es droits à celui qui lui fait le payement
de la detre , & cela (ans la permiflion du Débiteur.
Certe Subrogation eft une vraie ceffion ou tranfport.
2°. La Subrogation légale : c'eft la Loi qui fait
cette fubrogation en faveur de celui qui paye les Créan-
ciers ; enforte qu’en vertu de la feule déclaration que
faic le Débiteur dans la quittance de rembourfement,
que les deniers dont le payement ef fait proviennent
d'un tel, il (e faicune tranfmifion de tous les droits
des Créanciers rembourfés en la perfonne du nouveau
462 SUR s he
Créancier qui a prêté fes deniers, Certe forte de con-
vention eft une vraie fubrogation.
SUBSTITUTION. On entend ordinairement par
ce terme une difpofition de derniere volonté, par la-
quelle on fubftitue un tel à l'héritier inftitué, au cas
qu'il ne fe porte pas héritier. Cette fubftitution a lieu
dans le Pays de Droit Ecrit, où lesinftitutions d’hé-
ritier font néceffaires pour la validité des reftamens;
mais en Pays Coutumier ou les inftitutions ne valent
que comme des legs univerfels , ces fortes de Subf-
titutions ( appellées Vulgaires ) n’ont lieu que pour
fubroger les fubftitués au lieu & place des légataires”
univerfels , en cas que ceux ci ne puiflent pas accep-
ter le legs. 1] y a plufieurs fortes de fubftitutions qu'il
feroit trop long de rapporter ici. Les plus ordinaires
font la fubftitution directe : par cette fubftiturion le
teftateur transfere direftement les biens de la fucceflion ,
de fa perfonne en celle de fubftitué ; on-peut fubftituer
directement autant de perfonnes que l’on veut. La
fubftitution fidei-commiflaire eft celle par laquelle
un homme charge fon héritier téftamentaire ou ab
inteflat , de rendre toute fucceflion ou partie d'i-.
celle à quelqu'un après le décès de l'héritier. Dans
cette fubftitution , le fubftitué fuccéde 2 celui qui
eft chargé de la reftitution, du fidei commis : cette
forte de fubftitution emporte prohibition abfolue d’a-
liéner ni engager pendant tout le tems qu'il y a des
dégrés fuivans des perfonnes fubftituées qui ont efpé-
rance d’être appellées à la fubitirution.. L'Ordonnan-
ce d'Orléans réduit à deux dégrés , l'inflitation non
comprife , les fubftitutions contraétuelles ou tefta-
mentaires , le tout lorfque les deux dégrés ont été
effeétivement remplis 3 & celles faires avant l'Or-
donnance , ont été réduites à quatre par l'Ordonnance
de Moulins.
SUCCESSION. Il y en a de deux fortes, [a tefta-
mentaire & la légitime. La teftamentaire eft déférée
par teftament à l'héritier inftitué : elle a lieu en Pays
de Droit Ecrit, mais non en Pays Coutumier , ou on
ne reconnoît d'héritiers que ceux du fang. La fuccef-
fion légitime eft celle qui eft déférée par la feule dif
S UC 453
pofñtion de la Loi aux héritiers : elle n’a lieu en Pays
* de Droit Ecrit ; que quand celui duquel il s'agit eft
décédé fans avoir fait de reftament , ou lorfqu'il en
a fair un qui eft ou nul ou qui a été caflé. En Pays
Coutumier on n'y reconnoit que l'héritier du fang , &
l'inftitution d'héfitier n’y peur valoir que comme legs
univerfel. Dans la fucceflion légitime , & felon le
Droit Ecrit, il y a trois ordres d’héritiers ; 1°, les def-
cendans, c'eft-a-dire , les enfans en quelque dégré
qu'ils foient , lefquels fuccédent par rête à leur Pere &
Mere & autres afcendans , & lorfqu'’ils font en dégré
inégal , ils leur fuccédent par fouche.
2°, Les afcendans qui fonc les Peres & Meres , ayeuls
_& ayeules, lefquels au défaut des defcendans du dé-
funt , lui: fuccédent 2 l'exclufion des collatéraux ; ce-
pendant les freres & fœurs du défunt font admis avec
les Pere & Mere.
3°. Les collatéraux fuccédent au défaut de defcen-
dans, mais dans ce cas les freres & fœurs joints par
le doubleJien, c'eft-à dire, étant du côté paternel &
maternel , font préférés à ceux qui ne font joints que
par un de ces côtés ; de plus , les enfans de freres &
fœurs viennent encore à la fucceflion de leur oncleou
tante par repréfentation.
En Pays Coutumier les chofes s'arrangent différem-
ment, on y diftingue trois fortes de fucceflions légi-
” times. 1%, En ligne directe defcendante : cette fuc.
ceffion fe défére aux enfans & aux autres defcendans
par égales portions , à l'exception du droit d’ainefle
* pour les fief; & la repréfentation y a lieu à l'infini.
2°, En ligne directe afcendante ; elle fe défére aux
Pere & Mere , ayeul & ayeule & autres afcendans du
défunt , lefquels excluenc tous les collatéraux de la
fucceflion de leurs enfans, même les freres & fœurs du
défunt , pour les meubles | acquets & conquets im-
meubles ; à l'égard des propres ils n'y fuccédent poire
à moins que ce ne fuflent des immeubles qui leur euf-
fent été donnés par leur Pere & Mere en avancement
d'hoirie.
32. En ligne collatérale , qui a lieu au défaut
des defcendans & afcendans : celle - ci fe défére au
‘464 | SU C UE : R
plus proche des collatéraux, lequel exclud le plus éloi.
gné : de plus, la repréfentation n'a point lieu dans cette
forte de fucceflion , excepté quand les enfans des freres
& des fœurs viennent avec leur oncle & tante à la fuc-
ceflion de leur oncle ou de leur tante.
4%, Les freres & fœurs , même ceux qui ne le font
que du côté paternel ou maternel fuccédent à leurs fre-
res & fœurs conjointement & également.
s°. Les propres appartiennent à ceux qui font parens
du défunt du côté duquel ces héritages lui font parve-
aus ; quoiqu'il y ait d'autres parens qui foient plus pro-
ches au défuntd’un autre côté.
6%. Dans cette fucceflion les femelles ne fuccédent
point aux fiefs en pareil décré : il faut obferver que
lorfque le prédécédé des conjoints n'a laiflé ni defcen-
dans, ni afcendans , ni collatéraux , le furvivant lui
fuccéde à l'exclufion du fifc. |
Il faut obferver que par le moyen de la repréfenta-
tion, des héritiers plus éloignés en dégré, viennent
avec des héritiers plus proches à la fucceflion du dé-
funt, enforte que les plus éloignés ne font pas exclus
ar les plus proches , parce qu'ils fuccédent par repré-
rites de ceux defquels ils defcendent : ainfi les
petits-fils , au défaur de leur pere décédé , fuccédent à
"leur ayeul avec leurs oncles fils du défunt. Pareille-
ment les petits neveux fuccédent à leur bifayeul avec
leurs grands oncles : cette repréfentation a lieu en
ligne direéte à finfini, mais en ligne collatérale ,
elle n’eft admife qu'en faveur des neveux & niéces,
quand ils concourent avec un oncle ou une tante, car
ils leur fuccédent par repréfentation de leur pere ou
de leur mere , quoiqu'ils foient plus éloignés en dégrés
que leurs oncles où tantes avec qui ils fuccédent. Hors
ce cas les collatéraux fuccédent par têtes & non point
par fouches ; enforte que le plus proche exclud tou-
jours le plus éloigné , ce qui à même lieu entre les
neveux de plufieurs freres ou fœurs , lorfqu'ils fuccé-
- dent à leur oncle ou à leur rante de leur chef, c’eft-2-
dire qu'ils ne concourent point à fa fucceflion , avec
un autre oncle ou tante , &'en ce cas, ils partagent tous
également & par tête.
SUT .. 46$
Cette difpoñirion du Droit Romain eft fuivie dans
la Coutume de Paris & dans la plüpart des autres Cou:
tumes.
Tout héritier peut renoncer à une fucceflion directe
ou collatérale , ouverte à fon profit , pourvu que les
. chofes foiententieres , c’eft-a-dire qu'il ne fe foit point
immif{cé dans les biens de la fucceflion , & n'ait fair au-
cun acte d'héritier, L’héricier préfomptif en ligne direc-
te , peut être pourfuivi pour prendre qualité jufqu’a ce
qu’il ait fait fa renonciation en Juftiée ou par-devant
Notaire , mais l’héritier en ligne collatérale n'eft tenu
que de faire figuifier aux Créanciers héréditaires une
fimple déclaration qu’il n’eft poinc héritier, pour faire
cefler leurs pourfuites. |
Le partage d’une fucceflion a lieu entre co-héritiers à
l'effet que chacun d'eux aitla part & portion des biens
de la fucceflion qui doit lui appartenir. Dans les par-
tages , les meubles fe reglent fuivant la loi du domi-
cile, maisle partage des immeubles fe doit faire confor-
mément aux Coutumes des lieux ou font fitués les héri-
tages qu'on veut parrager ; le partage doit être fait de-
vant le Juge du lieu , où eft décédé celui du bien duquel
il s’agit. ne
Les frais faits pour parvenir au partage , doiventtom-
ber fur tous les co-héritiers à proportion de la part d'un
chacun dans la Succeflion. |
SUCRE. (le) Eft-‘le fuc d'un efpece : de rofeau
qui croit dans les Indes & dans les Ifles Antilles.
On écrafe ces cannes avec des rouleaux , & il en
découle un fuc que l’on fait bouillir plufieurs fois ,
& que l'on écume faprès l'avoir fair pafler par une,
leffive. Le plus beau fucre eft celui qui a été le plus
clarifié : c'eft le plus blanc , le plus dur , le plus lui-
fant. La caflonade ou caftonade , eft le Sucre qui
n'a pas été dépuré , ou clarifié , ni mis en pains ;
elle fucre mieux que le fucre même ; fur tout pour
les confitures : la plus blanche eft la meilleure. Le
fucre candi eft celui qui a été réduit en forme de
criftaux. Le fucre non rafiné eft plus falutaire pour
les affeétions du poulmon. Le fréquent ufage du fu-
cre eft nuifible , parce qu'il eft fermentatif. Le bon
466 SUr-C
fucre doit être dur, fonnant , leger & d'un doux agréa-
ble. |
Mauiere de clarifier le Sucre. Ceux qui ne con-
filenc que quatre à cinq livres de fucre à la fois , peu-
venc le clarifier de la maniere fuivante. Faites fondre
votre fucre avec de l’eau bien claire ; & mertez-le fur le
feu avec du blanc d'œuf fouetté : quand il vient à
bouillir, & qu'il s'enfle prêt à répandre, verfez y un
peu d'eau froide pour le faire rabaifler ; & lorfque la
feconde fois il vienr à s'élever , Otez-le de deflus le
feu , & le laifflez repofer environ un quart d'heure,
pendant lequel il s'abaifle , & Otez doucement avec
l'écumoire la crafle noire qui eft au-deflus :.enfuite paf-
fez-le au travers d’une fervietie blanche mouillée , & il
eft clarifié.
On fair pluñeurs fortes de cuiffons de fucre.
1°. Cuiflon du fucre a lifié. On connoîr qu'il eft à liffé
lorfqu’en trempant !e bout du fecond doigt dedans le
facre clarifié, & l'appliquant enfuire fur le pouce , &
les ouvrant auffi-:10t un peu, il fe fait de l’un à l'autre un
petit filet qui fe rompt d'abord,, & qui refte en goutre
fur le doigt.
_29%, A perlé. La cuiflon eft telle lorfqu'en faifant le
même eflai, 8& en féparant:les deux doigts , le filer qui
fe fait fe maintenir de l'un à l'autre, sl
3°. À foufflé. C’eft lorfque le fucre ayant cuit quel-
qu’autres bouillons, & qu'en foufflant au travers des
trous de l’'écumoire , après l'avoir fécoué. fur le bord
de la poële , il en fort comme des étincelles ou.perires
bouteilles. } ii
4°. À la plume. C'eft lorfqu’après quelqu'autresbouil-
Jons , & faifant le méme eilai , il en fort de plus grof-
fes & de plus longues bouteilles qui fe tiennent enfem-
ble. "è
52. À caffé. Lorfqu'ayant trempé votre doigt dans
le fucre , après l'avoir mouillé dans l'eau , &.le.replon-
geant promptement. dans cette même eau , vousen.dé-
tachez le fucre avec les deux autres doigts ,:&; que le
fucre fe cafle avec un peritbruir.
6°, Au caramel. C'eft la derniere cuiflon , &.on
connoît qu'elle eft teile , lorfqu’en mettant le face
ous
|
|
-_SUC SU D 467
fous la dent, il fe cafle & craque nettement fans
s'y attacher : il faut obferver le moment où il eft
parvenu à cette derniere cuiffon , autrement il brû-
leroit.
SucrE-D'ORGE. Maniere de le faire. Faires bouiilir de
Jorge dans de l'eau pour en faire une décoétion ; paflez-
la 2 l'étamine ; prenez de cette décottion que vous met=
trez avec le fucre clarifié : faires-le cuire jufqu’a ce qu'il
foit venu au caramel : alors Otez-le de deflus le feu ;
laiffez rabaiffer le bouillon ; verfez-le fur la pierre de
marbre que vous aurez huilée avec de l’huiled’olive ,
empêchant qu’il ne coule en bas , ou fur un plat d'argent
ou autre , au défaut de marbre: à mefure que le fucre
fe réfroidira & durcira, coupez-le par petits morceaux,
& filez le de la longueur que vous voudrez , pour vous
en fervir au befoin.
SUCS ou Jus des plantes. Maniere de les tirer,
12. À vant que de les exprimer on doit laifler quel.
ques heures la plante pilée en digeftion : c’eft le mo-
yen d'en tirer plus de fuc, 2°. Après avoir pilé dans un
mortier , les herbes , fleurs, fruits ou femences , on doit
les mettre dans une toile forte, & les exprimer avec les
mains , ou entre deux platines de fer ou de bois ; puis
on laiffe raffeoir ce fuc pendant quelque-tems : quelque
fois même on l’expofe au foleil : fi ce font des fucs vi-
neux , on verfe doucement & par inclination ce qui eft
le plus clair, & on le garde tel. On doit faire chauffer
les plantes vifqueufes, comme le pourpier , la bourra-
che , pour pouvoir: plus facilement en tirer le fuc. On
doit arrofer celles qui font plus fucculentes, d’une li-
ueur appropriée.
SUDORIFIQUES. ( Remedes }) Leur effet eft de ra-
nimer la circulation du fang , & d'ouvrir la tranfpiration:
1ls conviennent dans toutes les maladies provenant de
l'épaiffifflement qui s’eft fait , faute de tranfpiration dans
le fang ; telles que la pleuréfie, les rhumatifmes uni-
verfels, la fciarique , les coliques, les vomiflemens ,
dans les fiévres continues, malignes , pourpreufes, la
petite vérole, rougeole , éréfipéle & toutes celles où les
levains impurs font confondus dans le fang. Voyez Pou-
dre & Potion fudorifique.
Tome II, | F£
468 S UD
Auffi -tôt que le malade aura pris le fudorifique ,
on le couvriia foigneufement, & il fe tiendra tran-
quille fans fe découvrir : lorfqu'il commencera à fuer
on lui donnera un bouillon dans lequel on exprimera
le jus dun demi citron , fi on en peut avoir : on doit
entretenir fa fueur pendant cinq ou fix heures ; ou
pour le moins jufqu'a ce qu’elle commence à devenir
gluante & fioide, ou qu'on s’apperçoive de quelque
palpitation de cœur ou foiblefle ;: alors on changera
le malade delinge , & on lui fera prendre un bouillon,
Pendant la fueur, s'il fe plaint d'une efpece de lan-
gueur, on lui donnera de tems en tems une cuillerée de
vin ou de la gelée.
Si le malade ne guérit point après les premieres
fueurs, on réitérera tous les jours, ou de deux joursil’un
le même fudorifique ; ce qui n’empéche pas que danses
intervalles on ne faigne & on ne purge le malade. Voyez
PLEURESIE.
À l'égard du régime de vivre dans l'ufage des fudori-
fiques , il dépend des différens genrès de maladies.
SUDORIFIQUE pour la guérifon des fiévres avec
friffon. 11 faut que le malade, une heure avant l'ac-
cès, fe mette au lir bien chaudement fans chemife,
& enveloppé dans un drap : il boira demi feptier de
ptifane tiéde : on lui mettra aux pieds une bouteille
de terre de deux pintes pleine d'eau chaude ; mais
que la main puifle foufirir. On lui mettra aufi fous
chaque aiffelle une bouteille de terre de pinte pleine
d'eau chaude. Dès qu'il fentira venir le frifflon, qu'il
boive un demi (eptier d’eau tiéde : qu'il demeure
dans fa fueur pendant tout l'accès : après cela on
l'effuyera ; on lui donnera un bouillon, & une heure
après il pourra manger sil a faim. Ilny a point
de fiévre que ce remede n'emporte, s'il eft réitéré
jufqu'à trois fois , lorfqu’elle n'a pas été emportée à
Ja premiere. |
Autre fudorifique. Prenez une dragme de graine
de lierre féche ; pulvérifez - la; faires-la infufer pen-
dant quelques heures dans un verre de vin blanc ;
avalez le tour & vous mettez au lit : ce remede
excite une fueur abondante qui guérit routes Îles
RD, ‘Sui 469
maladies qui fe guériflent par la fueur.
SuDOR1IFIQUE contre les rhumatifmes , fciatiques ,
&c. Prenez du bois de bouis, de génevrier, de cha-
cun une once & demi, de la rapure de bois de
gaiac fix gros, du faflafras rois gros , de l'anis un
gros: concaflez les bois par perits morceaux, & ver-
fez fur le tour quatre pintes d’eau bouillante , le laif-
_fanc infufer rente heures fur les cendres chaudes dans
un vaifleau luté avec de la pâte, La dofe eft de deux
à crois verres par jour, le matin, fur le foir &en
fe couchant.
Cette prifane eft bonne auffi contre les férofités, &
pour faire tranfpirer les humeurs nuifibles , & à tous
ceux qui font menacés d'apoplexie ou de paralyfe
féreule.
En général , les fudorifiques ne conviennent pas
aux perfonnes qui font dun tempérament trop fec,
chaud & bilieux , à ceiles qui ont la poitrine foible , ou
qui font amaigries & exténuées , & dans toutes les
maladies caufées par un fang bilieux & dépourvû de
férofité.
On met encore en ufage les fiäiorifiques pour fa-
ciliter feulement , & augmenter la tranfpiration :
c'eft dans certaines maladies , celles que les débilités
d'eftomac , les indigeftions , coliques, envie de vo-
mir , cours de ventre féreux : on ne donne au mala-
de, le matin à jeun , que la moitié de la prife du {u-
dorifique.
Les fudorifiques ne conviennent point aux perfonnes
d'un tempérament trop fec, chaud & bilieux ; à celles
qui ont la poitrine foible, ou qui font maigres, ou
qui fuent ordinairement de foibleile , ou qui ontle ven-
tre conftipé , ou à l'approche desregles,
SUIF. Subftance graifleufe que l'on trouve dans le
corps des animaux qui ont des cornes ( ou qui n'ont
point les pieds féparés en plufieurs doigts ) aux
extrémités des mufcles , & aux membres : il fert à
faire les chandelles. On doit 1 étendre fur des perches
aufi-tôt qu'il eft forti du corps de l'animal, & le
faire fondre huit jours après, & non plus tard : le
laifler refroidir dans des cerrines; ce qui forme ure
z
47e S UP
efpéce de pain qui s’endurcit, mais qui fe rompt faci<
lement. Le bon fuif eft fonnant, ferme & fec. Voyez
CHANDELLE. |
SUPPOSITOIRE. (le) Eft un médicament folide,
de la longueur & groffeur à-peu près du petit doigt , ar-
rondi & fait prefque en pyramide, que l’on introduit
dans le fondement, pour faire aller à la felle ceux qui
ont de la répugnance , ou qui ne peuvent pas facile-
ment prendre des remedes. La matiere ordinaire des fup-
pofiroires, eft le miel commun cuit eft une confiftance
folide, & qui fe puiffe cafler étant refroidi. On en fait
auffiavec du favon coupé en petite pyramide, puis frot-
té avec du beurre falé.
SURDITÉ. Mettez de la femence d'anis verd dans
un réchaud de feu ; recevez la fumée dans l'oreille avec
un entonnoir , & réitérez de tems en tems ; ou celle de
tabac.
Pour la furdité venue par catarre , broyez deux ou
trois feuilles de chardon bénit ; mettez-les dans l'oreille
du malade, en forme de tente , le plus avant qu'il fe
pourta ; couchez-le fur le côté oppolé, & renouvellez
ce remede tous les jours.
Autre remede., Prenez un oignon blanc ; fendez-le
en long pour en tirer le germe; puis raflemblez-le
& atrachez le avec du fil ; rempliflez le vuide d'huile
de camomille, & faites cuire l'oignon dans les cen-
dres chaudes ; étant cuit, preflez-le entre deux affet-
tes, & inftillez dans l'oreille le fuc qui en proviendra.
Ou bien, prenez du jus de chou , & du vin, mé-
me quantité; faites chauffer le vin , & mettez y en-
fuite le jus de chou ; mêlez bien le tout, & coulez de
cette liqueur dans les oreilles, les bouchant enfuite avec
du coton.
En fair de remedes contre la furdité , il faut qu'ils
foient tiédes & non froids , & il n’en faut point appli-
quer de nouveau, que l'oreille ne foit nettoyée du pré-
cédent. Quand on à inftillé la Hiqueur , il faut boucher
l'oreille avec du coton mufqué ; car il eft fort bon con-
tre la furdité.
SurDITÉ & bourdonnement d'oreilles. Introduifez
dans l'oreille le petic bout d'une pipe à tabac, &
SUR SYR
tirez pat le gros bout , ou le pot, l'air qui eft dans l'oreil-
le. Eph. d'AIL, d
SUREAU. Arbriffeau de moyenne hauteur , qui
croît dans les lieux ombrageux & dans les vallons :
fes braaches font couvertes d'une double écorce, &
contiennent une moëlle blanche : fes fleurs font faites
en rofettes : fes fruits ou baies font noirs écant mûrs,
& pleins d'un fuc rouge foncé. Ses fleurs de fureau
font émollientes & anodines : cuites dans du lait, &
appliquées en cataplafme , elles guériffent la goute ;
priles intérieurement , elles excitent la (ueur: les baies
font fort bonnes pour la dyffenterie ; elles font fudori-
fiques : la feconde écorce, prife en infufion, purge les hu-
meurs de l’hydropifie : l'huile de cette écorce guérit les
brülures.
SURGEONS ou DRAGEONS. (les) On appelle
ainfi les rejettons d’une plante , lorfqu'ils n’ont point de
* racines, On ne doit point les féparer de leur pied ; carils
ne reprennent que là : on s'en fert feulement pour renou-
veller ce même pied.
SYCOMORE. Arbre qui croît en Syrie. Onleculive
en France ; tout fon mérite eft fa beauté : fa feuille ref=
femble 2 celle du mürier ; fon bois eft tendre & jette du
lait : il vient fort vite & fait un beau vert : on l'éleve de
boutures, |
SYNCOPE, ( tomber en) C'eft éprouver une dé-
faillance de cœur. La fyncope fe manifefte par la
päleur , une fueur froide , la perte de la connoiffance;
elle vient ordinairement , ou d’une extrême frayeur,
ou d'un grand épuifement , ou d'avoir perdu beau-
coup de fang. Le remede , c’eft de jetter de l’eau
froide avec roideur au vifage de la perfonne qui
fe trouve mal , dela coucher fur le dos, de lui don-
ner de l'air en deflerrant fes habits , de lui frotter
le nez & les tempes avec du vinaigre, ou de l’eau
de lavande, de Hongrie: de lui faire avaler un gros
de thériaque-dans du vin. Voyez Défaillance & maux
de cœur.
SYROP. Liqueur d’une confiftance un peu épaiffe &
d’un goût agréable, & qu'on a extraite des eaux , ou
des fucs ou des herbes, & cuite , & -affaifonnée avec
£3
72 SYR |
du fucre, Les différentes fortes de fyrop! font en grand
nombre : en voici quelques uns des plus ufités , avec la
maniere de les faire.
Syror de capillaire. Prenez fix onces de capillai-
res, récemment cucillis vers la fin d'Avril , & des
plus odorans ; coupezles menu ; mettez-les tremper
chaudement dans trois livres d'eau , pendant fix ou
fept heures: puis faites bouillir linfufion jufqu’a dimi-
nution de la quatriéme partie ; coulez-la avec expref-
fion ; mélez-y deux livres & un quart de fucre blanc ;
clarifiez ce mélange avec un blanc d'œuf; pañfez - le
par un linge , & faites le cuire jufqu’à la confiftance de
fyrop.
On en prend une cueillerée , dans la toux & les mala-
dies de la poitrine.
Syropr de pavot blanc. Coupez par petits morceaux
deux livres de têtes de pavots blancs, nouvellement
cueillis , & une livre de têtes de noirs; mettez - les
dans un pot de terre verniflé ; verfez deflus quatre pin-
tes d'eau de fontaine bouillante ; couvrez le pot; laif-
fez infufer le tout pendant vingt- quatre heures ; puis
faites les bouillir jufqu’a diminution de la moitié de
l'humidité ; coulez la déco@ion avec forte expreflion ;
mélez y rois livres de fucre , clarifiez le mélange avec
un blanc d'œuf, & faires-le cuire en fyrop par un feu
modéré.
On le donne dans tous les cas où il eft befoin d'af-
foupir, & d'arrêter le mouvement des humeurs , & d'ap-
paifer les douleurs : la dofe eft depuis une once jufqu’à
dix dragmes.
Svxor de mûres. Ecrafez des müres de jardin dans
un mortier ; laiflez les macérer fept à huit heures à
froid ; exprimez le fuc par un linge fin ; mélez ce fuc
avecun égal poids de fucre ; faites cuire ce mélange en
fyrop. On en prend une cuillerée dans les chumes & les
maux de gorge.
: On fait de la même maniere le fyrop de fraifes , mais
on fait dépurer le fuc dans une bouteille au foleil : il ré-
joui: le cœur # purifie le fang,
Svror de grofeilles rouges. Ecrafez - en dans un
ITR 473
mortier : tirez le fuc par expreflion ; rempliffez-en des
bouteilles ; merrez deflus environ deux doigts d'huile
. d'amande douce ; bouchez les bouteilles ; laiflez dépu-
rer ce fuc pendant trois femaines , jufqu’a ce qu'il foit
clair; filtrez-le par un papier gris; verfez doucement :
pefez la liqueur, & mélez-y le double de fon poids 4e
fucre , que vous aurez fait fondre auparavant : écumez
cefyrop ; coulez-le & le gardez : ileft rafraichiffant &
réjouit le cœur.
Sysor de pommes. Rapez des pommes de reinette;
laiffez-les dix ou douze heures à froid; puis exprimez-
les ; mettez le fuc dans des boureilles de verre , & faites
enfuite tour ce qu'on vient de marquer pour le fyrop
de grofeilles : ileft pectoral , cordial, bon contre la
mélancolie.
Syror de coquelicot. Mettez trois quarterons de
ces fleurs récentes dans un pot ; verfez deffus trois cho-
pines d’eau de fontaine bouillante ; couvrez le pot ; laif-
fez-le ainf fept ou huit heures ; puis faites bouillir cette
infufion légérement ; coulez la avec expreflion ; mettez-
tremper , fur des cendres chaudes, de nouvelles fleurs ;
le même rems qu'auparavant : faites - le refte comme la
premiere fois ; mêlez dans l'infufion trois livres de fucres
clarifiezle mélange & faices-le cuire en fyrop.
> Ce fyrop eft bon pour le rhume : la dofe eft jufqu'a
une once & demi.
Syrop de rofes pales. Cueillez avant le lever du
foleil des rofes pâles fimples ; mondezles, ne rete-
nant que les fleurs ; pilez-les dans un mortier ; laif-
fez-les ainfi quelques heures : exprimez-les pour en tirer
le fuc ; faites-le dépurer au foleil ; verfez-le doucement;
paflez-le par un linge; mettez y un poids égal de fucre
fin, & faites évaporer le tout par un petit feu juf-
qu'à confiftance de fyrop. On peut garder ce fuc dans
des bouteilles, en mettant un peu d'huile d'amande
douce deffus : il purge doucement les férofités, & forti-
fie l’eftomac : la dofe eft depuis demi-once jufqu'a deux
onces
Syrop de fleurs de pêchers. Pilez deux livres de
Ff4
{74 SYR
ces fleurs récentes; metrez-les dans un pot de terre ;
verfez deflus quatre pintes d eau bouillante, couvrez
le pot ; laiflez la matiere en digeftion ; pendant douze
heures ; puis faices la bouillir légérement ; coulez-la
avec expreflion : faites dans la colature trois ou
quatre pareilles infufions de nouvelles fleurs; coulez-
les & exprimez les comme devant; & dans la der-
niere colature , mêlez huic livres de fucre blanc ;
clarifiez le mélange & faites-le cuire en fyrop : il eft
propre pour purger ke cerveau , contre les obftruc-
ions : la dofe eft depuis demi once jufqu'a deux
onces.
Sykor de chicorée: on fait avec le fuc de la chico-
rée fauvage dépuré & le fucre blanc, parties égales: &
en le fait en confiftance de fyrop: On fait de même ce-
lui de bourrache. 242
SyroP d’abfinthe. Cueillez fix onces d'abfinthe
quand la plarite eft dans fa vigueur , & avant le lever
du foleil, mettez-les tremper chaudement cinq ou fix
heures dans vingt onces d’eau; faites bouillir 1 infufion
à diminution du tiers ; coulez-la avec expreflion ; laif-
fez-la rafleoir ; puis mélez- y dix onces de bon miel : fai-
tes cuire ce mélange en l’écumant, jufqu'à confiftance
de fyrop : on peut y mêler un peu de rhubarbe, il fera
meilleur. Il aide à la digeftion , fortifie l'eftomac , tue
les vers.
Syro? purgatif pour les enfans. Prenez de l'eau de
pourpier , de tanefie & de pariétaire , diftillées, de
chacune huit onces ; des feuilles de féné mondé une
once , de rhubarbe choifie en poudre fix gros, de fel
d'abfinthe trois gros, de pulpe de tamarins une once :
faites infufer le tout pendant douze heures dans de l'eau
de pourpier diftillée bouillante, fur les cendres rrès-
chaudes , dans un vafe de terre bien bouché : paffez-le
enfuire en le preffant ; ajoutez dans la colature quatre
onces de fucre candi ; faites-le bouillir jufqu’a ce qu’il
fe réduife en confiftance de fyrop un peu clair. Ré-
glez la dofe de la purgation felon l’âge & les forces de
l'enfant.
Sxror émétique fébrifuge. Prenez deux onces de
SYR 475
pulpe ou chair de coings coupés par tranches ; une once
de racine de fouchet & une dragme de canelle : coupez,
pilez & faites-les bouillir dans une livre & demi de vin
blanc & d’eau ; faites-en l'expreffion : enfuite faitesin-
fufer pendant vingt-quatre heures fur les cendres chau.
des une once de verre d’antimoine fubtilement pulvéri-
fé ; liez-le dans un nouer de linge; enveloppez ce nouet
de papier : puis Ôtez le nouet & ajoutez une demi livre
de fucre pour faire le fyrop.
Ce fyrop purge doucement & fans violence , & on
peut le donner à tout âge ; favoir , aux enfans depuis
deux dragmes jufqu'à demi-once , & aux adultes de-
puis une once jufqu'à une once & demi : étant donné
dans une infufion de féné, & cinq heures avant l'ac-
cès, il guéric la fiévre quarte ainfi que les fiévres tier-
ces & quotidiennes, qui ne cédent pas aux remedes or-
dinaires.
T'asac ou NICOTIANE. Plante originaire de
l'Amérique, & qui croit aujourd'hui par toute l'Eu-
rope. 1] y a trois efpéces de tabac , un qui eft à
feuilles larges , & l'autre à feuilles étroites , & de
couleur de pourpre , la femelle qui a les feuilles prefque
rondes , & les fleurs d'un jaune verdätre. En général,
c'eft du tabac mâle dont on fait le tabac, foiten corde,
foit en poudre, & doncon fe fert tant intérieurement
qu'extérieurement. Les feuilles de tabac font chaudes
& defficatives , & dans un plus haut dégré érant fé-
ches, que fraîches : elles font incifives , réfolutives,
vulnéraires, réfiftanc à la corruption , font éternuer ,
cracher & vomir. Les feuilles vertes de tabac mâle,
pilées & appliquées , font bonnes à routes plaies : le ra-
bac donné intérieurement, eft un violent vomitif pour
déraciner les fiévres opiniâtres : la fumée du tabac eft
faluraire dans plufieurs. maladies du nez & de la gor-
ge : fon fuc appliqué guérig, Ja teigne : l'herbe tue les
puces. A
Lorfqu'on veut cultiver du tabac, ce doit être
dans une terre grafle & humide , expofée an midi ,
labourée & amandée avec du fumier confommé. On
la feme en France à la fin de Mars : on fait un
petit trou en terré de la longueur du doigt , on y
jette dix ou douze grains de tabac ; :{ on recouvre
le trou : lorfqu’il eft I-vé on doit arrofer la plante
pendant le rems fec , & la couvrir avec des paillaf-
fons dans le grand froid. Comme chaque grain poule
une tige , on doit féparer les racines : lorfque les
tiges font hautes d'environ trois pieds , on doit cou-
per le fommet de chaque tige avant qu’elles fleurif-
fenc & afin qu’elles fe foruifient , K arracher celles
qui font piquées de vers , ou qui veulenc pourrir.
On connoît que les feuilles font mures quand elles
fe dérachent facilement de la plante 3 c'eft vers la
fin d’Aoùût : on doit alors cueillir les plus belles ; les
————
TAB 477
enfiler par la tête; en faire des paquets , & les metrre
fécher dans un grenier. On doit laiffer la tige en terre
pour donner Île tems aux autres feuilles de mürir, On
doit-conferver la graine du tabac jufqu’au mois d'Avril,
ouren femer de nouveau.
TABLEAUX Maniere de faire revivre les couleurs
des tableaux noircis , & de les rendre comme neufs.
Prenez de la graiffle de rognon de bœuf deux livres ;
de l’huile de noix une livre ; de la cérufe broyée à
l'huile de noix une demi livre ; de la terre jaune
broyée auffi à l’huile de noix une once, Faites fon-
dre dans un pot la graifle ; & quand elle fera tout-
à fair fondue , mélez y l’huile de noix ; enfuite la
cérufe & la terre jaune : remuez avec un bâton toutes
ces drogues pour les bien méler ; & lorfque la com-
pofition eft’ tiéde, mettez en une couche fur la toile
derriere le tableau , elle diflipera petit à-petit tout le
noir , & rendra le tableau toujours plus beau en vieil-
liffanr.
Autre maniere. Détachez le tableau de fa bor-
dure ; couvrez-le d'un linge de la même grandeur ;
arrofez le tableau d'eau claire , pendant plufeurs
Jours , & jufqu'à ce que le linge air attiré toute la
crafle du tableau : enfuite frotrez le tableau avec de
l'huile de lin dépuré long tems au foleil , & avec une
éponge |
TABLETTES (les) font un médicament de con-
fiftance plus folide que les pilules, compofé de poudres
& de fucre , que l'on fait fondre dans une liqueur con-
venable qui fert à lier ces poudres , & que l’on fait cuire
ju(qu'a la confiftance requife , pour être coupé en tablet-
tes. On appelle auffi de ce nom une compoñition de
drogues réduites à fec, qu’on taille en forme ronde ou
quarrée.
Tasrerres de guimauve. Faites bouillir dans de
l'eau des racines de guimauve bien nettes , jufqu’à
ce qu'elles foient molles : féparez - les de leur décoc-
tion : écrafez-les dans un mortier de marbre : paflez-
les par tn tamis renverfé pour en avoir la pulpe :
faites cuire dix-huit onces de (acre dans fix ou fept
onces d'eau rofe , jufqu’a confiftance d’éleduaire fe-
478 TAG
lide : mêlez y alors, hors du feu : quatre onces de puf-
pe de guimauve avec un biftortier ; remettez la bafline
fur un crès-petit feu, pour faire deffécher la matiere, l'a-
gitant toujours ; & quand elle aura une confiftance rai-
fonnable , on la jettera fur un papier huilé d'huile d’a-
mandes douces : on l'étendra , & on la coupera en Ta-
blettes.
Elies font propres pour adoucir & émouffer les âcre-
tés de la roux , & pour faire cracher.
TABLETTES pour tuer les vers. Prenez de bonne rhu-
barbe, des femences mondées de citron , de pourpier ,
de choux , de gênet & de poudre 2 vers , de chaque trois
gros : deux gros de mercure doux & une livre de fucre
royal : réduifez le tout en poudre fubrile ; incorporez-
le avec du mucilage de gomme adragant, tiré avec
de l'eau de fleurs d'orange : faites. en des tablettes du
poids d'environ une dragme ; & mettez-les fécher à l'om-
bre.
On en donne une ou deux aux enfans le matin 2
jeun ; & trois ou quatre aux perfonnés avancées en
âge.
TÂCHES d'encre fur le linge & Île papier. Moyen
de les enlever. 11 faut frotter tout de fuite la tache
avec du verjus , & elle difparoïtra : fi on neft pas
dans la faifon du verjus , il faut la frotter avec de
l'ofeille ; mais le verjus eft meilleur : fi on n'a pas d'o-
feille , prenez de l'eau claire ; faires-y difloudre du fel
en égale quantité d’eau, & frotrez-en la tache : ilen eft
de même pour le papier. |
Toutes les taches d'encre s'enlevent par ces diffé-
rens moyens , excepté celles de la véritable encre de
la Chine ; à l'égard de l'encre d’Imprimerie, elle réfifte
auffi à tous les acides , mais elle ne peur foutenir les fels
ni les urines de certains animaux , telles que celle des
chats.
Tacxes du vifage. Eau pour les taches du vifage.
Prenez une livre & demi de fraifes ; demi - livre de
fleurs de lys blancs & de féves ; demi - once d'alun
de roche ; deux dragmes de fel gomme & ni-
tre : faites macerer le tout pendant quinze jours dans
de la malvoile, du miel de Narbonne & dn vinaigre
4
blanc ; une livre de chacun ; & faites-les diftiller au
feu de fable modéré. Lorfque vous voulez vous fervir
de cette eau, trempez-y un petit linge & appliquez le fur
les taches du vifage le foiren vous couchant, & le len-
demain matin lavez les avec de l’eaù de nénupbar. Woyez
PoMmMaADE.
TAILLE DES ARBRES, On taille les arbres pour
retrancher les branches inutiles : or , ce retranchement
rend , 1°. la féve plus abondante, ce qui procure du
plus beau fruit ; 2°. il fait prendre à l'arbre une plus
belle figure, & il prolonge fa durée en empéchant fon
épuifement.
On taille ordinairement depuis la fin d'O&obre juf-
qu’à la fin de Janvier les fruits à pepin; & en Février
& en Mars les fruits à noyau : on taille les péchers
les derniers. En général , on ne taille les arbres, quels
qu'ils foient , qu'après la feconde année qu’ils font
plantés : on commence par tailler les arbres les plus
foibles.
L'art de la taille demande encore plus d'intelligence
que d’adreffe. Cependant il y a trois principes , dont la
connoiffance peut fervir pour comprendre plus facile-
ment en quoi conffte cet art.
Le premier eft de favoir connoïtre les branches
inutiles. Or, pour les connoître , il faut, 1°, pouvoir
diftinguer les branches à fruit & à bois , d'avec les
eut +À de faux bois. Les branches à fruit fonc pe-
tites , courtes, nourries : on y voit des boutons; ces
boutons font dhe tumeur qui renferme les fleurs , &
les fruits qui fuccédent aux fleurs : ils font plus
gros & plus ronds que celui qu’on appelle l'œil ;
celui-ci eft une tumeur pointue qui renferme un pa=
quet de feuilles avec le jet. Les branches à bois font
les groffes & fortes branches deftinées à former la
cêre de l'arbre : ce font celles auffi qui font venues
fur la taille de l'année précédente. Les branches de
faux bois font celles qui naïiflent fur une vieille
branche , ou même fur une bonne, & dans un en-
droit où il ne paroifloit point d'œil : on doit regarder
encore comme branches de faux bois , les branches
qui viennent ailleurs que fur celles qui ont été ra-
430 T AI
courcies à la derniere taille ; telles font celles qui for-
tent immédiatement de Ja tige : cellés qui viennent
contre l'ordre commun , ele à dire , lorfqu’elles font
grofles vers le bas de la mere branche , tandis qu'il y
en à de menues au-deffus ; telles font encore les bran-
ches qu’on appelle chifonnes , qui font de petites b:an-
ches déliées & en cenfufon, & enfin lés branches ap-
pellées gourmandes, qui ont de longs jets gros comme
le doigt & fort droits, Pécorce unie , les yeux plats,
& naïflent fur les sroffes branches.
2%, Il faut favoir encore mettre une différence en-
treles branches à fruit; car il y en a de bonnes & il
y en a de mauvailes ; les bonnes ont des yeux en-
flés, des boutons bien marqués & bien nourris & une
écorce vive : ces mêmes qualités doivent fe trouver
aufli dans la bonne branche 2 bois. Les mauvaifes, ou
qui ne font bonnes à rien , ont dés yeux plais, écar-
tés les uns des autres , ou bien elles font extrémement
groffes , longues & droites , avec des yeux maigres &
fort efcarpés : on appelle gourmandes ces dernieres ;
on doit couper les unes & les autres.
Le fecond principe eft , qu'il faut gouverner avec
prudence les bonnes branches : ainfi il faut bien fe
garder de couper le bois qui eft à côté & au-deffus
de la petite branche à fruit: car elle deviendroit elle-
même branche à bois & affameïoit les boutons à fruit,
au-lieu qu’en aiffant cetre petite branché lorfqu'elle eft
vigoureufe & de quelque longueur , la féve s'étend ,
fe partage dans une multitude de feuilles, & entre plus
facilement dans les tuyaux des boutons à fruits :
e : | . Lu
Le troifiéme eft de tailler avec œconomie, c’eft-3-.
dire, favoir tailler tantôt long, tantôt court , de ma-
niere qu'il y air de trous les côtés une quantité à peu-
près égale de branches à bois, afin quela féve fe dif-
tribue également. Tailler long , c'eft laiffer dix ou
douze pouces à une branche à bois , il faut cependant
avoir égard à la force de la branche : tailler court,
c'eft ne laïfler à la branche que deux ou trois yeux.
On taille long les arbres vigoureux qu'on veur mettre
à fruit : on taille courr les arbres foibles, fur-rout
dans les premieres années, & on ne leur laifle que très-
NN Re WU PUR 0 ho 0
T AI 481
peu de branches , afin que les premiers jets qu'ils pouf.
feront foient vigoureux. Quaod un arbre ne donne du
fruic que d'un côté, on doit tailler fort long le côté qui
ne donne que du bois.
On doit ufer de prévoyance dans la taille des ar.
bres, c'eft à-dire , juger du fort des branches ; COn-
noître celles qu'il faudra un jour retrancher, & en dif.
poler d'autres pour remplacer les vuides que les pre-
micres feront; & favoir conferver par préférence une
branche de faux bois , quand elle eft vigoureufe &
voifine du corps de l'arbre : cela fe pratique quelque-
fois 2 l'égard des péchers.
Quant au tems de la taille , on peur tailler les ar-
bres aufli-tôr après la chûte des feuilles , & on peur
continuer de les tailler pendant l'hiver : on doit néan-
moins excepter certains arbres comme les péchers, les
abricotiers | dont on peut différer la taille jufqu'au
tems de la fleur , de peur que l'hiver n’endomma-
ge les boutons en taillant ces arbres. Pendant cette
faifon : il faut excenter encore ceux qui pouflent une
grande quantité de bois , & dont il faur différer la
taille jufqu’à ce que la féve ait mis cout en mouve-
ment.
Seconde Tarzre. Elle fe fait à Ja feconde année
après que les arbres ont été plantés ; c’eft alors que
l'on commence à diftinguer les branches à bois d’a-
vec celles à fuit: on doit couper celles-ci plus cour-
tes que les autres ; on ravale celles qui ont pris trop
de nourriture, & qui ne viennent pas comme il fau,
En un mor , pendant les deux premiéres années , on
doit s'appliquer à faire prendre à l'arbre une bonne
ure.
Troifiéme Taizre. Elle e fair à la troifiéme année :
en celle-ci on difpofe l'arbre 2 donner du fruit. Pour
cer effec, on doit 1°. conferver les branches les mieux
nourries & les mieux placées.
2. En les taillanc, il faut en laiffer ce qu'on juge
ge l'arbre en doit porter : à l'égard des branches à
ruit , les pincer s'il yen a trop , & en retrancher tou-
res les chifonnes ; ce font de petites branches délices
qui ne donnent ni bois, ni fruir,
482 TAI
3°. Difpofer les branches que l’on compte devoir
être à bois ; de maniere qu’elles pouflent dans l’en-
droit le plus vuide de l'arbre , & pour cela on en
coupe une courte entre deux longues, afin qu'elles gar-
piflent le milieu; & parmi les deux ou trois nouvelles
qui naiflent de la branche coupée l'année précéden-
te, on conferve la plus groffe pour bois : c’eft celle d'en-
haut. |
4°. Placer les branches à fruit qui viennent ordinai-
rement au-deflous de la branche à bois, de maniere
qu'elles ne nuifenr pas les unes aux autres.
s°. Si celles qui ont repouffé font foibles à leur ex-
trémité, on les recoupe au même endroit qu'elles avoient
été coupées , fans leur laiffer de fortie ; car alors la féve
retrograde & fortifie les yeux qui font fur la branche ,
ce qui s'appelle tailler en moignon : fi au contraire el-
les font un peu fortes & qu'elles ne puiflent pas s'ar-
rêter à fruit, on leur laifle un œil, afin qu'une par-
tie de la féve fe jerte par cetre fortie, & fafle tourner
à fruit les branches au-deffous , ce qu'on appelle couper
en ergot. | |
62. Lorfque des branches à bois entrent au-dedans
de l'arbre , où elles pourroïent faire de la confufion ,
on doit couper à l'épaifleur d'un écu la branche que
l’on veut ôter, c'eft-a-dire, qu'on ne laiffe du bois que
Y'épaiffeur d'un écu, afin que la féve jette des deux cô-
tés : par là de deux branches fortes il en renaît deux foi-
bles qui fe mettent à fruit, & on garnit l'arbre des deux
côtés également La taille en pied de biche, c'eft-à di-
re , figurant une ovale ou au bout de la branche coupée ,
fait le même effer , car la féve ne trouvant plus de
branches à remplir , perce pour donner une ou deux
branches à fruit.
Quelquefois d'une branche qui devroir être à fruit,
on eft obligé d'en faire une branche à bois ; & c'eft,
lorfque celle qu'on attendoit pour bois. vient plus foi-
ble que celle d'au-deffous : alors on la laïffe longue & on
la compte pout branche à fruir. |
Voyez ce qui peut avoir encore rapport à cetre
matiere à l'article dela Plantation des Arbres. Voyez
encore quelle doit étre la taille des Péchers , Abri-
cotiers ,
cotiers, Pruniers , à l’article de chacun de ces ar-
bres.
T'a1LLe de la Vigne. Voyez Vicne.
Taïzce des fruits à pepin. Selon Jes obfervations
de Bradley, les fruits à pepin fouffrent beaucoup quand
on les taille : il vaut mieux , felon lui > ne pas fe
fervir fi fouvent de la ferperte, & arracher les bour-
geons qui produiroient des branches gourmandes , lorf-
qu'ils commencent à paroître, que d'attendre qu'elles
foient cruës entiérement pour les détacher de l'arbre.
Comme c’eft au mois de Mai qu'on peut connoître
quels font les bourgeons utiles, c'eft-à dire » qui for-
meront des branches à fiuit, ou qui ferviront à rem.
plir les vuides des efpaliers , c'eft alors qu'il faut dé.
charger les arbres de rous les bourgeons que l’on croit
inutiles : bien plus , à l'égard des poiriers & autres à
Pepin qui ne doivent porter qu'au bout de deux ans,
on doit laiffer tous les ans fur l'efpalier des branches
qui puiflent fe fuccéder les unes aux autres pour don-
ner du fruit; car les mêmes branches ne peuvent pro-
duire qu'une feule fois : ainfi il faut les ôver pour faire
place à d’autres, De forte que fur un efpalier bien gou-
verné , on doit voir le bois de trois états ; l’un chargé
de fruits, l'autre deftiné à fe nouer pour fleurir , ce que
le bourocon fait connoître 3 & le troifiéme, qui con-
fifte en de nouvelles branches qui deviendront utiles à
leur tour. |
Il arrive quelquefois que malgré le foin qu'on
a eu de tailler les arbres fruitiers, fur tout les pom-
miers & poiriers, & de déchauffer leurs racines pen=
dant l'hyver : on voit tomber en quantité les fruits
noués après que la fleur eft paflée. Pour aller au de-
vant de la perte de ces fruits, on doit percer l'arbre
dans la tige, & à demi-pied de terre, avec une tatiere
ou vilebrequin jufqu'à fon centre & point au delà ;
2°. chaffer un coin de bois de chêne de la même lon-
Sueur dont on a percé l'arbre dans cette ouverture ,
& le faire parvenir à coups de mailler jufqu’au cœur de
l'arbre : avec le tems il fe forme une efpece de croute
qui couvre la tête du coin » & onne le voit plus ; par
Tom, 11 g
434 L'AUT
ce moyen l'arbre retiendra fes fruits, mais bien plus les
années fuivantes que la premiere.
Taices (les ) font des impofirions qui fe levent tous
les ans pour le Roi & pour fourenir les charges de l’'Etar.
En France elles font réelles & perfonnelles , parce qu'el-
les s'impofent tant par rapport aux biens qu’un taillable
pofléde, que par rapport au gain qu'il fait par fon tra-
vail & fon induftrie. En Languedoc , Provence & Dau-
phiné elles font purement réelles & ne fe levent que fur
les hérirages roturiers , foit que celui qui les pofféde
foit noble ou non.
Les Tailles réelles & perfonnelles fe payent par les
Habitans roturiers des Villes non franches. Bourgs &
Vülages ; à proportion des biens du taillable. Les gens
exempts de la Taille font les Gentilshommes & les
annoblis , les Bourgtos de Paris, les Officiers des
Cours Souveraines , les Sécretaires du Roi, les Off-
ciers des Siéges Préfidiaux , & de routes les autres Ju-
rifdiétions Royales, ceux qui ont douze enfans. Les
Exempts des Tailles, à raifon de leur demeure dans
les Villes franches, ne doivent faire aucun trafic pour
jouir de leur privilége , fi ce n’eft du revenu de leurs
terres, & ils ne peuvent tenir des terres d'autrui à
ferme :*ce font les Elus qui, en conféquence des or-
dres qu'ils ont reçus couchant la fomme qu'ils doivent
lever, font le role des Tailles , par lequel ils cotifent
les Villes , Bourgs & Villages dans l'étendue de leur Elec-
tion, & envoient enfuite ces rOles à chaque Paroïffe,
laquelle élit tous les ans , pour la levée du nouveau rôle,
des Colleteurs des Tailles d’entre les Habitans de la mé-
me Paroiffle. Les Colleteurs font oblivés de faire les
rôles de leurs Paroifles , & de cortfer chacan des habi-
tans à proportion de fes facultés : ils doivent encore le-
ver les deniers, & les porter aux Receveurs des Tailles
de chaque Eleétion. MES,
Les Bourgeois des Villes qui demeurent à la Cam-
pagne y (ont fujets, à moins qu'ils ne réfidenc fept
mois de l'année à la Ville , mais on ne peut pas les
mettre à la Taille lorfqu'ils ne font valoir que leurs
jardins , clos & vignes, & qu'ils les font valoir par
se 285
des gens taillables. Les Bourgcois des Villes franches
* Peuvent faire valoir une de leurs fermes dans une feule
Paroifle de leur Election jufqu'à concurrence de ce
qu'une charrue peut exploiter 3 mais il faut qu'ils
prouvent qu'ils font Bourgeois de cette Ville franche
par les quicrances de Capitation , celles du loyer de
leur habitation, celle de la taxe des pauvres. 2e, Les
Eccléfiaftiques peuvent , fans payer la Taille, faire
valoir dans une feule Paroifle une ferme jufqu’au la-
bour de quatre charrues » Pourvû que ce foit un bien
d'Eglife, ou le leur Propre , mais en ligne direfe, Les
Curés peuvent également faire valoir les dixmes de la
Paroifle ,& les héritages affe@és à la Cure. 3°, Les Gen-
tilshommes peuvent faire valoir quatre charrues en un
feul domaine dans une (eule Paroifle : les Officiers chez
le Roi font le labour de deux charrues , pourvü qu'ils
foient employés dans l'Etat > & qu'ils faflent réellemenc
le fervice.
La Taille Seigneuriale eft une Taille dûe au Sei-
Soeur dans quelques Coutumes » & qui a lieu quand
il eff prifonnier dans une jufte guerre; 3°. quand il fait
fon fils aîné Chevalier, & quand il marie fa fille à un
Gentilhomme,
TAILLIS. Soins que doit avoir le Propriétaire d’un
EE. IL: doit avoir attention qu'à mefure qu'il
fera abattre les Taillis , il Y ait des Ouvriers > qui
en même - tems exploitent les bois » tant en fagots
qu'en bois d'équarriflage : on commence ordinaire-
ment à couper les Taillis avant les grôs bois , on les
coupe en Oétobre : tout l'ouvrage doit être fini en
Décembre afin d'avoir la li erté d’abattre les grands
arbres, & que les Ouvriers ayent le champ libre pour
les exploiter,
2°. La feconde année après Ja coupe , 1l doir éclaircir
& émonder les jets que chaque fouche aura poaflés.
3°. Cinq ou fix ans après la premiere coupe , il
doit examiner fi Jes fouches ne font pas trop fournies,
afin d'en retrancher les Branches fuperflues, & de tout
Ce qui feroit obftacle à Jeur accroifflement : mais il ne
doit employer pour cela que des perfonnes sûres » de
crainte qu’elles ne gâtent par ignorance ou par malice
Gg2
436 Tu L
les branches qui méritent d’être réfervées : ces branches
retranchées lui fourniront affez de bourrées pour payer
le double de la dépenfe.
42. Il ne doit pas laïffer venir les Taillis trop VIEUX ,
de crainte que les fouches ne foient plus en état de
repouffer, comme il arrive lorfqu'on a laiffé pafñfer
trente années fans les couper. Rien n'eft plus préjudi-
ciable aux bois, que de n'en couper les brauches que
quand elles ont une certaine groffeur ; tous les bourgeons
des fouches ne peuvent plus pouffer , fi-rôt que l'écorce
a acquis par l'âge une certaine épaifleur, & il faut que
la fouche péritle, En effer, ce n'eft pas roujours de la
groffeur de la tige que dépendent les jets qui doivent re-
pouffer fur la branche , mais bien plutôt de fon âge qui
rend l'écorce plus ou moins pénétrable aux bourgeons
qu'elle contient.
52. Lorfqu'il voit que les fouches s'élevent de plus
d'un pied & demi de terre, il doit les rabaifler en
les faifant couper au rez de terre, alors elles repouf-
fent moins de jets à la vérité , mais qui font plus
forts & plus nourris, ce qui rend le bois infiniment
plus beau. car enfin, quoiqu'on faffe , la terre n’a
qu'une certaine quantité de fucs, & ne peut pas en
donner d'avantage : fans cette atention les fouches
d'un taillis qui a été coupé plufieurs fois, pouflent
tant de rejettons, que ne pouvant les nourrir tout a
la fois, ils demeurent petits, & le bois ne parvient
jamais à une grofieur raifonnable.
TALES. On entend par ce terme des fleurs qu'on
multiplie. en éclatant leurs plantes en racines,
TALLE VANNES. Sortes de longs pots de grès où
l'on met du beurre quand on en fait fa provifon.
TALMOUSES. Faites bouillir dans une cafferole
la valeur d'un verre d’eau avec un demi quarteron de
beurre & un peu de fel: quand l'eau bout, délayez-
y bien deux cuillerées de farine : la pâre étant ferme,
tez-la du feu, & délayez-y quelques jaunes d'œufs,
& avec un morceau de fromage à la créme bien égouté :
faites des abbaifles de feuillerage; mertez-les fur des
moules à petits pâtés, de façon qu'elles débordent :
mettez fur chacune un petit morceau de la pâte à
CES RS ns
hf me ES me ee ee mm
TAM TAN 487
fromage , enveloppez-la avec ce qui déborde de l’abbaif-
fe : dorez-les avec un œuf battu , & mettez-les au four,
mais à feu modéré.
Talus de gazons. On appelle ainfi ce qui forme le re-
vétifflement des boulingtins , ainfi que le renfoncement ;
il doit avoir la pente un peu douce.
TAMARINS. Efpeces de pruneaux qui viennent
fur unarbre dans les Indes : les bons doivent être noirs,
moëlleux , en pâte aflez dure, d'un gout aigreler, Ils
font laxatifs & aftringens , Calment Je grand mouve-
ment des humeurs, purgent doucement la bile & les
humeurs recuites : leur décoétion eft un bon remede
dans les fiévres tierces. La dofc eft depuis demi-once
à uneonce , & en décoéjon depuis deux onces jufqu à
trois.
TAMARIS. Arbre qui croît dans les pays chauds ; on
fe fert principalement de fon écorce pour les remedes,
parce qu'elle remedie aux affcétions de la rate. Six onces
de certe écorce dans une décoétion de fix pintes d'eau ré-
duite à la moitié , eft fort falutaire contre l'hydropifie
& les affeétions catarreufes.
TAN. On appelle ainfi l'écorce des chênes réduite en
poudre menue dans un moulin , ou à force des pilons :
on s'en fert pour préparer les cuirs, [a qualité eft d’en
reflerrer les pores , le meilleur eft celui qui eft nouvelle-
ment fait.
.- TANCHE. Poiflon de la figure de la carpe, mais
fes écailles font plus petites & plus jaunes , elle à de
petites écailles très-gliffantes , deux nageoires auprès
des ouies, deux autres au ventre, une {ur le dos fort
courte & fans aiguillon, une autre auprés du trou des
excrémens : elle eft longue d'environ un demi pied ,
groffe comme le bras, X d’un naturel fort vif. Elle ha-
bite ordinairement dans les eaux bourbeufes & dorman-
tes: elleeft eftimée pour le goût & la fermeté de {a chair;
elle peuple beaucoup ; mais comme elle ruine le fond de
l'érang , on ne doit pas fe foucier d'y en jetter, cepen-
dant on y en trouve toujours aflez.
Maniere d'accommoder les ‘Tanches, 1°, En fi
ture : mettez vos Tanches dans l'eau bouillante a
mais hors du feu; laiffez lesy un moment, ceft ce
Gg3
458 Tir TAU
qu'on appelle les faire limoner :efluyez-les bien, vui-
dez les, fendez-les par le dos, poudrez-les d’un peu de
fel & de farine, & faires- les frire.
2°. En fricaflée au blanc, pour cela limonez-les,
vuidez- les, coupez la tête, fendez la par le milieu,
coupez vos tranches en fix ; lavez-les bien ; faites
fondre du beurre dans une cafferole fur un fourneau ,
mettez-y les Tranches avec champignons, fel, poivre,
bouquet , oignon piqué : pallez le tout; mettez-y un peu
de farine ; mouillez d'un peu d'eau chaude : jettez dans
la fricaflée une chopine de vin blanc qu'on a fait bouil-
lir; délayez trois ou quatre jaunes d œuf avec du verjus,
& liez la fricaffée avec ; ajoutez un peu de perlil haché
& de la mufcade.
TAPIS de gazon, terme de jardinage : c'eft aufi ce
qu'on appelle des peloufes. On met des tapis de gazon
au milieu des grandes allées & des avenues , dans les bof-
quets, dans les parterres, & même dans le cours des
maifons de campagne.
TARTELETTES. Voyez Crème & petits Patés,
TARTRE. Efpece de croûte qu'on trouve attachée
autour & en dedans des tonneaux de vin. Le vin blanc
produit un Tartre blanc , & le vin rouge un Tartre rou-
ge ; le blanceft plus pur que le rouge. Tous les Tartres
font apéritifs & peu laxatifs : ils levent les obftruétions,
& calmentla fiévre : on nefe fert intérieurement que du
Tartre blanc & du criftal de Tartre : la dofe eft depuis
demi-dragme jufqu’à trois dragmes.
TAUPES ( les ) font de petits animaux tout noirs,
gros à peu près comme un rat, & qui vivent fousterre,
Les Taupes font un grand dommageaux prés & aux jar-
dios , car elles traverfent la terre par-tout ou elles paf-
fent, on doit leur faire la guerre : il y a des gens en
Normandie qui gagnent leur vie à les détruire. On peut
les prendre en vie avec es raupieres qui font comme des
boëtes faites de plufieurs planches de fureau , qui ont
une petite planche qui fe ferme a peu près comme une
fouriciere ; ou bien on donne dans le trou qu'elles ont
fait, quelque bon coup de bêche, ainfi que dans les
endroits ou on les voit remuer la reire.
| T EI 489
TAUREAU. Voyez d'abord l'article du bœuf, parce
qu'il y a quantité de chofes qui conviennent au Taureau
comme au bœuf
Un Taureau pour être bon, doit avoir l'œil noir ,
éveillé, le regard vif & de travers, les cornes noires ,
& plus courtes que celles du bœuf, le con charnu &
fort gros , le mufñle grand , le nez court & droit , les
épaules & la poitrine larges, le dos droit, les jambes
groffes, la queue longue & velue , le poil rouge l'allure
ferme.
L'âge où il peut faillir les vaches , eft depuit trois ans
jufqu'a neuf : on lui fait manger un picotin d'avoine,
de l'orge & de la vefce pour fui donner de l’ardeur : il
peut fæillir jufqu’à quinze vaches , mais il ne faut pas lui
en livrer d'avantage. On doit employer dans les mala-
dies qui lui furviennent, les mêmes remedes qu'on a en-
feignés à l'article du Bœuf. |
TEIGNE efpece de gale, ( remede contre la) 12.11
faut faigner & purger le malade : ou faites fondre
du beurre frais à petit feu, puis incorporez du foufre
sblanc en poudre fur des cendres chaudes » €n remuant
bien jufqu'à confiftance d'onguent, dont vous oin-
drez a tête du malade après avoir coupé les che-
veux bien près: couvrez la d'un linge qui en foit en-
duit, & qui fervira jufqu'à guérifon , & frottez en la
tête deux fois Le jour , en coupant de tems en tems les
cheveux.
Où faites bouillir de la chair bien falée , frottez [a
Teigne avec l’écume, & elle guérira dans huit ou dix
jours.
Lui faire prendre de la ptifane de racine de patience
fauvage trois verres par jour ; 2°, le purger encore; 3°.
ufer du remede fuivanr.
Prenez des baies de geniévre bien mûres une fufifan-
te quantité: pilez-les, & faites-les bouillir avec du fain-
doux; paflez enfuite par un linge avec expreflion, &
gardez ce liniment pour l’ufage.
On doit commencer par laver la tête avecune forte
décotion de feuilles & de racines de mauve , faite dans
l'arine d'une perfonne faine , Enfuite on fera l’onétion
avec le liniment ei-deflus.
8 4
490 ét 2:
À l'égard des enfans teigneüx , il ÿ a des gens qui con-
feillent un remede bien fimple , c’eft de faire un bonnet
de feuilles de lierre coufues enfemble, & le faire por-
ter à ces enfans ; après quelque rems on leuren met un
autre. |
TEIGNE. Petit ver qui ronge les étoffes, meubles &
habits. Le remede pour l'empécher eft de bien barre les
tapifleries & rideaux de laine avant que les papillons jer-
tent leurs œufs, c'eft vers le milieu de l'été , & de ne les
remettre en place qu'après avoir fait crever les Teignes
& les papillons avec la fumée de rabac que l'on fait brü-
ler dans un réchaut.
Autre remede. Prenez une partie d'huile de téré-
benthine , & deux parties d efpritde vin, pour donner
de l'aétivité à la liqueur : mélez bien le rout enfem-
ble ; enfuite humeétez une broffe ou vergette de cette
compolition ; paffez la légérement fur les meubles , ta-
pifleries, fauteuils, hauffes , bois de lit, & les jointu-
res : l'odeur forte de la térébenthine fait mourir les
Teignes & crever leurs œufs, & aucun infeéte, même
punaifes & puces n'ofenc en approcher. Certe opération
doit fe faire au mois d'Avril, mais il faut fermer exac-#
tement les portes & fenêtres, & boucher la cheminée :
le lendemain matin on ouvre tout pour donner de l'air ;
au mois d'Août on doit faire la même opération. Pour
garantir les habits ferrés dans les armoires, on imbibe
de cette liqueur quelques feuilles de papier que l'on place
entre quelques-uns des plis.
TEIN. Pour néroyer & blanchir le tein du vifage.
Prenez de l'eau où l'on ait fait bouillir de la farine de
froment ; ou bien faites une infufion de mie de pain
blanc trempée dans de l'eau-de-vie ou du vin blanc,
& lavez-vous en le vifage, Voyez Pommade pour le
TFein,
TEINTURE. C'eft l'extraétion ou féparation que
l'on fait de la couleur d'un ou de plufieurs mixtes, &
l'impreflion qu'elle fait dans quelque liqueur qui emporte
une portion de leur plus pure fubftance : on en fait de di-
verfes fortes. |
TEINTURE de rofes. Prenez une once de rofes rou-
ges féches ; mettez-les infufer dans crois livres d'eau
Ge D TEM 491
de fontaine tiéde ; ajoutez-y deux dragmes d'efprit de
vitriol & de foufre : exprimez & filtrez le tout; elle ar-
rête les diarrhées & le crachement de fang , on peut la
prendre en maniere de ptifane.
TEINTURE thériacale. Prer ez quatre ou cinq onces de
thériaque : mettez les wremper pendant quelques jours
dans douze ou quinze onces d'efprit de vin, puis filtrez
la liqueur. La dofe eit d’an ferupuls jufqu'a deux drag
mes.
TEINTURE de quinquina. Pulvérifez groffierement
quatre onces de quinquina : mettez les dans un ma-
tras : verfez-y de l'efpritsde vin jufqu'à ce qu'il fur-
pafle la matiere de quatre doigts ; adaptez deflus un
autre macras : lurtez les jointures ; laillez le vaiffeau
pendant quatre jours ; & remuez de tems en tems, puis
filtrez cette teinture rouge par un papier gris, & gar-
dez-la en bouteille. Cerre teinture eft très propre pour
guérir les flévres intermittentes ; fi on en prend envi-
ron dix gouttes ou tout au plus une dragme dans du vin,
crois fois le jour pendant quinze jours.
I y auffi la Teinture d'antimoine & la Teinture de
tartre.
On appelle auf Teinturela couleur qu'on donne aux
éroffes & à d'autres maticres.
TÉMOINS. On appelle ainf ceux que l'on fait ap-
p£ller en Juftice pour dépofer ce qu'ils favent d'un fait
contefté entre les Parties. Toutes perfonnes de l’un & de
l'autre fexe peuvent être Témoins , il faut excepter les
enfans , les infenfés , les perfonnes infâmes ou perdues
de réputation.
* Celles qui font intéreflées aux faits qu'on veut prou-
Ver ; ceux qui. font parens ou alliés , ou amis , ou
ennemis , ou Domeftiques des perfonnes intéreflées ;
à moins, à l'égard de ces derniers, quil ne s'agifle de
faits paflés dans l'intérieur de la maifon. Dans tous
les cas ou la preuve par Témoins eft reçue, il en faut
deux pour le moins : les Témoins doivent être ouis
par leur bouche , après avoir prêté ferment de dire
vérité. Le Témoin afigné pour dépofer doit compa-
roître , faute de quoi il peut l'être de nouveau , à
peine de dix livres d'amende , & ce par Ordonnance
492 TEM
du Juge ; & s’il refufe ,ily eft obligé de la payer même
par corps. Les Eccléfiaftiques y font contraints par fai-
fic de leur temporel. En matiere civile on ne peut faire
entendre {ur chaque fait que dix Témoins. Le Juge ne-
peut entendre les Témoins qu'en préfence du Greffer :
U
les Témoins ne peuvent dépofer que fur les faits pour
lefquels ils font appelés.
TEMS. Préfages du Tems relativement à l'agri-
culture. 12, de la pluie : c'eft un figne de pluie dans
la'journée lorfque le foleil fe léve dans des nuages
qui le cachent entierement » Où qu'il eft rouge , ou
chargé de plufieurs couleurs , ou plus chaud qu'à l'or-
disaire: c'eft figne de pluie pour le jendemain , lor(-
qu'il paroït dans fon cours pâle ou obfcur, ou qu'en
€ couchant, il pouffe de longs rayons, ou qu'il Le
cache dans des nuages blanchätres ; 29, lorfque la lune
eft cernée dans fon plein; 2°. lorfqu'il faic plus chard
qu'il ne doit, ou que des nuées blanches vont à l'O-
rient ; 4%, quand on fe trouve las & afloupi , ou que
l'ont fent des douleurs de rhumatifine ou des cors au
pied , files corbeaux ou les grenouilles croaffenr , fi
les oifeaux de riviere battent des aîles plus qu'a l'ordi-
naire , fi les coqs chantent plus que de coûtume le
foir , ou à des heures extraordinaires, &c. caril feroit
top long de rapporter tous les autres fignes qui font
connus de la plüpart du monde.
Préfage du beau Tems. Lorfque le foleil fe couche
clair & nec, & qu'il e leve de même fans rayons rom-
pus, & dans un petit brouillard qui s'évanouit ; 2°,
quand la luve fe renouvelle en tems ferein , qu'elle
eft brillante le quatriéme jour , & dans fon plein.
Autres fignes. Les étoiles brillantes, le tems rouge
le Loir , & blanc le maun ; le ciel bordé fur l'horifon
cercle blan & doré ; les chauve-fouris qui volent autour
des maifons.
Préfagés de vent. le foleil qui fe couche dans des
cercles rougeâtres : les étoiles plus brillantes qu’à 1 or-
dinaire , les nuées qui montent en haut , & s'affem-
blent , le bruiffement des forêts.
Préfages du tonnerre. Le foleil plus chaud que de
coutume, ou en fe levant , on en fe couchant, une
PE N 493
pute épaile , l'arc-en-ciel au couchant & le foir.
Préfage de la neige : un froid fec fans gelée , un
vent de bifé. Voyez Hiver & fertilité.
Préfages d'un hiver long & rude. Quand il y a eu
abondance de gland , que les cochons fouillent la terre
én pâturant, que les grues s'aflemblent & s'en retour-
nent , la neige fie, les étoiles brillantes , la fiamme
vive , le charbon ardent , les extrémités du corps froi-
des tout-a-coûr.
Préfages de année hâtive. Une pluie médiocre au
commiencément & à la fin d'Oétobre, & c’eft un pré-
fage d'une année rardive , lorique [a pluie ne commen-
ce qu'en Novembre. È
Préfages de fertilité. Lorfqu'on a le tems fort beau
pendarst l'automne ; le printems médiocrement chaud ,
de la neigetans fa faifon , point crop de fruits.
Préfages de férilités. Les gelées & rofées hors de
faifon ; ie pritems & l'été trop humides , une abondance
extraordinaire de féves & de fruits.
TENDON piqué lors de la faignée. On s'en apper-
çoit pat la fyncope où tombe le malade : on doit ap-
pliquer aufli-tôt un papier enduit de térébechine de Ve-
nife & ün linge par-deffas.
TENESME (le) eft une envie fréquente & fou-
vent inutile d'aller à la felle : elle eft accompagnée
de friflonnemens & de pefanteur au fondement ; on ne
tend qüé diffcilémenc les marieres , & en petite quan-
tité : elles font quelquefois glaireufes & marbrées de
fang ; les arines font la même impreffion fur la veflie ,
parce qu'elles font âcres & brulantes. Cette maladie eft
caufée par dés matieres fort âcres qui irritent le fonde-
ment , & le rendent douloureux.
Le meilleur remede à cerre maladie eft de fe faire
faigner , de fe parger avec de la marne dans du petit
lait , où âvec le catholicon doubl: ; on doit encore
prendre plufieurs lavemens Fais avec le bouillon de
tripes , ou üne décoétion de plantain , de lin , & de
miel.
Nouvelles obfervations fur le Tenefme. Dans le
Tenefme , le fang fe refferre & féjourne dans lereéum ,
& les glaires qui s'accumulent dans le bas ventre, y
49: TER
caulent de la douleur lorfqu'on eft à la felle. Le.Te-
nefme procéde des mêmes caufes que la dyffenterie : il
cft [on compagnon fidéle , & il eft lui-même une ef-
péce de dyflenterie. Ileft toujours précédé par le cours
de ventre ou la diarrhée ; d'où il fuit, qu’on doit em-
ployer les mêmes remedes pour le Tenefme que pour
la dyflenterie , avec cette différence qu'il exige des
clyfkeres plus fréquens. On peut auffi mettre en ufage
les bains que les plus habiles Médecins regardent
comme Je meilleur remede de la dyflenterie , & le
mieux approprié aux caufes qui la produifent. Au tefte
cette maladie n'eft ni longue, ni mortelle, & la quan-
tité ordinaire des alimens ne lui eft pas contraire ,
comme elle l'eft dans la dyflenterie : elle fert même
2 arrêter le flux de fans , & diminue l'âcreté des hu-
meufs, … 4
TÉRÉBENTHINE. Liqueur qui découle des pins
auxquels on fait des incifions. La plus eftimée eft celle
qu'on appelle de Venife : la bonne Térébenchine doit
étre blanche , tranfparente , d'une confiftence fembla-
ble à celle du fyrop, d'un goût un peu amer, & d'une
odeur forte. On l’emploie extérieurement pour les con-
tufions & les plaies : elle entre dans la compofition de
plufieurs onguens$ elle amollit , réfout & nettoie. Elle
eft bonne pour la toux, la phchifie , les maux de poi-
tine , la colique néphrétique.
TERRASSES (les) font des efpaces remplis de terre
& élevés au-deflus du terrein ordinaire ; on les fou-
uent par de petits murs hauts de quatre pieds : on place
ordinairement contre ces murs des efpaliers à caufe de
l'expofition avantageufe qu’on peut donner à ces Ter-
rafles, & le tout fair un très bel effer,
TERRE La Terre confidérée relativement à Îa
conftruction des bâtimens , fert à faire de la tuile, de
Ja brique, du carreau , du ciment ; elle ne vaut rien
pour faire du mortier : cependant à la campagne les
Payfans fe fervenc fouvent de terre glaife ou forte pour
faire du mortier, & pour les murs ce clôture. Voyez
TuiLe, BRIQUE.
TERRE ( une } eft un Domaine ou étendue de
pays dont on eft Seigneur, On donne auffi cé nom à
TER 495
tout bien de campagne un peu confidérable , foit qu'il
foi potiédé par un Noble ou par un Roturier. Voyez
Domaine & Maifon de campagne.
Un Seigneur ou un Bourgeois qui pafle dans fa
Terre la meilleure & la plus belle partie de l’année , la
peur faire valoir par lui-même : mais comme un la-
bourage de plufieuis charrues l'occuperoit peur - être
trop , 1l doit du moins faire valoir la ferme du princi-
pal manoir , pour qu’il y trouve en abondance du foin,
de la paille, du bois, les potagers en état, & autres
befoins & agrémens.
Dans ce cas, pour voir fruétifier fes foins , il doit
s'appliquer 12. à avoir les meilleurs chevaux ; toures
fes voitures doivent être compofées de chevaux en-
tiers feulement , ou uniquement de jumens, c’eft le
moyen d'empêcher que quelqu'un de fes Valets ne foit
bleffé.
2°, Ï1 doit choifir pour {a baffe-cour les Valets de
charrue les plus laborieux & les plus intelligens , &
donner des gages honnêtes ; deux fuffifent dès qu'ils
font bons. -
3°. Ne jamais ménager les fumiers & autresengrais;
& s'il n'eft pas éloigné de quelque Ville , tâcher d'en
amener les boues & des fumiers : au bout de quelques
années 1l s’appercevra de l'utilité de cet engrais , il fe
verra une plus grande quantité de grains, & de meil-
leure qualité.
4°. Avoir [oin de bien faire labourer & fumer fes ter-
res , fon exemple rendra fes Fermiers plus laborieux
& plus induftrieux,
5°. Augmenter la quantité des fumiers par les chau-
mes qu'on répand dans les cours, par des bruyeres que
Jon fait couper par les pauvres du Village : faire curer
les mares d'eau lorfqu’elles font pleines de boue, &
méler ces boues avec les chaumes, les bruyeres, &c.
& laifler pourrir cette rerre pendant deux ou trois hi-
vers , cela faitun engrais : à l'égard des autres engrais
qui fe font par la marne ou par la chaux, il faut fuivre
l'ufage des lieux.
6°. Acheter dans les années abondantes les grais
néceffaires pour la maifon & pour l'écurie , mais lor(.
9€ TER
qu'il a des denrées à vendre , il faut toujours avoir
les greniers ouverts, c'eft-à-dire , ne jamais refufer de
vendre au prix courant. On accoutume Îles Marchands
a venir, & lorfque ie prix des grains monte , rien ne
refte : en vendant en tour tems, on profite des différen-
tes révolution , & en a plus de profit qu'en gardant
toujours: car les grains , comme les autres denrées, fe
gârent à la longue.
Nouvelle maniere de faire valoir une terre , ou un
bien de campagne.
On ne connoît ordinairement que trois manieres de
faire valoir une terre : 1%, en donnant le bien à bail à
ferme ; 2°. en le donnant à moixié fruits : 3°, en le fai-
fant valoir par foi-même.
Un Culrivateu: très-intelligent , après avoir examiné
cette matiere avec beaucoup d'attention, a prouvé par
de folides raifons qu'il y avoit des inconvéniens nota-
bles dans ces trois manicres : c’eft ce qu'il démontre
dans divers Mémoires qu'il a fair inférer dans le Jour-
nal Œconomique.
1°, Et quant à l'ufage où foic une infinité de ges
de donner à bail leurs Terres à des Fermiers , il
prétend que cette maniere ne peur que détériorer les
biens de plus en plus. Il foutient, & avec fondement,
qu'un Fermier , quelque laborieux qu'il puifle être,
ne fait jamais à un bien afermé les réparations ni les
améliorations néceflaires , comme il les feroic, fi la
terre [ui appartenoit en propre ; car ce Fermier n'i-
gnore pas que s'il fair produire à fa ferme plus que de
coutume , ilexcitera la jaloufe de fes voifins; que le
Propriétaire cherchera à en tirer avantage : que des
envieux lui viendront faire des offres plus confidéra-
bles ; que les Collcéteurs des Tailles augmenteront {a
part des impoftions , dès qu'ils verront qu'il fait bien
fes affaires. Ce Fermier rifque donc d'avoir travaillé
pour un autre, de ne pas même retiter les avances : en
effet, tout le monde fair que les amélioraions d'une
terre , très-couteufes fur rour dans les commencemens,
ne rapportent pas tout de fuite un revenu proportionné
à la premiere dépenfe , & qu'il s écoule crois ou quatre
ans avant qu'il puifie recirer le fruit de fon travail.
FER 497
De plus , un Fermier bien loin de faire de nouvelles
améliorations, néglige fouvent les néceflaires. Si, par
exemple , les prairies d’une ferme viennent à fe dété-
riorer , les Fermiers n'ont point coutume de changer
de prés, & d'en faire de neufs a la place des anciens;
ainfi ces prés n'étant plus f abondans en herbe,
ne peuvent plus nourrir autant de beftiaux qu'aupara-
vant.
A l'égard du fecond moyen de faire valoir un bien
qui eft de le donner à moitié fruits , il en réfulte en-
core un grand inconvénient. Comme la dépenfe des
améliorations fe partage alors de même que les pro-
duits entre le Propriétaire & le Fermier , celui ci évite
soujours d'en faire , parce qu'il n’eft pas toujours afluré
de jouir du fruit de fa dépenfe & de fon travail , &
qu'il dépendra du caprice du Maïtre de l'en priver :
ce Fermier fe contentera donc de fuivre la méthode
ufitée, & n’en reprendra rien de nouveau pour amélio-
rer le bien.
Eofin , la méthode de faire valoir fon bien par foi-
même, c'eft à-dire, dele faire travailler fous fes yeux
par des domeftiques , trouve des difhcultés Mfurmon-
tables dans une infirité de perfonnes ; car dansce cac,
il faut que le Maïtre foit le premier levé , & le der-
nier couché, qu'il ait plus de peine que le dernier de
fes Valets ; qu'il foit à la tête de tous les travaux
champètres, pour les diriger comme ille défire, & ani-
mer fon monde par fa préfence. Or on voit que certe
méthode ne peut convenir qu'a un Campagnard d’une
fortune médiocre , & que la néceflité force à de fi durs
travaux. Ce n’eft pas tout : malgré fa bonne volonté &
fes fatiques , dès qu'il n’eft pas à fon aife , il ne pourra
pas faire les dépenfes néceffaires pour améliorer fon
bien , & le mettre fur le pied dont il a befoin. Par
exemple , s'il n'a pas le moyen de faire clorre fes
prés , fur-tout lorfqu'ils font confondus avec des
prairies communes , & livrées à tous les beftiaux du
canton : s'il fauc des arrofemens , ils occafonneront
des dépenfes : fi les terres font d'une qualité médiocre,
il fauc des engrais, des beftiaux , &c. Bien plus, fi un
homune n'eft pas d'une condition à vivre du matin au
493 FER
foir avec les Domeftiques qu'il emploie à lexpioita-
tion , & à être préfent à leurs travaux , ils ne feront
pas la moitié de l'ouvrage , ou ils le feront mal , &
voleront le Maître auvanc qu'ils le pourront ; & c'elt
ce qui rebute toutes les perfonnes qui font travailler
leurs Terres par eux-mêmes , c'eft-a-dire , par des do-
meftiques à gages.
L'Auteur, après avoir fair fentir dans un bien plus
grand détail les inconvéniens de ces trois fortes de ma-
nieres de faire valoir uu bien , expofe quelle pourroit
être cette meilleure maniere : 1l fait part fur cela des
vües qu'il a dans l’efprit, & des moyens capables de
mettre à exécution {a méthode.
En voici le plan dans route la précifion pofhble.
L’Auteur décide nettement que le païti le plus avan-
tageux eft de faire valoir fon bien par foi-même avec
le fecours des Domeftiques , mais.que c'eft , en s’y
prenant d’une maniere toute différente de celle qui et
en ufage. Enfuite partant du principe, que l'intérêt eft
le grand mobile pour animer! & encourager les hom-
mes , il développe fa méthode, donc il fait l'applica-
tion furgn bien de 8o ou 92 arpens , dont il doune le
plan topographique : il fuppofe ce bien tour d'une
piéce; il veut qu'il foit envirouné de murs , & il donne
Ja maniere de les conftruire. Comme les beftiaux &
les prairies font le principe de toute lamélioration
d’un bien de campagne , puifque c'eft par le moyen
des beftiaux qu'on travaille les terres ; que c'eft par
leurs fumiers qu’on les feruilile | & que c’eft par le
moyen des prairies qu'on nourrit les beftiaux , il exi-
ge qu'il y ait un puits confiruir dans le milieu de la
ferme , & qu'il ait communication avec un érane
formé de quelque petite riviere voifine , dont on
amene les eaux par des tuyaux de terre cuite qui paf-
fent fous les terres : il veut qu'auprès du puits il-y
ait un moulin à vent qui fatle mouwvoir des pompes
pour élever les eaux du puits, &-les porter dans les
foflés qui environnent le batiment & le jardin ; que
ce même moulin éleve encore les eaux dans un autre
réfervoir élevé fur une rerraffe , lequel doit contenir
2000 toiles cubes d'eau , pour fournir des eaux à
toutcs
TER 495
toutes les terres qui font plus élevées que les canaux ,
& qui fufiront même pour pouvoir arrofer 72 arpens.'
Ce même moulin eft encore deftiné À faire mou-
voir des machines pour hacher la paille | & Ia rendre
propre à être mangée par les beftiaux ; & enfin il fait
tourner une meule pour rendre le grain néceffaire à
la confommation de la maïfon. L’Auteur regarde ce
moulin comme la piéce fondamentale pour la répie
d’un bien de campagne , pour procurer les arrofemens
& faciliter quantité d'opérations incifpenfables : if
veut qu'il y ait pour la diftribution des eaux dans toutes
les piéces de terre, des rigoles de dérivation avec des
tuyaux ; les rigoles doivent être conftruites avec du
mortier de terre & de chaux , pour que l’eau ne fe per-
de pas tant.
Enfin , après avoir évalué les divers objets de dépen-
fe qui entrent néceflairement dans fon plan , il fait mon-
ter lesMdébourfés pour une telle entreprife , à quatre-
vingt-un mille fix cens livres.
Selon lui le Propriétaire d’un pareil bien , ne doit
point conduire lui-même fes ouvriers dans atcune ef.
pece de travail, ni fe charger de leur fournir aucuns
inftrumens d'agriculture,
L'objet eflentiel qu'il doit fe propofer eft de trou-
ver un homme de campagne bien entendu à la cul-
ture de la Terre, a@tif, faborieux » de bonne réputa-
tion , fachant lire & écrire. Dès qu'il l'aura trouvé,
il doit faire de cet homme fon maître Valet ; lui don-
ner un logement convenable pour lui & fa famille ;
lui donner doubles gages : en outre li donner en
Propre cinq vaches , dont ce maître Valet lui don-
nera tous les ans un certain revenu ; la moitié de la
volaille qui s’élévera dans le cours de la ferme, mais
il en exigera une certaine quantité par année ; Jes
deux tiers du profit des Pourceanx qu'il fera nourrir ;
& il fera tenu de fournir au Maitre Jes graifles , huiles,
beurre pour l'entretien de fa table ; un fixiéme du pro-
fit net fur le troupeau, & fur les bêtes de labourage
qui feront à fa charge. A l'égard des moutons &
gros beftiaux , les pertes » ainfi que les profits, feron+
Tome 11,
$00 TER
communs, afin quil ne tire pas de la nourriture de
uns pour donner aux autres.
De plus , ce Propriétaire fera avec lui un forfait
pour que ce maïtre Valet fe charge de fa propre nour-
riture & de celle des Domeftiques dont il aura befoin
dans fes travaux : cette nourriture fera fixée à un
certain nombre de facs de différens grains, de ton-
neaux de vin , ou de boiflon commune , de charretées
de bois à brüler, & les herbes & légumes à difcré-
tion.
À l'égard des gages des Domeftiques , le Proprié-
taire les fixera également , mais le maitre Valet les
choifira & leur donnera les gages qu’il voudra, afin
qu'il y puifle trouver un petit bénéfice ; il les nour-
rira à fa table, leur diftribuera leur travail, veillera
à leur conduite , & il lui fera libre de les congédier
s'il en eft mécontent. Il aura fous lui deux Vaiets de
charrue, deux Vaïets de cour , un Berger qui aura foin
des troupeaux & des cochons. |
Du refte, il fera abfolument foumis en tout au
Maitre du bien ; il ne fera rien fans fa permifhon , lu
rendra compte tous les jours des ouvrages qui ont
été faits, & le Maître aura la liberté de le renvoyer.
On comprend par cet arrangement , que le Maitre
du bien pourra le faire valoir lui-même fans en
avoir l'embarras . & qu'il aura la liberté de vaquer à
fes affaires ou à fon amufement ; & d’un autre côté.
qu'en rendant la fituation de fon maitre, Valet aufh
aifée , celui-ci fera d’autant plus porté à s’attacher à
fon Maître, que fon poîte fera plus avantageux: mais
on voit en même-tems par la nature de ce plan ; quoi-
que l'Auteur ne le dife pas, que le Maitre du bien
doit faire fa principale habitation dans fon domaine.
Le même Auteur veut en outre que le Propriétaire
d’un tel bien fafle à l'entrée extérieure de la ferme
trois bâtimens, & qu'il y loge trois pauvres familles
un peu nombreufes , deftinées à la culture de fes
terres , mais qui travaillent pour leur compte , & ne
feront point à fes gages. Chacune de ces familles aura
à elle en propre cinq vaches, quatre porcs , quelques
.
TER soi
oies & quelques canards, mais point de poules. Le
Maitre du bien fournira à ces trois familles l'argent
néceflaire pour ie premier achat des vaches; mais cha=
que famille , de même que le maître Valet , lui don-
neront chaque année cinquante livres de profit net par
chaque vache. Elles feront chargées de tous les évé-
nemens qui pourroient furvenir à ces beftiaux , mais
tout le profit qui en proviendra leur demeurera en pro-
re. Le Maitre leur donnera les fourages néceilaires
a tous ces beftiaux , c’eft-à-dire, qu'outre les regains
il leur donnera trente quintaux de es ou luzerne pour
chaque vache , avec autant de paille bachée au mou-
lin, fans celle qu’il leur faudra pour la litiere, Chaque
famille fera tenue de conferver les famiers en tas dans
la cour du bâtiment qu’elle occupe , & d'aider à les
charger pour être portés dans les terres que chacune
aura pour fon lot à cultiver. On portera dans ces lots
ou portions les fumiers des bergeries, des bœufs , va-
ches , cochons, qui feront dans l'enceinte intérieure
à la garde du maitre Vale: , qui s'en retiendra ce qu'il
faut pour les jardins & les prairies.
Sur les quatre-vingt ou quatre-vingt-dix arpens de
terre , il veut qu'on en mette foixante en terres labou-
rables , deftinées à produire des grains & des légumes,
& qu'on en feme trente chaque année en bled froment,
hacune de ces trois familles aura à cultiver vingt
arpens de terre labourable , divifés en quatre lots ou
portions de cinq arpens chacun : de ces vingt arpens
que chacune aura , elles en mettront toutes les années
dix en bled froment , & dix en haricots » fèves ou
bled de Turquie , fuivant que le Maitre le jugera plus
avantageux : après la récolte du froment, on ne met-
tra en navets que cinq arpens , & les cinq autres feront
déffinés à la pâture des moutons. Le maitre Valet
fera tenu de faire labourer à la charrue ces vinot ar-
pens , d’arrofer & de labourer légérement les cinq dont
on vient de parler, & il les herfera enfuite, afin d'y
faire poufler les grains de bled qui y feront répan-
dus & les herbes.
Les trois familles de leur côté feront tenues de {e-
mer de grain chacune leurs vingt arpens , de les hesfer :
Hh 2
2.5 T'EFR . 1e
à les farcler. Lorfque les bleds feront mûrs , elles
en feront la moiflon , en conperont le: épis au haut
de la tige , les chargeront dans de grands facs fur
des charrettes , qui les ameneront à la grange , & fau-
cheront les pailles qui feront reftées ; mais ce fera le
maitre Valet qui fera tenu de faire faire ces charrois;
3°. elles nettoyeront le grain au moulin ; faucheront &
faneront les foins , tant la luzerne que regains. Tels
font à peu près les travaux que ces familles feront te-
nues de faire , moyennant quoi le Maitre du bien leur
abandonnera la cinquiéme partie des grains de la ré-
colte.
Après la récolte des bleds , il veut qu’on feme fur la
quantité de quinze arpens de chaume , du petit trefle ;
qu'enfuite on arrofe la terre tous les quinze jours,
qu'on la laboure légérement , & qu’on la herfe , qu’on
y fafle pañler les moutons deflus pour en brifer les
mottes, dès que les herbes auront pouflé , cette pä-
ture fera excellente pour les animaux.
À l'égard des quinze autres arpens de chaume:, il
veut qu'on y feme des navets fur la fin d’Août, après
qu’on aura labouré la terre ; & ce, pour fervir de
nourriture pendant l’hiver aux bœufs, aux vaches , aux
moutons, &c. Il prétend que ces navets deviendront
prodigieux ; 8 comme dans la diftribution qu’il a faite
des terres, il a placé dix petits clos ou champs d’un .
arpent environ chacun, tout contre les bâtimens ou
le manoir : il en deftiné deux, l'un, pour femer du
bled de Turquie pour les bœufs , & l’autre, pour y
femer des citrouilles , qui ferviront à nd les
cochors pendant l'hiver : à l'égard des huit autres,
il en deftine quatre à faire des prairies à regain, &
les quatre autres pour faire des luzernes ; mais il y
en aura de ces quatre qu'on mettra en cheneviere,
& à fon tour en luzerne quand on voudra le renou-
veller.
Par-là, l’Auteur de cette méthode pourvoit abon-
damment à la nourriture de tous les beftiaux , foit en
été foit en hiver.
Il y a encore dans le plan de l'Auteur plufieurs au-
tres particularités & détails intéreflans que nous omet-
|
|
T ER so3
trons pour ne pas rendre cet article trop long : nous
en avons dit aflez pour faire fentir combien ce plan
mérite d'être examiné de près parles Cultivateurs, Ve-
nons aux produits qu'on doit en efpérer. L’Auteur
prétend , que fi un bien eft adminiftré de cette manié-
re , que laterre y ait été bien préparée par les labours,
bien amandée par les fumiers, & bien entretenue par
ls arrofemens , on pourra , 1°. quant au bled, comp-
ter fur 300 feptiers chaque année pour les trente ar-
pens ; ainfi ces familles auront 60 feptiers de bled à
elles trois, ce qui fera 20 feptiers pour la portion de
chacune ; ainf il en reftera 240 feptiers pour le Mai-
tre, à moins d'accidens bien extraordinaires , ce qui
lu fait d'abord un produit de 3600 liv. nettes, &
exempres de tous frais de récolte , à mettre le bled à
15 bv. le feptier. .
2°. Il fait monter le produit des haricots , féve-
rolles , bled de Turquie qui viennent dans les trente
autres arpens de terres laäbourables , qu'il regarde
comme en jacheres , à 27000 livres ; fur laquelle
fomme,déduifant le cinquiéme pour la portion des
familles , il en reftera pour le Maitre une fomme de
21600. liv. eu au moins 1800. liv. au cas qu’on ju-
peit à propos de faire moitié féves, moitié bled de
urquie ; car cela opéreroit la diminution d’un tiers
fur la moitié du produit, Voyez HARICOTS.
Ï1 fait monter le profit des beftiaux à 2000 liv.
il prend fur cette fomme le produit des vaches que le
Maitre a fournies à chacune de ces familles.
Enfin on voit que par fon caicul, le revenu net
d'un tel bien monte à 27200 liv. il affure qu’on peut
toujours compter {ur 24 à 25000 liv. année courante :
& cela, quoique les débourfés néceflaires pour mettre
la terre en cet état ne fuflent montés qu'à 81600
hv. comme il le fait voir, très-poffible par le détail
où ilentre de divers objets de dépenfe : c'eft, comme
chacun peut s’en convaincre , retirer l'intérêt de fon
argent à 30 pour cent.
. ne faut point entrer en ligne de compte les autres
produits , tels que ceux de la volaille, des pourceaux ,
. du jardin , du poiflon des foffés : illaifle pour com-
Hh 3
#04 TER
penfer les dépenfes cafuelles , ou pour aïder à payer
les gages des Domeftiques , toutes chofes néanmoins ,
qui fervant à l'entretien de la table du Maitre, ne
peuvent que diminuer fa dépenfe. ÿ
A l'égard du jardin , l'Auteur veut qu'il fafle un
objet à part, que le Jardinier vive en fon particulier
avec fa famille & ne dépende que du Propriétaire ; que
fon principal foin fera de cultiver le jardin, & d'y
faire venir tous les arbres fruitiers & les herbes pota-
geres, mais il veut qu'il foit chargé d’arrofer les lu-
zernes & les prés à regains, &c.
L’Auteur fe doutant avec quelque raïfon, que le
produit auquel il fait monter ce bien paroïtra une
chofe impofhble , prie les perfonnes qui ont du bien à
la campagne , & avant que de porter leur jugement
fur cette prétendue impofhbilité , de faire un petit
effai de fa Méthode dans quelque jardin, fans rien
omettre de ce qu'il recommande touchant la culture
des légumes , & fur-tout les arrofemens.
Bien plus , nous croyons pouvoir ajouter que puif-
que 80 arpens produifent 24 à 25000 liv. felon la
méthode de l’Auteur , rien ne feroit plus avanta-
geux à l’agriculture que de faire cet eflai fur un ef-
pace plus confidérable qu'un jardin : ainfi en fuppo-
fant que le Maitre d’un bien de campagne ait à la
portée de fa maïfon, ou de fon principal manoir , quel-
que piéce de terre un peu confidérable , comme ce
cinq arpens , & dans lequel il pourroit faire amener
de l’eau facilement, il ne doit pas héfiter de faire
leflai de cette méthode. 1°. Selon le fyftême de |
l'Auteur , il feroit clorre fans beaucoup de dépenfe ce
terrein ; il pourroit faire tout autour un petit foflé de
trois pieds de profondeur & de deux de largeur dont A
on rejetteroit la terre à mefure du côté de l'enclos
ce qui fourniroit un talus fur lequel on feroit ve-
nir de plant une haie vive , qui Ôôteroit tout accès |
aux animaux & même aux hommes : on feroit dans
ce terrein les divifions néceflaires & felon la mé-
thode de l'Auteur, pour féparer les portions de
terre qui feroient pour les grains d'avec celles qui
font deftinées à d’autres productions, On comprend que
RC
TER sos
de Maître de ce clos feroit faire Les travaux néceflaires
par les mêmes Domeftiques qui travaillent dans les
autres parties de fon bien, qu'il en feroit quitte pour
le falaire de quelques journées de plus dans le tems
- des travaux. Il y a lieu de croire qu’il feroit dédom-
magé de fa dépenfe, puifqu’enfin s’il eft poflible d’exé-
cuter en petit la méthode de l’Auteur, & fi 80 ou
90 arpens produifent au moins 24 à 25000 liv. de re-
venu , cinq arpens peuvent produire quinze cens li-
vres , & ce n'eft pas avoir travaillé en vain.
TERRES , culture dés terres. Principes fur la culture
des terres.
Avant toutes chofes , il faut confidérer les qualités
de la terre que l’on a à cultiver. Une bonne Terre doit
être de couleur noire , grisatre , tenir un peu aux
doigts quand on la manie , répandre une odeur agréa-
ble après la pluie, n'être pas trop fangeufe par les
£aux dont elle eft arrofée ; avoir deux ou trois pieds
de profondeur de bon fonds , quoique pour les bleds
& grains un bon pied fuffit. Enfin, on juge que le
fonds d’une Terre eft bon, quand fes MAÉ PA font
vigoureufes & nombreufes , les prés abondans , les
plantes larges & épailles , les arbres de belle venue &
pouflant de beaux jets.
Les terres font de plufñeurs fortes. 1°. Les Terres
fortes ou franches: la terre de cette efpéce eft fubf-
tantielle & onétueufe ; elle tient aux doigts quand on
la manie , fa couleur eft d’un jaune noiïrâtre, celle-ci
eft meilleure que celle d'un jaune clair : ces fortes de
Terres font excellentes pour le bled froment & autres
grains , & il leur faut peu d’'amandemens. On appelle
aufh Terres fortes celles qui le font trop, comme la
Terre argilleufe , qui eft gluante , lourde & tenace,
difficile à cultiver , de couleur jaune , & la Terre glaife
qui eft maflive & vifqueufe.
2°. Les terres fortes , fablonneufes & pierreufes : cel-
les-ci demandent des labours profonds & un beau
tems.
3 - Les terres humides : elles font ftériles dans les
années pluvieufes ; on pare cet inconvénient , en y fai-
fant des foflés pour faire écouler les eaux. |
Hh 4
406 TER
4°. Les Terres légeres & fablonneufes : les plants
y périflent dans leurs chaleurs ; on doit y répandre du
umier de vache mêlé avec des boues qu'on à laïflé
gouter , &t couvrir le fumier de fable , les labourer
anslun tems chaud ; on y feme du méteil, du ris, &
toutes fortes de légumes.
°. Les Terres pierreufes : elles font ordinairement
légeres ; on doit les labourer dans un tems couvert &
un peu profondément, en Ôter les pierres le plus qu'il
eft poffibie , les famer avec du fumier de mouton : les
Terres qui ont des cailloux soirâtres dont on fait des
pierres à fufil, ne valent rien. ë
6°. Les Terres meubles : ce font celles qui font faci-
les à labourer , & qui néanmoins ont de la fubftance :
elles fe cultivent facilement : on doit travailler à rendre
les terres maniables & douces à force de labour &
d'engrais, ce qu'on appelle ameubür. ©
7%. Les Terres neuves font des terres portées d'un
lien dans un autre, ou que l’on tire de deffous quelque
édifice,
8°. Les Terres novales, font toutes celles qui ne
poitoient que du bois on ée l'herbe, & que l’on change
pour le iabourer en terre à grain, Voyez NovaLes.
On laifle repofer ordinairement les terres à grain de
trois années une , ou feulèment la cinquième année,
felon que Île fonds eit plus ou moins gras.
De-là il fuit, que toute forte de oué ne peuvent
pas produire toutes fortes de grains : ainfi pour le fro-
ment, il faut des terres fortes ou du moins limoreufes ;
ce n'eft que dans ces fortes de Terres qu'il réuflit com-
munément. Pourle feigle , il vient parfaitement bien
dens vue Terre médiocre ou même fort légere : l’or-
e , l'avoine , ie bled farrazia , le millet , veuleñt des
Te'res fablonneutes ; ils croiflent auf dans les meil-
leuis fonds, lorfqu'en a pulvérifé ces grains : enfin le
ris demande des Terres crafles & humides.
1°, Les Terres pour être mifes en valeur & pou-
voir rapporter , ont befoin de culture , laquelle fe fait
/
é
d
par un amanaement , des labours & des engrais qui
leur rendent une nouvelle fubftance & de nouveaux
ME &
fues. Les Terres fortes demandent un labour fréquent
& profond Er un léger engrais: 1l en eft tout le con-
traire des Terres maigres , lefquelles veulent un fort
engrais & un léger labour, Il faut aux À M ps des
charrues bien plus fortes & d'une conftruétion diffe-
rente que pour les fecondes.
2. Pour que les Terres qui ont de l'étendue foient
bien cultivées ,on doit les divifer en trois parties éga-
les , ce qu'on appelle les mettre en foles. On enfeme
une en bled , l’autre en avoine ou menus grains qu’on
appelle des mars , & la troifieme refte en repos, &
comme on dit, enjachere, L'année fuivante on feme
du bled dans celle qui étoit en jachere : on feme de
l'avoine dans celle où l’on avoit mis du bled, & on
Jaifle en jachere celle qui étoit en avoine , ainfi fuc-
ceffivement. Voilà pourquoi on dit , quil n’eft pas
permis à un Fermier de deflolerles Terres, c’eft-à-dire,
de déranger la divifion qui en a été faite pour porter
tel grain telle année , & tel grain une autre : il ne
doit pas non plus les deflaifonner ou décomporter ,
c’eft-à-dire , les épuifer par des produétions trop fortes
pour la qualité du terroir. Mais on doit faire cette
divifion de telle forte qu'il y ait de l'égalité entre cha-
cune de ces trois parties , afin qu'il n’y ait pas trop
d'inégalité entre des produétions d’une année à une au-
tre, & quel'onne foit pas expofé aux inconvéniens
d’une trop grande infertilité.
Les cultures des Terres , fuivant le nouveau fyftême
de M. du Hamel, fe font dans la partie de la planche
qu'on appelle plattebande : ce font de grands ef-
paces qui feparent les planches , & les planches font
l'efpace occupé par les rangées. Cette plattebande
comprend la largeur de terre qui n’eft point enfemen-
cée entre la rangée extérieure de bled d’une planche,
jufqu'à une autre femblable rangée extérieure d’une
autre planche voïfine , & qui lui eft parallele. La Jar-
geur qu’on donne à la plattebande , régle la largeur de
la terre qu'on doit cultiver en différens tems , depuis
que les bleds font levés jufqu’à leur mâturité. La bonne
proportion des plattebandes , eft de les établir d'environ
quatre pieds de largeur, dans lefquels n'eft pas com-
508 DE A ;
prife celle de féparations entre les rangées de bled :
mais dans les bonnes Terres cette largeur n’eft pas fi
néceflaire | & on peut diminuer quelques pouces. La
largeur entiere de la plattebande ne doit pas être la
bourée par la charrue , qu par les Cultivateurs dès
que les champs font enfemencés , parce qu'il ne faut
pas approcher les cultures trop près des rangées des
bleds de peur de les déraciner , mais on doit laifler à
côté de chaque rangée extérieure une bande de terre
d'environ fix pouces de largeur qu'on ne labourera
pas; ce qui réduit à trois pieds le terrein que l’on doit
cultiver dans la plattebande. Au printems la premiere
culture qui doit donner , fe fait pour rejetter la terre
qui eft au milieu des platte-bandes contre les ran-
gées de bled; alors on comble les deux fillons qu’on
avoit ouverts avant l'hiver, & l’on en ouvre un nou-
veau au milieu de la plattebande.
Pour mettre en pratique cette nouvelle maniere de
cultiver les Terres , 1l faut avoir un femoir & une char-
rue à une roue.
1°, À l'égard des bleds d’hiver on doit préparer la
‘Terre par quatre labours donnés en des tems fecs,
depuis le commencement d'Avril jufqu’a la mi-Sep-
‘tembre. 2, Herfer ce champ pendant un beau tems,
de même que s'il étoit enfemencé. 3°. Semer bien droit
‘les rangées de froment 4 l’aide d'un cordeau, le long
duquel on trace un fillon.
Ce fillon dirige la marche du cheval qui tire le fe-
moir, ou bien quand la piéce eft grande on pique aux
deux extrêmités des échalas à la diftance de quatre ou
“cinq pieds pour diriger la charrue , & laïfler quatre
pieds de diftance d’un fillon à l’autre , fi on ne feme
ue deux rangées, ou cinq fi on en feme trois. 4°. En-
Rene les Terres après la mi-Septembre. 5°. Di-
‘riger les rangées fuivant la pente du terrein , afin que
l'eau puifle s’égoutter vers la partie la plus baffle. 6°.
Mettre le froment dans des corbeilles que l’on plonge
dans un cuvier rempli d’eau de chaux ; remuer ce fro-
ment , écumer les mauvais grains qui fe portent à Îa
fuperficie , & que l’on donne aux poules. 7°. Répan-
dre le froment paflé à la chaux fur le plancher du
TER 509
grenier , le remuer jufqu’à ce qu'il foit fec. 8°. Ti-
rer la femence d’un terrein meilleur que celui que
Ton veut cultiver. 9°. Faire marchet le cheval au petit
pas dans la voie tracée ; proportionner l'ouverture de
da trémie à la grofleur du grain : on doit faire enforte
qu'il ne s’en répande tout au plus que trente livres par
arpent de 100 peïches quarrées de vingt-deux pieds
de longueur. 10. Vers la mi-Mars , faire avec le
Cultivateur , le premier labour d’après l'hyver. 11.
Vers le quinze Avril donner un fecond labour de la
“même maniere , & achever de remplir les fillons qu’on
avoit ménagés pour égoutter les eaux , enforte que la
Terre des plattebindes refte fans fillons. 12. Dès le
mois de Mai farcier les planches ; ce travail n’eft pé-
sible que dans les premieres années. 13. Vers le 15.
Mai donner un troifieme labour avec la charrue ; aveir
foin de renverfer la terre du côté des rangées de fro-
ment parce que cette terre donne de la nourriture au
froment , & empêche qu'ilne fe renverfe | & commen-
cer. à former un fillon dans le milieu des plattebandes.
15. Âu commencement de Juin, donner le quatrie-
me labour avec la charrue lorfque les fromens font
prêts à entrer en fleur , & approfondir beaucoup le
illon des plattebandes. 15. Scier lefroment dès qu'il
“eft mûr. 16. À la fin d’Août labourer les platte-
“bandes , & en relever la terre vers le milieu. 17.
A la mi-Septembre , répandre la femence avec le
femoir, comme .on l'a dit ci-deflus. 18. Dans le mois
d'Oftobre donner un labour au chaume , pour com-
mencer à former les plattebandes : au refte , pour que
les plantes cultivées , fuivant cette méthode , prof
tent de la culture des plattebandes , il faut que leurs
racines puiflent s'étendre à une diftance un peu
-confidérable. On avance ou l'on retarde toutes les
opérations , fuivant que l'année eft plus ou moins hà-
‘tive , & on attend qu’elle foit faine 8 hors d’état de
fe pétrir. 19. Lorfqu'on veut commencer la nou-
velle culture au mois de Mars , on peut femer du bled
de Mars, de l'orge, de l’avoine , des pois ,de la vefce,
du millet, du mais , &c. Mais il faut faire enforte
‘que la terre ait reçu trois ou quatre labours depuis la
s1o TER
‘moïflon: finon on doit préférer de femer de l'avoine.
1°, Selon cette nouvelle méthode on peut fe difpenfer
de fumer les terres : cependant les engrais ne laïffent
pas d’être utiles , & dans ce cas on doit répandre le fu-
mier dans les plattebandes vers le mois de Mars &
d'Avril , avant le premier labour à Ja charrue.
Il eft démontré par des expériences , que felon cette
nouvelle méthode , la récolte qu'on en a retirée , eftal-
léen trois ans prefque au double de [a récolte qu’on
a faite fur un champ cultivé À l'ordinaire felon la mé-
thode ancienne.
1°. Il eft démontré que par cette nouvelle culture ta
terre continue d'acquérir plus de fettilité,
3°. Que les récoltes , dès la feéonde année & les
fuivantes , font plus confidérables.
4°. On a obfervé d’après les mêmes expériences ,
que dans les endroits où les travaux ont èté mieux
exécutés où les terres ont été plus ameublies par les
labours , les produétions ont fait de Plus grands pro-
grès. :
$°. Que pour faire de bons labours » 1] étoit né-
ceflaire d'approfondir beaucoup le grand filon du
milieu de la plattebande , parce que ce fillon étant
comblé dans la fuite pour former une nouvelle plan-
che , ona une grande quantité de terre meuble & lé-
gere immédiatement au deflous des racines que pour
que les cultures foient bien faites ,; il ne faut jamais
faire travailler les charrues lorfque les terres font trop
humedtées.
6 . Que par les infrumens inventés & exécutés par
cette nouvelle méthode , c’eft-i-dire , les nouvelles char-
rues &t le femoir ,on vient à bout de former & de la-
bourer parfaitement & avec œconomie les planches :
que parle nouveau femoir, on a la commodité de ne
répandre que la quantité de femence qu'on s’eft pro«
poié, & qu’il dépofe le bled dans les fillons à la pro-
fondeur néceflaire | & qu'on enfemence avec beau-
coup de diligence & d'épargne.
72. Les plantes acquierent plus de force quand el
les font éloignées les unes des autres > que quand elles
font femées plus épaifles, nes ar |
TER SII
82, Il eft encore démontré par plufeurs expérien-
tes, que par la nouvelle culture on parvient à faire
un meilleur & un plus grand ameubliilement des ter-
res : que cetameubiiflement eft durable, f. on a Pat-
tention de l’entretenir par de bonnes cultures faites à
propos & avec intelligence.
9°. Que les terres font beaucoup mieux travaillées,
&c conféquemment que les produétions en font plus
confidérables , que les récoltes des fecondes & des
troïfiemes années , & des fuivantes, font plus abon-
dantes 2 up de la premiere.
10. Que lès bleds cultivés felon la nouvelle mé-
thode , font moins fujets que les bleds ordinaires à
éprouver des dommages de l’intempérie des faïfons ;
par exemple , ils fouffrent moins d'une grande féche-
refle , parce que les racines étant beaucoup plus lon-
. gues , s'étendent à une plus grande profondeur dans une
terre qui aura été labourée profondément, & qu’elles
y trouvéront une fraicheur dont les bleds ordimaires
font privés : qu'ils font très-peu fujets à verfer ; parce -
que la grande force des pailles les foutient , & qu’ils
réfiftent beaucoup mieux à l'impétuofité des vents que
les bleds ordinaires.
11. ]left démontré que dans ce dernier cas ilarrive
feulement qu'ils font fimplement panchés : or dans cet
état , ils ne laiflent pas que de croître : cette fituation
des tuyaux n'interrompt point comme dans les bleds
verfes les fonétions des fucs nourriciers , & ils fe rem-
pliflent également de grains jufqu’à la pointe.
Bien plus , non-feulement il n’y a aucun dommage à
craindre pour les bleds fimplement panchés & araués,
mais on doit les voir fans inquiétude dans cette fitua-
tion , parce qu'elle leur eft plus favorable que celle qui
eft perpendiculaire dans le tems de grandes pluyes ,
parce que les épis fe chargent moins d'eau.
L'Auteur prétend qu’on ne doit pas s’effrayer de tous
les travaux qu'il prefcrit, & de ce nombre de labours
qu'il juge néceflaire , il repréfente qu'ils fe réduifent à
deux de plus, parce que tout le monde convient que les
quatre premiers labours font néceflaires , & que le
£,
_
612 PER
cinquieme &c le fixieme fe fait avec beaucoup de f*
cité, & en beaucoup moins de tems que les labours
ordinaires que le dernier fe fait ordinairement avec
un feul cheval attelé à la charrue. Enfin, que fi on
trouve qu'il y a dans cette méthode une augmentation
de frais de travaux, on en eft très-amplement dédom-
magé par la récolte.
Enfin , il réfulte des expériences faites felon la nou-
velle culture , que fur 36 arpens le produit excéde de
9279 livres de bled celui de la culture ordinaire ,
& on le prouve de la maniere fuivante. La produc-
tion moyenne de 36 arpens fuivant l’ancienne mé-
thode , n’eft que trois Lis la femence , encore même
eft-elle au-deflous en certaines années. Ces 36 arpens
enfemencés avec 8926livres de bled ont du produire
26778 livres ; & comme il faut défalquer 8926 pour
les femences , le produit net doit être réduit à 17852
livres. D'un autre côté, on a éprouvé que la récolte
de 36 arpens enfemencés avec le femoir de la nou-
velle culture , a été de 30940 livres : on a défalqué
3809 qui ont fufh pour les femences, donc le produit
doit être réduit à 27131 livres , & par conféquent ce
produit a excédé de 9279 livres celui de la culture or-
dinaire.
La nouvelle culture peut produire encore de grands
avantages f on la fuit dans toutes fes parties ; c’eft-
à-dire , en établiflant les planches , & leur culture ;
1°. en tenant les planches d'environ fix pieds de lar-
eur ; 2°. en mettant les rangées de-chaque planche
à fept pouces de diftance l’une de l autre : les cinq oc-
cuperont deux pieds quatre pouces , & il refte pour
la largeur des plattebandes trois pieds huit pouces.
Les mêmes expériences qu’on a faites fur les bleds,
ont été faites fur plufieurs efpeces de plantes potage-
res , telles que les afperges , artichaux, fraïfiers , me-
lons , les gros navets, le lin. le chanvre & la vigne.
Le propre de cette nouvelle culture , eft de faire en
apparence porter le même champ tous les ans, quoi-
que réellement la moitié de ce champ repofe , & qu'il
n'y en ait qu'une moitié , qui travaille , car il eft
TER 813
facile de concevoir que le feul fommet des planches
étant occupé par le grain, leurs bords ou extrêmités
qui touchentles plate-bandes , & les plate-bandes elles-
mêmes repofent n'ayant aucunes plantes à nourrir,
Le foin que l'on prend de les labourer en différens
tems détruit les mauvaifes herbes qui y croitroient
naturellement , les rend en même tems plus propres
à recevoir les influences du ciel , les engraïfle & les
difpofe parfaitement pour l'année fuivante.
En effet, aufh-tôt que la moiflon eft faite | on tra-
vaille à retourner le champ ; ce qui étoit plate-bande
devient planche , & ce qui étoit planche devient pla-
te-bande : ainfi dans la nouvelle culture , quoique
la terre paroïfle porter continuellement , il en eft
toujours une moitié qui repofe & qui fe prépare à
donner de riches produétions. On doit conclurre de-la
qu'il eft poffible de faire porter du froment au même
champ jufqu'’à la douziéme année & même plus. Et
en eflet , quelques Cultivateurs en ont déjà fait porter
pour la fixiéme année confécutive : cela ne doit pas
furprendre , puifque , fi après deux années de travail,
une feule année de repos fufñt à la terre pour lux
faire de nouveau porter du froment ; à combien plus
forte raifon fuflira-t-elle lorfqu'elle n'aura travaillé
qu'une année.
C'eft par-là que la nouvelle culture l'emporte fans
contredit fur l’ancienne. Si l'on en excepte les acci-
dens majeurs , comme les gelées excefhives , les imon-
dations, la grêle , &c. elle dédommage de tous ies
autres : bien plus , quand même le champ auroit été
mal préparé par la négligence des ouvriers, en fup-
pofant même que les mauvais tems aient dérangé les
labours du printems qui n’ont point été faits à propos,
on s’apperçoit au bout de fix ans d’un profit très-fen-
fible : car dans cet efpace de tems , l’ancienne mé-
thode ne donne que deux récoltes de froment & deux
de menus grains que l’on eftime une de froment , ce
qui fait trois récoltes en tout , & la nouvelle métho-
&e en donne fix : or , il eft moralement impoñble
que fix récoltes faites dans la même contrée & fous
le même ciel, n’en vaillent pas plus que trois quel-
v14 TER
quimparfaite qu'ait été la culture : c’eft ce qw'ont
éprouvé , reconnu & calculé plufeurs des Correfpon-
dans de M. du Hamel. Que fera-ce donc fi des hom-
mes aufl intelligens exécutent ponétuellement ce que
leur prefcrit la nouvelle culture.
Un des grands avantages qu’elle produit encore , eft
de ménager les engrais : ils ont leur degré d'utilité ,
fur-tout lorfqu’on Pa labourer un champ plus pro-
fondément qu’à l'ordinaire : il faut obferver qu'ils doi-
vent être bien confommés , finon les graines qui sy
trouvent , fourniflent le champ de mauvaifes herbes,
& l’on n’en doit mettre que le quart de ce que l'on
a coutume d'y répandre ; aux engrais ordinaires , on
peut ajouter toute pierre propre à faire de la chaux &
réduite en poufhere ; enfin on ne doit pas toujours fe-
mer la même efpece de froment.
La nouvelle culture eft non-feulement avantageufe
aux bleds , elle fait également profiter les fourrages ,
& particulierement le fainfoin & la luzerne.
el eft en fubftance le fyftême de M. du Hamel fur
Ja culture des terres, & le réfultat des avantages qu’on
en retire.
Obfervations du même Auteur fur les différentes
qualités des Terres. Le défaut des Terres trop fortes
vient, felon M. du Hamel, de ce que les parties quiles
compofent, font fi rapprochées , qu'il n’y a pas de
communication d’un pore à l'autre, enforte que les
racines des plantes font arrêtées dans leur route ,
& ne peuvent pas tirer la nourriture néceflaire à la
Jante.
Le défaut des Terres légeres vient fouvent de ce que
les interftices font trop grands , & alors comme les
racines les traverfent fans toucher à la terre , elles n’en
tirent aucun fecours : mais on peut remédier à ces
deux défauts des unes & des autres par la méthode de
la nouvelle culture; car par cette culture , on divife
les molécules de terre , on multiplie fes pores, &t on
met en état les Terres de fournir de la nourriture aux
plantes : cette divifion fe fait ou par la fermentation
en mêlant du fumier avec la ferre , ou par les fréquens
labours. Cette derniere voie a moins PE que
autre
PP TN
À
| TER …S1$
l'autre; 1°. parce qu'on n’a pas toujours [a quanti-
té de fumier néceflaire, & 2°. parce que Îes plantes
élevées dans le fumier, n’ont pas la faveur auffi agréa-
ble que celles des autres terres ; 3°. le fumier attire
les infeétes qui rongent les plates. CA
Les TERRES fortes & argil'eufés doivent être plus
fouvent labourées que les auties ; on doit d’abord les
kbourer avec des charrues à ver{oir ». & le plus pro-
fondément qu'il eft poffble : on y doit enterrer le bled.
à la charrué, c’eft-à-dire » répandre la femence avant
ce donner le dernier labour qui renverfe Ja ferre &
recouvre le prain. À l'épard des terres iégéres ou dou-
ces ; qui ont été labourées À plat, On par grandes plan-
ches , ellesdoivent être enfemencéss à 'a miin : la plus
grande partie des grains tombe dans le fond des raies ,
enfuite la herfe abbat les éminences des raies, dans les :
petits fillons , & de cette facon le bled eft enterré.
TERRES en friches. On comprend fous ce nom Jes
fain-foins , les luzernes, les tréfles . &° tous les prés,
qu'on veut mettre en labour : comme ces fortes de
terres font ordinairement fort dures » ayant demeuré
long-tems en repos , elles demandent plus de labours
que les autres : on ne doit les labourer qu'après les.
pluies d'automne & avec une forte charrue à veroir :
au printems on leur donne un fécond labour, & on
peut alors ÿ femer de l'avoine: mais on ne doit y fe-
mer du froment que quand cette terre à reçu des [a
bours répétés pendant deux ans. É-
TERRES trop humides, Si ce défaut vient de ce;
qu'étant dans de petits fonds > €lles reçoivent l’éau des
terres voifines , ou qu’elles retiennent l'eauf, on peut
€nvironner la piéce de terre d’un bon fois pour arrêter
les eaux , ou même pour égoutter l'eau trop abondante
Welle renferme , & Pour peu qu'elle ait de la pente.
On donne au foffé Ja direGion la plus avañrageufe pour.
lécoulement de leau ; Où bien quand l'inégalité. du
térrein eft peu confidérable |; on forme de profonds
fillons en forme de petits foffés, & avéc un forte
charrue à deux grands verfoirs > qu'a un long {oc poin-
tu &c figuré en dos d'êne par la partie fupérieure.
TERRES maigres € léperés qui ont peu de fond
Tome II, Li
‘516 S OU
Onen peut tirer quelque produit à force de les fumer 3
d’ailleurs , il en coure peu pour les labourer, ce que
lon fait avec une peute charrue & un petit cheval ou
un ane. | | Re miteje:r À
Pour réparer les défauts des terres maigres,qui man-
quent de,prairies , on peut : 1°, femer en. certaïns en-
droits du fainfoin, du trefle , de fenugrec ; 29. on
doit y nourrir des bêtes à laine dont le profit peut de-
venir confidérable, car ces bêtes profitent-tout autre-
ment dans les pays fecs, & n’y ont point les maladies
aufquelles les moutons font fujets dans les {pâturages :
leur chair s'étant nourrie de thim , de ferpolet &c.
en eft plus délicate , la laine plus fine , la graïfle.qu’on
en tire d’une plus grande blancheur , on y-nourrit en-
core des chevres ; enfin on y éleve des vers à foie.
. Il y à des terres excellentes à froment qui n'ont
qu'un lit de quatre pouces d’épaifleur , fous lequel on
trouve une terre rouge ftérile : on doit labourer ces
fortes de terres à plat ou par grandes planches, avec
de petites cliarrues qu’on appelle à oreille, & faire en
forte que la charrue ne pique pas jufqu'à, la terre
rouge. | " à cugoi
Régles fur l'amélioration des Terres .furvant la mé-.
thode de M. Patullo. APT sites
1°. On doit préparer pour cela les engrais; on les
tire de la terre ou des beftiaux: Ceux qu'on tire de la
tèrre font la marne, la glaife , l'argile, le fable , toute.
terre d'une terre oppofée à, celle qu'on veut engraïfler ;
la vafe des rivieres & des étangs ;, celle de la mer, fes
herbes & fes fibles : les engrais que l’on tire des -bef-
tiaux font les fumiers ; ils doivent être müris. & con-
fommés , & gardés un an avant que d’être répandus:
fur le champ : en général, il faut que les terres qu'on
veut employèr pour engrais, aÿyent des qualités oppofées
à celles des autres terres qu’on veut améliorer ;, &t
le LT PE ln Ur tnte AS AT
qu'on y mêle un tiers de fumier.
ES
29, A l'égard des terres argilleufes & fortes:,-comme.
elles font troides & pefantes ,.on-peut-les améliorer
avec foixante Ou cent tombereaux de fable. commun,
par arpent , ou cinquante tombereaux de fable,de: mer:
ou de riviere , ou de marne pure & non glaifeufes: {
; st
13% Dès que les engrais font prêts, on donne à ces
fortes de terres un premier labour en automne, un
fecond-au.commencement du printems ; enfuite on
ÿ voiture l'engrais convenable ; puis on donne le
troifiéme ,labour ; mais un peu plus profond que les
deux autres : à la fin de Juillet on en donne un
quatriéme , c'eft le dernier : il faut qu'il croife les
trois précédens , &c. qu'il foit à plat : on doit femer
à la mi-Septembre , après avoir donné à la femence
les: préparations convenables, Dans un champ ainfi
préparé , fix boifleaux ; mefure de Paris, fufifent par
arpent de cent perches , à vingt pieds la perche. L’An:
teur de cette méthode affûre , que fi toutes ces-chofes
font bien, exécutées, la moiflon fera de huit , dix, &
jufqu'à quinze feptiers Par arpent : il prétend qu'un
terrein auf cultivé en Angleterre en rapporte quel-
quefois. davantage. |
À l'égard des terres fablonneufes » fraveleufes &
legeres ; on n’y doit faire que trois kibours, & y
porter le fumier convenable avant le fecond labour :
il faut femer. plus profondément dans ces fortes de
térres ; &,on peut enterrer le grain , ou en donnant
un leger labour après qu'il aura été femé-fur la terre
herfée.; ou bien en fuivant la charrue ordinaire, un
homme peut le jetter dans le fillon | & le grain {era
Técouvert en traçant le filon voifin. |
Lorfque dans ces terres on a femé du froment ,
& que l'année fuivante on vent les mettre en menus
grains on, doit dépouiller les chaumes > les brüler
Par tas , & en difperfer également les cendres : cette
opération. eft excellente Pour toutes les terres : on
donne aufi-tôt après un leger labour, & on y feme
de,gros navets,qu’on appelle turneps , en Angleterre L
qui-fervent-de nourriture aux beftaux, Après qu'on
en;sa fait, la récolte , .on laboure la terre au prin-
iemS : on y {eme des pois, féves > &tc. Après ces
légumes , des navets , &t après les navets , au printems
fnivant de l'orge. L’Auteur chferve que les bons Fer:
miers en Angleterre ne fément jamais de grains que
troisans de fuite &L. qu'ils mettent leurs. champs
ên prés artificiels, 5
li 2
518 T'ER
2°, Il veut qu'on entoure de murs dont il tracé
l'idée , & de fofiés tout héritage d'une certaine gran-
deur. Voyez Murs de clôture plus fimples.
3°. Selon fon fyftême fur la maniere de cultiver
les terres , on ne doit mettre en grains la même
terre que trois ans de fuite ; 1l veut que fur ün bien
de trois cens arpens, par exemple , on en mette la
moitié en grain , & l'autre moitié en prés artificiels ;
mais cela ne peut avoir lieu que dans les’ bonnes’
terres où le trefle croitra facilement : car fi les terres
ne peuvent porter que de la luzerne ou du fain-foin ;
lefquels durent fix ans, & qu'on ne peut détruire
loriqu'ils font dans leur force , on doit alors divifer
les terres en trois parties , dont une porte du fro-
ment ou de l'orge , & les deux autres de la luzerne
ou du fain-foin. Ce fyftême a befoin de quelque
explication : car on doit examiner fi les terres que’
l'on veut cultiver dans cet ordre fonten valeur , ou
fi elles font incultes. Lorfqu’elles font en valeur , on
peut n'en mettre qu'un tiers en grains, & un autre
tiers en prés artificiels : le troifiéme reftantien jachere ,
felon la coutume ancienne , de forte que‘‘la même
terre , après avoir repofé trois ans, n'en fera que
plus propre à porter du grain: alors on remettra en
luzerne ou fain-foin la partie qui étoit en grain, &t
tout fe trouvera en cuiture fans difcontinuer ; car
au bout du fecond terme de trois ans on läbourera
pour les grains la piéce qui a été déjà'fix ans en
pré artificiel, que l'on établira dans la partie que
le grain abandonne , & ainfi de fuie tous les trois
ans.
Mais fi la terre eft inculte , comme peu de per-
fonnes pourroient foutenir la dépenfe néceflaire ,
our établir tout d’un coup en fon entier une grofle
rme , on peut fe contenter de metre en culture
dans la proportion d'une piéce de graïñ contre deux
de pré, les terres que l'on pourra amélürer avec
le fumier des beftiaux. Ces beitiaux multiphant tous
les ans, donneront fans cefle de: nouvelles forces
pour étendre la culture ;"car-; comme ils rendent
beaucoup plus qu'ils ne confomment ; il ‘eft "eflentiel
|
d'en'ävor une grande quantité pour confommer les
ouvrages ; ‘ils font le gfand bien de l’agriculture.
Amélioration des terres, ou moyens de fertilifer ,
où de mettre en valeur les plus mauvais cantons, &
de pouvoir établir les prairies dans les endroits éloi-
Snés des rivieres , particuliérement dans la Province
de Champagne. 1°. On fait que les terres labourables
font divilées , dans la plüpart des pays, en trois
faifons ou compots , fçavoir, celle des feigles &
fromens que l’on feme avant l'hiver ; celle des me-
nus grains que l'on feme en Mars, & celle qui fe
répofe qu'on appelle jachere. 29. Que les terres font
ordinairement de trois efpeces, grifes , blanches &
roufles | que les grifes & blanches ont un fond de
fécondité qui ne demande qu’à être aidé par des en-
grais convenables ; que les roufies font mauvaifes,
& n'ont d'autre propriété que de porter des fain-foins
qui y réuflflent mieux que dans les autres. Or, il y
a un moyen de faire valoir ces terres les unes par les
autres : car on fçait par expérience qu'il faut que le
quart des terres d’un Domaine foit en prairies pour
“que l’on puifle avoir des engrais fuffifans pour les trois
TER - 519
PE + .
autres quarts. ce
Aïinf fi une Ferme eft, par exemple , de quatre
céris arpens , on en doit mettre centen fain-foin , &
les trois autres reftent ‘afetés aux trois faïifons ;
n’amander que la faïifon des bleds, & même la divifer
-én'ffois partiés pour nen amander qu'une chaque
“année : de-là il fuit qu'en neuf ans toutes les terres
fe trouverdnt amandées ; & comme au bout de neuf
ans la terre fe fent encore un peu de fon premier
“Engrais, , le fecond que l’on portera la dixiéme année,
a'trouvant préparéé , y produira un éffet plus fen-
“blé ; ce qui ira en augmentant de neuf ans en neuf
pen O 1 | 1 4
Que fi on craint les frais & avances que pourroient
“coûter l'établiflement de cent arpens de fain-foin , il
n'y a qu'à divifer le quart des terres deftiné au fain-
foin en cinq parties, n’acheter de femence que pour
“uné , & nenfemencer qu'un cinquiéme , qui fournira
‘Fannée fuivante la graine pour le fecond pe »
3
520 | TER
anfi de fuite ; enforte quen moins de,cinq.ans.fa
totalité fe trouvera enfemencée. Mais comme le fain-
foin ne dure qüe cinq ou fix ans, après lefquels il
faut retourner la terre , on la femera en grains ,.avec
un peu d'engrais ; elle portera du feigle & du fro-
ment en abondance. Bien plus , comme le fainfoin
a la propriété de détruire toutes les mauvaïfes herbes ,
il fera très-ntile au bout de cinq ans de femer en fain-
foin un autre quart du champ des terres de la ferme,
& de promener amfi dans toutes fes parties cette
prairie artiñcielle. RER ET |
Que fi on a des terres qui nefont pas propres au
fainfoin , on fe ménage une portion de terres fufh-
fante pour là mettre en fainfoin pendant qu'on re-
tournera le vieux ; c’eft l'affaire d’une année : il {uffit
d'y avoir fait une récolte d'orge ou d'avoine. Dans
les commencemens qu'en établit cette prairie, on
doit fe contenter d’avoir une douzaine. de vaches ; &
cinquante ou {oixante brebis : le foin de n'en point
vendre le produit, & de tout élever , les portera.en
quatre ou onq ans au nombre de trente vaches. êr
de trois cens moutons : or, ce nombre eft fufñfant
pour fournir les engrais d’une ferme de quatre. cens
arpens ; car il fercit inutile d'en avoir plus, que l’on
n’en pourroit nourrir. C'eft ainfi qu'une culture bien
entendue fait regner fabondance , & ramena la fer-
tilité dans des pays qui femblent devoir être toujours
ftériles : il eft vrai qu'il faut du tems , des foins,&
de la patience ; mais. on recueille, chaque : année, le
fruit de fes travaux, &.les fuecès qui croïflent de
plus en plus foutiennent & animent le courage, .:
La ftérilité ou la fertilité des terres dépend du. plus
où u moins d'amandemens. Tout l'art du Cultiva-
teur ddoit donc conffter à fe les procurer ; les beftiaux
font Îa feule voie d’y parvenir ; ainfi l'attention du
Cultivateur doit fe borner à cetrobjet. Or ; les prai-
sies artificielles, comme le fait voir l'Auteur qu Lraté
qui porte ce nom, facilitent à tout Cultivateur les
moyens de nourrir de nombreux troupeaux., ,. ,,%
On peut encore améliorer les terres par le mélange
de certaines terres avec d’autres ; par. exemple. les
Do, . other sovsot 20 TE - ER AIPEN2E
terres froides font fur les terres marneufes &c pierreu-
fes, le même, effet que fair la marne fur les terres
froides. Les terres fortes mêlées avec les fables arides
leur. donnent de la confiftance , & ceux-ci à leur four
rendent les terres, fortes plus légéres , & les difpofent
à recevoir les influences des-élémens : ainf lorfqu’on
.a.des piéces de terre.à, portée de fe prêter des’ fe-
cours mutuels.;, on doit effayer dans un coin de mêler
enfemble quelques tombereiux. de ces terres ,. &‘on
en fait en, même-tems plufiéurs eflais pour décoüvrir
quel eft le :,plus avantageux de tous : un-peu d'ufage
s AS la dofe de ces' fortes de mélanges ;':6n
voit, en,;cümparant le produit de ces eflais aveeïla
dépenfe-qu'ilsont occafonnée.; queleft ié profitqu'on
doit attendre de fon travail. \ois sxsto, .159b
Si on peut augmenter larécolté d'un tiers: en us ;
ileft:conftant que c'eft doublerile revenu dè la terre ;
amfi en examinant cè qué ÿaut un pareil: arpeñt de
terre , fi l'on trouve que la dépenfe n’excéde pasice
prix, le-mélange.eft bon à fâire , & on doit_le regar-
der comme un ‘véritable gain, Au refte , ces fortes de
travaux ne: doivent fe faire que dans les faifons les
moins.occupées ; mais il feroit mieux de les faire dans
les. jours les plus longs. : 4: nu HO7:
Aurefte , pour ne pas rifques de gâter une piéce de
terre.en voulant en améliorer une autre , il faut qu’elle
ait au moins.un pied & demi de profondeur: de bonne
terre fans-trouver le roc:;le tuf ou le marécage.
Par. bonne terre on entend un grain femblable à ce-
Jui de la fuffäce , mais la coulear n'y fait rien. Une
manière. peu connue d'amender les terres; ‘eft;de
femer.au mois d'Oétobre on de Novembre des pois
gris ou de la:vefce, dans un ehamp qu’on veut aman-
der :'un feptier de l'un 8 det'autre {ufhit pour un°ar-
pent de,terre, ces grains pouflèront au printems'une
grande quantité de feuilles: &ctde tiges ; on: doit les y
laïller , mais, les labourer de maniere que l’oreille ou
verfoir de la, charrue-les recouvre bien ; elles pourri-
-ront &'donneront à la terre beaucoup de fucs : cette
terre! aïnfs labourée produira le:double de ce qu'elle
auroit produit de froment,
li4
522 TER
Autres moyens d'améliorer les terres ftériles; 1°. ÿ
Tégard de celles qui font couvertes de bruyéres , on
doit. mettre le feu à la bruyére avant dela labourer ;
-2°.,le:printems fuivant labourer la terre à larges fil.
Jons:;:plécer au haut. des fillons un monceäu de ga-
z0n., &t.àa la diftance d'uneiperthe chacune & y mettre
Je feu; 3°%:le printems: de lañnée’ fuivante’ labourer
_éncoye le terrein ; y femer de Vavoine / & la couper
qjuiqu'a deux fois pour lempêcher de devenir trop
forte ;, 4°. l'année d’après y femer des féves ou de
Lorge ;:&:la-troifiéme des pois , après qéoi on la laïffe
-sepofer fans y rien femer :&il y vientide foi-même
-«Bn: très-bon::paturages A Fécard des terfes'hüumides &
simasécageules ;-ondoit les faigner & déflécher , & en
rbtiler tout lé gazén'à deux ou trois pouces de profon-
deur. Journ d'Angler «1! ROLE PO EADOSNS ©
_auT'ERRES vainés Gcivagnes , appéllées communes ou
- pêtures. Ces fortes:de terres incultes font ordinaire-
ment -contédées par le:Roïaux Communautés , & de-
puis fort long-tems. Al feroit à défirer , dit un Auteur ,
-quedanstous les pays où il y a des terres väines ou
-ommunes qui appartiennent au Roi, -Sa Majefté
voulüt les accenfer aux Particuliers de la Paroïfle pour
être-par eux poflédées en propriété : le Roï en reti-
reroit une rente annuelle ; ces terres fe défricheroïent,
-au-liéu que ces ferreins étant poflédés par une Commu-
-nauté ;ilsne produifent pas le quart de cé qu'ils ren-
-droient s'ils étoient divifés. Qu'on examiné une com-
«mune-de prés bas de cent arpens , appartenant à une
- Gommunsuté de cinquante feux , on ny verra ni
- grüre ; nirégle, pastn-arbre , pas un foflé-fait pour le
ideffechement : on y verrailes beftiaux näger pour pai-
cite une poignée d'herbes aigres , au-lieu que fi ce
terrein-étoit divifé dans les cinquante’feux ; à raifon
-de-deux-arpens parménage , on le verréïit en dix ans
-entiérement defléché? par des foflés de féparation,
des plants d'arbres autour-de chaque divifion, & le
courant d’eau confervé pour arrofemens dans les fé-
_icherefles : il en eft de même des terres en friche , ear
perfonne n’ofe mettre du grain dans ün champ de
-'eommune : il faudroit défricher & clorre : c'eft trop
TER 523
mharras lorfqu'on n’eit pas propriétaire. ÆEffai fur
Aïmin. des Terres.
. TERRE pour la vigne. Ce: ne doit point être une
terre franche n1 propre .à produire du bled, ce doit
êtreau contraire une terre un peu maigre , féche plu-
tôt qu'humide , fituée en pente , mélangée de petits
cailloux ou de pierrès'à fufil. Woyez VIGNE.
_ TERRE de jardin. Les qualités que doit avoir une
bonne terre de jardin, {ont qu’elle n'ait point de mau-
vaife odeur, ni de matvais goût , qu'elle ne foitnitrop
humide, ni trop féche.; ni trop forte; elle doit être
fâcile à labourer &t fans pierres , être telle à fix pieds
de profondeur : en général, la meilleureeft celie qui
eft douce en la maniant, dont la couleur tire {ur le
gris , & dont ikne fort point d’eau.
_.Les meilleurs-fonds de terre pour les plantes pota-
geres., font ceux qu'on appelle fables noirs, mais ni
trop fecs . ni trop humides ,-& expoñés au Levant ou
au Midi; cependantle Couchant & le Nord , ont la-
vantage que les plantes s’y confervent plus long-tems
en bon état.
x Avant dé mettre!en œuvre un jardin ; on doit en
fouiller la terre par-tout ; c’eft-à.-dire ; la remuer de
maniere que le deflus-foit mis au fond, & le fond au
deflus. fans mélange. de Jun avec l’autre. Pour cet
eflet , on fait des tranchées de trois pieds de 'pro-
fondeur, & de trois ou quatre toifes ‘dans la largeur
du terrein , fur quatre pieds de long. Quand on en a
faitune ; on jette dans, la premiere les terres de la fe-
conde , ainfi fucceflivement ; & après itoute la fouille
on jette dans la derniere tranchée la terre de la pre-
miere. Lorfque la-terre-n'eft pas également bonne
au fond comme au-deflus, ou parce qu’elle eft argil-
leufe ,ou parce qu'ily.a de l’eau, il faut abfolument en-
lever tout ce qu'il y.a de mauvaife terre dans le fond,
& yen mettre de meilleure à la place:, autant qu’il en
faut pour la profondeur requife ; mais fi la terre n’eft
qu’ufée pour avoir fervi à d’autres produétions , on
doit mettre à l'air la terre qui étoit dans le fonds, &
y femer comme pois , féves , &tc. , & l'amander avec
de bon, fumier, Ta 329
24 TERAMITES
. La bonnetérre eft ceilecquitient le milieu’ entre
terre ferrée & la terre légere. On connoït ce juite
milieu par -là- facilité que l'on trouve à manier le {ol
de la terre & par la vigueur de fes produétions , maïs
il eft plus ordinaire d’avoir uneterre qui a lun ou l'au-
tre.de ces défauts. œ 119 591 À #48
TERRE pour les fleurs. Elle doït être compofée de
terre franche «à vigoureufe ,-dé terre lévere ‘& fa.
lonneufe ; & de terreau, qui eft':un fumier de couche
entierement pourri & ufé, & d'uñe certaine quantité
de cendres, Paflez toutes ces rértes par la claie , er
les mélangeant-par épales:portions : laïffez repofer ces
terres l'efpace d'un-hiver poutrfé bien lier. La ferre
grafle s’emiploie:pour les fleurs:qui viennent de facines,
& la légere pour celles qui vientient d'oignons, mais
il faut renoiveller ces terres de tems en tems.'La ter-
re des--caifles ou vafes portatifs ñe fauroit être trop
meuble , c'eft-à-dire , ni trop féche ; ni trop humide ,
ni trop forte ; les fleurs: même avec leurs racines , la
veulent-légeré; à plus forte raifon'les filets délicats qui
fortent des graines. ru 48e 52
. TERREAU, On appelle ainfidé fumier vieux &
confumé.,. Bt particulierement éelii de cheval , &'qui
devient une éfpece de terre noire”: on s’en fert pour
élever des falades , des laitwes F&c: fept ou huit pouces
d'epais fur-nne caufenouvelle >fiffifent pour cela, :
7 FESTAMENCE (un) eft un° Akte folemnel pare
quel. le, Teftateur déclare ce :qé'il veut être exécuté
après fa:morts Un Teftiment : na d'effet qu'aptés
sort duTeftatear., & célui-é peut le révoquer juf-
qu’au dernier. moment. Seloñ 4e: Droit Romain. les
teftamiens folemnels ; foñt> ee Qui font rédigés par
écrit -ehpréfeace de fept'T émioins ,'& figné du Tefta-
teur & des. Témoins, avec lappoñition de leur éachet:
les. Témoins doivent être dé fexé mafculin , puberes ;,
&. capables de recevoir par teftament. Selon lé mèmé
Droit Jessenfans -de faraille: qui ont en la puiflance de
leur pereiine peuvent point faire de teftament ; f1 ce
r'eft de:deur pécule | c'eflä-dire de ce qu'ils ont àt-
quis. à -Hnguerte ou au Barréau : les furieux , ceux qui
font en démence ou en imbécillité , à moins qu'ils
. TES 525
m'aiènt eu de bons intervalles . les interdits , les muets
& fourds de nature, ceux qui font morts civilement.
| 2°, Pardemême Droit, ceux qui fervent de Témoins
ne peuvent pas être inftitués héritiers , mais ils peuvent
recevoir des legs. Dans le Pays Coutumier on ne peut
ren lesuer aux Témoins , encore moins aux Notaires,
Curés ou Vicaires. Il y a des Coutumes où le mars &
la femme ne fe peuvent rien donner par téftament ,
mais dans d’autres ils fe peuvent donner tout ce qu'ils
-pourroient donner à des étrangers. Les Tuteurs & Cu-
rateurs, nonplusque leursenfans, pendant la‘vie de
leur pere ;, font incapables de recevoir des less de
ceux dontils ont eu le foin jufqu’à ce qu'ils aient rendu
compté ; mais les Tuteurs honoraires & les fubrogés
Tuteurs en peuvent recevoir. Les Médecins, Chirur-
gienss les. Confefleurs font pareillement mcapables de
recevoir des:legs des malades” aufquels ils ont prêté
leur miniftere. Oran aux chofes dont on peut difpofer
par téflament;, unpere ; par exemple, felon le: Droit
Romain; peut d'frofer de tout fon bien , pourvü qu'il
aïfle la légitime à fes enfans. Dans le Pays Coutumiér,
-céêtte- faculté eft plus on moïinsétendue , felon la dif-
pofition des coutumes ; qûi varient à ce’füujet. Selon
- celle de Paris : on peut iloofer des meubles du quint
- des propres, >> APT OR | 21153 03
En Pays Coutumier il y a deux fortes de teftamens.
19,Le-teftament olographe: cette forte de teftiment
- doitêtre entierement écrit de la main du Teftateur , &
figné de lui, autrementäl feroit nul. x)
- #22 Le Feftament diété par le Teftateur ; & recu
-pardevant deux Notaires , où pardevant le Curé ou
Vicaire de la Paroifle du TFeitateur & un Notaire , ou
pardevant ledit Curé ou Vicaite & trois Témoins; ou
pardevant'un Notaire & deux Témoins idoines mâles
âgés desvingt ans & non légataires. Ce T'eftament
: doit avoir été relu au Teftateur .. & mention de ce en
- doit être faite ; être figné par lé Teftateur & les TE-
moins , & s'ils n'ont pù le figner , mention eft faite
- de lintérpellation qu’on leur'en a faite, & de la caufe
. pour laquelle ils ne ont pü: malgré cela il faut qu'il
y ait du moms un Témoin qui fione le Teftament à
- 426 TES |
peine de nullité ; il fiut que le teftament foit fait à uné
feule fois , & non à plufeurs reprifes.
Les Coutumes en France ne s’accordent pas fur l'âge
- auquel il eft permis de faire teftament : felon la Cou-
tume de Paris il faut avoir vingt ans accomplis pour.dif-
pofer de fes meubles & de fes acquêts, & vingt-cinq
- ans pour difpofer du quint des propres.
2°, Dans le plüpart-des Coutumes:; Pinftitution
. dhéritier qui eft la-bafe:-des teftamens faits felon le
Dron Romain ; n'a point lieu : par la raifon que le
Teftateur n’y peut pas fe-faire d’autres héritiers que
ceux que la Loi du fang lui a donnés : c'eft ce qui a fait
dire qu'en Pays Coutumiers ; on n’y fait pomt de vé-
ritables teftamens , &:.que ceux qu'on appelle de ce
nom ; ne ont que des codiciles. En effet , quoique:le
: Feftateur puifle faire des legs particuliers &umwerfels,
.<es legs ne comprennent qu'une certaine efpece de
biens ; tels que les meubles.&t acquêts , -& le: quint
des propres, du moins:dans Ja Coutumede Paris , les
! quatre autres quints: étant -réferves aux héritiers du
ÿ D ne comme étant-uné efpece de légitime que les
Contunies .ont accordé -à ces: derniers. Gepeñdant
» quoïqu'onne puifle difpofer que du quint des propres
par un acte de derniere, volonté, on peut difpofer de
la totalité de fes biens , lorfque c’eft par un:aéteientre
MS los mb enel soumeteod eve ni
2 FESTICULES enflés.- Remede. Prenezitrois ‘onces
de farines de févés ;; vérféz-y-deflus un :demsverre de
jus de lierre & d’yeblé, &!une ‘once-d’huile rofat: fai-
tes bouillir le tout mfqu'à cequ'il foit réduit! en con-
fiftance de cataplafme ; appliquez-le fur partie: mala-
. de :.la farine de ris. &'de haricots avec! oxicrat ; eft
auf fort bonne. Si la tumeur des téfticules-eft ac-
compagnée d’inflammation, , prènez dés -feuilies de juf-
quiame ; mettez-les dans dubeurre frais &: dans des
Æeuilles .de. chou avec lefquelles on les enveloppé ; on
_Jes fait cuire fous la braife. ; & on les applique ‘en for-
me de cataplafme..- . 38 wear
4 T'ESTIÇCULES erflés. des chevaux. Rémede. Faites
cuire, desiféves dans la. lié duswin de la moins épaifle ,
: jufqu'a nee: qu’elles foïent amollies- à force: de cire ;
TEE s
pilez-les, mettez-les en pâte ; ajoutez-y demi-once de
caftoreum en poudre fine : mêlez le tout ; étendez-le
bien chaud fur un linge, & envéloppez-en lestefti-
cules. Coulez le linge , mais auparavant graiflez les tefti-
cules avec de l’huile rofat , réitérez ce remede au bout
de 24 heures.
TETARD, Poïflon. Voyez MEUNIER.
TETE, maux de tête de caufæfroide. Remede.
Âttirez par le nez le fuc dela grande éclaire purifié.
Ou faites amortir fur une péle de fer mife fur le feu
une poignée d'herbes , appellée pied de us ; & ap-
pliquez-le fur la tête ou fur le front. Ou avalez une
petite écuelle de bouillon, dans lequel on aura fait
bouillir pendant un demi-quart d'heure une petite poi
gnée de feuilles de bétoine. n
Dans le mal de tête il faut toujours tenir le ventre
libre, car la conitipation le fait augmenter,
Mal de TETE de caufe chaude. Remede, Appliquez
en fronteau entre deux linges , des feuilles de mortelle
pilées & mêlées avec des cendres de farment en con-
fiftance de bouillon. Ou oignez le-front & les tempes
d'onguent de populeum. |
Mal de TETE appellé clou , parce qu'il eft fixe &
arrêté , comme un clou qui y feroit planté. Remede.
Pilez de la verveine ,.& l’appliquez après les remedes
généraux. |
Si le mal de tête vient de l'abondance du fans , ce
que l’on connoït par des yeux enflammés , par un vio-
lent battement de poulx aux côtés des tempes , & par
une urine rouge , il faut fe faire faigner & fe rafraichir
avec une ptifane d'orge & de chiendent , prendre quel-
ques layemens , & fe purger le troifieme ou quatrieme
Jour , avec uneonce & demi de cafle difloure en deux
verres de petit lait.
S'il vient de labile, on peut employer la faignée &
léslavemens faits avec une décoétion ordinaire ; pren-
dre le foir des juleps avec les eaux de chicorée & de
POurpier, Si la douleur continue, on pent fe faire {ai-
gnéer encore , & on doit prendre un vomitif, comme
deux onces de vin émétiqué , ou deux où trois grains
de tartre émétique, ù
528 CRE aie |
Dans les maladies de la tête, tels que lapoplexie ;
l'épilepfie, le vertige , &tc. on doit prendre les reme-
des depuis la nouvelle jufqu’a la pleine lune, _
THÉ. Petite feuille d’un arbrifleau qui ceroïit aux
Indes orientales. Le bon thé doit être en petites feuil-
les entieres, vertes, d’une odeur de violette. On doit
le garder dans une boëte bien fermée , afin de: con-
ferver fon odeur énlaquelle confifte fa vertu : on en
met infufer deux pincées cuenviron une dragme dans
une livre d’eau ou chopine., & aufhi-tôt que les feuilles
vont au fond , onle retire , & on prend l'infufion tou-
te chaude avec du fucre , & à plufieurs prifes. On peut
le faire infufer tne demi heure , & cette, efpece de
déco@ion eft bonne contre l'indigeftion , les crudités ,
& les autres vices de l’eftomac, contre le mal hypo-
condriaque : elle confume lacide des premieres voies,
Le thé eft un bon céphalique , il ôte lafloupiflement,
réveille les efprits , prévient la goute , l’apoplexie , la
paralyfie.
On diftingue le thé en trois fortes 1°. Le thé verd
commun ;il a les feuilles petites & chiffonnées , &
collées enfemble en féchant : fon goût eft aftringent ,
fon odeur agréable , il donne à l’eau une couleur d'un
verd jaunûtre. | se
2°. Le thé verd plusfin: fes feuilles font plus gran-
des , point roulées ; il eft d’une couleur un peu plus
pâle que le verd bleu ; d'üne odeur agréable & de vio-
lette , d'un goût plus gracieux : fon infufion eft d'un
verd pâle : on peut rapporter à cette efpece, tous les
thés d’un haut prix comme l’impérial.
3°. Le thé bout a les feuilles plus petites & plus.
pliffées que les deux efpeces précédentes, il eft aufh.
plus foncé ;il a le goût des autres; il eft doux: & af
tringent , & a un peu l'odeur de la rofe.
HERIAQUE. Compofition qüe l'on trouye chez.
les Apoticairés, & dans laquelle il entre de la poudre,
de vipere, de l’opium , & ‘pluñeurs autres ingrédiens.,
Elle eft très-utile contre beaucoup de maladies..Prife
par la bouche. Elle eft bonne contre toutes fortes.de.
poifons , morfutes , piquüres de bêtes vénimeufes .,
morfures de chiens enragés; contre toutes fortes de
THE er
févres peftilentes, contre toute pourriture , dyarrhée,
dyflenterie , ventofités, convulfons, épilepfes , pe-
faiyfiés , apoplexies , & contre toutes maladies de cer-
Veau caufées de froïdeur ; contre les inquiétudes , les
infomnies , lhydropifie , la jannifle , & enfin contre
toutes paflions hyftériques. Ea dofe eft pour les en-
fans depuis un grain juiqu'à fix: & pour les grandes
perfonnes , depuis un gtos jufqu'à deux gros.
On lemploie aufli extérieurement en l'appliquant
en forme d'emplâtre fur les clous , bubons peftilen-
tiels & vénériens : fur le cœur, l'eftomac & le bas
ventre, pour réfifter à la malignité & faire mourir les
vers. | |
“Onla mêle dans l'efpritde vin, parmi les huiles &
les onguens , & on l'applique fur toute l'épine du dos,
fur la plante des pieds , les poignets , dans la fiévre
quarte , &c autres intermitentes. On peut faire de
l'eau Thériacale dans trois onces de bonne eau-de-vie.
La dofe eft depuis un fcrupule jufqu'à deux dragmes.
THERMOMETRE & Bsrométre. Le Thermomé-
tre eft un inftrument néceflaire à la campagne autant
qu'à la ville : il fert à connoïître la température d'un
heu , es degrés de chaleur ou froideur de l'air, I] y
en à de deux fortes ; les uns font ouverts par le bout
d'en bas comme le Barométré , l'autre bout eft fermé
hermétiquement, & {e termine par une petite boule
pleine d'une liqueur colorée , laquelle monte ou def-
cend dans le-tuyau, füivant que l'air qui y refte en-
fermé fe fareñie ou fe condenfe : d’autres {ont fcellés
hermétiquement par les deux bouts + Celui d’en-bas
£ft rérminé par une boule dans laquelle eft renfermée
la Jiqueur. Che liqueur ÿ monte quand ilfait chaud ,
&t elle defcend quand il fit froid : on connoit les de-
grés de cette chaleur où froideur par desdivifons qui
ont marquées fur une platine fur laquelle on pofe le
tuyau. Un Apgriculteur 4 befoin d'un 1 hermométre
en différéntes'occafions , pour pouvoir faire avec plus
de fuccès les divers travaux champêtres.
Comme nous venons de donner une explication du
hermométre,& que la pKüïpart des perlonnes-qui en ont
on , Ont auih un Barometre; nous avons cru devoir
530 THI
facer ici l'explication de cet autre inftrument de.
| ES fe ù
Un Barométre eft deftiné à connoitre & à mefurer la
pefanteur ou la légereté de l'air. Il eft compoté de
deux tuyaux de verre , ayant environ quatre pieds de
longs , & la quatrieme partie d'un pouce de diamétre
dans fa cavité: il eft fcellé hermétiquement par le bout
d’enhaut; celui d’en bas eft fait en forme de phiole
& rempli de vif-argent. j
L'une des branches eft fermée hermétiquement par
l'une defes extrêmités ; l’autre eft ouverte par en haut,
& pleine de quelque fiqueur qui ne géle point enhiver,
A côté de ce tuyau, on marque fur une platine , la-
quelle eft clouée fur le bois qui fert à foutenir les tu-
yaux , les degrés de l'élévation du mercure. :
Comme on a chaflé tout l'air grofher lors de la conf-
truétion du Barométre , le mercure demeure fufpendn à
la hauteur d'environ vingt-huit pouces plus ou moins,
felon que l'air eft plus léger ou plus pefant. Le Baro-
métre a fait découvrir que la colonne d’air de la: grof-
feur du tuyau péfe 28 pouces de mercure & 32pieds \
d'eau. |
On aremarqué que la péfanteur de l'air varieconfi- !
dérablement dans les mêmes lieux en difflérens tems ; |
qu’il eft ordinairement plus pefant dans un temsclair& |
ferein, & qu'il eft plus léger dans un tems nébuleux &
chargé de vapeurs.
Le Barométre baïfle d’une ligne quand on le porte
à 60 pieds ou environ au-deflus du niveau de la mer ;
car le Barométre varie dans les mêmes circonftances du
tems : fa grande utilité eft de marquer le tems fec, ou
humide. On peut s'attendre à du fec , à proportion que
la colonne de vif-argent eft plus preflée que la colonne
d'air qui péfe deflus ; & on connoïtque le tems fera
humide à proportion qu’elle eft moins preflée. Ces deux
inftrumens font d'une grande utilité pour les opéra-
tions de l’agriculture ; car par leur moyen on con-
noît l’état & les variations du tems fans fortir de chez
foi. RE ee à
THIM, plante à la hauteur d’un pied. Ses bran-
ches font ligneufes & grêles ; fes feuilles, petites &
ST = blanchâtres
ms rs ms
| THO THE 53%
blanchôtres ; fa fleur eft gueule , & découpée par le
haut en deux lévres : elle naît au fommet des rameaux.
Le thim fe feme & fe replante de plant enraciné d’une
tuffe en plufieurs brins avec les racines > & dont on
éclate le pied.
On emploie le thim dans les bains aromatiques ,
pour fortifier les jambes & les autres parties affoiblies,
+ Sa décottion eft bonne contre l'afthme ; on l'applique
en cataplafme fur les endroits goutteux.
THON. Gros poïlon de mer qu'on fait mariner en
Provence, & que l'on mange en falade ; on peut le
manger en caille, c’eft-à-dire, qu'on en met plufieurs
tranches dans une petite caifle de papier avec beurre
frais, fines herbes : on les panne de mie de pain : on
met la caïfle dans une tourtiere avec feu deflus &
deffous : on ne les laïfle que le tèms de chauffer &c
prendre couleur.
TIERCELET. On appelle ainfi le mâle d'un oi-
feau de proie ; il eft plus petit que la femelle, & bien
moins fort,
TIERCEMENT. Terme ufité en fait d'adjudica-
tion des bois. Le Tiercement eft le tiers du prix princi-
pal ; de façon que fi un arpent de bois a été vendu
150 liv. & qu’un des Enchériffeurs veuille lavoir par
préférence de prix, il fait fignifier dans les vinot-
quatre heures à l’Adjudicataire & au Propriétaire ,
qu'il entend tiercer, & qu'il prendra lefdits bois à
200 liv. larpent. Un autre Marchand peut encore
doubler fur cela, c’eft-à-dire » Offrir 2$ liv. en fus,
ce qui fait moitié du tiercement ; & lorfque le pre-
mier Adjudicataire , ni le Tierceur , nile Doubleur ne
veulent céder, & qu'ils confeñrent chacun en parti-
culier de payer ledit dernier prix qui feroit dans le
cas fuppofé 22; liv. par arpent , on allume la bougie ,
&t chacun des trois ou deux feulement , fi l'un des
trois s’eft retiré, enchériffent par vinet fols , jufqu’à
ce que la bougie s’éteigne : au moyen de quoi l'ad-
judication refte au dernier Enchérifleur & fans retour,
En Normandie les ufages fur cela font différens,
TICLEUL, grand arbre fort propre à faire des allées
& des cabinets de verdure, Son bois eft blanc ainf
Tome II, Kk
#32 TA LES
que fon écorce ; fa tige belle , fa tête bien garnie, fa
feuille verte & dentelée. Cet arbre fe verfe aifément ,
& il ne dure pas long-tems : il aime la terre grafle &
les lieux ou :l y a un peu d'humidité : on les éleve
de graine , & ce font les meilleurs, ou de plant enra-
ciné : en ce cas on doit choifir les plus petits , & les
mettre en pépinières quelque tems auparavant. afin
qu'ils prennent du chevelu. Son écorce fert à faire
des cordes à puits.
Le bois de Tilleul s'emploie par les Menuifiers,
Coffretiers, Layetiers, Tourneurs , parce que ce bois
eft tendre , quoique ferré, & que le cifeau le coupe
facilement. On le débite en tables épaifles depuis deux
jufqu’à cinq pouces , & longues de douze.
Le Tilleul le plus eftimé eft celui de Hollande.
TIRASSE. Grand filet à mailles faites ordinaire-
ment en lozange, & de fil tors & retors. On met une
corde tout le long d’un des côtés de la Tirafle pour la
tirer ; on fe fert de ce filet pour les caïlles & les per-
drix. Voyez CAILLES.
TIROIR , Terme de Fauconnerie. C’eft une paire
d'ailes de chapon ou de poulet ajuftée en maniere d’oi-
feau, avec un petit morceau d’étofle rouge , & dont
les Fauconniers fe fervent pour rappeller loifeau de
proie fur le pomg..
TISANE ( la ) eft une efpece de boïffon légere com-
pofée de racines, de feuilles & de fleurs , auxquelles
on ajoute quelquefois des fels. La Tifane ordinaire
eft faite avec de l’eau bouillie, du chiendent & de la
reglifle. On doit éviter de la faire trop épaifle de peur
de charger l'eftomac du malade : ainfi on ne doit
mettre pour chaque pinte d'eau qu'une poignée de ra-
cines , deux poignées de feuilles , deux pincées de fleurs,
une demi-poignée de fruits ou de femences, & onles
prépare avec les fimples convenables à la maladie. En
pas , on ne doit pas faire boulilir les Tifanes
ons-tems, Il y a beaucoup de fortes de Tifanes.
TisANE. pour purifier le fang , & poufler hors du
corps les humeurs fuperflues. Dunes une poignée de
racines de patience , autant d'orge mondé , vmgt
vieux pruneaux , dix ou douze jujubes , & une poi-
TIS 533
gnée de lentilles : faites bouillir le tout dans un #0-
quemar de terre avec trois chopines d’eau, see ce
qu'elle foit réduite à une pinte; coulez-la enfuire à
travers un linge blanc : partagez la colature en fix
prifes. Prenez-en une tous les matins à jeun , & ne
mangez que deux heures après.
TISANE univerfelle pour toutes les maladies , Ca-
pable de renouveller les forces , & de conferver la
fanté.
Prenez demi-mefure d'avoine , de la meilleure ,
bien nette & lavée, & une poignée de racines de
chicorée fauvage nouvellement arrachée : mettez-les
bouillir enfemble dans fix pintes d’eau de riviere pen-
dant trois quarts d'heure , à moyen bouillon; puis
ajoutez-y une demi-once de criftal minéral, & trois ou
quatre cuilierées de bon miel à manger, pefant envi-
Ton un quarteron. Remettez encore bouillir le tout
enfemble pendant une demi-heure ; après pañlez le
tout par un linge, & ayant mis la tifane dans une
cruche , laiffez-la refroidir.
Prenez-en le matin à jeun deux bons verres , de=
meurant deux ou trois heures après fans manger ; &
rois ou quatre heures après le diner , encore deux au
tres verres, continuant ainfi pendant quinze jours , &
agiflant à l'ordinaire.
Ceux qui font un peu replets & ferrés, doivent faire
précéder cette boiflon par quelque lavement ou légere
purgation. Cette tifane purge parfaitement les reins 4
décharge le cerveau , nettoie le poumon, le foie , la
rate ; chaîle toute gravelle , fiévre, laffitude , affou-
Piflement , réveille les fens, ouvre l'appétit , engraïfle
& donne force & vigueur, Pour fe conferver en fanté,
il fuit d'en prendre pendant quinze jours deux où
trois fois l'année , principalement pendant les cha
leurs de l'été, qui eft la faifon la plus favorable pour
s'en fervir ; ce remede a guéri plufieurs maladies in-
vétérées.
TISANE rafraichiffante & adouciflante. Lavez une
poignée d'orge : laiflez-le égouter : faites-le cuire dans
trois chopines d'eau jufqu'à ia diminution du tiers ;
verfez cette déco@tion dans une terrine où vous aurez
KKk 2
533 TIS
mis demi-once de réglifle ratffée & concaflée : laiflez=
la refroidir , & la coulez ; elle tempére la fiévre , & mo-
dere le rhume & l’âcreté des humeurs.
TisANE contre la toux provenant du rhume. Cou-
pez de la reglifle fort menu ; ajoutez des figues & du
pas-d’âne la quantité fufifante : jettez le tout dans deux
pintes d’eau : faites réduire la décoétion à la moitié ;
puis faites-la refroidir , & buvez-en aux repas, & hors
des repas.
TisANE purgative. Prenez deux dragmes de fené ,
demi-once de coriandre , demi-once de reglifle , &
demi-onces de rofes de buiflon. Mettez tremper le tout
le foir dans une pinte d’eau froide , & le lendemain
matin pañlez-le par un linge blanc: prenez-en un verre
en vous levant ; ne mangez pas de deux heures : pre-
nez-en autant après la digeftion du diner , & le troi-
fieme verre en vous couchant. .
TisANE de fanté pour décharger le ‘cerveau, né-
toyer le foie & la rate, & les autres vifceres , rafrai-
chir & donner de la vi’ueur.
- Prenez un demi-picotin de bonne avoine bien nette,
une poignée de racines de chicorée fauvage , une demi-
once de criftal minéral , un quarteron de miel , quatre
pintes d'eau de riviere: faites bouillir lavoine avec la
chicorée dans cette eau pendant trois quarts-d'heure :
mettez enfuite le miel & le-criftal , puis faites bouillir
le tout une demi-heure , & paflez-le ; prenez-en à jeun
pendant quinze jours.
Obfervat. fur le fujet de cette boiflon. Comme elle eft
d'un grand ufage dans les maladies , elle doit être pro-
portionnée à la quantité de l'urine , ou de ce quipeut
s’en féparer par la tranfpiration infenfible. Cette boif-
fon doit être digérée , autrement elle fournit au fang des
parties crues & étrangeres plutôt capables d’augmen-:
ter fon défordre que d'y remédier; d’ailleurs une trop
rande abondance de boiflon relâche trop l’eftomac
& les vaïfleaux , & ce relâchement fe communique à
tout le fyftême des nerfs: c’eft-là fouvent la principa-
le caufe des angoïfles & des tenfions du bas ventre
qui jettent le malade dans des accidens dangereux.
Raulin , Traité des maladies.
LT L'IGI 535
TITRE NOUVEL. (pañler) Pour entendre ce que
c'eft , il eft bon de favoir , que lorfqu’il nous eft dû
une terre affeétée & hypothéquée fur un tel fonds x
nous obligeons le nouveau Propriétaire de ce fonds à
nous pañler titre nouvel , c'eft-à-dire , à reconnoître
par un Acte, qu'il eft Propriétaire d’un tel fonds af
fecté & hypothéqué à une rente qui nous eft dûe , &
qu'il promet de payer & continuer à l'avenir les arre-
rages & intérêts , ou bien de déclarer que cet héritage
eft chargé de tels droits ou rentes pour empêcher Îa
prefcription. |
On fait auf pañler titre nouvel à celui qui doit une
rente conftituée pour empêcher la prefcription de trente
ans que le Débiteur pourroit oppofer à fon Créan-
cier.
TOILE (la) eft un tiflu de fils entrelaflés , dont les
uns s'étendent en long , & les autres en travers. On fait
de la toile avec du chanvre » du lin & du coton. F 0yez
les articles Chanvre & Lin.
Comme en bien des endroits de a campagne on fait
filer du chanvre ou du lin Pour faire de la toile, &
qu'enfuite on fait faire la toile par un Tiflerand , il eft
bon de favoir la maniere de blanchir les toiles.
1°. Dès qu’on a recu la toile des mains du Tifferand >
on doit la laver dans de l'eau chaude , afin d’ôter Ja
pâte qui y refte , puis la mettre à la leffive , laquelle doit
. être compofée de cendres bien fortes avec des racines
d'yeble. La leffive étantfaite, & la toile bien lavée enr
eau claire , & favonnée avec du favon noir , il faut l’é-
tendre à l'air , au ferein , & À la rofée fur l’herbe , &
larrofer än foleil , la laïflant de la forte fept à huit
jours , & elle fera très-blanche. Chomel,
TOISE , mefure. [1 y en a de trois fortes : 1°, la
Toife courante , C'eft-à-dire , celle où l’on ne mefure
que la longueur ou hauteur : elle eft de fix pieds ;
2°. la Toife quarrée , qui eft celle où l'on mefure une
furface en longueur & en largeur , elle a trente fix pieds
quarrés ,3% [a Toife cube qui contient fix pieds en
tout fens , longueur , largeur & profondeur , & qui
contient 216 pieds cubes.
TOISÉ (le) eft le mefurage d'une farface qui fe
| Kk3
36 TOI
ait avec la toifé : cette mefure eft de boïs, & les
pieds & pouces y font marqués par des liones. Pour
toifer toutes fortes de terreins & places , on doit fa-
voir que la toife cube de terre contient 216 pieds,
comme on vient de le dire ,*& pour s’en convaincre,
on doit multiplier la longueur de la piace par la lar-
geur & le produit par la-hauteur : ainfi, une toife
cube de terre ayant fix pieds de tout fers, on multi-
plie fix par fix qui eft la longueur & la largeur , cela
produit 36 pieds , & le produit étant multiphié par fix,
c'eft-à-dire , fi on additionne 6 fois 36, qu eft la
hauteur , il viendra 216 pieds ; par cet exemple, on
peut toifer toutes fortes de places de terres.
Quand la chofe qu’on toife eft d’une figure éga-
le , on multiplie pour les furfaces la longueur par
la largeur , & quand c’eft un folide cube, on multi-
plie la hauteur par le produit de la longueur & de la
largeur.
Toisé de Maçonnerie felon les Us & Coutumes
de Paris. Les murs, foit de pierre de taille, ou de
moïlon , fe toifent toife pour toife de quelque épaifleur
qu'ils foient, & on ne rabat aucun vuide pour les
croïfges ni les portes , mais à celles où il n’y a point
de pierre de taille on rabat la moitié. 2°. Les avant-
corps ; failles & entablemens , fe toifent à part du
corps des murs ; 3°. les cloifons recouvertes des deux
côtés le toifent comme pour gros mur : celles qui ne
font point recouvertes , vont à deux toifes pour une.
L'enauit des vieilles murailles qu'il faut rehacher , fe
compte à fix toifes pour une. Les folives qui font au-
deffus des poutres, vont à un quart de pied : à l’e-
gard des fcellemens , ceux de corbeau avec tuileau &
plâtre , fe comptent pour un pied; ceux de gond aux
contre-vents , aufli un pied ; les autres que pour demi-
pied : ceux des barreaux de fer pour demi-pied chacun,
quand c’eft dans la pierre de taille , & pour un quart
fi c’eft dans le plâtre : chaque piéce de moulure fe
compte pour demi-pied.
A l'égard des ouvrages de figure inégale : frce font,
1°, des marches d’efcalier , on toife tant la hauteur
que la largeur , comme pour les gros murs , & fi les
T'ON s37
marches font tournantes , on ne les toife que par le
milieu de leur longueur. 2°. Les arcs des voutes fe
toifent en-dedans , & on prend le tiers de la longueur
de l'arc que l’on muïtiplie par la longueur de la voute :
il y en a qui prennent le tiers pour toutes fortes de
voutes. 3°. Les piles de pierre de taille qui foutiennent
les arcades des caves fe toifent fur leur largeur & épaif-
feur : ainfi une pile de quatre pieds eft toifée pour
fix. 4°. Les tuyaux & manteaux de cheminée fe toi-
fent pour mur, & leur hauteur par leur pourtour , ra-
battant les épaifleurs des languettes, & augmentant
neuf pouces pour celles du plancher ; les âtres faits de
carreaux pour un fixieme de toife. $°. Les plafonds à
lattes jointives , toife pour toile ; les recouvremens
des poutres , trois toifes pour une; les planchers car-
relés toife pour toife. 6°. Les tuyaux des privés par
leur hauteur , & fur fix pieds de pourtour , & les con-
tremurs derriere les tuyaux , toife pour toife ; les
fours , pied pour toife , s’il a fix pieds en œuvre.
Selon le T oifé de bout avant fans retour, qui a été
établi par l'Ordonnance de Henri IL. de l'an 1557,
les Maçons font obligés d’orner leurs bâtimens de
faillies & de moulures fuivant fa qualité , fans que les
faillies & les moulures puïflent être toifées , non plus
que le vuide , maïs feulement le plein. Mais coinme
les Maçons fçavent à combien la toife leur peut revenir,
les faillies comprifes , fans qu'elles foient toifées , ils
viennent facilement à bout d’éluder cette Ordonnance ,
en forte que ceux qui font bâtir, rifquent d’être leur
dupe. Ainf , le plus sûr eft de fpécifier exa@tement par
un devis la condition à laquelle on veut toifer & expli-
quer que les murs, pans, tuyaux & manteaux qui el
ça & là le long des murs , ne feront point toifés, mais
feulement le corps des murs enfembie , avec les pans,
tuyaux & manteaux, depuis l'extrémité du haut d'i-
ceux ; déclarer en termes exprès qu'on entend, ou
qu'on n’entend pas toifer les failies , moulures, à
raïfon de demi-pied pour chaque partie de moulure,
qu'elles ne feront point toifées du tout, qu’on entend
que le vuide ne fe toifera pas, qu'on ne toifera que
ce qui fera plein & rempli de maçonnerie.
KKk 4
$38 TOT
Il eft bon , pour prévenir toute contravention ; de
favoir que toutes faillies qui font fur un corps de ma-
çonnerie , lorfqu'on les toife , fuivant le prix de la
toife : ainfi fi c'eft un mur de pierre de taille , les fail-
lies vont au même prix; il eneft de même fi c’eft fur
fimple maçonnerie , ou fur pans de bois & cheminées.
ToisÉ de la Charpenterie. Comme on vend le bois
à la piéce & au cent de piéce, il faut favoir , par le
moyen du toifé, le réduire a la piéce ; or, chaque
piéce de bois doit avoir douze pieds de long fur fix
pouces en quarré , ou la valeur : ainfi il n’y a qu'à
multiplier la groffeur d'une piéce par fa largeur , & le
produit par fa longueur. Par cette régle , toutes fortes
de piéces , de quelque longueur ou largeur qu’elles
foient , peuvent être réduites. 2°. On doit régler dans
le marché les groffeurs & longueurs des piéces de bois.
3°. Tousles bois qui fe débitent dans les forêts, ont
ou 6 pieds , ou 9 ,ow 10 & demi, ou12, ou 13 &
demi, ou 15 , ou 18, ou 21 pieds & toifes. 4°. Comme
les piéces de charpente font plus grandes les unes que
les autres, quand la longueur d’une piéce approche de
celle du Marchand de bois , elle eft toifée , comme ff
elle avoit effeétivement la longueur de celle du Mar-
chand: par exemple , fi elle n’a guères plus de dix pieds
& demi de long , elle eft toifée comme fi elle étoit
longue de 12 pieds ; mais fi la rognure eft de 10 pieds,
lorfque la piéce doit être de 12 , elle eft toifée pour
10 pieds feulement , parce que la rognure peut fervir.
Ainfi felon les Us & Coutumes de Paris, $ pieds de
bois mis en œuvre font comptés pour 6 ; 6 & demi
pour7 & demi; 8 pour 9; 10 pour 10 & demi; 11
pour 12; 13 pour 13 & demi; 14 pour 15; 16. pour
18 , & 21 pour 24 , qui font 4 toifes.
Pour éviter l'embarras de ces réduétions , il eft de
l'intérêt des particuliers qui veulent bâtir, de ftipuler
dans leurs marchés, que les bois feront payés fuivant
la mefure qu'ils fe trouveront avoir en œuvre, &
conformément à ce qui fe pratique dans les marchés
des bâtimens du Roi , fauf à donner quelque chofe de
plus du cent du bois; enfin, il faut expliquer diftinc-
tement les conditions tant de l’un que de l’autre toifé.
er
4: QE T'ON 539
… Toisé des couvertures de tmile. On prend le
ourtour depuis un des bords de l’égoût jufqu’au bord
e l’autre égoût paflant par-deflus le faite : on ajoute
au pourtour un pied pour le faite , &t un autre pied
pour chaque égoût. On multiplie ce pourtour & les
pieds ajoutés , par la longueur de la couverture à la-
quelle on ajoute deux pieds pour les demi-ruellées des
bouts (c’eft l’enduit de plâtre qui jomt la tuile à la
muraille } & le produit donnera le contenu de la cou-
verture.
: Quand le bâtiment eften croupe ou pavillon , on
mefure la couverture par le milieu en tournant tout
autour, & ajoutant un pied pour ruelle ou enduit de
plâtre qui couvre les piéces de boïs qui forment les
angles du toit : le produit donnera le double de la
couverture. Âu refte, on mefure les couverturestou-
tes pleines, quoiqu'il y ait des lucarnes ou des œils de
bœuf ; le vuide fe compte même à part , & on l’ajoute
au premier produit. Chaque extrémité de la couverture
qui tombe dans la goutiere , & qu’on appelle le barre-
lement , eftcomptée pour un pied ; les lucarnes pour
demi-toife ; les œils de bœuf ordinaires pour 18 pieds;
une. vûe de faitiere pour fix pieds quarrés , le pofement
de goutiere pour un pied.
e prix de la toife de maçonnerie ou gros mur en
plâtre pour la façon feule , eft de 2 Liv. jufqu'a 3. liv.
&$s ou-6 liv.f lOuvrier fournit tout. Le prix de la
façon pour la toife du gros mur en terre en fournif—
faat chaux & fable , eft de 3 liv, Le prix de la façon
pour la torfe d'un mur de cour, d’un clos ou jardin ,
eft depuis 18 folsjufqu'à 22,
TOIT äporc. On le conftruit près des étables ; le
plancher doit en être pavé , & les murs de moilon bien
enduits de mortier , de peur qu'avec leur grouin ils ne
fourniflent le fol & ne détruifent les murs.
TONNEAU. Vaïfleau de bois où l’on met le vin,
la bierre , le cidre , l'huile, & autres liqueurs. Les
tonneaux deftinés particulierement pour le vin , &
fur-tout les vins fins , s’appellent poinçons ; ïls doi-
vent être de bon merrain de cœur de chêne , de fil droit,
fans aucun nœud ni aubier : les douves ne doivent
ÿ40 TON
pas avoir plus de trois ou quatre psuces de largeur : fi
elles en avoient davantage , le tonneau ne pourroit
être rond: leur épaïfleur doit être proportionnée à la
contenance du vaifleau , & doit être un peu plus forte
fur les deux extrémités que vers le centre. Il en eft de
même des pieces de fonds : ils doivent être bien reliés;
les meilleurs cerceaux font ceux de châtaignier. Les
cuves doivent être de même, mais hautes de quatre
pieds & demi , les douves doivent être larges de cinq à
fix pouces , épaifles d’un pouce & demi.
Lorfqu'on achete des tonneaux , on doit encore s’inf-
truire de leur mefure , c’eft-à-dire , Silsont la conte-
nance requife. S
Les tonneaux font un objet de la plus férieufe
conféquence pour la confervation du vin. Selon qu'ils
font plus ou moins épais , & bien ou mal reïés » ] fe
fait plus ou moins d'évaporation par les rempliflages.
Ainfi lorfque des tonneaux font très-épais, & que le
merrain a au moins fix lignes d’épaïfleur ; car il doit
être ainñ lorfqu'il s’agit de loger du vin pour la con-
fommation , & non pour le tranfporter par voiture ,
il y aura plus de diminution après le foutirage ,
pourvû qu’on ait l'attention de remplir les tonneaux
toutes les femaines : car un tonneau qu'on ne rem-
plit que tous les mois , confomme plus de vin dans le
courant de l’année , que quatre qu’on remplit deux
fois la femaine. Si on a cette attention » & que le
merrain foit bien choiïfi, & les caves fraiches ileft
conftant qu’alors le vin ne dépenfe prefque rien: mais
file merrain n’a que quatre lignes d’épaifleur , comme
c'eft l’ufage de quelques vignobles , il n’eft pas pofhble
que du vin ainfi logé, ne perde par la tranfpiration ,
& qu'il ne foit beaucoup travaiilé par le chaud & je
froid.
TONNELLE. Filet à prendre les perdrix , il doit
avoir quinze pieds de queue , c’eft-à-dire , du côté qu'il
a la forme d'un pain de fucre avec un pan ou Jongueur
de filet à chaque côté comme en demi-cercle. Pour cet
effet ,'un Chafleur s’enferme dans une efpece de pa-
nier qui repréfente le figure d’une vache, & couvert
d'une toile de la même couleur ; & une fonnette au
DUR ON FOU S41
col , & contrefait la marche d’une vache qui pait ; il
pañle derriere le lieu où font les perdrix, & les chafle
doucement vers la tonnelle afin qu’elles y entrent.
TONNERRE. Il eft certain que les lieux élevés
font en général plus expofés à la foudre que les en-
droits bas, parce que la foudre a moins de chemin à
fairep our les rencontrer: ainfi comme les pointes des
montagnes ou des clochers peuvent fendre la bafe de la
nuée , elles facilitent la chûte de la foudre: de-là on
peut réfoudre la queftion , fi le fon des cloches peut
écarter le tonnerre , ou s'il en 2ccélére la chûte., Il
eftconftant qu'il le peut, pourvû que la nuée ne foit
pas au-deflus du clocher ; car fi elle y étoit, la com-
motion que le bruit des cloches exciteroit | accélére-
roit la chüte du tonnerre. Les gens dela campagne com-
mettent ordinairement cette faute , qui coutent fou-
vent la vie aux Sonneurs. On a plufieurs exemples rap-
portés dans les Mémoires de FAcadémie d’un beau-
coup plus grand nombre d'Eglifes où la foudre eft
tombée où l'on fonnoit, que de celles où l’on ne fon-
noit pas. Îleft donc eflentiel de s'appliquer à connoi-
tre à peu- près à quelle diftance eft la foudre.
TONTE de la laine. Voyez Moutons & Laine.
TGNTE dés arbres. Voyez Arbres.
TOPINAMBOURS ou Pommes de terre. Ce font
des racines rondes qui viennent dans la terre, & que
lon mange en Carême ; ils viennent mieux de plant
que de femence , on les repiante au mois de Mars ; il
ne leur faut qu'une bonne terre pour profiter.
TORMENTILLE , petite plante qui crox fur les
montagnes & dans les bois: celle qui vient des Alpes
& des Pyrénées , eft la plus eftimée pour les remedes;
c’eft fa racine qu’on emploie , fur-tout dans la pefte &
les autres maladies malignes accompagnées de dyflen-
terie & d'hémorragie fréquente du nez. Elle réfifte au
venin , arrête le mouvement vicié du fang ; on la mêle
dans les remedes cardiaques.
TOURBES (les) font des mottes de terre fpon-
gieufe ; les meilleures font faites de la fuperficie des
gazons , on les coupe en forme de brique , & on les
fait fécher. Ce n'eft que dans certains cantons qu’on
542 ON
trouve les veines de terre propres à faire de la tourbe ;
comme aux environs d'Amiens & dans la Flandre :
c'eft dans les prés dont le fond eft fpongieux & tout
parfemé de racines, qu'on tire la tourbe , après que le
pré a été fauché ; on enleve À coups de bêche toute la
terre du pré; on donne à chaque morceau de terre la
forme d'une brique: on les arrange l’un fur l'autre fur
leur longueur pour les faire bien {écher , enfuite ou
les drefle par piles , & on les vend le plutôt qu'on peut,
avant que la pluye les ait mouillés.
TOURDES, efpeces de grives. Les Tourdes com-
muns font de la groffeur d’un merle ; on les engraifle
comme les caïlles, ms on ne peut les élever que dans les
contrées où ils ont été pris. Leur chair eft très-délicate,
fur-tout celles des Tourdes des pays chauds.
TOURONS , fortes de friandites. Prenez des aman.
des pilées , des avelines, & de l'écorce de ‘citron verd:
coupez-les par petites tranches ; defléchez-les dans 14
poële avec un peu dufucre en poudre ; fouettez deux
ou trois blancs d'œufs fuivant la quantité : mettez vos
amandes dedans & du fucre en poudre , jufqu'à ce
qu'il y en ait affez pour les rendre maniables: dref-
fez-les à la main fur du papier, & les faites cuire à un
petit four.
. TOURTE. Sorte de pâtifferie qui fe fait avec une
pâte brifée, & dela maniere fuivante. 1°. On doit fe
régler pour la dofe fur le plus ou le moins de pate qu’on
veut faire ; ainfi , fur un quart de farine il faut cinq quar-
terons de beurre & une once de fel : mettez votre fari-
ne fur une table bien propre ; faites un trou dans le
milieu pour y mettre le fel & le beurre par petits mor-
céaux ; ne mettez de l’eau que ce qu'il faut ; mariez bien
le beurre avec l'eau, & petit à petit avec la farine.
Quand la farine a bu toute l’eau , pêtriflez-la à force
de bras ;il faut que la pâte foit bien épaïfle , & bien
liée : ne faites cette pâte que deux heures avantde vous
en fervir , afin qu'elle ait le tems de revenir. C’eft
avec cette pate qu'on fait toutes fortes de Tourtes
pour entrée , comme viande de boucherie » gibier, vo-
lille , poiflon,
TOURTE de godiveau. Prenez un morceau de veau
TOU 543
avec quelques blancs de chapon ou de perdrix , & la
même quantité de graïfle de bœuf que de viande :
mettez-les fur une table ; affaifonnez-les de fel , poi-
vre , fines épices , fines herbes , & perfil: hachez le
tout ; faites une abbaïfle de pâte brifée : formez le
fond de la tourte que vous voulez faire : faites-y un
lit de godiveau ; arrangez-y du ris de veau , quelques
crêtes , de petits champignons , quelques andouille-
tes de godiveau , quelques culs d’artichaux : couvrez-
la de bardes de lard , & d’un couvercle de la même
pâte : frottez-la d'œufs ; mettez-la cuire au four 5
étant cuite, découvrez-la , Ôtez les bardes de lard,
dégraïflez-la; mettez y un coulis clair de veau & de
jambon.
TourTE de Pigeonneaux. Prenez de petits pi-
geons de voliere , échaudez-les, vuidez & troufle-
les : faites une pâte avec de la farine , un œuf , du
beurre , du fel, & de l'eau ; laïflez-la repofer une heu-
re, & maniez-la avec un morceau de beurre : faites
une abbaïfle ; foncez-en une tourtiere ; mettez-y deflus
un peu de lard rapé ; arrangez-y les pigeons , avec
desris de veau , crêtes, champignons , trufes , Culs
d'artichaux , fl, poivre, mufcade , peu de fines hér-
bes , oignons piqués de clous : couvrez les pigeons de
tranches de veau, de bardes de lard, & d’un peu de
beurre frais ; couvrez votre tourte d’une abbaïfle ; fai-
tes une bordure autour , dorez-la d’un œuf ; faites-la
cuire pendant deux ou trois heures ; retirez-la, dé-
couvrez-la , Ôtez les bardes de lard & tranches de veau
& oignon : dégraïflez-la , & jettez un petit coulis de
veau & de jambon.
Tourte de Lapreaux. Paflez vos lapreaux où même
lapins coupés par morceaux dans une caflerole avec lard
fondu , farine , fines herbes, cibouie , poivre , {el , mut-
cade , un peu de bouillon ; laiflez-les refroidir : faites
votre tourte avec pâte fine , rempliflez-la des tron-
çons de lapreaux ; ajoutez-y du lard pilé & des mo-
rilles : couvrez-la de la même pâte : faites-la cuire une
heure & demi , étant à demi-cuite » mettez-y la fauffe
où vous aurez pailé vos lapreaux,
Tourre dÉpaars. Epluchez des épinars ; ôtez-
T OU
en les queues , lavez-les à plufieurs eaux : faites-les
blanchir dans une caflerole ; mettez-les égouter, pref-
fez-les bien ; mettez-les dans un mortier avec de l’é-
corce de citron verd, du fucre à proportion , un mor-
ceau de beurre frais, un peu de {el : pilez bienle tout,
& mettez-le dans une abbaïle de pâte feuilletée dont
vous ferez votre tourte, & également par-tout : met-
tez-la au four ; étant cuite, rapez-y du fucre deflus.
TourTes de confitures ou d’abricots , ou de céri-
fes ,ou de pommes , ou de telle autre qu’on voudra.
Prenez de la pâte feuilletée; mettez-en dans le fond
d'une tourtiere ; mettez fur la pâte la confiture que
vous deftinez. Laiïflez- y un bord d’un pouce : mouillez-
le avec des plumes trempées dans l'eau ; arrangez en
croix par-deflus de petites bandes de pâte pour couvrir
toute la confiture : faites un bord de pâte à votre tour-
te : mettez-la au four l'efpace d’une heure , enfuite met-
tez- y du fucre fin par-deïlus , & paflez la pele rouge
deflus pour la glacer. ;
TOURTE d'amandes ou de franchipane. Prenez un
quarteron d'amandes : faites-leur faire un bouillon dans
l'eau , puis pelez-les en eau froide ; effluyez-les entre
deux linges : pilez-les dans un mortier , les arrofant
peu-à-peu de lait : mettez-y de l'écorce de citron verd,
quelques bifcuits d'amandes ameres , de la moële de
bœuf. à proportion , du fuc , trois ou quatre jaunes
d'œufs cruds : repliez le tout ; faites une abbaïfle de pâte
feuilletée : étendez la pâte deflus ; faites à la tourte
quelques ornemens de feuuillerage , & mettez-la cuire
au four ; fucrez-la , & glacez-la.
TouRTE croquante. Prenez un ou deux blancs
d'œufs, trois ou quatre cuillérées de fucre fin, & au-
tant de farine ; délagez d'obord le fucre avec les
blancs d'œufs, & entuite la farine ; pêtritlez bien le
tout jufqu’à ce qu'il foit maniable : faites avec cette
pâte une abbaifle fort mince : poudrez-la de fucre ;
mettez-la fur une tourtiere ; pincez-en les bords d’ef-
pace en efpace , & piquez-la avec la pointe d'un cou-
teau pour qu’elle ne bouffe point : façonnez le dedans
de la tourte avec ce qui vous reftérade votre pâte ,
en le filant pas plus gros qu'un lacet; donnèz-lui télle
TOU 545
forme que vous voudrez , comme un foleil, des fleurs
de lys, &c. faites la cuire doucement au four, & avant
de la fervir, rempliflez les efpaces de différentes mar-
melades & des couleurs que vous voudrez.
TOURTERELLE. Efpece de pigeon fauvage : elle
eft cendrée fur le dos, blanche fous le ventre SL
les ongles noires : le mâle a un collet noir autour du
cou : on les apprivoife facilement. Pour les engraifler ,
les met en cage ; on les nourrit de chenevi , de millet
& de froment; on les accouple au mois de Février
dans une voliere où l'on met des nids , & elles y éle-
vent leurs petits : les jeunes Tourterelles engraiflent
bien vite ; leur chair eft fort délicate & d’un meilleur
goût que celui du pigeon ramier.
On les prend au trebuchet avec un appas, ou on les
les chaffe au fufil.
TOUX opiniâtre & fécherefle de poitrine. Prenez
une demi-once d'orge mondé , une petite poignée de
feuilles de bourrache, de capillaire , de tuflilase , de
pulmonaire tachée : faites bouillir le tout dans deux
pintes d’eau commune que vous réduirez à trois cho-
pines : mettez-y enfuite deux gros de la racine de gui-
mauve lavée , une pincée de fleurs de mauve ; laïflez
infufer le tout pendant un quart-d’heure ; paflez la li-
queur fans expreflion , & verfez-y une once & demi
de fyrop de violette ou de guimauve ; donnez-en un
verre tiéde de deux en deux heures. Voyez PorrRins.
Prenez de la racine de guimauve féche & pulvéri-
fée , une once de fucre blanc » quatre onces : mêlez
le tout, & faites-en des tablettes avec une fufifante
quantité de mucilage , comme de gomme adragant :
ces tablettes calment la toux, diffipent l'enrouement,
.& fondent les férofités âcres qui fe jettent fur la poi-
‘trine,
Prenez une once de poudre de pouliot, & trois on-
ces de fucre candi en poudre : mélez tout enfemble Poe
prenez-en une cuillerée le matin à jeun, & le foir en
vous couchant.
Ou avalez en vous couchant une cuillerée de bonne
huile d'olive avec du fucre.
Toux violente | & fur-tout la nuit. Pilez trois
546 TOU
tête d'ail , avec une fuflifante quantité de graïfle de
porc pour en faire un onguent dont on oindra les
plantes des pieds devant le feu le foir en fe couchant,
êt étant au lit , on s'en oïndra un peu lépine du
dos.
Ou mettez du fucre un bon morceau dans une tafle
d'argent ou de terre verniflée , & par-deflus de bonne
eau-de-vie qui le furnage d’un doigt : il faudra avoir
mis infufer dans cette eau-de-vié des plantes peétorales,
comme la racine d’aunée ; feuilles de lierre de terre , de
véronique mäle, de fcabieufe , &tc. Mettez-y le feu
avec du papier allumé, & lorfqu'l fe fera éteint lui-
même , confervez cette liqueur pour en prendre une
petite dofe en vous couchant. | G
Toux féche. Si elle eft accompagnée de fiévre &
de crachats enfanglantés , faire faigner du bras le mala-
de une & même deux fois , felon le befoin : il doit ob-
ferver un régime doux , humeëtant & rafraichiflant ,
comme des bouillons de veau, de crême, de ris,
l'orge monde , &c. En général , il n’y a point de meil-
leur remede que lufage du lait de vache , car il hu-
mecte , il adoucit , & il müûnit.
Portion narcotique pour latoux violente. Mêlez de
l'eau de coquelico , de l’eau de nénuphar & de tuf-
filage , de chacune deux onces ; un gros de diagrede ;
vingt grains d'yeux d’écrevifles préparés , & faites
prendre ce mélange au malade le foir vers l'heure du
fommeil. s
Autre remede contre la toux. Faites fondre une livre
du me: eur miel dans un pot de terre verniilé ; le miel
étant fondu , ôtez le pot du feu , jettez-y dedans une
petite quantité de fleurs de foufre, de reglifle en pou-
dre , d'aunée & d’eau rofe : remuez le tout avec une
fpatule de bois pour lincorporer , -& gardez cetre
compofition dans un pot de fayance: on en prend la
roffeur d’une noix le matin à jeun , & le foir avant que
fe coucher , & lorfque lon fe fentincommodé de la
toux , il faut laïfler fondre doucement dans la bouche
cette compolition, |
Toux des chevaux. Elle provient ordinairement de
la poufle , mais elle peut provenir aufli de plufieurs
autres
TL O U TRA 547
autres caufes : comme d'un refte de rhume ou lorfqu'un
cheval a fouffert un grand ftoid pour avoir bû de l'eau
trop vive , ou des eaux a Re , Ou lorfqu'il mange
trop avidement quand la toux eft féche & réitérée ,
elle indique la pouffe.
Remede pour la toux qui ne vient que de morfon-
dement & du rhume. Mettez dans chaque oreille du
cheval qui toufle, une demi - cuillerée d'huile d’a-
mandes douces , & remuez bien l'oreille pour la faire
pénétrer , & continuez pendant cinq ou fix jours.
Remedes pour les autres fortes de toux. Prenez
une livre de beurre frais & une livre de miel, deux
onces de graine de geniévre concaflé : mélez le tout ;
faites-en des pilules ; faites-les avaler au cheval dans
une chopine de vin blanc ; bridez-le deux heures avant
la prife, & trois heures après , réitérez ce remede une
ou deux fois.
Pour la Toux invétérée. Prenez des herbes de char-
don béni, d'hyflope , de pas d'âne , de bouillon blanc ,
de la femence de fenugrec, du fuc de reglifle |, de
chacun fix onces ; baies de geniévre , racines d’énula
campana , d'iris de Florence , de chacun cinq onces ;
cardamome , gentiane , ariftoloche longue , de chacune
treis onces ; anis, cumin & fenouil » de chacun une
once & demi; canelle & mufcade , de chacune demi-
once , & de foufre vif demi-livre. Pilez le tout , paflez-
le par un tamis de crin fin; mélez les poudres , gar-
dez-les dans un fac de cuir bien prefle & fermé, On
en donne deux onces aux grands chevaux dans une
pinte de bierre tiéde ou de vin ; aux médiocres , une
once & demi ; on la laïfle infufer toute la nuit à
froid ; bridez le cheval deux heures avant & deux heu-
res après la prife ; continuez pendant quinze jours.
TOUZELLE. Sorte de froment fort commun en
Languedoc : il a l’épi fans barbe > la tige aflez haute ,
le grain plus gros que le froment ordinaire : on en fait
du pain fort blanc.
TRAÇOIRS. Inftrumens de jardinage : c’eft un
outil de fer pointu, emmanché d'un manche de qua-
tre à cinq pieds de long , dont on fe fert pour tracer
les compartimens d’un parterre.
Tome Il, L!
548 TRA
: FRAINEAU. Filet pour prendre du gibier , comme.
alouettes , cailles , perdrix , bécafles , pluviers. Il
doit avoir au moins fix toifes de long , & trois de
large ou de hauteur , & les mailles doivent avoir deux.
pouces de large : il doit être bordé tout autour d’une
grofle corde , dont on doit laïflér pendre deux bouts
de la longueur d’un pied aux quatre coins du filet, &
attacher d’autres cordes de deux en deux pieds, tout
le long du filet, elles fervent à lier le traineau à deux
perches : d’autres mettent un gros bâton à chaque ex-
trêmité du filet. On s’en fert la nuit, on le traine fur
les endroits où l’on a entendu du gibier, & on le
couche,
TRAMAIL , filet à prendre le poiflon. Il doit être
compofé de trois rangs de mailles les unes devant les
autres : celles de devant & de derriere font faites
d'une ficelle fort petite , celles du milieu qu'on ap-
pelle nappe , eft d’un fil délié ; elles s'engagent dans les
grandes mailles , & bouchent l'iffue aux poiflons.
TRANCHÉES , douleurs qu’on reflent dans le ven-
tre: Elles font ordinairement caufées par des matieres
âcres où piquantes : on s’en guérit en prenant le matin
à jeun uné potion faite avec une once & demi de man-
ne , & déux onces d'huile d'amandes douces.
À l'égard des enfans qui ont des tranchées , il fant
leur donner de terns en téms quelques cuillerées d'huile
d'amandes douces. |
TRANCHÉES , maladies des chevaux. Elles viennent
de plufieurs caufes , comme d’indigeftion pour avoir
trop mangé de grains , ou de ventofités ( c’eft la plus
ordiñaire } ou d’une pituite qui s'attache aux mem-
branes des inteftins ; cette efpece de tranchée a du rap-
port au tenefme des hommes ; car le cheval fait effort
pour fiénter & né fait rien, ou des vers qui s’attachent
aux gros boyaux , ou enfin la difficulté d’uriner cau-
fée par les obftruétions dans lé col de la vefhe : cette
derniere eft périlleufe. Dans cés différentes tranchces ,
le cheval fe débat & s’agite extraordinairement , il fe
couche & fe leve fouvent , il regarde fon flanc & ne
veut point manger. $
Remédes pour la premiere efpece de tranchées.
T R A 549
Donnez des lavemens d’une déco@tion émelliente &t
carminative , ajoutez-y une pinte de vin émétique ,
puis faites difloudre dans une chopine d’eau-de-vie
une once de thériaque ou d'orviétan , & une pincée
de fafran : faites avaler le tout au cheval après qu'il
a rendu le lavement. A l'ésard de la feconde , c’eft-à-
diré , des tranchées qui viennent des vents : faites
faigner le cheval aux flancs & fous la langue , & le
Promenez beaucoup : donnez -lui un lavement fait
avéc trois pintes de vin fouge , une once de polycrête,
fix poignées de fauge : faites bouillir le tout jufqu’à
la confomption du tiers du vin & coulez ; & s’il ne
guérit pas , faites-lui avaler une livre d'huile d'olive
mêlée avec une chopine d’eau-de-vie,
En général, les lavemens & les fréquentes promena-
des font les meilleurs remedes. |
Pour les vers, donnez en purgation une once d’a-
loës , coloquinte & agaric , de chacun trois gros, le
tout en poudre , mêlé dans une pinte de vin blanc.
Pour la difficulté d’uriner. Donnez un lavement avec
les cinq racines apéritives , enfuite faites-lui avaler deux
onces de colophane en poudre dans une chopine de vin
blanc. Frottez le membre du cheval avec de la poudre
de cloportes mêlée dans l'huile : frottez-lui le fourreau
avec de l'ail pilé & mélé avec de l'huile.
Autre remede pour le faire uriner. Une ‘cuillerée
d’ambre jaune dans une chopine de vin blanc.
TRANSACTION (une ) eft un AGte ou Conven-
tion entre deux ou plufeurs perfonnes touchant la dé
cifion d'un procès, dont l'événement eft douteux ù
par laquelle convention on a en vue de le terminer où
de le prévenir ; l’une des Parties donnant ou retenant
quelque chofe. Les tranfaétions font des A@es aux=
quels il eft plus difficile de donner atteinte, car quand
elles font paflées fans fraude , fans dol ni violence
entre majeurs , aucune des Parties n’eft admife à fe
porvoir contre , fous quelque prétexte que ce foit.
TRANSPORT ou Latin C'eftun A&te par lequel
une perfonne fait pañler la propriété de fes droits &
actions à une autre par le moyen de la fignification du
Tranfport. Quand le Tranfbort elt fait se garantie
l2
550 TRE
par un Débiteur à fon Créancier , 1l anéantit la detre ;
quoique le Créancier n’en foit pas payé, à caufe de
linfolvabilité de celui qui eft Débiteur de la dette tranf-
portée, mais lorfqu'il eft fait avec garantie , ce qui eft
bien plus sûr ; fi Je Créancier n’eft pas payé, aprèsavoir
fait les diligences néceflaires pour l'être , le Débiteur
demeure obligé comme auparavant. Le Tranfport ne
faifit , & n'a effet à l'égard du Débiteur fur qui le
Tranfport eft fait, que du jour qu'il a été duement
figné : cette fignification eft abfolument néceflaire
pour mettre la dette tranfportée hors de la pofleffion
du cédant : mais une fois qu’elle eft faire avec copie
laïffée au Débiteur , elle équivaut à une prife de ra
fion ; car elle rend le ceflionnaire même , & fait
qu'il eft préféré à tous les Créanciers du cédant qui
auroient faifi poftérieurement à la fignification du
Tranfport.
Or, il s'enfuit de-là , que lorfque le Tranfport n’a
pas été figniñié , le payement fait au cédant par le Dé-
biteur eft valable ; 2°. que les Créanciers du cédant
peuvent faire faifir la dette entre les mains du Débi-
teur , auquel cas ils feroient préférés au ceflionnaire ;
cependant malgré le défaut de fignification , le tranf-
port eft valable , & a fon effet au profit du ceflionnaire
contre le cédant. On voit par ce qui vient d’être dit
touchant le Tranfport, qu'il eft différent de la délé-
gation, en ce que le Tranfport ne faifit point que lorf-
qu'il a été foie au Débiteur , au lieu que la déléga-
tion faifit fans qu'il foit befoin de fignification.
TREBUCHET , maniere de prendre les oifeaux.
C'eft une efpece de petite cage , dont la partie fupé-
rieure eft ouverte & arrêtée fi délicatement , que pour
peu qu'on y touche , le reflort fe lâche & la ferme ;
enforte que l’oifeau qui y eft entré s'y trouve pris.
TREFLE. Petite plante des prés : fes branches
font fort rameufes : elles viennent d’une touf-
fe de racines, & s’élévent jufqu'à la hauteur d’un
demi- pied , quand le terrein leur convient. Ses
feuilles ont les queues déliées comme de petits filets
de deux ou trois pouces de longueur , & font divifées
en trois parties, ce qui leur a fait fans doute donner
AE ss
le nom de Tréfle : leur forme un peu ovale eft de la
grandeur d’un petit liard : elles font d’une couleur verte
tirant fur le bleu ; dans le milieu elles font un peu
plus foncées : à l’extrêmité des branches naïflent des
bouquets de fleurs qui forment des toufes groîles
comme le doigt , & d’une couleur pourpre. Ces touffes
roduifent de petites graines qu’on ramafle quand elles
or mûres. Le gros Trefle a une qualité très-nour-
riffante qui le rend propre pour les chevaux , bœufs,
& en général pour tous les animaux qui broutent
l'herbe : il échauffe beaucoup moins que la luzerne.
Ce fourage eft très-abondant étant cultivé dans des
terreins favorables : on les fauche plufieurs fois dans
l’année , auffi bien que la luzerne. |
Le terrein fec ne vaut rien pour le Trefle , il deman-
de une terre grafle & humide. Un pré fitué de maniere
à pouvoir être arrofé par quelques fources ou rivieres ,
eft excellent pour le Trefle ; il réuflit encore dans les
terres fortes & froides ; pourvû qu’on ne leur épargne
pas les amandemens.
On feme la graine de Trefle vers le mois de Mars
dans les pays chauds , &t ua peu plus tard dans les
tempérés : on peut y mêler de l’avoine & des pois
gris , cela produit un bon fourrage la premiere année ;
alors on le coupe fi-tôt que les pois gris commencent à
perdre leur fleur. Après la récolte de ce premier fou-
rage , le Trefle poufle entre le chaume de l’avoine &
des pois : on doit le femer auf dru que le bled fro-
ment, & le couper dès qu'on voit toutes fes tiges
en fleur & non plutôt. Le Trefle eft dans toute fa force
à la troïfiéme année : la premiere coupe de l'année eft
celle qui rend le plus de fourage. On doit laïfler jetter
le feu au foin avant que de le mettre en meule , autre-
ment il ne feroit pas de garde : il en eft de même des
regains des bas pres que l'on coupe en automne. Lorf-
que le Trefle eft vigoureux , il faut , à mefure qu'on le
fauche , le tragfporter dans le champ voïfin pour qu’il
puïfle faner à fon aife , & qu'il n'incommode pas les
poufles du Trefle qui ne tardent pas à paroïtre :il ne
faut pas faire des meules dans le champ même , de peur
d'étoufier le Trefle, Ainfi ceux qui cultivent de fem-
L1 3
52 TRE
blables terreins , dont les produétions font abondantes
n’en doivent enfemencer que de petites piéces.
TREFLE mufqué, qu TObEe , plante de jardin. Ses
tiges font hautes d’un pied & demi; fes feuilles dif-
pofées trois à trois, plus blanchâtres que celles des
autres tréfles , les fleurs bleues. Cette plante eft vul-
néraire : fon grand ufage eft dans la pleuréfe : il entre
dans les potions vulnéraires & dans les maladies où le
fang eft grumele. Son eau éclaircit la vue.
PREILLAGE, On appelle ainfi tout ce qui garnit
les murs d’un jardin qni doivent fervir d’efpaliers , &
tout ce qui eft réceflaire à former les paliflades ; 1°.
les murs des efpaliers doivent être crépis de plâtre ou
de mortier pour défendre les fruits des infeétes ; 2°.
être garnis de clous qui doivent être fcellés , & ne de-
border la muraïlle que d’un bon pouce , & n'être ef-
pacés que de quatre à cinq pouces , pour attacher plus
facilement les branches avec des ofiers ; 3°, les Treilles
qui forment les paliffades doivent être de bois d’é-
chalas de quartier & de bon chêne , avoir un bon pou-
ce en quarré, & longs felon la hauteur de la muraille.
On les fait tenir à des crochets de fer fcellés dans le
mur à trois pieds de diftance l’un de l’autre , & fur
une même ligne : on efpace ces échalas de fept à huit
pouces ; & avec les traŸerfes on forme des mailles,
lefquelles font mieux étant en quarrés longs, & on
les lie avec du fil d’archal. Il faut leur donner une cou-
che de blanc & enfuite de verd, pour qu'ils durent
Jong-tems.
On peut faire anfli des Traillages de fer, ils coutent
beauconp moins & durent davantage, mais ils font
moins agréables à la vue.
TREMBLE. Voyez PEUPLIER.
TREMBLEMENT de membres. Voyez MEMBRE
TREMPLANT.
TREMIE. Machine pour mettre la mangeaille des
oifeaux de voliere; comme pigeons , &c. Cetre ma-
chine eft compofée d’un fond avec des rebords, &
d’un corps en dos d’ène , au haut duquel il y a un
couvercle qu'on ouvre & qu’on ferme , & par où l’on
met le grain qui tombe peu à peu dans la Tremie,
T R:E TRO 553
à mefure que les pigeons le mangent ; ainfi le grain eff
toujours net, & il ne s'en perd point.
TREPAN. Opération de Chirurgie qui demande
beaucoup de prudence. On y a recours pour une plaie
faite à la tête : mais l'important eft de fçavoir pour
quelles fortes de plaies on'eft obligé d'en venir à cette
opération , & pour quelles on peut s’en abftenir. En
général on doit s’en abftenir pour les plaies où il ”
a que la peau ou le cuir chevelu , & le péricrane d’ot-
fenfé : mais à l'égard de celles où los eft rompu ,fendu,
ou offenfé , il paroït que cette opération eft indifpen-
fable , quoique c’eft au Chirurgien à décider Jà-deflus :
cela dépend de fon habileté. Lorfqu'on en vient là,
on doit avoir foin, 1°. d'enlever les efquilles d’os qui
auroïent pu être détachées par le coup qui a reçu le
bleflé , & relever les autres qui feroient enfoncés ; 2°.
fi. la dure mere eft découverte | & qu’il y ait épanche-
ment de fang , on doit le faire fortir. Cette opération
doit être faite à tems ; car elle eft mortelle quand elle
a'eit pas faite aflez tôt.
TRESOR trouvé. Celui qui trouve un tréfor caché
d'ancienneté dans fon propre héritage en doit avoir la
moitié, & l’autre moitié appartient au Seigneur Haut-
Jufticier ; & s’il le trouve dans l'héritage d’autrui , il
en a le tiers & les autres deux tiers font au Seigneur
& au maitre de l’héritage.
TRITURATION. On appelle ainfi la rédu@ion du
médicament en menues parties : on le fait ordinaire-
ment avec des mortiers & des pilons , & quelquefois
aufli fans piler ni broyer.
TROCHISQUE. C'eft une compofition féche dont
les principaux ingrédiens font mis en poudre fort fub-
tile ; puis étant incorporés avec quelque liqueur,
comme eaux diftillées, vin , &c. font réduits en mafle
dont on fait des petits pains qu'on fait fécher à l'air
& à l'ombre. On en fait de plufieurs fortes : en voici
une. |
TROcCHISQUES des baies de fureau. Cueiïllez des
grains de fureau bien mûrs : écrafez-les dans un mor-
tier de marbre , tirez-en :e fuc par expreflion , mêlez
dans ce fuc de la farine de feigle autant ” en faudra
| 4
$54 T B:0
pour faire une pâte dont on formera des Trochifques
qu'on fera cuire dans le jour jufqu’à ce qu'ils foient
bien durs ; puis on les réduit en poudre : on lés remet
en pâte avec du même fuc , & on les remet cuire, ce
qu'on réitére juiqu’à trois fois. Ils arrêtent la dyflen-
terie , le cours de ventre, la foiblefle d’eftomac : la dofe
demi-dragme jufqu'à deux dragmes.
TROENE., Arbriffleau dont les feuilles reflemblent
un peu à celle de l'olivier : fon bois eft blanc & uni;
il pouffe au printems des fleurs blanches & odorantes ,
mais de peu de durée , elles font fuivies de baies ou
grappes de grains, noirs lorfqu'ils font mürs, pleins
d’une humeur rougeître : on leur attribue la vertu de
chafler les vents étant bus dans le vin. On le multiplie
de graine & de marcote. On en faïfoit autrefois des
paliffades de jardins :’on fe fert de fes feuilles & de
fes fleurs pour remédes contre les inflammations , la
pourriture , les ulceres de la bouche , en forme de ga
garifme. Son eau diftillée , & dans laquelle on diffout
quelques gouttes d'efprit de vitriol , eft excellente con-
tre la pourriture des gencives, fymptome ordinaire
du fcorbut.
TROUPEAUX. Nouvelle maniere de parquer les
Troupeaux & fort propre pour amander les terres,
& les fertilifer. Au-lieu de former le parc en quarré ,
comme c’eft aflez l’ufage, on doit le faire en longueur
& ne lui donner que dix-huit pieds de largeur. On
place ce parc dans dés qualités de terreins d’une na-
ture contraire à celle pour laquelle on a deftiné cet
amandement : par exemple , fi on veut avec ce fumier
améliorer des terres légeres & fablonneufes, il faut
placer le parc dans une terre argilleufe & forte, de
même qu’on le fera dans une terre friable & légere,
fi on deftinoit cet amandement pour une terre argilleu-
fe & compaëte. Pour cet effet on enleve la terre autour
du parc de la profondeur d’un demi-pied au moins ;
on la pulvérife bien , on l’amene dans une brouette,
& on la jette fur les crottes ; cette opération fe fait
par un tems fec; fix mois de parc dans le même en-
droit, peuvent produire une épaïfleur de terreau de
trois pieds pour le moins , fur une longueur & une
largeur de terrein proportionnée à la quantité du
TRU 555
Troupeau : ainfi 90 bêtes à laine fans y comprendre les
agneaux de l’année , peuvent couvrir un parc de quin-
ze toifes de fuperfcie ; ou de dix-huit pieds de largeur
fur trente de longueur en comptant à peu-près fix bre-
bis par chaque toife de furface de terrein, & elles pro-
duiront environ cent bonnes charretées ou tombe-
reaux. Or, vingt tombereaux font fuffifans pour amé-
liorer un arpent de terre qui produira abondamment
pendant plufieurs années de fuite , mais on ne doit
employer ce terreau que plus de fix mois après que
les brebis auront ceflé d’y parquer , afin qu'il ait eu le
tems de communiquer fa force àlaterre , qu'il fe foit
bion incorporé avec elle, & qu'il foit bien confommé.
Voyez VACHES ,Bœur, Mouronx.
TRUBLE. Filet en forme de longue poche & at-
taché fur un demi-cerceau qui tient parles bouts dans
les extrêmités d’une tringle de trois ou quatre pieds &
couché exaétement par le milieu fur le bout d'une
longue perche : il faut deux perfonnes pour cette pê-
che ; l'un porte la Truble , l’autre un long bâton ter-
miné par une mafle de bois comme un maillet , ce.
qu'on appelle trouble d’eau : on préfente la Truble
dans les endroits les plus ferrés du ruifleau: s’il eft
trop large , ou abaïfle deux Trubles à la fois l’une vers
un bord, l’autre vers l’autre , toutes deux contre le fil
de l’eau , pour que le courant tienne le rezeau ouvert,
celui quiporte le trouble eau , monte vingt pas au-
deffus de ia Truble , il enfonce fon maillet dans l’eau
à plufieurs reprifes jufques dans la vafe, au travers
des joncs, & dans toutes les retraites des poiflons :
ceux-ci en fuyant du côté oppofé , vont donner dans
la pochet. du filet qui les arrête au paffage.
TRUFFES. Efpeces de racines rondes & raboteufes,
grofles comme de petites pommes & de différente
couleur ; Car 1l y en a de griles & de noires : elles
font marbrées en dedans. On les trouve dans les terres
féches & crevaflées , comme en Dauphiné en Gafco-
gne , dans le Périgord : on en fait la recherche depuis
le mois d'Oëtobre jufqu'à la fin de Décembre. Les co-
chons qui en font fort friands, aident beaucoup à les
faire trouver. Les Truffes entrent dant les ragoûts &
56 TRU
les rendent excellens ; on les fait cuire fous les cendres
chaudes après les avoir lavées dans du vin, & on les
mange avec du fel & du poivre, La grande quanti-
té & un trop grand ufage en font nuifñbles , car elles
engendrent beaucoup d’humeurs groffieres.
TRUFFES à labraïfe. Faites tremper les Truffes &
les nettoyez avec une broffe pour ôter la terre. Mettez
des bardes de lard fur une feuille de papier, avec fel ,
poivre, oignon coupé par tranches es 24 les
truffes deflus, & faites-y deflus le même aflaifonne-
ment : couvre-les de tranches de jambon & de bardes
de lard , & pliez vos Truffes dans deux ou trois feuil-
les de papier : faites-les ainfi cuire dans de la cendre
chaude avec feu modéré deflus.
On peut aufli les faire cuire au court-bouillon dans
une petite marmite en les aflaifonnant de fel, de poi-
vre , d'un oignon piqué de clous ; feuilles de laurier,
ciboule, & du vin.
. TRUIE, femelle du cochon ou vérat. Une bonne
Truie doit avoir le corps long , le ventre large , les
tettins iongs & en grand nombre ; car elle donne à
chaque ventrée autant de cochons qu’elle a de tettins ;
fielle en donnoit moins, c’eftun figne qu'elle ne {eroit
pas féconde. La Truie cochonne deux fois l'an, & de-
puis un an jufqu'à fix ou fept; elle porte quatre mois
& cochonne dans le cinquieme : elle porte à chaque
ventrée dix , douze, & jufqu'à quinze cochons. On
connoït qu'elle eft en chaleur quand on la voit fe veau-
trer dans la boue : on doit la dre fouer , c’eft-à-dire,
on lui donne le mâle à la fin de Février, afin qu’elle
& fes petits trouvent abondance de grains & d’herba-
ges , précifément dans le tems qu'ils peuvent aller aux
chimps. On doit leur donner une bonne & ample nour-
riture , on ne lui en doit laïfler que huit ou neuf à nour-
rir, on vend les autres.
TRUITE, Poïflon de proie, dont la chair eft d’un
goût excellent & d'un manger {très-fain. Les Truites
appartiennent au genre des faumons , car elles ont
comme les faumons des nageoires molles , le corps
uni &c des taches rouges. Leurs machoires font garnies
de petites dents : elles aiment l'eau claire & les ri-
TRU 557
“vieres ou ruileaux qui coulent rapidement & fur un
fond de fable : celles qu'on tire de ces fortes d’en-
droits, font les meilleures ; mais celles qu’on prend
dans des eaux croupiflantes , ou qu’on nourrit dans des
étangs ou autres eaux dormantes , font pâles , & étant
cuites , ne font jamais fi fermes , ni d’un fi bon goût que
les premieres. Cependant on en peut élever dans un
étang lorfqu'il a un fond de fable ou de gravier, qu'il
n'eft pas trop éloigné de la fource qui fournit l'eau ,
& qu'il n'a pas trop d’étendue. Les Truites vont,
pour ainfi dire , à la chefle nuit & jour : elles fe
nourriflent de toutes fortes d’infectes qui fe tiennent fur
le bord de l'eau , tels que coufins d’eau ,efcarbots , vers,
petits poifions , même de ceux de leur efpece : comme
elles ont la vüe perçante & beaucoup d’agilité , elles
manquent rarement leur proie. C'eft dans le mois de
Juin que les Truites font les plus grafles & de meil-
leur goût.
Le tems du frai des Truites commence vers la fin
d'Août, & dure jufqu'an milieu de Novembre , mais
ce tems n’eft pas toujours fixe , & arrive tantôt plutôt,
tantôt plus tard : il faut épargner ce poiïflon dans le
tems du frai , fon veut qu'il multiplie beaucoup. Le
plus sûr eft de s'abftenir de cette pêche depuis le com-
mencement d'Août jufques vers la faint Martin: on
fait fort bien de planter des aulnes ou des faules fur
les bords des rivieres & des ruifleaux où il y a des
Truites , afin de donner de Fombre à ce poiffon , qui
fe plait dans les lieux frais. D'ailleurs on peut couper
ce bois tous les fix , huit ou dix ans : ceuelfqui font à
la proximité des fources | peuvent facilement conftruire
des érangs ou petits lacs à Truites,
Pêche! des Truites. On les pêche dans les endroits
où l’on fait qu'il yena, & pour cela on en détourne
le courant de l'eau par le moyen d'un bitardeau, &
quand le ruifleau eftiec , ces poiflons fe laiflent prendre
aifément à la main : ils fe pêchent aufi à l’hamecon
appâté de vers qu'on trouve près des fontaines d’eau
vive.
La pêche des Truites eft favorable dans un tems
558 TUE T; HUE
couvert , & au foleil levanten été. On doit pêcher en
remontant le cours de l'eau.
On appelle Truites faumonées,ou petits faumons cel-
les qui font grandes & grofles : elles font telles en été,
lorfqu'elles rentrent dans les rivieres, après être def-
cendues à la mer : petites au mois de Mai.
TUF. On appelle Tuf la pierre dure qui fe trouve
fous la bonne terre, & queles racines des plantes ne
peuvent pénétrer ; enforte qu'aucune plante n’y peut
profiter , ainfi avant que de planter ou de femer fur un
fonds qu’on ne connoït pas , il faut y faire quelque
tranchée en différens endroits , pour voir s'il n’y a point
de Tuf, ou du moins s’il ya au-deflus aflez de ibonne
terre pour fuflire aux plantes.
TURBOT. Poiflon de mer fort eftimé, il a la for-
me du corps platte, la bouche grande fans dents , le
dos brun avec plufeurs aiguillons : on le pêche facile-
. ment fur les côtes de Normandie: fa chair eft fort efti-
mée ; on l’accommode volontiers au court-bouillon
comme la carpe , le brochet , & autres poiflons. On
les apprête aufh fur le gril.
TUBEREUSE, fleur. Voyez JACINTHE.
TUILE (la), fe fait avec de la terre glaife pêtrie
féchée à l'air, & cuite au fourneau :elle eft bien faite
quand elle eft d’un rouge foncé, & qu’étant frappé en
l'air elle fonne bien. Les Tuiles de grand moule ont
treize pouces de long , huit de large , & quatre pouces
trois lignes de pureau: celles du petit moule ont or-
dinairement neuf à dix pouces de long , fix de large , &
trois poules & demi de pureau : c’eft la partie de la
Tuile qui refte découverte. Le millier des Tuiles de
grand moule fait fept toifes de couverture : le milier
de Fuiles de petit moule en fait environ trois. La hau-
teur de la couverture des l'uiles doit être des deux tiers
de fa largeur, & on en met les chevrons à deux pieds
l’un de l’autre.
e'milier de Tuiles vaut 15 à 16 kvres aux environs
de Paris.
La Tuile mife en œuvre coûte depuis 6 jufqu’a 8 liv.
file Couvreur fournit Tuile , plâtre , clous, lattes ;
& 14 {ols s’il ne fournit rien.
TUL 559
TULIPE (la) eft une des plus belles fleurs qu'on
puifle avoir dans un jardin ;il yena une infinité d’ef-
eces : on les diftingue toutes en doubles ou fimples.
es noms que les Fleuriftes leur donnent, font ordi-
nairement rélatifs à leur couleur & àileur grandeur.
Ceux qui ont traité à fond cette matiere , ontfait des
liftes fans fin de toutes ces différentes efpeces , de mé-
me que pour les œillets & les renoncules.
Dans la Tulipe il y a deux chofes effentielles à
confidérer pour bien juger de fa beauté, 1°. la cou-
leur principale de la fleur ; 22. les traits jaunes ou
blancs , plus ou moins larges , fotvent accompagnés de
filets noirs , & qu’on appelle le panache. Ce qu’on de-
mande donc dans une Tulipe pour être parfaite , c'eft
que le panache tranche nettement la couleur , & qu'il
la perce des deux côtés de la feuille pour jetter un éclat
plus vif, & l’un & l’autre ne doivent point être fondus
&t mêlés enfemble. Ainfi une Tulipe parfaitement belle
eft celle dont la couleur & le panache font bien luf-
trés , bien oppofés entre eux , & relevés de beaux traits
noirs. .
Les Tulipes les plus renommées font les baguettes ;
ce font celles qui fleuriflent le plus haut , & qui font
marbrées de pourpre & de blanc : les agathes qui font
veinées de deux couleurs; les’beazarts qui ont quatre
couleurs , & qui inclinent vers le jaune & le rouge.
Les qualités des belles Tulipes , font 1°. la beauté de
leurs couleurs ; 2°. la hauteur de leurs tiges ; 3°. la
forme de leur fleur qui dit approcher de celle d’un
œuf fans être pointu. Les plus belles viennent de Flan-
dre & de Hollande, La Tulipe eft unique fur fa
| plante, elle a fix feuilles : fes feuilles font un peu
| évafées, & ont le ventre fouvent plus large que l’ou-
| verture ; celle-ci grande , enrichie des plus belles
couleurs , ou jaunes, ou purpurines, ou rouges, ou
blanches , ou variées. À cette fleur , lorfqu'elle eft
pafñlée , fuccéde une efpece de fruit d’une forme oblon-
gue , divifé en trois loges remplies de graines. La ra-
cine dela Tulipe eft un gros oignon jaunâtre ou noi-
| sâtre.
Les Tulipes les plus eftimées des Fleuriftes , font
Re
560 T'AOPL.
celles qu'ils appellent Marquetrines , elles ont quatre
& cinq couleurs. Les plus recherchées ont des panaches
détachés les uns des autres fans diminution, nets dans
leur couleur , arrêtés par un petit bord comme un fil
de foie : ils doivent être longs & monter jufqu’au
bord de la fleur en forme de coquille. Le fond de la
fleur doit être bleu célefte , les étamines bleues, mais
foncées, la tige haute & droite , les feuilles en dehors
& en cloche renverfée. Une Tulipe régulierement bel-
le doit avoir fix feuilles , trois dehors & trois dedans :
la forme camufe & montant en s’évafant , le verd mé-
diocrement grand & ffifé avec de petites rayures ; le
calice droit avec peu de dos ; le coloris luftré & fa-
tiné ; le panache bien partagé ; les étamines de couleur
brune , les feuilles épaifles & étofées.
Culture des Tulipes. Elles fe muitipliént 1°. par les
graines ; celles qui ontles plus belles couleurs viennent
par cette voie, & fe nomment Tulipes de couleur:
on s’en fert lorfqu'on veut conferver une efpece de
Tulipe. La graine eft en mâturité quand [à cofle
s'ouvre d'elle-même. Les Tulipes qui font les meil-
leures pour les graines font les cramoifies tirant fur
le violet pourpre : on féme la graine des Tulipes au
commencement de Septembre juiqu’à la fin d'O&tobre ;
on met feulement un petit doigt de terre par-deflus la
femence. La terre la meilleure eft celle qieftun peu
fabloneufe & médiocrement grafle. Les Tulipes lé-
vent au mois de Mars : dès qu'elles fleuriflent , on
doit ôter ceiles qu'on ne réferve pas pour graïnér ; of
laifle mürir leurs oignons ; ils font mürs lorique la
tige commence à fécher: alors on les léve, & parun
tems modéré, on les met dans les caifles. On doit les
tranfporter dans ja ferre , les vifiter de tems en tems,
remédier aux écorchures qu’on auroit pu leur faire en
Jeur Gtant l'écorce, & cela en les remettant quelque
tems dans la terre: on obferve cela tous les anis vers la
fin de Juin, On les reéplante en Oétobre dans des trous
profonds de cinq pouces : on en met ciñq rangs fur
chaque planche , &t on laifle cinq pouces de diftance
entre chaque oignon , cette fymétrie fait un plus beau
coup d'œil ;on doit les ranger par oppofition de cou-
PUL TUM s61
leur : mettre par exemple une brune près d’une claire ,
afin qu’elles fe prêtent mutuellement de l'éclat. On met
à côté de chaque oïgnon de petits paquets , fortant à
trois doigts de terre pour favoir leur nombre,
Les Tulipes fe multiplient, 2°. par les cayeux : ce
font de petits œilletons , ou bourgeons que les plantes
pouflent auprès de leurs ne : on fe fert de cette voie
lorfqu'on veut avoir des Tulipes d’une nouvelle efpece:
il faut les laïfler deux ans en terre , avoir foin de les
bien farcler , les replanter dès la fin d'Août, quinze
jours après les avoir levées de terre.
Les Tlipes qui doivent panacher , font celles qui
ont une forme d’argot ou deux petites cornes. Pour
perfeétionner les Tulipes , on doit s'appliquer à con-
noïtre leur fond : quand en les tirant de terre , on
trouve les oignons durs & leur peau rougeatre , ils
font bons, mais s'ils font mollafles & leur peau pâle
& noirâtre , c'eft un figne de quelque vice, alors on
les remet en terre à l'ombre , & ils reprennent leur for-
ce. Les oignons & les cayeux font fujets à ces mala-
dies. | |
Les Tulipes demandent beaucoup de foins & üne
terre excellente. Au mois de Mars on doit les préfer-
ver des gelées , & en Avril des vents, de la grêle & de
la pluye. Dans les mois de Mai & Juin, il faut dé-
planter les Tulipes les plus hâtives qui fe font deflé-
chées , les mettre avant en terre & les arrofer. En Sep-
terbre les planter ; en Novembre particulierement ,
Planter la belle panachée. C’eft par tous ces foins qu'un
Amateur de fleurs a la fatisfaction de voir dans {on
parterre des Tulipes printannieres en Mars ; des médio-
nelles en Avril, & des tardives en Mai.
TUMEURS. Elévation :qui fe fait far pe pu
du corps , par un dépôt d’'humeurs. Pour les amollir &
. avancer leur fuppuration lorfqu'elles veulent abcéder :
ufez du cataplafme fuivant. |
Prenez deux oignons de lys cuits fous la cendre :
pilez-les dans un mortier de marbre avec deux poi-
gnées de feuilles d’ofeille. Faites cuire enfuite le tout ,
avec uue fufhfante quantité de fain-doux jufqu'à con-
fiftance de cataplafme. Appliquez-le chaudement fur
62 TUR FrU +
la partie , le renouvellant deux fois par jour. Voyez
ABCÉS. |
Autre remede. Prenez de la cire jaune , du fuif de
bélier , de la réfine , de la poix navale , de chacun qua-
tre onces ; de l'huile commune , une livre, coupez par
morceau la cire & le fuif | concaflez la réfine & la
poix noire : faites fondre le tout dans l’huile fur un feu
médiocre : coulez la matiere fondue : mêlez-y de la té-
rébenthine pour en faire un onguent : c’eft ce qu’on ap-
pelle l’onguent bafilicon : il avance la en tan étant
2ppliqué fur les tumeurs & les plaies. Son ufage eft
fort commun en Chirurgie.
Tumeur dure aux genoux. Remede. Faites bouillir
dans du vin blanc , de la fauge , de la fleur de camomil-
le , de l’abfinte , de chacune une poignée ; puis appli-
quez-les fur le mal le plus chaudement que vous pour-
rez. Voyez ABCÉS.
TuMEUR dans l’aîne. Remede. Prenez mie de pain ,
raïfins de cabas fans pepins, de chacun une once; beurre
frais , graïfle de porc , de chacun fix dragmes , levain,
cinq dragmes ; fafran, un fcrupule : incorporezle tout
avec deux onces de lait de vache , & l’appliquezen ca-
taplafme pour guérir la tumeur
TURBOT. Poiffon de mer qui eft plat , ala bouche
grande & fans dents , il eft fort eftimé.
On le mange ordinairement fec & cuit au court-
bouillon. Pour le manger de cette derniere maniere ,
on le lave & on le met dans une grande caflerole, plié
dans un linge ; on y fait fondre du fel dans l’eau, étant
fondu , on le laïfle repofer : on pafle l'eau dans un linge,
il doit y en avoir la quantité fufhfante pour faire cuire
le Turbot; lorfquil eft cuit, on le met fur les cendres
chaudes , on y ajoute environ deux pintes de lait : on le
tire de la Erole , & on le fert garni fur une ferviet-
te garni de perfil verd. |
UTEUR & TUTELLE. Un Tuteur eft celui qui
a la puiffance & l'autorité que les Loix lui donnent pour
défendre ceux qui par la foiblefe de leur âge, ne peu-
vent pas prendre le foin de leurs affaires. En Pays de
Droit Ecrit, il y a trois fortes de Tutelles , la teftamen-
taire , la légitime & la dative.
La
Mona na Me-6 Bus. ent flans
;
| EH UE 563
Le Teftamentaire a lieu , lorfque le pere qui a fes
€nfans en fa puiflance , leur nomme un Î'uteur par fon
teftament. Ce Tuteur eft préféré à tous les autres ; à
moins qu'ikn'eût quelque défaut inconnu au Pere; il n’a
pas befoin d’être confirmé par le Juge, & il n’eft pas
obligé de donner caution.
La Légitime eft celle qui au défaut de la teftamen=
taire, eft déféré par le miniftere de la Loïau plus pro-
che parent; & en celle-cile Tuteur eft obligé de don-
ner caution.
La Tutelle Dative a lieu lorfqu'il n'ya point de
Tuteur teftamentaire ni légitime , & cet celle qui ,
à la réquifition des parens, eft déférée par le Juge ,
c'eft-à-dire, que les parens du Pupille fe doivent aflem-
bler & demander un Tuteur au Juge. Le Juge , après
avoir pris leur avis, nomme un Tuteur, lequel doit
donner caution le tout à l'égard des parens , fous peine
d'être privés de la fucceffion. En Pays Coutumier , tou-
tes les Tutelles font datives , c’eit-à-dire , que les
Tuteurs font nommés par le Juge , à moins que le Pere
& la Mere n'aient nommé nn Tuteur par leur Tefta-
ment ; & quand l’un & l’autre font vivans,& qu'ils
veulent accepter la Tutelle , ils font préférés à tous les
autres parens. Dans la plüpart des Coutumes , les
Tuteurs ne font point obligés de donner caution.
Pour nommer un tue aux Mineurs , les parens
doivent s’aflembler : il faut qu'il y en ait au moins
fept , du moins felon la Coutume de Paris, tant du
côté paternel que maternel , s’il fe peut. Au défaut
de parens , on prend des voifins ou amis : celni qui
eft nommé à la pluralité des voix , doit exercer la T
telle , à moins qu'il nait une excufe légitime. Ces ex-
cufés font aflez arbitraires ; tel eft, par exemple , en
Pays Coutumier le nombre des enfans , la charge de
trois T'utelles, l’âge de 70 ans , des infirmités nota-
bles , l'ignorance , la rufticité , la grande pauvreté, le
tout dépend de la qualité des perfonnes & de la pru-
dence du Juge. Lorfqu'iln’y a qu'un feul Tuteur , &
que la Tutelle eft dificile à gérer, par la quantité des
biens ;on permet au Tuteur de fe faire foulager par
un homme d’affaires , auquel on donne des appointe-
Tome II, M m
664. TU T
mens qui font reglés par les parens : hors ce cas la
Tutelle doit être exercée gratuitement.
Le Tuteur eft obligé avant de s’immifcer dans lad-
miniftration des biens du Mineur, de prêter ferment
de bien & fidélement adminiftrer la Tutelle. 2°. De
fre faire un bon & loyal inventaire , pour connoitre
les effets du Mineur, & les faire prifer par des gens
connoifleurs ; faute de ce , il feroit permis au Mineur
de faire informer , felon la commune renommée , de la
quantité des biens qu'avoit le Pere ou la Mere. 3°.
Faire procéder à la vente des meubles à. lencan par
un Oflicier public , au plus offrant 8&c dernier enché-
rifleur , à moins que les parens ne foient d'avis d'en
conferver une partie. Sile Eur n’avoit pas fait ven-
dreles meubles , il eftobligé de payer le prix de l’efti-
mation portée par l'inventaire avec la crue , c'eft.a-
dire , le cinquième «en fus de la priée. 4. Il doit fix
mois après la vente des meubles , employer les deniers
qui lui reftent en acquifition d’héritages ou-en conftitu-
tion de rentes ,, & même:les-deniers reveénans bons de
fes épargnes , lorfqu'ils: forment un capital aflez con-
fidérable : il doit prendre l'avis des parens lorfqu'il
s’agit de faire un emploi , ou de diminuer le. prix des
anciens baux, ou de fairé des réparations. confidéra-
bles ou de. foutenir’ des-procès : il doit pourfuivre
les Débiteurs du Mineur pour les obliger de payer les
fommes qu'ils doivent, ou les arrérages des rentes ,
& lorfque leurs biens font vendus par decret, ne pas
manquer de former fon oppoñition , ne Jamais vendre
les immeubles du Mineur fans une néceflité indifpen-
fable qu'après un avis des parens & par une vente faite
en Juftice. En un mot, il doit adminiftrer les biens
du Mineur avec une. grande exaftitude. 5°. Il doit
nourrir & entretenir. le Mineur & avoir foin de fon
éducation fuivant fa condition ; le Mineur ne peut
contracter ni paroître-en Juftice fans l'autorité de fon
Tuteur. En Pays de Droit écrit, la Tutelle finit à
lâge de quatorze ans pour les mâles , 8L à douze pour
es filles. Les Coutumes varient fur ce point, mais la
plus grande partie eft conforme à celle de Paris, où
2 Tutelle dure juiqu'à vingt-cinq ans : elle peut néan-
TUL FU Y 56$
moins finir par des Lettres d'émancipation ou de béné-
fice d'âge, ou par le mariage. Après la Tutelle finie,
le Tuteur doit rendre compte au Mineur : ce compte
eft compofé de recette , de dépenfe & de reprife. Ce-
lui de recette doit contenir tout ce qu'il a reçu , comme
argent comptant , ies fommes contenues dans les obli-
gations , foit qu'il les ait reçues ou non , les revenus de
quelque nature qu'ils foient, & ceux qu'il a pu re-
cevoir : il doit compter année par année pour voir
s'il y a eu des épargnes fufhfantes pour former un
capital. 6°. En celui de dépenfe , il doit employer tout
ce qu'il a fait utilement pour le Mineur ; & les dépenfes
doivent être juitiñfiées par des quittances de toutes les
fommes qu'il a été obligé de payer; les frais de voya-
ges qu'il a été obligé de faire pour les affaires du Mi-
neur. Le chapitre de reprife eft une efpece de dépenfe
qui eft toujours alloué lorfque le Tuteur juftifie qu'il
a fait toutes les diligences néceflaires pour pouvoir être
payé. Le Mineur a une hypothèque tacite & légale
pour le repliquat de fon compte , fur tous les biens de
fon Tuteur ; il peut même pour ce fujet exercer la
contrainte par corps après les quatre mois , fans que
le Tuteur pue faire ceflion de biens.
TUTHIE. Suie métallique formée en écailles vou-
tées, dure & grife , relevée de beaucoup de petits grains :
on la trouve attachée à des rouleaux de terre qu'on a
fufpendus exprès au haut des fourneaux des Fondeurs
en bronze , pour recevoir la vapeur du métal : la meil-
leure vient d'Allemagne. Il n'eft rien de meilleur pour
‘les maladies des yeux que la Tuthie ; & pour deflécher
les plaies : on ne s’en fert qu’extérieurement après l’a-
voir broyée en poudre très-fubtile. Di&ion. Botan.
TUY AUX pour la conduite des eaux. Voyez Eaux.
Mm
Vacans. (biens } Voyez DESHERENCE.
VACHE , bête à corne. On l'appelle genifle juf-
wà deux ans, mais quand une fois elle a vêlé, on
l'appelle vache. Les marques qui caraétérifent une
vache féconde , & dont on peut attendre beaucoup
de lait font celles-ci : elle doit avoir la tête efhlée
le col délicat, ies épaules larges, les jambes courtes ,
la peau mince & de couleur rougeâtre , du moins pour
celles de la grande efpece; car dans la petite , les noires ,
& qui ont les cornes petites & les pis pointtrop gros ;,
font les meilleures. On peut encore leur tâter la veine
ladtée, & fi elle eft large, la vache fournira infaill-
blement beaucoup de lait: les vaches dont le ventre
eft profond , donnent beaucoup moins de lait que
celles qui font moins épailles. Les vaches des pays
chauds font plus fortes & plus vivaces que celles des
pays froids , quoiqu'elles ne foient pas fi grofles.
| y a en France des vaches qu'on appelle Flar-
drines, & qui viennent originairement des Indes :
elles font plus grandes & plus grofles que les vaches
ordinaires. Elles font d'un bien plus grand profit,
parce qu’elles donnent une fois plus de lait, qu'elles en
‘ont toute l’année, & font des veaux plus grands &c
plus forts, lefquels ne tettent point : on les nourrit du
lait qui refte après que le beurre eft fait, & qu'on ap-
pelle lait ribotté.
Ces vaches ne mangent guères plus que les vaches
ordinaires, mais elles n’engraïflent jamäis , ce qui fait
que toute leur nourriture tourne en lait. On en voit
beaucoup dans les Provinces de Poitou & d’Aunis :
on en peut multipliet l'efpece , fi on a des pâturages
gras & abondans comme cn Bretagne & en Norman-
die mais il faut avoir pour cela un taureau flandrin ,
que l’on tient attaché lorfquil a pañlé quatre ans. &
à qui on peut donner des vaches ordinaires en choifif-
fant les plus belles : on appelle vaches bâtardes celles
VAC 567
qui en proviennent ; celles-ci donnent plus de lait &
Hat plus fécondes que les vaches ordinaires.
On nourrit les vaches en hiver avec différens four-
rages , tels que de la paille de méteil ou d'avoine , du
foin , fainfoin , luzerne ; le tout bien fec. Les groffes
raves & les navets les engraiflent : avant de leur en
donner , on les lave , on les coupe par morceaux ; &
fi on les fait à demi cuire , elles en profitent encore
mieux : on peut leur donner encore du jonc cultivé
ou de la lande , des pois , des féves , des Iupins.
On doit faire boire les vaches deux fois le jour , &
en tout tems l'eau doit être nette & dégourdie ; il
faut les traire en été deux fois le jour, & en hiver
une , puis les mener paitre , mais point dans le tems
de la grande chaleur. En hiver on ne les mene que
depuis dix heures jufqu’à trois. Il y a bien des pays
où l’on fait parquer les vaches dans Îes herbages pour
en fortiñier l'herbe , depuis le mois de Mai jufqu'a la
fin de Septembre , & à mefure que la terre eft aflez
fumée par la fiente & l'urine , on change le parc de
place : on en fait de même pour les terres à labour ,
depuis la mi-Mai jufqu'à la fin de Septembre : on la-
boure auffi-tôt que la terre eft aflez fumée.
On doit prendre les vaches dans trente lieues à la
ronde du pays'où l’on les define , car elles rifquent de
périr, fi on les change de climat, c'eft-à-dire , d’un
pays fort froid à un pays fort chaud.
Au refte , tout Œconome doit obferver de n’aug-
menter le nombre des beftiaux qu’à proportion des
pâturages qu'il a, fans quoi on ne peut pas tirer un
grand profit du bétail.
On ne doit faire faillir les vaches, qu’elles n'aient
au moins deux ans & demi , autrement elles ne don-
neroiïent que des avortons : on attend pour cela qu'elles
foient en amour ; ce qu’on connoïît , quand elles ne
font que fauter , & meuglér fur tout ce qui fe préfente
à elles, :
Les vaches portent neuf mois, & cela tous les ans
pique dix ans.
n ne doit point faire labourer , ni charrier les va-
ches pleines : 1l faut les nourrir plus qu'à l'ordinaire
Mm 3
368 VAC
un mois avant qu'elles vélent; leur donner en hiver
de fon détrempé dans l’eau , ou de la luzerne , ou du
fainfoin , & en été un peu plus d'herbes ; cefler de
les traire, fix femaines avant ce même tems. Lorf-
qu'elles font prêtes à véler , faire bonne litiere , &
veiller au moment que la vache veut fe délivrer, &
lui donner les fecours néceflaires. Dès que le veau eft
né, on lui jette fur le corps une poignée de fel & des
miettes de pain , afin que la vache le léche & le né-
toie : on a {om de jetter l’arriere-faix ; on doit donner
à la vache quelque breuvage pour la fortifier. En
voici un excellent & bien fimple , dont la recette nous
eft venue d'Angleterre : faites bouillir une pinte de
fuie de bois difloute dans deux quarts de bierre douce
faite fans houblon; ajoutez-y une demi-livre de beurre
frais : laïflez un peu refroidir cette mixtion , & faites-
la avaler à la vache avec une corne : on peut en don-
ner une autre dofe trois jours après , f1 la premiere n’a
pas fait aflez d'effet; on peut encore fe fervir de la
fuie qui fe trouve à l'entrée du four, en ramafler avec
un balai la valeur d’une chopine ; la mettre bouillir
dans trois pintes de la bierre ci-deflus, & y ajouter un
grartéson de beurre frais. Lorfque la mixtion eft re-
oïdie, y ajouter une petite quantité de fleur de fou-
fre : ce dernier médicament a un effet plus prompt,
D’autres fe contentent de donner à la vache uné
bonne mefure de fon détrempé dans de l’eau chaude,
dans lequel ils mettent des balles de bled bien criblées,
ce qu'on réitére foir & matin pendant huit jours,
avec de bon fourrage & de tems en tems un peu d’a-
voine , {1 c’eft en été on lui donne de l'herbe fraiche-
ment coupée. 7
On doit faire avaler au jeune veau un jaune d'œuf
cru, & ne le manier que le moins qu’on peut ; le laif-
fer cinq ou fix jours auprès de fa mere , afin qu'il tette
tant qu'il veut : après ce tems on l’attache à l'écart &
on le fait retter à certaines heures , huit ou dix jours
après on mene paitre la vache & on retient le veau à
l’étable , mais on le fait tetter deux fois avant. Les
veaux doivent tetter deux ou trois mois. : fi la vache
wa pas aflez de lait pour nourrir fon veau, on lui
VAC 569
donne du.lait de vache bouilli & quelques pelottes
de pête de farine ou de Seigle.
Pour guérir l'enflure des vaches , on doit fricafler
du lard & de la bouze des vaches qui fe font nourries
d'herbes & non de foin & de paille , & appliquer cèt
onguent tout chaud en forme de cataplafme.
Lorique les vaches font malades pour avoir mangé
avec excès de l’herbe nouvelle au printems , on doit
leur faire avaler plein un œuf de goudron avant de les
envoyer au pâturage : ce remede les garantit dés pre-
mieres imprefhions que fait fur elles cet aliment par fa
fraicheur ; on doit même les garder à vue pour les
empêcher d'en manger outre mefure , à quoi elles font
fort fujettes. Psp
Pour engraifler les vaches , on doit d'abord leur
faire perdre le lait. Pour cet effet , on les faigne -
d’autres leur donnent deux pintes de verjus en deux
fois. Il y à des Fermiers qui font faigner leurs vaches
à la nuque du cou , & leur frottent le dos avec de la
térébenthine & du goudron mêlés enfemble.
Comme il eft avantageux que les vaches conçoi-
vent dans un tems plutôt que dans un autre , pour
profiter des pâturages & avoir plutôt de beurre: fi on
veut qu'une vache couvre au tems qu'on défire, on doit
lui faire avaler une quarte de bierre des plus fortes, &
la conduire au taureau une heure après : au défaut de
bierre , on peut lui donner une chopine ou deux d'eau-
de-vie , felon la force de ja liqueur.
On a vérifié & calculé que le profit clair qu'une
vache peut rapporter à un Fermier, toute déduétion
faite de frais de garde & de nourriture , &t à mettre
le beurre au plus bas prix, c’eft-à-dire , fix fols , va au
moins à 30 livres par an : ainfi fi un Fermier a vingt
vaches , elles lui produiront 600 liv. tous frais faits.
On fuppofe même dans ce calcul qu'une vache ne
donne de crême par femaine que pour faire trois livres
de beurre , quoiqu'une bonne vache en donne aflez
pour en fire juiqu'àa cinq. En outre, on y réduit les
femaines à quarante par än , pour le tems que la va-
che allaite fon veau. Enfin, on n'y met point en ligne
de compte le produit du veau ; dont le moindre pri
| HS Mi 4
70 VAC |
eft de 6 livre &c d’autres au double ; ni le lait dont la
famille profite ni l’'amandement des terres à quoi les
vaches fervent : au refte, les vaches donnent du lait
jufqu'à dix ou douze ans.
Autre maniere d'élever les vaches pour en tirer
beaucoup de lait , & felon la méthode pratiquée en
Allemagne. 1°. Faire en forte de n'avoir que des va-
ches rouffes & noires , careiles valent mieux que les
blanches. 29. Avoir un bon taureau , le bien nourrir,
& ne lui montrer la vache que lorfquil a trois ans.
3%. Garder feulement les veaux les plus forts , ce font
ceux de la troifieme , quatrieme & cinquieme portée;
il faut rejetter ceux de la premiere , & ceux que les
vaches donnent pañlé la douzieme. 4°. Préférer les
vaches qui ont huit dents à chaque machoire. Les
marques d’une bonne vache font les dents blanches,
la poitrine large , la queue longue , le front grand,
les yeux noirs, les nazeaux évuidés , les oreilles cou-
vertes de poil , la trace du nombril large. 5°. Faire
enforte que les veaux tettent leur mere le plus long-
tems qu'il eft poffible , puis les nourrir de foin , &
leur donner pour mélange de farine & d’eau tiéde , du
laït aigre , de la lavure d’écuelle ; mettre dans leur
boiflon des feuilles de geniévre cuites avec leursbayes:
les tenir dans un lieu chaud , les garantir de l’humi-
dité & de l'ardeur du foleil ; les empêcher de manger
de l'herbe au printems , mais les nourrir de feuilles de
tremble, de faule , de cormier, d’orties cueillies de-
puis quelque tems ; & lorfqu'ils ont un an leur donner
de la paille. 6°. Ne donner au taureau les genifles que
lorfqu’elles ont quatre ans : puis les mettre à part : un
feul taureau fufht pour quinze vaches , mais il ne
conferve fa vigueur guères plus de deux ans. Les va-
ches maigres donnent beaucoup plus de lait que les
grafles : il faut auffi leur donner du meilleur foin.
7°. Avoir foin de femer dans les pâturages du tréfle,
de l’angélique, de la pimprenelle , du cumin & de
J'anis ; tenir les vaches dans des étables qui ne foient
nitrop bafles , ni trop étroites ; elles doivent être aërées
avec des fenêtres & des volets. 8°, Mener paitre les
troupeaux entre cinq & fix heures du matin; les me=
e
VAL s7L
ner boire entre neuf & dix ; enfuite paitre juiqu’à
midi , & partager l'après-midi entre l'eau & le patu-
rage. 9°. Les étriller avec des étrilles de bois , fur-
tout à l'approche du printems ; leur boiflon ordinaire
doit être d’eau tiéde. Lorfqu’elles font prêtes a vêler,
on doit hâter la fortie du veau avec du fafran, de la
graine de chanvre , de la pelure d'oignon chaude ;
après. qu’elles ont vêlé , leur donner une boïfflon com-
pofée de farine & de fel que l’on fait tiédir : la paille
de ris augmente le lait. Les vaches quand elles font
bien nourries , donnent jufqu’à fix pintes de lait en
vingt-quatre heures. Le lait pour être bon, doit refter
fur l'ongle : il vaut mieux fe borner à quelques va-
ches bien choïfies , que d’en avoir un grand nombre de
mauvailes.
On peut faire un bon trafic des vaches : on doit
pour cela les aller acheter aux foires éloignées pour
les avoir à bon prix, enfuite les donner à loyer pour
trois ou fix années , & depuis 6 juiqu'à 10 livres par
an, quoiqu'elles n’aient couté chacune qu'environ 4$
livres.
On retient même fouvent dans ce marché le premier
veau , & le Preneur s'engage de les rendre à la fin du
bail faines & en bon état , mais la mortalité qui peut
arriver tombe fur le maître des vaches : ileft toujours
plus sûr de pafler un bail en bonne forme , lorfqu'on
fait ces fortes de marchés,
La graïfle de vache ramollit & réfout : fa fiente eft
rafraichiflante & propre pour les tumeurs enflammées,
brûlures , piqûures d’abeilles & guêpes. Son fuc ef fa-
jutaire dans la colique & la pleuréfie.
VALLÉES. (pays de } Les terres fituées dans les
Vallées font d’un rapport facile & d’un profit continuel:
elles demandent moins de dépenfe que les plaines ; elles
font très-lucratives quand on peut les charger de bef-
tiaux , parce qu'on les y engraifle aifément à caufe de
Fabondance des pâturages. Les arbres fruitiers & aqua-
tiques y vienneut promptement & en quantité; mais
ces fortes de pays fontexpofés aux crues d'eaux & de
rivieres , contre lefquelles il faut fe précantionner par
$72 VAL VAI
heaucoup de travail ; d’ailleurs les vües y font bornées;
& l'air n’y eft pas ordinairement fort fain. |
VALERIANE. Plante d’un grand ufage en Méde-
cine : elle eft de deux fortes, la grande Valériane , & la
Valériane fauvage. On cultive la premiere dans les
jardins : fa tige eft haute d'une coudée , fes fleurs ref
femblent à celles du narcifle, mais font plus grandes.
Cette plante eft vulnéraire: fon ufage eft dans la dé-
bilité de la vüe; elle eft bonne dans la pefte , la pleu-
réfie , l'obftruétion du foie , la jaumifle , les vapgurs :
les feuilles pilées & appliquées appaifent les douleurs
de la tête, corrigent la malignité desbubons, tirent les
bales , & les épices enfoncées dans la chair. La racine
de la grande Valériane fauvage eft fpécifique contre
Pépilepfie.
VANNEAU. Oifeau gros comme un pigeon : il a
fur la tête une efpece de crête noire, le col verd, & le
corps bigarré de bleu , de noir & de blanc. Le tems de
les chafier eft dans le mois de Novembre : on enrouve
près des rivieres & des lacs. Ils font bons'à manger ;
on peut fe difpenfer de les vuider , comme la bécafle
& lalouette : on en prend beaucoup d’un coup de filet.
VAPEURS. On appelle ainfi une maladie qui atta-
que tant les hommes que les femmes. Au refte, on
donne le nom de vapeurs à une infinité de maux qui
ont des fymptômes fort différens; en général, ce mal
provient, la plüpart du tems, de la mélancolie , &
caufe divers maux dans ceux qui en font attaqués. Les
uns éprouvent un grand dérangement dans l’eftomac,
ils font fujets à des vents ou rôts très-fréquens , ainfi
qu'à des bailiemens violens : dans les autres, le genre
nerveux eft affe@té , ce qui produit encore diverfes in-
commodités , comme la triftefle, la peur-fans fujet
raïfonnable ,la crainte de tomber , ou qu'il ne. nous
arrive quelque fàcheux incident, fi on eft.feul dans
une chambre ; l'ennui involontaire ;, une ,déplaifance
générale de ce qui peut amufer les autres, Le mal hy-
pocondriaque a un grand rapport ayec les vapeurs ,
& on peut conjeéturer que tous-les remedes qui vont à
remettre l’eftomac en bon état, & àlever les, obftruc-
F VAS 573
_ ions de la rate & du foie , font très-propres à guérir
les vapeurs , mais le fouverain remede , & le plus gé-
néralement ordonné par les Médecins, c’eft la diffipa-
tion , le grand air , les voyages, les changemens de
lieu, les courfes à cheval , la chaffe en compagnie,
quelque affaire qui nous attache l’efprit par le vif in-
térêt qu'on y prend , ou diverfes chofes à faire qui
nous obligent d’aller d'un lieu à un autre : en un
mot, tout ce qui fecoue le corps , qui le tire de l’uni-
formité de fon affiette , qui réjouit l'ame , qui donne un
nouveau ton aux efprits, aux nerfs , à toute l’écono-
mie animale.
Voici cependant quelques remedes pour ce mal. Pi-
lez dans un mortier une poignée de lierre terreftre , &
autant d’armoife : mettez-les infufer dans trois chopi-
nes de vin blanc pendant quelque tems ; prenez-en un
verre le matin à jeun , & demeurez deux heures après
fans rien prendre,
Ou prenez dans un bouillon deux ou trois cueillerées
de fuc de chicorée , de verveine , de fumeterre & de
cerfeuil. Woyez HYPOCONDRIAQUE.
Pour appaifer les vapeurs des femmes , l’eau de mé-
life en maniere de thé eft fort bonne. L'eau de la Reï-
ne de Hongrie , depuis une demi-dragme jufqu’à deux
dragmes. L'eau de canelle , depuis une dragme juf-
qu'à cinq. L’eau de fleur d'orange , depuis une drag-
me jufqu'a une once. L’élixir antépileptique , depuis
quatre gouttes jufqu’a vingt. L’efprit de vin camphré,
depuis deux gouttes jufqu’à huit.
VASSAL. Celui-là eft Vafflal d’un Seigneur , lorf-
qu’il a une terre noble qui releve de ce même Seigneur,
Car il n’y a point de terre fans Seigneur. Le Vaffal
eft tenu de faire la foi & hommage à fon Seigneur :
rendre Paveu & dénombrement , & payer les droits
utiles dans les mutations qui arrivent de la part du
Vaflal, commeles droits de relief & de quint, & au-
tres.
Mais dès que le Vaffal cefle d’être poffeffeur du fief,
fon obligation de fidélité & autres , ceflent & font
éteintes.
574 VE À
VAUTOUR , oifeau de proie. Voyez OisEAu DÉ
PROIE.
VEAU. Voyez VACHE. |
Après que les veaux fontnés, on doit les faire tet…
ter trente ou quarante jours : lorfqu’on veut les rendre
aux Bouchers , mais fi on veut les élever, il faut les
faire tetter deux mois.
On appelle veau de lait ceux qui n’ont point en-
core mangé de foin, & veaux de riviere ceux qui font
fort gros, qu'on éleve du côté de Rouen, & qu’on
nourrit de lait. Si on veut élever des veaux & des
genifles pour en faire commerce , il faut examiner fi
on a aflez de pâturages & de fourages pour les nourrir :
choifir les veaux & les geniiles les plus robuftes , pour
avoir des bœufs de labourage: ceux qui font nés depuis
le mois de Mars jufqu’au mois de Juin , font les plus
forts. Dès qu'on les a févrés, on doit leur donner du
meilleur foin , les mener paitre l'été tout le long du
jour, & les enfermer la nuit dans des étables à part.
‘hiver on doit tenir l’étable bien chaude , & leur don-
ner de tems en tems, outre le fourage, du fain-foin
& de la luzerne ; les emmuzeler quand on les mene
aux champs avec leur mere. À deux ans on doit les
châtrer ; on laïfle entiers deux ou trois les plus forts
pour remplacer les taureaux : on choïfit un tems doux
pour cette opération : on doit pour cela tenir ferme
avec un petit fer , les nerfs des tefticules ; enfuite
prendre les bourfes, y faire uneincifion , couper les
tefticules , mais on laïfle l’extrêmité qui tient aux nerfs :
on frotte la plaie de cendres, on y applique une em-
plâtre : on nourrit le veau pendant trois jours de foin
haché & de fon mouillé ; au troifieme jour on met une
autre emplâtre de poix fondue , de cendres mêlées avec
de l'huile d'olive: à trois ans on le vend fi on veut,
ou on le drefle pour le joug.
Longe de veau. On peut la faire cuire à la broche
enveloppée de papier : quand elle eft cuite , on y fert
deffous fi on veut une poivrade : on peut aufh la
mettre à la braife avec des bardes de lard , & laflai-
fonnement néceflaire, On y met la longe de maniere
1
Lan EX 575
néanmoins que le côté du rognon foit en haut , on la
couvre de tranches de veau & de bardes de lard : on
couvre la caflerole ; on y met du feu deflus & deflous :
la longe étant cuite , on latire, & on la met égoutter ;
on la dreffe dans un plat, & on y jette un ragoût de
ris de veau & de champignons , truffes, mouflerons ,
&c.
Poitrine de veau, on l’accommode de différentes
facons ; comme en fricaflée de poulets. Pour ceteftet,
coupez-la par morceaux ; faites-la dégorger dans Peau,
puis blanchir : paflez-la fur le feu avec un morceau de
beurre , bouquet , champignons , pincée de farine :
mou lez-la de bouillon ; étant cuite & dégraiflée , liez-
la de trois jaunes d'œuf délayés avec du lait, & mettez
deflus un filet de verqus.
On peut encore la metrre en ragoût de cette forte
Paflez-la d’abord au roux: faites-la cuire dans une caf-
ferole avec du bouïiilon, un verre de vin blanc, fel, poi-
vre , sérofle, mufcade, fines herbes : lorfqu’elle eft
cuite , prenez des champignons avec un peu de farine ;
paflez-les à la poële avec le même lard qui a fervi pour
la pafler au roux , mêlez le tout.
Fraife de veau. On doit la faire cuire de la même
maniere que fa tête ; on peut la manger frite, & pour
cela on la dégraïfle , on la coupe par petits morceaux
que l’on trempe dans une pâte, & que l'onfaitfrire;
on peut aufli la fervir à différentes faufles.
Foie de veau à l’étuvée. Coupez par tranches, de
l’épaifleur d’un doigt, un foie de veau bien blond , après
en avoir Ôté les nerfs : faites fondre du beurre dans
une poële , & mettez-y cuire les morceaux de foie
aflaifonnés de fel & poivre; étant cuits d’un côté, re-
tournez-les de l'aurre , puis retirez-les de la poële:
mettez-les cuire avec le beurre , perfil , ciboule ,
échalotte, le tout haché & remué dans la poële,
ajoutez-y une pincée de farine: mouillez-le avec un
demi-feptier de vin.
Rouelle de veau , maniere de l'apprêter entre deux
plats. Prenez un morceau de rouelle de veau bien
épais : lardez-le de gros lard , avec perfil , ciboule ,
champignons, une pointe d'ail, le tout haché , fel &
576 VE A
poivre: mettez-le dans une caflerole couverte , & fai-
tes-le cuire à petit feu dans fon jus: ajoutez-y wi oi-
gnon & deux racines : lorfqu'il eft cuir, dégraiflez le
peu de faufle qu'il a rendu , & mettez-la fur le mor-
ceau de veau. |
Rouelle de veau à la braïfe. Prenez des rouelles de
veau un peu épailies , piquez-les avec une lardoire de
bois; & que les lardons foient aflaionnés d’un peu
de perfil , ciboule hachés avec fines épices , fel & poi-
vre : garniflez le fond d’une caflerole de quelques pe-
tites bardes de lard : arrangez-y les tranches de veau
par-deflus ; faites d’abord un feu modéré , afin que la
viande fue : faites-lui prendre couleur des deux côtés :
mettez-y un peu de farine , & mouillez de bon bouil-
lon clair. Le veau étant cuit, dégraïflez & liez-le avec
une liaifon de deux ou trois jaunes d'œuf,
Mañiere de faire un fricandeau de veau. Voyez Fri-
CANDEAU. |
Ris de veau , ils entrent dans une infinité de ra-
goûts : on les fait dégorger dans l’eau tiéde ; & on
les fait blanchir un demi-quart d'heure dans l’eau
bouillante.
Cotelettes de veau en caïfle. Prenez fix on huit
cotelettes de veau: appropriez-les ; parez les de leurs
os : faites-les blanchir fur le feu dans une cafferole où
vous aurez mis du lard ratiflé , gros comme un œuf de
beurre frais , avec perfil, cibouie , champignons, fines
herbes , fel, poivre , mufcade : faites-leur prendre
goût : faites une caïfle de papier, arrangez-y une farce
comme pour des petits pâtés : recouvrez-les un peu
de farce ; mettez de la mue de pain par-deflus avec un
peu de beurre fondu , &t faites-les cuire au four fur une
feuille de cuivre, étant cuites, fervez-les avec un jus
de citron.
Tête de veau. Maniere de l’iäccommoder. , Otez les
machoires : faites égorger la tête une nuit entiere
dans l'eau ; faites-la blanchir , enfuite cuire avec une
eau blanche où l’on a déiayé une poignée de farine ,
& que l’on a fait bouillir avant d'y mettre la tête :
.affaifonnez de fel , poivre, bouquet garni, deux oi-
gnons , carottes , panais, La tête étant cuite, mettez-
F | VE A VEG 577
« Jaégouter, découvrez-la cervelle , & fervez-la avec
une faufle au vinaigre.
Maniere de couper les divers morceaux de veau.
1°. La longe , on coupe le filet en travers par petites
tranches, & le rognon par petits morceaux, au-def-
fous de celui-ci eft un petit filet fort délicat, 2°, Le
quafi, par petits morceaux avec {es petits os. 3°. La
poitrine en travers en féparant les côtes des tendons
par les endroits où le couteau ne réfifte pas ; le tout
après avoir découvert les tendons d’une peau charnue
qui les couvre. 4°. Le carré par cotelettes , en prenant
le joint. 3°, L’épaule par tranches deflus & deflous ; il
ÿ a une petite noix en deflous de l'épaule fur la gau-
che qui eft un morceau délicat,
Le bon veau eft blanc & gras.
VEAUTRAIT. On appelle ainfi un équipage com-
let pour la chafle des bêtes noïres : il eft compofe de
RE es d'attache , & de meutes de chiens courans.
VEGETATION: On entend par ce mot l’a6tion
par laquelle les plantes & les arbres fe nourriflent,
croïflent , fleuriflent & fe multiplient par leurs grai-
nes. Les principes de la Végétation font les fels , l'eau
& la chaleur : les fels qui nagent dans l'air & circu-
lent dans toute la nature , font la bafe de la féve, car
la fève dépouillée de fes fels, fe réduiroit à de leau
toute pure ; l'eau qui provient de la rofée ou de la
pluye, ou des exhalaïfons de la terre, diflout & dé-
trempe ces fels; enfin , la chaleur qui s’éleve des en-
trailles de la terre , ou qui eft produite par le toleil , les
met en aéhon, dilate les pores de la plante , ouvre
les pañlages , & éleve les fucs dans la tige ; fans ces deux
fecours la féve eft réduite à des fels qui n'ont plus
d'aétion, ou plutôt ce qu'on appelle féve ou fuc
nourricier, ne fubffte plus , car toute produétion où il
y aura ceflation de fève , doit mourir. Cependant quoi-
u’en hiver les arbres foient dans l’inaétion , la féve
n'en fubffte pas moins , mais le froid l'empêche de
circuler & de fe changer en nourriture ; d’ailleurs ,
les fels de la terre étant détrempés par l’eau , entrent
dans la racine des plantes ; ils y fermentent pendant
578 VE VEN
l'hiver , & le foleil qui furvient , dilate les pores de {a
plante. par du |
VEGETAUX. C'eft le nom qu’on donne à toutes
fortes de plantes , racines & arbres , qui prennent
crotflance dans la terre.
VEINE. Vaïfleau fort mince du corps qui contient
le fans.
VEINE rompue. Remede. On doit d’abord faigner le
malade , luifaire prendre des potions vulnéraires.
VENAISON. On appelle ainfi les bêtes fauves &
noires, comme cerfs, chevreuils , fangliers , on dit
aufli que tel tems eft celui de la venaifon , pour dire
ue ces bêtes font le plus en chair, & plus aifées à
Deer
VENDANGES. On appelle ainfi le tems de la re-
colre du vin & les divers travaux néceflaires pour
cueillir le raifin & faire le vin. Les Vendanges deman-
dent des préparations d’un grand détail : on doit de
bonne heure faire fa provifion de la quantité de poin-
cons ou tonneaux dont on juge qu’on aura befoin , &
les prendre bien conditionnés & de jauge : faire faire
les réparations néceflaires au prefloir & aux cuves ;
fe précautionner d'un cuvier , de pelles de bois , four-
ches de fer, de pots d’ofier de le grandeur d’un féau,
de fébilles, de bois , d'entonnoirs , de paniers de
hottes.
Tems de la Vendange, On doit attendre la parfaite
mâturité du raïfin pour vendanger , autrement le vin
feroit âcre & ne feroit pas de garde. Le vrai tems de
cette mâturité eft quand le grain commence à s’atten-
drir. Pour cet eflet, on vifite les vignes ; on touche
le raïfin , on le prefle entre les doigts , fi le grain
étant ouvert, le pepin en fort dépouillé de fa chair, &
fi le jus colle les doigts, c’eft une marque d’une par-
faite mâturité pour les vins rouges, mais trop grande
pour les vins gris de Champagne ; ilne faut pas même
que cette maturité le foit à l'excès pour les vins rouges,
car alors le vin feroit trop doux , & ne feroit pas de
durée. Au refte , on ne peut vendangèr qu'après le ban
des vendanges : ce font les Seigneurs des lieux , chacun
dans leur rellort , qui ont droit de l'indiquer , mais
avec
F ,
VEN 573
vec connoïflance de caufe , après avoir entendu Le
Tapport des Gens experts & des principaux Habitans ;
mais il eft permis à un chacun de retarder le jour de
{es Vendanges : ceux qui ont des clos de vignes à part
font exceptés de cette regle.
La cueillette du raifin pour les vins rouges doit être
faite trois heures après le lever du foleil & la diffipa-
tion de la rofée , & autant qu’on peut pendant le plus
-Chaud du jour , le vin en a bien plus de force & de
couleur ; &c {e .conferve plus long-tems. A égard des
vins gris de Champagne, on doit vendanger pendant
la rofe ou des jours de brouillards , & tâcher de pré-
venir la chaleur du jour, parce que la rofée, & fur-
tout le brouillard , attendriflent beaucoup le raiïfin
en forte que tout tourne en vin, & on en recueille bien
davantage.
Les raifins qui font le meilleur vin , font ceux dont
les grains ne font pas ferrés , parce qu'ils müriflent
plus parfaitement. On doit préférer les cifeaux à la
ferpette , parce que celle-ci ébranle le raïfin & fait
tomber tous les meilleurs grains : au refte , il vaut in-
finiment mieux vendanger féparément le raifin blanc
& le rouge.
Dans certains pays on cueille les raifins noirs fépa-
:rément des blancs , & on met à part les raïfins de peu
de valeur , pour en faire du vin commun : en d’autres 5
on cueille indiftinétement tous les raifins.
À l'égard de la maniere de fouler les raifins ; Chaque
pays a fa maniere ; il y en a où on les foule dans la vi-
gne même : en d’autres, on apporte la vendange à
la maiïfon fans l’écrafer , &_on la foule à mefure En
certains ; & particuliérement. pour.le vin rouge, on
égrappe les raïfins à mefure qu'on les verfe dans les
tonneaux pour les tranfporter, enfuite : on les foule
"avec une pillette de bois, jufqu’à les réduire en vin .
après quoi on renfonce le tonneau : enfin » en d'autres
- on fait ufage d'un grand crible d’archal pour couler le
vin. | n bé
Voyez la fuite des travaux de la Vendange à l'artiéla
u vin,
… VENDOISE, Poiffon affez femb'able Lt carpe : il
d | Nn
Tome 11,
mn. VEN
eft blanchâtre , plus applati, a le mufeau pointu, eff
d'un meilleur goût que la carpe, mais il n'eft pas fi
commun: enle trouve dans les mêmes lieux que la
carpe, & on le pêche de même. |
VENTE publique ; il y-en a de deuxfortes , la Vente
forcée & la volontaire : la Vente forcée eft celle qui fe
fait par autorité publique par un Huifher ou Sergent ,
en conféquence d'une faifie de meubles dans le plus
prochain marché public , aux jours & heures ordi-
“naïres : ces jours & heures doivent avoir été fignifiés à
la perfonne du Débiteur. 2°. Il faut qu'il y ait huit
jours entre l’exécutionêt la vente. 3°. Qu'il y ait un
déplacement , c'eft-à-dire , que les meubles aient été
-mis hors de la pofleffion du Débiteur & fans fraude.
La Vente volontaire'eft celle qui fe faiten public
par un Huifher , au lieu &c jour que veut choifir celui
qui la fait faire de fon bon gré: maïs il faut en avoir
obtenu la permiflion du Juge , & ce par Requête, a
laquelle doit être attaché un mémoire des chofes qu'on
veut vendre.
VENTE par decret. Ceft celle qui fe fait d'un im-
meuble, en conféquence d'une faïfie réelle fuivie des
formalités requifes. Voyez DECRET.
VENTES. Voyez LODS & VENTES.
VENTS ( les ) ne font autre chofe que l'air agité &c
porté avec vitefle d’une contrée à une autre. On comp-
Le quatre Vents cardimaux:le Sud , qui vient du Midi ;
le Nord , qui vient du Septentrion ; lOueft , qui vient
du Couchant ou Occident; & l'Eft; qui vient de lO-
rient. PUR ON RER CEE
Entre ces quatre Vents on‘en place ‘encôre quatre
autrés, & ‘qui ont leur nom compofe des deux entre
lefquels, chacun lefitué : avoir‘; lé’ Nord-Eft, le
Nord-Ouef , le ‘Sud. Efr,"8t le Sud -Oweft il y a
encore d’autres divifions .de’ Vents ; mais qui feroit
inutile de rapporter... | $ AO AUE TES
Les Vents ont beaticoup'de puiflance pour changer
la. conftitution de l'air, &t ils en jont aufli beaucoüp
ur varier la onftitution de nos corps fur-tont le
Vent du Nord & celui du Midi. Tous.ceux quife font
“appliqués à la “connoïffance ‘des divers moyens Capa
PA"
“à + Vuli S 2
| EN LE. , 581
bles de conferver la fanté, en ont fait l’expérience.
Nature des vents relativement à la conftitution de
nos corps & des biens de la terre ; 1°. 7
« Le Vert du Midi ou du Sud. Comme ce Vent n’ar-
rive dans nos contrées qu'après avoir traverfé des
pays fort chauds , il amene ordinairement des pluies
chaudes , des orages & une chaleur violente :, ainfi
la refpiration eft alors Sênée , les vaifleaux fe gonflent
& les corps tranfpirent abondamment : les viandes, fe
corrompent bien plus vite lorfque ce vent fouffle ;,&
s'il règne long-tems , il attaque particuliérément la
tête , & caufe des vertiges. des pefanteurs , des laflitu-
des extrêmes. Les arbres qui font expofés au Midi ont
une écorce beaucoup plus fiñe , &ils ont plus de fucs
que ceux qui font fitués au Nord : les bätimens même
expoféstau Midi, font plutôt détruits que ceux qui re-
gardent le Nord. Cependant ce Venteft le plus favora-
ble pour l'agriculture , fur-tout lorfqu'il s’agit d'enfe-
mencer les terres & de planter les arbres. es 5
2°. Le Vent du Nord, Comme ce Vent ne traverfe
ué des pays froids , il fouffle un froid cuifant & il eff
Htc ; ainfi il donne plus de reflort à. tout Fatmof-
phere , il reflerre les portes, concenfe les fluides &
empêche la trop grande diflipation dès humeurs ; il eft
plus falutaire. pour-le. corps des animaux-que pour les
végétaux ; cependant lorfqu'il domine long =tems,
il fait fentir fes effets à la poitrine : À produit des
fluxions , des toux , des enrouemens , des douleurs de
côté ,.des fniflons , &c. il eft encore plus nuiñible aux
biens de la terre ; ainfi il ne faut m1 planter ni femer
lorfqu'il fouffle, parce que les fucs de fa terre font trop
condenfés. On fait que le côté des jardins expofés au
Nord eft peu propre à porter des fruits ; il décide pref-
ue toujours de l’abondance de la récolte des fruits ;
de celle de la moïflon , & de la qualité dela vendange,
Te Le Vent du Couchant donne des pluies longues,
abondantes , produit toutes fortes de fiévres & aitecte
les corps cacochimes , mais il eft moins, pernicieux que
le Vent du Midi , qui difpofe tous les Auides à la cor-
RP phuct euobros gent À: DR >
A pp Vent qui eft à J'Eft eft celui ga eft le plu
diiitmitée T4 \n 2
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532 - - «V EN LAVER:
favorable à la fanté, parce qu'il rend l'air ferein , &
ne donne qu'un degré modéré de chaleur.
En général, il y a toujours à craindre pour la fanté ;
lorfque la vicifhtude qui arrive dans les Vents eft {u-
bite , quoique cette même vicifhtude foit néceflaire
pour entretenir la vie & l’aétion , tant des animaux
que des végétaux qui languiroient , fi Pair avoit tou-
jours les mêmes qualités.
VENTRE , flux de Vestre, mal de Ventre, Voyez
colique , dévoiement, diarrhée , dyflenterie , liente-
rie.
Remede pour lâcher le Ventre. Prenez de la mie de
pain , faites-la rôtir au feu , arrofez-la d'huile d'oli-
ve, & mangez-la le matin à jeun pendant deux ou
trois jours. +
Remede pour reflerrer le ventre. Faites bouillir
deux onces de rapure de corne de cerf dans une pinte
& demi d’eau, & jufqu’à la rédu@tion du tiers. Paflez
la liqueur , & puis ajoutez-y trois onces de fucre, deux
onces d’eau rofe , une once de fuc de grenades aigres ,
& un gros de fantal citrin réduit en poudre ; faites
bouillir ce mélange un petit quart-d’heure ; laïflez-le
refroidir : donnez, de cette gelée au malade par cuil-
lerées. |
VERD-DE-GRIS ou VERDET. C'eft une rouillu-
re de cuivre qui fe fait en le mouillant avec du vin ou
du vinaigre, c’eft ä-dire , en fufpendant de petites
plaques de cuivre fur la vapeur du vinaigre dans un
vaifleau fait exprès, après quoi on ramafle le Verd-
de-gris qui s’eit formé fur ces lamines. En Langue-
doc & en Provence , où on en fait un grand commerce ,
on fait le Verdet en faifant divers lits de ces petites
plaques de cuivré , avec des grappes dépouillées de
leurs grains : on les laïfle ainfi en macération jufqu'a
ce quelles foiént couvertes en partie d’une rouillure
verte ; on racle cette rouillure , & on fait encore de
nouveaux lits du refte du cuivre. née’
VERGE D'OR. Plante qui croit dans les bois &
lieux humides : fa tige eft haute de trois pieds ; fes
fleurs difperfées en évi d’une couleur dorée: lés fel-
les & les fleurs de cette plante {ont vulnéraires. On s’en
\
he.
VER 583
fert contre la dyflenterie & le érachement-de ‘fang , la
pourriture des gencives , le branlement des dents :&
les ulceres. |
VERGER. On appelle ainfi un terrein qu'on ré-
ferve à côté du potager, deftiné pour les arbres de
plein vent, & autres qui ne peuvent pas trouver place
dans le potager , comme les hautes tiges qui nuiroient
par leur ombrage aux efpaliers. & aux légumes. D'ail-
leurs , ces fruits qui viennent naturellement fur une
haute tige en plein air font toujours d’un meilleur fuc,
& plus délicats. Ces fortes d’arbres n'étant jamais tail-
Ks , la féve s’y partage dans un plus grand nombre de
branches. 2°. On met dans le Verger les efpeces de
poires, qui étant en efpalier pourroient être cotoneu-
fes , comme le doyenné , la louife-bonne , les abri-
cotiers , lespommiers , les amandiers,, les müriers , &c.
Les Vergers font d'un grand profit , parce que les
arbres y donnent du fruit abondamment & de meilleur
goût , {ur-tout lorfqu'on y fait parquer ou paitre les
beftiaux.
VERJUS. Liqueur exprimée du raifin verd : il eft
rafraichiflant & aftringent , excite l'appétit : il peut
fervir aux fiévres ardentes. ,
Les-efpeces qu'on en cultive dans les potagers font le
bourdelais , le chaflelas , le <orinthe & mufcat : on
plante , on taille, & on provigne les uns & les autres
de la même maniere en Janvier, Février & Mai. A la
mi-Juillet on en lie les branches à quelque treillage :
on ne leur laïfle en les taillant que trois ou quatre
belles branchés , & on neles tient lonoues que de qua-
tre yeux. : |
ompote de Verjus. Prenez deux livres de Verus
du plus gros::fendez-le par le côté ; Ôtez-en les pe-
ins : jettez-le à mefure. dans l’eau fraiche , puis faites-
A égouter ; Jéttez-le dans une poële d'eau bouillante ,
quand il-fera tout monté fur l'eau , ôtez-le du feu ;
laiflez-le refroidir : remettez-le fur le feu un moment
pour le fire reverdir ; faites-le, égouter & mettez-le
Gans-uneivre, de fucre clarifié légérement : faites-lui
prendre deux: ou trois. bouillons ; Ôtez-le du feu &
£cumez-le, Le fyrop ne doit point être trop cuir.
n j
584 VER
GELÉE-de Verjus. Prenez ; par exemple; quatre
livres de Verjus bien mûr: mettez-les dans une poële
avec un demi-feptier d’eau : écrafez-le un peu & le
mettez fur ke feu , faites-le bouillir cmq 6ù fix bouil-
lons : étant amorti , jettez-le fur un tamis pour l’é-
goutter, en le preflant un peu avec l’écümoire. > fur
chopine de jus il faut trois quarterons de fucre àla
forte plume: dans lequel vousjetterez votre jus ; puis
faites-lui prendre : un‘bouillon ; écumez-le & l’em-
potez. ou |
Marmelade de Verjus: Prenez quatre livres de Ver-
jus qui ne foit pas trop mûr, égrenez-le ; jettez-le
dans uñe poële d’eau bouillante pour le faire blanchir
& reverdir. Quand les grains font montés au-deflus de
lPeat,- couvrez votre Verjus d’un plat : tenez-le fur de
la cendre chaude pendant deux heures"; daiflez-le re-
froidir dans la même eau ; mettez-le égoutter : paflez-
le au tamis : faites deflécher votre marmelade fur le
féu. Quand elle eft bien defféchée , êtez=la de la. poë-
le ;pañlez-la , faites cuire autant pefant de fucre à caffé :
inéorporez le avec le fruit : faites frémir letout ; &
lempotez tout chaud, ** Je 24
VERMICHELLI. Efpece de pâte qui nous vient
d'Italie & dé Provence, & dont on fait de fort bonhes
foupes. Cette- pâte eft' faite avec de la fine fariner;de
Peäu bouillante & des blancs d'œuf ; on forme cette
paté énpetits filets qui reflemblent à des vers ; fi on
met dés jaunes d'œufs 8 du fafran yle Vermichelli eft
“{
jaune ; car il‘y en a de ‘blanc &'de jaunes 12! ©
"VERMICULAIRE ;'ou-petite Joubarbe. Plante qui
croit fur les murailles & dans les lieux pierreux: elle
jette quantité de petites branches fort* mincesr: fes
feuilles ont beaucoup de fuc , & fes fleurs font jaunes.
Cette plante eft chaude , &d'une faveur fort âcre : elle
eft fort bonne contre le fcorbut à raifon de {on fel: vo-
latil , & le mal hypocondriaque : fon fuc guérit les
fiévres intermittentes. 1231 #2
VERMINE, poux ou antres infeétes qui s’atiachent
à la peau & caufenr des démangeaifons. Remede pour’
s'en délivrer. Mêlez du mercure avec/du/vieux oing
jufqu’à ce qu’on ne k voie point, alors le vieux oing;
N ER 58$
devient tout bleu : frottez-en les endroits où il y a de
fa vermine , & le lendemain elle eft morte.
* VEROLE (la) eft la maladie vénérienne qui fe
contraéte par un commerce charnel avec des perfonnes
débauchées. |
Cstte maladie eft terrible : fon nom feul infpire de
horreur à l'homme vertueux. Ses fuites font d’une
conféquence extrême , car fi on la laïfle vieillir , elle
eft regardée comme un mal incurable | & fon poifon,
quoïque lent dans fa marche , fait enfin tomber le
corps en pourriture.
Les bornes de cet Ouvrage ne nous permettent pas
d’entrer dans le détail qu'il feroit néceflaire pour don-
ner une idée d’une maladie de cette conféquence ,
parce qu’elle a une infinité de branches , à vouloir la
fuivre dans fes progrès , & que les remedes que nous
erions en état d'indiquer , nous meneroient trop
loin.
Mais indépendamment de cette raïfon, le but prin-
cipal que nous nous fommes propofé dans cet Ou-
vrage, ayant été de traiter de l’adminiftration & de la
culture des biens de campagne , & accoutumés à écrire
fur des matieres qui ne préfentent que des objets purs
. & conformes à l'innocence des champs , nous avons
cru devoir pañler rapidement cet article , & n’être point
obligés de parler d’une maladie qu’on a honte même
de nommer ; qui d’ailleurs n'infe@te de fa lépre que les
Villes & les Cités , où le luxe , l'oifiveté , l’intempé-
rancé fourniflent de fi fortes armes à la volupté, qui
au contraire , femble refpeéter l'humble toit du La-
boureur , parce que fes mœurs fimples, fa vie frugale,
fes travaux , arrofes de fes fueurs , lui dérobent tout
accès , &.le mettent à l'abri de fes moindres atteintes.
VEROLE ( petite ) vient d’un mauvais levain qui
circule dans la mañle du fang, & qui ayant acquis un
certain, degré de mäturité, fermente , fe fépare du
fang & produit des puftules fur la peau. Cette maladie
eft fort contagieufe & dangereufe pour ceux qui la
gagnent par l'air contagieux qu'elle communique.
Comme il y a plufieurs, maladies qui reffemblent à
la petite ‘Vérole à quelques égards , le vulgaire les
Nna4
586- N',ER à
confond mal à propos avec elle : on doit donc pour
cela connoitre les fignes qui cataétérifent une vérita-
ble petite Vérole. Cette maladie eft accompagnée
d'une fiévre inflammatoire , peftilentielle | épidémi-
que , toujours contagieufe : fon cours eft régulier ,
marqué par quatre tems ou. périodes très-diftinéts : le
premier , celui de la contagion : le fecond , de l’érup-
tion : le troifiéme , de la RE le quatriéme ,
de la defhication. Le tems de la contagion ou appa-
reil, eft ordinairement de quatre jours ou trois jours
& demi. La durée de ces quatre périodes va à quinze
jours : la crife, fe fait fur la peau en forme de bou-
tons ou puftules remplies d’un pus jaune bien formé ,
lorfqu’elles font à leur point de mâturité : le tems de
Téruption finit lorfque le pus fe montre à la tête des
puftules , ce qui arrive ordinairement le huitiéme jour
de la maladie. Ces puftules dans la vraie petite Vérole,
lorfqu’elle n’eft pas fimple & fort difcrette , font un
Progrès lent en grofleur & en élévation : elles ne pa-
zoiflent d’abord qu'entre la peau & lépiderme : elles
ne fortent ordinairement qu'après deux jours de fiévre
aux enfans, & trois ou quatre aux adultes. Il y a
toujours - une diminution confidérable de la fiévre &
des accidens , quand l’éruption eft évacuée ; il y a en-
core une fiévre fecondaire dans la petite Vérole la
plus bénigne , au commencement de la füppuration.
Enfin , chaque bouton fuppure bien ou mal , felon
que le caraëtère des humeurs eft bon ou mauvais,
D'après ces fignes , il eft aïfé de comprendre que les
autres maladies éruptives , comme celle qu'on appelle
petite Vérole volante, on variolette , ne font point
la vraie petite Vérole , quoique les boutons imitent
par leur couleur & leur figure les puftules de la véri-
table ; car ces boutons fe difipent promptement fans
produire ni pus ni férofité : d’ailleurs , la petite Vé-
role volante n’a ni la durée , ni la marche , nile venin
dangereux de la véritable. |
La petite Vérole maligne eft celle où les boutons
font les uns auprès des autres , & même font entaf-
fés ; elle eft accompagnée de fiévre ardente, quelque
fois même de pourpre, ES TP
nn om man.
VER 587
* La volante n'a qu'un très-petit nombre de boutons
difperfés , & n’a prefque jamais de fuites facheufes.
Les fignes de la petite Vérole en général, font la
fiévre , l’afloupiflement , les vomiflemens , les maux
de tête.
L'éruption fe fait ordinairement le troïfieme ou le
quatrieme jour , & les puftules ou boutons fe multi-
plient pendant trois jours. Ils groflflent les trois au-
tres fuivans :ils deviennent blancs & purulens trois
jours après: dans le tems de cette fuppuration la fié-
vre revient , mais elle cefle peu-ä-peu ; ils fe deflé-
chent & tombent les trois derniers , c’eft-a-dire , vers
le douzieme ou quinzieme jour.
La petite Vérole eft funefte & devient mortelle lorf-
e fon venin ne peut fortir pour faire une bonne
éruption , ou du moins qu'il en refte une partie dans
le fang.
Les remedes qu’on doit employer d’abord , font 12.
un lavement ordinaire ; 20. fi l’afloupiflement & la
difficulté de refpirer font confidérables | on aura re-
cours à la faignée du bras , & s'ils continuent , on don-
nera un vomutif, 3°. dès que l’éruption commence,
on doit donner des potions cordiales ou des fudorif-
ques pour chafler le levain au-dehors par les fueurs.
Voyez SUDORIFIQUES. De
Par exemple , le fil de porc préparé : on en donne
cinq grains pour les enfans , dix ou douze pour les
adultes, délayés dans un peu de ptifane; on couvre le
malade plus qu’à l'ordinaire , & on ne le change point
de linge. On réitére a prife au bout de fix heures juf-
qu'à ce que les boutons fortent , & lorfqu'ils commen-
cent à fe flétrir & à tomber , on n’en donne qu'une
prife par jour , le tout jufqu'à guérifon. Pendant les
fueurs on donnera un demi-gros de confeétion d'hya-
cinte de quatre en quatre heures ; on fe contentera
même de ce dernier remede dans les commencemens,
fans avoir recours aux fudorifiques , fur-tout fi les bou-
tons fortent avec facilité, & que la fiévre ne foit pas
violente. La Rougeole doit être traitée de la même
maniere.
Mais fi la petite Vérole eft maligne & pourpreufe ;
(588 V ER
ce que l'on connoït que la fiévre-violente , 'afloupifle-
ment , le tranfport au cerveau , les inquiétudes ex
traordinaires, on faignera du pied , mais dans le tems
de l'éruption, on aura recours aux vomitifs, & file
malade eff trop foible aux purgatifs , le tout avec pru-
dence, &jufqu'à une évacuation fufhfante , après quoi
onpeut faire ufage du fel de porc.
Si malgré cette conduite les accidens deviennent
plus mauvais , comme fi la fiévre redouble, fi les puf-
tules du vifage s’applatiflent , & font marquées de
noir au milieu: s’il fe fait une éruption de petits bou-
tons comme de grains de millet ; s'il fe fait une ré-
volution dans la maladie , caufée par le tonnerre ou
quelque frayeur: fi le pouls devient petit & inégal ;
Sly a..du délire fuivi de mouvemens convulfifs , on
fupprimera les remedes ci-deflus , & on aura recours
aux cordiaux les plus fpiritueux , tels que l’élixir thé-
riacal , lelilium, &c. Voyez CORDIAUX.
Pour préferver les yeux de. tout fâcheux accident ,
on doit ufer d’un collyre fait de fafran mêlé avec de
l'eau de plantain, Pour les violens maux de gorge cau-
_fés. par les puftules, on fait gargarifer la bouche avec
de l’eau d'orge & dumiel: pour le gonflement du nez,
_on-déboucheles narines,avec de l’huile rofat.
Pour aller au-devant de la, difformité du vifage
que .caufent les trous de la petite Verole ,. on doit le
bafliner foir.& matin ‘avec de l'huile d'amandes douces
& de l'eau d'orge, dès que les grains de la petite Vé-
role commencent à blanchir. ;.& jufqu'au neuvieme
“jour; alors on appliquera fur le vifage une purée, de
_ lentilles de ’épaifleur d’un-éen, &. on l'y. laïffera juf-
.qu'à ce qu’elle tombe par. écailles , après. quoi on oin-
.dra le vifage avec de la pommade. de vieux, lard juf-
_ qu'au feizieme jour. êt-puis.avec de. la pommade
.-blanche., : séinretl < dsl nb els 6 jfi
Aurefte , tant que la fiévre dure , on ne doit nourrir
le malade qu'avec des bouillons faits avec du, bœuf,
du veau. & de la. volaille. La boïffon doit.être d’une
ptifane faite avec la racine de fcorfonnaire ,..des len-
tilles, du chiendent , & de la reglifle ; après la fiévre
_ éeffée ; on le nourrira de potage , d'œufs frais & autres
1
MER 589
aliméns. lègers avec du vin trempé jufqu'au vingt-
unieme jour , enfuite on le purgera convenablement.
Heivet. Frairé des 1aladies.
Au refte, les petites Veroles bénignes font les plus
ordinaires : elles gueriflent la plüpart du tems étant
confiées aux feules reflources du régime & de la na-
ture ; à l'égard de celles qui font dangereufes , & dont
le cas eft plus rare : elles ont befoin de tous les fe-
cours de l’art & de toute l'intelligence d’un Médecin
prudent.
Dans les petites Véroles difficiles , le danger cefle
lorfque le pouls devient ventral, c’eft-à-dire , déve-
loppé , inégal ,intercadent. - :
- Autres obfervations fur la petite Vérole, Lorfque la
petite Vérole ou la Rougeole ne lévent pas bien , ou
que l’éruption ne fe foutient pas par la foibleffe du
cœur, on peut fe fervir d'une potion cordiale faite de
cette forte. PIROT £E
- Prenez des eaux diflillées de Mélifle fimple , & de
chardon béni, de chacune deux onces , de li confec-
tion d'hyacinthe, ungros; de l’eau de fleur d'orange,
deux: gros ; de fyrop d'œillet:& de limon ; de chacun
une: demi-once : mêlez le tout ; donnez-en d'heure en
heure à la cuiller. Gette potion convient dans toutes
les grandes foiblefles , dans les accouchemens longs
&'laborieux. - 2. £6> sl FASYES
s'Âutre remede pour. la faire fortir. Prenez de la
fiente de chevre , de brebis, on de mouton nouvelle-
ment faite quer vous mêleréz dans un verre de vin
d'Efpagne ou de biérre pour les pauvres. Quand cela
fera d'une épaïfleur raifonnable | on le fera boire au
malade ; & on le tieñdra chaudement dans le lit pour
le faire fuer. LE
Ouwrprénez deux ou trois grains de fafran bien fé-
ché; faites-en un nouet dans un linge fin: faites in-
fufer cela dans du vin blanc, jufqw'à ce que toute la
teinture & vertu en foit extraite , puis preflez-le fort,
& donnez la liqueur au malade pour le faire fuer.
Pour empêcher les marques dé la petite Vérole. Res
mede. Il faut, lorfque les puftules {ont mûres , ap-
prochér du vifage un fer chaud plufeürs fois le jour;
30 VER
ce quiles defiéche & les empêche de creufer. Ephe
d’AIL.
Ou oïndre le vifage fréquemment pendant deux
jours avec de l’efprit de vin , dans lequel on aura fait
difloudre de la myrihe en poudre : enfuite Poindre
avec une plume trempée dans une diflolution de fucre
de faturne , faites en eau rofe , qu'on renouvellera de
tems en tems. |
Ou battez un jaune d'œuf cuit molles avec trois
cuillerées d'huile de chenevis , jufqu’à ce que le tout
foit en forme de pomade , dont vous oindrez les
grains de petite Vérolé quandils feront blancs > Pour
les faire fécher promptement & tomber. |
Autre moyen d’émpêcher la petite Vérole de mar-
quer fur le vifage. Lorfque l’éruption eft faite, &-que
les boutons commencent à groflir & à fe remplir-de
matiere purulente, prenez de là craie bien-pulvérifée;
mêlez-la avec de la crême nouvelle ; faites-en une ef-
pece de pomade un peu liquide ; & frottez-en le
vifage du mulade avec une plume : il faut là renou:-
veller à mefure que vous vousapperceyez qu'elle féche.
Comme la fraicheur de laciême, empêchera ladéman-:
geaïlon , le malade ne. fera pas tenté de & gratter;
d'un autre: côté la craie, qui seft; mêlée , ;! defléche
infenfiblement la matiere dans les. boutons 3° Fempé-
che de caver dans la chair, & de creufer. Tous ceux
qui ont pris ‘cette .précauhon! ;us°en font: fort bien
trouves... 0. aiddid sb :* kr 9b. Sir
Inoculation de la petite Vérole. On. appelle: ainfi
linfertios qu'on fait -de la. matiere. vétolique fur.'un
fujet , afin-qu'il contra@e. cette. malädie , laquelle
alors n'a point,les fuites dangereufes qu’elle’ a -lorf-
qu'elle vient naturellement, On prétend que l'infer-
tion de la petite Vérole.eft établie depuis un tems ifn-
mémorial. à la Chine, & obférvée depuis 200. ans -éni
Circafie. &'en Georgie ; il eft conftant, qu'elle eft.en
ufage. à Conftantinople depuis 1673 &en Angleterre
depuis.1721:, d’où elle s’e répandue en Aïlemagne
en France :& enItalie : elle eft fans contredit l’une dès
plus belles pratiques. donton ait enrichi la Médecine ;
ë& une invention très-utile au: genre humain: cepen+< |
ss VER 593
dant comme c'eft une invention moderne , elle eft em
butte à la contradiction de la plus grande partie des
hommes.
Il eft encore conftant que le nombre de ceux qui
font morts par la voie de l'inoculation, n’eft prefque
rien en comparaïfon du nombre de ceux qui meurent
de la petite Vérole naturelle. On l’a pratiquée à Paris
fur plufieurs fujets ,: & avec fuccès : en voici un
exemple fait fur un enfant de quatre ans. D'abord un
Médecm &. un Chirursien le préparerent pendant une
huitaine de jours , pendant lefquels l'enfant fut fai-
gné deux fois , on lui fit chferver une diette ra-
fraichiflante , ufant principalement de lait, après quoi
on fit l'opérationle premier Avril. On la pratiqua fui-
vant la méthode qui paroïtavoir réufh le mieux dans
les pays étrangers ; c’eft-à-dire, on fit dans la partie
moyenne & externe de chaque bras une légere incifion
qu ne faifoit qu'effleurer la peau , & on y inféra un
l'imbibé de l'humeur véroleufe que l'on avoit choifs
de la meilleure qualité : un appareil contenoit ces
fils ; on ne les retira qu'au bout de quarante-huit
heures : ces fils avoient été imbibés de cette humeur
le deux Septembre d’auparavant , & fept mois avant
qu'on s'en fervit. L'enfant eut des fymptômes , qui
ordinairement ne fe remarquent point dans les per-
fonnes inoculées. Huit heures après l’opération , il
Jui prit un peu de fiévre avec de l’affoupiffement , ce
qui continua pendant huit jours de fuite avec de petits
redoublemens fur le foir. Cet accident engagea à lui
. faire obferver une diette plus exaéte : le dix-huirieme
jour la fiévre augmenta avec du vomiflement , & les
autres fignes avant-coureurs de la petite Vérole qui
durerent jufqu’au lendemain que l'éruption commença
à fe faire. Deux jours avant le tems , les plaies des
bras qui paroïfloient fermées , s'étant rouvertes &
enflammées : léruption fe fit parfaitement bien 3
dès le 10 la fiévre tomba, & les boutons gros & dif
crets n’étoient qu'au nombre de quinze fur le vifage,
& d'environ 160 fur le refte du corps. Le quinze au
{oir la fuppuration commença , mais fans fiévie , ce
qui eft un des avantages de la petite Vérole inoculée
92 VER
fur la petite Vérole naturelle. Le refte de la maladie fe
affa très-heureufement fans aucun évenement particu--
r: le vingttoutes les croûtes étoient bien formées , &
peu de jours après l’enfant étoit parfaitement guéri,
fans aucune mauvaife fuite , & fans prefque de rougeur
au vifage. Extrait de la lettre de M Gevfro: Médecin de
Paris |; a un Médecin de Province. Jouïn. æcon. Juin ;
4755: |
VERON. Petit poiflon qui a le dos de couleur d’or,
le ventre de couieur d'argent , les côtés un peu rouges,
fa peau eft tachetée de noir, fa queue fe termine en
aile large & dorée ; fachair eft eftimée. |
VERONIQUE mäle rampante. Plante qui croït dans
les lieux fablonneux & pierreux : elle pouffe plufieurs
tiges rondes & nouées qui ferpentent à terre : {es feuil-
les font velues, dentelées , d'un goût amer: {es fleurs
font bleues & divifees en épis. Cette plante eft aftrin-
ente & fort vulnéraire : on s’en ferten maniere de thé
dans l'obftruétion des poumons , du foie & de larate,
toux , crachement de fang, vertiges & affoupiflement;
on s’en fert extérieurement pour la galle , lateigne , &
toutes fortes d'ulceres. Le
VERONIQUE femelle. Petite plante qui croit entre
les bléds ;fes feuilles font prefque rondes & velues , &
d'un goût fort amer. Cette plante eft vulnéraire & pu-
rifie le fang ; elle eft fort bonne pour les ulceres , la
galle , &cc. vs
= VERRAT. On appelle ainfi le cochon qui eft le mâle
de la Truie , & deftiné à la multiplication du trou-
eau. Un bon verrat doit être court & ramañlé, avoir
£ tête grofle, le grouin court , le ventre ovale , les
jambes courtes &'arofies , la foie épaïlle &c noire, du
moins pour un pays froid. Ïl peut fervir à la multipli-
cation depuis un an jufqu'a cinq , & un feul fufht pour
dix truies. On doit tenir toujours les verrats féparés
des truies , excepté le terms du fouer ou de laccou-
plement, de peur qu'il ne morde on ne fafle avorter
des femelles. rh
VERRE. Le Vérre eft le dernier ouvrage que l’art
peut faire par le moyen du feu , car tous lés métaux
a force de feu, fe tournent enfin en verre, ce quile
VER ee.
rend tranfparent , c’eft que fes pores font vis-à-vis les
uns des autres. Celui qu'on fait en Lorraine fert pour
les carofles , & celui qu'on fait en France pour les
vitres.
Le verre ordinaire fe fait avec le fel des cendres
de fougere & des cailloux blancs , ou de fable blanc
bien lavé : on prétend que le plus bean fe fait avec
des criftaux de roche , ou avec la foude du Levant; le
tout dans des pots bien cuits &-expoñés à un feu très-
violent. C’eft dans les forêts de Normandie qu’on en
fabrique le plus , & où 1l y à le plus de Verreries. En
France on façonne le Verre ‘par grandes piéces rondes
qui ont un gros nœud au milieu. On coupe le Verre
avec la pointe d'un diamant fin.
On peut recoller des verres-ou criftaux caflés avec
l'eau gluante qui coule des limaçons qu'on a pris &
embrochés dans un petit bâton, & qu’on a expofés au
foleil ; il faut y-ajonter du lait , de l'herbe tithimale ,
joindre le verre avec ce mélange , & le faire fecher au
foleil, |
VERRE pour vitres. Celui de France-eft fort beau
quand il eft choifi bien droit : il vaut fix, fept & huit
fols le pied de douze pouces fur douze pouces.
VERRUE , ou Poireau. Petite tumeur raboteufe qui
fe leve fur la peau.
Remede, Egratignez les verrues avec l’ongle ; &
frottez-les fouvent avec le pourpier froiflé entre les
doigts ; ou avec la faumure du fonds des pots à beurre
ou avec le jus de bourrache ; ou le lait du fumier, ou
avec le jus gluant d’un limacon piqué, ou avec la
diflolution du Sel ammoniac en eau commune ; tenant
fi on veut un linge deflus trempé dans cette eau.
VERS. ( les) Petits animaux qui fe forment dans
les diverfes parties du corps humain. : 1° :
1°, Dans la tête , oùils font {entir de violentes dou-
KursRemede. Ufez du vin de malvoifie ; ‘dans lequel
vous aurez fait bouillir des raiforts. … 9 : 65 D
2°. Dans le nez: on les chafle par le fuc des feuil-
les de‘bétoine. 555 5h
73%. Dans les oreilles , inftillez-y du jus d’oisnon où
An peude fuc de calament , ou du jus d’abfinthe;
Le
594 VER
4% Dans les dents, mâchez la racine de plantain s
ou prenez une dragme d’aloës , douze grains de cam-
hre ; mêlez-les ; trempez du coton dedans ; & mettez-
fe fur la dent: on doit fe tenir les dents propres, &
fe les laver après les repas.
$% Dans les poumons ou la poitrine : ceux-ci cau-
fent de roux violentes: le cracher les fait fortir, &
lexciter , prenez dn fuc de marrhube blanc avec un
peu de miel & fuccez-le.
69. Dans le foie ; ils caufent des pefanteurs de foie ,
& une grande mélancolie. Prenez douze grains de pou-
dre de cloporte dans un bouillon pendant plufeurs
jours de fuite, & le matin.
7°. Dansle cœur, ils caufent des palpitations , des
fyncopes, & ce que le vulgaire appelle la paññon lu-
natique ; pour le tuer ,büvez du fuc d’ail, de raifort
& de creflon. | &
8°. Dans la péricarde Ou membrane qui enveloppe
le cœur. Prenez dans des bouillons du jus de fca-
bieufe en décoétion ou en fyncope, Faitès un cata-
plafme avec les feuilles d’artichaux & d’abfinthe cui-
tes dans du vinaigre ; appliquez-le fur la région du
cœur.
9°. Dans le fang. Remede. Le jus de cerfeuil , un de-
mi verre trois fois par jour.
10. Dans les reins. Prenez un demi-gros de fel végé-
tal tous les matins dans un bouillon.
11. Dans les ulceres qu'ils rongent , dans les grains
de la petite vérole , dans les bubons. Frottez-les du
fuc de calament , ou d'eupatoire , ou de la poudre de
plantain.
12. Sous la peau entre cuir & chair , il y en a de plu:
fieurs fortes , les plus mauvais viennent aux bras, aux
jambes , & fur-tout au dos des petits enfans. Remede,
Baignez l'enfant dans l’eau tiéde : frottez-lui enfuite le
dos auprès du feu avec du miel & pañlez deflus un lingé
un peu rude qui les fait tomber. |
Ées mêmes vers caufent des :puftules, & ce qu’on
appelle gale , gratelle : lavez la partie affectée. , de
lait de vache bouil , ou parfumez-la de. fumée de
foufre jetté fur les charbons ; ou ayec de l'eau de -la
forge
F
| VER 595
forge des Maréchaux , ou du jus de citron.
13. Dans le nombril des enfans. On les appelle
umbilicaux : ils leur caufent une maioreur & une
‘langueur univerfelle ; 1° un petit poiffon appelle gou-
jon, & qu’on attache le foir fur le nombril de l’en-
fant , fait connoitre que ce ver y féjourne , lorfque ce
poiflon fe trouve rongé ; 2. remettez-en un autre
pour attirer le ver , & prenez la moitié d’une coquille
de noix ; mettez-y de la poudre da criftal de Venife &
de fabine , mêlée avec un peu de miel: appliquez la
_coquille fur le nombril, & le ver attiré par le miel
mange de cette mixtion qui le fait mourir, après quoi
_on fait avaler à l'enfant quelque médicament qui en-
traine le ver par les felles.
14. Dans les inteftins , & 1°. Les longs & ronds :
ceux-ci caufent des naufées, des vomiflemens , des
tranchées , des dégoûts ; & quelquefois au contraire
une faim dévorante , des friflons , des épilepfies , des
étourdiflemens , des chancellemens étant debout , des
convulfions. Remede. Donnez le matin à jeun quel-
ques cuillerées d'huile, parriculiérement de celle de
noix , ou une dragme de poudre d’écorce d'orange in-
fufée dans du vin pendant la nuit.
Ou une décotion de fcordium , mais en même-
tems donnez un lavement de lait fucré ; car le fcor-
dium chafle les vers en bas, & le lavement par fa
douceur les attire & les fait fortir dehors ; ou faites
avaler à jeun du lait dans lequel vous aurez fait cuire
de l'ail, & ce , tant aux enfans qu'aux adultes.
15. Près du fondement , dans lequel ils caufent
des démangeaifons , & occafonnent des fyncopes &
des envies d'aller à la felle, comme ils font difficiles
à chafler on les attaque par le bas. Remede. Mettez
au fondement un fuppoñtoire de coton trempé dans
_du fel de bœuf, ou dans de l’aloës diflout > OU intro-
duifez un petit morceau de lard attaché À ’un fil, ou
prenez un lavement fait d’une décofion de racine de
grande gentiane, de perficaire, d’abfnthe Etc. En
général , tous les amers font excellens contre les vers.
2°, Les VERS plats & larges ; & 1. le ver ap-
“pellé Tœnis. Les fignes de ce-ver font des laffitudes
Tome 11, Oo
596 VER
qui prennent d’abord après le repas, des afloupifle-
mens fréquens qui caufent des pefanteurs au-deflus du
nombril. 2°. Le Vers appellé Solum ou plat. Les
fignes de ce ver font des douleurs de foie pañlageres,
qui fe font fentir à jeun, & fuivi d'un grand cours de
falive, & d'une privation de parole , qui ne dure que
peu de tems , des douleurs d’eftomac , une longue
douleur du dos, une grande päleur , une foibleffè de
tout le corps, des appétits déréglés pour les mêmes
viandes, des douleurs que l'on ient à jeun vers la ré-
gion du foie.
Remede. Prenez diagrede , crème de tartre, dia-
phorétique minéral, de chacun demi-fcrupule , rhu-
barbe récemment pilée , demi-dragme ; racine de
fougere femelle en poudre , demi-dragme ; feuilles &
fleurs de tanaife champêtre en poudre , une pincée ;
écorce de racine de mürier cueillie avant que les mû-
res foient en mâturité, en poudre , une dragme : mâ-
chez le tout, & le prenez dans un bouillon gras le
matin à l’heure du réveil : augmenter la dofe felon
l'âge & le tempérament.
Comme ce remede tue le ver fans le chañler, il
faut fe purger le lendemain ; on peut même le réi-
térer trois on quatre fois sl ne réuflit pas la premie-
re, & fe purger le lendemain.
Autre remede Prenez troïs dragmes & demi d'é-
corce de racine de mûrier cueillie avant la mâturité de
fon fruit : faites-la bouillir dans une chopine d'eau
commune pendant demi heure. Donnez cela à boire
le matin à jeun en deux prifes d’une demi-heure à
l'autre : on réitére ce remede trois ou quatre fois.
On doit donner les remedes contre les vers dans le
déclin de la lune , ils réufliflent beaucoup mieux :
dans les maladies des vers , on ne doit pas demeurer
long-tems fans manger.
Pour fe garantir des vers , il faut éviter les laitages
k
( excepté le beurre ) les chofes fucrées , les viandes vi- :
naigrées , les melons , les champignons , &c.
2°, On ne doit point manger, que les alimens du
repas précédent ne foïent digérés ; on doit éviter la
diverfité des viandes , & la trop grande application
Fo VER 597
de l'efprit après avoir mançé. Voyez ENFANS.
* VERS des chevaux. Il y en a qui leur donnent des
tranchées , d’autres qui les font maigrir, Remede. On
peut leur donner du foin mouillé avec de l’eau où lon
aura diious du fel de nitre ou du falpêtre : ou des
feuilles de pêcher, & de faules toutes vertes , hachées
& mêlées parmi l’avoine : ou bien deux pilluies faites
avec fix dragmes de fublimé , ou mercure doux bien
préparé, & une once de thériaque , ou une livre de
limaille d'acier dont on donnera une once chaque
jour dans du fon mouillé.
VERS de terre. Infe&es qui s'engendrent & fe
nourriflent de terre : les meilleurs font ceux qui ont
des lignes rouges autour du cou, On s’en fert contre
l’'apoplexie , les convulfñons & les autres affeétions du
cerveau : on les donne intérieurement en les écrafant
& les coulant par un linge avec du vin; on les appl-
que extérieurement où on les laifle mourir , &ils ap-
païfent les vives douleurs : on doit les prendre le foir
après la pluie. Leur déco@ion eft bonne dans la dyf-
fenterie , les affle@ions de la goute fcorbutique ; &
leur poudre dans la jaunifle , &c dans tous les remedes
pour les plaies.
VERS À so1r. Efpece de chenille qui produit la
foie. Un vers à foie eft compofé de plufieurs an-
neaux à reflort ; il a des pieds comme des cro-
chets pour s'arrêter; deux rangs de dents qui lui fer-
vent pour tailler la feuille de haut en bas : autour du
ventre un petit fac fort long qui contient une efpece
de gomme de couleur de fouci ,» avec laquelle il for-
me fon fil d’une maniere farprenante : fous la bouche P
une forte de filiere de laquelle il fait fortir par deux
ouvertures quelques gouttes de cette gomme qui eft
la matiere dont il fait fon fil. Cette gomme prend la
forme des ouvertures & s’allonge en un double fil
qui a aflez de confiftance pour envelopper le ver,
Pour élever des vers à foie , il faut , 1°. avoir de la
bonne graine : la meilleure eft d’une couleur obfcure,
mais vive ; elle doit être lourde, & jetter un peu de
liqueur quand elle fe cafe, & venir d'un pays moins
chaud que celui où on la veut ee mulupher.
0 2
598 VER
Celle qu'on a de fes propres races de vers, vaut tou-
jours mieux : la bonne graine va au fond lorfqu’on la.
met tremper dans du vin, la mauvaife furnage , elle.
eft ordinairement blanche &/légere.
2°. On ne doit penfer à faire éclorre la graine des
vers à foie, que lorfque les feuilles de mürier com-
mencent à paroitre , & on ne doit fe munir de graine
pour faire éclorre , qu'à proportion qu'on a de müriers.
Une once de bonne graine donne aflez de vers pour
confommer les feuilles de quatre grands müriers blancs,
Les mûriers blancs font ceux qui produifent les mûres
blanches ; ils font les meilleurs pour les vers à foie :
fi on étoit obligé de fe fervir de feuilles de màriers
noirs , ilne faudroit que celles d’un feul arbre , & en-
viron la moitié d’un autre , parce qu'ils ont les feuilles
plus dures & plus fortes. Sur quoi il faut obferver ;
18. que les vers à foie nourris de feuilles de müriers
blancs qui viennent dans les terreins gras, dont les
fucs font abondans , donnent une foie plus grofliere &
moins forte , que ceux qui fént nourris de jeunes arbres
de dix à douze ans , donnent une quantité de foie
moins fine & moins bonne que ceux nourris d'arbres
de dix-huit & de vingt quatre ans ; ainfi les arbres
les plus vieux doivent toujours être préférés aux au-
tres. 2°, Que la nourriture variée prife dans différens
terreins & à différens arbres, contribue à rendre la
foie inégale, que les feuilles mouillées , celles qu'on
leur donne après avoir été fanées , les tendres & les
dures mêlées enfemble , qu'en un mot, tous ces dé-
fauts d'attention font cauie du peu de fuccès qu'ont
les vers à foie, & du peu de revenu que l’on en tire :
4°. qu'un air pur & tempéré, une expofition au midi
convient à ces infeétes: qui font extrêmement délicats,
qu'ils exigent beaucoup de propreté : la moindre
odeur impure ou trop forte eft une pefte pour eux.
On doit être pourvu de müriers un peu plus
qu'il n’en faut précifément pour la quantité des vers
à foie qu'on veut avoir, Ils doivent être plantés éloi-
gnés chacun de quatre toifes pour qu'ils ne fe nuilent
pas. On doit grefter de l’efpece qui a la feuille la plus
large & la plus life; on n'en doit cueillir les feuilles
VER 99
| ÿ
. que quand Îe foleil a bien féché la rofée & la pluie ;
il faut les cueillir avec les mains bien nettes, & feuille
à feuille , & non en coulant la main le long d'une
branche pour prendre toutes les feuilles: oubien on
peut les couper par les queues avec de grands cifeaux “
& les laifle tomber fur des draps étendus au-deflous,
puis on les met dans des facs ou de grandes corbeilles.
La feuille des mûriers qui font dans des lieux aquati-
ques ne vaut rien.
Maniere de faire éclorre les VERS à foie. C'eft au
printems qu'on doit faire cette opération, & on 4
emploie la chaleur artificielle. D'ibord on doit faire
tremper la graine un quart-d’heure dans de bon vin:
on ne fe fert que de celle qui coule à fond puis on
la fait fécher au foleil ; enfuite on met cette graine
dans une boïîte neuve de bois léger, fans odeur, gar—
nie en dedans de coton ou de flafle bien {che , la ré
pandre deflus , mais non à tas : mettre un lit de coton
fur cette graine éparfe , & fur le tout un papier blanc
criblé de petits trous ; fermer la boîte , la mettre entre
deux oreillets de plume échauffés au foleil ; les enve-
lopper d'une couverture, & entretenir autant qu'on
peut le même degré de chaleur : trois ou quatre jours
après , la graine noircit, & le ver eft prêt à fortir du
coton; alors on met fur le papier percé des feuilles de
müûriers fraiches, & fur-tout bien féches : celles des
vieux mûriers font plus faines que celles des jeunes.
Âu bout de quelque tems on voit que les vers ont
été chercher leur nourriture aux feuilles qu'ils ont pi=
quetés. Le ver à foie en cet état eft d’abord d’un gris
obfcur , il a la tête très-noire, eft long comme une
chenille : on doit alors ôter les feuilles avec les vers
_ ÿ font attachés , fe fervir pour cela d’une aiguille
ans pointe , les ranger par petits tas dans d'autres
boites , & mettre des feuilles de mûrier entre ces divers
tas. Îl ne faut mettre dans une même boite que les
vers qui font nés le même jour, & on ne doit point
les mêler avec d’autres : ainfi on multiplie les boites
à proportion de ce qu'on a de vers ; ceux qui n'en ont
pas aflez, doivent les mettre ou dans des cribles , ou fur
de petites planches à rebord, & les couvrir d’un linge ,
Oo 3
600 | VER F
de même que les boîtes ; il faut les laifler quatre oi
cinq jours dans ces fecondes boites ou cribles , & leur
donner abondamment des feuilles de mûrier ; mais il
faut obferver que dans le premier âge jufqu’à la pre-
miere mue , il faut leur donner des bourgeons ; enfuite
& pendant les quatre mues , de la plus tendre feuille ;
& après les mues jufqu’à la foie , des feuilles fortes &
bien nourries,
À l'égard de la quantité , on doit leur en donner le
matin & le foir , depuis leur naïflance jufqu'à leur
feconde mue ; trois fois le jour depuis Jeur troifiéme
mue jufqu’à la derniere; & cinq ou fix fois depuis la
derniere jufqu’à la fin de leur vie, qui n’eft guères plus
que de fix femaines : c’eft le moyen qu'ils faflent ron-
dement toutes leurs métamorpholfes.
Il faut avoir attention de ne leur point donner des
feuilles mouillées ni gâtées , ni de qualités différentes,
comme de leur en donner de nouvelles après de vieil-
les, ou de celles de mürier blanc & de mürier noir.
Au refte , lorfqu'ils font dans les fecondes boites,
on doit diminuer de jour en jour la chaleur dans la-
quelle on les a entretenus.
Au bout de ce terme de quatre ou cinq jours , on
doit les mettre dans le lieu qu'on leur a deftiné pour
faire leurs produétions. Ce doit être une chambre ex-
pofée en bon air, & garantie des vents par des chaflis
bien clos , éloignée de toute mauvaife odeur, comme
d'ail , d’oignon, de fumée de tabac & des grandsbruits,
comme de celui des cloches , des chaudronniers, des
tambours , &c. On a foin d’en bien fermer tous les
trous par où quelque rat ou infeéte pourroit fe glifler
au milieu de la chambre : on forme un quarré avec
quatre piéces de bois en forme de colonne : on
étend cinq, ou fix rangs de tablettes, foit de planches
ou de claies, efpacées d’un pied & demi, avec un re-
bord à chacune.
Les perfonnes qui fe piquent d'une plus grande re-
cherche, veulent que la chambre ou cabinet foit éga=
lement bien percée, éclairée, vitrée : que les volets
ou contrevents clofent aflez pour que les éclairs n’y
pénétrent pas , à quoi ils pourvoient avec du papier
| VER 60x
Lollé aux jointures : ils veulent eñcore que les plan-
ches dont on fait les étages entiers qui régner en
travers des poteaux , lefquels forment comme les
colonnes de ce petit édifice , foient ettachées aux li-
teaux avec des morceaux de cuir en facon de char-
nières , l'une d'un côté, & l’autre de l’autre , afin qu’on
puifle les levér & les baïfler comme un couvercle de
coffre. Selon ces mêmes Connoïfleurs , une plänche
de quatre pieds de longueur fur un de laroeur peut con-
tenir énviron 300 vers à foie : un cabinet , par exem-
ple , de douze pieds de long fur autant de large , &
dix de haut , en peut contenir dix-huit mille, fi: on
peut faire dix étages & trois rangées de tablettes.
F800 vers peuvent donner autant de cocons ; mais
comme il en périt toujours à les eftimer à 1500 qui
viennent à bien ; cent cinquante cocons doivent pro-
duireuñe once de foie crue quand üls font bons ; ainfi
les 100 donneront environ fix livres de foie trait.
Après une télle épreuve , on peut travailler en grand
proportionnellement aux müriers qu’on a , & faire
conftruire un“bâtiment tout exprès, bien expofé fur
un coteau à l'abri des mauvais vents, & non dans ks
vallons. | |
* Les Payfans du Languedoc , dans l'impoffibilité où
ils font de mieux loger les vers à foie, les placent
du milieu de leur chambre fur des treteaux , ou entre!
quatre perches plantées en terre ; & attachées aux fo-
kves, le long defquelles ils les difpofent par étages,
& ils entirent le meilleur parti qu'ils peuvent.
Ee logement des vers à foie étant tout difpofe , on
doït mettre fur toutes ces tablettes les vers avec les
feuilles aufquelles ils font attachés ; les ÿ ranger un
peu au large | & petit à petit ouvrir un peu les fené-
tres lorfqu'il fait foleiïl | pour les accoutumer à l'air:
on mét enfémble ceux qui font nés ie même jour,
& les autres fur d'autres tablettes.
* Plus ils groffflent , plus on doit étendre l’efpace où
on lesa mis ; tenir nette leur chambre , y répandre du
vinaigre , & quelques herbes aromatiques, comme
thim , ferpolet , lavande , romarin.
2 tout le tems qu'ils gardent la forme de
Oo 4
602 FES
vers, ils changent quatre fois de peau de huit en huit
jours, & ils mettent trois ou quatre jours à chaque
mue , pendant laquelle ils dorment : ainfi ils mangent
& dorment alternativement, & à chaque réveil ils
changent de peau; qui de grisätre qu’elle étoit , de-
vient de plus en plus blanchätre. EL
Dès qu'ils font éclos , ils mangent pendant huit.
jours , puis dorment pendant trois ou quatre.
Lorfqu'ils font dans cet état on ne doit point les
toucher , & comme ils ne mangent point pendant ces
trois ou quatre jours , il faut leur donner abondam-
mert des feuilles de mürier dès qu'ils fortent de mue.
Après la feconde mue, il faut nettoyer leurs tablettes
au moins de quatre en quatre jours, & les changer de
litiere ; ainfi on doit laïfler à chaque tablette des places
vuides pour les y tranfporter.
C'eft une marque qu'ils déclinent lorfqu'ils ne grof-
fiffent pas ; on doit alors frotter leurs planches d'her-
bes fortes : on connoït qu'ils font malades Jlorfqu'on
les voit jaunes , enflés , luifans : à l'égard de ceux qui
font luifans & verdâtres, comme ils n’en peuvent ré-
chapper , on doit les jetter aux poules. En général,
quand ils font malades, il ne faut pas nettoyer leurs
ordures , parce qu’elles leur donnent de la chaleur ;
mais les féparer des autres, & jetter du vinaigre fur
une pelle rougie au feu cinq ou fix fois en vingt-quatre
heures : le grand chaud & l'air écouffé leur eft plus
contraire que le froid, F5
Sept ou huit jours après les quatre. mues, les vers
font prêts de monter & de fler pour donner.la foie.
On les appelle en cet état ver en fraife : on les con-
noît, parce qu’alors leur tête devient flétrie , la queue
épatée , le corps s'enfle autour de la gorge, & eft d’une
confiftence fort molle , leur mufeau eft plus pointu,
leurs cercles de verdâtres qu'ils étoient , deviennent jau-
nes dorés, marque de la foie qu'ils veulent jetter :
on les voit courir parmi eux, ils ne fe foucient plus de
manger , ces marques font connoitre qu'ils. veulent
monter & filer la foie. Dans ce nouvel état, qui-dure
quatre ou cinq jours , il faut les ténir au large & pro-
prement , leur faire une bonne liiere , leur donner des
VRE 603
Feuilles fortes en abondance , & cinq ou fix fois le
jour , mais alors ils convertiflent toute leur nourriture
en foie, fi quelqu'un de ces foins a manqué au ver à
foie , on le verra defcendre de la bruyere fur laquelle il
étoit monté , non pour manger , puif ju’alors il ne man-
ge plus , mais pour languir & trainer jufqu'a ce qu'il
meurt ; la fubftance deftinée à faire de la foie , fe tourne
en eau, & on doit le jetter aux poules.
En même-tems on doit pratiquer dans l’entre-deux
de chaque tablette , des cabanes en forme d’allées cou-
vertes , faites de petits rameaux ou petites verses de
bouleau ou de bruyere , bien fecs , fans odeur , fans au-
cun piquant , afin que les vers puiflent monter jufqu'au
haut, & fe loger dans les petites voutes qu'ils trou-
vent, & qui doivent être faites avec des pelures d’o-
fier : chaque cabane doit être large d’un pied & demi,
& longué de trois pieds ,quieftla profondeur ordinai-
re des tablettes,
Ces cabanes étant préparées on doit étendre les vers
à foie fur des feuilles de papier bien nettes que l’on a
couchées fur le plancher de ces cabanes ; ne leur don-
nerà manger que peu , c’eft-à-dire, de deux en deux
heures , des feuilles fortes & vertes , & ne plus les
nettoyer. À l'égard des vers qui ont le corps ramaflé
& les pieds racourcis | & qui fe laïflent tomber en
montant , 1l faut les mettre dans des cornets de pa-
pier , ou fur quelques planches avec quelques toufles
de chiendent.
Eorfque les vers cherchent les pieds des rameaux ;
& que leur corps eft tranfparent , c’eft une marque
qu’ils s'entameront bientôt: on cefle de leur donner
de la nourriture dès qu'ils montent aux rameaux ; d’a-
bordils fe proménent de côté & d'autre, puis ils fe
fixent dans un lieu un peu fpacieux pour s’y pouvoir
tourner dans leur coque. Le premier jour le ver pofe
la bafe de fon cocon : pour ce travail admirable , il
fe fert de fes pattes de devant pour terdre & coller
deux fils , ces fils font la matiere d’une gomme qula
autour du ventre , & qui fortant par deux ouvertures
qu'il a fous la bouche , s’allonge en un double fil,
comme on la-dit ci-deflus,
‘
4
04 VER |
D'abord if ne ferre point fes fils l'un fur l'autre ;ü
répand feulement au loin une efpece de coton ou foie
groffiere dont on fait le fleuret qu'on file , & il attache
les bouts de cette foie fur tous les rameaux ça & là.
Le fecond jour 4 forme fon cocon fur cette bafe ,
& pour cet effet , il fle résulierement : ce qW'il fait en
tirant la tête en bas , puis la portant en haut , puis
croifant vers les côtés & en tout {ens: enfin peu-à-
peu il fe trouve environné de foie.
Le troifieme jour il épaiflit toujours fa coque par ur
feul bout: il pofe ce bout avec beaucoup de viteile,&
il le fait extrêmement fin & long ; il eft environ huit
jours à bâtir fon cocon , lequel étant fini , forme un
ovale de la grofleur d'un petit œuf de poule , mouflu
d'un côté, de diverfes couleurs.
_Laïflons pour un moment le ver à foie enfermé dans
fon cocon , & avant qu’il éprouve une autre méta-
morphofe , difons ce que doivent faire les perfonnes
quipréfident à leurs travaux. :
Aubout de trois on quatre jours que le ver à foie
a commencé fon cocon , on doit mettre dans une
autre cabane ceux qui n'ont point monté dans les ra-
meaux enfemble avec leurs feuilles & le papier ; faire
la même chofe quatre ou cinq jours après, à l'égard
de ceux qui n'auront point monté fur cette derniere
cabane , y joindre en même tems tous les autres vers
tardifs , 8 ceux auff qui feront tombés des rameaux ,
& n'auront pü y remonter ; car ils feroient des cocons
doubles , ( ce font. ceux qui font faits par deux ou trois
vers. qui ne vaudroient rien & d’ailleurs par leur re-
tardement à monter , ils empêcheroient qu'on ne püt
lever les cocons des plus diligens : €’'eft un foin qu'on
doit prendre en viftant les cabanes , comme auffi-de
jetter les malades. |
Lorfque ces vers qu'on a ainf changés de lieu ,
commencent à fe racourcir & à rougir, onne leur
donne plus à manger , & on les met fur un petit tas
de petites verges du même bois que les cabanes : la
foie qu'ils font n’eft pas fi fine que celle. de ceux qui
ont montés.
‘ Huitou dix jours après que les vers à foie auront
VER 6os
bien formé leur cocon , & non plutôt, de peur d'in-
terrompre ceux qui auroient encore à filer, on doit
les détacher doucement des cabanes , & mettre tous
ces cocons dans des corbeilles pour en tirer la foie.
Or , il faut la tirer quatre ou cinq Jours après qu ils
ont été cueillis, & non plus tard , afin de prévenir la
fortie des papillons, parce qu'ils corromproient la foie
de leurs cocons ; & fi on avoit lieu de craindre cet in-
. convénient , on doit les faire étouffer en expofant les
cocons fur un drap à la plus grande ardeur du foleil
pendant quatre ou cinq jours.
On en doit réferver quelques-uns des meilleurs
pour en avoir de la graine : ce font ceux qui font les
premiers faits, qui font les plus durs, & qui ont les
couleurs les plus vives , il faut prendre autant de mà-
les que de femelles. Les cocons mâles font grélés , lon-
guets & pointus par les deux bouts ; ceux des femel-
les font unis & moufleux : on doit s’aflurer que le ver
eft vivant , & il left lorfqu'on l'entend rouler en fe-
couant le cocon. Pour faire une once de graine , il faut
cent paires de cocons, moitié mâles, moitié femelles :
on les enfile par la fuperficie avec du gros fl, & on
les attache par trois ou quatre paquets contre une ta-
piflerie.
Revenons à l’état du ver à foie dans fon cocon. Il
y éprouve deux métamorphofes. 1°. Six ou fept jours
après qu'il a formé fon cocon , il quitte fa peau, & fe
change en féve aflez femblable à un noyau de pru-
neau , en cet état on l'appelle nymphe : quatre jours
après, c’eft-à-dire, environ dix jours après qu’il eft mon-
té au haut de la cabane , il fe a HÈX en papillon,
il avance fatête & fes pattes vers la pointe du cocon,
il le perce , & il en fort tout blanc,ne laïflant dans
fa coque que les deux peaux de ver & de féve. Onne
doit laïfler venir à cet état qu’un petit nombre qu'on a
choifi pour avoir de la graine , car on perd la foie de
ceux-ci.
* Ce papillon a quatre aïles, fix jambes, deux cor-
nes , une tête informe , deux yeux noirs, maisternes,
fort près l'un de l'autre, le ventre fort gros, la peau
welue, Les femelles font plus blanches que les mâles,
606 VER
elles ont le ventre deux fois plus gros , & jettent une
eau roufsâtre en paflant par le trou de la coque. Les
mâles paroïflent plus vifs & battent des aïîles dès qu'ils
font éclos. Ces infe&tes dans cette nouvelle forme ne
mangent point.
On doit, auffi-tèt qu'ils font fortis de la coque,
les prendre doucement par les aïîles , & meitre cha
que mâle auprès d’une femelle für quelque étofe rafe
& noire , comme ferge , camelot , drap ; la plûpart
reftent appariés l’efpace de dix heures avant de dépofer
la graine ou œufs. Si au bout de ce tems ils ne fe
féparent pas d'eux-mêmes > il faut les déparier avec
adrefle, & jetter aufli-tôt le mâle ; alors la femelle rend
d'abord une eau blanche ; puis jette fes œnfs.
Chaque femelle donne environ 300 œufs :ces œufs
font couverts d'une humeur vifqueufe qui les fait
tenir fortement fur le lieu où ils font dépofés , ainfi
on ‘ne doit les en détacher que quand ils font bien
fecs. Cette graine eft d’abord blanche ou jaune, puis
rouge , enfin grife, Lorfqu'elle a acquis cette derniere
couleur , on la jette dans du vin qu'on à faittiédir ; on
la remue : tout ce quil y a de bon va au fond ; on
doit enfuite la retirer » la faire fécher à l'ombre entre
deux linges , & la mettre dans des boîtes garnies de
coton bien fermées que l’on ferre dans quelque ar-
moire parmi des hardes » €n un lieu ni trop froid ni
trop chaud, |
- Maniere de tirer la foie des cocons ; 1°. à l'égard
de la foie qu'on appelle cuite , on doit la tirer auffhtôt
que les cocons font détamés des cabanes ; car à l'égard
de ceux qu'on a étouffés > On peut différer tant qu’on
veut. On fe fert pour cela d’un dévidoir. à tirer des
foies | & d’un chaudron pofé für un fourneau, On doit
d'abord ôter le duvet qui eft deffus les coques , & jetter
les cocons avec leur foie dans l'eau chaude. L’ean de
riviere eft meilleure que celle des puits ; plus les co-
cons font forts , plus l’eau doit être chaude ; on doit
changer l’eau du chaudron deux ou trois fois le jour ,
la foie eneft plus belle. Ce décreufement emporte les
couleurs de cocons, & fait que toutes les foies font
blanches.
F
VER 607
On agité les cocons avec quelques brins de balai
pour-en tirer les bêtes , ou les commencemens des fils:
on fait pafler ces fils par de petits anneaux , afin que
le coconne monte point plus haut quand on a attaché
le fil au dévidoir , & qu’on le met en jeu. On aflem-
ble ainfi les fils par paquets jufqu'à un certain nom-
bre , comme de fix ou de huit , felon qu'on veut
rendre la foie plus ou moins forte. Ii faut laïfler les
cocons dans l’eau jufqu’à ce qu'ils ne rendent plus de
fils : on peut devider à part le dernier fil, parce que fa
couleur change fur la fin. On laïle les coques dans
l’eau jufqu'’à ce que la glu en foit enlevée: on les carde
comme la bourre , & on en fait une fiiafle de foie que
l'on file au rouet pour des étofies de moindre prix.
Onne doit dévider que les cocons les plus parfaits.
À l'égard de ceux qui {ont doubles & grofliers , on ies
tire en flottes & en échevaux ; à l'égard des cocons
doubles , ou percés par les papillons , on ne les dévide
pas à cette machine; on en fait ce qu'on appelle le
fleuret. Les fleurets fins fe font de toutes’ les bourres
des cocons qui n’ont pas été mis à l'eau ; on carde
cette bourre telle qu'elle fort de deffus les cocons , &
on la file comme on la dit ci deflus ; on en fait desfils
de foie pour coudre. Les fleurets plus grofñers , & qui
n'ont point deluftre , fe font de toutes les coques qu'on
ouvre , & dont on Ôôte les feves: on les fait tremper
plufeurs jours dans l’eau que l’on a foin de changer :
lorfqu'ils font amortis , on les fait bouillir une demi-
heure dans une leflive de cendres bien coulée, puis
on les lave , on les fait fécher , & on les carde pour
les filer.
Ce qu'on appelle la foie crue , eft celle qu'on tire fans
feu , c'eft-àa-dire , qu’on dévide fans faire bouillir les co-
cons : il faut en féparer la premiere enveloppe exté-
rieure , & la pellicule quieft près de la feve : on ne doit
jamais la méler avec la foie cuite. Cette foie crue eft
fort pure : on en fait des gazes & autres étofles.
Régles pour déterminer la quantité de graine qu'on
doit faire éclore relativement au nombre des müriers
qu'on a. Une once de graine produit au moins quarante
mille vèrs à foie. Pour nourrir ces quarante mille
608 VER
vers, il faut neuf-cent livres pefant de feuilles , ou ur
millier tout au plus. Cela pofé , choififlez dans votré
plantation l'arbre le plus gros & le plus garni ; faites-
en pefer la feuille : faites aufli pefer le plus petit & le
moins vigoureux de vos müriers ; mettez les deux
poids dé feuilles enfemble ; la moitié de la totalité du
poids fera le produit de chacun de vos arbres du fort
au foible , ainfi fi le plus fort mürier a vingt-cinq li-
vres de feuilles , & le plus petit quinze , ce qui fait qua-
rante livres , la moitié qui eft vingt , fera le produit de
chacun de vos arbres. Donc fi vous avez centarbres,
vous pouvez compter fur deux mille livres pefant de
feuilles , avec lefquelles vous ferez éelorre deux onces
de graine. |
À égle pour déterminer la grandeur du lieu qu’il faut
pour loger les vers provenus de deux onces de grai-
ne. Une furface d’un pied quarré peut contenir à l’aife
cent-dix vers dans leur mâturiré, par conféquent une
tablette de vingt pieds de long fur trois de large con-
tiendra fix-miile fix-cens vers, puifqu’elle forme une
furface de foixante pieds, & un attelier compofé de
fix pareilles tablettes , les unes au-deïlus des autres ,
pourra loger les quarante mille vers qu'une once de
graine aura produits. Îl faudra donc autant d’atteliers
femblables qu’on fera éclorre d’onces.de graine, en
obfervant de laïfler entre deux atteliers un efpace de
trois pieds pour pafler autour : outre les atteliers, il
faut en avoir d’autres tout prêts pour faire les cabanes
où l’on met les vers quand ils veulent faire leur foie.
À l'égard du produit des vers , deux-mille cinq-cens
vers produifent une livre de foie: ainfi une once de
graine produira environ douze livres de foie, en fup-
pofant même qu'il y ait un quart de déchet fur une
once de graine , & réduifant par-là le nombre des vers
à trente mille.
D'autres en calculant d’une autre maniere , préten-
dent que dix livres de cocons peuvent rendre une li-
vre de foie , mais de quelque maniere qu'on faile
leftimation du produit , qui eft toujours fort incer-
tain , on ne peut fe flatter de recueillir cette quantité
de foie , que lorfqu’on n’a oublié aucune des attentions
VER 603
que ces infeftes demandent , & que la faifon a été fa-
vorable dans le tems que le ver monte fur la bruyere,
VERTIGE (le) mal qui vient de la tête , & dans le-
quel nous croyons voir tourner les objets qui nous en-
vironnent. Ceux qui y font fujets ne doivent point re-
garder en bas dans une profondeur exceflive , ni un
mouvement circulaire : On ne doit pas négliger cette
maladie, car on courroit rifque de tomber dans l’apo-
plexie ou dans l’épilepfe.
Remede. Pour la prévenir , on doit s’abftenir de
manger du celeri , des legumes , de lAïl, &c. des
exercices immodérés , d’une trop longue dietre , de
l'ivrognerie. Ufez pendant la journée de la racine de
fcorfonere en extrait, ou bouillie ; ou après l'avoir
broyée, mettez-la infufer à froid pendant douze heu-
res dans du vinblanc : pañlez-la , & büvez un verre
de ce vin le matin à jeun , & un autre le foir ; ou fai-
tes une décottion de fauge dans du vin,
Ou réduifez en poudre de la coriandre préparée , de
la mufcade , du guy de chêne , de chacun d'eux onces:
jettez-y du poivre long , du gingembre , de Ja tor-
mentille, du romarin, de chacun une once : prenez
deux gros de cette poudre foir & matin.
Ou faites mfufer pendant la nuit dans du vin blanc
une dragme de fiente de paon ou d’oie , recueillie de-
puis Mai jufqu’en Septembre : pañlez le tout, & bû-
vez à jeun cette colature , depuis la nouvelle June juf-
qu'à la pieine lune. Voyez Esromac.
VERTIGE , maladie des chevaux. Cette maladie les
fait chanceler , & donner de la tête contre les mursou
contre les mangeoires , les caufes font ou le grand
travail ,ou le trop de manger , ou les digeftions trou
blées. Remede. Faites faigner le cheval des flancs & du
plat des cuifles ; donnez-lui un lavement avec deux
pintes de vin émétique tiéde. Deux heures après l’a-
voir rendu , donnez-en un autre avec cinq chopines
de bierre , & deux onces de fcorie en poudre : faites
prendre au tout cinq ou fix bouillons ; ajoutez-y un
quarteron d'onguent rofat ,réitérez ce remede, Donnez-
lui pour alimens du fon ou du pain : frottez-lui les
L
610 VER VE
jambes avec des bouchons mouillés d’eau tiéde , & pro-
menez-le. |
Si le vertige continue , donnez-lui une once de
thériaque ou d'orvietan délayé dans une pinte des
quatre eaux cordiales, enfuite un lavement avec des
herbes émollientes , comme fcorfonaire , buglofe ,
chardon béni , & deux onces de thériaque , & deux
onces de policrête.
VERVEINE. Plante qui croit contre les haies & les
murailles: fes tiges font hautes d’un pied ; fes feuilles
découpées , fes fleurs bleues & croiflant en épis : elle
eft chaude , céphalique , & vulnéraire. On s’en fert
dans les affettions de latête de caufe froide. Les ma-
ladies de la poitrine, les obftru@tions de la rate , la
jaunifle : la déco@tion de toute la plante poufle le cal-
cul; guérit les plaies : fes fleurs mêlées avec la farine
de feigle & de blancs d'œuf appliquées en cataplaf-
me, guériflentles pleuréfies.
VERVEUX. Filet compofé de deux ailes & de
plufieurs cerceaux. On arrête au fond de l’eau pluñeurs
piquets : ils fervent à foutenir les deux ailes, ils doi-
vent embrafier , autant qu'il fe peut ; la largeur de la
riviere , & afin que le poïflon fe détermine à aller vers
les cerceaux ou les ailes fe réumifient. Les cerceaux
environnés d’un rezeau vont toujours en diminuant de
grandeur l’un derriere l’autre : le filet qui s’eft attaché
par dedans fur le plus grand cerceau , s’allonge en di-
minuant au travers des autres , &elt attaché à la queue
du verveux par quatre cordelettes qui fe féparent d’el-
les-mêmes , quand le poiflon veut élargir le paflage,
mais il ne peut en fortir, parce qu’elles fe font appro-
chées derriere lui.
VESCE. Plante rampante dont les tiges font grofles
& s’entrelafient : fes goufles femblent à des pois ; mais
elles font plus petites , & renferment un grain qui eft
rond : il y ena de blancs & d’autres roux. Le fourrage
de la vefce foit en herbe , foit fané , eft exceilent pour
les beftiaux ; il les engraifle , & procure du lait aix va-
ches : on donne le grain aux pigeons. Les terres grafles_ .
{ontles meilleures pour avoir de la vefce en abondan-
ce
VES 61*
te, On doit la femer plus tard que les autres mars , &
par un beau tems , & après un léger labour : on doit
pafler la herfe le même jour qu’on l'a femée. Cette
plante a grand befoin d'eau, la fécherefle l'empêche de
poufler : elle n’a pas befoin d’être farclée, Pour femer
un arpent il en faut environ fix boifleaux, On fait par
an deux récoltes de Vefce dans les Pays chauds : la
premiere femaille fe fait à la mi-Septembre pour avoir
du fourrage , & la feconde en Février pour avoir de
raine.
et l'ufage de la plüpart des Fermiers , qu'après
avoir femé leur Vefce à lafin de l'hiver sils la font
labourer lorfqu’elle eft venue en fleur; & ce fourrage fe
trouvant par ce labour incorporé avec la terre , forme
une forte d'engrais : on pourroit cependant profiter
. d'un fourrage aufh utile que celui de la Vefce , & fe
procurer en même tems l'engrais que l'on défire. Pour
cet effet on doit choifir un champ qu’on deftine à enfe-
mencer en bled, & y femer de la Vefce au mois de
Février , quelque tems avant le fecond labour : deux
mines , eu un peu plus d'un feptier fufifent do enfe—
mencer un arpent: on n'attend pas qu’elle {oit en par-
faite mâturité, & que le grain foit formé , & on la fait
faucher un mois ou fix femaines plutôt: c’eft-à-dire , à
la mi-Juillet :aufi-tôt qu’elle eft fauchée on doit don-
ner un labour à la terre : il en réfulte deux avantages,
l'un que par ce labour les racines qui font reftées fe mé-
lent avec la terre , & contribuent à la fertilifer ; l’autre
qu'en fe refervant ce fourrage , au lieu de le laïfler
confommer enterre , on fe procure un moyen de con-
ferver les pailles qu’on convertit en fumier , & on aug-
mente les amendemens.
Or , on fait que les meilleurs font ceux qui provien=
nent de la terre & des excrémens des beftiaux. 29. On
peut nourrir une plus grande quantité de beftiaux, ou du
moins on les nourrit mieux , & il eft conftant que les
beftiaux font la feule voie de fe procurer des amande-
mens ; car C'eft de ces derniers que dépend la fertilité
des terres. 3°, En pratiquant cette méthode on rend
les terres fortes & grofles , plus faciles à cultiver ; or
détruit lesmauvaifes herbes ; On brife & on applanir
Tome 1], Pp
612 VES |
les mottes qui nwifent à la multiplication du grain,
Bien plus, ce fourage eft une excellente nourfiture
pour les beftiaux , & les chevaux en font fort friands ;
mais #n doit le mêler avec de la paille fraîche, de
peur qu'il ne les échauffe trop : cette nourriture les
rend ardens & vigoureux au travail. Enfin , cette mé-
thode n’interrompt en aucune maniere le cours ordi-
naire des femences & des récoltes de bled, & elle
n’exige aucun fonds de terre particulier.
VESSE de loup. Efpéce de champignon rond qui
croit dans les lieux humides après la pluie & de di-
verfes grofieurs : d’abord il eft blanchâtre, & jaune
quand il eft fec. La poudre qu'il renferme eft aftrin-
ente , & arrête toute forte d'hémorragies.
VESSICATOIRES. Efpéce de cautere que l'on ap-
plique fur la peau pour exciter les veflies & attirer au
dehors des humeurs que lon ne peut faire évacuer par
des réfolutifs ou d’autres médicamens. Les mouches
cantharides , l'euphorbe , la moutarde , le vinaigre, le
poivre , la racine de bryone incorporés avec de la té-
rébenthine ou du levain, forment la compoñition des
Veflicatoires : on les emploie dans lépilepfie , la fciati-
que , la goute , &c.
VESSIE. ( Maladies dela) La plus grande eft celle
de la pierre , qui eft elle-même la caufe de plufieurs
autres. Voyez ET
Mais il y en a encore qui proviennent du mauvais
caractere de l'urine : car fi elle eft fort âcre elle caufe
une continuelle envie d’uriner , qu’on appelle ftrangu-
tie, quicaufe des douleurs infupportables. Les reme-
des uniques pour ce mal, font l'ufage du demi-bain &
le lait d'ânefle quelquefois pour toute nourriture. Ce-
pendant il eft important de s’aflurer fi ce mal ne pro-
vient pas de la pierre ; ce qu'on ne peut faire que par
la fonde. Il peut venir encore des glaires ou du gravier ;
& dans ce cas on doit pratiquer les remedes indiqués
dans les maladies des reins. Voyez Reins.
Ulcère de la Veflie. Pour l’ulcère de la Veffe, ou
l'ardeur d'urine , jou flux de femence , buvez en forme
de ptifane la décoétion en eau de racine de guimauve ;
& purgez-vous avec de la cafle infufée dans du lait,
»
À
-
Plaie de Ja Veflie. Lavez-la avec du vin rouge tiede ;
613
efluyez-la avec des linges fecs, & y mettez de l'huile
de foufre, & par-deflus j'empâtre diafulphuris de Ru-
land. Oz, inftillez dans la plaie du baume d'Arcœus ,
& par-deflus une comprefle imbibée dans ce baume,
Maladies de la Veflie. Voyez Pierre.
VIGNE. Arbrifleau q
fin étant exprimé produ
eft tortue ; fon écorce
longs farmens garnis comme de
appelle pampres , avec
nent aux échalats &
ui produit le raifin ; & ce rai=
it le vin. La tige de la vigne
eft rougeûtre : elle poufle de
petites mains qu'on
lefquelles ces farmens fe pren-
aux arbres. Ses feuilles font
grandes , larges & découpées : fes fleurs font petites &
Jpaunâtres , & fes fruits font des bafes ramaflées en grap-
pes, aufquelles on donne le
du blanc, du rouge & du noir.
nom de raïfin : il yen a
Voyez Raïfin.
Lorfqu'on fait quelque féjour à la campagne , il eft
nature] de fouhaiter d'y avoir des vignes , fi le terrein
le permet; parce qu'il eft toujours gênant d'acheter du
vin pour fes domeftique
taire d'une terre où l’on
& de les faire valoir.
Avant toutes chofes ,
s: mais lorfqu'on eft proprié-
ne, fait aucun {éjour habituel ;
. &t où l'on n’a point de vignes, ii faut bien peter l'a-
. vantage & le défavantage qu'il y auroit d'y en planter
il eft bon de fçavoir qu'un ar-
pent de vignes coûte environ $ à 600 livres à plañter &
à façonner pendant les
compte dans cette dépe
quatre- premieres .ännées.-On
nfe lesfumiers & les échalats
que l'on prend fur foi ; de forte que la dépenfe en
argent peut aller à 500 ou350 livres, non compris
la valeur du fonds : dans
_ d'échalats cela coute moins. En
les pays où l’onne met point
général, à quelque
dépenfe que reviennent les vignes , elles produifent
environ 1$ pour cent dans tous les vignobies , lorf-
qu'elles font bien adminiftrées ; mais il faut des {oins :
des cuves & du logement.
Lorfqu'on recueille dans fa terre des vins de prix,
il faut faire cultiver foi-même fes. vi
nes, &c ne pas les
faire valoir à moitié » comme c'eft l’ufage ordinaire
de bien des pays ; & encore moinslés affermer , de quel-
que nature qu'elles foien
t; car le Fermier les néglige
Pp 2
614 VIG
toujours lorfqu’il eft à k fin de fon bail, & les fait périr:
:! De quelque maniere que ce foit ,il faut un homme
intelligent pour l’admimiftration des vignes : il eft né-
ceffaire qu'il foit au fait de la ‘culture du pays, & qu'il -
. connoïfle” les friponneries des ouvriers.
INSTRUCTIONS fur la culture de la vigne , d’après les
meilleures obfervations qui ont été faites jufqu’ici fur
cette matiere. La vigne eft entre les plantes celle de la
plus longue durée, & la plus fertile dans fa vieilleffe.
Qualité de la terre de la vigne. 1°. La meilleure eft
celle qui eft douce , légere , plus féche qu'humide ,
mélangée de petits cailloux , & même de pierres à fufil:
celle qui eft mêlée de petites pierres blanches , dont le
fond eft jaunâtre , fait du vin fort délicat. 2°, Un ter-
rein mêlé de terre & de fable eft encore bon , ou une
terre pierreufe dont le caillou eft terreux fans être fec.
3°, Une terre trop forte ; comme font les terreins plats
& bas ,ne convient point à la vigne; car ils ne pro-
duifént pas le tiers de fruit que produifent les autres.
Si on aune vigne dans un terroir de cette nature , ou
bien humide , & qui s’affaifle à la moindre pluye , on
doit labourer la terre à un demi-pied de profondeur, &
repandre deflus un demi-pied de terre légere ou du fa-
ble ; on peut encore y femer du grain pour le déoraif-
fer. 4°. Lesterres argilleufes jufqu’à la furface , ou bien
près ,ne valent rien pour la vigne , fur-tout quand l’ar-
gile eft ténace ; ni les terres fortes , parce qu’elles tien-
nent: de : la nature des argilleufes : ni les terres mar-
neufes , à moins que‘la marne ne foit à trois ou quatre
pieds au-deflous. 1: ©. LPO
. Expofition de lavigne. L’expofition au midi eft en
général la plus avantageufe ; quoique l'expérience ait
appris qu’en certains cantons , commæ€ le long de la
montagne de Reims ,les terroirs expofés au nord & au
levant , produifent des vins plus parfaits que ceux qui
font expofés au midi ; d’où l’on peut inférer que lexpo-
fition au midi n’eft pas la feule caufe qui donne au vin
fon excellente qualité , maïs plutôtle grain de terre ;
car chaque vignoble a un grain de terre qui lui eft pro-
pre. L’afliette la plus heureufe pour la vigne , eft celle
des côteaux, ou d’une colline un peuélevée , applatie &
on 3100
VIG 61s
un peu arrondie deflus, parce que le foleil voit de
tous côtés, & que l’eau en defcend facilement ; car
Veau abondante eft toujours défavorable à la vigne :
voilà pourquoi les année pluvieufes ne donnent jamais
de bon vin. Les coteaux moyennement élevés & expo-
fés à des vents doux , & qui recoivent obliquement
& non perpendiculairement les rayons du foleil , pro-
duifent un vin ferme , chaud & durable.
Il réfulte de ces principes que les caufes fpécifiques
de la bonté du vin, c’eftla qualité du terrein & la bon-
ne expofition. Ondoit y en ajouter une autre, favoir,
l'air bien difpofe ; c’eft-à-dire , chargé de fels végétatifs,
qui, échauflés par les rayons du foleil, font fermenter
la vigne: mais comme c’eft le vent qui eft le mobile
de l'air , on doit obferver que le vent le plus pernicieux
à la vigne, c'eft le nord-oueft, ou le demi-vent de
l'oueft vers lenord , parce qu'il eft chargé d'humidité,
&t qu’il amene la gelée , les pluyes froides & les gibou-
lées ; & qu’au contraire , le vent qui lui ef le plus favo-
rable, felon l'Auteur du nouveau Traité de la vigne,
eftle vent du nord , parce qu'il éloigne de la vigne tout
ce qui peut lui être nuifible, comme les nuages , les
pluyes , les frimats , les gelées , les brouillards qui font
mortels à la vigne. On doit remarquer à cette occafion
que dans les années abondantes en fruit, le vin eft de
moindre qualité que dans les années ftériles.
Plant de la vigne. On doit choïfir le plant qui aura
cru dans unterrein de pareille nature , c’eft-à-dire , de
même climat & de même expofition que celui dans
lequel on veut planter, 2°, Il faut que le plant foit pris
d'une vigne qui n’ait que fept à huit ans au plus ; cat fi
elle eft vieille , elle ne Does que des jets foibles &
languïflans. 3°, Ce plant doit être levé d’une terre
- moins fubftantielle que celle où on lemet. Pour con-
noitre le plant de la vigne , quant au bois , le plant en-
raciné doit avoir le chevelu bien nourri & frais, l'écorce
unie: fi ce font des croflettes ou marcottes , on n’en
doit jamais prendre fur la fouche de la vigne : il eft
mieux que le plant foit coupé fur le jet de l’année pré-
cédente , & qu'il ait à l'extrémité d'en bas du bois de
deux ans. En général , le plant de raifin noir & vigou-
Pp3
616, VI G
reux , @ celui qui réuflit le mieux.
. L'efpéce de raïfin propre au vignoble eft , 1°. Le
morillon noir appellé en Bourgogne pineau , & à Or-
léans auvernas : le meilleur eft celui qui eft court &
dont les nœuds ne font pas beaucoup efpacés. 2°. Le
morillon ou meunier , le fanmoireau , le trefleau ou
bourguignon , le bourguignon blanc, le pinquant paul ,
le beaunier , le fromenteau qui eft excellent & fort con-
nu en Champagne : mais on n’en doit mettre qu'avec
difcrétion ; car en général, les raifins blancs ne fent
point propres à faire le vin rouge ; parce qu’ils donnent
une couleur jaune au vin.
Les raifins propres à l’efpalier , font le chaflelas blanc
& noir, le mufcat blanc, rouge, noir & violet, le
Corinthe , le mufcat d'Alexandrie , le raïfin précoce de
la Magdeleine , le cioutat, &c.
Dans les terres fortes on ne doit planter que des mo-
rillons ou pineaux noirs, & y mêler des trefleaux ou
bourguignons. Dans les terres légéres , des trefleaux,,
des morillons ou meuniers. Dans de. gros fables , le
mellier. Dans les pierreufes dont le fonds eft jaunâtre ,
le pineau & le trefleau : ils font un vin plus délicat. Il
vaudroït mieux, felon l’obfervation d’habiles culti-
vateurs , féparer en différentes portions les cepages dont
Ja nature eft de mûrir plutôt , d'avec ceux qui mûriflent
plus tard ; c’eft-à-dire , de mettre ceux qui müriflent
naturellement tard dans un terreimélevé, chaud , fec &
léger ; & ceux qui mûriflent naturellement tôt, dans
un terrein bas , gras & froid.
En général , les raïfins noirs produifent un vin puif-
fant, vigoureux, chaud & durable: les blancs ne pro-
duifent qu'un vin foible , d’une couleur jaune & terne :
on doit encore obferver qu’une vigne qui porte peu de
fruit le produit meilleur , qu'une vigne vieille produit
des vins fupérieurs aux autres.
Plantation de la vigne. Il y a quatre manieres de
multiplier la vigne, 1°. De boutures. La bouture ap-
pellée croflette aux environs de Paris & chapon dans
l’Auxerrois , eft un jet fans racine, ou qui en a peu., &c
que le vigneron coupe pendant l’hyver au collet d'un fep
de bonne nature , & qu'il conferve chez lui en bonne êt
VIG 617
3 couvert. Vers le mois de Mars on fait tremper des
boutures , pendant huit jours dans une mare ou fofle
bourbeufe ; enfuite on les plante , non debout, maïs en
les couchant un peu de côté. On les mettrois à trois ou
quatre à quatre dans un même trou. Ces trous doivent
être à un pied de diftance l’un de l'autre : on doit enter-
rer un peu les boutures & toujours par lé plus gros
bout, & y laïfler un ou deux pouces de vieux bois,
29. De plants enracinés. Ce font de jeunes ceps élevés
pendant deux ou trois ans dans une pépiniere dont la
terre doit être un peu plus maigre que celle où ils doi-
vent être replantés : on les leve en Novembre, & on
les tranfplante auffi tôt fur une terre qui doit avoir êté
labourée de quatre pouces : on en met deux enfemble,
& à deux pieds & demi de diftance d’un trou à l’autre,
& on les couvre deterre neuve. Ces fortes de pépiniéres
font très-utiles ; car dès la troïfiéme ou quatrième année
les plants enracinés commencent à donner du fruit.
3°. De marcottes. Elles fe font des meilleurs brins de
la vigne : on pañle un de ces brins au travers d’un petit
pus qu'on met en terre : on y baïfle la branche def-
us , & on y fait entrer quatre ou cinq pouces de bois
de l’année précédente , & la branche prend racine dans
le panier : au mois de Novembre on coupe la marcotte
& on la plante avec le panier où 1l en eft befoin : on
peut fe fervir d’une motte de gazon au défaut de panier ;
on fait un trou àtravers la motte avec une petite che-
ville pour pafler le brin : on met le gazon enterre, &
lorfque la marcotte a pris racine on la tranfplante avec
le gazon. On plante chaque marcotte à trois ou quatre
pieds de diftance lune de l’autre. Ce plant porte fon
fruit au bout de deux ans, & en cela il éft préférable aux
autres : on s’en fert aufh pour regarnir les vignes. L’u-
fage des vignobles des environs de Paris eft de planter
la vigne en marcottes & en croflettes ou boutures : on
y obferve de tirer le fep dont on veut avoir le plant
avec un petit brin d’ofier , & l'on marque d’une autre
maniere celui qu'on veut arracher. Pour avoir une pépi-
nière de marcottes on doit labourer un efpace deterre,
y creufer des rigoles à deux pieds l’une dé l’autre : cou-
cher les marcoftes ou éroffettes dans la rigole , les cou-
Pp 4
618 VIG
vrir de terre , les fouler un peu : puis on rogne les mar-
cottes à deux bourgeons au-deflus de la terre : on donne
pendant l’année quelques labours à ces jeunes plants ;
au bout de deux ans on les tranfplante où l’on veut.
4°. De Provins. Ce font des branches ou brins des plus
forts & vigoureux de la vigne , que l’on conche en ter-
re à droite & à gauche , & dont on enterre un ou deux
yeux pour y refter , & fans rien couper jufqu’au tems de
la taille. Avant de provigner , on doit bien éplucher le
cep de toutes les branches chifonnes & vrilles ; creufer
une fofle d'un pied & demien quarré tout près du cep,
y coucher le vieux bois peu-à-peu fans ébranler les ra-
cines, & ne laïler fortir de terre que le jeune bois ; en-
fuite on remplit le trou de la fuperficie de la terre. Lorf-
que la partie couchée a pris racine , on en coupe trois ou
quatre boutons au tems de la taille ; on la coupe fous
les racines , & on tranfplante les nouveaux ceps où l'on
veut. On doit amander les jeunes plants l’année d’après
qu'ils font provignés avec du fumier de vache bien con-
fommé : au tems dela vendange on les marque, afin
de connoïtre qu’on les a deftinés pour le provin. Le
provin eft la voie la plus courte pour renouveller toute
une vigne , ou une partie qui eft vieille.
Culture de la vigne felon la méthode de la Champa-
gne. On ne doit jamais planter une jeune vigne la mê-
me année dans ure terre où l’on en a arraché une
vieille : on doit auparavant mettre cette terre en bled
ou en fainfoin deux ou trois ans. Si on plante une
vigne dans une terre où il n’y en a pas eù , 1l faut laïf-
fer repofer cette terre quatre ou cinq ans , y femer en-
fuite de la luzerne , & la laïffer en prés pareil efpace de
tems; après quoi on fait des foflés profonds d’un pied
& demi , & à la diftance de trois pieds l'un de l’autre :
on Jette laterre qu’on tire de ce foflé à droite & à gau-
che , puis on plante à un pied & demi de diftance foit
marcottes , foit croflettes , & on ne met que deux brins
enfemble.
La vigne veut être plantée en talus pour faciliter le
rabaïflement en terre du brin qu'on veut provigner
ou ravaler ; on doit fouvent en rajeunir la fouche par
le moyen du ravalement ou du provin. Le farment
VIG 619
de l'année n’eft pas propre tout feul à faire du plant ;
il faut y joindre du bois de l’année précédente , &
même autant qu'il eft pofhible de trois ans , parce que
le plant portera plutôt fon fruit.
Le tems de planter la vigne eft en Automne fur-
tout dans les terres féches & légeres. C'eft le fentiment
de lAuteur du nouveau Traité de la culture de la Vi-
gne , qui prétend qu'il y a plus de fix dixiémes de plant
à gagner , & plus de deux tiers de tems pour la récol-
te: d’autres font d’avis qu’on la plante au commence-
ment du printems ; d’autres enfin , après les vendanges.
Travaux annuels qu’on fait à la vigne. Ils confif-
tent dans la taille & dans les labours. 2°. À l'égard
de la vigne nouvellement plantée ; comme elle n'a
fon âge de perfettion qu’à cinq ans , elle demande
outre les quatre labours, des foins particuliers pen-
dant ces cinq années.
La premiere année on doit la tailler prefque auffi-
tôt qu’elle eft enterrée , c’eft-à-dire , la rogner par le
haut, & ne lui laïfler que deux ou trois yeux ou bour-
geons au plus, pour qu'elle jette fon premier bois ; au
mois de Mai on lui donne le premier labour , qu’on ap-
pelle houerie.
La feconde année , ravaler les ceps vigoureux qu’elle
a pouflés ; laïfler trois bourgeons aux plus forts far-
mens , deux aux plus foibles : il faut que la taille du
bois que l’on fait en biais, foit de l’autre côté du
bouroeeon , afin que la vigne venant à pleurer ne le
noie pas. Au mois de Mai & Juin, on ébourgeonne la
vigne , c’eft-à-dire , qu’on coupe toutes les branches
qui viennent au-deflous de la tête du cep & qui pouf-
fent en confufion.
La troifiéme année , la tailler dès le mois de Mars.
La quatrième année , la tailler dès qu'il fait beau,
avant même le mois de Mars : mettre un échalas à
chaque cep : au mois de Mars donner le premier la-
bour , enfuite attacher les jeunes ceps aux échalas &
donner le deuxiéme labour, peu après le troifiéme ;
enfin, on rogne fes branches par le bout.
La cnquiéme année , la provigner en cas de befoin ;
la tailler depuis Novembre jufqu'en Mars, c’eit alors
620 VIG
qu'on regle les labours plus ou moins fréquens qu’on
doit lu: donner , felon la nature des terres.
Quand la vigne fait trop de farmens, on doit la
tailler courte , & fi cela ne fuffit pas , on la déchaufle
& on en rafraichit le pied avec un peu de cendres ou
de pierrailles.
aille de la vigne. On taille la vigne, 1°. afin
qu'elle poufle un plus gros bois : 2°, pour empêchér
quelle ne porte trop de fruit, & qu'ainfi elle ne s’é-
puife en peu d années ; 3°. pour faire mürir le raïfin ;
4°. vour lui faire produire de nouveaux rejéttons au-
deffus de la tête,
Avant de tailler la vigne , il faut au commencement
de Novembre échaufer le cep, c’eft-à-dire | y faire
autour avec la houe une petite fofle & couper tout le
chevelu qui croit autour de la fouche ; mais on ne
doit le couper qu'à un travers de doigt près du tronc,
& lui laifier un pouce de bois au-deflus du dernier bou-
ton à l'extrémité du brin, en levant la ferpette de
bas en haut; 2°. couper avec la ferpette toutes les
longues branches , & laifler fix ou fept boutons fuivant
la forcé, afin que trois boutons au moins tournent à
fruit ; 3%. ébourgeonner la vigne , c’eft à-dire , lever
avec l’ongle les petits yeux ou bourgeons lorfqw'ils for-
tent de la fouche , & ceux qu’on juge inutiles qui font fut
le bois de l’année derniere ; 4°. la réchauffer au commen-
cement de Décembre en rejettant la terre fur ces petites
fofles qu'on a faites ; 5°. laïfler deux drageons où
courfons aux ceps qui ont beaucoup de gros bois , &
rien qu'un à ceux qui ont peu pouflé ; 6°. tailler l'ex-
trêmité de chaque brin de cep en pied de biche , &
laifler près d’un pouce de bois entre l'œil & la taille.
En général, le mieux efl de tenir toujours la vigne
la plus baffle que l'on peut : plus les raïfins font placés
bas , plus le vin eft bon: ainfi on doit ménager avec
foin les jets les plus bas: plus on taille la vigne bafle,
plus le vin a de délicatefle.
Quant aux vignes hautes , lorfque le cep eft bien
vigoureux , on doit tailler un peu plus longues les
branches les mieux placées , dont on a befoin pour
faire un bercezu ou efpalier , & leur laïfler trois où
à VIG 621
quatre yeux de plus & même deux viettes ( branches de
la longueur d'un pied & demi) & deux ou trois cour-
fons ( branches racourcies à quatre ou cinq yeux qu’on
laifle au bois du cep : ) s’il y en a de petites , on les cou-
pe en moignon; fi le cep eft un peu foible, on ne laïffe
qu'une branche ou un courfon fur la branche qu’on
veut tailler , & on Ôte tout le refte.
A légard du tems que l'on doit tailler la vigne,
quoique lufage foit de la tailler au printems, il eft
plus avantageux de la tailler en Automne , parce
qu’on a le tems de la labourer à l'aife & à propos au
retour du printems. Lependant on peut excepter le
jeune plant à caufe de fa délicatefle , & les vignes fi-
tuées dans les pays où elle mûrit fort tard. Il vaut
mieux tailler la vigne après que le foleil a entiére-
ment diffipé la rofée du matin ou la gélée blanche ,
& ne la tailler ni en tems de verglas, ni en tems
de pluie.
: Labours de la vigne. On‘doit donner trois labours
a la vigne chaque année : le premier s'appelle la-
bourer , & fe fait après la taille vers le mois de Mars:
en ce labour on doit bien remuer la terre & jufqu’aux
racines que l’on recouvre enfuite , & fe fervir de la
houe plutôt que la bêche ; il n’y a que ce premier la-
bour qui mérite ce nom, car dans les autres on far-
cle plutôt qu'on ne laboure ; c'eft après ce premier
labour qu’on plante les échalas,
Le fecond labour s’appelle biner ; on le fait quinze
jours avant la fleur de la vigne , & jamais dans ce
tems. |
Le troifiéme fe dit iercer, & fe fait quand le fruit
eft formé & qu'il eft en verjus , c’eft-à-dire , dans le
mois de Juin & par un tems couvert. Dans les vigno-
bles autour de Paris & dans lOrléanois, ily en a un
quatrième qu'on appelle cartager : on le fait au mois
d'Aoùût , c’eft pour tenir la vigne nette de toute herbe.
Si par hafard uue vigne fe trouvoit dans une terre
forte | humide, qui s’affaifle à la moindre pluie, on
doït labourer la terre à un demi-pied de profondeur,
&t répandre deflus un demi-pied de terre légere ou du
622 VIG
fable : on peut encore femer du grain dans ce terrein
pour le dégraifier.
Lier la vigne à l’échalas. On la lie quand la fleur
eft tombée : l'échalas ne fert pas feulement à foutenir
le cep; il le garantit encore en partie de la gêlée , des
vents & de la grêle.
Rogner la vigne. On rogne la vigne au même
téms qu'on la lie, & après que fon fruit eft noué ;
c'eft-à-dire, qu'on coupe le bois fuperflu qui eft à
l'extrèmité des branches , & on retranche les petits re-
Jettons qui fortent du bois & des côtés de la fouche.
Lorfqu'on rogne la vigne pour Ja premiere fois , on
doit la rogner avant que le bouton à fruit fe forme
pour l’année fuivante , c’eft-à-dire, en Juin ou Juil-
let, afin d'arrêter la féve, & que le bouton croifle
mieux, Dans les vignobles de Paris, on rogne la
vigne après le fecond labour , lorfque les bourgeons
font un peu hauts : on ne laifle même fur chaque cep,
que trois ou quatre bourgeons , & ceux où fe trouvent
les plus belles grappes.
Fumage de la vigne. On doit amender les vignes
tous les fept ans & au mois de Novembre , pourvu que
l’Automne ne foit pas pluvieufe , car alors on doit
différer au mois de Février. Pour un amendement
complet il faut mille hottées de fumier par arpent ; le
fumier de vache & de bœuf eft le meilleur pour les
terres maigres & légéres: ceux de cheval, de mouton,
de pigeon & de poule, font bons pour les terres fortes,
humides & pefantes. Pour bien fumer , on doit dé-
chaufler le pied des ceps, y faire une petite foffe pro-
fonde d’un pied , dans laquelle on met le fumier ,
mais il ne faut pas que le fumier touche aux raci-
nes , de peur qu'il n’altére la qualité du vin.
Ravalement des vignes. On ravale les vignes hautes
tous les quinze ans, & au mois de Novembre , c’eft-
à-dire , qu'on les abaïfle & qu'on couche dans un
foffé de deux pieds de largeur, & prefque auffi pro-
fond que celui du cep, tout le vieux bois juiqu’à
celui de la derriere année , auquel on laïfle cinq ou
fix boutons , lors de la taille; ce qui fait autant de
provins, & le vieux bois reprend une nouvelle vigueur.
VE G ° 623
On doit ravaler les vignes bafles tous les ans, ou du
moins abaïfler quelque peu les ceps en les labourant ;
c'eft dans les bafles vignes qu'on recueille le meilleur
vin.
Terrage de la vigne. On terre les vignes tous les
dix ou douze ans, du moins celles dont la terre eft
légere , c’eft-à-dire , qu'on y apporte de nouvelle terre
pour réparer l’épuifemenr des fels, & lui donner une
nouvelle nourriture. La terre féche & légere eft la
meilleure ; celle qui eft levée fur les chemins eft en-
core un bon amendement , mais on ne doit pas em-
ployer une terre humide. L’Auteur du nouveau Traité
de la Vigne , eft d'avis qu'il faut cinq mille hottées de
terre par arpent; d’autres croient qu'il fufnt de mille,
qu’il faut auparavant donner à la vigne un labour pro-
fond , & l'amender l’année fuivante : on met un pied
de diftance entre chaque hotrée ; à l'égard des terroirs
forts & nourriflans , on les terre tous les quatorze ans ;
d’autres fe contentent de porter des hottées de terre
à l’endroit le plus élevé de la vigne.
. Grefler la vigne. On greffe une vigne lorfqu’elle
a ceflé de porter du fruit, & que néanmoins elle jette
encore un fort bois : ce travail demande de l'intelli-
ence-, du foin & les yeux du Maïtre. Cette grefle fe
Pie en fente : on choifit pour cela un drageon fertile ,
rond & bien nourri, qui ait plufieurs nœuds & fort
près les uns des autres ; il faut obferver de ne pas
prendre plus de deux greffes fur un même brin de far-
ment. Les greffes étant choifies , on doit les mettre en
botte & en un lieu frais , & avant que de s’en fervir les
faire tremper deux jours ; enfuite on les taille des
deux côtés jufqu’à la moëlle : la taille doit être fort
mince & longue de douze lignes , avoir un côté un
peu plus épais que l'autre ; en forte que le côté qui doit
joindre le bord de létot foit tant foit peu plus gros
& plus long que celui qui doit entrer en dedans. A
mefure qu'elles font taillées on les met tremper dans
un vaifleau : on n’entaille que pour une demi jour-
pa plus elles font fraîches taillées , mieux elles va-
ent.
Pour greffer, on doit tiret un peu le cep hors de
624 ‘ VIG
terre : choïir l'endroit le plus uni de la racine qui
eft à fept ou huit pouces de profondeur ; la couper
entre deux nœuds & horifontalement : on fend le ce
avec un couteau à la hauteur de l’entaille de la grefie,
c'eit-à-dire, de deux travers de doigt, & on infére
aufl-tôt la greffe par le côté le plus mince ; puis on
la lie fortement avec de l'écorce de bois blanc ou de
la feconde écorce de tilleul. On enfonce le fujet greffé
après avoir fait une petite fofle autour du cep : on
recouvre de terre meuble la racine &'une partie de la
grefe, & on ne laifle fortir de terre que deux bou-
tons.
Après que la vigne eft greflée, on doit la farcler ,
& lorfque les greffes ont pouflé , couper les jets bà-
tards que les vieilles racines ont pouflés & donner aux
greffes un leger labour à la fin de Juillet, ayant atten-
tion de ne pas les endommager. On doit greffer la
vigne au printems , & dix où douze jours avant que
la vigne foit en féve : on ne doit faire aucune forte
de travail dans la vigne lorfqu'elle eft en fleur.
Au refte , quelque travail qu’on ait à faire à la vi-
gne ; on n'y doit point entrer après Ja pluie , ni après |
es gêlées ; rien ne fait plus jaunir la vigne. | |
Maladies & accidens aufquels les vignes font fujettes.
1°. La vermiculation , ce font de petits vermifleaux :
qui naïllent fur les feuilles de la vigne & qui détrui-
fent les raifins ; le feul remede eft de les écrafer le
plus qu'il eft poffible. 2°. La trop grande eflufion de
la matiere qui vient d’une exceflive nourriture , enforte
que la vigne ne poufle que du bois : le remede éft de
couper très-court cette vigne, c'eft-à-dire , à un pouce
près de la fouche , découvrir la fouche & y répandre
du fable de riviere. 3°, La ttop grande efufion de la “
féve hors du bois vers lé printems ; ce qu'on connoît ,
quand on voit que les feuilles fe fañent : pour arrêter
ce mal, on doit faire des entaïlles aux grofles ra-
cines & ÿ mettre de la lie d'huile. 4°. La phtifie qui
vient faute de fufifante nourriture & qui defléche la
vigne. On doit en ce cas racler la partie defféchée, &
enduire la plaie de cendres de farment mélées avec du
vinaigre, 5°. La ftérilité : il faut greffer fur cette vi-
nues
VIG 625
gne un jeune plant de fix ans bien fertile. 6°. La
gomme qui vient d'un épuifement de la féve, laquelle
s'eft extravafée n'ayant pas eu la force de monter ; le
remede eft de couper la branche attaquée jufqu’à fa
fouche. 7°. Les pluies abondantes dans le tems que
le bois de la vigne n’eft pas encore mûr : le moyen
de rendre les Pitec moins fàcheufes , eft de ne pas
épargner les foflés & les faignées dans les vignobles ,
car la grande feécherefle ne nuit jamais à la vigne. 8°.
La gêlée , fur-tout la blanche lorfque le bois ef
mouillé , car alors, fi le foleil paroit, il fait fondre
cette gêlée & brûle le nouveau farment qui a cru
après Ja taille : la gêlée au printems un peu forte fait
pénir beaucoup de ceps, f1 la terre étoit mouillée
avant. 9°. La grêle : le raïfin qui en eft frappé fe
defléche & contraéte de l'âcreté, mais fi elle eft grofle
& qu'elle foit pouflée par un grand vent , elle prive la
vigne de fon fruit & brife le bois. 10. Les mauvai-
fes herbes : on les détruit en farciant avec foin. 11. Les
accidens de la part des grandes bêtes qui y entrent,
comme renards, lievres , fangliers , & fur-tout le
bouc & la chévre. 12. Ceux de la part des infeétes,
comme les chenilles qui rongent les feuilles, & la
fourmi rouge qui ronge la racine ; en ce cas on doit
chercher la fourmilliere & y faire du feu deflus : je
limaçon , la bêche , le gribouri ou fcarabée , qui eft
une efpece de petit hanneton de couleur de terre ; à
Pégard de ce dernier on connoït qu’une vigne en eft
attaquée lorfque fon bois eft menu , fes feuilles cri-
blées , & qu'elle ne donne prefque point de raïfin,
Le remede eft de femer une certaine quantité de féves
en divers endroits de la vigne : ces animaux s’ÿ raf-
femblent , & on les enleve avec les feuilles des féves.
Parmi tous ces accidens , on voit qu'il y en a aufquels
on peut remédier , & d’autres où on ne le peut pas.
Durée des vignes. Les vignes durent plus long-
tems, 1°. felon te efpece ; ainfi la vigne blanche
dure plus que la noire : 2°. felon la qualité de la terre:
elle dure plus dans les terres fortes que dans les féches
& légeres ; 3°. felon le climat : elle dure plus dans les
climats qui font près du Nord que dans ceux qui font
626 VIG
au midi. Les vignes rabaïflées en terre chaque an
née durent plus long-tems. Quand une vigne a at-
teint l'age de 60 ans , elle doit pafler pour vieille &
ufée ; en ce cas il faut l’arracher , labourer le terrein
& laïfler paîler un an avant d'y mettre de nouveau
plant : c’eft une bonne pratique que d’y femer du fro-
ment ou de petits grains de mars, parce que cela fert à
dégraifler la terre & à la rendre plus légere.
Autre méthode plus fimple de cultiver la vigne, &
en ufage particuliérement dans les pays où l'on ne fe
fert point d’échalas.
Choix du plant, Dans le choix du raïfin qu'on veut
planter, on doit avoir égard à la qualité du terrein,
à fon afpeét & au climat du lieu ; 2°. choïfir les rai-
fins les plus fucrés, les plus fpiritueux & qui mürif-
fent facilement , pour les terreins gras ; & ceux qui
mûriflent tard pour les maigres ; 3°. choïfir pour plant
les farmens les plus gros & les mieux nourris , pré-
férer ceux aufquels on peut laïfler du vieux bois , c’eft
le bout du cep qui a été taillé l’année précédente , &
les couper au mois de Février de la longueur de deux
pieds , les enterrer dès qu’on les a coupés dans une
terre bien labourée , & dans une fofle large de deux
pieds & profonde de dix pouces ; il faut les y coucher
entravers dans toute leur lonoueur , de maniere qu'ils
ne fe touchent point , les recouvrir de terre , & les
laïffer ainfi jufqu’à la faint Jean , qu'on les plante. On
doit fçavoir que le farment qui a des chevelus n’eft pas
fi bon que les autres,
Maniere de la planter. On doit planter la vigne à
la faint Jean, qui eft le tems où la féve a plus de
force. Il y a des pays où l’on fe fert pour cette opéra-
tion d'un cordeau parfemé de nœuds à la diftance de
trois pieds au moins les uns des autres, & on y dif-
pofe les rangs des ceps, de façon que le foleil étant
dans fon midi puifle facilement les échaufer , le tout
pourvu que la pente du terrein & celle de l'écoule-
ment des eaux ne foit pas contraire, car alors on dirige.
les rangs d’une maniere plus ou moins oblique à la
pente : on fe fert pour ce travail de tarieres de fer de
trois pouces de diametre , dont l'une eft faite en vile-
brequin ,
156 | x.
brequin , le bout eft terminé en cuiller, & Îa feconde
reflemble à celle des charpentiers : on fe fert de la
premiere pour les jointures des grofles pierres & pour y
faire des trous ; & de la feconde qui fait un trou plus
grand pour planter du farment qui a de vieux bois , le-
quel eft préférable à tout autre , parce qu'ilne manque
jamais , & que la vigne produit du fruit deux ans plutôt,
Quand on eft prêt à mettre le plant dans les trous,
on ne doit le tirer de terre qu’à mefure , de peur quil
ne s’évente , & pour cela on le tient dans un baquet
dans l’eau afin de le planter tout humide; puis en
mettant le farment ne laifler que deux yeux ou nœuds
hors de terre , & couvrir le trou à mefure. Au refte , il
faut choiïfir un tems humide pour planter la vigne.
Lorfqu'on plante une vigne nouvelle, on doit laïfler
trois pieds de diftance en tout fens entre chaque cep,
mais 1l faut avoir égard là-deflus au plus ou moins de
bonté du terroir. En général , une vigne dont les ceps
font trop éloignés , donne un vin quia peu de corps,
& celle qui les a trop proches, produit un vin âcre &
mal digéré , ainfi, fi le fond étoit fort médiocre , on
pourroit mettre les ceps à fix pieds les uns des autres,
Lorfque la vigne eft plantée, on doit faire couper
les herbes & racler le terrein à la profondeur de trois
ou quatre pouces , & on recommence lorfque les her-
bes reparoïflent. La feconde année on ne doit point
tailler le jeune plant , mais bêcher feulement avec la
houe , & non pas trop avant auprès des jeunes pieds;
a l'égard des autres efpaces vuides , ils doivent être
labourés à neuf ou dix pouces de profondeur au moins.
De cette maniere on amoncelle la terre entre deux
rangs , & on décharge le plant ; ce qui donne entrée
à la chaleur qui doit animer les fucs de la terre ; au refte
plus la vigne poufle bas , plus elle devient forte. Un
bon Œconome doit donner trois labours à la vigne
depuis le mois de Mars , jufqu’an mois de Septembre,
fur-tout lorfque les herbes ont pouflé, ou lorfque les
pluyes ont formé une croute féche fur la furface de la
terre. |
Taille dela vigne. On donne la premiere taille à
la vigne au bout de deux ans feulement, & lorfqu’elle
Tome IL, Q q
628 VIG
a acquis aflez de force. 1°. On doit déchauffer la vi-
gne avec la houe , & couper tous les rameaux que le
jeune plant a pouflés à fleur de terre , à l'exception du
plus bas , fur lequel on laïfle un ou deux yeux les
plus bas , mais on lui laïfle fept à huit pouces de long ,
car ce farment indique le pied de la vigne. Que
fi les branches du jeune cep font trop élevées pour
les tailler ainfi , on doit enlever toutes les jeunes
branches, & ne laïfler aucun bouton, afin de forcer
la féve à poufler aux nœuds plus bas, car fi on laïfloit
monter la vigne , fon pied feroit toujours foible & dif-
ficile à cultiver ; or, les raifins qui viennent fur un bon
cep , & peu élevé de terre, mais fans la toucher, font
les meilleurs : d'ailleurs la vigne s’éléve toujours aflez
par la fuite. Selon cette méthode les pieds de la vigne
étant forts & vigoureux , n’ont pas befoin d’être re-
nouvellés par les provins , qui font des opérations
couteufes. |
1°. On fait la feconde taille lorfque les farmens
font déjà un peu gros & aflez longs, & deux pouces
de terre: on a Din d'entretenir une égalité de vi-
gueur entre les pieds de la vigne. L'objet de la taille eft
d'entretenir à propos le fuperflu des branches qui ne
donneroient que de mauvais raifins , & de ménager le
bois pour fournir des branches à fruit: les années fui-
vantes on doit aufli retrancher les bourgeons inutiles
par où la féve s’échapperoit & épuiferoit le pied , &
couper les branches très-près du pied fans y laïfler au-
cuns boutons ni chicots : on doit aufli obferver les
pieds qui ont fourni plus de raïfins , & y laïfler un ou
deux boutons de plus, afin qu'ils donnent plus de rai-
fins ,que naturellement ils n’en devroient donner l'an-
née fuivante. De même fi le pied de vigne n’a été
chargé l’année précédente que pour produire plus de
fruits, on doit lui laïfler peu de bouton pour foulager
le pied voifin qui fe trouve dans une année favorable.
Provignement de la Vigne (le) n’a pour objet que
de remplacer les pieds de vigne qui ont manqué , ou
qui font d’une mauvaife efpece : maïs ce remplace-
ment eft inutile , lorfque les pieds manquent à caufe de
la ftériité du terrein. En général les pieds de vigne qui
À
| VIG 629
viennent de provins , ne durent pas beaucoup: il y a
des vignerons qui préférent de greffer les pieds de vi-
gne quand il s’en rencontre de mauvaife efpece plutôt
ue de les arracher , car le provin affoiblit le pied
‘où il fort , au lieu qu’un pied qui a déjà acquis de la
force , conferve fa vigueur après avoir été greffé. Or,
pour greffer on déchafle tant foit peu le pied de la
vigne ; on lefcie comme un autre arbre , on le greffe
en fente , mais on le recouvre de terre un peu forte-
ment ; & on laïfle fortir la greffe de la longueur d’un
demi-pied avec trois ou quatre yeux feulement : cette
opération doit fe faire immédiatement avant que la
vigne pleure.
Obfervations fur le labour de la vigne. Le labour
eft eflentiel à la vigne , mais il doit être à la profon-
deur d’un bon demi-pied par-tout, car fi on le donne
trop profond , les racines de la vigne poufleront en
bas , & ne pourront pas recevoir lesinfluences de l'air,
& le vin en aura moins de qualité ; fi au contraire on
* ne laboure que fuperficiellement , la vigne ne donnera
que peu de raifins , pouflera fes racines trop à la fur
ace , & fera plus expofée à la gelée. 2°. Il faut amon-
celer la terre en un fillon entre deux rangs de vigne,
de manière que les pieds des cepsfe trouvent dans le
fond du fillon , afin que le foleil puifle les échauffer :
cette opération fe fait à la fin de Mars. 3°. On donne
à la vigne un fecond labour avant qu’elle fleurifle ;
par-là on retourne la terre, & on en fait glifler un peu au
pied de la vigne , ce qui difpofe la féve à s'y porter plus
abondamment. On donne le troifiéme , lorfque les rai-
fins commencent à changer de couleur : ce labour les
fait grofhir & mûrir promptement : on doit butter ce
dernier labour contre les pieds de vigne , pour les
garantir des fortes gelées pendant l'hiver , & le donner
en fillon , fi la terre eft forte : il eft conftant que la
quantité du vin dépend des labours ; mais on ne doit
point labourer la vigne ni dans les gelées , ni dans un
tems humide , ni même par untems trop chaud.
Obfervations fur l'ufage de lier la vigne. Dans les
Provinces méridionales de la France on ne lie point la
vigne ; car les ceps étant éloignés de e: pieds , les
q2
630 VIG
rameaux ne vont guères les uns fur les autres ; chaque
farment fe tient libre & élevé : l'air & la chaleur
agiflent librement fur le raïfin , & le Vigneron peut
afler aifément pour faire fes travaux néceflaires,
Dane les pays où les ceps font beaucoup plus proches,
on lie la vigne pour pouvoir y pafler, d'où l'on a droit
de conclure qu’on peut fe difpenfer de lier la vigne,
dans les cas où l’on peut la labourer, quoiqu'elle ne
fût pas liée : d’ailleurs les raïfins en müûriflent bien
mieux ; car lorfque les rameaux font liés étant ferrés
les uns contre les autres , ils reçoivent moins les in-
fluences de l'air, que quand ils font libres, & ils mû-
riffent moins bien, 2°. Si on eft obligé de la lier , ce
qui arrive lorfque les ceps font trop proches , on doit
du moins fe fervir pour cela d'ofier franc, & ne faire
qu'un cercle autour desrameaux pour ne pas les
êner, comme font la plûpart des vignerons , en fe
érvant de la paille de feigle, & réuniflant tous les ra-
meaux d'un même cep.
Le fumier de pigeon eft excellent pour les vignes ;
c’eft fans doute parce qu'il eft plus rareque celui des
étables qu’on n’en parle point dans les Livres d'Agri-
culture , particulierement à l'égard des vignes : il n'eft
pas moins conftant que cette efpece de fumier leur eft
infiniment utile. Enefet, la vigne ne demandant que
de la chaleur , il s'enfuit qne le fumier le plus chaud
lui eft très-propre , fur-tout aux vignes bafles, & dans
les terreins où elle ne produit que des vins foibles: on
en a fait l'expérience en Siléfie ; onpourroit faire de
femblables eflais fur les vignes plantées contre des
murs ,ou qui forment des berceaux.
Bien des gens croient remédier à la ftérilité du ter-
rein à l'égard des vignes , & augmenter la quantité du
vin, en y faifant porter du fumier ordinaire : mais ileft
conftant que la qualité du vin en eft affoiblie , en ce
que le fumier fait graifler le vin blanc , êt donne un
mauvais gOÙtau vin rouge. Le meilleur engrais qu’on
pourroit employer en ce cas, eft celui que les habi-
tans du pays Meffin ont trouvé , & dont ils font ufage.
Cet engrais n’eft autre chofe que les ongles des pieds
des moutons qu'ils nomment /ngliottes , CE font les
VIG 635.
ergots du derriere du pied de mouton , que les Tri-.
piers ont foin d'ôter, & qu'ils vendent à bon mar-
ché. Ainfi , lorfqu'ils provignent , ils mettent une
bonne poignée de ces ongles fur chaque provin. Cet
engrais ne communique au raïfin aucun goût ni aucune
mauvaife qualité : il produit fon effet dès la premiere
année , & procure pendant fix ou fept ans une honnête
abondance.
Nouvelles obfervations fur la culture de la vigne.
On a découvert dans les principes de la nouvelle cul-
ture des moyens propres à perfeétionner celle de la
vigne , & d’après plufieurs expériences. Selon M. du
Hamel il doit réfulter de grands défauts de la manie-
re dont on cultive les vignes , fans parler des tra-
vaux de culture qui font très difpendieux.
Cet habile Apsriculteur s’eft donc propofé de faire
fur la vigne , l’effai de fa méthode de cultiver les ter-
res ; & cela 1°. par une difpofition différente des
ceps. Pour cet effet , il a établi la vigne en planches,
comme il le fait pour les bleds , en obfervant de laiïfler
une plate-bande entre deux planches , & les propor-
tions de ces planches à cinq pieds de largeur pour y
pouvoir planter trois rangées de ceps, qui , par ce
moyen , doivent être à la diftance de trente pouces l’une
de Pautre , & les ceps à pareille diftance les uns des
autres. Il a donné aux plate-bandes cinq pieds de
largeur : il convient qu'on peut planter les ceps à
d'antres diftances , comme à une feule ligne , chaque
ligne éloignée l’une de l'autre de trois pieds & demi ;
mais pour abréger une expérience qui feroit d'une
trop longue durée, il a établi une planche de ceps
dans une vigne plantée il y avoit vingt-quatre ans,
& qui étoit d'un bon rapport. Il y a fait faire une
planche de cinq pieds de largeur , il l'a formée en
provignant les vieux ceps pour établir les deux lignes
extérieures ; en obfervant de laïfler deux pieds &
demi de diftance d’un provin à l’autre ; il a confervé
les vieux ceps qui fe trouvoient bien placés, le fur-
plus fut pri de jproyisee Cette planche avoit qua-
rante toiles ; on forma à côté une plate-bande de
cinq pieds de largeur ,en arrachant tous les vieux ceps
Q q3
632 VI1G
qui fe trouvérent dans cet efpace , on voit que cette
planche devoit avoir dix pieds de largeur , cinq occupés
par les ceps , & cinq par la platte-bande,
En conféquence de la récolte que cette planche éta-
blie en 1752 donna en 175$ , il fit faire trois pareilles
planches proche la première,
2°. Par cette difpofition des ceps , on a d’abord la
facilité de faire toutes les cultures des plate bandes avec
les mêmes charrues & les mêmes cultivateurs dont on
fe fert pour faire celles des plate-bandes , felon la mé-
thode de là nouvelle culture. |
Le terrein ainfi cultivé dans les plate-bandes , fait
environ le tiers du total : les deux tiers reftans fe font
a bras d'homme comme à l'ordinaire. Il s'enfuit de-
à que les frais doivent être confidérablement dimi-
nués par la diligence avec laquelle ces labours s’exé-
cutent , puifque c’eft avec des charrues ou des culti-
vateurs ; mais il faut éviter d'endommager les ceps,
en approchant de trop près la charrue. Ïl y a encore
une autre diminution de rravail dans cette manière
de cultiver {a vigne , puifqu’en diminuant le nombre
des ceps on‘épargne proportionnellement le travail des
Ouvriers : la diminution des échalas, des liens, du
fumier , procure encore une épargne confidérable. En-
fin, lefillon qu’on fait faire avec la charrue dans le
milieu des plate-bandes & auprès des ceps , fert à
faire écouler les eaux , qui, par leur fraicheur , nuifent
à la vigne.
À l'égard du tems de la taille de la vigne qui fe
fait felon la méthode ordinaire pendant & après l’hy-
ver ; M. du Hamel a éprouvé qu'il vaut mieux la tail-
ler avant l'hyver , immédiatement après les vendanges,
& il a trouvé que les ceps n’avoient point fouffert des
gelées , & que les boutons avoient pouffé des farmens
fort vigoureux , & produit des raifins en plus grande
quantité.
A l'égard des labours que l’on commence felon la
méthode ordinaire , après que les vignes ont été tail-
lées , & dont le dernier des trois eft à la faint Jean , le
même Auteur obferve que le premier de ces labours
fe fait dans un tems critique , c'eft-à-dire , lorfque
VIG 633
la vigne eft prête à poufler, & que les bourgeons
fortent. 1°. que depuis la faint Jean jufqu'aux ven-
danges , il croit quantité de mauvaifes herbes qui of-
fufquent les ceps , & nuifent à la mâturité des raïfins ;
il veut qu'après que la vigne a été taillée avant l'hy-
ver , on lui donne un premier labour dans cette même
faifon ; que l'on différe le fecond jufques vers la fin
mois de Mai, & le troifieme au commencement du
mois d'Août; que c’eft là la vraie méthode de culti-
ver les vignes lorfqu’elles font établies en planches :
que les planches font labourées à bras d'hommes , &
les plate-bandes par la charrue ou le cultivateur. Enfin
il a éprouvé qu’une piéce de vigne ainfi cultivée , a don-
né en 175$ une des meilleures recoltes de vin qu'on
ait faites depuis long-tems , & le vin eftimé de très-bon-
ne qualité ; qu’elle a été très-abondante , puifqu'elle a
été de 336 pintes mefure de Paris , & qu'elle a rapporté
deux cinquieme de plus , à proportion de la récolte qui
avoit été faite dans la vieille vigne , c’eft-à-dire, que
fi elle avoit été toute mife en planches , elle auroit
produit à raifon de cinq au lieu de trois qu'on en
retira. Joe
Il a remarqué que les plus jeunes ceps de cette
planche qui étoient à leur troifieme année , pouvoient
entrer en comparaifon avec les vieux ceps. Notez que
cette planche étoit de 40 toifes de longueur fur 19
pieds de largeur , qu’ainf elle contenoit 66 toifes quar
rées , & 4 pieds quarrés. | 4
Les feuilles de la vigne font aftringentes : on s’en
fert en décoftion contre le cours de ventre , la dyffen-
terie , & les hémorragies. Appliquées à la tête ou aux
pieds, elles modérent la douleur de la tête. Ses lar-
mes , quand on la taille au printems , font bonnes pour
la pierre & la gravelle : &' difüllées dans les yeux,
elles guériflent la rougeur de ces parties, & éclaircif-
fent la vûe.
VIGNERONS. On doit être attentif à la manière
dont les vignerons s’acquittent de leurs obligations.
Un bon Œconome examine par lui-même sils font
les travaux néceffaires aux vignes dans les tems con-
venables, s'ils les labourent à la fin de Février; s'ils
Qa4
634 VIN Er ..
les binent avant la Magdeleine, & s'ils les rebinent
‘avant les vendanges lorfque la faifon le permet ; s'ils
provignent & font des doftés , quand il le faut; s'ils
font au travail depuis le matin jufqu’au foir , pendant
tout le tems des travaux qu'ils doivent faire.
VIN (le) eft le jus qu'on a exprimé duraïfin, &
qu'on laïfle fermenter quelque tems pour qu'il: foit
bon à boire. Avant que ce jus ait été fermenté , on l’ap-
pelle moût. Les qualités du bon vin fofit d’être clair,
fin, fec; fans goût de terroir, & qu'il ait de la force ;
il y a différentes fortes de vins, le rouge, le blanc,
le gris de Champagne , le vin mufcat.
Vin rouge. Maniere de faire le vin rouge ordi-
naire. Après que le raifin a été foulé dans la cuvé ,
on doit en laïler cuver le jus plus ou moins long-
tems felon les circonftances. S'il eft fin, & par confé-
quent rempli d'efprits , il fuffit de le laïfler cuver qua-
tre ou cinq heures. Si cependant l’année avoit été
pluvieufe , on peut le laifler toute une nuit : fi le vin
eft groffier , on le laïfle un jour entier , avant de por-
ter le marc fur le prefloir. À mefure que le vin fort
par la canulle qui eft au bas de la cuve & tombe dans
un tonneau ou grand baquet enfoncé en terre pour
recevoir le vin, onle puife avec des/féaux ou autres
vaïfleaux , felon l’ufage du pays , & on le porte par
féaux dans des tonneaux difpofés pour cela. On doit
obferver de ne point percer les poinçons neufs deftinés
pour le vin de cuvée, que trois ou quatre jours avant
le preflurage. Ce tems fuffit pour faire exhaler le
goût du bois, mais il faut les faire rincer à l’eau claire
la veille du prefl rage. Ce qu’on appelle vin de mere-
goutte , eft celui qui provient des raïfins qui n'ont point
êté preflurés , ou du moins très-peu. |
Vin de Bourgogne. Pour faire de bon vin de Bour-
gogne , on fait trois cueillettes dans les mêmes vi-
gnes. La premiere doit être des raifins les plus mûrs,
les plus fins, les moins ferrés ; on en Ôte tous les
grains pourris ou verds ; & on coupe le raïfin fort
court à caufe de l'amertume de la queue. La feconde
doit être de raïfins gros, ferrés & moins mûrs. La
“troïfiéme , de raïfins verds ou pourris. On mêle tout :
VIN 635
ce qu'il y a de meilleurs raïfins chacune de ces vi-
gnes les unes avec les autres : on fépare les grains de
la grappe , par le moyen d'une fourche de bois lon-
gue de trois pieds , ayant à l’extrèmité cinq ou fix
fourchons longs d’un pied ; ce qu'on fait en diverfes
panerées qu'on met dans une petite cuve, & on en
Ôte à mefure le jus qui en fort : on doit faire trois
cuvées de ces trois cueillettes : de ce mélange il fe
forme un vin excellent qui perfévére plufieurs années
dans fa bonté.
Vix gris. En Champagne on entend par vin gris, le
vin, que ceux qui ne font pas de ce pays appellent, vin
blanc de Champagne. Ce vin gris fe fait avec du
. raïfin noir : fa belle couleur doit être celle de l’eau
de roche la plus épurée : à l'égard du vin qu'on ap-
pelle vin blanc en Champagne , il ne fe fait que de
raifin blanc, mais on ne fait pas grand cas de ce raïfin.
On n’emploie pour le célébre vin gris de Champa-
gne que des raïfins noirs : les meilleurs font ceux
qu'on nomme en Champagne Morillon : en Bourgo-
gne Pineau , & à Orléans Auvernas : on y mêle ce-
pendant un peu de fromenteau, dont la couleur eft
d'un gris rougeûtre tirant fur le blanc. On cureille
d'abord ceux qui ont les grains les plus mûrs & les
moins ferrés , enfuite les plus gros pour le vin de
boiflon , & enfin les verds & pourris pour les Do-
meftiques. Cette cueillette doit être faite, autant qu’il
fe peut, pendant la rofée & en des jours de brouil-
lard. |
29, On doit faire le tranfport du raifin de la vigne
au prefloir fans grande fecoufle : le meilleur eft d'ar-
ranger le raïfin dans des tonneaux & de le tranfporter
fur une voiture roulante, & non fur le dos des che-
vaux.
Auffi-tôt que les raïfins font arrivés de la vigne,
on les arrange fur le rrefloir de quelque forme qu'il
foit, on donne bien vite la premiere ferrée. Le vin
qui en fort s’appelle vin de goutte ; c'eft ce qu'il y a
de plus fin:
3°, On releve les raïtins écartés de la mafle, &
on donne la feconde-ferre | qu’on appelle la retroufle :
636 VIN
ordinairement le vin de la premiere & feconde ferre
compofe la cuvée de vin fin. On arrange les extré-
mités de la mafle , & on les taille quarrémeut avec
une bêche tranchante , en rejeitant deflus les raifins
écartés, & on donne la troifieme ferre : c’eft ce qu'on
appelle premiere taille : on met le vin qui en fort à
part ; il eft la plüpart du tems fort fumeux, parce qu'il
renferme tout l’efprit de la mafle , & n’eft potable qu’au
bout de quelques années.
4°. On donne Îa quatrieme ferre, puis la cinquie-
me , & les autres qui s’appellent feconde, troifieme ,
& quatrieme taille , le tout jufqu'à ce que la mafle
ne produife plus de jus: on met aufli à part les vins
de ces autres tailles, ou on les mêle fuivant qu'ils ont
la qualité qu’on fouhaite. Le vin des dernieres tailles
eft celui qu'on appelle le vin de prefloir deftiné ordi-
naïrement pour la boiïflon des Domeftiques. Ceux qui
ont beaucoup de vignes , font deux, trois, & jufqu'a
quatre cuvées de vin , en choififlant toujours les rai-
fins les plus délicats pour les premieres , dont le
vin vaut toujours un tiers de plus que celui des fe-
condes , & celui des fecondes un tiers plus que les
fuivantes , ainfi fi proportion, Dans chaque cuvée il
y a ordinairement les deux tiers de vin fn , un demi
tiers de vin detrille, & moins d'un tiers de celui de
prefloir. |
Vin blanc ordinaire. Il fe fait evec des raïfins qu’on
appelle le Mêlier , le Beaune , & le Fromenteau ; on
les foule dans une cuve à part ; on ne les fait point cu-
ver, de peur que le vin ne devienne jaune , & on les
porte fur le prefloir au fortir de la cuve.
ViN mufcat. Pour qu'il foit bon, on doit laïfler ex-
trèmement mürir les raifins mufcats, enfuite on les
cueille , &onlaïfle bien fermenter le moût. Le bon
vin mufcat doiti être clair , blanc , d'un goût doux ,
agréable , maïs un peu fort.
Vix gris-de-perle, Pour le faire , on met des raifins
noirs de la meilleure efpèce fur le prefloir , auffi-tôt
qu'ils font coupés, & on les y preflure. Quand le vin
eft dans les tonneaux , on doit y mettre de deux en deux
jours deux pintes & demi de vin, afin qu’il jette promp-
tement fon écume,
VIN 637
Vin à repañler fur le marc. Si on a du vin chez
foi, foit rouge ou blanc, vieux ou nouveau , qui pé-
) che ou en couleur ou en force, on peut le repañler fur
Je marc, en le furvuidant dans la cuve : on doit le
bien mêler avec le marc, & le laïfler cuver environ
| douze heures , fi c'eft du vin yieux;&t vmgt-quatre
s’il eft nouveau , après quoi on le tire &t on l’entonne
dans des tonneaux, auxquels on met une marque pour
les reconnoître , enfuite on porte le marc au pref-
foir.
Entonnage. La premiere fois qu'on remplit les
tonneaux, on doit les remplir prefque entierement,
c'eft-à-dire , qu'on puifle du doigt toucher aifément au
vin, mais quand le vin a jeté fa premiere fougue ,
on acheve de les remplir : on le couvre de feuilles de
vigne , avec un peu de fable deflus jufqu à ce qu'on les
abandonne.
On ne doit pas fe contenter de bien boucher tous
les poinçons pour garantir le vin de la corruption de
” Jair : on doit encore les remplir auffi fouvent qu'ils
en ont befoin , c’eft-à-dire ,tous les huit jours, depuis
e le vin eftentonné jufqu'à la faint Martin, & de-
uis la faint Martin jufqu'en Janvier tous les quinze
jours, & le refte de l'année tous les mois environ.
2°. Les remplir d'un vin pareil à la cuvée , ou du
moins qui ne lui foit pas inférieur , afin de lui confer-
verfa qualité: au refte , tant que dure la fermenta-
tion , on ne court point de rifque de remplir les poin-
cons d’un vin d'une qualité différente , &c de couper
& mélanger les différentes cuvées.
Tirage au clair. Le premier doit fe faire , fur-tout
pour les vins de Champagne , depuis la fin de Novem-
bre jufques vers le milieu de Décembre; le fecond,
dans le courant de Février, & le troifieme vers le mois
d'Avril. Pour tirer le vin au clair , on fe fert d'un
boyau de cuir long de quatre à cinq pieds , & d'un
foufflet de trois pieds de long. À chaque bout du boyau
eft un tuyau de bois, dont lun tient à la canelle atta-
chée an bas du vaifieau qu'on veut vuider , & l'autre
au bas du vaïfleau qu'on veut remplir: lorfque le vin
eft à niveau dans tous les deux , on introduit dans
638 VIN
l'ouverture fupérieure du tonneau un large foufflet, qui
à force de fouffler , contraint le vin de monter dans
le boyau , & de regagner ainfi le haut de l’autre ton-
neau. Quand on a vuidé une piéce, on en ôte la lie
qu'on met dans de vieux tonneaux ; on lave bien la
piéce , & elle fert pour tranfvafer une autre, & on
évite ainfi la néceflité où l’on feroit d’avoir un nom-
bre prodigieux de tonneaux ; car pour conferver le vin
bien blanc, on doit le tranfvafer fouvent fi on ne le
met pas en bouteille, parce que le vin forme toujours
une lie fine qui lui donne de la couleur. Après le troi-
fiéme tirage au clair, on met le vin en cave après avoir
fait relier avec foin les poinçons , &t y avoir fait mettre
deux carceaux neufs à chaque extrémité. Au refte,
les caves ne fçauroient avoir trop d’air : les meilleures
font ceiles dont les voûtes font les plus élevées.
Collage des vins. On les colle pour les éclaircir :
le premier collage fe fait à la mi-Mars avant le tirage
au clair, & le fecond avant le tirage en bouteille.
Pour les vins de Champagne, on fe fs pour cela de
Ja colle de poiflon , qui A vend chez les Marchands
Droguiftes : il en faut un gros moins douze grains
pour un poinçon contenant 200 pintes mefure de Pa-
ris : on la fait difloudre dans un poëlon fur le feu dans
une quantité d'eau proportionnée à celle de la colle :
on la réduit en boules comme un morceau de pâte &
on la jette dans le vin , & avec un bâton divifé par le
bout en diverfes parties , on agite le vin avant & après
y avoir verfé la colle : lorfqw'elle s’eft abbaïflée , ce
qui arrive après cinq ou fix jours , on doit la tirer du
poincçon dans le tems froid, elle fe clarifie plus promp-
tement.
On ne doit pas coller ni mettre en bouteilles les
vins rouges de la premiere année : tant que le vin eft
dans le tonneau , on doit le remplir tous les mois du
meilleur vin que l’on ait, & s'il fe peut du vin de la
même cuve.
Pour dégraïfler le vin ; on doit mêler dans fix
pintes de vin rouge ou blanc , fix onces de tartre rouge
de Montpellier, & on jette ce mêlage dans le ton-
neau qu'on remue bien, & on le laïfle repofer douze
ou quinze jours.
4
VIN 639
Pour adoucir un vin rude & verd, on met dans le
tonneau une pinte d'eau-de-vie & deux livres de miel
que l’on a détrempé dans l’eau-de-vie , après l'avoir
fait bien bouillir pour en tirer la cire.
Pour l’éclaircir , on met dans le tonneau une com-
pofition faite avec fix onces de fucre réduit en pou-
dre , neuf jaunes d'œuf, & les coquilles bien broyées ,
& deux pintes du même vin le tout mêle : on remue
le tonneau quelques momens , & on laïfle repofer le
via cinq à fix jours.
Pour donner de la force à un vin foible , on peut,
après avoir bien agité le vin par le bondon avec un
bâton fendu , y verfer une pinte d’eau-de-vie, & le
laïfler repofer dix jours avant de le boire.
Pour bien mettre les vins en bouteille, on doit
laïfler un demi-pouce de vuide entre le vin & le bou-
chon, & ne pas fermer la canelle toutes les fois qu’on
a rempli une bouteille. Celles en forme de poire te-
nant pinte de Paris font les meilleures : le verre doit
être bien cuit, également diftribué , l'embouchure ou-
verte à l’extrêmité de deux lignes plus qu'a un pouce
plus bas où le bouchon doit pénétrer , & l'ouverture
ronde, point tranchante. |
Les bouchons doivent avoir un pouce & demi de
longueur , ils ne doivent point être ni trop moûs,
ni trop fermes , & taillés bien ronds. On ne doit em-
ployer que des bouchons neufs , fur-tout pour les vins
blancs de Champagne.
La ficelle doit être de trois fils bien torfés, bien fe-
che , le goudron pour goudronner l'embouchure de la
bouteille , doit être compofé de deux livres de cire
jaune , une livre de poix réfine , une livre de poix
blanche , & une once de térébenthine : on mêle le
tout , & on le fait bouillir dans un chaudron. Les
bouteilles étant remplies & bouchées, doivent être
couchées de côté fur terre, de façon que le vuide
qu'on laïfle , fe trouve dans le corps de la bouteille,
& non au bout du col.
Pour faire moufler du vin de Champagne , il faut
le tirer en bouteille depuis le moment du preflurage ,
jufques vers la-fin de Novembre , parce qu'on le tire
640 NI IN |
alors dans le tems de fa fermentation, & qu'il eft dans
toute fa force. Au refte , les vins ne mouflent pas éga-
lement tontes les années , ce qu’il faut attribuer à l’iné-
galité des faifons.
Les vins extrêmement fumeux réuffiflent difficile-
ment à moufler. Ceux qui ne prennent pas aïfément
la mouffle , doivent êtregmis en bouteille précifément
dans le tems que la féve commence à monter an far-
ment : à l'égard des vins qu’on ne define point à mouf-
fer , ils ne doivent point être mis en bouteille que lorf
qu'ils ont près d’un an.
Pour le mettre en bouteilles & le foutirer , il faut
qu'il foit clair & repofé : on perce le tonneau dans le
bas à quatre doigts au-deflus du jable , ou y met une
canelle ; & on le tire en bouteilles qu’on bouche bien
ferme avec un bouchon de liége.
Nouvelle méthode pour parvenir à faire de bon vin.
1°. On doit être inftruit de toutes les qualités de cha-
que efpèce de raïfin.
2°. On ne doit point attendre que les raifins foient
trop mûrs pour vendanger, ni donner dans l’excès con-
traire en les coupant trop verds.
3%. Lorfqu’on veut faire des vins rouges dans lef
quels on mêle des raifins blancs : on doit d’abord faire
vendanger les raifins noirs qu'on jette dans des ton-
neaux , & que l’on foule avec les pieds: cela fait , on
met le moût ou jus, & le marc tout enfemble dans la
cuve.
4°. Vendanger en même tems les raïfins blancs, les
fouler & les faire pafler fous le prefloir pour en expri-
mer tout le jus, mais cependant ne le pas trop pref-
fer : en jetter le moût feul dans la cuve par-deflus celui
du raifin noir, afin que les deux liqueurs fe mélant ,
fermentent enfemble. Lorfque la faifon n’eft pas froi-
de , la liqueur ne tarde pas à fermenter , les pellicules
du raifin s’élévent à la furface , & en peu de tems tout
le marc eft au-deflus du vin qui fermente.'On doit
remarquer que les deux tiers de ce marc trempent dans
le vin , mais s’il eft conftant que l’autre tiers refte à fec,
qu’ainfi faute de tremper dans le vin il s’aigrit : or.
cette aigreur faifant exhaler les efprits vineux , fe mé-.
Lu
VIN 641
le dans une partie de ces efprits ; la liqueur comme
un levain , lui donne un mauvais goût : l’autre partie
fe répand dans l'air, & y exhale une odeur vineufe
d’une force qu'on ne peut fupporter long-tems fans
danger. Pour remédier à cet inconvénient , l'Auteur
de cette méthode a imaginé une cuve dont ila donné
la defcription dans le | FA Œconomique ( No-
vembre 1757 ) par le moyen de laquelle les efprits
volatifs retombent dans la mafle de la liqueur par le
fecours d’une efpèce de cafque & de tuyau recourbé;
de forte que le vin fait toutes fes fonétions dans cette
nouvelle cuve aufli librement que dans les cuves or-
dinaires , fans perdre fes efprits , & toutes les parties
de la vendange y font mifes à profit , parce que l'air a
la liberté de fortir par le goulot du tuyau qui amene
les efprits : le vin fe faconne ainfi parfaitement en
ménageant à l'air cette liberté. Cette invention con-
ferve au vin toute fa force , & lui en donne même
dans le cas où il n’en auroit pas aflez : on peut de
cette maniere laïfler travailler le vin avec les pellicu-
les de raïfin, jufqu’à ce qu'il en ait attaché aflez pour
lui donner une couleur foncée. Lorfqu’on voit que le vin
eft bien coloré , & que fa grande fermentation a ceflé,
on doit le tirer de la cuve , & on le tranfvafe dans un
autre vaifleau bien net & rincé avec du vin, s’il a déjà
contenu du vin auparavant , il en fera meilleur. Plus le
vaïfleau où on met le vin en pourra contenir , mieux le
vin fe confervera.
Comme le vin y fermentera quelque tems , on doit
lui laïfler la liberté de fortir par le bondon , fans quoi
le tonneau pourroit crever ; mais de peur qu'il ne s’é-
chappe trop d’efprits volatifs, on éléve fur le tonneau
un cafque ou châpiteau , dont le collet doit être pro-
portionné au bondon ; on peut eniuite laiïfler le vin paf-
{er l'hyver dans cet état, après quoi on le bouche en-
tierement.
Un moyen d’avoir du vin excellent, feroit de le
mettré dans de grands vaifleaux appellés foudres , &
capables , s’il étoit pofhble, de contenir tout le vin
d'une récolte. Les douves d’un tel vaifleau ou tonneau
doivent avoir bouilli dans le goudron , & être d'une
642 VIN
épaifleur proportionnée à leur groffeur, c’eft-à-dire ;
depuis un pouce jufqu’à deux. Les cerceaux doïvent
êrte de longues planches de chêne pliées en rond par
le moyen du feu: il faut qu'elles foient de longueur
fuMifante comme le bois qui fait le tour d’un crible ;
qu'elles entourent le vaifleau , & croifent par-deflus
l'autre bout : les cerceaux doivent être larges d'un
pied, & épais d’un pouce ou deux ; on choifit pour cela
des arbres un peu ce.ntrés & difpofés à la courbure,
afin qu'ils ferrent les douves à mefure qu'on les fait
avancer. On doit les fcier fur le champ de la courbure,
pour que toutes les planches fe trouvent ceintrées : on
pourroit au lieu de ces cerceaux fe fervir de cerceaux
de fer, comme on fait en Allemagne. 2°. Ces fortes
de foudres doivent avoir au-dedans une piéce de bois,
qui, au moyen de deux boulons , retiendra les fonds
direftement au centre du tonneau , pour qu'ils ne puif-
fent jamais s’écaiter, fi avec cela on bouche tous les
pores avec du goudron, le win fe conferveroit des fié-
cles. Si on n’a pas des vins aufli parfaits que le cru
du terroir le comporte , c’eft faute d’avoir examiné ce
qui peut contribuer à lui donner ce degré de perfec-
tion fuivant fa nature. Or, les défauts de la plüpart
de nos vins viennent, comme on l’a dit ci-deflus ;
1%, de ce que la liqueur en fermentant, n’agit pas fur
toute la vendange ; 2°. de ce qu’une partie du marc
s’aigrilant alors , attendu qu'il refte à fec ; communi-
que au vin une partie de cette aïgreur , laquelle aigrit
comme un levain toute la maîle ; 3°. de ce que la plü-
part des parties volatiles les plus fpiritueufes s’exhalent,
& caufent un affoibliflement dans la liqueur ; 4°. de ce
que l’on met le vin dans de petits vaifleaux d'un bois
mince quine peuvent pas le conferver dans toute fa
qualité, parce qu’une bonne partie des efprits s’éva-
pore ; $®. de ce que n'y ayant pas une aflez grande
quantité de vin raflembié , les molécules vineufes ne
peuvent pas travailler avec afiez de force pour s’épu-
rer & fe dégager des parties terreftres & grofheres ,
qui, avec letems, forment un dépôt qu’on appelle la
lie. C'eft pour remédier à ces défauts, qu’on a propofé
les moyens ci-deflus.
Mais
VIN 643
Mais auf dès que tous les mélanges & larrange-
ment de parties font parvenus à cet état de pertec—
tion, on ne doit pas tarder à faire ufage de ce vin.
Le vin rouge eft le plus ftomacal , le plus nourrif-
fant, & celui qui s'accorde le mieux à tous les tem-
péramens : il fortifie, chafle les vents & la mélan-
colie, eft bon pour les contufions & les diflocations ; bû
le matin il eft un bon préfervatif contre-la pefte. L’ex-
cès du vin peut produire de grañdes maladies , telles
que l’apoplexie , la paralyfie , la goute, L’efprit de
vin, c’eft l’eau-de-vie bien diftillée plufieurs fois.
Vin brûlé, Prenez une pinte du meilleur vin de
Bourgogne : mettez-le dans une chocolatiere avec
demi livre de fucre , une feuille de macis, deux clous
de girofle , un petit bâton de canelle, deux douzaines
de grains de coriandre, deux ou trois zeftes de citron,
deux feuilles de laurier : mettez la chocolatiere de-
vant un bon feu, & du charbon allumé tout autour,
© Quand la vapeur ou fumée vous fera connoïtre que le
vin eft bien chaud, mettez-y le feu avec du papier
allumé : laiflez-le brüler jufqu'a ce qu'il s’éteigne.
tout feul : mouillez une ferviette blanche & pañlez le
vin au travers dans un vaifleau ou bouteille , dont
l'ouverture foit large , & ferrez-le tout chaud,
L'eau-de-vie brülée fe fait de la même maniere. .
Vin de liqueur. On appelie ainfi les vins d'Efpa-
gne , le vin Mufcat, la Malvoife , le vin de Canarie,
le vin de Saint-Laurent.
Vin imitant la liqueur , délicieux à boire , & facile à
faire. Coupez deux citrons par tranches : pelez &
coupez de même deux pommes de reinette : mettez le
tout dans un plat avec demi-livre de fucre en poudre ,
une pinte de bon vin de Bourgogne, fix clous de gé-
rofle , un peu de canelle concaflée , de l’eau de fleur
d'orange : couvrez bien le tout ; laiflez - le infufer
trois ou quatre heures; puis paflez-le à la chauffe :
on peut, {1 on veut, ambrer ce vin, ou le mufquer
en y mettant un grain pilé avec du fucre , enveloppé
de coton , & attaché à la pointe de la chauffe où on
le pañle. à
Vins médicaux, Ce font des vins empreints des fub{-
Tome IL, Rr
644 à VIN
rances d’une ‘ou de plufieurs drogues médicinales : on
en fait de plufieurs fortes.
Vin d’abfinthe , maniere de le faire. Mettez au
tems de la vendange dans un petit tonneau d'environ
cinquante pintes , une fafcicule ou grofle botte de
formmités d’abfinthe cueillie dans fa vigueur & féchée ,
& trois oncés de canelle concaflée. Rempliflez le ton-
neau du moût ou fuc de raifins blancs nouvellement
exprimé ; mettez-le à la cave , fans le boucher de fa
bonde : laiflez fermenter la liqueur , puis achevez
de remplir le tonneau avec du vin blanc : bouchez-le
bien , & gardez-le pour le befoin , en le tirant par la
voie ordinaire. Ce vin fortifie l'eftomac, excite l’ap-
pétit, tue les vers , abbat les vapeurs : la dofe or-
dinaire eft d'un demi-vèrre feulement pendant quel-
ques jours ; car un üfage fréquent afloibliroit la
vue.
Vin de buglofe, Méttéz tremper dés racines de
buglofe bien nettoyées dans du vin juiqu'a ce qu'il en
ait attiré la faveur & la vertu, & on en fait boire
pour boïflon ordinaire.
11 purifie le fang , fortifie les efprits, chafle par les
urines les humeurs mélancoliques ; délivre le cerveau
des vapeurs épaïfles qui le troublent, & caufent la
trifteffe : ileft bon aufh coritre la palpitation de cœur.
Vin camphré. (efprit de) Mettez une once &
demi de camphre brifé par petits morceaux dans un.
matras : verfez deflus douze onces d'efprit de vin
re@tifié ; bouchez le vaifleau exaétement : agitez le
de tems en tems, jufqu’à ce que tout le camphre foit
diffous : verfez la diflolution dans une bouteille, ce
feta lefprit de vin camphré. Il eft propre contre la
pefte., le mauvais air, Papoplexie , l'épilepfie , les ma-
Jadies hyftériques ; la dofe eft depuis fix gouttes juf-
à vinet ; il eft fpécifique contre la gangrene.
VINAIGRE. Liquéur acide qui fe tire ordinaire-
mént du vin : ou plutôt c'eft le-vin qui diflout fon
târtre par une feconde fermentation ; ce qui arrive
promptement fi on expofele vin dans un lieu chaud.
On peur faire du vinaigre fur le champ en mélant de
la crême de tartre avec de la lie de vinaigre, &c ver-
="
VIN V:EL0 64$
fant de l’eau fimple par-deflus : ou bien fi vous voulez
d'un tonneau de mauvais yin en faire un de bon vi-
naigre : fufpendez-y dedans un nouet contenant cin
livres de tartre crud réduit en poudre fubtile , & arrofe
d'une livre d'huile de vitriol : il faut agiter de tems
en tems le nouet. Le vinaigre eft pénétrant , atté-
nuant , aftringent : c’eft un bon reméde contre les
piqûres des ferpens : pris intérieurement il réfifte à
la corruption & au venin. La fumée du vinaigre ar-
rête le fang dans l’hémorragie du nez: appliqué au
nez & pris Imtérieurement , 1l convient aux affettions
foporeufes : fon odeur guérit la fyncope. Le vinaigre
eft contraire aux hypocondriaques , aux mélancoli-
ques , aux goutteux,
VINAIGRE rofat. Prenez de gros boutons de rofes
rouges appellées rofes de Provins : coupez-en l’on-
glet , c’eft la partie blanche couverte du calice ; faites
fécher cette partie rouge au foleil : prenez une livre
de ces rofes ainfi féchées ; mettez-les dans une forte
bouteille de verre : verfez-y dedans huit livres de bon
vinaigre ; bouchez la bouteille, & expofez-la au fo-
leil pendant environ trois femaines ; après quoi coulez
& exprimez le tout : verfez l’'expreflion dans la même
bouteille ; expofez-la au foleil lesmême efpace de
tems : coulez le vinaigre en exprimant bien le tout,
& le gardez. Ce vinaigre peut fervir autant pour les
alimens que pour les remedes |
VIOLETTES. La violette eft d’une couleur purpu-
rine ou bleue : elle eft compofée de cinq feuilles,
fon odeur eft douce & fort agréable. La vio'ette croît
par toufles : elle fe multiplie par le moyen de fes ra-
cines qu'on éclate : celle qu'on cultive dans les jar
dins , eft la violette double. On doit la replanter tous
les trois ans : elle fe plait dans les lieux ombrageux.
Il lui faut une terre bonne & forte , & du foleil mé-
diocrement : on l’arrofe de tems en tems, & on doit
la tenir nette de toutes les méchantes herbes.
On fe fert en Médecine des fleurs de violettes, &
on en fait un fyrop propre pour tempérer la bile, iur=
tout la noire : il modere la chaleur des fiévres , remédie
à la toux , &t purge doucement. On doit choïfir pour
Kr 2
646 VIO VIP
ce fyrop de fleurs de Violettes fimples , humeltées de
la rofée , de belle couleur & odorantes. La femence
de Violette eft purgative , fur tout à l'égard des reins
& du calcul. La dofe eft depuis une dragme jufqu'à
trois.
VIORNE. Aïbrifleau dont les branches font ex-
trêmement fouples & rampantes : on s’en fert pour
lier des fagots : fes fleurs font blanches en forme de
bouquet ; elles portent de petits grains femblables à
des lentilles, lefquels font d'abord verds , puis rouges
&c enfin noirs ; on prétend que mis en poudre & pris
par la bouche, ils guériflent la diarrhée. La Viorne fe
plait dans les lieux frais: cette plante a un goût âcre
& brûlant, À
Elle eft propre en déco@tion pour la gratelle , & elle
nettoye les vieux ulceres étant appliquée deflus.
VIPERE ( la) efpéce de ferpent aflez femblable à
languille , long comme le bras & gros de deux pou-
ces, elle rampe lentement & ne bondit point comme
les autres ferpens. Elle pullule beaucoup, habite les
lieux rudes & pierreux.
Elle n’eft vénimeufe que par fa morfure : elle darde
fon venin par fa langue.
Les remédes extérieurs contre la morfure de la
Vipere , font de lier promptement la partie au-deflus
de la morfure en ferrant bien la ligature , afin d'em-
pêcher le venin de pénétrer, ou appliquer deflus la
tête de la Vipere qui a mordu, & fi la chofe ne fe
peut, on fera rougir un morceau de fer plat, & on
l'approchera de la plaie le plus près qu'il fera poflible ,
on en fcarifiera la plaie, &c on y appliquera de la thé-
riaque , ou un crapaud vif en forme de cataplafme ;
mais ces remédes doivent être appliqués promptement.
Les vertus des Viperes conviennent en général aux
maladies où il y a quelques venins , comme les fievres
malignes & peftilentielles : on s'en fert intérieurement
dans la galle maligne ; elles renouvellent la mafle du
fang ; leur graïfle ou huile eft bonne à ceux qui ont
les écrouelles : on prend les Viperes en bouillon ou en
oudre. Cette poudre fe fait aïnfi : on éventre & on
écorche les Viperes : on les fait fécher à la fumée de
E
AY EN 647
baïes de genievre , puis on les puivérife : & on y met
pour quatre parties de fleur de foufre & de myrrhe,
de chacune demi-partie , & on arrofe le tout de quel-
ques gouttes d'huile de canelle. \
La poudre de Vipere eft fort eftimée par la guéri-
fon qu’elle procure de certaines maladies, comme la
petite vérole , les fiévres malignes , & toutes les ma-
ladies où il faut réfifter au venin & purifier les hu-
meurs : la dofe eft depuis huit grains jufqu'à trente
dans du bouillon. Cette poudre fe fait avec la chair de
la Vipere | après qu’on lui a Ôté la tête , la peau &t les
entrailles ; on pile les tronçons de fon corps; on les
fait fécher & on les pafle au tamis. Le fiel & la graïfle
de Vipere font encore des remedes fort utiles pour les
maladies dont on vient de parler.
VIVES. Petit poiflon de mer. Maniere de les apprè-
ter ; 1°, au roux & aux câpres : après les avoir lavées,
cizelées & farinées , faites-les frire dans une friture de
beurre rafiné. Etant frites , faites fondre dans une
caflerole un morceau de beurre , puis une pincée de
farine & remuez , étant roux mettez-y perfl, ciboule,
champignons hachés ; mouillez du bouillon de poiflon ,
avec fel & poivre: faites mitonner vos Vives dans
cette faufle | enfuite dreflez-les dans un plat : mettez
une poignée de câpres dans la faufle , & liez-la d'un
coulis au roux.
En fricaflée blanche. Etant lavées & efluyées , on les
coupe par morceaux ; on les met dans une caflerole,
où l'on fait fondre un morceau de beurre frais, puis
on y met les Vives avec champignons , mouflerons ,
fel, poivre , bouquet, pincée de farine ; mouillez de
bouillon de poiflon & de vin blanc, & faites cuire à
etit feu.
VIVIER. Réfervoir ou piéce d’eau vive, où l'on met
du poiflon pour la provifion de la maifon : il doit
être profond an moins de quatre pieds ; revêtu de
terre forte ou de terre glaife : on y fait couler la de-
charge de quelque baffin ou de quelque ruifleau , car il
faut que le Vivier ait des fources qui le rafraïchiflent ,
autrement le poiflon fentiroit la boue. La perche, la
tanche , le brocheton y peuvent profiter , mais non la
Rr3
643 ULC
carpe, ni les autres ; car ces fortes d’endroits font trop
reflerrées pour que le poiflon y groffifle & muluiplie
comme il feit dens les étings. Les Viviers , ainfi que
les canaux & fofiés, doivent être curés tous les dix
ans.
Lorfqu'on a la commod'té d’avoir queiques trous
ou mares où l'eau ne tarit point on peut le creufer
jufqu’à ce que le fond foit de bonne t nue , & y mettre
dix ou douze carpes femelles, & trois ou quatre mâles,
& on en peut tirer plufieurs milliers d'alvms.
ULCERES dans la bouche. Remede. Gargarifez-la
avec du vin & de l’eau, ou de la décoétion de creflon
faite en eau , ou avec une décoftion de pilofele , con-
foude & verge d’or ; ou tenez dans la bouche le jus de
plantain ; ou mêchez fes feuilles & fes racines cuites.
ULCERE fur la langue. Gargarifez-vous avec le jus
de feuilles de moutarde mêlé avec un peu d'eau & de
miel, ou avec une décoétion chaude de plantain.
ULCERE de la gorge. Prenez plein le creux de la
main de chenevi, concafiez-le dans un -mortier ;
mettez par daflus chopine de verjus , mais prompte-
ment, de peur que le chenevi ne fe tourne en huile.
Le malade s’en gargarifera.
UzcER+rs des jambes. Appliquez deflus de Ia dé-
cofion de feuilles de ronce faite en vin ou en eau,
ou des pommes pilées , ou de la décoëtion de feuilles
de noyer avec un peu de fucre , dans laquelle il faut
tremper des plumaceaux appliqués médiocrement
chauds ; ou mettez des feuilles de noyer dans de l’eau
fur un petit feu : au bout de quelque tems retirez le
vaifleau ; baflinez l’ulcere avec l'eau , & appliquez les
feuilles deflus : continuez jufqu’à guérifon.
U:CERES au poumon. Woyez EMPIEME.
En genéral les ulceres au poumon fe guériffent fort
diffciiement, cependant on peut les guérir avec le
baume du Ferou , en le prenant comme on fume une
pipe, mais avec un tuyau fait exprès , & en faifant
entrer la fumée dans le poumon, & ne la laïflant pas
échapper par le nez. Le baume de la Mecque eft un
dès remedes le plus efficace : la dofe eft depuis cinq
ULC | 649
jufqu'à quinze. gouttes , le matin à jeun dans du vin
ou du bouillon. $
Pour quelques ulceres que ce foit. Prenez deux
jaunes d’œnf, deux cuillerées de miel, deux cuillerées
de farine de froment. Mêlez le tout enfemble , & en
appliquez fur les ulceres & fur les plaies. Ou mettez
deux cuillerées d'huile de noix avec autant d'eau de
chaux , ce fera un baume excellent pour les ulceres
& les brûlures. Ou prenez fix gros crapaux : met-
tez-les quatre jours fous un pot de terre dans un lieu
fec, comme une étable, pour dégorger leur venin;
puis mettez-les dans un autre petit pot de terre l'ef-
pace de vingt-quatre heures rempli d'eau-de-vie, en-
fuite prenez une chopine de bonne huile de lin : faites-
la bouillir dans une grande poële , & y mettez frire les
crapauds, jufqu’à ce qu’ils foient fecs comme du bois :
paflez fa liqueur dans un linge ; c’eft un baume excel-
lent pour les ulceres.
Urceres vieux & difficiles à cicatrifer. Prenez
“demi-once d’aloës , autant de mirrhe ; réduifez-les en
poudre déliée ; pilez-les enfemble dans un mortier,
en verfant deflus petit à petit des fucs d’abfinthe , de
grande éclaire & de plantain : mettez enfemble en
parties égales , ce qu'il faudra de ces fucs pour réduire
J'aloës & la mirrhe en confiftence de miel. Ajoutez-
y, s'il eft pofhble , un peu de poudre de fang de dra-
gon; & appliquez de ce remede étendu fur un plu-
maceau.
ULCERE malin & chancreux. Prenez quatre livres
ou environ d'eau de forge de Maréchal de la plus
ferrée : mettez-y demi once d’alun de glace , & deux
dragmes de verd-de gris en poudre , mêlez le tout en-
femble , & le faites bouillir à la diminution de ia hui-
tieme partie de l’eau. Trempez dans cette eau une
comprefle de linge de chanvre , & mettez-la fur lul-
cere bien nettoyé auparavant, & une bande par-
deffus.
Les feuilles vertes de lierre cuites en vin, confoli-
dent les grandes ulceres , ou faupoudrez-les de poudre
d'écailles d’huitres brülées.
Frottez de vif-argent une lame de plomb , & l'ap-
Rr 4
650 U L'EST Se
pliquez fur l’ulcere ; cette application continuée les
cicatrife.
Uzceres fales. Pour les deflécher , appliquez-y du
jus de mûres de ronces , ou de la poudre de vermou-
lure de bois de vieux chêne , ou de poireau pilé & in-
corporé dedans ; ou applatiflez une plaque de plomb,
de maniere qu’elle foit fort mince : percez-la d’une
épingle , pofez-la fur le mal, & y mettez une feuille
de lierre par deflus , & fur le lierre une comprefle, &
changez de feuille de lierre deux fois le jour.
ULCERESs creux & profonds. Appliquez-y du jus de
lierre incorporé avec du verd-de-gris, ou de la bé-
toine pilée avec un peu de fel.
S'il y a des vers dans les ulceres : appliquez-y des
feuilles récentes d’agrimoine avec du vieux oing en
cataplafme , ou de la grande fcrophulaire & de larro-
che puante pilées enfemble.
VITRIOL. Sel minéral qu’on tire comme le falpé-
tre par filtration ou évaporation des mines de cuivre.
Il y en a d2 quatre fortes, 1°. le blanc, on le tire
par évaporation des fontaines vitrioliques , c'eft une
pierre rougeâtre qui doit être en gros morceaux blancs,
purs & nets, d'un goût aftringent, & un peu äcre.
29, Le verd qui eft de trois fortes : celui d’'Allema-
gne , il eft en criftaux verds & bleuâtres , d'un goût
âcre : on s’en fert pour faire de l’eau forte ; celui
d'Angleterre , dont les criftaux font de couleur verte
& brune, d’un goût doux, aftringent; celui d'Italie
appellé Vitriol Romain , il eft de couleur verte, d'un
goût un peu âcre : on fe fert de ces fortes de vitriols
pour arrêter le fang extérieurement : on en fait aufh
de l'eau minéraie artificielle , &c de la poudre de
fympathie. 3°. Le bleu, on l'apporte de Chypre : il
_eft en criftaux bleus ; il eft âcre & cauftique : on s’en
fert pour confumer les chairs des ulcères, 4°. Le rouge
appellé autrement colcothar ; c'eft une pierre rougeà-
tre qui vient de Suéde & d'Allemagne : on le trou-
ve calciné dans la mine par des feux fouterreins : il
eft plus rare que les autres ; il {e diflout aifément dans
l'eau. Il entre dans la thériaque : on en fait d'artifi-
ciel en calcinant le vitriol verd une feconde fois à un
On
VOL Gs1
feu violent : il arrête le fang très-proprement. L'ef-
prit de vitriol eft une liqueur très-corrofive qui fe fait
par la diftllation avec du vitriol ordinaire qu’on a ré-
duit en poudre. On met cette poudre dans un vaïfleau
lutté , & on fait la diftillation d’aborä à petit feu &
enfuite par un feu violent & continuel pendant qua-
tre jours: enfuite ce qu'on trouve dans le récipient,
eft appellé efprit ou huile de vitriol. Il ouvre les’
obftruétions , tempére les ardeurs de la fiévre en le
mêlant dans la boïflon, depuis quatre gouttes juf-
qu'a douze. Tous les efprits du vitriol font propres
contre les vers, & pour fortifier l’eftomac & les in-
teftins. |
VOL ou larain. Il y en a de plufeurs fortes, 1°.
celui qui eft fait clandeftinement & fans violence, &
non accompagné de circonitances graves : ceux qui
font convaincus d'en être coupables font punis du fouet
pour la premiere fois : s’il y a récidive après avoir
été déjà repris en Juftice , ils font condamnés à être
pendus. |
29, Les vols commis dans les Eglifes, Maifons roya-
les, dans les Jurifdi@tions , & pendant l'Audience,
font punis de mort.
3°. Le vol des chofes qui fervent au fervice divin,
comme les ornemens d'Eglife, croix, chandeliers ,
lampes , doit être puni de mort. Le vol des Va-
fes facrés demande une plus grande punition : les
coupables font condamnés à faire amende honorable
devant la porte de l'Eglife où ils ont fait leur vol, à
avoir le poing coupé , être pendus , & leur corps jetté
au feu. |
4°. Le vol des chofes où le Public eft intéreflé,
parce qu’elles ne peuvent pas être gardées avec le
même foin que d’autres, & qui font par cette raïfon
fous la proteétion de la Juflice : tels font les char-
rues, charettes, herfes , les linges expofés au foleil,
les chevaux & beftiaux qui font au pâturage dans un
pré fous la foi publique. Les coupables de cette forte
de vol , doivent être punis févérement, & fuivant la
valeur de la chofe & les circonftances.
6s2 VOL
Voz du Chapon. On appelle ainfi un arpent de
terre autour du principal manoir, & qui eft accordé
au fils aîné par préciput dans les terres nobles.
VOLAILLE , ( Maniere d’engraïfler ‘la ) c’eft-à-
dire, les chapons , les poules , & fur-tout les jeunes.
Servez-vous pour cela d’une cage faite exprès , qu’on
appelle épinette , que l’on met dans un lieu chaud &
un peu fombre : avant que de les y enfermer plumez-
leur la tête & les entre-cuifles , & fous les aïles , pour
qu'elles aient moins de vermine : nourriflez-les d’une
pète compoiée avec la farine de millet & d’orge , ou
d'avoine ; d'autres fe fervent de farine de bled de
Turquie : faites-leur en avaler deux ou trois fois le
jour plufieurs morceaux plus longs que ronds , & com-
me des féves, & après les avoir trempés dans l'eau,
car cela leur fert de nourriture & de boïflon : donnez-
leur-en autant qu’elles en peuvent prendre ; conti-
nuant ainfi pendant un mois , les poulardes & les cha-
pons feront aufli grafles qu’on peut fouhaiter.
La volaille s’engraifle mieux en été qu'en hiver.
Pour pouvoir nettoyer le petit efpace qu’elles occu-
pent, & les garantir de la vermine, on les en fort de
tems en tems, & on les laifle prendre l'air uné heure
ou deux pour s’éplucher.
Maladie de la volaille. 1°. La pepie, c’eft une mala-
die caufée par une chaleur interne , & pendant laquelle
elles ne veulent boire , ni manger: on doit lever dou-
cement ce cartilage avec une aiguille, & leur laver
la langue avec du vinaigre. |
2°. Les enfermer fous une mue pendant deux ou
trois jours , & leur donner à boire de l’eau dans la-
quelle on met tremper de la graine de melon & de
concombre.
Pour le flux de ventre , leur donner à boire un peu
de vin chaud où l’on aura fait bouillir de la pelure de
coing , & pour nourriture de l'orge.
our taies ou cataraëtes fous les yeux, caufés par
le grand froid ou le grand chaud, leur donner de la
poirée hachée bien menu dans du fon de feigle , & un
peu de millet.
Pour la faim vorace , lorfqu’elles couvent & man-
j
A
| VOL 653
ent leurs œufs, on leur donne un œuf dont on a ôté
bia , & où l'on a détrempé du plâtre à la place,
de maniere que le tout foit dur comme une pierre.
Pour la vermine : les frotter de beurre, ou les laver
dans de l’eau où l’on aura fait bouillir du cumin.
Pour la galle : on les rafraîchit avec des bettes &
des choux hachés menu, & du fon détrempe.
Pour la goute : on leur graïfle les pieds & les jam-
bes de graïfle de poule.
Pour labcès au croupion : on le fend avec un
cifeau , & on les rafraichit de même que pour la
galle. ,
Pour le mal caduc qui les fait devenir maïgres, &
leur Ôte l'appétit: il n'y a pas d'autre remede à ce
mal difficile à guérir , que de leur rogner les ongles
des pieds, & les arrofer fouvent avec du vin; les
nourrir $ ou 6 jours d'orge bouilli, & enfuite avec
des bettes & des choux hachés menu.
Pour la phtyfie qui les fait devenir hétiques : il ny
a point de remede quand elle eft formée, on peut la
prévenir en leur donnant de l'orge bouilli avec de la
poirée.
Pour la mue à laquelle les petits poulets font fujets ,
& perdent leurs plumes , on ne doit point les lever
matin : il faut les expofer fouvent au foleil, leur jetter
avec la bouche du vin tiéde fur leurs plumes.
Pour la rupture de jambe : les mettre fous la mue,
c'eft-à-dire , dans une chambre avec bonne nourriture
& bonne eau , fans y laifler aucun bâton pour fe per-
cher, & ne jamais leur empaqueter ni lier la jambe :
le repos & la nature les guérit ; au refte, le froid
caufe aux poules beaucoup de maladies.
On fait un profit confidérable fur la volaille en la
portant vendre aux marchés voifins. Les poulets de-
uis le commencement du printems jufqw’au mois
d'O&tobre , ayant le foin de mettre les poules couver
de bonne heure. Les dindonneaux dans le mois d’A-
vril & de Juin, parce qu'ils font alors chers : les pou-
lardes depuis le mois d'Août jufqu’en Mars : les cha-
pons , les dindes & les dindons pendant tout l'hiver :
les oyes, depuis la fin de Septembre jufqu’au carême ,
6s4 VOL v OM. Le
les oifons , pendant le mois d'Août & Septembre , les
canards pendant tout l’hyver.
À l'égard des pigeons de colombier le débit en eft
fort confidérable , fur-tout aux mois de Mars & Sep-
tembre : on en peut vendre depuis le mois de Mars
juiqu’à la fin de l'année ; car la premiere volée eft dans
le courant du mois de Mars : les faifans, depuis le
mois d’Août jufqu’au carême , &c.
VOLAILLE roue, foit poulets, faifans, perdrix,
c. marmere de la couper. Prenez l'aile de la main
gauche ou avec une fourchette, coupez de la droite
avec le couteau la jointure de l'aile , & achevez de la
main gauche. 2°. Levez du même côté la cuifle, en
donnant un coup de couteau dans les nerfs de la
Jointure |, & tirez-la avec la main gauche : faites de
même pour l'autre côté. 3°. Coupez l’eftomach, la
carcafle , & le croupion en deux. Quand le pigeon
eft moyen, il fe coupe en deux par le dos en fai-
fant tenir le croupion avec les deux cuifles : le ca-
nard & les oïifeaux de riviere fe coupent par éguil-
lettes : enfuite on leve les aïles , les cuifles, & la
carcafle. Les lapreaux & les levreaux, on les fend
depuis le col en defcendant le long du dos , &c après
qu'on a levé le filet, on le coupe par morceaux en
travers.
VOLIERES pour les pigeons. Voyez Pigeons.
VoLierEs pour les perdrix. Woyez Perdrix.
VOLIERES pour les oifeaux de chant ou de plaïfir :
celles-ci font un fort bel effet dans un jardin. Lorf-
qu'on fe propofe de les faire fort grandes, & d'y
mettre diverfes efpeces d'oifeaux , il faut que ces
fortes de volieres foient à l’abri du nord, qu'elles
foient en partie couvertes, qu'il y ait dedans quel-
que piéce de gazon & quelques arbrifleaux & un ruif-
feau artificiel qu'on y fait pañler, le tout en grand
air, afin que les oifeaux s’y plaifent & sy perpé-
tuent.
VOMISSEMENT fréquent. Remede pour l'arrêter.
Prenez tous les matins deux bonnes cuillerées de
vin d'Efpagne. Ou, avalez de la poudre de rofes rou-
ges avec de la poudre de canelle dans du vin. Ap-
j VOM VO 6ss
pliquez fouvent fur l’eftomac un fachet plein d’abfinthe
éche. :
VOMISSEMENT après le repas. Prenez une cuille-
rée de fyrop de bayes du fureau , fait avec fucre &
avec miel. Ou, prenez avec un brin de paille, une
goutte d'huile de térébentine , après l'avoir fait dif-
foudre dans un bouillon ou taffe de thé. Ou prenez les
bouillons d’écrevifles. Voyez .colera morbus.
VOMITIFS (.les ), font néceflaires quand l’abon-
dance des humeurs eft fi grande qu’elles occupent
& furchargent l’eftomac , & courent rifque de pafler
dans le fang. Ils agitent & fecouent plus vivement
que les purgatifs , les parties qui font embarraflées :
ils les dégagent plus prômptement & plus efficace-
ment , & ils entrainent plus rapidement les mau-
vaifes humeurs. On les met en ufage dans toutes
les maladiés fubites & aigues, comme les apoplexies
féreufes , léthargies , les catharres fuffoquans , les
vapeurs & étourdiflemens , les embarras , péfanteurs,
grandes douleurs de tête, l'hydropifie , boufhflure ,
Jjaunifle , pâles couleurs, & autres maladies invété-
rées qui dépendent des obftruétions des vifceres du
bas ventre : on les emploie encore dans les fymptô-
mes avant coureurs de la petite vérole & de la rou-
geole maligne , dans les fiévres ardentes , même pef-
tilentielles ;
Ils conviennent principalement aux gens qui font
d'un tempérament robufte , qui ont la poitrine am-
ple & large, & l’eftomac fort : ainfi onne le doit
donner qu'avec précaution à ceux qui font d’un tem-
pérament délicat.
En général les Vomitifs doivent être précédés ,
autant qu'il eft pofñble, de la faignée , pour défem-
plir les vaifleaux , & par des lavemens , pour dégager
le bas ventre.
On en doit régler fort exatement la dofe , & pour
ne pas s'y tromper il vaut mieux donner la moitié de
celle qui eft marquée pour chaque âge , fauf à la réité-
rer , fi le reméde n'opéroit pas.
On donne les Vomitifs à toute heure lorfque l’oc-
cafion eft preffante , comme dans les apoplexies , les
656 VO: URI
paralyfies , & on les réitere deux ou trois fois de
fuite felon la néceflité, ne lsiflant qu'un quart-d’heure
de diftance. Voyez Tartre Emétiq.
VOYERIE eît le droit d'infpe@ion que les Oficiers
appellés Voyers, qui font ordinairement les Tréfo-
riers de France , ont fur les chemins , ponts, levées, &
autres édifices publics , le pavé de la ville & de la
campagne : ils ont, en outre , le droit de donner des
alignemens pour empêcher qu’on n’entréprenne fur la
voie publique par des faillies , des auvents, des ave-
nues, & de faire étayer les maïfons qui menacent
ruine.
On entend aufli par le terme de Voyerie, une
place à la campagne que le Seigneur jufticier du lieu
eft obligé d'abandonner au public pour y porter toutes
les immondices. |
URINE (}}) eft une efpece d’excrément du fang ;
c'eft un mélange de difiérentes parties , entre lef-
quelles , celles qui font aqueufes, dominent fur les
parties falines , fulphureufes & terreftres , en quantité
a peu près égale. |
Lorfque les urines font dans leur état naturel, elles
ont la fluidité de Peau commune ; maïs elles font plus
pefantes : elles ont une odeur qui n’eft ni bonne, ni
mauvaife, & feulement un peu Fe
Les urines changent par rapport à l’âge, à l’ufage
qu'on fait des nourritures & des boiflons, & à la va-
riété des faïfons.
La couleur des urines eft différente felon la diver-
fité des maladies : elles font claires & tranfparentes
dans les maladies hypocondriaques & les palpitations
de cœur, c'eft à caufe de la grande férofité qu'elles
contiennent , & de l’épaifhflement du fang.
Celles qui font blanches entiérement , crues & fans
coction font regardées comme un figne dangereux dans
toutes les maladies du cerveau , les apoplexies , les
Es 2 De
léthargies , les fiévres malignes ; elles les pronoftiquent *
même.
Si elles font rouges & ardentes , elles marquent
quelque grande fermentation interne , à moins qu’el-
les n'aient pris cette teinture , ou une autre , de cer-
URI 67
tains alimens comme les betteraves, ou même des re-
medes.
Les Urines font opaques & troubles dans les dou-
leurs de têtes, dans les cours de ventre, dans l’hy-
dropifie naïffante ; enfin les différentes altérations que
la bile imprime au fang , contribuent à teinäre les uri-
nes, & à leur donner différentes couleurs. |
Les urines péchent auffi par leur trop grande ou
trop petite quantité. Le premier défaut eft fouvent
fuivi des infomries , des laffitudes , de la maigreur.
Le fecond eft nan de vomiflemens , d'affec-
tions foporeufes, de difhculté de refpirer , & d’autres
maux. Au refte , l'infpeéhon des urines , quoique
très-utile , ne peut pas fournir feule de quoi rien con-
clure , & aflurer de certain & de pofitif fur l’état &
les fuites d’une maladie , il faut néceflairement les con-
férer avec les autres fymptômes.
. URINE. ( rétention d’) Elle peut venir : 1°. des
- glaires , fable ou pierres qui fe forment dans les
reins , & qui bouchent le païlage, Woyez Reins. 2°.
Pour avoir trop long-tems retenu fon urine. 3°. Par
la paralyfie qui a affoibli les fibres de la veflie , com-
me il arrive aux vieillards. Ces deux dernieres fup-
preflions d'urines durent ordinairement 21 jours, &
peuvent aller jufqu'au quarante-unième.
Le remede unique à ce mal eft la fonde que l’on
laïfle dans la veflie, après les premieres évacuations :
enfuite en la bouche, & on la débouche toutes les
deux ou trois heures. Lorfque l'urine fort par les
côtés de la fonde, on peut l'ôter quelque-tems pour
voir fi la veflie a repris fon reflort , fauf à la remet-
tré quelques heures après , fi les urines ne cou-
lent pas naturellement , le malade étant preflé d’u-
riner.
2°. Pendant. l'ufage de la fonde on doit faire des
injections foir & matin avec une décoétion d'orge,
de racine d’ariftoloche longue , & du miel de Nar-
bonne. 3°. Frotter la région de la veflie avec du
baume de pareira brava, y appliquer une d£coGion
d'herbes émollientes. 4°. Prendre des émulfions lé-
geres , des lavemens rafraichiflans, & ne fe nourrir
6:3 URI U S A
que de bouillons & de gelée. S'il n’y a pas de fiévre ;
on peut manger quelque potage & quelques œufs
frais. «
URINE ( ardeur d’) ou urine rendue difficilement.
Remede , avalez une décoétion de mauve avec du
fyrop violat. Ou bien, prenez une poignée & demi
de feuilles de guimauve , deux dragmes de beurre
frais , demi-livre de miel : faites bouilhrle tout dans
deux pintes & demi d'eau, jufqu'à la diminution de
la troïfiéme partie : paflez-le , & ufez de cette boïflon
que vous prendrez chaudement.
Dégouttement d'urine, ou urine rendue goutte à
outte avec douleur. Remede : faites cuire devant le
Fu 4 ou $ grofles pommes de reinettes , prenez-en
toute la moëlle : faites la bouillir dans une pinte d’eau
de fontame, & buvez dans l'efpace d’une heure
cette quantité d'eau le foir en vous couchant. Autre
remede : pilez deux écreviiles vivantes dans un mor-
tier , verfez deflus un peu d'eau , exprimez-en le fuc,
& l’avalez.
Flux d'urine involontaire , ou fans le fentir, ou
incontinence d'urine. Mangez des œufs fricaflés , où
l'on aura mis de la poudre de fouris féchées au four.
Ou avalez en vous couchant une cervelle de lievre dé-
trempée dans du vin. Autre remede, prenez pendant
un mois dans un peu de vin rouge , une dragme de
poudre de limaces rouges defléchées au four, ou le
gefier d’un coq roti & mis en poudre.
URINE fanglante ou piflement de fang. Prenez une
décoétion de lierre de terre , ou d’agrimoine mêlé
avec le millepertuis , ou de racines & feuilles de
mauve faite en eau à la confomption de la moitié ,
& ce, pendant trois mois à jeun.
USAGERS. On appelle ainfi ceux qui ont droit de
faire paître les beftiaux dans les forêts des particu-
liers, & non du Roi, & d'y prendre une certaine
quantité de bois. Mais les Ufagers n'ont droit dy
mettre que 2 vaches & 4 porcs , & ce ne doit être que
dans les bois qui onttrois ans de coupe pour le moins,
& dans les jeunes taillis, que lorfqu'ils ont $ ans:
les gros Ufagers font ceux qui ont droit de prendre
dans
U S À V UE 659
dans les forêts un certain nombre d’arpens de bois, (oie
pour bâtir, foit pour £e chauffer, Les menus ufages fonc
ceux qui n’ont droit de prendre que pour leurs befoins,
le bois brifé ou arraché , les bois fecs , les bois morts :
mais on ne peut jouir de ces divers droits fans avoir
untitre, ou du moins une pofleflion immémoriale
VUE. foibleffe de vue ou vue trouble. Mettez les
foies ou les inteftins des goujons de riviere dans une
bouteille de verre expofée à une douce chaleur du fo-
leil; ils fe convertiront en une liqueur jaune & hui-
leufe : appliquez-en fur les yeux.
Vue perdue fans que rien paroiffe dans l'œil, Pre-
nez une pinte d'eau commune , chopine de vinaigre , &
à proportion de farine de féves. Mettez le tout enfem-
ble dans un baffin , & faites-le bouillir , comme pour
de la bouillie : étendez fur des étoupes cette bouillie en
forme de cataplafme , & appliquez-le fur le frone du
malade lorfqu’il va fe coucher : retenez les éroupes ,
avec un linge , & réitérez tous les foirs,
Vue perdue après la petite vérole. Prenez des feuilles
de lierre de terre, de celles de trefle à fleurs rouges
ayant une tache blanche au milieu de chaque feuille,
& de celles de grande éclaire , un peu moins de lierre
que des deux autres. Pilez-les toutes enfemble ; demi -
heure après tirez le jus avec forte expreflion : mettez-le
enfuite dans une bouteille de verre ou de grais bien bou-
chée : appliquez-en matin & foir fur les yeux malades
avec une plume jufqu’à guérifon. Mais s'il y avoit fu-
xion ardente dans les yeux, ce remede ne ferviroit de
rien.
Vues qu'on eft en droit de faire fur les fonds de fon
voifin. Lorfque le mur eft mitoyen, on n’y peut faire
aucune vue fans le confentement du voifin. S'il ne l’eft
pas, & qu'il foic à fix pieds diftance , on y peut faire
de telles vues qu'on veut; mais s’il n’a que deux pieds,
on n'y peut faire que des vues biaifes , ou des vues à
fer maillé & à verre dormant.
VULNÉRAIRES ( herbes ) les meilleures font la
pyrole, le pied de lion, l’angélique fauvage , la ver-
ge d'or, la fanicle , la petite pervenche, la bugle, la
véronique mâle rampante , l'agrimoine , le fcordium ,
Tome II. Ss
660 VUL
la germendrée , le lierre de terre ; il les faut cueillir
dans leur force , les fécher à l’ombre entre deux lin-
ges & les mêler en parties égales , & les conferver en
heu fec dans un fac de papier. Ces herbes font d'une
grande utilité contre toutes les maladies caufées par
la corruption du fang : telles que les hémorroides , les
dyffenreries, les hydropifies , les opilations de foie :
elles fe donnent avec füreté dans toutes les hémorra-
gies. Ce remede diflout le fang extravafé & coagulé
dans le corps par des chutes ou des meurtriflures &
des efforts violens. En voici l'ufage. Prenez le poids
de demi-gros de Vulnéraires aflorties : mettez-les dans
un pot de terre verniflé : mettez-y par-deflus un demi
feptier de bon vin , ou de bouillon fait avec le veau :
couvrez le pot exactement , & le laiffez infufer jufqu’à
ce que ces feuilles foient tombées au fond ; verfez en-
fuiré la liqueur par inclination dans une taffe : ajoutez-
y un peu de fucre; prenez le matin à jeun la premiere
prife chaude , & deux ou trois prifes dans la journée :
on en continuera l'ufage plus ou moins long-tems felon
la maladie : on augmente les dofes des herbes felon
le befoin.
Ÿ
à
F
YEB YEU 661
Re
st
à 4
Venre , plan te de la nature du fureau , plus baffe
que le fureau ordinaire ; elle croît dans les lieux incul A
ces. Son étorce purge par bas, les férofités du corps :
elle eft bonne aux inflammations & aux éréfipeles : la
dofe eft depuis trois dragmes jufqu’à demi once. Ses
fleurs ramolliflent & pouflent par les fueurs, Ses feuil-
les appliquées cal ment les douleurs de la goutte, &
diffipent les tume urs acqueufes.
YEUX ( maladies des ) ( les) viennent ordinaire-
ment de l'influence de l'humeur du cerveau. Ainfi on
doit avoir recours aux faignées , aux purgations , cau-
teres ,& autres re medes qui épuifent l'humeur ou la
détournent.
En général , le régime qu’on doit obferver contre les
maladies des yeux , c’eft d'éviter le feu, la fumée , la
poudre , l'air trop chaud , l'excès du vin, de pleurer
Jlong-tems, de lire des lettres menues, de trop veiller.
Les remedes qu'on applique fur les yeux, doivent être
appliqués tiedes.
Inflammation des yeux. Prenez couperofe blanche
en poudre deux dragmes, verd de gris en poudre une
dragmes ; mélez-les enfemble , 8 mettez-les dans une
terrine verniflée qui réfifte au feu : jettez fur ces dro-
gues trois pintes d’eau bouillante , remuez le tout avec
une fpatule jufqu’a ce que l’eau foit froides , & mettez-
la dans une bouteille, Quand on voudra s’en fervir , il
faut la remuer & l’agiter : faites-la tiédir : trempez-y
une comprefle, & entourrez-en les yeux en vous cou-
chant. Si le mal prefle on en coule dans les yeux quel-
ques gouttes cinq à fix fois par jour.
Autre remede contre ce mal. Prenez de la pulpe ou
moëlle d'une pomme grillée devant le feu : délayez-la
dans un pot de lait, & ajoutez-y une demi-poignée de
poudre de fafran , & appliquez ce collyre fur les yeux
malades. .
On peut encore faire un collyre avec de la leffive,
Ss z
662 | YEU
faite des cendres de bois de farment : car toutce qui
vient de la vigne eft bon aux yeux.
Fluxion fur les yeux. Prenez deux onces de chaux
vive filtrée ; diflolvez y une dragme de fel ammoniac
en poudre : verfez la diffolution dans une bafline de
cuivre, laiflez la dedans pendant une nuit jufqu’à ce
que la baffine foit devenue bleue : filtrez la , & la gar-
dez enfuite pour en faire un collyre. Ce remede eft fort
bon pour nettoyer les yeux de leur fanie ; deffécher les
peuts ulcéres qui y viennent , & confumer les cataractes.
Sang répandu fur les yeux par fluxion ou autres cau-
fes. Pienez des fommités de branches d’abfinte : pilez-
les en les mélant avec du blanc d'œuf & de l’eau-rofe;
faires-en une efpéce d'emplâtre fur un linge & étendez-
le au-deflus de l'œil malade.
Meurtriflure des yeux. Aufh-tôt le coup reçu, ap-
pliquez fur l’œil du plomp , du fer , ou autre chofe froi-
de pour empêcher le fang d’y fluer : enfuite mélez un
blanc d'œuf avec l'herbe feule d'agrimoine, froiflée en-
tre les mains ; mêlez le rout fur l'œil avec une compreffe.
Corps étrangers entrés dans les yeux. Si c'eft une pail-
Je ou fetu , on prend un morceau de cire d'Efpagne bien
frotté contre du drap ; on l'approche de l'endroit où eft
la paille, & celle-ci s’y attache. Si ce font des pailles
de fer ou d'acier ; approchez-en une pierre d’aimant. Si
c'eft de la poufiere, on applique fur l'œil un morceau
de chair de veau.
Chafle des yeux: lavez.les avec l’efprit de vin: ou
faites-y une injection de jus de pourpier & de plan-
tain. Ou, prenez de l’eau-rofe quatre onces , diflolvez-
y un peu de fel ammoniac environ deux fcrupules , de
maniere que la langue en fente l’acrimonie : verfez
enfuite la liqueur dans un vaifleau de cuivre, & ly
laiflez jufqu'à ce qu'elle ait pris une legere couleur
bleue ; retirez-la alors , & gardez la dans une bouteil-
le, 11 faut en laifler tomber quelques gouttes dans
l'œil deux ou trois fois le jour , & continuer jufqu'a ce
que la tache foit diffipée. Si elle caufe trop de cuiffon,
on y ajoutera un peu d'eau-tofe. Dans l’ophthalmie ,
il faut fe baffiner fouvent les yeux avec fon urine un
peu tiéde auparavant. Epk. d'Al, ke
À YEU €é3
Taches des yeux. Faites durcir un œuf, coupez:le
en deux, Ôtez le jaune; rempliffez le vuide de coupe-
rofe blanche en poudre, fufpendez le dans une cave
au-deffus d’un vafe ou verre qui recevra la liqueur qui
en découlera, mettez de cette liqueur dans l'œil,
_Tayes des yeux. Appliquez fur les tayes une ou plu-
fieurs feuilles de trée taché , pilées , ou de la graiffe de
couleuvre une fois le jour, Voyez Goute [ereine & vie.
Foibleffe des yeux ou de la vüe. Remede. Prenez de
là racine de valérianne & des feuilles de tabac de chae
cun deux gros : réduifez le tout en poudre fabtile : ajoù.
tez-y des huiles diftillées de lavande & de marjolaine
de chacune trois gouttes. Prenez de cette poudre en
guife de tabac. Eph, d'AIL |
Larmoyement involontaire des yeux. Introduifez une
feuille de bétoine dans chaque narrine : il faut les y laif-
fer pendant une demi-heure ; réitérez cela de tems en
tems.
Maux des yeux des chevaux, On connoît ce mal en
ce que les yeux du cheval font pleurans , rouges & en-
flés. Si le mal vient d’une fluxion, gardez-vous de le
faigner , cela lui feroit perdre les yeux. 1°. Otez-lui
abfolument l’avoine; donnez lui pour nourriture du fon
mouillé : ne le faites point travailler , & ne le tenez
ni trop chaudement ni trop froidement. 2°. Prenez le
glaire d’un œuf frais , autant d'eau-rofe , gros comme
une noifette de couperofe blanche en poudre fubrile ,
agitez le tout avec une fpatule , appliquez le {ur l'œil ,
il détournera la Auxion : notez qu’il ne faut pas changer
facilement de remede pour ces maux. Autre remede.Pre-
nez trois Ou quatre pommes de reinette cuites fous les
cendres : après avoir Ôté les pepins, pilez-les dans un
mortier de marbre , arrofez les pommes d’eau de laitue
ou de chicorée, puis avec de la filaffe , appliquez-le fur
l'œil du cheval, & réitérez. Ce remede ôte la douleur
& l'inflammation.
Si la fluxion vient d'un coup fur l'œil, & que le
coup ait été grand, faignez le cheval du col & en abon-
dance : ôtez-lui l’avoine & donnez-lui du fon mouillé.
À l'égard des remedes, on peut ufer de ceux qu'on vient
de marquer,
éé4 VE ‘+
S’il refte une blancheur dans l'œil du cheval ; prenez
_ du fel ammoniac pilé fin, & mettez-en dans l'œil juf-
qu'à guérifon ; & au défaut du fel ammoniac, on peut
fe contenter de fel commun pilé fort fin.
YVRAIE. Mauvaife herbe fortconnue qui croît par- ?
mi les bleds, fes grains qui font noirs ont une forte de
chaleur capable d’enyver : elle porte fur fa tige un épi
chargé de gouffes piquantes : dans lefquelles font quel-
ques grains noirs qui ont la force d'enyvrer. L'yvraie
eft produite par la putréfaétion du froment & de l'orge,
laquelle eft caufée par les grandes pluies. Ainf les ter-
res fortes & humides font plus fujettes à avoir de l'y-
vraie que les autres : mais dans les années où le mois
de Mai eft fec , il arrive fouvent que le mauvais grain
fe convertit en bon.
Fin du fecond Volume,