j^j-^-ftitsyi
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in 2011 witin funding from
University of Toronto
littp://www.arcliive.org/details/lalittraturesyOOduva
Bîhliotbèque
de ï enseignement deVEistoire ecclésiastique
Sollicités de divers côtés de reprendre, avec les seules
ressources de l'initiative privée, le projet confié jadis
par S. S. Léon XIII aux cardinaux de Luca, Pitra et
Hergenrœther, à la suite de la lettre pontificale sur les
études historiques, — savoir la composition d'une « His-
toire ecclésiastique universelle, mise au point des pro-
grès de la critique de notre temps >, — nous nous sommes
déterminés à entreprendre la publication de cette col-
lection pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'his-
toire ecclésiastique. On a distribué la matière en une
série de sujets capitaux, chacun devant constituer un
volume indépendant, chaque volume confié à un savant
sous sa propre responsabilité, chaque collaborateur
chargé, non pas tant de produire un travail original,
que de dire où. en est la science, où elle se trouve et
comment elle se fait. Nous n'avons pas l'intention de
faire œuvre pédagogique et de publier des manuels
analogues à ceux de l'enseignement secondaire, ni da-
vantage œuvre de vulgarisation au service de ce que
Ton est convenu d'appeler le grand public: il y a une
œi^vre plus urgente à réaliser en matière d'histoire ec-
clésiastique, plus conforme aux vues exprimées par le
Souverain Pontife, un œuvre de haut enseignement,
puisque, en matière d'histoire ecclésiastique; il n'existe
pas, du moins en pays de langue française, de publi-
cations intermédiaires entre les manuels élémentaires
et des œuvres comme celles de Janssen, de De Rossi
ou de Hefele. Nous croyons que nous répondrions au
désir de bien des maîtres et de bien des étudiants de
l'enseignement supérieur français, autant que de bien
des membres du clergé et de l'élite des catholiques,
si nous réussissions à créer une collection compa-
rable pour le plan à V Histoire universelle de W. Onc-
ken. Pour cette œuvre nous nous sommes adressés à des
hommes de science, ayant déjà fait leurs preuves. Le
plan des sujets à traiter a été conçu de façon que l'en-
semble des vingt-cinq ou trente volumes qui compo-
seront notre collection embrasse toute l'histoire générale
de l'Église. Les volumes ne paraîtront ni dans l'ordre
chronologique, ni à dates fixes, mais à mesure qu'ils
seront prêts. Et chaque volume, de 300 à 400 pages,
se vendra séparément. La direction générale de la
publication est confiée à un comité, sous la présidence
de M^'' Pierre Batiffol, recteur de l'Institut Catholique
de Toulouse.
V. Lecoffre.
Bibliothèque de l'enseignement de l'Histoire ecclésiastique
Les origines du catholicisme.
Le christianisme et l'empire romain.
Les églises du monde romain.
Les anciennes littératures chrétiennes.
La théologie ancienne.
Les institutions anciennes de l'Église.
Les églises du monde barbare. — Les églises du monde syrien.
L'église by:{antine. — L'état pontifical.
La réforme du XI" siècle. — Le sacerdoce et l'Empire.
Histoire de la formation du droit canonique.
La littérature ecclésiastique du moyen âge.
La théologie du moyen âge. — Les institutions de la chrétienté.
L'Eglise et l'Orient au moyen âge.
L'Église et le Saint-Siège de Boniface VIII à Martin V.
L'Église à la fin du moyen âge.
La réforme protestante. — Le concile de Trente.
L'Église et l'Orient depuis le XV" siècle.
La théologie catholique depuis le XV I^ siècle.
Le protestantisme depuis la Réforme.
L'expansion de V Église depuis le A'TT siècle.
L'Église et les gouvernements d'ancien régime.
L'Eglise et les révolutions politiques (1789-1870).
L'Église contemporaine.
Bibliollièquc de renseiguemeul de l'Uisloire ecclésiastique
VOLUMES PARUS :
Le Christianisme et lEmpire romain, de Néron a Théodose, par
M. Paul Allard. Troisième édition.
Anciennes littératures chrétiennes : I. La littérature grecque,
par M. Pierre Batiffol, recteur de l'Institut catholique de
Toulouse. Deuxième édition.
Anciennes littératures chrétiennes : IL La littérature syria-
que, par M. RuBENS Duval. professeur au Collège de France.
Deuxième édition.
Chaque volume in-1:^. Prix : 3 fr. 50
POUR PARAITRE PROCHAINEMENT
Histoire des dogmes : 1. La théologie ancienne, par M. L. J.
TixERONT, professeur à l'Institut catholique de Lyon.
Anciennes littératures chrétiennes : III. La littérature latine,
par M. Paul Lejay, professeur à l'Institut catholique de
Paris.
La Réforme du XI® siècle, par M. Chénon, professeur à la
Faculté de droit de l'Université de Paris.
Les Institutions de la Chrétienté, par M. Edouard Jordan,
professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Rennes.
Les Papes d'Avignon, par leR. P. Louis Guérard, de l'Oratoire.
Le grand Schisme, par M. Salembier, professeur à la Faculté
de théologie de Lille.
Histoire des dogmes : IL La théologie du moyen âge, par le
R. P. Mandonnet, professeur à la Faculté de théologie de
l'Université de Fribourg.
Les origines du Protestantisme et de l'esprit moderne, au
xiv« et au xv« siècles, par le R. P. Baudrillart, professeur
à l'Institut catholique de Paris.
L'Église au XV* sciècle. I. Histoire politique et religieuse,
par M. Jean Guiraud, professeur à la facuHté des lettres
de l'Université de Besançon.
La Réforme protestante, par M. Imbart de la Tour, profes-
seur à la Faculté des lettres de l'Université de Bordeaux.
L'Église et les gouvernements d'ancien régime, par M. Gau-
chie, professeur à l'Université de Louvain.
L'Église et les Slaves, par le R. P. Pierling, S. J.
L'Église contemporaine, par M. Georges Goyau, ancien mem-
bre de l'École française de Rome.
Bibliothèque
de renseignement de l'Histoire ecclésiastique
ANCIENNES LITTÉRATURES CHRÉTIENNES
II
LA LITTÉRATURE SYRL\QUE
Bibliothèque de l'Enseignement de l'Histoire ecclésiastique
ANCIENNES
LITTÉRATURES CHRÉTIENNES
II
LA LITTÉRATURE SYRL\QUE
PAR
RrBENs DUVAL
DEUXIEME EDITION
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE
RUE BONAPARTE, 90
1900
AVA^T -PROPOS
DE LA PREMIÈRE ÉDITION
La littérature syriaque avait sa place marquée
dans la Bibliothèque de renseignement de VHis-
toire ecclésiastique, car elle constitue une des
principales sources de l'histoire de TEglise orien-
tale. Le livre qui lui est consacré, a été di^s-isé en
deux parties : dans la première, on s'est proposé de
donner une ^^le d'ensemble des œuvres littéraires
qui nous sont parvenues des Syriens; la seconde
renferme de brèves notices sur les auteurs syria-
ques, classées suivant l'ordre chronologique, d'a-
près le modèle de l'article de W. Wright sur la
littérature syriaque dans le XXIP volume de VEn-
cyclopedia britannica^. Les textes édités jusqu'à
ce jour forment une bibliothèque de plus de deux
cents volumes, dont la majeure partie a paru pen-
dant ce siècle. Nous croyons avoir mentionné tous
I. Une édition à part de cet article a été faite après la mort
de l'auteur : A short Hislory of syriac LUerature by Ihe Me
William Wright, Londres, 1894. C'est cette édition que nous
avons citée dans les notes de ce livre sous le titre de Wright,
Syr. lit., 2* éd.
6
X AVANT-PROPOS.
ceux qui présentent quelque intérêt littéraire , mais
nous avons laissé de côté les publications faites
dans un but pratique, telles que liturgies, rituels et
bréviaires.
La littérature syriaque n'est réellement entrée
dans le domaine des études orientales que depuis le
XIX° siècle, quoique, dès le commencement du
XVIIP, Joseph Simon Assémani en ait révélé l'im-
portance en écrivant sa célèbre Bibliotheca orîen-
talis. Cette œuvre capitale demeura sans rivale;
elle suffisait aux besoins du temps. Autrefois l'é-
tude du syriaque , qui avait principalement en vue
l'exégèse biblique, n'était pas poussée très loin.
La version syriaque de TAncien et du Nouveau
Testament , dite La Peschitto , avait été éditée
dans les Polyglottes; en 1669, Edmond Castell
avait rédigé son Lexicon heptaglotton pour la Po-
lyglotte de Londres. C'est sur ce fonds, grossi de
quelques autres publications analogues , que l'on
vivait; il fournissait la matière des livres d'ensei-
gnement : grammaires, chrestomathies et lexiques.
Quand la Bibliotheca orientalis d' Assémani eut
paru , on lui emprunta quelques textes , mis à la
portée des élèves; le Chronicon syriacum de
Barhebraeus, édité par Bruns et Kirsch, à Leipzig
en 1789, procura ensuite quelques nouvelles contri-
butions aux chrestomathies.
Si l'on excepte Renaudot qui , dans sa collection
des liturgies orientales , traduisit les liturgies
AVANT-PROPOS. m
syriaques, il faut reconnaître que c'est aux Maro-
nites et notamment à la famille des Assémani que
revient Thonneur d'avoir initié les savants de l'Eu-
rope aux richesses littéraires renfermées dans les
manuscrits syriaques. Ces manuscrits n'étaient pas
encore très nombreux dans nos bibliothèques.
J.-S. Assémani avait doté la Bibliothèque du Vati-
can d'une belle collection, qu'il tira en partie du
couvent de Notre-Dame des Syriens, situé dans le
désert de Nitrie (ou Scété) en Egypte ; c'est dans
cette collection qu'il prit les matériaux de sa Biblio-
theca orientalis. Le catalogue des ms. orientaux
du Vatican, qu'il rédigea avec l'aide d'Etienne
Evode Assémani, permettait à d'autres Orientalistes
de continuer et d'améliorer son œuvre , mais la Bi-
bliothèque Vaticane était alors peu accessible aux
étrangers. Les autres bibliothèques de l'Europe,
moins riches , n'avaient pas encore publié leurs
catalogues , à l'exception de la Laurentienne de
Florence , dont Evode Assémani avait décrit les
ms. orientaux, parmi lesquels figurent quelques
ms. syriaques.
De nos jours , les Syrologues sont mieux parta-
gés; le fonds syriaque des principales bibliothèques
s'est largement accru , surtout celui du Musée bri-
tannique qui a acquis l'importante collection du
souvent de Notre-Dame des Syriens, que J. Assé-
mani avait seulement entamée. Des catalogues
descriptifs et analytiques , rédigés par des biblio-
BQ
XII AVANT-PROPOS.
thécaires compétents, sont maintenant à la disposi-
tion de tous les travailleurs. D'un autre côté, les
relations que les savants de l'Europe ont nouées
avec le monde oriental, permettent d'utiliser les
trésors littéraires qui sont restés en Orient.
Grâce à ces heureuses circonstances, il s'est pro-
duit pendant notre siècle une renaissance des étu-
des syriaques qui ont, dans une grande mesure,
participé au nouvel essor imprimé à l'orientalisme
et à l'histoire ecclésiastique. De récents travaux
ont mis à nu les lacunes et les imperfections du
grand travail de J. Assémani; néanmoins la Biblio-
theca orientalis demeure toujours une source abon-
dante d'informations. La fièvre de l'inédit qui s'est
emparée de la jeune génération des Orientalistes
ne parait pas, heureusement, près de se calmer.
Ce livre a été écrit pour le public savant autant
que pour les Orientalistes ; nous avons donc jugé à
propos d'adopter, pour la transcription des noms
propres syriaques, la forme la plus simple et la plus
répandue , alors même qu'elle ne rendrait pas exac-
tement la prononciation orientale. Dans ce dessein,
nous avons négligé les signes conventionnels
dont on marque les lettres syriaques qui n'ont pas
leur équivalent dans notre alphabet, et nous avons
supprimé toute distinction entre la prononciation
des Syriens occidentaux et celle des Syriens orien-
taux, nous en tenant à la première que les Maronites
ont popularisée chez nous. Nous écrivons Barde-
AVAM-PROPOS. XIII
ïane, Éphrem^ Narsès , selon l'orthographe vul-
gaire; Barhebrœus avec la forme latinisée de ce
nom ; Ebedjésu selon la prononciation des Maro-
nites (et non Abdischo ou Audischo, qui reprodui-
rait mieux la prononciation nestorienne), etc.
Une carte géographique, jointe au volume, donne
un aperçu du domaine littéraire des Syriens et ai-
dera le lecteur à s'orienter dans les diverses con-
trées qui sont mentionnées dans Touvrage.
Paris, janvier 1899.
AVAM-PROPOS
DE LA SECONDE ÉDITION
La seconde édition de La littérature syriaque
diffère peu de la première édition qu'elle suit de si
près. Cependant les publications parues en 1898 et
1899 et que nous n'avions pu encore utiliser, ont
fourni une contribution importante. D'un autre
côté, on a fait les corrections nécessaires et réparé
les omissions grâce aux bienveillantes communica-
tions de MM. Nestlé, Lamy, Franz Cumont, Bed-
jan, Guidi et Chabot, auxquels nous adressons nos
vifs remerciements.
Afin que les acquéreurs de la première édition
puissent profiter de ces améliorations, nous avons
réuni les nouvelles additions dans un appendice,
dont un tirage à part est mis à la disposition des
premiers lecteurs de La littérature syriaque. Cet
appendice est suivi de la liste des corrections faites
dans le corps du livre.
Quelques critiques ont exprimé le regret qu'un
livre écrit en vue de l'enseignement ecclésiastique
XVI AVANT-PROPOS.
ne comprît pas un chapitre sur la liturgie si bien
représentée chez les Syriens^. Nous avouons notre
incompétence pour écrire ce chapitre. De plus, le
sujet est, semble-til, trop vaste pour être ren-
fermé dans quelques pages, il devrait être traité
dans un volume spécial de la Bibliothèque de l'en-
seignement de l'Histoire ecclésiastique-,
Paris, novembre 1899.
1. M. TixERONT, L'Université catholique de Lyon, août 1899,
p. 633: M. Chabot, Revue critique, 16 octobre 1899, p. 298.
2. Les personnes que le sujet intéresse pourront consulter :
BiCKELL, Conspectus rei Syrorum litterariae, Munster, 1871, Vil,
De Uturgiis Syrorum, p. 59 et suiv., et les ouvrages cités dans
ce livre. — Eberhard Nestlé, Syrische Grammatik mit Litteratur,
Chre8lom,athie iind Glossar, Berlin, 1888, Litteratura, III, Libri
ecclesiastici (liturgici, Rituales), 31-34. —P. Bedjan, Breviarium
chaldaicum (en syriaque). Mil, Paris, 1886-1887. — Liturgia
S. Apostolorum Addaei et Maris, cui accedunt duae aliae in
quibusdam festis et feriis dicendae, necnon Ordo baptismi (en sy-
riaque), Ourmia, Mission de l'Archevêque de Canterbury, 1890. —
Bréviaire à l'usage du clergé maronite, 2« éd., Beirouth, 1893
(en syriaque) — Arthur John Maclean, East Syrian Daily Offices
translated from the syriac with introduction, notes and indices...
Londres, 1894. — F. E. Brightmann, Eastern and western liturgies,
Oxford, 1896, t. \, Eastern liturgies — Ephraem n Rahmani, Testa-
mentum Domini Nostri Jesu Christi, Mayence, 1899, Disserta-
tio IIL De liturgia Missae, p. 169.
PREMIERE PARTIE - LA LITTERATURE SYRIAQUE
ET SES DIFFÉRENTS GENRES
LITTÉRATURE SYRIAQUE.
LES ORIGINES DE LA LITTERATURE SYRIAQUE
La littérature syriaque s'est formée et développée
d'abord dans la Mésopotamie sous linfluence du chris-
tianisme auquel elle doit le caractère religieux qui la
distingue. Elle est par-dessus tout une littérature ec-
clésiastique, les œuvres qu'elle nous a laissées ayant
pour auteurs, presque sans exception, des membres du
clergé ou des théologiens. Les docteurs mêmes qui se
consacrèrent à l'étude de la philosophie grecque,
comme les Maîtres de l'Ecole d'Edesse au Y^ siècle, ou
aux sciences naturelles et médicales, comme Sergius de
Reschaina, au siècle suivant, et les célèbres médecins
syriens de Bagdad au temps des califes Abbassides.
tous étaient versés dans la théologie. Les sciences, en
effet, étaient résumées en Orient dans le mot philoso-
phie y et la première et la plus importante des branches
de la philosophie, c'était la connaissance de Dieu et
des dogmes de la religion. Cette direction des études
tenait à l'esprit religieux des Sémites, aussi profon-
dément enraciné chez les Syriens que chez les Israé-
lites et les Arabes. On sait que l'activité intellectuelle
des Juifs était surtout concentrée dans l'étude de la
Thora, c'est-à-dire de la loi religieuse, et que l'ensei-
gnement se donnait chez les Musulmans dans les Ma-
4 LES ORIGINES
cirasse dépendant des mosquées et dirigées par des
Ouléma (docteurs de la loi) ; ainsi les chrétiens sy-
riens allaient étudier dans les écoles rattachées aux
couvents.
La Mésopotamie païenne ne compte pas parmi les
nations douées d'un génie littéraire. On comprend que
les œuvres qu'elle aurait produites aient somhré avec
le paganisme, à l'exception de quelques inscriptions
conservées par la pierre. Mais, s'il y avait eu une vraie
culture nationale, la tradition s'en serait conservée ou
elle aurait laissé son empreinte sur l'époque chrétienne.
Il n'en est rien : la littérature syriaque est sortie tout
entière du grand mouvement religieux qui se produisit
en Orient vers notre ère et qui entraîna la Mésopotamie
avec une rapidité surprenante. Cette contrée ne tarda
pas à devenir un des principaux centres des luttes re-
ligieuses et à prendre une place importante dans l'his-
toire de l'Eglise. Elle sera avec Bardesane le dernier
rempart du gnosticisme, puis les Syriens de l'empire
perse accueilleront le nestorianisme vaincu en Occident,
pendant que les Syriens de l'empire romain se décla-
reront partisans de l'hérésie monophysite et formeront
les Jacobites.
Nous avons dit que la Mésopotamie avait été le ber-
ceau de la littérature syriaque. Les Syriens étaient, il
est vrai , répandus sur une vaste étendue de territoire.
La Syrie proprement dite, ou Syrie cis-euphratique, la
Mésopotamie, la Babylonie, les provinces orientales,
telles que l'Adiabène, la Garamée, la Susiane, étaient
en grande partie habitées par des Araméens qui, après
l'évangélisation de ces contrées, prirent le titre de Sy-
riens ^ Mais la Syrie, après l'occupation des Séleuci-
\. Le mot aramcen devint dans la litU'rature juive le synonyme de
pafe^quand les Juifs, transportés en Baljylonie, se trouvèrent entourés
DE LA LITTËRATLRE SYRï.VQL'E. 5
des, s'était promptement hellénisée. L'idiome vulgaire
était le syriaque, mais on écrivait en grec. L'usage du
grec était général et se maintint longtemps après la
conquête romaine'. C'est en grec quEusèbe de Césa-
rée, Titus de Bostra, Sévère d'Antioche composèrent
leurs ouvrages. Les auteurs de ce pays qui, dans les
premiers siècles de notre ère, se servirent du syriaque.
comme Isaac d'Antioche et Jean d'Asie, étaient origi-
naires de la Mésopotamie"-. Le syriaque mésopotamien
ne devint la langue littéraire et ecclésiastique de la
Syrie qu'après l'établissement définitif du schisme mo-
nophysite dans cette contrée. Auparavant, les offices
étaient célébrés en grec et les Saintes Ecritures étaient
vraisemblablement expliquées oralement dans le dia-
lecte populaire. Ce dialecte faisait partie des dialectes
araméens occidentaux qui se distinguaient sensible-
ment des idiomes araméens parlés dans la Mésopotamie
et la Babylonie^.
Les origines de la littérature syriaque sont étroite-
ment liées à l'évangélisation de la Mésopotamie qui,
suivant une tradition constante , débuta à Edesse.
Edesse, la plus civilisée et la plus florissante des
cités de cette contrée, devait à sa situation géogra-
de populations araméennes adonnées au culte des astres. Les Araméens
chrétiens acceptèrent le mot grec .ZV'oot pour se distinguer des Ara-
méens demeurés païens.
1. BAP.nF,BR.ECs, Chron. syr.,éà. Br.iNS, Leipzig, 1789, p. 1-20, éd. Bedjan,
Paris, 1890, p. 115, nous apprend que le grec était la langue littéraire
jusqu'au vni« siècle de notre ère, notamment à Damas où Walid l'in-
terdit pour la rédaction des actes officiels et y substitua l'arabe.
2. Isaac naquit à Amid et ût ses études à Ldesse. Jean était également
d'Amid où il fut fait diacre, et d'où il s'enfuit pour éviter les persé-
cutions.
3. Sur ces différents dialecles voir Bahuedr-cls, Œuv. gramm., éd.
Map.tin, II, p. .-;, et Histoire des dynasties, éd. PocockE, Oxford, IG63, p. 16;
cd. Salîiam, Beiroutli, 1890, p. 18. Le syriaque occidental, très corrompu,
est encore parlé aujourd'hui dans deux villages du Liban.
() LES ORIGINES
[)liiqiie une importance exceptionnelle. C'était une
place forte, entourée d'une double muraille et natu-
rellement fortifiée à louest pur un massif rocheux
auquel elle était adossée. Cette ville commandait les
passes donnant accès à l'Arménie et dominait la
route qui traversait la Mésopotamie. Elle conserva son
indépendance sous les trente-quatre rois qui gou-
vernèrent rOsrhoène depuis l'an 132 avant notre ère
jusqu'à l'an 244 après J.-C; à cette époque Edesse
devint colonie romaine et reçut un gouverneur romain.
Édesse était de fait la capitale de la Mésopotamie et
on s'explique aisément qu'elle fût le premier objectif
des missions chargées de répandre en Orient la nou-
velle religion. Autant que l'histoire nous permet de le
juger, une communauté chrétienne existait à Edesse
vers l'an 150, et cette communauté semble s'être formée
d'abord dans l'élément juif de la ville, mais le christia-
nisme ne supplanta définitivement l'ancienne religion
païenne et ne devint la religion de l'État qu'après la
conversion du roi Abgar IX, conversion c{ui eut lieu vers
l'an 207 , après le retour de ce prince de Rome et la
grande inondation d'Édesse de l'an 201. Ces quelciues
données historiques résultent de la comparaison des
anciens documents dont nous nous occuperons bientôt :
la Légende d'Abgar, la chronique d'Edesse, la version
biblique dite la Peschitto ,eic.
L'heureuse influence du christianisme ne tarda pas
à se faire sentir en Mésopotamie. Les relations suivies
qui s'établirent entre Edesse et l'Église de Jérusalem
d'abord, et l'Église d'Antioche ensuite, créèrent un
mouvement intellectuel qui fit de cette ville un grand
centre des études religieuses et scientifiques, et de Ta-
raméen mésopotamien la langue littéraire, qu'adop-
teront un jour tous les Syriens depuis les bords de la
DE LA LllTEIl.VTLPiE SYRIAQUE. 7
Méditerranée jusqu'à lAdiabène, et depuis le Taurus
jusqu'à l'Arabie et jusqu'au golfe Persique.
Un phénomène qui surprend est la fixité de la lan-
gue syriaque qui se maintient sans changement et
comme stéréotypée pendant le cours des longs siècles
sur lesquels s'étend la littérature syriaque. Si l'on par-
court une de ces petites chrestomathies à l'usage des
étudiants, dans lesquelles se trouvent, côte à cote, des
passages de la Peschitto du IP s. de notre ère) et des
extraits des œuvres de Barhebrseus du XIIP s.), on
passe d'un texte à un autre avec la même facilité que
si l'on avait sous les yeux des écrits d'un même auteur.
L'immutabilité n'a rien que de naturel pour la période
de décadence qui suit la conquête musulmane. L'arabe
étant devenu l'idiome vulgaire , le syriaque n'est plus
qu'une langue morte, apprise à l'école comme chez
nous le latin. Mais l'explication du phénomène est
moins aisée pour l'époque classique qui va du IP siècle
jusque vers le VHP. Que l'on songe à la vie mouve-
mentée de nos langues européennes avant d'arriver à
leur forme actuelle! 11 faut bien admettre qu'au mo-
ment où la littérature chrétienne se forma, l'idiome
araméen avait déjà le caractère d'une langue littéraire
consacrée par l'usage, à l'abri des modifications que
subissent les dialectes vulgaires ^ Si cette littérature
ne doit rien de plus aux temps anciens . comme nous le
croyons, elle trouva tout achevé l'instrument qui lui
était nécessaire pour se manifester au jour et elle le
reçut comme un précieux héritage. La civilisation avan-
cée dont Edesse jouissait sous le gouvernement de ses
rois légitime du reste cette manière de voir.
1. On sait combien ces modifications sont nombreuses et profondes
pour les dialectes syriaques parlés encore de nos jours dans le Liban,
dans le Tour Abdin, dans le Kurdistan et aux environs du lacd'Ounnia,
en Perse.
8 LES ORIGINES
On a cru pouvoir remonter plus haut et rattacher
les origines de la littérature syriaque à la science
chaldéenne. « On ne peut douter, écrivait Renan dans
son Histoire des langues sémitiques (4^ éd., p. 259),
que, de très bonne heure , il ne se soit formé une litté-
rature chrétienne en langue syriaque. Ce serait toute-
fois une confusion que de rattacher immédiatement
cette littérature aux premiers écrits du christianisme,
qu'on peut supposer avoir été composés en syro-chal-
daïque' ; car, malgré la grande analogie du syriaque et
de la langue parlée en Palestine à l'époque du Christ,
on ne voit pas le lien qui unirait la première littérature
de Judée au développement que l'on appelle syriaque,
lequel se produit au lY^ siècle -, non dans la Syrie pro-
prement dite, mais en Mésopotamie. C'est un fait sin-
gulier, il faut l'avouer, qu'une littérature apparaissant
ainsi sans antécédents, et sans qu'aucune tradition
nous ait été conservée dune culture nationale anté-
rieure ; mais la surprise que nous cause cette brusque
apparition n'est qu'un effet de l'ignorance où nous
sommes sur les anciennes études araméennes. On a
établi ci-dessus que la Chaldée avait possédé une litté-
rature païenne et indigène antérieure au christianisme.
La Syrie proprement dite et le nord de la Mésopota-
mie ne paraissent pas, il est vrai, avoir participé d'une
manière efficace au mouvement des études chaldéen-
nes ; mais on ne peut croire qu'elles y soient restées
tout à fait étrangères. Il est remarquable que les plus
anciens écrivains dont les noms sont venus jusqu'à
nous étaient tous des Chaldéens vivant sous la domina-
tion des Sassanides. L'idée d'écrire en langue ara-
méenne sur les choses chrétiennes sera venue naturelle-
1. C'est-à-dire dans le dialecte araméen de la Palestine
-2. Sic, lire au H^ siècle.
DE L.V LTTTÉRATLRE SYRIAQUE. 0
ment clans un pays qui possédait déjà des ouvrages en
langue indigène sur toutes sortes de sujets. »
On le voit, tout cela est assez vague. Quand Renan
écrivait son histoire des langues sémitiques, les élé-
ments d'informations que nous possédons sur la littéra-
ture araméenne n'étaient pas encore élucidés et vul-
garisés comme ils le sont aujourd'hui. Ce que Renan
disait de la littérature chaldéenne antérieure au chris-
tianisme était emprunté aux légendes recueillies parles
auteurs arabes, venus trop tard pour être des autorités
dignes de foi. Ces auteurs désignent sous le nom de
Chaldéens les Nabatéens établis en Babylonie après le
11^ siècle de notre ère. L'importante littérature qu'ils
leur attribuent n'est qu'un mythe. Il est aujourd'hui
reconnu que le traité d'agriculture qu'Ibn ^Vaschiyah
en l'an 904 de notre ère) disait avoir traduit du chal-
déen est une œuvre sans valeur mise sous l'autorité d'un
nom supposé. Les autres livres relatifs aux sciences
naturelles, à l'astrologie, aux mystères, aux Patriar-
ches de l'ancien Testament dont parlent les Arabes, ne
sont vraisemblablement pas autre chose que les livres
des Mandéens, qui existent encore et qui sont posté-
rieurs au christianisme.
L'illustre orientaliste est plus précis quand il ajoute
quelques pages après 'p. 262 : « Une observation qui,
ce me semble , n'est pas sans importance pour la criti-
que , c'est que Bardesane se rattache directement à l'é-
cole chaldéenne, comme le prouvent ses écrits et sur-
tout les réfutations de saint Ephrem. Ceci me confirme
dans l'opinion qu'il faut chercher en Chaldée l'origine
de la littérature syriaque et que cette littérature n'est
autre chose que le prolongement chrétien de la littéra-
ture nabatéenne. Selon le Kitab-cl-Fihn'st, Manès aurait
aussi composé en syriaque la plupart de ses livres. »
1.
]0 LES ORIGINES
Renan avait été amené à cette conclusion, parce
qu'il considérait Bardesane comme le créateur de la
littérature syriaque : « Ce que Bardesane fut sans con-
testation, écrit-il dans son Marc-Aiirèle, p. 442, c'est
le créateur de la littérature syriaque chrétienne ». Bar-
desane créa la poésie religieuse, si nous en croyons
saint Éphrem, mais avant qu'il se fit connaître comme
théologien et philosophe, c'est-à-dire avant le dernier
quart du IP siècle (il était né en l'an 154), la commu-
nauté chrétienne d'Édesse possédait déjà une version
de l'Ancien Testament, la Peschitto, et YHtuDionie des
quatre Évangiles de Tatien, peut-être môme une ver-
sion complète des quatre Evangiles , comme nous l'ex-
poserons plus loin.
Saint Éphrem nous fait connaître Bardesane comme
un gnostique qui inclinait vers le système de Valentin.
Or le gnosticisme, comme le christianisme, procède
du mouvement religieux qui eut son essor en Palestine
et auquel la Babylonie demeura d'abord étrangère;
ce n'est qu'au IIP siècle qu'apparaît Manès d'origine
perse. Bardesane subit l'influence des idées religieuses
qui étaient répandues en Palestine et en Syrie et, sous
ce rapport , il ne doit rien à la Chaldée.
Mais Bardesane était versé dans la connaissance des
sciences occultes ; on lui attribue un traité d'astrologie
et un alphabet mystique. De ce côté, il pourrait être
rattaché à la Chaldée qui passe pour le berceau de
ces sciences; nous n'y contredisons pas, nous ferons
seulement observer que, pour expliquer le fait, il
n'est pas nécesaire de supposer un commerce direct
entre le nord de la Mésopotamie et le sud de la Baby-
lonie. Dès les temps anciens la Mésopotamie, comme
la Syrie, était adonnée au culte des planètes et les
Syriens croyaient à l'influence des astres sur la des-
DE LA LITTÉRATLRE SYRIAOLE. 11
tinée humaine. Létude des sciences occultes était
répandue dans tout l'Orient et llorissait, vers l'époque
chrétienne, surtout en Egypte. Ce n'est pas en Chaldée
que Basilide avait composé son Abra.vas; du reste
l'aphabet mystique mis sous le nom de Bardesane est
d'origine juive ^
Nous ne nous croyons donc pas autorisé à rattacher
la littérature chrétienne de la Mésopotamie à la littéra-
ture pa'ienne de la Chaldée. Le royaume d'Edesse, comme
les autres principautés qui se constituèrent en Baby-
lonie et en Mésopotamie . sous l'égide des Parthes .
après que les Séleucides eurent renoncé à leurs posses-
sions trans-euphratiques, avait été fondé par des tribus
nabatéennes originaires du nord de l'Arabie. La lan-
gue littéraire de ces tribus était l'araméen. Autrefois
on confondait souvent les mots araméen et chaldéen,
et cette confusion a été la cause de regrettables erreurs.
1. Voir R. DuvAL, Traité de grammaire syriaque, Paris, 18S1, p. 1-^.
II
CARACTERES GENERAUX DE LA LITTERATURE SYRIAQUE.
LA poÉsre.
§ 1. — Caractères de la littérature syriaque.
La littérature syriaque n'est pas la création géniale
d'une nation qui se développe progressivement et pos-
sède une tradition suivie. Nous l'avons dit, rien ne re-
lie cette littérature à un passé indigène. Elle germa
comme un rejeton de la littérature sacrée de la Pales-
tine sur lequel se grefîèrent les rameaux de la culture
grecque. Aussi bien les monuments qu'elle nous a lais-
sés n'ont pas le caractère original des œuvres des
grands écrivains qui reflètent le génie propre de leur
peuple.
L'intérêt de cette littérature est surtout historique.
Les chroniques renferment des documents de premier
ordre pour Ihistoire de l'Asie antérieure sous les Ro-
mains, les Perses, les Arabes, les Mongols et les
Turcs. Mais ce sont les historiens ecclésiastiques qui
revendiqueront la plus grande part de cette littérature.
La Syrie ne resta indilTérente à aucune des luttes qui
troublèrent le monde chrétien : les hérésies et les
schismes y trouvèrent un terrain fertile . facile à ex-
ploiter, et jusqu'au VII*^ siècle, les dissensions, les po-
4 4 CARACTÈRES
lémiques et les controverses religieuses agitèrent les
esprits des Syriens dans l'empire romain et dans l'em-
pire perse.
Par leur ancienneté les versions bibliques se recom-
mandent à l'exégète. La Peschitto apporte un contrôle
utile à la critique du texte hébreu, comme Tllexaplaire
syriaque à celle des Septante. Les versions du Nou-
veau Testament, y compris THéracléenne, sont con-
sultées avec fruit, ainsi que les commentaires que les
Pères de l'Eglise syriaque ont faits des Saintes Ecritu-
res.
La littérature apocryphe de la Judée eut son écho en
Syrie, où l'imagination s'exerça sur les Patriarches
bibliques, sur la vie de Notre Seigneur, sur la Vierge
et les Apôtres. Il se forma des légendes qui furent ac-
ceptées en Occident même.
L'hagiographie occupe dans la littérature syriaque
une place aussi grande que dans les autres littératures
chrétiennes. Les Actes des martyrs rédigés par les Sy-
riens occidentaux diffèrent, par leur caractère, de
ceux écrits par les Syriens orientaux. Ces derniers ren-
ferment des données historiques et géograpliiques qui
servent à éclairer des points obscurs des temps an-
ciens.
Nous ne nous appesantirons pas sur ces sujets qui
trouveront leurs développements dans le cours de ce
livre , mais nous ferons ressortir ici la valeur des tra-
ductions des livres grecs, qui forment une des bran-
ches importantes de la littérature syriaque.
La Mésopotamie païenne était restée fermée aux let-
tres grecques. La nécessité de connaître les œuvres des
Pères de l'Eglise grecque et de l'Église hellénisante
d'Antioche se fit sentir d'abord dans la Mésopotamie
antérieure au commencement du Y^ siècle. A cette épo-
DE L.V LITTERATURE S\T\IAQUE. lo
que, renseignement du grec faisait partie du pro-
gramme de la célèbre école d'Edesse, qui publie suc-
cessivement des traductions des commentaires de
Théodore de Mopsueste, des traités de saint Cyrille
d'Alexandrie, de la logique d'Aristote et d'autres livres
de YOrgiinon. De là l'étude du grec se répand dans
toute la Mésopotamie et se continue pendant les siècles
suivants. Sous les Abbassides apparaît à Bagdad une
renaissance scientifique créée parles illustres médecins
que les califes entretiennent à leur cour. Des écoles
dirigées par des maîtres en renom revisent et rééditent
les anciennes traductions d'Aristote et de Galien et
publient en syriaque les œuvres de Dioscoride et de Paul
d'Égine. Ce sont encore les Grecs qui initient les Sy-
riens à la connaissance de la grammaire et de la lexico-
graphie. La langue syriaque porte la marque visible de
cette culture. Après avoir été les disciples des Grecs»
les Syriens deviendront les maîtres des Arabes et leur
transmettront les livres grecs. Il n'est guère de version
arabe dune œuvre grecque qui ne suppose un intermé-
diaire syriaque. Par un curieux retour des choses, la
philosophie grecque reviendra d'Orient en Europe par
les livres arabes qui firent autorité chez nous au moyen
âge.
Nous devons encore aux Syriens orientaux des ver-
sions syriaques de livres pehlwis : le livre de Kalila
et Dinina , le Roman d'Alexandre le Grand, et pro-
bablement le livre de Sindbdn ou des Sept sages.
Ces traductions nous ont conservé un certain nom-
bre d'œuvres dont les originaux sont perdus, soit en
totalité, soit en partie. Certaines versions d'écrits
grecs valent par leur âge un bon manuscrit et méri-
tent d'être consultées pour une édition critique.
16 LA POlilSIE SYRIAQUE.
§ 2. — La poésie.
Si l'on veut toucher du doigt la note personnelle de
l'esprit littéraire des Syriens, c'est dans leur poésie
qu'il faut la chercher. On ne s'attendra pas à trouver
dans leurs productions poétiques les hautes envolées du
lyrisme ni le charme naïf et captivant de l'épopée hé-
roïque , mais le caractère particulier de cette poésie en
fait un événement littéraire qui vaut la peine qu'on s'y
arrête et qu'on suive son histoire dans le cours des
siècles ^
La poésie syriaque, purement ecclésiastique, est née
et s'est développée dans le clergé pour lequel elle fut
l'instrument le plus apte à répandre dans le peuple
l'instruction religieuse et à donner aux offices du culte
toute la solennité qu'ils comportent. Ici encore pas de
traces d'une tradition qui relie la poésie chrétienne aux
chants populaires des temps païens. C'est du côté de
l'ancienne poésie hébraïque qu'on pourrait chercher
quelques analogies : les vers syriaques groupés deux
par deux forment une phrase métrique, un édifice
()L^), comme disent les Syriens, répondant assez bien
au parallélisme des versets hébreux. Il ne fait pas de
doute, d'autre part, que l'usage des strophes acrosti-
ches qui suivent l'ordre alphabétique se soit introduit
dans la poésie syriaque par imitation de certains
Psaumes et des Lamentations de Jérémie qui présentent
cet arrangement strophique-.
1. Ce que nous disons plus loin de la poésie syriaque a fait l'objet
d'une lecture à l'Assemblée de la Société asiatique du mois de juin 189",
et a été imprimé dans le Journal de cette société, n° de juillet-août 189".
2. Les homélies métri(|ues de Narsés (V« s.) encore inédites, présen-
tent de nombreux exemples de réponse, c'est-à-dire de la reprise au
L.V POESIE SYRIAQUE. 17
Cependant le principe fondamental de la m'.Hriqae
syriaque, le nombre déterminé des syllabes du vers,
n'existe pas en hébreu. Ce serait faire fausse route que
d'en chercher l'origine dans l'ancienne poésie grecque
et latine. Les Syriens ne distinguaient pas dans les
vers les voyelles longues des brèves, et rien ne trahit
chez eux la connaissance de la poésie occidentale à
l'aurore de leur époque littéraire. La langue syriaque,
émoussée par l'usure, ne maintient que très rarement
la voyelle brève dans une syllabe ouverte; par suite,
les mots se décomposent en syllabes bien tranchées qui
ont la même valeur prosodique. Il était donc naturel
qu'une phrase rythmée comprit un nombre déterminé
de syllabes. C'est le phénomène qui s'est produit éga-
lement pour le vers français, dans lequel il n'est pas
tenu compte de la durée d'émission des voyelles.
On serait plutôt tenté d'admettre une certaine parenté
entre l'hymnologie syriaque et Ihymnologie byzantine,
en supposant que celle-ci dérive de la première. C'est
l'hypothèse qui a été soutenue en 1SS5 par M. ^Yilhelm
Meyer'; mais sa thèse a rencontré plus d'adversaires
que de partisans; la prosodie syriaque était alors trop
mal connue pour servir de base à un travail de compa-
raison qui eût quelque chance d'être accepté. M. Hu-
bert Grimme^ a depuis repris l'étude de cette prosodie
comraenceraent d'une strophe, d'un mot ou d'une pensée de la strophe
précédente. Ce phénomène poétique a été signalé pour rhcl)reu par
M. D. H. Muller dans les livres des Prophètes, les Psaumes et diverses
poésies bibli<iues. Il y a encore là une analogie frappante entre la
poésie hébraïque et la poésie syriaque.
i. Anfang und Ursprung der laleinischen und griechischen rythmi-
schen Dichtung, Munich, 188.':;.
2. Zeilschrift der deulschen morgenl. Gesellschaft, XLVII, p. 2TG, et
der Slrophenbau in den Gedichten Ephrœms, Fribourg en Suisse, 1893.
Comp, la réfutation du système de Grimme, par G. MocKELUxyy y Zeilschr.
der deut. morg. Gesellschaft., LU, p. 401.
18 LA POÉSIE SYRIAQUE.
et recherché les règles qui régissent l'accent tonique
elles strophes dans la poésie syriaque. Nous ne pou-
vons entrer ici dans l'examen de ce sujet; il nous suf-
fira d'avoir rappelé la question posée par INI. AVilhelm
Me ver pour montrer que l'intérêt qu'olTre la poésie sy-
riaque dépasse le cercle des orientalistes.
C'est au célèbre Bardesane d'Édesse, qui vivait à la
fin du IP siècle de notre ère, que revient, dit-on, l'hon-
neur de la création de la poésie syriaque. Dans une de
ses hymnes contre les hérétiques \ saint Éphrem dit
de Bardesane :
II créa les h3aîines et y associa des airs musicaux.
II composa des cantiques et y introduisit les mètres.
En mesures et en poids il divisa les mots 2.
Il offrit aux gens sains le poison amer dissimulé par la douceur.
Les malades n'eurent point le choix d'un remède salutaire.
11 voulut imiter David et se parer de sa beauté.
Ambitionnant les mêmes éloges, il composa comme lui
Cent cinquante cantiques.
Selon saint Ephrem, Bardesane avait écrit ces hym-
nes pour graver dans l'esprit du peuple ses enseigne-
ments religieux. Son invention eut, paraît-il, un grand
succès, et son fils Harmonius, rapportent les écrivains
ecclésiastiques, excella tellement dans cet art qu'il sur-
passa même son père. Malheureusement, il ne nous est
rien resté de ces poésies, si l'on excepte quelques vers
de Bardesane cités par saint Ephrem. Les écrits des
gnostiques ont définitivement péri avec les théories
qu'ils exposaient.
Mais, si l'œuvre disparut, le moule qui l'avait façon-
i. s. Ephrxmi syri opéra syriace et latine, éd. Stkpii. Evod. Assé-
MAM, Rome, 1737-1743, U, p. uî>4.
2. C'est-à-dire, il divisa les vers en mesures rvthniées et accentuées.
LA POESIE SYRIAQLE. \0
née subsista. Un siècle et demi plus tard, saint Éphrem
empruntait à Bardesane son armure poétique pour
combattre les doctrines erronées et c"est sous la l'orme
d'hymnes et d'homélies métriques que lillustre Père
de l'Église syriaque réfuta les hérétiques et popularisa
les doctrines orthodoxes.
La fécondité littéraire de saint Éphrem tient du pro-
dige. Ses nombreuses œuvres poétiques ont été reli-
gieusement conservées et sont aujourd'hui publiées. Il
est vrai que l'auteur, si l'on pouvait évoquer son té-
moignage, en renierait un certain nombre. On a mis
sous l'autorité de son nom des compositions de son
école, notamment d'isaac d'Antioche', et même deXes-
toriens, tels que Xarsès-.
Éphrem fut dans cet art le grand maître que les
écrivains de l'époque classique imitèrent et rarement
dépassèrent. On lui a reproché son manque de chaleur
et sa prolixité. Le genre didactique et parénétique se
prête peu au lyrisme. Il ne faut pas non plus perdre de
vue le caractère spécial de l'hymne sacrée, qui était
chantée par deux chœurs pendant les offices : or, dans
ce genre de poésies, la phrase est subordonnée au
chant qui lui donne son relief.
Quant à la prolixité de saint Éphrem que nous trou-
vons parfois fastidieuse, on ne peut la condamner sans
tenir compte du goût des Syriens qui aimaient les ré-
pétitions et les développements de la même pensée, et
voyaient des qualités là où nous trouvons des défauts.
Ces défauts, nous les rencontrons les mêmes non seu-
lement chez les poètes les plus estimés , Isaac d'An-
tioche. Xarsès, Jacques de Saroug, mais aussi chez les
i. BK.kFi.L, con.spectHS rei Syrorum lillerarix, 5Iunsler, 1871, p. 23.
;2. Fr.r.DMANN, tiyrische Wechscllicder von Narses, Lcip-^ig, 189G;
NOELDEKE, Lilerar. Centralblatl, lSî»7. n» 3. j.. 04.
20 LA POESIE SYRIAQUE.
prosateurs de la meilleure époque, Aphraate et Phi-
loxène de Mabboug.
La poésie syriaque se divise en deux groupes princi-
paux : les homélies métriques et les hymnes.
Les homélies ou discours poétiques jkiJîcLioj iv^)^' ap-
partiennent au genre narratif et épique; elles suivent
une marche régulière et se composent de vers du même
mètre. Saint Ephrem fit usage, dans ses homélies, du
vers de sept syllabes qui, le plus souvent, se divise en
deux mesures rythmiques de trois et quatre syllabes.
Après lui, d'autres mètres furent aussi employés pour
ce genre poétique. Mar Balai composa des homélies en
vers de cinq syllabes, comprenant deux mesures de
deux et trois syllabes. Narsès, dit-on, préférait le mè-
tre de six syllabes; mais cette assertion ne s'est pas
vérifiée jusqu'à ce jour ; on ne connaît de cet auteur que
des poésies en vers de sept syllabes et envers de douze
syllabes. C'est également le vers de douze syllabes,
divisé en trois mesures de quatre syllabes chacune,
qu'employa Jacques de Saroug dans ses nombreuses
homélies.
Les homélies étaient le plus souvent écrites en vue
des fêtes de l'Église et des commémoraisons des saints
et des martyrs, pendant les offices desquels elles
étaient récitées. Parfois aussi elles étaient destinées à
l'édification des fidèles et servaient de lectures pieuses.
Dans ce cas elles pouvaient avoir l'étendue d'un long
poème. Nous possédons d'Isaac d'Antioche une homé-
lie sur la pénitence de 1924 vers et une autre de 2133
vers sur un perroquet qui chantait à Antioche l'hymne
du Trisagion. Jacques de Saroug est l'auteur d'une ho-
mélie de 1400 vers sur le char qui apparut à Ezéchiel ,
d'une autre de 730 vers sur les légendes d'Alexandre le
Grand. Si le poème était trop long pour être lu d'une
LA POÉSIE SYRIAQUE. 21
seule haleine, on le divisait en plusieurs homélies.
Ainsi le poème sur Joseph, fils de Jacob, attribué à
saint Ephrem, comprend douze homélies ou chants.
Les hymnes forment le second groupe de la poésie sy-
riaque. Je retiens \QTi\o\ hymne qui est consacré parlu-
sage. Mais les Syriens ne connaissaient pas ce terme;
ils appelaient ces poésies des instructions >ivyi\ C'é-
tait , en effet, nous l'avons rappelé , par des hymnes que
Bardesane répandait dans le peuple ses doctrines, et
saint Ephrem suivit son exemple consacré par le suc-
cès. Si Bardesane composa cent cinquante hymnes,
les œuvres de saint Ephrem comprennent plus du dou-
ble de ces poésies. Les unes sont dirig-ées contre les
hérétiques et les sceptiques; d'autres sont parénéti-
ques; d'autres encore étaient destinées aux fêtes de
l'Eglise et des saints et étaient chantées à la suite des
homélies.
a Lorsque saint Ephrem , rapporte son biographe ,
vit le goût des habitants d'Edesse pour les chants, il
institua la contre-partie des jeux et des danses des jeunes
gens. Il établit des chœurs de religieuses auxquelles il
fit apprendre des hymnes divisées en strophes avec des
refrains. Il mit dans ces hymnes des pensées délicates
et des instructions spirituelles sur la Nativité, sur le
baptême , le jeûne et les actes du Christ , sur la Passion ,
la Résurrection et l'Ascension , ainsi que sur les cons-
fesseurs, la pénitence et les défunts. Les vierges se
réunissaient le dimanche, aux grandes fêtes et aux
commémoraisons des martyrs; et lui, comme un père,
se tenait au milieu d'elles, les acompagnant de la
harpe. 11 les divisa en chœurs pour les chants alter-
nants et leur enseigna les différents airs musicaux, de
sorte que toute la ville se réunit autour de lui et que les
adversaires furent couverts de honte et disparurent. »
22 LA POtSIE SYRIAQUE.
Une légende, recueillie par riiistorion Socrate
(YI, 8) et suivie par Salomon de Bassora [Le livre de
Vabeille, 130,trad. 115) et par BarhebrœusiCVi/'o/i. eccl.^
I, 41), attribue l'institution de lantiphone^ en Syrie,
à saint Ignace d'Antioche, qui en aurait reçu l'inspira-
tion dans une vision. Les anges lui étaient apparus cé-
lébrant les louanges de la Trinité dans des hymnes
qu'ils chantaient alternativement ^
A la différence des homélies , les hymnes repré-
sentent le genre lyrique ; elles renfermaient toutes les
variétés dont ce genre est susceptible, depuis le vers de
quatre syllabes jusqu'à celui de dix syllabes, et com-
prenaient un nombre variable de strophes de différente
longueur. Les stropheslesplus longues étaient chantées
par le premier chœur; les strophes les plus courtes for-
maient le refrain et la partie du second chœur.
Le refrain se composait d'une doxologie ou d'une
prière , il revenait sans changement après chaque stro-
phe principale, ou il variait dans ses expressions. 11
était chanté sur le môme air que les autres strophes de
l'hymne.
Les airs musicaux étaient indiqués par des rubriques.
Ces rubriques donnaient les premiers mots de Ihymne
dont le chant connu servait de modèle; par exemple,
la rubrique sur V air de Ce jour indiquait le chant de
l'hymne sur la Nativité de Notre Seigneur, qui com-
mençait par Ce jour. C'est dune manière analogue que
les airs sont notés dans nos recueils de cantiques ou de
chansons populaires.
Les airs variaient suivant les diverses espèces d'hym-
nes , dont les strophes étaient formées de mètres pa-
1. L'institution des cliœurs en Babylonie et dans la Mésopotamie orien-
tale est due à Siniéon bar Sabbâé , mort en 341 , suivant BARnEBR^us,
Chron. eccL, U, 33.
LA POÉSIE SYRIAQUE. 23
reils, ou de mètres dinégale longueur. M. Lamy, qui a
consacré une étude aux poésies de saint Eplirem , a re-
connu soixante-six variétés d'hymaes chez cet auteur'.
Saint Ephrem nous a laissé un certain nombre d'hym-
nes acrostiches dans lesquelles les strophes sont dispo-
sées suivant l'ordre alphabétique , à l'instar de plusieurs
poésies hébraïques de la Bible. Avant lui, Aphraate
avait déjà fait usage de ce procédé de numérotage; cha-
cune de ses homélies en prose commence par une let-
tre de l'alphabet qui en détermine la place. Des acros-
tiches de mots sont plus rares. Saint Éphrem a signé
quelques-unes de ses compositions au moyen de l'acro-
stiche formé des lettres de son nom.
Une variété de l'hymne était le cantique, sougUhd
()? jL^oœ) , qui contient une prière ou les louanges de la
Divinité ou d'un saint. On possède des cantiques écrits
en strophes acrostiches et rattachés à des homélies, à
la suite desquelles ils étaient chantés par les chœurs
pendant les fêtes religieuses. De cette espèce sont les
neuf cantiques du docteur nestorien Narsès existant
dans des manuscrits dont deux copies se trouvent en
Europe, l'une à la Bibliothèque royale de Berlin, l'au-
tre au Musée Borgia. Nous en devons la connaissance à
MM. Sachau et Feldmann qui les ont publiés récem-
ment-. Ces cantiques ont pour sujet la Nativité de No-
tre Seigneur, l'Annonciation, l'Epiphanie, la fête de
saint Jean -Baptiste, la fête des Docteurs nestoriens
Diodore, Théodore et Nestorius;, la Passion, les Ha-
meaux, la fête de Pâques et ]a fête des Confesseurs
(célébrée le vendredi de la semaine de Pâques).
i. On syriac prosody, dans les Actes du congrès des Orientalistes de
Londres de 1891.
2. Sacuau, Ueter die Poésie in der Volksprache der Xeslorianer, dans
les Rapports de l'Académie de Berlin, 1890. p. i*j.j.208; Feldma», 6'>/-
rische Wechsellieder von Xarses, Leipzig, 1890.
24 LA POÉSIE SYRIAQUE.
Le caractère distinctif de ces neuf cantiques est la
forme dialoguée. Après une courte introduction dont
l'étendue varie de cinq à dix strophes de quatre vers de
sept syllabes, commence un dialogue entre deux per-
sonnages ou groupes de personnes; ainsi, dans le
cantique de la Nativité, le dialogue a lieu entre la
Sainte Vierge et les rois Mages ; dans le cantique de
FAnnonciation , entre l'Archange Gabriel et la Vierge
Marie. A chaque personnage est attribuée , à tour de
rôle, une strophe; les strophes sont rangées par ordre
alphabétique ; chaque lettre de l'alphabet a deux stro-
phes, ce qui donne pour la partie dialoguée quarante-
quatre strophes, les lettres de l'alphabet syriaque étant
au nombre de vingt-deux.
Ces cantiques sont des petits drames d'une vive allure
et empreints d'une certaine grâce; ils rappellent ces
drames religieux du moyen âge dans lesquels les prin-
cipaux actes de Notre Seigneur et de la Vierge étaient
mis en scène. Les Syriens semblent avoir fort goûté ce
genre. Les cantiques sur la Nativité, sur l'Annonciation
et sur lÉpiphanie, bien qu'écrits par un nestorien,
ont été admis dans le bréviaire maronite pour l'office
de ces fêtes, mais débaptisés et placés sous l'autorité
de saint Ephrem.
Telle est, esquissée à grands traits, la poésie syria-
que de l'époque où florissait la littérature, du IV^ au
VIII® siècle de notre ère.
La décadence commence un siècle après la conquête
arabe, lorsque le syriaque, cessant d'être parlé, n'est
plus que la langue littéraire. 11 ne semble pas, autant
que nous pouvons en juger dans l'état actuel de nos
connaissances , que la poésie arabe ait exercé son in-
fluence sur la poésie syriaque avant le IX^ siècle ^ C'est
i. Le Liber Thesauri de arte poetica du P. Cardaui, Rome, 1873.
L.\ POÉSIE SYRIAQUE. 25
vers cette époque que nous constatons l'usage de la
rime introduite dans la poésie syriaque par imitation
de la poésie arabe' , et cet usage ne tarda pas à se c^é'
néraliser-. Les anciens Syriens ne connaissaient pas
l'art de séparer les vers par la rime. On a relevé, il est
vrai, quelques traces de rimes dans les poésies de saint
Ephrem et d'autres poètes de la bonne époque, mais ce
sont simplement des assonances qui plaisent aux Orien-
taux; ces assonances n'ont pas le caractère de la rime
qui marque par une cadence la coupe des vers.
Comme dans la hasida arabe, la rime est quelquefois
la même pour tous les vers dune poésie^. Mais, dans
la majorité des cas, les vers de la strophe seulement
riment entre eux. Les Syriens, d'ailleurs, ne se sont
pas astreints aux règles étroites de la prosodie arabe;
ils ont créé un nouvel art qui comporte plusieurs varié-
renferme des poésies rimées attribuées à des auteurs antérieurs à
cette époque, mais ces attributions sont erronées. La poésie de la page
ifîi, dont l'acrostiche est formé par la rime, commune à tous les vers
de la strophe, n'est certainement pas de Jésuyab d'Adiabène. Les dates
indiquées dans ce recueil, à la fin de chaque morceau , pour la mort des
auteurs, sont fausses en grande partie. Il n'est pas possible daccepler
la date de 500 pour Jean bar Khaldoun, p. 78: de 600 pour Bàouth,
p. 76; de 793 pour Israël d'Alkosch, p. 96; de 790 pour Adam d'Akra
p. 102. Bar Khaldoun vivait au X« siècle. Vie du moine Rabban Youssef
Bousnaya dans la Revue de VOi'ienl chrétien, 189" et 1898.
1. Antoine le Rhéteur composa vers 820 des poésies rimées, voir un
spécimen dans la Chrestom. syr. de RoEDiGEn, 2' éd., Halle, 1868, p. 110,
111; voir aussi dans le Liber Thesauri les poésies : de Sliba al-Man-
souri, dont le P. Cardahi place la mort en 900, p. 57; d'Elias d'Anbar, vers
922. p. 72; d'Lbedjésu bar Schahharé, vers 963, p. 130.
2. Les poésies non rimées sont rares à partir de cette époque; on en
trouve une de Timothée de Karkar (f 1169;, qui ne diffère pas des an-
ciennes homélies. Liber Thesauri, p. lio.
3. Déjà au dixième siècle, chez Elias d'Anbar, Liber Thesauri, p. 72,
et au siècle suivant, chez Elias bar Schinâyâ, ibid., p. 83; comp. encore
dans ce livre pour les siècles postérieurs : Al-Madjidi, p. 160; Ibrahim
de Séleucie de Syrie, p. 104; Ébedjésu, le patriarche chaldéen, p. 80;
Gabriel le Chaldéen. p. 120: Asko al-Schabdani , p. 108. Voir aussi le
Paradis de VÉdcn d'Ébedjésu, public par le P. CvriDAUr, Deiroiith, 1889,
et The life of Rabban Ilormizd, par Wallis Bidge, Berlin, 1891.
2G LA POÉSIE SYRIAQUE.
tés. Le mètre de douze syllabes, par exemple, qui,
comme nous Tavons dit, se divise en trois mesures de
quatre syllal)es , peut recevoir la rime à la fin de cha-
que mesure : parfois les deux premières mesures auront
une rime propre ou rimeront chacune avec la mesure
correspondante dans les autres vers de la strophe. On
trouve une variété dans laquelle chaque strophe a sa
rime propre, excepté le dernier vers qui reprend,
comme un refrain, la rime de la première strophe ^
Quand les strophes sont acrostiches , et le cas est fré-
quent, il arrive que la rime de la strophe est formée
par la lettre correspondante de l'alphabet^. L'art su-
prême consiste dans un double acrostiche, la lettre al-
phabétique commençant et terminant le vers^.
On voit que les Syriens de la décadence accumulè-
rent les difficultés de versification et firent de la poésie
un jeu de l'esprit où le talent eut une part bien mi-
nime. C'est des Syriens de cette période qu'on peut
surtout dire qu'ils furent des versificateurs et non des
poètes.
Les mètres ordinaires des anciennes homélies, le
mètre de sept syllabes et celui de douze syllabes de-
meurèrent en faveur et peu de nouvelles lignes métri-
ques furent introduites. L'homélie et l'hymne furent
confondues. On transporta aux homélies les propriétés
des hymnes, à savoir, la coupe régulière des strophes
et l'acrostiche. Rarement cependant on fit usage dans
les strophes de mètres différents; on rencontre des
strophes de vers de sept et huit syllabes et des stro-
i. Voir la xnp homélie du Paradis de l'Eden d'ÉbedJésu.
2. Voir dans le Liber Thesauri ; Jésuyab de Hazza, p. 124; George
d'Alkosch, p. 130, etc.
3. Voir, outre le Paradis de VÉden, la poésie d'Israël d'Alkosch dans
le Liber Thesauri, p. 9G, et celle d'Ibn Al-Masihi, ibid., p. lO^J.
LA POÈSIC SYRIAQLE. 27
plies d un vers de quatre syllabes et de trois vers de
sept syllabes '.
Frappés de la ricbesse de la langue arabe, les Syriens
de la basse époque voulurent prouver que le syriaque
ne le cédait en rien à l'idiome de leurs rivaux. Ils re-
cherchèrent les expressions rares ou artificielles qu'ils
affectaient de considérer comme des archaïsmes pro-
pres à donner du relief aux images poétiques. Le lexi-
que, dans lequel Bar Bahloul avait réuni et commenté
les mots de cette nature , fut une mine précieuse pour
les compositions métriques des derniers siècles.
Le modèle du genre est le Paradis de VEden, qu'E-
bedjésu, métropolitain de Nisibe, composa en 1290.
Ebedjésu prit comme modèle le célèbre auteur arabe
llariri qui, dans cinquante Makdmdt ou séances, se
livra aux exercices des jeux d^e l'esprit les plus surpre-
nants. Agrémentée du sel de l'ironie orientale, repro-
duisant avec un art rare les finesses de la langue vul-
gaire, l'œuvre de llariri fut fort appréciée non seule-
ment des Arabes, mais aussi des Juifs et des Syriens.
Un poète juif de la fm du XU^ siècle, Juda Harizi, de
Tolède , fut si charmé par la lecture des Makdmdt , qu'il
les traduisit en hébreu et écrivit, pour les imiter, le
Sépher tahkeinoni, ouvrage qui, s'il reste bien au-des-
sous de l'original, ne manque pas d'une certaine sa-
veur littéraire.
Le Paradis de VEden ne se recommande que par l'ha-
bileté de l'auteur dans les tours de force de l'esprit.
Ebedjésu travaillait avec une langue morte et, en pa-
reil cas, le talent n'est plus cjuc de l'artifice. En outre
les cinquante homélies métriques, quïl écrivit à l'ins-
tar des cinquante J/<7/tv//;^^//, traitent de sujets religieux
1. Voir Lih&r Thesauri, p. 7(i, 12U et 1-28. Le Paradis de l'Édcn ren-
ferme d'autres varictcs.
28 L.V POÉSIE SYUI.VQUE.
qui se prêtent peu aux fantaisies de l'imagination. Le
plaisir de la difficulté vaincue peut rémunérer l'auteur
de ses peines, il ne rachète pas la fatigue qu'éprouve
le lecteur à suivre le récit. Quelques exemples don-
neront une idée de ce pastiche. La troisième homélie se
compose de lignes métriques de seize syllabes se lisant
à volonté de droite à gauche ou de gauche à droite et
formant un double acrostiche. Dans la quatrième ho-
mélie tous les mots se terminent par la lettre olaf; les
strophes doublement acrostiches ont quatre vers de
sept syllabes. En sens inverse, il n'y a pas un seul olaf
dans la quinzième homélie, composée également de
strophes doublement acrostiches de quatre vers de sept
syllabes; de plus il y a une rime unique en aiiK La
sixième homélie est écrite en vers de sept syllabes qui
deviennent des vers de six syllabes si l'on retranche
dans chacun d'eux un mot écrit en rouge (une cheville,
autrement dit), qu'on peut supprimer sans que le sens
soit modifié; c'est une poésie acrostiche avec la même
rime pour tous les vers. Dans la vingt-unième homélie
tous les vers contiennent les vingt-deux lettres de l'al-
phabet, ni plus ni moins; ce sont des vers acrostiches
de douze syllabes. Aux nombreuses variétés pi osodi-
ques que ses devanciers lui avaient léguées, Ebedjésu
ajouta de nouvelles subtilités imitées de Hariri-. L'au-
teur, pour faciliter la lecture de ce Paradis^ jugea op-
1. Comp. une poésie d'Elias bar Schinaya, également sans olaf et
avec la rime unique an, dans le Liber Thesaiwi, p. 83.
2. Nous parlons du Paradis de VÉden d'après l'édition du P. Cardaui,
Beirouth, 1889, qui ne renferme que les vingt-cinq premirrcs lioméiies.
Assémani a donné une analyse de cet ouvrage, B. 0., IH, i^ars I, 325-
332; des spécimens en ont été publiés avec une traduction latine par
le P. GisMONDi, Beirouth, 1888. Le P. Cardaui a imprimé dans son Liber
Thesauri, p. 5i, une partie de la treizième lioméiie répondant à la on-
zième Makama de Hariri; on y trouve, p. 36, 1. -13-18, six vers qui ont
été sautés dans l'édition du Paradis de VÉden.
L.V POÉSIE SYRIAQUE. 29
portun d'y ajouter un commentaire qu'il écrivit en 1316.
Nous terminons cette revue de la poésie décadente
par la mention d'une autre œuvre aussi bizarre, mais à
un titre différent. C'est un poème sur Rabban Hormizd,
le fondateur du couvent nestorien d'Alkosch. L'auteur
du poème, un moine de ce couvent, du nom de Sergis,
n'a pas indiqué l'époque à laquelle il vivait, mais ce
n'est pas lui faire injure que de descendre son œuvre
au XVII^ siècle'. Ce poème en vers de douze syllabes
est un long acrostiche divisé en vingt-deux chants sui-
vant les vingt-deux lettres de l'alphabet syriaque, non
compris le prologue et l'épilogue. La rime qui est la
même pour tous les vers d'un chant est fournie par la
lettre alphabétique à laquelle le chant correspond. Mais
c'est moins la forme poétique du livre que la langue
dans laquelle il est écrit qui lui donne sa physionomie
étrange. L'auteur recherche d'une façon inouïe les mots
rares ou inusités , crée des néologismes d'une singulière
audace, détourne les locutions de leur sens naturel,
et il en arrive à composer de véritables rébus dont on
n'aurait la clef qu'en feuilletant les lexiques de Bar Ali
et de Bar Bahloul, si un commentaire marginal n'épar-
gnait au lecteur ce travail en reproduisant les gloses
explicatives de ce lexique.
Rappelons aussi le petit poème sur la science et la
vertu, publié par M. Salomon Samuel-, que l'auteur a
surchargé de mots grecs et d'expressions syriaques
rares ou artificielles. Cet écrit, accompagné d'un com-
mentaire, appartient aussi à la dernière époque de la
1. George d'Alkosch qui, selon le P. Cardalii, mourut en 1700, est l'au-
teur d'un poème publié dans le Liber Thesauri, p. 131, et dont la fac-
ture rappelle beaucoup le genre de Sergis d'Alkosch. Le poème de
Ser.,MS a été publié par M. Bldge, The life of Rabban Ilormizd, Berlin,
1891.
2. Das Gedicht .m^^,Q^.rD;p ..£u>|L, Halle, 1893.
30 LA POÉSIE SYRIAQUE.
littérature. Il est peu probable qu'il soit sorti de la
plume de Barliebrœus, auquel l'éditeur est porté à
l'attribuer.
Le pâle éclat que les lettres syriaques jetèrent pen-
dant leur décadence, brilla surtout dans la Mésopotamie
orientale où les Syriens les moins éloignés du siège du
Gouvernement menaient une existence supportable.
C'est aux Nestoriens que nous devons la plupart des
compositions qui nous ont permis de jeter un coup
d'œil sur la poésie syriaque de basse époque.
m
LES ANCIENNES VERSIONS DE L ANCIEN
ET DU NOUVEAU TESTAMENT.
§ 1. — La version de l'Ancien Testament
dite la Peschitto.
Il ne rentre pas dans notre cadre de parler de récri-
ture syriaque, et nous laisserons de côté les anciennes
monnaies et les inscriptions lapidaires d'Edesse, qui
offrent un intérêt historique et paléographique, mais
qui n'ont qu'un rapport très éloigné avec la littérature
chrétienne.
Le plus ancien monument de cette littérature est
sans conteste la version de l'Ancien Testament dési-
gnée sous le nom de Peschitto iè^^^ijls . que la tradition
fait remonter à l'époque de l'établissement du christia-
nisme dans la Mésopotamie. L'Abbé Martin a reproduit
dans son Inifoduction à la critique textuelle du X. T.
(I, p. 101) un passage de Y Hexaméron de Moïse bar
Képha -J- 913), qui est ainsi conçu : « Il faut savoir qu'il
existe dans notre langue syrienne deux versions de
l'Ancien Testament : l'une, appelée la Peschitto y et
qui est celle que nous lisons, a été traduite de l'hé-
breu en syriaque; l'autre, celle des Septante (c'est-à-
dire, l'Hexaplaire syriaque^ , a été traduite sur le grec.
32 LES ANCIENNES VERSIONS
LaPeschitto, qui a été traduite de Ihébreu, a été faite
au temps d'Abgar, selon ce que dit Mar Jacques d'É-
desse. Mar Jacques dit en elîet que l'apôtre Addai et
le fidèle Abgar envoyèrent à Jérusalem et en Pales-
tine des hommes qui traduisirent lAncien Testament
de riiébreu en syriaque. La version syriaque des Sep-
tante a été faite du grec par Paul , évéque de Telia de
Mauzalat. )> Quoique cette tradition dérive directement
de la légende dAbgar pour ce qui concerne l'origine
de la Pescliitto , elle ne semble pas cependant dénuée
de tout sens historique. Il est évident que cette version,
écrite dans la langue mésopotamienne , a été faite pour
les chrétiens de la Mésopotamie , les chrétiens helléni-
sants de la Syrie proprement dite faisant usage des
Septante.
On peut affirmer quil existait une communauté
chrétienne à Edesse vers l'an 150 de notre ère. La pre-
mière mention des communautés chrétiennes (naool-
y.iai) se trouve dans Eusèbe [Hlst. eccL, V, 23), au sujet
d'un concile tenu vers 197 pour discuter la question
pascale.
Un témoignage de l'ancienneté de la Peschitto sem-
ble fourni par Méliton, évêque de Sardes vers 170, qui,
dans une scolie sur la Genèse, xxii , 13, aurait dit au
sujet du chevreau substitué à Isaac pour le sacrifice :
y.aTsyûuai'og twi' y.souTCOr, d ^voogxal o^EGocdog y.oeuâus"
voç (paoLv. Dans nos textes actuels , le syriaque et l'hé-
breu ne présentent pas de variante et ont, comme les
Septante , la leçon « tenu » par les cornes , et non pas
« suspendu » par les cornes, y.çsiidfisrog , comme l'aurait
noté Méliton. On en a conclu que, par les mots o
""EGouXog et o ^voog, Méliton n'aurait pas désigné le texte
hébreu reçu et la Peschitto, mais quelque version grec-
que faite, d'une part, par un juif hébraïsant et, d'au-
•DE L'AN'CIEN TESTAMENT. 33
tre part, par un Syrien' Mais la question se compli-
que dune autre question également douteuse. Les
Hexaples d'Origène et les anciennes œuvres patristi-
ques donnent, sous les rubriques o '^EdouToç, o ^loo;, t6
^('.uaosiTiy.oï', des variantes grecques, qui tantôt concor-
dent soit avec le texte hébreu, soit avec la Peschitto
ou avec le samaritain (texte hébreu samaritain, ou
version samaritaine^, et tantôt s'en écartent. On a
émis à ce sujet beaucoup d'hypothèses invraisembla-
bles.
Field , dans l'introduction de son édition des Hexa-
ples d'Origène, supposait que o ^EOoaïo; indiquait une
version grecque de certains livres bibliques faite par un
juif; c ^iQoç, une autre version grecque faite en Syrie ;
enfm t6 ^auuosiTiy.ôy, une version grecque du Penta-
teuque hébreu samaritain ou de la version samari-
taine. '< Mais, observe M. l'Abbé Loisy-, il est bien
douteux que toutes ces versions aient existé. Pourquoi
donner le nom d'hébreu ou de sijriaque à des versions
qui se seraient trouvées absolument dans les mêmes
conditions que les autres versions grecques? Les va-
riantes de XHèhveiL n'auraient -elles pas été emprun-
tées à quelque targoum. celles du Syriaque à la Pes-
chitto, celles du Samaritain aux livres samaritains?
Ces variantes ne pouvaient être données qu'en grec,
mais Origène a pu se les procurer sans avoir la traduc-
tion complète des documents où il les a puisés. Certai-
nes citations du Syriaque ne s'accordent pas avec le
texte traditionnel de la Peschitto ; seulement , comme il y
en a d'autres qui sont conformes à ce texte, pour écar-
I.EicIiliorn, de Welte. Ficid. et rrautrcs. Renan, dans son Ilisloire des
lancines sémitiques (4« «-d,, Paris, 18.j3, p. -2(J.3, noie i) accepte celte thèse.
2. Histoire critique du lexl: et des versions de la Bible dans la revue
Venseignetnent biblique, janvier-février 1893, p. 35.
34 LES ANCIENNES VERSIONS
ter ridée d'un emprunt fait à la version syriaque, il
faudrait aussi pouvoir dire que la Pescliitto n'a pas été
revisée après le temps d'Origène. » Elle Ta été en réa-
lité, nous le verrons plus loin, au commencement du
IY° siècle, et la nouvelle recension s'est faite en con-
formité avec les Septante. Ce fait suffit à expliquer
comment la glose citée par Méliton sous le titre o ^v-
Qo; peut ne pas se trouver dans le texte syriaque ac-
tuel , bien que Méliton ait entendu parler de la Pes-
cliitto'.
Un autre argument en faveur de l'ancienneté de la
Pescliitto de lAncien Testament se tire des citations
bibliques de la Pescliitto du Nouveau Testament. Un
nombre important de ces citations, comme il résulte du
travail de M. Frédéric Berg-, concorde avec le texte de
la Pescliitto de TA. T., et s'écarte à la fois de l'hébreu
et du grec. En raison du grand nombre de ces cas, il est
difficile d'expliquer cette concordance par une revision
liarmonistique postérieure; il est plus admissible que
la Pescliitto de lA. T. a précédé la Pescliitto du N. T.
Dans son livre sur Bardesane, M. Merx^ a remarqué,
et sa remarque semble fondée , que cet auteur de la fin
du IP siècle connaissait déjà la Pescliitto de TA. T.
Nous rappelons ici, à titre de curiosité, quelques
légendes qui avaient cours chez les auteurs syriaques
relativement aux origines de la Peschitto. Jésudâd,
évêque de Hira, rapporte'' que l'Ancien Testament
i. M. Perles, dans ses Mcleiemata Peschittoniana, Breslau, 18î>9, p. 49,
a, de son côté, établi que o Zvqo; désigne dans les Hexaples la ver-
sion de la Pescliitto. C'est également l'opinion de Welliialsen , Einlei-
tung in das Alte Testament de Bleek, 4« éd., Berlin, 4878, p. GOl.
2. The influence of the Septuagint upon the Peschitta Psalter, New-
York, 1893, p. 137-150.
3. Dardesanes von Edessa, Halle, 1863, p. 19.
4. V. AssÉMAXi, Bibliotheca orienialis, Rome, 1719-1728, UI, jMrs I, 24
et suiv.
DE L'ANCIEN TESTAMENT. 35
avait été traduit en syriaque du temps de Salomon, à la
demande du roi de Tyr, Hiram, à l'exception des Chro-
niques et des Prophètes dont la version fut faite seule-
ment sous le roi d'Edesse, Abgar. Selon d'autres ^ l'au-
teur de la Peschitto était le prêtre Asa qui avait été
envoyé pour cet objet à Samarie par le roi d'Assyrie.
Théodore de Mopsueste - , au commencement du V^ siè-
cle, ignorait quel était Fauteur de cette version.
Le nom de Peschitto, ik^v^^jls, litt. « la version)
simple », n'est pas très ancien; il se lit dans des ms.
du IX« et du X® siècle, mais pas avant. On a donné de
ce nom plusieurs explications dont nous ne voulons re-
tenir qu'une seule, comme étant la plus vraisemblable.
Le mot Peschitto a été formé par imitation du grec ni
uTiXâ désignant les ms. qui renferment le texte seul des
Septante, par opposition à Ta eza7i/M, titre de la grande
édition critique dOrigène qui donnait, à côté de la
transcription de l'hébreu, les différentes versions grec-
ques. Par analogie, on aurait nommé l'ancienne ver-
sion syriaque la simple pour la distinguer de YHéxa-
plaire faite sur le texte des Septante dans les Hexaples.
Ces deux versions sont, en effet, opposées l'une à l'au-
tre chez les auteurs syriaques, notamment dans les pas-
sages de Moïse bar Képha et de Barhebrœus dont nous
avons parlé ci-dessus.
Les critiques reconnaissent tous , et c'est peut-être le
seul point dans ces questions délicates sur lequel l'ac-
cord soit unanime, les critiques reconnaissent que plu-
sieurs auteurs ont collaboré à la rédaction de la Pes-
chitto de l'A. T. Les exégètes syriaques semblent avoir
1. Voir BAHEBn.ELs dans la préface de son commentaire intitulé Le
magasin des myslrrcs et dans son Histoire des dynasties, éd. PocockE,
Oxford, l(iG3, p. 100: éd. Saliiam, Beiroiitli, ISOO, p. 100.
2. Dans son commentaire sur Zépliauia, I, G.
36 LES ANCIENNES VERSIONS
eu aussi ce sentiment; saint Ephrem et Jacques d'E-
desse, dans leurs commentaires de laPescliitto, disent
les interprètes au pluriel en parlant des auteurs de cette
version.
Mais, sur la nationalité et la religion de ces traduc-
teurs, on cesse de s'entendre. Ilirzel, Kirsch, Gesenius
les tenaient pour des chrétiens grecs ; d'autres , comme
Perles et Prager, pour des Juifs; Dathe, Nœldeke et
Renan, pour des Judéo-chrétiens. Cette dernière opi-
nion est la plus vraisemblable , si l'on prend dans son
bon sens le mot de Judéo-chrétiens, c'est-à-dire dans
le sens de Juifs convertis et non dans celui d'Ebionites.
Dans la Mésopotamie, en effet, où la Peschitto a été
composée, c'est au milieu des communautés juives que
le christianisme, semble-t-il, commença à se propager.
Suivant la Légende d'Abgar, Addai, Tapôtre de l'Os-
rhoène , est originaire de Panéas de Palestine ; il des-
cend à Edesse chez le juif Tobie. A sa parole, les Juifs
d'Édesse se convertissent avec le même empressement
que les païens. Il est certain, d'un autre côté, que
la Peschitto procède de l'hébreu et non des Septante.
Comme le canon hébreu, la Peschitto primitive
navait pas les livres deutérocanoniques que renfer-
ment les Septante. L'influence des targoums sur la
version syriaque a été constatée, d'une manière in-
déniable, par M. Perles^, en particulier pour le Penta-
teuque, par M. Cornill - pour Ezéchiel. et par M. Sieg-
mund Frsenkel pour les Chroniques^.
Si l'hyphothèse de traducteurs grecs chrétiens doit
être écartée, différents passages qui ont un caractère
1. Meletemata Peschittoniana, Breslau, 1859.
2. Das Buch des Propheten Ezéchiel, Leipzig, 4886, p. 151-155.
3. Die ftyrische Uebersetzung zu cien Bûchern der Chronih\ dans
Jahrb. fur protest. Théologie, 1879.
DE L'ANCIEN TESTAMENT. 37
chrétien incontestable semblent bien prouver que les
auteurs de la Peschitto étaient des Juifs convertis. Dans
Isaïe , VII , 14 , la version syriaque porte « Voici que
la Vierge concevra » et rend par nerge le mot hébreu
que la tradition juive entend d'une jeune femme. Ce
changement est d'autant plus frappant que dans d'autres
endroits , le syriaque conserve le même mot que l'hébreu .
On cite encore, à l'appui de cette opinion, d'autres
versets des Prophètes et des Psaumes.
Croire que la Peschitto est un ancien targoum , re-
montant à un ou deux siècles avant notre ère et qui au-
rait été accepté par les Syriens chrétiens après avoir
subi une revision ', ce serait mal connaître l'histoire des
targoums. Le targoum était Texplication, faite en ara-
méen et oralement, des péricopes de la Bible qui
étaient lues dans les synagogues pendant les offices et
dont le texte hébreu n'était plus compris des foules.
Les docteurs , chargés d'expliquer le texte , recevaient
et transmettaient aux disciples le targoum oral qu'il
était défendu de mettre par écrit. Ce targoum était une
paraphrase et non une version littérale comme la Pes-
chitto. C'est seulement plusieurs siècles après notre
ère, alors que la tradition commençait à se perdre, que
se fit sentir la nécessité de rédiger par écrit les anciens
targoums. Il n'y a d'exception que pour le targoum de
Job qui a été écrit au premier siècle de l'ère chrétienne.
Le livre de Job n'était pas compris dans les livres lus
à la Synagogue; il servait de lecture édifiante, et on se
crut autorisé à le traduire de bonne heure en araméen
pour la commodité des fidèles.
Comme les Septante, la Peschitto n'est pas une œu-
vre faite d'un seul jet. Les livres qui la composent ont
\. Prager, De Veteris Teslamenli versione quam Peschilto vocant, Gœt-
tinguc, 18t:;.
LITTÉRATURE SYRIAQUE. 3
38 LES ANCIENNES VERSIONS
été traduits à différentes époques; on commença par
ceux dont le besoin se fit sentir plus tôt, tels que le
Pentateuque , les Prophètes et le Psautier. Les Chroni-
ques , Esdras avec Néhémie et Esther ne faisaient pas
primitivement partie du canon de l'Eglise syriaque.
Dans les anciens ms., ces livres sont distincts des li-
vres protocanoniques'. Au IV'' siècle, la série des
traductions des livres bibliques était complète; elle
comprenait même des livres apocryphes, comme l'indi-
quent les citations d'Aphraate et de saint Ephrem.
Suivant l'auteur de La doctrine d'Addai, qui renfer-
me la Légende d'Ahgar, l'apôtre de la Mésopotamie
aurait , dans ses dernières instructions aux fidèles ,
recommandé à ceux-ci de s'en tenir, pour l'Ancien
Testament, à la Thora et aux Prophètes. Il faut voir
là un écho de l'axiome répandu dans le peuple, que la
Loi et les Prophètes renferment toute la religion, plu-
tôt qu'une ancienne tradition relative aux premières
traductions syriaques des livres bibliques. Le Psautier
dut être traduit de très bonne heure pour les services
religieux.
Quoique la Peschitto procède de l'hébreu et reflète
la tradition targoumique, l'influence des Septante
s'y fait sentir, plus ou moins grande suivant les livres
bibliques. Cette influence est sensible dans le Penta-
teuque-, plus sensible encore dans le Psautier^ et les
Prophètes '•. Pour le Psautier, on ne saurait, comme
1. WniGiiT, Syriac Uteralure, 2« éd., Londres, 18'ji, p. 4-o.
"2. Perles, Melelemata Peschittoniana.
3. FnÉDÉr.iG Bep.g, The influence of the Septuagint upon the Peshitla
Psalter, >'ew-York, 1895 ; comparer Oppemieim, Die sy7\ Uebersetzung des
fuenften Bûches der Psabnen, Leipzig, 1891 ; Daetugex, Untersuchungen
ûber die PsaZme/?, Kiel, 1878, et Jahrbûcher fin- protest. Théologie, VIII,
405 et suiv., 593 et suiv.
4. Cor.Mi.L pour Ézcchiel; Hyssel pour Michcc; SEntiEK, Die syrische
Veberselzung der zivOlf Ideinen Prophetcn, Breslau, 1887.
DE L'ANCIEN TESTAMENT. 39
l'ont démontré MM. Nestlé et Bœthgen', invoquer
dans ce sens les titres des Psaumes. Ces titres n'é-
taient déjà plus compris avant notre ère, en ce qui
concerne les notes musicales qu'ils renferment , et les
auteurs de la Peschitto les avaient laissés de côté.
C'est à Théodore de Mopsueste qu'on doit les nou-
veaux titres du Psautier que l'on trouve dans les ms. et
dans nos éditions; du reste, ces titres varient suivant
les ms.
Les livres qui ont subi le moins cette influence sont :
Job qui suit de près le targoum - ; les Chroniques, Es-
dras, Néhémie et Esther qui furent traduits plus tard.
On avait aussi compris dans cette catégorie les Pro-
verbes^ dont le texte, dans la Peschitto et le targoum,
présente une ressemblance frappante: mais M. Pin-
kuss ^ a établi, en rapprochant un certain nombre de
passages , les rapports qui existent , également pour ce
livre, entre la Peschitto et les Septante. D'un autre
côté, il ne fait plus de doute aujourd'hui que le targoum
des Proverbes dépend de la Peschitto; l'opinion qui
faisait dériver la Peschitto du targoum est complète-
ment abandonnée.
Comment expliquer l'influence des Septante sur la
Peschitto y Certains critiques ont fait une double con-
jecture sans se prononcer dans un sens plutôt que dans
un autre : ou les auteurs de la Peschitto étaient versés
à la fois dans la connaissance de l'hébreu, de Tara-
méen et du grec et se servaient pour leur traduction des
1. NESTLE, Theol. Lileralurzeit., i87C, col. 283; Baetiigex, Zeilschr.
f.dicAUeslamenlliche Wissenschaft, 18a';, p.CG el suiv.
2. Conip. Stemj, De syriaca libri lobi inlerpretatione, Helsinsfors,
1887; Mandl, Die Peschittho zu Hiob, Leipzig, 181>2.
3. Die syrische Ueberselzung der Proverbien . dans la Zeilschr. fur
die Altlest. Wissenschaft, t. XIV, 1804, p. 65-1 U et lCl-2^2.
40 LES ANCIENNES VERSIONS
targoiims et des Septante; ou une revision de la Pes-
chitto, basée sur les Septante, a eu lieu postérieure-
ment. Cette dernière hypothèse est seule possible. Les
Juifs aramcens de la INlésopotamie — rappelons que les
auteurs de la Pescliitto étaient des Juifs convertis de
cette contrée — ces judéo-chrétiens ignoraient le grec;
mais, eussent-ils été capables de lire les Septante, ils
ne se seraient pas servis de cette version, que les éco-
les juives de la Palestine et de la Babylonie considé-
raient comme une œuvre mauvaise, portant atteinte au
caractère sacré du texte hébreu. En fait, les Septante
n'eurent de crédit en Palestine et en Syrie que chez
les chrétiens. Or TÉglise de l'Osrhoène est, dans ses
premiers temps, judaïsante. Au IIP siècle se produit
un revirement : Palout, évêque d'Edesse reçoit lim-
position des mains de Sérapion, évêque d'Antioche
vers l'an 200 ; dès lors c'est à x\ntioche , à la métropole
des chrétiens hellénisants de la Syrie, que se rattache
rÉglise d'Édesse. Il est très admissible qu'après cette
époque l'ancienne version syriaque ait été soumise à
une revision pour la mettre en harmonie avec lesSep-
tante dont les Syriens hellénisants faisaient usage.
Cette revision doit être postérieure à Origène et aux
premiers Pères de lÉglise qui citent des leçons de
la version syriaque que Ion ne trouve plus dans notre
texte actuel. Elle devait être achevée au commencement
du IV® siècle , car Aphraate (vers 340) et saint Éphrem
Y 373) avaient sous les yeux une version syriaque très
proche de celle que les ms. reproduisent. A cette
époque la recension de Lucien d'Antioche ^ était ré-
pandue en Syrie , et il y aurait intérêt à rechercher si
1. Sur cette recension, voir Paul de Lagahde, Librorum Veleris Tes-
tatnenti canonicorum pars prior graece, Gœltingue, 1883.
DE L'ANCIEN TESTAMENT. 41
la revision de la Pesehitto est demeurée étrangère à
celte recension * .
Vers la même époque remonte la version syriaque
des livres deutérocanoniques, dont les citations d'A-
phraate et de saint Ephrem établissent l'existence au
IV® siècle. Ces livres ont été traduits du grec, à l'ex-
ception de l'Ecclésiastique qui procède directement de
l'hébreu -.
L'Ecclésiastique syriaque renferme de nombreuses
et importantes lacunes, qui sont soit intentionnelles,
soit occasionnées par le mauvais état du manuscrit
dont le traducteur se servait. De fausses lectures ont
engendré des erreurs de traduction : la version n'est pas
toujours littérale . parfois elle abrège ou elle développe
et paraphrase. Ces défauts ont été mis en évidence par
la publication de fragments de l'original hébreu récem-
ment découverts et comprenant les chapitres xxxix .
15-xLix, 11^. Dans la partie syriaque correspondant à
ces chapitres, on croit reconnaître plusieurs mains.
« Jusqu'au chapitre xliii, observe M. Israël Lévi\ le tra-
ducteur suit avec une certaine attention l'original hé-
breu. Tout d'un coup il s'arrête, puis vient un fragment
1. M. DnivER a remarqué, dans Xotes on the Hebrew Text of the Books
of Samuel, Oxford, 1890, p. lxxii, qu'un certain nombre de passages
des livres de Samuel concordent dans Lucien et dans la Pesehitto et
s'éloignent également des Septante et du texte hébreu. M. Stockmayer,
dans la Zeitschr. fur die Alttestam. Wissenschaft, i8!>2, t. XII, p. 218.
a relevé ces passages pour le premier livre de Samuel, et il conclut
que, dans ces cas, Lucien dépend de la Pesehitto, mais l'hypothèse
contraire est aussi vraisemblable.
2. Distinct de l'Ecclésiastique de l'Hexaplaire , qui a été traduit du
grec, voir ci-aprés, n" v.
3. M. Scheclitcr, professeur à Cambridge, a trouvé d'autres morceaux,
notamment la fin de l'Ecclésiastique, mais il ne les a pas encore
publiés.
4. L'Ecclrsiasliquc ou la Sagesse de Jésus, fils de Sira, Paris, 1898.
p. Lii.X"» vol., fasc. I de la Bibliothèque des Hautes études, sectioix
des Sciences religieuses.
42 LES ANCIENNES VERSIONS
du chapitre xliii , 1-10 , qui est une traduction faite sur
le grec. Au chapitre xliv, commence une version qui
n'a phis ce caractère , mais qui se distingue par son
infidéhté Une autre main semble avoir revisé le
tout en mettant d'accord le syriaque avec le grec :
nombreuses sont les traductions qui s'écartent de Thé-
breu pour se concilier avec le grec ... Malgré ces dé-
fauts de toute nature , le syriaque l'emporte générale-
ment sur le grec, lorsqu'il serre de près le texte et ne
se livre à aucune fantaise. »
Au sujet du livre de Tobie , il y a lieu de rappeler,
que la version syriaque que nous possédons est com-
posée de deux morceaux différents : l'un, i-vii, 11, est
tiré de Hexaplaire; l'autre, vu, 11-xiv, 15, provient
d'une source que les ms. ne désignent pas \
A la fin du V^ siècle lorsque les Syriens orientaux,
devenus nestoriens, se séparèrent des Syriens occi-
dentaux, le texte de la Peschitto était délînitivement
constitué , car on ne constate pas de variantes notables
dans les versions qui avaient cours chez les uns et les
autres.
Les travaux critiques sur la Peschitto ^ sont basés
sur l'édition de Samuel Lee ou l'édition d'Ourmiaet sur
quelques ms. particuliers.
^. Cf.uiam, Le edizioni... del Vecchio Test., dans les Mémoires du
R. Istiluto Lombardo, XXI, 2, p. 2-2; Fifxd, Origenis Hex. fragmenta ,
Oxford, 1875, I, p. LXVIII, note 3; Noeldeke, Monatsberichte der Berliner
Akadeniie der Wissenschaflen, 1879, p. 4G.
2. Nous ne pouvons donner ici la longue liste de ces travaux, dont
nous avons cité plus haut quelques-uns des plus récents et dont les
plus anciens n'offrent qu'un intùrct rétrospectif. On trouvera celte liste
dans l'article de M. Nestlé, Syrische Uebersetzungen dans la Real-En-
cyklopedie fur 2'>rolest. Théologie und Kirche, 3« éd.; ajouter encore :
SCHiMiDT, Die beidcn syrischen Uebersetzungen des I Maccabœerbuches,
dans la Zeitschr. fur die Alttestam. Wissenschaft, 1897; Teciien, Sy-
risch-Hebr. Glossar zu den Psalmen nach der Peschila, ibid., 1897;
ScowATZ, Die syr. Uebersetzung des ersten D. Samiielis, Berlin, 1897.
DE LXXCIEN TESTAMENT. 43
L'édition Lee, faite en 1823 pour la Société Ijiblique
anglaise, en vue des chrétiens du Malabar, est la repro-
duction du texte imprimé dans la Polyglotte de Walton ,
quoique Samuel Lee ait consulté quelques manuscrits.
Walton , de son côté, navait fait que réimprimer le
texte publié par Gabriel Sionita dans la Polyglotte de
Paris en y ajoutant les livres deutérocanoniques.
Le texte dont se servent les Syriens orientaux a été
imprimé à Ourmia en 1852 par la Mission américaine.
La Mission catholique en a donné également une édi-
tion à Mossoul en 1887.
Les éditions concordent entre elles, quoique l'ordre
dans lequel sont classés les livres bibliques soit dif-
férent dans les deux recensions, l'orientale et locci-
dentale. L'édition d'Ourmia a l'avantage de donner un
texte entièrement vocalisé qui reproduit la prononcia-
tion orientale.
Les livres deutérocanoniques ont été publiés sépa-
rément par Paul de Lagarde ^ , daprès la Polyglotte de
Londres et des ms. du Musée Britannique-.
Le manque d'une édition critique de la Peschitto se
fait vivement sentir, et il est à souhaiter qu'une œuvre
aussi utile pour l'exégèse biblique soit bientôt entre-
prise ^.
1. Libri Vet. Test, apocryphi syviace, Leipzig. 1861.
2. M. Ccriani , qui a lant fait pour la critique des versions syriaques de
la Bible, a publié de 18TG à 1883, une reproduction photolitliograplilque
du cod. Ambrosianus (un ms. jacobite du VI* siècle) qui contient
non seulement les livres protocanoniques, mais aussi les livres deu-
térocanoniques.
Le Jlusée britannique possède un ms. écrit à Amid en 464 et qui
renferme le Pentateuque, à l'exception du Lévilique; et un autre ms.,
daté de 532, contenant le Livre de Daniel.
3. Une liste des édidions de livres particuliers de la Peschitto a clé
donnée par .M. Nestlé, Syrische Uderselzungen, dans la RenlEncyklc-
pedie fur proleslantische Théologie und Kirche, 3« éd.; voir aussi sa
Syrische Grammatik, 2< éd., Berlin, 1888, Utleralura,p. 17 et suiv.
44 LES ANCIEiNiNES VERSIONS
§ 2. — Les anciennes versions
du Nouveau Testament.
L'étude des anciennes versions syriaques du Nouveau
Testament soulève des problèmes dont la solution est
loin dY'tre définitive. On connaît quatre anciens docu-
ments de ce genre : 1° \S Harmonie des quatre Evangi-
les ouïe Dlatessaron de Tatien; l^'ld.Peschitto du Nou-
veau Testament; 3*^ La version publiée par Cureton;
et 4° la version découverte au Sinai par Mrs. Lewis.
La Diatessaron fut de très bonne heure en usage
dans l'Eglise syriaque; il est cité par les auteurs sous
son nom grec ou sous le titre à' Evangile des {liçres)
mêlés y vh^^^Ldo] ^Q^v^à/, par distinction des Evangiles sé-
parés, iJi^a^iv'^-'^^Jô/. Les chrétiens de la Mésopotamie
ont peut-être appris à connaître les Evangiles par
cette Harmonie. La doctrine d'Addai dont la rédaction
étendue que nous possédons est de la fin du IV^ siècle
ou du commencement du siècle suivant, apporte sur ce
point un témoignage qui semble emprunté à la tradi-
tion. Après avoir parlé de la création de l'Eglise d'E-
desse par Addai, cet apocryphe ajoute : « Une foule
nombreuse s'assemblait chaque jour et se rendait à la
prière de l'office et à la lecture de) l'Ancien Testament
et du Nouveau du Diatessaron. » Cependant la ques-
tion se rattache à celle de la composition du Diates-
saron sur laquelle on est encore peu fixé.
La thèse suivant laquelle Tatien a écrit en grec son
ouvrage ^ a pour elle le titre sous lequel il est cité
ordinairement, To âid rsooc/.QWv Evuyyé)aor. Mais cette
thèse a été combattue^ par des arguments de poids.
1. Hauxack, Die Ueberlieferung der griechischen Apologeten, Leipzig,
1882.
2. Zahx, Forschungen zur Geschichte des N eûtes lamentlichen Canons,
1 Theil, Tatian's Diatessaron , Leipzig, 1881.
DU NOUVEAU TESTAMENT. 45
Tatien était originaire de la Mésopotamie; il vivait
dans la seconde moitié du second siècle, et il composa.
daprès Epiphane, son Harmonie des Evangiles après
son retour de Rome. On doit conclure de ces faits que le
Diatessaron a été écrit en syriaque à Edesse même et
en vue de la nouvelle Eglise de la Mésopotamie. La
date du retour de Tatien dans sa patrie n'est pas. il
est vrai, certaine. M. Harnack remarque que, depuis
Tan 180, Tatien était considéré comme hérétique en
Occident, tandis que il passait pour orthodoxe en
Orient. Le voyage de Tauteur du Diatessaron en Méso-
potamie aurait pu avoir lieu entre l'an 152 et l'an 165;
postérieurement à cette date, Tatien serait revenu à
Rome où il aurait été accusé d'hérésie. Selon M. Zahn.
l'arrivée de Tatien en Orient doit être fixée à l'an-
née 172 ou 173; il n'existe aucune trace d'un vovag-e
ultérieur en Occident. Tatien demeura en Orient où la
réputation d'hérétique ne l'avait pas suivi, et il y finit
ses jours. Cette dernière opinion a prévalu et l'on ad-
met généralement aujourd'hui que le Diatessaron a été
composé en syriaque à Edesse vers Tan 172. Il n'y a
rien d'extraordinaire à ce que Tatien ait conservé,
pour son livre, le titre T(' E-iayyîuov qui était le terme
consacré, en y ajoutant les mots 6ià rsooâoojv qui le
complétaient.
L'Harmonie de Tatien suppose-t-elle l'existence d'une
version syriaque des quatre Evangiles d'où elle aurait
été tirée? M. Zahn qui tenait d'abord pour l'affirmative*
et voyait cette version dans les fragments de Cureton-,
\. Forschungen zur Geschichle des Xeulest. Canons.
2. Clreto>, P^emains of a very ancient recension..., Londres, 18o8.
Cureton avait trouvé cette ancienne version des Évangiles dans un ms..
malheureusement incomplet, du Musée britannique, qui l'avait reçu
du couvent de Nitrie en Egypte. Trois feuillets, qui avaient été enlevés
à ce ms., ont été retrouvés en Égvpte par Brugsch qui les a déposés
3.
46 LES ANCIENNES VERSIONS
s'est rallié à Tavis de M. B.Tthgcn'. Celui-ci estime
que le Diatessaron est le premier texte syriaque des
Evangiles, composé sur le grec. Vers 250, observe-
t-il ^, apparaît une version syriaque des quatre Evan-
giles conforme au texte grec des ms. occidentaux,
mais le traducteur connaissait le Diatessaron et s'en
est servi. C'est cette version que reproduisent les frag-
ments de Cureton. Environ trente ans plus tard, il
existait à Édesse une version des Evangiles très proche
de la Pescliitto et provenant dune revision de Tan-
cienne version de Cureton. Les citations bibliques
d'Aphraate sont empruntées en grande partie au Dia-
tessaron, mais quelques-unes aussi à la version de Cu.
reton et à la revision qui a formé la Pescliitto. »
Cette thèse, M. Bœthgen l'appuie des arguments sui-
vants : 1° La version de Cureton renferme des leçons
harmonistiques dont l'origine doit être cherchée dans
le Diatessaron; 2° C'est par le Diatessaron que s'expli-
quent les abréviations dans cette version de plusieurs
passages des Évangiles; 3" La version de Cureton est
postérieure à Tatien, car elle a des leçons de source
occidentale, qui sont inconnues à Tatien. « Des textes
qui portent ce caractère occidental, observe M. Bœth-
gen, existaient déjà avant le milieu du IP siècle et
étaient très répandus dans la période qui finit avec
l'an 250 après J.-C. On devra donc admettre avec quel-
que certitude que les origines de la version de Cureton,
dont le texte décèle le caractère occidental dans une
importante mesure, tombent dans cette même période,
entre 150 et 250. La question est maintenant de savoir
à la Bibliothèque de Berlin. Wright a donné de ces Irois feuillets une
édition qui ne se trouve pas dans le commerce, sous le titre : Frag-
ments of the Curctonian Gospels, Londres, 1872.
1. Evnngelien Harmonie dans la Real-Encykl., 3« éd., V, G'i'.
2. Evangelienfrag. Der gr. Text des Cureton., Leipzig, 1885, inlrod.
DU NOUVEAU TESTAMENT. 47
si cette version doit être placée au commencement ou
à la fm de cette période. » M. Bœthgen se décide pour
la seconde alternative en faisant ressortir les passages
de la version Curetonienne qui se rapprochent de la
forme Alexandrine du texte grec et qui concordent avec
les citations d'Origène; 4° Tatien, dans sa recension du
texte grec, ne se tenait pas à la lettre, mais se permet-
tait souvent des paraphrases, comme Eusèbe le rapporte
Hist. eccl. IV, 29 . On trouve dans la version Cureto-
nienne les mêmes passages retravaillés, mais dans une
proportion moins forte que chez Tatien ; on voit par là
que cette version, tout en suivant le Diatessaron, con-
naissait l'original grec; 5° enfin, au point de vue dog-
matique, la version de Cureton renferme des traces
dhérésiequi s'expliquent par l'influence du Diatessaron
que Théodoret de Cyr qualifiait de y.a/.ovoyia ttjç oiv-
Il ne fait pas de doute que les Syriens de la Mésopo-
tamie possédaient, au commencement du IV^ siècle, le
Diatessaron de Tatien, la version publiée par Cureton,
et la Peschitto dans un texte très voisin de celui que
nous possédons. Les citations du Nouveau Testament
dans les homélies d'Aphraate en font foi. Cet auteur
qui écrivait à Xisibe ou dans les environs de cette ville,
vers 340, cite chacun des quatre Evangiles par son
nom et parle des Généalogies de Notre Seigneur qui ne
se trouvaient pas dans Tatien'.
L'original du Diatessaron est aujourd'hui perdu.
Le commentaire que saint Ephrem en fit s'est con-
servé dans une version arménienne que Mœsinger re-
produisit en latin, en 1876. A l'aide du travail de Mœ-
1. Voir l'Introduction de Dom PAnisoT à l'édition des lionu'-lies d'A-
phraate dans le l"^ vol. de la Palroloaia syriaca de M. Graffin, Paris,
189L Corap. Woods, Studia biblica, lU, Oxford, 1891, p. lO.j-133.
48 LES ANTIENNES VERSIONS
singer et des citations fournies par Aphraate et
Éplirem, M. Zalm tenta en 1881 de reconstituer le Dia-
tessaron. Depuis, la version arabe du Diatessaron,
attribuée à Abou 1-Faradj ibn at-Tib ^ a été publiée
à Rome (1888) par le P. Ciasca qui en a donné une
traduction latine. M. Hamly Hill a réuni et traduit en
anglais, avec le concours de M. Armitage Robinson,
les passages du Diatessaron cités dans les commen-
taires d'Éplirem [A dissej^tation on the Gospel commen-
taries of S. Ephrem the Syrian ^ Edimbourg, 1896).
MM. Harris et Goussen ont publié des extraits tirés des
commentaires de Jésudad et d'autres auteurs (Harris,
Fragments of the comnientary of Ephrem Syrus upon
the Diatessaron, Londres, 1895 ; Goussen, Apocalysis
S. Joh. versio sahidica, Leipzig, 1895).
Le Diatessaron demeura en vigueur chez les Syriens
jusqu'à Rabboula, évêque d'Edesse {■\- 435), qui en in-
terdit lusage dans les églises et les couvents de son
diocèse. Le biographe de cet évêque nous informe que
Rabboula ordonna aux prêtres et aux diacres de veil-
ler à ce qu'il y eût dans chaque église un exemplaire
des Évangiles séparés-. A la même époque, Théodoret,
évêque de Cyr, fit détruire plus de deux cents exem-
plaires du Diatessaron dans son diocèse^. La réaction
qui se manifesta à ce moment contre le Diatessaron
entraîna la perte de ce livre.
Rabboula, ajoute son biographe-', est l'auteur d'une
version syriaque du Nouveau Testament faite sur le
1. Le P. Cheikho, dans une communication faite au XF congrès des
Orientalistes, tenu à Paris en 1897, croit que cette version est antérieure
au dixième siècle et n'est pas d'Ibn at-Tib. Son opinion est basée sur
un fragment ancien qu'il a trouvé en Orient.
2. OvErtDECK, Ephrœmi syri... opéra selecta, Oxford, 18G5, p. 220, 1. 3.
3. MiGNE, Patr. grœc, LXXXIII, 372.
4. Olverbeck, op. cit., p. 17-2.
DU NOUVEAU TESTAMENT. 49
grec. Cette version n'est pas la Curetonienne qui ofTre
des rapports avec le Diatessaron ^ ; elle n'est pas non plus
la Peschittoque saint Éphrem connaissait déjà; c'était
sans doute quelque travail personnel qui , comme tant
d'autres, aura totalement disparu.
Quelques critiques - ont considéré la version de
Cureton et la Pescliitto, comme deux œuvres indé-
pendantes l'une de l'autre; mais M. AVildebœr^, rap-
prochant de nombreux passages, a montré le lien qui
unit ces deux versions entre elles,
Rappelons, en dernier lieu et à titre de renseigne-
ment, l'ancienne conjecture de Cureton, qui voyait dans
les fragments de saint Mathieu contenus dans la ver-
sion qu'il publiait, le texte des yl6 y la dont parle Pa-
pias'; et celle de l'Abbé P. Martin, qui considérait
comme l'œuvre de Jacques d'Edesse la version publiée
par Cureton ■'.
L'auteur de l'ancienne version syriaque du Nouveau
Testament était versé dans la littérature juive et était
vraisemblablement un Juif converti. Dans la Peschitto,
comme dans la version de Cureton (et celle du Sinaï ,
le grec rpvXu-Avrioia , Math, xxiii , 5, est traduit par le
mot tèflè qui n'est autre que les tefillin des Juifs. La
Peschitto rend l'expression ou66(xtov oô'lç, Act. i, 12,
1. M. BicRELL, Conspectus rei syrormn litlerariœ, p. 8, a été l'un des
premiers à reconnaître que la version de Curelon représente un texte
l)lus ancien que la Peschitto.
2. Notamment 31. Hilgenfeld, Zeitschr. fur wissensch. Théologie,
1883, p. ilO.
3. De Waarde der syr. Evangelien door Cureton ontdekt en idtgege-
ven, Leide, 1880.
4. Renan, Hisloire des langues, sémitiques, IV« éd., p. 264, a combattu
cette hypothèse.
5. Cette conjecture est d'autant moins fondée que le ms. contenant
la version de Cur<;ton est du V« siècle (Wniciir, Calai., p. 73, n° CXIX)
et que Jacques d'Edesse appartient au vn«. En outre il n'est fait nulle
part mention d'une version syriaque du N. T. par Jacques.
50 LES ANCIENNES VERSIONS
par « sept stades « ; cette traduction montre que l'au-
teur savait ce qu'il fallait entendre par « la voie du sab-
bat ' ». En outre le moV'Elk7]v£ç, dans le sens de païens,
est exprimé en syriaque par « Araméens », nom sous
lequel les Juifs désignaient les païens en Orient-.
Comme ce fut le cas pour TAncien Testament, le texte
de la Peschitto du Nouveau Testament était définitive-
ment constitué à la fm du Y'' siècle , au moment de la
scission qui se produisit entre les Syriens occidentaux
et les Syriens orientaux. On ne trouve pas de différence
entre les textes reçus dans les deux communautés ^.
La Peschitto primitive renfermait, outre les quatre
Evangiles , les Actes des Apôtres auxquels étaient join-
tes trois des Épîtres catholiques : la l'"*^ de saint Pierre,
la l""® de saint Jean, et celle de saint Jacques; et, en
dernier lieu, les Epîtres de saint Paul. Elle ne compre-
nait pas les Epîtres IP de saint Pierre , IP et IIP de
saint Jean, celle de saint Jude, ni l'Apocalypse. Il man-
quait encore les versets 17 et 18 du ch. xxii de saint
Luc et le verset 7 du ch. v de la P® Epître de saint Jean.
Elle fut éditée à Vienne par Widmandstad en 1555,
daprès un ms. analogue au Tetraevangelium du
Vatican, de 548^; puis réimprimée plusieurs fois de
1569 à 1621, notamment dans la polyglotte d'Anvers.
En 1627 Louis de Dieu édita à Leide un texte de l'Apo-
calypse qui semble reproduire ITIéracléenne. En 1630
Pococke publia également à Leide les quatre Epîtres
catholiques manquant dans l'ancien canon d'après un
1. V. Perles, Meletemata Peschittoniana, cités ci-dessus.
2. NoELDEKE, Zeitschv. der deut. morgenl. Gesellschaft, XXV, IIG;
comp. ci-dessus, p. 4, note i.
3. C'est aussi la conclusion à laquelle M. Gnyilliam, Sludia biblica,
ni, Oxford, 1891, p. 47-lOi, est arrivé après avoir coUationné le texte
de nos éditions avec les plus anciens ms.
4. Comp. Albert Bonus, Collalio codicis Lewisiani rescripti, Oxford,
1896.
DU NOUVEAL' TESTAMENT. ol
ms. qui reproduit peut-être la Philoxénienne. La Pe-
schitto, ainsi complétée, fut imprimée dans les poly-
glottes de Londres et de Paris, puis par Gutbir,
Schaaf, Lee, et à Ourmia et Mossoul.
Il est inutile d'énumérer ici les ms. les plus anciens
ie la Peschitto et de rappeler les travaux de Wickel-
haus, Adler, Jones, Cureton, Gwilliam, etc., basés sur
ces manuscrits. M. Gwilliam prépare en ce moment une
édition critique des Evangiles de la Peschitto qui ré-
pondra à un desideratum exprimé depuis longtemps'.
Il nous reste à parler de la version syriaque des
Evangiles découverte dans un ms. du mont Sinaï.
C'est à une dame anglaise, versée dans la connais-
sance du syriaque, ^Irs. Lews, que revient l'honneur
de cette découverte. Cette dame, qui se trouvait en
1892 au couvent de Sainte-Catherine sur le mont Si-
naï, reconnut, sous l'écriture d'un ms. renfermant des
vies de femmes saintes et martyres, une écriture plus
ancienne, dont la lecture lui révéla lexistence dune
nouvelle version syriaque des Evangiles. Malheureu-
sement des phrases ou des mots sont effacés ; en outre
un certain nombre des feuillets de l'ancien ms. qui
avaient servi à former le nouveau sont perdus, de sorte
que la version du Sinaï, comme celle de Cureton. pré-
sente d'importantes lacunes -.
Le premier travail à faire pour servir de base à l'é-
tude de la version du Sinaï, était une collation com-
plète de cette version avec la Peschitto et la Cureto-
1. Un spécimen de celle nouvelle édilion a été présenlé par l'auteur
au XI« Congrès des Orientalistes, au mois de septembre 180".
2. Cette version a élé publiée à Cambridge en 189* sous le litre de
The four Gospels in syriac transcribed from the sinaitic padmpsest,
avec une introduction de M""* Lewis et des notes critiques des édi-
teurs. M"« Lewis a publié quelcjucs nouvelles lectures dans Sotnc jiages
of the /bur Gospe/s. Cambridge, 18%. Traduction allemande par A. Mep.x,
Die vier Kanonischen Evangelien... Berlin, 1897.
52 LES ANCIENNES VERSIONS
nienne. Ce travail a été entrepris de deux côtés à la
même époque, en 189G : par M. Cari Holzhey à Mu-
nich' et par M. Albert Bonus à Oxford-. Le premier
n'a collationné que la Curetonienne ; le second a ajouté
la collation de la Pescliitto et a tenu compte des nou-
veaux déchiffrements de INI™® Lewis que M. Holzhey
ne connaissait pas encore. D'un autre côté, l'étude de
M. Holzhey est plus développée; elle discute les pro-
blèmes que soulève la version récemment découverte
et que M. Bonus s'était contenté de signaler. Ces
deux publications ont donc chacune leur utilité et se
complètent l'une par l'autre.
Le problème qui se pose d'abord est de savoir s'il
existe quelque rapport de parenté entre cette version
et les autres versions syriaques connues précédem-
ment. Voici dans quel ordre M. Holzhey classe ces
versions d'après leur âge : la Sinaïtique, la Cureto-
nienne et la Pescliitto. Le Diatessaron, dépendant de
la Sinaïtique, est postérieur à celle-ci, mais il est dou-
teux qu'il soit plus moderne que la Curetonienne.
Quant à la Peschitto, c'est la plus récente de toutes
les versions. Ces conclusions sont fondées sur les ar-
guments suivants :
« L'examen de la Sinaïtique, comparée avec le grec
et les autres versions syriaques, montre que cette ver-
sion a été faite directement du grec par un auteur qui
possédait également la langue grecque et la langue
syriaque. La version est en général littérale et fidèle;
elle ne décèle nulle part une tendance à s'éloigner de
l'original d'après un point de vue particulier. Dans
des cas tout à fait secondaires, l'auteur se permet seu-
i. Der neuentfleckte codex Syrus Sinaiticus, Munich, 1890.
2. CoUalio codicis Lewisiani rescripti, Oxford, 1890.
DU nol'veal: testament. 53
lement d'abréger une locution; çà et là il omet un
verset.
« La Curetonienne semble être une recension du
texte précédent, entreprise dans le but de serrer da-
vantage le texte grec. Les abréviations de la Sinaïtique
sont supprimées: les versets omis sont rétablis; quel-
ques expressions sont remplacées par des synonymes,
mais le texte reste foncièrement le même. L'auteur de
la Curetonienne ne laisse de côté aucun mot grec : il
fait au contraire quelques petites additions pour rendre
le texte plus clair.
« La Peschitto enfin est le résultat dune revision
de la Curetonienne d'après le grec et en suivant les
mêmes principes que celle-ci, mais avec encore plus de
soin et de conséquence : ainsi les petites additions de la
Curetonienne ne sont pas maintenues. C'est ce texte
revisé qui fit tomber en désuétude, après l'an 400. les
versions précédentes. »
Dans un certain nombre de cas cependant la Peschitto
concorde avec la Sinaïtique et s'écarte de la Cureto-
nienne. Ce fait qui semble en contradiction avec l'ordre
de succession admis pour les trois versions. M. Holz-
hey l'explique de la manière suivante : « Ou bien lau-
teur de la Peschitto avait sous les yeux la Sinaïtique
et la Curetonienne et il a choisi dans Tune de ces deux
versions les leçons qui lui paraissaient les meilleures:
ou la Sinaïtique et la Curetonienne avaient primitive-
ment les mêmes leçons dans ces cas, et elles ne différè-
rent que plus tard par suite d'altérations du texte. »
Tout cela est fort douteux. La question peut être en-
visagée d'une autre manière. La Curetonienne serait la
première version des Evangiles séparés, contemporaine
du Diatessaron; la Sinaïtique serait une revision de la
Curetonienre pour laquelle le Diatessaron aurait été
54 LES ANCIENNES VERSIONS
consulté. Ainsi on s'expliquerait, d'un côté , l'analogie
frappante qui existe entre la Curetonienne et la Sinaï-
tique, et, d'un autre côté, les abréviations que la
Sinaïtique présente en beaucoup d'endroits sous l'in-
fluence du Diatessaron. La Peschitto serait une recen-
sion de la Sinaïtique, puisque, dans de nombreux cas,
ces deux versions sont d'accord entre elles contre la
Curetonienne.
Le titre d'Ei^angile des textes séparés ^ Mv^^î va^css^o/,
que portent la version Sinaïtique et la version Cure-
tonienne ne paraît pas avoir été donné à la Peschitto.
Il y a là un indice que les deux premières versions exis-
taient pendant que le Diatessaron, dont elles étaient
ainsi distinguées, était encore en usage en Syrie, tandis
que la Peschitto ne fut répandue qu'après que l'Har-
monie de Tatien fut tombée en désuétude. Dans le
lexique de Bar Bahloul, sous les mots Bai- Aba, il est
fait allusion au verset 17 du chapitre xxvii de l'Evangile
de saint Mathieu, et on y lit ce qui suit : « Ce Bar Aba
s'appelait Jésus, comme il est écrit dans VEi^an^i/e des
textes séparés. C'est évident aussi par les paroles de
Pilate : « Et Jésus qui est appelé le Messie, que fcrai-jc
de lui? » Donc Bar Aba s'appelait Jésus. Mais lévan-
géliste n'a pas voulu écrire son nom, afin que dans le
Livre il n'y eût pas de synonymie entre Bar Aba et
Notre Seigneur. » L'auteur de ce passage nous informe
que dans VEvangile des textes séparés on lisait Jésus
Bar Aba, tandis que la Peschitto porte seulement Bar
Aba; et son information est confirmée par la Sinaïtique
qui porte : « Lequel voulez-vous que je vous livre?
Jésus Bar Aba ou Jésus qui est appelé le Messie? » Le
passage du lexique de Bar Bahloul montre avec évi-
dence que le titre d'Evangile des textes séparés ne
s'appliquait pas à la Peschitto.
DU NOUVEAU TESTAMENT. 55
Si la version Sinaïtique est, comme nous le croyons,
postérieure à la Curetonienne et au Diatessaron. on ne
peut songer à y trouver des traces ébionites. Il y a ce-
pendant au commencement, dans la généalogie de
Notre Seigneur, un verset qui a beaucoup intrigué les
critiques. C'est le verset 16 du premier chapitre de
saint Mathieu, ainsi conçu : « Jacob engendra Joseph:
Joseph, auquel était fiancée la Vierge ^larie, engendra
Jésus, qui est appelé le Messie. » Il n'y a aucun doute
sur le sujet du second verbe engendra; c'est bien de
Joseph qu'il s'agit. Cette leçon est propre à la Si-
naïtique, mais son auteur ne doit pas être accusé d'hé-
résie intentionnelle puisque, plus loin, il rapporte exac-
tement les passages relatifs à l'incarnation de Notre
Seigneur. Certains théologiens, comme M. Charles en
Angleterre, ont supposé que la généalogie placée en
tète de l'Évangile de saint Mathieu manquait au texte
primitif de la Sinaïtique, et qu'elle y fut ajoutée plus
tard par un Ebionite. Mais, objecte le P. Durand '. nous
savons par saint Épiphane que cette généalogie ne se
trouvait pas dans lÉvangile selon saint Mathieu dont
se servaient les Ebionites. La leçon en question doit
plutôt être considérée comme « une tentative, à la fois
exégétique et apologétique, dont le dessein était de
marquer d'une façon explicite que le Christ descendait
légalement d'Abraham et de David par Joseph. »
\. Dans les Éludes religieuses, janvier 189a, p. 133 et suiv
IV
LES LECTIONNAIRES SYROPALESTINIENS.
Les chrétiens originaires de la Palestine parlaient
un dialecte syriaque très voisin du judéo-araméen du
Talmud de Jérusalem et des Targoums dits palesti-
niens. Il nous est parvenu, dans ce dialecte, plusieurs
documents de la littérature sacrée , dont les plus im-
portants sont des lectionnaires, dans lesquels les le-
çons pour les différents offices de Tannée sont dispo-
sées suivant le rite melkite.
Nous savons par Eusèbe ' que « tous les chrétiens
d'origine juive quittèrent Jérusalem et la Judée sous
Vespasien, avant la prise de la Ville sainte et se
retirèrent à Pella, dans la Décapole , au delà du
Jourdain. » Cette communauté transjordanienne nous
a laissé un évangéliaire conservé dans le ms. 19 du
Vatican. Ce manuscrit a été écrit en 1030 par le moine
et prêtre Elias, originaire d'Aboud, dans le monastère
de Moïse à Antioche des Arabes ; il avait été porté en-
suite par son auteur avec d'autres ms. au couvent d'E-
lie, désigné sous le nom du couvent de lÉtoile-.
1. Ilisloire eccl., III, U; comp. Land, Anecdota syr., Leide, 1802-1873,
t. IV, p. 2-29.
2. Ces localités se trouvent dans la Perce, comme l'a établi M. Laxd,
Anecd. syr., IV, p. 227 et suiv. Le ms. du Vatican était connu par le
catalogue des Assémam et l'élude qu'ADLF.r. lui a consacrée dans ses
Novi Teslamenti versiones syriacœ, Copenhague, 1789. Il a été édité avec
58 ll:s legtionnaires
Une colonie de ces chrétiens de la Palestine a dû s'é-
tablir, à une époque inconnue , en Egypte. Un manus-
crit récemment acquis par le Musée britannique est
écrit dans le dialecte syropalestinien et renferme des
parties de la Genèse, des Rois, d'Amos et des Actes
des Apôtres ' . L'une des trois leçons pour la crue du Nil
que renferme ce ms. est tirée de la Genèse , ii , 4-19.
En outre, plusieurs fragments syropalestiniens con-
servés dans les Bibliothèques de l'Europe proviennent
de l'Egypte, et Mrs. Lewis a acquis un lectionnaire au
Caire en 1895.
Les fragments qui se trouvent à Londres et à Saint-
Pétersbourg contiennent des portions duDeutéronome,
d'Isaïe, des Psaumes, des Proverbes, de Job, des qua-
tre Evangiles, des Actes des Apôtres; d'homélies et
d'hymnes ; des Actes de saint Philémon, martyr, et de
saint Saba le Cénobite -.
Des fragments , provenant d'Egypte et acquis par la
Bibliothèque d'Oxford, la Bodléienne, renferment :
les uns , une partie des Nombres et des Epîtres Pauli-
nes^; les autres, une partie de l'Exode et de la Sagesse
de Salomon ^.
une version latine par le comte Mimscalcui Erizzo, à Vérone, 48G1-1864
et réédité par Paul de Lagaude, d'une manière plus critique, dans sa
Bibliotheca syriaca, Goettingue, -JSOfi. L'édition Erizzo a servi de base
à l'esquisse grammaticale que M. Nœldeke a faite du dialecte syropales-
tinien dans la Zeilschr. der deut. morge^il. Gesell. XXII, 4i3 et suiv.
1. Ce ms. a été publié par M. G. MAncoLiotTii dans le Journal of the
Royal Asiatic Society, octobre 189G, p. GG7-73I (tirage à ])art en 1897)
sous le titre de The Liturgy of the Nile. The Palestinian syriac Text,
ediled from a unique Ms. in the Brilish Muséum with a transla-
tion, etc. M. Margoliouth a annoncé une reproduction des portions
bibliques en onze planches photographiques avec des notes philologi-
ques.
2. Ces fragments ont été édités dans le IV^ vol. des Anecd. syriaca
de M. Land, Leide, 187î!.
3. Édités par M. Gwilliam, Anccdota Oxoniensia, i893.
4. Édités par MM. Gwilliam, Blukifi et Ste.vm^c, Anecd. Oxon., 189G,
SYROPALESTIMENS. 59
Le lectionnaire de Mrs. Lewis ^ a des portions de la
Genèse, de l'Exode, du Deutéronome . des Psaumes,
des Proverbes, de Job, des Prophètes Jonas tout en-
tier ; pour le N. T., des portions des Actes des Apô-
tres, des Épîtres Paulines et de TÉpître de saint Jac-
ques.
Les fragments qui existent au couvent de Sainte-
Catherine sur le mont Sinaï ne nous autorisent pas à
croire qu'une colonie des chrétiens palestiniens ait
résidé dans la presqu'île du Sinaï. L'un de ces frag-
ments- renferme des passages de lEpître aux Calâ-
tes; les autres^, des passages du IIP Livre des Rois,
de Job et des portions de deux homélies sur le Déluge
et sur saint Pierre.
Les Chrétiens palestiniens possédèrent-ils une ver-
sion complète de l'Ancien et du Nouveau Testament?
MM. G William et Stenning-^ ont répondu à cette ques-
tion par l'affirmative. Ils ont remarqué que quelques-
uns des fragments édités par eux présentent le ca-
ractère d'une version continue et n'appartiennent pas
à des péricopes; d'autres sont vraisemblablement du
VP siècle et ne peuvent appartenir à des lectionnaires,
puisque l'usage des lectionnaires ne remonte pas plus
haut que le YIP siècle. Ils concluaient que les lec-
tionnaires qui existent aujourd'hui ont été tirés de cette
version et n'ont pas été traduits sur des lectionnaires
i. Édité par M"» Lkwis, Studia Sinaitica, n'= VI, Londres, 1S9T. avec des
notes critiques de M. Nestlé et un glossaire de M™« Cibson. Cette édition
renferme, en outre, un fragment d'hymne ac(|uis au Caire en 1893, et
une iiymne sur saint Pierre et saint Paul, trou\ce au Sinaï par M. Har-
ris et qui avait été publiée d'abord dans les Sludia Sinailica, n° 1.
2. Publié par M. HAr.r.is, liibUcal Fragments from Mount Sinai, Lon-
dres, 1800, et réimprimé par M. Schwally dans son Jdiolicon des christ -
4ich palxstinischen Aramseisch, Giessen, 1893.
3. Publics par JIM. Gwilliam. BcnKiTT et Stenm>c, l. cit.
4. Anecdola Oxon., 1893, p. lUCi.
60 LES LECTIO^sNAIRES
grecs. M. Nestlé est d'un avis contraire; il croit que
les leçons n'étaient pas empruntées à une édition com-
plète de la Bible , mais que chaque leçon fut traduite
ad hoc d'un lectionnaire grec ^
Les textes syropalestiniens de l'Ancien Testament
procèdent des Septante, mais d'après un ms. grec dif-
férent de ceux connus. Ces textes sont postérieurs, au
moins en ce qui concerne le Livre de Job , à la recen-
sion d'Origène, puisque le fragment de ce livre
(ch. xxn; publié par M. Burkitt- se trouve dans la
partie que ne possédait pas la version Septante primi-
tive et qui a été ajoutée par Origène d'après Théodo-
tion. D'autre part, M. Stenning ^ a établi que le frag-
ment du III*^ Livre des Rois suit littéralement la
recension des Septante de Lucien, publiée en partie
par Paul de Lagarde. Il est admissible que, pour les
autres Livres de l'Ancien Testament, le syropalesti-
nien concordait également avec cette recension qui, au
IV^ siècle, était reçue par tous les chrétiens de la Pa-
lestine et de la Syrie. M. Xestle admet des conclusions
analogues pour le lectionnaire de Mrs. Lewis : « Dans
les grands Prophètes, dit-il '', le lectionnaire concorde
souvent avec les gloses marginales du codex Marcha-
liaiuis, attribuées à une ou plusieurs des dernières ver-
sions d'xVquila, de Symmaque et de Théodotion. Cela
montre clairement que le lectionnaire repose sur un
texte dépendant d'Origène. Il est probable que les lec-
tionnaires sont de beaucoup postérieurs au temps
d'Origène, mais ils ont néanmoins de la valeur pour le
\. Studia Sinaitica, n° YI, p. XYII (notes critiques sur l'édition du
lectionnaire de M" Le\vis). M. Ncslle annonce qu'il prépare une esquisse
grammaticale du dialecte syropaleslinien.
2. Anecdota Oxon., iSdG, p. 2a et suiv.
3. Ibid., p. 32.
4. Notes critiques dans l'édition du lectionnaire de M-"» Lewis, p. LXIII.
SYROPALESTIMENS. 61
texte des Septante aussi bien que pour celui du X. T. »
En dehors des textes bibliques, nous signalerons
comme ayant un intérêt particulier les deux homélies
sur le Déluge et sur saint Pierre ^ L'homélie sur le
Déluge raconte que Xoé planta des cèdres pour cons-
truire l'arche avec ces arbres quand ils seraient arrivés
à leur croissance ; elle fait ainsi allusion à un apocryphe
sur ce Patriarche biblique. L'auteur de l'homélie sur
saint Pierre cherche à établir que cet apôtre n'est pas
le chef de l'Eglise, mais que l'Eglise repose sur Notre
Seigneur seul. Il commente de la manière suivante le
verset 18 du eh. xvi de saint Mathieu : « Le Sei-
gneur lui dit : « Tu es Simon qui est interprété Pe^
tros :>; il ne lui dit pas : « Sur toi je construirai l'E-
glise » : mais il lui dit : « Sur ce roc qui est le corps
que le Seigneur revêtit je bâtirai mon Eglise et les
portes du Schéol n'auront pas de pouvoir sur elle. »
1. Publices dans les Ançcd, Oxon-, 1^93,
LES VERSIONS POSTERIEURES DE L ANCIEN
ET DU NOUVEAU TESTAMENT.
Les Syriens occidentaux, en prenant part, au com-
mencement du YP siècle, aux controverses de christo-
logie qui agitaient l'Eglise, sentirent la nécessité de
posséder une version de la Bible plus conforme aux
Septante que ne l'était la Peschitto. L'Ancien et le
Nouveau Testament étaient la base de toute discussion,
et des malentendus devaient forcément surgir d'une
interprétation fondée sur des textes différents ; on n'é-
tait que trop porté à accuser ses adversaires de falsi-
fication. La version des Septante . pour l'Ancien Tes-
tament, faisait autorité non seulement dans l'Eglise
grecque, mais aussi dans la Syrie hellénisée; les
Syriens des provinces Euphratésiennes et de la Méso-
potamie occidentale durent, dans ces conditions, se
procurer une version syriaque des Septante. Ils étaient
d'autant plus sollicités par ce desideratum que l'E-
glise syriaque devenue monophysite eut avec T Eglise
d'Alexandrie des relations beaucoup plus intimes et
plus suivies qu'autrefois. La Peschitto de l'Ancien Tes-
tament, nous l'avons vu précédemment, avait déjà subi
une revision d'après les Septante, mais celte revision.
64 LES VERSIONS POSTÉRIEURES
n'ayant changé que quelques mots ou groupes de mots,
ne l'avait pas profondément modifiée.
En 508, Philoxène, évêque de Mabboug, l'un des
plus fougueux défenseurs de l'hérésie monophysite,
chargea le chorévêque Polycarpe de faire sur le grec
une traduction littérale de l'A. et du N. T. Cette nou-
velle version semble avoir joui d'un certain crédit pen-
dant le YP siècle : Moïse d'Aghel (vers 570) mentionne
les Psaumes et le Nouveau Testament ^ ; mais elle
tomba en désuétude lorsque parurent l'Hexaplaire sy-
riaque de l'Ancien Testament et l'Héracléenne du Nou-
veau Testament. Il n'en existe plus que des fragments
dans quelques manuscrits ^.
L'Hexaplaire syriaque a été composée un siècle plus
tard, 616-617, par Paul, évêque de Telia de Mauzalat
(Constantine de Syrie), à la demande du patriarche
d'Antioche, Athanase I. C'est une version syriaque des
Septante d'après les Hexaples d'Origène ; elle reproduit
consciencieusement les additions et les variantes mar-
quées par des astérisques et des obèles, ainsi que les no-
tes marginales relatives à des versions grecques autres
que les Septante^. En fait cette version ne supplanta
pas la Peschitto qui continua à être la Bible des Sy-
riens. Son prestige tomba avec les luttes religieuses,
en vue desquelles elle avait été faite , après que la con-
quête musulmane eut créé une nouvelle situation à l'É-
glise syriaque. Elle demeura cependant comme une œu-
vre importante de la littérature sacrée qui avait son
i. Voir AssÉMAM, B. 0., II, 8-2.
2. Des fragments d'Isaïe dans un ms. du British Muséum ; conip. Glidi,
Rendiconti délia R. Accademiadei Lincei, 1886, p. 404; voir aussi HAtr.,
Syriac ws., Gospels of a pre-Harkleian Version, Philadelphie, 188'*.
Les fragments d'Isaïe ont été publiés par M. Ceriam, Monumenta sacra
et profana, Milan, 1873, t. V, fasc. I, p. 1-40.
3. FiFi.D a utilisé ces notes dans sa publication intitulée Origenis
Hexaplorum fragmenta, Oxford , 1875.
DE L'A. ET DU N. TESTAMENT. 65
utilité pour l'exégèse biblique. Barhebrœus, dans son
commentaire intitulé le Magasin des mystèi-es , la cite
fréquemment sous le nom du grec. Cet auteur la tenait
même en plus haute estime que la Peschitto ; dans sa
grande grammaire ', il a écrit un chapitre entier pour
prouver l'infériorité de celle-ci comparée à THexa-
plaire. Son jugement est basé sur plusieurs passages
de la Peschitto, incorrects grammaticalement, et sur
d'autres passages qui, dans les citations du Nouveau
Testament, sont plus conformes au grec qu'à la Pes-
chitto. Ce dernier argument n'est pas très probant, car
nous avons rappelé plus haut, p. 34 . qu'un nombre
important de ces citations dans la Peschitto du Nou-
veau Testament concorde avec la Peschitto de l'Ancien
Testament et s'écarte à la fois de l'hébreu et du grec.
L'Hexaplaire ne nous est pas parvenue intégrale-
ment. 11 existe, dans des ms. de Milan, de Paris et de
Londres, des livres complets ou incomplets de cette
version. Le plus célèbre de ces ms. est YAmhrosianus
qui forme le second volume d'un exemplaire complet.
Le premier tome renfermait le Pentateuque, Josué,
les Juges, les Rois, Esdras avec Néhémie, Judith et
Tobie; il a été perdu après la mort [iolo] d'Andréas
Masius auquel il appartenait. Norberg publia Jérémie
et Ézéchiel (1787); Bugatus, Daniel 1788) et les Psau-
mes (i820j. En 1835 Middeldorpf édita le IY° livre des
Rois (ms. de Paris), Isaïe, les petits Prophètes, Job, le
Cantique des Cantiques, les Lamentations et l'Ecclé-
siaste (ms. de Milan). ^L Ceriani a donné une repro-
duction photolithographique de l'Ambrosianus dans le
Yli® vol. des Monumenta sacra et profana; il avait
commencé une édition critique de cette version dans les
1. Œuvres grammaticales d'Aboti'lfaradj dit Bar Hebrxus, éditées
par l'Abbé Martin, Paris, 187i, I, p. 240.
4.
66 LES VERSIONS POSTERIEURES
vol. I et II du même ouvrage. Skat Rœrdam a publié le
livre des Juges et de Ruth à Copenhague en 1859-18G1
d'après un ms. du Musée britannique. Paul de Lagarde
édita en caractères hébreux, dans les Veteris T. ah Ori-
geiie recensiti fragmenta (Gœttingue, 1880), les frag-
ments contenus dans les ms. de Londres et de Paris,
savoir : des fragments de l'Exode, des Nombres, de
Josué et des Rois. Dans SRBibliotheca syriaca (Gœttin-
gue, 1892 , ce professeur a réimprimé en caractères
syriaques les mêmes fragments avec de nouvelles ad-
ditions, parmi lesquelles se trouvent des fragments de
la Genèse.
L'Héracléenne est la revision de la Philoxénienne
du Nouveau Testament faite en 616 par Thomas d'Har-
kel (ou d'Héraclée), évêque de Mabboug. Cet évêque,
après avoir été déposé de son siège pour sa propagande
monophysite, se rendit à Alexandrie et travailla à cette
revision dans le couvent de saint Antoine au village
d'Enaton. L'Héracléenne comprend les mêmes livres
que la Peschitto et, en plus, les quatre petites Épîtres :
la 11^ de saint Pierre, les IP et IIP de saint Jean, et
celle de saint Jude. Elle a été éditée par J. White
d'après des ms. d'Oxford à la fin du dernier siècle et
au commencement de ce siècle-ci'.
1. s. Evangeliorum ve7-sio syr. Philo.reniana , Oxford, 1778; Acluu7n
Apost. et Epislol... Oxford, 4799-1803. La lacune que i)rtsente l'Épftre
aux Hébreux dans l'édition de Wiiite a été comblée par Bexsly d'après
un ms. de Cambridge, The Heraclean version of the Epislle to the He-
brews, Cambridge, 1889, chap. xr, 28-xiri, 2:;. Le ras. de Cambridge ren-
ferme, en outre, les deux Épilres de Clément, placées entre les Épîtres
caliioiiques et les Épîtres de saint Paul. — L'Évangile de saint Jean a
été édité à part par Behnstein à Leipzig en 1853 avec les voyelles et les
points diacritiques de la Massore, sous le titre de Das heilige Evan-
gelium des Johannes... Cette édition était, pour l'époque où elle parut,
un tour de force typographique. — M. Hai.l a reproduit par la plioto-
lypie en 4880 les quatre Épîires qui manquent dans la Peschitto, d'a-
près un ms. daté de UTl , The Syrian Anlilegomena Epistles, Balti-
more, 1886. Sur la version de l'Apocalypse, voir ci-dessus p. 50.
DE LA. ET DU N. TESTAMENT. 67
La Philoxénienne, FHexaplaire et LHéracléenne
étaientrœuvre de Jacobites. LesNestoriens, en contact
moins direct avec l'Occident, ne firent pas usage d'au-
tre version que de la Peschitto. Il est cependant fait
mention d'une version due à Mar Aba, patriarche des
Nestoriens de 536 à 552. Amr rapporte que Mar Aba
« interpréta l'Ancien et le Nouveau Testament et les
expliqua; il écrivit un livre de commentaires ' ». Ebed-
jésu, dans son catalogue-, dit : « Mar Aba le Grand
interpréta et traduisit du grec en syriaque tout l'An-
cien Testament ». Ces assertions dérivent sans doute
de la Vie de Mar Aba ^ où on lit : « Il interpréta les
Livres divins (les saintes Ecritures) à Alexandrie en
grec ». Cette notice fait évidemment allusion aux com-
mentaires de Mar Aba (voir ci-après, p. 83 . Quant aux
mots à Alexandrie en grec , ils s'expliquent par une
confusion que Barhebrœus a déjà signalée ^ . Mar Aba,
avant d'être élu patriarche, avait étudié le grec à Edesse
avec un moine nommé Thomas. Ce moine fut confondu
ensuite avec Thomas d'Héraclée qui vivait près d'un
siècle plus tard et qui traduisit, du grec en syriaque, le
Nouveau Testament. Il est donc fort douteux que Mar
Aba ait écrit une version syriaque de TA. et du N. T.
ou de l'A. T. seulement.
\. Maris, Amri et Slibx commentaria, pat'S altéra, éd. Gi^moxdi,
Rome, 1896, p. il. Celte notice ne se trouve pas dans Mari, qui parle
seulement d'une version syriaque des œuvres de Théodore de Mop-
sueste, ibid., pars prior, p. 'M.
■2. AssÉMAM, B. 0., m, pars I, p. 75.
3. Bedjan, Histoire de Mar Jabalaha, de trois autres patriarches, etc.,
Paris, 1895, p. 218.
4. Chronicon eccl., éd. Abbeloos et Lvuy, Louvain, 187-2, II, p. 89.
VI
LA MASSORE SYRIENNE.
L'ensemble des travaux concernant la lecture exacte
du texte biblique dans les versions syriaques est dési-
gné par les Jacobites sous le nom de La tradition,
\in\W\\>e>, nom qui répond à celui deL^7 Massore juive;
les Xestoriens se servaient de préférence de l'expression
Livres des maîtres de lecture, )-L:-,:flJo; i_iNJi. Nous retenons
le terme de Massoi-e qui est consacré par lusage. et
celui de Massorètes pour les auteurs de ces travaux.
La Peschitto était le premier livre mis entre les mains
des élèves qui fréquentaient les écoles; ces élèves com-
mençaient par la lecture du Psautier; ils abordaient
ensuite le Nouveau Testament et les autres livres de
l'Ancien Testament, puis les œuvres des Pères de
l'Église syriaque et de l'Église grecque. Les maîtres
de lecture apprenaient à leurs disciples à distinguer les
propositions des différentes phrases suivant les cinq
catégories d'Aristote, à élever et à abaisser la voix en
prenant les diverses intonations que le sens exigeait.
Les signes qu'ils marquaient, pour cet enseignement,
soit sur la ligne, soit au dessus ou au dessous des mots,
étaient des points ou des groupes de points que Ton
appelle des accents et que l'on divise en accents logi-
qiies et en accents rhétoriques.
La massore, dans ses origines, remonte à l'Ecole
d'Édesse, au commencement du V® siècle; elle fut
transmise peu de temps après à l'École de Nisibe par
70 LA MASSORE SYRIENNE.
Narsès que ses opinions nestoriennes avaient fait chas-
ser dEdesse. Au VP siècle, Joseph d'Ahwaz, l'un des
successeurs de Narsès à Nisibe, apporta des modifica-
tions au système des maîtres de l'Ecole d'Edesse' , et
inventa neuf accents , en se servant, pour ses lectures,
de la version des commentaires de Théodore de Mop-
sueste faite par lbas^ Ramjésu qui présidait à l'École
de Séleucie de Babylonie, vers le milieu du YP siècle,
ajouta de nouvelles leçons à la première collection des
massorètes nestoriens^.
La massore a produit trois sortes d'ouvrages :
1° des exemplaires de la Bible ponctués et annotés de
gloses marginales; 2° des traités des points ou ac-
cents; 3° des traités des mots ambigus (De cequwocis).
Les traités sur les accents et les traités sur les mots
ambigus font partie de la grammaire et de la lexico-
graphie. Nous les renvoyons au n° xvi; nous par-
lerons ici des exemplaires de la Bible qui renferment
la massore.
La revision de la Peschitto de l'Ancien Testament,
faite par Jacques, évêque d'Édesse, en 705, lorsque
cet évêque résidait au couvent de Teléda, peut être
considérée comme le premier travail systématique de
la massore jacobite. Jacques divisa les livres bibliques
en chapitres et mit en tête de chaque chapitre un
sommaire du contenu. Le texte est accompagné de
1. BAitHEBR^cs, Chron. eccl, II, p. 77, dit : « Joseph d'Ahwaz occupa
la place (de Narsès) à Nisibe. Il changea la lecture édessénienne en la
lecture orientale que suivent les Nestoriens. Ceux-ci, pendant tout le
temps de Narsès, lisaient comme nous les Occidentaux. » Cette modi-
lication porta non sur les voyelles, mais sur les points qui marquaient
les différents membres de la plirase, MEnx, Historia arlis grammaticœ
apud Sy}'Os, Leipzig, 1889, p. 28.
2. D'après une note d'un ms. du Musée britannique, Wright, Catal. of
the syr. ms., col. 107, n° V, 3.
3. Voir le ms. de la massore nestorieune dans Wright, Catal. of the
syr. ms., col. 105 6.
LA MASSORE SYRIENNE. 71
nombreuses gloses marginales dont une partie rap-
porte les leçons des versions grecques et syriaques;
une autre partie donne la prononciation exacte des
mots. Quelques-unes des notes sont tirées des œuvres
de Sévère dAntioche. On trouve aussi des gloses in-
sérées dans le texte.
Cette œuvre de Jacques d'Édesse ne nous est pas par-
venue dans son entier. La Bibliothèque nationale pos-
sède deux ms. contenant le Pentateuque, à lexception
d'un certain nombre de versets, et le livre de Daniel.
Le Musée britannique a aussi deux ms. renfermant
les deux livres de Samuel avec le commencement des
Rois et Isaïe; le premier livre de Samuel présente quel-
ques lacunes * . Ces ms. sont datés de 719 et 720 , c'est-à-
dire, d'une dizaine d'années à peine après la mort de
l'évêque d'Edesse.
Jacques avait montré aux Syriens la voie à suivre
pour systématiser les travaux de la massore. Il ne
tarda pas à trouver de dignes émules parmi les moines
qui, dans la retraite, consacraient leur vie à l'étude des
Écritures. C'est dans le couvent de Karkaphta [le
crâne y situé près de la ville de Reschaina, que la
massore jacobite atteignit son apogée. Les massorètes
jacobites sont désignés sous le nom de Karkaphiens,
i;qoyi, et leur œuvre porte le titre de La tradition
Karkaphienne y in.Ao;^ iloiv^n*-^, dans le commentaire
de Barhebrœus intitulé Le magasin des mystères et
dans les ms. de la massore jacobite.
On s'est longtemps mépris sur le sens exact de ce
titre. Assémani traduisait versio Karkapkensis hoc est
montana et il ajoutait que c'était la version dont se
1. Des fragments de cette revision ont élé imprimés pas Bicatus,
Daniel secundum editionem LXX Intcrpretum, Milan, 1788; et par
Cekiam, Monumenta sacra et profana, t. II et V.
72 LA MASSORE SYRIENNE.
servaient les habitants des montagnes'. Le cardinal
^Yiseman retrouva cette soi-disant version dans le
ms. 152 du Vatican-. C'est l'Abbé Martin qui le pre-
mier aperçut le vrai sens et montra que les mots tra-
duits par vej'sioii Karkaphienne signifiaient en réalité
la tradition Karkaphienne, c'est-à-dire la massore
élaborée dans le couvent de Karkaphta^. Mais l'Abbé
Martin ignorait encore le véritable emplacement de ce
couvent; M. Georg Hoffmann a prouvé qu'il se trou-
vait à Magdal sur le fleuve Chabor, non loin de la ville
de Reschaina '•.
Dans les ms. qui renferment la massore jacobite, les
gloses marginales relatives à la leçon exacte du texte
et à sa prononciation sont souvent indiquées sous la
rubrique touhana, ilao^, (ou par abréviation ^4). Le car-
dinal Wiseman croyait que ce mot désignait la Pes-
chitto ; l'Abbé Martin y voyait une épithète de Rabban
Théodose, un auteur syriaque. Nous savons aujour-
d'hui à quoi nous en tenir, grâce à deux gloses du
lexique de Bar Bahloul qui nous apprennent ce qui
suit^ : « Les deux docteurs Toubana et Saha. 11 y
avait deux docteurs connus et renommés pour la mas-
sore (|Loiy.N«v>) des Testaments à Reschaina. L'un Tou-
bana Santa, qui était dans l'un des couvents de l'en-
droit, et l'autre, un certain Saba, qui était respectable
et éprouvé pour sa chasteté et l'exactitude de sa mas-
sore. C'est pourquoi, partout où il y a, à la marge des
\. Bibl. orient., II, p. 283.
2. Horee syriacœ, Rome, 1828, p. 78 et l.Sl.
3. Tradition karkaphienne ou la Massore chez les Syriens dans le
Journal asiatique, octobre-novembre, 1SG9.
4. Zeitschr. der deut. morgenl. Gesellschaft, XXXII, p. ~Vô.
b. Lexicon syriacum, auctore Bar Bahlule, éd. R. Duval, Paris, 1888-
1896, col. 1304, 1. 6. Georg Hoffmann fit connaître la première de ces
gloses, Zeitschr.f.die Alt. Wissenschaft, 1881, p. 159 ; j'ai ajouté la se-
conde glose, Journal asiatique, juin 1884, p. jGO.
LA MASSORE SYRIENNE. 73
pages, une note surmontée d'un saniîiat la lettre s],
celte lettre indique ce que ce Saba changeait à la leçon
de Toubana, parce que l'un rapportait une leçon et
l'autre en donnait une autre. Nous avons écrit ceci
pour faire connaître le fait. » Cette glose du lexique de
Bar Bahloul nous indique ce qu'il faut entendre par
les mots Toubana et Saba que l'on trouve dans les
ms. de la massore jacobite \ Saba de Reschaina était
un habile copiste; on possède, écrits de sa main, plu-
sieurs ms. , à la fin desquels il se vante de ne pas avoir
empâté la boucle d'un seul taç la lettre t -. Ces ms. ,
datés de 724 et 726, précisent l'époque où la massore
jacobite florissait.
La massore ne donne pas un texte biblique continu,
mais reproduit les versets qui méritent d'être expli-
qués , qui renferment des mots dont la prononciation
exacte doit être fixée , ou qui offrent des variantes dans
les versions grecques et syriaques ^. Les versets omis
sont plus ou moins nombreux suivant les ms. Le texte
est vocalisé, dans la massore jacobite au moyen des
voyelles dites grecques, dans la massore nestorienne
au moyen des points-voyelles; les points diacritiques
qui indiquent l'aspiration ou la non-aspiration de cer-
taines consonnes, les points d'interponction ou d'ac-
centuation, tous les signes orthoépiques, en un mot,
sont marqués avec soin.
On connaît dix ms. de la massore jacobite, dont les
principaux sont : le ms. 152 du Vatican^ daté de 980;
1. Comparer Wr.iciiT, Calai, of Ihe syr. ms., p. i09, col. 2.
2 \Nr.iGiiT, Calai, of the syr. ms., p. 9, col. 1 ; p. IG, col. 1; p. 25, col.
i. Wr.iGiiT, ibid., p. 38, col. i, estime que le ms. daté de 719 et conte-
nant les deux livres de Samuel dans la revision de Jacques d'Édesse,
Cit de la main ra«''inc de ce Saba.
3. Nous rappelons que la massore nestorienne ne connaît pas IHexa-
plaire ni rHéraclêenne.
4. Décrit parle card. Wiseman, Horse syriacse ^ ii9 et suiv.; comp.
Abbé MAr.TiN, Tradilion karkaphiennc, p. 2i5.
LITTÉRATURE SYRIAQUE. 5
74 LA M\SSORE SYRIENNE.
deux ms. du Musée britannique, l'un, Add. 1278, du
IX"" ou X^ siècle, semblable au ms. du Vatican', et
l'autre, Add. 7183, probablement du XIP siècle;, ren-
fermant moins de versets que le ms. du Vatican- ; le ms.
Barberini daté de 1089 ou 1094 (la date est incertaine) ^ ;
et un ms. de la Bibliothèque nationale du XI^ siècle,
conforme au ms. du Vatican^. Suivant l'Abbé Martin^,
il doit exister encore un ms. daté de 1015 à la cathé-
drale de Mossoul.
Le ms. de Paris que nous venons de citer et le ms.
de Londres, Add. 14684, renferment une partie consa-
crée à la massore des œuvres des docteurs qui étaient
lues dans les écoles, savoir : des passages du Pseudo-
Denys l'Aréopagite, de saint Basile, de saint Grégoire
de Nazianze, de Sévère d'Antioche et (dans le ms. de
Londres) du Diœtetes de Jean Philoponus.
La massore nestorienne est conservée dans un impor-
tant ms. du Musée britannique , écrit dans le couvent
de INlar Gabriel près de Harran en 899 ^.
Barhebrœus a fait usage des deux massores non seu-
lement dans son commentaire, Le magasin des mystè-
res, mais aussi dans sa grande grammaire, Le Iwre
des splendeurs'^ .
1. "SViUGHT, Calai, of the sy7\ ms., p. 108, n° 1C2.
2. Catalogue Fo7-shall et Rosen, p. 64, n° 42.
3. Décrit également par le card. Wiseman.
4. Catalogue Zotenberg, n° 64. Il a été décrit également par Wiseman,
comp. Abbé Martin, Tradition kark., p. 2i5 et suiv.
5. Introduction à la critique textuelle du N. T., jjartie théorique,
Paris, 1882-1883, p. 291.
6. Ms. Add. 12138, Catalogue Wright, p. 101, n° 161.
7. M. GwiLLiAM, Sludia Biblica, Oxford, 1^91, p. 64, croit que la mas-
sore syriaque s'est formée à l'imitation de la massore hébraïque,
mais la question est encore douteuse, car la massore syriaque , dans
ses origines, semble avoir précédé la massore juive.
VII
LES COMMENTAIRES DE LA BIBLE.
Les commentaires bibliques écrits par des Pères de
l'Eglise syriaque formeraient une bibliothèque entière,
si une grande partie n'avait subi Tinjure du temps et
n'était aujourd'hui perdue.
Les commentaires de saint Ephrem 7 373 sur l'An-
cien et le Nouveau Testament sont les plus anciens que
nous connaissions. Ephrem les avait sant doute écrits
en vue de son enseignement à l'Ecole des Perses à
Edesse. Le commentaire sur TA. T. ne nous est par-
venu dans sa forme originale que pour la Genèse et la
majeure partie de l'Exode, dans le ms. du Vatican 110
du VP siècle; pour les autres livres, il existe, d'une
manière abrégée, dans une Catena Patrum composée
en 8G1 par Sévère, un moine d'Antioche '. L'épitomé de
Sévère, comparé avec le ms. 110 du Vatican, montre
que le commentaire de saint Ephrem , dont se servait
le moine d'xVntioche pour la Genèse, différait de celui
de ce ms -. Ce commentaire est basé sur la Peschitto,
\. Voir Calai. Wright, p. WS.
2. PouLMANS, .S. Ephrxmi Syri commmtariorum in S. Scripiuram
lextus, Brunsberg, J8fi3-l8Gi; Bickell, Conspectus rei Syrorum liltera-
r»«. Munster, 1871, p. 19.
70 LES COMMENTAIRES
mais il a subi des interpolations; il s'y trouve des ci-
tations des Septante que saint Ephrem, ignorant le
grec, ne pouvait utilisera
En ce qui concerne le Nouveau Testament, le com-
mentaire que saint Ephrem avait fait du Diatessaron ne
s'est conservé qu'en arménien fvoir p. 47). C'est
également en arménien seulement que se trouve son
commentaire sur les Épîtres Paulines.
En dehors de ses commentaires , saint Ephrem écri-
vit des homélies exégétiques et des interprétations,
l^cL^^VoL, sur différents versets bibliques -.
Un des disciples de saint Ephrem, Mar Aba, écrivit
un commentaire sur les Evangiles, un discours sur Job
et une explication du verset 9 du Psaume xlii^. Il ne
doit pas être confondu avec Mar Aba I, patriarche des
Nestoriens, voir plus loin, p. 83.
Le commentaire sur les Evangiles de Philoxène, évê-
que de Mabboug (-J- vers 523) , nous est connu par deux
manuscrits incomplets du Musée britannique (Wright,
Catal., p. 526, n^' 674 et 675). Le premier de ces ms.,
daté de 511, renferme des fragments du commentaire
sur saint Mathieu et saint Luc. Le second, qui appar-
tient à la même époque, contient le commentaire sur
des passages choisis des Evangiles, et particulièrement
sur les versets 1-18 du premier chapitre de l'Evangile
1. Il est imprimé, en grande partie, dans l'édition romaine,
S. Ephrœmi opéra, t. I et H. M. Lamy a complété cette édition dans le
t. H. de S. Ephrsemi syri hymni et sermones, Malines, 188G, p. 105-310,
d'après des ms. du Jlusée britannique. M. Lamy a publié dans la Revue
biblique, 189T-1898, une traduction des commentaires de S. Ephrem sur
Zacharie, dont deux chapitres étaient inédits.
2. Édition romaine, II, 3IG-395; Oveudeck, S. Ephreemi syi-i... opéra
selecta, Oxford, I8G0, p. 77-104. Moesin(.er a publié quelques scolies sur
S. Mathieu, Isaïe, Osée et les Proverbes dans le II* voL des Monumenta
syriaca, Innsbruck, 1878, p. 33 et suiv.
3. 11 est cite dans certains ms. ; Wuigut, Catal., p. 831 et 1002. Des
fragments dans Hauuis, Fragm. of the comment, of Ephrem Syrus,
Londres, 1895, p. 93.
DE LA BIBLE. 77
de saint Jean. L'auteur combat différentes hérésies et
surtout celle des Nestoriens quil appelle « les héréti-
ques du temps présent ».
Jean bar Aphtonia , abbé du couvent de Kennesré
{f 538) jcst l'auteur d'un commentaire sur le Cantique
des Cantiques '.
Marouta, métropolitain jacobite de Tagrit [f 649], fit
un commentaire sur les Evangiles, qui est cité dans la
catena du moine Sévère. Deux scolies de Marouta sur
Exode XVI, 1, et Mathieu XXVI, 6-14, sont imprimés dans
les Monumenta syriaca (Mœsinger), t. II, p. 32.
Jacques, évéque d'Édesse (y 708), composa des com-
mentaires et des scolies sur les Ecritures. Il traite aussi
de différents passages bibliques dans plusieurs de ses
lettres. Les commentaires sont cités dans la catena de
Sévère et dans les écrits de Denys bar Salibi et de
Barhebrœus. Quelques-unes des scolies ont été publiées,
d'après des manuscrits du Musée britannique, par Phi-
lipps, Wright, Schrœter et Nestlé-; d'autres, mêlées
dans les commentaires de saint Ephrem par le moine
Sévère, ont été imprimées dans l'édition romaine de
saint Éphrem (t. I et llj.
George, évêque des tribus arabes de l'Euphrate,
un contemporain et un ami de Jacques d'Édesse, écri-
1. AssÉMAM, B. 0., II, p. oi. Des extraits de ce commentaire sont con-
servés dans une chaîne des Pires au Musée britanuique, ms. Add. 12IC8,
f. 138 a. Un commentaire sur les Évangiles est attribué à Mara d'Aniid
(vers 519) par Assémam, B. 0., II, p. o-2; mais Wright, se référant à Zacha-
rie (dans Land, Anecdola syriaca, III, ijO), a montré que Mara écrivit
seulement une préface en grec sur un exemplaire des Évangiles fait à
Alexandrie; Wr.icuT, Syriac lit., 2« éd., Londres, I89i, p. 83.
2. PuiLipP'î, Scholia on some passages of Ihe Old Testament by Mar
Jacob, Londres, 180'»; Wnioiix, Journal of sacred lileralure, vol. X,
p. 430etsuiv.; Scuv.aE.Ttr,, Zeitschr. dcr deut. morgenl. Gesellschaft, 1870,
t. XXIV, p. -201 et suiv.; Nestlé, ibid., 1878, t. XXXII, p. '.o:; et suiv., 73:i
et suiv.; comparer aussi As'^^;MA^•^, B. 0., I, p. 4S9-493; Mai, Script, vet.
nova collectio, Rome, 182.J-1838, t. Y; Wrigut, Catal., p. '60\, 910 et 997.
78 LES COMMENTAIRES
vit des scolics sur les Ecritures , qui sont citées dans la
catena de Sévère, dans les commentaires de Denys bar
Salibi et dans le Magasin des mystères de Barhebrœus ^ .
De la même époque sont les commentaires de Daniel
de Salah sur les Psaumes et TEcclésiaste. Le commen-
taire sur les Psaumes, composé par Daniel, à la de-
mande de Jean, abbé du couvent d'Eusèbe, près d'Apa-
mée, était divisé en trois volumes et chaque volume
comprenait cinquante psaumes-. Le commentaire sur
l'Ecclésiaste n'est connu que par les extraits qu'en
donne la catena de Sévère'^.
Un ms. du Vatican^ renferme un commentaire de
l'Évangile de saint Mathieu par George, qui fut élu
patriarche d'Antioche en 758.
A la fin du VIII^ siècle, Lazare de Beit-Kandasa
compila un commentaire sur le N. T. Deux manus-
crits du Musée britannique [Cat. Wright, p. 608-612,
n''^ 713 et 714) renferment le commentaire sur saint
Marc et saint Jean et sur une partie des Épîtres Pau-
lines. Le commentaire sur les Epîtres est un abrégé du
commentaire de saint Jean Chrysostome.
Moïse Bar Képha, qui prit le nom de Sévère lorsqu'il
devint évêque de Beit-Rammân et de Mossoul (*|- 903),
composa des commentaires sur l'Ancien et le Nouveau
Testament qui sont souvent cités par Barhebrseus dans
son Magasin des jny stères , et dont il nous est par-
venu, d'une manière incomplète, le commentaire
\. AssÉMAM, B. 0., I, 49i; Wr.iGUT, Catal., p. 909, col. 2.
'2. Le premier volume complet et le second volume incomplet exis-
tent dans des ms. du Vatican et du Musée britannique (âssémam, B. 0.,
I, p. 495; Wr.iGHT, Calai., p. GOj et 608); la troisième partie n'est con-
servée que dans une version arabe, à Berlin, Colleclion Sachau, n° 55.
Un épitomé de ce commentaire existe dans le ms. Add. 17125 (Wuigiit,
Calai., p. 125).
3. Calai. Val., lîl, 17; Wr.iGiiT, Calai. , p. 909.
4. Calai. Val., 111, 299.
DE LA BIBLE. 79
sur la Genèse, les Evangiles et les Kpîtres Paulines '.
Barhebrieus cite encore un commentaire sur le livre
delaSaîi'csse par Jean deMaron, qui mourut vers 1017^.
Les commentaires de la dernière époque se sont
mieux conservés parce que, résumant les travaux
précédents, ils dispensaient en quelque sorte le théo-
logien de sadresser à ceux-ci. Tels sont les commen-
taires de Jacques bar Salibi et de Barhebrœus.
Jacques bar Salibi, qui prit le nom de Denys lors de
son élévation au siège épiscopal de Marasch -^H'i],
est l'auteur d'un commentaire de l'Ancien et du Nou-
veau Testament, richement documenté, mais qui est
autant une compilation qu'une oBuvre originale ^. Le
commentaire de l'A. T. se trouve entier dans le ms.
de la Bibliothèque nationale, n° 66; la composition en
est singulière : « Le commentaire de chaque livre, dit
^L Zotenberg Catal., p. 33 , est divisé en deux parties
distinctes : en un commentaire matériel ou corporel,
c'est-à-dire littéral, et en un commentaire spirituel
ou mystique, c'est-à-dire symbolique. Dans les livres
de Job . de Josué , des Juges , de Samuel , des Rois , des
Psaumes et de Daniel, le premier commentaire est
désigné par le mot pupcu» matériel et le deuxième
par |.i./^;o uj;i.aa> matériel et spirituel . Le second com-
mentaire des Psaumes renferme, à son tour, pour la
plupart des trente premiers psaumes, deux commen-
taires : l'un de l'auteur, Denys bar Salibi, l'autre attri-
bué à André, prêtre de Jérusalem: ou tous les deux de
Denys bar Salibi , mais l'un fait sur la version Peschitto,
l'autre sur la version Hexaplaire 11 en est de même
\. WniGHT, Catal., p. 6-20. n» 720; quelques fragments aussi à la Bod-
léienne, Catal. Payne Smith, 410 et 418, et à la Bibliothèque nalionale,
Catal. Zotenberg. p. ilHi, n» 20G.
2. AssF.MAM, B. 0., II, 283.
3. Comp. AssKMANt, b. 0., H. V.n; Catal. Payne Smith, col. ili.
80 LES COMMENTAIRES
des Proverbes, de TEcclésiaste, du Cantique des
Cantiques et de Daniel, livres dont le premier com-
mentaire a pour base la Peschitto et le second la version
de Paul de Telia. Il y a trois commentaires pour le
livre de Jérémie : un commentaire abrégé sur la ver-
sion Hexaplaire.... un deuxième commentaire abrégé
... enfin un troisième commentaire plus développé. »
Le commentaire du N. T., dont il existe plusieurs
ms. dans les bibliothèques de l'Europe \ présente le
même caractère.
Les commentaires de Barhebrœus sur l'A. et le
N. T., écrits en 1277-1278, forment un volumineux
répertoire de gloses relatives à l'exégèse biblique, à
la critique de la Peschitto , de l'Hexaplaire et de THé-
racléenne , ainsi qu'à la grammaire et à la lexicographie
syriaques. Dans ces commentaires qui portent le titre
de Magasin des mystères, jj/y ;^o[, l'auteur cite, en de-
hors des versions syriaques , les Septante , Aquila , Sym-
maque et Théodotion; et, pour les Psaumes, la ver-
sion arménienne et la copte. Il cite encore le texte
hébreu, mais de seconde main. Les Pères de l'Église
mentionnés dans cet ouvrage sont : Athanase , Basile ,
Cyrille d'Alexandrie , Éphrem , Épiphane , Eusèbe , Gré-
goire de Nysse, Grégoire de Nazianze, Hippolyte,
Origène, Philoxène, Sévère d'Antioche, Jacques d'É-
desse, Moïse bar Képha, etc. Pour l'exégèse, le sagace
\. Cat. Vat., m, 296 et 293, comp. Assémaxi, B. 0., II, loT; Cat. Zo-
lenberg, n»* 67 et 68; Cat. Forshall et Rosen, p. 71 ; Cat. Wright, p. 623 ;
Cat. Payne Smith, col. 410-418,- Collection Sachau, n° 3, p. 32. Il existe
à Dublin un ms. daté de 1197 (trente-deux ans après la date de l'ouvrage,
116.J), d'après lequel Dldley Loftls a traduit en anglais une partie du
commentaire de saint Matliieu et le commencement du commentaire
de saint Marc {The Exposition of Dionysius Syrus, Dublin, 1672 ; A clear
and learned Explication... Dublin, 1690). Des extraits du commentaire
sur l'Apocalypse ont été publiés avec des notes et une traduction par
M. GwiNX dans He7'7nathena, VI, 397; Yll, 137.
DE LA DIDLE. 81
évêque se tient prudemment éloigné de rallégorie mys-
tique et s'efforce d'éclairer le sens littéral des versets
bibliques à l'aide des œuvres de ses devanciers. Pour
la critique du texte des versions syriaques, il a dé-
pouillé les massores jacobite et nestorienne et il a re-
cueilli un grand nombre de notices sur la prononciation
exacte des mots syriaques et sur les différences qui
existent à ce sujet entre les Nestoriens et les Jacobites.
Les gloses lexicographiques, empruntées à des sources
différentes , notamment aux lexiques de Bar Ali et de
Bar Bahloul, sont plus nombreuses pour les livres qui
étaient le plus lus : le Pentateuque, les Psaumes et le
Nouveau Testament.
Le Magasin des mystères est conservé dans plu-
sieurs ms. des Bibliothèques de l'Europe '. Une édition
générale n'a pas encore été entreprise, mais il a paru
de nombreuses publications partielles dont quelques-
unes sont des thèses de Doctorat -.
1. Rome, Cod. Vat., 170 et 282; Florence, Palat. Med., 2G; Londres,
Catal. Rosen et Forshall , n° 43; Catal. Wright, n°' 7-23 et 72i; Oxford,
Catal. Payne S)nith, n° 122; Cambridge, Coll. of the S. P. C. K.; Ber-
lin, Coll. Pelermann^l, 10; Coll. Sachau, n°' 134 et 236; Gœttingue,
Bibl. de l'Université.
2. Le card. Wisemann a publié la préface du Magasin des mystères
dans ses Horse syriacse, Rome, i82S. Lvnsow a publié un spécimen d'une
édition, Leipzig, 18o8. Les autres publications partielles sont : Le Pen-
tateuque, Weingarten, Halle, 1887. — Le Lévitique, KEncEP., Leipzig,
1893. — Les fragments de VHexaplaire pour le Lévitiqueet le Deutéro-
nome, dans ce commentaire, Kerber, Zeitschr. f. die Alttest. Wissen.y
1876, p. 2'.9. — Le Deutéronome, Kerder, The American Journal of
Semilic languages and literature, 1897, p. 89. — Extraits de Genèse,
Exode, Deut., chap. v des Juges, Scuroeter, Zeitschr. der deut. morgen.
GeselL, XXIV, p. 493. — Job, Bernsteix, Chrestomathie de Kirsch. 2« éd.
(à part, Breslau, 1838]. — Josué et les Juges. Kraus, Kircliliain, 189*. —
Samuel, Sciilesi>ger, Leipzig, 189". — Les fragments de VHexaplaire
pour Samuel dans ce commentaire, Kerber, Zeitschr. f. die Alttest.
Wissen., 1898, p. 177. — Les Rois, Morgenstern, Berlin, 1893. — Les
Psaumes, P. de Lagarde, Prœtermissorum libri duo, 1879 (texte en ca-
ractères liébrcux;;P5.3 et 18, Rhode, Breslau, 1832; spécimen des Psau-
mes, TLLLDERG,l'p5al, 18i2; Ps. 68, KxoELOCn, Breslau, 1832; Ps. 8, iO,
5.
82 LES COMMENTAIRES
Tous ces commentaires ont été écrits par des Syriens
occidentaux. 11 nous est parvenu si peu de ms. nesto-
riens, qu'on ne s'étonnera pas que nous ne possédions
que peu des oeuvres de ce genre , dues à des Syriens
orientaux. C'est le plus souvent par le catalogue d'E~
bedjésu publié dans la Bibliotheca orientalis d'Assé-
mani (t. III, pars I ' que nous connaissons les noms
des commentateurs qui écrivirent dans la Mésopotamie
orientale et dans la Babylonie; en voici la liste :
Le patriarche Dadjésu (421-456) : commentaire sur
Daniel, les Rois et l'Ecclésiaste.
Ibas, évêque dEdesse [-x 457] : comm. sur les Pro-
verbes 2.
Narsès, professeur à TÉcole de Nisibe (*]- 507 ) : com-
mentaire sur les quatre premiers livres du Pentateu-
que, Josué, les Juges, Isaïe, les douze petits Prophè-
tes, Jérémie, Ezechiel et Daniel.
Mari, son contemporain : commentaire sur Daniel.
Mika, évêque de Laschom (même époque) : com-
mentaire sur les Rois.
Abraham , le neveu de Narsès et son successeur à
l'École de Nisibe : commentaires sur Josué, les Juges,
41, 50, SciinoETEU, Breslau, 1859; Ps. 3, 4, 6, 7, 9-15, 23, 53, ii\. Préface du
N. T., Zeitschr. der deut. morg. GeselL, XXIX, p. 2i7, — Les Proverbes,
l'Ecclésiaste, le Cant. des Cant., la Sagesse, Rahlfs, Leipzig, 1887 {An-
merk. zu den Salomonischen Schriflen). — Ruth et les additions apo-
cryphes à Daniel, Heppner, Halle, 1888. — Isaïe Tllliîep.g, Upsal, 1842. - -
Jeremie, KORAEN et WENNP.Er.o, Ipsal, 18:;'2. — Les douze petits Prophètes,
Mop.iTz, Leipzig, 1882. — DanieZ, Fp.eimann, Brunn, iSOi. — Ecclésiastique,
Kaatz, Frankfort, 1892. — Saint Mathieu, Spanutu, Gœttingue, 1879. —
Saint Luc, Steinuart, Leipzig, 1895. — Sam< Jean, Schwap.tz, Gœltingue,
1878. — Les Actes des Apôtres et les Èpîtres catholiques, Klamrotii, Goel-
lingue, 1878. — Les Épitres Paulines, Loeiip., Gœttingue, 1889.
1. Dans ce catalogue les commentaires sont désignés par le mot tra-
dition, ]in 1 vv\ t v>.
2. Nous citons ici Ibas, quoiqu'il ait écrit à Édesse, parce qu'il était
nestorien.
DE L\ BIBLE. 83
les Rois, l'Ecclésiaste, Isaïe, les douze petits Pro-
phètes, Daniel et le Cantique des Cantiques.
Jean, successeur de ce dernier à l'École de Nisibe :
commentaires sur l'Exode, le Lévitique et les Nombres,
Job, Jérémie, Ezéchiel et les Proverbes.
Hannana d'Adiabène, professeur à Nisibe (VP s.^ :
commentaires sur la Genèse, Job, les Psaumes, les
Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cant. des Cant. , les
douze petits Prophètes, l'Evangile de saint Marc et les
Epîtres de saint Paul.
Le patriarche Elisée (vers 523) : commentaire sur
Job et quelques Epîtres Paulines.
Le patriarche Mar Aba 1 (536-552) : commentaire
sur la Genèse, les Psaumes, les Proverbes, les Epî-
tres Paulines. Un commentaire sur Daniel est attri-
bué à ses disciples. L'un de ses disciples, Paul de
Nisibe, est indiqué comme l'auteur de commentaires
sur les Ecritures.
Théodore de Merv vers 540) : commentaire sur les
Psaumes.
Sergius d'Adiabène (vers 550) : commentaires sur
Jérémie, Ezéchiel et Daniel.
Elisée bar Saphanin (même époque : commentaire
sur les Psaumes.
Gabriel Arius fin du VP s.) : commentaire sur des
passages des Ecritures.
Cyriaque, évêque de Nisibe (vers 630) : commentaire
sur les Epîtres Paulines.
Babai, abbé du couvent d'Izla (569-628) : commen*
taire sur tout le texte des Ecritures.
Le patriarche Jésuyab II (628-644) : commentaire
sur les Psaumes.
Elias, métropolitain de Merv (vers 660 : commen-
taires sur la Genèse, Isaïe, les douze petits Prophè-
84 LES COMMENTAIRES
tes, les Proverbes, le Cantique des Cantiques, TEcclé-
siaste, TEcclésiastique et les Epîtres Paulines; en
plus une chaîne des Pères sur les quatre Evangiles.
Aba Nathaniel Tin du VIP s.) : commentaire sur les
Psaumes.
Jacques, évêque de Khalat (VHP s.) : commentaire
sur les Proverbes.
Jésu bar Noun, patriarche nestorien en 823 : Ques-
tions sur les Ecritures en deux volumes ^
Denha ou Ibas (vers 850 ^j : commentaire sur les
Psaumes.
Barhadbeschaba (époque incertaine) : commentaire
sur les Psaumes et l'Evangile de saint Marc.
Jésudad, évêque de Haditha (vers 850) : commen-
taire sur la totalité de lAncien et du Nouveau Tes-
tament^.
Job de Katar (vers 900) : commentaire sur le N. T.,
sur le Pentateuque, les Juges et les Prophètes.
Mikael l'interprète (vers 900^) : questions sur les
Écritures en trois volumes.
Henanjésu bar Seroschwai, évêque de Hira (vers
900) : questions sur les Écritures.
Ébedjésu lui-même se nomme dans son catalogue ^
comme l'auteur d'un commentaire sur l'A. et le N. T.
Nous possédons quelques compilations nestoriennes
modernes et peu importantes. M. G. Hoffmann a édité
1. Un ms. à Cambridge, dont M. Rendel Harkis a donné quelques
c\ti'3i\is, Fragments of the comm. of Ephrcm Syrus, Londres, 1895, p. 96.
2. Asscmani le place sous le patriarche Pétliion, mort en TiO, mais
Jean bar Zoubi le donne comme un disciple du patriarche Josu bar
Noun; Wright, Syriac. lilei'. 2« éd., p. 218.
3. Voir ci-dessus, p. 48, et Chabot, Journ. asiat., janv. 1894, 105;
Hall, Journ. of bibl. Literature, 1881, lu3; Gottheil, ibid., 189-2, 08.
4. AssÉMANi, B. 0., ni, pars I, 147 : coinp. Tlie Book of the Bee, éd.
BuDGE, Oxford, 1886, chap. lyii; G.Hoffmann, Opuscula nestoriana, Kiel,
1880, p. XXI.
5. AssÉMANi, B. 0., m, pars I, 32j.
DE LA BIBLK. 85
dans ses Opuscula iicsloriana un commentaire des
passages difficiles de TA. T. intitulé Dirstarsinos, et
un autre du même genre pour l'A. et le N. T.
En dehors de ces œuvres originales, les Syriens pos-
sédaient des versions des commentaires grecs, les-
quelles sont conservées en partie, dans leur forme pri-
mitive ou dans des chaînes des Pères. Ce sont :
Les commentaires d'Hippolyte sur Ezéchiel , les
Psaumes, le Cantique des Cantiques, Daniel, saint
Mathieu. Paul de Lagarde a publié dans ses Analecta
syriaca, p. 79-91, d'après des ms. du Musée britanni-
que, des passages choisis du commentaire sur Daniel,
des scolies sur les Psaumes, un extrait du commen-
taire sur Ezéchiel. Ces fragments ont été réimprimés
avec une traduction française par l'Abbé Martin dans les
Analecta sacj-a du card. Pitra, t. IV, p. 36-64, dans
l'ordre suivant : 1^ commentaire sur le Cantique des
Cantiques, iv, 15-vi, 7. Mœsinger avait édité le com-
mentaire complet dans les Monumenta syriaca, ii,
p. 9-31, d'après un ms. du Vatican; dans ce ms. le
nom de l'auteur n'est pas indiqué ; le titre porte : « Ex-
plication et illustration du Cantique des Cantiques
quun homme ami du travail a recueillies en les abré-
geant. » Mœsinger croyait retrouver dans ce commen-
taire celui de saint Ephrem, mais l'Abbé Martin a ob-
servé que le texte biblique reproduit les Septante et non
pas la Peschitto; le commentaire ne peut donc pas être
de saint Ephrem; il est très douteux qu'il soit de saint
Hippolyte; 2^ autres petits fragments du même com-
mentaire; 3^ extraits du commentaire sur Ezéchiel. Si
Ton excepte les deux premières péricopes et quelques
passages, ditl'Abbé Martin, tout le reste concorde avec
le commentaire publié sous le nom d'Éphrem; le texte
dénote un auteur syriaque; k" extraits du commentaire
86 LES C0M\IE^TA1RES
sur Daniel. L'Abbé Martin a établi la concordance de
ces extraits avec les divers fragments grecs publiés ^
Le commentaire sur Daniel est mentionné dans la
lettre de Georges, évêque des Arabes, relative à
Aphraate; b° autres extraits du même commentaire;
6° scolies sur les Psaumes ; 7° scolies sur les noms omis
dans la Généalogie de Jésus-Christ. Un passage du
commentaire sur saint Mathieu, I, 11, est cité dans
une chaîne [Catal. Wright, p. 910, col. 1).
Le commentaire d'Eustathius d'Antioche sur les
Psaumes -.
Le commentaire d'Eusèbe de Gésarée sur les Psau-
mes ^.
Le commentaire de Grégoire de Nysse sur le Canti-
que des Cantiques '*.
Le commentaire de saint Jean Chrysostome sur le
N. Testament "^
Le commentaire d'Athanase d'Alexandrie sur les
Psaumes ^.
1. Comp. Die griechischen christl. Schriftsteller (de l'Académie de
Berlin), Hippolytus par N. Bonwetsch et H. Achelis, Leipzig, 1897. Cette
édition contient une traduction des fragments syriaques édités par
P. de Lagarde et l'Abbé Martin et de ceux qui avaient été publiés au
siècle dernier par Simon de Magistris dans ses Acla Martyrum, Rome,
1793, p. 274 et suiv.
2. Un fragment a été imprimé par l'Abbé Martin dans les Analecta
sacra du card. Pitp.a, t. IV, p. 212, n" VII.
3. Catal. Wright, p. 35, col. 2; 30, 2; l2o, 1. Dans une chaîne, Catal.
Wright, p. 909, sont cités les ZrjTtî/uaTa d'Eusèbe sur les Évangiles.
4. Catal. Wright, p. 445, n-'Se^, ms. du VP s.; p. 905, col. 2; 906, 1.
o. Catal. Wright, p. 46o-4G8, ms. du VI® s. : Homél. I-XXXII sur saint
Mathieu; p. 469-474, ms. du VP ou VIP s. : Homél. sur saint Jean ; p. 471-
479 : Homél. sur les Épîtres Paulines ; comparer aussi, ibid. , p. 907, col. 2.
La Bibliothèque nationale possède le comment, de l'Épître aux Éphé-
siens, Cat. Zotenberg, n" 69.
6. Catal. Wright, p. 405, ms. daté de 599; le syriaque est souvent
beaucoup plus court que le grec; un épitomé dans une chaîne, ibid.
p. 906, col. 1.
La lettre d'Athanase àMarcelliu sur l'interprélation des Psaumes a élc
DE LA BIBLE. 87
Les commentaires de Théodore de Mopsueste sur
l'A. et le X. Testament. Les œuvres de Théodore ont
été traduites en syriaque, dans la première moitié du
V® siècle peu de temps après la mort de leur auteur, à
l'Ecole dEdesse, par Ibas et ses disciples Probus,
Koumi , Mana. Ce qui nous reste des commentaires de
Théodore provient très vraisemblablement de cette
version. Ce sont des fragments sur la Genèse, les
Psaumes, les petits Prophètes, saint Mathieu et l'Epî-
tre aux Hébreux* ; et le commentaire entier sur l'Evan-
gile de saint Jean-. Ce dernier commentaire reproduit
le texte du quatrième Evang-ile et peut servir comme
un témoin ancien pour la critique du texte évangélique.
soit grec, soit syriaque.
Le commentaire de Théodoret sur les petits Prophè-
tes, cité dans une chaîne^.
Le commentaire d'Hésychius de Jérusalem sur les
Psaumes; extraits au Musée britannique ^.
Les commentaires de Cyrille d'Alexandrie sur la Ge-
nèse, l'Exode, Isaïe, les petits Prophètes, et sur le
Nouveau Testament ^.
traduite en syriaque par l'abbé Siniéoa à la demande du moine Bar-
laha, comme il rcsulle de deux lettres publiées par Guidi, Rendiconli
délia R. Accadernia dei Lincei, juin 1886, p. 5V7 et suiv. Il existe encore
quelques fragments de cette traduction, Guidi, /. c, p. 553; Wricut.
Calai., p. 36.
4. Publiés, d'après des ms. du Musée britannique (dont un du Vl« s.).
par P. DE LAG.vr.DE. Analecla syr., Leipzig. 1858, p. 107 et lOS. et par Sa-
ciiAC, avec une traduction latine, Theodori Mopsuesteni fragmenta sy
riaca, Leipzig, 1869.
2. Publié par 31. TAbbé Cuabot, Commentarius Theodori Mopsuesleni
in Evangcliuin Johannis, Paris, 18'j7, d'après un ms. de la Bibliollicque
nationale-, comp. Journal asiatique, juillet-aoùl 189i, p. 188.
3. Catal. Wrirjhl, p. 917, col. 2.
4. Catal. Wrifjht. p. 35, 2; 36, 2; 121, 1; 910, 2; 1002, 2.
5. De nombreux fragments dans le .Musée britannique, Cat. Wriofil.
General index sous le nom Cyril of Alexandria. Celle bibliolliéquc
possède le commentaire sur saint Luc, complet sauf quelques lacunes,
il a été publié par Payne Sjiitu, S. Cyrilli commenlarii in Lucx Ei-an
88 LES COMMENTAIRES
Le commentaire d'Olympiodore, diacre d'Alexan-
drie, sur Job et lEcclésiaste '.
Le commentaire dŒcuménius sur l'Apocalypse-.
Ebedjésu cite dans la première partie de son catalo-
gue d'autres commentaires d'auteurs grecs, qui sem-
blent ne pas s'être conservés en syriaque.
gelium, Oxford, 1858; traduction anglaise, A commcniary upon the Gos-
pel according lo S. Luke by S. Ci/r«7, Oxford, i8:i9, 2 vol.; Wp.igiit a édité
quelques nouveaux fragments, Fragments of the Homilies of Cyril of
Alexandria on the Gospel of S. Luke, Londres, 1874.
1. Catal. Wright, p. 901, col. 2; 90G, 2.
2. Catal. Wright, p. 917, col. 1.
yiii
LES APOCRYPHES CONCERNANT L ANCIEN
ET LE NOUVEAU TESTAMENT.
§ 1. — Les apocrjTîhes de l'Ancien Testament.
Il existe des versions syriaques des textes que la
version des Septante renferme parmi les deutérocano-
niques. Lagarde a édité , avec ces derniers ^ : L'Epitre
de Jérémie, les deux Epîtres de Baruch, le Cantique
d'Ananias- et de ses compagnons, Bel et le Dragon.
AVright^ a édité, d'après un ms. de Cambridge et
un ms. du Vatican, cinq psaumes apocryphes. Le
premier, traduit des Septante, est le psaume CLI qui
était connu par le Codex Amhrosianus. Le second
est une prière quEzéchias prononça lorsqu'il était
entouré d'ennemis. Le troisième est une action de
^cràces des Israélites qui avaient obtenu de Cyrus l'auto-
risation de retourner dans leur patrie. Le quatrième
fut chanté par David pendant qu'il combattait le lion et
le loup qui avaient ravi un mouton de son troupeau.
1. Libri Vet. Test, apocryphi syriace, Leipzig, 1881.
2. Dans les Septante : Azarias.
3. Dans les Proceedings de la Society of Biblxcal Archœoîogy, t. IX,
juin 1887, p. 25T-2GG.
90 LES APOCRYPHES
Le cinquième est une action de grâces de David après
sa victoire sur le lion et le loup.
Le quatrième livre d'Esdras a été édité par M. Ce-
riani d'après le Codex Ajnbrosianiis ^ .
De la Par va Genesis ou Lwre des jubilés il ne s'est
conservé en syriaque qu'une section 2. Il n'existe égale-
ment que des fragments de la rédaction chrétienne et
orientale du Testament d'Adam^. Mais les deuxième et
troisième parties de ce dernier apocryphe se retrouvent,
avec de nouvelles légendes, dans la Cas>erne des tré-
sors. La première partie, he combat d'Adam et d'Eve,
est remplacée dans la caverne des trésors par une des-
cription de la création qui forme la base de l'Hexaméron
de Pseudo-Épiphane.
ha Caverne des trésors, i^^iilio, appartient à la litté-
rature désignée sous le nom de Livre des jubilés, qui
traite de l'histoire fabuleuse des tribus d'Israël. Le
titre complet de cet apocryphe est : « Livre de la des-
cendance des tribus ou la caverne des trésors, qui a été
composé par saint Ephrem. » L'attribution à saint
Éphrem n'est pas exacte, car l'œuvre est postérieure à
ce Père et ne remonte guère plus haut que le VP siècle,
mais elle sort vraisemblablement de son école. En tous
cas, le livre a été écrit en Mésopotamie; comme le re-
\. Monumerda sacra et profana, vol. V, fasc. I; dans le premier vo-
lume, fasc. II, M. Ceriani avait donné une version latine de l'apocryphe
syriaque. Dans le Codex Ambrosianus, à la suite du IV* livre des Mac-
cabées, se trouve un cinquième livre, qui n'est autre que le sixième
livre du De bello judaico de Josèphe, ainsi que l'a établi M. Kottek,
Das sechste Bitch des Bellum judaicum, Berlin, 188G (avec le texte sy-
riaque des chap. i et 11).
2. Éditée par Ceriani, Monum. sacra et profana, t. II, fasc. I, p. IX.
3. Manuscrits du Vatican 58 et IG't, et plusieurs ms. du Musée britan-
nique, 'WniGiiT, CataL, General index sous le mot Adam. Ces fragmenis
ont été publiés par Renan, Journal asiatique, nov.-déc. 1853, p. 427, et
Wi'.iGiiT, Contributions to the apocryphal Literature of the N. T., Lon-
dres, 18Gj, p. 01.
DE L'A. TESTAMENT. 91
marque l'éditeur ^ la langue syriaque y est nommée la
reine de toutes les langues ; elle est la langue primitive
que parlaient tous les peuples avant la confusion de la
Tour de Babel; les Syriens n'ont pris aucune part au
crucifiement du Christ, etc.
Le litre de Ca^^erne des trésors ne convient en fait
qu'à la partie concernant les patriarches. Adam, chassé
du Paradis , se retire sur une montagne voisine et sa-
brite dans la caverne où il dépose l'or, la myrrhe et
l'encens qu'il a emportés du séjour des délices. Adam
et les patriarches qui lui succèdent, sanctifient par leurs
offrandes à Dieu la caverne qui leur sert de tombeau
après leur mort jusqu'au Déluge. A ce moment, Noé
transporte dans l'Arche les reliques d'Adam avec l'or.
la myrrhe et l'encens. Après le Déluge et la mort de
Noé, Sem et Melchisédec, conduits par un ange, dépo-
sent ces reliques au centre de la terre « où se réunissent
les quatre parties de l'Univers », au Golgotha qui
s'entrouvre en forme de croix pour les recevoir. C'est
au Golgotha qu'Adam recevra le baptême par le sang et
l'eau qui couleront de la plaie du Sauveur; c'est sur le
Golgotha que son péché lui sera remis. Après Sem, il
n'est plus question de cette caverne.
Dans cette littérature rentrent encore les légendes
recueillies par Salomon, évêque de Bassora vers 1222,
et consignées dans son Livre de l' abeille-. Quelques-
unes de ces légendes sont, pour le fond, les mêmes
dans ce livre et dans la Caverne des trésors; mais le
Livre de VaheilLe est beaucoup plus riche en documents
de ce genre. La Caverne s'arrête après la Passion du
1. Carl Bezoi-d, Die Schatzhcehle ans dem syn'schen Texte uebersetzt,
Leipzig, 1883. M. Bezold a puhlio le texte syriaque et la version arabe à
J.eipzis en 188S. Coinp. 1>\(;ai;de, Mitl/tcilungen, 111, 49; IV. (J.
2. BuDGE, The Boj/i of Ihe bee, avec une traduction aiiylaisc, Oxford,
188G.
92 LES APOCRYPHES
Christ; Salomon poursuit son histoire plus loin; il
ajoute les missions des apôtres; les listes des patriar-
ches nestoriens, des rois Achéménides, des Ptolémées,
des empereurs romains; une prédiction de la conquête
musulmane tirée de La rè^'èlation à Méthodius en pri-
son; un récit de Gog et Magog et de la porte d'airain
d'Alexandre, imité de Pseudo-Callisthène; un autre
récit sur la venue de l'Antéchrist; puis plusieurs cha-
pitres de théologie qui n'ont aucun rapport avec l'his-
toire.
\J Histoire de Joseph et Asenath a été traduite du
grec en syriaque par Moïse d'Aghel (vers 570j'. La
version de Moïse concorde avec le grec publié par
M. l'Abbé BatilYol, mais elle est incomplète; le grec
sert à combler les lacunes du syriaque^. Une traduc-
tion latine a été faite sur le syriaque par G. Oppen-
heim, Fabula Josephi et Asencthœ apocrypha e lihro
syriaco latine i^ersa, Berlin, 1.88G.
Certains apocryphes circulaient sous le titre de Tes^
tamentSy attribués à des personnages bibliques. En
dehors du Testament d'Adam, on connaît le Testament
de Lé^i^ ; le Testament de Salomon adressé à son fils
Roboam'*.
Les Vitœ Prophetarum existent dans plusieurs re-
censions syriaques et grecques. On a émis l'avis que
1. Elle a été insérée dans la compilation faite par un monopliysile de
VHistoire ecclùsiaslique de Zacliarie de Mityléne, et elle a été publiée
par M. Land dans le in« vol. des Anecdota syriaca, p. 18 et suiv.
On ne doit pas comprendre parmi les apocryphes VHistoire de Jo-
seph, fils de Jacob, un poème en douze chants attribué à saint Éphrem
et publié par M. Bedjan; il existe de ce poème une version arabe,
Calai, de Zotenberg, n" G.-), 5°.
2. Voir P. Batiffol, Studia palrislica, Paris, 1889 ; Land, Op. cit..
p. XVII ; Sachad, Hermès, 4870, t. IV, p. T7.
3. Un extrait au Musée britannique, Catal. Wright, p. 997, col. 1.
4. A la Bibliotlièque nationale en carschouni (arabe écrit en caractères
syriaques), Catal. Zotenberg, i]" 19i, 23"^.
DE L'A. TESTAMENT. 93
les textes syriaques représentent l'original et que les
textes grecs sont des traductions du syriaque'.
On mettait sous le nom de Daniel et d'Esdras divers
écrits pseudépigraphiques. Une apocalypse est intitu-
lée : Danielle Jeune concernant Notre Seigneur et la fin
du monde -. Une autre apocalypse relative au royaume
des Arabes porte le titre suivant : Question que posa
Ezra le Scribe quand il était dans le désert avec son
disciple Karpos ^. L'auteur de cette production tardive
(postérieure à la conquête arabe ^) s'est servi du IV^ Li-
vre d'Esdras et a emprunté ses figures à Daniel et à
l'Apocalypse de saint Jean. M. Iselin, dans l'étude qu'il
a consacrée à cet apocryphe ^ , arrivait à la conclusion
a que l'Apocalypse d'Esdras est composée d'éléments
empruntés à une ou plusieurs apocalypses juives re-
touchées par un chrétien. Mais cette conclusion, in-
fluencée par les récentes théories de ]M. Vischer sur
l'Apocalypse de saint Jean , est rejetée par M. Chabot
qui croit, avec raison, semble-t-il, « que l'Apocalypse
d'Esdras est tout simplement une bizarre composition,
un amalgame de figures bibliques mal combinées, une
compilation rédigée par un auteur chrétien de la Syrie
uniquement à l'aide de ses souvenirs bibliques et sans
1. M. Nestlé a publié, d'après des ms. du Musée britannique, une
recension syriaque des Vilx Prophetarum dans sa Syrische Gram-
matik, 2« éd., Berlin, 1888, n° HI de la chrestomathie. Une autre recen-
sion est insérée dans l'Histoire de Michel le Syrien encore inédite.
2. Catal. Wright, p. 19, col. 1.
3. Publiée avec une traduction allemande par M. B.ethgen dans la Zeit-
schr. fur die AUesl. Wissenschaft, 188G, 200-210; et avec une traduction
française par M. Ciiadot, Revue sémitique d'flalévy, I89i, 2i2-2:)0, ct333-34C.
4. AssÉMAM, B. 0., III, I, 282 et suiv., en plaçait la composition après
la prise de Constanlinople par les Turcs. M. Chabot estime qu'on ne
doit pas descendre si bas; les événements auxquels il est fait allusion
dans cet écrit, se rapportent au premier sicclc de l'Hégire.
5. Apocalyptische Sludicn; die Apocalypse des Esra in syrischer
Sprache von Prof. Dxthgen verô/fentlicht dans la Theol. Zeilschnft aus
der Schweiz, 1887, p. GO-Gi.
94 LES APOCRYPHES
qu'il ait eu sous la main des documents aujourd'hui
perdus'. »
Sous le nom dEsdras figurent encore un écrit sur ]a
nativité de Notre Seigneur-, et un traité sur l'alchi-
mie. Quelques-unes des préparations chimiques qui
sont attribuées à ce personnage biblique sont conser-
vées dans un ms. de Cambridge avec le titre de Lwi-e
d'Ezra le Scribe savant et ont été traduites dans
la Chimie au moyen âge de M. Berthelot (Paris, 1893,
II, p. 294-296)3.
Il existe en arabe une Histoire de la transportation
des Israélites à Babylone par Nahuchodonosor au
temps de Jèrèmie, qui, selon M. Zotenberg^, est d'o-
rigine juive, mais a dû passer en arabe par un inter-
médiaire syriaque. Cette histoire très développée
commence par les luttes entre Jérémie et Zédéchias et
sétend jusqu'au retour des Juifs et au rétablisse-
ment du Temple.
L'histoire dAhikar, le Scribe du roi d'Assyrie, Sen-
jiachèriby et de son nei^eu Nadan, a été écrite en hé-
breu ou en araméen avant l'ère chrétienne, peu de
temps avant le livre de Tobie, avec lequel elle offre
des points de contact. Quelques traces de cet apocry-
phe se trouvent dans les anciens documents chrétiens.
L'original est perdu, mais on a plusieurs recensions
(en syriaque , en arabe , en éthiopien , en arménien , en
grec et en slavon), qui ont été publiées avec une tra-
duction anglaise par ]M. Rendel Harris, M. Conybeare
\. Revue sémitique, 1894, p. 3i3.
2. Un extrait nu Musée brilannique, Cat. Wright, p. 3o-2, col. 2.
3. Il est à remarquer que, dans d'autres ms, les mêmes préparations
font partie du livre X du traité de Pseudo-Démocrile. Le nom d'Ezra,
jîp., et le mot dix en syriaque, );nnv csra, ont assez d'analogie pour
expliquer celte confusion.
4. Calai, syr., n" 65, 3°; le n° 238, 8", renferme le même apocryphe
avec des variantes; de même les n°» 273, 4°, et 2TG, 15».
DE L'A. TESTAMENT. 9o
et xM'"*^ Lewis (une introduction par M. Rendel Harris) ^
V Histoire des Réc/iabites , racontée par Zosime,
existe dans plusieurs recensions syriaques; elle est
d'origine juive, mais c'est sur une version grecque que
Jacques d'Edesse la traduisit en syriaque. Lédition
que M. l'Abbé Xau a donnée de cette légende dans la
Re^ue sémilique juillet et octobre 1898, janvier 1899),
en fait ressortir l'importance pour la littérature apo-
cryphe et pour le mythe géographique des îles For-
tunées avec lequel elle est en relation.
§ 2. — Les apocryphes du Nouveau Testament.
Les apocryphes relatifs au Nouveau Testament sont
largement représentés dans la littérature syriaque. En
dehors du Testament de Notre Seigneur, qui fait l'ob-
jet du premier livre des Constitutions apostoliques mises
sous le nom de saint Clément, on connaît un Testa-
ment de Notre Seigneur donné aux disciples sur le
mont des Oliviers, et un Testament de Notre Seigneur
adressé à saint Pierre -.
L'Eifangile de Thomas l'hébreu ou Y Enfance de No-
tre Seigneur existe dans une recension syriaque qui
diffère des recensions grecque et latine. Le ms. syriaque
du Musée britannique qui la renferme^ omet le premier
1. The Story of Ahikar by F. C. Conybeare, J. Rendel Harris and
Agnes Smilh Lewis, Londres, 1808 (Le texte étliiopien édité par Counmll
et ie texte slavon n'ont pas été réimprimés). Pour les publications anté-
reures, voir Noeldeke. Monatsbericht der Akademie der Wissensch., Ber-
lin, 20 janv. 1879, p. 58; G. Hoffmann, Auszûge ans syrischen Akten pas»
Marlyrer, Leipzig, 1880, p. 18-2; Br.LNO Mf.issneu, Zeitschr. der deut. mor-
genl. Gesell., XLVIII, 18'Ji, p. 171; I.idzdauski, ibid., p. G71 ; E. J. Dillon
dans la Conlemporary Revieic , mars 1898.
2. Cal. Val., t. III, p. oOG et ;j07; Calai. Zot., n" lOi, 20°; n" 232, 3^
3. Publié par Wkigiit, Contribulions lo thc apocryphal Lileralurc of
the N. T., Londres, 180.*; ; conip. TisciiENDOP.F, Apocalypses apocryphœ,
Leipzig, 1860, p. lui; CijwpEn, The apocryphal Gospels, Londres, 1SG7,
p. LxxY et ex.
96 LES APOCRYPHES
chapitre du texte grec. La Bibliothèque nationale pos-
sède une version arabe dans deux ms. écrits en carac-
tères syriaques ^ .
Une partie du Protêçangile de saint Jacques sur la
naissance et Tenfance de la Vierge et sur la naissance
de Jésus-Christ est conservée en syriaque au Musée
britannique dans un ms. du VP siècle \ Le texte
syriaque commence au ch. xvii du texte grec. La Bi-
bliothèque nationale a deux ms. complets de la version
arabe en carschouni (arabe écrit en caractères syria-
ques). Cette version s'accorde généralement avec le
grec dans la première partie jusques et y compris l'é-
pisode de Salomé. « Vient ensuite ^ le récit de la cir-
concision, de la présentation au temple, et un très long
récit sur la prophétie de Siméon, qui avait été l'un des
soixante-dix interprètes de la Bible ; l'histoire des rois
Mages, de la fuite en Egypte, de la mort de Zacha-
rie ; les miracles de l'enfance de Jésus , et la mort de
saint Joseph. »
Une prière est attribuée à saint Jean-Baptiste^.
\J Apocalypse de saint Paul est conservée dans deux
ms. syriaques du Vatican ^. Une version arabe existe
à la Bibliothèque nationale dans un ms. carschouni ^.
Cette version diffère du texte grec et du texte syriaque.
h'' Apocalypse de saint Pierre, faussement attribuée
à saint Clément, est une composition arabe , probable-
ment du XIIP siècle, qui n'appartient pas à la littéra-
1. Calai. Zotenbcrg, n° 238, 7°: n" 273, 3".
2. Publié par Wp.igut, Contributions to the apocnjphal Lit. of the
N. T., Londres, 4805.
3. ZOTENRERG, Catal., n° 232,8°; comp. ibicL, n» 238, 170.
4. Catal. Zotenberg, n" 12, 20°.
5. Catal. Vat., 374 et 472. La version syriaque a clé traduite en alle-
mand par ZiNGEP.LE, Vierteljahrschrift, IV, p. 139; éditée par PEr.iu.NS,
Journal of American or. Society, VIII, 182; el réimprimée dans le
Journ. of sacrcd Literature, 18G5, p. 372.
6. Catal. Zotenberg, n° 232, G".
DU .\. TESTAMENT. 97
ture syriaque, quoiqu'il en existe plusieurs ms. en
carscbouni^ L'ouvrage est divisé en 89 ou 90 chapi-
tres; c'est une compilation de différents apocryphes,
tels que le Testament d'Adam. « Il traite de la création
du monde , du testament adressé par Adam à son fils
Seth, de Moïse, d'Aaron, de Jésus-Christ, des Apô-
tres, de l'Antéchrist, de la fm du monde -. »
La version syriaque en six livres du Transùiis Beatœ
Mariœ existe au Musée Britannique^ et a été publiée par
Wright avec une traduction anglaise '. Du même genre
est un autre apocryphe intitulé : Les obsèques de No-
tre-Dame Marie, également publié par AVright^.
La bibliothèque du couvent de Sainte-Catherine sur
le mont Sinaï possède le texte syriaque et le texte arabe
à.QVAnaphora Pilât i ei de la Paradosis Pilati. Ces
textes ont été publiés par Mrs. Gibson, Apocrypha
Sinaitica. n° V des Stiidia Sinaitica, Londres, 1896.
Le texte syriaque comprend en outre les lettres de Pi-
late et d'Hérode que Wright a éditées, d'après le ms.
Add. 14609, dans ses Contributions to the apocryphal
literature ofthe New Testament.
On doit encore à Wright la connaissance des Actes
apocryphes des Apôtres qu'il a recueillis dans plusieurs
1. Catal. Val., III, p. 316, 497, 506; Catal. orient, de la Bodléienne,
II, pars I, p. 49 et suiv.; Calai. Zotenberg , syriaque, n° 63, 1°, et n"
232, 12°; arabe, ii°' 76-79.
2. ZoTEMîEp.G, Catal. syr., p. 29; Calai, arabe, p. 19.
3. Calai. Wright, CLVII, 3, p. 99; dans un ms., elle est intitulée His-
toire de Marie, mère de Dieu; plusieurs recensions au Musée britan-
nique.
4. Journal of sacred Literature, 4«> série, vol. VI et VII, 18Go. Cureton
en avait donné un extrait dans ses Ancient syriac documents, Londres,
4864, p. ilO, n» 6. Une version arabe a clé publiée par Enger à Elberfeld
en 1854. La Bibliothèque nationale possède un manuscrit carschouni qui
renferme des extraits d'une recension arabe différente du texte publié
par WniGHT, Catal. syr. Zotenberg, n° 196, 77°.
5. Contributions to the apocr. Literature, Londres, 1865,
6
98 LES APOCRYPHES
ms. syriaques et réunis en une collection K Celte col-
lection comprend : 1° V Histoire de saint Jean à Ephese,
histoire qui, dit le titre, fut composée par Eusèbe de
Césarée d'après un livre grec et traduite ensuite en
syriaque. C'est une composition postérieure à l'histoire
ecclésiastique d'Eusèbe. Le texte syriaque a l'avantage
de reproduire un original grec perdu ou non encore pu-
blié; 2° le Décès de saint Jean, traduction de la der-
nière partie (à partir du ch. xv) du texte publié par
Tischendorf ; 3° une portion des LIspioSoi de saint Phi-
lippe qui n'existe pas dans le texte grec et qui contient
le récit de la conversion du juif Ananias et de la ville
de Carthage ; 4° les Actes de saint Mathieu et de saint
André traduits du grec ^ ; 5" V Histoire de sainte Thècla,
disciple de l'Apôtre Paul y traduite du grec^; 6° les
Actes de saint Thomas''.
Comme le remarque Wright, les Actes de saint Tho-
mas sont la pièce capitale de sa collection. Au moment
où cette collection paraissait, on ne connaissait pas en-
core, dans sa totalité, la rédaction grecque de ces actes,
dont l'édition complète a été faite par M. Max Bonnet
[Acta Thoniœ, Leipzig, 1883). L'édition Bonnet con-
corde entièrement avec la rédaction syriaque^. Mais le
i. Apocryphal Acts of the ylpos/?cs, Londres, 1871; vol. I, le texte
syriaque; vol. II, la traduction anglaise.
2. Une rédaction syriaque dilTcrente existe à la Bibliothèque natio-
nale, Catal. Zotenberg, n» î23'f, 40.
3. Cette histoire est comprise dans Le livre des femmes avec les his-
toires de Ruth, d'Esther, de Judltli et de Suzanne; comp. Catal. Wright,
p. 98, Gol, 1042 et 1123.
4. Dans le IIP vol. de ses Acta martyrum et sanctorum , Paris, 1892,
le P. Bedjan a donne une édition ampliliée des Actes syriaques de
Thomas. Cette réédition reproduit le texte de Wright avec les variantes
et les nombreuses additions du ms. de Berlin. Le texte de Whight est
divisé en huit actes (iTQu^ei;) comme le grec (éd. Bonnet); l'édition de
Bedjan comprend seize actes, mais elle n'a pas l'hymne sur l'âme.
o. Lipsics, Die apokryphen Apostelgeschichten und Apostellegenden ,
Brunswick, 1883, t. I, p. 232.
DU N. TESTAMENT. 99
caractère gnostique, dont ces actes portent une em-
preinte plus marquée que les autres apocryphes du
même genre, est moins sensible dans le texte syriaque
qui a été retravaillé au point de vue orthodoxe. \i Hymne
sur la sagesse, par exemple, que saint Thomas chante
dans le premier de ses actes , devient en syriaque une
hymne sur lÉglise. ^lais, par un heureux hasard, le
syriaque a conservé une hymne gnostique sur l'âme
que les autres recensions ne possèdent pas ' .
L'origine syriaque de Ihymne sur l'àme n'est pas
contestée, et il y a de grandes probabilités pour que les
actes aient été entièrement composés en syriaque en
Orient, puis aient passé en Occident dans une version
grecque. M. Macke- s'est prononcé dans ce sens, et
son avis a été confirmé par M. Nœldeke après un exa-
men comparé de l'édition de \Yright et de l'édition de
M. Bonnet^. \Yright avait déjà signalé le style ar-
chaïque de la rédaction syriaque. On a remarqué depuis,
que les différentes hymnes contenues dans cette rédac-
tion sont composées en vers de six syllabes, dont les
irrégularités de mesure (dans quelques-uns de ces vers)
s'expliquent par les retouches d'un copiste orthodoxe.
L'auteur avait un souvenir précis des temps et des lieux
où il place les événements qu'il raconte ; la route suivie
1. M. NfCf.DF.KE a le premier, dnns SQii compte-rendu de la publica-
lion de Wr.ioiiT, Zeitschr. der deut. morrj. GeselL, 1870, t. XXV, p. 670,
reconnu le caractère gnostique de ce morceau. Les critiques se sont
rangés à son avis, savoir : M. Kap.l Mackf,, qui a traduit cet hymne dans
la Theolorjische Quartalschrift de Tubingue , I87i. p. 3-70; 3ï. Lipsius,
qui en a donnt'; également une traduction allemande, Die apokr. Apos-
leUj., t. I, p. •20-2-300,- et M. Bevan qui a réédité le texte de l'iiymne avec
une traduction anglaise dans les Tcxts and Studies de M. Ahmitace
RoDiNso, vol. V, n'a, Cambridge, 1897.
2. Voir note précédente.
3. Dans LipsiLs, Die apocr. Iposlelgesch., t. II, 2« partie, p. 423-42:>;
comp. Hahnack, Die Chronologie dcr altchrist. Litteratur bis Eusebius,
Leipzig, 18'J3, I, 5io-ÎJiO.
100 LES APOCRYPHES
par l'apôtre se rendant aux Indes est bien celle que
prenaient les marchands au commencement de l'ère
chrétienne: les rois Gondophar et Mazdai, mis en scène
dans cette histoire, régnaient effectivement à cette
époque*. M. Nœldeke concluait que ces actes ont été
écrits à Edesse et sont de l'école de Bardesane. L'é-
poque de leur composition, ajoute M. Lipsius, est Tan-
née 232, date de la victoire d'Alexandre Sévère sur
Artaxerxès et du transfert des reliques de l'apôtre à
Edesse. C'est ce transfert qui a été l'occasion de la
rédaction des actes de saint Thomas. Nous aurions
ainsi un document certain de l'influence que les idées
gnostiques exerçaient encore sur l'Eglise d'Edesse
dans la première moitié du troisième siècle de l'ère
chrétienne.
La popularité dont les Actes de saint Thomas joui-
rent en Syrie s'explique autant par la vénération
qu'inspirait le tombeau de l'apôtre à Edesse que par
l'origine syriaque des actes. Jacques de Saroug com-
posa une homélie métrique sur le palais que l'apôtre
Thomas construisit pour le roi de Indes ^. Les diffé-
rents actes de la mission de l'apôtre ont été mis en
vers par Giwargis d'Alkosch, un auteur nestorien du
XYHP siècle 3.
L'histoire de saint Pierre et L'histoire de saint Paul
1. VoN GuTSCiiMiD, Die Kœnigsnamen in den apocryphen Aposlelge-
schichten dans le Rheinisches Muséum fiir Philologie, 18G4, lGl-183, et
380-401, ou Kleine Schriflen, U , 332-394; Sylvain Lévi, Journal asiati-
que, janv.-fev. 189", p. 27.
2. Édilce par SciinoETEii, Zcitschr. der dcut. morg. Gesell., t. XXV,
p. 321, et t. XXVni, p. o8i.
3. Ce petit poème a été public par le P. Cardaiu, Liber thesauri de
arlc poelica .Syrorum, p. 130. Barliehraîus a résumé les actes de saint
Thomas au commencement de la seconde partie de sa chronique ccclc-
siasiiqiie. DansAe livre de l'abeille, c(\. Bldge, p. 119 (trad., p. 105), c'est
le p>arcliand Habban quj ramène à Edesse le corps de l'apôtre.
^^.-c '''■"■-
u.
DL X. TESTAMENT. 101
ont été publiées en syriaque par M. Bedjan dans le pre-
mier volume des Acfa martyrum et sajictonmi. Le
deuxième volume de cette collection renferme Le collo'
que de saint Pierre a^'ec V empereur Néron.
La légende concernant l'invention de la tête de saint
Paul est reproduite dans plusieurs manuscrits syria-
ques; elle est quelquefois insérée dans la lettre apo-
cryphe de Denys l'Aréopagite à Timothée sur le mar-
tyre de saint Pierre et saint Paul'. On la trouve
encore dans Le livre de Vaheille et dans une chronique
syriaque^.
M. l'Abbé Xau a publié dans la Revue de l'Orient
chrétien, 1898, une traduction française de la version
syriaque des martyres de saint Pierre , de saint Paul et
de saint Luc, contenue dans les ms. Add. 12172 et 14732
du Musée britannique, et, en outre, le texte du martyre
de saint Luc. M. Nau a établi les rapports qui existent
entre le syriaque et les recensions grecques pour saint
Pierre et saint Paul. Le martyre de saint Luc n'existe
pas en grec , mais seulement en copte et en éthiopien ;
il semble d'origine copte ; M. Nau est cependant porté
à croire à un original grec.
Le sermon de saint Pierre, Le martyre de saint Jac-
ques, Le sermon de Simon fils de Cléophas et Le mar^
tyre de Simon fils de Cléophas qui existent dans des
ms. arabes du couvent de Sainte-Catherine sont proba-
blement des compositions originales de moines du
moyen âge ^.
1. Publiée en syriaque par l'Abbé Martin dans les Analecta sacra du
card. Pitra, t. IV, p. 2'»l-2i9.
2. The book of Ihe bec, éd. Bldge, O\ford, i88G, p. 12-2 (trad., p. 108);
l'Abbé Nai:, Revue de l'Orient chrclicn, 18%, n° 3, p. 3W et suiv.
3. Ces apocryphes ont été publiés avec une version anglaise par
M™« GinsoN, Apocrypha Sinailica dans le n" Y des Studia Sinailica^
Londres, 1«9G.
G.
102 LES APOCRYPHES
La version syriaque d'une partie des Homélies et des
Récognitions de Pseudo-Clément a été publiée par Paul
de Lagarde, Clenicniis romani Recognitiones syriace,
Leipzig, 1861 '.
On possède en syriaque la plupart des documents
contenant les constitutions et les canons attribués aux
Apôtres-. La Didascalia apostoloru.m, perdue en
grec, s'est heureusement conservée en syriaque et à
été publiée par Paul de Lagarde, Didascalia aposto-
lonun syriace (sans le nom de l'éditeur), Leipzig,
1854^. Les travaux de critique auxquels a donné lieu
cette publication ', et le substantiel résumé que M. Ba-
tiffol a fait des questions qu'elle a soulevées^, nous
dispensent de nous étendre sur ce sujet.
Le manuscrit de la Bibliothèque nationale qui ren-
ferme la Didascalia apostolorum , contient des extraits
des livres I à Vil et le livre VIII des Constitutions apos-
toliques attribuées à saint Clément. Ces textes ont été
également publiés par Paul de Lagarde^.
La doctrine des Apôtres a été publiée en syriaque
4. Corapai'er P. Batiffol, La lillérature grecque dans cette collection,
p. 4". M""8 GiBsox a édité dans les Apocrypha Sinaitica, n° V des Stu-
dia Sinaitica, deux versions arabes abrégées des Récognitions : l'une
d'après un ms. du Sinai, l'autre d'après le ms. Add. 9965 du Musée bri-
tannique. La seconde version est suivie du récit fabuleux du martyre
de saint Clément.
2. Dans le catalogue des œuvres de Denys bar Salibi, il est fait men-
tion d'un Compendiam Canonum Apostolicorum qui ne s'est pas re-
trouvé; ASSÉMAM, B. 0., II, 210.
3. Comparer Catal. Zotenbe7^g, n» G2 des ms. syriaques.
4. M. FcNK a fait une étude approfondie de ce livre, basée sur le texte
syriaque. Die apostolischen Konstilutionen , Rotlenburg, 1891.
o. La Littérature grecque, p. 71.
6. Reliquiae juris ecclesiastici antiquîssimse syriace, Leipzig, 1850,
p. 2-32 et 44-GO; l'édition grecque par Paul de Lagarde a paru la même
année, sous le même titre. Il existe également un Recueil de tous les
canons des saints AjiJtres et des synodes des saints Pérès, comprenant
cent cinquante-un titres, Catal. Vat., III, n» CXXVII, p. 178; CataL
Zotenberg, n° 62, 4°.
DU N. TESTAMENT. 103
par Paul de Lagarde ' et Cureton-. Ce dernier a donné
àia suite de cet apocryphe La doctrine de saint Pierre'^,
Les apocryphes syriaques que nous avons mention-
nés jusqu'ici sont pour la plupart des traductions d'ori-
ginaux grecs. La doctrine d'Addai est, au contraire,
un document original de la littérature syriaque ; elle
mérite plus qu'une simple mention et vaut la peine
qu'on s'y arrête. Cet apocryphe est en effet intimement
lié à Ihistoire des premières églises de la Syrie orien-
tale et jette quelque lumière sur cette histoire.
Le roi d'Edesse, Abgar Oukhâmà, souffrant d'une
maladie invétérée et incurable, apprend les miracles
et les cures merveilleuses que Jésus fait en Palestine.
Il mande par écrit au Sauveur de venir le guérir à
Edesse et de partager avec lui sa royauté ; Jésus sera
ainsi à l'abri des complots des Juifs qui cherchent à le
faire périr. Le Seigneur répond qu'il a une mission à
remplir ici-bas et qu'il ne peut se rendre à l'invitation
d'Abgar : mais . avant de remonter au ciel , il désignera
un de ses apôtres qui rendra au roi la santé.
C'est à l'apôtre Addai qu'échoit la mission d'évan-
géliser la Mésopotamie. Cet apôtre se rend, après la
Pentecôte, à Édesse . où il guérit le roi Abgar et un des
personnages de sa cour en proie, lui aussi, à un mal in-
curable ; puis il fait rassembler tous les habitants sur
la grande place de la ville et , à sa voix, tous, païens et
juifs, se convertissent avec un empressement égal.
Addai fait détruire les temples des idoles ; il construit la
première église d'Edesse qu'il administre jusqu'à la fin
1. Reliquise, etc., p. 3-2-4i, d'apriïs le même ms. de la Bibl. nat., dans
lequel cet apocryphe porte le litre de Doctrine d'Addai.
2. Ancicnt syriac Documents, Londres, I8G», p. iV-So, d'après le ms. du
Musée hrilaiinique, Add. lMî»4.
3. Ane. syr. Doc., p. 3:^41, d'après deux ras. du Musée britannique
104 LES APOCRYPHES
de sa vie. Au moment de mourir il désigne pour son
successeur Aggai, qu'il avait fait prêtre; après sa mort
il est enterré avec pompe, au milieu du deuil général,
dans le somptueux mausolée des rois d'Edesse.
Tel est, en quelques mots, le fond de cet apocryphe. Le
caractère légendaire de La doctrine d'Addai est admis
par la majorité des critiques ^ Il est établi aujour-
d'hui que le premier des rois chrétiens d'Edesse fut Ab-
gar IX, fils de Manou, qui régna de 179 à 214, et non
pas Abgar Y, ou x\bgar Oukhâmâ, également fds de
Manou et qui régnait au commencement de notre ère.
Les princes qui précédèrent Abgar IX à Edesse étaient
païens; la tiare qui surmonte la figure de ces princes
sur les monnaies qu'ils nous ont laissées , porte les
emblèmes de l'ancien culte sidéral , le croissant lunaire
et trois étoiles. En outre, La chronique d'Edesse nous
a conservé un document des archives d'Edesse sur
rinondation de l'an 201 , dans lequel il est parlé de l'é-
glise des chrétiens en termes qui montrent que le chris-
tianisme n'était pas encore, à cette époque, la religion
de l'État. Ce n'est qu'après son retour de Rome, vers 206,
qu'Abgar IX devint chrétien. La similitude de nom et
de filiation explique facilement la confusion qui s'est
faite entre les deux Abgar, mais cette confusion n'a
pas été le fait du hasard; elle a été voulue. Edesse,
devenue le centre religieux et littéraire de la Syrie
orientale, a rattaché directement aux Apôtres les ori-
gines de son Église ; le même phénomène historique
s'est produit dans l'Église d'Arménie.
La légende qui s'est formée autour du nom d'Ab-
1. L'Abbé P. Martin a chcrclié en vain à prouver l'historicité du récit
dans un opuscule intitulé Les origines de l'Église d'Edesse, qu'il écrivit
en réponse à la publication de M. l'Abbé Tixep.ont, Les origines de l'É-
glise d'Edesse et la légende d' Abgar, Paris, 1888.
DU N. TESTAMENT. 103
gar V, a dû naître assez longtemps après la conversion
d'Abgar IX pour qu'elle trouvât du crédit à Édesse
même. En tous cas, elle devait déjà circuler comme une
tradition acceptée au commencement du IV® s. puisque
Eusèbe la rapporte comme un fait historique.
Le chapitre xiii du T-' livre de l'Histoire ecclésias-
tique d'Eusèbe et la rédaction syriaque de La doctrine
dWddai sont les deux textes qui servent à la critique
de cette légende : tous les autres documents , syriaques,
grecs, latins, arméniens, coptes, arabes, etc., déri-
vent de ces deux sources ' . Le récit qu'en donne Eusèbe
était tiré, comme cet auteur nous le déclare, d'un écrit
syriaque dont il possédait une copie; avant de transcrire
en grec la lettre d'Abgar et la réponse de Jésus, il dit :
« Tu as encore le témoignage écrit de ces faits, déposé
dans les archives de la ville d'Édesse qui avait alors des
rois. Il se trouve en effet dans les documents publics
qui renferment les anciens événements et les faits
relatifs à Abgar et qui sont conservés jusqu'à ce jour.
Il n'est rien de tel que d'entendre ces lettres elles-mê-
mes extraites par nous ou pour nous , ?;a?r uycô.r/fSsL-
0(.oi' et traduites littéralement du syriaque de la manière
suivante. » La notice des archives de la ville d'Edesse
est tirée de la clausule qui se trouvait à la fm de
l'apocryphe syriaque et dont nous parlerons plus loin.
La doctrine d'Addai reproduit l'ancien document
d'Eusèbe, mais dans une rédaction amplifiée et grossie
de plusieurs légendes qui ne se trouvaient pas dans le
texte primitif. Dans sa forme actuelle elle doit dater de
la fin du IV® siècle ou du commencement du V®. Cure-
1. M. TixEi;ONT a donne une liste des principaux de ces documents
dans son ouvrage : L''s origines de l'Église d'Édesse et la légende d'Ab
r/ar, Paris, 18S8; comparer aussi MATrur.s, Die Edessenische Abgarsaje
aufihre Fortbildung unlersucht, Leipzig, 1882.
iOG LES APOCRYPHES
ton en découvrit des fragments importants dans deux
ms. du V ou VP siècle conservés au Musée britanni-
que ^ M. Philipps a retrouvé le texte entier dans un
ms. de Saint-Pétersbourg, probablement du VP siècle,
et il l'a publié à Londres en 187G sous le titre de The
doctrine of Addai, the Apostle.
Il existe de cet apocryphe deux versions grecques
indépendantes Tune de l'autre. L'une se trouve dans un
ms. de Paris édité par Tischendorf [Acta apostolorum
apocrypha, Leipzig, 1851) et dans un ms. de Vienne
dont Tischendorf a donné une collation, revisée par
Lipsius [Die Edessenische Abgai^sage, Brunswick,
1880). M. Lipsius a publié dans le même ouvrage une
partie importante de la seconde rédaction grecque con-
tenue dans un autre ms. de Vienne.
La version arménienne suit le texte syriaque publié
par Philipps; elle porte le titre de Lettre d'AbgaVy
mais elle est désignée aussi comme Le livre de La-
boubna (ou, par suite d'une faute de copiste, Lé-
roubna). Laboubna est le nom de l'archiviste royal
d'Edesse auquel est attribuée la rédaction du docu-
ment. On faisait autrefois remonter cette version au
V^' siècle, parce qu'elle était connue de Moïse de Kho-
rène que l'on supposait avoir écrit à cette époque.
Mais M. Carrière, qui a prouvé que l'Histoire de Moïse
nest pas antérieure au VHP siècle, est porté à placer
plus bas que le VP siècle la composition de la version
arménienne ^.
1. Publiés dans Ancient syrîac documents, éd. CcnuETOx, Londres,
4801, où ils sont précédés de la version syriaque du passage de l'His-
toire eccl. d'Eusébe relatif à la légende d'Abgar.
2. Centenaire de l'École des langues orient, vivantes, Paris, 189.J,
p. 37-2. Une traduction française incomplète de cette version a été pu-
bliée par Jean Raphaël Emine dans la Collection des historiens ù' Armé-
nie de Langlois, Paris, 1867. Le texte arménien a été édité avec une
DU >\ TESTAMENT. 107
Le court récit d'Eusèbe concorde généralement
avec Z<7 doctrine cVAddai. Le syriaque indique, pour
le départ des députés envoyés par Abgar en Palestine,
le mois d'octobre de l'année 343 de Tère des Séleuci-
des, ou 31 de notre ère. Cette donnée est conforme à
la chronologie qui a prévalu et qui fixe la Passion du
Christ en Tannée 32. L'original suivi par Eusèbe avait,
au contraire. Tannée de 340, selon l'ancien comput qui
plaçait la Passion en Tan 29 de notre ère^ Eusebe a
remplacé le nom de l'apôtre Addai, que son exemplaire
portait certainement , par Thaddée Qur^ôuToz ; il pen-
sait que le nom syriaque .4. <i<r/(7/ répondait au nom grec
de l'apôtre Jacques Thaddée. Enfin Hannan ^en grec
Ananias , le député du roi Abgar, a dans Eusèbe le
titre de courrier tci/iôgouo; , et dans La doctrine celui
de secrétaire [tabularius . Cette variante s'explique
parce que Eusèbe a lu tahellarius au lieu de tabiila-
riiiSf confusion à laquelle prêtait la transcription du
mot en lettres syriaques -.
Dans nos deux documents, le texte de la lettre d" Ab-
gar et de la réponse de Jésus offrent quelques variantes
dues à la rédaction syriaque, qui manifeste une ten-
dance à préciser ou expliquer les faits par de courtes
additions. Le syriaque cependant a conservé l'ancienne
leçon Abgar Oiikhdmd qui est remplacée dans l'édition
actuelle d'Eusèbe par celle ^ Abgar le toparque d'É-
desse. Eusèbe avait écrit Ouhhdnid, comme le mon-
trent les ms. qui portent oiy c"aa^ mais ces mots ainsi
tiaduclion française com[>l(-(e [)nr le P. Alisuan , d'après un ms. de Pa-
ris, à Venise en 1808. La nièiue année a paru une autre édition du texte
a Jérusalem d'aitrés un ms. de la Dibliolliéfiue patriarcale de cette ville.
1. In ms. grec, le Mediceœus, ajoute à la marge devant le nombre 3i0,
le mot Tçir (o pour conformer le récit à la nouvelle clironologie.
2. LipsiLs, i>je Edessen. Abfjarsaffc, Brunswick, 1880, p. -2-2.
3. LiPsiLS, L c.
108 LES APOCRYPHES
séparés ne présentant plus de sens, furent supprimés
par les copistes postérieurs. La version de Rufin a Ab-
gajnis Urkami'œ filins; la traduction syriaque d'Eu-
sèbe (en tête des Ane. syj\ dociunents) porte : Abgar
Oiikdmd le toparque. La réponse que Jésus fait à la
lettre d'Abgar est éerite dans Eusèbe, mais elle est
orale dans le syriaque qui évite de cette manière l'ob-
jection qu'une lettre du Seigneur, si elle était authen-
tique, devrait figurer dans les livres canoniques du
N. Testament.
La plus importante variante est l'addition que contient
La doctrine à la fin de la réponse de Jésus : « Ta ville
sera bénie et aucun ennemi ne prévaudra contre elle. »
Cette addition constitue une nouvelle légende, inconnue
d'Eusèbe, qui semble s'être formée vers le milieu du
IV" siècle. On citait en faveur de cette date le Testa-
ment de saint Éphrem^ qui fait mention de cette
légende. Mais certains critiques croient que ce Tes-
tament est une œuvre apocryphe postérieure à saint
Éphrem. Un autre témoignage ancien est fourni par la
pèlerine gallo-romaine , dont la relation de voyage a
été retrouvée et publiée par M. Gamurrini^. Cette
pieuse personne reçut de l'évêque d'Edesse, dont mal-
heureusement elle ne donne pas le nom , une copie de
la lettre d'Abgar et de la lettre de Jésus. Cette der-
nière renfermait la bénédiction^ comme il résulte de
1. Édité dans le second volume de l'édition de Rome des œuvres de
saint Éphrem, p. 345-410, et dans Overceck, S. Ephrsemi syH... opéra,
p. 13T-lu6.
2. Dans le IV« volume de l'Académie historique et juridique de Rome,
1887, sous le titre de S. Hilarii tractatus... et sanctse Silviee Aquita-
niœ peregrinatio ad loca sancta. Dans notre Histoire d'Edesse, Paris.
1892, nous avons, pour plusieurs raisons, émis des doutes sur la date
que M. Gamurrini fixe pour cette relation de voyage (1V« s.). Dom Ca-
nr.OL, Les églises de Jérusalem au /F« siècle, Paris et Poitiers, 1895
tient pour l'époque indiquée par M. Gamurrini.
DU N. TESTAMENT. 109
ce passage (p. G8) : « Quoique j'eusse dans mon pays
des copies de ces lettres, j'ai trouvé très agréable de
recevoir celles-ci de Téveque, parce que sans doute,
en arrivant chez nous, les lettres avaient subi quel-
que diminution ; car ce que j'ai reçu ici est assurément
plus complet [nam vere amplius est quod hic accepi). »
Du reste, Tévêque fait mention de cette bénédiction
'deux pages plus haut). Il raconte à la voyageuse le
siège que les Perses mirent devant Edesse peu de
temps après qu'Abgar eut reçu la lettre du Seigneur.
Abgar, dit-il , se rendit aussitôt à la porte de la ville
en tenant cette lettre et s'écria : « Seigneur Jésus!
Tu nous as promis qu'aucun ennemi n'entrerait dans
cette ville. » Aussitôt d'épaisses ténèbres entourent la
ville et les Perses sont obligés de se retirer. Ce récit
diffère peu de celui que renferme la chronique attri-
buée à Josué le stylite. 11 est rapporté dans cette chro-
nique* que, le mercredi 17 septembre 503, les Perses
entourèrent Edesse, mais ne purent rien contre elle :
« Toutes les portes de la ville étaient ouvertes, mais
les Perses ne purent entrer à cause de la bénédiction
du Christ. « Cette légende est encore mentionnée dans
Les actes de Mai-iy dont nous parlerons bientôt, et dans
une homélie de Jacques de Saroug-. Intéressant est
ce que dit Procope à ce sujet^. « La fin de la lettre qui
contenait la bénédiction est ignorée des auteurs qui
écrivirent l'histoire de ces temps, mais les Edesséniens
prétendaient que cette bénédiction se trouvait dans la
lettre. Dans cette conviction, ils plaçaient cette lettre
devant les portes de la ville comme un palladium. Pour
éprouver la véracité de cette croyance, Cliosroès mit
\. Wright, The Chronicle of Joshua Ihe Slylitc, Cambridge, 1882, cli. ix.
2. CcRETON, Ane. syr. documents, p. 107.
3. Livre II, chap. xii, éd. Dindouf, p. 203-209.
LITTÉRATURE SYRIAQUE. 7
110 LES APOCRYPHES
le siège devant Edesse; mais, frappé d'une fluxion de
la face, il se retira honteusement. » Cette notice se
rapporte au siège de Tannée 544, dont Procope a fait
précédemment un récit détaillé.
Par l'importance qu'elle acquit en Syrie . la légende
de la bénédiction éclipsa en Orient la légende du por-
trait de Jésus. Ni Eusèbe, ni la pèlerine gallo-romaine,
ni Procope ne mentionnent celle-ci.
En Occident, au contraire, la légende du portrait
jouit d'un grand crédit ; elle s'y développa et s'y modi-
fia. Selon La doctrine, Hannan, le secrétaire d'Abgar
et en même temps son peintre, après s'être acquitté de
sa mission auprès de Jésus, fait le portrait du divin Maî-
tre avec des couleurs de choix et il rapporte ce por-
trait au roi Abgar, qui lui donne une place d'honneur
dans son palais.
Plus tard la légende subit un changement dans une
de ses principales lignes. Le portrait n'est pas l'œuvre
d'un homme; comment une œuvre humaine pourrait-
elle produire des miracles^? Il est de Jésus lui-même.
Le peintre Hannan ne peut fixer les traits du Seigneur
à cause de l'éclat de la divine face ou des transforma-
tions continuelles qu'elle manifeste. Jésus prend la toile
des mains du peintre et l'applique sur son visage dont
elle garde l'empreinte; ou Jésus se lave et s'essuie le
visage soit avec la toile du peintre , soit avec un linge
ordinaire^.
1. Dans Évagrius l'échec du siège de Chosroès en o44 devant Édesse
n'est pas occasionné, comme dans Procope, par la bénédiction, mais
par le portrait de Jésus.
-2, Lipsius, Die Edess. Abgarsage, p. 54 et suiv.; Matthes, Die Edess.
Abgarsarje auf ihre Fortbildung unlersucht, p. 42-43; Tixeront, Les
Origines de l'Église d'Édesse et la légende d'Abgar, p. 53 et suiv.; ces
ouvrages établissent les rapports de la légende du portrait avec la tra-
dition latine de sainte Véronique, et relatent l'histoire des différents
DU N. Tl^STA.MENT. lîl
Les textes syriaques qui mentionnent le portrait de
Jésus sont, après La doctrine dAddai : Les actes de
Mari (éd. Abbeloos, p. 13-15); l'histoire de Zacharie
(Land, Anecdota syiiaca, III, p. 324; et L'histoire des
dynasties de Barhebrœus 'éd. Pocoke, p. 71; éd. Sal-
hâni,p. 113 .
Suivant le document primitif Eusèbe et La doc-
trine , la guérison d'Abgar et l'évangélisation de la
Mésopotamie eurent lieu après l'Ascension. Des apo-
cryphes postérieurs placent ces événements avant la
Passion, tels sont le Transitas Beatx Mariic ' ei l'His-
toire des trente deniers de Judas rapportée ci-des-
sous.
Une autre légende que renferme La doctrine d'Addai
est relative à une première invention de la Croix. Cette
légende est insérée au milieu d'un sermon de l'apôlre
Addai à Edesse, d'une manière étrange et comme un
hors d'œuvre. « Je vais vous raconter, dit l'apôtre, ce
qui est arrivé et s'est passé devant des hommes qui ,
comme vous, crurent que le Christ est le fils du Dieu
vivant. » Après que Tibère eût délégué ses pouvoirs
à l'empereur Claude , et se fut mis en route pour aller
combattre les Espagnols révoltés. Protonice, la femme
de Claude, se convertit à la vue des miracles opérés
par Simon Pierre à Rome. L'impératrice se rend en-
suite à Jérusalem avec ses deux fils et sa fille pour vi-
siter les lieux saints. Elle ordonne aux Juifs de livrer à
Jacques, le directeur de l'Église de Jérusalem, le Gol-
gotha qu'ils détiennent. Sur le Golgotha Protonice
trouve trois croix et ne peut reconnaître quelle est celle
qui a porté le Sauveur, mais un miracle la tire d'em-
exemplaircs du portrait et de la translation de Toriginal d'Édessc à
Constantinople et ensuite à llonie.
1. Clt.etox, Ane. syr. documents, p. 111; comp. ci-dessus, p. 97.
112 LES APOCRYPHES
barras. Sa fille tombe frappée d'une mort soudaine; les
deux premières croix, mises en contact avec le corps
de la jeune fille, ne produisent aucun effet, mais, au
toucher de la troisième croix , la princesse ressuscite
et se relève sans avoir éprouvé aucun mal.
Cette légende est un écho de Thistoire de l'Invention
de la Croix par sainte Hélène, dont elle dérive et à la-
quelle elle est postérieure, comme font reconnu
MM. Lipsius et Tixeront. M. Tixeront fixe la date de
la légende syriaque vers l'an 400 '. C'est à cette épo-
que que la tradition grecque et latine relative au
voyage de la mère de Constantin à Jérusalem et à l'In-
vention de la Croix se répandit en Orient. Le syriaque
a confondu sainte Hélène avec Hélène , la reine d'Adia-
bène, qui vint à Jérusalem au temps de Claude, vécut
dans cette ville et s'y construisit un superbe mausolée ,
comme le rapporte Josèphe. Par suite de cette confusion,
lévénement qui, dans la tradition de l'Église, eut lieu au
IV^ siècle, a été reporté dans la légende orientale au
P'" siècle. Cette hypothèse est très vraisemblable, mais
le nom de Protonice appelle une explication pour la-
quelle les critiques manquent d'accord. Ce nom a en sy-
riaque les trois formes suivantes : ...si^o^o-yB, ..^■o . lo-^^ et
l^i^i^oya. M. Nœldeke y voit une allusion à Viv tovtco
vi/.a du Labarum de Constantin; d'autres critiques
(MM. Zahn et Nestlé) cherchent un mot composé, JlIbtqo-
v'r/.ri « la victoire de Pierre » , ou (M. Tixeront) nQcoTo-
viy.rj « la première victoire » , c'est-à-dire la première
invention. Quoi qu'il en soit, le mot est grec et nous
devons conclure que le document a été composé en grec
et en Palestine, avant de passer en Mésopotaiflie sous
sa forme syriaque.
1. Les Origines de l'Église d'Édesse, p. 190.
DU N. TESTAMENT. 113
On concilia plus tard cette première invention de la
Croix avec la seconde en racontant que, après l'expé-
dition de Trajan en Orient, la vraie Croix était retom-
bée entre les mains des Juifs , qui l'avaient enterrée de
nouveau avec les croix des larrons.
11 existe plusieurs recensions syriaques de ITnven-
tion de la Croix qui suivent soit la tradition orientale .
soit la tradition occidentale K
La doctrine d'Addai ajoute à ces documents apo-
cryphes : 1° une lettre d'Abgar au roi de Perse, Narsai,
dans laquelle il fait connaître à celui-ci les actes de la
mission de lapôtre Addai; 2^ deux lettres de la corres-
pondance entre le roi Abgar et lempereur Tibère.
Abgar mande à l'empereur que les Juifs ont commis
un crime en crucifiant le Christ qu'ils auraient dû
adorer. Tibère répond que la guerre contre les Espa-
gnols l'a empêché de s'occuper de cette alTaire. La
guerre terminée , Tibère fait mettre à mort quelques-
uns des chefs des Juifs de la Palestine. Abgar en reçoit
la nouvelle et s'en réjouit. Dans la lettre de Tibère
l'éparque de Syrie porte le nom d'Olbinus au lieu de
Sabinus qui est le nom indiqué au commencement de
La doctrine. Cette variante s'explique par l'écriture
grecque , ainsi que l'a remarqué Gutschmid ^ : CA-
BINOC a pu devenir facilement OABINOC. Celte lé-
gende procède donc d'un document grec. D'un autre
côté, la mention de la guerre d'Espagne rappelle le
récit précédent sur l'Invention de la Croix, dans lequel
i. M. Nf.^tle a réuni les divers textes syriaques dans un opuscule
intitule De sancta crucc, Berlin, 1889. Le P. Bedjan a publié le deuxième
récit de l'invention de la Croix dans son premier volume des Acta
martyrum et sanclorum; et le premier récit dans le troisième volume
de la même collection.
2. UntersuchunfjPH vO^r clic Gcschichle des Kccnigreiclts Osrhoene,
Saint-Pétersbourg, ls8T, p. 13.
114 LES APOCRYPHES
il est également question de la guerre contre les Espa-
gnols. Il est donc probable que les deux légendes de
La doctrine ont été tirées du même document grec,
composé en Palestine au commencement du IV^ siècle.
La doctrine a conservé l'ordre dans lequel les deux lé-
gendes se suivaient dans l'original grec; et ainsi s'ex-
plique la place étrange que la légende de l'Inven-
tion de la Croix occupe dans La doctrine , au milieu du
sermon de l'apùtre.
La recension syriaque du Transitas Mariœ donne de
la lettre d'Abgar à Tibère une rédaction différente et
beaucoup plus concise. Lipsius' tenait le texte du Tran-
sitas pour le plus ancien. AHI. Matthes et Tixeront^,
pour des raisons peu probantes , admettent l'hypothèse
contraire.
L'apocryphe ne s'arrête pas à la mort de l'apôtre Ad-
dai, comme on l'attendrait du titre, mais il ajoute les
actes d'Aggai, le successeur de l'apôtre dans l'admi-
nistration de l'Eglise d'Edesse. Après la mort d'Abgar,
Edesse a pour roi un des fils de celui-ci. Le nouveau
prince, qui était demeuré pa'ien, fait mettre à mort/Vg-
gai et lui fait briser les jambes. Ce prince doit être Sé-
vère Abgar, le fils et le successeur d'Abgar IX . qui,
selon Dion Cassius, se montra d'une cruauté insigne
envers les habitants d'Edesse sous prétexte d'intro-
duire dans la ville les mœurs romaines. Son père lui
avait donné le nom de Sévère en l'honneur de l'empe-
reur Septime Sévère. Celte conjecture est confirmée
par un fragment syriaque publié par Cureton^, ainsi
4. Die Edessenische Abgarsage, p. 36, et Die apocr. A2)ostelgeschichten,
II, 2« partie, p. 492.
2. :^I.4TTiiEs, Die Edess. Abgarsage auf ihre Forlhildung untersucht,
p. 52; TixEP.ONT, Les Origines de l'Église d'Edesse, p. 73.
3. Ane. syr. documents, p. 110, n° IV.
DU N. TESTAMENT. 115
conçu : « Addai évangélisa Edesse et la Mésopotamie.
Il était de Panéas et vivait au temps du roi Abgar.
Comme il se trouvait en Sophène , Sévère , fils dAb-
gar, le fit tuer près de la citadelle d'Aghel, ainsi qu'un
jeune homme, son disciple. » Gutschmid l'a déjà re-
marqué \ ce texte dénote une source arménienne. L'E-
glise arménienne fait remonter ses origines aux Apôtres
et confond Addai avec son successeur Aggai ; elle fait
mourir en Arménie le missionnaire qui avait évangélisé
cette province. C'est une légende, mais une légende
basée sur un fait historique.
La doctrine d'Addai se termine par le récit sui-
vant : « Aggai, ayant expiré aussitôt après avoir eu les
jambes brisées, n'eut pas le temps d'imposer les mains à
Palout. Palout se rendit à Antioche et reçut l'imposi-
tion des mains de Sérapion, évéque de cette ville. Sé-
rapion avait reçu l'imposition des mains de Zéphyrin,
évêque de Rome , qui lui-même avait été consacré par
Simon Pierre. Celui-ci avait été désigné par Notre Sei-
gneur et fut évêque de Rome pendant vingt-cinq ans au
temps de César qui régna treize années. »
Ce récit renferme des anachronismes évidents : Sé-
rapion fut évéque d'Antioche de 190 à 210, et Zéphirin
fut évêque de Rome de 198 ou 199 à 217. Les treize an-
nées du règne de César sont inexactes, si Ton entend
Auguste qui régna quarante-cinq ans; mais elles con-
viennent à Septime Sévère qui mourut en 211, si l'on
compte les années de son règne à partir de 197, mort
de son compétiteur Albinus. Ces anachronismes mon-
1. L'nicrauch. ueber die Geschichte des Kœnigreichs Osrhoene, p. 16.
Salomon DR iJASsor.A ilans son Livre de l'abeille, éd. Didge, Oxford,
1880, p. lii, reproduit ce fragment, mais avec la variante de Ilcrode,
^£D*oio), au lieu de Sévère, ^œoioi», confusion à laquelle prête récri-
ture syriaque; mais celle confusion était inleiilionnelle, le nom d'Hé-
rode répondant mieux à l'époque fixée par la légende (i" s.).
116 LES APOCRYPHES
trent que la légende s'est développée de faits histori-
ques. Ces faits sont les suivants : Addai, originaire
de la Palestine, évangélise la Mésopotamie dans la
deuxième moitié du II'' siècle de notre ère. 11 fonde à
Edesse la première église qu'il administre jusqu'à sa
mort. Il a pour successeur dans ces fonctions Aggai,
auquel succède Palout à la fin du IP siècle.
Vient ensuite la clausule des actes officiels : « Gomme
c'est l'usage dans le royaume d'Abgar et dans tous
les royaumes , tout ce qui était dit devant le roi était
écrit et déposé dans les archives. Ainsi Laboubna, fils
de Sennak, fils d'Abdschadar, le scribe du roi, a écrit
ces actes d'Addai, l'apôtre, depuis le commencement
jusqu'à la fin. Hannan, le secrétaire-archiviste du roi, y
a apposé son témoignage et Ta déposé dans les archives
des actes royaux , où sont conservés avec soin et sans
omission les décrets, les lois et les contrats de vente. »
Cette clausule se trouvait également dans le texte sy-
riaque qu'Eusèbe avait sous les yeux, et c'est à elle que
fait allusion l'éminent historien, quand il dit que le do-
cument a été tiré pour lui des archives d'Edesse.
A la légende d'Abgar se rattache par quelques points
la légende des trente deniers de Judas qui, d'un autre
côté, appartient à la littérature des Livres des jubi^
lés '. Les deniers remis à Judas pour prix de sa trahi-
son avaient été frappés par Térach qui les avait donnés
à son fils Abraham ; des mains d'Abraham , ils avaient
passé en la possession d'Isaac, puis des Pharaons
d'Egypte et de la reine de Saba, laquelle les avait lais-
sés à Salomon. Nabuchodonosor s'en était emparé
après la prise de Jérusalem et en avait fait don aux
1. CeUe légende se trouve dans Prsetermissorum libri duo, éd. La-
garde, GœUingue, 1879, p. 94, et dans Le livre de l'abeille, éd. Budge,
p. 107-108 (trad., p. 93-90).
DU N. TESTAMENT. 117
rois Mages. Ceux-ci, pendant leur voyage à Bethléem,
égarèrent les deniers aux bords d'une fontaine près
d'Edesse. Des marchands les trouvèrent et s'en servi-
rent pour acheter à des pâtres la tunique sans couture
qu'un ange avait apportée à ceux-ci. Le roi dEdesse,
Abgar, ayant eu connaissance de ces faits, se fit livrer
la tunique et les deniers, et il les envoya à Jésus en
reconnaissance de la guérison que Xotre Seigneur lui
avait procurée. Jésus-Christ garde la tunique pour lui
et fait porter au temple les deniers qui devaient ache-
ter le traître.
La doctrine d'Addai a fourni à Jacques de Saroug le
sujet d'un de ses cantiques '. Cet apocryphe ne de-
meura pas localisé dans Edesse, mais se répandit en
Occident et en Orient. Nous le retrouvons, avec de
nouveaux développements , en Arménie , en Perse , en
Babylonie. Nous nous bornerons à parler ici des docu-
ments syriaques qui se rattachent à cet apocryphe et
en continuent la tradition dans les pays orientaux.
Le principal de ces documents , Les actes de Mar
Mari ou de saint Maris - , concerne l'évangélisation
de l'Assyrie, de la Babylonie et de la Perse. Cet apo-
cryphe représente la tradition nestorienne; il a pour
objet de faire remonter aux apôtres la fondation de l'é-
glise de Koké près de Ctésiphon , où était le siège des
patriarches de lOrient. Mari n'est pas connu des Sy-
riens occidentaux qui n'en parlent pas jusqu'à Barhe-
braeus. Celui-ci rapporte les actes de Mari au commen-
cement de la seconde partie de sa chronique ecclésiasti-
1. Un extrait de ce cantique a été publié par Cureton, A)ir. syr. do-
cuments, p. 107; à la suite, p. 108-HO, divers extraits relatifs à Abgar et
à Addai.
2. Acta sancli Maris syriace sive aramaicc, éd. AnnELOos. Bruxelles,
1883, avec une traduction latine; réédités dans le I" vol. des Acta mar-
tyrum et sanctorum du P. Bf.djax, Paris, 1890.
7.
118 LES APOCRYPHES
que, à la suite des actes d'Addai et d'Aggai ; il a em-
prunté son récit aux livres nestoriens, probablement
au Livre de la tour de Mari, fils de Salomon.
La rédaction de ces actes n'est pas antérieure au
YP siècle. On n'y surprend aucun souvenir précis des
temps païens; les populations que l'apôtre convertit
adorent des démons habitant des arbres ou des pierres,
c'est à peine s'il est fait allusion au culte des astres en
Babylonie ou au culte du feu en Perse. Les miracles
que l'apôtre accomplit n'ont aucun cachet original; ce
sont des arrangements de miracles connus par ailleurs,
notamment par le livre de Daniel.
Les actes de Mari sont précédés d'une introduction
dans laquelle sont mentionnés : le groupe de bronze de
Panéas représentant le Seigneur et la femme hémor-
rhoïsse, d'après Eusèbe; la correspondance d'Abgar et
de Jésus , le portrait du Seigneur, la guérison d'Abgar
et la conversion des habitants d'Édesse par l'apôtre
Addai, d'après La doctrine d'Addai. Après cette intro-
duction, l'auteur aborde son sujet. Mari, un des disci-
ples d'Addai, est désigné par son maître pour l'évangé-
lisationde l'Orient. Ce missionnaire quitte Edesse avec
les disciples Philippe, Malkjésu et Adda; il se rend à
Arzoun sur la frontière de l'Arménie, et envoie Philippe
à Gozarte (ouKardou); puis il descend vers le sud, con-
vertit l'Assyrie, les provinces du grand et du petit Zab,
de laGaramée, et arrive en Babylonie. Les habitants
de Séleucie sont adonnés aux débauches et à l'ivresse
— réminiscence de lancienne Babel et des festins de
Balthazar — et l'apôtre n'a d'action sur eux qu'en pre-
nant part à leurs orgies. Mari est mieux reçu à Ctési-
phon, grâce à la nouvelle des cures qu'il a faites à Sé-
leucie ; le roi Artaban l'envoie à Dorkoni auprès de sa
sœur malade; celle-ci, après sa guérison, construit,
DU N. TESTAMENT. 119
sur la demande du saint, les églises de Dorkoni et de
Koké qui sont appelées à un grand renom. Kaschkar
(le siège d'un des principaux évêchés nestoriens, reçoit
sans résister la bonne parole, mais la Mésène (occupée
en partie par les Mandéens demeure sourde aux ser-
mons de l'apôtre. Celui-ci va prêcher la Susianne et
pénètre dans l'intérieur du pays jusqu'aux frontières
de rinde que l'apotre Thomas évangélise. De retour en
Babylonie, Mari visite ses églises et ses disciples et il
proclame que le directeur de l'église de Koké aura la
préséance sur tous les évêques de l'Orient, parce que
cette église fut fondée la première de toutes. Il mande
à Dorkoni son disciple Papas et, en présence du clergé,
il le nomme son successeur. L'apôtre Mari quitte en-
suite ce monde pour la vie éternelle et son corps est
déposé dans l'église de Dorkoni.
Papas, qui est désigné dans ces actes comme le suc-
cesseur de Mari, fut élu primat d'Orient en 266 '. Cette
date est trop basse pour que Mari ait été le disciple
d'Addai, même dans l'hypothèse admise par la critique
qu'Addai aurait vécu dans la deuxième moitié du 11^
siècle, car il y aurait un intervalle de cent ans jusqu'en
266. Suivant Le lii>re de la tour -, Mari serait mort en
l'an 82. La lacune entre Mari et Papas se trouve consi-
dérablement augmentée, puisque, entre 82 et 266, il y a
une différence de 184 ans; cette lacune est comblée
dans Le livre de la tour et dans la chronique de Barhe-
brœus au moyen de cinq patriarches intermédiaires,
dont l'historicité peut être mise en doute. Si Ton ac-
cepte comme exacte la mention de Papas, successeur
de Mari, l'apôtre de la Mésopotamie orientale et de
\. BAniiEBP.CLN. Chron. eccl., II, p. 27.
2. Ci>MoNDi, Maris, Aniri et .'Slibx de patriarchis Neslorianorum
commentaria, pars prior, p. 5; pms altéra, p. 2, Rome, 1896-1809.
120 LES APOCRYPHES
la Babylonie aurait vécu vers le milieu du IIP siècle.
Suivant une autre tradition, recueillie par La doctrine
des apôtres (chez Cureton^), Le livre de la tour-.
L'histoire de la ^nlle de Beit-Slok^ et Barhebrœus^,
l'évangélisation de ces contrées aurait eu lieu par l'a-
pôtre Addai lui-même, accompagné de ses deux disci-
ples Aggai et Mari. Le livre de la tour fait même de
Mari un disciple direct de Jésus-Christ, dont il aurait
entendu la parole, car il se trouvait parmi les délégués
qu'Abgar avait envoyés en Palestine.
Parmi les apocryphes plus récents, on a en syriaque
1° L'histoire d'Arseniiis, un roi dÉgj^pte que Notre
Seigneur ressuscita pour en faire un ascète chrétien ^ ;
2° Les lettres de Notre Seigneur descendues du ciel
pour recommander la sanctification du dimanche^. Le
syriaque procède très probablement d'un original arabe.
4. Clreton, Ane. syr. documents, p. 34.
-2. GisMONDi, Maris, Amri et Slibœ, etc., p. 1; Assémam, B. 0., ni,
n, p. 48 et suiv.
3. Hoffmann, Auszûge ans syy^ischen ALten pers. Mariyrer, Leipzig,
4880, p. 45; voir le texte syriaque dans Moesixgeu, Monumenta sy-
i'iaca,U, p. G5, et dans Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, II, p. 512.
4. Chron. eccL, ïî, p. 14.
5. Publié M. Hall daus Hebraica, V, p. 81-88. CoiDp. Sacuau, Verzeichniss
der syr. Handschriften, Berlin, 4893, p. 201 et 373.
G. Texte et traduction de deux recensions syriaques par M. Hall dans
le Journal of Ihe American Or. Society, XIII, p. 34 (à la suite, une
hymne sur les Saints Mystères); et X\^ p. 421 (à la suite, un écrit mys-
tique sur le diagnostique des maladies). Sur cet apocryphe, consulter :
Pr^tohils, Mazhafa Tcmdr, Leipzig, 48G9; René Basset, Mashafa To-
mar, Il« iasc. des Apocryphes éthiopiens traduits en français, Paris,
1893; Saciiai', Verzeichniss der syr. Handschriften, n°' 73, 140 et 479.
IX
LES ACTES DES MARTYRS ET DES SAINTS.
Ces actes sont, dans la littérature syriaque, comme
dans les autres littératures chrétiennes, l'objet de nom-
breux écrits qui s'étendent sur une longue période
d'années. Les premiers en date nous ont conservé les
noms des confesseurs qui subirent le martyre pendant
les persécutions contre les chrétiens. Ces persécutions
se divisent en deux groupes distincts : les premières
furent exercées dans l'empire oriental des Romains,
au nom des édits des empereurs; les secondes eurent
pour théâtre l'empire perse sous la dynastie des Sas-
sanides. Les actes syriaques sur les persécutions des
Romains sont limités à la Mésopotamie occidentale, le
grec étant la langue littéraire de la Syrie cis-euphra-
tique à cette époque-là.
§ 1. — Les actes des martyrs
de la Mésopotamie occidentale.
Le recueil de ces actes est peu volumineux ; il com-
prend le récit des martyres de Scharbil , de Barsamya,
de Gouria et Schamouna , et de Habib, qui eurent lieu
à Édesse à différentes époques. Cette ville était le siège
du gouvernement de la Mésopotamie romaine et sou-
d22 LES ACTES DES MARTYRS
mise à l'action directe du gouverneur civil et militaire;
elle était, de plus, la métropole des chrétiens de cette
province ; là plus qu'ailleurs , ces chrétiens étaient ex-
posés aux accusations de crime de lèse-majesté pour
refus de se soumettre aux édits des empereurs. Cepen-
dant les poursuites ne furent pas nombreuses. L'au-
teur des actes de Habib prétend que « beaucoup de
chrétiens furent poursuivis, mais qu'ils confessaient
ouvertement leur foi, sans crainte des persécutions
parce que les persécutés étaient plus nombreux que
les persécuteurs'. « Ces paroles sont plutôt d'un apo-
logiste que d'un historien.
Les actes de Scharbil et de Barsamya peuvent être
analysés en quelques lignes. La quinzième année de
Trajan, laquelle, suivant les synchronismes indiqués
dans ces actes, répond à la troisième année du règne
d'Abgar VII d'Édesse et à l'année 416 de l'ère des Sé-
leucides (105 de J.-C), cette année-là l'empereur or-
donne de faire des sacrifices aux dieux et de punir de
mort quiconque refuserait de prendre part à ces sacri-
fices. Les ordres de l'empereur arrivent à Edesse pen-
dant la fête de nisdn (avril) , que présidait le grand-
prêtre Scharbil et à laquelle assistait le roi Abgar.
Barsamya, l'évèque d'Édesse, convertit en secret à la
religion chrétienne le grand-prêtre qui se refuse à im-
moler aux faux dieux, et cette conversion entraîne
celle des grands de la ville. Le gouverneur romain
Lysanias, après avoir en vain cherché à ramener
Scharbil à ses anciens sentiments, lui applique la tor-
ture et le fait mettre en prison. C'est seulement le deux
1. CuHETON, Ane. syr. documents, p. 73. C'est dans cet ouvrage, p. 41
et suiv-, qu'ont été publiés, avec une traduction anglaise, les actes de
Scharbil, de Rarsamya et de IIaI)ib, que M. Bedjan a réédités dans le
premier volume de se?, Acta martyrum et sanctorum, Paris, 1890.
DE LA MÉSOPOTAMIE. 123
iloul (septembre) suivant que Scharbil est supplicié
avec sa sœur Babai. Les actes de Scharbil sont suivis
de la clausule officielle : « Nous, Macrin et Anatole , les
scribes publics, nous avons rédigé ces actes et nous
les avons déposés dans les archives de la ville où les
actes publics sont conservés. L'évêque Barsamya qui
convertit le prêtre Scharbil existait aux jours de
Fabien, évéque de Rome. » Suit le récit dun miracle
qai arriva à Rome à l'époque de Fabien.
Les actes de Barsamya donnent les mêmes synchro-
nismes que les actes de Scharbil. moins Tannée d'Ab-
gar yil, et ils mentionnent en plus le consulat de Com-
mode et de Cerialis. Le cinq iloul, Barsamaya est
dénoncé au gouverneur Lysanias comme étant l'auteur
de la conversion de Scharbil. Cet évêque est envoyé en
prison. Après de longs jours , il est ramené devant le
juge et il subit les premières tortures , lorsque arrivent
à Edesse « les lettres d'Alusis, le grand hyparque
[vnuo/og] , le père des empereurs » , qui mettent fin à
la persécution. Ces actes, dit la clausule finale, ont été
rédigés par les greffiers (exceptoi^es), Zénophile et Pa-
trophile, et contresignés par les scribes-archivistes.
Diodore et Euterpe. La clausule ajoute : « Barsamya,
l'évêque dEdesse, qui convertit le prêtre Scharbil, vi-
vait aux jours de Fabien, évêque de Rome. Barsamya
avait reçu le sacerdoce d'Abschelama qui fut évêque
d'Edesse. Abschelama avait reçu le sacerdoce de Pa-
lout, le premier (évêque d'Edesse^. Palout l'avait reçu
de Sérapion, évêque d'Antioche, et celui-ci l'avait reçu
de Zéphyrin, évêque de Rome. »
Nous avons reproduit les clausules des actes de
Scharbil et des actes de Barsamya pour rendre évi-
dente la corrélation qui existe entre elles et la clausule
deL« doctrine clAddai rapportée sous le n° précédent.
124 LES ACTES DES MARTYRS
Ces actes, en eiïet, dépendent de La doctrine pour l'épo-
que qu'ils fixent da martyre de ces confesseurs. Palout
d'Edesse ayant été sacré évêque par Sérapion d'Antio-
che vers Tan 200, c'est dans la première moitié du
IIl^ siècle qu'on doit placer ses deux successeurs, Ab-
sclielama et Barsamya. La mention de Fabien de Rome,
contemporain de Barsamya, nous conduit au même
résuUat ; Fabien fut pape de 23G à 250. La persécution
dont il est question ici est donc celle de Dèce, de 249-
251, et non celle de Trajan. La confusion des deux
empereurs romains était rendue facile par le nom de
Trajan que Dèce portait également, mais elle a été
faite surtout pour que les actes de Barsamya concor-
dassent chronologiquement avec La doctrine d'Addai.
Cet apocryphe ayant reculé de près de cent-cinquante
ans l'époque de Palout, l'âge de Barsamya devait ré-
trograder du même nombre d'années.
Ces conclusions sont confirmées par d'autres obser-
vations'. La rédaction des actes témoigne elle-même
de l'anachronisme : la mise en scène, les épisodes du
drame, la procédure suivie, le genre des supplices, tout
montre la Mésopotamie devenue province romaine ; cette
province est administrée par un gouverneur romain,
qui réside à Edesse et rend la justice. Cet état politi-
que nous conduit au IIP siècle; antérieurement il est
incompréhensible. Le général de Trajan, Lucius Quie-
tus, s'empara, il est vrai, d'Edesse en l'an 115, mais
la conquête de Trajan fut éphémère et n'eut aucune
influence sur l'administration de la ville. On voit appa-
raître, dans les actes de Scharbil, Abgar VII, mais
son rôle est effacé; ce prince règne, il ne gouverne pas.
1. Voir sur ce sujet et les difTcrenles sources de la critique, Les
actes de Scharbil et les actes de Barsamya, par R. Duval dans le Jour-
nal asiatique, juillet-août 1889, p. 40 et suiv.
DE LA MESOPOTAMIE. 12*6
La persécution prend fin par l'êditdes empereurs no-
tifié par tes lettres du grand hyparque Alusis, le père
des empereurs. De quel édit s'agit-il dans cette phrase
singulière? Évidemment de ledit de tolérance de Cons-
tantin, rappelé en termes plus précis dans les actes de
Habib'. Le deux iloul^ est-il dit dans ces actes, la
nouvelle de la marche de Constantin contre Licinius
agita les provinces et amena un ralentissement dans
la persécution des églises. Mais quel est ce personnage
du nom (ÏAlusis qualifié de père des empereurs.
M. Tixeront- rapproche un certain Eleusius, préfet de
la Mésopotamie sous Dioclétien; pour une si mince
personne ,/?^/'e des empereurs est un titre bien gros ; de
plus la persécution de Dioclétien n'a rien à faire ici.
Nous préférons voir dans le mot Alusis une personni-
fication du grec r- lîoi; le dénouement ou la fin de la
persécution. Si ces actes sont antidatés sous l'influence
de La doctrine d'Addai, ils sont, d'un autre côté,
postdatés sous l'influence des actes de Habib , auxquels
ils ont emprunté encore d'autres traits.
Les allusions au concile de Nicée sont claires dans
ces actes; il suffira de rappeler le passage suivant^ :
a Jésus-Christ qui a revêtu un corps est Dieu, fils de
Dieu, consubstantiel à son père, participant de la na-
ture de son auteur, lumière adorable de sa divinité .
rayon glorieux de sa grandeur ; il était avec son Père
dès le principe et dès l'éternité. » Ces allusions sont
également sensibles dans La doctrine d' Addai. Il serait
facile d'énumérer de nombreuses analogies pour mon-
trer la dépendance des actes de Scharbil et de Bar-
samya du document plus ancien de La doctrine. Nous
i. Clt.eton, Ane. syr. documents, p. 83, 1. 3.
2. Les Orifjines de l'É'jlise d'Édesse, p. 1-25, noie 4.
3. Ane. sijr. documents, p. 43, I. i^.
126 LES ACTES DES M.VRTYRS
remarquerons seulement que les grands d'Edesse con-
vertis par l'apôtre Addai : Avida, Labou, Hafsai et
BarkallDa sont ceux-là mêmes qui sont convertis de
nouveau par Barsamya.
La rédaction des actes de Scharbil et des actes de
Barsamya ne peut donc pas être antérieure au Y'' s. A
cette époque les souvenirs des premiers siècles de
notre ère étaient déjà loin et on ne s'étonnera pas des
erreurs que renferment les synchronismes fournis par
ces actes. Le consulat de Commode et de Cerialis in-
diqué par les actes de Barsamya eut lieu la neuvième
année de Trajan en 106, et non la quinzième année en
112; il correspond, aune année près, à Tan 416 des
Séleucides '105 de J.-C). En outre la prise d'Edesse
par les Romains eut lieu en Tan 115 ; la persécution de
Trajan ne pouvait donc s'étendre à Edesse ni en 106,
ni en 112.
Les actes de Gouria et de Schamouna, que Théo-
phile avait rédigés en syriaque , ainsi que nous l'ap-
prend la clausule des actes de Habib , ne nous sont
malheureusement pas parvenus dans l'original. Mais
la littérature arménienne possède de ces actes une
version' qui semble littérale et qui est plus complète
que la version grecque de Métaphraste et la version la-
tine d'après Métaphraste -.
Le martyre de Gouria et de Schamouna eut lieu en
l'an 600 des Séleucides (289 de J.-C), la neuvième
1. Celte version a été découverte au mois d'août 189G à la bibliotlic-
que de la ville d'Edschmiatsin et a été publiée par M. Galoust Mker-
TciiiAN dans le journal A7'arat, août iSOG. Elle a été traduite en anglais
par M. CoNYBEAP.E dans le journal The Guardian, n° du 10 lévrier 1897.
2. Voir la version grecque dans la Patrol. gr. de Migne, t. CXVI,
p. 143, à la suite des actes de Scharbil et de Barsamya; la version latine
dans Scuius, De jirobatis Sanctorum vitis, au 15 nov., p. 339; une autre
rédaction, ibid., p. 3'i5; dans les BoUandistes, au lo nov. CcnETOx a réé-
dité la version latine dans Ane. syr. doc, p. 113 et suiv.
DE LA MÉSOPOTAMIE. 127
année de Dioclétien, sous le sixième consulat de Maxi-
mien, alors qu'Abgar, fds de Zoara, était préteur, et
Kona était évoque d'Edesse; tels sont les synchro-
nismes fournis par les actes. Gouria et Schamouna,
deux jeunes gens, qui s'étaient consacrés à la vie reli-
gieuse, sont cités devant Antonius, le gouverneur
d'Edesse, parce quïls ont refusé de sacrifier aux dieux.
Ils sont mis en prison avec beaucoup d'autres chrétiens.
Quelque temps après, Dioclétien mande àMusonius, le
gouverneur d'Antioche, de se rendre à Edesse et d'ins-
truire le procès des prisonniers. Gouria et Schamouna
sont condamnés à mort et ils sont exécutés le quinze
novembre de la même année.
Le martyre de Habib est fixé, dans les actes rédigés
par Théophile, à l'année 620 des Séleucides [309
de J.-C; , sous le consulat de Licinius et de Constan-
tin, Julius et Barak étant stratèges, Kona étant évoque
d'Edesse. Habib est dénoncé et poursuivi à cause de la
propagande active qu'il fait dans la campagne d'Edesse
en faveur de la religion chrétienne. C'est le deux iloul
(septembre) que ce confesseur subit le supplice du bû-
cher. Aussitôt après, ajoutent les actes , la nouvelle de
la marche de Constantin contre Licinius détourne les
esprits de la persécution contre les églises, qui retrou-
vent un peu de repos. La clausule relative à la rédac-
tion des actes est ainsi conçue : « Moi, Théophile, qui
étais païen de naissance et qui ai confessé ensuite le
Christ, je me suis empressé de prendre copie des actes
de Habib, comme j'avais écrit autrefois les actes des
martyrs Gouria et Schamouna, ses compagnons. Il
les avait félicités du supplice du glaive qu'ils reçurent,
il les imita par le supplice du bûcher. Si j'ai mentionné
l'année , le mois et le jour du martyre de ces confes-
seurs, ce n'est pas pour ceux qui , comme moi, en ont
128 LES ACTES DES MARTYRS
été témoins , mais c'est afin que ceux qui viendront plus
tard, sachent à quelle époque vécurent ces confesseurs
et quels sont aussi les actes des anciens martyrs au
temps de Dioclétien et des autres empereurs, etc. »
Les dates fournies par les actes de Habib sont exac-
tes et concordent entre elles. Nous pouvons tenir ces
actes pour authentiques. Les inexactitudes du récit,
qui. présente Constantin comme déjà chrétien lors de
son expédition contre Maxence et qui confond Maxence
avec Licinius, s'expliquent facilement de la part d'un
auteur oriental qui vivait loin du théâtre des évé-
nements. On ne doit donc pas s'arrêter à l'opinion de
Lipsius qui, pour cette seule raison, rejetait l'authen-
ticité des actes, et plaçait arbitrairement le supplice
de Habib quelques années plus tôt sous Galère.
Les actes des martyrs d'Edesse ont leur intérêt his-
torique et littéraire. Ils nous montrent tout l'attirail de
l'administration romaine si savamment organisée,
transporté en Mésopotamie avec les termes techniques
de la langue juridique et officielle. De là le grand nom-
bre des mots grecs et latins que contiennent ces actes,
et dont quelques-uns demeurèrent dans la langue cou-
rante. Ce serait une erreur de croire , en se fondant sur
ces mots, que ces documents ont été écrits primitive-
ment en grec ; ils sont syriaques et ont été rédigés à
Edesse. On en trouve trace dans la littérature posté-
rieure. Saint Ephrem mentionne, dans une homélie ^ ,
Gouria, Schamouna et Habib. Jacques de Saroug a
composé des homélies sur Scharbil , Gouria et Scha-
mouna, et Habib-.
1. s. Ephrœmi carmina nisibena, éd. Bickell, Leipzig, iSGG, p. 53.
2. L'iiomclie sur Scharbil a été publiée par Moesingep. dans le deuxième
vol. des Monumenta syriaca, p. o2-G3 ; les homélies sur Gouria et Sclia-
mouna, et sur Habib ont été éditées par Cuketon, Ane. syr. documents,
DE LA MESOPOTAiMiE. 129
La ville de Samosate fut aussi Tobjet de pcrséciilions
religieuses. On rapporte à la troisième année de ^laxi-
min (308) le supplice de plusieurs chrétiens de cette
ville, à roccasion de sacrifices offerts dans le temple
de la Fortune. Hipparchus et Philotheus sabstiennent
d'assister à ces sacrifices; ils convertissent en outre
leurs amis, de nobles patriciens : Jacob, Paragrus,
Habib, Romanus, Lulianius. Ils sont tous arrêtés, tor-
turés et finalement crucifiés. Les actes de ces martyrs
ont été rédigés probablement par des témoins oculai-
res; ils renferment une intéressante description de la
ville de Samosate. Ev. Assémani, qui les a publiés
[Acta Maj't. II, 123-147), rapportait cette persécution à
Maximien, mais M. Schulthess croit avec plus de raison
qu'il s'agit de Maximin Galère qui sévit cruellement
contre les chrétiens ^
§ 2. — Les actes des martyrs de la Perse.
L'ère des persécutions était à peine close en Occi-
dent , qu'elle s'ouvrait en Orient contre les chrétiens de
l'empire perse. Les premières persécutions datent de
Sapor II, qui régna soixante-dix ans, de l'an 309 à l'an
379; elles n'eurent pas un caractère général et une
durée déterminée comme en Occident; fomentées par
les Mages, elles furent ordonnées par les rois perses
qui connaissaient les sympathies de leurs sujets chré-
tiens pour leur ennemi séculaire, les Romains. Même
après Yédit contre V Église ^ promulgué par Sapor la
neuvième année de son règne, les persécutions demeu-
rèrent localisées dans les provinces de l'empire.
rt réimprimées par le r. Bf.djas dans le premier vol. des Acla marty-
lum et sanrAorum.
1. Zeitschr. dtr deut. morgenl. GeselL, t. LI, p. 379, note 2.
130 LCS ACTES DES MARTYRS
Les actes syriaques des martyrs de la Perse renfer-
ment de précieuses données sur l'histoire et la géogra-
phie de la Perse à l'époque des Sassanides*. Les pre-
miers de ces actes relatent le martyre de deux frères,
Adourparwa et Mihrnarsé, et de leur sœur Mahdoukt,
qui eut lieu dans la montagne de Berain, aux environs
de Beit-Slok (aujourd'hui Kerkouk), la capitale du Beit-
Garmai, l'an 9 de Sapor II, en 318 de notre ère. Ces
actes ont été rédigés par Rabban Gabriel, un moine
du couvent de Beit-Abé, qui vivait dans la seconde
moitié du VIP siècle^; ils rapportent de nombreuses
légendes qui recouvrent la tradition primitive^.
La dix-huitième année de Sapor, en 327, eut lieu le
martyre de Zebina, Lazare, Marout, Narsai, Élia,
Mahri, Habib, Saba, Schembaiteh, Yonan et Berikjésu.
Suivant les auteurs grecs et latins, ces confesseurs
auraient subi le supplice , non pas la dix-huitième an-
née de Sapor, mais la trente-unième année de ce roi,
après la promulgation de Ledit contre l'Eglise. On doit,
semble-t-il, s'en tenir à la date indiquée par les actes
syriaques; l'autre date a été inspirée par une confusion
qui s'est établie plus tard , lorsqu'on a cru que toutes
les persécutions en Perse étaient postérieures à cet édit.
Ces actes ont pour auteur Isaïe d'Arzoun, iils de Hada-
bou, un des chevaliers du roi du pays, témoin oculaire
des faits ^. La scène est l'Arzanène, la frontière septen-
1. Voir sur ce sujet G. Hoffmann, Ausziige ans syrischen AIcten per-
sicher Mdrtyrer, Leipzig, 1880.
2. Voir Thomas de Marga, éd. Bidge, Londres, 1893, t. II, p. 213.
3. M. Hoffmann a donne une analyse de ces actes dans son livre cité
ci-dessus; M. Bedjan a publié le texte syriaque au commencement du
IP voL des Acta mart. et sanctorum; selon l'éditeur, d'après un ms.
de Berlin et des ms. du Vatican. Ces ms. du Vatican ne sont rien autre
que le ms. XVIII du Musée Borgia, dont M. Kiiayyatu a donné des ex-
traits, S(/rî Orientales, Rome, 1870, p. 4G4 et 1G5.
4. Les actes syriaques ont été publiés par Évode Assémani dans le
DE LA PERSE. 131
trionale des deux empires rivaux ; celte province n'est
pas nommée, mais son indication résulte du contexte.
Nous n'avons aucune raison pour douter que les actes
aient été écrits peu de temps après les événements
qu'ils relatent. Ils rappellent de très près, par leur
l'orme littéraire, les actes des martyrs d'Edesse rédi-
gés par Théophile; il est vraisemblable qu'ils datent,
comme ceux-ci, du milieu du IV® siècle.
Les actes de Sapor, évêque de Nicator, d'Isaac, évê-
que de Beit-Slok, de Mané, d'Abraham et de Simon
nous ramènent dans le Beit-Garmai^ Le supplice de
ces confesseurs est fixé à la trentième année de Sapor
correspondant à l'année 339 de notre ère. La rédaction
syriaque que nous possédons , semble être sortie d'E-
desse ; on y lit en effet que les martyrs reposent main-
tenant à Edesse dans le nouveau martyrium à l'intérieur
de la ville. Mais elle est certainement basée sur des
documents anciens ; les chrétiens y sont désignés sous
le nom de Nazaréens y comme on les nommait autrefois
en Perse. Cependant, en comparant L'histoire de la
ville de Beit-Slok^, on trouve de graves contradictions.
Dans cette histoire, l'évêque Isaac qui subit le martyre
est le prédécesseur de Yohannan, qui assista au concile
des 318 évéques, c'est-à-dire au concile de Nicée en
325; d'un autre côté, ^lané, Abraham et Simon furent
confesseurs, non pas sous Sapor II, mais sous Yezdegerd
II , la huitième année de ce roi qui correspond à 407 de
notre ère. L'histoire donne, pour l'époque des martyrs,
premier vol. des Acla sanclorum marlyrum, Rome, 17i8, et par le P.
Di:djan, d'après Assemani et un ms. de Mossoiil, dans le second vol.
des Acla mart. et sanclorum, Paris, 18'J2.
1. Ces actes ont été publiés par Assémam et i)ar Bedjan, dans les re-
cueils cités ci-dessus.
2. MotsiNCEn, Monum. syriaca. H, p. 6G; Hoffmann, Auszùye, p. 48;
Bedjan, Acta mart. et sancl., II, p. tilo.
432 LES ACTES DES MARTYRS
des détails précis, puisés à des sources anciennes.
L'auteur des actes syriaques, s'il a écrit à Edesse après
le transfert dans cette ville des reliques des saints,
aura confondu les dates des événements. L'anachro-
nisme qui fait de l'évêque Isaac un contemporain de
Mané, Abraham et Simon, s'explique parce qu'il y eut
un prêtre Isaac qui fut supplicié avec ces martyrs, et
parce que l'exécution eut lieu dans le même endroit,
dans la ville de Kénar du district de Nicator.
Lhistoire de Beit'Slok nous fait connaître d'autres
martyrs de cette ville. C'est d'abord l'évêque ?^Iana, le
prédécesseur disaac. qui fut persécuté à l'instigation
des Manichéens et mis à mort avec les chrétiens de la
ville. L'église fut détruite et la persécution atteignit
même les religieuses qui reçurent le supplice hors de
la ville , à un endroit appelé Hora. Cette histoire ne
donne pas les noms des saintes femmes, mais ces noms
ont été conservés par un autre document syriaque ^ ;
elles s'appelaient : Tékla, Danak, Taton, Marna, Me-
zakia et Anna. Les autres persécutions mentionnées
par cette histoire eurent lieu au siècle suivant ; nous les
laisserons momentanément de côté , pour continuer la
série des documents de lY^ siècle.
La grande persécution de Sapor qui dura, avec de
courtes interruptions , trente-neuf ans , de 340 à 379, ne
commença effectivement qu'une année après la promul-
gation de l'édit de 340 contre les chrétiens-. Le récit
de cette persécution a été écrit par Marouta, évèque de
Maipherkat, qui vivait à la fin du IV^ s. et au commen-
cement du V®. Cet évêque avait une grande culture
littéraire et était un médecin distingué. Il fut envoyé,
1. ÉvoDE AssÈMAM, Acta s. martyrum, I, p. 100; Bkdjan, Acta mart.
et sanct., n, p. 288.
2. NoELDEKE, Geschichte der Perser... aus Tabari, Leide, 1870, p. ill.
DE LA PERSE. 133
à deux reprises différentes, comme ambassadeur au-
près de Yezdegerd I", par Arcadius et Théodose II;
grâce à l'intercession de cet évêque , la paix fut rendue
à l'Église par le roi de Perse ^ Il est douteux que Ma-
routa ait écrit aussi l'histoire des martyrs de la persé-
cution de Bahram V et de Yezdegerd II ; ce dernier
avait été vraisemblablement précédé dans la tombe par
l'évêque de Maipherkat.
Suivant une notice d'Amr 2, Ahai , qui fut patriarche
en 418 , serait également l'auteur d'une histoire de la
persécution de Sapor , mais nous ignorons si quelque
partie de cette histoire s'est conservée , ou si toutes les
vies des martyrs sont de la plume de Marouta. En tous
cas. c'est le recueil de l'évêque de Maipherkat que ren-
ferment les ms. dont Evode Assémani s'est servi pour
le premier volume de sa publication, et le P. Bedjan
pour le second volume de ses Acta martyrum.
En tête de son recueil , Marouta a écrit deux homélies
sur les martyrs de la Perse , qui comptent parmi les
meilleurs morceaux de la littérature apologétique ^.
C'est le patriarche Siméon bar Sabbàé qui inaugura
la série des martyrs, la trente-deuxième année de Sa-
por, en l'an 341^. Les poursuites furent motivées par
le refus du patriarche de percevoir le double impôt de
1. B.vanEDn.ELs, Chron. eccL, II, p. '»o.
2. Éd. GisMONDi, p. 2G; comp. Assémani, B. 0., III, pars II, p. 3G0.
3. Ces deux homélies se trouvent dans Bedjan, Acta mari., Il, p. 57 et
suiv.; rédilion d'Assi.MAM ne renferme que la jilus courte.
4. A cette époque Siméon était patriarche depuis treize ans suivant
BARHF.np.Eis, Chron. eccl., II, p. 3o; depuis dix-iiuit ans suivant Mari
et Amr, éd. Gismondi, pars prior, p. 18; pars altéra, p. 19. Amr fixe à
tort la raort de Siméon à l'année G5j des Scleucides, ou 344 de notre
ère. Siméon écrivit, suivant le catalogue d'Ébedjésu, des lettres qui ne
nous sont pas parvenues. Une de ses hymnes a été publié par Overdeck,
i>. Ephnemi... opéra selecta, Oxford, 18«i;;, p. 424. Il existe à Berlin, Coll.
Sachau, n° 108, un ms. contenant Le livre des Pères, attribué à Siméon
bar Sabbàr.
8
4 34 LES ACTES DES MARTYRS
capitation que le roi avait édicté contre les chrétiens,
à rinstigation des Juifs qui jouissaient de la faveur de
la reine mère. Marouta se fait l'écho d'une accusation
contre les Juifs, que l'on trouve répétée dans différents
actes des martyrs de la Perse, mais qui peut n'être pas
fondée. Quant à la reine mère, qui s'appelait Ephra
Hormiz, elle était en effet favorable aux Juifs et
avait une grande influence sur le roi , son fils , comme
nous le savons par le Talmud '.
Les églises sont détruites de fond en comble et Si-
méon est dirigé avec quelques prêtres vers Karka de
Lédan en Susiane où le roi résidait à ce moment là. On
conduit également devant Sapor plusieurs évêques :
Gadyab et Sabina, évêques de Beit-Lapat, Yohannan,
d'Hormizd-Ardaschir, Bolida , évêque de Forath,
Yohannan, évêque de Karka de Maisan, ainsi que qua-
tre-vingt-dix-sept prêtres et diacres. Ces nombreuses
victimes eurent la tête tranchée-; leur supplice avait été
précédé, la veille le 13 de nisan, le jeudi de la semaine
sainte) , de celui de Gouschtazad , le chef des eunuques
du roi , qui s'était converti et avait confessé publique-
ment le Christ. Les chrétiens de Karka de Lédan ne
furent pas inquiétés , parce que la ville , nouvellement
construite, ne payait pas d'impôt. Marouta déclare
qu'il a rédigé ces actes d'après les récits beaucoup plus
détaillés d'écrivains antérieurs.
Ces actes sont suivis du récit de l'exécution, qui eut
lieu le lendemain, de Possi, le chef des artisans qui
avait excité les confesseurs à la fermeté; puis, du mar-
tyre de la fille de Possi , qui avait embrassé la vie re-
1. Voir NœLDEKE, Geschichte der Poser... aus Tabarî , Leide, 1879,
p. 52 et 68, notes.
2. Suivant le Brcviarium Chaldaicum , éd. Bedjan, Paris, 1886, t. ni,
p. 133, les reliques de Siméon bar Sabbâé furent déposées à Suse.
DE LA PERSE. 135
ligieuse; son martyre prit place le surlendemain^ jour
de Pâques.
La persécution ne s'arrêta pas là, mais continua les
jours suivants avec violence. Mous avons sur ce sujet
le témoignage de deux documents qui diffèrent sur
quelques points, mais qui concordent pour l'ensem-
ble*. Suivant ces documents, le massacre des chré-
tiens transportés en Susiane dura sans interruption pen-
dant dix jours, depuis le jeudi saint jusqu'au dimanche
de la seconde semaine de Pâques ^dimanche de Quasi-
modo^. Les noms des victimes ne se sont pas conser-
vés parce que la plupart de celles-ci étaient amenées
de provinces éloignées et étaient inconnues en Susiane ;
on cite : Amria et Mekima, évéques de Beit-Lapat, et
le prêtre Hormizd, de Schouster. La fête commémora-
tive de ces confesseurs avait lieu durant trois jours, le
vendredi et le samedi de la permière semaine de Pâ-
ques , et le dimanche de la seconde semaine de Pâ-
ques.
Parmi les victimes de ces hécatombes on retrouva le
corps d'Azad, l'eunuque chéri du roi, qui, entraîné par
son zèle de prosélyte, avait été se placer sous le
glaive des bourreaux. Le roi éprouva un profond
chagrin de la mort de ce serviteur et il ordonna qu'à
l'avenir on agit avec moins de précipitation. On devait
au préalable inscrire les noms des chrétiens , de leurs
parents, et de leur lieu d'habitation; puis procéder à
un interrogatoire. Cet ordre parut le dimanche de la
seconde semaine de Pâques : « Alors, ajoute le pre-
1. Publiés dans les Acta mart. du P. Bf.djan, t. II. p. 2il et 2i8; l'édi-
lion romaine ne conlieiit que le second document. Le premier docu-
ment date la persécution de l'an 31 de Sapor, qui est en icalité l'année
de la promulgation de l'édit contre l'Église; le second document indi-
«lue plus exactement l'an 3-2. Le second document porte, par erreur,
la semaine de la Pentecôte au lieu de la semaine de Pâques.
i3G LES ACTES DES MARTYllS
mier document, le carnage cessa et il y eut un court
répit. »
Au mois de mai suivant, on rapporte le martyre
des deux sœurs de Siméon bar Sabbâé, dont l'une s'ap-
pelait Tarbo, et de leur servante; toutes trois s'étaient
consacrées à la vie religieuse.
Les actes de Tarbo et ses compagnes sont suivis de
ceux de Miles, évêque de Suse, couronné le 13 no-
vembre de la même année. Les actes de Miles offrent
un intérêt particulier parce qu'ils renferment un récit
ancien des dissensions qui survinrent entre le patriar-
che Papas et son clergé et auxquelles l'évêque de Suse
prit part. Ce récit diffère sur plusieurs points de celui
de Barhebrœus ^ .
La seconde année de la persécution de Sapor est
inaugurée par le martyre de Schahdost, le successeur
de Siméon bar Sabbâé sur le siège patriarcal de Séleu-
cie. Le patriarche est arrêté avec cent vingt-huit mem-
bres du clergé, prêtres, diacres, moines et religieuses.
11 eut la tête tranchée , ainsi que la plupart des autres
prisonniers, le 20 février 342 ^.
Barbaschemin, le successeur de Schahdost, n'eut pas
un sort différent. Il est martyrisé avec des prêtres, des
diacres et des moines, au nombre de dix-sept, le 9 jan-
vier 346. Le siège patriarcal de Séleucie et Ctésiphon,
1. Chron. ceci., II, p. 29-31; comp.Mari,é(l . Gismo>-di, i^arsi^rior, p. 8;
Amr, ibid., pars altéra, p. 15, omet le récit de Mari. On possède sur ce su-
jet la correspondance de Papas (peut-être apocryphe) dans un ms. du
Musée Borgia,K. VI, vol. 4; comparer Cersoy, Les manuscrits orient, au
Musée Borgia, dans la Zeitschr. fur Assijriologie, t. IX, p. 370. M. Bp.aun
a donné une traduction allemande de cette correspondance dans la
Zeitschr. fur Kalhol. Théologie, 1894. Suivant le catalogue d'Éhedjésu,
Miles composa des lettres et des sermons dont il ne nous est rien par-
venu.
2. Ses actes ont été publiés par Év. Assémani et P. Bedjan dans les
collections indiquées plus haut. Amr et Barhebrœus rapportent ce mar-
tyre avec quelques variantes.
m LA PERSE. 137
ajoutent les actes de ce martyr', demeura alors va-
cant pendant vingt ans environ par crainte du tyran.
Ce témoignage a de l'importance en raison de l'incer-
titude qui règne sur ces temps et du désaccord des his-
toriens. Amr, Elias de Xisibe et Barhebrœus ont des
récits dilïérents concernant la vacance du siège pa-
triarcal.
La recueil de Marouta renferme encore des actes des
martyrs de la Siisiane et du Fars pendant les années
342 et 344. Dans le Beit-Garmai eut lieu le martyre de
Narsès, évêque de Scliargerd , l'ancien siège métropo-
litain de la province. Cet évêque fut couronné avec son
disciple Joseph, le 10 novembre 344, pendant que le
roi Sapor se trouvait dans la ville de Schargerd.
A cette époque, Arbèle et l'Adiabène devinrent la
principale scène des persécutions contre les chrétiens.
Les persécutions y durèrent, d'une manière presque
continue, de 344 à 376; elles sont relatées dans les
actes de Jean-, évêque d' Arbèle, martyrisé avec le prêtre
Jacques le premier novembre 344; d'Abraham, le suc-
cesseur de Jean , qui eut la tête tranchée le cinq février
345; de Hananya, un laïc, qui fut martyrisé à Arbèle
le 12 décembre 346 ^ ; du prêtre Jacques et de la reli-
gieuse Maryam, sa sœur, qui étaient du village de Telia
Schelila, le 17 mars 347; de la religieuse Técla et de
quatre autres religieuses, ses compagnes, le 6 juin 347 ;
de Barhadbeschaba , diacre d'Arbèle , le 20 juillet 355 ;
d'Aitallaha et de Hafsai '* , le 16 décembre 355.
Mais l'événement qui eut le plus de retentissement
1. Publiés également par Assémaxi et Bedjan.
2. Publics |)ar le P. Bedjan dans le IV« vol. des Acta mart., p, 128.
3. Bedjan, ibid., p. 131. A Sélcucie furent exécutés, le 6 avril 3i5, cent
onze prêtres, diacres et moines, et neuf religieuses. Une dame d'Arbèle,
nommée Yazdàndoclit se signala dans celte circonstance par sa charité
envers les prisonniers.
4. Bedjan, Acta mart., t. IV, p. 193.
8.
138 LES ACTES DES iM.VRTYRS
dans cette persécution, c'est la conversion et le mar-
tyre de Kardag, le gouverneur militaire de l'Adiabène ,
en 358, la quarante-neuvième année de Sapor. Les
nombreux miracles, les visions, les allusions à des
faits historiques postérieurs, que renferment les actes
de Kardag, montrent que ces actes ont été écrits long-
temps après le martyre du saint; ils sont probablement
du VP siècle '. Il est possible, comme on l'a supposé^,
que la conversion de Kardag n'ait pas été complète-
ment désintéressée. Ce gouverneur, d'illustre origine,
s'était révolté contre Sapor II après avoir construit un
château fort sur la colline de Malki près d'Arbèle ; il
comptait sans doute , en se ralliant au parti des chré-
tiens, sur l'appui des troupes romaines: mais, si tel
était son espoir, son attente fut déçue. Le château fort
fut pris et Kardag fut lapidé. Ces actes , malgré l'in-
terpolation d'anecdotes hétérogènes, renferment de pré-
cieux renseignements sur la géographie de la contrée
et l'état politique et social de la Perse sous les Sassani-
des. Le saint fut longtemps vénéré dans son pays ; une
église s'éleva sous son vocable au lieu où il avait subi
le supplice ; on y célébrait chaque année sa fête pendant
trois jours, et le pèlerinage qu'on institua dans ce lieu
durait six jours.
Nous devons mentionner ici les actes des martyrs
Gèles, qui présentent un certain intérêt historique^.
Les Gèles habitaient la côte sud-ouest de la mer Cas-
pienne, dans la plaine (le Gîlân) , et étaient voisins des
1. Ils ont été publiés la même année, 1890, d'après des ms. difîérenls,
par M. Abbeloos, à Bruxelles, avec une traduction laline, et par M.Feige,
à Kiel, avec une traduction allemande; ils ont été réimprimés par
le P. Bedjan-, dans le second vol. de ses Acta mart., p. 4i2.
2. M. NœLDEKE, Zeitschr. der deut. morg. Gesell., t. XLIV, p. 530.
3. Ces actes ont été publiés par le P. Bedjan, dans le IV« vol. des Acta
mart., p. 166; malheureusement ils sont incomplets à la fin.
DE LA PERSE. 439
Deilamites qui occupaient la partie monlagneiise. Les
actes de ces martyrs nous apprennent que les Gèles
servaient comme mercenaires dans les armées perses
et quils étaient chrétiens au IV® siècle. Ils avaient
donc été évangélisés de bonne heure ' . Le martyre de
ces soldats eut lieu en 351, sur les bords de lEupUrate
pendant une expédition que Sapor dirigeait sur le ter-
ritoire romain. Les noms de ces confesseurs étaient :
Berikjésu, Ébedjésu, Sapor, Sanatrouk, Hormizd, Ila-
darschapour, Halpid, Aitallaha, Mekim, etc.; deux
femmes, Ilalmadour et Phœbé , furent aussi exécutées
avec leurs enfants.
La cinquante-troisième année de Sapor II, en 362, la
persécution sévit dans le Beit-Zabdé sur la rive droite
du Tigre supérieur. Cette province formait la frontière
de l'empire romain et de lempire perse. La place forte
de l'endroit s'appelait Castra de Beit-Zabdé ou en-
core Phének. A différentes reprises, Sapor avait tenté
de s'emparer du Beit-Zabdé et de Nisibe , dont la
possession lui ouvrait les portes de l'Arménie et de la
Mésopotamie. Il réussit à prendre la place forte de Phé-
nek pendant l'été ou l'automne de l'an 360 -. Suivant
l'habitude des Perses , la prise de la ville fut suivie
d'une transportation en masse des habitants dans les
provinces perses et de l'exécution des principaux
membres du clergé. Nous possédons sur ce sujet plu-
sieurs documents dont le plus important est intitulé
a Confession des captifs ^. » Dans ce document la date
de la déportation et de la persécution des habitants de
Beit-Zabdé est indiquée à la cinquanle-lroisième an-
1. Suivant B.vnnEDR.Eus, Chron. eccl., II, p. Vi, leur ùvangùlisalion re-
montait à l'rpoque do la mission d'Addai.
-2. Ammif.n Map.cfxlix, XX, 7.
3. Publié par Assémanf, Acla sanct. mart., 1, p. 13i. cl Dkdj.vn. Acla
mart., II, p. 3IG.
140 LCS ACTES DES MARTYRS
née de Sapor ou oG2 de notre- ère. Comme cette date se
trouve la môme dans plusieurs actes des martyrs, nous
devons la tenir pour exacte et admettre que la dépor-
tation eut lieu deux ans après la prise de Phének, sans
doute après une révolte des habitants qui comptaient
sur le secours des troupes romaines. Les hommes et
les femmes emmenés en captivité étaient au nombre de
neut mille; dans ce nombre se trouvaient l'évêque Hé-
liodore avec ses deux vicaires, des prêtres, des diacres,
des religieux et des religieuses. L'évêque mourut en
roule. Trois cents captifs furent désignés pour demeurer
dans la province de Dara à la condition de se convertir
à la religion des Mages ; vingt-cinq seulement aposta-
sièrent, les autres furent massacrés, etc.
A la persécution du Beit-Zabdé se rapportent les
actes de Saba Pirgouschnasp * qui renferment d'utiles
notices historiques et géographiques sur cette province
et sur la province voisine, le Beit-Arbâyé; mais ces
actes commettent une erreur en transportant la prise
de Phének après la cession de Nisibe aux Perses, qui
eut lieu en 363. L'anachronisme est d'autant plus ma-
nifeste que ces actes indiquent exactement la cinquante-
troisième année de Sapor.
La tradition relative au massacre des chrétiens du
Beit-Zabdé est encore vivante chez les habitants
actuels du pays, qui montrent le lieu où Sapor mit à
mort six mille chrétiens à cause de leur religion et à
cause de la conversion de son fils-.
C'est encore pendant la même persécution qu'eut
, M. G. Hoffmann en a donné une analyse, Ausziige ous sijr. Aklen
s. Mdrtyrer, p. 2-2; le texte syriaque a été édité par le P. Bedjan,
1. M. G. Hoffmann
pers. Martyre-/', p.
Acta mart., IV, p. 222.
2. Voir l'intéressante relation du voyageur Taylor (Journal de la So-
ciété de géographie de Londres, 18G5, vol. 35, p. 51) rapportée par
M. Hoffmann, Auszûge, p. 27-28.
DE L.V PEUSE. 141
lieu le martyre de Bassus, dont le nom se répandit
chez les Syriens occidentaux grâce au célèbre couvent
d'Apamée qui portait le nom de ce saint'. Les actes
originaux de Bassus ne se sont pas retrouvés, mais on
possède une homélie métrique- faite d'après ces actes
et qui permet de reconstituer l'histoire du martyr. 11 a
dû exister un recueil complet des actes des martyrs
du Beit-Zabdé; quelques-uns de ces actes seulement
nous sont parvenus. Par erreur, l'homélie indique la
soixante-seizième année de Sapor au lieu de la cin-
quante-troisième année ^. Il existait deux autres mo-
nastères sous le vocable de Mar Bassus : l'un sur le lieu
même où le saint fut martyrisé, l'autre non loin de là,
à Hidil dans le Tour Abdin.
Nous avons encore pour cette persécution les actes de
Behnam et de sa sœur Sara qui sont rattachés à l'his-
toire des couvents de Mar Mattai et de Mar Behuam ^.
Ces actes donnent la date exacte de 663 des Séleucides
ou 352 de notre ère^, mais, par un singulier anachro-
nisme^ ils placent la persécution après lexpédition de
Julien en Mésopotamie.
La paix conclue entre Jovien et Sapor en 363, aux
termes de laquelle Xisibe était cédée aux Perses, fut
suivie dun arrêt momentané de la persécution contre
les chrétiens; mais le répit ne fut pas de longue durée.
L'année 376 est signalée par le martyre de quarante
membres du clergé de la province de Kaschkar, parmi
1. L'Abbé P. Martin a publié, dans la Zeitschr. der deut morgenl.
Gesell., t. XXX, p. 217, la correspondance échangée entre les moines
de ce couvent et Jacques de Saroug. On cite aussi une lettre de Sévère
d'Antioche à ces moines.
2. Publiée par M. Chabot, La légende de Mar Bassus, Paris, 1893; com-
parer notre rccension. Journal asiatique, nov.-dcc. 1893, p. u3T.
3. Sapor n*a régné que soixante-dix ans.
4. Ces Actes ont été analysés par .M. Hoffmann, Auszûge, etc., p. l";
le texte a été publié par le P. Beoja:<, Acla mari., Il, p. 397.
142 LES ACTES DES MARTYRS
lesquels se trouvaient deux évèques. Les actes de ces
martyrs font partie de la collection de Marouta. La
même année, martyre de Badma, directeur du couvent
qu'il avait fondé auprès de Bcit-Lapat. Les derniers
actes rédigés par Marouta sont ceux d'Akebschema,
évoque de Ilenaita. du prélre Joseph et du diacre
Aitallaha. A la fin de son histoire des martyrs de la
Perse, Marouta déclare qu'il a eu connaissance lui-
même des derniers événements de la persécution et
que, pour les événements antérieurs, il tient son récit
de vieillards respectables et dignes de foi qui en avaient
été les témoins.
Pour achever ce sombre tableau des persécutions de
Sapor II, nous citerons un document, étranger à l'his-
toire de Marouta, et qui est loin de présenter le même
caractère d'authenticité que cette histoire. Ce sont les
actes de Goubarlaha et de Kazo , le fils et la fille du roi
Sapor. Suivant une rédaction de ces actes ', le fils du
roi est instruit dans la religion chrétienne par Dadou.
Celui-ci . sur l'ordre de Sapor, a la tête tranchée , et
le jeune prince est fustigé; l'exécution a lieu dans la
province des Mèdes. Une autre rédaction est repré-
sentée par un fragment syriaque dont M. Hoffmann a
donné une analyse'^. Goubarlaha meurt après de longues
tortures; sa sœur Kazo, qu'il a convertie, est fustigée,
et, après avoir reçu le baptême, rend l'âme. La mort
de ces confesseurs avait été précédée par celle d'un
mage, du nom de Gargamousch, que Goubarlaha avait
amené à la foi chrétienne. Le lieu du supplice est, dans
cette rédaction, Karka de Lédan, et la date indiquée est
le vingt-deux septembre de la vingt-troisième année de
i. Publiée dans le 1V« vol. des Acta mart. du P. Bedjan, p. 141.
2. Auszûge aus syr. Aktcn pers. Mdrlyrer p. 33; le texte syriaque est
publié dans le IV« vol. des Acta mart. du P. Bedjax, p. 218.
DE L.\ VEWSE. 143
Sapor , correspondant à l'an 332 de notre ère. 11 est
difficile d'entrevoir la vérité dans cette légende. La tra-
dition locale encore vivante , selon le rapport de Taylor
cité plus haut, indique la conversion du lils du roi
Sapor comme la principale cause de la persécution qui
eut lieu en 352 dans la province de Beit-Zabdé.
Nous ne nous appesantirons pas sur le long mar-
tyrologe des chrétiens de la Perse. Les persécutions
continuèrent, avec plus ou moins dintensité, sous les
autres rois Sassanides. L'introduction du nestorianisme
en Perse dans la seconde moitié du Y^ s. eut au moins
l'avantage, en creusant un fossé entre les Syriens occi-
dentaux et les Syriens orientaux, d'amener un ralen-
tissement dans les poursuites. Ce que nous avons dit
des actes des martyrs du temps de Sapor II suffit pour
faire connaître ce genre littéraire. Etendre cette ana-
lyse aux actes des martyrs postérieurs n'aurait qu'une
médiocre utilité qui ne rachèterait pas l'ennui de l'uni-
formité ^ Nous signalerons seulement quelques-uns des
épisodes les plus marquants des persécutions suivantes.
L'histoire de la ville de Beit-Slok rapporte- que
Yezdegerd II se montra clément pendant les sept pre-
mières années de son règne; mais, la huitième année^,
il fit périr sa fille, qui était en même temps sa femme ^,
ainsi que les grands de son royaume^. A son retour
1. On trouvera ces actes dans les Acia sanctorum martyrum d'ÉvoDE
AssÉMAM et dans les Acta martyrum et sanctorum du P. Bedj.vn;
M. Hoffmann a analysé plusieurs d'entre eux dans ses AuszO.ge aus
syrischen Akten pers. Martyrer.
•1. Hoffmann, Auszûge, p. oO; le texte syriaque dans .Moksingeu, 3/o/i«-
menta syriaca, H, p. 68, et dans Bedjan, Acta mari., II, 518.
3. La huilicme année de Yezdegerd II tombe en liO.
4. Les unions entre prociies parenls chez les rois Sassanides avaient
pour objet d'empêcher le mélange du sang.
5. Cette mesure de rigueur avait élé provoquée par un complot contre
le roi.
U4 LES ACTES DES MARTYRS
d'une expédition dans la province de Tschol^ Yezde-
gerd envoya Tordre à Tahmyazgerd, le chef des Mages,
de se rendre à Beit-Slok et de contraindre les chré-
tiens, sous peine de supplices, à apostasier et à adorer
le feu. L'évêque de Beit-Slok, écrit au patriarche d'An-
tioche pour qu'il intercède auprès du roi ; il est jeté en
prison le 20 août, avec de nombreux chrétiens. Les
pourvoyeurs envoyés dans les provinces ramènent à
Beit-Slok une quantité de religieux et de laïcs, à la tête
desquels étaient le métropolitain d'Arbèle, l'évêque de
Beit-Nouhadré, l'évêque de Maalta et le métropolitain
de Schargerd. Les prisonniers étaient, dit-on, au nom-
bre de cent trente-trois mille sans compter ceux de la
ville qui s'élevaient à vingt-mille. Les premiers mar-
tyrs furent l'évêque et plusieurs notables de la ville,
qui furent brûlés vifs le vendredi vingt -quatre août. Le
lendemain trois mille autres personnes périrent. Le
dimanche , troisième jour du massacre , huit mille neuf
cent quarante prisonniers furent exécutés par le glaive,
le feu ou le supplice de la scie; au nombre des victimes
étaient les évêques de Laschom, de Mahozé, de Harbat-
Gelal et de Dara. L'héroïsme des confesseurs souleva
un tel enthousiasme dans les foules qu'une femme de-
manda à mourir avec ses deux enfants. A ce spectacle,
Tahmyazgerd est touché par la grâce divine ; il confesse
le Christ et il est mis en croix, sur l'ordre de Yezde-
gerd, le vingt-cinq septembre suivant. Les victimes,
selon cette histoire, furent au nombre de douze
mille. Ces massacres, quelque exagération que l'on
prête à l'auteur du document, rappellent les horreurs
qui signalèrent le commencement de la grande persé-
cution de Sapor IL
1. Au sud de la mer Caspienne, v. N^ldere, Gescliichte der Perser... ans
Tahari, p. 123, note 2.
DE LA PERSE. 145
Un monastère, qui porta le nom do Tahmyazgerd,
fut construit sur l'emplacement du supplice. La fête
commémorative des martyrs avait lieu pendant trois
jours, les vendredi, samedi et dimanche de la sixième
semaine après le jeûne des Apôtres. Ce jeûne commen-
çait le lundi de la Pentecôte et durait sept semaines.
A la fm de cette histoire de la ville de Beit-Slok,
l'auteur se donne comme étant un des moines de ce
monastère. C'est donc sur le lieu même des événements
qu'il écrivit son livre, au plus tôt au VP siècle, d'après
AVright.
A la persécution de Yezdegerd II se rattache le mar-
tyre de saint Péthion qui eut lieu la neuvième année
du règne de ce roi. Il existe plusieurs rédactions de ce
martyre. L'une d'elles a été publiée par le P. Corluy
dans le tome Yll des Analecta Bollaiidiana, 1888,
d'après un ms. du Musée britannique, que M. Hoff-
mann avait déjà fait connaître ^ Une autre rédaction,
beaucoup plus développée se trouve dans le deuxième
volume des Acta martyrmn du P. Bedjan, p. 559-
634. Un manuscrit du Vatican [Amid. vu) renferme un
poème sur saint Péthion composé par l'archidiacre
Mara.
Les actes de Jacques l'Intercis fixent le martyre de
ce saint à l'an 732 des Séleucides :421 de J.-C), pen-
dant la première ou la deuxième année de Bahram V-.
Ils ont été publiés par Evode zVssémani, Acta sanct.
martijr., I, 242, et par le P. Bedjan. Acta Diart., II,
p. 539.
1. AuszO.ge, p. 61-68. On doit encore au P. Corlcy la connaissance des
actes d'Abdalmessih qui était juif d'orii^inc et qui fut tué par son
père, le 2" juillet 390 pour s'être fait ciirélien, Analecta BoUandiana ,
Bruxelles, 1886; le texte syriaque a été réimprimé i)ar le P. Bedjan
dans les Acla mart., I, p. 173.
2. La première année est indiquée à la fin des actes, et la seconde au
LITTÉRATLRi: SYRIAQUE. 9
146 LES ACTES DES MARTYRS
Le patriarche Babôé fut mis à mort par Péroz en 481
sur la dénonciation de Barsauma qui avait surpris une
lettre de ce patriarche sollicitant Tintervention des Ro-
mains. Les actes de ce martyr contiennent un récit
conforme à celui d'Amr et de Barhebrœus '.
A la dixième année de Chosroès I, ou Chosroès
Anoschir^Yan , est rapporté le supplice de Grégoire
qui, de son vrai nom, s'appelait Pirangouschnasp, était
originaire de Rai et appartenait à la famille perse de
Mihran^.
Le martyre de Yezdepanah suivit de près celui de
Grégoire. Yezdepanah, de la province de Karka de Lé-
dan, était gouverneur et juge dans son pays 3.
La vingt-cinquième année de Chosroès II, ou Chos-
roès Parwez (615 de J.-C), fut martyrisé le prêtre
George , qui appartenait à une famille noble de la Perse
et dont le vrai nom était Mihramgouschnasp ; il reçut
le baptême de Siméon, évêque de Hira. Sa sœur Haza-
rowai se convertit également au christianisme , prit le
nom de Marie et se fit religieuse. Les actes de ce saint
ont été écrits par Mar Babai , abbé du couvent du mont
Izla ■*. Ils renferment des notices importantes pour
Ihistoire de l'Église nestorienne à la fm du VP siècle.
La trentième année du même roi , eut lieu le supplice
de Jésusabran, un ascète nestorien, persan d'origine,
commencement, comp. Noeldekf, , Geschichle der Perser... ans Tabari,
p. 420; Mari et Amr, O.ô. Gismondi, i9a?'s I, 31; pars U, 2S.
1. Amr, éd. Gismondi, p. 30-31 ; BxRiiEn., Chron. ecc, U, p. 61-G.j. Le texte
de ces actes se trouve dans Bedjan, Acta mart., H, 631.
2. Les actes de ce martyr ont été analysés par Hoffmann, Auszûge...,
p. 78, et ont été publiés par Bedjan, Histoire de Mar-Jabalaha, de
trois autres jjatriarches..., Paris, 1895, p. 347-394.
3. Les actes de ce martyr ont été analysés par Hoffmann, l. c, p. 87,
et ont été publiés par Bedjan, L c, p. 394-415.
4. ils ont été analysés par Hoffmann, Ausziige..., p. 91 et ont été pu-
bliés par Bedjan, Histoire de Mar-Jabalaha, de trois autres pa/rùt;--
ches..., p. 41G.
DE L\ PERSE. 147
qui passa une partie de sa vie en prison. Les actes de
ce martyr furent écrits quelques années après sa mort
par Jésuyab III, qui devint patriarche des Nestoriens
vers C50', Avec Jérusabran périrent douze autres cliré-
tiens notables, dont l'histoire, rapporte Jésuyab, fut
écrite par un autre auteur.
§ 3. — Les textes syriaques sur les martyre
en dehors de la Mésopotamie et de la Perse.
La légende des Sept donnants d'Ephèse qui, dans la
tradition de l'Église, est rapportée à la persécution de
Dèce-, est représentée dans la littérature syriaque par
deux textes principaux et par une homélie métrique de
Jacques de Saroug. L'un de ces textes est inséré dans
la compilation syriaque intitulée Histoire de Zacharic
de Mitylène^; l'autre se trouve dans la chronique de
Pseudo-Denys de Tellmahré, probablement d'après
l'histoire de Jean d'Asie, et dans des manuscrits de
Londres, de Paris et de Berlin^.
L'homélie de Jacques de Saroug contient des détails
qui ne se trouvent pas dans les versions et qui peuvent
avoir été ajoutés par l'auteur. Jacques, d'un autre côté,
1. ns ont été publiés par M, Chabot avec une analyse dans les Archi-
ves des iîiîssions scienl., VU, p. 4SG.
2. Sinas, Vilœ sanct., au 27 juillet; les Bollandistes, Acla sancl.. VI,
3"a-397; Kocu, Die Siebenschlcefcrlegende, Leipzig, 1883; V. Ryssel, Thcol.
Zeilschr. ans dcr Schwciz, 18'JG, p. 48.
3. Laxd, Anecdola syriaca, t. HI, p. 87.
4. La première partie du deuxième document a été publiée par
TLLLCF.r.G, Diomjsii Tdlmahharensis chronici liber pi-imus, l psal, 18ol.
p. 167; la seconde partie, par Ignaziu Giiot, Testi orientait inedili sopra
i selle dormienti di Efeso, dans les mémoires de làRealc Accademia
dei Ltncei, 188*, avec les autres textes orientaux (coptes, arabes, éthio-
piens et arméniens) relatifs à la légende. Le texte est réimprimé dans
les Acla marf. de Bf.djan, I, 301. Le ms. de la Bibliothèque nationale»
n» 23i>, fol. 32G, reufernic un troisième texte avec des variantes peu im-
portantes.
148 LES TEXTES SYRIAQUES
abrège parfois les textes anciens. M. Guidi a édité deux
recensions de cette homélie, de différente étendue,
d'après deux ms. du Vatican '.
Barliebrcieus, dans sa chronique ecclésiastique, a fait
de la légende un résumé qui présente quelques varian-
tes dans les noms propres^.
Le principal document pour l'histoire des persécu-
tions exercées contre les chrétiens du Yémen par le roi
juif de ce pays au VP siècle de notre ère , est la lettre
écrite par Siméon, évêque de Beit-Arscham, à Si-
méon , abbé du couvent de Gabboula. Dans cette lettre,
lévêque de Beit-Arscham rapporte que , le vingt jan-
vier 524, il avait quitté la ville de lïira en compagnie
du prêtre Abraham qui avait été député par l'empereur
Justin I vers le roi des Arabes, Mondhir, pour traiter
de la paix avec celui-ci. Les voyageurs rejoignent Mon-
dhir à Ramla. Aussitôt après leur arrivée, le roi des
Arabes reçoit une lettre du roi juif des Himyarites (Ho-
mérites) , qui contient le récit des persécutions que ce
roi a ordonnées contre les chrétiens du Yémen. Cette
missive a pour objet d'engager Mondhir à sévir contre
ses sujets chrétiens. Voici, d'après cette lettre, à quelle
occasion avait eu lieu le massacre des chrétiens de
Nedjran dans le Yémen : le roi chrétien que les Ethio-
piens avaient établi dans cette ville étant mort pendant
l'hiver, les Ethiopiens n'avaient pu traverser la mer et
s'occuper du successeur à donner au monarque défunt;
les Juifs avaient profité de cette occasion pour se sai-
sir du gouvernement; leroi juif qu'ils avaient nommé s'é-
tait emparé traîtreusement de la ville de Nedjran après
avoir fait massacrer les Éthiopiens , au nombre de deux
cent quatre-vingts hommes, religieux et laïcs, qui
•1. Dans la publication citée dans la noie précédente.
2. Chron. eccl., I, p. 141 et suiv.
SLR LtS MARTYRS. 149
étaient demeurés dans le Yémen. La ville prise, le roi
juif fait brûler l'église et mettre à mort les chrétiens
qui ne consentiront pas à nier que le Christ est Dieu.
Les hommes subissent le martyre les premiers ; un cer-
tain nombre séchappe et s'enfuit dans la montagne.
Les femmes demeurent également inébranlables dans
leur foi et reçoivent le supplice avec enthousiasme.
Une dame noble du nom de Dauma {{>a?\ Rômé , se
distingue entre toutes par son exaltation; elle court
avec ses filles au-devant du supplice et outrage le roi
qui, frappé de sa beauté, voulait la sauver.
« Tel était, ajoute Siméon. le contenu de la lettre
que reçut Mondhir, le roi de Hira, lorsque nous arri-
vâmes près de lui avec le prêtre Abraham, dont nous
avons parlé plus haut, et Sergis var. George , évêque
de Kesafa. »
Revenu à Hira, Siméon apprend de nouveaux épi-
sodes de cette persécution, que la lettre du roi juif
ne mentionnait pas. Un messager, envoyé aux infor-
mations par des députés de l'ancien roi himyarite qui
se trouvaient à Hira, rapporte en effet des nouvelles de
la ville de Xedjran. Aussitôt la ville prise, les princi-
paux personnages au nombre de trois cent quarante,
avaient été amenés devant le roi juif; à leur tète était
Harith Arétas , qui confessa le Christ avec courage
et engagea ses compagnons à suivre son exemple.
Un autre fait, omis dans la lettre du roi juif, c'était la
confession d'un enfant de trois ans qui voulait mou-
rir avec sa mère plutôt que de renier le Christ : c'était
aussi Foutrage que le roi juif reçut de la plus jeune
fille de Dauma, lorsqu'il sollicita la noble dame d'a-
postasier.
Siméon, en terminant sa lettre, appelle les prières
des évêques de sa confession ^monophysite^ sur les
rJO LES TEXTES SYRIAQUES
clirétiens liimyarites et exprime l'espoir que les évé-
ques de la confession de l'empereur agiront auprès de
celui-ci, pour qu'il mette fm aux intrigues des Juifs de
Tibériade contre les chrétiens.
La lettre de l'évêque de Beit-Arscham a été publiée,
pour la première fois, par Assémani ^ qui la prit de la
partie de la chronique de Pseudo-Denys de Tellmahré
tirée de rJiistoiro de Jean d'Asie. Cette lettre est éo-a-
lement insérée dans la compilation syriaque de l'his-
toire de Zacharie et elle a été imprimée d'après cette
source, dans le tome X de la Scjipt. s^eterum nova col-
lectio de Mai et dans le tome III, p. 235, des Anecdota
sijriaca de M. Land. Le texte de la chronique de De-
nys diffère peu de celui de l'histoire de Zacharie ; c'est
une recension abrégée du document original, proba-
blement faite par Jean d'Asie 2. M. Guidi, dont les re-
cherches dans le domaine syriaque sont si fructueuses,
a retrouvé, dans un ms. du musée Borgia et dans deux
ms. du Musée britannique, le texte primitif, plus com-
plet, qu'il a publié dans les mémoires de la Reale Ac-
cademia deiLincei, en 1881 , sous le titre de La lettera
di Sîmeone vescovo di Beith-Arscham sopra i martiri
Orner vW^.
La persécution de Dhou-Nowas et le martyre d'A-
rétas forment la première partie du Martyrium Arelœ
qui est conservé en grec^. M. Guidi remarque que le
texte original de la lettre de Siméon confirme les con-
1. Bihl. Orient., I, 364.
2. MicuAELis et ZiNGEr.LE Ont rcimprimù ce texte dans leurs chresto-
mathies, le premier d'après Assémani, le second d'après le card. Mai.
Knoes a également public cette lettre dans sa petite chrestomathie
d'après un ms. de Fans. (|ui en donne un mauvais résume. Traduction
portui^aise par Esteves Pereiua, Hisloria dos Martyi'es de Nagran, Lis-
bonne. 1899, p. 3.
3. Ueimprimé dans les Acla mari, du P. Bedj.w, I, p. 372.
'i. Puljliè par Boissonade, Anecdota grœca, t. V, p. 1; et par le P. Car-
pemier, Acta Sanct. des BoUandistes, Cet., X, p. 721.
SUR LES MARTYRS. loi
jeclures queic P. Carpentier avait faites sur làg-e et la
composition du Mai-lyriiim Aretœ' La première par-
tie de ce document a été écrite en syriaque par Ser-
gis tou George?) , évêque de Resafa, qui se trouvait
avec Siméon et Abraham auprès de Mondhir lorsque
la lettre de Dhou-Nowas fut remise à celui-ci. Le
syriaque a été ensuite traduit en grec, et on ajouta
à la version grecque le récit de l'expédition d'Ela-As-
beha.
On a beaucoup discuté sur la lettre de Siméon de
l^eit-Arscliam et sur son authenticité. Les premiers
travaux sur cette question, deBlau, de Pra^torius et de
Mordtmann, ont paru dans la Zeitschr. der deiit. mor-
genl. Gcsellsch., t. XXIII, 5G0; XXIV, 624; XXV, 260 ;
XXXI, ^Ç) ^ (comp. Xœldeke , Tabari, 185, note 1 ;
Guidi. La lettera di Simeone). M. Halévy, dans la Re-
i>uc des Etudes jiiwes, t. XVIII, 16-42 et 161-178,
a étudié à nouveau cette lettre et les documents qui s'y
rattachent ; il conclut en s'appuyant sur des arguments
assez probants, que la lettre de Siméon est apocryphe
et qu'elle a été composée à la fin du règne de Justinien.
En outre M. Halévy cherche à disculper les Juifs de
l'accusation d'être les auteurs de la persécution qu'il
impute à des Ariens. M. Duchesne [Revue des Etudes
juives y t. XX, p. 220) ne fait pas d'objection à la
thèse de M. Halévy en ce qui concerne le caractère
apocryphe de la lettre, mais il accepte comme véridi-
que la tradition relative au massacre des chrétiens de
Nedjran par les Juifs; comp. Halévy, ibid. ^ t. XXI,
p. 73 et suivJ.
Il existe deux autres documents syriaques sur les
persécutions des chrétiens himyarites. Le premier est
\. Voir au^si : Fei.l, Zeilschr.der deul. morg. Gesell., t. XXXV, p. 1 et
suiv.; EsTEVES Fereira, Historia dos Martyres de Nagran, Lisbonne, iS'JO.
152 LES TEXTES SYRIAQUES
une lettre de condoléance adressée à ces chrétiens
par Jacques de Saroug et qui a été publiée par
M. Schrœter*. Jacques étant mort en 521, l'éditeur
plaçait la composition de la lettre en 520, quelques
années avant le martyre d'Arétas. Mais M. Guidi fait
remarquer avec justesse que, en 520, un roi chrétien
régnait à Nedjran; la lettre de Jacques se rapporte à la
première persécution de Dhou-Nowas, qui prit fin en
519 après la fuite de celui-ci.
Le second document est une hymne de Jean Psallès,
abbé du couvent de Jean bar Aphtonia ou de Kennesré,
lequel vivait dans la première moitié du Vl*^ siècle et
était monophysite. Cette hymne fait partie d'une col-
lection d'hymnes grecques qui ont été traduites en
syriaque par Paul d'Edesse pendant son séjour en
Chypre et revisées par Jacques d'Edesse (?). Elle se
rapporte à la persécution dans laquelle Arétas périt ^.
Les autres textes syriaques relatifs à différents mar-
tyrs offrent un intérêt moindre; ce sont, pour la plu-
part, des traductions dactes grecs.
La version syriaque de l'histoire des martyrs de la
Palestine par Eusèbe a été publiée par Évode xVssé-
mani dans le deuxième volume des Acta sanct. mar-
tyrum. Une autre recension, dans un ms. du Musée
britannique, a été éditée par Gureton à Londres en
1861, et réimprimée par le P. Bedjan dans les Acta
martyriim^ I, p. 202. M. Bruno Violet a donné une
traduction allemande de cette recension avec une étude
des différents textes de l'œuvre d'Eusèbe sur les mar-
tyrs de la Palestine dans les Texte und Untersiichun-
1, Zcitschr. der deut. 7norg. GeselL, t. XXXI, p. 3G0 et suiv.
2. Publiée également par M. SciinoETEr,, loc. cit. (dans la note précé-
dente), p. 400. La suscripiion de celte hymne qui mentionne l'étliio-
picn Masrouq au lieu de Dhou-Nowas est une addition postérieure,
NoEi-DEKE, Taba)-i, 185, note i.
SLI\ LES MAUTVIîS. i:j3
gen de Gcbhardt et Harnack , t. XIV, 4Mivraison; la
seconde partie de ce travail a été imprimée à part
comme thèse de doctorat, Ueber die Palcestinischen
M'àrtyrer, Leipzig, 180G. Le panégyrique d'Eusèbe
sur les martyrs chrétiens qui se trouve dans le môme
manuscrit syriaque du Musée britannique, a paru par
les soins de Wright, dans le Journal ofsacred lilera-
turc, k'' série, vol. Y, p. 403; M. Cowper en a donné
une traduction dans le même périodique, t. YI, p. 129'.
Le P. Bedjan a publié la version syriaque des actes
des quarante martyrs de Sébaste dans le troisième vo-
lume des Acta martyrum, p. 355, et l'homélie de
Jacques de Saroug sur ces martyrs dans le sixième vo-
lume, p. 662. L'homélie de saint Éphrem sur le même
sujet a été éditée par M. Lamy, Sancti Ephrœmi syri
hymni et ser moues, III, 936.
Les Acta martyrum du P. Bedjan renferment encore
des versions syriaques de différents actes grecs de mar-
tyrs. On trouve dans le tome YI, p. 650, l'homélie de
Jacques de Saroug sur les martyrs Serge et Bacclms,
dont les actes sont imprimés dans le tome III, p. 283.
Parmi les documents qui appartiennent au domaine
de la fiction plutôt qu'à l'histoire, nous citerons les
actes de saint George, martyrisé par un roi perse du
nom de Dadyané-; de sainte Sophie Ja sagesse i et de
ses trois hlles, Pistis, Elpis et Agapé la foi, l'espérance
et la charité), martyrisées par Hadrien ^; de sainte Fc-
bronie, au temps de Dioclétien^; de saint Paphnuce et
de ses compagnons, à la même époque ^.
1. Sur ces (■•crits d'Eusèbe, voir P. Batiffol, La Litlêralurc grecque,
\). 20:i-206.
2. Bedjan, Acta mart., I, i'I.
3. Ibi'l.. VI, .3>.
4. Ibid., V, 5-3.
li. Ibid., V, 5J4.
9.
VIES DES SAINTS
§ 4. — Vies des saints et des ascètes.
Si Ton ajoute foi à la tradition do l'Eglise orientale,
la vie monastique et ascétique l'ut instituée dans la Mé-
sopotamie au commencement du IY° siècle par saint
Eugène, qui importa dans cette contrée les règles des
moines d'Egypte, comme saint Hilarion le fit, à la
même époque, en Palestine et en Syrie.
Selon les actes dEugène\ce saint était originaire
de Clysma et il s'était acquis une grande notoriété
en Egypte par ses vertus et ses miracles. Parti d'E-
gypte ave soixante-dix Pères, il se rendit en Mé-
sopotamie. Ces moines se fixèrent sur la montagne
Izla , au nord de Nisibe , qui devint plus tard célèbre
par les nombreux couvents qui y furent construits , no-
tamment par le Grand monastère d'Abraham; c'est
pour cette raison que cette montagne fut ensuite ap-
pelée Tour-Abdin « la montagne des serviteurs ». Ces
premiers anachorètes de la Mésopotamie vécurent dans
des grottes pendant trente ans, disent les actes de saint
Eugène ; leur réputation s'étendit au loin ; de nouveaux
frères accoururent de toutes les contrées, « et cette
troupe divine s'éleva à trois cent cinquante hommes. »
Eugène est mis en relation avec Jacques de Nisibe ; il
prit une part importante, dit-on. à l'élévation de celui-ci
au siège épiscopal de Nisibe -. La mort de saint Eu-
gène est fixée au 21 avril 363.
La rédaction de ces actes est postérieure au IV^ siècle
et l'imagination y a une part trop grande. Sapor II qui
1. Publiés par Le P. Bedjan, Acla mart., III, p. 376. Dans un ms. du
.Musée l)ritannique, Mikael, le disciple de saint Euiiène est indiqué
comme l'auleur de ces actes, Bedjan, ibid., p. 37(3, note I.
2. Les actes de cet évoque {Acta mari, de Bedjan, IV, p. 2G-2 et suiv.)
ne mentionnent pas ce lait.
ET DES ASCÈTES. lou
fut le cruel ennemi des chrétiens, a dans ces actes un
rôle tout différent : il accueille Eugène avec une faveur
insigne et autorise les soixante-douze disciples de cet
ascète à fonder des couvents dans tout le royaume de la
Perse. Parmi ces disciples, dont les noms sont rappor-
tés, figure Siméon le stylite qui vivait un siècle plus
tard'.
Cependant on ne peut nier que la vie monastique ait
été pratiquée en Mésopotamie dès le IV^ siècle. La
sixième homélie dAphraate. composée en lan 337.
est consacrée aux religieux qui suwent une récrie,
jJoLiû jiLs, et Aphraate appelle ces religieux ses frères .
ce qui donne à entendre que lui-même était moine.
Dans la septième homélie, § 25, on lit : « Je t'ai écrit
tout cela, mon ami, parce que, à notre époque, il se
trouve des hommes qui se sont consacrés à la vie reli-
gieuse et sont devenus des solitaires, des moines et des
saints, iJl:;^ |v>^n «dsô pU^ » Marouta, d'un autre côté ,
cite des moines et des religieuses parmi les martyrs de
la persécution de Sapor II.
Les moines orientaux, cénobites et solitaires, pro-
fessaient une vive admiration pour les Pères des déserts
de Scété et de la Thébaïde, dont ils lisaient les vies
dans des versions syriaques; ils visitaient les lieux
sanctifiés par les ascètes et s'y établissaient, s'ils en
avaient le moyen. Les Syriens fondèrent dans le dé-
sert de Scété un couvent célèbre sous le nom de
Notre-Dame Marie, mère de Dieu. Il a dû exister de
très bonne heure une traduction de l'Histoire Lausia^
que de Palladius et de Y Ilistoria monachorum de Ru-
1. 11 est à remarquer que, par un anachronisme analogue, les Stylites
sont cités dans les actes de saint Épiirein comme ayant pris part aux
obsèques de ce Père. Josei)li Bousnaya qui figure parmi les disciples
de saint Eugène, ne peut être le même (jue Joseph Bousnaya le maître
de Bar Khaldoun, qui vivait au X« siècle, comp. ci-dessus, p. 2i, note 1.
150 VIES DES SAINTS
fin. Dadjésu, qui vivait à la fin du VP siècle, fit un
commentaire sur Le paradis des moines occidentaux ,
nom sous lequel est vraisemblablement désignée l'his-
toire lausiaque *. La recension syriaque que nous avons
du livre de Palladius est l'œuvre d'Enanjésu. que ce
moine entreprit dans le couvent de Beit-Abé à la de-
mande du patriarche George (661-680).
L'histoire monastique de Thomas de Marga- nous
donne d'utiles informations sur ce travail d'Enanjésu,
qui comprenait deux volumes. Le premier volume ren-
fermait les vies des saints Pères écrites par Palladius
ou attribuées à Jérôme, et le second les questions et
les récits des Pères. L'ouvrage était intitulé Le Para-
dis; il se répandit et fut accepté dans tous les couvents
de l'Orient. Le second volume contenait six cent quinze
articles numérotés, répartis dans quatorze chapitres; en
outre , Enanjésu y avait réuni quatre cent trente arti-
cles sur toutes sortes de vertus, et aussi beaucoup
d'autres qui n'étaient pas classés et ne portaient pas de
numéros d'ordre. Ce compilateur avait ajouté le dis-
cours ou Enconiiiun de saint Jean Chrysostome sur les
moines d'Egypte (VII 1^ homélie sur saint Mathieu) ; les
questions d'Abraham de Nethpar (ou Nephtar?) et des
démonstrations et récits qu'il avait tirés des Livres
des Pères.
Le P. Bedjan a publié récemment une édition du Pa-
radis d'Enanjésu, basée sur un ancien et excellent ms.
du Vatican et sur d'autres manuscrits de Londres, de
Berlin et de Paris ^. Cette édition, qui était vivement
1. AssÉMANi, B. 0., t. ni, pars I, p. 98-99. Ce commentaire est cité
dans le Livre de Vabeille, éd. Bldge, p. 57, 1. 3 (trad., p. 55, 1. \).
2. Livre n, chap. xv; éd. Bldge, The book of governors, the historia
monaslica of Thomas of Marga, Londres, 1893, t. II, p. 189.
3. Paradisus Patrum , t. VII des Acta mari, et sancL, Paris, 1897.
Deux élèves de Tullberg, Markstrœm et Lagerstrœm, ont publié, comme
ET DES ASCETES. 157
attendue, contient : 1' les vies des Itères en trois par-
ties (les vies écrites par l^alladius dans les deux pre-
mières parties, et les vies écrites par saint Jérôme'
dans la troisième); 2° les apophtegmes des Pères for-
mant les quatorze premiers chapitres de la troisième
partie, mise à tort sous le nom de Palladius et com-
prenant six cent vingt-sept numéros: 3° les questions
et réponses sur toutes sortes de vertus, chapitre xv,
ayant chacune un n° d'ordre; 4*^ les démonstrations
pour les indiiïérents qui n"ont pas souci de leur sa-
lut, chap. XVI à XXIII : suit un chap. xxiv. En appendice,
Le P. Bedjan a publié, d'après le ms. du Musée britan-
nique, Add. 17174, qui renferme la recension d'Knan-
jésu, YEncomium de saint Jean Chrysostome et le dis-
cours d'Abraham de Xethpar, que Thomas de Marga
mentionnait comme se trouvant dans cette recension
voir page précédente .
11 existe encore dans un autre ms. de Londres, Add.
17264, un ouvrage intitulé Illustrations du livre du Pa-
radis; malheureusement le nom de l'auteur a été effacé
dans le ms. primitil: il résulte cependant de lépithète
qui suit, que cet auteur nest pas Lnanjésu.
Les vies de saint Antoine, de Paul l'ermite et de
saint Pacôme qui ne se trouvent pas dans le livre
de Palladius, sont imprimées dans le V^ vol. des
Acta martijimm et sanct. du P. Bedjan. La version
syriaque de la vie de saint Antoine , dont le texte grec
est attribué à saint Athanase d'Alexandrie, prouve, se-
lon >L Frédéric Schulthess-, qu'il existait au moins
thèses, à Upsal en l8ol , quelques vies extraites de ce Paradis; com-
parer aussi BiDGE, The book of governors, t. H, p. \92.
i. Ou, pour mieux dire, Vllistoria monachorum de Rlfix allril)ucc
ici à saint Jérôme, voir J.-B. Cuabot, Revue critique, 19-26 septembre
d8'J8, p. UiH; l'.fDJAN, l. f., p. V.
2. Probe einer syrischm Version der Vila S. Anlonii, Leipzig, 1894.
lo8 VIES DES SAINTS
deux rédactions grecques différentes, car le syriaque
suppose un texte grec autre que celui qui est connu. Il
semble aussi que ces différentes rédactions grecques
ont été traduites en syriaque : les manuscrits syria-
ques qui contiennent cette vie présentent en effet des
variantes considérables, ainsi que le P. Bedjan en fait
la remarque *
Le pendant du Paradis de Palladius qui renfermait
les vies des ascètes occidentaux, c'était le Paradis
des orienliULv de Joseph Hazzaya (ou Joseph d'Adia-
bène, et non Joseph Houzaya ou d'Ahwaz), et le Petit
Paî-adis de David de Beit-Rabban évêque des Kar-
tewayé (ou des Kurdes), qui contenaient les vies des
ascètes orientaux. Ces ouvrages ne sont connus que-par
le catalogue d'Ébedjésu et l'histoire monastique de
Thomas de ^larga-.
Denys bar Salibi est indiqué comme étant l'auteur
dune Histoire abrégée des Pères, des saints et des
martyrs ^.
La Vie de Mar Benjamin, disciple de saint Eugène,
est une composition tardive, tirée en grande partie de
la Vie de Mar Mika'* (Bedjan, Acta mart., III, 510).
Les Acta martyrum et sanctorum du P. Bedjan nous
1. Les Acia mart. du P. Bedjan renferment encore des versions
syriaques de jjliisieurs vies d'ascètes égyptiens qui sont en dehors du
Paradis des pin-es.
2. AssÉMAM, Bibl. orient., IH, I. p. 102; Thomas de Mauga, éd. Bcdge,
The bookofr/overnors, liv. n, cliap. xxiv.
3. AssÉMANi, B. 0., II, 210.
4. Ainsi que l'a reconnu M. Brockelmann, Zeitschr. f. Assyriologie,
1897, t. xn, p. 2T0, après la publication de la vie de Mar Benjamin par
le P. Sclieil, ibid., p. 02. Le P. Sclieil a aussi édité, ibid., p. 1G2, le récit
fabuleux de l'entrevue de Mar Scrapion avec Mar Marcos et de la mort
de Marcos. Le P. Sclieil a donné, dans la Revue de l'Orient chrétien,
1897, p. 24G-270, une traduction française de ces documents et d'une
notice sur le couvent de Hanina (aujourd'hui le couvent de Zafaran prés
de Mardin).
ET DES ASCÈTES. 159
font connaître plusieurs vies d'autres saints de la Mé-
sopotamie orientale : Zeia, le grand saint du Kurdistan
dont les reliques sont à Djélou * ; Sclialita, disciple de
saint Eugène et égyptien d'origine., qui se rendit avec
Jacques de Xisibe sur le mont Kardou ■ Ararat; pour y
fonder un monastère à l'endroit où l'Arche de Noé s'é-
tait arrêtée-: Yonan, un disciple de saint Eugène, qui
se rendit en Orient avec son maître et vécut en ascète
dans le désert de Péroz-Schabor ou Anbar^; Jacques,
évêque de Nisibe, qui assista au concile de Nicée et
réussit, à laide des prières de son disciple saint
Ephrem , à repousser les Perses lors du siège de Nisibe
en 338 '.
Les actes de Saint Ephrem appartiennent à cette
catégorie, mais, comme nous parlerons de cet illustre
Père dans la seconde partie de notre livre , nous ren-
voyons sa biographie à cette partie.
A saint Ephrem est attribuée la composition des
Actes d'Abraham de Kidouna et des Actes de Julien
Saha , deux saints qui étaient contemporains de ce
Père-^. Les Actes d'Abraham ne semblent pas être
de saint Ephrem; les Actes de Julien sont traduits du
Philotheiis ou Historia relioiosa de Théodoret, voir
Migne, Patrol. gr., t. LXXXII, p. 130G. Ce qui a pu
donner lieu à cette attribution, ce sont les hymnes que
saint Ephrem a composées en l'honneur de ces ascètes ^.
1. Acla mart., I, 398.
2. Ibid., I, 424; celle histoire est divisée en sept actes.
3. Ibid., I, 4G6; liistoire divisée en neuf actes et écrite par Zadôé,
abbé du couvent de Saint-Thomas au\ Indes.
4. Ifjî'J.. IV. 2«32.
5. Lamy, Acta beati Abrahee Kidwiaiœ dans le tome X des Analecta
Bollandiana, 1891; réimprimés dans les Acta mart. de Bkdjan, t. VI,
p. 465. Les actes de Julien Saba ont été édités dans les Acta mart. de
Bedja.>, t. VI. p. 380.
6. Ces liymnes ont été éditées par M. Lamy, S. Ephrœmi syri hymni
et sermones, t. III, p. 749 et suiv., 837 et suiv.
IGO VIES DES SAINTS
Les actes d'F.iisèhe, évoque de Samosaie * sont-ils
un original syriaque malgré les mois grecs qu'ils ren-
ferment? Le style est élégant et animé; les détails sont
précis et dénotent un auteur contemporain des événe-
ments qu'il rapporte. C'est un tableau vivant des pour-
suites exercées contre les orthodoxes par Valens à l'in-
stigation des Ariens; à la tête du parti arien est placé
Eusèbe de Césarée.
Les actes de Siméon le stylite sont un panégyrique
du grand saint de la Syrie, dans lequel les miracles
occupent une place importante. Le texte syriaque
complète la biographie de ce saint, écrite par Théo-
doret de Cyr, son contemporain. Suivant une clausule,
ce texte fut écrit par Siméon, fils d'Apollon, et Bar-
hatar, fils d'Oudan, le 17 avril de Tan 521 de lère d'An-
tioche, ou 472 de J.-C, quelques années seulement
après la mort du fondateur de Tordre des Stylites.
Cette clausule, comme le remarque le P. Bedjan -,
infirme Thypotlièse de Joseph Simon Assémani et d'E-
vode Assémani, qui croyaient que l'auteur du docu-
ment était le prêtre Kouzma dont on possède une lettre
adressée à Siméon le stylite ^. Jacques de Saroug a
composé, en l'honneur de Siméon, une homélie métri-
que dont on doit la connaissance à Évode Assémani^.
1. Bedjan, Acta mart., t. VI, p. 33j.
2. Dans la préface du tome IV des Acta mart.; le P. Bedjan a donné
dans ce volume, p. o07 et suiv., d'après le ms. Add. 14484 du Musée
britannique, une édition des actes de S. Siméon, plus correcte et plus
complète que celle d'ÉvooE Assémani, Acla sanct. mart., II, 268 et suiv.
3. Publiée à la suite des actes de Siméon par J. Assémani, Bibl. orient.,
I, 237; Év. Assémani, Acta sanct. mart., II, p. 39i; Bedjan, Acta mart.,
IV, p. G4i.
4. Acta sanct. mart.,U, p. 230; réimprimée dans Bf.djan, Acta mart.,
IV, p. 650. Comme il arrive souvent pour les homélies de Jacques de Sa-
roug, une seconde recension de cette homélie beaucoup plus longue
existe dans le ms. add. 17159 du Musée britannique, voir Bedjan, pré-
face du tome IV de ses Acta mart., p. XIV.
ET DES ASCÈTES. 161
La i'ie de Rabboula, éç'êque d'Edesse , un des meil-
leurs morceaux du genre que nous connaissions', a été
écrite peu de temps après la mort du saint évoque par
un des clercs de l'évêché. Cette vie donne an portrait
ressemblant du personnage, qu'elle représente avec des
traits fortement accentués de son caractère dabnéga-
tion, de charité et de dévouement. Rabboula avait pra-
tiqué la vie monastique et ascétique avant de devenir
évêque et il continua de s'imposer les mêmes privations
et les mêmes mortifications lorsqu'il fut appelé à la di-
rection de lEglise dÉdesse. Nous reviendrons sur ce
Père dans notre seconde partie, en parlant des écrivains
syriaques du IV^ siècle.
L'ascétisme rigoureux, dont Rabboula fat le modèle
à Edesse , semble avoir été personnifié sous une forme
vivante par la légende syriaque de L'homme de Dieu
qui eut un grand retentissement aussi bien en Occident
qu'en Orient. Cette légende, qui se forma à Edesse peu
de temps après la mort de Rabboula-, raconte qu'un
patricien romain, qui est désigné sous le nom de
L'homme de Dieu, quitta, le soir môme de ses noces,
son épouse et ses parents et se rendit de Rome à Edesse,
où il vécut d'aumônes, passant ses jours et ses nuits
dans la prière; il se contentait d'un peu de pain et de
légumes et donnait aux autres mendiants le surplus de
ce qu'il recevait. Ce saint mourut à Thôpital. Aussitôt
après sa mort, le sacristain de la cathédrale d'Édesse,
([ui avait été témoin de sa piété exemplaire, alla rap-
porter à Rabboula ce qu'il avait vu et entendu de
\. Publiée par OvEnnF.cK, S. Ephrxmi syri , Rabulse episcopi... opéra
sslecta. p. 1(»0; rcimpriin;'e dans Bf.djan, Acta mart., IV, SOiî; traduite
en alleniand pir Bickf.i.i. dans la BihUothek der Kirchenvseter de Tai.i.-
HOFER, n<" 102-lOi; comp. Lagrangf., La science catholique, 1888, p. 62».
2. Amiaud, La lt''(jende syriar/ue de saint Alexis, l'homme de Dieu, Paris,
1889, 79« fascicule de la Bibliollieque de l'École des iiaules études.
162 VIES DES SAINTS
riiomme de Dieu. L'évoque veut se faire remettre le
corps du saint, mais il avait déjà été enterré et quand
on ouvrit sa tombe , on ne trouva plus que les haillons
qui Pavaient vêtu. Telle est cette légende dans sa forme
syriaque. Plus tard elle devint l'histoire de saint Alexis
dans une rédaction nouvelle, qui montre le saint ressus-
cité , de retour à Rome chez ses parents , où il vécut
avec les esclaves jusqu'à sa seconde mort. C'est alors
seulement qu'il fut reconnu des siens.
Les actes syriaques de sainte Pélagie, une comé-
dienne d'Antioche, qui aurait été convertie par Nonnus,
le second successeur de Rabboula sur le siège épiscopal
d'Édesse, ne sont pas, selon Gildemeister ' , un docu-
ment original, mais une rédaction amplifiée des actes
grecs de la sainte.
Les vies des saints de l'Église jacobite de la fm du
V® siècle et du Yl^ siècle sont une des meilleures
sources de l'histoire concernant l'introduction du mo-
nophysisme en Syrie, et du commerce actif qui s'établit
à cette époque entre Antioche et Alexandrie. La plus
importante collection de ces vies est celle qui a été
écrite par Jean d'Asie quand il était moine au couvent
de Mar Yohannan à Amid , sous le titre de Histoù-es
concernant les çies des Bienheiweiix orientaux. Tous
les saints dont Jean écrivit l'histoire, religieux et reli-
gieuses, étaient des monophysites et des contemporains
de l'auteur. On trouvera la liste de leurs noms dans le
second volume des Ane c dota syrlaca de M. Land,
p. 32-34 de l'introduction ; le texte syriaque est imprimé
dans le même volume, p. 2-288, d'après le ms. Add.
14647 du Musée britannique. Parmi ces noms figurent
Siméon, évêque de Beit-Arscham, dont la confession
1. Ac.la S. Pelagise syriace, éd. Gildemf.ister, Bonn, 1879; réimprimés
dans les Acla mart. de Bedjan, VI, 61G.
ET DES ASCETES. 1Ô3
monophysite ne fait plus de doute aujourd'hui; Jacques
Baradée, lapôtre de cette confession en Syrie , qui a
donné son nom à la secte des Jacobites; Jean de Telia;
les patriarches envoyés en exil, Sévère, Théodose. An-
thime, Serge et Paul. Cet ouvrage biographique de
Jean d'Asie est suivi, dans lédition de M. Land,de
plusieurs suppléments empruntés à d'autres ms. du
Musée britannique, de Tliistoire de la vierge Suzanne,
de Marie, de Malchus, et dune vie de Jacques Baradée,
plus développée que celle de la biographie. Cette se-
conde vie de Jacques Baradée est aussi attribuée à Jean
d'Asie, mais M. Kleyn, à qui l'on doit une excellente
étude sur Jacques Baradée et son œuvre apostolique \
a montré- qu'elle était d'un auteur différent.
On doit encore à M. Kleyn ^ la connaissance dune
vie de Jean de Telia , écrite par Elias , un des compa-
gnons de l'ardent prédicateur monophysite . et qui est
différente de celle que Jean d'Asie nous a laissée.
La vie de Pierre libère, évêque de Mayouma près
de Gaza, conservée dans la traduction syriaque d'un
original grec perdu ', présente un intérêt multiple : elle
contient quelques notices nouvelles sur les rois et les
reines des Ibères et sur leur conversion au christia-
nisme ; des données précises sur diverses localités de
la Palestine et de l'Arabie transjordanique ; et quelques
aperçus sur l'histoire de l'Eglise d'Alexandrie, Pierre
l'Ibère ayant pris part à la consécration du patriarche
d'Alexandrie , Timothée ^Elure. La grande réputation
1. Jacobui Dciradxus, de Slichter der syrische Monophysietische Kerk,
I.eide, 1882.
â. Ibid.. Aanhangsel H, p. iO'i.
3. Het Levcn van Johannes van Telia door Elias, I.eide, 1882.
4. Publiée par .M. Richakd Raace, Petrus der Iberer, Lei|)ziiï. 1895, d'a-
près deux ms. La version géorgienne a clé puhiice avec une traduction
russe par M. Marr à Saint-Pétersbourg en 189:î.
164 VJES DES SAINTS
que cet évêque de Mayouma eut en Orient et quil dut
à sa piété insigne plutôt qu'aux fonctions publiques
qu'il remplit, est attestée par les divers documents qui
en parlent. 11 existait deux biographies différentes de
Pierre Tibère; l'une a été écrite par un moine du cou-
vent de Mayouma peu de temps après la mort du saint
arrivée en 485 ; c'est celle dont la traduction syriaque a
été publiée par M. Kaabe; l'autre, qui n'a pas été re-
trouvée jusqu'à ce jour, a été composée par Zacharie
le Rhéteur, ainsi que cet auteur nous l'apprend dans
la vie de Sévère d'Antioche ^ « Lorsque je décrivais,
dit-il, les vertus des saints Pierre d'Ibérie et Isaïe, le
grand ascète d'Egypte... » Dans son histoire -, Zacha-
rie a donné sur Pierre l'Ibère des détails qui souvent
concordent avec la vie publiée par M. Raabe et quel-
quefois s'en éloignent ^.
La vie de l'ascète Isaïe écrite par Zacharie a été pu-
bliée en syriaque par M. Land à la fin du troisième vo-
lume de ses Anecdota syriaca , p. 346 et suiv.
M. Spanuth a édité la version syriaque de la vie de
Sévère d'Antioche par le même Zacharie '', d'après le ms.
de Berlin, Collection Sachau, n» 321, qui renferme
aussi, outre la vie de Pierre l'Ibère, la vie disaïe l'as-
cète et divers morceaux traduits du grec et relatifs à la
défense de la doctrine monophysite. Zacharie a com-
posé à Constantinople, en 515 ou 51C, la vie de Sévère,
lorsque celui-ci était patriarche d'Antioche. Il s'était
\. Éditée en syriaque par M. SPA^L"TII, Zacharias Rhelor, das Lnben
des Severus von Antiochien in syrischer Uebcrselzung , Gœttingue, 1833,
p. 22, 1. 7.
2. Land, Anecdota syr., ni, p. 1-2B, cliap. iv intitulé Pierre V Ibère ,
,'vêgue de Gaza, et p. 128, ciiap. vu intitulé De l'apparition du Christ à
Pierre l'Ibère.
3. Sur d'autres textes syriaques , où il est question de Pierre l'Ibère,
voir Raabe, l. c, \). G, note.
4. Voir ci-dessus, note 1.
ET DES ASCÈTES. IGo
proposé, en écrivant cette biographie , comme il le dit
dans rintroduclion, de réfuter les calomnies des adver-
saires du patriarche dxVntioche, qui accusaient celui-ci
d'avoir pratiqué le paganisme pendant sa jeunesse. Ce
document renferme encore une autobiographie de Za-
charie, qui nous apprend que celui-ci était né près de
Gaza, qu'il étudia la grammaire et la rhétorique à
Alexandrie et le droit à Beyrouth. Il fit baptiser Sévère
à Tripoli et prit une part active dans les poursuites di-
rigées contre les païens ^
Les Plérophories de Jean, évêque de Mayouma, for-
ment un recueil de récits anecdotiques, divisé en qua-
tre-vingt-neuf chapitres. Cet ouvrage, composé en
grec vers 515, est conservé en syriaque dans le ms.
Add. 14650 du Musée britannique, et il a été inséré
dans V Histoire encore inédite) de Michel le Syrien. Il
contient d'intéressants récits sur les Pères de lEglise
monophysite du V^ siècle, en particulier sur Pierre
l'Ibère , et il rapporte les dires de ces Pères contre les
Orthodoxes et le concile de Chalcédoine-.
D'autres vies de saints trouveront leur place plus loin
sous le n° XIII de cette partie qui traite de la littéra-
ture ascétique.
1. Nau. Journal asiatique, 9« série, t. IX, p. 531, noie 1.
•2. 51. l'Abbc Xau a lu un travail sur ces Plérophories au congrès des
Orientalistes de Paris, septcmljre 189". Il en public une traduction fran-
çaise dans la Revue de l'Orient chrclien, 1893-1809; tirage à part, Les
Plérophories de Jean, évêque de Mayouma, Paris, IfeOJ.
LES TEXTES APOLOGETNIUES.
La littérature apologétique est grecque, mais le sy-
riaque nous a conservé des traductions d'anciens tex-
tes perdus. La version de l'apologie d'Aristide a été
retrouvée, il y a peu d'années, par M. Rendel Harris
dans un ms. du YIP siècle du couvent de Sainte-Cathe-
rine sur le Sinaï ^ Elle a permis à M. Harris d'établir
que cette apologie était adressée non pas à Hadrien,
comme le dit Eusèbe, mais à Antonin le Pieux. De son
côté M. Armitage Robinson a reconnu, grâce à ce
texte syriaque, que l'original grec avait été inséré,
avec diverses modifications, dans l'histoire de Barlaam
et Josaphat-. M. BatifTol a parlé plus au long de l'im-
portante publication de MM. Harris et Robinson dans
son livre, La littérature grecque chrétienne ^ p. 88.
Le ms. syriaque qui renferme l'apologie attribuée à
Méliton est probablement aussi du YIP siècle. Le ti-
1. T/je apology of Arislides by J. Rendel Harris with annppendix by
J. Armitage Robinson, Cambridge, 1891. M. Richard Raabe en a donné
une Iraduclion allemande avec un apparat critique dans les Texte und
Untersuchungen de GEBiunDT et Harnack, t. IX, 1892, sous le titre Die
Apologie des Arislides aus dem syrisrhen ûbersetzt.
2. Celle histoire a été attribuée à Jean Damascène dans les œuvres
duquel elle est comprise; mais M. Zotenberg a montré qu'elle remonte
plus haut que cet historien, Notice sur le livre de Barlaam et Joasaph,
Paris, 1880.
168 LES TEXTES APOLOGÉTIQUES.
tre est : « Discours de Méliton le philosophe (pro-
noncé' en présence dAntonin César. Il disait à César
de reconnaître Dieu et lui montra la voie de la vé-
rité ' . » Ce texte syriaque nous a-t-il conservé lapolo-
gie de Melilon. évoque de Sardes, dont Eusèbe parle
dans son histoire ecclésiastique ';Livre IV, ch. xxivj-^
Il y a contre cette hypothèse une grave difficulté; le
syriaque, qui est complet et ne renferme pas de la-
cune. n"a pas le passage de l'apologie de Méliton cité
par Eusèbe. Cureton supposait que Méliton avait écrit
deux apologies, bien qu'Eusèbe n'en mentionne qu'une
seule; c'est peu vraisemblable. Le syriaque nous a plu-
tôt conservé une de ces nombreuses apologies qui cir-
culaient dans les premiers siècles de lère chrétienne,
dont on attribua la paternité à l'évêque de Sardes^.
Nous ne croyons pas toutefois, comme certains criti-
ques le supposent, que le texte syriaque soit une œuvre
originale , et que cette apologie ait été adressée à Ca-
racalla ,211-267i. lors de son séjour en Osrhoène, par
quelque chrétien de Mabboug ou des environs. Cette
conjecture est fondée sur le passage suivant : « Les
Mésopotamiens adoraient la juive Koutbi qui avait
sauvé de ses ennemis Bakrou /'<7^^/^(7 dEdesse. Au su-
jet de Nébo, adoré à Mabboug, à quoi bon vous écrire
ce que tous les prêtres de Mabboug savent, que c'est
l'image d'Orphée, le mage de Thrace. » Or ce passage
milite en faveur d'une conclusion toute différente. On
i. C\:n'E.ioy,Spicilegium syriacum, p. 2-2 et suiv.: etPiTUA, Spicilegium
Solesmense, t. U, p. xxxviii.
2. Le Spicilegium de Clueton contient la version syriaque de ce cha-
pitre d'Eusèbe et des fragments des œuvres attribuées à Méliton; le se-
cond fragment sur la foi (Spicileg. de Clreton, p. 3-2. et Spicileg. de
PiTP.A, n, p. Lix) appartient à saint Justin, voir Abbé Map.tix dans les
Analecta sacra de Pitp.a, IV, p. 21). note.
3. GEBnAP.DT et Hap.nack. Texte und Untersuchungen, I. 261; Tixeront,
Les origines de l'Église d'Édesse, <), noie è>.
LES TEXTES APOLOGÉTIQUES. 169
ne sait à quel événement il est fait allusion à propos
de la juive Koutbi et du roi dEdesse Bakrou , mais le
titre à.'abchjd donné à ce prince n'est pas usuel ; c'est
un mot artiûciel, formé de ahd « père » , et qui rend
littéralement le grec ttutoî/ao; [Patrice. Jamais les
rois d'Édesse n'ont porté le titre de Patrice. En outre
les Mésopotamiens savaient que le dieu Xébo repré-
sentait la planète de Mercure et non pas Orphée de
Thrace. D'autres passages sur la mythologie trahissent
une source grecque.
Cette apologie développe le thème commun à ce genre
littéraire : le vrai Dieu est le Dieu unique , créateur du
ciel et de la terre; les dieux du paganisme sont des
anciens rois ou héros qui ont été divinisés : les idoles
de bois ou de métal ne se distinguent de la matière avec
laquelle elles sont fabriquées que par l'art du sculpteur
ou de l'orfèvre ; Dieu ne s'est pas manifesté avec une
évidence telle que les fausses religions fussent impos-
sibles, parce qu'il a donné à l'homme le libre arbitre
et la faculté de discerner la vérité de l'erreur.
A cette littérature appartiennent encore les Hypo'
mnemata du philosophe Ambroise dont le texte syriaque
a été publié par Cureton dans son Spicilegium. p. 38 et
suiv. Le titre est ainsi conçu : « Hypomnemata qu'écri-
vit Ambros , un chef de la Grèce qui devint chrétien.
Tous les sénateurs, ses pairs, s'élevèrent contre lui; il
s'éloigna d'eux et leur prouva par écrit toute leur sot-
tise. » Comme le remarque Cureton. cet ouvrage est.
à peu de chose près , le même que celui qui est intitulé
en grec Aoyoç nçog "Ekk^vuç et est attribué à saint
Justin, bien qu'il soit douteux que cet apologiste l'ait
écrit ^ L'auteur met en évidence l'inanité de la mytho-
\. Ccr.ETOS a imprimé le Aôyo; n^oi 'EUr^ra; au-dessous de la tra-
duction anglaise du te\te syriaque.
10
170 LES TEXTES APOLOGÉTIQUES.
logie grecque; il montre combien sont indignes de la
divinité les actions des dieux dans les poèmes d'Ho-
mère, et prouve ainsi la supériorité du christianisme
sur le paganisme. Ambroise, que le syriaque donne
comme l'auteur de l'ouvrage, est vraisemblablement
le même que le disciple et l'ami d'Origène qui, selon
Épiphane, fut un illustre personnage, fournit à son
maître les moyens de publier ses Ilexaples et mourut
martyr.
11 ne nous est rien parvenu des apologies écrites par
des Syriens, telles que l'apologie du patriarche nes-
torien Jésuyab I, mentionnée par Ebedjésu ^ et qui était
probablement une défense du nestorianisme adressée à
l'empereur Maurice.
1. AssÉMAM. B. 0., ni, pars I, iOD.
XI
LES CAXOXS ECCLESIASTIQUES ET LE DROIT CIVIL.
§ 1 — Canons ecclésiasticiues traduits du grec.
Los canons des anciens conciles ont été recueil-
lis dans des collections syriaques qui sont conservées
dans des manuscrits dii Vatican, du Musée Borgia ,
de la Bibliothèque nationale et du Musée britannique '.
Ces conciles sont, suivant l'ordre généralement suivi,
ceux de Xicce , Ancvre , Néocésarée , Gangres , An-
tioche, Laodicée, Constantinople et Chalcédoine. Le
ms. de la Bibliothèque Nationale, N*'62. a en plus les
canons des conciles d'Ephèse, de Carthage, de Sardes,
et le ms. du Musée Borgia, les canons du concile
dicone.
Il fut fait au moins deux traductions syriaques des
canons du concile de Xicée. La plus ancienne est celle
que Marouta, évéque de Maipherkat. qui avait pris
part à ce concile, entreprit, à la demande dlsaac, pa-
1. AssKMAM, Cat. Vat., t. TU, p. 180; Les viannscrits orientaux de
M*^ Davi'l au Mus>'e Borgia, par Pierre Ceksoy, dans la Zeilschr. fiir As-
syriologie. t. I\, i8!)i, p. 3(JS; Catal. Zotenberg , p. 23, n' G-2; CataK
Wright, p. 1030, A'.ld. 14o-2S (peut-être de 501;; p. 1033, yldd. li.V2G
(du VII' à.).
n-2 CANONS ECCLÉSIASTIQUES
triarche de Séleucie et Ctésiphon ' . La version de Ma-
routa semble reproduite dans les deux ms. du Musée
britannique, Add. 1452G et 14528, et dans le ms. du
Musée Borgia. n" 4-. L'Abbé Martin a publié dans le
quatrième volume des Ajialecta sacra du card. Pitra,
n- xxi-xxiii. les canons des conciles d'Ancyre, de Néo-
césarée et de Nicée, en suivant Tordre chronolo-
gique^. En tête des conciles dAncyreet de Néocésarée
figure la liste des Pères qui ont assisté à ces conciles.
Les canons du concile de Nicée sont précédés : 1° d'une
note chronologique; 2° dune lettre de Constantin aux
Pères du concile ; 3° du symbole de la foi ; 4° d'une
courte histoire dogmatique des actes du concile; 5°
d'une note sur la célébration de la Pâque ''. Le même
volume des Analecta sacra contient, n° xv, des frag-
ments syriaques du synode d'Antioche qui condamna
Paul de Samosate.
Paul de Lagarde a édité dans ses Reliqidce jiuis ec-
clesiastici syriace y p. 62-88, d'après le ms. de Paris,
n° 62, les canons du troisième concile de Carthage ^. Le
titre de la version syriaque porte : « Synode des quatre-
vingt-sept évêques qui eut lieu à Carthage, la ville
1. Calai. d'Ebedjésu dans Assémam, B. 0., lU, pars I, 73.
2. P. Martin, IV« vol. des Analecta sacra du card. Pitua, p. XXVIH;
P. CEasoY, l. c, p. 3G8; Cowper, Analecta Xicœna, Londres, 18o7.
3. Quelques-uns de ces canons ont été insérés dans le Nomocanon
d'ÉBEDJÉsu et le Livre des Directions de Baruebr-els dont il sera parlé
plus loin.
4. Ces cinq documents se trouvent dans le ms. delà Bibliothèque na-
tionale. Les ms. de Londres ne renferment que les trois premiers; le
ms. du Musée Borgia a, outre les canons syriaques, le symbole de la
foi, la lettre de Constantin et une recension des ca?2ones arabici de
Nicée au nombre de soixante-lreize.
a. Dans les Rcliquiee juris ceci, grsece, p. 37-'i5, le grec est plus com-
plet que le texte dans la Patrologia latina, t. IH, col. 1079 110-2. Le ms.
du xMusée Borgia reproduit, comme la Patr. lat., le texte le moins com-
plet, sous le titre de Canons des quatre-vingt-quatre évêques... P. Cer-
soy, l. c, p. 369.
TRADUITS DU GREC. 173
d'Afrique, aux jours de saint Cyprien, évêque et con-
fesseur. Décision des évêques (au nombre de quatre-
vingt-sept), traduite de la langae romaine en grec, au
sujet de ce quil convient de baptiser les hérétiques. »
Cette décision est suivie de deux lettres de Cyprien
adressées, Tune à Qaintus, et l'autre à Fidus, Reliq.,
p. 88-98 (réimprimées dans les Analecla sacra du
card. Pitra, IV, n° XI, p. ll-H). D'après une clausule
(p. 98 , la version syriaque fut faite en 998 des Grecs,
ou 687 de notre ère. Zingerle avait déjà fait connaître,
dans le premier volume de ses Monumeiita syriaca^
p. 1 et 2, deux fragments de ce concile renfermant, le
premier le suffrage de Cœcilius, évêque de Dispolis %
et le second le vœu formulé par Polycarpe, évêque
d'Adrumelte. Ces fragments étaient accompagnés de
deux autres relatifs au témoignage du pape Félix I,
cité dans le concile dEphèse, IV® session, et dans
le concile de Chalcédoine. La plus grande partie de ces
fragments se trouve dans la lettre du pape Jules à Pros-
docius, qui a été publiée par Paul de Lagarde dans
ses Analecta syriaca, p. 70.
Les actes du second concile d'Ephèse, désigné sous
le nom de Brigandage clKphese, sont conservés en
syriaque dans deux ms. du Musée britannique, Add.
12156 et 14530. Le premier de ces ms. a la partie de la
première session relative à Flavien dAntioche et Eu-
sèbe de Dorylée. Le deuxième contient la seconde
session concernant Ibas , son neveu Daniel de Har-
ran, Irénée de Tyr, Aquilin de Biblos, Sophronius
de Telia, Théodoret de Cyr et Domnus dAntioche.
Ces documents ont été traduits en français par l'Abbé
Martin (Actes du Brigandage d'Ephèse, Amiens, 1874,
et aussi Le Pseudo-Synode connu dans riiistoire sous
\. Dans les Reliquix juris eccL, syriace, p. G8, grœcc, p. 41.
10.
174 CANONS ECCLÉSIASTIQUES
le nom du Brigandage d'Éphèsc, Paris, 1875) ; en alle-
mand par Hoffmann ( Verhandlungen der Kirchenver-
sanimlung zii Ephesus, 1873) ; en anglais par Perry [An
ancient syriac document... The second synod of Ephe-
sus, Dartford. 1867). Perry a publié, en outre, le texte
syriaque de ce concile [Secundam synodum Ephesi-
naj7i...pj'imus ediditSainuel G. F. Perry, Ox(ord, 1875)»
M. Bedjan a édité' la version syriaque , faite sur une
traduction arabe par Joseph de Diarbékir en 1693,
dun épitomé, composé en latin, de onze conciles œcu-
méniques, savoir : les deux de Nicée, celui d'Éphèse,
celui de Chalcédoine , les quatre de Constantinople ,
le quatrième de Latran , le second de Lyon et celui de
Florence. Le texte était, paraît-il, très incorrect et Té-
diteur s'est cru obligé de remanier à peu près tout l'ou-
vrage. M, Bedjan a ajouté une nouvelle traduction sy-
riaque des douze anathèmes de saint Cyrille et des
décisions du second concile de Constantinople.
Le manuscrit de Paris , n'' 62 , si riche en documents
de ce genre, renferme encore : 1° des canons tirés
dune lettre écrite d'Italie aux évêques d'Orient qui
furent envoyés par les évêques réunis à Antioche-;
2^ des sentences recueilHes dans les épîtres de saint
Ignace et qui ont force de canons ecclésiastiques (pu-
bliées, d'après ce ms., par Gureton, Corpus Ignatia-
num, p. 192 et suiv.); 3° un extrait de l'instruction de
saint Pierre , évêque d'Alexandrie , sur ceux qui ont
renié pendant la persécution (édité par Paul de La-
garde, Reliquiœjuris eccl. , syriace, p. 99 à 117, gnecCy
p. 63-73) ^; 4° des questions adressées à Timothée
\. Compendhim conciliormn œcume)xicorum imdecim, Paris, 1888.
2. Comparer rAl)bé CEr.soY, l. c, p. 370, 18".
3. La version syriaque renferme, vers la fin, un passage qui ne se trouve
pas dans le grec original; Abbé Mautin, Analecta sacra du card. Pitka,
IV, p. XXV, note 2.
TRADUITS DU G[\EC. 175
d'Alexandrie et les réponses à ces questions ' ; 5*^ des
lettres dAthanase dWlexandrie , de saint Basile, de
saint Grégoire de Nazianze, de saint Damase de
Rome - , de saint Grégoire de Xysse , sur diverses
questions de droit canon; 6° quarante-cinq canons des
Pères orthodoxes, sous le titre de : « Délinition rela-
tive à certains chapitres adressés de l'Orient sous
forme de questions aux saints Pères » ^ ; 7° sept ques-
tions et réponses sous le titre de : « Canons ecclésias-
tiques établis dans le temps de la persécution par les
saints Pères Constantin, Antonin, Thomas, Pelage,
Eustatlie , vénérables évéques... j) ' ; 8° sept décisions
(la troisième manque extraites dune lettre adressée
par les saints Pères à deux prêtres dune ville de Cili-
cie, nommés Paul; 9^ quatre décisions extraites d'une
lettre de Constantin, métropolitain de Laodicée, à
Aba Marc fsaurios; lO'' onze décisions sous le titre
de : « Extraits dune lettre écrite par un évèque à l'un
de ses amis relativement à certains délits »; 11° cinq
canons de Théodose d'Alexandrie; 12° La définition
des peines encourues par les moines pour divers pé-
chés de saint Basile (le syriaque a douze canons répon-
dant aux onze canons du grec . Le manuscrit du musée
Borgia, K. YI. vol. 4, contient les lettres synodales du
pape Léon à Flavien, évèque de Constantinople. contre
Eutychès ^. Le Musée britannique a des ms. syriaques
contenant des canons d'Eusèbe, de Timothée d'A-
lexandrie, de Sévère d'Antioche ^.
1. Comp. AssÉMANr, Catal. Val., Ul, p. 181, n° XUI.
2. Comp. dans Cersoy, /. c, p. 309, lO', « Deux synodicons du pape
Damase, l'un contre Apollinaire et son disciple Timolhée, l'autre contre
diverses hérésies. »
3. Comp. Calai. Wriglit, p. 2-21 (Z, 1037, 6.
4. Comp. Calai. Wrighl, p. 2-22 7., 1037, 7.
5. V. l'Abbé Cersoy, l. c, p. 370, 17°.
6. Calai. Wright, General index, p. 1253.
176 CANONS ECCLÉSIASTIQUES
Les textes traduits du grec n'ofTrent qu'un intérêt
médiocre pour l'histoire de TÉglise orientale. Plus im-
portants pour l'étude de cette histoire sont les textes
syriaques originaux, surtout ceux qui appartiennent
au clergé du partiarcat de Séleucie et Ctésiphon.
§ 2. — Canons ecclésiastiques syriaques.
Elias P"", patriarche des Nestoriens [-|- 1049), est l'au-
teur d'une collection renfermant les actes et les canons
des conciles réunis par les patriarches des Syriens
orientaux. 11 semble que cet ouvrage est conservé dans
deux manuscrits, l'un au musée Borgia, K. VI, vol. 4 ^
et l'autre à la Bibliothèque nationale , n° 332 -. Les
conciles qui y figurent sont ceux : 1° d'Isaac, en 410;
2° de Yaballaha I, en 420; 3" de Dadjésu, en 430;
4° d'Acacius, en 485 ; b" de Barsauma de Nisibe (en réa-
lité, ce sont six lettres de ce métropolitain à Acacius) ;
G° de Babai, en 499; T de Mar Aba, en 544 3; 8^ de Jo-
seph, en 553; 9° d'Ezéchiel, en 577; 10° de Jésuyab I,
en 588 (suit : une lettre disciplinaire et dogmatique
adressée à Jacques, évêque de Derin) ; 11° de Sabrjésu,
en 596 (suit : une lettre synodale adressée aux moi-
nes du couvent de Bar Kitai) ; 12° de Grégoire, en 605;
13° de George, en 677 (suit : une lettre dogmatique
adressée à Mina, chorévêque de Perse); 14° et de He-
nanjésu ^, en 694. Le ms. de Paris ne contient pas la
1. Décrit par M. l'Abbé Ceusoy, Zeitschr. fur Assyriologie, t. IX,
p. 370; corap. Kiiayyatii, Sy ri orientales, Rome, 1870, p. 1-21-I2-2.
2. Décrit par M. Chabot, Journal asiatique, IX* série, t. VUI, p. 280.
3. M. Bedjan a publié une lettre synodale de Mar Aba à la suite d'une
vie de ce palrinrciie dans son Histoire de Mar-Jabalaha, Paris, 189o.
Cette lettre constitue un important document historique; conip. aussi
la lettre publiée par Asséraaui dans sa Bibl. orient., t. III, pars I,
p. 70, note 4.
4. Le ms. du Musée Borgia renferme aussi des sentences judiciaires
de ce patriarche; P. Cersoy, l. c, p. 372, 31°.
SVrJAÔLES. 177
lettre de Jésuyab à Jacques de Derin, mais il a en plus,
sous le titre de synode de Timotliée I, une lettre de
ce patriarche à Éphrem, métropolitain dElam 786j ^
M. Chabot publie en ce moment cette importante
collection, avec une traduction française, dans les
Notices et extraits des mannscritSy t. XXXVII. Le sy-
node d'Isaac, interpolé par les Jacobites. a été pu-
blié, d'après le ms. de Paris 62, par M. Lamy Conci-
lium Seleucix et CtesipJionti, Louvain, 1868}. L'éditeur
a repris l'étude de ce synode . d'après le ms. du Musée
Borgia, dans le Compte-rendu du III^ congrès scien-
tifique des Catholiques, Bruxelles, 1894, 2^ sect.,
p. 250. Les six lettres de Barsauma ont été éditées par
O. Braun dans les Actes du X^ congrès des Orienta-
listes, Genève, 1894, 3« partie, p. 85-101. M. Guidi a
étudié, dans la Zeitschr. der dent, morgenland. Ge-
sellsch.y t. XLIII, p. 388 et suiv. , les deux versions
arabes de cette collection, faites l'une par Elias Djau-
hari, métropolitain de Damas 893), et l'autre par Aboul-
faradj ibn at-Tayib '-j- 1034 . Celui-ci a ajouté les der-
niers synodes de Timothée, de Jésu bar Xoun- et
de Yohannan IIl. M. Guidi a comparé ces versions
avec l'original syriaque que renferme le ms. du Musée
Borgia cité plus haut; il a reproduit ensuite, d'après
ce manuscrit, les souscriptions des différents conciles
avec les noms des évêques qui y sont mentionnés. La
liste alphabétique des évêchés qui termine cette étude
forme une utile contribution à la géographie de la Mé-
sopotamie orientale et de la Perse.
1. Celle Icllrc synodale se trouve également dans le ms. du Musée
Borgia, K. VI, vol. 3, p. "00: P. CrnsoT, /. c, p. 3G7.
2. Le ms. du Musée Borsia, K. VI, vol. '», a de ce [lalriarclie des canons,
lois el sentences judiciaires; des «luestions posces par le diacre Ma-
caire avec les réponses du patriarche, suivies d'autres questions qui
ne sont pas de ce palriarclie; comparer P. Ceusoy, l. c, p. 372, 33''-3.'j".
178 CANONS ECCLÉSIASTIQUES
Elias bar Schinaya, métropolitain de Nisibe et le
contemporain du patriarche Elias , fit une recension de
la collection de ce patriarche, sous le titre de Quatre
liçres de canons. Cette recension est conservée dans le
Nomocanon d'Ebedjésu.
Ebedjésu, métropolitain de Nisibe (-J-1318), frappé des
difficultés que présentait Tétude de la riche littérature
juridique de l'Orient nestorien, résolut de codifier les
divers documents de cette littérature et d'en former un
livre uniforme qui eût force de loi aux yeux de ses core-
ligionnaires. Telle est l'origine de YEpitomé des ca-
nons synodaux^ désigné sous le nom de Nomocanon
d'Ebedjésu. Ce recueil est divisé en deux livres com-
prenant, l'unie droit civil, l'autre le droit ecclésiastique.
Assémani en a donné une analyse détaillée dans sa Bi-
hliotheca orientalis, t. III , paj^s I , p. 332 et suiv. ' ; le
card. Mai l'a édité avec la traduction latine d'Eloi As-
sémani dans le vol. X de sa Scriptoriun veterum nova
collecUo, Rome, 1838.
L'œuvre de codification qu'Ebedjésu fit pour les
Nestoriens, avait déjà eu lieu chez les Jacobites.
Barhebrœus a réuni dans son recueil , intitulé Le livre
des directions, pvoo,» \}^^^ les textes juridiques des
Syriens occidentaux comprenant les canons ecclésias-
tiques et les lois civiles. Cet ouvrage a été traduit en
arabe, et il en existe des manuscrits , soit en syriaque,
soit en arabe, au Vatican, à la Laurentienne de Flo-
rence, à la Bibliothèque nationale, à la Bodléienne
d'Oxford et à la Bibliothèque royale de Berlin. Le card.
Mai a imprimé, dans le vol. X de la Script, cet. nova
l. IbicL, p. 5-2, Asscmani a imprimé la leUre synodale des patriarches
occidentaux aux Orientaux, relative à l'institution du patriarcat de
Séleucie. Cette lettre est extraite du livre IX, chap. v, du Nomocanon
d'Ebedjésu.
SYIUAQLES. ITO
collectioy la traduction latine qiiEloi Assémani en
avait faite. Le P. Bedjan a édité le texte syriaque,
Nomocanon Gregon'i Barhebrœi, Paris, 1898. Le
nomocanon de Barhebrœus est plus complet que celui
dÉbedjésu en ce qui concerne le droit civil '.
On possède encore le Xomocanon de David, métro-
politain maronite . traduit du syriaque en arabe par
Thomas, évêque de Kaphartab. avec des additions et
des corrections conformes à la doctrine monothéliste.
Cet ouvrage est précédé de la lettre du moine Joseph,
adressée à ce même Thomas, et de la réponse de ce-
lui-ci^.
Ces collections dispensaient de recourir aux collec-
tions précédentes, moins complètes ou moins systé-
matiques, et aux traités spéciaux dont elles contenaient
un épitomé. On n'est donc pas surpris qu'un certain
nombre d'ouvrages juridiques , antérieurs à ces re-
cueils, se soient perdus. Quelques-uns cependant ont
subsisté.
Rabboula, évèque d'Édesse i-j- 435 , nous a laissé
trois petits traités intitulés, l'un Canons, le second
Ai'ertissements conceimant les moines, et le troisième
Commandements et avertissements adressés aux pré-
très et aux réguliers. Ils ont été publiés, d'après des
ms. du Musée britannique, par M. Overbeck dans son
livre, S. Ephriemi syri, Rahulœ, etc., p. 210-221.
Abraham , le fondateur du Grand monastère sur le
mont Izla (VI® s.), passe pour le réformateur des mœurs
des moines nestoriens , qui s'étaient relâchées depuis
l'introduction du monachisme en Mésopotamie par
1. Mai. op. cit., préface, p. si. M. Bedjan a donné dans la préface de
son cdilion, p. viii-x, la liste des sujets traités dans les chapitres.
± ZoTEMîF.iu;, Calai, des ms. syriaques de la Bibl. nationale, n» 2i3;
comp. AsstMAM, Catal. Vat., t. 111, p. 20-2 et suiv.
180 CANONS ECCLKSIASTIQUES
saint Eugène. Abraham et son successeur à la tête du
monastère dlzla, Dadjésu, composèrent les canons qui
régissaient ce couvent, le premier, au mois de juin 571,
et le second, au mois de janvier 588. Ces canons
viennent dôtre publiés avec une traduction latine par
M. lAbbé Chabot, d'après un ms. du Musée Borgia,
dans les comptes-rendus de YAccademia dei Lincei
sous le titre de Regulce monaslicce ah Ahrahamo et
Dadjesn conditx, Rome, 1898. Ebedjésu les avait in-
sérés dans son Nomocanon publié, comme nous l'avons
rappelé plus haut, par INlai; mais il les modiûa et les
altéra de plusieurs manières. M. Budge, se référant
à l'édition de Mai , avait donné une traduction anglaise
des canons d'Abraham dans son édition de l'Histoire
monastique de Thomas de Marga, t. I, p. cxxxiv et
suiv. , et une analyse des canons de Dadjésu , ibid. ,
p. cxL. Dadjésu, un fervent nestorien, exigeait de ses
moines une adhésion sans réticence à la doctrine prê-
chée par Nestorius.
Jean bar Cursus, évêque de Telia de Mauzalat
(ou simplement Jean de Telia , \ 538) , un des ardents
apôtres du monophysisme dans la Mésopotamie, a
composé des Avertissements et préceptes sous forme
de canons adressés aux clercs et des Questions
relatives à divers sujets adressées par le prêtre Ser-
gius Ci Jean de Telia, avec les réponses à ces ques-
tions. Ces deux ouvrages se trouvent dans des ma-
nuscrits du Vatican , du Musée britannique et de la
Bibliothèque nationale ' ; le second a été publié par
M. Lamy [Dissertatio de Syrorum fide et disciplina in
re Eucharistie a, Louvain, 1859, p. 62-79).
Des extraits des sentences ecclésiastiques portées
1, AssÉMAM, B. 0., Il, p. î'A; Catal. Wright, voir General index,
p. 129G, col. 2. Calai. Zolenberg, n° 6-2, 50" et 51°.
SYRIAQUES. 181
par Siméon. métropolitain de Rivardescliir VIP s.^,
nous sont parvenus dans le ms. du musée Borgia,
K. yi,vol. 3'.
Les règles ascétiques que Rabboula avait instituées
à Édesse au V^ siècle, étaient peu à peu tombées en
désuétude. Au VIP siècle, Jacques, nommé évèque de
cette ville , fit dinutiles efforts pour remettre en vi-
gueur les anciens canons ecclésiastiques; il se heurta à
la résistance des moines qui trouvèrent un appui au-
près du patriarche d'Antioche, Julien, le successeur
d'Athanase. Jacques, voyant son autorité méconnue,
abandonna son siège épiscopal et se rendit au couvent
où résidait le patriarche; devant la porte du couvent,
il mit le feu à un exemplaire des canons qu'il avait ap-
porté, en s'écriant : « Ces canons, que vous foulez
aux pieds et que vous n'observez pas, je les brûle par
le feu comme superflus et inutiles^ ». Parmi les nom-
breux canons de Jacques dEdesse^, quelques-uns sont
rédigés sous la forme de questions adressées à cet
évêque par le prêtre Addai et de réponses à ces ques-
tions. Ces derniers ont été publiés, d'après le ms. de
Paris 62. par Paul de Lagarde, Reïiquiœ j'un's eccl.
syriace, p. 117-134, et par M. Lamy, Dissertatîo de
Syroriim flde,^. 98-171. Kayser en a donné une édi-
tion critique plus complète, avec une traduction alle-
mande''. Cette édition est basée sur les deux ms. de
Paris C2 et 111. et sur trois ms. du Musée britanni-
que. Kayser a. en outre, extrait du Nomocanon de
1. Cep.soy, /. c, p. 36o. Ce siméon est indiqué comme l'auteur d'une
olleclion de canons dans le Catalogue d'Ébedjêsu, B. 0., III, pa;sl,
p. 279.
2. BAnnF.DR.ECs, Chron. ceci., I, p. 291.
3. Voir AssÉMAM, B. 0., I, 477.
4. Die Kanones Jacob' s von Edessa ùberselzt und erlâutert, Leipzig,
1S8G; comp. WnrciiT, Solulœ syriacae , Londres, 1887,
LITTÉRATURE SYRIAQUE. H
182 CANONS ECCLÉSIASTIQUES
Barliebrseus les canons de Jacques qui y sont insérés
dune manière abrégée '. Jacques est encore l'auteur
d'un traité sur les dégrés de parenté qui forment un
obstacle au mariage -.
George, évèque des Arabes, un contemporain de Jac-
ques d'Édesse et appartenant, comme celui-ci, à la con-
'fession jacobite, écrivit des décisions connues par le No-
mocanon de Barhebrseus (trad. en allemand par Ryssel,
Ccorgs des Arab. Gedichte^ Leipzig, 1891, p. 145).
Siméon Taibouteh (vers 690) écrivit un livre sur les
règles monastiques, suivant le catalogue d'Ebedjésu^.
Le traité sur les jugements , composé par Jésubokt,
métropolitain de Perse (vers 800) existe dans le ms. du
musée Borgia, K. VI, vol. 3 '•.
Des manuscrits du Vatican, du Musée britannique et
de la Bibliothèque nationale contiennent les canons du
patriarche d'Antioche, Cyriaque \j- 817) ^.
Les canons et avertissements de Jean bar Abgar, pa-
triarche nestorien (7- 905), que cite le catalogue d'Ebed-
jésu, se trouvent dans des manuscrits de Rome et ont
été analysés par Assémani dans sa Bibliotheca orienia-
lîs ^. Ebedjésu attribue encore à ce patriarche des ques-
tions ecclésiastiques, qu' Assémani a fait connaître".
Le ms. du Musée Borgia, K. VI, vol. 1, a des canons
ecclésiastiques sous le nom de Jean, patriarche d'O-
4. Ces mêmes eanons se trouvent aussi avec d'autres canons de Jac-
ques d'Édesse dans un ms. de Cambridge, dont Wivight a publié des ex-
traits en 1887 dans ses Notulœ syriacae.
-2. Cat. Vat., t. II, p. 2i4.
3. B. 0., III, pars I, 181.
4. P. Cersoy, l. c, p. 3G5, 3°; comp. le Catal. d'Ébedjésu dans B. 0., III,
pars I, p. 195.
5. AssÉMAKi, B. 0., II, 116 et 342; Calai Wright, p. 222; Catal. Zoten-
berg., p. 28, n» d4. Le catalogue de AVkight, j). 91)3, d° 47, mentionne
aussi les Canons sur le clergé de Sergius, évèque d'Amphiator (?).
6. B. 0., II, ti et 507; III, pars I, 238 et suiv.
7. B. 0., III, pars I, 249.
S\'RIAQUES. 183
rient. A défaut dune indication plus précise, M. l'Abbé
Cersoy^ suppose qu'il s'agit de Jean bar i^bgar, mais il
remarque que la confrontation de ce recueil de canons
avec les ouvragées de Jean bar Abofar dont Assémani
donne l'analyse, ne permet pas de l'identifier avec quel-
qu'un de ceux-ci.
La collection canonique faite par George . métropo-
litain d'Arbèle 'vers 945 , existe dans le ms. du Musée
Borgia, K. VI, vol. 3-.
Un recueil de canons ecclésiastiques et de décisions
est attribué à Ebedjésu bar Babriz, métropolitain d'Ar-
bèle et de Mossoul vers 1028 ^.
Jésu bar Schouschan. qui devint patriarche des Ja-
cobites sous le nom de Jean X -f- 1073) est l'auteur de
vingt-quatre canons qu'il écrivit pour le clergé^ et qui
paraissent perdus.
Ebedjésu, métropolitain de Nisibe, rédigea des dé-
cisions et canons qui ne se sont pas conservés ^.
§ 3. — Le droit civil.
Nous avons vu sous le paragraphe précédent que les
collections juridiques des Syriens renfermaient , avec
les canons ecclésiastiques, des lois civiles qui trouvaient
leur application dans les procès déférés par des chré-
tiens à la juridiction épiscopale. Ces lois étaient fondées
sur le droit byzantin que les Syriens étudiaient dans
deux recueils, comme nous en informe Ebedjésu dans
l'introduction au troisième traité de son Nomocanon.
i.L. c, p. 304-365.
2. P. Cer*;ot, /. c, p. 3G8, 11°.
3. AssÉMAM. B. 0., ni, pars I, 279.
4. Bariudreis. Chron. ec:L. I, p. 445.
5. AssÉUAM. D. 0.. ni. pars I, 3*iO.
184 LE DROIT CIVIL.
L'un de ces receuils était celui que saint Ambroise avait
fait à la demande de l'empereur A^alentinien ; Lautre,
c'était la collection des lois de Constantin, de Théo-
dose et de Léon. Ce dernier ouvrage était très ré-
pandu au moyen âge sous les titres de Statuta impe-
raiorum, de Lihrihasilicon ou de Leges Constantim\
Theodosii et Leojiis; il en existait plusieurs traduc-
tions syriaques.
M. Land a le premier édité la version syriaque con-
tenue dans le ms. du Musée britannique, Add. 14528,
qui est du commencement du VP siècle [Anecdota
sjjriacay I, p. 30-64); et il en a donné une traduction
latine [ibid., p. 128), sous le titre : Leges sœculares
e sermone romano in aramxum translcttœ. Mais le
manuscrit est peu correct et la traduction laissait à dé-
sirer. M. Sachau a entrepris, avec la collaboration de
M. Bruns, professeur de droit à Berlin, une nouvelle
édition de cette version , et a ajouté à la traduction al-
lemande des textes un apparat critique qui la complète
[Syrisch-rœmisches Rechtsbiich ans dem fuenften
Jahrhundert, Leipzig, 1880). Les textes que renferme
cette édition sont : 1° la version syriaque d'après le ms.
Add. 14528; 2° un fragment de la même version con-
tenu dans le ms. Add. 18295 ; ce fragment a les deux
premiers paragraphes et une introduction qui manque
dans le ms. 14528; 3° la version syriaque d'après le ms.
112 de la Bibliothèque nationale; 4° la version arabe;
5° la version arménienne.
L'ancienne version syriaque est du Y^ siècle, à en
juger par le ms. 14528 qui est du commencement du
siècle suivant.
Le patriarche nestorien Elias et son contemporain,
Elias de Nisibe , ont utilisé ces lois pour leurs collec-
tions. Ébedjésu mentionne, de soncôté, L(^s^o/5^(?5 em~
LE DrxOIT CIVIL. 180
pereurs dans dix passages de son Nomocanon ; dans
deux autres passages il les cite sous le nom de Jésu bar
Noun et de Jésubokt. Les passages rapportés par le
patriarche Elias et par Ebcdjésu, diffèrent des textes
de Tédition de M. Sachau. Celui-ci en conclut qu'il de-
vait exister encore dans la première moitié du Xl^ siècle
des recueils de ces lois sensiblement différents de ceux
qui nous sont parvenus*. Cette conclusion est confir-
mée par la découverte que ^Y^ight fit d'une autre ver-
sion syriaque du môme ouvrage dans les fragments
d'un ms. de Cambridge (publiés dans ses Notulœ
syriacic, p. 1-11'. Elle est encore confirmée par la
notice de ]M. Cersoy ' sur le ms. du Musée Borgia,
K. YI, vol. 3, ainsi conçue : « Trois collections de droit
romain. La première est intitulée : Lois et sentences
portées par les rois chrétiens Constantin et Léon. La
seconde est donnée comme une antre ç^ersion des
mêmes lois, augmentée par l'addition d'autres lois.
La troisième porte le titre suivant : Lois civiles des Ro-
mains faites par le confesseur Ambroise lorsqu'il re-
çut Vordre de Valentinien de les codifier pour les pré-
fets [des provinces). Cette troisième collection doit
être celle dont parle Ebedjésu dans son catalogue,
quand il dit qu" Ambroise, évêque de Milan, fit sur l'or-
dre de Valentinien, un recueil de sentences et de règles
pour les préfets des provinces (Assémani, B. 0., t. III,
1" partie, p. 267 et 269). Ces recueils de droit romain
offrent tous trois de nombreuses différences avec les
documents syriaques de même genre publiés par
MM. Bruns et Sachau. Ils semblent aussi s'écarter no-
i. Syrisch-rœmisches Rechtsbuch, p. Ml. Bailiebra?us dans son Livre
des directions cite aussi Les lois des empereurs, mais d'après leur sens
et non d'après leur contexte.
i. Zeitschr. fur Assi/riologie, t. IX, p. 3CG, 4°.
186 LE DROIT CIVIL.
tablemcnt de la version syriaque dont M. Wright a pu-
blié des fragments [Notulce syriacœ), »
Le même manuscrit du Musée Borgia nous a conservé
quelques traités de droit civil composés par des juristes
nestoriens. Ce sont : 1° le traité du patriarche nestorien
Elias 1 sur les héritages, et ses règlements synodaux
relatifs aux successions et aux empêchements du ma-
riage ' ; 2"^ le traité sur le partage des successions ,
compilé par le patriarche Elias I , et abrégé par Elias
de Nisibe; probablement un épitomé du traité du nu-
méro 1 -; 3° les Lois et sentences judiciaires d'Ebed-
jésu bar Bahriz (comp. ci-dessus, p. 183). Ce recueil
a pour objet le partage des successions; il est divisé
en deux sections : la première donne la théorie du par-
tage des successions; la seconde entre dans le détail
des cas particuliers^.
Les règles sur les jugements ecclésiastiques et sur
les héritages du patriarche Timothée I se trouvent dans
le ms. K. VI, vol. 4, du INlusée Borgia-*.
1. p. Cersoy, l. c, p. 3G8, 9= et 10«.
2. P. Cersoy, l. c, p. 308, \'2°.
3. P. Ceusoy, l. c, p. 3Gj, 1°; comp. le Catalogue d'Ébedjésu, B. 0., Hi,
pars I, 2G7.
4. P. CEnsoY, l c, 372, 32°.
XII
LES HISTORIOGRAPHES.
§ 1. — Histoire générale.
Le sixième siècle qui marque Tapogée de la littéra-
ture syriaque a vu éclore les premières œuvres histo-
riques que les Syriens nous ont laissées. Au commen-
cement de ce siècle fut écrite une chronique relatant
les événements qui se sont passés en Syrie et en Méso-
potamie pendant les années 495 et suivantes jusqu'à la
fin de l'année 506. C'est le document le plus complet
et le plus exact que l'on ait sur les guerres d'Anastase 1
et de Cawad. Cette histoire a été composée à Edesse
vers 618 , car son auteur parle de la fm du règne d'A-
nastase ' ; elle nous est parvenue dans une compilation
qu'Assémani croyait être l'œuvre du patriarche Denys
de Tellmahré, et elle était désignée jusqu'à ce jour sous
le nom de Chronique de Josiié le stylite. C'est sous ce
nom qu'Assémani qui la découvrit dans la compilation
du soi-disant Denys en donna une analyse détaillée
dans sa Bibliotheca orientalis, I, p. 260-283. C'est sous
\, L'Abl>.; Nac, Analyse des parties iné iiles de la chronique atlribuce
à Denys de Tellmahré, Paris, 1898, extrait du Supplctnent de l'Orient
chrétien, 1897.
188 HISTOIRE GÉNÉRALE.
ce nom aussi qu'elle fut publiée intégralement une pre-
mière fois par TAbbé Martin avec une traduction fran-
çaise , et une seconde fois , par Wright avec une tra-
duction anglaise , d'après une collation de Vediiio
princeps faite par M. Guidi sur le ms. unique ^
La conjecture suivant laquelle cette chronique était
de Josué , moine du couvent de Zoukenin près d'Amid ,
était basée sur une note d'un feuillet, qu'un scribe pos-
térieur, du nom d'Elisée, avait écrit pour remplacer
un feuillet endommagé du manuscrit. Cette note est
ainsi conçue : « Priez pour le misérable Elisée du cou-
vent de Zoukenin qui a écrit ce feuillet afin qu'il trouve
grâce comme le larron de droite; Amen et Amen! Que
les miséricordes du Dieu puissant et de Notre Seigneur
Jésus-Christ soient sur le prêtre Mar Josué le stylite
du couvent de Zoukenin qui a écrit ce livre de l'histoire
des calamités passées... » Comme la chronique a été
écrite à Edesse, on devait supposer que son auteur,
Josué, moine du couvent de Zoukenin, avait vécu dans
cette ville pendant un certain nombre d'années. En fait
le nom de cet auteur n'est indiqué ni au commence-
ment ni à la fin de l'histoire , qui est rédigée sous forme
d'une lettre adressée au prêtre et abbé Sergius en ré-
ponse à une demande faite par celui-ci. ^I. Nau a mon-
tré que la note d'Elisée se rapporte, non pas à la chro-
nique , mais à la compilation entière dans laquelle elle
est insérée-. Le nom de l'auteur de cette chronique ne
nous est donc pas connu. On peut seulement savoir
d'après le texte que cet auteur professait dans une
4. Chronique de Josué le slylite par l'Abbé Paulin Martin, Leipzig, 1876,
dans les Abhandlungen fur die Kunde des Morgenlandes , t. VI. The
Chronicle of Joshua the stylite, par W. Wr.iGUT, Cambridge, 4882.
2. Bulletin critique, 25 janvier 1897, p. 5i; Analyse des j)cirties inédi-
tes de la chronique, etc., p. 12; comp. Noeldeke, Le7. Cenlralblatt,
42 février 1893, p. 190.
:;iSTOii:i: r.i-..\rjîALE iS9
école dl-Àlcssc; il clait prol)ai)lcmcnt orllioJoxc; il
loue Flavicii qui abandonna les Jacohiles el semble
blâmer Anastasc d'avoir exilé ce palriarclic. M. iXaii
croit que celte chronique se trouvait déjà dans la se-
conde partie de Ihisloire de Jean d'Asie, d'où elle a
passé dans la compilation. La troisième partie de cette
compilation est en efTet une transcription littérale de lu
seconde partie de Jean d'Asie, tellement littérale que
le narrateur (Jean d'Asie) y parle à la première pprsunue
quand il renvoie à nn autre passage de son livre; la
même caractéristique se retrouve dans la petite chro-
nique.
Quelques années plus tard, un anonyme écrivit une
chronique d'Edesse qui s'est conservée dans un ms.
syr. du Vatican, n° 163, provenant de la bibliothèque
du couvent syrien de Notre-Dame dans le désert de
Nitrie. Cette chronique commence à l'année 180 des
Séleucides 132-1.31 avant J.-C, et s'arrête à l'année
540 de notre ère , au moment où elle a été sans doute
composée. Très concise pour la première époque, elle
offre des renseignements plus détaillés à partir du IIP
siècle de J.-C. Les données historiques quelle ren-
ferme et surtout les dates exactes qu'elle fournit en font
un précieux document pour l'histoire non seulement de
l'Orient, mais aussi de l'Occident. Assémani a publié
cette chronique tout entière dans sa Bibliotheca orien-
talis, I. p. 388-417 ^ Une seconde édition du texte,
revu sur le manuscrit par M. Guidi, a été publiée par
M. Ludwig Ilallier'^ avec un apparat critique complet
\. Réimprimée, d'après Ass(;mani. par Michaelis dans sa Clireâloma-
Uùc syriaque. 2« éd., Gœtliuguc. ITso, p. 4T el suiv.
2. Untersuchunoen ûber die Ed-;ssenische Chronik mil dem syrischen
Texte und einer Ueherselzung, dans les Texte und Untersuchungen de
Gebu.u;dt et HAr.N.vcK, t. I,\, fasc. 1, Leipzig', 180-2. M. Hallier, p. 3, note
3, croit que la traduction anglaise citée par Wright n'existe pas.
11.
190 IlISTOmE GÉNÉRALE.
et une traduction allemande. D'après les recherches de
M. Rallier, les sources de la Chronique d'Edesse sont
des documents originaires d'Antioche où Tannée com-
mençait le premier septembre , et une histoire des Per-
ses aujourd'hui perdue. 11 faut excepter les notices rela-
tives à Édesse, qui sont empruntées aux archives de
cette ville. L'auteur a utilisé aussi la chronique dont nous
avons parlé précédemment. M. Rallier a cherché à éta-
blir, mais en vain selon nous ' , que l'auteur écrivait, non
pas vers 540. mais à la fin du VP siècle. Cet auteur
était orthodoxe ; il reconnaît les quatre premiers con-
ciles œcuméniques, mais il avait un penchant manifeste
pour le nestorianisme , et son orthodoxie était cette
orthodoxie mitigée qui se rencontre assez fréquemment
chez les Syriens au commencement du YP siècle.
C'est sans doute aussi dans la première moitié de ce
siècle quapparut un roman historique d'un auteur
inconnu, probablement un moine d'Edesse. Ce roman
est divisé en trois parties qui renferment : la première,
l'histoire de Constantin et de ses fils; la deuxième,
l'histoire d'Eusèbe de Rome et des souffrances que
l'empereur Julien lui fit endurer; et la troisième, Ihis-
toire de Jovien (que les Orientaux appellent Jovinien)
pendant le court règne de Julien. Les faits et les dates
sont traités dans cet ouvrage avec une telle fantaisie,
même en ce qui concerne la campagne de Julien en
Orient, qu'il est sans valeur pour l'historien; mais il
nous a conservé le meilleur morceau de rhétorique sy-
riaque, écrit dans un style élégant et pur d'hellénisme,
entremêlé de lettres et de discours qui rappellent en
quelque sorte le genre historique de Tile-Live. Il a été
beaucoup lu en Orient pendant le moyen âge et a exercé
\. Revue critique d'histoire et de littérature, 19 juin 1893, p. 'j8I et
suiv.
IlISTOmE GENERALE. 101
une influence regrettable non seulement sur les histo-
riens syriaques, comme Barhebrœus, mais aussi sur les
historiens arabes. C'est certainement cet ouvrage, ob-
serve Wright' , qu'Ebedjésu attribue dans son catalogue
à riiistorien Socrate, lorsqu'il dit que celui-ci écrivit
« une histoire des empereurs Constantin et Jovinien. »
Ce roman historique est conservé , malheureusement
avec de nombreuses lacunes, dans un ms. du Musée
britannique, Add. 14641, du VI® siècle. De la première
partie, concernant Constantin et ses fils, il ne reste
plus que la fin sur un feuillet. La seconde et la troi-
sième partie, presque entièrement complètes, sont
présentées comme un récit écrit par Aploris ou Apo-
plaris (? , un conseiller intime de Jovien, à la demande
d'Abdel , archimandrite de Sandroun Mahozé (?) , pour
servir à la conversion des chrétiens. M. Nœldeke a
traité, avec une rare compétence, de cette composition
syriaque dans \di ZeitscJir. der dent, morgenl. GeselL,
t. XXYIII, p. 263-292; il en fixe la rédaction entre les
années 502 et 532. M. Georg Hoffmann en a publié le
texte d'après le ms. du Musée britannique, sous le titre
de Julien T Apostat [lulianos der Abtrûimige, Leide,
1880).
Un autre manuscrit du Musée britannique, Add.
7192, du VIP siècle, renferme un fragment d'une œuvre
du même genre, relatif à l'apostasie de Julien. M. Xœl-
deke , qui a parlé de ce fragment dans la même revue,
t. XXVIII, p. 060, a reconnu un auteur différent de celui
de l'ouvrage précédent. Ce fragment a été édité par
M. Hoffmann à la suite du premier roman, p. 242-250.
La plus ancienne histoire ecclésiastique qui nous soit
parvenue des Syriens est celle que le célèbre Jean d'A-
1. Syriac Literaliire, 2" éd., p. JOD.
192 HISTOIRE GENERALE.
sie i'ou Jean d'Ephèse) écrivit dans la seconde moitié
du YP siècle. Jean avait divisé son ouvrasre. comme il
nous l'apprend lui-même, en trois parties : les deux
premières, comprenant chacune six livres, s'étendaient
depuis Jules César jusqu'à la YIP année de Justin II
(572) ; la troisième partie, également en six livres, s'ar-
rêtait à Tannée 585. La vie de l'auteur ne dut pas se
prolonger beaucoup après cette dernière année, car
Jean était alors âgé de quatre-vingts ans.
La première partie est malheureusement perdue en
entier. D'importants fragments de la seconde partie
sont conservés dans deux ms. du Musée britannique,
Add. 14647, daté de 688, et Add. 14650, daté de 875;
ils ont été publiés par M. Land dans le deuxième vo-
lume de ses Anecdola syriaca , p. 289-329 et 385-391,
avec un petit fragment, p. 363, tiré du ms. Add. 12154.
D'un autre côté, l'auteur de la chronique attribuée à
Denys de Tellmahré déclarait avoir composé la troi-
sième partie de son ouvrage avec la seconde partie de
l'histoire de Jean d'Asie; mais on supposait que cette
compilation postérieure ne fournirait rien de plus que
les fragments conservés dans les ms. de Londres, et
qu'il n'y avait aucun intérêt à éditer cette troisième
partie de Denys. M. l'Abbé Nau a montré qu'il en était
autrement, et il est arrivé à la conclusion que le Pseudo-
Denys de Tellmahré avait transcrit littéralement dans
sa compilation toute la seconde partie de Jean d'Asie
dont on ne croyait posséder que des fragments. M. Nau
a reconnu en effet que les fragments publiés par Land
se retrouvent tout entiers dans cette compilation et en
meilleur état ; il suppose que le surplus de la seconde
partie de Jean y est également reproduit intégrale-
ment ^ .
1, Bulletin critique, 2o août 1896; Journal asiatique, 189C, 9^ série,
HISTOIRE GI-.M-K.\LE. i93
La troisième partie de Ihistoire de Jean dAsie est
conservée . avec de nombreuses et importantes lacunes,
dans le ms. Add. 14640, du YII^ siècle et probablement
de la même main que le ms. Add. 14647, qui renferme
des fragments de la seconde partie. Cette troisième
partie a été publiée par Cureton à Oxford en 1853,
sous le litre de The third part of the ecclesiastical his-
tory of John bishop of Ephesiis. Elle a été traduite
en anglais par Payne Smith en 1860, et en allemand
p^ Schœnfelder en 1862. Elle commence en 571 sous la
persécution de Justin II contre les Monophysites. Jean,
un ardent défenseur de la nouvelle secte jacobite , souf-
frit durement de cette persécution ; jeté en prison ou
obligé de fuir de lieu en lieu et de se cacher, il écrivait
à la hâte des feuillets de son histoire quil devait mettre
en lieu sûr; de là le désordre qui règne dans cette com-
position et , sans doute aussi , un certain nombre des
lacunes qui s'y rencontrent. L'auteur s'en excuse dans
le chapitre 50 du second livre ^ : <( Il arrive que des
personnes instruites, en lisant ces histoires, blâment
l'auteur au sujet de la confusion qui règne dans le récit
d'un même événement, mêlé et dispersé dans plusieurs
chapitres. Mais, à propos des chapitres exposés à ce
blâme, il faut savoir que beaucoup d'articles ont été
écrits au temps de la persécution et sous la contrainte
de toutes les adversités. Les cahiers où se trouvaient
ces articles devaient nécessairement être mis à Tabri
avec d'autres papiers et livres dans différents endroits,
et être cachés dans plusieurs lieux , parfois pendant
deux ou trois ans. Lorsqu'il se présentait des faits dont
r. vnr, p. 340 ci suiv.; Analyse des parties inédites de la chronique at-
tribuée à Denys de Tellmahré, 1893, extrait du Supplément de l'Orient
chrétien, 189". Dans ce tlcrnier travail, p. 33 et suiv., M. N.vu a donné
une anal>sc de la seconde partie de Jean d'Asie.
1. Éd. Cir.ETON, p. iSO.
194 HISTOIRE GENERALE.
il voulait conserver par écrit la mémoire , et dont il
avait déjà fait mention dans des chapitres rédigés pré-
cédemment, Tauteur, n'ayant pas sous ses yeux ses
premiers écrits, ne se rappelait pas en avoir déjà traité,
et les rapportait de nouveau. Telle est la cause de la
répétition des mêmes faits dans plusieurs chapitres.
Plus tard les loisirs ont manqué pour qu'il soit fait fa-
cilement et à l'aise une harmonie des récits. » On peut
attribuer aussi aux temps troublés dans lesquels Jean
vivait, les défauts de composition, l'exubérance d'un
style peu châtié , plein d'héllénismes et de mots grecs.
11 faut ajouter que les différents livres n'ont pas été
écrits d'une manière suivie selon Tordre des faits,
mais ils ont été composés de morceaux détachés réunis
ensuite en un recueil; les dates fournies par cette der-
nière partie sont^ : 581 dans le ch. 39 du livre I; 577
dans le ch. 15 du livre II ; 582 dans le ch. 22 du livre
III; 575, 576, 580 et 585 dans les ch. 13, 19, 53 et 61
du livre IV; et 584 dans le ch. 25 du livre YI.
Les historiens trouveront dans ce qui nous reste de
l'œuvre de Jean d'Asie des informations précises sur
les crises que l'Eglise monophysite traversa pendant
le VI^ siècle. Jean se défend de partialité; il se plaint
amèrement, il est vrai, des souffrances endurées par
ses coreligionnaires, tandis que les calamités qui as-
saillirent ses adversaires le laissent froid ou méritent
son approbation . mais c'est un historien véridique et
original , dont l'œuvre domine de haut les compilations
historiques que la Syrie nous a laissées.
Les çies des Bienheureux orientaux écrites par Jean
d'Asie et réunies par lui en un recueil vers 569 complè-
tent l'histoire ecclésiastique de cet auteur et offrent
1. Voir Land, Johannes Bischof von Ephesos, der erste syrische Kir-
chenhisiorike)-, Leide, IS.'JG, p. 82.
HISTOIRE GÉNÉRALE. 19o
un intérêt presque égal à celle-ci. Nous renvoyons le
lecteur à ce que nous en avons dit plus haut, p. 162.
Vers la même année 1569 , un Syrien jacobite rédi-
gea une compilation historique dans laquelle il fit entrer
une grande partie de Ihistoire ecclésiastique que Za-
charie le Rhéteur, évèque de Mitylène, composa vers
le milieu du VI® siècle et dont loriginal grec est au-
jourd'hui perdu'. Cette compilation, divisée en douze
livres, nous est parvenue dans un ms. du Musée bri-
tannique , Add. 17202, de la fin du VP siècle ou du com-
mencement du VIP siècle. Dans ce ms.,les derniers
chapitres du livre X et le livre XI entier manquent ; en
outre le livre XII est incomplet au commencement et à
la fin. Le texte syriaque a été édité, d'après ce ms. ,
par M. Land dans le troisième volume de ses Anecdota
sijriaca. L'histoire de Zacharie occupe dans la compi-
lation syriaque les livres IlI-YI; les autres livres I-II
et VII-XII proviennent de différents sources. M. Land
a donné dans l'introduction du troisième volume des
Anecdota syriaca^ p. xvii-xxiii. une brève analyse du
contenu des chapitres de chaque livre. Nous lui em-
pruntons quelques citations qui donneront une idée du
genre de cette œuvre :
Livre I, ch. vi, Histoire de Joseph et Asenath voir
ci-dessus p. 92 .
Livre I, ch. vu, Les actes de saint Sihestre , docu-
ment important pour l'étude des actes légendaires de
1. Land, Anecdota syriaca, ni. p. 3, l.penuU.; le conipilatLiir dit qu'il
a conduit son histoire jusqu'à l'année 880 (569 de J.-C.). Land. ibid., p. xii,
croyait que Zacharie écrivait avant .j19, mais M. Nac, Journal asiatique^
1897, 9« série, t. IX, p. 5i7, a établi que l'histoire de Zacharie s'étendait
au delà de 5i4. Land a le premier, dans Johannes Bischof ton Ephesos,
p. 33-37, montre que cet ouvrage n'était pas l'histoire s>riaque d'un
Zacharie de Méliléne, comme Assémani et d'autres après lui l'admet-
taient, mais la version de l'histoire écrite en grec par Zacharie de
Milyl'-ne.
196 HISTOIRE GÉNÉRALE.
saint Silvestre et du baptême de Constantin; les ms.
grecs et latins qui renferment ces actes n'ont pas l'an-
tiquité de la version syriaque. Cette version remonte-
rait au moins au commencement du VP siècle si l'ho-
mélie syriaque sur le baptême de Constantin est
réellement de Jacques de Saroug '.
Livre II, chap. 1, Les sept donnants d'Ephèse (voir
ci-dessus, p. 147 .
Livre V, cli. viii, le texte syriaque de Vllénotique de
Zenon.
Livre VIII, ch. m. Des martyrs honièrites (voir ci-
dessus, p. 148).
Livre X, ch. iv. Lettre de Rabhoula à Géniellinus ,
évêque de Perrhé, sur le niésusage du pain eucharis-
tique. Cette lettre , qui se trouve également dans la
chronique de Pseudo-Denys de Tellmahré (Assémani ,
B.O., I, 409) d'après Jean d'Asie, a été éditée à part
par Overbeck dans S. Ephrœmi syri et Rabbulœ.,..
opéra sélect a, p. 231.
Livre X, ch. xvi, Description des édifices et des dé-
corations de la ville de Rome. Ce chapitre fait suite au
chapitre précédent sur la prise de Rome par le roi des
Ostrogoths, Totila. En publiant cette Description ,
M. Guidi a signalé l'intérêt qu'elle offre pour l'archéo-
logie de la capitale de l'Italie -.
Livre XII, ch. vu, La description de l'univers par
1. I/Abbc Dlciiesne, Étude sur le Liber Pontiflcalis, Paris, 1877, p. 168;
FnoTiiiNGiiAM, L'omelia di Giacorno di Sarug sul baUesimo di Costan-
tino imperator, Rome, 18S-2, dans les mémoires de la Reale Accademia
dci Lincei, 1881-188:2. La légende est aussi rapportée dans la chronique
de Pseudo-Denys de Tellmahré, Dionysii Telmahharensis chronici
liber j'^rimus, éd. Tlllberg, Upsal, 18i8.
2. La publication de M. Gcidi {Il testo siriaco délia descrizione di Roma
nella storia allributa à Zaccaria fie/ore, Rome, 1885, extrait du Bul-
lelino délia Commissione archeologica di Roma, 1884) est basée sur le
ms. Val. syr. 145, et les ms. Add. 17202 et Add. 12I5i. Mai avait déjà
HISTOIRE GlilNÉIULE. 197
Ptolémêe ^ . L'auteur a inséré dans ce chapitre un récit
sur l'extension du christianisme au delà des Portes cas-
piennes et l'écriture adaptée à la langue des Huns, fait
qui avait eu lieu, dit-il, il y a vingt ans et plus.
Les livres qui renferment l'histoire de Zacharie et les
livres suivants, pour lesquels l'auteur semble avoir
utilisé Ihistoire de Jean d'Asie -, relatent les événe-
ments qui agitèrent les Eglises monophysites de lE-
gypte et de la Syrie au VP siècle. A ce point de vue la
compilation syriaque de Zacharie est un utile complé-
ment de l'histoire de Jean d'Asie^.
A la fm de son troisième volume, p. 341 et suiv. ,
M. Land a imprimé, d'après le ms. Acld. 12174 du Musée
britannique, le récit de la mort de Thcodose, évêque
de Jérusalem, et l'histoire de l'ascète Isaïe, qui sem-
blent provenir de l'histoire ecclésiastique de Zacharie.
Le ms. syriaque 145 du Vatican renferme un certain
nombre d'extraits de la compilation de Zacharie , qui
sont donnés comme la continuation des histoires de
Socrate et de Théodoret . reproduites en grande partie
dans ce manuscrit. Assémani ' B. 0., t. II, p. 54) a le
premier fait connaître ces extraits . que le card. Mai a
publiés dans le tome X de sa Script, celer. nov>a col-
lecîio, p. 332-338. On y lit, entre autres documents,
la lettre de Siméon de Beit-Arscham et la description
de Rome mentionnée plus haut.
donné le texte syriaque avec une version latine clans son édition du
ms. Vat. IW dont nous parlerons plus loin; et Saciiac avait traduit le
texte publié par Land dans la Topograph. dn- Sladl Rom de Jop.dax, II,
575. Dans le BuUclino, 1891, M. Guidi a réédité la Description, avec
plusieurs variantes, d'après l'histoire de Michel le Syrien encore iné-
dile.
1. Cette Description se trouve aussi dans le ms. Add. 14C20 du Musée
brilanni()ue, du IX* s., voir Wnicni, Catal., p. 803, col. \.
2. WraciiT. Syriac Literature, 2« éd., p. 103, note 1.
3. Voir ci dessus, p. 191-10».
198 HISTOIRE GÉNÉRALE.
Les auteurs syriaques du VP siècle qui traitèrent de
rhistoire de TEglise possédaient déjà des versions des
histoires grecques d'Eusèbe, de Socrate et de Théodo-
ret; mais Sozomènc était à peine connu des Syriens.
La version de Ihistoire ecclésiastique d'Eusèbe est
conservée, avec des lacunes, dans deux ms. principaux
provenant du couvent des Syriens dans le désert de Ni-
trie : l'un d'eux, actuellement à Saint-Pétersbourg^,
est daté de 462 et contient les dix livres d'Eusèbe, à
l'exception du VP; en outre, des V^ et VII^ il ne reste
que des fragments. L'autre ms., du VP siècle, est au
Musée britannique, Add. 14639; il ne renferme que les
cinq premiers livres , et le premier livre présente des
lacunes; il manque des parties de l'index des chapi-
tres I, II et III. Divers fragments se trouvent encore
dans plusieurs manuscrits du Musée britannique; les
plus importants i chap. xvi , xvii et xxv du livre YI)
sont ceux du ms. Add. 14620.
De la version syriaque dérive la version arménienne
qui a été imprimée en 1876 d'après des ms. de la bi-
bliothèque des Méchitaristes à Venise. La version armé-
nienne, qui joint à l'avantage d'être ancienne celui d'ê-
tre exacte et presque complète, est d'une grande utilité
pour la critique de la version syriaque ' . Pseudo-Moïse,
dans son histoire arménienne, rapporte que la traduc-
tion d'Eusèbe avait été faite à l'instigation de Mesrop
(-j- 441) ; on était porté à croire que la version syriaque
devait exister depuis environ un siècle lorsqu'elle passa
en arménien ; elle aurait été faite du vivant même d'Eu-
sèbe ou peu de temps après la mort de celui-ci. Au-
1. Mep.x, De Eiisehianse hist. eccl. versionibus syriaca et armeniaza
dans les Actes du IV® Congrès des Orientalistes, Florence, 1880, I, lisy
et suiv., et Préface de l'édition citée ci-aprés de Nouman Mac Lean,
p. XIII-XVII.
HISTOIRE GENERVLE. 199
jourdluii qu'il est démontré (|iie Ihistoire attribuée à
Moïse de Khorène est une compilation de beaucoup
postérieure, où la légende tient autant de place que
l'histoire, la même certitude n'existe plus. Cependant
on peut encore, avec M. Merx, s'en tenir à la tradition
dont Pseudo-Moïse s'est fait l'écho, concernant l'âge
de la version arménienne.
La version syriaque a été faite sur un original grec
qui, comparé avec le texte grec actuel, présentait des
variantes nombreuses et parfois préférables. Elle se
distingue par son exactitude et, malgré les fautes et
les omissions qu'elle contient, elle fournit un document
de valeur non seulement pour remédier aux lacunes du
grec, mais aussi pour une nouvelle édition critique de
l'histoire d'Eusèbe.
Wright avait entrepris de cette version syriaque . une
édition que la mort de ce regretté orientaliste vint in-
terrompre. Elle a été reprise par M. Norman Mac Lean
avec le concours, pour l'arménien, de M. Merx, et elle
a paru en 1898 à Cambridge ^ L'année précédente.
M. Bedjan en avait donné à Leipzig une première édi-
tion qui reproduit le texte dums. de Saint-Pétersbourg
et du ms. Add. 14639 du Musée britannique-. La pu-
blication de M. Mac Lean, plus complète, est basée
sur les mêmes ms.; elle ajoute en appendice les cha-
pitres conservés dans le ms. Add. 14620; elle donne,
en outre, les variantes de la version arménienne.
Ebedjésu mentionne dans son catalogue ^ une ver-
i. The ecclesiastical hystory ofEusebius in syriacby the laie If'illiam
Wrifjht and Xorman M. Lean. ivith a collation of the ancient anne-
nian version by D' Adalbert Merx.
2. Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarce. Quel(|ucs passages de
la version syriaque avaient t-tc publiés prcrédemincnt par Clkf.ton,
Ancient syriac documents , p. 1 et suiv.; et par Pml de Lagap.de, Prceter-
missorum libri duo, p. 2^49.
3. AssKMAM, B. 0., III, pars I, IG8.
200 HISTOIRE GÉNÉRALE.
sion syriaque de la Chronique d'Eusèbe ayant pour
auteur Siméon de Beit-Garmai qui vivait au commen-
cement du YIP siècle. Cette version semble perdue,
mais la première partie de la compilation de Pseudo-
Denys de Tellmaliré contient un épitomé de la chro-
nique d'Eusèbe. La connaissance du texte syriaque de
cette partie de Denys , publié par Tullberg ^ , a été
mise à la portée d'un plus grand nombre de lecteurs
parla traduction latine de Siegfried et Gelzer^. Alfred
von Gutschmid, dans sa recension de cette traduc-
tion^, a fourni d'importants matériaux pour Tétude
de la Chronique d'Eusèbe et de l'épitomé syriaque. Un
autre épitomé, fait par le prêtre jacobite Thomas vers
le milieu du VIP siècle, existe dans le ms.Add. 1464.3,
probablement du milieu du A'IIP siècle '♦. 11 a le désa-
vantage de ne pas donner les dates qui se trouvent dans
la recension de Denys. Rœdiger a publié, dans la
deuxième édition de sa Chrestomathie, p. 105, une
partie de cet épitomé , et il en a donné une traduction
latine à la suite de l'édition Schœne de la Chronique
d'Eusèbe.
Le prêtre Thomas avait continué la Chronique jus-
qu'à son époque. Cette seconde partie, qui commence
à Constantin, a été composée avec plusieurs documents,
entre autres un document d'Antioche du Y® siècle au-
jourd'hui perdu ^. M. Land Ta publiée dans le premier
volume de ses Anecdota syriaca sous le titre de Liher
Chalipliariim ^ et il a imprimé dans le même volume,
\. Dionysii Telmahharensis chronici liber primus, Upsal, 1851.
2. Eusebii Canonum epitome ex Dionysii Telmaharensis chronico
petila, Leipzig, 1884.
3. Untersuchungen ûber die syrische Epilome der Eusebischen Ca-
nones, Stuttgart, d88G.
4. Wkigiit, CataL, p. lOiO, n° 913; comp. ibid., ï\°' 91i-91G.
li. L.\yj), Aiiecdota syriaca, I, p. 168.
G. Ibid., texte, p. 2-22, traduction latine, p. 103 et suiv.
HISTOIRE GENERALE. 201
p. 40, une liste des califes arabes depuis Maliomet jus-
qu'à Yézid II, qui a été ajoutée par laulcur du manus-
crit à la compilation historique du prêtre Thomas.
Le premier feuillet du ms. Add. 14461 du Musée
britannique contient un passage à demi effacé dun
texte historique, que AYright a reproduit dans son ca-
talogue des ms. syr. de ce Musée, p. G5, n'' 94.
M. Nœldeke a réédité ce passage dans la Zeitschr. der
deut. morgenl. GeselL, 1875, t. XXIX, p. 76 et suiv.,
et il en a signalé Fimportance pour l'histoire de la con-
quête de la Syrie par les Arabes; on y lit la date du
20 août C36 pour la bataille de Yarmouk, après laquelle
les Romains abandonnèrent la Syrie.
A la suite de ce petit texte, ^I. Nœldeke a donné
deux fragments d'une chronique syriaque, écrite en
Palestine par un Maronite, vers le YIIP siècle. Ces
fragments renferment des dates et des récits de l'époque
de Moawia, qui se retrouvent avec des variantes chez
Théophane et les historiographes syriaques postérieurs.
C'est ce qui reste de la dernière partie (la première
partie est insignifiante) d'une chronique conservée
dans le ms. Add. 17216 ' du Musée britannique.
M, Nœldeke a aussi tiré d'autres ms. de ce [Musée
concernant l'histoire ecclésiastique les matériaux de
son article paru dans le même volume, p. 419 et suiv.,
sous le titre de Topographie und Geschichte des Da-
inascenischen Geb-'etes und der Haurdngegend.
En nous dirigeant du côté de l'Orient, nous rencon-
trons une courte histoire ncstorienne que M. Guidi a
publiée et dont M. Nœddeke a donné une traduction
allemande illustrée de nombreuses notes -. Cette pc-
1. Non pas 171-21, comme il est imprime dans le mcmoiic lic M. .Na:L-
Dr.KE, p. 8-2: cf. Wc.icriT, Calai., p. 10VI a.
•2. Clioi, Un niiovo leslo siriaco si'.lUi sloria degli ullimi Sassanidi,
202 HISTOIRE GÉNÉIULE.
tite chronique, si précieuse par les nouvelles informa-
lions dont elle enrichit notre connaissance des derniers
temps des Sassanides. a été écrite, selon M. Nœldeke,
dans rirak ou le Khouzistan vers l'année G80, à la-
quelle elle s'arrête. Elle est intitulée : « Récits divers
des histoires ecclésiastiques et profanes depuis la mort
d'Hormizd, fils de Chosroès, jusqu'à la fin du royaume
des Perses. » Elle comprend en effet l'histoire ecclé-
siastique de cette période dans les premiers chapitres ;
les chapitres suivants se composent de différentes no-
tices que l'auteur semble avoir puisées à plusieurs
sources. On peut douter si cette histoire forme un tout
complet, ou si elle n'est que la dernière partie dune
chronique plus étendue.
M. Baumstark a entretenu le XIP Congrès des Orien-
talistes dune chronique inédite remontant au VIP s,:
et 'SI. Guidi a annoncé la découverte par M. Rahmani
d'une autre chronique se terminant vers l'an 1233, qui
renferme des extraits de documents historiques perdus,
notamment de l'Histoire de Denys de Tellmahré'.
Des plus déplorables est la perte de la chronique que
Jacques, évêque jacobite d'Édesse, écrivit en 692 pour
faire suite à celle d'Eusèbe et à laquelle les historiens
syriaques postérieurs se réfèrent souvent-. Wright
{Catal., p. 1062 et suiv.) a retrouvé des fragments de
Leide, 1891, extrait des Actes du VHP Congrès des Orientalistes, tenu
en 1889 à Stockolm. Noeloeke, Die von Guidi herausgegebene syrische
Chronik ûbersetzt undcommenticrt, Vienne, 1893, dans les Rapports des
séances de l'Académie de Vienne, t. CXXYIII.
1. Voir XII" Congrès intern. des Orientalistes à Rome, Bulletin n° 7,
p. 16 et 17; comp. IlAiiMAXi, Acta S. Confess. Gurieeet Schainonde, Rome,
1899, p. xr.
2. Elias de Nisibe la cite sous les ^titres de Chronologie, Chronique et
Histoire ecclésiastique. M. Lamy, Élie de Nisibe, sa chronologie, Bruxel-
les, 1888, p. 12, suppose que ces trois titres indiquent trois ouvrages
différents, mais il est plus probable qu'ils se rapportent à trois parties
distinctes du même ouvrage.
HISTOIRE GÉM-RALF.. 203
cette chronique dans le ms. Add. 14G85 du Musée bri-
tannique, où ces fragments figurent sous le titre de
Chronique faisant suite à celle d'Eusèbe et composée
par Jacques ami du tras^ail. M. l'Abbé Xau voyait
dans ce Jacques ami du travail m\ Jacques Philoponus
différent de Tévêque dEdesse, qui aurait aussi com-
posé une chronique et revisé l'Octoechus de Sévère'.
Mais M. Brooks qui a publié le texte- estime, comme
Wright, que ce texte est de Jacques d'Édesse. « Le
manuscrit, remarque M. Brooks^, donne pour la durée
des règnes d'Ardaschir II, de Sapor III et de Wahran IV
des informations plus détaillées que celles de toute
autre autorité, et il ajoute plusieurs noms à notre liste
des évêques d'Edesse des YP et YIP siècles. »
Denys de Tellmahré, patriarche d'Antioche (— 845),
composa, sous le titre ^ Annales , une histoire dédiée
à Jean de Dara ^, qui ne s'est pas retrouvée jusqu'à ce
jour; il n'en existe qu'un fragment dans le ms. syr. 164
du Vatican, qu'Assémani a publié dans sa Bibliotheca
orientalis, II, 12-11 , et quelques passages dans la
chronique ecclésiastique de Barhebrseus.
Il vaut la peine de rapporter ici ce que dit ^lichel le
Syrien de cette histoire qu'il a utilisée pour sa chroni-
que "^ : « C'est ici que se termine l'histoire du savant
Denys de Tellmahré le patriarche. Il l'écrivit en deux
parties et seize chapitres. Dans chaque partie, il y a
huit chapitres subdivisés en paragraphes. Il l'écrivit à
la demande de Jean, métropolitain de Dara. Cette his-
1. Journal asiatique, septembre-octobre 1898, p. 319.
2. The chronologie al Canon of James of Edessa dans laZeitschr. dcr
deut. morg. GeseU., 1809, LUI, 2U1, texte et trad. anglaise.
3. L. cit., p. 2(Jo.
4. BAfiiiF.Dr.^Ls, Chron. eccl., I, 383-38:;.
5. D'après l'Abbé Nau, Journal asiatique, 189G, 9« série, t. VUI, p. 52G,
M. Nau a tiré cette notice de la version arabe de Micliel, conservée au
Uusée britannique.
204 HISTOIRE GÉNÉRALE.
toire renferme 260 années, depuis le commencement
du règne de Maurice, l'année 894 des Grecs (582-583),
jusqu'à l'année 1154 des Grecs (842-843) durant laquelle
moururent Théophile , empereur des Romains , et Abou
Ishak (Al-]Motasin), calife des Arabes; (après eux) ré-
gnèrent sur les Arabes Haroun, fils d'Abou Ishak, et
sur les Romains le jeune fils de Théophile. Michel,
dont la mère fut régente. »
Assémani, qui retrouva une chronique syriaque dans
un autre ms. du Vatican, n^ 162, crut que cette compo-
sition était aussi une œuvre du patriarche Denys , une
chronique abrégée de ses Annales. C'est une compila-
tion historique, divisée en quatre parties, qui va de-
puis l'origine du monde jusqu'à Tannée 775.
La première partie s'arrête à Constantin le Grand.
La principale source pour cette époque est la chroni-
que dEusèbe, résumée en un épitomé (voir ci-dessus,
p. 200). Le compilateur s'est, en outre, servi de ïHis^
toire ecclésiastique dEusèbe, de la Chro no graphie
de Jules Africain ^ d'une chronique d'Édesse qui a
permis à Gutschmid d'établir la chronologie des rois
de cette ville ^, de La caverne des trésors (v. ci-dessus,
p. 90), du Roman d'Alexandre ^, de L'histoire des sept
dormants d'Ephèse (voir ci-dessus, p. 147), et du De
hello jiidaico de Josèphe. Cette première partie a été
éditée par Tullberg (voir ci- dessus, p. 200. note 1).
La seconde partie, qui comprend la période de Cons-
tantin à Théodose le Jeune, est tirée presque entière-
1. Von Gctscdmid, 7?:" zyrische Epitome der Euselischen Canones,
p. 42.
2. Von Gutschmid, Untersuchungen ueber die Geschichle des Kœaifj-
reichs Osrhoëne, 1887, dans les Mémoires de l'Académie de Saint-Pé-
tersbourg, t. XXXV, n° 1.
3. Édité par Bidge, The history of Alexander the Great, Cambridge,
1889.
HISTOIRE GÉNÉRALE. 205
ment de l'histoire de Socrate; Tauteur a ajouté quel-
ques notices empruntées à des documents syriaques.
Elle est inédite, mais M. l'Abbé Xau en a donné une
analyse ' .
La troisième partie, qui s'arrête à Justin II, repro-
duit la deuxième partie de l'histoire de Jean d'Asie
(voir ci-dessus, p. 192 . Elle renferme notamment la
chronique attribuée à Josué le stylite (voir p. 187 et
la lettre de Siméon de Beit-Arscham ;voir p. 148'.
La quatrième et dernière partie est l'œuvre originale
de l'auteur. Assémani en a donné d'abondants extraits
dans sa Bibliotheca orient., II, p. 98-110: M. l'Abbé
Chabot a publié le texte complet avec une traduction
française (Chronique de Denys de Tell Mahré, qua-
trième partie y Paris, 1895 . Rédigée sous la forme
d'une chronique concise pour l'époque antérieure au
VHP siècle, cette partie a. pour ce siècle, l'étendue
d'une histoire développée ; elle renferme de nombreu-
ses notices historiques, surtout pour les temps de la
domination arabe. Malheureusement, l'auteur manque
de méthode et de sens historique ; il confond les dates
et les événements et rapporte des faits qui appartien-
nent aux siècles précédents. C'est un document de va-
leur pour l'historien à la condition de s'en servir avec
circonspection; les récits des dernières années méri-
tent cependant plus de créance. Cet auteur était, en
outre un mauvais styliste ; il était plus préoccupé de
faire des sermons à ses lecteurs, que de donner une
tournure élégante à sa pensée. « Il serait difficile, dit
M. Chabot (p. IV de la préface du texte syriaque . de
trouver un écrivain d'un style plus incorrect et plus bi-
zarre. »
\. Analyse de% parties inédites de la chronique attribuée à Denys de
Telbnahré, dans la Revue de VOrient chrétien , 1897.
12
20G HISTOIRE GENERALE.
L'édition de M. Chabot a permis à MM. Nau et Nœl-
deke de constater Terreur d'Assémani qui voyait dans
cet ouvrage une chronique abrégée de Denys de Tell-
mahré. MM. Nau et Nœldeke ont reconnu en même
temps, et chacun de son côté^ , que l'auteur de cette
œuvre, dédiée à George, chorévêque d'Amid, à Eutha-
lius , archimandrite (du couvent de Zoukenin) , et au
périodeute Lazare , était un moine du couvent de Zou-
kenin, qui écrivait vers 775, antérieurement à l'époque
de Denys. M. Nau croit que ce moine était Josué le sty-
lite, dont parle la note d'Elisée (voir ci-dessus p. 188).
Le ms. du Musée britannique. /l<i<i. 14642, du X^
siècle, contient des fragments de deux chroniques sy-
riaques. La chronique la plus étendue commence à Ja-
cob et finit à Tannée 846 de notre ère. Comme elle ne
présente pas de lacune à la fin, elle a dû être écrite
vers cette année-là. La première partie est une compi-
lation qui ne présente guère d'intérêt^, mais la dernière
partie, dont les fragments conservés traitent des événe-
ments des années 574-582, 601-610 et 679-846 de J.-C,
fournit un grand nombre de dates et de notices , dont
quelques-unes sont nouvelles. L'auteur a utilisé des
documents dont se sont servis également d'autres histo-
riographes, Théophane, Pseudo-Denys de Tellmahré et
Michel le Syrien. La seconde chronique, plus courte,
traite principalement de l'histoire ecclésiastique, mais
le mauvais état de conservation dans laquelle elle se
trouve en rend l'usage difficile. Nous devons ces rensei-
gnements à la préface que INI. Brooks a mise en tête de
son édition de la seconde partie de la chronique la plus
i. Nau, Bulletin antique, n" du 13 juin 1890; Journal asiatique, 1S9G,
9« série, t. vni, p. 3iG et suiv. NœtDEKE, Wiener Zeilschrift, juillet
189G.
2. C'est de celte partie que M. Nau a tiré le récit de la découverte de
la tête de saint Paul, voir ci-dessus, p. lOJ, note 2.
HISTOIRE GENERALE. 207
étendue ' . M. Brooks a fait suivre le texte syriaque d'une
traduction anglaise, complétée par de nombreuses no-
tes et des rél'érences aux autres ouvrages historiques
qui renferment des notices analogues. Parmi ces réfé-
rences figure la chronique de Michel le Syrien, que
M. Brooks a consultée dans la version arabe conservée
au Musée britannique.
On croyait perdue la Chronique de Michel le Syrien,
ou Michel de Mélitène, qui fut patriarche des Jacobites
de 1166 à 1199. On ne connaissait cette œuvre que par
un mauvais épitomé arménien traduit en français par
Langlois [Chronique de Michel le Grand, Paris, 1868).
Nous savons aujourd'hui qu'elle existe dans un ms. à
Edesse qui sera publié prochainement-. En outre le
Musée britannique a fait l'acquisition en 1891 d'un
manuscrit [nis. orient. 4402) contenant une version
arabe (qui paraît littérale) de cette importante chroni-
que. M. Nau a publié une notice sur ce ms. dans le
Journal asiatique, 1896, 9® série, t. YIII, p. 523 et
suiv. Les premières lignes de la préface écrite en sy-
riaque indiquent les sources de Michel : [Nlaribas le
Chaldéen% Socrate, Théodoret, Jean d'Asie. Zacharie
le Rhéteur et Andronique^. Plus loin, Miehtl cite le
1. A Syriac Chronicle of the year 846 dans la Zeitschr. der deut. mor-
genl. Gesellschaft, 1897, t. LI, p. 509 et suiv.
2. On pense aussi qu'il en existe un autre ms. dans le couvent jaco-
bite de Zafaran près de Mardin, cf. Wiugut, Syriac Literature, 2« éd.,
p. 2.'j2, note 1. Quant au manuscrit qu'on disait se trouver à Mossoul,
il renferme la version arabe de la Chronique de Michel et ce ms. se
trouve aujourd'hui au Musée britannique.
3. On ne sait encore rien de i)rocis sur ce Maribas, que Pseudo-Moïse
de Khorène cite sous le nom de M;ir Ahas Katiua. U existe à la Biblio-
thèque nationale, fonds syriaque, n» 30G, fol. 71, ^-77, onze pages d'une
chronique attribuée à ce Maribas.
4. Chronoi,'raphe qui vivait au temps de l'empereur Jusliiiien; il est
aussi cit<; par Bariiebr^eus et Elias de Nisibe, conip. Bahhel., Chron. eccl.,
I, p. 5, note 1.
208 HISTOIRE GÉNÉRALE.
prêtre Koiira de Saroug, qui écrivit, dit-il, à Edesse,
dans quatorze chapitres, sur l'époque de Justin et jus-
qu'à la mort de Tibère ' . « L'ouvrage se termine , ajoute
M. Nau, par une liste carschouni des patriarches d'An-
tioche qui commence à Sévère , du monastère de Théo-
dore de Gaza. Puis vient une liste syriaque de ces pa-
triarches, qui ne semble pas faire partie de l'histoire
de ^lichel. Elle commence à Saint Pierre et a été
continuée jusqu'au cent quarante-troisième patriarche ,
Pierre III de Mossoul. Elle a été publiée d'après ce
ms. par M. Bruno Meissner-. »
Barhebrœus (f 1286) occupe une des premières pla-
ces parmi les historiens syriaques avec ses deux gran-
des chroniques, le Chronicon syriacum et le Chronicon
ecclesiastîcum. Nous ne nous attarderons pas à faire
ressortir l'importance de ces ouvrages connus des
orientalistes et des historiens. Barhebrseus s'est pro-
posé d'y résumer l'histoire universelle depuis la Créa-
tion jusqu'à son époque.
La première chronique est consacrée à l'histoire
profane. L'auteur nous avertit, dans sa préface, qu'il a
comblé les lacunes des livres antérieurs, personne
n'ayant écrit sur ce sujet depuis le patriarche Michel
qui rédigea sa chronique quatre-vingts ans avant lui.
II a compulsé pour son travail les documents syria-
ques, arabes et persans, réunis dans la bibliothèque
de JMaraga, ville de l'Adherbaidjan. La publication de
la chronique de Michel le Syrien fera connaître si,
comme il est à supposer, Barhebrœus a tiré beaucoup
de cette chronique. En 1789, Bruns et Kirsch ont im-
primé une première édition du Chronicon syriacum
avec une traduction latine; le texte et la traduction
i. Cet auteur est inconnu.
2. Wiener Zeitschrift, 189i, p. 235.
HISTOIRE GÉNÉRALE. 209
sont également incorrects'. En 1890. M. Bedjan a
donné du texte syriaque une seconde édition beaucoup
meilleure-. Pendant les derniers temps de sa vie, Bar-
hebrœus fit une recension arabe de sa première chro-
nique sous le titre de Histoire abrégée des dynasties y
qu'il enrichit de nouvelles notices empruntées à la lit-
térature musulmane. Cette recension a été publiée une
première fois par Pococke, en 1GG3. à Oxford, avec une
traduction latine, et une seconde fois par le P. Salhani.
en 1890, à Beirouth. sans traduction, mais avec un in-
dex des noms propres et une concordance des années
de IHégire et de l'ère chrétienne.
Le ms. 167 de la Bodléienne d'Oxford, qui a la pre-
mière partie du Chronicon syriacum, ajoute, comme
complément de cet ouvra_2^e . trois autres textes histori-
ques : le premier, intitulé Expédition des I/iins, des
Persans et des Mongols dans la province de Diar-
bêkir, va de 1394 à 1402; le second, intitulé Raç>ages
de Timour-Khan dans le Tour-Ahdin, comprend
les années 1395-1403; et le troisième, un fragment de
chronique . renferme des récits concernant les années
1394-1493. Bruns les a édités, sous le titre de Appen-
dix ad Chr. Bar-Hebrœi dans le Repertoriiun fur
bibl. iind niorg. Litteratnr de Paulus. léna, 1790, I,
p. 1-llG. Behnsch a réédité le troisième texte en 1838 ^.
Le Chronicon ecclesiasticum est divisé en deux par-
i. Bar-IIcbraei Chronicon syt-iacum, Leipzig, 1789 (texte syriaque),
cl Gregorii sive Bar-Hebraei Chronicon syriacum, Leipzig, i7i9 (Ira-
ducUon).
2. Gregorii Barehbrœi Chronicon syriacum, Paris, isoo. M. Bf.djax
n utilisé les travaux que Lor.sB.vcii, Ar.NOLD, Mayep. et BEr.\>.TEi>' ont pu-
bliés au sujet de l'édition de Bi-.lns et Kir.scii. Bernslein avait collationné
les m s. du Vatican et de la Bodiuienne en vue d'une nouvelle édition.
3. Rerum sxculo rjuinlo decimo in MesojjOtamia, geslarum librum e
codice bibliothecx Dodlcianx syriacc edidit et interpretatione latina
illustravil D' Oltamor LeJmsch. VralisUv:ix. i83S.
12.
2tO HISTOIRE GÊiNÉlULE.
lies. La première partie, commençant à Aaron, est très
concise jusqu'à l'ère chrétienne. L'histoire de l'Eglise
syrienne occidentale et des patriarches d'Antioche y
est traitée par Barhebraîus jusqu'en 1285; un auteur
anonyme l'a continuée jusqu'en 1495. La seconde par-
tie, consacrée à l'Église syrienne orientale, renferme
l'histoire des patriarches nestoriens et des maphriens
jacobites de Tagrit ^ Barhebrseus l'avait achevée l'an-
née même de sa mort, 1286; elle a été continuée jus-
qu'en 1288 par Barsauma, le frère de Barhebrseus,
et jusqu'en 1496 par un anonyme. Le Chronicon ec-
clesiasticum , -auquel Assémani s'est souvent référé
dans sa Bibliotheca orientalis, a été édité avec une
traduction latine par MM. Abbeloos et Lamy en trois
volumes ^. Les éditeurs ont contrôlé les données de
Barhebrœus à l'aide de la Chronique d'Elias de Ni-
sibe, que nous citerons plus loin.
Une des sources de Barhebrœus pour la seconde
partie du chronicon ecclesiasticum, c'était Le livre de
la tour, écrit par Mari ibn Soleiman, un auteur nes-
torien du XÏI^ siècle, et dont nous devons parler ici
quoiqu'il soit écrit en arabe. Le livre de la tour de
Mari est conservé dans deux manuscrits arabes du Va-
tican, 108 et 109, et dans un ms. de la Bibliothèque
nationale, arabe 190; ces manuscrits indiquent à tort
Amr ibn flatta de Tirlian comme l'auteur de l'ou-
vrage. Il est divisé en deux parties : l'une est théolo-
1. On appelait maphriens les évêques qui avaient cure des intérêts
des Jacobites établis dans les provinces orientales. La série des ma-
phriens commence avec Marouta de Tagrit (G-29). Barhebrœus clait lui-
même maplirien de l'Orient. Les derniers maphriens ne résidaient pas
à Tagrit, mais à Mossoul et dans le couvent de Mar Mattai, au nord de
cette ville.
2. Gregorii Barhebrsei Chronicon ecclesiasticum , I-HI, Louvain , 187-2-
1877. OvEucF.CK. avait imprime le commencement de la seconde partie
dans son livre, cité ci-dessus, S. Ephrsemi... opéra selecta, p. 414-423.
HISTOmE GÉNÉRALE. 211
gique et dogmatique ; l'autre , Ihéologique et historique,
renferme une histoire concise des patriarches nesto-
riens, qui finit avec Ebedjésu bar Mouki de Mossoul
(y 1147). mais qui a été continuée jusqu'en 1317. Saliba
ibn Yohanna de Mossoul et Amr ibn Matta, qui vi-
vaient dans la première moitié du XIV*^ siècle, firent,
chacun de son côté , une recension abrégée du Livre
de la tour qui présente le même texte avec cette diiïé-
rence que Saliba donne des additions qui manquent à
Amr. On ne sait pas encore quel est celui des deux
qui a copié l'autre ; il est possible que ce soit Amr,
lequel aura supprimé les additions de Saliba. La re-
cension de Saliba est contenue dans le ms. du Vati-
can 41 (provenant de la Bibliothèque des Néophytes)
et, incomplète, dans le ms. k. VI, vol. 14, du Musée
Borgia. Celle d'Amr nous est parvenue dans le ms.
arabe 110 du Vatican, qui semble être un autographe '.
Le P. Gismondi a publié , en 1896-1899^ la section du
Livre de la tour relative aux patriarches nestoriens.
La recension d'Amr et de Sliba, qui est parfois plus
développée que l'œuvre originale et présente une ré-
daction différente, a été publiée in eA-tenso'-.
La chronique qu'Elias bar Schinaya. métropolitain
de Nisibe . écrivit en 1008 . ne nous est parvenue que
dans le ms. Add. 7197 du Musée britannique '^ . Ce ma-
nuscrit, décrit dans le catalogue de Rosen. p. 8G-90,
est contemporain de l'auteur, mais ce n'est pas, comme
1. Le ms. G87 du Val. contient une partie du lextc, analogue au ms.
110; un ms. de Berlin, Coll. Sachau . n" \-2. et un ms. de Cambridge
semblent renfermer la recension d'Amr, voir ^^IUGIIT, Syriac Hier.
3« éd., p. 2oo, note 1.
2. Maris A7nri et Slibae de Palriarchis Xestorianorum comrnen-
taria, Rome; pars prior, Maris texlus et versio lalina, 18Lt9; pars
altéra, Amri et Slibse textus, 1896; versio lalina, 18!>7.
3. Le ms. de Berlin, Coll. Sachau, 108, fol. Iil-147, renferme un
extrait de cette chronique.
•212 HISTOIRE GÉNÉRALE.
on lavait pensé, un autographe d'Elias; de la main de
celui-ci il n'y a probablement que la partie ancienne du
texte arabe ^ Les pages sont divisées en deux colonnes,
dont la première contient le texte syriaque , et la se-
conde, en regard, la version arabe faite en grande
partie par Elias lui-même. Cet ouvrage commence par
plusieurs tables chronologiques, suivies de la liste des
papes jusqu'au concile de Chalcédoine^, de la liste des
patriarches d'Alexandrie jusqu'à la même époque , des
listes des diiïérentes dynasties ^, et du catalogue des
patriarches nestoriens jusqu'à Jean V (-{-905). La chro-
nique proprement dite comprend les événements de
rOrient de Tan 25 à Tan 1018 de l'ère chrétienne. Mal-
heureusement le manuscrit est incomplet, surtout pour
la période antérieure à l'Islam ; pour la période sui-
vante, il manque les années 169-264 et 361-384 de l'Hé-
gire. Cette chronique est surtout précieuse parce qu'elle
indique, sous chaque paragraphe, les sources où Elias
a puisé ses notices ; elle nous fait connaître les titres
d'un certain nombre d'œuvres historiques aujourd'hui
perdues. Comme il arrive dans les compilations de ce
genre, le même événement est parfois rapporté sous
plusieurs années , d'après des documents différents ^,
M. Lamy a publié la portion qui va jusqu'à la conquête
musulmane^. La suite, avait été éditée auparavant par
M. Bœthgen ^
1. "WniGiiT, Syriac Literature,^^ éd., p. 23G, note 6.
2. Elle a été insérée dans l'cd. Abbeloos et Lamy du Chron. eccl. de
BAP.nnDR^us, t. I, p. 37-38.
3. M. Lamy a publié la liste des rois Sassanides dans Élie de Nisibe,
sa chronologie, Bruxelles, 1888, p. 28 (texte syr., p. 41).
4. NOELDEKE, Literarisches Centralblatt, 12 juillet 188i, p. 980.
5. Élie de Nisibe, sa chronologie, Bruxelles, 1888, avec une traduction
française.
6. Fragmente syrischer und arabischer Historiker, Leipzig, 1884, avec
une traduction allemande.
HISTOIRE GÉNÉRALE. 213
Paul de Lagarde a imprimé, dans Prxtermissoruni
libri diiOy p. 90-93, des extraits dune brève chronolo-
gie dÉbedjésu, qui vont jusqu'au patriarche nestoricn
Jésu bar Noun. Nous citerons encore ici, quoique
n'appartenant pas à l'histoire proprement dite, la Chrc-
nologie que Siméon Schankelavaya écrivit à la fm du
XII^ siècle, à la demande de son élève , Jean bar Zoubi.
C'est un calendrier et une explication des différentes
ères, par demandes et réponses. Ce traité a été analysé
et en partie traduit avec quelques extraits du texte par
M. Friedrich Mueller'. Le ms. Add. 1715(5 du Musée
britannique contient trois lettres sur la chronologie
adressées par Sévère Sebokt au périodeute Basile en
Chypre.
Toutes ces chroniques témoignent de la place impor-
tante que l'histoire ecclésiastique et profane occupe
dans la littérature syriaque. Cette place nous apparaî-
trait encore plus grande, si toutes les œuvres histo-
riques des Syriens s'étaient conservées ; malheureuse-
ment un cer.ain nombre a disparu, dont nous ne
connaissons que le titre -ou le nom de leur auteur cités
par des écrivains postérieurs. Michel le Syrien nous a
transmis les noms de Maribas et de Koura-. Elias de
Nisibe cite : Alahazeka (VII® s. ? ; Mika (même épo-
que) ; Barsahdé (vers 735; ; Cyprien de Nisibe (mort en
767); Péthion (VHP s. ? ^ Daniel, fils de Moïse
(VIII* s.;; Jésudenah, évèque de Bassora fin du
VHP s. ,\ Henanjésu, évêque de Hira (vers 900^ ; Aa-
ron (même époque); Elias d'Anbar (vers 920); Siméon,
diacre jacobite vers 950^ ; et des chroniques anonymes
1. Die Chronologie des Siméon Schanqlâwàjd , Leipzig, 1889.
2. voir ci-dessus, p. -207-208.
3. B.Tlh2;en croyait qu'il s'agissait du patriarche nestorien Péthion.
mort en T»0: mais, comme le remarque Wright, les notices mises sous
le nom de Péthion se rapportent aux années 765 et 708.
214 HISTOIRE GENERALE.
des patriarches jacobites, des patriarches nestoriens et
des métropolitains de Nisibe. Ébedjésu, dans son ca-
talogue * . mentionne encore parmi les Nestoriens : Bar-
hadbeschaba (voir p. 84); Jésuzeka appelé aussi Zeka-
jésu ou JMeschihazeka (même époque); Daniel bar
Maryam (vers 650) ; Jean de Beit-Garmai (vers 660) ;
Elias de Merv (même époque) ; Atken , moine du cou-
vent d' Aphni - Maran (même époque)-; Siméon de
Kaschkar (vers 754) ; Salomon de Haditha (vers 760 ;
Georg-e de Schouster (vers 770^^ ; Siméon de Karka
(vers 800)3; Théodore bar Koni (vers 800?)''.
Le L/çve de la chasteté dont nous parlerons sous le
paragraphe suivant, mentionne l'histoire ecclésiastique
de Grégoire, métropolitain de Nisibe Tm du VP s.i.
Barhebrgeus, dans son Histoire des dynasties^ cite
riiistoire de Théophile d'Édesse, qui était maronite
{•\- 785). Bar Bahloul, dans son lexique syriaque, se ré-
fère , à plusieurs reprises , à la chronique de Honein
(-j- 873). Le biographe de Moïse bar Képha (-J- 903)
attribue à cet auteur une histoire ecclésiastique^.
A la fin de ce paragraphe, nous mentionnons un texte
\. AssÉMAM, B. 0., ni, x>ars I, 148-231.
2. Voir sur cet historien ÏHisloire monastique de Thomas de Mauga,
éd. Bldge, II, p, 186, 207 et 23 i.
3. AssÉMAM, B. 0., III, jyars I, 230. Mais Wright, Syriac litcr., 2« éd..
p. 132, rapproche un Siméon Barkaya, auteur d'une clironique, selon
Elias de Nisibe, et qui écrivait à la lin du VP siècle. Il s'agit sans doule
du même Siméon.
4. Ébedjésu (B. 0., III, pars I, 198) mentionne de cet auteur un livre
de scolies, une histoire ecclésiastique, des instructions et des sermons,
l.e Livre de scolies, qui existe en Orient et à Strasbourg, se compose de
onze livres, dont les dix premiers traitent de sujels tliéologiques et le
onzième des différentes religions et sectes religieuses. M. Pognon a ré-
cemment publié des extraits du onzième livre; voir Pognon, Inscrip-
lions mandaïtes des coupes de Khouabir, Paris, 1899, Append. II. Sui-
vant M. Pognon, cet auteur est distinct de Théodore de Laschom.
Sur une histoire ecclésiastique attribuée au patriarche nestorien
Sabrjésu I, voir Gcioi, Zeitschr. der deut. morg. GeselL, t. XL, ooQ.
5. AssÉMAM, B. 0., II, 218.
HISTOIRE GÉNÉIULE. 21b
syriaque, mis sous le nom de Diodes le Sage et relatif
à la Phénicie et aux origines de Rome. Ce texte semble
provenir dune histoire de Rome attribuée à Dioclès
Peparethius ; il a été publié par Paul de Lagarde [Ana-
lecta syriaca , p. 201-205 d'après le ms. Add. 12152.
fol. 194, du Musée britannique , et traduit par Cowper,
Syriac Aîiscellaiiies, Londres, 1841. p. 48 ^
§ 2. — Histoires particiilières.
Les écrits syriaques qui traitent d'un point particulier
de l'histoire ont presque tous un caractère religieux.
Les actes des martyrs et les vies des saints ont fait lob-
jet du n° IX ci-dessus; nous avons parlé aussi sous ce
n" de l'Histoire de la ville de Beit-Slok; nous n'y
reviendrons pas ici. Un certain nombre de récits his-
toriques concernent les couvents nestoriens les plus
célèbres; les auteurs jacobites semblent s'être moins
préoccupés de l'histoire de leurs couvents. Mais la
malechance des manuscrits nestoriens nous fait regret-
ter la perte de plusieurs histoires monastiques. Celles
de Jésudenah et de Thomas de Marga ont seules vu le
jour jusqu'ici.
On doit à M. l'Abbé Chabot l'édition du Li<^re de la
c^rts^e^e^ de Jésudenah, évêque de Bassora, qui vivait
à la fm du VHP siècle , et dont les autres œuvres une
histoire ecclésiastique, une introduction à la logique,
des homélies et des discours métriques ne se sont pas
retrouvées. Le Z-zV/'e de la chasteté est composé de cent
quarante notices sur les fondateurs des monastères
1, Wr.icuT a donné quelques corrections à l'édition de I-agaude, Calai.,
p. 499, note 2.
2. Le livre de la Chasteté composé par Jésudenah, évêque de Baçrah,
public et traduit par J.-B. Chabot, Rome, 189G. Malgré les doutes émis
par l'éditeur, on doit considérer ce texte comme l'œuvre même de
Jtsudcnah.
216 HISTOIRES PARTICULIÈRES.
orientaux. Ces notices étaient tirées du Paradis des
Orientaux de Joseph Hazzaya (voir ci-dessus, p. 158),
à en juger par un passage de Bar Bahloul sur Sah-
dona ' ; elles forment un recueil utile à consulter pour
riiistoire de lEglise nestorienne et la géographie de
la Mésopotamie et la Babylonie.
L'histoire monastique de Thomas de Marga, beau-
coup plus développée, porte le titre de Li^>re des gou-
verîieurs. Elle était connue par la Bibliotheca orienta-
lis d'Assémani qui en contient une analyse- ; M. Budge
Ta publiée avec une traduction anglaise et une intro-
duction très documentée qui ajoute à la valeur de son
édition 3. Thomas était entré en 832 comme moine dans
le couvent de Beit-Abé (près de Marga) , dont il de-
vint bientôt le directeur. Mar Abraham, qui fut patriar-
che des Nestoriens de 837 à 850, le prit pour son secré-
taire; il le nomma ensuite, évêque de Marga et,
quelques années après, métropolitain de la province de
Beit-Garmai. C'est à la demande du moine Ébedjésu
et d'autres moines du couvent de Beit-Abé que Tho-
mas écrivit en 840 l'histoire de ce couvent. Cette
histoire n'est pas seulement celle du couvent de Beit-
Abé ; Thomas y a inséré le récit de la vie de Maranam-
meh, évêque d'Adiabène (avec une longue homélie mé-
trique qu'il avait composée en l'honneur de cet évêque) ,
de Babai et de plusieurs moines célèbres du Grand
couvent du mont Izla. « Cette œuvre, dit M. Budge '^j
\. Comme le remarque M. H. Goussen, Martyr ius-Sahdona' s Leben
und Werke, Leipzig, 1897, p. 13, noie I.
2. T. ni, pars I, 464-oOi.
3. The book of governors : The hisloria monaslica of Thomas lishop
of Marga A. D. 840, Londres, 1893; vol. I, texte syriaque et introduc-
tion; vol. II, traduction anglaise. L'introduclion contient des extraits
des lettres du patriarche uestorien Jésuyab III, intéressantes pour
l'histoire de l'Église nestorienne au VIF siècle.
4. Préface de son éd., t. I, p. xi.
HISTOIRES PARTICULIÈRES. 217
est une histoire du monachisme et de lascétisme des
Nestoriens des contrées orientales du Tigre pendant
près de trois siècles; elle fournit un précieux supplé-
ment à l'histoire de lEglise nestorienne pendant
une période de son existence qui est peu connue. Elle
fait connaître avec quelque longueur à quelles occasions
rÉglise nestorienne entra en contact ou en conflit avec
les rois de Perse, et jette quelque nouveau jour sur les
événements contemporains. La dispersion des moines
du mont Izla, la députation du patriarche nestorien à
Héraclius, Tapostasie de Sahdona, la stagnation de
rÉglise nestorienne au Vll'^ siècle, la fondation de
soixante écoles et Tintroduction de la musique ecclé-
siastique à Marga, la conversion au christianisme des
peuples des régions orientales et méridionales de la
mer Caspienne, les missions de la propagande nesto-
rienne dans l'Arabie du sud, en Perse et en Chine, la
décadence de l'empire perse et la grandeur de la puis-
sance arabe, etc., y sont exposées avec beaucoup de
clarté. »
Un des couvents nestoriens les plus en vogue, c'était
le monastère de Rabban Hormizd qui existe encore
aujourd'hui à Alkosch au nord de Mossoul. La biblio-
thèque de ce couvent renferme une histoire en prose de
sa fondation, rédigée par Simon, qui était le disciple
de Mar Yozadak, un ami de Piabban Hormizd. Cette
histoire n'a pas encore été publiée, mais elle a servi à
M. Budge pour la notice que celui-ci a consacrée à ce
couvent dans Tintroduction de son édition de l'histoire
monastique de Thomas de Marga, t. I, p. clvii-clxvii.
Rabban Hormizd, le fondateur du monastère qui porte
son nom, était né dans la première moitié du VIP siècle.
La même bibliothèque possède encore un poème, tiré
de l'histoire en prose, et dont nous avons parlé plus
LITTÉRATURE SYRIAQUE. lij
218 HISTOIRES PARTICULIÈRES.
haut, p. 29. Une autre poésie a été composée en l'hon-
neur de Rabban Hormizd par Immanuel, évêque de
Beit-Garmai (f 1080) ; elle a été publiée par le P. Car-
dahi {Liber thesauri de arte poetica Syroruiiiy p. 142)
et traduite en allemand par M. Hoffmann [Aiisziïge ans
syr. Akten pers. Màrtyrer, p. 19). C'est une grossière
falsification de l'histoire de la fondation du couvent de
Rabban Hormizd (Hoffmann, /. c, p. 180). Un pané-
gyrique de Rabban Hormizd, de basse époque et insi-
gnifiant, a pour auteur un certain Adam d'Akra. Il est
en vers rimes; il a été édité par le P. Cardahi (/. c,
p. 102). '
Nous mentionnerons ici Les statuts de l'Ecole de Ni-
sibe qui ont été publiés par ^I. Guidi et qui ont per-
mis à M. Chabot d'écrire un très intéressant chapitre
de l'histoire de la culture intellectuelle et de la vie
monastique chez les Nestoriens au V® et au VP siècles
de notre ère ^ .
Les vies des patriarches nestoriens Mar Aba I,
Sabrjésu, Denha et Yaballaha III, ont été publiées
par M. Bedjan [Histoire de Mar-Jabalaha, de trois
autres patriarches, etc., Paris, 1895).
Le patriarche Mar Aba I (536-552) était né dans la
religion de Zoroastre ; il reçut le baptême à Hira, étu-
dia à récole de Nisibe, puis se rendit à Edesse où son
élève Thomas lui enseigna le grec. Après avoir visité
Constantinople , ^Nlar Aba retourna à Nisibe, où il se fit
connaître comme un professeur distingué. Elu pa-
triarche en 536, il ouvrit une école à Séleucie. Ses con-
troverses avec les mages lui attirèrent des persécutions;
1. Glidi, Gli statuli délia scv.ola di Nisibi dans le Giornale dclla So-
cielà asiatica italiana, vol. IV, p. lGS-195; J.-B. Chabot, L'école de
Nisibe, son histoire, ses statuts, dans le Journal de la Société asiatique,
fuillet-août I89G, 9« série, t. VIIl, p. 43 et suiv.
HISTOIRES PARTICULIÈRES. 219
il passa plusieurs années de sa vie en prison et il fut
exilé dans TAdherbeidjan par Chosroès Anoschirwan.
Selon ses Actes publiés par M. Bedjan {Op. cit.,
p. 200', le patriarche recouvra ensuite les faveurs du
roi de Perse et il mourut en paix sur son siège. Barhe-
brœus*, au contraire, fait mourir Mar Aba en prison,
où il avait été jeté à son retour à Séleucie. On attribue à
Mar Aba une version de l'Ancien Testament (ci-dessus.
p. 67); il écrivit des commentaires ci-dessus, p. 83j ;
des canons ecclésiastiques et des lettres synodales [ci-
dessus, p. 176 : des hymnes et des homélies-. 11 tra-
duisit en syriaque la liturgie de Nestorius.
Sabrjésu, dont les actes ont été écrits par le moine
Patros iPierre^ , était évêque de Laschomen 596 , quand
il fut nommé patriarche à l'instigation de Chosroès II ,
ou Chosroès Parvez, dont les sympathies lui étaient
acquises. La narration de Patros met en relief les hau-
tes vertus de ce patriarche qui avait mené d'abord une
vie ascétique et qui jouissait d'un grand crédit auprès
des Romains et des Perses en raison de ses cures mer-
veilleuses ; elle signale la part importante que Sabrjésu.
étant évêque de Laschom , prit à la conversion de Xo-
man ibn al-Mondhir, roi des Arabes, à Hira. Selon
Barhebrseus^, Sabrjésu accompagna Chosroès au siège
de Dara et mourut dans cet endroit ; les actes sont
muets sur ce point. En fait, le patriarche alla avec
Chosroès au siège de Dara, mais il revint à Nisibe où
il mourut^.
i. Chron. eccL, II, 95.
». AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 75. Une hymne est éditée dans le Bre-
viarium Chaldaicum de Mossoul, p. 4»;, voir Dickell, Conspectus rci Sy-
rorum litl., p. 37, note 8; une autre existe au Musée britannique, Add.
17219, fol. 165 b; comp. Maclean, Easl Syrian Daily Offices, p. 98 et 105.
3. Chron. eccl., II, 107.
4. Voir la chronique éditée par Glidi, Un nuovo testa siriaco... tra-
duction de >'(JELDLKE, {Op. cit., ci-dessus, p. 231, note f>), p. 16 et 18;
220 HISTOIRES PARTICULIÈRES.
L'histoire du patriarche Denha (12G5-1281) a été
écrite en vers rimes par un de ses contemporains du
nom de Jean; mais l'auteur a passé sous silence plu-
sieurs événements de sa vie qui n'étaient pas à la
louange du patriarche. Ce petit poème a été publié
pour la première fois par M. l'Abbé Chabot [Journal
asiatique, 9^ série , t. V, p. 110 et suiv.) ; il a été réim-
primé par le P. Bedjan dans l'ouvrage cité plus haut
(Histoire de Mar-Jabalaha, etc,^ p. 332 et suiv).
La publication par M. Bedjan, en 1888, de l'histoire
de Yaballaha III et de Rabban Sauma intéressa vive-
ment les orientalistes ' . Yaballaha qui , avant d'être
élevé à la dignité patriarcale, s'appelait Marcos, était
originaire de la Chine et avait mené la vie religieuse
avec son maître Rabban Sauma aux environs de Pékin.
Le disciple et le maître, pris du désir de visiter les Lieux
saints et Jérusalem, se mettent en route pour l'Occident.
Ils arrivèrent dans l'Adherbeidjan où ils séjournèrent
deux ans, retenus par les troubles qui agitaient l'Orient.
Marcos fut alors nommé métropolitain de la Chine,
et Sauma visiteur général. A la mort du patriarche
Denha, le clergé, afin de s'attirer la faveur des prin-
ces mongols , désigna Marcos pour succéder à Denha
et le nouvel élu occupa le siège patriarcal, sous le
nom de Yaballaha III, de 1281 à 1317. Ce patriarche se
trouva mêlé aux événements qui se déroulèrent sous
sept rois mongols ; il prit part notamment aux négo-
ciations que le roi Argoun entama avec les souverains
de l'Europe pour former une alliance contre les Arabes.
Le récit du voyage de R. Sauma envoyé en mission aux
Thomas de MAr>GA,livre I, chap. xxv; Elias de Nisibe dans la Chron. eccl.
de Bauiiebr^us, éd. Abbeloos et Lamy, H, p. 108, note 2.
1. Histoire de Mar Jab-Alcûia, 2^atriarche, et de Raban Sauma, Paris,
1888; réimprimée par le P. Bedjan en 1895 dans l'ouvrage cité plus haut,
Histoire de Mar-Jabalaha, de trois autres patriarches, et c.
HISTOIRES PARTICULIERES. 221
différentes cours de l'Occident est des plus instructifs.
La publication de M. Bedjan fut l'objet de plusieurs
travaux qui en firent valoir l'importance pour l'histo-
rien '.
M. l'Abbé Chabot publie, en ce moment, dans la
Replie de l'Orient chrétien, d'après un ms. syr. du cou-
vent des Chaldéens à Séert, une traduction de la vie
de Joseph Bousnaya, écrite par Jean bar Khaldoun -.
Bousnaya était un moine du couvent de Rabban Hor-
mizd; il mourut en 979. Ce livre de Bar Khaldoun,
très étendu, renferme des anecdotes sur la vie ascéti-
que de Bousnaya et d'autres moines du couvent d'Hor-
mizd ; il se termine par un traité sur la mystique.
Thomas de Marga, dans son histoire, etEbedjésu,
dans son catalogue , citent des ouvrages sur la vie
monastique qui ne nous sont pas parvenus.
Abraham de Kaschkar ^ (milieu du VI^ s.) est donné
comme l'auteur d'un traité sur la vie monastique, qui
fut traduit en persan par son disciple , Jean le moine.
Mar Babai, abbé du monastère d'Izla (569-G28). com-
1. Nous en avons donné une analyse détaillée dans le Journal asiat.,
1889, 8« série, t. XHI, p. 313 et suiv.; comp. aussi Lamy, Bulletin de l'A-
cadémie royale de Belgique, 3« sér., XVII, -2-23; Van Hoo.nacker, le Mu-
séon, t. VIII, n° -2; Nœldeke, Literar. Centralblatt, 1889, 84-2-8i4. En
1895, M. l'Abbé Chabot a publié une traduction française dans la
Revue de l'Orient latin, t. I et II , avec de nombreuses notes et deux
appendices. M. Heinuicii Hilgenfeld a proposé divers amendements au
texte syriaque, Texlkritische Bemerkungen zur Teschita dinar Jaba-
laha... léna, I89i. M. Rudolf Hiixenfeld a publié le texte arabe de la
vie de Yaballaha III, d'après la recension de Saliba du Livre de la tour,
avec une traduction latine et des notes, Jabalahx III vita ex Slivas
Mossulani libre, qui inscribitur Turris, desumpla, Leipzig, 189G.
2. Vie du moine Rabban Bousnaya, écrite par son disciple Jean
Bar-Kaldoun, traduite du syriaque et annotée par J.-B. Chabot dans la
Revue de l'Orient chrétien, 189T-I899. Comp. Assémam, B. 0., III, pars
I, 2G5; Chabot, Revue sémitique, 1896, p. 252.
3. Cet Abraham doit être distingué d'Abraham, le fondateur du grand
couvent du mont l/.la, qui était également de Kasclikar et qui écrivit des
règles pour les moines, voir ci-dessus, p. 180.
-222 HISTOIRES PARTICULIÈRES.
posa Le livre de Vahhé Marc et des discours sur l'er-
mite Mathieu, sur Abraham de Nisibe et sur Gabriel
de Katar. Ses autres œuvres sont : une histoire du
martyr George (voir ci-dessus, p. 146); La cause des
Hosannas; Le livre de l'union sur les deux natures du
Christ; un commentaire sur les Centuries d'Evagrius;
une histoire des partisans de Diodore; un livre sur la
fête de la Sainte Croix; des hymnes sur les fêtes de
Tannée; des règles pour les novices; des canons pour
les moines ; un commentaire des Saintes Ecritures (voir
ci-dessus, p. 83); des lettres adressées à Joseph de
Hazza.
Sahdona . qui vivait au commencement du VIP siècle,
écrivit la biographie et Toraison funèbre de Rabban
Jacques, son maître. La vie de Sahdona est conservée
dans le Livre de la chasteté, dont nous parlerons sous
le n° suivant. Bar Idta, un contemporain de Sahdona,
avait également écrit une biographie de ce dernier, qui
ne s'est pas retrouvée. Ce Bar Idta doit être distingué
du fondateur du couvent de ce nom , dont la vie avait
été écrite par Jean le moine ^ ; il est l'auteur d'une his-
toire monastique, qui est souvent citée par Thomas de
Marga.
Rabban Sergius (commencement du VIP s.) écrivit
une histoire des religieux du Beit-Garmai, à la de-
mande de Rabban Jacques; cette histoire était intitulée
Le destructeur des puissants.
Rabban Sabrjésu , surnommé Rostam (vers 650) , a
laissé des biographies de Mar Jésuzeka du monastère
de Gassa, de Mar Jésuyab, de Mar Abraham, abbé du
couvent de Beit-Abé, de Rabban Kamjésu, d'Abraham
1. Voir Hf.inrich Goussen, Marlyrius-Sahdoncis Leben und Werke,
Leipzig, 1897, p. 13, note 1. M. Goussen signale les erreurs d'Asséniani et
de Wright, qui ont confondu ces deux personnages.
HISTOIRES PAKTICULIÈRES. 223
de Netlipar, de Mar Job le Perse , de Rabban Sabrjésu
l'ancien, le fondateur du couvent de Beit-Koké, de
Rabban Joseph, abbé du même couvent, et de son frère
Abraham. Ses autres livres sont : un grand ouvrage
contre les hérétiques et sur différents sujets; un traité
en huit livres sur Notre Seigneur et les missions de ses
apôtres; un livre sur la chasteté et la vie ascétique.
Aphnimaran (vers 660) a écrit lui aussi les vies de
Rabban Joseph et de son frère Abraham; en outre, des
Réponses^ des traités sur la perfection et d'autres œu-
vres.
Atken (vers 660 composa, outre des histoires ecclé-
siastiques (voir ci-dessus, p. 214), une controverse
théologique, plusieurs lettres et un traité sur la vie
monastique.
Rabban Gabriel, surnommé Taureta, était abbé du
couvent de Beit-Abé au temps du patriarche nesto-
rien Henanjésu I (686-701); il écrivit, outre le récit des
martyrs de la montagne de Berain (voir ci-dessus,
p. 130), rhistoire de Mar Xarsai, abbé du même cou-
vent, et une homélie sur le jour de la Passion.
Jean le moine ou Jean de Beit-Garmai même époque
laissa des Vies d'Abraham, le fondateur du Grand cou-
vent du mont Izla , de Bar Idta , le fondateur du cou-
vent de ce nom, et de Mar Khodawai, le fondateur du
couvent de Beit-Halé, près de Mossoul.
Le moine Salomon bar Garaph (VII^ s. est l'auteur
d'une histoire des anachorètes antérieurs à son époque.
David de Beit- Rabban, évêque des Kartewayé
(Kurdes) , qui vivait au temps du patriarche Timothée
(780-823), composa le Petit paradis (voir ci-dessus,
p. 158 . Dans ce livre se trouvait l'histoire des moines
du couvent de Beit-Abé du VIP siècle.
224 HISTOIRES PARTICULIÈRES.
Nous ajoutons en dernier lieu L'histoire du moine
Beliira^ dont le texte syriaque vient d'être publié par
M. Richard Gottheil dans la Zeiischr. fur Assyriolo-
gie, 1899, XIII, 189-242. Cette histoire légendaire se
divise en trois parties,: la première relate la rencontre
de Behira et du moine Jésuyab, le soi-disant auteur du
livre; la seconde, les entretiens de Mahomet avec Be-
hira qui fournit au Prophète des renseignements sur la
religion chrétienne ; la troisième se compose d'une
série de visions apocalyptiques sur les temps futurs de
la domination arabe jusqu'à la seconde venue du Mes-
sie. Suivant l'éditeur, le livre a dû voir le jour dans une
communauté syriaque de la Perse; il a été composé à
la fin du XP siècle ou au commencement du XII% sauf
la seconde partie qui est plus ancienne.
XIII
LA LITTERATURE ASCETIQUE.
La revue que nous avons passée sous le n^ précédent
des histoires monastiques, nous amène à parler des
écrits qui ont pour objet la vie religieuse. L'œuvre la
plus ancienne de ce genre , qui suivit de près rétablis-
sement du monachisme dans la Mésopotamie , est celle
d'Aphraate, surnommé le Sage persan. Les vingt-trois
Démonstrations y que cet auteur écrivit entre les années
337 et 345 de notre ère, traitent, il est vrai, autant
des questions théologiques que de la vie monastique ;
elles ont pour objet la foi, la charité, le jeûne, la
prière, la pénitence, Ihumilité, la persuasion, etc. La
vie monastique est le sujet de la sixième démonstration ;
la septième est consacrée au clergé; d'autres, à la
circoncision, à la Pâque, à la résurrection et à la vie fu-
ture; quelques-unes des dernières sont dirigées contre
les Juifs; la vingt-troisième est intitulée Le '^rain de
raisin, in^o^. par allusion à Isaïe, XLV, 8. Les vingt-
deux premières sont classées suivant l'ordre des vingt-
deux lettres de l'alphabet syriaque; la vingt-troisième
a été ajoutée après coup par l'auteur qui a divisé son
recueil en deux parties : la première partie comprend
dix démonstrations écrites en 337, et la seconde les
13.
220 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
treize autres écrites en 344 et 345. Aphraate désigne
parfois ces traités sous le nom â^ homélies, \-^\^\ les
auteurs syriaques les appellent aussi épitres, parce
que c'est sous la forme de lettres adressées à un cor-
respondant quïls ont été rédigés. Ils nous sont parve-
nus dans trois manuscrits anciens (Y^ et YP s.) du
Musée britannique ^
On sait peu de chose de la vie d'Aphraate ; à en ju-
ger par son ouvrage même , il était né dans le paga-
nisme; il se fit moine après sa conversion et devint
évêque; c'est en cette qualité qu'il apparaît dans la
lettre encyclique adressée au clergé de Séleucie et de
Gtésiphon et qui fait l'objet de sa XI Y*^ homélie. Dans
le chapitre xxv de cette homélie , Aphraate parle de
rimposition des mains que plusieurs ont reçue de lui.
On ignore dans quel endroit de la Perse l'auteur écri-
vait ; c'était dans le couvent de Mar Mattai au nord de
Mossoul, si l'on en croit un ms. de date récente (1364),
mais il est douteux que ce couvent existât déjà à son
époque. Aphraate semble avoir pris le nom de Jacques
en entrant dans les ordres ecclésiastiques ; ce nom se
4. C'est d'après ces ms. que Wright a publié l'editio princeps sous le
litre de The homilies of Aphraates, Londres, 1869. M. Bickfxl a traduit
en allemand huit de ces traités dans la Bibliothek der Kirchenvseter de
Tahioff.r, Kempteu, 1874; M. Bcdge a traduit en anglais le premier dans
son édition des Discours de Philoxène, The discourses of Philoxenus ,
Londres, 1894, t. 11, p. ci.xxv. Une traduction allemande de tout l'ou-
vrage a été imprimée par M. Bert dans les Texte iind Untersuchungen
de Gebiiardt et Harnack, 111, Leipzig, 1888. M. Graffin réédite Aphraate
dans sa Palrologia syriaca; le premier volume de cette patrologie, le
seul paru jusqu'ici, renferme ces traités à l'exception du dernier; la
traduction latine et l'introduction sont de Dom Parisot, Patrologia sy-
riaca, 1, Paris, 189i.
Il existe de dix-neuf des homélies d'Aphraate une version arménienne
qui a été publiée avec une traduction latine par Antonet.li, Sancti
Patris noslri Jacobi, episcopi Nisibeni, Sermones, etc., Rome, 1756;
2" éd., Vienne, 1765. La trAduction latine a été réimprimée par André
Galland dans sa Bibliotheca veterum Palrum, V, Vienne, 1788.
LA LITTÉRATLRE ASCÉTIOUE. 227
trouve dans une clausule du ms. du Musée britannique
daté de 512; il a sans doute été la cause de la confusion
que Gennadius et la version arménienne ont faite de
cet auteur avec Jacques , évêque de Nisibe , qui mourut
en 338, antérieurement par conséquent, à la rédaction
des dernières homélies.
En tête de ses homélies, Aphraate a reproduit la
lettre de son correspondant, mais le commencement de
cette lettre manque dans les manuscrits ^ .
Aphraate possédait à fond les Écritures et était au
courant de l'exégèse juive et chrétienne de l'Ancien
Testament, comme on le voit par ses dernières homé-
lies dirigées contre les Juifs. Il vivait au milieu de la
persécution de Sapor II , et il nous a transmis des
dates certaines pour Ihistoire de ces temps. Son style
n'a pas la grâce et l'élégance des homélies de Phi-
loxène; la phrase est trop souvent coupée par des cita-
tions bibliques qui nuisent à l'effet des périodes. Les
longueurs et les redites sont fatigantes sans que la
pensée de l'auteur en soit plus claire. On sent, quand
il parle des durs temps dans lesquels il vivait , une
certaine gêne et la crainte de compromettre ses coreli-
gionnaires. Cependant eon ouvrage se recommande à
plusieurs titres; c'est le type le plus ancien de l'homélie
syriaque -, libre de toute influence grecque, et en même
i. Dom Parisot a comblé cette lacune, d'après la version arménienne,
dans la traduction latine de la Patrologia syriaca. Dans la version ar-
ménienne, ce correspondant est Grégoire l'illuminateur, évêque d'Armé-
nie ; notice évidemment inexacte, mais on peut en inférer que Grégoire
était le nom du correspondant d'Apliraate.
2. L'homélie syriaque est désignée sous le nom de memra, « discours »,
et n'a pas le même sens que l'homélie grecque ou latine ; c'est une
composition ou un petit traité sur un sujet particulier; on donnait
aussi ce nom aux divisions d'un ouvrage étendu; dans ce cas, il corres-
pond à notre mot livre ou chapitre. L'homélie métrique formait un
genre différent (voir ci-dessus, p. 20 et suiv.). Malgré son nom de dis-
228 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
temps un guide sûr pour l'étude de la syntaxe ara-
méenne. D'un autre côté, il nous met au courant des
controverses du commencement du IV® siècle sur la
métaphysique, la question pascale, le comput des an-
nées depuis la création, etc., des dissensions qui agi-
taient l'Église orientale, des prévarications et de la
simonie du haut clergé.
Sous l'influence des idées platoniciennes relatives à
la distinction de l'àme animale ou végétative et de l'âme
spirituelle ou intellectuelle , Aphraate croyait que PEs-
prit-Saint qui habitait chez l'homme après le baptême
y demeurait jusqu'au péché du coupable ou jusqu'à la
mort de l'innocent , puis retournait vers la divinité dont
il émanait, tandis que l'esprit animal était enterré avec
le corps. Le célèbre ascète Isaac de Ninive admettait
aussi la distinction de l'àme et de l'esprit chez
l'homme* ; mais George, évêque jacobite des Arabes,
s'élève contre la doctrine d'Aphraate , qu'il traite de
grossière et d'inepte dans la lettre qu'il écrivit en 714
en réponse à diverses questions que le prêtre reclus
Jésu lui avait adressées au sujet de ces homélies^.
Selon l'ancienne tradition, fondée sur le Psaume
XC , 4 , Aphraate admettait que la durée du monde se-
rait de six mille années répondant aux six jours de la
création. Ses calculs des années écoulées depuis la
cours, riiomélie syriaque, soit en prose, soit en vers, n'appartient pas
au genre oratoire, qui paraît avoir été pou cultivé chez les Syriens.
1. Voir J.-B. Chabot, De S. Isaaci Ninivitse vita, Louvain, 1892, p. 76;
Braun, Moses bar Kepha, Fribourg en B., 1891, p. 42.
2. Cette lettre de George a été imprimée par Pall de Lagarde dans
ses Analecta syriaca, p. 108, et a été rééditée en partie par Wright,
The homilies of Aphraates, p. 19 et suiv. Elle a été traduite en alle-
mand par Ryssel, Ein Brief Georgs, Bischofs der Araber, Gotha 1883,
et par Georg Bert, en léte de sa traduction des homélies d'Aphraate
dans les Texte und Untersuchungen de Gebhardt et Harnack, ni, Leip-
zig, 1888.
LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE. 229
création jusqu'à son époque sont renfermés dans les
homélies II, XXI et XXIII. Les chiffres de la 11*^ homé-
lie ne concordent pas toujours avec ceux de la XX1%
sans doute par suite d'erreurs de copiste; M. Sasse a
proposé les meilleures corrections pour concilier ces
textes ^ Dans sa lettre que nous avons citée plus haut,
George des Arabes, qui était jacobite, rejette avec dé-
dain les calculs d'Aphraate, basés sur la Peschitto. et
préfère les données des Septante qui. pour lépoque
des patriarches bibliques, s'écarte du texte hébreu.
Elias de Nisibe, qui était nestorien et ne reconnaissait
que la Peschitto, accepte la chronologie de la XXIIP
homélie d'Aphraate-. George comptait 4901 ans depuis
Adam jusqu'à l'ère des Séleucides. Elias de Xisibe,
conformément à Aphraate, admet seulement 34G8 ans;
il ajoute : « Ce nombre ne concorde avec aucun des cal-
culs faits précédemment, mais il se rapproche de celui
des Juifs parce qu'il est tiré du livre qu'ils possèdent
(l'Ancien Testament) ; mais le livre des Juifs n'est pas
exact (c'est-à-dire : a été altéré, , comme je lai montré
dans un autre endroit. »
Nous avons mentionné plus haut, à propos des ver-
sions syriaques de l'A. et du N. Testament . l'importance
des citations bibliques d'Aphraate pour la critique de
ces versions.
A la différence des homélies d'Aphraate , les treize
homélies de Philoxène de Mabboug ont uniquement
pour objet la vie du parfait chrétien ; elles forment un
traité de morale religieuse et aussi un corps de règles
sur l'ascétisme. On n'y trouve aucune allusion aux con-
troverses dogmatiques, auquelles cet évèque prit part
i. Prolegomena in Aphr. Sermones hoynelilicos , Leipzig, 1870.
2. Voir le passage de la Chronique de cet auteur imprimé dans Wr.icuT,
The homilies of Aphraales, p. 38.
230 L\ LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
avec tant d'ardeur. Le titre actuel de l'ouvrage est
ainsi conçu : « Traités sur la correction des mœurs ,
composés par le bienheureux Mar Philoxène, évêque
de Mabboug. qui y enseigna le cours entier de la dis-
cipline; comment on commence à devenir le disciple
du Christ; par quelles règles et conduites on se forme
pour arriver à l'amour spirituel; comment naît la per-
fection qui nous rend semblables au Christ selon la pa-
role de lapôtre Paul. » M. Budge, à qui l'on doit la
publication de ces homélies ^ , a remarqué que les cita-
tions bibliques sont faites d'après la Peschitto; il en
conclut que Philoxène a dû composer cet ouvrage avant
l'édition de la version Philoxénienne (508) et peu de
temps après son élévation au siège épiscopal de Mab-
boug (485).
La première homélie sert de prologue au livre; les
douze autres traitent de la foi , de la simplicité , de la
crainte de Dieu, de la pauvreté, des désirs de la chair,
de l'abstinence et de la fornication. En écrivant ces
traités, l'auteur s'est certainement inspiré des homélies
d'Aphraate. Comme Aphraate, il disserte en premier
lieu sur la foi, « le fondement de la religion »; mais,
c'est un point digne de remarque , il omet de parler de
la prière, qui fait le sujet de la quatrième homélie
d'Aphraate.
C'est surtout dans ce livre que Philoxène a déployé
ses qualités de styliste que Jacques d'Édesse appréciait
tant; ses périodes sont longues et harmonieuses, trop
longues à notre goût, mais notre goût littéraire n'est
pas celui des Orientaux.
Jésudenah, dans Le Iwre de la chasteté dont nous
avons parlé sous le n° précédent, p. 215, nous a trans-
i.Tlie Discourses of Philoxcnus Bishop of Mabbjgh, \o\. J. Thesy-
riac lexl; vol. Il, Introduclion, Iranslalion, elc, Londres, 1894.
LA LITTERATURE ASCÉTIQUE. 231
mis quelques notices sur les auteurs ascétiques de la
Mésopotamie. IN'ous résumons ici ces notices en suivant
rordre dans lequel elles se trouvent dans ce livre :
Mar Grégoire f le Directeur, qui fît un lii're sur la
vie monastique. Ce Grégoire était persan d'origine: il
embrassa la vie monastique à la suite de visions qui lui
apparurent: il étudia à Edesse sous la direction du
docteur Moïse; il se rendit ensuite au mont Izla où il
vécut dans la solitude. Plus tard, Grégoire alla se fixer
en Chypre ; mais , sur la fm de ses jours , il revint au
mont Izla où il mourut. Nous savons par Assémani * que
ce moine vivait dans la seconde moitié du IV"-' siècle;
il était en relations avec Epiphane , évêque de Salamis
en Chypre , et avec le moine Théodore ; il adressa à
ceux-ci plusieurs traités et des lettres. Ces traités étaient
vraisemblablement des chapitres de son ouvrage sur la
vie monastique, qui ne nous est pas parvenu 2.
Mar Abraham le Grand, le prince des moines , qui
fonda un couvent sur le mont Izla dans le i^oisinage
de Xisibe. 11 établit des règles pour les moines voir
ci-dessus, p. 180;.
Mnr Babai le Grand, qui fonda une école et un
monastère célèbre dans le Beit-Zabdai. Il écrivit beau-
coup de livres et de commentaires voir ci- dessus.
p. 221-222;.
Mar Yahby V anachorète, qui écrivit sur Dieu et ses
créatures. Il est indiqué comme l'auteur de nombreux
livres; il vivait à la fm du W siècle ou au commence-
ment du VIP, car il est placé aussitôt après Mar Ba-
bai.
1. B. 0., ni, pars I, 170. Le récit d'Assémani diffère sur quelques
points de celui de Jésudcnali.
2. Cet ouvrage est mentionne dans le Catalogue dÈbedjesu, B. 0.. m,
pars I, 191.
232 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
Mar Abraham de Nethpar\ qui écrivit sur la ne
monastique. Il vivait à la fm du VP siècle ou au com-
mencement du VIl^. Ebedjésu mentionne ses œuvres
dans son catalogue ; Assémani donne les titres de huit
petits traités conservés au Vatican -. Jean le moine
avait traduit en persan les livres d'Abraham de Neth-
par ; il en existe une traduction arabe.
Grégoire, mètropolilain de Nisibe, qui a écrit sur
les devoirs de la vie monastique. Ce Grégoire était
originaire de Kaschkar ; il professa à Arbèle , puis
dans sa ville natale où il fonda une école. Le Patriar-
che Sabrjésu (596-604) le nomma métropolitain de Ni-
sibe, mais il dut quitter cette ville parce qu'il avait
excommunié Hannana d'Adiabène ^, et il revint mourir
à Kaschkar. Il fit des livres , ajoute Jésudenah , et une
histoire ecclésiastique.
Mar George, moine et martyr, qui fonda une école
à Babylone et écrivit sur la vie monastique et contre
les hérétiques. Sur la vie de ce martyr nestorien, voir
ci-dessus p. 146.
Mar Schoubhalmaran , métropolitain de Karka de
Beit-Sloky qui fit des livres sur la vie monastique.
« Ce bienheureux vivait au temps de Ihérétique Ga-
briel, médecin du roi Chosroès (II) *, et était métropo-
litain de Karka de Beit-Slok. A cette époque il n'y
avait pas de patriarche ^. Il écrivit de nombreux ou-
\. Ce nom est écrit aussi Nephtar, Assémam, B. 0., I, 4G3; III, pars I,
191.
2. B. 0., I, 464; comp. Mai, Script, veter. nova collectio, V, 65.
3. Dans Le livre de la chasteté, p. 32, 1. 20, lire oviov-/o au lieu de
{>pou-»L/o. Sur Hannana d'Adiabène, voir Hoffmann, Aiisziige ans syr.
Akten, 116-117.
4. Gabriel était monophysite et excita le roi de Perse contre les Nes-
loriens.
5. C'est à partir de 608 ou 609 que Chosroès II défendit aux Nestoriens
LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE. 233
vrages sur la vie monastique. A cause des difficultés
qu'il eut avec les habitants de Singar, le roi Chosroès
le condamna à l'exil jusqu'à sa mort. »
Aba Zinai qui fit des libres siw la vie monastique et
fonda un monastère dans la montagne d'Adiabène. 11
vivait au temps de Mar Babai de Nisibe commence-
ment du YIIP s.).
Mar Babai, le scribe, qui fit des libres suj' la ne
monastique (même époque). Il s'agit de Babai bar Ne-
sibnayé.
Mar IsaaCj és>êque de Kinive, qui abdiqua Vêpisco-
pat et fît des livres sur la ç^ie monastique. « 11 fut créé
évêque de Ninive par le patriarche Mar George , dans
le monastère de Beit-Abé. Après avoir gouverné pen-
dant cinq mois le diocèse de Xinive, comme succes-
seur de l'évêque Moïse, il abdiqua pour des raisons que
Dieu connaît, et alla habiter dans la montagne. Le
siège épiscopal demeura vacant pendant quelque
temps; puis Isaac eut pour successeur Mar Sabrjésu,
qui lui-même abdiqua, vécut en anachorète au temps
du catholicos Henanjésu, et mourut dans le monastère
de Mar Schahin, dans le pays de Kardou. Isaac, après
avoir quitté le siège de Ninive , s'en alla dans la mon-
tagne de Matout qui entoure le pays de Beit-Houzayé,
et habita dans la solitude avec les anachorètes qui se
trouvaient là. Il vint ensuite au couvent de Rabban
Schabour. Il était très appliqué à létude des livres
saints, au point qu'il perdit la vue par suite de son ar-
deur pour la lecture et de son abstinence. Isaac était
suffisamment versé dans la connaissance des divins
mystères ; il fit des ouvrages sur la vie spirituelle des
moines. Il écrivit trois propositions qui ne furent pas
d'élire un patriarche, Barhebr.€cs, Chron. eccL, II. p. J09; Noeldeke,
Tabari, p. 3o8, note; Hoffmann, Auszûge aus syr.Aklen, IIG.
234 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQLE.
acceptées par beaucoup des gens. Daniel bar Touba-
nita, évêque de Beit-Garmai, séleva contre lui à cause
de ces propositions. Isaac quitta la vie temporelle dans
une profonde vieillesse et son corps fut déposé dans le
monastère de Schabour. Il était de Beit-Katarayé , et
je pense que la jalousie excita contre lui les moines,
comme elle les excita contre Joseph Hazzaya, Jean
d'Apamée et Jean de Dalyata ».
Cette notice si précise sur le célèbre écrivain ascé-
tique nous permet de rectifier, comme M. Chabot Ta
déjà fait \ la biographie^ impudemment fausse qu'un
auteur monophysite a mise en tête de la version arabe
des œuvres d'Isaac de Ninive. Cet auteur fixe l'époque
dlsaac au commencement du septième mille du monde,
c'est-à-dire au commencement du VP siècle ; Jésudenah
nous apprend qulsaac vivait à la fin du Vil*' siècle ; il
a été nommé évêque parle patriarche George (660-680).
Au lieu du couvent nestorien de Beit-Abé, où Isaac était
moine, le rédacteur de la biographie arabe indique le
couvent jacobite de Mar Mattai, et au lieu de la mon-
tagne de Matout et du couvent de Rabban Schabour, il
indique, pour la retraite d'Isaac , le désert de Scété en
Egypte et le monastère jacobite de Notre-Dame des
Syriens.
Isaac de Ninive était nestorien. Les trois propositions
dont parle Jésudenah et qui soulevèrent de nombreuses
contradictions , étaient sans doute conformes à la doc-
trine de Hannana d'Adiabène qui se rapprochait du
monophysisme '. On s'explique ainsi que les Jacobites
aient revendiqué Isaac comme un des leurs. Les œuvres
1. Notes sur la littérature syriaque dans la Revue sémitique jiSOQ,
p. 254.
2. Éditée par Assémam, B. 0., I, 44^.
3. Voir Hoffmann, Auszûge aus syr. Akien..., p. 116-117; Wrigut, Sy-
riac literature,2' éd., p. 124-129.
L\ LITTÉRATURE ASCÉTIQUE. 230
que l'on attribue à cet ascète forment tout un cata-
logue ; selon Ébedjésu, elles comprenaient sept vo-
lumes '. La version arabe de ces œuvres est divisée en
quatre volumes; de cette version dérive la version
éthiopienne. Une version grecque en fut faite sur l'ori-
ginal syriaque par Patrice et Abraham , deux moines
du couvent de Mar Saba près de Jérusalem -. Zingerle
a édité deux chapitres dans ses Moniunenta si/n'aca,
I. p. 97-101; M. Chabot en a publié trois autres avec
une version latine, en appendice à son livre De S. Isaaci
NinivittC K>ita, scriptis et doctrina.
Daniel bar Toubanita qui, selon Jésudenah, combattit
la doctrine disaac de Xinive, écrivit en effet un ouvrage
intitulé Solution des questions sur le cinquième volume
des œiiçres d'Isaac de Ainii^e, ainsi qu'Ebedjésu nous
l'apprend^. Ce Daniel était évèque de Tahal dans le
Beit-Garmai ; lépoque où il vivait est peu certaine.
M. Chabot* remarque que Touba/u'ta « la Bienheu-
reuse » estl'épithète qui désigne la Vierge; il serait donc
tenté d'identifier Daniel bar Toubanita avec Daniel bar
Maryam Daniel fils de Marie, vers 650_, l'auteur d'une
histoire ecclésiastique voir ci-dessus, p. 214 et d'une
1. AssÉMAM, B. 0., JU,pars 1, 10». Asséraani en a donné une liste, B. 0.,
I, 440-4G0;M. Chabot en a donné une autre liste plus complète avec
rénumération des ms. qui les renferment, De S. Isaaci Xinivitœ vita,
scriptis et doctrina, Louvain, 1802. 27-.>3. M. Chabot a publié, à la fin
de ce livre trois discoios d'Isaac de Ninive avec une traduction latine.
Zingerle a édité deux autres discours dans Monumenta syriaca Anus-
bruck, 18C9, I, p. 97-101.
2. Éditée à Leipzig en 1770 par le moine Nicéphore, litre : Tov oaîov
TTuT^ô; TjuûJr'loactx... La version latine faite du grec a cté imprimée,
sous le nom disaac d'Antioche, notamment dans la Patrologia gr. de
MiGNE , LXXXVI, 799-888; voir CuAnuT, op. ^awd., 54-69; Bicrell, Cons-
jjectus rei >î/r. lilterariœ, p. -20; Assémam, B. 0., I, 445.
3. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 174.
4. yoles sur la littérature syriaque dans la Revue scmitique, 1896,
p. 257.
236 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
explication du calendrier ^ Ebedjésu cite, parmi les
autres œuvres de Daniel bar Toubanita , des oraisons
funèbres, des homélies métriques, des réponses sur des
questions bibliques, des énigmes et un Liçre de fleurs,
qui semble être une anthologie poétique.
Aha Joseph Hazzaya, appelé aussi Ebedjésu. Jo-
seph Ilazzaya ou Joseph d'Adiabène qui vivait au com-
mencement du Yll^ siècle était persan d'origine. 11 avait
été fait prisonnier, sous le calife Omar, par les troupes
envoyées contre la ville de Nemrod, et vendu comme
esclave à un Arabe de Singar. Il passa ensuite aux
mains d'un chrétien , nommé Cyriacus , qui l'affranchit
après ravoir converti. 11 se fit moine et devint direc-
teur du monastère de Mar Basima dans le pays de Kar-
dou, puis du monastère de Rabban Boktjésu dans les
environs de la ville de Zinai. a 11 ne cessait, ajoute Jé-
sudenah, de composer des livres. Il avait un frère char-
nel qui s'appelait Ebedjésu. Celui-ci vint de la ville de
Nemrod, reçut le baptême et se fit moine. Dès lors Jo-
seph fit tous ses livres sous le nom de son frère Ebed-
jésu , parce qu'il avait écrit dans ses ouvrages quatre
traités qui ne furent pas approuvés par les docteurs de
l'Église. Mar Timothée tint un synode et l'anathéma-
tisa l'an 170 du règne des fils de Hischam. Où Joseph
Hazzaya avait-il puisé sa doctrine ? On peut l'appren-
dre de son histoire écrite par Mar Nestorius, évêque
deBeit-Nouhadré. Je pense que le patriarche agit ainsi
par jalousie ; Dieu sait la vérité. » Cette notice de Jé-
sudenah se rapporte au schisme que Hannana d'Adia-
bène avait introduit dans l'Eglise nestorienne, en prê-
chant une nouvelle doctrine qui se rapprochait du
monophysisme. Joseph Hazzaya s'était déclaré le par-
tisan de Hannana et il fut combattu par Mar Babai dans
1. AssÉMANi, B. 0., ni, pars I, 231 ; comp. II, 420.
LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE. 237
son traité De unione et dans les lettres qu'il lui adressa * .
Jésudenali semble rapporter au temps de Joseph le
synode du patriarche Timothée qui eut lieu en 170 de
IHégire 78G-787 de J.-C et qui condamna les partisans
de Hannana. C'est par suite de cette confusion qu'il a
placé Joseph Ilazzaya après Isaac de Ninive. On attri-
bue à Joseph Ilazzaya de nombreux traités, dont quel-
ques-uns sont cités par Ebedjésu comme ayant de la
valeur, tels que Le livre des trésors sur des questions
abtruses ; des livres sur les malheurs et les châtiments,
sur les raisons des principales fêtes de l'Eglise; Le
Paradis des Orientaux (voir ci-dessus, p. 158 ; des
commentaires sur la vision d'Ezéchiel. sur la vision de
saint Grégoire, sur le livre du Marchand Isaïe du
désert de Scété), sur Pseudo-Denys l'Aréopagite, sur
les Capita scientiee d'Evagrius ; et des épîtres sur la
vie monastique.
Mar Jean, qui fonda un monastère dans le pays de
Kardou et habita dans la montagne de Beit-Dalyata -.
« 11 était du pays de Beit-Nouhadré et il lut toutes les
Ecritures dans les écoles. Il prit l'habit monastique
dans le couvent de Mar Yozadak et s'attacha au bien-
heureux Etienne , disciple de Mar Jacques Hazzaya de
Rabban Aphnimaran^. Jean avait deux frères charnels.
Sergius et Théodore, qui se firent moines, eux aussi. 11
quitta le couvent pour aller habiter dans la montagne
1. ÀssÉiuM, B. 0.. ni. pars I, 9o et 97; Hoffmann Auszûge aus syr.
Akten, p. 116-1 17: Wr.iciiT, Syriac literature , 2« éd.. 12i-l-2!>. La nolice
de Jésusdersah explique comment le nom d'Ébedjésu fut donné à Joseph
Hazzaya, et supprime l'hypothèse d'après laquelle celui-ci aurait été
évéque.
2. Telle est la prononciation exacte de ce mot, dont le sens est la
contrée des treilles, comme on le voit plus loin.
3. Cette notice nous permet de fixer l'époque de Jean Saba ou Jean
de Beit-Dalyata à la seconde moitié du vn« siècle, et non vers i>jO,
A^sÉMA>r, B. 0., I, 433.
238 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
de Beit-Dalyata où il se nourrissait de raisins de treilles
au lieu de pain. Il composa de nombreux ouvrages sur
la vie monastique... Ses livres ne furent pas approuvés
par le catholicos Timothée, qui réunit un synode et l'a-
nathématisa pour avoir dit que l'humanité de Notre
Seigneur est unie à sa divinité... » Ses écrits consistent
en traités concernant la vie monastique qui, selon Ébed-
jésu, formaient deux volumes, et un certain nombre
de lettres '. Ils ont été réunis en un recueil par l'un de
ses frères, qui a écrit en tête une préface-. Zingerle
en a donné un court extrait dans ses Monumenta
syriaca, vol. I, 102-104.
Sahdona, èvêqiie de Mahozé d*Aréwafi, dont le
nom est Martyrius et qui est aussi appelé Barsahdé.
La notice étendue que Jésudenah consacre à cet évo-
que, devenu célèbre par son apostasie, contient quel-
ques informations nouvelles. Sahdona, nous apprend
cette notice, fut nommé évêque d'Édesse sur l'ordre
d'Iïéraclius après sa conversion à la foi orthodoxe,
mais il ne demeura que peu de temps dans celte ville ,
l'empereur, mieux avisé, Len ayant fait chasser. C'est
à Edesse que Gabriel Taureta , abbé du couvent de
Beit-Abé , alla discuter avec le renégat : « Après que
Sadhona fut chassé de l'Église, dit cet abbé , moi Ga-
briel, enflammé d'un zèle ardent, je me rendis près de
lui à Edesse, je disputai avec lui et je le confondis 3. »
1. AssÉMAXi, jB. 0., m, %,ars I, 103.
2. AssÉMAXr, B. 0., I, 435; Wright, Catal., p. 863. Les manuscrils por-
tent par son frère, sans donner le nom de celui-ci. Version arabe
(carschouni) à la Bibliothèque nationale, Cat. Zotenberg, n° 202.
3. Comp. HEiNnicii GoussEN, Martyrius-Sahdona's Leben und Werke ,
Leipzig, 4897. Dans cet opuscule, M. Gocssen a établi que le nom de
Salidona, écrit fautivement Mar Touris, devait être lu Martyrius, et
que cet évêque s'était converti, non pas au monopliysisme, mais au
catholicisme. Martyrius est la traduction du syriaque bar sahdé, « lils
des martyrs »; comparer Abbé Cii.sdot, Revue critique, 18 juillet 1898,
p. 43.
LA LITTLRATLUE ASCETIQUt:. 230
Outre la biographie et loraison funèbre de Rabban
Jacques (voir ci-dessus, p. 222), Sahdona écrivit un
traité sur l'ascétisme qui est conservé à la bibliothèque
de Strasbourg dans un ms. du VIP ou YllF s., mal-
heureusement incomplet. M. Goussen, op. cit., a fait
connaître cet ouvrage, dont il a publié des extraits avec
une traduction allemande. Le livre est divisé en deux
parties : la première partie, comprenant vingt-deux
chapitres, a pour sujet : De la bonté de Dieu, notre
Créateur et Sauveur; la seconde partie, qui compte
quatorze chapitres, est intitulée Des différentes i^ertus.
Ce traité est suivi, dans le manuscrit, de cinq lettres
adressées à des moines et de courtes sentences sur la
science spirituelle ou la théologie.
A ces notices du Livre de la chasteté, il convient
dajouter :
DadJL'SU qui. outre des règles monastiques voir ci-
dessus, p. 180; , écrivit un traité sur le silence dans
le corps et Vesprit; un autre sur la consécration de la
cellule; des lettres et oraisons funèbres; un commen-
taire des œuvres de l'ascète Isaïe de Scété '.
Siméon Taibouteh qui, outre des règles monasti-
ques voir ci-dessus, p. 182 , composa une Exposition
des mystères de la cellule Catal. d'Ebedjésu. B. 0.,
Wl^pars I, p. 181,. C'est probablement l'ouvrage que
Barhebraeus attribue à Siméon sur Tinstitution monas-
tique et qui valut à son auteur, dit-il, Tépithète de Tai-
bouteh << sa grâce » Chron. eccL. II, p. 139,.
Beréhjésu ou Berikjésu, moine du couvent de Ka-
moul et contemporain du patriarche Timothée fin du
1. AssÉMANi, B. 0., m, pars I . p. 99. Le commentaire sur Abl^a Isaïe
est cU<i dans le Livre de l' Abeille, «'d. Bidge, cliap. xliii. Le commeu-
laire sur le Paradis a été meniionné ci-dessus, p. 156.
240 LA LITTÉRATURE ASCÉTIQUE.
VHP s.), qui composa un livre sur la vie monastique \
Parmi les ascètes de la Syrie occidentale , le plus
célèbre était, au VP siècle, Jean d'Apamée, dont les
ouvrages sur la vie religieuse, écrits en grec, ont été
traduits en syriaque. Le ms. syr. du Vatican 93 con-
tient ses traités et lettres sur le gouvernement spiri-
tuel, sur lincompréhensibilité de Dieu et sur la com-
munion spirituelle avec Dieu -.
Barhebrseus a écrit à Maraga , en 1279, le Lw/^e des
éthiques, ^q^c^/. i^co, divisé en quatre parties et qui
traite des exercices spirituels et corporels de l'homme
religieux. Assémani en a donné une analyse dans sa
Bibl. Orient., II, 303 et suiv. Le Lw-e de la colombe
\jqLi i^Bo, du même auteur, est une œuvre analogue, à
l'usage des ascètes et des ermites; il est aussi divisé en
quatre parties. 11 existe des versions arabes de ces
deux ouvrages ^.
Pour les autres écrits sur la vie monastique, nous
renvoyons aux numéros IX, § 4; XI, § 2; XII, § 2.
1. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 275.
2. ASSÉMAM, B. 0., I, 430; III, pars I, p. oO. M. G. Braun a publié un
passage de la deuxième poésie de Jean d'Apamée dans la Zeitschr. fur
Kathol. Thcol., 4892.
3. Le P. Bedjan vient de publier le texte syriaque de ces deux livres,
Ethicon seu Moralia Gregorii Barhebrœi, Paris et Leipzig, 1898. Un
appendice, à la fin du volume, reproduit une petite composition de
Barhebrœus en prose rimée, intitulée L'enfance de l'esprit, jJooîj o)Lq1->)4
et qui est du même genre. Le P. Cardahi a publié aussi le Livre de la
colombe sous le tilre de Abulfaragii Gregorii Bar-Hebrxi Kilhàbhâ
Dhijaunâ seu Liber colornbee, Rome, 1893. L'enfance de l'esj^ritse trouve
également dans cette édition.
xiy
LA PHILOSOPHIE
§ 1. — La philosophie syriaque.
Le plus ancien texte syriaque , après la version de la
Bible , est un dialogue sur le destin entre Bardesane
et ses disciples.
Bardesane naquit à Edesse, le 11 juilllet 154 ', de
parents riches et nobles. Son père, dit Barhebrseus,
s'appelait Xouhama, et sa mère, Nahschiram^. Se-
lon saint Épiphane, il fut l'ami d'enfance du prince
d'Édesse, Abgar, fils de Manou, qui régna trente-cinq
1. Date fournie par la Chronique d'Édesse et conflrmée par la Chro-
nique ecclésiastique de BAr.HEBP.Jics, I, 47. M. Haon, Bardesanes gnosticus,
Leipzig, 1819. citant le passage d'Eusébe, Hist. eccL, IV, 30. d'après le-
quel le traité sur le destin de Bardesane avait été adressé à Antonin,
voyait, dans cet Antonin, Lucius Vérus qui, dans sa campagne contre
les Faillies en 16o, visita Édesse; il trouvait donc la date de 154 pour
la naissance de Bardesane trop basse, car celui-ci n'aurait eu que
onze ans en 165; mais il s'agit d'Héliogabale ou Antonin d'Émése, auquel
fut adressée, vers 220, une ambassade indienne qui passa par la Mé-
sopotamie (Porphyre, De Afjsli7ientia,iy . T; Stobée. Eclogœ physicae,
éd. Heeren, I, IV, 56). Elias de Nisibe donne la date du 11 juillet 134»
au lieu du 11 juillet 133 (Lamy dans la Chron. eccl. de Barbedr-cls, I, 47,
note) ; mais celte variante s'explique facilement comme une faute de
copiste, voir Xac, Une biographie inédite de Bardesane l'astrologue,
Paris. 1897.
2. Chron. eccl.. I, 47. Sur ces noms, voir HoFFirvxx, Auszûge aus syr.
Akten, p. 137, note 1162.
M
242 LA PHILOSOPHIE SYRL\QUE.
ans, de 179 à 214. Il ne fut sans doute pas étranger à
la conversion de ce prince qui devint chrétien vers 206.
Bardesane, selon Barhebraeus, vécut soixante-huit ans
et mourut en 222. « Il avait d'abord été élevé, ajoute
cet historien, dans le paganisme par un prêtre de Mab-
boug, mais il reçut ensuite le baptême et fut élevé dans
la doctrine de l'Église à Edesse '. Il écrivit des traités
contre les hérésies et, à la fm , il se laissa entraîner par
les théories de Marcion et de Yalentin. Il nia la résur-
rection ; il considéra l'union charnelle comme un acte
de pureté et prétendit que « tous les mois , la lune , la
mère de la vie , émettant sa lumière et entrant dans le
soleil, le père de la vie, recevait de celui-ci l'esprit de
conservation qu'elle répandait sur tout l'univers- ».
Cette notice ne s'éloigne pas beaucoup de ce que rap-
porte Épiphane. Suivant Eusèbe, au contraire, Bar-
desane, après avoir été un partisan de Valentin, serait
revenu, à la fm de sa vie, à l'orthodoxie, mais sans
se laver complètement de son hérésie. Cette dernière
hypothèse, admise aussi par Pseudo-Moïse de Chorène,
semble trouver un appui dans un passage du LUn^e du
destin, où Bardesane combat l'astrologie, à laquelle il
s'était, dit-il, adonné autrefois.
Somme toute, on sait peu de chose de la vie et des
écrits du célèbre gnostique. Pseudo-Moïse, qui s'en-
tend à combler les lacunes de l'histoire, fait de Barde-
1. Son maître dans l'étude des sciences occultes aurait été un certain
Scuthinos, le précurseur de Mani et fauteur de quatre livres (Épiphane,
Théodoret, etc.; comp. aussi Paul de Lagarde, Prœtermissorum libri
duo, Gœltlngue, 1879, p. 90, l. ult.). La plus ancienne des notices qui
attribuent à Bardesane l'invention d'un alphabet mystique est de Jésu
bar Noun (élu catliolicos en 824) ; Khayy ath, Syri orientales, Rome,
1870, p. 176, note 2.
2. Barhebraeus a emprunté ses renseignements à la Chronique de
Michel le Syrien, qui donne d'autres détails légendaires sur la vie de
Bardesane; voir Nau, Une biographie inédite, etc.
LA PHILOSOPHIE SYRIAQLE. 2i3
sane un apôtre fervent; il aurait tenté d"évangéliser
rArménie; il aurait écrit l'histoire de cette contrée et
un autre livre d'histoire ou de mémoires sur l'Inde, d'a-
près les renseignements que lui avait procurés l'am-
bassade indienne députée à l'empereur Héliogabale '.
Saint Ephrem représente Bardesane comme un
homme du monde, aimant le luxe, et l'oppose k Mar-
cion, l'ascète, qui se vètissait d'étoffes grossières: il
mentionne les cent cinquante hymnes que ce gnostique
écrivit pour répandre sa doctrine dans le peuple -.
Malheureusement ces hymnes sont perdues; perdus
aussi les traités ou dialogues contre les hérésies dont
parlent Eusèbe, les Philosophoumena et Barhebraeus,
ainsi que le traité d'astronomie, dans lequel Bardesane
établissait, par le calcul de la durée des révolutions
des planètes, que le monde prendrait fm après six mille
ans d'existence^. Le Kitab al-Fihrist éd. Fluegel,
Leipzig*. 1871, p. 339 donne les titres d'autres ouvrages
de Bardesane, mais on ne peut se fier aux données de
cet auteur pour une époque si éloignée du temps où il
vivait, il ne nous reste donc, pour étudier le système
philosophique de ce Syrien , que le Lwre sur le destin
et quelques notices éparses dans le recueil des hymnes
de saint Ephrem contre les hérétiques, et notamment
dans les hymnes 53-55 ^. Encore ce Père de l'Eglise
est-il suspect de mauvaise foi ou d'ignorance ^. Recons-
1. Rexas, dans son Marc Aurèle, Paris. 188-2, p. 433, note 3, pensait que
l'auteur de ces ouvrages était un autre Bardesane, originaire de la
Babylonie. Rexa>, ibid., p. 436-439, a tracé un joli portrait de Barde-
sane d'Édesso.
2. Voir ci-dessus, p. 18.
3. D'après George, év«";que des Arabes; voir Curetox, SpicHegium
syriacum, Londres, 18od, p. 21; Whight, The homilies of Aphraates,
Londres, 18C9, p. 27, 1. 11; Lacarde, Analecta syricaca, Leipzig, 1856,
p. 114, 1.18.
4. Dans l'édition romaine de saint Éplirem, t. H, p. 553 et suiv.
5. Voir l'Abbé Nac, Une biographie inédite, etc.
244 LA PHILOSOPHIE SYRIAQUE.
struire la doctrine de Bardesane d'après les théories de
Yalentin ou d'autres gnostiques, comme ont tenté de le
faire Hahn , Merx et Hilgenf eld , est un travail fondé sur
de pures hypothèses ^ .
Le livre sur le destin, "O nsoï sluuQf.iév7]ç âia.Xoyoç,i\ii
d'abord connu par deux longs extraits qu'Eusèbe a
insérés dans sa Prœparatio evangelica, vi, 9. Le se-
cond de ces extraits se trouve aussi dans le IX^ livre
des Bècognitions de Pseudo-Clément , où il a été inter-
polé ; la version syriaque des Récognitions publiée par
Paul de Lagarde ne Ta pas. Le second des dialogues
attribués à Césaire , le frère de saint Grégoire de Na-
zianze, contient aussi une grande partie de cet extrait
relatif aux lois des contrées.
Cureton a retrouvé l'original syriaque du livre sur le
destin dans un manuscrit du Musée britannique, du VP
ou YIP siècle, et Ta publié avec une traduction an-
glaise 5 dans son Spicilegiinii syriacumy Londres, 1855.
Il a reproduit dans son édition les passages d'Eusèbe,
des Récognitions et de Césaire, concernant ce livre.
M. Merx a donné une traduction allemande du texte
syriaque dans son ouvrage sur Bardesane [Bardesanes
çon Edessa, Halle, 1863).
Le livre sur le destin est rédigé sous la forme d'un
dialogue entre Bardesane et ses disciples, à limitation
des dialogues de Socrate. Ce dialogue a été mis par
écrit par un des disciples du maître, nommé Philippe,
qui a placé en tête une introduction et qui y parle à la
première personne. Il n'est guère douteux que le texte
syriaque ne soit un original. Les noms propres, comme
Schamschegeram et Avida sont non seulement syria-
ques, mais appartiennent aux anciens noms édessé-
1. Voir Hor.T, article Bardesanes dans le Dictionary of Christian Bio-
graphy.
LA PHILOSOPHIE SYRL\QUE. 245
niens et nous sont connus par d'autres documents.
Quelques notices trahissent une origine mésopo-
tamienne, notamment celle relative au décret d'Abgar,
interdisant la castration des prêtres de la déesse Tar-
gata, et à la suite duquel cet usage disparut d'Edesse;
celle aussi qui parle de la conquête de l'Arabie comme
d'un événement tout récent [qui eut lieu hier, dit le
texte) ; il s'agit très vraisemblablement de la conquête
de TArabie par Septime Sévère en 195-196 '.
Le texte syriaque ne porte pas le titre de dialogue
sur le destin, sous lequel on le désigne communément,
mais celui de Livre des lois des pays, tiré du chapitre
dans lequel les différentes lois des pays sont énumérées
comme preuve du libre arbitre. Bardesane prouve, en
effet, que l'homme jouit du libre arbitre et est respon-
sable de ses actes. 11 étudie, à cette fm, l'organisation
du monde céleste et du monde terrestre , mais on cher-
cherait en vain , dans les idées qu'il exprime — et on a
eu tort d"y chercher — des théories gnostiques. Il y a
un Dieu, professe-t-il, créateur de l'univers, unique et
indivisible, non créé. Les autres êtres (ityê) ou élé-
ments [estouksé =: ovoiysta) ont reçu une détermination
spéciale et sont subordonnés ; envisagés à ce point de
vue, ils sont soumis à des lois fixes auxquelles ils ne
peuvent se soustraire et ils ne sont pas responsables
\. Ewald et Hilgenfeld pensaient que le syriaque était une traduction
d'un original grec, mais, comme Cureton l'a rappelé dans la préface
de son édition, p. IV, on sait par Eusébe et Tliéodoret que les dia-
logues de Bardesane furent traduits de bonne heure du syriatiue en
grec. M. Land, Anecdota syriaca, I, p. ol, distingue deux ouvrages sur
Je destin, l'un mentionné par Euscbe sous le titre o ttqÙs "Aynoyliov
rreçî tlfifi^uùrjç ôialoyoi;, et l'autre cité par Épiphane comme un dia-
logue TTQog ^ASeiôàv Tov aaTqorô/uov xarù et^a^itéi fj;. C'est ce se-
cond ouvrage qui nous est conservé dans l'original syriaque. Il est pos-
sible qu'Eusébe et Épiphane entendent un môme dialogue et que nçog
Ayioivlvov dans Eusébe soit une faulc de copiste pour rtqo; ''ASeiôàv,
11.
246 LA PHILOSOPHIE SYRL\QUE.
de leurs actions. Mais certains de ces êtres, comme
Ihomme, jouissent, en dehors des nécessités inhéren-
tes à leur nature . d'une liberté d'action qui leur permet
de faire le bien ou le mal; sous ce rapport, ils sont
justiciables de leurs actes.
Saint Ephrem (hymne 53) , fait allusion à ce passage
sur le destin pour combattre Bardesane. Après avoir
rappelé que celui-ci , à l'instar de David , composa cent
cinquante hymnes, il ajoute : « David n'appela pas être
[itya) ce que Bardesane nomme ainsi, car il n'y a
qu'un seul être. Le nom d'être contredit donc les
noms des êtres (c'est-à-dire, ne comporte pas de plura-
lité) , qui n'existent pas , car leurs natures devraient
être les mêmes , si leurs noms sont semblables » ; puis ,
un peu plus loin : « Il en résulte que s'il n'y a qu'une
seule nature qui soit sans cause , il n'y a aussi qu'un
seul être {itya), dont Bardesane confond le nom et la
nature avec d'autres. Car, Mes frères, toutes les créa-
tures ont été créées et, si leur nom est le même, leurs
natures sont différentes d'après la volonté du Créateur.
Celui qui distingue des êtres qui n'ont pas pour cause
le Créateur et qui les déclare égaux, celui-là distingue
leur nature et fait leur nom égal. » L'esprit de saint
Ephrem semble hanté, dans cette discussion, par les
éons ou principes créateurs des gnostiques.
Bardesane rejette le système fataliste des Chaldéens
ou astrologues et le système contraire de certains
philosophes, suivant lesquels l'homme est complète-
ment son maître, les afflictions et les maladies étant
des accidents ou des châtiments de Dieu. Selon Barde-
sane , l'homme est sous l'influence de trois agents : la
nature, le destin et la volonté. Le destin est le pouvoir
que Dieu a donné aux astres de modifier les conditions
dans lesquelles nous vivons , d'après la marche et la
LA PHILOSOPHIE S^-RLVQUE. 247
direction quil leur a impriméos. L'influence du des-
tin se produit au moment de la naissance ; à ce mo-
ment-là Tàme intellectuelle descend dans l'âme végé-
tative qui elle-même descend dans le corps; c'est alors
que se produisent les chances de bonheur ou de mal-
heur, de santé ou de maladie, suivant les rapports
dans lesquels les astres et les éléments se trouvent
entre eux.
Cette philosophie de Bardesane ne laisse rien trans-
pirer du nkrjocoua, de la pluralité des principes créa-
teurs mâles et femelles , des syzigies des éons et autres
idées gnostiques. Dans le livre sur le destin, Bardesane
apparaît comme un chrétien, dont l'orthodoxie est
d'aussi bon aloi que celle d'autres Syriens postérieurs,
Aphraate, par exemple. Il croyait, il est vrai, aux gé-
nies sidéraux, mais Barhebrœus , au XIIP siècle,
croyait encore à l'influence des astres sur le monde
terrestre. Il est donc impossible de savoir avec quelque
certitude en quoi consistait l'hérésie de Bardesane. Il
est cependant difficile de la nier , en présence du témoi-
gnage unanime des anciens Pères de l'Eglise et des
réfutations auxquelles elle donna lieu ^
Deux dialogues grecs anonymes ont été rédigés, dans
les dernières années de Constantin, contre Marcion,
Valentinet Bardesane. Le principal interlocuteur dans
le premier de ces dialogues est un nommé Adamantins
que l'on confondit d'abord avec Origène. Dans le se-
1. 51. Nau, Une biographie inédite de Bardesane Vastrologue, voit dans
Bardesane un astronome dont le système cosmo^raphique a été mal
interprété ou dénaturé par saint Éphrem, qui a traité de gnostique cet
auteur. Les autres écrivains, ajoute-t-il, qui ont parlé de Bardesane em-
pruntent à saint Éphrem, p. 12. M. Nau a développé cette idée dans deux
mémoires récents : Bardesane l'astrologue, dans le Journal asiatique
juillet-août 1899, p. 1-2-19; et Bardesane l'astrologue. Le livre des lois
des pays, texte syriaque et traduction française, Paris, 4899.
248 LA PHILOSOPHIE SYRIAQUE.
cond , c'est un certain Macrinus qui représente la doc-
trine de Bardesane.
Les partisans de Bardesane formaient à Edesse une
secte importante et appartenaient à la classe riche et
éclairée. Malgré les efforts de saint Ephrem, cette secte
se maintint jusque sous Rabboula {f 435) , qui ramena
les égarés dans le giron de l'Eglise orthodoxe '.
Le Spicilegiiun syriaciim de Cureton renferme , ou-
tre le traité sur le destin , une lettre adressée par le
philosophe Mara, fils de Sérapion, à son jeune fils
Sérapion. Ce philosophe était stoïcien 2; il conseille à
son fils de dominer ses passions , de demeurer indiffé-
rent aux richesses et aux honneurs de ce monde, qui ne
sont que des biens passagers, et de ne pas s'émouvoir
des vicissitudes du sort. La sagesse seule mérite d'être
recherchée et cultivée. Mara écrit sa lettre de la prison
où les Romains le tiennent enfermé. Si les Romains
lui rendent la liberté et sa patrie , ils agiront avec
justice ; au cas contraire , il attend la mort avec tran-
quillité. Il était de Samosate à en juger par le passage
suivant : « Tu as appris au sujet de nos compagnons ,
que, lorsqu'ils sortaient de Samosate, ils s'affligeaient
et se plaignaient de leur sort : « Nous sommes éloi-
gnés de nos familles, disaient-ils, et nous ne revien-
drons plus à notre ville voir nos parents et célébrer
nos dieux Lorsque la nouvelle du départ de nos
anciens compagnons pour Séleucie nous arriva , nous
allâmes en secret à leur rencontre, et à leur malheur
nous joignîmes le nôtre... » Ce renseignement est trop
1. Voir la biographie de cet évêque dans Overbeck, S. Ephreemi syri...
opéra selecta, Oxford, 186d, p. 192.
2. La doctrine stoïcienne de l'auteur de cette belle lettre a été mise
en évidence par M. SchuUhess qui a donné une traduction allemande
du texte et en a fait une étude dans la Zeitschr. der deut. morgenU
GeselL, t. LI, p. 305 et suiv.
LX PHILOSOPHIE SYRIAQUE. 249
vague pour permettre de déterminer de quelle calamité
il s'agit et à quelle époque elle eut lieu. Ewald^ rappelait
la prise de Samosate par les Romains en Tan 72 Josè-
phe, De bello j'iidaico, VU, 7, 1-3). M. Schulthess
repousse avec quelque raison ce rapprochement; on
remarquera aussi que la lettre parle de la dispersion
des Juifs qui eut lieu postérieurement et suivit la prise
de Jérusalem par Titus. D'un autre côté, on ne peut
descendre, pour la date de ce document, plus bas que
Je IV® siècle, où le paganisme apparaît encore à Sa-
mosate. Ce texte appartient donc à la plus ancienne
époque de la littérature syriaque-.
Mara lui-même, quoiqu'il reconnût un Dieu unique,
n'était pas chrétien. 11 parle de Jésus-Christ en termes
qui ne laissent aucun doute à cet égard : « Quel profit,
dit-il, les Athéniens ont-ils retiré du meurtre de So-
crate, qui a été vengé par la famine et la peste qui les
accablèrent? Ou les habitants de Samos , du supplice
de Pythagore, eux dont le pays fut en une heure cou-
vert de sable? Ou les Juifs, idu supplice, de leur sage
roi qui les avait gouvernés pendant quelque temps?
C'est justement que Dieu vengea ces trois sages . par
la famine et la mort des Athéniens , par une pluie de
sable à Samos , par la dévastation et l'exil des Juifs
dispersés dans tous les lieux. Socrate ne mourut pas à
cause de Platon , ni Pythagore à cause de la statue de
Junon ^, ni le sage Roi à cause des lois nouvelles qu'il
avait établies. »
Une notice ajoutée à cette lettre témoigne aussi de
la philosophie stoïcienne de Mara. Un de ses amis,
1. Golting. Gelehrte Anzeigei}, la:;!}, p. Wl.
•2. C'est évidemment un texte orii;inal et non une traduction du grec,
comme le supposait Renan, Journal asiatique, 4« série, t. XIX. p. 328.
3. Confusion avec le sculpteur Pytiiagore, comme le remarque
M. Schulthess, d'après 31. Wilamowitz.
2o0 LA PHILOSOPHIE SYRIAQUE.
enchaîné près de lui, lui demanda : « Par ta vie, dis-
moi ce qui excite ton rire ! » IMara répondit : « Je ris
du temps qui me rend le mal qu'il ne m'a pas em-
prunté. »
Ahoudemmeli (-j- 575) composa plusieurs ouvrages
philosophiques : un livre de définitions ; un traité
sur la logique, sur le libre arbitre, sur l'âme et sur
riiomme considéré comme le microcosme; et un traité
sur la composition en corps et en âme de l'homme ^
Une partie de ce dernier ouvrage se trouve dans le ms.
Add. 14620 du Musée britannique 2.
Enanjésu écrivit un volume de divisions et défini-
tions philosophiques , dédié à son frère Jésuyab et qui
comprend un volumineux commentaire ^.
Jacques, évêque d'Édesse, est l'auteur d'un traité
intitulé : « La cause première, créatrice, éternelle^
toute puissante et non créée, qui est Dieu consers>ateur
de toute chose. Ce renseignement nous est fourni par
une note de George, évêque des Arabes, qui acheva
VHexaméron de Jacques d'Edesse''. Ce traité, dont
l'Hexaméron formait la suite, est perdu. On croyait le
retrouver dans une œuvre syriaque, connue sous le
nom de Causa causarum et dont le titre exact est Livre
de la connaissance de la {>érité ou de la cause de
toutes les causes '^. Mais la publication de cette œuvre
par Kayser ^ a permis de constater que sa rédaction
1. AssÉMAM, B. 0., m, 2yars I, 192.
2. Wright, Cat., p. 80-2.
3. AssÉMANi, B. 0., ni, pa7^s I, p. 144.
4. Voir Ryssel, Georg's des Araberbischofs Gedichte und Briefe aus
dem Syrischen uebersetzt, Leipzig, 1891, p. 137 et 227. Nous écrivons
Hexaméi'on pour nous conformer à l'usage, quoiqu'il soit plus logique
de dire Hexaémcron.
5. AssÉMAM, B. 0., I, 4G1 et suiv.; Pohlmann, Zeitschr. der deut. mor-
genl. GcselL, XV, G48 et suiv.
6. Das Buch von der Erkenntniss der Wahrheit oder der Ursache
LA PHILOSOPHIE SYRIAQUE. 231
était de beaucoup postérieure à Jacques et ne pouvait
être placée avant le XP ou même le XIP siècle ', L'au-
teur, p. 8, se donne comme un évêque d'Édesse qui,
après avoir occupé pendant trente ans le siège épisco-
pal, a renoncé au monde dont lont dégoûté les épreu-
ves qu'il a subies de la part de son clergé. Il s'est retiré
dans la solitude auprès de deux ou trois ascètes et y a
composé son liv:e pour le bien de Thumanité. Si ces
lignes visent le célèbre évêque d'Edesse, Jacques, elles
avaient pour but de placer sous l'autorité de celui-ci,
au moyen d'un mensonge , un livre qui avait la pré-
tention de réaliser une utopie bien décevante.
Ce que l'auteur se proposait, en effet, c'était de réu-
nir dans une seule communauté religieuse tous les
hommes séparés par des dogmes différents, c'est-à-dire
les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans. Il traite de
la divinité, de son essence et de ses attributs, mais il
passe sous silence les articles de foi qui ne seraient pas
acceptés de tous; il parle, il est vrai de la Trinité,
mais en termes vagues et de manière à ne pas choquer
les Juifs et les Musulmans. La Genèse est pour lui,
comme pour les auteurs des Hexamérons, la base de
ses dissertations sur l'univers. Ces dissertations por-
tent sur le monde céleste et le monde terrestre, sur
l'homme, les animaux, les végétaux et les minéraux,
véritable encyclopédie des siences au moyen âge. En
tête de l'ouvrage , une liste indique le sujet traité dans
chaque chapitre des neuf livres qui le composaient.
jMais, dans les manuscrits qui l'ont conservé, il s'arrête
au milieu du second chapitre du livre sept. Cet auteur
aller Ursachen, Leipzig, 1889. La traduction allemande de Kayser a été
publiée, après la mort de celui-ci, par M. Siegfried, à Strasbourg, 1893,
avec le même litre.
1. NuELDEKE, Lilerar. CentraWlatt, 1889, n" 30.
2o2 LA PHILOSOPHIE SVRIAQLl::.
est au courant de la pliilosopiiie mystique des Arabes,
pour laquelle il montre une certaine prédilection; son
style est correct et clair, mais énervé par une trop
grande prolixité.
Quelques manuscrits ajoutent à la fm de ce livre,
une courte composition poétique en vers de sept
syllabes sur les éléments et leur union, conforme à la
description que la Causa causaruin en fait, d'après
Aristote, dans le chapitre v du lY^ livre.
Moïse bar Képha est l'auteur d'un traité sur la pré-
destination et le libre arbitre divisé en quatre livres.
Ce traité, conservé dans le ms. Add. 14731 du Musée
britannique, a, comme le chapitre analogue du Caii-
délabre des sanctuaires de Barhebrœus, un caractère
dogmatique et thélogique et ne présente pas, à beau-
coup près, le même intérêt que le dialogue sur le des-
tin attribué à Bardesane.
Nous citerons aussi, quoique écrit en arabe, le traité
d'Elias bar Schinaya, métropolitain de Nisibe, intitulé
Livre de la démonstration de la véi^itè de la foi^ qui a
un caractère dogmatique et est écrit au point de vue
de la doctrine nestorienne. Assémani l'a décrit comme
un ouvrage anonyme ^ . M. Ilorst en a publié une tra-
duction allemande^.
Le livre de Barhebrœus qui porte le titre de Can-
délabre des sanctuaires^ ptVojs i^iio est un ouvrage du
même genre, exposant la doctrine monophysite. Il est
divisé en douze bases ou principes sur lesquels l'Eglise
est fondée. Ces bases sont : la science en général, la
nature de l'univers, la théologie, l'Incarnation, la con-
1. B, 0., in, pars I, 303-303.
2. Des Met7'Gpoliten Elias von Nisibis Buch vom Beweis der Wahrheil
des Glaubens, Colmar, 1886.
La pliilosophie des Dialogues de Jacques bar Sciiakako dérive de
l'École grecque; nous en parlerons sous le parasrai)lie suivant.
LA PHILOSOPHIE SYUIAQLE. 253
naissance des substances célestes (les anges;, le sacer-
doce, les démons, l'àme intellectuelle, le libre arbitre
et la fatalité, la résurrection, le jugement dernier, le
paradis'. Barhebrœus a écrit encore un Livre des
rayons, ^]i )J>k3 divisé en dix sections; cet ouvrage
est, en quelque sorte, un abrégé du précédent-.
Ébedjésu a écrit en 1298 un livre de philosophie et
de théologie nestorienne, intitulé La perle, )LJl^;Jo, et
divisé en cinq sections qui traitent de Dieu, de la Créa-
tion, de la vie chrétienne, des sacrements de l'Eglise
et des signes du monde futur. Assémani en a donné
une analyse dans sa Bibliotheca orientalis, vol. III,
P^ partie, 352-360, et le Gard. Mai Ta édité avec une
traduction latine dans le tome X de sa Scriptorum ve-
terumnova collectio^. Ébedjésu traduisit lui-même son
ouvrage en arabe en 1312, ainsi que nous l'apprend
Amr dans le livre de La tour, où sont cités d'importants
passages ^.
§ 2. — La philosophie péripatéticienne.
Les œuvres des Syriens concernant la logique et la
métaphysique ont attiré l'attention de savants émi-
nents, tels que Renan. Georg Hoffmann, Land, non
pas que ces œuvres aient un caractère original, car
1. ^^«isÉMAM, B. 0., H. 28i. Des ms. de cet ouvrage se trouvent dans
les bibliotlièques de Rome, de Paris, de Berlin et de Cambridge. H en
existe une version arabe. Des passages dums. de Berlin. Coll. Sachau,
no 81, ont été publiés par M. Gottiieil sous le titre de A synopsis of
greek philosophy by Bar Ebraya, dans Hebraica, UI, 2-i9-2j4.
2. AssÉMAM, B. 0., II, 29T; manuscrits à Rome, Paris, Londres, Oxford,
Cambridge et Berlin.
3. Badger en a fait une traduction anglaise dans The Sestorians and
their riluals, Londres, 18o2, vol. II, p. 380 et suiv.
4. 11 est possible que cette traduction soit l'ouvrage arabe intitulé
La perle du roi, qu'Ébedjésu mentionne dans la liste de ses œuvres,
AssÉMAM, B. 0., III. 2>(irs I, 3G0.
LITTÉRATURE SYRIAQUE. 15
254 LA PHILOSOPHIE PÉRIPATÉTICIENNE.
eUes ne comprennent que des versions ou des commen-
taires des livres d'Aristote, mais les Syriens ont été ,
dans l'étude de ces sciences, les initiateurs des Arabes
qui dépassèrent promptement leurs maîtres et firent
prévaloir leurs idées philosophiques même en Europe
au moyen âge.
C'est à V Ecole des Pei^ses, la célèbre école d'Édesse,
que les Syriens commencèrent à enseigner la philoso-
phie péripatéticienne au V® siècle de notre ère. « Ibas,
Koumi et Probus , dit Ebedjésu dans son catalogue ^
traduisirent du grec en syriaque les livres de V Inter-
prète (Théodore de Mopsueste) et les écrits d'Aristote. »
La logique du philosophe de Stagyre entra à l'École
des Perses au moment même où les traductions des
œuvres de Théodore de Mopsueste et d'autres auteurs
nestoriens rendaient nécessaire la connaissance du grec.
Probus est l'auteur d'une version et dun commentaire
du Ileoî aQjLirii'slug, peut-être aussi d'autres parties de
YOrganon d'Aristote. On manque de renseignements
sur ce Syrien. M. Hoffmann, qui a publié une partie
de la version syriaque du Ilsoi aoj.i7]rsiaç et le commen-
taire de Probus- a montré qu'il n'était pas antérieur à
Syrianus, un commentateur d'Aristote, qui vivait dans
la première moitié du V^ siècle. Un ms. de Berlin,
Coll. Sachaii 226, renferme une version de VIsagogé de
Porphyre et un commentaire des Analytiques , mis
sous le nom de Prohus , preshyter, archidiacre et ar-
chiatre à Antioche. Il est possible cependant que la
version du IIeqI Içt-irivElaç, soit d'un autre traducteur.
Les travaux de l'Ecole dEdesse sur la logique furent
repris et complétés par Sergius de Reschaina. Cet émi-
nent médecin , quoique monophysite , jouit d'une répu-
1. Ar.sÉMANi, B. 0., ni,2iars I, 85.
2. De hermeneuticis apud Syros Aristoleleis, Leipzig, 1873.
LA PHILOSOPHIE PLIIIPATÉTICIENNE. 2oo
talion égale chez les Syriens occidentaux et chez les
Syriens orientaux ^ Ce qui nous reste de ses œuvres
philosophiques se trouve presque entièrement dans le
ms. Add. 14G58 du Musée britannique, du VIP siècle.
Ce manuscrit renferme la traduction de VIsagogé de
Porphyre avec la soi-disant Table de Porphyre- ^ des
Catégories d'Aristote^, du Ilsoî xôouov txoo; ^Alêiav-
ÔQovy et d'un traité sur l'àme, divisé en cinq sections et
complètement différent du TIsol ip'i-/j,ç- H renferme aussi
un traité original de Sergius sur la logique, compre-
nant sept livres (incomplets] et adressé à Théodore de
Merv; un traité sur la négation et l'affirmation; un au-
tre sur Les causes de Vunivers selon les principes
d'Ai'istote; un quatrième sur le genre, l'espèce et l'in-
dividu'. Le ms. Add. 146G0 du même ^lusée contient
une scolie de Sergius sur le mot oyi^uu: le ms. de
Berlin, 36 ancien fonds, fol. 83 3-104 a, un traité de
Sergius sur les Catégoiies, adressé à Philothée"'.
La version du Ileol y.ôouov^ a été publiée par Paul de
Lagarde dans ses Analecta syriaca, p. 134 et suiv.
M. Victor Fivssel lui a consacré une étude approfon-
1. Ébedjésu le classe dans son catalogue parmi les auteurs uestoricns
et mentionne ses commentaires sur la logique et la dialectique, AssÉ-
MAM, h. 0., m. pars I, 87.
2. Celte table existe aussi dans le ms. 116 de la Collection Sachau à
Berlin; elle a été reproduite par .M. Gottiieil dans Hebraica, IV, p. 207.
3. Dans le ms. syr. du Vatican 158, remarque Wp.igut, Syriac litera-
ture, 2« éd., p. 91, note 2, cette version est attribuée à tort à Jacques
d'Édesse, qui n'aurait guère été qu'un enfant à l'époque où le ms. du
Musée britannique a été écrit; en outre ce n'est pas le style de cet au-
teur. Le ms. de Paris, n" 2'»8, répète la même erreur. Dans le catalogue
des ms. de la Laurcntienue, Évode Assémani indique à tort Honein
comme l'auteur de cotte traduction, Renan, De philosophia peripatelica
apud Syros, Paris, 18.J2, p. 3i. note 3.
4. RexAN, /. c, p. 2.J-28; Wkigiit, Syr. lilerature, 1' éd., p. 90-îh2.
5. Le même ms., fol. 80 a-83 6, a une scolie du pliilosophe Eusébe
d'Alexandrie sur les Catégories.
6. Ce traité a été attribué à Aristole, mais il a été composé vraisem*
blablement par un philosophe postérieur.
256 LA PHILOSOPHIE PÉRIPATÉTICIENNE.
die, dans laquelle il a réuni toutes les variantes que
présente cette version, comparée avec le texte grec'.
La traduction de Sergius, dit M. Ryssel, appartient
à la catégorie des traductions syriaques, peu nom-
breuses, qui sont littérales et cependant expriment fi-
dèlement la pensée de l'auteur. Elle doit être considérée
comme le chef-d'œuvre de l'art du traducteur, car Ser-
gius a su rendre le sens et le contenu de l'original grec
dans une version aussi claire qu'exacte, serrant de
près le texte. Elle est bien supérieure à la version la-
tine d'Apulée de INIadaura qui s'est permis toutes sortes
de libertés. La comparaison avec les différents manus-
crits grecs permet de conclure que le syriaque ne re-
présente pas le texte d'un manuscrit déterminé , mais
qu'il reproduit les leçons tantôt d'un manuscrit, tantôt
d'un autre. On peut supposer que Sergius, comme Apu-
lée, avait sous les yeux un original qui différait de celui
des manuscrits grecs connus et qui était plus ancien.
Théodore , évêque de Merv, auquel Sergius dédia un
certain nombre de ses traités , s'adonna aussi à l'étude
de la philosophie péripatéticienne. Parmi ses ouvrages,
Ébedjésu mentionne des Solutions à dix questions de
us
Sej^gi^
Le ms. 14660 du Musée britannique, qui contient la
scolie de Sergius sur le mot o^riuay nous a conservé
le traité sur la logique de Paul le Perse adressé au roi
Chosroès Anoschirwan. Paul le Perse vivait au temps
du patriarche nestorien Ezéchiel (567-580). « Il brilla,
dit Barhebraeus^, autant dans les sciences ecclésiasti-
ques que dans la philosophie profane, et il composa
1. Ueber den texlkrilischen Werlh der syr. Uebersetzungen griechi-
scher Klassiker, Leipzig, l^ partie, 1880, ^« partie, 1881.
2. AssÉMAxi, B. 0., III, pars I, 147; Renan, De philosophia pcripatclica,
p. 29.
3. Chron. eccl , II, p. 97.
LA PHILOSOPHIE PÉRIPATÉTICIENNE. 257
une admirable introduction à la logique. 11 avait espéré
devenir métropolitain de la Perse, mais, n'ayant pas
réuni les suffrages de ses concitoyens, il se convertit,
dit-on, à la religion des mages. » Son livre est intitulé
Traité siu^ la logique d'Aristote le philosophe,
adressé au roi Chosroès. Il a été publié avec une tra-
duction latine et des notes par M. Land'.
C'est sans doute aussi de la philosophie d'Aristote
que traitait le livre des questions grecques que com-
posa vers la même époque le périodeute Boud , plus
connu chez nous pour sa traduction des contes de
Kalila et Dimna. Ce livre portait le singulier titre d^4.-
leph Migiii'.
Au commencement du VIP siècle . le couvent de Ken-
nesré sur la rive gauche de l'Euphrate ^ devint célèbre
par l'enseignement du grec qui y était donné. L'évêque
Sévère Sebokt se livra dans ce couvent, vers 640, à l'é-
tude de la philosophie, des mathématiques et de la
théologie. Les ms. du Musée britannique ;, Add. 14660
et 17156, renferment quelques-uns des ouvrages philo-
sophiques de cet évêque : un traité sur les syllogismes
des Analytica priora d'Aristote, une lettre au prêtre
Aitilaha sur différents termes du TIsol eourjvslaç ; des
fragments d'un commentaire sur le FIsol afjfirjviiuç; et
une lettre au périodente Jonas pour expliquer quel-
ques points de la Rhétorique d'Aristote''.
\. Anecdota syriaca, t. IV, texte, p. 1-3-2; traduction, p. 1-30. notes,
p. 90-113. Ticnan a édite et traduit la première partie de rinlrodiiciinu.
Journal asiatique, -i^ série, t. XIX, 18,"i2, p. 31-2-319; De philosophin
peripalclica, p. 19--22.
2. AssÉMAM, D. 0., III, par* 1,219. On a donné plusieurs explications
de ce titre; M. Sleinsclineidery voit la corru[>tion du ^recTo àhpa uéyai ,
C'est-à-dire, livre A des Métapliysi(|uos d'Aristote.
3. i,e couvent de Kennesrin ou Kennesro se trouvait en lace d'Kuro
pus (Djcral)is des Arabes), et avait été fondé par Jean bar Apliloni;i.
comp. IIOFKMWN, Auszûcje, p. lG-2, noie I-2(jO.
4. riENAN. De philos, peripal., p. 29-30; WnicnT, Calai., p. 1100-1103.
2o8 LA PHILOSOPHIE PERIPATETICIENNE.
Deux disciples de Sévère Sebokt, Jacques d'Edesse
et Athanase de Balad , continuèrent la tradition de leur
maître dans les sciences philosophiques.
Jacques d'Edesse est l'auteur d'un Enchiridion ou
traité des termes techniques de la philosophie, qui est
conservé dans le ms. Add. 12154 du Musée britanni-
que. Wright' pensait qu'on pouvait aussi attribuer à
cet auteur deux compositions métriques sur des sujets
de philosophie qui se trouvent dans deux ms. du Va-
tican, n°' 36 et 95, et que les manuscrits donnent sous
le nom de Jacques de Saroug. On a cru pendant quel-
que temps que Jacques d'Edesse avait traduit les Caté-
gojies et le Ileoi egiirjvslaç d'Aristote. Wright a reconnu
que la version des Catégories était de Sergius de Res-
chaina (voir ci-dessus p. 255, note 3); quant à la version
du IIsoî sourirslaç, M. Hoffmann a montré qu'elle était
d'un autre auteur^.
Athanase de Balad , qui devint patriarche des Jaco-
bites en 684, s'était retiré dans le couvent de Beit-^Ialka
du Tour Abdin, après avoir étudié sous Sévère Sebokt
dans le couvent de Kennesrè^. Là il traduisit en 645,
VIsagogé de Porphyre. Sa traduction est conservée
dans le ms. du Vatican 158 et dans des ms. des biblio-
thèques de Florence, Paris et Berlin, qui sont des co-
pies du ms. du Vatican; elle est précédée dans ce der-
nier manuscrit d'une introduction qui reproduit, en
grande partie, l'introduction d'Ammonius ^. Le ms.
Add. 14660 du Musée britannique contient une traduc-
tion , faite par le même Athanase , d'une autre Isagogé
d'un auteur grec anonyme.
1. Syriac lileralure, 2® éd., p. 150.
2. De hermeneulicis apud Syros Aristotclcis, p. 17.
3. Bakuebii.eus, Chron. eccl., I, p. 287.
4. llENAN, De philosophia perijjaletica, p. 30; Anox Faeimanx, Die Isa-
LA PHILOSOPHIE PERIPATETICIENNE. 239
Un disciple d'Atlianase, George, nommé évèque des
Arabes en Tannée 686, est connu par plusieurs travaux
dont le plus important est la version de YOrganon d'A-
rislote. Le ms. Add. 14659 du Musée britannique a
conservé une partie de cette version : les Catégories^
le 77fot eotDjreîaç et le premier livre des Analj/tiques
divisé en deux parties; chaque livre est précédé dune
introduction et suivi d'un commentaire'. M. Hoffmann
en a donné quelques extraits dans son ouvrage intitulé
Dehermeneuticis apiid Syros Aristoteleis. « Parmi les
commentaires syriaques, dit Renan-, je n'en ai trouvé
aucun qui puisse lui être comparé au point de vue de
l'importance de l'œuvre et de la méthode exacte de
Texposition; aucun autre ne devrait lui être préféré, si
des savants songeaient à imprimer quelque partie de
Il philosophie des Syriens. »
Barhebrœus^ cite un commentaire de Moïse bar
Képha sur la dialectique d'Aristote. Denys bar Salibi
é rivit également des commentaires sur la dialectique
qui ne nous sont pas parvenus-*.
Pendant que les Syriens occidentaux publiaient ces
travaux sur la dialectique d'Aristote, les Xcstoriens ne
demeuraient pas inactifs. Malheureusement leurs an-
ciens livres concernant cette science ont presque tous
disparu et nous ne les connaissons, comme beaucoup
de leurs œuvres, que par le catalogue d'Ebedjésu.
Ébedjésu mentionne :
Un commentaire sur les Analytiques par le pa-
goge des Phorphirius in den syrischen Ucbersetzungcn, Berlin, 1897.
M. Freimann a publié dans son ouvrage le texte syriaque de VIsagogé,
i. Wzyxs, De phil. pcripat., p. 33; Hoffmann , De hermeneuticis apud
Syros Aristoteleis, p. 148-151.
2. L. c, p. a3-34.
3. Chron. eccl., II, 21.S.
4. ASSÉMAM, B. 0., II, 170.
260 LA PHILOSOPHIE PERIPATETICIENNE.
triarche Henanjésu, élu en 68G, B. 0., llLpars I, 154.
Un commentaire sur toute la dialectique par jNIar
Aba II, élu patriarche en 741, B. 0., III, pais I. 154
et 157 ^
Une introduction à la logique par Jésudenali, évoque
de Bassora vers la fm du VHP siècle, B. 0., 111, pafs ï,
1952.
Un commentaire sur la dialectique par Denha, ap-
pelé aussi Ibas, qui vivait vers 850*"^, B. 0., Wl^pars I,
175.
Ce sont les Nestoriens qui transmirent aux Arabes
la philosophie grecque avec les autres sciences. Au
premier rang se placent les célèbres médecins qui vi-
vaient à Bagdad sous les califes Abbassides du IX^ et
du X® siècle. Honein, son fils Ishak et son neveu Ho-
beisch, firent de nouvelles traductions syriaques et
arabes qui comprenaient toute la philosophie péripaté-
ticienne et ne se bornaient pas , comme les travaux des
Syriens antérieurs, à VOrganon^. Zacharie de Merv.
ou Abou Yahya al-^NIarwazi , écrivit sur la logique'^.
Les Arabes, après s'être formés à l'école des Syriens,
devinrent les maîtres incontestés de l'Orient dans cette
branche des études; les versions arabes seules subsis-
tèrent et les versions syriaques disparurent peu à peu;
aucune de ces dernières n'est arrivée jusqu'à nous.
i. Dans le premier de ces passages Mar Aba est désigné sous le nom
d'Aba de Kasclikar, et dans le second, sous celui d'Aba bar Berik-Sebya-
neii, comp. Wrigut, Syriac literature, 2^ éd., p. 187.
2. On ne peut conclure avec Assémani de la notice d'Ébedjésu concer-
nant le patriarche Sourin, B. 0., III, pa)-s I, 169, que ce patriarche ait
écrit sur la logique d'Aristote, comp. Renan, De philos, peripat.. p. 37.
3. Comp. ci-dessus, p. 84.
4. Rf.xan, De philos, peripat., p. G2. Suivant Barhebra^us, Honein tra-
duisit du grec en syriaque le livre de Nicolas sur la somme philoso-
phique d'Aristote; Assémvm, B. 0., II, 270-272.
o. Kitdb al-Fihrist, éd. Fluegel, Leipzig, 1871, p. 263; Ibn Abi Ouseibia,
éd. Mleller, Kœnigsberg, 1884, I, 23i-23o.
LA PHILOSOPHIE PERIPATETICIENNE. 261
Au commencement du X*^ siècle appartient, semble-
t-il, Le livre des définitions composé par le logicien
Bazoud. et qui est conservé dans un ms. de Berline
Ce traité est postérieur à Théodore bar Koni vers 800,
voir ci-dessus, p. 214 qui y est cité. 11 renferme des dé-
flnitions et des divisions non seulement des termes de
la logique, mais aussi de sujets de théologie et de mé-
decine. L'auteur était nestorien; il doit ^ être identifié
avec Abzoud qui, selon Ebedjésu, composa un traité de
démonstrations sur différents sujets, disposé par ordre
alphabétique et dédié à son ami Kourta-. Mais cet ou-
vrage est différent du Livre des définitions, qui ne su:t
pas l'ordre alphabétique^. D'un autre côté, ce Bazoud
ou Abzoud s'appelait aussi Mikael, nom sous lequel il
est cité comme interprète des Ecritures^. M. Hoffmanr.
a retrouvé, mis sous ce nom de Mikael. Le livre des
définitions dans un manuscrit de ITndia OfUce de Lon-
dres^. Ebedjésu, dans son catalogue, distingue Abzoud
de Mikael, mais cette distinction peut provenir d'une
erreur.
On cite parmi les œuvres de Denys bar Salibi des
commentaires sur la dialectique^.
Le second livre des Dialogues de Jacques bar Scha-
kako , qui devint évèque sous le nom de Sévère , traite
de la philosophie. Le premier dialogue est spécialement
consacré à la logique qui est résumée dans cinquante
deux questions. Le second dialogue est divisé en cinq
sections réparties de la manière suivante : P les défi-
nitions et les divisions de la philosophie; 2' l'éthique;
1. G. Hoffmann, De hermeneuticis apud Syros Aristoteleis, p. 151.
2. B. 0., m, pars], 361.
3. Hoffmann, Opiiscula nesloriana, p. xxiii.
4. Comp. ci-dfssus, p. 84.
5. Op. ciL, p. XXI.
6. AssÉMAXi, D. 0., H. 210.
15.
262 LA PHILOSOPHIE PÉRIPATÉTICIENNE.
S*" la physique et la physiologie; 4° les mathématiques;
5*^ la métaphysique et la théologie '.
David, fils de Paul (XIIP s.), a laissé une brève énu-
mération des Catégories d'Aristote -.
Barhebrœus clôt la série des Syriens jacobites qui
écrivirent sur la philosophie d'Aristote. Utilisant les
travaux des Arabes, il embrasse toute cette philoso-
phie*^. Son Livre des pupilles des yeux, )La£i.y i^L»,
comprend une introduction sur l'utilité de la logique
et sept chapitres consacrés à VIsagogé de Porphyre,
aux Catégories , au FIspl ïçtu,t\^z[^<:,^ai\ni Analytica priora,
aux Topiques, aux Analytica posteriora et aux Sophis-
tiques. Le Li^^re de l'entretien de la Sagesse^ ;cu»j \ll^
IJLsiflo, est un abrégé de la dialectique , de la physique
et de la métaphysique ou théologie. Le livre intitulé
La crème de la science ^*, )Esv>->r. Lai, est une vaste ency-
clopédie renfermant la philosophie péripatéticienne tout
entière et sert aujourd'hui aux Syriens, dit Renan, de
somme de la philosophie. Il est divisé en trois parties
dont la première comprend dans neuf livres : VIsagogé,
les Catégories, le Fleûi £pp.y,vsiaç, les Analytica priora,
les Analytica posteriora, la dialectique, la sophistique,
la rhétorique et la poétique. La seconde partie ren-
ferme huit traités sur la physique, le ciel etTunivers, les
météores, la génération et la corruption, les minéraux,
les plantes, les animaux et l'âme. La troisième partie
est consacrée à la métaphysique et à la théologie, à l'é-
thique, l'économie et la politique. Un abrégé de ce grand
ouvrage est intitulé Le commerce des commerces,
1. Manuscrits au Musée britannique, à la Bodlcienne, à Berlin et à
Gœttingue, comp. ci-après, p. 287.
2. Ms. de Berlin, Sachau, Kurzes Verz., Aller Bestand, n» 30, 13.
3. Renan, De philosoj^hia peripaL, p. Ci et suiv.
4. Dans AssÉMAM, B. 0., II, 270, cet ouvrage est désigné sous le nom
de Livre de la Science des Sciences.
LA PHILOSOPHIE PÉRIPATÉTICIENNE. 263
IL-^L l';^L. Ici, comme dans la plupart de ses traités scien-
tifiques, Barhebraeus n'apporte aucune idée nouvelle
ou originale; son œuvre est celle d'un érudit qui a beau-
coup lu et beaucoup retenu et qui dispose ses maté-
riaux avec méthode. A cette classe de ses écrits appar-
tient aussi , dit Wright ' , un poème rimé sur Udme
selon /es ^iies des Péripatèticieiis ^ et dont la rime est
formée par la lettre schin, ainsi que la traduction
syriaque des Théorèmes et ai'ertissenients d'Avicenne
et de La crème des secrets de son contemporain, Atliir
ad-Din Mofaddal. Ajoutons encore avec Renan ^ un
autre poème rimé de Barhebrœus sur la sentence de
Socrate : « La loi est bonne, mais la philosophie est
meilleure ». La rime est formée par la désinence ai?
de mots grecs.
Chez les Nestoriens , les études philosophiques ces-
sèrent avec Ebedjésu qui, à la fin de son catalogue,
donne la liste de ses propres œuvres. Ces œuvres com-
prennent un livre des mystères des philosophes grecs
et douze traités sur toutes les sciences ^, qui semblent
perdus.
§ 3. — Autres versions syriaques de la philosophie
grecque.
Nous avons parlé sous le paragraphe précédent des
versions syriaques des œuvres d'Aristote et des péri-
patéticiens. Les Syriens possédaient encore des traduc-
tions d'autres ouvrages de la philosophie grecque, dont
la plupart nous sont parvenues dans des manuscrits du
i. Syriac lileralure, 2® éd., p. 270; coinp. Assémanf, B. 0., H, 2(18. Les
œuvres philosophiques de Barlichr.TUs se trouvent dans des manuscrits
des principales bibliothèf|ues de l'Europe.
2. De philosophia pcripatetica, p. 67.
3. B. 0., n[, jjars I, p. 300.
264 VERSIONS SYRIAQLES
Musée britannique et ont été éditées par Land, Anec-
dota s//7'iaca, I, p. 64 et suiv., Paul de Lagarde, A/ia-
lecta syriaca, et Sacliau, Inedita syriaca K
La littérature gnomique avait un charme spécial pour
les Syriens qui ont réuni des sentences morales et phi-
losophiques dans diverses collections sous les noms
de Pylhagore, Platon, Tliéano, Ménandre, le pape
Sixte, etc. Les sentences de Pythagore ont été éditées
par Lagarde, Anal, sy/-., p. 195-201; titre : Traité de
Pythagore; sentences que le philosophe Pythagore
prononça sur la vertu et qui, par leur valeur, ont la
beauté de Vor'^. Gildemeister a reconnu que la collec-
tion syriaque de ces sentences procède de la même ré-
daction que la collection grecque de Demophilus; il a
recherché et reproduit les sentences grecques corres-
pondant au syriaque.
Les écrits attribués à Platon comprennent trois
courts morceaux (Sachau, Inedita syriaca, p. 66-70).
Le premier contient des définitions platoniciennes déri-
vées, en grande partie, des "Opot, mais dans une recen-
sion différente ; ces définitions ont aussi quelques rap-
ports avec les Définitions de Secundus et d'Epictète dans
Orelli, Opuscula veterum Grsecoruni moralia et sen-
tentiosa, I, 227 , 230 ^. Le second morceau est intitulé
Préceptes de Platon à son disciple; il est rédigé sous
forme de dialogue et est rempli d'idées chrétiennes '.
1. Renan a le premier fait connaître ces traductions dans sa LcUre à
M. Reinaud sur quelques ms. syr. du Musée britannique, publiée dans
le Journal asiatique, 4« série, 183-2, t. XIX, p. 293 et suiv. Dans celle
lettre Renan avait également indiqué les versions syriaques de la philo-
sophie péripatéticienne, dont il a repris l'examen dans sa thèse latine
De philosophia peripatetica apud Syros.
2. Comp. Renan, Lettre à M. Reinaud, p. 303; Gildemeister, Hermès.
18G9, t. IV, p. 81; Wright, Journal of Ihe royal asiatic Society, Neiu
séries, \o\. VII, Part I, 4874, Appendix, p. 5.
3. Saciiau, Inedita syriaca, p. iv: Rexan, Lettre à M. Reinaud, p. 307.
4. Renan, Lettre à M. Reinaud, p. 308. Renan ajoute : « Le manuscrit
DE LA PHILOSOPHIE GRECQLE. 26o
Le troisième, du même genre, donne des définitions de
la foi, de Dieu, de la charité, de la justice et de la vertu.
Les Préceptes de Platon ont été traduits en anglais
par Cowper [Syriac Miscellanies , Londres, 18G1).
M. Sachau a émis l'hypothèse que Sergius de Res-
chaina est l'auteur de la version syriaque de ces textes ^ ;
une étude critique qui reste à faire , montrera si cette
version présente réellement le caractère des traduc-
tions de Sergius.
La petite collection, intitulée Conseils de Théano,
philosophe pythagoricienne, a été éditée par M. Sa-
chau (Inedita syr., p. 70\ Les sentences attribuées à
cette femme philosophe ne se retrouvent pas, à l'ex-
ception d'une seule, dans les écrits grecs publiés sous
le nom de Théano.
Cette collection est suivie . dans l'édition de }d. Sa-
chau, des Sentences des philosophes sur Vdnie'-; des
Conseils des philosophes et de la Vie du philosophe
Secundus. La vie de Secundus est incomplète dans la
version syriaque; elle s'arrête après la définition de la
mort; c'est une recension difïérente du texte grec
connu.
Un manuscrit de la bibliothèque de Neiv-College
d'Oxford contient aussi des maximes de Psellus, Théo-
crite, Anaxagoras, Protagoras, Théano et Timachus,
dont quelques-unes se trouvent dans les Sentences
sur l'dme ^. Un manuscrit de la bibliothèque de Du-
blin a des sentences de plusieurs philosophes grecs ■*.
syriaque 1^9 du VaUcan contient aussi des préceptes apocryphes de
Platon à son disciple, en carschouni, différents de ceux-ci. »
\. Hermès, iSTO, t. IV, p. 78.
2. Comp. Hermès, 18(j9, t. IV, p. 72 et 78. Ces sentences ont été tradui-
tes en anglais par Cowper, Syriac Miscellanies, p. 43 et suiv.
3. Publiées par Sacuau, Inedita syr., p. v-vii.
4. Wrigut, The book of Kalilah and Dimnah, Oxford, 188i, Préface,
p. IX.
2G6 VERSIONS SYRIAQUES
Les sentences de Ménandre sont conservées dans
deux ms. du Musée britannique, l'un est le fameux
ms. Add. 14G58, du YII*^' siècle, qui renferme une grande
partie de la logique et de la philosophie syriaque;
l'autre est le ms. Add. 14014, du VHP siècle. Le pre-
mier rapporte cent cinquante-trois sentences, qui ont
été publiées par M. Land avec une traduction latine et
des notes critiques ^ . Le second n'a que dix-huit numé-
ros qui, saut les deux premiers, se retrouvent dans la
première collection; ce petit recueil a été publié par
M. Sachau, Inedita syriaca, p. 80. M. Baumstark quia
étudié les deux recueils publiés par Land et Sachau et
qui a traduit en allemand le texte syriaque 2, estime que
le recueil Land a été interpolé et augmenté par un au-
teur maladroit, qui était antérieur au compilateur du
ms. Add. 14658. Les interpolations proviendraient du
document qui a fourni le recueil Sachau. Les premiers
critiques qui se sont occupés de cette collection croyaient
qu'elle nous avait conservé des extraits des comédies
de Ménandre qui sont presque entièrement perdues.
M. Baumstark admet qu'il circulait, déjà au milieu du
IV^ siècle, deux florilèges des sentences de Ménandre,
laissant indécise la question qu'il pose, si ces florilèges
ont été traduits d'originaux grecs ou s'ils ont été tirés
des fables d'une nouvelle comédie de Ménandre traduite
intégralement en syriaque (!). Mais M. Frankenberg
qui a repris l'étude de ces sentences dans la Zeitschr,
fïir die Alttest. Wisseîischaft, 1895, XV, p. 226, y voit
un produit de la littérature juive. Sa thèse est fondée
sur la comparaison d'un certain nombre de ces sen-
\. Anecdota syriaca, t. I, texte, p. Oi; traduction, p. 158; notes,
p. 198.
2. Lv.cuhrationes syro-grœcœ, Leipzis, 1894, dans le Supplément XXI
des Annales philosophiques^ p. 257-5-24.
DE LA PHILOSOPHIE GRECQUE. 267
tences avec celles que Ton trouve dans le livre de Si-
rach et dans le livre des Proverbes.
Les sentences mises sous le nom du pape Sixte ne
sont autres que les sentences du philosophe Sextus,
dont l'original grec a été retrouvé et publié en 1892 par
A. Elter. Elles ont été traduites en syriaque dans deux
versions, qui sont réunies dans un seul recueil et qui
forment deux collections auxquelles a été ajoutée une
troisième collection de sentences. Ce recueil, intitulé
Pai'oles choisies de Mar Xijstus èvêqiie de Rome^ a
été publié par Paul de Lagarde [Aj^alecta syriaca,
p. 2-31) et traduit en allemand par Gildemeister et
Ryssel '.
Romanus, un médecin et un moine du couvent de
Kartemin, qui devint patriarche en 887, sous le nom
de Théodose, est l'autour d'une collection de cent douze
maximes pythagoriciennes, qu'il traduisit, en grande
partie, du grec en syriaque et auxquelles il ajouta de
courtes explications en syriaque et en arabe. M. Zoten-
berg en a donné une savante édition, avec une traduc-
tion française, dans le Journal asiatique, 1876, septième
série, t. YIII, p. 425 et suiv. « Quelques-uns des ^vaOoXu
nvOuyoor/.â qui nous ont été transmis par les auteurs
grecs, remarque l'éditeur, se retrouvent, littéralement
traduits, dans notre texte syriaque. Un certain nombre
de ces sentences ont passé du syriaque en arabe et se
retrouvent dans les recueils publiés par Scaliger, Er-
penius et Freytag, et aussi dans V Histoire des médecins
dlbn Abi Ouseibia^. »
i. Gildemeister, Sexti sententiarum recensiones latinam, grxcam,
syriacam conjunciim exhibuit... Bonn, 1873; V. Ryssel, Zeitschr. fur
wissenschaft. Théologie, I89:i-1897; Rhein. Muséum fiir Philologie, neue
Folge, Ll, 189j. Les travaux anlcrieurs publiés sur ce sujet, sont cités
dans les articles de Ryssel.
2. ZOTENDEUG, Op. Cit., p. 433 i3i.
268 VERSIONS SYRIAQUES
Une petite collection de sentences attribuées aux
philosophes grecs est conservée dans le ms. syr. 135
du Vatican. Elle porte le titre de « Discours des philo-
sophes pour celui qui veut posséder en lui une bonne
patience* ».
L'apologue appartient, en quelque sens, à la littéra-
ture gnomique. Nous mentionnerons à cette place la
version syriaque d'une recension des fables d'Ésope,
que AVright place entre les IX^ et XP siècle^. Lands-
berger a édité un texte de cette version retouché par un
auteur juif, sous le titre de Die Fabeln des Sophos,
syiisches Original der griechischen Fabeln des Synti-
pas, Posen, 1859. L'éditeur croyait retrouver dans ce
texte un original syriaque, mais Geiger a établi que le
mot Sophos était une altération d^Esophos, Esope ^.
D'autres manuscrits portent /os//;Ao5, « Joseph », qui
est une autre corruption du même nom.
Du même genre sont les huit fables que Rœdiger a
publiées dans sa Chrestoniathia syriaca, 2^ éd., Halle,
1868, p. 97, d'après un ms. de Berlin où elles aont insé-
rées dans L'histoire de Joseph et du roi Nabuchodo-
nozor; et les trois fables imprimées par Wright '*.
Nous citerons encore Le livre des contes amusants,
)î^--.r^No i-Ijoi.; j^Eo, dc BarhebrsBus , quoique cet ouvrage
ne dérive pas du grec et n'ait aucune prétention au
titre de livre philosophique. Les premiers chapitres
renferment des sentences des philosophes grecs, per-
1. Elle a été éditée par Guidi, Rendicoti délia R. Accademia dei Lin-
cei, juin 188G, p. oc>4o5G.
2. Syriac literature, 2« édil., p. 2H.
3. Dans la Zeitschr. der deut. morgenl. Gesellschaft, 48GO, t. XIV,
p. 58G et suiv.
4. Wright, Journal of the royal asiatic Society, 1874, vol. VII, Part I,
Ai^i^cndix, p. 4; The Book of Kalilah and Ditmiah, Préface, p. ix-x;
comp. HociiFELD, Beitràge zur syrischen Fabellitteratur, Halle, 1893;
SA.CUAL-, Verzeichniss der syr. Handschriften, Berlin, 1899, p. 2GG, 439,
725.
DE LA PHILOSOPHIE GRECQLE. 269
sans, indiens et juifs, des ascètes chrétiens et musul-
mans. Le chapitre X donne un choix de fables d"a-
nimaux; il est suivi de contes, dont quelques-uns d'une
obscénité qui étonne de la part d'un évêque; l'auteur
s'en excuse; il a voulu, dit-il, être complet. Une col-
lection des caractères physiognomoniques décrits par
les philosophes forme le vingtième et dernier chapitre.
M. Morales a publié des extraits de cet ouvrage, avec
une traduction allemande, dans la Zeitschr. de?- dent,
moi'geid. Gesellschaft, 1886, t. XL, p. 410 et suiv. ^
M. Budge en a donné une édition complète à Londres
en 1897, avec une traduction anglaise-. L'éditeur a
ajouté quelques poésies de Barhebrœus sur la morale
et une élégie sur la mort du patriarche Jean bar Ma-
dani, qui est un des plus beaux morceaux de la littéra-
ture syriaque de la dernière époque.
Barhebraeus composa, dans le même genre, un livre
en arabe sous le titre de L'éloignement du soucP.
Revenant aux traductions syriaques de la philoso-
phie grecque, nous rencontrons : un dialogue sur
l'àme entre Socrate et Erostrophos, Analecta si/r.,
p. 158; un traité sur l'âme. Studia Si'naitica, I, p. 19;
le discours d'Isocrate à Demonichus, Anal. syj\,
p. 167-177 ; un traité IIsol uoxrjoscog ou De exercitatione ,
attribué à Plutarque, Anal, si/r.y p. 177-186; le traité
de Plutarque contre la colère, Ilsot uoQyr^oiug, Anal.
syr., p. 186-195; le traité de Lucien contre la calom-
nie, Tlsoi Tov firj çaâU'jç nLOravsiv âiaOolîj, édité par Sa-
chau, Inedita syriaca, p. 1-16; un traité de Themis-
1. Quelques spécimens sont imprimés dans la Chrestomalhia syriaca
de KiR>;cii et Bf.p.nstein, 2" éd., Leipzig, 183G, p. 1-4. Assémasi avait fait
connaître le titre des chapitres, B. 0., H, p. 306.
-2. Tfi" laxifjhable Stories collected by Mar Gregory John Bar-Hebrœus.
3. AsstMAM, B. 0., n, p. 208 et -2T-2.
270 VERSIONS SYRIAQUES
tins IJsoî uosTr^ç, qui n'est pas connu en grec, Ined.
syr., p. 17-47 ; le traité de Themistius TIsqI cfûJaç, Ined.
syr.y p. 48-65.
Le dialogue entre Socrate et Erostrophos ne corres-
pond à aucun des dialogues Platoniques, mais il est
évidemment, dit Renan ^ de la famille de ces dialogues
supposés, tels que TEryxias, l'Axiochus, le Minos,
l'Hipparque.
Les versions des discours d'Isocrate à Demoniclius,
observe M. Ryssel-, et du traité de Lucien sur la ca-
lomnie sont libres plutôt que littérales, « Les grandes
omissions, ajoute M. RysseP, que présente la version
du discours d'Isocrate, comparée avec les ms. grecs,
sont d'une telle importance qu'il n'est pas impossible
que le texte grec du discours , dont l'authenticité est
mise en doute par plusieurs savants, procède d'une
recension postérieure; dans ce cas, la forme de cette
recension tardive différerait des autres discours d'Iso-
crate reconnus authentiques, parce que le reviseur
effaçait dans maints endroits , sans se gêner, le carac-
tère stylique d'Isocrate. La traduction syriaque remon-
terait, dans cette hypothèse, à une forme plus archaï-
que de l'original; la preuve en serait Tomission de
phrases sans importance et non nécessaires. La version
du traité de Lucien contre la calomnie est du même
genre; ce n'est pas une traduction littérale; elle omet
des mots et des phrases avec l'intention de rendre la
pensée plus claire et plus transparente , ou elle para-
phrase et ajoute avec la préoccupation d'exprimer plu-
tôt le sens des phrases que le sens des mots. La même
caractéristique peut être aussi donnée du texte syriaque
\. Lettre à M. Reinaud, p. 299,
2. Ueber den texlkyilischen Wert/i der syr. Uebersetzungen, I, p. 4.
3. Ibid.. Il, p. 44,
DE LA PHILOSOPHIE GRECQUE. 271
du ricoî (fûÂaz. qui est plus court que le grec ^ »
A la classe des versions qui sont des remaniements
plutôt que des traductions d'un original grec, appar-
tiennent : le traité de Plutarque IIeqî dooyr^olaç et, sans
doute aussi, le traité IIsol doy.rjoscoç attribué à Plu-
tarque et dont le grec ne sest pas retrouvé-. Le plus
souvent le traducteur prend, comme base de son tra-
vail, les pensées de Plutarque et construit avec elles
un nouvel ouvrage; ces versions sont de peu d'utilité
pour la critique du texte grec.
M. Baumstark qui. après Gildemeister et Ryssel, a
examiné ces versions, arrive aux mêmes conclusions
avec quelques différences importantes^. Il croit y re-
connaître le genre de traduire propre à Sergius de
Reschaina; ce serait donc des traductions de ce célèbre
interprète^. Pour expliquer, d'un côté, les divergen-
ces que ces versions présentent entre elles et, d'un
autre côté, les erreurs et les lacunes qu'elles contien-
nent, M. Baumstark admet des revisions ultérieures :
un premier reviseur, peu de temps après la mort de
Sergius, aurait remanié le discours disocrate à De-
monicus; un second aurait retravaillé les versions de
Lucien et de Themistius; un troisième serait l'auteur
des profondes modifications subies par le texte sy-
riaque des traités de Plutarque. L'apparat critique sur
1. Le syriaque s'arrête à la p. ùio de l'édition de Petavils et à la
p. 3-23, 1. 12, de l'édition de W. DiNDor.F.
•2. Ryssel, Ueber den lextkritischen Werth, eic. I, p. 4; II, p. 5o;
comp. Gildemeister, Rheinisches Muséum fur Philologie, neue Folge,
t. XXVII, p. tiiO et suiv. Gildemeister et Buecheler ont publié dans ce
volume une traduction allemande du texte syriaque du Heoï âox^aeoo;
et du H€QÏ àoçyTjoîa;.
3. Lucuhraliones syro-grxcx, Leipzig, 1894, dans le Supplément XXI
des Annales philologiques, p. 40:j et suiv.
4. M. Saclinu, Hermès, 1870, vol. IV, p. 78, avait déjà émis la même
conjecture pour la plupart des versions mentionnées ci-dessus.
272 VERSIONS SYRIAQUES
lequel est basée cette hypothèse est solidement établi ,
mais, en pareille occasion, une preuve convaincante
est impossible.
La version du traité de Plutarque sur les avantages à
tirer de ses ennemis [De capienda ex iiiimicis utilitate)
rentre dans la même classe des traductions syriaques.
Elle se trouve avec les versions du Ilsol cagxtJoswç et du
Ilsoî dooyï]oiaç dans le ms. du Sinaï qui a fourni à
M. Rendel Harris le texte syriaque de YApologie
d'Aristide (voir ci-dessus, p. 167). M. Nestlé l'a pu-
bliée avec une traduction anglaise dans les Studia
Sinaitica, n° IV, sous le titre de A tract of Plutarch
on the advantage to be derived from ones enemies,
Londres, 1894. M. Nestlé incline à voir ici la même
main qui a traduit le TIeqI oogyr^oiaq et le IIsqI aQETrjç.
M. Rvssel qui a traduit cette version en allemand,
ne reconnaît pas le caractère des traductions de Ser-
gius, Rhein. Museiun, neue Folge, LI, 1896, p. 1 et
suiv. Comp. Nœldeke , Zeitschr. der deut. morgenl.
GeselL, XLIX, p. 324 ; Franz Cumont, Réunie de Phi-
lologie, 1895, p. 81.
M. Gottheil a publié des fragments d'une version
syriaque d'Apollonius de Tyane , Zeitschr. der deut.
morg. GeselL, 1892, XLVI, p. 466.
XV
LES SCIENCES CHEZ LES SYRIENS.
§ 1. — La médecine.
La médecine fut particulièrement cultivée par les
Syriens qui s'acquirent en Orient une grande notoriété
dans cette science. Barhebraeus rapporte dans sa chro-
nique syriaque ' que , lorsque Sapor fonda la ville de
Gondésapor, il fit venir dans cette ville des médecins
grecs, qui introduisirent en Orient la médecine d'Hip-
pocrate ^. « Il y eut aussi, ajoute-t-il, des médecins
syriens qui devinrent illustres, tels que Sergius de Res-
chaina, Atanos(?) d'Amid ^: Philagrius, Siméon de Tai-
bouteh, Grégoire l'évêque. Théodose le patriarche,
\. Éd. BuCNS et Kir.'^cii. p. G-2; éd. Bedjax, p. 57.
•2. Suivant Taijari (N(jeldeke, Geschichle der Perser... Tabari, Leide
\S~-2, p. G", , Sapor fit venir de i'Inde un médecin qu'il établit en Susiane
à Karka de Beit-Lapat (ou Gondésapor), et c'est de ce médecin que les
Susiens tenaient leurs connaissances médicales.
3. |.,^v^| vicoo^,/, cette orthographe ne se prête pas à la lecture
d'Athahase d'Amid. Athanase, nommé mapiirien d'Amid par le patriarche
Tlicodose, on 887, n'est pas connu comme médecin, en outre la place
que Barhebr.TUs assigne à v^acuL^J dans son énumération ne permet pas
de considérer celui-ci comme un contemporain de Théodose. Nous ne
savons rien non plus des médecins Philagrius et Grégoire nommés dans
celte notice. Gréfjoire l'évêque , à. cause de la place qu'il occupe, ne
peut désigner Barhebraius, qui fut un des médecins du Sultan à .\lcp
en 12C3, Chron. eccL, I, 747.
274 LA MEDECINE.
le célèbre Honein, fils d'Isliak, et beaucoup d'autres
après ceux-ci. Ils étaient tous syriens, mais Aaron le
prêtre n'était pas syrien ; son livre fut traduit du grec
en syriaque par Gosius d'Alexandrie. »
Sergius , le médecin en chef de Reschaina , traduisit
une partie des œuvres de Galien. Le manuscrit Add.
14G61 du Musée britannique contient les livres VI-VIII
du TjYiité des simples, IIspi xpàueojv xe xai ouvo([jl£wv twv
aTrXwv <J/apuàxwv. Chaque livre est précédé d'une courte
introduction de Sergius, adressée au prêtre Théodore,
et d'une liste des noms des plantes qui y sont traitées
avec leurs équivalents en syriaque. Si le manuscrit est
réellement du VP ou du VIP siècle , comme Wright
le pensait ^ on devra considérer comme ajoutées après
coup les gloses arabes qu'il contient. M. Merx a publié
des extraits de cette version dans la Zeitschrift der
deut. îïiorg. Gesellschaft, 1885, t. XXXIX, p. 237 et
suiv. Le ms. Add. 17156 renferme des fragments de
Laj't médical Qi des Facultés des aliments de Galien ^;
ces fragments ont été édités par M. Sachau, Inedita
syriaca, p. 88-97. Les traductions de Sergius ont été
revisées au IX^ s. par Honein ibn Ishak ^. Cette revision
ne nous est pas parvenue, mais le lexique syriaque de
Bar Bahloul, qui cite Sergius, rapporte quelquefois
les nouvelles explications de Honein ^.
Le Gosius qui, selon la notice de Barhebrœus, tra-
duisit en syriaque le Syntagma médical du prêtre et
médecin Aaron d'Alexandrie, est sans doute GesiusPe-
trseus qui vivait au temps de l'empereur Zenon '\ Dans
un autre passage [Histoire des Dynasties, éd. Pococke,
1. Caial, p. 1187.
2. Wright, Catal., p. 1188.
3. Voir Ibn Abi Ocseibia, I, 204.
4. Immanuel Loew, Aramseische Pflanzennamen, Leipzig, 1881, p. 18.
5. Voir Baumstark, Lucubrationes syro-grsecœ, note GO.
LA MEDECINE. 275
p. 158, éd. Salhani, p. 157), Barhebraeus ajoute que le
recueil d'Aaron se composait de trente livres, auxquels
Sergius ajouta deux autres livres. M. Steinschneider
considère cette assertion comme erronée ; l'auteur des
deux livres additionnels est le traducteur arabe Ma-
sardjawaihi ou Masardjis '.
Siméon Taibouteh, qui écrivait à la fin du VII'' siècle,
composa , outre des ouvrages ascétiques , un livre sur
la médecine ^. Ce livre est cité dans le lexique syriaque
de Bar Bahloul, mais il ne nous est pas parvenu.
Nous ne possédons pas, non plus, le recueil médical
de Romanus, devenu plus tard le patriarche Théodose.
Barhebrœus nous apprend que ce recueil était très
estimé de son temps ^.
La pléiade des célèbres médecins nestoriens de Bag-
dad commence avec George Boktjésu,qui se fit con-
naître à Gondésapor et que le calife Al-Mansour, le
iondateur de Bagdad, manda auprès de lui dans la
nouvelle capitale. La famille des Boktjésu s'illustra sous
les califes qui suivirent. Gabriel bar Boktjésu, le petit-
fils de George, est l'auteur d'un Compendium arabe des
œuvres de Dioscoride, Galien et Paul dEgine, cité
souvent dans le lexique de Bar Bahloul. La transcrip-
tion des mots grecs, passés en arabe par l'intermé-
diaire du syriaque, a défiguré d'une manière déplorable
les noms des plantes, et Bar Bahloul ne s'est pas fait
faute de rapporter ces mots défigurés, qu'il enregistre
soit comme des termes nouveaux, soit comme des
synonymes des noms corrects ^. Assémani, interprétant
\. Steinschneider, Al-Farabi, dans les Mémoires de V Académie des
Sciences de Saint-Pétersbourg, 7« série, t. XUI, n"' -i, p. G6.
2. Catal. Ébedjésu, B. 0., HI, pars I, 181; B.vr.iiEDU.ELs, Chron. eccl.
II. 130.
3. Chron. eccl, I, 391.
4. Voir Immamel Lûew, Aramœische P/Ianzenna)nen. p. 1213.
276 LA MÉDECINE.
mal un passage du catalogue d'Ébedjésu ^ croyait que
Gabriel avait composé un lexique ; il traduit : « Bar
Bahlul composuit lexicon ex multis collectum libris et
Jesu bar Ali medicus et Mazurseus et Gabriel ». Mais
il faut entendre : « Bar Bahlul conscripsit lexicon, eu-
jus magna pars composita fuit e libris Jesu bar Ali
medici et Mazurœi et Gabrielis. »
Jean bar Maswai, ou Yahya ben Maswaih [f 857),
dirigea l'école la plus fréquentée de Bagdad. Il com-
posa plusieurs livres de médecine , soit en syriaque ,
soit en arabe, et ses versions d'ouvrages grecs ajoutè-
rent à sa réputation d'écrivain. Le Iwre su 7^ la plèvre,
mis sous le nom de Jean bar Maswai dans des traduc-
tions hébraïques et latines, est un épitomé des con-
naissances médicales des Syriens et des Arabes.
W. Pagel a édité en partie et en partie analysé un ms.
de Paris, contenant la soi-disant chirurgie de Jean
bar Maswai^. Actuellement on n'est pas en état de
dresser un catalogue exact des œuvres de ce médecin ^.
Honein (f STS"*), fils d'ishak et disciple de Jean bar
Maswai, après avoir étudié à Bagdad, alla apprendre
le grec en Occident (à Alexandrie). De retour à Bag-
dad, il se fit connaître par des traductions syriaques et
arabes des œuvres de Dioscoride, d'Hippocrate % de
1. B. 0., III, pars I, p. 257-258.
2. Die angeblicne Chirurgie des Joh. Masuë, Berlin, 1893.
3. Steinscuxeider, Zeitsch. der deut. morg. Gesell., 1893, t. XLVII,
,3ol-3o4.
4. Le 28 Safar de l'an 2G0 de THégire et le 1" Kanoun de l'an 1185
des Grecs, suivant le Kitdb al-Fihrisl, 294; fautivement le 23 Safar 2Gi
des Arabes et le 1" Kanoun 1188 des Grecs, suivant Ibn Abi Ouseibia, I,
490. BarliebrcTUS (C/îron. syr., éd. Brlns, 170, éd. Bedjaîs',162) a confondu
les deux dates en donnant le synchronisme 1188 des Grecs et 260 des
Arabes; conip. Assémam, jB. 0., III, pars 1, 1G4.
5. Steinscuneider, Op. laud., 350, mentionne le traité d'Hippocrate
sur les maladies aiguës avec le commentaire de Galien, traduit par
Honein (ms. de Paris, texte arabe en caractères hébreux).
LA MEDECINE. 277
Galien et de Paul d'Égine, et par ses revisions des
anciennes versions de Sergius de Reschaina. Les gloses
de Dioscoride sur les plantes, que Bar Bahloul em-
prunte à Honein, sont beaucoup plus correctes que celles
qui sont citées d'après Gabriel Boktjésu'. Barliebrœus
attribue à Honein, en dehors de ses traductions, des
œuvres personnelles composant vingt-cinq volumes ^.
« Honein, ajoute-t-il, laissa deux fils, dont l'un, Isaac,
fit de nombreuses traductions. Il avait aussi un neveu,
du nom de Hobeisch , qui fut également un interprète
distingué des livres sur la médecine , mais la plupart
de ses œuvres ont passé à la postérité sous le nom de
Honein. » De nombreux traités arabes de médecine ^
circulaient sous le nom de Honein.
a L'œuvre de cet auteur, la plus célèbre et la plus
répandue, dit M. Steinschneider^ est une Introduction
à la science médicale qui suit \ Ars parva de Galien,
mais le livre est rédigé par demandes et réponses. Ho-
nein le laissa en projet ou incomplet, et son neveu
Hobeisch le mit par écrit ou le compléta. »
Jean, fils de Sérapion, ou Sérapion l'aîné (fin du
IX" s. ou commencement du X^}, composa en syriaque
deux recueils ou Pandectes, le premier en douze li-
vres et le second, plus répandu, en sept livres, dont
le dernier est un traité d'antidotes. Le second recueil
a été traduit en arabe par plusieurs auteurs (Mousa
ben Ibrahim al-Hadith, Ibn Bahloul, et peut-être Abou
Bischr Mattai), et en latin par Gérard de Crémone
1. IMMAM'EL LoEW, Aram. Pflanzennamen, p. 13.
2. Chron. syr.,é(i. Bkuns, 170, éd. Bedjan, 163.
3. Ibn Adi Olskibia, 1, 184, iiOO; Kilab al-Fihrist, 294; comp. KLAMROTn,
Zeitschr. der deut. morg. GeselL, 188G, l. LX, 195 et suiv., 201, 021 et
suiv.
4. Die hebrdischen Uebersetzungen des MillclaUers, Berlin, 1893, p. 703,
5 437.
IG
278 LA MÉDECINE.
sous le titre de Practica swe Breviarium et par Abra-
ham de Tortose ^ .
D'autres Syriens écrivirent sur la médecine, mais
leurs ouvrages étant en arabe ^, nous les laissons pour
arriver à Barhebrœus.
Barhebraeus. qui fut aussi un médecin distingué,
composa plusieurs ouvrages sur la médecine : une
version et un épitomé du traité des simples de Diosco-
ride sous le titre de Livre de Dioscoride; un com-
mentaire en arabe des Aphorismes d'Hippocrate; un
commentaire en syriaque sur les Questions de méde-
cine d'Honein avec une version partielle de ces ques-
tions ^. Ces ouvrages semblent perdus. M. Gottheil a
publié le chapitre du Candélabre des sanctuaii^es
(voir p. 252) contenant un résumé des plantes médici-
nales de Dioscoride ^.
§ 2. — L'histoire naturelle.
Il existe plusieurs recensions syriaques de l'histoire
des animaux connue sous le nom de Physiologus. La
rédaction la plus brève a été publiée par Tychsen^;
elle comprend trente-deux petits chapitres. M. Land ^
a édité un texte plus développé , divisé en quatre-vingt-
un chapitres; chaque chapitre est suivi d'une théorie
1. Voir IBN Abi Ouseibia , I, 109; D"" Lecleuc, Histoire de la médecine
arabe, Paris, 1876, I, 113-117; Steinschneider, Die hebràischen Ueberset-
zungen, p. 736, § 474.
2. Excepté ceux du médecin Gabriel. du XIIP siècle, qui composa en
syriaque à Edesse de nombreux livres sur la médecine et la pliiloso-
pliie, suivant Barhebr.els, Chron. syr., éd. Bruns, p. 485, éd. Bedjan,
p. 457.
3. Brahebr-EUS, Chron. eccl, II, p. 479; Assémam, B. 0., II, 268.
i. A list of plants and their lyroperties {for private circulation), Ber-
lin, 1886.
5. Physiologus syrus seu Hisloria animalium, Rostock, 1793.
6. Anecdota syriaca, IV, texte 1-99; traduction latiue 31-98; commen-
taire 113-176.
LHISTOlllt: NATURELLE. 279
(ou commentaire) basée sur la Bible et les dogmes
chrétiens: nombreux emprunts aux homélies de saint
Basile sur Thexaméron. M. Land a établi une table de
concordance des différentes versions grecques, latines,
syriaques, etc.. de cet ouvrage. L'auteur d'une troisième
recension, que M. Ahrens a fait connaître ^ , a utilisé,
outre les sources communes, des documents arabes.
Les cent vingt-cinq chapitres qui composent le livre
sont consacrés non seulement aux animaux, mais à des
arbres et à des pierres; des notices géographiques
forment une section particulière chap. 80-89^. Cette
composition n'a pas les théories de l'édition Land. Elle
est d'origine nestorienne. C'est la source des extraits
du Physiologus que l'on trouve dans le lexique de Bar
Bahloul.
Les histoires fabuleuses des animaux étaient connues
aux Syriens par La lettre d'Alexandre à Anstote de
Pseudo-Callisthène -. Cette lettre a été publiée à part
dans la chrestomathie syriaque de Rœdiger. 2- éd.,
p. 112-120.
Denys bar Salibi composa un traité sur la structure
du corps humain, dont deux courts fragments existent
à la Bodléienne ^. — Du même genre est un traité en
vers de sept syllabes, incomplet au commencement,
dans le ms. 116 de la Collection Sachaii à Berlin:
M. Gottheil l'a publié dans Hebraica, IV, 206-215.
L'agriculture est représentée en syriaque par une
version des géoponiques grecques, contenue dans un
ms. du Musée britannique, du VIII^ou IX^ siècle, et qui
a été publiée par Paul de Lagarde *. Le manuscrit, in-
1. Bas Buch der NaturgegensUhïde, Kiel. 1802.
2. Sur la version syriaque du Roman d'Alexandre, voir ci -après
n° xvn . § 2.
3. Calai Payne Smith, col. 529.
4. Geoponicon in sermonem syriacum versorum qux supcrsunt.
280 L'HISTOIRE NATURELLE.
complet au commencement et à la fm, ne porte ni titre
ni nom d" auteur ; il renferme un texte assurément ancien,
qui rappelle les traductions littérales des premiers siè-
cles, comme celles de Sergius de Reschaina. M. Baum-
stark rapporte à ce dernier, avec beaucoup de vraisem-
blance , les géoponiques syriaques et il a observé que
le manuscrit édité par Lagarde , loin de reproduire une
version intégrale, ne donne qu'un épitomé maladroi-
tement abrégé par un Syrien postérieur ^ L'œuvre de
Sergius est mieux représentée par la version arabe,
attribuée à tort à Kosta ben Luca et conservée dans un
ms. de Leide. L'intérêt du texte syriaque est surtout
lexicographique ; il nous a transmis un grand nombre
de mots, de noms de plantes, qui apparaissent ici avec
un sens précis. L'original que le traducteur rendit en
svriaque était le livre d'Anatolius Vindanius de Bei-
routh (dans Photius, cod. 163) ou ^AvarôXioq Ov'ù'âa-
vicôi'LOç Br^ovnog (dans les géoponiques grecques). Cet
ouvrage grec ne s'est conservé que dans la compilation
de Cassianus Bassus^, où il a passé presque en entier.
Les géoponiques syriaques sont citées dans le lexique
de Bar Baliloul sous le titre de Lwre de Vagriculture
fait par launios; Ibn al-Awâm écrit le nom de Fauteur
en arabe lounios; ce nom représente la dernière partie
de [OvïrÔLfyiwvLoq^. Nous savons par Photius que les
Leipzig, 1800 ; comparer De Geoponicon versione syriaca scripsit A. P. de
Lagarde, Berlin, 1855, réimprimé dans les Gesaynmelte Abhandlungen
de Lagarde, Leipzig, 48GG-, comp. Lagarde, Mitlheilungen, I, 192.
1. Lucubrationes syro-grœcœ. p. 390. Hadji Klialfa cite parmi les tra-
ducteurs du Livre de Vagriculture un certain Sergius, fils d'Éiias, qui
pourrait désigner Sergius de Reschaina, voir Baumstauk, ibid., p. 379.
"2. n en a été fait quatre éditions, dont la dernière par M. Henri
Beckh, Geoponica sive Cassiani Bassi... eclogee, Leipzig 1895, dans la col-
lection de Teubner. M. Beckli a consulté la version syriaque, mais il
aurait pu encore en tirer plus de profit pour la critique du texte grec.
3. Voir iMMANXiEi. Low, d'après Rose, Aramœische Pflanzennamen,
p. 13.
L'HISTOIRE NATURELLE. 281
églogues géorgiqiies d'Anatolius Yindanionius com-
prenaient douze livres; la version syriaque avait au
moins deux livres de plus, car, dans le manuscrit, la
lacune commence après le chapitre IV du livre XIV.
Le traducteur a pris ses additions à des sources diffé-
rentes, particulièrement aux Hippiatriques d'Anato-
lius ; on en trouve aussi les matériaux dans les géopo-
niques de Cassianus Bassus \
§ 3. — L'astronomie . la cosmographie
et la géographie.
L'astronomie syriaque parait sêtre dégagée de très
bonne heure de l'astrologie. Bardesane, qui s'était
adonné pendant sa jeunesse à l'étude de l'astrologie
chaldéenne. reconnut ensuite l'inanité de cette science.
Ce célèbre gnostique composa un traité d'astronomie
qui ne nous est connu que par des citations d'auteurs
postérieurs 2.
Sergius de Reschaina se forma à l'école des Grecs.
Son livre de L influence de la lune , adressé à Théo-
dore, développe et explique le IIsol y.oioîucoy ^usocoi' de
Galien; il est suivi d'un appendice intitulé Le mou-
i'enient du soleil^ édité par Sachau, Inedita syriaca,
p. 101-126. 11 est douteux que Sergius ait traduit en
syriaque la Meyulr] ovvruhç de Ptolémée dont une ver-
sion arabe existe dans le ms. de Leide 1034 {War-
ner 680) 3.
\ 1. Baumstahk, ojj. cit., p. 39G-'«00; comp. J. SPRENCEn, Geoponica, Leip-
zig, 1889.
2. C'est probablement à ce traité que Georges, évêque des Arabes, a
emprunlù la citation de Bardesane qui se trouve dans sa lettre concer-
nant Aphraate, Clueton, Spicilegium, p. 21; Lagaude, Analecla syriaca,
p. ili, 1. 18; Wright, The homilies of Aphraates, p. 27, 1. 11.
3. Dans le sens de l'afOrmative, v. Baimstahr, Lucubrationes syro-
grœcx, p. 380; contra, Wrigut, Syriac literature, 2^ éd., p. 93, note 7.
10.
282 L'ASTRONOMIE, LA COSMOGRAPHIE
Sévère Sebokt composa un livre intitulé Les figures
du Zodiaque, dont quelques chapitres, conservés dans
dans le ms. Add. 14538 du Musée britannique, ont été
édités par Sacliau, Iiiedita syr., p. 127-134. Ces cha-
pitres traitent de la terre habitable et inhabitable, de
la mesure du ciel et de la terre, du mouvement du
ciel et de la terre. Un ms. de Berlin, Coll. Sachau^ n° 37,
renferme du môme écrivain : 1° un traité sur l'astro-
labe, qui a de l'importance pour l'histoire des sciences
en Orient; publié avec une traduction française par
Isl. Nau ' : 2° et une lettre sur la quatorzième lune du
mois de nisan de l'année 976 des Grecs (665 de Jésus-
Christ) , adressée au prêtre et périodeute Basile de
Chypre.
Le patriarche Timothée I est l'auteur dun traité
d'astronomie mentionné par Ébedjésu^.
Les Syriens, s'inspirant des homélies des Pères de
rÉglise grecque sur les six jours de la Création,
exposaient aussi leurs connaissances scientifiques dans
des hexamérons. Jacques d'Edesse, sur la fin de sa
vie, composa un ouvrage de ce genre, qu'il laissa in-
complet et qui fut achevé par son ami George , évêque
des Arabes. Ce livre est divisé en sept traités et il dé-
bute par un dialogue entre l'auteur et un de ses disci-
ples, nommé Constantin; il est conservé dans deux
manuscrits, l'un à Leide et l'autre à Lyon^; l'Al^bé
P. Martin en a fait une analyse et en a publié quel-
ques passages'*; M. Hjelt a édité, avec une traduction
4. Le traité sur l'astrolabe plan de Sévère Sabokt dans le Journal
asiatique, janvier-février 1899, p. 56, et mars-avril 1899, p. 238.
2. AssÉMAM, B. 0., in, pars I, p. IGO.
3. Le ms de Paris, syr. n° 240, est une copie partielle du ms. de Leide,
faite par Gal)riel Sionita, Catal. Zotenberg, p. 197. Une autre copie, qui
semble avoir servi pour le ms. de Paris, existe à Glascow, voir Weir,
Journal asiatique, novembre-décembre, 1898, p. 550.
4. Journal asiatique, 1888, 8« série, t. XI, p. 155-219 et 401-490.
ET LA GÉOGRAPHIE. 283
latine, le troisième traité, consacré à la géographie '.
La géographie de Jacques n'a rien d'original, comme
le croyait l'Abbé ^lartin, mais elle est empruntée à
Ptolémée -.
David de Beit-Rabban est, dit-on^, l'auteur dim
traité de géographie intitulé Les limites des climats
ou contrées et les variations des jours et des nuits.
Assémani croyait retrouver cet ouvrage dans des poè-
mes qui appartiennent certainement, dit Wright, à
une époque beaucoup plus basse. L'un de ces poèmes
a été publié par le P. Cardahi^ et réimprimé avec une
traduction anglaise par M. GottheiP.
Moïse bar Képha composa, lui aussi, un hexaméron
en cinq livres, qui est conservé dans un ms. de la Bi-
bliothèque nationale, syr. 241. On y remarque une fi-
gure géographique, de forme sphérique, sur laquelle
sont inscrits les noms de la Lybie, de la mer Adriati-
que et de l'Europe.
L'hexaméron d'Emmanuel bar Schahharé est un long
poème en vingt-huit chants, dont les uns sont en vers
de sept syllabes et les autres en vers de douze syllabes.
Cet ouvrage est conservé au "Vatican, ms. syr. 182 ; au
Musée britannique. Orient A'àO^\ à Berlin, Coll. Sa-
chau, n°= 1G9-170 et 309-310. Le second chant manque
dans le ms. du Vatican et dans celui du Musée britan-
nique; le ms. du "Vatican a en outre une homélie sur le
baptême qui se trouve aussi dans le ms. K. VI, 5, du
Musée Borgia. Le P. Cardahi a imprimé un extrait de
ce poème dans son Liber thesauri, p. G8-71.
1. Études sur l'iïexamèron de Jacques d'Édesse, Helsingfors, 1802.
2. NoELDF.KE, Literar. Ccntralblatt, 1888, p. 1743; James Dai.mesteter,
Revue des éludes grecques. 1880, p. 180-188; Hjelt, op. laud., p. 30.
3. AssKMAM, B. 0., IH, pars I, 25:i.
4. Liber thesauri de arte poctica Syrorum, Rome, 1875, 41-46.
3. Ilebraica, vol. VHI, p. »i.';-T8. Il c>t probable que ces poésies sont de
David, fils de Paul, auteur du XHI« siècle.
284 L'ASTRONOMIE, LA COSMOGRAPHIE
En dehors des hexamérons , la cosmographie était
traitée dans quelques ouvrages particuliers. Le catalo-
gue d'Ebedjésu nous apprend que Jésubokt, métropo-
litain de Perse vers 800 , écrivit un livre sur l'univers
et un autre livre sur les signes de l'air ^ ; et que Salo-
mon de Bassora est l'auteur d'un traité sur la configu-
ration du ciel et de la terre-.
Le livre des trésors que Jacques ou Sévère bar Scha-
kako composa en 1231 , est une compilation théologique
divisée en quatre parties ; on en trouvera une analyse
dans Assémani, B. O.y II, p. 237^. M. Xau a étudié la
quatrième partie, relative à la cosmographie et à la géo-
graphie, et il en a signalé l'intérêt pour l'histoire des
sciences chez les Syriens '. Les Dialogues du même au-
teur renferment, dans la quatrième section du deuxième
livre, des défmitions sur l'astronomie"'.
La seconde partie du livre anonyme Causa causarum
(voir ci-dessus, p. 250), chap. IV- VU, est une sorte
d'encyclopédie des sciences, où L auteur a réuni, avec
quelques notions originales et personnelles, les con-
naissances qui étaient enseignées en Syrie vers le XIP
siècle. Plusieurs figures éclairent le texte. La terre est
représentée par un cercle divisé en cinq parties : 1°
l'extrémité septentrionale, qui comprend la terre obs-
cure ne recevant jamais le soleil; 2° au-dessous, la
terre habitable avec les sept climats, les extrémités à
\. Assémani, B. 0., ni, pars I, 19i.
2. Assémani, ibid., 303.
3. Des ms. de cet ouvrage se trouvent : au Vatican , n° 159, Catal.,
ni, 307; au Musée Borgia, série K, VII, vol. 16, Ceusoy, Zeitschr. fur
Assyriologie, t. IX, p. 377; au Musée britannique, Add. 7193, Catal. Ro-
sen, p. 84; à Cambridge, coll. S P C K; à la Bibliothèque nationale,
n" 31G (nouvelles acquisitions).
4. Journal asiatique, 180G, 9« série, t. VII, p. 286-331.
5. Voir plus loin le paragraphe 5 de ce chapitre, et plus haut,
p. 261.
ET LA GÉOGRAPHIE. 285
l'est et l'ouest sont impénétrables, à l'est à cause des
arbres, à l'ouest à cause de la mer; 3° le centre, in-
habitable à cause de la chaleur; 4° au-dessous, pays
inconnu auquel on ne peut accéder; 5° l'extrémité mé-
ridionale, terre obscure qui ne voit jamais le soleil.
Le candélabre des sanctuaires et Le livre des rayons
de Barhebrœus (voir ci-dessus, p. 252-253) ont égale-
ment une partie géographique. Cette partie a été éditée
par M. Gottheil', qui avait précédemment publié la
carte que renferme le premier de ces livres'-^.
On trouve encore d'autres cartes dessinées à la fin
de certains manuscrits pour remplir les feuillets
restés en blanc. Un manuscrit du lexique de Bar Ali
de la Bibliothèque nationale, n° 299, est de ce nom-
bre. M. Chabot en a extrait deux cartes géographi-
ques 3, et M. Xau, une carte des mansions lunaires
et des principales constellations^.
Mais l'ouvrage spécial qui traite ex professa de la
cosmographie, c'est le livre que Barhebrœus composa
en 1279 sous le titre de L'ascension de l'esprit^
Ijijoo, lAoro . M. Gottheil a publié le premier chapitre
de la seconde partiel Une édition complète est actuel-
lement en cours d'impression parles soins de M. l'Abbé
Nau; le premier volume comprenant le texte syriaque
vient de paraître ^ Barhebrœus dressa aussi des tables
astronomiques à l'usage des élèves.
\. Hebraica, t. VU, p. 39-5o.
2. Proceedi,igs of the American Oriental Society, mai 1888, p. 16 et
suiv. CeUe cnrle qui a été tirée du ms. de Berlin, se trouve également
dans le ms. de Cambridge et dans le ms. de Paris, voir Gottheil, He-
braica, t. VII, p. 39, note 2, et l'Abbé iNac, Journal asiatique, 9* série,
t. VIII, p. 153.
3. Bulletin de géographie historique et descriptive, , 1897 et 1898.
4. Journal asiatique, 9« série, t. VIII, p. 155 et suiv.
5. Millheilungen des Akad. Orient. Vereins zu Berlin, 18!K), n» 3.
G. Le livre de l'ascension de l'esprit... cours d'astronomie... par Gré-
goire Aboulfarag, dit Bar Hebrœus... première partie, Paris, 1899.
286 LA CHIMIE.
4. — La chimie.
L'esprit pratique des Syriens que le fatalisme des
astrologues avait rebuté, s'éloigna également du
mysticisme de l'ancienne alchimie. La religion chré-
tienne exerça en ce sens une influence salutaire, plus
encore que la culture grecque importée en Orient, car
les Musulmans, instruits à la même école, manifestè-
rent un goût prononcé pour l'astrologie et l'alchimie.
Les Arabes en général et les califes en particulier
avaient une foi souvent aveugle dans l'action des as-
tres sur leur destinée. D'un autre côté, les traités de
chimie des Arabes contrastent d'une façon singulière
avec ceux des Syriens. Nous trouvons un témoignage
frappant de cette divergence dansL^ chimie au moyen
âge de M. Berthelot^ Le second volume de cet ou-
vrage renferme sur la chimie syriaque une série de
textes, grecs d'origine, mais retravaillés suivant la
méthode expérimentale ; ce sont de vrais manuels d'or-
fèvres , traitant de l'alliage et de la coloration des mé-
taux, de la transformation des corps. Au contraire, la
chimie des Arabes musulmans, qui compose le troi-
sième volume , ne nous offre que des divagations mys-
tiques et intentionnellement obscures, présentées
comme l'héritage des anciennes sciences occultes.
§ 5. — Les mathématiques.
Les sciences exactes semblent avoir été négligées
par les anciens Syriens. Les quelques écrits syriaques
que nous possédons sur cette matière sont postérieurs
à l'Hégire et procèdent autant de la culture arabe
1. Paris, 1893, vol. MU.
LES MATHÉMATIQl'ES. 287
que de la culture grecque. Les dialogues de Jacques
ou Sévère bar Schakako ont une section 4® section du
II® livre) pour les mathématiques, qui comprennent
laritlimétique, la musique, la géométrie et l'astrono-
mie. Cette section a été éditée avec une traduction
allemande par M. Julius Ruska'. L'auteur, remarque
M. Ruska, ne s'était pas proposé décrire un manuel
de mathématiques, mais de parvenir par les idées
abstraites des mathématiques au plus haut degré
de la pensée philosophique, à la théologie. L'introduc-
tion et les deux premières questions rappellent YElou-
yor/ri uoiS/iir^TiiC7lde Nicomaque, que les Syriens ou les
Arabes connaissaient sans doute par un extrait d'un
auteur néopythagoricien. La quatrième question et, en
partie, la troisième dérivent des Iloolsyôueva ovv d^sùj
rr^q (fiXoooffiaç d'un pythagoricien anonyme dont Bar
Schakako possédait une version syriaque. Mais les dé-
finitions et les dissertations sur l'arithmétique, la musi-
que, la géométrie et l'astronomie, concordent avec
celles des auteurs arabes.
Barhebrœus, dont les études embrassèrent toutes les
connaissances humaines, professa les mathématiques
d'après Euclide à Maragha en 1268-, mais il ne laissa
aucun ouvrage sur ce sujet.
i. Dos Quadrii'ium aus Severus bar Schakku's Buch der Dialoge,
Leipzig, 1896. La réunion de ces quatre sciences, qui furent désignées
sous le nom de Quadrivium, esi due chez les Grecs à Jambiique, comp.
^lE.n\, Hisloria artis grammaficse apud Syros, p. -209. Voir aussi Jllics
Rl-si;\, Studien zu Severus bar Schakku's « Buch der Dialoge • dans
la Zeilschr. fur Assyriologie, XII, 1897, p. 8 et \'t'6.
2. ASSEMA.M, B. 0., H, 2b3.
XVI
LA GRAMMAIRE, LA LEXICOGRAPHIE, LA RHETORIQUE
ET LA POÉTIQUE
§ 1 — La grammaire.
C'est encore aux Grecs que les Syriens demandèrent
leurs premières notions de la grammaire. Nous avons
rappelé plus haut, sous le n'' \I. les premiers travaux
de l'orthoépie appliquée aux textes lus dans les écoles.
Le système des points ou accents séparant les mem-
bres de la phrase et notant la valeur syntaxique de
chacun de ces membres, fit partie intégrante de la
grammaire syriaque. La logique d'Aristote en formait
la base ; cinq de ces accents répondent aux cinq catégo-
ries d'Aristote, ainsi que le constate un auteur syria-
que anonyme ^ Les règles concernant la phonétique et
la morphologie vinrent plus tard et furent établies sur
le modèle de la grammaire grecque de Denys de
Thrace et des canons de Théodose. Le fait a été mis en
évidence par ^L Merx qui a publié, avec une traduc-
tion latine, la version syriaque de la grammaire de
Denys -.
i. Voir PniLipps, A letlei- of Mar Jacob of Edessa on syriac ortho-
graphy, Londres, 1869, Appendice, p. 68.
2. Ilisloria artis grammalicae apud Syros , Leipzig, 1889, dans les
LITTÉRATURE SYKLAQL'K. 17
290 LA GIUMMAmE.
Les études relatives à raccentuation syriaque furent
surtout florissantes chez les Nestoriens, du VP au
VIH" siècle.
Parmi les anciens grammairiens jacobites, on cite
Ahoudemmeh, qui fut élevé au siège de Tagrit par Jac-
ques Baradée en 559. Sa grammaire, à en juger par
un passage rapporté par Bar Zoubi, suivait les princi-
pes de la grammaire grecque ' . Mais c'est Jacques d'E-
desse qui composa le premier traité systématique de
grammaire syriaque, et ce traité fit longtemps autorité
en Syrie. Barhebrceus en tira, pour sa grammaire,
d'importants extraits qui permettent déjuger de l'éten-
due de cet ouvrage aujourd'hui disparu presque entiè-
rement. Il n'en reste que quelques fragments à la
Bodiéienne d'Oxford et au Musée britannique de Lon-
dres 2. Dans le premier de ces fragments, Jacques cons-
tate les défauts de l'écriture syriaque qui ne tient compte
que des consonnes et omet de noter les voyelles. Il ré-
pond à Paul d'Antioche, qui lui demandait de perfec-
tionner ce système défectueux : « Je pense qu'on pourrait
établir des règles pour l'orthographe de cette langue
Abhandlungen fur die Kunde des Morgenlandes , IX, 2. La version sy-
riacfue est contenue dans le ms. Add. 146-20 et (incomplète) dans le ms.
Add. 14658 du Musée britannique, ainsi que dans le ms. de Berlin, Coll.
Sachau, 226. Dans ce dernier ms., l'ouvrage est mis sous le nom de Jo-
seph d'Ahwaz auquel Ébedjésu, B. 0., ni, pars I, 103, attribue, en effet,
une interprétalioii de Denys. Il est anonyme dans les ms. du Musée bri-
tannique, mais le ms. 14658 renfermant des œuvres de Sergius de Re-
schaina, Wright avait cru qu'on pouvait attribuer à celui-ci la version
en question; cette conjecture est sans fondement, comme l'a montré
Merx, Op. cit., p. 7-8. Choerobocsus et VEtymolorjium magnum citent un
Sergius grammaticus, mais ce Strgius est postérieur à Sergius de Re-
schaina, voir BAiMsiAnK, Lucubrationes syro-grœcx, p. 369.
1. Mekx, Hisloria art. gramm.. p. 33.
2. Les fragments de Londres, ms. Add. 1721" et 14063, ont été publiés
par Wright, Catal.. p. 1168-1173, et réimprimés avec les fragments
d'Oxford par Wrigut, Fragments of the syriac Grammar of Jacob of
Edessa, Londres, 1871, et pai' Merx, Ilistoria art. gramm., p. 73 des tex-
tes syriaques.
Lk GRAMMAIRE. 291
(le syriaque), en dehors de voyelles additionnelles pour
les voyelles qui manquent dans l'alphabet. Au moyen
des lettres additionnelles, on montrerait l'emploi de ces
règles et l'orthographe des noms et des verbes qui s'y
réfèrent. Etant tiraillé en deux sens, d'un côté par ta
demande, et d'un autre côté par la crainte de la perte
des livres anciens, crainte qui avait ému mes prédéces-
seurs, voici ce que j'ai imaginé : pour l'intelligence et
la confirmation de ces règles-là seulement, on ajoute-
rait des lettres indiquant les modifications et la pro-
nonciation exacte des voyelles, mais cette addition
n'aurait pas pour objet de compléter et de corriger
l'alphabet lui-même ' . » Jacques distinguait huit voyel-
les; il créa, en imitant les voyelles grecques, sept let-
tres-voyelles : r<^ long était représenté par Vola/ et les
sept autres voyelles par les sept nouvelles lettres. 11
introduisit ces lettres -voyelles dans les mots, mais
seulement dans les mots cités comme exemples à l'ap-
pui des règles de sa grammaire. Cette invention ne sur-
vécut pas du reste à son auteur : après Jacques d'Edesse,
les Jacobites admirent seulement cinq voyelles qu'ils
désignèrent par des signes analogues aux voyelles
grecques. Les Nestoriens reconnurent sept voyelles
qu'ils marquèrent par des points simples ou doubles et
dont la valeur résultait de leur position au-dessus ou
au-dessous de la ligne-.
i. Comparer Bariiebr-eus, Œuvres grammaticales, cd. Abbé .Mautin,
Paris, 487-2, I, p. lOG. 1. 16--2-2.
2. Il était utile de raftpeler ces faits parce qu'on a cru à tort que les
points-voyeiics des Nestoriens existaient au temps de Jacques d'Edesse
et que celui-ci inventa les voyelles des Jacobites pour sim[)lifier un
système trop compliqué, Wright. Calai., p. 1168; Fragm. of the syriac
grammar of Jacob of Edessa, Préface; Syriac literatnre. 2« éd., p. Vil
et i:>2; en sens contraire, voir Abbé Martin, Jacques d'Edesse et les
voyelles syriennes, dans le Journ. asial., 18G9, p. A:i6 et suiv. ; La mas-
sore chez les Syriens, ibid., 18"o, p. 132; 11. Dlval, Traité de grammaire
syriaque, p. 71; .Merx, Historia art. gramm., p. 49-50.
202 LA GRAMMAmE.
La tradition rapporte que Théophile d'Edesse('[- 785)
fit, le premier, usage des voyelles jacobites dans sa tra-
duction de V Iliade dllomère. Mais l'invention de ces
voN'elles est sans doute due aux massorètes Karkaphiens
qui , selon Barhebrœus , ont ramené les voyelles syria-
ques au nombre de cinq^ Quant aux sept points-voyel-
les des Nesto riens, leur apparition n'est peut-être pas
antérieure à la seconde moitié du VHP siècle-.
L'essor que Jacques imprima aux études grammati-
cales suivit de près la conquête arabe de la Syrie. La
langue syriaque, menacée par l'idiome des conquérants,
dut être dès cette époque stéréotypée, pour ainsi dire.
Aussi Jacques, dans sa grammaire, comme après lui
les massorètes dans leurs annotations des textes sacrés,
s'ingénia-t-il à fixer dune manière minutieuse la pro-
nonciation des lettres et des syllabes et l'accentuation
des phrases, en suivant la méthode grecque^. Il introdui-
sit de nouveaux points diacritiques et compléta le sys-
tème des accents , dont le nombre s'éleva à trente-six '*.
Auparavant ce nombre était beaucoup moins grand.
Joseph dAhwaz se servit de neuf accents^, comme
nous l'avons dit plus haut, p. 70; puis on en admit
vingt-quatre, dont l'énumération est fournie par la
liste du diacre Thomas, probablement le même que
Thomas d'Harkel, l'auteur de la version Héracléenne.
Cette liste et plusieurs petits traités sur la grammaire
et les accents sont conservés dans les manuscrits de la
massore jacobite, que nous avons cités ci-dessus,
p. 73-74. On doit à l'Abbé Martin et àPhilipps l'édition
1. Bauhedr.eus, Œuvres gramm., I, p. 3, 1. 13.
2. Abbé Martin, La massore chez les Syriens, p. 149, comp. p. 177 et 190.
3. Comp. Merx, Hi'storia art. gramm., p. 50 et suiv.
4. Merx, ibid., p. 89-101.
5. Ou plutôt dix en comptant le pasoqa ou point final. Merx, Historia
artis gramm., p. 99.
LA GRAMMAIRE. 293
de ces documents ' . Le premier est une lettre de Jacques
d'Edesse, adressée à George, évêque de Saroug, sur
Torthographe de différents mots syriaques et de mots
grecs transcrits en syriaque. Cette lettre est suivie d'un
traité du même Jacques divisée en cinq chapitres : sur
les personnes, sur les genres, sur les temps, sur les
formes des mots et sur les accents. La liste de Thomas
le diacre forme le n° III de l'édition Martin-, p. 13, et
l'appendice II de l'édition Philipps^, p. 83.
Le manuscrit de la massore nestorienne, Add.
12138, renferme, lui aussi, quatre courts traités rédi-
gés à l'usage des élèves des écoles '•.
C'était sans doute un opuscule du même genre que
Le Iwre de la ponctuation y iJais» y^z^^^ |J>îo, composé
par André, au rapport d'Ebedjésu^. Wright estime
qu'on peut placer vers la fin du X*^ siècle cet André,
qu'Assémani identifiait à tort avec André de Samosate,
l'adversaire de C vrille d'Alexandrie ^ .
\. P.Martin, d'après le ms. du Vatican, le ms. Barberini et le ms.
de Paris, Jacobi Edesseni epistola ad Georgium episcopum Sarvgensem
de orthographia syriaca, Paris, 18G9; Puilipps, d'après les ms. de
Londres, Add. 121T8 et "183, A letter of Mar Jacob of Edessa on syriac
orthography, Londres, 18G9.
2. Dans cette édition, la liste est suivie d'un commentaire fait de
plusieurs morceaux et comprenant plus d'accents que ceux énoncés en
icte. Ce commentaire est postérieur à Tliomas. L'Abbé Martin a ajouté :
1° un extrait de la grande grammaire de Barhebrœus correspondant,
dans l'édition des Œuvres grammaticales de Barhebrœus ,à la p. -2'*^ du
f. I; 2° une partie de l'homélie LXXXH de Sévère d'Antioche d'après la
taduction de Jacques d'Édesse; et 3» un spécimen des lettres-voyelles
de Jacques d'Édesse.
3. Pliiiipps a fait valoir, p. 90, les raisons qui militent en faveur de
ridcntification de Thomas le diacre et de Thomas d'Harkel. Le petit traité
qu'il a publié comme appendice I, p. CS-83, n'est pas, comme il le pen-
sait, du VII» siècle, mais plutôt du Vlll», voir R. Dlval, Traité de gram-
maire syriaque, p. 144, § l«i8. M. Pliilipps a ajouté le chapitre de la
grande grammaire de Barhebraus sur les accents.
4. MEf.x, Historia artis grnmm., p. 31.
5. AssF.MAM, B. 0., III, par* I, 2)2.
6. Wricut, Syriac îitcrature, 2« éd., p. 232.
294 LA GRAMMAIRE.
Au nombre des grammairiens, Ebedjésu cite encore
un Jean le stylite , probablement le moine du couvent
de Litarba, avec lequel Jacques d'Edesse était en cor-
respondance ' . Un passage de sa grammaire est rap-
porté par Jean Bar Zoubi^.
Honein écrivit un opuscule grammatical, qui est cité
par Barhebrseus et Elias de Tirlian et qui portait le
titre de Liçre des points y i^^oj» |J>co. Selon Elias, Honein
y parlait des prédicats, de la protase et de l'apodose,
c'est-à-dire de la syntaxe que les anciens grammai-
rens avaient laissée de côté^.
La grammaire dHonein ne nous est pas parvenue,
mais nous possédons celle dÉlias de Nisibe dans des
manuscrits de Rome, de Florence, de Londres, de
Cambridge et de Berlin. Ces manuscrits témoignent par
leur nombre de la faveur dont cette grammaire jouis-
sait en Syrie. C'était le manuel courant, mis à la portée
des élèves , où ceux-ci trouvaient résumés les travaux
des grammairiens antérieurs, notamment ceux de
Jacques d'Edesse, beaucoup trop étendus pour les com-
mençants^.
« A cet opuscule, dit Merx^, on doit joindre Le réseau
des points de Joseph bar Malkon, évêque de Mardin,
qui concorde souvent littéralement avec la grammaire
1. Voir ScHRœTEn, Zeilschr. der deut. morgenl. GeselL, t. XXIV, p. 2G-2.
AssÉMAM, B. 0., m, 2yO'^'S I, 25G, faisait vivre Jean le stylite au IX» siècle
sous les patriarches nestoriens Sabrjésu, Abraham et Tiiéodose. Merx
le croit antérieur à Jacques d'Édesse, mais sans raison décisive, Histo-
ria artis gramm., p. 107.
2. AssÉMAM, J5. 0., ni, pa)'S I, 256.
3. Voir Syrische grammatik des Mar Elias von Tirhan , éd. Baeth-
GEN, Leipzig, 1880, chap. xviii, p. 24, l. ult.; comp. Merx, Historia artis
gramm., p. 108.
4. La grammaire d'Elias de Nisibe a été publiée par Gottoeil, A trea-
tise on syriac grammar by Mar Elias of Sobha, Berlin, 1887. Merx en
a donné une analyse, Hisioria artis gramm., p. 112 et suiv.
5. Op. cit., p. 111.
LA GRAMMAIRE. 295
d'Elias. » Ce Joseph bar Malkon semble être le même
personnage que l'évêque de Xisibe, consacré en 1190
sous le nom de Jésuyab '. Le j-êseau des points des Xi-
sibites, Mi^j-i» iv^oj» lîj^j-», traite des nombreux points
usités à cette époque dans récriture syriaque pour no-
ter les voyelles, indiquer la prononciation exacte des
consonnes et marquer l'accentuation des phrases. Il est
en vers de douze syllabes, c'était un aide-mémoire à
l'usage des élèves qui l'apprenaient par cœur, proba-
blement le premier de cette espèce. Il suit, dans les
manuscrits , la grammaire d'Elias de Nisibe et celle de
Jean bar Zoubi -.
Un petit traité sur les conjonctions syriaques tiré de
la grammaire de Denys de Thrace, a été publié par
M. Gottheil dans Hebraica, t. IV, p. 167, d'après un
ms. de Berlin, coll. Sachaii, n° 306, 1. Cet opuscule
existe aussi au Vatican, à la Bibliothèque nationale et
au Musée britannique. Il est dilTicile de fixer la date de
sa composition; le ms. du Musée britannique est
du IX^ ou X*^ siècle.
Nous citerons ici : Jean bar Pinkayé, ou Jean fils des
potiers , qui composa des ouvrages pédagogiques , au-
jourd'hui perdus, parmi lesquels se trouvait, semble-
t-il, une grammaire^; et Jean bar Khamis, évêque de
1. Wr.iGiiT, Syriac Ulerature. 2- éd.. p. 2.j6.
2. Voir le manuscrit du Valioau lOi et le manuscrit du Musée britan-
nique, Add. ::îo8TG. Merx a aunlysc cet ouvrage et en a publié des ex-
traits dans son llistoria artis gramm., p. 111 et suiv. Sévère bar Scha-
kako tenait en médiocre estime le talent de versificateur de Bar Malkon,
voir Abbé Map.tin, De la métrique chez les Syriens, Leipzig, 1879, Appen-
dice, p. G8-7i ; Meux, op. cit., p. 4G, 1. 15 du texte.
3. AssÉMAM, B. 0., m, jxirs I, p. 189; Mep.x , Historia artis gramm.,
p. 13G. Bar Pinkayé est aussi l'auteur de p)t'sies: des extraits d'une de
ces poésies sont imprimés dans le Liber Thcsauri,do. P. CAnDAUI,p.3J,•
une autre a été publiée par ÉLtAS Millos à Rome en 18G8 dans le Direc-
torium spirituale.
296 LA GRAMMAmE.
Thamanon. également auteur d'une grammaire, qui
ne s'est pas conservée '.
Elias de Tirlian qui devint patriarche des Nestoriens
en 1028 et qui mourut en 1049, introduisit, le premier,
la méthode arabe dans la grammaire syriaque. Il écri-
vit pendant sa jeunesse et avant d'être nommé évêque
de Tirhan, une grammaire dans laquelle il appliqua la
nouvelle méthode, mais sans y réussir d'une manière
satisfaisante - ; il ne sut pas cependant se détacher
complètement du système syriaque, de sorte qu'il
composa, ditMerx^, un ouvrage imparfait et confus.
Cet Elias est encore l'auteur d'un traité sur les accents
que Bar Zoubi a inséré dans sa grande grammaire ''.
Jean bar Zoubi , un moine et docteur nestorien , qui
vivait à la fin du XIP siècle et au commencement du
XIIP, n'entra pas dans la voie inaugurée par Elias de
Tirhan, mais il s"en tint dans ses deux grammaires au
système syriaque. Dans sa grande grammaire il a re-
cueilli une partie des œuvres de ses devanciers , et il
y a mêlé des notions de la logique grecque tirées des
commentaires de Sévère Sebokt et de Rabban Denha^.
1. AssÉMAM, ibid., p. 2'iQ, place cet auteur au xn« siècle; plus loin,
p. 708, il se corrige et il en fait le contemporain d'Honein. Ce Jean bar
Khamis ne doit pas être confondu avec Khamis bar Kardalié, l'auteur
de poésies fort goûtées des Syriens.
2. Cette grammaire a été publiée d'après un ms. de Berlin, avec une
traduction allemande, par Baethgen, Syrische Grammatik des Elias von
Tirhan, Leipzig, 1880.
3. Historia artis gramm., p. Vôh.
4. Ce traité a été analysé par Philipps dans l'appendice III, p. 83, de
son opuscule, A letter of Mar Jacob, bishop of Edessa, on syriac orlho-
(jraphy. Il est imprime, p. 19, 1. 13 et suiv., dans l'édition du traité de
liar Zoubi, faite par l'Abbé Mautin d'après le ms. Add. ■25876 du Musée
i)ritannique et le ms. 450 du Vatican, Traité sur l'accentuation chez les
Syriens orientaux -, Paris, 1877.
V). Meux, Historia artis gramm., p. 1G7; p. 158 et suiv. Merx a donné
une analyse de ces deux grammaires. L'Abbé Martin a publié la partie
relative aux accents, voir la note précédente.
LA GHAMMMI;!:. 297
Sa pclilc orrammairc, en vers de sept syllabes, est
un cpilomé destine aux jeunes élèves. C!es deux ouvra-
ges étaient très estimés des Syriens.
David, fils de Paul (Xlll'^s.), est l'auteur dun ouvrage
grammatical dont plusieurs fragments sont conservés
dans le ms. syr. 9 de llndia Office, à Londres. Ces
fragments ont été publiés avec une traduction anglaise
par M. Gottlieil dans les Proccedings oflhe American
Or. Society, mai 1891, p. cxi-cxviii.
Le premier livre des Dialogues de Jacques ou Sé-
vère Bar Schakako, le disciple de Bar Zoubi, traite en
premier lieu de la grammaire ; suit une dissertation sur
les accents d'après le système de Jacques d'Édesse.
Cette seconde partie a été éditée par M. Merx dans son
Historia artis grammaticœ apud Syros d'après des
ms. d'Oxford , de Gœttingue, de Berlin et de Londres • .
Jacques Bar Schakako composa aussi une grammaire
métrique en vers de douze syllabes avec le titre à^ Har-
monie, jjua^îf. Merx a publié de cet ouvrage, à la suite
du dialogue sur la grammaire , les fragments relatifs
à des questions qui nétaient pas traitées dans le dialo-
gue-. Selon le savant éditeur 3, ce grammairien mit à
contribution les livres des philosophes grecs et des
maîtres d'école syriens, mais il ne suit pas son maî-
tre Bar Zoubi, dont il ne prononce même pas le nom.
Nous terminons par Barhebrœus cet aperçu histori-
que de la grammaire syriaque. Dans son œuvre gram-
maticale. Barhebrœus s'est montré le vulgarisateur éru-
dit et critique quil fut dans la plupart de ses autres
1. L'Ahbé Martin en avait donné quebiucs passages dans le Journal
aaiatique, avril-mai 187-2.
2. Un extrait répondant à l'édition MEnx, p. 45, 1. 15, avait été publié
avec une traduction française par l'Abbé Martin en a|>pendice à son
opuscule De la métrique chez les Syriens, Leipzig, 18T9, p. G8-T1.
3 Historia artis grammaticee, p. -215.
17.
298 LA GRAMMAIRE.
écrits. Nous avons rappelé plus haut que c'est grâce à
lui que nous connaissons l'importance de la grammaire
de Jacques d'Edesse. Aux travaux de celui-ci , Barhe-
br?eus adapta la méthode arabe qu'il suivit avec plus
d'intelligence que ne l'avait fait Elias de Tirhan ^ Sa
grande grammaire, intitulée Le livre des splendeurs ,
)j.ioj . [i.Do, est l'œuvre la plus complète de ce genre, on
y trouve expliquées les particularités des deux dialectes
syriens, l'occidental et l'oriental; les remarques lin-
guistiques des massorètes jacobites etnestoriens y sont
reproduites, ainsi que les minuties orthoépiques que
les grammairiens inventèrent pour distinguer les formes
analogues des noms et des verbes. Barhebrœus est
encore l'auteur d'une petite grammaire métrique , Le
lU-re de la grammaire , JLûJL^iv^î M>^j, suivi d'un traité
sur les mots ambigus avec un commentaire ^. Il laissa
inachevé un autre petit traité grammatical, Le livre
de V étincelle, jkijo^» l-sLa ^.
Nous laissons de côté les grammaires des Maronites
qui puisèrent leur science en Europe, comme Amira,
Abraham Ecchellensis, Isaac Sciadrensis et Joseph
Acurensis. Merx en a parlé dans son Historia artis
grammaticee apiid Syros, p. 272-273.
1. Comparer Mep.x, Op. cit., p. 231 et suiv.
2. Ces deux grammaires ont été éditées par l'Abbé Martin d';iprès un
ms. de Paris, Œuvres grammaticales d'Aboul-Faradj dit Barhebreeus,
Paris , 487-2. Merx a analysé la grande grammaire dans son Historia artis
grammadcœ, p. 2-29 et suiv. En 18i3, Berlheau avait édité à Gœttingue
la grammaire métrique, mais sans le commentaire ni le traité des mots
ambigus, Gregorii Barhebreei qui et Abulfarag grammatica linguse
syriacse in métro Ephrscmo. En 1869, Pliilipps imprima et traduisit en
anglais le chapitre de la grande grammaire relatif aux accents, A let-
ter of Mar Jacob, bishop of Edessa on syriac orthography, p. 34,
texte, p. 23.
3. Voir AssÉMAM, B. 0., II, p. 272, n° 27.
LA LEXICOGRAPHIE. 299
§ 2. — La lexicographie.
Les traités sur les mots ambigus ou Libri canonum
de icquilittcris appartiennent autant au domaine de
l'exégèse et de la grammaire qu'à celui de la lexicogra-
phie, mais nous les classons sous ce paragraphe parce
que ce sont les premiers vocabulaires, sur le plan des-
quels furent confectionnés les lexiques syriaques. Ces
traités, écrits à la manière grecque, ont un caractère
propre bien déterminé; du reste, pour leurs lexiques,
les Syriens n'ont pas emprunté des gloses aux lexiques
grecs de Cyrille d'Alexandrie, d'Hésychius et de Sui-
das , comme le croyait Larsow ^ .
Tant que le syriaque fut langue vivante, le besoin
de dictionnaires ne se fit pas sentir. Cependant récri-
ture défectueuse des anciens Syriens , qui ne marquait
pas les voyelles, multipliait les cas où des mots de
sens différent ont la même forme. Les maîtres qui ex-
pliquaient les textes sacrés dans les écoles, furent
obligés de distinguer par des points particuliers ces
mots , qu'ensuite on réunit et classa avec leurs signes
distinctifs dans de petits recueils à l'usage des étudiants.
Un de ces recueils eut pour auteur Joseph d'Ahwaz, qui
créa le premier système de points ; d'autres furent com-
posés par Honein , Jésu bar Xoun et Abdochos ou Eu-
dochus. Barhebrœus, comme il nous l'apprend lui-
même, utilisa ces travaux pour le traité du même genre
qui fait partie de ses œuvres grammaticales-. A ces
1. De dialeclorum reliquiis, Berlin, 1841.
2. Abbé Martin, Œuvres grammaticales d'ALoul-Faradj, II, p. 77. Le
traité de Jésu bar Noun, qui semble ne |)lus exister, est cité aussi dans
les gloses du lexique de Bar Bahloiil. Celui d'Abdoclios se trouve à
Rome, à Saint Pierre in Montorio (Asskmam, B. 0., III, pars I, p. 308);
à la Bibliothèque nationale {Calai. Zolenberg, p. 203); et à Berlin {Coll.
Sachau, n" 182).
300 LA LEXICOGRAPHIE.
noms, on doit ajouter celui d'Enanjésu, plus connu
par sa version du Paradis de Palladius. Son Liber
canonum de œquilitteris est conservé avec Touvrage
analogue d'Iïonein dans une collection publiée par
M. Hoffmann [Opuscula nestoriana, Kiel, 1880,
p. 2-49), d'après un manuscrit de Flndia office à Lon-
dres. Ce ms. renferme une recension abrégée; une
partie d'une recension plus développée est fournie par
le ms. 72 de la Collection Sachau à Berlin, et a été pu-
bliée par M. Gottheil à la suite de son édition de la
grammaire d'Elias de Nisibe. Unms. de VUnion Theo-
logical Seminary de New- York, analogue à celui de
Berlin, a quelques-unes des gloses d'Honein qui ont
passé dans la grammaire dÉlias de Tirhan et qui man-
quent dans l'édition Hoffmann. Ainsi se trouve confir-
mée la conjecture de M. Nœldeke, suivant laquelle
ces gloses appartenaient au fonds primitif de l'ou-
vrage ^
Le livre d'Honein a été retravaillé et augmenté par
un auteur anonyme. Il semble, à en juger par le ms.
de Berlin, Coll. Sachau^ n° 72, que Bar Zoubi compléta
le travail d'Honein, et Wright pensait que l'auteur
anonyme en question pourrait être Bar Zoubi -.
Les Opuscula nestoriana de M. Hoffmann contiennent
ensuite, p. 49-84, un traité métrique d'Ébedjésu de
Gozarte, qui devint patriarche des Nestoriens en 1552.
Cet écrit, en vers de sept syllabes, est suivi d'un com-
1. NOELDEKE, Zeitsclir. der dent, morgenl. Gesell., XXXV, p. 94. Voir
sur ce sujet Gottheil, Hebraica, VI, p. 21o et suiv., où ce savant a donné
des variantes à l'édition d'Hoffmann d'après le ms. de New-York.
2. Wkight, Syriac lilerature, 2« éd., p, 259. Il existe encore un traité
anonyme dans les ms. 194 et 4o0 syr. de la bibliotlièque du Vatican, et
une dissertation sur les homonymes sans nom d'auteur et incomplète
dans Je ms. 419 syr. de la même bibliotlièque, voir Hoffmann, Opuscula
nestoriana, p. XVIII; comp. Assémaxi, B. 0., III, parsl, 308, IX; un autre
traité à Berlin, Collect. Sachau, n° 130.
LA LEXICOGRAPHIE. 301
mentaire ; il a pour objet les mots semblables par V écri-
ture et différents par le sens ^
Le Liber canonum de œquilitteris d'Enanjésu ne
doit pas être confondu avec une compilation de cet
auteur relative à la prononciation exacte des mots diffi-
ciles qui se rencontrent dans les écrits des Pères -.
Les lexiques syriaques suivirent de près la renais-
sance des études grecques chez les Xestoriens de Bag-
dad, où les écoles florissaient au temps des califes
Abbassides. Ces lexiques, rédigés par ordre alphabéti-
que, comme les recueils de mots ambigus, avaient le
double but d'expliquer les locutions difficiles ou peu
usuelles, dont le nombre s'accrut chaque jour après
l'introduction de l'arabe comme langue populaire, et
de donner la clef des termes techniques grecs conser-
vés dans les versions syriaques. Ce n'étaient pas de
vrais dictionnaires de la langue, mais des compilations,
plus ou moins étendues, de gloses syriaques expli-
quées quelquefois en arabe.
Le célèbre Honein, qui traduisit tant de livres grecs,
rédigea le premier lexique syriaque. Cet ouvrage était
vanté pour son exactitude et pour sa méthode ; il passa
dans les compilations postérieures où il perdit son indi-
vidualité^. Son titre, Explication des mots grecs en
syriaque''^ l-iiVactu» ^Jd: ic^^îaï .^oa. indique qu'Honein
avait surtout en vue ici les mots grecs ; il avait traité
1. Cet ouvrage se trouve aussi, en de!>ors du ms. de l'India Office,
dans le ms. du Vatican 419 syr. (voir Hokfmann. Op. cil..[). \i\^ . et dans
Iç ms. appartenant à l'Union TheoloQical Seminary, voir Proccedings
of the American Oriental Society, XHI, 134.
2. AssKMAM. B. 0., m, pars I, 144.
3. Bar Bahloul avertit dans la préface de son lexique, que les gloses
qu'il va insérées sans nom d'auteur sont empruntées au lexique d'Ho-
nein.
4. Voir IsiMANCEL LoEW, Zeitsckr. der deut. morg. Gesell., XL, p. 76i, et
Aramxische P/ïanzennamen , Leipzig, 1881, 17, note 2.
302 LA LEXICOGRAPHIE.
des mots syriaques dans son De xquilitteris dont nous
avons parlé précédemment.
Nous avons dit ci-dessus, p. 276, que Gabriel Boktjésu
avait été considéré à tort comme Tauteur dun lexique.
Zacharie de Merv', qui vivait à la fin du IX^ siècle,
compléta l'œuvre lexicograpliique d'Honein au moyen
de nombreuses additions que Bar Baliloul cite fréquem-
ment. Ces additions étaient, paraît-il, mal disposées et
souvent contradictoires avec les gloses d'Honein. Pour
remédier à cet inconvénient, un disciple d'Honein, le
médecin Jésu Bar Ali, composa, à la demande du diacre
Abraham, un nouveau lexique en utilisant les gloses
de Honein et de Zacharie de ^lerw. Dans la préface de
son glossaire , il confesse que son livre est encore im-
parfait, et il prie Abraham et les autres lecteurs qui
remarqueraient des lacunes, de le compléter. Abraham
ne faillit pas à cette tâche et, parmi les nombreux ma-
nuscrits de Bar Ali conservés dans les bibliothèques de
l'Europe, quelques-uns portent, après la préface, une
note relative à ces additions et intitulée nlr^çoffoola]
d'autres, au contraire, n'ont pas cette note et offrent
un texte plus proche de l'original. A la dernière caté-
gorie appartient le manuscrit de Gotha dont G. Hoff-
mann a publié la première partie^. Il est à souhaiter
que cette édition soit achevée^.
Henanjésu bar Seroschwai, évêque de Hira vers 900,
est l'auteur d'un quatrième lexique syriaque. Bar Bali-
loul qui donne des gloses de ce lexique à chaque page
A. Sans doute le même qu'Abou Yahya al-Marwazi, un éminent méde-
cin de Bagdad, qui écrivit en syriaque sur la logique et d'autres sujets,
WracuT, Syriac Uterature , 2« éd., p. 2lo; comp. ci-dessus, p. 2G0. Le
nom de Zacharie lui est donné par Bar Bahloul dans la préface de son
lexique.
2. Syrisch-arabische Glossen, Kiel, 4874.
3. M. Gottheil travaille à une nouvelle édition du lexique de Bar Ali,
mais cette édition n'a pas encore paru.
LA LEXICOGRAPHIE. 303
de sa compilation, le juge dans sa préface très exact et
l'appelle le complément dHonein.
La plus volumineuse compilation de cette sorte est
le lexique de Bar Bahloul ' , espèce d'encyclopédie dans
laquelle l'auteur a réuni les différentes œuvres de lexi-
cographie avec de nombreuses notices tirées des écrits
syriaques sur les sciences naturelles, la philosophie, la
théologie et l'exégèse biblique. Le principal mérite de
Bar Bahloul est de citer exactement ses autorités. Son
ouvrage nous est parvenu, il est vrai, considérablement
interpolé, et il n'est pas rare d'y trouver cités des au-
teurs d'une époque postérieure, comme Barhebrceus,
par exemple, qui est du XIIP siècle. Bar Bahloul, en
arabe Aboul-Hassan ibn al-Bahloul- était originaire
d'Awànâ, dans le diocèse de Tirhan^. 11 vivait vers le
milieu du X^ siècle; en 963, il agit en faveur de l'élec-
tion d'Ebedjésu I, patriarche des Xestoriens '. Suivant
une clausule dans quelques manuscrits, cet auteur com-
posa son lexique à Bagdad, où il enseignait dans les
écoles^; on lui donne lépithète dî habile docteur^ jUà>
1. Édité par R. Dcval, Lexicon syriacum, auctore Hassano Bar Bah-
lule, Paris, 1888-1896.
2. Le nom d'Isa ou Jésu qu'on lui donne par erreur, Assémam, B. 0.,
ni, pars I, 2j7, vient de la confusion qui s'est faite entre les noms de
Bar Baliloul et de Bar Ali dans les ms. où les lexiques de ces deux au-
teurs sont mélangés; mais Bar Bahloul n'a pas le nom de Jt's» dans les
ms. d'Oxford et de Cambridge, comme le dit Gf.'^emls, Sacra Pentecos-
talia, Leipzig, IS.'J'i, p. 2G, note 40. Le nom de Baliloul qui signifie bouf-
fon, n'est pas rare cliez les Arabes; ainsi s'appelait notamment le
l)Ouffon d'Haroun al-Raschid. De nos jours il désigne dans les contes
populaires du Kurdistan une espèce d'Asmodée, capable du bien et du
mal.
3. Voir Ilm Abi Ouseibia. éd. A. MLEi.i.r.n, Kœnisberg, 188», t. I, p. 109,
où il faut lire al-Tirhûni au lieu de al-Tahrehâni.
4. Slari, éd. Gismo.ndi, pars I, p. 101.
5. Voir Gesesiis, Sacra Pentecoslalia, p. 27; Payne Smito, Catalogue,
col. GOi.
304 LA RHÉTORIQUE
Elias de Nisibe clùt la série des lexicographes ^ avec
son Lwj^e de V interprète, qui se distingue des lexiques
précédents autant par sa forme que par la concision
des gloses. C'est un vocabulaire arabe-syriaque, divisé
par ordre des matières et par chapitres-.
§ 3. — La rhétorique et la poétique.
La rhétorique et la poétique oat été envisagées par
les anciens Syriens comme une partie de la philosophie
aristotélienne; c'est à ce point de vue spécial qu'elles
étaient enseignées dans les écoles, et les écrits qui en
traitent nous offrent peu d'intérêt pour la littérature
syriaque.
Honein fit (probablement en syriaque) la version de
la rhétorique et de la poétique d'Aristote , dont parlent
certains auteurs arabes, et il semble que c'est cette
version qu'Abou Zacharia et Abou Baschr traduisirent
en arabe ^.
Un livre sur la rhétorique qui jouit d'un grand crédit
en Syrie et qui paraît avoir un cachet original, c'est le
traité d'Antoine, surnommé le Rhéteur, un moine de
Tagrit, qui vivait au commencement du IX^ siècle. Ce
traité, divisé en sept chapitres, est conservé avec des
lacunes dans le ms. Add. 17208 du Musée britannique.
Il mériterait d'être édité '•.
\. Nous ne parlerons pas des lexiques modernes des Maronites,
comme celui de Karmsedinoyo.
2. Il a été publié par Pacl de Lagaude en tête de son livre Prseler-
missorum libri duo, Gœttingue, 1879. Thomas a Novahia en tira les ma-
tériaux pour son Thésaurus arabico-syyo.-latinus, Rome, 1G36.
3. Voir D.Map.goliouth, AnaZecia orientalia ad poelicam Arisloteleam,
Londres, 1887, p. 3 et suiv. Dans cet ouvrage, M. Margolioutli a édité
la "Version de la poétique d'Abou Baschr et le livre d'Avicenne traitant
de la poétique.
4. Paul de Lagarde en avait commencé l'impression, mais la mort de
ce regretté savant en a arrêté l'édition.
ET LA POÉTIQUE. 30b
Sévère bar Schakako a disserté de la rhétorique et
de la poétique dans le premier livre de ses Dialogues
après avoir parlé de la grammaire. Le dialogue sur la
poétique vaut une mention particulière. 11 nous a con-
servé un fragment de la version syriaque de la poétique
d'Aristote, relatif à la définition de la tragédie, lequel
nous permet de vérifier, au moins sur ce point, la fidé-
lité de la version arabe d'Abou Baschr^ Ce dialogue
renferme en outre un traité sur la versification syriaque
qui est unique en son genre 2. Malheureusement les
règles qui y sont établies sont basées sur la poésie dé-
cadente des siècles postérieurs, et ne nous apprennent
rien des principes qui régissaient l'ancienne poésie
syriaque.
Barhebrseus ne visait point à l'originalité quand il
écrivit son livre de La crème de la science qui com-
prenait la philosophie aristotélienne tout entière,
comme nous l'avons rappelé plus haut, p. 262, et dans
lequel la rhétorique et la poétique occupent les deux
derniers chapitres de la première partie. ^1. Margo-
liouth a édité la poétique dans ses Analecta ortientalia
ad poeticam Aristoteleam, Londres, 1887, p. 114-139.
1. Margoliouth, Op. cit., p. G. Ce fragment est imprimé à la suite de
la version d'Abou Baschr.
2. Édile, sous forme d'extraits avec une traduction française par
l'Abbé Martin, De la métrique chez les Syriens, dans le vol. VU, fasc. 2,
des Abhandlungen fur die Kunde des Morgenlandes, Leipzig, 1879.
XYII
VERSIONS SYRIAQUES
Nous n'avons pas réservé un chapitre spécial à la
théologie . à cause de la diversité des écrits syriaques
que cette science a produits. Quelques-uns de ces écrits
ont été mentionnés dans les chapitres précédents; les
autres, en plus grand nombre, seront cités dans les
notices de la seconde partie consacrées à leurs auteurs
et qui suivent l'ordre chronologique. A cette place leur
caractère et leur objet ressortiront peut-être mieux.
Mais on dira ici quelques mots des versions des œuvres
des Pères grecs qui ne rentrent pas dans les genres
littéraires traités ci-dessus. Ces versions témoignent de
Tinfluence de la théologie grecque sur la théologie sy-
riaque. Ce sera l'objet du premier paragraphe de ce
dernier n"^. Dans un autre paragraphe, nous ajouterons
les versions d'oeuvres profanes.
Les premières versions syriaques sortirent du mou-
vement scientifique qui se produisit dans la Méso-
potamie au V^ et au VI® siècle de notre ère et qui eut
d'abord son centre à Edesse (comparer ci- dessus
n** XIY, § 2i. Ces premières versions sont littérales
et terre à terre; elles jurent avec le génie littéraire des
Syriens et maltraitent leur langue. La renaissance des
308 VERSIONS D'OEUVRES
sciences en Mésopotamie, qui commence au IX^ siècle,
favorisée par les califes de Bagdad, marque une ère
de progrès : les traducteurs s'efforcent de rendre autant
l'esprit que la lettre du livre traduit; ils sont familia-
risés aveclalangue technique, et leur style est de meil-
leur aloi.
§ 1. — Versions d'œuvres des Pères grecs.
Les œuvres des Pères grecs ont passé presque tou-
tes en syriaque. Quelques versions sont très anciennes,
suivant de près parfois l'original grec qu'elles transmet-
taient aux Syriens, telle est la version du traité De
recta fide de Cyrille, que Rabboula, évêque d'Edesse,
fit sur un exemplaire qui lui avait été envoyé par l'au-
teur. La plupart de ces versions sont conservées dans
les bibliothèques de l'Europe; mais, malgré l'intérêt
qu'elles présentent, peu d'entre elles ont été éditées;
nous nous bornerons à quelques indications sommai-
res; le lecteur trouvera d'autres informations dans La
littérature grecque de M. Batiffol, à laquelle il nous
suffira souvent de renvoyer. Le catalogue d'Ébedjésu
renferme, dans sa première partiel une liste des livres
de la patrologie grecque traduits en syriaque; cette
liste est précieuse, car elle fait connaître le titre
d'œuvres grecques qui ne sont pas connues d'ailleurs,
mais ce n'est pas ici le lieu de la reproduire.
Cureton édita en 1845 l'ancienne version syriaque des
trois Épîtres de saint Ignace à Polycarpe , aux Éphé-
siens et aux Romains -. Cureton croyait que cette ver-
sion reproduisait les épîtres originales qui avaient été
interpolées et altérées dans la recension grecque con-
1. As.sÉMAM, B. 0., \\\,pars 1, 13 et suiv.
2. The ancient syriac version of the epistles of S. Ignatius, Londres,
1845.
DES PÈRES GRECS. 309
nue; les autres épitres grecques étaient, selon lui. apo-
cryphes. Les controverses que cette thèse souleva sus-
citèrent une nouvelle publication du célèbre orientaliste
anglais ( Vindicice Ignatianx, Londres, 1846) ; puis celui-
ci donnait une seconde édition, augmentée de nouveaux
textes, sous le titre de Corpus Jgnatianiim, Londres,
1849. Les conclusions de Cureton sont aujourd'hui défi-
nitivement rejetées : la version syriaque ne représente
qu'un extrait dun recueil des épitres, retravaillé et am-
plifié par un faussaire *.
Le P. Zingerle a fait connaître, dans le premier vo-
lume des Moniinienta syriaca (Innsbruck, 1869, p. 1 .
un extrait syriaque de la lettre de Polycarpe, contenant
le chapitre YII et la fin du chapitre Xll qui manque en
grec. Quelques mots du chapitre XII ont été imprimés
par Cureton dans son Corpus Ignatianum, p. 212. 1. 3.
d'après un ms. du YP siècle où se trouve le traité
de Timothée .Elure d'Alexandrie contre le concile de
Chalcédoine. Cureton a ajouté [ihîd., p. 204. 1. 6 , les
chapitre IX et XIII tirés de la version syriaque de l'His-
toire ecclésiastique d'Eusèbe, et p. 214. 1. 25 et 27;
des citations du chapitre V empruntées à Sévère d'An-
tioche. Le P. Zingerle a traduit en latin ces divers
fragments-.
L'Abbé Paulin Martin a publié dans le quatrième
volume des Analecta sacra du card. Pitra : 1^ un
fragment delà seconde lettre apocryphe de saint Clé-
ment ^ ; 2'^ un fragment de la lettre de Polycarpe; 3" un
fragment du traité sur la foi orthoxe attribué fausse-
ment à saint Justin •* ; 4° les fragments connus des ver-
1. p. Batiffol, La litlirature grecque, p.ii.
2. Op. cit., I, p. 2-5; comp. P. Batiffol, La littérature grecque, p. 17,
3. Comp. BE5SLT, The Epistles of s. Clément. Cambridge, 1899.
4. McE SINGER a public un autre fiogment dans Monutnentasyr., II, p. 7.
310 VERSIONS D'œUVRES
sions syriaques et arméniennes de saint Irénée ^ ; 5° un
fragment du livre (apocryphe) de Clément d'Alexandrie
contre les hérésies.
Plus importants sont les textes qui représentent l'œu-
vre de saint Hippolyte dans la publication de TAbbé
Martin. Après les commentaires bibliques (voir ci-des-
sus, p. 85), viennent : 1° des fragments sur la Pâque,
que Lagarde avait déjà imprimés dans ses Analecta
sijriaca, p. 88 et 89; 2° un fragment de Thomélie sur
lEpiphanie; 3*^ des fragments du discours sur la résur-
rection adressé à Timpératrice Mamma; Lagarde en
avait donné des passages, Anal, sj//-., p. 87.
De Denys, évêque d Alexandrie , l'Abbé Martin a
édité des fragments syriaques : l'^ de la letlre à Nova-
tus ; 2° de la lettre à Denys et Etienne ; 3"^ de la lettre
à Etienne de Rome ; 4'^ de la lettre au pape Xystus
(Sixte) ; 5° de la dixième réfutation de Paul de Samo-
sate ; 6° de la lettre à Paul de Samosate ^.
Les œuvres de Pierre , évêque d'Alexandrie . sont re-
présentées dans la même publication par des fragments
des homélies sur la divinité, sur la résurrection, sur
la non-préexistence de l'âme ^.
D'Alexandre, le successeur de Pierre sur le siège
d'Alexandrie , l'Abbé Martin a recueilli des fragments
de l'encyclique et de plusieurs homélies^.
Parmi les Pères qui illustrèrent le nom de Grégoire,
c'est Grégoire de Néocésarée ou Grégoire le Thauma-
4. MoESiNGER, l. c, p. 8-9, avait publié trois de ces fragments d'après
des ms. du Vatican; l'un d'eux a été imprimé sous le nom de Mélifoii,
dans le Spicilegium syriacum de Cciieton, p. 3-2, et dans le Spicilegium
Solesmense du card. Pitra, II, p. lix; il se trouve aussi en arabe sous
le nom d'Hiérothée dans le Spicileg. Rom. du card. Mai, III. p. 704.
2. Comp. P. Batiffol, La litt. grecque, p. 133.
3. Comp. P. Batiffol, ibid., p. 429. Sur la lettre de Pierre relative aux
renégats, voir ci-dessus, p. 474.
4. Comp. S. Alexandri... ser^no dans Mai, Nova Patrum Bibl., H, 531.
DES PERES GRECS. 311
turge qui attira d'abord rattention des théologiens
orientalistes. En 1858, Lagarde publiait dans ses Ana-
lecta syriaca, p. 31-67, les textes suivants, daprès
des ms. du Musée britannique où ils figurent sous le
nom de ce Père : 1° le traité Kazà uéoo; ttIoti;; 2'^ le
discours à Philagrius sur le consubstantiel; 3° le dis-
cours à Théopompe sur limpassabilité et la passabilité
de Dieu ; 4'^ des extraits du traité sur la résurrection
et des douze chapitres sur la foi. Le Kard utooç nîoriç
est un écrit dApoUinaire mis en circulation sous le
nom de Grégoire, comme le P. Lequien la établi, le
premier*. M. Victor Ryssel a revendiqué l'authenticité
des discours à Philagrius et à Théopompe dont il a
donné une traduction allemande — thèse qui a rencontré
autant d'adversaires que de partisans - — et il a rejeté
comme apocryphes le traité sur la résurrection et les
chapitres sur la foi ^. L'Abbé Martin a réimprimé les
textes édités par Lagarde avec, en plus^ La réi^élation
de saint Grégoirey Le discours sur l'Annonciation de
la Vierge , L'homélie sur le baptême de Notre Seigneur
et divers fragments pseudépigraphiques '*.
Le IV^ vol. des Analecta sacra, publié par l'Abbé
Martin, a encore quelques fragments syriaques d'écrits
de Méthodius. d'Eustathius d'Antioche, de Sérapion de
Thmuis et de Pseudo-Denys lAréopagite.
Les œuvres de Grégoire de Xazianze furent traduites
en syriaque, en deux tomes, par l'abbé Paul, en G24,
1. p. Batiffol, ibid., p. 282; comparer Caspari, Allé und neue Quellen
zur Geschichte des Taufsymbols, Anhang II, p. 65-116: Victor Ryssel,
Gregorius Thaumaturgus, sein Leben und seine Schriflen, Leipzig,
1880, p. 40; Abbé Martin, Analecla sacra du card. Pitra, IV, p. xxii.
2. Ryssel, Op. cit., et Jahrbûcher fâr protest. Théologie, 1881,111,
p. 585; Dreseke, Jahrb., 1881, II, p. 382; P. Martin, Analecta sacra du
card. Pitra, IV, p. xxii.
3. Ryssel, Op. cit.. p. 43, 47 et suiv.
4. Analecta sacra, IV, p. 81-133.
312 VERSTOiNS D'ŒUYRES
en Chypre où il s'était réfugié pour échapper aux ar-
mées perses qui avaient envahi la Mésopotamie '. Atha-
nase de Balad traduisit les homélies, au moins partiel-
lement -, et la ^vmywyrj nat ihjyriaLç loroçuay; celle-ci
nous est parvenue dans un ms. du Musée britannique ^.
Les Nestoriens. de leur côté , avaient une version des
écrits du Théologien '. Au nombre des traducteurs de
ces écrits, BarhebraBus cite aussi Jacques d'Édesse^.
Peu de temps avant sa mort, le P. Bollig édita le ms.
Syr. du Vatican 105, qui contient une version des poè-
mes iambiques; son édition a été complétée par le
P. Gismondi^. Ce manuscrit, qui est ancien (V^ ou YP
s.), ne comprend pas la série intégrale des poèmes de
Grégoire; Tordre y diffère de celui des éditions grec-
ques ; plusieurs poèmes sont réunis en un seul ; d'au-
tres, au contraire, sont coupés en plusieurs parties.
Le P.Gismondi en a comblé les lacunes avec des ms.
du Musée britannique ; il a même reproduit deux recen-
sions différentes du poème sur la virginité ; une troisième
recension existe dans un autre m s. du même musée.
L'une de ces recensions provient de la version nesto-
rienne; une autre de la traduction de l'abbé Paul. Mais
on ne sait quelle version des poèmes de Grégoire repré-
1. AssÉMAM, B. 0., I, 71; m, pars I, 23. Sa version est conservée au
Musée britannique; Wright, Catal., p. 423-435.
2. Wr.iGiiT, Catal., p. 4il.
3. WiiiGiiT, Catal., p. 425.
4. Wright, Catal, p. 43G-437.
5. AssÉMAM, B. 0., ir, 307; HI, pars I, 23. Wright croyait erronée l'as-
serlion de Barliebrasus; il dit, Synac literature, 2= éd., p. 149 : « Jac-
ques d'Edesse retoucha simplement, croyons-nous, la version de l'abbé
Paul, à laquelle il ajouta probablement des notes et des extraits expli-
catifs de Sévère, et la recension par Athanase de la ^^vrayioyrj xa\
h^ijyrjoig loToquZv mise en appendice à l'homélie In sancta lumina
(Catalog. Wiight, p. 423-427). .
6. ,S. Gregorii Theologi liber carminum iambicorum versio syriaca^
Pars î))i'ina, edidit F. J. Bollig. Pars altéra, edidif H. Gismondi, Bei-
roulh, 1895 et 1896.
DES PÈRES GRECS. 313
sentent le ms. 105 du Vatican et certains ms. du ^lusée
britannique. Si le manuscrit du Vatican est réellement
du V^ ou du VP s. , comme le dit Assémani, ce ne peut
être la traduction de Januarius Candidatus d'Amid^
faite en 605, ni celle de Théodose-, faite en 805, non
plus que la version nestorienne de Rabban Gabriel ,
qui venait d'être achevée quand le patriarche Timothée
I (780-853) en adressa un exemplaire à Sergius ^. On y
voit avec quelque vraisemblance l'ancienne version nes-
torienne mentionnée par Assémani ■*. La version nesto-
rienne fut commentée par les patriarches Maraba II ^ et
Timothée I *^ ; la version jacobite de l'abbé Paul le fut
par Denha ou Ibas (vers 850' et par un auteur ano-
nyme dont l'œuvre est conservée dans le ms. Add. 17197
du Musée britannique ; AVright " pense que cet auteur
peut être Elias, évêque de Singar vers 750 (comp. As-
sémani, B. 0., II, 339}. George, évêque des Arabes,
composa un recueil de scolies sur les homélies de Gré-
goire, qui renferme un grand nombre de leçons; cette
1. Appelé Senorinus Chididatus par Assémam, B. 0., U, cxlix, o02; ni,
parsî, 23, noie. Sur le nom exact de cet auteur voir Giidi, Actes du
A'« Congrès des Orientalistes de Genève, 1894. 3"^ partie, p. 75. La ver-
sion de Candidatus était divisée en dix-sept chapitres, d'après une
notice du ms. 90 du Vatican, laquelle est suivie d'un fragment de cette
version, vers 1-82 du poème Ucoï twv xad' èavrov; ce fragment, peut-
être unique, a été édile par Giidi, l. c, p. 87-82.
2. BAnuEDr..£US, Chron. eccL, I, 363; Assémam , B. 0., II, 3io. Il est pos-
sible que les ms. Add. liliil et 18821 du Musée britannique renfer-
ment la traduction de Candidatus ou celle de Tliéodose; ^Vivight, Catal.,
p. 433. Théodose est aussi l'auteur d'une version de l'homélie de Gré-
goire de Nazianze sur les miracles du prophète Élie, conservée dans le
ms. s>r. 'JG du Vatican, Catal. Vat., II. .^21.
3. Voir l'Alibé Cuabot, Journal asiatique, mai-juin 1898, p. 54».
4. B. 0., III, pars I, 2i, note i. Celte version est peut-être aussi celle
du ms. du Musée britannique, Add. 18815, du IX« siècle, Catal. Wright,
p. 43C.
5. A-sÉMAM, B. 0., lU, pars I, 157.
6. Bariiebr.cis, Chron. eccl., II, 179.
7. WuiGUT, Syriac lit., 2« éd., p. 157, note 2.
18
314 VERSIONS D'ŒUVRES
compilation est conservée dans le ms. Add. 14725 du
Musée britannique'.
De l'ancienne Ecole des Perses à Edesse sort la ver-
sion de la Théophanie d'Eusèbe, dont on ne possède
que des fragments en grec ; elle a été éditée par Sa-
muel Lee- d'après le célèbre ms. Add. 12150 du Musée
britannique, daté de 411, qui renferme aussi les Réco-
gnitions de Clément et l'histoire des martyrs d'Eu-
sèbe".
Le même manuscrit nous a conservé encore la ver-
sion syriaque du traité contre les Manichéens de Titus,
évêque de Bostra (f 375) , qui est complète en quatre
livres ; on ne possède en grec que les deux premiers
livres et une partie du troisième^'.
Le ms. Add. 14569 du Musée britannique contient
un recueil des vingt premières Lettres festales d'Atha-
nase d" Alexandrie ; il ne s'est conservé en grec que
des fragments de la série suivante. Dans l'exemplaire
grec que le traducteur syriaque avait sous les yeux,
les lettres XV et XYI manquaient, comme la re-
marque en est faite à la fm de la XIV® lettre. En tête
on lit une introduction dans laquelle toutes les lettres
festales sont analysées et portent la date de la fête de
Pâques, pour laquelle, chaque année, Athanase écri-
vait une de ses lettres. Cureton a édité ce manuscrit
dans l'état où il se trouve et sans réparer le désordre
1. Il a été fait aussi plusieurs commentaires partiels, que nous men-
tionnerons dans notre seconde partie sous le nom de leurs auteurs.
2. Eusebius on the Theophania, Londres, 1842, trad., Cambridge, 1843;
comp. P. Batiffol, La litt. grecque, i». 209. Sur les versions de l'Histoire
ecclésiastique Qi de la Chronique d'Eusèbe, voir ci dessus p. 198 et suiv.
Voir aussi Eusebius of Cœsarea on the Star, éd. Wright, Journ. of
sacrecl Lit., Londres, 18G6; Mai, Nova Patrum Bibl., IV, 281.
3. Voir ci-dessus, p. 102 et 152.
4. Cette version a été éditée par Paul de Lagarde, Titi Bostrensis
contra Manichœos libri IV syriace , Berlin, 1859; comp. P. Batiffol,
La litt. grecque, p. 280.
DES PÈRES GRECS. 315
des feuillets intervertis ; il a ajouté des extraits des let-
tres XXYII, XXIX et XLIV tirés du livre de Sévère
d'Antioche contre Pliiloponus Grammaticus 'conservé
seulement en syriaque), et un extrait de la XXXIX^ lettre
relatif aux livres canoniques de TA. et du N. Testa-
ment'. Le card. Mai a rétabli Tordre correct dans une
nouvelle édition, accompagnée dune traduction latine,
Script, cet. noi'a collecti'o, t. YI. Larsow en a fait une
traduction allemande, et Pusey une traduction an-
glaise-.
On doit à Paul de Lagarde^ l'édition des lettres du
pape Jules sur l'Incarnation qui se trouvent dans les
manuscrits syriaques du Musée britannique. Les Mo-
numenta sf/n'aca (Mœsinger] , II, 1-5, fournissent
sept fragments extraits des ms. du Vatican, qui com-
plètent l'édition de Lagarde et comblent quelques la-
cunes. On a en syriaque : la lettre à Denys ' à cette
lettre appartient le second fragment de Mœsinger ; la
lettre à Prosdocius'' (à celte lettre appartient le qua-
trième fragment de Mœsinger ; la lettre encyclique
aux évêques; un passage sur l'Incarnation, auquel
répond le troisième fragment de Mœsinger: un se-
cond extrait, plus long; et la lettre V^.
Mœsinger a publié ensuite, p. 5-7, deux fragments
attribués au pape Damase.
La version syriaque du traité de saint Epiphane
1. Cur.ETOx. The feslal letters of Athanasius, Londres, 18i8; comp.
p. Batiffol, La lilt. grecque, p. 20(3.
2. Sur la version du coramenlaire des Psaumes et de la lettre à Mar-
ccllin, voir ci-dessus, p. 80.
3. Analecta syriaca, p. 67-79.
4. Voir Sacrorum conciliorum... colleclio, éd. MASsr, Venise, 17:i9, I,
1191.
o. Voir ci-dessus, p. il3.
6. Le passage de Lagap.de, Analecta syr., p. 73, I. 17 , est tiré de la
lettre V, dans laquelle il se retrouve chezLACAUDE, ibid., p. 77, 1. 7; c'est
le cinquième fragment de Muesinger.
316 VERSIONS DŒUVRES
Tleol /iitTocoï' y.ul oraflucar, incomplet en grec, a été pu-
bliée par Paul de Lagarde '.
Cet infatigable travailleur a imprimé dans ses Ana-
lecta sf/7'iacay p. 91-100, un morceau formé d'extraits
des écrits de Diodore de Tarse sur les deux natures
du Christ. D'une composition analogue est le morceau
suivant, tiré du livre de Théodore de Mopsueste sur
rincarnation; titre : « [Extraits! du livre sur l'Incar-
nation . du traité qui commence par ces mots : « Comme
beaucoup de personnes se sont méprises de différentes
manières sur le sens du mot incarnation . du chapitre
XI, etc. » Ce sont des extraits des chapitres xi,
XXXIII, XXXV-XXXVIII . L. LI. LVI , LIX, LX , LXIII , LXVI ,
Lxxiii et Lxxiv. En outre, un extrait du traité sur la
foi. La plus grande partie des œuvres de Diodore et de
Théodore a été traduite en syriaque à Edesse par Ibas
et ses disciples au V° siècle^. L'homélie de Théodore
sur la vertu a été traduite par Abraham, évéque de
Bassora, qui vivait vers 990-^.
Trois homélies de Proclus, évêque de Constantinople
(434-446), l'une sur l'Incarnation, la seconde sur la
Nativité de Notre Seigneur, et la troisième sur Clé-
ment d'Alexandrie, se sont conservées en syriaque
dans un ms. du Vatican. Mai en a donné une traduc-
tion latine dans le Spicilcgiiim RomaiiujUy t. IV,
p. Lxxxviii-xcxviii ; M. Chabot en a publié le texte
1. Veteris Testamenti ab Origene recensili fragmenta apud Sy7'0S
servata quinque. Prsemittitur Epiphanii de mensuris et pondcribus
liber nunc primum integer et ipse syriacus, GœUioguc, 1880.
2. Voir ci-dessus, p. 87 et 254. Bakhedhcls, Chron. eccl., I.Im. attri-
bue la traduction des coiiiraentaires de Tiiéodore à Mana, qu'il appelle
Magna, à NarsÈs et à Acacius. Jacques de Saroug, dans une de ses lettres
publiées par l'Abbé Martin, Zeitschr. der deut. viorgenl. Gesellschaft,
XXX, 2-20, dit avoir étudié à Édesse pendant sa jeunesse (vers 470) les
livres de Diodore que l'on traduisait alors à l'École des Perses.
3. AssÉMAM, B. 0., ni, 2^af^s I, 17'>.
DES PERES GRECS. 317
syriaque dans les comptes-rendus de la Reale Acca-
demia dei Lincei, vol. V, fasc. 4, 26 avril 1896.
La composition des écrits de Pseudo-Denys l'Aréo-
pagite semble définitivement fixée entre 482 et 500 ^
Peu de temps après leur apparition, ces livres furent
traduits du grec en syriaque par Sergius de Pveschaina
(-}• 536) et ils se répandirent dans toute la Syrie, où
ils furent lus et commentés par les Monophysites. Ser-
gius mit en tête de sa traduction une introduction qui
indique combien la doctrine mystique et panthéiste
captivait son esprit. Cette introduction est conservée
dans le ms. Add. 22370 du Musée britannique avec le
commentaire de Théodore Bar Zaraudi, un écrivain de
basse époque-. La version de Sergius existe dans le
ms. Add. 12151, daté de 809, avec Tintroduction et les
scolies de Phocas bar Sergius d"Edesse, qui vivait au
VHP siècle^. Les scolies de Phocas sont, en grande
partie, traduites des ITcf.ouOsîosi; de Jean le Scolasti-
que de Scythopolis. Phocas a ajouté deux longs extraits
des préfaces de Jean de Scythopolis et de George, éga-
lement de Scythopolis, écrites pour défendre lauthen-
ticité des livres attribuées à Denys lAréopagite . et dont
le texte grec figure sous le nom de Maximus dans la
Patrologia gneca de Migne, IV, 15-21 '. La version
de Sergius réunit toutes les œuvres connues de Pseudo-
Denys, et il ny a pas de trace que ces œuvres aient été
1. Voir J. STiGLM.wr., Dots Aufkommen der Ps^udo-Lionysischen
Sc/îi/^en, etc., Feldkirch, 1805, p. 63; comp. P. Batiffol, La littérature
grecque, p. 321.
•2. Wr.icnT, Calai., p. 500.
3. WmoHT, Syriac Uterature , ¥■ éd., p. 93, contre Assémam qui pla-
çait à tort cet écrivain avant Jacques d'Édcsse, B. 0.. I, WA. Des ms. du
Vatican ont au^si la version de Sergius, Cat. Vat., ni, 56, n" 107, et
M2, n" 2.-Ji.
4. WniGHT, Catal., p. .500; comp. Abbé Martin, Analecta sacra de
PlTRA, IV, Proîeg. XXIII; Sticlmayr, Op. cit., p. 52-53.
18.
318 VERSIONS D'ŒUVRES
postérieurement amplifiées ou transformées ^ La lettre
de Denys à Timothée sur la mort des Apôtres Pierre et
Paul a été mentionnée plus haut, p. 101. Jean de Dara,
au commencement du IX° siècle, écrivit un commen-
taire sur les deux livres de Pseudo-Denys, Les hiérar-
chies célestes et Les hiérarchies ecclésiastiques'^. Le
Li^re d' Hiérothée y qui porte le nom du soi-disant
maître de Denys ne semble pas être une version , mais
un original syriaque ; nous en parlerons dans notre se-
conde partie , dans la notice consacrée à Etienne bar
Soudain, auquel ce livre a été attribué.
Les œuvres de Sévère d'Antioche qui sont pour la
plupart perdues en grec, sont conservées en syriaque
dans des traductions jacobites. Paul, évêque de Calli-
nice, traduisit en 528 à Edesse, où il s'était retiré
après sa déposition de son siège épiscopal ^ : la cor-
respondance de Sévère et de Julien d'Halicarnasse sur
l'incorruptibilité du corps du Christ, avec un discours
de Sévère contre Julien '' ; le traité contre les Additions
ou Appendices de Julien^, et contre la dernière apo-
logie de celui-ci ^ ; le traité contre les Manichéens et le
1. Voir Stiglmayr, Op. cit., p. 88-00.
2. AssÉMAM, B. 0., II, 1-20-121; manuscrits au Vatican, 100, 363 et 411,
Catal. Vat., II, o39, et M\i, Script, vet. nova collectio, V; à la Bod-
léienne, n" 264. FnoTHiNGHAM, Slephen bar Sudaili , Leide,1886, p. 4,
cite à tort Joseph d'Ah\Yaz, parmi les commentateurs de Pseudo-Denys ; la
notice du Catalogue d'Ébedjésu, sur laquelle il se fonde, doit s'entendre
de la grammaire de Denys de Tlirace; B.ethgen, Theol. Literaturzeit.,
XII, 222, comp. ci-dessus, p. 289, note 2.
3. WpxIght, Syriac lit., 2« éd., p. 9i, note 1, remarque que ce Paul ne
doit pas être confondu avec Paul, évèque d'Édesse, qui fut exilé à
Eucliaita en 522, rétabli sur son siège en 320, et mourut l'année sui-
vante.
4. Ms. syr. du Vatican 140, Cat. Vat., III, p. 232; Assémani, B. 0., II,
p. 46; ms. Add. 17200 du Musée britannique, du V1I« siècle, Wrigut,
Catal., p. 551.
5. Ms. syr. du Vatican 140; ms. Add. 12158, daté de 588, Wright, Ca-
tal., p. 550.
G. Ms. Add. 12158.
DES PERES GRECS. 319
Philalethes '. « Probablement de lui. ajoute Wright 2.
sont : l'ancienne version des Homiliœ cathédrales^:
la version de la correspondance de Sergius Gramma-
ticus et de Sévère au sujet du dogme des deux natures
en Jésus-Christ'; et peut-être encore la version du
traité de Jean Grammaticus de Césarée ^ et quelques
autres versions qui ne nous sont connues que par des
citations éparses. Ces traductions lui valurent de la
part des Jacobites le titre à^ Interprète des livres, |in«q->o
picoj. » L'abbé Paul traduisit, pendant son séjour
en Chypre, vers 624, outre les œuvres de Grégoire
de Xazianze ci-dessus, p. 311-312), YOctoechiis de
Sévère, un recueil d'hymnes pour les fêtes de l'année.
Sa version nous est parvenue, avec celle des hymnes
de Jean Bar Aphtonia. de Jean Psaltès et de quelques
autres auteurs, dans le ms. Add. 17134 du Musée bri-
tannique, où elle a été revisée en 675 par Jacques Phi-
loponus 'd'Edesse ?, *». Celui-ci nous informe, dans une
note du manuscrit ", qu'il a revu avec soin la traduc-
tion syriaque sur les ms. grecs et qu'il a marqué les
additions faites par Paul pour arriver à la même lon-
gueur des lignes poétiques qu'en grec. Il a écrit en
1. Ms. du Vatican, 140.
2. S'jriac lilcrature. 2« éd., p. 95.
3. Ms. Add. lio9>, daté de 569; ms. du Vatican 142, daté de 576; 143.
daté de 563; et 256, non daté.
4. Ms. Add. 1715i.
5. Ms. Add., 121.57, 17210, 172H.
6. WniGHT, Calai, p. 330. Dans le manuscrit l'abbé Paul a fautivement
le titre d'évéque. Wnionr pensait que le reviseur était Jacques d'Édcsse
•et il voyait dans le ras. uu autographe de ce célèbre t-véque. Mais
Jacques d'Edesse. comme nous le verrons bientôt, fit une traduction
de VOctoechus. qui est différente, et M. Nau, Journal asialigue, septem-
bre-octobre 1808, p. 346, estimait que celui-ci devait élre distingué de
Jacques Philoponus: comp. cependant ci-dessus, p. 203.
7. Publiée par Wrigqt, Catal., p. 330, et traduite en partie par Mtr.x,
Uistoria artis grammalicse apud Syros, p. 38.
320 VERSIONS D'œUVRES
noir, dit-il, les mots qui se trouvent en grec, et en
rouge les mots ajoutés; il a indiqué au-dessus de la
ligne les nouvelles interprétations qu'il proposait. Jac-
ques Philoponus inséra dans cette collection une hymne
sur le Saint-Chrême et le Gloria in excelsis Deo.
Merx a publié le texte syriaque, revisé par Jacques, du
Gloria in excelsis avec le texte grec en regard '. Jac-
ques d'Edesse est Fauteur d'une nouvelle traduction
des Homiliœ cathédrales et de VOctoechus. La version
des Homiliœ cathédrales, qui mérite d'être publiée -,
fut achevée en 701; elle existe dans le ms. 141 du Va-
tican et le ms. Add. 12159 du jNIusée britannique (ce-
lui-ci, daté de 868)^. Dans ce dernier manuscrit, les
homélies, au nombre de cent vingt-cinq, sont divisées
en trois tomes. Les notes marginales montrent que
Jacques avait quelque connaissance de l'hébreu^. La
version de VOctoechus est conservée dans le ms. 94 du
Vatican ^, écrit entre 1010 et 1033, et dans un ms. plus
ancien, mais incomplet, que la Bibliothèque nationale a
acquis récemment^. Athanase, nommé patriarche d'An-
tioche en 684, traduisit en syriaque , alors qu'il était prê-
tre à Nisibe , en 669, à la demande de Mathieu, évêque
d'Alep, et de Daniel, évêque d'Edesse, des lettres choi-
1. Historia artis gratnm., p. 39.
2. Un fragment de l'homélie lxxxii a été imprimé par l'Abbé P. Mar-
tin, voir ci-dessus, p. 293, note 2. Nestlé a donné d'autres fragments
dans sa Grammatica syriaca {Breiiis linguee syriacee grammatica,etc.,
Carlsruhe et Leipzig, 1881), p. 79-83. Quatre homélies ont été traduites
du syriaque dans Mai, Script, veter. nova collectio, IX, p. 72 j, et une
autre dans le Spicilcgium liomanum, X, p. 202; deux homélies dans
Baknes, The fourth book of Maccabees, Cambridge, -1890; et une publiée
par KuGENER dans la Revue de l'Orient chrétien, 1898, p. 435.
3. AssÉMAM, B. 0., I, 49i; Wright, CataL, p. 53i et suiv.
4. WniGUT, The Journal of sacred literature, 18G7, 4'= série, p. 430;
Nestlé, Zeitschr. cler deut. morgenl. GeselL, XXIV, p. 290-291.
5. AssÉMANi, B. 0., 1,487.
6. Comp. Nal', Journal asiatique, septembre-octobre 1898, p. 3i6.
DES PÈRES GRECS. 321
sies de Sévère dAntioclie dont une partie iious est
parvenue ' .
Nous nous arrêtons ici, laissant de côté les versions
des œuvres de Saint Basile, Grégoire de Nysse, saint
Jean Chrysostome , Évagrius du Pont, etc., etc., qui
nont encore été ni éditées, ni étudiées, et dont la no-
menclature se trouve dans les catalogues des bibliothè-
ques publiques de l'Europe. La plupart de ces versions
sont anonymes; celles qui portent un nom dauteur
seront mentionnées dans notre seconde partie.
§ 2. — Versions d'œuvres profanes.
La littérature étrangère, qui n'avait pas un caractère
religieux ou scientitique, n'intéressa guère les Syriens.
Les Sémites eurent peu de goût pour les mythes de
rinde ou de la Grèce qui choquaient leurs idées mono-
théistes, h' Iliade et Y Odyssée passèrent en Syrie,
mais leur passage laissa peu de traces. Le Roman
d'Ale.vandre eut, au contraire, une grande vogue en
Orient; les Orientaux croyaient y lire l'histoire véridi-
que du héros marqué du sceau de Dieu. Quant aux
contes de Kalila et Dimna et aux récits de Sindbàn.
ils y voyaient des livres de morale.
L'histoire fabuleuse d'Alexandre le Grand, mise sous
l'autorité de Callisthène , se répandit de l'Egypte, son
lieu de naissance, dans les autres pays que le conqué-
rant macédonien avait soumis à son joug. L'ancienne
version syriaque du roman de Pseudo-Callisthène - ne
1. WiucHT. CataL, p. 558 et 505, ms. Add. 12181 et 14G00 du Musée
britannique contenant le VI* livre de ces lettres. Comp. ZoTF.Nnrr.c,
CataL syr., n" 42.
2. Publiée par A. Wallis Bldge, The hislory of Alexander the Great,
Cambridge, ISSU, avtjc une introduction et une traduction anglaise.
322 VERSIONS
procède pas directement du grec; elle a passé par un
intermédiaire pehlewi, M, JNœldeke Ta prouvé \ et elle
ne peut être placée plus bas que le VIP siècle. La re-
cension grecque de Pseudo-Callisthène dont elle dérive
remonte évidemment plus haut. Les deux légendes qui
se sont greffées sur le roman primitif — la légende de
la source de vie et la légende de la porte d'airain à la
frontière de Gog et Magog — ne sont pas incorporées
dans le texte syriaque , mais sont ajoutées à la lin du
livre et elles forment un récit à part. 11 est même assez
singulier qu'elles aient été insérées dans certaines re-
censions grecques ^, car le roman est purement païen,
tandis que dans les deux légendes , Alexandre est un
roi juif ou chrétien conduit par Dieu. La version éthio-
pienne a fusionné le tout, et le roi de Macédoine y
parle , du commencement à la fin, non seulement comme
un roi chrétien, mais aussi comme un théologien très
versé dans la connaissance des dogmes^. Ces légendes
remontent au commencement de notre ère; Josèphe et
saint Jérôme connaissent le récit de Gog et Magog.
Mais la version syriaque de ces deux légendes nous
conduit plus bas : Gog et Magog y sont identifiés avec
les Huns qui envahirent la Syrie en l'année 826 des
Séleucides (514-515 de J.-C). On y lit aussi au sujet
des Arabes : « Il arrivera, à la fin de 940 ans, un autre
roi... » ; cet autre roi semble être Mahomet, l'année 940
1. Beitrcige zur Geschichte des Alexanderrotnans , Vienne, 1890, dans
le vol. XXXVni des Mémoires de l'Académie des sciences de Vienne.
2. Dans l'édition grecque de Pseudo-Callisthène imprimée par Muller
à la suite de l'histoire d'Arrien dans la collection Didot {Arriani Ana-
basis et Indica, Paris, 1877) , la légende de la source de vie se trouve
dans le livre H, chap. 37-39, mais seulement d'après C, elle manque
dans A et B; la légende de la porte d'airain, livre ni, chap. 26 et 29,
est donnée d'après B et C, mais A ne l'a pas.
3. Voir A. Wallis Bcdge, The life and exploits of Alexander the Groat
being a séries of ethiopic texts... Londres, 189G.
D'OEUVRES PROFANES. 323
des Séleucides correspondant à Tannée 628-629 de J .-C J
Ces deux légendes forment le canevas d'un petit
poëme sur xVlexandre le Grand, composé très proba-
blement par Jacques de Saroug^. Les manuscrits qui
le contiennent l'attribuent à ce prolifique écrivain^, et
on n"a aucune raison de contester cette attribution. C'est,
il est vrai, une des moins bonnes compositions poéti-
ques de Jacques, mais lauteur était âgé quand il l'é-
crivit. 11 parle de l'invasion des Huns comme d'un évé-
nement récent; cette invasion est lieu en 514-515, date
fournie par la légende en prose; Jacques avait alors
soixante-trois ans. Ce poème a du reste été retravaillé
comme les diverses homélies métriques de l'évèque de
Saroug, et les retouches sont loin de lavoir amélioré.
L'auteur devait avoir entre les mains un texte des lé-
gendes très voisin de celui publié par M. Budge. mais
qui ne contenait pas encore le passage relatif aux Ara-
bes et à Mahomet.
Paul de Lagarde a édité [Analecta syriaca, p. 205-
208) la version syriaque d'une courte biographie d'A-
lexandre, tirée de Pseudo-Callisthène. Le roman grec
a aussi fourni la lettre d'x\lexandre à Aristote dont
nous avons parlé plus haut. p. 279.
1. NoELDEKE, Beitrage zur Geschichle des Alexanderromans , pense
qu'il ne s'agit pas des Arabes musulmans, mais des Arabes antérieurs
qui comijattaient dans les armées des Perses ou des Romains; l'année
9i0 aurait été devinée par l'auteur. C'est peu vraisemblable.
2. Publié d'après un ms. de Paris par Knôs dans sa Chrestomathia
syr., Gœttingue, 1807, p. 66. Une meilleure édition, quoique encore im-
parfaite, a été donnée par Bldgf, , d'après le ms. de Paris et un ms. de
Londres, dans la Zeitschr. fur Assyriologie, VI, 3:>9-40i; traduction an-
glaise par BcDGE dans The history of Alexander the Grcat, Cambridge,
1889 : traduction allemande par A. Weder, DesMar Yakùb Gedicht ûber
den glâubirjen Kônig Alexandrùs, Berlin, 18o-2; et par Zingeule, Ein
altes syrisches Alexanderlied, Briuin, 1882.
3. Knos, Op. cit., traduit fautivement les mots du titre f;yi\ vx^o»
par métro Jacobitico au lieu de composé par Mar Jacques.
324 VERSIONS
Le Pantschatantra sanscrit est la source d'un recueil
de contes dans lequel les personnages sont des ani-
maux et qui est connu sous le nom de Kalila et Dimna.
Ce recueil a passé par le pehlewi en syriaque, avec le
titre de Kalilag et Damnag^, et en arabe avec le titre
plus moderne de Kalilah et Dimnah ^. Le catalogue
d'Ebedjésu^ nous fait connaître l'auteur de l'ancienne
version syriaque ; c'est le périodeute Boud qui vivait au
VP siècle et dont nous avons rappelé précédemment le
Liçre des questions grecques (voir ci-dessus p. 257). La
version arabe , faite également du pehlewi , au VHP siè-
cle , par Abdallah ibn al-Mokaffah , a donné naissance
à d'autres versions postérieures, syriaque, grecque,
hébraïque, espagnole'*. La syriaque a été découverte
dans un manuscrit de Dublin par Wright qui Ta pu-
bliée^. Wright y voit l'oeuvre d'un prêtre syrien qui
l'écrivit au X® ou au XP siècle.
Wright place à la même époque la version du livre
1. La version syriaque a été éditée sur une copie d'un ms. du couvent
de Zafaran à Mardin et traduite en allemand par Bickell, avec une
savante introduction de Benfey, Das Buch von Kalilag und Damnag,
alte syj'ische Ueberselzung, von Gust. Bickell mit einer Einleitung von
Theod. Benfey, Leipzig, 187G. M. Blumenthal a publié des corrections au
texte syriaque d'après d'autres copies acquises par M. Sachau, Zeilschr.
der deut. morgenl. GeselL, xliv, p. 2G7-3-20.
2. La version arabe a été éditée par Silvestre nz^kcn ,Calila et Dimna ,
Paris, 1816; nouvelles contributions par Glidi, Sludii sut teslo Arabo
del libro di Calila e Dimna, Home, 1873, et par Noeldeke, Die E^^zâh-
lung vom Mâusekônig, Gœltingue, 1879, dans le XXV^ vol. des Mémoi-
res de l'Académie de Gœttingue.
3. AssÉMAM, B. 0., ni, pars I, 219.
4. Ces différentes traductions ont de l'importance pour la reconstitu-
tion de la version arabe, dont une édition critique reste encore à faire;
comp. J. Derenbol-ug Directoriiim vitse humanœ, Paris, 1887, Avant-
2)ropos; Keitii Falconer, Kalilah and Dimnah or the fables of Bidpai ,
Londres, 1883, Introduction.
o. The Book of Kalilah and Dimnah translated from Arabie into
Syriac, Oxford, 4884; traduction anglaise par Keitii Falco>'er, Op. cit.y
voir note précédente.
D'OEUVRES PROFANES. 32o
de Sindbàn ou Sindibâdh, en syriaque Histoire de
Sindbdn et des Philosophes qui étaient avec lui^. Le
syriaque dérive de la version arabe que Mousa fit sur
le pehlewi dans la seconde moitié du VHP siècle : il
reproduit la plus courte des deux recensions que l'on
connaît de la version arabe 2. Le syriaque a ensuite
passé en grec dans la traduction de Michael Andro-
poulos, faite pour le prince de Mélitène, Gabriel 1086-
1100), où elle porte le titre de ^wrinaç. C'est à la même
époque que Siméon Seth rendait en grec, à la demande
de lempereur Alexis Comnène, le livre de Kalila et
Dimna^.
Sur une version syriaque des fables d'Ésope, voir
ci-dessus, p. 268.
Il aurait été amusant de retrouver V Iliade et V Odys-
sée travesties sous le costume syriaque dont Théophile
d'Edesse (f 785) les avait affublées . au rapport de Bar-
hebraeus K La traduction de Théophile est perdue, mais
les quelques vers cités par Sévère bar Schakako ^^ prou-
vent par eux-mêmes que cette traduction comprenait
les deux livres d'Homère et non pas seulement les deux
premiers livres de Y Iliade, comme quelques savants
l'avaient cru autrefois 6.
2nfJri''?' Vr^' '''''' ^^''^^'^ '° ^^'^^^ ^^P'-i'^é un spécimen
dans sa Chreslomathxa syr., 2* éd., Halle . 18G8, p. 100.
2. NoELDEKE, ZfHtschr. dev deut. morgenl. Gesell., XXXIN o-M
p.'4i^f^:éd!^sfî^r'"' '' '' ^^ '''''- '' ^' ^^^' ''- ^— '
J'nrTu''^^^-!- ^^^ '•^^"^'^'s et publiés par Lacap.de, The Academy
a;:^^'',::^:^^^ ' '''' "" ^"^^^ '''''^^' -" ^'-^^ ^^-"-•
Le1pz]g''i8lïp.''Ti.""''°'""' ''^''''"' versioniUus et commentais,
LITTÉRATL-RE SYRIAQLE. ig
DEUXIEME PARTIE :
NOTICES SUR LES ÉCRIVAINS SYRIAQUES.
Les notices biographiques sur les écrivains syriaques
compléteront notre étude de la littérature. A raison de
la place restreinte qui nous reste, ces notices seront
nécessairement brèves; elles ne peuvent former une
histoire de la littérature syriaque qui exigerait un
volume entier. Le temps, du reste, n'est peut-être pas
venu d'écrire une histoire complète de cette littéra-
ture; il faut attendre que de nouvelles publications
comblent les nombreuses lacunes qui existent encore.
Les écrivains syriaques peuvent être répartis en trois
périodes d'inégale étendue : la première comprend
l'époque pendant laquelle les Pères de l'Eglise affer-
missent la foi chrétienne et combattent les doctrines
gnostiques, elle s'étend jusqu'au V^ siècle; la seconde,
du Y° au VIP siècle , est marquée par la propagation de
nouvelles hérésies en Syrie : le nestorianisme à l'est et
le monophysisme à l'ouest; la troisième commence
après la conquête arabe.
LES ECRIVAINS JUSQU AU V^ SIECLE.
Nous ne reviendrons pas ici sur ce que nous avons
dit plus haut de Bardesane, p. 241, d'Aphraate. p. 225,
de Siméon bar Sabbâé, p. 133. et de Miles, p. 136;
nous arrivons tout de suite à saint Ephrem.
La biographie de cet illustre Père qui se contenta ,
semble-t-il, du titre de diacre, a été écrite peu de
temps après sa mort survenue le 9 juin 373 ', car Gré-
goire de iSysse et Palladius la connaissent déjà. Nous
n'en possédons plus la rédaction primitive, mais des
recensions postérieures, surchargées d'anecdotes mira-
culeuses-. Le peu de renseignements historiques que
1. Sur cette date voir Lamy, S. Ephrxmi syri hymni et sermones, Ma-
tines. 188-2-1889. II, Proleg., p. viii.
2. Il en existe deux recensions provenant d'un même original et ren-
fermant des variantes importantes : la première dans un ms. du Vati-
can, publiée en grande partie par J.-S. Assémam, B. 0-, I, 2G et suiv.,
et in extenso par Évode Assémam. S. Ephrœmi opéra syr.: la deuxième,
généralement préférable, dans un ms. de Paris, que M. Bickell a fait
connaître, Conspectus rei Syrorum litterarise ,p. 2(3, et Zeilschr. der
deut. morg. Gesell., XXVII, 600-C04; publiée par M. Lamy, S. Ephrœmi
syri hymni et sermones. U, -i-'JO; réimprimée par Bedjax, Acla martyr,
et sanct., III, 621. Deux courts résumés de la vie de S. Êpiirem : l'un au
Vatican, b. 0., I, 2o, et l'autre à Berlin, Lamy, Op. cit., II, Prolego-
mena, VIII. Évode .Assémam a publié, dans la partie grecque de son édi-
tion, S. Ephrxmi opéra griece et latine, I, xix-xliv, les textes des auteurs
grecs relatifs à la vie de saint Éplirem.
332 LES ECRIVAINS
fournit cette biographie s'explique par la vie retirée
que saint Éphrem mena.
Ecrivain d'une rare fécondité, Ephrem imprima au
genre poétique, créé par Bardesane, le caractère que
ce genre conserva pendant les siècles suivants. Ses
hymnes et ses homélies métriques restèrent comme le
modèle que les auteurs postérieurs imitèrent; elles de-
vinrent même célèbres en Occident où elles furent de
bonne heure traduites en grec. Une partie de ces poé-
sies fut composée pour combattre les différents systè-
mes gnostiques qui avaient de nombreux adhérents en
Syrie et en Mésopotamie. L'histoire y trouve malheu-
reusement peu à glaner ; la forme poétique ne convient
pas aux controverses et saint Ephrem était un polé-
miste ardent et non pas un critique impartial. Esprit
étroit mais d'une rectitude parfaite , il travailla à enra-
ciner la foi sans se préoccuper de rendre justice à
ses adversaires. D'autres hymnes et homélies ont été
écrites en vue des principales fêtes de l'année et pour
les chœurs de vierges qui, sous sa direction, prenaient
part à la célébration des offices \
Au physique, saint Ephrem était d'un aspect peu ave-
nant : a Depuis son entrée dans la vie monastique,
rapporte son biographe -, jusqu'à la fin de sa vie, il ne
mangea que du pain d'orge et des légumes secs, quel-
quefois des légumes verts. Il ne buvait que de l'eau ; son
corps était desséché sur ses os , semblable à un tesson
d'argile. Son vêtement était formé de nombreux mor-
ceaux, couleur de fumier. Il était petit de taille; son
visage était toujours sévère ; jamais il ne riait; il était
4. Voir ci-dessus, p. 20 et 21.
2. Dans la receusion du ms. de Paris, voir la note 2 de la poge pré-
cédente.
JUSQL'AU V^ SIÈCLE. 333
chauve et imberbe*. » On vantait sa charité dont il
donna de touchants exemples pendant une famine à
Edesse.
Saint Ephrem naquit à Xisibe au commencement du
lY^ siècle , d'un père qui était prêtre dune idole appe-
lée Abnil [war. Abizal . Dès sa naissance il se crut
prédestiné à travailler pour le culte du vrai Dieu-. Il
s'attacha, comme disciple, à saint Jacques, évêque de
Nisibe. mais il est douteux qu'il ait accompagné cet
évêque au concile de Xicée. C'est par ses miracles, dit-
on, que Sapor fut obligé en 338 de lever le siège qu'il
avait mis devant Xisibe^. Lorsque cette ville fut cédée
au roi perse en 363, saint Ephrem s'expatria avec les
notables: il se retira à Edesse après avoir passé par
Beit - Garbaya et Amid ; il pouvait avoir alors cin-
quante-sept ans^. Pendant son séjour à Nisibe, Ephrem
s'était fait connaître par des hymnes sur les sièges su-
bis par cette ville et sur les évêques qui l'administrè-
rent, Jacques, Babou et Yologèse. Ces hymnes sont
conservées dans un recueil, qui semble avoir été form.é
par leur auteur lui-même et qui est intitulé « Tome des
hymnes de Nisibe composées par le Bienheureux Mar
Ephrem «. Le titre n'est pas très exact, car des
soixante-dix-sept hymnes de ce volume les vingt -une
\. L'auteur du portrait de saint Ephrem. gravé en tête de l'édition
romaine, ne s'est pas inspiré de cette description; il a représenté un
personnage de haute stature avec une longue barbe et vêtu dune lon-
gue robe irréprochable.
2. Comp. Le testament de saint Ephrem dans Téd. romaine, II, p. 230
et suiv. et la Confession de saint Ephrem conservée en grec, ibid.,
partie grecque. I, 11». Ces deux documents semblent être apocryphes.
3. THÉoDor.ET, Hist. eccl., II, 2C; Bakuebrjels, Chron. syr., éd. Brins,
p. 66, éd. Bedjan. p. 61.
4. L'anecdoie de saint Ephrem arrivant à Edesse et des laveuses sur
le bord du Dairan se trouvait dans la rédaction primitive des Actes.
Elle est rapportée , d'après ces Actes, par Grégoire de >ysse, Sozomcne
et Métaphraste.
19.
334 LES ÉCRIVAINS
premières seules lurent écrites à Nisibe , les autres le
furent à Édesse ^ .
Éphrem vécut dix ans à Édesse, et ces dix années
furent consacrées aux publications qui forment la ma-
jeure partie de ses œuvres. Ses premiers travaux dans
la capitale derOsrhoène semblent être les commentai-
res bibliques (voir ci-dessus p. 75), qui lui valurent une
chaire à l'École des Perses, où il eut de nombreux dis-
ciples , dont quelques-uns sont connus -. Il est même
admissible que saint Éphrem et les docteurs qui l'ac-
compagnèrent en quittant Nisibe, furent les fondateurs
de la célèbre école dÉdesse. Le nom sous lequel cette
é3ole est désignée [École des Perses], favorise cette
conjecture , car les Syriens occidentaux désignaient
sous le nom. de Perses leurs coreligionnaires dans
l'empire des Sassanides. L'enseignement de ce Père
comprenait, outre Texégèse biblique, Texplication des
dogmes, et c'est à l'occasion de cet enseignement qu'il
fit paraître ses hymnes contre les hérétiques et les
sceptiques ^.
Si grande que fût Tactivité intellectuelle de saint
Éphrem , ses œuvres suffisent grandement à remplir les
dix années que ce fécond auteur passa à Edesse. On
doit considérer comme controuvés ses voyages en
Egypte où il aurait séjourné huit ans, et à Césarée de
Cappadoce où il aurait visité saint Basile. La légende
de sa prédication en Egypte contre les Ariens est peut-
être née d'une confusion avec Éphrem l'Égyptien;
1. Ce recueil a été édité, de la manière la plus digne d'éloges, par
BicKELL, S. Ephrcemi syri carmina Nisibena, Leipzig, 186G. Il y a une
lacune pour les hymnes 2-2-2i qui manquent.
2. Voir les Actes de saint Éphrem dans les deux recensions et Le
testament de saint Éphrem,, cité ci-dessus.
3. Un recueil de cinquante-six hymnes contre les hérétiques dans le
second volume de Téd. romaine, p. 437-559; et, au commencement du
troisième volume, quatre-vingt-sept hymnes contre les sceptiques.
JUSQU'AU Yc SIÈCLE. 335
celle de la visite à saint Basile a pu être occasionnée
par les passages des écrits de ce Père grec où il est
fait mention du Syrien '.
Erronée est aussi la notice des Actes concernant la
relation faite par Éphrem de l'invasion des Huns-,
laquelle eut lieu au mois de juillet 396, vingt-trois ans
après la mort de ce Père. Fausse encore l'attribution à
Ephrem d'une poésie sur les persécutions de Valens et
l'exil de Tévêque d'Édesse, Barsès; cet exil eut lieu
au mois de septembre 373, trois mois après la mort
d'Ephrem ^. Apocryphe également le panégyrique de
saint Basile par saint Ephrem; celui-ci précéda dans
la tombe l'évêque de Césarée '.
Saint Ephrem écrivit peu en prose : quelques dis-
cours exégétiques^, en dehors de ses commentaires bi-
bliques. Nombreuses, au contraire, sont ses poésies
qui comprennent plusieurs genres et dont nous avons
esquissé les principaux traits plus haut, p. 19 et suiv.*^
\. Le passage des Actes relatifs à la Doxologie se trouve dans le
De Spiritu sancto de Basile, XXXIX, 74: pour Genèse, i, 2, où saint Ba-
sile aurait appris d'un Syrien à remplacer le mot jjlanait par couvait,
voir la deuxième homélie de l'Hexaméron de Basile. Le voyage d'Éphrem
à Césarée est relaté par Grégoire de Nysse , Sozomène et Métaphraste.
2. L'homélie, mise sous le nom d'tlphrem, sur la fln des temps et où
il est question des Huns, est publiée dans l'éd. Lamy, m, 187; M. Nœt-
DZKE, Beitrdge zur Geschichte des Alexanderromans, p. 31, a montré que
la composition de cette homélie est postérieure à la conquête arabe.
3. Éphrem écrivit des hymnes sur les persécutions de Valens et des
Ariens, antérieurement à l'exil de Barsès. Ces hymnes sont conservées
dans le recueil des Carmina Nisibena, édité par Bickf.ll. Sur le récit
auquel se référé la poésie en question, voir Sochate, IV, 18; Sozomène,
VI, 18; TiiÉoDORET. IV, li et lo. Sous rinfluence du Roman de Julien
r Apostat, voir ci-dessus, p. 190-191, la persécution est rapportée dans
le ms. du Vatican non pas à Valens, mais à Julien, et la poésie y est
citée avec de nombreuses variantes.
4. Ce panégyrique existe en grec, éd. romaine, Op. grœce et latine,
U, 289.
o. Publiés dans l'éd. roin., t. II, à la suite de différentes homélies
métriques.
6. Les œuvres de saint Éphrem ne peuvent être ici citées en détail;
336 LES ÉCRIVAINS
Mais toutes les homélies et hymnes mises sous le
nom de ce célèbre auteur ne sont pas sorties de sa
plume; il en est qu'on peut revendiquer pour Isaac
d'Antioche et Narsès (voir ci -dessus p. 19) ou pour
d'autres auteurs (comp. p. préc). La caverne des tré-
sors, (ci-dessus, p. 90), Le testament de saint Éphreni ^
et le poème sur Joseph , fds de Jacob ^j appartiennent
elles ont été publiées à différentes époques et il suffira de rappeler
ces publications. La grande édition de Rome, Ephrcemus syrus, opéra
omnia, 1737-1743, comprend eu six volumes les textes conservés dans
des ms. du Vatican; trois volumes renferment les textes syriaques, et
les trois autres volumes les textes traduits en grec; commencée par
Pierre Mobarak ou Benedîctus, de la Société de Jésus, elle fut achevée
par ETIENNE ÉvoDE AssÉMANi. En d86o, M. OvEUBEciv a édité de nouveaux
textes à Oxford, d'après des ms. du Musée britannique, S. Ephrœmi
syri... opéra selecta, Oxford, 1805. En 186G, M. Bickell a fait connaître
le recueil intitulé Carmina Nisibena, mentionné ci-dessus. Les précé-
dentes éditions ont été complétées par M. Lamy, d'après les ms.de Lon-
dres, d'Oxford et de Paris, S. Ephrœmi syri hymni et sermones, t. I-III,
Malines, 4882-1889, comp. Noeldeke, GôUingische Gelehrte Anzeigen, 1882,
n° 48; 1887, n° 3; Wiener Zeilschrift, 1891, p. 245. Quelques hymnes et
homélies ont été éditées ou rééditées dans la chrestomathiede Hahn et
SiEFERT, dans la chrestomathie de Uiilemanx, dans les tomes I et H des
Moiiumenta syriaca du P. Zixgerle. Le recueil des homélies pour les
Rogations a été imprimé par M. Bedjan à la fui du premier volume de
son Breviarium Chaldaicum, Paris, 188G-1887, et réimprimé dans le
troisième volume de l'éd. Lamy. L'homélie sur l'exil, c'est-à-dire, sur
la vie ici-bas, a été rééditée par M. Haffxer, en 189G, dans les Sitzungs-
berichte de l'Académie des Sciences de Vienne, t. XXXV, n° IX, Die Ho-
milie des heiligen Ephràm von Syrien ûber das Pilgerleben; elle avait
déjà été imprimée dans le IIF vol. de l'éd. romaine.
1. Impiimé en grec et en syriaque dans le n« vol., partie grecque, de
l'édition romaine; réimprimé en syriaque, d'après d'autres manuscrits,
parOvERBECK, S. Ephrxmi... op. sel., p. 137.
2. Salomox de Bassora, dans son livre de L'Abeille, éd. Bldge , p. 47,
attribue ce poème à saint Éphrem. Un ms. du Musée britannique, du
VP siècle, qui renferme les cliants I et Vlll, édités par Overceck,
S. Ephrxmi... op. sel., p. 270-330, indique Balai comme l'auteur de
l'ouvrage. Cette épopée, une des meilleures compositions de ce genre,
comprend douze chants, et elle est suivie d'une homélie sur la trans-
lation des reliques de Joseph à Constantinoplc, composée par un cer-
tain Bani. Elle a été éditée par M. Bedjan, Histoire complète de Joseph,
Paris, 1891. En 1887, M. Bedjan avait fait une première édition d'a-
près un autre ms. qui ne renfermait que les dix premiers chants; ces
JUSQUWU V*' SIÈCLE. 337
vraisemblablement à l'école d'Édesse, mais non à saint
Éphrem lui-même. Les actes d'Abraham de Kidoiina
et Les actes de Julien Saba ont aussi été attribués à
saint Éphrem, comme nous l'avons rapporté ci-dessus,
p. 159.
Les disciples de saint Ephrem ne brillèrent pas. bien
loin de là, du même éclat que leur illustre maître. On
cite de :Mar Aba des commentaires bibliques (voir ci-
dessus, p. 76); de Zenobius, qui était diacre delÉglise
d'Édesse, des traités contre Marcion et Pamphyle, des
épîtres et une vie d'Éphrem ^ ; de Paulonas ou Pauli-
nus, qui est traité d'hérétique dans Le testament de
saint Éphrem, des hymnes et divers écrits contre Mar-
cion et les sceptiques 2.
A la fin du IV^ siècle vivait Balai ^ , qui semble
avoir été chorévêque du diocèse d'Alep. Ses hymnes,
écrites dans le mètre pentasyllabique, perpétuèrent son
nom"^.
La vie de Cyrillona est aussi peu connue que celle
de Balai, dont il était le contemporain. Cyrillona est
l'auteur d'un poème sur les calamités qui arrivèrent de
son temps : le fléau des sauterelles et Tinvasion des
Iluns. Dans un passage de ce poème il est dit : « Une
dix chants ont été réimprimés et traduits par M. Lamy, S. Ephrtemi
syri hymni el sermojies, t. UI.
i. AssF.MAM, B. 0-, I, 108. On a cru que Zenobius clait de Gozarte,
parce que, dans Le testament de S. Ephrem, répilhète de PUk^ est
accolée à son nom, mais le mot syriaque signifle « vaillant . et non
pas « de Gozarte ».
2. AssKMAM, B. 0., in, pars I, 170.
3. Comp. un passage de BAunEBn.ccs, B. 0., I, 166, où Balai est placé
après saint Éplirem et avant le concile d'Épliêse.
4. I.a plus grande partie de ce qui en reste a été publiée, d'après les
ms. du Mus.;e l)rilanuiquc, par Oveubeck, S, Ephrœmi... op. sel.,
2.j1-33(k VVemg a édite un cantique sur la mort de Moïse avec un poème
liturt,'i.iue, Schola syriaca, chreslomalhia, Innsbruck, 18GG, p. 1GO-I6-2.
D1CKE1.L a donné, dans son Conspeclus rci lilt., p. 46, note 5, la traduc-
lion d'une hymne sur le martyre de saint Fauslin.
338 LES ÉCRIVAINS DU IVe SIÈCLE.
année ne s'est pas encore écoulée depuis que les Huns
ont ravagé la Syrie. » L'invasion de ces barbares ayant
eu lieu au mois de juillet 396 (et non 395), comme nous
rapprennent les chroniques syriaques , c'est en 397 que
cet ouvrage fut composé. On possède encore de Cyril-
lona quelques autres poésies, de différents mètres, sur
le crucifiement, sur la Pâquc et sur le froment. Ces
œuvres ont été publiées par M. Bickell dans la Zeitschr.
der dent, morgenl. Gescllschafty XXVII , 566 '. ^I. Bi-
ckell identifie Cyrillona avec Absamya , le neveu de saint
Éphrem, qui, nous le savons par la Chronique d'Edesse
et la Chronique ecclés. de Barhebrœus, composa des
hymnes et des homélies sur l'invasion des Huns.
Absamya aurait pris le nom de Cyrillona en recevant
Tordre du sacerdoce; ce n'est qu'une hypothèse, mais
une hypothèse vraisemblable ^.
Le moine Grégoire se rendit d'Orient (de Palestine?)
en Chypre où il entra en relations avec saint Epiphane,
évéque de Salamis, et un moine du nom de Théodore.
A ceux-ci sont adressées plusieurs de ses épîtres ; son
principal ouvrage est un traité sur la vie ascétique ^.
1. Voir aussi Whigiit, Calai., p. 070-671; Ovep.beck, Op. cit.. 379-381:
CAr.DAiii, Liber Thesaïun de arte poetica, 27-29. Une traduction alle-
mande en a été donnée par Bickell dans la Bibliolhek der Kirchenvii-
ter de Tallhofer, n" 41.
2. Wright, Syriac Hier., 2^ éd., p. 42, objecte qu'il est surprenant que
les chroniques syriaques qui parlent d'Absamya ne le connaissent pas
sous le nom de Cyrillona.
3. AssÉMAM, B. 0., I, 170-174, et III, pars I, 191, a publié quelques
épitres et des fragments du traite; conipaier ci-dessus, p. 231.
n
LES ECRIVAINS JUSQU AU VII® SIECLE,
Cette période de Ihistoire littéraire des Syriens est
la plus brillante ; elle compte de nombreux auteurs qui
se distinguèrent dans divers genres et elle embrasse
l'époque la plus intéressante pour l'histoire de l'Église
orientale. Au commencement les Syriens , quoique di-
visés par les frontières des empires romain et perse,
ne forment encore qu'une grande famille religieuse.
Antioche, Edesse, Xisibe et Séleucie du Tigre sont les
principaux centres intellectuels qui relient entre eux les
membres de cette famille, jusqu'au jour où les schismes
les fractionneront en deux tronçons.
§ 1. — Les Orthodoxes.
En Perse, les actes des martyrs, les canons ecclésias-
tiques et les commentaires bibliques sont les premiers
documents littéraires des Syriens pendant cette pé-
riode ^ En Mésopotamie, Edesse témoigne d'une acti-
vité intellectuelle sur laquelle nous reviendrons bientôt.
1. Voir ci-(lcssus : Marouta, p. 132-133 et 171-172; le patriarche Isaac,
p. 133 et 176; le patriarche Dadjésu , p. 82 et 176
340 LES ÉCRIVAINS
En Syrie. Isaacle Grand est, à notre connaissance , le
premier qui écrivit en syriaque.
Isaac le Grand ou Isaac d'Antioche naquit à Amid et
étudia à Edesse sous la direction de Zenobius, le disciple
de saint Ephrem. Ses études terminées, il se rendit
à Antioche et, après y avoir reçu le sacerdoce, il se
retira dans un des couvents aux environs de la ville.
C'est vraisemblablement à cette époque de sa vie qu'eut
lieu le voyage à Rome dont parle son biographe ^ et
qu'il composa un poème sur les jeux séculaires célébrés
à Rome en 404 2. Il écrivit aussi, dit-on, sur la prise
de cette ville par Alaric en 410. On ignore la date de
sa naissance et de sa mort , mais Isaac survécut au
tremblement de terre , arrivé à Antioche en 459 , car,
selon Gennadius , ce tremblement est le sujet d'une de
ses poésies. C'est à ces poésies qu'Isaac dut le glorieux
renom dont il jouit en Syrie , quoiqu'elles nous parais-
sent parfois fastidieuses par leur prolixité ^, mais on
les lit avec profit; elles fournissent à Ihistorien des
renseignements sur l'ancien culte des astres à An-
tioche et sur les partisans d'Eutycliès et de Nestorius,
que cet illustre moine combattit. Ses homélies mé-
triques sur les guerres des Perses et les invasions des
Arabes contiennent des faits historiques et des esquisses
des mœurs et de la religion des tribus arabes. Isaac a
peu écrit en prose : on cite de lui des questions et des
règles ascétiques. Ses œuvres poétiques sont volumi-
neuses; le patriarche jacobite, Jean bar Schouschan,
avait entrepris de réunir ces œuvres en un recueil,
mais la mort du compilateur, survenue en 1073, a in-
1. Voir La>d, Anecdota syriaca, ni, p. 8i.
2. Voir TuLi.REP.G, Dionysii Tebnahharensis Chronici liber prunus,
l'psal, I80I, p. ri2.
3. L'une d'elles a 2133 vers, une autre 1»23 vers, voir ci-dessus, p. 20.
JUSQU'AU VIP SltCLE. 341
terrompii son travail'. M. Bickell a commencé une
édition complète qui, d'après la liste qu'il a rédigée,
devait comprendre deux cents numéros , mais il s'est
arrêté après le second volume - : le premier volume a
quinze numéros et le second, vingt-deux^.
Il nest rien resté des œuvres de Dàdà , un moine
d'Amid, qui fut délégué par les habitants de cette ville
à Constantinople pour demander une diminution d'im-
pôts justifiée par les ravages de la guerre et de la fa-
mine. On attribue à cet écrivain, contemporain d'Isaac,
trois cents traités sur divers sujets et des hymnes ''.
Rabboula, nommé évêque dÉdesse en 412, est connu
par sa foi ardente et ses luttes contre les hérésies au-
tant que par son œuvre littéraire^'. Il était né à Kennes-
rin près d'Alep dans le paganisme; son père, un prêtre
païen, sacrifia, dit-on, en Ihonneur de Julien l'Apostat
lors de l'expédition de celui-ci contre les Perses; mais
sa mère était chrétienne. Rabboula fut converti et
baptisé par Eusèbe, évêque de Kennesrin, et Acacius,
évêque d'Alep. Le nouveau prosélyte se consacra tout
entier à la religion qu'il venait de confesser; il vendit
ses biens, dont il distribua le produit aux pauvres, et
se retira d'abord dans le couvent d'Abraham et ensuite
1. Voir Bartif-dreus, Chron. eccl., I, 447.
2. Isaaci Anliocheni opéra omnia, Giessen, I, 1873; II, 1877.
3. Avant Bickell, il avait élé cdito peu des écrits d'Isaac : quelques
fragments dans la Bibl. Orient. d'AssÉMAM, I, p. -207; l'iiomélie sur
l'amour de l'élude dans les Monumenia syriaca de Zixgerle. I, p. 13;
un extrait de la môme homélie dans le Liber Ihesauri du P. Cardahi
avec des fragments de deux autres homélies, p. 21; une hymne sur le
crucifiement dans les S. Ephrœmi, etc., opéra selecta d'OvEr.r.ECK. p. 37«).
Zi>"GERi,E a traduit en allemand d'autres hymnes sur le même sujet
dans la Theol. Quarlalschrift de Tuhingue en 1870.
4. Wright, Syriac lit., 2« éd., p. oi; comp. Land, Anecd. syr., III,
p. Si.
ti. Son histoire est racontée dans le document dont nous avons parlé
plus haut, p. IGI.
3Î2 LES ÉCRIVAINS
dans un lieu solitaire pour y mener la vie ascétique.
Gest là quAcacius l'alla chercher pour le conduire sur
le siège épiscopal d'Edesse que la mort de Diogène
avait laissé vacant. Evéque, Rabboula s'appliqua avec
énergie à déraciner les anciennes hérésies que saint
Éphrem avait combattues, mais qui comptaient encore
des adeptes à Edesse. Il semble avoir hésité d'abord à
rejeter la doctrine de Théodore de Mopsueste dont
Nestorius venait de se faire le champion, mais son
hésitation ne fut pas de longue durée. Rabboula se
déclara bientôt le partisan de Cyrille d'Alexandrie , qui
devint son ami et dont il traduisit le traité De recta
ficle '; il alla attaquer Nestorius à Constantinople même
où il prononça un grand discours devant Théodose II.
Son biographe , qui traduisit en syriaque ce discours^,
fait ressortir le courage dont l'évêque d'Edesse fit
preuve dans cette circonstance, car Tévêque de Cons-
tantinople jouissait de la faveur de l'empereur. La po-
lémique continua par écrit; le même biographe men-
tionne « quarante-six lettres de Rabboula adressées
aux prêtres , aux empereurs, aux principaux personna-
ges et aux moines , que nous chercherons avec Taide
de la grâce divine, ajoute-t-il, à traduire du grec en
syriaque, afin que ceux qui les liront apprennent quelle
ardeur enflammait son zèle divin ^. »
1. Voir la lettre de Cyrille à Rabboula, Overdeck, Op. cit., p. 228. La
version de Rabboula existe au Musée britannique; elle a été éditée par
le P. Bedjan dans le tome V des Acta martyrum et sanctorum, p. 628-
696.
2. Ce qui nous reste de cette version a été publié par Oveubeck, Op.
cit., p. 239 et suiv.
3. Quelques-unes de ces lettres traduites en syriaque nous sont par-
venues, soit en entier, soit en partie, et ont été publiées par Ovekdeck
S. Ephraemi etc., opéra selecla, d'après des nis. du Musée britannique,
il y en a qui font partie de la correspondance suivie que Rabboula eut
avec saint Cyrille. Guidi a publié, d'après le ms. syr. 107 du Vatican,
une lettre de saint Cyrille à Rabboula, qui ne se trouve pas dans la col-
JUSQU'AU VIP SIÈCLE. 343
Pendant son épiscopat, Rabboula donna en exemple
à son clergé sa vie dhumilité et de privations , et il
chercha , par des canons et des avertissements ' , à sou-
mettre les religieux aux pratiques ascétiques. On van-
tait sa charité et on rapportait de nombreux témoi-
gnages de son dévouement pour les pauvres et les
malades; mais sa sévérité tyrannique le fit plus craindre
qu'aimer des personnes de son entourage. Ce saint
évêque mourut le sept août 435-. Ce qui est resté de
ses œuvres a été publié par M. Overbeck dans son livre
iS". Ephrœmi, etc. ^ opéra selecta, p. 210 et suiv. , et
traduit en allemand par M. Bickell dans la Bibliothek
der Kircheiwater de Tallhofer, n"^ 103-104. Il faut
ajouter un discours inédit sur les aumônes faites pour
les âmes des défunts et sur la défense des fêtes à l'oc-
casion de la commémoraison des morts; ce discours
se trouve dans un ms. de la Laurentienne de Florence ^.
§ 2. — Les Nestoriens.
La guerre que Rabboula avait déclarée au nestoria-
nisme fut interrompue à Edesse par la mort de cet
évêque. A Rabboula succéda Ibas qui professait à l'E-
cole des Perses et qui était un partisan avéré de Nes-
torius. C'est à ce docteur et à ses disciples, nous l'a-
vons déjà dit '', que les Syriens devaient leurs premières
traductions des œuvres de Diodore de Tarse et de
Théodore de Mopsueste. Rabboula avait condamné ces
leclion Overbeck, Rendiconti délia R. Accademia dei Lincei, mai-juin
1886, 416 et UG.
i. Voir ci-dessus, p. 179.
2. Date fourûie par la Biographie; le 8 août 435, indiqué par la Chro-
nique d'Édesse, est le jour de l'enterrement.
3. Év. AssÉMAM, Cat. cod. ms. Orient. Bibl. Palat. Medic. , p. 107. Sur
une version du Nouveau Testament par Rabboula, voir ci-dessus, |). 48.
4. Voir ci-dessus, p. 316.
344 LES ÉCRIVAINS
ouvrages et en avait fait brûler des exemplaires * . Ibas
devenu évêque , le nestorianisme trouva la voie libre en
Mésopotamie , et la célèbre lettre que le nouvel évéque
adressa à ^lari le Perse en encouragea la propagande
chez les Syriens orientaux. Attaqué au sujet de cette
lettre aux conciles de Tyr et de Beirouth, Ibas fut ac-
quitté, mais au second concile d'Ephèse, en 449, il fut
compris avec son neveu Daniel, évêque de Harran,
dans la condamnation qui frappa Flavien de Constan-
tinople, Domnus d'Antioche, Irénée de Tyr, Eusèbe de
Dorylée. Sophronius de Telia et Théodoret de Cyr.
Ibas fut exilé et remplacé à Edesse par Nonnus ^. Son
exil ne dura que deux ans ; après le concile de Chalcé-
doine , qui était principalement dirigé contre Eutychès
et les monopliysites, Ibas revint sur son siège épiscopal
où il demeura en paix jusquà sa mort, survenue le 28
octobre 457. Le catalogue d'Ebedjésu attribue à Ibas,
outre un commentaire sur les Proverbes (voir ci-dessus
p. 82\ des homélies, des hymnes et une controverse
avec un hérétique^.
La mort dTbas occasionna l'expulsion d"Edesse des
partisans de cet évêque, qui enseignaient ou étudiaient
à l'École des Perses , mais cette école ne fut définiti-
vement détruite qu'en 489 par ordre de Tempereur
Zenon. Les noms des exilés, avec les sobriquets qui
leur avaient été donnés à l'école, nous sont fournis par
la lettre de Tévêque monophysite Siméon de Beit-Ars-
cham, écrite vers 510 et qui est le document le plus
ancien sur la propagation du nestorianisme en Perse ''.
1. AssÉMANi, B. 0., ni, pars I, SG; pars If, 73.
2. Il existe de cet évêque une lettre adressée à l'empereur Léon sur
le concile de Chalcédoine, Assémam, D. 0., I, 257 et 405.
3. Assémam, B. 0., HI, i^ars I, 8G.
4. Publiée par Assémam, B. 0., I, 436, et réimprimée dans la Chreslo-
matliie de Michaelis.
JUSQU'AU VIl° SIÙCUE. 3io
Siméon est partial et injuste envers ses adversaires ,
mais bien informé. Il nomme parmi les habitants
d'Édesse qui se retirèrent sur le territoire perse, où
ils jouirent de la faveur du roi Péroz : Acacius , Bar-
sauma, Mana. Abschouta, Jean le Garaméen , Mika.
Paul, fils de Kaki, Abraham le Mède , Xarsès, Ezalia.
Presque tous devinrent évêques en Perse; quelques-
uns furent des écrivains connus.
Acacius fut élu patriarche de Séleucie en 484 ' et
vécut jusqu'en 496-. Barhebrœus mentionne la mission
dont il fut chargé par Péroz auprès de lempereur
Zenon ^. Ce patriarche composa des homélies sur le
jeûne et la foi et des traités contre les monophysites;
il traduisit en persan, pour le roi Kawad, le traité sur
la foi d'Elisée ou Osée, le successeur de Barsauma
sur le siège de Xisibe-*. Le patriarche Acacius ne doit
pas être confondu avec Acacius, évêque dAmid, dont
les épîtres ont été commentées par Mari, évêque de
Beit-iVrdaschir. Tun des premiers apôtres du nestoria-
nisme en Perse. On rapporte qu' Acacius d'Amid ven-
dit en 422 les vases sacrés de l'évêché pour racheter
les captifs faits par les Romains dans le Beit-Arbayé •^.
Barsauma. avant dêtre professeur à TEcole des Per-
ses, avait été, prétend Siméon de Beit-Arscham. l'es-
clave de Mara de Beit-Kardou près de Gozarte . 11
était au nombre des exilés de l'année 457 , et c'est en
efîet à partir de cette époque qu'il se signale par son
i. BAnnEURJics, Chron. eccl., H, 72.
2. Amr, éd. GiSMONDt, p. 3.>.
3. BAF'.iiEEr.iLS, Chron. eccL, II, 75.
4. AssÉMAM, B. 0., III. pars I, C9, 378 et 634; le savant Maronite a
cherché en vain à disculper Acacius de rtiércsie de Nestorius; comp.
Wr.icnT, Syriac lilt.,Z* éd., p. GO. Sur le concile d'Acacius. voir ci-des-
sus, p. 17G.
5. Comp. Mari, éd. GisMONor, pars I, p. 31. Acacius d'Amid était nes-
lorien, voir Wirght, Syriac lit., 2« éd., p. tl.
346 LES ÉGl\I VAINS
despotisme comme évêque de Nisibe^ Il dicta les pre-
miers statuts de l'École de Nisibe- et établit le mariage
des prêtres avec le consentement du patriarche. Ses
écrits se composent, suivant le catalogue d'Ebedjésu,
d'exhortations, d'oraisons funèbres, d'hymnes, de let-
tres et d'une liturgie^.
Narsès accompagna Barsauma à Nisibe où il fonda
l'école de cette ville , qui devint l'un des plus célèbres
centres de l'enseignement chez les Syriens orientaux. Il
était de Maalta au nord-est de Mossoul et vint étu-
dier sous Ibas à l'École des Perses. La seconde partie
de sa vie se passa à l'Ecole de Nisibe qu'il dirigeait,
sauf une courte interruption , quand il se retira chez les
Kurdes à la suite d'un différend avec Barsauma. Suivant
Barhebrseus , Narsès vécut cinquante ans après son dé-
part d'Édesse où il avait séjourné vingt années; ce dé-
part ayant eu lieu en 457, sa mort tomberait en 507^.
Les ÎNIonophysites lui donnèrent le surnom de Le lé-
preux, mais les Nestoriens, qui goûtaient fort ses poé-
sies, l'appelèrent La harpe du Saint-Esprit. Ces poésies,
suivant Ébedjésu, étaient au nombre de 360 et formaient
douze volumes. Un de ces volumes, contenant des ho-
I.Son départ définitif d'Edesse n'eut donc pas lieu sous Rabboula,
comme le dit AsstMAM, B. 0., IH, imrs II, 78, ni en 489, comp. Barde-
BP.^LS, Chron. eccl., t. II, p. 55, note i.
2. Ces statuts ne se sont pas conserves, mais on possède ceux de son
successeur Elisée ou Osée, publiés en 49G, Glidi, Gli Statuti délia scuo-
la di Xisibi, Rome, 1890.
3. AssÉMAM, B. 0., III, jyars I, CG. Sur ses lettres à Acacius, voir ci-
dessus, p. 176. Une hymne au Musée britannique, Calai. Wright,
p. 130; comp. Maclea:^, East Syrian Daily Offices, Londres, 1894, p. 226.
4. ]i\i\uE[iP,.'Evs, Chron. eccl., II, p. "7. Barliebrœus confond la date de
l'exil (457) avec celle de la deslruciioi) de 1 École des Perses (489). AssÉ-
MAM, B. O.y II, 402, et 407, note 2, fixe à tort cet exil sous Rabboula vers
431. DiCKELL, Conspeclus rci Syrorum liu., p. 37, et, après lui, Feldmann,
Syrische Wechsellieder von .\arses, p. 3, prennent sans fondement
l'aiince 496 pour la morl de N'arsès, Celle année est celle de la mort
d'Acacius, d'après Amr.
JUSQU'AU VII<= SIÈCLL:. 347
mélies suivies de cantiques, est conservé à la Bibliothè-
que royale de Berlin et au Musée Borgia à Home. Un
autre ms. de Berlin, Coll. Sachau, n"^ 219, renferme
un poème en mètres de douze syllabes sur Joseph, fds
de Jacob. Quelques hymnes se trouvent dans le bré-
viaire nestorien et dans des manuscrits de la Biblio-
thèque du patriarche orthodoxe de Jérusalem'. Narsès
affectionnait, dit-on, le mètre de six syllabes, mais ses
poésies publiées jusqu'à ce jour sont dans les mètres
de sept et douze syllabes. Ebedjésu attribue encore à
Narsès des commentaires (voir ci -dessus, p. 82); une
liturgie; des explications sur la communion eucharis-
tique et le baptême ; et un livre intitulé Siu^ la corrup-
tion des mœurs.
Mari, évoque de Beit-Ardaschir, est surtout connu
par la lettre que lui adressa Ibas. Outre son commen-
taire sur Daniel (ci-dessus, p. 82), et sur les épîtres
d'Acacius d'Amid (ci-dessus, p. 345\ il écrivit un traité
de controverse contre les mages de Nisibe-.
INIana traduisit à Edesse une partie des œuvres de
Théodore de Mopsueste^. Selon Siméon de Beit-Ar-
1. Voir Journal asiatique, janv.-février 1894, p. 9G. \\ a été édité peu de
choses des œuvres de Narsès : une hymne d'après un ms. du bréviaire
nestorien à la Bibliothèque de Munich par HA>EBEr.G, Zeitschr. der deut.
morgenl. Gesell., III, p. 235; dans d'autres ms., cette hymne est attribuée
à S. Éphrem et est imprimée dans l'édition romaine de S. Éphrem; la
première partie d'une longue homélie sur l'intelligence, probablement
d'après le ms. du Musée Borgia, par le P. Cardaiii, Liber Thesauri,
p. 47; un fragment d'une homélie, par le P. Bedjan dans le Brevia-
rium Chaldaicum, Paris, 188G, I, 4G8; un fragment de l'homélie sur
saint Jean-Baptiste, par le P. Gismondi, LinQux syriacœ grammatica,
Beiroutli. 1890; une partie du poème sur Josei)h par Guabowski, Die
Geschichte von Mar Narsès, Berlin, 1889; les cantiques des ms. de Berlin
et du Musée Borgia par Sacuac et Fkldmann, voir ci-dessus, p. 23;
quelques-uns de ces cantiques ont été atlril)ués à saint Éphrem, voir
Feldmann, Syr. Wechsellieder uon iS'arses, Leipzig, 1896; NuELDEKE,Li7er.
Cenlralbatt, 1897, n°3 , p. 94; comp. Maclean, East... Offices, p. 161 et 1G8.
2. AssKMANt, D. 0., III, pars I, 171.
3. Voir ci-dessus, p. 31G, note 2.
348 LES ECRIVAINS
scham , il fut expulsé de cette ville avec les Nestoriens
de l'École des Perses à la mort d'Ibas en 457; il se re-
tira en Perse, fut nommé métropolitain de Perse et
ensuite patriarche des chrétiens de l'Orient. 11 est donc
inadmissible qu'il ait succédé, dans cette dernière fonc-
tion, à Yaballaha I en 420^ ; il y a encore dans l'histoire
de cette époque bien des obscurités à éclaircir. On at-
tribue à jNIana des versions pehlewies de livres syria-
ques, qu'il aurait faites après son établissement en
Perse.
Mika, après son expulsion d'Edesse, devint évêque
de Laschom dans le Beit-Garmai. Il composa un com-
mentaire sur le livre des Rois (ci-dessus, p. 82) ; un pa-
négyrique de son prédécesseur Sabrjésu et d'un certain
Kantropos (?) ; un traité sur Les cinq j-aisons des Ses-
sions (ou xadlo/iiuTa) du Psautier (Assémani, B. 0, III,
pars I, 169-170).
Yazidad accompagna Barsauma et Narsès à Nisibe.
Ebedjésu lui attribue une compilation , )4-^a^y i^&o [B.
0., m, pars I, 226).
On ne sait à quelle époque appartient Ara, qui écrivit
un traité contre les mages et un traité contre les disci-
ples de Bardesane.
Au VP siècle, l'œuvre de propagande était accom-
plie et la grande majorité des chrétiens de la Perse
confessaient le dogme des deux natures et des deux
personnes. Nous passerons rapidement sur les écrivains
nestoriens de cette époque, dont les uns ont figuré
dans notre première partie et dont les autres sont peu
connus. A Nisibe, l'école fondée par Narsès prospère
sous les successeurs de celui-ci : Abraham, son neveu,
1. AssÉMAM, B. 0., ni, pars I, 376; Lamy, Chron. eccL, de Barhebr.el-s,
II, p. 58 , note 1; Noeldeke, Tabari, p. 419; Wr.iGUx, Syriac Ut., 2* éd.,
p. 63, d'après Barhebrœus et Elias de Nisibe.
JUSQU'AU Vile SIÈCLE. 349
Jean et Joseph d'Alnvaz. L'enseignement de ces maîtres
donne naissance à divers travaux : Abraham et Jean
publient des commentaires bibliques (ci-dessus p. 82-83)
et des hymnes'. Joseph d'Ahwaz est le premier gram-
mairien syriaque [ci-dessus, p. 70 et 299 -.
A un disciple d'Abraham de Nisibe, nommé Abra-
ham bar Kardahé, ou Abraham fils des forgerons,
Ebedjésu attribue des homélies, des discours consola-
tifs au sujet des défunts, des sermons et une lettre
contre un certain Schisban, probablement un mage. Un
autre Abraham, Abraham KdXmd. [le subtil , qui vivait
à la fin du VP siècle, écrivit des sentences et des ques-
tions^.
Paul , un disciple du patriarche Mar xA.ba , qui devint
évêque de Nisibe , composa un commentaire sur lEcri-
ture sainte (ci-dessus, p. 83); des lettres; et une con-
troverse, probablement adressée à Justinien^.
Théodore, nommé évêque de Merv en 540, composa,
selon Ebedjésu^, un commentaire sur les Psaumes fci-
dessus, p. 83), des solutions de questions philosophi-
ques (ci-dessus, p. 256), un poème sur saint Eugène, le
fondateur du monachisme en Mésopotamie, et ses com-
pagnons^, et un livre sur divers sujets.
Gabriel, évêque d'Hormizdaschir, le frère de Théo-
dore, écrivit des livres de controverse contre les Mani-
1. AssÉMANi, B. 0., III, pars I, p. 7-2; comp. p. G3i et 708. Une hymne
d'Abraham se trouve dans le psautier ncslorien, comp. ^VI;IGUT, Syr. lit.,
2= éd., p. 114, note 4; Maclean, East Syrian Daily Offices, p. 99.
2. Nous renvoyons à la première partie pour d'autres auteurs : le pa-
triarche Mar Aba, p. 218; Abraham de Kaschkar, Mar Babai, etc., p. 221-
223; et les ascétiques, p. 231 et suiv.
3. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 223 et 22:i.
4. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 632; pars II, 89.
5. AssÉMAM, B. 0., m, pars I, 1*7.
6. Comp. ci-dessus, p. V6i. Le poème attribué à Théodore semble éti e
postérieur à cet auteur; M. Hoffmann , AuszÛQe aus syr. Aklen, p. 167,
y voit une composition de George Warda du XIII» siècle.
■20
3oO LES ÉCRIVAINS
chéens et les Chaldéens et environ trois cents chapitres
sur des questions difficiles des Ecritures ^
Joseph, élu patriarche en 552 et dont nous avons cité
les canons synodaux (ci-dessus, p. 176), pratiqua d'a-
bord la médecine à Nisibe. Ayant eu la fortune de gué-
rir d'une maladie Chosroès Anoschirwan, il dut à ce roi
son élévation au siège patriarcal. Suivant Barhebraeus^,
il se montra dur et cruel envers ses évêques , qui ob-
tinrent sa déposition trois ans après qu'il était entré
en fonctions. Après sa déposition Joseph écrivit une
histoire des patriarches nestoriens ses prédécesseurs.
Barhebrœus l'accuse d'avoir fabriqué les lettres de con-
solation, adressées à Papas et qui circulaient sous le
nom de Jacques de Nisibe et de saint Éphrem^
Hannana d'Adiabène, le successeur de Joseph d'Ah-
waz à l'École de Nisibe, attira de nombreux disciples
auprès de lui, huit cents, dit-on ''. Il est l'auteur d'un
schisme qui agita l'Église nestorienne pendant quel-
que temps et dont nous avons eu l'occasion de parler
plus haut, p. 236. Ses œuvres se composent de commen-
taires (ci-dessus, p. 83); d'explications sur le Credo,
la liturgie, le dimanche des Rameaux, le Vendredi
d'or \[q premier vendredi après la Pentecôte) , les Ro-
gations et rinvention de la Croix; et divers traités dans
lesquels il suivait les commentaires de saint Jean Chry-
sostome et s'éloignait de ceux de Théodore de Mop-
sueste. Hannana revisa les statuts de l'Ecole de Ni-
sibe et publia sa revision en 590 ^. Il compta parmi ses
1. ÂssÉMAM, B. 0., ni, pars I, 147.
2. Chron. eccL, H, 95-'J7 ; comp. Assémant, B. 0., MI. pars I, i3-2.
3. Chroji. eccL, U, p. 31 ; comparer ci-dessus, p. 13G. Sur Paul le Perse
et le périodeule Boud qui apparlienncnt a celle époque, voir ci dessus,
p. 2j6-2o7 el 32i.
4. AssÉMAM, B. 0., Ill, pars I, p. 81.
5. VoirGt'iDi, eu slaluli délia Scuola di Nisibi, Rome, 1890; Abbé
Chabot, Journal asiadque, juillel-aoùl 1896, p. 62.
JUSQU'AU VIP SIECLE. 351
partisans Joseph d'Adiabène sur lequel Le livre de la
chasteté contient une notice que nous avons analy-
sée (ci-dessus, p. 236).
Jésuyab I, patriarche des Xestoriens (581-595 , dut
son élévation au siège patriarcal à la faveur dont il
jouissait auprès des rois de Perse, Hormizd IV et Cho-
sroès II. Il était originaire du Beit-Arbàyé (aujourd'hui
le Tour-Abdin) ; il fit ses études à TEcole de Xisibe ;
quand il fut élu patriarche , il était évèque d'Arzoun. La
mort l'atteignit au couvent de Hind. à Hira, pendant
une visite qu'il faisait au roi des xVrabes , Xoman ibn al-
Mondhir, récemment converti au christianisme (comp.
ci-dessus, p. 219). Ebedjésu, dans son catalogue^cite de
Jésuyab : un traité contre Eunomius ; un autre contre
un évêque monophysite avec lequel il avait eu une con-
troverse sur les dogmes ; vingt-deux questions sur les
Sacrements-; des canons et des lettres synodales ci-
dessus, p. 176); et une apologie (ci-dessus, p. 170;.
Jésuzeka, ou Zekajésu, ou encore Meschihazeka^,
était moine du couvent du mont Izla: il quitta ce cou-
vent avec les moines que Babai l'archimandrite en
avait chassés, et se retira dans le diocèse de Dasen où
il fonda le couvent de Beit-Rabban-Zekajésu ou, par
abréviation, de Beit-Rabban, il est cité comme auteur
dune histoire ecclésiastique ci-dessus, p. 214 '.
§ 3. — Les Monophy sites.
La littérature nestorienne ne nous est connue que par
ses grandes lignes et il est difficile de la juger par ses
\. AssÉMAM, B. 0., ni. parsl, 108.
2. Un spécimen dans le Cal. Val., HI, 280, n» 1î>0, v.
3. C'est-à-dire Jcsus ou le Christ a triomphé.
4. Sur Ai>raham, al>bé du couvent du Mont Izla, voir ci-dessus, p. 179;
sur son successeur, Dadjésu. p. 156, 179, 239.
3c2 LES ÉCRIVAINS
œuvres mêmes qui nous sont parvenues en si petit
nombre. Elle ne brilla pas cependant du même éclat
que la littérature monophysite et elle n'eut pas des écri-
vains de la valeur d'un Jacques de Saroug, d'un Phi-
loxène de Mabboug, d'un Sergius de Reschaina ou
d'un Jean d'Asie.
Pendant que le nestorianisme se propageait en Perse,
favorisé par les rois Sassanides , le monophysisme ga-
gnait successivement du terrain chez les Syriens occi-
dentaux, à l'ombre de VHénotique de Zenon dont il se
couvrait. L'hérésie d'Eutychès avait trouvé en Syrie un
défenseur dans la personne de l'archimandrite Bar-
sauma, vénéré comme un saint pour sa piété. Celui-ci
avait assisté au second concile d'Ephèse; il fut con-
damné comme hérétique par le concile de Chalcé-
doine ; sa mort eut lieu en 458 ' .
On est en droit de ne pas compter parmi les écri-
vains syriaques Simiéon le stylite (-[- 2 septembre 459),
que les Monophysites réclament comme un de leurs
saints, et leur prétention semble justifiée par les lettres
qui existent sous son nom au Musée britannique , avec
des Préceptes et avertissements adressés aux Frères -.
Mais reste à savoir si ces écrits sont authentiques,
car Siméon était illettré; il dictait sans doute ses let-
tres à l'un de ses disciples ^. Sur les Actes syriaques de
ce saint, voir ci-dessus, p. 160.
Jacques de Saroug appartenait décidément à la con-
fession monophysite , la question a été tranchée par la
1. BARnEnR.Eus, Chron. eccL, I, 161-16j, 179, 181; Assémam, JB. 0., II, 2-9.
Sa vie, écrite par son disciple Samuel, existe dans plusieurs ms. du
Musée britannique, Wright, Catal.., p. 1123; comp. JB. 0., Il, 296. Ce
monophysite ne doit pas être confondu avec son contemporain nesto-
rien, Barsauma de Nisibe, dont nous avons parlé sous le paragraphe
précédent.
2. Wright, Catal., p. 9^1, n° 29; p. 986, n° 33; p. 1153, col. 1.
3. Voir Xqeldeke, Orientalische Skizzev, Berlin, 1892, p. 233.
JUSQU'AU Vll<= SIÈCLE. 353
publication de la correspondance échangée entre cet
évêque et les moines du couvent de Mar Bassus près
d'Apamée'. Cette correspondance montre Jacques
hostile, dès sa jeunesse, à la doctrine dyophysite prê-
chée par Xestorius et enseignée à Edesse, où le futur
évêque de Saroug faisait ses études. Elle nous le mon-
tre encore se ralliant d'abord à YHênoliqiie de Zenon et
devenant ensuite un monophysite convaincu. Jacques
était au nombre des évêques qui consacrèrent Jean de
Telia, un fervent monophysite sous Justin-. On pos-
sède trois biographies de ce célèbre Syrien : lune
écrite par Jacques d'Edesse-^; la seconde est anonyme;
la troisième est un long panégyrique en vers , attribué
à un de ses disciples, du nom de George ^.
Jacques naquit à Kourtam sur l'Euphrate, proba-
blement dans le district de Saroug. Il devint choré-
vêque de Haura dans le même district. C'est de cette
ville qu'il écrivit des lettres de consolation aux chré-
1. Éditée avec une traduction française par l'Abbé P. Martin, Zeitschr,
der deut. morri. Gesell., XXX, p. 217 et suiv.
2. Voir Klf.v.n, Het Leven van Joh. van Telia, Leide, 1882, VII et 31.
ZiN-GF.ULE, Zeitschr. fO.r Kalhol. TheoL, XI, 92-108. KLr.YN, l. c, et Glidi,
La lettera di Simeone vescovo di Beth-Arscham, Préface, ont établi le
caractère monopliysite de la confession de Jacques de Saroug. L'ortho-
doxie de cet fvèque avait été soutenue contre Renaudot par Asséjum qui
avait consacré à celte question cent pages de sa Bibl. Orientalis, II,
p. 28.3 et suiv.; puis par Addeloos, De vila et scriplis S. Jacobi, Lou-
vain, I8G7; par le P. M.vtagxe , Acta Sanctorum des Bollandistes, XII,
824 et 927; par Bickell, Bibliolhek der Kirclienviiter, n" 58; et par Lamy,
Chron. eccl. de B.\nuEBr,.ELS, I, 190, noie 3. On ne mettra plus en doute
l'exactitude de la nolice de BAr.iiEnn.Ecs, l. c, déclarant que la doctrine
de Jacques avait cté a[)prouvée par Sévère d'Antiociie.
3. Voir l'Abbé P. Maktin, l. c, p. 217, note 3. Le texte de cette biogra-
phie a été publie par AssÉMAXt, B. 0., I, 286.
4. Les trois biugrapiiies ont été édilées par Abbei-oo-;, Z)j vila et scrip-
lis S. Jacobi. Des extraits du panégyrique ont élé imprimés parle P.
CAr.DAin dans son Liber thesauri, p. 37. Bickei-l, l. c. (dans la note i),
donne de bonnes raisons pour que l'auteur de ce panégyrique ne soit
pas un disciple de Jacques mais George de Saroug, un auteur du VU»
siècle.
20.
3o4 LES ÉCRIVAINS
tiens de Nedjran et aux habitants de la ville dEdesse
menacée par les Perses ', et probablement les lettres
dogmatiques adressées aux moines du couvent de Mar
Bassus-. En 519 il fut nommé évoque de Batnan, prin-
cipale ville du distrit de Saroug; il était alors âgé de
soixante-huit ans; il mourut deux ans après en 521. Sa
vie, consacrée à l'étude et écoulée loin des polémiques
christologiques qui agitaient TOrient, ne fut pas trou-
blée par les persécutions que Justin I exerça contre les
Monophysites après avoir aboli Tédit d'union de Zenon,
et dont furent victimes Sévère d'Antioche, Philoxène
de Mabboug et Paul d'Édesse. La lettre de condoléance
que Jacques adressa à ce dernier ^ se réfère aux violen-
ces que Paul subit au mois de novembre 519, lorsqu'il
fut emmené prisonnier à Séleucie '.
Les nombreuses lettres de Jacques de Saroug exis-
tent en grande partie dans les ms. Add. 14587 et 17163
du [Musée britannique. Nous venons de parler de ses
lettres aux moines du couvent de Mar Bassus . aux
chrétiens de Nedjran, aux habitants d'Edesse, à Paul
d'Edesse. Nous citerons une autre lettre à Etienne bar
Soudain dans la notice cencernant ce dernier. Ses au-
tres écrits en prose comprennent : une liturgie ^, un
ordre du baptême*'; six homélies festales"; des ser-
1. Wright, CataL, p. o-20, n°s 15 et 16; et ci-dessus, p. lol-l,>-2.
2. L'Abbé Martin, l. c, p. 2f^4, note 3, place la correspondance entre
ces moines et Jacques entre 514 et 518, alors que celui-ci était clioré-
vêque.
3. Publiée par l'Abbé Martin, L c, p. 265.
4. La condamnation délinitive et l'exil de Paul d'Édesse eurent lieu le
2~ juillet 522, époque à laquelle Jacques de Saroug était mort.
5. Traduite par Rf.naudot, Liturg. orient, collectio, II, 356.
G. Édité par J. Éloi Assémaxi, Cod. liturg. eccl. univers., Piome, 1749-
1766, 11,309; III, 18i.
7. Traduites en allemand par Zingerle, Sechs Homilien des h. Jacob
von Serug, Bonn, 1867. Zingeule en a édité une dans les Monumenta
syr., I, 91.
JUSQUAU V1I« SILCLE. 355
mons sur les péchés, sur le vendredi de la troisième
semaine du carême, et sur la Pàque; des oraisons fu-
nèbres; et une vie de Mar Hannina'. Barhebrœus at-
tribue à cet auteur un commentaire des Six centuries
dEvagrius, qu'il aurait écrit à la demande de George,
évêque des nations, son disciple-, mais, cette épithète
désignant George des Arabes qui vivait au YII^ siè-
cle, la notice doit être erronée, comme le remarque
AVright^. C'est surtout par ses poésies que Jacques de
Saroug excita l'admiration des Syriens qui le saluaient
du titre de La flûte du Saint-Esprit et la harpe de l'E-
glise orthodoxe. Ses homélies métriques, nous dit
Barhebrseus^. étaient au nombre de sept cent soixante,
et soixante-dix scribes étaient occupés à les copier.
Elles furent beaucoup lues , souvent retravaillées à en
juger par les importantes variantes que les ms. offrent
pour la même poésie. 11 nous est parvenu à peine la
moitié de ces homélies. La première composition poé-
tique de Jacques qui attira l'attention des connaisseurs,
fut. au rapport de Barhebrseus^, l'homélie sur le char
d'Ezéchiel, dans laquelle l'auteur prédisait la prise
d'Amid. Nous ne pouvons rappeler ici la liste de ces
œuvres^.
1. Voir AVr.iGHT. Calai, p. 3Gi, 826, 84i, 1113 et 1123.
-2. BvnuF.B., Chron. eccl., I, 191.
3. Syriac literature, 2« éd., p. 70.
4. Chron. eccl., I, p. 191.
5. Chron. eccl., I, p. 190.
6. Corap. A-ssKMAM, B. 0., I, 30:;-339; Abbeloos, De vita et scripliê
S. Jacobi , p. iOG-113. Voici celles, encore peu nombreuses, qui ont
été publiées : les homélies sur les martyrs d'Edesse, voir ci-dessus,
p. 128; L'homélie sur Siméon le slylite, voir ci-dessus, p. 100; des frag-
ments et quelques homélies entières publiés par le P. Zingerle, dans
la Zeitschr. der deut. morgenl. Gesell., t. XII, XIII, XIV, XV et XX, dans
sa Chrestomathia syriaca, Rome, 1871, p. 3G0-38G; dans ses Monumenla
syriaca, I, p. 3«30-386, y compris un sermon en prose sur le jour de Pâ-
ques; l'homélie sur le char d'Ézécliiel a été éditée par M<jt>i.\GEii dans
356 LES ÉCRIVAINS
Jacques de Saroug, dont les homélies métriques
eurent tant de succès, trouva des imitateurs en Syrie.
Un humble potier, Siméon Koukaya, du village de
Geschir, près du couvent de Mar Bassus , composa des
hymnes religieuses pendant qu'il exerçait son métier.
Le bruit en vint aux oreilles de Jacques qui fit une visite
à Siméon et prit avec lui quelques-unes de ses hymnes
pour les publier ^ . Neuf de ces poésies sur la Nativité
de Notre Seigneur sont conservées dans le ms. Add.
14520 du Musée britannique-.
Philoxène, en syriaque Aksenâyâ, le contemporain
de Jacques de Saroug, auquel il ne survécut que deux
années, était né en Perse, à Tahal dans le Beit-Gar-
mai. Il fît ses études à Edesse sous Ibas, mais, comme
Jacques, il rejeta la doctrine dyophysite enseignée par
Févêque d'Édesse, et devint un des plus ardents apôtres
de la confession monophysite ; on rapporte même que
les Mon. s>j7\. II, et en partie par Cardahi dans son Thésaurus, où l'on
trouve encore des fragments des homélies sur la Nativité de Notre
Seigneur, sur la science, sur le péché et sur le jugement dernier; l'ho-
mélie sur Tamar, par J. Zingerle, Sermo de Thamar, Innsbruck, 1871;
les homélies sur la virginité et sur le concile de Nicée avec une prière
que Jacques, enfant, récita, par Ovep.bf.ck, S. Ephreemi syri., p. 382 et
suiv. ; deux homélies sur la Vierge, par Abdeloos, De vita et scrip. S. Ja-
cob i , p. 203-301: l'homélie sur la chute des idoles, par l'Abbé P. Mautix,
Zeitsch7\ der deut. morg. GeselL, XXIX, JOT; le poème sur Alexandre le
Grand, voir ci-dessus, p. 3-23; le commencement d'un canlique en prose
sur Édesse, attribué à Jacques, mais (jui est en dehors de son genre,
par Cur.ETON, dans les Ancient syriac Documents ; le poème sur le pa-
lais construit dans le ciel par l'Apôtre Thomas pour le roi des Indes,
voir ci-dessus, p. 100; l'homélie sur le baptême de Constantin (une adap-
tation des Acta Sylvestri), par Fbotuinguam dans les mémoires de VAcca-
demia dei Lincei, 1882, voir ci-dessus, p. 196; les homélies sur les dé-
funts, par le P. Bedjan, Acta mart., V, G15, et VI, GTi; l'homélie sur les
martyrs de Sébaste, par Bedjan , ibid., VI, 6G2; l'homélie sur saint
Serge et saint Bacchus, par Bedjan, ibid., VI, 6o0. Bickell a traduit
en allemand quelques homélies dans la Bibliothek der Kirchenvàter
de Talliiofer.
1. Jacques d'Édesse dans le Catal. de Wright, p. G02; BAniiEDR.EUS,
Chron. ceci., I, 191: Assémaxi, B. 0., I, 121; II, 322.
2. Catal. Wright, p. 3G3.
JUSQU'AU \\h' SIÈCLE. 3o7
ce fut à son instigation que lévêque Cyr sollicita de
Tempereur Zenon la destruction de l'Ecole des Perses
en 489 '. Xommé évèque de Mabboug en arabe Man-
bidj . près de TEuphrate) en 485 par Pierre le Foulon,
patriarche d'Antioche. Philoxène s'empressa, après la
mort de Zenon, de mettre à profit la faveur dont les
Monophysites jouissaient auprès d'Anastase. Il se ren-
dit à Constantinople en 499 et en 506. En 512, après
avoir réussi, avec le concours de Soterichus, évèque
de Césarée de Cappadoce, à faire exiler Flavien. il
présida un synode dans lequel Sévère fut nommé pa-
triarche d'Antioche. xVvec Justin, un revirement com-
plet se produisit : les évêques monophysites furent
chassés de leurs sièges et remplacés par des ortho-
doxes; au nombre des exilés était Philoxène. qui fut
dirigé d'abord sur Philippopolis de Thrace et de là à
Gangra dans la Paphlagonie. où il mourut vers 523,
asphyxié par la fumée dans une chambre où il avait été
enfermé.
Telle fut la triste fm du fougueux évèque qui . pen-
dant toute sa vie, fut en butte à la haine des Ortho-
doxes, qu'il appelait les Xestoriens hérétiques-. Son
ardeur pour les luttes ne fît pas tort à son talent litté-
raire; les Syriens le classèrent au premier rang des
écrivains. Philoxène cultiva peu la poésie; on ne con-
naît de lui qu'une hymne sur la Nativité de Notre
Seigneur. Ses œuvres en prose sont importantes : dans
t. Bai!UF.dr.el"s, Chron. eccl., H. .i>6: comp. la lettre de Siméon de Beit-
Arscham. On doit tenir pour erronée la notice d'une biosrai)hie ano-
nyme, analysée par AssÉMAM, D. 0.. II, 10 et sulv., d'après laquelle
Philoxène aurait fui la Perse et se serait réfugié sur le territoire ro-
main à cause de ses attaques contre les Nestoriens; Pliiloxéne vint à
Édesse, comme beaucoup de chrétiens persans, attiré par la réputation
de l'école de cette ville.
2. Voir la lettre qu'il adressa en .'il-2 aux moines du couvent de Senoun
prés d'Édesse, dans Assémam, D. 0., II, 15.
358 LES ÉCRIVAINS
la première partie de ce livre nous avons mentionné la
version biblique qui porte son nom; son commentaire
sur les Evangiles; les treize homélies qu'il a écrites sur
la vie religieuse ^ ; il composa en outre : trois liturgies ;
un ordre du baptême: des prières eucharistiques : une
dissertation sur la parabole des dix talents; des traités
sur la Trinité et l'Incarnation ; un traité sur les diver-
ses hérésies , suivi d'une profession de foi ; douze
chapitres contre les Chalcédoniens - ; vingt chapitres
contre les Nestoriens ; sept autres chapitres contre les
mêmes ; divers écrits du même genre et plusieurs pro-
fessions de foi; des déclarations et réponses à des
adversaires; un discours parénétique; une oraison
funèbre ; des prières et des règles monastiques ; de
nombreuses lettres. Ces ouvrages existent dans des
ms. des bibliothèques de Rome , de Paris , de Londres
et d'Oxford^.
Le panthéiste Etienne bar Soudaili , dont la doctrine
est réfutée dans deux lettres de Jacques de Saroug et de
Philoxène de ^Nlabboug, ses contemporains, était d'a-
bord monophysite. Cet hérétique, un moine d'une piété
4. Voir ci-dessus, p. 64, 76, 229.
2. C'est-à-dire contre les Orthodoxes qui reconnaissaient le concile
de Chalcédoine.
3. Voir BuDGE, The Discourses of Philoxenus , H, p. xlviii et suiv. En
dehors des homélies éditées par M. Budge, il n'a été publié que quel-
ques lettres de Philoxène : Assémam, B. 0., II, 30-46, a édité des extraits;
l'Abbé MAUTiN,la lettre à Abou Nafir de Hira, Graynmatica... linguss
syriacse, Paris, 1874, p. 71 ; Glidi, la lettre aux moines de Teléda, La let-
fera di Filosseno ai Monaci di Tell Adda, 1886, dans les Mémoires de
VAccademia dei Lincei ; FnoTnixGHAM, la lettre aux i)rêtres d'Édesse,
Abraham et Oreste, Stephen bar Sudaili, p. 28. Dans l'Introduction du
second volume de The Discov.7'ses of Philoxenus, M. Budge a imprimé
les écrits suivants de Philoxène : i° une réponse à la question : Comment
doit-on croire?; 2" une profession de foi ; 3° un article contre ceux qui
divisent Notre Seigneur; A° douze chapitres contre ceux qui admettent
deux natures et une i^ersonne dans le Christ; li" un traité contre les
Nestoriens; 6° un autre contre Nestorlus; 7° une réfutation des héré-
sies de Mani et d'autres.
JUSQU'AU VII'-^ SIÈCLE. 3o9
exemplaire, naquit à Edesse dans la seconde moitié
du V^ siècle. Pendant sa jeunesse il séjourna quelque
temps en Egypte où il fut le disciple d'un certain Jean
qui, semble-t-il, lui inculqua les idées panthéistes qu'il
professa ensuite à Edesse. Il commença par nier l'éter-
nité des peines de l'enfer et soutenait que les damnés,
après avoir été purifiés par le feu, retournaient en Dieu
« afin que Dieu fût tout en tous » (I Cor., iv, 28 . Jac-
ques de Saroug et Philoxène de Mabboug s'élevèrent
contre un tel dogme dans leurs lettres ^ Chassé d'E-
desse comme hétérodoxe. Bar Soudaili se retira à Jé-
rusalem, où se trouvaient des moines origénistes par-
tageant ses idées. De là il entretenait des relations
suivies avec ses disciples demeurés à Edesse. Ses écrits,
comprenant des lettres, des traités, des commentaires
mystiques de la Bible, notamment des Psaumes, ne
sont connus que par la mention qu'en fait Philoxène
dans la lettre adressée à Abraham et Oreste d'Edesse.
On a attribué à Bar Soudaili le Li^re d'Hiérothée
inscrit sous le nom d'Hiérothée, le soi-disant maître
de Denys l'Aréopagite. Ce livre, devenu très rare et
dont Barhebrœus eut beaucoup de peine à trouver un
exemplaire, nous est parvenu dans le manuscrit même
que Barhebra'us se procura et qui renferme, avec le
texte, le commentaire de Théodose-. Il exerça une
grande influence sur la littérature pseudo-dyonisienne
en Syrie , mais il n'est pas , comme le croyait Frothin-
o-ham, l'origine de cette littérature qui est grecque^.
1. Publiées par Fuotiiingham dans Slephen bar Sudaili, Lcide, 188G :
La leUre de Jacques à Bar Soudaili, p. 1; et la IcUre de Philoxène à
Abraham et Oreste, p. 28.
2. Musée britannique, i4dd. 7189, Catal. Rosen et Forshall , p. 7i;
comp. Calai. Wright, lU, svppl.
3. Voir ci-dessus, p. 317. Sur Bar Soudaili comp. B.vniiEnn.Eis, Chron.
eccl., 1,2-21; AssLiiAM,B. 0., I, 303, et H, 30; Acdeloos, De vita et scri-
360 LES ÉCRIVAINS
Le livre d'Hièrothée fut commenté par le patriarche
Théodose (887-896) et par Barhebrœus. Le commen-
taire de Théodose est très détaillé; il reproduit d "abord
chaque chapitre du texte, qui est répété ensuite par de
courtes sections dans les paragraphes du commentaire;
l'ouvrage est précédé dune introduction générale, et
en tête de chaque livre est placée une introduction
particulière. Le commentaire de Barhebrœus n'est le
plus souvent qu'un résumé de celui de Théodose, en-
tremêlé d'extraits du texte, qui est maltraité et dé-
naturé *.
Siméon, évêque de Beit-Arscham, une ville près de
Séleucie du Tigre 2, nous ramène en Perse. Cet ardent
monophysite était un habile dialecticien, et il avait reçu
le surnom du Sophiste perse, u^^i^àî',; il combattit,
avec le zèle d'un apôtre, différentes hérésies et particu-
lièrement le nestorianisme qui avait envahi la Babylo-
nie3. La vie de Siméon a été écrite par Jean d'Asie dans
son Histoire des Bienheureux orientaux ^, Son éléva-
tion à la dignité épiscopale eut lieu sous le patriarche
Babai (498-503). Cet évêque mourut à Constantinople
où il s'était rendu pour faire visite à l'impératrice Théo-
dora. Il est connu comme écrivain par ses lettres sur
les martyrs chrétiens du Yémen et sur la propagation
du nestorianisme en Perse (ci-dessus, p. 148 et 344); il
est aussi l'auteur d'une liturgie ^.
ptisS. Jacobi, Louvain, 1867, et principalement FROTiinGiiAM , SleDhen
bar Sudailt, Leide, 1886.
1. Voir Frothingham, Stephen bar Sudaili, 86-88. Des ms.du commen-
taire de Barhebraîus se trouvent à la Bibliothèque nationale, Calai. Zo-
ienberg, p. 175-176, et au Musée britannique, Catal. Wright, p. 893-895.
2. Barhebr.els, Chron. eccL, II, 85.
3. Barhedr.€us, ibid.,î, 189; II, 85; Asslmam, B. 0., I, 341 ; II, 409- III
pars I, 403. ' '
4. Comp. ci-dessus, p. 16-
5. AssÉMAM, B. 0., I, 345.
JUSQU'AU VII« SItCLE. 361
Jean bar Cursus, évéque de Telia ou Constantine, fut
un des confesseurs qui préparèrent la voie à Jacques
Baradée pour la conversion de la Syrie au mono-
physisniG. On possède deux biographies de cet évêque ^ .
Né à Callinice d'une famille noble, il entra d'abord dans
l'armée, mais il en sortit pour se consacrer à la vie re-
ligieuse. Nommé évêque de Telia en 519, Jean fut
expulsé de son siège en 521. Deux ans après, en reve-
nant de Constantinople qu'il avait été visiter, il fut ar-
rêté et jeté en prison. Il mourut à Antioche en 538. à
l'âge de cinquante-cinq ans. Ses canons et ses Ques-
tions ont été mentionnés précédemment , p. 180 ; la pro-
fession de foi qu'il adressa aux couvents de son diocèse,
existe dans le ms. Add. 14549 du Musée britannique.
On a encore de lui un commentaire de l'hymne du Tri-
sagion - .
Jean bar Aphtonia et Mara d'Amid qui se déclarèrent
pour les Monophysites contre les Orthodoxes furent
aussi compris dans les poursuites de Justin. Le premier,
chassé du couvent de saint Thomas à Séleucie de l'O-
ronte , dont il était l'abbé, alla fonder sur la rive gauche
de TEuphrate, en face d'Europus , le couvent de Ken-
nesré qui devint célèbre par son école. Il mourut en
538; sa vie, écrite par un de ses disciples, existe dans
le ms. Add. 12174 du Musée britannique. Outre un
commentaire sur le Cantique des Cantiques ci- dessus,
p. 77) , Jean bar Aphtonia composa de nombreuses
hymnes et une vie de Sévère d' Antioche 2.
Mara, évêque d'Amid, fut chassé de son siège en 519
et exilé avec Isidore, évêque de Kennesrin, à Pétra d'A-
rabie où il séjourna sept ans. Après la mort de Justin,
1. Voir ci-dessus, p. 163.
2. Cod. Vat. 459 à Rome; Cod. Marsh 101 à la Bodléienne.
3. Wr.iGiiT, CataL, p. 80';.
LITTLltATURE SYRIAQUE. 21
362 LES ÉCRIVAINS
Justinien, à la demande de Théodora, envoya ces
évèques à Alexandrie d'Egypte, et ils y terminèrent leurs
jours. Mara écrivit peu; sur l'attribution d'un com-
mentaire des Evangiles qui lui est faite par Assémani,
voir ci-dessus, p. 77, notel.
Une autre victime des Orthodoxes, ce fut Paul, évêque
de Callinice, déposé de son siège en 519. Paul se retira
à Edesse et occupa ses loisirs à rendre en syriaque les
œuvres de Sévère d'Antioche (voir ci-dessus, p. 318).
Jacques Baradée^ le fondateur de TÉglise jacobite^,
consacra sa vie à relever le parti monophysite qui avait
subi de graves atteintes sous Justin et qui avait été
persécuté particulièrement par les patriarches ortho-
doxes d'Antioche, Euphrasius et Ephrem^. Jacques
était né à Telia d'un prêtre de cette ville, nommé Théo-
phile bar Manou. Il fut d'abord moine au couvent de
Phesilta, sur le mont Izla. Vers 528, il se rendit avec un
moine de Telia, du nom de Sergius, à Constantinople
où il savait trouver dans l'impératrice Théodora une
aide puissante pour la cause des Monophysites. Son
séjour dans cette ville se prolongea pendant quinze
années. En 543 une heureuse circonstance assura le
succès de ses démarches : le roi des Arabes de Ghas-
san, Harith ibn Djabalah, vint solliciter de Théodora
1. Le surnom de Baradée, en syriaque ^ILjJq^, lui vient de l'étoffe
grossière de feutre dont il se vêtissait et dont on se servait communé-
ment pour faire des housses de cheval.
2. Le nom de Jacoblte, "laxcaôiTtjg, est de formation grecque, il fut
donné aux partisans de Jacques par ses adversaires ; les Jacobites se
désignaient par le nom d'Orthodoxes.
3. La vie de Jacques Baradée a été écrite par M. Kleyn, Jacobus Bara-
dseus, deStichter dersyrische Monophysielische Kerk, Leide, 1882, d'après
YHistoire eccl. de Jean d'Asie, éd. Clheton, et les Vies des Bienheureux
orientaux du même auteur, Anecd. syr.de L.vnd, t. II; comp. ci-dessus,
p. iG3. Assémani avait donné sur ce personnage toutes les informations
qu'il avait pu recueillir, B. 0., II, 62-69, 326 et 331.
JUSQU'AU VII« SIÈCLE. 363
l'envoi d'évêques dans les provinces qu'il gouvernait.
A la demande de limpératrice, Tliéodose, le patriarche
exilé d'Alexandrie, consacra évêque de Bostra Théo-
dore, avec juridiction sur l'Arabie et la Palestine, et
évêque dEdesse Jacques Baradée. avec juridiction sur
la Syrie et l'Asie Mineure. Jacques n'exerça pas ses
fonctions à Edesse même, qui avait alors un évêque
orthodoxe, Amazonius; il alla prêcher la Syrie, la Mé-
sopotamie, la Cilicie , la Cappadoce . Tlsaurie et les
régions adjacentes. Pour assurer l'administration de
son Église dans ces provinces, il fit nommer à Alexan-
drie de nouveaux évêques de sa confession, parmi
ceux-ci se trouvait le célèbre historien Jean, évêque
d'Ephèse. L'élection de son ancien ami, Sergius, au
siège patriarcal d'Antioche , mit le comble à ses vœux.
Cependant la mission de Jacques ne s'accomplit pas
sans quelques déboires : il dut excommunier comme
trithéistes Conon et Eugène, qu'il avait faits évêques.
Sergius mourut trois ans après son installation à An-
tioche et fut remplacé par Paul , un abbé d'Alexandrie,
après que le siège patriarcal fut resté vacant pendant
trois années. Les dissensions surgirent bientôt au sein
des Monophysites triomphants. Jacques se rendit en 578
à Alexandrie pour conférer avec Damien de l'excom-
munication de Paul, mais il mourut en route au couvent
de Mar Romanus ou de Casion. Sa dépouille mortelle
fut ramenée au couvent de Phesilta en 622 , dérobée par
les émissaires de Zachée, évêque de Telia. Ses œuvres
sont peu nombreuses : une liturgie (traduite par Renau-
dot. Lit. orient^ II, 333); des lettres (écrites en grec
syriaque '); une pro-
i. Ms. A'id. 14002 du Musée britannique, Calai. Wright, p. TOI ; Kieyn,
Jacobus Baradscus, p. 10 H9'».
3G4 LES ÉCRIVALNS
fession de foi (conservée en arabe et en éthiopien ^) ;
une homélie pour la fête de l'Annonciation (conservée
en arabe à la Bodléienne).
Jean d'Asie, un des évêques militants du parti de
Jacques Baradée, est l'historien le plus autorisé pour
les temps agités de son époque. Nous ne reviendrons
pas sur son Histoire ecclésiastique, qui nous fournit
dans sa dernière partie une sorte d'autobiographie fort
intéressante (ci-dessus, p. 191 et suiv.), ni sur sa col-
lection des Vies des Bienheureux orientaux (ci-dessus,
p. 162). Jean naquit à Amid au commencement du
VP siècle. Il fut nommé diacre au couvent de Saint-
Jean en 529, mais il dut fuir sa ville natale pour échap-
per aux persécutions dirigées contre les monophysites
par Éphrem, patriarche d'Antioche (529-544), et par
Abraham bar Kili, évêque d'Amid. En 535 il est à
Constantinople où il se rencontre avec Jacques Baradée.
Justinien l'accueille avec faveur et lui confie l'adminis-
tration des biens de la congrégation monophysite.
Bientôt Jean quitte la capitale de l'empire grec, chargé
d'une mission par l'empereur, et se rend, avec son ami
Deuterius , en Asie Mineure pour convertir les païens.
Son œuvre accomplie, Jean est rappelé à Constantinople
pour réagir contre l'idolâtrie qui était encore pratiquée
dans la ville et les environs. La fortune de cet ardent
évêque périt avec son protecteur. Après la mort de
Justinien, la vie de Jean n'est plus qu'une suite con-
tinue de tribulations , de fuites et d'emprisonnements,
dont il a retracé le tableau dans son Histoire-. Pour
l'appréciation de l'œuvre littéraire de Jean d'Asie, nous
1. Le texte arabe a été publié par Kleyn, Op. cit., p. 121 ; le texte éthio-
pien, par CoRNiLL, Zeitschr. der deut. morg. Gesell., XXX, p. 417; comp.
Wright, Syt-iac liter., 2= éd., 88; BARiiEra^Eus, Chron. eccl., I, 217.
2, Voir ci-dessus, p. 193,
JUSQU'AU VIP SIÈCLE. 36o
renvoyons à ce que nous avons dit précédemment de
son histoire ecclésiastique '.
Nous avons parlé dans notre première partie de
l'œuvre scienliiique de Sergius de Reschaina, qui se
compose presque entièrement de traductions de livres
grecs-. Ce savant distingué, qui devint médecin en
chef (oiQyjaTQOç) à Reschaina, était un prêtre monophy-
site, flottant dans les questions dogmatiques; ses
intrigues le portèrent vers les Orthodoxes, et les Nes-
toriens le réclamèrent comme un des leurs (catalogue
d'Ébedjésu) ; il eut pour disciple et ami Théodore, évo-
que nestorien de Merv. auquel il dédia plusieurs de ses
livres. Les Monophysites le tenaient en médiocre estime
comme homme privé ; dans la compilation syriaque de
Zacharie de Mitylène il est censuré pour son avarice et
ses mœurs dépravées ^. On ignore la date et le lieu
de sa naissance, mais on sait qu'il fit ses études à
Alexandrie, où il apprit le grec. En 535 Sergius part
de Reschaina et se rend à Antioche auprès du patriar-
che orthodoxe Ephrem pour se plaindre des mauvais
traitements de son évêque Asylus^. Ephrem, appréciant
ses qualités diplomatiques, le charge d'une mission
pour le pape Agapet. L'intrigant médecin s'embarque
pour Rome , accompagné dun jeune architecte du nom
d'Eustathius. Il ramène Agapet à Constantinople et,
avec son aide , le pape obtient l'expulsion de cette ville
des Monophysites ; là se trouvaient alors Sévère d'An-
\. Ci-dessus, p. 19i. M. l'AUbé Duchesne a dessiné de cet évêque un
brillant portrait, mais un peu flatté, Mémoire lu à l'Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, le 2^i octobre l8i»-2.
2. Voir ci-dessus, p. 2oi-2.jr., 2(m, 271, -274, 280, 281, 317.
3. Land, Anecdola sy)\, II(. 289; BARiiKnitELs, Chron. eccl., I, 207; com-
parer aussi sur Sergius : Asskmam, ii. 0.. IF, p. 323 ; Wiugiit, Syriac lit.,
2* éd., p. 88; Baimstark, Lucubraliones syro-grœcœ, p. 358 et suiv.
4. Et non Ascolius, voir Kleyn, llel Leven van Johannes van Telia,
p. 59.
366 LES ÉCRIVAINS
tioche et Théodose d'Alexandrie, exilés et retirés
auprès d' Anthimius ; Anthimius dut s'expatrier, suivi
de Sévère. Sergius mourut à Constantinople en 536 \
et Agapet ne lui survécut que quelques jours. Le com-
pilateur de Zacharie, qui rapporte ces faits, voit dans
ce double trépas un événement miraculeux.
Ahoudemmeh ^ , qu'Ébedjésu catalogue à tort parmi
les écrivains nestoriens , avait été dabord évêque du
Beit-Arbayé (ou Tour-Abdin) ^ ; son élévation au siège
métropolitain de Tagrit par Jacques Baradée en 559 ne
laisse pas de doute sur sa confession monophysite. Cet
évêque convertit un grand nombre de persans et, parmi
ceux-ci, un jeune prince de la famille royale, qu'il
baptisa en lui donnant le nom de George. Ces conver-
sions excitèrent la colère de Chosroès Anoschirwan
qui fit mettre en prison xVhoudemmeh ; celui-ci mourut
dans sa prison en 575 '*. Sur ses écrits philosophiques
et grammaticaux, voir ci-dessus, p. 250 et 290.
Moïse d'Aghel est connu par sa traduction de V His-
toire de Joseph et Asenath (ci-dessus, p. 92), et la
version des Glaphyra de Cyrille d'Alexandrie qu'il
entreprit à la demande du moine Paphnutius. On a
encore la lettre de ce moine et la réponse de Moïse
d' Aghel , mises en tête de la version des Glaphyra , et
quelques fragments de cette version dans le ms. syr.
107 du Vatican ; un court fragment dans le ms. 96 du
Vatican; et d'autres fragments au Musée britannique,
Add. 14555 ^. La lettre de Paphnutius nous apprend
1. Voir sur cette date Baumstap.k, Lucubrationes syro-grsecœ, p. 365.
2. Ce nom signie qui ressemble à sa mère.
3. BAr.HEnR^us, Chron. eccL, II, 99; comp. Assémam, B. 0., II, 414; III,
pars 1, 192.
4. Il ne fut pas décapite , comme Barliebrseus le prétend ; voir Noel-
DEKE, Litter. Centralblatt, 1890, n" 35, p. 121G.
y. Les lettres de Paphnutius et de Moïse ont été publiées avec les frag-
ments des ms. du Vatican par Guidi dans les comptes-rendus de VAcca-
JUSQU'AU VIl-^ SIÈCLE. 367
que le traité de Cyrille sur l'Adoration en esprit et en
vérité avait été traduit précédemment en syriaque ^ ;
nous savons aussi (voir ci-dessus, p. 342) que le traité
De recta fide avait été traduit , du vivant même de Cy-
rille, par Rabboula. 11 résulte d'un passage de la ré-
ponse de Moïse d'Aghel- que cet auteur écrivit après
la mort de Philoxène et de Polycarpe, car il cite la ver-
sion de TA. et du X. T., dite la Philoxènienne voir ci-
dessus, p. 64 . On ne sait rien de la vie de Moïse;
Wright^ le place au commencement de la seconde
moitié du VP siècle entre 550 et 570 : a II ne peut être
beaucoup postérieur, ajoute-t-il, à cause de sa traduc-
tion de l'Histoire de Joseph et Asenath qui a passé
dans la compilation de Zacliarie de Mitylène. »
Nous terminons ce paragraphe par Pierre de Calli-
nice ou Petrus junior, qui fut nommé patriarche d'An-
tioche en 578 et mourut en 591^. Ce patriarche fut
célèbre par ses controverses christologiques avec Da-
mien, patriarche d'Alexandrie. Le traité qu'il écrivit
contre son adversaire est divisé en quatre livres, com-
prenant chacun vingt-cinq chapitres; il en existe des
parties dans des manuscrits du Vatican et du Musée
britannique. Pierre est encore l'auteur dune liturgie,
d'un traité contre les Trithéistes, de plusieurs lettres
et d'une homélie métrique sur le Crucifiement^.
demia dei Lincei , mai et juin ISSG, p. 399 et suiv. M. Guidi a reconnu,
d'après la description du Calai, de Wuigut, que les fragments de Lon-
dres et de Rome ne sont que des disjecta membra d'un seul et même
manuscrit.
1. La version syriaque est contenue dans le ms. Add. 121G6 du Musée
t^ritannique, daté de 553; WniciiT, Calai., p. 491.
2. Ce passa?îe avait déjà été imprimé par Assémam, B. 0., II, 82-83.
3. Syriac Hier., <2r éd., p. 112-113.
4. Voir Assémam, B. 0., II, 09 et 332; comp. BAKiiEBn.Eis, Chrou. eccL,
1,250.
5. AssKMAM, B. 0., Il, 77 et suiv.; Wr.iGHT, Calai., p. 671, 951 et 131'».
III
LES ECRIVAINS SOUS LES ARABES.
§ 1. — Le VIP siècle.
Le VIl^ siècle ouvre une nouvelle ère de la littérature
syriaque. Après la conquête musulmane, lempire des
Sassanides s'écroule et disparaît du monde : en même
temps la domination des Romains prend fin en Syrie
et en Mésopotamie; elle est reléguée, pour ce qui con-
cerne rOrient, dans l'Asie Mineure. En 636 la conquête
de la Syrie et de la Babylonie est assurée aux Arabes
par les batailles de Yarmouk et de Kadésia ; les places
fortes qui avaient résisté ouvrirent leurs portes Tannée
suivante.
Le commencement du siècle n'avait pas été propice
aux études. L'avènement de Phocas en 602 avait été
la cause de la reprise des hostilités entre les Perses et
les Romains. Pendant plus de vingt ans Chosroès II
ravagea l'Asie antérieure. Edesse tomba en son pouvoir
en 609 ; une importante partie des habitants fut trans-
portée dans le Ségcstan et le Chorassan'. La prise de
Damas, en 613, et celle de Jérusalem, l'année suivante,
1. BARHEnRXLs, Chron. ectl., I, 2C4; comp. R. Dlval, Histoire d'Edesse,
Paris, 1892 (Extrait du Journal asiatique, 4891), p. 223 et suiv.
21.
370 LES ÉCRIVAINS
amenèrent l'occupation par les Perses de TÉgypte et
l'Asie ^Mineure. C'est seulement en 622 qu'Héraclius,
libre de ses mouvements, put reprendre l'offensive; il
s'avança , de victoires en victoires , jusqu'au cœur de
l'empire perse, et força l'ennemi à évacuer le territoire
romain. Ces succès ne rendirent pas le calme aux infor-
tunés Syriens. Héraclius profita de sa présence en
Orient pour chasser les évêques et les moines jacobites
et livrer aux Orthodoxes leurs églises et leurs couvents.
La conquête arabe achevée, la paix régna en Syrie
sous les Omayades. Les grandes luttes religieuses ont
cessé ; les chrétiens oublient leurs dissensions et s'unis-
sent pour défendre leur foi et leurs biens contre leurs
nouveaux maîtres'. Les livres didactiques vont succé-
der aux traités dogmatiques : l'exégèse des Saintes
Ecritures perdra le point de vue élevé où Tavait portée
l'étude des dogmes; elle s'attachera davantage à la
forme et à la prononciation exacte du texte biblique;
elle sera surtout grammaticale et philologique. Cette
nouvelle direction de l'enseignement s'accentuera par
le sentiment que l'arabe , la langue officielle , deviendra
l'idiome populaire et que le syriaque littéraire devra
être appris à l'école.
Les écrivains nestoriens sont plus nombreux pendant
ce siècle que les écrivains jacobites. Beaucoup d'entre
eux, complétant l'œuvre de leurs devanciers, publièrent
des vies des saints de leur Eglise, des histoires monas-
tiques et des traités ascétiques ; de brèves notices ont
été données plus haut ^ sur la vie et les œuvres de ces
auteurs. Ceux qui n'ont pas encore été mentionnés ne
nous retiendront pas longtemps.
1. En 680, dit BAnHEnn.Eus, Chron. eccL, I, 287, un concile fut réuni à
Reschaina et les partis dissidents furent réconciliés.
2. Voir ci-dessus, p. 221-2-23, 231-239.
DU VII° SIÈCLE. 371
Jésuyab II, originaire de Gedala près de Mossoul ,
avait professé à l'école de Nisibe ; il était évêque de
Balad lorsqu'il fut élevé à la dignité patriarcale, en 628,
après la mort de Chosroès II. En 630, Bohran. la fdle
de Chosroès, le chargea dune mission auprès de lem-
pereur Hèraclius, auquel le patriarche remit le bois de
la Croix, enlevé par les Perses après la prise de Jérusa-
lem. Quand les Musulmans envahirent la Babylonie,
Jésuyab fut assez habile pour obtenir d'eux un diplôme
en faveur des chrétiens de sa province. Les écrits de
ce patriarche se composent, d'après Ebedjésu', d'un
commentaire sur les Psaumes ci-dessus, p. 83 , de
lettres, d'histoires et d'homélies. On ne possède de ces
écrits qu'une hymne insérée dans le Psautier nestorien,
ms. Add. 14675 du Musée britannique.
Jésuyab de Gedala était accompagné dans son am-
bassade auprès d'Héraclius du fameux Sahdona- et de
Jésuyab d'Adiabène qui devient patriarche, sous le nom
de Jésuyab III, à la mort de Maremmeh en 650 (comp. ci-
dessus, p. 147). Jésuyab 111 était né en Adiabène de pa-
rents fortunés; il fit ses études à Nisibe; avant de de-
venir patriarche, il avait été évéque de Mossoul et en-
suite métropolitain d'Arbèle et de Mossoul. Pendant
son épiscopat il eut à lutter contre les Jacobites qui
voulaient construire une église à ]\Iossoul et il fut l'un
des adversaires de Sahdona. Elu patriarche, il ren-
contra une vive résistance dans le métropolitain de
Rivardaschir, Siméon, qui refusait de lui prêter obéis-
sance et avec lequel il entretint une longue correspon-
dance. Ses œuvres, dans le catalogue d'Ebedjésu, com-
prennent : Une Réfutation des opinions hérétiques);
des traités de controverse; des oraisons funèbres ; des
1. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 105.
2. Sur ce personnage, voir ci-dessus, p. -lH et 23S.
372 LES ÉCRIVAINS
discours ou homélies ; des hymnes ' ; une exhortation
aux novices; plusieurs compositions liturgiques; des
lettres ; et l'histoire de Jésusabran publiée par M. Cha-
bot (voir ci-dessus, p. 147). Jésuyab travailla aussi à
une revision du Hoiidra ou Bréviaire nestorien-. Ses
lettres qui sont conservées en p^rande partie, sont riches
en renseignements sur l'histoire de son époque ; quel-
ques-unes d'elles ont été publiées par Assémani,
B. 0., 1, 127 et suiv., et réimprimées avec d'autres par
M. Budge dans son édition de V Histoire monastique de
Thomas de Marga; M. l'Abbé Chabot en a annoncé
une édition complète^.
Jésuyab d'Adiabène avait eu pour condisciples à l'É-
cole de Nisibe Enanjésu et le frère de celui-ci, nommé
aussi Jésuyab , qui étaient également originaires de
l'Adiabène. Les deux frères se firent moines et entrèrent
au Grand couvent du mont Izla; puis Enanjésu, dé-
sirant visiter les Lieux saints , se rendit à Jérusalem et
de là au désert de Scété en Egypte, le grand centre de
la vie ascétique et monastique. A son retour en Méso-
potamie, le pieux moine se retira au couvent de Beit-
Abé où il travailla avec Jésuyab III à la revision du
Bréviaire. Plus tard il entreprit, à la demande du pa-
triarche George, la version syriaque de Y Histoire laii-
siaque dePalladius. Il est aussi l'auteur d'un livre de
\. La poésie mise sous son nom dans le Liber thesauri du P. CAUDAni,
p. 124-125, esl d'une époque beaucoup plus basse, comme le remarque
Wright, Syriac liter., 2» éd., p. 173, note 7; comp. ci-dessus, p. 2^,
note 1.
2. Une édition du Bréviaire nestorien , retravaillé pour les Chaldéens
catholiques a été publiée par le P. Bedjan, à Paris, 188G-1887, Breviarium
Chaldaicum, I-HI.
3. Journal asiatique, juillet-août 1896, p. 89. Consulter sur Jésuyab
d'Adiabène : Assémam, B. 0., III, pars I, 113-li3; Wuight, Syriac lit.,
2« éd., p. 171-174; Bldge, The hystory of Thomas bishop of Marga.. In-
trod. et passwi; Chabot, Journal asiatique, juillet-août 189ti, p. 87-90.
DU VII= SIÈCLE. 373
philosophie et de traités de lexicographie; nous avons
parlé plus haut de ses ouvrages, p. 156, 250, 300 et
301.
Jean de Beit-Garmai. ou Jean l'ancien, fut abbé du
couvent de Beit-Abé , mais il quitta ce couvent pour
se retirer sur une colline près de Dakouka dans la pro-
vince de Beit-Garmai. 11 termina ses jours dans le mo-
nastère qu'Ezéchiel construisit à cet endroit. Ebed-
jésu * lui attribue , outre la chronique et les vies de
moines que nous avons citées précédemment (p. 214 et
223 , un recueil de dissertations scientifiques et de
maximes, et des règles pour les novices.
George, le successeur de Jésuyab III sur le siège
patriarcal de Séleucie (661-680 , était né de parents
riches à Kaphra dans le Beit-Garmai. 11 entra comme
moine au couvent de Beit-Abé et fut nommé métropoli-
tain de lAdiabène par Jésuyab III -. On possède de lui
des canons synodaux et une lettre dogmatique ; ci- des-
sus, p. 176 ; il composa aussi des homélies, des hym-
nes et des prières.
Un contemporain de ce George était George de Xi-
sibe. nommé métropolitain de Perat de ^laisan ou
Bassora par le patriarche Jésuyab. Il est Fauteur dune
hymne pour la dédicace de lEglise^.
Elias, évêque de Merv, qui prit part à l'élection du
patriarche George, écrivit, outre des commentaires et
une histoire ecclésiastique ci-dessus, p. 83 et 214j, des
lettres qui sont perdues comme ses autres œuvres.
Henanjésu I fut nommé patriarche en 686 et vécut
jusqu'en 701 *. L'évêque de Nisibe, JeandeDasen, sur-
1. AssÉMAM, B. 0., m, pars I, 201.
2. TiKjMis DE MAf.GA, Uisloire monostique, livre II, cliap. xii.
3. TuoiiAS DE 3Iai;ga, /. c; A>^skmaxi. B. 0., III , pars I, p. 456. Cette
liymne est éditée dans le Liber thesauri du P. Caudaiii. p. 71.
4. D'après Elias de Nisibe dans les Fragmente syrischer und ara-
o74 LES ÉCPxIVALNS
nommé Le lépreux, lui fit une violente opposition et
réussit à mettre de son côté le calife Abd al-Malik ibn
IMarwan. Henanjésu, après avoir été déposé et jeté en
prison , fut conduit dans la montagne et précipité dans
un ravin où il faillit périr. Il fut sauvé par des ber-
gers, mais il conserva de sa chute une infirmité qui
lui valut le surnom du Boiteux. Retiré au couvent de
Yaunan près de ^lossoul, il ne reprit possession du
siège patriarcal qu'après la mort de son ennemi. Ses
œuvres comprennent des homélies, des discours, des
lettres ; une vie de Sergius Dewada , son contemporain ;
un traité sur le double rôle de VEcole au point de vue
de l'enseignement de la morale et de la religion , et de
l'enseignement des belles-lettres; un commentaire des
Analytiques mentionné ci-dessus, p. 259-260 ^
Les œuvres des Jacobites du VIP siècle, moins nom-
breuses que celles des Nestoriens, nous sont mieux
connues. Nous avons mentionné, p. 64-66, le version
de l'Ancien Testament par Paul de Telia et la version
du Nouveau Testament par Thomas dHarkel. Thomas
d'Harkel est, en outre, fauteur d'une liturgie-. Quel-
ques années après parurent les versions des livres de
Grégoire de Nazianze et de V Octocchus de Sévère par
l'abbé Paul (ci-dessus, p. 311 et 319 .
Marouta de Tagrit, que l'on ne doit pas confondre
avec Marouta de Maipherkat, fut le premier des évêques
jacobites nommés maphriens , qui étaient chargés de
l'administration des chrétiens de leur confession ré-
bischer Historiker de B.ethge>-, p. 38 et 1-20; comp. Wright, Syriac
liter., 2« éd., p. 48-2.
1. Sur ce patriarche et ses écrits consulter : Barhebr.eus, Chron. eccL,
II, 133 et suiv. ; Assémani. B. 0., II, 42-2; lU, pars I, G15; Wright, Syriac
lit., 2« éd., 181 ; Amr, éd. Gismondi, II, 58.
2. AssÉMAM, B. 0., II, 9-2. On lui attribue aussi des versions de plu-
sieurs liturgies grecques.
DU VIP SIÈCLE. 37o
pandas parmi les Nestoriens. Le nombre des Jacobites
s'était beaucoup accru en Perse depuis que les rois Sas-
sanides avaient transporté dans leur empire les captifs
de la Syrie et de la Mésopotamie occidentale. Marouta
de Tagrit était né dans l'empire perse à Beit-Xouhadré :
il mena la vie monastique dans les couvents de Zachée
à Callinice et de Mar Mattai près de Mossoul, et étudia
pendant quelque temps à Edesse. Cet évêque résida
ensuite à la cour perse , où le parti monophysite était
bien vu grâce au médecin Gabriel ; après la mort de
celui-ci , il se retira à Akoula al-Koufah des Arabes ■ ;
il fut nommé métropolitain de Tagrit en 640 et mourut
en 649 K Sa vie a été écrite par son successeur, Denha-.
En dehors de son commentaire sur les Evangiles (ci-
dessus, p. 177 , Marouta écrivit quelques livres litur-
giques, des hymnes et des sédras prières rythmées
pour le sacrifice de la blesse .
Sévère Sebokt est connu par ses œuvres scienti-
fiques ci-dessus, p. 257 et 282 . Ses écrits théologiques
se composent : d'un traité sur les semaines de Daniel ;
d'une liturgie : d'une lettre au périodeute Basile de
Chypre ; et d'autres lettres à Sergius de Singar sur deux
discours de Grégoire de Xazianze^.
Jean I, patriarche dAntioche en 631, mort en 648,
composa de nombreux sédras ou prières liturgiques
qui lui valurent le nom de Jean des Sédras; il est aussi
l'auteur d'une liturgie '.
Nous arrivons à la seconde moitié du siècle, pendant
\. Voir BAr;HEBfbEcs, Chron. eccl., II, 119 et suiv.; Assêmam, B. 0., H,
419.
2. WniGiiT, Catal., p. 1113; Syriac Hier., 2« éd.. p. 13".
3. Wr.iciiT, Catal., p. 43f> et 988; Assémam, B. 0., II, 4G3.
4. BAnHF.Dr..€is, Chron. eccl., I, 27:J; Assémam, B. 0., II, 33o. Suivant
Barliebraus, il aurait traduit les Évangiles en arabe à la demande de
l'émir Amr ibn Sad ; cette notice est bien invraisemblable.
376 LES ÉCRIVAINS
laquelle réminent Jacques d'Edesse domine les auteurs
de son époque autant par l'étendue et la variété de ses
connaissances scientifiques que par son talent de litté-
rateur. Cetévêque naquit vers 633 dans le village d'En-
dêba du diocèse d'Antioche. Il étudia les Écritures et
le grec au couvent de Kennesré sous la direction de Sé-
vère Sebokt, et il alla compléter ses connaissances
grecques à Alexandrie. Nommé évêque d'Édesse par le
patriarche Athanase, son ancien condisciple, Jacques
chercha à ramener la discipline dans les couvents de son
diocèse, mais il échoua dans son entreprise (voir ci-des-
sus, p. 181). A la suite de cet échec, il abandonna son
siège épiscopal et se retira dans le couvent de Saint-
Jacques à Kaisoum; Habib, un placide vieillard, le
remplaça à Edesse. Son séjour à Edesse avait été de
quatre ans; s'il fut nommé évêque, comme il est pro-
bable, l'année même qu'Athanase devint patriarche, en
G84, son départ d'Édesse aurait eu lieu en 688. Peu de
temps après il fut appelé comme professeur au couvent
d'Eusebona du diocèse d'Antioche où, pendant onze
ans, il expliqua les Écritures d'après le texte grec; il
renouvela et perfectionna l'enseignement da grec dans
ce couvent. A la suite de quelques difficultés avec les
moines , Jacques passa ensuite au couvent de Teléda ;
ses travaux sur l'Ancien Testament l'y tinrent pendant
neuf ans (voir ci-dessus, p. 70). A la mort d'Habib, il
reprit possession de son ancien siège épiscopal, mais
pour quatre mois seulement ; étant retourné au couvent
de Teléda pour en rapporter ses livres, Jacques y
mourut le 5 juin 708 ' .
Jacques fut un polygraphe distingué : thélogien ,
philosophe, historien, exégète et grammairien, il re-
i. D'après BARHEBrx^LS, Chron. eccL, I, p. 293, et Élus de Niside dans
B.ETHGEN, Fragmenie, etc., p. 40 et 1-21.
DU VII<^ SŒCLE. 377
nouvelle les études syriaques dans les sciences. Nous
avons eu précédemment l'occasion de parler dos plus
importantes de ses œuvres en prose (ci-dessus, p. 70,
77, 95, 181-182, 202, 250, 258, 282, 290, 293, 312, 320);
nous ajouterons ici divers écrits liturgiques : une li-
turgie et une revision de la liturgie de Saint-Jacques ,
frère de Notre Seigneur; Le livre des trésors renfer-
mant des ordres et des prières pour le baptême, la
consécration de Teau, la célébration du mariage;
une traduction du Sédra de Sévère pour le baptême ;
un Horologiiim contenant les services pour les heures
de la semaine et un calendrier des jours de fête pour
Tannée'. Le célèbre évêque est encore Tauteur d'ho-
mélies en prose dont quelques-unes seulement nous
sont parvenues; on connaît des homélies sur le sa-
crifice de la Messe, sur l'usage de pain azyme, contre
les Dyophysites, contre les transgresseurs des canons
de rÉglise-. Les homélies métriques sont peu nom-
breuses : Tune d'elles traite de la Trinité et de llncar-
nation; une autre, sur la foi, est dirigée contrôles Nes-
toriens ^. Jacques eut une nombreuse correspondance
avec des membres du clergé de son époque. Nous avons
déjà parlé de quelques-unes de ses lettres : à Paul dAn-
tioche sur la réforme de l'écriture p. 290; ; à George de
Saroug sur l'orthographe (p. 293 ; d'autres sont adres-
sées : au prêtre Addai au sujet du baptême et de la
consécration de l'eau '*; au diacre Barhadbescliaba con-
\. Ces ouvrages sont conservés dans plusieurs manuscrits dos Biblio-
thèques de rEuro[)e. Les différentes parties du Livre d'\s trésors sont
reproduites séparément, voir Wkigut, Syriac Hier., 2« éd., p. lio.
2. Wi'.iGiiT, Syriac Hier., i" éd., p. i4G.
3. Des extraits de celle-ci ont été imprimés par le P. Cardaui dans
le Thésaurus de arle poetica, p. 18-21: le tevte com|)lct avec une tra-
duction latine, par Ugolim dans le \ol. Al soinmo Poniifico Leone XIII,
Ommagio Giubilare dclla Biblioteca Valicana, Rome, 1888.
4. Comp. ci-dessus, p. 181.
378 LES ECRIVAINS
tre le concile de Chalcédoine ; à Jean le stylite du cou-
vent de Litarba près d'Alep; à Eustathius de Dara;
à Kyrisona de Dara; au prêtre Abraham; au diacre
George ; et au sculpteur Thomas ^ .
Athanasc de Balad, auquel Jacques d'Edessc, dut sa
nomination à Téveché de cette ville, avait fait ses études
avec celui-ci au couvent de Kennesré alors dirigé par
Sévère Sebokt. Il passa quelque temps au couvent de
}3eit-Malka, exerça ensuite le sacerdoce à Nisibe et fut
élu patriarche des Jacobites en 684; il mourut en l'an-
née 686. Athanase publia quelques œuvres de philoso-
phie (ci-dessus, p. 258), et des traductions de Grégoire
de Nazianze et de Sévère d'Antioche (ci-dessus, p. 312
et 320). On connaît encore de cet auteur une lettre en-
cyclique sur les rapports des chrétiens avec les musul-
mans et quelques prières liturgiques-.
Jacques d'Édesse fut l'ami de George, c[ui devint évê-
que des tribus arabes monophysites en l'an 686, et dont
le siège épiscopal était à Akoula (al-Koufah des Arabes).
Le livre de George le plus important est sa traduction de
VOrganoji d'Aristote (ci-dessus, p. 259}; il écrivit des
scolies sur les Écritures (ci-dessus, p. 77); il compila
des scolies sur les homélies de Grésroire de Nazianze
(ci-dessus, p. 313) et acheva YHexaméron de Jacques
d'Edesse (p. 282). George est encore l'auteur d'un
commentaire sur les Sacrements de l'Église^; d'une
homélie métrique sur le Saint-Ghreme'^; d'une autre
1. Ces lettres sont conservées dans le ms. Add. 12172 du Musée bri-
tannique. ■NVaiGHT en a publié deux dans le Journal of sacred liter.,
/ji'' séries, X, 430; Schroeter en a donné une autre, Zeitschr. der deut.
morg. Gesell. XXIV, 201; un fragment dans la Grammatica syr. de
Nestlé, 1« éd., p. 83, sur les rois Mages.
2. ZOTENRERG. Cutal., p. 28 et 47; Wright, Calai., p. 218. Sur Januarius
Candidatus d'Aniid , un contemporain d'Atlianase, voir ci-dessus, p. 313.
3. ■\Vrigut, Calai., p. 985.
4. Calai. Fa?., III, 102; Wright, Calai., p. 8i8.
DU VII<^ SIÈCLE. 379
homélie sur les ermites'; et d'un traité en vers de
douze syllabes sur le calendrier-. Sa correspondance
avec Jean le Stylite de Litarba, le prêtre Jacques, le
prêtre Jésu et d'autres personnes, est conservée en
partie dans le ms. Add. 12154, écrit de 714 à 718. Une
des lettres les plus intéressantes est celle qu'il adressa
au prêtre Jésu ci-dessus, p. 228; sur ses canons, voir
p. 182;. George mourut en 724.
Nous passons rapidement sur George, évêquedeMai-
pherkat ou Martyropolis , auteur de plusieurs épîtres,
et sur ses deux disciples, Constantin et Léon, qui furent,
tous deux, évêques de Harran. Constantin, qui confes-
sait les deux natures dans le Christ , écrivit des traités
de controverse contre les Monophysites. On ne connaît
de Léon qu'une lettre adressée au patriarche jacobite
Elias -^
Par cette lettre , Léon demandait à Elias les raisons
de sa conversion. Elias, en effet, avait appartenu au
parti dyophysite, mais il se rallia à la doctrine mono-
physite à la suite de la lecture des œuvres de Sévère
d'Antioche. Il avait été moine au couvent de Goubba-
Barraya, puis évêque dApamée, avant d'être élu pa-
triarche d'Antioche en 709 ; il mourut en 724. On pos-
sède de lui son apologie en réponse à la lettre de Léon '•.
i. Pat>e Smith, Catal., p. 425.
-2. Catal. Vat., lU, 53-2; AssÉmani, B. 0., I. 495.
3. AssÉMAM, B. 0., I, 4G5 et suiv.; Wuight, Srjriac lit., 2« éd., p. i60.
AssÉMAM plaçait George de Maipherkat vers 580; Wright le fait descen-
dre un siècle plus bas.
Sur Damel de Salah, un commentateur de cette époque, voir ci-des-
sus, p. 78.
4. Dans deux ms., tous deux incomplets, l'un au Vatican, Cod. Vat.,
145, et l'autre au Musée britannique, Add. 17181; voir Wiught, Syriac
lit., 2« éd., p. ICI.
380 LES ÉCRIVAINS
§ 2. — Le Vlir siècle.
Ce siècle brilla d'un éclat bien pâle autant chez les
Syriens orientaux que chez les Syriens occidentaux ; il
marque le commencement du déclin de la littérature
syriaque.
Parmi les écrivains nestoriens , nous citerons David
de Beit-Rabban, auteur du Petit Paradis et d'un traité
de géographie (voir ci-dessus, p. 158 et 283). David
composa aussi un traité sur le dixième chapitre de la
Genèse, dont un fragment, contenu dans le ms. Add.
14620 du Musée britannique, a été imprimé par Paul
de Lagarde {Prœtermissorum lihridao, p. 244). David
avait été moine dans le couvent de Beit-Rabban ou de
Zekajésu, puis dans le couvent Beit-Abé; il fut nommé
plus tard évêque des Kurdes ^ .
Babai bar Nesibnayé, c'est-à-dire fils des Nisibites,
ainsi nommé parce que sa famille était de Nisibe, se
consacra à la réforme de la musique dans l'Eglise nes-
torienne ; il fonda , en vue de l'enseignement de sa
nouvelle méthode, plusieurs écoles dans les diocèses
d'Adiabène et de Marga, notamment à Kephar-Ouzzel
et à Baschousch. Il établit sa résidence à Kephar-Ouz-
zel; puis, sur la fin de sa vie , il alla terminer ses jours
à Gebilta dans le diocèse de Tirlian, où il était né. Ba-
bai écrivit, outre une histoire monastique (ci-dessus,
p. 233), des sermons et des homélies, des hymnes et des
lettres ^.
Assémani place au temps du patriarche Péthion (731-
\. Histoire monastique de Thomas de Map.ga, H, cliap. xxiv. Cet auteur
paraît avoir été parfois confondu avec David, fils de Paul, qui vivait au
XIIP siècle., voir plus loin la notice consacrée à celui-ci.
2. Assémani, B. 0., ni, pars I, 117 et suiv. Quelques-unes de ses hym-
nes existent dans les bibliolljèiiues de Londres, de Paris et de Munich,
voir Wkigiit, Syriac lit., 2« éd., p. 185.
DU \m^ SIIXLE. 381
740) Barsahdé de la ville de Karka de Beit-Selok, au-
teur dune histoire ecclésiastique ' et d'un traité contre
la religion deZoroastre.
Abraham bar Daschandad enseigna à l'école de
Baschousch qui avait été fondée par Babai bar Xe-
sibnavé, comme nous l'avons rappelé plus haut. Il était
d'une nature chétive et on lavait surnommé Le boiteux^
mais, dès son enfance, Babai avait, dit-on, prédit
à sa mère son brillant avenir 2. Bar Bahloul, dans la
préface de son lexique . le cite comme une de ses au-
torités. Le catalogue d'Ebedjésu énumère les ouvrages
suivants qu'il composa '^ : un livre d'exhortations ; des
homélies sur la pénitence [çaj\ sur la cupidité^ ; des
lettres: Le livre de la voie du Roi; une controverse
avec les juifs ; et un commentaire sur les discours du
moine Marc.
Mar Aba II, ou simplement Aba, fut nommé pa-
triarche des Xestoriens en 741 et mourut en 751. Il
avait été auparavant évéque de Kaschkar, sa ville na-
tale. Barhebrœus lui attribue un commentaire des
œuvres de Grégoire de Xazianze ''. Ébedjésu cite de
cet auteur : des démonstrations; des lettres; un com-
mentaire sur la Dialectique d'Aristote; et Le livre des
généraux ou gouverneurs militaires) ^.
A cette époque appartient encore Siméon de Kasch-
kar ou Siméon bar Tabbahé {le fils des bouchers^
auquel Ebedjésu attribue une histoire ecclésiastique
(ci-dessus, p. 214).
1. Comp. ci-dessus, p. 213. Ce Barsahdé semble différent de Salidona
qui était aussi appelé Barsahdé, voir ci-dessus, p. 238.
2. Voir l7/iA^/oi>e monastique de Thomas de MatiGa, livre lU. chap. m.
3. AssÉMANr, B. 0., ni, pars I, i!»4.
'». Chron. eccl., H, p. 1^3; comp. ci-dessus, p. 313, et Mahi, I, 6C.
îî. Asskmanm, J5. 0., ni, pars I, lî>4 et Vol, comp. ci-dessus, p. 2(30.
M. Cliabot a publié et traduit une de ses lettres dans les Actes du
Congrès des Orientalistes de Paris, 181)7, Sect. sémitique, p. 205 et suiv.
3*2 LES ÉCRIVAINS
Sourin était évêque, d'abord de Nisibe, puis de Houl-
van ou Ilalah. Sa vie agitée se passa au milieu des
H"AiM'^"°Tf P^'"'"''=he eu 754 par l'émir arabe
dAl-Madam (Seleucie du Tigre), il fat aussitôt dé-
pose a la demande des évêques, par le calife Abdal-
lah, linvoye comme évêque à Bassora, Sourin fat
chassé par les habitants de la ville et il finit ses fours
en prison. Il est cité comme l'auteur d'un traité contre
les hérétiques; de démonstrations et de questions; et
d une traduction arabe d'une partie du livre des Élé-
ments attribué à Aristote '.
Cyprien, évêque de Nisibe en 741 , construisit en 767
la première église nestorienne à Tagrit, siège du mé-
tropolitain jacobite de l'Orient; quelques années aupa-
ravant 758-759, il avait élevé une somptueuse église
a I\isibe; il mourut en 767. Cet évêque composa un
commentaire sur les homélies théologiques de Gré-
goire de Nazianze, et un traité sur l'ordination ^
Abou-Nouh d'Anbar était secrétaire du gouverneur
musu man deMossoul et vivait au temps du-patriarche
limothee I qui en parle avec éloge dans ses lettres
encycliques de 790 et 805 \ Il est l'auteur : d'une réfa-
tation du Coran; d'une réfatation des hérétiques; et
d une vie de Jean de Dailam K
Le patriarche Timothée I avait eu pour maître Abra-
ham bar Daschandad à l'école de Baschousch. Avant
detre élu patriarche, il avait été évêque de Beit-
1. AssÉMANi, B. 0., IH, pars I, 1G9.
± Catal. d'Ébedjésu clans As.sémani, B. 0., III. vars I iii n-î do
3. AssÉMANi, B. 0., III, 2mrs I, 82 et IGi
4. AssÉMAM, B. 0., III, pars I, 212.
DU VIII-^ SIliCLt:. 383
Bagasch. Son élection fut le résultat d'intrigues et
souleva de vives contestations de la part de plusieurs
évêques; nommé en 779, il ne fut installé qu'au mois
de mai 780. De nombreuses missions nestoriennes dans
l'Asie centrale signalèrent son administration zélée. 11
mourut le 9 janvier 823 '. Timothée fut un des écrivains
les plus féconds de son siècle; ses œuvres comprennent :
une lettre synodale (ci-dessus, p. 177); un volume de
questions juridiques (ci-dessus, p. 186) : un volume de
questions diverses; un autre contenant des controver-
ses contre le patriarche George , qui lui avait été pré-
féré pour le siège patriarcal , mais qui mourut presque
aussitôt après son élection: environ deux cents lettres
en deux volumes; une discussion avec le calife Al-
Mahdi; et un traité d'astronomie-. Barhebrœus ajoute
des hymnes et un commentaire des œuvres de Grégoire
de Nazianze ^.
La part des Syriens occidentaux dans l'œuvre litté-
raire de cette époque est mince; on croirait qu'une
éclipse a voilé les esprits pendant les trois premiers
quarts du YllP siècle.
Lazare de Beit-Kandasa n'est connu que par le com-
mentaire qu'il compila sur le Nouveau Testament '. 11
vivait vers 775. à en juger par une liste chronologique
à la fin de la troisième partie des Épîtres Paulines , la-
i. Sur cette date voir Ébedjésu dans Lagaude, Prœtennissorum libri
duo, p. 93, 1. 1; comp. Amr, éd. Gismondi, p. G6.
2. Suivant Ébedjésu dans Assémani, B. 0., ni, pars I, p. iGO; eomp. ci-
dessus, p. 282, et Mari, éd. Gismondj, I, Ti,
3. I$AiuiEr.r..€Ls, Chron. eccL, H, p. 179; comp. ci-dessus, p. 313.
Sur Jésudenah, évêfiuc de Bassora, et ses œuvres, voir ci-dessus,
p. 213, 215 et 2G0.
4. Voir ci-dessus, j). 78. Le ras. Add. 1829.'; du Musée britannique
contient aussi une scolie de Lazare sur un passage de Pseudo-Denys
l'Aréopagite.
384 LES ECRIVAINS
quelle se termine celte année-là au calife Al-Mahdi^
Contemporain de celui-ci était peut-être Daniel , fils
de Moïse le Jacobite, cité par Elias de Nisibe comme
Fauteur dune chronique 2.
Théophile d'Edesse, fils de Thomas, jouit d'une no-
toriété rare chez les Syriens occidentaux de ce temps.
C'était un astronome distingué, particulièrement estimé
du calife Al-Mahdi ; il appartenait à la confession ma-
ronite; sa mort eut lieu en 785. Les œuvres de Théo-
phile, aujourd'hui perdues , comprenaient une histoire
et une version syriaque de Y Iliade et de Y Odyssée; on
attribue à cet auteur linvention des signes des voyel-
les employés par les Jacobites ^.
Le patriarche d'Antioche George fut élu en 758 dans
un synode tenu à Mabboug, La minorité opposante
nomma, de son côté, Tantipatriarche Jean de Callinice.
Celui-ci excita le calife Al-Mansour contre George, qui
fut mis en prison et y demeura pendant neuf années.
Ce patriarche mourut en 790 au couvent de Barsauma
près de Mélitène pendant une tournée épiscopale. Ou-
tre un commentaire sur l'Evangile de saint Mathieu
(ci-dessus, p. 78), George composa pendant qu'il était
en prison , des discours et des homélies métriques qui
ne nous sont pas parvenus.
Le second successeur de George sur le siège d'An-
tioche, Cyriaque, fut élu en 793 et mourut en 817. Les
réformes liturgiques qu'il voulut établir , le pacte qu'il
signa avec Gabriel, patriarche des Julianistes, échouè-
rent devant la résistance de ses adversaires, et la fin
de sa vie s'écoula dans l'amertume elles soucis-'. Les
1. "Wright, Syriac liter., -2^ éd., p. 162.
2. Voir ci-dessus, p. 213.
3. Voir ci-dessus, p. 214, 292 et 32o.
4. Voir Bap.hebr.eus, Chron.eccL, I, p. 329 et suiv. L'acte d'union signe
DU VII[= SIÈCLE. 385
canons que Cyriaque rédigea dans le concile quil
reunu a Beit-Batin dans le diocèse de Harran pour la
reforme de la liturgie, sont conservés dans plusieurs
manuscrits '. Ce patriarche écrivit en outre : une litur-
gie-; une homélie sur la parabole de la vigne s- une
epitre synodale sur la Trinité et llncarnation. adressé.
arable''""'''' '*''^'^^^°'^"« • ^^^'<'' et qui existe ~en
§ 3. — Le IX» siècle.
Ce siècle marque chez les Syriens une renaissance
des études scientifiques et historiques. Au premier
rang des écrivains nestoriens de celte époque fio-urent
les médecins qui jouirent de la faveur des califes \b-
bassides : Gabriel Boktjésu, Jean bar Maswai . Honein
Jean fils de Sérapion (voir ci-dessus, p. 275-277)
Gabriel Boktjésu fut médecin de la cour à Bao-dad
sous Haroun-al-Raschid, Amin et Al-Mamoun; il mou-
rut_en828. Il avait été, avec Jean bar Maswai, lun des
maîtres de Honein ^ Sur son œuvre scientifique, voir
ci-dessus, p. 275.
Jean bar Maswai naquit à la fin du VlIP siècle, dans
un village près de Ninive; il étudia à Bagdad sous la
direction de Jésu barNoun, qui devint patriarche à la
mort de Timothée I. Jean fut le chef de l'école la plus
florissante dans la capitale des califes; il mourut en
nis. Acta. l<l.o du Musée britannique, Wuight, Syriac liter. d IGG
1. Ci-dessus, p. 182; comp. B..nuEBR^c.s, Chron. cccL, I 33 '
2. ^Vriciit, Calai., p. 206 et 210.
3. WfîicuT, Calai., p. 887.
4. A-SSÉMAXr, B. 0., II, 117.
latefl'l"'^"'' ^^'°"' 'y'i^c^'>n^ôd. Bno-.s 139 et 170; éd. Bedj..n,
6. IBN Ani Oiszmx, I, 175; le Kilab al-Fifirisl, 205 ; Assémam B 0
IH, pars I, 501. comp. ci-dessus, p. 27G. assemam, b. 0.,
386 LES ECRIVAINS
Honein, en arabe, Abou Zaïd Honain ibn Ishak al-
Ibadi , fut également célèbre chez les chrétiens et les
musulmans pour ses traductions syriaques et arabes
délivres grecs. Nous lavons vu, dans notre première
partie', historien, philosophe, médecin, grammairien
et lexicographe, traiter de nombreux sujets scientifi-
ques. Ébedjésu mentionne encore de lui un livre sur la
crainte de Dieu qu'il écrivit quand il était diacre -. Un
grand nombre de ses ouvrages étaient écrits en arabe;
ils demeurent étrangers à notre sujet. Cet éminent
médecin était né à Hira et appartenait à la communauté
nestorienne des Ibâd '^. Il suivit d'abord les leçons de
Jean bar Maswai à Bagdad; mais, ayant déplu à son
maître, il se rendit en Occident pour y étudier le grec.
Quand il fut de retour à Bagdad , ses connaissances
médicales furent appréciées par Gabriel Boktjésu qui le
réconcila avec son ancien maître ; il fut nommé médecin
du calife Al-Moutawakil , et mourut en 873 '.
Jean, fils de Sérapion. vivait vers la fin de ce siècle.
Son père, originaire du Beit-Garmai, était médecin; il
eut deux fils, Jean et David, qui furent médecins comme
lui^. Sur les écrits de Jean, voir ci-dessus, p. 277.
On ne sait rien de certain sur la vie de Zacharie de
Merv, auteur d'un lexique syriaque, et qui paraît de-
voir être identifié avec le médecin Abou Yahya al-Mar-
wazi , auquel on attribue des écrits sur la logique (voir
ci-dessus p. 260 et 302). Cet auteur vivait vraisembla-
blement dans la seconde moitié du IX^ siècle.
1. Ci-dessus, p. 214, 2G0, 276-277, 29i, 299-301.
2. AssF.MAM, h. 0., III, pars I, IGo.
3. Ibn Abi Ouseibia prononce Ahâd, mais la forme Ihâd est indiquée
par les autres auteurs, voir Notloeke, Tabari^ p, 24, note 4; Augcst
Mleller, Lesarten, p. 24, en tête de l'édition d'Ibn Abi Ouseibia.
4. Comp. ci-dessus, p. 276, note 4.
o. Voir IBN Abi Ouseibia, 1, 109; D-" Leclerc, Histoire de la médecine
arabe, I, 113-117; comp. ci-dessus, p. 278, note I.
DU IX^ SIÈCLE 387
De la même époque est Jésu bar Ali, un disciple
d'Honein, qui composa aussi un lexique syriaque ci-
dessus, p. 502).
Quoique un traité de lexicographie soit attribué à
Jésu bar Noun (ci-dessus, p. 299\ c'est plutôt par ses
écrits théologiques que ce patriarche nestorien est
connu. Jésu bar Noun avait eu pour maître Abraham
bar Daschandad et pour condisciple Timothée, auquel
il succéda sur le siège patriarcal. Pendant son séjour
dans le Grand couvent du mont Izla , il s'appliqua à
réfuter la doctrine de Timothée sur le dogme de lln-
carnation. Dans la suite, il dirigea une école à Bagdad.
où il eut parmi ses élèves Jean bar Maswai. Jésu bar
Noun était au couvent de Mar Elias, à Mossoul, depuis
une trentaine d'années quand il fut nommé patriarche
le 18 juin 823 ^ ; il mourut quatre ans après . à Tâge de
quatre-vingt-quatre ans. Ses œuvres, suivant Ebed-
jésu-, se composaient : d'un traité de théologie; de
questions sur les Ecritures ;'ci-dessus, p. 84 ); de ca-
nons ecclésiastiques et décisions juridiques (ci-dessus,
p. 177): d'oraisons funèbres^; de lettres; d'un traité
sur la division des services de TEglise'; des interpré-
tations ; et un traité sur l'efficacité des hymnes et des
antiennes ^.
Denha ou Ibas, dont l'époque est incertaine, et que
Wright place au IX'- siècle, est l'auteur, suivant Ébed-
1. Sur cette date voir Ébedjôsu dans Lagarde, Prœlennissorum libri
duo, p. 93, 1. 3; Amr, éd. Gismo>di, p. 67, donne l'année 8-21.
2. AssÉMAM, B. 0., m. pars I. 16i.
3. Conservées en partie dans le ms.Add. 17-217 du Musée britannique,
Wright, Caial., p. 613.
4. De ce traité faisaient partie, suivant Assémani, les Réponses aux
questions du moine Macarius, voir Calai, ms. Vat., H, 483; III, 281 et
40.;.
5. Mari, éd. GisMCxor, I, 20, attribue à ce patriarche une version des
liemélies de Grégoire de Nazianze; comp. B. 0., III, pars I, 27y.
388 LES ÉCRIVAINS
jésu^, de sermons et de dissertations sur les lois ecclé-
siastiques , de commentaires sur les Psaumes , sur les
œuvres de Grégoire de Nazianze , d'après la version de
Tabbé Paul, et sur la dialectique d'Aristote (comparer
ci-dessus, p. 84, 260 et 313).
A ce siècle semble appartenir le prêtre Sliba, fils
de David, de Gozarte, dont le P. Cardahi fixe la mort
en 900 -. Ce prêtre composa un poème sur les docteurs
grecs et trois poèmes sur la pénitence.
Nous ne reviendrons pas ici sur Thomas de Marga
dont nous avons parlé précédemment (p. 216), ni sur
Jésudad, évêque de Iladitha, connu seulement par son
commentaire de la Bible (ci-dessus, p. 84) ^.
Denys de Tellmaliré, auteur d'une histoire estimée
des Syriens, mais aujourd'hui perdue^, ouvre la série
des écrivains jacobites de ce siècle. Denys était né à
Tellmaliré , localité située sur le Balikh (un affluent de
lEuphrate) , non loin de Callinice. Il fit ses études au
couvent de Kennesré , qui était à proximité , et , après
l'incendie qui détruisit ce couvent en 815, il passa au
couvent de Mar Yakoub à Kaisoum. C'est là qu'il se
trouvait lorsqu'il fut élu patriarche des Jacobites par le
synode des évêques tenu à Callinice en 818, après la
mort du patriarche Cyriaque. Son existence devint dès
lors aussi agitée et troublée que celle de son prédéces-
seur ; nous ne rappellerons pas les luttes incessantes
qu'il eut à soutenir contre ses adversaires et contre les
1. As-ÉMANî, B. 0., ni, pars I, 175; WrJGiiT, Syriac lit., 2^ étl., p. 218.
2. Liber thesauri, p. 59. Un extrait d'un de ses poèmes sur la péni-
tence, ibid., p. 57.
3. Sur Théodore bar Koni et Aaron, voir ci-dessus, p. 213 et 214.
Kendi, que cite Ébedjésu dans Assémani, B. 0., III, pars I, 213, est pro-
bablement l'auteur arabe Abd al-Masih ibn Isalik al-Kiudi, comme l'a
remarqué Wright, Syriac lit., p. 221.
4. Voir ci-dessus, p. 203.
DU IXe SitCLE. 389
gouverneurs musulmans, les voyages interminables
qui ne lui laissaient aucun repos. Barhebrœus nous a
laissé une biographie complète de cet inForluné pa-
triarche qui mourut le 22 août 845 ^
Le frère de Denys de Tellmahré , Théodose évêque
d'Edesse, fit une version des poèmes iambiques de Gré-
goire de Nazianze et de Ihomélie de ce Père sur les
miracles du prophète Elie (ci-dessus, p. 313). Cet évê-
que eut à souffrir des vexations du gouverneur d'E-
desse, Mohammed ibn Tahir, qui fit démolir les églises
que le précédent gouverneur, son frère Abdallah ibn
Tahir, avait laissé reconstruire. Théodose se rendit
avec le patriarche Denys en Egypte pour implorer les
secours d'Abdallah qui avait été envoyé dans cette
province ; sa démarche réussit et Mohammed se montra
plus conciliant.
Antoine le Rhéteur, dont nous avons mentionné le
traité de rhétorique ci-dessus, p. 304), était moine au
couvent de Tagrit et vivait à l'époque du patriarche
Denys de Tellmahré-. Ses autres ouvrages sont : un
livre sur la providence de Dieu en quatre parties ; des
panégyriques: des lettres de consolation; des hymnes
et des prières métriques^.
Lazare bar Sabta, évêque de Bagdad, qui fut dé-
posé de son siège en 829 par Denys de Tellmahré S
1. Chron. eccL, t. I, p. 3i3-386; comp. Wkigiit , Syriac Hier., 2« éd.
p. 196; J.-B. CuABOT, Chronique de Denys de Tellmahré, Paris, 1893,
Introduction, % \.
2. BAnnEnn.cus, Chron. eccL, I, 363.
3. Ses œuvres sont en partie conservées dans les ms. Add. 14726 et
17208 du Musée britannique. Rœdiger a imprimé une partie de son
hymne contre la calomnie dans la deuxième édition de sa Chrestoma-
thia syriaca, p. 110. Antoine fut un des premiers qui firent usage de
la rime, voir ci-dessus, p. 2j, note 1.
4. BARHF.np.ELs, Chron. eccL, I, 3<i:i. H reçut aussi, comme évêque, le
nom de Pliiloxéne et de Basile, voir Asskmam, B. 0., H, 1-23.
22.
390 LES ÉCRIVAINS
composa une liturgie et un ordre du baptême ^.
Un autre contemporain de Denys de Tellmahré,
c'était Jean, évêque de Dara, auquel est dédiée VHis-
toiî^e de Denys. Cet évêque est Tauteur de traités de
théologie : un traité en quatre livres sur le sacerdoce ;
un autre également en quatre livres sur la résurrection
des corps : et un important ouvrage sur l'âme. Le traité
sur le sacerdoce est conservé dans plusieurs manus-
crits. Zingerle a publié un extrait du livre II, Moiiu-
menta syiiaca. I, p. 105-110 (comp. Theol. Quartal-
schrift, 1867, p. 183; 1868, p. 267;. Overbeck a fait con-
naître, d'après un ms. de la Bodléienne, un passage du
quatrième livre sur le mariage des prêtres, S. Ephrœmi
syri... opéra selecta, p. 409-413. « Le traité sur la
résurrection est un ouvrage de haut intérêt et de grand
savoir, dit Frothingham- ; il renferme un chapitre où
est établie l'éternité du paradis et de Tenfer^ ». Jean
de Dara, comme nous Lavons vu plus haut, p. 318, fît
un commentaire d'une partie des œuvres de Pseudo-
Denys LAréopagite; il composa aussi une liturgie''.
Les œuvres de Nonnus , archidiacre de Nisibe , sont
contenues dans les ms. Add. 14594 du Musée britan-
nique. La principale de ces œuvres est un traité de
controverse contre Thomas de Marga , que Nonnus
écrivit dans la prison où Lavait fait jeter le gouverneur
de Nisibe ^^. Les autres écrits sont des lettres sur des
questions de dogme.
1. La liturgie a été traduite en latin par Renaldot, Liturgise orient.,
n, 399. L'ordre du baptême se trouve au Vatican, Cod, 147.
2. Stephen bar Sudaili, Leide, 188G, p. 66.
3. Livre IV, cliap. 21 . L'ouvrage est contenu dans les ms. iOO et 363
du Vatican. Des extraits du traité sur l'âme se trouvent dans le ms. 147
du Vatican.
4. ÂssÉMAM, B. 0., H, 123.
5. Wkight, Catal., p. 618. Suivant Barhebrœus, Chron. eccL, I, 363,
Nonnus avait été l'un des accusateurs de Philoxêne ou Lazare bar
DU IX^ SIÙCLl-. 391
Nous avons parlé plus haut des principaux ouvrages
du médecin Romanus , un moine du couvent de Kar-
temin, qui devint patriarche des Jacobites en 887. sous
le nom de Théodose, et qui mourut en 896. Ce sont :
une collection de maximes (p. 267) ; un recueil de mé-
decine (p. 275; ; et un commentaire du livre dHiéro-
thée (p. 360 . Nous ajouterons une lettre synodale' et
une homélie sur le carême-, conservées en arabe.
Le plus fécond des écrivains jacobites de ce siècle
fut Moïse bar Képha , dont la vie a été écrite par un
auteur syriaque anonyme^. Moïse naquit à Balad, vers
813, et mourut le 12 février 903 ' . à làge de quatre-
vingt-dix ans. Après avoir pris l'habit monastique, il
fut nommé évêque des villes de Beit-Ramman , Beit-
Kiyonaya et Mossoul, et reçut à ce moment-là le nom
de Sévère. Il exerça ensuite les fonctions de périodeute
ou visiteur du diocèse de Tagrit pendant dix ans. Moïse
laissa de nombreux ouvrages ; nous avons déjà parlé
de ses commentaires bibliques p. 78 ; de son traité
sur la prédestination 'p. 252 ; de son commentaire sur
la dialectique dAristote p. 259); et de son Hexaméron
(p. 283 . Moïse est en outre l'auteur : d'un ouvrage sur
le paradis, divisé en trois parties et dédié à son ami
Ignatius^; d'un traité sur lame en quarante chapitres
avec un chapitre supplémentaire sur l'utilité des of-
Sabta, évêque de Bagdad, qui fut dépossédé de son siège, comme nous
l'avons rappelé plus haut. Nonnus vivait donc dans la première moitié
du IX« siècle.
4. AssÉMAM, B. 0., II, 424.
2. Blusce britannique, ms. Add. 7-206; Calai. Rosen, p. 103.
3. As^ÉMAM, B. 0., II, 218 et suiv.; comp. Baiihebr j:ls , Chron. eccl,
I, 393; 11,217.
4. Sur cette date voir Assémam, B. 0., II, 218; Bariiedrjils, Chron.
eccl., I, 39i, note 1.
5. Cet ouvrage n'est connu que par la traduction latine que Masius
publia en 1369, De paradiso commentarius, Anvers JPIantin); comp. B.
0., II, 128, n^ 2: réimprimée dans .Migne, Palrol. grœca, CXI, p. 481.
392 LES ÉCRIVAINS
frandes faites pour les morts ^ ; de Controverses coîitre
les hérésies - ; de traités sur les Sacrements ; d'homé-
lies^; de discours sur des sujets divers^; et d'écrits
liturgiques, parmi lesquels deux liturgies "^ On ne pos-
sède plus le commentaire qu'il rédigea des œuvres de
Grégoire de Nazianze, ni son histoire ecclésiastique,
dont parle son biographe.
§ 4. — Le X" siècle.
Les écrivains de ce siècle sont peu nombreux. Chez
les Nestoriens , le premier en date paraît être Henan-
jésu bar Seroschwai, évêque de Hira, qui composa des
questions sur les Ecritures et un lexique syriaque (voir
ci-dessus, p. 84 et 302). Ses œuvres ne sont pas conser-
vées et on ne sait rien de sa vie. La perte de son lexique
est , en quelque sorte , compensée par la compilation
de Bar Bahloul qui semble le reproduire presque en
entier^.
On ne sait non plus rien de Bazoud ou Abzoud, qui
a laissé un Lwre des définitions (ci-dessus, p. 261).
Elias, diacre de Pérozschabor ou Anbar , vivait vers
922^. Il composa : un recueil de poésies en trois volu-
mes^; une apologie; des lettres et des homélies.
1. Ce traité existe dans le ms. syr. 147 du Vatican.
•2. AssÉMAM, D. 0., n, 31 ; probablement identique avec Le livre sur
les sectes, cité par Assémani, ibid., p. 131.
3. Existent dans des ms. du Musée britannique, de la Bibliothèque
nationale et du Vatican.
4. Dans les ms. Add. 17188 et 21210 du Musée britannique.
o. L'une de ces liturgies a été traduite par Renaldot, Lit. Orient., II,
391.
6. Nous renvoyons pour Bar Bahloul à ce que nous avons dit de cet
auteur ci-dessus, p. 303.
7. Elias de Nisibe dans Baethgen, F:'aomente, p. Si; Assémaxi, D. 0.,
III, pars I, 258.
8. Existe au Vatican, ms. syr. 183; à Berlin, Coll. Sachau, 132; et à
DU V SIÈCLE. 393
George métropolitain d'Arbèle, vers 945. mourut en
987. Il laissa une exposition des offices de l'année ,
divisée en sept sections , dont Assémani a donné une
analyse ^ On a aussi de lui quelques hymnes- et une
collection de canons ci-dessus, p. 183 .
A ce siècle appartiennent deux frères, Ebedjésu bar
Schahharé et Emmanuel bar Schahharé , qui mouru-
rent , le premier en 971, et le second en 980 ^. Ebedjésu
laissa des poésies moins estimées que celles de son
frère. Le P. Cardahi ' a imprimé, daprès le ms. du
Vatican 184 , un passage du poème de cet auteur sur
?^Iikael, le disciple de saint Eugène -^ Emmanuel était
professeur à l'école de Mar Gabriel dans le couvent
Supérieur à Mossoul. Il composa un hexaméron en
vers (ci-dessus, p. 283), et quelques traités d'explica-
tions liturgiques.
André, l'auteur d'un traité de ponctuation, que
Wright place à la fin du X- siècle 'voir ci-dessus,
p. 293) , clùt la série des écrivains nestoriens de cette
époque. Il composa aussi quelques hymnes , appelées
tourgamé, ^âa^»o'•.
Chez les Jacobites, la littérature syriaque semble
avoir subi une éclipse presque totale; on n'a guère
écrit qu'en arabe pendant ce siècle. Nous avons cité
ci-dessus, p. 213, la chronique du diacre Siméon. sur
la vie duquel les renseignements font défaut.
Cambrid^'C. Le P. Cardaui en a publié quelques extraits, Liber the-
sauri. 7-2-76.
i. li. 0., III, pars I, 518-oiO.
2. Ms. du Vat. m et ni ; Berlin, Coll. Sachau, n° 107, 2
3. D'après Cafidahi, Liber thesaiiri, p. 71 et 138.
4. IbiJ., p. 130.
.'». Le sujet de ce poème semble empruuté aux Actes de saint Eugène
dont la rédaction est attribuée à Mikael, comp. ci-dessus, p. 154,
note 1.
394 LES ÉCRIVAINS
§ 5. — Le XP siècle.
Ce siècle est aussi terne que le précédent; la déca-
dence littéraire ne subit plus que de rares arrêts.
Après de longs intervalles apparaît quelque savant
docteur qui s'efforce de ranimer le feu des études près
de séteindre , mais ses efforts tourneront le plus sou-
vent au profit de la science arabe.
Les auteurs nestoriens occupent encore le premier
rang par le nombre et la valeur de leurs ouvrages.
C'est d'abord Elias I, élu patriarche en 1028, après
avoir été évêque de Tirlian , et qui mourut en 1049.
Pendant qu'il était évêque , il s'occupa de travaux gram-
maticaux (ci-dessus, p. 296) ; devenu patriarche, il for-
ma une collection des synodes nestoriens et rédigea
des traités de droit civil i^ci-dessus, p. 176 et 186). Amr
ibn Matta^ lui attribue une Compilation en vingt"
deux chapitres sur les principes de la religion, qui
pourrait être identique, comme le pense Wright, avec
ses traités de droit; et la composition d'une liturgie^.
Un autre Elias , contemporain du patriarche , Elias
bar Schinaya, métropolitain de Nisibe, est l'écrivain le
plus remarquable du siècle. Il avait mené la vie mo-
nastique au couvent de Mikael à Mossoul , puis au cou-
vent de Siméon sur le Tigre ; il fut nommé évêque de
Beit-Nouhadré en 1002 et métropolitain de Nisibe en
1008 ; il survécut au patriarche Elias F; il fit une recen-
sion de la collection de synodes de celui-ci; et un résumé
de ses traités juridiques (ci-dessus, p. 178 et 186). Ses
1. Voir Maris, Amri et Slibse... commentaria, éd. Gismo^di, ii, 98; AssÉ-
MASi, B. 0., ni, pars I, 263.
2. Non pas a form of consécration of the altar, comme traduit Wright,
Syriac liter., 2« éd., p. 233,
3. C.vRDAni, Liber thesauri, p. 84, fixe sa mort à l'année 10j6.
DU Xl^ SIECLE. 395
autres ouvrages sont : une chronique 'ci-dessus, p. 211) ;
une grammaire syriaque (ci-dessus, p. 294 ; un vocabu-
laire arabe-syriaque (ci-dessus p. 304) ; des hymnes et
des homélies métriques, dont quelques-unes sont con-
servées dans des livres d'offices ' ; des lettres-. Elias bar
Schinaya écrivit aussi en arabe ; nous avons mentionné
précédemment (p. 252) son Lii^re de la démonstration
de la vérité de la foi; Assémani a analysé dans sa BibL
oîientalis, t. \l\, pars I, 270-272, six de ses disserta-
tions arabes.
Abou Saïd Ebedjésu bar Bahriz était abbé du couvent
de Mar Elias à Mossoul ; il fut l'un des candidats au
siège patriarcal en 1028, lorsque le sort désigna Elias I ^ ;
il devint ensuite métropolitain d'Arbèle et de Mossoul.
Ses ouvrages se composent : d'une collection de canons
ecclésiastiques et de décisions ci-dessus, p. 183 ; d'un
traité sur les successions (ci-dessus, p. 186 ; et dune
explication des offices de l'Eglise.
Assémani faisait de Daniel bar Toubanita un con-
temporain d'Ebedjésu bar Bahriz; ^Yright le plaçait
au milieu du IX° siècle ^ Si la conjecture de M. Cha-
bot, identifiant Daniel bar Toubanita et Daniel bar
Maryam, était confirmée, cet auteur aurait vécu beau-
coup plus tôt, à la lin du YII^ siècle, au temps même
d'Isaac de Ninive dont il combattit la doctrine voir ci-
dessus, p. 235).
Parmi les écrivains jacobites, on cite Jean de Maron,
I.Ms. du Yat. 90,91 et 184: Berlin, Coll. Sachau, n° 64,10. Une homélie
avec la rime unique an et sans olaf a été publiée par C.vnDAiii, Liber
thesauri, p- 83, comp. ci-dessus, p. 28. note 1.
2. Le ms. syr. Vat. 129 contient les lettres adressées aux évêques et
au peuple de Bagdad pour protester contre l'élection du patriarche
Jésuyab Ijar Ézcchiel.
3. Maris, Amriet Slibx... commentaria, éd. Gismondi, ii, 98.
4. Syriac liter., 2« éd., p. 23i.
396 LES ÉCRIVALXS
auteur d'un commentaire sur le livre de la Sao-esse
(ci-dessus, p. 79] ; il mourut vers 1017. Ce Jean de
Maron avait étudié à Édesse sous Mar Mekim. Il fut
professeur d'abord au couvent de Goubas, construit
depuis peu de temps près de lEuphrate, aux environs
de Mélitène; puis au couvent que le moine Elias bar
Gagai fonda auprès de Mélitène, et il alla terminer ses
jours dans le couvent dAaron, non loin d'Édesse, où
il avait passé sa jeunesse K
Mark bar Kiki . archidiacre de l'église des Jacobites
à Mossoul, fut nommé en 991 maphrien (métropo-
litain jacobite de lOrient) sous le nom d'Ignace. Ses
mauvaises mœurs lui aliénèrent l'esprit du clero-é; il
s'enfuit en 1016 à Bagdad, où il se fit musulman; de-
venu l'objet du mépris universel, il tomba dans une pro-
fonde misère; il revint ensuite à résipiscence 2; il com-
posa alors sur sa chute un poème dont Barhebrœus
nous a conservé quelques vers ^.
Jésu bar Schouschan fut élu patriarche jacobite
sous le nom de Jean X, en 1058, par le parti qui se re-
fusa à reconnaître l'élection d'Athanase de Haye ou
Athanase YI. En butte aux outrages de ses ennemis, il
abdiqua et se retira dans un couvent. A la mort d'Atha-
nase (1064), il fut nommé de nouveau et conserva son
siège jusqu'à sa mort arrivée en 1073 ^ Jésu bar Schou-
schan composa : une liturgie ; des canons ecclésiasti-
ques (ci-dessus, p. 183; ; un traité sur l'huile, le ferment
1. voir BAF.HEEr,.ELS, Chron. eccL, I, 403- iOT. Les éditeurs de cette
chronique, p. 404, note 2, se demandent si Assémani n'a pas confondu
avec ce personnage Jean Maron , auquel il a consacré un long article
dans sa B. 0.,I, 49G-o2i).
2. BAr.HEER.€Ls, Chron. ecc/., II, 257; 287-289; Élus de Nisibe, dans B.£Tir-
GEN, Fragmente, 105 (trad. 153).
3. Chron. eccL, II, 289. Le P. CARDAni les a réimprimés dans son Liber
titesauri, p. 140; celui-ci fixe la mort de Mark bar Kiki à 1030 ou lOiO.
4. BAP.HEBP.ius, Chron. eccL, I, 437-447.
DU XIP SIÈCLE. 397
et le sel que les Jacobites ajoutaient au pain eucharisti-
que • ; quatre poèmes sur le pillage de Mélitène par les
Turcs en 1058 -; plusieurs lettres, dont quelques-unes
en arabe ^. Bar Schousclian avait entrepris une codifi-
cation des œuvres d'Isaac d'Antioche, mais la mort
l'empêcha d'achever ce travail (voir ci-dessus, p. 340>
Saïd bar Sabouni était, suivant Barhebraeus ^ , un sa-
vant distingué, qui écrivit en grec et en syriaque. Le
patriarche Athanase YII le nomma au siège épiscopal
de Mélitène en 1094, et il fut consacré évèque sous le
nom de Jean. Il entra à Mélitène le jour même où furent
fermées les portes de la ville assiégée par les Turcs,
et il fut massacré au mois de juillet 1095 , pendant le
siège, par le commandant Gabriel^. Bar Sabouni est
l'auteur de plusieurs hymnes^.
§ 6. — Le XII« siècle.
La plupart des ouvrages nestoriens de cette époque
ont été composés en arabe; nous ne nous arrêterons
qu'aux auteurs qui ont écrit en syriaque.
Joseph bar Malkon , qui prit le nom de Jésuyab au
moment de son élévation au siège métropolitain de Xi-
sibe en 1190, mourut sous le patriarche Sabrjésu V
1. Existe à la Bibliothèque nationale, Catal. Zotenberg , p. 71; un
fragment, ibid., p. 51. Ce traité a été écrit à la suite d'une controverse
de Bar Schouschan avec le patriarche d'Alexandrie, Christodule, As-
sF.MAM, B. 0., II, 144, 356.
2. Voir sur cet événement Baruebr^cs, Chron.syr.^ éd. Bnixs, p. 252,
.:d. Bedjan, p. 238; Assémam, fî. 0., II, 317.
3. Lettre au patriarche d'Arménie, A^skmam. fî. 0.. 11,211,383; CoUect.
Sachau, n" GO, 1°; lettres arabes au patriarche d'Alexandrie, Christo-
dule, sur Ihuile et le sel du pain eucharistique, Assémam, ibid., II,
508.
i. Chron. eccl., I, 463.
o. Barhedrjecs, Chron. syr., éd. Bruns, p. 278, éd. Bedjan, p. 262.
6. Une hymne acrostiche pour l'office de la prise de l'habit monacal
se trouve dans des ms. du Vatican, de la Bibliothèque nationale, du
LITTÉRATURE SYRIAQUE. 2-3
398 LES ÉCRIVAINS
(1226-1256). On possède de cet auteur un traité gram-
matical en vers syriaques, intitulé Le i^éseau des points
(ci-dessus, p. 294-295); ses autres ouvrages, un traité
sur la foi, des homélies et des lettres, étaient en arabe ^
A la même époque vivait le moine Siméon Schanke-
lavaya , le maître de Jean bar Zoubi , qui écrivit pour
son élève la Chronologie mentionnée ci-dessus, p. 213.
On a encore de ce Siméon un poème en vers syriaques,
mais en style énigmatique et incompréhensible sans un
commentaire. Ebedjésu commenta ce poème à la de-
mande de son disciple Abraham. Le P. Cardahi Ta pu-
blié dans son Liber thesaïui, p. 89, mais sans y joindre
l'explication d'Ebedjésu, de sorte que le texte reste
lettre morte-. On lui attribue aussi la composition de
questions sur rEucharistie et le baptême , quil publia
sous le nom de lapôtre saint Pierre^.
Jean bar Zoubi, moine du couvent de Sabrjésu à
Beit-Koké, dans l'Adiabène , et l'un des disciples de Si-
méon Schankelavaya, est surtout connu par ses œuvres
grammaticales (ci-dessus p. 296). Il composa aussi des
homélies métriques sur la foi ^ et un poème en vers de
sept syllabes sur les quatre problèmes de la philoso-
phie ^.
Musée britannique et de la Bodiéienne , Wright, Syriac liter.., 2^ éd.,
p. 227.
AssÉMANi, B. 0., Il, p. CLi, attribue au frère de Saïd,Abou Glialib bar
Sabouni, trois poèmes sur la prise d'Édesse par Zengi, qui eut lieu en
1144, mais, comme Abou Ghalib mourut en 1129, Wuigut, Syi'iac liter.
2'' éd., p. 24i, estime que ces poèmes ont dû être composés par son
successeur sur le siège épiscopal d'Édesse, Basile bar Schoumna (1143-
1169).
1. AssÉMA>-i, B. 0., m, 2^ars I,29o-306.
2. Le P. Caudaiii, l. c, p. 9i, place à tort la mort de Siméon en 780.
3. AssÉMAM, B. 0., III, 2iars I, uG2.
4. Ms. Orient. 2305 du Musée britannique; Coll. Sachaii, n° 8. Une de
ces homélies a été traduite par Badgeu, The Nestoj'ians, II, loi; Comi).
AssÉMAM, B. 0., JII, pars I, 309.
b. Coll. Sachau, n° 72, la.
DU XIF SIÈCLE. 399
Les Jacobites comptent quelques écrivains de mérite.
Jean, évéque de Harran et de Mardin ainsi que d'au-
tres villes de la Mésopotamie , avait été nommé par le
patriarche Athanase VII, en 1125 ; il mourut d'une chute
de cheval en 1165, à l'âge de soixante-dix ans. Jean s'oc-
cupa de relever de leurs ruines les églises et les cou-
vents de son diocèse. C'était un ami des lettres; il se
composa une bibliothèque et copia plusieurs exem-
plaires des Évangiles en lettres d'or et d'argent. Un
certain nombre de captifs emmenés par Zengi après la
prise d'Édesse (1144) lui durent leur rançon '. La chute
dEdesse lui inspira un poème, dans lequel il niait l'ac-
tion de la Providence, hérésie qui souleva l'indignation
des autres évoques. Il laissa aussi une liturgie -.
Le plus fécond des auteurs jacobites de ce siècle fut
Jacques bar Salibi , qui reçut le nom de Denys lors de
son élévation au siège épiscopal de Marasch par le pa-
triarche Athanase VIII, en 1154; l'année suivante, le
patriarche lui assigna en plus le diocèse de Mabboug:
Michel le Grand, le successeur d'Athanase, le transféra
en IIGG à Amid où il mourut en 1171 ^. Ses œuvres for-
ment une longue liste ; Assémani en a reproduit l'énu-
mération d'après le ms. syr. 32 du Vatican ^. La plus
importante est le commentaire sur TA, et leN. T. dont
nous avons parlé précédemment, p. 79; les autres sont :
un commentaire sur les Centuries d'Evagrius avec le
texte traduit en syriaque ^ ; un commentaire sur les
écrits des Docteurs; des commentaires sur la dialecti-
1. B.\noEiîR.ELS, Chron. eccl., I,o01, i)25-o27, i>31 ; Asslmam, B. 0., II,
21G-2-2G.
2. AssKMAM, B. 0., II, 230.
3. BA[;iiEBn.€Ls, Chron. ceci., I, îilS-oluetSîiO; Assém.vm, B. 0., II, 156-211.
4. B. 0., II, 210; conip. Catal. Bibl. Laur. et Palat. Med., p. 79; Bauiie-
15R.ELS, Chron. eccl., I, p. îiG2, note.
5. Existe à Berlin, Sacuac, Verzeichniss... Aller Bestand, 37, 1.
400 LES ÉCRIVAINS
que (ci-dessus, p. 361); un livre de lettres; un abrégé
des histoires des Pères, des saints et des martyrs; un
recueil des canons apostoliques ^ ; plusieurs traités de
théologie - ; des écrits liturgiques ; deux liturgies ; un
traité contre les hérésies ^ ; un traité sur la Providence,
contre Jean, évêque de Mardin '• ; un panégyrique de
Michel le Grand; un traité sur la structure du corps
liumain (ci-dessus, p. 279); des homélies; deux poèmes
sur la prise d'Edesse en 1144 ^; trois poésies sur la prise
de Marasch par les Arméniens en 1156 '^; deux autres
sur les poursuites dirigées contre le maphrien accusé
d'avoir marié une musulmane à un chrétien en 1159".
Le principal ouvrage de Michel le Grand, ou Michel
le Syrien, c'est sa chronique (ci-dessus, p. 207). Michel
était fils d\m prêtre de Mélitène nommé Elias; après
avoir été abbé du couvent de Barsauma, il fut élu pa-
triarche en 1166; sa mort eut lieu en 1199^. Ses œuvres,
en dehors de sa chronique, consistent en : une revision
du pontifical et du rituel jacobite^; une liturgie'^; un
traité sur la préparation à la Communion, dirigé contre
les Coptes ^^ ; des canons ecclésiastiques, cités par Bar-
1. n semble ne rien exister de ces ouvrages.
2. Quelques-uns de ces traités sont contenus dans des ms. du Vati-
can, de la Bibliothèque nationale et de la Bodléienne.
3. Parties de ce volumineux ouvrage au Vatican, à la Bibliothèque
nationale et à la Bodléienne.
4. Voir ci-dessus, p. 390, la notice sur cet évêque.
o. BARHEBR.EUS, ChroH. sijr., éd. Bi-.UNS, 3-28, éd. Bedja>-, 303.
G. Les Arméniens avaient emmené en captivité Bar Salibi , qui s'évada
et se retira au couvent de Kalisoura; Bauiiebr.eus, Chroa. syr., éd.
BnuNS, p. 34G, éd. Bf.djan, p. 3-2i.
7. BAKHEDr.JEUs, Chroii. eccL, U, 351.
8. L'histoire de ce patriarclie se trouve dans Baruebr.cls, Chron. eccL,
I, 333-005; comp. Assé.mam, B. 0., II, 134 et suiv.
9. Ms. du Vat. 31.
iO. Ms. au Vatican, à la Bibliothèque ijixtiûDiaLe e^ à Leide; traduite
par Renaudot. Lit. Orient., II, 431.
11. Bardebr-eus, Chron. eccl.
DU XIIP SIÈCLE. 401
hebrœus dans son Noiiiocanon; un traité sur l'institu-
tion sacerdotale, et une profession de foi' ; un poème
sur le procès fait au maphrien en 11 59-.
L'histoire de Théodore bar Wahboun, un disciple de
Michel le Grand, est intimement liée à celle de son
maître^, contre lequel il s'insurgea. Il semble avoir
rejeté la doctrine monophysite et s'être rapproché des
Orthodoxes^; ses partisans le nommèrent patriarche à
Amid en 1180 sous le nom de Jean, tandis que Michel
occupait le siège d'Antioche. Cependant la fortune de
Bar Waliboun fut de courte durée ; il fut déposé et re-
légué dans le couvent de Barsauma, d'où il parvint à
s'échapper. Finalement il se retira en Arménie où le roi
Léon le nomma patriarche des Jacobites de son terri-
toire, et il mourut en 1193. Barhebrœus'^ vante sa
science; Bar Wahboun, dit-il, possédait quatre lan-
gues : le grec, le syriaque, l'arménien et l'arabe. Cet
auteur écrivit une liturgie^, une explication de la Messe
et un livre en arabe contre le patriarche Michel '.
§ 7. — Le XIIP siècle
et la fin de la littérature syriaque.
Ce siècle a produit encore quelques écrivains de
bonne marque : Salomon, métropolitain de Bassora,
plusieurs poètes, et Ébedjésu, métropolitain de Nisibe,
\. Ces deu\ écrits se trouvent en arménien ajoutes ù la version de
la chronique de Michel.
2. Comp. la notice sur Bar Salibi, ci-dessus, p. 400. Jlichel revisa en
1185 la vie d'Abhai, évoque de Mcée, Asskmam, B. 0., II, 505; Wiugut,
CataL, p. ll-2i; Syriac liter., 2« éd., p. 251.
3. Elle est racontée par Barhebrcieus avec celle de Michel, Chron. eccL,
I, 553-5S9.
4. Voir BAnnEDPoEi's, Chron. eccl., I, 58V, noie i.
5. Op. cit., r, p. 581.
G. Traduite en latin par Rknaldot, Lit. Orient., II, 4C0.
7. B\RiiEBR>EUS, Chron. eccl., I, 581.
402 LES ECRIVAINS
chez les Nestoriens; David, fils de Paul, Jacques bar
Schakako, xVaron bar Madani et Barhebrseus, chez les
Jacobites.
On sait peu de chose de la vie de Salomon. Il était
natif de Khalat ou Akhlat, ville située sur la côte ouest
du lac Van, et devint évêque métropolitain de Bassora;
c'est en cette qualité qu'il assista en 1222 à la consé-
cration du patriarche nestorien , Sabrjésu^ Nous avons
eu précédemment (p. 91) l'occasion, de parler de son
principal ouvrage intitulé Le Iwre de Vaheille, une
compilation historique et théologique, dans laquelle
sont insérées de nombreuses légendes. Assémani avait
fait connaître ce livre, dont il a donné une analyse dans
sa Bibliotheca orientalisy t. III, pars I, 309-324.
Schœnfelder le traduisit en latin, Salomonis liber Apis ^
Bamberg, 1866. M. Budgel'a édité avec une traduction
anglaise à Oxford en 1886, sous le titre de The book
of the bee. Le catalogue d'Ebedjésu^ cite encore de
Salomon : un traité sur la configuration du ciel et de la
terre; quelques courtes homélies et des prières.
Quelques Nestoriens cultivèrent avec succès la poésie
religieuse.
George Warda d'Arbèle composa une collection
d'hymnes qui ont été insérées dans les offices de l'Eglise
nestorienne et forment un recueil désigné sous le nom
de Warda. Gomme le marque Wright^, la date de ces
poésies est indiquée par les hymnes qui parlent des
calamités survenues pendant les années 1224-1227.
4.ASSÉMAM, B. 0., II, lu3, U" Tô.
2. AssÉMA>i, B. 0., m, pars I, 309.
3. Syriac liter., 2« éd., p. 283; comp. Badger, The Nestorians, II,
p. 2';. Badger a traduit en anglais trois hymnes, ibid., p. ol,G8, 97. Le
P. Cardaht, Liber thesauri, p. 51, a édile une partie de l'hymne sur
lAnnoncialion; il reproche à Warda d'avoir fait un trop grand usage de
mots grecs; l'année 1300 (ju'il indique pour la mort de cet auteur est
trop basse pour être vraisemblable.
DU XIIP SIl-CLE. 403
Khamis bar Kardahé. également d'Arbcle, est, lui
aussi, l'auteur d'une collection d'hymnes, dans lesquel-
les sont exposés la vie, les paraboles et les miracles du
Sauveur; d'autres traitent de la pénitence. Khamis était
le cinquième fils de ses parents, appelés Kardahé [les
forgej'Ofis), telle est l'origine de son nom. Sa collection
a également été introduite dans les offices nestoriens
sous le nom de K/iamfs '. L'époque où il vivait est celle
de Daniel bar Khattab, un jeune contemporain de
Barhebraeus, auquel Khamis adressa quelques vers-.
Un contemporain de Warda, Masoud ibn al-Kass
composa des poésies pour la fête de l'Epiphanie^. C'é-
tait un médecin distingué du calife Mostasem, à Bag-
dad. Après la mort du calife il vécut dans la retraite '' ;
il finit ses jours en 1280^.
On possède un long poème de Gabriel Kamsa, qui
fut d'abord moine au couvent de Beit-Kouka et devint
ensuite métropolitain de Mossoul; il assista en cette
qualité à la consécration du patriarche nestorien, Yab-
allaha III, en 1281. Ce poème traite de la Création,
de l'Incarnation, etc., et se termine par un panégyrique
de Sabrjésu, le fondateur du couvent de Beit-Kouka^.
Jean de Mossoul, un moine du couvent de Saint-Mi-
1- Voir Badger, I. c, p. 24. Badger a traduit une de ses poésies, ibid.,
p. 38. Le P. CxRD\n\, Liber thesauri, p. 59, a donné quelques extraits;
il fixe la mort de Khamis à 1350.
2. Ces vers sont conservés dans une poésie de Barhebrieus, Catal. Vat.,
III, 358; Catal. Payne Smith, col. 377; comp. Assémaxi, B. 0., II, 308,
III, pars I, 560; Wright, Syriac liter., 2« éd., p. 281 et 28'*.
3. Une de ces poésies existe dans le ms. Vat. I8i. Le P. Cardaiii en a
imprimé des extraits dans son Liber thesauri, p. 125.
4. Bakiiecr.cls, Histoire des Dynasties, éd. Pococke, p. 522; éd. Saliiam,
p. 478; AssKMAXi, B. 0., \\\y pars I, 561.
5. Suivant Cardaim, Liber thesauri, p. 126.
6. Ce poème se trouve dans le ms. 180 du Vatican; comp. Assémani,
B. 0., III, pars I, 560. Le P. Cardaiii en a donné un long extrait, Liber
thesauri, p. 107.
404 LES ÉCRIVAINS
chel près de cette ville , a laissé un recueil de poésies
édifiantes, intitulé Le livre de l'homme vertueux,
)vi.oj \i3^i |J>co, qu'Elias Millos, archevêque d'Akra, a
publié à Rome en 1868 avec d'autres poèmes syriaques^
sous le titre de Directorium spirituale"^ . Ce livre a été
écrit, suivant Millos, en 1245; le P. Cardahi^ place la
mort de Jean de Mossoul en 1270.
Nous arrivons à Ebedjésu, métropolitain de Nisibe,
le dernier des écrivains nestoriens qui méritent d'être
mentionnés. Ebedjésu bar Berika, lorsqu'il fut élevé
au siège métropolitain de Nisibe et d'Arménie vers 1290
par le patriarche Yaballaha III, était évêque de Singar
et du Beit-Arbayé (ou Tour-Abdin) depuis environ cinq
ans ; il mourut en 1318^. Il a rédigé lui-même la liste
de ses nombreuses œuvres à la fin de son précieux ca-
talogue qui nous a transmis le titre de maints ouvrages
nestoriens aujourd'hui disparus. Ce catalogue a été édité
une première fois par Abraham Ecchellensis à Rome
en 1653, sous le titre &q Hebedjesu^ tractatus continens
catalogum, etc.; Assémani en a donné une meilleure
édition dans sa Bibliotheca orientalis^l. IW^pars I; il
a été traduit, d'après un ms. nouveau, par Badger dans
The Nestorians, II , 361 ; Badger en fixe la rédaction à
Tannée 1298. On déplore la perte de plusieurs des livres
d'Ébedjésu : son commentaire sur l'A. et le N. T.
1. Notamment vingt-deux poésies de David, fils de Paul (confondu
avec David de Beit-Piabban), trois poésies d'Ébedjésu de Nisibe, deux
poésies de saint Éphrem, une poésie de Jean bar Pinlvayé.
2. Le P. Cardahi a imprimé un passage d'une poésie de Jean de Mos-
soul dans son Liber thesauri, p. di9. Il est peu probable que cet au-
teur soit identique avec le Mossoulien, un grammairien dont Car Sclia-
kako parle avec peu d'éloge , voir La métrique chez les Syriens de
l'Abbé Maktin, Appendice, p. G8 et 70. Les poésies de Jean de Mossoul se
trouvent dans le ms. Orient. 2150 du Musée britannique.
3. Op. cit., p. 1-20.
4. AssÉMAM, B. 0., III, pai's I, 325 et suiv.
DU XIIl^^ SIKCLE. 40:i
(ci-dessus , p. 84 ; le livre sur la vie de Notre Seigneur
sur la terre ; le livre contre les hérésies ; le livre des
mystères des philosophes grecs et douze traités sur
toutes les sciences ci-dessus, p. 263^; des décisions et
des canons ecclésiastiques. Mais nous possédons son
Noinocanon (ci-dessus, p. 178- ; son traité de philo-
sophie et de théologie, intitulé La perle ci-dessus,
p. 253; ; son Paradis de VEden (ci-dessus, p. 27); une
collection de vingt-deux poèmes sur l'amour de la sa-
gesse et de la science'.
Timothée IL qui succéda comme patriarche des Nes-
toriens à Yaballaha III en 1318, après avoir été métro-
politain de Mossoul et d'Arbèle , est l'auteur de canons ,
qu'il rédigea pour le synode tenu Tannée de son élec-
tion au siège patriarcal, et d'un livre sur les Sacre-
ments-.
Nous terminons par les écrivains jacobites.
David, llls de Paul, appartient évidemment à la der-
nière époque littéraire ; la forme de ses poésies en fait
foi. Il a dû vivre au commencement du XlIP siècle,
peu de temps avant Barhebrœus. qui le cite dans son
Magasin des mystères et lui donne tantôt le titre de
moine, tantôt celui d'évêque ^. Son Dialogue entre un
Melkite et un Jacobite au sujet de l'addition qui cruci-
fixus es pro nohis dans Ihymne du Trisagion^ ne
1. Ms. ITi du Vatican ; ms. Marsh, 201 et 361 de la Bodiéienne. A la Bi-
bliothèque nationale se trouve un poème explicatif du calendrier, attri-
bué à Ébedjc.su, Calai. Zotenberg , p. 128; à Berlin, Saciiau, Verzeich-
niss... AUer Besland, n" 41, 4, des hymnes pour les offices sous le nom
d'Ébedjésu. Sur le commentaire du poème cnigmatique de Siméon
Schankelavaya. voir ci-dessus, p. 398. Sur une brève chronologie écrite
par Ébedjéâu, voir ci-dessus, p. 213; comp. Lagarde, Prœtermissorum
libri duo, p. îX); et page pre-CfdenU', noie 1.
2. AssKMAM a décrit et ai^lysé ces ou\Tages, D. 0., III, pars 1,567-380.
3. AssÉMAM, D. 0., II,2i3.
4. Ms. au Vatican, syr. 146 et 208; à la Bibliothèque nationale. Calai.
23.
406 LES ÉCRIVAINS
laisse pas de doute sur sa confession jacobite. Cepen-
dant cet auteur semble avoir été confondu avec Tévê-
que nestorien, David de Beit-Rabban ^ , du VHP siècle,
sous le nom duquel des manuscrits renferment des
ouvrages d'une époque de beaucoup postérieure. De ce
nombre sont : Thomélie métrique sur les climats (ci-des-
sus, p. 283) ; et vingt-deux poésies d'une forme étrange
sur l'amour de la sagesse, imprimées dans le Direc-
torium spirituale- , p. 172-214. On a encore de David,
fils de Paul : un poème sur l'alphabet syriaque , qui rap-
pelle les Midrasch alphabétiques des Juifs *^; une note
sur les lettres qui permutent '• ; une énumération des
Catégories d'Aristote (ci-dessus, p. 262); un poème sur
la morale, en vers de douze syllabes^; et des extraits
d'un ouvrage grammatical (ci-dessus, p. 297).
Jacques bar Schakako ^ qui prit le nom de Sévère
en devenant évêque, était d'abord moine au couvent de
]yîar Mattai près de Mossoul. Il avait étudié la gram-
maire sous Bar Zoubi au couvent de Beit-Kouka dans
lAdiabène; Kamal ed-Din ibn Younous, un philosophe
Zotenberg, p. 154; à la Bodléienne (en arabe), Catal. Payne Smith, col.
449 et 459. Sur l'addition en question, voir Assémam, B. 0., I, 518 et sulv.;
n, 305, 30G, etc., et la dissertation de Bar Schakako dans son Livre des
trésors, deuxième partie, chap. li.
1. Dans le ms. syr. 9 de l'india Office, contenant des extraits d'un
ouvrage grammatical de David, fils de Paul, celui-ci est nommé avec
répithète de de Beit-Rabban. M. Gottlieil croyait à l'identité de David
de Beit-Rabban et de David, fils de Paul, Proceedings of the Amer. Or.
Society, mai 1891, CXI et CXY.
2. Voir ci-dessus, p. 40i, note 1.
3. Ms. 20" du Vatican; 197 et 215 de la Bibliothèque nationale. M. Golt-
heil l'a édité, d'après le ms. 197 de la Bibl. nationale, dans la Zeitschr.
fur AssyrioJogie, VIII, 8G-99.
4. Ms. 270 de la Bibl. nationale.
5. Ms. 96 du Vatican. Un autre poème sur le repentir, dans une ver-
sion arabe, ms. 58 du Vatican. Le P. Cardahi a donné quelques strophes
des poésies de David, fils de Paul, dans son Liber thesauri, p. 138.
G. Ce nom étant écrit avec deux Kaf, nous préférons cette pronon-
ciation à celle de Scliakko.
Df XIII^ SIÈCLE. 407
arabe de Mossoiil, renommé à cette époque, lui avait
enseigné la dialectique et la philosophie. Bar Schakako
mourut en 1241 pendant une visite qu'il allait faire au
patriarche Ignace 11. Ses nombreux manuscrits passè-
rent après sa mort à la bibliothèque du gouverneur de
Mossoul'. Nous avons eu souvent l'occasion de citer
ses Dialogues, œuvre encyclopédique sur les sciences
enseignées aux Syriens ; nous avons cité également son
LiVre des ti-ésors, compilation théologique écrite en
1231 et qui renferme dintéressantes notices scientifi-
ques (voir ci-dessus, p. 284). Le ms 7193 Rich du Mu-
sée britannique a de cet auteur deux lettres en vers
de sept syllabes : la première , dont chaque vers com-
mence et finit par la lettre phé, est adressée à Mark
Fakhr ad-Daula, fils de Thomas: la seconde, dune
composition aussi artificielle,, avec cette différence que
la lettre initiale et finale des vers est la lettre îaç^, est
adressée au frère de celui-ci, Abou Tahir Saïd Tadj
ad-Daula 2. Les autres écrits de Bar Schakako sont :
une confession de foi sur la Trinité et ITncarnation:
une explication des offices et des prières ces deux écrits
sont cités dans son Lii>re des trèsoj^s ; une exhortation
pour l'ordination des prêtres ^.
Aaron bar ^ladani, qui avait été nommé évèque de
1. B.vriHEBRJECs, Chron. eccL, ïl, 403-ill. Barhebroeus dit : « Il possé-
dait de nombreux volumes qui furent tous reçus dans le demosion du
gouverneur de Mossoul. » Le mot ôr^udoioy signifiait en Syrie « bain
puljlic », « trésor de l'État », « archives publiques ». C'est ce dernier
sens qu'on doit lui donner ici.
2. Catal. Rosen, p. 8i; dans ce catalogue Bar Schakako est désigné
sous le nom de Jacques, évéciue de Tagrit; dans d'autres manuscrit?, il
est appelé Jacques de Maiphcrkat; ces épitliétes sont inexactes; cet évè-
que résidait à Mossoul. Sur les fils de Thomas auxquels ces épitres
étaient adressées, voir la notice suivante.
3. Celte exhortation se trouve, sous le nom de Jacques de Maiphcrkat,
dans des ms. du Vatican, de la Laurenlienne et de la Bibliothé(jue na-
tionale.
408 LES ÉCRIVAINS
Mardin sous le nom de Jean, fut élevé à la dignité de
maphrien de l'Orient par le patriarche jacobite,
Ignace II, en 1232. Son extérieur peu avantageux et
son manque d'éloquence déplurent aux chrétiens de
Mossoul. Après cinq ans, il se retira à Bagdad, où il
jouit de la faveur des trois fils de Thomas, Schams ad-
Daula, Fakhr ad-Daula et Tadj ad-Daula, médecins
influents de la cour du calife Mostansir. A Bagdad .
Bar Madani composa un panégyrique de Mar Aaron en
vers de douze syllabes, et il se perfectionna dans la
connaissance de la littérature arabe. La considération
dont il était entouré dans la capitale des califes l'ac-
compagna à son retour à Mossoul. La mort d'Ignace II
en 1252 fut l'occasion d'un schisme, comme le fait se
renouvelait fréquemment dans ces temps troublés de
l'Église jacobite; quelques évêques choisirent pour
patriarche Aaron Angour qui prit le nom de Denys,
les partisans du maphrien élurent Bar jNIadani. L'ac-
cord ne fut rétabli qu'après le meurtre de Denys dans
le couvent de Barsauma près Mélitène , en 1261 , et
Bar Madani gouverna sans rival l'Église jacobite jus-
qu'en 1263 ' . Les œuvres de cet éminent prélat con-
sistent en de nombreuses poésies 2; parmi les plus
remarquables on cite un poème sur l'âme , intitulé L'oi-
seau 3 ; un autre sur la voie de la perfection ^ ; et un
sur la prise d'Édesse et d'autres villes par le sultan
seldjoucide Ala ad-Din Kaikobad en 1265. Bar Madani
1. Barhebr.ecs, Chron. eccL, H, 407-416; comp. I, 693-743.
2. Le ms. de la Bodléienne , Hunt. I, en contient soixante, Catal, Payne
Smith, coi. 379-382; d'autres dans le ms. de Berlin, Coll. Sachau, 207,
3, et à la Laurentienne, Catal., p. 108.
3. Ms. du Vat. 20'*; Bodléienne, Hunt. I et Poe. 290, Cat. Payne Smith,
col. 382 et 041 ; Berlin, Coll. Sachau, n° 61, 8.
4. Un extrait dans le Libe7' thesauri du P. Cardahi, p. 66.
DU XIII* SIÉCLU:. 409
a laissé une liturgie ' et des homélies en arabe pour les
fêtes de l'année-.
Barhcbrceus cite à l'année 1228 le médecin Gabriel
d'Edesse qui composa en syriaque des livres de méde-
cine et de philosophie (ci-dessus, p. 278, note 2 .
Il nous est agréable de clore ces notices par Barhe-
brœus dont le nom revient si souvent dans l'histoire de
la littérature syriaque. Ses nombreuses œuvres s'éten-
dent sur toutes les branches des sciences ; il semble
qu'il ait senti venir la fm de la vie intellectuelle en
Syrie, et qu'il songea à ériger un monument résumant
toute la civilisation passée, plutôt que de créer de nou-
velles voies à l'avenir. De là le caractère impersonnel
de ses livres qui manquent d'originalité ; Barhebrseus
est avant tout un vulgarisateur, mais c'est en même
temps un savant encyclopédiste qui a à son service une
méthode claire et précise . une critique sasrace. On doit
cependant lui reconnaître un vrai talent d'historien : sa
Chronique syriaque et sa Chronique ecclésiastique
sont à placer sans conteste au premier rang de ses
écrits. Ses poésies sont tournées avec facilité et ne
manquent pas de grâce ; elles forment un heureux con-
traste avec les élucubrations métriques des Xestoriens
de son époque qui travestissaient l'art dune manière
si pitoyable. On s'étonne que Barhebrœus ait été un si
grand écrivain quand on pense aux temps calamiteux
pendant lesquels il vivait.
La vie de Barhebrœus nous est connue en détail
;4Tâce aux informations qu'il nous a laissées dans ses
chroniques^. Grégoire Abou'l-Faradj était son vrai
nom ; il avait reçu le nom de Grégoire quand il fut con-
\. Voir Renaldot, LU. Orient., 11,512.
2. M3. du Va t. 97 et 220.
3. Chron. syr., éd. BniNs, p. 503 et suiv., éd. Bf.djan, p. «78; Ilist. des
410 LES ÉCRIVAINS
sacré évêque, son nom de baptême était Jean; il est le
plus souvent désigné par son surnom de Bar Ébroyo ou
Barhebrœus, c'est-à-dire le fds de l'Hébreu, parce que
son père Aaron , médecin distingué de Mélitène , était
un juif converti. Barhebrseus naquit à Mélitène en 1226 ;
sa jeunesse s'écoula dans l'étude'. Lorsque les Mon-
gols attaquèrent Mélitène pendant l'été de 1243, x\aron,
retenu par la récolte des grains , ne put fuir en Syrie ; il
eut l'année suivante l'occasion de soigner et guérir le
général mongol qui était tombé malade ; puis il se retira
avec ses enfants à Antioche, qui était encore aux mains
des Francs. Son fils aine, Bariiebrœus, prit Ihabit mo-
nacal et se rendit à Tripoli, où il étudia la mé-
decine et la philosophie avec un maître nestorien,
nommé Jacques. Au mois de septembre 1246, Barhe-
brseus , alors âgé de vingt ans . fut nommé évêque de
Goubos, près de Mélitène, par le patriarche jacobite,
Ignace II; l'année suivante, il passa au siège épiscopal
de Lakabin, dans le même contrée. A la mort d'Ignace
en 1252 , il prend parti pour Denys contre Bar Madani
(voir la notice précédente), et Denys le transfère à Alep ;
mais cette ville appartenant à la faction dissidente de
Bar Madani, Barhebra3us dut se retirer auprès de son
patriarche dans le couvent de Barsauma ; il ne revint à
Alep qu'en 1258. Six ans après, en 1264, Barhebrseus
est élevé par le patriarche Ignace III à la dignité de
maphrien de l'Orient, et il conservera cette fonction
jusqu'à sa mort survenue en 1286. Depuis son entrée
dans les ordres jusqu'à sa mort, Barhebrseus mena une
Dynast., éd. Pococke, p. 486, éd. Saluant, p. 'iSiî et suiv. ; Chron. eccl.,
n, 431 et suiv. ; comp. Assémam, D. 0., il, 244 et suiv.; Abbéloos et Lamy,
Barhebrsei chron. eccl. ^\, Préface; Nof.ldeke, Oricntalische Skizzcn, Ber-
lin, 1892, p. 253-273; WniGiiT, Syriac liter., 2« éd., p. 265-281.
1. Il n'étudia pas le grec et la littérature grecque comme on l'a pré-
tendu; NoELDEKE, l. c, p. 254, le remarque avec justesse.
DU XIIF SIÈCLE. 411
vie agitée^ ballottée entre les intrigues des partis politi-
ques et religieux , les calamités des invasions mongoles
et les voyages incessants d'Occident en Orient que ses
charges lui imposaient. Ce digne prélat sut se faire es-
timer et honorer de tous non seulement à cause de sa
science éprouvée, mais aussi grâce à son caractère con-
ciliant et modeste. Son frère, Barsauma, qui a continué
sa Chronique ecclésiastique, nous a laissé un touchant
tableau du deuil que sa mort , arrivée à Maraga , répan-
dit sur tout le clergé de l'Orient, jacobite, nestorien
ou arménien. Son corps fut ramené plus tard au couvent
de Mar Mattai, près de Mossoul. où résidait le ma-
phrien et où Ton voit encore aujourd'hui son tombeau.
Barsauma a rédigé un catalogue des œuvres de son
frère ^ Nous avons parlé dans notre première partie
de la plupart de ses œuvres : nous devons ajouter : un
livre sur l'interprétation des songes, qui date de la
jeunesse de l'auteur: une liturgie , traduite en latin par
^QnsMàoi , Litui^giœ orient., II, 456; et de nombreuses
poésies très estimées des Syriens-.
Nous nous arrêterons ici. Les Tartares ont apporté de
l'Orient en Mésopotamie et en Syrie, non pas la lu-
mière, mais le fer et le feu. La prise de Bagdad par
Houlagou en 1258 met fin à la dynastie des Abbassides.
Les Mongols traînent derrière eux le meurtre et la dé-
vastation , et une longue ère d'obscurantisme va s'ap-
pesantir sur l'Asie.
1. BABHEBii^cs, Chron. eccl., U, 475-481.
2. Éditées en grande partie par Lr.>GEr.KE, Kœnigsberg, 1836-183S fédi-
tion médiocre); par le Maronite Aiglstin Scebabi, Rome, 1877. En 1880,
YoHA>?iA NoTAYS Darau.m a publié à Rome le poème sur la Sagesse divine.
Un extrait dans le Liber thesauri du P. CAUDAin, p. 63. M. Bldge a donné
quelques autres morceaux dans son édition du Livre des con /es amu-
sants de BAnuEBP^LS (ci-dessus, p. 2G8--269).
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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^ Rome, 1719-17:^8.
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latinae codicum ms. orientalium catalogus, Florence, 1742.
Ét.-Év. Assémani et J.-S. Assémani. — Bibliothecae apostoUcae
vaticanae codicion manuscrij)tonnn catalogus, partis I, t. Il-lII
(ms. sjTiaques), Rome, 1758-1759,
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Muséum acquired since the year 4838, t. I-III, Londres, 1870-
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Georg. Ébedjésu Kuayyath. — Syri orientales, seu Chaldaei,
Nestoriani et romanorum Pontificum Primatus, Rome, 1870.
Gust. Bickell. — Conspeclus rei Syrorum litterariae additis
nolis bibliographicis et excerptis anecdotis , Munster, 1871.
II. Zotenberg. — Manuscnts orientaux. Catalogues des manus-
crits syriaques et sabcens {mandaïtes) de la Bibliothèque na-
tionale, Paris, 1874.
1. Les éditions de textes syiinqiics .nyaiit ôlc' mciilioniit-cs dans les
notes du livre, il est inutile d'en raiipeler ici les litres. On en trouvera
la liste à peu prés complète dans les ouvrages de Nestlé et Biockel-
mann cités p. suiv.
414 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
GeopxG Hoffmann. — Auszilge aus syrischen Akfen persîscher
Milrtyrer, Leipzig, 1880, dans les Abhandlungen fïir die Kunde
des Morijenlandes, voL YII, n» 3.
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tomathie und Glossar, ziueite, vermehrle und verbesserte Auflage
der Brevis linr/uae syriace grammatica, Berlin, 1888. — Syrien
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schen Handschriften, l-II, Berlin, 1899.
Carl Brockelmann. — Syrische Grammatik mit Litteralur, Chres-
tomathie und Glossar, Berlin, 1899.
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Journal asiatique, Paris, 1822 sqq.
Revue sémitique, Baris, 1893 sqq.
Revue de l'Orient chrétien, Paris, 1896 sqq.
Zeltschrift der deutschen morgenlilndischen Gesellschaft, Leipzig,
1846 sqq.
Zeltschrift fur die Alttestamentliche Wissenschaft herausgegeben
von Dr. Bernhard Stade, Giessen, 1881 sqq.
Zeltschrift fur Assyriologie und verwandte Gebiete, Weimar,
1885 sqq.
Wiener Zeltschrift fur die Kunde des Morgenlandes , Vienne,
1887 sqq.
Orlentalische Bibliographie, herausgegeben von Dr. A. Mueller,
Berlin, 1887 sqq.
Giornale délia Socletà asiatica itallana, Florence, 1887 sqq.
Transactions of the royal asiatlc Society, Londres, 1827-1835.
Journal of the Royal aslallc Society, Londres, 1834 sqq.
The american Journal of Archaeology and of the History of the
fine Arts, Baltimore, 1885 sqq.
Hebraica, Chicago, 1884-1894.
The american Jounral of semitic languages and literatures {con-
tinuatlng « Hebraica »), Clrcago, 1895 sqq.
INDEX ALPHABETIQUE
DES AUTEURS ET DES OUVRAGES ANONYMES
(Les chiffres gras indiquent les principales notices sur les auteurs
et leurs ouvrages).
Aarox, 213.
Aaron bar Madam, voir Jean bar
Madani.
Aba, voir Mar Aba.
Aba Nathamel, 84.
Aba Zixai, 233.
Abdallah ibn al-Mokaffah, 324.
Abdochos, 299.
Abou Baschr, 304-305.
Abou'l-Faradj ibn at-Tib, 48.
177.
Abou Isaac ibn al-Assal, 179.
Abou Nouh d'Anbar, 382.
Abou Zacharia, 304.
Abou Yahya al-Marwazi, voir
Zacharie de Merv.
Abraham l'abbé, 179-180, 231.
Abfuuam bar Daschandad, 381,
382.
Abraham bar I<L\rdahé. 349.
Abraham de l'école de Nisibe, 82,
349.
Abraham de Kaschkar, 221.
Abraham Katina, 349.
Abraham de Nethpar, 232.
Absamya, 338.
Abzoud, voir Bazoud.
AcACius, 176, 345.
AcACius d'Amid, 345.
Actes de Mari, 11 L 117-120.
Actes des martyrs de la Méso-
potamie occidentale, 121-129.
Actes des martvrs de la Perse,
129-153.
Actes de S. Thomas, 98-100.
Actes des saints, 154-105.
Adam d'Akra, 24 n. 1, 218.
Ahai, 133.
Ahoudemmeh, 250, 290, 366.
Aksenaya, voir Philoxcne.
Alahazeka, 213.
Al-Madjidi, 25 n. 3.
Amr ibn Matta, 133, 137, 146, 210
211, 253.
André, 293, 393.
André de Jérusalem . 79.
Antoine le Rhéteur, 25 n. 1, 304,
389.
411
INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
Aphmmaran, 223.
Aphraate, 20, 23, 47, 155, 225-
229.
Ara, 348.
ASKO AL-SCHABDANI, 25 ïl. 3.
Atha.nase de Balad, patriarche
d'Antioche, 258, 312, 320,
378.
Atkex, 214, 223.
Babai l'abbé, 83, 146, 221-222,
231, 236-237.
Babai bar Xesibxayé, 233, 380.
Babai le patriarche, 176.
Baoutii, 24 n. 1.
Balai, 20, 337.
Bar Ali, voir Jésu bar A!i.
Bar Bahloul, 54, 72, 214, 274,
275, 276, 277, 280, 302, 303.
Bardesane, 4, 10, 18, 21, 100,
241-248, 281.
Barhadbeschaba, 84, 214.
Bakhatar, 160.
Barhebraeus, 7, 30, 65, 67, 70
n. 1, 71, 74, 77, 78, 79, 80-
81, 111,120,136, 137,146, 148,
178, 182,203, 208-211, 214,
219, 240, 241,243, 252-253,
256, 259, 262-263, 258-269,
273, 276, 277, 278, 285, 287,
290, 292, 297, 299, 305, 312,
356, 359, 360, 381, 396, 397,
401, 409-411.
Bar Idta, 222.
Bar Khaldoun, voir Jean bar
Khaldoun.
Bar Sahdé, 213, 381 ; comp. 238.
Barsauma l'abbé, 352.
BaRSAUMA de Nisibe, 176, 345-
346.
Bar Zoubi, voir Jean bar Zoubi.
Bazoud, 261, 392.
Beréhjésu (ou Berikjésu), 239.
Boud, 257, 324.
Causa causarum, 250-252, 284.
Caverne des trésors (la), 90-91,
204.
Chroniques, 201-202, 206, 209,
213; comp. Histoire de la ville
de Beit-Slok.
Chronique d'Édesse, 6, 104, 189-
190.
Chronique de Josué le stylite,
187-189, 205.
Chronologies, 213.
Constantin, 379.
Curetonienne (la version), 44,
45-49 , 52-54.
Cyprien de Nisibe, 213, 382.
Cyriaque d'Antioche, 182, 384-
385.
Cyriaque de Nisibe , 83.
Cyrillona, 337-338.
Dada, 341.
Dadjésu 1 , 82, 176.
Dadjésu 11, 156.
Dadjésu l'abbé, 180, 239.
Daniel bar ]\Iaryam , 214, 235.
Daniel bar Toubanita, 234, 235
395.
Daniel fils de Moïse, 213, 384.
Daniel de Salah, 78.
David de Beit-Rabban, 158, 223,
2S3, 380, 406.
David fils de Paul, 262, 283 n. 5,
297,405-406..
David métropolitain maronite,
179.
Denha (ou Ibas), 84, 260, 313,
387.
INDEX ALPHABÉTIQLE DES AUTEURS.
rl7
Denys bar Salibi, 77, 79, 158,
259, 261, 279, 399.
Denys de Tellmahré, 203.
Denys de Tellmahré (Pseudo-),
150, 192, 196, 200, 204-206,
388-389.
Diatessaron (le), voir Tatien.
Doctrine d'Addai (la), 38, 44,
103-117, 118, 123, 124, 125.
Èbedjésu (Joseph Hazzaya) , 236.
Ébedjésu bar Bahriz, 183, 186,
395
Ébedjésu bar Schahharé, 25 n. 1,
Ébedjésu de Gozarte, 300.
Ébedjésu de Nisibe, 25 n. 3, 27-
28, 84, 88, 158, 170, 178, 180,
182, 183, 18'4-185, 191, 199,
203, 214, 221, 232, 235, 236.
237, 238, 253, 254, 256, 259,
261, 263, 284, 293, 294, 308,
346, 348, 351, 371, 381, 387.
398, 404-405.
Ébedjésu le patriarche chaldéen.
25 n. 3, 67.
Elias d'Anbar, 25 n. 1 et 5, 213,
392.
Elias bar Schinaya (ou Elias de
Nisibe), 25 n, 3, 28 n. 1, 137,
178, 184, 186, 211-212, 229,
252, 294, 295, 304, 384, 394-
395.
Elias le compagnon de Jean de
Telia, 163.
Elias Djauhari, 177.
Elias de Merv, 83, 214, 373.
Elias le patriarche jacobite,
379.
Elias de Tirhan ou Elias I, 176,
184, 186, 296, 298, 394.
Elias de Singar, 313.
Elisée bar Saphamn, 83.
Elisée le patriarche, 83.
Emmanuel bar ScuAiinARÉ, 283,
393.
Enanjésu, 156-157, 250, 300,
301,372.
ÉPHREM, 10, 18-24, 25, 36, 47,
75-77, 85, 108, 128, 153, 159,
243, 246, 331-337.
Etienne bar Soudaili, 358-
360.
EuDOCHus, voir Abdochos.
EusÈBE de Césarée, 5, 152-153.
ÉzÉCHiEL le patriarche, 176.
Gabriel Arius, 83.
Gabriel bar Boktjésu, 275, 277,
302, 385.
Gabriel le chaldéen, 25 n. 3.
Gabriel d'Édesse, 278 n. 2, 409.
Gabriel d'Hormizdaschir, 349-
350.
Gabriel Kamsa, 403.
Gabriel (Rabban) de Nisibe, 313.
Gabriel Taureta (ou Rabban
Gabriel), 130, 223, 238.
George (Giwargis) d'Alkosch, 26
n. 2, 29 n. 1, 100.
George évêque des Arabes, 77,
86, 182, 228, 229, 259, 282,
313, 378.
George d'Arbèle, 183, 393.
George de Nisibe, 373.
George le patriarche d'Antioche,
78, 384.
George le patriarche nestorien,
176, 373.
George de Maipherkat, 379.
George moine et martyr, 146,
418
INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
George de Resafa, voir Sergis
de Resafa.
George de Saroug, 353 n. 4.
George de Schouster, 214.
George Warda, 402.
Gesius (ou Gosius), 274.
Giwargis d'Alkosch, voir George
d'Alkosch.
Gosius, voir Gesius.
Grégoire Aboul-Faradj, voirBar-
hebraeus.
Grégoire l'abbé, 231, 338.
Grégoire de Xisibe, 214, 232.
Grégoire le patriarche, 176.
Hannana d'ADiABÈxE, 83, 232.
234, 236, 350.
Henanjésu BAR Seroschwai, 84,
213, 302, 392.
Henanjésu le patriarche, 176, 260.
373-374.
Héracléenne (la version), 14.
64, 66, 80.
Hexaplaire (la version), 14, 31,
64-66, 79, 80.
Histoire de la ville de Beit-Slok,
120, 131, 132, 143, 145.
Histoire de Yaballaha 111, 220.
HoBEiscH, 260, 277.
Honeln, 214, 260, 274, 276-277,
294, 299, 300, 301, 302, 304.
386.
Ibas, 70, 82, 87, 254, 343-344.
Ibas ou Denha, voir Denha.
Ibn al-Masihi, 26 n. 2.
Ibrahim de Séleucie de Syrie.
25 n. 3.
Ignace d'Antioche, 22.
Immanuel de Beit Garmai, 218.
Invention de la Croix, 111-113.
Isaag d'Antioche ou Isaac le
Grand, 5, 19, 20, 340-341.
IsAAC fils de Honein, 277.
IsAAC de Ninive, 228, 233-235,
237.
IsAAC le patriarche, 176.
IsAiE d'Arzoun, 130.
Israël d'Alkosch, 24 n. 1, 2,
n. 3.
Jacques Baradée, 362-363.
Jacques bar Salibi, voir Denys
bar Salibi.
Jacques bar Schakako, voir Sé-
vère bar Schakako.
Jacques d'Édesse, 32, 36, 49,
70-71, 77, 95,152,181, 202,
250, 258, 282-283, 290-292, 293,
298, 312, 320, 353, 376-378.
Jacques de Khalat, 84.
Jacques Philoponus, ou Jacques
d'Édesse (?), 203, 319.
Jacques de Saroug, 19, 20, 100
109, 117, 128, 141 n. 1, 147,
152, 153, 160, 323, 352-356,
358, 359.
Januarius Canuidatus d'Amid;
313.
Jean, 220.
Je\n I, 375.
Jean X, voir Jésu bar Schou-
schan.
Jean d'Apamée, 234, 240.
Jean d'Asie (ou Jean d'Éphèse),
5, 150, 162, 163, 189, 191-195,
196, 197, 360, 364.
Jean bar Abgar, 182, 183.
Jean bar Aphtonia, 77, 319, 361.
Jean bar Cursus (ou Jean de
Telia), 180, 353, 361.
Jean bar Khaldoun, 24 n. 1, 221
INDEX ALPHABETIQUE DES AUTEURS.
19
Jean bar Khamis, 295.
Jean bar Madani, 407409.
Jean bar .AIaswai, 276, 385, 386.
Jean bar Pinkayé, 295.
Jean bar Zolbi, 290, 295, 296,
300, 398.
Jean de Beit-Garmai (ou Jean
le moine), 214, 222,223, 232,
373.
Jean de Dalyata, voir Jean
Saba.
Jean de Dara, 318, 390.
Jean de l'école de Nisibe, 83,
^49.
.Jean fils de Sérapion, 277, 386.
Jean de Harran, 399.
Jean de Maron, 79, 395-396.
Jean de Mossoul, 403-404.
Jean le patriarche d'Orient,
182.
Jean Psaltès, 152, 319.
Jean Saba (ou Jean de Dalvata),
234, 237.
Jean le stylite, 294.
JÉsu barÀli, 302, 387.
Jésu bar Noun le patriarche, 84,
177, 299, 387.
JÉSU bar Schouschan (ou Jean X),
183, 340, 396-397.
JÉsuBOKT, 182, 284.
Jésudad de Haditha, 84.
Jésudad de Hira, 34.
Jésudenah de Bassora, 213, 215,
230, 260.
JÉsuYAB 1, 170, 176, 351.
JÉSUYAB II, 83, 371.
Jésuyab III (ou Jésuyab d'.Adia-
bène), 24 n. 1, U:, 371-372.
JÉSUYAB de Ilazza, 26 n. 2.
Jésuzeka, 214, 351.
JoB de Katar, 84.
Joseph d'Ahwaz, 70, 292, 299,
349.
Joseph bar Malkon, 294-295,
397.
Joseph Hazzaya (ou Joseph d'A-
diabène), 158, 216, 234. 236-
237, 351.
Joseph le patriarche, 176, 350.
JosuÉ le stylite, 188, 206.
Kalila et Dimna (ou Kalilag et
Damnag), 324, 325.
Khamis bar Kardahé, 403.
KouMi, 87, 254.
KouRA de Saroug, 208.
Kouzsia le prêtre, 150.
Laz.\re bar Sabta, 3S9.
Lazare de Beit-Randasa, 78,
383.
Légende d'Abgar, 6, 32, 38;
comp. Doctrine d'Addai.
Légende de l'homme de Dieu,
161.
Légende des sept dormants
d'Éphèse, 147-148, 196. 2<J4.
Légende des trente deniers de
Judas, 111, 116-117.
Lectionnaires syropalestiniens ,
57-61.
LÉON, 379.
Mana , 87, 347-348.
Mara d'Amid, 361-362.
Mara l'archidiacre, 145.
Mara fils de Sérapion, 24S.
Mar Aba I, 67, 83. 176. 21n-219.
Mar Aba II, 26<J, 313. 381.
Mar Aba, disciple d'Éphrcm, 76,
337.
Mari, 82, 345, 347.
420
LNDEX ALPHABETIQUE DES AUTEURS.
Mari ibn Soleiman (ou Mari, fils
de Salomon), 118, 210.
Maribas le Chaldéen, 207.
Mark bar Kiki, 396.
Marouta de ]\Iaipherkat, 132-
133, 142, 155, 171-172.
Marouta de Tagrit, 77, 374-
375.
Martyrius, 238; comp. Salidona.
Masoud ib.n Al-kass, 403.
Massore , Massorètes , 69-74,
292.
Meschiiiazeka, voir Jésuzeka.
Michel le Syrien (ou [Michel le
Grand), 203, 207-208, 400.
MiKA, 213.
Mika de Laschom , 82, 348.
MiKAEL le disciple d'Eugène,
154 n. 1.
MiiL^EL l'interprète, 84, 261;
comp. Bazoud.
Moïse d'Aghel, W, 366.
Moïse bar Képha, 78, 214, 252,
259, 283, 391-392.
MousA, 325.
Narsès, 19, 20, 23, 70, 82, 346-
347.
Nestorius de Beit-Nouhadré,
236.
NoNNTS de Xisibe, 390.
Papas, 136 n. 1.
Paul l'abbé, voir Paul d'Édesse.
Paul de Callinice, 318,-362.
Paul d'Édesse (ou Paul l'abbé),
152, 311, 312, 319.
Paul de Nisibe, 83, 349.
Paul le Perse, 256-257.
Paul de Telia, 64, 80.
Paulo.nas (ou Paulinus), 337.
Patros le moine, 219.
Peschitlo (la version), 6, 7, 14,
31-54, 63, 64, 65, 67. 70, 72,
75, 79, 80.
Péthion, 213.
Philoxène de Mabboug, 20, 64,
76, 227, 229-230, 356-358,
359.
Philoxénienne (la version), 64-
65.
Phocas bar Sergius d'Édesse,
317.
Physiologus (le), 278-279.
Pierre de Callinice (ou Petrus
junior), 367.
Poème sur la science, 29.
Polycarpe, 64.
Probus, 87, 254.
Rabboula, 48, 179, 196, 341-
343.
Ramjésu, 70.
Roman d'Alexandre le Grand, 15,
204, 321-323.
Roman de Julien TApostat, 190-
191.
Romanus, voir Théodose.
Sabpjésu le patriarche, 176,
219.
Sabrjésu Rostam, 222-223.
Sahdona, 222, 238, .371.
Saïd bar Sabouni, 397.
Saliba ibn Yohanna, 211.
Salomon bar Garaph, 223.
Salomon de Bassora, 94, 115 n. 1,
384, 402.
Salomon de Haditha, 214.
Sciioubhalmaran , 232.
Sergis dAlkosch, 29.
Sergis de Resafa, 151.
INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
421
Sergils d'Adiabène, 83.
Sergius i^Rabban), 222.
Sergius de Reschaina. 254-256,
274, 280,281, 317, 365-366.
SÉVÈRE d'Anlioche, 5. 141 n. 1.
Sévère bar Schakako. 2G1, 2S4,
287, 297, 3<:>5, 325, 406-407.
Sévère le moine , 75, 77, 78.
Sévère Sebokt, 213, 257, 282
375.
SiMÉON BAR Sabbaé, 22 II. 1; 133
n. 4.
SiMÉON BAR Tabbahé 'ou Siméoii
de Kaschkar), 214, 381.
SiMÉo.N de Beit-Arscham , 148-
151,205, 344-345, 360.
SiMÉON de Beit-Garmai, 200.
SiMÉON le diacre jacobite, 213,
393.
SiMÉON fils d'Apollon, 160.
SiMÉON KOUKAYA, 3-56.
SiMÉON de Rivardeschir, 181.
SiMÉON SCHANKELAVAYA, 213, 398.
SiMÉON le stylite, 352.
SiMÉON Taibouteh. 182, 239, 275.
Simon le disciple de Yozadak,
217.
Sinaïtique (la version), 44, 49,
51-55.
Sindban (ou les sept Sages), 15.
Sliba de Gozarte (ou Sliba al-
Mansouri), 25 n. 1, 388.
SOLRIN, 382.
Statuts de l'école de Nisibe, 218.
Tatien et le Diatessaron, 44-
48, 52-54, 76.
Théodore bar Koxi, 214, 261.
Théodore bar Wahboun, 401.
Théodore bar Zaraudi d'Édesse,
317.
Théodore de ik-rv. 83, 256. 349.
Théodose d'Édesse, 313, 3«S9.
Théodose le patriarche, 72, 267,
275, 395, 391.
Théophile d'Édesse, 214, 292,
325, 384.
Thomas d'Édesse, 349 (Appen-
dice).
Thomas d'Harkel (ou Thomas
le diacre) , 66, 292, 374.
Thomas de Marga, 156, 158. 216,
221.
Thomas le moine maronite, 179.
Thomas le prêtre jacobite, 200.
Timothée I, 177, 186, 282, 313,
382-383.
Timothée II , 405.
Timothée de Karkar, 25 n. 2.
Titus de Bostra, 5.
Versions syriaques de livres
grecs (les), 85-88, 89-103, 152,
153, 162, 165, 167-170, 171-176,
184, 195-196, 198-200, 214-215,
254-272, 274-287, 289, 304,
308-323.
Yaballaha 1, 176.
Y.ahb l'anachorète, 231 .
Yahya BEN Maswaiii, voir Jean
bar Maswai.
Yazidad, 348.
Yohannan III, 177.
Zacharie de Merv, 260, 302, 386.
Zacharie le Rhéteur, 150, 164,
195-197.
Zadôé, 159 note 3.
Zfkajésu, voir Jésuzcka.
Zenobius, 337, 3^10.
24
APPENDICE
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION
p. o, note -2, ajouter : A la fin du Vl« s., un certain nombre de
moines syriens signaient leurs noms en grec, voir Lamy. Actes du Con-
grès des Orientalistes, tenu à Paris en 1897, sect. sémitique, p. 117 et
suiv.
P. 7, note 1, ajouter : La version biblique, dite la Peschitfo, a dû
exercer une inQuence prépondérante pour la constitution définitive de
la langue littéraire syriaque ^communication de M. Siegraund Fraenkel).
P. 17, note 2. ajouter : Réponse de M. Hubert Grimme, Zeitsckr. der
deut. morg. Gesellschaft. LUI, 1899^ p. 102,
P. 36, note 3, ajouter : Comp. Bar>es, Apparalus criticus to Chroni-
cles in the Peschitta, Cambridge, 1897.
P. 41, note 3 : Tous les fragments, retrouvés jusqu'à ce jour, de
l'Ecclésiastique hébreu, viennent d'être publiés avec une traduction
anglaise par MM. Scuechter et Taylor, The Wisdom of Ben Sira por-
tions of the Book Ecclesiasticus, Cambridge, 1899. Ces fragments com-
prennent les chap. 3-7. Il-IG. 30-33, 35-38, 49-31. M. Israël Lévi croit que
ces fragments. « au moins pour un certain nombre de chapitres »,
n'appartiennent pas à Toriginal hébreu, mais à une retraduction en
hébreu d'une version syriaque, Prévue des études juives, juillet-sep-
tembre 1899, 1-13. Contra, Halévy, Revue sémitique, janvier 19C0, p. 78.
P. 42, note 2. ajouter : Baumann, Die Vencendbarkeit der Peschita
zum B. Ijob dans la Zeitschr. fur die AUtestam. Wissensch., 1898-1899.
P. 59. ajouter au deuxième paragraphe : Deux lec-
tionnaires du N. T. existent au couvent de Sainte-
Catherine. Mrs. Lewis et Gibson viennent de publier
une nouvelle édition des Évangiles syropalestiniens
basée sur Tun de ces lectionnaires. Cette édition donne
les variantes du second lectionnaire et du ms. du Va-
424 APPENDICE.
lican (d'après l'édition de Lagarde), The Palesiinian
syriac lectionarij of the Gospels, Londres, 1899.
p. 64, note 2, ajouter : M. Gwinn a public une ancienne version sy-
riaque de l'Apocalypse qu'il croit représenter la traduction de Poly-
carpe, tandis que fa version éditée par Louis de Dieu en 1G27 appar-
tiendrait à la revision de Thomas d'Harkcl, The Apocalypse of saint
John in a syriac version hilherto unknoivn, Dublin, 1897. Cette édition
donne une restitution du grec sur lequel a été faite la version sy-
riaque.
P. 78, 1. 3, ajouter : M. V. Ryssel a donné une tra-
duction allemande de ces scolies, Georgs des Araber-
bischofs Gedichte und Briefe, Leipzig, 1891.
p. 80, note 1, ajouter : Des extraits du commentaire sur l'Évangile de
saint Jean ont été publiés par M. PvEndel Hakius dans Hermas in Arca-
dia, Cambridge, \S\Xk p. oS.
P. 81, note 2, ajouter : Genèse, eh. XXI-L, L. Unr.v, Strasbourg, 1898;
Ps. 23, 29, E. Fccus, Halle, 1871; Ézéchiel, Glgenueimeu, Berlin, 1894.
P. 84, note 2, ajouter : Un extrait du commentaire de Denha est im-
primé dans la chrestomathie intitulée )i.oL-,;3j pojsCo, Ourmia, 1898, p.
309. Sur les scolies de Théodore bar Koni, voir ci-après Additions à la
p. 214, note 4.
P. 86, note 1, ajouter : Comp. Gwv.nn, Ilermathena, VI, 1888, p. 397;
P. Caspari, Theol. Tidskrift, UI, Christiana, 1891, p. 3.
P. 87, note 1, ajouter : Corap. Baethgen, Zeilschr. f. die Altlest. Wis-
sensch., 188j-1887; Mekcati, Un palimpsesto Ambrosiano dei Salmi
esapli, Turin, 189G, p. 15 et suiv.
P. 90, noie 1, ajouter : Une nouvelle édition du IV« livre des Macca-
bées, commencée par Bensly, a été publiée par M. Barnes, The fourlh
book of Maccabees and kindred documents in syriac, Cambridge, 1895.
Cette édition reproduit le codex Ambrosianus avec les variantes d'au-
tres ms. Elle comprend, en outre, six textes syriaques relatifs au mar-
tyre des Maccabees : une homélie de Grégoire de Nazianze; deux re-
censions d'une homélie de Sévère d'Antioche; une homélie anonyme;
une poésie de saint Éphrem; et une poésie anonyme de basse époque.
L'introduction renferme une traduction anglaise des deux recensions
de l'homélie de Sévère et des deux poésies.
P. 90, ajouter après le premier paragraphe : L'Apoca-
lypse de Baruch est conservée en syriaque dans le codex
Ambrosianus publié en photolithographie par Ceriani.
En 1871, Ceriani avait fait une première édition du
texte et il en avait donné une traduction latine en 186G,
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 42o
Monumenia sacra et profana , vol. I, fasc. 2. p. 73-
98. Cet apocryphe, dont le texte grec qui a servi pour
la, version syriaque est perdu, se divise en deux par-
ties : Tune coiiprend les cliap. i-lxxvii; laulre, les
chap. Lxxviii-Lxxxvi qui constituent VÉpître de Ba-
riich (la première Épître de Barucli se trouve dans
Lagarde, Libri Vet. T. apocryphi syriace^ p. 88-93).
La première partie n'existe que dans le codex Amhro-
sianus; la seconde partie est conservée aussi dans
d'autres ms. M. Charles, qui a publié une étude critique
de cet apocryphe avec une traduction anglaise et une
nouvelle édition des chap. lxxviii-lxxxvi \The Apoca-
lypse ofBaruch translated from the syriac, Londres,
1896), croit que l'original de ce livre a été écrit en
hébreu. Cette étude renferme un exposé des précédents
travaux sur l'Apocalypse de Baruch.
P. 92. ajouter : On a retrouvé en syriaque Ventre-
tien de Moyse avec Dieu sur le mont Sinaï qui a été
publié par M. Hall dans Hebraica, VII, 3, p. 161 et
suiv.
p. 93, note 1, ajouter : M. Hall, Jov.rn. of. the exegetical Society,
1887, p. 28, a publié la traduction d'une nouvelle recension; comi).
ibi'.L, 4887, p. 97; 1888, p. 63. Voir aussi Nestlé, Die dem Epiphanius
ziiQeschritbenen Vilœ Prophelarum dd^ns Marginalien und Malerialien,
Tu bi ligue, 1893.
P. 93, note 3, ajouter : Traduction anglaise par Hall, Presbyterian
Qualerly, 188G.
P. 94. M. Cosquin tient L'histoire d'Ahikar pour un
ancien conte populaire. Revue biblique, 1899, p. 50-52
et 510-531. M. Théodore Reinach place l'origine de ce
conte dans la Babylonie, Revue des études juives, 1899,
t. XXXVIII, p. 1 et suiv. M. Lidzbarski, de son coté, en
attribue la rédaction originale à un araméen païen qui
vivait dans le nord de la Mésopotamie avant l'ère chré-
tienne, Literaturzeilun^^ 28 octobre 1899. M. Halévy
24.
426 APPENDICE.
croit toujours à un apocryphe juif, Rei^ue sémitique,
janvier 1900, p. 23. Ces nouvelles études sont basées sur
l'édition Harris, Conybeare et Lewis que nous avons
citée p. 94-95.
P. 95, premier paragraphe, ajouter : La traduction
française de L'histoire des RéchabiteSy éditée par
M. Nau, a paru dans la Hei^iie sémitiquey avril 1899,
p. 136-146. M. Nau a fait un tirage à part .• Les fils de
Jonadab, fils de Réchah et les îles Fortunées^ Paris,
1899.
P. 95, §. 2, ajouter : M. Rahmani vient de publier,
d'après un ms. de ÎNIossoul et un ms. du Musée Borgia,
le texte syriaque complet du Testament de Notj^e-Sei-
gneuj\ mis en tête des Constitutions apostoliques, dont
l'édition Lagarde (citée p. 102, note 6) ne contient que
des extraits, Testamentum D. N. Jesu Christi nune
primum edidit, latine reddidit et illustravit Ignatius
Ephraem II Rahmani, patriarcha Antiochenus Syro-
rum, Mayence, 1899. D'après les ms., la version sy-
riaque a été faite par Jacques (d'Édesse) en 998 des
Gr. (687 de J.-C).
P. 97, ajouter après le premier paragraphe : M. Budge
vient de publier : 1° une nouvelle Histoire de la Vierge
Ma/ie et de la çie de Noti^e-Seigneu?- sur la terre,
un apocryphe qui donne un résumé suffisamment
complet du Protèvangile de saint Jacques, de L'é-
çangile de Pseudo-Mathieu , de Léçangile de Tho-
mas l'hébreu, de L'évangile de la Nativité de la Vierge
et du Transitus; 2° L'histoire du portrait de Jésus
que les Juifs de Tihériad^e firent pour s'en moquer.
M. Budge a réimprimé dans un appendice les frag-
ments syriaques du Protévangile de saint Jacques et
de L'évangile de Thomas l'hébreu, édités par Wright :
A. Wallis Budge, The History of the Rlesscd Virgin
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 427
Mary and the I Us toi' y of the Likeiiess of Christ, I The
syriac texts;\\ English translations, Londres, 1899.
p. 97, note 4, ajouter : Bickell, Theol. Quartalschrift, 18GG, p. Wi.-;.
P. 10-2, note 4, ajouter : HoLznr.Y, Die Abhàngigkeit der syr. Didas-
calia von der Didache dans Compte rendu duIV^ Congrès scient, inter-
nat, des catholiques, Fribourg, 1S98.
P. 104, note 6, ajouter : Nous n'avons pas mentionné les études de
MM. Deramey, Bufîa et Nirschl qui ont repris la thèse de l'Abbé Mar-
tin sans apporter des faits plus précis. Mais nous signalerons la ré-
cente publication do M. Rahmani, Acta s. Confess. Guriae et Schamo-
na^, Rome, 1S99. M. Raiiniani établit l'historicité de l'évangéllsalion de la
Mésopotamie à l'époque des Apôtres au moyen d'une liste d'évêques
d'Édesse jusqu'ici inconnus, qu'il a tirée de la Chronique de Micliel le
Syrien. L'édition de cette chronique par M. Chabot permettra bientôt
de juger de la valeur de cette liste.
P. 108, note 2 : M. Paul Geyer a donné une nouvelle édition de la
Silviae peregrinatio dans Itinera Hierosolymitana, Vienne, ISOS, p. 38
et suiv. (éd. du Corpus script, eccl. latinoru/nv.
P. 113, note 1, ajouter : Traduction allemande par Ryssel, Archiv f.
das Sludium der n. Sprachen und Litler., t. XCIII, 1894, p. 1-22.
MM. Nestlé et Ryssel attribuent une origine syriaque à la légende, voir
yz^iLE, Byzantinische Zeitsch. , iS9:i, IV, 319-4o; Ryssel, Theol. Zeitschr.
aus der Schweiz, 1896, 60-63; Zeitschr. f. Kirchengeschichte, XV, 2-22.
P. 117, note 1, ajouter : Traduction allemande par Richard Raabe, Die
Geschichte des Dom. Mari, Leipzig, 1893.
P. 118, 1. 6 den bas : M. Franz Cumont voit dans
les festins de Séleucie une institution analo^'ue aux
Gérousies ou Collèges de vieillards établis dans cer-
taines cités grecques d'Asie, Note sur un passage des
Actes de saint Mari dans la Reçue de l'instruction pu-
blique en Belgique, t. XXXVI, 6^ livraison.
P. 126-127 : Le texte syriaque des actes de Gouria
et Schamouna a été retrouvé par ^L Rahmani dans un
ms. de Jérusalem et vient d'être publié par lui : Acta
S. Confess. Guriae et Shamonae... nunc adjecta la-
tina versione prinius edit illustratque Ignatius Eph-
raeni II Rahmani, patriarcha Antiochenus Syrorum^
Rome, 1899. Dans les actes syriaques, le martyre de
ces saints est indiqué à Tannée G18 des Gr. (307 de
J.-C), la XIV« année de Dioclétien et la VI1I° année
428 APPENDICE.
de son consulat. L'éditeur, pour mettre d'accord les
synclironismes, change l'année 618 des Séleucidos en
608 (297 de J.-C); mais cette correction est difficile à
admettre, la persécution de Dioclétien, qui dura dix
ans, ne commença qu'en 303. Le gouverneur d'Édesse
n'est pas Antonius, mais Musonius qui, dans d'autres
recensions, est désigné comme étant le gouverneur
d'Antioche.
P. 133, ajouter après la 1. 17 : Le recueil de Marouta
a été traduit en allemand par Zingerle, Edite Acteii
der h. Màrtyrer, Innsbruck, 1836.
p. 133, note 4, ajouter : Le livre des Pères est un traité des hiérar-
chies céleste et ecch'siastique que Dom Parisot a analysé dans La
science catholirjue, mai et juin 1893. C'est une composition faite vrai-
semblablement par In moine Siméon Schankelavaya au XIF siècle. Comp.
Calai. Sachau, p. 360. Un extrait du Livre des Pères dans la chresloma-
thie intitulée )i.oL-,3j pCLsl^o, p. 61.
M. Maclean a tra.iuit en anglais une hymne attribuée à Siméon bar
Sabbàé dans East Syrian Daily Offices, Londres, 1894, p. 221.
P. 147, note 4, ajouter : Traduction allemande par V. Ryssel, Archiv
f. das Studium der ncueren Sprachen und Litteraluren, XCHI, 241 ; XCIV,
369. M. Noeldekea établi que le deuxième texte syriaque est l'original
de la légende, Gôlling. Gelehrte Anzeigen, 1886, n° 11.
P. lof, note 1, ajouter : Voir aussi Halévy, Revue sémitique, janvier
1900, p. 88.
P. 153, notel, ajouter : Mercatf, / martiri di Palestina d'Eusebio di
Cesarea nel codice Sinailico dans les Rendiconti del R. Istitulo Lom-
bardo, 1897, XXX, lOGO.
P. 157, note 1, ajouter : Dom Clthbert Bctler, The Lausiac history
of Palladius, Cambridge, 1893, Texts and Studies d'Ar.MiTAGF, RoniNSON,
IV, n° 1. Dom Butler distingue deux versions syriaques qu'Enanjésu a
utilisées pour sa rédaction. La version la plus étendue comprenait
l'Histoire des moines traduite de l'original grec et dont Rufin a donné
une version latine, Historia monachorum. H y a au Musée britannique
des ms. de trois versions syriaques de VHistoria monachorum et des
fragments d'une quatrième version. Comp. Preuschen, Palladius und
Ruflnus, Giessen, 1897.
P. 160, note 2, ajouter : Traduction allemande des actes de Siméon le
stylite par Zingerle, Leien wnd Wirken des h. Siméon StyL, Innsbruck,
1855.
P. 161, 2^ paragr., ajouter : L'histoire du Bien-
heiueux Yohannan bar Malké (ou le prince Jean), pu-
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 429
bliée par le P. Bedjan, Acln martyrum et sanctorum ,
I, p. 344. présente une analogie frappante avec la lé-
gende de Ihomme de Dieu. Comp. Catal. Sachau, p.
287 et suiv.
p. 164, note 4, ajouter : M. Nau publie actuellement une traduction
française de la vie de Sévère d'Antioche dans la Revue de l'Orient chré-
tien, 1899, p. 3i3 et suiv.
P. 167, noie I, ajouter : M. Schùnfelder en a fait aussi une traduction
allemande, Theol. Quartalschrift, lSv-2, p. 5-21.
P. IGS, note 1, ajouter : Traduction allemande par Welte, Theol.
QuartalschrifL 186-2.
P. 17-2, note -2, ajouter : Cowper, Syriac Miscellanies or extracls re-
lalingto the first and second gênerai Concils, Londres, 1861; Braln, De
S. Nicaena Synodo, Munster, 1898 {Kirchengeschichtliche Sludien, IV,
1); Die Abhaltung der Synode von Gangra dans Histor. lahrb. des
Gorresges-, XVI, 586; Rackham The textsof the canons of Ancyra avec
une étude des versions syriaque et arménienne, Studia Biblica, III,
Oxford, 1891, p. 195 et suiv. Pour les conciles de Tyr et de Sidon, voir
Nc€LDEKE, Byzantinische Zeitschr., II, 333.
P. 177, ajouter : M. Graffin a commencé la publica-
tion du synode de Jésuyab I dans la Revue de l'Orient
chrétien, 1899, p. 247.
p. 195, note 1, ajouter : MM. Ahrens et Krueger viennent de publier
une traduction allemande de cette compilation sous le titre de Die
sogen. Kirchengeschichle von Zacharias Rhetcr dans la Bibl. scrip-
torumgr.etrom. Teubneriana, Leipzig, 1899; et MM. Hamilton etBrooks,
une traduction anglaise sous le titre de The syriac chronicle known as
thaï of Zachariah of Mitylene, Londres, 1899.
P. 196, note I, ajouter: L'Abbé Dlciiesne, L»6er Po«///Zca;»5, 1, Paris, 1884-
1885. Traduction allemande, basée sur l'édition Land avec les variantes
du ms. Add. 1-2174 du Musée britannique, par V. Ryssf.i., Archiv f. das
Sludium dern. Sprachen und Lilter., 1895, XCV, 1-54. Certains critiques
croient à l'origine syriaque de la légende, comp. Ryssel, ibid. et Theol.
Zeitschr. ans der Schweiz, 1896, p. 63.
P. 196, ajouter : livre I, chap. viii. La découverte
des reliques de saint Etienne. Le texte syriaque a été
publié, d'après un ms. de Berlin [Coll. Sachau, 222),
par M. Bedjan, Acta mart. et sanct., III, p. 188, et
traduit en allemand par M. Ryssel, Zeitschr. f. Kir-
chengeschichte^ XV, 1894, 233; comp., ibid., p. 244
et suiv.
430 APPENDICE.
P. 197, 1. 15-16 : Suivant M. Knieger, Die sogen.
Kirchengeschichte i>oii Zacharias Rhetor, p. xvi, et
Brooks, The syriac chronicle known as that ofZacha-
riah, p. 2, note 4, le récit de la mort de Théodose n'est
pas de Zacharie. Il est douteux que le compilateur ait
utilisé, comme le pensait Wright, l'histoire de Jean
d'Asie (Krueger, p. xli; Brooks, p. 5).
P. 201, 1. 22, ajouter : M. Nau annonce une nouvelle
édition de la chronique contenue dans le ms. Add.
17216, voir Revue de l'Orient chrétien^ 1899, p. 185.
P. 207-208, ajouter : La publication de la Chronique
de Michel le Syrien est commencée par M. Chabot qui
a réussi à se procurer une bonne copie du ms. d'Édesse
(le ms. du couvent de Zafaran est, paraît-il, très frag-
mentaire , peut-être même est-ce la version arabe écrite
en caractères syriaques, voir la notice de M. Chabot,
Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres y séance du 28 juillet 1899, p. 478). Le
premier volume de cette publication, qui doit paraître
très prochainement , comprend le texte et la traduction
française des sept premiers livres et s'étend depuis
l'origine du monde jusqu'à la mort de Théodose (395).
Le septième livre cite de longs extraits de la Chronique
de Jacques d'Edesse. Le premier fascicule de ce volume
vient de paraître , Chronique de Michel le Syrien édi-
tée pour la première fois et traduite en français par
J.-B. Chabot, t. I (fasc. I), Paris, 1899.
M. Chabot tient pour apocryphe et ajoutée après
coup la préface syriaque mise en tête de la version
arabe de la Chronique de Michel. Il annonce l'édition
dans la Rei^ue de l'Orient chrétien des listes d'évêques
jacobites fournies par cette chronique.
p. 213, note 1. ajouter : Un autre extrait de la chronologie de Siméon
dans la chrestomathie intitulée Ji-oivs» poofio, p. 225.
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 431
p. 214, note 4 : Un nis. de Berlin iCalal. Sachau, p. xiv) contient Le
livre desscoHes de Théodore bar Koni. Les scolies forment un commen-
taire détaillé de l'A. et du N. T. En appendice, divers sujets de théolo-
gie dogmatique, questions et réponses, et un livre des hérésies. Le ms.
«lui est indiqué dans celte note comme étant à Strasbourg est en la
possession de M. Goussen. Des extraits du Livre des scolies sont impri-
més dans le ILoLv^» po^is^o, p. 129 et 210. Comp. aussi Nl«:ldeke, Zeilschr.
der dent. morg. GeselL, LUI, 1899, p. 501.
P. 214. 1. 6, ajouter : Suivant Amr, éd. Gismondi,
pars II, p. 26 (trad. p. 15) , l'histoire ecclésiastique de
Daniel bar ^Nlaryam renfermait les actes des martyrs de
la Perse.
p. 218, note 1, ajouter : Traduction allemande par î\£sile, Zeitschr.
f. Kirchengcschichte, 1897, p. 211.
P. 221, avant- dernière ligne : Mari, éd. Gismondi,
paj's I, p. 52. appelle à tort Job tet non Jean le disciple
d'Abraham de Kaschkar qui traduisit en persan le
traité de son maître.
P. 222, 1. 12, ajouter : Des extraits du Li^re de
l'union de Babai se trouvent dans le ilol^si. po^co, p. 32
et 102. Une recension de ce livre a été faite par un cer-
tain Siméon, voir ibid.^ p. 316, un extrait de cette re-
cension. Une hymne, attribuée à Mar Babai, est tra-
duite par Maclean, East Syrian Daily offices^ Londres,
1894. p. 156.
P. 223, 1. 8 d'en bas. ajouter : Des hymnes sont mi-
ses sous le nom de Jean le moine, Maclean, East
Syrian Daily offices y p. 100 et 226.
p. 226, note 1, ajouter: Comp. Forget, De vita et scriptis Aphraatis
Louvain, 1882; Sal. Flnk, Dte haggadischen Elemenle in den Homelien
des Aphraates, Vienne, 1891.
p. 228, note 2. ajouter : Ryssel, Georg's des Arabcrbischofs Gedichle
v.nd Briefe, Leipzig, 1891. Traduction i)articlle en anglais par Cowpek,
Hyriac Miscellanies, Londres, 18GI.
P. 232, premier paragraphe, ajouter : Une hymne,
attribuée à Abraham de Xetlipar, est traduite dans Ma-
clean, East syrian Daily O/Jiccsj p. 100.
432 APPENDICE.
p. 235, note i, ajouter : Le ILoL^s» pcioCo reproduit, p. 155-167, sous
le nom d'Isaac de Ninive, l'homélie sur l'amour de l'étude d'Isaac d'An-
tioclie ; et, p. 251, une homélie sur la pénitence, différente de celle d'Isaac
d'Antioche publiée par Bickell.
P. 238, l. 12, ajouter : Deux discours de Jean Saba
sont traduits en latin et insérés dans le Libe?^ de con^
temptiL miindi, chap. xxviii, xxix et lui, Migne, Pa-
trol.gr., LXXXYL
P. 244, 1. 23, ajouter : M. Nau a donné une nouvelle
édition du dialogue de Bardesane sous le titre de Bar-
desane V astrologue. Le livre des lois des pays, texte
syriaque et traduction française avec une intro~
duction et de nombreuses notes, Paris, 1899. En
appendice , traduction de deux extraits relatifs à Bar-
desane, l'un de George, évêque des Arabes, et l'autre
de Moïse bar Képha.
p. 23i, note 1, ajouter : Comp. A. Baumstark, Aristoteles ns^ï ^^M-
veCaq dans la Zeitschr. f. Assyriologie, XIII, p. 116, et Syinsch- ara-
bische Biographieendes Aristoteles (Thèse de l'Université de Heidelberg),
Leipzig, 1898; Ar.ON Freimann, Die Isagoge des Porphyrius in den syr.
Uebersetztcngen {Thèse de l'Université d'Erlangen), Berlin, 1897; Fried-
MANx, Aristoteles Analytica bei den Syrern (Thèse de l'Université d'Er-
langen), Erlangen, 1898.
P. 235, note 3, ajouter : Le texte syriaque des Catégories a été publié,
d'après le ms. de Paris et le ms. de Berlin, Coll. Sachau, 226, par Sa-
LOMON SCHUELER, Die Ueberselzung der Categorien des Aristoteles von
Jacob vonEdessa, Berlin, 1897. L'éditeur donne encore Jacques d'Édesse
comme l'auteur de la version syriaque.
P. 203, note 1. ajouter : Barhebrxus a écrit aussi en arabe un traité
sur l'âme édité par le P. Cheikho dans Al-Machriq, Beirouth, 1898, n° 16
et suiv.
P. 265, note 2, ajouter : Une autre recension syriaque des Sentences
des philosophes sur Vâme a été publiée par M™= Lewis, Studia Si7iai-
tica, I, p. 2(5-38. Les deux recensions (celle de Sachau et celle de-
M""^ Le\Yis) ont été traduites en allemand par V. Ryssel dans le Rheini-
sches Muséum fur Philologie, neue Foire, 1895, LI, p. 532 et suiv. — Comp.
MaxIum, Zu den grœco-syr. Philosophen Sprûchen ûber die Seele, ibid.,
LU, p. 143. — Note 3, ajouter : et traduites en allemand par V. Ryssel dans
le Rheinisches Muséum fur Philologie, neue Folge, LI, p. 549 et suiv.
P. 268 j 1. 15, ajouter : Une édition, meilleure que
celle de Landsberger, a été publiée par Samson Hoch-
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 433
feld avec une introduction critique, d'après des ms. de
Berlin, Bcitracge zur syrischen Fabelliteratur, Halle,
1893. M. Ilochfeld place au YIP s. la recension éditée
par LandsbcTger.
p. 269, note 3 : Le livre de l'éloignement du souci de Barhebrseus se
trouve dans le ms. de Berlin 195 {Coll. Sachau, 75); voir le Catal. Sa-
chau, p. 631.
P. 270, 1. 5, ajouter : M. Ryssel a fait une traduction
allemande du dialog-ue entre Socrate et Erostrophos
dans le Rheiiiisches Muséum fur Philologie, neue Folge,
XLVIII, p. 185-195; il croit que la version syriaque
n'est pas de Sergius de Reschaina, ibid.^ LI, p. 4.
Le traité sur Tàme publié par M'"® Lewis dans les
Studia Sinaitica, I, p. 19-26, n'est autre que la version
syriaque du yloyo; ttsoI ipi/r^g de Grégoire le Thauma-
turge (Patrol. gr., X, 1140), comme Ta reconnu
M. Ryssel [Rhein, Muséum f. PhiloL, neue Folge,
LI, p. 318) qui en a donné une traduction allemande
[ibid., p. 4).
P. 274, ajouter : M. Gottheil a publié, d'après un
ms. de la Bibliothèque Nationale, et traduit en anglais
un petit recueil de remèdes dérivés de Galien , Contrit
butions tosyriac Folk-medicine dans le Journal ofthe
American Oriental Society ^\o\. XX, 1899, p. 186.
p. 279, noie 4, ajouter : Un fragment syriaque des Géoponiques im-
primé par Land dans ses Anecdola syr., IV, 100, a été reconnu par
M. Noeldeke, Lil.Centralblatl, 1876, p. Ii5.
P. 283, noie 1, ajouter : V. Ryssel a traduit en allemand la fin de
l'Iiexamcron de Jacques d'Édesse ajoutée par George, Georrjs des Aia-
herbischofs Gedichle und Driefe, Leipzig, 1891.
P. 283, 1. 18, ajouter : M. Xau a traduit un passage
de riiexaméron de Moïse bar Képha dans Bardesane
l'astrologue. Le h\'re des lois des pays, Paris, 1899,
p. 51).
P. 283, dernier paragr., ajouter : Un extrait du X*
I.ITTKRATLHE SVUlACilK. -5
434 àPPENDlCE.
chant de Ihexaméron d'Emmanuel se trouve dans le
ILoLva» po^Do, p. 168.
P. 295, note 3, ajouter : Jean bar Pinkayé composa encore des livres
ascétiques et un résumé de l'Iiistoire universelle intitulé )liô ai». Ce
dernier ouvrage est divisé en deux tomes et quinze chapitres; un ex-
trait dans le ILoL^sj po^lJo, p. 294; comp. le Catal. Sachau, p. 5u4-56o.
Pinkayé ne signifie pas i^otiers, mais habitants de Phének, ville sur le
Tigre supérieur, au nord de Mossoul.
P. 297, 1. 9; ajouter : Comp. Ilebraica , VIII. 65.
P. 301, 1. 2. ajouter : Le traité d'Ébedjésu de Gozarte
a été édité de nouveau dans le \iov^i pa^co, p. 347-372.
Deux poésies de cet Ebedjésu sont imprimées, l'une
dans le Liber thesauri du P. Cardahi, p. 80, et l'autre
dans le ilolvis» pcL»to. p. 222.
P. 308, ajouter avant le dernier paragraphe :
Le texte syriaque des deux épîtres de saint Clément
de Rome aux Corinthiens, contenu dans le ms. Add.
1700 de Cambridge (voir P. Batiffol, La littérature
grecque, p. 12) , vient d'être publié par M. Robert
Kennett après la mort de Bensly qui en avait préparé
l'édition : The Epistles of S. Clément to the Corin-
thians in syriac bij the late R. L. Bensly, Cambridge,
1899. L'authenticité de la première épître ne fait pas
de doute; la seconde est apocryphe.
En 1856, M. Beelen a donné une nouvelle édition des
deux épîtres sur la virginité, mises sous le nom de
Clément de Rome : S. Patris nostri Clenientis Ro-
mani Epistolae binae de Virginitate, Louvain, 1856.
M. Beelen soutient encore l'authenticité de ces deux
épîtres. Le texte et la traduction latine sont une repro-
duction corrigée de Veditio princeps que Wetstein
avait fait paraître à Leide en 1752 et que Galland avait
rééditée dans le premier volume de sa Bibliotheca ve-
teruîu Patrum. Dans un premier appendice, Beelen
ADDITIONS A LA PREMIÉUE ÉDITION. 435
a réimprimé la traduction latine de Wetstein et la Ira-
duction allemande de Zingerle Die zwei Briefe des
h. Klemens von Rom an die Jungfrauen, Vienne,
1827); un second appendice renferme des Fragmenta
nonnuUa exegitici argamenti anecdota. Comp. Funk ,
Theol. Qiiai'talschr.y LIX. 3; IIilgenfeld. Zeitschr.
fiii' n'issenschaft. Theol. , XX. 4; Land, Syrische BiJ-
dragen to de Patristik , Leide, 1857.
p. 311, note 2, ajouter : Rïssel, Theol. Zeitschr. ans der Schweiz, 1894;
Rheinisches Muséum, neue Folge, LI. 1893; Koetscual-, Zeitschr. fur wis-
sensch. Theol., XLI, p. -211 : IIilgenfeld, iOid.. p. 4j2.
P. 313, note 7, ajouter : Mari, éd. Gismondi, pars I. -21. cite, parmi les
traducteurs de Grégoire, Jésu bar Noun et Elias de Kasclikar.
P. 315, note 2, ajouter : Le texte syriaque du Ilfoï rrj; aaoxœosto;
(apocryphe; a été publié par Caspari, Aile iind neue Quellen zur Ge-
schichle des Taufsytnbols, Cliristiana, 186o. Dans ce livre est édité ce qui
reste en syriaque des écrits de Jean, évêque de Jérusalem.
P. 316, 1. 19, ajouter : M. Sachau a édité, dans son
livre intitulé TheodoriMopsuesteni fragmenta syriaca,
Leipzig, 1869, d'autres fragments du livre de llncarna-
tion avec une traduction latine qui comprend aussi les
extraits de Lagarde; il a ajouté L'hymne du matin.
p. 318, note è», ajouter : Une traduction latine du commencement du
traité contre Julien et de l'homélie de Timothée d'Alexandrie est im-
primée dans le Spicilegium Romanum de Mai, t. X.
P. 321, ajouter à la fin du § 1 : A saint Basile est
attribuée L'histoire de Joseph, fils de Jacob, qui est
conservée en syriaque dans un ms. de Berlin, ColL
Sachau, n'' 9. Cette histoire a été publiée avec une tra-
duction allemande dans deux thèses de doctorat écrites
par MM. Magnus Weinberg et Samuel Wolf Link :
Die Geschichte Josefs angehlich von Basilius dem
Grossen von Magxus ^VKI^•BER(;, Berlin, 1893 {Teil l.
avec une introduction sur l'auteur et son époque, et
sur la littérature relative à Joseph; 7W/ II, von Sa-
436 APPENDICE.
MUEL WoLF LiNK, Berlin, 1895). Sur des poèmes trai-
tant de l'histoire de Joseph, voir ci-après, p. 336 et
347.
Zingerle a publié dans les Monuinenta syriacay I,
p. 111, le commencement de Y Explication de l'oraison
dominicale de Grégoire de Nysse ; et, ibid.y p. 117,
l'homélie de saint Jean Chrysostome sur la richesse et
la pauvreté.
M. Baethgen a traduit en allemand la partie du
grand traité d'Evagrius, l"AvTippy]Tixo(; (ou De octo çi^
tiosis cogilationibus), qui existe dans le ms. syriaque
de Berlin, Coll. Sacha Uj n^ 302 : Biblische und Kir-
chenhistoiische Studien çon Boeckler, s>iertes Heft.
Es^agrius Pontikus çon Otto Zoeckler, Munich, 1893.
— Anhang II, E^'agrius grôssej^e Schrift çon den acht
Lastergedanken.., ïihersetzt von D. Fr. Baethgen.
p. 321, note 2, ajouter : Le texte de l'histoire d'Alexandre le Grand
public par M. Budge a été traduit en allemand par V. Ryssel, Archiv
fur neuere Sprachen, t. XC, 1893, p. 83, 2G'», 353.
P. 323, note 2, ajouter : Hedexskog, Lund, 186S; V. Ryssel, Archiv far
neuere Sprachen, t. XC, 1893, p. 83 et suiA'.
P. 325, note 1, ajouter : Traduction anglaise par Goll.vncz, Folk-lore,
juin 1897, p. 99.
P. 335, ajouter à la fin de la note 6 : Zingerle, S. Ephraemi Syri duo
carmina, Brixen, 1867; Ephraemi Syri sermones duo, Brixen, 4871.
Deux poésies de saint Éphreni dans Elias Millos, Direclorium spirituale,
Rome, 1868. ZiQgerle a traduit en allemand un grand nombre des œu-
vres de saint Éphrem, Des heil. Ephrem ausgewdhlle Schriften, 6 tomes,
2« éd., Innsbruck, 18i5-i8i6; Die Reden des h. Ephrem gegendie Ketzer,
Kempten, 1850. Des hymnes de saint Éphrem sont traduites dans Mac-
LEAN, Easf. Syrian Daily Offices, Londres, 1894, p. 101, 105, 167, 189,
221. Comp. Nestlé, Litteratura syriaca, p. 42-44; Real-Encyklop. f.
prolest Theol. und Kirche, 3« éd., t. Y, p. 406-409.
P. 336, note 1, ajouter : M. Lamy a publié une tiaduction française
du Testament de saint Éphrem, dont il a revendi(iué l'authenticito,
Compte rendu du IV^ Congrès scient, international des catholiques,
Fribourg, 1898.
P. 340, note 1, ajouter: L'orthodoxie d'Isaac a été contestée, voir
NESTLE dans la Real-Encyklopedie fur protest. Theol. und Kirche, 2»
éd., VII, p. 163. Dans un passage édité par l'abbé Martin, Grammatica,
Chrestomathia, etc., Paris, 1874, p. 69, Jacques d'Édesse distingue trois
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 437
auteurs syriaques du nom d'Isaac. dont deux jacobites et un neslorie».
Le premier, Isaac d'Amid, était disciple d'Eplirem et visita Rome. Le
second, originaire dÉdosse, se rendit à Antioclie; c'est l*auleur du
poème sur le perroquet. Le iroisième, de l'Église dÉdesse , était d'abord
jacobite et il composa ensuite des homclies conformes à la doctrine
nestorienne. Nous doutons que celte distinction, en ce qui concerne
les deux premiers Isaac, soit exacte.
P. 347, note 1, lire : Die Geschichle Josefs von Mar Xarses. au lieu de
Die Geschichte von Mar Narses, et ajouter : M. Meier Engel a publié,
d'après le ms. de Berlin, Coll. Sachau, n» 190, un poème anonyme sur
Josepli, composé en trois mètres différents et qui rappelle de très prés
le genre de Narsés, mais qui est sans doute d'un autre auteur que Nar-
ses ;Mlier Engel, Die Geschichte Josephs 'Thèse de l'Université de Berne),
I Teil, Berlin, 1895. Le |LoL-;9j pcuto a une homélie de Narsés sur la
Tour de Babel et la confusion des langues, p. 98; et une autre sur les
séraphins apparus à Isaie. p. 235. M. F. Martin a imprimé l'homéiie sur
les Docteurs nestoriens dans le Journal asiatique nov.-décemb. 1899.
P. 349, 1. 17, ajouter : C'était sans doute aussi un
disciple de Mar Aba. ce Thomas d'Édesse qui, au rap-
port d'Ébedjésu xVssémani, B. 0., pars I, p. 86 , écri-
vit : un traité sur la Nativité de Notre-Seigneur; un
traité sur l'Epiphanie: une lettre sur les chants d'é-
glise; un problème d'astrologie; plusieurs homélies;
et des discussions contre les hérétiques. Les traités sur
la Nativité et l'Epiphanie sont conservés dans un ms.
du couvent de Saint-Jacques le Reclus du diocèse de
Seert. Le premier de ces traités vient d'être publié par
M. Carr, Thomae Edesseni tractatus de Nathitate
D. N. C/in'sti, textum si/riacum edi'di't, notis illustra^
vity latine reddidit Simon Joseph Carr. Rome, 1898.
^L Carr annonce la publication prochaine du traité sur
l'Epiphanie. Ces traités ne laissent pas de doute sur
la confession de l'auteur qui était nestorien, comme on
doit l'attendre d'un disciple du patriarche Mar Aba.
C'est donc par erreur que Barhebraeus. parlant de ce
disciple, dit «|ue c'était un moine jacobite. Celte erreur
sera née de la confusion qui s'est faite entre Thomas
d'Édesse et Thomas d'IIarkel voir ci-dessus, p. 67). 11
n'est pas probable qu'il y ait eu à lOdesse, à la même
438 APPENDICE.
époque, deux Thomas, l'un nestorien cl l'autre jaco-
bite. Comp. une hymne attribuée à Thomas d'Edesse
dans Maclean, East S y n'a n Daily Offices, p. 98.
V. 3i>0, note o, sur une liymne de Hannana, voir Maclean, East Sy-
rian Daily Offices, p. 226.
P. 3ol, note 1, ajouter : Amr, éd. Gismondi, jiars II, p. 49, indique
d'autres livres de Jcsuyab.
P. 355, ajouter à la fin de la note G : Zingerle a traduit six homélies
de Jacques de Saroug, Sechs Homilien des keil. Jacob von Sarug,
Bonn, 1867, Wenig a édité deux homélies, Schola syriaca, Innsbruck,
1866.
P. 3j8, note 3, ajouter : Sur une lettre de Philoxène, adressée à Pa-
triciiis d'Edesse et conservée au Vatican, ms. 12.->, et au Musée britan-
nique, Add. 14649, voirJ.-B. Chabot, De S. Isaaci Ninivitae vita... Paris,
1892, p. 14.
P. 359, 1. 21, ajouter : M. V. Ryssel, Zeilschr. fur
Kirchengeschichtey X, 156 et suiv., a exprimé des doutes
sur l'attribution à Bar Soudaili du Livre d'Hiérothée,
proposée par M. Frothingham.
p. 360, note 1, ajouter : et à Berlin, Catal. Sachau, n° 2H, p. 689.
P. 361, note 3, ajouter : Catal. Sachau, p. 98.
P. 364, note 1, ajouter : Le ms. Add. 14602 du Musée britannique
contient plusieurs professions de foi des moines de la Syrie et de la
Mésopotamie qui se déclarèrent pour Jacques Baradée. L'une de ces
professions a été publiée par M. Lamy, Actes du XI^ Congrès des
Orientalistes, Paris, 1897, Section sémitique, p. 117; comp. Noeldeke,
Zeitschr. der deut. morg. GeselL, XXIX, p. 419.
P. 367, 3^ ligne d'en bas, ajouter : et de Berlin.
Et note o, ajouter : Catal. Sachau, p. 2, col. 2.
P. 371, note 1, ajouter : Amr, éd. Gismondi, pa/"5 II, p. 53, attribue ù
Jésuyab de Gedala ; un traité contre les dissidents; un \i\re de Aegui-
litteris, et un livre sur les sacrements divisé en vingt-deux demandes
et réponses.
P. 373, note 3, ajouter : et traduite en anglais dans Maclean, East Sy-
rian Daily Offices, Londres, 1894, p. 158.
P. 374, note 1, ajouter : Sur la date de 633 pour la naissance de Jac-
ques d'Edesse, voir Hijelt, Études sur l'Hexaméron de Jacques d'Edesse,
p. 4, note 2.
P. 378, note I, ajouter : Deux fragments ont été publiés par Knoes,
Duo fragmenta Jacobi Edesseni, Upsal, 1815.
P. 379, note 1, ajouter : M. Ryssel a édité les deux homélies métricpics
ADDITIONS A LA PREMIÈRE ÉDITION. 430
lie George dans les .4//» délia R. Accademia dei Lincei, 1891. vol. IX.
parle 2», p. 46 et suiv. ; et il en a donné une traduction allemande
dans Georgs des Arabt^rbischofs Gedichte und Briefe ans dem syri-
schen libersctzt, Leipzig, 1801. p. Mi; suit : la traduction du commen-
taire sur les Sacrements de l'Église, des lettres de George, de la Gn de
riiexaméron de Jacques d'Édesse et des citations tirées des œuvres de
George; comp. Real-Encyklopedie fur prot. Theol. und Kirche, 3« éd.,
VI. 0-22. I.e texte sjTiaque des lettres à Jean le Stylite sur l'astronomie
a été publié par M. Ryssel dans la Zeilschr. fur Assyriologie, t. VIII,
p. l-oo. Dans ces lettres. George mentionne son Chronicon lune chro-
nologie aujourd'hui perdue;. M. Ryssel a écrit la biographie de George
dans l'ouvrage cité plus haut, Georgs des Araberbischofs... p. xv.
P. 380, note -2, ajouter : Une hymne est traduite en anglais dans Mac-
LEAN, East Syrian Daily Offices, p. I.jT.
P. 382. note 1, ajouter : Traduction allemande par Oskap. Bp.aln, avec
une biographie de Moïse bar Képha, Moses bar Kepha und sein Buch
ron der Seele, Fribourg en Brisgau, 1801.
P. 392, 1. 3 den bas : Elias était diacre et non évê-
que, voir Oskar Braun, Moses bai' Kepha, p. 135,
note 2.
P, 39Î, note 8, ajouter : D'autres extraits des poésies d'Elias d'Anbar
ilans le )LoI.vâ; po^Io, p. 258 et 33G.
P. 393, note 1, ajouter : Extraits du livre de l'exposition des offices de
l'année par George d'Arbèle dans le |i.oL-;3; po^lSo, p. W, 18" et 271.
P. 30i. note I, et 39'i. note 3. après Gismondi. ajouter : pars H.
P. 301Î. note 1, ajouter : Sur Jean Maron et les Maronites, dont M. Nau
défend la perpétuelle orthodoxie, voir l'Abbé Nac, Opuscules maronites
dans la Revue de l'Orient chrétien, 1899, p. i'ii et suiv.
P. 397. 4® ligne d'en bas, ajouter : Elias Abou-Ha-
lim. qui fut patriarche des Xestoriens sous le nom d'E-
lias III (1170-llOOj, composa des prières pour les of-
fices; Assémani, B. 0.,pars I, 291; Catal. Sachaii,
p. 142 et suiv.
p. 398, note 3, ajouter : De Siméon Schaukclavaya est vraisemblable-
ment Le livre des Pères qui est mis sous le nom de Siméon bar Sabbàé,
voir ci-dessus, addition à la p. 133, note 4. — Note i, ajouter : Deux ho-
mélies sur la foi dans le ILoL-^» pojfio, p. U8-1-23; et une homélie sur
l'explication des mystères, ibid., p. 130-154.
P. 40!, note 2, ajouter : Bedjaii, Acta mari., vi. p. 61.". M. Bedjan a
|)ublié cette révision de la vie d'Abhai, ibid., 55" 014.
P. 402, note 3, ajouter : Trois autres hymnes dans A. Deltsch, Edi-
\0
APPENDICE.
l:oir 3 syr. Leider, Berlin, 189-i: sept autres dans Isak Folkm.vnn, Aiisge-
ivahlle nestorianische KirchenHcder ûber das martyrium des heil.
Georq von Ghvargis Warda, Kirclihain, 189G. Noeldeke a édite et tra-
duit en allemand deux poésies de Warda sur la prise de Jérusalem,
Zeitschr. âer dcut. morg. GeaclL, XXVII, 1873, p. SIO et suiv. Un extrait
de Warda dans le )LoLvs» po^lJo, p. 156.
P. 403, 1. 5 : Khamisy comme nom propre, peut s'ex-
pliquer aussi bien par le cinquième fils {Qitintiis) que
par le cinquième jour de la semaine {jeudi).
p. 403. note 1, ajouter : Une hymne de Kliamis dans le )LoL-^» po^Bo,
p. 94.
P. 407, note 2, ajouter : La lettre jj/ié représente la première lettre du
nom Fakr; la lettre /av représente la première lettre du nom Tadj.
P. 409, note 3, ajouter : Cheikho, Barhebreev.s, Vhomme et l'écrivain
dans Al-Machrig, 1898, n° 7 et suiv.
P. 411, note 2. ajouter : M. J.-B. Chabot a publié une poésie de Barhe-
braeus dans Mélanges de Ch. de Ha.rlez, Leide, 1896, p. 44; et une
Lettre de Barhehrseus au cathoUcos Denha /, avec une traduction fran-
çaise, dans le Journal asiatique, 9« série, t. XI, p. 75.
ç. 0 R E
MER
CAS P / E N N £
CARTE DE L'ASIE ANTÉRIEURE
'OUR LA LlTTÉRATtlHE SYRIAQUE
par RUBENS DUVAL
TABLE DES MATIERES
Pages.
Avant-propos ix
PREMIÈRE PARTIE : LA LITTÉRATURE SYRIAQUE
ET SES DIFFÉRENTS GENRES
I
Les origines de la littérature syriaque ... 3
II
Caractères généraux de la littérature
syriaque. — La poésie.
; 1. Caractères de la littérature syriaque 13
S 2. La poésie 16
ni
Les anciennes versions de l'A. et du N. Testament.
' 1. La version de TA. T. dite la Peschitto 31
, 2. Les anciennes versions du N. T 44
IV
Les lectionnaires syropalestiniens 57
V
Les versions postérieures de l'A. et du N. T. 03
44-2 TAIU.E DES xMATlÈHES.
VI
La massore syrienne 09
VII
Les commentaires de la Bible 75
VIII
Les apocryphes de l'A. et du N. T.
J" 1. Los apocryphes de TA. T 89
S 2. Les apocryphes du N. T 05
IX
Les actes des martyrs et des saints.
S L Les actes des martyrs de la Mésopotamie occidentale. . 120
S 2. Les actes des martyrs de la Perse 120
5 3. Les textes syriaques sur les martyrs en dehors de la
Mésopotamie et de la Perse 147
S 4. Vies des saints et des ascètes 154
X
Les textes apologétiques 167
XI
Les canons ecclésiastiques et le droit civil.
f, 1. Canons ecclésiastiques traduits du grec 171
S 2. Canons ecclésiastiques syriaques 176
S 3. Le droit civil 183
XII
Les historiographes.
2 1 . Histoire générale 187
5 2. Histoires particulières 215
TABLE DES MATIERES. 443
XIII
Pages
La littérature ascétique 220
XIV
La philosophie.
§ 1. La philosophie syriaque 241
S 2. La philosophie péripatéticienne 253
S 3. Versions syriaques de la philosophie grecque 263
XV
Les sciences chez les Syriens.
g 1. La médecine 273
S 2. L'histoire naturelle 278
S 3. L'astronomie, la cosmographie et la géographie 281
S 4. La chimie 286
S 5. Les mathématiques 286
XVI
La grammaire, la lexicographie, la rhétorique
et la poétique.
£, 1. La grammaire 288
$ 2. La lexicographie 299
S 3. La rhétorique et la poétique 305
XVII
Versions syriaques.
<; 1. /ersions d'œuvres des Pères grecs 308
S 2. Versions d'œuvres profanes 321
444 TABLE DES MATIÈRES.
DEUXIÈME PARTIE :
NOTICES SUR LES ÉCRIVAINS SYRIAQUES
I
Pa.^es.
Les écrivains jusqu'au V* siècle 331
II
Les écrivains jusqu'au VU" siècle.
S 1. Les Orthodoxes 339 .
§ 2. Les Nestoriens 343 ^
§ 3. Les Monophysites 351
III
Les écrivains sous les Arabes.
S 1. Le Vlle siècle 3G9
S 2. Le VIII" siècle 380 ;
S 3. Le IXe siècle 385 1
S 4. Le X^ siècle 392 \
S 5. Le Xle siècle 394 |
S 6. Le Xlle siècle 397 '
S 7. Le XIIP siècle et la fin de la littérature syriaque 401
Index bibliographique 413 ,
Index alphabétique des auteurs et des ouvrages anonymes... 415
Appendice 423
Table des matières = 441
fin de la table DR6 MATIÈRES.
Typograpliie Firmiu-Didot et C". — Me^nil (Eure).
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65-47 •