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Full text of "La littérature syriaque"

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j^j-^-ftitsyi 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  witin  funding  from 

University  of  Toronto 


littp://www.arcliive.org/details/lalittraturesyOOduva 


Bîhliotbèque 
de  ï  enseignement  deVEistoire  ecclésiastique 


Sollicités  de  divers  côtés  de  reprendre,  avec  les  seules 
ressources  de  l'initiative  privée,  le  projet  confié  jadis 
par  S.  S.  Léon  XIII  aux  cardinaux  de  Luca,  Pitra  et 
Hergenrœther,  à  la  suite  de  la  lettre  pontificale  sur  les 
études  historiques,  —  savoir  la  composition  d'une  «  His- 
toire ecclésiastique  universelle,  mise  au  point  des  pro- 
grès de  la  critique  de  notre  temps  >,  —  nous  nous  sommes 
déterminés  à  entreprendre  la  publication  de  cette  col- 
lection pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement  de  l'his- 
toire ecclésiastique.  On  a  distribué  la  matière  en  une 
série  de  sujets  capitaux,  chacun  devant  constituer  un 
volume  indépendant,  chaque  volume  confié  à  un  savant 
sous  sa  propre  responsabilité,  chaque  collaborateur 
chargé,  non  pas  tant  de  produire  un  travail  original, 
que  de  dire  où.  en  est  la  science,  où  elle  se  trouve  et 
comment  elle  se  fait.  Nous  n'avons  pas  l'intention  de 
faire  œuvre  pédagogique  et  de  publier  des  manuels 
analogues  à  ceux  de  l'enseignement  secondaire,  ni  da- 
vantage œuvre  de  vulgarisation  au  service  de  ce  que 
Ton  est  convenu  d'appeler  le  grand  public:  il  y  a  une 
œi^vre  plus  urgente  à  réaliser  en  matière  d'histoire  ec- 
clésiastique, plus  conforme  aux  vues  exprimées  par  le 
Souverain  Pontife,  un  œuvre  de  haut  enseignement, 


puisque,  en  matière  d'histoire  ecclésiastique;  il  n'existe 
pas,  du  moins  en  pays  de  langue  française,  de  publi- 
cations intermédiaires  entre  les  manuels  élémentaires 
et  des  œuvres  comme  celles  de  Janssen,  de  De  Rossi 
ou  de  Hefele.  Nous  croyons  que  nous  répondrions  au 
désir  de  bien  des  maîtres  et  de  bien  des  étudiants  de 
l'enseignement  supérieur  français,  autant  que  de  bien 
des  membres  du  clergé  et  de  l'élite  des  catholiques, 
si  nous  réussissions  à  créer  une  collection  compa- 
rable pour  le  plan  à  V Histoire  universelle  de  W.  Onc- 
ken.  Pour  cette  œuvre  nous  nous  sommes  adressés  à  des 
hommes  de  science,  ayant  déjà  fait  leurs  preuves.  Le 
plan  des  sujets  à  traiter  a  été  conçu  de  façon  que  l'en- 
semble des  vingt-cinq  ou  trente  volumes  qui  compo- 
seront notre  collection  embrasse  toute  l'histoire  générale 
de  l'Église.  Les  volumes  ne  paraîtront  ni  dans  l'ordre 
chronologique,  ni  à  dates  fixes,  mais  à  mesure  qu'ils 
seront  prêts.  Et  chaque  volume,  de  300  à  400  pages, 
se  vendra  séparément.  La  direction  générale  de  la 
publication  est  confiée  à  un  comité,  sous  la  présidence 
de  M^'' Pierre  Batiffol,  recteur  de  l'Institut  Catholique 
de  Toulouse. 

V.  Lecoffre. 


Bibliothèque  de  l'enseignement  de  l'Histoire  ecclésiastique 

Les  origines  du  catholicisme. 
Le  christianisme  et  l'empire  romain. 

Les  églises  du  monde  romain. 
Les  anciennes  littératures  chrétiennes. 

La  théologie  ancienne. 

Les  institutions  anciennes  de  l'Église. 

Les  églises  du  monde  barbare.  —  Les  églises  du  monde  syrien. 

L'église  by:{antine.  —  L'état  pontifical. 

La  réforme  du  XI"  siècle.  —  Le  sacerdoce  et  l'Empire. 

Histoire  de  la  formation   du  droit   canonique. 

La  littérature  ecclésiastique  du  moyen  âge. 

La  théologie  du  moyen  âge.  — Les  institutions  de  la  chrétienté. 

L'Eglise  et  l'Orient  au  moyen  âge. 

L'Église  et  le  Saint-Siège  de  Boniface  VIII  à  Martin  V. 

L'Église  à  la  fin  du  moyen  âge. 

La  réforme  protestante.  —  Le  concile  de  Trente. 

L'Église  et  l'Orient  depuis  le  XV"  siècle. 

La  théologie  catholique  depuis  le  XV I^  siècle. 

Le  protestantisme  depuis  la  Réforme. 

L'expansion  de  V Église  depuis  le  A'TT  siècle. 

L'Église  et  les  gouvernements  d'ancien  régime. 

L'Eglise  et  les  révolutions  politiques  (1789-1870). 

L'Église  contemporaine. 


Bibliollièquc  de  renseiguemeul  de  l'Uisloire  ecclésiastique 

VOLUMES    PARUS  : 

Le  Christianisme  et  lEmpire  romain,  de  Néron  a  Théodose,  par 
M.  Paul  Allard.  Troisième  édition. 

Anciennes  littératures  chrétiennes  :  I.  La  littérature  grecque, 
par  M.  Pierre  Batiffol,  recteur  de  l'Institut  catholique  de 
Toulouse.  Deuxième  édition. 

Anciennes  littératures  chrétiennes  :  IL  La  littérature  syria- 
que, par  M.  RuBENS  Duval.  professeur  au  Collège  de  France. 

Deuxième  édition. 

Chaque  volume  in-1:^.  Prix  :  3  fr.  50 


POUR  PARAITRE  PROCHAINEMENT 

Histoire  des  dogmes  :  1.  La  théologie  ancienne,  par  M.  L.  J. 
TixERONT,  professeur  à  l'Institut  catholique  de  Lyon. 

Anciennes  littératures  chrétiennes  :  III.  La  littérature  latine, 
par  M.  Paul  Lejay,  professeur  à  l'Institut  catholique  de 
Paris. 

La  Réforme  du  XI®  siècle,  par  M.  Chénon,  professeur  à  la 
Faculté  de  droit  de  l'Université  de  Paris. 

Les  Institutions  de  la  Chrétienté,  par  M.  Edouard  Jordan, 
professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Rennes. 

Les  Papes  d'Avignon,  par  leR.  P.  Louis  Guérard,  de  l'Oratoire. 

Le  grand  Schisme,  par  M.  Salembier,  professeur  à  la  Faculté 
de  théologie  de  Lille. 

Histoire  des  dogmes  :  IL  La  théologie  du  moyen  âge,  par  le 
R.  P.  Mandonnet,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie  de 
l'Université  de  Fribourg. 

Les  origines  du  Protestantisme  et  de  l'esprit  moderne,  au 
xiv«  et  au  xv«  siècles,  par  le  R.  P.  Baudrillart,  professeur 
à  l'Institut  catholique  de  Paris. 

L'Église  au  XV*  sciècle.  I.  Histoire  politique  et  religieuse, 
par  M.  Jean  Guiraud,  professeur  à  la  facuHté  des  lettres 
de  l'Université  de  Besançon. 

La  Réforme  protestante,  par  M.  Imbart  de  la  Tour,  profes- 
seur à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Bordeaux. 

L'Église  et  les  gouvernements  d'ancien  régime,  par  M.  Gau- 
chie, professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

L'Église  et  les  Slaves,  par  le  R.  P.  Pierling,  S.  J. 

L'Église  contemporaine,  par  M.  Georges  Goyau,  ancien  mem- 
bre de  l'École  française  de  Rome. 


Bibliothèque 
de  renseignement  de  l'Histoire  ecclésiastique 

ANCIENNES  LITTÉRATURES  CHRÉTIENNES 
II 

LA  LITTÉRATURE  SYRL\QUE 


Bibliothèque  de  l'Enseignement  de  l'Histoire  ecclésiastique 

ANCIENNES 

LITTÉRATURES  CHRÉTIENNES 

II 

LA  LITTÉRATURE  SYRL\QUE 

PAR 

RrBENs    DUVAL 


DEUXIEME    EDITION 


PARIS 
LIBRAIRIE    VICTOR    LECOFFRE 

RUE     BONAPARTE,     90 
1900 


AVA^T -PROPOS 

DE  LA  PREMIÈRE  ÉDITION 


La  littérature  syriaque  avait  sa  place  marquée 
dans  la  Bibliothèque  de  renseignement  de  VHis- 
toire  ecclésiastique,  car  elle  constitue  une  des 
principales  sources  de  l'histoire  de  TEglise  orien- 
tale. Le  livre  qui  lui  est  consacré,  a  été  di^s-isé  en 
deux  parties  :  dans  la  première,  on  s'est  proposé  de 
donner  une  ^^le  d'ensemble  des  œuvres  littéraires 
qui  nous  sont  parvenues  des  Syriens;  la  seconde 
renferme  de  brèves  notices  sur  les  auteurs  syria- 
ques, classées  suivant  l'ordre  chronologique,  d'a- 
près le  modèle  de  l'article  de  W.  Wright  sur  la 
littérature  syriaque  dans  le  XXIP  volume  de  VEn- 
cyclopedia  britannica^.  Les  textes  édités  jusqu'à 
ce  jour  forment  une  bibliothèque  de  plus  de  deux 
cents  volumes,  dont  la  majeure  partie  a  paru  pen- 
dant ce  siècle.  Nous  croyons  avoir  mentionné  tous 

I.  Une  édition  à  part  de  cet  article  a  été  faite  après  la  mort 
de  l'auteur  :  A  short  Hislory  of  syriac  LUerature  by  Ihe  Me 
William  Wright,  Londres,  1894.  C'est  cette  édition  que  nous 
avons  citée  dans  les  notes  de  ce  livre  sous  le  titre  de  Wright, 
Syr.  lit.,  2*  éd. 

6 


X  AVANT-PROPOS. 

ceux  qui  présentent  quelque  intérêt  littéraire ,  mais 
nous  avons  laissé  de  côté  les  publications  faites 
dans  un  but  pratique,  telles  que  liturgies,  rituels  et 
bréviaires. 

La  littérature  syriaque  n'est  réellement  entrée 
dans  le  domaine  des  études  orientales  que  depuis  le 
XIX°  siècle,  quoique,  dès  le  commencement  du 
XVIIP,  Joseph  Simon  Assémani  en  ait  révélé  l'im- 
portance en  écrivant  sa  célèbre  Bibliotheca  orîen- 
talis.  Cette  œuvre  capitale  demeura  sans  rivale; 
elle  suffisait  aux  besoins  du  temps.  Autrefois  l'é- 
tude du  syriaque ,  qui  avait  principalement  en  vue 
l'exégèse  biblique,  n'était  pas  poussée  très  loin. 
La  version  syriaque  de  TAncien  et  du  Nouveau 
Testament ,  dite  La  Peschitto ,  avait  été  éditée 
dans  les  Polyglottes;  en  1669,  Edmond  Castell 
avait  rédigé  son  Lexicon  heptaglotton  pour  la  Po- 
lyglotte de  Londres.  C'est  sur  ce  fonds,  grossi  de 
quelques  autres  publications  analogues ,  que  l'on 
vivait;  il  fournissait  la  matière  des  livres  d'ensei- 
gnement :  grammaires,  chrestomathies  et  lexiques. 
Quand  la  Bibliotheca  orientalis  d' Assémani  eut 
paru ,  on  lui  emprunta  quelques  textes ,  mis  à  la 
portée  des  élèves;  le  Chronicon  syriacum  de 
Barhebraeus,  édité  par  Bruns  et  Kirsch,  à  Leipzig 
en  1789,  procura  ensuite  quelques  nouvelles  contri- 
butions aux  chrestomathies. 

Si  l'on  excepte  Renaudot  qui ,  dans  sa  collection 
des    liturgies    orientales ,    traduisit   les    liturgies 


AVANT-PROPOS.  m 

syriaques,  il  faut  reconnaître  que  c'est  aux  Maro- 
nites et  notamment  à  la  famille  des  Assémani  que 
revient  Thonneur  d'avoir  initié  les  savants  de  l'Eu- 
rope aux  richesses  littéraires  renfermées  dans  les 
manuscrits  syriaques.  Ces  manuscrits  n'étaient  pas 
encore  très  nombreux  dans  nos  bibliothèques. 
J.-S.  Assémani  avait  doté  la  Bibliothèque  du  Vati- 
can d'une  belle  collection,  qu'il  tira  en  partie  du 
couvent  de  Notre-Dame  des  Syriens,  situé  dans  le 
désert  de  Nitrie  (ou  Scété)  en  Egypte  ;  c'est  dans 
cette  collection  qu'il  prit  les  matériaux  de  sa  Biblio- 
theca  orientalis.  Le  catalogue  des  ms.  orientaux 
du  Vatican,  qu'il  rédigea  avec  l'aide  d'Etienne 
Evode  Assémani,  permettait  à  d'autres  Orientalistes 
de  continuer  et  d'améliorer  son  œuvre ,  mais  la  Bi- 
bliothèque Vaticane  était  alors  peu  accessible  aux 
étrangers.  Les  autres  bibliothèques  de  l'Europe, 
moins  riches ,  n'avaient  pas  encore  publié  leurs 
catalogues ,  à  l'exception  de  la  Laurentienne  de 
Florence ,  dont  Evode  Assémani  avait  décrit  les 
ms.  orientaux,  parmi  lesquels  figurent  quelques 
ms.  syriaques. 

De  nos  jours ,  les  Syrologues  sont  mieux  parta- 
gés; le  fonds  syriaque  des  principales  bibliothèques 
s'est  largement  accru ,  surtout  celui  du  Musée  bri- 
tannique qui  a  acquis  l'importante  collection  du 
souvent  de  Notre-Dame  des  Syriens,  que  J.  Assé- 
mani avait  seulement  entamée.  Des  catalogues 
descriptifs  et  analytiques ,  rédigés  par  des  biblio- 

BQ 


XII  AVANT-PROPOS. 

thécaires  compétents,  sont  maintenant  à  la  disposi- 
tion de  tous  les  travailleurs.  D'un  autre  côté,  les 
relations  que  les  savants  de  l'Europe  ont  nouées 
avec  le  monde  oriental,  permettent  d'utiliser  les 
trésors  littéraires  qui  sont  restés  en  Orient. 

Grâce  à  ces  heureuses  circonstances,  il  s'est  pro- 
duit pendant  notre  siècle  une  renaissance  des  étu- 
des syriaques  qui  ont,  dans  une  grande  mesure, 
participé  au  nouvel  essor  imprimé  à  l'orientalisme 
et  à  l'histoire  ecclésiastique.  De  récents  travaux 
ont  mis  à  nu  les  lacunes  et  les  imperfections  du 
grand  travail  de  J.  Assémani;  néanmoins  la  Biblio- 
theca  orientalis  demeure  toujours  une  source  abon- 
dante d'informations.  La  fièvre  de  l'inédit  qui  s'est 
emparée  de  la  jeune  génération  des  Orientalistes 
ne  parait  pas,  heureusement,  près  de  se  calmer. 

Ce  livre  a  été  écrit  pour  le  public  savant  autant 
que  pour  les  Orientalistes  ;  nous  avons  donc  jugé  à 
propos  d'adopter,  pour  la  transcription  des  noms 
propres  syriaques,  la  forme  la  plus  simple  et  la  plus 
répandue ,  alors  même  qu'elle  ne  rendrait  pas  exac- 
tement la  prononciation  orientale.  Dans  ce  dessein, 
nous  avons  négligé  les  signes  conventionnels 
dont  on  marque  les  lettres  syriaques  qui  n'ont  pas 
leur  équivalent  dans  notre  alphabet,  et  nous  avons 
supprimé  toute  distinction  entre  la  prononciation 
des  Syriens  occidentaux  et  celle  des  Syriens  orien- 
taux, nous  en  tenant  à  la  première  que  les  Maronites 
ont  popularisée  chez  nous.  Nous  écrivons  Barde- 


AVAM-PROPOS.  XIII 

ïane,  Éphrem^  Narsès ,  selon  l'orthographe  vul- 
gaire; Barhebrœus  avec  la  forme  latinisée  de  ce 
nom  ;  Ebedjésu  selon  la  prononciation  des  Maro- 
nites (et  non  Abdischo  ou  Audischo,  qui  reprodui- 
rait mieux  la  prononciation  nestorienne),  etc. 

Une  carte  géographique,  jointe  au  volume,  donne 
un  aperçu  du  domaine  littéraire  des  Syriens  et  ai- 
dera le  lecteur  à  s'orienter  dans  les  diverses  con- 
trées qui  sont  mentionnées  dans  Touvrage. 

Paris,  janvier  1899. 


AVAM-PROPOS 

DE  LA  SECONDE  ÉDITION 


La  seconde  édition  de  La  littérature  syriaque 
diffère  peu  de  la  première  édition  qu'elle  suit  de  si 
près.  Cependant  les  publications  parues  en  1898  et 
1899  et  que  nous  n'avions  pu  encore  utiliser,  ont 
fourni  une  contribution  importante.  D'un  autre 
côté,  on  a  fait  les  corrections  nécessaires  et  réparé 
les  omissions  grâce  aux  bienveillantes  communica- 
tions de  MM.  Nestlé,  Lamy,  Franz  Cumont,  Bed- 
jan,  Guidi  et  Chabot,  auxquels  nous  adressons  nos 
vifs  remerciements. 

Afin  que  les  acquéreurs  de  la  première  édition 
puissent  profiter  de  ces  améliorations,  nous  avons 
réuni  les  nouvelles  additions  dans  un  appendice, 
dont  un  tirage  à  part  est  mis  à  la  disposition  des 
premiers  lecteurs  de  La  littérature  syriaque.  Cet 
appendice  est  suivi  de  la  liste  des  corrections  faites 
dans  le  corps  du  livre. 

Quelques  critiques  ont  exprimé  le  regret  qu'un 
livre  écrit  en  vue  de  l'enseignement  ecclésiastique 


XVI  AVANT-PROPOS. 

ne  comprît  pas  un  chapitre  sur  la  liturgie  si  bien 
représentée  chez  les  Syriens^.  Nous  avouons  notre 
incompétence  pour  écrire  ce  chapitre.  De  plus,  le 
sujet  est,  semble-til,  trop  vaste  pour  être  ren- 
fermé dans  quelques  pages,  il  devrait  être  traité 
dans  un  volume  spécial  de  la  Bibliothèque  de  l'en- 
seignement de  l'Histoire  ecclésiastique-, 

Paris,  novembre  1899. 

1.  M.  TixERONT,  L'Université  catholique  de  Lyon,  août  1899, 
p.  633:  M.  Chabot,  Revue  critique,  16  octobre  1899,  p.  298. 

2.  Les  personnes  que  le  sujet  intéresse  pourront  consulter  : 
BiCKELL,  Conspectus  rei  Syrorum  litterariae,  Munster,  1871,  Vil, 
De  Uturgiis  Syrorum,  p.  59  et  suiv.,  et  les  ouvrages  cités  dans 
ce  livre.  —  Eberhard  Nestlé,  Syrische  Grammatik  mit  Litteratur, 
Chre8lom,athie  iind  Glossar,  Berlin,  1888,  Litteratura,  III,  Libri 
ecclesiastici  (liturgici,  Rituales),  31-34.  —P.  Bedjan,  Breviarium 
chaldaicum  (en  syriaque).  Mil,  Paris,  1886-1887.  —  Liturgia 
S.  Apostolorum  Addaei  et  Maris,  cui  accedunt  duae  aliae  in 
quibusdam  festis  et  feriis  dicendae,  necnon  Ordo  baptismi  (en  sy- 
riaque), Ourmia,  Mission  de  l'Archevêque  de  Canterbury,  1890.  — 
Bréviaire  à  l'usage  du  clergé  maronite,  2«  éd.,  Beirouth,  1893 
(en  syriaque)  —  Arthur  John  Maclean,  East  Syrian  Daily  Offices 
translated  from  the  syriac  with  introduction,  notes  and  indices... 
Londres,  1894.  —  F.  E.  Brightmann,  Eastern  and  western  liturgies, 
Oxford,  1896,  t.  \,  Eastern  liturgies  —  Ephraem  n  Rahmani,  Testa- 
mentum  Domini  Nostri  Jesu  Christi,  Mayence,  1899,  Disserta- 
tio  IIL  De  liturgia  Missae,  p.  169. 


PREMIERE  PARTIE  -  LA  LITTERATURE  SYRIAQUE 
ET  SES  DIFFÉRENTS  GENRES 


LITTÉRATURE   SYRIAQUE. 


LES    ORIGINES    DE    LA    LITTERATURE    SYRIAQUE 

La  littérature  syriaque  s'est  formée  et  développée 
d'abord  dans  la  Mésopotamie  sous  linfluence  du  chris- 
tianisme auquel  elle  doit  le  caractère  religieux  qui  la 
distingue.  Elle  est  par-dessus  tout  une  littérature  ec- 
clésiastique, les  œuvres  qu'elle  nous  a  laissées  ayant 
pour  auteurs,  presque  sans  exception,  des  membres  du 
clergé  ou  des  théologiens.  Les  docteurs  mêmes  qui  se 
consacrèrent  à  l'étude  de  la  philosophie  grecque, 
comme  les  Maîtres  de  l'Ecole  d'Edesse  au  Y^  siècle,  ou 
aux  sciences  naturelles  et  médicales,  comme  Sergius  de 
Reschaina,  au  siècle  suivant,  et  les  célèbres  médecins 
syriens  de  Bagdad  au  temps  des  califes  Abbassides. 
tous  étaient  versés  dans  la  théologie.  Les  sciences,  en 
effet,  étaient  résumées  en  Orient  dans  le  mot  philoso- 
phie y  et  la  première  et  la  plus  importante  des  branches 
de  la  philosophie,  c'était  la  connaissance  de  Dieu  et 
des  dogmes  de  la  religion.  Cette  direction  des  études 
tenait  à  l'esprit  religieux  des  Sémites,  aussi  profon- 
dément enraciné  chez  les  Syriens  que  chez  les  Israé- 
lites et  les  Arabes.  On  sait  que  l'activité  intellectuelle 
des  Juifs  était  surtout  concentrée  dans  l'étude  de  la 
Thora,  c'est-à-dire  de  la  loi  religieuse,  et  que  l'ensei- 
gnement se  donnait  chez  les  Musulmans  dans  les  Ma- 


4  LES  ORIGINES 

cirasse  dépendant  des  mosquées  et  dirigées  par  des 
Ouléma  (docteurs  de  la  loi)  ;  ainsi  les  chrétiens  sy- 
riens allaient  étudier  dans  les  écoles  rattachées  aux 
couvents. 

La  Mésopotamie  païenne  ne  compte  pas  parmi  les 
nations  douées  d'un  génie  littéraire.  On  comprend  que 
les  œuvres  qu'elle  aurait  produites  aient  somhré  avec 
le  paganisme,  à  l'exception  de  quelques  inscriptions 
conservées  par  la  pierre.  Mais,  s'il  y  avait  eu  une  vraie 
culture  nationale,  la  tradition  s'en  serait  conservée  ou 
elle  aurait  laissé  son  empreinte  sur  l'époque  chrétienne. 
Il  n'en  est  rien  :  la  littérature  syriaque  est  sortie  tout 
entière  du  grand  mouvement  religieux  qui  se  produisit 
en  Orient  vers  notre  ère  et  qui  entraîna  la  Mésopotamie 
avec  une  rapidité  surprenante.  Cette  contrée  ne  tarda 
pas  à  devenir  un  des  principaux  centres  des  luttes  re- 
ligieuses et  à  prendre  une  place  importante  dans  l'his- 
toire de  l'Eglise.  Elle  sera  avec  Bardesane  le  dernier 
rempart  du  gnosticisme,  puis  les  Syriens  de  l'empire 
perse  accueilleront  le  nestorianisme  vaincu  en  Occident, 
pendant  que  les  Syriens  de  l'empire  romain  se  décla- 
reront partisans  de  l'hérésie  monophysite  et  formeront 
les  Jacobites. 

Nous  avons  dit  que  la  Mésopotamie  avait  été  le  ber- 
ceau de  la  littérature  syriaque.  Les  Syriens  étaient,  il 
est  vrai ,  répandus  sur  une  vaste  étendue  de  territoire. 
La  Syrie  proprement  dite,  ou  Syrie  cis-euphratique,  la 
Mésopotamie,  la  Babylonie,  les  provinces  orientales, 
telles  que  l'Adiabène,  la  Garamée,  la  Susiane,  étaient 
en  grande  partie  habitées  par  des  Araméens  qui,  après 
l'évangélisation  de  ces  contrées,  prirent  le  titre  de  Sy- 
riens ^  Mais  la  Syrie,  après  l'occupation  des  Séleuci- 

\.  Le  mot  aramcen  devint  dans  la  litU'rature  juive  le  synonyme  de 
pafe^quand  les  Juifs,  transportés  en  Baljylonie,  se  trouvèrent  entourés 


DE  LA  LITTËRATLRE  SYRï.VQL'E.  5 

des,  s'était  promptement  hellénisée.  L'idiome  vulgaire 
était  le  syriaque,  mais  on  écrivait  en  grec.  L'usage  du 
grec  était  général  et  se  maintint  longtemps  après  la 
conquête  romaine'.  C'est  en  grec  quEusèbe  de  Césa- 
rée,  Titus  de  Bostra,  Sévère  d'Antioche  composèrent 
leurs  ouvrages.  Les  auteurs  de  ce  pays  qui,  dans  les 
premiers  siècles  de  notre  ère,  se  servirent  du  syriaque. 
comme  Isaac  d'Antioche  et  Jean  d'Asie,  étaient  origi- 
naires de  la  Mésopotamie"-.  Le  syriaque  mésopotamien 
ne  devint  la  langue  littéraire  et  ecclésiastique  de  la 
Syrie  qu'après  l'établissement  définitif  du  schisme  mo- 
nophysite  dans  cette  contrée.  Auparavant,  les  offices 
étaient  célébrés  en  grec  et  les  Saintes  Ecritures  étaient 
vraisemblablement  expliquées  oralement  dans  le  dia- 
lecte populaire.  Ce  dialecte  faisait  partie  des  dialectes 
araméens  occidentaux  qui  se  distinguaient  sensible- 
ment des  idiomes  araméens  parlés  dans  la  Mésopotamie 
et  la  Babylonie^. 

Les  origines  de  la  littérature  syriaque  sont  étroite- 
ment liées  à  l'évangélisation  de  la  Mésopotamie  qui, 
suivant  une  tradition  constante ,  débuta  à  Edesse. 

Edesse,  la  plus  civilisée  et  la  plus  florissante  des 
cités  de  cette  contrée,  devait  à  sa  situation  géogra- 
de populations  araméennes  adonnées  au  culte  des  astres.  Les  Araméens 
chrétiens  acceptèrent  le  mot  grec  .ZV'oot  pour  se  distinguer  des  Ara- 
méens demeurés  païens. 

1.  BAP.nF,BR.ECs,  Chron.  syr.,éà.  Br.iNS,  Leipzig,  1789,  p.  1-20,  éd.  Bedjan, 
Paris,  1890,  p.  115,  nous  apprend  que  le  grec  était  la  langue  littéraire 
jusqu'au  vni«  siècle  de  notre  ère,  notamment  à  Damas  où  Walid  l'in- 
terdit pour  la  rédaction  des  actes  officiels  et  y  substitua  l'arabe. 

2.  Isaac  naquit  à  Amid  et  ût  ses  études  à  Ldesse.  Jean  était  également 
d'Amid  où  il  fut  fait  diacre,  et  d'où  il  s'enfuit  pour  éviter  les  persé- 
cutions. 

3.  Sur  ces  différents  dialecles  voir  Bahuedr-cls,  Œuv.  gramm.,  éd. 
Map.tin,  II,  p. .-;,  et  Histoire  des  dynasties,  éd.  PocockE,  Oxford,  IG63,  p.  16; 
cd.  Salîiam,  Beiroutli,  1890,  p.  18.  Le  syriaque  occidental,  très  corrompu, 
est  encore  parlé  aujourd'hui  dans  deux  villages  du  Liban. 


()  LES  ORIGINES 

[)liiqiie  une  importance  exceptionnelle.  C'était  une 
place  forte,  entourée  d'une  double  muraille  et  natu- 
rellement fortifiée  à  louest  pur  un  massif  rocheux 
auquel  elle  était  adossée.  Cette  ville  commandait  les 
passes  donnant  accès  à  l'Arménie  et  dominait  la 
route  qui  traversait  la  Mésopotamie.  Elle  conserva  son 
indépendance  sous  les  trente-quatre  rois  qui  gou- 
vernèrent rOsrhoène  depuis  l'an  132  avant  notre  ère 
jusqu'à  l'an  244  après  J.-C;  à  cette  époque  Edesse 
devint  colonie  romaine  et  reçut  un  gouverneur  romain. 

Édesse  était  de  fait  la  capitale  de  la  Mésopotamie  et 
on  s'explique  aisément  qu'elle  fût  le  premier  objectif 
des  missions  chargées  de  répandre  en  Orient  la  nou- 
velle religion.  Autant  que  l'histoire  nous  permet  de  le 
juger,  une  communauté  chrétienne  existait  à  Edesse 
vers  l'an  150,  et  cette  communauté  semble  s'être  formée 
d'abord  dans  l'élément  juif  de  la  ville,  mais  le  christia- 
nisme ne  supplanta  définitivement  l'ancienne  religion 
païenne  et  ne  devint  la  religion  de  l'État  qu'après  la 
conversion  du  roi  Abgar  IX,  conversion  c{ui  eut  lieu  vers 
l'an  207 ,  après  le  retour  de  ce  prince  de  Rome  et  la 
grande  inondation  d'Édesse  de  l'an  201.  Ces  quelciues 
données  historiques  résultent  de  la  comparaison  des 
anciens  documents  dont  nous  nous  occuperons  bientôt  : 
la  Légende  d'Abgar,  la  chronique  d'Edesse,  la  version 
biblique  dite  la  Peschitto  ,eic. 

L'heureuse  influence  du  christianisme  ne  tarda  pas 
à  se  faire  sentir  en  Mésopotamie.  Les  relations  suivies 
qui  s'établirent  entre  Edesse  et  l'Église  de  Jérusalem 
d'abord,  et  l'Église  d'Antioche  ensuite,  créèrent  un 
mouvement  intellectuel  qui  fit  de  cette  ville  un  grand 
centre  des  études  religieuses  et  scientifiques,  et  de  Ta- 
raméen  mésopotamien  la  langue  littéraire,  qu'adop- 
teront un  jour  tous  les  Syriens  depuis  les  bords  de  la 


DE  LA  LllTEIl.VTLPiE  SYRIAQUE.  7 

Méditerranée  jusqu'à  lAdiabène,  et  depuis  le  Taurus 
jusqu'à  l'Arabie  et  jusqu'au  golfe  Persique. 

Un  phénomène  qui  surprend  est  la  fixité  de  la  lan- 
gue syriaque  qui  se  maintient  sans  changement  et 
comme  stéréotypée  pendant  le  cours  des  longs  siècles 
sur  lesquels  s'étend  la  littérature  syriaque.  Si  l'on  par- 
court une  de  ces  petites  chrestomathies  à  l'usage  des 
étudiants,  dans  lesquelles  se  trouvent,  côte  à  cote,  des 
passages  de  la  Peschitto  du  IP  s.  de  notre  ère)  et  des 
extraits  des  œuvres  de  Barhebrseus  du  XIIP  s.),  on 
passe  d'un  texte  à  un  autre  avec  la  même  facilité  que 
si  l'on  avait  sous  les  yeux  des  écrits  d'un  même  auteur. 
L'immutabilité  n'a  rien  que  de  naturel  pour  la  période 
de  décadence  qui  suit  la  conquête  musulmane.  L'arabe 
étant  devenu  l'idiome  vulgaire ,  le  syriaque  n'est  plus 
qu'une  langue  morte,  apprise  à  l'école  comme  chez 
nous  le  latin.  Mais  l'explication  du  phénomène  est 
moins  aisée  pour  l'époque  classique  qui  va  du  IP  siècle 
jusque  vers  le  VHP.  Que  l'on  songe  à  la  vie  mouve- 
mentée de  nos  langues  européennes  avant  d'arriver  à 
leur  forme  actuelle!  11  faut  bien  admettre  qu'au  mo- 
ment où  la  littérature  chrétienne  se  forma,  l'idiome 
araméen  avait  déjà  le  caractère  d'une  langue  littéraire 
consacrée  par  l'usage,  à  l'abri  des  modifications  que 
subissent  les  dialectes  vulgaires  ^  Si  cette  littérature 
ne  doit  rien  de  plus  aux  temps  anciens .  comme  nous  le 
croyons,  elle  trouva  tout  achevé  l'instrument  qui  lui 
était  nécessaire  pour  se  manifester  au  jour  et  elle  le 
reçut  comme  un  précieux  héritage.  La  civilisation  avan- 
cée dont  Edesse  jouissait  sous  le  gouvernement  de  ses 
rois  légitime  du  reste  cette  manière  de  voir. 

1.  On  sait  combien  ces  modifications  sont  nombreuses  et  profondes 
pour  les  dialectes  syriaques  parlés  encore  de  nos  jours  dans  le  Liban, 
dans  le  Tour  Abdin,  dans  le  Kurdistan  et  aux  environs  du  lacd'Ounnia, 
en  Perse. 


8  LES  ORIGINES 

On  a  cru  pouvoir  remonter  plus  haut  et  rattacher 
les  origines  de  la  littérature  syriaque  à  la  science 
chaldéenne.  «  On  ne  peut  douter,  écrivait  Renan  dans 
son  Histoire  des  langues  sémitiques  (4^  éd.,  p.  259), 
que,  de  très  bonne  heure ,  il  ne  se  soit  formé  une  litté- 
rature chrétienne  en  langue  syriaque.  Ce  serait  toute- 
fois une  confusion  que  de  rattacher  immédiatement 
cette  littérature  aux  premiers  écrits  du  christianisme, 
qu'on  peut  supposer  avoir  été  composés  en  syro-chal- 
daïque'  ;  car,  malgré  la  grande  analogie  du  syriaque  et 
de  la  langue  parlée  en  Palestine  à  l'époque  du  Christ, 
on  ne  voit  pas  le  lien  qui  unirait  la  première  littérature 
de  Judée  au  développement  que  l'on  appelle  syriaque, 
lequel  se  produit  au  lY^  siècle  -,  non  dans  la  Syrie  pro- 
prement dite,  mais  en  Mésopotamie.  C'est  un  fait  sin- 
gulier, il  faut  l'avouer,  qu'une  littérature  apparaissant 
ainsi  sans  antécédents,  et  sans  qu'aucune  tradition 
nous  ait  été  conservée  dune  culture  nationale  anté- 
rieure ;  mais  la  surprise  que  nous  cause  cette  brusque 
apparition  n'est  qu'un  effet  de  l'ignorance  où  nous 
sommes  sur  les  anciennes  études  araméennes.  On  a 
établi  ci-dessus  que  la  Chaldée  avait  possédé  une  litté- 
rature païenne  et  indigène  antérieure  au  christianisme. 
La  Syrie  proprement  dite  et  le  nord  de  la  Mésopota- 
mie ne  paraissent  pas,  il  est  vrai,  avoir  participé  d'une 
manière  efficace  au  mouvement  des  études  chaldéen- 
nes  ;  mais  on  ne  peut  croire  qu'elles  y  soient  restées 
tout  à  fait  étrangères.  Il  est  remarquable  que  les  plus 
anciens  écrivains  dont  les  noms  sont  venus  jusqu'à 
nous  étaient  tous  des  Chaldéens  vivant  sous  la  domina- 
tion des  Sassanides.  L'idée  d'écrire  en  langue  ara- 
méenne  sur  les  choses  chrétiennes  sera  venue  naturelle- 

1.  C'est-à-dire  dans  le  dialecte  araméen  de  la  Palestine 
-2.  Sic,  lire  au  H^  siècle. 


DE  L.V  LTTTÉRATLRE  SYRIAQUE.  0 

ment  clans  un  pays  qui  possédait  déjà  des  ouvrages  en 
langue  indigène  sur  toutes  sortes  de  sujets.  » 

On  le  voit,  tout  cela  est  assez  vague.  Quand  Renan 
écrivait  son  histoire  des  langues  sémitiques,  les  élé- 
ments d'informations  que  nous  possédons  sur  la  littéra- 
ture araméenne  n'étaient  pas  encore  élucidés  et  vul- 
garisés comme  ils  le  sont  aujourd'hui.  Ce  que  Renan 
disait  de  la  littérature  chaldéenne  antérieure  au  chris- 
tianisme était  emprunté  aux  légendes  recueillies  parles 
auteurs  arabes,  venus  trop  tard  pour  être  des  autorités 
dignes  de  foi.  Ces  auteurs  désignent  sous  le  nom  de 
Chaldéens  les  Nabatéens  établis  en  Babylonie  après  le 
11^  siècle  de  notre  ère.  L'importante  littérature  qu'ils 
leur  attribuent  n'est  qu'un  mythe.  Il  est  aujourd'hui 
reconnu  que  le  traité  d'agriculture  qu'Ibn  ^Vaschiyah 
en  l'an  904  de  notre  ère)  disait  avoir  traduit  du  chal- 
déen  est  une  œuvre  sans  valeur  mise  sous  l'autorité  d'un 
nom  supposé.  Les  autres  livres  relatifs  aux  sciences 
naturelles,  à  l'astrologie,  aux  mystères,  aux  Patriar- 
ches de  l'ancien  Testament  dont  parlent  les  Arabes,  ne 
sont  vraisemblablement  pas  autre  chose  que  les  livres 
des  Mandéens,  qui  existent  encore  et  qui  sont  posté- 
rieurs au  christianisme. 

L'illustre  orientaliste  est  plus  précis  quand  il  ajoute 
quelques  pages  après  'p.  262  :  «  Une  observation  qui, 
ce  me  semble ,  n'est  pas  sans  importance  pour  la  criti- 
que ,  c'est  que  Bardesane  se  rattache  directement  à  l'é- 
cole chaldéenne,  comme  le  prouvent  ses  écrits  et  sur- 
tout les  réfutations  de  saint  Ephrem.  Ceci  me  confirme 
dans  l'opinion  qu'il  faut  chercher  en  Chaldée  l'origine 
de  la  littérature  syriaque  et  que  cette  littérature  n'est 
autre  chose  que  le  prolongement  chrétien  de  la  littéra- 
ture nabatéenne.  Selon  le  Kitab-cl-Fihn'st,  Manès  aurait 
aussi  composé  en  syriaque  la  plupart  de  ses  livres.  » 

1. 


]0  LES  ORIGINES 

Renan  avait  été  amené  à  cette  conclusion,  parce 
qu'il  considérait  Bardesane  comme  le  créateur  de  la 
littérature  syriaque  :  «  Ce  que  Bardesane  fut  sans  con- 
testation, écrit-il  dans  son  Marc-Aiirèle,  p.  442,  c'est 
le  créateur  de  la  littérature  syriaque  chrétienne  ».  Bar- 
desane créa  la  poésie  religieuse,  si  nous  en  croyons 
saint  Éphrem,  mais  avant  qu'il  se  fit  connaître  comme 
théologien  et  philosophe,  c'est-à-dire  avant  le  dernier 
quart  du  IP  siècle  (il  était  né  en  l'an  154),  la  commu- 
nauté chrétienne  d'Édesse  possédait  déjà  une  version 
de  l'Ancien  Testament,  la  Peschitto,  et  YHtuDionie  des 
quatre  Évangiles  de  Tatien,  peut-être  môme  une  ver- 
sion complète  des  quatre  Evangiles ,  comme  nous  l'ex- 
poserons plus  loin. 

Saint  Éphrem  nous  fait  connaître  Bardesane  comme 
un  gnostique  qui  inclinait  vers  le  système  de  Valentin. 
Or  le  gnosticisme,  comme  le  christianisme,  procède 
du  mouvement  religieux  qui  eut  son  essor  en  Palestine 
et  auquel  la  Babylonie  demeura  d'abord  étrangère; 
ce  n'est  qu'au  IIP  siècle  qu'apparaît  Manès  d'origine 
perse.  Bardesane  subit  l'influence  des  idées  religieuses 
qui  étaient  répandues  en  Palestine  et  en  Syrie  et,  sous 
ce  rapport ,  il  ne  doit  rien  à  la  Chaldée. 

Mais  Bardesane  était  versé  dans  la  connaissance  des 
sciences  occultes  ;  on  lui  attribue  un  traité  d'astrologie 
et  un  alphabet  mystique.  De  ce  côté,  il  pourrait  être 
rattaché  à  la  Chaldée  qui  passe  pour  le  berceau  de 
ces  sciences;  nous  n'y  contredisons  pas,  nous  ferons 
seulement  observer  que,  pour  expliquer  le  fait,  il 
n'est  pas  nécesaire  de  supposer  un  commerce  direct 
entre  le  nord  de  la  Mésopotamie  et  le  sud  de  la  Baby- 
lonie. Dès  les  temps  anciens  la  Mésopotamie,  comme 
la  Syrie,  était  adonnée  au  culte  des  planètes  et  les 
Syriens  croyaient  à  l'influence  des  astres  sur  la  des- 


DE  LA  LITTÉRATLRE  SYRIAOLE.  11 

tinée  humaine.  Létude  des  sciences  occultes  était 
répandue  dans  tout  l'Orient  et  llorissait,  vers  l'époque 
chrétienne,  surtout  en  Egypte.  Ce  n'est  pas  en  Chaldée 
que  Basilide  avait  composé  son  Abra.vas;  du  reste 
l'aphabet  mystique  mis  sous  le  nom  de  Bardesane  est 
d'origine  juive  ^ 

Nous  ne  nous  croyons  donc  pas  autorisé  à  rattacher 
la  littérature  chrétienne  de  la  Mésopotamie  à  la  littéra- 
ture pa'ienne  de  la  Chaldée.  Le  royaume  d'Edesse,  comme 
les  autres  principautés  qui  se  constituèrent  en  Baby- 
lonie  et  en  Mésopotamie .  sous  l'égide  des  Parthes  . 
après  que  les  Séleucides  eurent  renoncé  à  leurs  posses- 
sions trans-euphratiques,  avait  été  fondé  par  des  tribus 
nabatéennes  originaires  du  nord  de  l'Arabie.  La  lan- 
gue littéraire  de  ces  tribus  était  l'araméen.  Autrefois 
on  confondait  souvent  les  mots  araméen  et  chaldéen, 
et  cette  confusion  a  été  la  cause  de  regrettables  erreurs. 

1.  Voir  R.  DuvAL,  Traité  de  grammaire  syriaque,  Paris,  18S1,  p.  1-^. 


II 


CARACTERES    GENERAUX    DE    LA    LITTERATURE    SYRIAQUE. 

LA  poÉsre. 


§  1.  —  Caractères  de  la  littérature  syriaque. 

La  littérature  syriaque  n'est  pas  la  création  géniale 
d'une  nation  qui  se  développe  progressivement  et  pos- 
sède une  tradition  suivie.  Nous  l'avons  dit,  rien  ne  re- 
lie cette  littérature  à  un  passé  indigène.  Elle  germa 
comme  un  rejeton  de  la  littérature  sacrée  de  la  Pales- 
tine sur  lequel  se  grefîèrent  les  rameaux  de  la  culture 
grecque.  Aussi  bien  les  monuments  qu'elle  nous  a  lais- 
sés n'ont  pas  le  caractère  original  des  œuvres  des 
grands  écrivains  qui  reflètent  le  génie  propre  de  leur 
peuple. 

L'intérêt  de  cette  littérature  est  surtout  historique. 
Les  chroniques  renferment  des  documents  de  premier 
ordre  pour  Ihistoire  de  l'Asie  antérieure  sous  les  Ro- 
mains, les  Perses,  les  Arabes,  les  Mongols  et  les 
Turcs.  Mais  ce  sont  les  historiens  ecclésiastiques  qui 
revendiqueront  la  plus  grande  part  de  cette  littérature. 
La  Syrie  ne  resta  indilTérente  à  aucune  des  luttes  qui 
troublèrent  le  monde  chrétien  :  les  hérésies  et  les 
schismes  y  trouvèrent  un  terrain  fertile .  facile  à  ex- 
ploiter, et  jusqu'au  VII*^  siècle,  les  dissensions,  les  po- 


4  4  CARACTÈRES 

lémiques  et  les  controverses  religieuses  agitèrent  les 
esprits  des  Syriens  dans  l'empire  romain  et  dans  l'em- 
pire perse. 

Par  leur  ancienneté  les  versions  bibliques  se  recom- 
mandent à  l'exégète.  La  Peschitto  apporte  un  contrôle 
utile  à  la  critique  du  texte  hébreu,  comme  Tllexaplaire 
syriaque  à  celle  des  Septante.  Les  versions  du  Nou- 
veau Testament,  y  compris  THéracléenne,  sont  con- 
sultées avec  fruit,  ainsi  que  les  commentaires  que  les 
Pères  de  l'Eglise  syriaque  ont  faits  des  Saintes  Ecritu- 
res. 

La  littérature  apocryphe  de  la  Judée  eut  son  écho  en 
Syrie,  où  l'imagination  s'exerça  sur  les  Patriarches 
bibliques,  sur  la  vie  de  Notre  Seigneur,  sur  la  Vierge 
et  les  Apôtres.  Il  se  forma  des  légendes  qui  furent  ac- 
ceptées en  Occident  même. 

L'hagiographie  occupe  dans  la  littérature  syriaque 
une  place  aussi  grande  que  dans  les  autres  littératures 
chrétiennes.  Les  Actes  des  martyrs  rédigés  par  les  Sy- 
riens occidentaux  diffèrent,  par  leur  caractère,  de 
ceux  écrits  par  les  Syriens  orientaux.  Ces  derniers  ren- 
ferment des  données  historiques  et  géograpliiques  qui 
servent  à  éclairer  des  points  obscurs  des  temps  an- 
ciens. 

Nous  ne  nous  appesantirons  pas  sur  ces  sujets  qui 
trouveront  leurs  développements  dans  le  cours  de  ce 
livre ,  mais  nous  ferons  ressortir  ici  la  valeur  des  tra- 
ductions des  livres  grecs,  qui  forment  une  des  bran- 
ches importantes  de  la  littérature  syriaque. 

La  Mésopotamie  païenne  était  restée  fermée  aux  let- 
tres grecques.  La  nécessité  de  connaître  les  œuvres  des 
Pères  de  l'Eglise  grecque  et  de  l'Église  hellénisante 
d'Antioche  se  fit  sentir  d'abord  dans  la  Mésopotamie 
antérieure  au  commencement  du  Y^  siècle.  A  cette  épo- 


DE  L.V  LITTERATURE  S\T\IAQUE.  lo 

que,  renseignement  du  grec  faisait  partie  du  pro- 
gramme de  la  célèbre  école  d'Edesse,  qui  publie  suc- 
cessivement des  traductions  des  commentaires  de 
Théodore  de  Mopsueste,  des  traités  de  saint  Cyrille 
d'Alexandrie,  de  la  logique  d'Aristote  et  d'autres  livres 
de  YOrgiinon.  De  là  l'étude  du  grec  se  répand  dans 
toute  la  Mésopotamie  et  se  continue  pendant  les  siècles 
suivants.  Sous  les  Abbassides  apparaît  à  Bagdad  une 
renaissance  scientifique  créée  parles  illustres  médecins 
que  les  califes  entretiennent  à  leur  cour.  Des  écoles 
dirigées  par  des  maîtres  en  renom  revisent  et  rééditent 
les  anciennes  traductions  d'Aristote  et  de  Galien  et 
publient  en  syriaque  les  œuvres  de  Dioscoride  et  de  Paul 
d'Égine.  Ce  sont  encore  les  Grecs  qui  initient  les  Sy- 
riens à  la  connaissance  de  la  grammaire  et  de  la  lexico- 
graphie. La  langue  syriaque  porte  la  marque  visible  de 
cette  culture.  Après  avoir  été  les  disciples  des  Grecs» 
les  Syriens  deviendront  les  maîtres  des  Arabes  et  leur 
transmettront  les  livres  grecs.  Il  n'est  guère  de  version 
arabe  dune  œuvre  grecque  qui  ne  suppose  un  intermé- 
diaire syriaque.  Par  un  curieux  retour  des  choses,  la 
philosophie  grecque  reviendra  d'Orient  en  Europe  par 
les  livres  arabes  qui  firent  autorité  chez  nous  au  moyen 
âge. 

Nous  devons  encore  aux  Syriens  orientaux  des  ver- 
sions syriaques  de  livres  pehlwis  :  le  livre  de  Kalila 
et  Dinina ,  le  Roman  d'Alexandre  le  Grand,  et  pro- 
bablement le  livre  de  Sindbdn  ou  des  Sept  sages. 

Ces  traductions  nous  ont  conservé  un  certain  nom- 
bre d'œuvres  dont  les  originaux  sont  perdus,  soit  en 
totalité,  soit  en  partie.  Certaines  versions  d'écrits 
grecs  valent  par  leur  âge  un  bon  manuscrit  et  méri- 
tent d'être  consultées  pour  une  édition  critique. 


16  LA  POlilSIE  SYRIAQUE. 

§  2.  —  La  poésie. 

Si  l'on  veut  toucher  du  doigt  la  note  personnelle  de 
l'esprit  littéraire  des  Syriens,  c'est  dans  leur  poésie 
qu'il  faut  la  chercher.  On  ne  s'attendra  pas  à  trouver 
dans  leurs  productions  poétiques  les  hautes  envolées  du 
lyrisme  ni  le  charme  naïf  et  captivant  de  l'épopée  hé- 
roïque ,  mais  le  caractère  particulier  de  cette  poésie  en 
fait  un  événement  littéraire  qui  vaut  la  peine  qu'on  s'y 
arrête  et  qu'on  suive  son  histoire  dans  le  cours  des 
siècles  ^ 

La  poésie  syriaque,  purement  ecclésiastique,  est  née 
et  s'est  développée  dans  le  clergé  pour  lequel  elle  fut 
l'instrument  le  plus  apte  à  répandre  dans  le  peuple 
l'instruction  religieuse  et  à  donner  aux  offices  du  culte 
toute  la  solennité  qu'ils  comportent.  Ici  encore  pas  de 
traces  d'une  tradition  qui  relie  la  poésie  chrétienne  aux 
chants  populaires  des  temps  païens.  C'est  du  côté  de 
l'ancienne  poésie  hébraïque  qu'on  pourrait  chercher 
quelques  analogies  :  les  vers  syriaques  groupés  deux 
par  deux  forment  une  phrase  métrique,  un  édifice 
()L^),  comme  disent  les  Syriens,  répondant  assez  bien 
au  parallélisme  des  versets  hébreux.  Il  ne  fait  pas  de 
doute,  d'autre  part,  que  l'usage  des  strophes  acrosti- 
ches qui  suivent  l'ordre  alphabétique  se  soit  introduit 
dans  la  poésie  syriaque  par  imitation  de  certains 
Psaumes  et  des  Lamentations  de  Jérémie  qui  présentent 
cet  arrangement  strophique-. 


1.  Ce  que  nous  disons  plus  loin  de  la  poésie  syriaque  a  fait  l'objet 
d'une  lecture  à  l'Assemblée  de  la  Société  asiatique  du  mois  de  juin  189", 
et  a  été  imprimé  dans  le  Journal  de  cette  société,  n°  de  juillet-août  189". 

2.  Les  homélies  métri(|ues  de  Narsés  (V«  s.)  encore  inédites,  présen- 
tent de  nombreux  exemples  de  réponse,  c'est-à-dire  de  la  reprise  au 


L.V  POESIE  SYRIAQUE.  17 

Cependant  le  principe  fondamental  de  la  m'.Hriqae 
syriaque,  le  nombre  déterminé  des  syllabes  du  vers, 
n'existe  pas  en  hébreu.  Ce  serait  faire  fausse  route  que 
d'en  chercher  l'origine  dans  l'ancienne  poésie  grecque 
et  latine.  Les  Syriens  ne  distinguaient  pas  dans  les 
vers  les  voyelles  longues  des  brèves,  et  rien  ne  trahit 
chez  eux  la  connaissance  de  la  poésie  occidentale  à 
l'aurore  de  leur  époque  littéraire.  La  langue  syriaque, 
émoussée  par  l'usure,  ne  maintient  que  très  rarement 
la  voyelle  brève  dans  une  syllabe  ouverte;  par  suite, 
les  mots  se  décomposent  en  syllabes  bien  tranchées  qui 
ont  la  même  valeur  prosodique.  Il  était  donc  naturel 
qu'une  phrase  rythmée  comprit  un  nombre  déterminé 
de  syllabes.  C'est  le  phénomène  qui  s'est  produit  éga- 
lement pour  le  vers  français,  dans  lequel  il  n'est  pas 
tenu  compte  de  la  durée  d'émission  des  voyelles. 

On  serait  plutôt  tenté  d'admettre  une  certaine  parenté 
entre  l'hymnologie  syriaque  et  Ihymnologie  byzantine, 
en  supposant  que  celle-ci  dérive  de  la  première.  C'est 
l'hypothèse  qui  a  été  soutenue  en  1SS5  par  M.  ^Yilhelm 
Meyer';  mais  sa  thèse  a  rencontré  plus  d'adversaires 
que  de  partisans;  la  prosodie  syriaque  était  alors  trop 
mal  connue  pour  servir  de  base  à  un  travail  de  compa- 
raison qui  eût  quelque  chance  d'être  accepté.  M.  Hu- 
bert Grimme^  a  depuis  repris  l'étude  de  cette  prosodie 


comraenceraent  d'une  strophe,  d'un  mot  ou  d'une  pensée  de  la  strophe 
précédente.  Ce  phénomène  poétique  a  été  signalé  pour  rhcl)reu  par 
M.  D.  H.  Muller  dans  les  livres  des  Prophètes,  les  Psaumes  et  diverses 
poésies  bibli<iues.  Il  y  a  encore  là  une  analogie  frappante  entre  la 
poésie  hébraïque  et  la  poésie  syriaque. 

i.  Anfang  und  Ursprung  der  laleinischen  und  griechischen  rythmi- 
schen  Dichtung,  Munich,  188.':;. 

2.  Zeilschrift  der  deulschen  morgenl.  Gesellschaft,  XLVII,  p.  2TG,  et 
der  Slrophenbau  in  den  Gedichten  Ephrœms,  Fribourg  en  Suisse,  1893. 
Comp,  la  réfutation  du  système  de  Grimme,  par  G.  MocKELUxyy  y  Zeilschr. 
der  deut.  morg.  Gesellschaft.,  LU,  p.  401. 


18  LA  POÉSIE  SYRIAQUE. 

et  recherché  les  règles  qui  régissent  l'accent  tonique 
elles  strophes  dans  la  poésie  syriaque.  Nous  ne  pou- 
vons entrer  ici  dans  l'examen  de  ce  sujet;  il  nous  suf- 
fira d'avoir  rappelé  la  question  posée  par  INI.  AVilhelm 
Me  ver  pour  montrer  que  l'intérêt  qu'olTre  la  poésie  sy- 
riaque dépasse  le  cercle  des  orientalistes. 

C'est  au  célèbre  Bardesane  d'Édesse,  qui  vivait  à  la 
fin  du  IP  siècle  de  notre  ère,  que  revient,  dit-on,  l'hon- 
neur de  la  création  de  la  poésie  syriaque.  Dans  une  de 
ses  hymnes  contre  les  hérétiques  \  saint  Éphrem  dit 
de  Bardesane : 

II  créa  les  h3aîines  et  y  associa  des  airs  musicaux. 

II  composa  des  cantiques  et  y  introduisit  les  mètres. 

En  mesures  et  en  poids  il  divisa  les  mots  2. 

Il  offrit  aux  gens  sains  le  poison  amer  dissimulé  par  la  douceur. 

Les  malades  n'eurent  point  le  choix  d'un  remède  salutaire. 

11  voulut  imiter  David  et  se  parer  de  sa  beauté. 

Ambitionnant  les  mêmes  éloges,  il  composa  comme  lui 

Cent  cinquante  cantiques. 

Selon  saint  Ephrem,  Bardesane  avait  écrit  ces  hym- 
nes pour  graver  dans  l'esprit  du  peuple  ses  enseigne- 
ments religieux.  Son  invention  eut,  paraît-il,  un  grand 
succès,  et  son  fils  Harmonius,  rapportent  les  écrivains 
ecclésiastiques,  excella  tellement  dans  cet  art  qu'il  sur- 
passa même  son  père.  Malheureusement,  il  ne  nous  est 
rien  resté  de  ces  poésies,  si  l'on  excepte  quelques  vers 
de  Bardesane  cités  par  saint  Ephrem.  Les  écrits  des 
gnostiques  ont  définitivement  péri  avec  les  théories 
qu'ils  exposaient. 

Mais,  si  l'œuvre  disparut,  le  moule  qui  l'avait  façon- 


i.  s.  Ephrxmi  syri  opéra  syriace  et  latine,  éd.  Stkpii.  Evod.  Assé- 
MAM,  Rome,  1737-1743,  U,  p.  uî>4. 
2.  C'est-à-dire,  il  divisa  les  vers  en  mesures  rvthniées  et  accentuées. 


LA  POESIE  SYRIAQLE.  \0 

née  subsista.  Un  siècle  et  demi  plus  tard,  saint  Éphrem 
empruntait  à  Bardesane  son  armure  poétique  pour 
combattre  les  doctrines  erronées  et  c"est  sous  la  l'orme 
d'hymnes  et  d'homélies  métriques  que  lillustre  Père 
de  l'Église  syriaque  réfuta  les  hérétiques  et  popularisa 
les  doctrines  orthodoxes. 

La  fécondité  littéraire  de  saint  Éphrem  tient  du  pro- 
dige. Ses  nombreuses  œuvres  poétiques  ont  été  reli- 
gieusement conservées  et  sont  aujourd'hui  publiées.  Il 
est  vrai  que  l'auteur,  si  l'on  pouvait  évoquer  son  té- 
moignage, en  renierait  un  certain  nombre.  On  a  mis 
sous  l'autorité  de  son  nom  des  compositions  de  son 
école,  notamment  d'isaac  d'Antioche',  et  même  deXes- 
toriens,  tels  que  Xarsès-. 

Éphrem  fut  dans  cet  art  le  grand  maître  que  les 
écrivains  de  l'époque  classique  imitèrent  et  rarement 
dépassèrent.  On  lui  a  reproché  son  manque  de  chaleur 
et  sa  prolixité.  Le  genre  didactique  et  parénétique  se 
prête  peu  au  lyrisme.  Il  ne  faut  pas  non  plus  perdre  de 
vue  le  caractère  spécial  de  l'hymne  sacrée,  qui  était 
chantée  par  deux  chœurs  pendant  les  offices  :  or,  dans 
ce  genre  de  poésies,  la  phrase  est  subordonnée  au 
chant  qui  lui  donne  son  relief. 

Quant  à  la  prolixité  de  saint  Éphrem  que  nous  trou- 
vons parfois  fastidieuse,  on  ne  peut  la  condamner  sans 
tenir  compte  du  goût  des  Syriens  qui  aimaient  les  ré- 
pétitions et  les  développements  de  la  même  pensée,  et 
voyaient  des  qualités  là  où  nous  trouvons  des  défauts. 
Ces  défauts,  nous  les  rencontrons  les  mêmes  non  seu- 
lement chez  les  poètes  les  plus  estimés ,  Isaac  d'An- 
tioche.  Xarsès,  Jacques  de  Saroug,  mais  aussi  chez  les 

i.  BK.kFi.L,  con.spectHS  rei  Syrorum  lillerarix,  5Iunsler,  1871,  p.  23. 
;2.  Fr.r.DMANN,   tiyrische    Wechscllicder    von    Narses,  Lcip-^ig,    189G; 
NOELDEKE,  Lilerar.  Centralblatl,  lSî»7.  n»  3.  j..  04. 


20  LA  POESIE  SYRIAQUE. 

prosateurs  de  la  meilleure  époque,  Aphraate  et  Phi- 
loxène  de  Mabboug. 

La  poésie  syriaque  se  divise  en  deux  groupes  princi- 
paux :  les  homélies  métriques  et  les  hymnes. 

Les  homélies  ou  discours  poétiques  jkiJîcLioj  iv^)^'  ap- 
partiennent au  genre  narratif  et  épique;  elles  suivent 
une  marche  régulière  et  se  composent  de  vers  du  même 
mètre.  Saint  Ephrem  fit  usage,  dans  ses  homélies,  du 
vers  de  sept  syllabes  qui,  le  plus  souvent,  se  divise  en 
deux  mesures  rythmiques  de  trois  et  quatre  syllabes. 
Après  lui,  d'autres  mètres  furent  aussi  employés  pour 
ce  genre  poétique.  Mar  Balai  composa  des  homélies  en 
vers  de  cinq  syllabes,  comprenant  deux  mesures  de 
deux  et  trois  syllabes.  Narsès,  dit-on,  préférait  le  mè- 
tre de  six  syllabes;  mais  cette  assertion  ne  s'est  pas 
vérifiée  jusqu'à  ce  jour  ;  on  ne  connaît  de  cet  auteur  que 
des  poésies  en  vers  de  sept  syllabes  et  envers  de  douze 
syllabes.  C'est  également  le  vers  de  douze  syllabes, 
divisé  en  trois  mesures  de  quatre  syllabes  chacune, 
qu'employa  Jacques  de  Saroug  dans  ses  nombreuses 
homélies. 

Les  homélies  étaient  le  plus  souvent  écrites  en  vue 
des  fêtes  de  l'Église  et  des  commémoraisons  des  saints 
et  des  martyrs,  pendant  les  offices  desquels  elles 
étaient  récitées.  Parfois  aussi  elles  étaient  destinées  à 
l'édification  des  fidèles  et  servaient  de  lectures  pieuses. 
Dans  ce  cas  elles  pouvaient  avoir  l'étendue  d'un  long 
poème.  Nous  possédons  d'Isaac  d'Antioche  une  homé- 
lie sur  la  pénitence  de  1924  vers  et  une  autre  de  2133 
vers  sur  un  perroquet  qui  chantait  à  Antioche  l'hymne 
du  Trisagion.  Jacques  de  Saroug  est  l'auteur  d'une  ho- 
mélie de  1400  vers  sur  le  char  qui  apparut  à  Ezéchiel , 
d'une  autre  de  730  vers  sur  les  légendes  d'Alexandre  le 
Grand.  Si  le  poème  était  trop  long  pour  être  lu  d'une 


LA  POÉSIE  SYRIAQUE.  21 

seule  haleine,  on  le  divisait  en  plusieurs  homélies. 
Ainsi  le  poème  sur  Joseph,  fils  de  Jacob,  attribué  à 
saint  Ephrem,  comprend  douze  homélies  ou  chants. 

Les  hymnes  forment  le  second  groupe  de  la  poésie  sy- 
riaque. Je  retiens  \QTi\o\  hymne  qui  est  consacré  parlu- 
sage.  Mais  les  Syriens  ne  connaissaient  pas  ce  terme; 
ils  appelaient  ces  poésies  des  instructions  >ivyi\  C'é- 
tait ,  en  effet,  nous  l'avons  rappelé ,  par  des  hymnes  que 
Bardesane  répandait  dans  le  peuple  ses  doctrines,  et 
saint  Ephrem  suivit  son  exemple  consacré  par  le  suc- 
cès. Si  Bardesane  composa  cent  cinquante  hymnes, 
les  œuvres  de  saint  Ephrem  comprennent  plus  du  dou- 
ble de  ces  poésies.  Les  unes  sont  dirig-ées  contre  les 
hérétiques  et  les  sceptiques;  d'autres  sont  parénéti- 
ques;  d'autres  encore  étaient  destinées  aux  fêtes  de 
l'Eglise  et  des  saints  et  étaient  chantées  à  la  suite  des 
homélies. 

a  Lorsque  saint  Ephrem  ,  rapporte  son  biographe , 
vit  le  goût  des  habitants  d'Edesse  pour  les  chants,  il 
institua  la  contre-partie  des  jeux  et  des  danses  des  jeunes 
gens.  Il  établit  des  chœurs  de  religieuses  auxquelles  il 
fit  apprendre  des  hymnes  divisées  en  strophes  avec  des 
refrains.  Il  mit  dans  ces  hymnes  des  pensées  délicates 
et  des  instructions  spirituelles  sur  la  Nativité,  sur  le 
baptême ,  le  jeûne  et  les  actes  du  Christ ,  sur  la  Passion , 
la  Résurrection  et  l'Ascension ,  ainsi  que  sur  les  cons- 
fesseurs,  la  pénitence  et  les  défunts.  Les  vierges  se 
réunissaient  le  dimanche,  aux  grandes  fêtes  et  aux 
commémoraisons  des  martyrs;  et  lui,  comme  un  père, 
se  tenait  au  milieu  d'elles,  les  acompagnant  de  la 
harpe.  11  les  divisa  en  chœurs  pour  les  chants  alter- 
nants et  leur  enseigna  les  différents  airs  musicaux,  de 
sorte  que  toute  la  ville  se  réunit  autour  de  lui  et  que  les 
adversaires  furent  couverts  de  honte  et  disparurent.  » 


22  LA  POtSIE  SYRIAQUE. 

Une  légende,  recueillie  par  riiistorion  Socrate 
(YI,  8)  et  suivie  par  Salomon  de  Bassora  [Le  livre  de 
Vabeille,  130,trad.  115)  et  par  BarhebrœusiCVi/'o/i.  eccl.^ 
I,  41),  attribue  l'institution  de  lantiphone^  en  Syrie, 
à  saint  Ignace  d'Antioche,  qui  en  aurait  reçu  l'inspira- 
tion dans  une  vision.  Les  anges  lui  étaient  apparus  cé- 
lébrant les  louanges  de  la  Trinité  dans  des  hymnes 
qu'ils  chantaient  alternativement  ^ 

A  la  différence  des  homélies ,  les  hymnes  repré- 
sentent le  genre  lyrique  ;  elles  renfermaient  toutes  les 
variétés  dont  ce  genre  est  susceptible,  depuis  le  vers  de 
quatre  syllabes  jusqu'à  celui  de  dix  syllabes,  et  com- 
prenaient un  nombre  variable  de  strophes  de  différente 
longueur.  Les  stropheslesplus  longues  étaient  chantées 
par  le  premier  chœur;  les  strophes  les  plus  courtes  for- 
maient le  refrain  et  la  partie  du  second  chœur. 

Le  refrain  se  composait  d'une  doxologie  ou  d'une 
prière ,  il  revenait  sans  changement  après  chaque  stro- 
phe principale,  ou  il  variait  dans  ses  expressions.  11 
était  chanté  sur  le  môme  air  que  les  autres  strophes  de 
l'hymne. 

Les  airs  musicaux  étaient  indiqués  par  des  rubriques. 
Ces  rubriques  donnaient  les  premiers  mots  de  Ihymne 
dont  le  chant  connu  servait  de  modèle;  par  exemple, 
la  rubrique  sur  V air  de  Ce  jour  indiquait  le  chant  de 
l'hymne  sur  la  Nativité  de  Notre  Seigneur,  qui  com- 
mençait par  Ce  jour.  C'est  dune  manière  analogue  que 
les  airs  sont  notés  dans  nos  recueils  de  cantiques  ou  de 
chansons  populaires. 

Les  airs  variaient  suivant  les  diverses  espèces  d'hym- 
nes ,  dont  les  strophes  étaient  formées  de  mètres  pa- 

1.  L'institution  des  cliœurs  en  Babylonie  et  dans  la  Mésopotamie  orien- 
tale est  due  à  Siniéon  bar  Sabbâé ,  mort  en  341 ,  suivant  BARnEBR^us, 
Chron.  eccL,  U,  33. 


LA  POÉSIE  SYRIAQUE.  23 

reils,  ou  de  mètres  dinégale  longueur.  M.  Lamy,  qui  a 
consacré  une  étude  aux  poésies  de  saint  Eplirem  ,  a  re- 
connu soixante-six  variétés  d'hymaes  chez  cet  auteur'. 
Saint  Ephrem  nous  a  laissé  un  certain  nombre  d'hym- 
nes acrostiches  dans  lesquelles  les  strophes  sont  dispo- 
sées suivant  l'ordre  alphabétique ,  à  l'instar  de  plusieurs 
poésies  hébraïques  de  la  Bible.  Avant  lui,  Aphraate 
avait  déjà  fait  usage  de  ce  procédé  de  numérotage;  cha- 
cune de  ses  homélies  en  prose  commence  par  une  let- 
tre de  l'alphabet  qui  en  détermine  la  place.  Des  acros- 
tiches de  mots  sont  plus  rares.  Saint  Éphrem  a  signé 
quelques-unes  de  ses  compositions  au  moyen  de  l'acro- 
stiche formé  des  lettres  de  son  nom. 

Une  variété  de  l'hymne  était  le  cantique,  sougUhd 
()? jL^oœ) ,  qui  contient  une  prière  ou  les  louanges  de  la 
Divinité  ou  d'un  saint.  On  possède  des  cantiques  écrits 
en  strophes  acrostiches  et  rattachés  à  des  homélies,  à 
la  suite  desquelles  ils  étaient  chantés  par  les  chœurs 
pendant  les  fêtes  religieuses.  De  cette  espèce  sont  les 
neuf  cantiques  du  docteur  nestorien  Narsès  existant 
dans  des  manuscrits  dont  deux  copies  se  trouvent  en 
Europe,  l'une  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin,  l'au- 
tre au  Musée  Borgia.  Nous  en  devons  la  connaissance  à 
MM.  Sachau  et  Feldmann  qui  les  ont  publiés  récem- 
ment-. Ces  cantiques  ont  pour  sujet  la  Nativité  de  No- 
tre Seigneur,  l'Annonciation,  l'Epiphanie,  la  fête  de 
saint  Jean -Baptiste,  la  fête  des  Docteurs  nestoriens 
Diodore,  Théodore  et  Nestorius;,  la  Passion,  les  Ha- 
meaux, la  fête  de  Pâques  et  ]a  fête  des  Confesseurs 
(célébrée  le  vendredi  de  la  semaine  de  Pâques). 

i.  On  syriac  prosody,  dans  les  Actes  du  congrès  des  Orientalistes  de 
Londres  de  1891. 

2.  Sacuau,  Ueter  die  Poésie  in  der  Volksprache  der  Xeslorianer,  dans 
les  Rapports  de  l'Académie  de  Berlin,  1890.  p.  i*j.j.208;  Feldma»,  6'>/- 
rische  Wechsellieder  von  Xarses,  Leipzig,  1890. 


24  LA  POÉSIE  SYRIAQUE. 

Le  caractère  distinctif  de  ces  neuf  cantiques  est  la 
forme  dialoguée.  Après  une  courte  introduction  dont 
l'étendue  varie  de  cinq  à  dix  strophes  de  quatre  vers  de 
sept  syllabes,  commence  un  dialogue  entre  deux  per- 
sonnages ou  groupes  de  personnes;  ainsi,  dans  le 
cantique  de  la  Nativité,  le  dialogue  a  lieu  entre  la 
Sainte  Vierge  et  les  rois  Mages  ;  dans  le  cantique  de 
FAnnonciation  ,  entre  l'Archange  Gabriel  et  la  Vierge 
Marie.  A  chaque  personnage  est  attribuée ,  à  tour  de 
rôle,  une  strophe;  les  strophes  sont  rangées  par  ordre 
alphabétique  ;  chaque  lettre  de  l'alphabet  a  deux  stro- 
phes, ce  qui  donne  pour  la  partie  dialoguée  quarante- 
quatre  strophes,  les  lettres  de  l'alphabet  syriaque  étant 
au  nombre  de  vingt-deux. 

Ces  cantiques  sont  des  petits  drames  d'une  vive  allure 
et  empreints  d'une  certaine  grâce;  ils  rappellent  ces 
drames  religieux  du  moyen  âge  dans  lesquels  les  prin- 
cipaux actes  de  Notre  Seigneur  et  de  la  Vierge  étaient 
mis  en  scène.  Les  Syriens  semblent  avoir  fort  goûté  ce 
genre.  Les  cantiques  sur  la  Nativité,  sur  l'Annonciation 
et  sur  lÉpiphanie,  bien  qu'écrits  par  un  nestorien, 
ont  été  admis  dans  le  bréviaire  maronite  pour  l'office 
de  ces  fêtes,  mais  débaptisés  et  placés  sous  l'autorité 
de  saint  Ephrem. 

Telle  est,  esquissée  à  grands  traits,  la  poésie  syria- 
que de  l'époque  où  florissait  la  littérature,  du  IV^  au 
VIII®  siècle  de  notre  ère. 

La  décadence  commence  un  siècle  après  la  conquête 
arabe,  lorsque  le  syriaque,  cessant  d'être  parlé,  n'est 
plus  que  la  langue  littéraire.  11  ne  semble  pas,  autant 
que  nous  pouvons  en  juger  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances ,  que  la  poésie  arabe  ait  exercé  son  in- 
fluence sur  la  poésie  syriaque  avant  le  IX^  siècle  ^  C'est 

i.   Le  Liber  Thesauri  de  arte  poetica  du   P.  Cardaui,  Rome,  1873. 


L.\  POÉSIE  SYRIAQUE.  25 

vers  cette  époque  que  nous  constatons  l'usage  de  la 
rime  introduite  dans  la  poésie  syriaque  par  imitation 
de  la  poésie  arabe' ,  et  cet  usage  ne  tarda  pas  à  se  c^é' 
néraliser-.  Les  anciens  Syriens  ne  connaissaient  pas 
l'art  de  séparer  les  vers  par  la  rime.  On  a  relevé,  il  est 
vrai,  quelques  traces  de  rimes  dans  les  poésies  de  saint 
Ephrem  et  d'autres  poètes  de  la  bonne  époque,  mais  ce 
sont  simplement  des  assonances  qui  plaisent  aux  Orien- 
taux; ces  assonances  n'ont  pas  le  caractère  de  la  rime 
qui  marque  par  une  cadence  la  coupe  des  vers. 

Comme  dans  la  hasida  arabe,  la  rime  est  quelquefois 
la  même  pour  tous  les  vers  dune  poésie^.  Mais,  dans 
la  majorité  des  cas,  les  vers  de  la  strophe  seulement 
riment  entre  eux.  Les  Syriens,  d'ailleurs,  ne  se  sont 
pas  astreints  aux  règles  étroites  de  la  prosodie  arabe; 
ils  ont  créé  un  nouvel  art  qui  comporte  plusieurs  varié- 

renferme  des  poésies  rimées  attribuées  à  des  auteurs  antérieurs  à 
cette  époque,  mais  ces  attributions  sont  erronées.  La  poésie  de  la  page 
ifîi,  dont  l'acrostiche  est  formé  par  la  rime,  commune  à  tous  les  vers 
de  la  strophe,  n'est  certainement  pas  de  Jésuyab  d'Adiabène.  Les  dates 
indiquées  dans  ce  recueil,  à  la  fin  de  chaque  morceau ,  pour  la  mort  des 
auteurs,  sont  fausses  en  grande  partie.  Il  n'est  pas  possible  daccepler 
la  date  de  500  pour  Jean  bar  Khaldoun,  p.  78:  de  600  pour  Bàouth, 
p.  76;  de  793  pour  Israël  d'Alkosch,  p.  96;  de  790  pour  Adam  d'Akra 
p.  102.  Bar  Khaldoun  vivait  au  X«  siècle.  Vie  du  moine  Rabban  Youssef 
Bousnaya  dans  la  Revue  de  VOi'ienl  chrétien,  189"  et  1898. 

1.  Antoine  le  Rhéteur  composa  vers  820  des  poésies  rimées,  voir  un 
spécimen  dans  la  Chrestom.  syr.  de  RoEDiGEn,  2'  éd.,  Halle,  1868,  p.  110, 
111;  voir  aussi  dans  le  Liber  Thesauri  les  poésies  :  de  Sliba  al-Man- 
souri,  dont  le  P.  Cardahi  place  la  mort  en  900,  p.  57;  d'Elias  d'Anbar,  vers 
922.  p.  72;  d'Lbedjésu  bar  Schahharé,  vers  963,  p.  130. 

2.  Les  poésies  non  rimées  sont  rares  à  partir  de  cette  époque;  on  en 
trouve  une  de  Timothée  de  Karkar  (f  1169;,  qui  ne  diffère  pas  des  an- 
ciennes homélies.  Liber  Thesauri,  p.  lio. 

3.  Déjà  au  dixième  siècle,  chez  Elias  d'Anbar,  Liber  Thesauri,  p.  72, 
et  au  siècle  suivant,  chez  Elias  bar  Schinâyâ,  ibid.,  p.  83;  comp.  encore 
dans  ce  livre  pour  les  siècles  postérieurs  :  Al-Madjidi,  p.  160;  Ibrahim 
de  Séleucie  de  Syrie,  p.  104;  Ébedjésu,  le  patriarche  chaldéen,  p.  80; 
Gabriel  le  Chaldéen.  p.  120:  Asko  al-Schabdani ,  p.  108.  Voir  aussi  le 
Paradis  de  VÉdcn  d'Ébedjésu,  public  par  le  P.  CvriDAUr,  Deiroiith,  1889, 
et  The  life  of  Rabban  Ilormizd,  par  Wallis  Bidge,  Berlin,  1891. 


2G  LA  POÉSIE  SYRIAQUE. 

tés.  Le  mètre  de  douze  syllabes,  par  exemple,  qui, 
comme  nous  Tavons  dit,  se  divise  en  trois  mesures  de 
quatre  syllal)es ,  peut  recevoir  la  rime  à  la  fin  de  cha- 
que mesure  :  parfois  les  deux  premières  mesures  auront 
une  rime  propre  ou  rimeront  chacune  avec  la  mesure 
correspondante  dans  les  autres  vers  de  la  strophe.  On 
trouve  une  variété  dans  laquelle  chaque  strophe  a  sa 
rime  propre,  excepté  le  dernier  vers  qui  reprend, 
comme  un  refrain,  la  rime  de  la  première  strophe ^ 
Quand  les  strophes  sont  acrostiches ,  et  le  cas  est  fré- 
quent, il  arrive  que  la  rime  de  la  strophe  est  formée 
par  la  lettre  correspondante  de  l'alphabet^.  L'art  su- 
prême consiste  dans  un  double  acrostiche,  la  lettre  al- 
phabétique commençant  et  terminant  le  vers^. 

On  voit  que  les  Syriens  de  la  décadence  accumulè- 
rent les  difficultés  de  versification  et  firent  de  la  poésie 
un  jeu  de  l'esprit  où  le  talent  eut  une  part  bien  mi- 
nime. C'est  des  Syriens  de  cette  période  qu'on  peut 
surtout  dire  qu'ils  furent  des  versificateurs  et  non  des 
poètes. 

Les  mètres  ordinaires  des  anciennes  homélies,  le 
mètre  de  sept  syllabes  et  celui  de  douze  syllabes  de- 
meurèrent en  faveur  et  peu  de  nouvelles  lignes  métri- 
ques furent  introduites.  L'homélie  et  l'hymne  furent 
confondues.  On  transporta  aux  homélies  les  propriétés 
des  hymnes,  à  savoir,  la  coupe  régulière  des  strophes 
et  l'acrostiche.  Rarement  cependant  on  fit  usage  dans 
les  strophes  de  mètres  différents;  on  rencontre  des 
strophes  de  vers  de  sept  et  huit  syllabes  et  des  stro- 


i.  Voir  la  xnp  homélie  du  Paradis  de  l'Eden  d'ÉbedJésu. 

2.  Voir  dans  le  Liber   Thesauri  ;  Jésuyab  de  Hazza,  p.  124;  George 
d'Alkosch,  p.  130,  etc. 

3.  Voir,  outre  le  Paradis  de  VÉden,  la  poésie  d'Israël  d'Alkosch  dans 
le  Liber  Thesauri,  p.  9G,  et  celle  d'Ibn  Al-Masihi,  ibid.,  p.  lO^J. 


LA  POÈSIC  SYRIAQLE.  27 

plies  d  un  vers  de  quatre  syllabes  et  de  trois  vers  de 
sept  syllabes  '. 

Frappés  de  la  ricbesse  de  la  langue  arabe,  les  Syriens 
de  la  basse  époque  voulurent  prouver  que  le  syriaque 
ne  le  cédait  en  rien  à  l'idiome  de  leurs  rivaux.  Ils  re- 
cherchèrent les  expressions  rares  ou  artificielles  qu'ils 
affectaient  de  considérer  comme  des  archaïsmes  pro- 
pres à  donner  du  relief  aux  images  poétiques.  Le  lexi- 
que, dans  lequel  Bar  Bahloul  avait  réuni  et  commenté 
les  mots  de  cette  nature ,  fut  une  mine  précieuse  pour 
les  compositions  métriques  des  derniers  siècles. 

Le  modèle  du  genre  est  le  Paradis  de  VEden,  qu'E- 
bedjésu,  métropolitain  de  Nisibe,  composa  en  1290. 
Ebedjésu  prit  comme  modèle  le  célèbre  auteur  arabe 
llariri  qui,  dans  cinquante  Makdmdt  ou  séances,  se 
livra  aux  exercices  des  jeux  d^e  l'esprit  les  plus  surpre- 
nants. Agrémentée  du  sel  de  l'ironie  orientale,  repro- 
duisant avec  un  art  rare  les  finesses  de  la  langue  vul- 
gaire, l'œuvre  de  llariri  fut  fort  appréciée  non  seule- 
ment des  Arabes,  mais  aussi  des  Juifs  et  des  Syriens. 
Un  poète  juif  de  la  fm  du  XU^  siècle,  Juda  Harizi,  de 
Tolède ,  fut  si  charmé  par  la  lecture  des  Makdmdt ,  qu'il 
les  traduisit  en  hébreu  et  écrivit,  pour  les  imiter,  le 
Sépher  tahkeinoni,  ouvrage  qui,  s'il  reste  bien  au-des- 
sous de  l'original,  ne  manque  pas  d'une  certaine  sa- 
veur littéraire. 

Le  Paradis  de  VEden  ne  se  recommande  que  par  l'ha- 
bileté de  l'auteur  dans  les  tours  de  force  de  l'esprit. 
Ebedjésu  travaillait  avec  une  langue  morte  et,  en  pa- 
reil cas,  le  talent  n'est  plus  cjuc  de  l'artifice.  En  outre 
les  cinquante  homélies  métriques,  quïl  écrivit  à  l'ins- 
tar des  cinquante  J/<7/tv//;^^//,  traitent  de  sujets  religieux 

1.  Voir  Lih&r  Thesauri,  p.  7(i,  12U  et  1-28.  Le  Paradis  de  l'Édcn  ren- 
ferme d'autres  varictcs. 


28  L.V  POÉSIE  SYUI.VQUE. 

qui  se  prêtent  peu  aux  fantaisies  de  l'imagination.  Le 
plaisir  de  la  difficulté  vaincue  peut  rémunérer  l'auteur 
de  ses  peines,  il  ne  rachète  pas  la  fatigue  qu'éprouve 
le  lecteur  à  suivre  le  récit.  Quelques  exemples  don- 
neront une  idée  de  ce  pastiche.  La  troisième  homélie  se 
compose  de  lignes  métriques  de  seize  syllabes  se  lisant 
à  volonté  de  droite  à  gauche  ou  de  gauche  à  droite  et 
formant  un  double  acrostiche.  Dans  la  quatrième  ho- 
mélie tous  les  mots  se  terminent  par  la  lettre  olaf;  les 
strophes  doublement  acrostiches  ont  quatre  vers  de 
sept  syllabes.  En  sens  inverse,  il  n'y  a  pas  un  seul  olaf 
dans  la  quinzième  homélie,  composée  également  de 
strophes  doublement  acrostiches  de  quatre  vers  de  sept 
syllabes;  de  plus  il  y  a  une  rime  unique  en  aiiK  La 
sixième  homélie  est  écrite  en  vers  de  sept  syllabes  qui 
deviennent  des  vers  de  six  syllabes  si  l'on  retranche 
dans  chacun  d'eux  un  mot  écrit  en  rouge  (une  cheville, 
autrement  dit),  qu'on  peut  supprimer  sans  que  le  sens 
soit  modifié;  c'est  une  poésie  acrostiche  avec  la  même 
rime  pour  tous  les  vers.  Dans  la  vingt-unième  homélie 
tous  les  vers  contiennent  les  vingt-deux  lettres  de  l'al- 
phabet, ni  plus  ni  moins;  ce  sont  des  vers  acrostiches 
de  douze  syllabes.  Aux  nombreuses  variétés  pi  osodi- 
ques  que  ses  devanciers  lui  avaient  léguées,  Ebedjésu 
ajouta  de  nouvelles  subtilités  imitées  de  Hariri-.  L'au- 
teur, pour  faciliter  la  lecture  de  ce  Paradis^  jugea  op- 


1.  Comp.  une  poésie  d'Elias  bar  Schinaya,  également  sans  olaf  et 
avec  la  rime  unique  an,  dans  le  Liber  Thesaiwi,  p.  83. 

2.  Nous  parlons  du  Paradis  de  VÉden  d'après  l'édition  du  P.  Cardaui, 
Beirouth,  1889,  qui  ne  renferme  que  les  vingt-cinq  premirrcs  lioméiies. 
Assémani  a  donné  une  analyse  de  cet  ouvrage,  B.  0.,  IH,  i^ars  I,  325- 
332;  des  spécimens  en  ont  été  publiés  avec  une  traduction  latine  par 
le  P.  GisMONDi,  Beirouth,  1888.  Le  P.  Cardaui  a  imprimé  dans  son  Liber 
Thesauri,  p.  5i,  une  partie  de  la  treizième  lioméiie  répondant  à  la  on- 
zième Makama  de  Hariri;  on  y  trouve,  p.  36,  1.  -13-18,  six  vers  qui  ont 
été  sautés  dans  l'édition  du  Paradis  de  VÉden. 


L.V  POÉSIE  SYRIAQUE.  29 

portun  d'y  ajouter  un  commentaire  qu'il  écrivit  en  1316. 

Nous  terminons  cette  revue  de  la  poésie  décadente 
par  la  mention  d'une  autre  œuvre  aussi  bizarre,  mais  à 
un  titre  différent.  C'est  un  poème  sur  Rabban  Hormizd, 
le  fondateur  du  couvent  nestorien  d'Alkosch.  L'auteur 
du  poème,  un  moine  de  ce  couvent,  du  nom  de  Sergis, 
n'a  pas  indiqué  l'époque  à  laquelle  il  vivait,  mais  ce 
n'est  pas  lui  faire  injure  que  de  descendre  son  œuvre 
au  XVII^  siècle'.  Ce  poème  en  vers  de  douze  syllabes 
est  un  long  acrostiche  divisé  en  vingt-deux  chants  sui- 
vant les  vingt-deux  lettres  de  l'alphabet  syriaque,  non 
compris  le  prologue  et  l'épilogue.  La  rime  qui  est  la 
même  pour  tous  les  vers  d'un  chant  est  fournie  par  la 
lettre  alphabétique  à  laquelle  le  chant  correspond.  Mais 
c'est  moins  la  forme  poétique  du  livre  que  la  langue 
dans  laquelle  il  est  écrit  qui  lui  donne  sa  physionomie 
étrange.  L'auteur  recherche  d'une  façon  inouïe  les  mots 
rares  ou  inusités ,  crée  des  néologismes  d'une  singulière 
audace,  détourne  les  locutions  de  leur  sens  naturel, 
et  il  en  arrive  à  composer  de  véritables  rébus  dont  on 
n'aurait  la  clef  qu'en  feuilletant  les  lexiques  de  Bar  Ali 
et  de  Bar  Bahloul,  si  un  commentaire  marginal  n'épar- 
gnait au  lecteur  ce  travail  en  reproduisant  les  gloses 
explicatives  de  ce  lexique. 

Rappelons  aussi  le  petit  poème  sur  la  science  et  la 
vertu,  publié  par  M.  Salomon  Samuel-,  que  l'auteur  a 
surchargé  de  mots  grecs  et  d'expressions  syriaques 
rares  ou  artificielles.  Cet  écrit,  accompagné  d'un  com- 
mentaire, appartient  aussi  à  la  dernière  époque  de  la 

1.  George  d'Alkosch  qui,  selon  le  P.  Cardalii,  mourut  en  1700,  est  l'au- 
teur d'un  poème  publié  dans  le  Liber  Thesauri,  p.  131,  et  dont  la  fac- 
ture rappelle  beaucoup  le  genre  de  Sergis  d'Alkosch.  Le  poème  de 
Ser.,MS  a  été  publié  par  M.  Bldge,  The  life  of  Rabban  Ilormizd,  Berlin, 
1891. 

2.  Das  Gedicht  .m^^,Q^.rD;p  ..£u>|L,  Halle,  1893. 


30  LA  POÉSIE  SYRIAQUE. 

littérature.  Il  est  peu  probable  qu'il  soit  sorti  de  la 
plume  de  Barliebrœus,  auquel  l'éditeur  est  porté  à 
l'attribuer. 

Le  pâle  éclat  que  les  lettres  syriaques  jetèrent  pen- 
dant leur  décadence,  brilla  surtout  dans  la  Mésopotamie 
orientale  où  les  Syriens  les  moins  éloignés  du  siège  du 
Gouvernement  menaient  une  existence  supportable. 
C'est  aux  Nestoriens  que  nous  devons  la  plupart  des 
compositions  qui  nous  ont  permis  de  jeter  un  coup 
d'œil  sur  la  poésie  syriaque  de  basse  époque. 


m 


LES    ANCIENNES    VERSIONS    DE    L  ANCIEN 
ET    DU    NOUVEAU    TESTAMENT. 


§  1.  —  La  version  de  l'Ancien  Testament 
dite  la  Peschitto. 


Il  ne  rentre  pas  dans  notre  cadre  de  parler  de  récri- 
ture syriaque,  et  nous  laisserons  de  côté  les  anciennes 
monnaies  et  les  inscriptions  lapidaires  d'Edesse,  qui 
offrent  un  intérêt  historique  et  paléographique,  mais 
qui  n'ont  qu'un  rapport  très  éloigné  avec  la  littérature 
chrétienne. 

Le  plus  ancien  monument  de  cette  littérature  est 
sans  conteste  la  version  de  l'Ancien  Testament  dési- 
gnée sous  le  nom  de  Peschitto  iè^^^ijls  .  que  la  tradition 
fait  remonter  à  l'époque  de  l'établissement  du  christia- 
nisme dans  la  Mésopotamie.  L'Abbé  Martin  a  reproduit 
dans  son  Inifoduction  à  la  critique  textuelle  du  X.  T. 
(I,  p.  101)  un  passage  de  Y Hexaméron  de  Moïse  bar 
Képha  -J-  913),  qui  est  ainsi  conçu  :  «  Il  faut  savoir  qu'il 
existe  dans  notre  langue  syrienne  deux  versions  de 
l'Ancien  Testament  :  l'une,  appelée  la  Peschitto  y  et 
qui  est  celle  que  nous  lisons,  a  été  traduite  de  l'hé- 
breu en  syriaque;  l'autre,  celle  des  Septante  (c'est-à- 
dire,  l'Hexaplaire  syriaque^ ,  a  été  traduite  sur  le  grec. 


32  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

LaPeschitto,  qui  a  été  traduite  de  Ihébreu,  a  été  faite 
au  temps  d'Abgar,  selon  ce  que  dit  Mar  Jacques  d'É- 
desse.  Mar  Jacques  dit  en  elîet  que  l'apôtre  Addai  et 
le  fidèle  Abgar  envoyèrent  à  Jérusalem  et  en  Pales- 
tine des  hommes  qui  traduisirent  lAncien  Testament 
de  riiébreu  en  syriaque.  La  version  syriaque  des  Sep- 
tante a  été  faite  du  grec  par  Paul ,  évéque  de  Telia  de 
Mauzalat.  )>  Quoique  cette  tradition  dérive  directement 
de  la  légende  dAbgar  pour  ce  qui  concerne  l'origine 
de  la  Pescliitto ,  elle  ne  semble  pas  cependant  dénuée 
de  tout  sens  historique.  Il  est  évident  que  cette  version, 
écrite  dans  la  langue  mésopotamienne ,  a  été  faite  pour 
les  chrétiens  de  la  Mésopotamie ,  les  chrétiens  helléni- 
sants de  la  Syrie  proprement  dite  faisant  usage  des 
Septante. 

On  peut  affirmer  quil  existait  une  communauté 
chrétienne  à  Edesse  vers  l'an  150  de  notre  ère.  La  pre- 
mière mention  des  communautés  chrétiennes  (naool- 
y.iai)  se  trouve  dans  Eusèbe  [Hlst.  eccL,  V,  23),  au  sujet 
d'un  concile  tenu  vers  197  pour  discuter  la  question 
pascale. 

Un  témoignage  de  l'ancienneté  de  la  Peschitto  sem- 
ble fourni  par  Méliton,  évêque  de  Sardes  vers  170,  qui, 
dans  une  scolie  sur  la  Genèse,  xxii ,  13,  aurait  dit  au 
sujet  du  chevreau  substitué  à  Isaac  pour  le  sacrifice  : 
y.aTsyûuai'og  twi'  y.souTCOr,  d  ^voogxal  o^EGocdog  y.oeuâus" 
voç  (paoLv.  Dans  nos  textes  actuels ,  le  syriaque  et  l'hé- 
breu ne  présentent  pas  de  variante  et  ont,  comme  les 
Septante ,  la  leçon  «  tenu  »  par  les  cornes ,  et  non  pas 
«  suspendu  »  par  les  cornes,  y.çsiidfisrog ,  comme  l'aurait 
noté  Méliton.  On  en  a  conclu  que,  par  les  mots  o 
""EGouXog  et  o  ^voog,  Méliton  n'aurait  pas  désigné  le  texte 
hébreu  reçu  et  la  Peschitto,  mais  quelque  version  grec- 
que faite,  d'une  part,  par  un  juif  hébraïsant  et,  d'au- 


•DE  L'AN'CIEN  TESTAMENT.  33 

tre  part,  par  un  Syrien'  Mais  la  question  se  compli- 
que dune  autre  question  également  douteuse.  Les 
Hexaples  d'Origène  et  les  anciennes  œuvres  patristi- 
ques  donnent,  sous  les  rubriques  o  '^EdouToç,  o  ^loo;,  t6 
^('.uaosiTiy.oï',  des  variantes  grecques,  qui  tantôt  concor- 
dent soit  avec  le  texte  hébreu,  soit  avec  la  Peschitto 
ou  avec  le  samaritain  (texte  hébreu  samaritain,  ou 
version  samaritaine^,  et  tantôt  s'en  écartent.  On  a 
émis  à  ce  sujet  beaucoup  d'hypothèses  invraisembla- 
bles. 

Field ,  dans  l'introduction  de  son  édition  des  Hexa- 
ples d'Origène,  supposait  que  o  ^EOoaïo;  indiquait  une 
version  grecque  de  certains  livres  bibliques  faite  par  un 
juif;  c  ^iQoç,  une  autre  version  grecque  faite  en  Syrie  ; 
enfm  t6  ^auuosiTiy.ôy,  une  version  grecque  du  Penta- 
teuque  hébreu  samaritain  ou  de  la  version  samari- 
taine. '<  Mais,  observe  M.  l'Abbé  Loisy-,  il  est  bien 
douteux  que  toutes  ces  versions  aient  existé.  Pourquoi 
donner  le  nom  d'hébreu  ou  de  sijriaque  à  des  versions 
qui  se  seraient  trouvées  absolument  dans  les  mêmes 
conditions  que  les  autres  versions  grecques?  Les  va- 
riantes de  XHèhveiL  n'auraient -elles  pas  été  emprun- 
tées à  quelque  targoum.  celles  du  Syriaque  à  la  Pes- 
chitto, celles  du  Samaritain  aux  livres  samaritains? 
Ces  variantes  ne  pouvaient  être  données  qu'en  grec, 
mais  Origène  a  pu  se  les  procurer  sans  avoir  la  traduc- 
tion complète  des  documents  où  il  les  a  puisés.  Certai- 
nes citations  du  Syriaque  ne  s'accordent  pas  avec  le 
texte  traditionnel  de  la  Peschitto  ;  seulement ,  comme  il  y 
en  a  d'autres  qui  sont  conformes  à  ce  texte,  pour  écar- 


I.EicIiliorn,  de  Welte.  Ficid.  et  rrautrcs.  Renan,  dans  son  Ilisloire  des 
lancines  sémitiques  (4«  «-d,,  Paris,  18.j3,  p.  -2(J.3,  noie  i)  accepte  celte  thèse. 

2.  Histoire  critique  du  lexl:  et  des  versions  de  la  Bible  dans  la  revue 
Venseignetnent  biblique,  janvier-février  1893,  p.  35. 


34  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

ter  ridée  d'un  emprunt  fait  à  la  version  syriaque,  il 
faudrait  aussi  pouvoir  dire  que  la  Pescliitto  n'a  pas  été 
revisée  après  le  temps  d'Origène.  »  Elle  Ta  été  en  réa- 
lité, nous  le  verrons  plus  loin,  au  commencement  du 
IY°  siècle,  et  la  nouvelle  recension  s'est  faite  en  con- 
formité avec  les  Septante.  Ce  fait  suffit  à  expliquer 
comment  la  glose  citée  par  Méliton  sous  le  titre  o  ^v- 
Qo;  peut  ne  pas  se  trouver  dans  le  texte  syriaque  ac- 
tuel ,  bien  que  Méliton  ait  entendu  parler  de  la  Pes- 
cliitto'. 

Un  autre  argument  en  faveur  de  l'ancienneté  de  la 
Pescliitto  de  lAncien  Testament  se  tire  des  citations 
bibliques  de  la  Pescliitto  du  Nouveau  Testament.  Un 
nombre  important  de  ces  citations,  comme  il  résulte  du 
travail  de  M.  Frédéric  Berg-,  concorde  avec  le  texte  de 
la  Pescliitto  de  TA.  T.,  et  s'écarte  à  la  fois  de  l'hébreu 
et  du  grec.  En  raison  du  grand  nombre  de  ces  cas,  il  est 
difficile  d'expliquer  cette  concordance  par  une  revision 
liarmonistique  postérieure;  il  est  plus  admissible  que 
la  Pescliitto  de  lA.  T.  a  précédé  la  Pescliitto  du  N.  T. 
Dans  son  livre  sur  Bardesane,  M.  Merx^  a  remarqué, 
et  sa  remarque  semble  fondée ,  que  cet  auteur  de  la  fin 
du  IP  siècle  connaissait  déjà  la  Pescliitto  de  TA.  T. 

Nous  rappelons  ici,  à  titre  de  curiosité,  quelques 
légendes  qui  avaient  cours  chez  les  auteurs  syriaques 
relativement  aux  origines  de  la  Peschitto.  Jésudâd, 
évêque  de    Hira,  rapporte''  que  l'Ancien    Testament 

i.  M.  Perles,  dans  ses  Mcleiemata  Peschittoniana,  Breslau,  18î>9,  p.  49, 
a,  de  son  côté,  établi  que  o  Zvqo;  désigne  dans  les  Hexaples  la  ver- 
sion de  la  Pescliitto.  C'est  également  l'opinion  de  Welliialsen  ,  Einlei- 
tung  in  das  Alte  Testament  de  Bleek,  4«  éd.,  Berlin,  4878,  p.  GOl. 

2.  The  influence  of  the  Septuagint  upon  the  Peschitta  Psalter,  New- 
York,  1893,  p.  137-150. 

3.  Dardesanes  von  Edessa,  Halle,  1863,  p.  19. 

4.  V.  AssÉMAXi,  Bibliotheca  orienialis,  Rome,  1719-1728,  UI,  jMrs  I,  24 
et  suiv. 


DE  L'ANCIEN  TESTAMENT.  35 

avait  été  traduit  en  syriaque  du  temps  de  Salomon,  à  la 
demande  du  roi  de  Tyr,  Hiram,  à  l'exception  des  Chro- 
niques et  des  Prophètes  dont  la  version  fut  faite  seule- 
ment sous  le  roi  d'Edesse,  Abgar.  Selon  d'autres  ^  l'au- 
teur de  la  Peschitto  était  le  prêtre  Asa  qui  avait  été 
envoyé  pour  cet  objet  à  Samarie  par  le  roi  d'Assyrie. 
Théodore  de  Mopsueste  - ,  au  commencement  du  V^  siè- 
cle, ignorait  quel  était  Fauteur  de  cette  version. 

Le  nom  de  Peschitto,  ik^v^^jls,  litt.  «  la  version) 
simple  »,  n'est  pas  très  ancien;  il  se  lit  dans  des  ms. 
du  IX«  et  du  X®  siècle,  mais  pas  avant.  On  a  donné  de 
ce  nom  plusieurs  explications  dont  nous  ne  voulons  re- 
tenir qu'une  seule,  comme  étant  la  plus  vraisemblable. 
Le  mot  Peschitto  a  été  formé  par  imitation  du  grec  ni 
uTiXâ  désignant  les  ms.  qui  renferment  le  texte  seul  des 
Septante,  par  opposition  à  Ta  eza7i/M,  titre  de  la  grande 
édition  critique  dOrigène  qui  donnait,  à  côté  de  la 
transcription  de  l'hébreu,  les  différentes  versions  grec- 
ques. Par  analogie,  on  aurait  nommé  l'ancienne  ver- 
sion syriaque  la  simple  pour  la  distinguer  de  YHéxa- 
plaire  faite  sur  le  texte  des  Septante  dans  les  Hexaples. 
Ces  deux  versions  sont,  en  effet,  opposées  l'une  à  l'au- 
tre chez  les  auteurs  syriaques,  notamment  dans  les  pas- 
sages de  Moïse  bar  Képha  et  de  Barhebrœus  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus. 

Les  critiques  reconnaissent  tous ,  et  c'est  peut-être  le 
seul  point  dans  ces  questions  délicates  sur  lequel  l'ac- 
cord soit  unanime,  les  critiques  reconnaissent  que  plu- 
sieurs auteurs  ont  collaboré  à  la  rédaction  de  la  Pes- 
chitto de  l'A.  T.  Les  exégètes  syriaques  semblent  avoir 


1.  Voir  BAHEBn.ELs  dans  la  préface  de  son  commentaire  intitulé  Le 
magasin  des  myslrrcs  et  dans  son  Histoire  des  dynasties,  éd.  PocockE, 
Oxford,  l(iG3,  p.  100:  éd.  Saliiam,  Beiroiitli,  ISOO,  p.  100. 

2.  Dans  son  commentaire  sur  Zépliauia,  I,  G. 


36  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

eu  aussi  ce  sentiment;  saint  Ephrem  et  Jacques  d'E- 
desse,  dans  leurs  commentaires  de  laPescliitto,  disent 
les  interprètes  au  pluriel  en  parlant  des  auteurs  de  cette 
version. 

Mais,  sur  la  nationalité  et  la  religion  de  ces  traduc- 
teurs, on  cesse  de  s'entendre.  Ilirzel,  Kirsch,  Gesenius 
les  tenaient  pour  des  chrétiens  grecs  ;  d'autres ,  comme 
Perles  et  Prager,  pour  des  Juifs;  Dathe,  Nœldeke  et 
Renan,  pour  des  Judéo-chrétiens.  Cette  dernière  opi- 
nion est  la  plus  vraisemblable ,  si  l'on  prend  dans  son 
bon  sens  le  mot  de  Judéo-chrétiens,  c'est-à-dire  dans 
le  sens  de  Juifs  convertis  et  non  dans  celui  d'Ebionites. 
Dans  la  Mésopotamie,  en  effet,  où  la  Peschitto  a  été 
composée,  c'est  au  milieu  des  communautés  juives  que 
le  christianisme,  semble-t-il,  commença  à  se  propager. 
Suivant  la  Légende  d'Abgar,  Addai,  Tapôtre  de  l'Os- 
rhoène ,  est  originaire  de  Panéas  de  Palestine  ;  il  des- 
cend à  Edesse  chez  le  juif  Tobie.  A  sa  parole,  les  Juifs 
d'Édesse  se  convertissent  avec  le  même  empressement 
que  les  païens.  Il  est  certain,  d'un  autre  côté,  que 
la  Peschitto  procède  de  l'hébreu  et  non  des  Septante. 
Comme  le  canon  hébreu,  la  Peschitto  primitive 
navait  pas  les  livres  deutérocanoniques  que  renfer- 
ment les  Septante.  L'influence  des  targoums  sur  la 
version  syriaque  a  été  constatée,  d'une  manière  in- 
déniable, par  M.  Perles^,  en  particulier  pour  le  Penta- 
teuque,  par  M.  Cornill  -  pour  Ezéchiel.  et  par  M.  Sieg- 
mund  Frsenkel  pour  les  Chroniques^. 

Si  l'hyphothèse  de  traducteurs  grecs  chrétiens  doit 
être   écartée,  différents  passages  qui  ont  un  caractère 

1.  Meletemata  Peschittoniana,  Breslau,  1859. 

2.  Das  Buch  des  Propheten  Ezéchiel,  Leipzig,  4886,  p.  151-155. 

3.  Die   ftyrische    Uebersetzung  zu    cien   Bûchern   der   Chronih\  dans 
Jahrb.  fur  protest.  Théologie,  1879. 


DE  L'ANCIEN  TESTAMENT.  37 

chrétien  incontestable  semblent  bien  prouver  que  les 
auteurs  de  la  Peschitto  étaient  des  Juifs  convertis.  Dans 
Isaïe ,  VII ,  14 ,  la  version  syriaque  porte  «  Voici  que 
la  Vierge  concevra  »  et  rend  par  nerge  le  mot  hébreu 
que  la  tradition  juive  entend  d'une  jeune  femme.  Ce 
changement  est  d'autant  plus  frappant  que  dans  d'autres 
endroits ,  le  syriaque  conserve  le  même  mot  que  l'hébreu . 
On  cite  encore,  à  l'appui  de  cette  opinion,  d'autres 
versets  des  Prophètes  et  des  Psaumes. 

Croire  que  la  Peschitto  est  un  ancien  targoum ,  re- 
montant à  un  ou  deux  siècles  avant  notre  ère  et  qui  au- 
rait été  accepté  par  les  Syriens  chrétiens  après  avoir 
subi  une  revision  ',  ce  serait  mal  connaître  l'histoire  des 
targoums.  Le  targoum  était  Texplication,  faite  en  ara- 
méen  et  oralement,  des  péricopes  de  la  Bible  qui 
étaient  lues  dans  les  synagogues  pendant  les  offices  et 
dont  le  texte  hébreu  n'était  plus  compris  des  foules. 
Les  docteurs ,  chargés  d'expliquer  le  texte ,  recevaient 
et  transmettaient  aux  disciples  le  targoum  oral  qu'il 
était  défendu  de  mettre  par  écrit.  Ce  targoum  était  une 
paraphrase  et  non  une  version  littérale  comme  la  Pes- 
chitto. C'est  seulement  plusieurs  siècles  après  notre 
ère,  alors  que  la  tradition  commençait  à  se  perdre,  que 
se  fit  sentir  la  nécessité  de  rédiger  par  écrit  les  anciens 
targoums.  Il  n'y  a  d'exception  que  pour  le  targoum  de 
Job  qui  a  été  écrit  au  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Le  livre  de  Job  n'était  pas  compris  dans  les  livres  lus 
à  la  Synagogue;  il  servait  de  lecture  édifiante,  et  on  se 
crut  autorisé  à  le  traduire  de  bonne  heure  en  araméen 
pour  la  commodité  des  fidèles. 

Comme  les  Septante,  la  Peschitto  n'est  pas  une  œu- 
vre faite  d'un  seul  jet.  Les  livres  qui  la  composent  ont 

\.  Prager,  De  Veteris  Teslamenli  versione  quam  Peschilto  vocant,  Gœt- 
tinguc,  18t:;. 

LITTÉRATURE    SYRIAQUE.  3 


38  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

été  traduits  à  différentes  époques;  on  commença  par 
ceux  dont  le  besoin  se  fit  sentir  plus  tôt,  tels  que  le 
Pentateuque ,  les  Prophètes  et  le  Psautier.  Les  Chroni- 
ques ,  Esdras  avec  Néhémie  et  Esther  ne  faisaient  pas 
primitivement  partie  du  canon  de  l'Eglise  syriaque. 
Dans  les  anciens  ms.,  ces  livres  sont  distincts  des  li- 
vres protocanoniques'.  Au  IV''  siècle,  la  série  des 
traductions  des  livres  bibliques  était  complète;  elle 
comprenait  même  des  livres  apocryphes,  comme  l'indi- 
quent les  citations  d'Aphraate  et  de  saint  Ephrem. 

Suivant  l'auteur  de  La  doctrine  d'Addai,  qui  renfer- 
me la  Légende  d'Ahgar,  l'apôtre  de  la  Mésopotamie 
aurait ,  dans  ses  dernières  instructions  aux  fidèles , 
recommandé  à  ceux-ci  de  s'en  tenir,  pour  l'Ancien 
Testament,  à  la  Thora  et  aux  Prophètes.  Il  faut  voir 
là  un  écho  de  l'axiome  répandu  dans  le  peuple,  que  la 
Loi  et  les  Prophètes  renferment  toute  la  religion,  plu- 
tôt qu'une  ancienne  tradition  relative  aux  premières 
traductions  syriaques  des  livres  bibliques.  Le  Psautier 
dut  être  traduit  de  très  bonne  heure  pour  les  services 
religieux. 

Quoique  la  Peschitto  procède  de  l'hébreu  et  reflète 
la  tradition  targoumique,  l'influence  des  Septante 
s'y  fait  sentir,  plus  ou  moins  grande  suivant  les  livres 
bibliques.  Cette  influence  est  sensible  dans  le  Penta- 
teuque-,  plus  sensible  encore  dans  le  Psautier^  et  les 
Prophètes '•.  Pour  le  Psautier,  on  ne   saurait,  comme 

1.  WniGiiT,  Syriac  Uteralure,  2«  éd.,  Londres,  18'ji,  p.  4-o. 

"2.  Perles,  Melelemata  Peschittoniana. 

3.  FnÉDÉr.iG  Bep.g,  The  influence  of  the  Septuagint  upon  the  Peshitla 
Psalter,  >'ew-York,  1895 ;  comparer  Oppemieim,  Die  sy7\  Uebersetzung  des 
fuenften  Bûches  der  Psabnen,  Leipzig,  1891  ;  Daetugex,  Untersuchungen 
ûber  die  PsaZme/?,  Kiel,  1878,  et  Jahrbûcher  fin-  protest.  Théologie,  VIII, 
405  et  suiv.,  593  et  suiv. 

4.  Cor.Mi.L  pour  Ézcchiel;  Hyssel  pour  Michcc;  SEntiEK,  Die  syrische 
Veberselzung  der  zivOlf  Ideinen  Prophetcn,  Breslau,  1887. 


DE  L'ANCIEN  TESTAMENT.  39 

l'ont  démontré  MM.  Nestlé  et  Bœthgen',  invoquer 
dans  ce  sens  les  titres  des  Psaumes.  Ces  titres  n'é- 
taient déjà  plus  compris  avant  notre  ère,  en  ce  qui 
concerne  les  notes  musicales  qu'ils  renferment ,  et  les 
auteurs  de  la  Peschitto  les  avaient  laissés  de  côté. 
C'est  à  Théodore  de  Mopsueste  qu'on  doit  les  nou- 
veaux titres  du  Psautier  que  l'on  trouve  dans  les  ms.  et 
dans  nos  éditions;  du  reste,  ces  titres  varient  suivant 
les  ms. 

Les  livres  qui  ont  subi  le  moins  cette  influence  sont  : 
Job  qui  suit  de  près  le  targoum  -  ;  les  Chroniques,  Es- 
dras,  Néhémie  et  Esther  qui  furent  traduits  plus  tard. 
On  avait  aussi  compris  dans  cette  catégorie  les  Pro- 
verbes^ dont  le  texte,  dans  la  Peschitto  et  le  targoum, 
présente  une  ressemblance  frappante:  mais  M.  Pin- 
kuss  ^  a  établi,  en  rapprochant  un  certain  nombre  de 
passages  ,  les  rapports  qui  existent ,  également  pour  ce 
livre,  entre  la  Peschitto  et  les  Septante.  D'un  autre 
côté,  il  ne  fait  plus  de  doute  aujourd'hui  que  le  targoum 
des  Proverbes  dépend  de  la  Peschitto;  l'opinion  qui 
faisait  dériver  la  Peschitto  du  targoum  est  complète- 
ment abandonnée. 

Comment  expliquer  l'influence  des  Septante  sur  la 
Peschitto  y  Certains  critiques  ont  fait  une  double  con- 
jecture sans  se  prononcer  dans  un  sens  plutôt  que  dans 
un  autre  :  ou  les  auteurs  de  la  Peschitto  étaient  versés 
à  la  fois  dans  la  connaissance  de  l'hébreu,  de  Tara- 
méen  et  du  grec  et  se  servaient  pour  leur  traduction  des 


1.  NESTLE,  Theol.  Lileralurzeit.,   i87C,  col.  283;  Baetiigex,  Zeilschr. 
f.dicAUeslamenlliche  Wissenschaft,  18a';,  p.CG  el  suiv. 

2.  Conip.  Stemj,   De  syriaca  libri  lobi  inlerpretatione,  Helsinsfors, 
1887;  Mandl,  Die  Peschittho  zu  Hiob,  Leipzig,  181>2. 

3.  Die  syrische   Ueberselzung  der  Proverbien .  dans  la  Zeilschr.  fur 
die  Altlest.  Wissenschaft,  t.  XIV,  1804,  p.  65-1 U  et  lCl-2^2. 


40  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

targoiims  et  des  Septante;  ou  une  revision  de  la  Pes- 
chitto,  basée  sur  les  Septante,  a  eu  lieu  postérieure- 
ment. Cette  dernière  hypothèse  est  seule  possible.  Les 
Juifs  aramcens  de  la  INlésopotamie  —  rappelons  que  les 
auteurs  de  la  Pescliitto  étaient  des  Juifs  convertis  de 
cette  contrée  —  ces  judéo-chrétiens  ignoraient  le  grec; 
mais,  eussent-ils  été  capables  de  lire  les  Septante,  ils 
ne  se  seraient  pas  servis  de  cette  version,  que  les  éco- 
les juives  de  la  Palestine  et  de  la  Babylonie  considé- 
raient comme  une  œuvre  mauvaise,  portant  atteinte  au 
caractère  sacré  du  texte  hébreu.  En  fait,  les  Septante 
n'eurent  de  crédit  en  Palestine  et  en  Syrie  que  chez 
les  chrétiens.  Or  TÉglise  de  l'Osrhoène  est,  dans  ses 
premiers  temps,  judaïsante.  Au  IIP  siècle  se  produit 
un  revirement  :  Palout,  évêque  d'Edesse  reçoit  lim- 
position  des  mains  de  Sérapion,  évêque  d'Antioche 
vers  l'an  200  ;  dès  lors  c'est  à  x\ntioche ,  à  la  métropole 
des  chrétiens  hellénisants  de  la  Syrie,  que  se  rattache 
rÉglise  d'Édesse.  Il  est  très  admissible  qu'après  cette 
époque  l'ancienne  version  syriaque  ait  été  soumise  à 
une  revision  pour  la  mettre  en  harmonie  avec  lesSep- 
tante  dont  les  Syriens  hellénisants  faisaient  usage. 

Cette  revision  doit  être  postérieure  à  Origène  et  aux 
premiers  Pères  de  lÉglise  qui  citent  des  leçons  de 
la  version  syriaque  que  Ion  ne  trouve  plus  dans  notre 
texte  actuel.  Elle  devait  être  achevée  au  commencement 
du  IV®  siècle ,  car  Aphraate  (vers  340)  et  saint  Éphrem 
Y  373)  avaient  sous  les  yeux  une  version  syriaque  très 
proche  de  celle  que  les  ms.  reproduisent.  A  cette 
époque  la  recension  de  Lucien  d'Antioche  ^  était  ré- 
pandue en  Syrie ,  et  il  y  aurait  intérêt  à  rechercher  si 


1.  Sur  cette  recension,  voir  Paul  de  Lagahde,  Librorum  Veleris  Tes- 
tatnenti  canonicorum  pars  prior  graece,  Gœltingue,  1883. 


DE  L'ANCIEN  TESTAMENT.  41 

la  revision  de  la  Pesehitto  est  demeurée  étrangère  à 
celte  recension  * . 

Vers  la  même  époque  remonte  la  version  syriaque 
des  livres  deutérocanoniques,  dont  les  citations  d'A- 
phraate  et  de  saint  Ephrem  établissent  l'existence  au 
IV®  siècle.  Ces  livres  ont  été  traduits  du  grec,  à  l'ex- 
ception de  l'Ecclésiastique  qui  procède  directement  de 
l'hébreu  -. 

L'Ecclésiastique  syriaque  renferme  de  nombreuses 
et  importantes  lacunes,  qui  sont  soit  intentionnelles, 
soit  occasionnées  par  le  mauvais  état  du  manuscrit 
dont  le  traducteur  se  servait.  De  fausses  lectures  ont 
engendré  des  erreurs  de  traduction  :  la  version  n'est  pas 
toujours  littérale .  parfois  elle  abrège  ou  elle  développe 
et  paraphrase.  Ces  défauts  ont  été  mis  en  évidence  par 
la  publication  de  fragments  de  l'original  hébreu  récem- 
ment découverts  et  comprenant  les  chapitres  xxxix . 
15-xLix,  11^.  Dans  la  partie  syriaque  correspondant  à 
ces  chapitres,  on  croit  reconnaître  plusieurs  mains. 
«  Jusqu'au  chapitre  xliii,  observe  M.  Israël  Lévi\  le  tra- 
ducteur suit  avec  une  certaine  attention  l'original  hé- 
breu. Tout  d'un  coup  il  s'arrête,  puis  vient  un  fragment 


1.  M.  DnivER  a  remarqué,  dans  Xotes  on  the  Hebrew  Text  of  the  Books 
of  Samuel,  Oxford,  1890,  p.  lxxii,  qu'un  certain  nombre  de  passages 
des  livres  de  Samuel  concordent  dans  Lucien  et  dans  la  Pesehitto  et 
s'éloignent  également  des  Septante  et  du  texte  hébreu.  M.  Stockmayer, 
dans  la  Zeitschr.  fur  die  Alttestam.  Wissenschaft,  i8!>2,  t.  XII,  p.  218. 
a  relevé  ces  passages  pour  le  premier  livre  de  Samuel,  et  il  conclut 
que,  dans  ces  cas,  Lucien  dépend  de  la  Pesehitto,  mais  l'hypothèse 
contraire  est  aussi  vraisemblable. 

2.  Distinct  de  l'Ecclésiastique  de  l'Hexaplaire ,  qui  a  été  traduit  du 
grec,  voir  ci-aprés,  n"  v. 

3.  M.  Scheclitcr,  professeur  à  Cambridge,  a  trouvé  d'autres  morceaux, 
notamment  la  fin  de  l'Ecclésiastique,  mais  il  ne  les  a  pas  encore 
publiés. 

4.  L'Ecclrsiasliquc  ou  la  Sagesse  de  Jésus,  fils  de  Sira,  Paris,  1898. 
p.  Lii.X"»  vol.,  fasc.  I  de  la  Bibliothèque  des  Hautes  études,  sectioix 
des  Sciences  religieuses. 


42  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

du  chapitre  xliii  ,  1-10 ,  qui  est  une  traduction  faite  sur 
le  grec.  Au  chapitre  xliv,  commence  une  version  qui 
n'a  phis  ce  caractère ,  mais  qui  se  distingue  par  son 

infidéhté  Une  autre  main  semble  avoir  revisé  le 

tout  en  mettant  d'accord  le  syriaque  avec  le  grec  : 
nombreuses  sont  les  traductions  qui  s'écartent  de  Thé- 
breu  pour  se  concilier  avec  le  grec  ...  Malgré  ces  dé- 
fauts de  toute  nature ,  le  syriaque  l'emporte  générale- 
ment sur  le  grec,  lorsqu'il  serre  de  près  le  texte  et  ne 
se  livre  à  aucune  fantaise.  » 

Au  sujet  du  livre  de  Tobie ,  il  y  a  lieu  de  rappeler, 
que  la  version  syriaque  que  nous  possédons  est  com- 
posée de  deux  morceaux  différents  :  l'un,  i-vii,  11,  est 
tiré  de  Hexaplaire;  l'autre,  vu,  11-xiv,  15,  provient 
d'une  source  que  les  ms.  ne  désignent  pas  \ 

A  la  fin  du  V^  siècle  lorsque  les  Syriens  orientaux, 
devenus  nestoriens,  se  séparèrent  des  Syriens  occi- 
dentaux, le  texte  de  la  Peschitto  était  délînitivement 
constitué ,  car  on  ne  constate  pas  de  variantes  notables 
dans  les  versions  qui  avaient  cours  chez  les  uns  et  les 
autres. 

Les  travaux  critiques  sur  la  Peschitto  ^  sont  basés 
sur  l'édition  de  Samuel  Lee  ou  l'édition  d'Ourmiaet  sur 
quelques  ms.  particuliers. 

^.  Cf.uiam,  Le  edizioni...  del  Vecchio  Test.,  dans  les  Mémoires  du 
R.  Istiluto  Lombardo,  XXI,  2,  p.  2-2;  Fifxd,  Origenis  Hex.  fragmenta , 
Oxford,  1875,  I,  p.  LXVIII,  note  3;  Noeldeke,  Monatsberichte  der  Berliner 
Akadeniie  der  Wissenschaflen,  1879,  p.  4G. 

2.  Nous  ne  pouvons  donner  ici  la  longue  liste  de  ces  travaux,  dont 
nous  avons  cité  plus  haut  quelques-uns  des  plus  récents  et  dont  les 
plus  anciens  n'offrent  qu'un  intùrct  rétrospectif.  On  trouvera  celte  liste 
dans  l'article  de  M.  Nestlé,  Syrische  Uebersetzungen  dans  la  Real-En- 
cyklopedie  fur  2'>rolest.  Théologie  und  Kirche,  3«  éd.;  ajouter  encore  : 
SCHiMiDT,  Die  beidcn  syrischen  Uebersetzungen  des  I  Maccabœerbuches, 
dans  la  Zeitschr.  fur  die  Alttestam.  Wissenschaft,  1897;  Teciien,  Sy- 
risch-Hebr.  Glossar  zu  den  Psalmen  nach  der  Peschila,  ibid.,  1897; 
ScowATZ,  Die  syr.  Uebersetzung  des  ersten  D.  Samiielis,  Berlin,  1897. 


DE  LXXCIEN  TESTAMENT.  43 

L'édition  Lee,  faite  en  1823  pour  la  Société  Ijiblique 
anglaise,  en  vue  des  chrétiens  du  Malabar,  est  la  repro- 
duction du  texte  imprimé  dans  la  Polyglotte  de  Walton , 
quoique  Samuel  Lee  ait  consulté  quelques  manuscrits. 
Walton  ,  de  son  côté,  navait  fait  que  réimprimer  le 
texte  publié  par  Gabriel  Sionita  dans  la  Polyglotte  de 
Paris  en  y  ajoutant  les  livres  deutérocanoniques. 

Le  texte  dont  se  servent  les  Syriens  orientaux  a  été 
imprimé  à  Ourmia  en  1852  par  la  Mission  américaine. 
La  Mission  catholique  en  a  donné  également  une  édi- 
tion à  Mossoul  en  1887. 

Les  éditions  concordent  entre  elles,  quoique  l'ordre 
dans  lequel  sont  classés  les  livres  bibliques  soit  dif- 
férent dans  les  deux  recensions,  l'orientale  et  locci- 
dentale.  L'édition  d'Ourmia  a  l'avantage  de  donner  un 
texte  entièrement  vocalisé  qui  reproduit  la  prononcia- 
tion orientale. 

Les  livres  deutérocanoniques  ont  été  publiés  sépa- 
rément par  Paul  de  Lagarde  ^ ,  daprès  la  Polyglotte  de 
Londres  et  des  ms.  du  Musée  Britannique-. 

Le  manque  d'une  édition  critique  de  la  Peschitto  se 
fait  vivement  sentir,  et  il  est  à  souhaiter  qu'une  œuvre 
aussi  utile  pour  l'exégèse  biblique  soit  bientôt  entre- 
prise ^. 


1.  Libri  Vet.  Test,  apocryphi  syviace,  Leipzig.  1861. 

2.  M.  Ccriani ,  qui  a  lant  fait  pour  la  critique  des  versions  syriaques  de 
la  Bible,  a  publié  de  18TG  à  1883,  une  reproduction  photolitliograplilque 
du  cod.  Ambrosianus  (un  ms.  jacobite  du  VI*  siècle)  qui  contient 
non  seulement  les  livres  protocanoniques,  mais  aussi  les  livres  deu- 
térocanoniques. 

Le  Jlusée  britannique  possède  un  ms.  écrit  à  Amid  en  464  et  qui 
renferme  le  Pentateuque,  à  l'exception  du  Lévilique;  et  un  autre  ms., 
daté  de  532,  contenant  le  Livre  de  Daniel. 

3.  Une  liste  des  édidions  de  livres  particuliers  de  la  Peschitto  a  clé 
donnée  par  .M.  Nestlé,  Syrische  Uderselzungen,  dans  la  RenlEncyklc- 
pedie  fur  proleslantische  Théologie  und  Kirche,  3«  éd.;  voir  aussi  sa 
Syrische  Grammatik,  2<  éd.,  Berlin,  1888,  Utleralura,p.  17  et  suiv. 


44  LES  ANCIEiNiNES  VERSIONS 

§  2.  —  Les  anciennes  versions 
du  Nouveau  Testament. 

L'étude  des  anciennes  versions  syriaques  du  Nouveau 
Testament  soulève  des  problèmes  dont  la  solution  est 
loin  dY'tre  définitive.  On  connaît  quatre  anciens  docu- 
ments de  ce  genre  :  1°  \S Harmonie  des  quatre  Evangi- 
les ouïe  Dlatessaron  de  Tatien;  l^'ld.Peschitto  du  Nou- 
veau Testament;  3*^  La  version  publiée  par  Cureton; 
et  4°  la  version  découverte  au  Sinai  par  Mrs.  Lewis. 

La  Diatessaron  fut  de  très  bonne  heure  en  usage 
dans  l'Eglise  syriaque;  il  est  cité  par  les  auteurs  sous 
son  nom  grec  ou  sous  le  titre  à' Evangile  des  {liçres) 
mêlés  y  vh^^^Ldo]  ^Q^v^à/,  par  distinction  des  Evangiles  sé- 
parés, iJi^a^iv'^-'^^Jô/.  Les  chrétiens  de  la  Mésopotamie 
ont  peut-être  appris  à  connaître  les  Evangiles  par 
cette  Harmonie.  La  doctrine  d'Addai  dont  la  rédaction 
étendue  que  nous  possédons  est  de  la  fin  du  IV^  siècle 
ou  du  commencement  du  siècle  suivant,  apporte  sur  ce 
point  un  témoignage  qui  semble  emprunté  à  la  tradi- 
tion. Après  avoir  parlé  de  la  création  de  l'Eglise  d'E- 
desse  par  Addai,  cet  apocryphe  ajoute  :  «  Une  foule 
nombreuse  s'assemblait  chaque  jour  et  se  rendait  à  la 
prière  de  l'office  et  à  la  lecture  de)  l'Ancien  Testament 
et  du  Nouveau  du  Diatessaron.  »  Cependant  la  ques- 
tion se  rattache  à  celle  de  la  composition  du  Diates- 
saron sur  laquelle  on  est  encore  peu  fixé. 

La  thèse  suivant  laquelle  Tatien  a  écrit  en  grec  son 
ouvrage  ^  a  pour  elle  le  titre  sous  lequel  il  est  cité 
ordinairement,  To  âid  rsooc/.QWv  Evuyyé)aor.  Mais  cette 
thèse  a  été  combattue^  par  des   arguments  de  poids. 

1.  Hauxack,  Die  Ueberlieferung  der  griechischen  Apologeten,  Leipzig, 
1882. 

2.  Zahx,  Forschungen  zur  Geschichte  des  N eûtes lamentlichen  Canons, 
1  Theil,  Tatian's  Diatessaron ,  Leipzig,  1881. 


DU  NOUVEAU  TESTAMENT.  45 

Tatien  était  originaire  de  la  Mésopotamie;  il  vivait 
dans  la  seconde  moitié  du  second  siècle,  et  il  composa. 
daprès  Epiphane,  son  Harmonie  des  Evangiles  après 
son  retour  de  Rome.  On  doit  conclure  de  ces  faits  que  le 
Diatessaron  a  été  écrit  en  syriaque  à  Edesse  même  et 
en  vue  de  la  nouvelle  Eglise  de  la  Mésopotamie.  La 
date  du  retour  de  Tatien  dans  sa  patrie  n'est  pas.  il 
est  vrai,  certaine.  M.  Harnack  remarque  que,  depuis 
Tan  180,  Tatien  était  considéré  comme  hérétique  en 
Occident,  tandis  que  il  passait  pour  orthodoxe  en 
Orient.  Le  voyage  de  Tauteur  du  Diatessaron  en  Méso- 
potamie aurait  pu  avoir  lieu  entre  l'an  152  et  l'an  165; 
postérieurement  à  cette  date,  Tatien  serait  revenu  à 
Rome  où  il  aurait  été  accusé  d'hérésie.  Selon  M.  Zahn. 
l'arrivée  de  Tatien  en  Orient  doit  être  fixée  à  l'an- 
née 172  ou  173;  il  n'existe  aucune  trace  d'un  vovag-e 
ultérieur  en  Occident.  Tatien  demeura  en  Orient  où  la 
réputation  d'hérétique  ne  l'avait  pas  suivi,  et  il  y  finit 
ses  jours.  Cette  dernière  opinion  a  prévalu  et  l'on  ad- 
met généralement  aujourd'hui  que  le  Diatessaron  a  été 
composé  en  syriaque  à  Edesse  vers  Tan  172.  Il  n'y  a 
rien  d'extraordinaire  à  ce  que  Tatien  ait  conservé, 
pour  son  livre,  le  titre  T('  E-iayyîuov  qui  était  le  terme 
consacré,  en  y  ajoutant  les  mots  6ià  rsooâoojv  qui  le 
complétaient. 

L'Harmonie  de  Tatien  suppose-t-elle  l'existence  d'une 
version  syriaque  des  quatre  Evangiles  d'où  elle  aurait 
été  tirée?  M.  Zahn  qui  tenait  d'abord  pour  l'affirmative* 
et  voyait  cette  version  dans  les  fragments  de  Cureton-, 

\.  Forschungen  zur  Geschichle  des  Xeulest.  Canons. 

2.  Clreto>,  P^emains  of  a  very  ancient  recension...,  Londres,  18o8. 
Cureton  avait  trouvé  cette  ancienne  version  des  Évangiles  dans  un  ms.. 
malheureusement  incomplet,  du  Musée  britannique,  qui  l'avait  reçu 
du  couvent  de  Nitrie  en  Egypte.  Trois  feuillets,  qui  avaient  été  enlevés 
à  ce  ms.,  ont  été  retrouvés  en  Égvpte  par  Brugsch  qui  les  a  déposés 

3. 


46  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

s'est  rallié  à  Tavis  de  M.  B.Tthgcn'.  Celui-ci  estime 
que  le  Diatessaron  est  le  premier  texte  syriaque  des 
Evangiles,  composé  sur  le  grec.  Vers  250,  observe- 
t-il  ^,  apparaît  une  version  syriaque  des  quatre  Evan- 
giles conforme  au  texte  grec  des  ms.  occidentaux, 
mais  le  traducteur  connaissait  le  Diatessaron  et  s'en 
est  servi.  C'est  cette  version  que  reproduisent  les  frag- 
ments de  Cureton.  Environ  trente  ans  plus  tard,  il 
existait  à  Édesse  une  version  des  Evangiles  très  proche 
de  la  Pescliitto  et  provenant  dune  revision  de  Tan- 
cienne  version  de  Cureton.  Les  citations  bibliques 
d'Aphraate  sont  empruntées  en  grande  partie  au  Dia- 
tessaron, mais  quelques-unes  aussi  à  la  version  de  Cu. 
reton  et  à  la  revision  qui  a  formé  la  Pescliitto.  » 

Cette  thèse,  M.  Bœthgen  l'appuie  des  arguments  sui- 
vants :  1°  La  version  de  Cureton  renferme  des  leçons 
harmonistiques  dont  l'origine  doit  être  cherchée  dans 
le  Diatessaron;  2°  C'est  par  le  Diatessaron  que  s'expli- 
quent les  abréviations  dans  cette  version  de  plusieurs 
passages  des  Évangiles;  3"  La  version  de  Cureton  est 
postérieure  à  Tatien,  car  elle  a  des  leçons  de  source 
occidentale,  qui  sont  inconnues  à  Tatien.  «  Des  textes 
qui  portent  ce  caractère  occidental,  observe  M.  Bœth- 
gen,  existaient  déjà  avant  le  milieu  du  IP  siècle  et 
étaient  très  répandus  dans  la  période  qui  finit  avec 
l'an  250  après  J.-C.  On  devra  donc  admettre  avec  quel- 
que certitude  que  les  origines  de  la  version  de  Cureton, 
dont  le  texte  décèle  le  caractère  occidental  dans  une 
importante  mesure,  tombent  dans  cette  même  période, 
entre  150  et  250.  La  question  est  maintenant  de  savoir 

à  la  Bibliothèque  de  Berlin.  Wright  a  donné  de  ces  Irois  feuillets  une 
édition  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  commerce,  sous  le  titre  :  Frag- 
ments of  the  Curctonian  Gospels,  Londres,  1872. 

1.  Evnngelien  Harmonie  dans  la   Real-Encykl.,  3«  éd.,  V,  G'i'. 

2.  Evangelienfrag.  Der  gr.   Text  des  Cureton.,  Leipzig,  1885,  inlrod. 


DU  NOUVEAU  TESTAMENT.  47 

si  cette  version  doit  être  placée  au  commencement  ou 
à  la  fm  de  cette  période.  »  M.  Bœthgen  se  décide  pour 
la  seconde  alternative  en  faisant  ressortir  les  passages 
de  la  version  Curetonienne  qui  se  rapprochent  de  la 
forme  Alexandrine  du  texte  grec  et  qui  concordent  avec 
les  citations  d'Origène;  4°  Tatien,  dans  sa  recension  du 
texte  grec,  ne  se  tenait  pas  à  la  lettre,  mais  se  permet- 
tait souvent  des  paraphrases,  comme  Eusèbe  le  rapporte 
Hist.  eccl.  IV,  29  .  On  trouve  dans  la  version  Cureto- 
nienne les  mêmes  passages  retravaillés,  mais  dans  une 
proportion  moins  forte  que  chez  Tatien  ;  on  voit  par  là 
que  cette  version,  tout  en  suivant  le  Diatessaron,  con- 
naissait l'original  grec;  5°  enfin,  au  point  de  vue  dog- 
matique, la  version  de  Cureton  renferme  des  traces 
dhérésiequi  s'expliquent  par  l'influence  du  Diatessaron 
que  Théodoret  de  Cyr  qualifiait  de  y.a/.ovoyia  ttjç  oiv- 

Il  ne  fait  pas  de  doute  que  les  Syriens  de  la  Mésopo- 
tamie possédaient,  au  commencement  du  IV^  siècle,  le 
Diatessaron  de  Tatien,  la  version  publiée  par  Cureton, 
et  la  Peschitto  dans  un  texte  très  voisin  de  celui  que 
nous  possédons.  Les  citations  du  Nouveau  Testament 
dans  les  homélies  d'Aphraate  en  font  foi.  Cet  auteur 
qui  écrivait  à  Xisibe  ou  dans  les  environs  de  cette  ville, 
vers  340,  cite  chacun  des  quatre  Evangiles  par  son 
nom  et  parle  des  Généalogies  de  Notre  Seigneur  qui  ne 
se  trouvaient  pas  dans  Tatien'. 

L'original  du  Diatessaron  est  aujourd'hui  perdu. 
Le  commentaire  que  saint  Ephrem  en  fit  s'est  con- 
servé dans  une  version  arménienne  que  Mœsinger  re- 
produisit en  latin,  en  1876.  A  l'aide  du  travail  de  Mœ- 


1.  Voir  l'Introduction  de  Dom  PAnisoT  à  l'édition  des  lionu'-lies  d'A- 
phraate dans  le  l"^  vol.  de  la  Palroloaia  syriaca  de  M.  Graffin,  Paris, 
189L  Corap.  Woods,  Studia  biblica,  lU,  Oxford,  1891,  p.  lO.j-133. 


48  LES  ANTIENNES  VERSIONS 

singer  et  des  citations  fournies  par  Aphraate  et 
Éplirem,  M.  Zalm  tenta  en  1881  de  reconstituer  le  Dia- 
tessaron.  Depuis,  la  version  arabe  du  Diatessaron, 
attribuée  à  Abou  1-Faradj  ibn  at-Tib  ^  a  été  publiée 
à  Rome  (1888)  par  le  P.  Ciasca  qui  en  a  donné  une 
traduction  latine.  M.  Hamly  Hill  a  réuni  et  traduit  en 
anglais,  avec  le  concours  de  M.  Armitage  Robinson, 
les  passages  du  Diatessaron  cités  dans  les  commen- 
taires d'Éplirem  [A  dissej^tation  on  the  Gospel  commen- 
taries  of  S.  Ephrem  the  Syrian  ^  Edimbourg,  1896). 
MM.  Harris  et  Goussen  ont  publié  des  extraits  tirés  des 
commentaires  de  Jésudad  et  d'autres  auteurs  (Harris, 
Fragments  of  the  comnientary  of  Ephrem  Syrus  upon 
the  Diatessaron,  Londres,  1895  ;  Goussen,  Apocalysis 
S.  Joh.  versio  sahidica,  Leipzig,  1895). 

Le  Diatessaron  demeura  en  vigueur  chez  les  Syriens 
jusqu'à  Rabboula,  évêque  d'Edesse  {■\-  435),  qui  en  in- 
terdit lusage  dans  les  églises  et  les  couvents  de  son 
diocèse.  Le  biographe  de  cet  évêque  nous  informe  que 
Rabboula  ordonna  aux  prêtres  et  aux  diacres  de  veil- 
ler à  ce  qu'il  y  eût  dans  chaque  église  un  exemplaire 
des  Évangiles  séparés-.  A  la  même  époque,  Théodoret, 
évêque  de  Cyr,  fit  détruire  plus  de  deux  cents  exem- 
plaires du  Diatessaron  dans  son  diocèse^.  La  réaction 
qui  se  manifesta  à  ce  moment  contre  le  Diatessaron 
entraîna  la  perte  de  ce  livre. 

Rabboula,  ajoute  son  biographe-',  est  l'auteur  d'une 
version  syriaque  du  Nouveau  Testament  faite  sur  le 


1.  Le  P.  Cheikho,  dans  une  communication  faite  au  XF  congrès  des 
Orientalistes,  tenu  à  Paris  en  1897,  croit  que  cette  version  est  antérieure 
au  dixième  siècle  et  n'est  pas  d'Ibn  at-Tib.  Son  opinion  est  basée  sur 
un  fragment  ancien  qu'il  a  trouvé  en  Orient. 

2.  OvErtDECK,  Ephrœmi  syri...  opéra  selecta,  Oxford,  18G5,  p.  220,  1.  3. 

3.  MiGNE,  Patr.  grœc,  LXXXIII,  372. 

4.  Olverbeck,  op.  cit.,  p.  17-2. 


DU  NOUVEAU  TESTAMENT.  49 

grec.  Cette  version  n'est  pas  la  Curetonienne  qui  ofTre 
des  rapports  avec  le  Diatessaron  ^  ;  elle  n'est  pas  non  plus 
la  Peschittoque  saint  Éphrem  connaissait  déjà;  c'était 
sans  doute  quelque  travail  personnel  qui ,  comme  tant 
d'autres,  aura  totalement  disparu. 

Quelques  critiques  -  ont  considéré  la  version  de 
Cureton  et  la  Pescliitto,  comme  deux  œuvres  indé- 
pendantes l'une  de  l'autre;  mais  M.  AVildebœr^,  rap- 
prochant de  nombreux  passages,  a  montré  le  lien  qui 
unit  ces  deux  versions  entre  elles, 

Rappelons,  en  dernier  lieu  et  à  titre  de  renseigne- 
ment, l'ancienne  conjecture  de  Cureton,  qui  voyait  dans 
les  fragments  de  saint  Mathieu  contenus  dans  la  ver- 
sion qu'il  publiait,  le  texte  des  yl6 y la  dont  parle  Pa- 
pias';  et  celle  de  l'Abbé  P.  Martin,  qui  considérait 
comme  l'œuvre  de  Jacques  d'Edesse  la  version  publiée 
par  Cureton  ■'. 

L'auteur  de  l'ancienne  version  syriaque  du  Nouveau 
Testament  était  versé  dans  la  littérature  juive  et  était 
vraisemblablement  un  Juif  converti.  Dans  la  Peschitto, 
comme  dans  la  version  de  Cureton  (et  celle  du  Sinaï  , 
le  grec  rpvXu-Avrioia ,  Math,  xxiii ,  5,  est  traduit  par  le 
mot  tèflè  qui  n'est  autre  que  les  tefillin  des  Juifs.  La 
Peschitto  rend  l'expression  ou66(xtov  oô'lç,  Act.  i,  12, 


1.  M.  BicRELL,  Conspectus  rei  syrormn  litlerariœ,  p.  8,  a  été  l'un  des 
premiers  à  reconnaître  que  la  version  de  Curelon  représente  un  texte 
l)lus  ancien  que  la  Peschitto. 

2.  Notamment  31.  Hilgenfeld,  Zeitschr.  fur  wissensch.  Théologie, 
1883,  p.  ilO. 

3.  De  Waarde  der  syr.  Evangelien  door  Cureton  ontdekt  en  idtgege- 
ven,  Leide,  1880. 

4.  Renan,  Hisloire  des  langues,  sémitiques,  IV«  éd.,  p.  264,  a  combattu 
cette  hypothèse. 

5.  Cette  conjecture  est  d'autant  moins  fondée  que  le  ms.  contenant 
la  version  de  Cur<;ton  est  du  V«  siècle  (Wniciir,  Calai.,  p.  73,  n°  CXIX) 
et  que  Jacques  d'Edesse  appartient  au  vn«.  En  outre  il  n'est  fait  nulle 
part  mention  d'une  version  syriaque  du  N.  T.  par  Jacques. 


50  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

par  «  sept  stades  «  ;  cette  traduction  montre  que  l'au- 
teur savait  ce  qu'il  fallait  entendre  par  «  la  voie  du  sab- 
bat '  ».  En  outre  le  moV'Elk7]v£ç,  dans  le  sens  de  païens, 
est  exprimé  en  syriaque  par  «  Araméens  »,  nom  sous 
lequel  les  Juifs  désignaient  les  païens  en  Orient-. 

Comme  ce  fut  le  cas  pour  TAncien  Testament,  le  texte 
de  la  Peschitto  du  Nouveau  Testament  était  définitive- 
ment constitué  à  la  fm  du  Y''  siècle ,  au  moment  de  la 
scission  qui  se  produisit  entre  les  Syriens  occidentaux 
et  les  Syriens  orientaux.  On  ne  trouve  pas  de  différence 
entre  les  textes  reçus  dans  les  deux  communautés  ^. 

La  Peschitto  primitive  renfermait,  outre  les  quatre 
Evangiles ,  les  Actes  des  Apôtres  auxquels  étaient  join- 
tes trois  des  Épîtres  catholiques  :  la  l'"*^  de  saint  Pierre, 
la  l""®  de  saint  Jean,  et  celle  de  saint  Jacques;  et,  en 
dernier  lieu,  les  Epîtres  de  saint  Paul.  Elle  ne  compre- 
nait pas  les  Epîtres  IP  de  saint  Pierre ,  IP  et  IIP  de 
saint  Jean,  celle  de  saint  Jude,  ni  l'Apocalypse.  Il  man- 
quait encore  les  versets  17  et  18  du  ch.  xxii  de  saint 
Luc  et  le  verset  7  du  ch.  v  de  la  P®  Epître  de  saint  Jean. 

Elle  fut  éditée  à  Vienne  par  Widmandstad  en  1555, 
daprès  un  ms.  analogue  au  Tetraevangelium  du 
Vatican,  de  548^;  puis  réimprimée  plusieurs  fois  de 
1569  à  1621,  notamment  dans  la  polyglotte  d'Anvers. 
En  1627  Louis  de  Dieu  édita  à  Leide  un  texte  de  l'Apo- 
calypse qui  semble  reproduire  ITIéracléenne.  En  1630 
Pococke  publia  également  à  Leide  les  quatre  Epîtres 
catholiques  manquant  dans  l'ancien  canon  d'après  un 

1.  V.  Perles,  Meletemata  Peschittoniana,  cités  ci-dessus. 

2.  NoELDEKE,  Zeitschv.  der  deut.  morgenl.  Gesellschaft,  XXV,  IIG; 
comp.  ci-dessus,  p.  4,  note  i. 

3.  C'est  aussi  la  conclusion  à  laquelle  M.  Gnyilliam,  Sludia  biblica, 
ni,  Oxford,  1891,  p.  47-lOi,  est  arrivé  après  avoir  coUationné  le  texte 
de  nos  éditions  avec  les  plus  anciens  ms. 

4.  Comp.  Albert  Bonus,  Collalio  codicis  Lewisiani  rescripti,  Oxford, 
1896. 


DU  NOUVEAL'  TESTAMENT.  ol 

ms.  qui  reproduit  peut-être  la  Philoxénienne.  La  Pe- 
schitto,  ainsi  complétée,  fut  imprimée  dans  les  poly- 
glottes de  Londres  et  de  Paris,  puis  par  Gutbir, 
Schaaf,  Lee,  et  à  Ourmia  et  Mossoul. 

Il  est  inutile  d'énumérer  ici  les  ms.  les  plus  anciens 
ie  la  Peschitto  et  de  rappeler  les  travaux  de  Wickel- 
haus,  Adler,  Jones,  Cureton,  Gwilliam,  etc.,  basés  sur 
ces  manuscrits.  M.  Gwilliam  prépare  en  ce  moment  une 
édition  critique  des  Evangiles  de  la  Peschitto  qui  ré- 
pondra à  un  desideratum  exprimé  depuis  longtemps'. 

Il  nous  reste  à  parler  de  la  version  syriaque  des 
Evangiles  découverte  dans  un  ms.  du  mont  Sinaï. 

C'est  à  une  dame  anglaise,  versée  dans  la  connais- 
sance du  syriaque,  ^Irs.  Lews,  que  revient  l'honneur 
de  cette  découverte.  Cette  dame,  qui  se  trouvait  en 
1892  au  couvent  de  Sainte-Catherine  sur  le  mont  Si- 
naï, reconnut,  sous  l'écriture  d'un  ms.  renfermant  des 
vies  de  femmes  saintes  et  martyres,  une  écriture  plus 
ancienne,  dont  la  lecture  lui  révéla  lexistence  dune 
nouvelle  version  syriaque  des  Evangiles.  Malheureu- 
sement des  phrases  ou  des  mots  sont  effacés  ;  en  outre 
un  certain  nombre  des  feuillets  de  l'ancien  ms.  qui 
avaient  servi  à  former  le  nouveau  sont  perdus,  de  sorte 
que  la  version  du  Sinaï,  comme  celle  de  Cureton.  pré- 
sente d'importantes  lacunes  -. 

Le  premier  travail  à  faire  pour  servir  de  base  à  l'é- 
tude de  la  version  du  Sinaï,  était  une  collation  com- 
plète de  cette  version  avec  la  Peschitto  et  la   Cureto- 

1.  Un  spécimen  de  celle  nouvelle  édilion  a  été  présenlé  par  l'auteur 
au  XI«  Congrès  des  Orientalistes,  au  mois  de  septembre  180". 

2.  Cette  version  a  élé  publiée  à  Cambridge  en  189*  sous  le  litre  de 
The  four  Gospels  in  syriac  transcribed  from  the  sinaitic  padmpsest, 
avec  une  introduction  de  M""*  Lewis  et  des  notes  critiques  des  édi- 
teurs. M"«  Lewis  a  publié  quelcjucs  nouvelles  lectures  dans  Sotnc  jiages 
of  the  /bur  Gospe/s.  Cambridge,  18%.  Traduction  allemande  par  A.  Mep.x, 
Die  vier  Kanonischen  Evangelien...  Berlin,  1897. 


52  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

nienne.  Ce  travail  a  été  entrepris  de  deux  côtés  à  la 
même  époque,  en  189G  :  par  M.  Cari  Holzhey  à  Mu- 
nich' et  par  M.  Albert  Bonus  à  Oxford-.  Le  premier 
n'a  collationné  que  la  Curetonienne  ;  le  second  a  ajouté 
la  collation  de  la  Pescliitto  et  a  tenu  compte  des  nou- 
veaux déchiffrements  de  INI™®  Lewis  que  M.  Holzhey 
ne  connaissait  pas  encore.  D'un  autre  côté,  l'étude  de 
M.  Holzhey  est  plus  développée;  elle  discute  les  pro- 
blèmes que  soulève  la  version  récemment  découverte 
et  que  M.  Bonus  s'était  contenté  de  signaler.  Ces 
deux  publications  ont  donc  chacune  leur  utilité  et  se 
complètent  l'une  par  l'autre. 

Le  problème  qui  se  pose  d'abord  est  de  savoir  s'il 
existe  quelque  rapport  de  parenté  entre  cette  version 
et  les  autres  versions  syriaques  connues  précédem- 
ment. Voici  dans  quel  ordre  M.  Holzhey  classe  ces 
versions  d'après  leur  âge  :  la  Sinaïtique,  la  Cureto- 
nienne et  la  Pescliitto.  Le  Diatessaron,  dépendant  de 
la  Sinaïtique,  est  postérieur  à  celle-ci,  mais  il  est  dou- 
teux qu'il  soit  plus  moderne  que  la  Curetonienne. 
Quant  à  la  Peschitto,  c'est  la  plus  récente  de  toutes 
les  versions.  Ces  conclusions  sont  fondées  sur  les  ar- 
guments suivants  : 

«  L'examen  de  la  Sinaïtique,  comparée  avec  le  grec 
et  les  autres  versions  syriaques,  montre  que  cette  ver- 
sion a  été  faite  directement  du  grec  par  un  auteur  qui 
possédait  également  la  langue  grecque  et  la  langue 
syriaque.  La  version  est  en  général  littérale  et  fidèle; 
elle  ne  décèle  nulle  part  une  tendance  à  s'éloigner  de 
l'original  d'après  un  point  de  vue  particulier.  Dans 
des  cas  tout  à  fait  secondaires,  l'auteur  se  permet  seu- 


i.  Der  neuentfleckte  codex  Syrus  Sinaiticus,  Munich,  1890. 
2.  CoUalio  codicis  Lewisiani  rescripti,  Oxford,  1890. 


DU  nol'veal:  testament.  53 

lement  d'abréger  une  locution;  çà  et  là  il  omet  un 
verset. 

«  La  Curetonienne  semble  être  une  recension  du 
texte  précédent,  entreprise  dans  le  but  de  serrer  da- 
vantage le  texte  grec.  Les  abréviations  de  la  Sinaïtique 
sont  supprimées:  les  versets  omis  sont  rétablis;  quel- 
ques expressions  sont  remplacées  par  des  synonymes, 
mais  le  texte  reste  foncièrement  le  même.  L'auteur  de 
la  Curetonienne  ne  laisse  de  côté  aucun  mot  grec  :  il 
fait  au  contraire  quelques  petites  additions  pour  rendre 
le  texte  plus  clair. 

«  La  Peschitto  enfin  est  le  résultat  dune  revision 
de  la  Curetonienne  d'après  le  grec  et  en  suivant  les 
mêmes  principes  que  celle-ci,  mais  avec  encore  plus  de 
soin  et  de  conséquence  :  ainsi  les  petites  additions  de  la 
Curetonienne  ne  sont  pas  maintenues.  C'est  ce  texte 
revisé  qui  fit  tomber  en  désuétude,  après  l'an  400.  les 
versions  précédentes.  » 

Dans  un  certain  nombre  de  cas  cependant  la  Peschitto 
concorde  avec  la  Sinaïtique  et  s'écarte  de  la  Cureto- 
nienne. Ce  fait  qui  semble  en  contradiction  avec  l'ordre 
de  succession  admis  pour  les  trois  versions.  M.  Holz- 
hey  l'explique  de  la  manière  suivante  :  «  Ou  bien  lau- 
teur  de  la  Peschitto  avait  sous  les  yeux  la  Sinaïtique 
et  la  Curetonienne  et  il  a  choisi  dans  Tune  de  ces  deux 
versions  les  leçons  qui  lui  paraissaient  les  meilleures: 
ou  la  Sinaïtique  et  la  Curetonienne  avaient  primitive- 
ment les  mêmes  leçons  dans  ces  cas,  et  elles  ne  différè- 
rent que  plus  tard  par  suite  d'altérations  du  texte.  » 
Tout  cela  est  fort  douteux.  La  question  peut  être  en- 
visagée d'une  autre  manière.  La  Curetonienne  serait  la 
première  version  des  Evangiles  séparés,  contemporaine 
du  Diatessaron;  la  Sinaïtique  serait  une  revision  de  la 
Curetonienre  pour  laquelle  le  Diatessaron  aurait  été 


54  LES  ANCIENNES  VERSIONS 

consulté.  Ainsi  on  s'expliquerait,  d'un  côté ,  l'analogie 
frappante  qui  existe  entre  la  Curetonienne  et  la  Sinaï- 
tique,  et,  d'un  autre  côté,  les  abréviations  que  la 
Sinaïtique  présente  en  beaucoup  d'endroits  sous  l'in- 
fluence du  Diatessaron.  La  Peschitto  serait  une  recen- 
sion  de  la  Sinaïtique,  puisque,  dans  de  nombreux  cas, 
ces  deux  versions  sont  d'accord  entre  elles  contre  la 
Curetonienne. 

Le  titre  d'Ei^angile  des  textes  séparés ^  Mv^^î  va^css^o/, 
que  portent  la  version  Sinaïtique  et  la  version  Cure- 
tonienne ne  paraît  pas  avoir  été  donné  à  la  Peschitto. 
Il  y  a  là  un  indice  que  les  deux  premières  versions  exis- 
taient pendant  que  le  Diatessaron,  dont  elles  étaient 
ainsi  distinguées,  était  encore  en  usage  en  Syrie,  tandis 
que  la  Peschitto  ne  fut  répandue  qu'après  que  l'Har- 
monie de  Tatien  fut  tombée  en  désuétude.  Dans  le 
lexique  de  Bar  Bahloul,  sous  les  mots  Bai-  Aba,  il  est 
fait  allusion  au  verset  17  du  chapitre  xxvii  de  l'Evangile 
de  saint  Mathieu,  et  on  y  lit  ce  qui  suit  :  «  Ce  Bar  Aba 
s'appelait  Jésus,  comme  il  est  écrit  dans  VEi^an^i/e  des 
textes  séparés.  C'est  évident  aussi  par  les  paroles  de 
Pilate  :  «  Et  Jésus  qui  est  appelé  le  Messie,  que  fcrai-jc 
de  lui?  »  Donc  Bar  Aba  s'appelait  Jésus.  Mais  lévan- 
géliste  n'a  pas  voulu  écrire  son  nom,  afin  que  dans  le 
Livre  il  n'y  eût  pas  de  synonymie  entre  Bar  Aba  et 
Notre  Seigneur.  »  L'auteur  de  ce  passage  nous  informe 
que  dans  VEvangile  des  textes  séparés  on  lisait  Jésus 
Bar  Aba,  tandis  que  la  Peschitto  porte  seulement  Bar 
Aba;  et  son  information  est  confirmée  par  la  Sinaïtique 
qui  porte  :  «  Lequel  voulez-vous  que  je  vous  livre? 
Jésus  Bar  Aba  ou  Jésus  qui  est  appelé  le  Messie?  »  Le 
passage  du  lexique  de  Bar  Bahloul  montre  avec  évi- 
dence que  le  titre  d'Evangile  des  textes  séparés  ne 
s'appliquait  pas  à  la  Peschitto. 


DU  NOUVEAU  TESTAMENT.  55 

Si  la  version  Sinaïtique  est,  comme  nous  le  croyons, 
postérieure  à  la  Curetonienne  et  au  Diatessaron.  on  ne 
peut  songer  à  y  trouver  des  traces  ébionites.  Il  y  a  ce- 
pendant au  commencement,  dans  la  généalogie  de 
Notre  Seigneur,  un  verset  qui  a  beaucoup  intrigué  les 
critiques.  C'est  le  verset  16  du  premier  chapitre  de 
saint  Mathieu,  ainsi  conçu  :  «  Jacob  engendra  Joseph: 
Joseph,  auquel  était  fiancée  la  Vierge  ^larie,  engendra 
Jésus,  qui  est  appelé  le  Messie.  »  Il  n'y  a  aucun  doute 
sur  le  sujet  du  second  verbe  engendra;  c'est  bien  de 
Joseph  qu'il  s'agit.  Cette  leçon  est  propre  à  la  Si- 
naïtique, mais  son  auteur  ne  doit  pas  être  accusé  d'hé- 
résie intentionnelle  puisque,  plus  loin,  il  rapporte  exac- 
tement les  passages  relatifs  à  l'incarnation  de  Notre 
Seigneur.  Certains  théologiens,  comme  M.  Charles  en 
Angleterre,  ont  supposé  que  la  généalogie  placée  en 
tète  de  l'Évangile  de  saint  Mathieu  manquait  au  texte 
primitif  de  la  Sinaïtique,  et  qu'elle  y  fut  ajoutée  plus 
tard  par  un  Ebionite.  Mais,  objecte  le  P.  Durand  '.  nous 
savons  par  saint  Épiphane  que  cette  généalogie  ne  se 
trouvait  pas  dans  lÉvangile  selon  saint  Mathieu  dont 
se  servaient  les  Ebionites.  La  leçon  en  question  doit 
plutôt  être  considérée  comme  «  une  tentative,  à  la  fois 
exégétique  et  apologétique,  dont  le  dessein  était  de 
marquer  d'une  façon  explicite  que  le  Christ  descendait 
légalement  d'Abraham  et  de  David  par  Joseph.  » 

\.  Dans  les  Éludes  religieuses,  janvier  189a,  p.  133  et  suiv 


IV 


LES    LECTIONNAIRES    SYROPALESTINIENS. 

Les  chrétiens  originaires  de  la  Palestine  parlaient 
un  dialecte  syriaque  très  voisin  du  judéo-araméen  du 
Talmud  de  Jérusalem  et  des  Targoums  dits  palesti- 
niens. Il  nous  est  parvenu,  dans  ce  dialecte,  plusieurs 
documents  de  la  littérature  sacrée ,  dont  les  plus  im- 
portants sont  des  lectionnaires,  dans  lesquels  les  le- 
çons pour  les  différents  offices  de  Tannée  sont  dispo- 
sées suivant  le  rite  melkite. 

Nous  savons  par  Eusèbe  '  que  «  tous  les  chrétiens 
d'origine  juive  quittèrent  Jérusalem  et  la  Judée  sous 
Vespasien,  avant  la  prise  de  la  Ville  sainte  et  se 
retirèrent  à  Pella,  dans  la  Décapole ,  au  delà  du 
Jourdain.  »  Cette  communauté  transjordanienne  nous 
a  laissé  un  évangéliaire  conservé  dans  le  ms.  19  du 
Vatican.  Ce  manuscrit  a  été  écrit  en  1030  par  le  moine 
et  prêtre  Elias,  originaire  d'Aboud,  dans  le  monastère 
de  Moïse  à  Antioche  des  Arabes  ;  il  avait  été  porté  en- 
suite par  son  auteur  avec  d'autres  ms.  au  couvent  d'E- 
lie,  désigné  sous  le  nom  du  couvent  de  lÉtoile-. 

1.  Ilisloire  eccl.,  III,  U;  comp.  Land,  Anecdota  syr.,  Leide,  1802-1873, 
t.  IV,  p.  2-29. 

2.  Ces  localités  se  trouvent  dans  la  Perce,  comme  l'a  établi  M.  Laxd, 
Anecd.  syr.,  IV,  p.  227  et  suiv.  Le  ms.  du  Vatican  était  connu  par  le 
catalogue  des  Assémam  et  l'élude  qu'ADLF.r.  lui  a  consacrée  dans  ses 
Novi  Teslamenti  versiones  syriacœ,  Copenhague,  1789.  Il  a  été  édité  avec 


58  ll:s  legtionnaires 

Une  colonie  de  ces  chrétiens  de  la  Palestine  a  dû  s'é- 
tablir, à  une  époque  inconnue ,  en  Egypte.  Un  manus- 
crit récemment  acquis  par  le  Musée  britannique  est 
écrit  dans  le  dialecte  syropalestinien  et  renferme  des 
parties  de  la  Genèse,  des  Rois,  d'Amos  et  des  Actes 
des  Apôtres  ' .  L'une  des  trois  leçons  pour  la  crue  du  Nil 
que  renferme  ce  ms.  est  tirée  de  la  Genèse ,  ii ,  4-19. 
En  outre,  plusieurs  fragments  syropalestiniens  con- 
servés dans  les  Bibliothèques  de  l'Europe  proviennent 
de  l'Egypte,  et  Mrs.  Lewis  a  acquis  un  lectionnaire  au 
Caire  en  1895. 

Les  fragments  qui  se  trouvent  à  Londres  et  à  Saint- 
Pétersbourg  contiennent  des  portions  duDeutéronome, 
d'Isaïe,  des  Psaumes,  des  Proverbes,  de  Job,  des  qua- 
tre Evangiles,  des  Actes  des  Apôtres;  d'homélies  et 
d'hymnes  ;  des  Actes  de  saint  Philémon,  martyr,  et  de 
saint  Saba  le  Cénobite  -. 

Des  fragments ,  provenant  d'Egypte  et  acquis  par  la 
Bibliothèque  d'Oxford,  la  Bodléienne,  renferment  : 
les  uns ,  une  partie  des  Nombres  et  des  Epîtres  Pauli- 
nes^;  les  autres,  une  partie  de  l'Exode  et  de  la  Sagesse 
de  Salomon  ^. 


une  version  latine  par  le  comte  Mimscalcui  Erizzo,  à  Vérone,  48G1-1864 
et  réédité  par  Paul  de  Lagaude,  d'une  manière  plus  critique,  dans  sa 
Bibliotheca  syriaca,  Goettingue,  -JSOfi.  L'édition  Erizzo  a  servi  de  base 
à  l'esquisse  grammaticale  que  M.  Nœldeke  a  faite  du  dialecte  syropales- 
tinien dans  la  Zeilschr.  der  deut.  morge^il.  Gesell.  XXII,  4i3  et  suiv. 

1.  Ce  ms.  a  été  publié  par  M.  G.  MAncoLiotTii  dans  le  Journal  of  the 
Royal  Asiatic  Society,  octobre  189G,  p.  GG7-73I  (tirage  à  ])art  en  1897) 
sous  le  titre  de  The  Liturgy  of  the  Nile.  The  Palestinian  syriac  Text, 
ediled  from  a  unique  Ms.  in  the  Brilish  Muséum  with  a  transla- 
tion, etc.  M.  Margoliouth  a  annoncé  une  reproduction  des  portions 
bibliques  en  onze  planches  photographiques  avec  des  notes  philologi- 
ques. 

2.  Ces  fragments  ont  été  édités  dans  le  IV^  vol.  des  Anecd.  syriaca 
de  M.  Land,  Leide,  187î!. 

3.  Édités  par  M.  Gwilliam,  Anccdota  Oxoniensia,  i893. 

4.  Édités  par  MM.  Gwilliam,  Blukifi  et  Ste.vm^c,  Anecd.  Oxon.,  189G, 


SYROPALESTIMENS.  59 

Le  lectionnaire  de  Mrs.  Lewis  ^  a  des  portions  de  la 
Genèse,  de  l'Exode,  du  Deutéronome .  des  Psaumes, 
des  Proverbes,  de  Job,  des  Prophètes  Jonas  tout  en- 
tier ;  pour  le  N.  T.,  des  portions  des  Actes  des  Apô- 
tres, des  Épîtres  Paulines  et  de  TÉpître  de  saint  Jac- 
ques. 

Les  fragments  qui  existent  au  couvent  de  Sainte- 
Catherine  sur  le  mont  Sinaï  ne  nous  autorisent  pas  à 
croire  qu'une  colonie  des  chrétiens  palestiniens  ait 
résidé  dans  la  presqu'île  du  Sinaï.  L'un  de  ces  frag- 
ments- renferme  des  passages  de  lEpître  aux  Calâ- 
tes; les  autres^,  des  passages  du  IIP  Livre  des  Rois, 
de  Job  et  des  portions  de  deux  homélies  sur  le  Déluge 
et  sur  saint  Pierre. 

Les  Chrétiens  palestiniens  possédèrent-ils  une  ver- 
sion complète  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament? 
MM.  G  William  et  Stenning-^  ont  répondu  à  cette  ques- 
tion par  l'affirmative.  Ils  ont  remarqué  que  quelques- 
uns  des  fragments  édités  par  eux  présentent  le  ca- 
ractère d'une  version  continue  et  n'appartiennent  pas 
à  des  péricopes;  d'autres  sont  vraisemblablement  du 
VP  siècle  et  ne  peuvent  appartenir  à  des  lectionnaires, 
puisque  l'usage  des  lectionnaires  ne  remonte  pas  plus 
haut  que  le  YIP  siècle.  Ils  concluaient  que  les  lec- 
tionnaires qui  existent  aujourd'hui  ont  été  tirés  de  cette 
version  et  n'ont  pas  été  traduits  sur  des  lectionnaires 


i.  Édité  par  M"»  Lkwis,  Studia  Sinaitica,  n'=  VI,  Londres,  1S9T.  avec  des 
notes  critiques  de  M.  Nestlé  et  un  glossaire  de  M™«  Cibson.  Cette  édition 
renferme,  en  outre,  un  fragment  d'hymne  ac(|uis  au  Caire  en  1893,  et 
une  iiymne  sur  saint  Pierre  et  saint  Paul,  trou\ce  au  Sinaï  par  M.  Har- 
ris  et  qui  avait  été  publiée  d'abord  dans  les  Sludia  Sinailica,  n°  1. 

2.  Publié  par  M.  HAr.r.is,  liibUcal  Fragments  from  Mount  Sinai,  Lon- 
dres, 1800,  et  réimprimé  par  M.  Schwally  dans  son  Jdiolicon  des  christ - 
4ich  palxstinischen  Aramseisch,  Giessen,  1893. 

3.  Publics  par  JIM.  Gwilliam.  BcnKiTT  et  Stenm>c,  l.  cit. 

4.  Anecdola  Oxon.,  1893,  p.  lUCi. 


60  LES  LECTIO^sNAIRES 

grecs.  M.  Nestlé  est  d'un  avis  contraire;  il  croit  que 
les  leçons  n'étaient  pas  empruntées  à  une  édition  com- 
plète de  la  Bible ,  mais  que  chaque  leçon  fut  traduite 
ad  hoc  d'un  lectionnaire  grec  ^ 

Les  textes  syropalestiniens  de  l'Ancien  Testament 
procèdent  des  Septante,  mais  d'après  un  ms.  grec  dif- 
férent de  ceux  connus.  Ces  textes  sont  postérieurs,  au 
moins  en  ce  qui  concerne  le  Livre  de  Job ,  à  la  recen- 
sion  d'Origène,  puisque  le  fragment  de  ce  livre 
(ch.  xxn;  publié  par  M.  Burkitt-  se  trouve  dans  la 
partie  que  ne  possédait  pas  la  version  Septante  primi- 
tive et  qui  a  été  ajoutée  par  Origène  d'après  Théodo- 
tion.  D'autre  part,  M.  Stenning  ^  a  établi  que  le  frag- 
ment du  III*^  Livre  des  Rois  suit  littéralement  la 
recension  des  Septante  de  Lucien,  publiée  en  partie 
par  Paul  de  Lagarde.  Il  est  admissible  que,  pour  les 
autres  Livres  de  l'Ancien  Testament,  le  syropalesti- 
nien  concordait  également  avec  cette  recension  qui,  au 
IV^  siècle,  était  reçue  par  tous  les  chrétiens  de  la  Pa- 
lestine et  de  la  Syrie.  M.  Xestle  admet  des  conclusions 
analogues  pour  le  lectionnaire  de  Mrs.  Lewis  :  «  Dans 
les  grands  Prophètes,  dit-il  '',  le  lectionnaire  concorde 
souvent  avec  les  gloses  marginales  du  codex  Marcha- 
liaiuis,  attribuées  à  une  ou  plusieurs  des  dernières  ver- 
sions d'xVquila,  de  Symmaque  et  de  Théodotion.  Cela 
montre  clairement  que  le  lectionnaire  repose  sur  un 
texte  dépendant  d'Origène.  Il  est  probable  que  les  lec- 
tionnaires  sont  de  beaucoup  postérieurs  au  temps 
d'Origène,  mais  ils  ont  néanmoins  de  la  valeur  pour  le 

\.  Studia  Sinaitica,  n°  YI,  p.  XYII  (notes  critiques  sur  l'édition  du 
lectionnaire  de  M"  Le\vis).  M.  Ncslle  annonce  qu'il  prépare  une  esquisse 
grammaticale  du  dialecte  syropaleslinien. 

2.  Anecdota  Oxon.,  iSdG,  p.  2a  et  suiv. 

3.  Ibid.,  p.  32. 

4.  Notes  critiques  dans  l'édition  du  lectionnaire  de  M-"»  Lewis,  p.  LXIII. 


SYROPALESTIMENS.  61 

texte  des  Septante  aussi  bien  que  pour  celui  du  X.  T.  » 
En  dehors  des  textes  bibliques,  nous  signalerons 
comme  ayant  un  intérêt  particulier  les  deux  homélies 
sur  le  Déluge  et  sur  saint  Pierre  ^  L'homélie  sur  le 
Déluge  raconte  que  Xoé  planta  des  cèdres  pour  cons- 
truire l'arche  avec  ces  arbres  quand  ils  seraient  arrivés 
à  leur  croissance  ;  elle  fait  ainsi  allusion  à  un  apocryphe 
sur  ce  Patriarche  biblique.  L'auteur  de  l'homélie  sur 
saint  Pierre  cherche  à  établir  que  cet  apôtre  n'est  pas 
le  chef  de  l'Eglise,  mais  que  l'Eglise  repose  sur  Notre 
Seigneur  seul.  Il  commente  de  la  manière  suivante  le 
verset  18  du  eh.  xvi  de  saint  Mathieu  :  «  Le  Sei- 
gneur lui  dit  :  «  Tu  es  Simon  qui  est  interprété  Pe^ 
tros  :>;  il  ne  lui  dit  pas  :  «  Sur  toi  je  construirai  l'E- 
glise »  :  mais  il  lui  dit  :  «  Sur  ce  roc  qui  est  le  corps 
que  le  Seigneur  revêtit  je  bâtirai  mon  Eglise  et  les 
portes  du  Schéol  n'auront  pas  de  pouvoir  sur  elle.  » 

1.  Publices  dans  les  Ançcd,  Oxon-,  1^93, 


LES    VERSIONS     POSTERIEURES    DE    L  ANCIEN 
ET    DU    NOUVEAU    TESTAMENT. 


Les  Syriens  occidentaux,  en  prenant  part,  au  com- 
mencement du  YP  siècle,  aux  controverses  de  christo- 
logie  qui  agitaient  l'Eglise,  sentirent  la  nécessité  de 
posséder  une  version  de  la  Bible  plus  conforme  aux 
Septante  que  ne  l'était  la  Peschitto.  L'Ancien  et  le 
Nouveau  Testament  étaient  la  base  de  toute  discussion, 
et  des  malentendus  devaient  forcément  surgir  d'une 
interprétation  fondée  sur  des  textes  différents  ;  on  n'é- 
tait que  trop  porté  à  accuser  ses  adversaires  de  falsi- 
fication. La  version  des  Septante .  pour  l'Ancien  Tes- 
tament, faisait  autorité  non  seulement  dans  l'Eglise 
grecque,  mais  aussi  dans  la  Syrie  hellénisée;  les 
Syriens  des  provinces  Euphratésiennes  et  de  la  Méso- 
potamie occidentale  durent,  dans  ces  conditions,  se 
procurer  une  version  syriaque  des  Septante.  Ils  étaient 
d'autant  plus  sollicités  par  ce  desideratum  que  l'E- 
glise syriaque  devenue  monophysite  eut  avec  T Eglise 
d'Alexandrie  des  relations  beaucoup  plus  intimes  et 
plus  suivies  qu'autrefois.  La  Peschitto  de  l'Ancien  Tes- 
tament, nous  l'avons  vu  précédemment,  avait  déjà  subi 
une  revision  d'après  les  Septante,  mais  celte  revision. 


64  LES  VERSIONS  POSTÉRIEURES 

n'ayant  changé  que  quelques  mots  ou  groupes  de  mots, 
ne  l'avait  pas  profondément  modifiée. 

En  508,  Philoxène,  évêque  de  Mabboug,  l'un  des 
plus  fougueux  défenseurs  de  l'hérésie  monophysite, 
chargea  le  chorévêque  Polycarpe  de  faire  sur  le  grec 
une  traduction  littérale  de  l'A.  et  du  N.  T.  Cette  nou- 
velle version  semble  avoir  joui  d'un  certain  crédit  pen- 
dant le  YP  siècle  :  Moïse  d'Aghel  (vers  570)  mentionne 
les  Psaumes  et  le  Nouveau  Testament  ^  ;  mais  elle 
tomba  en  désuétude  lorsque  parurent  l'Hexaplaire  sy- 
riaque de  l'Ancien  Testament  et  l'Héracléenne  du  Nou- 
veau Testament.  Il  n'en  existe  plus  que  des  fragments 
dans  quelques  manuscrits  ^. 

L'Hexaplaire  syriaque  a  été  composée  un  siècle  plus 
tard,  616-617,  par  Paul,  évêque  de  Telia  de  Mauzalat 
(Constantine  de  Syrie),  à  la  demande  du  patriarche 
d'Antioche,  Athanase  I.  C'est  une  version  syriaque  des 
Septante  d'après  les  Hexaples  d'Origène  ;  elle  reproduit 
consciencieusement  les  additions  et  les  variantes  mar- 
quées par  des  astérisques  et  des  obèles,  ainsi  que  les  no- 
tes marginales  relatives  à  des  versions  grecques  autres 
que  les  Septante^.  En  fait  cette  version  ne  supplanta 
pas  la  Peschitto  qui  continua  à  être  la  Bible  des  Sy- 
riens. Son  prestige  tomba  avec  les  luttes  religieuses, 
en  vue  desquelles  elle  avait  été  faite ,  après  que  la  con- 
quête musulmane  eut  créé  une  nouvelle  situation  à  l'É- 
glise syriaque.  Elle  demeura  cependant  comme  une  œu- 
vre importante  de  la  littérature  sacrée  qui  avait  son 

i.  Voir  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  8-2. 

2.  Des  fragments  d'Isaïe  dans  un  ms.  du  British  Muséum  ;  conip.  Glidi, 
Rendiconti  délia  R.  Accademiadei  Lincei,  1886,  p.  404;  voir  aussi  HAtr., 
Syriac  ws.,  Gospels  of  a  pre-Harkleian  Version,  Philadelphie,  188'*. 
Les  fragments  d'Isaïe  ont  été  publiés  par  M.  Ceriam,  Monumenta  sacra 
et  profana,  Milan,  1873,  t.  V,  fasc.  I,  p.  1-40. 

3.  FiFi.D  a  utilisé  ces  notes  dans  sa  publication  intitulée  Origenis 
Hexaplorum  fragmenta,  Oxford  ,  1875. 


DE  L'A.  ET  DU  N.  TESTAMENT.  65 

utilité  pour  l'exégèse  biblique.  Barhebrœus,  dans  son 
commentaire  intitulé  le  Magasin  des  mystèi-es ,  la  cite 
fréquemment  sous  le  nom  du  grec.  Cet  auteur  la  tenait 
même  en  plus  haute  estime  que  la  Peschitto  ;  dans  sa 
grande  grammaire  ',  il  a  écrit  un  chapitre  entier  pour 
prouver    l'infériorité  de  celle-ci   comparée  à  THexa- 
plaire.  Son  jugement  est  basé  sur  plusieurs  passages 
de  la  Peschitto,  incorrects  grammaticalement,  et  sur 
d'autres  passages  qui,  dans  les  citations  du  Nouveau 
Testament,  sont  plus  conformes  au  grec  qu'à  la  Pes- 
chitto. Ce  dernier  argument  n'est  pas  très  probant,  car 
nous  avons  rappelé  plus  haut,  p.  34 .  qu'un  nombre 
important  de  ces  citations  dans  la  Peschitto  du  Nou- 
veau Testament  concorde  avec  la  Peschitto  de  l'Ancien 
Testament  et  s'écarte  à  la  fois  de  l'hébreu  et  du  grec. 
L'Hexaplaire  ne  nous  est  pas   parvenue  intégrale- 
ment. 11  existe,  dans  des  ms.  de  Milan,  de  Paris  et  de 
Londres,  des  livres  complets  ou  incomplets  de  cette 
version.  Le  plus  célèbre  de  ces  ms.  est  YAmhrosianus 
qui  forme  le  second  volume  d'un  exemplaire  complet. 
Le  premier  tome  renfermait  le  Pentateuque,   Josué, 
les  Juges,  les  Rois,  Esdras  avec  Néhémie,  Judith  et 
Tobie;  il  a  été  perdu  après  la  mort  [iolo]  d'Andréas 
Masius  auquel  il  appartenait.  Norberg  publia  Jérémie 
et  Ézéchiel  (1787);  Bugatus,  Daniel   1788)  et  les  Psau- 
mes (i820j.  En  1835  Middeldorpf  édita  le  IY°  livre  des 
Rois  (ms.  de  Paris),  Isaïe,  les  petits  Prophètes,  Job,  le 
Cantique  des  Cantiques,  les  Lamentations  et  l'Ecclé- 
siaste  (ms.  de  Milan).  ^L  Ceriani  a  donné  une  repro- 
duction photolithographique  de  l'Ambrosianus  dans  le 
Yli®  vol.  des  Monumenta  sacra  et  profana;  il  avait 
commencé  une  édition  critique  de  cette  version  dans  les 

1.  Œuvres  grammaticales  d'Aboti'lfaradj  dit   Bar  Hebrxus,  éditées 
par  l'Abbé  Martin,  Paris,  187i,  I,  p.  240. 

4. 


66  LES  VERSIONS  POSTERIEURES 

vol.  I  et  II  du  même  ouvrage.  Skat  Rœrdam  a  publié  le 
livre  des  Juges  et  de  Ruth  à  Copenhague  en  1859-18G1 
d'après  un  ms.  du  Musée  britannique.  Paul  de  Lagarde 
édita  en  caractères  hébreux,  dans  les  Veteris  T.  ah  Ori- 
geiie  recensiti  fragmenta  (Gœttingue,  1880),  les  frag- 
ments contenus  dans  les  ms.  de  Londres  et  de  Paris, 
savoir  :  des  fragments  de  l'Exode,  des  Nombres,  de 
Josué  et  des  Rois.  Dans  SRBibliotheca  syriaca  (Gœttin- 
gue, 1892  ,  ce  professeur  a  réimprimé  en  caractères 
syriaques  les  mêmes  fragments  avec  de  nouvelles  ad- 
ditions, parmi  lesquelles  se  trouvent  des  fragments  de 
la  Genèse. 

L'Héracléenne  est  la  revision  de  la  Philoxénienne 
du  Nouveau  Testament  faite  en  616  par  Thomas  d'Har- 
kel  (ou  d'Héraclée),  évêque  de  Mabboug.  Cet  évêque, 
après  avoir  été  déposé  de  son  siège  pour  sa  propagande 
monophysite,  se  rendit  à  Alexandrie  et  travailla  à  cette 
revision  dans  le  couvent  de  saint  Antoine  au  village 
d'Enaton.  L'Héracléenne  comprend  les  mêmes  livres 
que  la  Peschitto  et,  en  plus,  les  quatre  petites  Épîtres  : 
la  11^  de  saint  Pierre,  les  IP  et  IIP  de  saint  Jean,  et 
celle  de  saint  Jude.  Elle  a  été  éditée  par  J.  White 
d'après  des  ms.  d'Oxford  à  la  fin  du  dernier  siècle  et 
au  commencement  de  ce  siècle-ci'. 

1.  s.  Evangeliorum  ve7-sio  syr.  Philo.reniana ,  Oxford,  1778;  Acluu7n 
Apost.  et  Epislol...  Oxford,  4799-1803.  La  lacune  que  i)rtsente  l'Épftre 
aux  Hébreux  dans  l'édition  de  Wiiite  a  été  comblée  par  Bexsly  d'après 
un  ms.  de  Cambridge,  The  Heraclean  version  of  the  Epislle  to  the  He- 
brews,  Cambridge,  1889,  chap.  xr,  28-xiri,  2:;.  Le  ras.  de  Cambridge  ren- 
ferme, en  outre,  les  deux  Épilres  de  Clément,  placées  entre  les  Épîtres 
caliioiiques  et  les  Épîtres  de  saint  Paul.  —  L'Évangile  de  saint  Jean  a 
été  édité  à  part  par  Behnstein  à  Leipzig  en  1853  avec  les  voyelles  et  les 
points  diacritiques  de  la  Massore,  sous  le  titre  de  Das  heilige  Evan- 
gelium  des  Johannes...  Cette  édition  était,  pour  l'époque  où  elle  parut, 
un  tour  de  force  typographique.  —  M.  Hai.l  a  reproduit  par  la  plioto- 
lypie  en  4880  les  quatre  Épîires  qui  manquent  dans  la  Peschitto,  d'a- 
près un  ms.  daté  de  UTl ,  The  Syrian  Anlilegomena  Epistles,  Balti- 
more, 1886.  Sur  la  version  de  l'Apocalypse,  voir  ci-dessus  p.  50. 


DE  LA.  ET  DU  N.  TESTAMENT.  67 

La  Philoxénienne,  FHexaplaire  et  LHéracléenne 
étaientrœuvre  de  Jacobites.  LesNestoriens,  en  contact 
moins  direct  avec  l'Occident,  ne  firent  pas  usage  d'au- 
tre version  que  de  la  Peschitto.  Il  est  cependant  fait 
mention  d'une  version  due  à  Mar  Aba,  patriarche  des 
Nestoriens  de  536  à  552.  Amr  rapporte  que  Mar  Aba 
«  interpréta  l'Ancien  et  le  Nouveau  Testament  et  les 
expliqua;  il  écrivit  un  livre  de  commentaires  '  ».  Ebed- 
jésu,  dans  son  catalogue-,  dit  :  «  Mar  Aba  le  Grand 
interpréta  et  traduisit  du  grec  en  syriaque  tout  l'An- 
cien Testament  ».  Ces  assertions  dérivent  sans  doute 
de  la  Vie  de  Mar  Aba  ^  où  on  lit  :  «  Il  interpréta  les 
Livres  divins  (les  saintes  Ecritures)  à  Alexandrie  en 
grec  ».  Cette  notice  fait  évidemment  allusion  aux  com- 
mentaires de  Mar  Aba  (voir  ci-après,  p.  83  .  Quant  aux 
mots  à  Alexandrie  en  grec ,  ils  s'expliquent  par  une 
confusion  que  Barhebrœus  a  déjà  signalée  ^ .  Mar  Aba, 
avant  d'être  élu  patriarche,  avait  étudié  le  grec  à  Edesse 
avec  un  moine  nommé  Thomas.  Ce  moine  fut  confondu 
ensuite  avec  Thomas  d'Héraclée  qui  vivait  près  d'un 
siècle  plus  tard  et  qui  traduisit,  du  grec  en  syriaque,  le 
Nouveau  Testament.  Il  est  donc  fort  douteux  que  Mar 
Aba  ait  écrit  une  version  syriaque  de  TA.  et  du  N.  T. 
ou  de  l'A.  T.  seulement. 


\.  Maris,  Amri  et  Slibx  commentaria,  pat'S  altéra,  éd.  Gi^moxdi, 
Rome,  1896,  p.  il.  Celte  notice  ne  se  trouve  pas  dans  Mari,  qui  parle 
seulement  d'une  version  syriaque  des  œuvres  de  Théodore  de  Mop- 
sueste,  ibid.,  pars  prior,  p.  'M. 

■2.  AssÉMAM,  B.  0.,  m,  pars  I,  p.  75. 

3.  Bedjan,  Histoire  de  Mar  Jabalaha,  de  trois  autres  patriarches,  etc., 
Paris,  1895,  p.  218. 

4.  Chronicon  eccl.,  éd.  Abbeloos  et  Lvuy,  Louvain,  187-2,  II,  p.  89. 


VI 


LA    MASSORE    SYRIENNE. 

L'ensemble  des  travaux  concernant  la  lecture  exacte 
du  texte  biblique  dans  les  versions  syriaques  est  dési- 
gné par  les  Jacobites  sous  le  nom  de  La  tradition, 
\in\W\\>e>,  nom  qui  répond  à  celui  deL^7  Massore  juive; 
les  Xestoriens  se  servaient  de  préférence  de  l'expression 
Livres  des  maîtres  de  lecture,  )-L:-,:flJo;  i_iNJi.  Nous  retenons 
le  terme  de  Massoi-e  qui  est  consacré  par  lusage.  et 
celui  de  Massorètes  pour  les  auteurs  de  ces  travaux. 

La  Peschitto  était  le  premier  livre  mis  entre  les  mains 
des  élèves  qui  fréquentaient  les  écoles;  ces  élèves  com- 
mençaient par  la  lecture  du  Psautier;  ils  abordaient 
ensuite  le  Nouveau  Testament  et  les  autres  livres  de 
l'Ancien  Testament,  puis  les  œuvres  des  Pères  de 
l'Église  syriaque  et  de  l'Église  grecque.  Les  maîtres 
de  lecture  apprenaient  à  leurs  disciples  à  distinguer  les 
propositions  des  différentes  phrases  suivant  les  cinq 
catégories  d'Aristote,  à  élever  et  à  abaisser  la  voix  en 
prenant  les  diverses  intonations  que  le  sens  exigeait. 
Les  signes  qu'ils  marquaient,  pour  cet  enseignement, 
soit  sur  la  ligne,  soit  au  dessus  ou  au  dessous  des  mots, 
étaient  des  points  ou  des  groupes  de  points  que  Ton 
appelle  des  accents  et  que  l'on  divise  en  accents  logi- 
qiies  et  en  accents  rhétoriques. 

La  massore,  dans  ses  origines,  remonte  à  l'Ecole 
d'Édesse,  au  commencement  du  V®  siècle;  elle  fut 
transmise  peu  de  temps  après  à  l'École  de  Nisibe  par 


70  LA  MASSORE  SYRIENNE. 

Narsès  que  ses  opinions  nestoriennes  avaient  fait  chas- 
ser dEdesse.  Au  VP  siècle,  Joseph  d'Ahwaz,  l'un  des 
successeurs  de  Narsès  à  Nisibe,  apporta  des  modifica- 
tions au  système  des  maîtres  de  l'Ecole  d'Edesse' ,  et 
inventa  neuf  accents ,  en  se  servant,  pour  ses  lectures, 
de  la  version  des  commentaires  de  Théodore  de  Mop- 
sueste  faite  par  lbas^  Ramjésu  qui  présidait  à  l'École 
de  Séleucie  de  Babylonie,  vers  le  milieu  du  YP  siècle, 
ajouta  de  nouvelles  leçons  à  la  première  collection  des 
massorètes  nestoriens^. 

La  massore  a  produit  trois  sortes  d'ouvrages  : 
1°  des  exemplaires  de  la  Bible  ponctués  et  annotés  de 
gloses  marginales;  2°  des  traités  des  points  ou  ac- 
cents; 3°  des  traités  des  mots  ambigus  (De  cequwocis). 

Les  traités  sur  les  accents  et  les  traités  sur  les  mots 
ambigus  font  partie  de  la  grammaire  et  de  la  lexico- 
graphie. Nous  les  renvoyons  au  n°  xvi;  nous  par- 
lerons ici  des  exemplaires  de  la  Bible  qui  renferment 
la  massore. 

La  revision  de  la  Peschitto  de  l'Ancien  Testament, 
faite  par  Jacques,  évêque  d'Édesse,  en  705,  lorsque 
cet  évêque  résidait  au  couvent  de  Teléda,  peut  être 
considérée  comme  le  premier  travail  systématique  de 
la  massore  jacobite.  Jacques  divisa  les  livres  bibliques 
en  chapitres  et  mit  en  tête  de  chaque  chapitre  un 
sommaire  du   contenu.   Le  texte   est  accompagné   de 

1.  BAitHEBR^cs,  Chron.  eccl,  II,  p.  77,  dit  :  «  Joseph  d'Ahwaz  occupa 
la  place  (de  Narsès)  à  Nisibe.  Il  changea  la  lecture  édessénienne  en  la 
lecture  orientale  que  suivent  les  Nestoriens.  Ceux-ci,  pendant  tout  le 
temps  de  Narsès,  lisaient  comme  nous  les  Occidentaux.  »  Cette  modi- 
lication  porta  non  sur  les  voyelles,  mais  sur  les  points  qui  marquaient 
les  différents  membres  de  la  plirase,  MEnx,  Historia  arlis  grammaticœ 
apud  Sy}'Os,  Leipzig,  1889,  p.  28. 

2.  D'après  une  note  d'un  ms.  du  Musée  britannique,  Wright,  Catal.  of 
the  syr.  ms.,  col.  107,  n°  V,  3. 

3.  Voir  le  ms.  de  la  massore  nestorieune  dans  Wright,  Catal.  of  the 
syr.  ms.,  col.  105  6. 


LA  MASSORE  SYRIENNE.  71 

nombreuses  gloses  marginales  dont  une  partie  rap- 
porte les  leçons  des  versions  grecques  et  syriaques; 
une  autre  partie  donne  la  prononciation  exacte  des 
mots.  Quelques-unes  des  notes  sont  tirées  des  œuvres 
de  Sévère  dAntioche.  On  trouve  aussi  des  gloses  in- 
sérées dans  le  texte. 

Cette  œuvre  de  Jacques  d'Édesse  ne  nous  est  pas  par- 
venue dans  son  entier.  La  Bibliothèque  nationale  pos- 
sède deux  ms.  contenant  le  Pentateuque,  à  lexception 
d'un  certain  nombre  de  versets,  et  le  livre  de  Daniel. 
Le  Musée  britannique  a  aussi  deux  ms.  renfermant 
les  deux  livres  de  Samuel  avec  le  commencement  des 
Rois  et  Isaïe;  le  premier  livre  de  Samuel  présente  quel- 
ques lacunes  * .  Ces  ms.  sont  datés  de  719  et  720 ,  c'est-à- 
dire,  d'une  dizaine  d'années  à  peine  après  la  mort  de 
l'évêque  d'Edesse. 

Jacques  avait  montré  aux  Syriens  la  voie  à  suivre 
pour  systématiser  les  travaux  de  la  massore.  Il  ne 
tarda  pas  à  trouver  de  dignes  émules  parmi  les  moines 
qui,  dans  la  retraite,  consacraient  leur  vie  à  l'étude  des 
Écritures.  C'est  dans  le  couvent  de  Karkaphta  [le 
crâne  y  situé  près  de  la  ville  de  Reschaina,  que  la 
massore  jacobite  atteignit  son  apogée.  Les  massorètes 
jacobites  sont  désignés  sous  le  nom  de  Karkaphiens, 
i;qoyi,  et  leur  œuvre  porte  le  titre  de  La  tradition 
Karkaphienne y  in.Ao;^  iloiv^n*-^,  dans  le  commentaire 
de  Barhebrœus  intitulé  Le  magasin  des  mystères  et 
dans  les  ms.  de  la  massore  jacobite. 

On  s'est  longtemps  mépris  sur  le  sens  exact  de  ce 
titre.  Assémani  traduisait  versio  Karkapkensis  hoc  est 
montana  et  il   ajoutait  que  c'était  la  version  dont  se 

1.  Des  fragments  de  cette  revision  ont  élé  imprimés  pas  Bicatus, 
Daniel  secundum  editionem  LXX  Intcrpretum,  Milan,  1788;  et  par 
Cekiam,  Monumenta  sacra  et  profana,  t.  II  et  V. 


72  LA  MASSORE  SYRIENNE. 

servaient  les  habitants  des  montagnes'.  Le  cardinal 
^Yiseman  retrouva  cette  soi-disant  version  dans  le 
ms.  152  du  Vatican-.  C'est  l'Abbé  Martin  qui  le  pre- 
mier aperçut  le  vrai  sens  et  montra  que  les  mots  tra- 
duits par  vej'sioii  Karkaphienne  signifiaient  en  réalité 
la  tradition  Karkaphienne,  c'est-à-dire  la  massore 
élaborée  dans  le  couvent  de  Karkaphta^.  Mais  l'Abbé 
Martin  ignorait  encore  le  véritable  emplacement  de  ce 
couvent;  M.  Georg  Hoffmann  a  prouvé  qu'il  se  trou- 
vait à  Magdal  sur  le  fleuve  Chabor,  non  loin  de  la  ville 
de  Reschaina  '•. 

Dans  les  ms.  qui  renferment  la  massore  jacobite,  les 
gloses  marginales  relatives  à  la  leçon  exacte  du  texte 
et  à  sa  prononciation  sont  souvent  indiquées  sous  la 
rubrique  touhana,  ilao^,  (ou  par  abréviation  ^4).  Le  car- 
dinal Wiseman  croyait  que  ce  mot  désignait  la  Pes- 
chitto  ;  l'Abbé  Martin  y  voyait  une  épithète  de  Rabban 
Théodose,  un  auteur  syriaque.  Nous  savons  aujour- 
d'hui à  quoi  nous  en  tenir,  grâce  à  deux  gloses  du 
lexique  de  Bar  Bahloul  qui  nous  apprennent  ce  qui 
suit^  :  «  Les  deux  docteurs  Toubana  et  Saha.  11  y 
avait  deux  docteurs  connus  et  renommés  pour  la  mas- 
sore (|Loiy.N«v>)  des  Testaments  à  Reschaina.  L'un  Tou- 
bana Santa,  qui  était  dans  l'un  des  couvents  de  l'en- 
droit, et  l'autre,  un  certain  Saba,  qui  était  respectable 
et  éprouvé  pour  sa  chasteté  et  l'exactitude  de  sa  mas- 
sore. C'est  pourquoi,  partout  où  il  y  a,  à  la  marge  des 

\.  Bibl.  orient.,  II,  p.  283. 

2.  Horee  syriacœ,  Rome,  1828,  p.  78  et  l.Sl. 

3.  Tradition  karkaphienne  ou  la  Massore  chez  les  Syriens  dans  le 
Journal  asiatique,  octobre-novembre,  1SG9. 

4.  Zeitschr.  der  deut.  morgenl.  Gesellschaft,  XXXII,  p.  ~Vô. 

b.  Lexicon  syriacum,  auctore  Bar  Bahlule,  éd.  R.  Duval,  Paris,  1888- 
1896,  col.  1304,  1.  6.  Georg  Hoffmann  fit  connaître  la  première  de  ces 
gloses,  Zeitschr.f.die  Alt.  Wissenschaft,  1881,  p.  159 ;  j'ai  ajouté  la  se- 
conde glose,  Journal  asiatique,  juin  1884,  p.  jGO. 


LA  MASSORE  SYRIENNE.  73 

pages,  une  note  surmontée  d'un  saniîiat  la  lettre  s], 
celte  lettre  indique  ce  que  ce  Saba  changeait  à  la  leçon 
de  Toubana,  parce  que  l'un  rapportait  une  leçon  et 
l'autre  en  donnait  une  autre.  Nous  avons  écrit  ceci 
pour  faire  connaître  le  fait.  »  Cette  glose  du  lexique  de 
Bar  Bahloul  nous  indique  ce  qu'il  faut  entendre  par 
les  mots  Toubana  et  Saba  que  l'on  trouve  dans  les 
ms.  de  la  massore  jacobite  \  Saba  de  Reschaina  était 
un  habile  copiste;  on  possède,  écrits  de  sa  main,  plu- 
sieurs ms. ,  à  la  fin  desquels  il  se  vante  de  ne  pas  avoir 
empâté  la  boucle  d'un  seul  taç  la  lettre  t  -.  Ces  ms. , 
datés  de  724  et  726,  précisent  l'époque  où  la  massore 
jacobite  florissait. 

La  massore  ne  donne  pas  un  texte  biblique  continu, 
mais  reproduit  les  versets  qui  méritent  d'être  expli- 
qués ,  qui  renferment  des  mots  dont  la  prononciation 
exacte  doit  être  fixée ,  ou  qui  offrent  des  variantes  dans 
les  versions  grecques  et  syriaques  ^.  Les  versets  omis 
sont  plus  ou  moins  nombreux  suivant  les  ms.  Le  texte 
est  vocalisé,  dans  la  massore  jacobite  au  moyen  des 
voyelles  dites  grecques,  dans  la  massore  nestorienne 
au  moyen  des  points-voyelles;  les  points  diacritiques 
qui  indiquent  l'aspiration  ou  la  non-aspiration  de  cer- 
taines consonnes,  les  points  d'interponction  ou  d'ac- 
centuation, tous  les  signes  orthoépiques,  en  un  mot, 
sont  marqués  avec  soin. 

On  connaît  dix  ms.  de  la  massore  jacobite,  dont  les 
principaux  sont  :  le  ms.  152  du  Vatican^  daté  de  980; 

1.  Comparer  Wr.iciiT,  Calai,  of  Ihe  syr.  ms.,  p.  i09,  col.  2. 

2  \Nr.iGiiT,  Calai,  of  the  syr.  ms.,  p.  9,  col.  1  ;  p.  IG,  col.  1;  p.  25,  col. 
i.  Wr.iGiiT,  ibid.,  p.  38,  col.  i,  estime  que  le  ms.  daté  de  719  et  conte- 
nant les  deux  livres  de  Samuel  dans  la  revision  de  Jacques  d'Édesse, 
Cit  de  la  main  ra«''inc  de  ce  Saba. 

3.  Nous  rappelons  que  la  massore  nestorienne  ne  connaît  pas  IHexa- 
plaire  ni  rHéraclêenne. 

4.  Décrit  parle  card.  Wiseman,  Horse  syriacse ^  ii9  et  suiv.;  comp. 
Abbé  MAr.TiN,  Tradilion  karkaphiennc,  p.  2i5. 

LITTÉRATURE    SYRIAQUE.  5 


74  LA  M\SSORE  SYRIENNE. 

deux  ms.  du  Musée  britannique,  l'un,  Add.  1278,  du 
IX""  ou  X^  siècle,  semblable  au  ms.  du  Vatican',  et 
l'autre,  Add.  7183,  probablement  du  XIP  siècle;,  ren- 
fermant moins  de  versets  que  le  ms.  du  Vatican-  ;  le  ms. 
Barberini  daté  de  1089  ou  1094  (la  date  est  incertaine)  ^  ; 
et  un  ms.  de  la  Bibliothèque  nationale  du  XI^  siècle, 
conforme  au  ms.  du  Vatican^.  Suivant  l'Abbé  Martin^, 
il  doit  exister  encore  un  ms.  daté  de  1015  à  la  cathé- 
drale de  Mossoul. 

Le  ms.  de  Paris  que  nous  venons  de  citer  et  le  ms. 
de  Londres,  Add.  14684,  renferment  une  partie  consa- 
crée à  la  massore  des  œuvres  des  docteurs  qui  étaient 
lues  dans  les  écoles,  savoir  :  des  passages  du  Pseudo- 
Denys  l'Aréopagite,  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire 
de  Nazianze,  de  Sévère  d'Antioche  et  (dans  le  ms.  de 
Londres)  du  Diœtetes  de  Jean  Philoponus. 

La  massore  nestorienne  est  conservée  dans  un  impor- 
tant ms.  du  Musée  britannique ,  écrit  dans  le  couvent 
de  INlar  Gabriel  près  de  Harran  en  899  ^. 

Barhebrœus  a  fait  usage  des  deux  massores  non  seu- 
lement dans  son  commentaire,  Le  magasin  des  mystè- 
res, mais  aussi  dans  sa  grande  grammaire,  Le  Iwre 
des  splendeurs'^ . 

1.  "SViUGHT,  Calai,  of  the  sy7\  ms.,  p.  108,  n°  1C2. 

2.  Catalogue  Fo7-shall  et  Rosen,  p.  64,  n°  42. 

3.  Décrit  également  par  le  card.  Wiseman. 

4.  Catalogue  Zotenberg,  n°  64.  Il  a  été  décrit  également  par  Wiseman, 
comp.  Abbé  Martin,  Tradition  kark.,  p.  2i5  et  suiv. 

5.  Introduction  à  la  critique  textuelle  du  N.  T.,  jjartie  théorique, 
Paris,  1882-1883,  p.  291. 

6.  Ms.  Add.  12138,  Catalogue  Wright,  p.  101,  n°  161. 

7.  M.  GwiLLiAM,  Sludia  Biblica,  Oxford,  1^91,  p.  64,  croit  que  la  mas- 
sore syriaque  s'est  formée  à  l'imitation  de  la  massore  hébraïque, 
mais  la  question  est  encore  douteuse,  car  la  massore  syriaque ,  dans 
ses  origines,  semble   avoir  précédé  la  massore  juive. 


VII 


LES    COMMENTAIRES    DE    LA    BIBLE. 


Les  commentaires  bibliques  écrits  par  des  Pères  de 
l'Eglise  syriaque  formeraient  une  bibliothèque  entière, 
si  une  grande  partie  n'avait  subi  Tinjure  du  temps  et 
n'était  aujourd'hui  perdue. 

Les  commentaires  de  saint  Ephrem  7  373  sur  l'An- 
cien et  le  Nouveau  Testament  sont  les  plus  anciens  que 
nous  connaissions.  Ephrem  les  avait  sant  doute  écrits 
en  vue  de  son  enseignement  à  l'Ecole  des  Perses  à 
Edesse.  Le  commentaire  sur  TA.  T.  ne  nous  est  par- 
venu dans  sa  forme  originale  que  pour  la  Genèse  et  la 
majeure  partie  de  l'Exode,  dans  le  ms.  du  Vatican  110 
du  VP  siècle;  pour  les  autres  livres,  il  existe,  d'une 
manière  abrégée,  dans  une  Catena  Patrum  composée 
en  8G1  par  Sévère,  un  moine  d'Antioche  '.  L'épitomé  de 
Sévère,  comparé  avec  le  ms.  110  du  Vatican,  montre 
que  le  commentaire  de  saint  Ephrem ,  dont  se  servait 
le  moine  d'xVntioche  pour  la  Genèse,  différait  de  celui 
de  ce  ms  -.  Ce  commentaire  est  basé  sur  la  Peschitto, 

\.  Voir  Calai.  Wright,  p.  WS. 

2.  PouLMANS,  .S.  Ephrxmi  Syri  commmtariorum  in  S.  Scripiuram 
lextus,  Brunsberg,  J8fi3-l8Gi;  Bickell,  Conspectus  rei  Syrorum  liltera- 
r»«.  Munster,  1871,  p.  19. 


70  LES  COMMENTAIRES 

mais  il  a  subi  des  interpolations;  il  s'y  trouve  des  ci- 
tations des  Septante  que  saint  Ephrem,  ignorant  le 
grec,  ne  pouvait  utilisera 

En  ce  qui  concerne  le  Nouveau  Testament,  le  com- 
mentaire que  saint  Ephrem  avait  fait  du  Diatessaron  ne 
s'est  conservé  qu'en  arménien  fvoir  p.  47).  C'est 
également  en  arménien  seulement  que  se  trouve  son 
commentaire  sur  les  Épîtres  Paulines. 

En  dehors  de  ses  commentaires ,  saint  Ephrem  écri- 
vit des  homélies  exégétiques  et  des  interprétations, 
l^cL^^VoL,  sur  différents  versets  bibliques  -. 

Un  des  disciples  de  saint  Ephrem,  Mar  Aba,  écrivit 
un  commentaire  sur  les  Evangiles,  un  discours  sur  Job 
et  une  explication  du  verset  9  du  Psaume  xlii^.  Il  ne 
doit  pas  être  confondu  avec  Mar  Aba  I,  patriarche  des 
Nestoriens,  voir  plus  loin,  p.  83. 

Le  commentaire  sur  les  Evangiles  de  Philoxène,  évê- 
que  de  Mabboug  (-J-  vers  523) ,  nous  est  connu  par  deux 
manuscrits  incomplets  du  Musée  britannique  (Wright, 
Catal.,  p.  526,  n^'  674  et  675).  Le  premier  de  ces  ms., 
daté  de  511,  renferme  des  fragments  du  commentaire 
sur  saint  Mathieu  et  saint  Luc.  Le  second,  qui  appar- 
tient à  la  même  époque,  contient  le  commentaire  sur 
des  passages  choisis  des  Evangiles,  et  particulièrement 
sur  les  versets  1-18  du  premier  chapitre  de  l'Evangile 

1.  Il  est  imprimé,  en  grande  partie,  dans  l'édition  romaine, 
S.  Ephrœmi  opéra,  t.  I  et  H.  M.  Lamy  a  complété  cette  édition  dans  le 
t.  H.  de  S.  Ephrsemi  syri  hymni  et  sermones,  Malines,  188G,  p.  105-310, 
d'après  des  ms.  du  Jlusée  britannique.  M.  Lamy  a  publié  dans  la  Revue 
biblique,  189T-1898,  une  traduction  des  commentaires  de  S.  Ephrem  sur 
Zacharie,  dont  deux  chapitres  étaient  inédits. 

2.  Édition  romaine,  II,  3IG-395;  Oveudeck,  S.  Ephreemi  syi-i...  opéra 
selecta,  Oxford,  I8G0,  p.  77-104.  Moesin(.er  a  publié  quelques  scolies  sur 
S.  Mathieu,  Isaïe,  Osée  et  les  Proverbes  dans  le  II*  voL  des  Monumenta 
syriaca,  Innsbruck,  1878,  p.  33  et  suiv. 

3.  11  est  cite  dans  certains  ms.  ;  Wuigut,  Catal.,  p.  831  et  1002.  Des 
fragments  dans  Hauuis,  Fragm.  of  the  comment,  of  Ephrem  Syrus, 
Londres,  1895,  p.  93. 


DE  LA  BIBLE.  77 

de  saint  Jean.  L'auteur  combat  différentes  hérésies  et 
surtout  celle  des  Nestoriens  quil  appelle  «  les  héréti- 
ques du  temps  présent  ». 

Jean  bar  Aphtonia ,  abbé  du  couvent  de  Kennesré 
{f  538)  jcst  l'auteur  d'un  commentaire  sur  le  Cantique 
des  Cantiques  '. 

Marouta,  métropolitain  jacobite  de  Tagrit  [f  649],  fit 
un  commentaire  sur  les  Evangiles,  qui  est  cité  dans  la 
catena  du  moine  Sévère.  Deux  scolies  de  Marouta  sur 
Exode  XVI,  1,  et  Mathieu  XXVI,  6-14,  sont  imprimés  dans 
les  Monumenta  syriaca  (Mœsinger),  t.  II,  p.  32. 

Jacques,  évéque  d'Édesse  (y  708),  composa  des  com- 
mentaires et  des  scolies  sur  les  Ecritures.  Il  traite  aussi 
de  différents  passages  bibliques  dans  plusieurs  de  ses 
lettres.  Les  commentaires  sont  cités  dans  la  catena  de 
Sévère  et  dans  les  écrits  de  Denys  bar  Salibi  et  de 
Barhebrœus.  Quelques-unes  des  scolies  ont  été  publiées, 
d'après  des  manuscrits  du  Musée  britannique,  par  Phi- 
lipps,  Wright,  Schrœter  et  Nestlé-;  d'autres,  mêlées 
dans  les  commentaires  de  saint  Ephrem  par  le  moine 
Sévère,  ont  été  imprimées  dans  l'édition  romaine  de 
saint  Éphrem  (t.  I  et  llj. 

George,  évêque  des  tribus  arabes  de  l'Euphrate, 
un  contemporain  et  un  ami  de  Jacques  d'Édesse,  écri- 


1.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  p.  oi.  Des  extraits  de  ce  commentaire  sont  con- 
servés dans  une  chaîne  des  Pires  au  Musée  britanuique,  ms.  Add.  12IC8, 
f.  138  a.  Un  commentaire  sur  les  Évangiles  est  attribué  à  Mara  d'Aniid 
(vers 519)  par  Assémam,  B.  0.,  II,  p.  o-2;  mais  Wright,  se  référant  à  Zacha- 
rie  (dans  Land,  Anecdola  syriaca,  III,  ijO),  a  montré  que  Mara  écrivit 
seulement  une  préface  en  grec  sur  un  exemplaire  des  Évangiles  fait  à 
Alexandrie;  Wr.icuT,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  Londres,  I89i,  p.  83. 

2.  PuiLipP'î,  Scholia  on  some  passages  of  Ihe  Old  Testament  by  Mar 
Jacob,  Londres,  180'»;  Wnioiix,  Journal  of  sacred  lileralure,  vol.  X, 
p.  430etsuiv.;  Scuv.aE.Ttr,, Zeitschr.  dcr  deut.  morgenl.  Gesellschaft,  1870, 
t.  XXIV,  p. -201  et  suiv.;  Nestlé,  ibid.,  1878,  t.  XXXII,  p.  '.o:;  et  suiv.,  73:i 
et  suiv.;  comparer  aussi  As'^^;MA^•^,  B.  0.,  I,  p.  4S9-493;  Mai,  Script,  vet. 
nova  collectio,  Rome,  182.J-1838,  t.  Y;  Wrigut,  Catal.,  p.  '60\,  910  et  997. 


78  LES  COMMENTAIRES 

vit  des  scolics  sur  les  Ecritures  ,  qui  sont  citées  dans  la 
catena  de  Sévère,  dans  les  commentaires  de  Denys  bar 
Salibi  et  dans  le  Magasin  des  mystères  de  Barhebrœus  ^ . 

De  la  même  époque  sont  les  commentaires  de  Daniel 
de  Salah  sur  les  Psaumes  et  TEcclésiaste.  Le  commen- 
taire sur  les  Psaumes,  composé  par  Daniel,  à  la  de- 
mande de  Jean,  abbé  du  couvent  d'Eusèbe,  près  d'Apa- 
mée,  était  divisé  en  trois  volumes  et  chaque  volume 
comprenait  cinquante  psaumes-.  Le  commentaire  sur 
l'Ecclésiaste  n'est  connu  que  par  les  extraits  qu'en 
donne  la  catena  de  Sévère'^. 

Un  ms.  du  Vatican^  renferme  un  commentaire  de 
l'Évangile  de  saint  Mathieu  par  George,  qui  fut  élu 
patriarche  d'Antioche  en  758. 

A  la  fin  du  VIII^  siècle,  Lazare  de  Beit-Kandasa 
compila  un  commentaire  sur  le  N.  T.  Deux  manus- 
crits du  Musée  britannique  [Cat.  Wright,  p.  608-612, 
n''^  713  et  714)  renferment  le  commentaire  sur  saint 
Marc  et  saint  Jean  et  sur  une  partie  des  Épîtres  Pau- 
lines.  Le  commentaire  sur  les  Epîtres  est  un  abrégé  du 
commentaire  de  saint  Jean  Chrysostome. 

Moïse  Bar  Képha,  qui  prit  le  nom  de  Sévère  lorsqu'il 
devint  évêque  de  Beit-Rammân  et  de  Mossoul  (*|-  903), 
composa  des  commentaires  sur  l'Ancien  et  le  Nouveau 
Testament  qui  sont  souvent  cités  par  Barhebrseus  dans 
son  Magasin  des  jny stères ,  et  dont  il  nous  est  par- 
venu,  d'une    manière    incomplète,    le     commentaire 

\.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  49i;  Wr.iGUT,  Catal.,  p.  909,  col.  2. 

'2.  Le  premier  volume  complet  et  le  second  volume  incomplet  exis- 
tent dans  des  ms.  du  Vatican  et  du  Musée  britannique  (âssémam,  B.  0., 
I,  p.  495;  Wr.iGHT,  Calai.,  p.  GOj  et  608);  la  troisième  partie  n'est  con- 
servée que  dans  une  version  arabe,  à  Berlin,  Colleclion  Sachau,  n°  55. 
Un  épitomé  de  ce  commentaire  existe  dans  le  ms.  Add.  17125  (Wuigiit, 
Calai.,  p.  125). 

3.  Calai.  Val.,  lîl,  17;  Wr.iGiiT,  Calai. ,  p.  909. 

4.  Calai.  Val.,  111,  299. 


DE  LA  BIBLE.  79 

sur  la  Genèse,  les  Evangiles  et  les  Kpîtres  Paulines  '. 

Barhebrieus  cite  encore  un  commentaire  sur  le  livre 
delaSaîi'csse  par  Jean  deMaron,  qui  mourut  vers  1017^. 

Les  commentaires  de  la  dernière  époque  se  sont 
mieux  conservés  parce  que,  résumant  les  travaux 
précédents,  ils  dispensaient  en  quelque  sorte  le  théo- 
logien de  sadresser  à  ceux-ci.  Tels  sont  les  commen- 
taires de  Jacques  bar  Salibi  et  de  Barhebrœus. 

Jacques  bar  Salibi,  qui  prit  le  nom  de  Denys  lors  de 
son  élévation  au  siège  épiscopal  de  Marasch  -^H'i], 
est  l'auteur  d'un  commentaire  de  l'Ancien  et  du  Nou- 
veau Testament,  richement  documenté,  mais  qui  est 
autant  une  compilation  qu'une  oBuvre  originale  ^.  Le 
commentaire  de  l'A.  T.  se  trouve  entier  dans  le  ms. 
de  la  Bibliothèque  nationale,  n°  66;  la  composition  en 
est  singulière  :  «  Le  commentaire  de  chaque  livre,  dit 
^L  Zotenberg  Catal.,  p.  33  ,  est  divisé  en  deux  parties 
distinctes  :  en  un  commentaire  matériel  ou  corporel, 
c'est-à-dire  littéral,  et  en  un  commentaire  spirituel 
ou  mystique,  c'est-à-dire  symbolique.  Dans  les  livres 
de  Job  .  de  Josué ,  des  Juges ,  de  Samuel ,  des  Rois ,  des 
Psaumes  et  de  Daniel,  le  premier  commentaire  est 
désigné  par  le  mot  pupcu»  matériel  et  le  deuxième 
par  |.i./^;o  uj;i.aa>  matériel  et  spirituel  .  Le  second  com- 
mentaire des  Psaumes  renferme,  à  son  tour,  pour  la 
plupart  des  trente  premiers  psaumes,  deux  commen- 
taires :  l'un  de  l'auteur,  Denys  bar  Salibi,  l'autre  attri- 
bué à  André,  prêtre  de  Jérusalem:  ou  tous  les  deux  de 
Denys  bar  Salibi ,  mais  l'un  fait  sur  la  version  Peschitto, 
l'autre  sur  la  version  Hexaplaire 11  en  est  de  même 

\.  WniGHT,  Catal.,  p.  6-20.  n»  720;  quelques  fragments  aussi  à  la  Bod- 
léienne,  Catal.  Payne  Smith,  410  et  418,  et  à  la  Bibliothèque  nalionale, 
Catal.  Zotenberg.  p.  ilHi,  n»  20G. 

2.  AssF.MAM,  B.  0.,  II,  283. 

3.  Comp.  AssKMANt,  b.  0.,  H.  V.n;  Catal.  Payne  Smith,  col.  ili. 


80  LES  COMMENTAIRES 

des  Proverbes,  de  TEcclésiaste,  du  Cantique  des 
Cantiques  et  de  Daniel,  livres  dont  le  premier  com- 
mentaire a  pour  base  la  Peschitto  et  le  second  la  version 
de  Paul  de  Telia.  Il  y  a  trois  commentaires  pour  le 
livre  de  Jérémie  :  un  commentaire  abrégé  sur  la  ver- 
sion Hexaplaire....  un  deuxième  commentaire  abrégé 
...  enfin  un  troisième  commentaire  plus  développé.   » 

Le  commentaire  du  N.  T.,  dont  il  existe  plusieurs 
ms.  dans  les  bibliothèques  de  l'Europe  \  présente  le 
même  caractère. 

Les  commentaires  de  Barhebrœus  sur  l'A.  et  le 
N.  T.,  écrits  en  1277-1278,  forment  un  volumineux 
répertoire  de  gloses  relatives  à  l'exégèse  biblique,  à 
la  critique  de  la  Peschitto ,  de  l'Hexaplaire  et  de  THé- 
racléenne ,  ainsi  qu'à  la  grammaire  et  à  la  lexicographie 
syriaques.  Dans  ces  commentaires  qui  portent  le  titre 
de  Magasin  des  mystères,  jj/y  ;^o[,  l'auteur  cite,  en  de- 
hors des  versions  syriaques ,  les  Septante ,  Aquila ,  Sym- 
maque  et  Théodotion;  et,  pour  les  Psaumes,  la  ver- 
sion arménienne  et  la  copte.  Il  cite  encore  le  texte 
hébreu,  mais  de  seconde  main.  Les  Pères  de  l'Église 
mentionnés  dans  cet  ouvrage  sont  :  Athanase ,  Basile , 
Cyrille  d'Alexandrie ,  Éphrem ,  Épiphane ,  Eusèbe ,  Gré- 
goire de  Nysse,  Grégoire  de  Nazianze,  Hippolyte, 
Origène,  Philoxène,  Sévère  d'Antioche,  Jacques  d'É- 
desse,  Moïse  bar  Képha,  etc.  Pour  l'exégèse,  le  sagace 


\.  Cat.  Vat.,  m,  296  et  293,  comp.  Assémaxi,  B.  0.,  II,  loT;  Cat.  Zo- 
lenberg,  n»*  67  et  68;  Cat.  Forshall  et  Rosen,  p.  71  ;  Cat.  Wright,  p.  623  ; 
Cat.  Payne  Smith,  col.  410-418,-  Collection  Sachau,  n°  3,  p.  32.  Il  existe 
à  Dublin  un  ms.  daté  de  1197  (trente-deux  ans  après  la  date  de  l'ouvrage, 
116.J),  d'après  lequel  Dldley  Loftls  a  traduit  en  anglais  une  partie  du 
commentaire  de  saint  Matliieu  et  le  commencement  du  commentaire 
de  saint  Marc  {The  Exposition  of  Dionysius  Syrus,  Dublin,  1672  ;  A  clear 
and  learned  Explication...  Dublin,  1690).  Des  extraits  du  commentaire 
sur  l'Apocalypse  ont  été  publiés  avec  des  notes  et  une  traduction  par 
M.  GwiNX  dans  He7'7nathena,  VI,  397;  Yll,  137. 


DE  LA  DIDLE.  81 

évêque  se  tient  prudemment  éloigné  de  rallégorie  mys- 
tique et  s'efforce  d'éclairer  le  sens  littéral  des  versets 
bibliques  à  l'aide  des  œuvres  de  ses  devanciers.  Pour 
la  critique  du  texte  des  versions  syriaques,  il  a  dé- 
pouillé les  massores  jacobite  et  nestorienne  et  il  a  re- 
cueilli un  grand  nombre  de  notices  sur  la  prononciation 
exacte  des  mots  syriaques  et  sur  les  différences  qui 
existent  à  ce  sujet  entre  les  Nestoriens  et  les  Jacobites. 
Les  gloses  lexicographiques,  empruntées  à  des  sources 
différentes ,  notamment  aux  lexiques  de  Bar  Ali  et  de 
Bar  Bahloul,  sont  plus  nombreuses  pour  les  livres  qui 
étaient  le  plus  lus  :  le  Pentateuque,  les  Psaumes  et  le 
Nouveau  Testament. 

Le  Magasin  des  mystères  est  conservé  dans  plu- 
sieurs ms.  des  Bibliothèques  de  l'Europe  '.  Une  édition 
générale  n'a  pas  encore  été  entreprise,  mais  il  a  paru 
de  nombreuses  publications  partielles  dont  quelques- 
unes  sont  des  thèses  de  Doctorat  -. 

1.  Rome,  Cod.  Vat.,  170  et  282;  Florence,  Palat.  Med.,  2G;  Londres, 
Catal.  Rosen  et Forshall ,  n°  43;  Catal.  Wright,  n°'  7-23  et  72i;  Oxford, 
Catal.  Payne  S)nith,  n°  122;  Cambridge,  Coll.  of  the  S.  P.  C.  K.;  Ber- 
lin, Coll.  Pelermann^l,  10;  Coll.  Sachau,  n°'  134  et  236;  Gœttingue, 
Bibl.   de  l'Université. 

2.  Le  card.  Wisemann  a  publié  la  préface  du  Magasin  des  mystères 
dans  ses  Horse  syriacse,  Rome,  i82S.  Lvnsow  a  publié  un  spécimen  d'une 
édition,  Leipzig,  18o8.  Les  autres  publications  partielles  sont  :  Le  Pen- 
tateuque, Weingarten,  Halle,  1887.  —  Le  Lévitique,  KEncEP.,  Leipzig, 
1893.  —  Les  fragments  de  VHexaplaire  pour  le  Lévitiqueet  le  Deutéro- 
nome,  dans  ce  commentaire,  Kerber,  Zeitschr.  f.  die  Alttest.  Wissen.y 
1876,  p.  2'.9.  —  Le  Deutéronome,  Kerder,  The  American  Journal  of 
Semilic  languages  and  literature,  1897,  p.  89.  —  Extraits  de  Genèse, 
Exode,  Deut.,  chap.  v  des  Juges,  Scuroeter,  Zeitschr.  der  deut.  morgen. 
GeselL,  XXIV,  p.  493.  —  Job,  Bernsteix,  Chrestomathie  de  Kirsch.  2«  éd. 
(à  part,  Breslau,  1838].  —  Josué  et  les  Juges.  Kraus,  Kircliliain,  189*.  — 
Samuel,  Sciilesi>ger,  Leipzig,  189".  —  Les  fragments  de  VHexaplaire 
pour  Samuel  dans  ce  commentaire,  Kerber,  Zeitschr.  f.  die  Alttest. 
Wissen.,  1898,  p.  177.  —  Les  Rois,  Morgenstern,  Berlin,  1893.  —  Les 
Psaumes,  P.  de  Lagarde,  Prœtermissorum  libri  duo,  1879  (texte  en  ca- 
ractères liébrcux;;P5.3  et  18,  Rhode,  Breslau,  1832;  spécimen  des  Psau- 
mes, TLLLDERG,l'p5al,  18i2;  Ps.  68,  KxoELOCn,  Breslau,  1832;  Ps.  8,  iO, 

5. 


82  LES  COMMENTAIRES 

Tous  ces  commentaires  ont  été  écrits  par  des  Syriens 
occidentaux.  11  nous  est  parvenu  si  peu  de  ms.  nesto- 
riens,  qu'on  ne  s'étonnera  pas  que  nous  ne  possédions 
que  peu  des  oeuvres  de  ce  genre ,  dues  à  des  Syriens 
orientaux.  C'est  le  plus  souvent  par  le  catalogue  d'E~ 
bedjésu  publié  dans  la  Bibliotheca  orientalis  d'Assé- 
mani  (t.  III,  pars  I  '  que  nous  connaissons  les  noms 
des  commentateurs  qui  écrivirent  dans  la  Mésopotamie 
orientale  et  dans  la  Babylonie;  en  voici  la  liste  : 

Le  patriarche  Dadjésu  (421-456)  :  commentaire  sur 
Daniel,  les  Rois  et  l'Ecclésiaste. 

Ibas,  évêque  dEdesse  [-x  457]  :  comm.  sur  les  Pro- 
verbes 2. 

Narsès,  professeur  à  TÉcole  de  Nisibe  (*]- 507 )  :  com- 
mentaire sur  les  quatre  premiers  livres  du  Pentateu- 
que,  Josué,  les  Juges,  Isaïe,  les  douze  petits  Prophè- 
tes, Jérémie,  Ezechiel  et  Daniel. 

Mari,  son  contemporain  :  commentaire  sur  Daniel. 

Mika,  évêque  de  Laschom  (même  époque)  :  com- 
mentaire sur  les  Rois. 

Abraham ,  le  neveu  de  Narsès  et  son  successeur  à 
l'École  de  Nisibe  :  commentaires  sur  Josué,  les  Juges, 


41,  50,  SciinoETEU,  Breslau,  1859;  Ps.  3,  4,  6,  7,  9-15,  23,  53,  ii\.  Préface  du 
N.  T.,  Zeitschr.  der  deut.  morg.  GeselL,  XXIX,  p.  2i7,  —  Les  Proverbes, 
l'Ecclésiaste,  le  Cant.  des  Cant.,  la  Sagesse,  Rahlfs,  Leipzig,  1887  {An- 
merk.  zu  den  Salomonischen  Schriflen).  —  Ruth  et  les  additions  apo- 
cryphes à  Daniel,  Heppner,  Halle,  1888.  —  Isaïe  Tllliîep.g,  Upsal,  1842.  -  - 
Jeremie,  KORAEN  et  WENNP.Er.o,  Ipsal,  18:;'2.  —  Les  douze  petits  Prophètes, 
Mop.iTz,  Leipzig,  1882.  —  DanieZ, Fp.eimann,  Brunn,  iSOi.  — Ecclésiastique, 
Kaatz,  Frankfort,  1892.  —  Saint  Mathieu,  Spanutu,  Gœttingue,  1879.  — 
Saint  Luc,  Steinuart,  Leipzig,  1895.  —  Sam<  Jean, Schwap.tz,  Gœltingue, 
1878.  —  Les  Actes  des  Apôtres  et  les  Èpîtres  catholiques,  Klamrotii,  Goel- 
lingue,  1878.  —  Les  Épitres  Paulines,  Loeiip.,  Gœttingue,  1889. 

1.  Dans  ce  catalogue  les  commentaires  sont  désignés  par  le  mot  tra- 
dition, ]in  1  vv\  t  v>. 

2.  Nous  citons  ici  Ibas,  quoiqu'il  ait  écrit  à  Édesse,  parce  qu'il  était 
nestorien. 


DE  L\  BIBLE.  83 

les  Rois,  l'Ecclésiaste,  Isaïe,  les  douze  petits  Pro- 
phètes, Daniel  et  le  Cantique  des  Cantiques. 

Jean,  successeur  de  ce  dernier  à  l'École  de  Nisibe  : 
commentaires  sur  l'Exode,  le  Lévitique  et  les  Nombres, 
Job,  Jérémie,  Ezéchiel  et  les  Proverbes. 

Hannana  d'Adiabène,  professeur  à  Nisibe  (VP  s.^  : 
commentaires  sur  la  Genèse,  Job,  les  Psaumes,  les 
Proverbes,  l'Ecclésiaste,  le  Cant.  des  Cant. ,  les 
douze  petits  Prophètes,  l'Evangile  de  saint  Marc  et  les 
Epîtres  de  saint  Paul. 

Le  patriarche  Elisée  (vers  523)  :  commentaire  sur 
Job  et  quelques  Epîtres  Paulines. 

Le  patriarche  Mar  Aba  1  (536-552)  :  commentaire 
sur  la  Genèse,  les  Psaumes,  les  Proverbes,  les  Epî- 
tres Paulines.  Un  commentaire  sur  Daniel  est  attri- 
bué à  ses  disciples.  L'un  de  ses  disciples,  Paul  de 
Nisibe,  est  indiqué  comme  l'auteur  de  commentaires 
sur  les  Ecritures. 

Théodore  de  Merv  vers  540)  :  commentaire  sur  les 
Psaumes. 

Sergius  d'Adiabène  (vers  550)  :  commentaires  sur 
Jérémie,  Ezéchiel  et  Daniel. 

Elisée  bar  Saphanin  (même  époque  :  commentaire 
sur  les  Psaumes. 

Gabriel  Arius  fin  du  VP  s.)  :  commentaire  sur  des 
passages  des  Ecritures. 

Cyriaque,  évêque  de  Nisibe  (vers  630)  :  commentaire 
sur  les  Epîtres  Paulines. 

Babai,  abbé  du  couvent  d'Izla  (569-628)  :  commen* 
taire  sur  tout  le  texte  des  Ecritures. 

Le  patriarche  Jésuyab  II  (628-644)  :  commentaire 
sur  les  Psaumes. 

Elias,  métropolitain  de  Merv  (vers  660  :  commen- 
taires sur  la  Genèse,  Isaïe,  les  douze  petits  Prophè- 


84  LES  COMMENTAIRES 

tes,  les  Proverbes,  le  Cantique  des  Cantiques,  TEcclé- 
siaste,  TEcclésiastique  et  les  Epîtres  Paulines;  en 
plus  une  chaîne  des  Pères  sur  les  quatre  Evangiles. 

Aba  Nathaniel  Tin  du  VIP  s.)  :  commentaire  sur  les 
Psaumes. 

Jacques,  évêque  de  Khalat  (VHP  s.)  :  commentaire 
sur  les  Proverbes. 

Jésu  bar  Noun,  patriarche  nestorien  en  823  :  Ques- 
tions sur  les  Ecritures  en  deux  volumes  ^ 

Denha  ou  Ibas  (vers  850  ^j  :  commentaire  sur  les 
Psaumes. 

Barhadbeschaba  (époque  incertaine)  :  commentaire 
sur  les  Psaumes  et  l'Evangile  de  saint  Marc. 

Jésudad,  évêque  de  Haditha  (vers  850)  :  commen- 
taire sur  la  totalité  de  lAncien  et  du  Nouveau  Tes- 
tament^. 

Job  de  Katar  (vers  900)  :  commentaire  sur  le  N.  T., 
sur  le  Pentateuque,  les  Juges  et  les  Prophètes. 

Mikael  l'interprète  (vers  900^)  :  questions  sur  les 
Écritures  en  trois  volumes. 

Henanjésu  bar  Seroschwai,  évêque  de  Hira  (vers 
900)  :  questions  sur  les  Écritures. 

Ébedjésu  lui-même  se  nomme  dans  son  catalogue  ^ 
comme  l'auteur  d'un  commentaire  sur  l'A.  et  le  N.  T. 

Nous  possédons  quelques  compilations  nestoriennes 
modernes  et  peu  importantes.  M.  G.  Hoffmann  a  édité 

1.  Un  ms.  à  Cambridge,  dont  M.  Rendel  Harkis  a  donné  quelques 
c\ti'3i\is,  Fragments  of  the  comm.  of  Ephrcm  Syrus,  Londres,  1895,  p.  96. 

2.  Asscmani  le  place  sous  le  patriarche  Pétliion,  mort  en  TiO,  mais 
Jean  bar  Zoubi  le  donne  comme  un  disciple  du  patriarche  Josu  bar 
Noun;  Wright,  Syriac.  lilei'.  2«  éd.,  p.  218. 

3.  Voir  ci-dessus,  p.  48,  et  Chabot,  Journ.  asiat.,  janv.  1894,  105; 
Hall,  Journ.  of  bibl.  Literature,  1881,  lu3;  Gottheil,  ibid.,  189-2,  08. 

4.  AssÉMANi,  B.  0.,  ni,  pars  I,  147  :  coinp.  Tlie  Book  of  the  Bee,  éd. 
BuDGE,  Oxford,  1886,  chap.  lyii;  G.Hoffmann,  Opuscula  nestoriana,  Kiel, 
1880,  p.  XXI. 

5.  AssÉMANi,  B.  0.,  m,  pars  I,  32j. 


DE  LA  BIBLK.  85 

dans  ses  Opuscula  iicsloriana  un  commentaire  des 
passages  difficiles  de  TA.  T.  intitulé  Dirstarsinos,  et 
un  autre  du  même  genre  pour  l'A.  et  le  N.  T. 

En  dehors  de  ces  œuvres  originales,  les  Syriens  pos- 
sédaient des  versions  des  commentaires  grecs,  les- 
quelles sont  conservées  en  partie,  dans  leur  forme  pri- 
mitive ou  dans  des  chaînes  des  Pères.  Ce  sont  : 

Les  commentaires  d'Hippolyte  sur  Ezéchiel ,  les 
Psaumes,  le  Cantique  des  Cantiques,  Daniel,  saint 
Mathieu.  Paul  de  Lagarde  a  publié  dans  ses  Analecta 
syriaca,  p.  79-91,  d'après  des  ms.  du  Musée  britanni- 
que, des  passages  choisis  du  commentaire  sur  Daniel, 
des  scolies  sur  les  Psaumes,  un  extrait  du  commen- 
taire sur  Ezéchiel.  Ces  fragments  ont  été  réimprimés 
avec  une  traduction  française  par  l'Abbé  Martin  dans  les 
Analecta  sacj-a  du  card.  Pitra,  t.  IV,  p.  36-64,  dans 
l'ordre  suivant  :  1^  commentaire  sur  le  Cantique  des 
Cantiques,  iv,  15-vi,  7.  Mœsinger  avait  édité  le  com- 
mentaire complet  dans  les  Monumenta  syriaca,  ii, 
p.  9-31,  d'après  un  ms.  du  Vatican;  dans  ce  ms.  le 
nom  de  l'auteur  n'est  pas  indiqué  ;  le  titre  porte  :  «  Ex- 
plication et  illustration  du  Cantique  des  Cantiques 
quun  homme  ami  du  travail  a  recueillies  en  les  abré- 
geant. »  Mœsinger  croyait  retrouver  dans  ce  commen- 
taire celui  de  saint  Ephrem,  mais  l'Abbé  Martin  a  ob- 
servé que  le  texte  biblique  reproduit  les  Septante  et  non 
pas  la  Peschitto;  le  commentaire  ne  peut  donc  pas  être 
de  saint  Ephrem;  il  est  très  douteux  qu'il  soit  de  saint 
Hippolyte;  2^  autres  petits  fragments  du  même  com- 
mentaire; 3^  extraits  du  commentaire  sur  Ezéchiel.  Si 
Ton  excepte  les  deux  premières  péricopes  et  quelques 
passages,  ditl'Abbé  Martin,  tout  le  reste  concorde  avec 
le  commentaire  publié  sous  le  nom  d'Éphrem;  le  texte 
dénote  un  auteur  syriaque;  k"  extraits  du  commentaire 


86  LES  C0M\IE^TA1RES 

sur  Daniel.  L'Abbé  Martin  a  établi  la  concordance  de 
ces  extraits  avec  les  divers  fragments  grecs  publiés  ^ 
Le  commentaire  sur  Daniel  est  mentionné  dans  la 
lettre  de  Georges,  évêque  des  Arabes,  relative  à 
Aphraate;  b°  autres  extraits  du  même  commentaire; 
6°  scolies  sur  les  Psaumes  ;  7°  scolies  sur  les  noms  omis 
dans  la  Généalogie  de  Jésus-Christ.  Un  passage  du 
commentaire  sur  saint  Mathieu,  I,  11,  est  cité  dans 
une  chaîne  [Catal.  Wright,  p.  910,  col.  1). 

Le  commentaire  d'Eustathius  d'Antioche  sur  les 
Psaumes  -. 

Le  commentaire  d'Eusèbe  de  Gésarée  sur  les  Psau- 
mes ^. 

Le  commentaire  de  Grégoire  de  Nysse  sur  le  Canti- 
que des  Cantiques  '*. 

Le  commentaire  de  saint  Jean  Chrysostome  sur  le 
N.  Testament  "^ 

Le  commentaire  d'Athanase  d'Alexandrie  sur  les 
Psaumes  ^. 


1.  Comp.  Die  griechischen  christl.  Schriftsteller  (de  l'Académie  de 
Berlin),  Hippolytus  par  N.  Bonwetsch  et  H.  Achelis,  Leipzig,  1897.  Cette 
édition  contient  une  traduction  des  fragments  syriaques  édités  par 
P.  de  Lagarde  et  l'Abbé  Martin  et  de  ceux  qui  avaient  été  publiés  au 
siècle  dernier  par  Simon  de  Magistris  dans  ses  Acla  Martyrum,  Rome, 
1793,  p.  274  et  suiv. 

2.  Un  fragment  a  été  imprimé  par  l'Abbé  Martin  dans  les  Analecta 
sacra  du  card.  Pitp.a,  t.  IV,  p.  212,  n"  VII. 

3.  Catal.  Wright,  p.  35,  col.  2;  30,  2;  l2o,  1.  Dans  une  chaîne,  Catal. 
Wright,  p.  909,  sont  cités  les  ZrjTtî/uaTa  d'Eusèbe  sur  les  Évangiles. 

4.  Catal.  Wright,  p.  445,  n-'Se^,  ms.  du  VP  s.;  p.  905,  col.  2;  906,  1. 

o.  Catal.  Wright,  p.  46o-4G8,  ms.  du  VI®  s.  :  Homél.  I-XXXII  sur  saint 
Mathieu;  p.  469-474,  ms.  du  VP  ou  VIP  s.  :  Homél.  sur  saint  Jean  ;  p.  471- 
479  :  Homél.  sur  les  Épîtres  Paulines  ;  comparer  aussi,  ibid. ,  p.  907,  col.  2. 
La  Bibliothèque  nationale  possède  le  comment,  de  l'Épître  aux  Éphé- 
siens,  Cat.  Zotenberg,  n"  69. 

6.  Catal.  Wright,  p.  405,  ms.  daté  de  599;  le  syriaque  est  souvent 
beaucoup  plus  court  que  le  grec;  un  épitomé  dans  une  chaîne,  ibid. 
p.  906,  col.  1. 

La  lettre  d'Athanase  àMarcelliu  sur  l'interprélation  des  Psaumes  a  élc 


DE  LA  BIBLE.  87 

Les  commentaires  de  Théodore  de  Mopsueste  sur 
l'A.  et  le  X.  Testament.  Les  œuvres  de  Théodore  ont 
été  traduites  en  syriaque,  dans  la  première  moitié  du 
V®  siècle  peu  de  temps  après  la  mort  de  leur  auteur,  à 
l'Ecole  dEdesse,  par  Ibas  et  ses  disciples  Probus, 
Koumi ,  Mana.  Ce  qui  nous  reste  des  commentaires  de 
Théodore  provient  très  vraisemblablement  de  cette 
version.  Ce  sont  des  fragments  sur  la  Genèse,  les 
Psaumes,  les  petits  Prophètes,  saint  Mathieu  et  l'Epî- 
tre  aux  Hébreux*  ;  et  le  commentaire  entier  sur  l'Evan- 
gile de  saint  Jean-.  Ce  dernier  commentaire  reproduit 
le  texte  du  quatrième  Evang-ile  et  peut  servir  comme 
un  témoin  ancien  pour  la  critique  du  texte  évangélique. 
soit  grec,  soit  syriaque. 

Le  commentaire  de  Théodoret  sur  les  petits  Prophè- 
tes, cité  dans  une  chaîne^. 

Le  commentaire  d'Hésychius  de  Jérusalem  sur  les 
Psaumes;  extraits  au  Musée  britannique  ^. 

Les  commentaires  de  Cyrille  d'Alexandrie  sur  la  Ge- 
nèse, l'Exode,  Isaïe,  les  petits  Prophètes,  et  sur  le 
Nouveau  Testament  ^. 

traduite  en  syriaque  par  l'abbé  Siniéoa  à  la  demande  du  moine  Bar- 
laha,  comme  il  rcsulle  de  deux  lettres  publiées  par  Guidi,  Rendiconli 
délia  R.  Accadernia  dei  Lincei,  juin  1886,  p.  5V7  et  suiv.  Il  existe  encore 
quelques  fragments  de  cette  traduction,  Guidi,  /.  c,  p.  553;  Wricut. 
Calai.,  p.  36. 

4.  Publiés,  d'après  des  ms.  du  Musée  britannique  (dont  un  du  Vl«  s.). 
par  P.  DE  LAG.vr.DE.  Analecla  syr.,  Leipzig.  1858,  p.  107  et  lOS.  et  par  Sa- 
ciiAC,  avec  une  traduction  latine,  Theodori  Mopsuesteni  fragmenta  sy 
riaca,  Leipzig,  1869. 

2.  Publié  par  31.  TAbbé  Cuabot,  Commentarius  Theodori  Mopsuesleni 
in  Evangcliuin  Johannis,  Paris,  18'j7,  d'après  un  ms.  de  la  Bibliollicque 
nationale-,  comp.  Journal  asiatique,  juillet-aoùl  189i,  p.  188. 

3.  Catal.  Wrirjhl,  p.  917,  col.  2. 

4.  Catal.  Wrifjht.  p.  35,  2;  36,  2;  121,  1;  910,  2;  1002,  2. 

5.  De  nombreux  fragments  dans  le  .Musée  britannique,  Cat.  Wriofil. 
General  index  sous  le  nom  Cyril  of  Alexandria.  Celle  bibliolliéquc 
possède  le  commentaire  sur  saint  Luc,  complet  sauf  quelques  lacunes, 
il  a  été  publié  par  Payne  Sjiitu,  S.  Cyrilli  commenlarii  in  Lucx  Ei-an 


88  LES  COMMENTAIRES 

Le  commentaire  d'Olympiodore,  diacre  d'Alexan- 
drie, sur  Job  et  lEcclésiaste  '. 

Le  commentaire  dŒcuménius  sur  l'Apocalypse-. 

Ebedjésu  cite  dans  la  première  partie  de  son  catalo- 
gue d'autres  commentaires  d'auteurs  grecs,  qui  sem- 
blent ne  pas  s'être  conservés  en  syriaque. 


gelium,  Oxford,  1858;  traduction  anglaise,  A  commcniary  upon  the  Gos- 
pel according  lo  S.  Luke  by  S.  Ci/r«7,  Oxford, i8:i9, 2  vol.;  Wp.igiit  a  édité 
quelques  nouveaux  fragments,  Fragments  of  the  Homilies  of  Cyril  of 
Alexandria  on  the  Gospel  of  S.  Luke,  Londres,  1874. 

1.  Catal.  Wright,  p.  901,  col.  2;  90G,  2. 

2.  Catal.  Wright,  p.  917,  col.  1. 


yiii 


LES  APOCRYPHES  CONCERNANT  L  ANCIEN 
ET  LE  NOUVEAU  TESTAMENT. 

§  1.  —  Les  apocrjTîhes  de  l'Ancien  Testament. 

Il  existe  des  versions  syriaques  des  textes  que  la 
version  des  Septante  renferme  parmi  les  deutérocano- 
niques.  Lagarde  a  édité ,  avec  ces  derniers  ^  :  L'Epitre 
de  Jérémie,  les  deux  Epîtres  de  Baruch,  le  Cantique 
d'Ananias-  et  de  ses  compagnons,  Bel  et  le  Dragon. 

AVright^  a  édité,  d'après  un  ms.  de  Cambridge  et 
un  ms.  du  Vatican,  cinq  psaumes  apocryphes.  Le 
premier,  traduit  des  Septante,  est  le  psaume  CLI  qui 
était  connu  par  le  Codex  Amhrosianus.  Le  second 
est  une  prière  quEzéchias  prononça  lorsqu'il  était 
entouré  d'ennemis.  Le  troisième  est  une  action  de 
^cràces  des  Israélites  qui  avaient  obtenu  de  Cyrus  l'auto- 
risation de  retourner  dans  leur  patrie.  Le  quatrième 
fut  chanté  par  David  pendant  qu'il  combattait  le  lion  et 
le  loup  qui  avaient  ravi  un  mouton  de  son  troupeau. 


1.  Libri  Vet.  Test,  apocryphi  syriace,  Leipzig,  1881. 

2.  Dans  les  Septante  :  Azarias. 

3.  Dans  les  Proceedings  de  la  Society  of  Biblxcal  Archœoîogy,  t.  IX, 
juin  1887,  p.  25T-2GG. 


90  LES  APOCRYPHES 

Le  cinquième  est  une  action  de  grâces  de  David  après 
sa  victoire  sur  le  lion  et  le  loup. 

Le  quatrième  livre  d'Esdras  a  été  édité  par  M.  Ce- 
riani  d'après  le  Codex  Ajnbrosianiis  ^ . 

De  la  Par  va  Genesis  ou  Lwre  des  jubilés  il  ne  s'est 
conservé  en  syriaque  qu'une  section  2.  Il  n'existe  égale- 
ment que  des  fragments  de  la  rédaction  chrétienne  et 
orientale  du  Testament  d'Adam^.  Mais  les  deuxième  et 
troisième  parties  de  ce  dernier  apocryphe  se  retrouvent, 
avec  de  nouvelles  légendes,  dans  la  Cas>erne  des  tré- 
sors. La  première  partie,  he  combat  d'Adam  et  d'Eve, 
est  remplacée  dans  la  caverne  des  trésors  par  une  des- 
cription de  la  création  qui  forme  la  base  de  l'Hexaméron 
de  Pseudo-Épiphane. 

ha  Caverne  des  trésors,  i^^iilio,  appartient  à  la  litté- 
rature désignée  sous  le  nom  de  Livre  des  jubilés,  qui 
traite  de  l'histoire  fabuleuse  des  tribus  d'Israël.  Le 
titre  complet  de  cet  apocryphe  est  :  «  Livre  de  la  des- 
cendance des  tribus  ou  la  caverne  des  trésors,  qui  a  été 
composé  par  saint  Ephrem.  »  L'attribution  à  saint 
Éphrem  n'est  pas  exacte,  car  l'œuvre  est  postérieure  à 
ce  Père  et  ne  remonte  guère  plus  haut  que  le  VP  siècle, 
mais  elle  sort  vraisemblablement  de  son  école.  En  tous 
cas,  le  livre  a  été  écrit  en  Mésopotamie;  comme  le  re- 


\.  Monumerda  sacra  et  profana,  vol.  V,  fasc.  I;  dans  le  premier  vo- 
lume, fasc.  II,  M.  Ceriani  avait  donné  une  version  latine  de  l'apocryphe 
syriaque.  Dans  le  Codex  Ambrosianus,  à  la  suite  du  IV*  livre  des  Mac- 
cabées,  se  trouve  un  cinquième  livre,  qui  n'est  autre  que  le  sixième 
livre  du  De  bello  judaico  de  Josèphe,  ainsi  que  l'a  établi  M.  Kottek, 
Das  sechste  Bitch  des  Bellum  judaicum,  Berlin,  188G  (avec  le  texte  sy- 
riaque des  chap.  i  et  11). 

2.  Éditée  par  Ceriani,  Monum.  sacra  et  profana,  t.  II,  fasc.  I,  p.  IX. 

3.  Manuscrits  du  Vatican  58  et  IG't,  et  plusieurs  ms.  du  Musée  britan- 
nique, 'WniGiiT,  CataL,  General  index  sous  le  mot  Adam.  Ces  fragmenis 
ont  été  publiés  par  Renan,  Journal  asiatique,  nov.-déc.  1853,  p.  427,  et 
Wi'.iGiiT,  Contributions  to  the  apocryphal  Literature  of  the  N.  T.,  Lon- 
dres, 18Gj,  p.  01. 


DE  L'A.  TESTAMENT.  91 

marque  l'éditeur  ^  la  langue  syriaque  y  est  nommée  la 
reine  de  toutes  les  langues  ;  elle  est  la  langue  primitive 
que  parlaient  tous  les  peuples  avant  la  confusion  de  la 
Tour  de  Babel;  les  Syriens  n'ont  pris  aucune  part  au 
crucifiement  du  Christ,  etc. 

Le  litre  de  Ca^^erne  des  trésors  ne  convient  en  fait 
qu'à  la  partie  concernant  les  patriarches.  Adam,  chassé 
du  Paradis ,  se  retire  sur  une  montagne  voisine  et  sa- 
brite  dans  la  caverne  où  il  dépose  l'or,  la  myrrhe  et 
l'encens  qu'il  a  emportés  du  séjour  des  délices.  Adam 
et  les  patriarches  qui  lui  succèdent,  sanctifient  par  leurs 
offrandes  à  Dieu  la  caverne  qui  leur  sert  de  tombeau 
après  leur  mort  jusqu'au  Déluge.  A  ce  moment,  Noé 
transporte  dans  l'Arche  les  reliques  d'Adam  avec  l'or. 
la  myrrhe  et  l'encens.  Après  le  Déluge  et  la  mort  de 
Noé,  Sem  et  Melchisédec,  conduits  par  un  ange,  dépo- 
sent ces  reliques  au  centre  de  la  terre  «  où  se  réunissent 
les  quatre  parties  de  l'Univers  »,  au  Golgotha  qui 
s'entrouvre  en  forme  de  croix  pour  les  recevoir.  C'est 
au  Golgotha  qu'Adam  recevra  le  baptême  par  le  sang  et 
l'eau  qui  couleront  de  la  plaie  du  Sauveur;  c'est  sur  le 
Golgotha  que  son  péché  lui  sera  remis.  Après  Sem,  il 
n'est  plus  question  de  cette  caverne. 

Dans  cette  littérature  rentrent  encore  les  légendes 
recueillies  par  Salomon,  évêque  de  Bassora  vers  1222, 
et  consignées  dans  son  Livre  de  l' abeille-.  Quelques- 
unes  de  ces  légendes  sont,  pour  le  fond,  les  mêmes 
dans  ce  livre  et  dans  la  Caverne  des  trésors;  mais  le 
Livre  de  VaheilLe  est  beaucoup  plus  riche  en  documents 
de  ce  genre.  La  Caverne  s'arrête  après  la  Passion  du 

1.  Carl  Bezoi-d,  Die  Schatzhcehle  ans  dem  syn'schen  Texte  uebersetzt, 
Leipzig,  1883.  M.  Bezold  a  puhlio  le  texte  syriaque  et  la  version  arabe  à 
J.eipzis  en  188S.  Coinp.  1>\(;ai;de,  Mitl/tcilungen,  111,  49;  IV.  (J. 

2.  BuDGE,  The  Boj/i  of  Ihe  bee,  avec  une  traduction  aiiylaisc,  Oxford, 
188G. 


92  LES  APOCRYPHES 

Christ;  Salomon  poursuit  son  histoire  plus  loin;  il 
ajoute  les  missions  des  apôtres;  les  listes  des  patriar- 
ches nestoriens,  des  rois  Achéménides,  des  Ptolémées, 
des  empereurs  romains;  une  prédiction  de  la  conquête 
musulmane  tirée  de  La  rè^'èlation  à  Méthodius  en  pri- 
son; un  récit  de  Gog  et  Magog  et  de  la  porte  d'airain 
d'Alexandre,  imité  de  Pseudo-Callisthène;  un  autre 
récit  sur  la  venue  de  l'Antéchrist;  puis  plusieurs  cha- 
pitres de  théologie  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  l'his- 
toire. 

\J Histoire  de  Joseph  et  Asenath  a  été  traduite  du 
grec  en  syriaque  par  Moïse  d'Aghel  (vers  570j'.  La 
version  de  Moïse  concorde  avec  le  grec  publié  par 
M.  l'Abbé  BatilYol,  mais  elle  est  incomplète;  le  grec 
sert  à  combler  les  lacunes  du  syriaque^.  Une  traduc- 
tion latine  a  été  faite  sur  le  syriaque  par  G.  Oppen- 
heim,  Fabula  Josephi  et  Asencthœ  apocrypha  e  lihro 
syriaco  latine  i^ersa,  Berlin,  1.88G. 

Certains  apocryphes  circulaient  sous  le  titre  de  Tes^ 
tamentSy  attribués  à  des  personnages  bibliques.  En 
dehors  du  Testament  d'Adam,  on  connaît  le  Testament 
de  Lé^i^ ;  le  Testament  de  Salomon  adressé  à  son  fils 
Roboam'*. 

Les  Vitœ  Prophetarum  existent  dans  plusieurs  re- 
censions syriaques  et  grecques.  On  a  émis  l'avis  que 

1.  Elle  a  été  insérée  dans  la  compilation  faite  par  un  monopliysile  de 
VHistoire  ecclùsiaslique  de  Zacliarie  de  Mityléne,  et  elle  a  été  publiée 
par  M.  Land  dans  le  in«  vol.  des  Anecdota  syriaca,  p.  18  et  suiv. 

On  ne  doit  pas  comprendre  parmi  les  apocryphes  VHistoire  de  Jo- 
seph, fils  de  Jacob,  un  poème  en  douze  chants  attribué  à  saint  Éphrem 
et  publié  par  M.  Bedjan;  il  existe  de  ce  poème  une  version  arabe, 
Calai,  de  Zotenberg,  n"  G.-),  5°. 

2.  Voir  P.  Batiffol,  Studia  palrislica,  Paris,  1889  ;  Land,  Op.  cit.. 
p.  XVII  ;  Sachad,  Hermès,  4870,  t.  IV,  p.  T7. 

3.  Un  extrait  au  Musée  britannique,  Catal.  Wright,  p.  997,  col.  1. 

4.  A  la  Bibliotlièque  nationale  en  carschouni  (arabe  écrit  en  caractères 
syriaques),  Catal.  Zotenberg,  i]"  19i,  23"^. 


DE  L'A.  TESTAMENT.  93 

les  textes  syriaques  représentent  l'original  et  que  les 
textes  grecs  sont  des  traductions  du  syriaque'. 

On  mettait  sous  le  nom  de  Daniel  et  d'Esdras  divers 
écrits  pseudépigraphiques.  Une  apocalypse  est  intitu- 
lée :  Danielle  Jeune  concernant  Notre  Seigneur  et  la  fin 
du  monde  -.  Une  autre  apocalypse  relative  au  royaume 
des  Arabes  porte  le  titre  suivant  :  Question  que  posa 
Ezra  le  Scribe  quand  il  était  dans  le  désert  avec  son 
disciple  Karpos  ^.  L'auteur  de  cette  production  tardive 
(postérieure  à  la  conquête  arabe  ^)  s'est  servi  du  IV^  Li- 
vre d'Esdras  et  a  emprunté  ses  figures  à  Daniel  et  à 
l'Apocalypse  de  saint  Jean.  M.  Iselin,  dans  l'étude  qu'il 
a  consacrée  à  cet  apocryphe  ^ ,  arrivait  à  la  conclusion 
a  que  l'Apocalypse  d'Esdras  est  composée  d'éléments 
empruntés  à  une  ou  plusieurs  apocalypses  juives  re- 
touchées par  un  chrétien.  Mais  cette  conclusion,  in- 
fluencée par  les  récentes  théories  de  ]M.  Vischer  sur 
l'Apocalypse  de  saint  Jean ,  est  rejetée  par  M.  Chabot 
qui  croit,  avec  raison,  semble-t-il,  «  que  l'Apocalypse 
d'Esdras  est  tout  simplement  une  bizarre  composition, 
un  amalgame  de  figures  bibliques  mal  combinées,  une 
compilation  rédigée  par  un  auteur  chrétien  de  la  Syrie 
uniquement  à  l'aide  de  ses  souvenirs  bibliques  et  sans 

1.  M.  Nestlé  a  publié,  d'après  des  ms.  du  Musée  britannique,  une 
recension  syriaque  des  Vilx  Prophetarum  dans  sa  Syrische  Gram- 
matik,  2«  éd.,  Berlin,  1888,  n°  HI  de  la  chrestomathie.  Une  autre  recen- 
sion est  insérée  dans  l'Histoire  de  Michel  le  Syrien  encore  inédite. 

2.  Catal.  Wright,  p.  19,  col.  1. 

3.  Publiée  avec  une  traduction  allemande  par  M.  B.ethgen  dans  la  Zeit- 
schr.  fur  die  AUesl.  Wissenschaft,  188G,  200-210;  et  avec  une  traduction 
française  par  M.  Ciiadot,  Revue  sémitique  d'flalévy,  I89i,  2i2-2:)0,  ct333-34C. 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  I,  282  et  suiv.,  en  plaçait  la  composition  après 
la  prise  de  Constanlinople  par  les  Turcs.  M.  Chabot  estime  qu'on  ne 
doit  pas  descendre  si  bas;  les  événements  auxquels  il  est  fait  allusion 
dans  cet  écrit,  se  rapportent  au  premier  sicclc  de  l'Hégire. 

5.  Apocalyptische  Sludicn;  die  Apocalypse  des  Esra  in  syrischer 
Sprache  von  Prof.  Dxthgen  verô/fentlicht  dans  la  Theol.  Zeilschnft  aus 
der  Schweiz,  1887,  p.  GO-Gi. 


94  LES  APOCRYPHES 

qu'il  ait  eu  sous  la  main  des  documents  aujourd'hui 
perdus'.  » 

Sous  le  nom  dEsdras  figurent  encore  un  écrit  sur  ]a 
nativité  de  Notre  Seigneur-,  et  un  traité  sur  l'alchi- 
mie. Quelques-unes  des  préparations  chimiques  qui 
sont  attribuées  à  ce  personnage  biblique  sont  conser- 
vées dans  un  ms.  de  Cambridge  avec  le  titre  de  Lwi-e 
d'Ezra  le  Scribe  savant  et  ont  été  traduites  dans 
la  Chimie  au  moyen  âge  de  M.  Berthelot  (Paris,  1893, 
II,  p.  294-296)3. 

Il  existe  en  arabe  une  Histoire  de  la  transportation 
des  Israélites  à  Babylone  par  Nahuchodonosor  au 
temps  de  Jèrèmie,  qui,  selon  M.  Zotenberg^,  est  d'o- 
rigine juive,  mais  a  dû  passer  en  arabe  par  un  inter- 
médiaire syriaque.  Cette  histoire  très  développée 
commence  par  les  luttes  entre  Jérémie  et  Zédéchias  et 
sétend  jusqu'au  retour  des  Juifs  et  au  rétablisse- 
ment du  Temple. 

L'histoire  dAhikar,  le  Scribe  du  roi  d'Assyrie,  Sen- 
jiachèriby  et  de  son  nei^eu  Nadan,  a  été  écrite  en  hé- 
breu ou  en  araméen  avant  l'ère  chrétienne,  peu  de 
temps  avant  le  livre  de  Tobie,  avec  lequel  elle  offre 
des  points  de  contact.  Quelques  traces  de  cet  apocry- 
phe se  trouvent  dans  les  anciens  documents  chrétiens. 
L'original  est  perdu,  mais  on  a  plusieurs  recensions 
(en  syriaque ,  en  arabe ,  en  éthiopien ,  en  arménien ,  en 
grec  et  en  slavon),  qui  ont  été  publiées  avec  une  tra- 
duction anglaise  par  ]M.  Rendel  Harris,  M.  Conybeare 

\.  Revue  sémitique,  1894,  p.  3i3. 

2.  Un  extrait  nu  Musée  brilannique,  Cat.  Wright,  p.  3o-2,  col.  2. 

3.  Il  est  à  remarquer  que,  dans  d'autres  ms,  les  mêmes  préparations 
font  partie  du  livre  X  du  traité  de  Pseudo-Démocrile.  Le  nom  d'Ezra, 
jîp.,  et  le  mot  dix  en  syriaque,  );nnv  csra,  ont  assez  d'analogie  pour 
expliquer  celte  confusion. 

4.  Calai,  syr.,  n"  65,  3°;  le  n°  238,  8",  renferme  le  même  apocryphe 
avec  des  variantes;  de  même  les  n°»  273,  4°,  et  2TG,  15». 


DE  L'A.  TESTAMENT.  9o 

et  xM'"*^  Lewis  (une  introduction  par  M.  Rendel  Harris)  ^ 
V Histoire  des  Réc/iabites ,  racontée  par  Zosime, 
existe  dans  plusieurs  recensions  syriaques;  elle  est 
d'origine  juive,  mais  c'est  sur  une  version  grecque  que 
Jacques  d'Edesse  la  traduisit  en  syriaque.  Lédition 
que  M.  l'Abbé  Xau  a  donnée  de  cette  légende  dans  la 
Re^ue  sémilique  juillet  et  octobre  1898,  janvier  1899), 
en  fait  ressortir  l'importance  pour  la  littérature  apo- 
cryphe et  pour  le  mythe  géographique  des  îles  For- 
tunées avec  lequel  elle  est  en  relation. 

§  2.  —  Les  apocryphes  du  Nouveau  Testament. 

Les  apocryphes  relatifs  au  Nouveau  Testament  sont 
largement  représentés  dans  la  littérature  syriaque.  En 
dehors  du  Testament  de  Notre  Seigneur,  qui  fait  l'ob- 
jet du  premier  livre  des  Constitutions  apostoliques  mises 
sous  le  nom  de  saint  Clément,  on  connaît  un  Testa- 
ment de  Notre  Seigneur  donné  aux  disciples  sur  le 
mont  des  Oliviers,  et  un  Testament  de  Notre  Seigneur 
adressé  à  saint  Pierre  -. 

L'Eifangile  de  Thomas  l'hébreu  ou  Y  Enfance  de  No- 
tre Seigneur  existe  dans  une  recension  syriaque  qui 
diffère  des  recensions  grecque  et  latine.  Le  ms.  syriaque 
du  Musée  britannique  qui  la  renferme^  omet  le  premier 

1.  The  Story  of  Ahikar  by  F.  C.  Conybeare,  J.  Rendel  Harris  and 
Agnes  Smilh  Lewis,  Londres,  1808  (Le  texte  étliiopien  édité  par  Counmll 
et  ie  texte  slavon  n'ont  pas  été  réimprimés).  Pour  les  publications  anté- 
reures,  voir  Noeldeke.  Monatsbericht  der  Akademie  der  Wissensch.,  Ber- 
lin, 20  janv.  1879,  p.  58;  G.  Hoffmann,  Auszûge  ans  syrischen  Akten pas» 
Marlyrer,  Leipzig,  1880,  p.  18-2;  Br.LNO  Mf.issneu,  Zeitschr.  der  deut.  mor- 
genl.  Gesell.,  XLVIII,  18'Ji,  p.  171;  I.idzdauski,  ibid.,  p.  G71  ;  E.  J.  Dillon 
dans  la  Conlemporary  Revieic ,  mars  1898. 

2.  Cal.   Val.,  t.   III,  p.  oOG  et  ;j07;  Calai.  Zot.,  n"  lOi,  20°;  n"  232,  3^ 

3.  Publié  par  Wkigiit,  Contribulions  lo  thc  apocryphal  Lileralurc  of 
the  N.  T.,  Londres,  180.*; ;  conip.  TisciiENDOP.F,  Apocalypses  apocryphœ, 
Leipzig,  1860,  p.  lui;  CijwpEn,  The  apocryphal  Gospels,  Londres,  1SG7, 
p.  LxxY  et  ex. 


96  LES  APOCRYPHES 

chapitre  du  texte  grec.  La  Bibliothèque  nationale  pos- 
sède une  version  arabe  dans  deux  ms.  écrits  en  carac- 
tères syriaques  ^ . 

Une  partie  du  Protêçangile  de  saint  Jacques  sur  la 
naissance  et  Tenfance  de  la  Vierge  et  sur  la  naissance 
de  Jésus-Christ  est  conservée  en  syriaque  au  Musée 
britannique  dans  un  ms.  du  VP  siècle  \  Le  texte 
syriaque  commence  au  ch.  xvii  du  texte  grec.  La  Bi- 
bliothèque nationale  a  deux  ms.  complets  de  la  version 
arabe  en  carschouni  (arabe  écrit  en  caractères  syria- 
ques). Cette  version  s'accorde  généralement  avec  le 
grec  dans  la  première  partie  jusques  et  y  compris  l'é- 
pisode de  Salomé.  «  Vient  ensuite  ^  le  récit  de  la  cir- 
concision, de  la  présentation  au  temple,  et  un  très  long 
récit  sur  la  prophétie  de  Siméon,  qui  avait  été  l'un  des 
soixante-dix  interprètes  de  la  Bible  ;  l'histoire  des  rois 
Mages,  de  la  fuite  en  Egypte,  de  la  mort  de  Zacha- 
rie  ;  les  miracles  de  l'enfance  de  Jésus ,  et  la  mort  de 
saint  Joseph.  » 

Une  prière  est  attribuée  à  saint  Jean-Baptiste^. 

\J Apocalypse  de  saint  Paul  est  conservée  dans  deux 
ms.  syriaques  du  Vatican  ^.  Une  version  arabe  existe 
à  la  Bibliothèque  nationale  dans  un  ms.  carschouni  ^. 
Cette  version  diffère  du  texte  grec  et  du  texte  syriaque. 

h'' Apocalypse  de  saint  Pierre,  faussement  attribuée 
à  saint  Clément,  est  une  composition  arabe  ,  probable- 
ment du  XIIP  siècle,  qui  n'appartient  pas  à  la  littéra- 

1.  Calai.  Zotenbcrg,  n°  238,  7°:  n"  273,  3". 

2.  Publié  par  Wp.igut,  Contributions  to  the  apocnjphal  Lit.  of  the 
N.  T.,  Londres,  4805. 

3.  ZOTENRERG,  Catal.,  n°  232,8°;  comp.  ibicL,  n»  238,  170. 

4.  Catal.  Zotenberg,  n"  12,  20°. 

5.  Catal.  Vat.,  374  et  472.  La  version  syriaque  a  clé  traduite  en  alle- 
mand par  ZiNGEP.LE,  Vierteljahrschrift,  IV,  p.  139;  éditée  par  PEr.iu.NS, 
Journal  of  American  or.  Society,  VIII,  182;  el  réimprimée  dans  le 
Journ.  of  sacrcd  Literature,  18G5,  p.  372. 

6.  Catal.  Zotenberg,  n°  232,  G". 


DU  .\.  TESTAMENT.  97 

ture  syriaque,  quoiqu'il  en  existe  plusieurs  ms.  en 
carscbouni^  L'ouvrage  est  divisé  en  89  ou  90  chapi- 
tres; c'est  une  compilation  de  différents  apocryphes, 
tels  que  le  Testament  d'Adam.  «  Il  traite  de  la  création 
du  monde ,  du  testament  adressé  par  Adam  à  son  fils 
Seth,  de  Moïse,  d'Aaron,  de  Jésus-Christ,  des  Apô- 
tres, de  l'Antéchrist,  de  la  fm  du  monde  -.  » 

La  version  syriaque  en  six  livres  du  Transùiis  Beatœ 
Mariœ  existe  au  Musée  Britannique^  et  a  été  publiée  par 
Wright  avec  une  traduction  anglaise  '.  Du  même  genre 
est  un  autre  apocryphe  intitulé  :  Les  obsèques  de  No- 
tre-Dame Marie,  également  publié  par  AVright^. 

La  bibliothèque  du  couvent  de  Sainte-Catherine  sur 
le  mont  Sinaï  possède  le  texte  syriaque  et  le  texte  arabe 
à.QVAnaphora  Pilât i  ei  de  la  Paradosis  Pilati.  Ces 
textes  ont  été  publiés  par  Mrs.  Gibson,  Apocrypha 
Sinaitica.  n°  V  des  Stiidia  Sinaitica,  Londres,  1896. 
Le  texte  syriaque  comprend  en  outre  les  lettres  de  Pi- 
late  et  d'Hérode  que  Wright  a  éditées,  d'après  le  ms. 
Add.  14609,  dans  ses  Contributions  to  the  apocryphal 
literature  ofthe  New  Testament. 

On  doit  encore  à  Wright  la  connaissance  des  Actes 
apocryphes  des  Apôtres  qu'il  a  recueillis  dans  plusieurs 


1.  Catal.  Val.,  III,  p.  316,  497,  506;  Catal.  orient,  de  la  Bodléienne, 
II,  pars  I,  p.  49  et  suiv.;  Calai.  Zotenberg ,  syriaque,  n°  63,  1°,  et  n" 
232,  12°;  arabe,  ii°'  76-79. 

2.  ZoTEMîEp.G,  Catal.  syr.,  p.  29;  Calai,  arabe,  p.  19. 

3.  Calai.  Wright,  CLVII,  3,  p.  99;  dans  un  ms.,  elle  est  intitulée  His- 
toire de  Marie,  mère  de  Dieu;  plusieurs  recensions  au  Musée  britan- 
nique. 

4.  Journal  of  sacred  Literature,  4«>  série,  vol.  VI  et  VII,  18Go.  Cureton 
en  avait  donné  un  extrait  dans  ses  Ancient  syriac  documents,  Londres, 
4864,  p.  ilO,  n»  6.  Une  version  arabe  a  clé  publiée  par  Enger  à  Elberfeld 
en  1854.  La  Bibliothèque  nationale  possède  un  manuscrit  carschouni  qui 
renferme  des  extraits  d'une  recension  arabe  différente  du  texte  publié 
par  WniGHT,  Catal.  syr.  Zotenberg,  n°  196,  77°. 

5.  Contributions  to  the  apocr.  Literature,  Londres,  1865, 

6 


98  LES  APOCRYPHES 

ms.  syriaques  et  réunis  en  une  collection  K  Celte  col- 
lection comprend  :  1°  V Histoire  de  saint  Jean  à  Ephese, 
histoire  qui,  dit  le  titre,  fut  composée  par  Eusèbe  de 
Césarée  d'après  un  livre  grec  et  traduite  ensuite  en 
syriaque.  C'est  une  composition  postérieure  à  l'histoire 
ecclésiastique  d'Eusèbe.  Le  texte  syriaque  a  l'avantage 
de  reproduire  un  original  grec  perdu  ou  non  encore  pu- 
blié; 2°  le  Décès  de  saint  Jean,  traduction  de  la  der- 
nière partie  (à  partir  du  ch.  xv)  du  texte  publié  par 
Tischendorf  ;  3°  une  portion  des  LIspioSoi  de  saint  Phi- 
lippe qui  n'existe  pas  dans  le  texte  grec  et  qui  contient 
le  récit  de  la  conversion  du  juif  Ananias  et  de  la  ville 
de  Carthage  ;  4°  les  Actes  de  saint  Mathieu  et  de  saint 
André  traduits  du  grec  ^  ;  5"  V Histoire  de  sainte  Thècla, 
disciple  de  l'Apôtre  Paul  y  traduite  du  grec^;  6°  les 
Actes  de  saint  Thomas''. 

Comme  le  remarque  Wright,  les  Actes  de  saint  Tho- 
mas sont  la  pièce  capitale  de  sa  collection.  Au  moment 
où  cette  collection  paraissait,  on  ne  connaissait  pas  en- 
core, dans  sa  totalité,  la  rédaction  grecque  de  ces  actes, 
dont  l'édition  complète  a  été  faite  par  M.  Max  Bonnet 
[Acta  Thoniœ,  Leipzig,  1883).  L'édition  Bonnet  con- 
corde entièrement  avec  la  rédaction  syriaque^.  Mais  le 

i.  Apocryphal  Acts  of  the  ylpos/?cs,  Londres,  1871;  vol.  I,  le  texte 
syriaque;  vol.  II,  la  traduction  anglaise. 

2.  Une  rédaction  syriaque  dilTcrente  existe  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, Catal.  Zotenberg,  n»  î23'f,  40. 

3.  Cette  histoire  est  comprise  dans  Le  livre  des  femmes  avec  les  his- 
toires de  Ruth,  d'Esther,  de  Judltli  et  de  Suzanne;  comp.  Catal.  Wright, 
p.  98,  Gol,  1042  et  1123. 

4.  Dans  le  IIP  vol.  de  ses  Acta  martyrum  et  sanctorum ,  Paris,  1892, 
le  P.  Bedjan  a  donne  une  édition  ampliliée  des  Actes  syriaques  de 
Thomas.  Cette  réédition  reproduit  le  texte  de  Wright  avec  les  variantes 
et  les  nombreuses  additions  du  ms.  de  Berlin.  Le  texte  de  Whight  est 
divisé  en  huit  actes  (iTQu^ei;)  comme  le  grec  (éd.  Bonnet);  l'édition  de 
Bedjan  comprend  seize  actes,  mais  elle  n'a  pas  l'hymne  sur  l'âme. 

o.  Lipsics,  Die  apokryphen  Apostelgeschichten  und  Apostellegenden , 
Brunswick,  1883,  t.  I,  p.  232. 


DU  N.  TESTAMENT.  99 

caractère  gnostique,  dont  ces  actes  portent  une  em- 
preinte plus  marquée  que  les  autres  apocryphes  du 
même  genre,  est  moins  sensible  dans  le  texte  syriaque 
qui  a  été  retravaillé  au  point  de  vue  orthodoxe.  \i  Hymne 
sur  la  sagesse,  par  exemple,  que  saint  Thomas  chante 
dans  le  premier  de  ses  actes ,  devient  en  syriaque  une 
hymne  sur  lÉglise.  ^lais,  par  un  heureux  hasard,  le 
syriaque  a  conservé  une  hymne  gnostique  sur  l'âme 
que  les  autres  recensions  ne  possèdent  pas  ' . 

L'origine  syriaque  de  Ihymne  sur  l'àme  n'est  pas 
contestée,  et  il  y  a  de  grandes  probabilités  pour  que  les 
actes  aient  été  entièrement  composés  en  syriaque  en 
Orient,  puis  aient  passé  en  Occident  dans  une  version 
grecque.  M.  Macke-  s'est  prononcé  dans  ce  sens,  et 
son  avis  a  été  confirmé  par  M.  Nœldeke  après  un  exa- 
men comparé  de  l'édition  de  \Yright  et  de  l'édition  de 
M.  Bonnet^.  \Yright  avait  déjà  signalé  le  style  ar- 
chaïque de  la  rédaction  syriaque.  On  a  remarqué  depuis, 
que  les  différentes  hymnes  contenues  dans  cette  rédac- 
tion sont  composées  en  vers  de  six  syllabes,  dont  les 
irrégularités  de  mesure  (dans  quelques-uns  de  ces  vers) 
s'expliquent  par  les  retouches  d'un  copiste  orthodoxe. 
L'auteur  avait  un  souvenir  précis  des  temps  et  des  lieux 
où  il  place  les  événements  qu'il  raconte  ;  la  route  suivie 


1.  M.  NfCf.DF.KE  a  le  premier,  dnns  SQii  compte-rendu  de  la  publica- 
lion  de  Wr.ioiiT,  Zeitschr.  der  deut.  morrj.  GeselL,  1870,  t.  XXV,  p.  670, 
reconnu  le  caractère  gnostique  de  ce  morceau.  Les  critiques  se  sont 
rangés  à  son  avis,  savoir  :  M.  Kap.l  Mackf,,  qui  a  traduit  cet  hymne  dans 
la  Theolorjische  Quartalschrift  de  Tubingue ,  I87i.  p.  3-70;  3ï.  Lipsius, 
qui  en  a  donnt';  également  une  traduction  allemande,  Die  apokr.  Apos- 
leUj.,  t.  I,  p.  •20-2-300,-  et  M.  Bevan  qui  a  réédité  le  texte  de  l'iiymne  avec 
une  traduction  anglaise  dans  les  Tcxts  and  Studies  de  M.  Ahmitace 
RoDiNso,  vol.  V,  n'a,  Cambridge,  1897. 

2.  Voir  note  précédente. 

3.  Dans  LipsiLs,  Die  apocr.  Iposlelgesch.,  t.  II,  2«  partie,  p.  423-42:>; 
comp.  Hahnack,  Die  Chronologie  dcr  altchrist.  Litteratur  bis  Eusebius, 
Leipzig,  18'J3,  I,  5io-ÎJiO. 


100  LES  APOCRYPHES 

par  l'apôtre  se  rendant  aux  Indes  est  bien  celle  que 
prenaient  les  marchands  au  commencement  de  l'ère 
chrétienne:  les  rois  Gondophar  et  Mazdai,  mis  en  scène 
dans  cette  histoire,  régnaient  effectivement  à  cette 
époque*.  M.  Nœldeke  concluait  que  ces  actes  ont  été 
écrits  à  Edesse  et  sont  de  l'école  de  Bardesane.  L'é- 
poque de  leur  composition,  ajoute  M.  Lipsius,  est  Tan- 
née 232,  date  de  la  victoire  d'Alexandre  Sévère  sur 
Artaxerxès  et  du  transfert  des  reliques  de  l'apôtre  à 
Edesse.  C'est  ce  transfert  qui  a  été  l'occasion  de  la 
rédaction  des  actes  de  saint  Thomas.  Nous  aurions 
ainsi  un  document  certain  de  l'influence  que  les  idées 
gnostiques  exerçaient  encore  sur  l'Eglise  d'Edesse 
dans  la  première  moitié  du  troisième  siècle  de  l'ère 
chrétienne. 

La  popularité  dont  les  Actes  de  saint  Thomas  joui- 
rent en  Syrie  s'explique  autant  par  la  vénération 
qu'inspirait  le  tombeau  de  l'apôtre  à  Edesse  que  par 
l'origine  syriaque  des  actes.  Jacques  de  Saroug  com- 
posa une  homélie  métrique  sur  le  palais  que  l'apôtre 
Thomas  construisit  pour  le  roi  de  Indes  ^.  Les  diffé- 
rents actes  de  la  mission  de  l'apôtre  ont  été  mis  en 
vers  par  Giwargis  d'Alkosch,  un  auteur  nestorien  du 
XYHP  siècle  3. 

L'histoire  de  saint  Pierre  et  L'histoire  de  saint  Paul 


1.  VoN  GuTSCiiMiD,  Die  Kœnigsnamen  in  den  apocryphen  Aposlelge- 
schichten  dans  le  Rheinisches  Muséum  fiir  Philologie,  18G4,  lGl-183,  et 
380-401,  ou  Kleine  Schriflen,  U ,  332-394;  Sylvain  Lévi,  Journal  asiati- 
que, janv.-fev.  189",  p.  27. 

2.  Édilce  par  SciinoETEii,  Zcitschr.  der  dcut.  morg.  Gesell.,  t.  XXV, 
p.  321,  et  t.  XXVni,  p.  o8i. 

3.  Ce  petit  poème  a  été  public  par  le  P.  Cardaiu,  Liber  thesauri  de 
arlc  poelica  .Syrorum,  p.  130.  Barliehraîus  a  résumé  les  actes  de  saint 
Thomas  au  commencement  de  la  seconde  partie  de  sa  chronique  ccclc- 
siasiiqiie.  DansAe  livre  de  l'abeille,  c(\.  Bldge,  p.  119  (trad.,  p.  105),  c'est 
le  p>arcliand  Habban  quj  ramène  à  Edesse  le  corps  de  l'apôtre. 

^^.-c '''■"■- 


u. 


DL  X.  TESTAMENT.  101 

ont  été  publiées  en  syriaque  par  M.  Bedjan  dans  le  pre- 
mier volume  des  Acfa  martyrum  et  sajictonmi.  Le 
deuxième  volume  de  cette  collection  renferme  Le  collo' 
que  de  saint  Pierre  a^'ec  V empereur  Néron. 

La  légende  concernant  l'invention  de  la  tête  de  saint 
Paul  est  reproduite  dans  plusieurs  manuscrits  syria- 
ques; elle  est  quelquefois  insérée  dans  la  lettre  apo- 
cryphe de  Denys  l'Aréopagite  à  Timothée  sur  le  mar- 
tyre de  saint  Pierre  et  saint  Paul'.  On  la  trouve 
encore  dans  Le  livre  de  Vaheille  et  dans  une  chronique 
syriaque^. 

M.  l'Abbé  Xau  a  publié  dans  la  Revue  de  l'Orient 
chrétien,  1898,  une  traduction  française  de  la  version 
syriaque  des  martyres  de  saint  Pierre ,  de  saint  Paul  et 
de  saint  Luc,  contenue  dans  les  ms.  Add.  12172  et  14732 
du  Musée  britannique,  et,  en  outre,  le  texte  du  martyre 
de  saint  Luc.  M.  Nau  a  établi  les  rapports  qui  existent 
entre  le  syriaque  et  les  recensions  grecques  pour  saint 
Pierre  et  saint  Paul.  Le  martyre  de  saint  Luc  n'existe 
pas  en  grec ,  mais  seulement  en  copte  et  en  éthiopien  ; 
il  semble  d'origine  copte  ;  M.  Nau  est  cependant  porté 
à  croire  à  un  original  grec. 

Le  sermon  de  saint  Pierre,  Le  martyre  de  saint  Jac- 
ques, Le  sermon  de  Simon  fils  de  Cléophas  et  Le  mar^ 
tyre  de  Simon  fils  de  Cléophas  qui  existent  dans  des 
ms.  arabes  du  couvent  de  Sainte-Catherine  sont  proba- 
blement des  compositions  originales  de  moines  du 
moyen  âge  ^. 


1.  Publiée  en  syriaque  par  l'Abbé  Martin  dans  les  Analecta  sacra  du 
card.  Pitra,  t.  IV,  p.  2'»l-2i9. 

2.  The  book  of  Ihe  bec,  éd.  Bldge,  O\ford,  i88G,  p.  12-2  (trad.,  p.  108); 
l'Abbé  Nai:,  Revue  de  l'Orient  chrclicn,  18%,  n°  3,  p.  3W  et  suiv. 

3.  Ces  apocryphes  ont  été  publiés  avec  une  version  anglaise  par 
M™«  GinsoN,  Apocrypha  Sinailica  dans  le  n"  Y  des  Studia  Sinailica^ 
Londres,  1«9G. 

G. 


102  LES  APOCRYPHES 

La  version  syriaque  d'une  partie  des  Homélies  et  des 
Récognitions  de  Pseudo-Clément  a  été  publiée  par  Paul 
de  Lagarde,  Clenicniis  romani  Recognitiones  syriace, 
Leipzig,  1861  '. 

On  possède  en  syriaque  la  plupart  des  documents 
contenant  les  constitutions  et  les  canons  attribués  aux 
Apôtres-.  La  Didascalia  apostoloru.m,  perdue  en 
grec,  s'est  heureusement  conservée  en  syriaque  et  à 
été  publiée  par  Paul  de  Lagarde,  Didascalia  aposto- 
lonun  syriace  (sans  le  nom  de  l'éditeur),  Leipzig, 
1854^.  Les  travaux  de  critique  auxquels  a  donné  lieu 
cette  publication  ',  et  le  substantiel  résumé  que  M.  Ba- 
tiffol  a  fait  des  questions  qu'elle  a  soulevées^,  nous 
dispensent  de  nous  étendre  sur  ce  sujet. 

Le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  qui  ren- 
ferme la  Didascalia  apostolorum ,  contient  des  extraits 
des  livres  I  à  Vil  et  le  livre  VIII  des  Constitutions  apos- 
toliques attribuées  à  saint  Clément.  Ces  textes  ont  été 
également  publiés  par  Paul  de  Lagarde^. 

La  doctrine  des  Apôtres  a  été  publiée  en  syriaque 


4.  Corapai'er  P.  Batiffol,  La  lillérature  grecque  dans  cette  collection, 
p.  4".  M""8  GiBsox  a  édité  dans  les  Apocrypha  Sinaitica,  n°  V  des  Stu- 
dia  Sinaitica,  deux  versions  arabes  abrégées  des  Récognitions  :  l'une 
d'après  un  ms.  du  Sinai,  l'autre  d'après  le  ms.  Add.  9965  du  Musée  bri- 
tannique. La  seconde  version  est  suivie  du  récit  fabuleux  du  martyre 
de  saint  Clément. 

2.  Dans  le  catalogue  des  œuvres  de  Denys  bar  Salibi,  il  est  fait  men- 
tion d'un  Compendiam  Canonum  Apostolicorum  qui  ne  s'est  pas  re- 
trouvé; ASSÉMAM,  B.  0.,  II,  210. 

3.  Comparer  Catal.  Zotenbe7^g,  n»  G2  des  ms.  syriaques. 

4.  M.  FcNK  a  fait  une  étude  approfondie  de  ce  livre,  basée  sur  le  texte 
syriaque.  Die  apostolischen  Konstilutionen ,  Rotlenburg,  1891. 

o.  La  Littérature  grecque,  p.  71. 

6.  Reliquiae  juris  ecclesiastici  antiquîssimse  syriace,  Leipzig,  1850, 
p.  2-32  et  44-GO;  l'édition  grecque  par  Paul  de  Lagarde  a  paru  la  même 
année,  sous  le  même  titre.  Il  existe  également  un  Recueil  de  tous  les 
canons  des  saints  AjiJtres  et  des  synodes  des  saints  Pérès,  comprenant 
cent  cinquante-un  titres,  Catal.  Vat.,  III,  n»  CXXVII,  p.  178;  CataL 
Zotenberg,  n°  62,  4°. 


DU  N.  TESTAMENT.  103 

par  Paul  de  Lagarde  '  et  Cureton-.  Ce  dernier  a  donné 
àia  suite  de  cet  apocryphe  La  doctrine  de  saint  Pierre'^, 

Les  apocryphes  syriaques  que  nous  avons  mention- 
nés jusqu'ici  sont  pour  la  plupart  des  traductions  d'ori- 
ginaux grecs.  La  doctrine  d'Addai  est,  au  contraire, 
un  document  original  de  la  littérature  syriaque  ;  elle 
mérite  plus  qu'une  simple  mention  et  vaut  la  peine 
qu'on  s'y  arrête.  Cet  apocryphe  est  en  effet  intimement 
lié  à  Ihistoire  des  premières  églises  de  la  Syrie  orien- 
tale et  jette  quelque  lumière  sur  cette  histoire. 

Le  roi  d'Edesse,  Abgar  Oukhâmà,  souffrant  d'une 
maladie  invétérée  et  incurable,  apprend  les  miracles 
et  les  cures  merveilleuses  que  Jésus  fait  en  Palestine. 
Il  mande  par  écrit  au  Sauveur  de  venir  le  guérir  à 
Edesse  et  de  partager  avec  lui  sa  royauté  ;  Jésus  sera 
ainsi  à  l'abri  des  complots  des  Juifs  qui  cherchent  à  le 
faire  périr.  Le  Seigneur  répond  qu'il  a  une  mission  à 
remplir  ici-bas  et  qu'il  ne  peut  se  rendre  à  l'invitation 
d'Abgar  :  mais .  avant  de  remonter  au  ciel ,  il  désignera 
un  de  ses  apôtres  qui  rendra  au  roi  la  santé. 

C'est  à  l'apôtre  Addai  qu'échoit  la  mission  d'évan- 
géliser  la  Mésopotamie.  Cet  apôtre  se  rend,  après  la 
Pentecôte,  à  Édesse .  où  il  guérit  le  roi  Abgar  et  un  des 
personnages  de  sa  cour  en  proie,  lui  aussi,  à  un  mal  in- 
curable ;  puis  il  fait  rassembler  tous  les  habitants  sur 
la  grande  place  de  la  ville  et ,  à  sa  voix,  tous,  païens  et 
juifs,  se  convertissent  avec  un  empressement  égal. 
Addai  fait  détruire  les  temples  des  idoles  ;  il  construit  la 
première  église  d'Edesse  qu'il  administre  jusqu'à  la  fin 


1.  Reliquise,  etc.,  p.  3-2-4i,  d'apriïs  le  même  ms.  de  la  Bibl.  nat.,  dans 
lequel  cet  apocryphe  porte  le  litre  de  Doctrine  d'Addai. 

2.  Ancicnt  syriac  Documents,  Londres,  I8G»,  p.  iV-So,  d'après  le  ms.  du 
Musée  hrilaiinique,  Add.  lMî»4. 

3.  Ane.  syr.  Doc.,  p.  3:^41,  d'après  deux  ras.  du  Musée  britannique 


104  LES  APOCRYPHES 

de  sa  vie.  Au  moment  de  mourir  il  désigne  pour  son 
successeur  Aggai,  qu'il  avait  fait  prêtre;  après  sa  mort 
il  est  enterré  avec  pompe,  au  milieu  du  deuil  général, 
dans  le  somptueux  mausolée  des  rois  d'Edesse. 

Tel  est,  en  quelques  mots,  le  fond  de  cet  apocryphe.  Le 
caractère  légendaire  de  La  doctrine  d'Addai  est  admis 
par  la  majorité  des   critiques  ^  Il  est  établi  aujour- 
d'hui que  le  premier  des  rois  chrétiens  d'Edesse  fut  Ab- 
gar  IX,  fils  de  Manou,  qui  régna  de  179  à  214,  et  non 
pas  Abgar  Y,  ou  x\bgar  Oukhâmâ,  également  fds  de 
Manou  et  qui  régnait  au  commencement  de  notre  ère. 
Les  princes  qui  précédèrent  Abgar  IX  à  Edesse  étaient 
païens;  la  tiare  qui  surmonte  la  figure  de  ces  princes 
sur  les  monnaies  qu'ils  nous  ont  laissées ,  porte  les 
emblèmes  de  l'ancien  culte  sidéral ,  le  croissant  lunaire 
et  trois  étoiles.  En  outre,  La  chronique  d'Edesse  nous 
a   conservé  un   document   des  archives  d'Edesse  sur 
rinondation  de  l'an  201 ,  dans  lequel  il  est  parlé  de  l'é- 
glise des  chrétiens  en  termes  qui  montrent  que  le  chris- 
tianisme n'était  pas  encore,  à  cette  époque,  la  religion 
de  l'État.  Ce  n'est  qu'après  son  retour  de  Rome,  vers  206, 
qu'Abgar  IX  devint  chrétien.  La  similitude  de  nom  et 
de  filiation  explique  facilement  la  confusion  qui  s'est 
faite  entre  les  deux  Abgar,  mais  cette  confusion  n'a 
pas  été  le  fait  du  hasard;  elle  a  été  voulue.   Edesse, 
devenue  le   centre  religieux  et  littéraire  de  la  Syrie 
orientale,  a  rattaché  directement  aux  Apôtres  les  ori- 
gines de  son  Église  ;  le  même  phénomène  historique 
s'est  produit  dans  l'Église  d'Arménie. 

La  légende   qui  s'est  formée  autour  du  nom  d'Ab- 


1.  L'Abbé  P.  Martin  a  chcrclié  en  vain  à  prouver  l'historicité  du  récit 
dans  un  opuscule  intitulé  Les  origines  de  l'Église  d'Edesse,  qu'il  écrivit 
en  réponse  à  la  publication  de  M.  l'Abbé  Tixep.ont,  Les  origines  de  l'É- 
glise d'Edesse  et  la  légende  d' Abgar,  Paris,  1888. 


DU  N.  TESTAMENT.  103 

gar  V,  a  dû  naître  assez  longtemps  après  la  conversion 
d'Abgar  IX  pour  qu'elle  trouvât  du  crédit  à  Édesse 
même.  En  tous  cas,  elle  devait  déjà  circuler  comme  une 
tradition  acceptée  au  commencement  du  IV®  s.  puisque 
Eusèbe  la  rapporte  comme  un  fait  historique. 

Le  chapitre  xiii  du  T-'  livre  de  l'Histoire  ecclésias- 
tique d'Eusèbe  et  la  rédaction  syriaque  de  La  doctrine 
dWddai  sont  les  deux  textes  qui  servent  à  la  critique 
de  cette  légende  :  tous  les  autres  documents  ,  syriaques, 
grecs,  latins,  arméniens,  coptes,  arabes,  etc.,  déri- 
vent de  ces  deux  sources  ' .  Le  récit  qu'en  donne  Eusèbe 
était  tiré,  comme  cet  auteur  nous  le  déclare,  d'un  écrit 
syriaque  dont  il  possédait  une  copie;  avant  de  transcrire 
en  grec  la  lettre  d'Abgar  et  la  réponse  de  Jésus,  il  dit  : 
«  Tu  as  encore  le  témoignage  écrit  de  ces  faits,  déposé 
dans  les  archives  de  la  ville  d'Édesse  qui  avait  alors  des 
rois.  Il  se  trouve  en  effet  dans  les  documents  publics 
qui  renferment  les  anciens  événements  et  les  faits 
relatifs  à  Abgar  et  qui  sont  conservés  jusqu'à  ce  jour. 
Il  n'est  rien  de  tel  que  d'entendre  ces  lettres  elles-mê- 
mes extraites  par  nous  ou  pour  nous ,  ?;a?r  uycô.r/fSsL- 
0(.oi'  et  traduites  littéralement  du  syriaque  de  la  manière 
suivante.  »  La  notice  des  archives  de  la  ville  d'Edesse 
est  tirée  de  la  clausule  qui  se  trouvait  à  la  fm  de 
l'apocryphe  syriaque  et  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

La  doctrine  d'Addai  reproduit  l'ancien  document 
d'Eusèbe,  mais  dans  une  rédaction  amplifiée  et  grossie 
de  plusieurs  légendes  qui  ne  se  trouvaient  pas  dans  le 
texte  primitif.  Dans  sa  forme  actuelle  elle  doit  dater  de 
la  fin  du  IV®  siècle  ou  du  commencement  du  V®.  Cure- 

1.  M.  TixEi;ONT  a  donne  une  liste  des  principaux  de  ces  documents 
dans  son  ouvrage  :  L''s  origines  de  l'Église  d'Édesse  et  la  légende  d'Ab 
r/ar,  Paris,  18S8;  comparer  aussi  MATrur.s,  Die  Edessenische  Abgarsaje 
aufihre  Fortbildung  unlersucht,  Leipzig,  1882. 


iOG  LES  APOCRYPHES 

ton  en  découvrit  des  fragments  importants  dans  deux 
ms.  du  V  ou  VP  siècle  conservés  au  Musée  britanni- 
que ^  M.  Philipps  a  retrouvé  le  texte  entier  dans  un 
ms.  de  Saint-Pétersbourg,  probablement  du  VP  siècle, 
et  il  l'a  publié  à  Londres  en  187G  sous  le  titre  de  The 
doctrine  of  Addai,  the  Apostle. 

Il  existe  de  cet  apocryphe  deux  versions  grecques 
indépendantes  Tune  de  l'autre.  L'une  se  trouve  dans  un 
ms.  de  Paris  édité  par  Tischendorf  [Acta  apostolorum 
apocrypha,  Leipzig,  1851)  et  dans  un  ms.  de  Vienne 
dont  Tischendorf  a  donné  une  collation,  revisée  par 
Lipsius  [Die  Edessenische  Abgai^sage,  Brunswick, 
1880).  M.  Lipsius  a  publié  dans  le  même  ouvrage  une 
partie  importante  de  la  seconde  rédaction  grecque  con- 
tenue dans  un  autre  ms.  de  Vienne. 

La  version  arménienne  suit  le  texte  syriaque  publié 
par  Philipps;  elle  porte  le  titre  de  Lettre  d'AbgaVy 
mais  elle  est  désignée  aussi  comme  Le  livre  de  La- 
boubna  (ou,  par  suite  d'une  faute  de  copiste,  Lé- 
roubna).  Laboubna  est  le  nom  de  l'archiviste  royal 
d'Edesse  auquel  est  attribuée  la  rédaction  du  docu- 
ment. On  faisait  autrefois  remonter  cette  version  au 
V^'  siècle,  parce  qu'elle  était  connue  de  Moïse  de  Kho- 
rène  que  l'on  supposait  avoir  écrit  à  cette  époque. 
Mais  M.  Carrière,  qui  a  prouvé  que  l'Histoire  de  Moïse 
nest  pas  antérieure  au  VHP  siècle,  est  porté  à  placer 
plus  bas  que  le  VP  siècle  la  composition  de  la  version 
arménienne  ^. 


1.  Publiés  dans  Ancient  syrîac  documents,  éd.  CcnuETOx,  Londres, 
4801,  où  ils  sont  précédés  de  la  version  syriaque  du  passage  de  l'His- 
toire eccl.  d'Eusébe  relatif  à  la  légende  d'Abgar. 

2.  Centenaire  de  l'École  des  langues  orient,  vivantes,  Paris,  189.J, 
p.  37-2.  Une  traduction  française  incomplète  de  cette  version  a  été  pu- 
bliée par  Jean  Raphaël  Emine  dans  la  Collection  des  historiens  ù' Armé- 
nie de  Langlois,  Paris,  1867.  Le  texte  arménien  a  été  édité  avec  une 


DU  >\  TESTAMENT.  107 

Le  court  récit  d'Eusèbe  concorde  généralement 
avec  Z<7  doctrine  cVAddai.  Le  syriaque  indique,  pour 
le  départ  des  députés  envoyés  par  Abgar  en  Palestine, 
le  mois  d'octobre  de  l'année  343  de  Tère  des  Séleuci- 
des,  ou  31  de  notre  ère.  Cette  donnée  est  conforme  à 
la  chronologie  qui  a  prévalu  et  qui  fixe  la  Passion  du 
Christ  en  Tannée  32.  L'original  suivi  par  Eusèbe  avait, 
au  contraire.  Tannée  de  340,  selon  l'ancien  comput  qui 
plaçait  la  Passion  en  Tan  29  de  notre  ère^  Eusebe  a 
remplacé  le  nom  de  l'apôtre  Addai,  que  son  exemplaire 
portait  certainement ,  par  Thaddée  Qur^ôuToz  ;  il  pen- 
sait que  le  nom  syriaque  .4. <i<r/(7/ répondait  au  nom  grec 
de  l'apôtre  Jacques  Thaddée.  Enfin  Hannan  ^en  grec 
Ananias  ,  le  député  du  roi  Abgar,  a  dans  Eusèbe  le 
titre  de  courrier  tci/iôgouo;  ,  et  dans  La  doctrine  celui 
de  secrétaire  [tabularius  .  Cette  variante  s'explique 
parce  que  Eusèbe  a  lu  tahellarius  au  lieu  de  tabiila- 
riiiSf  confusion  à  laquelle  prêtait  la  transcription  du 
mot  en  lettres  syriaques  -. 

Dans  nos  deux  documents,  le  texte  de  la  lettre  d" Ab- 
gar et  de  la  réponse  de  Jésus  offrent  quelques  variantes 
dues  à  la  rédaction  syriaque,  qui  manifeste  une  ten- 
dance à  préciser  ou  expliquer  les  faits  par  de  courtes 
additions.  Le  syriaque  cependant  a  conservé  l'ancienne 
leçon  Abgar  Oiikhdmd  qui  est  remplacée  dans  l'édition 
actuelle  d'Eusèbe  par  celle  ^ Abgar  le  toparque  d'É- 
desse.  Eusèbe  avait  écrit  Ouhhdnid,  comme  le  mon- 
trent les  ms.  qui  portent  oiy  c"aa^  mais  ces  mots  ainsi 


tiaduclion  française  com[>l(-(e  [)nr  le  P.  Alisuan  ,  d'après  un  ms.  de  Pa- 
ris, à  Venise  en  1808.  La  nièiue  année  a  paru  une  autre  édition  du  texte 
a  Jérusalem  d'aitrés  un  ms.  de  la  Dibliolliéfiue  patriarcale  de  cette  ville. 

1.  In  ms.  grec,  le  Mediceœus,  ajoute  à  la  marge  devant  le  nombre  3i0, 
le  mot  Tçir  (o    pour  conformer  le  récit  à  la  nouvelle  clironologie. 

2.  LipsiLs,  i>je  Edessen.  Abfjarsaffc,  Brunswick,  1880,  p.  -2-2. 

3.  LiPsiLS,  L  c. 


108  LES  APOCRYPHES 

séparés  ne  présentant  plus  de  sens,  furent  supprimés 
par  les  copistes  postérieurs.  La  version  de  Rufin  a  Ab- 
gajnis  Urkami'œ  filins;  la  traduction  syriaque  d'Eu- 
sèbe  (en  tête  des  Ane.  syj\  dociunents)  porte  :  Abgar 
Oiikdmd  le  toparque.  La  réponse  que  Jésus  fait  à  la 
lettre  d'Abgar  est  éerite  dans  Eusèbe,  mais  elle  est 
orale  dans  le  syriaque  qui  évite  de  cette  manière  l'ob- 
jection qu'une  lettre  du  Seigneur,  si  elle  était  authen- 
tique, devrait  figurer  dans  les  livres  canoniques  du 
N.  Testament. 

La  plus  importante  variante  est  l'addition  que  contient 
La  doctrine  à  la  fin  de  la  réponse  de  Jésus  :  «  Ta  ville 
sera  bénie  et  aucun  ennemi  ne  prévaudra  contre  elle.  » 
Cette  addition  constitue  une  nouvelle  légende,  inconnue 
d'Eusèbe,  qui  semble  s'être  formée  vers  le  milieu  du 
IV"  siècle.  On  citait  en  faveur  de  cette  date  le  Testa- 
ment  de  saint  Éphrem^  qui  fait  mention  de  cette 
légende.  Mais  certains  critiques  croient  que  ce  Tes- 
tament est  une  œuvre  apocryphe  postérieure  à  saint 
Éphrem.  Un  autre  témoignage  ancien  est  fourni  par  la 
pèlerine  gallo-romaine ,  dont  la  relation  de  voyage  a 
été  retrouvée  et  publiée  par  M.  Gamurrini^.  Cette 
pieuse  personne  reçut  de  l'évêque  d'Edesse,  dont  mal- 
heureusement elle  ne  donne  pas  le  nom ,  une  copie  de 
la  lettre  d'Abgar  et  de  la  lettre  de  Jésus.  Cette  der- 
nière renfermait  la  bénédiction^  comme  il  résulte  de 


1.  Édité  dans  le  second  volume  de  l'édition  de  Rome  des  œuvres  de 
saint  Éphrem,  p.  345-410,  et  dans  Overceck,  S.  Ephrsemi  syH...  opéra, 
p.  13T-lu6. 

2.  Dans  le  IV«  volume  de  l'Académie  historique  et  juridique  de  Rome, 
1887,  sous  le  titre  de  S.  Hilarii  tractatus...  et  sanctse  Silviee  Aquita- 
niœ  peregrinatio  ad  loca  sancta.  Dans  notre  Histoire  d'Edesse,  Paris. 
1892,  nous  avons,  pour  plusieurs  raisons,  émis  des  doutes  sur  la  date 
que  M.  Gamurrini  fixe  pour  cette  relation  de  voyage  (1V«  s.).  Dom  Ca- 
nr.OL,  Les  églises  de  Jérusalem  au  /F«  siècle,  Paris  et  Poitiers,  1895 
tient  pour  l'époque  indiquée  par  M.  Gamurrini. 


DU  N.  TESTAMENT.  109 

ce  passage  (p.  G8)  :  «  Quoique  j'eusse  dans  mon  pays 
des  copies  de  ces  lettres,  j'ai  trouvé  très  agréable  de 
recevoir  celles-ci  de  Téveque,  parce  que  sans  doute, 
en  arrivant  chez  nous,  les  lettres  avaient  subi  quel- 
que diminution  ;  car  ce  que  j'ai  reçu  ici  est  assurément 
plus  complet  [nam  vere  amplius  est  quod  hic  accepi).  » 
Du  reste,  Tévêque  fait  mention  de  cette  bénédiction 
'deux  pages  plus  haut).  Il  raconte  à  la  voyageuse  le 
siège  que  les  Perses  mirent  devant  Edesse  peu  de 
temps  après  qu'Abgar  eut  reçu  la  lettre  du  Seigneur. 
Abgar,  dit-il ,  se  rendit  aussitôt  à  la  porte  de  la  ville 
en  tenant  cette  lettre  et  s'écria  :  «  Seigneur  Jésus! 
Tu  nous  as  promis  qu'aucun  ennemi  n'entrerait  dans 
cette  ville.  »  Aussitôt  d'épaisses  ténèbres  entourent  la 
ville  et  les  Perses  sont  obligés  de  se  retirer.  Ce  récit 
diffère  peu  de  celui  que  renferme  la  chronique  attri- 
buée à  Josué  le  stylite.  11  est  rapporté  dans  cette  chro- 
nique* que,  le  mercredi  17  septembre  503,  les  Perses 
entourèrent  Edesse,  mais  ne  purent  rien  contre  elle  : 
«  Toutes  les  portes  de  la  ville  étaient  ouvertes,  mais 
les  Perses  ne  purent  entrer  à  cause  de  la  bénédiction 
du  Christ.  «  Cette  légende  est  encore  mentionnée  dans 
Les  actes  de  Mai-iy  dont  nous  parlerons  bientôt,  et  dans 
une  homélie  de  Jacques  de  Saroug-.  Intéressant  est 
ce  que  dit  Procope  à  ce  sujet^.  «  La  fin  de  la  lettre  qui 
contenait  la  bénédiction  est  ignorée  des  auteurs  qui 
écrivirent  l'histoire  de  ces  temps,  mais  les  Edesséniens 
prétendaient  que  cette  bénédiction  se  trouvait  dans  la 
lettre.  Dans  cette  conviction,  ils  plaçaient  cette  lettre 
devant  les  portes  de  la  ville  comme  un  palladium.  Pour 
éprouver  la  véracité  de  cette  croyance,  Cliosroès  mit 

\.  Wright,  The  Chronicle  of  Joshua  Ihe  Slylitc,  Cambridge,  1882,  cli.  ix. 

2.  CcRETON,  Ane.  syr.  documents,  p.  107. 

3.  Livre  II,  chap.  xii,  éd.  Dindouf,  p.  203-209. 

LITTÉRATURE    SYRIAQUE.  7 


110  LES  APOCRYPHES 

le  siège  devant  Edesse;  mais,  frappé  d'une  fluxion  de 
la  face,  il  se  retira  honteusement.  »  Cette  notice  se 
rapporte  au  siège  de  Tannée  544,  dont  Procope  a  fait 
précédemment  un  récit  détaillé. 

Par  l'importance  qu'elle  acquit  en  Syrie .  la  légende 
de  la  bénédiction  éclipsa  en  Orient  la  légende  du  por- 
trait de  Jésus.  Ni  Eusèbe,  ni  la  pèlerine  gallo-romaine, 
ni  Procope  ne  mentionnent  celle-ci. 

En  Occident,  au  contraire,  la  légende  du  portrait 
jouit  d'un  grand  crédit  ;  elle  s'y  développa  et  s'y  modi- 
fia. Selon  La  doctrine,  Hannan,  le  secrétaire  d'Abgar 
et  en  même  temps  son  peintre,  après  s'être  acquitté  de 
sa  mission  auprès  de  Jésus,  fait  le  portrait  du  divin  Maî- 
tre avec  des  couleurs  de  choix  et  il  rapporte  ce  por- 
trait au  roi  Abgar,  qui  lui  donne  une  place  d'honneur 
dans  son  palais. 

Plus  tard  la  légende  subit  un  changement  dans  une 
de  ses  principales  lignes.  Le  portrait  n'est  pas  l'œuvre 
d'un  homme;  comment  une  œuvre  humaine  pourrait- 
elle  produire  des  miracles^?  Il  est  de  Jésus  lui-même. 
Le  peintre  Hannan  ne  peut  fixer  les  traits  du  Seigneur 
à  cause  de  l'éclat  de  la  divine  face  ou  des  transforma- 
tions continuelles  qu'elle  manifeste.  Jésus  prend  la  toile 
des  mains  du  peintre  et  l'applique  sur  son  visage  dont 
elle  garde  l'empreinte;  ou  Jésus  se  lave  et  s'essuie  le 
visage  soit  avec  la  toile  du  peintre ,  soit  avec  un  linge 
ordinaire^. 


1.  Dans  Évagrius  l'échec  du  siège  de  Chosroès  en  o44  devant  Édesse 
n'est  pas  occasionné,  comme  dans  Procope,  par  la  bénédiction,  mais 
par  le  portrait  de  Jésus. 

-2,  Lipsius,  Die  Edess.  Abgarsage,  p.  54  et  suiv.;  Matthes,  Die  Edess. 
Abgarsarje  auf  ihre  Fortbildung  unlersucht,  p.  42-43;  Tixeront,  Les 
Origines  de  l'Église  d'Édesse  et  la  légende  d'Abgar,  p.  53  et  suiv.;  ces 
ouvrages  établissent  les  rapports  de  la  légende  du  portrait  avec  la  tra- 
dition latine  de  sainte  Véronique,  et  relatent  l'histoire  des  différents 


DU  N.  Tl^STA.MENT.  lîl 

Les  textes  syriaques  qui  mentionnent  le  portrait  de 
Jésus  sont,  après  La  doctrine  dAddai  :  Les  actes  de 
Mari  (éd.  Abbeloos,  p.  13-15);  l'histoire  de  Zacharie 
(Land,  Anecdota  syiiaca,  III,  p.  324;  et  L'histoire  des 
dynasties  de  Barhebrœus  'éd.  Pocoke,  p.  71;  éd.  Sal- 
hâni,p.  113  . 

Suivant  le  document  primitif  Eusèbe  et  La  doc- 
trine ,  la  guérison  d'Abgar  et  l'évangélisation  de  la 
Mésopotamie  eurent  lieu  après  l'Ascension.  Des  apo- 
cryphes postérieurs  placent  ces  événements  avant  la 
Passion,  tels  sont  le  Transitas  Beatx  Mariic  '  ei  l'His- 
toire des  trente  deniers  de  Judas  rapportée  ci-des- 
sous. 

Une  autre  légende  que  renferme  La  doctrine  d'Addai 
est  relative  à  une  première  invention  de  la  Croix.  Cette 
légende  est  insérée  au  milieu  d'un  sermon  de  l'apôlre 
Addai  à  Edesse,  d'une  manière  étrange  et  comme  un 
hors  d'œuvre.  «  Je  vais  vous  raconter,  dit  l'apôtre,  ce 
qui  est  arrivé  et  s'est  passé  devant  des  hommes  qui , 
comme  vous,  crurent  que  le  Christ  est  le  fils  du  Dieu 
vivant.  »  Après  que  Tibère  eût  délégué  ses  pouvoirs 
à  l'empereur  Claude ,  et  se  fut  mis  en  route  pour  aller 
combattre  les  Espagnols  révoltés.  Protonice,  la  femme 
de  Claude,  se  convertit  à  la  vue  des  miracles  opérés 
par  Simon  Pierre  à  Rome.  L'impératrice  se  rend  en- 
suite à  Jérusalem  avec  ses  deux  fils  et  sa  fille  pour  vi- 
siter les  lieux  saints.  Elle  ordonne  aux  Juifs  de  livrer  à 
Jacques,  le  directeur  de  l'Église  de  Jérusalem,  le  Gol- 
gotha  qu'ils  détiennent.  Sur  le  Golgotha  Protonice 
trouve  trois  croix  et  ne  peut  reconnaître  quelle  est  celle 
qui  a  porté  le  Sauveur,  mais  un  miracle  la  tire  d'em- 

exemplaircs  du    portrait  et  de  la  translation  de  Toriginal  d'Édessc  à 
Constantinople  et  ensuite  à  llonie. 
1.  Clt.etox,  Ane.  syr.  documents,  p.  111;  comp.  ci-dessus,  p.  97. 


112  LES  APOCRYPHES 

barras.  Sa  fille  tombe  frappée  d'une  mort  soudaine;  les 
deux  premières  croix,  mises  en  contact  avec  le  corps 
de  la  jeune  fille,  ne  produisent  aucun  effet,  mais,  au 
toucher  de  la  troisième  croix ,  la  princesse  ressuscite 
et  se  relève  sans  avoir  éprouvé  aucun  mal. 

Cette  légende  est  un  écho  de  Thistoire  de  l'Invention 
de  la  Croix  par  sainte  Hélène,  dont  elle  dérive  et  à  la- 
quelle elle  est  postérieure,  comme  font  reconnu 
MM.  Lipsius  et  Tixeront.  M.  Tixeront  fixe  la  date  de 
la  légende  syriaque  vers  l'an  400  '.  C'est  à  cette  épo- 
que que  la  tradition  grecque  et  latine  relative  au 
voyage  de  la  mère  de  Constantin  à  Jérusalem  et  à  l'In- 
vention de  la  Croix  se  répandit  en  Orient.  Le  syriaque 
a  confondu  sainte  Hélène  avec  Hélène ,  la  reine  d'Adia- 
bène,  qui  vint  à  Jérusalem  au  temps  de  Claude,  vécut 
dans  cette  ville  et  s'y  construisit  un  superbe  mausolée , 
comme  le  rapporte  Josèphe.  Par  suite  de  cette  confusion, 
lévénement  qui,  dans  la  tradition  de  l'Église,  eut  lieu  au 
IV^  siècle,  a  été  reporté  dans  la  légende  orientale  au 
P'"  siècle.  Cette  hypothèse  est  très  vraisemblable,  mais 
le  nom  de  Protonice  appelle  une  explication  pour  la- 
quelle les  critiques  manquent  d'accord.  Ce  nom  a  en  sy- 
riaque les  trois  formes  suivantes  :  ...si^o^o-yB,  ..^■o .  lo-^^  et 
l^i^i^oya.  M.  Nœldeke  y  voit  une  allusion  à  Viv  tovtco 
vi/.a  du  Labarum  de  Constantin;  d'autres  critiques 
(MM.  Zahn  et  Nestlé)  cherchent  un  mot  composé,  JlIbtqo- 
v'r/.ri  «  la  victoire  de  Pierre  »  ,  ou  (M.  Tixeront)  nQcoTo- 
viy.rj  «  la  première  victoire  » ,  c'est-à-dire  la  première 
invention.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  mot  est  grec  et  nous 
devons  conclure  que  le  document  a  été  composé  en  grec 
et  en  Palestine,  avant  de  passer  en Mésopotaiflie  sous 
sa  forme  syriaque. 


1.  Les  Origines  de  l'Église  d'Édesse,  p.  190. 


DU  N.  TESTAMENT.  113 

On  concilia  plus  tard  cette  première  invention  de  la 
Croix  avec  la  seconde  en  racontant  que,  après  l'expé- 
dition de  Trajan  en  Orient,  la  vraie  Croix  était  retom- 
bée entre  les  mains  des  Juifs ,  qui  l'avaient  enterrée  de 
nouveau  avec  les  croix  des  larrons. 

11  existe  plusieurs  recensions  syriaques  de  ITnven- 
tion  de  la  Croix  qui  suivent  soit  la  tradition  orientale . 
soit  la  tradition  occidentale  K 

La  doctrine  d'Addai  ajoute  à  ces  documents  apo- 
cryphes :  1°  une  lettre  d'Abgar  au  roi  de  Perse,  Narsai, 
dans  laquelle  il  fait  connaître  à  celui-ci  les  actes  de  la 
mission  de  lapôtre  Addai;  2^  deux  lettres  de  la  corres- 
pondance entre  le  roi  Abgar  et  lempereur  Tibère. 
Abgar  mande  à  l'empereur  que  les  Juifs  ont  commis 
un  crime  en  crucifiant  le  Christ  qu'ils  auraient  dû 
adorer.  Tibère  répond  que  la  guerre  contre  les  Espa- 
gnols l'a  empêché  de  s'occuper  de  cette  alTaire.  La 
guerre  terminée ,  Tibère  fait  mettre  à  mort  quelques- 
uns  des  chefs  des  Juifs  de  la  Palestine.  Abgar  en  reçoit 
la  nouvelle  et  s'en  réjouit.  Dans  la  lettre  de  Tibère 
l'éparque  de  Syrie  porte  le  nom  d'Olbinus  au  lieu  de 
Sabinus  qui  est  le  nom  indiqué  au  commencement  de 
La  doctrine.  Cette  variante  s'explique  par  l'écriture 
grecque ,  ainsi  que  l'a  remarqué  Gutschmid  ^  :  CA- 
BINOC  a  pu  devenir  facilement  OABINOC.  Celte  lé- 
gende procède  donc  d'un  document  grec.  D'un  autre 
côté,  la  mention  de  la  guerre  d'Espagne  rappelle  le 
récit  précédent  sur  l'Invention  de  la  Croix,  dans  lequel 


i.  M.  Nf.^tle  a  réuni  les  divers  textes  syriaques  dans  un  opuscule 
intitule  De  sancta  crucc,  Berlin,  1889.  Le  P.  Bedjan  a  publié  le  deuxième 
récit  de  l'invention  de  la  Croix  dans  son  premier  volume  des  Acta 
martyrum  et  sanclorum;  et  le  premier  récit  dans  le  troisième  volume 
de  la  même  collection. 

2.  UntersuchunfjPH  vO^r  clic  Gcschichle  des  Kccnigreiclts  Osrhoene, 
Saint-Pétersbourg,  ls8T,  p.  13. 


114  LES  APOCRYPHES 

il  est  également  question  de  la  guerre  contre  les  Espa- 
gnols. Il  est  donc  probable  que  les  deux  légendes  de 
La  doctrine  ont  été  tirées  du  même  document  grec, 
composé  en  Palestine  au  commencement  du  IV^  siècle. 
La  doctrine  a  conservé  l'ordre  dans  lequel  les  deux  lé- 
gendes se  suivaient  dans  l'original  grec;  et  ainsi  s'ex- 
plique la  place  étrange  que  la  légende  de  l'Inven- 
tion de  la  Croix  occupe  dans  La  doctrine ,  au  milieu  du 
sermon  de  l'apùtre. 

La  recension  syriaque  du  Transitas  Mariœ  donne  de 
la  lettre  d'Abgar  à  Tibère  une  rédaction  différente  et 
beaucoup  plus  concise.  Lipsius'  tenait  le  texte  du  Tran- 
sitas pour  le  plus  ancien.  AHI.  Matthes  et  Tixeront^, 
pour  des  raisons  peu  probantes ,  admettent  l'hypothèse 
contraire. 

L'apocryphe  ne  s'arrête  pas  à  la  mort  de  l'apôtre  Ad- 
dai,  comme  on  l'attendrait  du  titre,  mais  il  ajoute  les 
actes  d'Aggai,  le  successeur  de  l'apôtre  dans  l'admi- 
nistration de  l'Eglise  d'Edesse.  Après  la  mort  d'Abgar, 
Edesse  a  pour  roi  un  des  fils  de  celui-ci.  Le  nouveau 
prince,  qui  était  demeuré  pa'ien,  fait  mettre  à  mort/Vg- 
gai  et  lui  fait  briser  les  jambes.  Ce  prince  doit  être  Sé- 
vère Abgar,  le  fils  et  le  successeur  d'Abgar  IX .  qui, 
selon  Dion  Cassius,  se  montra  d'une  cruauté  insigne 
envers  les  habitants  d'Edesse  sous  prétexte  d'intro- 
duire dans  la  ville  les  mœurs  romaines.  Son  père  lui 
avait  donné  le  nom  de  Sévère  en  l'honneur  de  l'empe- 
reur Septime  Sévère.  Celte  conjecture  est  confirmée 
par  un  fragment  syriaque  publié  par  Cureton^,  ainsi 


4.  Die  Edessenische  Abgarsage,  p.  36,  et  Die  apocr.  A2)ostelgeschichten, 
II,  2«  partie,  p.  492. 

2.  :^I.4TTiiEs,  Die  Edess.  Abgarsage  auf  ihre  Forlhildung  untersucht, 
p.  52;  TixEP.ONT,  Les  Origines  de  l'Église  d'Edesse,  p.  73. 

3.  Ane.  syr.  documents,  p.  110,  n°  IV. 


DU  N.  TESTAMENT.  115 

conçu  :  «  Addai  évangélisa  Edesse  et  la  Mésopotamie. 
Il  était  de  Panéas  et  vivait  au  temps  du  roi  Abgar. 
Comme  il  se  trouvait  en  Sophène ,  Sévère ,  fils  dAb- 
gar,  le  fit  tuer  près  de  la  citadelle  d'Aghel,  ainsi  qu'un 
jeune  homme,  son  disciple.  »  Gutschmid  l'a  déjà  re- 
marqué \  ce  texte  dénote  une  source  arménienne.  L'E- 
glise arménienne  fait  remonter  ses  origines  aux  Apôtres 
et  confond  Addai  avec  son  successeur  Aggai  ;  elle  fait 
mourir  en  Arménie  le  missionnaire  qui  avait  évangélisé 
cette  province.  C'est  une  légende,  mais  une  légende 
basée  sur  un  fait  historique. 

La  doctrine  d'Addai  se  termine  par  le  récit  sui- 
vant :  «  Aggai,  ayant  expiré  aussitôt  après  avoir  eu  les 
jambes  brisées,  n'eut  pas  le  temps  d'imposer  les  mains  à 
Palout.  Palout  se  rendit  à  Antioche  et  reçut  l'imposi- 
tion des  mains  de  Sérapion,  évéque  de  cette  ville.  Sé- 
rapion  avait  reçu  l'imposition  des  mains  de  Zéphyrin, 
évêque  de  Rome ,  qui  lui-même  avait  été  consacré  par 
Simon  Pierre.  Celui-ci  avait  été  désigné  par  Notre  Sei- 
gneur et  fut  évêque  de  Rome  pendant  vingt-cinq  ans  au 
temps  de  César  qui  régna  treize  années.  » 

Ce  récit  renferme  des  anachronismes  évidents  :  Sé- 
rapion fut  évéque  d'Antioche  de  190  à  210,  et  Zéphirin 
fut  évêque  de  Rome  de  198  ou  199  à  217.  Les  treize  an- 
nées du  règne  de  César  sont  inexactes,  si  Ton  entend 
Auguste  qui  régna  quarante-cinq  ans;  mais  elles  con- 
viennent à  Septime  Sévère  qui  mourut  en  211,  si  l'on 
compte  les  années  de  son  règne  à  partir  de  197,  mort 
de  son  compétiteur  Albinus.  Ces  anachronismes  mon- 

1.  L'nicrauch.  ueber  die  Geschichte  des  Kœnigreichs  Osrhoene,  p.  16. 
Salomon  DR  iJASsor.A  ilans  son  Livre  de  l'abeille,  éd.  Didge,  Oxford, 
1880,  p.  lii,  reproduit  ce  fragment,  mais  avec  la  variante  de  Ilcrode, 
^£D*oio),  au  lieu  de  Sévère,  ^œoioi»,  confusion  à  laquelle  prête  récri- 
ture syriaque;  mais  celle  confusion  était  inleiilionnelle,  le  nom  d'Hé- 
rode  répondant  mieux  à  l'époque  fixée  par  la  légende  (i"  s.). 


116  LES  APOCRYPHES 

trent  que  la  légende  s'est  développée  de  faits  histori- 
ques. Ces  faits  sont  les  suivants  :  Addai,  originaire 
de  la  Palestine,  évangélise  la  Mésopotamie  dans  la 
deuxième  moitié  du  II''  siècle  de  notre  ère.  11  fonde  à 
Edesse  la  première  église  qu'il  administre  jusqu'à  sa 
mort.  Il  a  pour  successeur  dans  ces  fonctions  Aggai, 
auquel  succède  Palout  à  la  fin  du  IP  siècle. 

Vient  ensuite  la  clausule  des  actes  officiels  :  «  Gomme 
c'est  l'usage  dans  le  royaume  d'Abgar  et  dans  tous 
les  royaumes ,  tout  ce  qui  était  dit  devant  le  roi  était 
écrit  et  déposé  dans  les  archives.  Ainsi  Laboubna,  fils 
de  Sennak,  fils  d'Abdschadar,  le  scribe  du  roi,  a  écrit 
ces  actes  d'Addai,  l'apôtre,  depuis  le  commencement 
jusqu'à  la  fin.  Hannan,  le  secrétaire-archiviste  du  roi,  y 
a  apposé  son  témoignage  et  Ta  déposé  dans  les  archives 
des  actes  royaux ,  où  sont  conservés  avec  soin  et  sans 
omission  les  décrets,  les  lois  et  les  contrats  de  vente.  » 
Cette  clausule  se  trouvait  également  dans  le  texte  sy- 
riaque qu'Eusèbe  avait  sous  les  yeux,  et  c'est  à  elle  que 
fait  allusion  l'éminent  historien,  quand  il  dit  que  le  do- 
cument a  été  tiré  pour  lui  des  archives  d'Edesse. 

A  la  légende  d'Abgar  se  rattache  par  quelques  points 
la  légende  des  trente  deniers  de  Judas  qui,  d'un  autre 
côté,  appartient  à  la  littérature  des  Livres  des  jubi^ 
lés  '.  Les  deniers  remis  à  Judas  pour  prix  de  sa  trahi- 
son avaient  été  frappés  par  Térach  qui  les  avait  donnés 
à  son  fils  Abraham  ;  des  mains  d'Abraham ,  ils  avaient 
passé  en  la  possession  d'Isaac,  puis  des  Pharaons 
d'Egypte  et  de  la  reine  de  Saba,  laquelle  les  avait  lais- 
sés à  Salomon.  Nabuchodonosor  s'en  était  emparé 
après  la  prise  de  Jérusalem  et  en  avait  fait  don  aux 

1.  CeUe  légende  se  trouve  dans  Prsetermissorum  libri  duo,  éd.  La- 
garde,  GœUingue,  1879,  p.  94,  et  dans  Le  livre  de  l'abeille,  éd.  Budge, 
p.  107-108  (trad.,  p.  93-90). 


DU  N.  TESTAMENT.  117 

rois  Mages.  Ceux-ci,  pendant  leur  voyage  à  Bethléem, 
égarèrent  les  deniers  aux  bords  d'une  fontaine  près 
d'Edesse.  Des  marchands  les  trouvèrent  et  s'en  servi- 
rent pour  acheter  à  des  pâtres  la  tunique  sans  couture 
qu'un  ange  avait  apportée  à  ceux-ci.  Le  roi  dEdesse, 
Abgar,  ayant  eu  connaissance  de  ces  faits,  se  fit  livrer 
la  tunique  et  les  deniers,  et  il  les  envoya  à  Jésus  en 
reconnaissance  de  la  guérison  que  Xotre  Seigneur  lui 
avait  procurée.  Jésus-Christ  garde  la  tunique  pour  lui 
et  fait  porter  au  temple  les  deniers  qui  devaient  ache- 
ter le  traître. 

La  doctrine  d'Addai  a  fourni  à  Jacques  de  Saroug  le 
sujet  d'un  de  ses  cantiques  '.  Cet  apocryphe  ne  de- 
meura pas  localisé  dans  Edesse,  mais  se  répandit  en 
Occident  et  en  Orient.  Nous  le  retrouvons,  avec  de 
nouveaux  développements ,  en  Arménie ,  en  Perse ,  en 
Babylonie.  Nous  nous  bornerons  à  parler  ici  des  docu- 
ments syriaques  qui  se  rattachent  à  cet  apocryphe  et 
en  continuent  la  tradition  dans  les  pays  orientaux. 

Le  principal  de  ces  documents ,  Les  actes  de  Mar 
Mari  ou  de  saint  Maris  - ,  concerne  l'évangélisation 
de  l'Assyrie,  de  la  Babylonie  et  de  la  Perse.  Cet  apo- 
cryphe représente  la  tradition  nestorienne;  il  a  pour 
objet  de  faire  remonter  aux  apôtres  la  fondation  de  l'é- 
glise de  Koké  près  de  Ctésiphon ,  où  était  le  siège  des 
patriarches  de  lOrient.  Mari  n'est  pas  connu  des  Sy- 
riens occidentaux  qui  n'en  parlent  pas  jusqu'à  Barhe- 
braeus.  Celui-ci  rapporte  les  actes  de  Mari  au  commen- 
cement de  la  seconde  partie  de  sa  chronique  ecclésiasti- 

1.  Un  extrait  de  ce  cantique  a  été  publié  par  Cureton,  A)ir.  syr.  do- 
cuments, p.  107;  à  la  suite,  p.  108-HO,  divers  extraits  relatifs  à  Abgar  et 
à  Addai. 

2.  Acta  sancli  Maris  syriace  sive  aramaicc,  éd.  AnnELOos.  Bruxelles, 
1883,  avec  une  traduction  latine;  réédités  dans  le  I"  vol.  des  Acta  mar- 
tyrum  et  sanctorum  du  P.  Bf.djax,  Paris,  1890. 

7. 


118  LES  APOCRYPHES 

que,  à  la  suite  des  actes  d'Addai  et  d'Aggai  ;  il  a  em- 
prunté son  récit  aux  livres  nestoriens,  probablement 
au  Livre  de  la  tour  de  Mari,  fils  de  Salomon. 

La  rédaction  de  ces  actes  n'est  pas  antérieure  au 
YP  siècle.  On  n'y  surprend  aucun  souvenir  précis  des 
temps  païens;  les  populations  que  l'apôtre  convertit 
adorent  des  démons  habitant  des  arbres  ou  des  pierres, 
c'est  à  peine  s'il  est  fait  allusion  au  culte  des  astres  en 
Babylonie  ou  au  culte  du  feu  en  Perse.  Les  miracles 
que  l'apôtre  accomplit  n'ont  aucun  cachet  original;  ce 
sont  des  arrangements  de  miracles  connus  par  ailleurs, 
notamment  par  le  livre  de  Daniel. 

Les  actes  de  Mari  sont  précédés  d'une  introduction 
dans  laquelle  sont  mentionnés  :  le  groupe  de  bronze  de 
Panéas  représentant  le  Seigneur  et  la  femme  hémor- 
rhoïsse,  d'après  Eusèbe;  la  correspondance  d'Abgar  et 
de  Jésus ,  le  portrait  du  Seigneur,  la  guérison  d'Abgar 
et  la  conversion  des  habitants  d'Édesse  par  l'apôtre 
Addai,  d'après  La  doctrine  d'Addai.  Après  cette  intro- 
duction, l'auteur  aborde  son  sujet.  Mari,  un  des  disci- 
ples d'Addai,  est  désigné  par  son  maître  pour  l'évangé- 
lisationde  l'Orient.  Ce  missionnaire  quitte  Edesse  avec 
les  disciples  Philippe,  Malkjésu  et  Adda;  il  se  rend  à 
Arzoun  sur  la  frontière  de  l'Arménie,  et  envoie  Philippe 
à  Gozarte  (ouKardou);  puis  il  descend  vers  le  sud,  con- 
vertit l'Assyrie,  les  provinces  du  grand  et  du  petit  Zab, 
de  laGaramée,  et  arrive  en  Babylonie.  Les  habitants 
de  Séleucie  sont  adonnés  aux  débauches  et  à  l'ivresse 
—  réminiscence  de  lancienne  Babel  et  des  festins  de 
Balthazar  —  et  l'apôtre  n'a  d'action  sur  eux  qu'en  pre- 
nant part  à  leurs  orgies.  Mari  est  mieux  reçu  à  Ctési- 
phon,  grâce  à  la  nouvelle  des  cures  qu'il  a  faites  à  Sé- 
leucie ;  le  roi  Artaban  l'envoie  à  Dorkoni  auprès  de  sa 
sœur  malade;  celle-ci,  après  sa  guérison,  construit, 


DU  N.  TESTAMENT.  119 

sur  la  demande  du  saint,  les  églises  de  Dorkoni  et  de 
Koké  qui  sont  appelées  à  un  grand  renom.  Kaschkar 
(le  siège  d'un  des  principaux  évêchés  nestoriens,  reçoit 
sans  résister  la  bonne  parole,  mais  la  Mésène  (occupée 
en  partie  par  les  Mandéens  demeure  sourde  aux  ser- 
mons de  l'apôtre.  Celui-ci  va  prêcher  la  Susianne  et 
pénètre  dans  l'intérieur  du  pays  jusqu'aux  frontières 
de  rinde  que  l'apotre  Thomas  évangélise.  De  retour  en 
Babylonie,  Mari  visite  ses  églises  et  ses  disciples  et  il 
proclame  que  le  directeur  de  l'église  de  Koké  aura  la 
préséance  sur  tous  les  évêques  de  l'Orient,  parce  que 
cette  église  fut  fondée  la  première  de  toutes.  Il  mande 
à  Dorkoni  son  disciple  Papas  et,  en  présence  du  clergé, 
il  le  nomme  son  successeur.  L'apôtre  Mari  quitte  en- 
suite ce  monde  pour  la  vie  éternelle  et  son  corps  est 
déposé  dans  l'église  de  Dorkoni. 

Papas,  qui  est  désigné  dans  ces  actes  comme  le  suc- 
cesseur de  Mari,  fut  élu  primat  d'Orient  en  266  '.  Cette 
date  est  trop  basse  pour  que  Mari  ait  été  le  disciple 
d'Addai,  même  dans  l'hypothèse  admise  par  la  critique 
qu'Addai  aurait  vécu  dans  la  deuxième  moitié  du  11^ 
siècle,  car  il  y  aurait  un  intervalle  de  cent  ans  jusqu'en 
266.  Suivant  Le  lii>re  de  la  tour  -,  Mari  serait  mort  en 
l'an  82.  La  lacune  entre  Mari  et  Papas  se  trouve  consi- 
dérablement augmentée,  puisque,  entre  82  et  266,  il  y  a 
une  différence  de  184  ans;  cette   lacune  est  comblée 
dans  Le  livre  de  la  tour  et  dans  la  chronique  de  Barhe- 
brœus  au  moyen  de  cinq  patriarches  intermédiaires, 
dont  l'historicité  peut  être  mise  en  doute.  Si  Ton  ac- 
cepte comme  exacte  la  mention  de  Papas,  successeur 
de  Mari,  l'apôtre  de  la  Mésopotamie  orientale  et  de 


\.  BAniiEBP.CLN.  Chron.  eccl.,  II,  p.  27. 

2.  Ci>MoNDi,   Maris,   Aniri  et   .'Slibx   de  patriarchis  Neslorianorum 
commentaria,  pars  prior,  p.  5;  pms  altéra,  p.  2,  Rome,  1896-1809. 


120  LES  APOCRYPHES 

la  Babylonie  aurait  vécu  vers  le  milieu  du  IIP  siècle. 

Suivant  une  autre  tradition,  recueillie  par  La  doctrine 
des  apôtres  (chez  Cureton^),  Le  livre  de  la  tour-. 
L'histoire  de  la  ^nlle  de  Beit-Slok^  et  Barhebrœus^, 
l'évangélisation  de  ces  contrées  aurait  eu  lieu  par  l'a- 
pôtre Addai  lui-même,  accompagné  de  ses  deux  disci- 
ples Aggai  et  Mari.  Le  livre  de  la  tour  fait  même  de 
Mari  un  disciple  direct  de  Jésus-Christ,  dont  il  aurait 
entendu  la  parole,  car  il  se  trouvait  parmi  les  délégués 
qu'Abgar  avait  envoyés  en  Palestine. 

Parmi  les  apocryphes  plus  récents,  on  a  en  syriaque 
1°  L'histoire  d'Arseniiis,  un  roi  dÉgj^pte  que  Notre 
Seigneur  ressuscita  pour  en  faire  un  ascète  chrétien  ^  ; 
2°  Les  lettres  de  Notre  Seigneur  descendues  du  ciel 
pour  recommander  la  sanctification  du  dimanche^.  Le 
syriaque  procède  très  probablement  d'un  original  arabe. 

4.  Clreton,  Ane.  syr.  documents,  p.  34. 

-2.  GisMONDi,  Maris,  Amri  et  Slibœ,  etc.,  p.  1;  Assémam,  B.  0.,  ni, 
n,  p.  48  et  suiv. 

3.  Hoffmann,  Auszûge  ans  syy^ischen  ALten  pers.  Mariyrer,  Leipzig, 
4880,  p.  45;  voir  le  texte  syriaque  dans  Moesixgeu,  Monumenta  sy- 
i'iaca,U,  p.  G5,  et  dans  Bedjan,  Acta  martyrum  et  sanctorum,  II,  p.  512. 

4.  Chron.  eccL,  ïî,  p.  14. 

5.  Publié  M.  Hall  daus  Hebraica,  V,  p.  81-88.  CoiDp.  Sacuau,  Verzeichniss 
der  syr.  Handschriften,  Berlin,  4893,  p.  201  et  373. 

G.  Texte  et  traduction  de  deux  recensions  syriaques  par  M.  Hall  dans 
le  Journal  of  Ihe  American  Or.  Society,  XIII,  p.  34  (à  la  suite,  une 
hymne  sur  les  Saints  Mystères);  et  X\^  p.  421  (à  la  suite,  un  écrit  mys- 
tique sur  le  diagnostique  des  maladies).  Sur  cet  apocryphe,  consulter  : 
Pr^tohils,  Mazhafa  Tcmdr,  Leipzig,  48G9;  René  Basset,  Mashafa  To- 
mar,  Il«  iasc.  des  Apocryphes  éthiopiens  traduits  en  français,  Paris, 
1893;  Saciiai',  Verzeichniss  der  syr.  Handschriften,  n°'  73,  140  et  479. 


IX 


LES    ACTES    DES    MARTYRS    ET    DES    SAINTS. 

Ces  actes  sont,  dans  la  littérature  syriaque,  comme 
dans  les  autres  littératures  chrétiennes,  l'objet  de  nom- 
breux écrits  qui  s'étendent  sur  une  longue  période 
d'années.  Les  premiers  en  date  nous  ont  conservé  les 
noms  des  confesseurs  qui  subirent  le  martyre  pendant 
les  persécutions  contre  les  chrétiens.  Ces  persécutions 
se  divisent  en  deux  groupes  distincts  :  les  premières 
furent  exercées  dans  l'empire  oriental  des  Romains, 
au  nom  des  édits  des  empereurs;  les  secondes  eurent 
pour  théâtre  l'empire  perse  sous  la  dynastie  des  Sas- 
sanides.  Les  actes  syriaques  sur  les  persécutions  des 
Romains  sont  limités  à  la  Mésopotamie  occidentale,  le 
grec  étant  la  langue  littéraire  de  la  Syrie  cis-euphra- 
tique  à  cette  époque-là. 

§  1.  —  Les  actes  des  martyrs 
de  la  Mésopotamie  occidentale. 

Le  recueil  de  ces  actes  est  peu  volumineux  ;  il  com- 
prend le  récit  des  martyres  de  Scharbil ,  de  Barsamya, 
de  Gouria  et  Schamouna ,  et  de  Habib,  qui  eurent  lieu 
à  Édesse  à  différentes  époques.  Cette  ville  était  le  siège 
du  gouvernement  de  la  Mésopotamie  romaine  et  sou- 


d22  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

mise  à  l'action  directe  du  gouverneur  civil  et  militaire; 
elle  était,  de  plus,  la  métropole  des  chrétiens  de  cette 
province  ;  là  plus  qu'ailleurs ,  ces  chrétiens  étaient  ex- 
posés aux  accusations  de  crime  de  lèse-majesté  pour 
refus  de  se  soumettre  aux  édits  des  empereurs.  Cepen- 
dant les  poursuites  ne  furent  pas  nombreuses.  L'au- 
teur des  actes  de  Habib  prétend  que  «  beaucoup  de 
chrétiens  furent  poursuivis,  mais  qu'ils  confessaient 
ouvertement  leur  foi,  sans  crainte  des  persécutions 
parce  que  les  persécutés  étaient  plus  nombreux  que 
les  persécuteurs'.  «  Ces  paroles  sont  plutôt  d'un  apo- 
logiste que  d'un  historien. 

Les  actes  de  Scharbil  et  de  Barsamya  peuvent  être 
analysés  en  quelques  lignes.  La  quinzième  année  de 
Trajan,  laquelle,  suivant  les  synchronismes  indiqués 
dans  ces  actes,  répond  à  la  troisième  année  du  règne 
d'Abgar  VII  d'Édesse  et  à  l'année  416  de  l'ère  des  Sé- 
leucides  (105  de  J.-C),  cette  année-là  l'empereur  or- 
donne de  faire  des  sacrifices  aux  dieux  et  de  punir  de 
mort  quiconque  refuserait  de  prendre  part  à  ces  sacri- 
fices. Les  ordres  de  l'empereur  arrivent  à  Edesse  pen- 
dant la  fête  de  nisdn  (avril) ,  que  présidait  le  grand- 
prêtre  Scharbil  et  à  laquelle  assistait  le  roi  Abgar. 
Barsamya,  l'évèque  d'Édesse,  convertit  en  secret  à  la 
religion  chrétienne  le  grand-prêtre  qui  se  refuse  à  im- 
moler aux  faux  dieux,  et  cette  conversion  entraîne 
celle  des  grands  de  la  ville.  Le  gouverneur  romain 
Lysanias,  après  avoir  en  vain  cherché  à  ramener 
Scharbil  à  ses  anciens  sentiments,  lui  applique  la  tor- 
ture et  le  fait  mettre  en  prison.  C'est  seulement  le  deux 


1.  CuHETON,  Ane.  syr.  documents,  p.  73.  C'est  dans  cet  ouvrage,  p.  41 
et  suiv-,  qu'ont  été  publiés,  avec  une  traduction  anglaise,  les  actes  de 
Scharbil,  de  Rarsamya  et  de  IIaI)ib,  que  M.  Bedjan  a  réédités  dans  le 
premier  volume  de  se?,  Acta  martyrum  et  sanctorum,  Paris,  1890. 


DE  LA  MÉSOPOTAMIE.  123 

iloul  (septembre)  suivant  que  Scharbil  est  supplicié 
avec  sa  sœur  Babai.  Les  actes  de  Scharbil  sont  suivis 
de  la  clausule  officielle  :  «  Nous,  Macrin  et  Anatole ,  les 
scribes  publics,  nous  avons  rédigé  ces  actes  et  nous 
les  avons  déposés  dans  les  archives  de  la  ville  où  les 
actes  publics  sont  conservés.  L'évêque  Barsamya  qui 
convertit  le  prêtre  Scharbil  existait  aux  jours  de 
Fabien,  évéque  de  Rome.  »  Suit  le  récit  dun  miracle 
qai  arriva  à  Rome  à  l'époque  de  Fabien. 

Les  actes  de  Barsamya  donnent  les  mêmes  synchro- 
nismes  que  les  actes  de  Scharbil.  moins  Tannée  d'Ab- 
gar  yil,  et  ils  mentionnent  en  plus  le  consulat  de  Com- 
mode et  de  Cerialis.  Le  cinq  iloul,  Barsamaya  est 
dénoncé  au  gouverneur  Lysanias  comme  étant  l'auteur 
de  la  conversion  de  Scharbil.  Cet  évêque  est  envoyé  en 
prison.  Après  de  longs  jours ,  il  est  ramené  devant  le 
juge  et  il  subit  les  premières  tortures ,  lorsque  arrivent 
à  Edesse  «  les  lettres  d'Alusis,  le  grand  hyparque 
[vnuo/og] ,  le  père  des  empereurs  »  ,  qui  mettent  fin  à 
la  persécution.  Ces  actes,  dit  la  clausule  finale,  ont  été 
rédigés  par  les  greffiers  (exceptoi^es),  Zénophile  et  Pa- 
trophile,  et  contresignés  par  les  scribes-archivistes. 
Diodore  et  Euterpe.  La  clausule  ajoute  :  «  Barsamya, 
l'évêque  dEdesse,  qui  convertit  le  prêtre  Scharbil,  vi- 
vait aux  jours  de  Fabien,  évêque  de  Rome.  Barsamya 
avait  reçu  le  sacerdoce  d'Abschelama  qui  fut  évêque 
d'Edesse.  Abschelama  avait  reçu  le  sacerdoce  de  Pa- 
lout,  le  premier  (évêque  d'Edesse^.  Palout  l'avait  reçu 
de  Sérapion,  évêque  d'Antioche,  et  celui-ci  l'avait  reçu 
de  Zéphyrin,  évêque  de  Rome.  » 

Nous  avons  reproduit  les  clausules  des  actes  de 
Scharbil  et  des  actes  de  Barsamya  pour  rendre  évi- 
dente la  corrélation  qui  existe  entre  elles  et  la  clausule 
deL«  doctrine  clAddai  rapportée  sous  le  n°  précédent. 


124  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

Ces  actes,  en  eiïet,  dépendent  de  La  doctrine  pour  l'épo- 
que qu'ils  fixent  da  martyre  de  ces  confesseurs.  Palout 
d'Edesse  ayant  été  sacré  évêque  par  Sérapion  d'Antio- 
che  vers  Tan  200,  c'est  dans  la  première  moitié  du 
IIl^  siècle  qu'on  doit  placer  ses  deux  successeurs,  Ab- 
sclielama  et  Barsamya.  La  mention  de  Fabien  de  Rome, 
contemporain  de  Barsamya,  nous  conduit  au  même 
résuUat  ;  Fabien  fut  pape  de  23G  à  250.  La  persécution 
dont  il  est  question  ici  est  donc  celle  de  Dèce,  de  249- 
251,  et  non  celle  de  Trajan.  La  confusion  des  deux 
empereurs  romains  était  rendue  facile  par  le  nom  de 
Trajan  que  Dèce  portait  également,  mais  elle  a  été 
faite  surtout  pour  que  les  actes  de  Barsamya  concor- 
dassent chronologiquement  avec  La  doctrine  d'Addai. 
Cet  apocryphe  ayant  reculé  de  près  de  cent-cinquante 
ans  l'époque  de  Palout,  l'âge  de  Barsamya  devait  ré- 
trograder du  même  nombre  d'années. 

Ces  conclusions  sont  confirmées  par  d'autres  obser- 
vations'. La  rédaction  des  actes  témoigne  elle-même 
de  l'anachronisme  :  la  mise  en  scène,  les  épisodes  du 
drame,  la  procédure  suivie,  le  genre  des  supplices,  tout 
montre  la  Mésopotamie  devenue  province  romaine  ;  cette 
province  est  administrée  par  un  gouverneur  romain, 
qui  réside  à  Edesse  et  rend  la  justice.  Cet  état  politi- 
que nous  conduit  au  IIP  siècle;  antérieurement  il  est 
incompréhensible.  Le  général  de  Trajan,  Lucius  Quie- 
tus,  s'empara,  il  est  vrai,  d'Edesse  en  l'an  115,  mais 
la  conquête  de  Trajan  fut  éphémère  et  n'eut  aucune 
influence  sur  l'administration  de  la  ville.  On  voit  appa- 
raître, dans  les  actes  de  Scharbil,  Abgar  VII,  mais 
son  rôle  est  effacé;  ce  prince  règne,  il  ne  gouverne  pas. 

1.  Voir  sur  ce  sujet  et  les  difTcrenles  sources  de  la  critique,  Les 
actes  de  Scharbil  et  les  actes  de  Barsamya,  par  R.  Duval  dans  le  Jour- 
nal asiatique,  juillet-août  1889,  p.  40  et  suiv. 


DE  LA  MESOPOTAMIE.  12*6 

La  persécution  prend  fin  par  l'êditdes  empereurs  no- 
tifié par  tes  lettres  du  grand  hyparque  Alusis,  le  père 
des  empereurs.  De  quel  édit  s'agit-il  dans  cette  phrase 
singulière?  Évidemment  de  ledit  de  tolérance  de  Cons- 
tantin, rappelé  en  termes  plus  précis  dans  les  actes  de 
Habib'.  Le  deux  iloul^  est-il  dit  dans  ces  actes,  la 
nouvelle  de  la  marche  de  Constantin  contre  Licinius 
agita  les  provinces  et  amena  un  ralentissement  dans 
la  persécution  des  églises.  Mais  quel  est  ce  personnage 
du  nom  (ÏAlusis  qualifié  de  père  des  empereurs. 
M.  Tixeront-  rapproche  un  certain  Eleusius,  préfet  de 
la  Mésopotamie  sous  Dioclétien;  pour  une  si  mince 
personne  ,/?^/'e  des  empereurs  est  un  titre  bien  gros  ;  de 
plus  la  persécution  de  Dioclétien  n'a  rien  à  faire  ici. 
Nous  préférons  voir  dans  le  mot  Alusis  une  personni- 
fication du  grec  r-  lîoi;  le  dénouement  ou  la  fin  de  la 
persécution.  Si  ces  actes  sont  antidatés  sous  l'influence 
de  La  doctrine  d'Addai,  ils  sont,  d'un  autre  côté, 
postdatés  sous  l'influence  des  actes  de  Habib  ,  auxquels 
ils  ont  emprunté  encore  d'autres  traits. 

Les  allusions  au  concile  de  Nicée  sont  claires  dans 
ces  actes;  il  suffira  de  rappeler  le  passage  suivant^  : 
a  Jésus-Christ  qui  a  revêtu  un  corps  est  Dieu,  fils  de 
Dieu,  consubstantiel  à  son  père,  participant  de  la  na- 
ture de  son  auteur,  lumière  adorable  de  sa  divinité  . 
rayon  glorieux  de  sa  grandeur  ;  il  était  avec  son  Père 
dès  le  principe  et  dès  l'éternité.  »  Ces  allusions  sont 
également  sensibles  dans  La  doctrine  d' Addai.  Il  serait 
facile  d'énumérer  de  nombreuses  analogies  pour  mon- 
trer la  dépendance  des  actes  de  Scharbil  et  de  Bar- 
samya  du  document  plus  ancien  de  La  doctrine.  Nous 

i.  Clt.eton,  Ane.  syr.  documents,  p.  83,  1.  3. 

2.  Les  Orifjines  de  l'É'jlise  d'Édesse,  p.  1-25,  noie  4. 

3.  Ane.  sijr.  documents,  p.  43,  I.  i^. 


126  LES  ACTES  DES  M.VRTYRS 

remarquerons  seulement  que  les  grands  d'Edesse  con- 
vertis par  l'apôtre  Addai  :  Avida,  Labou,  Hafsai  et 
BarkallDa  sont  ceux-là  mêmes  qui  sont  convertis  de 
nouveau  par  Barsamya. 

La  rédaction  des  actes  de  Scharbil  et  des  actes  de 
Barsamya  ne  peut  donc  pas  être  antérieure  au  Y''  s.  A 
cette  époque  les  souvenirs  des  premiers  siècles  de 
notre  ère  étaient  déjà  loin  et  on  ne  s'étonnera  pas  des 
erreurs  que  renferment  les  synchronismes  fournis  par 
ces  actes.  Le  consulat  de  Commode  et  de  Cerialis  in- 
diqué par  les  actes  de  Barsamya  eut  lieu  la  neuvième 
année  de  Trajan  en  106,  et  non  la  quinzième  année  en 
112;  il  correspond,  aune  année  près,  à  Tan  416  des 
Séleucides  '105  de  J.-C).  En  outre  la  prise  d'Edesse 
par  les  Romains  eut  lieu  en  Tan  115  ;  la  persécution  de 
Trajan  ne  pouvait  donc  s'étendre  à  Edesse  ni  en  106, 
ni  en  112. 

Les  actes  de  Gouria  et  de  Schamouna,  que  Théo- 
phile avait  rédigés  en  syriaque ,  ainsi  que  nous  l'ap- 
prend la  clausule  des  actes  de  Habib ,  ne  nous  sont 
malheureusement  pas  parvenus  dans  l'original.  Mais 
la  littérature  arménienne  possède  de  ces  actes  une 
version'  qui  semble  littérale  et  qui  est  plus  complète 
que  la  version  grecque  de  Métaphraste  et  la  version  la- 
tine  d'après  Métaphraste  -. 

Le  martyre  de  Gouria  et  de  Schamouna  eut  lieu  en 
l'an  600  des   Séleucides  (289   de   J.-C),   la  neuvième 

1.  Celte  version  a  été  découverte  au  mois  d'août  189G  à  la  bibliotlic- 
que  de  la  ville  d'Edschmiatsin  et  a  été  publiée  par  M.  Galoust  Mker- 
TciiiAN  dans  le  journal  A7'arat,  août  iSOG.  Elle  a  été  traduite  en  anglais 
par  M.  CoNYBEAP.E  dans  le  journal  The  Guardian,  n°  du  10  lévrier  1897. 

2.  Voir  la  version  grecque  dans  la  Patrol.  gr.  de  Migne,  t.  CXVI, 
p.  143,  à  la  suite  des  actes  de  Scharbil  et  de  Barsamya;  la  version  latine 
dans  Scuius,  De  jirobatis  Sanctorum  vitis,  au  15  nov.,  p.  339;  une  autre 
rédaction,  ibid.,  p.  3'i5;  dans  les  BoUandistes,  au  lo  nov.  CcnETOx  a  réé- 
dité la  version  latine  dans  Ane.  syr.  doc,  p.  113  et  suiv. 


DE  LA  MÉSOPOTAMIE.  127 

année  de  Dioclétien,  sous  le  sixième  consulat  de  Maxi- 
mien, alors  qu'Abgar,  fds  de  Zoara,  était  préteur,  et 
Kona  était  évoque  d'Edesse;  tels  sont  les  synchro- 
nismes  fournis  par  les  actes.  Gouria  et  Schamouna, 
deux  jeunes  gens,  qui  s'étaient  consacrés  à  la  vie  reli- 
gieuse, sont  cités  devant  Antonius,  le  gouverneur 
d'Edesse,  parce  quïls  ont  refusé  de  sacrifier  aux  dieux. 
Ils  sont  mis  en  prison  avec  beaucoup  d'autres  chrétiens. 
Quelque  temps  après,  Dioclétien  mande  àMusonius,  le 
gouverneur  d'Antioche,  de  se  rendre  à  Edesse  et  d'ins- 
truire le  procès  des  prisonniers.  Gouria  et  Schamouna 
sont  condamnés  à  mort  et  ils  sont  exécutés  le  quinze 
novembre  de  la  même  année. 

Le  martyre  de  Habib  est  fixé,  dans  les  actes  rédigés 
par  Théophile,  à  l'année  620  des  Séleucides  [309 
de  J.-C; ,  sous  le  consulat  de  Licinius  et  de  Constan- 
tin, Julius  et  Barak  étant  stratèges,  Kona  étant  évoque 
d'Edesse.  Habib  est  dénoncé  et  poursuivi  à  cause  de  la 
propagande  active  qu'il  fait  dans  la  campagne  d'Edesse 
en  faveur  de  la  religion  chrétienne.  C'est  le  deux  iloul 
(septembre)  que  ce  confesseur  subit  le  supplice  du  bû- 
cher. Aussitôt  après,  ajoutent  les  actes ,  la  nouvelle  de 
la  marche  de  Constantin  contre  Licinius  détourne  les 
esprits  de  la  persécution  contre  les  églises,  qui  retrou- 
vent un  peu  de  repos.  La  clausule  relative  à  la  rédac- 
tion des  actes  est  ainsi  conçue  :  «  Moi,  Théophile,  qui 
étais  païen  de  naissance  et  qui  ai  confessé  ensuite  le 
Christ,  je  me  suis  empressé  de  prendre  copie  des  actes 
de  Habib,  comme  j'avais  écrit  autrefois  les  actes  des 
martyrs  Gouria  et  Schamouna,  ses  compagnons.  Il 
les  avait  félicités  du  supplice  du  glaive  qu'ils  reçurent, 
il  les  imita  par  le  supplice  du  bûcher.  Si  j'ai  mentionné 
l'année ,  le  mois  et  le  jour  du  martyre  de  ces  confes- 
seurs, ce  n'est  pas  pour  ceux  qui ,  comme  moi,  en  ont 


128  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

été  témoins ,  mais  c'est  afin  que  ceux  qui  viendront  plus 
tard,  sachent  à  quelle  époque  vécurent  ces  confesseurs 
et  quels  sont  aussi  les  actes  des  anciens  martyrs  au 
temps  de  Dioclétien  et  des  autres  empereurs,  etc.  » 

Les  dates  fournies  par  les  actes  de  Habib  sont  exac- 
tes et  concordent  entre  elles.  Nous  pouvons  tenir  ces 
actes  pour  authentiques.  Les  inexactitudes  du  récit, 
qui.  présente  Constantin  comme  déjà  chrétien  lors  de 
son  expédition  contre  Maxence  et  qui  confond  Maxence 
avec  Licinius,  s'expliquent  facilement  de  la  part  d'un 
auteur  oriental  qui  vivait  loin  du  théâtre  des  évé- 
nements. On  ne  doit  donc  pas  s'arrêter  à  l'opinion  de 
Lipsius  qui,  pour  cette  seule  raison,  rejetait  l'authen- 
ticité des  actes,  et  plaçait  arbitrairement  le  supplice 
de  Habib  quelques  années  plus  tôt  sous  Galère. 

Les  actes  des  martyrs  d'Edesse  ont  leur  intérêt  his- 
torique et  littéraire.  Ils  nous  montrent  tout  l'attirail  de 
l'administration  romaine  si  savamment  organisée, 
transporté  en  Mésopotamie  avec  les  termes  techniques 
de  la  langue  juridique  et  officielle.  De  là  le  grand  nom- 
bre des  mots  grecs  et  latins  que  contiennent  ces  actes, 
et  dont  quelques-uns  demeurèrent  dans  la  langue  cou- 
rante. Ce  serait  une  erreur  de  croire ,  en  se  fondant  sur 
ces  mots,  que  ces  documents  ont  été  écrits  primitive- 
ment en  grec  ;  ils  sont  syriaques  et  ont  été  rédigés  à 
Edesse.  On  en  trouve  trace  dans  la  littérature  posté- 
rieure. Saint  Ephrem  mentionne,  dans  une  homélie  ^  , 
Gouria,  Schamouna  et  Habib.  Jacques  de  Saroug  a 
composé  des  homélies  sur  Scharbil ,  Gouria  et  Scha- 
mouna, et  Habib-. 


1.  s.  Ephrœmi  carmina  nisibena,  éd.  Bickell,  Leipzig,  iSGG,  p.  53. 

2.  L'iiomclie  sur  Scharbil  a  été  publiée  par  Moesingep.  dans  le  deuxième 
vol.  des  Monumenta  syriaca,  p.  o2-G3  ;  les  homélies  sur  Gouria  et  Sclia- 
mouna,  et  sur  Habib  ont  été  éditées  par  Cuketon,  Ane.  syr.  documents, 


DE  LA  MESOPOTAiMiE.  129 

La  ville  de  Samosate  fut  aussi  Tobjet  de  pcrséciilions 
religieuses.  On  rapporte  à  la  troisième  année  de  ^laxi- 
min  (308)  le  supplice  de  plusieurs  chrétiens  de  cette 
ville,  à  roccasion  de  sacrifices  offerts  dans  le  temple 
de  la  Fortune.  Hipparchus  et  Philotheus  sabstiennent 
d'assister  à  ces  sacrifices;  ils  convertissent  en  outre 
leurs  amis,  de  nobles  patriciens  :  Jacob,  Paragrus, 
Habib,  Romanus,  Lulianius.  Ils  sont  tous  arrêtés,  tor- 
turés et  finalement  crucifiés.  Les  actes  de  ces  martyrs 
ont  été  rédigés  probablement  par  des  témoins  oculai- 
res; ils  renferment  une  intéressante  description  de  la 
ville  de  Samosate.  Ev.  Assémani,  qui  les  a  publiés 
[Acta  Maj't.  II,  123-147),  rapportait  cette  persécution  à 
Maximien,  mais  M.  Schulthess  croit  avec  plus  de  raison 
qu'il  s'agit  de  Maximin  Galère  qui  sévit  cruellement 
contre  les  chrétiens  ^ 

§  2.  —  Les  actes  des  martyrs  de  la  Perse. 

L'ère  des  persécutions  était  à  peine  close  en  Occi- 
dent ,  qu'elle  s'ouvrait  en  Orient  contre  les  chrétiens  de 
l'empire  perse.  Les  premières  persécutions  datent  de 
Sapor  II,  qui  régna  soixante-dix  ans,  de  l'an  309  à  l'an 
379;  elles  n'eurent  pas  un  caractère  général  et  une 
durée  déterminée  comme  en  Occident;  fomentées  par 
les  Mages,  elles  furent  ordonnées  par  les  rois  perses 
qui  connaissaient  les  sympathies  de  leurs  sujets  chré- 
tiens pour  leur  ennemi  séculaire,  les  Romains.  Même 
après  Yédit  contre  V Église ^  promulgué  par  Sapor  la 
neuvième  année  de  son  règne,  les  persécutions  demeu- 
rèrent localisées  dans  les  provinces  de  l'empire. 

rt  réimprimées  par  le  r.  Bf.djas  dans  le  premier  vol.  des  Acla  marty- 
lum  et  sanrAorum. 
1.  Zeitschr.  dtr  deut.  morgenl.  GeselL,  t.  LI,  p.  379,  note  2. 


130  LCS  ACTES  DES  MARTYRS 

Les  actes  syriaques  des  martyrs  de  la  Perse  renfer- 
ment de  précieuses  données  sur  l'histoire  et  la  géogra- 
phie de  la  Perse  à  l'époque  des  Sassanides*.  Les  pre- 
miers de  ces  actes  relatent  le  martyre  de  deux  frères, 
Adourparwa  et  Mihrnarsé,  et  de  leur  sœur  Mahdoukt, 
qui  eut  lieu  dans  la  montagne  de  Berain,  aux  environs 
de  Beit-Slok  (aujourd'hui  Kerkouk),  la  capitale  du  Beit- 
Garmai,  l'an  9  de  Sapor  II,  en  318  de  notre  ère.  Ces 
actes  ont  été  rédigés  par  Rabban  Gabriel,  un  moine 
du  couvent  de  Beit-Abé,  qui  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  VIP  siècle^;  ils  rapportent  de  nombreuses 
légendes  qui  recouvrent  la  tradition  primitive^. 

La  dix-huitième  année  de  Sapor,  en  327,  eut  lieu  le 
martyre  de  Zebina,  Lazare,  Marout,  Narsai,  Élia, 
Mahri,  Habib,  Saba,  Schembaiteh,  Yonan  et  Berikjésu. 
Suivant  les  auteurs  grecs  et  latins,  ces  confesseurs 
auraient  subi  le  supplice ,  non  pas  la  dix-huitième  an- 
née de  Sapor,  mais  la  trente-unième  année  de  ce  roi, 
après  la  promulgation  de  Ledit  contre  l'Eglise.  On  doit, 
semble-t-il,  s'en  tenir  à  la  date  indiquée  par  les  actes 
syriaques;  l'autre  date  a  été  inspirée  par  une  confusion 
qui  s'est  établie  plus  tard ,  lorsqu'on  a  cru  que  toutes 
les  persécutions  en  Perse  étaient  postérieures  à  cet  édit. 
Ces  actes  ont  pour  auteur  Isaïe  d'Arzoun,  iils  de  Hada- 
bou,  un  des  chevaliers  du  roi  du  pays,  témoin  oculaire 
des  faits ^.  La  scène  est  l'Arzanène,  la  frontière  septen- 


1.  Voir  sur  ce  sujet  G.  Hoffmann,  Ausziige  ans  syrischen  AIcten  per- 
sicher  Mdrtyrer,  Leipzig,  1880. 

2.  Voir  Thomas  de  Marga,  éd.  Bidge,  Londres,  1893,  t.  II,  p.  213. 

3.  M.  Hoffmann  a  donne  une  analyse  de  ces  actes  dans  son  livre  cité 
ci-dessus;  M.  Bedjan  a  publié  le  texte  syriaque  au  commencement  du 
IP  voL  des  Acta  mart.  et  sanctorum;  selon  l'éditeur,  d'après  un  ms. 
de  Berlin  et  des  ms.  du  Vatican.  Ces  ms.  du  Vatican  ne  sont  rien  autre 
que  le  ms.  XVIII  du  Musée  Borgia,  dont  M.  Kiiayyatu  a  donné  des  ex- 
traits, S(/rî  Orientales,  Rome,  1870,  p.  4G4  et  1G5. 

4.  Les    actes  syriaques  ont  été  publiés  par  Évode   Assémani  dans  le 


DE  LA  PERSE.  131 

trionale  des  deux  empires  rivaux  ;  celte  province  n'est 
pas  nommée,  mais  son  indication  résulte  du  contexte. 
Nous  n'avons  aucune  raison  pour  douter  que  les  actes 
aient  été  écrits  peu  de  temps  après  les  événements 
qu'ils  relatent.  Ils  rappellent  de  très  près,  par  leur 
l'orme  littéraire,  les  actes  des  martyrs  d'Edesse  rédi- 
gés par  Théophile;  il  est  vraisemblable  qu'ils  datent, 
comme  ceux-ci,  du  milieu  du  IV®  siècle. 

Les  actes  de  Sapor,  évêque  de  Nicator,  d'Isaac,  évê- 
que  de  Beit-Slok,  de  Mané,  d'Abraham  et  de  Simon 
nous  ramènent  dans  le  Beit-Garmai^  Le  supplice  de 
ces  confesseurs  est  fixé  à  la  trentième  année  de  Sapor 
correspondant  à  l'année  339  de  notre  ère.  La  rédaction 
syriaque  que  nous  possédons ,  semble  être  sortie  d'E- 
desse ;  on  y  lit  en  effet  que  les  martyrs  reposent  main- 
tenant à  Edesse  dans  le  nouveau  martyrium  à  l'intérieur 
de  la  ville.  Mais  elle  est  certainement  basée  sur  des 
documents  anciens  ;  les  chrétiens  y  sont  désignés  sous 
le  nom  de  Nazaréens  y  comme  on  les  nommait  autrefois 
en  Perse.  Cependant,  en  comparant  L'histoire  de  la 
ville  de  Beit-Slok^,  on  trouve  de  graves  contradictions. 
Dans  cette  histoire,  l'évêque  Isaac  qui  subit  le  martyre 
est  le  prédécesseur  de  Yohannan,  qui  assista  au  concile 
des  318  évéques,  c'est-à-dire  au  concile  de  Nicée  en 
325;  d'un  autre  côté,  ^lané,  Abraham  et  Simon  furent 
confesseurs,  non  pas  sous  Sapor  II,  mais  sous  Yezdegerd 
II ,  la  huitième  année  de  ce  roi  qui  correspond  à  407  de 
notre  ère.  L'histoire  donne,  pour  l'époque  des  martyrs, 


premier  vol.  des  Acla  sanclorum  marlyrum,  Rome,  17i8,  et  par  le  P. 
Di:djan,  d'après  Assemani  et  un  ms.  de  Mossoiil,  dans  le  second  vol. 
des  Acla  mart.  et  sanclorum,  Paris,  18'J2. 

1.  Ces  actes  ont  été  publiés  par  Assémam  et  i)ar  Bedjan,  dans  les  re- 
cueils cités  ci-dessus. 

2.  MotsiNCEn,  Monum.  syriaca.  H,  p.  6G;  Hoffmann,  Auszùye,  p.  48; 
Bedjan,  Acta  mart.  et  sancl.,  II,  p.  tilo. 


432  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

des  détails  précis,  puisés  à  des  sources  anciennes. 
L'auteur  des  actes  syriaques,  s'il  a  écrit  à  Edesse  après 
le  transfert  dans  cette  ville  des  reliques  des  saints, 
aura  confondu  les  dates  des  événements.  L'anachro- 
nisme qui  fait  de  l'évêque  Isaac  un  contemporain  de 
Mané,  Abraham  et  Simon,  s'explique  parce  qu'il  y  eut 
un  prêtre  Isaac  qui  fut  supplicié  avec  ces  martyrs,  et 
parce  que  l'exécution  eut  lieu  dans  le  même  endroit, 
dans  la  ville  de  Kénar  du  district  de  Nicator. 

Lhistoire  de  Beit'Slok  nous  fait  connaître  d'autres 
martyrs  de  cette  ville.  C'est  d'abord  l'évêque  ?^Iana,  le 
prédécesseur  disaac.  qui  fut  persécuté  à  l'instigation 
des  Manichéens  et  mis  à  mort  avec  les  chrétiens  de  la 
ville.  L'église  fut  détruite  et  la  persécution  atteignit 
même  les  religieuses  qui  reçurent  le  supplice  hors  de 
la  ville ,  à  un  endroit  appelé  Hora.  Cette  histoire  ne 
donne  pas  les  noms  des  saintes  femmes,  mais  ces  noms 
ont  été  conservés  par  un  autre  document  syriaque  ^  ; 
elles  s'appelaient  :  Tékla,  Danak,  Taton,  Marna,  Me- 
zakia  et  Anna.  Les  autres  persécutions  mentionnées 
par  cette  histoire  eurent  lieu  au  siècle  suivant  ;  nous  les 
laisserons  momentanément  de  côté ,  pour  continuer  la 
série  des  documents  de  lY^  siècle. 

La  grande  persécution  de  Sapor  qui  dura,  avec  de 
courtes  interruptions  ,  trente-neuf  ans  ,  de  340  à  379,  ne 
commença  effectivement  qu'une  année  après  la  promul- 
gation de  l'édit  de  340  contre  les  chrétiens-.  Le  récit 
de  cette  persécution  a  été  écrit  par  Marouta,  évèque  de 
Maipherkat,  qui  vivait  à  la  fin  du  IV^  s.  et  au  commen- 
cement du  V®.  Cet  évêque  avait  une  grande  culture 
littéraire  et  était  un  médecin  distingué.  Il  fut  envoyé, 

1.  ÉvoDE  AssÈMAM,  Acta  s.  martyrum,  I,  p.  100;  Bkdjan,  Acta  mart. 
et  sanct.,  n,  p.  288. 

2.  NoELDEKE,  Geschichte  der  Perser...  aus  Tabari,  Leide,  1870,  p.  ill. 


DE  LA  PERSE.  133 

à  deux  reprises  différentes,  comme  ambassadeur  au- 
près de  Yezdegerd  I",  par  Arcadius  et  Théodose  II; 
grâce  à  l'intercession  de  cet  évêque ,  la  paix  fut  rendue 
à  l'Église  par  le  roi  de  Perse  ^  Il  est  douteux  que  Ma- 
routa  ait  écrit  aussi  l'histoire  des  martyrs  de  la  persé- 
cution de  Bahram  V  et  de  Yezdegerd  II  ;  ce  dernier 
avait  été  vraisemblablement  précédé  dans  la  tombe  par 
l'évêque  de  Maipherkat. 

Suivant  une  notice  d'Amr  2,  Ahai ,  qui  fut  patriarche 
en  418 ,  serait  également  l'auteur  d'une  histoire  de  la 
persécution  de  Sapor ,  mais  nous  ignorons  si  quelque 
partie  de  cette  histoire  s'est  conservée  ,  ou  si  toutes  les 
vies  des  martyrs  sont  de  la  plume  de  Marouta.  En  tous 
cas.  c'est  le  recueil  de  l'évêque  de  Maipherkat  que  ren- 
ferment les  ms.  dont  Evode  Assémani  s'est  servi  pour 
le  premier  volume  de  sa  publication,  et  le  P.  Bedjan 
pour  le  second  volume  de  ses  Acta  martyrum. 

En  tête  de  son  recueil ,  Marouta  a  écrit  deux  homélies 
sur  les  martyrs  de  la  Perse  ,  qui  comptent  parmi  les 
meilleurs  morceaux  de  la  littérature  apologétique  ^. 

C'est  le  patriarche  Siméon  bar  Sabbàé  qui  inaugura 
la  série  des  martyrs,  la  trente-deuxième  année  de  Sa- 
por, en  l'an  341^.  Les  poursuites  furent  motivées  par 
le  refus  du  patriarche  de  percevoir  le  double  impôt  de 


1.  B.vanEDn.ELs,  Chron.  eccL,  II,  p.  '»o. 

2.  Éd.  GisMONDi,  p.  2G;  comp.  Assémani,  B.  0.,  III,  pars  II,  p.  3G0. 

3.  Ces  deux  homélies  se  trouvent  dans  Bedjan,  Acta  mari.,  Il,  p.  57  et 
suiv.;  rédilion  d'Assi.MAM  ne  renferme  que  la  jilus  courte. 

4.  A  cette  époque  Siméon  était  patriarche  depuis  treize  ans  suivant 
BARHF.np.Eis,  Chron.  eccl.,  II,  p.  3o;  depuis  dix-iiuit  ans  suivant  Mari 
et  Amr,  éd.  Gismondi,  pars  prior,  p.  18;  pars  altéra,  p.  19.  Amr  fixe  à 
tort  la  raort  de  Siméon  à  l'année  G5j  des  Scleucides,  ou  344  de  notre 
ère.  Siméon  écrivit,  suivant  le  catalogue  d'Ébedjésu,  des  lettres  qui  ne 
nous  sont  pas  parvenues.  Une  de  ses  hymnes  a  été  publié  par  Overdeck, 
i>.  Ephnemi...  opéra  selecta,  Oxford,  18«i;;,  p.  424.  Il  existe  à  Berlin,  Coll. 
Sachau,  n°  108,  un  ms.  contenant  Le  livre  des  Pères,  attribué  à  Siméon 
bar  Sabbàr. 

8 


4  34  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

capitation  que  le  roi  avait  édicté  contre  les  chrétiens, 
à  rinstigation  des  Juifs  qui  jouissaient  de  la  faveur  de 
la  reine  mère.  Marouta  se  fait  l'écho  d'une  accusation 
contre  les  Juifs,  que  l'on  trouve  répétée  dans  différents 
actes  des  martyrs  de  la  Perse,  mais  qui  peut  n'être  pas 
fondée.  Quant  à  la  reine  mère,  qui  s'appelait  Ephra 
Hormiz,  elle  était  en  effet  favorable  aux  Juifs  et 
avait  une  grande  influence  sur  le  roi ,  son  fils ,  comme 
nous  le  savons  par  le  Talmud  '. 

Les  églises  sont  détruites  de  fond  en  comble  et  Si- 
méon  est  dirigé  avec  quelques  prêtres  vers  Karka  de 
Lédan  en  Susiane  où  le  roi  résidait  à  ce  moment  là.  On 
conduit  également  devant  Sapor  plusieurs  évêques  : 
Gadyab  et  Sabina,  évêques  de  Beit-Lapat,  Yohannan, 
d'Hormizd-Ardaschir,  Bolida ,  évêque  de  Forath, 
Yohannan,  évêque  de  Karka  de  Maisan,  ainsi  que  qua- 
tre-vingt-dix-sept prêtres  et  diacres.  Ces  nombreuses 
victimes  eurent  la  tête  tranchée-;  leur  supplice  avait  été 
précédé,  la  veille  le  13  de  nisan,  le  jeudi  de  la  semaine 
sainte) ,  de  celui  de  Gouschtazad ,  le  chef  des  eunuques 
du  roi ,  qui  s'était  converti  et  avait  confessé  publique- 
ment le  Christ.  Les  chrétiens  de  Karka  de  Lédan  ne 
furent  pas  inquiétés ,  parce  que  la  ville ,  nouvellement 
construite,  ne  payait  pas  d'impôt.  Marouta  déclare 
qu'il  a  rédigé  ces  actes  d'après  les  récits  beaucoup  plus 
détaillés  d'écrivains  antérieurs. 

Ces  actes  sont  suivis  du  récit  de  l'exécution,  qui  eut 
lieu  le  lendemain,  de  Possi,  le  chef  des  artisans  qui 
avait  excité  les  confesseurs  à  la  fermeté;  puis,  du  mar- 
tyre de  la  fille  de  Possi ,  qui  avait  embrassé  la  vie  re- 


1.  Voir  NœLDEKE,  Geschichte  der  Poser...  aus  Tabarî ,  Leide,  1879, 
p.  52  et  68,  notes. 

2.  Suivant  le  Brcviarium  Chaldaicum ,  éd.  Bedjan,  Paris,  1886,  t.  ni, 
p.  133,  les  reliques  de  Siméon  bar  Sabbâé  furent  déposées  à  Suse. 


DE  LA  PERSE.  135 

ligieuse;  son  martyre  prit  place  le  surlendemain^  jour 
de  Pâques. 

La  persécution  ne  s'arrêta  pas  là,  mais  continua  les 
jours  suivants  avec  violence.  Mous  avons  sur  ce  sujet 
le  témoignage  de  deux  documents  qui  diffèrent  sur 
quelques  points,  mais  qui  concordent  pour  l'ensem- 
ble*. Suivant  ces  documents,  le  massacre  des  chré- 
tiens transportés  en  Susiane  dura  sans  interruption  pen- 
dant dix  jours,  depuis  le  jeudi  saint  jusqu'au  dimanche 
de  la  seconde  semaine  de  Pâques  ^dimanche  de  Quasi- 
modo^.  Les  noms  des  victimes  ne  se  sont  pas  conser- 
vés parce  que  la  plupart  de  celles-ci  étaient  amenées 
de  provinces  éloignées  et  étaient  inconnues  en  Susiane  ; 
on  cite  :  Amria  et  Mekima,  évéques  de  Beit-Lapat,  et 
le  prêtre  Hormizd,  de  Schouster.  La  fête  commémora- 
tive  de  ces  confesseurs  avait  lieu  durant  trois  jours,  le 
vendredi  et  le  samedi  de  la  permière  semaine  de  Pâ- 
ques ,  et  le  dimanche  de  la  seconde  semaine  de  Pâ- 
ques. 

Parmi  les  victimes  de  ces  hécatombes  on  retrouva  le 
corps  d'Azad,  l'eunuque  chéri  du  roi,  qui,  entraîné  par 
son  zèle  de  prosélyte,  avait  été  se  placer  sous  le 
glaive  des  bourreaux.  Le  roi  éprouva  un  profond 
chagrin  de  la  mort  de  ce  serviteur  et  il  ordonna  qu'à 
l'avenir  on  agit  avec  moins  de  précipitation.  On  devait 
au  préalable  inscrire  les  noms  des  chrétiens ,  de  leurs 
parents,  et  de  leur  lieu  d'habitation;  puis  procéder  à 
un  interrogatoire.  Cet  ordre  parut  le  dimanche  de  la 
seconde  semaine  de  Pâques  :  «  Alors,  ajoute  le  pre- 

1.  Publiés  dans  les  Acta  mart.  du  P.  Bf.djan,  t.  II.  p.  2il  et  2i8;  l'édi- 
lion  romaine  ne  conlieiit  que  le  second  document.  Le  premier  docu- 
ment date  la  persécution  de  l'an  31  de  Sapor,  qui  est  en  icalité  l'année 
de  la  promulgation  de  l'édit  contre  l'Église;  le  second  document  indi- 
«lue  plus  exactement  l'an  3-2.  Le  second  document  porte,  par  erreur, 
la  semaine  de  la  Pentecôte  au  lieu  de  la  semaine  de  Pâques. 


i3G  LES  ACTES  DES  MARTYllS 

mier  document,  le  carnage  cessa  et  il  y  eut  un  court 
répit.  » 

Au  mois  de  mai  suivant,  on  rapporte  le  martyre 
des  deux  sœurs  de  Siméon  bar  Sabbâé,  dont  l'une  s'ap- 
pelait Tarbo,  et  de  leur  servante;  toutes  trois  s'étaient 
consacrées  à  la  vie  religieuse. 

Les  actes  de  Tarbo  et  ses  compagnes  sont  suivis  de 
ceux  de  Miles,  évêque  de  Suse,  couronné  le  13  no- 
vembre de  la  même  année.  Les  actes  de  Miles  offrent 
un  intérêt  particulier  parce  qu'ils  renferment  un  récit 
ancien  des  dissensions  qui  survinrent  entre  le  patriar- 
che Papas  et  son  clergé  et  auxquelles  l'évêque  de  Suse 
prit  part.  Ce  récit  diffère  sur  plusieurs  points  de  celui 
de  Barhebrœus  ^ . 

La  seconde  année  de  la  persécution  de  Sapor  est 
inaugurée  par  le  martyre  de  Schahdost,  le  successeur 
de  Siméon  bar  Sabbâé  sur  le  siège  patriarcal  de  Séleu- 
cie.  Le  patriarche  est  arrêté  avec  cent  vingt-huit  mem- 
bres du  clergé,  prêtres,  diacres,  moines  et  religieuses. 
11  eut  la  tête  tranchée ,  ainsi  que  la  plupart  des  autres 
prisonniers,  le  20  février  342  ^. 

Barbaschemin,  le  successeur  de  Schahdost,  n'eut  pas 
un  sort  différent.  Il  est  martyrisé  avec  des  prêtres,  des 
diacres  et  des  moines,  au  nombre  de  dix-sept,  le  9  jan- 
vier 346.  Le  siège  patriarcal  de  Séleucie  et  Ctésiphon, 

1.  Chron.  ceci.,  II,  p.  29-31;  comp.Mari,é(l  .  Gismo>-di,  i^arsi^rior,  p.  8; 
Amr,  ibid.,  pars  altéra,  p.  15,  omet  le  récit  de  Mari.  On  possède  sur  ce  su- 
jet la  correspondance  de  Papas  (peut-être  apocryphe)  dans  un  ms.  du 
Musée  Borgia,K.  VI,  vol.  4;  comparer  Cersoy,  Les  manuscrits  orient,  au 
Musée  Borgia,  dans  la  Zeitschr.  fur  Assijriologie,  t.  IX,  p.  370.  M.  Bp.aun 
a  donné  une  traduction  allemande  de  cette  correspondance  dans  la 
Zeitschr.  fur  Kalhol.  Théologie,  1894.  Suivant  le  catalogue  d'Éhedjésu, 
Miles  composa  des  lettres  et  des  sermons  dont  il  ne  nous  est  rien  par- 
venu. 

2.  Ses  actes  ont  été  publiés  par  Év.  Assémani  et  P.  Bedjan  dans  les 
collections  indiquées  plus  haut.  Amr  et  Barhebrœus  rapportent  ce  mar- 
tyre avec  quelques  variantes. 


m  LA  PERSE.  137 

ajoutent  les  actes  de  ce  martyr',  demeura  alors  va- 
cant pendant  vingt  ans  environ  par  crainte  du  tyran. 
Ce  témoignage  a  de  l'importance  en  raison  de  l'incer- 
titude qui  règne  sur  ces  temps  et  du  désaccord  des  his- 
toriens. Amr,  Elias  de  Xisibe  et  Barhebrœus  ont  des 
récits  dilïérents  concernant  la  vacance  du  siège  pa- 
triarcal. 

La  recueil  de  Marouta  renferme  encore  des  actes  des 
martyrs  de  la  Siisiane  et  du  Fars  pendant  les  années 
342  et  344.  Dans  le  Beit-Garmai  eut  lieu  le  martyre  de 
Narsès,  évêque  de  Scliargerd ,  l'ancien  siège  métropo- 
litain de  la  province.  Cet  évêque  fut  couronné  avec  son 
disciple  Joseph,  le  10  novembre  344,  pendant  que  le 
roi  Sapor  se  trouvait  dans  la  ville  de  Schargerd. 

A  cette  époque,  Arbèle  et  l'Adiabène  devinrent  la 
principale  scène  des  persécutions  contre  les  chrétiens. 
Les  persécutions  y  durèrent,  d'une  manière  presque 
continue,  de  344  à  376;  elles  sont  relatées  dans  les 
actes  de  Jean-,  évêque  d' Arbèle,  martyrisé  avec  le  prêtre 
Jacques  le  premier  novembre  344;  d'Abraham,  le  suc- 
cesseur de  Jean ,  qui  eut  la  tête  tranchée  le  cinq  février 
345;  de  Hananya,  un  laïc,  qui  fut  martyrisé  à  Arbèle 
le  12  décembre  346  ^  ;  du  prêtre  Jacques  et  de  la  reli- 
gieuse Maryam,  sa  sœur,  qui  étaient  du  village  de  Telia 
Schelila,  le  17  mars  347;  de  la  religieuse  Técla  et  de 
quatre  autres  religieuses,  ses  compagnes,  le  6  juin  347  ; 
de  Barhadbeschaba ,  diacre  d'Arbèle  ,  le  20  juillet  355  ; 
d'Aitallaha  et  de  Hafsai  '* ,  le  16  décembre  355. 

Mais  l'événement  qui  eut  le  plus  de  retentissement 

1.  Publiés  également  par  Assémaxi  et  Bedjan. 

2.  Publics  |)ar  le  P.  Bedjan  dans  le  IV«  vol.  des  Acta  mart.,  p,  128. 

3.  Bedjan,  ibid.,  p.  131.  A  Sélcucie  furent  exécutés,  le  6  avril  3i5,  cent 
onze  prêtres,  diacres  et  moines,  et  neuf  religieuses.  Une  dame  d'Arbèle, 
nommée  Yazdàndoclit  se  signala  dans  celte  circonstance  par  sa  charité 
envers  les  prisonniers. 

4.  Bedjan,  Acta  mart.,  t.  IV,  p.  193. 

8. 


138  LES  ACTES  DES  iM.VRTYRS 

dans  cette  persécution,  c'est  la  conversion  et  le  mar- 
tyre de  Kardag,  le  gouverneur  militaire  de  l'Adiabène , 
en  358,  la  quarante-neuvième  année  de  Sapor.  Les 
nombreux  miracles,  les  visions,  les  allusions  à  des 
faits  historiques  postérieurs,  que  renferment  les  actes 
de  Kardag,  montrent  que  ces  actes  ont  été  écrits  long- 
temps après  le  martyre  du  saint;  ils  sont  probablement 
du  VP  siècle  '.  Il  est  possible,  comme  on  l'a  supposé^, 
que  la  conversion  de  Kardag  n'ait  pas  été  complète- 
ment désintéressée.  Ce  gouverneur,  d'illustre  origine, 
s'était  révolté  contre  Sapor  II  après  avoir  construit  un 
château  fort  sur  la  colline  de  Malki  près  d'Arbèle  ;  il 
comptait  sans  doute ,  en  se  ralliant  au  parti  des  chré- 
tiens, sur  l'appui  des  troupes  romaines:  mais,  si  tel 
était  son  espoir,  son  attente  fut  déçue.  Le  château  fort 
fut  pris  et  Kardag  fut  lapidé.  Ces  actes ,  malgré  l'in- 
terpolation d'anecdotes  hétérogènes,  renferment  de  pré- 
cieux renseignements  sur  la  géographie  de  la  contrée 
et  l'état  politique  et  social  de  la  Perse  sous  les  Sassani- 
des.  Le  saint  fut  longtemps  vénéré  dans  son  pays  ;  une 
église  s'éleva  sous  son  vocable  au  lieu  où  il  avait  subi 
le  supplice  ;  on  y  célébrait  chaque  année  sa  fête  pendant 
trois  jours,  et  le  pèlerinage  qu'on  institua  dans  ce  lieu 
durait  six  jours. 

Nous  devons  mentionner  ici  les  actes  des  martyrs 
Gèles,  qui  présentent  un  certain  intérêt  historique^. 
Les  Gèles  habitaient  la  côte  sud-ouest  de  la  mer  Cas- 
pienne, dans  la  plaine  (le  Gîlân) ,  et  étaient  voisins  des 


1.  Ils  ont  été  publiés  la  même  année,  1890,  d'après  des  ms.  difîérenls, 
par  M.  Abbeloos,  à  Bruxelles,  avec  une  traduction  laline,  et  par  M.Feige, 
à  Kiel,  avec  une  traduction  allemande;  ils  ont  été  réimprimés  par 
le  P.  Bedjan-,  dans  le  second  vol.  de  ses  Acta  mart.,  p.  4i2. 

2.  M.  NœLDEKE,  Zeitschr.  der  deut.  morg.  Gesell.,  t.  XLIV,  p.  530. 

3.  Ces  actes  ont  été  publiés  par  le  P.  Bedjan,  dans  le  IV«  vol.  des  Acta 
mart.,  p.  166;  malheureusement  ils  sont  incomplets  à  la  fin. 


DE  LA  PERSE.  439 

Deilamites  qui  occupaient  la  partie  monlagneiise.  Les 
actes  de  ces  martyrs  nous  apprennent  que  les  Gèles 
servaient  comme  mercenaires  dans  les  armées  perses 
et  quils  étaient  chrétiens  au  IV®  siècle.  Ils  avaient 
donc  été  évangélisés  de  bonne  heure  ' .  Le  martyre  de 
ces  soldats  eut  lieu  en  351,  sur  les  bords  de  lEupUrate 
pendant  une  expédition  que  Sapor  dirigeait  sur  le  ter- 
ritoire romain.  Les  noms  de  ces  confesseurs  étaient  : 
Berikjésu,  Ébedjésu,  Sapor,  Sanatrouk,  Hormizd,  Ila- 
darschapour,  Halpid,  Aitallaha,  Mekim,  etc.;  deux 
femmes,  Ilalmadour  et  Phœbé ,  furent  aussi  exécutées 
avec  leurs  enfants. 

La  cinquante-troisième  année  de  Sapor  II,  en  362,  la 
persécution  sévit  dans  le  Beit-Zabdé  sur  la  rive  droite 
du  Tigre  supérieur.  Cette  province  formait  la  frontière 
de  l'empire  romain  et  de  lempire  perse.  La  place  forte 
de  l'endroit  s'appelait  Castra  de  Beit-Zabdé  ou  en- 
core Phének.  A  différentes  reprises,  Sapor  avait  tenté 
de  s'emparer  du  Beit-Zabdé  et  de  Nisibe ,  dont  la 
possession  lui  ouvrait  les  portes  de  l'Arménie  et  de  la 
Mésopotamie.  Il  réussit  à  prendre  la  place  forte  de  Phé- 
nek pendant  l'été  ou  l'automne  de  l'an  360 -.  Suivant 
l'habitude  des  Perses ,  la  prise  de  la  ville  fut  suivie 
d'une  transportation  en  masse  des  habitants  dans  les 
provinces  perses  et  de  l'exécution  des  principaux 
membres  du  clergé.  Nous  possédons  sur  ce  sujet  plu- 
sieurs documents  dont  le  plus  important  est  intitulé 
a  Confession  des  captifs  ^.  »  Dans  ce  document  la  date 
de  la  déportation  et  de  la  persécution  des  habitants  de 
Beit-Zabdé  est  indiquée  à  la  cinquanle-lroisième  an- 

1.  Suivant  B.vnnEDR.Eus,  Chron.  eccl.,  II,  p.  Vi,  leur  ùvangùlisalion  re- 
montait à  l'rpoque  do  la  mission  d'Addai. 

-2.  Ammif.n  Map.cfxlix,  XX,  7. 

3.  Publié  par  Assémanf,  Acla  sanct.  mart.,  1,  p.  13i.  cl  Dkdj.vn.  Acla 
mart.,  II,  p.  3IG. 


140  LCS  ACTES  DES  MARTYRS 

née  de  Sapor  ou  oG2  de  notre- ère.  Comme  cette  date  se 
trouve  la  môme  dans  plusieurs  actes  des  martyrs,  nous 
devons  la  tenir  pour  exacte  et  admettre  que  la  dépor- 
tation eut  lieu  deux  ans  après  la  prise  de  Phének,  sans 
doute  après  une  révolte  des  habitants  qui  comptaient 
sur  le  secours  des  troupes  romaines.  Les  hommes  et 
les  femmes  emmenés  en  captivité  étaient  au  nombre  de 
neut  mille;  dans  ce  nombre  se  trouvaient  l'évêque  Hé- 
liodore  avec  ses  deux  vicaires,  des  prêtres,  des  diacres, 
des  religieux  et  des  religieuses.  L'évêque  mourut  en 
roule.  Trois  cents  captifs  furent  désignés  pour  demeurer 
dans  la  province  de  Dara  à  la  condition  de  se  convertir 
à  la  religion  des  Mages  ;  vingt-cinq  seulement  aposta- 
sièrent,  les  autres  furent  massacrés,  etc. 

A  la  persécution  du  Beit-Zabdé  se  rapportent  les 
actes  de  Saba  Pirgouschnasp  *  qui  renferment  d'utiles 
notices  historiques  et  géographiques  sur  cette  province 
et  sur  la  province  voisine,  le  Beit-Arbâyé;  mais  ces 
actes  commettent  une  erreur  en  transportant  la  prise 
de  Phének  après  la  cession  de  Nisibe  aux  Perses,  qui 
eut  lieu  en  363.  L'anachronisme  est  d'autant  plus  ma- 
nifeste que  ces  actes  indiquent  exactement  la  cinquante- 
troisième  année  de  Sapor. 

La  tradition  relative  au  massacre  des  chrétiens  du 
Beit-Zabdé  est  encore  vivante  chez  les  habitants 
actuels  du  pays,  qui  montrent  le  lieu  où  Sapor  mit  à 
mort  six  mille  chrétiens  à  cause  de  leur  religion  et  à 
cause  de  la  conversion  de  son  fils-. 

C'est  encore   pendant  la  même   persécution  qu'eut 


,  M.  G.  Hoffmann  en  a  donné  une  analyse,  Ausziige  ous  sijr.  Aklen 
s.  Mdrtyrer,  p.  2-2;  le  texte  syriaque  a  été  édité  par  le  P.  Bedjan, 


1.  M.  G.  Hoffmann 
pers.  Martyre-/',  p. 
Acta  mart.,  IV,  p.  222. 

2.  Voir  l'intéressante  relation  du  voyageur  Taylor  (Journal  de  la  So- 
ciété de  géographie  de  Londres,  18G5,  vol.  35,  p.  51)  rapportée  par 
M.  Hoffmann,  Auszûge,  p.  27-28. 


DE  L.V  PEUSE.  141 

lieu  le  martyre  de  Bassus,  dont  le  nom  se  répandit 
chez  les  Syriens  occidentaux  grâce  au  célèbre  couvent 
d'Apamée  qui  portait  le  nom  de  ce  saint'.  Les  actes 
originaux  de  Bassus  ne  se  sont  pas  retrouvés,  mais  on 
possède  une  homélie  métrique-  faite  d'après  ces  actes 
et  qui  permet  de  reconstituer  l'histoire  du  martyr.  11  a 
dû  exister  un  recueil  complet  des  actes  des  martyrs 
du  Beit-Zabdé;  quelques-uns  de  ces  actes  seulement 
nous  sont  parvenus.  Par  erreur,  l'homélie  indique  la 
soixante-seizième  année  de  Sapor  au  lieu  de  la  cin- 
quante-troisième année  ^.  Il  existait  deux  autres  mo- 
nastères sous  le  vocable  de  Mar  Bassus  :  l'un  sur  le  lieu 
même  où  le  saint  fut  martyrisé,  l'autre  non  loin  de  là, 
à  Hidil  dans  le  Tour  Abdin. 

Nous  avons  encore  pour  cette  persécution  les  actes  de 
Behnam  et  de  sa  sœur  Sara  qui  sont  rattachés  à  l'his- 
toire des  couvents  de  Mar  Mattai  et  de  Mar  Behuam  ^. 
Ces  actes  donnent  la  date  exacte  de  663  des  Séleucides 
ou  352  de  notre  ère^,  mais,  par  un  singulier  anachro- 
nisme^ ils  placent  la  persécution  après  lexpédition  de 
Julien  en  Mésopotamie. 

La  paix  conclue  entre  Jovien  et  Sapor  en  363,  aux 
termes  de  laquelle  Xisibe  était  cédée  aux  Perses,  fut 
suivie  dun  arrêt  momentané  de  la  persécution  contre 
les  chrétiens;  mais  le  répit  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
L'année  376  est  signalée  par  le  martyre  de  quarante 
membres  du  clergé  de  la  province  de  Kaschkar,  parmi 

1.  L'Abbé  P.  Martin  a  publié,  dans  la  Zeitschr.  der  deut  morgenl. 
Gesell.,  t.  XXX,  p.  217,  la  correspondance  échangée  entre  les  moines 
de  ce  couvent  et  Jacques  de  Saroug.  On  cite  aussi  une  lettre  de  Sévère 
d'Antioche  à  ces  moines. 

2.  Publiée  par  M.  Chabot,  La  légende  de  Mar  Bassus,  Paris,  1893;  com- 
parer notre  rccension.  Journal  asiatique,  nov.-dcc.  1893,  p.  u3T. 

3.  Sapor  n*a  régné  que  soixante-dix  ans. 

4.  Ces  Actes  ont  été  analysés  par  .M.  Hoffmann,  Auszûge,  etc.,  p.  l"; 
le  texte  a  été  publié  par  le  P.  Beoja:<,  Acla  mari.,  Il,  p.  397. 


142  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

lesquels  se  trouvaient  deux  évèques.  Les  actes  de  ces 
martyrs  font  partie  de  la  collection  de  Marouta.  La 
même  année,  martyre  de  Badma,  directeur  du  couvent 
qu'il  avait  fondé  auprès  de  Bcit-Lapat.  Les  derniers 
actes  rédigés  par  Marouta  sont  ceux  d'Akebschema, 
évoque  de  Ilenaita.  du  prélre  Joseph  et  du  diacre 
Aitallaha.  A  la  fin  de  son  histoire  des  martyrs  de  la 
Perse,  Marouta  déclare  qu'il  a  eu  connaissance  lui- 
même  des  derniers  événements  de  la  persécution  et 
que,  pour  les  événements  antérieurs,  il  tient  son  récit 
de  vieillards  respectables  et  dignes  de  foi  qui  en  avaient 
été  les  témoins. 

Pour  achever  ce  sombre  tableau  des  persécutions  de 
Sapor  II,  nous  citerons  un  document,  étranger  à  l'his- 
toire de  Marouta,  et  qui  est  loin  de  présenter  le  même 
caractère  d'authenticité  que  cette  histoire.  Ce  sont  les 
actes  de  Goubarlaha  et  de  Kazo ,  le  fils  et  la  fille  du  roi 
Sapor.  Suivant  une  rédaction  de  ces  actes  ',  le  fils  du 
roi  est  instruit  dans  la  religion  chrétienne  par  Dadou. 
Celui-ci .  sur  l'ordre  de  Sapor,  a  la  tête  tranchée  ,  et 
le  jeune  prince  est  fustigé;  l'exécution  a  lieu  dans  la 
province  des  Mèdes.  Une  autre  rédaction  est  repré- 
sentée par  un  fragment  syriaque  dont  M.  Hoffmann  a 
donné  une  analyse'^.  Goubarlaha  meurt  après  de  longues 
tortures;  sa  sœur  Kazo,  qu'il  a  convertie,  est  fustigée, 
et,  après  avoir  reçu  le  baptême,  rend  l'âme.  La  mort 
de  ces  confesseurs  avait  été  précédée  par  celle  d'un 
mage,  du  nom  de  Gargamousch,  que  Goubarlaha  avait 
amené  à  la  foi  chrétienne.  Le  lieu  du  supplice  est,  dans 
cette  rédaction,  Karka  de  Lédan,  et  la  date  indiquée  est 
le  vingt-deux  septembre  de  la  vingt-troisième  année  de 

i.  Publiée  dans  le  1V«  vol.  des  Acta  mart.  du  P.  Bedjan,  p.  141. 
2.  Auszûge  aus  syr.  Aktcn  pers.  Mdrlyrer  p.  33;  le  texte  syriaque  est 
publié  dans  le  IV«  vol.  des  Acta  mart.  du  P.  Bedjax,  p.  218. 


DE  L.\  VEWSE.  143 

Sapor ,  correspondant  à  l'an  332  de  notre  ère.  11  est 
difficile  d'entrevoir  la  vérité  dans  cette  légende.  La  tra- 
dition locale  encore  vivante ,  selon  le  rapport  de  Taylor 
cité  plus  haut,  indique  la  conversion  du  lils  du  roi 
Sapor  comme  la  principale  cause  de  la  persécution  qui 
eut  lieu  en  352  dans  la  province  de  Beit-Zabdé. 

Nous  ne  nous  appesantirons  pas  sur  le  long  mar- 
tyrologe des  chrétiens  de  la  Perse.  Les  persécutions 
continuèrent,  avec  plus  ou  moins  dintensité,  sous  les 
autres  rois  Sassanides.  L'introduction  du  nestorianisme 
en  Perse  dans  la  seconde  moitié  du  Y^  s.  eut  au  moins 
l'avantage,  en  creusant  un  fossé  entre  les  Syriens  occi- 
dentaux et  les  Syriens  orientaux,  d'amener  un  ralen- 
tissement dans  les  poursuites.  Ce  que  nous  avons  dit 
des  actes  des  martyrs  du  temps  de  Sapor  II  suffit  pour 
faire  connaître  ce  genre  littéraire.  Etendre  cette  ana- 
lyse aux  actes  des  martyrs  postérieurs  n'aurait  qu'une 
médiocre  utilité  qui  ne  rachèterait  pas  l'ennui  de  l'uni- 
formité ^  Nous  signalerons  seulement  quelques-uns  des 
épisodes  les  plus  marquants  des  persécutions  suivantes. 

L'histoire  de  la  ville  de  Beit-Slok  rapporte-  que 
Yezdegerd  II  se  montra  clément  pendant  les  sept  pre- 
mières années  de  son  règne;  mais,  la  huitième  année^, 
il  fit  périr  sa  fille,  qui  était  en  même  temps  sa  femme ^, 
ainsi  que  les   grands  de  son  royaume^.  A  son  retour 


1.  On  trouvera  ces  actes  dans  les  Acia  sanctorum  martyrum  d'ÉvoDE 
AssÉMAM  et  dans  les  Acta  martyrum  et  sanctorum  du  P.  Bedj.vn; 
M.  Hoffmann  a  analysé  plusieurs  d'entre  eux  dans  ses  AuszO.ge  aus 
syrischen  Akten  pers.  Martyrer. 

•1.  Hoffmann,  Auszûge,  p.  oO;  le  texte  syriaque  dans  .Moksingeu,  3/o/i«- 
menta  syriaca,  H,  p.  68,  et  dans  Bedjan,  Acta  mari.,  II,  518. 

3.  La  huilicme  année  de  Yezdegerd  II  tombe  en  liO. 

4.  Les  unions  entre  prociies  parenls  chez  les  rois  Sassanides  avaient 
pour  objet  d'empêcher  le  mélange  du  sang. 

5.  Cette  mesure  de  rigueur  avait  élé  provoquée  par  un  complot  contre 
le  roi. 


U4  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

d'une  expédition  dans  la  province  de  Tschol^  Yezde- 
gerd  envoya  Tordre  à  Tahmyazgerd,  le  chef  des  Mages, 
de  se  rendre  à  Beit-Slok  et  de  contraindre  les  chré- 
tiens, sous  peine  de  supplices,  à  apostasier  et  à  adorer 
le  feu.  L'évêque  de  Beit-Slok,  écrit  au  patriarche  d'An- 
tioche  pour  qu'il  intercède  auprès  du  roi  ;  il  est  jeté  en 
prison  le  20  août,  avec  de  nombreux  chrétiens.  Les 
pourvoyeurs  envoyés  dans  les  provinces  ramènent  à 
Beit-Slok  une  quantité  de  religieux  et  de  laïcs,  à  la  tête 
desquels  étaient  le  métropolitain  d'Arbèle,  l'évêque  de 
Beit-Nouhadré,  l'évêque  de  Maalta  et  le  métropolitain 
de  Schargerd.  Les  prisonniers  étaient,  dit-on,  au  nom- 
bre de  cent  trente-trois  mille  sans  compter  ceux  de  la 
ville  qui  s'élevaient  à  vingt-mille.  Les  premiers  mar- 
tyrs furent  l'évêque  et  plusieurs  notables  de  la  ville, 
qui  furent  brûlés  vifs  le  vendredi  vingt -quatre  août.  Le 
lendemain  trois  mille  autres  personnes  périrent.  Le 
dimanche ,  troisième  jour  du  massacre ,  huit  mille  neuf 
cent  quarante  prisonniers  furent  exécutés  par  le  glaive, 
le  feu  ou  le  supplice  de  la  scie;  au  nombre  des  victimes 
étaient  les  évêques  de  Laschom,  de  Mahozé,  de  Harbat- 
Gelal  et  de  Dara.  L'héroïsme  des  confesseurs  souleva 
un  tel  enthousiasme  dans  les  foules  qu'une  femme  de- 
manda à  mourir  avec  ses  deux  enfants.  A  ce  spectacle, 
Tahmyazgerd  est  touché  par  la  grâce  divine  ;  il  confesse 
le  Christ  et  il  est  mis  en  croix,  sur  l'ordre  de  Yezde- 
gerd,  le  vingt-cinq  septembre  suivant.  Les  victimes, 
selon  cette  histoire,  furent  au  nombre  de  douze 
mille.  Ces  massacres,  quelque  exagération  que  l'on 
prête  à  l'auteur  du  document,  rappellent  les  horreurs 
qui  signalèrent  le  commencement  de  la  grande  persé- 
cution de  Sapor  IL 

1.  Au  sud  de  la  mer  Caspienne,  v.  N^ldere,  Gescliichte  der  Perser...  ans 
Tahari,  p.  123,  note  2. 


DE  LA  PERSE.  145 

Un  monastère,  qui  porta  le  nom  do  Tahmyazgerd, 
fut  construit  sur  l'emplacement  du  supplice.  La  fête 
commémorative  des  martyrs  avait  lieu  pendant  trois 
jours,  les  vendredi,  samedi  et  dimanche  de  la  sixième 
semaine  après  le  jeûne  des  Apôtres.  Ce  jeûne  commen- 
çait le  lundi  de  la  Pentecôte  et  durait  sept  semaines. 

A  la  fm  de  cette  histoire  de  la  ville  de  Beit-Slok, 
l'auteur  se  donne  comme  étant  un  des  moines  de  ce 
monastère.  C'est  donc  sur  le  lieu  même  des  événements 
qu'il  écrivit  son  livre,  au  plus  tôt  au  VP  siècle,  d'après 
AVright. 

A  la  persécution  de  Yezdegerd  II  se  rattache  le  mar- 
tyre de  saint  Péthion  qui  eut  lieu  la  neuvième  année 
du  règne  de  ce  roi.  Il  existe  plusieurs  rédactions  de  ce 
martyre.  L'une  d'elles  a  été  publiée  par  le  P.  Corluy 
dans  le  tome  Yll  des  Analecta  Bollaiidiana,  1888, 
d'après  un  ms.  du  Musée  britannique,  que  M.  Hoff- 
mann avait  déjà  fait  connaître  ^  Une  autre  rédaction, 
beaucoup  plus  développée  se  trouve  dans  le  deuxième 
volume  des  Acta  martyrmn  du  P.  Bedjan,  p.  559- 
634.  Un  manuscrit  du  Vatican  [Amid.  vu)  renferme  un 
poème  sur  saint  Péthion  composé  par  l'archidiacre 
Mara. 

Les  actes  de  Jacques  l'Intercis  fixent  le  martyre  de 
ce  saint  à  l'an  732  des  Séleucides  :421  de  J.-C),  pen- 
dant la  première  ou  la  deuxième  année  de  Bahram  V-. 
Ils  ont  été  publiés  par  Evode  zVssémani,  Acta  sanct. 
martijr.,  I,  242,  et  par  le  P.  Bedjan.  Acta  Diart.,  II, 
p.  539. 

1.  AuszO.ge,  p.  61-68.  On  doit  encore  au  P.  Corlcy  la  connaissance  des 
actes  d'Abdalmessih  qui  était  juif  d'orii^inc  et  qui  fut  tué  par  son 
père,  le  2"  juillet  390  pour  s'être  fait  ciirélien,  Analecta  BoUandiana , 
Bruxelles,  1886;  le  texte  syriaque  a  été  réimprimé  i)ar  le  P.  Bedjan 
dans  les  Acla  mart.,  I,  p.  173. 

2.  La  première  année  est  indiquée  à  la  fin  des  actes,  et  la  seconde  au 

LITTÉRATLRi:    SYRIAQUE.  9 


146  LES  ACTES  DES  MARTYRS 

Le  patriarche  Babôé  fut  mis  à  mort  par  Péroz  en  481 
sur  la  dénonciation  de  Barsauma  qui  avait  surpris  une 
lettre  de  ce  patriarche  sollicitant  Tintervention  des  Ro- 
mains. Les  actes  de  ce  martyr  contiennent  un  récit 
conforme  à  celui  d'Amr  et  de  Barhebrœus  '. 

A  la  dixième  année  de  Chosroès  I,  ou  Chosroès 
Anoschir^Yan ,  est  rapporté  le  supplice  de  Grégoire 
qui,  de  son  vrai  nom,  s'appelait  Pirangouschnasp,  était 
originaire  de  Rai  et  appartenait  à  la  famille  perse  de 
Mihran^. 

Le  martyre  de  Yezdepanah  suivit  de  près  celui  de 
Grégoire.  Yezdepanah,  de  la  province  de  Karka  de  Lé- 
dan,  était  gouverneur  et  juge  dans  son  pays  3. 

La  vingt-cinquième  année  de  Chosroès  II,  ou  Chos- 
roès Parwez  (615  de  J.-C),  fut  martyrisé  le  prêtre 
George ,  qui  appartenait  à  une  famille  noble  de  la  Perse 
et  dont  le  vrai  nom  était  Mihramgouschnasp  ;  il  reçut 
le  baptême  de  Siméon,  évêque  de  Hira.  Sa  sœur  Haza- 
rowai  se  convertit  également  au  christianisme ,  prit  le 
nom  de  Marie  et  se  fit  religieuse.  Les  actes  de  ce  saint 
ont  été  écrits  par  Mar  Babai ,  abbé  du  couvent  du  mont 
Izla  ■*.  Ils  renferment  des  notices  importantes  pour 
Ihistoire  de  l'Église  nestorienne  à  la  fm  du  VP  siècle. 

La  trentième  année  du  même  roi ,  eut  lieu  le  supplice 
de  Jésusabran,  un  ascète  nestorien,  persan  d'origine, 


commencement,  comp.  Noeldekf, ,  Geschichle  der  Perser...  ans  Tabari, 
p.  420;  Mari  et  Amr,  O.ô.  Gismondi,  i9a?'s  I,  31;  pars  U,  2S. 

1.  Amr,  éd.  Gismondi,  p.  30-31  ;  BxRiiEn.,  Chron.  ecc,  U,  p.  61-G.j.  Le  texte 
de  ces  actes  se  trouve  dans  Bedjan,  Acta  mart.,  H,  631. 

2.  Les  actes  de  ce  martyr  ont  été  analysés  par  Hoffmann,  Auszûge..., 
p.  78,  et  ont  été  publiés  par  Bedjan,  Histoire  de  Mar-Jabalaha,  de 
trois  autres  jjatriarches...,  Paris,  1895,  p.  347-394. 

3.  Les  actes  de  ce  martyr  ont  été  analysés  par  Hoffmann,  l.  c,  p.  87, 
et  ont  été  publiés  par  Bedjan,  L  c,  p.  394-415. 

4.  ils  ont  été  analysés  par  Hoffmann,  Ausziige...,  p.  91  et  ont  été  pu- 
bliés par  Bedjan,  Histoire  de  Mar-Jabalaha,  de  trois  autres  pa/rùt;-- 
ches...,  p.  41G. 


DE  L\  PERSE.  147 

qui  passa  une  partie  de  sa  vie  en  prison.  Les  actes  de 
ce  martyr  furent  écrits  quelques  années  après  sa  mort 
par  Jésuyab  III,  qui  devint  patriarche  des  Nestoriens 
vers  C50',  Avec  Jérusabran  périrent  douze  autres  cliré- 
tiens  notables,  dont  l'histoire,  rapporte  Jésuyab,  fut 
écrite  par  un  autre  auteur. 


§  3.  —  Les  textes  syriaques  sur  les  martyre 
en   dehors  de  la  Mésopotamie   et  de  la  Perse. 

La  légende  des  Sept  donnants  d'Ephèse  qui,  dans  la 
tradition  de  l'Église,  est  rapportée  à  la  persécution  de 
Dèce-,  est  représentée  dans  la  littérature  syriaque  par 
deux  textes  principaux  et  par  une  homélie  métrique  de 
Jacques  de  Saroug.  L'un  de  ces  textes  est  inséré  dans 
la  compilation  syriaque  intitulée  Histoire  de  Zacharic 
de  Mitylène^;  l'autre  se  trouve  dans  la  chronique  de 
Pseudo-Denys  de  Tellmahré,  probablement  d'après 
l'histoire  de  Jean  d'Asie,  et  dans  des  manuscrits  de 
Londres,  de  Paris  et  de  Berlin^. 

L'homélie  de  Jacques  de  Saroug  contient  des  détails 
qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  versions  et  qui  peuvent 
avoir  été  ajoutés  par  l'auteur.  Jacques,  d'un  autre  côté, 

1.  ns  ont  été  publiés  par  M,  Chabot  avec  une  analyse  dans  les  Archi- 
ves des  iîiîssions  scienl.,  VU,  p.  4SG. 

2.  Sinas,  Vilœ  sanct.,  au  27  juillet;  les  Bollandistes,  Acla  sancl..  VI, 
3"a-397;  Kocu,  Die  Siebenschlcefcrlegende,  Leipzig,  1883;  V.  Ryssel,  Thcol. 
Zeilschr.  ans  dcr  Schwciz,  18'JG,  p.  48. 

3.  Laxd,  Anecdola  syriaca,  t.  HI,  p.  87. 

4.  La  première  partie  du  deuxième  document  a  été  publiée  par 
TLLLCF.r.G,  Diomjsii  Tdlmahharensis  chronici  liber  pi-imus,  l  psal,  18ol. 
p.  167;  la  seconde  partie,  par  Ignaziu  Giiot,  Testi  orientait  inedili  sopra 
i  selle  dormienti  di  Efeso,  dans  les  mémoires  de  làRealc  Accademia 
dei  Ltncei,  188*,  avec  les  autres  textes  orientaux  (coptes,  arabes,  éthio- 
piens et  arméniens)  relatifs  à  la  légende.  Le  texte  est  réimprimé  dans 
les  Acla  marf.  de  Bf.djan,  I,  301.  Le  ms.  de  la  Bibliothèque  nationale» 
n»  23i>,  fol.  32G,  reufernic  un  troisième  texte  avec  des  variantes  peu  im- 
portantes. 


148  LES  TEXTES  SYRIAQUES 

abrège  parfois  les  textes  anciens.  M.  Guidi  a  édité  deux 
recensions  de  cette  homélie,  de  différente  étendue, 
d'après  deux  ms.  du  Vatican  '. 

Barliebrcieus,  dans  sa  chronique  ecclésiastique,  a  fait 
de  la  légende  un  résumé  qui  présente  quelques  varian- 
tes dans  les  noms  propres^. 

Le  principal  document  pour  l'histoire  des  persécu- 
tions exercées  contre  les  chrétiens  du  Yémen  par  le  roi 
juif  de  ce  pays  au  VP  siècle  de  notre  ère ,  est  la  lettre 
écrite  par  Siméon,  évêque  de  Beit-Arscham,  à  Si- 
méon ,  abbé  du  couvent  de  Gabboula.  Dans  cette  lettre, 
lévêque  de  Beit-Arscham  rapporte  que ,  le  vingt  jan- 
vier 524,  il  avait  quitté  la  ville  de  lïira  en  compagnie 
du  prêtre  Abraham  qui  avait  été  député  par  l'empereur 
Justin  I  vers  le  roi  des  Arabes,  Mondhir,  pour  traiter 
de  la  paix  avec  celui-ci.  Les  voyageurs  rejoignent  Mon- 
dhir à  Ramla.  Aussitôt  après  leur  arrivée,  le  roi  des 
Arabes  reçoit  une  lettre  du  roi  juif  des  Himyarites  (Ho- 
mérites) ,  qui  contient  le  récit  des  persécutions  que  ce 
roi  a  ordonnées  contre  les  chrétiens  du  Yémen.  Cette 
missive  a  pour  objet  d'engager  Mondhir  à  sévir  contre 
ses  sujets  chrétiens.  Voici,  d'après  cette  lettre,  à  quelle 
occasion  avait  eu  lieu  le  massacre  des  chrétiens  de 
Nedjran  dans  le  Yémen  :  le  roi  chrétien  que  les  Ethio- 
piens avaient  établi  dans  cette  ville  étant  mort  pendant 
l'hiver,  les  Ethiopiens  n'avaient  pu  traverser  la  mer  et 
s'occuper  du  successeur  à  donner  au  monarque  défunt; 
les  Juifs  avaient  profité  de  cette  occasion  pour  se  sai- 
sir du  gouvernement;  leroi  juif  qu'ils  avaient  nommé  s'é- 
tait emparé  traîtreusement  de  la  ville  de  Nedjran  après 
avoir  fait  massacrer  les  Éthiopiens ,  au  nombre  de  deux 
cent    quatre-vingts    hommes,   religieux  et  laïcs,    qui 

•1.  Dans  la  publication  citée  dans  la  noie  précédente. 
2.  Chron.  eccl.,  I,  p.  141  et  suiv. 


SLR  LtS  MARTYRS.  149 

étaient  demeurés  dans  le  Yémen.  La  ville  prise,  le  roi 
juif  fait  brûler  l'église  et  mettre  à  mort  les  chrétiens 
qui  ne  consentiront  pas  à  nier  que  le  Christ  est  Dieu. 
Les  hommes  subissent  le  martyre  les  premiers  ;  un  cer- 
tain nombre  séchappe  et  s'enfuit  dans  la  montagne. 
Les  femmes  demeurent  également  inébranlables  dans 
leur  foi  et  reçoivent  le  supplice  avec  enthousiasme. 
Une  dame  noble  du  nom  de  Dauma  {{>a?\  Rômé  ,  se 
distingue  entre  toutes  par  son  exaltation;  elle  court 
avec  ses  filles  au-devant  du  supplice  et  outrage  le  roi 
qui,  frappé  de  sa  beauté,  voulait  la  sauver. 

«  Tel  était,  ajoute  Siméon.  le  contenu  de  la  lettre 
que  reçut  Mondhir,  le  roi  de  Hira,  lorsque  nous  arri- 
vâmes près  de  lui  avec  le  prêtre  Abraham,  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  et  Sergis  var.  George  ,  évêque 
de  Kesafa.  » 

Revenu  à  Hira,  Siméon  apprend  de  nouveaux  épi- 
sodes de  cette  persécution,  que  la  lettre  du  roi  juif 
ne  mentionnait  pas.  Un  messager,  envoyé  aux  infor- 
mations par  des  députés  de  l'ancien  roi  himyarite  qui 
se  trouvaient  à  Hira,  rapporte  en  effet  des  nouvelles  de 
la  ville  de  Xedjran.  Aussitôt  la  ville  prise,  les  princi- 
paux personnages  au  nombre  de  trois  cent  quarante, 
avaient  été  amenés  devant  le  roi  juif;  à  leur  tète  était 
Harith  Arétas  ,  qui  confessa  le  Christ  avec  courage 
et  engagea  ses  compagnons  à  suivre  son  exemple. 
Un  autre  fait,  omis  dans  la  lettre  du  roi  juif,  c'était  la 
confession  d'un  enfant  de  trois  ans  qui  voulait  mou- 
rir avec  sa  mère  plutôt  que  de  renier  le  Christ  :  c'était 
aussi  Foutrage  que  le  roi  juif  reçut  de  la  plus  jeune 
fille  de  Dauma,  lorsqu'il  sollicita  la  noble  dame  d'a- 
postasier. 

Siméon,  en  terminant  sa  lettre,  appelle  les  prières 
des  évêques  de  sa  confession   ^monophysite^   sur   les 


rJO  LES  TEXTES  SYRIAQUES 

clirétiens  liimyarites  et  exprime  l'espoir  que  les  évé- 
ques  de  la  confession  de  l'empereur  agiront  auprès  de 
celui-ci,  pour  qu'il  mette  fm  aux  intrigues  des  Juifs  de 
Tibériade  contre  les  chrétiens. 

La  lettre  de  l'évêque  de  Beit-Arscham  a  été  publiée, 
pour  la  première  fois,  par  Assémani  ^  qui  la  prit  de  la 
partie  de  la  chronique  de  Pseudo-Denys  de  Tellmahré 
tirée  de  rJiistoiro  de  Jean  d'Asie.  Cette  lettre  est  éo-a- 
lement  insérée  dans  la  compilation  syriaque  de  l'his- 
toire de  Zacharie  et  elle  a  été  imprimée  d'après  cette 
source,  dans  le  tome  X  de  la  Scjipt.  s^eterum  nova  col- 
lectio  de  Mai  et  dans  le  tome  III,  p.  235,  des  Anecdota 
sijriaca  de  M.  Land.  Le  texte  de  la  chronique  de  De- 
nys  diffère  peu  de  celui  de  l'histoire  de  Zacharie  ;  c'est 
une  recension  abrégée  du  document  original,  proba- 
blement faite  par  Jean  d'Asie 2.  M.  Guidi,  dont  les  re- 
cherches dans  le  domaine  syriaque  sont  si  fructueuses, 
a  retrouvé,  dans  un  ms.  du  musée  Borgia  et  dans  deux 
ms.  du  Musée  britannique,  le  texte  primitif,  plus  com- 
plet, qu'il  a  publié  dans  les  mémoires  de  la  Reale  Ac- 
cademia  deiLincei,  en  1881 ,  sous  le  titre  de  La  lettera 
di  Sîmeone  vescovo  di  Beith-Arscham  sopra  i  martiri 
Orner  vW^. 

La  persécution  de  Dhou-Nowas  et  le  martyre  d'A- 
rétas  forment  la  première  partie  du  Martyrium  Arelœ 
qui  est  conservé  en  grec^.  M.  Guidi  remarque  que  le 
texte  original  de  la  lettre  de  Siméon  confirme  les  con- 

1.  Bihl.  Orient.,  I,  364. 

2.  MicuAELis  et  ZiNGEr.LE  Ont  rcimprimù  ce  texte  dans  leurs  chresto- 
mathies,  le  premier  d'après  Assémani,  le  second  d'après  le  card.  Mai. 
Knoes  a  également  public  cette  lettre  dans  sa  petite  chrestomathie 
d'après  un  ms.  de  Fans.  (|ui  en  donne  un  mauvais  résume.  Traduction 
portui^aise  par  Esteves  Pereiua,  Hisloria  dos  Martyi'es  de  Nagran,  Lis- 
bonne. 1899,  p.  3. 

3.  Ueimprimé  dans  les  Acla  mari,  du  P.  Bedj.w,  I,  p.  372. 

'i.  Puljliè  par  Boissonade,  Anecdota  grœca,  t.  V,  p.  1;  et  par  le  P.  Car- 
pemier,  Acta  Sanct.  des  BoUandistes,  Cet.,  X,  p.  721. 


SUR  LES  MARTYRS.  loi 

jeclures  queic  P.  Carpentier  avait  faites  sur  làg-e  et  la 
composition  du  Mai-lyriiim  Aretœ'  La  première  par- 
tie de  ce  document  a  été  écrite  en  syriaque  par  Ser- 
gis  tou  George?) ,  évêque  de  Resafa,  qui  se  trouvait 
avec  Siméon  et  Abraham  auprès  de  Mondhir  lorsque 
la  lettre  de  Dhou-Nowas  fut  remise  à  celui-ci.  Le 
syriaque  a  été  ensuite  traduit  en  grec,  et  on  ajouta 
à  la  version  grecque  le  récit  de  l'expédition  d'Ela-As- 
beha. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  la  lettre  de  Siméon  de 
l^eit-Arscliam  et  sur  son  authenticité.  Les  premiers 
travaux  sur  cette  question,  deBlau,  de  Pra^torius  et  de 
Mordtmann,  ont  paru  dans  la  Zeitschr.  der  deiit.  mor- 
genl.  Gcsellsch.,  t.  XXIII,  5G0;  XXIV,  624;  XXV,  260  ; 
XXXI,  ^Ç)  ^  (comp.  Xœldeke ,  Tabari,  185,  note  1  ; 
Guidi.  La  lettera  di Simeone).  M.  Halévy,  dans  la  Re- 
i>uc  des  Etudes  jiiwes,  t.  XVIII,  16-42  et  161-178, 
a  étudié  à  nouveau  cette  lettre  et  les  documents  qui  s'y 
rattachent  ;  il  conclut  en  s'appuyant  sur  des  arguments 
assez  probants,  que  la  lettre  de  Siméon  est  apocryphe 
et  qu'elle  a  été  composée  à  la  fin  du  règne  de  Justinien. 
En  outre  M.  Halévy  cherche  à  disculper  les  Juifs  de 
l'accusation  d'être  les  auteurs  de  la  persécution  qu'il 
impute  à  des  Ariens.  M.  Duchesne  [Revue  des  Etudes 
juives  y  t.  XX,  p.  220)  ne  fait  pas  d'objection  à  la 
thèse  de  M.  Halévy  en  ce  qui  concerne  le  caractère 
apocryphe  de  la  lettre,  mais  il  accepte  comme  véridi- 
que  la  tradition  relative  au  massacre  des  chrétiens  de 
Nedjran  par  les  Juifs;  comp.  Halévy,  ibid.  ^  t.  XXI, 
p.  73  et  suivJ. 

Il  existe  deux  autres  documents  syriaques  sur  les 
persécutions  des  chrétiens  himyarites.  Le  premier  est 

\.  Voir  au^si  :  Fei.l,  Zeilschr.der  deul.  morg.  Gesell.,  t.  XXXV,  p.  1  et 
suiv.;  EsTEVES  Fereira,  Historia  dos  Martyres  de  Nagran,  Lisbonne,  iS'JO. 


152  LES  TEXTES  SYRIAQUES 

une  lettre  de  condoléance  adressée  à  ces  chrétiens 
par  Jacques  de  Saroug  et  qui  a  été  publiée  par 
M.  Schrœter*.  Jacques  étant  mort  en  521,  l'éditeur 
plaçait  la  composition  de  la  lettre  en  520,  quelques 
années  avant  le  martyre  d'Arétas.  Mais  M.  Guidi  fait 
remarquer  avec  justesse  que,  en  520,  un  roi  chrétien 
régnait  à  Nedjran;  la  lettre  de  Jacques  se  rapporte  à  la 
première  persécution  de  Dhou-Nowas,  qui  prit  fin  en 
519  après  la  fuite  de  celui-ci. 

Le  second  document  est  une  hymne  de  Jean  Psallès, 
abbé  du  couvent  de  Jean  bar  Aphtonia  ou  de  Kennesré, 
lequel  vivait  dans  la  première  moitié  du  Vl*^  siècle  et 
était  monophysite.  Cette  hymne  fait  partie  d'une  col- 
lection d'hymnes  grecques  qui  ont  été  traduites  en 
syriaque  par  Paul  d'Edesse  pendant  son  séjour  en 
Chypre  et  revisées  par  Jacques  d'Edesse  (?).  Elle  se 
rapporte  à  la  persécution  dans  laquelle  Arétas  périt  ^. 

Les  autres  textes  syriaques  relatifs  à  différents  mar- 
tyrs offrent  un  intérêt  moindre;  ce  sont,  pour  la  plu- 
part, des  traductions  dactes  grecs. 

La  version  syriaque  de  l'histoire  des  martyrs  de  la 
Palestine  par  Eusèbe  a  été  publiée  par  Évode  xVssé- 
mani  dans  le  deuxième  volume  des  Acta  sanct.  mar- 
tyrum.  Une  autre  recension,  dans  un  ms.  du  Musée 
britannique,  a  été  éditée  par  Gureton  à  Londres  en 
1861,  et  réimprimée  par  le  P.  Bedjan  dans  les  Acta 
martyriim^  I,  p.  202.  M.  Bruno  Violet  a  donné  une 
traduction  allemande  de  cette  recension  avec  une  étude 
des  différents  textes  de  l'œuvre  d'Eusèbe  sur  les  mar- 
tyrs de  la  Palestine  dans  les  Texte  und  Untersiichun- 

1,  Zcitschr.  der  deut.  7norg.  GeselL,  t.  XXXI,  p.  3G0  et  suiv. 

2.  Publiée  également  par  M.  SciinoETEr,,  loc.  cit.  (dans  la  note  précé- 
dente), p.  400.  La  suscripiion  de  celte  hymne  qui  mentionne  l'étliio- 
picn  Masrouq  au  lieu  de  Dhou-Nowas  est  une  addition  postérieure, 
NoEi-DEKE,  Taba)-i,  185,  note  i. 


SLI\  LES  MAUTVIîS.  i:j3 

gen  de  Gcbhardt  et  Harnack ,  t.  XIV,  4Mivraison;  la 
seconde  partie  de  ce  travail  a  été  imprimée  à  part 
comme  thèse  de  doctorat,  Ueber  die  Palcestinischen 
M'àrtyrer,  Leipzig,  180G.  Le  panégyrique  d'Eusèbe 
sur  les  martyrs  chrétiens  qui  se  trouve  dans  le  môme 
manuscrit  syriaque  du  Musée  britannique,  a  paru  par 
les  soins  de  Wright,  dans  le  Journal  ofsacred  lilera- 
turc,  k''  série,  vol.  Y,  p.  403;  M.  Cowper  en  a  donné 
une  traduction  dans  le  même  périodique,  t.  YI,  p.  129'. 

Le  P.  Bedjan  a  publié  la  version  syriaque  des  actes 
des  quarante  martyrs  de  Sébaste  dans  le  troisième  vo- 
lume des  Acta  martyrum,  p.  355,  et  l'homélie  de 
Jacques  de  Saroug  sur  ces  martyrs  dans  le  sixième  vo- 
lume, p.  662.  L'homélie  de  saint  Éphrem  sur  le  même 
sujet  a  été  éditée  par  M.  Lamy,  Sancti  Ephrœmi  syri 
hymni  et  ser moues,  III,  936. 

Les  Acta  martyrum  du  P.  Bedjan  renferment  encore 
des  versions  syriaques  de  différents  actes  grecs  de  mar- 
tyrs. On  trouve  dans  le  tome  YI,  p.  650,  l'homélie  de 
Jacques  de  Saroug  sur  les  martyrs  Serge  et  Bacclms, 
dont  les  actes  sont  imprimés  dans  le  tome  III,  p.  283. 

Parmi  les  documents  qui  appartiennent  au  domaine 
de  la  fiction  plutôt  qu'à  l'histoire,  nous  citerons  les 
actes  de  saint  George,  martyrisé  par  un  roi  perse  du 
nom  de  Dadyané-;  de  sainte  Sophie  Ja  sagesse  i  et  de 
ses  trois  hlles,  Pistis,  Elpis  et  Agapé  la  foi,  l'espérance 
et  la  charité),  martyrisées  par  Hadrien  ^;  de  sainte  Fc- 
bronie,  au  temps  de  Dioclétien^;  de  saint  Paphnuce  et 
de  ses  compagnons,  à  la  même  époque  ^. 

1.  Sur  ces  (■•crits  d'Eusèbe,  voir  P.  Batiffol,  La  Litlêralurc  grecque, 
\).  20:i-206. 

2.  Bedjan,  Acta  mart.,  I,  i'I. 

3.  Ibi'l..  VI,  .3>. 

4.  Ibid.,  V,  5-3. 
li.  Ibid.,  V,  5J4. 

9. 


VIES  DES  SAINTS 


§  4.  —  Vies  des  saints  et  des  ascètes. 

Si  Ton  ajoute  foi  à  la  tradition  do  l'Eglise  orientale, 
la  vie  monastique  et  ascétique  l'ut  instituée  dans  la  Mé- 
sopotamie au  commencement  du  IY°  siècle  par  saint 
Eugène,  qui  importa  dans  cette  contrée  les  règles  des 
moines  d'Egypte,  comme  saint  Hilarion  le  fit,  à  la 
même  époque,  en  Palestine  et  en  Syrie. 

Selon  les  actes  dEugène\ce  saint  était  originaire 
de  Clysma  et  il  s'était  acquis  une  grande  notoriété 
en  Egypte  par  ses  vertus  et  ses  miracles.  Parti  d'E- 
gypte ave  soixante-dix  Pères,  il  se  rendit  en  Mé- 
sopotamie. Ces  moines  se  fixèrent  sur  la  montagne 
Izla ,  au  nord  de  Nisibe ,  qui  devint  plus  tard  célèbre 
par  les  nombreux  couvents  qui  y  furent  construits ,  no- 
tamment par  le  Grand  monastère  d'Abraham;  c'est 
pour  cette  raison  que  cette  montagne  fut  ensuite  ap- 
pelée Tour-Abdin  «  la  montagne  des  serviteurs  ».  Ces 
premiers  anachorètes  de  la  Mésopotamie  vécurent  dans 
des  grottes  pendant  trente  ans,  disent  les  actes  de  saint 
Eugène  ;  leur  réputation  s'étendit  au  loin  ;  de  nouveaux 
frères  accoururent  de  toutes  les  contrées,  «  et  cette 
troupe  divine  s'éleva  à  trois  cent  cinquante  hommes.  » 
Eugène  est  mis  en  relation  avec  Jacques  de  Nisibe  ;  il 
prit  une  part  importante,  dit-on.  à  l'élévation  de  celui-ci 
au  siège  épiscopal  de  Nisibe  -.  La  mort  de  saint  Eu- 
gène est  fixée  au  21  avril  363. 

La  rédaction  de  ces  actes  est  postérieure  au  IV^  siècle 
et  l'imagination  y  a  une  part  trop  grande.  Sapor  II  qui 

1.  Publiés  par  Le  P.  Bedjan,  Acla  mart.,  III,  p.  376.  Dans  un  ms.  du 
.Musée  l)ritannique,  Mikael,  le  disciple  de  saint  Euiiène  est  indiqué 
comme  l'auleur  de  ces  actes,  Bedjan,  ibid.,  p.  37(3,  note  I. 

2.  Les  actes  de  cet  évoque  {Acta  mari,  de  Bedjan,  IV,  p.  2G-2  et  suiv.) 
ne  mentionnent  pas  ce  lait. 


ET  DES  ASCÈTES.  lou 

fut  le  cruel  ennemi  des  chrétiens,  a  dans  ces  actes  un 
rôle  tout  différent  :  il  accueille  Eugène  avec  une  faveur 
insigne  et  autorise  les  soixante-douze  disciples  de  cet 
ascète  à  fonder  des  couvents  dans  tout  le  royaume  de  la 
Perse.  Parmi  ces  disciples,  dont  les  noms  sont  rappor- 
tés, figure  Siméon  le  stylite  qui  vivait  un  siècle  plus 
tard'. 

Cependant  on  ne  peut  nier  que  la  vie  monastique  ait 
été  pratiquée  en  Mésopotamie  dès  le  IV^  siècle.  La 
sixième  homélie  dAphraate.  composée  en  lan  337. 
est  consacrée  aux  religieux  qui  suwent  une  récrie, 
jJoLiû  jiLs,  et  Aphraate  appelle  ces  religieux  ses  frères . 
ce  qui  donne  à  entendre  que  lui-même  était  moine. 
Dans  la  septième  homélie,  §  25,  on  lit  :  «  Je  t'ai  écrit 
tout  cela,  mon  ami,  parce  que,  à  notre  époque,  il  se 
trouve  des  hommes  qui  se  sont  consacrés  à  la  vie  reli- 
gieuse et  sont  devenus  des  solitaires,  des  moines  et  des 
saints,  iJl:;^  |v>^n  «dsô  pU^  »  Marouta,  d'un  autre  côté , 
cite  des  moines  et  des  religieuses  parmi  les  martyrs  de 
la  persécution  de  Sapor  II. 

Les  moines  orientaux,  cénobites  et  solitaires,  pro- 
fessaient une  vive  admiration  pour  les  Pères  des  déserts 
de  Scété  et  de  la  Thébaïde,  dont  ils  lisaient  les  vies 
dans  des  versions  syriaques;  ils  visitaient  les  lieux 
sanctifiés  par  les  ascètes  et  s'y  établissaient,  s'ils  en 
avaient  le  moyen.  Les  Syriens  fondèrent  dans  le  dé- 
sert de  Scété  un  couvent  célèbre  sous  le  nom  de 
Notre-Dame  Marie,  mère  de  Dieu.  Il  a  dû  exister  de 
très  bonne  heure  une  traduction  de  l'Histoire  Lausia^ 
que  de  Palladius  et  de  Y Ilistoria  monachorum  de  Ru- 

1.  11  est  à  remarquer  que,  par  un  anachronisme  analogue,  les  Stylites 
sont  cités  dans  les  actes  de  saint  Épiirein  comme  ayant  pris  part  aux 
obsèques  de  ce  Père.  Josei)li  Bousnaya  qui  figure  parmi  les  disciples 
de  saint  Eugène,  ne  peut  être  le  même  (jue  Joseph  Bousnaya  le  maître 
de  Bar  Khaldoun,  qui  vivait  au  X«  siècle,  comp.  ci-dessus,  p.  2i,  note  1. 


150  VIES  DES  SAINTS 

fin.  Dadjésu,  qui  vivait  à  la  fin  du  VP  siècle,  fit  un 
commentaire  sur  Le  paradis  des  moines  occidentaux , 
nom  sous  lequel  est  vraisemblablement  désignée  l'his- 
toire lausiaque  *.  La  recension  syriaque  que  nous  avons 
du  livre  de  Palladius  est  l'œuvre  d'Enanjésu.  que  ce 
moine  entreprit  dans  le  couvent  de  Beit-Abé  à  la  de- 
mande du  patriarche  George  (661-680). 

L'histoire  monastique  de  Thomas  de  Marga-  nous 
donne  d'utiles  informations  sur  ce  travail  d'Enanjésu, 
qui  comprenait  deux  volumes.  Le  premier  volume  ren- 
fermait les  vies  des  saints  Pères  écrites  par  Palladius 
ou  attribuées  à  Jérôme,  et  le  second  les  questions  et 
les  récits  des  Pères.  L'ouvrage  était  intitulé  Le  Para- 
dis; il  se  répandit  et  fut  accepté  dans  tous  les  couvents 
de  l'Orient.  Le  second  volume  contenait  six  cent  quinze 
articles  numérotés,  répartis  dans  quatorze  chapitres;  en 
outre ,  Enanjésu  y  avait  réuni  quatre  cent  trente  arti- 
cles sur  toutes  sortes  de  vertus,  et  aussi  beaucoup 
d'autres  qui  n'étaient  pas  classés  et  ne  portaient  pas  de 
numéros  d'ordre.  Ce  compilateur  avait  ajouté  le  dis- 
cours ou  Enconiiiun  de  saint  Jean  Chrysostome  sur  les 
moines  d'Egypte  (VII 1^  homélie  sur  saint  Mathieu)  ;  les 
questions  d'Abraham  de  Nethpar  (ou  Nephtar?)  et  des 
démonstrations  et  récits  qu'il  avait  tirés  des  Livres 
des  Pères. 

Le  P.  Bedjan  a  publié  récemment  une  édition  du  Pa- 
radis d'Enanjésu,  basée  sur  un  ancien  et  excellent  ms. 
du  Vatican  et  sur  d'autres  manuscrits  de  Londres,  de 
Berlin  et  de  Paris ^. Cette  édition,  qui  était  vivement 

1.  AssÉMANi,  B.  0.,  t.  ni,  pars  I,  p.  98-99.  Ce  commentaire  est  cité 
dans  le  Livre  de  Vabeille,  éd.  Bldge,  p.  57,  1.  3  (trad.,  p.  55,  1.  \). 

2.  Livre  n,  chap.  xv;  éd.  Bldge,  The  book  of  governors,  the  historia 
monaslica  of  Thomas  of  Marga,  Londres,  1893,  t.  II,  p.  189. 

3.  Paradisus  Patrum ,  t.  VII  des  Acta  mari,  et  sancL,  Paris,  1897. 
Deux  élèves  de  Tullberg,  Markstrœm  et  Lagerstrœm,  ont  publié,  comme 


ET  DES  ASCETES.  157 

attendue,  contient  :  1'  les  vies  des  Itères  en  trois  par- 
ties (les  vies  écrites  par  l^alladius  dans  les  deux  pre- 
mières parties,  et  les  vies  écrites  par  saint  Jérôme' 
dans  la  troisième);  2°  les  apophtegmes  des  Pères  for- 
mant les  quatorze  premiers  chapitres  de  la  troisième 
partie,  mise  à  tort  sous  le  nom  de  Palladius  et  com- 
prenant six  cent  vingt-sept  numéros:  3°  les  questions 
et  réponses  sur  toutes  sortes  de  vertus,  chapitre  xv, 
ayant  chacune  un  n°  d'ordre;  4*^  les  démonstrations 
pour  les  indiiïérents  qui  n"ont  pas  souci  de  leur  sa- 
lut, chap.  XVI  à  XXIII  :  suit  un  chap.  xxiv.  En  appendice, 
Le  P.  Bedjan  a  publié,  d'après  le  ms.  du  Musée  britan- 
nique, Add.  17174,  qui  renferme  la  recension  d'Knan- 
jésu,  YEncomium  de  saint  Jean  Chrysostome  et  le  dis- 
cours d'Abraham  de  Xethpar,  que  Thomas  de  Marga 
mentionnait  comme  se  trouvant  dans  cette  recension 
voir  page  précédente  . 

11  existe  encore  dans  un  autre  ms.  de  Londres,  Add. 
17264,  un  ouvrage  intitulé  Illustrations  du  livre  du  Pa- 
radis; malheureusement  le  nom  de  l'auteur  a  été  effacé 
dans  le  ms.  primitil:  il  résulte  cependant  de  lépithète 
qui  suit,  que  cet  auteur  nest  pas  Lnanjésu. 

Les  vies  de  saint  Antoine,  de  Paul  l'ermite  et  de 
saint  Pacôme  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  le  livre 
de  Palladius,  sont  imprimées  dans  le  V^  vol.  des 
Acta  martijimm  et  sanct.  du  P.  Bedjan.  La  version 
syriaque  de  la  vie  de  saint  Antoine ,  dont  le  texte  grec 
est  attribué  à  saint  Athanase  d'Alexandrie,  prouve,  se- 
lon >L   Frédéric  Schulthess-,  qu'il  existait  au  moins 

thèses,  à  Upsal  en  l8ol ,  quelques  vies  extraites  de  ce  Paradis;  com- 
parer aussi  BiDGE,  The  book  of  governors,  t.  H,  p.  \92. 

i.  Ou,  pour  mieux  dire,  Vllistoria  monachorum  de  Rlfix  allril)ucc 
ici  à  saint  Jérôme,  voir  J.-B.  Cuabot,  Revue  critique,  19-26  septembre 

d8'J8,  p.  UiH;  l'.fDJAN,  l.  f.,  p.  V. 
2.  Probe  einer  syrischm  Version  der  Vila  S.  Anlonii,  Leipzig,  1894. 


lo8  VIES  DES  SAINTS 

deux  rédactions  grecques  différentes,  car  le  syriaque 
suppose  un  texte  grec  autre  que  celui  qui  est  connu.  Il 
semble  aussi  que  ces  différentes  rédactions  grecques 
ont  été  traduites  en  syriaque  :  les  manuscrits  syria- 
ques qui  contiennent  cette  vie  présentent  en  effet  des 
variantes  considérables,  ainsi  que  le  P.  Bedjan  en  fait 
la  remarque  * 

Le  pendant  du  Paradis  de  Palladius  qui  renfermait 
les  vies  des  ascètes  occidentaux,  c'était  le  Paradis 
des  orienliULv  de  Joseph  Hazzaya  (ou  Joseph  d'Adia- 
bène,  et  non  Joseph  Houzaya  ou  d'Ahwaz),  et  le  Petit 
Paî-adis  de  David  de  Beit-Rabban  évêque  des  Kar- 
tewayé  (ou  des  Kurdes),  qui  contenaient  les  vies  des 
ascètes  orientaux.  Ces  ouvrages  ne  sont  connus  que-par 
le  catalogue  d'Ébedjésu  et  l'histoire  monastique  de 
Thomas  de  ^larga-. 

Denys  bar  Salibi  est  indiqué  comme  étant  l'auteur 
dune  Histoire  abrégée  des  Pères,  des  saints  et  des 
martyrs  ^. 

La  Vie  de  Mar  Benjamin,  disciple  de  saint  Eugène, 
est  une  composition  tardive,  tirée  en  grande  partie  de 
la  Vie  de  Mar  Mika'*  (Bedjan,  Acta  mart.,  III,  510). 

Les  Acta  martyrum  et  sanctorum  du  P.  Bedjan  nous 


1.  Les  Acia  mart.  du  P.  Bedjan  renferment  encore  des  versions 
syriaques  de  jjliisieurs  vies  d'ascètes  égyptiens  qui  sont  en  dehors  du 
Paradis  des  pin-es. 

2.  AssÉMAM,  Bibl.  orient.,  IH,  I.  p.  102;  Thomas  de  Mauga,  éd.  Bcdge, 
The bookofr/overnors,  liv.    n,  cliap.  xxiv. 

3.  AssÉMANi,  B.  0.,  II,  210. 

4.  Ainsi  que  l'a  reconnu  M.  Brockelmann,  Zeitschr.  f.  Assyriologie, 
1897,  t.  xn,  p.  2T0,  après  la  publication  de  la  vie  de  Mar  Benjamin  par 
le  P.  Sclieil,  ibid.,  p.  02.  Le  P.  Sclieil  a  aussi  édité,  ibid.,  p.  1G2,  le  récit 
fabuleux  de  l'entrevue  de  Mar  Scrapion  avec  Mar  Marcos  et  de  la  mort 
de  Marcos.  Le  P.  Sclieil  a  donné,  dans  la  Revue  de  l'Orient  chrétien, 
1897,  p.  24G-270,  une  traduction  française  de  ces  documents  et  d'une 
notice  sur  le  couvent  de  Hanina  (aujourd'hui  le  couvent  de  Zafaran  prés 
de  Mardin). 


ET  DES  ASCÈTES.  159 

font  connaître  plusieurs  vies  d'autres  saints  de  la  Mé- 
sopotamie orientale  :  Zeia,  le  grand  saint  du  Kurdistan 
dont  les  reliques  sont  à  Djélou  *  ;  Sclialita,  disciple  de 
saint  Eugène  et  égyptien  d'origine.,  qui  se  rendit  avec 
Jacques  de  Xisibe  sur  le  mont  Kardou  ■  Ararat;  pour  y 
fonder  un  monastère  à  l'endroit  où  l'Arche  de  Noé  s'é- 
tait arrêtée-:  Yonan,  un  disciple  de  saint  Eugène,  qui 
se  rendit  en  Orient  avec  son  maître  et  vécut  en  ascète 
dans  le  désert  de  Péroz-Schabor  ou  Anbar^;  Jacques, 
évêque  de  Nisibe,  qui  assista  au  concile  de  Nicée  et 
réussit,  à  laide  des  prières  de  son  disciple  saint 
Ephrem  ,  à  repousser  les  Perses  lors  du  siège  de  Nisibe 
en  338  '. 

Les  actes  de  Saint  Ephrem  appartiennent  à  cette 
catégorie,  mais,  comme  nous  parlerons  de  cet  illustre 
Père  dans  la  seconde  partie  de  notre  livre ,  nous  ren- 
voyons sa  biographie  à  cette  partie. 

A  saint  Ephrem  est  attribuée  la  composition  des 
Actes  d'Abraham  de  Kidouna  et  des  Actes  de  Julien 
Saha ,  deux  saints  qui  étaient  contemporains  de  ce 
Père-^.  Les  Actes  d'Abraham  ne  semblent  pas  être 
de  saint  Ephrem;  les  Actes  de  Julien  sont  traduits  du 
Philotheiis  ou  Historia  relioiosa  de  Théodoret,  voir 
Migne,  Patrol.  gr.,  t.  LXXXII,  p.  130G.  Ce  qui  a  pu 
donner  lieu  à  cette  attribution,  ce  sont  les  hymnes  que 
saint  Ephrem  a  composées  en  l'honneur  de  ces  ascètes  ^. 

1.  Acla  mart.,  I,  398. 

2.  Ibid.,  I,  424;  celle  histoire  est  divisée  en  sept  actes. 

3.  Ibid.,  I,  4G6;  liistoire  divisée  en  neuf  actes  et  écrite  par  Zadôé, 
abbé  du  couvent  de  Saint-Thomas  au\  Indes. 

4.  Ifjî'J..  IV.  2«32. 

5.  Lamy,  Acta  beati  Abrahee  Kidwiaiœ  dans  le  tome  X  des  Analecta 
Bollandiana,  1891;  réimprimés  dans  les  Acta  mart.  de  Bkdjan,  t.  VI, 
p.  465.  Les  actes  de  Julien  Saba  ont  été  édités  dans  les  Acta  mart.  de 
Bedja.>,  t.  VI.  p.  380. 

6.  Ces  liymnes  ont  été  éditées  par  M.  Lamy,  S.  Ephrœmi  syri  hymni 
et  sermones,  t.  III,  p.  749  et  suiv.,  837  et  suiv. 


IGO  VIES  DES  SAINTS 

Les  actes  d'F.iisèhe,  évoque  de  Samosaie  *  sont-ils 
un  original  syriaque  malgré  les  mois  grecs  qu'ils  ren- 
ferment? Le  style  est  élégant  et  animé;  les  détails  sont 
précis  et  dénotent  un  auteur  contemporain  des  événe- 
ments qu'il  rapporte.  C'est  un  tableau  vivant  des  pour- 
suites exercées  contre  les  orthodoxes  par  Valens  à  l'in- 
stigation des  Ariens;  à  la  tête  du  parti  arien  est  placé 
Eusèbe  de  Césarée. 

Les  actes  de  Siméon  le  stylite  sont  un  panégyrique 
du  grand  saint  de  la  Syrie,  dans  lequel  les  miracles 
occupent  une  place  importante.  Le  texte  syriaque 
complète  la  biographie  de  ce  saint,  écrite  par  Théo- 
doret  de  Cyr,  son  contemporain.  Suivant  une  clausule, 
ce  texte  fut  écrit  par  Siméon,  fils  d'Apollon,  et  Bar- 
hatar,  fils  d'Oudan,  le  17  avril  de  Tan  521  de  lère  d'An- 
tioche,  ou  472  de  J.-C,  quelques  années  seulement 
après  la  mort  du  fondateur  de  Tordre  des  Stylites. 
Cette  clausule,  comme  le  remarque  le  P.  Bedjan -, 
infirme  Thypotlièse  de  Joseph  Simon  Assémani  et  d'E- 
vode  Assémani,  qui  croyaient  que  l'auteur  du  docu- 
ment était  le  prêtre  Kouzma  dont  on  possède  une  lettre 
adressée  à  Siméon  le  stylite  ^.  Jacques  de  Saroug  a 
composé,  en  l'honneur  de  Siméon,  une  homélie  métri- 
que dont  on  doit  la  connaissance  à  Évode  Assémani^. 


1.  Bedjan,  Acta  mart.,  t.  VI,  p.  33j. 

2.  Dans  la  préface  du  tome  IV  des  Acta  mart.;  le  P.  Bedjan  a  donné 
dans  ce  volume,  p.  o07  et  suiv.,  d'après  le  ms.  Add.  14484  du  Musée 
britannique,  une  édition  des  actes  de  S.  Siméon,  plus  correcte  et  plus 
complète  que  celle  d'ÉvooE  Assémani,  Acla  sanct.  mart.,  II,  268  et  suiv. 

3.  Publiée  à  la  suite  des  actes  de  Siméon  par  J.  Assémani,  Bibl.  orient., 
I,  237;  Év.  Assémani,  Acta  sanct.  mart.,  II,  p.  39i;  Bedjan,  Acta  mart., 
IV,  p.  G4i. 

4.  Acta  sanct.  mart.,U,  p.  230;  réimprimée  dans  Bf.djan,  Acta  mart., 
IV,  p.  650.  Comme  il  arrive  souvent  pour  les  homélies  de  Jacques  de  Sa- 
roug, une  seconde  recension  de  cette  homélie  beaucoup  plus  longue 
existe  dans  le  ms.  add.  17159  du  Musée  britannique,  voir  Bedjan,  pré- 
face du  tome  IV  de  ses  Acta  mart.,  p.  XIV. 


ET  DES  ASCÈTES.  161 

La  i'ie  de  Rabboula,  éç'êque  d'Edesse ,  un  des  meil- 
leurs morceaux  du  genre  que  nous  connaissions',  a  été 
écrite  peu  de  temps  après  la  mort  du  saint  évoque  par 
un  des  clercs  de  l'évêché.  Cette  vie  donne  an  portrait 
ressemblant  du  personnage,  qu'elle  représente  avec  des 
traits  fortement  accentués  de  son  caractère  dabnéga- 
tion,  de  charité  et  de  dévouement.  Rabboula  avait  pra- 
tiqué la  vie  monastique  et  ascétique  avant  de  devenir 
évêque  et  il  continua  de  s'imposer  les  mêmes  privations 
et  les  mêmes  mortifications  lorsqu'il  fut  appelé  à  la  di- 
rection de  lEglise  dÉdesse.  Nous  reviendrons  sur  ce 
Père  dans  notre  seconde  partie,  en  parlant  des  écrivains 
syriaques  du  IV^  siècle. 

L'ascétisme  rigoureux,  dont  Rabboula  fat  le  modèle 
à  Edesse ,  semble  avoir  été  personnifié  sous  une  forme 
vivante  par  la  légende  syriaque  de  L'homme  de  Dieu 
qui  eut  un  grand  retentissement  aussi  bien  en  Occident 
qu'en  Orient.  Cette  légende,  qui  se  forma  à  Edesse  peu 
de  temps  après  la  mort  de  Rabboula-,  raconte  qu'un 
patricien  romain,  qui  est  désigné  sous  le  nom  de 
L'homme  de  Dieu,  quitta,  le  soir  môme  de  ses  noces, 
son  épouse  et  ses  parents  et  se  rendit  de  Rome  à  Edesse, 
où  il  vécut  d'aumônes,  passant  ses  jours  et  ses  nuits 
dans  la  prière;  il  se  contentait  d'un  peu  de  pain  et  de 
légumes  et  donnait  aux  autres  mendiants  le  surplus  de 
ce  qu'il  recevait.  Ce  saint  mourut  à  Thôpital.  Aussitôt 
après  sa  mort,  le  sacristain  de  la  cathédrale  d'Édesse, 
([ui  avait  été  témoin  de  sa  piété  exemplaire,  alla  rap- 
porter à  Rabboula  ce   qu'il  avait   vu    et    entendu  de 

\.  Publiée  par  OvEnnF.cK,  S.  Ephrxmi  syri ,  Rabulse  episcopi...  opéra 
sslecta.  p.  1(»0;  rcimpriin;'e  dans  Bf.djan,  Acta  mart.,  IV,  SOiî;  traduite 
en  alleniand  pir  Bickf.i.i.  dans  la  BihUothek  der  Kirchenvseter  de  Tai.i.- 
HOFER,  n<"  102-lOi;  comp.  Lagrangf.,  La  science  catholique,  1888,  p.  62». 

2.  Amiaud,  La  lt''(jende  syriar/ue  de  saint  Alexis,  l'homme  de  Dieu,  Paris, 
1889,  79«  fascicule  de  la  Bibliollieque  de  l'École  des  iiaules  études. 


162  VIES  DES  SAINTS 

riiomme  de  Dieu.  L'évoque  veut  se  faire  remettre  le 
corps  du  saint,  mais  il  avait  déjà  été  enterré  et  quand 
on  ouvrit  sa  tombe ,  on  ne  trouva  plus  que  les  haillons 
qui  Pavaient  vêtu.  Telle  est  cette  légende  dans  sa  forme 
syriaque.  Plus  tard  elle  devint  l'histoire  de  saint  Alexis 
dans  une  rédaction  nouvelle,  qui  montre  le  saint  ressus- 
cité ,  de  retour  à  Rome  chez  ses  parents ,  où  il  vécut 
avec  les  esclaves  jusqu'à  sa  seconde  mort.  C'est  alors 
seulement  qu'il  fut  reconnu  des  siens. 

Les  actes  syriaques  de  sainte  Pélagie,  une  comé- 
dienne d'Antioche,  qui  aurait  été  convertie  par  Nonnus, 
le  second  successeur  de  Rabboula  sur  le  siège  épiscopal 
d'Édesse,  ne  sont  pas,  selon  Gildemeister  ' ,  un  docu- 
ment original,  mais  une  rédaction  amplifiée  des  actes 
grecs  de  la  sainte. 

Les  vies  des  saints  de  l'Église  jacobite  de  la  fm  du 
V®  siècle  et  du  Yl^  siècle  sont  une  des  meilleures 
sources  de  l'histoire  concernant  l'introduction  du  mo- 
nophysisme  en  Syrie,  et  du  commerce  actif  qui  s'établit 
à  cette  époque  entre  Antioche  et  Alexandrie.  La  plus 
importante  collection  de  ces  vies  est  celle  qui  a  été 
écrite  par  Jean  d'Asie  quand  il  était  moine  au  couvent 
de  Mar  Yohannan  à  Amid ,  sous  le  titre  de  Histoù-es 
concernant  les  çies  des  Bienheiweiix  orientaux.  Tous 
les  saints  dont  Jean  écrivit  l'histoire,  religieux  et  reli- 
gieuses, étaient  des  monophysites  et  des  contemporains 
de  l'auteur.  On  trouvera  la  liste  de  leurs  noms  dans  le 
second  volume  des  Ane c dota  syrlaca  de  M.  Land, 
p.  32-34  de  l'introduction  ;  le  texte  syriaque  est  imprimé 
dans  le  même  volume,  p.  2-288,  d'après  le  ms.  Add. 
14647  du  Musée  britannique.  Parmi  ces  noms  figurent 
Siméon,  évêque  de  Beit-Arscham,  dont  la  confession 

1.  Ac.la  S.  Pelagise  syriace,  éd.  Gildemf.ister,  Bonn,  1879;  réimprimés 
dans  les  Acla  mart.  de  Bedjan,  VI,  61G. 


ET  DES  ASCETES.  1Ô3 

monophysite  ne  fait  plus  de  doute  aujourd'hui;  Jacques 
Baradée,  lapôtre  de  cette  confession  en  Syrie ,  qui  a 
donné  son  nom  à  la  secte  des  Jacobites;  Jean  de  Telia; 
les  patriarches  envoyés  en  exil,  Sévère,  Théodose.  An- 
thime,  Serge  et  Paul.  Cet  ouvrage  biographique  de 
Jean  d'Asie  est  suivi,  dans  lédition  de  M.  Land,de 
plusieurs  suppléments  empruntés  à  d'autres  ms.  du 
Musée  britannique,  de  Tliistoire  de  la  vierge  Suzanne, 
de  Marie,  de  Malchus,  et  dune  vie  de  Jacques  Baradée, 
plus  développée  que  celle  de  la  biographie.  Cette  se- 
conde vie  de  Jacques  Baradée  est  aussi  attribuée  à  Jean 
d'Asie,  mais  M.  Kleyn,  à  qui  l'on  doit  une  excellente 
étude  sur  Jacques  Baradée  et  son  œuvre  apostolique  \ 
a  montré-  qu'elle  était  d'un  auteur  différent. 

On  doit  encore  à  M.  Kleyn  ^  la  connaissance  dune 
vie  de  Jean  de  Telia ,  écrite  par  Elias ,  un  des  compa- 
gnons de  l'ardent  prédicateur  monophysite .  et  qui  est 
différente  de  celle  que  Jean  d'Asie  nous  a  laissée. 

La  vie  de  Pierre  libère,  évêque  de  Mayouma  près 
de  Gaza,  conservée  dans  la  traduction  syriaque  d'un 
original  grec  perdu  ',  présente  un  intérêt  multiple  :  elle 
contient  quelques  notices  nouvelles  sur  les  rois  et  les 
reines  des  Ibères  et  sur  leur  conversion  au  christia- 
nisme ;  des  données  précises  sur  diverses  localités  de 
la  Palestine  et  de  l'Arabie  transjordanique  ;  et  quelques 
aperçus  sur  l'histoire  de  l'Eglise  d'Alexandrie,  Pierre 
l'Ibère  ayant  pris  part  à  la  consécration  du  patriarche 
d'Alexandrie ,  Timothée  ^Elure.  La  grande  réputation 


1.  Jacobui  Dciradxus,  de  Slichter  der  syrische  Monophysietische  Kerk, 
I.eide,  1882. 
â.  Ibid..  Aanhangsel  H,  p.  iO'i. 

3.  Het  Levcn  van  Johannes  van  Telia  door  Elias,  I.eide,  1882. 

4.  Publiée  par  .M.  Richakd  Raace,  Petrus  der  Iberer,  Lei|)ziiï.  1895,  d'a- 
près deux  ms.  La  version  géorgienne  a  clé  puhiice  avec  une  traduction 
russe  par  M.  Marr  à  Saint-Pétersbourg  en  189:î. 


164  VJES  DES  SAINTS 

que  cet  évêque  de  Mayouma  eut  en  Orient  et  quil  dut 
à  sa  piété  insigne  plutôt  qu'aux  fonctions  publiques 
qu'il  remplit,  est  attestée  par  les  divers  documents  qui 
en  parlent.  11  existait  deux  biographies  différentes  de 
Pierre  Tibère;  l'une  a  été  écrite  par  un  moine  du  cou- 
vent de  Mayouma  peu  de  temps  après  la  mort  du  saint 
arrivée  en  485  ;  c'est  celle  dont  la  traduction  syriaque  a 
été  publiée  par  M.  Kaabe;  l'autre,  qui  n'a  pas  été  re- 
trouvée jusqu'à  ce  jour,  a  été  composée  par  Zacharie 
le  Rhéteur,  ainsi  que  cet  auteur  nous  l'apprend  dans 
la  vie  de  Sévère  d'Antioche  ^  «  Lorsque  je  décrivais, 
dit-il,  les  vertus  des  saints  Pierre  d'Ibérie  et  Isaïe,  le 
grand  ascète  d'Egypte...  »  Dans  son  histoire  -,  Zacha- 
rie a  donné  sur  Pierre  l'Ibère  des  détails  qui  souvent 
concordent  avec  la  vie  publiée  par  M.  Raabe  et  quel- 
quefois s'en  éloignent  ^. 

La  vie  de  l'ascète  Isaïe  écrite  par  Zacharie  a  été  pu- 
bliée en  syriaque  par  M.  Land  à  la  fin  du  troisième  vo- 
lume de  ses  Anecdota  syriaca ,  p.  346  et  suiv. 

M.  Spanuth  a  édité  la  version  syriaque  de  la  vie  de 
Sévère  d'Antioche  par  le  même  Zacharie  '',  d'après  le  ms. 
de  Berlin,  Collection  Sachau,  n»  321,  qui  renferme 
aussi,  outre  la  vie  de  Pierre  l'Ibère,  la  vie  disaïe  l'as- 
cète et  divers  morceaux  traduits  du  grec  et  relatifs  à  la 
défense  de  la  doctrine  monophysite.  Zacharie  a  com- 
posé à  Constantinople,  en  515  ou  51C,  la  vie  de  Sévère, 
lorsque  celui-ci   était  patriarche  d'Antioche.  Il  s'était 

\.  Éditée  en  syriaque  par  M.  SPA^L"TII,  Zacharias  Rhelor,  das  Lnben 
des  Severus  von  Antiochien  in  syrischer  Uebcrselzung ,  Gœttingue,  1833, 
p.  22,  1.  7. 

2.  Land,  Anecdota  syr.,  ni,  p.  1-2B,  cliap.  iv  intitulé  Pierre  V Ibère , 
,'vêgue  de  Gaza,  et  p.  128,  ciiap.  vu  intitulé  De  l'apparition  du  Christ  à 
Pierre  l'Ibère. 

3.  Sur  d'autres  textes  syriaques  ,  où  il  est  question  de  Pierre  l'Ibère, 
voir  Raabe,  l.  c,  \).  G,  note. 

4.  Voir  ci-dessus,  note  1. 


ET  DES  ASCÈTES.  IGo 

proposé,  en  écrivant  cette  biographie ,  comme  il  le  dit 
dans  rintroduclion,  de  réfuter  les  calomnies  des  adver- 
saires du  patriarche  dxVntioche,  qui  accusaient  celui-ci 
d'avoir  pratiqué  le  paganisme  pendant  sa  jeunesse.  Ce 
document  renferme  encore  une  autobiographie  de  Za- 
charie,  qui  nous  apprend  que  celui-ci  était  né  près  de 
Gaza,  qu'il  étudia  la  grammaire  et  la  rhétorique  à 
Alexandrie  et  le  droit  à  Beyrouth.  Il  fit  baptiser  Sévère 
à  Tripoli  et  prit  une  part  active  dans  les  poursuites  di- 
rigées contre  les  païens  ^ 

Les  Plérophories  de  Jean,  évêque  de  Mayouma,  for- 
ment un  recueil  de  récits  anecdotiques,  divisé  en  qua- 
tre-vingt-neuf chapitres.  Cet  ouvrage,  composé  en 
grec  vers  515,  est  conservé  en  syriaque  dans  le  ms. 
Add.  14650  du  Musée  britannique,  et  il  a  été  inséré 
dans  V Histoire  encore  inédite)  de  Michel  le  Syrien.  Il 
contient  d'intéressants  récits  sur  les  Pères  de  lEglise 
monophysite  du  V^  siècle,  en  particulier  sur  Pierre 
l'Ibère ,  et  il  rapporte  les  dires  de  ces  Pères  contre  les 
Orthodoxes  et  le  concile  de  Chalcédoine-. 

D'autres  vies  de  saints  trouveront  leur  place  plus  loin 
sous  le  n°  XIII  de  cette  partie  qui  traite  de  la  littéra- 
ture ascétique. 


1.  Nau.  Journal  asiatique,  9«  série,  t.  IX,  p.  531,  noie  1. 

•2.  51.  l'Abbc  Xau  a  lu  un  travail  sur  ces  Plérophories  au  congrès  des 
Orientalistes  de  Paris,  septcmljre  189".  Il  en  public  une  traduction  fran- 
çaise dans  la  Revue  de  l'Orient  chrclien,  1893-1809;  tirage  à  part,  Les 
Plérophories  de  Jean,  évêque  de  Mayouma,  Paris,  IfeOJ. 


LES    TEXTES    APOLOGETNIUES. 

La  littérature  apologétique  est  grecque,  mais  le  sy- 
riaque nous  a  conservé  des  traductions  d'anciens  tex- 
tes perdus.  La  version  de  l'apologie  d'Aristide  a  été 
retrouvée,  il  y  a  peu  d'années,  par  M.  Rendel  Harris 
dans  un  ms.  du  YIP  siècle  du  couvent  de  Sainte-Cathe- 
rine sur  le  Sinaï  ^  Elle  a  permis  à  M.  Harris  d'établir 
que  cette  apologie  était  adressée  non  pas  à  Hadrien, 
comme  le  dit  Eusèbe,  mais  à  Antonin  le  Pieux.  De  son 
côté  M.  Armitage  Robinson  a  reconnu,  grâce  à  ce 
texte  syriaque,  que  l'original  grec  avait  été  inséré, 
avec  diverses  modifications,  dans  l'histoire  de  Barlaam 
et  Josaphat-.  M.  BatifTol  a  parlé  plus  au  long  de  l'im- 
portante publication  de  MM.  Harris  et  Robinson  dans 
son  livre,  La  littérature  grecque  chrétienne ^  p.  88. 

Le  ms.  syriaque  qui  renferme  l'apologie  attribuée  à 
Méliton  est  probablement  aussi  du  YIP  siècle.  Le  ti- 

1.  T/je  apology  of  Arislides  by  J.  Rendel  Harris  with  annppendix  by 
J.  Armitage  Robinson,  Cambridge,  1891.  M.  Richard  Raabe  en  a  donné 
une  Iraduclion  allemande  avec  un  apparat  critique  dans  les  Texte  und 
Untersuchungen  de  GEBiunDT  et  Harnack,  t.  IX,  1892,  sous  le  titre  Die 
Apologie  des  Arislides  aus  dem  syrisrhen  ûbersetzt. 

2.  Celle  histoire  a  été  attribuée  à  Jean  Damascène  dans  les  œuvres 
duquel  elle  est  comprise;  mais  M.  Zotenberg  a  montré  qu'elle  remonte 
plus  haut  que  cet  historien,  Notice  sur  le  livre  de  Barlaam  et  Joasaph, 
Paris,  1880. 


168  LES  TEXTES  APOLOGÉTIQUES. 

tre  est  :  «  Discours  de  Méliton  le  philosophe  (pro- 
noncé' en  présence  dAntonin  César.  Il  disait  à  César 
de  reconnaître  Dieu  et  lui  montra  la  voie  de  la  vé- 
rité ' .  »  Ce  texte  syriaque  nous  a-t-il  conservé  lapolo- 
gie  de  Melilon.  évoque  de  Sardes,  dont  Eusèbe  parle 
dans  son  histoire  ecclésiastique  ';Livre  IV,  ch.  xxivj-^ 
Il  y  a  contre  cette  hypothèse  une  grave  difficulté;  le 
syriaque,  qui  est  complet  et  ne  renferme  pas  de  la- 
cune. n"a  pas  le  passage  de  l'apologie  de  Méliton  cité 
par  Eusèbe.  Cureton  supposait  que  Méliton  avait  écrit 
deux  apologies,  bien  qu'Eusèbe  n'en  mentionne  qu'une 
seule;  c'est  peu  vraisemblable.  Le  syriaque  nous  a  plu- 
tôt conservé  une  de  ces  nombreuses  apologies  qui  cir- 
culaient dans  les  premiers  siècles  de  lère  chrétienne, 
dont  on  attribua  la  paternité  à  l'évêque  de  Sardes^. 
Nous  ne  croyons  pas  toutefois,  comme  certains  criti- 
ques le  supposent,  que  le  texte  syriaque  soit  une  œuvre 
originale ,  et  que  cette  apologie  ait  été  adressée  à  Ca- 
racalla  ,211-267i.  lors  de  son  séjour  en  Osrhoène,  par 
quelque  chrétien  de  Mabboug  ou  des  environs.  Cette 
conjecture  est  fondée  sur  le  passage  suivant  :  «  Les 
Mésopotamiens  adoraient  la  juive  Koutbi  qui  avait 
sauvé  de  ses  ennemis  Bakrou  /'<7^^/^(7  dEdesse.  Au  su- 
jet de  Nébo,  adoré  à  Mabboug,  à  quoi  bon  vous  écrire 
ce  que  tous  les  prêtres  de  Mabboug  savent,  que  c'est 
l'image  d'Orphée,  le  mage  de  Thrace.  »  Or  ce  passage 
milite  en  faveur  d'une  conclusion  toute  différente.  On 


i.  C\:n'E.ioy,Spicilegium  syriacum,  p.  2-2  et  suiv.:  etPiTUA,  Spicilegium 
Solesmense,  t.  U,  p.  xxxviii. 

2.  Le  Spicilegium  de  Clueton  contient  la  version  syriaque  de  ce  cha- 
pitre d'Eusèbe  et  des  fragments  des  œuvres  attribuées  à  Méliton;  le  se- 
cond fragment  sur  la  foi  (Spicileg.  de  Clreton,  p.  3-2.  et  Spicileg.  de 
PiTP.A,  n,  p.  Lix)  appartient  à  saint  Justin,  voir  Abbé  Map.tix  dans  les 
Analecta  sacra  de  Pitp.a,  IV,  p.  21).  note. 

3.  GEBnAP.DT  et  Hap.nack.  Texte  und  Untersuchungen,  I.  261;  Tixeront, 
Les  origines  de  l'Église  d'Édesse,  <),  noie  è>. 


LES  TEXTES  APOLOGÉTIQUES.  169 

ne  sait  à  quel  événement  il  est  fait  allusion  à  propos 
de  la  juive  Koutbi  et  du  roi  dEdesse  Bakrou ,  mais  le 
titre  à.'abchjd  donné  à  ce  prince  n'est  pas  usuel  ;  c'est 
un  mot  artiûciel,  formé  de  ahd  «  père  » ,  et  qui  rend 
littéralement  le  grec  ttutoî/ao;  [Patrice.  Jamais  les 
rois  d'Édesse  n'ont  porté  le  titre  de  Patrice.  En  outre 
les  Mésopotamiens  savaient  que  le  dieu  Xébo  repré- 
sentait la  planète  de  Mercure  et  non  pas  Orphée  de 
Thrace.  D'autres  passages  sur  la  mythologie  trahissent 
une  source  grecque. 

Cette  apologie  développe  le  thème  commun  à  ce  genre 
littéraire  :  le  vrai  Dieu  est  le  Dieu  unique ,  créateur  du 
ciel  et  de  la  terre;  les  dieux  du  paganisme  sont  des 
anciens  rois  ou  héros  qui  ont  été  divinisés  :  les  idoles 
de  bois  ou  de  métal  ne  se  distinguent  de  la  matière  avec 
laquelle  elles  sont  fabriquées  que  par  l'art  du  sculpteur 
ou  de  l'orfèvre  ;  Dieu  ne  s'est  pas  manifesté  avec  une 
évidence  telle  que  les  fausses  religions  fussent  impos- 
sibles, parce  qu'il  a  donné  à  l'homme  le  libre  arbitre 
et  la  faculté  de  discerner  la  vérité  de  l'erreur. 

A  cette  littérature  appartiennent  encore  les  Hypo' 
mnemata  du  philosophe  Ambroise  dont  le  texte  syriaque 
a  été  publié  par  Cureton  dans  son  Spicilegium.  p.  38  et 
suiv.  Le  titre  est  ainsi  conçu  :  «  Hypomnemata  qu'écri- 
vit Ambros ,  un  chef  de  la  Grèce  qui  devint  chrétien. 
Tous  les  sénateurs,  ses  pairs,  s'élevèrent  contre  lui;  il 
s'éloigna  d'eux  et  leur  prouva  par  écrit  toute  leur  sot- 
tise. »  Comme  le  remarque  Cureton.  cet  ouvrage  est. 
à  peu  de  chose  près ,  le  même  que  celui  qui  est  intitulé 
en  grec  Aoyoç  nçog  "Ekk^vuç  et  est  attribué  à  saint 
Justin,  bien  qu'il  soit  douteux  que  cet  apologiste  l'ait 
écrit  ^  L'auteur  met  en  évidence  l'inanité  de  la  mytho- 

\.  Ccr.ETOS  a  imprimé  le  Aôyo;  n^oi  'EUr^ra;  au-dessous  de  la  tra- 
duction anglaise  du  te\te  syriaque. 

10 


170  LES  TEXTES  APOLOGÉTIQUES. 

logie  grecque;  il  montre  combien  sont  indignes  de  la 
divinité  les  actions  des  dieux  dans  les  poèmes  d'Ho- 
mère, et  prouve  ainsi  la  supériorité  du  christianisme 
sur  le  paganisme.  Ambroise,  que  le  syriaque  donne 
comme  l'auteur  de  l'ouvrage,  est  vraisemblablement 
le  même  que  le  disciple  et  l'ami  d'Origène  qui,  selon 
Épiphane,  fut  un  illustre  personnage,  fournit  à  son 
maître  les  moyens  de  publier  ses  Ilexaples  et  mourut 
martyr. 

11  ne  nous  est  rien  parvenu  des  apologies  écrites  par 
des  Syriens,  telles  que  l'apologie  du  patriarche  nes- 
torien  Jésuyab  I,  mentionnée  par  Ebedjésu  ^  et  qui  était 
probablement  une  défense  du  nestorianisme  adressée  à 
l'empereur  Maurice. 

1.  AssÉMAM.  B.  0.,  ni,  pars  I,  iOD. 


XI 


LES    CAXOXS    ECCLESIASTIQUES    ET    LE    DROIT    CIVIL. 


§  1    —  Canons  ecclésiasticiues  traduits  du  grec. 

Los  canons  des  anciens  conciles  ont  été  recueil- 
lis dans  des  collections  syriaques  qui  sont  conservées 
dans  des  manuscrits  dii  Vatican,  du  Musée  Borgia  , 
de  la  Bibliothèque  nationale  et  du  Musée  britannique  '. 
Ces  conciles  sont,  suivant  l'ordre  généralement  suivi, 
ceux  de  Xicce ,  Ancvre ,  Néocésarée ,  Gangres ,  An- 
tioche,  Laodicée,  Constantinople  et  Chalcédoine.  Le 
ms.  de  la  Bibliothèque  Nationale,  N*'62.  a  en  plus  les 
canons  des  conciles  d'Ephèse,  de  Carthage,  de  Sardes, 
et  le  ms.  du  Musée  Borgia,  les  canons  du  concile 
dicone. 

Il  fut  fait  au  moins  deux  traductions  syriaques  des 
canons  du  concile  de  Xicée.  La  plus  ancienne  est  celle 
que  Marouta,  évéque  de  Maipherkat.  qui  avait  pris 
part  à  ce  concile,  entreprit,  à  la  demande  dlsaac,  pa- 


1.  AssKMAM,  Cat.  Vat.,  t.  TU,  p.  180;  Les  viannscrits  orientaux  de 
M*^  Davi'l  au  Mus>'e  Borgia,  par  Pierre  Ceksoy,  dans  la  Zeilschr.  fiir  As- 
syriologie.  t.  I\,  i8!)i,  p.  3(JS;  Catal.  Zotenberg ,  p.  23,  n'  G-2;  CataK 
Wright,  p.  1030,  A'.ld.  14o-2S  (peut-être  de  501;;  p.  1033,  yldd.  li.V2G 
(du  VII'  à.). 


n-2  CANONS  ECCLÉSIASTIQUES 

triarche  de  Séleucie  et  Ctésiphon  ' .  La  version  de  Ma- 
routa  semble  reproduite  dans  les  deux  ms.  du  Musée 
britannique,  Add.  1452G  et  14528,  et  dans  le  ms.  du 
Musée  Borgia.  n"  4-.  L'Abbé  Martin  a  publié  dans  le 
quatrième  volume  des  Ajialecta  sacra  du  card.  Pitra, 
n-  xxi-xxiii.  les  canons  des  conciles  d'Ancyre,  de  Néo- 
césarée  et  de  Nicée,  en  suivant  Tordre  chronolo- 
gique^. En  tête  des  conciles  dAncyreet  de  Néocésarée 
figure  la  liste  des  Pères  qui  ont  assisté  à  ces  conciles. 
Les  canons  du  concile  de  Nicée  sont  précédés  :  1°  d'une 
note  chronologique;  2°  dune  lettre  de  Constantin  aux 
Pères  du  concile  ;  3°  du  symbole  de  la  foi  ;  4°  d'une 
courte  histoire  dogmatique  des  actes  du  concile;  5° 
d'une  note  sur  la  célébration  de  la  Pâque  ''.  Le  même 
volume  des  Analecta  sacra  contient,  n°  xv,  des  frag- 
ments syriaques  du  synode  d'Antioche  qui  condamna 
Paul  de  Samosate. 

Paul  de  Lagarde  a  édité  dans  ses  Reliqidce  jiuis  ec- 
clesiastici  syriace y  p.  62-88,  d'après  le  ms.  de  Paris, 
n°  62,  les  canons  du  troisième  concile  de  Carthage  ^.  Le 
titre  de  la  version  syriaque  porte  :  «  Synode  des  quatre- 
vingt-sept  évêques  qui  eut  lieu  à   Carthage,  la  ville 


1.  Calai.  d'Ebedjésu  dans  Assémam,  B.  0.,  lU,  pars  I,  73. 

2.  P.  Martin,  IV«  vol.  des  Analecta  sacra  du  card.  Pitua,  p.  XXVIH; 
P.  CEasoY,  l.  c,  p.  3G8;  Cowper,  Analecta  Xicœna,  Londres,  18o7. 

3.  Quelques-uns  de  ces  canons  ont  été  insérés  dans  le  Nomocanon 
d'ÉBEDJÉsu  et  le  Livre  des  Directions  de  Baruebr-els  dont  il  sera  parlé 
plus  loin. 

4.  Ces  cinq  documents  se  trouvent  dans  le  ms.  delà  Bibliothèque  na- 
tionale. Les  ms.  de  Londres  ne  renferment  que  les  trois  premiers;  le 
ms.  du  Musée  Borgia  a,  outre  les  canons  syriaques,  le  symbole  de  la 
foi,  la  lettre  de  Constantin  et  une  recension  des  ca?2ones  arabici  de 
Nicée  au  nombre  de  soixante-lreize. 

a.  Dans  les  Rcliquiee  juris  ceci,  grsece,  p.  37-'i5,  le  grec  est  plus  com- 
plet que  le  texte  dans  la  Patrologia  latina,  t.  IH,  col.  1079  110-2.  Le  ms. 
du  xMusée  Borgia  reproduit,  comme  la  Patr.  lat.,  le  texte  le  moins  com- 
plet, sous  le  titre  de  Canons  des  quatre-vingt-quatre  évêques...  P.  Cer- 
soy,  l.  c,  p.  369. 


TRADUITS  DU  GREC.  173 

d'Afrique,  aux  jours  de  saint  Cyprien,  évêque  et  con- 
fesseur. Décision  des  évêques  (au  nombre  de  quatre- 
vingt-sept),  traduite  de  la  langae  romaine  en  grec,  au 
sujet  de  ce  quil  convient  de  baptiser  les  hérétiques.  » 
Cette  décision  est  suivie  de  deux  lettres  de  Cyprien 
adressées,  Tune  à  Qaintus,  et  l'autre  à  Fidus,  Reliq., 
p.  88-98  (réimprimées  dans  les  Analecla  sacra  du 
card.  Pitra,  IV,  n°  XI,  p.  ll-H).  D'après  une  clausule 
(p.  98  ,  la  version  syriaque  fut  faite  en  998  des  Grecs, 
ou  687  de  notre  ère.  Zingerle  avait  déjà  fait  connaître, 
dans  le  premier  volume  de  ses  Monumeiita  syriaca^ 
p.  1  et  2,  deux  fragments  de  ce  concile  renfermant,  le 
premier  le  suffrage  de  Cœcilius,  évêque  de  Dispolis  % 
et  le  second  le  vœu  formulé  par  Polycarpe,  évêque 
d'Adrumelte.  Ces  fragments  étaient  accompagnés  de 
deux  autres  relatifs  au  témoignage  du  pape  Félix  I, 
cité  dans  le  concile  dEphèse,  IV®  session,  et  dans 
le  concile  de  Chalcédoine.  La  plus  grande  partie  de  ces 
fragments  se  trouve  dans  la  lettre  du  pape  Jules  à  Pros- 
docius,  qui  a  été  publiée  par  Paul  de  Lagarde  dans 
ses  Analecta  syriaca,  p.  70. 

Les  actes  du  second  concile  d'Ephèse,  désigné  sous 
le  nom  de  Brigandage  clKphese,  sont  conservés  en 
syriaque  dans  deux  ms.  du  Musée  britannique,  Add. 
12156  et  14530.  Le  premier  de  ces  ms.  a  la  partie  de  la 
première  session  relative  à  Flavien  dAntioche  et  Eu- 
sèbe  de  Dorylée.  Le  deuxième  contient  la  seconde 
session  concernant  Ibas ,  son  neveu  Daniel  de  Har- 
ran,  Irénée  de  Tyr,  Aquilin  de  Biblos,  Sophronius 
de  Telia,  Théodoret  de  Cyr  et  Domnus  dAntioche. 
Ces  documents  ont  été  traduits  en  français  par  l'Abbé 
Martin  (Actes  du  Brigandage  d'Ephèse,  Amiens,  1874, 
et  aussi  Le  Pseudo-Synode  connu  dans  riiistoire  sous 

\.  Dans  les  Reliquix  juris  eccL,  syriace,  p.  G8,  grœcc,  p.  41. 

10. 


174  CANONS  ECCLÉSIASTIQUES 

le  nom  du  Brigandage  d'Éphèsc,  Paris,  1875)  ;  en  alle- 
mand par  Hoffmann  (  Verhandlungen  der  Kirchenver- 
sanimlung  zii  Ephesus,  1873)  ;  en  anglais  par  Perry  [An 
ancient  syriac  document...  The  second  synod  of  Ephe- 
sus,  Dartford.  1867).  Perry  a  publié,  en  outre,  le  texte 
syriaque  de  ce  concile  [Secundam  synodum  Ephesi- 
naj7i...pj'imus  ediditSainuel  G.  F.  Perry, Ox(ord,  1875)» 

M.  Bedjan  a  édité'  la  version  syriaque ,  faite  sur  une 
traduction  arabe  par  Joseph  de  Diarbékir  en  1693, 
dun  épitomé,  composé  en  latin,  de  onze  conciles  œcu- 
méniques, savoir  :  les  deux  de  Nicée,  celui  d'Éphèse, 
celui  de  Chalcédoine ,  les  quatre  de  Constantinople , 
le  quatrième  de  Latran ,  le  second  de  Lyon  et  celui  de 
Florence.  Le  texte  était,  paraît-il,  très  incorrect  et  Té- 
diteur  s'est  cru  obligé  de  remanier  à  peu  près  tout  l'ou- 
vrage. M,  Bedjan  a  ajouté  une  nouvelle  traduction  sy- 
riaque des  douze  anathèmes  de  saint  Cyrille  et  des 
décisions  du  second  concile  de  Constantinople. 

Le  manuscrit  de  Paris ,  n''  62 ,  si  riche  en  documents 
de  ce  genre,  renferme  encore  :  1°  des  canons  tirés 
dune  lettre  écrite  d'Italie  aux  évêques  d'Orient  qui 
furent  envoyés  par  les  évêques  réunis  à  Antioche-; 
2^  des  sentences  recueilHes  dans  les  épîtres  de  saint 
Ignace  et  qui  ont  force  de  canons  ecclésiastiques  (pu- 
bliées, d'après  ce  ms.,  par  Gureton,  Corpus  Ignatia- 
num,  p.  192  et  suiv.);  3°  un  extrait  de  l'instruction  de 
saint  Pierre ,  évêque  d'Alexandrie ,  sur  ceux  qui  ont 
renié  pendant  la  persécution  (édité  par  Paul  de  La- 
garde,  Reliquiœjuris  eccl. ,  syriace,  p.  99  à  117,  gnecCy 
p.  63-73)  ^;    4°   des    questions  adressées    à   Timothée 

\.  Compendhim  conciliormn  œcume)xicorum  imdecim,  Paris,  1888. 

2.  Comparer  rAl)bé  CEr.soY,  l.  c,  p.  370,  18". 

3.  La  version  syriaque  renferme,  vers  la  fin,  un  passage  qui  ne  se  trouve 
pas  dans  le  grec  original;  Abbé  Mautin,  Analecta  sacra  du  card.  Pitka, 
IV,  p.  XXV,  note  2. 


TRADUITS  DU  G[\EC.  175 

d'Alexandrie  et  les  réponses  à  ces  questions  '  ;  5*^  des 
lettres  dAthanase  dWlexandrie ,  de  saint  Basile,  de 
saint  Grégoire  de  Nazianze,  de  saint  Damase  de 
Rome  - ,  de  saint  Grégoire  de  Xysse ,  sur  diverses 
questions  de  droit  canon;  6°  quarante-cinq  canons  des 
Pères  orthodoxes,  sous  le  titre  de  :  «  Délinition  rela- 
tive à  certains  chapitres  adressés  de  l'Orient  sous 
forme  de  questions  aux  saints  Pères  »  ^  ;  7°  sept  ques- 
tions et  réponses  sous  le  titre  de  :  «  Canons  ecclésias- 
tiques établis  dans  le  temps  de  la  persécution  par  les 
saints  Pères  Constantin,  Antonin,  Thomas,  Pelage, 
Eustatlie ,  vénérables  évéques...  j)  '  ;  8°  sept  décisions 
(la  troisième  manque  extraites  dune  lettre  adressée 
par  les  saints  Pères  à  deux  prêtres  dune  ville  de  Cili- 
cie,  nommés  Paul;  9^  quatre  décisions  extraites  d'une 
lettre  de  Constantin,  métropolitain  de  Laodicée,  à 
Aba  Marc  fsaurios;  lO''  onze  décisions  sous  le  titre 
de  :  «  Extraits  dune  lettre  écrite  par  un  évèque  à  l'un 
de  ses  amis  relativement  à  certains  délits  »;  11°  cinq 
canons  de  Théodose  d'Alexandrie;  12°  La  définition 
des  peines  encourues  par  les  moines  pour  divers  pé- 
chés de  saint  Basile  (le  syriaque  a  douze  canons  répon- 
dant aux  onze  canons  du  grec  .  Le  manuscrit  du  musée 
Borgia,  K.  YI.  vol.  4,  contient  les  lettres  synodales  du 
pape  Léon  à  Flavien,  évèque  de  Constantinople.  contre 
Eutychès  ^.  Le  Musée  britannique  a  des  ms.  syriaques 
contenant  des  canons  d'Eusèbe,  de  Timothée  d'A- 
lexandrie, de  Sévère  d'Antioche  ^. 

1.  Comp.  AssÉMANr,  Catal.  Val.,  Ul,  p.  181,  n°  XUI. 

2.  Comp.  dans  Cersoy,  /.  c,  p.  309,  lO',  «  Deux  synodicons  du  pape 
Damase,  l'un  contre  Apollinaire  et  son  disciple  Timolhée,  l'autre  contre 
diverses  hérésies.  » 

3.  Comp.  Calai.  Wriglit,  p.  2-21  (Z,  1037,  6. 

4.  Comp.  Calai.  Wrighl,  p.  2-22  7.,  1037,  7. 

5.  V.  l'Abbé  Cersoy,  l.  c,  p.  370,  17°. 

6.  Calai.  Wright,  General  index,  p.  1253. 


176  CANONS  ECCLÉSIASTIQUES 

Les  textes  traduits  du  grec  n'ofTrent  qu'un  intérêt 
médiocre  pour  l'histoire  de  TÉglise  orientale.  Plus  im- 
portants pour  l'étude  de  cette  histoire  sont  les  textes 
syriaques  originaux,  surtout  ceux  qui  appartiennent 
au  clergé  du  partiarcat  de  Séleucie  et  Ctésiphon. 

§  2.  —  Canons  ecclésiastiques  syriaques. 

Elias  P"",  patriarche  des  Nestoriens  [-|-  1049),  est  l'au- 
teur d'une  collection  renfermant  les  actes  et  les  canons 
des  conciles  réunis  par  les  patriarches  des  Syriens 
orientaux.  11  semble  que  cet  ouvrage  est  conservé  dans 
deux  manuscrits,  l'un  au  musée  Borgia,  K.  VI,  vol.  4  ^ 
et  l'autre  à  la  Bibliothèque  nationale ,  n°  332  -.  Les 
conciles  qui  y  figurent  sont  ceux  :  1°  d'Isaac,  en  410; 
2°  de  Yaballaha  I,  en  420;  3"  de  Dadjésu,  en  430; 
4°  d'Acacius,  en  485  ;  b"  de  Barsauma  de  Nisibe  (en  réa- 
lité, ce  sont  six  lettres  de  ce  métropolitain  à  Acacius)  ; 
G°  de  Babai,  en  499;  T  de  Mar  Aba,  en  544 3;  8^  de  Jo- 
seph, en  553;  9°  d'Ezéchiel,  en  577;  10°  de  Jésuyab  I, 
en  588  (suit  :  une  lettre  disciplinaire  et  dogmatique 
adressée  à  Jacques,  évêque  de  Derin)  ;  11°  de  Sabrjésu, 
en  596  (suit  :  une  lettre  synodale  adressée  aux  moi- 
nes du  couvent  de  Bar  Kitai)  ;  12°  de  Grégoire,  en  605; 
13°  de  George,  en  677  (suit  :  une  lettre  dogmatique 
adressée  à  Mina,  chorévêque  de  Perse);  14°  et  de  He- 
nanjésu  ^,  en  694.   Le  ms.  de  Paris  ne  contient  pas  la 

1.  Décrit  par  M.  l'Abbé  Ceusoy,  Zeitschr.  fur  Assyriologie,  t.  IX, 
p.  370;  corap.  Kiiayyatii,  Sy ri  orientales,  Rome,  1870,  p.  1-21-I2-2. 

2.  Décrit  par  M.  Chabot,  Journal  asiatique,  IX*  série,  t.  VUI,  p.  280. 

3.  M.  Bedjan  a  publié  une  lettre  synodale  de  Mar  Aba  à  la  suite  d'une 
vie  de  ce  palrinrciie  dans  son  Histoire  de  Mar-Jabalaha,  Paris,  189o. 
Cette  lettre  constitue  un  important  document  historique;  conip.  aussi 
la  lettre  publiée  par  Asséraaui  dans  sa  Bibl.  orient.,  t.  III,  pars  I, 
p.  70,  note  4. 

4.  Le  ms.  du  Musée  Borgia  renferme  aussi  des  sentences  judiciaires 
de  ce  patriarche;  P.  Cersoy,  l.  c,   p.  372,  31°. 


SVrJAÔLES.  177 

lettre  de  Jésuyab  à  Jacques  de  Derin,  mais  il  a  en  plus, 
sous  le  titre  de  synode  de  Timotliée  I,  une  lettre  de 
ce  patriarche  à  Éphrem,  métropolitain  dElam  786j  ^ 
M.  Chabot  publie  en  ce  moment  cette  importante 
collection,  avec  une  traduction  française,  dans  les 
Notices  et  extraits  des  mannscritSy  t.  XXXVII.  Le  sy- 
node d'Isaac,  interpolé  par  les  Jacobites.  a  été  pu- 
blié, d'après  le  ms.  de  Paris  62,  par  M.  Lamy  Conci- 
lium  Seleucix  et  CtesipJionti,  Louvain,  1868}.  L'éditeur 
a  repris  l'étude  de  ce  synode .  d'après  le  ms.  du  Musée 
Borgia,  dans  le  Compte-rendu  du  III^  congrès  scien- 
tifique des  Catholiques,  Bruxelles,  1894,  2^  sect., 
p.  250.  Les  six  lettres  de  Barsauma  ont  été  éditées  par 
O.  Braun  dans  les  Actes  du  X^  congrès  des  Orienta- 
listes, Genève,  1894,  3«  partie,  p.  85-101.  M.  Guidi  a 
étudié,  dans  la  Zeitschr.  der  dent,  morgenland.  Ge- 
sellsch.y  t.  XLIII,  p.  388  et  suiv. ,  les  deux  versions 
arabes  de  cette  collection,  faites  l'une  par  Elias  Djau- 
hari,  métropolitain  de  Damas  893),  et  l'autre  par  Aboul- 
faradj  ibn  at-Tayib  '-j-  1034  .  Celui-ci  a  ajouté  les  der- 
niers synodes  de  Timothée,  de  Jésu  bar  Xoun-  et 
de  Yohannan  IIl.  M.  Guidi  a  comparé  ces  versions 
avec  l'original  syriaque  que  renferme  le  ms.  du  Musée 
Borgia  cité  plus  haut;  il  a  reproduit  ensuite,  d'après 
ce  manuscrit,  les  souscriptions  des  différents  conciles 
avec  les  noms  des  évêques  qui  y  sont  mentionnés.  La 
liste  alphabétique  des  évêchés  qui  termine  cette  étude 
forme  une  utile  contribution  à  la  géographie  de  la  Mé- 
sopotamie orientale  et  de  la  Perse. 

1.  Celle  Icllrc  synodale  se  trouve  également  dans  le  ms.  du  Musée 
Borgia,  K.  VI,  vol.  3,  p.  "00:  P.  CrnsoT,  /.  c,  p.  3G7. 

2.  Le  ms.  du  Musée  Borsia,  K.  VI,  vol.  '»,  a  de  ce  [lalriarclie  des  canons, 
lois  el  sentences  judiciaires;  des  «luestions  posces  par  le  diacre  Ma- 
caire  avec  les  réponses  du  patriarche,  suivies  d'autres  questions  qui 
ne  sont  pas  de  ce  palriarclie;  comparer  P.  Ceusoy,  l.  c,  p.  372,  33''-3.'j". 


178  CANONS  ECCLÉSIASTIQUES 

Elias  bar  Schinaya,  métropolitain  de  Nisibe  et  le 
contemporain  du  patriarche  Elias ,  fit  une  recension  de 
la  collection  de  ce  patriarche,  sous  le  titre  de  Quatre 
liçres  de  canons.  Cette  recension  est  conservée  dans  le 
Nomocanon  d'Ebedjésu. 

Ebedjésu,  métropolitain  de  Nisibe  (-J-1318),  frappé  des 
difficultés  que  présentait  Tétude  de  la  riche  littérature 
juridique  de  l'Orient  nestorien,  résolut  de  codifier  les 
divers  documents  de  cette  littérature  et  d'en  former  un 
livre  uniforme  qui  eût  force  de  loi  aux  yeux  de  ses  core- 
ligionnaires. Telle  est  l'origine  de  YEpitomé  des  ca- 
nons synodaux^  désigné  sous  le  nom  de  Nomocanon 
d'Ebedjésu.  Ce  recueil  est  divisé  en  deux  livres  com- 
prenant, l'unie  droit  civil,  l'autre  le  droit  ecclésiastique. 
Assémani  en  a  donné  une  analyse  détaillée  dans  sa  Bi- 
hliotheca  orientalis,  t.  III  ,  paj^s  I ,  p.  332  et  suiv.  '  ;  le 
card.  Mai  l'a  édité  avec  la  traduction  latine  d'Eloi  As- 
sémani dans  le  vol.  X  de  sa  Scriptoriun  veterum  nova 
collecUo,  Rome,  1838. 

L'œuvre  de  codification  qu'Ebedjésu  fit  pour  les 
Nestoriens,  avait  déjà  eu  lieu  chez  les  Jacobites. 
Barhebrœus  a  réuni  dans  son  recueil ,  intitulé  Le  livre 
des  directions,  pvoo,»  \}^^^  les  textes  juridiques  des 
Syriens  occidentaux  comprenant  les  canons  ecclésias- 
tiques et  les  lois  civiles.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  en 
arabe,  et  il  en  existe  des  manuscrits ,  soit  en  syriaque, 
soit  en  arabe,  au  Vatican,  à  la  Laurentienne  de  Flo- 
rence, à  la  Bibliothèque  nationale,  à  la  Bodléienne 
d'Oxford  et  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin.  Le  card. 
Mai  a  imprimé,  dans  le  vol.  X  de  la  Script,  cet.  nova 


l.  IbicL,  p.  5-2,  Asscmani  a  imprimé  la  leUre  synodale  des  patriarches 
occidentaux  aux  Orientaux,  relative  à  l'institution  du  patriarcat  de 
Séleucie.  Cette  lettre  est  extraite  du  livre  IX,  chap.  v,  du  Nomocanon 
d'Ebedjésu. 


SYIUAQLES.  ITO 

collectioy  la  traduction  latine  qiiEloi  Assémani  en 
avait  faite.  Le  P.  Bedjan  a  édité  le  texte  syriaque, 
Nomocanon  Gregon'i  Barhebrœi,  Paris,  1898.  Le 
nomocanon  de  Barhebrœus  est  plus  complet  que  celui 
dÉbedjésu  en  ce  qui  concerne  le  droit  civil  '. 

On  possède  encore  le  Xomocanon  de  David,  métro- 
politain maronite .  traduit  du  syriaque  en  arabe  par 
Thomas,  évêque  de  Kaphartab.  avec  des  additions  et 
des  corrections  conformes  à  la  doctrine  monothéliste. 
Cet  ouvrage  est  précédé  de  la  lettre  du  moine  Joseph, 
adressée  à  ce  même  Thomas,  et  de  la  réponse  de  ce- 
lui-ci^. 

Ces  collections  dispensaient  de  recourir  aux  collec- 
tions précédentes,  moins  complètes  ou  moins  systé- 
matiques, et  aux  traités  spéciaux  dont  elles  contenaient 
un  épitomé.  On  n'est  donc  pas  surpris  qu'un  certain 
nombre  d'ouvrages  juridiques ,  antérieurs  à  ces  re- 
cueils, se  soient  perdus.  Quelques-uns  cependant  ont 
subsisté. 

Rabboula,  évèque  d'Édesse  i-j-  435  ,  nous  a  laissé 
trois  petits  traités  intitulés,  l'un  Canons,  le  second 
Ai'ertissements  conceimant  les  moines,  et  le  troisième 
Commandements  et  avertissements  adressés  aux  pré- 
très  et  aux  réguliers.  Ils  ont  été  publiés,  d'après  des 
ms.  du  Musée  britannique,  par  M.  Overbeck  dans  son 
livre,  S.  Ephriemi syri,  Rahulœ,  etc.,  p.  210-221. 

Abraham ,  le  fondateur  du  Grand  monastère  sur  le 
mont  Izla  (VI®  s.),  passe  pour  le  réformateur  des  mœurs 
des  moines  nestoriens ,  qui  s'étaient  relâchées  depuis 
l'introduction    du    monachisme   en  Mésopotamie    par 


1.  Mai.  op.  cit.,  préface,  p.  si.  M.  Bedjan  a  donné  dans  la  préface  de 
son  cdilion,  p.  viii-x,  la  liste  des  sujets  traités  dans  les  chapitres. 

±  ZoTEMîF.iu;,  Calai,  des  ms.  syriaques  de  la  Bibl.  nationale,  n»  2i3; 
comp.  AsstMAM,  Catal.  Vat.,  t.  111,  p.  20-2  et  suiv. 


180  CANONS  ECCLKSIASTIQUES 


saint  Eugène.  Abraham  et  son  successeur  à  la  tête  du 
monastère  dlzla,  Dadjésu,  composèrent  les  canons  qui 
régissaient  ce  couvent,  le  premier,  au  mois  de  juin  571, 
et  le  second,  au  mois  de  janvier  588.  Ces  canons 
viennent  dôtre  publiés  avec  une  traduction  latine  par 
M.  lAbbé  Chabot,  d'après  un  ms.  du  Musée  Borgia, 
dans  les  comptes-rendus  de  YAccademia  dei  Lincei 
sous  le  titre  de  Regulce  monaslicce  ah  Ahrahamo  et 
Dadjesn  conditx,  Rome,  1898.  Ebedjésu  les  avait  in- 
sérés dans  son  Nomocanon  publié,  comme  nous  l'avons 
rappelé  plus  haut,  par  INlai;  mais  il  les  modiûa  et  les 
altéra  de  plusieurs  manières.  M.  Budge,  se  référant 
à  l'édition  de  Mai ,  avait  donné  une  traduction  anglaise 
des  canons  d'Abraham  dans  son  édition  de  l'Histoire 
monastique  de  Thomas  de  Marga,  t.  I,  p.  cxxxiv  et 
suiv.  ,  et  une  analyse  des  canons  de  Dadjésu ,  ibid. , 
p.  cxL.  Dadjésu,  un  fervent  nestorien,  exigeait  de  ses 
moines  une  adhésion  sans  réticence  à  la  doctrine  prê- 
chée  par  Nestorius. 

Jean  bar  Cursus,  évêque  de  Telia  de  Mauzalat 
(ou  simplement  Jean  de  Telia ,  \  538) ,  un  des  ardents 
apôtres  du  monophysisme  dans  la  Mésopotamie,  a 
composé  des  Avertissements  et  préceptes  sous  forme 
de  canons  adressés  aux  clercs  et  des  Questions 
relatives  à  divers  sujets  adressées  par  le  prêtre  Ser- 
gius  Ci  Jean  de  Telia,  avec  les  réponses  à  ces  ques- 
tions. Ces  deux  ouvrages  se  trouvent  dans  des  ma- 
nuscrits du  Vatican ,  du  Musée  britannique  et  de  la 
Bibliothèque  nationale  '  ;  le  second  a  été  publié  par 
M.  Lamy  [Dissertatio  de  Syrorum  fide  et  disciplina  in 
re  Eucharistie  a,  Louvain,  1859,  p.  62-79). 

Des  extraits   des   sentences  ecclésiastiques  portées 

1,  AssÉMAM,  B.  0.,  Il,  p.  î'A;  Catal.  Wright,  voir  General  index, 
p.  129G,  col.  2.  Calai.  Zolenberg,  n°  6-2,  50"  et  51°. 


SYRIAQUES.  181 

par  Siméon.  métropolitain  de  Rivardescliir  VIP  s.^, 
nous  sont  parvenus  dans  le  ms.  du  musée  Borgia, 
K.  yi,vol.  3'. 

Les  règles  ascétiques  que  Rabboula  avait  instituées 
à  Édesse  au  V^  siècle,  étaient  peu  à  peu  tombées  en 
désuétude.  Au  VIP  siècle,  Jacques,  nommé  évèque  de 
cette  ville ,  fit  dinutiles  efforts  pour  remettre  en  vi- 
gueur les  anciens  canons  ecclésiastiques;  il  se  heurta  à 
la  résistance  des  moines  qui  trouvèrent  un  appui  au- 
près du  patriarche  d'Antioche,  Julien,  le  successeur 
d'Athanase.  Jacques,  voyant  son  autorité  méconnue, 
abandonna  son  siège  épiscopal  et  se  rendit  au  couvent 
où  résidait  le  patriarche;  devant  la  porte  du  couvent, 
il  mit  le  feu  à  un  exemplaire  des  canons  qu'il  avait  ap- 
porté, en  s'écriant  :  «  Ces  canons,  que  vous  foulez 
aux  pieds  et  que  vous  n'observez  pas,  je  les  brûle  par 
le  feu  comme  superflus  et  inutiles^  ».  Parmi  les  nom- 
breux canons  de  Jacques  dEdesse^,  quelques-uns  sont 
rédigés  sous  la  forme  de  questions  adressées  à  cet 
évêque  par  le  prêtre  Addai  et  de  réponses  à  ces  ques- 
tions. Ces  derniers  ont  été  publiés,  d'après  le  ms.  de 
Paris  62.  par  Paul  de  Lagarde,  Reïiquiœ  j'un's  eccl. 
syriace,  p.  117-134,  et  par  M.  Lamy,  Dissertatîo  de 
Syroriim  flde,^.  98-171.  Kayser  en  a  donné  une  édi- 
tion critique  plus  complète,  avec  une  traduction  alle- 
mande''. Cette  édition  est  basée  sur  les  deux  ms.  de 
Paris  C2  et  111.  et  sur  trois  ms.  du  Musée  britanni- 
que. Kayser  a.  en  outre,  extrait   du  Nomocanon  de 

1.  Cep.soy,  /.  c,  p.  36o.  Ce  siméon  est  indiqué  comme  l'auteur  d'une 
olleclion  de  canons  dans  le  Catalogue  d'Ébedjêsu,  B.  0.,  III,  pa;sl, 

p.  279. 

2.  BAnnF.DR.ECs,  Chron.  ceci.,  I,  p.  291. 

3.  Voir  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  477. 

4.  Die  Kanones  Jacob' s  von  Edessa  ùberselzt  und  erlâutert,  Leipzig, 
1S8G;  comp.  WnrciiT,  Solulœ  syriacae ,  Londres,  1887, 

LITTÉRATURE   SYRIAQUE.  H 


182  CANONS  ECCLÉSIASTIQUES 

Barliebrseus  les  canons  de  Jacques  qui  y  sont  insérés 
dune  manière  abrégée '.  Jacques  est  encore  l'auteur 
d'un  traité  sur  les  dégrés  de  parenté  qui  forment  un 
obstacle  au  mariage  -. 

George,  évèque  des  Arabes,  un  contemporain  de  Jac- 
ques d'Édesse  et  appartenant,  comme  celui-ci,  à  la  con- 
'fession  jacobite,  écrivit  des  décisions  connues  par  le  No- 
mocanon  de  Barhebrseus  (trad.  en  allemand  par  Ryssel, 
Ccorgs  des  Arab.  Gedichte^  Leipzig,  1891,  p.  145). 

Siméon  Taibouteh  (vers  690)  écrivit  un  livre  sur  les 
règles  monastiques,  suivant  le  catalogue  d'Ebedjésu^. 

Le  traité  sur  les  jugements ,  composé  par  Jésubokt, 
métropolitain  de  Perse  (vers  800)  existe  dans  le  ms.  du 
musée  Borgia,  K.  VI,  vol.  3  '•. 

Des  manuscrits  du  Vatican,  du  Musée  britannique  et 
de  la  Bibliothèque  nationale  contiennent  les  canons  du 
patriarche  d'Antioche,  Cyriaque  \j-  817)  ^. 

Les  canons  et  avertissements  de  Jean  bar  Abgar,  pa- 
triarche nestorien  (7-  905),  que  cite  le  catalogue  d'Ebed- 
jésu,  se  trouvent  dans  des  manuscrits  de  Rome  et  ont 
été  analysés  par  Assémani  dans  sa  Bibliotheca  orienia- 
lîs  ^.  Ebedjésu  attribue  encore  à  ce  patriarche  des  ques- 
tions ecclésiastiques,  qu' Assémani  a  fait  connaître". 
Le  ms.  du  Musée  Borgia,  K.  VI,  vol.  1,  a  des  canons 
ecclésiastiques  sous  le  nom  de  Jean,  patriarche  d'O- 

4.  Ces  mêmes  eanons  se  trouvent  aussi  avec  d'autres  canons  de  Jac- 
ques d'Édesse  dans  un  ms.  de  Cambridge,  dont  Wivight  a  publié  des  ex- 
traits en  1887  dans  ses  Notulœ  syriacae. 

-2.  Cat.  Vat.,  t.  II,  p.  2i4. 

3.  B.  0.,  III,  pars  I,  181. 

4.  P.  Cersoy,  l.  c,  p.  3G5,  3°;  comp.  le  Catal.  d'Ébedjésu  dans  B.  0.,  III, 
pars  I,  p.  195. 

5.  AssÉMAKi,  B.  0.,  II,  116  et  342;  Calai  Wright,  p.  222;  Catal.  Zoten- 
berg.,  p.  28,  n»  d4.  Le  catalogue  de  AVkight,  j).  91)3,  d°  47,  mentionne 
aussi  les  Canons  sur  le  clergé  de  Sergius,  évèque  d'Amphiator  (?). 

6.  B.  0.,  II,  ti  et  507;  III,  pars  I,  238  et  suiv. 

7.  B.  0.,  III,  pars  I,  249. 


S\'RIAQUES.  183 

rient.  A  défaut  dune  indication  plus  précise,  M.  l'Abbé 
Cersoy^  suppose  qu'il  s'agit  de  Jean  bar  i^bgar,  mais  il 
remarque  que  la  confrontation  de  ce  recueil  de  canons 
avec  les  ouvragées  de  Jean  bar  Abofar  dont  Assémani 
donne  l'analyse,  ne  permet  pas  de  l'identifier  avec  quel- 
qu'un de  ceux-ci. 

La  collection  canonique  faite  par  George .  métropo- 
litain d'Arbèle  'vers  945  ,  existe  dans  le  ms.  du  Musée 
Borgia,  K.  VI,  vol.  3-. 

Un  recueil  de  canons  ecclésiastiques  et  de  décisions 
est  attribué  à  Ebedjésu  bar  Babriz,  métropolitain  d'Ar- 
bèle et  de  Mossoul   vers  1028  ^. 

Jésu  bar  Schouschan.  qui  devint  patriarche  des  Ja- 
cobites  sous  le  nom  de  Jean  X  -f-  1073)  est  l'auteur  de 
vingt-quatre  canons  qu'il  écrivit  pour  le  clergé^  et  qui 
paraissent  perdus. 

Ebedjésu,  métropolitain  de  Nisibe,  rédigea  des  dé- 
cisions et  canons  qui  ne  se  sont  pas  conservés  ^. 

§  3.  —  Le  droit  civil. 

Nous  avons  vu  sous  le  paragraphe  précédent  que  les 
collections  juridiques  des  Syriens  renfermaient ,  avec 
les  canons  ecclésiastiques,  des  lois  civiles  qui  trouvaient 
leur  application  dans  les  procès  déférés  par  des  chré- 
tiens à  la  juridiction  épiscopale.  Ces  lois  étaient  fondées 
sur  le  droit  byzantin  que  les  Syriens  étudiaient  dans 
deux  recueils,  comme  nous  en  informe  Ebedjésu  dans 
l'introduction  au  troisième  traité  de  son  Nomocanon. 


i.L.  c,  p.  304-365. 

2.  P.  Cer*;ot,  /.  c,  p.  3G8,  11°. 

3.  AssÉMAM.  B.  0.,  ni,  pars  I,  279. 

4.  Bariudreis.  Chron.  ec:L.  I,  p.  445. 

5.  AssÉUAM.  D.  0..  ni.  pars  I,  3*iO. 


184  LE  DROIT  CIVIL. 

L'un  de  ces  receuils  était  celui  que  saint  Ambroise  avait 
fait  à  la  demande  de  l'empereur  A^alentinien  ;  Lautre, 
c'était  la  collection  des  lois  de  Constantin,  de  Théo- 
dose  et  de  Léon.  Ce  dernier  ouvrage  était  très  ré- 
pandu au  moyen  âge  sous  les  titres  de  Statuta  impe- 
raiorum,  de  Lihrihasilicon  ou  de  Leges  Constantim\ 
Theodosii  et  Leojiis;  il  en  existait  plusieurs  traduc- 
tions syriaques. 

M.  Land  a  le  premier  édité  la  version  syriaque  con- 
tenue dans  le  ms.  du  Musée  britannique,  Add.  14528, 
qui  est  du  commencement  du  VP  siècle  [Anecdota 
sjjriacay  I,  p.  30-64);  et  il  en  a  donné  une  traduction 
latine  [ibid.,  p.  128),  sous  le  titre  :  Leges  sœculares 
e  sermone  romano  in  aramxum  translcttœ.  Mais  le 
manuscrit  est  peu  correct  et  la  traduction  laissait  à  dé- 
sirer. M.  Sachau  a  entrepris,  avec  la  collaboration  de 
M.  Bruns,  professeur  de  droit  à  Berlin,  une  nouvelle 
édition  de  cette  version ,  et  a  ajouté  à  la  traduction  al- 
lemande des  textes  un  apparat  critique  qui  la  complète 
[Syrisch-rœmisches  Rechtsbiich  ans  dem  fuenften 
Jahrhundert,  Leipzig,  1880).  Les  textes  que  renferme 
cette  édition  sont  :  1°  la  version  syriaque  d'après  le  ms. 
Add.  14528;  2°  un  fragment  de  la  même  version  con- 
tenu dans  le  ms.  Add.  18295  ;  ce  fragment  a  les  deux 
premiers  paragraphes  et  une  introduction  qui  manque 
dans  le  ms.  14528;  3°  la  version  syriaque  d'après  le  ms. 
112  de  la  Bibliothèque  nationale;  4°  la  version  arabe; 
5°  la  version  arménienne. 

L'ancienne  version  syriaque  est  du  Y^  siècle,  à  en 
juger  par  le  ms.  14528  qui  est  du  commencement  du 
siècle  suivant. 

Le  patriarche  nestorien  Elias  et  son  contemporain, 
Elias  de  Nisibe ,  ont  utilisé  ces  lois  pour  leurs  collec- 
tions. Ébedjésu  mentionne,  de  soncôté,  L(^s^o/5^(?5  em~ 


LE  DrxOIT  CIVIL.  180 

pereurs  dans  dix  passages  de  son  Nomocanon  ;  dans 
deux  autres  passages  il  les  cite  sous  le  nom  de  Jésu  bar 
Noun  et  de  Jésubokt.  Les  passages  rapportés  par  le 
patriarche  Elias  et  par  Ebcdjésu,  diffèrent  des  textes 
de  Tédition  de  M.  Sachau.  Celui-ci  en  conclut  qu'il  de- 
vait exister  encore  dans  la  première  moitié  du  Xl^  siècle 
des  recueils  de  ces  lois  sensiblement  différents  de  ceux 
qui  nous  sont  parvenus*.  Cette  conclusion  est  confir- 
mée par  la  découverte  que  ^Y^ight  fit  d'une  autre  ver- 
sion syriaque  du  môme  ouvrage  dans  les  fragments 
d'un  ms.    de    Cambridge    (publiés  dans    ses    Notulœ 
syriacic,  p.   1-11'.  Elle  est   encore  confirmée  par  la 
notice  de  ]M.  Cersoy  '   sur  le  ms.  du  Musée   Borgia, 
K.  YI,  vol.  3,  ainsi  conçue  :  «  Trois  collections  de  droit 
romain.  La  première  est  intitulée  :  Lois  et  sentences 
portées  par  les  rois  chrétiens  Constantin  et  Léon.  La 
seconde  est    donnée  comme    une   antre    ç^ersion  des 
mêmes  lois,  augmentée  par  l'addition   d'autres  lois. 
La  troisième  porte  le  titre  suivant  :  Lois  civiles  des  Ro- 
mains faites  par  le  confesseur  Ambroise  lorsqu'il  re- 
çut Vordre  de  Valentinien  de  les  codifier  pour  les  pré- 
fets [des  provinces).    Cette   troisième  collection   doit 
être  celle  dont  parle   Ebedjésu  dans  son    catalogue, 
quand  il  dit  qu" Ambroise,  évêque  de  Milan,  fit  sur  l'or- 
dre de  Valentinien,  un  recueil  de  sentences  et  de  règles 
pour  les  préfets  des  provinces  (Assémani,  B.  0.,  t.  III, 
1"  partie,  p.  267  et  269).  Ces  recueils  de  droit  romain 
offrent  tous  trois  de  nombreuses  différences  avec  les 
documents    syriaques    de    même    genre    publiés   par 
MM.  Bruns  et  Sachau.  Ils  semblent  aussi  s'écarter  no- 


i.  Syrisch-rœmisches  Rechtsbuch,  p.  Ml.  Bailiebra?us  dans  son  Livre 
des  directions  cite  aussi  Les  lois  des  empereurs,  mais  d'après  leur  sens 
et  non  d'après  leur  contexte. 

i.  Zeitschr.  fur  Assi/riologie,  t.  IX,  p.  3CG,  4°. 


186  LE  DROIT  CIVIL. 

tablemcnt  de  la  version  syriaque  dont  M.  Wright  a  pu- 
blié des  fragments  [Notulce  syriacœ),  » 

Le  même  manuscrit  du  Musée  Borgia  nous  a  conservé 
quelques  traités  de  droit  civil  composés  par  des  juristes 
nestoriens.  Ce  sont  :  1°  le  traité  du  patriarche  nestorien 
Elias  1  sur  les  héritages,  et  ses  règlements  synodaux 
relatifs  aux  successions  et  aux  empêchements  du  ma- 
riage '  ;  2"^  le  traité  sur  le  partage  des  successions , 
compilé  par  le  patriarche  Elias  I ,  et  abrégé  par  Elias 
de  Nisibe;  probablement  un  épitomé  du  traité  du  nu- 
méro 1  -;  3°  les  Lois  et  sentences  judiciaires  d'Ebed- 
jésu  bar  Bahriz  (comp.  ci-dessus,  p.  183).  Ce  recueil 
a  pour  objet  le  partage  des  successions;  il  est  divisé 
en  deux  sections  :  la  première  donne  la  théorie  du  par- 
tage des  successions;  la  seconde  entre  dans  le  détail 
des  cas  particuliers^. 

Les  règles  sur  les  jugements  ecclésiastiques  et  sur 
les  héritages  du  patriarche  Timothée  I  se  trouvent  dans 
le  ms.  K.  VI,  vol.  4,  du  INlusée  Borgia-*. 

1.  p.  Cersoy,  l.  c,  p.  3G8,  9=  et  10«. 

2.  P.  Cersoy,  l.  c,  p.  308,  \'2°. 

3.  P.  Ceusoy,  l.  c,  p.  3Gj,  1°;  comp.  le  Catalogue  d'Ébedjésu,  B.  0.,  Hi, 
pars  I,  2G7. 

4.  P.  CEnsoY,  l  c,  372,  32°. 


XII 


LES    HISTORIOGRAPHES. 


§  1.  —  Histoire  générale. 


Le  sixième  siècle  qui  marque  Tapogée  de  la  littéra- 
ture syriaque  a  vu  éclore  les  premières  œuvres  histo- 
riques que  les  Syriens  nous  ont  laissées.  Au  commen- 
cement de  ce  siècle  fut  écrite  une  chronique  relatant 
les  événements  qui  se  sont  passés  en  Syrie  et  en  Méso- 
potamie pendant  les  années  495  et  suivantes  jusqu'à  la 
fin  de  l'année  506.  C'est  le  document  le  plus  complet 
et  le  plus  exact  que  l'on  ait  sur  les  guerres  d'Anastase  1 
et  de  Cawad.  Cette  histoire  a  été  composée  à  Edesse 
vers  618 ,  car  son  auteur  parle  de  la  fm  du  règne  d'A- 
nastase '  ;  elle  nous  est  parvenue  dans  une  compilation 
qu'Assémani  croyait  être  l'œuvre  du  patriarche  Denys 
de  Tellmahré,  et  elle  était  désignée  jusqu'à  ce  jour  sous 
le  nom  de  Chronique  de  Josiié  le  stylite.  C'est  sous  ce 
nom  qu'Assémani  qui  la  découvrit  dans  la  compilation 
du  soi-disant  Denys  en  donna  une  analyse  détaillée 
dans  sa  Bibliotheca  orientalis,  I,  p.  260-283.  C'est  sous 

\,  L'Abl>.;  Nac,  Analyse  des  parties  iné iiles  de  la  chronique  atlribuce 
à  Denys  de  Tellmahré,  Paris,  1898,  extrait  du  Supplctnent  de  l'Orient 
chrétien,  1897. 


188  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

ce  nom  aussi  qu'elle  fut  publiée  intégralement  une  pre- 
mière fois  par  TAbbé  Martin  avec  une  traduction  fran- 
çaise ,  et  une  seconde  fois ,  par  Wright  avec  une  tra- 
duction anglaise ,  d'après  une  collation  de  Vediiio 
princeps  faite  par  M.  Guidi  sur  le  ms.  unique  ^ 

La  conjecture  suivant  laquelle  cette  chronique  était 
de  Josué ,  moine  du  couvent  de  Zoukenin  près  d'Amid , 
était  basée  sur  une  note  d'un  feuillet,  qu'un  scribe  pos- 
térieur, du  nom  d'Elisée,  avait  écrit  pour  remplacer 
un  feuillet  endommagé  du  manuscrit.  Cette  note  est 
ainsi  conçue  :  «  Priez  pour  le  misérable  Elisée  du  cou- 
vent de  Zoukenin  qui  a  écrit  ce  feuillet  afin  qu'il  trouve 
grâce  comme  le  larron  de  droite;  Amen  et  Amen!  Que 
les  miséricordes  du  Dieu  puissant  et  de  Notre  Seigneur 
Jésus-Christ  soient  sur  le  prêtre  Mar  Josué  le  stylite 
du  couvent  de  Zoukenin  qui  a  écrit  ce  livre  de  l'histoire 
des  calamités  passées...  »  Comme  la  chronique  a  été 
écrite  à  Edesse,  on  devait  supposer  que  son  auteur, 
Josué,  moine  du  couvent  de  Zoukenin,  avait  vécu  dans 
cette  ville  pendant  un  certain  nombre  d'années.  En  fait 
le  nom  de  cet  auteur  n'est  indiqué  ni  au  commence- 
ment ni  à  la  fin  de  l'histoire ,  qui  est  rédigée  sous  forme 
d'une  lettre  adressée  au  prêtre  et  abbé  Sergius  en  ré- 
ponse à  une  demande  faite  par  celui-ci.  ^I.  Nau  a  mon- 
tré que  la  note  d'Elisée  se  rapporte,  non  pas  à  la  chro- 
nique ,  mais  à  la  compilation  entière  dans  laquelle  elle 
est  insérée-.  Le  nom  de  l'auteur  de  cette  chronique  ne 
nous  est  donc  pas  connu.  On  peut  seulement  savoir 
d'après  le  texte  que  cet  auteur  professait   dans   une 

4.  Chronique  de  Josué  le  slylite  par  l'Abbé  Paulin  Martin,  Leipzig,  1876, 
dans  les  Abhandlungen  fur  die  Kunde  des  Morgenlandes ,  t.  VI.  The 
Chronicle  of  Joshua  the  stylite,  par  W.  Wr.iGUT,  Cambridge,  4882. 

2.  Bulletin  critique,  25  janvier  1897,  p.  5i;  Analyse  des  j)cirties  inédi- 
tes de  la  chronique,  etc.,  p.  12;  comp.  Noeldeke,  Le7.  Cenlralblatt, 
42  février  1893,  p.  190. 


:;iSTOii:i:  r.i-..\rjîALE  iS9 

école  dl-Àlcssc;  il  clait  prol)ai)lcmcnt  orllioJoxc;  il 
loue  Flavicii  qui  abandonna  les  Jacohiles  el  semble 
blâmer  Anastasc  d'avoir  exilé  ce  palriarclic.  M.  iXaii 
croit  que  celte  chronique  se  trouvait  déjà  dans  la  se- 
conde partie  de  Ihisloire  de  Jean  d'Asie,  d'où  elle  a 
passé  dans  la  compilation.  La  troisième  partie  de  cette 
compilation  est  en  efTet  une  transcription  littérale  de  lu 
seconde  partie  de  Jean  d'Asie,  tellement  littérale  que 
le  narrateur  (Jean  d'Asie)  y  parle  à  la  première  pprsunue 
quand  il  renvoie  à  nn  autre  passage  de  son  livre;  la 
même  caractéristique  se  retrouve  dans  la  petite  chro- 
nique. 

Quelques  années  plus  tard,  un  anonyme  écrivit  une 
chronique  d'Edesse  qui  s'est  conservée  dans  un  ms. 
syr.  du  Vatican,  n°  163,  provenant  de  la  bibliothèque 
du  couvent  syrien  de  Notre-Dame  dans  le  désert  de 
Nitrie.  Cette  chronique  commence  à  l'année  180  des 
Séleucides  132-1.31  avant  J.-C,  et  s'arrête  à  l'année 
540  de  notre  ère ,  au  moment  où  elle  a  été  sans  doute 
composée.  Très  concise  pour  la  première  époque,  elle 
offre  des  renseignements  plus  détaillés  à  partir  du  IIP 
siècle  de  J.-C.  Les  données  historiques  quelle  ren- 
ferme et  surtout  les  dates  exactes  qu'elle  fournit  en  font 
un  précieux  document  pour  l'histoire  non  seulement  de 
l'Orient,  mais  aussi  de  l'Occident.  Assémani  a  publié 
cette  chronique  tout  entière  dans  sa  Bibliotheca  orien- 
talis,  I.  p.  388-417 ^  Une  seconde  édition  du  texte, 
revu  sur  le  manuscrit  par  M.  Guidi,  a  été  publiée  par 
M.  Ludwig  Ilallier'^  avec  un  apparat  critique  complet 

\.  Réimprimée,  d'après  Ass(;mani.  par  Michaelis  dans  sa  Clireâloma- 
Uùc  syriaque.  2«  éd.,  Gœtliuguc.  ITso,  p.  4T  el  suiv. 

2.  Untersuchunoen  ûber  die  Ed-;ssenische  Chronik  mil  dem  syrischen 
Texte  und  einer  Ueherselzung,  dans  les  Texte  und  Untersuchungen  de 
Gebu.u;dt  et  HAr.N.vcK,  t.  I,\,  fasc.  1,  Leipzig',  180-2.  M.  Hallier,  p.  3,  note 
3,  croit  que  la  traduction  anglaise  citée  par  Wright  n'existe  pas. 

11. 


190  IlISTOmE  GÉNÉRALE. 

et  une  traduction  allemande.  D'après  les  recherches  de 
M.  Rallier,  les  sources  de  la  Chronique  d'Edesse  sont 
des  documents  originaires  d'Antioche  où  Tannée  com- 
mençait le  premier  septembre ,  et  une  histoire  des  Per- 
ses aujourd'hui  perdue.  11  faut  excepter  les  notices  rela- 
tives à  Édesse,  qui  sont  empruntées  aux  archives  de 
cette  ville.  L'auteur  a  utilisé  aussi  la  chronique  dont  nous 
avons  parlé  précédemment.  M.  Rallier  a  cherché  à  éta- 
blir, mais  en  vain  selon  nous  ' ,  que  l'auteur  écrivait,  non 
pas  vers  540.  mais  à  la  fin  du  VP  siècle.  Cet  auteur 
était  orthodoxe  ;  il  reconnaît  les  quatre  premiers  con- 
ciles œcuméniques,  mais  il  avait  un  penchant  manifeste 
pour  le  nestorianisme ,  et  son  orthodoxie  était  cette 
orthodoxie  mitigée  qui  se  rencontre  assez  fréquemment 
chez  les  Syriens  au  commencement  du  YP  siècle. 

C'est  sans  doute  aussi  dans  la  première  moitié  de  ce 
siècle  quapparut  un  roman  historique  d'un  auteur 
inconnu,  probablement  un  moine  d'Edesse.  Ce  roman 
est  divisé  en  trois  parties  qui  renferment  :  la  première, 
l'histoire  de  Constantin  et  de  ses  fils;  la  deuxième, 
l'histoire  d'Eusèbe  de  Rome  et  des  souffrances  que 
l'empereur  Julien  lui  fit  endurer;  et  la  troisième,  Ihis- 
toire  de  Jovien  (que  les  Orientaux  appellent  Jovinien) 
pendant  le  court  règne  de  Julien.  Les  faits  et  les  dates 
sont  traités  dans  cet  ouvrage  avec  une  telle  fantaisie, 
même  en  ce  qui  concerne  la  campagne  de  Julien  en 
Orient,  qu'il  est  sans  valeur  pour  l'historien;  mais  il 
nous  a  conservé  le  meilleur  morceau  de  rhétorique  sy- 
riaque, écrit  dans  un  style  élégant  et  pur  d'hellénisme, 
entremêlé  de  lettres  et  de  discours  qui  rappellent  en 
quelque  sorte  le  genre  historique  de  Tile-Live.  Il  a  été 
beaucoup  lu  en  Orient  pendant  le  moyen  âge  et  a  exercé 

\.  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature,  19  juin  1893,  p.  'j8I  et 
suiv. 


IlISTOmE  GENERALE.  101 

une  influence  regrettable  non  seulement  sur  les  histo- 
riens syriaques,  comme  Barhebrœus,  mais  aussi  sur  les 
historiens  arabes.  C'est  certainement  cet  ouvrage, ob- 
serve Wright' ,  qu'Ebedjésu  attribue  dans  son  catalogue 
à  riiistorien  Socrate,  lorsqu'il  dit  que  celui-ci  écrivit 
«  une  histoire  des  empereurs  Constantin  et  Jovinien.  » 

Ce  roman  historique  est  conservé ,  malheureusement 
avec  de  nombreuses  lacunes,  dans  un  ms.  du  Musée 
britannique,  Add.  14641,  du  VI®  siècle.  De  la  première 
partie,  concernant  Constantin  et  ses  fils,  il  ne  reste 
plus  que  la  fin  sur  un  feuillet.  La  seconde  et  la  troi- 
sième partie,  presque  entièrement  complètes,  sont 
présentées  comme  un  récit  écrit  par  Aploris  ou  Apo- 
plaris  (?  ,  un  conseiller  intime  de  Jovien,  à  la  demande 
d'Abdel ,  archimandrite  de  Sandroun  Mahozé  (?) ,  pour 
servir  à  la  conversion  des  chrétiens.  M.  Nœldeke  a 
traité,  avec  une  rare  compétence,  de  cette  composition 
syriaque  dans  \di  ZeitscJir.  der  dent,  morgenl.  GeselL, 
t.  XXYIII,  p.  263-292;  il  en  fixe  la  rédaction  entre  les 
années  502  et  532.  M.  Georg  Hoffmann  en  a  publié  le 
texte  d'après  le  ms.  du  Musée  britannique,  sous  le  titre 
de  Julien  T Apostat  [lulianos  der  Abtrûimige,  Leide, 
1880). 

Un  autre  manuscrit  du  Musée  britannique,  Add. 
7192,  du  VIP  siècle,  renferme  un  fragment  d'une  œuvre 
du  même  genre,  relatif  à  l'apostasie  de  Julien.  M.  Xœl- 
deke ,  qui  a  parlé  de  ce  fragment  dans  la  même  revue, 
t.  XXVIII,  p.  060,  a  reconnu  un  auteur  différent  de  celui 
de  l'ouvrage  précédent.  Ce  fragment  a  été  édité  par 
M.  Hoffmann  à  la  suite  du  premier  roman,  p.  242-250. 

La  plus  ancienne  histoire  ecclésiastique  qui  nous  soit 
parvenue  des  Syriens  est  celle  que  le  célèbre  Jean  d'A- 

1.  Syriac  Literaliire,  2"  éd.,  p.  JOD. 


192  HISTOIRE  GENERALE. 

sie  i'ou  Jean  d'Ephèse)  écrivit  dans  la  seconde  moitié 
du  YP  siècle.  Jean  avait  divisé  son  ouvrasre.  comme  il 
nous  l'apprend  lui-même,  en  trois  parties  :  les  deux 
premières,  comprenant  chacune  six  livres,  s'étendaient 
depuis  Jules  César  jusqu'à  la  YIP  année  de  Justin  II 
(572)  ;  la  troisième  partie,  également  en  six  livres,  s'ar- 
rêtait à  Tannée  585.  La  vie  de  l'auteur  ne  dut  pas  se 
prolonger  beaucoup  après  cette  dernière  année,  car 
Jean  était  alors  âgé  de  quatre-vingts  ans. 

La  première  partie  est  malheureusement  perdue  en 
entier.  D'importants  fragments  de  la  seconde  partie 
sont  conservés  dans  deux  ms.  du  Musée  britannique, 
Add.  14647,  daté  de  688,  et  Add.  14650,  daté  de  875; 
ils  ont  été  publiés  par  M.  Land  dans  le  deuxième  vo- 
lume de  ses  Anecdola  syriaca ,  p.  289-329  et  385-391, 
avec  un  petit  fragment,  p.  363,  tiré  du  ms.  Add.  12154. 
D'un  autre  côté,  l'auteur  de  la  chronique  attribuée  à 
Denys  de  Tellmahré  déclarait  avoir  composé  la  troi- 
sième partie  de  son  ouvrage  avec  la  seconde  partie  de 
l'histoire  de  Jean  d'Asie;  mais  on  supposait  que  cette 
compilation  postérieure  ne  fournirait  rien  de  plus  que 
les  fragments  conservés  dans  les  ms.  de  Londres,  et 
qu'il  n'y  avait  aucun  intérêt  à  éditer  cette  troisième 
partie  de  Denys.  M.  l'Abbé  Nau  a  montré  qu'il  en  était 
autrement,  et  il  est  arrivé  à  la  conclusion  que  le  Pseudo- 
Denys  de  Tellmahré  avait  transcrit  littéralement  dans 
sa  compilation  toute  la  seconde  partie  de  Jean  d'Asie 
dont  on  ne  croyait  posséder  que  des  fragments.  M.  Nau 
a  reconnu  en  effet  que  les  fragments  publiés  par  Land 
se  retrouvent  tout  entiers  dans  cette  compilation  et  en 
meilleur  état  ;  il  suppose  que  le  surplus  de  la  seconde 
partie  de  Jean  y  est  également  reproduit  intégrale- 
ment ^ . 

1,  Bulletin  critique,  2o  août  1896;  Journal   asiatique,  189C,  9^  série, 


HISTOIRE  GI-.M-K.\LE.  i93 

La  troisième  partie  de  Ihistoire  de  Jean  dAsie  est 
conservée  .  avec  de  nombreuses  et  importantes  lacunes, 
dans  le  ms.  Add.  14640,  du  YII^  siècle  et  probablement 
de  la  même  main  que  le  ms.  Add.  14647,  qui  renferme 
des  fragments  de  la  seconde  partie.  Cette  troisième 
partie  a  été  publiée  par  Cureton  à  Oxford  en  1853, 
sous  le  litre  de  The  third  part  of  the  ecclesiastical  his- 
tory  of  John  bishop  of  Ephesiis.  Elle  a  été  traduite 
en  anglais  par  Payne  Smith  en  1860,  et  en  allemand 
p^  Schœnfelder  en  1862.  Elle  commence  en  571  sous  la 
persécution  de  Justin  II  contre  les  Monophysites.  Jean, 
un  ardent  défenseur  de  la  nouvelle  secte  jacobite ,  souf- 
frit durement  de  cette  persécution  ;  jeté  en  prison  ou 
obligé  de  fuir  de  lieu  en  lieu  et  de  se  cacher,  il  écrivait 
à  la  hâte  des  feuillets  de  son  histoire  quil  devait  mettre 
en  lieu  sûr;  de  là  le  désordre  qui  règne  dans  cette  com- 
position et ,  sans  doute  aussi ,  un  certain  nombre  des 
lacunes  qui  s'y  rencontrent.  L'auteur  s'en  excuse  dans 
le  chapitre  50  du  second  livre  ^  :  <(  Il  arrive  que  des 
personnes  instruites,  en  lisant  ces  histoires,  blâment 
l'auteur  au  sujet  de  la  confusion  qui  règne  dans  le  récit 
d'un  même  événement,  mêlé  et  dispersé  dans  plusieurs 
chapitres.  Mais,  à  propos  des  chapitres  exposés  à  ce 
blâme,  il  faut  savoir  que  beaucoup  d'articles  ont  été 
écrits  au  temps  de  la  persécution  et  sous  la  contrainte 
de  toutes  les  adversités.  Les  cahiers  où  se  trouvaient 
ces  articles  devaient  nécessairement  être  mis  à  Tabri 
avec  d'autres  papiers  et  livres  dans  différents  endroits, 
et  être  cachés  dans  plusieurs  lieux ,  parfois  pendant 
deux  ou  trois  ans.  Lorsqu'il  se  présentait  des  faits  dont 

r.  vnr,  p.  340  ci  suiv.;  Analyse  des  parties  inédites  de  la  chronique  at- 
tribuée à  Denys  de  Tellmahré,  1893,  extrait  du  Supplément  de  l'Orient 
chrétien,  189".  Dans  ce  tlcrnier  travail,  p.  33  et  suiv.,  M.  N.vu  a  donné 
une  anal>sc  de  la  seconde  partie  de  Jean  d'Asie. 
1.  Éd.  Cir.ETON,  p.  iSO. 


194  HISTOIRE  GENERALE. 

il  voulait  conserver  par  écrit  la  mémoire ,  et  dont  il 
avait  déjà  fait  mention  dans  des  chapitres  rédigés  pré- 
cédemment, Tauteur,  n'ayant  pas  sous  ses  yeux  ses 
premiers  écrits,  ne  se  rappelait  pas  en  avoir  déjà  traité, 
et  les  rapportait  de  nouveau.  Telle  est  la  cause  de  la 
répétition  des  mêmes  faits  dans  plusieurs  chapitres. 
Plus  tard  les  loisirs  ont  manqué  pour  qu'il  soit  fait  fa- 
cilement et  à  l'aise  une  harmonie  des  récits.  »  On  peut 
attribuer  aussi  aux  temps  troublés  dans  lesquels  Jean 
vivait,  les  défauts  de  composition,  l'exubérance  d'un 
style  peu  châtié  ,  plein  d'héllénismes  et  de  mots  grecs. 
11  faut  ajouter  que  les  différents  livres  n'ont  pas  été 
écrits  d'une  manière  suivie  selon  Tordre  des  faits, 
mais  ils  ont  été  composés  de  morceaux  détachés  réunis 
ensuite  en  un  recueil;  les  dates  fournies  par  cette  der- 
nière partie  sont^  :  581  dans  le  ch.  39  du  livre  I;  577 
dans  le  ch.  15  du  livre  II  ;  582  dans  le  ch.  22  du  livre 
III;  575,  576,  580  et  585  dans  les  ch.  13,  19,  53  et  61 
du  livre  IV;  et  584  dans  le  ch.  25  du  livre  YI. 

Les  historiens  trouveront  dans  ce  qui  nous  reste  de 
l'œuvre  de  Jean  d'Asie  des  informations  précises  sur 
les  crises  que  l'Eglise  monophysite  traversa  pendant 
le  VI^  siècle.  Jean  se  défend  de  partialité;  il  se  plaint 
amèrement,  il  est  vrai,  des  souffrances  endurées  par 
ses  coreligionnaires,  tandis  que  les  calamités  qui  as- 
saillirent ses  adversaires  le  laissent  froid  ou  méritent 
son  approbation .  mais  c'est  un  historien  véridique  et 
original ,  dont  l'œuvre  domine  de  haut  les  compilations 
historiques  que  la  Syrie  nous  a  laissées. 

Les  çies  des  Bienheureux  orientaux  écrites  par  Jean 
d'Asie  et  réunies  par  lui  en  un  recueil  vers  569  complè- 
tent l'histoire  ecclésiastique  de  cet  auteur  et  offrent 

1.  Voir  Land,  Johannes  Bischof  von  Ephesos,  der  erste  syrische  Kir- 
chenhisiorike)-,  Leide,  IS.'JG,  p.  82. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE.  19o 

un  intérêt  presque  égal  à  celle-ci.  Nous  renvoyons  le 
lecteur  à  ce  que  nous  en  avons  dit  plus  haut,  p.  162. 

Vers  la  même  année  1569  ,  un  Syrien  jacobite  rédi- 
gea une  compilation  historique  dans  laquelle  il  fit  entrer 
une  grande  partie  de  Ihistoire  ecclésiastique  que  Za- 
charie  le  Rhéteur,  évèque  de  Mitylène,  composa  vers 
le  milieu  du  VI®  siècle  et  dont  loriginal  grec  est  au- 
jourd'hui perdu'.  Cette  compilation,  divisée  en  douze 
livres,  nous  est  parvenue  dans  un  ms.  du  Musée  bri- 
tannique ,  Add.  17202,  de  la  fin  du  VP  siècle  ou  du  com- 
mencement du  VIP  siècle.  Dans  ce  ms.,les  derniers 
chapitres  du  livre  X  et  le  livre  XI  entier  manquent  ;  en 
outre  le  livre  XII  est  incomplet  au  commencement  et  à 
la  fin.  Le  texte  syriaque  a  été  édité,  d'après  ce  ms. , 
par  M.  Land  dans  le  troisième  volume  de  ses  Anecdota 
sijriaca.  L'histoire  de  Zacharie  occupe  dans  la  compi- 
lation syriaque  les  livres  IlI-YI;  les  autres  livres  I-II 
et  VII-XII  proviennent  de  différents  sources.  M.  Land 
a  donné  dans  l'introduction  du  troisième  volume  des 
Anecdota  syriaca^  p.  xvii-xxiii.  une  brève  analyse  du 
contenu  des  chapitres  de  chaque  livre.  Nous  lui  em- 
pruntons quelques  citations  qui  donneront  une  idée  du 
genre  de  cette  œuvre  : 

Livre  I,  ch.  vi,  Histoire  de  Joseph  et  Asenath  voir 
ci-dessus  p.  92  . 

Livre  I,  ch.  vu,  Les  actes  de  saint  Sihestre ,  docu- 
ment important  pour  l'étude  des  actes  légendaires  de 

1.  Land,  Anecdota  syriaca,  ni.  p.  3,  l.penuU.;  le  conipilatLiir  dit  qu'il 
a  conduit  son  histoire  jusqu'à  l'année  880  (569  de  J.-C.).  Land.  ibid.,  p.  xii, 
croyait  que  Zacharie  écrivait  avant  .j19,  mais  M.  Nac,  Journal  asiatique^ 
1897,  9«  série,  t.  IX,  p.  5i7,  a  établi  que  l'histoire  de  Zacharie  s'étendait 
au  delà  de  5i4.  Land  a  le  premier,  dans  Johannes  Bischof  ton  Ephesos, 
p.  33-37,  montre  que  cet  ouvrage  n'était  pas  l'histoire  s>riaque  d'un 
Zacharie  de  Méliléne,  comme  Assémani  et  d'autres  après  lui  l'admet- 
taient, mais  la  version  de  l'histoire  écrite  en  grec  par  Zacharie  de 
Milyl'-ne. 


196  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

saint  Silvestre  et  du  baptême  de  Constantin;  les  ms. 
grecs  et  latins  qui  renferment  ces  actes  n'ont  pas  l'an- 
tiquité de  la  version  syriaque.  Cette  version  remonte- 
rait au  moins  au  commencement  du  VP  siècle  si  l'ho- 
mélie syriaque  sur  le  baptême  de  Constantin  est 
réellement  de  Jacques  de  Saroug  '. 

Livre  II,  chap.  1,  Les  sept  donnants  d'Ephèse  (voir 
ci-dessus,  p.  147  . 

Livre  V,  cli.  viii,  le  texte  syriaque  de  Vllénotique  de 
Zenon. 

Livre  VIII,  ch.  m.  Des  martyrs  honièrites  (voir  ci- 
dessus,  p.  148). 

Livre  X,  ch.  iv.  Lettre  de  Rabhoula  à  Géniellinus , 
évêque  de  Perrhé,  sur  le  niésusage  du  pain  eucharis- 
tique. Cette  lettre ,  qui  se  trouve  également  dans  la 
chronique  de  Pseudo-Denys  de  Tellmahré  (Assémani , 
B.O.,  I,  409)  d'après  Jean  d'Asie,  a  été  éditée  à  part 
par  Overbeck  dans  S.  Ephrœmi  syri  et  Rabbulœ.,.. 
opéra  sélect  a,  p.  231. 

Livre  X,  ch.  xvi,  Description  des  édifices  et  des  dé- 
corations de  la  ville  de  Rome.  Ce  chapitre  fait  suite  au 
chapitre  précédent  sur  la  prise  de  Rome  par  le  roi  des 
Ostrogoths,  Totila.  En  publiant  cette  Description , 
M.  Guidi  a  signalé  l'intérêt  qu'elle  offre  pour  l'archéo- 
logie de  la  capitale  de  l'Italie  -. 

Livre  XII,   ch.   vu,  La  description  de  l'univers  par 


1.  I/Abbc  Dlciiesne,  Étude  sur  le  Liber  Pontiflcalis,  Paris,  1877,  p.  168; 
FnoTiiiNGiiAM,  L'omelia  di  Giacorno  di  Sarug  sul  baUesimo  di  Costan- 
tino  imperator,  Rome,  18S-2,  dans  les  mémoires  de  la  Reale  Accademia 
dci  Lincei,  1881-188:2.  La  légende  est  aussi  rapportée  dans  la  chronique 
de  Pseudo-Denys  de  Tellmahré,  Dionysii  Telmahharensis  chronici 
liber  j'^rimus,  éd.  Tlllberg,  Upsal,  18i8. 

2.  La  publication  de  M.  Gcidi  {Il  testo  siriaco  délia  descrizione  di  Roma 
nella  storia  allributa  à  Zaccaria  fie/ore,  Rome,  1885,  extrait  du  Bul- 
lelino  délia  Commissione  archeologica  di  Roma,  1884)  est  basée  sur  le 
ms.  Val.  syr.  145,  et  les  ms.  Add.  17202  et  Add.  12I5i.  Mai  avait  déjà 


HISTOIRE  GlilNÉIULE.  197 

Ptolémêe  ^ .  L'auteur  a  inséré  dans  ce  chapitre  un  récit 
sur  l'extension  du  christianisme  au  delà  des  Portes  cas- 
piennes  et  l'écriture  adaptée  à  la  langue  des  Huns,  fait 
qui  avait  eu  lieu,  dit-il,  il  y  a  vingt  ans  et  plus. 

Les  livres  qui  renferment  l'histoire  de  Zacharie  et  les 
livres  suivants,  pour  lesquels  l'auteur  semble  avoir 
utilisé  Ihistoire  de  Jean  d'Asie  -,  relatent  les  événe- 
ments qui  agitèrent  les  Eglises  monophysites  de  lE- 
gypte  et  de  la  Syrie  au  VP  siècle.  A  ce  point  de  vue  la 
compilation  syriaque  de  Zacharie  est  un  utile  complé- 
ment de  l'histoire  de  Jean  d'Asie^. 

A  la  fm  de  son  troisième  volume,  p.  341  et  suiv. , 
M.  Land  a  imprimé,  d'après  le  ms.  Acld.  12174  du  Musée 
britannique,  le  récit  de  la  mort  de  Thcodose,  évêque 
de  Jérusalem,  et  l'histoire  de  l'ascète  Isaïe,  qui  sem- 
blent provenir  de  l'histoire  ecclésiastique  de  Zacharie. 

Le  ms.  syriaque  145  du  Vatican  renferme  un  certain 
nombre  d'extraits  de  la  compilation  de  Zacharie ,  qui 
sont  donnés  comme  la  continuation  des  histoires  de 
Socrate  et  de  Théodoret .  reproduites  en  grande  partie 
dans  ce  manuscrit.  Assémani  '  B.  0.,  t.  II,  p.  54)  a  le 
premier  fait  connaître  ces  extraits .  que  le  card.  Mai  a 
publiés  dans  le  tome  X  de  sa  Script,  celer.  nov>a  col- 
lecîio,  p.  332-338.  On  y  lit,  entre  autres  documents, 
la  lettre  de  Siméon  de  Beit-Arscham  et  la  description 
de  Rome  mentionnée  plus  haut. 


donné  le  texte  syriaque  avec  une  version  latine  clans  son  édition  du 
ms.  Vat.  IW  dont  nous  parlerons  plus  loin;  et  Saciiac  avait  traduit  le 
texte  publié  par  Land  dans  la  Topograph.  dn-  Sladl  Rom  de  Jop.dax,  II, 
575.  Dans  le  BuUclino,  1891,  M.  Guidi  a  réédité  la  Description,  avec 
plusieurs  variantes,  d'après  l'histoire  de  Michel  le  Syrien  encore  iné- 
dile. 

1.  Cette  Description  se  trouve  aussi  dans  le  ms.  Add.  14C20  du  Musée 
brilanni()ue,  du  IX*  s.,  voir  Wnicni,  Catal.,  p.  803,  col.  \. 

2.  WraciiT.  Syriac  Literature,  2«  éd.,  p.  103,  note  1. 

3.  Voir  ci  dessus,  p.  191-10». 


198  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

Les  auteurs  syriaques  du  VP  siècle  qui  traitèrent  de 
rhistoire  de  TEglise  possédaient  déjà  des  versions  des 
histoires  grecques  d'Eusèbe,  de  Socrate  et  de  Théodo- 
ret;  mais  Sozomènc  était  à  peine  connu  des  Syriens. 

La  version  de  Ihistoire  ecclésiastique  d'Eusèbe  est 
conservée,  avec  des  lacunes,  dans  deux  ms.  principaux 
provenant  du  couvent  des  Syriens  dans  le  désert  de  Ni- 
trie  :  l'un  d'eux,  actuellement  à  Saint-Pétersbourg^, 
est  daté  de  462  et  contient  les  dix  livres  d'Eusèbe,  à 
l'exception  du  VP;  en  outre,  des  V^  et  VII^  il  ne  reste 
que  des  fragments.  L'autre  ms.,  du  VP  siècle,  est  au 
Musée  britannique,  Add.  14639;  il  ne  renferme  que  les 
cinq  premiers  livres ,  et  le  premier  livre  présente  des 
lacunes;  il  manque  des  parties  de  l'index  des  chapi- 
tres I,  II  et  III.  Divers  fragments  se  trouvent  encore 
dans  plusieurs  manuscrits  du  Musée  britannique;  les 
plus  importants  i  chap.  xvi ,  xvii  et  xxv  du  livre  YI) 
sont  ceux  du  ms.  Add.  14620. 

De  la  version  syriaque  dérive  la  version  arménienne 
qui  a  été  imprimée  en  1876  d'après  des  ms.  de  la  bi- 
bliothèque des  Méchitaristes  à  Venise.  La  version  armé- 
nienne, qui  joint  à  l'avantage  d'être  ancienne  celui  d'ê- 
tre exacte  et  presque  complète,  est  d'une  grande  utilité 
pour  la  critique  de  la  version  syriaque  ' .  Pseudo-Moïse, 
dans  son  histoire  arménienne,  rapporte  que  la  traduc- 
tion d'Eusèbe  avait  été  faite  à  l'instigation  de  Mesrop 
(-j-  441)  ;  on  était  porté  à  croire  que  la  version  syriaque 
devait  exister  depuis  environ  un  siècle  lorsqu'elle  passa 
en  arménien  ;  elle  aurait  été  faite  du  vivant  même  d'Eu- 
sèbe ou  peu  de  temps  après  la  mort  de  celui-ci.  Au- 


1.  Mep.x,  De  Eiisehianse  hist.  eccl.  versionibus  syriaca  et  armeniaza 
dans  les  Actes  du  IV®  Congrès  des  Orientalistes,  Florence,  1880,  I,  lisy 
et  suiv.,  et  Préface  de  l'édition  citée  ci-aprés  de    Nouman  Mac  Lean, 

p.  XIII-XVII. 


HISTOIRE  GENERVLE.  199 

jourdluii  qu'il  est  démontré  (|iie  Ihistoire  attribuée  à 
Moïse  de  Khorène  est  une  compilation  de  beaucoup 
postérieure,  où  la  légende  tient  autant  de  place  que 
l'histoire,  la  même  certitude  n'existe  plus.  Cependant 
on  peut  encore,  avec  M.  Merx,  s'en  tenir  à  la  tradition 
dont  Pseudo-Moïse  s'est  fait  l'écho,  concernant  l'âge 
de  la  version  arménienne. 

La  version  syriaque  a  été  faite  sur  un  original  grec 
qui,  comparé  avec  le  texte  grec  actuel,  présentait  des 
variantes  nombreuses  et  parfois  préférables.  Elle  se 
distingue  par  son  exactitude  et,  malgré  les  fautes  et 
les  omissions  qu'elle  contient,  elle  fournit  un  document 
de  valeur  non  seulement  pour  remédier  aux  lacunes  du 
grec,  mais  aussi  pour  une  nouvelle  édition  critique  de 
l'histoire  d'Eusèbe. 

Wright  avait  entrepris  de  cette  version  syriaque .  une 
édition  que  la  mort  de  ce  regretté  orientaliste  vint  in- 
terrompre. Elle  a  été  reprise  par  M.  Norman  Mac  Lean 
avec  le  concours,  pour  l'arménien,  de  M.  Merx,  et  elle 
a  paru  en  1898  à  Cambridge  ^  L'année  précédente. 
M.  Bedjan  en  avait  donné  à  Leipzig  une  première  édi- 
tion qui  reproduit  le  texte  dums.  de  Saint-Pétersbourg 
et  du  ms.  Add.  14639  du  Musée  britannique-.  La  pu- 
blication de  M.  Mac  Lean,  plus  complète,  est  basée 
sur  les  mêmes  ms.;  elle  ajoute  en  appendice  les  cha- 
pitres conservés  dans  le  ms.  Add.  14620;  elle  donne, 
en  outre,  les  variantes  de  la  version  arménienne. 

Ebedjésu  mentionne  dans  son  catalogue  ^  une  ver- 

i.  The  ecclesiastical  hystory  ofEusebius  in  syriacby  the  laie  If'illiam 
Wrifjht  and  Xorman  M.  Lean.  ivith  a  collation  of  the  ancient  anne- 
nian  version  by  D'  Adalbert  Merx. 

2.  Histoire  ecclésiastique  d'Eusèbe  de  Césarce.  Quel(|ucs  passages  de 
la  version  syriaque  avaient  t-tc  publiés  prcrédemincnt  par  Clkf.ton, 
Ancient  syriac  documents ,  p.  1  et  suiv.;  et  par  Pml  de  Lagap.de,  Prceter- 
missorum  libri  duo,  p.  2^49. 

3.  AssKMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  IG8. 


200  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

sion  syriaque  de  la  Chronique  d'Eusèbe  ayant  pour 
auteur  Siméon  de  Beit-Garmai  qui  vivait  au  commen- 
cement du  YIP  siècle.  Cette  version  semble  perdue, 
mais  la  première  partie  de  la  compilation  de  Pseudo- 
Denys  de  Tellmaliré  contient  un  épitomé  de  la  chro- 
nique d'Eusèbe.  La  connaissance  du  texte  syriaque  de 
cette  partie  de  Denys ,  publié  par  Tullberg  ^ ,  a  été 
mise  à  la  portée  d'un  plus  grand  nombre  de  lecteurs 
parla  traduction  latine  de  Siegfried  et  Gelzer^.  Alfred 
von  Gutschmid,  dans  sa  recension  de  cette  traduc- 
tion^, a  fourni  d'importants  matériaux  pour  Tétude 
de  la  Chronique  d'Eusèbe  et  de  l'épitomé  syriaque.  Un 
autre  épitomé,  fait  par  le  prêtre  jacobite  Thomas  vers 
le  milieu  du  VIP  siècle,  existe  dans  le  ms.Add.  1464.3, 
probablement  du  milieu  du  A'IIP  siècle  '♦.  11  a  le  désa- 
vantage de  ne  pas  donner  les  dates  qui  se  trouvent  dans 
la  recension  de  Denys.  Rœdiger  a  publié,  dans  la 
deuxième  édition  de  sa  Chrestomathie,  p.  105,  une 
partie  de  cet  épitomé ,  et  il  en  a  donné  une  traduction 
latine  à  la  suite  de  l'édition  Schœne  de  la  Chronique 
d'Eusèbe. 

Le  prêtre  Thomas  avait  continué  la  Chronique  jus- 
qu'à son  époque.  Cette  seconde  partie,  qui  commence 
à  Constantin,  a  été  composée  avec  plusieurs  documents, 
entre  autres  un  document  d'Antioche  du  Y®  siècle  au- 
jourd'hui perdu  ^.  M.  Land  Ta  publiée  dans  le  premier 
volume  de  ses  Anecdota  syriaca  sous  le  titre  de  Liher 
Chalipliariim  ^  et  il  a  imprimé  dans  le  même  volume, 

\.  Dionysii  Telmahharensis  chronici  liber  primus,  Upsal,  1851. 

2.  Eusebii  Canonum  epitome    ex  Dionysii  Telmaharensis  chronico 
petila,  Leipzig,  1884. 

3.  Untersuchungen  ûber  die  syrische  Epilome  der  Eusebischen  Ca- 
nones,  Stuttgart,  d88G. 

4.  Wkigiit,  CataL,  p.  lOiO,  n°  913;  comp.  ibid.,  ï\°'  91i-91G. 
li.  L.\yj),  Aiiecdota  syriaca,  I,  p.  168. 

G.  Ibid.,  texte,  p.  2-22,  traduction  latine,  p.  103  et  suiv. 


HISTOIRE  GENERALE.  201 

p.  40,  une  liste  des  califes  arabes  depuis  Maliomet  jus- 
qu'à Yézid  II,  qui  a  été  ajoutée  par  laulcur  du  manus- 
crit à  la  compilation  historique  du  prêtre  Thomas. 

Le  premier  feuillet  du  ms.  Add.  14461  du  Musée 
britannique  contient  un  passage  à  demi  effacé  dun 
texte  historique,  que  AYright  a  reproduit  dans  son  ca- 
talogue des  ms.  syr.  de  ce  Musée,  p.  G5,  n''  94. 
M.  Nœldeke  a  réédité  ce  passage  dans  la  Zeitschr.  der 
deut.  morgenl.  GeselL,  1875,  t.  XXIX,  p.  76  et  suiv., 
et  il  en  a  signalé  Fimportance  pour  l'histoire  de  la  con- 
quête de  la  Syrie  par  les  Arabes;  on  y  lit  la  date  du 
20  août  C36  pour  la  bataille  de  Yarmouk,  après  laquelle 
les  Romains  abandonnèrent  la  Syrie. 

A  la  suite  de  ce  petit  texte,  ^I.  Nœldeke  a  donné 
deux  fragments  d'une  chronique  syriaque,  écrite  en 
Palestine  par  un  Maronite,  vers  le  YIIP  siècle.  Ces 
fragments  renferment  des  dates  et  des  récits  de  l'époque 
de  Moawia,  qui  se  retrouvent  avec  des  variantes  chez 
Théophane  et  les  historiographes  syriaques  postérieurs. 
C'est  ce  qui  reste  de  la  dernière  partie  (la  première 
partie  est  insignifiante)  d'une  chronique  conservée 
dans  le  ms.  Add.  17216  '  du  Musée  britannique. 

M,  Nœldeke  a  aussi  tiré  d'autres  ms.  de  ce  [Musée 
concernant  l'histoire  ecclésiastique  les  matériaux  de 
son  article  paru  dans  le  même  volume,  p.  419  et  suiv., 
sous  le  titre  de  Topographie  und  Geschichte  des  Da- 
inascenischen  Geb-'etes  und  der  Haurdngegend. 

En  nous  dirigeant  du  côté  de  l'Orient,  nous  rencon- 
trons une  courte  histoire  ncstorienne  que  M.  Guidi  a 
publiée  et  dont  M.  Nœddeke  a  donné  une  traduction 
allemande  illustrée  de  nombreuses  notes  -.  Cette  pc- 

1.  Non  pas  171-21,  comme  il  est  imprime  dans  le  mcmoiic  lic  M.  .Na:L- 
Dr.KE,  p.  8-2:  cf.  Wc.icriT,  Calai.,  p.  10VI  a. 
•2.  Clioi,  Un  niiovo  leslo  siriaco  si'.lUi  sloria  degli  ullimi  Sassanidi, 


202  HISTOIRE  GÉNÉIULE. 

tite  chronique,  si  précieuse  par  les  nouvelles  informa- 
lions  dont  elle  enrichit  notre  connaissance  des  derniers 
temps  des  Sassanides.  a  été  écrite,  selon  M.  Nœldeke, 
dans  rirak  ou  le  Khouzistan  vers  l'année  G80,  à  la- 
quelle elle  s'arrête.  Elle  est  intitulée  :  «  Récits  divers 
des  histoires  ecclésiastiques  et  profanes  depuis  la  mort 
d'Hormizd,  fils  de  Chosroès,  jusqu'à  la  fin  du  royaume 
des  Perses.  »  Elle  comprend  en  effet  l'histoire  ecclé- 
siastique de  cette  période  dans  les  premiers  chapitres  ; 
les  chapitres  suivants  se  composent  de  différentes  no- 
tices que  l'auteur  semble  avoir  puisées  à  plusieurs 
sources.  On  peut  douter  si  cette  histoire  forme  un  tout 
complet,  ou  si  elle  n'est  que  la  dernière  partie  dune 
chronique  plus  étendue. 

M.  Baumstark  a  entretenu  le  XIP  Congrès  des  Orien- 
talistes dune  chronique  inédite  remontant  au  VIP  s,: 
et  'SI.  Guidi  a  annoncé  la  découverte  par  M.  Rahmani 
d'une  autre  chronique  se  terminant  vers  l'an  1233,  qui 
renferme  des  extraits  de  documents  historiques  perdus, 
notamment  de  l'Histoire  de  Denys  de  Tellmahré'. 

Des  plus  déplorables  est  la  perte  de  la  chronique  que 
Jacques,  évêque  jacobite  d'Édesse,  écrivit  en  692  pour 
faire  suite  à  celle  d'Eusèbe  et  à  laquelle  les  historiens 
syriaques  postérieurs  se  réfèrent  souvent-.  Wright 
{Catal.,  p.  1062  et  suiv.)  a  retrouvé  des  fragments  de 


Leide,  1891,  extrait  des  Actes  du  VHP  Congrès  des  Orientalistes,  tenu 
en  1889  à  Stockolm.  Noeloeke,  Die  von  Guidi  herausgegebene  syrische 
Chronik  ûbersetzt  undcommenticrt,  Vienne,  1893,  dans  les  Rapports  des 
séances  de  l'Académie  de  Vienne,  t.  CXXYIII. 

1.  Voir  XII"  Congrès  intern.  des  Orientalistes  à  Rome,  Bulletin  n°  7, 
p.  16  et  17;  comp.  IlAiiMAXi,  Acta  S.  Confess.  Gurieeet  Schainonde,  Rome, 
1899,  p.  xr. 

2.  Elias  de  Nisibe  la  cite  sous  les  ^titres  de  Chronologie,  Chronique  et 
Histoire  ecclésiastique.  M.  Lamy,  Élie  de  Nisibe,  sa  chronologie,  Bruxel- 
les, 1888,  p.  12,  suppose  que  ces  trois  titres  indiquent  trois  ouvrages 
différents,  mais  il  est  plus  probable  qu'ils  se  rapportent  à  trois  parties 
distinctes  du  même  ouvrage. 


HISTOIRE  GÉM-RALF..  203 

cette  chronique  dans  le  ms.  Add.  14G85  du  Musée  bri- 
tannique, où  ces  fragments  figurent  sous  le  titre  de 
Chronique  faisant  suite  à  celle  d'Eusèbe  et  composée 
par  Jacques  ami  du  tras^ail.  M.  l'Abbé  Xau  voyait 
dans  ce  Jacques  ami  du  travail  m\  Jacques  Philoponus 
différent  de  Tévêque  dEdesse,  qui  aurait  aussi  com- 
posé une  chronique  et  revisé  l'Octoechus  de  Sévère'. 
Mais  M.  Brooks  qui  a  publié  le  texte-  estime,  comme 
Wright,  que  ce  texte  est  de  Jacques  d'Édesse.  «  Le 
manuscrit,  remarque  M.  Brooks^,  donne  pour  la  durée 
des  règnes  d'Ardaschir  II,  de  Sapor  III  et  de  Wahran  IV 
des  informations  plus  détaillées  que  celles  de  toute 
autre  autorité,  et  il  ajoute  plusieurs  noms  à  notre  liste 
des  évêques  d'Edesse  des  YP  et  YIP  siècles.  » 

Denys  de  Tellmahré,  patriarche  d'Antioche  (—  845), 
composa,  sous  le  titre  ^ Annales ,  une  histoire  dédiée 
à  Jean  de  Dara  ^,  qui  ne  s'est  pas  retrouvée  jusqu'à  ce 
jour;  il  n'en  existe  qu'un  fragment  dans  le  ms.  syr.  164 
du  Vatican,  qu'Assémani  a  publié  dans  sa  Bibliotheca 
orientalis,  II,  12-11 ,  et  quelques  passages  dans  la 
chronique  ecclésiastique  de  Barhebrseus. 

Il  vaut  la  peine  de  rapporter  ici  ce  que  dit  ^lichel  le 
Syrien  de  cette  histoire  qu'il  a  utilisée  pour  sa  chroni- 
que "^  :  «  C'est  ici  que  se  termine  l'histoire  du  savant 
Denys  de  Tellmahré  le  patriarche.  Il  l'écrivit  en  deux 
parties  et  seize  chapitres.  Dans  chaque  partie,  il  y  a 
huit  chapitres  subdivisés  en  paragraphes.  Il  l'écrivit  à 
la  demande  de  Jean,  métropolitain  de  Dara.  Cette  his- 

1.  Journal  asiatique,  septembre-octobre  1898,  p.  319. 

2.  The  chronologie  al  Canon  of  James  of  Edessa  dans  laZeitschr.  dcr 
deut.   morg.   GeseU.,  1809,  LUI,  2U1,  texte  et  trad.  anglaise. 

3.  L.  cit.,  p.  2(Jo. 

4.  BAfiiiF.Dr.^Ls,  Chron.  eccl.,  I,  383-38:;. 

5.  D'après  l'Abbé  Nau,  Journal  asiatique,  189G,  9«  série,  t.  VUI,  p.  52G, 
M.  Nau  a  tiré  cette  notice  de  la  version  arabe  de  Micliel,  conservée  au 
Uusée  britannique. 


204  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

toire  renferme  260  années,  depuis  le  commencement 
du  règne  de  Maurice,  l'année  894  des  Grecs  (582-583), 
jusqu'à  l'année  1154  des  Grecs  (842-843)  durant  laquelle 
moururent  Théophile ,  empereur  des  Romains  ,  et  Abou 
Ishak  (Al-]Motasin),  calife  des  Arabes;  (après  eux)  ré- 
gnèrent sur  les  Arabes  Haroun,  fils  d'Abou  Ishak,  et 
sur  les  Romains  le  jeune  fils  de  Théophile.  Michel, 
dont  la  mère  fut  régente.  » 

Assémani,  qui  retrouva  une  chronique  syriaque  dans 
un  autre  ms.  du  Vatican,  n^  162,  crut  que  cette  compo- 
sition était  aussi  une  œuvre  du  patriarche  Denys ,  une 
chronique  abrégée  de  ses  Annales.  C'est  une  compila- 
tion historique,  divisée  en  quatre  parties,  qui  va  de- 
puis l'origine  du  monde  jusqu'à  Tannée  775. 

La  première  partie  s'arrête  à  Constantin  le  Grand. 
La  principale  source  pour  cette  époque  est  la  chroni- 
que dEusèbe,  résumée  en  un  épitomé  (voir  ci-dessus, 
p.  200).  Le  compilateur  s'est,  en  outre,  servi  de  ïHis^ 
toire  ecclésiastique  dEusèbe,  de  la  Chro  no  graphie 
de  Jules  Africain  ^  d'une  chronique  d'Édesse  qui  a 
permis  à  Gutschmid  d'établir  la  chronologie  des  rois 
de  cette  ville  ^,  de  La  caverne  des  trésors  (v.  ci-dessus, 
p.  90),  du  Roman  d'Alexandre  ^,  de  L'histoire  des  sept 
dormants  d'Ephèse  (voir  ci-dessus,  p.  147),  et  du  De 
hello  jiidaico  de  Josèphe.  Cette  première  partie  a  été 
éditée  par  Tullberg  (voir  ci- dessus,  p.  200.  note  1). 

La  seconde  partie,  qui  comprend  la  période  de  Cons- 
tantin à  Théodose  le  Jeune,  est  tirée  presque  entière- 


1.  Von  Gctscdmid,  7?:"  zyrische  Epitome  der  Euselischen  Canones, 
p.  42. 

2.  Von  Gutschmid,  Untersuchungen  ueber  die  Geschichle  des  Kœaifj- 
reichs  Osrhoëne,  1887,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Saint-Pé- 
tersbourg, t.  XXXV,  n°  1. 

3.  Édité  par  Bidge,  The  history  of  Alexander  the  Great,  Cambridge, 
1889. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE.  205 

ment  de  l'histoire  de  Socrate;  Tauteur  a  ajouté  quel- 
ques notices  empruntées  à  des  documents  syriaques. 
Elle  est  inédite,  mais  M.  l'Abbé  Xau  en  a  donné  une 
analyse  ' . 

La  troisième  partie,  qui  s'arrête  à  Justin  II,  repro- 
duit la  deuxième  partie  de  l'histoire  de  Jean  d'Asie 
(voir  ci-dessus,  p.  192  .  Elle  renferme  notamment  la 
chronique  attribuée  à  Josué  le  stylite  (voir  p.  187  et 
la  lettre  de  Siméon  de  Beit-Arscham  ;voir  p.  148'. 

La  quatrième  et  dernière  partie  est  l'œuvre  originale 
de  l'auteur.  Assémani  en  a  donné  d'abondants  extraits 
dans  sa  Bibliotheca  orient.,  II,  p.  98-110:  M.  l'Abbé 
Chabot  a  publié  le  texte  complet  avec  une  traduction 
française  (Chronique  de  Denys  de  Tell  Mahré,  qua- 
trième partie  y  Paris,  1895  .  Rédigée  sous  la  forme 
d'une  chronique  concise  pour  l'époque  antérieure  au 
VHP  siècle,  cette  partie  a.  pour  ce  siècle,  l'étendue 
d'une  histoire  développée  ;  elle  renferme  de  nombreu- 
ses notices  historiques,  surtout  pour  les  temps  de  la 
domination  arabe.  Malheureusement,  l'auteur  manque 
de  méthode  et  de  sens  historique  ;  il  confond  les  dates 
et  les  événements  et  rapporte  des  faits  qui  appartien- 
nent aux  siècles  précédents.  C'est  un  document  de  va- 
leur pour  l'historien  à  la  condition  de  s'en  servir  avec 
circonspection;  les  récits  des  dernières  années  méri- 
tent cependant  plus  de  créance.  Cet  auteur  était,  en 
outre  un  mauvais  styliste  ;  il  était  plus  préoccupé  de 
faire  des  sermons  à  ses  lecteurs,  que  de  donner  une 
tournure  élégante  à  sa  pensée.  «  Il  serait  difficile,  dit 
M.  Chabot  (p.  IV  de  la  préface  du  texte  syriaque  .  de 
trouver  un  écrivain  d'un  style  plus  incorrect  et  plus  bi- 
zarre. » 

\.  Analyse  de%  parties  inédites  de  la  chronique  attribuée  à  Denys  de 
Telbnahré,  dans  la  Revue  de  VOrient  chrétien  ,  1897. 

12 


20G  HISTOIRE  GENERALE. 

L'édition  de  M.  Chabot  a  permis  à  MM.  Nau  et  Nœl- 
deke  de  constater  Terreur  d'Assémani  qui  voyait  dans 
cet  ouvrage  une  chronique  abrégée  de  Denys  de  Tell- 
mahré.  MM.  Nau  et  Nœldeke  ont  reconnu  en  même 
temps,  et  chacun  de  son  côté^  ,  que  l'auteur  de  cette 
œuvre,  dédiée  à  George,  chorévêque  d'Amid,  à  Eutha- 
lius ,  archimandrite  (du  couvent  de  Zoukenin) ,  et  au 
périodeute  Lazare ,  était  un  moine  du  couvent  de  Zou- 
kenin, qui  écrivait  vers  775,  antérieurement  à  l'époque 
de  Denys.  M.  Nau  croit  que  ce  moine  était  Josué  le  sty- 
lite,  dont  parle  la  note  d'Elisée  (voir  ci-dessus  p.  188). 

Le  ms.  du  Musée  britannique. /l<i<i.  14642,  du  X^ 
siècle,  contient  des  fragments  de  deux  chroniques  sy- 
riaques. La  chronique  la  plus  étendue  commence  à  Ja- 
cob et  finit  à  Tannée  846  de  notre  ère.  Comme  elle  ne 
présente  pas  de  lacune  à  la  fin,  elle  a  dû  être  écrite 
vers  cette  année-là.  La  première  partie  est  une  compi- 
lation qui  ne  présente  guère  d'intérêt^,  mais  la  dernière 
partie,  dont  les  fragments  conservés  traitent  des  événe- 
ments des  années  574-582,  601-610  et  679-846  de  J.-C, 
fournit  un  grand  nombre  de  dates  et  de  notices ,  dont 
quelques-unes  sont  nouvelles.  L'auteur  a  utilisé  des 
documents  dont  se  sont  servis  également  d'autres  histo- 
riographes, Théophane,  Pseudo-Denys  de  Tellmahré  et 
Michel  le  Syrien.  La  seconde  chronique,  plus  courte, 
traite  principalement  de  l'histoire  ecclésiastique,  mais 
le  mauvais  état  de  conservation  dans  laquelle  elle  se 
trouve  en  rend  l'usage  difficile.  Nous  devons  ces  rensei- 
gnements à  la  préface  que  INI.  Brooks  a  mise  en  tête  de 
son  édition  de  la  seconde  partie  de  la  chronique  la  plus 

i.  Nau,  Bulletin  antique,  n"  du  13  juin  1890;  Journal  asiatique,  1S9G, 
9«  série,  t.  vni,  p.  3iG  et  suiv.  NœtDEKE,  Wiener  Zeilschrift,  juillet 
189G. 

2.  C'est  de  celte  partie  que  M.  Nau  a  tiré  le  récit  de  la  découverte  de 
la  tête  de  saint  Paul,  voir  ci-dessus,  p.  lOJ,  note  2. 


HISTOIRE  GENERALE.  207 

étendue  ' .  M.  Brooks  a  fait  suivre  le  texte  syriaque  d'une 
traduction  anglaise,  complétée  par  de  nombreuses  no- 
tes et  des  rél'érences  aux  autres  ouvrages  historiques 
qui  renferment  des  notices  analogues.  Parmi  ces  réfé- 
rences figure  la  chronique  de  Michel  le  Syrien,  que 
M.  Brooks  a  consultée  dans  la  version  arabe  conservée 
au  Musée  britannique. 

On  croyait  perdue  la  Chronique  de  Michel  le  Syrien, 
ou  Michel  de  Mélitène,  qui  fut  patriarche  des  Jacobites 
de  1166  à  1199.  On  ne  connaissait  cette  œuvre  que  par 
un  mauvais  épitomé  arménien  traduit  en  français  par 
Langlois  [Chronique  de  Michel  le  Grand,  Paris,  1868). 
Nous  savons  aujourd'hui  qu'elle  existe  dans  un  ms.  à 
Edesse  qui  sera  publié  prochainement-.  En  outre  le 
Musée  britannique  a  fait  l'acquisition  en  1891  d'un 
manuscrit  [nis.  orient.  4402)  contenant  une  version 
arabe  (qui  paraît  littérale)  de  cette  importante  chroni- 
que. M.  Nau  a  publié  une  notice  sur  ce  ms.  dans  le 
Journal  asiatique,  1896,  9®  série,  t.  YIII,  p.  523  et 
suiv.  Les  premières  lignes  de  la  préface  écrite  en  sy- 
riaque indiquent  les  sources  de  Michel  :  [Nlaribas  le 
Chaldéen%  Socrate,  Théodoret,  Jean  d'Asie.  Zacharie 
le  Rhéteur  et  Andronique^.  Plus  loin,  Miehtl  cite  le 


1.  A  Syriac  Chronicle  of  the  year  846  dans  la  Zeitschr.  der  deut.  mor- 
genl.  Gesellschaft,  1897,  t.  LI,  p.  509  et  suiv. 

2.  On  pense  aussi  qu'il  en  existe  un  autre  ms.  dans  le  couvent  jaco- 
bite  de  Zafaran  près  de  Mardin,  cf.  Wiugut,  Syriac  Literature,  2«  éd., 
p.  2.'j2,  note  1.  Quant  au  manuscrit  qu'on  disait  se  trouver  à  Mossoul, 
il  renferme  la  version  arabe  de  la  Chronique  de  Michel  et  ce  ms.  se 
trouve  aujourd'hui  au  Musée  britannique. 

3.  On  ne  sait  encore  rien  de  i)rocis  sur  ce  Maribas,  que  Pseudo-Moïse 
de  Khorène  cite  sous  le  nom  de  M;ir  Ahas  Katiua.  U  existe  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  fonds  syriaque,  n»  30G,  fol.  71,  ^-77,  onze  pages  d'une 
chronique  attribuée  à  ce  Maribas. 

4.  Chronoi,'raphe  qui  vivait  au  temps  de  l'empereur  Jusliiiien;  il  est 
aussi  cit<;  par  Bariiebr^eus  et  Elias  de  Nisibe,  conip.  Bahhel.,  Chron.  eccl., 
I,  p.  5,  note  1. 


208  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

prêtre  Koiira  de  Saroug,  qui  écrivit,  dit-il,  à  Edesse, 
dans  quatorze  chapitres,  sur  l'époque  de  Justin  et  jus- 
qu'à la  mort  de  Tibère  ' .  «  L'ouvrage  se  termine ,  ajoute 
M.  Nau,  par  une  liste  carschouni  des  patriarches  d'An- 
tioche  qui  commence  à  Sévère ,  du  monastère  de  Théo- 
dore de  Gaza.  Puis  vient  une  liste  syriaque  de  ces  pa- 
triarches, qui  ne  semble  pas  faire  partie  de  l'histoire 
de  ^lichel.  Elle  commence  à  Saint  Pierre  et  a  été 
continuée  jusqu'au  cent  quarante-troisième  patriarche , 
Pierre  III  de  Mossoul.  Elle  a  été  publiée  d'après  ce 
ms.  par  M.  Bruno  Meissner-.  » 

Barhebrœus  (f  1286)  occupe  une  des  premières  pla- 
ces parmi  les  historiens  syriaques  avec  ses  deux  gran- 
des chroniques,  le  Chronicon  syriacum  et  le  Chronicon 
ecclesiastîcum.  Nous  ne  nous  attarderons  pas  à  faire 
ressortir  l'importance  de  ces  ouvrages  connus  des 
orientalistes  et  des  historiens.  Barhebrseus  s'est  pro- 
posé d'y  résumer  l'histoire  universelle  depuis  la  Créa- 
tion jusqu'à  son  époque. 

La  première  chronique  est  consacrée  à  l'histoire 
profane.  L'auteur  nous  avertit,  dans  sa  préface,  qu'il  a 
comblé  les  lacunes  des  livres  antérieurs,  personne 
n'ayant  écrit  sur  ce  sujet  depuis  le  patriarche  Michel 
qui  rédigea  sa  chronique  quatre-vingts  ans  avant  lui. 
II  a  compulsé  pour  son  travail  les  documents  syria- 
ques, arabes  et  persans,  réunis  dans  la  bibliothèque 
de  JMaraga,  ville  de  l'Adherbaidjan.  La  publication  de 
la  chronique  de  Michel  le  Syrien  fera  connaître  si, 
comme  il  est  à  supposer,  Barhebrœus  a  tiré  beaucoup 
de  cette  chronique.  En  1789,  Bruns  et  Kirsch  ont  im- 
primé une  première  édition  du  Chronicon  syriacum 
avec  une  traduction  latine;  le  texte   et  la  traduction 

i.  Cet  auteur  est  inconnu. 

2.  Wiener  Zeitschrift,  189i,  p.  235. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE.  209 

sont  également  incorrects'.  En  1890.  M.  Bedjan  a 
donné  du  texte  syriaque  une  seconde  édition  beaucoup 
meilleure-.  Pendant  les  derniers  temps  de  sa  vie,  Bar- 
hebrœus  fit  une  recension  arabe  de  sa  première  chro- 
nique sous  le  titre  de  Histoire  abrégée  des  dynasties  y 
qu'il  enrichit  de  nouvelles  notices  empruntées  à  la  lit- 
térature musulmane.  Cette  recension  a  été  publiée  une 
première  fois  par  Pococke,  en  1GG3.  à  Oxford,  avec  une 
traduction  latine,  et  une  seconde  fois  par  le  P.  Salhani. 
en  1890,  à  Beirouth.  sans  traduction,  mais  avec  un  in- 
dex des  noms  propres  et  une  concordance  des  années 
de  IHégire  et  de  l'ère  chrétienne. 

Le  ms.  167  de  la  Bodléienne  d'Oxford,  qui  a  la  pre- 
mière partie  du  Chronicon  syriacum,  ajoute,  comme 
complément  de  cet  ouvra_2^e .  trois  autres  textes  histori- 
ques :  le  premier,  intitulé  Expédition  des  I/iins,  des 
Persans  et  des  Mongols  dans  la  province  de  Diar- 
bêkir,  va  de  1394  à  1402;  le  second,  intitulé  Raç>ages 
de  Timour-Khan  dans  le  Tour-Ahdin,  comprend 
les  années  1395-1403;  et  le  troisième,  un  fragment  de 
chronique .  renferme  des  récits  concernant  les  années 
1394-1493.  Bruns  les  a  édités,  sous  le  titre  de  Appen- 
dix  ad  Chr.  Bar-Hebrœi  dans  le  Repertoriiun  fur 
bibl.  iind  niorg.  Litteratnr  de  Paulus.  léna,  1790,  I, 
p.  1-llG.  Behnsch  a  réédité  le  troisième  texte  en  1838  ^. 

Le  Chronicon  ecclesiasticum  est  divisé  en  deux  par- 


i.  Bar-IIcbraei  Chronicon  syt-iacum,  Leipzig,  1789  (texte  syriaque), 
cl  Gregorii  sive  Bar-Hebraei  Chronicon  syriacum,  Leipzig,  i7i9  (Ira- 
ducUon). 

2.  Gregorii  Barehbrœi  Chronicon  syriacum,  Paris,  isoo.  M.  Bf.djax 
n  utilisé  les  travaux  que  Lor.sB.vcii,  Ar.NOLD,  Mayep.  et  BEr.\>.TEi>'  ont  pu- 
bliés au  sujet  de  l'édition  de  Bi-.lns  et  Kir.scii.  Bernslein  avait  collationné 
les  m  s.  du  Vatican  et  de  la  Bodiuienne  en  vue  d'une  nouvelle  édition. 

3.  Rerum  sxculo  rjuinlo  decimo  in  MesojjOtamia,  geslarum  librum  e 
codice  bibliothecx  Dodlcianx  syriacc  edidit  et  interpretatione  latina 
illustravil  D'  Oltamor  LeJmsch.  VralisUv:ix.  i83S. 

12. 


2tO  HISTOIRE  GÊiNÉlULE. 

lies.  La  première  partie,  commençant  à  Aaron,  est  très 
concise  jusqu'à  l'ère  chrétienne.  L'histoire  de  l'Eglise 
syrienne  occidentale  et  des  patriarches  d'Antioche  y 
est  traitée  par  Barhebraîus  jusqu'en  1285;  un  auteur 
anonyme  l'a  continuée  jusqu'en  1495.  La  seconde  par- 
tie, consacrée  à  l'Église  syrienne  orientale,  renferme 
l'histoire  des  patriarches  nestoriens  et  des  maphriens 
jacobites  de  Tagrit  ^  Barhebrseus  l'avait  achevée  l'an- 
née même  de  sa  mort,  1286;  elle  a  été  continuée  jus- 
qu'en 1288  par  Barsauma,  le  frère  de  Barhebrseus, 
et  jusqu'en  1496  par  un  anonyme.  Le  Chronicon  ec- 
clesiasticum ,  -auquel  Assémani  s'est  souvent  référé 
dans  sa  Bibliotheca  orientalis,  a  été  édité  avec  une 
traduction  latine  par  MM.  Abbeloos  et  Lamy  en  trois 
volumes  ^.  Les  éditeurs  ont  contrôlé  les  données  de 
Barhebrœus  à  l'aide  de  la  Chronique  d'Elias  de  Ni- 
sibe,  que  nous  citerons  plus  loin. 

Une  des  sources  de  Barhebrœus  pour  la  seconde 
partie  du  chronicon  ecclesiasticum,  c'était  Le  livre  de 
la  tour,  écrit  par  Mari  ibn  Soleiman,  un  auteur  nes- 
torien  du  XÏI^  siècle,  et  dont  nous  devons  parler  ici 
quoiqu'il  soit  écrit  en  arabe.  Le  livre  de  la  tour  de 
Mari  est  conservé  dans  deux  manuscrits  arabes  du  Va- 
tican, 108  et  109,  et  dans  un  ms.  de  la  Bibliothèque 
nationale,  arabe  190;  ces  manuscrits  indiquent  à  tort 
Amr  ibn  flatta  de  Tirlian  comme  l'auteur  de  l'ou- 
vrage. Il  est  divisé  en  deux  parties  :  l'une  est  théolo- 

1.  On  appelait  maphriens  les  évêques  qui  avaient  cure  des  intérêts 
des  Jacobites  établis  dans  les  provinces  orientales.  La  série  des  ma- 
phriens commence  avec  Marouta  de  Tagrit  (G-29).  Barhebrœus  clait  lui- 
même  maplirien  de  l'Orient.  Les  derniers  maphriens  ne  résidaient  pas 
à  Tagrit,  mais  à  Mossoul  et  dans  le  couvent  de  Mar  Mattai,  au  nord  de 
cette  ville. 

2.  Gregorii  Barhebrsei  Chronicon  ecclesiasticum  ,  I-HI,  Louvain  ,  187-2- 
1877.  OvEucF.CK.  avait  imprime  le  commencement  de  la  seconde  partie 
dans  son  livre,  cité  ci-dessus,  S.  Ephrsemi...  opéra  selecta,  p.  414-423. 


HISTOmE  GÉNÉRALE.  211 

gique  et  dogmatique  ;  l'autre ,  Ihéologique  et  historique, 
renferme  une  histoire  concise  des  patriarches  nesto- 
riens,  qui  finit  avec  Ebedjésu  bar  Mouki  de  Mossoul 
(y  1147).  mais  qui  a  été  continuée  jusqu'en  1317.  Saliba 
ibn  Yohanna  de  Mossoul  et  Amr  ibn  Matta,  qui  vi- 
vaient dans  la  première  moitié  du  XIV*^  siècle,  firent, 
chacun  de  son  côté ,  une  recension  abrégée  du  Livre 
de  la  tour  qui  présente  le  même  texte  avec  cette  diiïé- 
rence  que  Saliba  donne  des  additions  qui  manquent  à 
Amr.  On  ne  sait  pas  encore  quel  est  celui  des  deux 
qui  a  copié  l'autre  ;  il  est  possible  que  ce  soit  Amr, 
lequel  aura  supprimé  les  additions  de  Saliba.  La  re- 
cension de  Saliba  est  contenue  dans  le  ms.  du  Vati- 
can 41  (provenant  de  la  Bibliothèque  des  Néophytes) 
et,  incomplète,  dans  le  ms.  k.  VI,  vol.  14,  du  Musée 
Borgia.  Celle  d'Amr  nous  est  parvenue  dans  le  ms. 
arabe  110  du  Vatican,  qui  semble  être  un  autographe  '. 
Le  P.  Gismondi  a  publié ,  en  1896-1899^  la  section  du 
Livre  de  la  tour  relative  aux  patriarches  nestoriens. 
La  recension  d'Amr  et  de  Sliba,  qui  est  parfois  plus 
développée  que  l'œuvre  originale  et  présente  une  ré- 
daction différente,  a  été  publiée  in  eA-tenso'-. 

La  chronique  qu'Elias  bar  Schinaya.  métropolitain 
de  Nisibe .  écrivit  en  1008 .  ne  nous  est  parvenue  que 
dans  le  ms.  Add.  7197  du  Musée  britannique  '^ .  Ce  ma- 
nuscrit, décrit  dans  le  catalogue  de  Rosen.  p.  8G-90, 
est  contemporain  de  l'auteur,  mais  ce  n'est  pas,  comme 

1.  Le  ms.  G87  du  Val.  contient  une  partie  du  lextc,  analogue  au  ms. 
110;  un  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau  .  n"  \-2.  et  un  ms.  de  Cambridge 
semblent  renfermer  la  recension  d'Amr,  voir  ^^IUGIIT,  Syriac  Hier. 
3«  éd.,  p.  2oo,  note  1. 

2.  Maris  A7nri  et  Slibae  de  Palriarchis  Xestorianorum  comrnen- 
taria,  Rome;  pars  prior,  Maris  texlus  et  versio  lalina,  18Lt9;  pars 
altéra,  Amri  et  Slibse  textus,  1896;  versio  lalina,  18!>7. 

3.  Le  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau,  108,  fol.  Iil-147,  renferme  un 
extrait  de  cette  chronique. 


•212  HISTOIRE  GÉNÉRALE. 

on  lavait  pensé,  un  autographe  d'Elias;  de  la  main  de 
celui-ci  il  n'y  a  probablement  que  la  partie  ancienne  du 
texte  arabe  ^  Les  pages  sont  divisées  en  deux  colonnes, 
dont  la  première  contient  le  texte  syriaque ,  et  la  se- 
conde, en  regard,  la  version  arabe  faite  en  grande 
partie  par  Elias  lui-même.  Cet  ouvrage  commence  par 
plusieurs  tables  chronologiques,  suivies  de  la  liste  des 
papes  jusqu'au  concile  de  Chalcédoine^,  de  la  liste  des 
patriarches  d'Alexandrie  jusqu'à  la  même  époque ,  des 
listes  des  diiïérentes  dynasties  ^,  et  du  catalogue  des 
patriarches  nestoriens  jusqu'à  Jean  V  (-{-905).  La  chro- 
nique proprement  dite  comprend  les  événements  de 
rOrient  de  Tan  25  à  Tan  1018  de  l'ère  chrétienne.  Mal- 
heureusement le  manuscrit  est  incomplet,  surtout  pour 
la  période  antérieure  à  l'Islam  ;  pour  la  période  sui- 
vante, il  manque  les  années  169-264  et  361-384  de  l'Hé- 
gire. Cette  chronique  est  surtout  précieuse  parce  qu'elle 
indique,  sous  chaque  paragraphe,  les  sources  où  Elias 
a  puisé  ses  notices  ;  elle  nous  fait  connaître  les  titres 
d'un  certain  nombre  d'œuvres  historiques  aujourd'hui 
perdues.  Comme  il  arrive  dans  les  compilations  de  ce 
genre,  le  même  événement  est  parfois  rapporté  sous 
plusieurs  années ,  d'après  des  documents  différents  ^, 
M.  Lamy  a  publié  la  portion  qui  va  jusqu'à  la  conquête 
musulmane^.  La  suite,  avait  été  éditée  auparavant  par 
M.  Bœthgen  ^ 


1.  "WniGiiT,  Syriac  Literature,^^  éd.,  p.  23G,  note  6. 

2.  Elle  a  été  insérée  dans  l'cd.  Abbeloos  et  Lamy  du  Chron.  eccl.  de 
BAP.nnDR^us,  t.  I,  p.  37-38. 

3.  M.  Lamy  a  publié  la  liste  des  rois  Sassanides  dans  Élie  de  Nisibe, 
sa  chronologie,  Bruxelles,  1888,  p.  28  (texte  syr.,  p.  41). 

4.  NOELDEKE,  Literarisches  Centralblatt,  12  juillet  188i,  p.  980. 

5.  Élie  de  Nisibe,  sa  chronologie,  Bruxelles,  1888,  avec  une  traduction 
française. 

6.  Fragmente  syrischer  und  arabischer  Historiker,  Leipzig,  1884,  avec 
une  traduction  allemande. 


HISTOIRE  GÉNÉRALE.  213 

Paul  de  Lagarde  a  imprimé,  dans  Prxtermissoruni 
libri  diiOy  p.  90-93,  des  extraits  dune  brève  chronolo- 
gie dÉbedjésu,  qui  vont  jusqu'au  patriarche  nestoricn 
Jésu  bar  Noun.  Nous  citerons  encore  ici,  quoique 
n'appartenant  pas  à  l'histoire  proprement  dite,  la  Chrc- 
nologie  que  Siméon  Schankelavaya  écrivit  à  la  fm  du 
XII^  siècle,  à  la  demande  de  son  élève  ,  Jean  bar  Zoubi. 
C'est  un  calendrier  et  une  explication  des  différentes 
ères,  par  demandes  et  réponses.  Ce  traité  a  été  analysé 
et  en  partie  traduit  avec  quelques  extraits  du  texte  par 
M.  Friedrich  Mueller'.  Le  ms.  Add.  1715(5  du  Musée 
britannique  contient  trois  lettres  sur  la  chronologie 
adressées  par  Sévère  Sebokt  au  périodeute  Basile  en 
Chypre. 

Toutes  ces  chroniques  témoignent  de  la  place  impor- 
tante que  l'histoire  ecclésiastique  et  profane  occupe 
dans  la  littérature  syriaque.  Cette  place  nous  apparaî- 
trait encore  plus  grande,  si  toutes  les  œuvres  histo- 
riques des  Syriens  s'étaient  conservées  ;  malheureuse- 
ment un  cer.ain  nombre  a  disparu,  dont  nous  ne 
connaissons  que  le  titre -ou  le  nom  de  leur  auteur  cités 
par  des  écrivains  postérieurs.  Michel  le  Syrien  nous  a 
transmis  les  noms  de  Maribas  et  de  Koura-.  Elias  de 
Nisibe  cite  :  Alahazeka  (VII®  s.  ?  ;  Mika  (même  épo- 
que) ;  Barsahdé  (vers  735;  ;  Cyprien  de  Nisibe  (mort  en 
767);  Péthion  (VHP  s.  ?  ^  Daniel,  fils  de  Moïse 
(VIII*  s.;;  Jésudenah,  évèque  de  Bassora  fin  du 
VHP  s.  ,\  Henanjésu,  évêque  de  Hira  (vers  900^  ;  Aa- 
ron  (même  époque);  Elias  d'Anbar  (vers  920);  Siméon, 
diacre  jacobite   vers  950^  ;  et  des  chroniques  anonymes 

1.  Die  Chronologie  des  Siméon  Schanqlâwàjd ,  Leipzig,  1889. 

2.  voir  ci-dessus,  p.  -207-208. 

3.  B.Tlh2;en  croyait  qu'il  s'agissait  du  patriarche  nestorien  Péthion. 
mort  en  T»0:  mais,  comme  le  remarque  Wright,  les  notices  mises  sous 
le  nom  de  Péthion  se  rapportent  aux  années  765  et  708. 


214  HISTOIRE  GENERALE. 

des  patriarches  jacobites,  des  patriarches  nestoriens  et 
des  métropolitains  de  Nisibe.  Ébedjésu,  dans  son  ca- 
talogue * .  mentionne  encore  parmi  les  Nestoriens  :  Bar- 
hadbeschaba  (voir  p.  84);  Jésuzeka  appelé  aussi  Zeka- 
jésu  ou  JMeschihazeka  (même  époque);  Daniel  bar 
Maryam  (vers  650)  ;  Jean  de  Beit-Garmai  (vers  660)  ; 
Elias  de  Merv  (même  époque)  ;  Atken ,  moine  du  cou- 
vent d' Aphni - Maran  (même  époque)-;  Siméon  de 
Kaschkar  (vers  754)  ;  Salomon  de  Haditha  (vers  760  ; 
Georg-e  de  Schouster  (vers  770^^  ;  Siméon  de  Karka 
(vers  800)3;  Théodore  bar  Koni  (vers  800?)''. 

Le  L/çve  de  la  chasteté  dont  nous  parlerons  sous  le 
paragraphe  suivant,  mentionne  l'histoire  ecclésiastique 
de  Grégoire,  métropolitain  de  Nisibe  Tm  du  VP  s.i. 

Barhebrgeus,  dans  son  Histoire  des  dynasties^  cite 
riiistoire  de  Théophile  d'Édesse,  qui  était  maronite 
{•\-  785).  Bar  Bahloul,  dans  son  lexique  syriaque,  se  ré- 
fère ,  à  plusieurs  reprises ,  à  la  chronique  de  Honein 
(-j-  873).  Le  biographe  de  Moïse  bar  Képha  (-J-  903) 
attribue  à  cet  auteur  une  histoire  ecclésiastique^. 

A  la  fin  de  ce  paragraphe,  nous  mentionnons  un  texte 

\.  AssÉMAM,  B.  0.,  ni,  x>ars  I,  148-231. 

2.  Voir  sur  cet  historien  ÏHisloire  monastique  de  Thomas  de  Mauga, 
éd.  Bldge,  II,  p,   186,  207  et  23 i. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  jyars  I,  230.  Mais  Wright,  Syriac  litcr.,  2«  éd.. 
p.  132,  rapproche  un  Siméon  Barkaya,  auteur  d'une  clironique,  selon 
Elias  de  Nisibe,  et  qui  écrivait  à  la  lin  du  VP  siècle.  Il  s'agit  sans  doule 
du  même  Siméon. 

4.  Ébedjésu  (B.  0.,  III,  pars  I,  198)  mentionne  de  cet  auteur  un  livre 
de  scolies,  une  histoire  ecclésiastique,  des  instructions  et  des  sermons, 
l.e  Livre  de  scolies,  qui  existe  en  Orient  et  à  Strasbourg,  se  compose  de 
onze  livres,  dont  les  dix  premiers  traitent  de  sujels  tliéologiques  et  le 
onzième  des  différentes  religions  et  sectes  religieuses.  M.  Pognon  a  ré- 
cemment publié  des  extraits  du  onzième  livre;  voir  Pognon,  Inscrip- 
lions  mandaïtes  des  coupes  de  Khouabir,  Paris,  1899,  Append.  II.  Sui- 
vant M.  Pognon,  cet  auteur  est  distinct  de  Théodore  de  Laschom. 

Sur  une  histoire  ecclésiastique  attribuée  au  patriarche  nestorien 
Sabrjésu  I,  voir  Gcioi,  Zeitschr.  der  deut.  morg.  GeselL,  t.  XL,  ooQ. 

5.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  218. 


HISTOIRE  GÉNÉIULE.  21b 

syriaque,  mis  sous  le  nom  de  Diodes  le  Sage  et  relatif 
à  la  Phénicie  et  aux  origines  de  Rome.  Ce  texte  semble 
provenir  dune  histoire  de  Rome  attribuée  à  Dioclès 
Peparethius  ;  il  a  été  publié  par  Paul  de  Lagarde  [Ana- 
lecta  syriaca ,  p.  201-205  d'après  le  ms.  Add.  12152. 
fol.  194,  du  Musée  britannique ,  et  traduit  par  Cowper, 
Syriac  Aîiscellaiiies,  Londres,  1841.  p.  48  ^ 

§  2.  —  Histoires  particiilières. 

Les  écrits  syriaques  qui  traitent  d'un  point  particulier 
de  l'histoire  ont  presque  tous  un  caractère  religieux. 
Les  actes  des  martyrs  et  les  vies  des  saints  ont  fait  lob- 
jet  du  n°  IX  ci-dessus;  nous  avons  parlé  aussi  sous  ce 
n"  de  l'Histoire  de  la  ville  de  Beit-Slok;  nous  n'y 
reviendrons  pas  ici.  Un  certain  nombre  de  récits  his- 
toriques concernent  les  couvents  nestoriens  les  plus 
célèbres;  les  auteurs  jacobites  semblent  s'être  moins 
préoccupés  de  l'histoire  de  leurs  couvents.  Mais  la 
malechance  des  manuscrits  nestoriens  nous  fait  regret- 
ter la  perte  de  plusieurs  histoires  monastiques.  Celles 
de  Jésudenah  et  de  Thomas  de  Marga  ont  seules  vu  le 
jour  jusqu'ici. 

On  doit  à  M.  l'Abbé  Chabot  l'édition  du  Li<^re  de  la 
c^rts^e^e^  de  Jésudenah,  évêque  de  Bassora,  qui  vivait 
à  la  fm  du  VHP  siècle  ,  et  dont  les  autres  œuvres  une 
histoire  ecclésiastique,  une  introduction  à  la  logique, 
des  homélies  et  des  discours  métriques  ne  se  sont  pas 
retrouvées.  Le  Z-zV/'e  de  la  chasteté  est  composé  de  cent 
quarante  notices   sur  les   fondateurs  des   monastères 

1,  Wr.icuT  a  donné  quelques  corrections  à  l'édition  de  I-agaude,  Calai., 
p.  499,  note  2. 

2.  Le  livre  de  la  Chasteté  composé  par  Jésudenah,  évêque  de  Baçrah, 
public  et  traduit  par  J.-B.  Chabot,  Rome,  189G.  Malgré  les  doutes  émis 
par  l'éditeur,  on  doit  considérer  ce  texte  comme  l'œuvre  même  de 
Jtsudcnah. 


216  HISTOIRES  PARTICULIÈRES. 

orientaux.  Ces  notices  étaient  tirées  du  Paradis  des 
Orientaux  de  Joseph  Hazzaya  (voir  ci-dessus,  p.  158), 
à  en  juger  par  un  passage  de  Bar  Bahloul  sur  Sah- 
dona  '  ;  elles  forment  un  recueil  utile  à  consulter  pour 
riiistoire  de  lEglise  nestorienne  et  la  géographie  de 
la  Mésopotamie  et  la  Babylonie. 

L'histoire  monastique  de  Thomas  de  Marga,  beau- 
coup plus  développée,  porte  le  titre  de  Li^>re  des  gou- 
verîieurs.  Elle  était  connue  par  la  Bibliotheca  orienta- 
lis  d'Assémani  qui  en  contient  une  analyse-  ;  M.  Budge 
Ta  publiée  avec  une  traduction  anglaise  et  une  intro- 
duction très  documentée  qui  ajoute  à  la  valeur  de  son 
édition 3.  Thomas  était  entré  en  832  comme  moine  dans 
le  couvent  de  Beit-Abé  (près  de  Marga) ,  dont  il  de- 
vint bientôt  le  directeur.  Mar  Abraham,  qui  fut  patriar- 
che des  Nestoriens  de  837  à  850,  le  prit  pour  son  secré- 
taire; il  le  nomma  ensuite,  évêque  de  Marga  et, 
quelques  années  après,  métropolitain  de  la  province  de 
Beit-Garmai.  C'est  à  la  demande  du  moine  Ébedjésu 
et  d'autres  moines  du  couvent  de  Beit-Abé  que  Tho- 
mas écrivit  en  840  l'histoire  de  ce  couvent.  Cette 
histoire  n'est  pas  seulement  celle  du  couvent  de  Beit- 
Abé  ;  Thomas  y  a  inséré  le  récit  de  la  vie  de  Maranam- 
meh,  évêque  d'Adiabène  (avec  une  longue  homélie  mé- 
trique qu'il  avait  composée  en  l'honneur  de  cet  évêque) , 
de  Babai  et  de  plusieurs  moines  célèbres  du  Grand 
couvent  du  mont  Izla.  «  Cette  œuvre,  dit  M.  Budge '^j 

\.  Comme  le  remarque  M.  H.  Goussen,  Martyr ius-Sahdona' s  Leben 
und  Werke,  Leipzig,  1897,  p.  13,  noie  I. 

2.  T.  ni,  pars  I,  464-oOi. 

3.  The  book  of  governors  :  The  hisloria  monaslica  of  Thomas  lishop 
of  Marga  A.  D.  840,  Londres,  1893;  vol.  I,  texte  syriaque  et  introduc- 
tion; vol.  II,  traduction  anglaise.  L'introduclion  contient  des  extraits 
des  lettres  du  patriarche  uestorien  Jésuyab  III,  intéressantes  pour 
l'histoire  de  l'Église  nestorienne  au  VIF  siècle. 

4.  Préface  de  son  éd.,  t.  I,  p.  xi. 


HISTOIRES  PARTICULIÈRES.  217 

est  une  histoire  du  monachisme  et  de  lascétisme  des 
Nestoriens  des  contrées  orientales  du  Tigre  pendant 
près  de  trois  siècles;  elle  fournit  un  précieux  supplé- 
ment à  l'histoire  de  lEglise  nestorienne  pendant 
une  période  de  son  existence  qui  est  peu  connue.  Elle 
fait  connaître  avec  quelque  longueur  à  quelles  occasions 
rÉglise  nestorienne  entra  en  contact  ou  en  conflit  avec 
les  rois  de  Perse,  et  jette  quelque  nouveau  jour  sur  les 
événements  contemporains.  La  dispersion  des  moines 
du  mont  Izla,  la  députation  du  patriarche  nestorien  à 
Héraclius,  Tapostasie  de  Sahdona,  la  stagnation  de 
rÉglise  nestorienne  au  Vll'^  siècle,  la  fondation  de 
soixante  écoles  et  Tintroduction  de  la  musique  ecclé- 
siastique à  Marga,  la  conversion  au  christianisme  des 
peuples  des  régions  orientales  et  méridionales  de  la 
mer  Caspienne,  les  missions  de  la  propagande  nesto- 
rienne dans  l'Arabie  du  sud,  en  Perse  et  en  Chine,  la 
décadence  de  l'empire  perse  et  la  grandeur  de  la  puis- 
sance arabe,  etc.,  y  sont  exposées  avec  beaucoup  de 
clarté.  » 

Un  des  couvents  nestoriens  les  plus  en  vogue,  c'était 
le  monastère  de  Rabban  Hormizd  qui  existe  encore 
aujourd'hui  à  Alkosch  au  nord  de  Mossoul.  La  biblio- 
thèque de  ce  couvent  renferme  une  histoire  en  prose  de 
sa  fondation,  rédigée  par  Simon,  qui  était  le  disciple 
de  Mar  Yozadak,  un  ami  de  Piabban  Hormizd.  Cette 
histoire  n'a  pas  encore  été  publiée,  mais  elle  a  servi  à 
M.  Budge  pour  la  notice  que  celui-ci  a  consacrée  à  ce 
couvent  dans  Tintroduction  de  son  édition  de  l'histoire 
monastique  de  Thomas  de  Marga,  t.  I,  p.  clvii-clxvii. 
Rabban  Hormizd,  le  fondateur  du  monastère  qui  porte 
son  nom,  était  né  dans  la  première  moitié  du  VIP  siècle. 

La  même  bibliothèque  possède  encore  un  poème,  tiré 
de  l'histoire  en  prose,  et  dont  nous  avons  parlé  plus 

LITTÉRATURE   SYRIAQUE.  lij 


218  HISTOIRES  PARTICULIÈRES. 

haut,  p.  29.  Une  autre  poésie  a  été  composée  en  l'hon- 
neur de  Rabban  Hormizd  par  Immanuel,  évêque  de 
Beit-Garmai  (f  1080)  ;  elle  a  été  publiée  par  le  P.  Car- 
dahi  {Liber  thesauri  de  arte  poetica  Syroruiiiy  p.  142) 
et  traduite  en  allemand  par  M.  Hoffmann  [Aiisziïge  ans 
syr.  Akten  pers.  Màrtyrer,  p.  19).  C'est  une  grossière 
falsification  de  l'histoire  de  la  fondation  du  couvent  de 
Rabban  Hormizd  (Hoffmann,  /.  c,  p.  180).  Un  pané- 
gyrique de  Rabban  Hormizd,  de  basse  époque  et  insi- 
gnifiant, a  pour  auteur  un  certain  Adam  d'Akra.  Il  est 
en  vers  rimes;  il  a  été  édité  par  le  P.  Cardahi  (/.  c, 
p.  102).  ' 

Nous  mentionnerons  ici  Les  statuts  de  l'Ecole  de  Ni- 
sibe  qui  ont  été  publiés  par  ^I.  Guidi  et  qui  ont  per- 
mis à  M.  Chabot  d'écrire  un  très  intéressant  chapitre 
de  l'histoire  de  la  culture  intellectuelle  et  de  la  vie 
monastique  chez  les  Nestoriens  au  V®  et  au  VP  siècles 
de  notre  ère  ^ . 

Les  vies  des  patriarches  nestoriens  Mar  Aba  I, 
Sabrjésu,  Denha  et  Yaballaha  III,  ont  été  publiées 
par  M.  Bedjan  [Histoire  de  Mar-Jabalaha,  de  trois 
autres  patriarches,  etc.,  Paris,  1895). 

Le  patriarche  Mar  Aba  I  (536-552)  était  né  dans  la 
religion  de  Zoroastre  ;  il  reçut  le  baptême  à  Hira,  étu- 
dia à  récole  de  Nisibe,  puis  se  rendit  à  Edesse  où  son 
élève  Thomas  lui  enseigna  le  grec.  Après  avoir  visité 
Constantinople ,  ^Nlar  Aba  retourna  à  Nisibe,  où  il  se  fit 
connaître  comme  un  professeur  distingué.  Elu  pa- 
triarche en  536,  il  ouvrit  une  école  à  Séleucie.  Ses  con- 
troverses avec  les  mages  lui  attirèrent  des  persécutions; 


1.  Glidi,  Gli  statuli  délia  scv.ola  di  Nisibi  dans  le  Giornale  dclla  So- 
cielà  asiatica  italiana,  vol.  IV,  p.  lGS-195;  J.-B.  Chabot,  L'école  de 
Nisibe,  son  histoire,  ses  statuts,  dans  le  Journal  de  la  Société  asiatique, 
fuillet-août  I89G,  9«  série,  t.  VIIl,  p.  43  et  suiv. 


HISTOIRES  PARTICULIÈRES.  219 

il  passa  plusieurs  années  de  sa  vie  en  prison  et  il  fut 
exilé  dans  TAdherbeidjan  par  Chosroès  Anoschirwan. 
Selon  ses  Actes  publiés  par  M.  Bedjan  {Op.  cit., 
p.  200',  le  patriarche  recouvra  ensuite  les  faveurs  du 
roi  de  Perse  et  il  mourut  en  paix  sur  son  siège.  Barhe- 
brœus*,  au  contraire,  fait  mourir  Mar  Aba  en  prison, 
où  il  avait  été  jeté  à  son  retour  à  Séleucie.  On  attribue  à 
Mar  Aba  une  version  de  l'Ancien  Testament  (ci-dessus. 
p.  67);  il  écrivit  des  commentaires  ci-dessus,  p.  83j  ; 
des  canons  ecclésiastiques  et  des  lettres  synodales  [ci- 
dessus,  p.  176  :  des  hymnes  et  des  homélies-.  11  tra- 
duisit en  syriaque  la  liturgie  de  Nestorius. 

Sabrjésu,  dont  les  actes  ont  été  écrits  par  le  moine 
Patros  iPierre^ ,  était  évêque  de  Laschomen  596  ,  quand 
il  fut  nommé  patriarche  à  l'instigation  de  Chosroès  II , 
ou  Chosroès  Parvez,  dont  les  sympathies  lui  étaient 
acquises.  La  narration  de  Patros  met  en  relief  les  hau- 
tes vertus  de  ce  patriarche  qui  avait  mené  d'abord  une 
vie  ascétique  et  qui  jouissait  d'un  grand  crédit  auprès 
des  Romains  et  des  Perses  en  raison  de  ses  cures  mer- 
veilleuses ;  elle  signale  la  part  importante  que  Sabrjésu. 
étant  évêque  de  Laschom  ,  prit  à  la  conversion  de  Xo- 
man  ibn  al-Mondhir,  roi  des  Arabes,  à  Hira.  Selon 
Barhebrseus^,  Sabrjésu  accompagna  Chosroès  au  siège 
de  Dara  et  mourut  dans  cet  endroit  ;  les  actes  sont 
muets  sur  ce  point.  En  fait,  le  patriarche  alla  avec 
Chosroès  au  siège  de  Dara,  mais  il  revint  à  Nisibe  où 
il  mourut^. 

i.  Chron.  eccL,  II,  95. 

».  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  75.  Une  hymne  est  éditée  dans  le  Bre- 
viarium  Chaldaicum  de  Mossoul,  p.  4»;,  voir  Dickell,  Conspectus  rci  Sy- 
rorum  litl.,  p.  37,  note  8;  une  autre  existe  au  Musée  britannique,  Add. 
17219,  fol.  165  b;  comp.  Maclean,  Easl  Syrian  Daily  Offices,  p.  98  et  105. 

3.  Chron.  eccl.,  II,  107. 

4.  Voir  la  chronique  éditée  par  Glidi,  Un  nuovo  testa  siriaco...  tra- 
duction de  >'(JELDLKE,  {Op.  cit.,  ci-dessus,  p.  231,  note  f>),  p.  16  et  18; 


220  HISTOIRES  PARTICULIÈRES. 

L'histoire  du  patriarche  Denha  (12G5-1281)  a  été 
écrite  en  vers  rimes  par  un  de  ses  contemporains  du 
nom  de  Jean;  mais  l'auteur  a  passé  sous  silence  plu- 
sieurs événements  de  sa  vie  qui  n'étaient  pas  à  la 
louange  du  patriarche.  Ce  petit  poème  a  été  publié 
pour  la  première  fois  par  M.  l'Abbé  Chabot  [Journal 
asiatique,  9^  série ,  t.  V,  p.  110  et  suiv.)  ;  il  a  été  réim- 
primé par  le  P.  Bedjan  dans  l'ouvrage  cité  plus  haut 
(Histoire  de  Mar-Jabalaha,  etc,^  p.  332  et  suiv). 

La  publication  par  M.  Bedjan,  en  1888,  de  l'histoire 
de  Yaballaha  III  et  de  Rabban  Sauma  intéressa  vive- 
ment les  orientalistes  ' .  Yaballaha  qui ,  avant  d'être 
élevé  à  la  dignité  patriarcale,  s'appelait  Marcos,  était 
originaire  de  la  Chine  et  avait  mené  la  vie  religieuse 
avec  son  maître  Rabban  Sauma  aux  environs  de  Pékin. 
Le  disciple  et  le  maître,  pris  du  désir  de  visiter  les  Lieux 
saints  et  Jérusalem,  se  mettent  en  route  pour  l'Occident. 
Ils  arrivèrent  dans  l'Adherbeidjan  où  ils  séjournèrent 
deux  ans,  retenus  par  les  troubles  qui  agitaient  l'Orient. 
Marcos  fut  alors  nommé  métropolitain  de  la  Chine, 
et  Sauma  visiteur  général.  A  la  mort  du  patriarche 
Denha,  le  clergé,  afin  de  s'attirer  la  faveur  des  prin- 
ces mongols ,  désigna  Marcos  pour  succéder  à  Denha 
et  le  nouvel  élu  occupa  le  siège  patriarcal,  sous  le 
nom  de  Yaballaha  III,  de  1281  à  1317.  Ce  patriarche  se 
trouva  mêlé  aux  événements  qui  se  déroulèrent  sous 
sept  rois  mongols  ;  il  prit  part  notamment  aux  négo- 
ciations que  le  roi  Argoun  entama  avec  les  souverains 
de  l'Europe  pour  former  une  alliance  contre  les  Arabes. 
Le  récit  du  voyage  de  R.  Sauma  envoyé  en  mission  aux 

Thomas  de  MAr>GA,livre  I,  chap.  xxv;  Elias  de  Nisibe  dans  la  Chron.  eccl. 
de  Bauiiebr^us,  éd.  Abbeloos  et  Lamy,  H,  p.  108,  note  2. 

1.  Histoire  de  Mar  Jab-Alcûia,  2^atriarche,  et  de  Raban  Sauma,  Paris, 
1888;  réimprimée  par  le  P.  Bedjan  en  1895  dans  l'ouvrage  cité  plus  haut, 
Histoire  de  Mar-Jabalaha,  de  trois  autres  patriarches,  et  c. 


HISTOIRES  PARTICULIERES.  221 

différentes  cours  de  l'Occident  est  des  plus  instructifs. 
La  publication  de  M.  Bedjan  fut  l'objet  de  plusieurs 
travaux  qui  en  firent  valoir  l'importance  pour  l'histo- 
rien '. 

M.  l'Abbé  Chabot  publie,  en  ce  moment,  dans  la 
Replie  de  l'Orient  chrétien,  d'après  un  ms.  syr.  du  cou- 
vent des  Chaldéens  à  Séert,  une  traduction  de  la  vie 
de  Joseph  Bousnaya,  écrite  par  Jean  bar  Khaldoun -. 
Bousnaya  était  un  moine  du  couvent  de  Rabban  Hor- 
mizd;  il  mourut  en  979.  Ce  livre  de  Bar  Khaldoun, 
très  étendu,  renferme  des  anecdotes  sur  la  vie  ascéti- 
que de  Bousnaya  et  d'autres  moines  du  couvent  d'Hor- 
mizd  ;  il  se  termine  par  un  traité  sur  la  mystique. 

Thomas  de  Marga,  dans  son  histoire,  etEbedjésu, 
dans  son  catalogue ,  citent  des  ouvrages  sur  la  vie 
monastique  qui  ne  nous  sont  pas  parvenus. 

Abraham  de  Kaschkar  ^  (milieu  du  VI^  s.)  est  donné 
comme  l'auteur  d'un  traité  sur  la  vie  monastique,  qui 
fut  traduit  en  persan  par  son  disciple  ,  Jean  le  moine. 

Mar  Babai,  abbé  du  monastère  d'Izla  (569-G28).  com- 


1.  Nous  en  avons  donné  une  analyse  détaillée  dans  le  Journal  asiat., 
1889,  8«  série,  t.  XHI,  p.  313  et  suiv.;  comp.  aussi  Lamy,  Bulletin  de  l'A- 
cadémie royale  de  Belgique,  3«  sér.,  XVII,  -2-23;  Van  Hoo.nacker,  le  Mu- 
séon,  t.  VIII,  n°  -2;  Nœldeke,  Literar.  Centralblatt,  1889,  84-2-8i4.  En 
1895,  M.  l'Abbé  Chabot  a  publié  une  traduction  française  dans  la 
Revue  de  l'Orient  latin,  t.  I  et  II ,  avec  de  nombreuses  notes  et  deux 
appendices.  M.  Heinuicii  Hilgenfeld  a  proposé  divers  amendements  au 
texte  syriaque,  Texlkritische  Bemerkungen  zur  Teschita  dinar  Jaba- 
laha...  léna,  I89i.  M.  Rudolf  Hiixenfeld  a  publié  le  texte  arabe  de  la 
vie  de  Yaballaha  III,  d'après  la  recension  de  Saliba  du  Livre  de  la  tour, 
avec  une  traduction  latine  et  des  notes,  Jabalahx  III  vita  ex  Slivas 
Mossulani  libre,  qui  inscribitur  Turris,  desumpla,  Leipzig,  189G. 

2.  Vie  du  moine  Rabban  Bousnaya,  écrite  par  son  disciple  Jean 
Bar-Kaldoun,  traduite  du  syriaque  et  annotée  par  J.-B.  Chabot  dans  la 
Revue  de  l'Orient  chrétien,  189T-I899.  Comp.  Assémam,  B.  0.,  III,  pars 
I,  2G5;  Chabot,  Revue  sémitique,  1896,  p.  252. 

3.  Cet  Abraham  doit  être  distingué  d'Abraham,  le  fondateur  du  grand 
couvent  du  mont  l/.la,  qui  était  également  de  Kasclikar  et  qui  écrivit  des 
règles  pour  les  moines,  voir  ci-dessus,  p.  180. 


-222  HISTOIRES  PARTICULIÈRES. 

posa  Le  livre  de  Vahhé  Marc  et  des  discours  sur  l'er- 
mite Mathieu,  sur  Abraham  de  Nisibe  et  sur  Gabriel 
de  Katar.  Ses  autres  œuvres  sont  :  une  histoire  du 
martyr  George  (voir  ci-dessus,  p.  146);  La  cause  des 
Hosannas;  Le  livre  de  l'union  sur  les  deux  natures  du 
Christ;  un  commentaire  sur  les  Centuries  d'Evagrius; 
une  histoire  des  partisans  de  Diodore;  un  livre  sur  la 
fête  de  la  Sainte  Croix;  des  hymnes  sur  les  fêtes  de 
Tannée;  des  règles  pour  les  novices;  des  canons  pour 
les  moines  ;  un  commentaire  des  Saintes  Ecritures  (voir 
ci-dessus,  p.  83);  des  lettres  adressées  à  Joseph  de 
Hazza. 

Sahdona .  qui  vivait  au  commencement  du  VIP  siècle, 
écrivit  la  biographie  et  Toraison  funèbre  de  Rabban 
Jacques,  son  maître.  La  vie  de  Sahdona  est  conservée 
dans  le  Livre  de  la  chasteté,  dont  nous  parlerons  sous 
le  n°  suivant.  Bar  Idta,  un  contemporain  de  Sahdona, 
avait  également  écrit  une  biographie  de  ce  dernier,  qui 
ne  s'est  pas  retrouvée.  Ce  Bar  Idta  doit  être  distingué 
du  fondateur  du  couvent  de  ce  nom ,  dont  la  vie  avait 
été  écrite  par  Jean  le  moine  ^  ;  il  est  l'auteur  d'une  his- 
toire monastique,  qui  est  souvent  citée  par  Thomas  de 
Marga. 

Rabban  Sergius  (commencement  du  VIP  s.)  écrivit 
une  histoire  des  religieux  du  Beit-Garmai,  à  la  de- 
mande de  Rabban  Jacques;  cette  histoire  était  intitulée 
Le  destructeur  des  puissants. 

Rabban  Sabrjésu ,  surnommé  Rostam  (vers  650) ,  a 
laissé  des  biographies  de  Mar  Jésuzeka  du  monastère 
de  Gassa,  de  Mar  Jésuyab,  de  Mar  Abraham,  abbé  du 
couvent  de  Beit-Abé,  de  Rabban  Kamjésu,  d'Abraham 

1.  Voir  Hf.inrich  Goussen,  Marlyrius-Sahdoncis  Leben  und  Werke, 
Leipzig,  1897,  p.  13,  note  1.  M.  Goussen  signale  les  erreurs  d'Asséniani  et 
de  Wright,  qui  ont  confondu  ces  deux  personnages. 


HISTOIRES  PAKTICULIÈRES.  223 

de  Netlipar,  de  Mar  Job  le  Perse ,  de  Rabban  Sabrjésu 
l'ancien,  le  fondateur  du  couvent  de  Beit-Koké,  de 
Rabban  Joseph,  abbé  du  même  couvent,  et  de  son  frère 
Abraham.  Ses  autres  livres  sont  :  un  grand  ouvrage 
contre  les  hérétiques  et  sur  différents  sujets;  un  traité 
en  huit  livres  sur  Notre  Seigneur  et  les  missions  de  ses 
apôtres;  un  livre  sur  la  chasteté  et  la  vie  ascétique. 

Aphnimaran  (vers  660)  a  écrit  lui  aussi  les  vies  de 
Rabban  Joseph  et  de  son  frère  Abraham;  en  outre,  des 
Réponses^  des  traités  sur  la  perfection  et  d'autres  œu- 
vres. 

Atken  (vers  660  composa,  outre  des  histoires  ecclé- 
siastiques (voir  ci-dessus,  p.  214),  une  controverse 
théologique,  plusieurs  lettres  et  un  traité  sur  la  vie 
monastique. 

Rabban  Gabriel,  surnommé  Taureta,  était  abbé  du 
couvent  de  Beit-Abé  au  temps  du  patriarche  nesto- 
rien  Henanjésu  I  (686-701);  il  écrivit,  outre  le  récit  des 
martyrs  de  la  montagne  de  Berain  (voir  ci-dessus, 
p.  130),  rhistoire  de  Mar  Xarsai,  abbé  du  même  cou- 
vent, et  une  homélie  sur  le  jour  de  la  Passion. 

Jean  le  moine  ou  Jean  de  Beit-Garmai  même  époque 
laissa  des  Vies  d'Abraham,  le  fondateur  du  Grand  cou- 
vent du  mont  Izla ,  de  Bar  Idta ,  le  fondateur  du  cou- 
vent de  ce  nom,  et  de  Mar  Khodawai,  le  fondateur  du 
couvent  de  Beit-Halé,  près  de  Mossoul. 

Le  moine  Salomon  bar  Garaph  (VII^  s.  est  l'auteur 
d'une  histoire  des  anachorètes  antérieurs  à  son  époque. 

David  de  Beit- Rabban,  évêque  des  Kartewayé 
(Kurdes) ,  qui  vivait  au  temps  du  patriarche  Timothée 
(780-823),  composa  le  Petit  paradis  (voir  ci-dessus, 
p.  158  .  Dans  ce  livre  se  trouvait  l'histoire  des  moines 
du  couvent  de  Beit-Abé  du  VIP  siècle. 


224  HISTOIRES  PARTICULIÈRES. 

Nous  ajoutons  en  dernier  lieu  L'histoire  du  moine 
Beliira^  dont  le  texte  syriaque  vient  d'être  publié  par 
M.  Richard  Gottheil  dans  la  Zeiischr.  fur  Assyriolo- 
gie,  1899,  XIII,  189-242.  Cette  histoire  légendaire  se 
divise  en  trois  parties,:  la  première  relate  la  rencontre 
de  Behira  et  du  moine  Jésuyab,  le  soi-disant  auteur  du 
livre;  la  seconde,  les  entretiens  de  Mahomet  avec  Be- 
hira qui  fournit  au  Prophète  des  renseignements  sur  la 
religion  chrétienne  ;  la  troisième  se  compose  d'une 
série  de  visions  apocalyptiques  sur  les  temps  futurs  de 
la  domination  arabe  jusqu'à  la  seconde  venue  du  Mes- 
sie. Suivant  l'éditeur,  le  livre  a  dû  voir  le  jour  dans  une 
communauté  syriaque  de  la  Perse;  il  a  été  composé  à 
la  fin  du  XP  siècle  ou  au  commencement  du  XII%  sauf 
la  seconde  partie  qui  est  plus  ancienne. 


XIII 


LA    LITTERATURE    ASCETIQUE. 

La  revue  que  nous  avons  passée  sous  le  n^  précédent 
des  histoires  monastiques,  nous  amène  à  parler  des 
écrits  qui  ont  pour  objet  la  vie  religieuse.  L'œuvre  la 
plus  ancienne  de  ce  genre ,  qui  suivit  de  près  rétablis- 
sement du  monachisme  dans  la  Mésopotamie ,  est  celle 
d'Aphraate,  surnommé  le  Sage  persan.  Les  vingt-trois 
Démonstrations  y  que  cet  auteur  écrivit  entre  les  années 
337  et  345  de  notre  ère,  traitent,  il  est  vrai,  autant 
des  questions  théologiques  que  de  la  vie  monastique  ; 
elles  ont  pour  objet  la  foi,  la  charité,  le  jeûne,  la 
prière,  la  pénitence,  Ihumilité,  la  persuasion,  etc.  La 
vie  monastique  est  le  sujet  de  la  sixième  démonstration  ; 
la  septième  est  consacrée  au  clergé;  d'autres,  à  la 
circoncision,  à  la  Pâque,  à  la  résurrection  et  à  la  vie  fu- 
ture; quelques-unes  des  dernières  sont  dirigées  contre 
les  Juifs;  la  vingt-troisième  est  intitulée  Le  '^rain  de 
raisin,  in^o^.  par  allusion  à  Isaïe,  XLV,  8.  Les  vingt- 
deux  premières  sont  classées  suivant  l'ordre  des  vingt- 
deux  lettres  de  l'alphabet  syriaque;  la  vingt-troisième 
a  été  ajoutée  après  coup  par  l'auteur  qui  a  divisé  son 
recueil  en  deux  parties  :  la  première  partie  comprend 
dix  démonstrations  écrites  en  337,  et  la  seconde  les 

13. 


220  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

treize  autres  écrites  en  344  et  345.  Aphraate  désigne 
parfois  ces  traités  sous  le  nom  â^ homélies,  \-^\^\  les 
auteurs  syriaques  les  appellent  aussi  épitres,  parce 
que  c'est  sous  la  forme  de  lettres  adressées  à  un  cor- 
respondant quïls  ont  été  rédigés.  Ils  nous  sont  parve- 
nus dans  trois  manuscrits  anciens  (Y^  et  YP  s.)  du 
Musée  britannique  ^ 

On  sait  peu  de  chose  de  la  vie  d'Aphraate  ;  à  en  ju- 
ger par  son  ouvrage  même ,  il  était  né  dans  le  paga- 
nisme; il  se  fit  moine  après  sa  conversion  et  devint 
évêque;  c'est  en  cette  qualité  qu'il  apparaît  dans  la 
lettre  encyclique  adressée  au  clergé  de  Séleucie  et  de 
Gtésiphon  et  qui  fait  l'objet  de  sa  XI Y*^  homélie.  Dans 
le  chapitre  xxv  de  cette  homélie ,  Aphraate  parle  de 
rimposition  des  mains  que  plusieurs  ont  reçue  de  lui. 
On  ignore  dans  quel  endroit  de  la  Perse  l'auteur  écri- 
vait ;  c'était  dans  le  couvent  de  Mar  Mattai  au  nord  de 
Mossoul,  si  l'on  en  croit  un  ms.  de  date  récente  (1364), 
mais  il  est  douteux  que  ce  couvent  existât  déjà  à  son 
époque.  Aphraate  semble  avoir  pris  le  nom  de  Jacques 
en  entrant  dans  les  ordres  ecclésiastiques  ;  ce  nom  se 


4.  C'est  d'après  ces  ms.  que  Wright  a  publié  l'editio  princeps  sous  le 
litre  de  The  homilies  of  Aphraates,  Londres,  1869.  M.  Bickfxl  a  traduit 
en  allemand  huit  de  ces  traités  dans  la  Bibliothek  der  Kirchenvseter  de 
Tahioff.r,  Kempteu,  1874;  M.  Bcdge  a  traduit  en  anglais  le  premier  dans 
son  édition  des  Discours  de  Philoxène,  The  discourses  of  Philoxenus , 
Londres,  1894,  t.  11,  p.  ci.xxv.  Une  traduction  allemande  de  tout  l'ou- 
vrage a  été  imprimée  par  M.  Bert  dans  les  Texte  iind  Untersuchungen 
de  Gebiiardt  et  Harnack,  111,  Leipzig,  1888.  M.  Graffin  réédite  Aphraate 
dans  sa  Palrologia  syriaca;  le  premier  volume  de  cette  patrologie,  le 
seul  paru  jusqu'ici,  renferme  ces  traités  à  l'exception  du  dernier;  la 
traduction  latine  et  l'introduction  sont  de  Dom  Parisot,  Patrologia  sy- 
riaca, 1,  Paris,  189i. 

Il  existe  de  dix-neuf  des  homélies  d'Aphraate  une  version  arménienne 
qui  a  été  publiée  avec  une  traduction  latine  par  Antonet.li,  Sancti 
Patris  noslri  Jacobi,  episcopi  Nisibeni,  Sermones,  etc.,  Rome,  1756; 
2"  éd.,  Vienne,  1765.  La  trAduction  latine  a  été  réimprimée  par  André 
Galland  dans  sa  Bibliotheca  veterum  Palrum,  V,  Vienne,  1788. 


LA  LITTÉRATLRE  ASCÉTIOUE.  227 

trouve  dans  une  clausule  du  ms.  du  Musée  britannique 
daté  de  512;  il  a  sans  doute  été  la  cause  de  la  confusion 
que  Gennadius  et  la  version  arménienne  ont  faite  de 
cet  auteur  avec  Jacques ,  évêque  de  Nisibe ,  qui  mourut 
en  338,  antérieurement  par  conséquent,  à  la  rédaction 
des  dernières  homélies. 

En  tête  de  ses  homélies,  Aphraate  a  reproduit  la 
lettre  de  son  correspondant,  mais  le  commencement  de 
cette  lettre  manque  dans  les  manuscrits  ^ . 

Aphraate  possédait  à  fond  les  Écritures  et  était  au 
courant  de  l'exégèse  juive  et  chrétienne  de  l'Ancien 
Testament,  comme  on  le  voit  par  ses  dernières  homé- 
lies dirigées  contre  les  Juifs.  Il  vivait  au  milieu  de  la 
persécution  de  Sapor  II ,  et  il  nous  a  transmis  des 
dates  certaines  pour  Ihistoire  de  ces  temps.  Son  style 
n'a  pas  la  grâce  et  l'élégance  des  homélies  de  Phi- 
loxène;  la  phrase  est  trop  souvent  coupée  par  des  cita- 
tions bibliques  qui  nuisent  à  l'effet  des  périodes.  Les 
longueurs  et  les  redites  sont  fatigantes  sans  que  la 
pensée  de  l'auteur  en  soit  plus  claire.  On  sent,  quand 
il  parle  des  durs  temps  dans  lesquels  il  vivait ,  une 
certaine  gêne  et  la  crainte  de  compromettre  ses  coreli- 
gionnaires. Cependant  eon  ouvrage  se  recommande  à 
plusieurs  titres;  c'est  le  type  le  plus  ancien  de  l'homélie 
syriaque  -,  libre  de  toute  influence  grecque,  et  en  même 


i.  Dom  Parisot  a  comblé  cette  lacune,  d'après  la  version  arménienne, 
dans  la  traduction  latine  de  la  Patrologia  syriaca.  Dans  la  version  ar- 
ménienne, ce  correspondant  est  Grégoire  l'illuminateur,  évêque  d'Armé- 
nie ;  notice  évidemment  inexacte,  mais  on  peut  en  inférer  que  Grégoire 
était  le  nom  du  correspondant  d'Apliraate. 

2.  L'homélie  syriaque  est  désignée  sous  le  nom  de  memra,  «  discours  », 
et  n'a  pas  le  même  sens  que  l'homélie  grecque  ou  latine  ;  c'est  une 
composition  ou  un  petit  traité  sur  un  sujet  particulier;  on  donnait 
aussi  ce  nom  aux  divisions  d'un  ouvrage  étendu;  dans  ce  cas,  il  corres- 
pond à  notre  mot  livre  ou  chapitre.  L'homélie  métrique  formait  un 
genre  différent  (voir  ci-dessus,  p.  20  et  suiv.).  Malgré  son  nom  de  dis- 


228  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

temps  un  guide  sûr  pour  l'étude  de  la  syntaxe  ara- 
méenne.  D'un  autre  côté,  il  nous  met  au  courant  des 
controverses  du  commencement  du  IV®  siècle  sur  la 
métaphysique,  la  question  pascale,  le  comput  des  an- 
nées depuis  la  création,  etc.,  des  dissensions  qui  agi- 
taient l'Église  orientale,  des  prévarications  et  de  la 
simonie  du  haut  clergé. 

Sous  l'influence  des  idées  platoniciennes  relatives  à 
la  distinction  de  l'àme  animale  ou  végétative  et  de  l'âme 
spirituelle  ou  intellectuelle ,  Aphraate  croyait  que  PEs- 
prit-Saint  qui  habitait  chez  l'homme  après  le  baptême 
y  demeurait  jusqu'au  péché  du  coupable  ou  jusqu'à  la 
mort  de  l'innocent ,  puis  retournait  vers  la  divinité  dont 
il  émanait,  tandis  que  l'esprit  animal  était  enterré  avec 
le  corps.  Le  célèbre  ascète  Isaac  de  Ninive  admettait 
aussi  la  distinction  de  l'àme  et  de  l'esprit  chez 
l'homme*  ;  mais  George,  évêque  jacobite  des  Arabes, 
s'élève  contre  la  doctrine  d'Aphraate ,  qu'il  traite  de 
grossière  et  d'inepte  dans  la  lettre  qu'il  écrivit  en  714 
en  réponse  à  diverses  questions  que  le  prêtre  reclus 
Jésu  lui  avait  adressées  au  sujet  de  ces  homélies^. 

Selon  l'ancienne  tradition,  fondée  sur  le  Psaume 
XC  ,  4 ,  Aphraate  admettait  que  la  durée  du  monde  se- 
rait de  six  mille  années  répondant  aux  six  jours  de  la 
création.   Ses  calculs   des  années   écoulées  depuis  la 


cours,  riiomélie  syriaque,  soit  en  prose,  soit  en  vers,  n'appartient  pas 
au  genre  oratoire,  qui  paraît  avoir  été  pou  cultivé  chez  les  Syriens. 

1.  Voir  J.-B.  Chabot,  De  S.  Isaaci  Ninivitse  vita,  Louvain,  1892,  p.  76; 
Braun,  Moses  bar  Kepha,  Fribourg  en  B.,  1891,  p.  42. 

2.  Cette  lettre  de  George  a  été  imprimée  par  Pall  de  Lagarde  dans 
ses  Analecta  syriaca,  p.  108,  et  a  été  rééditée  en  partie  par  Wright, 
The  homilies  of  Aphraates,  p.  19  et  suiv.  Elle  a  été  traduite  en  alle- 
mand par  Ryssel,  Ein  Brief  Georgs,  Bischofs  der  Araber,  Gotha  1883, 
et  par  Georg  Bert,  en  léte  de  sa  traduction  des  homélies  d'Aphraate 
dans  les  Texte  und  Untersuchungen  de  Gebhardt  et  Harnack,  ni,  Leip- 
zig, 1888. 


LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE.  229 

création  jusqu'à  son  époque  sont  renfermés  dans  les 
homélies  II,  XXI  et  XXIII.  Les  chiffres  de  la  11*^  homé- 
lie ne  concordent  pas  toujours  avec  ceux  de  la  XX1% 
sans  doute  par  suite  d'erreurs  de  copiste;  M.  Sasse  a 
proposé  les  meilleures  corrections  pour  concilier  ces 
textes  ^  Dans  sa  lettre  que  nous  avons  citée  plus  haut, 
George  des  Arabes,  qui  était  jacobite,  rejette  avec  dé- 
dain les  calculs  d'Aphraate,  basés  sur  la  Peschitto.  et 
préfère  les  données  des  Septante  qui.  pour  lépoque 
des  patriarches  bibliques,  s'écarte  du  texte  hébreu. 
Elias  de  Nisibe,  qui  était  nestorien  et  ne  reconnaissait 
que  la  Peschitto,  accepte  la  chronologie  de  la  XXIIP 
homélie  d'Aphraate-.  George  comptait 4901  ans  depuis 
Adam  jusqu'à  l'ère  des  Séleucides.  Elias  de  Xisibe, 
conformément  à  Aphraate,  admet  seulement  34G8  ans; 
il  ajoute  :  «  Ce  nombre  ne  concorde  avec  aucun  des  cal- 
culs faits  précédemment,  mais  il  se  rapproche  de  celui 
des  Juifs  parce  qu'il  est  tiré  du  livre  qu'ils  possèdent 
(l'Ancien  Testament)  ;  mais  le  livre  des  Juifs  n'est  pas 
exact  (c'est-à-dire  :  a  été  altéré, ,  comme  je  lai  montré 
dans  un  autre  endroit.  » 

Nous  avons  mentionné  plus  haut,  à  propos  des  ver- 
sions syriaques  de  l'A.  et  du  N.  Testament .  l'importance 
des  citations  bibliques  d'Aphraate  pour  la  critique  de 
ces  versions. 

A  la  différence  des  homélies  d'Aphraate ,  les  treize 
homélies  de  Philoxène  de  Mabboug  ont  uniquement 
pour  objet  la  vie  du  parfait  chrétien  ;  elles  forment  un 
traité  de  morale  religieuse  et  aussi  un  corps  de  règles 
sur  l'ascétisme.  On  n'y  trouve  aucune  allusion  aux  con- 
troverses dogmatiques,  auquelles  cet  évèque  prit  part 

i.  Prolegomena  in  Aphr.  Sermones  hoynelilicos ,  Leipzig,  1870. 
2.  Voir  le  passage  de  la  Chronique  de  cet  auteur  imprimé  dans  Wr.icuT, 
The  homilies  of  Aphraales,  p.  38. 


230  L\  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

avec  tant  d'ardeur.  Le  titre  actuel  de  l'ouvrage  est 
ainsi  conçu  :  «  Traités  sur  la  correction  des  mœurs , 
composés  par  le  bienheureux  Mar  Philoxène,  évêque 
de  Mabboug.  qui  y  enseigna  le  cours  entier  de  la  dis- 
cipline; comment  on  commence  à  devenir  le  disciple 
du  Christ;  par  quelles  règles  et  conduites  on  se  forme 
pour  arriver  à  l'amour  spirituel;  comment  naît  la  per- 
fection qui  nous  rend  semblables  au  Christ  selon  la  pa- 
role de  lapôtre  Paul.  »  M.  Budge,  à  qui  l'on  doit  la 
publication  de  ces  homélies  ^ ,  a  remarqué  que  les  cita- 
tions bibliques  sont  faites  d'après  la  Peschitto;  il  en 
conclut  que  Philoxène  a  dû  composer  cet  ouvrage  avant 
l'édition  de  la  version  Philoxénienne  (508)  et  peu  de 
temps  après  son  élévation  au  siège  épiscopal  de  Mab- 
boug  (485). 

La  première  homélie  sert  de  prologue  au  livre;  les 
douze  autres  traitent  de  la  foi ,  de  la  simplicité ,  de  la 
crainte  de  Dieu,  de  la  pauvreté,  des  désirs  de  la  chair, 
de  l'abstinence  et  de  la  fornication.  En  écrivant  ces 
traités,  l'auteur  s'est  certainement  inspiré  des  homélies 
d'Aphraate.  Comme  Aphraate,  il  disserte  en  premier 
lieu  sur  la  foi,  «  le  fondement  de  la  religion  »;  mais, 
c'est  un  point  digne  de  remarque ,  il  omet  de  parler  de 
la  prière,  qui  fait  le  sujet  de  la  quatrième  homélie 
d'Aphraate. 

C'est  surtout  dans  ce  livre  que  Philoxène  a  déployé 
ses  qualités  de  styliste  que  Jacques  d'Édesse  appréciait 
tant;  ses  périodes  sont  longues  et  harmonieuses,  trop 
longues  à  notre  goût,  mais  notre  goût  littéraire  n'est 
pas  celui  des  Orientaux. 

Jésudenah,  dans  Le  Iwre  de  la  chasteté  dont  nous 
avons  parlé  sous  le  n°  précédent,  p.  215,  nous  a  trans- 

i.Tlie  Discourses  of  Philoxcnus  Bishop  of  Mabbjgh,  \o\.  J.   Thesy- 
riac  lexl;  vol.  Il,  Introduclion,  Iranslalion,  elc,  Londres,  1894. 


LA  LITTERATURE  ASCÉTIQUE.  231 

mis  quelques  notices  sur  les  auteurs  ascétiques  de  la 
Mésopotamie.  IN'ous  résumons  ici  ces  notices  en  suivant 
rordre  dans  lequel  elles  se  trouvent  dans  ce  livre  : 

Mar  Grégoire f  le  Directeur,  qui  fît  un  lii're  sur  la 
vie  monastique.  Ce  Grégoire  était  persan  d'origine:  il 
embrassa  la  vie  monastique  à  la  suite  de  visions  qui  lui 
apparurent:  il  étudia  à  Edesse  sous  la  direction  du 
docteur  Moïse;  il  se  rendit  ensuite  au  mont  Izla  où  il 
vécut  dans  la  solitude.  Plus  tard,  Grégoire  alla  se  fixer 
en  Chypre  ;  mais ,  sur  la  fm  de  ses  jours ,  il  revint  au 
mont  Izla  où  il  mourut.  Nous  savons  par  Assémani  *  que 
ce  moine  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  IV"-'  siècle; 
il  était  en  relations  avec  Epiphane ,  évêque  de  Salamis 
en  Chypre ,  et  avec  le  moine  Théodore  ;  il  adressa  à 
ceux-ci  plusieurs  traités  et  des  lettres.  Ces  traités  étaient 
vraisemblablement  des  chapitres  de  son  ouvrage  sur  la 
vie  monastique,  qui  ne  nous  est  pas  parvenu  2. 

Mar  Abraham  le  Grand,  le  prince  des  moines ,  qui 
fonda  un  couvent  sur  le  mont  Izla  dans  le  i^oisinage 
de  Xisibe.  11  établit  des  règles  pour  les  moines  voir 
ci-dessus,  p.  180;. 

Mnr  Babai  le  Grand,  qui  fonda  une  école  et  un 
monastère  célèbre  dans  le  Beit-Zabdai.  Il  écrivit  beau- 
coup de  livres  et  de  commentaires  voir  ci- dessus. 
p.  221-222;. 

Mar  Yahby  V  anachorète,  qui  écrivit  sur  Dieu  et  ses 
créatures.  Il  est  indiqué  comme  l'auteur  de  nombreux 
livres;  il  vivait  à  la  fm  du  W  siècle  ou  au  commence- 
ment du  VIP,  car  il  est  placé  aussitôt  après  Mar  Ba- 
bai. 


1.  B.  0.,   ni,  pars  I,   170.  Le  récit  d'Assémani  diffère   sur  quelques 
points  de  celui  de  Jésudcnali. 

2.  Cet  ouvrage  est  mentionne  dans  le  Catalogue  dÈbedjesu,  B.  0..  m, 
pars  I,  191. 


232  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

Mar  Abraham  de  Nethpar\  qui  écrivit  sur  la  ne 
monastique.  Il  vivait  à  la  fm  du  VP  siècle  ou  au  com- 
mencement du  VIl^.  Ebedjésu  mentionne  ses  œuvres 
dans  son  catalogue  ;  Assémani  donne  les  titres  de  huit 
petits  traités  conservés  au  Vatican  -.  Jean  le  moine 
avait  traduit  en  persan  les  livres  d'Abraham  de  Neth- 
par  ;  il  en  existe  une  traduction  arabe. 

Grégoire,  mètropolilain  de  Nisibe,  qui  a  écrit  sur 
les  devoirs  de  la  vie  monastique.  Ce  Grégoire  était 
originaire  de  Kaschkar  ;  il  professa  à  Arbèle ,  puis 
dans  sa  ville  natale  où  il  fonda  une  école.  Le  Patriar- 
che Sabrjésu  (596-604)  le  nomma  métropolitain  de  Ni- 
sibe,  mais  il  dut  quitter  cette  ville  parce  qu'il  avait 
excommunié  Hannana  d'Adiabène  ^,  et  il  revint  mourir 
à  Kaschkar.  Il  fit  des  livres ,  ajoute  Jésudenah ,  et  une 
histoire  ecclésiastique. 

Mar  George,  moine  et  martyr,  qui  fonda  une  école 
à  Babylone  et  écrivit  sur  la  vie  monastique  et  contre 
les  hérétiques.  Sur  la  vie  de  ce  martyr  nestorien,  voir 
ci-dessus  p.  146. 

Mar  Schoubhalmaran ,  métropolitain  de  Karka  de 
Beit-Sloky  qui  fit  des  livres  sur  la  vie  monastique. 
«  Ce  bienheureux  vivait  au  temps  de  Ihérétique  Ga- 
briel, médecin  du  roi  Chosroès  (II)  *,  et  était  métropo- 
litain de  Karka  de  Beit-Slok.  A  cette  époque  il  n'y 
avait  pas  de  patriarche  ^.  Il  écrivit  de  nombreux  ou- 


\.  Ce  nom  est  écrit  aussi  Nephtar,  Assémam,  B.  0.,  I,  4G3;  III,  pars  I, 
191. 

2.  B.  0.,  I,  464;  comp.  Mai,  Script,  veter.  nova  collectio,  V,  65. 

3.  Dans  Le  livre  de  la  chasteté,  p.  32,  1.  20,  lire  oviov-/o  au  lieu  de 
{>pou-»L/o.  Sur  Hannana  d'Adiabène,  voir  Hoffmann,  Aiisziige  ans  syr. 
Akten,  116-117. 

4.  Gabriel  était  monophysite  et  excita  le  roi  de  Perse  contre  les  Nes- 
loriens. 

5.  C'est  à  partir  de  608  ou  609  que  Chosroès  II  défendit  aux  Nestoriens 


LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE.  233 

vrages  sur  la  vie  monastique.  A  cause  des  difficultés 
qu'il  eut  avec  les  habitants  de  Singar,  le  roi  Chosroès 
le  condamna  à  l'exil  jusqu'à  sa  mort.  » 

Aba  Zinai  qui  fit  des  libres  siw  la  vie  monastique  et 
fonda  un  monastère  dans  la  montagne  d'Adiabène.  11 
vivait  au  temps  de  Mar  Babai  de  Nisibe  commence- 
ment du  YIIP  s.). 

Mar  Babai,  le  scribe,  qui  fit  des  libres  suj'  la  ne 
monastique  (même  époque).  Il  s'agit  de  Babai  bar  Ne- 
sibnayé. 

Mar  IsaaCj  és>êque  de  Kinive,  qui  abdiqua  Vêpisco- 
pat  et  fît  des  livres  sur  la  ç^ie  monastique.  «  11  fut  créé 
évêque  de  Ninive  par  le  patriarche  Mar  George ,  dans 
le  monastère  de  Beit-Abé.  Après  avoir  gouverné  pen- 
dant cinq  mois  le  diocèse  de  Xinive,  comme  succes- 
seur de  l'évêque  Moïse,  il  abdiqua  pour  des  raisons  que 
Dieu  connaît,  et  alla  habiter  dans  la  montagne.  Le 
siège  épiscopal  demeura  vacant  pendant  quelque 
temps;  puis  Isaac  eut  pour  successeur  Mar  Sabrjésu, 
qui  lui-même  abdiqua,  vécut  en  anachorète  au  temps 
du  catholicos  Henanjésu,  et  mourut  dans  le  monastère 
de  Mar  Schahin,  dans  le  pays  de  Kardou.  Isaac,  après 
avoir  quitté  le  siège  de  Ninive ,  s'en  alla  dans  la  mon- 
tagne de  Matout  qui  entoure  le  pays  de  Beit-Houzayé, 
et  habita  dans  la  solitude  avec  les  anachorètes  qui  se 
trouvaient  là.  Il  vint  ensuite  au  couvent  de  Rabban 
Schabour.  Il  était  très  appliqué  à  létude  des  livres 
saints,  au  point  qu'il  perdit  la  vue  par  suite  de  son  ar- 
deur pour  la  lecture  et  de  son  abstinence.  Isaac  était 
suffisamment  versé  dans  la  connaissance  des  divins 
mystères  ;  il  fit  des  ouvrages  sur  la  vie  spirituelle  des 
moines.  Il  écrivit  trois  propositions  qui  ne  furent  pas 

d'élire  un  patriarche,  Barhebr.€cs,  Chron.  eccL,  II.  p.  J09;  Noeldeke, 
Tabari,  p.  3o8,  note;  Hoffmann,  Auszûge  aus  syr.Aklen,  IIG. 


234  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQLE. 

acceptées  par  beaucoup  des  gens.  Daniel  bar  Touba- 
nita,  évêque  de  Beit-Garmai,  séleva  contre  lui  à  cause 
de  ces  propositions.  Isaac  quitta  la  vie  temporelle  dans 
une  profonde  vieillesse  et  son  corps  fut  déposé  dans  le 
monastère  de  Schabour.  Il  était  de  Beit-Katarayé ,  et 
je  pense  que  la  jalousie  excita  contre  lui  les  moines, 
comme  elle  les  excita  contre  Joseph  Hazzaya,  Jean 
d'Apamée  et  Jean  de  Dalyata  ». 

Cette  notice  si  précise  sur  le  célèbre  écrivain  ascé- 
tique nous  permet  de  rectifier,  comme  M.  Chabot  Ta 
déjà  fait  \  la  biographie^  impudemment  fausse  qu'un 
auteur  monophysite  a  mise  en  tête  de  la  version  arabe 
des  œuvres  d'Isaac  de  Ninive.  Cet  auteur  fixe  l'époque 
dlsaac  au  commencement  du  septième  mille  du  monde, 
c'est-à-dire  au  commencement  du  VP  siècle  ;  Jésudenah 
nous  apprend  qulsaac  vivait  à  la  fin  du  Vil*'  siècle  ;  il 
a  été  nommé  évêque  parle  patriarche  George  (660-680). 
Au  lieu  du  couvent  nestorien  de  Beit-Abé,  où  Isaac  était 
moine,  le  rédacteur  de  la  biographie  arabe  indique  le 
couvent  jacobite  de  Mar  Mattai,  et  au  lieu  de  la  mon- 
tagne de  Matout  et  du  couvent  de  Rabban  Schabour,  il 
indique,  pour  la  retraite  d'Isaac ,  le  désert  de  Scété  en 
Egypte  et  le  monastère  jacobite  de  Notre-Dame  des 
Syriens. 

Isaac  de  Ninive  était  nestorien.  Les  trois  propositions 
dont  parle  Jésudenah  et  qui  soulevèrent  de  nombreuses 
contradictions ,  étaient  sans  doute  conformes  à  la  doc- 
trine de  Hannana  d'Adiabène  qui  se  rapprochait  du 
monophysisme '.  On  s'explique  ainsi  que  les  Jacobites 
aient  revendiqué  Isaac  comme  un  des  leurs.  Les  œuvres 

1.  Notes  sur  la  littérature  syriaque  dans  la  Revue  sémitique  jiSOQ, 
p.  254. 

2.  Éditée  par  Assémam,  B.  0.,  I,  44^. 

3.  Voir  Hoffmann,  Auszûge  aus  syr.  Akien...,  p.  116-117;  Wrigut,  Sy- 
riac  literature,2'  éd.,  p.  124-129. 


L\  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE.  230 

que  l'on  attribue  à  cet  ascète  forment  tout  un  cata- 
logue ;  selon  Ébedjésu,  elles  comprenaient  sept  vo- 
lumes '.  La  version  arabe  de  ces  œuvres  est  divisée  en 
quatre  volumes;  de  cette  version  dérive  la  version 
éthiopienne.  Une  version  grecque  en  fut  faite  sur  l'ori- 
ginal syriaque  par  Patrice  et  Abraham ,  deux  moines 
du  couvent  de  Mar  Saba  près  de  Jérusalem  -.  Zingerle 
a  édité  deux  chapitres  dans  ses  Moniunenta  si/n'aca, 
I.  p.  97-101;  M.  Chabot  en  a  publié  trois  autres  avec 
une  version  latine,  en  appendice  à  son  livre  De  S.  Isaaci 
NinivittC  K>ita,  scriptis  et  doctrina. 

Daniel  bar  Toubanita  qui,  selon  Jésudenah,  combattit 
la  doctrine  disaac  de  Xinive,  écrivit  en  effet  un  ouvrage 
intitulé  Solution  des  questions  sur  le  cinquième  volume 
des  œiiçres  d'Isaac  de  Ainii^e,  ainsi  qu'Ebedjésu  nous 
l'apprend^.  Ce  Daniel  était  évèque  de  Tahal  dans  le 
Beit-Garmai  ;  lépoque  où  il  vivait  est  peu  certaine. 
M.  Chabot*  remarque  que  Touba/u'ta  «  la  Bienheu- 
reuse »  estl'épithète  qui  désigne  la  Vierge;  il  serait  donc 
tenté  d'identifier  Daniel  bar  Toubanita  avec  Daniel  bar 
Maryam  Daniel  fils  de  Marie,  vers  650_,  l'auteur  d'une 
histoire  ecclésiastique    voir  ci-dessus,  p.  214    et  d'une 


1.  AssÉMAM,  B.  0.,  JU,pars  1, 10».  Asséraani  en  a  donné  une  liste,  B.  0., 
I,  440-4G0;M.  Chabot  en  a  donné  une  autre  liste  plus  complète  avec 
rénumération  des  ms.  qui  les  renferment,  De  S.  Isaaci  Xinivitœ  vita, 
scriptis  et  doctrina,  Louvain,  1802.  27-.>3.  M.  Chabot  a  publié,  à  la  fin 
de  ce  livre  trois  discoios  d'Isaac  de  Ninive  avec  une  traduction  latine. 
Zingerle  a  édité  deux  autres  discours  dans  Monumenta  syriaca  Anus- 
bruck,  18C9,  I,  p.  97-101. 

2.  Éditée  à  Leipzig  en  1770  par  le  moine  Nicéphore,  litre  :  Tov  oaîov 
TTuT^ô;  TjuûJr'loactx...  La  version  latine  faite  du  grec  a  cté  imprimée, 
sous  le  nom  disaac  d'Antioche,  notamment  dans  la  Patrologia  gr.  de 
MiGNE  ,  LXXXVI,  799-888;  voir  CuAnuT,  op.  ^awd.,  54-69;  Bicrell,  Cons- 
jjectus  rei  >î/r.  lilterariœ,  p.  -20;  Assémam,  B.  0.,  I,  445. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  174. 

4.  yoles  sur  la  littérature  syriaque  dans  la  Revue  scmitique,  1896, 
p.  257. 


236  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

explication  du  calendrier  ^  Ebedjésu  cite,  parmi  les 
autres  œuvres  de  Daniel  bar  Toubanita ,  des  oraisons 
funèbres,  des  homélies  métriques,  des  réponses  sur  des 
questions  bibliques,  des  énigmes  et  un  Liçre  de  fleurs, 
qui  semble  être  une  anthologie  poétique. 

Aha  Joseph  Hazzaya,  appelé  aussi  Ebedjésu.  Jo- 
seph Ilazzaya  ou  Joseph  d'Adiabène  qui  vivait  au  com- 
mencement du  Yll^  siècle  était  persan  d'origine.  11  avait 
été  fait  prisonnier,  sous  le  calife  Omar,  par  les  troupes 
envoyées  contre  la  ville  de  Nemrod,  et  vendu  comme 
esclave  à  un  Arabe  de  Singar.  Il  passa  ensuite  aux 
mains  d'un  chrétien ,  nommé  Cyriacus  ,  qui  l'affranchit 
après  ravoir  converti.  11  se  fit  moine  et  devint  direc- 
teur du  monastère  de  Mar  Basima  dans  le  pays  de  Kar- 
dou,  puis  du  monastère  de  Rabban  Boktjésu  dans  les 
environs  de  la  ville  de  Zinai.  a  11  ne  cessait,  ajoute  Jé- 
sudenah,  de  composer  des  livres.  Il  avait  un  frère  char- 
nel qui  s'appelait  Ebedjésu.  Celui-ci  vint  de  la  ville  de 
Nemrod,  reçut  le  baptême  et  se  fit  moine.  Dès  lors  Jo- 
seph fit  tous  ses  livres  sous  le  nom  de  son  frère  Ebed- 
jésu ,  parce  qu'il  avait  écrit  dans  ses  ouvrages  quatre 
traités  qui  ne  furent  pas  approuvés  par  les  docteurs  de 
l'Église.  Mar  Timothée  tint  un  synode  et  l'anathéma- 
tisa  l'an  170  du  règne  des  fils  de  Hischam.  Où  Joseph 
Hazzaya  avait-il  puisé  sa  doctrine  ?  On  peut  l'appren- 
dre de  son  histoire  écrite  par  Mar  Nestorius,  évêque 
deBeit-Nouhadré.  Je  pense  que  le  patriarche  agit  ainsi 
par  jalousie  ;  Dieu  sait  la  vérité.  »  Cette  notice  de  Jé- 
sudenah  se  rapporte  au  schisme  que  Hannana  d'Adia- 
bène avait  introduit  dans  l'Eglise  nestorienne,  en  prê- 
chant une  nouvelle  doctrine  qui  se  rapprochait  du 
monophysisme.  Joseph  Hazzaya  s'était  déclaré  le  par- 
tisan de  Hannana  et  il  fut  combattu  par  Mar  Babai  dans 

1.  AssÉMANi,  B.  0.,  ni,  pars  I,  231  ;  comp.  II,  420. 


LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE.  237 

son  traité  De  unione  et  dans  les  lettres  qu'il  lui  adressa  * . 
Jésudenali  semble  rapporter  au  temps  de  Joseph  le 
synode  du  patriarche  Timothée  qui  eut  lieu  en  170  de 
IHégire  78G-787  de  J.-C  et  qui  condamna  les  partisans 
de  Hannana.  C'est  par  suite  de  cette  confusion  qu'il  a 
placé  Joseph  Ilazzaya  après  Isaac  de  Ninive.  On  attri- 
bue à  Joseph  Ilazzaya  de  nombreux  traités,  dont  quel- 
ques-uns sont  cités  par  Ebedjésu  comme  ayant  de  la 
valeur,  tels  que  Le  livre  des  trésors  sur  des  questions 
abtruses  ;  des  livres  sur  les  malheurs  et  les  châtiments, 
sur  les  raisons  des  principales  fêtes  de  l'Eglise;  Le 
Paradis  des  Orientaux  (voir  ci-dessus,  p.  158  ;  des 
commentaires  sur  la  vision  d'Ezéchiel.  sur  la  vision  de 
saint  Grégoire,  sur  le  livre  du  Marchand  Isaïe  du 
désert  de  Scété),  sur  Pseudo-Denys  l'Aréopagite,  sur 
les  Capita  scientiee  d'Evagrius  ;  et  des  épîtres  sur  la 
vie  monastique. 

Mar  Jean,  qui  fonda  un  monastère  dans  le  pays  de 
Kardou  et  habita  dans  la  montagne  de  Beit-Dalyata  -. 
«  11  était  du  pays  de  Beit-Nouhadré  et  il  lut  toutes  les 
Ecritures  dans  les  écoles.  Il  prit  l'habit  monastique 
dans  le  couvent  de  Mar  Yozadak  et  s'attacha  au  bien- 
heureux Etienne ,  disciple  de  Mar  Jacques  Hazzaya  de 
Rabban  Aphnimaran^.  Jean  avait  deux  frères  charnels. 
Sergius  et  Théodore,  qui  se  firent  moines,  eux  aussi.  11 
quitta  le  couvent  pour  aller  habiter  dans  la  montagne 


1.  ÀssÉiuM,  B.  0..  ni.  pars  I,  9o  et  97;  Hoffmann  Auszûge  aus  syr. 
Akten,  p.  116-1 17:  Wr.iciiT,  Syriac  literature ,  2«  éd..  12i-l-2!>.  La  nolice 
de  Jésusdersah  explique  comment  le  nom  d'Ébedjésu  fut  donné  à  Joseph 
Hazzaya,  et  supprime  l'hypothèse  d'après  laquelle  celui-ci  aurait  été 
évéque. 

2.  Telle  est  la  prononciation  exacte  de  ce  mot,  dont  le  sens  est  la 
contrée  des  treilles,  comme  on  le  voit  plus  loin. 

3.  Cette  notice  nous  permet  de  fixer  l'époque  de  Jean  Saba  ou  Jean 
de  Beit-Dalyata  à  la  seconde  moitié  du  vn«  siècle,  et  non  vers  i>jO, 
A^sÉMA>r,  B.  0.,  I,  433. 


238  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

de  Beit-Dalyata  où  il  se  nourrissait  de  raisins  de  treilles 
au  lieu  de  pain.  Il  composa  de  nombreux  ouvrages  sur 
la  vie  monastique...  Ses  livres  ne  furent  pas  approuvés 
par  le  catholicos  Timothée,  qui  réunit  un  synode  et  l'a- 
nathématisa  pour  avoir  dit  que  l'humanité  de  Notre 
Seigneur  est  unie  à  sa  divinité...  »  Ses  écrits  consistent 
en  traités  concernant  la  vie  monastique  qui,  selon  Ébed- 
jésu,  formaient  deux  volumes,  et  un  certain  nombre 
de  lettres  '.  Ils  ont  été  réunis  en  un  recueil  par  l'un  de 
ses  frères,  qui  a  écrit  en  tête  une  préface-.  Zingerle 
en  a  donné  un  court  extrait  dans  ses  Monumenta 
syriaca,  vol.  I,  102-104. 

Sahdona,  èvêqiie  de  Mahozé  d*Aréwafi,  dont  le 
nom  est  Martyrius  et  qui  est  aussi  appelé  Barsahdé. 
La  notice  étendue  que  Jésudenah  consacre  à  cet  évo- 
que, devenu  célèbre  par  son  apostasie,  contient  quel- 
ques informations  nouvelles.  Sahdona,  nous  apprend 
cette  notice,  fut  nommé  évêque  d'Édesse  sur  l'ordre 
d'Iïéraclius  après  sa  conversion  à  la  foi  orthodoxe, 
mais  il  ne  demeura  que  peu  de  temps  dans  celte  ville , 
l'empereur,  mieux  avisé,  Len  ayant  fait  chasser.  C'est 
à  Edesse  que  Gabriel  Taureta ,  abbé  du  couvent  de 
Beit-Abé ,  alla  discuter  avec  le  renégat  :  «  Après  que 
Sadhona  fut  chassé  de  l'Église,  dit  cet  abbé ,  moi  Ga- 
briel, enflammé  d'un  zèle  ardent,  je  me  rendis  près  de 
lui  à  Edesse,  je  disputai  avec  lui  et  je  le  confondis  3.  » 

1.  AssÉMAXi,  jB.  0.,  m,  %,ars  I,  103. 

2.  AssÉMAXr,  B.  0.,  I,  435;  Wright,  Catal.,  p.  863.  Les  manuscrils  por- 
tent par  son  frère,  sans  donner  le  nom  de  celui-ci.  Version  arabe 
(carschouni)  à  la  Bibliothèque  nationale,  Cat.  Zotenberg,  n°  202. 

3.  Comp.  HEiNnicii  GoussEN,  Martyrius-Sahdona's  Leben  und  Werke , 
Leipzig,  4897.  Dans  cet  opuscule,  M.  Gocssen  a  établi  que  le  nom  de 
Salidona,  écrit  fautivement  Mar  Touris,  devait  être  lu  Martyrius,  et 
que  cet  évêque  s'était  converti,  non  pas  au  monopliysisme,  mais  au 
catholicisme.  Martyrius  est  la  traduction  du  syriaque  bar  sahdé,  «  lils 
des  martyrs  »;  comparer  Abbé  Cii.sdot,  Revue  critique,  18  juillet  1898, 
p.  43. 


LA  LITTLRATLUE  ASCETIQUt:.  230 

Outre  la  biographie  et  loraison  funèbre  de  Rabban 
Jacques  (voir  ci-dessus,  p.  222),  Sahdona  écrivit  un 
traité  sur  l'ascétisme  qui  est  conservé  à  la  bibliothèque 
de  Strasbourg  dans  un  ms.  du  VIP  ou  YllF  s.,  mal- 
heureusement incomplet.  M.  Goussen,  op.  cit.,  a  fait 
connaître  cet  ouvrage,  dont  il  a  publié  des  extraits  avec 
une  traduction  allemande.  Le  livre  est  divisé  en  deux 
parties  :  la  première  partie,  comprenant  vingt-deux 
chapitres,  a  pour  sujet  :  De  la  bonté  de  Dieu,  notre 
Créateur  et  Sauveur;  la  seconde  partie,  qui  compte 
quatorze  chapitres,  est  intitulée  Des  différentes  i^ertus. 
Ce  traité  est  suivi,  dans  le  manuscrit,  de  cinq  lettres 
adressées  à  des  moines  et  de  courtes  sentences  sur  la 
science  spirituelle  ou  la  théologie. 

A  ces  notices  du  Livre  de  la  chasteté,  il  convient 
dajouter  : 

DadJL'SU  qui.  outre  des  règles  monastiques  voir  ci- 
dessus,  p.  180; ,  écrivit  un  traité  sur  le  silence  dans 
le  corps  et  Vesprit;  un  autre  sur  la  consécration  de  la 
cellule;  des  lettres  et  oraisons  funèbres;  un  commen- 
taire des  œuvres  de  l'ascète  Isaïe  de  Scété  '. 

Siméon  Taibouteh  qui,  outre  des  règles  monasti- 
ques voir  ci-dessus,  p.  182  ,  composa  une  Exposition 
des  mystères  de  la  cellule  Catal.  d'Ebedjésu.  B.  0., 
Wl^pars  I,  p.  181,.  C'est  probablement  l'ouvrage  que 
Barhebraeus  attribue  à  Siméon  sur  Tinstitution  monas- 
tique et  qui  valut  à  son  auteur,  dit-il,  Tépithète  de  Tai- 
bouteh <<  sa  grâce  »    Chron.  eccL.  II,  p.  139,. 

Beréhjésu  ou  Berikjésu,  moine  du  couvent  de  Ka- 
moul  et  contemporain  du  patriarche  Timothée   fin  du 


1.  AssÉMANi,  B.  0.,  m,  pars  I .  p.  99.  Le  commentaire  sur  Abl^a  Isaïe 
est  cU<i  dans  le  Livre  de  l' Abeille,  «'d.  Bidge,  cliap.  xliii.  Le  commeu- 
laire  sur  le  Paradis  a  été  meniionné  ci-dessus,  p.  156. 


240  LA  LITTÉRATURE  ASCÉTIQUE. 

VHP  s.),  qui  composa  un  livre  sur  la  vie  monastique  \ 
Parmi  les  ascètes  de  la  Syrie  occidentale ,  le  plus 
célèbre  était,  au  VP  siècle,  Jean  d'Apamée,  dont  les 
ouvrages  sur  la  vie  religieuse,  écrits  en  grec,  ont  été 
traduits  en  syriaque.  Le  ms.  syr.  du  Vatican  93  con- 
tient ses  traités  et  lettres  sur  le  gouvernement  spiri- 
tuel, sur  lincompréhensibilité  de  Dieu  et  sur  la  com- 
munion spirituelle  avec  Dieu  -. 

Barhebrseus  a  écrit  à  Maraga ,  en  1279,  le  Lw/^e  des 
éthiques,  ^q^c^/.  i^co,  divisé  en  quatre  parties  et  qui 
traite  des  exercices  spirituels  et  corporels  de  l'homme 
religieux.  Assémani  en  a  donné  une  analyse  dans  sa 
Bibl.  Orient.,  II,  303  et  suiv.  Le  Lw-e  de  la  colombe 
\jqLi  i^Bo,  du  même  auteur,  est  une  œuvre  analogue,  à 
l'usage  des  ascètes  et  des  ermites;  il  est  aussi  divisé  en 
quatre  parties.  11  existe  des  versions  arabes  de  ces 
deux  ouvrages  ^. 

Pour  les  autres  écrits  sur  la  vie  monastique,  nous 
renvoyons  aux  numéros  IX,  §  4;  XI,  §  2;  XII,  §  2. 


1.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  275. 

2.  ASSÉMAM,  B.  0.,  I,  430;  III,  pars  I,  p.  oO.  M.  G.  Braun  a  publié  un 
passage  de  la  deuxième  poésie  de  Jean  d'Apamée  dans  la  Zeitschr.  fur 
Kathol.  Thcol.,  4892. 

3.  Le  P.  Bedjan  vient  de  publier  le  texte  syriaque  de  ces  deux  livres, 
Ethicon  seu  Moralia  Gregorii  Barhebrœi,  Paris  et  Leipzig,  1898.  Un 
appendice,  à  la  fin  du  volume,  reproduit  une  petite  composition  de 
Barhebrœus  en  prose  rimée,  intitulée  L'enfance  de  l'esprit,  jJooîj  o)Lq1->)4 
et  qui  est  du  même  genre.  Le  P.  Cardahi  a  publié  aussi  le  Livre  de  la 
colombe  sous  le  tilre  de  Abulfaragii  Gregorii  Bar-Hebrxi  Kilhàbhâ 
Dhijaunâ  seu  Liber  colornbee,  Rome,  1893.  L'enfance  de  l'esj^ritse  trouve 
également  dans  cette  édition. 


xiy 


LA    PHILOSOPHIE 


§  1.  —  La  philosophie  syriaque. 

Le  plus  ancien  texte  syriaque ,  après  la  version  de  la 
Bible ,  est  un  dialogue  sur  le  destin  entre  Bardesane 
et  ses  disciples. 

Bardesane  naquit  à  Edesse,  le  11  juilllet  154  ',  de 
parents  riches  et  nobles.  Son  père,  dit  Barhebrseus, 
s'appelait  Xouhama,  et  sa  mère,  Nahschiram^.  Se- 
lon saint  Épiphane,  il  fut  l'ami  d'enfance  du  prince 
d'Édesse,  Abgar,  fils  de  Manou,  qui  régna  trente-cinq 

1.  Date  fournie  par  la  Chronique  d'Édesse  et  conflrmée  par  la  Chro- 
nique ecclésiastique  de  BAr.HEBP.Jics,  I,  47.  M.  Haon,  Bardesanes  gnosticus, 
Leipzig,  1819.  citant  le  passage  d'Eusébe,  Hist.  eccL,  IV,  30.  d'après  le- 
quel le  traité  sur  le  destin  de  Bardesane  avait  été  adressé  à  Antonin, 
voyait,  dans  cet  Antonin,  Lucius  Vérus  qui,  dans  sa  campagne  contre 
les  Faillies  en  16o,  visita  Édesse;  il  trouvait  donc  la  date  de  154  pour 
la  naissance  de  Bardesane  trop  basse,  car  celui-ci  n'aurait  eu  que 
onze  ans  en  165;  mais  il  s'agit  d'Héliogabale  ou  Antonin  d'Émése,  auquel 
fut  adressée,  vers  220,  une  ambassade  indienne  qui  passa  par  la  Mé- 
sopotamie (Porphyre,  De  Afjsli7ientia,iy .  T;  Stobée.  Eclogœ  physicae, 
éd.  Heeren,  I,  IV,  56).  Elias  de  Nisibe  donne  la  date  du  11  juillet  134» 
au  lieu  du  11  juillet  133  (Lamy  dans  la  Chron.  eccl.  de  Barbedr-cls,  I,  47, 
note)  ;  mais  celte  variante  s'explique  facilement  comme  une  faute  de 
copiste,  voir  Xac,  Une  biographie  inédite  de  Bardesane  l'astrologue, 
Paris.  1897. 

2.  Chron.  eccl..  I,  47.  Sur  ces  noms,  voir  HoFFirvxx,  Auszûge  aus  syr. 
Akten,  p.  137,  note  1162. 

M 


242  LA  PHILOSOPHIE  SYRL\QUE. 

ans,  de  179  à  214.  Il  ne  fut  sans  doute  pas  étranger  à 
la  conversion  de  ce  prince  qui  devint  chrétien  vers  206. 
Bardesane,  selon  Barhebraeus,  vécut  soixante-huit  ans 
et  mourut  en  222.  «  Il  avait  d'abord  été  élevé,  ajoute 
cet  historien,  dans  le  paganisme  par  un  prêtre  de  Mab- 
boug,  mais  il  reçut  ensuite  le  baptême  et  fut  élevé  dans 
la  doctrine  de  l'Église  à  Edesse  '.  Il  écrivit  des  traités 
contre  les  hérésies  et,  à  la  fm ,  il  se  laissa  entraîner  par 
les  théories  de  Marcion  et  de  Yalentin.  Il  nia  la  résur- 
rection ;  il  considéra  l'union  charnelle  comme  un  acte 
de  pureté  et  prétendit  que  «  tous  les  mois ,  la  lune ,  la 
mère  de  la  vie ,  émettant  sa  lumière  et  entrant  dans  le 
soleil,  le  père  de  la  vie,  recevait  de  celui-ci  l'esprit  de 
conservation  qu'elle  répandait  sur  tout  l'univers-  ». 
Cette  notice  ne  s'éloigne  pas  beaucoup  de  ce  que  rap- 
porte Épiphane.  Suivant  Eusèbe,  au  contraire,  Bar- 
desane, après  avoir  été  un  partisan  de  Valentin,  serait 
revenu,  à  la  fm  de  sa  vie,  à  l'orthodoxie,  mais  sans 
se  laver  complètement  de  son  hérésie.  Cette  dernière 
hypothèse,  admise  aussi  par  Pseudo-Moïse  de  Chorène, 
semble  trouver  un  appui  dans  un  passage  du  LUn^e  du 
destin,  où  Bardesane  combat  l'astrologie,  à  laquelle  il 
s'était,  dit-il,  adonné  autrefois. 

Somme  toute,  on  sait  peu  de  chose  de  la  vie  et  des 
écrits  du  célèbre  gnostique.  Pseudo-Moïse,  qui  s'en- 
tend à  combler  les  lacunes  de  l'histoire,  fait  de  Barde- 


1.  Son  maître  dans  l'étude  des  sciences  occultes  aurait  été  un  certain 
Scuthinos,  le  précurseur  de  Mani  et  fauteur  de  quatre  livres  (Épiphane, 
Théodoret,  etc.;  comp.  aussi  Paul  de  Lagarde,  Prœtermissorum  libri 
duo,  Gœltlngue,  1879,  p.  90,  l.  ult.).  La  plus  ancienne  des  notices  qui 
attribuent  à  Bardesane  l'invention  d'un  alphabet  mystique  est  de  Jésu 
bar  Noun  (élu  catliolicos  en  824) ;  Khayy ath,  Syri  orientales,  Rome, 
1870,  p.  176,  note  2. 

2.  Barhebraeus  a  emprunté  ses  renseignements  à  la  Chronique  de 
Michel  le  Syrien,  qui  donne  d'autres  détails  légendaires  sur  la  vie  de 
Bardesane;  voir  Nau,  Une  biographie  inédite,  etc. 


LA  PHILOSOPHIE  SYRIAQLE.  2i3 

sane  un  apôtre  fervent;  il  aurait  tenté  d"évangéliser 
rArménie;  il  aurait  écrit  l'histoire  de  cette  contrée  et 
un  autre  livre  d'histoire  ou  de  mémoires  sur  l'Inde,  d'a- 
près les  renseignements  que  lui  avait  procurés  l'am- 
bassade indienne  députée  à  l'empereur  Héliogabale  '. 

Saint  Ephrem  représente  Bardesane  comme  un 
homme  du  monde,  aimant  le  luxe,  et  l'oppose  k  Mar- 
cion,  l'ascète,  qui  se  vètissait  d'étoffes  grossières:  il 
mentionne  les  cent  cinquante  hymnes  que  ce  gnostique 
écrivit  pour  répandre  sa  doctrine  dans  le  peuple  -. 
Malheureusement  ces  hymnes  sont  perdues;  perdus 
aussi  les  traités  ou  dialogues  contre  les  hérésies  dont 
parlent  Eusèbe,  les  Philosophoumena  et  Barhebraeus, 
ainsi  que  le  traité  d'astronomie,  dans  lequel  Bardesane 
établissait,  par  le  calcul  de  la  durée  des  révolutions 
des  planètes,  que  le  monde  prendrait  fm  après  six  mille 
ans  d'existence^.  Le  Kitab  al-Fihrist  éd.  Fluegel, 
Leipzig*.  1871,  p.  339  donne  les  titres  d'autres  ouvrages 
de  Bardesane,  mais  on  ne  peut  se  fier  aux  données  de 
cet  auteur  pour  une  époque  si  éloignée  du  temps  où  il 
vivait,  il  ne  nous  reste  donc,  pour  étudier  le  système 
philosophique  de  ce  Syrien ,  que  le  Lwre  sur  le  destin 
et  quelques  notices  éparses  dans  le  recueil  des  hymnes 
de  saint  Ephrem  contre  les  hérétiques,  et  notamment 
dans  les  hymnes  53-55  ^.  Encore  ce  Père  de  l'Eglise 
est-il  suspect  de  mauvaise  foi  ou  d'ignorance  ^.  Recons- 

1.  Rexas,  dans  son  Marc  Aurèle,  Paris.  188-2,  p.  433,  note  3,  pensait  que 
l'auteur  de  ces  ouvrages  était  un  autre  Bardesane,  originaire  de  la 
Babylonie.  Rexa>,  ibid.,  p.  436-439,  a  tracé  un  joli  portrait  de  Barde- 
sane d'Édesso. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  18. 

3.  D'après  George,  év«";que  des  Arabes;  voir  Curetox,  SpicHegium 
syriacum,  Londres,  18od,  p.  21;  Whight,  The  homilies  of  Aphraates, 
Londres,  18C9,  p.  27,  1.  11;  Lacarde,  Analecta  syricaca,  Leipzig,  1856, 
p.  114,  1.18. 

4.  Dans  l'édition  romaine  de  saint  Éplirem,  t.  H,  p.  553  et  suiv. 

5.  Voir  l'Abbé  Nac,  Une  biographie  inédite,  etc. 


244  LA  PHILOSOPHIE  SYRIAQUE. 

struire  la  doctrine  de  Bardesane  d'après  les  théories  de 
Yalentin  ou  d'autres  gnostiques,  comme  ont  tenté  de  le 
faire  Hahn ,  Merx  et  Hilgenf eld ,  est  un  travail  fondé  sur 
de  pures  hypothèses  ^ . 

Le  livre  sur  le  destin,  "O  nsoï  sluuQf.iév7]ç  âia.Xoyoç,i\ii 
d'abord  connu  par  deux  longs  extraits  qu'Eusèbe  a 
insérés  dans  sa  Prœparatio  evangelica,  vi,  9.  Le  se- 
cond de  ces  extraits  se  trouve  aussi  dans  le  IX^  livre 
des  Bècognitions  de  Pseudo-Clément ,  où  il  a  été  inter- 
polé ;  la  version  syriaque  des  Récognitions  publiée  par 
Paul  de  Lagarde  ne  Ta  pas.  Le  second  des  dialogues 
attribués  à  Césaire ,  le  frère  de  saint  Grégoire  de  Na- 
zianze,  contient  aussi  une  grande  partie  de  cet  extrait 
relatif  aux  lois  des  contrées. 

Cureton  a  retrouvé  l'original  syriaque  du  livre  sur  le 
destin  dans  un  manuscrit  du  Musée  britannique,  du  VP 
ou  YIP  siècle,  et  Ta  publié  avec  une  traduction  an- 
glaise 5  dans  son  Spicilegiinii  syriacumy  Londres,  1855. 
Il  a  reproduit  dans  son  édition  les  passages  d'Eusèbe, 
des  Récognitions  et  de  Césaire,  concernant  ce  livre. 
M.  Merx  a  donné  une  traduction  allemande  du  texte 
syriaque  dans  son  ouvrage  sur  Bardesane  [Bardesanes 
çon  Edessa,  Halle,  1863). 

Le  livre  sur  le  destin  est  rédigé  sous  la  forme  d'un 
dialogue  entre  Bardesane  et  ses  disciples,  à  limitation 
des  dialogues  de  Socrate.  Ce  dialogue  a  été  mis  par 
écrit  par  un  des  disciples  du  maître,  nommé  Philippe, 
qui  a  placé  en  tête  une  introduction  et  qui  y  parle  à  la 
première  personne.  Il  n'est  guère  douteux  que  le  texte 
syriaque  ne  soit  un  original.  Les  noms  propres,  comme 
Schamschegeram  et  Avida  sont  non  seulement  syria- 
ques, mais  appartiennent  aux  anciens  noms  édessé- 

1.  Voir  Hor.T,  article  Bardesanes  dans  le  Dictionary  of  Christian  Bio- 
graphy. 


LA  PHILOSOPHIE  SYRL\QUE.  245 

niens  et  nous  sont  connus  par  d'autres  documents. 
Quelques  notices  trahissent  une  origine  mésopo- 
tamienne,  notamment  celle  relative  au  décret  d'Abgar, 
interdisant  la  castration  des  prêtres  de  la  déesse  Tar- 
gata,  et  à  la  suite  duquel  cet  usage  disparut  d'Edesse; 
celle  aussi  qui  parle  de  la  conquête  de  l'Arabie  comme 
d'un  événement  tout  récent  [qui  eut  lieu  hier,  dit  le 
texte)  ;  il  s'agit  très  vraisemblablement  de  la  conquête 
de  TArabie  par  Septime  Sévère  en  195-196  '. 

Le  texte  syriaque  ne  porte  pas  le  titre  de  dialogue 
sur  le  destin,  sous  lequel  on  le  désigne  communément, 
mais  celui  de  Livre  des  lois  des  pays,  tiré  du  chapitre 
dans  lequel  les  différentes  lois  des  pays  sont  énumérées 
comme  preuve  du  libre  arbitre.  Bardesane  prouve,  en 
effet,  que  l'homme  jouit  du  libre  arbitre  et  est  respon- 
sable de  ses  actes.  11  étudie,  à  cette  fm,  l'organisation 
du  monde  céleste  et  du  monde  terrestre ,  mais  on  cher- 
cherait en  vain ,  dans  les  idées  qu'il  exprime  —  et  on  a 
eu  tort  d"y  chercher  —  des  théories  gnostiques.  Il  y  a 
un  Dieu,  professe-t-il,  créateur  de  l'univers,  unique  et 
indivisible,  non  créé.  Les  autres  êtres  (ityê)  ou  élé- 
ments [estouksé  =:  ovoiysta)  ont  reçu  une  détermination 
spéciale  et  sont  subordonnés  ;  envisagés  à  ce  point  de 
vue,  ils  sont  soumis  à  des  lois  fixes  auxquelles  ils  ne 
peuvent  se  soustraire  et  ils  ne  sont  pas  responsables 

\.  Ewald  et  Hilgenfeld  pensaient  que  le  syriaque  était  une  traduction 
d'un  original  grec,  mais,  comme  Cureton  l'a  rappelé  dans  la  préface 
de  son  édition,  p.  IV,  on  sait  par  Eusébe  et  Tliéodoret  que  les  dia- 
logues de  Bardesane  furent  traduits  de  bonne  heure  du  syriatiue  en 
grec.  M.  Land,  Anecdota  syriaca,  I,  p.  ol,  distingue  deux  ouvrages  sur 
Je  destin,  l'un  mentionné  par  Euscbe  sous  le  titre  o  ttqÙs  "Aynoyliov 
rreçî  tlfifi^uùrjç  ôialoyoi;,  et  l'autre  cité  par  Épiphane  comme  un  dia- 
logue TTQog  ^ASeiôàv  Tov  aaTqorô/uov  xarù  et^a^itéi  fj;.  C'est  ce  se- 
cond ouvrage  qui  nous  est  conservé  dans  l'original  syriaque.  Il  est  pos- 
sible qu'Eusébe  et  Épiphane  entendent  un  môme  dialogue  et  que  nçog 
Ayioivlvov  dans  Eusébe  soit  une  faulc  de  copiste  pour  rtqo;  ''ASeiôàv, 

11. 


246  LA  PHILOSOPHIE  SYRL\QUE. 

de  leurs  actions.  Mais  certains  de  ces  êtres,  comme 
Ihomme,  jouissent,  en  dehors  des  nécessités  inhéren- 
tes à  leur  nature .  d'une  liberté  d'action  qui  leur  permet 
de  faire  le  bien  ou  le  mal;  sous  ce  rapport,  ils  sont 
justiciables  de  leurs  actes. 

Saint  Ephrem  (hymne  53) ,  fait  allusion  à  ce  passage 
sur  le  destin  pour  combattre  Bardesane.  Après  avoir 
rappelé  que  celui-ci ,  à  l'instar  de  David ,  composa  cent 
cinquante  hymnes,  il  ajoute  :  «  David  n'appela  pas  être 
[itya)  ce  que  Bardesane  nomme  ainsi,  car  il  n'y  a 
qu'un  seul  être.  Le  nom  d'être  contredit  donc  les 
noms  des  êtres  (c'est-à-dire,  ne  comporte  pas  de  plura- 
lité) ,  qui  n'existent  pas ,  car  leurs  natures  devraient 
être  les  mêmes  ,  si  leurs  noms  sont  semblables  »  ;  puis , 
un  peu  plus  loin  :  «  Il  en  résulte  que  s'il  n'y  a  qu'une 
seule  nature  qui  soit  sans  cause ,  il  n'y  a  aussi  qu'un 
seul  être  {itya),  dont  Bardesane  confond  le  nom  et  la 
nature  avec  d'autres.  Car,  Mes  frères,  toutes  les  créa- 
tures ont  été  créées  et,  si  leur  nom  est  le  même,  leurs 
natures  sont  différentes  d'après  la  volonté  du  Créateur. 
Celui  qui  distingue  des  êtres  qui  n'ont  pas  pour  cause 
le  Créateur  et  qui  les  déclare  égaux,  celui-là  distingue 
leur  nature  et  fait  leur  nom  égal.  »  L'esprit  de  saint 
Ephrem  semble  hanté,  dans  cette  discussion,  par  les 
éons  ou  principes  créateurs  des  gnostiques. 

Bardesane  rejette  le  système  fataliste  des  Chaldéens 
ou  astrologues  et  le  système  contraire  de  certains 
philosophes,  suivant  lesquels  l'homme  est  complète- 
ment son  maître,  les  afflictions  et  les  maladies  étant 
des  accidents  ou  des  châtiments  de  Dieu.  Selon  Barde- 
sane ,  l'homme  est  sous  l'influence  de  trois  agents  :  la 
nature,  le  destin  et  la  volonté.  Le  destin  est  le  pouvoir 
que  Dieu  a  donné  aux  astres  de  modifier  les  conditions 
dans  lesquelles  nous  vivons ,  d'après  la  marche  et  la 


LA  PHILOSOPHIE  S^-RLVQUE.  247 

direction  quil  leur  a  impriméos.  L'influence  du  des- 
tin se  produit  au  moment  de  la  naissance  ;  à  ce  mo- 
ment-là Tàme  intellectuelle  descend  dans  l'âme  végé- 
tative qui  elle-même  descend  dans  le  corps;  c'est  alors 
que  se  produisent  les  chances  de  bonheur  ou  de  mal- 
heur, de  santé  ou  de  maladie,  suivant  les  rapports 
dans  lesquels  les  astres  et  les  éléments  se  trouvent 
entre  eux. 

Cette  philosophie  de  Bardesane  ne  laisse  rien  trans- 
pirer du  nkrjocoua,  de  la  pluralité  des  principes  créa- 
teurs mâles  et  femelles ,  des  syzigies  des  éons  et  autres 
idées  gnostiques.  Dans  le  livre  sur  le  destin,  Bardesane 
apparaît  comme  un  chrétien,  dont  l'orthodoxie  est 
d'aussi  bon  aloi  que  celle  d'autres  Syriens  postérieurs, 
Aphraate,  par  exemple.  Il  croyait,  il  est  vrai,  aux  gé- 
nies sidéraux,  mais  Barhebrœus ,  au  XIIP  siècle, 
croyait  encore  à  l'influence  des  astres  sur  le  monde 
terrestre.  Il  est  donc  impossible  de  savoir  avec  quelque 
certitude  en  quoi  consistait  l'hérésie  de  Bardesane.  Il 
est  cependant  difficile  de  la  nier ,  en  présence  du  témoi- 
gnage unanime  des  anciens  Pères  de  l'Eglise  et  des 
réfutations  auxquelles  elle  donna  lieu  ^ 

Deux  dialogues  grecs  anonymes  ont  été  rédigés,  dans 
les  dernières  années  de  Constantin,  contre  Marcion, 
Valentinet  Bardesane.  Le  principal  interlocuteur  dans 
le  premier  de  ces  dialogues  est  un  nommé  Adamantins 
que  l'on  confondit  d'abord  avec  Origène.  Dans  le  se- 


1.  51.  Nau,  Une  biographie  inédite  de  Bardesane  Vastrologue,  voit  dans 
Bardesane  un  astronome  dont  le  système  cosmo^raphique  a  été  mal 
interprété  ou  dénaturé  par  saint  Éphrem,  qui  a  traité  de  gnostique  cet 
auteur.  Les  autres  écrivains,  ajoute-t-il,  qui  ont  parlé  de  Bardesane  em- 
pruntent à  saint  Éphrem,  p.  12.  M.  Nau  a  développé  cette  idée  dans  deux 
mémoires  récents  :  Bardesane  l'astrologue,  dans  le  Journal  asiatique 
juillet-août  1899,  p.  1-2-19;  et  Bardesane  l'astrologue.  Le  livre  des  lois 
des  pays,  texte  syriaque  et  traduction  française,  Paris,  4899. 


248  LA  PHILOSOPHIE  SYRIAQUE. 

cond ,  c'est  un  certain  Macrinus  qui  représente  la  doc- 
trine de  Bardesane. 

Les  partisans  de  Bardesane  formaient  à  Edesse  une 
secte  importante  et  appartenaient  à  la  classe  riche  et 
éclairée.  Malgré  les  efforts  de  saint  Ephrem,  cette  secte 
se  maintint  jusque  sous  Rabboula  {f  435) ,  qui  ramena 
les  égarés  dans  le  giron  de  l'Eglise  orthodoxe  '. 

Le  Spicilegiiun  syriaciim  de  Cureton  renferme ,  ou- 
tre le  traité  sur  le  destin ,  une  lettre  adressée  par  le 
philosophe  Mara,  fils  de  Sérapion,  à  son  jeune  fils 
Sérapion.  Ce  philosophe  était  stoïcien  2;  il  conseille  à 
son  fils  de  dominer  ses  passions ,  de  demeurer  indiffé- 
rent aux  richesses  et  aux  honneurs  de  ce  monde,  qui  ne 
sont  que  des  biens  passagers,  et  de  ne  pas  s'émouvoir 
des  vicissitudes  du  sort.  La  sagesse  seule  mérite  d'être 
recherchée  et  cultivée.  Mara  écrit  sa  lettre  de  la  prison 
où  les  Romains  le  tiennent  enfermé.  Si  les  Romains 
lui  rendent  la  liberté  et  sa  patrie  ,  ils  agiront  avec 
justice  ;  au  cas  contraire ,  il  attend  la  mort  avec  tran- 
quillité. Il  était  de  Samosate  à  en  juger  par  le  passage 
suivant  :  «  Tu  as  appris  au  sujet  de  nos  compagnons , 
que,  lorsqu'ils  sortaient  de  Samosate,  ils  s'affligeaient 
et  se  plaignaient  de  leur  sort  :  «  Nous  sommes  éloi- 
gnés de  nos  familles,  disaient-ils,  et  nous  ne  revien- 
drons plus  à  notre  ville  voir  nos  parents  et  célébrer 

nos   dieux Lorsque   la  nouvelle  du  départ  de  nos 

anciens  compagnons  pour  Séleucie  nous  arriva ,  nous 
allâmes  en  secret  à  leur  rencontre,  et  à  leur  malheur 
nous  joignîmes  le  nôtre...  »  Ce  renseignement  est  trop 

1.  Voir  la  biographie  de  cet  évêque  dans  Overbeck,  S.  Ephreemi  syri... 
opéra  selecta,  Oxford,  186d,  p.  192. 

2.  La  doctrine  stoïcienne  de  l'auteur  de  cette  belle  lettre  a  été  mise 
en  évidence  par  M.  SchuUhess  qui  a  donné  une  traduction  allemande 
du  texte  et  en  a  fait  une  étude  dans  la  Zeitschr.  der  deut.  morgenU 
GeselL,  t.  LI,  p.  305  et  suiv. 


LX  PHILOSOPHIE  SYRIAQUE.  249 

vague  pour  permettre  de  déterminer  de  quelle  calamité 
il  s'agit  et  à  quelle  époque  elle  eut  lieu.  Ewald^  rappelait 
la  prise  de  Samosate  par  les  Romains  en  Tan  72  Josè- 
phe,  De  bello  j'iidaico,  VU,  7,  1-3).  M.  Schulthess 
repousse  avec  quelque  raison  ce  rapprochement;  on 
remarquera  aussi  que  la  lettre  parle  de  la  dispersion 
des  Juifs  qui  eut  lieu  postérieurement  et  suivit  la  prise 
de  Jérusalem  par  Titus.  D'un  autre  côté,  on  ne  peut 
descendre,  pour  la  date  de  ce  document,  plus  bas  que 
Je  IV®  siècle,  où  le  paganisme  apparaît  encore  à  Sa- 
mosate. Ce  texte  appartient  donc  à  la  plus  ancienne 
époque  de  la  littérature  syriaque-. 

Mara  lui-même,  quoiqu'il  reconnût  un  Dieu  unique, 
n'était  pas  chrétien.  11  parle  de  Jésus-Christ  en  termes 
qui  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard  :  «  Quel  profit, 
dit-il,  les  Athéniens  ont-ils  retiré  du  meurtre  de  So- 
crate,  qui  a  été  vengé  par  la  famine  et  la  peste  qui  les 
accablèrent?  Ou  les  habitants  de  Samos ,  du  supplice 
de  Pythagore,  eux  dont  le  pays  fut  en  une  heure  cou- 
vert de  sable?  Ou  les  Juifs,  idu  supplice,  de  leur  sage 
roi  qui  les  avait  gouvernés  pendant  quelque  temps? 
C'est  justement  que  Dieu  vengea  ces  trois  sages .  par 
la  famine  et  la  mort  des  Athéniens ,  par  une  pluie  de 
sable  à  Samos ,  par  la  dévastation  et  l'exil  des  Juifs 
dispersés  dans  tous  les  lieux.  Socrate  ne  mourut  pas  à 
cause  de  Platon ,  ni  Pythagore  à  cause  de  la  statue  de 
Junon  ^,  ni  le  sage  Roi  à  cause  des  lois  nouvelles  qu'il 
avait  établies.  » 

Une  notice  ajoutée  à  cette  lettre  témoigne  aussi  de 
la  philosophie   stoïcienne  de  Mara.  Un  de  ses  amis, 

1.  Golting.  Gelehrte  Anzeigei},  la:;!},  p.  Wl. 

•2.  C'est  évidemment  un  texte  orii;inal  et  non  une  traduction  du  grec, 
comme  le  supposait  Renan,  Journal  asiatique,  4«  série,  t.  XIX.  p.  328. 

3.  Confusion  avec  le  sculpteur  Pytiiagore,  comme  le  remarque 
M.  Schulthess,  d'après  31.  Wilamowitz. 


2o0  LA  PHILOSOPHIE  SYRIAQUE. 

enchaîné  près  de  lui,  lui  demanda  :  «  Par  ta  vie,  dis- 
moi  ce  qui  excite  ton  rire  !  »  IMara  répondit  :  «  Je  ris 
du  temps  qui  me  rend  le  mal  qu'il  ne  m'a  pas  em- 
prunté. » 

Ahoudemmeli  (-j-  575)  composa  plusieurs  ouvrages 
philosophiques  :  un  livre  de  définitions  ;  un  traité 
sur  la  logique,  sur  le  libre  arbitre,  sur  l'âme  et  sur 
riiomme  considéré  comme  le  microcosme;  et  un  traité 
sur  la  composition  en  corps  et  en  âme  de  l'homme  ^ 
Une  partie  de  ce  dernier  ouvrage  se  trouve  dans  le  ms. 
Add.  14620  du  Musée  britannique  2. 

Enanjésu  écrivit  un  volume  de  divisions  et  défini- 
tions philosophiques ,  dédié  à  son  frère  Jésuyab  et  qui 
comprend  un  volumineux  commentaire  ^. 

Jacques,  évêque  d'Édesse,  est  l'auteur  d'un  traité 
intitulé  :  «  La  cause  première,  créatrice,  éternelle^ 
toute  puissante  et  non  créée,  qui  est  Dieu  consers>ateur 
de  toute  chose.  Ce  renseignement  nous  est  fourni  par 
une  note  de  George,  évêque  des  Arabes,  qui  acheva 
VHexaméron  de  Jacques  d'Edesse''.  Ce  traité,  dont 
l'Hexaméron  formait  la  suite,  est  perdu.  On  croyait  le 
retrouver  dans  une  œuvre  syriaque,  connue  sous  le 
nom  de  Causa  causarum  et  dont  le  titre  exact  est  Livre 
de  la  connaissance  de  la  {>érité  ou  de  la  cause  de 
toutes  les  causes  '^.  Mais  la  publication  de  cette  œuvre 
par  Kayser  ^  a  permis  de  constater  que  sa  rédaction 


1.  AssÉMAM,  B.  0.,  m,  2yars  I,  192. 

2.  Wright,  Cat.,  p.  80-2. 

3.  AssÉMANi,  B.  0.,  ni,  pa7^s  I,  p.  144. 

4.  Voir  Ryssel,  Georg's  des  Araberbischofs  Gedichte  und  Briefe  aus 
dem  Syrischen  uebersetzt,  Leipzig,  1891,  p.  137  et  227.  Nous  écrivons 
Hexaméi'on  pour  nous  conformer  à  l'usage,  quoiqu'il  soit  plus  logique 
de  dire  Hexaémcron. 

5.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  4G1  et  suiv.;  Pohlmann,  Zeitschr.  der  deut.  mor- 
genl.  GcselL,  XV,  G48  et  suiv. 

6.  Das  Buch  von  der  Erkenntniss  der   Wahrheit  oder  der  Ursache 


LA  PHILOSOPHIE  SYRIAQUE.  231 

était  de  beaucoup  postérieure  à  Jacques  et  ne  pouvait 
être  placée  avant  le  XP  ou  même  le  XIP  siècle  ',  L'au- 
teur, p.  8,  se  donne  comme  un  évêque  d'Édesse  qui, 
après  avoir  occupé  pendant  trente  ans  le  siège  épisco- 
pal,  a  renoncé  au  monde  dont  lont  dégoûté  les  épreu- 
ves qu'il  a  subies  de  la  part  de  son  clergé.  Il  s'est  retiré 
dans  la  solitude  auprès  de  deux  ou  trois  ascètes  et  y  a 
composé  son  liv:e  pour  le  bien  de  Thumanité.  Si  ces 
lignes  visent  le  célèbre  évêque  d'Edesse,  Jacques,  elles 
avaient  pour  but  de  placer  sous  l'autorité  de  celui-ci, 
au  moyen  d'un  mensonge ,  un  livre  qui  avait  la  pré- 
tention de  réaliser  une  utopie  bien  décevante. 

Ce  que  l'auteur  se  proposait,  en  effet,  c'était  de  réu- 
nir dans  une  seule  communauté  religieuse  tous  les 
hommes  séparés  par  des  dogmes  différents,  c'est-à-dire 
les  Chrétiens,  les  Juifs  et  les  Musulmans.  Il  traite  de 
la  divinité,  de  son  essence  et  de  ses  attributs,  mais  il 
passe  sous  silence  les  articles  de  foi  qui  ne  seraient  pas 
acceptés  de  tous;  il  parle,  il  est  vrai  de  la  Trinité, 
mais  en  termes  vagues  et  de  manière  à  ne  pas  choquer 
les  Juifs  et  les  Musulmans.  La  Genèse  est  pour  lui, 
comme  pour  les  auteurs  des  Hexamérons,  la  base  de 
ses  dissertations  sur  l'univers.  Ces  dissertations  por- 
tent sur  le  monde  céleste  et  le  monde  terrestre,  sur 
l'homme,  les  animaux,  les  végétaux  et  les  minéraux, 
véritable  encyclopédie  des  siences  au  moyen  âge.  En 
tête  de  l'ouvrage ,  une  liste  indique  le  sujet  traité  dans 
chaque  chapitre  des  neuf  livres  qui  le  composaient. 
jMais,  dans  les  manuscrits  qui  l'ont  conservé,  il  s'arrête 
au  milieu  du  second  chapitre  du  livre  sept.  Cet  auteur 


aller  Ursachen,  Leipzig,  1889.  La  traduction  allemande  de  Kayser  a  été 
publiée,  après  la  mort  de  celui-ci,  par  M.  Siegfried,  à  Strasbourg,  1893, 
avec  le  même  litre. 
1.  NuELDEKE,  Lilerar.  CentraWlatt,  1889,  n"  30. 


2o2  LA  PHILOSOPHIE  SVRIAQLl::. 

est  au  courant  de  la  pliilosopiiie  mystique  des  Arabes, 
pour  laquelle  il  montre  une  certaine  prédilection;  son 
style  est  correct  et  clair,  mais  énervé  par  une  trop 
grande  prolixité. 

Quelques  manuscrits  ajoutent  à  la  fm  de  ce  livre, 
une  courte  composition  poétique  en  vers  de  sept 
syllabes  sur  les  éléments  et  leur  union,  conforme  à  la 
description  que  la  Causa  causaruin  en  fait,  d'après 
Aristote,  dans  le  chapitre    v  du  lY^  livre. 

Moïse  bar  Képha  est  l'auteur  d'un  traité  sur  la  pré- 
destination et  le  libre  arbitre  divisé  en  quatre  livres. 
Ce  traité,  conservé  dans  le  ms.  Add.  14731  du  Musée 
britannique,  a,  comme  le  chapitre  analogue  du  Caii- 
délabre  des  sanctuaires  de  Barhebrœus,  un  caractère 
dogmatique  et  thélogique  et  ne  présente  pas,  à  beau- 
coup près,  le  même  intérêt  que  le  dialogue  sur  le  des- 
tin attribué  à  Bardesane. 

Nous  citerons  aussi,  quoique  écrit  en  arabe,  le  traité 
d'Elias  bar  Schinaya,  métropolitain  de  Nisibe,  intitulé 
Livre  de  la  démonstration  de  la  véi^itè  de  la  foi^  qui  a 
un  caractère  dogmatique  et  est  écrit  au  point  de  vue 
de  la  doctrine  nestorienne.  Assémani  l'a  décrit  comme 
un  ouvrage  anonyme  ^ .  M.  Ilorst  en  a  publié  une  tra- 
duction allemande^. 

Le  livre  de  Barhebrœus  qui  porte  le  titre  de  Can- 
délabre des  sanctuaires^  ptVojs  i^iio  est  un  ouvrage  du 
même  genre,  exposant  la  doctrine  monophysite.  Il  est 
divisé  en  douze  bases  ou  principes  sur  lesquels  l'Eglise 
est  fondée.  Ces  bases  sont  :  la  science  en  général,  la 
nature  de  l'univers,  la  théologie,  l'Incarnation,  la  con- 

1.  B,  0.,  in,  pars  I,  303-303. 

2.  Des  Met7'Gpoliten  Elias  von  Nisibis  Buch  vom  Beweis  der  Wahrheil 
des  Glaubens,  Colmar,  1886. 

La  pliilosophie  des  Dialogues  de  Jacques  bar  Sciiakako  dérive  de 
l'École  grecque;  nous  en  parlerons  sous  le  parasrai)lie  suivant. 


LA  PHILOSOPHIE  SYUIAQLE.  253 

naissance  des  substances  célestes  (les  anges;,  le  sacer- 
doce, les  démons,  l'àme  intellectuelle,  le  libre  arbitre 
et  la  fatalité,  la  résurrection,  le  jugement  dernier,  le 
paradis'.  Barhebrœus  a  écrit  encore  un  Livre  des 
rayons,  ^]i  )J>k3  divisé  en  dix  sections;  cet  ouvrage 
est,  en  quelque  sorte,  un  abrégé  du  précédent-. 

Ébedjésu  a  écrit  en  1298  un  livre  de  philosophie  et 
de  théologie  nestorienne,  intitulé  La  perle,  )LJl^;Jo,  et 
divisé  en  cinq  sections  qui  traitent  de  Dieu,  de  la  Créa- 
tion, de  la  vie  chrétienne,  des  sacrements  de  l'Eglise 
et  des  signes  du  monde  futur.  Assémani  en  a  donné 
une  analyse  dans  sa  Bibliotheca  orientalis,  vol.  III, 
P^  partie,  352-360,  et  le  Gard.  Mai  Ta  édité  avec  une 
traduction  latine  dans  le  tome  X  de  sa  Scriptorum  ve- 
terumnova  collectio^.  Ébedjésu  traduisit  lui-même  son 
ouvrage  en  arabe  en  1312,  ainsi  que  nous  l'apprend 
Amr  dans  le  livre  de  La  tour,  où  sont  cités  d'importants 
passages  ^. 

§  2.  —  La  philosophie  péripatéticienne. 

Les  œuvres  des  Syriens  concernant  la  logique  et  la 
métaphysique  ont  attiré  l'attention  de  savants  émi- 
nents,  tels  que  Renan.  Georg  Hoffmann,  Land,  non 
pas  que  ces  œuvres  aient  un  caractère  original,  car 

1.  ^^«isÉMAM,  B.  0.,  H.  28i.  Des  ms.  de  cet  ouvrage  se  trouvent  dans 
les  bibliotlièques  de  Rome,  de  Paris,  de  Berlin  et  de  Cambridge.  H  en 
existe  une  version  arabe.  Des  passages  dums.  de  Berlin.  Coll.  Sachau, 
no  81,  ont  été  publiés  par  M.  Gottiieil  sous  le  titre  de  A  synopsis  of 
greek  philosophy  by  Bar  Ebraya,  dans  Hebraica,  UI,  2-i9-2j4. 

2.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  29T;  manuscrits  à  Rome,  Paris,  Londres,  Oxford, 
Cambridge  et  Berlin. 

3.  Badger  en  a  fait  une  traduction  anglaise  dans  The  Sestorians  and 
their  riluals,  Londres,  18o2,  vol.  II,  p.  380  et  suiv. 

4.  11  est  possible  que  cette  traduction  soit  l'ouvrage  arabe  intitulé 
La  perle  du  roi,  qu'Ébedjésu  mentionne  dans  la  liste  de  ses  œuvres, 
AssÉMAM,  B.  0.,  III.  2>(irs  I,  3G0. 

LITTÉRATURE    SYRIAQUE.  15 


254  LA  PHILOSOPHIE  PÉRIPATÉTICIENNE. 

eUes  ne  comprennent  que  des  versions  ou  des  commen- 
taires des  livres  d'Aristote,  mais  les  Syriens  ont  été  , 
dans  l'étude  de  ces  sciences,  les  initiateurs  des  Arabes 
qui  dépassèrent  promptement  leurs  maîtres  et  firent 
prévaloir  leurs  idées  philosophiques  même  en  Europe 
au  moyen  âge. 

C'est  à  V Ecole  des  Pei^ses,  la  célèbre  école  d'Édesse, 
que  les  Syriens  commencèrent  à  enseigner  la  philoso- 
phie péripatéticienne  au  V®  siècle  de  notre  ère.  «  Ibas, 
Koumi  et  Probus ,  dit  Ebedjésu  dans  son  catalogue  ^ 
traduisirent  du  grec  en  syriaque  les  livres  de  V Inter- 
prète (Théodore  de  Mopsueste)  et  les  écrits  d'Aristote.  » 
La  logique  du  philosophe  de  Stagyre  entra  à  l'École 
des  Perses  au  moment  même  où  les  traductions  des 
œuvres  de  Théodore  de  Mopsueste  et  d'autres  auteurs 
nestoriens  rendaient  nécessaire  la  connaissance  du  grec. 
Probus  est  l'auteur  d'une  version  et  dun  commentaire 
du  Ileoî  aQjLirii'slug,  peut-être  aussi  d'autres  parties  de 
YOrganon  d'Aristote.  On  manque  de  renseignements 
sur  ce  Syrien.  M.  Hoffmann,  qui  a  publié  une  partie 
de  la  version  syriaque  du  Ilsoi  aoj.i7]rsiaç  et  le  commen- 
taire de  Probus-  a  montré  qu'il  n'était  pas  antérieur  à 
Syrianus,  un  commentateur  d'Aristote,  qui  vivait  dans 
la  première  moitié  du  V^  siècle.  Un  ms.  de  Berlin, 
Coll.  Sachaii  226,  renferme  une  version  de  VIsagogé  de 
Porphyre  et  un  commentaire  des  Analytiques ,  mis 
sous  le  nom  de  Prohus ,  preshyter,  archidiacre  et  ar- 
chiatre  à  Antioche.  Il  est  possible  cependant  que  la 
version  du  IIeqI  Içt-irivElaç,  soit  d'un  autre  traducteur. 

Les  travaux  de  l'Ecole  dEdesse  sur  la  logique  furent 
repris  et  complétés  par  Sergius  de  Reschaina.  Cet  émi- 
nent  médecin ,  quoique  monophysite ,  jouit  d'une  répu- 

1.  Ar.sÉMANi,  B.  0.,  ni,2iars  I,  85. 

2.  De  hermeneuticis  apud  Syros  Aristoleleis,  Leipzig,  1873. 


LA  PHILOSOPHIE  PLIIIPATÉTICIENNE.  2oo 

talion  égale  chez  les  Syriens  occidentaux  et  chez  les 
Syriens  orientaux ^  Ce  qui  nous  reste  de  ses  œuvres 
philosophiques  se  trouve  presque  entièrement  dans  le 
ms.  Add.  14G58  du  Musée  britannique,  du  VIP  siècle. 
Ce  manuscrit  renferme  la  traduction  de  VIsagogé  de 
Porphyre  avec  la  soi-disant  Table  de  Porphyre-  ^  des 
Catégories  d'Aristote^,  du  Ilsoî  xôouov  txoo;  ^Alêiav- 
ÔQovy  et  d'un  traité  sur  l'àme,  divisé  en  cinq  sections  et 
complètement  différent  du  TIsol  ip'i-/j,ç-  H  renferme  aussi 
un  traité  original  de  Sergius  sur  la  logique,  compre- 
nant sept  livres  (incomplets]  et  adressé  à  Théodore  de 
Merv;  un  traité  sur  la  négation  et  l'affirmation;  un  au- 
tre sur  Les  causes  de  Vunivers  selon  les  principes 
d'Ai'istote;  un  quatrième  sur  le  genre,  l'espèce  et  l'in- 
dividu'. Le  ms.  Add.  146G0  du  même  ^lusée  contient 
une  scolie  de  Sergius  sur  le  mot  oyi^uu:  le  ms.  de 
Berlin,  36  ancien  fonds,  fol.  83  3-104  a,  un  traité  de 
Sergius  sur  les  Catégoiies,  adressé  à  Philothée"'. 

La  version  du  Ileol  y.ôouov^  a  été  publiée  par  Paul  de 
Lagarde  dans  ses  Analecta  syriaca,  p.  134  et  suiv. 
M.  Victor  Fivssel  lui  a  consacré  une  étude   approfon- 

1.  Ébedjésu  le  classe  dans  son  catalogue  parmi  les  auteurs  uestoricns 
et  mentionne  ses  commentaires  sur  la  logique  et  la  dialectique,  AssÉ- 
MAM,  h.  0.,  m.  pars  I,  87. 

2.  Celte  table  existe  aussi  dans  le  ms.  116  de  la  Collection  Sachau  à 
Berlin;  elle  a  été  reproduite  par  .M.  Gottiieil  dans  Hebraica,  IV,  p.  207. 

3.  Dans  le  ms.  syr.  du  Vatican  158,  remarque  Wp.igut,  Syriac  litera- 
ture,  2«  éd.,  p.  91,  note  2,  cette  version  est  attribuée  à  tort  à  Jacques 
d'Édesse,  qui  n'aurait  guère  été  qu'un  enfant  à  l'époque  où  le  ms.  du 
Musée  britannique  a  été  écrit;  en  outre  ce  n'est  pas  le  style  de  cet  au- 
teur. Le  ms.  de  Paris,  n"  2'»8,  répète  la  même  erreur.  Dans  le  catalogue 
des  ms.  de  la  Laurcntienue,  Évode  Assémani  indique  à  tort  Honein 
comme  l'auteur  de  cotte  traduction,  Renan,  De  philosophia  peripatelica 
apud  Syros,  Paris,  18.J2,  p.  3i.  note  3. 

4.  RexAN,  /.  c,  p.  2.J-28;  Wkigiit,  Syr.  lilerature,  1'  éd.,  p.  90-îh2. 

5.  Le  même  ms.,  fol.  80  a-83  6,  a  une  scolie  du  pliilosophe  Eusébe 
d'Alexandrie  sur  les  Catégories. 

6.  Ce  traité  a  été  attribué  à  Aristole,  mais  il  a  été  composé  vraisem* 
blablement  par  un  philosophe  postérieur. 


256  LA  PHILOSOPHIE  PÉRIPATÉTICIENNE. 

die,  dans  laquelle  il  a  réuni  toutes  les  variantes  que 
présente  cette  version,  comparée  avec  le  texte  grec'. 
La  traduction  de  Sergius,  dit  M.  Ryssel,  appartient 
à  la  catégorie  des  traductions  syriaques,  peu  nom- 
breuses, qui  sont  littérales  et  cependant  expriment  fi- 
dèlement la  pensée  de  l'auteur.  Elle  doit  être  considérée 
comme  le  chef-d'œuvre  de  l'art  du  traducteur,  car  Ser- 
gius  a  su  rendre  le  sens  et  le  contenu  de  l'original  grec 
dans  une  version  aussi  claire  qu'exacte,  serrant  de 
près  le  texte.  Elle  est  bien  supérieure  à  la  version  la- 
tine d'Apulée  de  INIadaura  qui  s'est  permis  toutes  sortes 
de  libertés.  La  comparaison  avec  les  différents  manus- 
crits grecs  permet  de  conclure  que  le  syriaque  ne  re- 
présente pas  le  texte  d'un  manuscrit  déterminé ,  mais 
qu'il  reproduit  les  leçons  tantôt  d'un  manuscrit,  tantôt 
d'un  autre.  On  peut  supposer  que  Sergius,  comme  Apu- 
lée, avait  sous  les  yeux  un  original  qui  différait  de  celui 
des  manuscrits  grecs  connus  et  qui  était  plus  ancien. 

Théodore ,  évêque  de  Merv,  auquel  Sergius  dédia  un 
certain  nombre  de  ses  traités ,  s'adonna  aussi  à  l'étude 
de  la  philosophie  péripatéticienne.  Parmi  ses  ouvrages, 
Ébedjésu  mentionne  des  Solutions  à  dix  questions  de 


us 


Sej^gi^ 

Le  ms.  14660  du  Musée  britannique,  qui  contient  la 
scolie  de  Sergius  sur  le  mot  o^riuay  nous  a  conservé 
le  traité  sur  la  logique  de  Paul  le  Perse  adressé  au  roi 
Chosroès  Anoschirwan.  Paul  le  Perse  vivait  au  temps 
du  patriarche  nestorien  Ezéchiel  (567-580).  «  Il  brilla, 
dit  Barhebraeus^,  autant  dans  les  sciences  ecclésiasti- 
ques que  dans  la  philosophie  profane,  et  il  composa 

1.  Ueber  den  texlkrilischen  Werlh  der  syr.  Uebersetzungen  griechi- 
scher  Klassiker,  Leipzig,  l^  partie,  1880,  ^«  partie,  1881. 

2.  AssÉMAxi,  B.  0.,  III,  pars  I,  147;  Renan,  De  philosophia  pcripatclica, 
p.  29. 

3.  Chron.  eccl ,  II,  p.  97. 


LA  PHILOSOPHIE  PÉRIPATÉTICIENNE.  257 

une  admirable  introduction  à  la  logique.  11  avait  espéré 
devenir  métropolitain  de  la  Perse,  mais,  n'ayant  pas 
réuni  les  suffrages  de  ses  concitoyens,  il  se  convertit, 
dit-on,  à  la  religion  des  mages.  »  Son  livre  est  intitulé 
Traité  siu^  la  logique  d'Aristote  le  philosophe, 
adressé  au  roi  Chosroès.  Il  a  été  publié  avec  une  tra- 
duction latine  et  des  notes  par  M.  Land'. 

C'est  sans  doute  aussi  de  la  philosophie  d'Aristote 
que  traitait  le  livre  des  questions  grecques  que  com- 
posa vers  la  même  époque  le  périodeute  Boud ,  plus 
connu  chez  nous  pour  sa  traduction  des  contes  de 
Kalila  et  Dimna.  Ce  livre  portait  le  singulier  titre  d^4.- 
leph  Migiii'. 

Au  commencement  du  VIP  siècle .  le  couvent  de  Ken- 
nesré  sur  la  rive  gauche  de  l'Euphrate  ^  devint  célèbre 
par  l'enseignement  du  grec  qui  y  était  donné.  L'évêque 
Sévère  Sebokt  se  livra  dans  ce  couvent,  vers  640,  à  l'é- 
tude de  la  philosophie,  des  mathématiques  et  de  la 
théologie.  Les  ms.  du  Musée  britannique ;,  Add.  14660 
et  17156,  renferment  quelques-uns  des  ouvrages  philo- 
sophiques de  cet  évêque  :  un  traité  sur  les  syllogismes 
des  Analytica priora  d'Aristote,  une  lettre  au  prêtre 
Aitilaha  sur  différents  termes  du  TIsol  eourjvslaç  ;  des 
fragments  d'un  commentaire  sur  le  FIsol  afjfirjviiuç;  et 
une  lettre  au  périodente  Jonas  pour  expliquer  quel- 
ques points  de  la  Rhétorique  d'Aristote''. 

\.  Anecdota  syriaca,  t.  IV,  texte,  p.  1-3-2;  traduction,  p.  1-30.  notes, 
p.  90-113.  Ticnan  a  édite  et  traduit  la  première  partie  de  rinlrodiiciinu. 
Journal  asiatique,  -i^  série,  t.  XIX,  18,"i2,  p.  31-2-319;  De  philosophin 
peripalclica,  p.  19--22. 

2.  AssÉMAM,  D.  0.,  III,  par*  1,219.  On  a  donné  plusieurs  explications 
de  ce  titre;  M.  Sleinsclineidery  voit  la  corru[>tion  du  ^recTo  àhpa  uéyai , 
C'est-à-dire,  livre  A  des  Métapliysi(|uos  d'Aristote. 

3.  i,e  couvent  de  Kennesrin  ou  Kennesro  se  trouvait  en  lace  d'Kuro 
pus  (Djcral)is  des  Arabes),  et  avait  été  fondé  par  Jean  bar  Apliloni;i. 
comp.  IIOFKMWN,  Auszûcje,  p.  lG-2,  noie  I-2(jO. 

4.  riENAN.  De  philos,  peripal.,  p.  29-30;  WnicnT,  Calai.,  p.  1100-1103. 


2o8  LA  PHILOSOPHIE  PERIPATETICIENNE. 

Deux  disciples  de  Sévère  Sebokt,  Jacques  d'Edesse 
et  Athanase  de  Balad  ,  continuèrent  la  tradition  de  leur 
maître  dans  les  sciences  philosophiques. 

Jacques  d'Edesse  est  l'auteur  d'un  Enchiridion  ou 
traité  des  termes  techniques  de  la  philosophie,  qui  est 
conservé  dans  le  ms.  Add.  12154  du  Musée  britanni- 
que. Wright'  pensait  qu'on  pouvait  aussi  attribuer  à 
cet  auteur  deux  compositions  métriques  sur  des  sujets 
de  philosophie  qui  se  trouvent  dans  deux  ms.  du  Va- 
tican, n°'  36  et  95,  et  que  les  manuscrits  donnent  sous 
le  nom  de  Jacques  de  Saroug.  On  a  cru  pendant  quel- 
que temps  que  Jacques  d'Edesse  avait  traduit  les  Caté- 
gojies  et  le  Ileoi  egiirjvslaç  d'Aristote.  Wright  a  reconnu 
que  la  version  des  Catégories  était  de  Sergius  de  Res- 
chaina  (voir  ci-dessus  p.  255,  note  3);  quant  à  la  version 
du  IIsoî  sourirslaç,  M.  Hoffmann  a  montré  qu'elle  était 
d'un  autre  auteur^. 

Athanase  de  Balad ,  qui  devint  patriarche  des  Jaco- 
bites  en  684,  s'était  retiré  dans  le  couvent  de  Beit-^Ialka 
du  Tour  Abdin,  après  avoir  étudié  sous  Sévère  Sebokt 
dans  le  couvent  de  Kennesrè^.  Là  il  traduisit  en  645, 
VIsagogé  de  Porphyre.  Sa  traduction  est  conservée 
dans  le  ms.  du  Vatican  158  et  dans  des  ms.  des  biblio- 
thèques de  Florence,  Paris  et  Berlin,  qui  sont  des  co- 
pies du  ms.  du  Vatican;  elle  est  précédée  dans  ce  der- 
nier manuscrit  d'une  introduction  qui  reproduit,  en 
grande  partie,  l'introduction  d'Ammonius  ^.  Le  ms. 
Add.  14660  du  Musée  britannique  contient  une  traduc- 
tion ,  faite  par  le  même  Athanase  ,  d'une  autre  Isagogé 
d'un  auteur  grec  anonyme. 


1.  Syriac  lileralure,  2®  éd.,  p.  150. 

2.  De  hermeneulicis  apud  Syros  Aristotclcis,  p.  17. 

3.  Bakuebii.eus,  Chron.  eccl.,  I,  p.  287. 

4.  llENAN,  De  philosophia  perijjaletica,  p.  30;  Anox  Faeimanx,  Die  Isa- 


LA  PHILOSOPHIE  PERIPATETICIENNE.  239 

Un  disciple  d'Atlianase,  George,  nommé  évèque  des 
Arabes  en  Tannée  686,  est  connu  par  plusieurs  travaux 
dont  le  plus  important  est  la  version  de  YOrganon  d'A- 
rislote.  Le  ms.  Add.  14659  du  Musée  britannique  a 
conservé  une  partie  de  cette  version  :  les  Catégories^ 
le  77fot  eotDjreîaç  et  le  premier  livre  des  Analj/tiques 
divisé  en  deux  parties;  chaque  livre  est  précédé  dune 
introduction  et  suivi  d'un  commentaire'.  M.  Hoffmann 
en  a  donné  quelques  extraits  dans  son  ouvrage  intitulé 
Dehermeneuticis  apiid  Syros  Aristoteleis.  «  Parmi  les 
commentaires  syriaques,  dit  Renan-,  je  n'en  ai  trouvé 
aucun  qui  puisse  lui  être  comparé  au  point  de  vue  de 
l'importance  de  l'œuvre  et  de  la  méthode  exacte  de 
Texposition;  aucun  autre  ne  devrait  lui  être  préféré,  si 
des  savants  songeaient  à  imprimer  quelque  partie  de 
Il  philosophie  des  Syriens.  » 

Barhebrœus^  cite  un  commentaire  de  Moïse  bar 
Képha  sur  la  dialectique  d'Aristote.  Denys  bar  Salibi 
é  rivit  également  des  commentaires  sur  la  dialectique 
qui  ne  nous  sont  pas  parvenus-*. 

Pendant  que  les  Syriens  occidentaux  publiaient  ces 
travaux  sur  la  dialectique  d'Aristote,  les  Xcstoriens  ne 
demeuraient  pas  inactifs.  Malheureusement  leurs  an- 
ciens livres  concernant  cette  science  ont  presque  tous 
disparu  et  nous  ne  les  connaissons,  comme  beaucoup 
de  leurs  œuvres,  que  par  le  catalogue  d'Ebedjésu. 
Ébedjésu  mentionne  : 

Un  commentaire   sur  les    Analytiques  par    le   pa- 

goge  des  Phorphirius  in  den  syrischen    Ucbersetzungcn,  Berlin,  1897. 
M.  Freimann  a  publié  dans  son  ouvrage  le  texte  syriaque  de  VIsagogé, 
i.  Wzyxs,  De  phil.  pcripat.,  p.  33;  Hoffmann  ,  De  hermeneuticis  apud 
Syros  Aristoteleis,  p.  148-151. 

2.  L.  c,  p.  a3-34. 

3.  Chron.  eccl.,  II,  21.S. 

4.  ASSÉMAM,  B.  0.,  II,  170. 


260  LA  PHILOSOPHIE  PERIPATETICIENNE. 

triarche  Henanjésu,  élu  en  68G,  B.  0.,  llLpars  I,  154. 

Un  commentaire  sur  toute  la  dialectique  par  jNIar 
Aba  II,  élu  patriarche  en  741,  B.  0.,  III,  pais  I.  154 
et  157  ^ 

Une  introduction  à  la  logique  par  Jésudenali,  évoque 
de  Bassora  vers  la  fm  du  VHP  siècle,  B.  0.,  111,  pafs  ï, 
1952. 

Un  commentaire  sur  la  dialectique  par  Denha,  ap- 
pelé aussi  Ibas,  qui  vivait  vers  850*"^,  B.  0.,  Wl^pars  I, 
175. 

Ce  sont  les  Nestoriens  qui  transmirent  aux  Arabes 
la  philosophie  grecque  avec  les  autres  sciences.  Au 
premier  rang  se  placent  les  célèbres  médecins  qui  vi- 
vaient à  Bagdad  sous  les  califes  Abbassides  du  IX^  et 
du  X®  siècle.  Honein,  son  fils  Ishak  et  son  neveu  Ho- 
beisch,  firent  de  nouvelles  traductions  syriaques  et 
arabes  qui  comprenaient  toute  la  philosophie  péripaté- 
ticienne et  ne  se  bornaient  pas ,  comme  les  travaux  des 
Syriens  antérieurs,  à  VOrganon^.  Zacharie  de  Merv. 
ou  Abou  Yahya  al-^NIarwazi ,  écrivit  sur  la  logique'^. 
Les  Arabes,  après  s'être  formés  à  l'école  des  Syriens, 
devinrent  les  maîtres  incontestés  de  l'Orient  dans  cette 
branche  des  études;  les  versions  arabes  seules  subsis- 
tèrent et  les  versions  syriaques  disparurent  peu  à  peu; 
aucune  de  ces  dernières  n'est  arrivée  jusqu'à  nous. 

i.  Dans  le  premier  de  ces  passages  Mar  Aba  est  désigné  sous  le  nom 
d'Aba  de  Kasclikar,  et  dans  le  second,  sous  celui  d'Aba  bar  Berik-Sebya- 
neii,  comp.  Wrigut,  Syriac  literature,  2^  éd.,  p.  187. 

2.  On  ne  peut  conclure  avec  Assémani  de  la  notice  d'Ébedjésu  concer- 
nant le  patriarche  Sourin,  B.  0.,  III,  pa)-s  I,  169,  que  ce  patriarche  ait 
écrit  sur  la  logique  d'Aristote,  comp.  Renan,  De  philos,  peripat..  p.  37. 

3.  Comp.  ci-dessus,  p.  84. 

4.  Rf.xan,  De  philos,  peripat.,  p.  G2.  Suivant  Barhebra^us,  Honein  tra- 
duisit du  grec  en  syriaque  le  livre  de  Nicolas  sur  la  somme  philoso- 
phique d'Aristote;  Assémvm,  B.  0.,  II,  270-272. 

o.  Kitdb  al-Fihrist,  éd.  Fluegel,  Leipzig,  1871,  p.  263;  Ibn  Abi  Ouseibia, 
éd.  Mleller,  Kœnigsberg,  1884,  I,  23i-23o. 


LA  PHILOSOPHIE  PERIPATETICIENNE.  261 

Au  commencement  du  X*^  siècle  appartient,  semble- 
t-il,  Le  livre  des  définitions  composé  par  le  logicien 
Bazoud.  et  qui  est  conservé  dans  un  ms.  de  Berline 
Ce  traité  est  postérieur  à  Théodore  bar  Koni  vers  800, 
voir  ci-dessus,  p.  214  qui  y  est  cité.  11  renferme  des  dé- 
flnitions  et  des  divisions  non  seulement  des  termes  de 
la  logique,  mais  aussi  de  sujets  de  théologie  et  de  mé- 
decine. L'auteur  était  nestorien;  il  doit  ^  être  identifié 
avec  Abzoud  qui,  selon  Ebedjésu,  composa  un  traité  de 
démonstrations  sur  différents  sujets,  disposé  par  ordre 
alphabétique  et  dédié  à  son  ami  Kourta-.  Mais  cet  ou- 
vrage est  différent  du  Livre  des  définitions,  qui  ne  su:t 
pas  l'ordre  alphabétique^.  D'un  autre  côté,  ce  Bazoud 
ou  Abzoud  s'appelait  aussi  Mikael,  nom  sous  lequel  il 
est  cité  comme  interprète  des  Ecritures^.  M.  Hoffmanr. 
a  retrouvé,  mis  sous  ce  nom  de  Mikael.  Le  livre  des 
définitions  dans  un  manuscrit  de  ITndia  OfUce  de  Lon- 
dres^. Ebedjésu,  dans  son  catalogue,  distingue  Abzoud 
de  Mikael,  mais  cette  distinction  peut  provenir  d'une 
erreur. 

On  cite  parmi  les  œuvres  de  Denys  bar  Salibi  des 
commentaires  sur  la  dialectique^. 

Le  second  livre  des  Dialogues  de  Jacques  bar  Scha- 
kako ,  qui  devint  évèque  sous  le  nom  de  Sévère  ,  traite 
de  la  philosophie.  Le  premier  dialogue  est  spécialement 
consacré  à  la  logique  qui  est  résumée  dans  cinquante 
deux  questions.  Le  second  dialogue  est  divisé  en  cinq 
sections  réparties  de  la  manière  suivante  :  P  les  défi- 
nitions et  les  divisions  de  la  philosophie;  2'  l'éthique; 

1.  G.  Hoffmann,  De  hermeneuticis  apud  Syros  Aristoteleis,  p.  151. 

2.  B.  0.,  m,  pars],  361. 

3.  Hoffmann,  Opiiscula  nesloriana,  p.  xxiii. 

4.  Comp.  ci-dfssus,  p.  84. 

5.  Op.  ciL,  p.  XXI. 

6.  AssÉMAXi,  D.  0.,  H.  210. 

15. 


262  LA  PHILOSOPHIE  PÉRIPATÉTICIENNE. 

S*"  la  physique  et  la  physiologie;  4°  les  mathématiques; 
5*^  la  métaphysique  et  la  théologie  '. 

David,  fils  de  Paul  (XIIP  s.),  a  laissé  une  brève  énu- 
mération  des  Catégories  d'Aristote  -. 

Barhebrœus  clôt  la  série  des  Syriens  jacobites  qui 
écrivirent  sur  la  philosophie  d'Aristote.  Utilisant  les 
travaux  des  Arabes,  il  embrasse  toute  cette  philoso- 
phie*^. Son  Livre  des  pupilles  des  yeux,  )La£i.y  i^L», 
comprend  une  introduction  sur  l'utilité  de  la  logique 
et  sept  chapitres  consacrés  à  VIsagogé  de  Porphyre, 
aux  Catégories ,  au  FIspl  ïçtu,t\^z[^<:,^ai\ni  Analytica priora, 
aux  Topiques,  aux  Analytica  posteriora  et  aux  Sophis- 
tiques. Le  Li^^re  de  l'entretien  de  la  Sagesse^  ;cu»j  \ll^ 
IJLsiflo,  est  un  abrégé  de  la  dialectique ,  de  la  physique 
et  de  la  métaphysique  ou  théologie.  Le  livre  intitulé 
La  crème  de  la  science ^*,  )Esv>->r.  Lai,  est  une  vaste  ency- 
clopédie renfermant  la  philosophie  péripatéticienne  tout 
entière  et  sert  aujourd'hui  aux  Syriens,  dit  Renan,  de 
somme  de  la  philosophie.  Il  est  divisé  en  trois  parties 
dont  la  première  comprend  dans  neuf  livres  :  VIsagogé, 
les  Catégories,  le  Fleûi  £pp.y,vsiaç,  les  Analytica  priora, 
les  Analytica  posteriora,  la  dialectique,  la  sophistique, 
la  rhétorique  et  la  poétique.  La  seconde  partie  ren- 
ferme huit  traités  sur  la  physique,  le  ciel  etTunivers,  les 
météores,  la  génération  et  la  corruption,  les  minéraux, 
les  plantes,  les  animaux  et  l'âme.  La  troisième  partie 
est  consacrée  à  la  métaphysique  et  à  la  théologie,  à  l'é- 
thique, l'économie  et  la  politique.  Un  abrégé  de  ce  grand 
ouvrage   est  intitulé   Le  commerce    des  commerces, 

1.  Manuscrits  au  Musée  britannique,  à  la  Bodlcienne,  à  Berlin  et  à 
Gœttingue,  comp.  ci-après,  p.  287. 

2.  Ms.  de  Berlin,  Sachau,  Kurzes  Verz.,  Aller  Bestand,  n»  30,  13. 

3.  Renan,  De  philosoj^hia  peripaL,  p.  Ci  et  suiv. 

4.  Dans  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  270,  cet  ouvrage  est  désigné  sous  le  nom 
de  Livre  de  la  Science  des  Sciences. 


LA  PHILOSOPHIE  PÉRIPATÉTICIENNE.  263 

IL-^L  l';^L.  Ici,  comme  dans  la  plupart  de  ses  traités  scien- 
tifiques, Barhebraeus  n'apporte  aucune  idée  nouvelle 
ou  originale;  son  œuvre  est  celle  d'un  érudit  qui  a  beau- 
coup lu  et  beaucoup  retenu  et  qui  dispose  ses  maté- 
riaux avec  méthode.  A  cette  classe  de  ses  écrits  appar- 
tient aussi ,  dit  Wright  ' ,  un  poème  rimé  sur  Udme 
selon  /es  ^iies  des  Péripatèticieiis  ^  et  dont  la  rime  est 
formée  par  la  lettre  schin,  ainsi  que  la  traduction 
syriaque  des  Théorèmes  et  ai'ertissenients  d'Avicenne 
et  de  La  crème  des  secrets  de  son  contemporain,  Atliir 
ad-Din  Mofaddal.  Ajoutons  encore  avec  Renan  ^  un 
autre  poème  rimé  de  Barhebrœus  sur  la  sentence  de 
Socrate  :  «  La  loi  est  bonne,  mais  la  philosophie  est 
meilleure  ».  La  rime  est  formée  par  la  désinence  ai? 
de  mots  grecs. 

Chez  les  Nestoriens ,  les  études  philosophiques  ces- 
sèrent avec  Ebedjésu  qui,  à  la  fin  de  son  catalogue, 
donne  la  liste  de  ses  propres  œuvres.  Ces  œuvres  com- 
prennent un  livre  des  mystères  des  philosophes  grecs 
et  douze  traités  sur  toutes  les  sciences  ^,  qui  semblent 
perdus. 

§  3.  —  Autres  versions  syriaques  de  la  philosophie 
grecque. 

Nous  avons  parlé  sous  le  paragraphe  précédent  des 
versions  syriaques  des  œuvres  d'Aristote  et  des  péri- 
patéticiens.  Les  Syriens  possédaient  encore  des  traduc- 
tions d'autres  ouvrages  de  la  philosophie  grecque,  dont 
la  plupart  nous  sont  parvenues  dans  des  manuscrits  du 

i.  Syriac  lileralure,  2®  éd.,  p.  270;  coinp.  Assémanf,  B.  0.,  H,  2(18.  Les 
œuvres  philosophiques  de  Barlichr.TUs  se  trouvent  dans  des  manuscrits 
des  principales  bibliothèf|ues  de  l'Europe. 

2.  De  philosophia  pcripatetica,  p.  67. 

3.  B.  0.,  n[,  jjars  I,  p.  300. 


264  VERSIONS  SYRIAQLES 

Musée  britannique  et  ont  été  éditées  par  Land,  Anec- 
dota  s//7'iaca,  I,  p.  64  et  suiv.,  Paul  de  Lagarde,  A/ia- 
lecta  syriaca,  et  Sacliau,  Inedita  syriaca  K 

La  littérature  gnomique  avait  un  charme  spécial  pour 
les  Syriens  qui  ont  réuni  des  sentences  morales  et  phi- 
losophiques dans  diverses  collections  sous  les  noms 
de  Pylhagore,  Platon,  Tliéano,  Ménandre,  le  pape 
Sixte,  etc.  Les  sentences  de  Pythagore  ont  été  éditées 
par  Lagarde,  Anal,  sy/-.,  p.  195-201;  titre  :  Traité  de 
Pythagore;  sentences  que  le  philosophe  Pythagore 
prononça  sur  la  vertu  et  qui,  par  leur  valeur,  ont  la 
beauté  de  Vor'^.  Gildemeister  a  reconnu  que  la  collec- 
tion syriaque  de  ces  sentences  procède  de  la  même  ré- 
daction que  la  collection  grecque  de  Demophilus;  il  a 
recherché  et  reproduit  les  sentences  grecques  corres- 
pondant au  syriaque. 

Les  écrits  attribués  à  Platon  comprennent  trois 
courts  morceaux  (Sachau,  Inedita  syriaca,  p.  66-70). 
Le  premier  contient  des  définitions  platoniciennes  déri- 
vées, en  grande  partie,  des  "Opot,  mais  dans  une  recen- 
sion  différente  ;  ces  définitions  ont  aussi  quelques  rap- 
ports avec  les  Définitions  de  Secundus  et  d'Epictète  dans 
Orelli,  Opuscula  veterum  Grsecoruni  moralia  et  sen- 
tentiosa,  I,  227  ,  230  ^.  Le  second  morceau  est  intitulé 
Préceptes  de  Platon  à  son  disciple;  il  est  rédigé  sous 
forme  de  dialogue  et  est  rempli  d'idées  chrétiennes  '. 

1.  Renan  a  le  premier  fait  connaître  ces  traductions  dans  sa  LcUre  à 
M.  Reinaud  sur  quelques  ms.  syr.  du  Musée  britannique,  publiée  dans 
le  Journal  asiatique,  4«  série,  183-2,  t.  XIX,  p.  293  et  suiv.  Dans  celle 
lettre  Renan  avait  également  indiqué  les  versions  syriaques  de  la  philo- 
sophie péripatéticienne,  dont  il  a  repris  l'examen  dans  sa  thèse  latine 
De  philosophia  peripatetica  apud  Syros. 

2.  Comp.  Renan,  Lettre  à  M.  Reinaud,  p.  303;  Gildemeister,  Hermès. 
18G9,  t.  IV,  p.  81;  Wright,  Journal  of  Ihe  royal  asiatic  Society,  Neiu 
séries,  \o\.  VII,  Part  I,  4874,  Appendix,  p.  5. 

3.  Saciiau,  Inedita  syriaca,  p.  iv:  Rexan,  Lettre  à  M.  Reinaud,  p.  307. 

4.  Renan,  Lettre  à  M.  Reinaud,  p.  308.  Renan  ajoute  :  «  Le  manuscrit 


DE  LA  PHILOSOPHIE  GRECQLE.  26o 

Le  troisième,  du  même  genre,  donne  des  définitions  de 
la  foi,  de  Dieu,  de  la  charité,  de  la  justice  et  de  la  vertu. 
Les  Préceptes  de  Platon  ont  été  traduits  en  anglais 
par  Cowper  [Syriac  Miscellanies ,  Londres,  18G1). 
M.  Sachau  a  émis  l'hypothèse  que  Sergius  de  Res- 
chaina  est  l'auteur  de  la  version  syriaque  de  ces  textes  ^  ; 
une  étude  critique  qui  reste  à  faire ,  montrera  si  cette 
version  présente  réellement  le  caractère  des  traduc- 
tions de  Sergius. 

La  petite  collection,  intitulée  Conseils  de  Théano, 
philosophe  pythagoricienne,  a  été  éditée  par  M.  Sa- 
chau (Inedita  syr.,  p.  70\  Les  sentences  attribuées  à 
cette  femme  philosophe  ne  se  retrouvent  pas,  à  l'ex- 
ception d'une  seule,  dans  les  écrits  grecs  publiés  sous 
le  nom  de  Théano. 

Cette  collection  est  suivie .  dans  l'édition  de  }d.  Sa- 
chau,  des  Sentences  des  philosophes  sur  Vdnie'-;  des 
Conseils  des  philosophes  et  de  la  Vie  du  philosophe 
Secundus.  La  vie  de  Secundus  est  incomplète  dans  la 
version  syriaque;  elle  s'arrête  après  la  définition  de  la 
mort;  c'est  une  recension  difïérente  du  texte  grec 
connu. 

Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Neiv-College 
d'Oxford  contient  aussi  des  maximes  de  Psellus,  Théo- 
crite,  Anaxagoras,  Protagoras,  Théano  et  Timachus, 
dont  quelques-unes  se  trouvent  dans  les  Sentences 
sur  l'dme  ^.  Un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Du- 
blin a  des  sentences  de  plusieurs  philosophes  grecs  ■*. 

syriaque  1^9  du  VaUcan   contient  aussi  des  préceptes  apocryphes  de 
Platon  à  son  disciple,  en  carschouni,  différents  de  ceux-ci.  » 
\.  Hermès,  iSTO,  t.  IV,  p.  78. 

2.  Comp.  Hermès,  18(j9,  t.  IV,  p.  72  et  78.  Ces  sentences  ont  été  tradui- 
tes en  anglais  par  Cowper,  Syriac  Miscellanies,  p.  43  et  suiv. 

3.  Publiées  par  Sacuau,  Inedita  syr.,  p.  v-vii. 

4.  Wrigut,  The  book  of  Kalilah  and  Dimnah,  Oxford,  188i,  Préface, 
p.  IX. 


2G6  VERSIONS  SYRIAQUES 

Les  sentences  de  Ménandre  sont  conservées  dans 
deux  ms.  du  Musée  britannique,  l'un  est  le  fameux 
ms.  Add.  14G58,  du  YII*^'  siècle,  qui  renferme  une  grande 
partie  de  la  logique  et  de  la  philosophie  syriaque; 
l'autre  est  le  ms.  Add.  14014,  du  VHP  siècle.  Le  pre- 
mier rapporte  cent  cinquante-trois  sentences,  qui  ont 
été  publiées  par  M.  Land  avec  une  traduction  latine  et 
des  notes  critiques  ^ .  Le  second  n'a  que  dix-huit  numé- 
ros qui,  saut  les  deux  premiers,  se  retrouvent  dans  la 
première  collection;  ce  petit  recueil  a  été  publié  par 
M.  Sachau,  Inedita  syriaca,  p.  80.  M.  Baumstark  quia 
étudié  les  deux  recueils  publiés  par  Land  et  Sachau  et 
qui  a  traduit  en  allemand  le  texte  syriaque  2,  estime  que 
le  recueil  Land  a  été  interpolé  et  augmenté  par  un  au- 
teur maladroit,  qui  était  antérieur  au  compilateur  du 
ms.  Add.  14658.  Les  interpolations  proviendraient  du 
document  qui  a  fourni  le  recueil  Sachau.  Les  premiers 
critiques  qui  se  sont  occupés  de  cette  collection  croyaient 
qu'elle  nous  avait  conservé  des  extraits  des  comédies 
de  Ménandre  qui  sont  presque  entièrement  perdues. 
M.  Baumstark  admet  qu'il  circulait,  déjà  au  milieu  du 
IV^  siècle,  deux  florilèges  des  sentences  de  Ménandre, 
laissant  indécise  la  question  qu'il  pose,  si  ces  florilèges 
ont  été  traduits  d'originaux  grecs  ou  s'ils  ont  été  tirés 
des  fables  d'une  nouvelle  comédie  de  Ménandre  traduite 
intégralement  en  syriaque  (!).  Mais  M.  Frankenberg 
qui  a  repris  l'étude  de  ces  sentences  dans  la  Zeitschr, 
fïir  die  Alttest.  Wisseîischaft,  1895,  XV,  p.  226,  y  voit 
un  produit  de  la  littérature  juive.  Sa  thèse  est  fondée 
sur  la  comparaison  d'un  certain  nombre  de  ces  sen- 


\.  Anecdota  syriaca,  t.  I,  texte,  p.  Oi;  traduction,  p.  158;  notes, 
p.  198. 

2.  Lv.cuhrationes  syro-grœcœ,  Leipzis,  1894,  dans  le  Supplément  XXI 
des  Annales  philosophiques^  p.  257-5-24. 


DE  LA  PHILOSOPHIE  GRECQUE.  267 

tences  avec  celles  que  Ton  trouve  dans  le  livre  de  Si- 
rach  et  dans  le  livre  des  Proverbes. 

Les  sentences  mises  sous  le  nom  du  pape  Sixte  ne 
sont  autres  que  les  sentences  du  philosophe  Sextus, 
dont  l'original  grec  a  été  retrouvé  et  publié  en  1892  par 
A.  Elter.  Elles  ont  été  traduites  en  syriaque  dans  deux 
versions,  qui  sont  réunies  dans  un  seul  recueil  et  qui 
forment  deux  collections  auxquelles  a  été  ajoutée  une 
troisième  collection  de  sentences.  Ce  recueil,  intitulé 
Pai'oles  choisies  de  Mar  Xijstus  èvêqiie  de  Rome^  a 
été  publié  par  Paul  de  Lagarde  [Aj^alecta  syriaca, 
p.  2-31)  et  traduit  en  allemand  par  Gildemeister  et 
Ryssel  '. 

Romanus,  un  médecin  et  un  moine  du  couvent  de 
Kartemin,  qui  devint  patriarche  en  887,  sous  le  nom 
de  Théodose,  est  l'autour  d'une  collection  de  cent  douze 
maximes  pythagoriciennes,  qu'il  traduisit,  en  grande 
partie,  du  grec  en  syriaque  et  auxquelles  il  ajouta  de 
courtes  explications  en  syriaque  et  en  arabe.  M.  Zoten- 
berg  en  a  donné  une  savante  édition,  avec  une  traduc- 
tion française,  dans  le  Journal  asiatique,  1876,  septième 
série,  t.  YIII,  p.  425  et  suiv.  «  Quelques-uns  des  ^vaOoXu 
nvOuyoor/.â  qui  nous  ont  été  transmis  par  les  auteurs 
grecs,  remarque  l'éditeur,  se  retrouvent,  littéralement 
traduits,  dans  notre  texte  syriaque.  Un  certain  nombre 
de  ces  sentences  ont  passé  du  syriaque  en  arabe  et  se 
retrouvent  dans  les  recueils  publiés  par  Scaliger,  Er- 
penius  et  Freytag,  et  aussi  dans  V Histoire  des  médecins 
dlbn  Abi  Ouseibia^.  » 

i.  Gildemeister,  Sexti  sententiarum  recensiones  latinam,  grxcam, 
syriacam  conjunciim  exhibuit...  Bonn,  1873;  V.  Ryssel,  Zeitschr.  fur 
wissenschaft.  Théologie,  I89:i-1897;  Rhein.  Muséum  fiir  Philologie,  neue 
Folge,  Ll,  189j.  Les  travaux  anlcrieurs  publiés  sur  ce  sujet,  sont  cités 
dans  les  articles  de  Ryssel. 

2.  ZOTENDEUG,  Op.  Cit.,   p.  433  i3i. 


268  VERSIONS  SYRIAQUES 

Une  petite  collection  de  sentences  attribuées  aux 
philosophes  grecs  est  conservée  dans  le  ms.  syr.  135 
du  Vatican.  Elle  porte  le  titre  de  «  Discours  des  philo- 
sophes pour  celui  qui  veut  posséder  en  lui  une  bonne 
patience*  ». 

L'apologue  appartient,  en  quelque  sens,  à  la  littéra- 
ture gnomique.  Nous  mentionnerons  à  cette  place  la 
version  syriaque  d'une  recension  des  fables  d'Ésope, 
que  AVright  place  entre  les  IX^  et  XP  siècle^.  Lands- 
berger  a  édité  un  texte  de  cette  version  retouché  par  un 
auteur  juif,  sous  le  titre  de  Die  Fabeln  des  Sophos, 
syiisches  Original  der  griechischen  Fabeln  des  Synti- 
pas,  Posen,  1859.  L'éditeur  croyait  retrouver  dans  ce 
texte  un  original  syriaque,  mais  Geiger  a  établi  que  le 
mot  Sophos  était  une  altération  d^Esophos,  Esope ^. 
D'autres  manuscrits  portent /os//;Ao5,  «  Joseph  »,  qui 
est  une  autre  corruption  du  même  nom. 

Du  même  genre  sont  les  huit  fables  que  Rœdiger  a 
publiées  dans  sa  Chrestoniathia  syriaca,  2^  éd.,  Halle, 
1868,  p.  97,  d'après  un  ms.  de  Berlin  où  elles  aont  insé- 
rées dans  L'histoire  de  Joseph  et  du  roi  Nabuchodo- 
nozor;  et  les  trois  fables  imprimées  par  Wright  '*. 

Nous  citerons  encore  Le  livre  des  contes  amusants, 
)î^--.r^No  i-Ijoi.;  j^Eo,  dc  BarhebrsBus ,  quoique  cet  ouvrage 
ne  dérive  pas  du  grec  et  n'ait  aucune  prétention  au 
titre  de  livre  philosophique.  Les  premiers  chapitres 
renferment  des  sentences  des  philosophes  grecs,  per- 

1.  Elle  a  été  éditée  par  Guidi,  Rendicoti  délia  R.  Accademia  dei  Lin- 
cei,  juin  188G,  p.  oc>4o5G. 

2.  Syriac  literature,  2«  édil.,  p.  2H. 

3.  Dans  la  Zeitschr.  der  deut.  morgenl.  Gesellschaft,  48GO,  t.  XIV, 
p.  58G  et  suiv. 

4.  Wright,  Journal  of  the  royal  asiatic  Society,  1874,  vol.  VII,  Part  I, 
Ai^i^cndix,  p.  4;  The  Book  of  Kalilah  and  Ditmiah,  Préface,  p.  ix-x; 
comp.  HociiFELD,  Beitràge  zur  syrischen  Fabellitteratur,  Halle,  1893; 
SA.CUAL-,  Verzeichniss  der  syr.  Handschriften,  Berlin,  1899,  p.  2GG,  439, 
725. 


DE  LA  PHILOSOPHIE  GRECQLE.  269 

sans,  indiens  et  juifs,  des  ascètes  chrétiens  et  musul- 
mans. Le  chapitre  X  donne  un  choix  de  fables  d"a- 
nimaux;  il  est  suivi  de  contes,  dont  quelques-uns  d'une 
obscénité  qui  étonne  de  la  part  d'un  évêque;  l'auteur 
s'en  excuse;  il  a  voulu,  dit-il,  être  complet.  Une  col- 
lection des  caractères  physiognomoniques  décrits  par 
les  philosophes  forme  le  vingtième  et  dernier  chapitre. 
M.  Morales  a  publié  des  extraits  de  cet  ouvrage,  avec 
une  traduction  allemande,  dans  la  Zeitschr.  de?-  dent, 
moi'geid.  Gesellschaft,  1886,  t.  XL,  p.  410  et  suiv.  ^ 
M.  Budge  en  a  donné  une  édition  complète  à  Londres 
en  1897,  avec  une  traduction  anglaise-.  L'éditeur  a 
ajouté  quelques  poésies  de  Barhebrœus  sur  la  morale 
et  une  élégie  sur  la  mort  du  patriarche  Jean  bar  Ma- 
dani,  qui  est  un  des  plus  beaux  morceaux  de  la  littéra- 
ture syriaque  de  la  dernière  époque. 

Barhebraeus  composa,  dans  le  même  genre,  un  livre 
en  arabe  sous  le  titre  de  L'éloignement  du  soucP. 

Revenant  aux  traductions  syriaques  de  la  philoso- 
phie grecque,  nous  rencontrons  :  un  dialogue  sur 
l'àme  entre  Socrate  et  Erostrophos,  Analecta  si/r., 
p.  158;  un  traité  sur  l'âme.  Studia  Si'naitica,  I,  p.  19; 
le  discours  d'Isocrate  à  Demonichus,  Anal.  syj\, 
p.  167-177  ;  un  traité  IIsol  uoxrjoscog  ou  De  exercitatione , 
attribué  à  Plutarque,  Anal,  si/r.y  p.  177-186;  le  traité 
de  Plutarque  contre  la  colère,  Ilsot  uoQyr^oiug,  Anal. 
syr.,  p.  186-195;  le  traité  de  Lucien  contre  la  calom- 
nie, Tlsoi  Tov  firj  çaâU'jç  nLOravsiv  âiaOolîj,  édité  par  Sa- 
chau,  Inedita  syriaca,  p.  1-16;  un  traité  de  Themis- 


1.  Quelques  spécimens  sont  imprimés  dans  la  Chrestomalhia  syriaca 
de  KiR>;cii  et  Bf.p.nstein,  2"  éd.,  Leipzig,  183G,  p.  1-4.  Assémasi  avait  fait 
connaître  le  titre  des  chapitres,  B.  0.,  H,  p.  306. 

-2.  Tfi"  laxifjhable  Stories  collected  by  Mar  Gregory  John  Bar-Hebrœus. 

3.  AsstMAM,  B.  0.,  n,  p.  208  et  -2T-2. 


270  VERSIONS  SYRIAQUES 

tins  IJsoî  uosTr^ç,  qui  n'est  pas  connu  en  grec,  Ined. 
syr.,  p.  17-47  ;  le  traité  de  Themistius  TIsqI  cfûJaç,  Ined. 
syr.y  p.  48-65. 

Le  dialogue  entre  Socrate  et  Erostrophos  ne  corres- 
pond à  aucun  des  dialogues  Platoniques,  mais  il  est 
évidemment,  dit  Renan  ^  de  la  famille  de  ces  dialogues 
supposés,  tels  que  TEryxias,  l'Axiochus,  le  Minos, 
l'Hipparque. 

Les  versions  des  discours  d'Isocrate  à  Demoniclius, 
observe  M.  Ryssel-,  et  du  traité  de  Lucien  sur  la  ca- 
lomnie sont  libres  plutôt  que  littérales,  «  Les  grandes 
omissions,  ajoute  M.  RysseP,  que  présente  la  version 
du  discours  d'Isocrate,  comparée  avec  les  ms.  grecs, 
sont  d'une  telle  importance  qu'il  n'est  pas  impossible 
que  le  texte  grec  du  discours ,  dont  l'authenticité  est 
mise  en  doute  par  plusieurs  savants,  procède  d'une 
recension  postérieure;  dans  ce  cas,  la  forme  de  cette 
recension  tardive  différerait  des  autres  discours  d'Iso- 
crate reconnus  authentiques,  parce  que  le  reviseur 
effaçait  dans  maints  endroits ,  sans  se  gêner,  le  carac- 
tère stylique  d'Isocrate.  La  traduction  syriaque  remon- 
terait, dans  cette  hypothèse,  à  une  forme  plus  archaï- 
que de  l'original;  la  preuve  en  serait  Tomission  de 
phrases  sans  importance  et  non  nécessaires.  La  version 
du  traité  de  Lucien  contre  la  calomnie  est  du  même 
genre;  ce  n'est  pas  une  traduction  littérale;  elle  omet 
des  mots  et  des  phrases  avec  l'intention  de  rendre  la 
pensée  plus  claire  et  plus  transparente ,  ou  elle  para- 
phrase et  ajoute  avec  la  préoccupation  d'exprimer  plu- 
tôt le  sens  des  phrases  que  le  sens  des  mots.  La  même 
caractéristique  peut  être  aussi  donnée  du  texte  syriaque 

\.  Lettre  à  M.  Reinaud,  p.  299, 

2.  Ueber  den  texlkyilischen  Wert/i  der  syr.  Uebersetzungen,  I,  p.  4. 

3.  Ibid..  Il,  p.  44, 


DE  LA  PHILOSOPHIE  GRECQUE.  271 

du  ricoî  (fûÂaz.  qui  est  plus  court  que  le  grec  ^  » 
A  la  classe  des  versions  qui  sont  des  remaniements 
plutôt  que  des  traductions  d'un  original  grec,  appar- 
tiennent :  le  traité  de  Plutarque  IIeqî  dooyr^olaç  et,  sans 
doute  aussi,  le  traité  IIsol  doy.rjoscoç  attribué  à  Plu- 
tarque et  dont  le  grec  ne  sest  pas  retrouvé-.  Le  plus 
souvent  le  traducteur  prend,  comme  base  de  son  tra- 
vail, les  pensées  de  Plutarque  et  construit  avec  elles 
un  nouvel  ouvrage;  ces  versions  sont  de  peu  d'utilité 
pour  la  critique  du  texte  grec. 

M.  Baumstark  qui.  après  Gildemeister  et  Ryssel,  a 
examiné  ces  versions,  arrive  aux  mêmes  conclusions 
avec  quelques  différences  importantes^.  Il  croit  y  re- 
connaître le  genre  de  traduire  propre  à  Sergius  de 
Reschaina;  ce  serait  donc  des  traductions  de  ce  célèbre 
interprète^.  Pour  expliquer,  d'un  côté,  les  divergen- 
ces que  ces  versions  présentent  entre  elles  et,  d'un 
autre  côté,  les  erreurs  et  les  lacunes  qu'elles  contien- 
nent, M.  Baumstark  admet  des  revisions  ultérieures  : 
un  premier  reviseur,  peu  de  temps  après  la  mort  de 
Sergius,  aurait  remanié  le  discours  disocrate  à  De- 
monicus;  un  second  aurait  retravaillé  les  versions  de 
Lucien  et  de  Themistius;  un  troisième  serait  l'auteur 
des  profondes  modifications  subies  par  le  texte  sy- 
riaque des  traités  de  Plutarque.  L'apparat  critique  sur 


1.  Le  syriaque  s'arrête  à  la  p.  ùio  de  l'édition  de  Petavils  et  à  la 
p.  3-23,  1.  12,  de  l'édition  de  W.  DiNDor.F. 

•2.  Ryssel,  Ueber  den  lextkritischen  Werth,  eic.  I,  p.  4;  II,  p.  5o; 
comp.  Gildemeister,  Rheinisches  Muséum  fur  Philologie,  neue  Folge, 
t.  XXVII,  p.  tiiO  et  suiv.  Gildemeister  et  Buecheler  ont  publié  dans  ce 
volume  une  traduction  allemande  du  texte  syriaque  du  Heoï  âox^aeoo; 
et  du  H€QÏ  àoçyTjoîa;. 

3.  Lucuhraliones  syro-grxcx,  Leipzig,  1894,  dans  le  Supplément  XXI 
des  Annales  philologiques,  p.  40:j  et  suiv. 

4.  M.  Saclinu,  Hermès,  1870,  vol.  IV,  p.  78,  avait  déjà  émis  la  même 
conjecture  pour  la  plupart  des  versions  mentionnées  ci-dessus. 


272  VERSIONS  SYRIAQUES 

lequel  est  basée  cette  hypothèse  est  solidement  établi , 
mais,  en  pareille  occasion,  une  preuve  convaincante 
est  impossible. 

La  version  du  traité  de  Plutarque  sur  les  avantages  à 
tirer  de  ses  ennemis  [De  capienda  ex  iiiimicis  utilitate) 
rentre  dans  la  même  classe  des  traductions  syriaques. 
Elle  se  trouve  avec  les  versions  du  Ilsol  cagxtJoswç  et  du 
Ilsoî  dooyï]oiaç  dans  le  ms.  du  Sinaï  qui  a  fourni  à 
M.  Rendel  Harris  le  texte  syriaque  de  YApologie 
d'Aristide  (voir  ci-dessus,  p.  167).  M.  Nestlé  l'a  pu- 
bliée avec  une  traduction  anglaise  dans  les  Studia 
Sinaitica,  n°  IV,  sous  le  titre  de  A  tract  of  Plutarch 
on  the  advantage  to  be  derived  from  ones  enemies, 
Londres,  1894.  M.  Nestlé  incline  à  voir  ici  la  même 
main  qui  a  traduit  le  TIeqI  oogyr^oiaq  et  le  IIsqI  aQETrjç. 
M.  Rvssel  qui  a  traduit  cette  version  en  allemand, 
ne  reconnaît  pas  le  caractère  des  traductions  de  Ser- 
gius,  Rhein.  Museiun,  neue  Folge,  LI,  1896,  p.  1  et 
suiv.  Comp.  Nœldeke  ,  Zeitschr.  der  deut.  morgenl. 
GeselL,  XLIX,  p.  324  ;  Franz  Cumont,  Réunie  de  Phi- 
lologie, 1895,  p.  81. 

M.  Gottheil  a  publié  des  fragments  d'une  version 
syriaque  d'Apollonius  de  Tyane ,  Zeitschr.  der  deut. 
morg.  GeselL,  1892,  XLVI,  p.  466. 


XV 


LES  SCIENCES  CHEZ  LES  SYRIENS. 


§  1.  —  La  médecine. 

La  médecine  fut  particulièrement  cultivée  par  les 
Syriens  qui  s'acquirent  en  Orient  une  grande  notoriété 
dans  cette  science.  Barhebraeus  rapporte  dans  sa  chro- 
nique syriaque  '  que ,  lorsque  Sapor  fonda  la  ville  de 
Gondésapor,  il  fit  venir  dans  cette  ville  des  médecins 
grecs,  qui  introduisirent  en  Orient  la  médecine  d'Hip- 
pocrate  ^.  «  Il  y  eut  aussi,  ajoute-t-il,  des  médecins 
syriens  qui  devinrent  illustres,  tels  que  Sergius  de  Res- 
chaina,  Atanos(?)  d'Amid  ^:  Philagrius,  Siméon  de  Tai- 
bouteh,   Grégoire  l'évêque.  Théodose  le  patriarche, 

\.  Éd.  BuCNS  et  Kir.'^cii.  p.  G-2;  éd.  Bedjax,  p.  57. 

•2.  Suivant  Taijari  (N(jeldeke,  Geschichle  der  Perser...  Tabari,  Leide 
\S~-2,  p.  G", ,  Sapor  fit  venir  de  i'Inde  un  médecin  qu'il  établit  en  Susiane 
à  Karka  de  Beit-Lapat  (ou  Gondésapor),  et  c'est  de  ce  médecin  que  les 
Susiens  tenaient  leurs  connaissances  médicales. 

3.  |.,^v^|  vicoo^,/,  cette  orthographe  ne  se  prête  pas  à  la  lecture 
d'Athahase  d'Amid.  Athanase,  nommé  mapiirien  d'Amid  par  le  patriarche 
Tlicodose,  on  887,  n'est  pas  connu  comme  médecin,  en  outre  la  place 
que  Barhebr.TUs  assigne  à  v^acuL^J  dans  son  énumération  ne  permet  pas 
de  considérer  celui-ci  comme  un  contemporain  de  Théodose.  Nous  ne 
savons  rien  non  plus  des  médecins  Philagrius  et  Grégoire  nommés  dans 
celte  notice.  Gréfjoire  l'évêque ,  à.  cause  de  la  place  qu'il  occupe,  ne 
peut  désigner  Barhebraius,  qui  fut  un  des  médecins  du  Sultan  à  .\lcp 
en  12C3,  Chron.  eccL,  I,  747. 


274  LA  MEDECINE. 

le  célèbre  Honein,  fils  d'Isliak,  et  beaucoup  d'autres 
après  ceux-ci.  Ils  étaient  tous  syriens,  mais  Aaron  le 
prêtre  n'était  pas  syrien  ;  son  livre  fut  traduit  du  grec 
en  syriaque  par  Gosius  d'Alexandrie.  » 

Sergius ,  le  médecin  en  chef  de  Reschaina ,  traduisit 
une  partie  des  œuvres  de  Galien.  Le  manuscrit  Add. 
14G61  du  Musée  britannique  contient  les  livres  VI-VIII 
du  TjYiité  des  simples,  IIspi  xpàueojv  xe  xai  ouvo([jl£wv  twv 
aTrXwv  <J/apuàxwv.  Chaque  livre  est  précédé  d'une  courte 
introduction  de  Sergius,  adressée  au  prêtre  Théodore, 
et  d'une  liste  des  noms  des  plantes  qui  y  sont  traitées 
avec  leurs  équivalents  en  syriaque.  Si  le  manuscrit  est 
réellement  du  VP  ou  du  VIP  siècle ,  comme  Wright 
le  pensait  ^  on  devra  considérer  comme  ajoutées  après 
coup  les  gloses  arabes  qu'il  contient.  M.  Merx  a  publié 
des  extraits  de  cette  version  dans  la  Zeitschrift  der 
deut.  îïiorg.  Gesellschaft,  1885,  t.  XXXIX,  p.  237  et 
suiv.  Le  ms.  Add.  17156  renferme  des  fragments  de 
Laj't  médical  Qi  des  Facultés  des  aliments  de  Galien  ^; 
ces  fragments  ont  été  édités  par  M.  Sachau,  Inedita 
syriaca,  p.  88-97.  Les  traductions  de  Sergius  ont  été 
revisées  au  IX^  s.  par  Honein  ibn  Ishak  ^.  Cette  revision 
ne  nous  est  pas  parvenue,  mais  le  lexique  syriaque  de 
Bar  Bahloul,  qui  cite  Sergius,  rapporte  quelquefois 
les  nouvelles  explications  de  Honein  ^. 

Le  Gosius  qui,  selon  la  notice  de  Barhebrœus,  tra- 
duisit en  syriaque  le  Syntagma  médical  du  prêtre  et 
médecin  Aaron  d'Alexandrie,  est  sans  doute  GesiusPe- 
trseus  qui  vivait  au  temps  de  l'empereur  Zenon  '\  Dans 
un  autre  passage  [Histoire  des  Dynasties,  éd.  Pococke, 

1.  Caial,  p.  1187. 

2.  Wright,  Catal.,  p.  1188. 

3.  Voir  Ibn  Abi  Ocseibia,  I,  204. 

4.  Immanuel  Loew,  Aramseische  Pflanzennamen,  Leipzig,  1881,  p.  18. 

5.  Voir  Baumstark,  Lucubrationes  syro-grsecœ,  note  GO. 


LA  MEDECINE.  275 

p.  158,  éd.  Salhani,  p.  157),  Barhebraeus  ajoute  que  le 
recueil  d'Aaron  se  composait  de  trente  livres,  auxquels 
Sergius  ajouta  deux  autres  livres.  M.  Steinschneider 
considère  cette  assertion  comme  erronée  ;  l'auteur  des 
deux  livres  additionnels  est  le  traducteur  arabe  Ma- 
sardjawaihi  ou  Masardjis  '. 

Siméon  Taibouteh,  qui  écrivait  à  la  fin  du  VII''  siècle, 
composa ,  outre  des  ouvrages  ascétiques ,  un  livre  sur 
la  médecine  ^.  Ce  livre  est  cité  dans  le  lexique  syriaque 
de  Bar  Bahloul,  mais  il  ne  nous  est  pas  parvenu. 

Nous  ne  possédons  pas,  non  plus,  le  recueil  médical 
de  Romanus,  devenu  plus  tard  le  patriarche  Théodose. 
Barhebrœus  nous  apprend  que  ce  recueil  était  très 
estimé  de  son  temps  ^. 

La  pléiade  des  célèbres  médecins  nestoriens  de  Bag- 
dad commence  avec  George  Boktjésu,qui  se  fit  con- 
naître à  Gondésapor  et  que  le  calife  Al-Mansour,  le 
iondateur  de  Bagdad,  manda  auprès  de  lui  dans  la 
nouvelle  capitale.  La  famille  des  Boktjésu  s'illustra  sous 
les  califes  qui  suivirent.  Gabriel  bar  Boktjésu,  le  petit- 
fils  de  George,  est  l'auteur  d'un  Compendium  arabe  des 
œuvres  de  Dioscoride,  Galien  et  Paul  dEgine,  cité 
souvent  dans  le  lexique  de  Bar  Bahloul.  La  transcrip- 
tion des  mots  grecs,  passés  en  arabe  par  l'intermé- 
diaire du  syriaque,  a  défiguré  d'une  manière  déplorable 
les  noms  des  plantes,  et  Bar  Bahloul  ne  s'est  pas  fait 
faute  de  rapporter  ces  mots  défigurés,  qu'il  enregistre 
soit  comme  des  termes  nouveaux,  soit  comme  des 
synonymes  des  noms  corrects  ^.  Assémani,  interprétant 

\.  Steinschneider,  Al-Farabi,  dans  les  Mémoires  de  V Académie  des 
Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  7«  série,  t.  XUI,  n"'  -i,  p.  G6. 

2.  Catal.  Ébedjésu,  B.  0.,  HI,  pars  I,  181;  B.vr.iiEDU.ELs,  Chron.  eccl. 
II.  130. 

3.  Chron.  eccl,  I,  391. 

4.  Voir  Immamel  Lûew,  Aramœische  P/Ianzenna)nen.  p.  1213. 


276  LA  MÉDECINE. 

mal  un  passage  du  catalogue  d'Ébedjésu  ^  croyait  que 
Gabriel  avait  composé  un  lexique  ;  il  traduit  :  «  Bar 
Bahlul  composuit  lexicon  ex  multis  collectum  libris  et 
Jesu  bar  Ali  medicus  et  Mazurseus  et  Gabriel  ».  Mais 
il  faut  entendre  :  «  Bar  Bahlul  conscripsit  lexicon,  eu- 
jus  magna  pars  composita  fuit  e  libris  Jesu  bar  Ali 
medici  et  Mazurœi  et  Gabrielis.  » 

Jean  bar  Maswai,  ou  Yahya  ben  Maswaih  [f  857), 
dirigea  l'école  la  plus  fréquentée  de  Bagdad.  Il  com- 
posa plusieurs  livres  de  médecine ,  soit  en  syriaque , 
soit  en  arabe,  et  ses  versions  d'ouvrages  grecs  ajoutè- 
rent à  sa  réputation  d'écrivain.  Le  Iwre  su 7^  la  plèvre, 
mis  sous  le  nom  de  Jean  bar  Maswai  dans  des  traduc- 
tions hébraïques  et  latines,  est  un  épitomé  des  con- 
naissances médicales  des  Syriens  et  des  Arabes. 
W.  Pagel  a  édité  en  partie  et  en  partie  analysé  un  ms. 
de  Paris,  contenant  la  soi-disant  chirurgie  de  Jean 
bar  Maswai^.  Actuellement  on  n'est  pas  en  état  de 
dresser  un  catalogue  exact  des  œuvres  de  ce  médecin  ^. 

Honein  (f  STS"*),  fils  d'ishak  et  disciple  de  Jean  bar 
Maswai,  après  avoir  étudié  à  Bagdad,  alla  apprendre 
le  grec  en  Occident  (à  Alexandrie).  De  retour  à  Bag- 
dad, il  se  fit  connaître  par  des  traductions  syriaques  et 
arabes  des  œuvres  de  Dioscoride,  d'Hippocrate  %   de 


1.  B.  0.,  III,  pars  I,  p.  257-258. 

2.  Die  angeblicne  Chirurgie  des  Joh.  Masuë,  Berlin,  1893. 

3.  Steinscuxeider,  Zeitsch.  der  deut.  morg.  Gesell.,  1893,  t.  XLVII, 
,3ol-3o4. 

4.  Le  28  Safar  de  l'an  2G0  de  THégire  et  le  1"  Kanoun  de  l'an  1185 
des  Grecs,  suivant  le  Kitdb  al-Fihrisl,  294;  fautivement  le  23  Safar  2Gi 
des  Arabes  et  le  1"  Kanoun  1188  des  Grecs,  suivant  Ibn  Abi  Ouseibia,  I, 
490.  BarliebrcTUS  (C/îron.  syr.,  éd.  Brlns,  170,  éd.  Bedjaîs',162)  a  confondu 
les  deux  dates  en  donnant  le  synchronisme  1188  des  Grecs  et  260  des 
Arabes;  conip.  Assémam,  jB.  0.,  III,  pars  1, 1G4. 

5.  Steinscuneider,  Op.  laud.,  350,  mentionne  le  traité  d'Hippocrate 
sur  les  maladies  aiguës  avec  le  commentaire  de  Galien,  traduit  par 
Honein  (ms.  de  Paris,  texte  arabe  en  caractères  hébreux). 


LA  MEDECINE.  277 

Galien  et  de  Paul  d'Égine,  et  par  ses  revisions  des 
anciennes  versions  de  Sergius  de  Reschaina.  Les  gloses 
de  Dioscoride  sur  les  plantes,  que  Bar  Bahloul  em- 
prunte à  Honein,  sont  beaucoup  plus  correctes  que  celles 
qui  sont  citées  d'après  Gabriel  Boktjésu'.  Barliebrœus 
attribue  à  Honein,  en  dehors  de  ses  traductions,  des 
œuvres  personnelles  composant  vingt-cinq  volumes  ^. 
«  Honein,  ajoute-t-il,  laissa  deux  fils,  dont  l'un,  Isaac, 
fit  de  nombreuses  traductions.  Il  avait  aussi  un  neveu, 
du  nom  de  Hobeisch ,  qui  fut  également  un  interprète 
distingué  des  livres  sur  la  médecine ,  mais  la  plupart 
de  ses  œuvres  ont  passé  à  la  postérité  sous  le  nom  de 
Honein.  »  De  nombreux  traités  arabes  de  médecine  ^ 
circulaient  sous  le  nom  de  Honein. 

a  L'œuvre  de  cet  auteur,  la  plus  célèbre  et  la  plus 
répandue,  dit  M.  Steinschneider^  est  une  Introduction 
à  la  science  médicale  qui  suit  \ Ars  parva  de  Galien, 
mais  le  livre  est  rédigé  par  demandes  et  réponses.  Ho- 
nein le  laissa  en  projet  ou  incomplet,  et  son  neveu 
Hobeisch  le  mit  par  écrit  ou  le  compléta.  » 

Jean,  fils  de  Sérapion,  ou  Sérapion  l'aîné  (fin  du 
IX"  s.  ou  commencement  du  X^},  composa  en  syriaque 
deux  recueils  ou  Pandectes,  le  premier  en  douze  li- 
vres et  le  second,  plus  répandu,  en  sept  livres,  dont 
le  dernier  est  un  traité  d'antidotes.  Le  second  recueil 
a  été  traduit  en  arabe  par  plusieurs  auteurs  (Mousa 
ben  Ibrahim  al-Hadith,  Ibn  Bahloul,  et  peut-être  Abou 
Bischr  Mattai),  et  en   latin  par   Gérard  de  Crémone 


1.  IMMAM'EL  LoEW,  Aram.  Pflanzennamen,  p.  13. 

2.  Chron.  syr.,é(i.  Bkuns,  170,  éd.  Bedjan,  163. 

3.  Ibn  Adi  Olskibia,  1, 184,  iiOO;  Kilab  al-Fihrist,  294;  comp.  KLAMROTn, 
Zeitschr.  der  deut.  morg.  GeselL,  188G,  l.  LX,  195  et  suiv.,  201,  021  et 
suiv. 

4.  Die  hebrdischen  Uebersetzungen  des  MillclaUers,  Berlin,  1893,  p.  703, 
5  437. 

IG 


278  LA  MÉDECINE. 

sous  le  titre  de  Practica  swe  Breviarium  et  par  Abra- 
ham de  Tortose  ^ . 

D'autres  Syriens  écrivirent  sur  la  médecine,  mais 
leurs  ouvrages  étant  en  arabe  ^,  nous  les  laissons  pour 
arriver  à  Barhebrœus. 

Barhebraeus.  qui  fut  aussi  un  médecin  distingué, 
composa  plusieurs  ouvrages  sur  la  médecine  :  une 
version  et  un  épitomé  du  traité  des  simples  de  Diosco- 
ride  sous  le  titre  de  Livre  de  Dioscoride;  un  com- 
mentaire en  arabe  des  Aphorismes  d'Hippocrate;  un 
commentaire  en  syriaque  sur  les  Questions  de  méde- 
cine d'Honein  avec  une  version  partielle  de  ces  ques- 
tions ^.  Ces  ouvrages  semblent  perdus.  M.  Gottheil  a 
publié  le  chapitre  du  Candélabre  des  sanctuaii^es 
(voir  p.  252)  contenant  un  résumé  des  plantes  médici- 
nales de  Dioscoride  ^. 

§  2.  —  L'histoire  naturelle. 

Il  existe  plusieurs  recensions  syriaques  de  l'histoire 
des  animaux  connue  sous  le  nom  de  Physiologus.  La 
rédaction  la  plus  brève  a  été  publiée  par  Tychsen^; 
elle  comprend  trente-deux  petits  chapitres.  M.  Land  ^ 
a  édité  un  texte  plus  développé  ,  divisé  en  quatre-vingt- 
un  chapitres;  chaque  chapitre  est  suivi  d'une  théorie 

1.  Voir  IBN  Abi  Ouseibia  ,  I,  109;  D""  Lecleuc,  Histoire  de  la  médecine 
arabe,  Paris,  1876,  I,  113-117;  Steinschneider,  Die  hebràischen  Ueberset- 
zungen,  p.  736,  §  474. 

2.  Excepté  ceux  du  médecin  Gabriel. du  XIIP  siècle,  qui  composa  en 
syriaque  à  Edesse  de  nombreux  livres  sur  la  médecine  et  la  pliiloso- 
pliie,  suivant  Barhebr.els,  Chron.  syr.,  éd.  Bruns,  p.  485,  éd.  Bedjan, 
p.  457. 

3.  Brahebr-EUS,  Chron.  eccl,  II,  p.  479;  Assémam,  B.  0.,  II,  268. 

i.  A  list  of  plants  and  their  lyroperties  {for  private  circulation),  Ber- 
lin, 1886. 

5.  Physiologus  syrus  seu  Hisloria  animalium,  Rostock,  1793. 

6.  Anecdota  syriaca,  IV,  texte  1-99;  traduction  latiue  31-98;  commen- 
taire 113-176. 


LHISTOlllt:  NATURELLE.  279 

(ou  commentaire)  basée  sur  la  Bible  et  les  dogmes 
chrétiens:  nombreux  emprunts  aux  homélies  de  saint 
Basile  sur  Thexaméron.  M.  Land  a  établi  une  table  de 
concordance  des  différentes  versions  grecques,  latines, 
syriaques,  etc..  de  cet  ouvrage.  L'auteur  d'une  troisième 
recension,  que  M.  Ahrens  a  fait  connaître  ^ ,  a  utilisé, 
outre  les  sources  communes,  des  documents  arabes. 
Les  cent  vingt-cinq  chapitres  qui  composent  le  livre 
sont  consacrés  non  seulement  aux  animaux,  mais  à  des 
arbres  et  à  des  pierres;  des  notices  géographiques 
forment  une  section  particulière  chap.  80-89^.  Cette 
composition  n'a  pas  les  théories  de  l'édition  Land.  Elle 
est  d'origine  nestorienne.  C'est  la  source  des  extraits 
du  Physiologus  que  l'on  trouve  dans  le  lexique  de  Bar 
Bahloul. 

Les  histoires  fabuleuses  des  animaux  étaient  connues 
aux  Syriens  par  La  lettre  d'Alexandre  à  Anstote  de 
Pseudo-Callisthène -.  Cette  lettre  a  été  publiée  à  part 
dans  la  chrestomathie  syriaque  de  Rœdiger.  2-  éd., 
p.  112-120. 

Denys  bar  Salibi  composa  un  traité  sur  la  structure 
du  corps  humain,  dont  deux  courts  fragments  existent 
à  la  Bodléienne  ^.  —  Du  même  genre  est  un  traité  en 
vers  de  sept  syllabes,  incomplet  au  commencement, 
dans  le  ms.  116  de  la  Collection  Sachaii  à  Berlin: 
M.  Gottheil  l'a  publié  dans  Hebraica,  IV,  206-215. 

L'agriculture  est  représentée  en  syriaque  par  une 
version  des  géoponiques  grecques,  contenue  dans  un 
ms.  du  Musée  britannique,  du  VIII^ou  IX^  siècle,  et  qui 
a  été  publiée  par  Paul  de  Lagarde  *.  Le  manuscrit,  in- 

1.  Bas  Buch  der  NaturgegensUhïde,  Kiel.  1802. 

2.  Sur  la  version   syriaque   du   Roman  d'Alexandre,  voir    ci -après 
n°  xvn .  §  2. 

3.  Calai  Payne  Smith,  col.  529. 

4.  Geoponicon    in   sermonem  syriacum   versorum   qux  supcrsunt. 


280  L'HISTOIRE  NATURELLE. 

complet  au  commencement  et  à  la  fm,  ne  porte  ni  titre 
ni  nom  d" auteur  ;  il  renferme  un  texte  assurément  ancien, 
qui  rappelle  les  traductions  littérales  des  premiers  siè- 
cles, comme  celles  de  Sergius  de  Reschaina.  M.  Baum- 
stark  rapporte  à  ce  dernier,  avec  beaucoup  de  vraisem- 
blance ,  les  géoponiques  syriaques  et  il  a  observé  que 
le  manuscrit  édité  par  Lagarde ,  loin  de  reproduire  une 
version  intégrale,  ne  donne  qu'un  épitomé  maladroi- 
tement abrégé  par  un  Syrien  postérieur  ^  L'œuvre  de 
Sergius  est  mieux  représentée  par  la  version  arabe, 
attribuée  à  tort  à  Kosta  ben  Luca  et  conservée  dans  un 
ms.  de  Leide.  L'intérêt  du  texte  syriaque  est  surtout 
lexicographique  ;  il  nous  a  transmis  un  grand  nombre 
de  mots,  de  noms  de  plantes,  qui  apparaissent  ici  avec 
un  sens  précis.  L'original  que  le  traducteur  rendit  en 
svriaque  était  le  livre  d'Anatolius  Vindanius  de  Bei- 
routh  (dans  Photius,  cod.  163)   ou    ^AvarôXioq  Ov'ù'âa- 
vicôi'LOç  Br^ovnog  (dans  les  géoponiques  grecques).  Cet 
ouvrage  grec  ne  s'est  conservé  que  dans  la  compilation 
de  Cassianus  Bassus^,  où  il  a  passé  presque  en  entier. 
Les  géoponiques  syriaques  sont  citées  dans  le  lexique 
de  Bar  Baliloul  sous  le  titre  de  Lwre  de  Vagriculture 
fait  par  launios;  Ibn  al-Awâm  écrit  le  nom  de  Fauteur 
en  arabe  lounios;  ce  nom  représente  la  dernière  partie 
de  [OvïrÔLfyiwvLoq^.  Nous  savons  par  Photius  que  les 

Leipzig,  1800 ;  comparer  De  Geoponicon  versione  syriaca  scripsit  A.  P.  de 
Lagarde,  Berlin,  1855,  réimprimé  dans  les  Gesaynmelte  Abhandlungen 
de  Lagarde,  Leipzig,  48GG-,  comp.  Lagarde,  Mitlheilungen,  I,  192. 

1.  Lucubrationes  syro-grœcœ.  p.  390.  Hadji  Klialfa  cite  parmi  les  tra- 
ducteurs du  Livre  de  Vagriculture  un  certain  Sergius,  fils  d'Éiias,  qui 
pourrait  désigner  Sergius  de  Reschaina,  voir  Baumstauk,  ibid.,  p.  379. 

"2.  n  en  a  été  fait  quatre  éditions,  dont  la  dernière  par  M.  Henri 
Beckh,  Geoponica  sive  Cassiani  Bassi...  eclogee,  Leipzig  1895,  dans  la  col- 
lection de  Teubner.  M.  Beckli  a  consulté  la  version  syriaque,  mais  il 
aurait  pu  encore  en  tirer  plus  de  profit  pour  la  critique  du  texte  grec. 

3.  Voir  iMMANXiEi.  Low,  d'après  Rose,  Aramœische  Pflanzennamen, 
p.  13. 


L'HISTOIRE  NATURELLE.  281 

églogues  géorgiqiies  d'Anatolius  Yindanionius  com- 
prenaient douze  livres;  la  version  syriaque  avait  au 
moins  deux  livres  de  plus,  car,  dans  le  manuscrit,  la 
lacune  commence  après  le  chapitre  IV  du  livre  XIV. 
Le  traducteur  a  pris  ses  additions  à  des  sources  diffé- 
rentes, particulièrement  aux  Hippiatriques  d'Anato- 
lius ;  on  en  trouve  aussi  les  matériaux  dans  les  géopo- 
niques  de  Cassianus  Bassus  \ 


§  3.  —  L'astronomie .  la  cosmographie 
et  la  géographie. 

L'astronomie  syriaque  parait  sêtre  dégagée  de  très 
bonne  heure  de  l'astrologie.  Bardesane,  qui  s'était 
adonné  pendant  sa  jeunesse  à  l'étude  de  l'astrologie 
chaldéenne.  reconnut  ensuite  l'inanité  de  cette  science. 
Ce  célèbre  gnostique  composa  un  traité  d'astronomie 
qui  ne  nous  est  connu  que  par  des  citations  d'auteurs 
postérieurs  2. 

Sergius  de  Reschaina  se  forma  à  l'école  des  Grecs. 
Son  livre  de  L influence  de  la  lune ,  adressé  à  Théo- 
dore, développe  et  explique  le  IIsol  y.oioîucoy  ^usocoi'  de 
Galien;  il  est  suivi  d'un  appendice  intitulé  Le  mou- 
i'enient  du  soleil^  édité  par  Sachau,  Inedita  syriaca, 
p.  101-126.  11  est  douteux  que  Sergius  ait  traduit  en 
syriaque  la  Meyulr]  ovvruhç  de  Ptolémée  dont  une  ver- 
sion arabe  existe  dans  le  ms.  de  Leide  1034  {War- 
ner 680)  3. 

\     1.  Baumstahk,  ojj.  cit.,  p.  39G-'«00;  comp.  J.  SPRENCEn,  Geoponica,  Leip- 
zig, 1889. 

2.  C'est  probablement  à  ce  traité  que  Georges,  évêque  des  Arabes,  a 
emprunlù  la  citation  de  Bardesane  qui  se  trouve  dans  sa  lettre  concer- 
nant Aphraate,  Clueton,  Spicilegium,  p.  21;  Lagaude,  Analecla  syriaca, 
p.  ili,  1.  18;  Wright,  The  homilies  of  Aphraates,  p.  27,  1.  11. 

3.  Dans  le  sens  de  l'afOrmative,  v.  Baimstahr,  Lucubrationes  syro- 
grœcx,  p.  380;  contra,  Wrigut,  Syriac  literature,  2^  éd.,  p.  93,  note  7. 

10. 


282  L'ASTRONOMIE,  LA  COSMOGRAPHIE 

Sévère  Sebokt  composa  un  livre  intitulé  Les  figures 
du  Zodiaque,  dont  quelques  chapitres,  conservés  dans 
dans  le  ms.  Add.  14538  du  Musée  britannique,  ont  été 
édités  par  Sacliau,  Iiiedita  syr.,  p.  127-134.  Ces  cha- 
pitres traitent  de  la  terre  habitable  et  inhabitable,  de 
la  mesure  du  ciel  et  de  la  terre,  du  mouvement  du 
ciel  et  de  la  terre.  Un  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau^  n°  37, 
renferme  du  môme  écrivain  :  1°  un  traité  sur  l'astro- 
labe, qui  a  de  l'importance  pour  l'histoire  des  sciences 
en  Orient;  publié  avec  une  traduction  française  par 
Isl.  Nau  '  :  2°  et  une  lettre  sur  la  quatorzième  lune  du 
mois  de  nisan  de  l'année  976  des  Grecs  (665  de  Jésus- 
Christ)  ,  adressée  au  prêtre  et  périodeute  Basile  de 
Chypre. 

Le  patriarche  Timothée  I  est  l'auteur  dun  traité 
d'astronomie  mentionné  par  Ébedjésu^. 

Les  Syriens,  s'inspirant  des  homélies  des  Pères  de 
rÉglise  grecque  sur  les  six  jours  de  la  Création, 
exposaient  aussi  leurs  connaissances  scientifiques  dans 
des  hexamérons.  Jacques  d'Edesse,  sur  la  fin  de  sa 
vie,  composa  un  ouvrage  de  ce  genre,  qu'il  laissa  in- 
complet et  qui  fut  achevé  par  son  ami  George ,  évêque 
des  Arabes.  Ce  livre  est  divisé  en  sept  traités  et  il  dé- 
bute par  un  dialogue  entre  l'auteur  et  un  de  ses  disci- 
ples, nommé  Constantin;  il  est  conservé  dans  deux 
manuscrits,  l'un  à  Leide  et  l'autre  à  Lyon^;  l'Al^bé 
P.  Martin  en  a  fait  une  analyse  et  en  a  publié  quel- 
ques passages'*;  M.  Hjelt  a  édité,  avec  une  traduction 

4.  Le  traité  sur  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokt  dans  le  Journal 
asiatique,  janvier-février  1899,  p.  56,  et  mars-avril  1899,  p.  238. 

2.  AssÉMAM,  B.  0.,  in,  pars  I,  p.  IGO. 

3.  Le  ms  de  Paris,  syr.  n°  240,  est  une  copie  partielle  du  ms.  de  Leide, 
faite  par  Gal)riel  Sionita,  Catal.  Zotenberg,  p.  197.  Une  autre  copie,  qui 
semble  avoir  servi  pour  le  ms.  de  Paris,  existe  à  Glascow,  voir  Weir, 
Journal  asiatique,  novembre-décembre,  1898,  p.  550. 

4.  Journal  asiatique,  1888,  8«  série,  t.  XI,  p.  155-219  et  401-490. 


ET  LA  GÉOGRAPHIE.  283 

latine,  le  troisième  traité,  consacré  à  la  géographie  '. 
La  géographie  de  Jacques  n'a  rien  d'original,  comme 
le  croyait  l'Abbé  ^lartin,  mais  elle  est  empruntée  à 
Ptolémée  -. 

David  de  Beit-Rabban  est,  dit-on^,  l'auteur  dim 
traité  de  géographie  intitulé  Les  limites  des  climats 
ou  contrées  et  les  variations  des  jours  et  des  nuits. 
Assémani  croyait  retrouver  cet  ouvrage  dans  des  poè- 
mes qui  appartiennent  certainement,  dit  Wright,  à 
une  époque  beaucoup  plus  basse.  L'un  de  ces  poèmes 
a  été  publié  par  le  P.  Cardahi^  et  réimprimé  avec  une 
traduction  anglaise  par  M.  GottheiP. 

Moïse  bar  Képha  composa,  lui  aussi,  un  hexaméron 
en  cinq  livres,  qui  est  conservé  dans  un  ms.  de  la  Bi- 
bliothèque nationale,  syr.  241.  On  y  remarque  une  fi- 
gure géographique,  de  forme  sphérique,  sur  laquelle 
sont  inscrits  les  noms  de  la  Lybie,  de  la  mer  Adriati- 
que et  de  l'Europe. 

L'hexaméron  d'Emmanuel  bar  Schahharé  est  un  long 
poème  en  vingt-huit  chants,  dont  les  uns  sont  en  vers 
de  sept  syllabes  et  les  autres  en  vers  de  douze  syllabes. 
Cet  ouvrage  est  conservé  au  "Vatican,  ms.  syr.  182  ;  au 
Musée  britannique.  Orient A'àO^\  à  Berlin,  Coll.  Sa- 
chau,  n°=  1G9-170  et  309-310.  Le  second  chant  manque 
dans  le  ms.  du  Vatican  et  dans  celui  du  Musée  britan- 
nique; le  ms.  du  "Vatican  a  en  outre  une  homélie  sur  le 
baptême  qui  se  trouve  aussi  dans  le  ms.  K.  VI,  5,  du 
Musée  Borgia.  Le  P.  Cardahi  a  imprimé  un  extrait  de 
ce  poème  dans  son  Liber  thesauri,  p.  G8-71. 

1.  Études  sur  l'iïexamèron  de  Jacques  d'Édesse,  Helsingfors,  1802. 

2.  NoELDF.KE,  Literar.  Ccntralblatt,  1888,  p.  1743;  James  Dai.mesteter, 
Revue  des  éludes  grecques.  1880,  p.  180-188;  Hjelt,  op.  laud.,  p.  30. 

3.  AssKMAM,  B.  0.,  IH,  pars  I,  25:i. 

4.  Liber  thesauri  de  arte  poctica  Syrorum,  Rome,  1875,  41-46. 

3.  Ilebraica,  vol.  VHI,  p.  »i.';-T8.  Il  c>t  probable  que  ces  poésies  sont  de 
David,  fils  de  Paul,  auteur  du  XHI«  siècle. 


284  L'ASTRONOMIE,  LA  COSMOGRAPHIE 

En  dehors  des  hexamérons ,  la  cosmographie  était 
traitée  dans  quelques  ouvrages  particuliers.  Le  catalo- 
gue d'Ebedjésu  nous  apprend  que  Jésubokt,  métropo- 
litain de  Perse  vers  800 ,  écrivit  un  livre  sur  l'univers 
et  un  autre  livre  sur  les  signes  de  l'air  ^  ;  et  que  Salo- 
mon  de  Bassora  est  l'auteur  d'un  traité  sur  la  configu- 
ration du  ciel  et  de  la  terre-. 

Le  livre  des  trésors  que  Jacques  ou  Sévère  bar  Scha- 
kako  composa  en  1231 ,  est  une  compilation  théologique 
divisée  en  quatre  parties  ;  on  en  trouvera  une  analyse 
dans  Assémani,  B.  O.y  II,  p.  237^.  M.  Xau  a  étudié  la 
quatrième  partie,  relative  à  la  cosmographie  et  à  la  géo- 
graphie, et  il  en  a  signalé  l'intérêt  pour  l'histoire  des 
sciences  chez  les  Syriens  '.  Les  Dialogues  du  même  au- 
teur renferment,  dans  la  quatrième  section  du  deuxième 
livre,  des  défmitions  sur  l'astronomie"'. 

La  seconde  partie  du  livre  anonyme  Causa  causarum 
(voir  ci-dessus,  p.  250),  chap.  IV- VU,  est  une  sorte 
d'encyclopédie  des  sciences,  où  L auteur  a  réuni,  avec 
quelques  notions  originales  et  personnelles,  les  con- 
naissances qui  étaient  enseignées  en  Syrie  vers  le  XIP 
siècle.  Plusieurs  figures  éclairent  le  texte.  La  terre  est 
représentée  par  un  cercle  divisé  en  cinq  parties  :  1° 
l'extrémité  septentrionale,  qui  comprend  la  terre  obs- 
cure ne  recevant  jamais  le  soleil;  2°  au-dessous,  la 
terre  habitable  avec  les  sept  climats,  les  extrémités  à 


\.  Assémani,  B.  0.,  ni,  pars  I,  19i. 

2.  Assémani,  ibid.,  303. 

3.  Des  ms.  de  cet  ouvrage  se  trouvent  :  au  Vatican  ,  n°  159,  Catal., 
ni,  307;  au  Musée  Borgia,  série  K,  VII,  vol.  16,  Ceusoy,  Zeitschr.  fur 
Assyriologie,  t.  IX,  p.  377;  au  Musée  britannique,  Add.  7193,  Catal.  Ro- 
sen,  p.  84;  à  Cambridge,  coll.  S  P  C  K;  à  la  Bibliothèque  nationale, 
n"  31G  (nouvelles  acquisitions). 

4.  Journal  asiatique,  180G,  9«  série,  t.  VII,  p.  286-331. 

5.  Voir  plus  loin  le  paragraphe  5  de  ce  chapitre,  et  plus  haut, 
p.  261. 


ET  LA  GÉOGRAPHIE.  285 

l'est  et  l'ouest  sont  impénétrables,  à  l'est  à  cause  des 
arbres,  à  l'ouest  à  cause  de  la  mer;  3°  le  centre,  in- 
habitable à  cause  de  la  chaleur;  4°  au-dessous,  pays 
inconnu  auquel  on  ne  peut  accéder;  5°  l'extrémité  mé- 
ridionale, terre  obscure  qui  ne  voit  jamais  le  soleil. 

Le  candélabre  des  sanctuaires  et  Le  livre  des  rayons 
de  Barhebrœus  (voir  ci-dessus,  p.  252-253)  ont  égale- 
ment une  partie  géographique.  Cette  partie  a  été  éditée 
par  M.  Gottheil',  qui  avait  précédemment  publié  la 
carte  que  renferme  le  premier  de  ces  livres'-^. 

On  trouve  encore  d'autres  cartes  dessinées  à  la  fin 
de  certains  manuscrits  pour  remplir  les  feuillets 
restés  en  blanc.  Un  manuscrit  du  lexique  de  Bar  Ali 
de  la  Bibliothèque  nationale,  n°  299,  est  de  ce  nom- 
bre. M.  Chabot  en  a  extrait  deux  cartes  géographi- 
ques 3,  et  M.  Xau,  une  carte  des  mansions  lunaires 
et  des  principales  constellations^. 

Mais  l'ouvrage  spécial  qui  traite  ex  professa  de  la 
cosmographie,  c'est  le  livre  que  Barhebrœus  composa 
en  1279  sous  le  titre  de  L'ascension  de  l'esprit^ 
Ijijoo,  lAoro .  M.  Gottheil  a  publié  le  premier  chapitre 
de  la  seconde  partiel  Une  édition  complète  est  actuel- 
lement en  cours  d'impression  parles  soins  de  M.  l'Abbé 
Nau;  le  premier  volume  comprenant  le  texte  syriaque 
vient  de  paraître  ^  Barhebrœus  dressa  aussi  des  tables 
astronomiques  à  l'usage  des  élèves. 

\.  Hebraica,  t.  VU,  p.  39-5o. 

2.  Proceedi,igs  of  the  American  Oriental  Society,  mai  1888,  p.  16  et 
suiv.  CeUe  cnrle  qui  a  été  tirée  du  ms.  de  Berlin,  se  trouve  également 
dans  le  ms.  de  Cambridge  et  dans  le  ms.  de  Paris,  voir  Gottheil,  He- 
braica, t.  VII,  p.  39,  note  2,  et  l'Abbé  iNac,  Journal  asiatique,  9*  série, 
t.  VIII,  p.  153. 

3.  Bulletin  de  géographie  historique  et  descriptive,  ,  1897  et  1898. 

4.  Journal  asiatique,  9«  série,  t.  VIII,  p.  155  et  suiv. 

5.  Millheilungen  des  Akad.  Orient.  Vereins  zu  Berlin,  18!K),  n»  3. 

G.  Le  livre  de  l'ascension  de  l'esprit...  cours  d'astronomie...  par  Gré- 
goire Aboulfarag,  dit  Bar  Hebrœus...  première  partie,  Paris,  1899. 


286  LA  CHIMIE. 


4.  —  La  chimie. 


L'esprit  pratique  des  Syriens  que  le  fatalisme  des 
astrologues  avait  rebuté,  s'éloigna  également  du 
mysticisme  de  l'ancienne  alchimie.  La  religion  chré- 
tienne exerça  en  ce  sens  une  influence  salutaire,  plus 
encore  que  la  culture  grecque  importée  en  Orient,  car 
les  Musulmans,  instruits  à  la  même  école,  manifestè- 
rent un  goût  prononcé  pour  l'astrologie  et  l'alchimie. 
Les  Arabes  en  général  et  les  califes  en  particulier 
avaient  une  foi  souvent  aveugle  dans  l'action  des  as- 
tres sur  leur  destinée.  D'un  autre  côté,  les  traités  de 
chimie  des  Arabes  contrastent  d'une  façon  singulière 
avec  ceux  des  Syriens.  Nous  trouvons  un  témoignage 
frappant  de  cette  divergence  dansL^  chimie  au  moyen 
âge  de  M.  Berthelot^  Le  second  volume  de  cet  ou- 
vrage renferme  sur  la  chimie  syriaque  une  série  de 
textes,  grecs  d'origine,  mais  retravaillés  suivant  la 
méthode  expérimentale  ;  ce  sont  de  vrais  manuels  d'or- 
fèvres ,  traitant  de  l'alliage  et  de  la  coloration  des  mé- 
taux, de  la  transformation  des  corps.  Au  contraire,  la 
chimie  des  Arabes  musulmans,  qui  compose  le  troi- 
sième volume ,  ne  nous  offre  que  des  divagations  mys- 
tiques et  intentionnellement  obscures,  présentées 
comme  l'héritage  des  anciennes  sciences  occultes. 

§  5.  —  Les  mathématiques. 

Les  sciences  exactes  semblent  avoir  été  négligées 
par  les  anciens  Syriens.  Les  quelques  écrits  syriaques 
que  nous  possédons  sur  cette  matière  sont  postérieurs 
à   l'Hégire  et  procèdent  autant    de  la  culture  arabe 

1.  Paris,  1893,  vol.  MU. 


LES  MATHÉMATIQl'ES.  287 

que  de  la  culture  grecque.  Les  dialogues  de  Jacques 
ou  Sévère  bar  Schakako  ont  une  section  4®  section  du 
II®  livre)  pour  les  mathématiques,  qui  comprennent 
laritlimétique,  la  musique,  la  géométrie  et  l'astrono- 
mie. Cette  section  a  été  éditée  avec  une  traduction 
allemande  par  M.  Julius  Ruska'.  L'auteur,  remarque 
M.  Ruska,  ne  s'était  pas  proposé  décrire  un  manuel 
de  mathématiques,  mais  de  parvenir  par  les  idées 
abstraites  des  mathématiques  au  plus  haut  degré 
de  la  pensée  philosophique,  à  la  théologie.  L'introduc- 
tion et  les  deux  premières  questions  rappellent  YElou- 
yor/ri  uoiS/iir^TiiC7lde  Nicomaque,  que  les  Syriens  ou  les 
Arabes  connaissaient  sans  doute  par  un  extrait  d'un 
auteur  néopythagoricien.  La  quatrième  question  et,  en 
partie,  la  troisième  dérivent  des  Iloolsyôueva  ovv  d^sùj 
rr^q  (fiXoooffiaç  d'un  pythagoricien  anonyme  dont  Bar 
Schakako  possédait  une  version  syriaque.  Mais  les  dé- 
finitions et  les  dissertations  sur  l'arithmétique,  la  musi- 
que, la  géométrie  et  l'astronomie,  concordent  avec 
celles  des  auteurs  arabes. 

Barhebrœus,  dont  les  études  embrassèrent  toutes  les 
connaissances  humaines,  professa  les  mathématiques 
d'après  Euclide  à  Maragha  en  1268-,  mais  il  ne  laissa 
aucun  ouvrage  sur  ce  sujet. 


i.  Dos  Quadrii'ium  aus  Severus  bar  Schakku's  Buch  der  Dialoge, 
Leipzig,  1896.  La  réunion  de  ces  quatre  sciences,  qui  furent  désignées 
sous  le  nom  de  Quadrivium,  esi  due  chez  les  Grecs  à  Jambiique,  comp. 
^lE.n\,  Hisloria  artis  grammaficse  apud  Syros,  p.  -209.  Voir  aussi  Jllics 
Rl-si;\,  Studien  zu  Severus  bar  Schakku's  «  Buch  der  Dialoge  •  dans 
la  Zeilschr.  fur  Assyriologie,  XII,  1897,  p.  8  et  \'t'6. 

2.  ASSEMA.M,  B.  0.,  H,  2b3. 


XVI 


LA    GRAMMAIRE,    LA    LEXICOGRAPHIE,    LA    RHETORIQUE 
ET    LA    POÉTIQUE 


§  1   —  La  grammaire. 

C'est  encore  aux  Grecs  que  les  Syriens  demandèrent 
leurs  premières  notions  de  la  grammaire.  Nous  avons 
rappelé  plus  haut,  sous  le  n''  \I.  les  premiers  travaux 
de  l'orthoépie  appliquée  aux  textes  lus  dans  les  écoles. 
Le  système  des  points  ou  accents  séparant  les  mem- 
bres de  la  phrase  et  notant  la  valeur  syntaxique  de 
chacun  de  ces  membres,  fit  partie  intégrante  de  la 
grammaire  syriaque.  La  logique  d'Aristote  en  formait 
la  base  ;  cinq  de  ces  accents  répondent  aux  cinq  catégo- 
ries d'Aristote,  ainsi  que  le  constate  un  auteur  syria- 
que anonyme  ^  Les  règles  concernant  la  phonétique  et 
la  morphologie  vinrent  plus  tard  et  furent  établies  sur 
le  modèle  de  la  grammaire  grecque  de  Denys  de 
Thrace  et  des  canons  de  Théodose.  Le  fait  a  été  mis  en 
évidence  par  ^L  Merx  qui  a  publié,  avec  une  traduc- 
tion latine,  la  version  syriaque  de  la  grammaire  de 
Denys  -. 

i.  Voir  PniLipps,  A   letlei-  of  Mar  Jacob  of  Edessa  on  syriac  ortho- 
graphy,  Londres,  1869,  Appendice,  p.  68. 
2.  Ilisloria  artis  grammalicae  apud  Syros ,   Leipzig,  1889,  dans  les 

LITTÉRATURE    SYKLAQL'K.  17 


290  LA  GIUMMAmE. 

Les  études  relatives  à  raccentuation  syriaque  furent 
surtout  florissantes  chez  les  Nestoriens,  du  VP  au 
VIH"  siècle. 

Parmi  les  anciens  grammairiens  jacobites,  on  cite 
Ahoudemmeh,  qui  fut  élevé  au  siège  de  Tagrit  par  Jac- 
ques Baradée  en  559.  Sa  grammaire,  à  en  juger  par 
un  passage  rapporté  par  Bar  Zoubi,  suivait  les  princi- 
pes de  la  grammaire  grecque  ' .  Mais  c'est  Jacques  d'E- 
desse  qui  composa  le  premier  traité  systématique  de 
grammaire  syriaque,  et  ce  traité  fit  longtemps  autorité 
en  Syrie.  Barhebrceus  en  tira,  pour  sa  grammaire, 
d'importants  extraits  qui  permettent  déjuger  de  l'éten- 
due de  cet  ouvrage  aujourd'hui  disparu  presque  entiè- 
rement. Il  n'en  reste  que  quelques  fragments  à  la 
Bodiéienne  d'Oxford  et  au  Musée  britannique  de  Lon- 
dres 2.  Dans  le  premier  de  ces  fragments,  Jacques  cons- 
tate les  défauts  de  l'écriture  syriaque  qui  ne  tient  compte 
que  des  consonnes  et  omet  de  noter  les  voyelles.  Il  ré- 
pond à  Paul  d'Antioche,  qui  lui  demandait  de  perfec- 
tionner ce  système  défectueux  :  «  Je  pense  qu'on  pourrait 
établir  des  règles  pour  l'orthographe  de  cette  langue 

Abhandlungen  fur  die  Kunde  des  Morgenlandes ,  IX,  2.  La  version  sy- 
riacfue  est  contenue  dans  le  ms.  Add.  146-20  et  (incomplète)  dans  le  ms. 
Add.  14658  du  Musée  britannique,  ainsi  que  dans  le  ms.  de  Berlin,  Coll. 
Sachau,  226.  Dans  ce  dernier  ms.,  l'ouvrage  est  mis  sous  le  nom  de  Jo- 
seph d'Ahwaz  auquel  Ébedjésu,  B.  0.,  ni,  pars  I,  103,  attribue,  en  effet, 
une  interprétalioii  de  Denys.  Il  est  anonyme  dans  les  ms.  du  Musée  bri- 
tannique, mais  le  ms.  14658  renfermant  des  œuvres  de  Sergius  de  Re- 
schaina,  Wright  avait  cru  qu'on  pouvait  attribuer  à  celui-ci  la  version 
en  question;  cette  conjecture  est  sans  fondement,  comme  l'a  montré 
Merx,  Op.  cit.,  p.  7-8.  Choerobocsus  et  VEtymolorjium  magnum  citent  un 
Sergius  grammaticus,  mais  ce  Strgius  est  postérieur  à  Sergius  de  Re- 
schaina,  voir  BAiMsiAnK,  Lucubrationes  syro-grœcx,  p.  369. 

1.  Mekx,  Hisloria  art.  gramm..  p.  33. 

2.  Les  fragments  de  Londres,  ms.  Add.  1721"  et  14063,  ont  été  publiés 
par  Wright,  Catal..  p.  1168-1173,  et  réimprimés  avec  les  fragments 
d'Oxford  par  Wrigut,  Fragments  of  the  syriac  Grammar  of  Jacob  of 
Edessa,  Londres,  1871,  et  pai' Merx,  Ilistoria  art.  gramm.,  p.  73  des  tex- 
tes syriaques. 


Lk  GRAMMAIRE.  291 

(le  syriaque),  en  dehors  de  voyelles  additionnelles  pour 
les  voyelles  qui  manquent  dans  l'alphabet.  Au  moyen 
des  lettres  additionnelles,  on  montrerait  l'emploi  de  ces 
règles  et  l'orthographe  des  noms  et  des  verbes  qui  s'y 
réfèrent.  Etant  tiraillé  en  deux  sens,  d'un  côté  par  ta 
demande,  et  d'un  autre  côté  par  la  crainte  de  la  perte 
des  livres  anciens,  crainte  qui  avait  ému  mes  prédéces- 
seurs, voici  ce  que  j'ai  imaginé  :  pour  l'intelligence  et 
la  confirmation  de  ces  règles-là  seulement,  on  ajoute- 
rait des  lettres  indiquant  les  modifications  et  la  pro- 
nonciation exacte  des  voyelles,  mais  cette  addition 
n'aurait  pas  pour  objet  de  compléter  et  de  corriger 
l'alphabet  lui-même  ' .  »  Jacques  distinguait  huit  voyel- 
les; il  créa,  en  imitant  les  voyelles  grecques,  sept  let- 
tres-voyelles :  r<^  long  était  représenté  par  Vola/  et  les 
sept  autres  voyelles  par  les  sept  nouvelles  lettres.  11 
introduisit  ces  lettres -voyelles  dans  les  mots,  mais 
seulement  dans  les  mots  cités  comme  exemples  à  l'ap- 
pui des  règles  de  sa  grammaire.  Cette  invention  ne  sur- 
vécut pas  du  reste  à  son  auteur  :  après  Jacques  d'Edesse, 
les  Jacobites  admirent  seulement  cinq  voyelles  qu'ils 
désignèrent  par  des  signes  analogues  aux  voyelles 
grecques.  Les  Nestoriens  reconnurent  sept  voyelles 
qu'ils  marquèrent  par  des  points  simples  ou  doubles  et 
dont  la  valeur  résultait  de  leur  position  au-dessus  ou 
au-dessous  de  la  ligne-. 

i.  Comparer  Bariiebr-eus,  Œuvres  grammaticales,  cd.  Abbé  .Mautin, 
Paris,  487-2,  I,  p.  lOG.  1.  16--2-2. 

2.  Il  était  utile  de  raftpeler  ces  faits  parce  qu'on  a  cru  à  tort  que  les 
points-voyeiics  des  Nestoriens  existaient  au  temps  de  Jacques  d'Edesse 
et  que  celui-ci  inventa  les  voyelles  des  Jacobites  pour  sim[)lifier  un 
système  trop  compliqué,  Wright.  Calai.,  p.  1168;  Fragm.  of  the  syriac 
grammar  of  Jacob  of  Edessa,  Préface;  Syriac  literatnre.  2«  éd.,  p.  Vil 
et  i:>2;  en  sens  contraire,  voir  Abbé  Martin,  Jacques  d'Edesse  et  les 
voyelles  syriennes,  dans  le  Journ.  asial.,  18G9,  p.  A:i6  et  suiv. ;  La  mas- 
sore  chez  les  Syriens,  ibid.,  18"o,  p.  132;  11.  Dlval,  Traité  de  grammaire 
syriaque,  p.  71;  .Merx,  Historia  art.  gramm.,  p.  49-50. 


202  LA  GRAMMAmE. 

La  tradition  rapporte  que  Théophile  d'Edesse('[-  785) 
fit,  le  premier,  usage  des  voyelles  jacobites  dans  sa  tra- 
duction de  V Iliade  dllomère.  Mais  l'invention  de  ces 
voN'elles  est  sans  doute  due  aux  massorètes  Karkaphiens 
qui ,  selon  Barhebrœus ,  ont  ramené  les  voyelles  syria- 
ques au  nombre  de  cinq^  Quant  aux  sept  points-voyel- 
les des  Nesto riens,  leur  apparition  n'est  peut-être  pas 
antérieure  à  la  seconde  moitié  du  VHP  siècle-. 

L'essor  que  Jacques  imprima  aux  études  grammati- 
cales suivit  de  près  la  conquête  arabe  de  la  Syrie.  La 
langue  syriaque,  menacée  par  l'idiome  des  conquérants, 
dut  être  dès  cette  époque  stéréotypée,  pour  ainsi  dire. 
Aussi  Jacques,  dans  sa  grammaire,  comme  après  lui 
les  massorètes  dans  leurs  annotations  des  textes  sacrés, 
s'ingénia-t-il  à  fixer  dune  manière  minutieuse  la  pro- 
nonciation des  lettres  et  des  syllabes  et  l'accentuation 
des  phrases,  en  suivant  la  méthode  grecque^.  Il  introdui- 
sit de  nouveaux  points  diacritiques  et  compléta  le  sys- 
tème des  accents ,  dont  le  nombre  s'éleva  à  trente-six  '*. 

Auparavant  ce  nombre  était  beaucoup  moins  grand. 
Joseph  dAhwaz  se  servit  de  neuf  accents^,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  p.  70;  puis  on  en  admit 
vingt-quatre,  dont  l'énumération  est  fournie  par  la 
liste  du  diacre  Thomas,  probablement  le  même  que 
Thomas  d'Harkel,  l'auteur  de  la  version  Héracléenne. 
Cette  liste  et  plusieurs  petits  traités  sur  la  grammaire 
et  les  accents  sont  conservés  dans  les  manuscrits  de  la 
massore  jacobite,  que  nous  avons  cités  ci-dessus, 
p.  73-74.  On  doit  à  l'Abbé  Martin  et  àPhilipps  l'édition 

1.  Bauhedr.eus,  Œuvres  gramm.,  I,  p.  3,  1.  13. 

2.  Abbé  Martin,  La  massore  chez  les  Syriens,  p.  149,  comp.  p.  177  et  190. 

3.  Comp.  Merx,  Hi'storia  art.  gramm.,  p.  50  et  suiv. 

4.  Merx,  ibid.,  p.  89-101. 

5.  Ou  plutôt  dix  en  comptant  le  pasoqa  ou  point  final.  Merx,  Historia 
artis  gramm.,  p.  99. 


LA  GRAMMAIRE.  293 

de  ces  documents  ' .  Le  premier  est  une  lettre  de  Jacques 
d'Edesse,  adressée  à  George,  évêque  de  Saroug,  sur 
Torthographe  de  différents  mots  syriaques  et  de  mots 
grecs  transcrits  en  syriaque.  Cette  lettre  est  suivie  d'un 
traité  du  même  Jacques  divisée  en  cinq  chapitres  :  sur 
les  personnes,  sur  les  genres,  sur  les  temps,  sur  les 
formes  des  mots  et  sur  les  accents.  La  liste  de  Thomas 
le  diacre  forme  le  n°  III  de  l'édition  Martin-,  p.  13,  et 
l'appendice  II  de  l'édition  Philipps^,  p.  83. 

Le  manuscrit  de  la  massore  nestorienne,  Add. 
12138,  renferme,  lui  aussi,  quatre  courts  traités  rédi- 
gés à  l'usage  des  élèves  des  écoles  '•. 

C'était  sans  doute  un  opuscule  du  même  genre  que 
Le  Iwre  de  la  ponctuation  y  iJais»  y^z^^^  |J>îo,  composé 
par  André,  au  rapport  d'Ebedjésu^.  Wright  estime 
qu'on  peut  placer  vers  la  fin  du  X*^  siècle  cet  André, 
qu'Assémani  identifiait  à  tort  avec  André  de  Samosate, 
l'adversaire  de  C vrille  d'Alexandrie  ^ . 


\.  P.Martin,  d'après  le  ms.  du  Vatican,  le  ms.  Barberini  et  le  ms. 
de  Paris,  Jacobi  Edesseni  epistola  ad  Georgium  episcopum  Sarvgensem 
de  orthographia  syriaca,  Paris,  18G9;  Puilipps,  d'après  les  ms.  de 
Londres,  Add.  121T8  et  "183,  A  letter  of  Mar  Jacob  of  Edessa  on  syriac 
orthography,  Londres,  18G9. 

2.  Dans  cette  édition,  la  liste  est  suivie  d'un  commentaire  fait  de 
plusieurs  morceaux  et  comprenant  plus  d'accents  que  ceux  énoncés  en 
icte.  Ce  commentaire  est  postérieur  à  Tliomas.  L'Abbé  Martin  a  ajouté  : 
1°  un  extrait  de  la  grande  grammaire  de  Barhebrœus  correspondant, 
dans  l'édition  des  Œuvres  grammaticales  de  Barhebrœus  ,à  la  p.  -2'*^  du 
f.  I;  2°  une  partie  de  l'homélie  LXXXH  de  Sévère  d'Antioche  d'après  la 
taduction  de  Jacques  d'Édesse;  et  3»  un  spécimen  des  lettres-voyelles 
de  Jacques  d'Édesse. 

3.  Pliiiipps  a  fait  valoir,  p.  90,  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de 
ridcntification  de  Thomas  le  diacre  et  de  Thomas  d'Harkel.  Le  petit  traité 
qu'il  a  publié  comme  appendice  I,  p.  CS-83,  n'est  pas,  comme  il  le  pen- 
sait, du  VII»  siècle,  mais  plutôt  du  Vlll»,  voir  R.  Dlval,  Traité  de  gram- 
maire syriaque,  p.  144,  §  l«i8.  M.  Pliilipps  a  ajouté  le  chapitre  de  la 
grande  grammaire  de  Barhebraus  sur  les  accents. 

4.  MEf.x,  Historia  artis  grnmm.,  p.  31. 

5.  AssF.MAM,  B.  0.,  III,  par*  I,  2)2. 

6.  Wricut,  Syriac  îitcrature,  2«  éd.,  p.  232. 


294  LA  GRAMMAIRE. 

Au  nombre  des  grammairiens,  Ebedjésu  cite  encore 
un  Jean  le  stylite ,  probablement  le  moine  du  couvent 
de  Litarba,  avec  lequel  Jacques  d'Edesse  était  en  cor- 
respondance ' .  Un  passage  de  sa  grammaire  est  rap- 
porté par  Jean  Bar  Zoubi^. 

Honein  écrivit  un  opuscule  grammatical,  qui  est  cité 
par  Barhebrseus  et  Elias  de  Tirlian  et  qui  portait  le 
titre  de  Liçre  des  points  y  i^^oj»  |J>co.  Selon  Elias,  Honein 
y  parlait  des  prédicats,  de  la  protase  et  de  l'apodose, 
c'est-à-dire  de  la  syntaxe  que  les  anciens  grammai- 
rens  avaient  laissée  de  côté^. 

La  grammaire  dHonein  ne  nous  est  pas  parvenue, 
mais  nous  possédons  celle  dÉlias  de  Nisibe  dans  des 
manuscrits  de  Rome,  de  Florence,  de  Londres,  de 
Cambridge  et  de  Berlin.  Ces  manuscrits  témoignent  par 
leur  nombre  de  la  faveur  dont  cette  grammaire  jouis- 
sait en  Syrie.  C'était  le  manuel  courant,  mis  à  la  portée 
des  élèves ,  où  ceux-ci  trouvaient  résumés  les  travaux 
des  grammairiens  antérieurs,  notamment  ceux  de 
Jacques  d'Edesse,  beaucoup  trop  étendus  pour  les  com- 
mençants^. 

«  A  cet  opuscule,  dit  Merx^,  on  doit  joindre  Le  réseau 
des  points  de  Joseph  bar  Malkon,  évêque  de  Mardin, 
qui  concorde  souvent  littéralement  avec  la  grammaire 

1.  Voir  ScHRœTEn,  Zeilschr.  der  deut.  morgenl.  GeselL,  t.  XXIV,  p.  2G-2. 
AssÉMAM,  B.  0.,  m,  2yO'^'S  I,  25G,  faisait  vivre  Jean  le  stylite  au  IX»  siècle 
sous  les  patriarches  nestoriens  Sabrjésu,  Abraham  et  Tiiéodose.  Merx 
le  croit  antérieur  à  Jacques  d'Édesse,  mais  sans  raison  décisive,  Histo- 
ria  artis  gramm.,  p.  107. 

2.  AssÉMAM,  J5.  0.,  ni,  pa)'S  I,  256. 

3.  Voir  Syrische  grammatik  des  Mar  Elias  von  Tirhan ,  éd.  Baeth- 
GEN,  Leipzig,  1880,  chap.  xviii,  p.  24,  l.  ult.;  comp.  Merx,  Historia  artis 
gramm.,  p.  108. 

4.  La  grammaire  d'Elias  de  Nisibe  a  été  publiée  par  Gottoeil,  A  trea- 
tise  on  syriac  grammar  by  Mar  Elias  of  Sobha,  Berlin,  1887.  Merx  en 
a  donné  une  analyse,  Hisioria  artis  gramm.,  p.  112  et  suiv. 

5.  Op.  cit.,  p.  111. 


LA  GRAMMAIRE.  295 

d'Elias.  »  Ce  Joseph  bar  Malkon  semble  être  le  même 
personnage  que  l'évêque  de  Xisibe,  consacré  en  1190 
sous  le  nom  de  Jésuyab  '.  Le  j-êseau  des  points  des  Xi- 
sibites,  Mi^j-i»  iv^oj»  lîj^j-»,  traite  des  nombreux  points 
usités  à  cette  époque  dans  récriture  syriaque  pour  no- 
ter les  voyelles,  indiquer  la  prononciation  exacte  des 
consonnes  et  marquer  l'accentuation  des  phrases.  Il  est 
en  vers  de  douze  syllabes,  c'était  un  aide-mémoire  à 
l'usage  des  élèves  qui  l'apprenaient  par  cœur,  proba- 
blement le  premier  de  cette  espèce.  Il  suit,  dans  les 
manuscrits ,  la  grammaire  d'Elias  de  Nisibe  et  celle  de 
Jean  bar  Zoubi  -. 

Un  petit  traité  sur  les  conjonctions  syriaques  tiré  de 
la  grammaire  de  Denys  de  Thrace,  a  été  publié  par 
M.  Gottheil  dans  Hebraica,  t.  IV,  p.  167,  d'après  un 
ms.  de  Berlin,  coll.  Sachaii,  n°  306,  1.  Cet  opuscule 
existe  aussi  au  Vatican,  à  la  Bibliothèque  nationale  et 
au  Musée  britannique.  Il  est  dilTicile  de  fixer  la  date  de 
sa  composition;  le  ms.  du  Musée  britannique  est 
du  IX^  ou  X*^  siècle. 

Nous  citerons  ici  :  Jean  bar  Pinkayé,  ou  Jean  fils  des 
potiers ,  qui  composa  des  ouvrages  pédagogiques ,  au- 
jourd'hui perdus,  parmi  lesquels  se  trouvait,  semble- 
t-il,  une  grammaire^;  et  Jean  bar  Khamis,  évêque  de 


1.  Wr.iGiiT,  Syriac  Ulerature.  2-  éd..  p.  2.j6. 

2.  Voir  le  manuscrit  du  Valioau  lOi  et  le  manuscrit  du  Musée  britan- 
nique, Add.  ::îo8TG.  Merx  a  aunlysc  cet  ouvrage  et  en  a  publié  des  ex- 
traits dans  son  llistoria  artis  gramm.,  p.  111  et  suiv.  Sévère  bar  Scha- 
kako  tenait  en  médiocre  estime  le  talent  de  versificateur  de  Bar  Malkon, 
voir  Abbé  Map.tin,  De  la  métrique  chez  les  Syriens,  Leipzig,  1879,  Appen- 
dice, p.  G8-7i  ;  Meux,  op.  cit.,  p.  4G,  1.  15  du  texte. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  m,  jxirs  I,  p.  189;  Mep.x  ,  Historia  artis  gramm., 
p.  13G.  Bar  Pinkayé  est  aussi  l'auteur  de  p)t'sies:  des  extraits  d'une  de 
ces  poésies  sont  imprimés  dans  le  Liber  Thcsauri,do.  P.  CAnDAUI,p.3J,• 
une  autre  a  été  publiée  par  ÉLtAS  Millos  à  Rome  en  18G8  dans  le  Direc- 
torium  spirituale. 


296  LA  GRAMMAmE. 

Thamanon.  également  auteur  d'une  grammaire,  qui 
ne  s'est  pas  conservée  '. 

Elias  de  Tirlian  qui  devint  patriarche  des  Nestoriens 
en  1028  et  qui  mourut  en  1049,  introduisit,  le  premier, 
la  méthode  arabe  dans  la  grammaire  syriaque.  Il  écri- 
vit pendant  sa  jeunesse  et  avant  d'être  nommé  évêque 
de  Tirhan,  une  grammaire  dans  laquelle  il  appliqua  la 
nouvelle  méthode,  mais  sans  y  réussir  d'une  manière 
satisfaisante  -  ;  il  ne  sut  pas  cependant  se  détacher 
complètement  du  système  syriaque,  de  sorte  qu'il 
composa,  ditMerx^,  un  ouvrage  imparfait  et  confus. 
Cet  Elias  est  encore  l'auteur  d'un  traité  sur  les  accents 
que  Bar  Zoubi  a  inséré  dans  sa  grande  grammaire ''. 

Jean  bar  Zoubi ,  un  moine  et  docteur  nestorien ,  qui 
vivait  à  la  fin  du  XIP  siècle  et  au  commencement  du 
XIIP,  n'entra  pas  dans  la  voie  inaugurée  par  Elias  de 
Tirhan,  mais  il  s"en  tint  dans  ses  deux  grammaires  au 
système  syriaque.  Dans  sa  grande  grammaire  il  a  re- 
cueilli une  partie  des  œuvres  de  ses  devanciers ,  et  il 
y  a  mêlé  des  notions  de  la  logique  grecque  tirées  des 
commentaires  de  Sévère  Sebokt  et  de  Rabban  Denha^. 


1.  AssÉMAM,  ibid.,  p.  2'iQ,  place  cet  auteur  au  xn«  siècle;  plus  loin, 
p.  708,  il  se  corrige  et  il  en  fait  le  contemporain  d'Honein.  Ce  Jean  bar 
Khamis  ne  doit  pas  être  confondu  avec  Khamis  bar  Kardalié,  l'auteur 
de  poésies  fort  goûtées  des  Syriens. 

2.  Cette  grammaire  a  été  publiée  d'après  un  ms.  de  Berlin,  avec  une 
traduction  allemande,  par  Baethgen,  Syrische  Grammatik  des  Elias  von 
Tirhan,  Leipzig,  1880. 

3.  Historia  artis  gramm.,  p.  Vôh. 

4.  Ce  traité  a  été  analysé  par  Philipps  dans  l'appendice  III,  p.  83,  de 
son  opuscule,  A  letter  of  Mar  Jacob,  bishop  of  Edessa,  on  syriac  orlho- 
(jraphy.  Il  est  imprime,  p.  19,  1.  13  et  suiv.,  dans  l'édition  du  traité  de 
liar  Zoubi,  faite  par  l'Abbé  Mautin  d'après  le  ms.  Add.  ■25876  du  Musée 
i)ritannique  et  le  ms.  450  du  Vatican,  Traité  sur  l'accentuation  chez  les 
Syriens  orientaux  -,  Paris,  1877. 

V).  Meux,  Historia  artis  gramm.,  p.  1G7;  p.  158  et  suiv.  Merx  a  donné 
une  analyse  de  ces  deux  grammaires.  L'Abbé  Martin  a  publié  la  partie 
relative  aux  accents,  voir  la  note  précédente. 


LA  GHAMMMI;!:.  297 

Sa  pclilc  orrammairc,  en  vers  de  sept  syllabes,  est 
un  cpilomé  destine  aux  jeunes  élèves.  C!es  deux  ouvra- 
ges  étaient  très  estimés  des  Syriens. 

David,  fils  de  Paul  (Xlll'^s.),  est  l'auteur  dun  ouvrage 
grammatical  dont  plusieurs  fragments  sont  conservés 
dans  le  ms.  syr.  9  de  llndia  Office,  à  Londres.  Ces 
fragments  ont  été  publiés  avec  une  traduction  anglaise 
par  M.  Gottlieil  dans  les  Proccedings  oflhe  American 
Or.  Society,  mai  1891,  p.  cxi-cxviii. 

Le  premier  livre  des  Dialogues  de  Jacques  ou  Sé- 
vère Bar  Schakako,  le  disciple  de  Bar  Zoubi,  traite  en 
premier  lieu  de  la  grammaire  ;  suit  une  dissertation  sur 
les  accents  d'après  le  système  de  Jacques  d'Édesse. 
Cette  seconde  partie  a  été  éditée  par  M.  Merx  dans  son 
Historia  artis  grammaticœ  apud  Syros  d'après  des 
ms.  d'Oxford ,  de  Gœttingue,  de  Berlin  et  de  Londres  • . 
Jacques  Bar  Schakako  composa  aussi  une  grammaire 
métrique  en  vers  de  douze  syllabes  avec  le  titre  à^ Har- 
monie, jjua^îf.  Merx  a  publié  de  cet  ouvrage,  à  la  suite 
du  dialogue  sur  la  grammaire ,  les  fragments  relatifs 
à  des  questions  qui  nétaient  pas  traitées  dans  le  dialo- 
gue-. Selon  le  savant  éditeur  3,  ce  grammairien  mit  à 
contribution  les  livres  des  philosophes  grecs  et  des 
maîtres  d'école  syriens,  mais  il  ne  suit  pas  son  maî- 
tre Bar  Zoubi,  dont  il  ne  prononce  même  pas  le  nom. 

Nous  terminons  par  Barhebrœus  cet  aperçu  histori- 
que de  la  grammaire  syriaque.  Dans  son  œuvre  gram- 
maticale. Barhebrœus  s'est  montré  le  vulgarisateur  éru- 
dit  et  critique  quil  fut  dans    la  plupart  de  ses  autres 

1.  L'Ahbé  Martin  en  avait  donné  quebiucs  passages  dans  le  Journal 
aaiatique,  avril-mai  187-2. 

2.  Un  extrait  répondant  à  l'édition  MEnx,  p.  45,  1.  15,  avait  été  publié 
avec  une  traduction  française  par  l'Abbé  Martin  en  a|>pendice  à  son 
opuscule  De  la  métrique  chez  les  Syriens,  Leipzig,  18T9,  p.  G8-T1. 

3    Historia  artis  grammaticee,  p.  -215. 

17. 


298  LA  GRAMMAIRE. 

écrits.  Nous  avons  rappelé  plus  haut  que  c'est  grâce  à 
lui  que  nous  connaissons  l'importance  de  la  grammaire 
de  Jacques  d'Edesse.  Aux  travaux  de  celui-ci ,  Barhe- 
br?eus  adapta  la  méthode  arabe  qu'il  suivit  avec  plus 
d'intelligence  que  ne  l'avait  fait  Elias  de  Tirhan  ^  Sa 
grande  grammaire,  intitulée  Le  livre  des  splendeurs , 
)j.ioj .  [i.Do,  est  l'œuvre  la  plus  complète  de  ce  genre,  on 
y  trouve  expliquées  les  particularités  des  deux  dialectes 
syriens,  l'occidental  et  l'oriental;  les  remarques  lin- 
guistiques des  massorètes  jacobites  etnestoriens  y  sont 
reproduites,  ainsi  que  les  minuties  orthoépiques  que 
les  grammairiens  inventèrent  pour  distinguer  les  formes 
analogues  des  noms  et  des  verbes.  Barhebrœus  est 
encore  l'auteur  d'une  petite  grammaire  métrique ,  Le 
lU-re  de  la  grammaire ,  JLûJL^iv^î  M>^j,  suivi  d'un  traité 
sur  les  mots  ambigus  avec  un  commentaire  ^.  Il  laissa 
inachevé  un  autre  petit  traité  grammatical,  Le  livre 
de  V étincelle,  jkijo^»  l-sLa  ^. 

Nous  laissons  de  côté  les  grammaires  des  Maronites 
qui  puisèrent  leur  science  en  Europe,  comme  Amira, 
Abraham  Ecchellensis,  Isaac  Sciadrensis  et  Joseph 
Acurensis.  Merx  en  a  parlé  dans  son  Historia  artis 
grammaticee  apiid  Syros,  p.  272-273. 


1.  Comparer  Mep.x,  Op.  cit.,  p.  231  et  suiv. 

2.  Ces  deux  grammaires  ont  été  éditées  par  l'Abbé  Martin  d';iprès  un 
ms.  de  Paris,  Œuvres  grammaticales  d'Aboul-Faradj  dit  Barhebreeus, 
Paris ,  487-2.  Merx  a  analysé  la  grande  grammaire  dans  son  Historia  artis 
grammadcœ,  p.  2-29  et  suiv.  En  18i3,  Berlheau  avait  édité  à  Gœttingue 
la  grammaire  métrique,  mais  sans  le  commentaire  ni  le  traité  des  mots 
ambigus,  Gregorii  Barhebreei  qui  et  Abulfarag  grammatica  linguse 
syriacse  in  métro  Ephrscmo.  En  1869,  Pliilipps  imprima  et  traduisit  en 
anglais  le  chapitre  de  la  grande  grammaire  relatif  aux  accents,  A  let- 
ter  of  Mar  Jacob,  bishop  of  Edessa  on  syriac  orthography,  p.  34, 
texte,  p.  23. 

3.  Voir  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  p.  272,  n°  27. 


LA  LEXICOGRAPHIE.  299 

§  2.  —  La  lexicographie. 

Les  traités  sur  les  mots  ambigus  ou  Libri  canonum 
de  icquilittcris  appartiennent  autant  au  domaine  de 
l'exégèse  et  de  la  grammaire  qu'à  celui  de  la  lexicogra- 
phie, mais  nous  les  classons  sous  ce  paragraphe  parce 
que  ce  sont  les  premiers  vocabulaires,  sur  le  plan  des- 
quels furent  confectionnés  les  lexiques  syriaques.  Ces 
traités,  écrits  à  la  manière  grecque,  ont  un  caractère 
propre  bien  déterminé;  du  reste,  pour  leurs  lexiques, 
les  Syriens  n'ont  pas  emprunté  des  gloses  aux  lexiques 
grecs  de  Cyrille  d'Alexandrie,  d'Hésychius  et  de  Sui- 
das ,  comme  le  croyait  Larsow  ^ . 

Tant  que  le  syriaque  fut  langue  vivante,  le  besoin 
de  dictionnaires  ne  se  fit  pas  sentir.  Cependant  récri- 
ture défectueuse  des  anciens  Syriens ,  qui  ne  marquait 
pas  les  voyelles,  multipliait  les  cas  où  des  mots  de 
sens  différent  ont  la  même  forme.  Les  maîtres  qui  ex- 
pliquaient les  textes  sacrés  dans  les  écoles,  furent 
obligés  de  distinguer  par  des  points  particuliers  ces 
mots ,  qu'ensuite  on  réunit  et  classa  avec  leurs  signes 
distinctifs  dans  de  petits  recueils  à  l'usage  des  étudiants. 
Un  de  ces  recueils  eut  pour  auteur  Joseph  d'Ahwaz,  qui 
créa  le  premier  système  de  points  ;  d'autres  furent  com- 
posés par  Honein ,  Jésu  bar  Xoun  et  Abdochos  ou  Eu- 
dochus.  Barhebrœus,  comme  il  nous  l'apprend  lui- 
même,  utilisa  ces  travaux  pour  le  traité  du  même  genre 
qui  fait  partie  de  ses  œuvres  grammaticales-.  A  ces 

1.  De  dialeclorum  reliquiis,  Berlin,  1841. 

2.  Abbé  Martin,  Œuvres  grammaticales  d'ALoul-Faradj,  II,  p.  77.  Le 
traité  de  Jésu  bar  Noun,  qui  semble  ne  |)lus  exister,  est  cité  aussi  dans 
les  gloses  du  lexique  de  Bar  Bahloiil.  Celui  d'Abdoclios  se  trouve  à 
Rome,  à  Saint  Pierre  in  Montorio  (Asskmam,  B.  0.,  III,  pars  I,  p.  308); 
à  la  Bibliothèque  nationale  {Calai.  Zolenberg,  p.  203);  et  à  Berlin  {Coll. 
Sachau,  n"  182). 


300  LA  LEXICOGRAPHIE. 

noms,  on  doit  ajouter  celui  d'Enanjésu,  plus  connu 
par  sa  version  du  Paradis  de  Palladius.  Son  Liber 
canonum  de  œquilitteris  est  conservé  avec  Touvrage 
analogue  d'Iïonein  dans  une  collection  publiée  par 
M.  Hoffmann  [Opuscula  nestoriana,  Kiel,  1880, 
p.  2-49),  d'après  un  manuscrit  de  Flndia  office  à  Lon- 
dres. Ce  ms.  renferme  une  recension  abrégée;  une 
partie  d'une  recension  plus  développée  est  fournie  par 
le  ms.  72  de  la  Collection  Sachau  à  Berlin,  et  a  été  pu- 
bliée par  M.  Gottheil  à  la  suite  de  son  édition  de  la 
grammaire  d'Elias  de  Nisibe.  Unms.  de  VUnion  Theo- 
logical  Seminary  de  New- York,  analogue  à  celui  de 
Berlin,  a  quelques-unes  des  gloses  d'Honein  qui  ont 
passé  dans  la  grammaire  dÉlias  de  Tirhan  et  qui  man- 
quent dans  l'édition  Hoffmann.  Ainsi  se  trouve  confir- 
mée la  conjecture  de  M.  Nœldeke,  suivant  laquelle 
ces  gloses  appartenaient  au  fonds  primitif  de  l'ou- 
vrage ^ 

Le  livre  d'Honein  a  été  retravaillé  et  augmenté  par 
un  auteur  anonyme.  Il  semble,  à  en  juger  par  le  ms. 
de  Berlin,  Coll.  Sachau^  n°  72,  que  Bar  Zoubi  compléta 
le  travail  d'Honein,  et  Wright  pensait  que  l'auteur 
anonyme  en  question  pourrait  être  Bar  Zoubi  -. 

Les  Opuscula  nestoriana  de  M.  Hoffmann  contiennent 
ensuite,  p.  49-84,  un  traité  métrique  d'Ébedjésu  de 
Gozarte,  qui  devint  patriarche  des  Nestoriens  en  1552. 
Cet  écrit,  en  vers  de  sept  syllabes,  est  suivi  d'un  com- 

1.  NOELDEKE,  Zeitsclir.  der  dent,  morgenl.  Gesell.,  XXXV,  p.  94.  Voir 
sur  ce  sujet  Gottheil,  Hebraica,  VI,  p.  21o  et  suiv.,  où  ce  savant  a  donné 
des  variantes  à  l'édition  d'Hoffmann  d'après  le  ms.  de  New-York. 

2.  Wkight,  Syriac  lilerature,  2«  éd.,  p,  259.  Il  existe  encore  un  traité 
anonyme  dans  les  ms.  194  et  4o0  syr.  de  la  bibliotlièque  du  Vatican,  et 
une  dissertation  sur  les  homonymes  sans  nom  d'auteur  et  incomplète 
dans  Je  ms.  419  syr.  de  la  même  bibliotlièque,  voir  Hoffmann,  Opuscula 
nestoriana,  p.  XVIII;  comp.  Assémaxi,  B.  0.,  III,  parsl,  308,  IX;  un  autre 
traité  à  Berlin,  Collect.  Sachau,  n°  130. 


LA  LEXICOGRAPHIE.  301 

mentaire  ;  il  a  pour  objet  les  mots  semblables  par  V écri- 
ture et  différents  par  le  sens  ^ 

Le  Liber  canonum  de  œquilitteris  d'Enanjésu  ne 
doit  pas  être  confondu  avec  une  compilation  de  cet 
auteur  relative  à  la  prononciation  exacte  des  mots  diffi- 
ciles qui  se  rencontrent  dans  les  écrits  des  Pères  -. 

Les  lexiques  syriaques  suivirent  de  près  la  renais- 
sance des  études  grecques  chez  les  Xestoriens  de  Bag- 
dad, où  les  écoles  florissaient  au  temps  des  califes 
Abbassides.  Ces  lexiques,  rédigés  par  ordre  alphabéti- 
que, comme  les  recueils  de  mots  ambigus,  avaient  le 
double  but  d'expliquer  les  locutions  difficiles  ou  peu 
usuelles,  dont  le  nombre  s'accrut  chaque  jour  après 
l'introduction  de  l'arabe  comme  langue  populaire,  et 
de  donner  la  clef  des  termes  techniques  grecs  conser- 
vés dans  les  versions  syriaques.  Ce  n'étaient  pas  de 
vrais  dictionnaires  de  la  langue,  mais  des  compilations, 
plus  ou  moins  étendues,  de  gloses  syriaques  expli- 
quées quelquefois  en  arabe. 

Le  célèbre  Honein,  qui  traduisit  tant  de  livres  grecs, 
rédigea  le  premier  lexique  syriaque.  Cet  ouvrage  était 
vanté  pour  son  exactitude  et  pour  sa  méthode  ;  il  passa 
dans  les  compilations  postérieures  où  il  perdit  son  indi- 
vidualité^. Son  titre,  Explication  des  mots  grecs  en 
syriaque''^  l-iiVactu»  ^Jd:  ic^^îaï  .^oa.  indique  qu'Honein 
avait  surtout  en  vue  ici  les  mots  grecs  ;  il  avait  traité 


1.  Cet  ouvrage  se  trouve  aussi,  en  de!>ors  du  ms.  de  l'India  Office, 
dans  le  ms.  du  Vatican  419  syr.  (voir  Hokfmann.  Op.  cil..[).  \i\^ .  et  dans 
Iç  ms.  appartenant  à  l'Union  TheoloQical  Seminary,  voir  Proccedings 
of  the  American  Oriental  Society,  XHI,  134. 

2.  AssKMAM.  B.  0.,  m,  pars  I,  144. 

3.  Bar  Bahloul  avertit  dans  la  préface  de  son  lexique,  que  les  gloses 
qu'il  va  insérées  sans  nom  d'auteur  sont  empruntées  au  lexique  d'Ho- 
nein. 

4.  Voir  IsiMANCEL  LoEW,  Zeitsckr.  der  deut.  morg.  Gesell.,  XL,  p.  76i,  et 
Aramxische  P/ïanzennamen ,  Leipzig,  1881,  17,  note  2. 


302  LA  LEXICOGRAPHIE. 

des  mots  syriaques  dans  son  De  xquilitteris  dont  nous 
avons  parlé  précédemment. 

Nous  avons  dit  ci-dessus,  p.  276,  que  Gabriel  Boktjésu 
avait  été  considéré  à  tort  comme  Tauteur  dun  lexique. 

Zacharie  de  Merv',  qui  vivait  à  la  fin  du  IX^  siècle, 
compléta  l'œuvre  lexicograpliique  d'Honein  au  moyen 
de  nombreuses  additions  que  Bar  Baliloul  cite  fréquem- 
ment. Ces  additions  étaient,  paraît-il,  mal  disposées  et 
souvent  contradictoires  avec  les  gloses  d'Honein.  Pour 
remédier  à  cet  inconvénient,  un  disciple  d'Honein,  le 
médecin  Jésu  Bar  Ali,  composa,  à  la  demande  du  diacre 
Abraham,  un  nouveau  lexique  en  utilisant  les  gloses 
de  Honein  et  de  Zacharie  de  ^lerw.  Dans  la  préface  de 
son  glossaire ,  il  confesse  que  son  livre  est  encore  im- 
parfait, et  il  prie  Abraham  et  les  autres  lecteurs  qui 
remarqueraient  des  lacunes,  de  le  compléter.  Abraham 
ne  faillit  pas  à  cette  tâche  et,  parmi  les  nombreux  ma- 
nuscrits de  Bar  Ali  conservés  dans  les  bibliothèques  de 
l'Europe,  quelques-uns  portent,  après  la  préface,  une 
note  relative  à  ces  additions  et  intitulée  nlr^çoffoola] 
d'autres,  au  contraire,  n'ont  pas  cette  note  et  offrent 
un  texte  plus  proche  de  l'original.  A  la  dernière  caté- 
gorie appartient  le  manuscrit  de  Gotha  dont  G.  Hoff- 
mann a  publié  la  première  partie^.  Il  est  à  souhaiter 
que  cette  édition  soit  achevée^. 

Henanjésu  bar  Seroschwai,  évêque  de  Hira  vers  900, 
est  l'auteur  d'un  quatrième  lexique  syriaque.  Bar  Bali- 
loul qui  donne  des  gloses  de  ce  lexique  à  chaque  page 

A.  Sans  doute  le  même  qu'Abou  Yahya  al-Marwazi,  un  éminent  méde- 
cin de  Bagdad,  qui  écrivit  en  syriaque  sur  la  logique  et  d'autres  sujets, 
WracuT,  Syriac  Uterature ,  2«  éd.,  p.  2lo;  comp.  ci-dessus,  p.  2G0.  Le 
nom  de  Zacharie  lui  est  donné  par  Bar  Bahloul  dans  la  préface  de  son 
lexique. 

2.  Syrisch-arabische  Glossen,  Kiel,  4874. 

3.  M.  Gottheil  travaille  à  une  nouvelle  édition  du  lexique  de  Bar  Ali, 
mais  cette  édition  n'a  pas  encore  paru. 


LA  LEXICOGRAPHIE.  303 

de  sa  compilation,  le  juge  dans  sa  préface  très  exact  et 
l'appelle  le  complément  dHonein. 

La  plus  volumineuse  compilation  de  cette  sorte  est 
le  lexique  de  Bar  Bahloul  ' ,  espèce  d'encyclopédie  dans 
laquelle  l'auteur  a  réuni  les  différentes  œuvres  de  lexi- 
cographie avec  de  nombreuses  notices  tirées  des  écrits 
syriaques  sur  les  sciences  naturelles,  la  philosophie,  la 
théologie  et  l'exégèse  biblique.  Le  principal  mérite  de 
Bar  Bahloul  est  de  citer  exactement  ses  autorités.  Son 
ouvrage  nous  est  parvenu,  il  est  vrai,  considérablement 
interpolé,  et  il  n'est  pas  rare  d'y  trouver  cités  des  au- 
teurs d'une  époque  postérieure,  comme  Barhebrceus, 
par  exemple,  qui  est  du  XIIP  siècle.  Bar  Bahloul,  en 
arabe  Aboul-Hassan  ibn  al-Bahloul-  était  originaire 
d'Awànâ,  dans  le  diocèse  de  Tirhan^.  11  vivait  vers  le 
milieu  du  X^  siècle;  en  963,  il  agit  en  faveur  de  l'élec- 
tion d'Ebedjésu  I,  patriarche  des  Xestoriens  '.  Suivant 
une  clausule  dans  quelques  manuscrits,  cet  auteur  com- 
posa son  lexique  à  Bagdad,  où  il  enseignait  dans  les 
écoles^;  on  lui  donne  lépithète  dî habile  docteur^  jUà> 


1.  Édité  par  R.  Dcval,  Lexicon  syriacum,  auctore  Hassano  Bar  Bah- 
lule,  Paris,  1888-1896. 

2.  Le  nom  d'Isa  ou  Jésu  qu'on  lui  donne  par  erreur,  Assémam,  B.  0., 
ni,  pars  I,  2j7,  vient  de  la  confusion  qui  s'est  faite  entre  les  noms  de 
Bar  Baliloul  et  de  Bar  Ali  dans  les  ms.  où  les  lexiques  de  ces  deux  au- 
teurs sont  mélangés;  mais  Bar  Bahloul  n'a  pas  le  nom  de  Jt's»  dans  les 
ms.  d'Oxford  et  de  Cambridge,  comme  le  dit  Gf.'^emls,  Sacra  Pentecos- 
talia,  Leipzig,  IS.'J'i,  p.  2G,  note  40.  Le  nom  de  Baliloul  qui  signifie  bouf- 
fon, n'est  pas  rare  cliez  les  Arabes;  ainsi  s'appelait  notamment  le 
l)Ouffon  d'Haroun  al-Raschid.  De  nos  jours  il  désigne  dans  les  contes 
populaires  du  Kurdistan  une  espèce  d'Asmodée,  capable  du  bien  et  du 
mal. 

3.  Voir  Ilm  Abi  Ouseibia.  éd.  A.  MLEi.i.r.n,  Kœnisberg,  188»,  t.  I,  p.  109, 
où  il  faut  lire  al-Tirhûni  au  lieu  de  al-Tahrehâni. 

4.  Slari,  éd.  Gismo.ndi,  pars  I,  p.  101. 

5.  Voir  Gesesiis,  Sacra  Pentecoslalia,  p.  27;  Payne  Smito,  Catalogue, 
col.  GOi. 


304  LA  RHÉTORIQUE 

Elias  de  Nisibe  clùt  la  série  des  lexicographes  ^  avec 
son  Lwj^e  de  V interprète,  qui  se  distingue  des  lexiques 
précédents  autant  par  sa  forme  que  par  la  concision 
des  gloses.  C'est  un  vocabulaire  arabe-syriaque,  divisé 
par  ordre  des  matières  et  par  chapitres-. 

§  3.  —  La  rhétorique  et  la  poétique. 

La  rhétorique  et  la  poétique  oat  été  envisagées  par 
les  anciens  Syriens  comme  une  partie  de  la  philosophie 
aristotélienne;  c'est  à  ce  point  de  vue  spécial  qu'elles 
étaient  enseignées  dans  les  écoles,  et  les  écrits  qui  en 
traitent  nous  offrent  peu  d'intérêt  pour  la  littérature 
syriaque. 

Honein  fit  (probablement  en  syriaque)  la  version  de 
la  rhétorique  et  de  la  poétique  d'Aristote ,  dont  parlent 
certains  auteurs  arabes,  et  il  semble  que  c'est  cette 
version  qu'Abou  Zacharia  et  Abou  Baschr  traduisirent 
en  arabe  ^. 

Un  livre  sur  la  rhétorique  qui  jouit  d'un  grand  crédit 
en  Syrie  et  qui  paraît  avoir  un  cachet  original,  c'est  le 
traité  d'Antoine,  surnommé  le  Rhéteur,  un  moine  de 
Tagrit,  qui  vivait  au  commencement  du  IX^  siècle.  Ce 
traité,  divisé  en  sept  chapitres,  est  conservé  avec  des 
lacunes  dans  le  ms.  Add.  17208  du  Musée  britannique. 
Il  mériterait  d'être  édité  '•. 


\.  Nous  ne  parlerons  pas  des  lexiques  modernes  des  Maronites, 
comme  celui  de  Karmsedinoyo. 

2.  Il  a  été  publié  par  Pacl  de  Lagaude  en  tête  de  son  livre  Prseler- 
missorum  libri  duo,  Gœttingue,  1879.  Thomas  a  Novahia  en  tira  les  ma- 
tériaux pour  son  Thésaurus  arabico-syyo.-latinus,  Rome,  1G36. 

3.  Voir  D.Map.goliouth, AnaZecia  orientalia  ad poelicam  Arisloteleam, 
Londres,  1887,  p.  3  et  suiv.  Dans  cet  ouvrage,  M.  Margolioutli  a  édité 
la  "Version  de  la  poétique  d'Abou  Baschr  et  le  livre  d'Avicenne  traitant 
de  la  poétique. 

4.  Paul  de  Lagarde  en  avait  commencé  l'impression,  mais  la  mort  de 
ce  regretté  savant  en  a  arrêté  l'édition. 


ET  LA  POÉTIQUE.  30b 

Sévère  bar  Schakako  a  disserté  de  la  rhétorique  et 
de  la  poétique  dans  le  premier  livre  de  ses  Dialogues 
après  avoir  parlé  de  la  grammaire.  Le  dialogue  sur  la 
poétique  vaut  une  mention  particulière.  11  nous  a  con- 
servé un  fragment  de  la  version  syriaque  de  la  poétique 
d'Aristote,  relatif  à  la  définition  de  la  tragédie,  lequel 
nous  permet  de  vérifier,  au  moins  sur  ce  point,  la  fidé- 
lité de  la  version  arabe  d'Abou  Baschr^  Ce  dialogue 
renferme  en  outre  un  traité  sur  la  versification  syriaque 
qui  est  unique  en  son  genre  2.  Malheureusement  les 
règles  qui  y  sont  établies  sont  basées  sur  la  poésie  dé- 
cadente des  siècles  postérieurs,  et  ne  nous  apprennent 
rien  des  principes  qui  régissaient  l'ancienne  poésie 
syriaque. 

Barhebrseus  ne  visait  point  à  l'originalité  quand  il 
écrivit  son  livre  de  La  crème  de  la  science  qui  com- 
prenait la  philosophie  aristotélienne  tout  entière, 
comme  nous  l'avons  rappelé  plus  haut,  p.  262,  et  dans 
lequel  la  rhétorique  et  la  poétique  occupent  les  deux 
derniers  chapitres  de  la  première  partie.  ^1.  Margo- 
liouth  a  édité  la  poétique  dans  ses  Analecta  ortientalia 
ad poeticam  Aristoteleam,  Londres,  1887,  p.  114-139. 


1.  Margoliouth,  Op.  cit.,  p.  G.  Ce  fragment  est  imprimé  à  la  suite  de 
la  version  d'Abou  Baschr. 

2.  Édile,  sous  forme  d'extraits  avec  une  traduction  française  par 
l'Abbé  Martin,  De  la  métrique  chez  les  Syriens,  dans  le  vol.  VU,  fasc.  2, 
des  Abhandlungen  fur  die  Kunde  des  Morgenlandes,  Leipzig,  1879. 


XYII 


VERSIONS     SYRIAQUES 


Nous  n'avons  pas  réservé  un  chapitre  spécial  à  la 
théologie .  à  cause  de  la  diversité  des  écrits  syriaques 
que  cette  science  a  produits.  Quelques-uns  de  ces  écrits 
ont  été  mentionnés  dans  les  chapitres  précédents;  les 
autres,  en  plus  grand  nombre,  seront  cités  dans  les 
notices  de  la  seconde  partie  consacrées  à  leurs  auteurs 
et  qui  suivent  l'ordre  chronologique.  A  cette  place  leur 
caractère  et  leur  objet  ressortiront  peut-être  mieux. 
Mais  on  dira  ici  quelques  mots  des  versions  des  œuvres 
des  Pères  grecs  qui  ne  rentrent  pas  dans  les  genres 
littéraires  traités  ci-dessus.  Ces  versions  témoignent  de 
Tinfluence  de  la  théologie  grecque  sur  la  théologie  sy- 
riaque. Ce  sera  l'objet  du  premier  paragraphe  de  ce 
dernier  n"^.  Dans  un  autre  paragraphe,  nous  ajouterons 
les  versions  d'oeuvres  profanes. 

Les  premières  versions  syriaques  sortirent  du  mou- 
vement scientifique  qui  se  produisit  dans  la  Méso- 
potamie au  V^  et  au  VI®  siècle  de  notre  ère  et  qui  eut 
d'abord  son  centre  à  Edesse  (comparer  ci- dessus 
n**  XIY,  §  2i.  Ces  premières  versions  sont  littérales 
et  terre  à  terre;  elles  jurent  avec  le  génie  littéraire  des 
Syriens  et  maltraitent  leur  langue.  La  renaissance  des 


308  VERSIONS  D'OEUVRES 

sciences  en  Mésopotamie,  qui  commence  au  IX^  siècle, 
favorisée  par  les  califes  de  Bagdad,  marque  une  ère 
de  progrès  :  les  traducteurs  s'efforcent  de  rendre  autant 
l'esprit  que  la  lettre  du  livre  traduit;  ils  sont  familia- 
risés aveclalangue  technique,  et  leur  style  est  de  meil- 
leur aloi. 

§  1.  —  Versions  d'œuvres  des  Pères  grecs. 

Les  œuvres  des  Pères  grecs  ont  passé  presque  tou- 
tes en  syriaque.  Quelques  versions  sont  très  anciennes, 
suivant  de  près  parfois  l'original  grec  qu'elles  transmet- 
taient aux  Syriens,  telle  est  la  version  du  traité  De 
recta  fide  de  Cyrille,  que  Rabboula,  évêque  d'Edesse, 
fit  sur  un  exemplaire  qui  lui  avait  été  envoyé  par  l'au- 
teur. La  plupart  de  ces  versions  sont  conservées  dans 
les  bibliothèques  de  l'Europe;  mais,  malgré  l'intérêt 
qu'elles  présentent,  peu  d'entre  elles  ont  été  éditées; 
nous  nous  bornerons  à  quelques  indications  sommai- 
res; le  lecteur  trouvera  d'autres  informations  dans  La 
littérature  grecque  de  M.  Batiffol,  à  laquelle  il  nous 
suffira  souvent  de  renvoyer.  Le  catalogue  d'Ébedjésu 
renferme,  dans  sa  première  partiel  une  liste  des  livres 
de  la  patrologie  grecque  traduits  en  syriaque;  cette 
liste  est  précieuse,  car  elle  fait  connaître  le  titre 
d'œuvres  grecques  qui  ne  sont  pas  connues  d'ailleurs, 
mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  la  reproduire. 

Cureton  édita  en  1845  l'ancienne  version  syriaque  des 
trois  Épîtres  de  saint  Ignace  à  Polycarpe ,  aux  Éphé- 
siens  et  aux  Romains  -.  Cureton  croyait  que  cette  ver- 
sion reproduisait  les  épîtres  originales  qui  avaient  été 
interpolées  et  altérées  dans  la  recension  grecque  con- 

1.  As.sÉMAM,  B.  0.,  \\\,pars  1,  13  et  suiv. 

2.  The  ancient  syriac  version  of  the  epistles  of  S.  Ignatius,  Londres, 
1845. 


DES  PÈRES  GRECS.  309 

nue;  les  autres  épitres  grecques  étaient,  selon  lui.  apo- 
cryphes. Les  controverses  que  cette  thèse  souleva  sus- 
citèrent une  nouvelle  publication  du  célèbre  orientaliste 
anglais  (  Vindicice  Ignatianx,  Londres,  1846)  ;  puis  celui- 
ci  donnait  une  seconde  édition,  augmentée  de  nouveaux 
textes,  sous  le  titre  de  Corpus  Jgnatianiim,  Londres, 
1849.  Les  conclusions  de  Cureton  sont  aujourd'hui  défi- 
nitivement rejetées  :  la  version  syriaque  ne  représente 
qu'un  extrait  dun  recueil  des  épitres,  retravaillé  et  am- 
plifié par  un  faussaire  *. 

Le  P.  Zingerle  a  fait  connaître,  dans  le  premier  vo- 
lume des  Moniinienta  syriaca  (Innsbruck,  1869,  p.  1  . 
un  extrait  syriaque  de  la  lettre  de  Polycarpe,  contenant 
le  chapitre  YII  et  la  fin  du  chapitre  Xll  qui  manque  en 
grec.  Quelques  mots  du  chapitre  XII  ont  été  imprimés 
par  Cureton  dans  son  Corpus  Ignatianum,  p.  212.  1.  3. 
d'après  un  ms.  du  YP  siècle  où  se  trouve  le  traité 
de  Timothée  .Elure  d'Alexandrie  contre  le  concile  de 
Chalcédoine.  Cureton  a  ajouté  [ihîd.,  p.  204.  1.  6  ,  les 
chapitre  IX  et  XIII  tirés  de  la  version  syriaque  de  l'His- 
toire ecclésiastique  d'Eusèbe,  et  p.  214.  1.  25  et  27; 
des  citations  du  chapitre  V  empruntées  à  Sévère  d'An- 
tioche.  Le  P.  Zingerle  a  traduit  en  latin  ces  divers 
fragments-. 

L'Abbé  Paulin  Martin  a  publié  dans  le  quatrième 
volume  des  Analecta  sacra  du  card.  Pitra  :  1^  un 
fragment  delà  seconde  lettre  apocryphe  de  saint  Clé- 
ment ^  ;  2'^  un  fragment  de  la  lettre  de  Polycarpe;  3"  un 
fragment  du  traité  sur  la  foi  orthoxe  attribué  fausse- 
ment à  saint  Justin  •*  ;  4°  les  fragments  connus  des  ver- 


1.  p.  Batiffol,  La  litlirature  grecque,  p.ii. 

2.  Op.  cit.,  I,  p.  2-5;  comp.  P.  Batiffol,  La  littérature  grecque,  p.  17, 

3.  Comp.  BE5SLT,  The  Epistles  of  s.  Clément.  Cambridge,  1899. 

4.  McE SINGER  a  public  un  autre  fiogment  dans  Monutnentasyr.,  II,  p.  7. 


310  VERSIONS  D'œUVRES 

sions  syriaques  et  arméniennes  de  saint  Irénée  ^  ;  5°  un 
fragment  du  livre  (apocryphe)  de  Clément  d'Alexandrie 
contre  les  hérésies. 

Plus  importants  sont  les  textes  qui  représentent  l'œu- 
vre  de  saint  Hippolyte  dans  la  publication  de  TAbbé 
Martin.  Après  les  commentaires  bibliques  (voir  ci-des- 
sus, p.  85),  viennent  :  1°  des  fragments  sur  la  Pâque, 
que  Lagarde  avait  déjà  imprimés  dans  ses  Analecta 
sijriaca,  p.  88  et  89;  2°  un  fragment  de  Thomélie  sur 
lEpiphanie;  3*^  des  fragments  du  discours  sur  la  résur- 
rection adressé  à  Timpératrice  Mamma;  Lagarde  en 
avait  donné  des  passages,  Anal,  sj//-.,  p.  87. 

De  Denys,  évêque  d  Alexandrie ,  l'Abbé  Martin  a 
édité  des  fragments  syriaques  :  l'^  de  la  letlre  à  Nova- 
tus  ;  2°  de  la  lettre  à  Denys  et  Etienne  ;  3"^  de  la  lettre 
à  Etienne  de  Rome  ;  4'^  de  la  lettre  au  pape  Xystus 
(Sixte)  ;  5°  de  la  dixième  réfutation  de  Paul  de  Samo- 
sate  ;  6°  de  la  lettre  à  Paul  de  Samosate  ^. 

Les  œuvres  de  Pierre ,  évêque  d'Alexandrie .  sont  re- 
présentées dans  la  même  publication  par  des  fragments 
des  homélies  sur  la  divinité,  sur  la  résurrection,  sur 
la  non-préexistence  de  l'âme  ^. 

D'Alexandre,  le  successeur  de  Pierre  sur  le  siège 
d'Alexandrie ,  l'Abbé  Martin  a  recueilli  des  fragments 
de  l'encyclique  et  de  plusieurs  homélies^. 

Parmi  les  Pères  qui  illustrèrent  le  nom  de  Grégoire, 
c'est  Grégoire  de  Néocésarée  ou  Grégoire  le  Thauma- 

4.  MoESiNGER,  l.  c,  p.  8-9,  avait  publié  trois  de  ces  fragments  d'après 
des  ms.  du  Vatican;  l'un  d'eux  a  été  imprimé  sous  le  nom  de  Mélifoii, 
dans  le  Spicilegium  syriacum  de  Cciieton,  p.  3-2,  et  dans  le  Spicilegium 
Solesmense  du  card.  Pitra,  II,  p.  lix;  il  se  trouve  aussi  en  arabe  sous 
le  nom  d'Hiérothée  dans  le  Spicileg.  Rom.  du  card.  Mai,  III.  p.  704. 

2.  Comp.  P.  Batiffol,  La  litt.  grecque,  p.  133. 

3.  Comp.  P.  Batiffol,  ibid.,  p.  429.  Sur  la  lettre  de  Pierre  relative  aux 
renégats,  voir  ci-dessus,  p.  474. 

4.  Comp.  S.  Alexandri...  ser^no  dans  Mai,  Nova  Patrum  Bibl.,  H,  531. 


DES  PERES  GRECS.  311 

turge  qui  attira  d'abord  rattention  des  théologiens 
orientalistes.  En  1858,  Lagarde  publiait  dans  ses  Ana- 
lecta  syriaca,  p.  31-67,  les  textes  suivants,  daprès 
des  ms.  du  Musée  britannique  où  ils  figurent  sous  le 
nom  de  ce  Père  :  1°  le  traité  Kazà  uéoo;  ttIoti;;  2'^  le 
discours  à  Philagrius  sur  le  consubstantiel;  3°  le  dis- 
cours à  Théopompe  sur  limpassabilité  et  la  passabilité 
de  Dieu  ;  4'^  des  extraits  du  traité  sur  la  résurrection 
et  des  douze  chapitres  sur  la  foi.  Le  Kard  utooç  nîoriç 
est  un  écrit  dApoUinaire  mis  en  circulation  sous  le 
nom  de  Grégoire,  comme  le  P.  Lequien  la  établi,  le 
premier*.  M.  Victor  Ryssel  a  revendiqué  l'authenticité 
des  discours  à  Philagrius  et  à  Théopompe  dont  il  a 
donné  une  traduction  allemande  —  thèse  qui  a  rencontré 
autant  d'adversaires  que  de  partisans  -  —  et  il  a  rejeté 
comme  apocryphes  le  traité  sur  la  résurrection  et  les 
chapitres  sur  la  foi  ^.  L'Abbé  Martin  a  réimprimé  les 
textes  édités  par  Lagarde  avec,  en  plus^  La  réi^élation 
de  saint  Grégoirey  Le  discours  sur  l'Annonciation  de 
la  Vierge ,  L'homélie  sur  le  baptême  de  Notre  Seigneur 
et  divers  fragments  pseudépigraphiques  '*. 

Le  IV^  vol.  des  Analecta  sacra,  publié  par  l'Abbé 
Martin,  a  encore  quelques  fragments  syriaques  d'écrits 
de  Méthodius.  d'Eustathius  d'Antioche,  de  Sérapion  de 
Thmuis  et  de  Pseudo-Denys  lAréopagite. 

Les  œuvres  de  Grégoire  de  Xazianze  furent  traduites 
en  syriaque,  en  deux  tomes,  par  l'abbé  Paul,  en  G24, 

1.  p.  Batiffol,  ibid.,  p.  282;  comparer  Caspari,  Allé  und  neue  Quellen 
zur  Geschichte  des  Taufsymbols,  Anhang  II,  p.  65-116:  Victor  Ryssel, 
Gregorius  Thaumaturgus,  sein  Leben  und  seine  Schriflen,  Leipzig, 
1880,  p.   40;  Abbé  Martin,  Analecla  sacra  du  card.  Pitra,  IV,  p.  xxii. 

2.  Ryssel,  Op.  cit.,  et  Jahrbûcher  fâr  protest.  Théologie,  1881,111, 
p.  585;  Dreseke,  Jahrb.,  1881,  II,  p.  382;  P.  Martin,  Analecta  sacra  du 
card.  Pitra,  IV,  p.  xxii. 

3.  Ryssel,  Op.  cit..  p.  43,  47  et  suiv. 

4.  Analecta  sacra,  IV,  p.  81-133. 


312  VERSTOiNS  D'ŒUYRES 

en  Chypre  où  il  s'était  réfugié  pour  échapper  aux  ar- 
mées perses  qui  avaient  envahi  la  Mésopotamie  '.  Atha- 
nase  de  Balad  traduisit  les  homélies,  au  moins  partiel- 
lement -,  et  la  ^vmywyrj  nat  ihjyriaLç  loroçuay;  celle-ci 
nous  est  parvenue  dans  un  ms.  du  Musée  britannique  ^. 
Les  Nestoriens.  de  leur  côté  ,  avaient  une  version  des 
écrits  du  Théologien  '.  Au  nombre  des  traducteurs  de 
ces  écrits,  BarhebraBus  cite  aussi  Jacques  d'Édesse^. 
Peu  de  temps  avant  sa  mort,  le  P.  Bollig  édita  le  ms. 
Syr.  du  Vatican  105,  qui  contient  une  version  des  poè- 
mes iambiques;  son  édition  a  été  complétée  par  le 
P.  Gismondi^.  Ce  manuscrit,  qui  est  ancien  (V^  ou  YP 
s.),  ne  comprend  pas  la  série  intégrale  des  poèmes  de 
Grégoire;  Tordre  y  diffère  de  celui  des  éditions  grec- 
ques ;  plusieurs  poèmes  sont  réunis  en  un  seul  ;  d'au- 
tres, au  contraire,  sont  coupés  en  plusieurs  parties. 
Le  P.Gismondi  en  a  comblé  les  lacunes  avec  des  ms. 
du  Musée  britannique  ;  il  a  même  reproduit  deux  recen- 
sions différentes  du  poème  sur  la  virginité  ;  une  troisième 
recension  existe  dans  un  autre  m  s.  du  même  musée. 
L'une  de  ces  recensions  provient  de  la  version  nesto- 
rienne;  une  autre  de  la  traduction  de  l'abbé  Paul.  Mais 
on  ne  sait  quelle  version  des  poèmes  de  Grégoire  repré- 

1.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  71;  m,  pars  I,  23.  Sa  version  est  conservée  au 
Musée  britannique;  Wright,  Catal.,  p.  423-435. 

2.  Wr.iGiiT,  Catal.,  p.  4il. 

3.  WiiiGiiT,  Catal.,  p.  425. 

4.  Wright,  Catal,  p.  43G-437. 

5.  AssÉMAM,  B.  0.,  ir,  307;  HI,  pars  I,  23.  Wright  croyait  erronée  l'as- 
serlion  de  Barliebrasus;  il  dit,  Synac  literature,  2=  éd.,  p.  149  :  «  Jac- 
ques d'Edesse  retoucha  simplement,  croyons-nous,  la  version  de  l'abbé 
Paul,  à  laquelle  il  ajouta  probablement  des  notes  et  des  extraits  expli- 
catifs de  Sévère,  et  la  recension  par  Athanase  de  la  ^^vrayioyrj  xa\ 
h^ijyrjoig  loToquZv  mise  en  appendice  à  l'homélie  In  sancta  lumina 
(Catalog.  Wiight,  p.  423-427).  . 

6.  ,S.  Gregorii  Theologi  liber  carminum  iambicorum  versio  syriaca^ 
Pars  î))i'ina,  edidit  F.  J.  Bollig.  Pars  altéra,  edidif  H.  Gismondi,  Bei- 
roulh,  1895  et  1896. 


DES  PÈRES  GRECS.  313 

sentent  le  ms.  105  du  Vatican  et  certains  ms.  du  ^lusée 
britannique.  Si  le  manuscrit  du  Vatican  est  réellement 
du  V^  ou  du  VP  s. ,  comme  le  dit  Assémani,  ce  ne  peut 
être  la  traduction  de  Januarius  Candidatus  d'Amid^ 
faite  en  605,  ni  celle  de  Théodose-,  faite  en  805,  non 
plus  que  la  version  nestorienne  de  Rabban  Gabriel , 
qui  venait  d'être  achevée  quand  le  patriarche  Timothée 
I  (780-853)  en  adressa  un  exemplaire  à  Sergius  ^.  On  y 
voit  avec  quelque  vraisemblance  l'ancienne  version  nes- 
torienne mentionnée  par  Assémani  ■*.  La  version  nesto- 
rienne fut  commentée  par  les  patriarches  Maraba  II  ^  et 
Timothée  I  *^  ;  la  version  jacobite  de  l'abbé  Paul  le  fut 
par  Denha  ou  Ibas  (vers  850'  et  par  un  auteur  ano- 
nyme dont  l'œuvre  est  conservée  dans  le  ms.  Add.  17197 
du  Musée  britannique  ;  AVright  "  pense  que  cet  auteur 
peut  être  Elias,  évêque  de  Singar  vers  750  (comp.  As- 
sémani, B.  0.,  II,  339}.  George,  évêque  des  Arabes, 
composa  un  recueil  de  scolies  sur  les  homélies  de  Gré- 
goire, qui  renferme  un  grand  nombre  de  leçons;  cette 


1.  Appelé  Senorinus  Chididatus  par  Assémam,  B.  0.,  U,  cxlix,  o02;  ni, 
parsî,  23,  noie.  Sur  le  nom  exact  de  cet  auteur  voir  Giidi,  Actes  du 
A'«  Congrès  des  Orientalistes  de  Genève,  1894.  3"^  partie,  p.  75.  La  ver- 
sion de  Candidatus  était  divisée  en  dix-sept  chapitres,  d'après  une 
notice  du  ms.  90  du  Vatican,  laquelle  est  suivie  d'un  fragment  de  cette 
version,  vers  1-82  du  poème  Ucoï  twv  xad'  èavrov;  ce  fragment,  peut- 
être  unique,  a  été  édile  par  Giidi,  l.  c,  p.  87-82. 

2.  BAnuEDr..£US,  Chron.  eccL,  I,  363;  Assémam  ,  B.  0.,  II,  3io.  Il  est  pos- 
sible que  les  ms.  Add.  liliil  et  18821  du  Musée  britannique  renfer- 
ment la  traduction  de  Candidatus  ou  celle  de  Tliéodose;  ^Vivight,  Catal., 
p.  433.  Théodose  est  aussi  l'auteur  d'une  version  de  l'homélie  de  Gré- 
goire de  Nazianze  sur  les  miracles  du  prophète  Élie,  conservée  dans  le 
ms.  s>r.  'JG  du  Vatican,  Catal.  Vat.,  II.  .^21. 

3.  Voir  l'Alibé  Cuabot,  Journal  asiatique,  mai-juin  1898,  p.  54». 

4.  B.  0.,  III,  pars  I,  2i,  note  i.  Celte  version  est  peut-être  aussi  celle 
du  ms.  du  Musée  britannique,  Add.  18815,  du  IX«  siècle,  Catal.  Wright, 
p.  43C. 

5.  A-sÉMAM,  B.  0.,  lU,  pars  I,  157. 

6.  Bariiebr.cis,  Chron.  eccl.,  II,  179. 

7.  WuiGUT,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  p.  157,  note  2. 

18 


314  VERSIONS  D'ŒUVRES 

compilation  est  conservée  dans  le  ms.  Add.  14725  du 
Musée  britannique'. 

De  l'ancienne  Ecole  des  Perses  à  Edesse  sort  la  ver- 
sion de  la  Théophanie  d'Eusèbe,  dont  on  ne  possède 
que  des  fragments  en  grec  ;  elle  a  été  éditée  par  Sa- 
muel Lee-  d'après  le  célèbre  ms.  Add.  12150  du  Musée 
britannique,  daté  de  411,  qui  renferme  aussi  les  Réco- 
gnitions de  Clément  et  l'histoire  des  martyrs  d'Eu- 
sèbe". 

Le  même  manuscrit  nous  a  conservé  encore  la  ver- 
sion syriaque  du  traité  contre  les  Manichéens  de  Titus, 
évêque  de  Bostra  (f  375) ,  qui  est  complète  en  quatre 
livres  ;  on  ne  possède  en  grec  que  les  deux  premiers 
livres  et  une  partie  du  troisième^'. 

Le  ms.  Add.  14569  du  Musée  britannique  contient 
un  recueil  des  vingt  premières  Lettres  festales  d'Atha- 
nase  d"  Alexandrie  ;  il  ne  s'est  conservé  en  grec  que 
des  fragments  de  la  série  suivante.  Dans  l'exemplaire 
grec  que  le  traducteur  syriaque  avait  sous  les  yeux, 
les  lettres  XV  et  XYI  manquaient,  comme  la  re- 
marque en  est  faite  à  la  fm  de  la  XIV®  lettre.  En  tête 
on  lit  une  introduction  dans  laquelle  toutes  les  lettres 
festales  sont  analysées  et  portent  la  date  de  la  fête  de 
Pâques,  pour  laquelle,  chaque  année,  Athanase  écri- 
vait une  de  ses  lettres.  Cureton  a  édité  ce  manuscrit 
dans  l'état  où  il  se  trouve  et  sans  réparer  le  désordre 

1.  Il  a  été  fait  aussi  plusieurs  commentaires  partiels,  que  nous  men- 
tionnerons dans  notre  seconde  partie  sous  le  nom  de  leurs  auteurs. 

2.  Eusebius  on  the  Theophania,  Londres,  1842,  trad.,  Cambridge,  1843; 
comp.  P.  Batiffol,  La  litt.  grecque,  i».  209.  Sur  les  versions  de  l'Histoire 
ecclésiastique  Qi  de  la  Chronique  d'Eusèbe,  voir  ci  dessus  p.  198  et  suiv. 
Voir  aussi  Eusebius  of  Cœsarea  on  the  Star,  éd.  Wright,  Journ.  of 
sacrecl  Lit.,  Londres,  18G6;  Mai,  Nova  Patrum  Bibl.,  IV,  281. 

3.  Voir  ci-dessus,  p.  102  et  152. 

4.  Cette  version  a  été  éditée  par  Paul  de  Lagarde,  Titi  Bostrensis 
contra  Manichœos  libri  IV  syriace ,  Berlin,  1859;  comp.  P.  Batiffol, 
La  litt.  grecque,  p.  280. 


DES  PÈRES  GRECS.  315 

des  feuillets  intervertis  ;  il  a  ajouté  des  extraits  des  let- 
tres XXYII,  XXIX  et  XLIV  tirés  du  livre  de  Sévère 
d'Antioche  contre  Pliiloponus  Grammaticus  'conservé 
seulement  en  syriaque),  et  un  extrait  de  la  XXXIX^  lettre 
relatif  aux  livres  canoniques  de  TA.  et  du  N.  Testa- 
ment'. Le  card.  Mai  a  rétabli  Tordre  correct  dans  une 
nouvelle  édition,  accompagnée  dune  traduction  latine, 
Script,  cet.  noi'a  collecti'o,  t.  YI.  Larsow  en  a  fait  une 
traduction  allemande,  et  Pusey  une  traduction  an- 
glaise-. 

On  doit  à  Paul  de  Lagarde^  l'édition  des  lettres  du 
pape  Jules  sur  l'Incarnation  qui  se  trouvent  dans  les 
manuscrits  syriaques  du  Musée  britannique.  Les  Mo- 
numenta  sf/n'aca  (Mœsinger] ,  II,  1-5,  fournissent 
sept  fragments  extraits  des  ms.  du  Vatican,  qui  com- 
plètent l'édition  de  Lagarde  et  comblent  quelques  la- 
cunes. On  a  en  syriaque  :  la  lettre  à  Denys  '  à  cette 
lettre  appartient  le  second  fragment  de  Mœsinger  ;  la 
lettre  à  Prosdocius''  (à  celte  lettre  appartient  le  qua- 
trième fragment  de  Mœsinger  ;  la  lettre  encyclique 
aux  évêques;  un  passage  sur  l'Incarnation,  auquel 
répond  le  troisième  fragment  de  Mœsinger:  un  se- 
cond extrait,  plus  long;  et  la  lettre  V^. 

Mœsinger  a  publié  ensuite,  p.  5-7,  deux  fragments 
attribués  au  pape  Damase. 

La   version  syriaque  du   traité   de  saint  Epiphane 

1.  Cur.ETOx.  The  feslal  letters  of  Athanasius,  Londres,  18i8;  comp. 
p.  Batiffol,  La  lilt.  grecque,  p.  20(3. 

2.  Sur  la  version  du  coramenlaire  des  Psaumes  et  de  la  lettre  à  Mar- 
ccllin,  voir  ci-dessus,  p.  80. 

3.  Analecta  syriaca,  p.  67-79. 

4.  Voir  Sacrorum  conciliorum...  colleclio,  éd.  MASsr,  Venise,  17:i9,  I, 
1191. 

o.  Voir  ci-dessus,  p.  il3. 

6.  Le  passage  de  Lagap.de,  Analecta  syr.,  p.  73,  I.  17  ,  est  tiré  de  la 
lettre  V,  dans  laquelle  il  se  retrouve  chezLACAUDE,  ibid.,  p.  77,  1.  7;  c'est 
le  cinquième  fragment  de  Muesinger. 


316  VERSIONS  DŒUVRES 

Tleol  /iitTocoï'  y.ul  oraflucar,  incomplet  en  grec,  a  été  pu- 
bliée par  Paul  de  Lagarde  '. 

Cet  infatigable  travailleur  a  imprimé  dans  ses  Ana- 
lecta  sf/7'iacay  p.  91-100,  un  morceau  formé  d'extraits 
des  écrits  de  Diodore  de  Tarse  sur  les  deux  natures 
du  Christ.  D'une  composition  analogue  est  le  morceau 
suivant,  tiré  du  livre  de  Théodore  de  Mopsueste  sur 
rincarnation;  titre  :  «  [Extraits!  du  livre  sur  l'Incar- 
nation .  du  traité  qui  commence  par  ces  mots  :  «  Comme 
beaucoup  de  personnes  se  sont  méprises  de  différentes 
manières  sur  le  sens  du  mot  incarnation .  du  chapitre 
XI,  etc.   »   Ce   sont    des    extraits    des   chapitres   xi, 

XXXIII,    XXXV-XXXVIII  .   L.    LI.    LVI  ,   LIX,    LX  ,   LXIII  ,    LXVI  , 

Lxxiii  et  Lxxiv.  En  outre,  un  extrait  du  traité  sur  la 
foi.  La  plus  grande  partie  des  œuvres  de  Diodore  et  de 
Théodore  a  été  traduite  en  syriaque  à  Edesse  par  Ibas 
et  ses  disciples  au  V°  siècle^.  L'homélie  de  Théodore 
sur  la  vertu  a  été  traduite  par  Abraham,  évéque  de 
Bassora,  qui  vivait  vers  990-^. 

Trois  homélies  de  Proclus,  évêque  de  Constantinople 
(434-446),  l'une  sur  l'Incarnation,  la  seconde  sur  la 
Nativité  de  Notre  Seigneur,  et  la  troisième  sur  Clé- 
ment d'Alexandrie,  se  sont  conservées  en  syriaque 
dans  un  ms.  du  Vatican.  Mai  en  a  donné  une  traduc- 
tion latine  dans  le  Spicilcgiiim  RomaiiujUy  t.  IV, 
p.  Lxxxviii-xcxviii  ;  M.  Chabot   en  a  publié  le  texte 


1.  Veteris  Testamenti  ab  Origene  recensili  fragmenta  apud  Sy7'0S 
servata  quinque.  Prsemittitur  Epiphanii  de  mensuris  et  pondcribus 
liber  nunc  primum  integer  et  ipse  syriacus,  GœUioguc,  1880. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  87  et  254.  Bakhedhcls,  Chron.  eccl.,  I.Im.  attri- 
bue la  traduction  des  coiiiraentaires  de  Tiiéodore  à  Mana,  qu'il  appelle 
Magna,  à  NarsÈs  et  à  Acacius.  Jacques  de  Saroug,  dans  une  de  ses  lettres 
publiées  par  l'Abbé  Martin,  Zeitschr.  der  deut.  viorgenl.  Gesellschaft, 
XXX,  2-20,  dit  avoir  étudié  à  Édesse  pendant  sa  jeunesse  (vers  470)  les 
livres  de  Diodore  que  l'on  traduisait  alors  à  l'École  des  Perses. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  ni,  2^af^s  I,  17'>. 


DES  PERES  GRECS.  317 

syriaque  dans  les  comptes-rendus  de  la  Reale  Acca- 
demia  dei  Lincei,  vol.  V,  fasc.  4,  26  avril  1896. 

La  composition  des  écrits  de  Pseudo-Denys  l'Aréo- 
pagite  semble  définitivement  fixée  entre  482  et  500  ^ 
Peu  de  temps  après  leur  apparition,  ces  livres  furent 
traduits  du  grec  en  syriaque  par  Sergius  de  Pveschaina 
(-}•  536)  et  ils  se  répandirent  dans  toute  la  Syrie,  où 
ils  furent  lus  et  commentés  par  les  Monophysites.  Ser- 
gius mit  en  tête  de  sa  traduction  une  introduction  qui 
indique  combien  la  doctrine  mystique  et  panthéiste 
captivait  son  esprit.  Cette  introduction  est  conservée 
dans  le  ms.  Add.  22370  du  Musée  britannique  avec  le 
commentaire  de  Théodore  Bar  Zaraudi,  un  écrivain  de 
basse  époque-.  La  version  de  Sergius  existe  dans  le 
ms.  Add.  12151,  daté  de  809,  avec  Tintroduction  et  les 
scolies  de  Phocas  bar  Sergius  d"Edesse,  qui  vivait  au 
VHP  siècle^.  Les  scolies  de  Phocas  sont,  en  grande 
partie,  traduites  des  ITcf.ouOsîosi;  de  Jean  le  Scolasti- 
que  de  Scythopolis.  Phocas  a  ajouté  deux  longs  extraits 
des  préfaces  de  Jean  de  Scythopolis  et  de  George,  éga- 
lement de  Scythopolis,  écrites  pour  défendre  lauthen- 
ticité  des  livres  attribuées  à  Denys  lAréopagite .  et  dont 
le  texte  grec  figure  sous  le  nom  de  Maximus  dans  la 
Patrologia  gneca  de  Migne,  IV,  15-21  '.  La  version 
de  Sergius  réunit  toutes  les  œuvres  connues  de  Pseudo- 
Denys,  et  il  ny  a  pas  de  trace  que  ces  œuvres  aient  été 

1.  Voir  J.  STiGLM.wr.,  Dots  Aufkommen  der  Ps^udo-Lionysischen 
Sc/îi/^en,  etc.,  Feldkirch,  1805,  p.  63;  comp.  P.  Batiffol,  La  littérature 
grecque,  p.  321. 

•2.  Wr.icnT,  Calai.,  p.  500. 

3.  WmoHT,  Syriac  Uterature ,  ¥■  éd.,  p.  93,  contre  Assémam  qui  pla- 
çait à  tort  cet  écrivain  avant  Jacques  d'Édcsse,  B.  0..  I,  WA.  Des  ms.  du 
Vatican  ont  au^si  la  version  de  Sergius,  Cat.  Vat.,  ni,  56,  n"  107,  et 
M2,  n"  2.-Ji. 

4.  WniGHT,  Catal.,  p.  .500;  comp.  Abbé  Martin,  Analecta  sacra  de 
PlTRA,  IV,  Proîeg.  XXIII;  Sticlmayr,  Op.  cit.,  p.  52-53. 

18. 


318  VERSIONS  D'ŒUVRES 

postérieurement  amplifiées  ou  transformées  ^  La  lettre 
de  Denys  à  Timothée  sur  la  mort  des  Apôtres  Pierre  et 
Paul  a  été  mentionnée  plus  haut,  p.  101.  Jean  de  Dara, 
au  commencement  du  IX°  siècle,  écrivit  un  commen- 
taire sur  les  deux  livres  de  Pseudo-Denys,  Les  hiérar- 
chies célestes  et  Les  hiérarchies  ecclésiastiques'^.  Le 
Li^re  d' Hiérothée y  qui  porte  le  nom  du  soi-disant 
maître  de  Denys  ne  semble  pas  être  une  version ,  mais 
un  original  syriaque  ;  nous  en  parlerons  dans  notre  se- 
conde partie ,  dans  la  notice  consacrée  à  Etienne  bar 
Soudain,  auquel  ce  livre  a  été  attribué. 

Les  œuvres  de  Sévère  d'Antioche  qui  sont  pour  la 
plupart  perdues  en  grec,  sont  conservées  en  syriaque 
dans  des  traductions  jacobites.  Paul,  évêque  de  Calli- 
nice,  traduisit  en  528  à  Edesse,  où  il  s'était  retiré 
après  sa  déposition  de  son  siège  épiscopal  ^  :  la  cor- 
respondance de  Sévère  et  de  Julien  d'Halicarnasse  sur 
l'incorruptibilité  du  corps  du  Christ,  avec  un  discours 
de  Sévère  contre  Julien  ''  ;  le  traité  contre  les  Additions 
ou  Appendices  de  Julien^,  et  contre  la  dernière  apo- 
logie de  celui-ci  ^  ;  le  traité  contre  les  Manichéens  et  le 

1.  Voir  Stiglmayr,  Op.  cit.,  p.  88-00. 

2.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  1-20-121;  manuscrits  au  Vatican,  100,  363  et  411, 
Catal.  Vat.,  II,  o39,  et  M\i,  Script,  vet.  nova  collectio,  V;  à  la  Bod- 
léienne,  n"  264.  FnoTHiNGHAM,  Slephen  bar  Sudaili ,  Leide,1886,  p.  4, 
cite  à  tort  Joseph  d'Ah\Yaz,  parmi  les  commentateurs  de  Pseudo-Denys  ;  la 
notice  du  Catalogue  d'Ébedjésu,  sur  laquelle  il  se  fonde,  doit  s'entendre 
de  la  grammaire  de  Denys  de  Tlirace;  B.ethgen,  Theol.  Literaturzeit., 
XII,  222,  comp.  ci-dessus,  p.  289,  note  2. 

3.  WpxIght,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  p.  9i,  note  1,  remarque  que  ce  Paul  ne 
doit  pas  être  confondu  avec  Paul,  évèque  d'Édesse,  qui  fut  exilé  à 
Eucliaita  en  522,  rétabli  sur  son  siège  en  320,  et  mourut  l'année  sui- 
vante. 

4.  Ms.  syr.  du  Vatican  140,  Cat.  Vat.,  III,  p.  232;  Assémani,  B.  0.,  II, 
p.  46;  ms.  Add.  17200  du  Musée  britannique,  du  V1I«  siècle,  Wrigut, 
Catal.,  p.  551. 

5.  Ms.  syr.  du  Vatican  140;  ms.  Add.  12158,  daté  de  588,  Wright,  Ca- 
tal., p.  550. 

G.  Ms.  Add.  12158. 


DES  PERES  GRECS.  319 

Philalethes  '.  «  Probablement  de  lui.  ajoute  Wright  2. 
sont  :  l'ancienne  version  des  Homiliœ  cathédrales^: 
la  version  de  la  correspondance  de  Sergius  Gramma- 
ticus  et  de  Sévère  au  sujet  du  dogme  des  deux  natures 
en  Jésus-Christ';  et  peut-être  encore  la  version  du 
traité  de  Jean  Grammaticus  de  Césarée  ^  et  quelques 
autres  versions  qui  ne  nous  sont  connues  que  par  des 
citations  éparses.  Ces  traductions  lui  valurent  de  la 
part  des  Jacobites  le  titre  à^ Interprète  des  livres,  |in«q->o 
picoj.  »  L'abbé  Paul  traduisit,  pendant  son  séjour 
en  Chypre,  vers  624,  outre  les  œuvres  de  Grégoire 
de  Xazianze  ci-dessus,  p.  311-312),  YOctoechiis  de 
Sévère,  un  recueil  d'hymnes  pour  les  fêtes  de  l'année. 
Sa  version  nous  est  parvenue,  avec  celle  des  hymnes 
de  Jean  Bar  Aphtonia.  de  Jean  Psaltès  et  de  quelques 
autres  auteurs,  dans  le  ms.  Add.  17134  du  Musée  bri- 
tannique, où  elle  a  été  revisée  en  675  par  Jacques  Phi- 
loponus  'd'Edesse  ?,  *».  Celui-ci  nous  informe,  dans  une 
note  du  manuscrit  ",  qu'il  a  revu  avec  soin  la  traduc- 
tion syriaque  sur  les  ms.  grecs  et  qu'il  a  marqué  les 
additions  faites  par  Paul  pour  arriver  à  la  même  lon- 
gueur des  lignes  poétiques  qu'en  grec.  Il  a  écrit  en 


1.  Ms.  du  Vatican,  140. 

2.  S'jriac  lilcrature.  2«  éd.,  p.  95. 

3.  Ms.  Add.  lio9>,  daté  de  569;  ms.  du  Vatican  142,  daté  de  576;  143. 
daté  de  563;  et  256,  non  daté. 

4.  Ms.  Add.  1715i. 

5.  Ms.  Add.,  121.57,  17210,  172H. 

6.  WniGHT,  Calai,  p.  330.  Dans  le  manuscrit  l'abbé  Paul  a  fautivement 
le  titre  d'évéque.  Wnionr  pensait  que  le  reviseur  était  Jacques  d'Édcsse 
•et  il  voyait  dans  le  ras.  uu    autographe  de  ce  célèbre   t-véque.  Mais 

Jacques  d'Edesse.  comme  nous  le  verrons  bientôt,  fit  une  traduction 
de  VOctoechus.  qui  est  différente,  et  M.  Nau,  Journal  asialigue,  septem- 
bre-octobre 1808,  p.  346,  estimait  que  celui-ci  devait  élre  distingué  de 
Jacques  Philoponus:  comp.  cependant  ci-dessus,  p.  203. 

7.  Publiée  par  Wrigqt,  Catal.,  p.  330,  et  traduite  en  partie  par  Mtr.x, 
Uistoria  artis  grammalicse  apud  Syros,  p.  38. 


320  VERSIONS  D'œUVRES 

noir,  dit-il,  les  mots  qui  se  trouvent  en  grec,  et  en 
rouge  les  mots  ajoutés;  il  a  indiqué  au-dessus  de  la 
ligne  les  nouvelles  interprétations  qu'il  proposait.  Jac- 
ques Philoponus  inséra  dans  cette  collection  une  hymne 
sur  le  Saint-Chrême  et  le  Gloria  in  excelsis  Deo. 
Merx  a  publié  le  texte  syriaque,  revisé  par  Jacques,  du 
Gloria  in  excelsis  avec  le  texte  grec  en  regard  '.  Jac- 
ques d'Edesse  est  Fauteur  d'une  nouvelle  traduction 
des  Homiliœ  cathédrales  et  de  VOctoechus.  La  version 
des  Homiliœ  cathédrales,  qui  mérite  d'être  publiée  -, 
fut  achevée  en  701;  elle  existe  dans  le  ms.  141  du  Va- 
tican et  le  ms.  Add.  12159  du  jNIusée  britannique  (ce- 
lui-ci, daté  de  868)^.  Dans  ce  dernier  manuscrit,  les 
homélies,  au  nombre  de  cent  vingt-cinq,  sont  divisées 
en  trois  tomes.  Les  notes  marginales  montrent  que 
Jacques  avait  quelque  connaissance  de  l'hébreu^.  La 
version  de  VOctoechus  est  conservée  dans  le  ms.  94  du 
Vatican  ^,  écrit  entre  1010  et  1033,  et  dans  un  ms.  plus 
ancien,  mais  incomplet,  que  la  Bibliothèque  nationale  a 
acquis  récemment^.  Athanase,  nommé  patriarche  d'An- 
tioche  en  684,  traduisit  en  syriaque ,  alors  qu'il  était  prê- 
tre à  Nisibe ,  en  669,  à  la  demande  de  Mathieu,  évêque 
d'Alep,  et  de  Daniel,  évêque  d'Edesse,  des  lettres  choi- 


1.  Historia  artis  gratnm.,  p.  39. 

2.  Un  fragment  de  l'homélie  lxxxii  a  été  imprimé  par  l'Abbé  P.  Mar- 
tin, voir  ci-dessus,  p.  293,  note  2.  Nestlé  a  donné  d'autres  fragments 
dans  sa  Grammatica  syriaca  {Breiiis  linguee  syriacee  grammatica,etc., 
Carlsruhe  et  Leipzig,  1881),  p.  79-83.  Quatre  homélies  ont  été  traduites 
du  syriaque  dans  Mai,  Script,  veter.  nova  collectio,  IX,  p.  72 j,  et  une 
autre  dans  le  Spicilcgium  liomanum,  X,  p.  202;  deux  homélies  dans 
Baknes,  The  fourth  book  of  Maccabees,  Cambridge,  -1890;  et  une  publiée 
par  KuGENER  dans  la  Revue  de  l'Orient  chrétien,  1898,  p.  435. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  49i;  Wright,  CataL,  p.  53i  et  suiv. 

4.  WniGUT,  The  Journal  of  sacred  literature,  18G7,  4'=  série,  p.  430; 
Nestlé,  Zeitschr.  cler  deut.  morgenl.  GeselL,  XXIV,  p.  290-291. 

5.  AssÉMANi,  B.  0.,  1,487. 

6.  Comp.  Nal',  Journal  asiatique,  septembre-octobre  1898,  p.  3i6. 


DES  PÈRES  GRECS.  321 

sies  de  Sévère   dAntioclie  dont  une  partie  iious  est 
parvenue  ' . 

Nous  nous  arrêtons  ici,  laissant  de  côté  les  versions 
des  œuvres  de  Saint  Basile,  Grégoire  de  Nysse,  saint 
Jean  Chrysostome ,  Évagrius  du  Pont,  etc.,  etc.,  qui 
nont  encore  été  ni  éditées,  ni  étudiées,  et  dont  la  no- 
menclature se  trouve  dans  les  catalogues  des  bibliothè- 
ques publiques  de  l'Europe.  La  plupart  de  ces  versions 
sont  anonymes;  celles  qui  portent  un  nom  dauteur 
seront  mentionnées  dans  notre  seconde  partie. 

§  2.  —  Versions  d'œuvres  profanes. 

La  littérature  étrangère,  qui  n'avait  pas  un  caractère 
religieux  ou  scientitique,  n'intéressa  guère  les  Syriens. 
Les  Sémites  eurent  peu  de  goût  pour  les  mythes  de 
rinde  ou  de  la  Grèce  qui  choquaient  leurs  idées  mono- 
théistes, h' Iliade  et  Y  Odyssée  passèrent  en  Syrie, 
mais  leur  passage  laissa  peu  de  traces.  Le  Roman 
d'Ale.vandre  eut,  au  contraire,  une  grande  vogue  en 
Orient;  les  Orientaux  croyaient  y  lire  l'histoire  véridi- 
que  du  héros  marqué  du  sceau  de  Dieu.  Quant  aux 
contes  de  Kalila  et  Dimna  et  aux  récits  de  Sindbàn. 
ils  y  voyaient  des  livres  de  morale. 

L'histoire  fabuleuse  d'Alexandre  le  Grand,  mise  sous 
l'autorité  de  Callisthène ,  se  répandit  de  l'Egypte,  son 
lieu  de  naissance,  dans  les  autres  pays  que  le  conqué- 
rant macédonien  avait  soumis  à  son  joug.  L'ancienne 
version  syriaque  du  roman  de  Pseudo-Callisthène  -  ne 


1.  WiucHT.  CataL,  p.  558  et  505,  ms.  Add.  12181  et  14G00  du  Musée 
britannique  contenant  le  VI*  livre  de  ces  lettres.  Comp.  ZoTF.Nnrr.c, 
CataL  syr.,  n"  42. 

2.  Publiée  par  A.  Wallis  Bldge,  The  hislory  of  Alexander  the  Great, 
Cambridge,  ISSU,  avtjc  une  introduction  et  une  traduction  anglaise. 


322  VERSIONS 

procède  pas  directement  du  grec;  elle  a  passé  par  un 
intermédiaire  pehlewi,  M,  JNœldeke  Ta  prouvé  \  et  elle 
ne  peut  être  placée  plus  bas  que  le  VIP  siècle.  La  re- 
cension  grecque  de  Pseudo-Callisthène  dont  elle  dérive 
remonte  évidemment  plus  haut.  Les  deux  légendes  qui 
se  sont  greffées  sur  le  roman  primitif  —  la  légende  de 
la  source  de  vie  et  la  légende  de  la  porte  d'airain  à  la 
frontière  de  Gog  et  Magog  —  ne  sont  pas  incorporées 
dans  le  texte  syriaque ,  mais  sont  ajoutées  à  la  lin  du 
livre  et  elles  forment  un  récit  à  part.  11  est  même  assez 
singulier  qu'elles  aient  été  insérées  dans  certaines  re- 
censions grecques  ^,  car  le  roman  est  purement  païen, 
tandis  que  dans  les  deux  légendes ,  Alexandre  est  un 
roi  juif  ou  chrétien  conduit  par  Dieu.  La  version  éthio- 
pienne a  fusionné  le  tout,  et  le  roi  de  Macédoine  y 
parle ,  du  commencement  à  la  fin,  non  seulement  comme 
un  roi  chrétien,  mais  aussi  comme  un  théologien  très 
versé  dans  la  connaissance  des  dogmes^.  Ces  légendes 
remontent  au  commencement  de  notre  ère;  Josèphe  et 
saint  Jérôme  connaissent  le  récit  de  Gog  et  Magog. 
Mais  la  version  syriaque  de  ces  deux  légendes  nous 
conduit  plus  bas  :  Gog  et  Magog  y  sont  identifiés  avec 
les  Huns  qui  envahirent  la  Syrie  en  l'année  826  des 
Séleucides  (514-515  de  J.-C).  On  y  lit  aussi  au  sujet 
des  Arabes  :  «  Il  arrivera,  à  la  fin  de  940  ans,  un  autre 
roi...  »  ;  cet  autre  roi  semble  être  Mahomet,  l'année  940 


1.  Beitrcige  zur  Geschichte  des  Alexanderrotnans ,  Vienne,  1890,  dans 
le  vol.  XXXVni   des  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Vienne. 

2.  Dans  l'édition  grecque  de  Pseudo-Callisthène  imprimée  par  Muller 
à  la  suite  de  l'histoire  d'Arrien  dans  la  collection  Didot  {Arriani  Ana- 
basis  et  Indica,  Paris,  1877) ,  la  légende  de  la  source  de  vie  se  trouve 
dans  le  livre  H,  chap.  37-39,  mais  seulement  d'après  C,  elle  manque 
dans  A  et  B;  la  légende  de  la  porte  d'airain,  livre  ni,  chap.  26  et  29, 
est  donnée  d'après  B  et  C,  mais  A  ne  l'a  pas. 

3.  Voir  A.  Wallis  Bcdge,  The  life  and  exploits  of  Alexander  the  Groat 
being  a  séries  of  ethiopic  texts...  Londres,  189G. 


D'OEUVRES  PROFANES.  323 

des  Séleucides  correspondant  à  Tannée  628-629  de  J .-C  J 
Ces  deux  légendes  forment  le  canevas  d'un  petit 
poëme  sur  xVlexandre  le  Grand,  composé  très  proba- 
blement par  Jacques  de  Saroug^.  Les  manuscrits  qui 
le  contiennent  l'attribuent  à  ce  prolifique  écrivain^,  et 
on  n"a  aucune  raison  de  contester  cette  attribution.  C'est, 
il  est  vrai,  une  des  moins  bonnes  compositions  poéti- 
ques de  Jacques,  mais  lauteur  était  âgé  quand  il  l'é- 
crivit. 11  parle  de  l'invasion  des  Huns  comme  d'un  évé- 
nement récent;  cette  invasion  est  lieu  en  514-515,  date 
fournie  par  la  légende  en  prose;  Jacques  avait  alors 
soixante-trois  ans.  Ce  poème  a  du  reste  été  retravaillé 
comme  les  diverses  homélies  métriques  de  l'évèque  de 
Saroug,  et  les  retouches  sont  loin  de  lavoir  amélioré. 
L'auteur  devait  avoir  entre  les  mains  un  texte  des  lé- 
gendes très  voisin  de  celui  publié  par  M.  Budge.  mais 
qui  ne  contenait  pas  encore  le  passage  relatif  aux  Ara- 
bes et  à  Mahomet. 

Paul  de  Lagarde  a  édité  [Analecta  syriaca,  p.  205- 
208)  la  version  syriaque  d'une  courte  biographie  d'A- 
lexandre, tirée  de  Pseudo-Callisthène.  Le  roman  grec 
a  aussi  fourni  la  lettre  d'x\lexandre  à  Aristote  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  p.  279. 

1.  NoELDEKE,  Beitrage  zur  Geschichle  des  Alexanderromans ,  pense 
qu'il  ne  s'agit  pas  des  Arabes  musulmans,  mais  des  Arabes  antérieurs 
qui  comijattaient  dans  les  armées  des  Perses  ou  des  Romains;  l'année 
9i0  aurait  été  devinée  par  l'auteur.  C'est  peu  vraisemblable. 

2.  Publié  d'après  un  ms.  de  Paris  par  Knôs  dans  sa  Chrestomathia 
syr.,  Gœttingue,  1807,  p.  66.  Une  meilleure  édition,  quoique  encore  im- 
parfaite, a  été  donnée  par  Bldgf,  ,  d'après  le  ms.  de  Paris  et  un  ms.  de 
Londres,  dans  la  Zeitschr.  fur  Assyriologie,  VI,  3:>9-40i;  traduction  an- 
glaise par  BcDGE  dans  The  history  of  Alexander  the  Grcat,  Cambridge, 
1889  :  traduction  allemande  par  A.  Weder,  DesMar  Yakùb  Gedicht  ûber 
den  glâubirjen  Kônig  Alexandrùs,  Berlin,  18o-2;  et  par  Zingeule,  Ein 
altes  syrisches  Alexanderlied,  Briuin,  1882. 

3.  Knos,  Op.  cit.,  traduit  fautivement  les  mots  du  titre     f;yi\  vx^o» 
par  métro  Jacobitico  au  lieu  de  composé  par  Mar  Jacques. 


324  VERSIONS 

Le  Pantschatantra  sanscrit  est  la  source  d'un  recueil 
de  contes  dans  lequel  les  personnages  sont  des  ani- 
maux et  qui  est  connu  sous  le  nom  de  Kalila  et  Dimna. 
Ce  recueil  a  passé  par  le  pehlewi  en  syriaque,  avec  le 
titre  de  Kalilag  et  Damnag^,  et  en  arabe  avec  le  titre 
plus  moderne  de  Kalilah  et  Dimnah  ^.  Le  catalogue 
d'Ebedjésu^  nous  fait  connaître  l'auteur  de  l'ancienne 
version  syriaque  ;  c'est  le  périodeute  Boud  qui  vivait  au 
VP  siècle  et  dont  nous  avons  rappelé  précédemment  le 
Liçre  des  questions  grecques  (voir  ci-dessus  p.  257).  La 
version  arabe ,  faite  également  du  pehlewi ,  au  VHP  siè- 
cle ,  par  Abdallah  ibn  al-Mokaffah ,  a  donné  naissance 
à  d'autres  versions  postérieures,  syriaque,  grecque, 
hébraïque,  espagnole'*.  La  syriaque  a  été  découverte 
dans  un  manuscrit  de  Dublin  par  Wright  qui  Ta  pu- 
bliée^. Wright  y  voit  l'oeuvre  d'un  prêtre  syrien  qui 
l'écrivit  au  X®  ou  au  XP  siècle. 

Wright  place  à  la  même  époque  la  version  du  livre 


1.  La  version  syriaque  a  été  éditée  sur  une  copie  d'un  ms.  du  couvent 
de  Zafaran  à  Mardin  et  traduite  en  allemand  par  Bickell,  avec  une 
savante  introduction  de  Benfey,  Das  Buch  von  Kalilag  und  Damnag, 
alte  syj'ische  Ueberselzung,  von  Gust.  Bickell  mit  einer  Einleitung  von 
Theod.  Benfey,  Leipzig,  187G.  M.  Blumenthal  a  publié  des  corrections  au 
texte  syriaque  d'après  d'autres  copies  acquises  par  M.  Sachau,  Zeilschr. 
der  deut.  morgenl.  GeselL,  xliv,  p.  2G7-3-20. 

2.  La  version  arabe  a  été  éditée  par  Silvestre  nz^kcn  ,Calila  et  Dimna , 
Paris,  1816;  nouvelles  contributions  par  Glidi,  Sludii  sut  teslo  Arabo 
del  libro  di  Calila  e  Dimna,  Home,  1873,  et  par  Noeldeke,  Die  E^^zâh- 
lung  vom  Mâusekônig,  Gœltingue,  1879,  dans  le  XXV^  vol.  des  Mémoi- 
res de  l'Académie  de  Gœttingue. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  ni,  pars  I,  219. 

4.  Ces  différentes  traductions  ont  de  l'importance  pour  la  reconstitu- 
tion de  la  version  arabe,  dont  une  édition  critique  reste  encore  à  faire; 
comp.  J.  Derenbol-ug  Directoriiim  vitse  humanœ,  Paris,  1887,  Avant- 
2)ropos;  Keitii  Falconer,  Kalilah  and  Dimnah  or  the  fables  of  Bidpai , 
Londres,  1883,  Introduction. 

o.  The  Book  of  Kalilah  and  Dimnah  translated  from  Arabie  into 
Syriac,  Oxford,  4884;  traduction  anglaise  par  Keitii  Falco>'er,  Op.  cit.y 
voir  note  précédente. 


D'OEUVRES  PROFANES.  32o 

de  Sindbàn  ou  Sindibâdh,  en  syriaque  Histoire  de 
Sindbdn  et  des  Philosophes  qui  étaient  avec  lui^.  Le 
syriaque  dérive  de  la  version  arabe  que  Mousa  fit  sur 
le  pehlewi  dans  la  seconde  moitié  du  VHP  siècle  :  il 
reproduit  la  plus  courte  des  deux  recensions  que  l'on 
connaît  de  la  version  arabe  2.  Le  syriaque  a  ensuite 
passé  en  grec  dans  la  traduction  de  Michael  Andro- 
poulos,  faite  pour  le  prince  de  Mélitène,  Gabriel  1086- 
1100),  où  elle  porte  le  titre  de  ^wrinaç.  C'est  à  la  même 
époque  que  Siméon  Seth  rendait  en  grec,  à  la  demande 
de  lempereur  Alexis  Comnène,  le  livre  de  Kalila  et 
Dimna^. 

Sur  une  version  syriaque  des  fables  d'Ésope,  voir 
ci-dessus,  p.  268. 

Il  aurait  été  amusant  de  retrouver  V Iliade  et  V  Odys- 
sée travesties  sous  le  costume  syriaque  dont  Théophile 
d'Edesse  (f  785)  les  avait  affublées  .  au  rapport  de  Bar- 
hebraeus  K  La  traduction  de  Théophile  est  perdue,  mais 
les  quelques  vers  cités  par  Sévère  bar  Schakako  ^^  prou- 
vent par  eux-mêmes  que  cette  traduction  comprenait 
les  deux  livres  d'Homère  et  non  pas  seulement  les  deux 
premiers  livres  de  Y  Iliade,  comme  quelques  savants 
l'avaient  cru  autrefois  6. 

2nfJri''?'    Vr^'  ''''''  ^^''^^'^  '°  ^^'^^^  ^^P'-i'^é  un  spécimen 
dans  sa  Chreslomathxa  syr.,  2*  éd.,  Halle .  18G8,  p.  100. 
2.  NoELDEKE,  ZfHtschr.  dev  deut.  morgenl.  Gesell.,  XXXIN  o-M 

p.'4i^f^:éd!^sfî^r'"'  ''  ''  ^^  '''''-  ''  ^'  ^^^'  ''-  ^— ' 

J'nrTu''^^^-!-  ^^^  '•^^"^'^'s  et  publiés  par  Lacap.de,  The  Academy 

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Le1pz]g''i8lïp.''Ti.""''°'""'  ''^''''"'  versioniUus  et  commentais, 

LITTÉRATL-RE    SYRIAQLE.  ig 


DEUXIEME  PARTIE  : 
NOTICES  SUR  LES  ÉCRIVAINS  SYRIAQUES. 


Les  notices  biographiques  sur  les  écrivains  syriaques 
compléteront  notre  étude  de  la  littérature.  A  raison  de 
la  place  restreinte  qui  nous  reste,  ces  notices  seront 
nécessairement  brèves;  elles  ne  peuvent  former  une 
histoire  de  la  littérature  syriaque  qui  exigerait  un 
volume  entier.  Le  temps,  du  reste,  n'est  peut-être  pas 
venu  d'écrire  une  histoire  complète  de  cette  littéra- 
ture; il  faut  attendre  que  de  nouvelles  publications 
comblent  les  nombreuses  lacunes  qui  existent  encore. 
Les  écrivains  syriaques  peuvent  être  répartis  en  trois 
périodes  d'inégale  étendue  :  la  première  comprend 
l'époque  pendant  laquelle  les  Pères  de  l'Eglise  affer- 
missent la  foi  chrétienne  et  combattent  les  doctrines 
gnostiques,  elle  s'étend  jusqu'au  V^  siècle;  la  seconde, 
du  Y°  au  VIP  siècle ,  est  marquée  par  la  propagation  de 
nouvelles  hérésies  en  Syrie  :  le  nestorianisme  à  l'est  et 
le  monophysisme  à  l'ouest;  la  troisième  commence 
après  la  conquête  arabe. 


LES    ECRIVAINS    JUSQU  AU    V^    SIECLE. 

Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  ce  que  nous  avons 
dit  plus  haut  de  Bardesane,  p.  241,  d'Aphraate.  p.  225, 
de  Siméon  bar  Sabbâé,  p.  133.  et  de  Miles,  p.  136; 
nous  arrivons  tout  de  suite  à  saint  Ephrem. 

La  biographie  de  cet  illustre  Père  qui  se  contenta , 
semble-t-il,  du  titre  de  diacre,  a  été  écrite  peu  de 
temps  après  sa  mort  survenue  le  9  juin  373  ',  car  Gré- 
goire de  iSysse  et  Palladius  la  connaissent  déjà.  Nous 
n'en  possédons  plus  la  rédaction  primitive,  mais  des 
recensions  postérieures,  surchargées  d'anecdotes  mira- 
culeuses-. Le  peu  de  renseignements  historiques  que 

1.  Sur  cette  date  voir  Lamy,  S.  Ephrxmi  syri  hymni  et  sermones,  Ma- 
tines. 188-2-1889.  II,  Proleg.,  p.  viii. 

2.  Il  en  existe  deux  recensions  provenant  d'un  même  original  et  ren- 
fermant des  variantes  importantes  :  la  première  dans  un  ms.  du  Vati- 
can, publiée  en  grande  partie  par  J.-S.  Assémam,  B.  0-,  I,  2G  et  suiv., 
et  in  extenso  par  Évode  Assémam.  S.  Ephrœmi  opéra  syr.:  la  deuxième, 
généralement  préférable,  dans  un  ms.  de  Paris,  que  M.  Bickell  a  fait 
connaître,  Conspectus  rei  Syrorum  litterarise ,p.  2(3,  et  Zeilschr.  der 
deut.  morg.  Gesell.,  XXVII,  600-C04;  publiée  par  M.  Lamy,  S.  Ephrœmi 
syri  hymni  et  sermones.  U,  -i-'JO;  réimprimée  par  Bedjax,  Acla  martyr, 
et  sanct.,  III,  621.  Deux  courts  résumés  de  la  vie  de  S.  Êpiirem  :  l'un  au 
Vatican,  b.  0.,  I,  2o,  et  l'autre  à  Berlin,  Lamy,  Op.  cit.,  II,  Prolego- 
mena,  VIII.  Évode  .Assémam  a  publié,  dans  la  partie  grecque  de  son  édi- 
tion, S.  Ephrxmi  opéra  griece  et  latine,  I,  xix-xliv,  les  textes  des  auteurs 
grecs  relatifs  à  la  vie  de  saint  Éplirem. 


332  LES  ECRIVAINS 

fournit  cette  biographie  s'explique  par  la  vie  retirée 
que  saint  Éphrem  mena. 

Ecrivain  d'une  rare  fécondité,  Ephrem  imprima  au 
genre  poétique,  créé  par  Bardesane,  le  caractère  que 
ce  genre  conserva  pendant  les  siècles  suivants.  Ses 
hymnes  et  ses  homélies  métriques  restèrent  comme  le 
modèle  que  les  auteurs  postérieurs  imitèrent;  elles  de- 
vinrent même  célèbres  en  Occident  où  elles  furent  de 
bonne  heure  traduites  en  grec.  Une  partie  de  ces  poé- 
sies fut  composée  pour  combattre  les  différents  systè- 
mes gnostiques  qui  avaient  de  nombreux  adhérents  en 
Syrie  et  en  Mésopotamie.  L'histoire  y  trouve  malheu- 
reusement peu  à  glaner  ;  la  forme  poétique  ne  convient 
pas  aux  controverses  et  saint  Ephrem  était  un  polé- 
miste ardent  et  non  pas  un  critique  impartial.  Esprit 
étroit  mais  d'une  rectitude  parfaite  ,  il  travailla  à  enra- 
ciner la  foi  sans  se  préoccuper  de  rendre  justice  à 
ses  adversaires.  D'autres  hymnes  et  homélies  ont  été 
écrites  en  vue  des  principales  fêtes  de  l'année  et  pour 
les  chœurs  de  vierges  qui,  sous  sa  direction,  prenaient 
part  à  la  célébration  des  offices  \ 

Au  physique,  saint  Ephrem  était  d'un  aspect  peu  ave- 
nant :  a  Depuis  son  entrée  dans  la  vie  monastique, 
rapporte  son  biographe  -,  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie,  il  ne 
mangea  que  du  pain  d'orge  et  des  légumes  secs,  quel- 
quefois des  légumes  verts.  Il  ne  buvait  que  de  l'eau  ;  son 
corps  était  desséché  sur  ses  os ,  semblable  à  un  tesson 
d'argile.  Son  vêtement  était  formé  de  nombreux  mor- 
ceaux, couleur  de  fumier.  Il  était  petit  de  taille;  son 
visage  était  toujours  sévère  ;  jamais  il  ne  riait;  il  était 


4.  Voir  ci-dessus,  p.  20  et  21. 

2.  Dans  la  receusion  du  ms.  de  Paris,  voir  la  note  2  de  la  poge  pré- 
cédente. 


JUSQL'AU  V^  SIÈCLE.  333 

chauve  et  imberbe*.  »  On  vantait  sa  charité  dont  il 
donna  de  touchants  exemples  pendant  une  famine  à 
Edesse. 

Saint  Ephrem  naquit  à  Xisibe  au  commencement  du 
lY^  siècle ,  d'un  père  qui  était  prêtre  dune  idole  appe- 
lée Abnil  [war.  Abizal  .  Dès  sa  naissance  il  se  crut 
prédestiné  à  travailler  pour  le  culte  du  vrai  Dieu-.  Il 
s'attacha,  comme  disciple,  à  saint  Jacques,  évêque  de 
Nisibe.  mais  il  est  douteux  qu'il  ait  accompagné  cet 
évêque  au  concile  de  Xicée.  C'est  par  ses  miracles,  dit- 
on,  que  Sapor  fut  obligé  en  338  de  lever  le  siège  qu'il 
avait  mis  devant  Xisibe^.  Lorsque  cette  ville  fut  cédée 
au  roi  perse  en  363,  saint  Ephrem  s'expatria  avec  les 
notables:  il  se  retira  à  Edesse  après  avoir  passé  par 
Beit  -  Garbaya  et  Amid  ;  il  pouvait  avoir  alors  cin- 
quante-sept ans^.  Pendant  son  séjour  à  Nisibe,  Ephrem 
s'était  fait  connaître  par  des  hymnes  sur  les  sièges  su- 
bis par  cette  ville  et  sur  les  évêques  qui  l'administrè- 
rent, Jacques,  Babou  et  Yologèse.  Ces  hymnes  sont 
conservées  dans  un  recueil,  qui  semble  avoir  été  form.é 
par  leur  auteur  lui-même  et  qui  est  intitulé  «  Tome  des 
hymnes  de  Nisibe  composées  par  le  Bienheureux  Mar 
Ephrem  «.  Le  titre  n'est  pas  très  exact,  car  des 
soixante-dix-sept  hymnes  de  ce  volume  les  vingt -une 

\.  L'auteur  du  portrait  de  saint  Ephrem.  gravé  en  tête  de  l'édition 
romaine,  ne  s'est  pas  inspiré  de  cette  description;  il  a  représenté  un 
personnage  de  haute  stature  avec  une  longue  barbe  et  vêtu  dune  lon- 
gue robe  irréprochable. 

2.  Comp.  Le  testament  de  saint  Ephrem  dans  Téd.  romaine,  II,  p.  230 
et  suiv.  et  la  Confession  de  saint  Ephrem  conservée  en  grec,  ibid., 
partie  grecque.  I,  11».  Ces  deux  documents  semblent  être  apocryphes. 

3.  THÉoDor.ET,  Hist.  eccl.,  II,  2C;  Bakuebrjels,  Chron.  syr.,  éd.  Brins, 
p.  66,  éd.  Bedjan.  p.  61. 

4.  L'anecdoie  de  saint  Ephrem  arrivant  à  Edesse  et  des  laveuses  sur 
le  bord  du  Dairan  se  trouvait  dans  la  rédaction  primitive  des  Actes. 
Elle  est  rapportée ,  d'après  ces  Actes,  par  Grégoire  de  >ysse,  Sozomcne 
et  Métaphraste. 

19. 


334  LES  ÉCRIVAINS 

premières  seules  lurent  écrites  à  Nisibe ,  les  autres  le 
furent  à  Édesse  ^ . 

Éphrem  vécut  dix  ans  à  Édesse,  et  ces  dix  années 
furent  consacrées  aux  publications  qui  forment  la  ma- 
jeure partie  de  ses  œuvres.  Ses  premiers  travaux  dans 
la  capitale  derOsrhoène  semblent  être  les  commentai- 
res bibliques  (voir  ci-dessus  p.  75),  qui  lui  valurent  une 
chaire  à  l'École  des  Perses,  où  il  eut  de  nombreux  dis- 
ciples ,  dont  quelques-uns  sont  connus  -.  Il  est  même 
admissible  que  saint  Éphrem  et  les  docteurs  qui  l'ac- 
compagnèrent en  quittant  Nisibe,  furent  les  fondateurs 
de  la  célèbre  école  dÉdesse.  Le  nom  sous  lequel  cette 
é3ole  est  désignée  [École  des  Perses],  favorise  cette 
conjecture ,  car  les  Syriens  occidentaux  désignaient 
sous  le  nom.  de  Perses  leurs  coreligionnaires  dans 
l'empire  des  Sassanides.  L'enseignement  de  ce  Père 
comprenait,  outre  Texégèse  biblique,  Texplication  des 
dogmes,  et  c'est  à  l'occasion  de  cet  enseignement  qu'il 
fit  paraître  ses  hymnes  contre  les  hérétiques  et  les 
sceptiques  ^. 

Si  grande  que  fût  Tactivité  intellectuelle  de  saint 
Éphrem ,  ses  œuvres  suffisent  grandement  à  remplir  les 
dix  années  que  ce  fécond  auteur  passa  à  Edesse.  On 
doit  considérer  comme  controuvés  ses  voyages  en 
Egypte  où  il  aurait  séjourné  huit  ans,  et  à  Césarée  de 
Cappadoce  où  il  aurait  visité  saint  Basile.  La  légende 
de  sa  prédication  en  Egypte  contre  les  Ariens  est  peut- 
être   née   d'une    confusion    avec  Éphrem  l'Égyptien; 

1.  Ce  recueil  a  été  édité,  de  la  manière  la  plus  digne  d'éloges,  par 
BicKELL,  S.  Ephrcemi  syri  carmina  Nisibena,  Leipzig,  186G.  Il  y  a  une 
lacune  pour  les  hymnes  2-2-2i  qui  manquent. 

2.  Voir  les  Actes  de  saint  Éphrem  dans  les  deux  recensions  et  Le 
testament  de  saint  Éphrem,,  cité  ci-dessus. 

3.  Un  recueil  de  cinquante-six  hymnes  contre  les  hérétiques  dans  le 
second  volume  de  Téd.  romaine,  p.  437-559;  et,  au  commencement  du 
troisième  volume,  quatre-vingt-sept  hymnes  contre  les  sceptiques. 


JUSQU'AU  Yc  SIÈCLE.  335 

celle  de  la  visite  à  saint  Basile  a  pu  être  occasionnée 
par  les  passages  des  écrits  de  ce  Père  grec  où  il  est 
fait  mention  du  Syrien  '. 

Erronée  est  aussi  la  notice  des  Actes  concernant  la 
relation  faite  par  Éphrem  de  l'invasion  des  Huns-, 
laquelle  eut  lieu  au  mois  de  juillet  396,  vingt-trois  ans 
après  la  mort  de  ce  Père.  Fausse  encore  l'attribution  à 
Ephrem  d'une  poésie  sur  les  persécutions  de  Valens  et 
l'exil  de  Tévêque  d'Édesse,  Barsès;  cet  exil  eut  lieu 
au  mois  de  septembre  373,  trois  mois  après  la  mort 
d'Ephrem  ^.  Apocryphe  également  le  panégyrique  de 
saint  Basile  par  saint  Ephrem;  celui-ci  précéda  dans 
la  tombe  l'évêque  de  Césarée  '. 

Saint  Ephrem  écrivit  peu  en  prose  :  quelques  dis- 
cours exégétiques^,  en  dehors  de  ses  commentaires  bi- 
bliques. Nombreuses,  au  contraire,  sont  ses  poésies 
qui  comprennent  plusieurs  genres  et  dont  nous  avons 
esquissé  les  principaux  traits  plus  haut,  p.  19  et  suiv.*^ 

\.  Le  passage  des  Actes  relatifs  à  la  Doxologie  se  trouve  dans  le 
De  Spiritu  sancto  de  Basile,  XXXIX,  74:  pour  Genèse,  i,  2,  où  saint  Ba- 
sile aurait  appris  d'un  Syrien  à  remplacer  le  mot  jjlanait  par  couvait, 
voir  la  deuxième  homélie  de  l'Hexaméron  de  Basile.  Le  voyage  d'Éphrem 
à  Césarée  est  relaté  par  Grégoire  de  Nysse ,  Sozomène  et  Métaphraste. 

2.  L'homélie,  mise  sous  le  nom  d'tlphrem,  sur  la  fln  des  temps  et  où 
il  est  question  des  Huns,  est  publiée  dans  l'éd.  Lamy,  m,  187;  M.  Nœt- 
DZKE,  Beitrdge  zur  Geschichte  des  Alexanderromans,  p.  31,  a  montré  que 
la  composition  de  cette  homélie  est  postérieure  à  la  conquête  arabe. 

3.  Éphrem  écrivit  des  hymnes  sur  les  persécutions  de  Valens  et  des 
Ariens,  antérieurement  à  l'exil  de  Barsès.  Ces  hymnes  sont  conservées 
dans  le  recueil  des  Carmina  Nisibena,  édité  par  Bickf.ll.  Sur  le  récit 
auquel  se  référé  la  poésie  en  question,  voir  Sochate,  IV,  18;  Sozomène, 
VI,  18;  TiiÉoDORET.  IV,  li  et  lo.  Sous  rinfluence  du  Roman  de  Julien 
r Apostat,  voir  ci-dessus,  p.  190-191,  la  persécution  est  rapportée  dans 
le  ms.  du  Vatican  non  pas  à  Valens,  mais  à  Julien,  et  la  poésie  y  est 
citée  avec  de  nombreuses  variantes. 

4.  Ce  panégyrique  existe  en  grec,  éd.  romaine,  Op.  grœce  et  latine, 
U,  289. 

o.  Publiés  dans  l'éd.  roin.,  t.  II,  à   la  suite  de  différentes  homélies 
métriques. 
6.  Les  œuvres  de  saint  Éphrem  ne  peuvent  être  ici  citées  en  détail; 


336  LES  ÉCRIVAINS 

Mais  toutes  les  homélies  et  hymnes  mises  sous  le 
nom  de  ce  célèbre  auteur  ne  sont  pas  sorties  de  sa 
plume;  il  en  est  qu'on  peut  revendiquer  pour  Isaac 
d'Antioche  et  Narsès  (voir  ci -dessus  p.  19)  ou  pour 
d'autres  auteurs  (comp.  p.  préc).  La  caverne  des  tré- 
sors, (ci-dessus,  p.  90),  Le  testament  de  saint  Éphreni  ^ 
et  le  poème  sur  Joseph ,  fds  de  Jacob  ^j  appartiennent 


elles  ont  été  publiées  à  différentes  époques  et  il  suffira  de  rappeler 
ces  publications.  La  grande  édition  de  Rome,  Ephrcemus  syrus,  opéra 
omnia,  1737-1743,  comprend  eu  six  volumes  les  textes  conservés  dans 
des  ms.  du  Vatican;  trois  volumes  renferment  les  textes  syriaques,  et 
les  trois  autres  volumes  les  textes  traduits  en  grec;  commencée  par 
Pierre  Mobarak  ou  Benedîctus,  de  la  Société  de  Jésus,  elle  fut  achevée 
par  ETIENNE  ÉvoDE  AssÉMANi.  En  d86o,  M.  OvEUBEciv  a  édité  de  nouveaux 
textes  à  Oxford,  d'après  des  ms.  du  Musée  britannique,  S.  Ephrœmi 
syri...  opéra  selecta,  Oxford,  1805.  En  186G,  M.  Bickell  a  fait  connaître 
le  recueil  intitulé  Carmina  Nisibena,  mentionné  ci-dessus.  Les  précé- 
dentes éditions  ont  été  complétées  par  M.  Lamy,  d'après  les  ms.de Lon- 
dres, d'Oxford  et  de  Paris,  S.  Ephrœmi  syri  hymni  et  sermones,  t.  I-III, 
Malines,  4882-1889,  comp.  Noeldeke,  GôUingische  Gelehrte  Anzeigen,  1882, 
n°  48;  1887,  n°  3;  Wiener  Zeilschrift,  1891,  p.  245.  Quelques  hymnes  et 
homélies  ont  été  éditées  ou  rééditées  dans  la  chrestomathiede  Hahn  et 
SiEFERT,  dans  la  chrestomathie  de  Uiilemanx,  dans  les  tomes  I  et  H  des 
Moiiumenta  syriaca  du  P.  Zixgerle.  Le  recueil  des  homélies  pour  les 
Rogations  a  été  imprimé  par  M.  Bedjan  à  la  fui  du  premier  volume  de 
son  Breviarium  Chaldaicum,  Paris,  188G-1887,  et  réimprimé  dans  le 
troisième  volume  de  l'éd.  Lamy.  L'homélie  sur  l'exil,  c'est-à-dire,  sur 
la  vie  ici-bas,  a  été  rééditée  par  M.  Haffxer,  en  189G,  dans  les  Sitzungs- 
berichte  de  l'Académie  des  Sciences  de  Vienne,  t.  XXXV,  n°  IX,  Die  Ho- 
milie  des  heiligen  Ephràm  von  Syrien  ûber  das  Pilgerleben;  elle  avait 
déjà  été  imprimée  dans  le  IIF  vol.  de  l'éd.  romaine. 

1.  Impiimé  en  grec  et  en  syriaque  dans  le  n«  vol.,  partie  grecque,  de 
l'édition  romaine;  réimprimé  en  syriaque,  d'après  d'autres  manuscrits, 
parOvERBECK,  S.  Ephrxmi...  op.  sel.,  p.  137. 

2.  Salomox  de  Bassora,  dans  son  livre  de  L'Abeille,  éd.  Bldge  ,  p.  47, 
attribue  ce  poème  à  saint  Éphrem.  Un  ms.  du  Musée  britannique,  du 
VP  siècle,  qui  renferme  les  cliants  I  et  Vlll,  édités  par  Overceck, 
S.  Ephrxmi...  op.  sel.,  p.  270-330,  indique  Balai  comme  l'auteur  de 
l'ouvrage.  Cette  épopée,  une  des  meilleures  compositions  de  ce  genre, 
comprend  douze  chants,  et  elle  est  suivie  d'une  homélie  sur  la  trans- 
lation des  reliques  de  Joseph  à  Constantinoplc,  composée  par  un  cer- 
tain Bani.  Elle  a  été  éditée  par  M.  Bedjan,  Histoire  complète  de  Joseph, 
Paris,  1891.  En  1887,  M.  Bedjan  avait  fait  une  première  édition  d'a- 
près un  autre  ms.  qui  ne  renfermait  que  les  dix  premiers  chants;  ces 


JUSQUWU  V*'  SIÈCLE.  337 

vraisemblablement  à  l'école  d'Édesse,  mais  non  à  saint 
Éphrem  lui-même.  Les  actes  d'Abraham  de  Kidoiina 
et  Les  actes  de  Julien  Saba  ont  aussi  été  attribués  à 
saint  Éphrem,  comme  nous  l'avons  rapporté  ci-dessus, 

p.  159. 

Les  disciples  de  saint  Ephrem  ne  brillèrent  pas.  bien 
loin  de  là,  du  même  éclat  que  leur  illustre  maître.  On 
cite  de  :Mar  Aba  des  commentaires  bibliques  (voir  ci- 
dessus,  p.  76);  de  Zenobius,  qui  était  diacre  delÉglise 
d'Édesse,  des  traités  contre  Marcion  et  Pamphyle,  des 
épîtres  et  une  vie  d'Éphrem  ^  ;  de  Paulonas  ou  Pauli- 
nus,  qui  est  traité  d'hérétique  dans  Le  testament  de 
saint  Éphrem,  des  hymnes  et  divers  écrits  contre  Mar- 
cion et  les  sceptiques  2. 

A  la  fin  du  IV^  siècle  vivait  Balai  ^ ,  qui  semble 
avoir  été  chorévêque  du  diocèse  d'Alep.  Ses  hymnes, 
écrites  dans  le  mètre  pentasyllabique,  perpétuèrent  son 

nom"^. 

La  vie  de  Cyrillona  est  aussi  peu  connue  que  celle 
de  Balai,  dont  il  était  le  contemporain.  Cyrillona  est 
l'auteur  d'un  poème  sur  les  calamités  qui  arrivèrent  de 
son  temps  :  le  fléau  des  sauterelles  et  Tinvasion  des 
Iluns.  Dans  un  passage  de  ce  poème  il  est  dit  :  «  Une 

dix  chants  ont  été  réimprimés  et  traduits  par  M.  Lamy,  S.  Ephrtemi 
syri  hymni  el  sermojies,  t.  UI. 

i.  AssF.MAM,  B.  0-,  I,  108.  On  a  cru  que  Zenobius  clait  de  Gozarte, 
parce  que,  dans  Le  testament  de  S.  Ephrem,  répilhète  de  PUk^  est 
accolée  à  son  nom,  mais  le  mot  syriaque  signifle  «  vaillant  .  et  non 
pas  «  de  Gozarte  ». 

2.  AssKMAM,  B.  0.,  in,  pars  I,  170. 

3.  Comp.  un  passage  de  BAunEBn.ccs,  B.  0.,  I,  166,  où  Balai  est  placé 
après  saint  Éplirem  et  avant  le  concile  d'Épliêse. 

4.  I.a  plus  grande  partie  de  ce  qui  en  reste  a  été  publiée,  d'après  les 
ms.  du  Mus.;e  l)rilanuiquc,  par  Oveubeck,  S,  Ephrœmi...  op.  sel., 
2.j1-33(k  VVemg  a  édite  un  cantique  sur  la  mort  de  Moïse  avec  un  poème 
liturt,'i.iue,  Schola  syriaca,  chreslomalhia,  Innsbruck,  18GG,  p.  1GO-I6-2. 
D1CKE1.L  a  donné,  dans  son  Conspeclus  rci  lilt.,  p.  46,  note  5,  la  traduc- 
lion  d'une  hymne  sur  le  martyre  de  saint  Fauslin. 


338  LES  ÉCRIVAINS  DU  IVe  SIÈCLE. 

année  ne  s'est  pas  encore  écoulée  depuis  que  les  Huns 
ont  ravagé  la  Syrie.  »  L'invasion  de  ces  barbares  ayant 
eu  lieu  au  mois  de  juillet  396  (et  non  395),  comme  nous 
rapprennent  les  chroniques  syriaques ,  c'est  en  397  que 
cet  ouvrage  fut  composé.  On  possède  encore  de  Cyril- 
lona  quelques  autres  poésies,  de  différents  mètres,  sur 
le  crucifiement,  sur  la  Pâquc  et  sur  le  froment.  Ces 
œuvres  ont  été  publiées  par  M.  Bickell  dans  la  Zeitschr. 
der  dent,  morgenl.  Gescllschafty  XXVII ,  566  '.  ^I.  Bi- 
ckell identifie  Cyrillona  avec  Absamya ,  le  neveu  de  saint 
Éphrem,  qui,  nous  le  savons  par  la  Chronique  d'Edesse 
et  la  Chronique  ecclés.  de  Barhebrœus,  composa  des 
hymnes  et  des  homélies  sur  l'invasion  des  Huns. 
Absamya  aurait  pris  le  nom  de  Cyrillona  en  recevant 
Tordre  du  sacerdoce;  ce  n'est  qu'une  hypothèse,  mais 
une  hypothèse  vraisemblable  ^. 

Le  moine  Grégoire  se  rendit  d'Orient  (de  Palestine?) 
en  Chypre  où  il  entra  en  relations  avec  saint  Epiphane, 
évéque  de  Salamis,  et  un  moine  du  nom  de  Théodore. 
A  ceux-ci  sont  adressées  plusieurs  de  ses  épîtres  ;  son 
principal  ouvrage  est  un  traité  sur  la  vie  ascétique  ^. 

1.  Voir  aussi  Whigiit,  Calai.,  p.  070-671;  Ovep.beck,  Op.  cit..  379-381: 
CAr.DAiii,  Liber  Thesaïun  de  arte  poetica,  27-29.  Une  traduction  alle- 
mande en  a  été  donnée  par  Bickell  dans  la  Bibliolhek  der  Kirchenvii- 
ter  de  Tallhofer,  n"  41. 

2.  Wright,  Syriac  Hier.,  2^  éd.,  p.  42,  objecte  qu'il  est  surprenant  que 
les  chroniques  syriaques  qui  parlent  d'Absamya  ne  le  connaissent  pas 
sous  le  nom  de  Cyrillona. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  170-174,  et  III,  pars  I,  191,  a  publié  quelques 
épitres  et  des  fragments  du  traite;  conipaier  ci-dessus,  p.  231. 


n 


LES    ECRIVAINS    JUSQU  AU    VII®    SIECLE, 


Cette  période  de  Ihistoire  littéraire  des  Syriens  est 
la  plus  brillante  ;  elle  compte  de  nombreux  auteurs  qui 
se  distinguèrent  dans  divers  genres  et  elle  embrasse 
l'époque  la  plus  intéressante  pour  l'histoire  de  l'Église 
orientale.  Au  commencement  les  Syriens  ,  quoique  di- 
visés par  les  frontières  des  empires  romain  et  perse, 
ne  forment  encore  qu'une  grande  famille  religieuse. 
Antioche,  Edesse,  Xisibe  et  Séleucie  du  Tigre  sont  les 
principaux  centres  intellectuels  qui  relient  entre  eux  les 
membres  de  cette  famille,  jusqu'au  jour  où  les  schismes 
les  fractionneront  en  deux  tronçons. 

§  1.  —  Les  Orthodoxes. 

En  Perse,  les  actes  des  martyrs,  les  canons  ecclésias- 
tiques et  les  commentaires  bibliques  sont  les  premiers 
documents  littéraires  des  Syriens  pendant  cette  pé- 
riode ^  En  Mésopotamie,  Edesse  témoigne  d'une  acti- 
vité intellectuelle  sur  laquelle  nous  reviendrons  bientôt. 


1.  Voir  ci-(lcssus  :  Marouta,  p.  132-133  et  171-172;  le  patriarche  Isaac, 
p.  133  et  176;  le  patriarche  Dadjésu  ,  p.  82  et  176 


340  LES  ÉCRIVAINS 

En  Syrie.  Isaacle  Grand  est,  à  notre  connaissance  ,  le 
premier  qui  écrivit  en  syriaque. 

Isaac  le  Grand  ou  Isaac  d'Antioche  naquit  à  Amid  et 
étudia  à  Edesse  sous  la  direction  de  Zenobius,  le  disciple 
de  saint  Ephrem.  Ses  études  terminées,  il  se  rendit 
à  Antioche  et,  après  y  avoir  reçu  le  sacerdoce,  il  se 
retira  dans  un  des  couvents  aux  environs  de  la  ville. 
C'est  vraisemblablement  à  cette  époque  de  sa  vie  qu'eut 
lieu  le  voyage  à  Rome  dont  parle  son  biographe  ^  et 
qu'il  composa  un  poème  sur  les  jeux  séculaires  célébrés 
à  Rome  en  404 2.  Il  écrivit  aussi,  dit-on,  sur  la  prise 
de  cette  ville  par  Alaric  en  410.  On  ignore  la  date  de 
sa  naissance  et  de  sa  mort ,  mais  Isaac  survécut  au 
tremblement  de  terre ,  arrivé  à  Antioche  en  459 ,  car, 
selon  Gennadius ,  ce  tremblement  est  le  sujet  d'une  de 
ses  poésies.  C'est  à  ces  poésies  qu'Isaac  dut  le  glorieux 
renom  dont  il  jouit  en  Syrie ,  quoiqu'elles  nous  parais- 
sent parfois  fastidieuses  par  leur  prolixité  ^,  mais  on 
les  lit  avec  profit;  elles  fournissent  à  Ihistorien  des 
renseignements  sur  l'ancien  culte  des  astres  à  An- 
tioche et  sur  les  partisans  d'Eutycliès  et  de  Nestorius, 
que  cet  illustre  moine  combattit.  Ses  homélies  mé- 
triques sur  les  guerres  des  Perses  et  les  invasions  des 
Arabes  contiennent  des  faits  historiques  et  des  esquisses 
des  mœurs  et  de  la  religion  des  tribus  arabes.  Isaac  a 
peu  écrit  en  prose  :  on  cite  de  lui  des  questions  et  des 
règles  ascétiques.  Ses  œuvres  poétiques  sont  volumi- 
neuses; le  patriarche  jacobite,  Jean  bar  Schouschan, 
avait  entrepris  de  réunir  ces  œuvres  en  un  recueil, 
mais  la  mort  du  compilateur,  survenue  en  1073,  a  in- 


1.  Voir  La>d,  Anecdota  syriaca,  ni,  p.  8i. 

2.  Voir  TuLi.REP.G,  Dionysii  Tebnahharensis  Chronici  liber  prunus, 
l'psal,  I80I,  p.  ri2. 

3.  L'une  d'elles  a  2133  vers,  une  autre  1»23  vers,  voir  ci-dessus,  p.  20. 


JUSQU'AU  VIP  SltCLE.  341 

terrompii  son  travail'.  M.  Bickell  a  commencé  une 
édition  complète  qui,  d'après  la  liste  qu'il  a  rédigée, 
devait  comprendre  deux  cents  numéros ,  mais  il  s'est 
arrêté  après  le  second  volume  -  :  le  premier  volume  a 
quinze  numéros  et  le  second,  vingt-deux^. 

Il  nest  rien  resté  des  œuvres  de  Dàdà ,  un  moine 
d'Amid,  qui  fut  délégué  par  les  habitants  de  cette  ville 
à  Constantinople  pour  demander  une  diminution  d'im- 
pôts justifiée  par  les  ravages  de  la  guerre  et  de  la  fa- 
mine. On  attribue  à  cet  écrivain,  contemporain  d'Isaac, 
trois  cents  traités  sur  divers  sujets  et  des  hymnes  ''. 

Rabboula,  nommé  évêque  dÉdesse  en  412,  est  connu 
par  sa  foi  ardente  et  ses  luttes  contre  les  hérésies  au- 
tant que  par  son  œuvre  littéraire^'.  Il  était  né  à  Kennes- 
rin  près  d'Alep  dans  le  paganisme;  son  père,  un  prêtre 
païen,  sacrifia,  dit-on,  en  Ihonneur  de  Julien  l'Apostat 
lors  de  l'expédition  de  celui-ci  contre  les  Perses;  mais 
sa  mère  était  chrétienne.  Rabboula  fut  converti  et 
baptisé  par  Eusèbe,  évêque  de  Kennesrin,  et  Acacius, 
évêque  d'Alep.  Le  nouveau  prosélyte  se  consacra  tout 
entier  à  la  religion  qu'il  venait  de  confesser;  il  vendit 
ses  biens,  dont  il  distribua  le  produit  aux  pauvres,  et 
se  retira  d'abord  dans  le  couvent  d'Abraham  et  ensuite 


1.  Voir  Bartif-dreus,  Chron.  eccl.,  I,  447. 

2.  Isaaci  Anliocheni  opéra  omnia,  Giessen,  I,  1873;  II,  1877. 

3.  Avant  Bickell,  il  avait  élé  cdito  peu  des  écrits  d'Isaac  :  quelques 
fragments  dans  la  Bibl.  Orient.  d'AssÉMAM,  I,  p.  -207;  l'iiomélie  sur 
l'amour  de  l'élude  dans  les  Monumenia  syriaca  de  Zixgerle.  I,  p.  13; 
un  extrait  de  la  môme  homélie  dans  le  Liber  Ihesauri  du  P.  Cardahi 
avec  des  fragments  de  deux  autres  homélies,  p.  21;  une  hymne  sur  le 
crucifiement  dans  les  S.  Ephrœmi,  etc.,  opéra  selecta  d'OvEr.r.ECK.  p.  37«). 
Zi>"GERi,E  a  traduit  en  allemand  d'autres  hymnes  sur  le  même  sujet 
dans  la  Theol.  Quarlalschrift  de  Tuhingue  en  1870. 

4.  Wright,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  p.  oi;  comp.  Land,  Anecd.  syr.,  III, 
p.  Si. 

ti.  Son  histoire  est  racontée  dans  le  document  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut,  p.  IGI. 


3Î2  LES  ÉCRIVAINS 

dans  un  lieu  solitaire  pour  y  mener  la  vie  ascétique. 
Gest  là  quAcacius  l'alla  chercher  pour  le  conduire  sur 
le  siège  épiscopal  d'Edesse  que  la  mort  de  Diogène 
avait  laissé  vacant.  Evéque,  Rabboula  s'appliqua  avec 
énergie  à  déraciner  les  anciennes  hérésies  que  saint 
Éphrem  avait  combattues,  mais  qui  comptaient  encore 
des  adeptes  à  Edesse.  Il  semble  avoir  hésité  d'abord  à 
rejeter  la  doctrine  de  Théodore  de  Mopsueste  dont 
Nestorius  venait  de  se  faire  le  champion,  mais  son 
hésitation  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Rabboula  se 
déclara  bientôt  le  partisan  de  Cyrille  d'Alexandrie ,  qui 
devint  son  ami  et  dont  il  traduisit  le  traité  De  recta 
ficle  ';  il  alla  attaquer  Nestorius  à  Constantinople  même 
où  il  prononça  un  grand  discours  devant  Théodose  II. 
Son  biographe  ,  qui  traduisit  en  syriaque  ce  discours^, 
fait  ressortir  le  courage  dont  l'évêque  d'Edesse  fit 
preuve  dans  cette  circonstance,  car  Tévêque  de  Cons- 
tantinople jouissait  de  la  faveur  de  l'empereur.  La  po- 
lémique continua  par  écrit;  le  même  biographe  men- 
tionne «  quarante-six  lettres  de  Rabboula  adressées 
aux  prêtres ,  aux  empereurs,  aux  principaux  personna- 
ges et  aux  moines ,  que  nous  chercherons  avec  Taide 
de  la  grâce  divine,  ajoute-t-il,  à  traduire  du  grec  en 
syriaque,  afin  que  ceux  qui  les  liront  apprennent  quelle 
ardeur  enflammait  son  zèle  divin  ^.  » 

1.  Voir  la  lettre  de  Cyrille  à  Rabboula,  Overdeck,  Op.  cit.,  p.  228.  La 
version  de  Rabboula  existe  au  Musée  britannique;  elle  a  été  éditée  par 
le  P.  Bedjan  dans  le  tome  V  des  Acta  martyrum  et  sanctorum,  p.  628- 
696. 

2.  Ce  qui  nous  reste  de  cette  version  a  été  publié  par  Oveubeck,  Op. 
cit.,  p.  239  et  suiv. 

3.  Quelques-unes  de  ces  lettres  traduites  en  syriaque  nous  sont  par- 
venues, soit  en  entier,  soit  en  partie,  et  ont  été  publiées  par  Ovekdeck 
S.  Ephraemi  etc.,  opéra  selecla,  d'après  des  nis.  du  Musée  britannique, 
il  y  en  a  qui  font  partie  de  la  correspondance  suivie  que  Rabboula  eut 
avec  saint  Cyrille.  Guidi  a  publié,  d'après  le  ms.  syr.  107  du  Vatican, 
une  lettre  de  saint  Cyrille  à  Rabboula,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  la  col- 


JUSQU'AU  VIP  SIÈCLE.  343 

Pendant  son  épiscopat,  Rabboula  donna  en  exemple 
à  son  clergé  sa  vie  dhumilité  et  de  privations ,  et  il 
chercha ,  par  des  canons  et  des  avertissements  ' ,  à  sou- 
mettre les  religieux  aux  pratiques  ascétiques.  On  van- 
tait sa  charité  et  on  rapportait  de  nombreux  témoi- 
gnages de  son  dévouement  pour  les  pauvres  et  les 
malades;  mais  sa  sévérité  tyrannique  le  fit  plus  craindre 
qu'aimer  des  personnes  de  son  entourage.  Ce  saint 
évêque  mourut  le  sept  août  435-.  Ce  qui  est  resté  de 
ses  œuvres  a  été  publié  par  M.  Overbeck  dans  son  livre 
iS".  Ephrœmi,  etc.  ^  opéra  selecta,  p.  210  et  suiv. ,  et 
traduit  en  allemand  par  M.  Bickell  dans  la  Bibliothek 
der  Kircheiwater  de  Tallhofer,  n"^  103-104.  Il  faut 
ajouter  un  discours  inédit  sur  les  aumônes  faites  pour 
les  âmes  des  défunts  et  sur  la  défense  des  fêtes  à  l'oc- 
casion de  la  commémoraison  des  morts;  ce  discours 
se  trouve  dans  un  ms.  de  la  Laurentienne  de  Florence  ^. 

§  2.  —  Les  Nestoriens. 

La  guerre  que  Rabboula  avait  déclarée  au  nestoria- 
nisme  fut  interrompue  à  Edesse  par  la  mort  de  cet 
évêque.  A  Rabboula  succéda  Ibas  qui  professait  à  l'E- 
cole des  Perses  et  qui  était  un  partisan  avéré  de  Nes- 
torius.  C'est  à  ce  docteur  et  à  ses  disciples,  nous  l'a- 
vons déjà  dit  '',  que  les  Syriens  devaient  leurs  premières 
traductions  des  œuvres  de  Diodore  de  Tarse  et  de 
Théodore  de  Mopsueste.  Rabboula  avait  condamné  ces 

leclion  Overbeck,  Rendiconti  délia  R.  Accademia  dei  Lincei,  mai-juin 
1886,  416  et  UG. 
i.  Voir  ci-dessus,  p.  179. 

2.  Date  fourûie  par  la  Biographie;  le  8  août  435,  indiqué  par  la  Chro- 
nique d'Édesse,  est  le  jour  de  l'enterrement. 

3.  Év.  AssÉMAM,  Cat.  cod.  ms.  Orient.  Bibl.  Palat.  Medic. ,  p.  107.  Sur 
une  version  du  Nouveau  Testament  par  Rabboula,  voir  ci-dessus,  |).  48. 

4.  Voir  ci-dessus,  p.  316. 


344  LES  ÉCRIVAINS 

ouvrages  et  en  avait  fait  brûler  des  exemplaires  * .  Ibas 
devenu  évêque ,  le  nestorianisme  trouva  la  voie  libre  en 
Mésopotamie ,  et  la  célèbre  lettre  que  le  nouvel  évéque 
adressa  à  ^lari  le  Perse  en  encouragea  la  propagande 
chez  les  Syriens  orientaux.  Attaqué  au  sujet  de  cette 
lettre  aux  conciles  de  Tyr  et  de  Beirouth,  Ibas  fut  ac- 
quitté, mais  au  second  concile  d'Ephèse,  en  449,  il  fut 
compris  avec  son  neveu  Daniel,  évêque  de  Harran, 
dans  la  condamnation  qui  frappa  Flavien  de  Constan- 
tinople,  Domnus  d'Antioche,  Irénée  de  Tyr,  Eusèbe  de 
Dorylée.  Sophronius  de  Telia  et  Théodoret  de  Cyr. 
Ibas  fut  exilé  et  remplacé  à  Edesse  par  Nonnus  ^.  Son 
exil  ne  dura  que  deux  ans  ;  après  le  concile  de  Chalcé- 
doine ,  qui  était  principalement  dirigé  contre  Eutychès 
et  les  monopliysites,  Ibas  revint  sur  son  siège  épiscopal 
où  il  demeura  en  paix  jusquà  sa  mort,  survenue  le  28 
octobre  457.  Le  catalogue  d'Ebedjésu  attribue  à  Ibas, 
outre  un  commentaire  sur  les  Proverbes  (voir  ci-dessus 
p.  82\  des  homélies,  des  hymnes  et  une  controverse 
avec  un  hérétique^. 

La  mort  dTbas  occasionna  l'expulsion  d"Edesse  des 
partisans  de  cet  évêque,  qui  enseignaient  ou  étudiaient 
à  l'École  des  Perses  ,  mais  cette  école  ne  fut  définiti- 
vement détruite  qu'en  489  par  ordre  de  Tempereur 
Zenon.  Les  noms  des  exilés,  avec  les  sobriquets  qui 
leur  avaient  été  donnés  à  l'école,  nous  sont  fournis  par 
la  lettre  de  Tévêque  monophysite  Siméon  de  Beit-Ars- 
cham,  écrite  vers  510  et  qui  est  le  document  le  plus 
ancien  sur  la  propagation  du  nestorianisme  en  Perse  ''. 

1.  AssÉMANi,  B.  0.,  ni,  pars  I,  SG;  pars  If,  73. 

2.  Il  existe  de  cet  évêque  une  lettre  adressée  à  l'empereur  Léon  sur 
le  concile  de  Chalcédoine,  Assémam,  D.  0.,  I,  257  et  405. 

3.  Assémam,  B.  0.,  HI,  i^ars  I,  8G. 

4.  Publiée  par  Assémam,  B.  0.,  I,  436,  et  réimprimée  dans  la  Chreslo- 
matliie  de  Michaelis. 


JUSQU'AU  VIl°  SIÙCUE.  3io 

Siméon  est  partial  et  injuste  envers  ses  adversaires , 
mais  bien  informé.  Il  nomme  parmi  les  habitants 
d'Édesse  qui  se  retirèrent  sur  le  territoire  perse,  où 
ils  jouirent  de  la  faveur  du  roi  Péroz  :  Acacius ,  Bar- 
sauma,  Mana.  Abschouta,  Jean  le  Garaméen ,  Mika. 
Paul,  fils  de  Kaki,  Abraham  le  Mède  ,  Xarsès,  Ezalia. 
Presque  tous  devinrent  évêques  en  Perse;  quelques- 
uns  furent  des  écrivains  connus. 

Acacius  fut  élu  patriarche  de  Séleucie  en  484  '  et 
vécut  jusqu'en  496-.  Barhebrœus  mentionne  la  mission 
dont  il  fut  chargé  par  Péroz  auprès  de  lempereur 
Zenon  ^.  Ce  patriarche  composa  des  homélies  sur  le 
jeûne  et  la  foi  et  des  traités  contre  les  monophysites; 
il  traduisit  en  persan,  pour  le  roi  Kawad,  le  traité  sur 
la  foi  d'Elisée  ou  Osée,  le  successeur  de  Barsauma 
sur  le  siège  de  Xisibe-*.  Le  patriarche  Acacius  ne  doit 
pas  être  confondu  avec  Acacius,  évêque  dAmid,  dont 
les  épîtres  ont  été  commentées  par  Mari,  évêque  de 
Beit-iVrdaschir.  Tun  des  premiers  apôtres  du  nestoria- 
nisme  en  Perse.  On  rapporte  qu' Acacius  d'Amid  ven- 
dit en  422  les  vases  sacrés  de  l'évêché  pour  racheter 
les  captifs  faits  par  les  Romains  dans  le  Beit-Arbayé  •^. 

Barsauma.  avant  dêtre  professeur  à  TEcole  des  Per- 
ses, avait  été,  prétend  Siméon  de  Beit-Arscham.  l'es- 
clave de  Mara  de  Beit-Kardou  près  de  Gozarte  .  11 
était  au  nombre  des  exilés  de  l'année  457 ,  et  c'est  en 
efîet  à  partir  de  cette  époque  qu'il  se  signale  par  son 


i.  BAnnEURJics,  Chron.  eccl.,  H,  72. 

2.  Amr,  éd.  GiSMONDt,  p.  3.>. 

3.  BAF'.iiEEr.iLS,  Chron.  eccL,  II,  75. 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  III.  pars  I,  C9,  378  et  634;  le  savant  Maronite  a 
cherché  en  vain  à  disculper  Acacius  de  rtiércsie  de  Nestorius;  comp. 
Wr.icnT,  Syriac  lilt.,Z*  éd.,  p.  GO.  Sur  le  concile  d'Acacius.  voir  ci-des- 
sus, p.  17G. 

5.  Comp.  Mari,  éd.  GisMONor,  pars  I,  p.  31.  Acacius  d'Amid  était  nes- 
lorien,  voir  Wirght,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  p.  tl. 


346  LES  ÉGl\I VAINS 

despotisme  comme  évêque  de  Nisibe^  Il  dicta  les  pre- 
miers statuts  de  l'École  de  Nisibe-  et  établit  le  mariage 
des  prêtres  avec  le  consentement  du  patriarche.  Ses 
écrits  se  composent,  suivant  le  catalogue  d'Ebedjésu, 
d'exhortations,  d'oraisons  funèbres,  d'hymnes,  de  let- 
tres et  d'une  liturgie^. 

Narsès  accompagna  Barsauma  à  Nisibe  où  il  fonda 
l'école  de  cette  ville ,  qui  devint  l'un  des  plus  célèbres 
centres  de  l'enseignement  chez  les  Syriens  orientaux.  Il 
était  de  Maalta  au  nord-est  de  Mossoul  et  vint  étu- 
dier sous  Ibas  à  l'École  des  Perses.  La  seconde  partie 
de  sa  vie  se  passa  à  l'Ecole  de  Nisibe  qu'il  dirigeait, 
sauf  une  courte  interruption ,  quand  il  se  retira  chez  les 
Kurdes  à  la  suite  d'un  différend  avec  Barsauma.  Suivant 
Barhebrseus ,  Narsès  vécut  cinquante  ans  après  son  dé- 
part d'Édesse  où  il  avait  séjourné  vingt  années;  ce  dé- 
part ayant  eu  lieu  en  457,  sa  mort  tomberait  en  507^. 
Les  ÎNIonophysites  lui  donnèrent  le  surnom  de  Le  lé- 
preux,  mais  les  Nestoriens,  qui  goûtaient  fort  ses  poé- 
sies, l'appelèrent  La  harpe  du  Saint-Esprit.  Ces  poésies, 
suivant  Ébedjésu,  étaient  au  nombre  de  360  et  formaient 
douze  volumes.  Un  de  ces  volumes,  contenant  des  ho- 

I.Son  départ  définitif  d'Edesse  n'eut  donc  pas  lieu  sous  Rabboula, 
comme  le  dit  AsstMAM,  B.  0.,  IH,  imrs  II,  78,  ni  en  489,  comp.  Barde- 
BP.^LS,  Chron.  eccl.,  t.  II,  p.  55,  note  i. 

2.  Ces  statuts  ne  se  sont  pas  conserves,  mais  on  possède  ceux  de  son 
successeur  Elisée  ou  Osée,  publiés  en  49G,  Glidi,  Gli  Statuti  délia  scuo- 
la  di  Xisibi,  Rome,  1890. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  jyars  I,  CG.  Sur  ses  lettres  à  Acacius,  voir  ci- 
dessus,  p.  176.  Une  hymne  au  Musée  britannique,  Calai.  Wright, 
p.  130;  comp.  Maclea:^,  East  Syrian  Daily  Offices,  Londres,  1894,  p. 226. 

4.  ]i\i\uE[iP,.'Evs,  Chron.  eccl.,  II,  p.  "7.  Barliebrœus  confond  la  date  de 
l'exil  (457)  avec  celle  de  la  deslruciioi)  de  1  École  des  Perses  (489).  AssÉ- 
MAM,  B.  O.y  II,  402,  et  407,  note  2,  fixe  à  tort  cet  exil  sous  Rabboula  vers 
431.  DiCKELL,  Conspeclus  rci  Syrorum  liu.,  p.  37,  et,  après  lui,  Feldmann, 
Syrische  Wechsellieder  von  .\arses,  p.  3,  prennent  sans  fondement 
l'aiince  496  pour  la  morl  de  N'arsès,  Celle  année  est  celle  de  la  mort 
d'Acacius,  d'après  Amr. 


JUSQU'AU  VII<=  SIÈCLL:.  347 

mélies  suivies  de  cantiques,  est  conservé  à  la  Bibliothè- 
que royale  de  Berlin  et  au  Musée  Borgia  à  Home.  Un 
autre  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau,  n"^  219,  renferme 
un  poème  en  mètres  de  douze  syllabes  sur  Joseph,  fds 
de  Jacob.  Quelques  hymnes  se  trouvent  dans  le  bré- 
viaire nestorien  et  dans  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque du  patriarche  orthodoxe  de  Jérusalem'.  Narsès 
affectionnait,  dit-on,  le  mètre  de  six  syllabes,  mais  ses 
poésies  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont  dans  les  mètres 
de  sept  et  douze  syllabes.  Ebedjésu  attribue  encore  à 
Narsès  des  commentaires  (voir  ci -dessus,  p.  82);  une 
liturgie;  des  explications  sur  la  communion  eucharis- 
tique et  le  baptême  ;  et  un  livre  intitulé  Siu^  la  corrup- 
tion des  mœurs. 

Mari,  évoque  de  Beit-Ardaschir,  est  surtout  connu 
par  la  lettre  que  lui  adressa  Ibas.  Outre  son  commen- 
taire sur  Daniel  (ci-dessus,  p.  82),  et  sur  les  épîtres 
d'Acacius  d'Amid  (ci-dessus,  p.  345\  il  écrivit  un  traité 
de  controverse  contre  les  mages  de  Nisibe-. 

INIana  traduisit  à  Edesse  une  partie  des  œuvres  de 
Théodore  de  Mopsueste^.  Selon  Siméon  de  Beit-Ar- 

1.  Voir  Journal  asiatique,  janv.-février  1894,  p.  9G.  \\  a  été  édité  peu  de 
choses  des  œuvres  de  Narsès  :  une  hymne  d'après  un  ms.  du  bréviaire 
nestorien  à  la  Bibliothèque  de  Munich  par  HA>EBEr.G,  Zeitschr.  der  deut. 
morgenl.  Gesell.,  III,  p.  235;  dans  d'autres  ms.,  cette  hymne  est  attribuée 
à  S.  Éphrem  et  est  imprimée  dans  l'édition  romaine  de  S.  Éphrem;  la 
première  partie  d'une  longue  homélie  sur  l'intelligence,  probablement 
d'après  le  ms.  du  Musée  Borgia,  par  le  P.  Cardaiii,  Liber  Thesauri, 
p.  47;  un  fragment  d'une  homélie,  par  le  P.  Bedjan  dans  le  Brevia- 
rium  Chaldaicum,  Paris,  188G,  I,  4G8;  un  fragment  de  l'homélie  sur 
saint  Jean-Baptiste,  par  le  P.  Gismondi,  LinQux  syriacœ  grammatica, 
Beiroutli.  1890;  une  partie  du  poème  sur  Josei)h  par  Guabowski,  Die 
Geschichte  von  Mar  Narsès,  Berlin,  1889;  les  cantiques  des  ms.  de  Berlin 
et  du  Musée  Borgia  par  Sacuac  et  Fkldmann,  voir  ci-dessus,  p.  23; 
quelques-uns  de  ces  cantiques  ont  été  atlril)ués  à  saint  Éphrem,  voir 
Feldmann,  Syr.  Wechsellieder  uon  iS'arses,  Leipzig,  1896;  NuELDEKE,Li7er. 
Cenlralbatt,  1897,  n°3  ,  p.  94;  comp.  Maclean,  East...  Offices,  p.  161  et  1G8. 

2.  AssKMANt,  D.  0.,  III,  pars  I,  171. 

3.  Voir  ci-dessus,  p.  31G,  note  2. 


348  LES  ECRIVAINS 

scham ,  il  fut  expulsé  de  cette  ville  avec  les  Nestoriens 
de  l'École  des  Perses  à  la  mort  d'Ibas  en  457;  il  se  re- 
tira en  Perse,  fut  nommé  métropolitain  de  Perse  et 
ensuite  patriarche  des  chrétiens  de  l'Orient.  11  est  donc 
inadmissible  qu'il  ait  succédé,  dans  cette  dernière  fonc- 
tion, à  Yaballaha  I  en  420^  ;  il  y  a  encore  dans  l'histoire 
de  cette  époque  bien  des  obscurités  à  éclaircir.  On  at- 
tribue à  jNIana  des  versions  pehlewies  de  livres  syria- 
ques, qu'il  aurait  faites  après  son  établissement  en 
Perse. 

Mika,  après  son  expulsion  d'Edesse,  devint  évêque 
de  Laschom  dans  le  Beit-Garmai.  Il  composa  un  com- 
mentaire sur  le  livre  des  Rois  (ci-dessus,  p.  82)  ;  un  pa- 
négyrique de  son  prédécesseur  Sabrjésu  et  d'un  certain 
Kantropos  (?)  ;  un  traité  sur  Les  cinq  j-aisons  des  Ses- 
sions (ou  xadlo/iiuTa)  du  Psautier  (Assémani,  B.  0,  III, 
pars  I,  169-170). 

Yazidad  accompagna  Barsauma  et  Narsès  à  Nisibe. 
Ebedjésu  lui  attribue  une  compilation ,  )4-^a^y  i^&o  [B. 
0.,  m,  pars  I,  226). 

On  ne  sait  à  quelle  époque  appartient  Ara,  qui  écrivit 
un  traité  contre  les  mages  et  un  traité  contre  les  disci- 
ples de  Bardesane. 

Au  VP  siècle,  l'œuvre  de  propagande  était  accom- 
plie et  la  grande  majorité  des  chrétiens  de  la  Perse 
confessaient  le  dogme  des  deux  natures  et  des  deux 
personnes.  Nous  passerons  rapidement  sur  les  écrivains 
nestoriens  de  cette  époque,  dont  les  uns  ont  figuré 
dans  notre  première  partie  et  dont  les  autres  sont  peu 
connus.  A  Nisibe,  l'école  fondée  par  Narsès  prospère 
sous  les  successeurs  de  celui-ci  :  Abraham,  son  neveu, 

1.  AssÉMAM,  B.  0.,  ni,  pars  I,  376;  Lamy,  Chron.  eccL,  de  Barhebr.el-s, 
II,  p.  58  ,  note  1;  Noeldeke,  Tabari,  p.  419;  Wr.iGUx,  Syriac  Ut.,  2*  éd., 
p.  63,  d'après  Barhebrœus  et  Elias  de  Nisibe. 


JUSQU'AU  Vile  SIÈCLE.  349 

Jean  et  Joseph  d'Alnvaz.  L'enseignement  de  ces  maîtres 
donne  naissance  à  divers  travaux  :  Abraham  et  Jean 
publient  des  commentaires  bibliques  (ci-dessus  p.  82-83) 
et  des  hymnes'.  Joseph  d'Ahwaz  est  le  premier  gram- 
mairien syriaque  [ci-dessus,  p.  70  et  299  -. 

A  un  disciple  d'Abraham  de  Nisibe,  nommé  Abra- 
ham bar  Kardahé,  ou  Abraham  fils  des  forgerons, 
Ebedjésu  attribue  des  homélies,  des  discours  consola- 
tifs  au  sujet  des  défunts,  des  sermons  et  une  lettre 
contre  un  certain  Schisban,  probablement  un  mage.  Un 
autre  Abraham,  Abraham  KdXmd.  [le  subtil ,  qui  vivait 
à  la  fin  du  VP  siècle,  écrivit  des  sentences  et  des  ques- 
tions^. 

Paul ,  un  disciple  du  patriarche  Mar  xA.ba ,  qui  devint 
évêque  de  Nisibe ,  composa  un  commentaire  sur  lEcri- 
ture  sainte  (ci-dessus,  p.  83);  des  lettres;  et  une  con- 
troverse, probablement  adressée  à  Justinien^. 

Théodore,  nommé  évêque  de  Merv  en  540,  composa, 
selon  Ebedjésu^,  un  commentaire  sur  les  Psaumes  fci- 
dessus,  p.  83),  des  solutions  de  questions  philosophi- 
ques (ci-dessus,  p.  256),  un  poème  sur  saint  Eugène,  le 
fondateur  du  monachisme  en  Mésopotamie,  et  ses  com- 
pagnons^, et  un  livre  sur  divers  sujets. 

Gabriel,  évêque  d'Hormizdaschir,  le  frère  de  Théo- 
dore, écrivit  des  livres  de  controverse  contre  les  Mani- 

1.  AssÉMANi,  B.  0.,  III,  pars  I,  p.  7-2;  comp.  p.  G3i  et  708.  Une  hymne 
d'Abraham  se  trouve  dans  le  psautier  ncslorien,  comp.  ^VI;IGUT,  Syr.  lit., 
2=  éd.,  p.  114,  note  4;  Maclean,  East  Syrian  Daily  Offices,  p.  99. 

2.  Nous  renvoyons  à  la  première  partie  pour  d'autres  auteurs  :  le  pa- 
triarche Mar  Aba,  p.  218;  Abraham  de  Kaschkar,  Mar  Babai,  etc.,  p.  221- 
223;  et  les  ascétiques,  p.  231  et  suiv. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  223  et  22:i. 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  632;  pars  II,  89. 

5.  AssÉMAM,  B.  0.,  m,  pars  I,  1*7. 

6.  Comp.  ci-dessus,  p.  V6i.  Le  poème  attribué  à  Théodore  semble  éti  e 
postérieur  à  cet  auteur;  M.  Hoffmann  ,  AuszÛQe  aus  syr.  Aklen,  p.  167, 
y  voit  une  composition  de  George  Warda  du  XIII»  siècle. 

■20 


3oO  LES  ÉCRIVAINS 

chéens  et  les  Chaldéens  et  environ  trois  cents  chapitres 
sur  des  questions  difficiles  des  Ecritures  ^ 

Joseph,  élu  patriarche  en  552  et  dont  nous  avons  cité 
les  canons  synodaux  (ci-dessus,  p.  176),  pratiqua  d'a- 
bord la  médecine  à  Nisibe.  Ayant  eu  la  fortune  de  gué- 
rir d'une  maladie  Chosroès  Anoschirwan,  il  dut  à  ce  roi 
son  élévation  au  siège  patriarcal.  Suivant  Barhebraeus^, 
il  se  montra  dur  et  cruel  envers  ses  évêques ,  qui  ob- 
tinrent sa  déposition  trois  ans  après  qu'il  était  entré 
en  fonctions.  Après  sa  déposition  Joseph  écrivit  une 
histoire  des  patriarches  nestoriens  ses  prédécesseurs. 
Barhebrœus  l'accuse  d'avoir  fabriqué  les  lettres  de  con- 
solation, adressées  à  Papas  et  qui  circulaient  sous  le 
nom  de  Jacques  de  Nisibe  et  de  saint  Éphrem^ 

Hannana  d'Adiabène,  le  successeur  de  Joseph  d'Ah- 
waz  à  l'École  de  Nisibe,  attira  de  nombreux  disciples 
auprès  de  lui,  huit  cents,  dit-on  ''.  Il  est  l'auteur  d'un 
schisme  qui  agita  l'Église  nestorienne  pendant  quel- 
que temps  et  dont  nous  avons  eu  l'occasion  de  parler 
plus  haut,  p.  236.  Ses  œuvres  se  composent  de  commen- 
taires (ci-dessus,  p.  83);  d'explications  sur  le  Credo, 
la  liturgie,  le  dimanche  des  Rameaux,  le  Vendredi 
d'or  \[q  premier  vendredi  après  la  Pentecôte) ,  les  Ro- 
gations et  rinvention  de  la  Croix;  et  divers  traités  dans 
lesquels  il  suivait  les  commentaires  de  saint  Jean  Chry- 
sostome  et  s'éloignait  de  ceux  de  Théodore  de  Mop- 
sueste.  Hannana  revisa  les  statuts  de  l'Ecole  de  Ni- 
sibe et  publia  sa  revision  en  590  ^.  Il  compta  parmi  ses 

1.  ÂssÉMAM,  B.  0.,  ni,  pars  I,  147. 

2.  Chron.  eccL,  H,  95-'J7  ;  comp.  Assémant,  B.  0.,  MI.  pars  I,  i3-2. 

3.  Chroji.  eccL,  U,  p.  31  ;  comparer  ci-dessus,  p.  13G.  Sur  Paul  le  Perse 
et  le  périodeule  Boud  qui  apparlienncnt  a  celle  époque,  voir  ci  dessus, 
p.  2j6-2o7  el  32i. 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  Ill,  pars  I,  p.  81. 

5.  VoirGt'iDi,  eu  slaluli  délia  Scuola  di  Nisibi,  Rome,  1890;  Abbé 
Chabot,  Journal  asiadque,  juillel-aoùl  1896,  p.  62. 


JUSQU'AU  VIP  SIECLE.  351 

partisans  Joseph  d'Adiabène  sur  lequel  Le  livre  de  la 
chasteté  contient  une  notice  que  nous  avons  analy- 
sée (ci-dessus,  p.  236). 

Jésuyab  I,  patriarche  des  Xestoriens  (581-595  ,  dut 
son  élévation  au  siège  patriarcal  à  la  faveur  dont  il 
jouissait  auprès  des  rois  de  Perse,  Hormizd  IV  et  Cho- 
sroès  II.  Il  était  originaire  du  Beit-Arbàyé  (aujourd'hui 
le  Tour-Abdin)  ;  il  fit  ses  études  à  TEcole  de  Xisibe  ; 
quand  il  fut  élu  patriarche ,  il  était  évèque  d'Arzoun.  La 
mort  l'atteignit  au  couvent  de  Hind.  à  Hira,  pendant 
une  visite  qu'il  faisait  au  roi  des  xVrabes ,  Xoman  ibn  al- 
Mondhir,  récemment  converti  au  christianisme  (comp. 
ci-dessus,  p.  219).  Ebedjésu,  dans  son  catalogue^cite  de 
Jésuyab  :  un  traité  contre  Eunomius  ;  un  autre  contre 
un  évêque  monophysite  avec  lequel  il  avait  eu  une  con- 
troverse sur  les  dogmes  ;  vingt-deux  questions  sur  les 
Sacrements-;  des  canons  et  des  lettres  synodales  ci- 
dessus,  p.  176);  et  une  apologie  (ci-dessus,  p.  170;. 

Jésuzeka,  ou  Zekajésu,  ou  encore  Meschihazeka^, 
était  moine  du  couvent  du  mont  Izla:  il  quitta  ce  cou- 
vent avec  les  moines  que  Babai  l'archimandrite  en 
avait  chassés,  et  se  retira  dans  le  diocèse  de  Dasen  où 
il  fonda  le  couvent  de  Beit-Rabban-Zekajésu  ou,  par 
abréviation,  de  Beit-Rabban,  il  est  cité  comme  auteur 
dune  histoire  ecclésiastique   ci-dessus,  p.  214   '. 

§  3.  —  Les  Monophy sites. 

La  littérature  nestorienne  ne  nous  est  connue  que  par 
ses  grandes  lignes  et  il  est  difficile  de  la  juger  par  ses 

\.  AssÉMAM,  B.  0.,  ni.  parsl,  108. 

2.  Un  spécimen  dans  le  Cal.  Val.,  HI,  280,  n»  1î>0,  v. 

3.  C'est-à-dire  Jcsus  ou  le  Christ  a  triomphé. 

4.  Sur  Ai>raham,  al>bé  du  couvent  du  Mont  Izla,  voir  ci-dessus,  p.  179; 
sur  son  successeur,  Dadjésu.  p.  156,  179,  239. 


3c2  LES  ÉCRIVAINS 

œuvres  mêmes  qui  nous  sont  parvenues  en  si  petit 
nombre.  Elle  ne  brilla  pas  cependant  du  même  éclat 
que  la  littérature  monophysite  et  elle  n'eut  pas  des  écri- 
vains de  la  valeur  d'un  Jacques  de  Saroug,  d'un  Phi- 
loxène  de  Mabboug,  d'un  Sergius  de  Reschaina  ou 
d'un  Jean  d'Asie. 

Pendant  que  le  nestorianisme  se  propageait  en  Perse, 
favorisé  par  les  rois  Sassanides ,  le  monophysisme  ga- 
gnait successivement  du  terrain  chez  les  Syriens  occi- 
dentaux, à  l'ombre  de  VHénotique  de  Zenon  dont  il  se 
couvrait.  L'hérésie  d'Eutychès  avait  trouvé  en  Syrie  un 
défenseur  dans  la  personne  de  l'archimandrite  Bar- 
sauma,  vénéré  comme  un  saint  pour  sa  piété.  Celui-ci 
avait  assisté  au  second  concile  d'Ephèse;  il  fut  con- 
damné comme  hérétique  par  le  concile  de  Chalcé- 
doine  ;  sa  mort  eut  lieu  en  458  ' . 

On  est  en  droit  de  ne  pas  compter  parmi  les  écri- 
vains syriaques  Simiéon  le  stylite  (-[-  2  septembre  459), 
que  les  Monophysites  réclament  comme  un  de  leurs 
saints,  et  leur  prétention  semble  justifiée  par  les  lettres 
qui  existent  sous  son  nom  au  Musée  britannique  ,  avec 
des  Préceptes  et  avertissements  adressés  aux  Frères  -. 
Mais  reste  à  savoir  si  ces  écrits  sont  authentiques, 
car  Siméon  était  illettré;  il  dictait  sans  doute  ses  let- 
tres à  l'un  de  ses  disciples  ^.  Sur  les  Actes  syriaques  de 
ce  saint,  voir  ci-dessus,  p.  160. 

Jacques  de  Saroug  appartenait  décidément  à  la  con- 
fession monophysite ,  la  question  a  été  tranchée  par  la 

1.  BARnEnR.Eus,  Chron.  eccL,  I,  161-16j,  179,  181;  Assémam,  JB.  0.,  II,  2-9. 
Sa  vie,  écrite  par  son  disciple  Samuel,  existe  dans  plusieurs  ms.  du 
Musée  britannique,  Wright,  Catal..,  p.  1123;  comp.  JB.  0.,  Il,  296.  Ce 
monophysite  ne  doit  pas  être  confondu  avec  son  contemporain  nesto- 
rien,  Barsauma  de  Nisibe,  dont  nous  avons  parlé  sous  le  paragraphe 
précédent. 

2.  Wright,  Catal.,  p.  9^1,  n°  29;  p.  986,  n°  33;  p.  1153,  col.  1. 

3.  Voir  Xqeldeke,  Orientalische  Skizzev,  Berlin,  1892,  p.  233. 


JUSQU'AU  Vll<=  SIÈCLE.  353 

publication  de  la  correspondance  échangée  entre  cet 
évêque  et  les  moines  du  couvent  de  Mar  Bassus  près 
d'Apamée'.  Cette  correspondance  montre  Jacques 
hostile,  dès  sa  jeunesse,  à  la  doctrine  dyophysite  prê- 
chée  par  Xestorius  et  enseignée  à  Edesse,  où  le  futur 
évêque  de  Saroug  faisait  ses  études.  Elle  nous  le  mon- 
tre encore  se  ralliant  d'abord  à  YHênoliqiie  de  Zenon  et 
devenant  ensuite  un  monophysite  convaincu.  Jacques 
était  au  nombre  des  évêques  qui  consacrèrent  Jean  de 
Telia,  un  fervent  monophysite  sous  Justin-.  On  pos- 
sède trois  biographies  de  ce  célèbre  Syrien  :  lune 
écrite  par  Jacques  d'Edesse-^;  la  seconde  est  anonyme; 
la  troisième  est  un  long  panégyrique  en  vers  ,  attribué 
à  un  de  ses  disciples,  du  nom  de  George  ^. 

Jacques  naquit  à  Kourtam  sur  l'Euphrate,  proba- 
blement dans  le  district  de  Saroug.  Il  devint  choré- 
vêque  de  Haura  dans  le  même  district.  C'est  de  cette 
ville  qu'il  écrivit  des  lettres  de  consolation  aux  chré- 

1.  Éditée  avec  une  traduction  française  par  l'Abbé  P.  Martin,  Zeitschr, 
der  deut.  morri.  Gesell.,  XXX,  p.  217  et  suiv. 

2.  Voir  Klf.v.n,  Het  Leven  van  Joh.  van  Telia,  Leide,  1882,  VII  et  31. 
ZiN-GF.ULE,  Zeitschr.  fO.r  Kalhol.  TheoL,  XI,  92-108.  KLr.YN,  l.  c,  et  Glidi, 
La  lettera  di  Simeone  vescovo  di  Beth-Arscham,  Préface,  ont  établi  le 
caractère  monopliysite  de  la  confession  de  Jacques  de  Saroug.  L'ortho- 
doxie de  cet  fvèque  avait  été  soutenue  contre  Renaudot  par  Asséjum  qui 
avait  consacré  à  celte  question  cent  pages  de  sa  Bibl.  Orientalis,  II, 
p.  28.3  et  suiv.;  puis  par  Addeloos,  De  vila  et  scriplis  S.  Jacobi,  Lou- 
vain,  I8G7;  par  le  P.  M.vtagxe  ,  Acta  Sanctorum  des  Bollandistes,  XII, 
824  et  927;  par  Bickell,  Bibliolhek  der  Kirclienviiter,  n"  58;  et  par  Lamy, 
Chron.  eccl.  de  B.\nuEBr,.ELS,  I,  190,  noie  3.  On  ne  mettra  plus  en  doute 
l'exactitude  de  la  nolice  de  BAr.iiEnn.Ecs,  l.  c,  déclarant  que  la  doctrine 
de  Jacques  avait  cté  a[)prouvée  par  Sévère  d'Antiociie. 

3.  Voir  l'Abbé  P.  Maktin,  l.  c,  p.  217,  note  3.  Le  texte  de  cette  biogra- 
phie a  été  publie  par  AssÉMAXt,  B.  0.,  I,  286. 

4.  Les  trois  biugrapiiies  ont  été  édilées  par  Abbei-oo-;,  Z)j  vila  et  scrip- 
lis S.  Jacobi.  Des  extraits  du  panégyrique  ont  élé  imprimés  parle  P. 
CAr.DAin  dans  son  Liber  thesauri,  p.  37.  Bickei-l,  l.  c.  (dans  la  note  i), 
donne  de  bonnes  raisons  pour  que  l'auteur  de  ce  panégyrique  ne  soit 
pas  un  disciple  de  Jacques  mais  George  de  Saroug,  un  auteur  du  VU» 
siècle. 

20. 


3o4  LES  ÉCRIVAINS 

tiens  de  Nedjran  et  aux  habitants  de  la  ville  dEdesse 
menacée  par  les  Perses  ',  et  probablement  les  lettres 
dogmatiques  adressées  aux  moines  du  couvent  de  Mar 
Bassus-.  En  519  il  fut  nommé  évoque  de  Batnan,  prin- 
cipale ville  du  distrit  de  Saroug;  il  était  alors  âgé  de 
soixante-huit  ans;  il  mourut  deux  ans  après  en  521.  Sa 
vie,  consacrée  à  l'étude  et  écoulée  loin  des  polémiques 
christologiques  qui  agitaient  TOrient,  ne  fut  pas  trou- 
blée par  les  persécutions  que  Justin  I  exerça  contre  les 
Monophysites  après  avoir  aboli  Tédit  d'union  de  Zenon, 
et  dont  furent  victimes  Sévère  d'Antioche,  Philoxène 
de  Mabboug  et  Paul  d'Édesse.  La  lettre  de  condoléance 
que  Jacques  adressa  à  ce  dernier  ^  se  réfère  aux  violen- 
ces que  Paul  subit  au  mois  de  novembre  519,  lorsqu'il 
fut  emmené  prisonnier  à  Séleucie  '. 

Les  nombreuses  lettres  de  Jacques  de  Saroug  exis- 
tent en  grande  partie  dans  les  ms.  Add.  14587  et  17163 
du  [Musée  britannique.  Nous  venons  de  parler  de  ses 
lettres  aux  moines  du  couvent  de  Mar  Bassus .  aux 
chrétiens  de  Nedjran,  aux  habitants  d'Edesse,  à  Paul 
d'Edesse.  Nous  citerons  une  autre  lettre  à  Etienne  bar 
Soudain  dans  la  notice  cencernant  ce  dernier.  Ses  au- 
tres écrits  en  prose  comprennent  :  une  liturgie  ^,  un 
ordre  du  baptême*';  six  homélies  festales";  des  ser- 


1.  Wright,  CataL,  p.  o-20,  n°s  15  et  16;  et  ci-dessus,  p.  lol-l,>-2. 

2.  L'Abbé  Martin,  l.  c,  p.  2f^4,  note  3,  place  la  correspondance  entre 
ces  moines  et  Jacques  entre  514  et  518,  alors  que  celui-ci  était  clioré- 
vêque. 

3.  Publiée  par  l'Abbé  Martin,  L  c,  p.  265. 

4.  La  condamnation  délinitive  et  l'exil  de  Paul  d'Édesse  eurent  lieu  le 
2~  juillet  522,  époque  à  laquelle  Jacques  de  Saroug  était  mort. 

5.  Traduite  par  Rf.naudot,  Liturg.  orient,  collectio,  II,  356. 

G.  Édité  par  J.  Éloi  Assémaxi,  Cod.  liturg.  eccl.  univers.,  Piome,  1749- 
1766,  11,309;  III,  18i. 

7.  Traduites  en  allemand  par  Zingerle,  Sechs  Homilien  des  h.  Jacob 
von  Serug,  Bonn,  1867.  Zingeule  en  a  édité  une  dans  les  Monumenta 
syr.,  I,  91. 


JUSQUAU  V1I«  SILCLE.  355 

mons  sur  les  péchés,  sur  le  vendredi  de  la  troisième 
semaine  du  carême,  et  sur  la  Pàque;  des  oraisons  fu- 
nèbres; et  une  vie  de  Mar  Hannina'.  Barhebrœus  at- 
tribue à  cet  auteur  un  commentaire  des  Six  centuries 
dEvagrius,  qu'il  aurait  écrit  à  la  demande  de  George, 
évêque  des  nations,  son  disciple-,  mais,  cette  épithète 
désignant  George  des  Arabes  qui  vivait  au  YII^  siè- 
cle, la  notice  doit  être  erronée,  comme  le  remarque 
AVright^.  C'est  surtout  par  ses  poésies  que  Jacques  de 
Saroug  excita  l'admiration  des  Syriens  qui  le  saluaient 
du  titre  de  La  flûte  du  Saint-Esprit  et  la  harpe  de  l'E- 
glise orthodoxe.  Ses  homélies  métriques,  nous  dit 
Barhebrseus^.  étaient  au  nombre  de  sept  cent  soixante, 
et  soixante-dix  scribes  étaient  occupés  à  les  copier. 
Elles  furent  beaucoup  lues ,  souvent  retravaillées  à  en 
juger  par  les  importantes  variantes  que  les  ms.  offrent 
pour  la  même  poésie.  11  nous  est  parvenu  à  peine  la 
moitié  de  ces  homélies.  La  première  composition  poé- 
tique de  Jacques  qui  attira  l'attention  des  connaisseurs, 
fut.  au  rapport  de  Barhebrseus^,  l'homélie  sur  le  char 
d'Ezéchiel,  dans  laquelle  l'auteur  prédisait  la  prise 
d'Amid.  Nous  ne  pouvons  rappeler  ici  la  liste  de  ces 
œuvres^. 


1.  Voir  AVr.iGHT.  Calai,  p.  3Gi,  826,  84i,  1113  et  1123. 
-2.  BvnuF.B.,  Chron.  eccl.,  I,  191. 

3.  Syriac  literature,  2«  éd.,  p.  70. 

4.  Chron.  eccl.,  I,  p.  191. 

5.  Chron.  eccl.,  I,  p.  190. 

6.  Corap.  A-ssKMAM,  B.  0.,  I,  30:;-339;  Abbeloos,  De  vita  et  scripliê 
S.  Jacobi ,  p.  iOG-113.  Voici  celles,  encore  peu  nombreuses,  qui  ont 
été  publiées  :  les  homélies  sur  les  martyrs  d'Edesse,  voir  ci-dessus, 
p.  128;  L'homélie  sur  Siméon  le  slylite,  voir  ci-dessus,  p.  100;  des  frag- 
ments et  quelques  homélies  entières  publiés  par  le  P.  Zingerle,  dans 
la  Zeitschr.  der  deut.  morgenl.  Gesell.,  t.  XII,  XIII,  XIV,  XV  et  XX,  dans 
sa  Chrestomathia  syriaca,  Rome,  1871,  p.  3G0-38G;  dans  ses  Monumenla 
syriaca,  I,  p.  3«30-386,  y  compris  un  sermon  en  prose  sur  le  jour  de  Pâ- 
ques; l'homélie  sur  le  char  d'Ézécliiel  a  été  éditée  par  M<jt>i.\GEii  dans 


356  LES  ÉCRIVAINS 

Jacques  de  Saroug,  dont  les  homélies  métriques 
eurent  tant  de  succès,  trouva  des  imitateurs  en  Syrie. 
Un  humble  potier,  Siméon  Koukaya,  du  village  de 
Geschir,  près  du  couvent  de  Mar  Bassus ,  composa  des 
hymnes  religieuses  pendant  qu'il  exerçait  son  métier. 
Le  bruit  en  vint  aux  oreilles  de  Jacques  qui  fit  une  visite 
à  Siméon  et  prit  avec  lui  quelques-unes  de  ses  hymnes 
pour  les  publier  ^ .  Neuf  de  ces  poésies  sur  la  Nativité 
de  Notre  Seigneur  sont  conservées  dans  le  ms.  Add. 
14520  du  Musée  britannique-. 

Philoxène,  en  syriaque  Aksenâyâ,  le  contemporain 
de  Jacques  de  Saroug,  auquel  il  ne  survécut  que  deux 
années,  était  né  en  Perse,  à  Tahal  dans  le  Beit-Gar- 
mai.  Il  fît  ses  études  à  Edesse  sous  Ibas,  mais,  comme 
Jacques,  il  rejeta  la  doctrine  dyophysite  enseignée  par 
Févêque  d'Édesse,  et  devint  un  des  plus  ardents  apôtres 
de  la  confession  monophysite  ;  on  rapporte  même  que 

les  Mon.  s>j7\.  II,  et  en  partie  par  Cardahi  dans  son  Thésaurus,  où  l'on 
trouve  encore  des  fragments  des  homélies  sur  la  Nativité  de  Notre 
Seigneur,  sur  la  science,  sur  le  péché  et  sur  le  jugement  dernier;  l'ho- 
mélie sur  Tamar,  par  J.  Zingerle,  Sermo  de  Thamar,  Innsbruck,  1871; 
les  homélies  sur  la  virginité  et  sur  le  concile  de  Nicée  avec  une  prière 
que  Jacques,  enfant,  récita,  par  Ovep.bf.ck,  S.  Ephreemi  syri.,  p.  382  et 
suiv.  ;  deux  homélies  sur  la  Vierge,  par  Abdeloos,  De  vita  et  scrip.  S.  Ja- 
cob i ,  p.  203-301:  l'homélie  sur  la  chute  des  idoles,  par  l'Abbé  P.  Mautix, 
Zeitsch7\  der  deut.  morg.  GeselL,  XXIX,  JOT;  le  poème  sur  Alexandre  le 
Grand,  voir  ci-dessus,  p.  3-23;  le  commencement  d'un  canlique  en  prose 
sur  Édesse,  attribué  à  Jacques,  mais  (jui  est  en  dehors  de  son  genre, 
par  Cur.ETON,  dans  les  Ancient  syriac  Documents  ;  le  poème  sur  le  pa- 
lais construit  dans  le  ciel  par  l'Apôtre  Thomas  pour  le  roi  des  Indes, 
voir  ci-dessus,  p.  100;  l'homélie  sur  le  baptême  de  Constantin  (une  adap- 
tation des  Acta  Sylvestri),  par  Fbotuinguam  dans  les  mémoires  de  VAcca- 
demia  dei  Lincei,  1882,  voir  ci-dessus,  p.  196;  les  homélies  sur  les  dé- 
funts, par  le  P.  Bedjan,  Acta  mart.,  V,  G15,  et  VI,  GTi;  l'homélie  sur  les 
martyrs  de  Sébaste,  par  Bedjan  ,  ibid.,  VI,  6G2;  l'homélie  sur  saint 
Serge  et  saint  Bacchus,  par  Bedjan,  ibid.,  VI,  6o0.  Bickell  a  traduit 
en  allemand  quelques  homélies  dans  la  Bibliothek  der  Kirchenvàter 
de  Talliiofer. 

1.  Jacques  d'Édesse  dans  le  Catal.  de  Wright,  p.  G02;  BAniiEDR.EUS, 
Chron.  ceci.,  I,  191:  Assémaxi,  B.  0.,  I,  121;  II,  322. 

2.  Catal.  Wright,  p.  3G3. 


JUSQU'AU  \\h'  SIÈCLE.  3o7 

ce  fut  à  son  instigation  que  lévêque  Cyr  sollicita  de 
Tempereur  Zenon  la  destruction  de  l'Ecole  des  Perses 
en  489  '.  Xommé  évèque  de  Mabboug  en  arabe  Man- 
bidj .  près  de  TEuphrate)  en  485  par  Pierre  le  Foulon, 
patriarche  d'Antioche.  Philoxène  s'empressa,  après  la 
mort  de  Zenon,  de  mettre  à  profit  la  faveur  dont  les 
Monophysites  jouissaient  auprès  d'Anastase.  Il  se  ren- 
dit à  Constantinople  en  499  et  en  506.  En  512,  après 
avoir  réussi,  avec  le  concours  de  Soterichus,  évèque 
de  Césarée  de  Cappadoce,  à  faire  exiler  Flavien.  il 
présida  un  synode  dans  lequel  Sévère  fut  nommé  pa- 
triarche d'Antioche.  xVvec  Justin,  un  revirement  com- 
plet se  produisit  :  les  évêques  monophysites  furent 
chassés  de  leurs  sièges  et  remplacés  par  des  ortho- 
doxes; au  nombre  des  exilés  était  Philoxène.  qui  fut 
dirigé  d'abord  sur  Philippopolis  de  Thrace  et  de  là  à 
Gangra  dans  la  Paphlagonie.  où  il  mourut  vers  523, 
asphyxié  par  la  fumée  dans  une  chambre  où  il  avait  été 
enfermé. 

Telle  fut  la  triste  fm  du  fougueux  évèque  qui .  pen- 
dant toute  sa  vie,  fut  en  butte  à  la  haine  des  Ortho- 
doxes, qu'il  appelait  les  Xestoriens  hérétiques-.  Son 
ardeur  pour  les  luttes  ne  fît  pas  tort  à  son  talent  litté- 
raire; les  Syriens  le  classèrent  au  premier  rang  des 
écrivains.  Philoxène  cultiva  peu  la  poésie;  on  ne  con- 
naît de  lui  qu'une  hymne  sur  la  Nativité  de  Notre 
Seigneur.  Ses  œuvres  en  prose  sont  importantes  :  dans 

t.  Bai!UF.dr.el"s,  Chron.  eccl.,  H.  .i>6:  comp.  la  lettre  de  Siméon  de  Beit- 
Arscham.  On  doit  tenir  pour  erronée  la  notice  d'une  biosrai)hie  ano- 
nyme, analysée  par  AssÉMAM,  D.  0..  II,  10  et  sulv.,  d'après  laquelle 
Philoxène  aurait  fui  la  Perse  et  se  serait  réfugié  sur  le  territoire  ro- 
main à  cause  de  ses  attaques  contre  les  Nestoriens;  Pliiloxéne  vint  à 
Édesse,  comme  beaucoup  de  chrétiens  persans,  attiré  par  la  réputation 
de  l'école  de  cette  ville. 

2.  Voir  la  lettre  qu'il  adressa  en  .'il-2  aux  moines  du  couvent  de  Senoun 
prés  d'Édesse,  dans  Assémam,  D.  0.,  II,  15. 


358  LES  ÉCRIVAINS 

la  première  partie  de  ce  livre  nous  avons  mentionné  la 
version  biblique  qui  porte  son  nom;  son  commentaire 
sur  les  Evangiles;  les  treize  homélies  qu'il  a  écrites  sur 
la  vie  religieuse  ^  ;  il  composa  en  outre  :  trois  liturgies  ; 
un  ordre  du  baptême:  des  prières  eucharistiques  :  une 
dissertation  sur  la  parabole  des  dix  talents;  des  traités 
sur  la  Trinité  et  l'Incarnation  ;  un  traité  sur  les  diver- 
ses hérésies ,  suivi  d'une  profession  de  foi  ;  douze 
chapitres  contre  les  Chalcédoniens  -  ;  vingt  chapitres 
contre  les  Nestoriens  ;  sept  autres  chapitres  contre  les 
mêmes  ;  divers  écrits  du  même  genre  et  plusieurs  pro- 
fessions de  foi;  des  déclarations  et  réponses  à  des 
adversaires;  un  discours  parénétique;  une  oraison 
funèbre  ;  des  prières  et  des  règles  monastiques  ;  de 
nombreuses  lettres.  Ces  ouvrages  existent  dans  des 
ms.  des  bibliothèques  de  Rome ,  de  Paris ,  de  Londres 
et  d'Oxford^. 

Le  panthéiste  Etienne  bar  Soudaili ,  dont  la  doctrine 
est  réfutée  dans  deux  lettres  de  Jacques  de  Saroug  et  de 
Philoxène  de  ^Nlabboug,  ses  contemporains,  était  d'a- 
bord monophysite.  Cet  hérétique,  un  moine  d'une  piété 

4.  Voir  ci-dessus,  p.  64,  76,  229. 

2.  C'est-à-dire  contre  les  Orthodoxes  qui  reconnaissaient  le  concile 
de  Chalcédoine. 

3.  Voir  BuDGE,  The  Discourses  of  Philoxenus ,  H,  p.  xlviii  et  suiv.  En 
dehors  des  homélies  éditées  par  M.  Budge,  il  n'a  été  publié  que  quel- 
ques lettres  de  Philoxène  :  Assémam,  B.  0.,  II,  30-46,  a  édité  des  extraits; 
l'Abbé  MAUTiN,la  lettre  à  Abou  Nafir  de  Hira,  Graynmatica...  linguss 
syriacse,  Paris,  1874,  p.  71  ;  Glidi,  la  lettre  aux  moines  de  Teléda,  La  let- 
fera  di  Filosseno  ai  Monaci  di  Tell  Adda,  1886,  dans  les  Mémoires  de 
VAccademia  dei  Lincei  ;  FnoTnixGHAM,  la  lettre  aux  i)rêtres  d'Édesse, 
Abraham  et  Oreste,  Stephen  bar  Sudaili,  p.  28.  Dans  l'Introduction  du 
second  volume  de  The  Discov.7'ses  of  Philoxenus,  M.  Budge  a  imprimé 
les  écrits  suivants  de  Philoxène  :  i°  une  réponse  à  la  question  :  Comment 
doit-on  croire?;  2"  une  profession  de  foi  ;  3°  un  article  contre  ceux  qui 
divisent  Notre  Seigneur;  A°  douze  chapitres  contre  ceux  qui  admettent 
deux  natures  et  une  i^ersonne  dans  le  Christ;  li"  un  traité  contre  les 
Nestoriens;  6°  un  autre  contre  Nestorlus;  7°  une  réfutation  des  héré- 
sies de  Mani  et  d'autres. 


JUSQU'AU  VII'-^  SIÈCLE.  3o9 

exemplaire,  naquit  à  Edesse  dans  la  seconde  moitié 
du  V^  siècle.  Pendant  sa  jeunesse  il  séjourna  quelque 
temps  en  Egypte  où  il  fut  le  disciple  d'un  certain  Jean 
qui,  semble-t-il,  lui  inculqua  les  idées  panthéistes  qu'il 
professa  ensuite  à  Edesse.  Il  commença  par  nier  l'éter- 
nité des  peines  de  l'enfer  et  soutenait  que  les  damnés, 
après  avoir  été  purifiés  par  le  feu,  retournaient  en  Dieu 
«  afin  que  Dieu  fût  tout  en  tous  »  (I  Cor.,  iv,  28  .  Jac- 
ques de  Saroug  et  Philoxène  de  Mabboug  s'élevèrent 
contre  un  tel  dogme  dans  leurs  lettres  ^  Chassé  d'E- 
desse  comme  hétérodoxe.  Bar  Soudaili  se  retira  à  Jé- 
rusalem, où  se  trouvaient  des  moines  origénistes  par- 
tageant ses  idées.  De  là  il  entretenait  des  relations 
suivies  avec  ses  disciples  demeurés  à  Edesse.  Ses  écrits, 
comprenant  des  lettres,  des  traités,  des  commentaires 
mystiques  de  la  Bible,  notamment  des  Psaumes,  ne 
sont  connus  que  par  la  mention  qu'en  fait  Philoxène 
dans  la  lettre  adressée  à  Abraham  et  Oreste  d'Edesse. 
On  a  attribué  à  Bar  Soudaili  le  Li^re  d'Hiérothée 
inscrit  sous  le  nom  d'Hiérothée,  le  soi-disant  maître 
de  Denys  l'Aréopagite.  Ce  livre,  devenu  très  rare  et 
dont  Barhebrœus  eut  beaucoup  de  peine  à  trouver  un 
exemplaire,  nous  est  parvenu  dans  le  manuscrit  même 
que  Barhebra'us  se  procura  et  qui  renferme,  avec  le 
texte,  le  commentaire  de  Théodose-.  Il  exerça  une 
grande  influence  sur  la  littérature  pseudo-dyonisienne 
en  Syrie ,  mais  il  n'est  pas ,  comme  le  croyait  Frothin- 
o-ham,  l'origine  de  cette  littérature  qui  est  grecque^. 


1.  Publiées  par  Fuotiiingham  dans  Slephen  bar  Sudaili,  Lcide,  188G  : 
La  leUre  de  Jacques  à  Bar  Soudaili,  p.  1;  et  la  IcUre  de  Philoxène  à 
Abraham  et  Oreste,  p.  28. 

2.  Musée  britannique,  i4dd.  7189,  Catal.  Rosen  et  Forshall ,  p.  7i; 
comp.  Calai.  Wright,  lU,  svppl. 

3.  Voir  ci-dessus,  p.  317.  Sur  Bar  Soudaili  comp.  B.vniiEnn.Eis,  Chron. 
eccl.,  1,2-21;  AssLiiAM,B.  0.,  I,  303,  et  H,  30;  Acdeloos,  De  vita  et  scri- 


360  LES  ÉCRIVAINS 

Le  livre  d'Hièrothée  fut  commenté  par  le  patriarche 
Théodose  (887-896)  et  par  Barhebrœus.  Le  commen- 
taire de  Théodose  est  très  détaillé;  il  reproduit  d "abord 
chaque  chapitre  du  texte,  qui  est  répété  ensuite  par  de 
courtes  sections  dans  les  paragraphes  du  commentaire; 
l'ouvrage  est  précédé  dune  introduction  générale,  et 
en  tête  de  chaque  livre  est  placée  une  introduction 
particulière.  Le  commentaire  de  Barhebrœus  n'est  le 
plus  souvent  qu'un  résumé  de  celui  de  Théodose,  en- 
tremêlé d'extraits  du  texte,  qui  est  maltraité  et  dé- 
naturé *. 

Siméon,  évêque  de  Beit-Arscham,  une  ville  près  de 
Séleucie  du  Tigre  2,  nous  ramène  en  Perse.  Cet  ardent 
monophysite  était  un  habile  dialecticien,  et  il  avait  reçu 
le  surnom  du  Sophiste  perse,  u^^i^àî',;  il  combattit, 
avec  le  zèle  d'un  apôtre,  différentes  hérésies  et  particu- 
lièrement le  nestorianisme  qui  avait  envahi  la  Babylo- 
nie3.  La  vie  de  Siméon  a  été  écrite  par  Jean  d'Asie  dans 
son  Histoire  des  Bienheureux  orientaux  ^,  Son  éléva- 
tion à  la  dignité  épiscopale  eut  lieu  sous  le  patriarche 
Babai  (498-503).  Cet  évêque  mourut  à  Constantinople 
où  il  s'était  rendu  pour  faire  visite  à  l'impératrice  Théo- 
dora.  Il  est  connu  comme  écrivain  par  ses  lettres  sur 
les  martyrs  chrétiens  du  Yémen  et  sur  la  propagation 
du  nestorianisme  en  Perse  (ci-dessus,  p.  148  et  344);  il 
est  aussi  l'auteur  d'une  liturgie  ^. 

ptisS.  Jacobi,  Louvain,  1867,  et  principalement  FROTiinGiiAM ,  SleDhen 
bar  Sudailt,  Leide,  1886. 

1.  Voir  Frothingham,  Stephen  bar  Sudaili,  86-88.  Des  ms.du  commen- 
taire de  Barhebraîus  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  nationale,  Calai.  Zo- 
ienberg,  p.  175-176,  et  au  Musée  britannique,  Catal.  Wright,  p.  893-895. 

2.  Barhebr.els,  Chron.  eccL,  II,  85. 

3.  Barhedr.€us,  ibid.,î,  189;  II,  85;  Asslmam,  B.  0.,  I,  341  ;  II,  409-  III 
pars  I,  403.  '       ' 

4.  Comp.  ci-dessus,  p.  16- 

5.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  345. 


JUSQU'AU  VII«  SItCLE.  361 

Jean  bar  Cursus,  évéque  de  Telia  ou  Constantine,  fut 
un  des  confesseurs  qui  préparèrent  la  voie  à  Jacques 
Baradée  pour  la  conversion  de  la  Syrie  au  mono- 
physisniG.  On  possède  deux  biographies  de  cet  évêque  ^ . 
Né  à  Callinice  d'une  famille  noble,  il  entra  d'abord  dans 
l'armée,  mais  il  en  sortit  pour  se  consacrer  à  la  vie  re- 
ligieuse. Nommé  évêque  de  Telia  en  519,  Jean  fut 
expulsé  de  son  siège  en  521.  Deux  ans  après,  en  reve- 
nant de  Constantinople  qu'il  avait  été  visiter,  il  fut  ar- 
rêté et  jeté  en  prison.  Il  mourut  à  Antioche  en  538.  à 
l'âge  de  cinquante-cinq  ans.  Ses  canons  et  ses  Ques- 
tions ont  été  mentionnés  précédemment ,  p.  180  ;  la  pro- 
fession de  foi  qu'il  adressa  aux  couvents  de  son  diocèse, 
existe  dans  le  ms.  Add.  14549  du  Musée  britannique. 
On  a  encore  de  lui  un  commentaire  de  l'hymne  du  Tri- 
sagion  - . 

Jean  bar  Aphtonia  et  Mara  d'Amid  qui  se  déclarèrent 
pour  les  Monophysites  contre  les  Orthodoxes  furent 
aussi  compris  dans  les  poursuites  de  Justin.  Le  premier, 
chassé  du  couvent  de  saint  Thomas  à  Séleucie  de  l'O- 
ronte ,  dont  il  était  l'abbé,  alla  fonder  sur  la  rive  gauche 
de  TEuphrate,  en  face  d'Europus  ,  le  couvent  de  Ken- 
nesré  qui  devint  célèbre  par  son  école.  Il  mourut  en 
538;  sa  vie,  écrite  par  un  de  ses  disciples,  existe  dans 
le  ms.  Add.  12174  du  Musée  britannique.  Outre  un 
commentaire  sur  le  Cantique  des  Cantiques  ci- dessus, 
p.  77) ,  Jean  bar  Aphtonia  composa  de  nombreuses 
hymnes  et  une  vie  de  Sévère  d' Antioche  2. 

Mara,  évêque  d'Amid,  fut  chassé  de  son  siège  en  519 
et  exilé  avec  Isidore,  évêque  de  Kennesrin,  à  Pétra  d'A- 
rabie où  il  séjourna  sept  ans.  Après  la  mort  de  Justin, 

1.  Voir  ci-dessus,  p.  163. 

2.  Cod.  Vat.  459  à  Rome;  Cod.  Marsh  101  à  la  Bodléienne. 

3.  Wr.iGiiT,  CataL,  p.  80';. 

LITTLltATURE    SYRIAQUE.  21 


362  LES  ÉCRIVAINS 

Justinien,  à  la  demande  de  Théodora,  envoya  ces 
évèques  à  Alexandrie  d'Egypte,  et  ils  y  terminèrent  leurs 
jours.  Mara  écrivit  peu;  sur  l'attribution  d'un  com- 
mentaire des  Evangiles  qui  lui  est  faite  par  Assémani, 
voir  ci-dessus,  p.  77,  notel. 

Une  autre  victime  des  Orthodoxes,  ce  fut  Paul,  évêque 
de  Callinice,  déposé  de  son  siège  en  519.  Paul  se  retira 
à  Edesse  et  occupa  ses  loisirs  à  rendre  en  syriaque  les 
œuvres  de  Sévère  d'Antioche  (voir  ci-dessus,  p.  318). 

Jacques  Baradée^  le  fondateur  de  TÉglise  jacobite^, 
consacra  sa  vie  à  relever  le  parti  monophysite  qui  avait 
subi  de  graves  atteintes  sous  Justin  et  qui  avait  été 
persécuté  particulièrement  par  les  patriarches  ortho- 
doxes d'Antioche,  Euphrasius  et  Ephrem^.  Jacques 
était  né  à  Telia  d'un  prêtre  de  cette  ville,  nommé  Théo- 
phile bar  Manou.  Il  fut  d'abord  moine  au  couvent  de 
Phesilta,  sur  le  mont  Izla.  Vers  528,  il  se  rendit  avec  un 
moine  de  Telia,  du  nom  de  Sergius,  à  Constantinople 
où  il  savait  trouver  dans  l'impératrice  Théodora  une 
aide  puissante  pour  la  cause  des  Monophysites.  Son 
séjour  dans  cette  ville  se  prolongea  pendant  quinze 
années.  En  543  une  heureuse  circonstance  assura  le 
succès  de  ses  démarches  :  le  roi  des  Arabes  de  Ghas- 
san, Harith  ibn  Djabalah,  vint  solliciter  de  Théodora 


1.  Le  surnom  de  Baradée,  en  syriaque  ^ILjJq^,  lui  vient  de  l'étoffe 
grossière  de  feutre  dont  il  se  vêtissait  et  dont  on  se  servait  communé- 
ment pour  faire  des  housses  de  cheval. 

2.  Le  nom  de  Jacoblte,  "laxcaôiTtjg,  est  de  formation  grecque,  il  fut 
donné  aux  partisans  de  Jacques  par  ses  adversaires  ;  les  Jacobites  se 
désignaient  par  le  nom  d'Orthodoxes. 

3.  La  vie  de  Jacques  Baradée  a  été  écrite  par  M.  Kleyn,  Jacobus  Bara- 
dseus,  deStichter  dersyrische  Monophysielische  Kerk,  Leide,  1882,  d'après 
YHistoire  eccl.  de  Jean  d'Asie,  éd.  Clheton,  et  les  Vies  des  Bienheureux 
orientaux  du  même  auteur,  Anecd.  syr.de  L.vnd,  t.  II;  comp.  ci-dessus, 
p.  iG3.  Assémani  avait  donné  sur  ce  personnage  toutes  les  informations 
qu'il  avait  pu  recueillir,  B.  0.,  II,  62-69,  326  et  331. 


JUSQU'AU  VII«  SIÈCLE.  363 

l'envoi  d'évêques  dans  les  provinces  qu'il  gouvernait. 
A  la  demande  de  limpératrice,  Tliéodose,  le  patriarche 
exilé  d'Alexandrie,  consacra  évêque  de  Bostra  Théo- 
dore, avec  juridiction  sur  l'Arabie  et  la  Palestine,  et 
évêque  dEdesse  Jacques  Baradée.  avec  juridiction  sur 
la  Syrie  et  l'Asie  Mineure.  Jacques  n'exerça  pas  ses 
fonctions  à  Edesse  même,  qui  avait  alors  un  évêque 
orthodoxe,  Amazonius;  il  alla  prêcher  la  Syrie,  la  Mé- 
sopotamie, la  Cilicie ,  la  Cappadoce .  Tlsaurie  et  les 
régions  adjacentes.  Pour  assurer  l'administration  de 
son  Église  dans  ces  provinces,  il  fit  nommer  à  Alexan- 
drie de  nouveaux  évêques  de  sa  confession,  parmi 
ceux-ci  se  trouvait  le  célèbre  historien  Jean,  évêque 
d'Ephèse.  L'élection  de  son  ancien  ami,  Sergius,  au 
siège  patriarcal  d'Antioche  ,  mit  le  comble  à  ses  vœux. 
Cependant  la  mission  de  Jacques  ne  s'accomplit  pas 
sans  quelques  déboires  :  il  dut  excommunier  comme 
trithéistes  Conon  et  Eugène,  qu'il  avait  faits  évêques. 
Sergius  mourut  trois  ans  après  son  installation  à  An- 
tioche  et  fut  remplacé  par  Paul ,  un  abbé  d'Alexandrie, 
après  que  le  siège  patriarcal  fut  resté  vacant  pendant 
trois  années.  Les  dissensions  surgirent  bientôt  au  sein 
des  Monophysites  triomphants.  Jacques  se  rendit  en  578 
à  Alexandrie  pour  conférer  avec  Damien  de  l'excom- 
munication de  Paul,  mais  il  mourut  en  route  au  couvent 
de  Mar  Romanus  ou  de  Casion.  Sa  dépouille  mortelle 
fut  ramenée  au  couvent  de  Phesilta  en  622 ,  dérobée  par 
les  émissaires  de  Zachée,  évêque  de  Telia.  Ses  œuvres 
sont  peu  nombreuses  :  une  liturgie  (traduite  par  Renau- 
dot.  Lit.  orient^  II,  333);  des  lettres  (écrites  en  grec 

syriaque  ');  une  pro- 


i.  Ms.  A'id.  14002  du  Musée  britannique,  Calai.  Wright,  p.  TOI  ;  Kieyn, 
Jacobus  Baradscus,  p.  10 H9'». 


3G4  LES  ÉCRIVALNS 

fession  de  foi  (conservée  en  arabe  et  en  éthiopien  ^)  ; 
une  homélie  pour  la  fête  de  l'Annonciation  (conservée 
en  arabe  à  la  Bodléienne). 

Jean  d'Asie,  un  des  évêques  militants  du  parti  de 
Jacques  Baradée,  est  l'historien  le  plus  autorisé  pour 
les  temps  agités  de  son  époque.  Nous  ne  reviendrons 
pas  sur  son  Histoire  ecclésiastique,  qui  nous  fournit 
dans  sa  dernière  partie  une  sorte  d'autobiographie  fort 
intéressante  (ci-dessus,  p.  191  et  suiv.),  ni  sur  sa  col- 
lection des  Vies  des  Bienheureux  orientaux  (ci-dessus, 
p.  162).  Jean  naquit  à  Amid  au  commencement  du 
VP  siècle.  Il  fut  nommé  diacre  au  couvent  de  Saint- 
Jean  en  529,  mais  il  dut  fuir  sa  ville  natale  pour  échap- 
per aux  persécutions  dirigées  contre  les  monophysites 
par  Éphrem,  patriarche  d'Antioche  (529-544),  et  par 
Abraham  bar  Kili,  évêque  d'Amid.  En  535  il  est  à 
Constantinople  où  il  se  rencontre  avec  Jacques  Baradée. 
Justinien  l'accueille  avec  faveur  et  lui  confie  l'adminis- 
tration des  biens  de  la  congrégation  monophysite. 
Bientôt  Jean  quitte  la  capitale  de  l'empire  grec,  chargé 
d'une  mission  par  l'empereur,  et  se  rend,  avec  son  ami 
Deuterius ,  en  Asie  Mineure  pour  convertir  les  païens. 
Son  œuvre  accomplie,  Jean  est  rappelé  à  Constantinople 
pour  réagir  contre  l'idolâtrie  qui  était  encore  pratiquée 
dans  la  ville  et  les  environs.  La  fortune  de  cet  ardent 
évêque  périt  avec  son  protecteur.  Après  la  mort  de 
Justinien,  la  vie  de  Jean  n'est  plus  qu'une  suite  con- 
tinue de  tribulations ,  de  fuites  et  d'emprisonnements, 
dont  il  a  retracé  le  tableau  dans  son  Histoire-.  Pour 
l'appréciation  de  l'œuvre  littéraire  de  Jean  d'Asie,  nous 

1.  Le  texte  arabe  a  été  publié  par  Kleyn,  Op.  cit.,  p.  121  ;  le  texte  éthio- 
pien, par  CoRNiLL,  Zeitschr.  der  deut.  morg.  Gesell.,  XXX,  p.  417;  comp. 
Wright,  Syt-iac  liter.,  2=  éd.,  88;  BARiiEra^Eus,  Chron.  eccl.,  I,  217. 

2,  Voir  ci-dessus,  p.  193, 


JUSQU'AU  VIP  SIÈCLE.  36o 

renvoyons  à  ce  que  nous  avons  dit  précédemment  de 
son  histoire  ecclésiastique  '. 

Nous  avons  parlé  dans  notre  première  partie  de 
l'œuvre  scienliiique  de  Sergius  de  Reschaina,  qui  se 
compose  presque  entièrement  de  traductions  de  livres 
grecs-.  Ce  savant  distingué,  qui  devint  médecin  en 
chef  (oiQyjaTQOç)  à  Reschaina,  était  un  prêtre  monophy- 
site,  flottant  dans  les  questions  dogmatiques;  ses 
intrigues  le  portèrent  vers  les  Orthodoxes,  et  les  Nes- 
toriens  le  réclamèrent  comme  un  des  leurs  (catalogue 
d'Ébedjésu)  ;  il  eut  pour  disciple  et  ami  Théodore,  évo- 
que nestorien  de  Merv.  auquel  il  dédia  plusieurs  de  ses 
livres.  Les  Monophysites  le  tenaient  en  médiocre  estime 
comme  homme  privé  ;  dans  la  compilation  syriaque  de 
Zacharie  de  Mitylène  il  est  censuré  pour  son  avarice  et 
ses  mœurs  dépravées  ^.  On  ignore  la  date  et  le  lieu 
de  sa  naissance,  mais  on  sait  qu'il  fit  ses  études  à 
Alexandrie,  où  il  apprit  le  grec.  En  535  Sergius  part 
de  Reschaina  et  se  rend  à  Antioche  auprès  du  patriar- 
che orthodoxe  Ephrem  pour  se  plaindre  des  mauvais 
traitements  de  son  évêque  Asylus^.  Ephrem,  appréciant 
ses  qualités  diplomatiques,  le  charge  d'une  mission 
pour  le  pape  Agapet.  L'intrigant  médecin  s'embarque 
pour  Rome ,  accompagné  dun  jeune  architecte  du  nom 
d'Eustathius.  Il  ramène  Agapet  à  Constantinople  et, 
avec  son  aide ,  le  pape  obtient  l'expulsion  de  cette  ville 
des  Monophysites  ;  là  se  trouvaient  alors  Sévère  d'An- 

\.  Ci-dessus,  p.  19i.  M.  l'AUbé  Duchesne  a  dessiné  de  cet  évêque  un 
brillant  portrait,  mais  un  peu  flatté,  Mémoire  lu  à  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres,  le  2^i  octobre  l8i»-2. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  2oi-2.jr.,  2(m,  271,  -274,  280,  281,  317. 

3.  Land,  Anecdola  sy)\,  II(.  289;  BARiiKnitELs,  Chron.  eccl.,  I,  207;  com- 
parer aussi  sur  Sergius  :  Asskmam,  ii.  0..  IF,  p.  323  ;  Wiugiit,  Syriac  lit., 
2*  éd.,  p.  88;  Baimstark,  Lucubraliones  syro-grœcœ,  p.  358  et  suiv. 

4.  Et  non  Ascolius,  voir  Kleyn,  llel  Leven  van  Johannes  van  Telia, 
p.  59. 


366  LES  ÉCRIVAINS 

tioche  et  Théodose  d'Alexandrie,  exilés  et  retirés 
auprès  d' Anthimius ;  Anthimius  dut  s'expatrier,  suivi 
de  Sévère.  Sergius  mourut  à  Constantinople  en  536  \ 
et  Agapet  ne  lui  survécut  que  quelques  jours.  Le  com- 
pilateur de  Zacharie,  qui  rapporte  ces  faits,  voit  dans 
ce  double  trépas  un  événement  miraculeux. 

Ahoudemmeh  ^ ,  qu'Ébedjésu  catalogue  à  tort  parmi 
les  écrivains  nestoriens ,  avait  été  dabord  évêque  du 
Beit-Arbayé  (ou  Tour-Abdin)  ^  ;  son  élévation  au  siège 
métropolitain  de  Tagrit  par  Jacques  Baradée  en  559  ne 
laisse  pas  de  doute  sur  sa  confession  monophysite.  Cet 
évêque  convertit  un  grand  nombre  de  persans  et,  parmi 
ceux-ci,  un  jeune  prince  de  la  famille  royale,  qu'il 
baptisa  en  lui  donnant  le  nom  de  George.  Ces  conver- 
sions excitèrent  la  colère  de  Chosroès  Anoschirwan 
qui  fit  mettre  en  prison  xVhoudemmeh  ;  celui-ci  mourut 
dans  sa  prison  en  575  '*.  Sur  ses  écrits  philosophiques 
et  grammaticaux,  voir  ci-dessus,  p.  250  et  290. 

Moïse  d'Aghel  est  connu  par  sa  traduction  de  V His- 
toire de  Joseph  et  Asenath  (ci-dessus,  p.  92),  et  la 
version  des  Glaphyra  de  Cyrille  d'Alexandrie  qu'il 
entreprit  à  la  demande  du  moine  Paphnutius.  On  a 
encore  la  lettre  de  ce  moine  et  la  réponse  de  Moïse 
d' Aghel ,  mises  en  tête  de  la  version  des  Glaphyra ,  et 
quelques  fragments  de  cette  version  dans  le  ms.  syr. 
107  du  Vatican  ;  un  court  fragment  dans  le  ms.  96  du 
Vatican;  et  d'autres  fragments  au  Musée  britannique, 
Add.  14555  ^.  La  lettre  de  Paphnutius  nous  apprend 

1.  Voir  sur  cette  date  Baumstap.k,  Lucubrationes  syro-grsecœ,  p.  365. 

2.  Ce  nom  signie  qui  ressemble  à  sa  mère. 

3.  BAr.HEnR^us,  Chron.  eccL,  II,  99;  comp.  Assémam,  B.  0.,  II,  414;  III, 
pars  1, 192. 

4.  Il  ne  fut  pas  décapite ,  comme  Barliebrseus  le  prétend  ;  voir  Noel- 
DEKE,  Litter.  Centralblatt,  1890,  n"  35,  p.  121G. 

y.  Les  lettres  de  Paphnutius  et  de  Moïse  ont  été  publiées  avec  les  frag- 
ments des  ms.  du  Vatican  par  Guidi  dans  les  comptes-rendus  de  VAcca- 


JUSQU'AU  VIl-^  SIÈCLE.  367 

que  le  traité  de  Cyrille  sur  l'Adoration  en  esprit  et  en 
vérité  avait  été  traduit  précédemment  en  syriaque  ^  ; 
nous  savons  aussi  (voir  ci-dessus,  p.  342)  que  le  traité 
De  recta  fide  avait  été  traduit ,  du  vivant  même  de  Cy- 
rille, par  Rabboula.  11  résulte  d'un  passage  de  la  ré- 
ponse de  Moïse  d'Aghel-  que  cet  auteur  écrivit  après 
la  mort  de  Philoxène  et  de  Polycarpe,  car  il  cite  la  ver- 
sion de  TA.  et  du  X.  T.,  dite  la  Philoxènienne  voir  ci- 
dessus,  p.  64  .  On  ne  sait  rien  de  la  vie  de  Moïse; 
Wright^  le  place  au  commencement  de  la  seconde 
moitié  du  VP  siècle  entre  550  et  570  :  a  II  ne  peut  être 
beaucoup  postérieur,  ajoute-t-il,  à  cause  de  sa  traduc- 
tion de  l'Histoire  de  Joseph  et  Asenath  qui  a  passé 
dans  la  compilation  de  Zacliarie  de  Mitylène.  » 

Nous  terminons  ce  paragraphe  par  Pierre  de  Calli- 
nice  ou  Petrus  junior,  qui  fut  nommé  patriarche  d'An- 
tioche  en  578  et  mourut  en  591^.  Ce  patriarche  fut 
célèbre  par  ses  controverses  christologiques  avec  Da- 
mien,  patriarche  d'Alexandrie.  Le  traité  qu'il  écrivit 
contre  son  adversaire  est  divisé  en  quatre  livres,  com- 
prenant chacun  vingt-cinq  chapitres;  il  en  existe  des 
parties  dans  des  manuscrits  du  Vatican  et  du  Musée 
britannique.  Pierre  est  encore  l'auteur  dune  liturgie, 
d'un  traité  contre  les  Trithéistes,  de  plusieurs  lettres 
et  d'une  homélie  métrique  sur  le  Crucifiement^. 

demia  dei  Lincei ,  mai  et  juin  ISSG,  p.  399  et  suiv.  M.  Guidi  a  reconnu, 
d'après  la  description  du  Calai,  de  Wuigut,  que  les  fragments  de  Lon- 
dres et  de  Rome  ne  sont  que  des  disjecta  membra  d'un  seul  et  même 
manuscrit. 

1.  La  version  syriaque  est  contenue  dans  le  ms.  Add.  121G6  du  Musée 
t^ritannique,  daté  de  553;  WniciiT,  Calai.,  p.   491. 

2.  Ce  passa?îe  avait  déjà  été  imprimé  par  Assémam,  B.  0.,  II,  82-83. 

3.  Syriac  Hier.,  <2r  éd.,  p.  112-113. 

4.  Voir  Assémam,  B.  0.,  II,  09  et  332;  comp.  BAKiiEBn.Eis,  Chrou.  eccL, 
1,250. 

5.  AssKMAM,  B.  0.,  Il,  77  et  suiv.;  Wr.iGHT,  Calai.,  p.  671,  951  et  131'». 


III 


LES  ECRIVAINS  SOUS  LES  ARABES. 


§  1.  —  Le  VIP  siècle. 

Le  VIl^  siècle  ouvre  une  nouvelle  ère  de  la  littérature 
syriaque.  Après  la  conquête  musulmane,  lempire  des 
Sassanides  s'écroule  et  disparaît  du  monde  :  en  même 
temps  la  domination  des  Romains  prend  fin  en  Syrie 
et  en  Mésopotamie;  elle  est  reléguée,  pour  ce  qui  con- 
cerne rOrient,  dans  l'Asie  Mineure.  En  636  la  conquête 
de  la  Syrie  et  de  la  Babylonie  est  assurée  aux  Arabes 
par  les  batailles  de  Yarmouk  et  de  Kadésia  ;  les  places 
fortes  qui  avaient  résisté  ouvrirent  leurs  portes  Tannée 
suivante. 

Le  commencement  du  siècle  n'avait  pas  été  propice 
aux  études.  L'avènement  de  Phocas  en  602  avait  été 
la  cause  de  la  reprise  des  hostilités  entre  les  Perses  et 
les  Romains.  Pendant  plus  de  vingt  ans  Chosroès  II 
ravagea  l'Asie  antérieure.  Edesse  tomba  en  son  pouvoir 
en  609  ;  une  importante  partie  des  habitants  fut  trans- 
portée dans  le  Ségcstan  et  le  Chorassan'.  La  prise  de 
Damas,  en  613,  et  celle  de  Jérusalem,  l'année  suivante, 


1.  BARHEnRXLs,  Chron.  ectl.,  I,  2C4;  comp.  R.  Dlval,  Histoire  d'Edesse, 
Paris,  1892  (Extrait  du  Journal  asiatique,  4891),  p.  223  et  suiv. 

21. 


370  LES  ÉCRIVAINS 

amenèrent  l'occupation  par  les  Perses  de  TÉgypte  et 
l'Asie  ^Mineure.  C'est  seulement  en  622  qu'Héraclius, 
libre  de  ses  mouvements,  put  reprendre  l'offensive;  il 
s'avança ,  de  victoires  en  victoires ,  jusqu'au  cœur  de 
l'empire  perse,  et  força  l'ennemi  à  évacuer  le  territoire 
romain.  Ces  succès  ne  rendirent  pas  le  calme  aux  infor- 
tunés Syriens.  Héraclius  profita  de  sa  présence  en 
Orient  pour  chasser  les  évêques  et  les  moines  jacobites 
et  livrer  aux  Orthodoxes  leurs  églises  et  leurs  couvents. 

La  conquête  arabe  achevée,  la  paix  régna  en  Syrie 
sous  les  Omayades.  Les  grandes  luttes  religieuses  ont 
cessé  ;  les  chrétiens  oublient  leurs  dissensions  et  s'unis- 
sent pour  défendre  leur  foi  et  leurs  biens  contre  leurs 
nouveaux  maîtres'.  Les  livres  didactiques  vont  succé- 
der aux  traités  dogmatiques  :  l'exégèse  des  Saintes 
Ecritures  perdra  le  point  de  vue  élevé  où  Tavait  portée 
l'étude  des  dogmes;  elle  s'attachera  davantage  à  la 
forme  et  à  la  prononciation  exacte  du  texte  biblique; 
elle  sera  surtout  grammaticale  et  philologique.  Cette 
nouvelle  direction  de  l'enseignement  s'accentuera  par 
le  sentiment  que  l'arabe ,  la  langue  officielle ,  deviendra 
l'idiome  populaire  et  que  le  syriaque  littéraire  devra 
être  appris  à  l'école. 

Les  écrivains  nestoriens  sont  plus  nombreux  pendant 
ce  siècle  que  les  écrivains  jacobites.  Beaucoup  d'entre 
eux,  complétant  l'œuvre  de  leurs  devanciers,  publièrent 
des  vies  des  saints  de  leur  Eglise,  des  histoires  monas- 
tiques et  des  traités  ascétiques  ;  de  brèves  notices  ont 
été  données  plus  haut  ^  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  ces 
auteurs.  Ceux  qui  n'ont  pas  encore  été  mentionnés  ne 
nous  retiendront  pas  longtemps. 

1.  En  680,  dit  BAnHEnn.Eus,  Chron.  eccL,  I,  287,  un  concile  fut  réuni  à 
Reschaina  et  les  partis  dissidents  furent  réconciliés. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  221-2-23,  231-239. 


DU  VII°  SIÈCLE.  371 

Jésuyab  II,  originaire  de  Gedala  près  de  Mossoul  , 
avait  professé  à  l'école  de  Nisibe  ;  il  était  évêque  de 
Balad  lorsqu'il  fut  élevé  à  la  dignité  patriarcale,  en  628, 
après  la  mort  de  Chosroès  II.  En  630,  Bohran.  la  fdle 
de  Chosroès,  le  chargea  dune  mission  auprès  de  lem- 
pereur  Hèraclius,  auquel  le  patriarche  remit  le  bois  de 
la  Croix,  enlevé  par  les  Perses  après  la  prise  de  Jérusa- 
lem. Quand  les  Musulmans  envahirent  la  Babylonie, 
Jésuyab  fut  assez  habile  pour  obtenir  d'eux  un  diplôme 
en  faveur  des  chrétiens  de  sa  province.  Les  écrits  de 
ce  patriarche  se  composent,  d'après  Ebedjésu',  d'un 
commentaire  sur  les  Psaumes  ci-dessus,  p.  83  ,  de 
lettres,  d'histoires  et  d'homélies.  On  ne  possède  de  ces 
écrits  qu'une  hymne  insérée  dans  le  Psautier  nestorien, 
ms.  Add.  14675  du  Musée  britannique. 

Jésuyab  de  Gedala  était  accompagné  dans  son  am- 
bassade auprès  d'Héraclius  du  fameux  Sahdona-  et  de 
Jésuyab  d'Adiabène  qui  devient  patriarche,  sous  le  nom 
de  Jésuyab  III,  à  la  mort  de  Maremmeh  en  650  (comp.  ci- 
dessus,  p.  147).  Jésuyab  111  était  né  en  Adiabène  de  pa- 
rents fortunés;  il  fit  ses  études  à  Nisibe;  avant  de  de- 
venir patriarche,  il  avait  été  évéque  de  Mossoul  et  en- 
suite métropolitain  d'Arbèle  et  de  Mossoul.  Pendant 
son  épiscopat  il  eut  à  lutter  contre  les  Jacobites  qui 
voulaient  construire  une  église  à  ]\Iossoul  et  il  fut  l'un 
des  adversaires  de  Sahdona.   Elu  patriarche,  il   ren- 
contra une  vive  résistance   dans  le   métropolitain  de 
Rivardaschir,  Siméon,  qui  refusait  de  lui  prêter  obéis- 
sance et  avec  lequel  il  entretint  une  longue  correspon- 
dance. Ses  œuvres,  dans  le  catalogue  d'Ebedjésu,  com- 
prennent :  Une  Réfutation  des  opinions    hérétiques); 
des  traités  de  controverse;  des  oraisons  funèbres  ;  des 

1.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  105. 

2.  Sur  ce  personnage,  voir  ci-dessus,  p.  -lH  et  23S. 


372  LES  ÉCRIVAINS 

discours  ou  homélies  ;  des  hymnes  '  ;  une  exhortation 
aux  novices;  plusieurs  compositions  liturgiques;  des 
lettres  ;  et  l'histoire  de  Jésusabran  publiée  par  M.  Cha- 
bot (voir  ci-dessus,  p.  147).  Jésuyab  travailla  aussi  à 
une  revision  du  Hoiidra  ou  Bréviaire  nestorien-.  Ses 
lettres  qui  sont  conservées  en  p^rande  partie,  sont  riches 
en  renseignements  sur  l'histoire  de  son  époque  ;  quel- 
ques-unes d'elles  ont  été  publiées  par  Assémani, 
B.  0.,  1,  127  et  suiv.,  et  réimprimées  avec  d'autres  par 
M.  Budge  dans  son  édition  de  V Histoire  monastique  de 
Thomas  de  Marga;  M.  l'Abbé  Chabot  en  a  annoncé 
une  édition  complète^. 

Jésuyab  d'Adiabène  avait  eu  pour  condisciples  à  l'É- 
cole de  Nisibe  Enanjésu  et  le  frère  de  celui-ci,  nommé 
aussi  Jésuyab ,  qui  étaient  également  originaires  de 
l'Adiabène.  Les  deux  frères  se  firent  moines  et  entrèrent 
au  Grand  couvent  du  mont  Izla;  puis  Enanjésu,  dé- 
sirant visiter  les  Lieux  saints ,  se  rendit  à  Jérusalem  et 
de  là  au  désert  de  Scété  en  Egypte,  le  grand  centre  de 
la  vie  ascétique  et  monastique.  A  son  retour  en  Méso- 
potamie, le  pieux  moine  se  retira  au  couvent  de  Beit- 
Abé  où  il  travailla  avec  Jésuyab  III  à  la  revision  du 
Bréviaire.  Plus  tard  il  entreprit,  à  la  demande  du  pa- 
triarche George,  la  version  syriaque  de  Y  Histoire  laii- 
siaque  dePalladius.  Il  est  aussi  l'auteur  d'un  livre  de 


\.  La  poésie  mise  sous  son  nom  dans  le  Liber  thesauri  du  P.  CAUDAni, 
p.  124-125,  esl  d'une  époque  beaucoup  plus  basse,  comme  le  remarque 
Wright,  Syriac  liter.,  2»  éd.,  p.  173,  note  7;  comp.  ci-dessus,  p.  2^, 
note  1. 

2.  Une  édition  du  Bréviaire  nestorien ,  retravaillé  pour  les  Chaldéens 
catholiques  a  été  publiée  par  le  P.  Bedjan,  à  Paris,  188G-1887,  Breviarium 
Chaldaicum,  I-HI. 

3.  Journal  asiatique,  juillet-août  1896,  p.  89.  Consulter  sur  Jésuyab 
d'Adiabène  :  Assémam,  B.  0.,  III,  pars  I,  113-li3;  Wuight,  Syriac  lit., 
2«  éd.,  p.  171-174;  Bldge,  The  hystory  of  Thomas  bishop  of  Marga..  In- 
trod.  et  passwi;  Chabot,  Journal  asiatique,  juillet-août  189ti,  p.  87-90. 


DU  VII=  SIÈCLE.  373 

philosophie  et  de  traités  de  lexicographie;  nous  avons 
parlé  plus  haut  de  ses  ouvrages,  p.  156,  250,  300  et 
301. 

Jean  de  Beit-Garmai.  ou  Jean  l'ancien,  fut  abbé  du 
couvent  de  Beit-Abé ,  mais  il  quitta  ce  couvent  pour 
se  retirer  sur  une  colline  près  de  Dakouka  dans  la  pro- 
vince de  Beit-Garmai.  11  termina  ses  jours  dans  le  mo- 
nastère qu'Ezéchiel  construisit  à  cet  endroit.  Ebed- 
jésu  *  lui  attribue ,  outre  la  chronique  et  les  vies  de 
moines  que  nous  avons  citées  précédemment  (p.  214  et 
223  ,  un  recueil  de  dissertations  scientifiques  et  de 
maximes,  et  des  règles  pour  les  novices. 

George,  le  successeur  de  Jésuyab  III  sur  le  siège 
patriarcal  de  Séleucie  (661-680  ,  était  né  de  parents 
riches  à  Kaphra  dans  le  Beit-Garmai.  11  entra  comme 
moine  au  couvent  de  Beit-Abé  et  fut  nommé  métropoli- 
tain de  lAdiabène  par  Jésuyab  III -.  On  possède  de  lui 
des  canons  synodaux  et  une  lettre  dogmatique  ;  ci- des- 
sus, p.  176  ;  il  composa  aussi  des  homélies,  des  hym- 
nes et  des  prières. 

Un  contemporain  de  ce  George  était  George  de  Xi- 
sibe.  nommé  métropolitain  de  Perat  de  ^laisan  ou 
Bassora  par  le  patriarche  Jésuyab.  Il  est  Fauteur  dune 
hymne  pour  la  dédicace  de  lEglise^. 

Elias,  évêque  de  Merv,  qui  prit  part  à  l'élection  du 
patriarche  George,  écrivit,  outre  des  commentaires  et 
une  histoire  ecclésiastique  ci-dessus,  p.  83  et  214j,  des 
lettres  qui  sont  perdues  comme  ses  autres  œuvres. 

Henanjésu  I  fut  nommé  patriarche  en  686  et  vécut 
jusqu'en  701  *.  L'évêque  de  Nisibe,  JeandeDasen,  sur- 

1.  AssÉMAM,  B.  0.,  m,  pars  I,  201. 

2.  TiKjMis  DE  MAf.GA,  Uisloire  monostique,  livre  II,  cliap.  xii. 

3.  TuoiiAS  DE  3Iai;ga,  /.  c;  A>^skmaxi.  B.  0.,  III ,  pars  I,  p.  456.  Cette 
liymne  est  éditée  dans  le  Liber  thesauri  du  P.  Caudaiii.  p.  71. 

4.  D'après  Elias  de  Nisibe  dans  les  Fragmente  syrischer  und  ara- 


o74  LES  ÉCPxIVALNS 

nommé  Le  lépreux,  lui  fit  une  violente  opposition  et 
réussit  à  mettre  de  son  côté  le  calife  Abd  al-Malik  ibn 
IMarwan.  Henanjésu,  après  avoir  été  déposé  et  jeté  en 
prison ,  fut  conduit  dans  la  montagne  et  précipité  dans 
un  ravin  où  il  faillit  périr.  Il  fut  sauvé  par  des  ber- 
gers, mais  il  conserva  de  sa  chute  une  infirmité  qui 
lui  valut  le  surnom  du  Boiteux.  Retiré  au  couvent  de 
Yaunan  près  de  ^lossoul,  il  ne  reprit  possession  du 
siège  patriarcal  qu'après  la  mort  de  son  ennemi.  Ses 
œuvres  comprennent  des  homélies,  des  discours,  des 
lettres  ;  une  vie  de  Sergius  Dewada ,  son  contemporain  ; 
un  traité  sur  le  double  rôle  de  VEcole  au  point  de  vue 
de  l'enseignement  de  la  morale  et  de  la  religion  ,  et  de 
l'enseignement  des  belles-lettres;  un  commentaire  des 
Analytiques  mentionné  ci-dessus,  p.  259-260 ^ 

Les  œuvres  des  Jacobites  du  VIP  siècle,  moins  nom- 
breuses que  celles  des  Nestoriens,  nous  sont  mieux 
connues.  Nous  avons  mentionné,  p.  64-66,  le  version 
de  l'Ancien  Testament  par  Paul  de  Telia  et  la  version 
du  Nouveau  Testament  par  Thomas  dHarkel.  Thomas 
d'Harkel  est,  en  outre,  fauteur  d'une  liturgie-.  Quel- 
ques années  après  parurent  les  versions  des  livres  de 
Grégoire  de  Nazianze  et  de  V  Octocchus  de  Sévère  par 
l'abbé  Paul  (ci-dessus,  p.  311  et  319  . 

Marouta  de  Tagrit,  que  l'on  ne  doit  pas  confondre 
avec  Marouta  de  Maipherkat,  fut  le  premier  des  évêques 
jacobites  nommés  maphriens ,  qui  étaient  chargés  de 
l'administration  des  chrétiens  de  leur   confession  ré- 


bischer  Historiker  de  B.ethge>-,  p.  38  et  1-20;  comp.   Wright,  Syriac 
liter.,  2«  éd.,  p.  48-2. 

1.  Sur  ce  patriarche  et  ses  écrits  consulter  :  Barhebr.eus,  Chron.  eccL, 
II,  133  et  suiv. ;  Assémani.  B.  0.,  II,  42-2;  lU,  pars  I,  G15;  Wright,  Syriac 
lit.,  2«  éd.,  181  ;  Amr,  éd.  Gismondi,  II,  58. 

2.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  9-2.  On  lui  attribue  aussi  des  versions  de  plu- 
sieurs liturgies  grecques. 


DU  VIP  SIÈCLE.  37o 

pandas  parmi  les  Nestoriens.  Le  nombre  des  Jacobites 
s'était  beaucoup  accru  en  Perse  depuis  que  les  rois  Sas- 
sanides  avaient  transporté  dans  leur  empire  les  captifs 
de  la  Syrie  et  de  la  Mésopotamie  occidentale.  Marouta 
de  Tagrit  était  né  dans  l'empire  perse  à  Beit-Xouhadré  : 
il  mena  la  vie  monastique  dans  les  couvents  de  Zachée 
à  Callinice  et  de  Mar  Mattai  près  de  Mossoul,  et  étudia 
pendant  quelque  temps  à  Edesse.  Cet  évêque  résida 
ensuite  à  la  cour  perse ,  où  le  parti  monophysite  était 
bien  vu  grâce  au  médecin  Gabriel  ;  après  la  mort  de 
celui-ci ,  il  se  retira  à  Akoula  al-Koufah  des  Arabes  ■  ; 
il  fut  nommé  métropolitain  de  Tagrit  en  640  et  mourut 
en  649  K  Sa  vie  a  été  écrite  par  son  successeur,  Denha-. 
En  dehors  de  son  commentaire  sur  les  Evangiles  (ci- 
dessus,  p.  177  ,  Marouta  écrivit  quelques  livres  litur- 
giques, des  hymnes  et  des  sédras  prières  rythmées 
pour  le  sacrifice  de  la  blesse  . 

Sévère  Sebokt  est  connu  par  ses  œuvres  scienti- 
fiques ci-dessus,  p.  257  et  282  .  Ses  écrits  théologiques 
se  composent  :  d'un  traité  sur  les  semaines  de  Daniel  ; 
d'une  liturgie  :  d'une  lettre  au  périodeute  Basile  de 
Chypre  ;  et  d'autres  lettres  à  Sergius  de  Singar  sur  deux 
discours  de  Grégoire  de  Xazianze^. 

Jean  I,  patriarche  dAntioche  en  631,  mort  en  648, 
composa  de  nombreux  sédras  ou  prières  liturgiques 
qui  lui  valurent  le  nom  de  Jean  des  Sédras;  il  est  aussi 
l'auteur  d'une  liturgie  '. 

Nous  arrivons  à  la  seconde  moitié  du  siècle,  pendant 


\.  Voir  BAr;HEBfbEcs,  Chron.  eccl.,  II,  119  et  suiv.;  Assêmam,  B.  0.,  H, 
419. 

2.  WniGiiT,  Catal.,  p.  1113;  Syriac  Hier.,  2«  éd..  p.  13". 

3.  Wr.iciiT,  Catal.,  p.  43f>  et  988;  Assémam,  B.  0.,  II,  4G3. 

4.  BAnHF.Dr..€is,  Chron.  eccl.,  I,  27:J;  Assémam,  B.  0.,  II,  33o.  Suivant 
Barliebraus,  il  aurait  traduit  les  Évangiles  en  arabe  à  la  demande  de 
l'émir  Amr  ibn  Sad  ;  cette  notice  est  bien  invraisemblable. 


376  LES  ÉCRIVAINS 

laquelle  réminent  Jacques  d'Edesse  domine  les  auteurs 
de  son  époque  autant  par  l'étendue  et  la  variété  de  ses 
connaissances  scientifiques  que  par  son  talent  de  litté- 
rateur. Cetévêque  naquit  vers  633  dans  le  village  d'En- 
dêba  du  diocèse  d'Antioche.  Il  étudia  les  Écritures  et 
le  grec  au  couvent  de  Kennesré  sous  la  direction  de  Sé- 
vère Sebokt,  et  il  alla  compléter  ses  connaissances 
grecques  à  Alexandrie.  Nommé  évêque  d'Édesse  par  le 
patriarche  Athanase,  son  ancien  condisciple,  Jacques 
chercha  à  ramener  la  discipline  dans  les  couvents  de  son 
diocèse,  mais  il  échoua  dans  son  entreprise  (voir  ci-des- 
sus, p.  181).  A  la  suite  de  cet  échec,  il  abandonna  son 
siège  épiscopal  et  se  retira  dans  le  couvent  de  Saint- 
Jacques  à  Kaisoum;  Habib,  un  placide  vieillard,  le 
remplaça  à  Edesse.  Son  séjour  à  Edesse  avait  été  de 
quatre  ans;  s'il  fut  nommé  évêque,  comme  il  est  pro- 
bable, l'année  même  qu'Athanase  devint  patriarche,  en 
G84,  son  départ  d'Édesse  aurait  eu  lieu  en  688.  Peu  de 
temps  après  il  fut  appelé  comme  professeur  au  couvent 
d'Eusebona  du  diocèse  d'Antioche  où,  pendant  onze 
ans,  il  expliqua  les  Écritures  d'après  le  texte  grec;  il 
renouvela  et  perfectionna  l'enseignement  da  grec  dans 
ce  couvent.  A  la  suite  de  quelques  difficultés  avec  les 
moines ,  Jacques  passa  ensuite  au  couvent  de  Teléda  ; 
ses  travaux  sur  l'Ancien  Testament  l'y  tinrent  pendant 
neuf  ans  (voir  ci-dessus,  p.  70).  A  la  mort  d'Habib,  il 
reprit  possession  de  son  ancien  siège  épiscopal,  mais 
pour  quatre  mois  seulement  ;  étant  retourné  au  couvent 
de  Teléda  pour  en  rapporter  ses  livres,  Jacques  y 
mourut  le  5  juin  708  ' . 

Jacques  fut  un   polygraphe   distingué  :  thélogien , 
philosophe,  historien,  exégète  et  grammairien,  il  re- 

i.  D'après  BARHEBrx^LS,  Chron.  eccL,  I,  p.  293,  et  Élus  de  Niside  dans 
B.ETHGEN,  Fragmenie,  etc.,  p.  40  et  1-21. 


DU  VII<^  SŒCLE.  377 

nouvelle  les  études  syriaques  dans  les  sciences.  Nous 
avons  eu  précédemment  l'occasion  de  parler  dos  plus 
importantes  de  ses  œuvres  en  prose  (ci-dessus,  p.  70, 
77,  95,  181-182,  202,  250,  258,  282,  290,  293,  312,  320); 
nous  ajouterons  ici  divers  écrits  liturgiques  :  une  li- 
turgie et  une  revision  de  la  liturgie  de  Saint-Jacques , 
frère  de  Notre  Seigneur;  Le  livre  des  trésors  renfer- 
mant  des  ordres  et  des  prières  pour  le  baptême,   la 
consécration  de    Teau,    la    célébration    du    mariage; 
une  traduction  du  Sédra  de  Sévère  pour  le  baptême  ; 
un  Horologiiim  contenant  les  services  pour  les  heures 
de  la  semaine  et  un  calendrier  des  jours  de  fête  pour 
Tannée'.  Le  célèbre  évêque  est  encore  Tauteur  d'ho- 
mélies en  prose  dont  quelques-unes  seulement  nous 
sont  parvenues;  on  connaît  des  homélies    sur   le  sa- 
crifice de  la  Messe,  sur  l'usage  de  pain  azyme,  contre 
les  Dyophysites,  contre  les  transgresseurs  des  canons 
de  rÉglise-.  Les   homélies  métriques  sont  peu  nom- 
breuses :  Tune  d'elles  traite  de  la  Trinité  et  de  llncar- 
nation;  une  autre,  sur  la  foi,  est  dirigée  contrôles  Nes- 
toriens  ^.  Jacques  eut  une  nombreuse  correspondance 
avec  des  membres  du  clergé  de  son  époque.  Nous  avons 
déjà  parlé  de  quelques-unes  de  ses  lettres  :  à  Paul  dAn- 
tioche  sur  la  réforme  de  l'écriture  p.  290;  ;  à  George  de 
Saroug  sur  l'orthographe  (p.  293  ;  d'autres  sont  adres- 
sées :  au  prêtre  Addai  au  sujet  du  baptême  et  de  la 
consécration  de  l'eau  '*;  au  diacre  Barhadbescliaba  con- 


\.  Ces  ouvrages  sont  conservés  dans  plusieurs  manuscrits  dos  Biblio- 
thèques de  rEuro[)e.  Les  différentes  parties  du  Livre  d'\s  trésors  sont 
reproduites  séparément,  voir  Wkigut,  Syriac  Hier.,  2«  éd.,  p.  lio. 

2.  Wi'.iGiiT,  Syriac  Hier.,  i"  éd.,  p.  i4G. 

3.  Des  extraits  de  celle-ci  ont  été  imprimés  par  le  P.  Cardaui  dans 
le  Thésaurus  de  arle  poetica,  p.  18-21:  le  tevte  com|)lct  avec  une  tra- 
duction latine,  par  Ugolim  dans  le  \ol.  Al  soinmo  Poniifico  Leone  XIII, 
Ommagio  Giubilare  dclla  Biblioteca  Valicana,  Rome,  1888. 

4.  Comp.  ci-dessus,  p.  181. 


378  LES  ECRIVAINS 

tre  le  concile  de  Chalcédoine  ;  à  Jean  le  stylite  du  cou- 
vent de  Litarba  près  d'Alep;  à  Eustathius  de  Dara; 
à  Kyrisona  de  Dara;  au  prêtre  Abraham;  au  diacre 
George  ;  et  au  sculpteur  Thomas  ^ . 

Athanasc  de  Balad,  auquel  Jacques  d'Edessc,  dut  sa 
nomination  à  Téveché  de  cette  ville,  avait  fait  ses  études 
avec  celui-ci  au  couvent  de  Kennesré  alors  dirigé  par 
Sévère  Sebokt.  Il  passa  quelque  temps  au  couvent  de 
}3eit-Malka,  exerça  ensuite  le  sacerdoce  à  Nisibe  et  fut 
élu  patriarche  des  Jacobites  en  684;  il  mourut  en  l'an- 
née 686.  Athanase  publia  quelques  œuvres  de  philoso- 
phie (ci-dessus,  p.  258),  et  des  traductions  de  Grégoire 
de  Nazianze  et  de  Sévère  d'Antioche  (ci-dessus,  p.  312 
et  320).  On  connaît  encore  de  cet  auteur  une  lettre  en- 
cyclique sur  les  rapports  des  chrétiens  avec  les  musul- 
mans et  quelques  prières  liturgiques-. 

Jacques  d'Édesse  fut  l'ami  de  George,  c[ui  devint  évê- 
que  des  tribus  arabes  monophysites  en  l'an  686,  et  dont 
le  siège  épiscopal  était  à  Akoula  (al-Koufah  des  Arabes). 
Le  livre  de  George  le  plus  important  est  sa  traduction  de 
VOrganoji  d'Aristote  (ci-dessus,  p.  259};  il  écrivit  des 
scolies  sur  les  Écritures  (ci-dessus,  p.  77);  il  compila 
des  scolies  sur  les  homélies  de  Grésroire  de  Nazianze 
(ci-dessus,  p.  313)  et  acheva  YHexaméron  de  Jacques 
d'Edesse  (p.  282).  George  est  encore  l'auteur  d'un 
commentaire  sur  les  Sacrements  de  l'Église^;  d'une 
homélie  métrique  sur  le  Saint-Ghreme'^;  d'une  autre 

1.  Ces  lettres  sont  conservées  dans  le  ms.  Add.  12172  du  Musée  bri- 
tannique. ■NVaiGHT  en  a  publié  deux  dans  le  Journal  of  sacred  liter., 
/ji''  séries,  X,  430;  Schroeter  en  a  donné  une  autre,  Zeitschr.  der  deut. 
morg.  Gesell.  XXIV,  201;  un  fragment  dans  la  Grammatica  syr.  de 
Nestlé,  1«  éd.,  p.  83,  sur  les  rois  Mages. 

2.  ZOTENRERG.  Cutal.,  p.  28  et  47;  Wright,  Calai.,  p.  218.  Sur  Januarius 
Candidatus  d'Aniid ,  un  contemporain  d'Atlianase,  voir  ci-dessus,  p.  313. 

3.  ■\Vrigut,  Calai.,  p.  985. 

4.  Calai.  Fa?.,  III,  102;  Wright,  Calai.,  p.  8i8. 


DU  VII<^  SIÈCLE.  379 

homélie  sur  les  ermites';  et  d'un  traité  en  vers  de 
douze  syllabes  sur  le  calendrier-.  Sa  correspondance 
avec  Jean  le  Stylite  de  Litarba,  le  prêtre  Jacques,  le 
prêtre  Jésu  et  d'autres  personnes,  est  conservée  en 
partie  dans  le  ms.  Add.  12154,  écrit  de  714  à  718.  Une 
des  lettres  les  plus  intéressantes  est  celle  qu'il  adressa 
au  prêtre  Jésu  ci-dessus,  p.  228;  sur  ses  canons,  voir 
p.  182;.  George  mourut  en  724. 

Nous  passons  rapidement  sur  George,  évêquedeMai- 
pherkat  ou  Martyropolis ,  auteur  de  plusieurs  épîtres, 
et  sur  ses  deux  disciples,  Constantin  et  Léon,  qui  furent, 
tous  deux,  évêques  de  Harran.  Constantin,  qui  confes- 
sait les  deux  natures  dans  le  Christ ,  écrivit  des  traités 
de  controverse  contre  les  Monophysites.  On  ne  connaît 
de  Léon  qu'une  lettre  adressée  au  patriarche  jacobite 
Elias -^ 

Par  cette  lettre ,  Léon  demandait  à  Elias  les  raisons 
de  sa  conversion.  Elias,  en  effet,  avait  appartenu  au 
parti  dyophysite,  mais  il  se  rallia  à  la  doctrine  mono- 
physite  à  la  suite  de  la  lecture  des  œuvres  de  Sévère 
d'Antioche.  Il  avait  été  moine  au  couvent  de  Goubba- 
Barraya,  puis  évêque  dApamée,  avant  d'être  élu  pa- 
triarche d'Antioche  en  709  ;  il  mourut  en  724.  On  pos- 
sède de  lui  son  apologie  en  réponse  à  la  lettre  de  Léon  '•. 


i.  Pat>e  Smith,  Catal.,  p.  425. 

-2.  Catal.  Vat.,  lU,  53-2;  AssÉmani,  B.  0.,  I.  495. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  I,  4G5  et  suiv.;  Wuight,  Srjriac  lit.,  2«  éd.,  p.  i60. 
AssÉMAM  plaçait  George  de  Maipherkat  vers  580;  Wright  le  fait  descen- 
dre un  siècle  plus  bas. 

Sur  Damel  de  Salah,  un  commentateur  de  cette  époque,  voir  ci-des- 
sus, p.  78. 

4.  Dans  deux  ms.,  tous  deux  incomplets,  l'un  au  Vatican,  Cod.  Vat., 
145,  et  l'autre  au  Musée  britannique,  Add.  17181;  voir  Wiught,  Syriac 
lit.,  2«  éd.,  p.  ICI. 


380  LES  ÉCRIVAINS 

§  2.  —  Le  Vlir  siècle. 

Ce  siècle  brilla  d'un  éclat  bien  pâle  autant  chez  les 
Syriens  orientaux  que  chez  les  Syriens  occidentaux  ;  il 
marque  le  commencement  du  déclin  de  la  littérature 
syriaque. 

Parmi  les  écrivains  nestoriens ,  nous  citerons  David 
de  Beit-Rabban,  auteur  du  Petit  Paradis  et  d'un  traité 
de  géographie  (voir  ci-dessus,  p.  158  et  283).  David 
composa  aussi  un  traité  sur  le  dixième  chapitre  de  la 
Genèse,  dont  un  fragment,  contenu  dans  le  ms.  Add. 
14620  du  Musée  britannique, a  été  imprimé  par  Paul 
de  Lagarde  {Prœtermissorum  lihridao,  p.  244).  David 
avait  été  moine  dans  le  couvent  de  Beit-Rabban  ou  de 
Zekajésu,  puis  dans  le  couvent  Beit-Abé;  il  fut  nommé 
plus  tard  évêque  des  Kurdes  ^ . 

Babai  bar  Nesibnayé,  c'est-à-dire  fils  des  Nisibites, 
ainsi  nommé  parce  que  sa  famille  était  de  Nisibe,  se 
consacra  à  la  réforme  de  la  musique  dans  l'Eglise  nes- 
torienne  ;  il  fonda ,  en  vue  de  l'enseignement  de  sa 
nouvelle  méthode,  plusieurs  écoles  dans  les  diocèses 
d'Adiabène  et  de  Marga,  notamment  à  Kephar-Ouzzel 
et  à  Baschousch.  Il  établit  sa  résidence  à  Kephar-Ouz- 
zel; puis,  sur  la  fin  de  sa  vie ,  il  alla  terminer  ses  jours 
à  Gebilta  dans  le  diocèse  de  Tirlian,  où  il  était  né.  Ba- 
bai écrivit,  outre  une  histoire  monastique  (ci-dessus, 
p.  233),  des  sermons  et  des  homélies,  des  hymnes  et  des 
lettres  ^. 

Assémani  place  au  temps  du  patriarche  Péthion  (731- 

\.  Histoire  monastique  de  Thomas  de  Map.ga,  H,  cliap.  xxiv.  Cet  auteur 
paraît  avoir  été  parfois  confondu  avec  David,  fils  de  Paul,  qui  vivait  au 
XIIP  siècle.,  voir  plus  loin  la  notice  consacrée  à  celui-ci. 

2.  Assémani,  B.  0.,  ni,  pars  I,  117  et  suiv.  Quelques-unes  de  ses  hym- 
nes existent  dans  les  bibliolljèiiues  de  Londres,  de  Paris  et  de  Munich, 
voir  Wkigiit,  Syriac  lit.,  2«  éd.,  p.  185. 


DU  \m^  SIIXLE.  381 

740)  Barsahdé  de  la  ville  de  Karka  de  Beit-Selok,  au- 
teur dune  histoire  ecclésiastique  '  et  d'un  traité  contre 
la  religion  deZoroastre. 

Abraham  bar  Daschandad  enseigna  à  l'école  de 
Baschousch  qui  avait  été  fondée  par  Babai  bar  Xe- 
sibnavé,  comme  nous  l'avons  rappelé  plus  haut.  Il  était 
d'une  nature  chétive  et  on  lavait  surnommé  Le  boiteux^ 
mais,  dès  son  enfance,  Babai  avait,  dit-on,  prédit 
à  sa  mère  son  brillant  avenir  2.  Bar  Bahloul,  dans  la 
préface  de  son  lexique .  le  cite  comme  une  de  ses  au- 
torités. Le  catalogue  d'Ebedjésu  énumère  les  ouvrages 
suivants  qu'il  composa  '^  :  un  livre  d'exhortations  ;  des 
homélies  sur  la  pénitence  [çaj\  sur  la  cupidité^  ;  des 
lettres:  Le  livre  de  la  voie  du  Roi;  une  controverse 
avec  les  juifs  ;  et  un  commentaire  sur  les  discours  du 
moine  Marc. 

Mar  Aba  II,  ou  simplement  Aba,  fut  nommé  pa- 
triarche des  Xestoriens  en  741  et  mourut  en  751.  Il 
avait  été  auparavant  évéque  de  Kaschkar,  sa  ville  na- 
tale. Barhebrœus  lui  attribue  un  commentaire  des 
œuvres  de  Grégoire  de  Xazianze  ''.  Ébedjésu  cite  de 
cet  auteur  :  des  démonstrations;  des  lettres;  un  com- 
mentaire sur  la  Dialectique  d'Aristote;  et  Le  livre  des 
généraux  ou  gouverneurs  militaires)  ^. 

A  cette  époque  appartient  encore  Siméon  de  Kasch- 
kar ou  Siméon  bar  Tabbahé  {le  fils  des  bouchers^ 
auquel  Ebedjésu  attribue  une  histoire  ecclésiastique 
(ci-dessus,  p.  214). 

1.  Comp.  ci-dessus,  p.  213.  Ce  Barsahdé  semble  différent  de  Salidona 
qui  était  aussi  appelé  Barsahdé,  voir  ci-dessus,  p.  238. 

2.  Voir  l7/iA^/oi>e  monastique  de  Thomas  de  MatiGa,  livre  lU.  chap.  m. 

3.  AssÉMANr,  B.  0.,  ni,  pars  I,  i!»4. 

'».  Chron.  eccl.,  H,  p.  1^3;  comp.  ci-dessus,  p.  313,  et  Mahi,  I,  6C. 

îî.  Asskmanm,  J5.  0.,  ni,  pars  I,  lî>4  et  Vol,  comp.  ci-dessus,  p.  2(30. 
M.  Cliabot  a  publié  et  traduit  une  de  ses  lettres  dans  les  Actes  du 
Congrès  des  Orientalistes  de  Paris,  181)7,  Sect.  sémitique,  p.  205  et  suiv. 


3*2  LES  ÉCRIVAINS 

Sourin  était  évêque,  d'abord  de  Nisibe,  puis  de  Houl- 
van  ou  Ilalah.  Sa  vie  agitée  se  passa  au  milieu  des 

H"AiM'^"°Tf  P^'"'"''=he  eu  754  par  l'émir  arabe 
dAl-Madam  (Seleucie  du  Tigre),  il  fat  aussitôt  dé- 
pose a  la  demande  des  évêques,  par  le  calife  Abdal- 
lah, linvoye  comme  évêque  à  Bassora,  Sourin  fat 
chassé  par  les  habitants  de  la  ville  et  il  finit  ses  fours 
en  prison.  Il  est  cité  comme  l'auteur  d'un  traité  contre 
les  hérétiques;  de  démonstrations  et  de  questions;  et 
d  une  traduction  arabe  d'une  partie  du  livre  des  Élé- 
ments attribué  à  Aristote  '. 

Cyprien,  évêque  de  Nisibe  en  741 ,  construisit  en  767 
la  première  église  nestorienne  à  Tagrit,  siège  du  mé- 
tropolitain jacobite  de  l'Orient;  quelques  années  aupa- 
ravant 758-759,  il  avait  élevé  une  somptueuse  église 
a  I\isibe;  il  mourut  en  767.  Cet  évêque  composa  un 
commentaire  sur  les  homélies  théologiques  de  Gré- 
goire de  Nazianze,  et  un  traité  sur  l'ordination  ^ 

Abou-Nouh  d'Anbar  était  secrétaire  du  gouverneur 
musu  man  deMossoul  et  vivait  au  temps  du-patriarche 
limothee  I  qui  en  parle  avec  éloge  dans  ses  lettres 
encycliques  de  790  et  805  \  Il  est  l'auteur  :  d'une  réfa- 
tation  du  Coran;  d'une  réfatation  des  hérétiques;  et 
d  une  vie  de  Jean  de  Dailam  K 

Le  patriarche  Timothée  I  avait  eu  pour  maître  Abra- 
ham bar  Daschandad  à  l'école  de  Baschousch.  Avant 
detre   élu   patriarche,  il   avait   été   évêque  de  Beit- 

1.  AssÉMANi,  B.  0.,  IH,  pars  I,  1G9. 

±  Catal.  d'Ébedjésu  clans  As.sémani,  B.  0.,  III.  vars  I    iii  n-î      do 

3.  AssÉMANi,   B.  0.,  III,  2mrs  I,  82  et  IGi 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pars  I,  212. 


DU  VIII-^  SIliCLt:.  383 

Bagasch.  Son  élection  fut  le  résultat  d'intrigues  et 
souleva  de  vives  contestations  de  la  part  de  plusieurs 
évêques;  nommé  en  779,  il  ne  fut  installé  qu'au  mois 
de  mai  780.  De  nombreuses  missions  nestoriennes  dans 
l'Asie  centrale  signalèrent  son  administration  zélée.  11 
mourut  le  9  janvier  823  '.  Timothée  fut  un  des  écrivains 
les  plus  féconds  de  son  siècle;  ses  œuvres  comprennent  : 
une  lettre  synodale  (ci-dessus,  p.  177);  un  volume  de 
questions  juridiques  (ci-dessus,  p.  186)  :  un  volume  de 
questions  diverses;  un  autre  contenant  des  controver- 
ses contre  le  patriarche  George ,  qui  lui  avait  été  pré- 
féré pour  le  siège  patriarcal ,  mais  qui  mourut  presque 
aussitôt  après  son  élection:  environ  deux  cents  lettres 
en  deux  volumes;  une  discussion  avec  le  calife  Al- 
Mahdi;  et  un  traité  d'astronomie-.  Barhebrœus  ajoute 
des  hymnes  et  un  commentaire  des  œuvres  de  Grégoire 
de  Nazianze  ^. 

La  part  des  Syriens  occidentaux  dans  l'œuvre  litté- 
raire de  cette  époque  est  mince;  on  croirait  qu'une 
éclipse  a  voilé  les  esprits  pendant  les  trois  premiers 
quarts  du  YllP  siècle. 

Lazare  de  Beit-Kandasa  n'est  connu  que  par  le  com- 
mentaire qu'il  compila  sur  le  Nouveau  Testament  '.  11 
vivait  vers  775.  à  en  juger  par  une  liste  chronologique 
à  la  fin  de  la  troisième  partie  des  Épîtres  Paulines ,  la- 


i.  Sur  cette  date  voir  Ébedjésu  dans  Lagaude,  Prœtennissorum  libri 
duo,  p.  93,  1.  1;  comp.  Amr,  éd.  Gismondi,  p.  G6. 

2.  Suivant  Ébedjésu  dans  Assémani,  B.  0.,  ni,  pars  I,  p.  iGO;  eomp.  ci- 
dessus,  p.  282,  et  Mari,  éd.  Gismondj,  I,  Ti, 

3.  I$AiuiEr.r..€Ls,  Chron.  eccL,  H,  p.  179;  comp.  ci-dessus,  p.  313. 

Sur  Jésudenah,  évêfiuc  de  Bassora,  et  ses  œuvres,  voir  ci-dessus, 
p.  213,  215  et  2G0. 

4.  Voir  ci-dessus,  j).  78.  Le  ras.  Add.  1829.';  du  Musée  britannique 
contient  aussi  une  scolie  de  Lazare  sur  un  passage  de  Pseudo-Denys 
l'Aréopagite. 


384  LES  ECRIVAINS 

quelle  se  termine  celte  année-là  au  calife  Al-Mahdi^ 

Contemporain  de  celui-ci  était  peut-être  Daniel ,  fils 
de  Moïse  le  Jacobite,  cité  par  Elias  de  Nisibe  comme 
Fauteur  dune  chronique  2. 

Théophile  d'Edesse,  fils  de  Thomas,  jouit  d'une  no- 
toriété rare  chez  les  Syriens  occidentaux  de  ce  temps. 
C'était  un  astronome  distingué,  particulièrement  estimé 
du  calife  Al-Mahdi  ;  il  appartenait  à  la  confession  ma- 
ronite; sa  mort  eut  lieu  en  785.  Les  œuvres  de  Théo- 
phile, aujourd'hui  perdues ,  comprenaient  une  histoire 
et  une  version  syriaque  de  Y  Iliade  et  de  Y  Odyssée;  on 
attribue  à  cet  auteur  linvention  des  signes  des  voyel- 
les employés  par  les  Jacobites  ^. 

Le  patriarche  d'Antioche  George  fut  élu  en  758  dans 
un  synode  tenu  à  Mabboug,  La  minorité  opposante 
nomma,  de  son  côté,  Tantipatriarche  Jean  de  Callinice. 
Celui-ci  excita  le  calife  Al-Mansour  contre  George,  qui 
fut  mis  en  prison  et  y  demeura  pendant  neuf  années. 
Ce  patriarche  mourut  en  790  au  couvent  de  Barsauma 
près  de  Mélitène  pendant  une  tournée  épiscopale.  Ou- 
tre un  commentaire  sur  l'Evangile  de  saint  Mathieu 
(ci-dessus,  p.  78),  George  composa  pendant  qu'il  était 
en  prison ,  des  discours  et  des  homélies  métriques  qui 
ne  nous  sont  pas  parvenus. 

Le  second  successeur  de  George  sur  le  siège  d'An- 
tioche,  Cyriaque,  fut  élu  en  793  et  mourut  en  817.  Les 
réformes  liturgiques  qu'il  voulut  établir ,  le  pacte  qu'il 
signa  avec  Gabriel,  patriarche  des  Julianistes,  échouè- 
rent devant  la  résistance  de  ses  adversaires,  et  la  fin 
de  sa  vie  s'écoula  dans  l'amertume  elles  soucis-'.  Les 


1.  "Wright,  Syriac  liter.,  -2^  éd.,  p.  162. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  213. 

3.  Voir  ci-dessus,  p.  214,  292  et  32o. 

4.  Voir  Bap.hebr.eus,  Chron.eccL,  I,  p.  329  et  suiv.  L'acte  d'union  signe 


DU  VII[=  SIÈCLE.  385 

canons  que  Cyriaque  rédigea  dans  le  concile  quil 
reunu  a  Beit-Batin  dans  le  diocèse  de  Harran  pour  la 
reforme  de  la  liturgie,  sont  conservés  dans  plusieurs 
manuscrits  '.  Ce  patriarche  écrivit  en  outre  :  une  litur- 
gie-; une  homélie  sur  la  parabole  de  la  vigne  s-  une 
epitre  synodale  sur  la  Trinité  et  llncarnation.  adressé. 
arable''""''''   '*''^'^^^°'^"« •  ^^^'<''  et  qui  existe  ~en 

§  3.  —  Le  IX»  siècle. 

Ce  siècle  marque  chez  les  Syriens  une  renaissance 
des  études  scientifiques  et  historiques.  Au  premier 
rang  des  écrivains  nestoriens  de  celte  époque  fio-urent 
les  médecins  qui  jouirent  de  la  faveur  des  califes  \b- 
bassides  :  Gabriel  Boktjésu,  Jean  bar  Maswai .  Honein 
Jean  fils  de  Sérapion  (voir  ci-dessus,  p.  275-277) 

Gabriel  Boktjésu  fut  médecin  de  la  cour  à  Bao-dad 
sous  Haroun-al-Raschid,  Amin  et  Al-Mamoun;  il  mou- 
rut_en828.  Il  avait  été,  avec  Jean  bar  Maswai,  lun  des 
maîtres  de  Honein ^  Sur  son  œuvre  scientifique,  voir 
ci-dessus,  p.  275. 

Jean  bar  Maswai  naquit  à  la  fin  du  VlIP  siècle,  dans 
un  village  près  de  Ninive;  il  étudia  à  Bagdad  sous  la 
direction  de  Jésu  barNoun,  qui  devint  patriarche  à  la 
mort  de  Timothée  I.  Jean  fut  le  chef  de  l'école  la  plus 
florissante  dans  la  capitale  des  califes;  il  mourut  en 

nis.  Acta.  l<l.o  du  Musée  britannique,  Wuight,  Syriac  liter.   d   IGG 

1.  Ci-dessus,  p.  182;  comp.  B..nuEBR^c.s,  Chron.  cccL,  I  33    ' 

2.  ^Vriciit,  Calai.,  p.  206  et  210. 

3.  WfîicuT,  Calai.,  p.  887. 

4.  A-SSÉMAXr,  B.  0.,  II,  117. 

latefl'l"'^"''  ^^'°"'  'y'i^c^'>n^ôd.  Bno-.s  139  et  170;  éd.  Bedj..n, 

6.  IBN  Ani  Oiszmx,  I,  175;  le  Kilab  al-Fifirisl,  205  ;  Assémam    B   0 
IH,  pars  I,  501.  comp.  ci-dessus,  p.  27G.  assemam,  b.  0., 


386  LES  ECRIVAINS 

Honein,  en  arabe,  Abou  Zaïd  Honain  ibn  Ishak  al- 
Ibadi ,  fut  également  célèbre  chez  les  chrétiens  et  les 
musulmans  pour  ses  traductions  syriaques  et  arabes 
délivres  grecs.  Nous  lavons  vu,  dans  notre  première 
partie',  historien,  philosophe,  médecin,  grammairien 
et  lexicographe,  traiter  de  nombreux  sujets  scientifi- 
ques. Ébedjésu  mentionne  encore  de  lui  un  livre  sur  la 
crainte  de  Dieu  qu'il  écrivit  quand  il  était  diacre  -.  Un 
grand  nombre  de  ses  ouvrages  étaient  écrits  en  arabe; 
ils  demeurent  étrangers  à  notre  sujet.  Cet  éminent 
médecin  était  né  à  Hira  et  appartenait  à  la  communauté 
nestorienne  des  Ibâd  '^.  Il  suivit  d'abord  les  leçons  de 
Jean  bar  Maswai  à  Bagdad;  mais,  ayant  déplu  à  son 
maître,  il  se  rendit  en  Occident  pour  y  étudier  le  grec. 
Quand  il  fut  de  retour  à  Bagdad ,  ses  connaissances 
médicales  furent  appréciées  par  Gabriel  Boktjésu  qui  le 
réconcila  avec  son  ancien  maître  ;  il  fut  nommé  médecin 
du  calife  Al-Moutawakil ,  et  mourut  en  873  '. 

Jean,  fils  de  Sérapion.  vivait  vers  la  fin  de  ce  siècle. 
Son  père,  originaire  du  Beit-Garmai,  était  médecin;  il 
eut  deux  fils,  Jean  et  David,  qui  furent  médecins  comme 
lui^.  Sur  les  écrits  de  Jean,  voir  ci-dessus,  p.  277. 

On  ne  sait  rien  de  certain  sur  la  vie  de  Zacharie  de 
Merv,  auteur  d'un  lexique  syriaque,  et  qui  paraît  de- 
voir être  identifié  avec  le  médecin  Abou  Yahya  al-Mar- 
wazi ,  auquel  on  attribue  des  écrits  sur  la  logique  (voir 
ci-dessus  p.  260  et  302).  Cet  auteur  vivait  vraisembla- 
blement dans  la  seconde  moitié  du  IX^  siècle. 

1.  Ci-dessus,  p.  214,  2G0,  276-277,  29i,  299-301. 

2.  AssF.MAM,  h.  0.,  III,  pars  I,  IGo. 

3.  Ibn  Abi  Ouseibia  prononce  Ahâd,  mais  la  forme  Ihâd  est  indiquée 
par  les  autres  auteurs,  voir  Notloeke,  Tabari^  p,  24,  note  4;  Augcst 
Mleller,  Lesarten,  p.  24,  en  tête  de  l'édition  d'Ibn  Abi  Ouseibia. 

4.  Comp.  ci-dessus,  p.  276,  note  4. 

o.  Voir  IBN  Abi  Ouseibia,  1,  109;  D-"  Leclerc,  Histoire  de  la  médecine 
arabe,  I,  113-117;  comp.  ci-dessus,  p.  278,  note  I. 


DU  IX^  SIÈCLE  387 

De  la  même  époque  est  Jésu  bar  Ali,  un  disciple 
d'Honein,  qui  composa  aussi  un  lexique  syriaque  ci- 
dessus,  p.  502). 

Quoique  un  traité  de  lexicographie  soit  attribué  à 
Jésu  bar  Noun  (ci-dessus,  p.  299\  c'est  plutôt  par  ses 
écrits  théologiques  que  ce  patriarche  nestorien  est 
connu.  Jésu  bar  Noun  avait  eu  pour  maître  Abraham 
bar  Daschandad  et  pour  condisciple  Timothée,  auquel 
il  succéda  sur  le  siège  patriarcal.  Pendant  son  séjour 
dans  le  Grand  couvent  du  mont  Izla ,  il  s'appliqua  à 
réfuter  la  doctrine  de  Timothée  sur  le  dogme  de  lln- 
carnation.  Dans  la  suite,  il  dirigea  une  école  à  Bagdad. 
où  il  eut  parmi  ses  élèves  Jean  bar  Maswai.  Jésu  bar 
Noun  était  au  couvent  de  Mar  Elias,  à  Mossoul,  depuis 
une  trentaine  d'années  quand  il  fut  nommé  patriarche 
le  18  juin  823  ^  ;  il  mourut  quatre  ans  après .  à  Tâge  de 
quatre-vingt-quatre  ans.  Ses  œuvres,  suivant  Ebed- 
jésu-,  se  composaient  :  d'un  traité  de  théologie;  de 
questions  sur  les  Ecritures  ;'ci-dessus,  p.  84  );  de  ca- 
nons ecclésiastiques  et  décisions  juridiques  (ci-dessus, 
p.  177):  d'oraisons  funèbres^;  de  lettres;  d'un  traité 
sur  la  division  des  services  de  TEglise';  des  interpré- 
tations ;  et  un  traité  sur  l'efficacité  des  hymnes  et  des 
antiennes  ^. 

Denha  ou  Ibas,  dont  l'époque  est  incertaine,  et  que 
Wright  place  au  IX'-  siècle,  est  l'auteur,  suivant  Ébed- 


1.  Sur  cette  date  voir  Ébedjôsu  dans  Lagarde,  Prœlennissorum  libri 
duo,  p.  93,  1.  3;  Amr,  éd.  Gismo>di,  p.  67,  donne  l'année  8-21. 

2.  AssÉMAM,  B.  0.,  m.  pars  I.  16i. 

3.  Conservées  en  partie  dans  le  ms.Add.  17-217  du  Musée  britannique, 
Wright,  Caial.,  p.  613. 

4.  De  ce  traité  faisaient  partie,  suivant  Assémani,  les  Réponses  aux 
questions  du  moine  Macarius,  voir  Calai,  ms.  Vat.,  H,  483;  III,  281  et 
40.;. 

5.  Mari,  éd.  GisMCxor,  I,  20,  attribue  à  ce  patriarche  une  version  des 
liemélies  de  Grégoire  de  Nazianze;  comp.  B.  0.,  III,  pars  I,  27y. 


388  LES  ÉCRIVAINS 

jésu^,  de  sermons  et  de  dissertations  sur  les  lois  ecclé- 
siastiques ,  de  commentaires  sur  les  Psaumes ,  sur  les 
œuvres  de  Grégoire  de  Nazianze ,  d'après  la  version  de 
Tabbé  Paul,  et  sur  la  dialectique  d'Aristote  (comparer 
ci-dessus,  p.  84,  260  et  313). 

A  ce  siècle  semble  appartenir  le  prêtre  Sliba,  fils 
de  David,  de  Gozarte,  dont  le  P.  Cardahi  fixe  la  mort 
en  900 -.  Ce  prêtre  composa  un  poème  sur  les  docteurs 
grecs  et  trois  poèmes  sur  la  pénitence. 

Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  Thomas  de  Marga 
dont  nous  avons  parlé  précédemment  (p.  216),  ni  sur 
Jésudad,  évêque  de  Iladitha,  connu  seulement  par  son 
commentaire  de  la  Bible  (ci-dessus,  p.  84)  ^. 

Denys  de  Tellmaliré,  auteur  d'une  histoire  estimée 
des  Syriens,  mais  aujourd'hui  perdue^,  ouvre  la  série 
des  écrivains  jacobites  de  ce  siècle.  Denys  était  né  à 
Tellmaliré ,  localité  située  sur  le  Balikh  (un  affluent  de 
lEuphrate) ,  non  loin  de  Callinice.  Il  fit  ses  études  au 
couvent  de  Kennesré ,  qui  était  à  proximité  ,  et ,  après 
l'incendie  qui  détruisit  ce  couvent  en  815,  il  passa  au 
couvent  de  Mar  Yakoub  à  Kaisoum.  C'est  là  qu'il  se 
trouvait  lorsqu'il  fut  élu  patriarche  des  Jacobites  par  le 
synode  des  évêques  tenu  à  Callinice  en  818,  après  la 
mort  du  patriarche  Cyriaque.  Son  existence  devint  dès 
lors  aussi  agitée  et  troublée  que  celle  de  son  prédéces- 
seur ;  nous  ne  rappellerons  pas  les  luttes  incessantes 
qu'il  eut  à  soutenir  contre  ses  adversaires  et  contre  les 


1.  As-ÉMANî,  B.  0.,  ni,  pars  I,  175;  WrJGiiT,  Syriac  lit.,  2^  étl.,  p.  218. 

2.  Liber  thesauri,  p.  59.  Un  extrait  d'un  de  ses  poèmes  sur  la  péni- 
tence, ibid.,  p.  57. 

3.  Sur  Théodore  bar  Koni  et  Aaron,  voir  ci-dessus,  p.  213  et  214. 

Kendi,  que  cite  Ébedjésu  dans  Assémani,  B.  0.,  III, pars  I,  213,  est  pro- 
bablement l'auteur  arabe  Abd  al-Masih  ibn  Isalik  al-Kiudi,  comme  l'a 
remarqué  Wright,  Syriac  lit.,  p.  221. 

4.  Voir  ci-dessus,  p.  203. 


DU  IXe  SitCLE.  389 

gouverneurs  musulmans,  les  voyages  interminables 
qui  ne  lui  laissaient  aucun  repos.  Barhebrœus  nous  a 
laissé  une  biographie  complète  de  cet  inForluné  pa- 
triarche qui  mourut  le  22  août  845  ^ 

Le  frère  de  Denys  de  Tellmahré ,  Théodose  évêque 
d'Edesse,  fit  une  version  des  poèmes  iambiques  de  Gré- 
goire de  Nazianze  et  de  Ihomélie  de  ce  Père  sur  les 
miracles  du  prophète  Elie  (ci-dessus,  p.  313).  Cet  évê- 
que eut  à  souffrir  des  vexations  du  gouverneur  d'E- 
desse, Mohammed  ibn  Tahir,  qui  fit  démolir  les  églises 
que  le  précédent  gouverneur,  son  frère  Abdallah  ibn 
Tahir,  avait  laissé  reconstruire.  Théodose  se  rendit 
avec  le  patriarche  Denys  en  Egypte  pour  implorer  les 
secours  d'Abdallah  qui  avait  été  envoyé  dans  cette 
province  ;  sa  démarche  réussit  et  Mohammed  se  montra 
plus  conciliant. 

Antoine  le  Rhéteur,  dont  nous  avons  mentionné  le 
traité  de  rhétorique  ci-dessus,  p.  304),  était  moine  au 
couvent  de  Tagrit  et  vivait  à  l'époque  du  patriarche 
Denys  de  Tellmahré-.  Ses  autres  ouvrages  sont  :  un 
livre  sur  la  providence  de  Dieu  en  quatre  parties  ;  des 
panégyriques:  des  lettres  de  consolation;  des  hymnes 
et  des  prières  métriques^. 

Lazare  bar  Sabta,  évêque  de  Bagdad,  qui  fut  dé- 
posé de  son  siège  en  829  par  Denys  de  Tellmahré  S 


1.  Chron.  eccL,  t.  I,  p.  3i3-386;  comp.  Wkigiit ,  Syriac  Hier.,  2«  éd. 
p.  196;  J.-B.  CuABOT,  Chronique  de  Denys  de  Tellmahré,  Paris,  1893, 
Introduction,  %  \. 

2.  BAnnEnn.cus,  Chron.  eccL,  I,  363. 

3.  Ses  œuvres  sont  en  partie  conservées  dans  les  ms.  Add.  14726  et 
17208  du  Musée  britannique.  Rœdiger  a  imprimé  une  partie  de  son 
hymne  contre  la  calomnie  dans  la  deuxième  édition  de  sa  Chrestoma- 
thia  syriaca,  p.  110.  Antoine  fut  un  des  premiers  qui  firent  usage  de 
la  rime,  voir  ci-dessus,  p.  2j,  note  1. 

4.  BARHF.np.ELs,  Chron.  eccL,  I,  3<i:i.  H  reçut  aussi,  comme  évêque,  le 
nom  de  Pliiloxéne  et  de  Basile,  voir  Asskmam,  B.  0.,  H,  1-23. 

22. 


390  LES  ÉCRIVAINS 

composa    une   liturgie   et    un    ordre    du   baptême  ^. 

Un  autre  contemporain  de  Denys  de  Tellmahré, 
c'était  Jean,  évêque  de  Dara,  auquel  est  dédiée  VHis- 
toiî^e  de  Denys.  Cet  évêque  est  Tauteur  de  traités  de 
théologie  :  un  traité  en  quatre  livres  sur  le  sacerdoce  ; 
un  autre  également  en  quatre  livres  sur  la  résurrection 
des  corps  :  et  un  important  ouvrage  sur  l'âme.  Le  traité 
sur  le  sacerdoce  est  conservé  dans  plusieurs  manus- 
crits. Zingerle  a  publié  un  extrait  du  livre  II,  Moiiu- 
menta  syiiaca.  I,  p.  105-110  (comp.  Theol.  Quartal- 
schrift,  1867,  p.  183;  1868,  p.  267;.  Overbeck  a  fait  con- 
naître, d'après  un  ms.  de  la  Bodléienne,  un  passage  du 
quatrième  livre  sur  le  mariage  des  prêtres,  S.  Ephrœmi 
syri...  opéra  selecta,  p.  409-413.  «  Le  traité  sur  la 
résurrection  est  un  ouvrage  de  haut  intérêt  et  de  grand 
savoir,  dit  Frothingham- ;  il  renferme  un  chapitre  où 
est  établie  l'éternité  du  paradis  et  de  Tenfer^  ».  Jean 
de  Dara,  comme  nous  Lavons  vu  plus  haut,  p.  318,  fît 
un  commentaire  d'une  partie  des  œuvres  de  Pseudo- 
Denys  LAréopagite;  il  composa  aussi  une  liturgie''. 

Les  œuvres  de  Nonnus ,  archidiacre  de  Nisibe ,  sont 
contenues  dans  les  ms.  Add.  14594  du  Musée  britan- 
nique. La  principale  de  ces  œuvres  est  un  traité  de 
controverse  contre  Thomas  de  Marga ,  que  Nonnus 
écrivit  dans  la  prison  où  Lavait  fait  jeter  le  gouverneur 
de  Nisibe  ^^.  Les  autres  écrits  sont  des  lettres  sur  des 
questions  de  dogme. 

1.  La  liturgie  a  été  traduite  en  latin  par  Renaldot,  Liturgise  orient., 
n,  399.  L'ordre  du  baptême  se  trouve  au  Vatican,  Cod,  147. 

2.  Stephen  bar  Sudaili,  Leide,  188G,  p.  66. 

3.  Livre  IV,  cliap.  21 .  L'ouvrage  est  contenu  dans  les  ms.  iOO  et  363 
du  Vatican.  Des  extraits  du  traité  sur  l'âme  se  trouvent  dans  le  ms.  147 
du  Vatican. 

4.  ÂssÉMAM,  B.  0.,  H,  123. 

5.  Wkight,  Catal.,  p.  618.  Suivant  Barhebrœus,  Chron.  eccL,  I,  363, 
Nonnus  avait  été  l'un  des  accusateurs  de  Philoxêne  ou  Lazare  bar 


DU  IX^  SIÙCLl-.  391 

Nous  avons  parlé  plus  haut  des  principaux  ouvrages 
du  médecin  Romanus ,  un  moine  du  couvent  de  Kar- 
temin,  qui  devint  patriarche  des  Jacobites  en  887.  sous 
le  nom  de  Théodose,  et  qui  mourut  en  896.  Ce  sont  : 
une  collection  de  maximes  (p.  267)  ;  un  recueil  de  mé- 
decine (p.  275;  ;  et  un  commentaire  du  livre  dHiéro- 
thée  (p.  360  .  Nous  ajouterons  une  lettre  synodale'  et 
une  homélie  sur  le  carême-,  conservées  en  arabe. 

Le  plus  fécond  des  écrivains  jacobites  de  ce  siècle 
fut  Moïse  bar  Képha ,  dont  la  vie  a  été  écrite  par  un 
auteur  syriaque  anonyme^.  Moïse  naquit  à  Balad,  vers 
813,  et  mourut  le  12  février  903  ' .  à  làge  de  quatre- 
vingt-dix  ans.  Après  avoir  pris  l'habit  monastique,  il 
fut  nommé  évêque  des  villes  de  Beit-Ramman ,  Beit- 
Kiyonaya  et  Mossoul,  et  reçut  à  ce  moment-là  le  nom 
de  Sévère.  Il  exerça  ensuite  les  fonctions  de  périodeute 
ou  visiteur  du  diocèse  de  Tagrit  pendant  dix  ans.  Moïse 
laissa  de  nombreux  ouvrages  ;  nous  avons  déjà  parlé 
de  ses  commentaires  bibliques  p.  78  ;  de  son  traité 
sur  la  prédestination  'p.  252  ;  de  son  commentaire  sur 
la  dialectique  dAristote  p.  259);  et  de  son  Hexaméron 
(p.  283  .  Moïse  est  en  outre  l'auteur  :  d'un  ouvrage  sur 
le  paradis,  divisé  en  trois  parties  et  dédié  à  son  ami 
Ignatius^;  d'un  traité  sur  lame  en  quarante  chapitres 
avec  un  chapitre  supplémentaire  sur  l'utilité  des  of- 

Sabta, évêque  de  Bagdad,  qui  fut  dépossédé  de  son  siège,  comme  nous 
l'avons  rappelé  plus  haut.  Nonnus  vivait  donc  dans  la  première  moitié 
du  IX«  siècle. 
4.  AssÉMAM,  B.  0.,  II,  424. 

2.  Blusce  britannique,  ms.  Add.  7-206;  Calai.  Rosen,  p.  103. 

3.  As^ÉMAM,  B.  0.,  II,  218  et  suiv.;  comp.  Baiihebr j:ls ,  Chron.  eccl, 
I,  393;  11,217. 

4.  Sur  cette  date  voir  Assémam,  B.  0.,  II,  218;  Bariiedrjils,  Chron. 
eccl.,  I,  39i,  note  1. 

5.  Cet  ouvrage  n'est  connu  que  par  la  traduction  latine  que  Masius 
publia  en  1369,  De  paradiso  commentarius,  Anvers  JPIantin);  comp.  B. 
0.,    II,  128,  n^  2:  réimprimée  dans  .Migne,  Palrol.  grœca,  CXI,  p.  481. 


392  LES  ÉCRIVAINS 

frandes  faites  pour  les  morts  ^  ;  de  Controverses  coîitre 
les  hérésies  -  ;  de  traités  sur  les  Sacrements  ;  d'homé- 
lies^; de  discours  sur  des  sujets  divers^;  et  d'écrits 
liturgiques,  parmi  lesquels  deux  liturgies "^  On  ne  pos- 
sède plus  le  commentaire  qu'il  rédigea  des  œuvres  de 
Grégoire  de  Nazianze,  ni  son  histoire  ecclésiastique, 
dont  parle  son  biographe. 

§  4.  —  Le  X"  siècle. 

Les  écrivains  de  ce  siècle  sont  peu  nombreux.  Chez 
les  Nestoriens ,  le  premier  en  date  paraît  être  Henan- 
jésu  bar  Seroschwai,  évêque  de  Hira,  qui  composa  des 
questions  sur  les  Ecritures  et  un  lexique  syriaque  (voir 
ci-dessus,  p.  84  et  302).  Ses  œuvres  ne  sont  pas  conser- 
vées et  on  ne  sait  rien  de  sa  vie.  La  perte  de  son  lexique 
est ,  en  quelque  sorte ,  compensée  par  la  compilation 
de  Bar  Bahloul  qui  semble  le  reproduire  presque  en 
entier^. 

On  ne  sait  non  plus  rien  de  Bazoud  ou  Abzoud,  qui 
a  laissé  un  Lwre  des  définitions  (ci-dessus,  p.  261). 

Elias,  diacre  de  Pérozschabor  ou  Anbar  ,  vivait  vers 
922^.  Il  composa  :  un  recueil  de  poésies  en  trois  volu- 
mes^; une  apologie;  des  lettres  et  des  homélies. 


1.  Ce  traité  existe  dans  le  ms.  syr.  147  du  Vatican. 
•2.  AssÉMAM,  D.  0.,  n,  31   ;  probablement  identique  avec  Le  livre  sur 
les  sectes,  cité  par  Assémani,  ibid.,  p.  131. 

3.  Existent  dans  des  ms.  du  Musée  britannique,  de    la  Bibliothèque 
nationale  et  du  Vatican. 

4.  Dans  les  ms.  Add.  17188  et  21210  du  Musée  britannique. 

o.  L'une  de  ces  liturgies  a  été  traduite  par  Renaldot,  Lit.  Orient.,  II, 
391. 

6.  Nous  renvoyons  pour  Bar  Bahloul  à  ce  que  nous  avons  dit  de  cet 
auteur  ci-dessus,  p.  303. 

7.  Elias  de  Nisibe  dans  Baethgen,  F:'aomente,  p.  Si;  Assémaxi,  D.  0., 
III,  pars  I,  258. 

8.  Existe  au  Vatican,  ms.  syr.  183;  à  Berlin,  Coll.  Sachau,  132;  et  à 


DU  V  SIÈCLE.  393 

George  métropolitain  d'Arbèle,  vers  945.  mourut  en 
987.  Il  laissa  une  exposition  des  offices  de  l'année  , 
divisée  en  sept  sections ,  dont  Assémani  a  donné  une 
analyse ^  On  a  aussi  de  lui  quelques  hymnes-  et  une 
collection  de  canons   ci-dessus,  p.  183  . 

A  ce  siècle  appartiennent  deux  frères,  Ebedjésu  bar 
Schahharé  et  Emmanuel  bar  Schahharé  ,  qui  mouru- 
rent ,  le  premier  en  971,  et  le  second  en  980  ^.  Ebedjésu 
laissa  des  poésies  moins  estimées  que  celles  de  son 
frère.  Le  P.  Cardahi  '  a  imprimé,  daprès  le  ms.  du 
Vatican  184 ,  un  passage  du  poème  de  cet  auteur  sur 
?^Iikael,  le  disciple  de  saint  Eugène -^  Emmanuel  était 
professeur  à  l'école  de  Mar  Gabriel  dans  le  couvent 
Supérieur  à  Mossoul.  Il  composa  un  hexaméron  en 
vers  (ci-dessus,  p.  283),  et  quelques  traités  d'explica- 
tions liturgiques. 

André,  l'auteur  d'un  traité  de  ponctuation,  que 
Wright  place  à  la  fin  du  X-  siècle  'voir  ci-dessus, 
p.  293) ,  clùt  la  série  des  écrivains  nestoriens  de  cette 
époque.  Il  composa  aussi  quelques  hymnes ,  appelées 
tourgamé,  ^âa^»o'•. 

Chez  les  Jacobites,  la  littérature  syriaque  semble 
avoir  subi  une  éclipse  presque  totale;  on  n'a  guère 
écrit  qu'en  arabe  pendant  ce  siècle.  Nous  avons  cité 
ci-dessus,  p.  213,  la  chronique  du  diacre  Siméon.  sur 
la  vie  duquel  les  renseignements  font  défaut. 

Cambrid^'C.  Le  P.  Cardaui  en  a  publié  quelques  extraits,    Liber  the- 
sauri.  7-2-76. 
i.  li.  0.,  III,  pars  I,  518-oiO. 

2.  Ms.  du  Vat.  m  et  ni  ;  Berlin,  Coll.  Sachau,  n°  107,  2 

3.  D'après  Cafidahi,  Liber  thesaiiri,  p.  71  et  138. 

4.  IbiJ.,  p.  130. 

.'».  Le  sujet  de  ce  poème  semble  empruuté  aux  Actes  de  saint  Eugène 
dont  la  rédaction  est  attribuée  à  Mikael,  comp.  ci-dessus,  p.  154, 
note  1. 


394  LES  ÉCRIVAINS 

§  5.  —  Le  XP  siècle. 

Ce  siècle  est  aussi  terne  que  le  précédent;  la  déca- 
dence littéraire  ne  subit  plus  que  de  rares  arrêts. 
Après  de  longs  intervalles  apparaît  quelque  savant 
docteur  qui  s'efforce  de  ranimer  le  feu  des  études  près 
de  séteindre ,  mais  ses  efforts  tourneront  le  plus  sou- 
vent au  profit  de  la  science  arabe. 

Les  auteurs  nestoriens  occupent  encore  le  premier 
rang  par  le  nombre  et  la  valeur  de  leurs  ouvrages. 

C'est  d'abord  Elias  I,  élu  patriarche  en  1028,  après 
avoir  été  évêque  de  Tirlian ,  et  qui  mourut  en  1049. 
Pendant  qu'il  était  évêque ,  il  s'occupa  de  travaux  gram- 
maticaux (ci-dessus,  p.  296)  ;  devenu  patriarche,  il  for- 
ma une  collection  des  synodes  nestoriens  et  rédigea 
des  traités  de  droit  civil  i^ci-dessus,  p.  176  et  186).  Amr 
ibn  Matta^  lui  attribue  une  Compilation  en  vingt" 
deux  chapitres  sur  les  principes  de  la  religion,  qui 
pourrait  être  identique,  comme  le  pense  Wright,  avec 
ses  traités  de  droit;  et  la  composition  d'une  liturgie^. 

Un  autre  Elias ,  contemporain  du  patriarche ,  Elias 
bar  Schinaya,  métropolitain  de  Nisibe,  est  l'écrivain  le 
plus  remarquable  du  siècle.  Il  avait  mené  la  vie  mo- 
nastique au  couvent  de  Mikael  à  Mossoul ,  puis  au  cou- 
vent de  Siméon  sur  le  Tigre  ;  il  fut  nommé  évêque  de 
Beit-Nouhadré  en  1002  et  métropolitain  de  Nisibe  en 
1008  ;  il  survécut  au  patriarche  Elias  F;  il  fit  une  recen- 
sion  de  la  collection  de  synodes  de  celui-ci;  et  un  résumé 
de  ses  traités  juridiques  (ci-dessus,  p.  178  et  186).  Ses 

1.  Voir  Maris,  Amri  et  Slibse...  commentaria,  éd.  Gismo^di,  ii,  98;  AssÉ- 
MASi,  B.  0.,  ni,  pars  I,  263. 

2.  Non  pas  a  form  of  consécration  of  the  altar,  comme  traduit  Wright, 
Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  233, 

3.  C.vRDAni,  Liber  thesauri,  p.  84,  fixe  sa  mort  à  l'année  10j6. 


DU  Xl^  SIECLE.  395 

autres  ouvrages  sont  :  une  chronique  'ci-dessus,  p.  211)  ; 
une  grammaire  syriaque  (ci-dessus,  p.  294  ;  un  vocabu- 
laire arabe-syriaque  (ci-dessus  p.  304)  ;  des  hymnes  et 
des  homélies  métriques,  dont  quelques-unes  sont  con- 
servées dans  des  livres  d'offices  '  ;  des  lettres-.  Elias  bar 
Schinaya  écrivit  aussi  en  arabe  ;  nous  avons  mentionné 
précédemment  (p.  252)  son  Lii^re  de  la  démonstration 
de  la  vérité  de  la  foi;  Assémani  a  analysé  dans  sa  BibL 
oîientalis,  t.  \l\,  pars  I,  270-272,  six  de  ses  disserta- 
tions arabes. 

Abou  Saïd  Ebedjésu  bar  Bahriz  était  abbé  du  couvent 
de  Mar  Elias  à  Mossoul  ;  il  fut  l'un  des  candidats  au 
siège  patriarcal  en  1028,  lorsque  le  sort  désigna  Elias  I  ^  ; 
il  devint  ensuite  métropolitain  d'Arbèle  et  de  Mossoul. 
Ses  ouvrages  se  composent  :  d'une  collection  de  canons 
ecclésiastiques  et  de  décisions  ci-dessus,  p.  183  ;  d'un 
traité  sur  les  successions  (ci-dessus,  p.  186  ;  et  dune 
explication  des  offices  de  l'Eglise. 

Assémani  faisait  de  Daniel  bar  Toubanita  un  con- 
temporain d'Ebedjésu  bar  Bahriz;  ^Yright  le  plaçait 
au  milieu  du  IX°  siècle  ^  Si  la  conjecture  de  M.  Cha- 
bot, identifiant  Daniel  bar  Toubanita  et  Daniel  bar 
Maryam,  était  confirmée,  cet  auteur  aurait  vécu  beau- 
coup plus  tôt,  à  la  lin  du  YII^  siècle,  au  temps  même 
d'Isaac  de  Ninive  dont  il  combattit  la  doctrine  voir  ci- 
dessus,  p.  235). 

Parmi  les  écrivains  jacobites,  on  cite  Jean  de  Maron, 


I.Ms.  du  Yat.  90,91  et  184:  Berlin,  Coll.  Sachau,  n°  64,10.  Une  homélie 
avec  la  rime  unique  an  et  sans  olaf  a  été  publiée  par  C.vnDAiii,  Liber 
thesauri,  p-  83,  comp.  ci-dessus,  p.  28.  note  1. 

2.  Le  ms.  syr.  Vat.  129  contient  les  lettres  adressées  aux  évêques  et 
au  peuple  de  Bagdad  pour  protester  contre  l'élection  du  patriarche 
Jésuyab  Ijar  Ézcchiel. 

3.  Maris,  Amriet  Slibx...  commentaria,  éd.  Gismondi,  ii,  98. 

4.  Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  23i. 


396  LES  ÉCRIVALXS 

auteur  d'un  commentaire  sur  le  livre  de  la  Sao-esse 
(ci-dessus,  p.  79] ;  il  mourut  vers  1017.  Ce  Jean  de 
Maron  avait  étudié  à  Édesse  sous  Mar  Mekim.  Il  fut 
professeur  d'abord  au  couvent  de  Goubas,  construit 
depuis  peu  de  temps  près  de  lEuphrate,  aux  environs 
de  Mélitène;  puis  au  couvent  que  le  moine  Elias  bar 
Gagai  fonda  auprès  de  Mélitène,  et  il  alla  terminer  ses 
jours  dans  le  couvent  dAaron,  non  loin  d'Édesse,  où 
il  avait  passé  sa  jeunesse  K 

Mark  bar  Kiki .  archidiacre  de  l'église  des  Jacobites 
à  Mossoul,  fut  nommé  en  991  maphrien  (métropo- 
litain jacobite  de  lOrient)  sous  le  nom  d'Ignace.  Ses 
mauvaises  mœurs  lui  aliénèrent  l'esprit  du  clero-é;  il 
s'enfuit  en  1016  à  Bagdad,  où  il  se  fit  musulman;  de- 
venu l'objet  du  mépris  universel,  il  tomba  dans  une  pro- 
fonde misère;  il  revint  ensuite  à  résipiscence 2;  il  com- 
posa alors  sur  sa  chute  un  poème  dont  Barhebrœus 
nous  a  conservé  quelques  vers  ^. 

Jésu  bar  Schouschan  fut  élu  patriarche  jacobite 
sous  le  nom  de  Jean  X,  en  1058,  par  le  parti  qui  se  re- 
fusa à  reconnaître  l'élection  d'Athanase  de  Haye  ou 
Athanase  YI.  En  butte  aux  outrages  de  ses  ennemis,  il 
abdiqua  et  se  retira  dans  un  couvent.  A  la  mort  d'Atha- 
nase (1064),  il  fut  nommé  de  nouveau  et  conserva  son 
siège  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1073  ^  Jésu  bar  Schou- 
schan composa  :  une  liturgie  ;  des  canons  ecclésiasti- 
ques (ci-dessus,  p.  183;  ;  un  traité  sur  l'huile,  le  ferment 

1.  voir  BAF.HEEr,.ELS,  Chron.  eccL,  I,  403- iOT.  Les  éditeurs  de  cette 
chronique,  p.  404,  note  2,  se  demandent  si  Assémani  n'a  pas  confondu 
avec  ce  personnage  Jean  Maron ,  auquel  il  a  consacré  un  long  article 
dans  sa  B.  0.,I,  49G-o2i). 

2.  BAr.HEER.€Ls,  Chron.  ecc/.,  II,  257;  287-289;  Élus  de  Nisibe,  dans  B.£Tir- 
GEN,  Fragmente,  105  (trad.  153). 

3.  Chron.  eccL,  II,  289.  Le  P.  CARDAni  les  a  réimprimés  dans  son  Liber 
titesauri,  p.  140;  celui-ci  fixe  la  mort  de  Mark  bar  Kiki  à  1030  ou  lOiO. 

4.  BAP.HEBP.ius,  Chron.  eccL,  I,  437-447. 


DU  XIP  SIÈCLE.  397 

et  le  sel  que  les  Jacobites  ajoutaient  au  pain  eucharisti- 
que •  ;  quatre  poèmes  sur  le  pillage  de  Mélitène  par  les 
Turcs  en  1058 -;  plusieurs  lettres,  dont  quelques-unes 
en  arabe  ^.  Bar  Schousclian  avait  entrepris  une  codifi- 
cation des  œuvres  d'Isaac  d'Antioche,  mais  la  mort 
l'empêcha  d'achever  ce  travail  (voir  ci-dessus,  p.  340> 
Saïd  bar  Sabouni  était,  suivant  Barhebraeus  ^ ,  un  sa- 
vant distingué,  qui  écrivit  en  grec  et  en  syriaque.  Le 
patriarche  Athanase  YII  le  nomma  au  siège  épiscopal 
de  Mélitène  en  1094,  et  il  fut  consacré  évèque  sous  le 
nom  de  Jean.  Il  entra  à  Mélitène  le  jour  même  où  furent 
fermées  les  portes  de  la  ville  assiégée  par  les  Turcs, 
et  il  fut  massacré  au  mois  de  juillet  1095 ,  pendant  le 
siège,  par  le  commandant  Gabriel^.  Bar  Sabouni  est 
l'auteur  de  plusieurs  hymnes^. 

§  6.  —  Le  XII«  siècle. 

La  plupart  des  ouvrages  nestoriens  de  cette  époque 
ont  été  composés  en  arabe;  nous  ne  nous  arrêterons 
qu'aux  auteurs  qui  ont  écrit  en  syriaque. 

Joseph  bar  Malkon ,  qui  prit  le  nom  de  Jésuyab  au 
moment  de  son  élévation  au  siège  métropolitain  de  Xi- 
sibe  en  1190,  mourut  sous  le  patriarche   Sabrjésu  V 

1.  Existe  à  la  Bibliothèque  nationale,  Catal.  Zotenberg ,  p.  71;  un 
fragment,  ibid.,  p.  51.  Ce  traité  a  été  écrit  à  la  suite  d'une  controverse 
de  Bar  Schouschan  avec  le  patriarche  d'Alexandrie,  Christodule,  As- 
sF.MAM,  B.  0.,  II,  144,  356. 

2.  Voir  sur  cet  événement  Baruebr^cs,  Chron.syr.^  éd.  Bnixs,  p.  252, 
.:d.  Bedjan,  p.  238;  Assémam,  fî.  0.,  II,  317. 

3.  Lettre  au  patriarche  d'Arménie,  A^skmam.  fî.  0..  11,211,383;  CoUect. 
Sachau,  n"  GO,  1°;  lettres  arabes  au  patriarche  d'Alexandrie,  Christo- 
dule, sur  Ihuile  et  le  sel  du  pain  eucharistique,  Assémam,  ibid.,  II, 
508. 

i.  Chron.  eccl.,  I,  463. 

o.  Barhedrjecs,  Chron.  syr.,  éd.  Bruns,  p.  278,  éd.  Bedjan,  p.  262. 
6.  Une  hymne  acrostiche  pour  l'office  de  la  prise  de  l'habit  monacal 
se  trouve  dans  des  ms.  du  Vatican,  de  la  Bibliothèque  nationale,  du 

LITTÉRATURE    SYRIAQUE.  2-3 


398  LES  ÉCRIVAINS 

(1226-1256).  On  possède  de  cet  auteur  un  traité  gram- 
matical en  vers  syriaques,  intitulé  Le  i^éseau  des  points 
(ci-dessus,  p.  294-295);  ses  autres  ouvrages,  un  traité 
sur  la  foi,  des  homélies  et  des  lettres,  étaient  en  arabe  ^ 

A  la  même  époque  vivait  le  moine  Siméon  Schanke- 
lavaya ,  le  maître  de  Jean  bar  Zoubi ,  qui  écrivit  pour 
son  élève  la  Chronologie  mentionnée  ci-dessus,  p.  213. 
On  a  encore  de  ce  Siméon  un  poème  en  vers  syriaques, 
mais  en  style  énigmatique  et  incompréhensible  sans  un 
commentaire.  Ebedjésu  commenta  ce  poème  à  la  de- 
mande de  son  disciple  Abraham.  Le  P.  Cardahi  Ta  pu- 
blié dans  son  Liber  thesaïui,  p.  89,  mais  sans  y  joindre 
l'explication  d'Ebedjésu,  de  sorte  que  le  texte  reste 
lettre  morte-.  On  lui  attribue  aussi  la  composition  de 
questions  sur  rEucharistie  et  le  baptême ,  quil  publia 
sous  le  nom  de  lapôtre  saint  Pierre^. 

Jean  bar  Zoubi,  moine  du  couvent  de  Sabrjésu  à 
Beit-Koké,  dans  l'Adiabène ,  et  l'un  des  disciples  de  Si- 
méon Schankelavaya,  est  surtout  connu  par  ses  œuvres 
grammaticales  (ci-dessus  p.  296).  Il  composa  aussi  des 
homélies  métriques  sur  la  foi  ^  et  un  poème  en  vers  de 
sept  syllabes  sur  les  quatre  problèmes  de  la  philoso- 
phie ^. 

Musée  britannique  et  de  la  Bodiéienne ,  Wright,  Syriac  liter..,  2^  éd., 
p.  227. 

AssÉMANi,  B.  0.,  Il,  p.  CLi,  attribue  au  frère  de  Saïd,Abou  Glialib  bar 
Sabouni,  trois  poèmes  sur  la  prise  d'Édesse  par  Zengi,  qui  eut  lieu  en 
1144,  mais,  comme  Abou  Ghalib  mourut  en  1129,  Wuigut,  Syi'iac  liter. 
2''  éd.,  p.  24i,  estime  que  ces  poèmes  ont  dû  être  composés  par  son 
successeur  sur  le  siège  épiscopal  d'Édesse,  Basile  bar  Schoumna  (1143- 
1169). 

1.  AssÉMA>-i,  B.  0.,  m,  2^ars  I,29o-306. 

2.  Le  P.  Caudaiii,  l.  c,  p.  9i,  place  à  tort  la  mort  de  Siméon  en  780. 

3.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  2iars  I,  uG2. 

4.  Ms.  Orient.  2305  du  Musée  britannique;  Coll.  Sachaii,  n°  8.  Une  de 
ces  homélies  a  été  traduite  par  Badgeu,  The  Nestoj'ians,  II,  loi;  Comi). 
AssÉMAM,  B.  0.,  JII,  pars  I,  309. 

b.  Coll.  Sachau,  n°  72,  la. 


DU  XIF  SIÈCLE.  399 

Les  Jacobites  comptent  quelques  écrivains  de  mérite. 

Jean,  évéque  de  Harran  et  de  Mardin  ainsi  que  d'au- 
tres villes  de  la  Mésopotamie ,  avait  été  nommé  par  le 
patriarche  Athanase  VII,  en  1125  ;  il  mourut  d'une  chute 
de  cheval  en  1165,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  Jean  s'oc- 
cupa de  relever  de  leurs  ruines  les  églises  et  les  cou- 
vents de  son  diocèse.  C'était  un  ami  des  lettres;  il  se 
composa  une  bibliothèque  et  copia  plusieurs  exem- 
plaires des  Évangiles  en  lettres  d'or  et  d'argent.  Un 
certain  nombre  de  captifs  emmenés  par  Zengi  après  la 
prise  d'Édesse  (1144)  lui  durent  leur  rançon  '.  La  chute 
dEdesse  lui  inspira  un  poème,  dans  lequel  il  niait  l'ac- 
tion de  la  Providence,  hérésie  qui  souleva  l'indignation 
des  autres  évoques.  Il  laissa  aussi  une  liturgie  -. 

Le  plus  fécond  des  auteurs  jacobites  de  ce  siècle  fut 
Jacques  bar  Salibi ,  qui  reçut  le  nom  de  Denys  lors  de 
son  élévation  au  siège  épiscopal  de  Marasch  par  le  pa- 
triarche Athanase  VIII,  en  1154;  l'année  suivante,  le 
patriarche  lui  assigna  en  plus  le  diocèse  de  Mabboug: 
Michel  le  Grand,  le  successeur  d'Athanase,  le  transféra 
en  IIGG  à  Amid  où  il  mourut  en  1171  ^.  Ses  œuvres  for- 
ment une  longue  liste  ;  Assémani  en  a  reproduit  l'énu- 
mération  d'après  le  ms.  syr.  32  du  Vatican  ^.  La  plus 
importante  est  le  commentaire  sur  TA,  et  leN.  T.  dont 
nous  avons  parlé  précédemment,  p.  79;  les  autres  sont  : 
un  commentaire  sur  les  Centuries  d'Evagrius  avec  le 
texte  traduit  en  syriaque  ^  ;  un  commentaire  sur  les 
écrits  des  Docteurs;  des  commentaires  sur  la  dialecti- 


1.  B.\noEiîR.ELS,  Chron.  eccl.,  I,o01,   i)25-o27,  i>31  ;  Asslmam,  B.  0.,  II, 
21G-2-2G. 

2.  AssKMAM,  B.  0.,  II,  230. 

3.  BA[;iiEBn.€Ls,  Chron.  ceci.,  I,  îilS-oluetSîiO;  Assém.vm,  B.  0.,  II,  156-211. 

4.  B.  0.,  II,  210;  conip.  Catal.  Bibl.  Laur.  et  Palat.  Med.,  p.  79;  Bauiie- 
15R.ELS,  Chron.  eccl.,  I,  p.  îiG2,  note. 

5.  Existe  à  Berlin,  Sacuac,  Verzeichniss...  Aller  Bestand,  37,  1. 


400  LES  ÉCRIVAINS 

que  (ci-dessus,  p.  361);  un  livre  de  lettres;  un  abrégé 
des  histoires  des  Pères,  des  saints  et  des  martyrs;  un 
recueil  des  canons  apostoliques  ^  ;  plusieurs  traités  de 
théologie  -  ;  des  écrits  liturgiques  ;  deux  liturgies  ;  un 
traité  contre  les  hérésies  ^  ;  un  traité  sur  la  Providence, 
contre  Jean,  évêque  de  Mardin '•  ;  un  panégyrique  de 
Michel  le  Grand;  un  traité  sur  la  structure  du  corps 
liumain  (ci-dessus,  p.  279);  des  homélies;  deux  poèmes 
sur  la  prise  d'Edesse  en  1144  ^;  trois  poésies  sur  la  prise 
de  Marasch  par  les  Arméniens  en  1156 '^;  deux  autres 
sur  les  poursuites  dirigées  contre  le  maphrien  accusé 
d'avoir  marié  une  musulmane  à  un  chrétien  en  1159". 
Le  principal  ouvrage  de  Michel  le  Grand,  ou  Michel 
le  Syrien,  c'est  sa  chronique  (ci-dessus,  p.  207).  Michel 
était  fils  d\m  prêtre  de  Mélitène  nommé  Elias;  après 
avoir  été  abbé  du  couvent  de  Barsauma,  il  fut  élu  pa- 
triarche en  1166;  sa  mort  eut  lieu  en  1199^.  Ses  œuvres, 
en  dehors  de  sa  chronique,  consistent  en  :  une  revision 
du  pontifical  et  du  rituel  jacobite^;  une  liturgie'^;  un 
traité  sur  la  préparation  à  la  Communion,  dirigé  contre 
les  Coptes ^^  ;  des  canons  ecclésiastiques,  cités  par  Bar- 


1.  n  semble  ne  rien  exister  de  ces  ouvrages. 

2.  Quelques-uns  de  ces  traités  sont  contenus  dans  des  ms.  du  Vati- 
can, de  la  Bibliothèque  nationale  et  de  la  Bodléienne. 

3.  Parties  de  ce  volumineux  ouvrage  au  Vatican,  à  la  Bibliothèque 
nationale  et  à  la  Bodléienne. 

4.  Voir  ci-dessus,  p.  390,  la  notice  sur  cet  évêque. 

o.  BARHEBR.EUS,  ChroH.  sijr.,  éd.  Bi-.UNS,  3-28,  éd.  Bedja>-,  303. 

G.  Les  Arméniens  avaient  emmené  en  captivité  Bar  Salibi ,  qui  s'évada 
et  se  retira  au  couvent  de  Kalisoura;  Bauiiebr.eus,  Chroa.  syr.,  éd. 
BnuNS,  p.  34G,  éd.  Bf.djan,  p.  3-2i. 

7.  BAKHEDr.JEUs,  Chroii.  eccL,  U,  351. 

8.  L'histoire  de  ce  patriarclie  se  trouve  dans  Baruebr.cls,  Chron.  eccL, 
I,  333-005;  comp.  Assé.mam,  B.  0.,  II,  134  et  suiv. 

9.  Ms.  du  Vat.  31. 

iO.  Ms.  au  Vatican,  à  la  Bibliothèque  ijixtiûDiaLe  e^  à  Leide;  traduite 
par  Renaudot.  Lit.  Orient.,  II,  431. 
11.  Bardebr-eus,  Chron.  eccl. 


DU  XIIP  SIÈCLE.  401 

hebrœus  dans  son  Noiiiocanon;  un  traité  sur  l'institu- 
tion sacerdotale,  et  une  profession  de  foi'  ;  un  poème 
sur  le  procès  fait  au  maphrien  en  11 59-. 

L'histoire  de  Théodore  bar  Wahboun,  un  disciple  de 
Michel  le  Grand,  est  intimement  liée  à  celle  de  son 
maître^,  contre  lequel  il  s'insurgea.  Il  semble  avoir 
rejeté  la  doctrine  monophysite  et  s'être  rapproché  des 
Orthodoxes^;  ses  partisans  le  nommèrent  patriarche  à 
Amid  en  1180  sous  le  nom  de  Jean,  tandis  que  Michel 
occupait  le  siège  d'Antioche.  Cependant  la  fortune  de 
Bar  Waliboun  fut  de  courte  durée  ;  il  fut  déposé  et  re- 
légué dans  le  couvent  de  Barsauma,  d'où  il  parvint  à 
s'échapper.  Finalement  il  se  retira  en  Arménie  où  le  roi 
Léon  le  nomma  patriarche  des  Jacobites  de  son  terri- 
toire, et  il  mourut  en  1193.  Barhebrœus'^  vante  sa 
science;  Bar  Wahboun,  dit-il,  possédait  quatre  lan- 
gues :  le  grec,  le  syriaque,  l'arménien  et  l'arabe.  Cet 
auteur  écrivit  une  liturgie^,  une  explication  de  la  Messe 
et  un  livre  en  arabe  contre  le  patriarche  Michel  '. 

§  7.  —  Le  XIIP  siècle 
et  la  fin  de  la  littérature  syriaque. 

Ce  siècle  a  produit  encore  quelques  écrivains  de 
bonne  marque  :  Salomon,  métropolitain  de  Bassora, 
plusieurs  poètes,  et  Ébedjésu,  métropolitain  de  Nisibe, 

\.  Ces  deu\  écrits  se  trouvent  en  arménien  ajoutes  ù  la  version  de 
la  chronique  de  Michel. 

2.  Comp.  la  notice  sur  Bar  Salibi,  ci-dessus,  p.  400.  Jlichel  revisa  en 
1185  la  vie  d'Abhai,  évoque  de  Mcée,  Asskmam,  B.  0.,  II,  505;  Wiugut, 
CataL,  p.  ll-2i;  Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  251. 

3.  Elle  est  racontée  par  Barhebrcieus  avec  celle  de  Michel,  Chron.  eccL, 
I,  553-5S9. 

4.  Voir  BAnnEDPoEi's,  Chron.  eccl.,  I,  58V,  noie  i. 

5.  Op.  cit.,  r,  p.  581. 

G.  Traduite  en  latin  par  Rknaldot,  Lit.  Orient.,  II,  4C0. 
7.  B\RiiEBR>EUS,  Chron.  eccl.,  I,  581. 


402  LES  ECRIVAINS 

chez  les  Nestoriens;  David,  fils  de  Paul,  Jacques  bar 
Schakako,  xVaron  bar  Madani  et  Barhebrseus,  chez  les 
Jacobites. 

On  sait  peu  de  chose  de  la  vie  de  Salomon.  Il  était 
natif  de  Khalat  ou  Akhlat,  ville  située  sur  la  côte  ouest 
du  lac  Van,  et  devint  évêque  métropolitain  de  Bassora; 
c'est  en  cette  qualité  qu'il  assista  en  1222  à  la  consé- 
cration du  patriarche  nestorien ,  Sabrjésu^  Nous  avons 
eu  précédemment  (p.  91)  l'occasion,  de  parler  de  son 
principal  ouvrage  intitulé  Le  Iwre  de  Vaheille,  une 
compilation  historique  et  théologique,  dans  laquelle 
sont  insérées  de  nombreuses  légendes.  Assémani  avait 
fait  connaître  ce  livre,  dont  il  a  donné  une  analyse  dans 
sa  Bibliotheca  orientalisy  t.  III,  pars  I,  309-324. 
Schœnfelder  le  traduisit  en  latin,  Salomonis  liber  Apis ^ 
Bamberg,  1866.  M.  Budgel'a  édité  avec  une  traduction 
anglaise  à  Oxford  en  1886,  sous  le  titre  de  The  book 
of  the  bee.  Le  catalogue  d'Ebedjésu^  cite  encore  de 
Salomon  :  un  traité  sur  la  configuration  du  ciel  et  de  la 
terre;  quelques  courtes  homélies  et  des  prières. 

Quelques  Nestoriens  cultivèrent  avec  succès  la  poésie 
religieuse. 

George  Warda  d'Arbèle  composa  une  collection 
d'hymnes  qui  ont  été  insérées  dans  les  offices  de  l'Eglise 
nestorienne  et  forment  un  recueil  désigné  sous  le  nom 
de  Warda.  Gomme  le  marque  Wright^,  la  date  de  ces 
poésies  est  indiquée  par  les  hymnes  qui  parlent  des 
calamités  survenues  pendant  les  années  1224-1227. 

4.ASSÉMAM,  B.  0.,  II,   lu3,  U"  Tô. 

2.  AssÉMA>i,  B.  0.,  m,  pars  I,  309. 

3.  Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  283;  comp.  Badger,  The  Nestorians,  II, 
p.  2';.  Badger  a  traduit  en  anglais  trois  hymnes,  ibid.,  p.  ol,G8,  97.  Le 
P.  Cardaht,  Liber  thesauri,  p.  51,  a  édile  une  partie  de  l'hymne  sur 
lAnnoncialion;  il  reproche  à  Warda  d'avoir  fait  un  trop  grand  usage  de 
mots  grecs;  l'année  1300  (ju'il  indique  pour  la  mort  de  cet  auteur  est 
trop  basse  pour  être  vraisemblable. 


DU  XIIP  SIl-CLE.  403 

Khamis  bar  Kardahé.  également  d'Arbcle,  est,  lui 
aussi,  l'auteur  d'une  collection  d'hymnes,  dans  lesquel- 
les sont  exposés  la  vie,  les  paraboles  et  les  miracles  du 
Sauveur;  d'autres  traitent  de  la  pénitence.  Khamis  était 
le  cinquième  fils  de  ses  parents,  appelés  Kardahé  [les 
forgej'Ofis),  telle  est  l'origine  de  son  nom.  Sa  collection 
a  également  été  introduite  dans  les  offices  nestoriens 
sous  le  nom  de  K/iamfs  '.  L'époque  où  il  vivait  est  celle 
de  Daniel  bar  Khattab,  un  jeune  contemporain  de 
Barhebraeus,  auquel  Khamis  adressa  quelques  vers-. 

Un  contemporain  de  Warda,  Masoud  ibn  al-Kass 
composa  des  poésies  pour  la  fête  de  l'Epiphanie^.  C'é- 
tait un  médecin  distingué  du  calife  Mostasem,  à  Bag- 
dad. Après  la  mort  du  calife  il  vécut  dans  la  retraite  ''  ; 
il  finit  ses  jours  en  1280^. 

On  possède  un  long  poème  de  Gabriel  Kamsa,  qui 
fut  d'abord  moine  au  couvent  de  Beit-Kouka  et  devint 
ensuite  métropolitain  de  Mossoul;  il  assista  en  cette 
qualité  à  la  consécration  du  patriarche  nestorien,  Yab- 
allaha  III,  en  1281.  Ce  poème  traite  de  la  Création, 
de  l'Incarnation,  etc.,  et  se  termine  par  un  panégyrique 
de  Sabrjésu,  le  fondateur  du  couvent  de  Beit-Kouka^. 

Jean  de  Mossoul,  un  moine  du  couvent  de  Saint-Mi- 


1-  Voir  Badger,  I.  c,  p. 24.  Badger  a  traduit  une  de  ses  poésies,  ibid., 
p.  38.  Le  P.  CxRD\n\,  Liber  thesauri,  p.  59,  a  donné  quelques  extraits; 
il  fixe  la  mort  de  Khamis  à  1350. 

2.  Ces  vers  sont  conservés  dans  une  poésie  de  Barhebrieus,  Catal.  Vat., 
III,  358;  Catal.  Payne  Smith,  col.  377;  comp.  Assémaxi,  B.  0.,  II,  308, 
III,  pars  I,  560;  Wright,  Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  281  et  28'*. 

3.  Une  de  ces  poésies  existe  dans  le  ms.  Vat.  I8i.  Le  P.  Cardaiii  en  a 
imprimé  des  extraits  dans  son  Liber  thesauri,  p.  125. 

4.  Bakiiecr.cls,  Histoire  des  Dynasties,  éd.  Pococke,  p.  522;  éd.  Saliiam, 
p.  478;  AssKMAXi,  B.  0.,  \\\y  pars  I,  561. 

5.  Suivant  Cardaim,  Liber  thesauri,  p.  126. 

6.  Ce  poème  se  trouve  dans  le  ms.  180  du  Vatican;  comp.  Assémani, 
B.  0.,  III,  pars  I,  560.  Le  P.  Cardaiii  en  a  donné  un  long  extrait,  Liber 
thesauri,  p.  107. 


404  LES  ÉCRIVAINS 

chel  près  de  cette  ville ,  a  laissé  un  recueil  de  poésies 
édifiantes,  intitulé  Le  livre  de  l'homme  vertueux, 
)vi.oj  \i3^i  |J>co,  qu'Elias  Millos,  archevêque  d'Akra,  a 
publié  à  Rome  en  1868  avec  d'autres  poèmes  syriaques^ 
sous  le  titre  de  Directorium  spirituale"^ .  Ce  livre  a  été 
écrit,  suivant  Millos,  en  1245;  le  P.  Cardahi^  place  la 
mort  de  Jean  de  Mossoul  en  1270. 

Nous  arrivons  à  Ebedjésu,  métropolitain  de  Nisibe, 
le  dernier  des  écrivains  nestoriens  qui  méritent  d'être 
mentionnés.  Ebedjésu  bar  Berika,  lorsqu'il  fut  élevé 
au  siège  métropolitain  de  Nisibe  et  d'Arménie  vers  1290 
par  le  patriarche  Yaballaha  III,  était  évêque  de  Singar 
et  du  Beit-Arbayé  (ou  Tour-Abdin)  depuis  environ  cinq 
ans  ;  il  mourut  en  1318^.  Il  a  rédigé  lui-même  la  liste 
de  ses  nombreuses  œuvres  à  la  fin  de  son  précieux  ca- 
talogue qui  nous  a  transmis  le  titre  de  maints  ouvrages 
nestoriens  aujourd'hui  disparus.  Ce  catalogue  a  été  édité 
une  première  fois  par  Abraham  Ecchellensis  à  Rome 
en  1653,  sous  le  titre  &q  Hebedjesu^  tractatus  continens 
catalogum,  etc.;  Assémani  en  a  donné  une  meilleure 
édition  dans  sa  Bibliotheca  orientalis^l.  IW^pars  I;  il 
a  été  traduit,  d'après  un  ms.  nouveau,  par  Badger  dans 
The  Nestorians,  II ,  361  ;  Badger  en  fixe  la  rédaction  à 
Tannée  1298.  On  déplore  la  perte  de  plusieurs  des  livres 
d'Ébedjésu   :   son  commentaire  sur  l'A.   et  le  N.  T. 


1.  Notamment  vingt-deux  poésies  de  David,  fils  de  Paul  (confondu 
avec  David  de  Beit-Piabban),  trois  poésies  d'Ébedjésu  de  Nisibe,  deux 
poésies  de  saint  Éphrem,  une  poésie  de  Jean  bar  Pinlvayé. 

2.  Le  P.  Cardahi  a  imprimé  un  passage  d'une  poésie  de  Jean  de  Mos- 
soul dans  son  Liber  thesauri,  p.  di9.  Il  est  peu  probable  que  cet  au- 
teur soit  identique  avec  le  Mossoulien,  un  grammairien  dont  Car  Sclia- 
kako  parle  avec  peu  d'éloge ,  voir  La  métrique  chez  les  Syriens  de 
l'Abbé  Maktin,  Appendice,  p.  G8  et  70.  Les  poésies  de  Jean  de  Mossoul  se 
trouvent  dans  le  ms.  Orient.  2150  du  Musée  britannique. 

3.  Op.  cit.,  p.  1-20. 

4.  AssÉMAM,  B.  0.,  III,  pai's  I,  325  et  suiv. 


DU  XIIl^^  SIKCLE.  40:i 

(ci-dessus ,  p.  84  ;  le  livre  sur  la  vie  de  Notre  Seigneur 
sur  la  terre  ;  le  livre  contre  les  hérésies  ;  le  livre  des 
mystères  des  philosophes  grecs  et  douze  traités  sur 
toutes  les  sciences  ci-dessus,  p.  263^;  des  décisions  et 
des  canons  ecclésiastiques.  Mais  nous  possédons  son 
Noinocanon  (ci-dessus,  p.  178- ;  son  traité  de  philo- 
sophie et  de  théologie,  intitulé  La  perle  ci-dessus, 
p.  253;  ;  son  Paradis  de  VEden  (ci-dessus,  p.  27);  une 
collection  de  vingt-deux  poèmes  sur  l'amour  de  la  sa- 
gesse et  de  la  science'. 

Timothée  IL  qui  succéda  comme  patriarche  des  Nes- 
toriens  à  Yaballaha  III  en  1318,  après  avoir  été  métro- 
politain de  Mossoul  et  d'Arbèle ,  est  l'auteur  de  canons , 
qu'il  rédigea  pour  le  synode  tenu  Tannée  de  son  élec- 
tion au  siège  patriarcal,  et  d'un  livre  sur  les  Sacre- 
ments-. 

Nous  terminons  par  les  écrivains  jacobites. 

David,  llls  de  Paul,  appartient  évidemment  à  la  der- 
nière époque  littéraire  ;  la  forme  de  ses  poésies  en  fait 
foi.  Il  a  dû  vivre  au  commencement  du  XlIP  siècle, 
peu  de  temps  avant  Barhebrœus.  qui  le  cite  dans  son 
Magasin  des  mystères  et  lui  donne  tantôt  le  titre  de 
moine,  tantôt  celui  d'évêque  ^.  Son  Dialogue  entre  un 
Melkite  et  un  Jacobite  au  sujet  de  l'addition  qui  cruci- 
fixus  es  pro  nohis   dans  Ihymne  du   Trisagion^  ne 


1.  Ms.  ITi  du  Vatican  ;  ms.  Marsh,  201  et  361  de  la  Bodiéienne.  A  la  Bi- 
bliothèque nationale  se  trouve  un  poème  explicatif  du  calendrier,  attri- 
bué à  Ébedjc.su,  Calai.  Zotenberg ,  p.  128;  à  Berlin,  Saciiau,  Verzeich- 
niss...  AUer  Besland,  n"  41,  4,  des  hymnes  pour  les  offices  sous  le  nom 
d'Ébedjésu.  Sur  le  commentaire  du  poème  cnigmatique  de  Siméon 
Schankelavaya.  voir  ci-dessus,  p.  398.  Sur  une  brève  chronologie  écrite 
par  Ébedjéâu,  voir  ci-dessus,  p.  213;  comp.  Lagarde,  Prœtermissorum 
libri  duo,  p.  îX);  et  page  pre-CfdenU',  noie  1. 

2.  AssKMAM  a  décrit  et  ai^lysé  ces  ou\Tages,  D.  0.,  III,  pars  1,567-380. 

3.  AssÉMAM,  D.  0.,  II,2i3. 

4.  Ms.  au  Vatican,  syr.  146  et  208;  à  la  Bibliothèque  nationale.  Calai. 

23. 


406  LES  ÉCRIVAINS 

laisse  pas  de  doute  sur  sa  confession  jacobite.  Cepen- 
dant cet  auteur  semble  avoir  été  confondu  avec  Tévê- 
que  nestorien,  David  de  Beit-Rabban  ^  ,  du  VHP  siècle, 
sous  le  nom  duquel  des  manuscrits  renferment  des 
ouvrages  d'une  époque  de  beaucoup  postérieure.  De  ce 
nombre  sont  :  Thomélie  métrique  sur  les  climats  (ci-des- 
sus, p.  283)  ;  et  vingt-deux  poésies  d'une  forme  étrange 
sur  l'amour  de  la  sagesse,  imprimées  dans  le  Direc- 
torium  spirituale- ,  p.  172-214.  On  a  encore  de  David, 
fils  de  Paul  :  un  poème  sur  l'alphabet  syriaque ,  qui  rap- 
pelle les  Midrasch  alphabétiques  des  Juifs  *^;  une  note 
sur  les  lettres  qui  permutent  '•  ;  une  énumération  des 
Catégories  d'Aristote  (ci-dessus,  p.  262);  un  poème  sur 
la  morale,  en  vers  de  douze  syllabes^;  et  des  extraits 
d'un  ouvrage  grammatical  (ci-dessus,  p.  297). 

Jacques  bar  Schakako  ^  qui  prit  le  nom  de  Sévère 
en  devenant  évêque,  était  d'abord  moine  au  couvent  de 
]yîar  Mattai  près  de  Mossoul.  Il  avait  étudié  la  gram- 
maire sous  Bar  Zoubi  au  couvent  de  Beit-Kouka  dans 
lAdiabène;  Kamal  ed-Din  ibn  Younous,  un  philosophe 

Zotenberg,  p.  154;  à  la  Bodléienne  (en  arabe),  Catal.  Payne  Smith,  col. 
449  et  459.  Sur  l'addition  en  question,  voir  Assémam,  B.  0.,  I,  518  et  sulv.; 
n,  305,  30G,  etc.,  et  la  dissertation  de  Bar  Schakako  dans  son  Livre  des 
trésors,  deuxième  partie,  chap.  li. 

1.  Dans  le  ms.  syr.  9  de  l'india  Office,  contenant  des  extraits  d'un 
ouvrage  grammatical  de  David,  fils  de  Paul,  celui-ci  est  nommé  avec 
répithète  de  de  Beit-Rabban.  M.  Gottlieil  croyait  à  l'identité  de  David 
de  Beit-Rabban  et  de  David,  fils  de  Paul,  Proceedings  of  the  Amer.  Or. 
Society,  mai  1891,  CXI  et  CXY. 

2.  Voir  ci-dessus,  p.  40i,  note  1. 

3.  Ms.  20"  du  Vatican;  197  et  215  de  la  Bibliothèque  nationale.  M.  Golt- 
heil  l'a  édité,  d'après  le  ms.  197  de  la  Bibl.  nationale,  dans  la  Zeitschr. 
fur  AssyrioJogie,  VIII,  8G-99. 

4.  Ms.  270  de  la  Bibl.  nationale. 

5.  Ms.  96  du  Vatican.  Un  autre  poème  sur  le  repentir,  dans  une  ver- 
sion arabe,  ms.  58  du  Vatican.  Le  P.  Cardahi  a  donné  quelques  strophes 
des  poésies  de  David,  fils  de  Paul,  dans  son  Liber  thesauri,  p.  138. 

G.  Ce  nom  étant  écrit  avec  deux  Kaf,  nous  préférons  cette  pronon- 
ciation à  celle  de  Scliakko. 


Df  XIII^  SIÈCLE.  407 

arabe  de  Mossoiil,  renommé  à  cette  époque,  lui  avait 
enseigné  la  dialectique  et  la  philosophie.  Bar  Schakako 
mourut  en  1241  pendant  une  visite  qu'il  allait  faire  au 
patriarche  Ignace  11.  Ses  nombreux  manuscrits  passè- 
rent après  sa  mort  à  la  bibliothèque  du  gouverneur  de 
Mossoul'.  Nous  avons  eu  souvent  l'occasion  de  citer 
ses  Dialogues,  œuvre  encyclopédique  sur  les  sciences 
enseignées  aux  Syriens  ;  nous  avons  cité  également  son 
LiVre  des  ti-ésors,  compilation  théologique  écrite  en 
1231  et  qui  renferme  dintéressantes  notices  scientifi- 
ques (voir  ci-dessus,  p.  284).  Le  ms  7193  Rich  du  Mu- 
sée britannique  a  de  cet  auteur  deux  lettres  en  vers 
de  sept  syllabes  :  la  première ,  dont  chaque  vers  com- 
mence et  finit  par  la  lettre  phé,  est  adressée  à  Mark 
Fakhr  ad-Daula,  fils  de  Thomas:  la  seconde,  dune 
composition  aussi  artificielle,,  avec  cette  différence  que 
la  lettre  initiale  et  finale  des  vers  est  la  lettre  îaç^,  est 
adressée  au  frère  de  celui-ci,  Abou  Tahir  Saïd  Tadj 
ad-Daula  2.  Les  autres  écrits  de  Bar  Schakako  sont  : 
une  confession  de  foi  sur  la  Trinité  et  ITncarnation: 
une  explication  des  offices  et  des  prières  ces  deux  écrits 
sont  cités  dans  son  Lii>re  des  trèsoj^s  ;  une  exhortation 
pour  l'ordination  des  prêtres  ^. 

Aaron  bar  ^ladani,  qui  avait  été  nommé  évèque  de 

1.  B.vriHEBRJECs,  Chron.  eccL,  ïl,  403-ill.  Barhebroeus  dit  :  «  Il  possé- 
dait de  nombreux  volumes  qui  furent  tous  reçus  dans  le  demosion  du 
gouverneur  de  Mossoul.  »  Le  mot  ôr^udoioy  signifiait  en  Syrie  «  bain 
puljlic  »,  «  trésor  de  l'État  »,  «  archives  publiques  ».  C'est  ce  dernier 
sens  qu'on  doit  lui  donner  ici. 

2.  Catal.  Rosen,  p.  8i;  dans  ce  catalogue  Bar  Schakako  est  désigné 
sous  le  nom  de  Jacques,  évéciue  de  Tagrit;  dans  d'autres  manuscrit?,  il 
est  appelé  Jacques  de  Maiphcrkat;  ces  épitliétes  sont  inexactes;  cet  évè- 
que résidait  à  Mossoul.  Sur  les  fils  de  Thomas  auxquels  ces  épitres 
étaient  adressées,  voir  la  notice  suivante. 

3.  Celte  exhortation  se  trouve,  sous  le  nom  de  Jacques  de  Maiphcrkat, 
dans  des  ms.  du  Vatican,  de  la  Laurenlienne  et  de  la  Bibliothé(jue  na- 
tionale. 


408  LES  ÉCRIVAINS 

Mardin  sous  le  nom  de  Jean,  fut  élevé  à  la  dignité  de 
maphrien  de  l'Orient  par  le  patriarche  jacobite, 
Ignace  II,  en  1232.  Son  extérieur  peu  avantageux  et 
son  manque  d'éloquence  déplurent  aux  chrétiens  de 
Mossoul.  Après  cinq  ans,  il  se  retira  à  Bagdad,  où  il 
jouit  de  la  faveur  des  trois  fils  de  Thomas,  Schams  ad- 
Daula,  Fakhr  ad-Daula  et  Tadj  ad-Daula,  médecins 
influents  de  la  cour  du  calife  Mostansir.  A  Bagdad . 
Bar  Madani  composa  un  panégyrique  de  Mar  Aaron  en 
vers  de  douze  syllabes,  et  il  se  perfectionna  dans  la 
connaissance  de  la  littérature  arabe.  La  considération 
dont  il  était  entouré  dans  la  capitale  des  califes  l'ac- 
compagna à  son  retour  à  Mossoul.  La  mort  d'Ignace  II 
en  1252  fut  l'occasion  d'un  schisme,  comme  le  fait  se 
renouvelait  fréquemment  dans  ces  temps  troublés  de 
l'Église  jacobite;  quelques  évêques  choisirent  pour 
patriarche  Aaron  Angour  qui  prit  le  nom  de  Denys, 
les  partisans  du  maphrien  élurent  Bar  jNIadani.  L'ac- 
cord ne  fut  rétabli  qu'après  le  meurtre  de  Denys  dans 
le  couvent  de  Barsauma  près  Mélitène ,  en  1261 ,  et 
Bar  Madani  gouverna  sans  rival  l'Église  jacobite  jus- 
qu'en 1263  ' .  Les  œuvres  de  cet  éminent  prélat  con- 
sistent en  de  nombreuses  poésies  2;  parmi  les  plus 
remarquables  on  cite  un  poème  sur  l'âme ,  intitulé  L'oi- 
seau 3  ;  un  autre  sur  la  voie  de  la  perfection  ^  ;  et  un 
sur  la  prise  d'Édesse  et  d'autres  villes  par  le  sultan 
seldjoucide  Ala  ad-Din  Kaikobad  en  1265.  Bar  Madani 


1.  Barhebr.ecs,  Chron.  eccL,  H,  407-416;  comp.  I,  693-743. 

2.  Le  ms.  de  la  Bodléienne ,  Hunt.  I,  en  contient  soixante,  Catal,  Payne 
Smith,  coi.  379-382;  d'autres  dans  le  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau,  207, 
3,  et  à  la  Laurentienne,  Catal.,  p.  108. 

3.  Ms.  du  Vat.  20'*;  Bodléienne,  Hunt.  I  et  Poe.  290,  Cat.  Payne  Smith, 
col.  382  et  041  ;  Berlin,  Coll.  Sachau,  n°  61,  8. 

4.  Un  extrait  dans  le  Libe7'  thesauri  du  P.  Cardahi,  p.  66. 


DU  XIII*  SIÉCLU:.  409 

a  laissé  une  liturgie  '  et  des  homélies  en  arabe  pour  les 
fêtes  de  l'année-. 

Barhcbrceus  cite  à  l'année  1228  le  médecin  Gabriel 
d'Edesse  qui  composa  en  syriaque  des  livres  de  méde- 
cine et  de  philosophie  (ci-dessus,  p.  278,  note  2  . 

Il  nous  est  agréable  de  clore  ces  notices  par  Barhe- 
brœus  dont  le  nom  revient  si  souvent  dans  l'histoire  de 
la  littérature  syriaque.  Ses  nombreuses  œuvres  s'éten- 
dent sur  toutes  les  branches  des  sciences  ;  il  semble 
qu'il  ait  senti  venir  la  fm  de  la  vie  intellectuelle  en 
Syrie,  et  qu'il  songea  à  ériger  un  monument  résumant 
toute  la  civilisation  passée,  plutôt  que  de  créer  de  nou- 
velles voies  à  l'avenir.  De  là  le  caractère  impersonnel 
de  ses  livres  qui  manquent  d'originalité  ;  Barhebrseus 
est  avant  tout  un  vulgarisateur,  mais  c'est  en  même 
temps  un  savant  encyclopédiste  qui  a  à  son  service  une 
méthode  claire  et  précise .  une  critique  sasrace.  On  doit 
cependant  lui  reconnaître  un  vrai  talent  d'historien  :  sa 
Chronique  syriaque  et  sa  Chronique  ecclésiastique 
sont  à  placer  sans  conteste  au  premier  rang  de  ses 
écrits.  Ses  poésies  sont  tournées  avec  facilité  et  ne 
manquent  pas  de  grâce  ;  elles  forment  un  heureux  con- 
traste avec  les  élucubrations  métriques  des  Xestoriens 
de  son  époque  qui  travestissaient  l'art  dune  manière 
si  pitoyable.  On  s'étonne  que  Barhebrœus  ait  été  un  si 
grand  écrivain  quand  on  pense  aux  temps  calamiteux 
pendant  lesquels  il  vivait. 

La  vie  de  Barhebrœus  nous  est  connue  en  détail 
;4Tâce  aux  informations  qu'il  nous  a  laissées  dans  ses 
chroniques^.  Grégoire  Abou'l-Faradj  était  son  vrai 
nom  ;  il  avait  reçu  le  nom  de  Grégoire  quand  il  fut  con- 

\.  Voir  Renaldot,  LU.  Orient.,  11,512. 

2.  M3.  du  Va  t.  97  et  220. 

3.  Chron.  syr.,  éd.  BniNs,  p.  503  et  suiv.,  éd.  Bf.djan,  p.  «78;  Ilist.  des 


410  LES  ÉCRIVAINS 

sacré  évêque,  son  nom  de  baptême  était  Jean;  il  est  le 
plus  souvent  désigné  par  son  surnom  de  Bar  Ébroyo  ou 
Barhebrœus,  c'est-à-dire  le  fds  de  l'Hébreu,  parce  que 
son  père  Aaron ,  médecin  distingué  de  Mélitène ,  était 
un  juif  converti.  Barhebrseus  naquit  à  Mélitène  en  1226  ; 
sa  jeunesse  s'écoula  dans  l'étude'.  Lorsque  les  Mon- 
gols attaquèrent  Mélitène  pendant  l'été  de  1243,  x\aron, 
retenu  par  la  récolte  des  grains ,  ne  put  fuir  en  Syrie  ;  il 
eut  l'année  suivante  l'occasion  de  soigner  et  guérir  le 
général  mongol  qui  était  tombé  malade  ;  puis  il  se  retira 
avec  ses  enfants  à  Antioche,  qui  était  encore  aux  mains 
des  Francs.  Son  fils  aine,  Bariiebrœus,  prit  Ihabit  mo- 
nacal et  se  rendit  à  Tripoli,  où  il  étudia  la  mé- 
decine et  la  philosophie  avec  un  maître  nestorien, 
nommé  Jacques.  Au  mois  de  septembre  1246,  Barhe- 
brseus ,  alors  âgé  de  vingt  ans .  fut  nommé  évêque  de 
Goubos,  près  de  Mélitène,  par  le  patriarche  jacobite, 
Ignace  II;  l'année  suivante,  il  passa  au  siège  épiscopal 
de  Lakabin,  dans  le  même  contrée.  A  la  mort  d'Ignace 
en  1252 ,  il  prend  parti  pour  Denys  contre  Bar  Madani 
(voir  la  notice  précédente),  et  Denys  le  transfère  à  Alep  ; 
mais  cette  ville  appartenant  à  la  faction  dissidente  de 
Bar  Madani,  Barhebra3us  dut  se  retirer  auprès  de  son 
patriarche  dans  le  couvent  de  Barsauma  ;  il  ne  revint  à 
Alep  qu'en  1258.  Six  ans  après,  en  1264,  Barhebrseus 
est  élevé  par  le  patriarche  Ignace  III  à  la  dignité  de 
maphrien  de  l'Orient,  et  il  conservera  cette  fonction 
jusqu'à  sa  mort  survenue  en  1286.  Depuis  son  entrée 
dans  les  ordres  jusqu'à  sa  mort,  Barhebrseus  mena  une 

Dynast.,  éd.  Pococke,  p.  486,  éd.  Saluant,  p.  'iSiî  et  suiv. ;  Chron.  eccl., 
n,  431  et  suiv.  ;  comp.  Assémam,  D.  0.,  il,  244  et  suiv.;  Abbéloos  et  Lamy, 
Barhebrsei  chron.  eccl. ^\,  Préface;  Nof.ldeke,  Oricntalische  Skizzcn,  Ber- 
lin, 1892,  p.  253-273;  WniGiiT,  Syriac  liter.,  2«  éd.,  p.  265-281. 

1.  Il  n'étudia  pas  le  grec  et  la  littérature  grecque  comme  on  l'a  pré- 
tendu; NoELDEKE,  l.  c,  p.  254,  le  remarque  avec  justesse. 


DU  XIIF  SIÈCLE.  411 

vie  agitée^  ballottée  entre  les  intrigues  des  partis  politi- 
ques et  religieux  ,  les  calamités  des  invasions  mongoles 
et  les  voyages  incessants  d'Occident  en  Orient  que  ses 
charges  lui  imposaient.  Ce  digne  prélat  sut  se  faire  es- 
timer et  honorer  de  tous  non  seulement  à  cause  de  sa 
science  éprouvée,  mais  aussi  grâce  à  son  caractère  con- 
ciliant et  modeste.  Son  frère,  Barsauma,  qui  a  continué 
sa  Chronique  ecclésiastique,  nous  a  laissé  un  touchant 
tableau  du  deuil  que  sa  mort ,  arrivée  à  Maraga ,  répan- 
dit sur  tout  le  clergé  de  l'Orient,  jacobite,  nestorien 
ou  arménien.  Son  corps  fut  ramené  plus  tard  au  couvent 
de  Mar  Mattai,  près  de  Mossoul.  où  résidait  le  ma- 
phrien  et  où  Ton  voit  encore  aujourd'hui  son  tombeau. 
Barsauma  a  rédigé  un  catalogue  des  œuvres  de  son 
frère  ^  Nous  avons  parlé  dans  notre  première  partie 
de  la  plupart  de  ses  œuvres  :  nous  devons  ajouter  :  un 
livre  sur  l'interprétation  des  songes,  qui  date  de  la 
jeunesse  de  l'auteur:  une  liturgie  ,  traduite  en  latin  par 
^QnsMàoi ,  Litui^giœ  orient.,  II,  456;  et  de  nombreuses 
poésies  très  estimées  des  Syriens-. 

Nous  nous  arrêterons  ici.  Les  Tartares  ont  apporté  de 
l'Orient  en  Mésopotamie  et  en  Syrie,  non  pas  la  lu- 
mière, mais  le  fer  et  le  feu.  La  prise  de  Bagdad  par 
Houlagou  en  1258  met  fin  à  la  dynastie  des  Abbassides. 
Les  Mongols  traînent  derrière  eux  le  meurtre  et  la  dé- 
vastation ,  et  une  longue  ère  d'obscurantisme  va  s'ap- 
pesantir sur  l'Asie. 

1.  BABHEBii^cs,  Chron.  eccl.,  U,  475-481. 

2.  Éditées  en  grande  partie  par  Lr.>GEr.KE,  Kœnigsberg,  1836-183S  fédi- 
tion  médiocre);  par  le  Maronite  Aiglstin  Scebabi,  Rome,  1877.  En  1880, 
YoHA>?iA  NoTAYS  Darau.m  a  publié  à  Rome  le  poème  sur  la  Sagesse  divine. 
Un  extrait  dans  le  Liber  thesauri  du  P.  CAUDAin,  p.  63.  M.  Bldge  a  donné 
quelques  autres  morceaux  dans  son  édition  du  Livre  des  con /es  amu- 
sants de  BAnuEBP^LS  (ci-dessus,  p.  2G8--269). 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 


A.)  Histoire  littéraire  ^ 

J.-S.  AssÉjjANi. —  Bibliotheca  orientalis  clementîno-valkana,  t.  I-III, 

^  Rome,  1719-17:^8. 

Ét.-Év.  Assémam.  —  Bibliothecae  Mediceap.  Laurenllanae  et  Pa- 

latinae  codicum  ms.   orientalium  catalogus,  Florence,   1742. 
Ét.-Év.  Assémani  et  J.-S.  Assémani.  —  Bibliothecae  apostoUcae 

vaticanae  codicion  manuscrij)tonnn  catalogus,  partis  I,  t.  Il-lII 

(ms.  sjTiaques),  Rome,  1758-1759, 
F.  RosEN  et  J.  FoRSHALL.  —  Catalogus  codicum  7ns.  orientalium 

qui  in  Museo  britannico  asservantur,  Londres,  183S. 
Badger.  —  The  Neslorians  and  fheir  rituals.  t.  MI,   Londres, 

185-2. 
R.  Payne  Smith.  —  Catalogi  codicum  ms.  Bibliothecae  Bodleianae, 

pars  sexta  codices  syriacos,    carshunicos,  mandaeos  comptée- 

tens,  Oxford,  1864. 
W.  Wright.  —  Catalogue  of  thesyriac  manuscripts  in  the  Brilish 

Muséum  acquired  since  the  year  4838,  t.  I-III,  Londres,  1870- 

1872. 
Georg.    Ébedjésu    Kuayyath.   —  Syri  orientales,  seu   Chaldaei, 

Nestoriani  et  romanorum  Pontificum  Primatus,  Rome,  1870. 
Gust.    Bickell.    —  Conspeclus  rei  Syrorum   litterariae    additis 

nolis  bibliographicis  et  excerptis  anecdotis ,  Munster,  1871. 
II.  Zotenberg.  —  Manuscnts  orientaux.  Catalogues  des   manus- 
crits syriaques  et  sabcens  {mandaïtes)  de  la  Bibliothèque    na- 
tionale, Paris,  1874. 

1.  Les  éditions  de  textes  syiinqiics  .nyaiit  ôlc'  mciilioniit-cs  dans  les 
notes  du  livre,  il  est  inutile  d'en  raiipeler  ici  les  litres.  On  en  trouvera 
la  liste  à  peu  prés  complète  dans  les  ouvrages  de  Nestlé  et  Biockel- 
mann  cités  p.  suiv. 


414  INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE. 

GeopxG  Hoffmann.  —  Auszilge  aus  syrischen  Akfen  persîscher 
Milrtyrer,  Leipzig,  1880,  dans  les  Abhandlungen  fïir  die  Kunde 
des  Morijenlandes,  voL  YII,  n»  3. 

Eberhard  Nestlé.  —  Syrische  Grammatik  mit  Lilteralur,  Chres- 
tomathie  und  Glossar,  ziueite,  vermehrle  und  verbesserte  Auflage 
der  Brevis  linr/uae  syriace  grammatica,  Berlin,  1888.  —  Syrien 
et  SyriscJie  Ueberselzungen  dans  la  Real-Encyklopedie  fur 
protest.  Theol.  und  Kirche,  3*  éd.,  Leipzig,  1896. 

W.  Wright.  —  Syriac  literalure.  Encyclopedia  Britannica , 
t.  XXII,  p.  824-856.  Édition  à  part  :  A  short  History  of  syriac 
Literalure  by  the  late  William  Wright,  Londres,  1894. 

V.  Ryssel.  —  Der  Einfluss  der  syrischen  Litleratur  auf  das 
Abenland  dans  la  Theol.  Zeltschrift  aus  der  Schiveiz,  1896, 
p.  43-66. 

Eduard  Sachau.  —  Die  Handscriften-Verzeichnisse  der  Kônigli- 
schen  Bibliothekzu  Berlin;  Band  XXIII,  Verzeichniss  der  syri- 
schen Handschriften,  l-II,  Berlin,  1899. 

Carl  Brockelmann.  —  Syrische  Grammatik  mit  Litteralur,  Chres- 
tomathie  und  Glossar,  Berlin,  1899. 


B.)  Périodiques. 

Journal  asiatique,  Paris,  1822  sqq. 

Revue  sémitique,  Baris,  1893  sqq. 

Revue  de  l'Orient  chrétien,  Paris,  1896  sqq. 

Zeltschrift  der  deutschen  morgenlilndischen  Gesellschaft,  Leipzig, 

1846  sqq. 
Zeltschrift  fur  die  Alttestamentliche  Wissenschaft  herausgegeben 

von  Dr.  Bernhard  Stade,  Giessen,  1881  sqq. 
Zeltschrift  fur   Assyriologie  und   verwandte   Gebiete,  Weimar, 

1885  sqq. 
Wiener  Zeltschrift  fur  die  Kunde  des  Morgenlandes ,  Vienne, 

1887  sqq. 
Orlentalische  Bibliographie,  herausgegeben  von  Dr.  A.  Mueller, 

Berlin,  1887  sqq. 
Giornale  délia  Socletà  asiatica  itallana,  Florence,  1887  sqq. 
Transactions  of  the  royal  asiatlc  Society,  Londres,  1827-1835. 
Journal  of  the  Royal  aslallc  Society,  Londres,  1834  sqq. 
The  american  Journal  of  Archaeology  and  of  the  History  of  the 

fine  Arts,  Baltimore,  1885  sqq. 
Hebraica,  Chicago,  1884-1894. 
The  american  Jounral  of  semitic  languages  and  literatures  {con- 

tinuatlng  «  Hebraica  »),  Clrcago,  1895  sqq. 


INDEX  ALPHABETIQUE 

DES  AUTEURS  ET  DES  OUVRAGES  ANONYMES 


(Les  chiffres  gras  indiquent  les  principales  notices  sur  les  auteurs 
et  leurs  ouvrages). 


Aarox,  213. 

Aaron  bar  Madam,  voir  Jean  bar 

Madani. 
Aba,  voir  Mar  Aba. 
Aba  Nathamel,  84. 
Aba  Zixai,  233. 

Abdallah  ibn  al-Mokaffah,  324. 
Abdochos,  299. 
Abou  Baschr,  304-305. 
Abou'l-Faradj    ibn   at-Tib,  48. 

177. 
Abou  Isaac  ibn  al-Assal,  179. 
Abou  Nouh  d'Anbar,  382. 
Abou  Zacharia,  304. 
Abou  Yahya   al-Marwazi,   voir 

Zacharie  de  Merv. 
Abraham  l'abbé,  179-180,  231. 
Abfuuam  bar  Daschandad,  381, 

382. 
Abraham  bar  I<L\rdahé.  349. 
Abraham  de  l'école  de  Nisibe,  82, 

349. 
Abraham  de  Kaschkar,  221. 
Abraham  Katina,  349. 


Abraham  de  Nethpar,  232. 

Absamya,  338. 

Abzoud,  voir  Bazoud. 

AcACius,  176,  345. 

AcACius  d'Amid,  345. 

Actes  de  Mari,  11 L  117-120. 

Actes  des  martyrs  de  la  Méso- 
potamie occidentale,  121-129. 

Actes  des  martvrs  de  la  Perse, 
129-153. 

Actes  de  S.  Thomas,  98-100. 

Actes  des  saints,  154-105. 

Adam  d'Akra,  24  n.  1,  218. 

Ahai,  133. 

Ahoudemmeh,  250,  290,  366. 

Aksenaya,  voir  Philoxcne. 

Alahazeka,  213. 

Al-Madjidi,  25  n.  3. 

Amr  ibn  Matta,  133, 137,  146,  210 
211,  253. 

André,  293,  393. 

André  de  Jérusalem .  79. 

Antoine  le  Rhéteur,  25  n.  1,  304, 
389. 


411 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


Aphmmaran,  223. 

Aphraate,  20,  23,  47,  155,  225- 

229. 
Ara,  348. 

ASKO  AL-SCHABDANI,   25  ïl.  3. 

Atha.nase  de  Balad,  patriarche 
d'Antioche,  258,  312,  320, 
378. 

Atkex,  214,  223. 

Babai  l'abbé,  83,  146,  221-222, 
231,  236-237. 

Babai  bar  Xesibxayé,  233,  380. 

Babai  le  patriarche,  176. 

Baoutii,  24  n.  1. 

Balai,  20,  337. 

Bar  Ali,  voir  Jésu  bar  A!i. 

Bar  Bahloul,  54,  72,  214,  274, 
275,  276,  277,  280,  302,  303. 

Bardesane,  4,  10,  18,  21,  100, 
241-248,  281. 

Barhadbeschaba,  84,  214. 

Bakhatar,  160. 

Barhebraeus,  7,  30,  65,  67,  70 
n.  1,  71,  74,  77,  78,  79,  80- 
81,  111,120,136,  137,146,  148, 
178,  182,203,  208-211,  214, 
219,  240,  241,243,  252-253, 
256,  259,  262-263,  258-269, 
273,  276,  277,  278,  285,  287, 
290,  292,  297,  299,  305,  312, 
356,  359,  360,  381,  396,  397, 
401,  409-411. 

Bar  Idta,  222. 

Bar  Khaldoun,  voir  Jean  bar 
Khaldoun. 

Bar  Sahdé,  213,  381  ;  comp.  238. 

Barsauma  l'abbé,  352. 

BaRSAUMA  de  Nisibe,  176,  345- 

346. 
Bar  Zoubi,  voir  Jean  bar  Zoubi. 


Bazoud,  261,  392. 

Beréhjésu  (ou  Berikjésu),  239. 

Boud,  257,  324. 

Causa  causarum,  250-252,  284. 
Caverne  des  trésors  (la),  90-91, 

204. 
Chroniques,  201-202,  206,  209, 

213;  comp.  Histoire  de  la  ville 

de  Beit-Slok. 
Chronique  d'Édesse,  6, 104, 189- 

190. 
Chronique  de  Josué  le  stylite, 

187-189,  205. 
Chronologies,  213. 
Constantin,  379. 
Curetonienne  (la  version),  44, 

45-49 ,  52-54. 
Cyprien  de  Nisibe,  213,  382. 
Cyriaque  d'Antioche,  182,  384- 

385. 
Cyriaque  de  Nisibe ,  83. 
Cyrillona,  337-338. 

Dada,  341. 
Dadjésu  1 ,  82,  176. 
Dadjésu  11,  156. 
Dadjésu  l'abbé,  180,  239. 
Daniel  bar  ]\Iaryam  ,  214,  235. 
Daniel  bar  Toubanita,  234,  235 

395. 
Daniel  fils  de  Moïse,  213,  384. 
Daniel  de  Salah,  78. 
David  de  Beit-Rabban,  158,  223, 

2S3,  380,  406. 
David  fils  de  Paul,  262,  283  n.  5, 

297,405-406.. 
David    métropolitain  maronite, 

179. 
Denha   (ou  Ibas),  84,  260,  313, 

387. 


INDEX  ALPHABÉTIQLE  DES  AUTEURS. 


rl7 


Denys   bar  Salibi,  77,  79,  158, 

259,  261,  279,  399. 
Denys  de  Tellmahré,  203. 
Denys  de  Tellmahré  (Pseudo-), 

150,  192,  196,  200,  204-206, 

388-389. 
Diatessaron  (le),  voir  Tatien. 
Doctrine   d'Addai   (la),  38,  44, 

103-117,  118,  123,  124,  125. 

Èbedjésu  (Joseph  Hazzaya) ,  236. 
Ébedjésu  bar  Bahriz,  183,   186, 

395 
Ébedjésu  bar  Schahharé,  25  n.  1, 

Ébedjésu  de  Gozarte,  300. 

Ébedjésu  de  Nisibe,  25  n.  3,  27- 
28,  84,  88,  158,  170,  178,  180, 
182,  183,  18'4-185,  191,  199, 
203,  214,  221,  232,  235,  236. 
237,  238,  253,  254,  256,  259, 
261,  263,  284,  293,  294,  308, 
346,  348,  351,  371,  381,  387. 
398,  404-405. 

Ébedjésu  le  patriarche  chaldéen. 
25  n.  3,  67. 

Elias  d'Anbar,  25  n.  1  et  5,  213, 
392. 

Elias  bar  Schinaya  (ou  Elias  de 
Nisibe),  25  n,  3,  28  n.  1,  137, 
178,  184,  186,  211-212,  229, 
252,  294,  295,  304,  384,  394- 
395. 

Elias  le  compagnon  de  Jean  de 
Telia,  163. 

Elias  Djauhari,  177. 

Elias  de  Merv,  83,  214,  373. 

Elias  le  patriarche  jacobite, 
379. 

Elias  de  Tirhan  ou  Elias  I,  176, 
184,  186,  296,  298,  394. 


Elias  de  Singar,  313. 
Elisée  bar  Saphamn,  83. 
Elisée  le  patriarche,  83. 
Emmanuel  bar  ScuAiinARÉ,  283, 

393. 
Enanjésu,   156-157,    250,  300, 

301,372. 
ÉPHREM,  10,  18-24,  25,  36,  47, 

75-77,  85,  108,  128,  153,  159, 

243,  246,  331-337. 
Etienne     bar     Soudaili,    358- 

360. 
EuDOCHus,  voir  Abdochos. 
EusÈBE  de  Césarée,  5,  152-153. 
ÉzÉCHiEL  le  patriarche,  176. 

Gabriel  Arius,  83. 

Gabriel   bar  Boktjésu,  275,  277, 

302,  385. 
Gabriel  le  chaldéen,  25  n.  3. 
Gabriel  d'Édesse,  278  n.  2,  409. 
Gabriel    d'Hormizdaschir,    349- 

350. 
Gabriel  Kamsa,  403. 
Gabriel  (Rabban)  de  Nisibe,  313. 
Gabriel    Taureta    (ou    Rabban 

Gabriel),  130,  223,  238. 
George  (Giwargis)  d'Alkosch,  26 

n.  2,  29  n.  1,  100. 
George  évêque  des  Arabes,  77, 

86,   182,  228,  229,  259,  282, 

313,  378. 
George  d'Arbèle,  183,  393. 
George  de  Nisibe,  373. 
George  le  patriarche  d'Antioche, 

78,  384. 
George  le  patriarche  nestorien, 

176,  373. 
George  de  Maipherkat,  379. 
George  moine  et  martyr,  146, 


418 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


George  de  Resafa,  voir  Sergis 

de  Resafa. 
George  de  Saroug,  353  n.  4. 
George  de  Schouster,  214. 
George  Warda,  402. 
Gesius  (ou  Gosius),  274. 
Giwargis  d'Alkosch,  voir  George 

d'Alkosch. 
Gosius,  voir  Gesius. 
Grégoire  Aboul-Faradj,  voirBar- 

hebraeus. 
Grégoire  l'abbé,  231,  338. 
Grégoire  de  Xisibe,  214,  232. 
Grégoire  le  patriarche,  176. 

Hannana    d'ADiABÈxE,   83,    232. 

234,  236,  350. 
Henanjésu  BAR  Seroschwai,  84, 

213,  302,  392. 
Henanjésu  le  patriarche,  176, 260. 

373-374. 
Héracléenne    (la  version),    14. 

64,  66,  80. 
Hexaplaire  (la  version),  14,  31, 

64-66,  79,  80. 
Histoire  de  la  ville  de  Beit-Slok, 

120,  131,  132,  143,  145. 
Histoire  de  Yaballaha  111,  220. 
HoBEiscH,  260,  277. 
Honeln,  214,  260,  274,  276-277, 

294,  299,  300,  301,  302,  304. 

386. 

Ibas,  70,  82,  87,  254,  343-344. 
Ibas  ou  Denha,  voir  Denha. 
Ibn  al-Masihi,  26  n.  2. 
Ibrahim   de  Séleucie    de  Syrie. 

25  n.  3. 
Ignace  d'Antioche,  22. 
Immanuel  de  Beit  Garmai,  218. 
Invention  de  la  Croix,  111-113. 


Isaag  d'Antioche  ou  Isaac  le 
Grand,  5,  19,  20,  340-341. 

IsAAC  fils  de  Honein,  277. 

IsAAC  de  Ninive,  228,  233-235, 
237. 

IsAAC  le  patriarche,  176. 

IsAiE  d'Arzoun,  130. 

Israël  d'Alkosch,  24  n.  1,  2, 
n.  3. 

Jacques  Baradée,  362-363. 
Jacques  bar  Salibi,  voir  Denys 

bar  Salibi. 
Jacques  bar  Schakako,  voir  Sé- 
vère bar  Schakako. 
Jacques   d'Édesse,  32,   36,  49, 

70-71,  77,  95,152,181,  202, 

250,  258,  282-283,  290-292,  293, 

298,  312,  320,  353,  376-378. 
Jacques  de  Khalat,  84. 
Jacques  Philoponus,  ou  Jacques 

d'Édesse  (?),  203,  319. 
Jacques  de  Saroug,   19,  20,  100 

109,  117,  128,  141  n.  1,  147, 

152,  153,  160,  323,  352-356, 

358,  359. 
Januarius    Canuidatus    d'Amid; 

313. 
Jean,  220. 
Je\n  I,  375. 
Jean  X,  voir  Jésu  bar  Schou- 

schan. 
Jean  d'Apamée,  234,  240. 
Jean  d'Asie  (ou  Jean  d'Éphèse), 

5,  150,  162,  163,  189,  191-195, 

196,  197,  360,  364. 
Jean  bar  Abgar,  182,  183. 
Jean  bar  Aphtonia,  77,  319,  361. 
Jean  bar  Cursus  (ou  Jean  de 

Telia),  180,  353,  361. 
Jean  bar  Khaldoun,  24  n.  1,  221 


INDEX  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS. 


19 


Jean  bar  Khamis,  295. 

Jean  bar  Madani,  407409. 

Jean  bar  .AIaswai,  276,  385,  386. 

Jean  bar  Pinkayé,  295. 

Jean  bar  Zolbi,  290,  295,  296, 

300,  398. 
Jean  de  Beit-Garmai  (ou  Jean 

le  moine),  214,  222,223,  232, 

373. 
Jean    de    Dalyata,    voir    Jean 

Saba. 
Jean  de  Dara,  318,  390. 
Jean  de  l'école  de  Nisibe,  83, 

^49. 
.Jean  fils  de  Sérapion,  277,  386. 
Jean  de  Harran,  399. 
Jean  de  Maron,  79,  395-396. 
Jean  de  Mossoul,  403-404. 
Jean    le    patriarche    d'Orient, 

182. 
Jean  Psaltès,  152,  319. 
Jean  Saba  (ou  Jean  de  Dalvata), 

234,  237. 
Jean  le  stylite,  294. 
JÉsu  barÀli,  302,  387. 
Jésu  bar  Noun  le  patriarche,  84, 

177,  299,  387. 
JÉSU  bar  Schouschan  (ou  Jean  X), 

183,  340,  396-397. 
JÉsuBOKT,  182,  284. 
Jésudad  de  Haditha,  84. 
Jésudad  de  Hira,  34. 
Jésudenah  de  Bassora,  213,  215, 

230,  260. 
JÉsuYAB  1,  170,  176,  351. 
JÉSUYAB  II,  83,  371. 
Jésuyab  III  (ou  Jésuyab  d'.Adia- 

bène),  24  n.  1,  U:,  371-372. 
JÉSUYAB  de  Ilazza,  26  n.  2. 
Jésuzeka,  214,  351. 
JoB  de  Katar,  84. 


Joseph  d'Ahwaz,  70,  292,  299, 

349. 
Joseph  bar  Malkon,  294-295, 

397. 
Joseph  Hazzaya  (ou  Joseph  d'A- 

diabène),  158,  216,  234.  236- 

237,  351. 
Joseph  le  patriarche,  176,  350. 
JosuÉ  le  stylite,  188,  206. 

Kalila  et  Dimna  (ou  Kalilag  et 

Damnag),  324,  325. 
Khamis  bar  Kardahé,  403. 
KouMi,  87,  254. 
KouRA  de  Saroug,  208. 
Kouzsia  le  prêtre,  150. 

Laz.\re  bar  Sabta,  3S9. 

Lazare    de    Beit-Randasa,    78, 

383. 
Légende    d'Abgar,   6,   32,   38; 

comp.  Doctrine  d'Addai. 
Légende  de  l'homme  de  Dieu, 

161. 
Légende     des     sept    dormants 

d'Éphèse,  147-148,  196.  2<J4. 
Légende  des  trente  deniers  de 

Judas,  111,  116-117. 
Lectionnaires    syropalestiniens , 

57-61. 
LÉON,  379. 

Mana  ,  87,  347-348. 
Mara  d'Amid,  361-362. 
Mara  l'archidiacre,  145. 
Mara  fils  de  Sérapion,  24S. 
Mar  Aba  I,  67,  83.  176.  21n-219. 
Mar  Aba  II,  26<J,  313.  381. 
Mar  Aba,  disciple  d'Éphrcm,  76, 

337. 
Mari,  82,  345,  347. 


420 


LNDEX  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS. 


Mari  ibn  Soleiman  (ou  Mari,  fils 

de  Salomon),  118,  210. 
Maribas  le  Chaldéen,  207. 
Mark  bar  Kiki,  396. 
Marouta  de  ]\Iaipherkat,  132- 

133,  142,  155,  171-172. 
Marouta   de  Tagrit,  77,    374- 

375. 
Martyrius,  238;  comp.  Salidona. 
Masoud  ib.n  Al-kass,  403. 
Massore ,    Massorètes ,     69-74, 

292. 
Meschiiiazeka,  voir  Jésuzeka. 
Michel  le  Syrien  (ou   [Michel  le 

Grand),  203,  207-208,  400. 
MiKA,  213. 

Mika  de  Laschom ,  82,  348. 
MiKAEL    le    disciple    d'Eugène, 

154  n.  1. 
MiiL^EL    l'interprète,    84,    261; 

comp.  Bazoud. 
Moïse  d'Aghel,  W,  366. 
Moïse  bar  Képha,  78,  214,  252, 

259,  283,  391-392. 
MousA,  325. 

Narsès,  19,  20,  23,  70,  82,  346- 

347. 
Nestorius     de    Beit-Nouhadré, 

236. 

NoNNTS  de  Xisibe,  390. 

Papas,  136  n.  1. 

Paul  l'abbé,  voir  Paul  d'Édesse. 
Paul  de  Callinice,  318,-362. 
Paul  d'Édesse  (ou  Paul  l'abbé), 

152,  311,  312,  319. 
Paul  de  Nisibe,  83,  349. 
Paul  le  Perse,  256-257. 
Paul  de  Telia,  64,  80. 
Paulo.nas  (ou  Paulinus),  337. 


Patros  le  moine,  219. 
Peschitlo  (la  version),  6,  7,  14, 
31-54,  63,  64,  65,  67.  70,  72, 

75,  79,  80. 
Péthion,  213. 

Philoxène  de  Mabboug,  20,  64, 

76,  227,  229-230,  356-358, 
359. 

Philoxénienne  (la  version),  64- 

65. 
Phocas    bar    Sergius    d'Édesse, 

317. 
Physiologus  (le),  278-279. 
Pierre   de  Callinice  (ou  Petrus 

junior),  367. 
Poème  sur  la  science,  29. 
Polycarpe,  64. 
Probus,  87,  254. 

Rabboula,  48,   179,    196,  341- 

343. 
Ramjésu,  70. 
Roman  d'Alexandre  le  Grand,  15, 

204,  321-323. 
Roman  de  Julien  TApostat,  190- 

191. 
Romanus,  voir  Théodose. 

Sabpjésu     le    patriarche,    176, 

219. 
Sabrjésu  Rostam,  222-223. 
Sahdona,  222,  238,  .371. 
Saïd  bar  Sabouni,  397. 
Saliba  ibn  Yohanna,  211. 
Salomon  bar  Garaph,  223. 
Salomon  de  Bassora,  94, 115  n.  1, 

384,  402. 
Salomon  de  Haditha,  214. 
Sciioubhalmaran  ,  232. 
Sergis  dAlkosch,  29. 
Sergis  de  Resafa,  151. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


421 


Sergils  d'Adiabène,  83. 

Sergius  i^Rabban),  222. 

Sergius  de  Reschaina.  254-256, 

274,  280,281,  317,  365-366. 
SÉVÈRE  d'Anlioche,  5.  141  n.  1. 
Sévère  bar  Schakako.  2G1,  2S4, 

287,  297,  3<:>5,  325,  406-407. 
Sévère  le  moine ,  75,  77,  78. 
Sévère   Sebokt,  213,  257,  282 
375. 
SiMÉON  BAR  Sabbaé,  22  II.  1;  133 

n.  4. 
SiMÉON  BAR  Tabbahé  'ou  Siméoii 

de  Kaschkar),  214,  381. 
SiMÉo.N  de  Beit-Arscham ,  148- 

151,205,  344-345,  360. 
SiMÉON  de  Beit-Garmai,  200. 
SiMÉON  le  diacre  jacobite,  213, 

393. 
SiMÉON  fils  d'Apollon,  160. 

SiMÉON  KOUKAYA,  3-56. 

SiMÉON  de  Rivardeschir,  181. 

SiMÉON   SCHANKELAVAYA,  213,  398. 

SiMÉON  le  stylite,  352. 

SiMÉON  Taibouteh.  182,  239,  275. 

Simon  le  disciple  de  Yozadak, 

217. 
Sinaïtique  (la  version),  44,  49, 

51-55. 
Sindban  (ou  les  sept  Sages),  15. 
Sliba  de  Gozarte  (ou  Sliba  al- 

Mansouri),  25  n.  1,  388. 

SOLRIN,  382. 

Statuts  de  l'école  de  Nisibe,  218. 

Tatien  et  le  Diatessaron,  44- 

48,  52-54,  76. 
Théodore  bar  Koxi,  214,  261. 
Théodore  bar  Wahboun,  401. 
Théodore  bar  Zaraudi  d'Édesse, 

317. 


Théodore  de  ik-rv.  83,  256. 349. 

Théodose  d'Édesse,  313,  3«S9. 

Théodose  le  patriarche,  72,  267, 
275,  395,  391. 

Théophile  d'Édesse,  214,  292, 
325,  384. 

Thomas  d'Édesse,  349  (Appen- 
dice). 

Thomas  d'Harkel  (ou  Thomas 
le  diacre) ,  66,  292,  374. 

Thomas  de  Marga,  156, 158.  216, 
221. 

Thomas  le  moine  maronite,  179. 

Thomas  le  prêtre  jacobite,  200. 

Timothée  I,  177,  186,  282,  313, 

382-383. 

Timothée  II ,  405. 

Timothée  de  Karkar,  25  n.  2. 

Titus  de  Bostra,  5. 

Versions  syriaques  de  livres 
grecs  (les),  85-88,  89-103,  152, 
153,  162,  165,  167-170, 171-176, 
184,  195-196,  198-200,  214-215, 
254-272,  274-287,  289,  304, 
308-323. 

Yaballaha  1,  176. 

Y.ahb  l'anachorète,  231 . 

Yahya  BEN  Maswaiii,  voir  Jean 

bar  Maswai. 
Yazidad,  348. 
Yohannan  III,  177. 

Zacharie  de  Merv,  260,  302, 386. 
Zacharie  le  Rhéteur,  150,  164, 

195-197. 
Zadôé,  159  note  3. 
Zfkajésu,  voir  Jésuzcka. 
Zenobius,  337,  3^10. 


24 


APPENDICE 

ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION 


p.  o,  note  -2,  ajouter  :  A  la  fin  du  Vl«  s.,  un  certain  nombre  de 
moines  syriens  signaient  leurs  noms  en  grec,  voir  Lamy.  Actes  du  Con- 
grès des  Orientalistes,  tenu  à  Paris  en  1897,  sect.  sémitique,  p.  117  et 
suiv. 

P.  7,  note  1,  ajouter  :  La  version  biblique,  dite  la  Peschitfo,  a  dû 
exercer  une  inQuence  prépondérante  pour  la  constitution  définitive  de 
la  langue  littéraire  syriaque  ^communication  de  M.  Siegraund  Fraenkel). 

P.  17,  note  2.  ajouter  :  Réponse  de  M.  Hubert  Grimme,  Zeitsckr.  der 
deut.  morg.  Gesellschaft.  LUI,  1899^  p.  102, 

P.  36,  note  3,  ajouter  :  Comp.  Bar>es,  Apparalus  criticus  to  Chroni- 
cles  in  the  Peschitta,  Cambridge,  1897. 

P.  41,  note  3  :  Tous  les  fragments,  retrouvés  jusqu'à  ce  jour,  de 
l'Ecclésiastique  hébreu,  viennent  d'être  publiés  avec  une  traduction 
anglaise  par  MM.  Scuechter  et  Taylor,  The  Wisdom  of  Ben  Sira  por- 
tions of  the  Book  Ecclesiasticus,  Cambridge,  1899.  Ces  fragments  com- 
prennent les  chap.  3-7.  Il-IG.  30-33,  35-38,  49-31.  M.  Israël  Lévi  croit  que 
ces  fragments.  «  au  moins  pour  un  certain  nombre  de  chapitres  », 
n'appartiennent  pas  à  Toriginal  hébreu,  mais  à  une  retraduction  en 
hébreu  d'une  version  syriaque,  Prévue  des  études  juives,  juillet-sep- 
tembre 1899,  1-13.  Contra,  Halévy,  Revue  sémitique,  janvier  19C0,  p.  78. 

P.  42,  note  2.  ajouter  :  Baumann,  Die  Vencendbarkeit  der  Peschita 
zum  B.  Ijob  dans  la  Zeitschr.  fur  die  AUtestam.  Wissensch.,  1898-1899. 

P.  59.  ajouter  au  deuxième  paragraphe  :  Deux  lec- 
tionnaires  du  N.  T.  existent  au  couvent  de  Sainte- 
Catherine.  Mrs.  Lewis  et  Gibson  viennent  de  publier 
une  nouvelle  édition  des  Évangiles  syropalestiniens 
basée  sur  Tun  de  ces  lectionnaires.  Cette  édition  donne 
les  variantes  du  second  lectionnaire  et  du  ms.  du  Va- 


424  APPENDICE. 

lican  (d'après  l'édition  de  Lagarde),  The  Palesiinian 
syriac  lectionarij  of  the  Gospels,  Londres,  1899. 

p.  64,  note  2,  ajouter  :  M.  Gwinn  a  public  une  ancienne  version  sy- 
riaque de  l'Apocalypse  qu'il  croit  représenter  la  traduction  de  Poly- 
carpe,  tandis  que  fa  version  éditée  par  Louis  de  Dieu  en  1G27  appar- 
tiendrait à  la  revision  de  Thomas  d'Harkcl,  The  Apocalypse  of  saint 
John  in  a  syriac  version  hilherto  unknoivn,  Dublin,  1897.  Cette  édition 
donne  une  restitution  du  grec  sur  lequel  a  été  faite  la  version  sy- 
riaque. 

P.  78,  1.  3,  ajouter  :  M.  V.  Ryssel  a  donné  une  tra- 
duction allemande  de  ces  scolies,  Georgs  des  Araber- 
bischofs  Gedichte  und  Briefe,  Leipzig,  1891. 

p.  80,  note  1,  ajouter  :  Des  extraits  du  commentaire  sur  l'Évangile  de 
saint  Jean  ont  été  publiés  par  M.  PvEndel  Hakius  dans  Hermas  in  Arca- 
dia,  Cambridge,  \S\Xk  p.  oS. 

P.  81,  note  2,  ajouter  :  Genèse,  eh.  XXI-L,  L.  Unr.v,  Strasbourg,  1898; 
Ps.  23,  29,  E.  Fccus,  Halle,  1871;  Ézéchiel,  Glgenueimeu,  Berlin,  1894. 

P.  84,  note  2,  ajouter  :  Un  extrait  du  commentaire  de  Denha  est  im- 
primé dans  la  chrestomathie  intitulée  )i.oL-,;3j  pojsCo,  Ourmia,  1898,  p. 
309.  Sur  les  scolies  de  Théodore  bar  Koni,  voir  ci-après  Additions  à  la 
p.  214,  note  4. 

P.  86,  note  1,  ajouter  :  Comp.  Gwv.nn,  Ilermathena,  VI,  1888,  p.  397; 
P.  Caspari,  Theol.  Tidskrift,  UI,  Christiana,  1891,  p.  3. 

P.  87,  note  1,  ajouter  :  Corap.  Baethgen,  Zeilschr.  f.  die  Altlest.  Wis- 
sensch.,  188j-1887;  Mekcati,  Un  palimpsesto  Ambrosiano  dei  Salmi 
esapli,  Turin,  189G,  p.  15  et  suiv. 

P.  90,  noie  1,  ajouter  :  Une  nouvelle  édition  du  IV«  livre  des  Macca- 
bées,  commencée  par  Bensly,  a  été  publiée  par  M.  Barnes,  The  fourlh 
book  of  Maccabees  and  kindred  documents  in  syriac,  Cambridge,  1895. 
Cette  édition  reproduit  le  codex  Ambrosianus  avec  les  variantes  d'au- 
tres ms.  Elle  comprend,  en  outre,  six  textes  syriaques  relatifs  au  mar- 
tyre des  Maccabees  :  une  homélie  de  Grégoire  de  Nazianze;  deux  re- 
censions d'une  homélie  de  Sévère  d'Antioche;  une  homélie  anonyme; 
une  poésie  de  saint  Éphrem;  et  une  poésie  anonyme  de  basse  époque. 
L'introduction  renferme  une  traduction  anglaise  des  deux  recensions 
de  l'homélie  de  Sévère  et  des  deux  poésies. 

P.  90,  ajouter  après  le  premier  paragraphe  :  L'Apoca- 
lypse de  Baruch  est  conservée  en  syriaque  dans  le  codex 
Ambrosianus  publié  en  photolithographie  par  Ceriani. 
En  1871,  Ceriani  avait  fait  une  première  édition  du 
texte  et  il  en  avait  donné  une  traduction  latine  en  186G, 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  42o 

Monumenia  sacra  et  profana ,  vol.  I,  fasc.  2.  p.  73- 
98.  Cet  apocryphe,  dont  le  texte  grec  qui  a  servi  pour 
la, version  syriaque  est  perdu,  se  divise  en  deux  par- 
ties :  Tune  coiiprend  les  cliap.  i-lxxvii;  laulre,  les 
chap.  Lxxviii-Lxxxvi  qui  constituent  VÉpître  de  Ba- 
riich  (la  première  Épître  de  Barucli  se  trouve  dans 
Lagarde,  Libri  Vet.  T.  apocryphi  syriace^  p.  88-93). 
La  première  partie  n'existe  que  dans  le  codex  Amhro- 
sianus;  la  seconde  partie  est  conservée  aussi  dans 
d'autres  ms.  M.  Charles,  qui  a  publié  une  étude  critique 
de  cet  apocryphe  avec  une  traduction  anglaise  et  une 
nouvelle  édition  des  chap.  lxxviii-lxxxvi  \The  Apoca- 
lypse ofBaruch  translated  from  the  syriac,  Londres, 
1896),  croit  que  l'original  de  ce  livre  a  été  écrit  en 
hébreu.  Cette  étude  renferme  un  exposé  des  précédents 
travaux  sur  l'Apocalypse  de  Baruch. 

P.  92.  ajouter  :  On  a  retrouvé  en  syriaque  Ventre- 
tien  de  Moyse  avec  Dieu  sur  le  mont  Sinaï  qui  a  été 
publié  par  M.  Hall  dans  Hebraica,  VII,  3,  p.  161  et 
suiv. 

p.  93,  note  1,  ajouter  :  M.  Hall,  Jov.rn.  of.  the  exegetical  Society, 
1887,  p.  28,  a  publié  la  traduction  d'une  nouvelle  recension;  comi). 
ibi'.L,  4887,  p.  97;  1888,  p.  63.  Voir  aussi  Nestlé,  Die  dem  Epiphanius 
ziiQeschritbenen  Vilœ  Prophelarum  dd^ns  Marginalien  und  Malerialien, 
Tu  bi  ligue,  1893. 

P.  93,  note  3,  ajouter  :  Traduction  anglaise  par  Hall,  Presbyterian 
Qualerly,  188G. 

P.  94.  M.  Cosquin  tient  L'histoire  d'Ahikar  pour  un 
ancien  conte  populaire.  Revue  biblique,  1899,  p.  50-52 
et  510-531.  M.  Théodore  Reinach  place  l'origine  de  ce 
conte  dans  la  Babylonie,  Revue  des  études  juives,  1899, 
t.  XXXVIII,  p.  1  et  suiv.  M.  Lidzbarski,  de  son  coté,  en 
attribue  la  rédaction  originale  à  un  araméen  païen  qui 
vivait  dans  le  nord  de  la  Mésopotamie  avant  l'ère  chré- 
tienne,  Literaturzeilun^^  28  octobre  1899.   M.  Halévy 

24. 


426  APPENDICE. 

croit  toujours  à  un  apocryphe  juif,  Rei^ue  sémitique, 
janvier  1900,  p.  23.  Ces  nouvelles  études  sont  basées  sur 
l'édition  Harris,  Conybeare  et  Lewis  que  nous  avons 
citée  p.  94-95. 

P.  95,  premier  paragraphe,  ajouter  :  La  traduction 
française  de  L'histoire  des  RéchabiteSy  éditée  par 
M.  Nau,  a  paru  dans  la  Hei^iie  sémitiquey  avril  1899, 
p.  136-146.  M.  Nau  a  fait  un  tirage  à  part  .•  Les  fils  de 
Jonadab,  fils  de  Réchah  et  les  îles  Fortunées^  Paris, 
1899. 

P.  95,  §.  2,  ajouter  :  M.  Rahmani  vient  de  publier, 
d'après  un  ms.  de  ÎNIossoul  et  un  ms.  du  Musée  Borgia, 
le  texte  syriaque  complet  du  Testament  de  Notj^e-Sei- 
gneuj\  mis  en  tête  des  Constitutions  apostoliques,  dont 
l'édition  Lagarde  (citée  p.  102,  note  6)  ne  contient  que 
des  extraits,  Testamentum  D.  N.  Jesu  Christi  nune 
primum  edidit,  latine  reddidit  et  illustravit  Ignatius 
Ephraem  II  Rahmani,  patriarcha  Antiochenus  Syro- 
rum,  Mayence,  1899.  D'après  les  ms.,  la  version  sy- 
riaque a  été  faite  par  Jacques  (d'Édesse)  en  998  des 
Gr.  (687  de  J.-C). 

P.  97,  ajouter  après  le  premier  paragraphe  :  M.  Budge 
vient  de  publier  :  1°  une  nouvelle  Histoire  de  la  Vierge 
Ma/ie  et  de  la  çie  de  Noti^e-Seigneu?-  sur  la  terre, 
un  apocryphe  qui  donne  un  résumé  suffisamment 
complet  du  Protèvangile  de  saint  Jacques,  de  L'é- 
çangile  de  Pseudo-Mathieu ,  de  Léçangile  de  Tho- 
mas l'hébreu,  de  L'évangile  de  la  Nativité  de  la  Vierge 
et  du  Transitus;  2°  L'histoire  du  portrait  de  Jésus 
que  les  Juifs  de  Tihériad^e  firent  pour  s'en  moquer. 
M.  Budge  a  réimprimé  dans  un  appendice  les  frag- 
ments syriaques  du  Protévangile  de  saint  Jacques  et 
de  L'évangile  de  Thomas  l'hébreu,  édités  par  Wright  : 
A.  Wallis  Budge,  The  History  of  the  Rlesscd  Virgin 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  427 

Mary  and  the  I Us  toi' y  of  the  Likeiiess  of  Christ,  I  The 
syriac  texts;\\  English  translations,  Londres,  1899. 

p.  97,  note  4,  ajouter  :  Bickell,  Theol.  Quartalschrift,  18GG,  p.  Wi.-;. 

P.  10-2,  note  4,  ajouter  :  HoLznr.Y,  Die  Abhàngigkeit  der  syr.  Didas- 
calia  von  der  Didache  dans  Compte  rendu  duIV^  Congrès  scient,  inter- 
nat, des  catholiques,  Fribourg,  1S98. 

P.  104,  note  6,  ajouter  :  Nous  n'avons  pas  mentionné  les  études  de 
MM.  Deramey,  Bufîa  et  Nirschl  qui  ont  repris  la  thèse  de  l'Abbé  Mar- 
tin sans  apporter  des  faits  plus  précis.  Mais  nous  signalerons  la  ré- 
cente publication  do  M.  Rahmani,  Acta  s.  Confess.  Guriae  et  Schamo- 
na^,  Rome,  1S99.  M.  Raiiniani  établit  l'historicité  de  l'évangéllsalion  de  la 
Mésopotamie  à  l'époque  des  Apôtres  au  moyen  d'une  liste  d'évêques 
d'Édesse  jusqu'ici  inconnus,  qu'il  a  tirée  de  la  Chronique  de  Micliel  le 
Syrien.  L'édition  de  cette  chronique  par  M.  Chabot  permettra  bientôt 
de  juger  de  la  valeur  de  cette  liste. 

P.  108,  note  2  :  M.  Paul  Geyer  a  donné  une  nouvelle  édition  de  la 
Silviae  peregrinatio  dans  Itinera  Hierosolymitana,  Vienne,  ISOS,  p.  38 
et  suiv.  (éd.  du  Corpus  script,  eccl.  latinoru/nv. 

P.  113,  note  1,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  Ryssel,  Archiv  f. 
das  Sludium  der  n.  Sprachen  und  Litler.,  t.  XCIII,  1894,  p.  1-22. 
MM.  Nestlé  et  Ryssel  attribuent  une  origine  syriaque  à  la  légende,  voir 
yz^iLE,  Byzantinische  Zeitsch. ,  iS9:i,  IV,  319-4o;  Ryssel,  Theol.  Zeitschr. 
aus  der  Schweiz,   1896,  60-63;  Zeitschr.  f.  Kirchengeschichte,  XV,  2-22. 

P.  117,  note  1,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  Richard  Raabe,  Die 
Geschichte  des  Dom.  Mari,    Leipzig,  1893. 

P.  118,  1.  6  den  bas  :  M.  Franz  Cumont  voit  dans 
les  festins  de  Séleucie  une  institution  analo^'ue  aux 
Gérousies  ou  Collèges  de  vieillards  établis  dans  cer- 
taines cités  grecques  d'Asie,  Note  sur  un  passage  des 
Actes  de  saint  Mari  dans  la  Reçue  de  l'instruction  pu- 
blique en  Belgique,  t.  XXXVI,  6^  livraison. 

P.  126-127  :  Le  texte  syriaque  des  actes  de  Gouria 
et  Schamouna  a  été  retrouvé  par  ^L  Rahmani  dans  un 
ms.  de  Jérusalem  et  vient  d'être  publié  par  lui  :  Acta 
S.  Confess.  Guriae  et  Shamonae...  nunc  adjecta  la- 
tina  versione  prinius  edit  illustratque  Ignatius  Eph- 
raeni  II  Rahmani,  patriarcha  Antiochenus  Syrorum^ 
Rome,  1899.  Dans  les  actes  syriaques,  le  martyre  de 
ces  saints  est  indiqué  à  Tannée  G18  des  Gr.  (307  de 
J.-C),  la  XIV«  année   de  Dioclétien  et  la  VI1I°  année 


428  APPENDICE. 

de  son  consulat.  L'éditeur,  pour  mettre  d'accord  les 
synclironismes,  change  l'année  618  des  Séleucidos  en 
608  (297  de  J.-C);  mais  cette  correction  est  difficile  à 
admettre,  la  persécution  de  Dioclétien,  qui  dura  dix 
ans,  ne  commença  qu'en  303.  Le  gouverneur  d'Édesse 
n'est  pas  Antonius,  mais  Musonius  qui,  dans  d'autres 
recensions,  est  désigné  comme  étant  le  gouverneur 
d'Antioche. 

P.  133,  ajouter  après  la  1.  17  :  Le  recueil  de  Marouta 
a  été  traduit  en  allemand  par  Zingerle,  Edite  Acteii 
der  h.  Màrtyrer,  Innsbruck,  1836. 

p.  133,  note  4,  ajouter  :  Le  livre  des  Pères  est  un  traité  des  hiérar- 
chies céleste  et  ecch'siastique  que  Dom  Parisot  a  analysé  dans  La 
science  catholirjue,  mai  et  juin  1893.  C'est  une  composition  faite  vrai- 
semblablement par  In  moine  Siméon  Schankelavaya  au  XIF  siècle.  Comp. 
Calai.  Sachau,  p.  360.  Un  extrait  du  Livre  des  Pères  dans  la  chresloma- 
thie  intitulée  )i.oL-,3j  pCLsl^o,  p.  61. 

M.  Maclean  a  tra.iuit  en  anglais  une  hymne  attribuée  à  Siméon  bar 
Sabbàé  dans  East  Syrian  Daily  Offices,  Londres,  1894,  p.  221. 

P.  147,  note  4,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  V.  Ryssel,  Archiv 
f.  das  Studium  der  ncueren  Sprachen  und  Litteraluren,  XCHI,  241  ;  XCIV, 
369.  M.  Noeldekea  établi  que  le  deuxième  texte  syriaque  est  l'original 
de  la  légende,  Gôlling.  Gelehrte  Anzeigen,  1886,  n°  11. 

P.  lof,  note  1,  ajouter  :  Voir  aussi  Halévy,  Revue  sémitique,  janvier 
1900,  p.  88. 

P.  153,  notel,  ajouter  :  Mercatf,  /  martiri  di  Palestina  d'Eusebio  di 
Cesarea  nel  codice  Sinailico  dans  les  Rendiconti  del  R.  Istitulo  Lom- 
bardo,  1897,  XXX,  lOGO. 

P.  157,  note  1,  ajouter  :  Dom  Clthbert  Bctler,  The  Lausiac  history 
of  Palladius,  Cambridge,  1893,  Texts  and  Studies  d'Ar.MiTAGF,  RoniNSON, 
IV,  n°  1.  Dom  Butler  distingue  deux  versions  syriaques  qu'Enanjésu  a 
utilisées  pour  sa  rédaction.  La  version  la  plus  étendue  comprenait 
l'Histoire  des  moines  traduite  de  l'original  grec  et  dont  Rufin  a  donné 
une  version  latine,  Historia  monachorum.  H  y  a  au  Musée  britannique 
des  ms.  de  trois  versions  syriaques  de  VHistoria  monachorum  et  des 
fragments  d'une  quatrième  version.  Comp.  Preuschen,  Palladius  und 
Ruflnus,  Giessen,  1897. 

P.  160,  note  2,  ajouter  :  Traduction  allemande  des  actes  de  Siméon  le 
stylite  par  Zingerle,  Leien  wnd  Wirken  des  h.  Siméon  StyL,  Innsbruck, 
1855. 

P.  161,  2^  paragr.,  ajouter  :  L'histoire  du  Bien- 
heiueux  Yohannan  bar  Malké  (ou  le  prince  Jean),  pu- 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  429 

bliée  par  le  P.  Bedjan,  Acln  martyrum  et  sanctorum , 
I,  p.  344.  présente  une  analogie  frappante  avec  la  lé- 
gende de  Ihomme  de  Dieu.  Comp.  Catal.  Sachau,  p. 
287  et  suiv. 

p.  164,  note  4,  ajouter  :  M.  Nau  publie  actuellement  une  traduction 
française  de  la  vie  de  Sévère  d'Antioche  dans  la  Revue  de  l'Orient  chré- 
tien, 1899,  p.  3i3  et  suiv. 

P.  167,  noie  I,  ajouter  :  M.  Schùnfelder  en  a  fait  aussi  une  traduction 
allemande,  Theol.  Quartalschrift,  lSv-2,  p.  5-21. 

P.  IGS,  note  1,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  Welte,  Theol. 
QuartalschrifL  186-2. 

P.  17-2,  note  -2,  ajouter  :  Cowper,  Syriac  Miscellanies  or  extracls  re- 
lalingto  the  first  and  second  gênerai  Concils,  Londres,  1861;  Braln,  De 
S.  Nicaena  Synodo,  Munster,  1898  {Kirchengeschichtliche  Sludien,  IV, 
1);  Die  Abhaltung  der  Synode  von  Gangra  dans  Histor.  lahrb.  des 
Gorresges-,  XVI,  586;  Rackham  The  textsof  the  canons  of  Ancyra  avec 
une  étude  des  versions  syriaque  et  arménienne,  Studia  Biblica,  III, 
Oxford,  1891,  p.  195  et  suiv.  Pour  les  conciles  de  Tyr  et  de  Sidon,  voir 
Nc€LDEKE,  Byzantinische  Zeitschr.,  II,  333. 

P.  177,  ajouter  :  M.  Graffin  a  commencé  la  publica- 
tion du  synode  de  Jésuyab  I  dans  la  Revue  de  l'Orient 
chrétien,  1899,  p.  247. 

p.  195,  note  1,  ajouter  :  MM.  Ahrens  et  Krueger  viennent  de  publier 
une  traduction  allemande  de  cette  compilation  sous  le  titre  de  Die 
sogen.  Kirchengeschichle  von  Zacharias  Rhetcr  dans  la  Bibl.  scrip- 
torumgr.etrom.  Teubneriana,  Leipzig,  1899;  et  MM.  Hamilton  etBrooks, 
une  traduction  anglaise  sous  le  titre  de  The  syriac  chronicle  known  as 
thaï  of  Zachariah  of  Mitylene,  Londres,  1899. 

P.  196,  note  I,  ajouter:  L'Abbé  Dlciiesne,  L»6er  Po«///Zca;»5, 1,  Paris,  1884- 
1885.  Traduction  allemande,  basée  sur  l'édition  Land  avec  les  variantes 
du  ms.  Add.  1-2174  du  Musée  britannique,  par  V.  Ryssf.i.,  Archiv  f.  das 
Sludium  dern.  Sprachen  und  Lilter.,  1895,  XCV,  1-54.  Certains  critiques 
croient  à  l'origine  syriaque  de  la  légende,  comp.  Ryssel,  ibid.  et  Theol. 
Zeitschr.  ans  der  Schweiz,  1896,  p.  63. 

P.  196,  ajouter  :  livre  I,  chap.  viii.  La  découverte 
des  reliques  de  saint  Etienne.  Le  texte  syriaque  a  été 
publié,  d'après  un  ms.  de  Berlin  [Coll.  Sachau,  222), 
par  M.  Bedjan,  Acta  mart.  et  sanct.,  III,  p.  188,  et 
traduit  en  allemand  par  M.  Ryssel,  Zeitschr.  f.  Kir- 
chengeschichte^  XV,  1894,  233;  comp.,  ibid.,  p.  244 
et  suiv. 


430  APPENDICE. 

P.  197,  1.  15-16  :  Suivant  M.  Knieger,  Die  sogen. 
Kirchengeschichte  i>oii  Zacharias  Rhetor,  p.  xvi,  et 
Brooks,  The  syriac  chronicle  known  as  that  ofZacha- 
riah,  p.  2,  note  4,  le  récit  de  la  mort  de  Théodose  n'est 
pas  de  Zacharie.  Il  est  douteux  que  le  compilateur  ait 
utilisé,  comme  le  pensait  Wright,  l'histoire  de  Jean 
d'Asie  (Krueger,  p.  xli;  Brooks,  p.  5). 

P.  201, 1.  22,  ajouter  :  M.  Nau  annonce  une  nouvelle 
édition  de  la  chronique  contenue  dans  le  ms.  Add. 
17216,  voir  Revue  de  l'Orient  chrétien^  1899,  p.  185. 

P.  207-208,  ajouter  :  La  publication  de  la  Chronique 
de  Michel  le  Syrien  est  commencée  par  M.  Chabot  qui 
a  réussi  à  se  procurer  une  bonne  copie  du  ms.  d'Édesse 
(le  ms.  du  couvent  de  Zafaran  est,  paraît-il,  très  frag- 
mentaire ,  peut-être  même  est-ce  la  version  arabe  écrite 
en  caractères  syriaques,  voir  la  notice  de  M.  Chabot, 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  y  séance  du  28  juillet  1899,  p.  478).  Le 
premier  volume  de  cette  publication,  qui  doit  paraître 
très  prochainement ,  comprend  le  texte  et  la  traduction 
française  des  sept  premiers  livres  et  s'étend  depuis 
l'origine  du  monde  jusqu'à  la  mort  de  Théodose  (395). 
Le  septième  livre  cite  de  longs  extraits  de  la  Chronique 
de  Jacques  d'Edesse.  Le  premier  fascicule  de  ce  volume 
vient  de  paraître ,  Chronique  de  Michel  le  Syrien  édi- 
tée  pour  la  première  fois  et  traduite  en  français  par 
J.-B.  Chabot,  t.  I  (fasc.  I),  Paris,  1899. 

M.  Chabot  tient  pour  apocryphe  et  ajoutée  après 
coup  la  préface  syriaque  mise  en  tête  de  la  version 
arabe  de  la  Chronique  de  Michel.  Il  annonce  l'édition 
dans  la  Rei^ue  de  l'Orient  chrétien  des  listes  d'évêques 
jacobites  fournies  par  cette  chronique. 

p.  213,  note  1.  ajouter  :  Un  autre  extrait  de  la  chronologie  de  Siméon 
dans  la  chrestomathie  intitulée  Ji-oivs»  poofio,  p.  225. 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  431 

p.  214,  note  4  :  Un  nis.  de  Berlin  iCalal.  Sachau,  p.  xiv)  contient  Le 
livre  desscoHes  de  Théodore  bar  Koni.  Les  scolies  forment  un  commen- 
taire détaillé  de  l'A.  et  du  N.  T.  En  appendice,  divers  sujets  de  théolo- 
gie dogmatique,  questions  et  réponses,  et  un  livre  des  hérésies.  Le  ms. 
«lui  est  indiqué  dans  celte  note  comme  étant  à  Strasbourg  est  en  la 
possession  de  M.  Goussen.  Des  extraits  du  Livre  des  scolies  sont  impri- 
més dans  le  ILoLv^»  po^is^o,  p.  129  et  210.  Comp.  aussi  Nl«:ldeke,  Zeilschr. 
der  dent.  morg.  GeselL,  LUI,  1899,  p.  501. 

P.  214.  1.  6,  ajouter  :  Suivant  Amr,  éd.  Gismondi, 
pars  II,  p.  26  (trad.  p.  15) ,  l'histoire  ecclésiastique  de 
Daniel  bar  ^Nlaryam  renfermait  les  actes  des  martyrs  de 
la  Perse. 

p.  218,  note  1,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  î\£sile,  Zeitschr. 
f.  Kirchengcschichte,  1897,  p.  211. 

P.  221,  avant- dernière  ligne  :  Mari,  éd.  Gismondi, 
paj's  I,  p.  52.  appelle  à  tort  Job  tet  non  Jean  le  disciple 
d'Abraham  de  Kaschkar  qui  traduisit  en  persan  le 
traité  de  son  maître. 

P.  222,  1.  12,  ajouter  :  Des  extraits  du  Li^re  de 
l'union  de  Babai  se  trouvent  dans  le  ilol^si.  po^co,  p.  32 
et  102.  Une  recension  de  ce  livre  a  été  faite  par  un  cer- 
tain Siméon,  voir  ibid.^  p.  316,  un  extrait  de  cette  re- 
cension. Une  hymne,  attribuée  à  Mar  Babai,  est  tra- 
duite par  Maclean,  East  Syrian  Daily  offices^  Londres, 
1894.  p.  156. 

P.  223,  1.  8  d'en  bas.  ajouter  :  Des  hymnes  sont  mi- 
ses sous  le  nom  de  Jean  le  moine,  Maclean,  East 
Syrian  Daily  offices  y  p.  100  et  226. 

p.  226,  note  1,  ajouter:  Comp.  Forget,  De  vita  et  scriptis  Aphraatis 
Louvain,  1882;  Sal.  Flnk,  Dte  haggadischen  Elemenle  in  den  Homelien 
des  Aphraates,  Vienne,  1891. 

p.  228,  note  2.  ajouter  :  Ryssel,  Georg's  des  Arabcrbischofs  Gedichle 
v.nd  Briefe,  Leipzig,  1891.  Traduction  i)articlle  en  anglais  par  Cowpek, 
Hyriac  Miscellanies,  Londres,  18GI. 

P.  232,  premier  paragraphe,  ajouter  :  Une  hymne, 
attribuée  à  Abraham  de  Xetlipar,  est  traduite  dans  Ma- 
clean, East  syrian  Daily  O/Jiccsj  p.  100. 


432  APPENDICE. 

p.  235,  note  i,  ajouter  :  Le  ILoL^s»  pcioCo  reproduit,  p.  155-167,  sous 
le  nom  d'Isaac  de  Ninive,  l'homélie  sur  l'amour  de  l'étude  d'Isaac  d'An- 
tioclie  ;  et,  p.  251,  une  homélie  sur  la  pénitence,  différente  de  celle  d'Isaac 
d'Antioche  publiée  par  Bickell. 

P.  238,  l.  12,  ajouter  :  Deux  discours  de  Jean  Saba 
sont  traduits  en  latin  et  insérés  dans  le  Libe?^  de  con^ 
temptiL  miindi,  chap.  xxviii,  xxix  et  lui,  Migne,  Pa- 
trol.gr.,  LXXXYL 

P.  244,  1.  23,  ajouter  :  M.  Nau  a  donné  une  nouvelle 
édition  du  dialogue  de  Bardesane  sous  le  titre  de  Bar- 
desane  V astrologue.  Le  livre  des  lois  des  pays,  texte 
syriaque  et  traduction  française  avec  une  intro~ 
duction  et  de  nombreuses  notes,  Paris,  1899.  En 
appendice ,  traduction  de  deux  extraits  relatifs  à  Bar- 
desane, l'un  de  George,  évêque  des  Arabes,  et  l'autre 
de  Moïse  bar  Képha. 

p.  23i,  note  1,  ajouter  :  Comp.  A.  Baumstark,  Aristoteles  ns^ï  ^^M- 
veCaq  dans  la  Zeitschr.  f.  Assyriologie,  XIII,  p.  116,  et  Syinsch-  ara- 
bische  Biographieendes  Aristoteles  (Thèse  de  l'Université  de  Heidelberg), 
Leipzig,  1898;  Ar.ON  Freimann,  Die  Isagoge  des  Porphyrius  in  den  syr. 
Uebersetztcngen  {Thèse  de  l'Université  d'Erlangen),  Berlin,  1897;  Fried- 
MANx,  Aristoteles  Analytica  bei  den  Syrern  (Thèse  de  l'Université  d'Er- 
langen), Erlangen,  1898. 

P.  235,  note  3,  ajouter  :  Le  texte  syriaque  des  Catégories  a  été  publié, 
d'après  le  ms.  de  Paris  et  le  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau,  226,  par  Sa- 
LOMON  SCHUELER,  Die  Ueberselzung  der  Categorien  des  Aristoteles  von 
Jacob  vonEdessa,  Berlin,  1897.  L'éditeur  donne  encore  Jacques  d'Édesse 
comme  l'auteur  de  la  version  syriaque. 

P.  203,  note  1.  ajouter  :  Barhebrxus  a  écrit  aussi  en  arabe  un  traité 
sur  l'âme  édité  par  le  P.  Cheikho  dans  Al-Machriq,  Beirouth,  1898,  n°  16 
et  suiv. 

P.  265,  note  2,  ajouter  :  Une  autre  recension  syriaque  des  Sentences 
des  philosophes  sur  Vâme  a  été  publiée  par  M™=  Lewis,  Studia  Si7iai- 
tica,  I,  p.  2(5-38.  Les  deux  recensions  (celle  de  Sachau  et  celle  de- 
M""^  Le\Yis)  ont  été  traduites  en  allemand  par  V.  Ryssel  dans  le  Rheini- 
sches  Muséum  fur  Philologie,  neue  Foire,  1895,  LI,  p.  532  et  suiv.  —  Comp. 
MaxIum,  Zu  den  grœco-syr.  Philosophen  Sprûchen  ûber  die  Seele,  ibid., 
LU,  p.  143.  —  Note  3,  ajouter  :  et  traduites  en  allemand  par  V.  Ryssel  dans 
le  Rheinisches  Muséum  fur  Philologie,  neue  Folge,  LI,  p.  549  et  suiv. 

P.  268 j  1.  15,  ajouter  :  Une  édition,  meilleure  que 
celle  de  Landsberger,  a  été  publiée  par  Samson  Hoch- 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  433 

feld  avec  une  introduction  critique,  d'après  des  ms.  de 
Berlin,  Bcitracge  zur  syrischen  Fabelliteratur,  Halle, 
1893.  M.  Ilochfeld  place  au  YIP  s.  la  recension  éditée 
par  LandsbcTger. 

p.  269,  note  3  :  Le  livre  de  l'éloignement  du  souci  de  Barhebrseus  se 
trouve  dans  le  ms.  de  Berlin  195  {Coll.  Sachau,  75);  voir  le  Catal.  Sa- 
chau,  p.  631. 

P.  270,  1.  5,  ajouter  :  M.  Ryssel  a  fait  une  traduction 
allemande  du  dialog-ue  entre  Socrate  et  Erostrophos 
dans  le  Rheiiiisches  Muséum  fur  Philologie,  neue  Folge, 
XLVIII,  p.  185-195;  il  croit  que  la  version  syriaque 
n'est  pas  de  Sergius  de  Reschaina,  ibid.^  LI,  p.  4. 

Le  traité  sur  Tàme  publié  par  M'"®  Lewis  dans  les 
Studia  Sinaitica,  I,  p.  19-26,  n'est  autre  que  la  version 
syriaque  du  yloyo;  ttsoI  ipi/r^g  de  Grégoire  le  Thauma- 
turge (Patrol.  gr.,  X,  1140),  comme  Ta  reconnu 
M.  Ryssel  [Rhein,  Muséum  f.  PhiloL,  neue  Folge, 
LI,  p.  318)  qui  en  a  donné  une  traduction  allemande 
[ibid.,  p.  4). 

P.  274,  ajouter  :  M.  Gottheil  a  publié,  d'après  un 
ms.  de  la  Bibliothèque  Nationale,  et  traduit  en  anglais 
un  petit  recueil  de  remèdes  dérivés  de  Galien ,  Contrit 
butions  tosyriac  Folk-medicine  dans  le  Journal  ofthe 
American  Oriental  Society ^\o\.  XX,  1899,  p.  186. 

p.  279,  noie  4,  ajouter  :  Un  fragment  syriaque  des  Géoponiques  im- 
primé par  Land  dans  ses  Anecdola  syr.,  IV,  100,  a  été  reconnu  par 
M.  Noeldeke,  Lil.Centralblatl,  1876,  p.  Ii5. 

P.  283,  noie  1,  ajouter  :  V.  Ryssel  a  traduit  en  allemand  la  fin  de 
l'Iiexamcron  de  Jacques  d'Édesse  ajoutée  par  George,  Georrjs  des  Aia- 
herbischofs  Gedichle  und  Driefe,  Leipzig,  1891. 

P.  283,  1.  18,  ajouter  :  M.  Xau  a  traduit  un  passage 
de  riiexaméron  de  Moïse  bar  Képha  dans  Bardesane 
l'astrologue.  Le  h\'re  des  lois  des  pays,  Paris,  1899, 
p.  51). 

P.  283,  dernier  paragr.,  ajouter  :  Un  extrait  du  X* 

I.ITTKRATLHE    SVUlACilK.  -5 


434  àPPENDlCE. 

chant  de  Ihexaméron  d'Emmanuel  se  trouve  dans  le 

ILoLva»  po^Do,    p.    168. 

P.  295,  note  3,  ajouter  :  Jean  bar  Pinkayé  composa  encore  des  livres 
ascétiques  et  un  résumé  de  l'Iiistoire  universelle  intitulé  )liô  ai».  Ce 
dernier  ouvrage  est  divisé  en  deux  tomes  et  quinze  chapitres;  un  ex- 
trait dans  le  ILoL^sj  po^lJo,  p.  294;  comp.  le  Catal.  Sachau,  p.  5u4-56o. 
Pinkayé  ne  signifie  pas  i^otiers,  mais  habitants  de  Phének,  ville  sur  le 
Tigre  supérieur,  au  nord  de  Mossoul. 

P.  297,  1.  9;  ajouter  :  Comp.  Ilebraica ,  VIII.  65. 

P.  301,  1.  2.  ajouter  :  Le  traité  d'Ébedjésu  de  Gozarte 
a  été  édité  de  nouveau  dans  le  \iov^i  pa^co,  p.  347-372. 
Deux  poésies  de  cet  Ebedjésu  sont  imprimées,  l'une 
dans  le  Liber  thesauri  du  P.  Cardahi,  p.  80,  et  l'autre 
dans  le  ilolvis»  pcL»to.  p.  222. 

P.  308,  ajouter  avant  le  dernier  paragraphe  : 

Le  texte  syriaque  des  deux  épîtres  de  saint  Clément 
de  Rome  aux  Corinthiens,  contenu  dans  le  ms.  Add. 
1700  de  Cambridge  (voir  P.  Batiffol,  La  littérature 
grecque,  p.  12) ,  vient  d'être  publié  par  M.  Robert 
Kennett  après  la  mort  de  Bensly  qui  en  avait  préparé 
l'édition  :  The  Epistles  of  S.  Clément  to  the  Corin- 
thians  in  syriac  bij  the  late  R.  L.  Bensly,  Cambridge, 
1899.  L'authenticité  de  la  première  épître  ne  fait  pas 
de  doute;  la  seconde  est  apocryphe. 

En  1856,  M.  Beelen  a  donné  une  nouvelle  édition  des 
deux  épîtres  sur  la  virginité,  mises  sous  le  nom  de 
Clément  de  Rome  :  S.  Patris  nostri  Clenientis  Ro- 
mani Epistolae  binae  de  Virginitate,  Louvain,  1856. 
M.  Beelen  soutient  encore  l'authenticité  de  ces  deux 
épîtres.  Le  texte  et  la  traduction  latine  sont  une  repro- 
duction corrigée  de  Veditio  princeps  que  Wetstein 
avait  fait  paraître  à  Leide  en  1752  et  que  Galland  avait 
rééditée  dans  le  premier  volume  de  sa  Bibliotheca  ve- 
teruîu  Patrum.  Dans  un   premier  appendice,  Beelen 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÉUE  ÉDITION.  435 

a  réimprimé  la  traduction  latine  de  Wetstein  et  la  Ira- 
duction  allemande  de  Zingerle  Die  zwei  Briefe  des 
h.  Klemens  von  Rom  an  die  Jungfrauen,  Vienne, 
1827);  un  second  appendice  renferme  des  Fragmenta 
nonnuUa  exegitici  argamenti  anecdota.  Comp.  Funk  , 
Theol.  Qiiai'talschr.y  LIX.  3;  IIilgenfeld.  Zeitschr. 
fiii'  n'issenschaft.  Theol. ,  XX.  4;  Land,  Syrische  BiJ- 
dragen  to  de  Patristik ,  Leide,  1857. 

p.  311,  note  2,  ajouter  :  Rïssel,  Theol.  Zeitschr.  ans  der  Schweiz,  1894; 
Rheinisches  Muséum,  neue  Folge,  LI.  1893;  Koetscual-,  Zeitschr.  fur  wis- 
sensch.  Theol.,  XLI,  p.  -211  :  IIilgenfeld,  iOid..  p.  4j2. 

P.  313,  note  7,  ajouter  :  Mari,  éd.  Gismondi,  pars  I.  -21.  cite,  parmi  les 
traducteurs  de  Grégoire,  Jésu  bar  Noun  et  Elias  de  Kasclikar. 

P.  315,  note  2,  ajouter  :  Le  texte  syriaque  du  Ilfoï  rrj;  aaoxœosto; 
(apocryphe;  a  été  publié  par  Caspari,  Aile  iind  neue  Quellen  zur  Ge- 
schichle  des  Taufsytnbols,  Cliristiana,  186o.  Dans  ce  livre  est  édité  ce  qui 
reste  en  syriaque  des  écrits  de  Jean,  évêque  de  Jérusalem. 

P.  316,  1.  19,  ajouter  :  M.  Sachau  a  édité,  dans  son 
livre  intitulé  TheodoriMopsuesteni fragmenta  syriaca, 
Leipzig,  1869,  d'autres  fragments  du  livre  de  llncarna- 
tion  avec  une  traduction  latine  qui  comprend  aussi  les 
extraits  de  Lagarde;  il  a  ajouté  L'hymne  du  matin. 

p.  318,  note  è»,  ajouter  :  Une  traduction  latine  du  commencement  du 
traité  contre  Julien  et  de  l'homélie  de  Timothée  d'Alexandrie  est  im- 
primée dans  le  Spicilegium  Romanum  de  Mai,  t.  X. 

P.  321,  ajouter  à  la  fin  du  §  1  :  A  saint  Basile  est 
attribuée  L'histoire  de  Joseph,  fils  de  Jacob,  qui  est 
conservée  en  syriaque  dans  un  ms.  de  Berlin,  ColL 
Sachau,  n''  9.  Cette  histoire  a  été  publiée  avec  une  tra- 
duction allemande  dans  deux  thèses  de  doctorat  écrites 
par  MM.  Magnus  Weinberg  et  Samuel  Wolf  Link  : 
Die  Geschichte  Josefs  angehlich  von  Basilius  dem 
Grossen  von  Magxus  ^VKI^•BER(;,  Berlin,  1893  {Teil  l. 
avec  une  introduction  sur  l'auteur  et  son  époque,  et 
sur  la  littérature  relative  à  Joseph;  7W/  II,  von  Sa- 


436  APPENDICE. 

MUEL  WoLF  LiNK,  Berlin,  1895).  Sur  des  poèmes  trai- 
tant de  l'histoire  de  Joseph,  voir  ci-après,  p.  336  et 
347. 

Zingerle  a  publié  dans  les  Monuinenta  syriacay  I, 
p.  111,  le  commencement  de  Y  Explication  de  l'oraison 
dominicale  de  Grégoire  de  Nysse  ;  et,  ibid.y  p.  117, 
l'homélie  de  saint  Jean  Chrysostome  sur  la  richesse  et 
la  pauvreté. 

M.  Baethgen  a  traduit  en  allemand  la  partie  du 
grand  traité  d'Evagrius,  l"AvTippy]Tixo(;  (ou  De  octo  çi^ 
tiosis  cogilationibus),  qui  existe  dans  le  ms.  syriaque 
de  Berlin,  Coll.  Sacha Uj  n^  302  :  Biblische  und  Kir- 
chenhistoiische  Studien  çon  Boeckler,  s>iertes  Heft. 
Es^agrius  Pontikus  çon  Otto  Zoeckler,  Munich,  1893. 
—  Anhang  II,  E^'agrius  grôssej^e  Schrift  çon  den  acht 
Lastergedanken..,  ïihersetzt  von  D.  Fr.  Baethgen. 

p.  321,  note  2,  ajouter  :  Le  texte  de  l'histoire  d'Alexandre  le  Grand 
public  par  M.  Budge  a  été  traduit  en  allemand  par  V.  Ryssel,  Archiv 
fur  neuere  Sprachen,  t.  XC,  1893,  p.  83,  2G'»,  353. 

P.  323,  note  2,  ajouter  :  Hedexskog,  Lund,  186S;  V.  Ryssel,  Archiv  far 
neuere  Sprachen,  t.  XC,  1893,  p.  83  et  suiA'. 

P.  325,  note  1,  ajouter  :  Traduction  anglaise  par  Goll.vncz,  Folk-lore, 
juin  1897,  p.  99. 

P.  335,  ajouter  à  la  fin  de  la  note  6  :  Zingerle,  S.  Ephraemi  Syri  duo 
carmina,  Brixen,  1867;  Ephraemi  Syri  sermones  duo,  Brixen,  4871. 
Deux  poésies  de  saint  Éphreni  dans  Elias  Millos,  Direclorium  spirituale, 
Rome,  1868.  ZiQgerle  a  traduit  en  allemand  un  grand  nombre  des  œu- 
vres de  saint  Éphrem,  Des  heil.  Ephrem  ausgewdhlle  Schriften,  6  tomes, 
2«  éd.,  Innsbruck,  18i5-i8i6;  Die  Reden  des  h.  Ephrem  gegendie  Ketzer, 
Kempten,  1850.  Des  hymnes  de  saint  Éphrem  sont  traduites  dans  Mac- 
LEAN,  Easf.  Syrian  Daily  Offices,  Londres,  1894,  p.  101,  105,  167,  189, 
221.  Comp.  Nestlé,  Litteratura  syriaca,  p.  42-44;  Real-Encyklop.  f. 
prolest  Theol.  und  Kirche,  3«  éd.,  t.  Y,  p.  406-409. 

P.  336,  note  1,  ajouter  :  M.  Lamy  a  publié  une  tiaduction  française 
du  Testament  de  saint  Éphrem,  dont  il  a  revendi(iué  l'authenticito, 
Compte  rendu  du  IV^  Congrès  scient,  international  des  catholiques, 
Fribourg,  1898. 

P.  340,  note  1,  ajouter:  L'orthodoxie  d'Isaac  a  été  contestée,  voir 
NESTLE  dans  la  Real-Encyklopedie  fur  protest.  Theol.  und  Kirche,  2» 
éd.,  VII,  p.  163.  Dans  un  passage  édité  par  l'abbé  Martin,  Grammatica, 
Chrestomathia,  etc.,  Paris,  1874,  p.  69,  Jacques  d'Édesse  distingue  trois 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  437 

auteurs  syriaques  du  nom  d'Isaac.  dont  deux  jacobites  et  un  neslorie». 
Le  premier,  Isaac  d'Amid,  était  disciple  d'Eplirem  et  visita  Rome.  Le 
second,  originaire  dÉdosse,  se  rendit  à  Antioclie;  c'est  l*auleur  du 
poème  sur  le  perroquet.  Le  iroisième,  de  l'Église  dÉdesse ,  était  d'abord 
jacobite  et  il  composa  ensuite  des  homclies  conformes  à  la  doctrine 
nestorienne.  Nous  doutons  que  celte  distinction,  en  ce  qui  concerne 
les  deux  premiers  Isaac,  soit  exacte. 

P.  347,  note  1,  lire  :  Die  Geschichle  Josefs  von  Mar  Xarses.  au  lieu  de 
Die  Geschichte  von  Mar  Narses,  et  ajouter  :  M.  Meier  Engel  a  publié, 
d'après  le  ms.  de  Berlin,  Coll.  Sachau,  n»  190,  un  poème  anonyme  sur 
Josepli,  composé  en  trois  mètres  différents  et  qui  rappelle  de  très  prés 
le  genre  de  Narsés,  mais  qui  est  sans  doute  d'un  autre  auteur  que  Nar- 
ses ;Mlier  Engel,  Die  Geschichte  Josephs  'Thèse  de  l'Université  de  Berne), 
I  Teil,  Berlin,  1895.  Le  |LoL-;9j  pcuto  a  une  homélie  de  Narsés  sur  la 
Tour  de  Babel  et  la  confusion  des  langues,  p.  98;  et  une  autre  sur  les 
séraphins  apparus  à  Isaie.  p.  235.  M.  F.  Martin  a  imprimé  l'homéiie  sur 
les  Docteurs  nestoriens  dans  le  Journal  asiatique  nov.-décemb.  1899. 

P.  349,  1.  17,  ajouter  :  C'était  sans  doute  aussi  un 
disciple  de  Mar  Aba.  ce  Thomas  d'Édesse  qui,  au  rap- 
port d'Ébedjésu  xVssémani,  B.  0.,  pars  I,  p.  86  ,  écri- 
vit :  un  traité  sur  la  Nativité  de  Notre-Seigneur;  un 
traité  sur  l'Epiphanie:  une  lettre  sur  les  chants  d'é- 
glise; un  problème  d'astrologie;  plusieurs  homélies; 
et  des  discussions  contre  les  hérétiques.  Les  traités  sur 
la  Nativité  et  l'Epiphanie  sont  conservés  dans  un  ms. 
du  couvent  de  Saint-Jacques  le  Reclus  du  diocèse  de 
Seert.  Le  premier  de  ces  traités  vient  d'être  publié  par 
M.  Carr,  Thomae  Edesseni  tractatus  de  Nathitate 
D.  N.  C/in'sti,  textum  si/riacum  edi'di't,  notis  illustra^ 
vity  latine  reddidit  Simon  Joseph  Carr.  Rome,  1898. 
^L  Carr  annonce  la  publication  prochaine  du  traité  sur 
l'Epiphanie.  Ces  traités  ne  laissent  pas  de  doute  sur 
la  confession  de  l'auteur  qui  était  nestorien,  comme  on 
doit  l'attendre  d'un  disciple  du  patriarche  Mar  Aba. 
C'est  donc  par  erreur  que  Barhebraeus.  parlant  de  ce 
disciple,  dit  «|ue  c'était  un  moine  jacobite.  Celte  erreur 
sera  née  de  la  confusion  qui  s'est  faite  entre  Thomas 
d'Édesse  et  Thomas  d'IIarkel  voir  ci-dessus,  p.  67).  11 
n'est  pas  probable  qu'il  y  ait  eu  à  lOdesse,  à  la  même 


438  APPENDICE. 

époque,  deux  Thomas,  l'un  nestorien  cl  l'autre  jaco- 
bite.  Comp.  une  hymne  attribuée  à  Thomas  d'Edesse 
dans  Maclean,  East  S  y  n'a  n  Daily  Offices,  p.  98. 

V.  3i>0,  note  o,  sur  une  liymne  de  Hannana,  voir  Maclean,  East  Sy- 
rian  Daily  Offices,  p.  226. 

P.  3ol,  note  1,  ajouter  :  Amr,  éd.  Gismondi,  jiars  II,  p.  49,  indique 
d'autres  livres  de  Jcsuyab. 

P.  355,  ajouter  à  la  fin  de  la  note  G  :  Zingerle  a  traduit  six  homélies 
de  Jacques  de  Saroug,  Sechs  Homilien  des  keil.  Jacob  von  Sarug, 
Bonn,  1867,  Wenig  a  édité  deux  homélies,  Schola  syriaca,  Innsbruck, 
1866. 

P.  3j8,  note  3,  ajouter  :  Sur  une  lettre  de  Philoxène,  adressée  à  Pa- 
triciiis  d'Edesse  et  conservée  au  Vatican,  ms.  12.->,  et  au  Musée  britan- 
nique, Add.  14649,  voirJ.-B.  Chabot,  De  S.  Isaaci  Ninivitae  vita...  Paris, 
1892,  p.  14. 

P.  359,  1.  21,  ajouter  :  M.  V.  Ryssel,  Zeilschr.  fur 
Kirchengeschichtey  X,  156  et  suiv.,  a  exprimé  des  doutes 
sur  l'attribution  à  Bar  Soudaili  du  Livre  d'Hiérothée, 
proposée  par  M.  Frothingham. 

p.  360,  note  1,  ajouter  :  et  à  Berlin,  Catal.  Sachau,  n°  2H,  p.  689. 

P.  361,  note  3,  ajouter  :  Catal.  Sachau,  p.  98. 

P.  364,  note  1,  ajouter  :  Le  ms.  Add.  14602  du  Musée  britannique 
contient  plusieurs  professions  de  foi  des  moines  de  la  Syrie  et  de  la 
Mésopotamie  qui  se  déclarèrent  pour  Jacques  Baradée.  L'une  de  ces 
professions  a  été  publiée  par  M.  Lamy,  Actes  du  XI^  Congrès  des 
Orientalistes,  Paris,  1897,  Section  sémitique,  p.  117;  comp.  Noeldeke, 
Zeitschr.  der  deut.  morg.  GeselL,  XXIX,  p.  419. 

P.  367,  3^  ligne  d'en  bas,  ajouter  :  et  de  Berlin. 

Et  note  o,  ajouter  :  Catal.  Sachau,  p.  2,  col.  2. 

P.  371,  note  1,  ajouter  :  Amr,  éd.  Gismondi,  pa/"5  II,  p.  53,  attribue  ù 
Jésuyab  de  Gedala  ;  un  traité  contre  les  dissidents;  un  \i\re  de  Aegui- 
litteris,  et  un  livre  sur  les  sacrements  divisé  en  vingt-deux  demandes 
et  réponses. 

P.  373,  note  3,  ajouter  :  et  traduite  en  anglais  dans  Maclean,  East  Sy- 
rian  Daily  Offices,  Londres,  1894,  p.  158. 

P.  374,  note  1,  ajouter  :  Sur  la  date  de  633  pour  la  naissance  de  Jac- 
ques d'Edesse,  voir  Hijelt,  Études  sur  l'Hexaméron  de  Jacques  d'Edesse, 
p.  4,  note  2. 

P.  378,  note  I,  ajouter  :  Deux  fragments  ont  été  publiés  par  Knoes, 
Duo  fragmenta  Jacobi  Edesseni,  Upsal,  1815. 

P.  379,  note  1,  ajouter  :  M.  Ryssel  a  édité  les  deux  homélies  métricpics 


ADDITIONS  A  LA  PREMIÈRE  ÉDITION.  430 

lie  George  dans  les  .4//»  délia  R.  Accademia  dei  Lincei,  1891.  vol.  IX. 
parle  2»,  p.  46  et  suiv.  ;  et  il  en  a  donné  une  traduction  allemande 
dans  Georgs  des  Arabt^rbischofs  Gedichte  und  Briefe  ans  dem  syri- 
schen  libersctzt,  Leipzig,  1801.  p.  Mi;  suit  :  la  traduction  du  commen- 
taire sur  les  Sacrements  de  l'Église,  des  lettres  de  George,  de  la  Gn  de 
riiexaméron  de  Jacques  d'Édesse  et  des  citations  tirées  des  œuvres  de 
George;  comp.  Real-Encyklopedie  fur  prot.  Theol.  und  Kirche,  3«  éd., 
VI.  0-22.  I.e  texte  sjTiaque  des  lettres  à  Jean  le  Stylite  sur  l'astronomie 
a  été  publié  par  M.  Ryssel  dans  la  Zeilschr.  fur  Assyriologie,  t.  VIII, 
p.  l-oo.  Dans  ces  lettres.  George  mentionne  son  Chronicon  lune  chro- 
nologie aujourd'hui  perdue;.  M.  Ryssel  a  écrit  la  biographie  de  George 
dans  l'ouvrage  cité  plus  haut,  Georgs  des  Araberbischofs...  p.  xv. 

P.  380,  note  -2,  ajouter  :  Une  hymne  est  traduite  en  anglais  dans  Mac- 
LEAN,  East  Syrian  Daily  Offices,  p.  I.jT. 

P.  382.  note  1,  ajouter  :  Traduction  allemande  par  Oskap.  Bp.aln,  avec 
une  biographie  de  Moïse  bar  Képha,  Moses  bar  Kepha  und  sein  Buch 
ron  der  Seele,  Fribourg  en  Brisgau,  1801. 

P.  392,  1.  3  den  bas  :  Elias  était  diacre  et  non  évê- 
que,  voir  Oskar  Braun,  Moses  bai'  Kepha,  p.  135, 
note  2. 

P,  39Î,  note  8,  ajouter  :  D'autres  extraits  des  poésies  d'Elias  d'Anbar 
ilans  le  )LoI.vâ;  po^Io,  p.  258  et  33G. 

P.  393,  note  1,  ajouter  :  Extraits  du  livre  de  l'exposition  des  offices  de 
l'année  par  George  d'Arbèle  dans  le  |i.oL-;3;  po^lSo,  p.  W,  18"  et  271. 

P.  30i.  note  I,  et  39'i.  note 3.  après  Gismondi.  ajouter  :  pars  H. 

P.  301Î.  note  1,  ajouter  :  Sur  Jean  Maron  et  les  Maronites,  dont  M.  Nau 
défend  la  perpétuelle  orthodoxie,  voir  l'Abbé  Nac,  Opuscules  maronites 
dans  la  Revue  de  l'Orient  chrétien,  1899,  p.  i'ii  et  suiv. 

P.  397.  4®  ligne  d'en  bas,  ajouter  :  Elias  Abou-Ha- 
lim.  qui  fut  patriarche  des  Xestoriens  sous  le  nom  d'E- 
lias III  (1170-llOOj,  composa  des  prières  pour  les  of- 
fices; Assémani,  B.  0.,pars  I,  291;  Catal.  Sachaii, 
p.  142  et  suiv. 

p.  398,  note  3,  ajouter  :  De  Siméon  Schaukclavaya  est  vraisemblable- 
ment Le  livre  des  Pères  qui  est  mis  sous  le  nom  de  Siméon  bar  Sabbàé, 
voir  ci-dessus,  addition  à  la  p.  133,  note  4.  —  Note  i,  ajouter  :  Deux  ho- 
mélies sur  la  foi  dans  le  ILoL-^»  pojfio,  p.  U8-1-23;  et  une  homélie  sur 
l'explication  des  mystères,  ibid.,  p.  130-154. 

P.  40!,  note  2,  ajouter  :  Bedjaii,  Acta  mari.,  vi.  p.  61.".  M.  Bedjan  a 
|)ublié  cette  révision  de  la  vie  d'Abhai,  ibid.,  55"  014. 

P.  402,  note  3,  ajouter  :  Trois  autres  hymnes  dans  A.  Deltsch,  Edi- 


\0 


APPENDICE. 


l:oir  3  syr.  Leider,  Berlin,  189-i:  sept  autres  dans  Isak  Folkm.vnn,  Aiisge- 
ivahlle  nestorianische  KirchenHcder  ûber  das  martyrium  des  heil. 
Georq  von  Ghvargis  Warda,  Kirclihain,  189G.  Noeldeke  a  édite  et  tra- 
duit en  allemand  deux  poésies  de  Warda  sur  la  prise  de  Jérusalem, 
Zeitschr.  âer  dcut.  morg.  GeaclL,  XXVII,  1873,  p.  SIO  et  suiv.  Un  extrait 
de  Warda  dans  le  )LoLvs»  po^lJo,  p.  156. 

P.  403,  1.  5  :  Khamisy  comme  nom  propre,  peut  s'ex- 
pliquer aussi  bien  par  le  cinquième  fils  {Qitintiis)  que 
par  le  cinquième  jour  de  la  semaine  {jeudi). 

p.  403.  note  1,  ajouter  :  Une  hymne  de  Kliamis  dans  le  )LoL-^»  po^Bo, 
p.  94. 

P.  407,  note  2,  ajouter  :  La  lettre  jj/ié  représente  la  première  lettre  du 
nom  Fakr;  la  lettre  /av représente  la  première  lettre  du  nom  Tadj. 

P.  409,  note  3,  ajouter  :  Cheikho,  Barhebreev.s,  Vhomme  et  l'écrivain 
dans  Al-Machrig,  1898,  n°  7  et  suiv. 

P.  411,  note  2.  ajouter  :  M.  J.-B.  Chabot  a  publié  une  poésie  de  Barhe- 
braeus  dans  Mélanges  de  Ch.  de  Ha.rlez,  Leide,  1896,  p.  44;  et  une 
Lettre  de  Barhehrseus  au  cathoUcos  Denha  /,  avec  une  traduction  fran- 
çaise, dans    le  Journal    asiatique,  9«  série,  t.  XI,  p.  75. 


ç.  0  R  E 


MER 
CAS    P   /    E  N  N    £ 


CARTE   DE  L'ASIE  ANTÉRIEURE 

'OUR  LA  LlTTÉRATtlHE   SYRIAQUE 
par  RUBENS  DUVAL 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Avant-propos ix 

PREMIÈRE  PARTIE  :  LA  LITTÉRATURE  SYRIAQUE 
ET  SES  DIFFÉRENTS  GENRES 

I 
Les  origines  de  la  littérature  syriaque  ...        3 

II 

Caractères  généraux  de  la  littérature 
syriaque.  —  La  poésie. 

;  1.  Caractères  de  la  littérature  syriaque 13 

S  2.  La  poésie 16 

ni 

Les  anciennes  versions  de  l'A.  et  du  N.  Testament. 

'  1.  La  version  de  TA.  T.  dite  la  Peschitto 31 

,    2.  Les  anciennes  versions  du  N.  T 44 

IV 

Les  lectionnaires  syropalestiniens 57 

V 

Les  versions  postérieures  de  l'A.  et  du  N.  T.      03 


44-2  TAIU.E  DES  xMATlÈHES. 

VI 

La  massore  syrienne 09 

VII 

Les  commentaires  de  la  Bible 75 

VIII 

Les  apocryphes  de  l'A.  et  du  N.  T. 

J"  1.  Los  apocryphes  de  TA.  T 89 

S  2.  Les  apocryphes  du  N.  T 05 

IX 

Les  actes  des  martyrs  et  des  saints. 

S  L  Les  actes  des  martyrs  de  la  Mésopotamie  occidentale. .  120 

S  2.  Les  actes  des  martyrs  de  la  Perse 120 

5  3.  Les  textes  syriaques  sur  les  martyrs  en  dehors  de  la 

Mésopotamie  et  de  la  Perse 147 

S  4.  Vies  des  saints  et  des  ascètes 154 

X 

Les  textes  apologétiques 167 

XI 

Les  canons  ecclésiastiques  et  le  droit  civil. 

f,  1.  Canons  ecclésiastiques  traduits  du  grec 171 

S  2.  Canons  ecclésiastiques  syriaques 176 

S  3.  Le  droit  civil 183 

XII 

Les  historiographes. 

2  1 .  Histoire  générale 187 

5  2.  Histoires  particulières 215 


TABLE  DES  MATIERES.  443 

XIII 

Pages 

La  littérature  ascétique 220 

XIV 

La  philosophie. 

§  1.  La  philosophie  syriaque 241 

S  2.  La  philosophie  péripatéticienne 253 

S  3.  Versions  syriaques  de  la  philosophie  grecque 263 

XV 

Les  sciences  chez  les  Syriens. 

g  1.  La  médecine 273 

S  2.  L'histoire  naturelle 278 

S  3.  L'astronomie,  la  cosmographie  et  la  géographie 281 

S  4.  La  chimie 286 

S  5.  Les  mathématiques 286 

XVI 

La  grammaire,  la  lexicographie,  la  rhétorique 
et  la  poétique. 

£,  1.  La  grammaire 288 

$  2.  La  lexicographie 299 

S  3.  La  rhétorique  et  la  poétique 305 

XVII 

Versions  syriaques. 

<;  1.    /ersions  d'œuvres  des  Pères  grecs 308 

S  2.  Versions  d'œuvres  profanes 321 


444  TABLE  DES  MATIÈRES. 

DEUXIÈME  PARTIE  : 
NOTICES  SUR  LES  ÉCRIVAINS  SYRIAQUES 

I 

Pa.^es. 

Les  écrivains  jusqu'au  V*  siècle 331 

II 

Les  écrivains  jusqu'au  VU"  siècle. 

S  1.  Les  Orthodoxes 339    . 

§  2.  Les  Nestoriens 343   ^ 

§  3.  Les  Monophysites 351 

III 

Les  écrivains  sous  les  Arabes. 

S  1.  Le  Vlle  siècle 3G9 

S  2.  Le  VIII"  siècle 380   ; 

S  3.  Le  IXe  siècle 385   1 

S  4.  Le  X^  siècle 392  \ 

S  5.  Le  Xle  siècle 394   | 

S  6.  Le  Xlle  siècle 397   ' 

S  7.  Le  XIIP  siècle  et  la  fin  de  la  littérature  syriaque 401 

Index  bibliographique 413    , 

Index  alphabétique  des  auteurs  et  des  ouvrages  anonymes...  415 

Appendice 423 

Table  des  matières = 441 

fin  de  la  table  DR6  MATIÈRES. 


Typograpliie  Firmiu-Didot  et  C".  —  Me^nil  (Eure). 


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